DICTIONNAIRE UNIVERSEL D’HISTOIRE NATURELLE, RÉSUMANT ET COMPLETANT 1\ is les laits présentés par les Encyclopédies , les anciens dictionnaires scientifiques , » OEuvres complètes de Euffon , et les meilleurs traités spéciaux sur les diverses h nclies des' sciences naturelles ; — Donnant la description des êtres et des divers pli omènesdela nature, l’étymologie et la définition des noms scientifiques, les prit Miles applications des corps organiques et inorganiques, relatives à l’agriculture, à la -ecine, aux arts industriels, etc. ; PAR MESSIEURS ARAGO, AUDOU1N , BAZIN, BECQUEREL, BIBRON , BLANCHARD , J E BREBISSON , AD. BRONGNIART , C. B R 0 1 S I. ULLF, , CIIEVROLAT , CORDIER , DECATSNE , DELAFOSSE , DESIIAYES , .1. SNOv. ALCIDE ET CHARLES D’ORBIGNY , DOYERE , DUJARDIN, DUMAS, "NCHEL, DUYF.RNOY, EDWARDS, M1LNE EDWARDS, K,,. ~ BEAUMONT, FLOURENS , GERVAIS , v OFFROY SAINT- HiLAIRE , ISIDORE GEOFFROY SAINT-HILAIRE , GUILLEMIN, xL. DE HUMBOLDT, DE JUSSIEU, DE LAFRESNAYE , LAURILLARD , LEMAIRE , l.F. VEILLÉ , LUCAS, MARTIN SAINT-ANGE, MONTAGNE , PEI.LETAN, PELOUZE, C. PRÉVOST, DE QUATREFAGES , A. RICHARD, RIVIÈRE , ROULIN , SPACII , VALENCIENNES , etc. TOME PREMIER. OUVRAGE iHrige j >ur If. VMÆHlsÆS SrOilHt f; Et enrichi d’un Atlas de planches gravées sur acier, représentant plus de 1,200 sujets 1841. PARIS, au KllKllAU PRINCIPAL RE l/ÉRIT RUE DE SEINE SAINT-GERMAIN , 47. ... , . ■ • * ' * _• ' * . . X • r ■ ■ > - I >■■■ -, v -j1; -, 1 . ■ I *-■ ,r . . 4 -, • • - » ' , ' * 1 >• * - - , I éz- */■ / J Yiéù n/ ' T Digitized by the Internet Archive in 2019 with funding from Wellcome Library . https://archive.org/details/b30454888_0005 DICTIONNAIRE UNIVERSEL TOME PREMIER. LISTE DES AUTEURS PAR ORDRE DE MATIÈRES. Avec V indication des lettres initiales dont leurs articles sont signés. Zoologie générale » Anatomie» PIiy®îoîogie» Tératologie et Anthropologie» MM. CASIMIR BROUSSAIS, D.-M. , professeur à i'hôpital militaire du Val-de-Grâce. , [C. B.] DUPONCHEL fils, médecin de l’École Polytechnique. [A. D.] DUVERNOY , D.-M. professeur d’IIistoire naturelle au Collège royal de France, etc. [ Du v. ] EDWARDS, (W- E ), D.-M., membre de l’Institut, etc. [E.] FLOURENS, D.-M., secrétaire perpétuel de l’Acad. royale des Sciences; membre de l’Académie française, professeur-adminis¬ trateur au Muséum d’Histoire naturelle. [Fl. s.] GEOFFROY SAINT-HILAIRE, membre de l’Institut. [G. S, H.] MM. ISIDORE GEOFFROY SAINT-HILAIRE , D.-M., membre de l’Institut, inspecteur de l’Académie de Paris, administrateur au Muséum d’Hist. naturelle. fl. G. S. -II.] DE IIUMBOLDT (le baron Alexandre], membre de l’Institut, de l’Académie royale de Berlin, de la Société royale de Londres, etc. BAZIN, D.-M., membre de plus, sociétés savantes, professeur de zoologie à la faculté des sciences de Bordeaux. [Baz.J MARTIN SAINT-ANGE, D-M., membre de plusieurs sociétés savantes. [M. S. -A. Mammifères et Oiseaux» ISIDORE GEOFFROY SAINT HILAIRE , D.-M„ membre de l’Institut, etc. [I. G.-S.-H.] DE LAFRESNAYE (le baron,) membre de plusieurs sociétés sa¬ vantes. [Lafr]. LAURILLARD, membre de la Société philomatique, etc. (Mam¬ mifères, Oiseaux et Reptiles fossiles.) [L. d.] DE QÜATREFAGES, doc. en médecine et ès-scietices. [A deQ.] ROULIN, membre de la Société philomatique , etc. [Rol’l] Reptiles et Poissons. B1BF.ON, professeur d’Hisloire naturelle, aide-naturaliste au Mu¬ séum d’IIisloire naturelle. [G. B.] VALENCIENNES, professeur-administrateur au Muséum d’Histoire naturelle. [Val.] Mollusques» ALCIDE D’ORBIGNY, auteur du Voyage dans l’Amérique- mé¬ ridionale, membre de la Soc. philomatique , etc. [A. d’O.] DESHAYrES, membre delà Soc philomatique, etc. VALENCIENNES, prof.-adm. au Mus, d’Hist. nat. [Desh 1 [Val.] Articulé®. (Insectes, Myriapodes, Arachnides, Crustacés, Cirrhopodes , Annélides, Helminthides , Systolides. ) AUDOUIN, D.-M., membre de l’Institut, professeur administra¬ teur au Muséum d Histoire-naturelle. [Aud.] BLANCHARD, membre de la Soc. entomologique de France. [Br..] BRUL.LÉ, professeur à la Faculté des sciences de Dijon. [B.] CHEVROLAT , membre de plusieurs sociétés savantes. [C.J DOYÈBE, prof. d’Hist. nat. au coll. r. de Henri IV. [L. D. y. r.J DUJARDIN, docteur ès-scienees , doyen de la Faculté des sciences de Bennes. [Dnj. j DUPONCHEL, membre de plusieurs sociétés savantes. [D.] GERVAIS, membre de la Société philomatique. [P. G.] LUCAS, membre de la Société entomologique de France. [II. L.j MILNE EDWARDS, D.-M., membie de l’Institut. [M. E.J Zoopliyte® ou Rayonné®» (Échinodermes, Acalèphes, Foraminifères , Polypes, Spongiaires et Infusoires.) ALCIDE D’ORBIGNY etc. membre de la Société philomatique, [A. n’O.] DUJARDIN, membre de la Société philomatique, etc. MILNE EDWARDS, D.-M., membre de l’Institut. [Ddj.j [M. E.J .Botanique» DE BRÉRISSON, membre de plusieurs soc. savantes. [Bréd.] BRQNGMART, D.-M., membre de l’Institut, professeur-admi¬ nistrateur au Muséum d’Hisloire naturelle. [Ad. B.] DECAISNE, aide-naturaliste au Muséum d’Hisloire naturelle, membre de la Société philomatique. [J. D.] GUILLEMIN, D.-M., aide de botanique au Muséum d’Histoire naturelle, membre de la Société philomatique. [Gs.] DEJUSSTEU, D.-M., membre de l’Institut, professeur-adminis¬ trateur au Muséum d’Histoire naturelle. [Ad. J.] LEMAIRE, aneien professeur de l’Université, membre de plusieurs sociétés savantes. [G. L.] LÉVEILLE, D.-M., membre de la Société philomatique et de plu¬ sieurs autres sociétés savantes. [L fcV. MONTAGNE, D. M , membre de la Société philomatique et de plusieurs autres sociétés savantes [C. M.] RICHARD, D.-M., membre de l’Institut, professeur à la Faculté de médecine. [A. R.] SPACH , aide-naturaliste au Muséum d’Histoire naturelle. [Sp.J Géologie» Minéralogie» CORDIER, membre de l’Institut, professeur-administrateur au Mu¬ séum d’Histoire naturelle , pair de France, inspecteur général des mines , conseiller d’État. [L. C.] DELAFOSSE , professeur de minéralogie à la Faculté des scien¬ ces, etc. [Del.] DESNOYERS, bibliothécaire au Muséum d’Hist. nat. (Questions géologiques sous le point de vue historique). [J. Desn.] ÉLTE DE BEAUMONT, membre de l'Institut, professeur au Collège royal de France, ingénieur en chef des mines, etc. [E. de B.] CHARLES D’ORBIGNY , membre de plusieurs sociétés savantes , etc. ^ [C. d’O.] CONSTANT PRÉVOST, professeur de géologie à la Faculté des sciences, etc. [G. P.] Chimie» Physique ©1 Astronomie» ARAGO, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, député, etc. [Ab.] BECQUEREL, membre de l'Institut, professeur administrateur au Muséum d’Ilistoire naturelle. [Becq. ] DUMAS, membre de l’Institut, professeur de chimie à la Faculté de médecine et à la Faculté des sciences, etc. [Dum.] PELLETAN, D.-M., professeur de physique à la Faculté de mé¬ decine, etc. [P.] PELOUZE , membre de l’Institut, professeur de chimie au Col¬ lège royal de France et à l’École Polytechnique, etc. [Pel.J RIVIÈRE, professeur de sciences physiques de J’Uuivcrsiic royale] [RJ IMPRIMK CHEZ I’ATJI, RENOUARD , RT’E GARAïîCIÉRE , K° 5. DICTIONNAIRE UNIVERSEL RÉSUMANT ET COMPLÉTANT Tous les faits présentés par les Encyclopédies, les anciens dictionnaires scientifiques, et les meilleurs traites spéciaux sur les diverses branches des sciences naturelles ; — Donnant la description des êtres et des divers phénomènes de la nature, l’étymologie et la définition des noms scientifiques, les principales applications des corps organiques et inorganiques, relatives à l’agriculture, à la médecine, aux arts industriels, etc. • PAR MESSIEURS ARAGO AUDOUIN , BAZIN , BECQUEREL , BIBRON , BLANCHARD , DE BREBISSON , AD. BRONGNIART , C. BROUSSAIS, BRÜLI.É , CHEYROLAT , CORDIER , DECAISNE , DELAFOSSE , DESHAYES , .T. DESNOYERS, ALCIDE ET CHARLES d’oRBIGNY , DOYERE , DUJARDIN, DUMAS, DUPONCHF.L , DUVERNOY , EDWARDS, M1LNE EDWARDS, ÉLIE DE BEAUMONT, FLOURF.NS , GERVAIS , GEOFFROY SAINT-HILAIRE , ISIDORE GEOFFROY SAINT-HILAIRE , GUILLEMIN , AL. DE HUMBOLDT , I)F. JUSSIEU, DE LAFRESNAYE , I.AURILLARD , LEMAIRE, LÉVEILLÉ , LUCAS, MARTIN SAINT-ANGE, MONTAGNE, PELLETAN , PELOUZE, C. PRÉVOST, DE QUATREFAGES , A. RICHARD, RIVIÈRE , ROULIN , SPACH , VALENCIENNES, etc. OUVRAGE mrîgé par fl. CHARLES irORRlGWY, Et enrichi d’un Atlas de planches gravées sur acier, représentant plus de 1 ,200 sujets. TOME PREMIER PARIS , AU BUREAU PRINCIPAL DE L’ÉDITEUR, RUE DE SEINE SAINT-GERMAIN, 47. 1841. <\ j HISTORICAL y MESMCAL n tSy AVERTISSEMENT. Depuis un demi-siècle , les Sciences naturelles ayant fait des pro¬ grès immenses , leurs éléments , jusqu’alors dispersés , ont été groupés dans un ordre logique. On a établi des nomenclatures nouvelles , re¬ dressé d’anciennes erreurs; et, plus sûrs de leur point de départ, les savants se sont élancés avec confiance vers de nouvelles découvertes dont F ensemble a dû finir par amener une véritable révolution scien¬ tifique. Pour apprécier la valeur de cette révolution , dont les conséquences se font chaque jour sentir davantage , il suffit de comparer aux con¬ naissances modernes celles de la fin du siècle dernier. L’imperfection de l’analyse rendait alors toute synthèse impraticable. Privée des principes immuables qui pouvaient seuls en assurer la marche, l’étude errait à l’aventure, sans rien coordonner, jetant çà et là , en les iso¬ lant, des idées qui devaient former, de nos jours , les anneaux d’une même chaîne. Des faits , mal interprétés , étaient enregistrés sans or¬ dre , et souvent à côté des hypothèses les plus insoutenables. Les écri¬ vains même les plus distingués n’étaient point à l’abri de ces erreurs ; et , comme aucune loi n’était posée, si la science avait ses adeptes, elle comptait aussi beaucoup d’incrédules. Le scepticisme , en effet , ne s’é¬ tait point arrêté à la subversion des idées morales et politiques ; il avait aussi envahi les sciences. Toutes les vérités reconnues étaient remises i en question. Que l’on me fasse un grain de blé , s’écriait Voltaire , et je croirai à la chimie! — Buffon , à la même époque , dictait des écrits éblouissants des pompes du style, et qui, déjà souvent critiqués pour le fond , ne doivent plus guère qu’à leur mérite littéraire le rang qu’ils conservent encore dans l’estime publique. ï] AVERTISSEMENT. Cependant (quelque incompréhensible que cela puisse paraître dans l’état actuel des sciences) , beaucoup d’hommes , désireux , d’acquérir des connaissances scientifiques , en sont encore à les puiser dans les œu¬ vres des naturalistes de cette époque. Ce seul fait incontestable suffirait pour démontrer F urgence d’une publication résumant les connaissances acquises jusqu’à ce jour sur les Sciences naturelles. Jamais la tendance des esprits vers l’étude sérieuse de la nature n’a démontré plus évi¬ demment l’opportunité d’un semblable travail. Partout, une réaction se manifeste en faveur de la Science. Génie multiple et puissant, elle vient sourire à tous, se mettre à la portée de tous, dispenser à tous les innombrables trésors dont elle fut si long-temps la gardienne avare et jalouse. Jamais l’Histoire naturelle ne fut aussi florissante ; ja¬ mais elle n’offrit à l’observateur d’aussi nombreux, d’aussi intéressants résultats. Cet ouvrage ne pouvait donc paraître sous des auspices plus favora¬ bles; car, indépendamment de son mérite intrinsèque, qu’il ne nous appartient pas d’apprécier, nous pouvons affirmer qu’il aura du moins le mérite assez rare et non moins précieux de X à-propos. Pour être d’un usage facile aux érudits, comme aux simples amis de la Science , ce vaste panorama des Sciences naturelles devait être à la fois court et complet. Nos lecteurs comprendront sans peine les difficultés que présentait , dans la rédaction d’un Dictionnaire de ce genre , la solution de ce double problème ; et pour les leur faire mieux sentir, ils nous permettront de leur soumettre la méthode que nous avons suivie. Voulant créer un ouvrage vraiment utile , nous nous sommes ef¬ forcés de le rendre aussi exact que possible ; et à cet effet nous avons réclamé le concours des premières notabilités scientifiques. Chaque ar¬ ticle sera traité d’une manière neuve et pris au point de vue le plus élevé. Nous sommes à cet égard dispensés de toute explication : la pu¬ reté des doctrines , la justesse des aperçus, pour le fond; la précision , AVERTISSEMENT. îa netteté du style, pour la forme , y sont assez garantis par les noms des savants qui doivent signer les diverses parties de cet ouvrage. Un simple coup d’œil jeté sur quelques articles pris isolément, con¬ vaincra bientôt le lecteur que, grâce à la précision des termes , à l’ex¬ clusion rigoureuse de toute superfluité , à la combinaison réfléchie des moyens typographiques , nous sommes parvenus , sans nuire à la clarté des sujets traités, à dire beaucoup en peu de mots, à faire entrer en une colonne ce qui eût ailleurs exigé plusieurs pages. Une innovation importante , et dont nous espérons qu’on nous saura gré , a été de donner , autant que possible , l’étymologie de tous les noms de genres , ainsi que celle des principaux termes scientifiques qu’on chercherait en vain dans les précédents Dictionnaires. Notre travail à cet égard a été parfois pénible , en raison même des erreurs commises dans la combinaison de ces mots. Nous n’avons néan¬ moins négligé , parmi les étymologies , que celles dont les lois de l’ana¬ logie ne nous ont pas permis de constater directement l’origine, et qu’il ne faut chercher souvent que dans l’imagination bizarre de leurs auteurs. Les soins apportés k l’exécution des planches de notre Atlas le met¬ tront de beaucoup au-dessus de tous ceux qui ont été publiés dans le même genre. Plusieurs de nos savants collaborateurs ont bien voulu se charger d’en exécuter diverses parties; ainsi M. Decaisne dessinera la plus grande partie des planches de botanique relatives aux familles dont il N donnera les caractères avec la précision et l’exactitude consciencieuse qui distinguent ses observations; M. A. Richard fera tous les dessins de l’ana¬ tomie et de la physiologie végétales, et les traitera avec sa supériorité accoutumée ; enfin les animaux des classes inférieures seront presque tous dessinés par M. Dujardin , qui joint au mérite de bien obser¬ ver celui de représenter avec une rare habileté les objets d’ Histoire naturelle ; qualité précieuse surtout chez les naturalistes appelés, comme lui , k enrichir la Science de nombreuses découvertes faites k l’aide du microscope. IV AVERTISSEMENT. Parmi les artistes auxquels nous avons confié les autres séries ico¬ nographiques, il suffira de nommer MM. Meunier, Prêtre, Traviès, Werner, etc. , dont la supériorité comme peintres d’Histoire naturelle est Lien reconnue. La gravure sur acier de ces dessins , et leur coloriage, seront exécutés par les premiers artistes en ce genre , dont la signature répondra au public du degré de perfection apportée à cette partie de notre publication. Quoique nous nous soyons fait une loi de rédiger cet ouvrage avec une extrême concision , les articles généraux , auxquels se rapporte¬ ront particulièrement les planches , recevront tous les développements qu’exige l’état actuel de la Science. Le lecteur trouvera d’ailleurs , à la fin de chacun de ces articles , une liste des meilleurs ouvrages spéciaux sur le même sujet. Nous nous sommes surtout efforcés de coordonner l’ensemble d’une aussi vaste entreprise , de manière à ce qu’une har¬ monie parfaite en liât toutes les parties. Nous sommes heureux d’ajou¬ ter que nos collaborateurs entrent , à cet égard , avec empressement dans nos vues , et nous aimons a penser que la réunion de tant d’efforts dotera la Science d’un livre utile à tous , résumant exactement l’état actuel de nos connaissances sur la nature , et susceptible , en raison de son peu de volumes , de devenir le vade rriecum du savant comme celui de l’homme du monde. Chaules d’Orbigny. LISTE DES ABRÉVIATIONS EMPLOYÉES DANS CE DICTIONNAIRE. Abd . . Abdomen. Dipl. . . 4 • . . Diptères. Acal . . Acalèphes. Div . . ^ dj . . Adjectif. / Echin .... . Échinodermes. Afriq . . Afrique. Édit . Amér. mérid. . . Amérique méridionale. Élyt . Amèr. sept. . . . Amérique septentrionale. Esp . Amph . . Amphibiens. Etam . Anal . . Anatomie. Elym . Anim . . Animal. Ex . Ann . . Annales. Extér . Annél . . Annélides. Fam. .... Ant . . Antennes. Fem . . Féminin. Antér . . Antérieur. Fig . Anth . . Anthère. F. mol. . . . Arach . . Arachnides. Foram. . . . Art . . Article. F oss . Astr . . Astronomie» G. ou ÿ. . . Bot . . Botanique. Gèol . Bot. cr . . Botanique cryptogamîque» Haut . Bot. pfi . . Botaniq. phanérogamique» Helm. .... Bull . . Bulletin. Hémipt. . . . » . Hémiptères. C.-à-d . . C’est-à-dire. Hélérom . . . Cal . . Calice. Hétéropt. . . C. B.-E. . . . » Cap de Bonne-Espérance. Hist. ...» Can . . Canine. Hist. nat. . . Capit . . Capitule. Hyménopt. . . . Hyménoptères. Caps . . Capsule. Incert . Car., caract. . . Caractère. Incis . Carn . . Carnassière. Indét . Calai . . Catalogue. Inf. . ... . . . Infusoires. Cf lira . . Chimie. Infér . Cirrk . . Cirrhopodes. Infloresc. . . Cl . . Classe. Ins . Classif. . . . . . Classification.. Intèr . Col . . Coléoptères. Invol . Cor . . Corolle. Journ . . . . Cors . . Corselet. TAg . Cotyl . . Cotylédon. Légumin. . . . . Légumineuses Crust . . Crustacés. Lépidopt. . . Crypl. .'.... . Cryptogameoucryptogamie Long . Dicotyl . . Dicotylédones. Mâch . . . . Dict. class. . . . Dictionnaire classique. Mandib . . . Dict. sc. nat. . . — des sciences naturelles. Mam . Dim . . Diminutif. M. ou masc. . . Masculin. VJ LISTE DES ABREVIATIONS. Méditent. . . Méditerranée. Mém. .... Mémoire. Mèrid. . . . Méridional. Métèor. . . . Météorologie. Min ..... Minéralogieouminéralogique. Mol . Molaire. Moll . Mollusque. Monocotyl. . Monocotylédones. Monog. . .. . Monographie. Mus. .... Muséum. Myriap.. . . Myriapodes. Myih.MyiholMy\\\o\o%\z} Mythologique. Nat . Naturelle. N.-Holl. . . Nouvelle-Hollande. Névropt . . . Névroptères. Ois . Oiseaux. Ord ..... Ordre. Orthopt.. . . Orthoptères. Pédonc. . . . Pédoncule. Pentam. . . . Pentamères. Ph.ou. Phan . Phanérogame ou Phanéroga- mie. Phys. . . . . Physique. Physiol. . . . Physiologie Pist .... . Pistil. Pl . . Planche. Poiss. . . . . Poissons. Pol . . Polypes. Postér . . . . Postérieur. Récept . . . . Réceptacle. Repl. . . . . Reptiles. V, ou subst. . Substantif. Sc. nat. . . . Sciences naturelles. S. -Cl . Sous-classe. S.-Div. . . . Sous-division. Sect . Section. S. -G . Sous-genre. S. -Ord. » . , Sous-ordre. Spécif . . . . Spécifique. Spong . Spongiaires. Siigm . Stigmate. 5. -Tr . Sous-tribu. Supèr . Supérieure. Suppl . Supplément. Syn. ..... Synonyme. Systol . Systolides. Té rat . Tératologie. Tétram. . . . Tétramères. Thor. .... Thorax. Tr . Tribu. F . Voyez. Far . Variété. Vèg. ..... Végétal. Voy.. .... Voyage. F ulg . Vulgaire. Zool . Zoologie > ou zoologiste. Zooph . Zoophytes. 1 . Uni. 2 . Bi. 3 . Tri. 4 . Quatri, ou tétra. 5 . Quinque, ou penta. 6. ...... Sex, ou hexa, etc. LISTE ABREVIATIVE DES AUTEURS LE PLUS FRÉQUEMMENT CITÉS DAIMS CET OUVRAGE. A la fin de l’un des premiers volumes, on donnera une liste complète les noms sont abrégés. de tous les auteurs dont Adans . Adanson. Ad. Brong. . . . Adolphe Brongniart. A. d'O . Alcide d’Orbigny. Agass . Agassiz. Ait . Aiton. A.J.ouA.Juss. Adrien de Jussieu. A. R . Achille Richard. Argenv . d’Argenville. Art . Artédi. A. St-Hil. . . . Auguste de Saint-Hilaire. Aubl . Aublet. Aud . Audouin. Azz . d’Azzara. Baril . Bartling. Betiih . Bentham. Bib . Bibron. Bl . Blume. Blainv . de Blainville. Blh . Bloch. Blum . Blumenbach. Boisd . Boisduval. Bon . Bonelli. Bonap . Bonaparte. Bonn . Bonnaterre. Bonp . Bonpland. Br . Brown. Briss . Brisson. ^ Brug . Bruguière. Brui . Brullé. B. St-V . Bory de St-Vincent. Buff. . Buffon. Camb . Cambessèdes. Cass . Cassini. Cav . Cavendish. Cham . Chamisso. Chemn . Chemnitz. Comm . Commerson. Cram . Cramer. Cuv . Georges Cuvier. Daud . Daudin. DC . de Candolle. Def . ...... Defrance. De] . Dejean. Desf. . Desfontaines. Desh . Deshayes. Desm . Desmarets. Desv . Desvaux. Drap . Draparnaud. Duh . Duhamel. Dura . Duméril. Dumt . Dumortier. Dup . Duponchel. Ehrenb . Ehrenberg. Endl . Endlicher. Fab . Fabricius. Fér. ou Fèruss. de Férussac. Fisch . Fischer de Waldheim. Forsk . Forskal. Forst . Forster. Fréd. Cuv. . . . Frédéric Cuvier. Gaert . Gærtner. Gaill . Gaillon. Gaud . Gaudichaud. Geof. Sl-H. . . Geoffroy St-Hilaire. Germ . Germar. Gm . Gmelin. God . Godart. Goldf. . Goldfuss. Grav . Gravenhorst. Gré v . Gréville. Guér . Guérin-Méneville. Gyll . Gyllenhall. Haw . Haworth. Hedw . Hedwig. Herb . Herbert. Hook . Hooker. Hubn . Hubner. FLumb . de Humboldt. Illiy . Illiger. Is. Geoff. .... Isidore Geoffroy St-Hilaire. Jacq . Jacquin. Juss . Jussieu. Kh . Koch. Kien . Kiener. Kir b . Kirby. Kn . Knorr. viij Kth . Lnbill . Lacép . Lag . Lam. ou Lcimk. . Lamx . Lap . Lapêr . Lat. ou Lutr. . . Latli . Lehm . Lepell . Less . Lessg . Z. ou Lin . L. J. ou Z. Jus s. Lind . List . Lk . LjOur . Macq . Mann . Murcg . Mart . Max. JP. .... M. Edw . Mich . Mirb . Mont J. . Mail . N. ab E . JVeck . . . IVuii . Oliv . On . Poil . Panz . Payk . P. de B . Perch . Pers ....... Pfeif- . NOMS DES AUTEURS. Kunth. Labiliardière. Lacépède. Lagasca. Lamarck. Lamouroux. de Laporte de Castelnau. Lapérouse. Latreille. Lathara. Lehman Lepelletier de St-Fargeau. Lesson. Lessing. Linné. Laurent de Jussieu. Lindley. Lister. Link. Loureiro. Macquart. de Mannerheim. Marcgrav. Martius. Pr. Maximilien de Wied. Milne-Edwards. Michaux, de Mirbel. Denis de Montfort. Millier. Nees ab Esenbeck. Necker. Nuttal. Olivier. Ortéga. Pallas. Panzer. Payknll. Palissot de Beauvois. Percheron. Persoon. Pfeiffer. PLum. . . . P. Th. . . Pœpp. . . . Raf. .... R. Br. . . . Réaum. . . Reich. . . . Robin. . . . Rossm . . . R. etP. . . Rupp. . . . Sav . Schl .... Schn. . . . Schœn . . . Schrad. . . Schreb . . . Scop .... Serv . Sm . Sold .... Sow . Spin . Spr . Step . Sivt . Swz . . Tur . Temm. . . , Thunb . . . Tourn . . . , Vaill. . . . Wag. . . . Walck. . . Pal . Vent . . . . Pied . Pieill. . . . TPestw. . . TVild. . . . Zelt . Ziet . . . Plumier. . . Dupetit-Thouars. . . Pœppigg. . . Rafinesque. . . Robert Brown. . . Réaumur. . . Reîchenbach. . . Robineau-Desvoidy. . . Pvossmaessler. . . Ruiz et Pavon. . . Ruppel. . . Savigny. . . Schlotheim. . . Schneider. . . Schœnherr. . . Schrader. . . Schreber. . . Scopoli. . . Serville. . . Smith. . . Soldany. . . Sowerby. . . Spinola. . . Sprengel. . . Stephens. . . Sweet. . . Swartz. . . Turton. . . Temminck. . . Thunberg. . . Tournefort. . . Vaillant. . . Wagner. . . Walckenaer. . . Valenciennes. . . Ventenat. . . Viedemann. . . Vieillot . . Westwood. . . Wildenow. . . Zetterstedt. . . Zieten. DISCOURS PRÉLIMINAIRE PRÉAMBULE *. L’histoire naturelle remonte à la plus haute antiquité : l’homme en effet, dès les temps les plus reculés, dut être frappé de la majesté de la nature , assemblage inconnu de causes et d’effets dont il ne peut, il est vrai, qu’imparfaitement saisir l’ensemble et le but, mais qui, con¬ templé dans ses moindres détails comme dans ses manifestations les plus puissantes, le remplit d’admiration par sa merveilleuse harmonie. Lève-t-il les yeux vers les régions célestes? il y voit des myriades de globes lumineux, régis dans leurs mouvements éternels par des lois im¬ muables. L’atmosphère au milieu de laquelle il respire lui offre à chaque instant de nouveaux phénomènes qui, dans leur irrégularité même, sem¬ bleraient résulter d’un ordre mystérieux. L’eau, réduite en vapeur, tantôt s’élève dans les airs, s’y forme en nuages, puis retombe en pluie, pour arroser et fertiliser la terre ; tantôt , suspendue dans les régions 1 Grâce au concours éclairé de MM. Delafosse, A. Duponchel, Duvernoy , Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Gérard, Gervais, Guillemin, etc., qui ont bien voulu ajouter des notes précieuses aux matériaux que nous avions réunis pour ce travail, nous donnerons, sur l’état actuel des sciences, un ensemble de renseignements que n’aurait pu nous fournir aucun corps d’ouvrage. X DISCOURS PRÉLIMINAIRE. inférieures, elle vient, bienfaisante rosée, se condenser sur le sol; rendue solide par le froid, elle couvre la terre de flocons de neige, ou, durcie en grêlons, elle frappe et brise les végétaux. L’agitation de l’atmosphère, due à tant de causes diverses, tempère parfois par sa douceur les ardeurs du soleil , parfois devient un ouragan terrible qui renverse tout sur son passage. La foudre alors gronde dans les airs; elle déchire la nue, sil¬ lonne l’espace, sème l’effroi sur la terre, consume ou pulvérise tout ce qu’elle frappe ; mais bientôt le calme se rétablit, les nuages se dissipent, et sur un léger rideau de vapeurs se dessinent les teintes brillantes de l’arc-en-ciel. L’homme jette-t-il ses regards autour de lui? il ne peut s’empêcher de remarquer la variété des productions et la multiplicité des êtres vivants qui l’environnent : l’air, les eaux, la terre en sont peuplés ; s’il fouille le sol , il retrouve les innombrables débris d’animaux et de végétaux con¬ temporains d’âges depuis longtemps écoulés , et ensevelis au milieu de masses minérales dont les variétés ne sont pas moins nombreuses. La vie remplit l’espace ; le rocher, dont la masse a bravé les tempêtes, cède à la puissance incessamment vivifiante de la nature. Les lichens, les mousses, s’attachent à ses flancs robustes, les minent, et préparent ainsi le berceau où se développent des végétaux plus complexes; et quelquefois même l’arbre s’élève là où naguère la plus humble plante ne pouvait végéter. Voyez le chêne , ce roi des forêts , qui annonce une si grande puis¬ sance vitale ; il est en butte aux attaques de myriades de parasites dont beaucoup ne doivent leur existence qu’à la sienne. Sous son écorce, des scolytes dessinent mille figures; à sa surface, des kermès se fixent; dans le parenchyme de ses feuilles s’insinuent des cynips qui y déter¬ minent les excroissances appelées noix de galles ; des lichens tapissent son écorce, et des mousses s’établissent à sa base. Si sa vie s’épuise, il est bientôt assailli par une foule d’autres insectes et de végétaux qui s’en emparent comme lever s’empare du cadavre. Chaque animal, cha¬ que plante , devient ainsi la proie de nombreux ennemis, et particu¬ lièrement de certaines espèces qui semblent nées avec eux. Le cossus dévore l’orme ; l’hépiale détruit les houblonnières ; la pyrale, le rhyn- chite et l’eumolpe, la vigne; la saperde, les lamies, les cérambyx, ron¬ gent le peuplier, le bouleau et généralement les arbres de haute futaie. Les animaux nourrissent dans leurs tissus les plus intimes des hel¬ minthes qui parfois causent leur mort. Les insectes eux-mêmes, tout DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XJ petits qu’ils sont, ne peuvent se soustraire à celte loi commune : le géotrupe est couvert de mites ; le ver à soie , dans nos magnaneries, périt de la muscardine ; les chenilles et d’autres larves reçoivent à leur insu les œufs des ichneumons, et les vers qui en sortent les dévorent. À peine une goutte d’eau est-elle tombée du ciel qu’elle devient un monde organisé ; car la vie existe partout et se manifeste sous toutes les formes ; mais chaque règne ou chacune des classes qui le composent ne se renferme pas dans un cercle limité de formes et de phénomènes. Tous les êtres, au contraire, se fondent et se mêlent à l’infini sans qu’il soit possible d’assigner les bornes où une série finit et où une autre com¬ mence. Ainsi les chéiroptères ont des ailes, et l’air est leur élément comme il est celui de l’oiseau ; le polalouche et le phalanger volant, quoique dépourvus d’ailes véritables, franchissent, en déployant leurs membranes , un espace que ne saurait franchir aucun animal sauteur. L’ornithorhynque se rapproche des oiseaux par son bec , et des reptiles par plusieurs caractères anatomiques particuliers à certains animaux de celte classe. Les phoques, les cétacés, ont une vie analogue à celle des poissons; doués d’une agilité extrême dans l’eau, ils rampent lentement sur le sol. Privés des poils que présentent la plupart des autres mammi¬ fères, les pangolins sont couverts d’écailles; les tatous, d’une sorte de cuirasse ; les hérissons et les porcs-épics , d’épines qui ne sont que des faisceaux de poils. Parmi les oiseaux, quelques-uns, comme le casoar et l’autruche, mar¬ chent, courent, mais ne volent pas ; d’autres, comme le cygne, le canard, et, en général, les palmipèdes, vivent à la surface des eaux. Tels pois¬ sons , comme les exocets et les dactyloptères , abandonnent la surface des ondes et se soutiennent quelques instants dans l’air au moyen de leurs vastes nageoires pectorales. Les batraciens ont un double mode d’existence; poissons dans le premier âge, ils respirent comme les ani¬ maux de cette classe au moyen de branchies, que des poumons viennent remplacer après leur métamorphose; et quelques-uns, comme la sirène et le protée, restent à demi-poissons pendant toute leur vie. Parmi les invertébrés et les végétaux, même variété pour les milieux dans lesquels ils vivent, même incertitude sur leur enchaînement. On a vainement essayé de tracer une classification graduelle des êtres orga¬ nisés, en marquant le passage des uns aux autres. Quelques naturalistes les ont rangés sur une ligne verticale et dans un ordre ascendant; d’autres les ont placés sur deux ou sur plusieurs lignes parallèles, ou bien ont DISCOURS PRÉLIMINAIRE. x'j tracé des lignes convergentes formant des cônes emboîtés les uns dans les autres, tous créant, tous plaçant et déplaçant tour-à-tour des familles et des genres plus ou moins naturels et qui s’associent plus ou moins bien avec les groupes voisins ; mais aucune de ces tentatives de classe¬ ment qui ne convient qu’à telle ou telle théorie, n’a paru pleinement sa¬ tisfaisante, car la science humaine n’est point encore assez avancée pour avoir pu embrasser l’ensemble de tous les faits. On a voulu placer les êtres dans l’ordre de leur prétendue perfection ; mais les mots perfection et imperfection ont donné lieu à de sérieuses controverses; qui peut dire, en effet, d’une manière absolue ce qui est parfait et imparfait? Dans le sens philosophique du mot, l’être le plus parfait serait celui dont la structure est la plus simple, et dans lequel se font, avec le moins d’or¬ ganes possibles, les fonctions complexes de la nutrition, de la respira¬ tion , de la génération, de la locomotion, des sensations et des per¬ ceptions. Dans ce cas, le polype l’emporterait sur l’homme ; la plante cryptogame la plus simple, sur les phanérogames. Tant que nous ne connaîtrons pas les lois qui président à la vie, disons que chaque animal, étant organisé pour le milieu dans lequel il doit vivre, possède le degré de perfection nécessaire pour que les phénomènes qui constituent son exis¬ tence s’accomplissent avec ordre et régularité. Ainsi, les quadrupèdes, que leur organisation attache à la terre, ont une large base de sustenta¬ tion; les uns, destinés à se nourrir de proie vivante , sont souples et légers; les autres, se nourrissant d’herbes, sont moins agiles. Dans l’oi¬ seau, tout concourt à rendre son vol plus facile : ses os creux et cellu¬ leux, sa poitrine spacieuse, ses membres inférieurs admirablement dis¬ posés pour leur usage. Les poissons, par leur forme comprimée et allongée, par la queue très développée et flexible qui leur sert de gouver¬ nail et par des nageoires remplissant l’office de rames, ont également les mouvements souples et faciles; ils divisent le fluide en offrant le moins possible de surface résistante. Leur corps est le plus souvent pro¬ tégé par des écailles sur lesquelles glissent ou s’amortissent tous les chocs. Les insectes répandus partout, présentent une organisation des mieux appropriée à leur genre de vie : ceux dont les larves vivent sur le tronc des végétaux ligneux sont armés d’une tarière pour percer le bois; les insectes broyeurs ont deux mandibules et deux mâchoires horizontales agissant comme des ciseaux ; ceux qui se nourrissent du sang des autres animaux ou du suc des fleurs ont une bouche en forme de suçoir, propre à entamer les peaux les plus dures, ou une trompe déliée qui s’insinue DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xii j jusqu’au fond des corolles. Les coléoptères, dont les ailes sont de fragiles membranes qu’un souffle pourrait détruire, sont munis d’étuis cornés qui les recouvrent ; les papillons, destinés à une existence éphémère, ont des ailes qui doivent peu durer. Les mollusques, dont le corps dépourvu d’un soutien osseux serait exposé à toutes les causes de destruction , sont, pour la plupart, protégés par.une coquille calcaire d’une extrême solidité. Enfin, dans les derniers degrés de l’échelle animale, les polypes, qui semblent braver la mort et se multiplient à mesure qu’on les divise, et les infusoires, vivant par milliers au sein d’une goutte d’eau qui pour eux est un monde, sont autant de preuves de l’admirable diversité des moyens que la nature emploie pour arriver au même résultat, la vie. Si notre esprit s’attriste à la vue des scènes de destruction dont la nature vivante est le théâtre, rappelons-nous que la vie n’est qu’à ce prix, et que la mort ne fait rentrer tous les êtres dans le sein de la matière que pour qu’ils en sortent de nouveau après d’innombrables mé¬ tamorphoses. La vie est à la fois but et moyen ; aussi les êtres organisés sont-ils nés pour se servir mutuellement de pâture : le végétal pousse plus vigoureusement lorsque ses racines sont plongées dans un sol fertilisé par des débris animaux. L’animal à son tour vit soit de végétaux, soit de chair. L’homme même, tout puissant qu’il est, l’homme qui met à contribution pour sa nourriture et pour ses autres besoins toute la nature organique, devient l’objet de terribles représailles 5 mais chaque fois qu’un être est exposé à beaucoup de chances fatales, il se mul¬ tiplie avec plus de rapidité. Les portées des petits quadrupèdes sont plus fréquentes et plus nombreuses que celles des grands ; certains oiseaux pondent une assez grande quantité d’œufs. On connaît l’éton¬ nante fécondité des poissons et des insectes; mais on ne peut encore la comparer à celle des plantes, qui, chaque année, produisent d’in¬ nombrables graines qu’emportent au loin les eaux , les vents et les animaux. La nature ne se préoccupe pas des individus ; sa sollicitude s’arrête à la conservation de l’espèce ; 011 pourrait même dire, avec quelque raison, qu’elle ne s’en inquiète que faiblement; pourvu que la vie se multiplie, se répande, peu lui importent les transformations, les destructions ; elle ne connaît d’autre privilège que celui de la force et 11’a de prédilection particulière pour aucun type d’espèce. Mais, comme un lien intime unit l’individu à l’espèce, elle a donné à chaque classe d’êtres les moyens de conserver sa vie ; une course prompte comme la flèche XIV DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ou des ruses nombreuses à ceux qui n’ont pas d’armes défensives ; aux autres, des dents tranchantes, des ongles aigus, un cuir impéné¬ trable, de solides écailles, des appareils électriques, des glandes veni¬ meuses, etc. Le caractère essentiel de la nature est d’être une, immuable, quoique multiple dans ses manifestations. Sa loi, c’est la variété de l’unité; la matière organique est comme une cire molle qu’elle pétrit ou combine de mille façons, en produisant toujours des êtres nouveaux, qui ne res¬ semblent à leurs devanciers que par l’identité de leurs conditions phy¬ siologiques d’existence. Nous ne pouvons faire un pas sans découvrir une de ces créations, ancienne sans doute, mais qui nous était restée incon¬ nue. Quel vaste champ ouvert à l’observation! quel aliment pour l’in¬ satiable curiosité de l’homme ! Voir, voir encore, et découvrir tou¬ jours ; ne soulever que peu-à-peu le voile dont la nature a couvert ses trésors , c’est une de ces joies qu’il n’est donné qu’au naturaliste de connaître. Les sciences naturelles ne sont pas arrivées à leur état actuel de per¬ fection sans avoir subi l’épuration des siècles. Il a fallu bien des tâton¬ nements, bien des théories hasardées, reçues longtemps comme des vé¬ rités, puis rejetées avec dédain comme autant d’erreurs grossières, pour réunir le petit nombre de faits authentiques sur lesquels repose la science moderne. Ce n’est que de loin en loin, qu’ont apparu ces naturalistes philosophes qui , devançant l’expérience par la haute portée de leur génie, ont indiqué avec assurance la marche à suivre pour arriver à la vérité. Quand l’homme, nu, faible, exposé à mille causes d’anéantissement, eut une idée moins confuse des objets qui l’entouraient, il dut examiner avec attention chacun de ces objets afin d’en reconnaître, par rapport à lui, les qualités utiles ou nuisibles. Tous les fruits n’avaient pas la même saveur et n’étaient pas également propres à servir d’aliments ; les animaux dont il fit plus lard sa nourriture et qu’il tua pour se couvrir de leurs fourrures, n’étaient pas des victimes résignées rece¬ vant la mort sans résistance. Ceux-ci lui échappaient par la fuite ou la ruse ; ceux-là, carnassiers comme lui, ne cédaient qu’à la supériorité de la force ou de l’intelligence. Il les observa donc d’abord isolément, comme de simples individus, avant de remarquer entre eux des rapports plus ou moins éloignés. Les premières observations comparatives furent les commencements DISCOURS PRÉLIMINAIRE. \v île la science; elles ne remontent, sans doute, qu’à l’époque où une vie sociale moins agitée permit à la pensée de prendre une direction spé¬ culative. Les peuples chasseurs, plus rapprochés que les autres de la vie sau- vage, étudièrent seulement l’instinct propre aux animaux de proie. Epier un animal avec une patience infatigable, lutter avec lui de ruse et d’agi¬ lité, telle fut leur occupation journalière. Celle vie turbulente s’opposait au développement de la pensée. Les peuples pasteurs, au contraire, déjà descendus dans les plaines et sur le bord des eaux, groupés par tribus nombreuses, menant une exis¬ tence plus douce et plus régulière, furent portés par leur position même à la contemplation et à l’observation. Ils durent choisir pour eux des lieux d’habitation salubres, et des pâturages abondants pour leurs trou¬ peaux ; veiller à la multiplication de ces derniers, les soigner dans leurs maladies; assister à toutes les phases de la vie animale, éloigner de leurs tentes les animaux nuisibles; toutes ces occupations étaient autant d’ali¬ ments pour l’intelligence. Ainsi, par exemple, les bergers de la Chaldée, condamnés à l’oisiveté des gardiens de troupeaux, cherchèrent dans l’é¬ tude des astres une diversion à la monotonie de leur existence : aussi cultivèrent-ils très anciennement l’astronomie. Les peuples agriculteurs, en combinant l’exploitation du sol avec l’é¬ ducation des troupeaux, ajoutèrent de nouvelles observations sur la zoologie et la botanique à celles déjà faites par les peuples pasteurs. Les villes, bâties pour servir d’abri contre les incursions des tribus voisines, virent naître dans leur sein des hommes qui consacraient leur vie aux travaux de l’intelligence ; et les sciences, dépouillées de leur grossière et rude enveloppe, prirent la forme dogmatique. L’écriture, remplaçant la tradition, fixa les faits empiriquement acquis et assit la science sur une base inébranlable ; mais la superstition, les mauvaises mœurs, les institutions vicieuses, qui se reflètent nécessairement sur les connais¬ sances humaines, faussèrent bien des idées et engendrèrent bien des croyances erronées. On conçoit que sur un tel canevas il dut être brodé beaucoup de fables, que d’une telle source il dut découler beaucoup d’erreurs. Les an¬ ciens naturalistes, nés au milieu de peuples amis du merveilleux, ont rempli leurs ouvrages de rêves souvent aussi poétiques que leur mytho¬ logie. Tantôt ils disent qu’un petit poisson (le rémora), malgré sa fai¬ blesse, arrête méchamment la marche des navires, tandis que le rémora XVj DISCOURS PRÉLIMINAIRE* n’est en réalité qu’un paresseux, qui, pour s épargner la peine de nager, s’attache aux corps flottants, aux gros poissons même, par le moyen d’une sorte de ventouse dont sa tête est armée ; tantôt des lamantins, aux for¬ mes lourdes et grossières, sont métamorphosés, par l’imagination bril lante des Grecs, en vigoureux tritons ou en gracieuses sirènes. N’accu¬ sons pas ces hommes des erreurs auxquelles ils se sont laissé prendre ; l’expérience ne s’acquiert qu’avec le temps ; et, pour voir les faits tels qu’ils sont, dépouillés de tout prestige, il faut s’affranchir des préjugés qui obscurcissent la raison et des hypothèses qui l’égarent. Notre époque même n’en est pas exempte, et bien des fictions sont données pour des réalités; ainsi l’on a vu une reine dans la femelle féconde d’une ruche, et l’on a cru y trouver un emblème de la monarchie ; ainsi l’on a fait des pucerons, dont les fourmis sucent la liqueur sucrée qui transsude de leurs tubes abdominaux, les chèvres e t les vaches de ces insectes. L’histoire des progrès des sciences naturelles est celle de l’esprit hu¬ main et de la civilisation. Les sciences, mystérieuses d’abord, envelop¬ pées du même voile que la religion, furent exploitées par les prêtres seuls au profit d’un petit nombre d’adeptes ; elles furent ensuite profes¬ sées par les philosophes sous les formes obscurément ambitieuses de l’antiquité. Le peuple demeurait étranger à leur développement, et l’on ne lui livrait que des fictions propres à perpétuer son ignorance. Le mou¬ vement des esprits, cette tendance continuelle de l’humanité vers le per¬ fectionnement de l’intelligence, a vaincu les préjugés. Longtemps voi¬ lées par le charlatanisme, l’orgueil et la mauvaise foi, les lumières ont peu-à-peu éclairé les nations et agrandi la sphère de la pensée. À chaque réforme, à chaque grand mouvement social, les sciences naturelles ont vu s’accroître leur domaine, et l’on a compris que leur propagation in¬ téressait tous les hommes qui, vivant au milieu de la nature, puisent dans l’étude des lois qui président à la vie et au développement des êtres, de nouveaux moyens de satisfaire leurs besoins et d’augmenter leurs jouissances. L’agriculture, le premier des arts, emprunte aux sciences naturelles ses connaissances et ses améliorations les plus précieuses. La botanique lui fournit des renseignements exacts non-seulement sur les végétaux cultivés à raison de leur utilité pour l’homme, mais aussi sur ceux que leurs propriétés nuisibles doivent faire soigneusement extirper. C’est la physiologie végétale qui le guide dans ses opérations principales, telles que les labours, les assolements, les engrais; c’est encore d’elle que dé- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xvij rivent tous les perfectionnements de la culture des forêts et des jardins. La zoologie lui indique les races propres au labourage, ou celles dont l’éducation lui est avantageuse; elle lui dit comment on obtient, par le croisement, des sujets plus forts dont la chair est plus savoureuse, ou dont les enveloppes sont d’une plus grande valeur. Elle lui fait connaître ses ennemis, leurs ruses, leurs moyens de multiplication, les animaux qu’on peut dresser pour les détruire. Elle lui fait voir que les oiseaux qui vivent d’insectes doivent être épargnés, parce qu’ils lui rendent d’immenses services; tandis que ceux qui dévorent les grains sont des pillards qu’il faut éloigner des champs ensemencés et des ré¬ coltes. L’étude de la géologie, qui conduit à la découverte des trésors que le globe recèle , lui fournit les connaissances nécessaires pour dé¬ terminer la nature des terrains et les mélanges qui peuvent les amélio¬ rer ; elle facilite le forage des puits artésiens et les diverses exploita¬ tions, soit des pierres qui servent à élever nos édifices , soit des mé¬ taux dont l’emploi est si général. La météorologie enseigne fimmense influence que les saisons et leurs variations exercent sur la culture, et le rôle que jouent dans la végétation les phénomènes atmosphériques. Il n’est pas une branche d’industrie qui ne tire le même parti de l’étude de la nature. Les ouvriers qui travaillent le bois doivent con¬ naître les lois de l’accroissement des végétaux ligneux, l’action des climats et des terrains sur leur dureté, la finesse de leur grain, la ri¬ chesse de leurs veines. Les ouvriers en métaux puisent dans la miné¬ ralogie des notions précieuses ; elle leur révèle les gisements des divers minerais, leurs propriétés, leur mode d’épuration , l’influence des di¬ verses agrégations métalliques sur leur valeur industrielle , leur abon¬ dance ou leur rareté. Les ouvriers qui travaillent la pierre tirent de la même science et de la géologie la juste appréciation des matériaux qu’ils mettent en œuvre. C’est à ces données pratiques que les anciens durent le choix judicieux et la merveilleuse variété des matériaux qu’ils employaient à la construction et à la décoration de leurs édifices. Les arts industriels, le commerce, enfin tout ce qui concourt à accroître la prospérité des nations, trouve donc, dans l’étude de la nature, des enseignements profitables. Nous ne parlerons pas du médecin , pour qui la nature ne doit pas avoir de mystères, s’il veut remplir avec conscience ses devoirs envers l’humanité. Les sciences spéculatives elles-mêmes ne peuvent trouver de base solide et rationnelle que dans l’observation des fails. Long- b xviij DISCOURS PRÉLIMINAIRE. temps égarés par ies vagues rêveries d’une métaphysique obscure, les philosophes ont enfin abandonné les régions de l’hypothèse pour se livrer à l’observation. Leur main s’est armée du scalpel, leur œil du microscope ; ils ont interrogé tous les êtres , scruté toutes les décou¬ vertes; et, après avoir vu, comparé, jugé, ils ont rejeté comme autant d’erreurs tout ce que leur doigt ne pouvait toucher, tout ce que leur œil ne pouvait voir, tout ce que leur esprit ne pouvait comprendre : chaque fois que la nature leur a fermé son livre , ils ont su attendre patiemment qu’elle le rouvrît. Cest ainsi que l’industriel et le savant puisent dans les sciences naturelles des lumières qui multiplient leurs moyens d’application ou contribuent au perfectionnement de leur es¬ prit ; c’est ainsi que l’homme du monde y trouve une source d’inépui¬ sables jouissances qui embellissent la vie, sans laisser après elle de repentir ou de satiété. Elles ont sur toutes les autres connaissances l’avantage d’être toujours neuves, toujours attrayantes. Les anciens comprenaient toutes les sciences sous le nom de Philo¬ sophie, et l’histoire naturelle n’en était qu’une branche sans importance, qui disparaissait dans les sciences purement spéculatives. A cette épo¬ que, encore si rapprochée du berceau de la civilisation, les faits étaient peu nombreux et l’esprit pouvait sans peine en embrasser l’universalité. Les temps ont bien changé. Chaque partie de la science est devenue si riche, que l’intelligence de son ensemble et de ses détails demande de longues et sérieuses études. Le plus mince ouvrage élémentaire de notre époque contient plus de faits que n’en connaissait l’homme le plus érudit de l’antiquité; ainsi l’on trouve dans le traité de botanique de Théophraste l’énumération de quatre cents plantes seulement, tandis que nous comptons aujourd’hui plus de cent mille végétaux. On connaît quatre mille espèces d’oiseaux ; deux fois autant de poissons ; la seule classe des insectes comprend , d’après les calculs de M. Burmeisler, quatre-vingt mille espèces , et les collections en renferment encore une grande quantité d’inédites. Les crustacés, les myriapodes, les arach¬ nides, quoique moins abondants, sont aussi très multipliés, et les mol¬ lusques, réunis aux zoophyles, ne le cèdent pas en nombre aux insectes. Cependant on est bien loin encore de pouvoir énumérer tous les êtres qui peuplent le globe, et chaque jour ajoute une découverte nouvelle aux découvertes antérieures. Aujourd’hui que les progrès des sciences ont contraint de les diviser, on ne trouve plus de ces têtes encyclopédiques capables d’en embrasser XIX DISCOURS PRELI VI IN A I RE. l’ensemble, et chacun doit se borner aux généralités ou spécialiser ses études. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a calculé que, pour se faire une idée seulement superficielle de tous les animaux, il faudrait qua¬ rante années d’étude, en y employant dix heures par jour ; et la vie de plusieurs hommes y suffirait à peine. Il a donc fallu diviser les sciences en coupes nombreuses, fondées sur leurs affinités. Les sciences naturelles proprement dites comprennent l’étude des êtres organisés et des corps inorganiques, considérés, les uns sous le rapport de leur structure externe et interne, de leurs conditions d’exis¬ tence, de leur mode de reproduction, de leurs métamorphoses, de leurs mœurs, des analogies qui les rapprochent ou des dissemblances qui les séparent; les autres, sous le rapport de leur formation, de leur forme, de leur structure cristalline, de leur mode d’agrégation et de leurs ap¬ plications. Autour de ces sciences se groupent l’Astronomie, complète¬ ment soumise aux mathématiques ; la Physique, qui s’occupe de l’action que les corps exercent les uns sur les autres, sans que leur compo¬ sition en soit altérée, et la Chimie, dont l’objet est l’étude des actions in¬ times qui ont lieu entre ces mêmes corps. Ces trois sciences constituent les sciences physiques ; leur manière de procéder dans leurs recherches les distingue des sciences naturelles , qui ne considèrent que les phé¬ nomènes révélés par l’observation immédiate, appliquée à des êtres spé¬ ciaux et déterminés, ou, par la généralisation, à des choses identiques; cependant leurs principes généraux doivent être connus du naturaliste, qui sans elles ne pourrait s’expliquer un grand nombre de faits. Une énumération rapide des principales divisions des sciences natu¬ relles fera comprendre combien leur étude présente de points de vue différents, et comment on a pu voir dans chacune d’elles une science à part. En tête de ces sciences se trouvent celles qui se rapportent aux êtres organisés, dont le mode d’accroissement a lieu par intus-susception , soit au moyen d’un tube digestif absorbant les parties assimilables des aliments ingérés, soit au moyen de racines qui pompent les sucs nour¬ riciers contenus dans le sol, ou par des feuilles absorbant les gaz qui entrent dans la composition de l’atmosphère. La Zoologie embrasse la généralité des animaux, les compare entre eux, les divise, les groupe, établit les méthodes de classification, et réunit, dans son domaine, toutes les branches de la science qui se rap¬ portent à ces êtres organisés. U Anatomie, soit spéciale, soit comparée, XX DISCOURS PRÉLIMINAIRE. étudie leurs parties, cherche à en connaître la structure intime et les relations réciproques. La Physiologie conduit à surprendre les mystères de la vie et à en expliquer les phénomènes ; elle étudie le jeu et les fonc¬ tions des organes. La Tératologie , sorte d’anatomie comparée, observe les diverses anomalies organiques, et en recherche les lois. Après ces sciences, qui embrassent l’universalité des êtres vivants, en viennent d’autres plus spéciales qui ne considèrent qu’une partie du règne ani¬ mal ; ainsi V Anthropologie prend l’homme pour but particulier de ses méditations : elle constate l’influence des climats, des sexes, de l’âge, des moeurs, du mode d’alimentation, de la civilisation et de l’état sau¬ vage sur les diverses races humaines. La Mammalogie s’occupe des Mammifères considérés indépendamment des autres classes. L 'Orni¬ thologie en fait autant pour les Oiseaux. L’ Erpétologie a pour objet la série des Reptiles, comprenant les Serpents, les Lézards, les Tortues et les Batraciens. JJIchthyologie traite de tous les autres vertébrés qui peuplent les eaux, et ont des branchies au lieu de poumons pour or¬ ganes respiratoires; ce sont les Poissons qui viennent clore la classe des vertébrés. On a placé les animaux à vertèbres à la tête des êtres organisés, comme étant ceux chez lesquels les fonctions sont les plus distinctes et l’intelligence la plus développée. Viennent ensuite les Invertébrés, tous privés d’un support osseux interne, et dont beaucoup n’ont que des masses ganglionnaires et pas de centre commun d’innervation. Ils ont été classés suivant l’ordre de perfection de leur système nerveux. La Conchyliologie ou Malacologie est la science qui traite des Mol¬ lusques à coquille ou sans coquille. L’ Entomologie étudie les insectes et plus généralement les animaux articulés, parmi lesquels on com¬ prend, outre les véritables insectes ou hexapodes, les Myriapodes , les Arachnides , les Crustacés , les Cirrhopodes et les Annélides . Enfin , une dernière branche , Y Actinologie , embrasse une série d’êtres dont l’organisation est excessivement simple , doués de la fa¬ culté locomotive ou fixés au sol , et présentant certains caractères spé¬ ciaux; ce sont les Zoophytes ou Animaux Rayonnés, qu’on a dû partager en plusieurs classes , comprenant les Échinodermes , les Aca- lèphes , les Polypes , les Spongiaires , les Infusoires homogènes et les Oscillariéesy qui, sans organes musculaires et nerveux, jouissent de la propriété d’exercer des mouvements oscillatoires , et ont été consi¬ dérés comme établissant le passage du règne animal au règne végétal. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. **J On a désigné sous le nom de Botanique ou de Phytologie la science qui traite des végétaux, êtres organisés et vivants, mais privés de mou¬ vement vol on taire et de sensibilité apparente. Elle a, comme la zoologie, son anatomie, sa physiologie, sa tératologie et sa nosologie. Si Ton ne considère que la botanique proprement dite ou la connaissance des vé¬ gétaux indépendamment de toute application, c’est encore une vaste science qui peut se subdiviser en autant de sections qu’il y a de classes ou de grands groupes de végétaux. Ainsi les Acotylédones comprennent tous les végétaux dépourvus de feuilles séminales ou cotylédons; les organes sexuels n’y sont pas apparents ou du moins ne ressemblent pas à ceux des plantes plus élevées dans l’échelle de l’organisation; d’où le nom de Cryptogames, appliqué aussi à cette classe, à laquelle ap¬ partiennent les familles si étendues et si polymorphes des algues, des champignons, des lichens, des mousses, des fougères, etc. Les plantes pourvues de cotylédons forment deux divisions principales, les Monoco- tylédones et les Dicotylédones. Leurs organes sexuels sont si apparents qu’on a pu en déterminer les fonctions avec une certitude presque abso¬ lue ; ce qui a valu le nom de Phanérogame s h. l’ensemble des plantes qui composent ces grandes classes. Elles renferment les grands végétaux qui peuplent nos forêts et nos vergers, les fleurs qui décorent nos parterres, la plupart des plantes d’où nous tirons notre nourriture, nos vêtements, et de celles qui nous guérissent ou nous soulagent dans nos maladies. Ici finit la nature vivante et commence la nature morte, inerte, à laquelle appartiennent les corps qui croissent par juxta-position. A la tête de cette nouvelle branche des sciences naturelles se place la Géo¬ logie, qui a pour objet l’histoire du globe ; elle en fait connaître la forme extérieure, la nature, la structure, et cherche à découvrir les révolutions qu'il a éprouvées depuis son origine. A la Géologie se rattache la Pa¬ léontologie, ou la science des êtres organisés conservés à l’état fossile: ils offrent de précieux caractères pour distinguer les terrains des diffé¬ rents âges. La Minéralogie vient fermer l’étude de l’histoire naturelle; elle s’occupe des corps inorganiques, non pas sous le rapport de leur gisement, mais sous celui de leur composition et de l’agrégation de leurs molécules; elle indique et détermine, sous le nom de Cristallo¬ graphie, la figure géométrique des cristaux et recherche leur forme primitive. On ne peut faire un pas de plus sans entrer dans les sciences physiques. On voit que l’étendue des sciences naturelles, la multiplicité des ob- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xxij jets qu’elles renferment et leurs progrès journaliers, rendent indis¬ pensable la publication d’annales nouvelles, qui enregistrent soigneuse- ment les faits récemment acquis et viennent remplir les lacunes des anciennes, devenues insuffisantes. L’introduction tout à la fois la plus instructive et la plus intéressante pour nos lecteurs, comme la plus propre à les initier aux progrès des sciences naturelles et de la partie des sciences physiques qui s’y rattachent, serait donc un tableau qui présenterait le développement successif de ces sciences dans l’ordre et suivant le cours des siècles, tableau mouvant, dont nous allons ten¬ ter de crayonner l’esquisse, et que son caractère même nous fera natu¬ rellement diviser en trois parties : l’état de l’histoire naturelle dans V antiquité, au moyen âge, et dans les temps modernes . PREMIÈRE PARTIE. ANTIQUITÉ. 35es temps historiques jusqu’au VIIe siècle de l’ère vulgaire . Les générations ne disparaissent pas de la terre sans y laisser des traces de leur passage. Dans tous les lieux où les hommes ont formé des établissements, on retrouve le souvenir et les leçons d’une civi¬ lisation plus ou moins parfaite , suivant la durée de leur existence en corps de nation. L’homme l’emporte sur tous les autres êtres organisés par le déve¬ loppement de son intelligence et par la rapidité de ses moyens de ma¬ nifestation ; aussi existe-t-il chez l’espèce humaine, depuis la formation des premières sociétés, un mouvement continu et progressif, ralenti quelquefois par des guerres désastreuses, par des invasions perturba¬ trices ; mais elle n’en a pas moins grandi en science , en sagesse , et tout, jusqu’aux fautes du passé, a profité aux générations successives. On peut donc dire que les sciences naturelles remontent aux pre- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXI lj mières sociétés , et que les faits recueillis un à un , réunis sans ordre et sans choix par les premiers observateurs, se sont progressivement classés et ont formé les fondements de la science moderne , fécondée par la généralisation, la plus belle et la plus précieuse des facultés de l’intelligence. Il existe bien des systèmes sur l’origine des nations qui, les pre¬ mières, habitèrent les terres de l’ancien continent. Quelques auteurs veulent qu’il y ait eu dans chaque pays une population autocthone , c’est-à-dire née sur le sol qu’elle habitait ; mais l’opinion la plus gé¬ néralement admise , quoiqu’elle manque de preuves positives et que l’existence des races distinctes, aujourd’hui reconnue par les savants, semble la contredire, c’est qu’il y a eu, dans la haute Asie, un point central, berceau de l’espèce humaine, d’où elle se répandit sur la sur¬ face du globe. Sans connaître ni l’ordre ni l’époque de ces migrations, on admet que les premières tribus qui s’éloignèrent du sol natal des¬ cendirent du plateau thibélain et s’établirent au pied de ses hauteurs, sur les terrasses où le Gange prend sa source; ou bien que, franchis¬ sant la chaîne orientale de i’Himâlayâ , elles jetèrent les fondements du vaste empire de la Chine. Celles qui avaient peuplé l’Indoustan se répandirent sur toute la surface de l’Asie occidentale ; deux courants, l’un méridional et l’autre septentrional, s’écoulèrent en Afrique et en Europe. Les populations commencèrent alors à se mêler et à se con¬ fondre; elles passèrent et repassèrent sur les mêmes traces, de sorte que , faute de lumières, on est obligé de se contenter de l’hypothèse la plus généralement adoptée. Quoi qu’il en soit, il est incontestable que l’Asie a été le berceau de la civilisation du monde ; les monuments qui nous restent de l’état de ces sociétés primitives semblent du moins le démontrer. XXIV DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ŒAPITOB F1IM1I1. État des sciences naturelles en Orient, chez les Chinois, les Indiens, les Assyriens et les Babyloniens, les Mèdes et les Perses, les Égyptiens, les Hébreux, les Phéniciens. Les peuples dont la nationalité est puissante et vivace, et dont le caractère, fortement tranché, se perpétue par leurs institutions, sont ceux chez lesquels l’observation scientifique se développe sous la forme la plus originale ; mais il faut y joindre , comme condition essentielle du progrès , le contact de peuple à peuple , la liberté absolue de la pensée, l’affranchissement de toute entrave politique ou religieuse; c’est le seul moyen d’arriver à la connaissance de la vérité ; aussi l’Orient, enchaîné par ses préjugés religieux et par ses formes gou¬ vernementales, est-il resté stationnaire, et n’a-t-il pas joué dans la civilisation du monde le rôle auquel il semblait appelé. Les Chinois sont de tous les peuples, sinon le plus ancien, du moins celui dont les annales ont le caractère le plus authentique, et dont la civilisation remonte le plus haut. Cette nation , froide et positive, qui ne s’est jamais plongée, comme l’Indou, dans une stérile contempla¬ tion, s’attacha, depuis plus de quatre mille ans, à perfectionner ses institutions, sans tenir compte de celles de ses voisins ; et si quelques- unes des bonnes et saines pensées de l’Europe eussent été fécondées par ce rameau persévérant de la race jaune , la Chine aujourd’hui pourrait se voir à la tête des nations. Les Chinois possèdent, comme monuments écrits d’une haute an¬ tiquité, les Ring, où sont déposés les secrets de leur civilisation. D’après ces livres , c’est à Chin-Noung ( laboureur divin ) , qui suc¬ céda à Fou-Hi (3218 ans avant J.-C.J, que remontent les premières inventions utiles à l’homme ; il enseigna à ses peuples l’usage de la charrue, leur apprit à cultiver les champs, à se nourrir de blé, et à extraire du sel de l’eau de la mer. On lui attribue l’invention de la médecine et la distinction de toutes les plantes avec la connaissance de DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xvij leurs propriétés. Il mesura le premier la figure de la terre et lui trouva 900,000 li de l’est à l’ouest et 850,000 du nord au sud. Le rapport de ces deux nombres, dont on peut déduire l’aplatissement des pôles , est fort remarquable, et ce fait scientifique paraît avoir été très anciennement connu chez les Chinois. On trouve dans leurs Annales des détails pleins d’intérêt sur leurs relations avec les peuples voisins. Sous Hoang-Ti ( 2785 ans avant notre ère), il vint du sud un étranger voyageant sur un cerf blanc, qui offrit comme tribut une coupe et des peaux. Les Youé-Yéou, dont les cheveux étaient courts et le corps tatoué, apportèrent de Lest des caisses de peaux de poissons , des épées courtes et des boucliers ; et du sud des perles, des écailles de tortues, des dents d’éléphants, des plu¬ mes de paons, des oiseaux et de petits chiens. Hoang-Ti fut, disent les anciens livres, l’inventeur d’un char qui, de quelque côté qu’on le tournât, indiquait toujours le nord, allusion évidente à la boussole. Ce prince, qui établit dans ses états le système décimal pour les divisions terri¬ toriales et les mesures linéaires, forma le premier collège d’astrono¬ mie chargé d’observer les astres et les phénomènes célestes; on lui at¬ tribue encore la découverte de la période enseignée plus tard aux Grecs par Méton. On dressa, sous son règne, d’après des calculs exacts, le ca¬ lendrier qui servait à régler l’ordre des travaux agricoles. On s’occu¬ pait alors beaucoup de l’observation des éclipses, et l’on mesurait le temps avec des clepsydres. Ce fut en 2155, dans la troisième année du règne de Tchoung-Kang , qu’arriva l’éclipse de soleil dont il est fait mention dans le Chou-King. Yao (2357 ans avant J.-C.) s’occupa aussi beaucoup d’astronomie. On voit avec étonnement que, sous son règne (Chou-King, chap. Yao- Tien), les savants chinois avaient une connaissance exacte du cycle que l’Occident a postérieurement nommé période julienne. Yu, qui régnait 2200 ans avant notre ère, enseigna au peuple à culti¬ ver les nouvelles terres , c’est-à-dire les terres conquises sur le dé¬ sert; et le Chi-King parle de la culture générale qui consistait en blé, riz, panis, mil noir (sans doute le sorgho), chanvre, pois, fèves et coton. Déjà, chez ce peuple, l’agriculture n’était pas, comme chez nous, livrée au caprice du cultivateur : le gouvernement réglait et surveil¬ lait la production. Chun , associé à l’empire par Yao, nomma Heou- Tsi directeur de l’agriculture; et, en l’investissant de ces fonctions (Chou-King, chap. Ch un- Tien) il lui dit : « Vous connaissez les besoins I )ISCO IJ RS PRÉLIMÜN AIR E. ?, viij du peuple; apprenez-lui à culliver les cent espèces de grains suivant les saisons. » Ce meme Heou-Tsi introduisit de nouvelles cultures et perfec¬ tionna les méthodes. Il est souvent question , dans les anciens ouvrages d’asironomie chi¬ noise, de la sphère de Chun, qui est conforme au système de Ftolémée. Il existe en Chine un herbier attribué à Chin-Noung, et un ouvrage d’Histoire naturelle, le Ch an- H a i-Kin g , attribué à Yu. Quand bien même cet ouvrage ne remonterait pas à une si haute antiquité, il est toujours de beaucoup antérieur à tout ce que nous avons en Europe. Le style en est aussi simple que celui des Ring, et il comprend, en deux cent soixante volumes , la description, souvent fort exacte, toujours pittoresque , mais quelquefois mêlée de fables, de presque toutes ies productions des trois règnes. Les connaissances anatomiques des Chinois paraissent remonter à la plus haute antiquité. On en peut juger par leur système médical qu’ils appellent la médecine moderne et qui date déplus de 200 ans avant notre ère. Leurs anciens livres d’anatomie, tout en renfermant de graves er¬ reurs, portent le caractère d’un esprit d’observation fort minutieux ; et le gouvernement, qui est intervenu à toutes les époques dans la marche des sciences , s’est beaucoup intéressé à ce qui concerne les études médicales. Plusieurs siècles avant notre ère, un gouverneur de province ayant fait saisir quarante brigands qui avaient ouvert le ventre à des femmes et à des enfants, les condamna au même genre de mort ; mais, pour que leur supplice fût utile à la science , il chargea des peintres de représenter leurs viscères, et ordonna à des médecins de guider le fer du bourreau. La circulation du sang était connue des Chinois dans l’antiquité. Ils ont calculé depuis bien longtemps la rapidité de la progression du sang- dans les artères à chaque pulsation , et les variations qu’il éprouve suivant les saisons, l’âge, le sexe, le tempérament, le genre de vie, etc.; le tout mêlé à du merveilleux. Ils possèdent de nombreux traités sur le pouls qu’ils ont de tout temps considéré comme le signe diagnostique le plus sûr dans ies maladies. Le Tcha-tchin, introduit en Europe sous le nom d’acupuncture, est un des moyens curatifs le plus anciennement employés en Chine; il en est question dans le livre des Pcheou , plusieurs siècles avant l’incendie des Ring. Les livres d’anatomie, de physiologie et de médecine ayant été DISCOURS PRÉLIMINAIRE. MX exceptes de la proscription prononcée par Tsing-chi-hoang-ti , qui (221 ans avant J.-C.) fit brûler les livres et persécuta les lettrés , les observations qui y sont consignées remontent à plus de vingt siècles. Nous 11e savons pas à quelle époque îa culture du thé a commencé en Chine; mais elle doit y être fort ancienne; car, au vnc siècle de notre ère, l’usage en était devenu si commun que l’empereur Té-lsong le frappa d’un droit dont le produit fut consacré à l’entretien des greniers publies et des gens de guerre. Les vers à soie ne furent connus en Occident qu’au temps de Pline le naturaliste. Il est historiquement démontré que l’art d’en tirer parti est connu en Chine depuis plus de 4,000 ans. On en attribue la décou¬ verte à Si-ling , lune des femmes de l’empereur Hoang-ti. Les versa soie sauvages qui vivent sur l’arbre que les missionnaires appellent fagara ou poivrier de Chine, sut* le frêne et le chêne, ont été long¬ temps les seuls connus, parce qu’ils sont moins délicats. On 11e sait à quelle époque le bombyx mori a été élevé artificiellement; on trouve seulement en 1456 de notre ère une ordonnance qui fixe la quantité de soie que chaque canton doit fournir. La méthode scientifique des Chinois est positive; iis s’arrêtent de¬ vant ce qui leur semble impossible; et leurs théories, quoique mêlées à < les préjugés, ont toujours un coté positif : ainsi les annales qui foui mention du déluge arrivé sous Yao regardent ce phénomène comme une inondation partielle et non comme un cataclysme universel, dont ils 11e paraissent pas avoir eu l’idée. La philosophie chinoise, essentiellement panthéiste, est renfermée tout entière dans l’Y-king ou le livre de l’Unité, dont Kong-fu-Tsé (550 ans avant J.-C.) est le plus moderne commentateur. Elle con¬ sidère la monade combinée avec elle-même pour produire la diade et la triade, comme la cause génératrice de tous les phénomènes qui frap¬ pent notre vue. C’est un jeu numéral dont les combinaisons infi¬ nies roulent sur deux principes: Yang , lumière ou mouvement; et Yn, obscurité et repos; le tout dominé par Tao ou la raison , qui rap ¬ pellerait V absolu des philosophes modernes. Lorsque Leibnitz inventa ses monades, il ne savait pas que f Y-Ring, qui lui est antérieur de 2,500 ans, contient une partie de son système. A l’occident de l’empire céleste, nous trouvons, dès les premiers temps de l’histoire, les Hindous, qui sont peut-être antérieurs aux Chinois; mais le silence de leurs monuments laisse la priorité à ces derniers. La XX DISCOURS PRELIMINAIRE. division des Hindous en castes étrangères les unes aux autres a sans doute empêché leur développement scientifique d’être aussi complet que chez leurs voisins; et les formes mystiques de leur religion, en les enlevant à la vie positive pour les plonger dans les rêveries contemplatives, ont ab¬ sorbé l’activité de leur esprit, et donné naissance à des compositions où l’obscurité de la pensée le dispute au vague de l’expression. Les richesses littéraires de l’Hindoustan nous sont peu connues; car à peine y a-t-il quarante années que l’étude des langues indiennes s’est répandue en Europe. Au milieu de la confusion inséparable des pre¬ miers travaux, et par suite de l’obscurité des textes sanscrits , on a jusqu’à présent tiré peu de parti de ces découvertes. Nous savons seu¬ lement aujourd’hui que les Hindous n’étaient pas étrangers aux sciences d’observation, et qu’ils possédaient des traités didactiques, dont la perte mérite des regrets. Le recueil encyclopédique connu sous le nom général de Vëdas , qui remonte à quatorze siècles avant notre ère, contenait les quatre Oupavëdas ou Sous-Yédas, dont il n’existe plus que des fragments. Le deuxième, Ayouch, comprenait la méde¬ cine , la chirurgie, la botanique, la minéralogie et l’histoire des animaux. Le quatrième, Sthâpâtyâ , traitait des arts mécaniques, au nombre de soixante-quatre. UJyotich , un des six Védângâs , était re¬ latif à l’astronomie. La théorie des atomes , reprise quelques siècles plus tard par les Grecs, appartient à l’école physique nommée Kanadas. C’est aux Hindous que nous devons les signes numériques appelés im¬ proprement chiffres arabes. On sait qu’ils se sont de tout temps oc¬ cupés avec succès de la science du calcul , que les Arabes leur ont em¬ prunté l’algèbre, et qu’ils passent généralement pour avoir inventé le jeu des échecs. Leur ancienne philosophie, selon l’école Brahma -Mimansa , est panthéiste et prouve une observation attentive de l’évolution des êtres et des phénomènes naturels. Dans ce système, la vie et la mort ne sont qu’une émanation et une absorption. Tous les phénomènes s’accom¬ plissent dans le sein de l’être infini ; et les mondes, emportés pour l’éter¬ nité dans un courant circulaire, naissent et s’éteignent sans que ces manifestations multiples épuisent la fécondité de la force créatrice. Manou dit , en parlant de l’action de Brahma dans les phénomènes cosmologiques : « Échangeant tour-à-tour le sommeil et la veille, constamment il fait naître à la vie tout ce qui a le mouvement et tout ce qui ne l’a pas, puis il l’anéantit et demeure immobile.... 11 y a des DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xxj mondes qui se développent sans fin, des créations et des destructions ; Brahma fait tout cela presque en se jouant, lui, le plus grand créateur. » Nous 11e savons pas comment la science périt chez les Hindous ni quelles furent leurs relations avec les peuples voisins; car nous ne pou¬ vons les suivre à travers les temps, et riiistoire primitive des Assyriens et des Babyloniens est trop remplie d’obscurité pour qu’on y trouve la lumière ; nous voyons seulement , comme trait de ressemblance entre eux, l’autorité religieuse toute puissante et dépositaire des secrets de la science et la nation divisée en castes; ce qui semblerait indiquer le con¬ tact des Hindous. Chez ces peuples , la science paraît avoir eu la même physionomie , et leur histoire se résume dans celle des Babyloniens qui étaient parvenus au plus haut degré de la civilisation. L’astronomie était cultivée chez eux par les Chaldéens , qui pa¬ raissent y avoir joué le même rôle que les prêtres en Égypte. On attri¬ bue à ces savants la détermination exacte de l’année solaire. Aristote reçut d’Alexandre un registre d’observations astronomiques non inter¬ rompues, qui remontaient à 1903 années. Cette assertion est exagérée sans doute ; mais il est certain que, 700 ans avant notre ère, ils observè¬ rent des éclipses de lune qui ont été constatées par des calculs récents. Chez eux , l’astronomie faisait partie de la religion , et se confondait , comme chez les Perses, avec l’astrologie. Leur médecine était toute empirique. Exposés sur la voie pu¬ blique , les malades demandaient aux passants s’ils n’avaient pas été atteints d’un mal semblable, et par quel moyen ils s’étaient guéris. S’ils revenaient à la santé , ils plaçaient dans le temple du dieu de la mé¬ decine un tableau indicatif des remèdes dont ils s’étaient servis. Hip¬ pocrate fit copier ces observations qui lui fournirent d’excellentes no¬ tions thérapeutiques. Nous trouvons chez ces peuples une agriculture étendue et variée , un vaste système d’éducation du bétail, tant pour leur nourriture et leur service que pour le commerce. Ils avaient des villes populeuses et magnifiques, et entre autres Babylone avec ses splendides monuments, ses tours gigantesques , ses vastes canaux, ses jardins suspendus; tout cela atteste des connaissances déjà précises dans les sciences physiques et naturelles; mais ce qui prédominait chez eux, c’était le commerce ; la position de Babylone la rendait maîtresse de tout celui qui se faisait avec les pays limitrophes fie la Mésopotamie. Les marchands venaient de X\IJ DISCOURS PRELIMINAIRE tous les points de l’Asie acheter à Babylone les objets qu’on y fabriquait avec une rare perfection. Saint Jean dit, dans ses Révélations , qu’ils con¬ sistaient en objets d’or et d’argent, en pierres précieuses, perles-, crêpes, pourpre, soie, écarlate, bois odoriférants; vases d’ivoire, de bois pré¬ cieux, d’airain, de fer et de marbre; encens, parfums, vin, huile, blé, farine, brebis, chevaux, chariots et esclaves. Il ajoute au sujet de la chute de cette superbe cité: et Babylone la grande est tombée... Les marchands de la terre pleureront et seront en grand deuil à cause d’elle... Hélas! diront-ils, elle est tombée, la grande cité qui était vêtue de lin, de pour¬ pre, d’écarlate; qui était parée d’or, de pierres précieuses et de perles... » Nous ignorons ce que devinrent les arts que Babylone avait poussés si loin et quels furent les héritiers de cette grande renommée; car nous ne possédons aucun ouvrage qui expose l’état des sciences à cette époque et chez ce peuple; nous voyons seulement que les progrès de rhumanité ne s’étaient pas ralentis, mais que chez les Babyloniens comme chez tous ceux que le besoin du moment captive et qui appliquent les efforts de leur intelligence à produire pour le présent sans s’occuper de l’avenir, il ne s’est rien manifesté de durable comme généralisation d’une grande pensée. Ces nations ont vécu sans rien laisser qu’un peu de poussière et quelques souvenirs vagues et incomplets. A côté des Babyloniens, et vers le même temps, nous trouvons les Mèdes et les Perses dont l’histoire nous fournit à peine quelques renseignements sur l’état des sciences chez ces peuples au temps de leur grandeur. La doctrine des mages , qui remonte à l’an 1500 avant J.-C. , n’eut pas son siège dans la Perse proprement dite, mais dans les pays qu’arrosent l’Euphrate et le Tigre. Le Parsisme , d’a¬ bord transmis par la voie orale, fut plus lard fixé par l’écriture, et l’on y retrouve des idées de philosophie numérale. XdAvesta, plus connu sous le nom d aZend-Avesta (parole Zend), est, comme les livres in¬ diens, une encyclopédie où domine la pensée religieuse; car on a vu qu’à ces époques ihéocratiques ia science n’était pas séparée de la reli¬ gion. On remarque parmi les 21 Naskas (nombre formé des chiffres 7 et 3 qui jouent un grand rôle chez les Parsis ou Guèbres), le 6e, DJader , com¬ prenant tout ce qui se rapporte à l’astronomie, à la médecine et à l’in- ftuence des planètes sur les événements humains ; le 7e, Pardjem, relatif aux quadrupèdes qu’il est permis de manger; le Sephand, qm traite de l’homme et de l’humanité, et le 18e, Davarsoudjed \ qui contient le tableau des infirmités auxquelles sont sujets les hommes elles animaux. DISCOURS P R É L IM 1 N A I R F . XXIIJ Quelques autres livres se rattachent plus ou moins directement aux sciences d’observation , le tout mêlé à des pratiques superstitieuses et aux spéculations d’une grossière cosmogonie. Nous trouvons néanmoins dans Zoroasire quelques idées sur la formation des montagnes par soulèvement. Il dit, dans le Boun-Dehesch : « Ormusd fit d’abord le mont Albordj..., et les autres montagnes se multiplièrent comme étant sorties de sa racine. Elles sortirent de la terre et parurent dessus comme un arbre dont la racine croît tantôt en haut, tantôt en bas. » Malheureuse¬ ment l’Avesta que nous possédons n’est qu’une altération de l’œuvre pri¬ mitive, et nous n’y trouvons aucun des livres qui avaient trait aux scien¬ ces; cependant les ruines si brillantes encore des anciennes villes perses, qui attestent un grand talent architectural, semblent prouver que les nations orientales, ayant puisé leur civilisation à un fonds commun , en ont toutes joui à un degré presque égal, et que leurs institutions civiles et religieuses, les agitations politiques qui les ont fait disparaître de la surface du globe, les ont seules privées de sciences formulées et de mo¬ numents scientifiques. Les doctrines de l’Inde paraissent avoir profondément empreint les in¬ stitutions des peuples qui dès les premiers temps s’étaient répandus sur la terre et nous en retrouvons des traces chez les Égyptiens, descendus, d’une f r colonie venue de la Haute-Ethiopie , ou subjugués par des Ethiopiens qui introduisirent dans le pays conquis le gouvernement théocratique. Les enseignements scientifiques mystérieusement confinés dans les temples, la division du peuple en cinq classes qui ne s’alliaient jamais, l’obligation imposée auxhommesdescastes laborieuses de suivre l’état de leur père, tout enfin contribuait à rendre chez eux, comme chez les Hindous, la science étrangère à la majorité de la nation, en en faisant l’apanage d’une minorité intéressée à ne pas la répandre; mais, quand on considère les vastes tra¬ vaux publics exécutés par ce peuple, sous la direction de ses chefs, les mo¬ numents gigantesques qu’il a élevés depuis tant de siècles et qui néan¬ moins sont encore debout, on y reconnaît une civilisation avancée et des études sérieuses. L’art de rembaumement, qu’il a poussé si loin, exigeait des études d’anatomie générale sinon étendues, du moins précises, et ces pratiques initiaient nécessairement les hommes qui en étaient chargés, à la connaissance de la splanchnologie, de la myologie et de l’ostéologie. Ce qui cependant s’opposait au progrès de la science de l’organisation, c’est que les médecins égyptiens ne pouvaient prescrire que les remèdes re¬ connus par la loi, ne devaient s’occuper que d’un seul organe, afin de mieux XXIV DISCOU RS PR CUMIN AIRE. connaître les maladies qu’ils traitaient ; ils devaient enfin n’employer, dans leur traitement, qu’un seul remède, et si le traitement étant changé le malade venait à mourir, on punissait le médecin du dernier supplice. Quelques-unes de leurs hérésies scientifiques sont assez étranges pour mériter d’être citées : ils croyaient qu’il part du cœur un nerf se rendant au petit doigt et soumis à l’influence de ce viscère; c’est sans doute par suite de cette relation sympathique qu’ils portaient leur anneau nuptial à ce doigt ; et ils expliquaient la cause pour laquelle la vie humaine ne va pas au-delà d’un siècle, par une diminution régulière et constante du cœur, dont il résulte qu’à cent ans , cet organe , complètement atrophié, 11e peut plus entretenir la vie. Ils avaient cependant fait assez de pro¬ grès en anatomie pour avoir construit un squelette de bronze que Galien alla visiter. Le plus ancien médecin égyptien dont l’histoire ait conservé le souvenir est Sésostris, roi de Memphis. Athotès fut aussi, dit-on, un médecin cé¬ lèbre, et composa quelques livres d’anatomie. O11 assure également que, parmi les livres hermaïques ou attribués à Hermès Trismégiste, il y en avait six qui traitaient de la médecine et de l’anatomie. Le culte des animaux et des plantes, le choix qu’ils en faisaient comme emblèmes ou comme objets d’adoration ou de mépris , dénote un certain esprit d’observation. Parmi les hiéroglyphes gravés sur leurs monu¬ ments, on trouve des figures d’animaux représentés avec exactitude, tels par exemple que l’anlilope, la girafe, l’épervier, le vautour, l’ibis, des silures, des cyprins, etc. Notre célèbre entomologiste Latreille y a reconnu des insectes, et surtout le scarabœus sacer , dont les caractères étaient indiqués avec une scrupuleuse fidélité. La nécessité de rétablir la délimitation de leurs champs après la re¬ traite des eaux du Nil , le partage des terres exécuté par Sésostris , les conduisirent à l’étude de la géométrie ; ils se livrèrent avec une application extraordinaire à l’astronomie , qui finit par dégénérer chez eux en astrologie judiciaire ; ils connurent l’année solaire 1325 ans avant Père chrétienne. Leurs lumières sur la géologie , la minéralogie , la métallurgie , découlant de leur position même, se retrouvent dans leurs monuments et leurs procédés industriels. Nous ignorons quelles étaient leurs con¬ naissances en chimie générale, car les traités d’alchimie, attribués à Hermès, ne sont rien moins qu’authentiques, et semblent être le fruit des élucubrations des savants alexandrins. Cependant on y trouve une cer- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXXIlj laine forme philosophique , dont sans doute l’idée-mère remontait tra¬ ditionnellement à une haute antiquité; mais nous savons qu’ils étaient fort avancés dans les applications industrielles de la chimie empirique; ils fabriquaient, comme nous, des émaux, des faïences , et savaient compo ser des couleurs à la fois solides et brillantes. Il paraît que leurs procé¬ dés se perdirent avec eux, car les arts chimiques ne furent jamais aussi perfectionnés chez les Grecs. Les Égyptiens, subjugués par les Perses, ne recommencèrent à s’occu¬ per sérieusement de science que lorsque des relations suivies furent éta¬ blies entre eux et les Grecs; mais, à cette époque, ils avaient perdu leur caractère primitif, et les sciences qu’ils cultivaient étaient des importa¬ tions européennes. La civilisation, fin dernière des sociétés humaines, ne se propage que par le contact: la guerre, la conquête, la servitude, ces fléaux de l’humanité, sont souvent des moyens de diffusion des lumières ; aussi voyons-nous les Israélites, dont les ancêtres habitaient la Mésopotamie et n’étaient que des pasteurs d’une civilisation douteuse , recevoir de l’Égypte, où ils gémirent en esclavage, les connaissances que nous trouvons répandues dans la Bible; mais les institutions, en se transplan- r tant, perdent de leur caractère primitif, et celles de l’Egypte ne furent pas conservées par Moïse, qui, élevé par les prêtres égyptiens, était le seul d’entre les Israélites qui connûtleursscienceset le sens caché de leurs doctrines philosophiques. Les autres chefs du peuple d’Israël, associés à l’entreprise du grand législateur , n’étaient initiés qu’aux sciences pratiques connues du vulgaire , et ne secondèrent Moïse que parce qu’ils avaient la conscience de sa supériorité. Les livres sacrés des Hébreux portent les marques d’une connaissance aussi parfaite de la nature qu’on pouvait l’avoir alors. Les théories géo¬ géniques qu’ils renferment prouvent que l’Orient avait des idées assez justes sur le soulèvement des montagnes et la présence des eaux sur les continents. Le Pentateuque est la partie des textes hébraïques dans laquelle se trouve le plus grand nombre d’observations, et qui fait le mieux connaître l’état des lumières chez les Hébreux primitifs. Quoique Moïse ait avancé des faits erronés dans son classement des animaux en purs et impurs , on y reconnaît une étude attentive de la nature; ses nombreux exemples sont tirés de la mammalogie, de l’ornithologie, del’ichthyologie et de l’entomologie, le tout appuyé sur des considérations hygiéniques d XXXI V DISCOURS PRÉLIMINAIRE. d’une assez haute portée. La Bible contient l’énumération de soixante- dix espèces de plantes qu’on a pu rapporter à des espèces connues. Les rois d’Égypte étaient communément les plus savants de leur royaume , et les rois juifs eurent la même réputation. Le troisième livre des Rois dit que Salomon connaissait tous les végétaux et tous les animaux de la terre , les oiseaux , les reptiles et les poissons ; les alchimistes lui attribuent de profondes connaissances dans les sciences occultes et dans l’art de transmuer les métaux : c’est ainsi même qu’ils veulent expliquer la prodigieuse quantité d’or qui se trouvait répandue dans les temples et les édifices publics. La culture chez les Israélites consistait en blé, orge, légumes de diverses sortes, lin, vin , dattes, olives , grenades, figues ; et ils nourrissaient de nombreux troupeaux d’ânes, de bœufs, de chameaux et de brebis. Leur commerce avec Tyr, en parfums et en plantes tinctoriales, et le cas qu’ils faisaient de l’art du teinturier, indiquent des procédés d’application et un commencement d’industrie. L’art métallurgique devait aussi leur être familier dans ses procédés les plus simples, car les livres juifs parlent d’armures de fer, de chariots garnis de fer, etc. : or, la mise en œuvre de ce métal suppose des connaissances spéciales appuyées sur une lon¬ gue pratique. Tout chez ce peuple démontre qu’il était attentif aux beautés de la na¬ ture: Job décrit , avec un talent d’observation très remarquable et un coloris aussi brillant que celui de Buffon, le cheval dont il peint la noble fierté, le rhinocéros au caractère stupidement farouche, et l’insouciante autruche qui confie ses œufs aux sables brûlants du désert. Les images dont se servent les poètes hébreux sont presque toujours empruntées aux objets naturels. Les noms donnés aux saisons ne sont pas même arbi¬ traires: ils sont relatifs au temps des semailles et des récoltes, et aux mo¬ difications de la température. Les vicissitudes politiques de ce peuple, ses longues et successives captivités, puis, en dernier lieu, l’occupation de son territoire par toutes les nations guerrières qui mettaient le pied en Syrie, ont sans doute em¬ pêché qu’il ne donnât à ses connaissances scientifiques une forme arrêtée, occupé qu’il était à défendre son indépendance et sa vie. Nous ne savons par quel lien rattacher à l’histoire générale des peuples celle des Phéniciens, que nous trouvons déjà puissants avant d’avoir pu les suivre en remontant à leur origine. Leur position sur le bord de la Mé¬ diterranée les avait portés à devenir commerçants, et ils ne restèrent sans DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXXV cloute pas étrangers au mouvement des esprits. Comme ils étaient fort ha¬ biles dans l’art de la navigation et réputés les marchands les plus expé¬ rimentés , ils ont dû approfondir les sciences dans leurs moyens d’appli¬ cation; mais l’histoire se tait à leur égard sous le rapport scientifique, et il ne nous reste d’eux aucun monument qui nous fasse connaître quelle part ils ont prise aux progrès de l’humanité. On ne peut citer parmi leurs phi¬ losophes queCadmus, qui passe généralement pour l’inventeur de l’écri¬ ture, mais dont l’histoire est enveloppée de merveilleux; et Sanchoniathon, hiérophante de Tyr, des œuvres duquel nous ne connaissons que quel¬ ques fragments conservés par Pliilon de Biblos, quoiqu’un savant allemand ait prétendu les avoir retrouvées. Les écrits de Sanchonialhon sont loin d’avoir un caractère positif; il mêle des fables grossières à tous ses récits, et le fragment de chronologie qui nous reste sous son nom n’est rien moins qu’authentique. Ici s’arrête l’histoire des sciences chez les anciens peuples de l’Asie et de l’Égypte ; esquisse incomplète, où manque souvent la lumière, mais qui n’est pas sans intérêt quand on songe que c’est chez ces peuples pri¬ mitifs, au milieu de ces sociétés naissantes, que les sciences eurent leur berceau , et que c’est de là quelles ont été importées dans l’Europe barbare. Si l’on en excepte les Chinois qui seuls peuvent lier leur pré¬ sent à leur passé, tous ces peuples, jadis si pleins de vie, sont inconnus à leurs descendants ou à leurs successeurs , et les grands monuments qu’ils ont laissés, incompris de ceux qui errent dans leurs ruines, sont des feuillets épars de l’histoire de l’humanité. lia État des sciences naturelles chez les Grecs et chez les BLomains. Il est impossible de dire à quel peuple les Grecs doivent leur origine, et à quelle époque précise ils s’établirent en Europe. Leurs historiens n’ayant écrit que long temps après que la civilisation orientale eut pénétré dans leur pays, et lorsque la tradition de l’origine de leur nation était déjà per¬ due, sont restés muets sur celte question. Les premiers temps de la Grèce, tels que les peint Thucydide, nous montrent une agglomération de X \ X M DISCOURS PRÉLIMINAIRE. peuplades barbares, sans établissements fixes, sans agriculture, sans in¬ dustrie, vivant en état d’hostilité perpétuelle, et ne reconnaissant d’autre loi que la force. Les Pélasges, qui les avaient précédés dans le Pélopo- nèse, nous sont encore moins connus. Aujourd’hui que l’étude de l’an¬ tique langue des Brahmes a remplacé l’hébreu dans les spéculations phi¬ lologiques , on croit retrouver en eux un peuple Hindou. Sans recher¬ cher ce que cette hypothèse a de plausible , nous pouvons affirmer, d’après le témoignage d’Hérodote, qu’ils avaient une origine différente , parlaient une autre langue que les Grecs, et paraissaient être venus à une époque antérieure. Les premières lumières de lacivilisation précédè¬ rent sans doute l’époque historique ; car on a quelques fragments informes sur les Pélasges et sur les premiers chefs de nations qui gouvernèrent ces petites tribus sauvages. Nous ne répéterons aucune de ces fables; nous citerons seulement un nom auquel se rattache un grand événement; c’est celui d’Ogygès, sous le règne duquel eut lieu l’inondation de la Béotie et d’une partie de l’Atlique , qui ( 1832 ans avant J.-C.) fit périr la nation presque entière des Hectènes. On attribue cet événement à l’état d’aban¬ don dans lequel étaient restés les canaux creusés par les Pélasges, au travers du mont Ptoiis, à l’effet de donner une issue aux eaux du lac Copaïs. Sans nous arrêter aux différents systèmes, plus ou moins spécieux, in¬ ventés par les historiens pour expliquer la présence des Grecs en Eu¬ rope, nous nous bornerons à dire que c’est à Cécrops, l’Égyptien, le premier chef dont il soit fait mention dans les marbres deParos (1643 ans avant Père chétienne), et qui vint apporter la civilisation dans l’Attique ; à Deucalion, venu de la Haute-Asie en Thessalie, quelques années après Cécrops ; à Danaïis, qui quitta l’Égypte (1572 ans avant J.-C.) pour venir s’établir dans l’Argolide , et aux Orientaux enfin qui affluèrent de toutes parts en Grèce , que les Hellènes furent redevables des premières con¬ naissances auxquelles, plus tard, ils durent leur supériorité sur les autres nations. Les chefs égyptiens ne semblent pas avoir importé en Grèce la domina¬ tion de la caste sacerdotale, et être restés en possession des mystères reli¬ gieux et des arcanes de la science ; ou , s’il en fut ainsi, cette institution dura peu, puisque nous voyons dans l’Iliade, dix siècles avant notre ère, Agamemnon, Nestor, et tous les autres chefs de tribus, immoler de leurs propres mains les victimes des sacrifices. La liberté de la pensée permit aux sciences de se développer sans entraves; et la religion publique ayant revêtu les dieux des attributs extérieurs de l’humanité, et cessé DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXX Y IJ d’être un mythe inaccessible au vulgaire , l’émancipation de l’intelli¬ gence fut plus complète quelle ne l’avait été chez aucun autre peuple. Les premiers hommes de science dont parlent les poèmes grecs sont Esculape, Orphée et Chiron le Thessalien, qui passent pour avoir connu les propriétés médicinales des plantes; mais on ne sait si ces hommes ont réellement existé, ou s’ils ne sont que des personnifications de dé¬ couvertes utiles à l’humanité. Machaon et Podalyre recueillirent ces pre¬ miers préceptes de médecine et les mirent en pratique : le premier étudia surtout la chirurgie , le second s’appliqua à connaître les causes internes des maladies ; ils furent attachés à l’expédition contre Troie. Leurs successeurs furent Nicomaque et Gorgasus. Les relations qui, par la force des choses, s’établirent entre les Grecs, les peuples deiaColchideetceuxdescôtesde l’Asie, initièrent rapidement les premiers aux mystères des sciences de l’Orient. Du temps d’Homère, les connaissances en histoire naturelle étaient déjà assez répandues pour qu’on trouve dans ce poète des descriptions de végétaux et d’animaux, des détails anatomiques, agricoles et industriels, fruits d’une observation positive et non de l’imagination. Hésiode, qu’on croit postérieur à Homère, donne, dans sa Théogonie , une explication symbolique de la création du monde, où l’on retrouve les idées orientales ; dans son poème des travaux et des jours , il décrit les principales opérations de l’agriculture, les divers procédés de l’économie rurale , et il énumère un certain nombre de plantes dont il indique les propriétés. Pendant plus de trois siècles, la Grèce fut le théâtre de troubles san¬ glants causés par l’ambition des Héraclides, qui voulaient étendre leur do¬ mination sur tout le Péloponèse. Ces guerres eurent pour résultat l’émi¬ gration des Doriens, des Éoliens et des Ioniens en Asie-Mineure. Des colonies grecques s’établirent aussi dans la grande Grèce, et la civilisation répandit partout sa lumière. Pendant cette longue tourmente, la science sommeilla, et ne dut son réveil qu’à l’émigration des prêtres égyptiens fuyant les persécutions de Cambyse, et aux Grecs d’Asie, tels que Thalès, Pythagore, Démocrite, Anaxagore, et un grand nombre d’autres qui avaient visité l’Égypte et pénétré dans les temples, lorsque Psamméticus ouvrit aux étrangers les portes de son royaume. Les théories mystiques de l’Orient, en s’établissant sur le sol euro¬ péen, ne conservèrent pas leur caractère primitif, peut-être parce qu’a lors les prêtres égyptiens en avaient eux-mêmes perdu le sens. Sous l’in- DISCOURS PRÉLIMINAIRE, xxxviij llueiice de la liberté de la pensée, qui renverse tous les obstacles, elles subirent de grandes modifications ; mais, avant de s'élever à la hauteur de sciences positives , elles flottèrent pendant plusieurs siècles, sans presque enfanter autre chose que des fictions poétiques. Thalès, le fondateur de l’école ionique, et le premier qui enseigna la philosophie en Grèce, professait des idées systématiques et pure¬ ment orientales sur l’origine du monde par les eaux; il démontra la sphéricité de la terre, expliqua les éclipses, et fixa l’année à 365 jours. Il connaissait les propriétés attractives du snccin et de l’aimant. Anaximandre, son disciple, qui introduisit à Sparte l’usage des cadrans solaires , et dressa le premier avec Anaxagore des cartes géographiques, voulait que les hommes eussent d’abord été poissons, puis successivement reptiles et mammifères. Héraclite, au contraire, prétendait que le monde n’est l’ouvrage ni des dieux ni des hommes, que c’est un feu qui s’allume et s’éteint suivant un certain ordre , et que notre globe est un astre re¬ froidi. Il s’occupait d’observations positives; et, pour éviter les persé¬ cutions de l’ignorance, il errait dans les cimetières afin d’y étudier sur ia nature morte les mystères de l’organisation humaine. r Pythagore, qui avait vécu 22 années en Egypte et y avait été admis aux enseignements des prêtres, vint à Crotone, dans la grande Grèce, fonder l’école italique. Sa métaphysique, toute empreinte des formes égyptiennes, se rapproche par son caractère numéral de l’Y-King des Chinois. Il pro¬ fesse une sorte de panthéisme spiritualiste, allié à des idées de trans¬ migration des âmes avec souvenir de l’existence antérieure. On lui attri¬ bue un ouvrage sur les végétaux, dans lequel il parle de la culture du chou, de la moutarde et de l’anis. Il connaissait le double mouvement de la terre sur elle-même et autour du soleil, et savait fort bien qu’elle est sphérique. Suivant les philosophes de cette école, non-seulement les planètes, mais les comètes même sont de véritables astres en mouve¬ ment autour du soleil. Ils avaient des notions assez précises sur la théo¬ rie de la réfraction et sur la production des couleurs. Alcméon de Crotone, disciple de Pythagore (520 ans avant J. -C.), fil des dissections d’animaux pour arriver par analogie à la connaissance de la structure de l’homme. Il professait des idées assez exactes en physio¬ logie, etavait reconnu que chez les animaux la tête est la partie qui se dé¬ veloppe la première. On lui attribue, sans preuves, la découverte de la trompe d’Eustache. Empédoclc fut un des observateurs les plus exacts de l’école italique. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXXIX Il écrivit sur les plantes médicinales, leur attribua un sexe et du senti¬ ment , reconnut l’analogie qui existe entre la semence desplanles et l’œuf des animaux, découvrit l’amnios, paraît avoir entrevu le limaçon de l’oreille, et composa un poème de la nature , connu de Lucrèce, qui en parle avec admiration. Cet ouvrage ne nous est pas parvenu. L’école éléatique, fondée par Xénophane , à peu près vers la même époque que l’école italique, compta beaucoup de disciples qui s’appli¬ quèrent surtout a la philosophie spéculative. Ainsi que presque tous les phi¬ losophes de son temps, Xénophane avait son système géogénique; et, ayant observé les débris de mollusques fossiles qui couvrent le sol de la Sicile, il en conclut* que toutes les terres avaient originairement été couvertes par les eaux. Parménide professait le système de la non-existence des corps; d’après ce philosophe, les manifestations matérielles émanent de l’in¬ telligence et sont le résultat unique de l’illusion , doctrine qui se rap¬ proche de la théorie indienne, dont Maïa est la déesse. Anaxagore, le maître de Socrate, appartenait a cette école. Tl paraît avoir possédé des notions anatomiques assez étendues; il a exposé, sous le nom d’homœoméries , des idées saines sur les molécules con¬ stituantes des corps ; il prétendait , comme le croient plusieurs savants modernes, que la lune et les planètes sont habitées. Leucippe , de l’école d’Élée , est le créateur de l’école atomistique ; il croyait l’univers composé d’atomes, dont le mode d’agrégation suffît pour constituer les différents corps de la nature. Il eut pour disciple le célèbre Démocrite , qui étudia avec soin l’organisation d’un grand nombre d’animaux , découvrit les conduits biliaires et le rôle que joue la bile dans la digestion ; mais , abandonné à l’empirisme comme tous les savants de son époque, il n’eut que des idées très bornées en phy¬ sique générale. Ses conjectures en astronomie offrent plus d’intérêt; car il disait que la voie lactée est formée par la réunion d’une multitude d’étoiles , et que les taches de la lune sont produites par l’ombre de ses montagnes. Il s’occupa également de botanique, et traita de plu¬ sieurs parties de cette science. Ces quatre écoles eurent la gloire de jeter les fondements des études scientifiques en Grèce; maison y découvre, malgré l’unité de but, deux principes opposés. Les Leucippe et les Atomistes, tout en faisant de la science à priori, rejetaient la métaphysique et cherchaient à ex¬ pliquer tous les phénomènes par l’action réciproque des agents sensibles ; Pythagore et lesÉléates, au contraire, étaient des idéalistes purs, qui xl DISCOURS PRELIMINAIRE. allaient chercher dans le monde immatériel la base de leurs théories. Ces systèmes, fondés sur des hypothèses et non sur l’observa lion réfléchie des faits, avaient accoutumé les Grecs aux créations fantastiques de l’es¬ prit, entravé les progrès de l’observation, et les sophistes étaient les con¬ tinuateurs de ces éludes stériles. Socrate ( 470 ans avant notre ère) mit fin à leurs vaines déclamations. Bien qu’on ne lui doive aucun travail sur les sciences naturelles, il leur rendit un service immense, en atta¬ quant toutes les théories qui ne s’appuient pas sur des données posi¬ tives. On peut le regarder, sous ce rapport, comme le créateur de la méthode expérimentale. Quoique philosophe et historien plutôt que naturaliste, Xénophon, l’un de ses disciples , s’est beaucoup occupé de sciences naturelles. Sous le titre de Cynégétiques , il a composé sur la chasse un ouvrage qui traite de l’éducation des chiens et des ruses des animaux. Il nous apprend que jadis la Macédoine et le nord de la Grèce renfermaient des lions, des panthères, et quelques autres mammifères qui ont cessé d’exister en Europe, et ne se trouvent plus qu’en Afrique et en Asie. Platon (430 ans avant J.-C.) fut le fondateur de l’école académique. Ce philosophe n’était pas né pour les sciences d’observation. Une imagi¬ nation ardente et poétique, un penchant irrésistible à l’idéalisme, le dé¬ tournèrent de la méthode expérimentale; aussi ses œuvres fourmillent- elles de paradoxes que le charme de l’exposition ne lui fait pas toujours pardonner. Son limée , le seul de ses écrits qui ait un caractère scien¬ tifique, est un mélange confus d’idées bizarres bien au-dessous des con¬ naissances de son époque; cependant il résulta de cet essai encore informe de classification méthodique des sciences une impulsion dont nous trou¬ vons les résultats dans Aristote. Son Atlantide , qu’on a sérieusement cherchée de nos jours, n’est peut-être qu’une fiction de poète. On peut considérer Platon comme le créateur de cette philosophie purement spé¬ culative qui, ne. tenant aucun compte des faits, se crée un monde idéal où viennent trop souvent s’égarer les meilleurs esprits. A côté de ces écoles philosophiques grandissait la famille des Asclé- piades, descendant d’Esculape , investie des fonctions médicales comme d’un sacerdoce. On y trouve une observation plus attentive, un jugement plus froid , plus de pratique que de spéculation , plus de faits que de théories ; les membres de cette caste sont donc de véritables naturalistes. L’école de Cos a compté parmi ses plus illustres disciples plusieurs mé¬ decins du nom d’Hippocrate, de sorte que nous ne savons auquel attribuer DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xU les écrits qui nous restent sous ce nom ; quelques auteurs pensent qu’on les doit au second , contemporain de Socrate, de Platon et d’Aristote. En thérapeutique et en hygiène, Hippocrate est un homme d’une supé¬ riorité incontestable J mais n’ayant pas visité l’Égypte, oit l’anatomie était très avancée, tandis qu’en Grèce les préjugés religieux en arrê¬ taient les progrès, il est d’une profonde ignorance sur cette science et sur la physiologie. Il prend le cerveau poiir une masse spongieuse desti¬ née à absorber l’humidité du corps ; il ne connaît pas les nerfs, surtout ceux qui naissent de l’encéphale , et ne donne ce nom qu’aux tendons et aux ligaments. Son angéiologie et sa physiologie ne sont nullement fon¬ dées sur l’observation: ce sont des théories bizarres. Il mentionne dans ses ouvrages environ cent cinquante plantes employées en médecine ou comme aliments; et le premier parmi les anciens il nous a donné l’état des connaissances botaniques à son époque. Ctésias, attaché en qualité de médecin à l’expédition des Dix mille, et qui fut fait prisonnier à la bataille de Cunaxa, a écrit un ouvrage sur l’Inde, dont il ne nous reste qu’un fragment. On y trouve des descriptions de plantes et d’animaux quelquefois très exactes; mais cet écrivain admet aussi des fables ridicules qui montrent un homme cré¬ dule ou un observateur fort inattentif. Les sciences, confuses, et dénuées de méthode, ne sortent du chaos dans lequel elles étaient plongées qu’à l’apparition d’Aristote (384 ans avant notre ère). Ce grand homme, à qui ses prodigieux travaux ont valu l’immortalité, appliqua le premier à l’histoire naturelle la méthode expérimentale créée par Socrate. Il fit cesser l’anarchie qui régnait dans les sciences, en les classant avec un ordre admirable, assignant à chacune d’elles les limites rigoureuses de ses attributions, et en en faisant l’objet d’études spéciales, sans méconnaître jamais le lien étroit qui les unit. Tous ses renseignements sont fondés sur l’observation; jamais il n’é¬ tablit de théorie à priori ; il généralise les faits qu’il a lui-même obser¬ vés, et l’on trouve rarement dans ses écrits une déduction hasardée. Ses travaux sur toutes les branches des connaissances humaines sont immenses; peu de savants ont plus vu et plus produit que lui. Si ses ouvrages nous offrent quelques parties qui nous semblent faibles aujour¬ d’hui, il faut attribuer cette faiblesse à l’impossibilité où il se trouvait de • faire les expériences que nous facilite la supériorité de nos moyens d’observation; mais son histoire des animaux restera comme un des monuments de la puissance du génie. DISCOURS FR K LIMINAIRE. xlij IJ ne faut pas chercher dans Aristote une véritable classification mé¬ thodique des êtres organisés; mais on ne peut trop admirer la haute portée de son esprit, qui lui avait fait entrevoir les caractères fondamen¬ taux sur lesquels repose la méthode naturelle. Il divise les animaux en deux classes : ceux qui ont du sang (Ivai^a) et ceux qui n’en ont pas (aval a a) ; ce qui répond à nos vertébrés et invertébrés. La première comprend les quadrupèdes, les oiseaux, les reptiles, les amphibies et les poissons. Il avait fort bien reconnu que les cétacés forment une classe distincte de celle des poissons; sa sagacité est en défaut quand il place parmi les quadrupèdes des animaux de la classe des reptiles ; mais comme ils sont ovipares, il fait remarquer leur analogie avec cesderniers. Les animaux à sang blanc (àvatu.a) forment quatre sections : les mol¬ lusques sans coquilles (p.ccxà/.ia) , les testacés (ôarpouM&pjMi) » les crustacés (p.aXaKocTpa>ca) , et les articulés (ê'vTopi.a). Ces derniers sont divisés en ailés et en aptères , et les ailés appartiennent à des ordres différents, suivant qu’ils ont deux ou quatre ailes, que ces ailes sont membra¬ neuses ou recouvertes d’ély très. Il semble aussi avoir entrevu leur dis¬ tinction en broyeurs et en suceurs. L’anatomie d’Aristote est moins avancée ; toutefois on trouve, dans cette partie de ses œuvres, une bonne description du cerveau. Ses con¬ naissances en névrologie sont plus étendues que celles de ses prédéces¬ seurs, et l’on reconnaît qu’il a étudié avec soin le trajet des veines et des artères. C’est lui qui le premier, pour faciliter l’intelligence des descrip¬ tions anatomiques, accompagna son texte de figures avec renvois. Ses monographies, malheureusement trop rares, sont pour la plupart remarquables par leur précision; et sa description de l’éléphant l’em¬ porte sur celle de Buffon, qui s’est presque toujours trompé en le con¬ tredisant. Sa classification des oiseaux est celle qu’ont adoptée les ornithologistes modernes, surtout Brisson; il avait remarqué avec sa sagacité ordinaire que les ailes sont les analogues des membres antérieurs des quadrupèdes. Ses connaissances en ichthyologie sont en général presque aussi com¬ plètes que celles que nous possédons; car il s’étend beaucoup sur les migrations des poissons , sur leurs maladies , et donne sur leurs mœurs des détails qu’on a longtemps crus erronés, mais dont quelques obser¬ vations récentes ont démontré l’exactitude. Son traité d’anatomie comparée, qui fut, avec celui de Galien, le seul jusqu’au xvie siècle, prouve combien il avait fait d’observalions di- DISCOURS PRELIMINAIRE. \lu recles. Il décriviL l’œil de la taupe, qu’après lui encore on a cru long¬ temps privée de la vue, et il constata l’existence de la faculté auditive chez les poissons et chez les insectes. Dans son traité de la voix, il distingue fort bien le son résultant de l’expulsion de l’air à travers le larynx, et le bruit produit chez les in¬ sectes soit par le frottement des pattes sur les élytres, soit par un appareil vibrant, comme chez la cigale. Il traite en maître de l’hibernation et de la génération des animaux, du sommeil des poissons, des métamorphoses des insectes. 11 avait soi¬ gneusement observé les mœurs des abeilles et des guêpes, et les phases de l’évolution du poulet dans l’œuf. Il fait naître tous les insectes par la voie de la génération spontanée, n’en exceptant que les araignées , les criquets et les cigales; opinion que nous retrouvons dans toute l’an¬ tiquité. Les notes qu’il avait recueillies étaient rangées par ordre alpha¬ bétique , et formaient comme une espèce de dictionnaire ; malheu¬ reusement cette partie si intéressante de ses œuvres ne nous est pas parvenue. Aristote essaya le premier de ranger avec ordre les corps bruts; il eu forma deux grandes classes , les fossiles et les métalliques ; les premiers étaient considérés par lui comme d’origine terrestre et les seconds comme d’origine aqueuse , parce qu’ils se liquéfient par la fusion. En géogénie , Aristote est neptunien , c’est-à-dire qu’il attribue à l’eau la formation du globe. Ayant vu que la mer a laissé çà et là des coquilles, et que les alluvions des fleuves s’accroissent avec rapidité, il en conclut que les terres ont été alternativement découvertes ou enva¬ hies par les eaux. Cette opinion fut celle de la plupart des naturalistes anciens; le système contraire ou vulcanien , qui attribue au feu l’origine de tout ce qui existe, ne comptait chez eux que pende partisans. Aristote admet, avec les autres philosophes grecs, quatre éléments, auxquels il en joint un cinquième, qui est l’éther. Il avait écrit deux livres sur les végétaux, mais ils ont péri avec la plus grande partie de ses ouvrages, et ceux qui sont arrivés jusqu’à nous ont été altérés par de fréquentes interpolations , qui en dénatu¬ rent le sens primitif. Celte rapide esquisse des travaux les plus remarquables de ce philo¬ sophe sur les sciences naturelles a pour but de prouver que l’admira¬ tion dont il a été l’objet n’est pas fondée sur un frivole engouement, 1 1 i v DISCOURS PRELIMINAIRE. mais sur un mérite réel. Peut-être faut-il ajouter que sans Alexandre, qui envoyait à son maître les productions les plus rares des pays qu’il parcourait en vainqueur, et qui consacra plusieurs millions à faciliter ses recherches, Aristote n’aurait jamais pu leur donner autant de développe¬ ment. Comme le jeune conquérant avait puisé dans les leçons du philo¬ sophe le goût des sciences naturelles, il voulut contribuer à leurs pro¬ grès en les enrichissant de nouvelles découvertes. Il fil faire, dans ce but, par l’amiral Néarque , sous la direction d’Onésicrite , homme d’un profond savoir, une exploration des côtes de la Perse, qui procura la connaissance de plantes et d’animaux jusqu’alors inconnus, et entre autres du cotonnier et du tigre rayé. Il introduisit en Europe les paons, qu’on n’y avait jamais vus , et une espèce de perruche verte, à collier rouge, qui a reçu le nom de Psiitacus Alexandrie Les contemporains les plus célèbres d’Aristote furent Démocrite d’Ab- dère, Hippocrate, Xénophon et Platon. Quand on lit les œuvres de ces grandshommes, on s’étonne de voir combien étaient rares leur commerce scientifique et la lecture de leurs écrits ; car chacun d'eux a des opinions indépendantes de celles de ses contemporains, et l’expérience acquise par l’un est complètement perdue pour les autres. On attribue à Dioclès, à Epicure, à Épiménide, à Métrodore et à Cra- tœvus , des traités de botanique descriptive ; mais ces ouvrages ont péri comme la plupart des chefs-d’œuvre de l’antiquité; on dit que le dernier avait joint à ses descriptions des figures coloriées. Théophraste (320 ans avant J.-C.), d’abord disciple de Platon, puis d’Aristote, et chef du Lycée, où il réunit plus de deux mille élèves, fit pour la botanique et la minéralogie ce que le philosophe de Stagyre avait fait pour la zoologie. Il écrivit sur les plantes deux traités que nous pos¬ sédons tout entiers. L’un, sous le titre $ Histoire des plantes, commence par l’exposé de ses idées sur l’organographie végétale; idées fort incomplètes à cause de l’absence d'instruments d’observation, et inexactes parce qu’il était beaucoup trop enclin à voir dans les végétaux, comme dans les animaux, des fibres et des veines. Il dispose ensuite les plantes non pas avec cette méthode savante et philosophique qui fait la gloire de son maître, c’est-à-dire d’après une profonde étude des analogies, mais en les divisant suivant leur grandeur en arbres , arbrisseaux, sous- arbrisseaux etherbes. Ce système, tout faux qu’il est, fut cependant le seul adopté jusqu’à la renaissance des lettres. Il traite ensuite de leur inflo¬ rescence, de leur mode de reproduction; parle, entre autres, de la fé- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ■xlv condation artificielle du dattier; et quoiqu’il n’ait qu’une idée vague du sexe des plantes, il en désigne quelques-unes sous le nom de mâles et de femelles ; mais quelquefois il appelle mâles celles qui portent des fruits. Il mêle à ses observations sur la fécondité des végétaux , sur la durée de leur vie et sur leurs maladies, des descriptions qui, bien que pla¬ cées sans ordre et souvent hors de propos, ne manquent pas d’intérêt. Il parle de la sensibilité de certains mimosas, différents de notre sensi¬ tive; décrit le citronnier , le figuier des pagodes, le bananier, le co¬ tonnier, le lotus, etc. Il énumère toutes les plantes connues de son temps ; et dans la partie de son ouvrage où il traite des arbres fores¬ tiers, il cite quelques-uns des insectes qui les dévorent, ce qui prouve qu’il avait beaucoup observé. Son autre ouvrage , intitulé des Causes des plantes , est plus philoso¬ phique. C’est une sorte de traité de physiologie végétale, dont on ne peut nier l’intérêt ; mais l’auteur s’étant souvent écarté des voies expéri¬ mentales s’est égaré dans le champ des hypothèses. On a encore de ce philosophe un grand nombre de traités séparés sur la zoologie, relatifs surtout aux productions de l’Inde. Après ses écrits sur la botanique , son livre sur les pierres est d’une haute importance, en ce qu’il est le premier que nous connaissions sur cette matière. Il y suit la méthode d’Aristote; seulement il divise les minéraux en pierres et en terres , et les groupe d’après leur densité et la manière dont ils se comportent au feu. Il connaissait les propriétés attractives de l’aimant et de l’ambre jaune , et comme il les attribuait à une même' cause, il les rangeait dans la même classe. La partie relative aux pierres précieuses renferme des détails fort intéressants. On y trouve aussi l’indication de débris paléontologiques tirés du sein de la terre. Théophraste n’était pas étranger à la technologie ; il s’occupe de l’emploi des substances minérales, de la fabrication du verre, de l’usage en peinture des oxydes métalliques, et de celui du plâtre dans le mou¬ lage. L’élégance et la pureté du style sont le principal mérite de cet écri¬ vain , car il est loin de s’élever à la hauteur d’Aristote : son esprit a moins de profondeur ; c’est un observateur exact, attentif, mais man¬ quant souvent de pénétration. Il réunit dans un même emplacement des plantes indigènes et exotiques , qu’à sa mort il légua à la république, méritant ainsi d’être signalé comme l’inventeur des jardins botaniques. Les troubles qui déchirèrent la Grèce, par suite des rivalités des succès- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xlvi seursd’ Alexandre, forcèrent les savants, amis de la paix, à quitter un pays livré à tant de sanglantes discordes. lisse retirèrent en Égypte (300 ans avant notre ère), où ils furent accueillis par Ptolémée Lagus, élève d’Aris¬ tote. Ce prince, fondateur de la célèbre bibliothèque d’Alexandrie, où l’on comptait quatre cent mille volumes, favorisa de tout son pouvoir l’étude des sciences et attira dans sa capitale des savants de divers pays, aux¬ quels il assura une existence honorable, pour qu’ils pussent se consacrer entièrement à des travaux scientifiques. Cette institution, qui prit le nom de Musée , aurait dû contribuer puissamment aux progrès des études sérieuses j mais, malgré les efforts de Ptolémée, les sciences d’observa¬ tion , étudiées en Grèce avec tant de succès, grâce à la méthode expé¬ rimentale, perdirent de leur éclat après leur translation à Alexandrie. Les théories remplacèrent de nouveau l’observation et la lecture des livres fut souvent substituée aux travaux directs : aussi cette école ne produisit- elle pas un seul naturaliste distingué; de toutes les sciences naturelles, la médecine et la partie de la botanique qui concerne les propriétés mé¬ dicinales des végétaux y furent seules cultivées. Ptolémée Philadelphe se livra à l’étude des sciences naturelles sous la direction de Straton, disciple d’Aristote. On lui attribue un ouvrage de critique sur les animaux vrais et fabuleux; la perte de ce livre est regrettable pour la science qui lui eût emprunté des documents pré¬ cieux. Il établit le premier une ménagerie, dans laquelle il réunit à grands frais un nombre prodigieux d’animaux de tous les pays. L’anatomie, si sévèrement proscrite en Grèce, où le respect dû aux ca¬ davres était sous la sauvegarde des magistrats , prit de l’essor dès que l’Égypte fut visitée par les médecins grecs, avides de connaissances qu’ils ne pouvaient acquérir dans leur patrie. Proxagoras, qu’on prétend avoir été disciple d’Aristote , alla le premier y étudier celte science. Ce fut lui qui donna le nom d’artères aux vaisseaux partant de l’aorte , et qui découvrit qu’ils sont le siège du pouls. Il les distingua fort bien des veines et constata leur vacuité après la mort. Hérophile de Chalcédoine , disciple de Proxagoras, ayant longtemps étudié en Égypte, poussa plus loin que son maître les découvertes en anatomie. Il distingua les nerfs des ligaments, avec lesquels on les avait jusqu’alors confondus, et découvrit qu’ils président à la volilion et à la sensation. Il a laissé une bonne description du cerveau, et l'on a con¬ servé le nom de pressoir cV Hérophile au confluent des sinus de la dure- mère. Il décrivit les tuniques internes de l’œil, l’os hyoïde et la veine DISCOURS PRÉLIMINAIRE. \!vij pulmonaire; il donna le nom de duodénum à L’inleslin qui suit l’estomac et aboutit au pylore. Il découvrit l’isochronisme des battements du cœur etde la pulsation des artères; mais sans se rendre compte de la cause de ce phénomène. Êrasislrate de Céos, petit-fils d’Aristote et disciple de Théophraste, est généralement connu par la sagacité arvec laquelle il découvrit qu’Antio- chus , fils de Séleucus Nicanor, était malade d’amour pour sa belle- mère Stratonice ; mais il a d’autres titres au souvenir des hommes : c’est à lui qu’on doit la découverte de la communication médiate et immédiate des nerfs avec le cerveau , dont il fit le siège de la pensée et du sentiment; on lui doit encore celle des vaisseaux lactés, retrouvés seulement au xvne siècle par Aselius. Il fit un pas de plus qu’Hérophile dans la connaissance de la structure du cœur ; car il reconnut le mou¬ vement de systole et de diastole, mais sans s’être douté de la circulation du sang; il pensait, au contraire, que l’air inspiré par les poumons se rend dans le cœur. Aucun des ouvrages de ces célèbres médecins ne nous est parvenu ; nous ne connaissons leurs travaux que par les ouvrages de Galien, qui parle aussi de leur grande instruction en botanique. A la même époque eut lieu le voyage de Mégasthes , qui enrichit l’histoire naturelle de nouvelles découvertes. Si les sciences naturelles ne brillèrent pas d’un grand éclat après leur translation à Alexandrie, il n’en fut pas de même des sciences physiques. Timocharis et Aristillus étudièrent le mouvement des planètes et jetè¬ rent les fondements du système de Ptolémée ; Aristarque de Samos en¬ seigna le double mouvement de la terre; Ératosthènes essaya de calculer la grandeur du degré terrestre, et observa, ainsi que Pithéasde Marseille, l’obliquité de l’écliptique. Hipparque (200 ans avant J.-C.) estima l’année solaire à 365 jours 5 heures 35 minutes 12 secondes, découvrit la pré¬ cession des équinoxes, observa plusieurs éclipses, dressa des tables du soleil et de la lune, et entreprit une nomenclature des étoiles fixes. Hé¬ ron, le plus célèbre physicien de l’antiquité, à qui l’on doit l’appareil hy¬ draulique qui porte son nom , et Ctésibius , l’inventeur des pompes , appartiennent à la même époque. Depuis lors, jusqu’au milieu du ii‘ siècle de l’ère chrétienne , nous ne connaissons plus aucun savant alexan¬ drin digne d’être cité. Nous trouvons, en dehors des savants de l’école d’Alexandrie, dans le 111e siècle avant notre ère, Archimède de Syracuse , qui s’occupa avec un DISCOURS PRÉLIMINAIRE. \lviij prodigieux succès de la mécanique et de l’hydrostatique, dont il est le vé¬ ritable créateur. On lui doit la vis qui porte son nom, et qui sert à faire monter l’eau; les mouffles, les roues dentée* et peut-être le miroir ardent. Les rois d’Égypte s’occupaient avec un zèle infatigable de l’accroisse¬ ment de leur bibliothèque ; PtoléméeÉvergète en fonda même une seconde dans le temple de Sérapis. Jaloux de voir les Alt ale de Pergame rivaliser d’ardeur avec lui pour augmenter leurs richesses littéraires, il défendit l’exportation du papyrus, que l’Égypte seule produisait. Cette prohibi¬ tion fit inventer le parchemin {char ta j) erg amena). C’est donc à cette rivalité et à la découverte précieuse qui s’ensuivit que nous devons la conservation de tant de trésors de l’antiquité, qui, confiés aux fragiles et périssables membranes du papyrus, eussent été perdus pour nous. Privés de ce secours, la plupart des autres peuples faisaient usage de ta¬ blettes de métal onde bois enduites de cire et sur lesquelles on traçait des caractères avec un style de fer; mais l’imperfection de ces moyens était un obstacle aux progrès des sciences. Sous le règne de six princes successifs, elles jouirent d’une protec¬ tion éclairée; mais Physcon, quoique versé lui-même dans la connais¬ sance de la nature, puisqu’il avait écrit un ouvrage sur les poissons de l’Afrique, persécuta les savants avec un tel acharnement que la plupart d’entre eux retournèrent en Grèce, à laquelle ils rendirent momentané¬ ment sa prépondérance scientifique. Lathyre , encore plus impitoyable que son prédécesseur, chassa d’ɬ gypte le petit nombre de savants qui ne l’avaient pas quittée; un seul, Agatharchides, échappa à la proscription. Ce philosophe a composé un ouvrage ethnographique sur les peuples qui habitaient les bords de la mer Rouge , et a laissé des descriptions zoologiques assez exactes, quoi¬ que souvent mêlées à des créations fabuleuses. Nous devons à Nicandre (100 ans avant J.-C.), médecin d’Attale IIJ, deux poèmes relatifs à l’histoire naturelle. Le premier, Theriaca, traite des animaux venimeux, et donne des descriptions d’ophidiens, de crus¬ tacés et d’aranéides, assez précises pour que plusieurs espèces soient fa¬ ciles à reconnaître. Dans son Alexipharmaca , il étudie l’action des poi¬ sons ingérés et surtout des poisons végétaux. Il fait mention de quelques plantes dont ne parle pas Théophraste, ce qui prouve qu’à cette époque la botanique avait fait des progrès; mais ce dernier ouvrage renferme beaucoup d’erreurs. C’est Nicandre qui a donné le nom de phalène aux papillons de nuit. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. X MX Attale III ei Mithridate, le célèbre roi du Pont, peuvent être comptés parmi les botanistes; ce dernier s’était beaucoup occupé de toxico¬ logie. On lui doit une drogue composée qui porte encore son nom. Ici finit le règne des sciences en Grèce et en Égypte. L’anarchie qui déchirait les petites républiques grecques et leurs colonies, la déprava¬ tion toujours croissante des mœurs qui avait étouffé les vertus guerrières, les mirent hors d’état de résister aux armes romaines. Nous allons maintenant parler de Rome, cette reine des cités, qui eut des commencements si humbles, et grandit au point de 11e connaître d'autres bornes à sa puissance que les limites du monde. Les Romains descendent d’une tribu gallo-grecque (750 ans avant J. -G.), chez laquelle l’élément grec finit par dominer. Les Étrusques, qui sont peut-être des Pélasges émigrés de l’ancienne presqu’île du Pé- loponèse, paraissent avoir occupé la Péninsule italique à une époque très reculée , et s'être plus lard confondus avec les Grecs, dont de nom¬ breuses colonies s'étaient établies dans la partie méridionale de l’Italie ; aussi y avait-il au sud des Etrusques et des Grecs, tandis que le centre et le nord étaient habités par des Celtes. Denis d’Halicarnasse nous ap¬ prend que lesSabins, ennemis de Rome naissante, étaient descendus des Ombriens, dont l’origine celtique n’est pas douteuse; de là cette lutte entre des peuplades de race différente. Numa, qui était Sabin, favorisa les usages et la religion des Celtes; mais les rois qui lui succédèrent et la famille des Tarquins, qui était corinthienne , firent pencher la balance en faveur de la civilisation grecque. Il résulta, du mélange de ces peu¬ ples , des institutions et des coutumes qui participèrent de leur double origine ; et nous savons aujourd’hui que la langue romaine n’est qu’un mélange de grec et de celte dans lequel dominent les formes plus harmo¬ nieuses du premier idiome. Ce n’est sans doute pas aux Gaulois transalpins que les Romains durent leur première civilisation; car le peu que nous savons des inslitu- t ions druidiques nous montre des prêtres sans instruction investis des fonc¬ tions les plus importantes de l’état. Médecins, philosophes, législateurs, ils tenaient leurs disciples dans une dure dépendance , exigeaient d’eux des études orales de vingt années ; et , pour prévenir la diffusion des connaissances dont ils étaient dépositaires, ils en avaient défendu la pro¬ pagation par l’écriture. Il ne nous est resté aucun monument caracté¬ ristique de leurs arts , si ce n’est leurs Dolmen et leurs Menhir. On peut donc avancer avec certitude que les barbares guerriers de Rome furent / l DISCOURS PRELIMINAIRE. redevables de leurs premiers progrès aux Étrusques, dont les vastes tra¬ vaux architectoniques et les ouvrages fictiles attestent lè génie créateur; mais ils empruntèrent aux Grecs leurs connaissances scientifiques, et encore ne fut-ce que fort tard; car la constitution romaine, dont le but exclusif était l’agrandissement par la conquête, et qui bannissait le luxe, les arts, le commerce, comme pouvant distraire l’esprit des citoyens des occupations guerrières, s’opposa long-temps à la culture des sciences. Caton le censeur (130 ans avant J.-C.) est le premier écrivain latin qui se soit occupé des sciences naturelles , mais seulement comme agriculteur. Son ouvrage , de re rustica , est un petit traité d’agri¬ culture pratique, d’économie rurale et de médecine vétérinaire ; essai bien informe pour un homme qui avait été en contact avec les Grecs. Rome cependant commençait à perdre de sa rudesse et à devenir sen¬ sible aux richesses intellectuelles des vaincus ; car, après la prise de Car¬ thage, le sénat fit traduire en latin un traité de Magon sur l’agriculture. Cet ouvrage et le périple d’Hannon , qu’on trouve dans le recueil des petits géographes grecs , et dont l’authenticité longtemps contestée pa¬ raît aujourd’hui hors de doute, sont les seuls monuments scientifiques qui nous restent de cette puissante rivale de Rome. Varron (116 ans avant J.-C.), qui avait étudié à Athènes, a écrit, sous le titre de l’ouvrage de Caton, un traité qui l’emporte de beaucoup, quant au style et à la méthode, sur celui de cet écrivain. Il doit sa supé¬ riorité aux relations fréquentes qui s’étaient établies avec Athènes, de¬ puis la conquête de la Grèce par les Romains. Lorsque Pompée eut vaincu Mithridate, il trouva, dans les trésors de ce prince, des livres de médecine écrits en plusieurs langues et qu’il fit traduire. Les doctrines d’Hippocrate, généralement admirées , eurent à Rome un succès prodigieux ; mais elles y rencontrèrent un vigoureux antagoniste dans la personne d’Asclépiades l’épicurien, qui enseignait, contrairement à l’opinion d’Hippocrate, l’inaltérabilité de la matière, et admettait dans l’organisme le jeu incessant des atomes. Jules César, guerrier plutôt que naturaliste , mais observateur attentif et écrivain judicieux, nous a laissé, dans ses Commentaires, des rensei¬ gnements très curieux sur les animaux de la Germanie; il nous apprend que certaines espèces, exilées par la civilisation, ont disparu en même temps que la race humaine s’est accrue. A l’époque où il pénétra dans ses forêts séculaires, elles étaient peuplées d’aurochs, d’élans et de rennes, qui de nos jours ne se trouvent plus que dans les pays septen- DISCOURS PRELIMINAIRE. LJ trionaux ; encore l’aurochs n’habite-t-il que les forêts de la Lithuanie. Lucrèce, contemporain de César, et représentant à Rome des doctrines d’Epicure, a exposé, dans son poème de rerum nalura , un système complet de philosophie naturelle. Il forme la terre , les mers et l’atmos¬ phère, de la réunion d’atomes élémentaires, mus par les lois de l’affinité; et, quoiqu’il n’eût aucune connaissance positive en paléontologie , il dit qu’avant que les hommes et les choses actuelles existassent , la terre avait nourri des êtres d’une forme extraordinaire et des végétaux mon¬ strueux; mais à des doctrines générales pleines de sens et de logique, et dénotant un esprit aussi profond que judicieux, se mêlent les plus graves erreurs. La physique de Lucrèce n’est pas moins arriérée que celle de tous ses contemporains ; il cherche ses explications dans les théories faites à priori et non dans l’observation des faits. A mesure que nous approchons de l’époque où le gouvernement subit à Rome une nouvelle métamorphose , la philosophie et l’étude des scien¬ ces disparaissent. Les Romains dégénérés ne sont plus qu’un peu pie voué au culte des sens; et c’est désormais dans les parcs, les vo¬ lières, les viviers, et jusque dans les traités culinaires, qu’il faudra cher¬ cher la science antique pour en retrouver quelques traces. Ces maîtres de la terre, longtemps les premiers du monde par leur sage tempérance, ne se contentèrent plus des mets simples et salubres qui avaient entretenu chez leurs ancêtres la force du corps et la puissance de l’esprit. Leur imagination dépravée , leur sensualité blasée par l’excès des jouissances, durent mettre la terre entière à contribution pour satisfaire leurs caprices. Les paons , les faisans , les gangas, les grues, les cigognes et les autruches , étaient élevés dans des volières, pour concourir au faste des banquets. Des viviers d’eau douce ou salée construits à grands frais, et amenant le poisson jusque dans les salles de festin, étaient remplis de truites, de dorades, de soles, de mol¬ lets, dont trois individus furent payés , sous Tibère , une somme égale à 6000 fr. de notre monnaie ; et Pollion nourrissait des murènes de la chair de ses esclaves. On portait si loin cette coupable folie que la mort d’un de ces poissons fit prendre le deuil à un certain Crassus. Le luxe des parures, des ameublements et des constructions égalait celui de la table. On tirait des pays étrangers des tissus précieux, des pierres fines, des parfums et des bois recherchés pour satisfaire les fantai¬ sies les plus puériles. Depuis longues années (216 ans avant J. -C.), les Romains avaient DISCOURS PRÉLIMINAIRE. L*j adopté l’usage d’introduire dans le cirque des animaux qu’ils tuèrent d’abord à coups de flèches, et qu’ensuite ils firent combattre ensemble ou même avec des hommes. Les premiers qu’on y lança furent des éléphants pris sur Pyrrhus, et qui ne furent exposés à la vue des citoyens que pour les accoutumer à affronter ces animaux ; plus tard, on y intro¬ duisit des lions et des panthères ; mais le goût de ces sanglants spec¬ tacles s’étant répandu avec la facilité de le satisfaire , il s’accrut jus¬ qu’à la démence, et c’était à qui ferait paraître à-la-fois, dans le cirque, un plus grand nombre d’animaux. A cette joie féroce, se mêlait aussi la curiosité, et l’on attachait un grand prix à l’apparition d’animaux nou¬ veaux. Quintus Sextus fit, le premier, descendre dans le cirque, des hommes qui combattirent contre quarante lions, Emilius Scaurus, pour flatter cette passion populaire, y montra, pendant son édilité, des hippopo¬ tames et des crocodiles ; sous Pompée, on y réunit des rhinocéros et un nombre considérable de lions , d’éléphants, de panthères. Sous les em¬ pereurs, époque d’exagération en toutes choses, on alla plus loin en¬ core. Auguste y fit , en un seul jour, périr 3,500 animaux sauvages; et , après les victoires de Trajan sur les Parthes , on mit à mort en vingt-trois jours de fête, 11,000 animaux domestiques. On vit succes¬ sivement figurer dans les jeux, des girafes, des hyènes, des strepsicères, des ibis et des autruches. Ces fêtes barbares continuèrent sous les em¬ pereurs chrétiens; mais, au milieu de ces fréquentes apparitions d’a¬ nimaux curieux, avec des occasions si répétées d’étudier leurs mœurs, leur structure, les variétés des races suivant les pays de provenance, on ne voit paraître aucun observateur, on ne trouve aucune description exacte. Parmi les rares auteurs qui écrivirent sur les sciences naturelles, nous pouvons considérer comme des naturalistes Musa , médecin d’Auguste , savant botaniste, à qui l’on a dédié le bananier ( Musa sapienlium ) , et Apuleius Celsusqui écrivit un traité sur les plantes, leurs noms et leurs propriétés. L’empereur Auguste lui-même n’était pas étranger à la science ; il avait fait recueillir dans l’île de Caprée , des restes de mastodontes , regardés comme des ossements de géants. Virgile cite, dans ses Géorgiques, un grand nombre déplantés et d’a¬ nimaux ; mais il en parle plutôt en poète qu’en naturaliste; cependant quelques-unes de ses descriptions sont pleines d’exactitude. Ovide présente encore plus d’intérêt comme descripteur. Dans son poème sur la pêche, Halieuticon , dont il ne nous reste que cent trente- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. i.iij quatre vers , ou trouve cinquante-trois poissons décrits avec assez de précision pour qu’on puisse les reconnaître. Il parle du physis ( g obi us niger ) qui se construit un nid comme les oiseaux. Ce fait, déjà mentionné par Aristote , et qu’on avait toujours regardé comme une fable , a été confirmé, il y a environ dix ans, par un naturaliste italien. Diodore, de Sicile, a laissé dans ses écrits quelques descriptions d’ani¬ maux, de plantes et de minéraux. Il a le premier parlé du riz. Strabon , né en Cappadoce, cinquante ans avant notre ère, s’est acquis une juste célébrité par sa géographie, ouvrage fort étendu , disposé avec une méthode remarquable. Il joint à la description de chaque pays une esquisse de leurs productions naturelles. Ainsi, il cite le muge, en par¬ lant de la Gaule-Narbonnaise , et l’élan en parlant des Alpes. En décri¬ vant les monts Taygètes, il rappelle les carrières de marbre qui servaient à décorer les édifices romains; et, à propos de Byzance, il parle de la route que suivaient les bancs de poissons qui venaient tomber dans les filets des pêcheurs byzantins. Il a décrit le premier la canne à sucre, et fait men¬ tion de la soie , qu’il regardait comme le produit d’un arbre. Cet auteur a donné une description assez exacte des poissons du Nil pour que, lors de l’expédition des Français en Égypte, la plupart aient été retrouvés. Tous les faits consignés dans ses écrits et qui ne sont pas le résultat d’observations personnelles, sont des compilations faites avec un choix judicieux. Diodore et Strabon devraient se rattacher à la littérature grecque, puisqu’ils ont écrit dans cette langue ; mais , comme ils ont vécu long¬ temps à Rome et qu’ils appartiennent à la civilisation romaine, nous n’avons pas cru devoir les séparer des naturalistes latins. Un ouvrage précieux pour l’histoire naturelle, quoique d’un carac¬ tère bien différent, est le traité de l’art culinaire d’Apicius, ce cé¬ lèbre gastronome du siècle d’Auguste, qui se donna la mort quand ses prodigalités eurent épuisé sa fortune. Il y décrit minutieusement tous les mets en usage chez les Romains. C’est un bon catalogue à consulter pour un naturaliste. Columelle a écrit un ouvrage d’agriculture sur le même plan que ceux de Caton et de Varron ; il v donne des détails fort intéressants sur la cou- struction des viviers, et des instructions étendues sur la direction des ruches. En général, ses descriptions sont beaucoup plus complètes que celles de Varron. Sénèque pourrait prendre place parmi les naturalistes anciens, si, dans I.iV DISCOURS PRÉLIMINAIRE. son livre sur les questions naturelles, où il traite de physique générale, il 11’avait fait trop souvent preuve d’une profonde ignorance de la matière. On doit à Arétée, de Cappadoce, qui vivait sous Néron, de bonnes des¬ criptions anatomiques, entre autres celles de la veine cave et de la veine porte ; mais, par une erreur singulière, il fait partir toutes les veines du foie, quoique Aristote ait dit expressément qu’elles partent du cœur. Dioscoride, médecin des armées romaines sous Néron (75 ans de J. -G.), fut un botaniste célèbre. Il a décrit environ six cents plantes , mais avec une telle inexactitude qu’on a pu à peine en reconnaître le quart ; sui¬ vant la coutume de cette époque, il attribue aux plantes des propriétés imaginaires, erreur que l’autorité des auteurs anciens a perpétuée presque jusqu’à nos jours. Ce botaniste a joui jusqu’au xve siècle d’une célébrité pourtant bien contestable ; mais il était le seul dont les écrits nous fussent parvenus par des traductions illustrées, et les Arabes n’ont eu long-temps aucun autre traité de botanique. Il s’occupa aussi de mi¬ néralogie, et divisa les corps bruts d’après leur nature en terrestres et en marins. On l’accuse d’avoir emprunté cette classification à Sextus Niger. La plupart des empereurs romains, depuis Auguste jusqu’à Yespasien, favorisèrent peu les sciences; maisce dernier institua des écoles destinées à répandre le goût des études , et rétribua les professeurs sur le trésor public. C’est sous son règne que vécut Pline, dont le nom est aussi ré¬ pandu que celui d’Aristote. Ce naturaliste est un des hommes les plus laborieux qui aient existé. Quoique mort dans un âge peu avancé , puisqu’il périt à 56 ans , lors de l’éruption du Vésuve qui détruisit Pompéia et Herculanum , il a laissé sur différentes matières cent soixante gros volumes extraits des écrivains qu’il avait lus. Son ouvrage sur l’histoire naturelle est la compilation de plus de deux mille ouvrages, et il cite un grand nombre d’auteurs dont sans lui les travaux auraient été perdus pour nous : c’est un titre à la reconnaissance de la postérité. Mais il n’est pas scrupuleux sur le choix des matériaux; chaque fois qu’il compulse un observateur judi¬ cieux ses descriptions sont exactes ; quand, au contraire, il a entre les mains un auteur fabuleux , il consigne les faits qu’il lui emprunte sans la moindre critique, et mêle ainsi sans cesse la vérité à l’erreur. Les écrits de Pline , dont le but est évidemment d’amuser plutôt que d’instruire, offrent une lecture très agréable ; mais il n’y faut pas chercher de la science sérieuse ; il a copié dans Aristote tout ce qu’il renferme de bon. Son septième livre, qui est le commencement de sa zoologie, est DISCOURS PRÉLIMINAIRE. i„v une espèce d’anthropologie informe el remplie de fables. Il y fait men¬ tion d’hommes à pieds d’autruche, sans bouche, à oreilles gigantes¬ ques, etc. Ses détails ethnographiques et son esquisse de l’histoire des inventions et des arts présentent un intérêt plus réel. Sa classification des êtres organisés n’est pas fondée sur leurs carac¬ tères anatomiques, mais sur leur mode d’existence. Il divise les animaux en terrestres, aquatiques et aériens; et de cette classification arbi¬ traire naît une confusion facile à comprendre. Le neuvième livre renferme de précieux détails sur les cétacés de la mer du nord et de la Méditerranée. Nous y voyons que de son temps ces animaux venaient jusque dans notre golfe de Gascogne. Il parle aussi d’un boa qui fut tué par Régulus, près du fleuve Bagrada, non loin de Car¬ thage. Son ornithologie est faible ; mais elle contient des choses fort cu¬ rieuses. Il donne du phénix une description assez exacte pour qu’on y puisse reconnaître le faisan doré, et fait mention du tragopan , oi¬ seau cornu, long-temps regardé comme fabuleux. Dans son entomologie, il décrit longuement les mœurs des abeilles que, d’après un préjugé commun à l’antiquité , il croyait pouvoir être spontanément engendrées par la putréfaction du ventre d’un bœuf. Il parle aussi de la soie qui venait, dit-il, d’un pays fort éloigné , et que produisaient des insectes différents du bombyx mort. Si la zoologie de Pline est confuse, sa botanique l’est plus encore. Sa classification est arbitraire et ses descriptions sont trop inexactes pour que les plantes qu’il cite puissent être reconnues. Il a cependant le mé¬ rite de cette ingénieuse remarque qu’il serait possible, par l’époque de la floraison des végétaux, de reconnaître les mois de l’année; Linné pour¬ rait bien y avoir pris l’idée de son calendrier de Flore. La thérapeutique de Pline est pleine d’erreurs. Il multiplie à l’infini les remèdes qu’on peut tirer des plantes et des animaux; selon lui, la tortue seule en fournit soixante-six. Sa minéralogie est intéressante sous le rapport technique et comme histoire des beaux-arts ; car il a sauvé de l’oubli les noms d'un grand nombre de sculpteurs, de peintres et de graveurs, en donnant la description d’édifices, de statues et de pierres gravées qui n’existent plus pour nous. Il nous fait connaître le mode d’extraction des métaux, l’emploi de l’amalgame du mercure pour l’exploitation des mines d’or eî d’argent, la fabrication du laiton, de l’acier, du bronze , de l’airain de DISCOURS PRELIMINAIRE. Lvj Corinthe; celle du blanc de céruse et du minium. Il parle des propriétés de l’aimant , de celles de la pierre de touche, du soufre, du cinabre , de la îitharge, etc. On trouve dans ses ouvrages une foule d’observations sur les aéro- lithes, les aurores boréales, et sur d’autres phénomènes météoriques. Plutarque a consigné, dans ses Propos de table et dans son ouvrage sur T Industrie des animaux et sur la raison dont ils sont doues , certains faits d’histoire naturelle qui ne sont pas dépourvus d’intérêt ; mais il traite toutes ces questions plutôt en philosophe qu’en naturaliste. Il a laissé deux traités de physique générale, sous le titre de Questions naturelles et de Recherches sur le froid , et un petit écrit fort curieux, à cause de certaines observations très justes concernant la nature du globe lunaire, et qui est intitulé : De la face qui paraît dans la haie. À cette époque, où l’empire romain touchait à la grande crise qui devait se terminer par sa dissolution, la plus déplorable anarchie régnait dans les esprits, et Alexandrie était le principal théâtre de cette confu¬ sion. Les Juifs, dont l’établissement dans cette ville remontait au règne de Physcon, y avaient apporté le goût des éludes de pure spéculation. Plus tard, sous le règne de Trajan et d’Adrien , la philosophie indienne devenue, sans doute , plus incompréhensible à mesure qu’elle s’éloignait de sa source, et le néo-platonisme qui, de son côté, se livrait aux concep¬ tions les plus insaisissables, vinrent ajouter au vertige qui poussait les es¬ prits vers ces études sans nom qu’on a tenté de nos jours de rajeunir. I)e ce conflit d’idées toujours vagues et rarement profondes naquit la philosophie cabalistique , cette déplorable aberration de la raison hu¬ maine dont le règne fut si long et qui n’occupe plus aujourd’hui que quelques cerveaux vides. Ces stériles études, mortelles pour l’intelli¬ gence, firent oublier les sciences d’observation, qui tombèrent bientôt dans l’oubli. Au ii« siècle de l’ère chrétienne, nous ne trouvons que trois écrivains, r Athénée, Elien et Oppien, dont les ouvrages intéressent directement les naturalistes; mais, lorsqu’ils parurent , la langue latine avait, comme langue scientifique, fait place à la langue grecque. L’ouvrage d’Athénée , le Banquet des sages , n’est autre chose qu’une compilation indigeste et confuse ; mais il renferme beaucoup de détails précieux. L’auteur fait raconter à chacun des convives tout ce qu’il sait sur les mets qui paraissent sur la table , et de là des détails souvent fort piquants. C’est ainsi qu’il nous donne la description de quatre-vingt-dix DISCOURS PRÉLIMINAIRE. r.vij poissons et d’un grand nombre d’oiseaux, le lout mêlé d’anecdotes qui varient agréablement son récit. Élien n’est, comme Athénée, qu’un simple compilateur. Pour rendre son livre plus original, il a eu la malencontreuse idée de mêler toutes les matières sans ordre ni méthode. Il cite soixante-dix espèces de mammifères , entre autres le bœuf sans cornes, l’yak , le babiroussa et la souris épineuse. Sur les cent neuf espèces d’oiseaux dont il fait men¬ tion, quelques-unes n’ont été constatées que dans les temps modernes : tels sont ceux qu’il appelle les paons de mer , et dans lesquels on a re¬ connu les combattants. Il donne la description de cinquante espèces de reptiles qui n’ont pas tous été retrouvés, et il n’y a guère que dix années qu’on a découvert aux Indes son crocodile à museau cornu. Il décrit cent trente poissons; quelques-uns le sont pour la première fois, tels que le diodon , le citharodon et l’anchois. Les détails qu’il présente sur les animaux de cette classe sont d’autant plus importants que les Grecs étaient presque aussi avancés que nous en ichthyologie. Oppien, né en Cilicie, vers la fin du règne de Marc-Aurèle, a écrit les Cynégétiques , les Halieutiques et les Ixeutiques , poèmes tous trois précieux pour les sciences naturelles ; mais dont le dernier est perdu. Les Cynégétiques nous font connaître les races de chevaux et de chiens dont on se servait alors pour la chasse, et le nom des ani¬ maux qui étaient l’objet de ce délassement. L’auteur y cite entre au¬ tres le bison et le mouflon, qui vivaient alors en Italie. Les Halieu¬ tiques contiennent des détails d’un plus grand intérêt. Le poète y décrit le lieu d’habitation des poissons et de certains mollusques , leur mode de reproduction et leurs mœurs ; ainsi, il rappelle les propriétés électriques de la torpille, la ruse si connue de la baudroie pour attirer les petits poissons , celle de la sèche qui teint l’eau de son encre, afin d’échapper à ses ennemis, et le dangereux aiguillon dont la pastenade est armée. Les développements dans lesquels il entre sur la manière de pêcher les diverses espèces de poissons et sur leurs migrations sont fort intéressants pour la science. L’ouvrage d’Oppien contient la description de cent soixante poissons ; et il est à remarquer que, parmi tant de détails, on ne trouve que peu de fables ; cependant certains faits deman¬ dent à être vérifiés. Ce jeune poète est l’un des derniers naturalistes distingués de l’an¬ tiquité ; nous ne trouvons plus après lui que Galien de Pergame, savant médecin de Marc-Aurèle et de Lucius Vérus. 8 DISCO U HS PRELIMIN AIRE. r.viij Galien se fixa à Rome après avoir successivement visité, pour s’in¬ struire, Corinthe, la Lycie, laPalestine et l’Égypte. A l’époque où il étudia l’anatomie à Alexandrie, cette science y était en décadence ; mais par son seul génie il la soutint et lui fil faire d’étonnants progrès. Il a considé¬ rablement écrit, en suivant toujours dans ses travaux un ordre méthodi¬ que : il commence par l’anatomie 5 viennent ensuite la physiologie, l’hy¬ giène, la pathologie, la séméiotique et la thérapeutique. Ses administrations anatomiques , dont nous n’avons qu’une partie, sont pleines de faits qui annoncent une merveilleuse sagacité et une persévérance opiniâtre. Les difficultés qui entouraient l’étude étaient cependant alors fort grandes. On ne pouvait disséquer des adul¬ tes, et l’on était réduit à ouvrir les cadavres des enfants morts dans les lieux où on les avait exposés, ou bien ceux des ennemis restés sur le champ de bataille ; toutes ces ressources étant insuffisantes , Galien conseilla d’étudier l’organisation des animaux qui se rap¬ prochent le plus de l’homme, surtout les singes de l’espèce appelée magot. Il en résulte que , dans ses descriptions myologiques et ostéolo- giques, il rapporte souvent à l’homme des détails organiques qui ne sont vrais que pour le singe. Son livre de la Digestion contient des indica¬ tions fort précises sur l’anatomie comparée; il fait remarquer, après Aristote, que tous les animaux qui n’ont pas d’incisives à la mâchoire su¬ périeure ont plusieurs estomacs. Il soutient aussi, contre l’opinion géné¬ ralement admise de son temps, que les éléphants ont une vésicule biliaire. Ses travaux relatifs à la respiration donnent une haute opinion de son habileté. Il avait fait de nombreuses expériences sur la pro¬ duction de la voix, et coupé, chez des porcs, les deux branches du nerf pneumo-gastrique qui montent le long du larynx, pour démontrer leur influence dans la formation du son. Nous n’avons qu’une partie de sa description du cerveau ; mais elle est assez remarquable pour nous faire regretter la perte de ce qui ne nous est pas parvenu. Galien fait preuve d’une grande pénétration dans son ouvrage in¬ titulé : De V usage des parties du corps humain. Il a signalé le pre¬ mier la perforation du cœur dans le fœtus. Toutes ses erreurs sur la structure et les fonctions de cet organe et de ses dépendances vien¬ nent de ce qu’il n’expérimentait que sur des animaux, et n’avait au¬ cune idée de la circulation du sang ; aussi ne peut-il expliquer le mouvement d’élévation et d’abaissement du cerveau , qu’il attribue â l’afflux de l’air. Il a aussi le premier parlé des nerfs optiques , et 1)IS( :ü LJ RS lJ R ELIMINAI K E. I - 1 x décrit avec exactitude les couches optiques. Il traite ensuite de l’u¬ sage des parties de la tète, des dents, de la moelle épinière , des nerfs auxquels celle-ci donne naissance , des organes de la reproduction, de la différence qui existe entre le fœtus et l’adulte, de la distribution générale des nerfs, des artères et des veines. Chacun de ces sujets par¬ ticuliers prouve le même talent d’observation et la même puissance de déduction. Dans son écrit sur les opinions d’Hippocrate, il fait de la tète le siège de toutes les facultés, contrairement à la théorie des stoï¬ ciens, qui le plaçaient dans le cœur. Son traité, relatif aux propriétés des aliments, renferme une foule de détails intéressants sur les substances nutritives tirées des deux règnes. Ce grand homme, qui eût peut-être égalé Aristote, si, au lieu de spé¬ cialiser ses éludes, il les avait généralisées, dut au hasard d’un songe survenu à son père d’avoir étudié la médecine. Il est du petit nombre de ceux qui ont personnellement joui de leur gloire et dont le nom est le plus long-temps demeuré populaire. Admiré pendant sa vie, il fut jusqu’au xvie siècle une autorité toute-puissante ; et jusqu’à nos jours les Arabes n’eurent pas d’autre guide. Galien est le dernier savant qui se soit occupé des sciences naturelles avec distinction; à sa mort, elles tombèrent dans la barbarie, pour ne se relever qu’au xvie siècle : aussi n’entrerons-nous pas dans de grands détails sur les hommes qui lui suc¬ cédèrent. Justin, écrivain du 11e siècle, à qui nous devons la conservation de plu¬ sieurs passages fort curieux de l’historien Trogue-Pompée, semble adopter son opinion sur l’origine ignée de notre planète, et pense que le refroidis¬ sement du globe ayant d’abord eu lieu aux pôles , les Scythes doivent avoir été les premiers habitants de la terre. Au me siècle, nous trouvons fort peu d’écrivains remarquables; ce qu’il faut attribuer à la lutte qui s’engagea entre les chrétiens et les sec¬ tateurs du paganisme. Cependant quelques hommes se montrèrent encore sensibles aux attraits de la sience : Philostrate de Lemnos, philo¬ sophe pythagoricien, qui vivait à Rome sous l’empereur Sévère , a consi¬ gné, dans la vie d’Apollonius de Thyanes , de fort bonnes observations sur les productions naturelles de l’Inde, qu’ Apollonius avait visitée en compagnie de quelques philosophes. Tout ce qu’il rapporte sur les mœurs des éléphants est très exact. Il décrit avec précision plusieurs des poissons de l’Indus , et donne quelques détails curieux sur les mœurs des singes; mais ces vérités sont mêlées aux fables si communes DISCOURS PRÉLIMINAIRE. LX à cette époque. Nemesianus le Carthaginois a écrit un poème sur la chasse aux mammifères et un autre sur l’aviceptologie, dont il ne nous reste que quelques vers. Titus Calpurnîus, élève de Nemesianus, a composé des élégies , dont la septième renferme des détails sur les lièvres blancs et sur le babiroussa ; il y cite un bœuf à bosse et à crinière, qu’on suppose être le bison. A cette époque, la chimie, dont il n’a pas encore été question, occu¬ pait beaucoup les savants d’Égypte, et avait puissamment contribué aux progrès de la métallurgie. Déjà, sous le nom d 'art hermétique , converti plus tard en celui d’ alchimie , elle rêvait la transmutation des mé¬ taux: et Dioclétien fut tellement effrayé de ses progrès, qu’après la prise d’Alexandrie, il fit brûler tous les livres qui en traitaient. Les plus anciens ouvrages d’alchimie, échappés à la proscription, et qu’on attribue faussement à Hermès, mais qui appartiennent évidem¬ ment à l’école d’Alexandrie, sont le Pimandre, le Traité des sept chapi¬ tres , et la fameuse Tahle d’ 'émeraude tant de fois commentée sans avoir été comprise. Tous ces ouvrages sont empreints du panthéisme primitit particulier à l’Orient, et l’on aurait peine à reconnaître, sous leur forme apocalyptique, les premiers âges de la chimie moderne; mais nous sui¬ vrons pas à pas cette science, et nous montrerons comment la vérité sans cesse mêlée à l’erreur finit par triompher. Après quinze siècles d’une gloire toujours croissante , l’empire romain succombait sous le poids de sa propre grandeur. Travaillé au dedans par des factions politiques et des querelles religieuses auxquelles venait se joindre, comme une cause inévitable de dissolution, la profonde cor¬ ruption de la société païenne; harcelé par les invasions déplus en plus menaçantes des barbares, il touchait à sa ruine. Depuis le commence¬ ment de notre ère , les populations teuto-cimbriques , qui s’étendaient du Danube jusqu’à l’Elbe, s’étaient incessamment précipitées sur l’Ita¬ lie; leur nombre et leur audace allaient toujours croissant. Au ive et au ve siècle, les Ostrogoths et les Hérules, les Vandales, les Alains, les Suèves, les Visigoths et les Francs, inondèrent l’Italie, les Gaules, l’Afri¬ que, l’Espagne; et Attila (Etzel) vint à son tour, comme un torrent dévastateur, sillonner le sol de la péninsule italique. Pour l’éloigner, les Romains, qui ne pouvaient plus supporter le poids d’un glaive, le gorgèrent de riches présents. Genserich et Odoacre vinrent enfin s’as- seoir sur le trône des Césars, mais ne prirent des vaincus que la foi chré¬ tienne. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Lxj Cependant vers le milieu du iv® siècle, Constantinople avait recueilli les débris de la civilisation romaine; et l’Occident, en proie aux guerres acharnées des tribus germaniques qui se disputaient la possession du sol, tomba pour huit siècles dans la plus affreuse barbarie. La lutte engagée entre les chrétiens et les païens absorbait l’attention de tous les hom¬ mes d’intelligence, et ne laissait aux esprits aucun loisir pour s’oc¬ cuper de science. Toutefois, Eustathius, archevêque d’Antioche , com¬ posa, sous le titre de Commentaire de l’Hexameron, un traité d’histoire naturelle, où les êtres sont rangés suivant l’ordre de leur création et dont tous les détails sont empruntés aux naturalistes anciens. Saint Ambroise (370) publia un ouvrage semblable, mais dans un but exclusivement théologique. Vegèce et Gargilius écrivirent sur l’art vétérinaire deux trai¬ tés d’une grande médiocrité, etPalladius a laissé un ouvrage intitulé : De re rusticâ , qui mérite à peine une mention. Ausone, précepteur de l’em¬ pereur Gratien, est l’auteur d’un poème sur la Moselle, dans lequel il décrit quatorze espèces nouvelles de poissons, entre autres la truite com¬ mune, la truite saumonée et le barbeau. Oribase, médecin de l’empe¬ reur Julien, fut un des hommes les plus remarquables de ce siècle; il réunit en un seul corps divers traités de médecine, qui sans lui ne fussent pas parvenus jusqu’à nous. Saint Augustin, l’illustre évêque d’Hippone et l’un des plus célè¬ bres pères de l’Église, a décrit quelques poissons, et mentionne la découverte faite en Afrique de débris de mastodontes qu’il croit être des ossements de géants. On a de lui un traité sur la génération. Macrobe a écrit deux ouvrages sur les sciences: le premier, sous le titre de Commentaire du songe de Scipion , contient un exposé des opinions des anciens sur l’astronomie ; le second, intitulé Saturnales, rédigé sur le même plan que celui d’Athénée , fait connaître certaines opinions scientifiques , que sans lui nous aurions toujours ignorées. Sidoine Apollinaire a laissé des détails topographiques sur l’Auvergne. Orose, de Tarragone, n’est intéressant que par une assertion qui justifie le calife Omar de l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie ; car il déclare que , dans son voyage en Égypte , il visita cette bibliothèque et la trouva vide, les Arabes l’ayant dévastée depuis deux siècles. Martianus Capella a écrit , à la fin du ve siècle, un poème intitulé : Noces de la philologie avec Mercure. On y trouve une division des con¬ naissances humaines en sept branches appelées les sept arts libéraux , division adoptée par les universités dans tout le cours du moyen âge ; DISCOURS PRÉLIMINAIRE. I.Xlj et Saint Cyrille a laissé un petit traité sur les plantes et les animaux. Les efforts des empereurs n’avaient pu empêcher les Gaules de tomber sous la domination des Francs ni soustraire l’Italie au joug des barbares. Cependant les chefs des conquérants n’étaient pas tous insensibles aux avantages de la civilisation. Sous le règne de Théodoric, roi desOstrogoths, le calme se rétablit un peu ; et ce sage prince, non content de favoriser dans ses états les progrès des lumières, s’efforça de les faire pénétrer chez ses voisins ; mais les querelles suscitées par l’arianisme occupaient l’attention des esprits et les détournaient de l’étude. Aux dissensions causées par ce schisme se mêlèrent de plus graves préoccupations : les institutions politiques cherchaient à se régulariser; la féodalité s’or¬ ganisait sur toute la face de l’Europe, et tandis qu’en Occident une aristo¬ cratie puissante renfermait le pouvoir royal dans les bornes les plus étroites , le despotisme régnait à Constantinople. Le fameux commentaire de la Misnah, le Talmud, code civil et cano¬ nique des Juifs, remonte à cette époque, et eut une très grande influence sur la direction des idées philosophiques de l’Europe. C’était un mélange informe de la philosophie néo-platonicienne , avec les idées supersti¬ tieuses des Juifs, qui attribuaient aux caractères alphabétiques, à leur combinaison, à certains mots barbares, une puissance refusée à l’homme, et mettaient à son service les êtres supérieurs. Les études théologiques, fondées sur la lecture des gloses de la Bible et sur celle des livres juifs, entretenaient cette déplorable erreur. Il en naquit la cabale que le xvne siècle seul vit s’éteindre, etqui fascina certains esprits faibles au point de les faire croire à leur propre supériorité. De là les astrologues , les magiciens et les sorciers qui souvent expièrent dans les flammes leur cou¬ pable crédulité. La littérature ecclésiastique , qui avait eu pour brillants interprètes les pères de l’Église, commençait à décliner. Dans les premiers temps du vie siècle, on ne comptait d’hommes célèbres que Cassiodore et Boëce, qui firent de vains efforts pour tirer les lettres de la barbarie ; et vers la fin brilla le savant saint Grégoire, dont le palais était devenu l’asile des sciences. Nous ne trouvons aussi à cette époque que deux médecins célè¬ bres, Aétius d’Amède et Alexandre de Tralles. La corruption toujours croissante des mœurs fut suivie d’un abrutissement général. Les écoles, abandonnant les études sérieuses, s’étaient laissé envahir par les dispu¬ tes théologiques, et une fausse dialectique rendait les discussions verbeu¬ ses et sans profondeur. DISCüU RS P R ELI MI N AIR E . LXlij Les disciples de saint Benoît , dégoûtés d*un monde d’on la vertu était bannie, se retirèrent, en 543, sur le mont Cassin et se consacrèrent à l’éducation de la jeunesse et à l’étude; ils rendirent d’immenses services a la civilisation , en multipliant les manuscrits, précieux monuments de l’antiquité. Ce siècle fut pourtant signalé par une importation d’un grand in¬ térêt pour les arts. Deux moines , envoyés à Ceylan , en rapportèrent à Constantinople les vers à soie , se livrèrent à leur éducation et fabri¬ quèrent les premiers tissus. Le commerce, abandonné aux Syriens dont l’influence était alors considérable, consistait en aloès, épices, ivoire, pierres précieuses, etc. ; mais bientôt toute relation avec l’Orient cessa. Le règne des sciences chez les anciens finit lors de la translation du siège de l’empire à Constantinople. Une ère nouvelle va commencer, em¬ preinte du caractère de mysticité sauvage émanant de son origine. Sa lutte contre les ténèbres et le besoin d’asseoir ses institutions l’absorbent tout entière, et elle semble un pont jeté entre deux âges pour les réunir. SECONDE PARTIE. MOYEN AGE. Histoire des sciences naturelles, depuis le VIIe jusqu’au XVIe siècle de l’ère vulgaire. Le moyen âge, cette époque si peu, si mal connue, et pendant si long» temps jugée avec une injuste prévention , est cependant digne , comme époque de transition, de fixer nos regards. Il nous présente, d’un côté, la lente et laborieuse élaboration de la civilisation au sein d’une société qu’aucun fil ne guide à travers des routes inconnues; de l’autre, la lutte acharnée de l’intelligence contre l’abrutissement qui , sous toutes les formes, vient s’opposer à sa marche progressive. Nous commencerons l’histoire de cette longue période par celle des Orientaux , qui devinrent de nouveau, pour quelques siècles, les maîtres ou plutôt les conserva¬ teurs de la science. Les peuples de l’Occident n’occupant que la seconde place, ne viendront qu’après eux. E.X1V DISCOURS PRÉLIMINAIRE. État des sciences naturelles en Orient et chez les Arabes d’Espagne. Au milieu des révolutions, les peuples antiques de l’Orient avaient perdu le goût des études scientifiques. La barbarie étouffait lentement les lumières que tant de siècles avaient si péniblement fait éclore, et l’Eu¬ rope était devenue l’héritière de ces trésors; mais lorsque les hordes dé¬ vastatrices vomies par le Nord, se jetant comme une troupe de vautours sur Rome agonisante, l’eurent mise en lambeaux, l’Europe , à son tour, occupée des luttes de ses maîtres et de la constitution d’une société nou¬ velle , demeura pendant plusieurs siècles étrangère aux travaux de l’esprit, et la science retourna à son berceau. Les Arabes alors la recueillirent, la cultivèrent avec succès, et peuvent en être regardés comme les fidèles dépositaires pendant la nouvelle enfance de l’Eu¬ rope. Les travaux des Grecs leur servirent de guide , et ils embrassèrent dans leurs études toutes les sciences d’observation ; mais ils n’avaient pas l’esprit positif et indépendant des peuples occidentaux. Leur ima¬ gination brûlante suppléa souvent à l’observation ; les erreurs de l’astro¬ logie et de l’alchimie, qui commençaient à dominer à l’époque de la chute de l’empire , furent accueillies et développées par eux avec un enthousiasme extraordinaire, et arrêtèrent les progrès des éludes positi¬ ves. Le vu6 siècle compte parmi les savants Arabes, Persans et Juifs, Ahmed-ben-Ibrahim, Ibn-Sirin, Ibn-el-Mocaffa, Dchafer, médecins, bota¬ nistes et alchimistes , Ahron , auteur des pandectes de médecine , Jean- !e-Grammairien, traducteur des oeuvres de Galien, El-Kinâni, professeur de médecine à Alexandrie, Dcliâbir (Géber), qui réforma la chimie et dont les opérations sont d’une exactitude remarquable. On lui attri¬ bue la découverte de l’acide sulfurique et la connaissance empirique de l’augmentation du poids des métaux par la calcination. Livré aux chimè¬ res de la transmutation , il a écrit sur cette matière avec une netteté et une précision qui feraient croire à des opérations sérieuses. Il fut aussi fort habile en astronomie , corrigea plusieurs erreurs de l’almageste de Ptolémée, et donna une exposition du système de cet astronome. L\ v DISCOURS PRÉLIMINAIRE. L’un des événements les plus importants de ce siècle est la fondation de l’islamisme par Mahomet, Ce législateur, qui révolutionna l’Orient tant par la force de son bras que par la puissance de sa parole, acheva de détruire les anciennes constitutions religieuses et politiques de ces con¬ trées. Longtemps occupé de la tache laborieuse d’asseoir le nouvel em¬ pire des Arabes, incessamment menacé par Héraclius, et de propager sa religion, il livra le pays à des luttes qui étouffèrent toute manifestation scientifique. Son Coran, qui défendait les représentations d’hommes et d’animaux, priva pour longtemps l’histoire naturelle du dessin, l’un de ses plus puissants auxiliaires. Les Égyptiens ne soumirent à son joug que six cent mille têtes, débris d’une population immense ; ils virent s’éteindre à jamais leurs institutions théocratiques successivement modi¬ fiées par les Grecs et les Romains, et devinrent les esclaves d’un peuple pour lequel les sciences positives avaient peu d’attrait. Pendant les vnr et ixe siècles, on trouve peu de savants parmi les sectateurs de Mahomet ; la plupart sont chrétiens. Au milieu d’une foule de médecins, pleins de savoir, se distingue la famille des Bachli- ehoua, qui pendant trois siècles fit la gloire de la Perse. Les plus célèbres sont Dehordchis Ben Bachlichoua, Dehabril Ben Bachlichoua, médecin d’Haroun-el-Rachid, et Dehabril Ben Obeidallah, médecin de Ben Buneih. Sous le calife El Mamoun (815), plusieurs savants tradui¬ sent les ouvrages d’Euclide, d'Hippocrate, d’Aristote, et l’almageste de Plolomée. Un observatoire est élevé à Bagdad. En dehors de la famille des Bachtichoua se trouvent des Indiens, des Juifs et des Arabes. Un de ces derniers, El Kindi, fut l’un des plus fé¬ conds ; il a écrit au moins deux cents ouvrages sur la médecine, la toxico¬ logie, la pharmacologie, la météorologie et la physiologie, tant humaine que générale. Ben Mésué, élève de Dehabril Ben Bachtichoua, a laissé plusieurs traités de médecine et d’anatomie comparée. Abou Othman Amr, plus connu sous le nom d’El Dchâdidh, était si célèbre par l’é¬ tendue et la variété de ses connaissances, que le calife El Mottakkil voulut lui confier l’éducation de son fils ; mais son excessive laideur l’em¬ pêcha d’obtenir cet emploi. Ses ouvrages contiennent un grand nombre de faits scientifiques; le plus estimé est une histoire des animaux. Abou Zeid Honein, d’El Ilira, est aussi savant qu’El Dchâdidh ; on a de lui plu¬ sieurs traités spéciaux sur divers points de médecine; et, comme il était bon helléniste, il traduisit Hippocrate et Galien. Ben Corra (836), d’IIarran en Mésopotamie, le chef d’une famille connue sous le nom de h h\ VJ D I SCOU RS PR Ê LIM l N A I K E . Sabéens d’IIarran , parce qu’il était attaché à cette secte, est un auteur d’une fécondité prodigieuse ; on lui doit un ouvrage sur l’anatomie des oiseaux. Abou Hanit'a a écrit sur l’agriculture, l’hippiatrique et la bota¬ nique j Ibn Wahchijd, sur la zoologie générale et sur la magie. On compte parmi les nombreux astronomes de cette époque le célèbre El Baten, qui détermina l’aphélie ; et dans le même temps d’autres sa¬ vants calculaient l’inclinaison de l’écliptique, composaient des tables astronomiques, faisaient des observations sur les étoiles fixes et sur les clipses. On doit d’autant plus s’étonner de trouver en Orient un si grand nombre de savants du premier ordre, que les califes, accoutumés à une domination despotique, traitaient avec une barbarie révoltante ceux d’entre eux qui encouraient leur disgrâce en s’exprimant avec trop de liberté. El Dchâdidh fut emprisonné sur un simple soupçon. Said Ben Naufel , médecin de l’émir Ben Touloun, lui ayant reproché un écart de régime qui s’opposait à sa guérison, fut condamné à recevoir deux cents coups de fouet, et mourut pendant l’exécution. Isaac Ben Amran, que ses con¬ temporains nommaient le refuge de son siècle, ayant eu le malheur de déplaire au prince dont il était le médecin, fut condamné à être saigné aux quatre veines; et son cadavre, attaché à une croix, devint la pâture des vautours. Au commencement du xe siècle, les mahométans se livrent pour la première fois à l’étude des sciences. El Bazi (Rhazès), le Galien de son époque, leur ouvre la voie. Le nombre de ses ouvrages excède deux cents. On a de lui d’excellentes monographies anatomiques, et une foule d’autres travaux sur les diverses branches de l’art de guérir , renfermés dans un corps d’ouvrage qui forme un cours complet de médecine. Il a écrit sur la médecine talismanique, et sa crédulité lui fut bien funeste : le calife El Manzour lui ayant demandé de répéter une des expériences indiquées dans son livre, et Rhazès n’ayant pas réussi, le calife le frappa si rudement sur la tête , qu’une cécité complète fut la suite de cette brutalité. El Fàrâbi (950) a écrit sur l’alchimie , et sur un grand nombre d’autres sujets. On a de lui un ouvrage fort curieux relatif à la classification des sciences. Ibn Abul Achath (970) a laissé un traité de zoologie générale. El Madchrili (975) , de Madrid , fut le premier mathématicien et le plus célèbre astronome de l’Espagne ; il est l’auteur d’un livre concernant la génération des animaux, l’alchimie et les pierres précieuses. Le célèbre DISCOURS PRÉLIMINAIRE. l.XVIJ Ferdrousi, à qui l’on doit un traité sur l’origine de la terre, a soutenu l’opinion du soulèvement des montagnes. L’activité des Arabes embrassait toutes les parties des connaissances humaines, et ils s’occupaient de l’agriculture avec un soin particu¬ lier. Le code agricole des Arabes d’Espagne est un modèle de per¬ fection ; on y trouve une comparaison judicieuse entre les théories des divers peuples, calculées d’après les climats et la nature du sol. La fermentation causée par les croisades n’interrompit pas leurs tra¬ vaux ; pendant que l’Europe occidentale courait aux armes pour venger la cause du Christ, l’Orient poursuivait ses progrès scientifiques. Depuis 1006 jusqu’à 1210, les Arabes de Syrie, de Perse, d’Égypte et d’Espagne sont à la tête des sciences. Le plus célèbre médecin de cette époque est Mésué le jeune, ou Ibn Sina (Avicenne), de Bokhara dans le Turkestan. Son principal ouvrage, intitulé Canon , eut une réputation prodigieuse dans toute l’Asie, et sa doctrine fut longtemps la seule qu’on enseignât dans les écoles de médecine. Sa physiologie est cependant fausse et erronée, et ses divisions se multiplient sans nécessité. On reconnaît que Galien lui a servi de guide dans les explications qu’il donne des causes des maladies, ibn Sina a laissé de plus trois traités sur l’alchimie. El Biruni, astrologue et alchimiste plutôt que médecin, a écrit un traité sur les propriétés des métaux, des minéraux et des plantes. Ibn Dchezla (1074) a laissé une liste alphabétique des plantes officinales. La plus grande partie des savants de ce temps appartient à l’Es¬ pagne, dont les écoles étaient fréquentées par tous les Européens avides de connaissances : ce sont surtout des médecins praticiens qui ont tous laissé des travaux généraux sur l’anatomie et la médecine. La célèbre famille des Ibn Zohr (Avenzoar), dont le chef s’établit en Espagne au commencement du xe siècle, a produit un grand nombre de médecins. Avenzoar (1140), un des plus zélés partisans de Galien, est plus original que les autres médecins arabes; il s’est occupé à la fois de médecine, de chirurgie et de pharmacie, quoique ce ne fût pas la coutume d’alors. Les préjugés s’opposaient déjà chez eux aux progrès de la science ; car ils regardaient comme infâmes cer¬ taines opérations, entre autres celle de la pierre. Ibn el Awwam, de Sé¬ ville, fut un des naturalistes célèbres du xne siècle; il a écrit sur l’agricul¬ ture. Ibn Matran , médecin du sultan Salah-ed-din (1189 à 1201), a écrit sur les plantes médicinales. Ibn Roschel (Averrhoës) (1195), de Lsvi,j DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Cordoue, a laissé un Compendium de médecine et une foule d’autres traités ; il s’est livré à l’étude de la philosophie. Son anatomie est calquée sur celle de Galien, qu’il a augmentée ; il s’est aussi beaucoup occupé de médecine spéculative. Il comptait parmi ses disciples les plus distingués le célèbre Ben Maïmon (Maïmonidès). Fahr-ed-din el Razi (1149), de Rai dans le Taberistan , est un médecin d’une fécondité remarquable. Il s’est occupé de philosophie et de science générale. La réputation de sa famille était telle que, lorsque Dchingiz kan eut battu Chowarcyn Schah, il excepta la postérité de Fahr-ed-din du massacre général des habitans de Hérat. Il figurait parmi les plus cé¬ lèbres alchimistes de son temps. Pendant le xme siècle, nous trouvons chez les Arabes peu de travaux originaux sur les sciences naturelles ; nous en excepterons cependant ceux de Kazwyny (1283) , descendant d’Ana Ben Malest, compagnon de Mahomet, et que sa vaste érudition a fait surnommer le Pline des Orien¬ taux. Il a composé un grand nombre d’ouvrages, dont le plus estimé est son grand traité d’histoire naturelle, qui comprend l’astronomie, la mé¬ téorologie et l’histoire des trois règnes. Nous citerons encore MuwafFic- ed-din qui a écrit l’histoire de tous les médecins arabes, syriens, persans et indiens jusqu’au xnP siècle, avec un coup-d’œil sur l’origine de la médecine et sur l’état de la science à Alexandrie : il cite quatre cent deux médecins. Au xive siècle, les sciences tombèrent en décadence chez les Arabes; le joug des Qsmanlis devint mortel aux travaux de l’intelligence; cependant les derniers efforts des savants brillèrent encore d’un vif éclat. Ibn el Doreihim publia à Mossoul, sous le titre de X Utilité des Animaux , une histoire des mammifères, des oiseaux, des poissons et des in¬ sectes. Ibn el Wardi a laissé un ouvrage scientifique fort remarquable intitulé : Unio rerum mirabilium , et un extrait des ouvrages d’Abul Féda, célèbre géographe syrien. El Demiri de Cahira, le plus célèbre naturaliste arabe , a composé un dictionnaire d’histoire naturelle , qui comprend la description de neuf cent trente-un animaux. Bochart s’en est beaucoup servi pour la rédaction de son Hierozoicon. Les Arabes d’Espagne furent les derniers et les plus brillants repré¬ sentants de la science orientale au moyen âge; mais, lorsque les chrétiens eurent détruit leur empire, la plupart n’emportèrent pas dans leur exil le goût des études, et depuis le xve siècle, jusqu’à la fin du xvie, nous ne trouvons à citer que quatre naturalistes : El Calcachendi (1418), qui a DISCOURS PRÉLIMINAIRE. IA IX écrit une histoire des animaux ; El Seliebi, dont nous avons un supplément à l’histoire naturelle d’El Demiri; El Sojuti (1445), auteur du Codex ani- malium , extrait d’El Demiri, avec un supplément et des indications sur l’utilité des animaux; et enfin, El Antaki, surnommé l’Aveugle (1596), cé¬ lèbre médecin de Misr, qui a écrit un traité général de médecine. A partir de cette époque jusqu’à nos jours, les Arabes, plongés dans la plus profondo ignorance furent obligés de venir emprunter à l’Europe, leur ancienne élève , le peu de connaissances répandues parmi eux ; et ce n’est qu’en 1841 que les descendants d’Othman, sentant la nécessité de s’appuyer sur la civilisation européenne , ont permis les dissections. État des sciences chez les peuples occidentaux et septentrionaux. Le vne siècle est complètement mort pour la science ; nous n’y voyons partout que luttes sanglantes et acharnées qui troublent dans leurs projets civilisateurs les apôtres de l’évangile; et, au commencement du vme siècle, l’Europe centrale, déjà déchirée par ses querelles intestines, est obligée de repousser l’invasion des Sarrasins que Charles-Martel défait dans les plaines de l’Aquitaine. Les sciences avaient vainement cherché un refuge à Constantinople ; elles y furent persécutées par Léon l’Isaurien , qui fit brûler dans la grande bibliothèque les livres et les savants. On ne connaît à cette époque d’autre ouvrage sur les sciences naturelles qu’un mauvais poème de George Pisidès, qui traite de la création. Le milieu de ce siècle (768) vit paraître Charlemagne , ardent propaga¬ teur des lumières et des croyances religieuses. Sous son règne, les lettres commencèrent à renaître; il établit une règle des études, et poussa si loin l’amour des sciences, qu’il changea son palais d’Aix-la-Chapelle en une académie, dans laquelle il réunit des savants de tous les pays ; il fit re¬ copier les manuscrits précieux sous la direction d’Alcuin, moine anglais, son maître et son ami ; et ses filles elles-mêmes prirent part à ces travaux. La tendance générale des esprits est néanmoins toute religieuse; et si les L\X DISCOURS PRÉLIMINAIRE. éludes philosophiques sont quelque peu cultivées, c’est pour lutter sans désavantage contre les théologiens grecs, avec lesquels était engagée une polémique active. L’érudition la plus vaste de cette époque embras¬ sait le trivium , qui renfermait la grammaire, la rhétorique, la dialec¬ tique; et le quadrivium , qui comprenait la musique, l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie. Il n’y avait qu’un petit nombre d’élèves qui terminassent le trivium. Quant au quadrivium, regardé comme le nec plus ultra de la science humaine, peu d’élèves osaient s’élever à cette hauteur; encore n’avait-on aucun livre pour ces études, et les maîtres manquaient partout. A cette époque, la médecine était tombée dans la barbarie, même en Grèce ; ses doctrines , privées de l’appui des sciences d’observation , n’étaient plus qu’une réunion d’erreurs et de pratiques superstitieuses. Charlemagne , frappé de ce vice, fonda la célèbre école de médecine de Salerne, où il appela les Grecs qui cultivaient les sciences médicales. Ses efforts furent tous impuissants, malgré la protection dont il entoura les études; l’intelligence humaine semblait frappée de stérilité. La métal¬ lurgie seule avait conservé quelques-uns de ses secrets ; mais des créa¬ tions grossières remplaçaient l’art si délicat des Grecs. L’agriculture était aussi retombée dans l’enfance. De vastes et sombres forêts qui descendaient des montagnes jusqu’au fond des plaines, et des marais infects couvraient la face de l’Europe, et en abaissant la tempé¬ rature s’opposaient aux progrès des sciences agricoles. Les fleuves et les rivières, dont aucune digue n’arrêtait les eaux, débordaient à la moindre crue et inondaient les terres basses. Le défrichement avait lieu , comme aujourd’hui encore dans le Nouveau-Monde , par l’incendie des arbres qui couvraient le sol, et cette terre vierge, qui aurait dû tant produire, si elle avait été cultivée par des mains habiles, fournissait à peine à la subsistance de l’homme ; il n’en sortait que des miasmes putri¬ des, sources de maladies mortelles. L’art d’élever les troupeaux était le plus répandu ; mais on multipliait seulement les produits sans amé¬ liorer les races. La division des terres, en rendant indispensable l’étude de la géométrie, avait sauvé cette science d’un entier oubli ; mais on négligeait les autres parties des mathématiques, et l’astronomie n’était cultivée dans les cloî¬ tres que pour celle de ses parties qui servait à la supputation du retour périodique des fêtes religieuses. Sous l’influence des idées astrologi¬ ques, on n’observait plus les mouvements des corps célestes pour en I) 1 SCO II RS P R F LIM I N AI R F.. i.xxj étudier les lois, mais dans le but d’en découvrir l’influence sur les desti¬ nées humaines. L’apparition des comètes passait pour un événement fu¬ neste; et Charlemagne, malgré son génie, prononça une sentence contre une aurore boréale , regardée par les théologiens du temps comme un maléfice du duc de Bénévent, destiné à ensorceler la France. Sous les faibles successeurs de Charlemagne, le mouvement des esprits vers le progrès s’arrête , et les sciences retombent dans l’obscurité. Des dérangements survenus dans les saisons causent des famines qu’accom¬ pagne la peste; et le commerce, privé d’appui, reste impuissant contre ces maux. Les seigneurs, étrangers aux occupations de l’esprit, consacraient à la chasse les moments qu’ils pouvaient enlever aux travaux guerriers; ils dressaient pour cet exercice le faucon, l’épervier, l’émérillon et même le vautour. Les damoiselles cependant s’occupaient de l’art de soigner les bles¬ sures, et étudiaient, d’après des données empiriques, les propriétés des végétaux. Les mires ou médecins, méprisables charlatans, étrangers aux sciences d’observation , allaient criant leurs remèdes par les rues, suivis de femmes qui faisaient métier d’accoucher et de saigner. L’ana¬ tomie était complètement négligée, parce que retombant, sous ce rap¬ port , dans les préjugés de l’antiquité grecque , on regardait comme un sacrilège l’étude sur le cadavre. La géographie était dans le même état de délaissement, et l’on croyait fermement à l’existence de quatre parties du monde, par le motif que ce nombre correspondait aux divisions de la croix. D’un autre côté, la guerre avait embrasé toute l’Europe. Les Anglais repoussaient les invasions des Danois, les Français combattaient les Nor¬ mands, les Espagnols luttaient contre les Musulmans , et les rois chré¬ tiens s’armaient les uns contre les autres sous les plus frivoles prétextes. Les savants des ixe et xe siècles sont Raban Maur , archevêque de Mayence ; Agobard, archevêque de Lyon; Méthodius; Scott Erigène, et saint Hérié, moine d’Auxerre, que sa méthode philosophique , pour arri¬ ver à la découverte de la vérité, a fait comparer à Descaries. Constantinople, quoique riche encore en débris de la science anti¬ que, semblait frappée de la même torpeur ; mais celte ville sortit de son engourdissement sous Constantin Porphyrogénète. Ce prince y rassembla les manuscrits les plus précieux, en fit faire des copies, et s’entoura d’hommes qui consacraient leur vie à l’élude. Eutychius, patriarche DISCOURS PRÉLIMINAIRE. i.xxij d’Alexandrie, qui cultiva avec succès la physique et la philosophie, ap- partient à cette époque. Pholius, patriarche de Constantinople en 857, a laissé sous le titre de Bibliothèque un ouvrage remarquable par l’éru¬ dition qu’il y déploie. Il cite cent soixante-sept auteurs, dont la moitié nous sont inconnus. Nous lui devons la conservation de quelques frag¬ ments de Ctésias et d’Agatharchides. Constantin fit composer par Cas- sianus Bassus un traité d’agriculture, qui n’est qu’une compilation des ouvrages antérieurs au sien. Cassianus fait connaître les noms de plus de trente auteurs anciens qui ont écrit sur cet art. Quittons un instant l’Occident, pour nous occuper de ces fiers enfants du Nord qui, pendant plusieurs siècles, ravagèrent le littoral de l’Océan. Un voile épais couvre l’origine des peuplades septentrionales ; leurs sagas nous apprennent seulement que les Ases, dont la tradition fît plus tard des divinités , étaient une tribu asiatique , qui, sous la conduite d’Odin, quitta les bords du Tanaïs, et vint apporter aux populations encore sauvages de l’Europe septentrionale une religion et des lois. Leur cos¬ mogonie, éminemment originale, diffère de toutes les autres, et indique que ces peuples appartenaient aune civilisation exceptionnelle. Les pre¬ mières strophes de la Voluspa présentent un caractère solennel : « Faites silence , dit-elle , divines créatures, enfants d’HeimdalI, je vais vous ap¬ prendre les secrets de Yalfodur ; je connais les mystères des premiers temps.... cc Au commencement, lorsque vivait Ymir, il n’y avait ni sable, ni mer, ni vent. En bas, pas de terre; en haut, pas de ciel : partout le vide ; de verdure nulle part... cc Ymir, le géant, est formé au sein du chaos, du froid et de la chaleur, l’un venu de Niflheim, l’autre de Muspelheim, et qui se rencontrent dans le Ginumgagap, l’abîme, le vide. Ymir est la matière dont fut composé le monde. Son sang forma les mers, les lacs et les fleuves ; ses os les mon¬ tagnes; ses dents les minéraux, les pierres, les rochers; son crâne la voûte céleste ; son cerveau les nuages , et ses sourcils le Midgard , derrière lequel sont réfugiés les Ases, pour se mettre à l’abri des at¬ taques des géants. » Toute leur cosmogonie est dans ce goût mythique ; mais ôtez-lui sa forme mythique, et vous n’y verrez plus, comme chez les autres peuples , qu’une personnification des agents naturels. Les Scandi¬ naves , guerriers intrépides , accoutumés à regarder comme un déshon¬ neur de mourir dans leur lit , furent longtemps livrés à une vie vaga¬ bonde, et s’occupèrent peu de sciences. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. LXXÜj Cependant, lorsque la tyrannie d’Harald aux beaux cheveux (ixe siècle) eut forcé les populations norvégiennes à fuir la terre natale , elles commencèrent à former, dans l’Europe occidentale et dans les îles de l’océan glacial, des établissements fixes; et leurs guerriers parcoururent les mers. Ce fut sans doute dans ces longues excursions qu’ils apprirent à connaître le lion et le serpent, qui figurent souvent sur leurs monu¬ ments; ce dernier joue un grand rôle dans leurs sagas, surtout le lin- cjorm, serpent monstrueux, sous lequel croissait for à mesure qu’il grandissait, et qu’on retrouve en bagues, en anneaux, en bracelets, sur les haches de pierre, sur la poignée des épées. Jusqu’au xie siècle, époque de ces grandes migrations , leurs sagas toutes mythiques, ou tout au plus semi-historiques, ne nous apprennent rien sur l’état des sciences chez ces peuples. Nous y voyons une agricul¬ ture pauvre et improductive , une éducation des troupeaux assez peu étendue, mais une pêche déjà réglée, où figure la baleine, qu’ils osent, sur leurs frêles embarcations,’ attaquer corps à corps, et la chasse, , destinée à garantir les troupeaux de la dent des loups et des ours; ce qui exige certaines connaissances pratiques. Navigateurs audacieux, iis cou¬ rent les mers d’abord en forbans, puis en marchands, enfin en pèlerins et en curieux. Ils vont former des colonies au Groenland , et leur humeur aventureuse les porte jusque dans l’Amérique du nord. Leurs sagas contiennent quelques noms d’animaux ou de plantes, mais les traités spéciaux leur manquent ; cependant les Islandais, qui poussè¬ rent leurs institutions au plus haut degré de perfection , étaient des observateurs assez attentifs pour qu’on ait trouvé chez eux l’indication nominale de toutes les plantes et de tous les animaux de leur île, sous une forme qui prouve que certaines analogies ne leur avaient pas échappé. Un peuple aussi belliqueux, dont la vie n’était au dehors qu’un long combat, au dedans qu’un duel continu, devait avoir étudié la partie de la science médicale qui touche à la guérison des bles¬ sures. On trouve dans X Havamal, doctrine morale d’Odin, une indi¬ cation de l’emploi du chêne dans les dysurics. Le Rafn Svenn hioern- sens saga nous apprend que Rafn était renommé pour la guérison des blessures et des maladies. Il guérit par l’application d’un fer rouge sur la poitrine , sur la tête et entre les épaules, un homme atteint d’une enflure générale, et par une saignée sur le dos de la main, une femme dont les mamelles étaient engorgées. Le fait le plus remarquable consi¬ gné dans cette saga est l’opération de la pierre par la taille périnéale J T.XXIV DISCOURS PRÉLIMINAIRE. avec un simple couteau. Il paraît que, dans beaucoup de cas, les maladies étaient traitées par les sorcières ( spdkona ), qui connaissaient les runes (formules) propres à les guérir. Les fonctions n’étant pas distinctes chez ces peuples, le même homme se trouvait à-la-fois agriculteur, pêcheur, navigateur, guerrier, poète, savant ; d’où il suit que les études avaient un caractère trop vague pour constituer une science véritable. La vie du Scandinave se passait à acquérir quelques connaissances élémentaires, et rien de plus. Comme dans les combats qu’ils livraient aux peuples chez lesquels ils faisaient des descentes ils se vengeaient cruellement de ceux qui tom¬ baient entre leurs mains, ils avaient trouvé le moyen de prolonger les souffrances du prisonnier avec sa vie , et certains hommes se livraient à cette barbare pratique ; ainsi, l’on voit dans Ragnar Lodbroks saga , que le roi Elli, qui avait fait mourir Ragnar, en le jetant dans une fosse pleine de vipères, fut condamné par les fils du pirate à un supplice qu’ils appe¬ laient tailler un aigle de sang. Cette opération consistait à faire sépa¬ rer, par un homme habile dans cet art, les côtes de la colonne vertébrale et à les déployer ensuite, pour figurer les ailes d’un oiseau. Nous avons dit que les Islandais étaient grands amateurs de voyages; aussi méprisaient-ils ceux qui ne quittaient pas leur pays, et ils les appe¬ laient injurieusement Heimsker (casaniers). Dans le Miroir du roi {Kong s skuggsio ) , il est expressément recommandé à tous les voyageurs d’étu¬ dier les mouvements des corps célestes, la diversité des climats, la confi¬ guration des côtes , l’époque des marées , les phases lunaires , les vents dominants , les productions des pays qu’ils visitent, les mœurs ainsi que la langue des habitants, et d’en faire un minutieux rapport à leur retour, afin de servir aux navigateurs qui viendront après eux. Comme il n’a été traduit qu’un très petit nombre de sagas, qu’il y en a même encore beaucoup d’inédites, et que toutes celles qui ont été com¬ mentées ne l’ont été que sous le rapport philologique, il reste à faire un travail spécial sur l’état des connaissances scientifiques chez les peuples du Nord. Plus tard, les Scandinaves ayant adopté les mœurs de l’Europe occidentale , leurs institutions perdirent leur caractère primitif; ils en¬ trèrent dans la grande famille européenne et prirent les occidentaux pour guides dans leurs études. Un grave événement qui eut en Europe un retentissement universel , et favorisa le développement des pensées d’émancipation qui fermentaient parmi le peuple , eut lieu à l’instant où l’on s’y attendait le moins, et mit DISCOURS PRÉLIMINAIRE. r.xxv fin aux querelles intestines. Les chrétiens d’Orient , opprimés par les sectateurs de Mahomet , poussèrent un long cri de détresse qui retentit dans tout l’Occident. L’esprit actif et aventureux des Francs fut le premier à céder aux prédications de l’ermite Pierre. Hauts barons, vassaux, serfs attachés à la glèbe, tous prirent les armes pour la défense du christianisme ; cette longue et sanglante guerre, qui dura plusieurs siècles et dévora, dit-on , près de deux millions d’hommes , eut pourtant pour effet de rattacher l’une à l’autre ces deux parties de l’ancien monde, longtemps demeurées étrangères, de lier le présent au passé, et de per¬ fectionner les intelligences, en étendant les relations des peuples. Les sciences, cultivées par les Arabes avec tant d’éclat, ne furent pas perdues pour l’Occident. On allait puiser dans les écoles de Séville et de Cordoue , regardées comme le foyer des lumières , une éducation supé¬ rieure à celle de l’Europe occidentale. Les ouvrages des savants arabes, versions souvent infidèles de ceux des Grecs, étaient traduits en latin, se répandaient en Italie , en France , en Allemagne , en Angleterre , et y propageaient le goût des études sérieuses; aussi les hommes remarquables sont-ils moins rares au xie siècle qu’aux époques précédentes. L’activité règne dans les cloîtres , où les moines écrivent des chroniques en se livrant à des travaux d’érudition; et tout ce qu’il y a de science humaine est l’apanage du clergé. Au premier rang brillent Fulbert, évêque de Chartres; Guy d’Arezzo, l’inventeur de l’échelle musicale; Thieddas, qu’on regarde comme un médecin distingué ; l’alchimiste Hortulanus, qui alla étudier en Espagne, et à son retour écrivit un commentaire sur la table d’Émeraude; Constantin l’Africain , qui, banni de sa patrie par la jalousie de ses concitoyens, se réfugia en Sicile, où il devint l’ornement de l’école de Salerne, fut un des plus célèbres compila¬ teurs en médecine, et passe pour avoir introduit en Italie la méde¬ cine grecque arabe ; Gerbert (Siivestre II) enfin , élève de l’école i de Cordoue , qui importa en France les horloges à rouage , les chiffres et la numération empruntés aux Indiens. C’est sans doute à l’épo¬ que où l’Europe alla puiser dans les écoles arabes la science qui lui manquait que la langue s’enrichit des termes scientifiques qui y sont restés, tels qu’almanach, algèbre, azimuth, nadir, alcool, etc. Au dehors des cloîtres , on ne trouve guère que des hommes d’armes et des serfs , les uns abrutis par l’habitude d’une domination tyrannique ; les autres, par celle de l’obéissance passive. Un autre service rendu à la civilisation par les Arabes, et qui con- IAXVJ DISCOURS PRÉLIMINAIRE. tribua à la diffusion des lumières, fut l’invention du papier de coton, et plus tard celle du papier de lin. Ce fut encore l’Espagne qui jouit la pre¬ mière de ce bienfait; car l’Europe barbare, après s’être longtemps servie de papyrus, avait été obligée, par suite de la disette de cette substance , d’employer à la copie des missels et des psautiers les manuscrits grecs et latins, ce qui hâta la décadence des lettres. Une des causes qui s’opposait à la propagation de la science était l’in¬ stabilité des formes du langage. La langue latine , défigurée par les bar¬ bares , avait perdu sa pureté primitive ; et celle des Francs, longtemps mêlés à des populations d’origine différente, n’avait pu encore atteindre une parfaite unité. Tant que dura cette incertitude dans les moyens de manifestation, les sciences restèrent brutes, et le peuple, chez qui se trouvent ces nobles intelligences, auxquelles il ne manque que les occa¬ sions pour s’élever aux plus hautes conceptions du génie, languissait dans l’ignorance la plus profonde. Vers la fin de ce siècle (1094), une horrible maladie, le mal des ar¬ dents, espèce d’anthrax contagieux, préparé sans doute par plusieurs siècles de misère, dépeupla l’Europe, et cette fois encore la médecine fut impuissante ; on ne trouva d’autre digue à opposer à ce fléau que des prières publiques qui , en augmentant les contacts , propagèrent l’épi¬ démie avec une effrayante rapidité. Au xne siècle, la philosophie s’est répandue partout sous la forme péripatéticienne. Elle a pénétré au sein des écoles; et les théologiens, la métamorphosant au gré de leur caprice, en forment la doctrine sco¬ lastique, doctrine étroite et inféconde , qui étreignit longtemps la pen¬ sée , mais ne fut pourtant pas aussi funeste au progrès qu’on l’a voulu faire croire. Pendant cette période les études conservent le même caractère d’in¬ certitude , et tous les savants sont divisés par les querelles des réa¬ listes et des nominaux. Les hommes les plus remarquables sont An¬ selme, Guillaume de Champeaux, saint Bernard de Clairvaux, et le célèbre Abeiîard, homme d’une trop grande indépendance d’esprit pour ne pas s’attirer les persécutions des partisans de la philosophie étroite et mesquine qui s’agitait sur les bancs de l’école. Nous trouvons cepen¬ dant aussi quelques auteurs qui ont écrit sur l’histoire naturelle : ce sont l’abbesse Hildegarde de Pinguia, qui vivait en 1180, et a laissé, sous le titre de Physica S. Hildegardis , un traité complet d’histoire natu¬ relle; Alexandre Neckarn de Hartford, qui écrivit sur la nature des choses DISCOURS PRÉLIMINAIRE. r.xxvij un ouvrage mêlé de prose et de vers; Alfred, qui commenta la physique d'Aristote et publia un livre sur le mouvement du cœur, et Robert Capi¬ ton , versé dans toutes les sciences de son temps , ce qui le fit accuser de magie. A la même époque, le juif Benjamin de Tudèle publia une rela- / lion de ce qu’il avait vu de curieux dans son voyage en Syrie , en Egypte et aux Indes. Le xme siècle fut signalé par quelques nouveaux progrès ; les sciences commencèrent à se répandre, et l’on vit naître à Paris l’Université, qui jouit de toute la faveur de Philippe- Auguste, et devint l’école la plus célèbre. Sous le règne de ce prince, Gioja Flavio d’Amalfl découvrit ou perfec¬ tionna la boussole. Cet instrument en facilitant la navigation, favorisa les progrès des sciences géographiques, si puissantes auxiliaires des sciences naturelles; mais la prise de Constantinople par les Croisés fut encore fatale aux éludes, en ce que la soldatesque latine détruisit un grand nombre de bibliothèques. Toutefois les lettres, quoique languissantes, n’y périrent pas entièrement, et Byzance continua d’être jusqu’au xve siècle, le foyer d’où sortirent les lumières pour se répandre sur l’Europe. Le dernier des auteurs byzantins de cette époque est Manuel Phylis d’Éphèse , qui a donné un abrégé d’Élien , sous le litre De la Nature des Animaux . Dans l’Espagne chrétienne, Alphonse le Sage se livra à l’étude des sciences, surtout de l’astronomie. Il lit établir de nouvelles tables astrono¬ miques, qui furent appelées tables alphonsines , et il fonda huit chaires à l’Université de Salamanque. A la tête des hommes illustres de ce siècle se place Roger Bacon , qui tint longtemps le sceptre de la philosophie hermétique , et mérite en partie sa brillante réputation. Ses ouvrages , quoique empreints quelquefois d’une crédulité sans égale et de toutes les erreurs de l’al¬ chimie, frappent par l’universalité du savoir qu’il y déploie. Son Opus majus contient un chapitre remarquable sur l’art d’expéri¬ menter. On y trouve aussi l’idée de découvertes qui n’ont eu lieu que bien longtemps après. « L’art, dit-il, peut fournir aux hommes des moyens de naviguer plus promptement et sans le secours des bras; il y a telle construction de chars à l’aide desquels il est possible de se passer d’animaux; on peut traverser les airs en volant comme les oiseaux. Il y a des verres qui approchent les objets, les éloignent, les agrandissent, les diminuent ou les multiplient à volonté.» On pourrait voir dans ces prophé¬ ties la vapeur, les aérostats et tous nos instruments d’optique. On lui DISCOURS PRÉLIMINAIRE. LXXVUj attribue le secret de la composition de la poudre à canon dont l'indi¬ cation se trouve , dit-on , dans ses Œuvres décrites de l'art et de la nature et de la nullité de la magie. Il tenait sans doute ce procédé des Arabes, dont les ouvrages lui étaient familiers. On lui prête aussi Finvenlion de la chambre obscure et du télescope; mais ce qui est positif c’est qu’il ramena les sciences dans la voie de l’observation, et, sous ce rapport, il peut être considéré comme le précurseur de son immortel ho¬ monyme. Ses connaissances en astronomie étaient très étendues; il si¬ gnala l’erreur qui existait dans le calcul de l’année solaire depuis la ré¬ forme du calendrier par Jules César, et ce fut seulement trois siècles plus tard qu’eut lieu la rectification qu’il avait indiquée. Un contemporain de Roger Bacon non moins célèbre que lui, est Arnauld de Villeneuve, médecin de Montpellier (1246), qui a laissé sur la médecine de nombreux ouvrages remplis d’observations pleines d’in¬ térêt et un traité de pharmacologie qui prouve de vastes lumières en chimie. Ses écrits sont difficiles à lire à cause de l’obscurité de son style. On y trouve la recette de la pierre philosophale et le mode de transmutation des métaux. Il y parle de l’émétique et du sublimé cor¬ rosif, et on lui attribue la découverte de l’alcool. Son plus brillant disciple , le type de l’alchimiste, l’inventeur du four¬ neau nommé athanoret delà médecine universelle, est Raymond Lulle de Barcelone, qui, pendant cinquante années, parcourut l’Europe pour ob¬ tenir l’assistance des princes dans son projet de convertir les Algériens à la foi chrétienne et d’abolir l’esclavage , et qui fut enfin lapidé par le peuple de Bougie. Malgré cette existence aventureuse et vagabonde , il trouva le moyen d’écrire sur la médecine, la physique, la chimie, la théologie ; et, en dégageant ses écrits des rêveries alchimiques qu’ils renferment , on est surpris de l’érudition et de la méthode qui y régnent. Il rendit de grands services à la chimie en employant la voie humide dans la recherche de la pierre philosophale, procédé qui attira l’atten¬ tion des alchimistes sur les produits que fournissent les corps par la distillation. Albert le grand , évêque de Ratisbonne , fut encore un des auteurs les plus remarquables de ce siècle. Il quitta la chaire épiscopale pour se livrera l’étude des sciences, dont il a embrassé toutes les branches; et il écrivit plusieurs livres sur l’alchimie. Son ouvrage sur les minéraux est composé avec plus de sagesse qu’on n’en pouvait attendre de celte époque. Il partage, il est vrai, l’opinion de Geber sur la nature des métaux; niais DISCOURS PRÉLIMINAIRE. vxxlx ses observations sont souvent fort judicieuses et indiquent un homme versé dans les procédés métallurgiques employés de son temps. Ses traités sur les plantes , les animaux , le sommeil et la veille , les prin¬ cipes du mouvement progressif chez les animaux, les aliments et l’ali¬ mentation , suffisent pour le disculper de l’accusation de magie portée contre lui. On voit qu’ Albert était un homme d’une science profonde, et que toutes les erreurs répandues sous son nom, et qui le rabaissent au rôle de charlatan, sont autant d’injures faites à sa mémoire. Ses disciples les plus célèbres furent Thomas de Chantepré, Ambrosius Senensis, Al¬ bert de Saxe, qui fit paraître un traité sur les plantes, les pierres et les minéraux et qui commenta Aristote , Thomas d’Aquin, qu’on suppose avoir été pénétré des doctrines de son maître. On attribue à ce dernier, sur l’autorité de Pic de la Mirandole , un ouvrage d’alchimie, intitulé De re metallicâ; ce travail, s’il en était l’auteur, ferait plus d’honneur à son jugement que sa fameuse Somme théologique. Parmi ses plus il¬ lustres contemporains, se trouvent Vincent de Beauvais, dont le Miroir doctrinal renferme l’idée d’une classification méthodique des sciences , sur lesquelles il donne de précieux détails ; Pierre d’Abano , philo¬ sophe et médecin , et Conrad d’Halberstadt qui écrivit sur l’ensemble des sciences naturelles avec beaucoup de succès. On cite encore un frère prêcheur, nommé Théodoric, qui expliqua la cause des arcs-en-ciel aussi bien que le fit plus tard Antoine Dominis. A la fin de ce siècle brillent Jes Trouvères dont les chants annoncent le réveil de l’intelligence, et favorisent les progrès des lumières en don¬ nant aux langues de l’Europe une forme plus arrêtée. Les républiques italiennes, Gênes et Venise surtout, contribuèrentpar l’étendue de leur commerce à la diffusion des lumières et aux progrès de la géographie. Quelques voyageurs visitèrent l’Asie. Guillaume Ruys- broek ou Rubruquis, moine franciscain, fut envoyé en 1258, par le roi Louis IX, au Khan des Tartares , qui voulait, disait-on, se convertir à la foi chrétienne, et la relation qu’il publia de son voyage fit connaître l’O¬ rient. Marco Polo visita le Japon et quelques provinces de la Chine, où personne n’avait pénétré avant lui. Ce voyage est d’un grand intérêt pour la science; car Marco Polo était un homme d’un profond savoir, et ses observations sur les productions naturelles des pays qu’il a parcourus sont d’une exactitude remarquable. Frédéric II, le puissant empereur d’Allemagne (1250), fut un des plus ardents protecteurs de la science. Il établit plusieurs écoles en ï.\XV D ISOOURS iJ R KLIMIN AIRE. Sicile, augmenta leclat de celles de Saîerne et du Mont-Cassin et fonda à Païenne une académie poétique , dans laquelle il sollicita la faveur detre admis avec ses fils. Il composa sur lâchasse à l’oiseau un ouvrage qui traite des oiseaux de terre, d’eau et de passage, de leur structure, de leur vol et de leurs mœurs. Sous le règne de ce prince , les mines d’Allemagne furent exploitées avec une grande activité. Il favorisa beaucoup la médecine, recom¬ manda l’étude d’Hippocrate et défendit de pratiquer à ceux qui ignoraient l’anatomie humaine. Il ordonna le premier des dissections dans les écoles de l’empire ; mais, pour obtenir l’autorisation d’en faire une seule par an , il fallait une bulle du pape, ce qui dura jusqu’à la fin du xve siè¬ cle. Comme il ne pouvait retrouver le texte grec de l’almageste de Fto- lémée, il en fit traduire en latin la traduction arabe. Au xive siècle appartiennent un grand nombre d’alchimistes, parmi lesquels nous citerons Nicolas Flamel , maître écrivain de Paris , qui fut en outre peintre, architecte, poète, philosophe et mathémati¬ cien. Il raconte, dans son livre des hiéroglyphes, qu’en faisant des inventaires pour gagner sa vie, il lui tomba sous la main un ou¬ vrage d’alchimie ayant appartenu à des Juifs et contenant le se¬ cret de la pierre philosophale. Ne comprenant pas les caractères mystérieux dont ce livre était rempli , il fit le voyage d’Espagne et alla trouver un rabbin qui lui apprit que ce livre était du célèbre Abraham le Juif, et lui en expliqua le sens. A partir de cette époque, Flamel acquit de grandes richesses que l’ignorance publique attribua à l’alchimie , mais dont l’origine est inconnue. On croit qu’il fut chargé par les Juifs encore exilés de France du recouvrement de leurs créances; et, si ce fait est exact, les causes de sa fortune seraient moins douteuses. Nous mentionnerons aussi un certain Riplée, qui donne dans ses œuvres la recette de la pierre philosophale, recette que nous citerons en entier comme un des monuments les plus curieux de la science du moyen âge. « Pour faire, dit-il, F élixir des sages , la pierre philosophale, il faut prendre, mon fils, le mercure des philosophes (plomb), et le calciner jusqu’à ce qu’il soit transformé en lion vert (massicot). Après qu’il aura subi cette transformation, tu le calcineras davantage et il se changera en lion rouge (minium). Fais digérer au bain de sable ce lion rouge avec Y esprit aigre des raisins (vinaigre), évapore ce produit, et le mercure se prendra en une espèce de gomme qui se coupe au couteau (acétate de plomb). Mets cette matière gommeuse dans une cucurbite lutée, et con- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. I-XXXj (Juis la distillation avec lenteur. Recueille séparément les liqueurs qui te paraîtront de diverses natures. Tu obtiendras d’abord un flegme insi¬ pide, puis de l’esprit, puis des gouttes rouges. Les ombres cymériennes couvriront la cucurbite de leur voile sombre , et tu trouveras dans l’in¬ térieur un véritable dragon ; car il mange sa queue. Prends ce dragon noir, broie-le sur une pierre , touclie-le ensuite avec un charbon rouge, il s’enflammera, et prenant bientôt une couleur citrine glorieuse, il reproduira le lion vert. Fais qu’il avale sa queue et distille de nouveau le produit ; enfin, mon fils, rectifie soigneusement, et tu verras paraître Veau ardente et le sang humain (acide pyroacétique brut). » On voit que le langage mystique des alchimistes, la singularité des transforma¬ tions qu’ils ne pouvaient comprendre, ont dû longtemps exciter la curio¬ sité et l’admiration des ignorants. En 1345, les navigateurs génois et catalans retrouvèrent les îles des Canaries, bien connues des Phéniciens et dés Carthaginois. Cette décou¬ verte donna une nouvelle activité au commerce , et favorisa les progrès des études en multipliant les relations des peuples. Ce siècle vit paraître un traité d’anatomie , resté classique jusqu’en 1500 ; c’est celui de Mundinus, de Bologne, qui avait emprunté ses con¬ naissances à la science informe des Arabes. Il y avait cependant ajouté quelques observations directes ; mais elles devaient être bien peu nom¬ breuses, puisque, dans le cours de onze années, il ne disséqua que trois corps. Nous trouvons aussi, parmi les botanistes de cette époque, Gia- copo di Dondis, médecin de Padoue , qui inventa une horloge indiquant les jours , les mois , les fêtes de l’année , le cours du soleil et les phases lunaires. Il fit paraître, sous le titre (V Herbier vulgaire , un traité de botanique descriptive qui n’est qu’une compilation , à laquelle sont ajoutées , pour les plantes naturelles de l’Italie , des descriptions plus exactes que celles qui avaient été faites avant lui. Le xve siècle fut un des plus féconds en événements propres à in¬ fluer sur les progrès de l’esprit humain. En 1431, Guttenberg découvre l’imprimerie, et vient ainsi en aide aux esprits qui, de toutes parts, se montraient plus que jamais avides de lumières. Les chefs-d’œuvre an¬ tiques, écrits sur du papyrus ou du parchemin , et reproduits en petit nombre par des copistes inexacts ou ignorants , avaient presque entiè¬ rement disparu dans les commotions du moyen-âge ; l’art typogra¬ phique, en en facilitant la reproduction, les garantit d’une ruine com¬ plète , et mit les trésors de la science à la portée de tous les hommes» k <9 iiXxxij DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Bientôt ce ne forent plus seulement les rois et les seigneurs qui purent avoir des livres ; le peuple commença à jouir des bienfaits de l’instruc¬ tion, et les belles intelligences, restées stériles faute de culture, vinrent puiser à cette nouvelle source de précieuses connaissances qu’elles ac¬ crurent à leur tour. Le Bas-Empire, sans cesse menacé par les Ottomans et livré au scan¬ dale de la plus honteuse dépravation, finit par succomber. En 1453, Con¬ stantinople tomba sous le joug de Mahomet II; et les savants grecs, chassés de leur patrie par le vainqueur, cherchèrent un refuge en Eu¬ rope, où ils répandirent les sciences de l’antiquité et firent mieux con¬ naître la langue d’Aristote. Au xme siècle, un concile avait anathématisé les écrits du philosophe de Stagyre, en en défendant la lecture sous peine d’excommunication ; mais, trente ans à peine après la proscrip¬ tion de ses oeuvres , une réaction s’était opérée en sa faveur dans la partie éclairée du clergé; il devint l’idole du xve, l’oracle de la philoso¬ phie; et le pape Nicolas V ordonna de traduire ses ouvrages en latin. Quand on songe aux discussions puériles, aux conceptions étroites, aux querelles intolérantes dont le nom d’Aristote était devenu l’occasion ou le prétexte, on s’étonne de voir l’émancipateur de la pensée devenu, après deux mille ans, un obstacle à l’affranchissement de l’esprit. L’Amérique , connue des anciens Scandinaves depuis plus de quatre siècles, sans que le souvenir de sa découverte eût été conservé par l’Eu¬ rope, est retrouvée, en 1492, par Christophe Colomb qui cherchait un passage pour aller aux Indes. Le nouveau continent, en ajoutant un monde à celui que connaissaient les anciens, fut pour les sciences phy¬ siques une nouvelle cause de progrès , pour l’histoire naturelle une mine féconde par la nouveauté de ses productions, et un heureux stimulant pour les esprits. La cupidité des Portugais , enflammée par le succès des navigateurs espagnols, leur fit braver les dangers d’une traversée longue et périlleuse, afin de découvrir des pays inconnus. La fortune sourit à ces audacieux aventuriers. Vasco de Gama osa le premier parcourir l’im¬ mense étendue des côtes de l’Afrique, doubla le cap de Bonne-Espérance; et, après des fatigues sans nombre , fit connaître à l’Europe la route des Indes. Ces nouvelles voies ouvertes à l’humanité ne furent d’abord fréquentées que par des hommes avides de richesses; mais ceux-ci fi¬ rent bientôt place a des observateurs, qui les parcoururent en tous sens, au grand avantage de la science. Les œuvres des naturalistes anciens, regardées alors comme infail- DISCOURS PRELIMINAIRE. 1.XXX1!! libles et dispensant de toute observation, furent en partie traduites dans le cours de ce siècle et trouvèrent de nombreux commentateurs , dont les plus célèbres sont : Théodore Gaza , qui traduisit en latin I histoire des animaux d’Aristote, celle des plantes de Théophraste, et les aphorismes d’Hippocrate; George Yalla, médecin de Venise, célèbre par son livre De expetendis et fugiendis rébus ; Hermolaiis Barbaro , pa¬ triarche d’Aquilée, qui a laissé une traduction de Dioseoride, des para¬ phrases sur Aristote et une édition de Pline le naturaliste, dans laquelle il corrigea cinq mille passages, en substituant cependant quelques er¬ reurs à celles qu’il faisait disparaître. Jean de Cuba publia, sous le litre de Jardin de la saute, un traité de botanique médicale, qu’il accompa¬ gna de figures sur bois. La chimie, que nous avons vue naître à Constantinople, puis cultivée par les Arabes d’Espagne qui la transmirent à l’Europe, se répandit au com¬ mencement du xve siècle en Italie et en Allemagne , où ses applica¬ tions métallurgiques la firent accueillir favorablement ; elle y arriva mêlée à de grossières superstitions; mais ce furent ces erreurs même qui la firent adopter par les amis du merveilleux. La transmutation des mé¬ taux , la recherche de la pierre philosophale et de la panacée univer¬ selle devinrent pour celte science autant de causes de progrès. Les peu¬ ples ignorants s’inclinèrent avec respect devant l’appareil mystérieux et imposant dont s’entouraient les alchimistes, et les princes se déclarè¬ rent les protecteurs d’une science qui leur promettait de faciles richesses. La véritable science naît cependant de ces creuses rêveries ; et les ou¬ vrages de Basile Valentin, qu’on suppose avoir été un bénédictin d’Erfurt, ont fait connaîtreles propriétés pharmaceutiques de l’antimoine ainsique certaines préparations médicinales encore en usage de nos jours, et dont le nom vulgaire s’est même conservé. Sa théorie chimique n’est qu’une reproduction de celle des trois principes, adoptée par les Arabes d’Es¬ pagne, et les manipulations chimiques qu’il avait décrites, conservèrent la même forme jusqu’au xviT siècle. Les astronomes les plus célèbres de ce temps furent George van Purbach et Jean Millier, son disciple, plus connu sous le nom de Régio- montanus ; ils préparèrent la grande réforme que Copernic devait ac¬ complir. Ce furent aussi d’habiles physiciens ; ils laissèrent des ouvrages estimés sur les poids et mesures, la conduite des eaux, les miroirs ar¬ dents, etc.; et Wallher, un de leurs contemporains, étudia les effets de la réfraction. Ce fut à celte époque (1456) que parut la fameuse comète I.XXXl V DISCOURS PRELIMINAIRE. dont la périodicité a été constatée, et qui a reparu en 1835. Son appa¬ rition répandit dans toute l’Europe la plus profonde consternation, et fut considérée comme le présage de grandes calamités publiques. Ici finit le moyen âge et commence l’époque moderne. Nous y ver¬ rons la science se créer lentement, sans secousses, sans perturbations violentes; et, après de nombreuses transformations, de longues et pénibles études, devenir ce qu’elle est aujourd’hui ; c’est-à-dire riche en faits, riche en expérience, et non plus fondée sur des hypothèses. TROISIÈME PARTIE. TEMPS MODERNES. Histoire des sciences naturelles depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours. Les. temps modernes dont les premiers âges se lient d’une manière presque immédiate à l’antiquité, où ils cherchent à puiser de nouvelles connaissances, succédèrent à une longue et ténébreuse époque qui n’avait guère laissé dans la science que de vagues souvenirs, des réminiscences incomplètes et des erreurs sans nombre. Par l’effet d’une sorte de pré¬ destination qui semble être le résultat de la tendance de l’homme au progrès, les études, enchaînées l’une à l’autre par des liens étroits, se développent dans l’ordre nécessaire de leur importance ou en raison in¬ verse des entraves qui les ont comprimées. Chaque siècle est dominé par une série d’études qui absorbent toutes les autres, jusqu’à ce qu’au milieu de commotions politiques , religieuses ou sociales qui sont au¬ tant d’excitations nouvelles , les sciences qui composent le savoir humain , ayant acquis un égal degré de développement et se servant mutuellement d’auxiliaires, finissent par former un réseau tellement étroit qu’on ne peut se renfermer dans une spécialité sans devenir in¬ complet. L'histoire des siècles précédents a un caractère scientifique négatif, et DISCOURS PRÉLIMINAIRE. I.WXV se trouve mêlée à des faits qui intéressent le perfectionnement général de l’humanité; mais dans l’histoire des trois derniers siècles nous n’aurons pas besoin de beaucoup de digressions pour lier entre elles les diverses époques , la science seule suffira pour opérer cette liaison et nous ne mentionnerons les grands événements extérieurs qu’autant qu’ils pour¬ ront nous en expliquer les progrès. ffi. Etat des sciences naturelles au XVIe siècle. Le xvie siècle riche des découvertes du xve, stimulé par les con¬ quêtes transocéaniennes de l’Europe et violemment agité par les ar¬ dentes querelles de la réformation , ne resta pas oisif au milieu des trésors qui l’environnaient de toutes parts et sollicitaient son activité ; mais son émancipation était de trop fraîche date pour qu’iî pût se délivrer de toutes ses entraves; aussi fut-il longtemps soumis à l’autorité des anciens dont les travaux incomplets servaient de texte à mille commentaires , et soulevaient d’âcres controverses. Peu-à-peu cependant l’autorité s’ébranla; les hommes de science ne se contentèrent plus de croire sur parole des auteurs dont les œuvres avaient été mutilées par les copistes ou qui s’étaient trompés eux-mêmes; les défenseurs de l’antiquité furent obligés de s’avouer vaincus et de reconnaître qu’en fait de science il n’y a pas de révélation , et que l’expérience est l’unique source du savoir. L’astronomie, cultivée avec éclat par les Arabes d’Espagne, passa en Europe sous la forme dont ils l’avaient revêtue, et jusqu’au xvie siècle on suivit Ptolémée, sans songer à le réformer. Copernic, qui appartient plus au xvie siècle qu’au xve, fut choqué de la contradiction que le système de Ptolémée présentait avec les lois phy¬ siques, en faisant tourner les planètes autour de la terre. Il renouvela le système des pythagoriciens, plaça le soleil immobile au centre du monde , et lit de la terre une planète, qui se meut comme les autres au¬ tour de l’astre central. Il détermina les dimensions des orbes décrits par lxxxv] DISCOURS PRÉLIMINAIRE. les corps planétaires , et réduisit la révolution diurne du ciel à une sim¬ ple illusion d’optique. Ce système, si simple et si logique, rencontra cependant des contra¬ dicteurs. Tycho-Brahé , auquel la science doit de grandes découvertes, telles que la variation de la lune, le mouvement de ses noeuds, l’inclinai¬ son de son orbite, etc., ne l’adopta pas. Tout en avouant les vices de celui de Ptolémée, il ne voulut pas reconnaître au soleil sa place au centre du monde. Il y mit la terre, autour de laquelle il lit tourner le soleil , entraînant avec lui les planètes dans sa révolution annuelle. Ce système, contraire aux lois de la saine physique, mais qui ne change pas l’apparence des phénomènes , fut soutenu avec chaleur par Longomontanus, Morin et Riccioli. En 1519, le voyage autour du monde , commencé par Magellan et terminé par son lieutenant, mit hors de doute la sphéricité de la terre ; et à la fin du xvie siècle, sous le pontificat de Grégoire XIII, eut lieu la réforme du calendrier, réclamée depuis longtemps avec instance par les astronomes. En \ 582, on était de dix jours en retard sur les phénomènes qui règlent le retour des saisons. Pour rentrer dans l’ordre normal , on supprima dix jours au mois d’octobre ; et l’Europe entière, à l’exception des Grecs et des Russes, adopta cette réforme. Les grands travaux en physique ne sont pas nombreux à cette époque; les connaissances des anciens forment encore le fond de la science, et il n’y fut ajouté que peu de choses. Cependant nous y trouvons l’impor¬ tante découverte de la déclinaison de l’aiguille aimantée, observée par Sébastien Cabot dans un voyage au nord de l’Amérique, pour chercher un passage qui pût conduire en Chine. Frascator découvrit le principe de la décomposition du mouvement ; Stévin trouva le véritable rapport: qui existe entre la puissance et le poids dans le plan incliné. En 1560, le Napolitain Porta, qui s’occupait de magie et de sciences occultes, per¬ fectionna la chambre obscure et forma le plan d’une encyclopédie. Mau- rolicode Messine publia, sur le mécanisme de la vision, une théorie fort avancée qui lui fit découvrir les moyens de remédier aux défauts de la vue, en employant des verres concaves pour les myopes et convexes pour tes presbytes. A la fin de ce siècle , Gilbert de Colcliester fit paraître un traité sur le magnétisme et l’électricité , et Dominis, évêque de Spalatro, donna une bonne théorie de la formation de l’arc-en-ciel intérieur. L’alchimie, fondée sur une idée peut-être mal définie plutôt qu’erronée, mais sérieusement occupée d’études sur l’analyse et la synthèse des corps, DISCOURS PRÉLIMINAIRE. I.XXXVlj était devenue un moyen d’acquérir des richesses aux dépens des hommes crédules; à Basile Valentin, véritable chimiste, avaient succédé d’indignes charlatans. Les attaques d’Érasme de Rotterdam et de Ben Johnson contre les alchimistes jetèrent sur leurs recherches un tel ridicule, que Y art de faire de l’or tomba bientôt dans le discrédit. Il n’en fut pas de même delà préparation du remède universel qui occupait toutes les têtes. Au commencement du xvie siècle, les Rosecroix parurent en Alle¬ magne. Cette mystérieuse société, bravant le ridicule, s’occupa active¬ ment d’alchimie, d’astrologie et de cabale; et, quoiqu’elle ait poussé celte manie jusqu’à une exaltation maladive, elle rendit quelques services à la science. Cardan, habile mathématicien, dont les découvertes indiquent un vaste génie, se jeta à corps perdu dans les sciences occultes, et y entraîna un grand nombre de savants, surtout parmi les médecins, qui cherchaient alors de bonne foi la panacée universelle et s’évertuaient à préparer des remèdes secrets. C’est à l’influence de ces idées qu’on dut Paracelse , un des plus célè¬ bres médecins-alchimistes de cette époque. Plutôt aventurier que savant, il courait par les chemins, hantant les cabarets et les bouges, deman¬ dant aux vieilles femmes si elles connaissaient des secrets, et travaillant sérieusement au grand œuvre. A travers les absurdités cabalistiques répandues dans ses ouvrages, on trouve de bonnes et saines idées de chimie, noyées dans un langage ridicule. On doit cependant à Paracelse une heureuse innovation, celle des cours publics en langue vulgaire; ce qui contribua à populariser les études scientifiques. Il introduisit l’un des premiers dans la thérapeutique des sub¬ stances préparées chimiquement ; mais un des plus fâcheux résul¬ tats de la médecine alchimique fut de faire croire à l’inutilité des études pathologiques. On se contentait de préparer des remèdes se¬ crets; et, comme les malades sont toujours portés à ajouter foi aux pro¬ messes des charlatans, la nouvelle médecine eut un succès prodigieux. A la renaissance des lettres, l’Italie, qui avait été si longtemps à la tête des nations, reprit son antique renommée ; ce fut dans ce pays que les sciences naturelles, et surtout l’anatomie, furent cultivées avec le plus de succès. Zerbis et Achillini (1500 à 1512) se contentèrent de commenter Mundinus; mais Bérenger de Carpi fit des études sérieuses, et porta par ses travaux un coup terrible à l’autorité de Galien, encore toute r.xxxvnj DÏSCO l) R S PRE L [MINAI R E . puissante. A cette époque, les grands artistes italiens étudiaient l’ana¬ tomie avec enthousiasme. Vésale , disciple de Sylvius , fut un des anatomistes les plus célèbres du xvie siècle. Ï1 s’attacha à relever les erreurs de Galien , et détruisit pour toujours son influence sur les études. Il publia, en 1543, sa grande anatomie, remarquable par les planches magnifiques dont elle est ornée. Ses nombreuses observations apportèrent dans la science d’impor¬ tantes rectifications; mais l’acharnement qu’il mit à attaquer Galien, afin de prouver que les descriptions de ce médecin se rapportent, pour la plupart , à des animaux et non à l’homme , lui valurent de cruelles persécutions. La fin de Vésale , dont la vie avait été une longue polé¬ mique, fut déplorable : ayant ouvert le corps d’un gentilhomme espagnol dont on vit palpiter le cœur sous le scalpel, il fut accusé de l’avoir disséqué vivant et se vit condamner à faire un pèlerinage à la Terre-Sainte. A son retour, il mourut de faim dans l’île de Zante, où l’avait jeté la tempête. Après Vésale, dont les travaux régénérèrent la science, tous les anatomistes le prirent pour guide; deux de ses contemporains, Fallope et Eustache , acquirent une juste célébrité. Le premier , successeur de Vésale à l’école de Padoue, a laissé d’excellents travaux sur l’os- téologie du fœtus et sur la structure de l’oreille interne. Un des mérites de cet anatomiste est d’avoir discuté avec une modération et une bonne foi inconnues à cette époque. On trouve dans ses écrits que le grand-duc de Toscane livrait aux anatomistes des criminels, pour qu’ils les missent à mort comme ils le jugeraient convenable et en fissent le sujet d’observations. Princeps jubet, dit-il, ut nobis dent ho- minem quem nostro modo interficimus et ilium anatomisamus . Eustache se livra à des travaux spéciaux sur diverses parties de l’orga¬ nisme ; et, quoique ses recherches sur l’organe de l’ouïe laissent encore dans le doute sur certaines découvertes qu’on lui attribue , on a donné le nom de trompe d’ Eustache au canal qui va de l’oreille interne à l’ar¬ rière-bouche. Il s’occupa avec beaucoup de succès d’anatomie comparée, et il est certain qu’il avait découvert et décrit le canal thoracique du che¬ val, retrouvé chez l’homme par Pecquet, et qui porte le nom de cet anato¬ miste. Par suite d’une fatalité qui nuisit à la science et à la gloire de ce grand homme , son traité d’anatomie est resté inédit jusqu’au com¬ mencement du xvme siècle ; de sorte que , pendant un siècle et demi, il perdit le droit de priorité pour ses propres découvertes. Eustache eut le défaut de discuter avec aigreur , et montra, dans la polémique qu’il DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Ixxxix I soutint contre Vésale, un acharnement indigne d’un homme supérieur. Fabrizio d’Aquapendente s’occupa avec succès d’anatomie comparée, et n’isola pas , comme l’avaient fait Vésale et Sylvius , l’homme des autres mammifères. Il étudia avec soin la structure des veines, sans découvrir le phénomène de la circulation ; mais il facilita beaucoup cette découverte , et ce furent ses. travaux qui mirent Harvey sur la voie. Il a laissé un beau travail, accompagné de planches, sur le développe¬ ment du poulet, et il avait dessiné trois cents planches d’anatomie com¬ parée, qui ont été perdues après sa mort. Casserius et Spiegel furent les derniers professeurs de l’école de Padoue qui, après eux, tomba en décadence. Ingrassias de Palerme fut célèbre par ses connaissances générales en anatomie, et particulièrement par ses descriptions ostéologiques ; on lui doit l’institution des lazarets. Botal d’Asti décrivit le premier avec exactitude la perforation du cœur dans le fœtus, déjà connue de Galien ; et l’on a, par reconnaissance, donné le nom de trou de Botal à cette dis¬ position organique. Varole, professeur de Bologne, a laissé, dans son livre de Resolutione corporis humani, une méthode nouvelle de dissé¬ quer le cerveau : au lieu de le couper , comme les anatomistes de son temps, en tranches horizontales, en commençant par la partie su¬ périeure , il le prend par la base , part de la moelle allongée , et suit les fibres à travers la protubérance annulaire jusqu’aux cou¬ ches optiques où elle paraît s’épanouir. Colombo et Césalpin se dis¬ tinguèrent aussi par leurs travaux; tous deux décrivirent la petite circulation, et entrevirent vaguement la grande. La France peut opposer à ces savants Italiens, Ambroise Paré, le père de la chirurgie , le premier qui se soit occupé d’ostéologie comparée , et qui ait prouvé que dans le squelette de l’oiseau il y a des parties ana¬ logues à celles des mammifères. Servet, un des plus habiles élèves de l’Allemand Gïinther, qui vint à Paris, en 1530, professer l’anatomie, et eut pour élèves les plus célèbres anatomistes du xvi* siècle, a décrit fort nettement la circulation pulmo¬ naire; il eût fait faire un grand pas à la science si, poursuivi par l’implacable Calvin, comme anti-trinitaire , il n’eût été brûlé à Genève, en 1553. Il faut noter encore parmi les hommes distingués de l’école de Günther , Charles Étienne, parent des célèbres imprimeurs de ce nom ; Dubois d’Amiens, plus connu sous le nom de Sylvius , et cité pour l’é¬ clat de son talent, la brutalité de ses manières et l’âcreté de ses contro- xc DISCOURS PRELIMINAIRE. verses; Dulaurens, médecin d'Henri IV, dont les ouvrages brillent plus parla forme que par le fond, et le célèbre botaniste G. Bauhin, dont on a une excellente description du cerveau. L’Allemagne est représentée dans les études anatomiques par Leon- bard de Tubingue, Plater de Bâle et Coiier de Groningue, qui s’est li¬ vré à de grands travaux d’ostéologie comparée. L’Espagne compte parmi ses anatomistes Collado, qui s’attribua la découverte de l’étrier de l’oreille, et André de Laguna de Ségovie, com¬ mentateur d’Hippocrate, d’Aristote, de Galien, et traducteur de Dios- coride. On voit dans son Anatomica metliodus qu’il s’était approché de bien près de la découverte de la circulation. A côté des anatomistes viennent se placer les physiologistes qui cher¬ chent à expliquer par des théories les causes de la vie et le jeu des organes. Argentier introduisit dans cette science la méthode salutaire de soumettre les idées théoriques à la discussion la plus libre, sans recon* naître d’autre autorité que celle de la raison. Il démontra l’absurdité du principe de la pluralité des esprits animaux, et prouva qu’une seule force vitale explique d’une manière satisfaisante l’action des organes. Paracelse fonda sa physiologie sur les idées cabalistiques. Il dé¬ daigna l’étude, dans la pensée que la contemplation suffît pour acquérir toutes les connaissances. Cette doctrine inintelligente, mais flatteuse pour les esprits paresseux, fit école et trouva beaucoup d’a¬ deptes. Quoique l’anatomie ait plus spécialement occupé le xvie siècle, la zoologie eut sa part dans les études générales ; et c’est encore en Italie qu’on en publia les premiers travaux. En 1524, Paul Jove, de Corne, donna une description des poissons qui se trouvent sur les marchés d’Italie ; mais son ouvrage n’offre d’intérêt que comme nomenclature. Dans le même temps, Massaria, médecin vénitien, écrivait un com¬ mentaire sur le 9e livre de Pline ; et Pierre Gilles, d’Alby, voyageur instruit et intelligent, à qui l’on doit quelques travaux monographiques, mettait Élien en ordre. Ces premiers essais servirent de guide à l’Anglais Édouard Wotton , qui écrivit un traité de zoologie particulière et comparée , dans lequel il prit Aristote pour guide. Bientôt parurent des ouvrages plus importants. Pierre Belon, du Mans, écrivit une histoire naturelle des poissons marins, dont les figures furent empruntées à Daniel Barbaro, ambassadeur de Venise à la cour d’ Angle- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xcj terre et patriarche d’Aquilée, qui avait fait peindre trois cents poissons de l’Adriatique. Belon inséra dans les relations de ses voyages en Orient et en Grèce de nombreuses descriptions d’animaux, et publia, en 1555, une histoire naturelle des oiseaux, dédiée à Henri II , avec un traité de la chasse à l’oiseau de proie , alors fort en vogue. Il s’occupait de la traduction de Théophraste et de Dioscoride , lorsqu’il fut assassiné en 1566, sur la route du bois de Boulogne, où il habitait le château de Madrid. Belon est un écrivain d’une naïveté remarquable; ses travaux portent toutefois le cachet d’une critique fort saine , pour lepoque où il écrivait. Il peut être regardé comme ayant le premier ouvert la voie aux anatomistes philosophes par ses observations comparatives sur les organes des animaux. Salviani, de Borne, écrivit aussi sur l’ichLhyoiogie, et accompagna son ouvrage de planches assez bonnes comme exécution, mais d’une ex¬ trême faiblesse sous le rapport de la précision des caractères. Rondelet, de Montpellier, contemporain de ces deux naturalistes, fut un des hommes les plus érudits de son temps. Il publia, en même temps que Belon et Salviani, un ouvrage d’ichthyologie, accompagné de plan ches d’une grande perfection sous le rapport des caractères. Son texte est savant, et ses descriptions sont très exactes, surtout pour les poissons de la Méditerranée. On trouve dans Rondelet, qui avait des connaissances anatomiques assez étendues , une ébauche de méthode naturelle : il avait établi ses coupes sur les rapports existant entre les espèces. Son ouvrage, classique jusqu’à la moitié du xvme siècle, peut encore être consulté avec avantage. A la même époque, Longolius, d’Utrecht, et Turner, de Morpeth, écri¬ virent de petits traités d’ornithologie, dénués d’importance. Le flambeau du xvT siècle est Conrad Gessner, de Zurich, homme d’une érudition profonde. Après avoir passé sa jeunesse dans une misère qui le força de recourir à la charité des chanoines de Zurich et d’un Bernois, O son ami, il s’occupa d’études médicales, d’histoire naturelle, de biblio¬ graphie, de philologie et de géographie descriptive ; il traduisit du grec et de l’arabe des ouvrages de botanique et de médecine ; mais son œuvre capitale est son histoire des animaux, en 5 volumes in-folio. C’est un traité de zoologie générale comprenant la synonymie, des descriptions, des dé¬ tails physiologiques, anatomiques, nosologiques et ethnographiques qui supposent des recherches immenses. On n’a de lui que des rapproche¬ ments et pas de classification; mais il indique avec précision les rapports DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xcij sur lesquels elle peut être établie. Gessner brille par la justesse de son esprit. C’est un compilateur habile, un critique plein de finesse et de sa¬ gacité ; aussi son ouvrage doit-il être souvent consulté. Aldrovande, d’une famille patricienne de Bologne, fut contemporain de Gessner. Il publia une longue série de travaux sur les sciences natu¬ relles. Ses écrits indiquent une grande facilité, mais il n’a pas la saga¬ cité de Gessner, et il a moins observé par lui-même. Uterverius, deDeift, successeur d’ Aldrovande ; Barthélemy Ambrosinus et Thomas Dunster, professeur de Bologne, publièrent, après sa mort, aux frais de la ville, les dix volumes in-folio qui forment le complément des quatre qu’il avait fait paraître pendant sa vie, et dans lesquels leurs travaux sont mêlés aux siens. On ne voit pas de traces de méthode dans Aldrovande; il suit l’ordre adopté par Aristote, et n’a fait un essai de classification que pour les insectes ; encore a-t-il pris ce philosophe pour guide. L’apparition de ces deux célèbres zoologistes contribua beaucoup aux progrès des études zoologiques, dont ils furent les plus intelligents promoteurs. Olaüs Magnus a donné , dans son histoire des nations septentrionales, des détails fort curieux sur la zoologie du Nord. On trouve cependant en¬ core dans son livre des préjugés empruntés aux anciens. Il parle, entre autres animaux fabuleux, du Kraken , poulpe gigantesque qui de ses longs bras enlace les navires et les entraîne dans l’abîme. Cet écrivain n’est pas très scrupuleux ; car il donne comme résultat d’observations personnelles des faits empruntés à Gessner et à Aldrovande. Clusius (De f Écluse), d’Arras, quoique n’ayant jamais quitté son cabi¬ net, a écrit, sous le titre d ' Exoticorum librix , quibus animalium his¬ toriée describuntur , un ouvrage fort intéressant sur toutes les branches des sciences naturelles. On y trouve un grand nombre de faits nouveaux. Il a décrit le premier la roussette, espèce de chauve-souris à ailes gi¬ gantesques. Nous comptons au nombre des naturalistes les voyageurs que l’Amé¬ rique appelait dans ses vastes déserts, et nous citerons, parmi ceux qui ont laissé une relation de leurs observations , Gonzalès , d’Oviédo , d’Acosta et Hernandez. Nous y joindrons Bernard de Breidenbach , Gui- landinus et Rauwolf qui ont visité le Levant, et ont consigné dans la re¬ lation de leurs voyages des détails fort curieux sur l’histoire naturelle de ces contrées. Ce dernier a laissé un herbier très précieux des plantes recueillies par lui dans ses excursions ; cet herbier se voit encore aujour- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xeiij d’hui à Leyde. Prosper Alpin a donné une histoire naturelle de l’Égypte. L’Europe septentrionale, où se répandait la civilisation, ayant assez adouci ses mœurs pour qu’on pût la visiter, Herberstein et Possevin par¬ coururent la Moscovie et les pays du nord , et en firent les premiers connaître les productions naturelles. A cette époque si voisine encore de la découverte du Nouveau-Monde et de celle de la route des Indes orientales, la manie des colonisations s’é¬ tait emparée de tous les esprits. Elle ne tarda pas à gagner les Français. En 1555 , l’amiral Coligny favorisa l’émigration au Brésil de quelques familles protestantes. Cet établissement, qui n’eut qu’une courte durée, produisit deux ouvrages d’histoire naturelle, ceux deThevet et de Jean de Léry. Ici s’arrêtent les travaux zoologiques de ce siècle. Nous passerons ra¬ pidement en revue les botanistes qui sont plus nombreux, la phytologie descriptive étant d’une observation beaucoup plus facile, parce que les plantes peuvent être transportées dans des jardins où elles s’acclimatent et que leur dépouille se conserve sans autant d’altération. L’Italie, qui avait produit les premiers anatomistes, eut la gloire de fournir aussi les premiers botanistes. Leonieenus, Monardus et Brasa- vola, plus connu sous le nom d’Antonius Musa, sont de simples com¬ mentateurs des auteurs anciens. Ce dernier posséda le premier, depuis Théophraste, un jardin botanique. Matthiole, de Sienne (1550), célèbre commentateur de Dioscoride, a publié un nombre considérable de figures ombrées assez exactes ; mais on n’avait pas encore songé à faire connaître les caractères botaniques des plantes; on ne les représentait que sous leur aspect général. Do- doens Rembert, professeur à Leyde, est encore un commentateur de Dios¬ coride. Ruel, qui vivait au commencement du xvie siècle, publia une compilation des botanistes anciens, et il confondit souvent les plantes décrites par ces auteurs avec celles qui croissent en France. Son traité De naturâ stirpium est l’un des plus volumineux ouvrages de botani¬ que publiés à cette époque. L’Allemagne comptait alors plusieurs botanistes distingués : Brun- fels, auteur d’une iconographie végétale; Tragus, les deux Cordus et Fuchs, qui joignirent à leurs commentaires sur les anciens des descrip¬ tions résultant de leurs observations, et accompagnèrent leurs ouvrages de figures au trait gravées avec beaucoup de soin. L’exploration des Indes orientales par les Portugais donna naissance XC1V DISCOURS PRÉLIMINAIRE. à des travaux botaniques d’un grand intérêt. Gardas publia à Goa, en 1563 , une histoire des plantes médidnales des Indes. Acosta en fit autant et y joignit une bonne description de la sensitive. Oviédo et Monardès, de Séville, firent connaître la Flore des Indes occi¬ dentales; ce dernier retraça l’histoire du tabac, plante dont les jongleurs indiens usaient souvent pour se procurer une ivresse prophétique; on trouve aussi dans son ouvrage la description du haricot , inconnu des anciens. Clusius fit connaître plusieurs plantes d’Amérique et donna le premier la figure delà pomme de terre. Nous ferons remarquer à cette occasion que cette plante, dont on a attribué l’importation à Raleigh, en 1585 , était déjà très répandue en Italie en 1586 , et qu’elle y servait à la nourriture des hommes et des animaux. Il est évident que ce sont les Espagnols qui l’ont apportée en Italie. Gomara, écrivain espagnol, nous apprend que ce précieux tubercule était employé comme plante alimentaire chez les habitants du Pérou septentrional. Au xvie siècle, des jardins botaniques s’établirent en Europe et le goût de l’horticulture commença à s’y répandre. Il se forma des jardins en Italie, en Allemagne et en France. Jusqu’à cette époque, ce n’avaient été que des établissements particuliers ; mais le grand-duc Corne Ier en créa un public, à Pise, en 1543. d’après les conseils de Luc Ghini. Pa- doue, Ferrare, Florence et Bologne eurent bientôt les leurs. La ville de Leyde suivit cet exemple; en 1597 seulement, l’université de Mont¬ pellier en eut un qui tomba bientôt faute de protection. Dès que ces établissements eurent été créés, on délaissa les ouvrages si obscurs et si incomplets des anciens, pour étudier les plantes sur la nature. Conrad Gessner , déjà célèbre par ses travaux en zoologie, fut le premier à poser en principe que c’est dans les organes de la fruc¬ tification, les seuls vraiment caractéristiques, qu’on doit chercher la base de la méthode de classification des végétaux. Ce principe si fécond en applications utiles ne fut cependant pas adopté. On continua à classer les plantes d’après certaines méthodes artificielles qui les groupaient en raison de leur ressemblance extérieure. Les figures des plantes que ce botaniste avait fait graver suivant son système furent publiées par Camerarius, savant directeur du jardin botanique d’Altorf, qui les mit dans un abrégé de Matthiole, qu’il édita en 1586. Lobel , médecin du prince d’Orange , puis botaniste de Jacques Ier, publia, en 1581 , un ouvrage dans lequel on reconnaît, pour la première DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xcv fois, quelques familles naturelles, telles que les graminées, les mousses, les orchidées, les labiées, les ombellifères, etc. Il a séparé d’une ma¬ nière nettement tranchée les monocotylédones des dicotylédones. Za- luzianski entrevit le premier les organes sexuels des végétaux. Césalpin, d’Arezzo (1583), suivit la méthode expérimentale d’Aristote et fut le créateur d’un système de botanique complet, avec des divisions vicieuses encore, mais qui cependant furent un acheminement vers la méthode naturelle. On doit d’autant plus s’étonner que Césalpin ait pu établir un tel système, qu’il n’avait, pour faciliter ses études, qu’un faible herbier de quinze cents plantes, dont sept à huit cents avaient été recueillies par lui-même. Dalechamps, Desmoulins son continuateur, etTabernæmontanus sont des botanistes routiniers, serviles imitateurs de l’ancienne méthode. Jean Bauhin donna, dans son histoire générale des plantes, un tra¬ vail de synonymie encore utile à consulter ; mais Gaspard Bauhin , son frère, rendit à la science phytologique un plus grand service en publiant son Pincix tlieatri botcmici , composé sur le même plan que l’ouvrage de Jean, et qui lui avait coûté plus de quarante ans de travail. On ne trouve pas, il est vrai, dans Bauhin un système complet de classification, mais il contient un essai de classement par genres qui ne manque pas d’intérêt. Ce botaniste a le mérite d’avoir essayé de fixer par un travail d’une critique judicieuse, la synonymie, déjà si multipliée, et il mit au dessous du nom de chaque espèce une petite phrase caractéristique ré digée avec soin. Son ouvrage, qui contient la description de près de six mille espèces de plantes, fit oublier tous ceux qui l’avaient précédé ; et, jusqu’à Linné il servit de guide aux botanistes. Nous citerons, à la suite des botanistes, l’agronome Olivier de Serres, à qui l’on doit la propagation du mûrier et des vers à soie. C’est encore en Italie que la science des minéraux prit naissance ; mais elle n’y fut qu’ébauchée. En 1502 , Leonardi, de Pesarro, écrivit un ouvrage sur les minéraux; imbu des préjugés de l’époque, il a rempli son livre d’erreurs et de fables sur les pierres gravées, ainsi que sur leurs vertus. Scudalupi et Stella suivirent ses traces. L’Allemagne , si riche en gisements métallifères, dont les trésors ex¬ citaient la cupidité des princes , fut bientôt à la tête de la science et lui fit faire de grands progrès. Le premier qui s’occupa avec succès de minéralogie fut Bauer, plus connu sous le nom d’Agricola. Son ouvrage De re metallicâ (15Û6) DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Xcvj resta longtemps classique sans être exempt de bien des erreurs; il consacre un long chapitre à la baguette divinatoire , au moyen de la¬ quelle on découvre les eaux et les trésors cachés. Cette croyance a été longtemps répandue , et nous trouvons encore dans nos campagnes des ignorants qui y ajoutent foi. Cet ouvrage est plutôt un traité de métal¬ lurgie que de minéralogie; mais il n’en est pas de même de son livre sur la nature des fossiles, mot par lequel il désigne tous les minéraux ; c’est un véritable traité systématique de minéralogie, et la méthode qu’il y suit domina la science jusqu’à l’époque où les substances minérales furent classées d’après leurs propriétés chimiques. L’ouvrage d’Encelius (1557), De re metallicâ , est mêlé à des idées d’alchimie sur la composition des minéraux; mais on y rencontre des vues de classification générale fort judicieuses. Nous retrouvons le célèbre Gessner parmi les minéralogistes ; il peut être regardé comme le premier qui ait écrit sur la cristallographie. A cette époque , on croyait généralement que les fossiles se forment natu¬ rellement au sein des masses minérales. Gessner n’avait pas adopté l’o¬ pinion vulgaire ; il admettait comme possible que ces dépouilles eussent appartenu à des êtres vivants. La France a eu la gloire de donner le jour au célèbre Bernard Pa- lissy, créateur de la géologie, mais plus connu comme auteur de ces charmantes faïences à figures en relief encore recherchées de nos jours. Palissy , dont le nom doit être cher aux sciences , n’était qu’un pauvre artisan sans études qui s’était formé seul ; aussi ne le voyons-nous pas entiché des préjugés dominants parmi les savants de son époque. Chez lui la science a toujours un côté pratique ; il est avant tout applicateur, et ses ouvrages sont exempts de ces formes ambitieuses qui hérissent l’étude de difficultés inutiles. Nous trouvons Palissy, dans sa jeunesse, forcé de faire pour vivre divers métiers, et parcourant la France, tantôt comme arpenteur, tantôt comme dessinateur et peintre d’images. Dans ses longues excursions, il avait re¬ cueilli un grand nombre de pétrifications. En 1575, il fit à Paris un cours de minéralogie , et combattit l’idée que les fossiles fussent de simples jeux de la nature. Il soutint que les coquilles qui se trouvent au sommet des montagnes sont des restes d’animaux marins , et que les mers ont jadis couvert les continents, vérité dès ce moment acquise à la science, mais dont l’établissement rencontra de grands obstacles dans les préjugés existants. C’est à lui que l’agriculture doit l’emploi de la marne comme DISCOURS PRELIMINAIRE. xcvjj amendement. Ses ouvrages renferment beaucoup de choses restées long¬ temps inconnues, et leur lecture excite encore l’intérêt. Césalpin, le botaniste, et Schwenckfeld, de Silésie, ont publié des essais de classification minéralogique assez satisfaisants pour une épo¬ que où la chimie était fort peu avancée. On voit que le xvie siècle , si rapproché des temps d’ignorance pro¬ fonde, a produit, dans presque toutes les branches des sciences, des tra¬ vaux d’une haute importance et que déjà les naturalistes de l’antiquité avaient été laissés en arrière sous beaucoup de rapports ; aussi n’aurons- nous plus que des progrès à signaler, et les siècles suivants ne feront souvent que confirmer les savantes prévisions des hommes de génie qui ont ouvert à l’humanité les portes de la science. ŒâlPïïfl! 22. État des sciences naturelles au XVIIe siècle. Le xvie siècle, absorbé tout entier dans des travaux d’analyse, occupé de sa lutte contre l’autorité despotique des anciens, n’a créé aucune théorie. Si l’on en excepte l’astronomie, qui était plus avancée que les autres sciences, on ne trouve nulle part de synthèse. Cependant l’impul¬ sion était donnée : sur tous les points les études renaissaient et trou¬ vaient dans les souverains un salutaire appui. Il restait néanmoins à combattre une ennemie redoutable dont l’existence était un obs¬ tacle au progrès : nous voulons parler de l’autorité dont la philosophie scolastique était la représentante. Renfermée dans le cercle étroit d’un dogmatisme sans portée, étouffée par les formes verbeuses et décolorées de sa méthode syllogistique, elle s’opposait à toute pensée qui ne ren¬ trait pas dans le cadre de ses théories. Argentier l’avait bien attaquée en refusant de reconnaître d’autre autorité que celle de la raison; mais sa voix n’était pas assez puissante pour donner le signal de la réforme ; il fallait pour cela un homme d’un génie supérieur ; et, comme dans l’hu¬ manité il n’est pas un cri qui ne soit entendu, Bacon, le réformateur des sciences, le créateur de la physique et de la philosophie, vint porter m xcviij DISCOURS PRÉLIMINAIRE. les premiers coups à la scolastique. Il publia dans ce but , en 1606 et 1620, les deux parties d’un meme ouvrage composé sous le titre général d ' Instauratio magna ; la première, De êignitate et augmentis scientiarum , est une classification méthodique des sciences , des¬ tinée à montrer qu’elles découlent les unes des autres et ont entre elles une connexion intime ; la deuxième , JSovum organum scientia¬ rum, est la méthode philosophique à employer pour arriver à la vérité. Bacon procède par induction, c’est-à-dire qu’il n’arrive à la généra¬ lisation qu’après avoir rassemblé des faits assez nombreux pour qu’il soit permis d’en tirer des conséquences. Sa méthode est toute expérimen¬ tale ; et l’on remarque dans ses écrits une foule d’aperçus profonds ou ingénieux qui l’ont fait regarder comme le prophète des vérités dé¬ montrées par Newton. Cependant il n’a pas toujours été heureux en application ; ses ouvrages sur les vents, et sur la vie et la mort, sont pleins d’erreurs. Sans s’en apercevoir, il s’est appuyé sur l’autorité qu’il avait si victorieusement combattre ; car il y a reproduit sans choix l’opinion d’autres auteurs, et non le résultat de ses propres obser¬ vations. Sa l\ova Atlantis est la description d’un établissement consacré au perfectionnement des sciences naturelles, et son Sylva sylvarum sive Historia naturalis , un recueil d’observations et d’expériences dont les unes lui sont personnelles et les autres étrangères. Cet ouvrage a été publié après sa mort. René Descartes, né en 1596, est encore un des principaux instiga¬ teurs de la grande révolution du xvne siècle; ce fut un habile mathémati¬ cien^ un philosophe d’une haute intelligence ; il rendit aux sciences de grands services, en achevant de secouer le joug de l’autorité scolastique, et en conseillant , dans sa méthode pour arriver à la connaissance de la vérité, de prendre le doute pourpoint de départ. Cependant il semblerait avoir cessé de reconnaître la vérité dès qu’elle ne revêtit plus les formes absolues et infaillibles du calcul. Lui, à qui l’on doit l’admirable sim¬ plicité du langage algébrique , et qui enrichit l’application de l’algè¬ bre à la géométrie de si heureuses découvertes; lui , le créateur d’une méthode philosophique où l’erreur est impossible, il ne fit pourtant, faute de s’être appuyé sur l’expérience, qu’imprimer aux esprits un mou¬ vement salutaire. Ses travaux en physiologie, entachés des plus graves erreurs, ne lui ont pas survécu, non plus que la théorie qu’il inventa pour expliquer le secret du mécanisme planétaire. On peut lui repro- DISCOURS PR ÉLIMINA IRE. XC1X cher l’entêtement qui l’empêcha de rendre justice à Galilée, et le porta à répandre le faux système de Tycho-Brahé. Substituant des hypothèses à celles qu’il avait contribué à détruire , il introduisit dans la science des erreurs nouvelles. On lui doit néanmoins la découverte de la force centrifuge, l’explication de la réfraction de la lumière, un excellent traité de dioptrique et une bonne explication de l’arc-en-ciel inté¬ rieur, mal décrit par Dominis. C’est en modifiant la théorie de Des¬ cartes sur la production de la lumière, qu’Huyghens créa celle des vibra¬ tions aujourd’hui adoptée. Descartes fit école, et sa doctrine, longtemps répandue sous le nom de cartésianisme , compta de nombreux disciples. Pendant tout le cours du xvne siècle, la physique et l’astronomie furent cultivées avec ardeur. Galilée, de Pise, contemporain de Bàcon, fut comme lui l’un des plus redoutables adversaires de la philosophie scolastique, et l’un des plus habiles astronomes de cette époque. Il étudia, avec la profondeur d’un homme de génie, la mécanique céleste ; et la découverte qu’il fit du mou¬ vement accéléré, des satellites de Jupiter, de Tanneau de Saturne, des phases de Vénus, et des mouvements de cette planète, lui firent adopter le système de Copernic. Ses fameux dialogues dans lesquels il développe ce système furent publiés à Florence en 1617 , malgré l’improbation des théologiens. Il l’enseigna depuis à ses élèves et en devint un des plus ardents propagateurs. Il se vit , à soixante-dix ans , obligé de faire amende honorable pour avoir osé démontrer le mouvement de la terre, que les livres saints regardaient comme immobile au centre du monde, et fut contraint d’abjurer sa doctrine taxée d’hérésie. Il fit connaître les taches du soleil, les inégalités de la lune, sa ressemblance avec la terre, etc. Ses découvertes en physique sont également importantes; on lui doit la connaissance des propriétés du pendule , la balance hydrosta¬ tique et le perfectionnement du télescope. Képler, élève de Tycho-Brahé, physicien d’une haute intelligence, dont les recherches portent sur les points élevés de la science, s’occupa avec succès d’optique et d’astronomie ; il détermina la véritable nature de la courbe que les planètes décrivent, découvrit les lois générales aux¬ quelles leurs mouvements sont soumis, et démontra que les orbites pla¬ nétaires sont des ellipses dont le soleil occupe l’un des foyers. La théorie des planètes, contenue dans les trois propositions qui portent le nom de lois de Kepler, expliquait déjà une partie des phénomènes célestes ; il ne restait plus qu’à découvrir le principe des lois qui régissent le mou- ç DISCOURS PRÉLIMINAIRE. veinent des corps planétaires ; et il le fit presque en attribuant au soleil une force motrice qui les anime tous et une puissance qui les retient dans leurs orbites. Il expliquait les irrégularités de la lune par les actions combinées du soleil et de la terre, et les marées par l’attraction lunaire ; hypothèses dont une seule eût suffi à la gloire d’un physicien. Les décou¬ vertes de Képler ruinèrent le système de Tycho-Brahé et répandirent les idées de Copernic. Stévin , de Bruges , se livra à des travaux importants sur l’hydrosta¬ tique et découvrit l’égale pression des fluides dans tous les sens. En 1621, Drebbel inventa le premier thermomètre, construit, non pas comme les nôtres, avec de l’alcool ou du mercure; mais consistant simplement en un tube plongé dans l’eau, et contenant de l’air dans sa partie supé¬ rieure. On attribue à Zacharie Jan et à Jean Lapprey, opticiens de Mid- delbourg, la découverte du microscope et celle du télescope. Salomon, de Caus, mort à Bicètre, jeta les premières idées de l’emploi de la vapeur comme force mécanique, dans son ouvrage intitulé : Rai son des forces mouvantes . En 1629, le physicien italien Branca donna la description d’un éolipyle, dont le jet de vapeur faisait mouvoir une roue horizontale. En 1663, le marquis de Worcester décrivit un appareil re¬ gardé par les Anglais comme la première machine à vapeur, mais dont on suppose que l’idée a été empruntée à Salomon de Caus ; et , en 1690 , le Français Papin inventa la première machine à vapeur fonctionnant avec un piston. Toricelli, disciple de Galilée, en démontrant la pesanteur de l’air, dé¬ truisit l’idée absurde de l’horreur du vide , encore professée dans les écoles. Il donna aussi la théorie du baromètre dont Pascal devait faire une heureuse application à la mesure des hauteurs, et posa les bases de la théorie du mouvement des fluides. L’académie del Cimento confirma quelques années après, par de nou¬ velles expériences, les découvertes de Toricelli. Gassendi , qui fit école comme Descartes , s’occupa de l’étude de la lumière et expliqua avec bonheur quelques-uns des phénomènes qu’elle présente. Il contribua aussi aux progrès de l’acoustique. Otto de Guerike, que son désintéressement place au nombre des savants les plus honorables du xvne siècle, s’occupa d’hydrostatique, d’électricité et de magnétisme. Tous ses travaux indiquent une sagacité prodigieuse. Sa découverte de la machine pneumatique et ses expérien¬ ces sur l’électricité, pour la production de laquelle il se servit d’un globe DISCOURS PRÉLIMINAIRE. de soufre , avancèrent beaucoup la physique. La première de ces inven¬ tions devint pour Boyle , qui la perfectionna , la source 4’ une foule d’expériences ingénieuses. Le jésuite Kircher s’occupa avec succès de catoplrique, inventa la lanterne magique et plusieurs autres machines ayant un même principe. Il établit d’une manière incontestable la possibilité de faire des miroirs ardents, substitua au porte voix un miroir parabolique qui renvoie les sons à une grande distance , et fit faire quelques progrès à cette partie si obscure de la science concernant la déclinaison de l’aiguille aimantée. Huyghens appliqua le pendule aux horloges, calcula les lois de la force centrifuge , inventa le micromètre , perfectionna le baromètre , et confirma la découverte faite par Galilée de l’anneau de Saturne et des satellites de Jupiter. On lui doit l’ingénieuse théorie des vibrations de la lumière, dont l’idée est due à Descartes. Hook de Freshwater perfectionna le microscope, inventa le baromètre à cadran et le ressort en spirale qui sert à régler les montres ; il décou¬ vrit les taches de Jupiter et de Mars , et soupçonna le mouvement de rotation de ces planètes. Wall s’occupa d'électricité et proposa, comme un moyen facile de développer ce fluide , les morceaux de drap et les peaux d’animaux. Cassini, conquis à la France, comme Huyghens, par la munificence de Louis XIV, fit faire de grands progrès à toutes les branches de l’astro¬ nomie; il établit la théorie du mouvement des satellites de Jupiter, compléta la découverte de ceux de Saturne, et calcula la vitesse du temps que la lumière met à parvenir du soleil jusqu’à nous. Il con¬ struisit la célèbre méridienne de Bologne. Mariotte, physicien d’une haute sagacité, détermina dans quelles pro¬ portions J’air peut se dilater et se condenser; il fit voir, à l’aide de la machine pneumatique, que la pesanteur de l’air retarde l’ébullition de l’eau, et s’occupa de la loi des vitesses dans l’écoulement des fluides. Romer. de Copenhague, découvrit le mode de propagation de la lu¬ mière. Picard mesura un degré terrestre, qu’il trouva équivalent à 25 lieues, et en conclut que le diamètre de la terre est de 2,864 lieues. Newton fit une révolution dans la science par ses admirables découver¬ tes sur la gravitation et la lumière. On sait qu’en 1665, la peste ayant éclaté à Londres, Newton, alors âgé de 24 ans, se relira à Woolstrop, et que ce fut là qu’une pomme lui étant tombée sur le visage, il se demanda pourquoi la puissance d’attraction qui déterminait celte chute ne s’étem DISCOURS PRÉLIMINAIRE. C'J drait pas aux corps planétaires , et si la loi de la pesanteur qui les attire vers le soleil, ne suffisait pas pour les retenir dans leurs orbites. De cette idée , il fut conduit à la théorie de la tendance des molécules à se rapprocher, ou de la gravitation moléculaire. Il découvrit la cause de l’élasticité de l’air atmosphérique , donna à l’étude de la lumière une étendue et une précision nouvelles , et démontra , au moyen du spectre solaire , que chaque rayon lumineux est composé d’un fais¬ ceau de rayons diversement colorés et réfrangibles à un degré diffé¬ rent; il expliqua les phénomènes de la réfraction , ceux de la réflexion et créa la théorie de l’émission, opposée à celle des ondulations , qu’elle balança longtemps. Ses travaux sur la théorie des interférences datent de 1674. Les opinions de Newton rencontrèrent des contradicteurs , et ne furent admises qu’au milieu du xvme siècle. La méthode dont il se servit est empreinte d’une profonde sagesse ; il découvre la loi de la pesanteur, qui, combinée avec la force de projection des corps célestes , leur fait décrire une courbe elliptique ; mais il ne connaît pas la cause de cette pesanteur, non plus que l’origine de la projection des corps planétaires; et, comme il ne veut pas devancer l’expérience, il ne cherche point à expliquer ces phénomènes par des hypothèses. Leibnitz, contemporain de Newton, fut la gloire de l’Allemagne. A vingt-deux ans il publia un traité complet de physique générale qui dé¬ note une perspicacité admirable, mais qui est rempli de subtilités méta¬ physiques pour lesquelles l’auteur avait un penchant décidé. Vers le même temps , plusieurs physiciens s’occupèrent d’hygromé¬ trie , et c’est au père Mersenne qu’on doit les hygromètres en corde à boyau. Flamsteed augmenta considérablement la liste des étoiles visibles connues et détermina leur position. Hauksbée perfectionna la pompe de Boyle et la machine de Papin, et acheva de détruire le préjugé de l’horreur du vide qui existait encore dans quelques esprits. Il s’occupa avec succès d’électricité, et substi¬ tua au globe de soufre d’Otto de Guerike d’abord un tube , puis un globe de verre. Ce fut lui qui vit jaillir la première étincelle électrique, et en ressentit la commotion. Il découvrit aussi la phosphorescence électrique. Appliquant la méthode de Newton à la détermination des orbites pa¬ raboliques des comètes, Halley prédit le retour, en 1758 ou 1759, de la comète observée en 1531 , en 1607 et en 1682. Clairaut en fixa l’appa¬ rition pour le mois d’avril ; mais il commît une erreur de calcul et la comète ne parut que dans les premiers jours de mai. Bernouilli observa DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ciij aussi la marche des comètes, et annonça le retour de celle de 1680 pour 1719. Il développa les principes de Leibnitz sur le calcul différentiel, et présenta les premiers exemples de calcul intégral. Son frère Jean con¬ tribua au perfectionnement des découvertes de Leibnitz. Amontons com¬ posa un traité sur la théorie des frottements, et donna les premières idées sur la construction du télégraphe. Paracelse, en enseignant publiquement la chimie , avait répandu le goût de cette science et en avait assuré les progrès. Les luttes ouvertes auxquelles elle donnait lieu devenaient pour elle une cause de durée. A mesure qu’elle se dépouillait de sa forme mystique, les préjugés dispa¬ raissaient; cependant l’idée de la transmutation des métaux resta dans quelques esprits, mais sous une forme scientifique. Cette idée sub¬ siste encore de nos jours, et peut-être n’est-ce pas sans raison, car on ne peut dire absolument que les corps considérés comme simples soient véritablement élémentaires ; et qui sait si ces corps indécomposables ne sont pas seulement des corps indécomposés? Van Helmont, grand partisan de Paracelse, est encore un alchimiste , ou plutôt , comme ce dernier , un médecin-chimiste, travaillant à la re¬ cherche de la panacée universelle. Cet homme , qui possédait une vaste érudition, rendit de grands services à la chimie; il créa le mot de gaz , resté dans la science, et qu’il appliqua d’abord à la vapeur d’eau ; mais ensuite il donna le même nom à l’acide carbonique qu’il appelait gaz sylvestre et au gaz hydrogène. Plusieurs des grandes vérités de la chimie moderne lui étaient connues , mais confusément; de sorte qu’il n’a pu les développer. En Allemagne les Rosecroix continuaient à travailler avec persé¬ vérance à la recherche de la pierre philosophale; et en 1614, ils an¬ noncèrent qu’ils devaient régénérer le monde en s’emparant de l’esprit des princes , au moyen des trésors que leur procurerait cette décou¬ verte. Oughtred parle dans ses ouvrages de la préparation de la terre- vierge destinée à faire la pierre philosophale, par l’évaporation de l’eau pure. A côté d’eux, nous trouvons des hommes qui cherchent vérita¬ blement à s’éclairer, et ne considèrent plus le secret de la transmuta¬ tion comme le but de leurs efforts; tels sont : Cassius, Libavius et Glau- ber dont le sulfate de soude a conservé le nom ; Crollius , Rivère , Rarner et Rohnius, déjà les représentants de la science expérimentale ; Kunckel qui, en cherchant encore la pierre philosophale, retrouva le phosphore dont Brand avait emporté le secret dans la tombe, et publia Civ DISCOURS PRÉLIMINAIRE. un ouvrage fort estimé sur l’art de faire le verre ; Becher qui, toujours un des zélés partisans de la doctrine de Paracelse , jeta , par la publi¬ cation qu’il fit en 1669 de sa Physica subterranea , les premiers fonde¬ ments de la science ; Botticher enfin, qui, sur le bruit qu’il connaissait le secret du grand-œuvre, fut renfermé par l’électeur de Saxe jusqu’à ce qu’il eût transmué des métaux; en découvrant la porcelaine, il dota la Saxe d’une industrie plus précieuse que l’art de faire de l’or. La plu¬ part de ces chimistes connaissaient Boyle, et l’on doit s’étonner qu’au¬ cun d’eux n’ait abandonné les doctrines alchimiques pour adopter une théorie plus conforme à la vérité. Le paracelsisme fut sinon introduit , du moins répandu en France par Joseph Duchêne , médecin de Henri IV, et y trouva un grand nombre de partisans. Riolan, qui s’était déclaré l’antagoniste de toutes les idées nouvelles, ne manqua pas d’attaquer la thérapeutique de Pa¬ racelse. Il combattit, avec son emportement ordinaire, l’emploi des préparations pharmaceutiques empruntées au règne minéral , et son influence était si grande qu’il fit interdire par la faculté un médecin paracelsiste , nommé Mayerne , et obtint du parlement la déclaration que, dans tous les cas, l’antimoine est un poison. Les paracelsistes n’étaient cependant pas tous exclusifs ; il y avait parmi eux beaucoup d’hommes vraiment instruits , et la France peut re¬ vendiquer l’honneur d’avoir vu naître ou d’avoir accueilli dans son sein Béguin, Davidson, Lefèvre, dont les ouvrages jouirent d’un succès mé¬ rité ; Sylvius , Digby, Glazer et Lemery, son élève. Ce dernier chimiste, quoique fondant ses explications sur le paracelsisme et sur le cartésia¬ nisme , fut longtemps classique; et Homberg, tout en suivant la même voie, fut plus savant que ses prédécesseurs. Jean Rey, médecin du Périgord, écrivit, en 1630, une petite brochure, dans laquelle il expliqua , par une théorie semblable à celle de Lavoi¬ sier, la cause de l’augmentation du poids des métaux par la calcination ; aussi lorsque ce dernier publia sa découverte , lui opposa-t-on la théorie de Rey. En Angleterre , nous trouvons à la tête de la science Boyle , qui ap¬ pliqua à la chimie la méthode expérimentale de Bàcon , c’est-à-dire qu’il commença par de nombreuses expériences peur en tirer des déductions. Il s’occupa de l’influence de l’air dans la respiration et la combustion, et fit servir à ses expériences la cuve pneumato-chimique ; il reconnut l’augmentation du poids des métaux par la calcination, sans se rendre un DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cv compte exact de ce phénomène , qu’il attribuait à la fixation du feu et de la flamme rendus pondérables ; mais ses travaux firent à peine sen¬ sation à l’époque où ils parurent; et la chimie suivit son ancienne rou¬ tine. Cependant l’école anglaise était dans la meilleure voie ; et si tous les chimistes en eussent suivi les traces avec persévérance, il en fût ré¬ sulté une régénération complète de la science. Mayow, enlevé aux sciences à la fleur de son âge, a laissé dans ses écrits la relation d’expériences fort intéressantes sur le rôle de l’air dans la combustion et la respiration, phénomènes qu’il attribuait à un principe appelé par lui sel nitro-aérien , correspondant à l’oxygène, et qu’il considérait comme la cause de la formation des acides, de la com¬ bustion et de la motilité animale. Dans le cours du xvie siècle, l’anatomie descriptive avait fait de rapides progrès. Affranchie des erreurs du galénismè, cette science avait marché à pas de géant dans la voie des découvertes; mais le xvne pré¬ luda par une conquête qui forme dans la science une ère nouvelle : nous voulons parler de la circulation du sang. L’Angleterre, qui n’avait joué jusqu’alors qu’un rôle secondaire dans les révolutions scientifiques de l’Europe , se trouva tout-à-coup illustrée par la grande découverte d’Harvey. Ce célèbre anatomiste, élève de Fa- brizio d’Aquapendente , avait assisté son maître dans ses recherches sur les valvules des veines; il fut frappé de la direction constante de ces valvules vers le cœur, et en conclut quelles servaient à diriger le sang vers cet organe. Le premier pas fait , la seule inspection des val¬ vules qui garnissent les artères à leur départ du cœur lui prouva que le sang est porté de celui-ci dans les vaisseaux artériels. Le principe de la circulation démontré par Harvey avait déjà été entrevu par l’infor¬ tuné Servet, par Colombo, par Césalpin ; mais ces auteurs n’en avaient qu’une idée vague, confuse, qu’il eut la gloire de développer. L’envie se déchaîna contre lui , plusieurs anatomistes cherchèrent à lui enlever le mérite de ses observations. Ses contradicteurs luttèrent en vain ; ils ne tardèrent pas à se voir condamnés au silence, et sa découverte fut unanimement adoptée. Harvey compléta les travaux de Fabrizio sur le développement du poulet dans l’œuf ; il avait écrit sur l’embryologie un traité plein d’idées neuves qui eût suffi à son illustration. On trouve dans ses écrits les pre¬ mières lueurs de la théorie des inégalités de développement. Il avait composé un ouvrage sur la génération des insectes ; mais cet ouvrage n CVj DISCOU R S PR ÉLIMINA IRE, fut perdu dans le pillage de sa maison, à la chute de Charles Ier, dont il était devenu le médecin, et qui l’avait beaucoup favorisé. Har vey, trop âgé pour recommencer ses travaux, ne put réparer cette perte. La France comptait alors parmi ses anatomistes le célèbre Riolan qui passa toute sa vie à lutter contre les modernes, en faveur des anciens, et contredit, non par ignorance mais par envie, la découverte d’Harvey,, Ne pouvant contester un fait admis par tous les savants, il nia qu’il y eût une circulation dans les vaisseaux capillaires ; question qui, du reste, n’est pas encore résolue. Jacques Primerose , élève de Riolan , fut un des antagonistes les plus acharnés de Harvey. Les défenseurs de la circulation , Georges Ent et Willis , contribuèrent beaucoup à faire adopter les doctrines de l’anato¬ miste anglais. Les autres découvertes de ce siècle ne sont pas moins importantes : Aselius retrouva dans l’homme les vaisseaux lactés , dont le souvenir s’était perdu depuis Érasistrate ; Wirsung fit connaître le canal pan¬ créatique. En 1650, Pecquet rectifia les fausses idées de son époque en démontrant que le sang ne se forme pas dans le foie, et que le chyle est conduit aux veines par le canal thoracique, réunion de tous les vais¬ seaux lactés, pour être de là conduit par la veine sous-clavière au cœur et non au foie, ainsi qu’on le croyait alors. Riolan attaqua encore la découverte de Pecquet ; mais les expériences de Van Horn la confir¬ mèrent. Olaüs Rudbeck et Th. Bartholin, tous deux médecins suédois, se dis¬ putèrent la découverte des vaisseaux lymphatiques du foie, du thorax, des lombes et du réservoir du chyle , ainsi que celle de la circulation de la lymphe dans l’économie animale. On croit devoir rendre à Rudbeck l’honneur de cette découverte, et l’on suppose que Bartholin en avait eu connaissance par un de ses élèves. Sténon, disciple de Th. Bartholin, continua d’étendre la découverte des vaisseaux lymphatiques, et essaya le premier de calculer les forces mé¬ caniques des muscles. Il fit connaître les ossements fossiles qui se trou¬ vent en abondance dans le val d’Arno. Le système nerveux, à peine connu des anciens , étudié d’une manière superficielle par les anatomistes du moyen-âge et du xvie siècle, le fut plus sérieusement vers le milieu du xvne. Wepfer et Schneider (de 1658 à 1668) rectifièrent les idées des anciens sur la prétendue communi¬ cation du cerveau avec la cavité nasale, sur la nature du nerf olfactif, et DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cvij sur l’usage des ventricules du cerveau qu’ils regardaient comme le siège de l’âme. Willis étudia le cerveau avec beaucoup de soin , en perfectionnant la méthode de Varole. Ses idées sur les fonctions de cet organe se rappro¬ chent de celles de Gall ; non-seulement il le considère comme le siège de l’intelligence, mais encore il localise les facultés, met la mémoire dans les replis des hémisphères , l’imagination dans le corps calleux et la perception dans le corps strié. Il a donné une figure de l’appareil nerveux bien supérieure à celle de Yésale. Vieussens, médecin de Montpellier, consigna ses découvertes sur le système nerveux dans un ouvrage intitulé : Nevrographia universalis . Il avait une méthode de dissection préférable à celle de Willis. Cet anatomiste était partisan des idées physiologico-chimiques de Sylvius. Malpighi , professeur à Bologne et à Pise, quoique attaché encore à l’école de Sylvius, fit faire un pas immense à la science enappliquant le microscope à l’étude de la structure intime des organes ; mais, par suite d’une erreur difficile à comprendre, il croyait tous les tissus composés de petites glandes ; et cette opinion domine tous ses écrits. Ses travaux sur les poumons, les systèmes nerveux et veineux, le tissu tégumen- taire et les viscères, s’appliquent à divers animaux aussi bien qu’à l’homme. Il publia le premier une anatomie du ver à soie et de son insecte parfait ; il fit connaître que , dans les animaux de cette classe, la respiration a lieu par des stigmates aboutissant à des vaisseaux con¬ tournés en spirale, appelés trachées, et que l’air, au lieu de se rendre dans un réservoir commun, est distribué dans toutes les parties du corps. Il suivit avec une patience admirable ce même insecte dans ses métamor¬ phoses, et fit l’anatomie des organes qui se développent successivement dans le papillon, pendant ses transformations. Il appliqua le microscope à l’observation du développement, du poulet dans l’œuf, et en donna une représentation exacte. Ruysch, professeur d’anatomie à Amsterdam en 1665, contribua aux progrès de la science par ses admirables injections dont il emporta le secret dans la tombe. On a de lui des travaux monographiques estimés sur des questions isolées d’anatomie. Il fit plusieurs découvertes sur la structure intime des organes, constata le premier que dans l’homme, destiné à se tenir debout, la distribution des vaisseaux sanguins est dif¬ férente de celle des animaux dont la station est horizontale , et il dé¬ couvrit, au moyen des injections, que la substance corticale du cerveau DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cviij est un lacis de vaisseaux et non une masse glanduleuse, ainsi que le pré¬ tendait Malpighi ; aussi fut-il un des plus ardents antagonistes du sys¬ tème de cet auteur , qu’il attaqua dans toutes les occasions. On peut le considérer comme une des illustrations du xvne siècle. Leuwenhoek, né à Delft en 1638, était un homme de peu d’instruc¬ tion, mais doué d’une patience qui lui permit de faire les obser¬ vations les plus minutieuses, au moyen de lentilles qu’il polissait avec une perfection admirable. Il fit connaître la composition globuleuse des fluides animaux, révéla à la science les innombrables animalcules qui les peuplent, étudia la structure des poils, celle de la fibre musculaire, dé¬ couvrit les pores de l’épiderme, observa la circulation dans les animaux transparents, et connut la multiplication de plusieurs générations de pu¬ cerons par une seule fécondation et celle des polypes par bourgeons. Toutes ses observations indiquent une patience infatigable; mais il s’est plusieurs fois laissé entraîner par son imagination ; ce qui arrive trop souvent aux micrographes. Redi, d’Arezzo, publia, en 1664, de belles recherches sur le venin des vipères; mais son travail capital a pour objet le développement spontané des insectes dans les substances putréfiées et des helminthes dans le corps des animaux. Il se prononça pour la négative, et son opinion fut adop¬ tée par la plupart des savants , quoique la grave question des généra¬ tions équivoques soit encore un mystère pour tous les hommes qui recher¬ chent la vérité sans se laisser égarer par des hypothèses. Tous les tra¬ vaux de Redi sur les questions d’anatomie et de physiologie indiquent un esprit judicieux et un bon observateur. Grew est un anatomiste com¬ parateur, dont les travaux ont servi de base aux diverses théories pro¬ posées de son temps sur la digestion. Needham, Nuck, Warton, Graaf, Drelincourt et Ridloo, sont encore des anatomistes de cette époque. L’ouvrage de ce dernier est accompagné de belles planches dessinées par Guillaume de Lairesse. Perrault, le célèbre architecte à qui l’on doit la colonnade du Louvre , a publié quelques travaux anatomiques qui font voir qu’il était animiste , et considérait lejeu des organes sous lepointdevue physique et mécanique. Lorenzini de Florence, Caldesi , médecin toscan, Tyson, de Londres, Muralto , de Zurich , et Schcllhammer, de Helmsladt , se sont occupés de monographies anatomiques. C’est alors seulement qu’a commencé l’étude sérieuse des animaux invertébrés. Martin Lister, médecin de la reine Anne, a laissé, sous le litre d ' Exercitatio anatomica , des re- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cix cherches anatomiques sur certaines espèces de mollusques nus ou à co¬ quille. Swammerdam est un des plus habiles observateurs du xvne siècle. Il a écrit une histoire générale des insectes, pleine de recherches intéres¬ santes sur la structure intime de ces animaux, dont il a suivi les métamor¬ phoses avec une étonnante sagacité. On a de lui une anatomie du pou, du limaçon, que de son temps on comptait encore parmi les insectes, du scarabée nasicorne, de l’abeille, du taon, etc. Les travaux de Swammer¬ dam sur la chenille et le papillon sont admirables. En suivant les méta¬ morphoses des insectes, il a, le premier, démontré que la chrysalide existe toute formée dans la chenille, à l’époque où doit s’opérer sa mé¬ tamorphose, et que le papillon existe dans la chrysalide avec les organes qui lui sont propres. Cette observation eut une grande influence sui¬ tes idées relatives à la génération , et jeta tes fondements du système de l’évolution. On a aussi de lui quelques traités séparés d’anatomie humaine. Aces travaux d’observations, presque toujours dominés par tes théories de l’époque, s’unissent des travaux spéciaux dans un but philosophique. Sylvius Leboë , professeur de médecine à Leyde en 1658 , fut 1e créa¬ teur d’une application à la physiologie de la chimie, étudiée d’après tes principes de Descartes. Il réduit tous tes phénomènes à de la chimie pure, et ne voit dans tes fonctions des viscères que des opérations semblables à celtes qui ont lieu dans un laboratoire. Son système fut longtemps à la mode ; et, en 1e simplifiant, Otto Tackenius, un de ses élèves, perpé¬ tua ses erreurs dans tes écoles de médecine, jusqu’à la moitié du xvme siècle. Glisson , médecin anglais , rejeta la théorie purement physique du mouvement des muscles, et leur reconnut la propriété qu’il appela irri¬ tabilité , nom qui a été conservé à ce phénomène. Il étudia avec soin tes contractions musculaires tant extérieures qu’intérieures. Borelli de Florence publia, en 1681, un ouvrage sur tes fonctions phy¬ siques des muscles , travail remarquable , en ce qu’il s’applique aux animaux de toutes tes classes. Il reconnaît que, par suite de la position désavantageuse des muscles, il faut, pour exécuter te moindre mouve¬ ment et soulever un poids léger, une dépense de force bien supérieure à la résistance à vaincre; mais il montre en meme temps que la nature n’a pu procéder autrement. Chaque fois que Borelli sort de la théorie du levier, ses explications perdent de leur justesse, el il avance parfois des ex DISCOURS PRÉLIMINAIRE. idées étranges; il dit, entre autres choses, que par l’effet de la volonté et de l’habitude nous pourrions maîtriser les mouvements physiques du cœur. Sa théorie de la contraction des muscles n’est pas aussi satisfai¬ sante que la partie purement mathématique de ses travaux. Laurent Bellini, disciple de Borelli, et Pitcairne, médecin d’Edim¬ bourg et professeur à Leyde, furent aussi des iatro-mathématiciens , mais d’une moindre portée que Borelli ; et leurs expériences ne sont nul¬ lement concluantes ; ils ne tenaient aucun compte des forces vives des muscles, et les comparaient aux forces mortes. Pitcairne pensait que la chaleur animale est le résultat d’un simple frottement, et que la force vitale n’est autre que celle du cœur. Toutes ces théories pèchent par leur caractère absolu, et les explications qui en découlent sont pres¬ que toujours absurdes. Jusqu’au commencement du dix-septième siècle, les savants avaient travaillé isolément, et ne devaient souvent leur position qu’à la faveur d’un souverain ou d’un prince. Les avantages qui devaient résulter pour la science, d’une simultanéité d’efforts, les déterminèrent alors à se réu¬ nir en sociétés nommées académies. Nous trouvons en Italie l’académie des Lyncées, établie en 1603. Vers 1648, au milieu de la révolution qui précipita Charles Ier du trône, se constitua la Société-Royale de Lon¬ dres , qui , interrompue pendant le paroxisme de la fièvre révolution naire, reprit ses travaux à la restauration de Charles II. Un des élèves de Galilée établit à Florence, en 1651, l’académie del Cimento , ou de Y Expérience. En 1652 , un médecin de Schweinfurt, nommé Bausch , fonda l’académie impériale des Curieux de la Nature , qui siège aujour d’hui à Bonn. L’Académie des Sciences de Paris ne fut régulièrement constituée qu’en 1666, mais elle remonte plus haut. Dans ces sociétés, les travaux sont régularisés, et les efforts réunis des savants ont le dou¬ ble avantage de prévenir l’extinction des lumières et d’en amener la dif¬ fusion. Comme complément nécessaire de ces créations utiles se pré¬ sente l’établissement de musées destinés à favoriser les travaux des savants auxquels est refusée la facilité de voyager. Partout on s’occupe de science, et les terres du Nouveau-Monde, sil¬ lonnées pendant un demi-siècle par d’avides conquérants ou d’audacieux aventuriers, deviennent aussi le théâtre d’observations scientifiques. La colonie formée par les Hollandais dans la province de Pernambouc, au Brésil, produisit un travail d’une haute importance, celui de Marg- graf, qui parut en 1648, sous le titre d 'Histoire naturelle du Brésil. Pi- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cxj son, médecin de l’expédition, a publié sur le même sujet un ouvrage peu méthodique. On eut alors pour la première fois la description avec figu¬ res de l’ananas, du cactus, de la grenadille, du manioc, végétaux d’un grand intérêt à cause de leur nouveauté ; l’on joignit aux mammifères connus le fourmilier, le tapir, dont la lèvre supérieure, prolongée en une sorte de petite trompe, rappelle l’éléphant, le coëndou, le lama, le cabiaï et le jaguar; aux oiseaux, le kamichi, dont les ailes sont armées d’épe¬ rons, le toucan, au bec monstrueux, etc. L’erpétologie, l’ichthyologie et l’entomologie s’enrichirent également d’un grand nombre d’espèces nou¬ velles. Le prince de Nassau , gouverneur de la colonie , envoya au gouverne¬ ment deux recueils de figures, peintes avec soin, qui servirent à illus¬ trer les ouvrages de Marggraf et de Pison. Un défaut capital dans ces publications, et qui peut avoir de graves in¬ convénients pour l’étude , c’est que Marggraf, Pison et Laët ont sou¬ vent fait servir les mêmes planches pour représenter des objets n’ayant que de la similitude. Laët était directeur de la Compagnie des Indes, et a écrit, avant Marggraf et Pison, un ouvrage sur le même sujet, et digne d’estime quoique moins important. Bonlius (1631) a laissé sur les Indes Orientales un travail qui fait con¬ naître le tigre royal, lebabiroussa aux défenses retroussées, le casoar à crins au lieu de plumes, le rhinocéros de Java, le dronte, oiseau lourd et massif qu’on croit avoir complètement disparu, et l’orang-outang. On lui doit, en botanique, la description du cannellier, de la noix mus¬ cade et du monstrueux coco des Maldives. Son ouvrage , quoique plus faiblement écrit que celui de Marggraf , n’en est pas moins d’un grand intérêt. Bernier, médecin d’Aureng-Zeb, a consigné dans la relation si intéressante de son séjour en Asie, des descriptions de plantes et d’ani- nimaux qui peuvent encore être consultées avec avantage. Gaspard Schwenkfeld décrivit les animaux de la Silésie ; Merrett, les productions naturelles de la Grande-Bretagne ; Wagner, celles de la Suisse. Sibbald écrivit une histoire naturelle de l’Écosse et un livre très curieux sur les cétacés qui de son temps échouaient fréquemment sur les côtes. Neuhof nous a fait connaître l’histoire naturelle des Indes orien¬ tales, et Dutertre, celle des Antilles. En 1649, Jonston, naturaliste polonais, publia un grand ouvrage où il résume, en les récapitulant, tous les travaux qui ont paru jus¬ qu’au milieu du xvne siècle. C’est un compilateur laborieux, mais d’une DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cxij critique peu sévère; ii fait souvent mention d’animaux fabuleux et semble même s’être complu à rassembler des faits extraordinaires. Nieremberg , jésuite espagnol, a, comme Clusius et Jonston , écrit un ouvrage dans lequel il résume les connaissances de son époque; mais on lui doit de plus la description de plantes et d’animaux nouveaux. Après lui paraît Fabius Colonna, devenu naturaliste et médecin , par suite de l’idée qu’il se guérirait d’une épilepsie qui le tourmentait beau¬ coup , s’il retrouvait la plante que les anciens considéraient comme un spécifique contre cette maladie. Il commença par étudier la botanique, puis la zoologie , et il a laissé sur les mollusques un travail très remar¬ quable pour son temps. Les planches qui accompagnent son texte sont fort belles, comme toutes celles de cette époque. Olina était un ornithologiste d’un grand mérite , dont l’ouvrage est fort estimé sous le rapport graphique. Un médecin anglais, Th. Moufet, s’est occupé avec succès d’entomologie. On a de lui le Theatrum insec- torum , qui ne fut publié qu’après sa mort. Sa classification est judi¬ cieuse ; mais la science était trop neuve encore pour qu’on pût espérer un travail parfait; cependant on trouve dans Moufet d’excellents ren¬ seignements. La fin du xvue siècle ne nous offre comme naturalistes classificateurs d’une haute portée que Jean Ray et François Willughby, qui ont toujours travaillé en commun. Jean Ray est le premier naturaliste qui ait modifié la classification d’Aristote, et sa méthode a servi de modèle à tous les classificateurs venus après lui. Il partit du même point que le Stagyrite, en adop¬ tant pour caractéristique d’une partie des mammifères la forme des pieds; mais il y joignit les caractères tirés des dents. Sa distribu¬ tion des quadrupèdes ovipares est encore suivie aujourd’hui; seule¬ ment il réunit les salamandres aux lézards au lieu de les rapporter aux grenouilles. Willughby, dont les ouvrages ont été publiés par Ray qui y avait ap¬ pliqué sa méthode, fit pour les oiseaux ce que son ami avait fait pour les mammifères; mais on trouve dans cet ouvrage peu d’observations qui appartiennent à Fauteur. Il jeta les bases d’une classification fondée sur la forme du bec et des ongles pour les oiseaux terrestres, et sur celle des jambes et des pieds pour les oiseaux aquatiques. Linné n’y apporta que quelques modifications insignifiantes; et, jusqu’à ce jour, les Anglais ont conservé la méthode de Ray. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cxiij Willughby s’occupa aussi d’ichlhyologie ; et, en 1686, la Société royale de Londres publia son Iiistoria piscium dont la mise en ordre appartienl à Ray. Cet ouvrage est bien au-dessus de son ornithologie, en ce qu’il a beaucoup observé par lui-même. Il joignit aux figures empruntées aux ichthyologistes anciens, tels que Rondelet , Aldrovande, Belon et Marc- grav , un grand nombre de planches qui lui appartiennent. Sa classi¬ fication, la seule suivie jusqu’à ce jour, n’a subi d’autres modifications qu’un simple changement dans les noms : ses cartilagineux sont les ckondroptéry cjiens ; ses osseux sont divisés d’après leur forme: les ronds sont les anguilliformes , et les plats avec une nageoire ventrale sont les malacoptérygiens ou à rayons mous, et les acanthoptérygiens ou à rayons épineux. Willughby avait seulement, suivant la coutume, rappro¬ ché les cétacés des poissons. Son îchthyologie a été compilée, jusqu’à Cuvier, par tous ceux qui ont écrit sur cette matière. Nous avons parlé avec éloge de Swammerdam comme anatomiste ; mais, comme classificateur, il est fort incomplet, et l’on ne trouve de mé¬ thode générale de classification des insectes que dans Ray, dont le travail fut publié en 1710. Sa méthode entomologique porte le même caractère de précision que ses autres travaux, et a servi de base à notre classifica¬ tion actuelle. Nous voyons que les sciences abandonnent peu à peu l’Italie pour se répandre en Europe, et que la France et l’Angleterre, malgré les guerres quelles eurent à soutenir, prennent une large part aux travaux géné¬ raux de l’époque. L’Allemagne , déchirée par des guerres intestines, ne paraît qu’à de rares intervalles sur la scène scientifique. Quant à l’Es¬ pagne et au Portugal , courbés sous le joug du despotisme inquisitorial et de la superstition , ils restent étrangers au mouvement des esprits. La botanique, qui, dans le cours du xvie siècle, comptait beaucoup de descripteurs, n’avait fait que peu de progrès sous le rapport de la connaissance de la structure intime des plantes. L’anatomie végétale attendait, pour sortir du néant, l’invention du microscope. En 1661, Henshaw, de la Société royale de Londres, découvrit les trachées des végétaux à l’aide de cet instrument perfectionné par Hook; mais les essais de cet observateur ne furent que le prélude de découvertes im¬ portantes , dues surtout à Grew et à Malpighi. En 1682, Grew publia un traité de l’anatomie des plantes, dans lequel il indiqua le tissu végétal comme composé de cellules qui en for¬ ment le fond. Il reconnut les vaisseaux et les fibres qui le traversent , rxiv DISCOURS PRÉLIMINAIRE. vie de la plante; il confirma l’existence des trachées, et découvrit les pores corticaux. Malpighi étudia avec succès la structure intime des vé¬ gétaux et surtout la germination ; il connut fort bien le mode d’accrois¬ sement du tissu ligneux; mais, entraîné par la similitude des trachées des plantes avec celles des insectes, il les prit pour des organes de respiration. Ses opinions erronées en physiologie végétale viennent de ce qu’il cherchait un rapprochement entre la structure des végétaux et celle des animaux. Une découverte d’un plus grand intérêt encore fut celle du sexe des plantes, entrevu par Zaluzianski dans le cours du siècle précé¬ dent, mais dont les premières idées formelles appartiennent aux Anglais. Millington, professeur à Oxford, l’avait déjà indiqué ; Grew avait dé¬ fendu l’importance des anthères comme organes fécondateurs ; Bobart l’avait mise hors de doute par des expériences sur le Lychnis dioica. En 1685, Bay appuya de l'autorité de son nom la théorie du sexe des plantes. Depuis que cette vérité eut pénétré dans la science, les bota¬ nistes de tous les pays s’occupèrent d’expériences tendant à la confirmer. En 1694, Camerarius, professeur à Tubingue, en parla dans une thèse, et vérifia la nouvelle découverte par de nombreuses expériences sur la fécondation du chanvre. En 1697, Boccone, naturaliste sicilien , en fit autant pour le palmier. Tournefort et Malpighi repoussèrent cependant cette doctrine ; ce dernier considérait les étamines et les anthères comme de simples organes excrétoires. Malgré son erreur, le naturaliste de Bologne n’en est pas moins l’un des plus savants phytologistes de la fin de ce siècle. On doit à Leuwenhoek d’excellents travaux micrographiques sur l’anatomie végétale. Il avait aperçu, mais mal formulé, la distinction, aujourd’hui fondamentale en botanique, des végétaux à fibres longitu¬ dinales et éparses qui correspondent à nos monocotylédones , et à fibres rangées par cercles concentriques qui sont nos cotylédones. Sa théo¬ rie de 1’évolution des plantes ne fut point adoptée, faute de dévelop¬ pements convenables. TJn grand tort de Leuwenhoek est de n’avoir pas coordonné ses observations , qu’il faut chercher éparses dans ses lettres à la Société royale de Londres. Claude Perrault confirma l’existence de la sève descendante. Dodart chercha sans succès la loi en vertu de laquelle le végétal dirige tou¬ jours ses tiges vers te ciel et ses racines vers le centre de la terre ; DISCOURS PRÉLIMINAIRE. c\v il essaya d’analyser les végétaux par le feu; mais Mariotte mit fin à ees essais inutiles , en démontrant aux botanistes que cette méthode ne pouvait les conduire à aucun résultat. Woodward répéta les expériences de Van Helmont , qui tendaient à prouver que les végétaux subsistent avec de l’air et de l’eau seule¬ ment ; ou, en d’autres termes, que la plante décompose l’eau et l’acide carbonique, pour en extraire le carbone et l’hydrogène. Nous avons vu , dans la partie de ce travail relative à la zoologie, que Ray avait établi une méthode sur tous les embranchements des sciences naturelles. Tl vint tirer la science taxonomique du chaos dans lequel elle était plongée , et il se place encore à la tête des classifica¬ teurs du xvne siècle; car nous ne trouvons, après l’essai de Bau- hin , d’autres systèmes botaniques que ceux encore bien arbitraires de Johnston et de Morison. On reconnaît dans sa méthode le prin¬ cipe dichotomique ; il prend pour base de ses divisions le nombre et la forme des pétales, la quantité des semences, la nature du péricarpe, etc. ; mais, entraîné parla routine, il sépare encore les végétaux ligneux des plantes herbacées. Magnol développa avec sagacité, dans son Prodrome d’une histoire gé¬ nérale des plantes, les principes sur lesquels doit être établie une mé¬ thode naturelle; mais, dans l’application, il s’en écarta sans cesse, et longtemps après il publia un système tout artificiel. Malgré l’imperfection de son système, Rivin fut le seul botaniste de son temps qui ne séparât pas les végétaux ligneux des plantes herba¬ cées ; ce qui était déjà un grand progrès. La simplicité de sa méthode la fit adopter par un grand nombre d’auteurs, surtout en Allemagne. Pitton de Tournefort publia, en 1694, ses Institutiones rei herbariœ, dans lesquelles il donna un système entièrement fondé sur l’absence ou la présence de la corolle, sa configuration, le nombre de ses divisions et son mode d’inflorescence ; on y trouve un certain nombre de familles na¬ turelles. Malheureusement, il ne donna aucune importance aux affinités qui unissent les plantes herbacées aux végétaux ligneux, et il en forma deux groupes distincts. Le petit nombre de plantes qu’il connaissaitl’em- pêcha de perfectionner son système, dans lequel ne peuvent entrer la plupart de celles qui ont été récemment découvertes. La forme attrayante des ouvrages de Tournefort et la lucidité de ses démonstrations lui va¬ lurent une réputation qu’éclipsèrent à peine les admirables travaux des phylologistes du xvuT siècle; car la plupart des botanistes adoptèrent CX VJ DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ses idées, et jusqu’en 1740, P Académie les suivit dans ses Mémoires. Tournefort eut, en outre, le mérite d’avoir le premier fixé l’idée des gen¬ res en botanique et d’en avoir donné d’excellents modèles dans ses Insti- tutiones rei herbariœ. La botanique s’enrichit, dans le cours de ce siècle, des découvertes faites par les voyageurs. Hermann décrivit les plantes du Cap de Bonne Espérance et de Ceylan ; Kæmpfer rassembla dans ses Amœnitates exo ticœ le résultat de ses observations faites au Japon et en Asie. Tour¬ nefort et Shérard parcoururent, surtout en botanistes, la Grèce et l’Asie-Mineure ; Banister visita l’Amérique ; Van Bheede décrivit les plantes des Moluques et celles du Malabar, et Bumph celles d’Amboine. Plumier fit connaître les végétaux des Antilles. Sloane parcourut la Jamaïque, et en rapporta une nombreuse collection de plantes ; on vit paraître des flores générales et particulières de toutes les parties de l’Europe. Barrelier publia une flore du midi de l’Europe , contenant environ 1400 végétaux, et Lœsel, une flore de Prusse. Ce fut lui qui employa le premier le nom de flotte. Les jardins botaniques, ces puissants auxiliaires de la science, étaient nombreux en Italie et en Hollande. Montpellier avait eu le sien ; mais Paris en manquait ; ce 11e fut qu’en 1634, après huit années d’instances, que Guy de la Brosse y en établit un, qui, par des agrandissements successifs, est devenu notre célèbre Jardin des Plantes. L’Allemagne en fonda aussi quelques-uns, ainsi que l’Espagne et le Portugal. Vers la fin du xvne siècle , nous avons peu de progrès à signaler en minéralogie et en géologie. Scilla, peintre napolitain , défendit en 1670 , dans un ouvrage fort re¬ marquable , l’opinion de Bernard Palissy sur les coquilles fossiles , et trouva pour contradicteurs le célèbre conchyliologiste Martin Lister , et Edouard Lhuyde. Cesius, Georgius de Stockholm et Aldrovande ont écrit sur la minéra¬ logie en classificateurs. Ils divisent les minéraux en terres, sucs concrets, pierres et métaux ; leurs idées souvent raisonnables sont mêlées aux erreurs de l’alchimie et de la cabale. Ce siècle , qui avait si bien commencé à secouer le joug qui écrasait la pensée, s’était peu à peu assez émancipé pour laisser un libre cours à son imagination ; et, quoique la minéralogie fut dans l’enfance , que la géo¬ logie n’existât pour ainsi dire pas, nous trouvons plusieurs théories sur l’origine de la terre. Thomas Burnel et Jean Ray publient deux théories DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CX VI] génésiaques, dans lesquelles ils cherchent à expliquer le déluge et la conflagration du globe à la fin des siècles. Leibnitz, partant de l’opinion de Descartes, qui faisait de notre planète un soleil éteint , admit dans son Protogea que la terre , enveloppée d’une croûte épaisse dont la chaleur centrale ne pouvait empêcher le refroidissement, avait vu les eaux se former à sa surface par suite de la condensation des vapeurs qui l’entouraient à l’époque de son incandescence; il suppose qu’attaquant les diverses parties du noyau vitrifiable, elles changèrent successivement de nature, et dépo¬ sèrent les montagnes secondaires. Suivant cet auteur, c’est dans les profondeurs des mers qu’auraient vécu les animaux dont nous trouvons les restes dans les dépôts de seconde formation. A Leibnitz succéda Whiston, qui publia aussi, en 1698, une théorie de la terre. Quoiqu’il se renferme dans le même cercle d’idées que Bur- net, il se montre plus rationnel. D’après lui, la terre, née de l’atmosphère d’une comète, ne vit les êtres organisés s’établir à sa surface qu’après avoir été retenue dans une orbite qui en égalisa les saisons. Les matières qui constituent le globe et son atmosphère sortirent alors du chaos et se rangèrent dans l’ordre de leur pesanteur. Il donne pour cause au déluge la rencontre de la terre avec la queue d’une comète qui noya tous les êtres vivants, et il explique la disparition des eaux par de larges ouvertures qui se formèrent dans la croûte terrestre et les absorbèrent. Woodward fut le dernier géologue de ce siècle. Son hypothèse, toute génésiaque, est insoutenable; mais il a le mérite d’avoir développé mieux que ses prédécesseurs l’histoire des couches de la terre. On n’a pas rendu au xvne siècle la justice qui lui est due, et l’on attri¬ bue au xvme une influence sur le développement de la pensée qui ne fut que le résultat des travaux du siècle antérieur. C’est dans le cours de ce siècle encore absorbé par les travaux d’analyse, mais qui a déjà ouvert les portes de la synthèse , que les théories scientifiques, fécon¬ dées par les plus heureuses découvertes, prennent une forme plus po¬ sitive, et que se préparent tous les travaux qui font la gloire du siècle présent. CXVllj DISCOURS PRELIMINAIRE. œajpjetoi m .‘Ci État des sciences naturelles depuis le commencement du XVIIIe siècle jusqu’en 1789. Plus nous approchons de l’époque contemporaine, plus l’analyse des travaux en histoire naturelle devient difficile. Non seulement toutes les branches de la science se perfectionnent, mais encore le champ s’en agrandit, et l’on en voit se développer dont nous avons à peine entrevu le germe. Le xvme siècle est pour les sciences une des époques les plus fécondes. Une activité fébrile s’est emparée de tous les esprits : dans le silence du cabinet , dans les académies, dans les laboratoires, dans les champs, dans les forêts, au sein des mines, sur les eaux, des hommes laborieux travaillent avec un accord admirable au grand-œuvre , à l’u¬ nion des peuples par la science. D’intrépides voyageurs parcourent toutes les parties du globe : les uns gravissent les sommets glacés des mon¬ tagnes pour en mesurer les hauteurs ; les autres s’égarent dans les forêts vierges , dans les savanes du Nouveau-Monde , ou dans les steppes inhospitalières de la Tartarie; d’autres encore bravent les climats brûlants et meurtriers des tropiques, les âpres frimas du nord, ou les dangers d’une longue navigation dans des parages inconnus ; tous veulent enrichir la science de leurs découvertes. Anson, Wallis, Carteret, Vancouver, Cook, Bougainville, Lapeyrouse, parcourent les mers et découvrent des terres et des productions nou¬ velles. Pallas, Gmelin, Messerschmidt, Steller, explorent la Russie et la Sibérie ; Gulden, le Caucase; G. Shaw, la Nouvelle-Hollande; le père Labat, les Antilles; Osbeck, la Chine; Olivier et Chardin , la Perse ; Sonnerat, la Nouvelle-Guinée et les Indes-Orienlaies; Hasselquist, For- skal, l’Arabie et la Syrie ; Levaillant, Sparrmann, l’Afrique méridionale; Adanson, le Sénégal ; Olafsen, l’Islande; Thunberg, le Japon ; Bruce, l’Abyssinie, etc. Les collections s’augmentent et se multiplient; les musées, les ména¬ geries s’établissent ; on crée de nouveaux jardins botaniques, et partout les corps savants s’organisent. Les souverains eux -mêmes prennent part à l’activité générale. DISCO URS PR ÉU M IN A IR E. (MX Louis XIY et ses successeurs se déclarent protecteurs des sciences, et leur exemple est suivi par les autres princes de l’Europe. En Angleterre, Charles II encourage la Société de Londres, établie pendant les troubles de la révolution. George III ordonne des circumnavigations , et crée l’un des plus beaux jardins botaniques de l’Europe. En Suède , Chris¬ tine accueille les savants, encourage leurs efforts, et la science ré¬ compense généreusement son hospitalité. En Danemark, Frédéric V fait exécuter des voyages de découvertes. La Russie, elle-même, apparaît pour la première fois sur la scène, et se mêle avec intelligence aux tra¬ vaux scientifiques de cette époque. Pierre Ier établit à Saint-Pétersbourg une académie ; et , comme il ne trouve pas parmi son peuple d’hom¬ mes capables d’y siéger, il y appelle des étrangers. L’impératrice Anne et Catherine II continuent à encourager les sciences ; et c’est d’après leurs ordres que Gmelin et Pallas font connaître au monde savant les productions naturelles de la Sibérie. En Prusse, Frédéric Ier établit l’académie de Berlin qui , sous Frédéric II , obtient de grands encoura¬ gements. En Autriche, François Ier et Marie-Thérèse favorisent les pro¬ grès des sciences, et la Hollande met à leur service ses plus grands artistes. Le caractère le plus frappant du xvme siècle, héritier des travaux du siècle précédent, est son allure libre et dégagée. Il accepte avec em¬ pressement l’émancipation que lui a léguée son devancier; et, sans se laisser arrêter par une autorité dont il ne connaît plus la voix, il pénètre au fond de toutes les questions et sonde tous les mystères ; aussi le voyons-nous, dès ses premiers pas, reviser la cosmogonie génésiaque, faiblement défendue par les hommes de science, et que les orthodoxes eux-mêmes cherchent à faire concorder avec les connaissances de leur époque. Des cosmogonies, auxquelles la tradition n’a nulle part, sur¬ gissent de tous côtés ; l’homme cherche à pénétrer le mystère de son origine, en interrogeant les monuments du passé. Les physiologistes, élevés à l’école du doute, ne se contentent plus des vaines hypothèses par lesquelles on a cru, jusqu’à ce moment, expliquer le phénomène de la vie ; ils ont pénétré dans les profondeurs de l’organisation ; et, sous le nom $ animistes , ils attribuent à une force particulière le phénomène des mouvements involontaires non perçus par l’intelligence ou, sous celui de sulidistes , ils en cherchent la cause dans la contractilité mus¬ culaire. Feu-à-peu le doute se formule et s’élève à l’état de doctrine : son expression la plus élevée est l’encyclopédie, qui paraît vers le milieu du ex v DISCOURS PRÉLIMINAIRE. xviiic siècle et fut le triomphe des penseurs. De profonds philosophes la dirigent et lui impriment un grand caractère d’unité. Ces vastes tra¬ vaux portent bientôt des fruits : Locke et son écoie, qui enfanta le sen¬ sualisme en France , dissèquent la pensée et n’y voient qu’un jeu des organes ; Mably , dans un autre ordre d’idées , est encore le champion de la pensée émancipée. Rousseau jette à la foule ses brillants para¬ doxes voilés sous la magie de son style. Enfin tous les travaux viennent se résumer dans une vaste et puissante synthèse qui domine toute la science. L’abondance des matériaux ne nous permet pas de donner une es¬ quisse étendue des travaux de ce siècle. Nous nous contenterons donc de tracer à grands traits les progrès des sciences, et nous ne nous arrê¬ terons qu’à leurs plus brillants interprètes. Astronomie . — L’astronomie, à laquelle les découvertes de Newton avaient imprimé une impulsion nouvelle, s’enrichit d’observations qui en augmentent l’exactitude, Keil, émule de Locke , professe publique¬ ment, en 1704, la physique de Newton , et popularise ainsi les vérités répandues dans les ouvrages de ce grand homme , mais combattues par les ignorants et les envieux. Cette doctrine eut bientôt dans toute l’Eu¬ rope le plus grand retentissement; cependant jusqu’au milieu du xvme siècle, le cartésianisme en paralysa l’influence. Halley découvre 350 étoiles australes; il constate le passage de Mer¬ cure sur le soleil, et développe la théorie de Newton sur les comètes. Bradley fait connaître, en 1727, la cause de l’aberration de la lumière; et, quelques années plus tard, il explique le phénomène de la nutation de l’axe terrestre. Moskelin calcule la densité de la terre et trouve qu’elle n’est supérieure à celle de l’eau que de quatre fois et demie. Euler et Bernouilli , tous deux géomètres habiles, portent la lumière dans plusieurs parties obscures de la science. En 1736, La Condamine et Bouguer mesurent un degré du méridien sous l’équateur ; Maupertuis, Clairaut, Camus et Lemonnier font le même travail au pôle arctique. D’Alembert publie ses recherches sur la précession des équinoxes. Fontenelle, quoique n’étant ni physicien, ni astronome, fait pour les sciences physiques ce que Buffon fit pour les sciences naturelles; il en fait disparaître l’aridité et sait les populariser en les rendant aimables. De 1750 à 1754, Lacaille fait un voyage au cap de Bonne-Espérance, et détermine la position de 9,800 étoiles situées autour du pôle austral. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. oxxj En 1780, Herschell calcule, d’après les observations laites avec son immense télescope, la hauteur des montagnes de la lune. Un an après, il découvre la planète Uranus, et aperçoit, en 1785, deux nouveaux satel¬ lites de Saturne. Il étudie les étoiles, surtout celles qu’on nomm ^doubles et nébuleuses , la nature du soleil, la formation des corps célestes, etc. Les découvertes que Newton avait léguées à ses successeurs étaient immenses : il leur avait laissé le soin de déduire les conséquences de la loi de gravitation ; de rendre compte de toutes les inégalités des mou¬ vements des planètes et de ceux de la lune, de «trouver une démon¬ stration de la stabilité et de la permanence de notre système , au mi¬ lieu des influences qu’exercent sur lui les perturbations auxquelles il est sujet. Ce travail et la gloire qui s’y rattachait étaient réservés au xviïi6 siècle et furent successivement partagés par Clairaut, d’AJem- bert, Euler, Lagrange, Herschell, Laplaee, etc. Les recherches de Laplace et celles de Lagrange ont, entre autres,, mis hors de doute que la distance moyenne de chaque planète au soleil et par conséquent la durée moyenne de ses révolutions périodiques sont absolument inva¬ riables. Par la suite, nous mentionnerons d’autres découvertes faites par ces savants qui appartiennent à la fois aux xvme et xixe siècles. Météorologie . — La météorologie se lie intimement aux études de physique générale ; mais les travaux spéciaux sur cette branche des sciences d’observations ont, pendant longtemps, été peu nombreux. Ce¬ pendant, vers le milieu duxvni® siècle, nous voyons les expériences se régulariser et la météorologie prendre place dans la science en se sépa¬ rant de la physique. Demaison étudia les phénomènes de la congélation, et expliqua, d’une manière satisfaisante, l’augmentation de volume de l’eau solidifiée. Saussure se livra à des travaux intéressants sur la pluie les nuages et la formation des vapeurs. Franklin et Mairan obser- v rent les aurores boréales. Le premier découvrit l’identité de la foudre et de l’électricité. Il soutira aux nuages des étincelles électriques au moyen d’un cerf-volant, à la queue duquel était un fil de fer terminé en pointe. Il répéta les expériences faites avant lui, par Dalibard et Romas, sur le pouvoir des barreaux de fer pointus pour soutirer i’élec tricité des nuages orageux ; mais c’est à lui qu’on doit la précieuse application de cette propriété à la préservation de nos édifices. Voila étudia la formation de la grêle ; Dufay celle de la rosée ; et Kraaf la vitesse des vents, et Halley, les effets du mouvement de la terre sur les P cxxs\ DJSeOURS PKK LIMINAIRE. vents. Pugh et Kirwan publièrent des travaux sur la température, et le dernier donna un essai sur les variations de l’atmosphère. Toaldo, Van Swinden, Réaumur, Mairan, Gautier, de Lalande, Mercier, D am¬ ple r, etc., s’occupèrent d’observations météorologiques. Duhamel du Monceau publia ses observations botanico-météorologiques; Malouin s’occupa de travaux médico-météorologiques ; le P. Cotte fit de nom¬ breux mémoires sur cette science , et se distingua par la précision de sa méthode. En France et en Angleterre, des registres soigneusement tenus apportèrent de la régularité dans les observations ; enfin il s’éta¬ blit sur plusieurs points des Sociétés de météorologie. Physique. — Les progrès de la physique furent rapides dans le xvm® siècle ; mais, de toutes les branches de cette science, l’électricité et le magnétisme furent celles qui se perfectionnèrent le plus. En 1729, Gray fit connaître un plus grand nombre de corps électrisables par le frotte¬ ment; il découvrit les bons et les mauvais conducteurs de ce fluide, ainsi que le moyen de le développer dans les corps organiques. Wheeler partagea ses travaux. Desaguliers donna le premier le nom de conduc¬ teurs aux corps qui s’électrisent par communication, et Dufay reconnut deux sortes d’électricités; il appela l’une vitrée , parce quelle cor¬ respond à l’état électrique du verre , et l’autre résineuse , parce qu’elle se dégage de la résine. En 1746, Cuneus découvrit la bouteille de Leyde, et répéta ses expériences avec Musschenbroek ; ce dernier alors com¬ para la commotion produite par cette bouteille aux secousses vives que produisent la torpille, le gymnote et divers autres poissons; bientôt cet instrument fut perfectionné par Wilson • Watson et Bevis furent les premiers qui le garnirent à sa surface d une feuille mé¬ tallique , et qui imaginèrent les jarres électriques. Boze, professeur à Wittemberg, perfectionna la machine électrique, en substituant un globe de verre au tube employé par Hawkesbee , et en y adaptant un conducteur métallique. Klingstierna et Stroema y ajoutèrent des frottoirs. Nollet, expérimentateur intelligent, qui popularisa la physique géné¬ rale, répéta le premier en France l’expérience de la bouteille de Leyde sur cent quatre-vingts personnes qui se donnaient la main. Il fit voir que le fluide électrique, auquel on avait reconnu la propriété d’accé¬ lérer le mouvement des fluides jaillissants et d’activer la végétation , augmentait aussi la transpiration cutanée ; il inventa un électromètre, DISCOURS PR K LIM UN A I RE. CWHj perfectionné d’abord par Waitz, puis laissé en arrière par celui de Coulomb. Watson essaya de calculer la rapidité de la marche de l’étin¬ celle électrique ; mais ne put constater que son instantanéité. Cependant, malgré les perfectionnements de cette science dans sa partie expérimentale, la partie théorique était restée stationnaire; et, jusqu’à Franklin, on n’eut que des idées vagues sur la nature de l’elec- tricilé. Le philosophe de Philadelphie , frappé des phénomènes de la bouteille de Leyde, fit de l’électricité l’objet spécial de ses éludes. Il admit qu’un fluide électrique existe partout ; que tous les corps en sont plus ou moins chargés ; qu’aussitôt qu’on les frotte, l’équilibre électrique est rompu; que de cette quantité en plus ou en moins il résulte deux états électriques différents : l’un, qu’il appelle électricité négative , et l’autre qu’il nomme électricité 'positive; ce qui répond aux électricités vitrée et résineuse de Dufay. Œpinus , physicien russe, fit des expériences sur l’électricité, et expliqua, par une hypothèse ingénieuse, le phénomène de répulsion que présentent deux corps doués d’électricité de même nature. Jusqu’à Symmer, les physiciens admettaient qu’il n’existe qu’un seul fluide électrique susceptible de changer d’état ; il admit le premier l’existence de deux fluides, et son hypothèse a obtenu la préférence. Beccaria, Richman, Canton , Ammersin s’occupèrent encore d’électri¬ cité , et Ramsden construisit sur un plan nouveau la machine à pla¬ teau de glace en usage aujourd’hui. L’existence du fluide galvanique, indiquée, en 1767, par Sulzer, et, en 1786, par Colugno, fut confirmée par Galvani, qui crut y voir un fluide particulier; mais Volta, professeur de Pavie, renversa bientôt la théorie de Galvani, en rétablissant l’identité du galvanisme avec le fluide électrique. Le magnétisme, qui avait peu occupé les physiciens dans le siècle pré¬ cédent, devint l’objet d’études suivies. Ilalley observa, à Sainte-Hélène, les variations de l’aiguille aimantée ; Taylor détermina, de concert avec Hawkesbee, la décroissance de l’intensité de la force magnétique en rai¬ son des distances; Musschenbroek se livra aux mêmes recherches et in¬ venta le tribomètre. En 1746 , Knight perfectionna les aimants artificiels et tint son pro¬ cédé secret, ce qui n’empêcha pas Duhamel et Antheaume, en France, de composer des barreaux magnétiques. Michell, en Angleterre, arriva au même résultat et calcula le décroissement de la force magnétique. cxxi v DISCOURS PRELIMINAIRE. OEpinus apporta des perfectionnements à la méthode de Michel 1 pour l’aimantation des barreaux d’acier. Jusqu’à Coulomb, on avait cru que le fer seul était attirable à l’ai¬ mant. Ce physicien écrivit que tous les corps terrestres sont doués de la même propriété, mais à des degrés inégaux. Il perfectionna la méthode d’aimantation, et admit que le phénomène magnétique est dû à un fluide analogue à celui de l’électricité. Ce fut lui qui indiqua d’une manière précise les dimensions que doit avoir l’aiguille aimantée pour recevoir avec la plus grande intensité possible la vertu magnétique. Au milieu du xvne siècle, François de Lana et, plus tard, le père Ga- liani avaient admis la possibilité de former des corps plus légers que l’air. Cavendish et Black, ayant reconnu la légèreté de l’air inflammable, supposèrent qu’en en remplissant une vessie elle s’élèverait en l’air. En 1782, les frères Montgoifier d’Annonay, auxquels on doit le béli&r hydraulique, enlevèrent les premiers un ballon de papier contenant de l’air raréfié. Pilastre Desrosiers et d’Arîande osèrent monter dans cet appareil. Peu de temps après, Charles substitua avantageusement le gaz hydrogène à l’air raréfié. En 1769, Watt perfectionna la machine à vapeur de Newcomen et de Savery, et imagina le condensateur isolé. De 1775 à 1781 divers essais eurent lieu en France pour appliquer la vapeur à la navigation; essais qui ne furent répétés que plustard aux Etats-Unis, mais avec plus de succès. Réaumur et Haies construisirent des thermomètres à alcool, et Fahrenheit inventa, en 1724, le thermomètre à mercure; il donna à cet instrument deux termes fixes à l’aide d’une solution d’hydrochlorate d’ammoniaque et d’eau bouillante. Delisîe en construisit un n’ayant qu’un terme fixe, celui de l’eau bouillante. Malgré leur imperfec¬ tion, ces instruments sont encore de pratique usuelle. Pour apprécier les hautes températures, Musschenbroek construisit un pyromètre qui fut pendant longtemps le seul. Wedgwood en donna un d’argile, bien supérieur à celui de Musschenbroek, et Guyton-Morveau en fit un de platine, plus sensible encore que celui de Wedgwood. Stahl , Crawford, Wilkes et Black démontrèrent l’existence du calo¬ rique latent. Hawkesbee étudia le poids spécifique des corps et recon¬ nut les différents degrés de dilatation que la chaleur fait éprouvera Pair atmosphérique. Amontons, auquel appartient ta première idée du télégraphe, con¬ struisit un hygromètre de corne, qui fut bientôt abandonné; l’hygro- DISCOURS P R ÉU M I N A 1 1\ E . (XXV mélrie doit surtout ses progrès à Saussure, observateur attentif, qui construisit le premier un hygromètre à cheveu , et étudia tous les phé¬ nomènes que présentent les vapeurs en se répandant dans l’atmosphère. Halley et Hawkesbee étudièrent la réfraction des rayons lumineux à leur passage du vide dans l’atmosphère. Euler, physicien habile et plein de sagacité, partant des idées et des travaux deDescarteset d’Huyghens. chercha à substituer à la théorie de Newton sur l’origine de la lu¬ mière une autre théorie, fondée sur l’analogie du mode de transmission des sons et du fluide lumineux ; mais elle eut peu de succès. Il con¬ struisit, à force de soins et d’expériences, des lunettes achromatiques; mais il ne réussit pas entièrement. Son invention fut perfectionnée par Dollond, qui obtint un achromatisme complet, en combinant ensemble des lentilles de flintglass et de croivnglass. Rochon et Iierschell analy¬ sèrent les propriétés des rayons lumineux. Ce dernier confirma l’opinion de Newton, que tous les rayons ne chauffent pas avec la même intensité ; que les jaunes possèdent la plus haute puissance calorifique ; que quel¬ ques-uns donnent de la chaleur et d’autres seulement de la lumière. Buffon fut, avec le cardinal de Polignac, Sigorgue et Mauperluis, le propagateur de la philosophie de Newton ; il construisit des miroirs ar¬ dents et fit des expériences intéressantes sur les ombres coloriées. Vossius, Borelli , Hawkesbee, Carré et Clairaut cherchèrent sans suc¬ cès à expliquer le phénomène de la capillarité. Weibrechl en donna une explication plus simple et plus satisfaisante, fondée sur l’attraction mo¬ léculaire de l’eau sur elle-même et par le verre. A la fin de ce siècle, Laplace fit, sur le même phénomène, des observations dont il conclut que tout liquide renfermé dans un tube a de l’action sur lui-même , et que la capillarité est due à celte cause et non à l’attraction des molé¬ cules du liquide par le verre. L’Académie des sciences entreprit des expériences d’acoustique. Taylor, à qui l’on doit des travaux sur le magnétisme, appliqua l’analyse au mouvement vibratoire des corps sonores et créa la théorie des sons. Sauveur découvrit les nœuds de vibration. Tarlini et Bernouilli ont aussi rendu de grands services à l’acoustique. Chimie. — Pendant le xvme siècle, la chimie fit de rapides progrès; mais ce fut surtout vers sa fin qu’elle subit une métamorphose complète. L’empirisme en fut banni, les théories anciennes furent repoussées, et les nouvelles furent assises sur des découvertes confirmées par tous les CXXVJ DISCO U RS I* K ELI M I N A I K E chimistes. Dépouillée de ses vieux préjugés, la science put alors mar¬ cher à grands pas. La méthode de Bacon, la seule capable de con¬ duire à la vérité, devint générale. On cessa de compter les écoles; il n’y en eut plus qu’une, celle de l’expérience. La France , l’Alle¬ magne, l’Angleterre oubliaient leurs rivalités quand il s’agissait de science; et il y avait, pour ainsi dire, solidarité entre tous les savants de l’Europe. Malgré ses doctrines erronées, nous mettrons en tête des hommes qui imprimèrent un grand mouvement a la chimie Stahl, le commentateur de Becher, le créateur d’une philosophie chi¬ mique, et de la théorie du phlogistique , vaste généralisation qui em¬ brassait la science entière. Par malheur pour les progrès de la chimie , Stahl, dont les ouvrages indiquent une grande sagacité, partit d’une base fausse en considérant les oxydes comme des corps simples et les mé¬ taux comme des corps composés. De là toutes ses erreurs. D’après sa théorie, les métaux sont formés de l’union du phlogistique avec les terres et les oxydes , et la combustion n’est autre chose que le dégagement du phlogistique ; il s’en dégage d’autant plus que le corps est plus inflam¬ mable. Le phénomène de l’oxydation n’était alors, suivant Stahl, que l’effet d’un métal qui se déphlogistiquait. Ce renversement de toutes les idées rationnelles entravales progrès de la science, en substituant une fausse explication à la théorie véritable , qui avait pour base les faits observés; et, pendant tout le xvm® siècle , la théorie du phlo¬ gistique compta de nombreux partisans. Le célèbre Boerhaave, de Leyde, marcha sur les pas de Stahl ; malgré ses erreurs, il contribua à la création de la chimie philosophique. Ses expériences, quoique neuves et habilement conduites , restèrent presque sans résultat par suite de ses fausses idées sur le calorique, sur la constitution de l’air atmosphérique et de son ignorance complète de la diversité des gaz. Haies, inventeur d’appareils ingénieux, est faussement considéré comme le créateur de la chimie pneumatique ; car il ne connaissait point la constitution des gaz, qu’il regardait comme de simples modifications de l’air atmosphérique. Haies et Venel n’avaient d’abord vu que de l’air dans les fluides élastiques dégagés par la distillation. Malgré cette lenteur dans la marche des études, les idées se rectifiaient peu à peu, et l’on était à la veille d’une réforme, dont les premiers essais sont dus à Black , l’illustre professeur d’Édimbourg , qui , loin de cher¬ cher à voiler la science sous une phraséologie ambitieuse , s’efforça , au contraire, de la populariser par la clarté de sa méthode d’expo- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. rx\ V! j si lion , et sut la rendre attrayante par le charme dont il l’entoura. Il découvrit, après Van Helmont, le gaz acide carbonique , auquel il donna le nom Ü air fixe, en le distinguant de l’air atmosphérique où néanmoins il le retrouvait comme partie constituante; il fit de nombreu¬ ses et savantes expériences sur les gaz ; il découvrit aussi le calorique latent (1762), qui fait passer les corps solides à l’état de fluidité et vice versâ, sans que leur température en soit sensiblement changée. En 1764, Mac-Bride généralisa les propriétés de l’air fixe , et en fit une ingénieuse application à la médecine. Meyer d’Osnabrïick , cher¬ chant à expliquer le principe de la chaux et des alcalis, fit de l’air fixe de Black un être de raison qu’il appela causticum ou aciduin pingue. Celte prétendue découverte causa un schisme parmi les chimistes ; mais les expériences successives de Jacquin, de Venel et de Cavendish firent triompher la doctrine de Black. Cavendish alla plus loin que le chimiste d’Édimbourg. En 1766, il présenta à la Société royale un mémoire dans* lequel il disait positivement ce que l’air n’est pas un élément et qu’il existe plusieurs espèces d’airs. » Il reconnut que l’air fixe est plus pesant que l’air atmosphérique et qu’il est dégagé par la combus¬ tion du charbon. Il ajouta à cette découverte celle du gaz acide hydro- chlorique, fit connaître le premier les propriétés de l’air inflammable (hy¬ drogène) , ainsi que la composition de l’acide nitrique. Dans ses Ex¬ périences sur l’air, présentées à la Société royale, en 1784, il annon¬ ça qu’il avait brûlé par l’étincelle électrique de l’air inflammable en vase clos, en le mêlant avec de l’air respirable, et qu’il avait vu le tout se résoudre en une quantité d’eau égale au poids des airs absorbés. Cette expérience, dont le résultat eut un grand retentissement porta les chimistes à s’occuper de la décomposition de l’eau, et les mit sur la voie des transformations des corps organisés et inorganiques. Un contemporain de Cavendish, non moins célèbre que lui, est le modeste Schèele, l’habile et patient expérimentateur, qui résolvait les problèmes les plus obscurs de la chimie et de la physique , avec les instruments les plus simples. Son Traité de V air et du feu (1780) con tient des idées d’une grande profondeur sur la composition de l’air et sur la théorie de la chaleur. On peut cependant lui opposer l’étrangeté de ses conclusions qui font ombre à ses admirables talents comme observa¬ teur. Il fit la découverte d’un grand nombre d’acides organiques et de quelques corps simples. Priestley fut encore un chimiste profond. Il étudia les gaz avec une DISCOURS PRELIMINAIRE. cxxvii» grande habileté, et découvrit, en 1774, l’oxygène qu’il nomma air déphlo- gistiqué , l’acide sulfureux, l’azote , le protoxyde et le bioxyde d’azote et le gaz oxyde de carbone j mais, malgré ses grandes découvertes, on le trouve, à cause de son attachement à la théorie chimique de Stahl, in¬ certain dans ses principes et cherchant partout le phiogistique. Bergmann, le généreux protecteur de Schèele, celui qui reconnut un grand chimiste dans l’obscur préparateur d’un pharmacien, démontra que l’air fixe est un acide , et l’appela acide aérien. Il découvrit l’a¬ cide oxalique et plusieurs acides végétaux et métalliques; il fit de nom¬ breuses expériences sur la chaleur et la lumière. La théorie qu’il essaya de substituer à celle de Stahl n’eut aucun succès à cause de sa bizarrerie. A ces savants, on doit joindre Smith, qui essaya de classer les différentes espèces d’air qu’il nomma gaz, à l’exemple de Van ïïeîmont; Woolfe, qui perfectionna les opérations de la chimie, en améliorant les appareils; Rouelle, savant chimiste et habile praticien, le maître de Lavoisier, qui s’occupa de recherches sur les gaz et les sels, et auquel il ne manqua, pour tirer plus de parti de ses expériences, que de les avoir faites la ba¬ lance à la main; Bayen (1774), qui avait obtenu l’oxygène sans en avoir reconnu les propriétés, et qui attaqua la théorie de Stahl, en démon¬ trant l’inutilité du phiogistique dans la réduction des chaux métalliques, et Wenzel, qui publia, à Dresde, en 1777, une théorie sur l’affinité des corps, dans laquelle il expliqua l’action réciproque des sels neutres. Ce fut Wenzel qui le premier se servit de balances dans ses analyses ; il se distingua, parmi les chimistes de son temps, par la précision des résultats numériques de ses expériences. Le tableau des affinités chi¬ miques, publié par Geoffroy, en 1778, est encore un des ouvrages qui ont fait époque dans la science. Le plus illustre chimiste du xvme siècle fut Lavoisier, l’élève de Rouelle, et dont la vie, malheureusement trop courte, fut une suite de découvertes. Il renversa la doctrine chimique de Stahl, en déclarant que le phiogistique n’existe pas, que l’air déphlogistiqué est un corps simple; que cet air se combine avec les métaux dans la calcination, qu’il con¬ vertit en acide le soufre, le phosphore et le charbon, qu’il entretient la combustion et la vie, qu’il forme les parties essentielles de la croûte du globe, de l’eau, des plantes et des animaux. 11 répéta les expérien¬ ces de Black sur les gaz, démontra la combustibilité du diamant et les produits qui en résultent, et fit connaître la nature de l’acide carbonique; il étudia les phénomènes de la respiration et de la combustion , analysa DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CXXIX l’eau et la recomposa. Les chimistes, attachés aux anciennes idées, ne les abandonnèrent pas sans combattre le hardi novateur , et Lavoisier eut à soutenir une rude polémique; mais, malgré l’opposition que la doc¬ trine pneumatique rencontra surtout en Allemagne et en Angleterre, elle se répandit dans toute l’Europe. Berthollet , l’habile applicateur de la science à l’industrie , aban¬ donna le premier la doctrine du phlogistique pour embrasser celle de Lavoisier. Fourcroy, dont la carrière scientifique appartient plus au xvme siècle qu’au xixe, fut un digne émule de Lavoisier ; la science lui doit de nom¬ breuses expériences sur les combinaisons salines , sur la combustion de l’air inflammable ; et aussi de vastes essais de chimie animale ; ce fut en 1792, qu’associé à Vauquelin et à Séguin, il obtint de l’eau composée de toutes pièces. La science était devenue assez riche en découvertes; mais sa langue, empreinte des formes de l’alchimie, manquait encore de précision; c’était un mélange incohérent de noms bizarres, n’indiquant jamais les relations des corps constituants. Nous citerons entre autres la laine phi¬ losophique (oxyde de zinc), et la lune cornée (chlorhydrure d’argent). Sur un travail et d’après les idées de Guyton-Morveau, Lavoisier, Berthollet et Fourcroy changèrent la nomenclature chimique. Les noms se simplifièrent et eurent une signification arrêtée. Un petit nombre de terminaisons unies aux radicaux suffirent pour faire connaître la composition des substances. Il y eut une même terminaison pour les acides; on appela oxydes les corps combinés avec l’oxygène sans acidité ; les alcalis et les corps terreux eurent des noms féminins et les métaux des noms masculins. On désigna par des noms du même genre les substances de nature semblable. Il en résulta pour l’étude un avantage immense ; aussi tous les savants s’empressèrent-ils d’adopter la nouvelle nomenclature; mais, plus tard, cette langue, qu’on avait cru pouvoir toujours suffire aux besoins de la science, subit d’importantes modifi¬ cations, et de nos jours elle en exige beaucoup encore. Les dernières années du xviii® siècle virent la chimie se perfectionner surtout en ce qui concerne son application aux arts et à l’industrie. La minéralogie et la géologie ne pouvaient marcher sans elle ; la science des êtres organisés y puisait des connaissances précieuses ; enfin, on re¬ connut qu’elle sert de lien à toutes les sciences naturelles ; aussi lui assigna-t-on la première place parmi les autres sciences , et H » CX XX DISCOURS PRELIMINAIRE. les progrès du xix® siècle ont, à cet égard, confirmé le jugement du XVIIIe. Anatomie . — Dans le cours du xvme siècle, les anatomistes furent très nombreux. Nous ne citerons que les plus éminents. Le premier dans l’ordre chronologique est Heister, le professeur d’Altorf, qui pu¬ blia un Compendium analomicum. Après lui vient le célèbre Win s- low, qui doit sa gloire à la France, et qui fit paraître, en 1732, son Expo - sition anatomique de la structure du corps humain. Dans cet ouvrage, traduit en plusieurs langues, il laissa derrière lui tous les anatomistes qui l’avaient précédé, sous le rapport de la perfection de ses travaux en ostéologie, en angéiologie, en névrologie et en splanchnologie. Il n’a été surpassé en myologie que par Albinus. Ce dernier (dont le véritable nom est Weiss), professeur à Leyde en 1719 , où il occupa la chaire d’anatomie pendant cinquante années , contribua aux progrès dé jà science non seulement par ses études per¬ sonnelles, car on lui doit entre autres travaux un recueil de planches de myologie et d’ostéologie d’une perfection admirable, mais encore en publiant les travaux des anatomistes du siècle antérieur, et en publiant aussi, de concert avec Boerhaave, de belles éditions de Yésale, d’Harvey et de Fabrizio d’Aquapendenle. Haller , de Berne , disciple de Boerhaave et d’ Albinus, un des hom¬ mes les plus distingués du xvme siècle, est celui dont les connais¬ sances étaient à la fois le plus variées et le plus profondes. Il commença, en 1729, par commenter les institutes de Boerhaave; et, pour s’aider dans son travail, il fit de nombreuses dissections de cadavres d’hommes et d’animaux. On a de lui des travaux étendus sur toutes les parties de la science de l’organisation ; il ne se contenta pas d’observer il critiqua, scruta, pesa toutes les découvertes , et son jugement fut constamment celui d’un homme supérieur. En 1753, il abandonna l’université de Goetlingue, et se retira à Berne, où, faute de cadavres humains, il fit des expériences sur les animaux vi¬ vants. Il recueillit des observations importantes sur les mouvements du cœur et la respiration , sur la circulation dans les animaux inverté¬ brés, sur la formation du poulet, et sur celle des os dans les mam¬ mifères. Il avait des idées particulières sur l’irritabilité, qu’il distinguait ex¬ pressément de la sensibilité; ainsi il niait l’irritabilité des nerfs, qu’il regardait seulement comme sensibles, et ne reconnaissait d’irritables DISCOURS PRÉL1 M I N AIRE. pendant sa période de fluidité , et que, s’étant peu à peu refroidie , elle se couvrit d’eau par suite de la condensation des vapeurs que finirent par absorber les caviLés intérieures. Après quarante-trois mille années de refroidissement qui n’éteignirent pas le feu central , mais qui recouvrirent le globe d’une croûte possédant une chaleur tempérée, les végétaux et les animaux se produisirent à sa sur¬ face. Vinrent ensuite les formations secondaires. Pendant celte longue période eurent lieu de nouvelles révolutions et les reliefs du globe se formèrent. Les courants, les éruptions volcaniques et d’autres phéno¬ mènes déterminèrent les montagnes, creusèrent les vallées et donnèrent lieu aux différents mouvements de terrain. Buffon n’a point admis la théorie de la formation des montagnes par soulèvement; il pensait que toutes les causes modificatrices de la surface du globe se produisaient au sein des mers, dont le déplacement laissait à la nature organique le moyen de se développer. Un des principaux mérites de Buffon , comme géologue, est d’avoir inspiré le goût de cette science par le charme ré¬ pandu dans ses écrits. Vallerius, compatriote et contemporain de Linné, admet que les iné¬ galités de la surface du globe sont dues à l’action du déluge et «à la puis¬ sance érosive des eaux. Guettard dressa le premier, en 1746, des cartes géologiques, desti¬ nées à représenter la nature des terrains. Il divisa la terre en trois ban¬ des : la bande schisteuse, correspondant aux formations primitives et intermédiaires; la bande marneuse comprenant nos terrains secondai¬ res ; et la bande sablonneuse ou formation tertiaire. On lui doit les pre¬ mières études attentives du bassin parisien. Needham (1769) admet la formation, par soulèvement, des monta¬ gnes dont les couches étaient originairement horizontales, et il trouve une preuve de leur origine ncptunienne dans la présence des corps organisés qui s’y rencontrent. Sulzer attribue les diverses modifications de la surface du globe à des cataclysmes successifs dont l’un , qui eut lieu à l’époque où la na¬ ture était organisée, est le déluge universel. Boueîle , dont les opinions géogéniques nous ont été transmises par Desmarest, son disciple, a divisé l’écorce du globe en deux groupes, qu’il appelle l’ancienne et la nouvelle terre, séparées par un massif intermédiaire composé des masses argileuses et schisteuses, au sein desquelles il place les houillères. Dans le premier se trouvent le gra DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CL! IJ nite, le gneiss, etc. ; dans le second, il place les divers dépôts calcaires marneux, argileux, quarlzeux, etc., divisés depuis en terrains secon¬ daires et tertiaires. Cet habile chimiste possédait des connaissances paléontologiques assez exactes; il avait remarqué que la plupart des empreintes des végétaux qui se trouvent dans les houillères n’ont leurs analogues que dans des climats éloignés. Voyant qu’il en était de meme pour les débris d’éléphants et d’une multitude d’autres mammifères qu’on trouve dans les terrains diluviens, il crut pouvoir en conclure le déplacement graduel de Taxe de notre planète. La théorie de Lehmann (1759) est à peu près celle de Rouelle; mais une erreur de ce géologue est d’avoir cru que, de l’étude géognostique des montagnes du Harz et de la chaîne de l’Erzgebirge , il pouvait dé¬ duire la structure de toute l’écorce du globe. Micliell, Whitehurst et Kier firent des études géologiques attentives sur les diverses formations des îles Britanniques. On doit aux deux derniers des travaux intéressants sur les calcaires carbonifères. Robiquel (1761), dépourvu de connaissances scientifiques, tenta d’ex¬ pliquer la formation de l’homme comme fin dernière de la nature ; il emprunta une partie de ses idées à De Maillet, et les accompagna des extravagances les plus puériles. En 1772, Bergmann , neptunien comme presque tous les géologues de son époque , exposa avec une grande justesse d’observation , dans sa géographie physique , les changements successifs que la terre a éprouvés depuis sa solidification. Il connaissait un grand nombre de faits relatifs à l’histoire paléontologique du globe. La Théorie de la terre , publiée par Hutton, en 1785, eut une grande influence sur la géologie. Cet auteur repoussa une partie des hypothèses qui attribuaient à l’eau l’origine de certaines roches ; il expliqua par l’action du feu central, non seulement la formation d’une foule de roches et de minéraux, mais aussi celle de nos continents, qu’il considère comme soulevés du fond des eaux. Les raisonnements de Hutton ont souvent une grande solidité ; mais quelquefois aussi ce géologue se perd dans les hypothèses; ce qui détruit l’impression favorable produite par ses assertions sérieuses. Il fut le chef de l’école des mdcanistes . A ces géologues succéda Werner, dont le système éclipsa ceux qui l’avaient précédé. En 1787, il publia sa théorie qui, jusqu’en 1796, reçut de grands perfectionnements. Il distingua, comme Lehmann, les terrains en plusieurs époques: il appela primitifs ou à liions, les terrains t cuv DI SCO UIÀS PRÉLIMINAIRE. granitiques; secondaires ou à couches, les terrains stratifiés d’origine plus récente et présentant des restes organiques. Plus tard, il désigna, sous le nom de terrains intermediaires ou de transition , des dépôts intercalés entre les terrains primitifs et secondaires, et présentant cer¬ tains caractères particuliers. Il eut, comme Lehmann, le tort de croire que les montagnes du Harz offrent le type de toutes celles delà terre, et il tomba dans l’erreur opposée à celle d’Hutton , en attribuant toutes les formations au fluide aqueux ; d’où le nom de neptunistes donné à ses disciples. Werner dut son influence à la forme arrêtée de son système, et surtout au talent avec lequel il enseigna a déterminer la composition minéralogique des roches; mais, comme tous les hommes à conceptions élevées, il inspira à ses disciples, non pas celte vénération indépendante qui doit caractériser les vrais savants, mais l’admiration fanatique qui préconise jusqu’aux plus grossières erreurs. Ce servilisme scientifique nuisit beaucoup aux progrès de la géologie. De Saussure et Pallas, dont l’un explora les Alpes et l’autre les monts Durais et la Sibérie, contribuèrent aux progrès de la science par leurs nombreuses observations. Ils s’accordèrent à reconnaître la formation des montagnes par l’action du feu ou des autres fluides élastiques, qui, renfermés dans l’intérieur du globe, en soulevèrent la masse. O11 voit, malgré la diversité des théories géogéniques de cette époque, qu’à mesure que nous approchons du xixe siècle, les systèmes acquiè¬ rent quelques degrés de certitude de plus, et que les théoriciens, même les plus hardis, ne se croient pas dispensés de l’observation ; aussi les progrès de la géologie se trouvèrent-ils préparés par la nombreuse collection de faits que nos pères avaient amassés. Minéralogie . — La minéralogie, cette compagne inséparable de la géologie, existait à peine au commencement du xvmc siècle. Son carac¬ tère purement descriptif, favorisant peu les hypothèses, n’avait au¬ cun attrait pour les créateurs de systèmes ; mais on reconnut bientôt les étroites relations qui l’unissent à l’étude des masses inorganiques, et les recherches, dirigées dans cette voie, amenèrent d’heureuses découvertes. Ce fut alors que parurent les premiers essais tentés pour systématiser celte science ; essais qui allèrent toujours en se perfectionnant. Bromel (en 1730) fut le premier des auteurs méthodiques qui divisa les minéraux d’après leurs caractères pyrognoslîqucs, combinés avec DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CLV leurs caractères extérieurs. ^Quelques années après, Linné, qui perla le meme esprit d’investigation sur toutes les branches des sciences na¬ turelles, introduisit, dans la classification des minéraux, l’importante considération de la forme cristalline. Malgré l’imperfection de son sys¬ tème, qui tient à la nature de ses idées cristallogéniques, il peut être considéré comme l’un des fondateurs de l’école géométrique, qui a pris un développement si marqué vers la fin du xvme siècle. Déjà, cepen¬ dant, Sténon et Capeller avaient émis, sur les cristaux, des idées dignes de fixer l’attention des physiciens. Le mode de division proposé par Bromel fut adopté, à quelques mo¬ difications près, par Cramer, Wallersdorff, Gellert, Cartlieuser et Waîie- rius. L’ouvrage de ce dernier atteste un véritable progrès, sous le double rapport du choix des caractères et de la précision delà nomenclature. L’élan était donné, et la minéralogie allait enfin sortir de l’enfance. En 1758 commença pour cette science une nouvelle période : Cronstedt eut recours à un principe de classification inconnu jusqu’alors , auquel il subordonna tous les caractères ; le premier , il prit en considération la composition élémentaire des minéraux ; il fut suivi dans cette voie par Bergmann , de Boni et Karsten. Après lui , Kirwan , Wenzel et Richter firent sentir la nécessité de déterminer avec soin les proportions des éléments. Buffon (1755), qui répandait tant de charmes sur les sujets les plus arides, s’occupa aussi de minéralogie ; mais l’état peu avancé de la science ne lui permit pas de s’élever à la même hauteur que pour les autres branches de l’histoire naturelle. En 1774, Werner, le célèbre fondateur de l’école de Freyberg, entre¬ prit de ramener à des principes réguliers la détermination empirique des espèces minérales , et il en définit les caractères extérieurs avec une précision inconnue avant lui. Vers le même temps, Roulé de Lille publia son Essai de cristallo¬ graphie , dans lequel il établit le principe de la constance des angles dans les cristaux, et celui de la dépendance mutuelle des formes cristal¬ lines dans la même espèce. En 1779 et 1780 , Monnet et Fourcroy éta¬ blirent chacun une classification des minéraux, fondée sur leur com¬ position chimique. Daubenton (1784) essaya un système de cristalli¬ sation qui fut bientôt oublié. Haïiy, son élève, le véritable créateur de la cristallographie, fut plus heureux; il fit concourir à la distinction des substances minérales les caractères géométriques, physiques et chi¬ miques; il donna !o premier une définition rigoureuse de l’espèce mi- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. OIAJ jiérale ; et la science eut des lois pour diriger sa marche , des règles fixes, des principes solides et incontestables. Les études sérieuses auxquelles se livrèrent les minéralogistes, guidés dans leurs recherches par les lumières de la chimie, firent chaque jour découvrir de nouvelles substances ; ainsi, en 1723, Brandi avait fait con¬ naître l’arsenic , et Wood , le platine ; en 1730 , Delnyard découvrit le tungstène ; Grégor , le titane ; Muller , le tellure ; Hielm, le molybdène ; Bergmann, la magnésie et la baryte; Riehter essaya de déterminer la saturation des acides et des bases. On voit , par ce rapide exposé des vastes travaux du xvme siècle , que l’esprit humain, se dégageant peu à peu de ses entraves, n’était plus enchaîné, comme d$ns les siècles précédents, par l’autorité des maîtres de la science ; que la parole des Haller, des Linné , des Buffon , quelque puissante et quelque respectée quelle fut, ne pouvait plus arrêter le progrès, et que chaque jour une découverte , une révision nouvelles, apportaient, dans les systèmes les plus goûtés, des modifications tantôt heureuses, tantôt simplement hardies, ou les renversaient sans pitié. Le xvine siècle a donc ouvert aux sciences la voie de la vérité, et le iixe n’a pas déserté les larges routes qui lui étaient frayées. (DiHâPSf1!! 2¥o ^ % JEUat des sciences naturelles depuis 1789 jusqu’à nos jours. Les doctrines philosophiques du xvnri siècle, l’indépendance née de l’esprit d’observation, affranchi du joug de toute autorité que n’avouait pas la raison, avaient répandu partout une vague inquiétude, avant- courrière d’une crise prochaine. Les études générales n’absorbaient plus l’attention des esprits méditatifs; chacun prenait part aux agita¬ tions de la politique, comme, dans le siècle précédent, les savants avaient mêlé à leurs travaux de vastes questions sociales. Celte sourde fermentation devenait sans cesse plus active. D’un côté, mouvement, agitation; de l’autre, compression, résistance. De ce choc d’intérêts et d’opinions résulta la plus grande commotion politique qui ait ébranlé le DIS CO U RS PRELIMINAIRE. CLVIj monde. La révolution française portait dans son sein le germe de la guerre, et bientôt toute l’Europe fut embrasée. Pendant près de vingt-cinq ans, il y eut dans les sciences une perturbation violente. Le commerce entre les savants fut interrompu , les communications des peuples perdirent tout caractère pacifique , les souverains n’eurent plus le loisir de s’occuper de science , et tous les esprits parurent agités du souffle révolutionnaire, qui se mêlait même à la vie intime. Les savants étran¬ gers se trouvèrent d’abord dans une position plus favorable que les savants français ; mais bientôt la science, plus puissante chez nous que tous les obstacles, anima de son esprit des hommes dignes d’elle. Au milieu de la tourmente, à l’époque où l’Europe entière armée contre nous semblait avoir concentré l’énergie nationale dans le senti¬ ment exclusif de la défense , les sciences trouvèrent encore des repré¬ sentants que n’effrayèrent ni le tumulte des armes, ni la vie des camps, ni les hasards d’une lutte acharnée. Nous voyons notre glorieuse expédi¬ tion d’Orient devenir une nouvelle occasion d’études. Des géographes , des astronomes , des naturalistes, se pressent à l’envi sur les pas de nos guerriers. Savigny, Geoffroy Saint-Hilaire , Cordier , Belille , dressent l’inventaire des richesses naturelles de l’Égypte. Des expéditions loin- Urnes ont lieu dans le même but : d’Entrecasleaux vole à la recherche de l’infortuné La Pérouse , et La Biilardière rapporte de ce voyage des plantes et des animaux nouveaux; Baudin visite les Antilles, la Nouvelle- Hollande et l’archipel indien; et, grâce au zèle infatigable de Pérou et de Lesueur, ce voyage ne reste point stérile pour la science ; Bosc visite l’Amérique; Bernardin de Saint-Pierre, l’Ile-de-France; Olivier , le Le¬ vant; Paiisot de Beauvois , la Guinée et Saint-Domingue; Poiteau et Turpin explorent aussi cette dernière colonie ; Desfontaines et Poire t parcourent la Barbarie ; Levaillant et Delalande, l’Afrique et le Cap ; La Biilardière, la Syrie; Michaux, Cayenne et l’Ile-de-France; Sonnerat, 4 Commerson et Dombey enrichissent nos musées du fruit de leurs pénibles recherches. Les étrangers ne nous le cèdent pas en activité : les Portu¬ gais Loureiro et Velîozo visitent, i’un la Cochinchine, l’autre le Brésil; les Espagnols Ruiz et Pavon , le Chili et le Pérou ; Mocéran, le Mexique. Les Anglais, mettant à profit leur puissance, visitent leurs vastes colonies dans un intérêt scientifique ; Roxburgh parcourt l’Inde ; Masson, le Cap ; Smith et Shaw, la Nouvelle-Hollande, si riche en animaux inconnus. Les résultats obtenus par les divers voyages antérieurs, f accumula- (’LVllJ DISCOURS PRELIMINAIRE. tion des trésors dont nos musées sont le vaste dépôt, le goût toujours croissant des sciences naturelles, excitent le zèle des voyageurs. Dif¬ férentes contrées sont plus soigneusement explorées. L’Amérique sep¬ tentrionale est successivement parcourue par le prince Paul de Wur¬ temberg; par les Français Milbert , Lesueur, Michaux, de la Pylaie, Charles Bonaparte ; parles Anglais Lyon , Franklin , Richardson, Sabine; par les Américains Mitchill, Lewis, Clarke, Harlan, Bertram, Say et Wilson, qui s’avancent jusque dans les parties les plus reculées de ce continent. Rengger visite le Paraguay, que la jalouse défiance du docteur Fran¬ cia ferme aux voyageurs; Bertero et Jurieu explorent le Chili; Aug. Saint-Hilaire, Spix, Martius, Pohl, le prince de Neuwied, le Brésil; de Ilumboldt , Bonpland , Boussingault , Boulin , Alcide d’Orbigny , Lacordaire, Pœppig, parcourent les nouvelles républiques de l’Amé¬ rique méridionale ; Descourtilz, Moreau de Jonnès , Lachesnaye, Pley, Ricord et Poey nous font connaître les richesses naturelles des Antilles. Russel, Buchanan, Raftles,Leschenault, Diard, Duvaucel, Jacquemont, Dussumier, Ad. Delessert, visitent les Indes, Sumatra, les îles de la Sonde; Biumhof et Siébold, le Japon; Reinwardt, Blum , Kuhl , Van Hasselt, affrontent le climat mortel de Java. Ehrenberg, Hemprich, Rïippel et Schimper choisissent l’Égypte, la Nubie, l’Abyssinie, la Syrie, l’Arabie, pour théâtre de leurs explorations seientiüques ; Mungo-Park, Denham , Clapperton , Caillé , pénètrent dans l’intérieur de l’Afrique ; Webb et Berlhelot visitent les Canaries ; Durville et Gauthier, les côtes de la mer Noire. Le vaste empire de Russie est parcouru par Klaproth , Parrot, Fischer et Vrangel. Ehrenberg et Rose explorent, en compagnie de de Humboldt , les régions de l’Oural et de l’Altaï. A chaque expédition s’attachent des naturalistes. Des explorations scientifiques sont même organisées par les gouvernements. Krusenstern et Kotzebue font les premiers voyages de circumnavigation entrepris par la Russie, et sont accompagnés par Tilesius et Chamisso; Parry , Ross, Back, visitent les mers arctiques; Freycinet, Duperrey, Dumont d’Ur- ville, Laplace, accompagnés des naturalistes Quoy, Gaimard , Gaudi- chaud , Garnot , Lesson , Eydoux , nous font successivement connaître , avec plus de détails, les îles de l’Océanie, découvrent de nouvelles terres et rapportent de précieuses collections d’histoire naturelle. En 1829, une commission scientifique parcourt la Morée. Quelques années plus lard, le voyage de circumnavigation delà Bonite fournit à DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CI.JK Eydoux , Souley , Gaudichaud et Chevalier, l’occasion de recueillir d’importantes observations sur les trois règnes et de rapporter de nom¬ breuses collections. Nos nouvelles conquêtes d’Afrique, explorées en pre¬ mier lieu par le capitaine Rozet et , plus tard , par Maurice Wagner, sont visitées en ce moment par une commission scientifique. Dumont d’Ur- ville et Dupetit-Thouars reviennent riches d’abondantes récoltes de leur dernier voyage au pôle austral ; et à peine deux ans se sont écoulés depuis qu’une expédition a visité, sous la direction de Gaimard, l’Is¬ lande, le Groenland, les îles Féroé et la Scandinavie. Parmi ces nombreux voyageurs , à qui nous devons de si précieuses découvertes, on compte un grand nombre de martyrs. Delalande meurt à Madagascar; Godefroy, à Manille; Noël de LaMorinière, en Nor- wége; Bowdich, sur la Gambie; Mungo-Park sur le Niger; les cendres de Kuhl et de Van Hasseït reposent dans l’île de Java ; Duvaucel, Jacque- mont et Roux sont dévorés par le climat brûlant de l’Inde; Pley, Lcs- chenault, Eydoux et d’autres encore périssent victimes de leur zèle. Honneur à leur mémoire! Leurs noms ne périront pas ; ils figureront glorieusement dans le martyrologe de la science. L’analyse des travaux de ce siècle , quelque rapide quelle soit , nous forcera d’entrer dans des détails que nous avons dû négliger en parlant des époques antérieures. Nous parlerons moins des hommes qui, depuis quarante années, enrichissent la science du fruit de leurs la¬ borieuses recherches, que de l’état des connaissances actuelles, afin qu’on puisse mieux apprécier les résultats obtenus par quatre siècles d’études sérieuses. Astronomie . — Les progrès de l’astronomie ne dépendent plus au¬ jourd’hui, comme ceux des autres sciences, de nombreuses et fréquentes découvertes, appuyées sur des théories se renouvelant sans cesse. Ses bases ont été irrévocablement posées ; et toutes les recherches, toutes les observations, ne sauraient plus tendre qu’à les confirmer; aussi l’étude des phénomènes restés sans explication, celle des mouvements anomaux des corps célestes est-elle l’objet spécial et presque exclusif de tous les efforts. Le système de Copernic, vérifié par les travaux de Galilée, de Képler, de Newton, d’Euler, etc., avait atteint, au commencement du xixe siècle, un degré de certitude qui ne laissait de place à aucun doute ; l’astronomie mathématique se perfectionnait chaque jour. En 1789, Laplacc publia sa mécanique céleste; et, en 1800, son système du CT.K, DISCOURS PRÉLIMINAIRE. monde. En 1801 , Piazzi découvrit Gérés ; Olbers, en 1803, aperçut Pallas; en 1807, Vesta; en 1811, Harding signala Junon. Ces décou¬ vertes, paraissent avoir complété le système des planètes qui gravitent autour du soleil. Les différents arcs du méridien, mesurés en France, en Angleterre, au Pérou, au cap de Bonne-Espérance, aux Indes-Orientales et en Pcn- sylvanie ; les perpendiculaires à la méridienne, imaginées pour arriver au meme but, l’observation des irrégularités du mouvement de la lune, la comparaison des variations locales de la longueur du pendule , ont fait connaître que la figure de îa terre se rapproche d’un ellipsoïde de révolution autour de Taxe qui passe par les pôles ; l’un des avantages pratiques de ces travaux est d’avoir fourni la base du système métrique. Les comètes que Newton et Halîey avaient ramenées aux conditions générales du système planétaire ont été étudiées de nouveau par La- place. Olbers a donné un catalogue complet de celles dont on a pu cal¬ culer la marche, et qui sont aujourd’hui fort nombreuses, par suite des découvertes récentes. Néanmoins il n’y en a que trois, celles de Haîley, d’Enke et de Gambart, dont on puisse prédire le retour avec certi¬ tude. On doit à M. Lambert, géomètre prussien, et à AL Cournot, des recherches curieuses sur la distribution des comètes dans l’es¬ pace. M. Yaîz a reconnu que le diamètre de la comète à courte période allait en diminuant à mesure quelle s’approchait du soleil ; M. Ara go , dont les études ont embrassé toutes les parties de la science, a composé sur les comètes une notice pleine d’intérêt. Plusieurs astronomes ont dressé des catalogues d’étoiles bien supé¬ rieurs à ceux des anciens ; mais, jusqu’à ce jour, on a vainement essayé d’en déterminer la parallaxe. Leur mouvement, découvert par Haîley, avait d’abord été considéré par MM. Herschel et Prévost comme dé¬ nué de réalité 5 mais ce point de la science a été mis hors de doute par MM. Piazzi, Bessel-Struve, Argelunder et par tous les observateurs modernes. Les travaux importants de Bradley sur les étoiles ont servi à M. Bessel de Kœnigsberg à établir un des meilleurs catalogues que nous possédions. MM. Piazzi, Herschel, Struve et South ont étudié avec succès les étoiles composées, et réuni sur ces astres une longue série d’observations. Le catalogue d’Herschel, continué par son fils, contient l’énumération de 2500 nébuleuses. M. Arago a présenté , il y a un an, une théorie fort ingénieuse pour expliquer la scintillation des étoiles. MAL Arago, Mathieu et Bessel ont calculé la distance de DISCOURS PR tf LI M IN AI R E . CI.XJ l’étoile du Cygne à la terre ; et ils ont trouvé que sa lumière met dix ans pour arriver jusqu’à nous. Le globe lunaire a été l’objet d’observations pleines d’intérêt. La¬ grange a découvert la cause physique qui fait que la lune nous présente toujours la même face ; MM. Olbers, Brandes, Rode, Lamarck, ont étu¬ dié son influence sur notre planète; M. Schroeter a mesuré la hauteur de ses montagnes, que M. Éiie de Beaumont a essayé de classer comme il l’a fait pour celles de la terre; MM. Riccioli et Gruithuisen ont observé la configuration de cet astre avec une patience infatigable, et M. Beei* en a donné une des meilleures cartes. M. Schrœter a étudié Vénus, dont la surface est hérissée de montagnes élevées. Mercure l’a été avec le même soin. Les astronomes romains ont cru remarquer plusieurs anneaux autour de Saturne. Il reste à véri¬ fier si ce fait est réel ou si ce& anneaux multiples ne sont effectivement que des zones noires placées sur la masse de l’anneau. Les étoiles filantes occupent depuis quelques années l’attention de nos astronomes. On a remarqué que ces phénomènes sont plus fréquents a certaines époques, surtout au 10 août et du 10 au 13 novembre. M. Er- man, de Berlin, explique les étoiles filantes par la présence d’une mul¬ titude de petits bolides circulant autour du soleil, et ne devenant visibles qu’au moment où ils s’enflamment , en pénétrant dans notre atmos¬ phère. Cette théorie n’est pas généralement admise, et l’on y fait plu» sieurs objections auxquelles il est difficile de répondre. Il reste à l’astronomie à nous apprendre , comme fait d’observation directe , si Uranus est la limite de notre système planétaire , s’il n existe rien au-delà; et, comme résultat d’études plus profondes, si les théories d’Herschel sont confirmées par l’observation, et si la force qui enchaîne les globes dans l’espace est le résultat d’une impulsion pre¬ mière ou d’un fluide universellement répandu; mais, arrivée à ce point, c’est à la physique que l’astronomie doit avoir recours pour trouver l’explication de ces derniers phénomènes. Méléoi'olorjie. — La météorologie est la branche des sciences physi¬ ques qui laisse le plus à désirer, et celle dans laquelle les lacunes sont les plus nombreuses. L’étude des phénomènes atmosphériques a, de tout temps, été pour l’homme d’un haut intérêt; et, quoique les premiè¬ res observations remontent à une époque fort reculée , il règne encore dans plusieurs parties une obscurité profonde ; certains météores ne U OLXIJ DISCOURS PRÉLIMINAIRE. sont même pas mieux connus que du temps d’Aristote. Les faibles pro¬ grès de cette science ne proviennent pas de l’indifférence qu’elle in¬ spire, mais des difficultés qui l’entourent, et, le plus souvent même, de 1 impuissance des moyens d’exploration. Toutes les parties de la météorologie ne présentent pas les mêmes difficultés; ainsi les observations barométriques , thermométriques, et celles du magnétisme terrestre , se font avec succès ; mais la mesure précise des vapeurs contenues dans l’atmosphère attend encore un in¬ strument exact, et les météores ignés n’ont été que très imparfaitement étudiés. Dans ces derniers temps, on a institué en Europe des observa¬ tions réglées; des correspondances se sont établies entre les observa¬ teurs ; on peut donc espérer que la météorologie, sortant enfin de l’en_ tance, pourra diminuer le mal que causent les intempéries des saisons et tes désastres qu’entraînent avec eux le£ ouragans et les tempêtes. MM. Leslie, Fourier, Brewster, Arago, Cordier, de Humboldt, Pré¬ vost, Six, Legrand et Walferdin , ont recherché les lois de la tempéra¬ ture dans les diverses régions , à différentes hauteurs , et jusque dans les profondeurs de la croûte terrestre et des bassins des mers. Depuis Bacon jusqu’à Iïorsburg, la théorie des vents réguliers a été bien étudiée et bien établie. D’Alembert, Ramond, Dunbar, MM. de Humboldt, Bouvard, Morin, Capper, etc., se sont occupés de cet inté¬ ressant sujet; mais il n’en est pas de même des bourrasques et des rafales qu’on a voulu à tort expliquer par des changements de tempéra¬ ture, qui ne produisent que les vents réglés, les brises et les moussons. Une telle cause 11e peut convenir à ces coups de vent, dont la brusque énergie est précédée et suivie d’un calme presque complet, pour repa¬ raître soudainement, après quelques instants de repos ; elle ne peut pro¬ duire ces grains blancs dévastateurs , dont la subite apparition ne laisse pas même le temps de carguer les voiles d’un navire. M. Peltier a com¬ mencé à publier sur ce sujet une suite d’observations et d’expériences, au moyen desquelles il rattache la cause de ces actions brusques et ca¬ pricieuses à la puissante tension électrique des masses de vapeurs opa¬ ques ou diaphanes qui nagent dans l’espace. Les météores aqueux ont été observés par MM. Dalton etGay-Lussac, qui ont déterminé les lois des vapeurs. M. Daniel, en étudiant les lois de l’évaporation dans l’air, a cherché à appliquer les résultats de ses observations à l’horticulture. MM. Howard, Th. Forsler et divers autres ont classé les nuages DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cr.xiij d’après certaines formes qu’ils revêtent. MM. Leslie, Dalton, et surtout H. Davy, ont donné une bonne théorie des brouillards. MM. Dalton et Bouvard se sont occupés des quantités d’eau pluviale qui tombent sur différents points, et M. Kœnitz a rassemblé les résultats de ces obser¬ vations dans sa Météorologie. De toutes les théories de la grêle, c’est celle de Volta qui résista le plus au temps , quoiqu’elle ne pût répondre d’une manière satis¬ faisante ni à la cause du froid, ni à la formation des épines ou des crêtes des grêlons, ni au bruit qui précède leur chute. M. Peltier ayant rempli ces lacunes, cette théorie rend compte maintenant de toutes les parties du phénomène. Malgré les expériences contradictoires de de Saussure, de Guthrie et d’Erman, on persistait à considérer l’air comme le réceptacle d’une quantité prodigieuse d’électricité, lorsque M. Peltier est venu démontrer que, sous un ciel serein, on n’obtenait qu’une électricité d’influence transitoire et non permanente, dans laquelle la terre jouait le rôle d’un corps chargé d’une puissante électricité négative. Depuis Volta, Laplace et Lavoisier, on avait pensé que l’électricité des nuages provenait d’une évaporation spontanée à la surface du globe ; cette hypothèse ré¬ gnait sans contrôle, malgré l’observation judicieuse de Guthrie; mais M. Peltier a fait voir que la vapeur produite par une température au-dessous de 110 degrés, ne s’échappe pas assez promptement pour conserver de l’électricité libre, et que celle qu’on trouve dans les nuages est emportée par les vapeurs, lorsqu’elles se forment sous l’influence de l’électricité positive de l’espace, et de l’électricité négative du globe terrestre. C’est le Dr Wells qui a donné la véritable théorie de la rosée, fondée sur les lois du rayonnement de la chaleur. M. Arago a jeté beaucoup de jour sur un grand nombre de ces ques¬ tions, et le magnétisme terrestre lui devra une partie de ses progrès, ainsi qu’à MM. Ilansleen, Biot, Duperrey et Gauss. Les expériences de ce dernier ont constaté que le fluide magnétique est dans un état con¬ stant et incessant d’agitation, ce qui en rend l’étude difficile. Les halos, les parhélies, les couronnes, ont été étudiés par MM. Les¬ lie, Young, Wollaston, Frauenhœfer, Babinet, Arago ; les phénomènes du mirage ont été complètement éclaircis par les observations de Monge, dans la campagne d’Égypte. M. Chladni a fait de fort beaux travaux sur les aérolithes, et M. Moreau de Jonnès, de nombreuses recherches sur les CI, XIV DISCOU RS PRÉLIMINAIRE. ouragans, les tremblements de terre, et sur le résultat des déboisements. Les ouragans sont, dans ce moment, un grand sujet de discussions entre MM. Bâche, Redfield, Espy, Peltier, etc.; mais ce sujet présente de telles difficultés, qu’on ne peut encore entrevoir l’époque de sa solution. Physique. — La physique, suivant l’impulsion que lui avait imprimée le xvine siècle, n’est point demeurée stationnaire. Quelques génies pri¬ vilégiés ont pu seuls, il est vrai, en embrasser le vaste ensemble ; mais la plupart des savants, en en étudiant les diverses parties, ont recueilli de nombreuses observations et reculé les limites de la science. L’étude des propriétés générales des corps a fait de grands progrès ; les lois en sont mieux connues et les théories établies sur des bases plus solides. Depuis le commencement de ce siècle, d’immenses recher¬ ches ont été faites pour trouver l’explication des phénomènes qui se reproduisent à chaque instant sous nos yeux. Nous voyons Laplace étudier la physique générale; après lui, MM. Lehot, Dubuat, Bossut, Prony, se livrent à l’étude de l’écoulement des fluides; Couiomb expli¬ que les propriétés des corps, appelées élasticité, ressort, vibration, ébranlement ; M. Brunacci publie un travail sur la théorie des tubes capillaires ; M. Girard calcule la résistance des cylindres creux métal¬ liques, et recherche la loi de l’écoulement uniforme de l’air atmos¬ phérique et de l’hydrogène, dans des tuyaux de conduite. M. Navier donne un mémoire sur la flexion des lames élastiques, théorie d’une application si importante dans les arts; plus tard, il fait connaître le résultat de ses recherches sur la résistance de diverses substances à la rupture causée par une tension longitudinale. M. Vicat publie ses ob¬ servations sur la rupture des corps ; et aux deux résistances admises par les physiciens, il en ajoute une troisième , qu’il appelle résistance transverse . Poisson se livre à des recherches sur l’équilibre et le mouvement des corps élastiques; M. Morin étudie le frottement et le choc des corps. MM. Savary, Cauchy et Ampère nous donnent des idées nouvelles sur leur constitution intime; MAL Poncelet et Piobert font de nombreuses expériences sur la mécanique. L’acoustique, créée par Bacon de Vérulam, qui découvrit la propa¬ gation et la réflexion du son, sans en connaître la loi, a reçu d’Eu¬ ler sa forme actuelle. MM. Cagniard-Latour , Chladni , Paradisi , OErsted, Delaroche , Biot et Savart, s’en sont beaucoup occupés; mais c’est principalement ce dernier qui l’a enrichie d’une foule de recher- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cix v ches qui rectifient les théories, et établissent sur des bases mieux con¬ statées cette branche encore si neuve de la physique. L’optique , quoique moins connue , a fait d’immenses progrès. La théorie des ondulations , créée par Huyghens, perfectionnée par Her- schel, Laplace, MM. Younget Fresnel, confirmée par les expériences des plus habiles physiciens , l’a emporté sur celle de l’émission, à laquelle la théorie des interférences et celle des équivalents optiques, établie par M. Arago, a porté le dernier coup. La coloration des corps, opposée comme une objection au système des vibrations, paraît expli¬ quée d’une manière satisfaisante par M. Young, qui l’attribue à l’inéga¬ lité de propagation des ondes dans les corps imparfaitement élastiques. Les physiciens qui ont succédé à Newton ont donné une grande atten¬ tion à la décomposition de la lumière blanche par le prisme, et ont bien déterminé le rapport de la longueur des ondulations dans chaque couleur. M. Wollaston a étudié les propriétés chimiques des rayons lu¬ mineux, et M. Frauenhœfer les lignes transversales qui les coupent. MM. Herschel et Leslie ont pensé que les rayons calorifiques correspon¬ daient au rayon rouge et les rayons chimiques, au rayon violet ; mais les beaux travaux de M. Melloni ont fait voir que le maximum de chaleur varie avec la source et la substance du prisme. C’est à la puissance des rayons chimiques qu’on doit la. photographie (fixation des images par la lumière, au moyen du daguerréotype ), décou¬ verte si favorablement accueillie par les savants, et qui n’est sans doute qu’un premier pas vers des applications plus parfaites. La diffraction de la lumière, découverte par Grimaldi, que Newton chercha vainement à expliquer, et qui donna lieu seulement à quelques hypothèses de S’Gravesand, de Marat, de Brougham et de Mairan, avait reçu une nouvelle impulsion des études de MM. Flaugergues, Biol, Pouillet et Parrot; mais il était réservé à MM. Young et Fresnel de mettre fin à ces hésitations, en proclamant le principe des interférences, qui montre que deux rayons lumineux émanant d’une même source , sous une faible obliquité , ont pour résultat de s’entredétruire lorsque le mouvement des ondes a lieu en sens contraire, ou de produire une clarté plus intense lorsqu’il a lieu dans le même sens. Les expériences les plus concluantes des physiciens modernes ont confirmé cette théo¬ rie, et c’est dans ce phénomène que M. Arago a cherché l’explication de la scintillation des étoiles. Newton avait reconnu que la plupart des corps combustibles jouis- CLXVj DISCO U RS PRÉLIMINAIRE. sent cl’une grande réfrangibilité ; par suite de cette observation, il soup¬ çonna la combustibilité du diamant, et l’existence, dans l’eau, d’un principe combustible. Des études plus profondes sur la loi de la réfrac¬ tion ont fait reconnaître que le pouvoir réfringent des différents corps est très variable; qu’il n’est en raison de la densité que dans un milieu homogène; mais que néanmoins il est en rapport avec les proportions des parties constituantes ; d’où il résulte que, par cette voie, on peut se faire une idée de la composition des corps. La double réfraction dont la loi, découverte par Huyghens, fut rejetée par tous les physiciens, jusqu’à ce que Malus et Wollaston en eussent démontré l’exactitude , a été confirmée parles travaux de MM. Biot, Arago , Brewster et Fresnel. Les modifications qu’éprouve la lumière dans la double réfraction et dans la réflexion sous certains angles, phé¬ nomènes inconnus avant Malus, qui leur donna le nom de polarisation , ont pris, dans ces derniers temps, de grands développements. Les plus savants physiciens en ont, en partie, déterminé les lois par des expérien¬ ces multipliées. M. Biot a donné d’excellents travaux sur la polarisation des liquides et des cristaux; il a continué les recherches de M. Fres¬ nel sur l’analyse chimique, au moyen de la polarisation de la lumière. Ces nombreuses études, si fertiles en découvertes, ont déterminé, dans la construction des instruments d’optique , d’importantes améliorations qui, à leur tour, ont donné lieu à de nouveaux progrès. Les plus habiles physiciens n’ont pas dédaigné de s’occuper de l’application de l’optique aux besoins usuels ou à la confection d’instruments de pur agrément. M. Fresnel a appliqué la loi des réfractions à la construction des phares. Les microscopes simples ou composés ont pu être perfectionnés , grâce aux verres achromatiques dus à Dollond. Les télescopes ont également été modifiés ; celui d’Herschel, avec lequel ce savant astronome a fait les plus belles découvertes, possède un pouvoir amplifiant de six cents fois. La caméra lucida , plus commode que la chambre noire , a été inventée par Wollaston. La chaleur est un phénomène d’un trop haut intérêt pour qu’on n’ait pas recherché les lois de sa propagation , ainsi que les modifications quelle éprouve et fait éprouver aux corps qu’elle pénètre ou aban¬ donne. La nature n’en est pas encore connue avec certitude, bien que ce problème ait exercé la sagacité de la plupart des physiciens. Herschei, Lamarck et Thompson n’y ont vu qu’une simple modification de la lu- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ci.xvij au contraire, l’ont considérée comme un mouvement intérieur détermi¬ nant le rapprochement ou l’éloignement des molécules des corps. Rum- ford et Davy ont étudié la production du calorique par le frottement. MM. Dulong et Petit ont cherché à en établir l’analogie avec les phé¬ nomènes galvaniques ou électriques; et M. Peltier a démontré le rapport existant entre un courant et la température qu’il produit. On sait aujour¬ d’hui que les rayons solaires et la combustion ne sont plus les uniques sources de chaleur ; que le frottement, la percussion et les combinaisons chimiques sont accompagnés d’émission de calorique. M. Herschel a également constaté que les rayons du calorique sont susceptibles de réfraction, et, comme les rayons lumineux, inégalement réfrangibles ; M. Bérard a cru reconnaître qu’ils peuvent aussi se polariser; mais ce fait important n’a encore été démontré que par M. Mellon i et presque en même temps par M. Forbes. Ainsi, le calorique reproduisant les mêmes phénomènes que la lumière, ayant ses corps opaques et ses corps diaphanes, se polarisant, se difîractant et se dispersant comme elle , on en a conclu qu’il n’a pas plus quelle de substance spéciale, et qu’il n’est qu’une des modifications que peut subir la substance impon¬ dérée qui remplit les espaces et qu’on nomme éther. Les lois de la distribution du calorique et ses divers modes de trans¬ mission ont été étudiés avec soin par MM. Leslie, Bérard, Arago, et réduits par M. Prévost en une théorie satisfaisante qu’il 'a nommée Doctrine des échanges . Suivant son opinion, généralement admise, le rayonnement du calorique est soumis aux mêmes lois que la lumière ; cette observation a servi au docteur Wells à établir la théorie de la rosée et de la gelée blanche, et à AL Arago, à expliquer certains phénomènes météorologiques. Il est aujourd’hui bien démontré que , contrairement à la théorie de Newton, le refroidissement ne s’opère pas en proportion géométrique décroissante. MM. Despretz, Fourier et Poisson ont étudié la transmission du ca¬ lorique à travers les corps non élastiques; MAI. Nicholson, Pictet et Alurray ont établi par des expériences réitérées la propriété conduc¬ trice des liquides. La capacité des corps pour le calorique, établie par Black, déve¬ loppée par Wilkes, a été savamment calculée par Dulong et M. Petit. Al. Dalton a prouvé que celte propriété augmente avec la température. La détermination de la chaleur latente et spécifique a occupé beau¬ coup de physiciens. AIM. Leslie, Delaroche, Bérard, Bussy, Dulong DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ('I.XVllj et Petit Pont étudiée avec soin, sans être arrivés à des résultats bien décisifs; tout récemment, M. Régnault a publié un beau travail sur le calorique spécifique des corps. La chaleur spécifique des gaz a occupé MM. Marcel, de La Rive, et Bérard, dont les travaux ont été perfec¬ tionnés par MM. Gay-Lussac, Dulong, Petit, Clément Desormes et Ilaycraft. M. Gay-Lussac a également étudié les phénomènes que pré¬ sente le calorique dans le vide. On doit à M. Mellonî, de Parme, et à M. Forbes, d’Edimbourg, la connaissance des lois du calorique rayonnant ; ces importantes dé¬ couvertes sur les propriétés calorifiques des rayons solaires et des au¬ tres sources de chaleur ont été faites au moyen de la pile thermo-élec¬ trique inventée par Nobili. Le premier a également fait des recherches pleines d’intérêt sur les corps diathermaux et alhermaux. Le phénomène de la dilatabilité des corps a été l’objet de nombreux travaux: Ramsden, Dulong et M. Petit, s’en sont occupés avec succès. Ces deux derniers ont employé , pour déterminer cette propriété , une méthode fondée sur l’observation de la durée du temps nécessaire au re¬ froidissement des corps. En combinant leurs recherches avec la théorie chimique, ils sont arrivés à plus de précision qu’aucun de leurs devan¬ ciers. La construction des pyromètres repose sur ce principe. Le phénomène de la caléfaction, en vertu duquel une goutte d’eau, projetée sur une plaque métallique chaude, conserve longtemps sa forme globuleuse avant de s’évaporer, et sans mouiller la plaque, a été étudié par divers savants, surtout par M. Boutigny; mais la cause de ce phénomène est encore inconnue. L’étude de l’expansion des gaz et des liquides a conduit au perfection¬ nement du thermomètre. MM. Leslie, Rumford, Howard, ont construit avec l’air, la vapeur d’eau, l’alcool ou l’éther, un thermomètre différentiel et le thermoscope. M. Gay-Lussac est l’inventeur des thermomètres à minimâ et à ma xi nul ; MM. Rietsen, Houriel et Bréguet ont construit des thermomètres métalliques. Dans ces derniers temps, MM. Roth et Walferdin ont apporté dans la construction du thermomètre centigrade une précision extraordinaire; ce dernier a construit un thermomètre a déversoir très utile pour l’appréciation de la température des profon¬ deurs , et il a commencé une série d’expériences tendant à substituer le thermomètre au baromètre , dans la mesure des hauteurs. Deîuc, à qui l’on doit le perfectionnement de plusieurs instruments, substitua la baleine au cheveu dans la construction de l’hygromètre; DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CLX1X MM. Wilson, Leslie et Babin, ont cherché à rendre cel instrument moins irrégulier dans ses effets. MM. Dallon et Gay-Lussac ont trouvé la loi de la dilatation des gaz, sur laquelle repose le principe des aérostats. Les tensions des vapeurs, sous des pressions différentes, ont été dé¬ terminées avec soin par MM. OErsted et Perkins, Dulong, Arago, de Humboldt, etc. On connaît l’application de cette étude à Part du chauffage en général, à la mise en mouvement des machines, des voi¬ lures, à la navigation , et même à l’émission des projectiles. Les études du xvme siècle avaient fait faire de grands progrès à la science de l’électricité; toutes les expériences, toutes les découvertes étaient un pas de plus vers la connaissance des innombrables effets de ce fluide si subtil et si puissant à la fois. Franklin , en découvrant l’iden¬ tité de l’étincelle électrique et de la foudre, inventa le paratonnerre, es¬ sayé pour la première fois en France par Dalibard. Romas et Richmann répétèrent les expériences du philosophe américain sur l’électricité des nuages ; le dernier même périt victime de son ardeur pour la science. La théorie de Dufay sur l’existence de deux fluides distincts, systématisée par Symmer , fut d’abord accueillie peu favorablement par les savants ; mais bientôt elle remplaça en France celle de Franklin. Les appareils destinés à produire l’électricité furent perfectionnés. La machine élec¬ trique reçut différentes modifications de MM. Nicholson, Adams, Wildt, Kohlreif, Ramsden et Van Marum. MM. Henley, Bohnenberger et Brooke, apportèrent à la bouteille de Leyde d’heureux perfectionne¬ ments. Wilkes découvrit l’électrophore ; Bergmann constata la nature électrique de la tourmaline; Fïenley inventa l’électromètre; Volta, le condensateur; Coulomb, la balance de torsion; Bennet, l’électromètre condensateur statique ; Cavallo, le multiplicateur et le doubleur, que perfectionnèrent MM. Nicholson et Bohnenberger. Volta, qui, comme Galvani, n’avait vu d’abord dans le galvanisme qu’une électricité animale, en reconnut bientôt l’identité avec le fluide électrique, et ne trouva de différence que dans le mode d’excitation ; il construisit l’appareil nommé, d’après son inventeur, pile de Volta , ap^ pareil qui a si puissamment contribué aux progrès de la science. Cruikshanks , voulant remédier aux vices de la pile à colonne, in¬ venta la pile à auge. Plus lard, Wollaston en doubla l’effet, en en¬ tourant l’élément positif par l’élément négatif. Après la découverte vinrent les applications : Banks et Nicholson constatèrent que la pile V i OLXX DISCOUR S PR ELIMIN AIRE. de Volta possède la propriété de décomposer l’eau ; Cruikshanks obtint ie même résultat pour les sels. MM. Tromsdorf, Van Marum , Pfaff, Ghildren , Erman , etc. , s’en servirent pour brûler des métaux. Les chi¬ mistes Davy, Berzelius, Gay-Lussac, Thénard, et beaucoup d’autres en¬ core , ont changé la face de la chimie par la découverte des métaux alcalins et terreux, ainsi qu’on le verra en parlant des progrès de cette science. Bichat, Nysten, Legallois, MM. Nobili, Prévost, Dumas, Breschet, Magendie, Donné, ont expérimenté les effets physiologiques de la pile. M. Becquerel , un des physiciens français qui s’occupent le plus spécialement d’électricité, a cherché les lois qui président au déve¬ loppement de l’électricité par la pression , en a étudié le développement et l’effet dans les actions chimiques, a appliqué la théorie électro-chimi¬ que aux phénomènes de combinaison des corps, et a cherché le rôle que joue ce fluide dans les grandes combinaisons naturelles. Comme toutes les piles humides ont l’inconvénient de se détruire promptement, Dé- sormes et Hachette imaginèrent les premiers une pile sèche ; Deluc en construisit une d’une autre sorte, qu’il appela colonne électrique ; Zam- boni répéta avec succès ces expériences, et Bohnenberger se servit de cet appareil pour construire un électroscope. La connaissance de l’identité du magnétisme et de l’électricité ne remonte qu’à l’époque de la découverte de l’électro- magnétisme ; mais depuis , cette science a fait de si rapides progrès , que les tra¬ vaux dont elle a été l’objet sont innombrables ; aussi ne citerons-nous que les principaux. L’action des courants électriques n’avait pas été assez étudiée pour qu’on ait pu sortir du cercle des faits connus : les travaux de Flinders, de Sabine, de Barlow, de Coulomb, avaient été sans succès; MM. OEpinus, Prévost, Eschenmayer, Hansteen, avaient vaine¬ ment essayé de jeter du jour sur les points obscurs de la science; aussi la nature du fluide magnétique était-elle toujours un mystère , lorsque M. OErsted, qui étudiait depuis vingt années les questions de haute phy¬ sique, et qui avait annoncé, en 1807, qu’il voulait vérifier si l’électricité, dans son état le plus latent, n’a pas une action sur l’aiguille aimantée , découvrit, en 1819, que le courant qui se dégage de l’appareil voltaïque exerce sur elle une influence sensible, et que la déclinaison dépend de la position du fil conducteur relativement à l’aiguille. La découverte du sa¬ vant danois fut , sur tous les points de l’Europe , le signal de nombreux travaux. Ampère, qui avait étudié avec une infatigable persévérance les phénomènes électro-dynamiques , et à qui cette science est redevable DISCOURS PRÉLIMINAIRE. (’lxx) d’une partie de ses progrès, reconnut que les courants électriques agis¬ sent les uns sur les autres comme des aimants; qu’ils s’attirent ou se re¬ poussent, suivant qu’ils ont lieu dans le même sens ou en sens opposé. M. Berzelius vérifia la découverte d’OErsted et d’ Ampère; MM. de La Rive, Ferré et Faraday, se livrèrent à l’élude de ces phénomènes; dès ce moment, une nouvelle période scientifique commença. M. Scliweigger inventa le multiplicateur au moyen duquel M. Becquerel constata qu’il y a production de courants électriques dans toutes les actions chimi¬ ques. La brillante découverte de M. OErsted fut suivie de celle du magnétisme de rotation par M. Arago, qui parvint à aimanter des bar¬ reaux d’acier, en les soumettant soit aux courants d’un conducteur en spirale, soit aux décharges successives de la bouteille de Leyde. Ces ex périences démontrèrent complètement l’identité de l’électricité et du ma¬ gnétisme. Seebeck, en reconnaissant qu’on peut établir un courant électrique dans les métaux par la seule action de la chaleur, donna une nouvelle preuve de l’identité de l’électricité , du calorique et de la lumière. M. Kuplfer, professeur à l’Université de Casan, s’est occupé de la détermination de l’influence que la chaleur exerce sur la distribution du magnétisme libre des aiguilles ; en 1828, il a été construit pour la pre¬ mière fois des aimants électro-dynamiques. MM. Moll, Lardner, Web¬ ster, Hare, Henri et Ten-Eyck, se sont aussi occupés de cette question. Jusqu’ici la science de l’électricité porte les marques de son en¬ fance ; elle s’appuie encore sur un ou deux fluides spéciaux ; mais tout fait espérer qu’il en sera de l’électricité comme de la lumière et de la chaleur; que sa cause sera ramenée à une modification particulière de Y Ether. Déjà nous savons produire les phénomènes de lumière et de chaleur, et nous croyons qu’on arrivera aussi à simplifier cette dernière partie de la science ; c’est du moins ce que les travaux actuels de M. Peltier laissent entrevoir, lorsqu’il produit à volonté du froid ou de la chaleur avec le même courant, et qu’il démontre que toute perturbation moléculaire, de quelque nature qu’elle soit, fait naître un phénomène électrique. Les applications usuelles du fluide électrique sont encore peu nom¬ breuses ; cependant M. Jacobi s’en est servi comme d’une force motri¬ ce, qu’on a déjà appliquée à des machines d’une certaine puissance. Le même savant est le créateur de la galvano-plastique, au moyen de laquelle on obtient des reliefs en cuivre d’une pureté admirable. Ce procédé, en se perfectionnant, a produit des applications utiles; car on s’en est servi pour faire des caractères d’imprimerie , et M. de La Rive en a fait usage CJ.XXIJ DISCOURS PRÉLIM IN AIRE. dans la dorure des métaux, que l’emploi du mercure rend si funeste aux ouvriers. On a meme fait plusieurs essais fort ingénieux sur les té¬ légraphes électriques. La physique n’est pas, sans doute, encore arrivée au plus haut point de perfection : il lui reste beaucoup à faire pour découvrir les vérités les plus importantes de la science ; mais, si les travaux de la fin de ce siècle répondent à ceux de ses quarante premières années, nous touchons de bien près à la solution de questions d’une grande importance en philo¬ sophie naturelle. Chimie . — La chimie pneumatique, qui avait renversé le phlogistique de Stahî , contribua à de nouveaux progrès ; mais, comme elle se montrait absolue, exclusive, en faisant de l’oxygène l’unique cause de l’acidification et de la combustion, elle fut fortement ébranlée par les dé¬ couvertes nouvelles. Nous savons maintenant que ce n’est pas l’oxygène seul qui produit de la chaleur et des acides en se combinant avec un corps, mais que tous les corps dégagent de la chaleur et quelquefois même de la lumière, en se combinant entre eux, et qu’en outre un grand nombre de ces corps peuvent former des acides. Après la découverte de la pile deVolta, on avait soupçonné que l’électricité joue un rôle dans la combinaison des corps. Nicholson etCarîisle avaient décomposé l’eau par la pile voltaïque ; Cruikshanks, après eux, décomposa les hydrochlorates de magnésie, de soude, etc. MM. Hisinger et Berzelius découvrirent que les solutions alcalines neutres sont décomposées par l’électricité; mais ce fut Davy, qui, depuis 1800, poursuivant ces expériences , embrassa le premier l’ensemble des phénomènes de décomposition des corps paria pile voltaïque, et établit la connexion intime qui existe entre les effets électriques et les changements chimiques qui ont lieu par la pile. On avait vu que l’eau, soumise à faction d’une pile électrique, se décompose ; que f hydrogène est attiré au pôle négatif et l’oxygène au pôle positif. Par suite de ses travaux, Davy reconnut que tous les corps composés se comportent de la même manière ; il parvint à isoler les mé¬ taux de tapotasse et de la soude, qu’on avait jusque-là considérées comme des corps simples, et il indiqua ainsi la voie d’une série de découvertes intéressantes. D'autres savants reconnurent que l’acidité n’est pas une qualité absolue, mais relative, et qu’il existe des substances qui, combinées avec certains corps , jouent le rôle d’acide, et, avec d’au¬ tres, celui de base. Les admirables résultats, dus à finlroduclion de DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CLXxiij l’usage de la pile voltaïque dans la science, y déterminèrent une révolu¬ tion complète ; M. Berzelius, qui n’avait pas interrompu ses travaux sur cette importante matière, posa, en 1813, les bases de la théorie électro- chimique, à l’infaillibilité de laquelle on crut pendant quelque temps; mais qui cependant ne devait avoir qu’une existence éphémère. Depuis que les études chimiques se sont étendues, on a découvert des lois qui ne sont encore, il est vrai, que les premiers pas de la science vers des vérités nouvelles, mais qui n’en constituent pas moins des décou¬ vertes d’une haute importance. Ce sont : X isomérisme, loi encore vague et assez douteuse, en vertu de laquelle des corps ayant une même con¬ stitution moléculaire et un même poids atomique , ont des propriétés physiques différentes ; V isomorphisme, si important en chimie, en géo¬ logie et en minéralogie, et dont il résulte qu’un nombre égal d’atomes, se combinant de la même manière, peuvent donner naissance à des for¬ mes cristallines semblables, bien que les éléments constituants soient de nature différente ; la loi des équivalents , d’après laquelle les corps se combinent entre eux en des quantités constantes et inva¬ riables, et qui tend, depuis quelques années, à remplacer la théorie atomique, dont les bases avaient d’abord été posées par Wenzel et Bergmann ; plus tard, cette théorie fut confirmée par les expériences de Berthollet et de Proust; mais elle ne pénétra dans le domaine de la science, qu’apr.ès que M. Dalton l’eût formulée; enfin, la loi des substitutions , appelée à tort peut-être théorie des substitutions , qui fait voir que les éléments constituants se substituent les uns aux autres, sans qu’il en résulte de changement dans la nature du com¬ posé. Cette loi, découverte par M. Dumas, et qui n’est peut-être qu’un cas particulier de la loi des équivalents, a porté un coup mortel à la théorie électro-chimique de M. Berzelius , en ce qu’on voit des corps électro-positifs se substituer à des corps électro-négatifs et vice versâ. Une autre cause de ruine pour cette dernière théorie, c’est qu’on a reconnu qu’il est impossible de dégager de l’électricité en mettant deux corps en contact , et que c’est à leur combinaison avec les corps ambiants qu’il faut attribuer les phénomènes électriques qui se ma¬ nifestent dans la plupart des cas. Les expériences de Zamboni sur la pile sèche ont constaté cette vérité; de sorte qu’aujourd’lmi l’on en revient à l’affinité, loi en vertu de laquelle des atomes différents s’unissent avec émission de chaleur, de lumière et d’électricité, l’électricité n’é¬ tant alors que l’effet et non la cause de la combinaison. et-xxiv DISCOURS PRELIMINAIRE. Pour simplifier leur langage, les chimistes ont adopté des formules, espèce d’algèbre chimique , qui , comme formule empirique , indiquent la quantité des éléments qui entrent dans un composé; ou, comme formule rationnelle , cherchent en même temps à rendre raison de la manière dont a eu lieu la combinaison des éléments. Les méthodes de classification suivies par les chimistes ayant été reconnues fausses, on a, depuis quelques années, sérieusement songé à adopter une méthode naturelle. MM. Ampère et Desprelz, pénétrés de cette vérité , ont essayé de donner une meilleure classification des corps chimiques, M. Hœfer, dans les éléments de chimie minérale qui viennent de paraître , a présenté une classification naturelle , fondée sur l’isomorphisme et les propriétés chimiques des corps. Tous les tra¬ vaux des chimistes les plus distingués d’Allemagne et d’Angleterre ten¬ dent vers ce but. Par suite de ces nombreux efforts , la chimie s’est enrichie de nou¬ veaux corps élémentaires. En 1787, nous ne connaissions que dix-sept corps simples ; en 1802 , nous en comptions vingt-huit, et aujourd’hui nous en avons cinquante-cinq. Il n’est pas certain cependant que le dernier corps annoncé par M. Mosander soit réellement simple. Toute¬ fois , on peut dire qu’un grand nombre de corps réputés simples ne sont que des corps composés, qui jusqu’à présent ont résisté à nos moyens d’analyse , mais que des instruments plus parfaits , des réactifs plus puissants , mettront probablement à découvert. Les découvertes en chimie minérale se sont multipliées à un tel point qu’il serait impossible d’en faire l’énumération : nous ne citerons donc que les plus importantes. Fourcroy et Yauquelin trouvèrent le moyen de distinguer et d’obtenir à l’état de pureté la baryte et la strontiane, et firent d’immenses recherches sur les combinaisons salines. Yauque¬ lin découvrit la glucne et le chrome; le zirconium, le titane, l’urane (décomposé récemment, par M. Peligot, en oxygène et uranium), le tellure, sont découverts par MM. Klaproth, Berzelius et Grégor ; Ten- nant et Wollaston isolent du platine quatre corps nouveaux dont un seul, le palladium, possède les propriétés d’un métal ductile et mal¬ léable; Del liio découvre l’érythronium, retrouvé en 1830 par Selfstrœm, qui l’appelle vanadium. En 1804, le chlorure de soufre est décrit pour la première fois par Thompson ; le cérium est découvert, au moyen de la pile,, par M. Hisinger, dans le cours de ses expériences avec M. Berzelius. En 1805, MM. de Humboldl et Gaf-Lussac donnent l’analyse de Pair ; CLXXV DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ils démontrent que l’hydrogène et l’oxygène se combinent dans le rap¬ port de deux volumes à un. M. Gay-Lussac fait connaître sa belle loi sur la combinaison des gaz en rapports simples. En 1807, Davy ob¬ tient, par l’emploi de la pile, les éléments des alcalis et des terres, et le potassium, le sodium, le barium, le strontium et le calcium, entrent dans la nomenclature des corps simples. En 1808 , MM. Gay-Lussac et Thénard démontrent que le chlore est un corps simple ; ces mêmes chimistes isolent, les premiers, le bore de l’acide borique ; M. Gay- Lussac découvre de plus le cyanogène et M. Thénard l’eau oxygénée ; M. Th. de Saussure donne l’analyse du gaz oléfiant; et, en 1812, il exa¬ mine la propriété que possède le charbon d’absorber les gaz. En 1813 , M. Gay-Lussac fait de beaux travaux sur l’iode découvert par Courtois; l’année suivante, ces travaux sont complétés par ceux de MM. Sérullas, Colin et Gaultier de Claubry. Davy publie le résultat de ses expériences sur les fluorures. En 1816, M. Berzelius découvre le sélénium; M. Stromeyer, en même temps que MM. Roloff et Hermann , le cadmium , dont il fait connaître les propriétés. M. Robiquet étudie l’acide borique. M. Arf- wedson annonce la découverte du lithium ; MM. Dulong et Berzelius déterminent, avec plus de précision, la composition de l’eau. En 1824, MM. Liebig et Gay-Lussac obtiennent l’acide fulminique. M. Berzelius continue ses recherches sur l’acide fïuorique. En 1826, M. Balard décou¬ vre le brome. En 1827, M. Mitscherlîch fait connaître l’acide sélénique. M. Wœhler opère la réduction de l’alumine et de la glucyne, et M. Bussy celle de la magnésie. Depuis cette époque, M. Dumas fait des recher¬ ches sur les sels de phosphore ; M. Pelouze démontre l’existence d’un seul oxyde de phosphore; M. Thilorier liquéfie et solidifie l’acide car¬ bonique; M. Kullman compose de l’acide azotique au moyen d’ammo¬ niaque soumis à l’action de l’éponge de platine et vice versâ. M. Gaudin étudie la cristallisation de certaines pierres précieuses ; il observe l’ac¬ tion lumineuse d’un courant de gaz oxygène et d’hydrogène sur un glo¬ bule de chaux vive ; il découvre la lumière sidérale et trouve le moyen de filer le quartz. Enfin nous devons citer encore, comme ayant contribué aux progrès de la chimie, MM. Thénard, Orfila, Berthier, Régnault, Baudrimont, Laurent, Faraday, Person, etc., etc. La chimie organique, qui n’était, il y a quelques années, qu’une branche peu importante de la chimie générale, a tout récemment acquis de grands perfectionnements ; néanmoins elle attend encore un système qui unisse clxxvj DISCOURS PRÉLIMINAIRE. entre elles les lois isolées que nous connaissons. La plupart des chimistes du commencement de ce siècle s'étaient occupés de la décomposition em¬ pirique des corps organisés, et, jusqu7en 1835, on avait suivi les mêmes errements que les premiers observateurs. M. Raspail publia alors une nouvelle théorie de la chimie organique, dans laquelle il rectifia beau¬ coup d’erreurs, et qui fit faire un grand pas à cette science. M. Liebig a publié, l’année dernière, une chimie organique fondée sur un certain nombre de radicaux composes encore hypothétiques ; mais tous les sa¬ vants ont pris pour bases de la chimie organique les formules ration¬ nelles qui conduisent à la connaissance des radicaux composés, et ils ont joint, à la méthode ordinaire d’analyse, le microscope, qui fait con¬ naître la structure intime des corps. Les travaux en chimie organique remontent, pour cette dernière pé¬ riode, à Fourcroy, qui étudia, avec une merveilleuse sagacité, les sub¬ stances organiques, isola la gélatine, l’albumine et l’urée, et associa à ses travaux le célèbre Vauquelin. En 1812, M. Boullay découvre la picrotoxine ; Vauquelin et Parmentier font connaître leurs expériences sur le sucre de betterave; M. Lecoq analyse l’orseille, et M. Robiquet le kermès. M. Berzelius fait connaître, en 1813, ses travaux sur les fluides animaux; MM. Pelletier, Robiquet et Séguin font de nombreuses expériences sur l’opium et le quinquina. En 1815, M. Chevreul com¬ mence ses travaux sur les corps gras et découvre la stéarine, la mar¬ garine, l’oléine et les acides gras produits par la saponification , dont il explique la théorie, et il donne le nom de glycérine au corps appelé par Schéele , principe doux des huiles ; plus lard, il reconnaît en même temps trois acides volatils dans le beurre , un dans la graisse de marsouin, etc. En 1817, M. Sertuerner trouve dans l’opium l’alcali végétal qu’il appelle morphine; en 1819, MM. Pelletier et Caventou réussissent à extraire de nouveaux alcalis végétaux de la noix vomique et du quinquina. Vauquelin , pendant sa longue carrière, fait d’im¬ portantes expériences sur les corps organiques , et une foule de com¬ binaisons nouvelles enrichissent la science. En 1826 , MM. Robiquet et Colin publient leurs observations sur la garance dont ils extraient l’alizarine ; M. Pelouze distingue pour la première fois les périodes successives dans l’action de la chaleur sur les corps organiques; il dé¬ couvre les acides pyrogènes et établit les lois de leur production. De 1820 à 1830, MM. Pelletier et Caventou, OErsted et Robiquet, décou¬ vrent de nouveaux alcalis végétaux, tels que la vératrine, la pipérine, DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ci.xxvij la caféine, etc. En 1833, MM. Biol, Person el Payen font d’intéres¬ sants travaux sur la dextrine et la diastase. La science doit aussi à M. Dumas une foule d’observations et de découvertes importantes en chimie organique. Malgré tous ces travaux, nous n’avons encore aucune idée de la ma¬ nière dont la nature opère ses diverses transformations. Nous connais¬ sons la vie, mais rien de plus, et nous ignorons comment, par suite de la divergence des espèces , il existe des végétaux ou des animaux qui, croissant et vivant dans des conditions semblables, présentent des différences tranchées dans leur nature, leur forme et leurs propriétés. Nous avons bien pu former artificiellement quelques produits semblables à ceux de l’organisme , tels, par exemple, que l’urée, l’acide prussique, etc., qu’on peut produire en partant de leurs principes constituants auxquels on fait subir diverses transformations successives ; mais la synthèse de la chimie vivante nous est impossible : aussi cette science, qui touche aux plus hautes questions, est-elle encore dans un étal d’im¬ puissance qui appelle de nouveaux efforts. Depuis un demi-siècle, la chimie a marché plus vite que toutes les au¬ tres sciences ensemble, sous le rapport de ses applications aux arts et aux besoins sociaux ; elle doit une partie de ces résultats aux guerres de la république el à la séquestration à laquelle nous avait réduits le blocus continental. A l’époque où les armées républicaines se portaient aux frontières pour repousser les coalisés, la poudre manquait, faute de salpêtre. La Convention ordonna la démolition des vieux édifices , l’enlèvement des terres des caves et des écuries, et leur lixiviation en fournit d’énormes quantités. Les canons étaient rares, et les cloches des églises, de¬ venues inutiles par suite de l’abolition du culte, contenaient trop d’étain pour être employées à la fabrication des pièces d’artillerie : on décou¬ vrit des procédés propres à séparer letain du cuivre , et nos parcs se remontèrent. La plupart de nos soldats n’avaient pas de chaussures, et l’ancien procédé exigeait plus d’une année pour la préparation du cuir, Séguin trouva le moyen de Je tanner en un mois. Plus tard, lorsque la marine anglaise nous eut fermé le chemin de nos colonies, on vint à manquer de sucre, substance devenue de première nécessité. Parmentier fit de nombreux essais pour obtenir du sucre de fruits; Proust obtint le sucre de raisins ; et le sucre de betterave, décou¬ vert par Marcgraf, fut bientôt fabriqué. On perfectionna les procédés de (V Cf.XXVlIJ DISCOURS PRÉLIMINAIRE. fabrication du fer et de l’acier. On découvrit le moyen de se procurer la soude artificielle, les matières tinctoriales, etc. Quand le retour de la paix eut rétabli les relations avec les pays qui nous avaient été si longtemps fermés, on conserva la plupart des procédés dont la nécessité avait doté notre industrie. Ils sont encore en usage maintenant ; et les hommes éminents dans la science font toujours de leur perfectionnement l’objet de leurs recherches. Toutes les applications de la science à l’industrie datent de cette époque. M. Chevreul perfectionne les procédés de saponification ; Vau- quelin introduit le jaune de chrome dans la teinture; Chaptal, Davy , Boussingault , Payen, etc., appliquent la chimie à l’agriculture; Mol- lerat purifie les vinaigres provenant de la distillation du bois; Lam- padius , Bréant , Berlhier , Karsten , Fournet , etc. , perfectionnent les procédés métallurgiques. On parvient à affiner la fonte avec les gaz perdus qui s’échappent des gueulards des hauts fourneaux; le pla¬ tine est rendu malléable et laminé comme les autres métaux. On dé¬ couvre un grand nombre d’alliages ; Deyeux, Pelletier, Hagen, s’appli¬ quent à la préparation des substances pharmaceutiques, etc. Ajoutez à ces services éminents l’application à l’éclairage des villes du gaz hydrogène tiré delà houille, de l’huile, de la résine, des bitumes, des matières animales, de l’eau, etc.; la préparation des couleurs propres à la teinture des tissus; l’extraction de l’indigo du polygonum tinctorium ; l’admirable découverte de Senefelder, la lithographie, devenue le signal d’une ère nouvelle pour les arts graphiques; la substitution des amorces fulminantes au silex, dans les armes à feu; l’emploi du chlore comme moyen de désinfection et de blanchiment ; l’invention et le perfectionne¬ ment de la lampe de Davy, pour empêcher l’explosion de l’hydrogène car¬ boné dans nos houillères ; la saccharification de la fécule et l’emploi de ce produit à la fabrication de la bière; la substitution de la soude à la potasse, dans la fabrication du verre ; la conversion des substances orga¬ niques en engrais inodores ; la préparation de l’acide stéarique, qui sert à la confection de bougies aussi belles que la cire ; l’emploi du caout¬ chouc, si longtemps resté inutile, pour la préparation de tissus imper¬ méables; la fabrication des alliages; l’emploi de réactifs pour recon¬ naître la sophistication des substances alimentaires; l’emploi du galva¬ nisme pour préserver le fer de l’oxydation, et la nouvelle découverte de M. Boucherie pour rendre les bois inaltérables , etc. Nous avons, à côté de ces applications générales, une science toute DISCOURS PRELIMINAIRE. CLXX1X nouvelle, la chimie légale, dont les résultats sont trop incertains encore 9 pour que nous fassions autre chose que la mentionner. Nous ne saurions dire quelles découvertes le temps réserve à la chi¬ mie; mais elle a déjà rendu d’assez grands services, et éclairé assez de questions obscures, pour qu’il soit permis de la proclamer la première des sciences. Minéralogie. — L’école géométrique, créée par Haüy, avait fait con¬ naître d’une manière plus parfaite la structure cristallographique des minéraux; elle complétait ainsi tous les éléments des méthodes jusque-là fondées sur les caractères extérieurs et la composition chimique ; mais la science avait un pas de plus à faire. Les progrès de la chimie, en faci¬ litant les analyses, avaient procuré la connaissance de nouveaux corps. Au commencement du xixe siècle, Vauquelin avait découvert le chrome; Hatchett, le colombium ; Wollaston, le palladium et le rhodium ; Desco- tils, l’iridium; Tennant, l’osmium. Peu après, M. Berzelius fit connaître le cérium, le sélénium et le thorium; Courtois, l’iode; M. Arfwedson, le lithium ; M. Stromeyer, le cadmium ; M. Balard, le brome ; M. Selfstroem, le vanadium. En même temps que le nombre des éléments chimiques augmentait, celui des espèces minérales s’accroissait, et la minéralogie subissait une révolution complète dans ses principes de classification. Davy, qui avait compris l’importance de la pile comme moyen de dé¬ composition des minéraux, obtint les éléments des alcalis et des terres ; le potassium, le sodium, le calcium, etc., entrèrent dans la science comme éléments nouveaux. M. Berzelius reconnut les lois de la combi¬ naison mutuelle des terres ; et, dès ce moment, la silice, ce principe si commun dans les composés naturels, prit rang parmi les acides. En même temps, l’analyse chimique se perfectionnait par les nombreux travaux de Klaprolh, de Vauquelin, de Laugier, de M. Berzelius et de plusieurs autres chimistes encore vivants. Les simples essais de minéraux par la voie sèche ou par la voie humide acquéraient une merveilleuse préci¬ sion entre les mains de Wollaston et celles du célèbre chimiste suédois. Bientôt, s’appuyant sur les idées de Dalton, et sur la doctrine des pro¬ portions définies, M. Berzelius développa les principes de la théorie atomique, et introduisit dans la science l’usage des formules pour re¬ présenter, d’une manière simple et rigoureuse, la composition des corps. En 1819, il proposa une nouvelle classification des minéraux, fondée sur les propriétés électro-chimiques des corps. M. Mitscherlich, de son tiLXXX DISCOURS PRÉLIMINAIRE. côté, faisait faire un pas immense à la science, en publiant sa belle loi de l’isomorphisme (1820), qui amena bientôt une réforme dans les mé¬ thodes minéralogiques. M. Berzelius avait choisi pour base du genre, dans sa classification, l’élément électro-positif; M. Beudant, s’appuyant sur les travaux de MM. Mitscherlich, Bose, Bonsdorff, Wachtmeisler, etc., comprit qu’il y avait plus d’avantage à adopter l’élément électro¬ négatif, et M. Berzelius ne tarda pas à se rendre à cette opinion. Peu de temps après, ce chimiste enrichit la science d’un nouveau principe im¬ portant, celui de l’isomérisme, et M. Mitscherlich signala de nombreux exemples d’un autre fait, déjà connu, le dimorphisme, qui n’est peut- être qu’une manière d’être particulière de l’isomérisme. Pendant que s’opérait cette grande révolution dans les principes de la science et dans la marche des méthodes , la cristallographie et la physique des minéraux ne demeuraient pas stationnaires. Wollaston avait doté les cristallographes dvun instrument précieux, le gonio¬ mètre, qui porte son nom. M. Weiss avait fait valoir l’importance de la considération des axes dans les cristaux, en établissant sur cette consi¬ dération la distinction et la classification des systèmes cristallins; il avait publié une théorie des zones , propre à faciliter le développement des formes composées, et qui a servi de base à certaines représentations gra¬ phiques des cristaux, proposées par deux de ses élèves, MM. Neumann et Quenstedt. M. Mohs, de son côté, donna un nouvel exposé des prin¬ cipes de la cristallographie, et publia une classification remarquable des minéraux, fondée uniquement sur leurs caractères physiques et exté¬ rieurs. Il fut suivi dans cette voie par MM. Breithaupt, Haidinger et Zippe. M. Neumann proposa une nouvelle notation des formes cris¬ tallines , beaucoup plus simple que celles de Weiss et de Mohs ; pu¬ blia, en 1830, un traité de cristallographie, l’ouvrage le plus savant et le plus complet qu’on ait sur cette matière. Les faits si importants de la polarisation et de la double réfraction de la lumière ont été reconnus par Malus, Wollaston, ainsi que par MM. Biot et Brewster, qui ont donné les moyens de reconnaître le nom¬ bre et les caractères particuliers des axes de réfraction ; le dernier u signalé la dépendance mutuelle qui existe entre les propriétés op¬ tiques et les formes cristallines. M. Mitscherlich a déterminé l’in¬ fluence de la chaleur sur les variations de la forme des cristaux ; MM. Frankenheim et Savart ont étudié, l’un les modifications delà dureté dans le même cristal, l’autre celles de l’élasticité. Plusieurs au- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CLXXXJ très savants ont enrichi la science d’observations neuves et impor¬ tantes ; et la minéralogie , qui a dû tant de progrès à MM. Brongniart , Dufrénoy, Delafosse , Haidinger, Kupffer, G. Rose , etc. , attend encore d’eux de nouveaux perfectionnements. Anatomie . — Le xvme siècle n’avait pas cessé de mettre à profit les travaux des siècles précédents déjà riches en découvertes , et ses efforts avaient été couronnés de succès; car la connaissance de la struc¬ ture particulière des organes était arrivée à un haut degré de perfection; mais, jusque-là tous les travaux n’avaient eu pour but que l’anatomie descriptive, et l’on peut dire que l’anatomie générale n’existait pas , bien que quelques points de cette science eussent été entrevus par les an¬ ciens. Bichat, élève de Pinel, qui, dans sa nosographie philosophique , avait classé les maladies d’après l’analogie des tissus , développa l’idée de son maître et eut la gloire de donner aux études anatomiques une direction nouvelle. Après avoir étudié isolément les divers tissus, il les compara entre eux et les groupa suivant leur affinité ; il comptait jusqu’à vingt-et-un tissus élémentaires , quoique la plupart paraissent dériver du tissu cellulaire. La mort l’empêcha de mettre la dernière main à cette puissante création ; mais ses travaux ne furent pas stériles , et les routes qu’il ouvrit à la science sont les seules aujourd’hui suivies. L’étude de la structure intime des organes avait beaucoup plus de progrès à accomplir que l’anatomie générale, et notre siècle n’a point manqué d’hommes capables de descendre jusque dans les particularités de l’organisation. Sans faire précisément des découvertes nouvelles, ils ont beaucoup contribué au perfectionnement de la science de l’orga¬ nisme. Nous citerons, parmi ceux qui se sont le plus occupés d’ana¬ tomie générale et descriptive, MM. Chaussier, Boyer, Marjolin, J. et H. Cloquet, Meckel, Serres, Lauth , Tiedemann, Magendie, Bourgery, Jacob, Gerdy, Treviranus, Arnol, etc. A ces noms peuvent se joindre ceux des savants qui se sont occupés de zootomie, et qui ont répandu, sur les connaissances d’anatomie générale, un intérêt qui ne pouvait naître que d’un vaste point de vue comparateur. Nous passerons légèrement sur l’anatomie des régions , créée par Béclard , qu’une fin préma¬ turée empêcha de réaliser complètement son idée , et qui eut pour in¬ terprètes MM. Velpeau et Blandin, Nous ne mentionnerons pas ici les travaux des hommes distingués qui se sont occupés et s’occupent encore d’anatomie pathologique, parce que celte science, malgré son intérêt CLXXX1J DISCOURS PRÉLIMINAIRE. et la réputation justement méritée de Morgagni , Mascagni, Lieutaud , Scarpa, Corvisart, Laënnec, Broussais, de MM. Andral, Cruveilhier, etc., n’entre point dans le cadre de notre travail. Anatomie comparée. — Dans le xvme siècle, l’anatomie comparée, alors à ses premiers essais, avait trouvé pour défenseurs les naturalistes les plus célèbres qui l’avaient sauvée du dédain et de l’oubli. Vicq-d’Azyr, le savant et brillant anatomiste, avait conçu le plan d’une anatomie comparée qui devait embrasser tous les faits relatifs à l’organisation des êtres. Ce projet, ajourné par la mort de son auteur, fut réalisé par G. Cu¬ vier qui, en 1795, fut adjoint à la chaire d’anatomie comparée du Muséum national. Dès ses premières leçons on comprit ce qu’il y avait, entre ses mains, d’avenir pour cette science. Employant tour à tour l’analyse et la synthèse, il arrivait à la classification des animaux par l’étude de leurs organes, et à la division de leurs fonctions par l’étude des actes qu’ils accomplissent ; il rangeait ces fonctions dans l’ordre de leur succession naturelle ; car l’animal a deux grandes fins à remplir , sa conservation propre et celle de son espèce; c’est ainsi qu’un lien de perpétuité rattache les générations les unes aux autres. Guidé par ces hautes considérations, il disposa les faits dans un ordre tel que de leur simple rapprochement sortirent ces lois admirables qui donnèrent à l’anatomie comparée une certitude presque mathématique. En 1800 et 1805, ses leçons, publiées par les soins et la collaboration de MM. Duméril et Duvernoy, furent pour la science une époque non seulement de régénération, mais encore de création , puisqu’elles l’embrassèrent dans toutes ses parties, et que les principes qui y étaient renfermés devinrent les régulateurs de toutes les études qui ont pour objet la connaissance des êtres orga¬ nisés. Ce précieux monument scientifique n’a pas perdu de sa valeur: car, depuis 1835 , M. Duvernoy surtout s’occupe de mettre à la hauteur de la science les leçons d’anatomie comparée de Cuvier, dont le 1er vo¬ lume avait été revu par lui-même. M. Laurillard a coopéré pour une part importante à cette nouvelle édition. L’anatomie comparée a pris une telle importance, qu’elle forme aujourd’hui la base des études de tous les hommes qui s’occupent de la science des êtres. Dans tous les pays il en a été entrepris des traités com¬ plets : Blumenbach, MM. de Blainville, Meckel , Carus, Treviranus, .lacobi, Home, Wagner, Wilbrand, Grant, ont publié, sur son ensemble, des traités généraux plus ou moins satisfaisants; mais tous ces travaux DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CLXXXllj n’ont pas été terminés, et nous devons regretter surtout celui que la mort de Meckel laisse incomplet. Les mêmes auteurs , auxquels nous joindrons MM. Duméril, Rudolphi , Albers, Oken, Kuhl, DelleChiaje, ont publié des mélanges d’anatomie et de physiologie comparées qui sont pour la science autant de conquêtes nouvelles. Pour des travaux plus spéciaux encore, se groupent une foule d’au¬ teurs. MAI. Rudolphi, Home, Duméril, Lherminier, Girou de Buza- rcingues, Spix, Mayer, Oken, Meckel, Nitzsch, etc., se sont occupés d’ostéologie générale et comparée. La structure et le développement des os ont été l’objet des études de MM. Béclard, Serres, Bailly, Steinmïil- len, etc. L’application de l’osléologie comparée à la paléontologie, déjà entrevue par P. Camper et si bien démontrée par les beaux travaux de G. Cuvier, a été reprise, dans ces derniers temps, par M. de Blainville. MAL Schreger et Ilg ont étudié la syndesmologie ; nous trouvons en myologie, MM. Hauch et Alïiller. La névroîogie, qui met sur la voie des mystères de la sensibilité et de l’intelligence, a occupé un grand nombre d’anatomistes. Nous cite¬ rons, parmi les plus célèbres, AIM. G. Cuvier, Gall et Spurzheim, Bell, Desmoulins, Rolando, Bailly, Alagendie, Treviranus, Roth, etc. AIM. E. Geoffroy Saint-Hilaire, Foville, Serres, Vimont, Flourens, Tiedemann, Burdach, Rolando, Bellingieri, ont fait une étude spéciale du cerveau et de ses dépendances. La structure et la distribution des nerfs ont occupé AIM. Raspail et Breschet, Prost, Girard, Jacobson, Kilian, Lobstein, Hirzel, Weber, Canaveri , etc. Nous citerons, en parlant de chaque branche de la zoologie , les travaux qui se rapportent spécialement à chaque classe d’êtres. L 'anthropologie ou la connaissance des races humaines est une science due tout entière aux travaux de ce siècle, et trop jeune encore pour mériter une longue mention. En effet, soit résultat de l’influence des milieux, soit dissemblance originelle dans les races, il existe entre les peuples qui couvrent la surface du globe une diversité sur laquelle devait se porter l’attention des savants ; il en est résulté plusieurs sys¬ tèmes de classification qui, sans satisfaire pleinement la raison, servent, comme toutes les méthodes , à ne pas s’égarer dans le dédale de la science. Les principaux auteurs qui se sont occupés d’anthropologie sont : MAL Rudolphi, Virey, Edwards, Bory de Saint-Vincent, Lesson, cr.xxxiv DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Desmoulins, Prichard, Alcide d’Orbigny, d’Omalius d’Halloy, Knor, Roussel, Gruilhuisen , etc. Anatomie philosophique. — Porté naturellement à la généralisa¬ tion, notre siècle a vu naître une science belle, attrayante, heureux ré¬ sultat de l’union de l’étude des faits et de la philosophie 5 nous voulons parler de l’anatomie et de la zoologie philosophiques, dont les éléments, entrevus de siècle en siècle par divers naturalistes, n’ont été réunis en corps de doctrine que dans le nôtre. Aristote avait vaguement pressenti l’unité décomposition organique; en 1555 , Belon compara l’homme à l’oiseau; en 1704, Newton, frappé de l’uniformité des lois qui régissent les masses du système planétaire, avait pensé que le meme mode d’uniformité devait régner chez les animaux; en 1756, Buffon formula, le premier, avec netteté, le principe de l’unité de composition ; ïlerder, le grand philosophe , était persuadé que, dans tous les êtres, il domine une conformité d’organisation qui, formant un type exemplaire , se modifie à l’infini. En 1786, Yicq-d’Azyr pro¬ clama la même loi , et reconnut dans la nature un modèle primitif et général qu’on retrouve partout. Camper, un morceau de craie à la main, métamorphosait un chien en cheval, un cheval en homme, etc. ; mais le grand développement de cette idée est du, en zoologie, à M. Geoffroy Saint-Hilaire, et, en botanique, à Goethe. M. Geoffroy Saint-Hilaire , collaborateur de G. Cuvier, avait publié avec lui la classification des mammifères. Frappé, dans le cours de ce travail, de l’arbitraire qui régnait dans la division des groupes, il aban¬ donna, dès lors, toutes les études de nomenclature pour se livrer à celles du rapport des êtres entre eux. Une fois dans cette route, il repassa dans son esprit ses impressions antérieures; il fit des observations nouvelles, et vit que des animaux, considérés comme différents, ne se distinguent que par des modifications dans la forme, la proportion, la disposition, et, d’une manière générale, dans le degré de développement de parties qui, au fond, restent les mêmes. Ainsi ont lieu des variations infinies dans f arrangement , et par conséquent dans le jeu des organes, sans que les rapports essentiels soient changés ; de là l’idée de l’unité de composition dans les êtres organisés. Partant de ce principe, il reconnut que les os élémentaires des membres antérieurs se retrouvent dans les nageoires pectorales des poissons , que la tête des vertébrés est formée chez tous de parties analogues, et que, chez les poissons, l’opercule DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CT.XXV de l’ouïe n’est que la série des osselets de cet organe, poussés au dehors pour servir à d’autres usages. Une découverte fort remarquable, et qu’il avait en partie prévue depuis longtemps, est celle qu’il fit, en 1821, d’un véritable système dentaire chez les jeunes oiseaux. Par suite d’études faites dans une direction semblable, il fut constaté que, dans toutes les classes des vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles ou poissons), il y a un type de formation primitive pour les membres antérieurs: ainsi, chez les mammifères terrestres , ce sont des organes de préhension ou de lo¬ comotion ; ensevelis dans l’intérieur des chairs, comme chez les mam¬ mifères aquatiques, il n’en sort que la main pour fendre l’eau ; chez les oiseaux, ce sont des leviers destinés à frapper l’air; chez les poissons, des nageoires ayant pour fonction de faciliter les mouvements de pro¬ gression. Cette identité est si rigoureuse, que, chez les mammifères, dont le pied est enveloppé d’une corne , on reconnaît les os du méta¬ tarse et ceux des doigts réunis dans le sabot. Il en est de même de la colonne vertébrale qu’on retrouve toujours, avec des modifications corrélatives, suivant les différentes classes d’animaux et la diversité de leurs conditions d’existence, et dont le développement résulte de la prépondérance plus ou moins grande du système sanguin ou du système cérébro-spinal. La même loi s’applique encore aux articulés : l’insecte, le crustacé, vivent au dedans de leur colonne vertébrale, dont les pièces différentes sont représentées par leurs divers anneaux. Nous trouvons dans les tor¬ tues, parmi les vertébrés, un exemple de cette singularité de structure ; et l’on peut comparer les segments articulés du homard et de la sco¬ lopendre à une série de vertèbres constituant une colonne vertébrale, dont les pattes figurent les côtes ; mais, pour continuer l’analogie et la trouver jusque dans les organes intérieurs, il faut renverser ces animaux sur le dos, si l’on veut placer dans le même ordre les systèmes nerveux et sanguin; car, chez eux, le système viscéral est en dessus, et c’est sous le ventre que se trouvent les ganglions qui remplacent la moelle épinière et le cerveau. Chez eux comme chez les vertébrés, ces ganglions don¬ nent naissance aux nerfs sensitifs ; et, ce qui rend plus frappante l’idée d’unité de plan, c’est que les vertébrés, encore dans l’œuf, sont fixés par le ventre au vitellus, tandis que les insectes le sont par le dos. Après cette grande découverte de l’unité de plan du système osseux vient , comme complément indispensable , celle du balancement des organes, cause inépuisable de diversité dans les êtres. Parmi tant de X CLXXXVj DISCOURS PRÉLIMINAIRE. faits d’une si admirable fécondité pour l’explication des données phi¬ losophiques, nous citerons seulement celui de révolution du foetus, qui, avant d’arriver à l’état que lui assigne son origine, passe, pour ainsi dire, par la forme des animaux des classes inférieures. L’idée du plan unique remonte à 1796 ; en 1807, elle avait une forme plus arrêtée ; depuis, son auteur n’a pas cessé d’en poursuivre la démonstration avec une patience infatigable. Il a recherché les analogies non seulement dans la comparaison des organes, mais encore dans leurs éléments, ne négli¬ geant pas plus ceux qui restent à l’état rudimentaire que ceux qui ac¬ quièrent le plus grand développement. Pendant que cette science se créait en France, l’illustre Goethe prélu¬ dait, en 1792, aune semblable découverte, par son ouvrage sur les mé¬ tamorphoses des plantes , écrit dans la même pensée. Bientôt après , il démontra la nécessité de fondre ensemble l’anatomie humaine et l’anatomie comparée; et, pour donner à la science une base plus cer¬ taine, d’établir, d’après les fonctions, un type anatomique, un modèle universel, qui pût. servir de guide dans l’étude des animaux. Les travaux de ce grand philosophe, mal compris de ceux à qui il les avait soumis, ne parurent qu’en 1820, quoiqu’ils eussent été terminés en 1796. En 1807 et 1808, M. Oken en Allemagne et M. Duméril en France, urent conduits, par des considérations différentes, à l’idée de la com¬ position vertébrale de la tête, que Goethe avait entrevue, plusieurs an¬ nées auparavant, d’après le témoignage de quelques auteurs allemands. Cette théorie est aujourd’hui généralement admise en principe ; et les auteurs les plus opposés à l’anatomie philosophique reconnaissent que la tête est composée , sinon de vertèbres agrandies , au moins de ceintures osseuses, comparables à des vertèbres. MM. de Blainville, Geoffroy Saint-Hilaire, Spix, Carus et Meckel, ont contribué au développement de la première idée , mais ils n’ont pas encore pu s’entendre sur le nombre des vertèbres crâniennes. Une autre question , moins impor¬ tante , il est vrai , mais à la solution de laquelle Goethe fit faire un grand pas , est la démonstration de l’existence de l’os intermaxillaire chez l’homme. Cette découverte a fait disparaître la différence établie par Blumenbach entre l’homme et le singe. A la même époque, Vicq- d’Azyr constata le même fait. A peine cette voie fut-elle ouverte, qu’un grand nombre de savants dirigèrent leurs recherches dans le but de pousser plus loin les découver¬ tes récentes ; dans l’article Mammifères du Dictionnaire de Déterville, DISCOURS P R ÉL IM UN Al K K. CLXXxvij M. deBlainvillc posa les bases d’une morphologie rationnelle des ani¬ maux supérieurs ; M. Serres contribua aux progrès de cette science par ses ouvrages sur les Lois de V ostéogénie , et sur X Anatomie compa¬ rative du cerveau dans les quatre classes d’ animaux vertébrés . Le point de vue de M. Serres est le développement centripète de l’or¬ ganisme, d’après lequel on voit tout tendre de la circonférence au centre. Partant de cette base, l’auteur poursuit, à travers la modi¬ fication infinie des formes, la concordance des parties analogues ; mais l’Allemagne, dont les esprits sont si propres aux spéculations, a fourni les conceptions les plus hardies. En 1821, M. Oken publia, sous le titre de Système d’anatomie, de physiologie et d’histoire na¬ turelle y un exposé de ses vues d’unité , dans lequel la nature entière est l’objet de ses méditations. Il prend pour point de départ les quatre éléments des anciens, l’air, le feu, l’eau et la terre, dont il explique toutefois la nature ; il trouve quatre classes correspondantes pour le règne minéral , trois pour le règne végétal , quatre pour le règne animal. Dans les animaux, les parties organiques élémentaires sont les intestins, les veines, les trachées ou poumons, et les organes de la vie de relation, qui sont eux-mêmes des répétitions des éléments typiques, et passent à travers cette répétition de parties organiques. Il montre ensuite, comme conséquence de ce principe, que le règne animal s’est développé dans le même ordre que les organes dans le corps des ani¬ maux. Ce sont, d’après lui, ces organes qui caractérisent les classes, et il y a autant de classes d’animaux qu’il y a d’organes ; en conséquence ses trois grandes divisions sont : les animaux à viscères qui forment les invertébrés ; les animaux à chair ou les poissons, les reptiles et les oi¬ seaux; enfin les animaux à sens ou les mammifères. Ces mêmes caractères se retrouvent dans les différentes classes. Ce système, dont les idées paraissent étranges au premier abord, est d’une grande profondeur philosophique. M. Carus prend l’œuf ou la sphère creuse, figure des êtres les plus élé¬ mentaires, comme la base de tout le développement de l’organisme. D’après ses idées, la partie molle de la sphère tend à conserver sa forme, tandis que la partie solide ou l’axe , susceptible de déplace¬ ment, tend à produire des figures terminées par des lignes droites qui modifient la forme de la sphère. M. Spix a suivi une voie semblable, c’est-à-dire qu’il s’est lancé dans le champ des abstractions ; aussi son système est-il peu en harmonie avec (‘LXXXVIIJ DISCO U K S I»R É L I M I N A I K E . nos idées positives. La marche de l’anatomie philosophique française est toute différente : elle déduit plus froidement, et remonte des faits à la généralisation , au lieu de prendre l’inconnu pour point de départ. Cette grande et puissante création, à laquelle il ne reste qu’à se développer par l’observation , n’a pas trouvé partout des partisans ; en effet, elle a encore à répondre à des objections puissantes. G. Cuvier se montra l’un de ses antagonistes les plus sévères ; il admettait que les êtres organisés , loin de former une ligne continue, sans interrup¬ tions , en forment plusieurs marchant parallèlement ; qu’alors un seul plan ne suffit plus, et qu’il en faut plusieurs, puisqu’il y a plusieurs gradations parallèles. Il disait que les zoologistes philosophes cher¬ chaient en vain l’unité dans les organes ; qu’elle réside dans les fonc¬ tions générales et essentielles , qui sont les conditions absolues de l’animalité. La divergence qui sépare les deux écoles existe encore, et ce n’est pas à nous de décider ia question : nous dirons seulement de l’anatomie philosophique que si , comme les théories générales, elle a procédé d’une manière peut-être trop absolue , elle renferme assez de vérités pour qu’on ne puisse la repousser sans examen. Physiologie . — Nous avons vu, dans les siècles précédents, la physio¬ logie soumise aux hypothèses des sectes chimiques et mécaniques, ou al¬ lant puiser, dans des théories plus ou moins spécieuses, l’explication des phénomènes de la vie. Les progrès des sciences ne lui ont pas en¬ core, il est vrai, permis d’asseoir ses explications sur des démonstra¬ tions toujours rigoureuses; mais elle a cessé d’être l’esclave des systèmes dominants en philosophie et dans les sciences physiques, et elle do¬ mine toutes celles qui ont pour but la connaissance de l’être et de ses fonctions : aussi la métaphysique et la philosophie transcendante, qui s’é¬ puisent en vains efforts pour trouver, dans des hypothèses, l’explication des faits de l’ordre le plus élevé, sont-elles obligées de venir demander à la physiologie les lumières qui leur manquent. Cette science intéresse donc profondément tous ceux qui voient dans l’étude de la nature l’u¬ nique base de la certitude humaine ; et la société civile elle-même peut en attendre des modifications importantes dans sa constitution orga¬ nique. A la tête des hommes du siècle qui ont rendu le plus de services à la physiologie, se place naturellement Bichat. Observateur judicieux, sachant tirer des inductions profondes de simples rapprochements ou DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CLXXX1X de simples analogies , il rapporte tous les phénomènes de la vie à des propriétés dont les unes résident dans les organes, tandis que les autres sont répandues dans le reste de l’économie vivante. Les dis¬ tinctions qu’il fait entre les tissus et leur rôle dans l’état normal et pa¬ thologique sont devenues la source des révolutions qui , depuis le commencement de ce siècle, ont régénéré la médecine. La physiologie touche de si près aux phénomènes appelés psychologi¬ ques, que presque tous les physiologistes ont abordé cette grande ques¬ tion. L’un des plus célèbres sous ce rapport, Cabanis, fit principa¬ lement servir ses vastes connaissances à l’explication des phénomènes de l’intelligence; dans son éloquent ouvrage sur le rapport du physi¬ que et du moral de l’homme, il remplit la lacune laissée par les philo¬ sophes sensualisles dans l’explication du mécanisme mystérieux de la pensée. De Laméthrie, Priestley et Darwin, ne virent dans les phéno¬ mènes de l’économie vivante que des propriétés de la matière organique. Baumes, Ackermann, suivant la même voie, rentrèrent dans les théories des physiologistes chimistes et mécaniciens, tandis que d’autres y cher¬ chaient des explications prises en dehors de la science. Nous ne sommes pas tout à fait affranchis de ces idées exclusives ; chacun explique encore par une théorie, résultat de ses études, de ses croyances ou de ses pré¬ jugés, les phénomènes de la vie; mais il n’en résulte pas moins des travaux de ce siècle que chacun contribue , par ses recherches labo¬ rieuses, à enrichir la science de faits nouveaux, abstraction faite de toute théorie. MM. Buisson, Grimaud, Magendie, Richerand, Adelon , Dumas, Broussais, Breschet, Bourdon, Sprengel, Burdach, de Blainville, Dugès, Millier, ont écrit des traités généraux qui se rapportent aussi bien aux animaux qu’à l’homme, et embrassant l’ensemble de la science; mais ces grands travaux n’ont pas empêché les études spéciales , et les fonc¬ tions particulières des organes ont été observées avec soin. MM. Leroy, Dhéré, Duncan, Edwards, etc., ont étudié les phénomènes de la nu¬ trition en général ; MM. Chaussier, Montègre, Magendie, Tiedemann, Gmelin, Schwann, ceux de la digestion; MM. Barry, Legallois, Davy, Allen, Edwards, Martin Saint-Ange, Goodwyn, Pépys,ont fait de nom¬ breuses recherches sur la respiration et la circulation ; M. Poiseuille a calculé la force impulsive du cœur sur le fluide sanguin ; MM. Legal¬ lois, Prévost, Dumas, Donné, Schullz, Kaltenbrunner , Wilson, Mill¬ ier, Andral, etc., ont réuni un grand nombre d’observations sur le t'XC DISCOURS PRÉLIMINAIRE. sang; Bichat, MM. Magendie, Fohrnann , Tiedemann, Gmelin, Lippi, Panizza, Antomarchi, Bell, Parsons, Configliachl, ont traité des sécré¬ tions et des excrétions dans des ouvrages généraux ou des mémoires particuliers; MM. Despretz, Coutanceau, Brodie et Chossat, se sont oc¬ cupés de la chaleur animale; MM. Breschet et Becquerel ont détermi¬ né, par des expériences délicates, la température des tissus animaux ; MM. Dutrochet, Fodera, Home, Tiedemann, Carlisle, Lauth, Meckel, Blainville, Tilesius , Séguin , etc. , ont fait de nombreuses recherches sur l’absorption; MM. Scarpa, Gaillardi, Flourens et Serres, sur la formation des os; M, Flourens s’est livré à des expériences pleines d’intérêt sur la coloration des os par la garance; MM. Dumas, Prévost, Prochaska, Carlisle, ont étudié le mouvement musculaire; MM. Gau¬ tier, de Blainville, Belle Chiaje, Mojon, Breschet, Roussel de Vauzème et Flourens, ont donné des travaux intéressants sur la structure de la peau; MM. Pinel, Gall , Spurzheim , Broussais , Legallois, Jaeobson, Rolando, Bell, Béclard, Desmoulins, Flourens, Burdach , Bouillaud , Adelon, Bailli, Breschet, ont fait une profonde étude du système ner¬ veux. Gall est le créateur de la phrénologie, science nouvelle, en¬ trevue, il est vrai, par plusieurs physiologistes anciens, mais qui s’est, de nos jours, établie comme doctrine philosophique au milieu des théories existantes, et qui attend de ses laborieux sectateurs la confir¬ mation des premières vérités dont elle a posé les bases. MM. Cuvier, de Blainville , Duméril, Home, Froriep, Lehmann, Knox, Houston, Broussais, Breschet, Flourens, Cloquet, Dugès, Muller, etc., ont étudié spécialement les organes des sens. Les fonctions si complexes de la génération ont occupé un grand nombre de physiologistes ; mais les premiers travaux entrepris dans cette direction se sont bornés à des recherches plus ou moins spéciales. Nous citerons, parmi les hommes qui s’y sont livrés, MM. Pander, Baër, Meckel, Rathke, Tiedemann, Bojanus, Purkinje, Huschke, Cu¬ vier, Dutrochet, Serres, Weber, Breschet, Prévost, Dumas, Velpeau , Flourens, Martin Saint-Ange, etc. D’autres physiologistes ont étendu leurs études à toute la série animale , et des traités spéciaux ont été publiés sur cette matière par MM. Burdach, Muller, Valentin, etc., en France, M. Coste a fait de l’embryogénie et de l’ovologie comparée l’objet d’un enseignement dans la chaire d’anatomie comparée de M. de Blainville, au Jardin du Roi. Un brillant avenir est promis à cette par¬ tie de la science. i DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CXCJ Tl est une autre branche de la science physiologique qui , de nos jours, vient se heurter contre un scepticisme bien naturel, mais poussé trop loin, sans doute: c’est le somnambulisme magnétique, qui a oc¬ cupé MM. Deleuze, Bertrand, Puységur, Frappart, Teste, Ricard, etc., et qui compte encore un grand nombre d’adeptes. Depuis les mystifica¬ tions de Mesmer, l’Académie des sciences et celle de médecine sont intervenues, par intervalle, dans cette question, chaque fois qu’il s’est présenté des magnétiseurs annonçant de nouveaux prodiges; jusqu’à ce jour, le problème n’est pas résolu; ce qui vient peut-être de ce qu’on cherche dans un phénomène réel des effets imaginaires. Tératologie. — Une nouvelle branche de la science , d’un puissant intérêt et destinée à révéler les mystères de l’évolution des êtres, est la tératologie , qui repose sur le principe dont il a été question en trai¬ tant de l’anatomie philosophique, c’est-à-dire que les embryons passent, dans le cours de leur développement, par la forme des animaux des classes inférieures. Il résulte de ce principe que, s’il survient un temps d’arrêt, il naît un être incomplet dans son espèce. Les anciens tératologistes ( si l’on peut donner ce nom à des hommes qui n’ont recueilli que des faits mal vérifiés , au lieu d’aller cher¬ cher dans un principe sûr les causes de ces anomalies) voyaient, dans tous ces monstres , les fruits de l’œuvre du démon ou d’unions anti¬ naturelles : Montaigne et Bacon , doués d’une raison plus froide, ne virent dans les êtres anomaux que les résultats de lois différentes de celles qui sont communes à l’espèce. Au xviii6 siècle, la tératologie prit une marche plus rationnelle; mais avant Haller, le régénérateur de celte importante partie de la science , on ne trouve qu’à glaner parmi des absurdités ; ou, si quelques faits vraisemblables se présentent , on flotte entre l’affirmation des uns et la négation des autres. Ce fut ce savant anatomiste qui démontra l’utilité de l’étude des anomalies orga¬ niques pour le progrès de la physiologie. Les anatomistes philosophes ont cherché dans les inégalités de dé¬ veloppement de l’embryon l’explication des phénomènes tératologi¬ ques. MM. Meckel, Geoffroy Saint-Hilaire, Serres et Isidore Geoffroy, ont démontré, à l’aide d’un grand nombre de faits, que les anomalies ré¬ sultent presque toujours d’un arrêt survenu dans le développement d’un certain nombre d’organes, ayant conservé jusqu’à la naissance les caractères qui cessent ordinairement d’exister pendant les premiè- excij DISCOURS PRÉLIMINAIRE. res périodes fœtales ou même embryonnaires. Il suit de là que la monstruosité n’est pas un aveugle désordre , mais un ordre régulier, soumis à des lois précises , à des règles constantes. Toute loi tératolo¬ gique a sa loi correspondante dans l’ordre normal , et les monstres peuvent être classés d’après le principe des méthodes linnéennes ; il existe donc un rapprochement forcé entre les divers degrés de mons¬ truosité et ceux de l’échelle animale. Cette idée de classification, due à M. Geoffroy Saint-Hilaire, a été développée et complétée par M. Isi¬ dore Geoffroy. En l’étendant à tous les groupes, et en les échelonnant suivant le principe de la subordination des caractères , il a rendu la classification tératologique plus régulière que la classification zoo¬ logique. Il existe à notre époque de nombreux travaux tératologiques : MM. Geoffroy Saint-Hilaire père et fils, Meckel , Serres et Otto, ont écrit des traités généraux. MM. Belle Chiaje, Meckel, Otto, Anto- marchi, Burkard, Herold, ont étudié les monstres doubles et simples. L’hermaphrodisme et l’hémitérie ont occupé MM. Jacobi, Martin Saint- Ange, Weese, Stampini, Nicati, etc. MM. Breschet et Geoffroy, Orth et Hirnly, ont recherché les lois des monstruosités par inclusion. Zoologie générale . — • La zoologie, cultivée avec un succès toujours croissant depuis la renaissance des lettres, ne prit un véritable carac¬ tère de stabilité qu’après que le génie de Linné eut jeté les bases de la méthode naturelle ; mais les travaux de l’illustre Suédois et les perfec¬ tionnements successifs qu’il avait apportés à sa classification dans les diverses éditions de son Systema naturœ , n’avaient pas empêché les essais d’autres méthodistes. G. Cuvier qui, pendant longtemps, résuma toute la science française, ou, pour mieux dire, fut la plus haute expres¬ sion scientifique du commencement de ce siècle, commença par réviser, en 1795, de concert avec M. Geoffroy Saint-Hilaire, la classification des mammifères , puis il fit des études semblables sur les êtres de la série animale , et partout il apporta une réforme depuis longtemps désirée, Linné avait formé sans choix sa classe des vers de tous les animaux qui n’avaient pu trouver place dans les classes précédentes 5 cette classifi¬ cation vicieuse réclamait d’importantes modifications. Cuvier, qu’un séjour sur les côtes de Normandie mit à portée d’étudier les animaux marins, prépara, de 1790 à 1795, pour la classe des vers, un nouveau mode de classification, qui, dès sa publication (1795), obtint l’adhésion DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cxciij de lous les naturalistes. Ce grand et beau travail remplit toutes les conditions d’une méthode naturelle, quelle que soit la disposition des groupes intermédiaires; mais il a déjà subi d’inévitables perfectionne¬ ments, par suite des progrès qu’ont amenés des éludes de plus en plus profondes sur les êtres des diverses classes. En 1797, Cuvier publia son tableau élémentaire de l’histoire naturelle des animaux; il présenta, en 1817 et en 1830, dans la 2e édition du Régné animal , ouvrage aussi capital dans la science que le Systema naturœ de Linné, une classification complète de tous les animaux, fondée sur leur organi¬ sation, d’après le principe des affinités naturelles. Le système de Cuvier est fondé sur l’ordre descendant, c’est-à-dire qu’on y trouve le type le plus complexe au sommet et le plus simple à la base; il a été adopté par la plupart des naturalistes, comme le mieux approprié aux besoins de l’étude, en ce qu’il va du connu à l’inconnu. Cependant tous les zoologistes n’ont pas accepté ce système ; ils ont fait des efforts constants pour arriver à une classification plus parfaite et plus philosophique encore; et, si leurs tentatives n’ont pas toujours été accompagnées de succès, du moins ont-elles contribué au progrès de la science , en variant les points de vue. Lamarck, porté par sa nature à l’abstraction, a adopté l’ordre inverse de Cuvier ; il a établi un système général de classification des animaux, en suivant l’ordre ascendant, comme celui qui répondait le mieux à la théorie de la génération suc¬ cessive des êtres. Toutefois, ce renversement de l’ordre de classification générale n’a pas exercé une bien grande influence sur les divisions des groupes fonda¬ mentaux, et la méthode naturelle a triomphé de toutes les tentatives faites en dehors de ses principes. Différentes modifications y ont été apportées par plusieurs auteurs, sans l’altérer profondément ; mais M. de Blainville est venu, avec l’autorité de son profond savoir, pro¬ poser de nouvelles bases de classification, en opposition avec celles de Cuvier. Selon cet auteur, le règne animal doit être partagé en trois groupes primordiaux seulement, fondés sur les formes générales des animaux et sur leur relation avec la disposition du système nerveux. Plusieurs des hommes éminents dans la science inclinent vers l’opinion de M. de Blainville, etquoique son système n’ait pas obtenu une adhésion générale , la plupart des naturalistes flouent entre les deux systèmes qui se disputent la prééminence. Il est une aulre manière d’envisager la connexion des êtres vivants : 7 cxuv DISCOURS PRELIMINAIRE. c’est celle de MM. Oken et Mac-Leay. Nous avons fait connaître les idées du premier, en parlant de l’anatomie philosophique; il nous reste à exposer la méthode de Mae-Leay : cet auteur base son système sur ce principe déduit des affinités naturelles des êtres , que tous les groupes organiques affectent la forme circulaire ; d’après son arrange¬ ment, chacun de ces cercles contient cinq autres groupes formant un nouveau cercle ; aux points où ces cercles se touchent par leur cir¬ conférence, se trouvent des groupes intermédiaires qui les lient entre eux. Ainsi, il y a affinité entre les êtres d’un même cercle, et analogie seu¬ lement entre ceux de deux cercles différents. D’après ce système, tous les êtres organisés sont divisés en deux grands cercles comprenant l’un le règne végétal, l’autre le règne animal, et chacun d’eux est ensuite partagé en groupes secondaires. Ce mode de classification, appelé sys¬ tème quinaire et exposé dans les Horœ entomologicœ , publiées de 1819 à 1821, a été étendu et appliqué à tout le règne animal par plusieurs na¬ turalistes anglais, et entre autres par M. Swainson. Après les ouvrages systématiques, résultats des efforts des maîtres de la science, viennent ceux des naturalistes qui, sans créer de systèmes, acceptent les méthodes généralement admises, ou se contentent de mo¬ difications de peu d’importance. Nous citerons les éléments de zoologie générale de MM. Latreille, Duméril, Milne Edwards, Pouchet, Van-der Ilœven, Grant, Hollard, Hemprich, Kaup, Munck, Reichenbach; mais il manque un Syslema animalium , contenant l’indication de tous les animaux décrits ou renfermés dans les collections et les traités séparés. Mammalogie. — Le nombre toujours croissant des animaux dont se sont enrichis les collections a nécessité la division de la zoologie en plusieurs branches. En tête, se trouve la mammalogie. Cette science, perfectionnée sous le rapport de la méthode par les classificateurs géné¬ raux, a vu le système de G. Cuvier modifié par MM. Desmarest, Dumé- rii, Duvernoy. Latreille, Ranzani, Desmoulins, Fréd. Cuvier et Van-der Hœven, qui tous sont partis d’un point de vue commun, fondé sur les principes de la méthode naturelle ; mais, comme la science n’arrive pas d’un seul coup à un degré de certitude tel que toute contradiction soit impossible, d’autres essais ont eu lieu pour donner une classification plus parfaite des mammifères. En 1811, Illiger publia son Prodromus systemalis mammalium , qui contenait une nouvelle méthode, fon¬ dée sur les organes de préhension et de sustentation ; ce travail, quoique DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cxcv remarquable sous plusieurs rapports, a le défaut d’être empreint d’un néologisme qui ajoute à l’étude des difficultés nouvelles. M. de Blain- ville a publié, en 1816, une classification différente de celle de Cu¬ vier, et basée sur l’unité ou la dualité de l’utérus, ainsi que sur une ap¬ préciation rigoureuse de la valeur des principaux caractères mam- malogiques. M. Desmoulins a cherché, en 1825, à concilier le système de Cuvier et celui de M. de Blainvillc, sans que cette modification ait été adoptée. M. Isidore Geoffroy a divisé les mammifères en trois séries pa¬ rallèles, commençant, chacune, par les êtres les plus complets et descen¬ dant jusqu’aux plus simples. Le prince Charles Bonaparte a également établi une classification naturelle dans laquelle on retrouve la plupart des ordres de Linné, mais qui est divisée en deux séries fondées sur le mode de reproduction des mammifères. Dans son état actuel, la mé¬ thode mammalogique doit subir les perfectionnements depuis longtemps proposés par les zoologistes , et qui tendent à séparer ou à unir cer¬ tains ordres ou certaines familles dont la structure et les détails d’orga¬ nisation sont aujourd’hui mieux connus. Les travaux généraux sur les mammifères sont fort nombreux. Les ouvrages deBuffon, malgré leur charme, sont aujourd’hui surannés et ne sont plus en harmonie avec la forme sérieuse qui, à notre époque, domine toutes les études. Les ouvrages généraux renferment tous l’histoire des mammifères; mais il y a aussi quelques traités spéciaux : tels que ceux de Desmarest , de MM. Lesson et Schinz; la grande histoire naturelle des mammifères par M. Geoffroy Saint-Hilaire et F. Cuvier, un des plus précieux monu¬ ments de la science mammalogique, et le Systema mammalium de M. Fischer, encore incomplet, peut-être, à cause des progrès rapides de la science, mais qui peut donner une idée des espèces connues. On doit compter parmi les travaux qui ont contribué le plus puissamment à faire avancer la mammalogie, les monographies et les faunes, parmi lesquelles nous citerons celles de MM. d’Audebert, Geoffroy père et fils, Temminck, Lichtenstein, de Blainville, Desmarest, F. Cuvier, Du- vernoy, Bennett, Gray, Rengger, le prince Maximilien de Neuwied, Roulin , Savi, Spix, Bowdich, Ritgen, Waterhouse, etc. On a, de tout temps, attaché une grande importance à l’étude de la £ structure des mammifères ; mais, de nos jours plus que jamais, des recherches spéciales ont été faites pour arriver à une connaissance plus intime de l’organisation des grands vertébrés. M. Meckel a publié une monographie anatomique de Fornilhorhynque et de le- ÇXCVJ DISCOURS PRÉLIMINAIRE. çhidné ; MM. E. Home, Georges Cuvier, de Blainville, ont traité le même sujet. F. Cuvier a composé, sur les dents des mammifères, considérées comme caractère zoologique , un ouvrage destiné à faire apprécier l’importance du système dentaire dans les diverses familles du règne animal ; M. Rousseau en a fait connaître le développement dans les différents âges chez plusieurs espèces. MM. Fietzius, de Stock¬ holm, Owen et Dujardin, en ont étudié la structure intime. G. Cuvier a rédigé un grand nombre de mémoires sur des particularités organiques propres à certains ordres ou à certains genres, entre autres sur Foreille interne des cétacés, sur les narines des mêmes animaux, sur la rate des marsouins, sur l’ostéologie des hippopotames, des paresseux, et sur celle des mammifères en général. M. Fischer a donné une anatomie des makis ; MM. Pander et Dalton ont publié un traité d’ostéologie des mammifères; M. Weber a contribué, par ses travaux, à la connaissance de leur charpente osseuse. M. Wolf a étudié la production de la voix dans les animaux de cette classe; M. Gurtl a donné une anatomie des animaux domestiques, ainsi qu’un beau travail sur les glandes des canaux sudorifères, sur les glandes sébacées de la peau dans les ani¬ maux domestiques , et sur la structure des ongles et des cornes. M. Walch a traité de l’organisme animal dans les mammifères. MM. Lob- stein et Duvernoy ont publié des détails fort intéressants sur l’anatomie des phoques, et M. Rapp, sur celle des cétacés. M. Otto a étudié la dis¬ position particulière des artères encéphaliques dans les animaux hiber¬ nants; il a découvert, dans une espèce de singe, une disposition particu¬ lière de l’estomac, que les travaux de MM. OwenetDuvernoy ont démon- tré caractériser les semnopithèques. Le premier a découvert le sphincter œsophagien du diaphragme dans les mammifères grimpeurs. MM. Bres- chet et Roussel de Vauzème ont étudié l’appareil tégumentaire des mam¬ mifères. MM. Meckel, Lauth, Savart, Gerdy, Bennati, Cagniard-Latour et surtout J. Millier, le savant professeur de Berlin, ont avancé, par leurs travaux, la théorie de la voix dans l’homme et dans les autres vertébrés à mammelles. MM. Flourens, Henle, Bischof et Turpin, ont étudié les membranes muqueuses ; MM. E. Geoffroy Saint-FIilaire, de Blainville, Owen et plusieurs autres ont fait des recherches sur le mode de génération des marsupiaux et des monotrêmcs. *M. Martin Saint- Ange a fait des villosités du chorion des mammifères le sujet d’un grand mémoire. MM. Coste, Eschricht, Gluge, se sont occupés du même sujet. MM. Baër et Rathke ont recueilli des observations sur l’embryogénie DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cxcvjj des mammifères. MM. Dujardin et Verger ont entrepris des recherches sur la structure intime du foie de ces animaux. MM. Rathke, Baèr, Weber et J. Millier, se sont servis du microscope pour étudier la structure des organes des sécrétions. MM. Ehrenberg, Th. Schwann, Valentin, Burdach et Mandl, ont exercé leur sagacité sur l’anatomie microscopique des nerfs. M. Boulin, continuant les observations d’Azara sur les mœurs des animaux de l’ancien monde, transportés en Amérique, s’est occupé des changements qu’ont produits sur les espèces les nouvelles circonstances dans lesquelles elles se sont trouvées. L’histoire des mœurs des mammifères est la partie la moins étudiée et par conséquent celle sur laquelle il règne le plus d’obscurité. Nous trouvons bien, dans les relations des voyageurs, des détails épars sur certaines particularités concernant la manière de vivre des animaux qu’ils ont observés; mais nous ne connaissons d’ouvrage complet, sous ce rapport, que l’histoire naturelle des mammifères dont il a été question plus haut, et pour laquelle F. Cuvier a observé à l’état vivant la plu¬ part des animaux qu’il a décrits. Al. Flourens a publié un résumé plein d’intérêt des nombreux travaux de F. Cuvier sur le moral des animaux et sur leurs caratères zoologiques. MAI. d’Obsonville, Leroy, Virey et Pougens, se sont aussi occupés de l’instinct des animaux. MAL Dureau de La Alalle et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire ont traité, après Buffon et F. Cuvier, de leur domestication. L’appréciation des phénomènes intellectuels, entreprise d’abord par Buffon , a occupé l’attention de Dupont de Nemours et plus récemment de F. Cuvier. Depuis, les phrénologistes ont essayé de vérifier leur doctrine , en cherchant, dans la structure du crâne des mammifères , l’indication de leurs penchants et de leurs facultés. Ornithologie . — L’ornithologie n’est pas moins cultivée que les autres branches de l’histoire naturelle. Quoique les hommes spéciaux dans celte science soient généralement peu nombreux, les travaux systématolo- giques ont occupé plusieurs savants qui, presque tous, ont pris pour base la classification linnéenne , lapins naturelle de toutes. En 1790, Lalliam fit paraître son Index ornithologie us , remarquable par sa clarté et sa précision. Cuvier vint ensuite et fit, pour la classification des oi¬ seaux, ce qu’il avait fait pour toutes les autres classes du règne ani¬ mal, c’est-à-dire qu’il commença par ébaucher un système appelé, DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cxcvïij comme ses autres travaux , à faire époque dans la science ; il le per¬ fectionna plus tard , en mettant à profit ses propres observations et les études des autres ornithologistes. Lacépède, Illiger, M. Duméril, ont attaché aussi à leurs travaux ornithologiques une méthode de classification particulière, fondée, comme toutes celles de l’époque, sur les caractères tirés du bec et des pattes. En 1812 , M. de Blain- ville parla, pour la première fois, de l’avantage de l’étude de l’appareil sternal dans la distribution systématique des oiseaux. Cette idée fut mise à profit par le docteur Lherminier, qui la prit pour base d’un sys¬ tème ornithologique. M. Merrem est arrivé en même temps que M. de Blainville à un résultat semblable dans son Tentamen systematis na- turalis avium. Les deux classes fondamentales de sa méthode sont basées sur la présence ou l’absence du bréchet. M. Ranzani de Bologne a également eu égard aux caractères résultant de la forme de l’appareil sternal, dans la classification des oiseaux faisant partie de ses éléments de zoologie. Vieillot, Latreille, MM. Kuhl, Horsfield,Vigors, Swainson, Ch. Bonaparte, Temminck, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et Wagler, ont aussi joint à leurs descriptions une classification systématique ; nous pouvons citer , parmi les ornithologistes qui contribuent par leurs études au perfectionnement de la méthode naturelle, M. de Lafresnaye, qui a publié, dans le Magasin zoologique, un grand nombre d’articles d’ornithologie et plusieurs mémoires fort estimés. Les travaux descriptifs généraux d’ornithologie sont moins abondants que les monographies ou les faunes ornithologiques. Buffon, dont les nombreuses éditions se sont chaque fois enrichies des nouvelles décou¬ vertes de la science, a toujours été un ouvrage fondamental en ornitho¬ logie. Les méthodologistes ont aussi pour la plupart donné un tableau raccourci, mais aussi complet que possible, du nombre des oiseaux connus. Divers manuels d’ornithologie ont été publiés, et les diction¬ naires des sciences naturelles sont devenus des répertoires complets. Les monographies ornithologiques sont d’un haut intérêt, et presque toutes, surtout de nos jours, sont accompagnées de figures d’une grande beauté et d’une parfaite exactitude. Levaillant avait publié, en 1799, une monographie des perroquets; depuis cette époque jusqu’en 1807, on a eu de lui l’histoire des oiseaux de paradis, des rolliers, des toucans, des couroucous, des promerops, des guêpiers, etc.; Desmarets a fait pa¬ raître la monographie des langaras, des manakins et des todiers; Dau- din, celle des langaras, des moucherolles, etc- ; Vieillot, celle des oiseaux DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cxctx chanteurs de la zone torride; Temminck a donné l’histoire des pigeons; M. Lesson, celle des oiseaux-mouches; M. Gould a publié, dans ces der¬ nières années, la monographie des ramphastidés, des couroucous et de plusieurs autres genres ou familles; MM. Wagler, Lea et Bourjot Saint- IIilaire, celle des perroquets; M. Swainson, celle des tyrans d’Amérique. M. Ménétrier est l’auteur d’une monographie des fourmiliers. Les auteurs de faunes ornithologiques sont très nombreux : Levail- lant a donné l’histoire des oiseaux d’Afrique ; Savigny nous a fait con¬ naître ceux de l’Égypte et de la Syrie ; Shaw, ceux de la Nouvelle- Hollande ; M. Gould a publié une centurie des oiseaux de l’Hima- laya ainsi que la faune des oiseaux de la Nouvelle-Hollande; M. Al¬ cide d’Orbigny a publié line partie de l’ornithologie des Antilles; il a commencé et il continue la description des oiseaux de l’Amérique méridionale. MM. Rüppel, Smith, Ehrenberg, ont étudié les oiseaux de l’Afrique; MM. Vieillot, Wilson, Audubon, Ch. Bonaparte, ceux de l’Amérique du Nord; le prince de Neuwied et M. Spix, ceux du Brésil ; M. Siebold, ceux du Japon ; M. Sykes, ceux du pays des Mahrat- tes; Sonnerat, ceux des Indes et de la Chine; MM. Temminck, Brehm, Gould, etc., ont publié l’histoire naturelle des oiseaux d’Europe; MM.Gé- rardin, Vieillot, Folydore Roux, Crespon et Degland, la faune orni¬ thologique de la France; MM. Brehm, Schilling, Borkhausen, Spalowsky, Naumann, Meyer et Wolf, celle de l’Allemagne; MM. Lewin, Lord, Bewick,Selby,Pennant, etc., celle de l’Angleterre; MM. Nuccavi, Boneîîi, Ch. Bonaparte et Savi, l’ornithologie de l’Italie ; M. Schinz a décrit les oiseaux de la Suisse; M. Meyer, ceux de la Livonie et de l’Esthonie; M. Besecke, ceux de la Courlande. M. Nilson est l’auteur d’une orni¬ thologie suédoise; MM. Rafles, Kuhl et Horsfleld ont donné des descrip¬ tions d’oiseaux de Java; M. Faber a publié un prodrome des oiseaux de l’Islande et une faune des oiseaux du Nord ; M. Kittlitz a fait connaître quelques oiseaux du Chili. La plupartdes voyageurs, tels que MM.Quoy, Gaimard, Lesson, Bellanger, Garnot, et en général tous les circumna- vigateurs, ont consacré, dans leurs relations, une place importante à la description des oiseaux. Nous ne connaissons que fort peu de savants qui se soient spéciale¬ ment occupés d’ornithotomie. Nous ne trouvons guère que M. Tiede¬ mann qui en ait fait l’objet d’études particulières ; nous ajouterons seu¬ lement que les plus célèbres anatomistes comparateurs se sont occupés de la structure des oiseaux. G. Cuvier a fait connaître leur oc DISCOURS PRÉLIMINAIRE. larynx inférieur, et a publié un mémoire sur l’ossification du sternum dans les animaux de cette classe; M. Geoffroy Saint-Hilaire s’est livré à de nombreux travaux sur leur squelette et sur leurs organes repro¬ ducteurs; M. Breschet a étudié chez eux l’organe de l’ouïe; M. Brandt, de Saint-Pétersbourg, a publié un grand travail, avec iconographie, sur leur osléologie. MM. Lauth, Millier et Duvernoy ont découvert les tissus élastiques qui, dans l’aile des oiseaux en général et dans la poche sous-mandibulaire du pélican en particulier., remplissent la meme fonc¬ tion que les ligaments dénués de force vive. Le dernier de ces anato¬ mistes a décrit les nombreuses modifications osseuses et musculaires que présente la langue des oiseaux. MM. Cuvier, Dutrochet, Flourens et Coste, ont cherché les analogies qui existent entre l’œuf de l’ovipare et celui du mammifère ; M. Bichard Owen a donné l’anatomie zoologique de plusieurs espèces; M. Nitzseh a étudié les pennes des oiseaux; M. Thienemann a fait l’histoire de la reproduction des oiseaux d’Europe; M. Schinz est l’auteur d’un travail sur leurs nids et leurs œufs, etc., etc. Une partie bien importante et encore peu connue de l’ornithologie, est la partie ethnographique. On peut dire que , sous ce rapport, la science ornithologique présente une grande lacune que le temps seul pourra remplir. Les migrations des oiseaux ont bien été l’objet des études de quelques observateurs; mais nos connaissances à ce sujet sont encore fort incertaines. Erpétologie . — Nous avons vu la science erpétologique naître au xviif siècle sous l’inspiration de Laurenti ; depuis elle a grandi, et le xixe siècle est riche en observations de toutes sortes. Nous passe¬ rons rapidement en revue les méthodoîogistes qui sont très nom¬ breux. Lacépède, le premier dans l’ordre chronologique, a donné, dans sa continuation des œuvres de Buffon , une histoire naturelle des quadrupèdes ovipares et des serpents; il a fondé sa classification, pour les premiers, sur la présence ou l’absence de la queue, pour les autres sur la présence ou l’absence des pieds. En 1799, M. Brongniart a pu¬ blié un arrangement systématique des reptiles, fondé sur les carac¬ tères anatomiques , affranchissant ainsi la science des entraves d’une étroite routine. Latreilfe n’a donné qu’une modification du système de Lacépède; Daudin afait paraître, en 1802 et 1803 , une histoire générale des reptiles, où il a suivi la méthode de M. Brongniart. Il est à regretter que ce travail, fait avec rapidité, soit quelquefois inexact. G. Cuvier a DISCOURS PRELIMINAIRE, CC) publié, en 1798, dans son Tableau. élémentaire de l’histoire naturelle des animaux, une classification qui se rapproche de celle de Lacépède. Il adopta, plus tard, celle de M. Brongniart; et, vingt années après, il publia un nouvel arrangement des reptiles fondé sur la subordination des ca¬ ractères. M. DumériJ, qui a succédé à Lacépède, et qui, depuis près de quarante années , occupe la chaire d’erpétologie , a successivement perfectionné la méthode naturelle qu’il a suivie dans les nouvelles suites à Buffon, publiées en 1834, conjointement avec M. Bibron. Oppel, natu¬ raliste bavarois, a fait paraître, en 1811, un travail systématique sur les reptiles. M. Merrema donné, en 1820, son T entame nsystematis am~ phibiorum ; cet ouvrage, peu au courant de la science, n’est que la re¬ production d’un autre qui lui est antérieur ; le système qu’il a suivi est presque celui d’Oppel. M. de Blainville a apporté, dans sa classification, la science et la sagacité qui le distinguent. M. Gray a publié plusieurs essais de classification qui n’ont pas été adoptés. Le docteur Harlan est l’auteur d’une faune erpétologique de l’Amérique du Nord, dans la¬ quelle il propose un système de classification fondé sur les organes respiratoires. On distingue surtout dans son travail la partie rela¬ tive aux genres grenouille, rainette et crapaud. M. Haworth a pro¬ posé un système dichotomique de la classe des reptiles , emprunté en partie à Merrem. M. Fitzinger, auteur doué d’une saine critique, a proposé un nouvel arrangement systématique , dans son catalogue des reptiles que renferme le musée zoologique de Vienne. M. Ritgen est l’au¬ teur d’une méthode inadmissible, par suite des nombreuses particula¬ rités qu’il y a introduites. Il nous reste à citer avec éloge le travail de M. Wagler sur la classification des reptiles, comme étant conforme aux vrais principes de la méthode naturelle. On voit que les travaux systéma¬ tiques relatifs aux animaux de cette classe ont beaucoup exercé la saga¬ cité des naturalistes, à cause des modifications nombreuses que présente leur organisation. Chacun des auteurs que nous venons de citer ne s’est point contenté d’un simple travail de nomenclature; mais il y a joint des descriptions augmentées, chaque fois, des genres nouveaux dont la science s’était enrichie. L’erpétologie compte aussi , au nombre de ses historiens, MM. Meyer, Kaup, Reuss, en Allemagne ; Lichtentein, Gra- venhorst etWiegmann, en Prusse; Schîegel, Boié, en Hollande; Bell, en Angleterre; Rusconiet Ch. Bonaparte, en Italie; Cocteau, en France, etc. Les travaux d’anatomie relatifs aux reptiles sont nombreux, et ont puissamment contribué au perfectionnement des méthodes. En 1794 et DISGO U RS PR É LI MINA ï R E . ccij 1795, Townson R publié des observations physiologiques sur la respira¬ tion de ces animaux. M. Geoffroy Saint-Hilaire père, dans sa philosophie anatomique, a décrit leurs organes respiratoires; il a fait aussi une étude comparative des organes de rouie chez les reptiles, chez l’homme et chez les poissons. M. Windischmann a fait paraître, en 1831, un traité sur la structure de l’oreille dans les amphibies. En 1832, M. Breschet a publié un travail semblable. M. Jacobson a donné des recherches sur un système veineux particulier aux reptiles. Nous devons à M. Martin Saint-Ange un travail comparatif sur la circulation des quatre classes des animaux vertébrés. M. Panizza, de Pavie, a étudié leur système lym¬ phatique. MM. Schœpf, Schneider et Bojanus, ont publié l’anatomie des tortues; MM. Jules Cloquet et Meckel , celle des glandes lacrymales et venimeuses des serpents. En 1832, le professeur Muller, de Bonn, a donné, sur les ordres des batraciens et des serpents, un excellent tra¬ vail anatomique et descriptif. M. Meyer a découvert, dans plusieurs es¬ pèces de ces ordres, des rudiments de membres postérieurs; M. Serres a publié une anatomie du cerveau des reptiles, comparé à celui des autres classes des vertébrés. Un travail semblable est dû à M. Treviranus. Du¬ moulin et M.Bischopf ont fait connaître le système nerveux de ces ani¬ maux. Les mémoires de l’Académie des sciences de Naples contiennent un travail de Cavolini sur la génération des amphibies. On doit à M. Du- trochet des observations très intéressantes sur l’œuf des reptiles et sur les enveloppes du fœtus dans les êtres de cette classe. M. Fricket nous en a fait connaître l’organe de la vue. M. Dugès est l’auteur d’un travail sur leur mode de déglutition; M. Schlegel, de Leyde, a publié le résultat de ses recherches sur les glandes salivaires des serpents venimeux et non venimeux; M. Duvernoy a composé un mé¬ moire sur les caractères anatomiques qui distinguent les premiers de ces animaux des seconds. M. Busconi a étudié le développement de l’œuf des grenouilles. M. Sébastien a donné une anatomie du lézard, appelé dra¬ gon par Linné. MM. Siebold, Funck et Busconi, ont publié des mémoires pleins d’intérêt sur l’organisation des salamandres. MM. Isidore Geof¬ froy Saint-Hilaire et Martin Saint-Ange ont découvert, dans le crocodile, les canaux péritonéaux, déjà observés par M. Duvernoy dans les tortues. MM. Emmert, Weber, Tiedemann et Gravenhorst, ont contribué, par leurs travaux, à la connaissance de l’organisation des reptiles. Nous possédons aujourd’hui un grand nombre de faunes erpélologi- ques, intéressantes sous le double rapport de l’histoire naturelle des DISCOURS PRELIMINAIRE. cciij reptiles et de leur distribution géographique. Kuhl, Van Hasselt et Boié, morts à Java, ont laissé, sur l’erpétologie de cette île, des ma¬ nuscrits dont on a publié plusieurs extraits dans divers journaux alle¬ mands et particulièrement dans l’Isis. M. Russel a enrichi l’iconogra¬ phie de magnifiques gravures représentant plus de vingt espèces de serpents du Bengale. On doit au D1 Green la description de beaucoup d’espèces de reptiles de l’Amérique du Nord. M. Lesson a publié la partie erpétologique du voyage de Bélanger aux Indes orientales ; il a donné la description des reptiles apportés des Indes et de l’Afrique par M. Lamare-Piquot , et rédigé l’erpétologie du voyage de la Co¬ quille. M. Lindaker est l’auteur d’une faune erpétologique de la Bo¬ hême; M. Risso a publié celle des environs de Nice ; M. Van Ilayden, celle du nord de l’Afrique. MM. Spix de Munich, Roddi de Pise, nous ont fait connaître diverses espèces nouvelles de tortues et de grenouil¬ les propres au Brésil. Le prince Maximilien de Neuwied a aussi doté la sçjence de nombreuses découvertes faites par lui-même dans celle partie de l’Amérique méridionale. Nous ne parlerons pas ici des rela¬ tions de voyages, renfermant des descriptions de zoologie générale, et dans lesquelles la classe des reptiles se trouve naturellement comprise. Ichthyologie. — A l’époque où les études d’anatomie comparée vinrent apporter à la science les lumières dont elle était privée, l’ichthyo- logie était sèche et aride, et l’histoire naturelle générale des poissons se bornait presque à leur classification. Néanmoins, dans le cours du xvme siècle, surtout vers sa fin, il avait paru des ouvrages d’une haute importance ; et les anatomistes comparateurs avaient réuni , sur les particularités de la structure des poissons , des observations assez nom¬ breuses, pour que les progrès de notre siècle fussent faciles à pré¬ voir. Lacépède comprit qu’il était possible de rendre la science plus at¬ trayante, sans lui rien ôter de sa précision ; dans l’ichlhyologie qui fait suite aux œuvres de Buffon, il décrivit la structure, les mœurs et les mi¬ grations des poissons dans un style souvent aussi riche que celui de son modèle. Malheureusement la méthode qu’il a suivie, quoique simple, ré¬ gulière, et permettant de classer sans peine tous les genres nouveaux, est purement artificielle, et son travail présente au moins deux cents doubles emplois, ce qui vient du trop de confiance qu’il avait eue en ses devanciers; mais cette histoire, malgré ses imperfections, a servi de base a tous les travaux qui, jusqu’à ce jour, ont été faits sur celle science. mv DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Sonnini deManoncourt a publié, dans son édition de Buffon, la partie re¬ lative aux poissons, qui n’est qu’une copie de Lacépède. On peut encore considérer comme conçus sous son influence, la partie ichthyologique de la zoologie générale de Shaw et les ouvrages élémentaires de M. Du» méril, dans lesquels le système de Lacépède est cependant présenté avec plus d’ordre, et qui sont enrichis de toutes les acquisitions successives de la science. Beaucoup de nomenclateurs ont encore suivi ce système ; M. Rafïinesque a successivement fait paraître, en 1810 et 1815, un catalogue des poissons de la Sicile, dans lequel la méthode qu’il a adop¬ tée, tout en s’écartant de celle de Lacépède, est fondée sur les mêmes principes. G. Cuvier a publié une classification qui reçut son perfectionnement en 1817, et qui se distingue , comme tous les travaux de ce naturaliste, par la supériorité de sa méthode, basée sur la subordination des ca¬ ractères. Schneider a donné, en 1820 , sous le titre de Systema ichthyologiœ Blochii , un essai de classification trop bizarre pour qu’on ait pu l’adopter. Le système de M. de Biainville, publié en 1816, se rap¬ proche beaucoup de celui de Gmelin, sous le rapport des caractères gé¬ néraux des grandes classes, et de celui de Linné, pour le reste des sub¬ divisions. MM. Goldfuss et Risso ont également pris pour modèle de classification, dans des ouvrages récents, le système de Gmelin, auquel ils ont fait quelques modifications peu importantes. M. Oken, dont nous avons exposé les principes en parlant de l’anatomie philosophique, a appliqué son système général à la classification des poissons; il a pu¬ blié, en 1822, sa quatrième distribution ichthyologique, plus essentiel¬ lement fondée sur les principes qu’il suppose dominer dans les êtres des diverses classes; en 1837, le prince Charles Bonaparte a lu à la So~ * ciété linnéenne de Londres, un travail systématique comprenant les quatre classes de vertébrés. Dans sa classification des poissons, il a pris pour base de ses trois grandes divisions la structure des branchies, et il a apporté quelques modifications dans l’ordre des genres entre eux. L’anatomie et la physiologie des poissons ont, de tout temps, été l’objet des études des naturalistes : nous trouvons le xvme siècle déjà riche en observations ; cependant, la zoologie de cette classe existait à peine au commencement du xixe siècle ; les plus grands travaux sur ce sujet sont dus à la fois aux anatomistes comparateurs et philoso¬ phes. En 1800, M. Autenrieth donna une anatomie de la plie ; en 1807, M. Geoffroy Saint-Hilaire publia des travaux comparatifs sur Fana- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ccv logie des os qui portent la nageoire pectorale avec ceux qui , dans les autres vertébrés, soutiennent les membres antérieurs. De 1811 à 1818, cet anatomiste arriva au même résultat que M. Spix, sur la correspon¬ dance des pièces operculaires avec les osselets de l’oreille, et sur l’ana¬ logie de l’appareil des branchies avec le sternum, l'os hyoïde, le larynx, la trachée et les bronches. En 1824 et 1825, après de nouvelles observations, M. Geoffroy reproduisit son travail sur les opercules, en y joignant sa théorie générale sur la composition de la vertè¬ bre. De 1811 à 1822, M. Rosenthal a publié de beaux travaux sur l’ostéologie des poissons: de 1812 à 1817, G. Cuvier, qui s’était beau¬ coup occupé de ce sujet (il avait déjà rassemblé plus de trois cents sque¬ lettes de poissons), publia ses idées sur l’ostéologie de la tête. Au com¬ mencement du xixe siècle, M. Duméril découvrit les rapports du crâne avec les vertèbres. Les anatomistes philosophes s’étant emparés de cette donnée nouvelle pour l’appliquer à la structure de la tête des ani¬ maux, M. Spix la développa dans sa Céphalogénésie, publiée à Munich, en 1815; il avança le premier l’opinion, adoptée depuis, sur la signifi¬ cation des pièces operculaires. MM. Bojanus, Fenner, Carus, Weber, Van der Hœven, Bakker et Meckel, ont fait aussi de grands travaux sur l’ostéologie ichthyologique. Nous ne trouvons que G. Cuvier et M. Carus pour la myologie des poissons; mais leur névrologie a été l’objet d’études plus nombreuses. MM. Weber, Kuhl, Fenner, Sœmme- ring, Apostole-Arsaki, Desmoulins, Duméril, Serres, Magendie, s’en sont occupés avec succès; MM. d’Alton et Schlemme ont fait un beau tra¬ vail, accompagné de planches, sur le système nerveux du saumon. Les descriptions particulières, relatives aux autres détails anatomiques des poissons, ne manquent pas non plus. MM. Home et de Blainville se sont occupés de la splanchnologie de cette classe; MM. Duméril et Rathke ont donné celle des lamproies. M. Rathke a publié, en 1824 et 1825, des travaux du plus haut intérêt sur le système circulatoire et diges¬ tif, et sur les organes génitaux des poissons. M. Breschet a composé un mémoire sur l’organe de l’audition dans ces animaux; MM. Tiedemann etDœllinger ont particulièrement étudié leur cœur, et M. Fohmann a fait une étude spéciale de leurs vaisseaux lymphatiques ; M. Rosenthal a fait des recherches sur la structure de leurs branchies, et M. Flou- rens sur le mécanisme de leur respiration. Les autres particularités relatives aux animaux de cette classe n’ont pas été moins observées. Bailly a fait connaître le mécanisme des filets CCVj DISCOURS PRÉLIMINAIRE. de la baudroie. MM. Geoffroy, de Ilumboldt, Rudolphi et Valenciennes, ont étudié les organes qui, chez les poissons électriques, développent de l’électricité. MM. Biot, Treviranus, G. Cuvier, ont réuni de nombreuses observations sur la vessie natatoire des poissons ; fair qu’elle renferme a été l’objet d’expériences particulières. MM. Kunzmann et Agassiz ont publié le résultat de leurs recherches sur les différences de forme et de structure que présentent leurs écailles. Quelques expériences ont eu lieu sur la composition chimique des divers organes de ces animaux. Les faunes et les travaux descriptifs sont nombreux : De la Roche a publié, en 1809, l’ichthyologie des Baléares; M. Risso, celle de Nice ; M. Yarrell, celle d’Angleterre; M. Thompson, celle d’Irlande ; M. Nil- son, celle de la Suède; MM. Fries et Eskstrœm, celle delà Norwège; M. Raf- finesque-Schmaltz , un catalogue d’ichthyologie sicilienne. MM. Otto, Bonelli, Ranzani, Giorna , etc., ont contribué à faire connaître les poissons de la Méditerranée; MM. Naccari et Nardo ont décrit ceux de l’Adriatique. On doit à M. Low une faune des Orcades et la description de quelques poissons de la mer du Nord; M. Monlagu a décrit plusieurs espèces rares des côtes méridionales de la Grande-Bretagne ; MM. Geof¬ froy Saint-Hilaire, Ehrenberg et Rïippell, nous ont fait connaître les poissons du Nil et de la mer Rouge; M. Tilesius, ceux de la mer du Kamschatka. M. Milchiîl a donné une histoire des poissons qui se pêchent aux environs de New-York. Lesueur et Raffinesque ont publié de nouveaux détails sur l’ichthyologie des États-Unis. AI. Buchanan nous a fait connaître les poissons du Gange; AL Russel ceux du Ben¬ gale; AI. John Ai’Clelîand, les cyprins de l’Inde, et M. Heckel les poissons de Kashmir; AI. Bailli a exploré la Grèce sous le rapport ichthyologique. Les diverses expéditions autour du monde et les explorations des voyageurs ont également enrichi nos collections de genres nouveaux ou incomplètement connus. Un assez grand nombre d’amateurs d’ichthyologie ont réuni les poissons de leurs côtes ou de leurs localités, pour contribuer à compléter cette partie si intéressante de l’histoire des animaux. Les Dictionnaires d’histoire naturelle qui ont paru depuis le commencement du siècle, contiennent tous, à mesure qu’ils se rapprochent de notre époque, des descriptions plus fidèles, des ligures plus exactes, ainsi que des indications de genres nouveaux; mais le travail le plus grand et le plus beau qui ait paru sur cette science, et qui en renferme à-la-fois l’ensemble et; les détails, est l’histoire naturelle des poissons, commencée par G. Cuvier, conjointement avec DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ccvij M. Valenciennes, qui l’a continuée, après la mort de son illustre colla¬ borateur. Une partie, moins connue et récente encore, est l’ichthyologie fossile, dont M. Agassiz s’est occupé avec beaucoup de succès, et à laquelle il faut joindre les essais de MM. de Blainville, Buckland, Sedgwick, Murchison, Valenciennes, Bronn, etc. Conchyliologie. — A la fin du xvme siècle, la conchyliologie sortait à peine du chaos. Les coquilles, assez bien connues, étaient considé¬ rées, par la plupart des auteurs, comme offrant les seuls caractères pro¬ pres à établir la classification ; mais quelques savants de premier ordre, aussi bons observateurs que philosophes profonds, avaient reconnu que les véritables caractères sur lesquels doit être fondée la classifica¬ tion naturelle des mollusques, ne se, trouvent pas dans le test, mais dans les animaux. Cependant, tous les auteurs ne crurent pas devoir abandonner le système linnéen, et la modification qu’y avait apportée Bruguière, fut encore adoptée par Bosc dans/ les suppléments à Buffon. L’histoire des testacés des Deux-Siciles par Poli, publiée en 1791, donna une impulsion nouvelle à la conchyliologie. Les trois groupes éta¬ blis par lui, sur la considération de l’animal, abstraction faite de la coquille, ont été admis par tous les naturalistes, quoique, dans ce sys¬ tème, il y ait des rapprochements peu naturels/ En 1798, G. Cuvier s’occupa de la classification des mollusques. Ce nouveau système, dans lequel le grand naturaliste avait mis à profit les travaux des conchyliolo- gistes antérieurs, fut pour la science un progrès de plus; mais, comme tous les hommes supérieurs, et par suite de ce sage point de vue scien¬ tifique qui fonde sur l’expérience le perfectionnement ultérieur des méthodes, il ne cessa de travailler à la classification dont il avait jeté les premières bases. Profitant des divers travaux des hommes qui s’occupaient de conchyliologie, il arriva à établir une méthode dont les naturalistes classificateurs ne se sont que peu écartés. Vers la même époque que lui , mais se fondant toujours sur les principes immuables de la méthode naturelle, Denys de Montfort , Lamarck, Péron, Dau- debard de Férussac père et fils, Latreiîle, MM. de Roissy, Duméril, < de Blainville, Alcide d’Orbigny, Deshayes, établirent des systèmes de malacologie, qui sont pour la plupart des modifications du système pri¬ mitif; enfin les travaux particuliers de tous les savants ont mieux fait connaître certains ordres, certains genres, placés d’abord au hasard, DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ccviij faute d’études suffisantes. Ces travaux ont servi à établir les classifica¬ tions généralement adoptées aujourd’hui. L’Allemagne vit paraître, en 1810, le travail de M. Oken, qui n’in¬ troduisit dans la classification aucun point de vue neuf, et qui ne fit qu’augmenter ou diminuer les genres établis. La classification de M. Raffinesque-Schmaltz est peu précise et difficile à comprendre. MM. Schweigger et Goldfuss sont encore des compilateurs qui ont plus ou moins heureusement modifié le système de Lamarck et celui de Cu¬ vier. M. Say, en Amérique, le docteur Leach et M. Gray, en Angleterre, ont proposé des modifications dans les genres ou des dénominations nouvelles de peu d’influence sur la classification , mais qui ont néan¬ moins contribué à perfectionner la science. Parmi les travaux généraux , nous citerons l’histoire naturelle des animaux sans vertèbres de Lamarck, dont MM. Deshayes et Milne Edwards ont donné une nouvelle édition ; la conchyliologie générale de AVood; celle des coquilles terrestres et fluviatiles de l’Europe par Ross- massler ; l’histoire des mollusques terrestres de Férussac ; la monogra¬ phie des hélicines, des porcelaines, etc., de M. Gray; celle des bulimes et d’une foule d’autres genres exotiques de M. Sowerby; la conchy¬ liologie appliquée à la géognosie que publie Al. Deshayes; le beau species général des coquilles marines vivantes entrepris par AI. Kiener, etc. Les conchyliologistes anatomistes ou descripteurs n’ont pas travaillé avec moins d’ardeur. On trouve naturellement à leur tête tous les sa¬ vants que nous avons cités plus haut ; nous y joindrons ceux qui, sans avoir fait des travaux de méthodologie, ont publié, soit des traités gé¬ néraux, soit des observations particulières. Draparnaud modifia, en 1803, dans son grand travail sur les mollusques terrestres et fluviatiles de la France, le mode de description des coquilles , et abandonna le sys¬ tème vicieux suivi par Linné et ses disciples. Cuvier publia successi¬ vement, dans les Annales du Muséum , depuis 1802 jusqu’en 1810, des travaux très nombreux sur l’anatomie de différents genres de mollus¬ ques. En 1813, M. Meckeljeta du jour sur la structure des pleurobran- ches et des ptéropodes. En 1814, M. Home inséra, dans ses Mémoires d'anatomie comparée , des observations relatives aux mollusques ; AI. Erman a publié un mémoire sur leur sang; MAL Lesueur et Desma- rest ont donné des détails anatomiques sur la botrylle étoilée; M. Stiebel est l’auteur d’un travail sur la lymnée des étangs. M. de Rlainville a le premier donné une juste appréciation des organes respiratoires des DÏSCOTJ R S PRKLI M IN AIR IL <'CI\ malaeozoaires ; il a publié, dans le Dictionnaire des Sciences naturelles, des détails précieux sur l’anatomie et la physiologie de ces animaux ; M. Ranzani a fait un mémoire très intéressant sur les mollusques ar¬ ticulés et les acéphales; M. de Haan a étudié les ammonites et les gonialiles; Alcide d’Orbigny et de Férussac ont donné un travail très étendu sur les céphalopodes. Pérou et Lesueur, voyageurs infatigables, firent paraître d’importants travaux sur divers genres de mollusques recueillis ou observés par eux. Pérou, le premier, et, après lui, Des- marest et M. Savigny , ont fait connaître les mollusques agrégés , sur la structure et la classification desquels M. Milne Edwards a donné tout récemment un travail considérable. MM. Olfers et Leach ont publié des travaux spéciaux sur les genres balane et anatife ; M. Martin Saint-Ange s’est occupé de l’anatomie de ces animaux, et MM. Thomp¬ son et Burmeister ont fait connaître les métamorphoses qu’ils subissent dans leur jeune âge. MM. Quoy et Gaimard ont étudié, dans leurs longs voyages, les mollusques de plusieurs points du globe. MM. DelleChiaje, A. d’Orbigny, Richard Owen, Deshayes, Valenciennes, Rang, Milne Edwards, Audouin, Van Beneden, Lesson, Grateloup, Charles Desmou¬ lins, etc. , ont contribué, par leurs laborieuses recherches, au progrès de la conchyliologie ; et , depuis que l’étude de l’animal est devenue la partie la plus importante de la science des mollusques , la plupart des conchyliologistes ont étudié avec soin l’anatomie de ces animaux, dont certaines particularités ont été découvertes par MM. Néry et Bojanus , qui en ont étudié l’appareil générateur, ainsi que par MM. Van Bene¬ den, Siebold, etc. On compte un grand nombre de faunes conchylioîogiques. Geoffroy, le médecin, a réuni, dans un ouvrage, les mollusques de la France, et surtout ceux des environs de Paris. M. Michaud a continué le travail de Draparnaud sur les coquilles fluviatiles et terrestres de la France ; MM. Desmoulins, Bouillet, Goupil, Millet, de Gerviîle, Collard des Chères, Payraudeau, Brard, Pouret, Bouchard, Chanlereaux, d’Orbigny père, Hécart, Dillwyn, etc., ont rédigé des catalogues départementaux ou laissé de bons travaux sur les mollusques de diverses contrées. M. Nilson a publié une histoire des mollusques terrestres et fluviatiles de la Suède; MM. Pfeiffer, Kleb, Muhlfield, Aller, Gæriner, en ont fait autant pour l’Allemagne ; AI. Millier a décrit les espèces de Dane¬ mark; AI. Hartmann, celles de la Suisse; Bowdich, celles de Porlo- Santo ; MAI. Poli, Costa et Philippi, celles de la Sicile; MM. Montagu, aa p OCX DISCOURS PRÉLIMINAIRE. da Cosla, Fermant, Donovan, eîc., celles de la Grande-Bretagne; M. Des- îiayes, celles de Morée. MM. Spix, Wagner et Moricand, ont décrit et figuré quelques mollusques terrestres qui habitent le Brésil ; M. Loavc, ceux de Madère ; M. Rang a fait connaître les mollusques terrestres nou¬ veaux propres à la côte d’Afrique. MM. Say, Isaac Lea, Raffinesque, ont publié une faune malacologique des États-Unis. M. Alcide d’Orbigny a décrit tous les mollusques qu’il a trouvés dans l’Amérique méridionale, et publié des faunes maîacologiques des Antilles et des Canaries ; MM. Eh¬ renberg, Botta, Ruppel, ont recueilli les mollusques de la mer Rouge, etc. Entomologie. — L’entomologie, si jeune encore au xvnic siècle, mal¬ gré ses brillantes découvertes , et alors si fort dédaignée que Réau- mur croyait devoir se justifier de rentraînement irrésistible qui l’at¬ tirait vers cette science, a fait de rapides progrès depuis 1789. Fabri- cius , qui, pendant vingt années, avait dominé la science , fut détrôné par Latreillc. Dans son Précis des caractères génériques des insectes , publié en 1796, ce dernier appliqua, pour la première fois, aux ani¬ maux articulés, les principes de la méthode naturelle. Cet essai, qui s’écartait du système artificiel de Fabricius, révéla dans son auteur un sentiment profond des affinités ; mais il ne fut perfectionné qu’en 1806, quand Cuvier eut indiqué la séparation nécessaire entre les insectes et les crustacés, et que Lamarck l’eut réalisée. Pendant toute sa vie, et jusqu’en 1862, Latreiîle remania son système, et y introdui¬ sit successivement la classe des arachnides, créée par Lamarck, et celle des myriapodes , établie par Leach. Le Généra crustaceorum et insectomun , son véritable titre de gloire, est admirable pour la ma¬ nière dont les divers genres s’enchaînent dans chaque ordre, et dont les caractères sont présentés. Dans le Règne animal de Cuvier et notam¬ ment dans la seconde édition, dont la partie entomologique a été écrite par Latreiîle, ce dernier a encore perfectionné sa méthode, qui ne pèche guère que par les points où toute idée systématique n’a pas complète¬ ment disparu. Bien que Latreillc fut exclusivement méthodiste et qu’il ne prît aucune part aux travaux des anatomistes et des physiologistes, il sut habilement tirer parti de leurs observations. M. Duméril adonné aussi, dans sa Zoologie analytique (1806), un système de classifica¬ tion des insectes qui ressemble beaucoup à celui de Linné. D’accord avec plusieurs naturalistes, il assigne aux insectes la première place dans la série des invertébrés. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ccx j Leach publia, en 1817, un système dans lequel il prit la métamorphose pour point de départ ; mais les imperfections de cette classification la firent bientôt tomber dans l’oubli. Celle de MM. Kirby et Spence n’est pas fondée , non plus, sur les véritables rapports naturels. Dans ces derniers temps, MM. Burmeister et Westwood ont donné, l’un dans son Manuel d! Entomologie , l’autre dans sa Classification des insectes , un arrangement qu’ils croient devoir se rapprocher le plus de la méthode naturelle. M. Burmeister part comme Leach, de la métamorphose incom¬ plète ou complète des insectes, en comprenant, dans la première classe , les espèces qu’on regarde comme n’en subissant aucune; il en résulte deux séries parallèles entièrement indépendantes l’une de l’autre. L’au¬ teur donne, comme un grand pas vers la classification philosophique, la disposition de ses séries, en tête desquelles il met les ordres les moins parfaits sous le rapport de l’organisation , ce qui avait été fait avant lui par Lamarck ; on voit du reste dominer chez cet auteur certaines idées systématiques, qui empêcheront sans doute sa méthode d’être généralement adoptée. L’école philosophique est représentée , en entomologie spéculative, par MM. Oken et Mac-Leay. Le premier, fidèle au système que nous avons développé en parlant de sa classification générale des êtres orga¬ nisés , a disposé les insectes en trois ordres, en tête desquels sont les insectes-germes ou à métamorphose imparfaite; les insectes-sexes, à métamorphose complète et à ailes égales, et les insectes-poumons ou à métamorphose complète et à ailes et élytres. M. Mac-Leay, dont nous avons exposé la théorie en parlant des mé- thodologistes , a appliqué, dans ses Horœ entomologicœ , le système circulaire à la classification des insectes; sa méthode, qui contient des aperçus souvent profonds , a fait peu de sensation sur le continent; mais elle a obtenu beaucoup de succès en Angleterre: L’anatomie et la physiologie des insectes , que les travaux de Lyonnel étaient venus clore au xvme siècle, furent reprises par Cuvier dans son mémoire sur la nutrition des articulés, où il montra que cette fonc¬ tion ne peut avoir lieu que par imbibition. Dans son traité d’anatomie comparée, il présenta le résumé des connaissances de son époque sur l’organisation des hexapodes. A la même époque, Lehmann publia deux dissertations sur l’usage des antennes dans les animaux de cette classe ; M. Posselt fit connaître quelques particularités de leur structure; MM. Haussmann et Sorg CCXIj DISCOU RS P K É LI U I N A 1 R E . étudièrent leur mode de respiration; M. Treviranus s’occupa de leur anatomie, et publia un mémoire sur leurs organes de succion et d’ol¬ faction. M. Marcel de Serres composa une série de mémoires sur les yeux lisses et composés des insectes, sur les usages du vaisseau dor¬ sal , sur les organes de l’odorat et le tube intestinal dans les hexa¬ podes. Ramdhor s’est occupé de leur anatomie et de leur système di¬ gestif, et M. Strauss a publié un fort beau travail sur l’anatomie du hanneton ; mais c’est à M. Léon Dufour qu’appartiennent les travaux les plus complets sur cette matière. Il avait déjà fait connaître la struc¬ ture des coléoptères et des hémiptères, et il vient de publier tout récem¬ ment l’anatomie des orthoptères, des névroptères et des hyménoptères. Des naturalistes philosophes, tels que MM. Geoffroy Saint-Hilaire et Robineau-Desvoidy, n’ont pris part aux travaux des entomologistes que pour rechercher l’unité de plan dans tout le règne animal , tandis que d’autres l’ont cherchée dans la classe des insectes seulement ; ainsi M. Savigny s’est livré dans ce but à des études sur la bouche des hexa¬ podes; MM. Âudouin et Mac-Leay en ont fait sur le thorax de ces ani¬ maux; La treille sur leurs pattes et leurs ailes, et Newman sur leur ostéoîogie. C’est au commencement du xixe siècle qu’on a le mieux étu¬ dié la structure des ailes , et qu’on s’en est servi comme moyen de classer certains groupes ; Jurine est le naturaliste qui a donné le plus grand développement à cette étude, bien qu’il l’ait bornée à l’ordre des hyménoptères. Nous devrions ajouter à ce qui précède la longue série de travaux spéciaux sur les insectes , ainsi que les faunes entomologiques , etc. ; nous nous bornerons à citer parmi les faunes : l’entomologie helvétique de Clairville; celle des lépidoptères de Géorgie , par Smith-Abbot; la description des insectes de la Chine , de l’Inde et de la Nouvelle-Hol¬ lande, par Donovan, qui avait précédemment publié la faune entomo- logique de l’Angleterre ; la faune d’Ingrie par Cederhielm ; celle de Prusse par Illiger et Kugellan ; celle d’Autriche par Duftschmidt et Schrank ; de l’Italie supérieure par Rossi ; des coléoptères de Suède par Paykull , et surtout par Gyllenhall , qui a donné le meilleur ouvrage parmi les faunes; la faune d’Allemagne par Panzer , continuée par MM. Germar et Herrich-Sehœffer ; la description des insectes de la Rus¬ sie et de la Sibérie par AI. Fischer; de ceux d’Angleterre par MM. Spence et Curtis; de Laponie par M. Zetterstedt; de Danemark parM. Schiodteq du Brandebourg par M. Erichson; de la Morée par M. Brullé; de l’A- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ccxiij inérique boréale par M. Say ; la description , publiée par M. Guérin- Méneyillé, des animaux articulés de T Australasie et des Iles de la mer du Sud, recueillis pendant le voyage de la Coquille autour du monde ; celle des articulés de l’Amérique méridionale , faisant partie du voyage de Spix et Martius, par M. Perty ; la partie entomologique du voyage de M. Alcide d’Orbigny, par MM. Blanchard et Brullé. Parmi les travaux spéciaux sur les divers ordres, nous citerons l’entomologie d’Olivier dont l’ouvrage a été, après les travaux de Fabricius, l’un des plus utiles pour la connaissance des espèces de l’ordre des coléoptères ; les intéressantes observations de M. Duméril sur les insectes ; ceux des deux Huber sur les abeilles et les fourmis ; la synonymie des insectes par Schœnherr; la magnifique collection iconographique des papillons indigènes et exotiques parHubner; l’histoire des papillons d’Europe, commencée par Godart et continuée par M. Duponchel ; celle de Treitschke ; le catalogue méthodique des papillons d’Europe par M. Boisduval ; le species et l’iconographie des coléoptères par M. Dejean, continués par M. Aube ; l’ouvrage de Stoll sur les orthoptères et les hémiptères; ceux de M. Serville sur le premier de ces ordres; de MM. Lepelletier de Saint-Far geau et Kirby, sur les hyménoptères; de Hahn, sur les hémiptères; de MM. Fallen , Meigen , Wiedemann , Macquart, sur les diptères; de M. Pictet , sur les névroptères; le Manuel d’entomologie et le Généra de M. Burmeister; Fhistoire des insectes de M. Brullé; celle des animaux articulés de MM. Laporte, de Castelnau, Brullé, Lucas et Blanchard, présentant un Généra com¬ plet pour tous les ordres ; plusieurs grands travaux entomologiques de M. Guérin-Méneville ; l’iconographie des coléoptères, par MM. La¬ porte et Gory. Nous devons mentionner aussi l’introduction à l’ento¬ mologie de M. Lacordaire , qui , dans cet ouvrage , a présenté, avec beaucoup d’habileté, un ensemble de considérations générales sur toute la classe des insectes. Il importe encore d’ajouter que c’est à notre époque qu’appartiennent les applications de l’entomologie à l’agriculture ; déjà les plus brillants succès ont été obtenus par MM. Audouin, Ratzebourg, etc. Arachnides. — L’histoire des animaux articulés compris sous le nom d’arachnides, de crustacés et d’annélides, avait toujours été confondue dans celle des insectes et des vers de Linné, jusqu’au moment où les tra¬ vaux de Muller, de Fabricius et de Pallas commencèrent à faire com- cexiv DISCOURS PRÉLIMINAIRE. prendre que, par suite de leurs rapports naturels, ces animaux devaient former une classe distincte dans le règne animal. Jusqu’à Cuvier et Lamarck, on continua de suivre les errements de Linné; ces animaux se trouvaient donc dispersés dans trois divisions de la classe des vers. Lamarck a le premier séparé les arachnides des insectes, pour en former une classe à part ; mais c’est à M. Walckenaër que nous devons les progrès de cette branche de la science. Son tableau des aranéides fut le premier ouvrage important sur cette matière, et son histoire des aptères, faisant partie des suites à Buffon et presque entièrement pu¬ bliée , est un travail complet sur les araignées. Latreille, dans ses ou¬ vrages, a généralement adopté la méthode de M. Walckenaër, avec peu de modifications. Nous sommes redevables à Hermann père et fils, à Sa- vigny et à Dugès, de travaux importants sur les arachnides inférieures; àM. Ehrenberg, de bonnes études sur les scorpions ; à M. Koch, de la description et de la représentation des arachnides indigènes ; à M. Savigny, de l’iconographie de celles d’Égypte, etc. G. Cuvier, Vin¬ cent Àmoreux, A. Lepelletier, Treviranus, Lyonnet, MM. Marcel de Serres, Léon Dufour, Brandt et Batzebourg, ont aussi contribué, par leurs recherches anatomiques , à la connaissance de la structure inté¬ rieure de ces animaux. Crustacés . Linné avait le premier tiré la carcinoiogie du néant , en indiquant les caractères distinctifs des crustacés; mais sa méthode était défectueuse. Fabricius vint après lui établir les divisions encore en usage aujourd’hui ; mais on doit à G. Cuvier d’avoir assigné à ces ani¬ maux le rang qu’ils occupent dans l’ordre naturel des êtres. Lamarck, Latreille et Leach, ont ensuite établi des divisions génériques et con¬ tribué à faire connaître ces animaux. Desmarest est l’auteur de considé¬ rations générales sur les crustacés, avec la description des espèces qui habitent le littoral de la France. Herbst a publié, sur les animaux arti¬ culés de cette classe, un ouvrage iconographique encore précieux à con¬ sulter, malgré ses nombreuses erreurs. M. Jurine a décrit et étudié les mœurs de plusieurs espèces microscopiques , telles que les monocles d’eau douce; M. Strauss a étudié le développement et l’organisation de quelques crustacés ; M. Bisso a fait connaître les espèces de la mer de Nice, M. Savigny a fait représenter les espèces d’Égypte , dont les dé¬ terminations sont dues à M. Audouin ; M. Milne Edwards a publié les détails relatifs à leur organisalior* DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ccxv MM. Audouin, Milne Edwards et Duvernoy, ont étudié plusieurs points importants de l’organisation des crustacés. On leur doit la con- naissance du véritable mode de circulation chez ces animaux. M. Milne Edwards vient de donner, dans les suites à Buffon , une histoire com¬ plète des crustacés, dans laquelle il a établi une classification qui paraît reposer sur des bases beaucoup plus naturelles que celles présentées par ses devanciers. Enfin, nous devons citer encore les travaux de M. Bell, qui a représenté et décrit des espèces remarquables, et ceux deM. Hahn, qui a donné fa description de celles du Japon. Annëlides . — Lamarck a le premier donné le nom d’annélides à ces animaux, que G. Cuvier avait d’abord désignés sous le nom de vers à sang rouge. Depuis la réforme introduite par G. Cuvier, dans la ma¬ nière de les envisager, et après qu’il en eut formé une classe distincte, plusieurs naturalistes s’en sont occupés avec succès. M. Montègre, dans ses observations sur les lombrics , MM. de Blainville , Caréna , Delle Chiaje, Moquin-Tandon et Thomas, par leurs travaux sur les liiru- dinées, en ont mieux fait connaître la structure. Leach, MM. de Blain¬ ville, Audouin, Milne Edwards, ont contribué à en perfectionner la connaissance; mais c’est principalement M. Savigny qui, dans son système général des annélides , faisant partie du grand ouvrage sur l’Égypte , en a assuré les progrès; car non-seulement il a augmenté le nombre des espèces, mais il en a décrit avec détail l’organisation ex¬ térieure. Les travaux les plus récents sur l’anatomie de ces animaux sont dus à Dugès, à M. Milne Edwards, et surtout à M. Grube. Zooplujtes. — La connaissance des zoophytes , née des sérieuses éludes du xviii6 siècle, a reçu, dans le cours du xixe, une partie de la perfection à laquelle elle pouvait atteindre. Non -seulement elle s’est enrichie de faits nouveaux, mais encore elle a fait des progrès dans sa partie philosophique ; il en résulte que le lien qui unit entre eux les êtres de cette vaste catégorie a été mieux connu. En 1789, quand Gmelin publia sa nouvelle édition du Systema na- turœ , il profita peu des travaux antérieurs; Bruguière eut le même tort; nous ne trouvons donc, au commencement de cette dernière époque, parmi les zoophytologistes distingués, qu’Olivi , à qui l’on doit beau¬ coup d’observations nouvelles; il a éclairci l’histoire de plusieurs gen¬ res, et a compris que les lithophytes et les zoophytes ne doivent for- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ecxvj mer qu’un seul groupe. Il avait déjà été produit divers travaux sur cette matière, lorsque G. Cuvier publia son Règne animal , dans lequel on trouve , pour la première fois , les zoophytes classés d’après leur organisation , avec un coup-d’œil remarquable ; aussi , depuis l’appa¬ rition de ce travail, la classification n’a-t-elle eu de changements à subir que dans les divisions secondaires ; car Lamarck , en y introdui¬ sant des modifications qui portaient sur les groupes fondamentaux, a détruit en partie la précision de la classification de Cuvier., Les nou¬ velles richesses apportées par Péron et Lesueur le portèrent plus tard à réformer son système ; mais il ajouta aux inconvénients de sa pre¬ mière publication au lieu d’y remédier. M. Duméril se borna , dans sa zoologie analytique, à adopter la méthode de Lamarck. Plusieurs mémoires, parmi lesquels nous distinguerons ceux de MM. Savigny et Meekel, ayant pour objet des genres spéciaux, vin¬ rent ensuite contribuer aux progrès de la science 5 ils eurent pour ré¬ sultat, en 1812, le grand travail de Lamouroux, qui, par malheur, est basé sur une méthode tout artificielle. En Allemagne, M. Oken, dont nous avons déjà eu l’occasion de parler, fit un essai de classifica¬ tion naturelle des zoophytes ; mais, dominé par sa théorie, il a pré¬ senté des coupes forcées; toutefois il s’éloigne peu de Lamarck, dont il adopte jusqu’aux erreurs. Il parut, presque en même temps, une classification de M. de Blain- ville , fondée sur la considération des animaux, et repoussant de la classe des zoophytes les corallines, comme étant des végétaux et non des animaux. La distribution systématique de Cuvier, dans le dernier vo¬ lume de son Règne animal qui traite des animaux rayonnés , se rap¬ proche davantage de celle de Lamarck, et est jugée moins naturelle que son premier essai. Le travail de Schweigger , publié en 1819, et fondé sur le mode d’agrégation de ces animaux, contient quelques familles peu naturelles. Il en est de même de celui de M. Goldfuss : cet auteur, malgré son éclectisme, n’a pas établi un système propre à con¬ tribuer au perfectionnement des méthodes. On pourrait même dire que, loin d’avoir fait avancer la science, il a augmenté l’incertitude qui y régnait. Latreille est dans le même cas ; il y a jeté la confusion , en introduisant des mollusques dans la classe des zoophytes. A côté de ces essais systématiques, nous trouvons des études spéciales et attentives sur certaines familles ou sur certains genres. M. Delle Chiajc a donné un travail plein d’intérêt sur les actinies, les oursins, les astéries et les DISCOURS PRELIMINAIRE. OCX V'J holothuries, qu’il a puissamment contribué à faire connaître. M. Gaillon a étudié au microscope les thalassiophyles ; M. Bory de Saint-Vincent , les infusoires, auxquels il a donné le nom de psychodiaires ; il a, en outre, créé un grand nombre de genres nouveaux. M. Nilzsch a jeté du jour sur quelques points obscurs de la science. D’autres genres ont été étudiés par MM. Dutrochet, Leclerc, Losana, etc. M. Miller a fait un travail intéressant sur les encrines dont M. A. d’Orbigny a commencé la monographie complète des espèces vivantes et fossiles; M. Grant s’est livré à des recherches importantes sur les zoophytes du nord de l’An¬ gleterre. En 1828, MM. Audouin et Milne Edwards ont fait connaître l’existence de deux orifices digestifs chez certains polypes, et publié un premier essai de classification naturelle de ces animaux, fondée sur leur structure intérieure. M. Bapp a publié, en 1829, une classifica¬ tion des polypes et des actinies , où il a surtout pris pour caractère la forme des animaux des polypiers. La même année, M. Eschscholtz a donné une classification des êtres réunis par Cuvier sous le nom d’a- calèphes. Aujourd’hui que l’organisation des zoophytes est mieux con¬ nue , la méthode de distribution de Cuvier est insuffisante ; et ceux qui la suivent encore y ont apporté des modifications que les progrès de la science rendaient indispensables. En 1834, M. de Blainville a fait paraître son traité d’aclinologie , qui, tout en paraissant n’être qu’une nouvelle édition de l’article zoophyte du Dictionnaire des scien¬ ces naturelles, est un ouvrage complet sur celte matière. AL Milne Edwards a donné une nouvelle édition de la partie zoophytologique des animaux sans vertèbres de Lamarck. Les ouvrages généraux d’aciinologie sont peu nombreux ; nous ne citerons que ceux de AIM. Esper, Lamarck, Lamouroux, de Blain¬ ville et Johnston. Les monographies au contraire sont en grand nombre. Lesueur et Péron ont les premiers abordé avec succès l’étude des mé¬ duses et autres animaux pélagiens observés aujourd’hui avec soin par les naturalistes. MM. de Blainville , Desmoulins , Agassiz , ont écrit sur les oursins; AL Brandt, sur les holothuries; AIM. Agassiz, Millier, Troschel et Gray, sur les astéries; MM. Ehrenberg et Dujardin, sur les infusoires rotateurs ; AIM, Budolphi, Nordmann, Siebold, Diesing et Bremser, sur les entozoaires; AIM. Quoy et Ehrenberg, sur les polypiers coralligènes. Il faut noter, de plus, les travaux faits sur les polypiers marins, par AIM. Milne Edwards, Lister, etc. ; sur les bryozoaires d’eau douce, par MM. Gervais, Nordmann, etc. AI. Grant a donné sur les l>b CGXVllj DIS CO uns PR E I /IM I N AIRE. éponges un fort beau travail relatif à la physiologie des espèces marines; la seule éponge d’eau douce a occupé plus de quinze observateurs qui n’en ont pas encore épuisé l’histoire. En général, malgré tous ces travaux, l’obscurité règne encore sur les phénomènes physiologiques de l’existence des zoophytes. L’his¬ toire de leurs mœurs, quoique nécessairement très bornée, vu la simpli¬ cité de leur structure , est fort peu avancée. Cependant l’étude de ces êtres dont l’existence même a été si longtemps douteuse et qui jouent néanmoins un rôle si important dans la modification de la surface de la terre, est digne de l’attention du philosophe. On sait que les coraux, les madrépores et les millépores, forment des bancs calcaires d’une puis¬ sance considérable, des écueils, des îles, et que leur exploitation sert à la construction de villes entières. Les infusoires ont de nos jours donné naissance au grand ouvrage de M. Ehrenberg. La partie la plus intéressante de ce travail est la découverte de la formation de terrains d’une étendue considérable par le dépôt d’infusoires à carapaces siliceuses, au fond des eaux tranquilles. La plupart des tripolis, et des silex , n’ont pas d’autre origine ; et l’auteur dit avoir reconnu qu’ils sont le résultat de l’a¬ grégation des tests de ces animaux, dont la petitesse est telle que, dans un millimètre cube, on en trouve près de trois millions. On voit se former encore aujourd’hui de semblables dépôts, car ceux qui sont connus sous le nom de farine de montagne, sont dus, d’après M. Ret- zius, à l’accumulation de cadavres d’infusoires. Néanmoins, dans l’é¬ chantillon de farine fossile chinoise adressé à l’Académie des sciences par M. Stanislas Julien, M. Peltier a déclaré n’y en avoir trouvé aucune trace. L’histoire de ces êtres insaisissables a également oc¬ cupé d’autres naturalistes : M. Dujardin a fait un travail fort inté¬ ressant sur les animaux microscopiques ; MM. Dujardin et Ehrenberg ont étudié quelques divisions des coquilles foraminifères , que leur structure singulière a fait rapprocher des infusoires homogènes. M. Al¬ cide d’Orbigny, qui a publié sur cette matière plusieurs ouvrages géné¬ raux, ainsi que les faunes locales des Antilles, des Canaries , de l’Amé¬ rique méridionale, et de la craie blanche du bassin parisien, a reconnu que ces petites coquilles sont si abondantes à l’état fossile , qu’elles forment seules des chaînes de collines et des bancs immenses de pierres à bâtir. Arrivé à un certain degré de l’échelle animale, l’incertitude commen- DISCOURS PRELIMINAIRE. cexix ce; aussi a-t-on mis à la fin des zoophytes, les pseudozoaires, tels que les corallines et les nématophytes, que MM. Bory de Saint-Vincent et Gaillon ont regardés, l’un, comme appartenant à un règne intermédiaire servant de passage aux végétaux, l’autre, comme des animalcules simples, libres, doués de vie, s’agglutinant de manière à former des filaments sans que pour cela leur animalité cesse ; mais les divers travaux fails depuis par MM. de Blainville, Marquis, Rennie, Chamisso, Eysenliardt, Leuckart, Ruppell , Raspail, Fries etTurpin, les ont décidément fait ranger parmi les végétaux. En dernier lieu se présentent les zoospermes, dont l’histoire se lie intimement à celle de la génération, et qui ont été étudiés avec une attention toute particulière par Spallanzani et par Gleiehen. Depuis, MM. Prévost et Dumas, dont l’opinion est partagée par M. Raspail, ont considéré les zoospermes comme les rudiments du système nerveux s’u¬ nissant au système viscéral contenu dans l’œuf de la femelle, ce qui détruisait leur animalité, et ils s’en sont servis pour reconnaître les sexes dans les mollusques acéphales. MM. Dutrocliet et de Blainville avaient d’abord cru à la non-animalité des zoospermes; mais des expé¬ riences plus récentes ont porté ces deux observateurs à modifier leur opi¬ nion, et à les considérer comme le dernier degré de petitesse auquel puissent se montrer les êtres organisés. En 1832, M. Czermack a annoncé qu’il regardait les zoospermes comme un élément aussi essentiel à la semence que les globules le sont au sang ; celle opinion est aussi celle de M. Treviranus, qui pense que ces animalcules sont aux êtres organisés ce que le pollen est aux plantes ; M. Burdach, au contraire , n’y voit que des parasites accidentels de la semence , et il diffère en cela de la plupart des physiologistes, qui ne regardent plus les zoospermes comme des animaux, mais comme des machines destinées à transporter dans l’ovule le germe fécondant du male. M. Duvernoy a même, depuis plu¬ sieurs années, changé le nom de zoospermes en celui de spermazoides. Dans ces derniers temps, MM. Wagner, Siebold, Milne Edwards, Pe¬ ters, etc., ont étudié les zoospermes dans les animaux inférieurs, et iis ont découvert le sexe male dans des zoophytes que jusque-là on en avait cru privés. M. Lallemand vient de publier sur ce sujet un travail d’une haute importance; il considère l’intervention du mâle dans la généra¬ tion comme ayant lieu par les zoospermes , et celle de la femelle par les ovules. Il a cherché la confirmation de son assertion dans les géné¬ rations anomales ; et , si sa théorie se vérifie , on verra disparaître en ccxx DISCOURS PRELIMINAIRE. partie i’obseurité qui règne sur le rôle des zoospermes dans la repro¬ duction des êtres. Botanique . — L’étude de la botanique , à laquelle la méthode de Tournefort, celle de Linné, et l’ouvrage fondamental de Jussieu, si fé¬ cond en heureux résultats, avaient donné de l’éclat, poursuit sa marche progressive dans le xixe siècle. La botanique descriptive , favorisée par les explorations des voya¬ geurs dans toutes les parties du globe, fait d’abord plus de progrès que les études d’organographie et de physiologie végétales, ce qui s’expli¬ que par les difficultés d’étude que présentent à la fois la ténuité des or¬ ganes intérieurs des plantes, l’emploi du microscope, et la possession si rare d’un bon instrument; toutefois, celte partie de la science ne reste pas stérile. Priestley , Senebier , Ingenhouz, Th. de Saussure, qui appartiennent en grande partie au xixc siècle , guidés par les lumières de la chimie pneumatique , nous font voir que toutes les parties des vé¬ gétaux sont formées d’oxygène , d’hydrogène et de carbone , et quel¬ quefois aussi d’une petite quantité d’azote ; que les parties vertes exha¬ lent, pendant la nuit, de l’oxygène et du carbone, sous l’influence de la lumière ; que les plantes décomposent l’acide carbonique contenu dans le milieu ambiant , et que leurs racines s’emparent de celui que le sol récèle ; enfin , que le tissu ligneux doit sa force à l’assimilation du carbone. On avait reconnu que l’électricité, la lumière et la cha¬ leur, jouent un rôle important dans la vie du végétal ; les admirables travaux du siècle précédent sur cette matière sont continués par M. De Candolle. M. de Mirbel, dont la vie tout entière a été consacrée à l’étude de la structure interne des plantes et de leurs conditions d’exis¬ tence, fait de belles et nombreuses découvertes. Ses premiers travaux donnent lieu à des controverses qui tournent au profit de la science. Daubenton , et principalement Desfontaines, découvrent les différences de structure de la tige des monocotylédones et des dicotylédones. Rudol- phi, MM. LinketTreviranus, étudient l’organisation des plantes dans tou¬ tes ses parties, et enrichissent l’anatomie et la physiologie de découvertes nouvelles ; mais ils sont souvent en désaccord avec M. de Mirbel, qui leur répond, en 1809, par l’exposition de sa théorie de l’organisation végétale. A la même époque, paraissent les observations d’Aubert Dupetit-Thouars, de Palisot de Beauvois, de Kieser et Moldenhawer, qui publient diffé¬ rents travaux sur la structure des végétaux. En 1812, la Société Tev- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cexxj lériennc de Harlem propose un prix pour le mémoire qui rectifierait les erreurs que renferme l’anatomie végétale ; car la polémique engagée entre les phytotomistes français et allemands durait toujours ; le prix est décerné au mémoire de Kieser. En 1814, M. Nees d’Escnbeck fait connaître la structure des algues d’eau douce; en 1817, il publie son grand travail sur les champignons. En Angleterre, Smith donne un traité de physiologie végétale ; en Allemagne, Kurt Sprengel, Treviranus et Martius, font paraître des traités généraux et spéciaux sur la struc¬ ture des plantes. Vers 1815, l’anatomie végétale subit une révolution par suite de l’em¬ ploi général du microscope qui permit de pénétrer plus profondément dans la structure intime des végétaux, et de rectifier beaucoup de fausses idées. Il est vrai que l’emploi de cet instrument est devenu aussi la cause d’erreurs nouvelles; mais les services qu’il a rendus sont incalculables. En 1818, M. Amici de Modène publie, au moyen du microscope perfec¬ tionné, un mémoire sur la circulation du ckara , ainsi que diverses obser¬ vations sur les végétaux ; mais ces travaux physiologiques sont éclipsés par ceux de M. Treviranus, qui fait paraître divers mémoires sur le mou¬ vement de la matière verte dans les végétaux, sur l’épiderme des plantes, sur leurs sucs propres et sur la structure des organes de reproduction. M. Meyen publie ses recherches sur la métamorphose des vaisseaux spi¬ raux, et M. Schultz fait connaître , dans un mémoire couronné par l’aca¬ démie des sciences de Paris, ses observations sur la circulation du latex. M. Eschweiler publie, en 1824 , son mémoire sur les lichens; M. Guille- min, ses recherches microscopiques sur le pollen; plus tard, MM. R. Brown, Brongniart, Fritzsche, Mohl et Purkinje, approfondissent et éclaircissent complètement le même sujet. MM. R. Brown, Treviranus, Mirbel et Brongniart, publient des vues nouvelles sur le développement et la structure de l’ovule. M. Dutrochet fait connaître ses ingénieuses théo¬ ries sur la structure interne des végétaux et sur l’agent immédiat de leur vie, ainsi que ses recherches anatomiques sur la structure intime des ani¬ maux et des végétaux et sur leur motilité. M. Raspail publie son mémoire sur le développement de la fécule dans les organes de fructi¬ fication des céréales , ses analyses microscopiques de [cette substance , et ses recherches chimiques et physiologiques sur la structure et le développement des tissus végétaux. M. Decaisne fait connaître, dans un mémoire couronné par l’académie de Bruxelles , le développe¬ ment des tissus et du principe colorant de la garance. M. De Can- CCXXlj DISCOURS PRELIMINAIRE. dolle, à qui la science phytologique doit de si précieux travaux, fait paraître, en 1827, son organographie végétale , et, quelques années plus tard, sa physiologie ; M. Brongniart, son mémoire sur la géné¬ ration et le développement de l’embryon dans les végétaux phanéro¬ games. M. Agardh, botaniste suédois, dote la science de son travail sur l’anatomie des plantes. En 1834,Turpin l’enrichit de son organo- graphie végétale. En 1836, M. Meneghini fait paraître un travail très remarquable sur la tige des monocotylédones. En 1837, M. Gaudichaud publie, sous le titre de Recherches sur V or g ano graphie f la physiologie et lf organogénie des végétaux , un ouvrage dans lequel il développe et agrandit le système de Dupetit-Thouars sur l’influence du bourgeon dans la production du corps ligneux. A la même époque, MM. de Jus¬ sieu et Decaisne fixent l’attention sur la structure anomale de quelques liges grimpantes, appartenant à des végétaux dicotylédones. M. Raspail publie un nouveau système de physiologie végétale, dans lequel il attri¬ bue la formation successive de toutes les parties du végétal à une vésicule primordiale, en vertu de l’évolution moléculaire, et explique la modifica¬ tion des organes par transformation. M. Boussingault se livre à des éludes expérimentales, qui ont déjà jeté beaucoup de lumières sur certains points obscurs de la science. Dans une leçon pleine d’intérêt, M. Dumas a ré¬ cemment résumé le rôle important que joue l’atmosphère dans la vé¬ gétation. M. Auguste de Saint-Hilaire vient de publier une morphologie végétale. M. Moquin-Tandon, appliquant aux végétaux les idées de MM. Geoffroy Saint-Hilaire, Serres et Isidore Geoffroy, dont il a em¬ prunté la classification et la nomenclature, a donné depuis peu, après M. De Candolle, des éléments de tératologie végétale. On peut prédire , sans crainte de se tromper, que la tératologie animale et végétale tendent à se confondre en une seule et même science , la tératologie comparée. Des considérations nouvelles sur la disposition spirale des feuilles et des autres organes appendiculaires ont, dans ces derniers temps, exercé la sagacité des savants les plus recommandables. C’est à MM. Schimper et A. Braun qu’on doit les premiers fondements de ces éludes, poursuivies avec succès par nos compatriotes , MM. Martins et Bravais, et d’une autre part, soumises à une ingénieuse critique par M. Steinheil. Des travaux du plus haut intérêt sur l’inflorescence sont dus à MM. R. Brown et Rœper. Pour terminer ce qui a rapport à l’examen de la plante en général , nous parlerons en peu de mots des théories philosophiques qui cher- DISCOURS RUÉ LIMINAIRE. ecxxuj client à expliquer les phénomènes de révolution du végétal. Gœihe, MM. DeCandolle, Brown, Cassini, Turpin, Auguste de Saint-Hilaire, ont adopté la théorie de la métamorphose, entrevue par Linné, qui avait dit dans sa philosophie botanique : Principium florum et foliorum idem est ; elle est aujourd’hui admise par la plupart des botanistes , après soixante ans d’incrédulité. D’après cette théorie, tous les organes appendiculaires des végétaux ne sont que la transformation de la feuille. La théorie de la fécondation , qu’on croyait définitivement établie, et dans laquelle l’étamine joue le rôle de mâle et le pistil le rôle de femelle, n’a pas été à l’abri de la critique. D’après M. Schleiden, c’est le pollen qui contient l’embryon, et l’ovule est l’utérus dans lequel il se développe. Cette théorie qui, sans détruire celle des sexes, change ce¬ pendant les fonctions des organes, a été combattue par MM. Meyen, Brongniart et Mirbel. MM. Griffith et Decaisne publient des recherches sur la structure anomale de l’ovule des Sanlalacées et Loranlhacées. M. Ad. de Jussieu suit, avec le soin qui caractérise chacun de ses tra¬ vaux, le développement et la structure des embryons des végétaux mo- nocotylédones. M. Dulrochet avait remarqué, dans une série d’expériences, que, tou¬ tes les fois que deux liquides de densité différente sont séparés par une membrane organique, il s’établit entre eux un courant qui fait que le moins dense, attiré par celui qui l’est le plus, traverse la membrane, et que le mélange a lieu. Ce courant se manifeste de dedans en dehors et de dehors en dedans, suivant que l’un ou l’autre des deux liquides est contenu dans la membrane ; dans le premier cas, il a reçu le nom d 'en¬ dosmose, dans le second celui d’ exosmose. C’est sur ces deux fails, qui paraissent être le résultat d’une action électrique , que l’auteur a établi ses principes sur la statique des végétaux; selon lui, l’ascension de la sève est le résultat de V endosmose. C’est une hypothèse nouvelle à ajouter à toutes celles qui ont déjà été émises sur ce sujet; mais elle ne paraît pas pouvoir expliquer, seule, tous les phénomènes de ce mou¬ vement. Les expériences récentes de M. Boucherie, sur les injections des bois, sont appelées à éclaircir la question encore si obscure et si complexe de la circulation de la sève dans les végétaux. Les travaux de classification , fondés sur une étude de plus en plus profonde des organes caractéristiques, avaient successivement pro¬ duit les systèmes de Tournefort, d’Adanson, de Jussieu. Malgré les nombreuses découvertes de la botanique, qui en ont incessamment coxxir DISCOURS PRÉLIMINAIRE. agrandi le domaine, la méthodologie n’a éprouvé de changements remar¬ quables , ni dans ses principes ni dans sa direction. A part quelques essais de classification artificielle destinés à faciliter l’étude, le sys¬ tème de Jussieu, ou la méthode rationnelle, qui doit être l’objet de tous les efforts des botanistes , a prévalu et a servi de but à des modi¬ fications sans nombre. Le célèbre R . Brown, dans ses remarques géné¬ rales et sa Flore de la Nouvelle-Hollande , a non-seulement fait connaître les plantes de cette contrée , mais il a contribué , par une foule d’ob¬ servations intéressantes, à fixer les limites des familles et à déterminer les affinités des plantes en général. Nous citerons encore parmi les bo¬ tanistes qui ont le plus contribué au perfectionnement de la méthode na¬ turelle , MM. De Candolle , A. Richard, Lindley, Bartling, Kunth, Endlicher et Meissner. Par suite de ces travaux , qui sont autant de pas faits vers une méthode plus parfaite, de nombreuses transpositions ont eu lieu dans les familles , ainsi que dans les genres et dans les espèces. Le nombre des familles s’est élevé successivement de cent à plus de deux cents. Ces travaux sont résumés dans deux ouvrages immenses récemment publiés, le Prodromus de M. De Candolle, et le Généra plan/arum de M. Endlicher. Nous devons mentionner d’autres ou¬ vrages qui, quoique moins étendus , n’en ont pas moins un mérite in¬ contestable. Ainsi nous citerons le travail de M. Spach sur les phané¬ rogames , faisant partie des suites à Buffon, et les ouvrages élémentaires de MM. A. Richard, Bernhardi, Treviranus, Agardh, Meyen, Lindley, Bischoff, A. St.-Hilaire. Pour mettre un terme à l’instabilité des méthodes, les botanistes font des éludes complètes sur les diverses familles du règne végé-* tal , afin de mieux établir les rapports qui existent entre elles. M. De Candolle a publié diverses monographies , particulièrement celles des Légumineuses, des Crucifères, des Ombellifères, des Combrélacées et d’un grand nombre d’autres; son fils, M. Alph. De Candolle, celle des Campanulacées ; M. Dunal a étudié les Solanées et les Anonacées ; M. Adrien de Jussieu, les Rutacées, les Méliacées et les Euphorbiacées ; Cassini et M. Lessing, les Composées ; MM. Martius, Molli, Blume, les Palmiers; M. Nees d’Esenbeck, les Laurinées; M. A. Richard, les f Rubiacées et les Eléagnees ; M. E. Chavannes , les Antirrhinées ; M. A. de Saint-Hilaire, les Résédacées , les Sapotées , les Passiflorées et les Cucurbitacées ; MM. de Saint-Hilaire et Moquin-ïandon , les Polyga- lées ; MM. Richard et Lindley, les Orchidées; M. Brongniart, les Rham- DISCO U KS P K ÉLIMINAI II E. OCX XV nées; MM. Miquel et Kunth ont fait connaître les Pipéracées; M. Mo- quin-Tandon, les Chénopodées ; M. Decaisne , les Lardizabalées ; M . Gay, les Byttnériacées vraies; MM. Palisot de Beauvois, Baspail, Kunth et Trinius, les Graminées; M. Kunth, les Mimosées ; M. L.-C. Richard, les Conifères; M. Lemaire, les Cactées; Lamouroux, MM. Agardh, Meyen, Greville, Decaisne, les Algues; Persoon, Paulet, Bul- liard, MM. Brongniart, Corda, Léveillé, les Champignons ; MM. Mon¬ tagne, Schwægrichen, Bruch et Schimper, les Mousses; MM. Acharius, Fries, Fée, les Lichens; Gaudichaud, Presl, Kunze, Schkuhr, Kaulfuss, ïlooker et Greville, les Fougères ; MM. de Brébisson, Morren, Mene- ghini, les Algues microscopiques; Lindenberg, Lehmann, Bischoff, les Hépatiques. D’autres ont étudié de simples genres ; M. Lambert a publié un travail monographique sur les genres Pinus et Cinchona ; M. Bonafous, sur le Mais; M. Bonpland, sur les Mélastomes et les Rhexia; Salm-Dyck sur les Ficoïdes; M. Jacquin, sur les Oxalis, etc., etc. La botanique fossile, science nouvelle encore, se fonde sur les études et les découvertes de MM. Ad. Brongniart, Sternberg, comme elle s’en¬ richit des travaux de MM. Hutton, Lindley, Schlotheim, Schimper, Gœp- pert, etc. Les voyageurs et les botanistes sédentaires ont composé des flores, des herbiers, qui rendent l’étude plus facile, et l’iconographie végétale a, dans ces derniers temps, fait de rapides progrès, réclamés par l’état avancé de la science. MM. Walhenberget Fries ont publié la flore de Suède; AL Ledebour, celle des monts Altaï et de la Russie ; Sibthorp et Smith, celle de la Grèce ; AIM. Schrader, Sturm, Mertens, Koch, Reichen- bach, celle d’Allemagne; AIM. Larharck, De Candolle, Loiseleur-Des- lonchamps, celle de France; AIM. Lesliboudois , Lejeune et Courtois, celle de Belgique ; AIAI. Koch , Suter et Gaudin, celle de Suisse ; Smith , ïlooker, celle d’Angleterre; MM. Tenore et Bertoloni, celle d’Italie; Près! et Gussone, celle de Sicile; MM. Delile, Desfontaines, R. Brown, Perrottet, Guillemin, Palisot de Beauvois, Harvey, nous ont fait connaître les plantes de l’Afrique; AIM. Bojer et Bouton, celles de Ma¬ dagascar, de Bourbon et de Maurice; MAL Webb et Berthelot, celles des Canaries ; M. Low, celles de Aladère ; AIM. Wallich , Wight et Ar- nott,Roy!e et Jacquemont, celles de l’Inde-Orientale ; M. Bennett et surtout M. Blume, celles des îles de l’Archipel indien ; M. Decaisne, celles de Timor ; MAI. de Humboldt , Bonpland , Kunth , de Jussieu , A. cc DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ccxxvj de Sainl-ïïilaire et Martius, celles de l’Amérique équinoxiale ; MM. Nutq lal, Torrey , Michaux et Asa-Grey, celles des États-Unis; le docteur Ilooker, celles de l’Amérique arctique ; Descourtilz et Swarlz, celles des Antilles; MM. Gay et Bertero, celles de Juan-Fernandez.; M. d’Urville a composé la flore des îles Malouines ; M. Meyer , celle du Labrador ; MM. Labillardière, Brown, celle d’Australie ; M.Endlicher, celle de l’île Norfolk ; AI. Guillemin, celle de Taiti , ou îles des Amis ; MM. Sie- bold et Zaccharini, celle du Japon; M. Ach. Bichard a donné Fessai d’une flore de la Nouvelle-Zélande. La géographie botanique, qui concourt si bien à la connaissance phy¬ sique du globe, doit ses premiers fondements à Tournefort et à Linné. Depuis, MM. de Humboldt, De Candolle, Brown, de Mirbel, Walhen- herg, deBuch, Link, Schouw et Meyer, ont donné à cette science une importance qui s’accroît chaque jour. Géologie. — Nous avons vu, pendant tout le xvme siècle, la géo¬ logie, encore si près de son berceau , revêtir la forme de théories géogéniques auxquelles l’expérience n’avait nulle part. Cependant, vers la fin de cette période, les diverses formations commencèrent à être mieux connues, et les descriptions de géologie locale remplacèrent les théories générales. Les systèmes ne cessèrent pas pour cela , tant l’homme est porté à substituer à la vérité les rêves de son imagination , tant il lui répugne d’avouer son ignorance ; mais ils prirent un carac¬ tère plus positif, et l’on ne voit plus se renouveler les ridicules théories dont De Maillet et Robiquet nous ont laissé des exemples. De Lamétherie, regardant les faits acquis comme suffisants et assez bien constatés, crut pouvoir essayer l’histoire des révolutions de notre planète, et publia une Théorie de la terre (1791) qui ressemble à la plupart de celles de cette époque. En 1792, Dolomieu consigna, dans 1 v Journal de physique , ses opinions sur la formation de notre globe. Il admit la dissolution de tous les élé¬ ments qui en composaient l’écorce , dans un liquide où ils s’agglomé¬ rèrent par suite d’une cristallisation confuse. Les montagnes et les vallées primitives furent le résultat de mouvements d’élévation et de déchirement dans l’écorce terrestre, et les vallées secondaires furent creusées par d’immenses courants. Il ne croyait pas au séjour de la mer sur nos continents ; mais il pensait que le dépôt des couches marines que nous y remarquons était dû à des marées d’une hauteur prodigieuse. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CCXW Ij Deluc est plus original : il suppose l’étal complet de congélation du globe à son origine. De la fonte successive des glaces par le soleil de¬ venu lumineux, résulta la dissolution des terres et autres, substances, qui, en se cristallisant, formèrent les terrains primitifs; puis les êtres organisés parurent, et leurs dépouilles vinrent se mêler aux terrains se¬ condaires, qui se déposèrent au fond des eaux. Les glaces continuant à fondre dans la croiite du globe, il se forma d’immenses cavernes dont l’affaissement successif fut l’origine des montagnes et des vallées. De Saussure, dont nous avons déjà parlé au xvme siècle, termina, en 1796, son immortel ouvrage, intitulé : Voyage dans les Alpes ; mais dans lequel il traite, en outre, de toutes les parties de la science géolo- gique. Il y donne l’exemple d’une précision remarquable dans sa des¬ cription de la structure et de la composition des terrains. Faujas de Saint-Fond , dont les travaux sont encore bons à consulter, avança le premier que beaucoup de coquilles fossiles ont leurs analogues vivants dans les mers ; mais ses idées sur la formation des couches de l’écorcedu globe et sur celle des inégalités de sa surface sont le résultat d’une théorie que démentent tous les faits. Ses travaux les plus impor¬ tants, ceux qui ont été le plus profitables à la science, sont ses observa¬ tions sur les volcans. Spallanzani, qui s’est attaché à étudier les volcans et les laves qui en jaillissent, a le premier reconnu la présence de l’acide hydrochlorique dans les productions volcaniques. Nous ne devons pas oublier Albert Fortis, qui, sans avoir traité les hautes questions de la géologie, a rendu de grands services à la science, par ses travaux sur la constitution géo¬ logique du Vicentin et de plusieurs parties de l’Italie. Scipion Breislak, de Rome, publia, en 1811, sous le titre d 'Intro¬ duction à la géologie , le premier traité régulier qui ait paru sur celle science. Dans son ouvrage Su r la structure extérieure du globe , il ne se prononce pas exclusivement pour la formation par le feu ou par l’eau; mais il admet d’abord la fluidité ignée primitive du globe, comme cause de sa forme sphéroïdale, puis le concours des eaux dans les phé¬ nomènes dont sa surface a été le théâtre. Il commence par développer la série des phénomènes résultant de la fluidité ignée, tels que les soulè¬ vements de montagnes, etc.; ensuite il examine ceux qui sont dus à Faction de l’eau. Ce système est celui qui a prévalu. Les hommes les plus éminents dans la science ont dirigé leurs études vers la confirmation de celle théorie, qui s’appuie déjà sur tant de faits. CCXXV1!) DISCO U R S- P R É LI VI IN A IR E . Pour faire connaître l’état de la synthèse géologique, nous donne¬ rons une esquisse rapide de la théorie généralement admise aujourd’hui. La terre fut dans le principe une masse incandescente de matière liquéfiée, qui prit, sous la double puissance de l’attraction centrale et de la force centrifuge, la forme d’un sphéroïde aplati vers les pôles et renflé vers f équateur. Pendant cette période d’incandescence, que démontrent les traces d’ignilion des roches primitives et l’élévation successive de la température à mesure qu’on pénètre dans les entrailles de la terre, l’atmosphère exerçait sur le globe une pression cin¬ quante fois plus grande environ , et occupait un espace beaucoup plus considérable qu’aujourd’hui. Elle tenait en suspension, ainsi que la masse ignée, les diverses substances élémentaires des roches et des minéraux. Cette atmosphère était dense, impropre à la vie, et nul rayon lumineux ne pouvait la pénétrer. Un commencement de re¬ froidissement s’étant manifesté , il se forma, autour de la masse en fusion, et de haut en bas, une couche solide, composée de gneiss, granités, etc. (roches primordiales). La température continuant à s’a¬ baisser, les vapeurs aqueuses contenues dans l’atmosphère se conden¬ sèrent, et les premières eaux tombèrent; elles furent mises en ébul¬ lition par l’état encore incandescent de la croûte du globe; de là résul¬ tèrent des combinaisons chimiques, semblables à celles qui ont lieu par la voie humide, et qui donnèrent lieu, au point de contact et de bas en haut, à des dépôts ou couches plus ou moins puissantes. C’est ainsi que se formèrent les premières roches sédimentaires. Des fentes et des cre¬ vasses, formées dans la croûte du globe par suite des contractions qu’il éprouvait en se refroidissant, jaillirent des masses minérales liquides qui donnèrent naissance à des roches pyrogènes, telles que les granités, les syénites, les porphyres, etc. Aces influences dynamiques furent dus les soulèvements des montagnes qui eurent lieu, non par un mouvement lent et continu, mais par suite de secousses brusques et rapides. Ces phénomènes paraissent avoir augmenté de plus en plus d’intensité, de telle sorte que les chaînes les plus élevées sont, en général, les plus ré¬ centes. De ces soulèvements, il résulta des changements dans la confi¬ guration du sol, et dans le niveau des eaux des modifications qui durent causer des inondations partielles, d’où résultèrent des courants dont la puissance érosive vint modifier puissamment le relief du sol. Beaucoup de filons métalliques et pierreux ont dû être formés, comme ceux des roches ignées, par une éruption de bas en haut, qui remplissait DISCO ü R S I'R ELI MI N A IR F. . CCXXIX les fissures du globe de vapeurs ei de gaz résultant de la sublimation de métaux qui se cristallisaient en se refroidissant . Tant que la chaleur de la surface du globe fut considérable (et l’on es¬ time à 265 degrés, sous une pression de 50 atmosphères, celle qui a pré¬ cédé la formation des dépôts calcaires), il ne se forma aucun être orga¬ nisé ; mais, quand la pression atmosphérique fut, par une condensation successive des vapeurs, descendue à peu près à l’état actuel, et que la température des eaux ne dépassa pas 90 degrés, la vie se manifesta. La terre se couvrit alors de végétaux appartenant aux espèces inférieures. Les eaux se peuplèrent de nombreux animaux sans vertèbres, zoophytes , mollusques , etc., au milieu desquels on remarque une seule famille d’ar¬ ticulés, les trilobites. Vers la fin de cette période, parurent les pre¬ miers animaux vertébrés : ce sont les sauroïdes, poissons aux formes de lézard, tels que les ichthyodorulites. La végétation prit alors un nou¬ veau caractère ; des fougères , des équisétacées , etc., commencèrent à déployer leurs formes gigantesques. A celle période succéda la formation des terrains anthraxifères , comprenant le terrain houiller si riche en végétaux d’une dimension souvent considérable mêlés à des débris d’animaux. Une aussi puissante végétation enlève successivement à l’atmosphère une énorme quantité de gaz acide carbonique; des êtres plus com¬ plexes peuvent désormais y respirer ; c’est alors qu’apparaît, dans toute sa variété et dans toute sa force, le grand type des reptiles d’espèces per¬ dues: Yichthyosaure à la tête de lézard, au corps de poisson, et vivant dans l’eau ; le plésiosaure à la tête grêle, portée sur un col flexueux comme le corps d’un serpent; le ptérodactyle , sorte de lézard volant, au museau allongé, aux dents aiguës, aux ongles crochus ; puis d’énormes crocodiliens, le mégalosaure , Je géosaure , le mosasaure ; des tortues géantes, appartenant aux genres Emys et Chelonia , le monstrueux igua¬ nodon , etc. Les mers sont habitées par des clupes , des anguilles , des brochets , des chétodons , et par la puissante famille des squales. Quelques rares oiseaux de l’ordre des échassiers , et un seul mammifè¬ re appartenant aux didelphes paraissent à la fin de cette époque, c’est-à- dire quand l’atmosphère est devenue plus propre encore à la vie; quelques végétaux dicotylédones, de la famille des conifères , viennent aussi rom¬ pre l’uniformité de la végétation. Déjà de violents soulèvements avaient élevé de nouveaux continents au-dessus des mers et couvert la terre de nombreuses aspérités; des sources thermales coulaient de toutes parts. ccxxx DISCOURS PRÉLIMINAIRE. L’époque arrive enfin où l’almosphère, suffisamment purifiée, peut naître les grands mammifères aquatiques et terrestres Les lamantins , les dauphins , les phoques , partagent le domaine des eaux avec les poissons devenus plus nombreux. De lourds pachydermes, auxquels se mêlent des carnassiers, des rongeurs, des marsupiaux, habitent la terre, que couvre une riche végétation de dicotylédones. C’est alors que vi¬ vent tous ces animaux dont les genres, maintenant perdus, ont été recréés par les admirables travaux de Cuvier : tels sont les palœo- thères , les anoplothères, les lophiodons, les anthracothères , les mas¬ todontes , etc.; d’autres appartiennent à des genres existants encore, mais leurs espèces n’existent plus 5 ce sont des tapirs , des éléphants , des rhinocéros , des ours , des hyènes , et des singes , dont les restes ont été récemment découverts dans le midi de la France, etc. Puis enfin, quand le globe se trouva dans des conditions atmosphé¬ riques, qui permirent aux êtres organisés de se développer librement, et qu’ils eurent épuisé toutes les transformations auxquelles était appelée l’animalité, l’homme parut. Bientôt, soumettant la nature à la puissance de l’esprit, il établit son empire sur tout ce qui existe, et chaque jour encore il lutte contre elle pour lui arracher ses secrets. Les savantes recherches de MM. Fourièr, W. Fox, Arago et Cor- dier, sur la chaleur centrale, et surtout le grand travail de ce der¬ nier, ont donné à cette opinion un tel degré de certitude, que la théorie de l’incandescence du noyau du globe, adoptée aujourd’hui par pres¬ que tous les savants, est devenue le principe fondamental de la géolo¬ gie moderne. En effet , comme il est suffisamment démontré que la température s’accroît à mesure qu’on pénètre plus profondément dans le sol, on est porté à admettre que le noyau du globe doit avoir con¬ servé sa fluidité primitive. Indépendamment des nombreuses observa¬ tions thermométriques sur lesquelles s’appuie cette théorie, les volcans, les tremblements de terre, les puits artésiens, les eaux thermales, con¬ firment l’existence d’une immense chaleur dans l’intérieur du globe. Suivant M. Cordier, l’accroissement de celte chaleur serait d’un degré centigrade par 27 mètres; d’où il résulterait qu’à 2,700 mètres de pro¬ fondeur (un peu plus d’une demi-lieue), la température de la terre se¬ rait celle de l’eau bouillante, et qu’à 6,500 mètres (une lieue et demie), le plomb serait constamment en fusion. L’écorce terrestre continue à se consolider cl acquiert une épaisseur d’autant plus grande que le ré- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. CCXXXJ froidissement augmente davantage; mais, comme celte épaisseur, qu’on suppose avoir environ vingt lieues métriques, n’est pas la même par¬ tout, il en résulte une différence dans la température des climats, et dans l’écorce minérale, une plus ou moins grande flexibilité qui aide à expliquer les volcans, ainsi que le soulèvement de certaines parties des continents et l’abaissement de certaines autres. Nous en avons pour exemples récents la formation des îles de Santorin , le soulèvement de la Scandinavie, l’abaissement du Groenland, etc. La belle théorie des soulèvements , appuyée sur les travaux de MM. de Buch et Élie de Beaumont, a pris place dons la science comme une vérité démontrée ; les anciennes théories ont donc disparu pour faire place à celle que toutes les observations concourent à confirmer. M. Élie de Beaumont, qui a fait de nombreuses études sur cet impor¬ tant sujet, est parvenu à calculer et assigner facilement l’âge relatif du soulèvement de la plupart des chaînes de montagnes. La théorie, dont on peut, ajuste titre, considérer Hutton comme le père, celle du métamorphisme, ou transformation de roches stratifiées, d’origine neptunienne, en roches stratiformes cristallines, d’apparence plutonienne , occupe beaucoup les géologues depuis quelques années. Plusieurs d’entre eux se livrent à des recherches tendant à établir la vérité de celte théorie , qui chaque jour prend plus de consistance. Parmi les travaux qui ont été publiés sur ce sujet , nous citerons ceux de MM. de Buch, Lyell, Élie de Beaumont, Dufrénoy, Virlct, Boblaye, Studer, Gras, Coquand, etc. La transformation des calcaires en gypse et en dolomie occupe aussi beaucoup les géologues, depuis la publication du travail de M. de Buch. Cette question a été récemment l’objet de plusieurs mémoires de MM. Élie de Beaumont, Gueymard, Coquand, etc. A côté des grands travaux généraux qui embrassent dans leur do- maine l’histoire entière du globe, il y en a d’autres très nombreux qui se rapportent aux détails de la science. La plupart des géologues ont étudié la structure des montagnes, en ont mesuré la hauteur, et les ont classées d’après leurs. directions. L’origine des vallées a occupé MM. d’Omalius d’IIalloy, Conybeare, Lyell et Mur- chison : les deltas, les alluvions, ont eu des explications rationnelles. MM. Hugi, Yenetz, de Charpentier, Agassiz et Rendu, ont étudié les glaciers ; les eaux qui coulent à la surface du glofie , comme fleuves , rivières ou ruisseaux, ou qui y séjournent, comme mers, lacs, eaux CCXXXIJ DISCOURS PRÉLIMINAIRE. stagnantes, ont été le sujet d’observations pleines d’intérêt de MM. Dick, Sander, Knight, Merian, Arago, Strelke, Silliman, Horner, Eve¬ rest, Taylor, Stevenson, Lyell, etc. On a reconnu que toutes les mers ne sont pas au même niveau et qu’à diverses époques, elles sont revenues couvrir les mêmes pays ; leur température a été mesurée. Les sources minérales ont aussi donné nais¬ sance à de nombreux ouvrages de MM. Alibert, Osann, Stifft, Sigwart et Leipprand, Gardner, Anglada, Boussingault, etc. Les tremblements de terre ont été observés et leurs causes recher¬ chées par MM. Lambert, Kries, de Hoff. Les volcans, phénomènes mys¬ térieux, qui, dans leurs jours d’effervescence , glacent d’épouvante tous les êtres vivants , ont été l’objet d’études fort nombreuses. MM. Cor- dier, Élie de Beaumont, Davy, Brongniart, Gay-Lussac, de Humboldt, Ampère, Huot, Poulett Scrope, Melograni, Maravigna, Marcel de Serres, etc., ont observé les phénomènes qu’ils produisent, étudié les lois aux¬ quelles ils doivent leur origine, cherché à déterminer leur âge et essayé des théories pour en expliquer la cause. Les blocs erratiques ont été le sujet de mémoires de MM. Brochant, Sedgwiek, De La Bêche, Brongniart, Kloden, Bernhardi, Buckland, etc. Les cavernes à ossements ont de nos jours été explorées dans toutes leurs parties et ont donné lieu à des travaux spéciaux de MM. Buckland, Marcel deSerres, de Christoî, Tessier, Buchet, Laurens, Schmerling, Rosenmïiller, Scina, Hoffmann, Coulibine, Claussen. La connaissance des roches est devenue l’un des plus puissants auxi¬ liaires de la géognosie. Leur classification et leur description ont été l’objet de travaux importants de MM. Jameson, Haüy, de Buch , Bro¬ chant, de Leonhard, Boué, Huot, Rivière, etc., et surtout de MM. Cordier, Al. Brongniart et d’Omalius d’Halloy. Leur structure, leur composition, tous les accidents qu’elles présentent et les modifications qu’elles subissent, ont été également l’objet des travaux de MM. Hall, Peghoux , Fleuriau de Bellevue, Koch , Haussmann , Conybeare, Miller, Haldat, Brocchi, Gaudin, Mitscherlich , etc. Les principales difficultés de ce genre de recherches ont d’ailleurs été levées par un travail spécial , d’une très grande importance, dû à M. Cordier. En combinant les procédés d’une analyse mécanique toute nouvelle avec l’emploi du microscope sous certaines conditions, ce # géologue a donné le moyen de déterminer avec certitude la nature de la plupart des masses compactes qui, sur beaucoup de points, jouent DISCOURS PRELIMINAIRE. ccxxxiij un si grand rôle dans la constitution des terrains , surtout dans celle des terrains pyrogènes. Ces masses, jusque-là problématiques, sont de¬ venues des roches hétérogènes, à parties individuelles microscopiques ; elles ont cessé d’appartenir à la minéralogie où elles avaient long¬ temps constitué de fausses espèces. On est ainsi arrivé à la théorie de la consolidation, de la composition et de la contexture des couches et des amas volcaniques de tous les âges. Les divers produits de ce genre se sont trouvés réunis par des liens communs, et la solution des ques¬ tions depuis longtemps controversées entre les neptunistes et les vul- canistes est devenue dès lors simple et facile. Tous les terrains ont été aussi mieux étudiés, mieux divisés et mieux groupés. Les terrains inférieurs aux terrains houillers ont été examinés d’une manière spéciale par MM. Sedgwich, Murchison, Dumont, Boué, d’Omalius d’Halloy, Dufrénoy, Rivière, Boblaye, de Verneuil, etc. Les topographies géognostiques se sont multipliées dans ces derniers temps : nous citerons parmi les plus importantes, pour la France, celles de MM. Éliede Beaumont, Dufrénoy, Al. Brongniart, d’Omalius d’Halloy, Constant Prévost, Desnoyers, Passy, de Bonnard, Graves, Dujardin , Boué, Thirria, de Caumonl, Lecoq, Bouillet, Rozet, Puillon Boblaye, d’Arehiac, Triger, Leymerie, Fournet, Manès, Rivière, Bertrand-Geslin, Yoltz , etc. ; pour les Pyrénées, celle de M. Charpentier ; pour les Alpes et la Suisse, celles de MM. de Saussure, Studer, Thurmann ; pour l’Al¬ lemagne , celles de MM. Boué, Keferstein, Steininger, Klœden, de Buch, de Bonnard, Beudant; pour l’Italie et les îles adjacentes, celles de MM. de Buch , Sismonda, Hoffmann, Reynaud ; pour l’Angleterre, celles de MM. Phillips, Murchison, Mantell, De La Bêche, Fitton, Sedgwick, Greenough, Boué; pour la Belgique, celles de MM. Dumont, Davreux, Galeotti; pour la Scandinavie, celles de MM. Esmark, de Buch, Hisin- ger; pour la Russie, celles de MAI. Puseh, de A'erneuil, Huot; pour la Turquie et la Grèce , celles de MM. Virlet, Boblaye et Boué ; pour l’Es¬ pagne, celles de M. Leplay ; pour l’Inde, celles de MM. Fraser, Hardie et Jacquemont ; pour le Groenland et l’Islande , celles de MM. Giesecke, Robert; pour les États-Unis, celles de AIM. Maclure , Rogers, Troost; pour le Mexique et l’Amérique du Sud , celles de MAI. de Ilumboldt, Alcide d’Orbigny, Darwin; pour l’Afrique, celles de AIM. Rozet, de Buch, Berthelol, Boblaye, Smith; et sur l’Australasie, celles de MAI. Fitton et de Buch. Enfin l’étude de la géologie a été facilitée par des caries géologiques, dd CCXXXIV DISCOU RS PRELIM IN AIR E. exécutées, pour la France entière ou quelques-unes de ses parties, par MM. Boué, d’Qmaüus d’Halloy, Élie de Beaumont, Dufrénoy, Bron- gniart, d’Archiac, Triger, de Caumont, Lecocq, Rivière, Raulin , Desmarets, de Charpentier; pour diverses parties de l’Europe, par MM. William Smith, Greenough, Murchison, Dumont, de Buch, Hoffmann, Naumann , Partsch, Beudant, Virlet, Keilhau, Hisinger; pour les États-Unis , par Maclure, etc. La paléontologie est aujourd’hui une partie essentielle de la géologie; elle a jeté un grand jour sur les questions relatives à l’âge des terrains, à leurs divisions, à la température de la surface du globe, pendant les diverses époques géologiques, etc. Nous parlerons de ses progrès à l’article qui lui est spécialement consacré. La géologie, dont la haute importance ne peut être niée, a successive¬ ment absorbé des sciences qui jadis en étaient distinctes. Elle embrasse aujourd’hui la géographie physique , la géographie mathématique , la géologie spéculative, l’oryctognosie, la géognosie, la géogénie, etc. ; en un mot, elle s’occupe de tous les faits et de toutes les hypothèses relatifs à l’histoire du globe. La forme de la terre, sa densité, sa température extérieure et intérieure , les phénomènes magnétiques dont elle est le théâtre , les mouvements oscillatoires de son écorce , le relief de sa surface, les phénomènes volcaniques, l’atmosphérologie, la répartition des eaux, rentrent dans le domaine de cette science. Paléontologie. — La paléontologie, cette science si neuve encore et qui n’avait pas même été systématisée à la fin du xviii3 siècle, a grandi avec la géologie , dont elle est devenue le plus puissant auxiliaire. Elle soulèvera sans aucun doute le voile mystérieux dont sont encore couverts les premiers âges de l’histoire du monde. Ici encore nous nommerons G. Cuvier. Cet illustre naturaliste, faisant de l’anatomie comparée l’ap¬ plication la plus neuve et la plus brillante, tire des mondes entiers de leurs ruines, de leurs débris , et devient ainsi le créateur de la paléon¬ tologie positive, dont personne jusqu’à lui n’avait compris toute l’impor¬ tance. En 1796, il publia son premier mémoire sur les éléphants fossiles, et il est à remarquer que ce travail, qui ouvrait la carrière aux plus gran¬ des découvertes, fut lu le jour même où l’Institut tenait sa première séance publique. Deux ans après, il commençait la publication de ses beaux ravaux sur les ossements des platrières des environs de Paris. Depuis celle époque, Cuvier ne cessa de s’occuper de la recherche des osse- DISCOURS PR RUMINAI RE. ccxxxv menls fossiles; scs différents mémoires, qu’il publia d’abord dans les Annales du Muséum , ont été réimprimés par lui de 1821 à 1824, et forment un grand ouvrage en cinq volumes in-4°. L’impulsion donnée par le naturaliste français à la paléontologie s’étendit rapidement; un grand nombre de savants, tant français qu’é¬ trangers , s’occupèrent de cette branche importante de la zoologie. MM. Meyer, Bojanus,Goldfuss, deHumboldt, Sœmmering, Schlolheim, Jæger, Buckland, l’abbé Croizet, Jobert, Kaup,etc., ont publié, sur les vertébrés fossiles, des renseignements d’un grand intérêt. L’ornithologie fossile est encore peu avancée; et l’on ne connaît, dans les terrains secondai¬ res, qu’un petit nombre de débris d’oiseaux appartenant à l’ordre des palmipèdes, comme ceux du calcaire de Fappenheim ; à celui des échas¬ siers, enfouis dans les terrains de l’Angleterre; à ceux des rapaces, des passereaux et des gallinacés, trouvés dans les gypses de Paris , eii, Auvergne, en Provence et en Italie. Sir Everard Home, MM. Buckland, De La Bêche , Conybeare , ont étudié les reptiles et les sauriens ; MM. Agassiz, de Munster, Buckland, Sedgwick, Murchison, de Blain- ville, etc., se sont occupés des poissons; MM. Desmarets, Alexandre Brongniart, Green, ont étudié les crustacés. Les invertébrés fossiles de l’embranchement des mollusques ont été l’objet d’études attentives de la part de MM. Lamarck, Sowerby, Parkinson, de Schlolheim, Des- hayes, d’Orbigny père et fils , de Basterot , Voltz, Dujardin , d’Archiac, Phillipi, de Buch, de Munster, Rœmer, Zieten , Goldfuss, Pander, Brocchi , Filippi , etc. Les échinodermes ont été étudiés par MM. Gold¬ fuss, Agassiz, Charles Desmoulins, Grateloup, etc.; les crinoïdes, par Miller et M. Alcide d’Orbigny. Les zoophytes sont le but de travaux spéciaux de la part de MM. Goldfuss, de Blainville, Michelin, etc. MM. Agardh, Ad. Brongniart, Sternberg et Gœppert, ont surtout étudié les végétaux fossiles. Enfin, depuis ces dernières années, tous les êtres organisés fossiles ont été observés avec un soin particulier. Les collections paléontologiques se sont formées partout , et des recherches habilement dirigées sur tous les points habités par des sa¬ vants laborieux, ou que parcourent des voyageurs intelligents, ont déjà jeté les fondements d’une faune paléontologique. Lorsqu’elle sera com¬ plète, nous pourrons sans doute pénétrer plus avant dans l’histoire primitive de notre planète. Les fossiles d’Europe commencent à être passablement connus. MM. Gaillardot, Darlu, l’abbé Croizet , Lartel, de Blainville, Dechen, Constant Prévost, Brongniart, de Chrislol , ccxxxvj DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Boue, Lamouroux , Grateloup, de Basterot, Dujardin, Marcel de Serres, de Laizer, d’Orbigny père, etc. , ont fait pour quelques-uns de nos départements et pour certains terrains, ce qu'a fait Cuvier pour les ossements du bassin de Paris. M. de Blainville a commencé l’histoire de tous les vertébrés fossiles; M. Alcide d’Orbigny entreprend celle de tous les animaux mollusques et rayonnés fossiles de France; M. Deshayes en a fait autant pour les coquilles fossiles tertiaires des environs de Paris ; MM. Drapiez, Bory de Saint-Vincent, Delaunay, Morren, Schmerling, Knitz et de Koninck, pour plusieurs points de la Belgique ; MM. Ritter, Sœmmering, Hermann de Meyer, Razoumowski , Keferstein , Germar, Siedemann, de Schîolheim, Rosenmiiller, Rœmer, le comte de Mïinster, pour rAlîemagne; AI. Kaup, pour les environs de Darmstadt; MM. Zieten et Hehl , pour le Wurtemberg; MM. Buckland, Owen, Cony- beare, Phillips, De La Bêche, Parkinson, Sowerby, Murchison, Fitton et Manie!! , pour l’Angleterre; M. Iiugi , le docteur Lavater et M. Bur- det , pour la Suisse ; MM. Nilson , Hisinger et Walhenberg, pour la Suède; MM. Brocchi , Philippi , A. Fortis, Spinoîa, Cortesi, Miche- lotti , etc., pour l’Italie; MM. Nesli, Pander, Eichwald, Gotthelf, de Fischer, Bojanus, Adams, pour la Russie d’Europe et la Russie d’Asie. L’Afrique n’a jusqu’ici donné que peu de fossiles; mais l’Asie et surtout Flnde ont fourni de riches collections, et ses gisements ne le cèdent en rien aux nôtres. MM. Falconer, Cautley, Baker, Durand, etc., nous en ont fait connaître les intéressantes productions, et y ont découvert des animaux inconnus aux savants. L’Amérique du Nord, cette sœur de l’an¬ cien monde sous le rapport de la civilisation, n’est point restée en arrière de nous dans la connaissance des ossements fossiles qu’elle renferme dans son sein. En 1797, Jefferson, président des États-Unis, fit le pre¬ mier connaître les débris du mégalonyx. Depuis cette époque, le sol des États-Unis, où les fossiles se trouvent généralement à une moindre pro¬ fondeur que chez nous, a été fouillé sur plusieurs points ; les cavernes ont été visitées, les alluvions des fleuves et des marais sondées; on y a trouvé un nombre considérable d’animaux antérieurs aux temps histo¬ riques. Les plus laborieux paléontologistes américains sont : MM. Har- lan, Fink, Peale, Hitchcock, Cooper, Barton, etc. ; la connaissance des débris paléontologiques que renferme l’Amérique méridionale est due principalement à MM. de Ilumboldt, Darwin, Owen, Laraga, Lund, Cfaussen , etc.; ce dernier a découvert récemment, dans les cavernes du Brésil , plus de cent espèces de mammifères. Nous n’entrerons ici dans aucun détail sur l’existence des hommes DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ccxxxvij fossiles, malgré l’intérêt que présente cette question ; nous dirons seule¬ ment, sans chercher à en pénétrer la cause, qu’aujourd’hui les hommes faisant autorité dans la science sont à ce sujet d’opinion diamétralement opposée. Distribution géographique des animaux. — Les animaux sont répandus sur la surface du sol conformément à des lois toujours en harmonie avec les conditions de leur existence; il est certaines limi¬ tes que beaucoup d’entre eux ne peuvent franchir, malgré leur lon¬ gévité et le puissant développement de leurs forces musculaires. Quant à l’homme, il couvre le globe entier; et, sauf quelques dissemblances dans les races, il vit sous toutes les latitudes , dans les climats glacés des pôles , au milieu des neiges éternelles , aussi bien que dans les pays brûlants des tropiques. Les animaux qu’il a attachés à son sort par la domestication , le suivent presque tous dans ses migrations et s’identifient, comme lui, avec la diversité des températures; mais, pour ceux qu’il n’a pas réduits en esclavage et qui vivent libres au sein de la nature, une inflexible loi les retient dans certains climats ; partout ailleurs , ils languissent ou meurent. La connais¬ sance de la distribution géographique des animaux est une science qui intéresse le naturaliste , et dont on peut regarder Buffon comme le créateur, bien qu’il ait souvent exagéré l’influence des milieux sur le développement de l'organisme. Depuis Buffon, tous les voyageurs qui ont exploré les diverses contrées du globe ont concouru aux progrès de cette science. La distribution géographique des mammifères est gé¬ néralement bien connue, leur nombre étant assez borné , et leurs con¬ ditions d’existence les mettant constamment en rapport avec l’homme ; MM. Bory de Saint-Vincent , Minding, Lesson, Desmoulins, Fischer, Desmarets, Lyell, ont publié des travaux spéciaux sur ce sujet. Les oiseaux, moins sédentaires, vivant plus loin de l’homme , sont moins bien connus; Illiger, MM. Lesson, Alcide d’Orbigny, Quoy et Gaimard, se sont occupés de leur distribution sur le globe. Les deux derniers ont étu¬ dié la distribution des reptiles, et M. Wiegmann a publié un mémoire fort intéressant sur celle des sauriens. Les poissons sont bien, comme les autres êtres, soumis à des lois constantes d’habitation, quoique certaines espèces émigrent; mais, malgré les travaux de MM. Nouel, Macculloch, Forbes, de Humboldt, et Valenciennes, leur répartition dans les eaux du globe n’est encore qu’incomplètement connue. A me- ccxxxviij DISCOURS PRÉLIMINAIRE. sure que nous descendons dans l’échelle animale, rincer lilude devient plus grande; cependant, les travaux sur cette matière ne manquent pas entièrement, mais ils sont encore incomplets. Fabricius et Lalreilîe , ont donné les premiers une géographie des insectes, poussée plus loin par MM. Kirby, Spence, Mac-Leay et Lacordaire. Dans ces derniers temps , elle a été l’objet de nouveaux travaux de MM. Milne Edwards et Blanchard ; MM. Quoy et Gaimard en ont fait autant pour les crusta¬ cés. MM. Broderip, de Férussac, de Blainville, A. d’Orbigny, etc., ont donné la géographie des mollusques; MM. Quoy et Gaimard, celle des polypiers, et M. Ehrenberg, celle des infusoires. Il reste à résoudre un problème qui, à toutes les époques, a beaucoup occupé les hommes de science, et qu’enveloppe la plus grande obscu¬ rité; nous voulons parler de la distribution primitive des êtres sur la terre ; c’est de la paléontologie que nous attendons la connaissance de ces faits primordiaux de l’histoire de notre globe. Quand nous sau¬ rons ce qu’a été l’animalité à sa naissance, peut-être , en comparant son état primitif à son état présent, pourrons-nous pressentir ses destinées futures; mais jusqu’à ce moment les hypothèses qui ont été hasardées manquent absolument de certitude. Conclusion. — Arrivés au terme de notre tâche, il nous reste à recon¬ naître quel but s’est proposé la science et quel parti l’humanité a tiré de ses longs travaux. Déjà bien des progrès se sont accomplis, depuis que nous ne la voyons plus, renfermée dans les cabinets, devenir, sous l’inspiration de quelques hommes, un arcane inaccessible à l’intelli¬ gence de tous, et un monopole profitable seulement à la vanité des maîtres et des disciples. Elle est descendue des hauteurs des théories philosophiques pour devenir pratique , et elle a abordé jusqu’aux dé¬ tails les plus humbles de la vie ; car elle a compris qu’entre la vie scientifique et la vie civile , il existe une étroite solidarité. Le savant est donc devenu tour à tour agriculteur, mineur, distillateur, chaufournier, tanneur, teinturier, etc. Tous les arts, toutes les industries, sont venus lui demander des lumières, et il a répondu à tous. L’économie politique, quoique paraissant fondée sur des besoins d’un autre ordre, s’appuie également sur la science, qui en est le principal levier, et toutes les in¬ stitutions reposent sur ses progrès. Depuis qu’elle est entrée dans cette large et noble voie, les intelligences se sont agrandies, les préjugés ont, sinon complètement disparu, du moins diminué, et la civilisation a DISCO CRS PR ÉU M I N AI R E CCXXXIX marché à grands pas. L’admiration n’est plus fondée sur un fol en¬ gouement : la célébrité du savant est proportionnée au degré d’utilité de ses travaux ; les hommes les plus populaires sont ceux qui ont fait con¬ tribuer la science au bien-être de tous, et qui ont compris quelle n’est pas seulement un but, mais quelle doit être aussi un moyen. L’homme ne veut plus être livré à l’empirisme, depuis qu’il a reconnu que l’expérience et l’observation, en vivifiant l’intelligence, le préservent du malheur d’errer à l’aventure ; aussi les peuples civilisés se sont-ils jetés à l’envi dans les voies que leur ouvrait la science , et se sont-ils em¬ pressés de réunir tout ce qui pouvait contribuer à ses progrès. Les bibliothèques s’enrichissent chaque année de tous les trésors de l’es¬ prit; les musées accumulent, conservent et classent les produits des trois règnes, et offrent le tableau de plus en plus complet de la variété de la nature. Chaque ville de quelque importance a son cabinet d’his¬ toire naturelle, son jardin botanique, sa bibliothèque, son académie. Des chaires d’enseignement sont confiées aux hommes les plus éclairés et les plus dévoués aux progrès de la science ; des voyageurs rétribués par les gouvernements, récompensés par les Sociétés savantes, parcourent le monde et rapportent le fruit de leurs longues et périlleuses recher¬ ches ; de nombreux recueils, dans lesquels sont consignées les décou¬ vertes nouvelles, sont publiés dans toutes les parties du globe; des ouvrages didactiques vont chaque année porter à une multitude de lecteurs les connaissances les plus propres à développer leur intelli¬ gence. Dans l’éducation même la plus humble, l’étude de la nature a sa part. Tous les arts se sont mis au service de la science : la gravure et la peinture enrichissent les collections, de précieuses iconographies ; l’art plastique, imitant la nature, multiplie les préparations anatomi¬ ques qui facilitent l’étude, en en éloignant le dégoût et le danger; enfin le règne de la science est établi ; son domaine s’est agrandi , et nul n’oserait plus lui disputer son empire. Nous sommes loin de l’époque où les travaux scientifiques, regardés comme le fruit d’une révélation, laissaient l’esprit errer dans le vide. Après avoir laborieusement passé plusieurs siècles dans les secs et arides travaux d’analyses que venaient çà et là égayer quelques théories , nous en sommes arrivés à posséder une telle collection de faits que nous avons cru la généralisation permise ; aussi notre époque est-elle deve¬ nue synthétique, trop synthétique peut-être. Nous avons voulu, devan¬ çant le temps, prévoir ce qu’il n’est donné qu’à nos neveux de connaître : CICXL DISCOURS PRÉ LIMINAIRE. dans notre ignorance sur le principe et l’essence des choses, nous avons énoncé l’existence d’une unité absolue, dont nous n’avons aucune idée. Le physicien, en admettant la molécule qu’il ne connaît ni ne comprend, cède à cette tendance vers l’unité: le chimiste prend, pour un type d’u¬ nité, l’atome quijn’existe, sous une forme arrêtée, que dans son esprit ; le naturaliste, soit qu’il s’occupe de la nature inerte, soit qu’il étudie la nature vivante, cherche sans cesse à remonter des unités indivi¬ duelles aux unités collectives, pour arriver systématiquement à une sorte d’unité phénoménale; mais ces essais, si louables par la bonne foi de ceux qui les hasardent, et tout infructueux qu’ils puissent être, sont une preuve de progrès. Voici quatre mille ans que la science s’organise: et, depuis près de quatre siècles, notre Europe marche à la tête de la civilisation. La science a dévoré bien des générations; elle ne compte même plus aujourd’hui ses martyrs; cependant, après tant de sacrifices, pou¬ vons-nous dire que nous soyons arrivés à la certitude scientifique ? N’errons-nous pas encore dans un dédale de nomenclatures diffuses, de synonymies nombreuses , de langues imparfaites qui augmentent les difficultés de l’étude, de théories contradictoires, de préjugés qui voilent la raison et retardent le progrès? Mais à côté du mal , suite inévitable de l’isolement des premiers peuples et de l’imperfection des moyens de manifestation, nous avons, pour remèdes, les causes qui ont amené l’émancipation de la pensée, les causes qui cimentent et garan¬ tissent l’union des peuples. Depuis ce moment, les conquêtes de l’es¬ prit humain ne sont plus livrées au bon vouloir d’un aréopage scientifique et à l’existence incertaine d’une nation. Tous les peuples en sont soli¬ dairement les dépositaires ; et quand les rivalités qui les séparent et les arment les uns contre les autres auront à jamais cessé ; quand tous les hommes, jouissant des bienfaits des lumières, marcheront d’un pas égal dans les voies delà science, alors seulement on connaîtra les limites de la puissance de l’esprit humain. La science, quelque incomplète quelle nous paraisse aujourd’hui, n’en est pas moins l’ancre de salut de l’humanité : dans la science pratique, expérimentale, repose la vérité, tandis qu’en dehors il 11e peut y avoir qu’incertitude, erreur ou men¬ songe. Charles d’Orbigny. DICTIONNAIRE UNIVERSEL D’HISTOI R E NATURELLE. AAL. bot. pii. (1). — Nom donné par Rum- jshius à deux arbres dcl’ïnde, qu i! a décrits très incomplètement, et qu’on suppose ap¬ partenir à la famille des Térébinthacées. (G. d’O.) * AAL. poiss. — Nom allemand de l’an¬ guille , d’où dérivent ceux d ’Aalquappe ou de Aalquabbe, pour la Lotte ( Gadus lotta L.), et de Aal formigen platû leib , cité par Lacé- pède, pour le Plotose anguillé (. Plotosus an- guillaris Bloch). (Val.) ABACA. bot. pii. — Selon Sonnerai , ce nom, aux îles Philippines, est donné à une espèce de Bananier ( Musa textilis ). (G. d’O.) *A BAC A TUBA TACAPA. poiss. — On dis¬ tingue sous ce nom, suivant le prince Mau¬ rice de Nassau, le poisson que Cuvier a nom¬ mé Vomer de Brown [V. Browniï), et qu’on a confondu avec Y Argyréiose vomer. (Val.) * ABACRTU5 ( àSaxv 'ç , taciturne), ins. — G. de Coléoptères pentamères, famille des Carabiques, tribu des Féroniens , établi par M. Dejean, et dont voici les caract. : les 3 premiers articles des tarses antérieurs dila¬ tés dans les mâles , moins longs que larges et fortement triangulaires ou cor di formes. Der¬ nier article des palpes allongé , presque cy¬ lindrique et tronqué à l’ extrémité. Antennes filiformes, assez allongées et légèrement com¬ primées; lèvre supérieure en carré moins long que large. Mandibules peu avancées , légèrement arquées et assez aiguës; menton trilobé; lobe intermédiaire arrondi. Cors, trapézoïde, presque aussi large à sa base que les élytres. Élyt. peu allongées , se rétrécis- (i) Les abréviations en petites capitales, placées au com¬ mencement de chaque article, indiquent la grande classe à laquelle il appartient. * Les astérisques qui précèdent un très grand nombre d’articles , désignent ceux qui n’avaient pas encore figuré dans les Dictionnaires d’IIistoire naturelle déjà publiés en France. A sarst un peu vers l’extrémité et arrondies postérieurement.— Ce g., auquel M. Dejean ne rapporte que 4 espèces, a pour type Y A. Gagates Dej. , qui se trouve en Guinée et au Sénégal. îl est d’un noir brillant en dessus, et ressemble un peu , pour la forme et la taille, à la Feronia abaxoïdes. (D.) ABAJOUES. mam. — Poches que certains g. de Mammifères portent aux 5 côtés de la bouche. Presque tous les Singes de l’ancien continent , quelques Rongeurs américains appelés Diplostomes ou animaux à double bouche , enfin les Nyctères, parmi les Chau¬ ves-souris , sont pourvus d’ Abajoues qui dif¬ fèrent, dans les divers genres, par leur for¬ me, leur capacité, elles fonctions physiolo¬ giques qu’elles remplissent. Elles servent à la plupart de ces animaux comme de garde- manger pour la conservation et le transport momentané des aliments dont ils se nour¬ rissent. (G. d’O.) ABALON , Adans, bot. pii. — Synonyme d’iiELONiAs. (G. d’O.) ABAMA. bot. pu. — Ce g. de Plantes, créé par Adanson pour Y Anthericum ossifragum L. , a été adopté par M. De Caodolle ( Flore française ) ; mais avant Adanson , Mœhring (. Ephern . natur . Curios.) en avait déjà fait son g. IVarthecium qui paraît aujourd’hui géné¬ ralement adopté. V. Narthecium. (C. L.) ABAPUS, Adans. bot. pii. — Syn. de ge- tiiyllis. (C. d’O.) * AB ARIDE. Abaris (àSap-fg, léger), iss. — Genre de Coléoptères pentamères, fa¬ mille des Carabiques, tribu des Féroniens, établi par M. Dejean et qui a pour caract. : Les 3 premiers articles des tarses antérieurs diîatésdans les mâles, triangulaires, ctamsi longs que larges; dernier article des palpes presque cylindrique et tronqué à l’extrémité. l T. I. 0 ABA ABD Ant. assez courtes, légèrement comprimées et presque filiformes. Lèvre super, en carré moins long que large , et coupée presque carrément dans sa partie antér. Mandib. peu avancées , légèrement arquées et assez ai¬ guës; une dent simple et presque obtuse au milieu de l’échancrure du menton. Tête triangulaire. Yeux assez gros et lèvres sail¬ lantes. Corselet carré. Élyt. en ovale peu al¬ longé. — Ce g. se rapproche un peu par le faciès du g. Pogonus ; mais il en diffère beau¬ coup par les caract. génériques. Il a pour type et unique espèce, Y A. œnea Dej., trouvé dans les environs de Carthagène , en Amérique , par M. Lebas. (D.) * ABASICARPON , Andrz. (à priv. ; Sa¬ ut;, base; xapiroç, fruit). BOT. PH. — G. ou s.- g. de la famille des Crucifères, très voisin de YArabis et de X Arabidium , dont il paraît ne différer que par sa silique subcylindrique ou peu comprimée. Il est composé de 6 ou 7 espèces détachées du g. Arabis, (Sp.) *ABASOLOA. bot. pii. — G. de Plantes ap¬ partenant à la famille des Composées, mais sur l’organisation duquel on ne possède en¬ core que des données très vagues. M. de Can- dolle le caractérise de Sa manière suivante : Capitule radié. Fleurs du rayon femelles , capillaires, bi-tri-sériées ; celles du disque hermaphrodites, tubuleuses, à 4 dents. In- volucre à écailles bi-sériées. Réceptacle plan, couvert de paillettes linéaires, aiguës, den- ticulées , ciliées à leurs bords. Akènes télra- gones, rhomboïdaux et terminés supérieu¬ rement par un disque ombiliqué. — IJ Aba- soloa est une plante à feuilles opposées li¬ néaires, légèrement scabres, présentant des dents de distance en distance; les capitu¬ les sont solitaires , longuement pédonculés ; les fleurs du disque et du rayon sont blan¬ ches. On n’en connaît qu’une espèce, origi¬ naire du Mexique. (J. D.) ABÂTIA, Ruiz et Pav. bot. pii.— G. sur la classification duquel les auteurs ne sont pas d’accord; les uns le placent dans les Tilia - cées ; les autres dans les Bixacêes ; M. Don pense qu’il appartient dMxLythracées. Suivant M. Kunth , ce g. offre les caract. essentiels suivants: Cal. 4-parti, coloré en dessus; t estivation valvaire. Pétales nuis. Elam. très nombreuses , insérées au fond du calice : les .extérieures stériles (ananthères) , cordi for¬ mes. Ànth. ovales, dithèques. Ovaire inad¬ hérent , monostyle. Style filiforme. Stigm. simple. Capsule 1-loculaire, 2-valve, poly- sperme, à 2 placentaires pariétaux, linéaires. Graines oblongues, striées. — Ce g. ne renfer¬ me que 2 esp. de l’Arnér. équatoriale. (Sp.) ABAX (tx/a,Théo- ph. ; arbre indét.) . bot. pii. — Honorius Belli ( Glus. Eist. Plant.) a donné ce nom à un arbre qu’il trouva dans le Péloponèse, où il croît dans les endroits les plus escarpés des mon¬ tagnes. Smith le rapporte à l’ Ulmus nemora- lis d’ Ai ton; Pailas à son Rhamnus car pini fo¬ lia, etc. Les botanistes modernes le réunis¬ sent au g. Planera de Gmelin, dans lequel ils en font un s. -g. sousle nom d'Abelicca. (C. L.) AB-EL-MOSCH. Abelmoschus, Medik. Ra- mia , R. Br. (En arabe, père du musc, à cause de rôdeur de ses graines), bot. ph. — G. de la famille des Malvacées, tribu des Hibiscées , Reich, il ne diffère essentiellement des Hi¬ biscus ou Ketmia que par son calice conique- cylindracé, légèrement 5-denté, se fendant irrégulièrement d’un côté, vers l’époque de l’épanouissement de la corolle. Graines gla¬ bres. — Ce g., propre aux régions équatoria¬ les, renferme environ 40esp., la plupart im¬ parfaitement connues. Les graines del’^. moschatus Moench, sont employées en par¬ fumerie sous le nom d’Ambrette. (Sp.) ABEÏi. moll. — Dans son voyage au Séné¬ gal, Adanson donne ce nom à une petite esp. de moule, le Mytilus puniceus (Gmelin, Dil- wyn) , qui, peut-être, est la même que le Mytilus senega'lensis de Lamarck. (Desh.) ABEBAS, Gesner. bot. pu. — Syn. d’ ana¬ nas. (G. d’O.) ABEREMOA, Aubl. (nom Galibi). bot. ph. — Syn. du g. Guatteria. * ABIE. Abia (a Scog, doux, frêle), ins. — G. d’insectes Hyménoptères, famille des Tenthrédines, établi par Leach ( zool . miscell .) aux dépens du g. Cimbex, sur des espèces qui ont la massue des antennes formée de 5 articles. K. Cimbex. (B.) ABIES. bot. ph. — /G Sapin. (Ad* B.) * ABIÉTÏMÉES. Abictineæ. bot. ph. — Nom d’une des tribus établies par L. C. Ri¬ chard dans la famille des Conifères. (Ad. B.) ABILDGAARD ( Abildgaard , naturaliste danois). Poiss. — Nom donné par Bloch à un poisson d’Amérique , qu’il a représenté pl. 2£9, et que Lacépède a reproduit sous le même nom ( Sparus Abildgaardii). C’est un poisson d’une tout autre famille et du g. Scare . Il revient en double emploi dans La¬ cépède, comme espèce nominale, sous le nom de Spare rouge or (III, xxxm, 3). C’est aussi le Scarus coccineus de Bloch Schn. , établi d’après Parra (xxyiii, fig. 2). (Y al.) ABILDGAARDÏE. Abildgaardia (dédié à Abildgaard, savant danois), bot. pii. — G. de la famille des Cypéracées, établi par Yahl et adopté par tous les botanistes. Il est très voi¬ sin du g. Fimbnstylis , dont il diffère par les caract. suivants : Epis multiflores, com¬ posés d’écailles distiques , mais devenant presque trisériés, par suite de la-torsion du rachis ou axe de l’épi; écailles carénées, caduques; mais leur base, persistant de cha¬ que côté, avait fait dire à Yahl que l’axe of¬ frait des fossettes membraneuses sur les AB L 15 bords; les plus inférieures sont seules voies et stériles. Les fleurs manquent de soies ou d’écailles hypogynes. Étain, au nombre de 1 à 3. Style trifide, renflé à sa base, et comme triangulaire, caduc et articulé avec l’ovaire. Fruit piriforme ou triangulaire. — Les es¬ pèces de ce g., au nombre de 12 environ , ont leur chaume rarement aphylle et plus souvent pourvu de feuilles à sa base. Les épis sont solitaires ou géminés, ternés, ou enfin réunis soit en capitule, soit en une ombelle simple ou décomposée. Toutes ces espèces sont exotiques et habitent pour la plupart les régions tropicales. (A. R.) ABIME, géol. C. Abyme. * ABLABERA ( àSAaSy innocent), ins. — • G. de Coléoptères pentamères , famille des Lamellicornes, établi par M. Dejean dans la dernière édition de son Catalogue, mais dont il n’a pas publié les caractères. Il ne renferme que des espèces du Cap de Bonne- Espérance, à l’exception d’une seule [A. myrmidon ) qui est du Sénégal. (D.) ABLAÎMIA, Aubl.; Trichocarpus , Schreb. (. Ablani , nom Galibi de cette plante dans les Guyanes). bot. ph. — G. incomplètement connu , rapporté avec doute , par la plupart des auteurs, à la famille des Tiliacées, mais qui peut-être est plus voisin des Bixacées. Suivant la description d’Aublet, ses carac¬ tères sont les suivants : Cal. 4- ou 5-parti , persistant. Corolle nulle. Étam. nombreuses, hypogynes ; filets libres , capillaires; anth. petites, suborbiculaires. Ovaire ovale; sty¬ les 2, bifides. Capsule 1-Ioculaire, 4-vaîve, polysperme , hérissée de sétules caduques ; placenta central, libre. Graines recouvertes d’une membrane (arille?) muqueuse. — Ce g. n’est fondé que sur une seule espèce, in¬ digène à la Guyane. C’est un arbre attei¬ gnant environ 50 pieds de hauteur, remar¬ quable par son bois de couleur rouge , tan¬ dis que l’aubier en est blanc. Les feuilles sont grandes , alternes, indi visées ; les fleurs disposées en panicules axillaires. (Se.) ABLAQEE. moll. — Nom vulgaire de la soie que fournit le byssus des Pinnes ma¬ rines. (Desh.) AELE (i albus , blanc), poiss.— Ce nom a été employé par Bonnaterre comme épithète du Salmo albula L. dontLacépède a fait son Cor- régone able. La même espèce est reproduite par Bloch , sous le nom de Salmo Murœnu- ABL la, qui est le Corrêgone Murénule de Lacé- pède. Ce nom est encore employé , dans Bonnaterre et dans Lacépède , comme épi¬ thète du Cyprin Able, plus connu sous le nomd 'Ablette. Enfin, Cuvier s’est servi de ce mot Able, corruption d 'Albas, pour un g. de Poissons de la famille des Cyprins, connus des pêcheurs de. nos rivières sous la dénomina¬ tion de Poissons blancs, et que Klein avait déjà mal indiqués sous le nom de Leuciscus. Ce g. comprenait, dans 1 o Règne animal, tous les Cyprins à doysale et à anale courtes, man¬ quant d’épines et de barbillons , et à lèvres simples. Cuvier établissait plusieurs subdi¬ visions dans lesquelles étaient rangées un grand nombre d’esp. européennes ou étran¬ gères connues. Depuis , M. Agassiz a donné des noms à quelques unes des subdiv. de Cuvier, et en a lui-même établi de nouvelles; d’où il suit que le g. Able se divise aujourd’hui en : Cliondrosloma (Cyprinus JVazns Bl.), en As* plus [Cyprinus aspius L.), en Plioxinus ( Cyp . phoxinus L.), en Pelœus [Cyp. cullratus L.) [V. ces mots) ; et que les Ables ( Leuciscus ) ne comprennent plus maintenant que les Cy¬ prinus dobulaL., argenleus Agass. [C. Leu¬ ciscus Knoiox.), orfus L. , Jeses L., erylhro- phihalmus L., et un grand nombre d’autres espèces européennes ou étrangères. La chair de tous ces poissons est en général peu es¬ timée. M. Agassiz cite une quinzaine d’esp.; mais j’en ferai connaître un bien plus grand nom¬ bre dans V Histoire naturelle des Poissons. Il décrit plusieurs espèces d’ Ables fossiles : Les Leuciscus œningensis , L. papillus et L. lie- terurus, viennent d’OEningen; le Leuciscus papyrciceus des lignites tertiaires, les Leucis¬ cus lepius du Habichtswald; enfin les Leucis¬ cus gracilis et L. Harmannii viennent de Steinheim. (Val.) * ABLENNES. (à priv.; SX/vva, mucus). poiss. — On trouve ce nom dans Lacépède comme l’un des synonymes de Y Orphie [Esox belone L.). . (Val.) * ABÎÆPHARE- Ablepharus (à§X/\é- cpaptç , en grec, signifie seulement les cils, tandis que jSX/cpapov veut dire la paupière, et àÇA/cpapoç celui qui en est privé. (G. B.) ABLET ou ABLETTE (Dim. d’Able , cil- bus). poiss. — Poisson connu par Linné sous le nom de Cyprinus Alburnus , et par Lacé- pède sous celui de Cyprin able. Cuvier le rangeait dans les Ables, et M. Agassiz le place aujourd’hui parmi ses Aspius. Il est long de 5 à 8 pouces , très commun dans toutes les eaux douces de l’Europe; à corps comprimé, à ligne latérale très arquée et très infléchie vers le ventre; vert jaunâtre sur le haut du dos, brillant du plus bel éclat d’argent sur tout le corps ainsi que sur tout le péritoine. Cette matière, recueillie au moyen de l’Ammoniaque, produit l’essence d’Oricnt, employée pour la fabrication des perles fausses. On prend l’Ablette à la li¬ gne , ou souvent avec des filets en nappe ou dans des nasses. Elle se réunit quelquefois en grandes troupes. Il parait que sous ce nom d 'Ablette on désigne aussi quelquefois l’Epinoche, Gas- terosleus aculealus de Bloch. (Val.) ABLETTE DE MER. poiss. — Nom spécif. dans Bonnaterre du Perça alburnus L., figuré par Catesby sous le nom d’ Alburnus arneri- canus ; c’est le Centropome Alburne Lacép. Nous avons démontré , dans YHist. nat. des Poiss. que cette espèce est du g. Ombrine et de la famille des Sciénoïdes, et non Je celle des Percoïdes. (Val.) ABOE ou ABOE-BETMA. poiss. — Mots de la langue malaise , dont l’un , Aboe , veut dire gris ou plus spécialement cendré, et Be- lina , femelle. Lacépède les a trouvés extraits par Bloch , qui les avait fort mal copiés dans Valentyn, en les tirant d’une petite phrase malaise citée par le Naturaliste Hollandais : Ikan Batoe jang Aboe belina, femelle d’un poisson de roche gris. Ces noms des Malais d’Amboine ou de Java , et point du tout des Hindous , se rap¬ portent à une figure de Valentyn qui re¬ présente 2 fois, dans son ouvrage, le Chœ- todon Meyeri de Bloch , et non l’holaeanthe annulaire , auquel cet auteur et Lacépède son copiste l’ont mal à propos rapportée. La¬ cépède a commis d’ailleurs une autre erreur sur ce poisson; car, ne connaissant pas le système de Bloch , édité par Schneider , il a regardé ce Chætodon Meyeri comme une espèce non décrite , et l’a placée dans le g. Holacanthe , dont il n’a aucun des carac¬ tères, sous le nom d AI. jaune et noir, déno¬ mination impropre, puisque Valentyn nous apprend que le fond de la couleur est gris. C’est aussi le Douwing-Marquis de Renard. (Val.) ABOIEMENT. Lalralio. mam. — L’a¬ boiement est moins le cri naturel qu’une sorte de langage particulier au chien, et plus ou moins parfait suivant l’intelligence des races. La preuve de cette assertion, c’est que les chiens qui naissent chez les nations sau¬ vages n’aboient point , et que , promptement dégénérés , les chiens d’Europe, perdus dans les îles de l’Océan Pacifique , cessent d’a¬ boyer, ne proférant plus qu’un long hurle¬ ment plaintif, qui rappelle celui des nôtres, lorsqu’on les bat ou qu’on les renferme. (C. d’O.) ABOLA, Adans. bot. pii. — Synon. de CI VN A. ABOLBODA (Nom indien?), bot. pii. — G. de la famille des Xyridacées , créé par Humboldt et Bonpland [Pi. œquin. Il, 1. 114.) ABO ABR 17 qui le plaçaient parmi les Restiaeées, avec lesquelles il offre beaucoup d’affinités ; mais Agardh ( Aphor .) et Desvaux {Ann. Sc. nai. 1823) l’en ont séparé , parce qu’entre autres caract. différentiels, son ovaire triloculaire pluriovulé, le développement plus parfait de ses enveloppes florales, et la structure de ses graines, l’en éloignent suffisamment. En voici les caract. constitutifs : Glume du péri- gone externe adverse, roulée sur elle-même et caduque; les latérales plus petites, na- viculaires , persistantes. Périgone interne corollacé , hypocratériforme, pourvu d’un tube filiforme assez allongé, à limbe tri¬ lobé, étalé, dont les lobes sont nus ou crê- tés-barbus. Etam. 3, oppositives, insérées au tube du périgone interne. Ovaire trilo¬ culaire, surmonté d’un style trifide , que terminent des stigm. simples, 2 ou 3-lobés, contenant plusieurs ovules dressés, sessi- les, nichés dans l’angle infér. de chaque lo- gette. Caps, triquêtre , triloculaire, à colu- melle séminifère, devenant libre par déhis¬ cence loculicide; graines anguleuses et en petit nombre. — Les Abolboda sont des plantes herbacées, vivaces , à feuilles ra¬ dicales graminéennes , distiques, à hampe nue ou bi-bractéolée au milieu , et termi¬ née par un capitule solitaire dont les fleurs sont bleues. On en connaît 2 ou 3 espèces qui se plaisent dans les marais montagneux de l’Amérique tropicale. Link rapporte cà ce g. le Chloerum de Willdenow. (C. L.) * ABORIGÈNE. Aborigènes ( ab , de; origo, origine). — On nomme ainsi les hommes, les animaux, et même les plantes qu’on suppose originaires de la contrée qu’ils habitent. (C. u;0.) * ABORTIF. Abortivus. — Un corps orga¬ nisé, un organe quelconque sont abortifs, lorsqu’ils n’ont point reçu leur entier déve¬ loppement, et qu’il leur manque certaines conditions indispensables à leur perfection. (C, D’O.) ABOU-BURS ou Abu-burs ( en arabe , p'ere de la lèpre), rept. — C’est le nom que les habitants du Kaire donnent au Piyo - dactyle d’Hasselquist , parce qu’on pré¬ tend que l’usage de quelques aliments sur lesquels il aurait passé, suffit pour produire la lèpre. (G. B.) ABOU-HANNES. Ois. — Nom égyptien de l’Ibis sacré. (C.d’O.) ABOYEER ou Aboyeuse ( Abbaubo , j’a¬ boie ; b. Lat. ). ois.— Échassiers. Nom d’une espèce du g. Chevalier ( Toianus , Cuv. ) dont le cri a quelque rapport avec l’aboie¬ ment du chien. C’est le Totanus gloitis de Bechstein , la Barge aboyeuse de Buffon , le Chevalier aux pieds verts de plusieurs au¬ teurs modernes. Cette esp. est très com¬ mune en Europe, sur les bords des rivières, surtout lorqu’elles sont débordées. On la trouve aussi dans l’Inde. (F. P.) * ABRA. moll. — G. proposé par Risso (. Hist . nat. des principales productions de l’Eu¬ rope méridionale ), pour 2 espèces de très pe¬ tites coquilles bivalves de la Méditerranée. D’après les caractères qui leur sont assignés et dont nous n’avons pu vérifier l’exac¬ titude sur nature, ces coquilles rentre¬ raient assez bien dans le g. Erycina de La¬ ma rck. (Desïi.) * ABR AMIS (àSpotfnç, nom chez les an¬ ciens d’un poisson indéterminable). Poiss. — Genre de la famille des Cyprins , proposé par Cuvier. C’est aussi le nom grec d’un poisson du Nil , cité par Athénée et par Oppien , et que la plupart des modernes, trompés par la ressemblance de nom , ont cru correspondre à notre Brême , qui est un poisson d’eau douce, vivant solitaire, tandis que l’à£pa- piç vivait en troupe dans la mer et entrait dans les rivières. Quelques passages, et en¬ tre autres celui d’un auteur arabe de la Re¬ naissance, pourraient faire croire que les Grecs désignaient sous ce nom certaines es¬ pèces de Muges. (Val.) ABRANCHES.^èranc/uce(àpriv.; {3pciyxtv£, calice), bot. ru. — Ce mol s’emploie, par opposition à celui de caHcnfé, pour ex- 24 ACA ACA primer un genre ou une fleur en général dé¬ pourvue decalicule, comme certains g. de la famille des Malvacées, comparés à ceux dans lesquels le calicule environne la fleur. (A. R.) *ACALLE. Acalles (àxaUnîç, qui n’est pas beau), ins. — G. de Coléoptères tétram., fam. des Curculionides , établi par Schoenherr dans sa div. des Cryptorhynchides , et dont voici les caract. : Ant. médiocres, assez min¬ ces; leur funicuîe composé de 7 art. ; les 2 premiers allongés , obconiques, les autres courts, presque ronds , peu séparés ; mas¬ sue subovale. Rostre assez long , robuste , presque cylindrique, s’aplatissant insensi¬ blement vers la pointe, légèrement arqué. Yeux placés latéralement, ovales, un peu déprimés. Prothorax un peu court ou pres¬ que oblong, tronqué à la base , légèrement arrondi sur les côtés , un peu saillant au milieu antérieurement, lobé plus ou moins distinctement derrière les yeux. Ecusson nul ou tellement petit qu’on peut à peine l’apercevoir. Elyt. presque ovales , conjoin¬ tes, convexe en dessus. Pattes médiocres , presque d’égale longueur, robustes; cuisses un peu épaisses, et quelquefois denticulées. — M. Dejean a adopté ce g. dans la dernière édit, de son Catal.; mais la majeure partie des espèces qu’il y rapporte, au nombre de 17, sont différentes de celles qui composent ce même g. dans l’ouvrage de Schoenherr , et même il place parmi les Tylodes, 2 esp. (T. obesus Dej., et T.apicalis Dej.), qui sont des Acalles pour l’auteur suédois. Au reste, celle qui a servi de type à ce dernier pour établir le g. dont il s’agit , est le Curculio camelus Fab., qui se trouve en Styrie. (D.) LACALLOPISTUS ( àxa^Rü7rii7Toç, sans pa¬ rure). ins. — G. de l’ordre des Coléoptères tétramères, famille des Curculionides, div. desErirhinides, établi par Schoenherr. Ce g. a pour type VA. vellicosus Gyll., esp. des In¬ des orientales. M. Dejean, qui l’adopte, en mentionne une autre du Sénégal, qu’il nom¬ me A. senegalensis. Les caract. assignés à ce g. par Schoenherr sont: Ant. de longueur mé¬ diocre, peu fortes, insérées vers le milieu du rostre ; leur funicuîe composé de 7 art.; les 2 premiers peu longs, subconiques, le suivant un peu épais , les autres transverses, pres¬ que perfoliés, serrés, s’épaississant graduel¬ lement jusqu’à la massue, qui est subova¬ laire. Rostre assez long, robuste, linéaire, un peu courbe. Yeux écartés, presque ronds, point proéminents. Prothorax un peu plus court que sa largeur postér., bisinué à sa base, légèrement arrondi sur les côtés, beau¬ coup plus étroit antérieurement. Élyt. un peu plus larges que le thorax à sa base, oblon- gues, presque carrées, arrondies à leur ex¬ trémité, avec les angles huméraux obtus. Cuisses antér. offrant en dessous une dent dans leur milieu, et serratiformes après cette dent; tibias antérieurs courbés en de¬ dans. (D.) *ACALLUS [axcAkrtq, qui n’est pas beau). ins. — M. Dejean avait d’abord appelé ainsi un g. de Coléoptères de la famille des Lamel¬ licornes ; mais attendu la trop grande res¬ semblance de ce nom avec celui d 'Acalles , donné antérieurement à un g. de la famille des Curculionides, il lui a susbtitué celui d ’Atimus. (D.) ACALYPMA (àxodvcpoc , corruption dans Théophraste d’àxaDjcpyj, ortie de mer, ou plante épineuse indét.). bot. pii. — C’est le nom grec de l’ortie, que Linné a transporté à un g. de la famille des Euphorbiacées, et type de la tribu des Acaîyphées, dont quelques espè¬ ces présentent une ressemblance extérieure avec l’ortie commune sans que leurs poils aient la même propriété. Ce même g. porte en français le nom de Ricinelle. Ses caract. sont : Fleurs monoïques ou dioiques; dans les mâles : un cal. 4-parti ; de 8 à 16 étam., dont les filets se soudent entre eux par leurs bases épaissies et dont les anth. offrent, sus¬ pendues sur les deux côtés d’un connectif qui termine le filet, 2 loges distinctes, libres, allongées, flexueuses et en forme de vers ; dans les femelles : un cal. 3-parti ; un ovaire à 3 loges 1-ovulées, surmonté de 3 styles qui se découpent en une foule de lanières fines, inégales, irrégulières , le plus souvent rouges ; il devient une capsule à 3 coques. Les espèces, dont on connaît un grand nom¬ bre (plus de 60), pour la plupart originaires de l’Amérique et surtout des régions tropi¬ cales, sont arborescentes, frutescentes et plus souvent encore herbacées, et rappellent par leur aspect l’ortie, ainsi que nous l’avons dit, ou souvent encore les Amarantes. Leurs feuilles, accompagnées de stipules, sont al¬ ternes, le plus souvent dentées, glabres ou velues ; leurs fleurs disposées en épis axil- I AO A 25 ACA lairesou terminaux, amentiformes; épis dans lesquels les fleurs milles extrêmement petites se groupent en petits pelotons scssiles à l’ais¬ selle de courtes bractées, tandis que les femelles sont solitaires, environnées chacune d’une bractée plus longue qu’elles, persis¬ tante, ordinairement dentée ou lobée. Lors¬ que le même épi porte des fleurs des deux sexes, ce sont les femelles qui sont infé¬ rieures. (Ad. J.) * ACALYPIIÉES. Acalypheœ, bot. ni, — F. ACALYPIIA et EUPIIORBIACÉES. {Aü. J.) * ACALYPTÈRES. Acalyplerœ (àxdftuwToç nu; itt tpôv , aile), ms. — Section établie par M. Macquart dans la tribu des Muscides (Dip¬ tères), et renfermant elle-même 17 s.-tribus dont les noms suivent: Dolichoceres , Loxo- cérides, Cordylurides , Scatomysides , Psilo- mydes , Ortalidées, Téphritides , Sepsidèes , Leptopodiles , Thyréophoride.s , Ulidiens , Lauxanides , Hydromysides , Prophilides , Sphœrocêrides , Hèlèromysides et Hypoc'e- res. Cette section comprend le plus grand nombre des Muscides; les autres sont ré¬ parties dans celles des Créophiles et des Anthomyzides. Outre les caract. généraux delà tribu à laquelle ils appartiennent, les Acalyptères présentent les caract. particu¬ liers suivants : Style des ant. composé de 1 ou 2 articles distincts ; front large; cuillerons nuis ou rudimentaires; lre cellule postérieure des ailes ouverte. L’absence des cuillerons a donné lieu au nom appliqué à cette section. Le grand nombre de divisions qu’on a été obligé d’établir parmi les Acalyptères prouve combien leurs formes sont variées. Pour ne pas nous répéter à cet égard, nous renvoyons à chacun de leurs g. et de leurs sous-tribus, nous bornant à parler ici de leurs habitudes qui se ressentent généralement, suivant M. Macquart, de’ l’infériorité de leur orga¬ nisation et de la délicatesse de- leur corri- plexion. Ils vivent le plus souvent sous l’om¬ brage des bois, l’épaisseur des gazons et dans les plantes aquatiques. On en rencontre peu sur les fleurs. Ils s’exposent rarement aux rayons du soleil , dont l’éclat et la chaleur semblent trop vifs pour leurs faibles organes. Leur vol est énervé, et ne s’étend qu’à de courtes distances: jamais on ne les voit, comme beaucoup d’autres Diptères , s’élan¬ cer à la poursuite d’une proie fugitive. La na¬ ture, en les condamnant à une vie obscure, en TOM. i. a cependant varié la destination. On peut les séparer en 2 grandes div. sous le rapport de leur manière de vivre : les uns se nourrissent de substances animales et végétales en dé¬ composition , les autres de substances végé¬ tales seulement, mais vivantes. Les premiers cherchent leur nourriture et placent le ber¬ ceau de leurs larves, tantôt sur les cadavres, comme les Thyrêophores , ou sur les excré¬ ments, comme les Scciiophages ; tantôt sur les détritus des plantes, sur les champignons en déliquescence, comme les Sapromyzes. Les liqueurs spiritueuses nourrissent les larves des Drosophiles, et les laitages fermentés cel¬ les des Piophiles. Les Acalyptères de l’autre div. déposent leurs œufs sur les Plantes. Les larves des Ortalidées et des Téphritides sedé- veloppent dans les organes de la fructifica¬ tion et y déterminent souvent des excrois¬ sances galliformes; celles des Hydromysides et d’une partie des Hèlèromysides pénètrent dans l’intérieur des tiges et en dévorent la substance médullaire. Ainsi les Chlorops dévastent quelquefois les céréales et particu¬ lièrement l’orge dans les plaines delà Suède. Un grand nombre de ces Diptères, tels que les Dolichoceres , vivent sur les plantes aquati¬ ques. Les larves des Doricères ont été obser¬ vées sur les lentilles des étangs. Les Calohales semblent pourvus de la faculté de marcher sur les eaux. Enfin les Adores sont propres aux plages maritimes ; elles habitent les fu¬ cus, et marchent même sur l’écume des flots. (D.) ACALYPTUS (axaWroç, non couvert), ixs.. — G. de l’ordre des Coléoptères tétramè- reSjfamill. des Curculionides, div. des Erirhi- nides, établi par Schoenherr et adopté par M. Dejean. Il a pour type le Rhynchœnus Carpini Gyll. espèce de la Suède. M. Dejean en men¬ tionne 2 autres dans son Catal., l’une qu’il nomme A. canescens, et l’autre appelée .zC rafipennis par Schoenherr. Toutes deux sont du midi de la France. Voici les caract. assi¬ gnés à ce g. par l’auteur suédois : Ant. médio¬ cres, assez minces; leur funicule composé de 7 art.; les 2 basilaires allongés, obeoniques, dont le premier plus long et plus épaisses au¬ tres courts, tronqués au sommet, resserrés , s’élargissant insensiblement ; massue ovale. Rostre allongé, un peu mince, linéaire, ar¬ qué. Yeux placés latéralement, arrondis, peu convexes. Prothorax légèrement bisinué à la 2* ACA 26 base, plus étroit par devant, un peu arrondi sur les côtés, tronqué au sommet. Élyt. car¬ rément ovales, légèrement convexes, arron¬ dies à leur extrémité et ne couvrant point l’anus. (D.) AGAMARGHIS (nommyth. d’une fille de l’Océan), polyp.- Lamouroux a établi sous ce nom une div. générique, comprenant les Cel- lariées à polypiers dichotomes dont les cellu¬ les unies, alternes et terminées par 1 ou 2 pentes latérales, portent une vésicule à leur ouverture, comme cela se voit dans le Cel- laria nerelina , figuré par Ellis ( Corail . pl. 19). Mais ce g. ne me paraît pas devoir être adopté; carie seul caract. qui le distin¬ gue est la vésicule qui surmonte l’ouver¬ ture des cellules, et cette vésicule n’est évi¬ demment autre chose qu’un récept. gem- mifère analogue à ceux qui se développent chez les Escliarres , etc. Si l’on en faisait abs¬ traction, ces Polypiaires ne différeraient en rien de diverses Cellariées, rangées à tort par Lamouroux dans son g. CmaÉqetdésignées par M. de Blainville sous le nom de Bicellaires. Ainsi, suivant toute probabilité, ce sont les mêmes polypes, dont on a formé 2 g., sui¬ vant qu’on les observa avant ou après le développement de la vésicule ovarienne. (M. E.) *ACAMATUS ( axa,u.ctç, infatigable), ins. — Schœnherr fait précéder sa Monographie des Curculionidcs d’une table synoptique des g. dont il la compose, et y fait mention du g. Acamatus , créé par lui, et auquel il donne pour type le Monomus scutellciris de Say; mais, soit oubli, soit qu’il ait jugé à propos de le supprimer ensuite, il n’en est plus question dans la partie descriptive de ces mêmes genres. (D.) ACAME. Acamas. moll. — Dans sa Con¬ chyliologie systématique , Monlfort a proposé ce genre, dont on a reconnu depuis l’inu¬ tilité, pour une espèce de Béleinnite ayant naturellement , ou peut-être accidentelle¬ ment, un pore au sommet. (Diïsii.) * ACANACÉES. Acanaceœ, Césalpin. bot. pii. — Syn. de Chicoracées. (G. u’O.) *ACAMDES. poiss. — Nom mai écrit par Bonnaterre, et qui a été ainsi copié par tous ses successeurs. P. alchandes. (Val.) * ACAATJT1A ( axavOa, épine), ins. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères, fam. des Slernoxcs , tribu des Buprcstides, établi par ACA MM. Gory et de Laporte , qui lui assignent les caract. suivants : Palpes maxillaires assez longs, grêles, formés de 3 art. visibles; le basilaire 1res long, cylindrique et grêle; le 2e conique; le 3e en ovale allongé. Palpes la¬ biaux de 3 art.; le 1er à peine visible, le 2e cylindrique, le 3me ovalaire. Labre en carré transversal , très échancré en avant. Menton large, transversal. Lèvre pointue et ciliée. Mâchoires formées de 2 lobes, dont l’externe très grand , arqué; l’interne petit et pointu. Mandib. fortes , arquées , armées intérieure¬ ment à l’extrémité de 3 fortes dents. Anten¬ nes de i l articles : le 1er gros; le 2me assez pe¬ tit, allongé; les 3me et 4me égaux, longs et coniques ; les autres transversaux, dilatés in¬ térieurement. Tarses à 1er art. allongé; les 3 suivants échancrés, triangulaires. — Ce g., qui ne figure pas dans le Catal. de M. Dejean, ne renferme qu’une seule espèce, celle de Cayenne , que les auteurs appellent A. octo- punciata , et que M. Dejean rapporte à son g. Prionophora sous le nom spécifique de P . calachlora. (D.) AC AN TH AC ÉE S . Acanihaceœ. bot. pii. — Famille de plantes dicotylédones, à corolle monopétale hypogy ne, offrant les caract. sui¬ vants : Cal. à 4 ou 5 div., souvent complète¬ ment distinctes et ordinairement imbri¬ quées, quelquefois mullifides; d’autres fois , mais rarement, entier et réduit à un petit anneau, persistant. Cor. tubuleuse, à limbe quelquefois personné, plus souvent bilabié, offrant plus rarement ou une seule lèvre , ou des div. presque égales. Etam. 4, didynames, la paire antér. plus courte , quelquefois dé¬ pourvue d’anthères, d’autres fois manquant tout-à-fait. Anthères à 2 loges symétriques ou non, ou à une seule, s’ouvrant par une fente longitudinale. Ovaire surmonté d’un style simple que termine un stigmate 2-lobé ou plus rarement indivis, environné d’un dis¬ que à sa base, à 2 loges contenant chacune 2 ou plusieurs ovules. Fruit capsulaire, bilo- culaire, s’ouvrant en 2 valves opposées à la cloison, qui se sépare elle-même, suivant son axe, en 2 moitiés restant chacune atta¬ chées à la valve correspondante, ou d’autres fois s’en séparant avec élasticité. Graines at¬ tachées à l’axe , et, après la déhiscenc'e , por¬ tées sur le bord inlér. de chaque demi-cloi¬ son , au moyen d’appendices qui en partent , et qui offrent le plus souvent la forme d’un ACA ACA 27 crochet sous-tendant la graine, plusrarement celle d’une cupule ou d’un simple mamelon , et qu’on a distingués par le nom de réti- nacles. Ces graines, recouvertes d’un test lâche, sont dépourvues de périsperme, à em¬ bryon droit ou courbe, dont les cotylédons sont droits et arrondis ; la radicule droite ou courbe elle-même est dirigée en bas. Les esp. de cette famille sont des plantes herbacées ou frutescentes, à feuilles oppo¬ sées, simples, indivises, entières ou dentées, rarement sinueuses ou tendant à se partager en lobes, souvent obliques à leur base et in¬ égales dans chaque paire par une alternation régulière, qui les fait quelquefois paraître distiques ; à intloresc. axillaire ou termi¬ nale, quelquefois uniflore, plus souvent disposée en panicules, faisceaux, grappes ou épis, dans lesquels les fleurs, ordinairement opposées, sont accompagnées de 1 ou 3 brac¬ tées, quelquefois très développées, folifor- mes , et venant suppléer le calice alors di¬ minué. — Elles habitent, pour la plupart, les régions tropicales , quoiqu’un petit nom¬ bre vienne se montrer en Europe, jusque sur les bords du bassin méditerranéen, et en Amérique jusqu’en Pensylvanie. Leurs propriétés n’offrent rien de remarquable ni de général. Le travail le plus complet et le plus récent dont elles aient été l’objet, est celui de Nees d’Esenbeck, qui, en décrivant les nombreu¬ ses esp. de l’Inde, dans l’ouvrage de Wallich ( Pl.asiat.rarior .), a donné delà famille une monographie à laquelle nous empruntons les div. ultérieures et le catalogue des g., tel qu’il a été présenté avec additions par Lind- ley. Il partage les Acanthacées en 3 tribus, dont le principal caract. distinctif est em¬ prunté à la forme des rétinacles, qui est un crochet sous-tendant la graine dans les Ec- rnatacanihées , un petit mamelon la portant suspendue dans les Nelsonièes , une cupule cornée la soutenant dans les 77 lunbergiées. La 3me tr., qui renferme la plus grande partie des g., a été subdivisée elle-même en 7 sect., d’après des considérations tirées des combi¬ naisons diverses qu’offrent la forme du ca¬ lice et surtout de la corolle, le nombre des étamines, fertiles ou stériles , la hauteur à la¬ quelle leurs filets s’insèrent sur la corolle, le nombre , la forme et la direction relative des loges de l’anthère, la proportion et la situa¬ tion des graines, ainsi que d’après quelques modifications secondaires des rétinacles et de l’inflorescence. GENRES. lre tribu. TîiUNBERGlÉES. — Tlmnber- gia , L.; Meyenia , Nees.; Hexacenlris , Nees.; Mendoza , R. et P.; Ciistcix , Mart. 2me trib. NELSONIÈES . — E ly t ra ri a , Vahl.^ Nelsonia , R, Br. ; Adenosma , R. Br.; Eber- rnayera, Nees.; Erythraconlhus, Nees.; Gyrn- nacanihus , Nees. 3mc trib. ECMATACANTHÉES. — 1 . iiygro- piiilées. Herniadelphis , Nees.; Hygrophila , R. Br. ; Geissomeria , Lindl. ; — 2. ruelliées. Dyschoriste, Nees.; Chœiacanlhns , Nees. ; Dipteracanlhus , Nees.; Aphragmia, Nees.; Petalidium , Nees.; Slephanophysum , Pohl.; Haberlea, Friw.; Colophanes, Don. ; Ruellia , L. ; Phlebophyllum , Nees. ; Buterœa , Nees.; Adenacanlhus , Nees; Stenosiphonium, Nees.; Slrobilanlhes, RI .•Slenandrium, Nees. ; Æch- manlhera , Nees. ; Goldfussia , Nees ; Asy sla- sia , Nees. ; Echinacanihus, Nees. ;Lepiacan- thus, Nees. — 3. barlériées. Asteracanlha , Nees. \Barleria, L .-Lophostacliys, Pohl.; iVo- maphila , Bl. ; Ætheliema , R. Br. ; Lepidaga- this , W.; Aphelandm , R. Br.; Neuracanlhus, Nees.; Conjthacanihus , Nees. — 4. acan- thÉes. Blepharis , J. ; Blepharacanihus, Nees.; Acanthus , h. - Acanthodium , Del.; Diliva- ria , J. — 5. justiciées.* Ruellioïdes: Cros- sandra, Sal.; Endopogon , Nees. ; Loxanlhus, Nees . ; Phlogacanthus , Nees.; Crypiophrag - mium, Nees. ** Gendarussiées : Rostellaria , Nees.; Hemichorisie , Nees.; Grapiophyllmn , Nees.; Beloperone , Nees.; Adhatoda, Nees.; Gendarussa, Nees. ; Bhyliglossa, Nees. ; Lep- toslachya , Nees. ; Gymnoslachyum , Nees-. *** Eranthémées : Eranihemum, R. Br.; Cha- meranlhemum , Nees. ; Jusücia, L.; Bhinacan- thus , Nees. — 6. dicliptérées. Blechum , J.^ Rungia , Nees. ; Dicliptera , J. ; Amphiscopia, Nees.-,Peristrophe, Nees .^Sauiiera, Decaisne.f Hypoestes,So\.; Rlmphidospora, Nees. — 7. an- dkographidées. Erianlhera, Nees. ; Haplan - thus , Nees. ; Andrographis , Wall. (Ad. J.) *ACÂNTHÂGEIVYS (axocvOa , épine ; ysvvç-, mâchoire), ois. — Nouveau g., établi par Gould (Proceedings 1 837) , sur une esp. du g. Philedon de Cuvier et dont les caract. sont : Bec de la longueur de la tête, comprimé , aigu, légèrement arqué; narines basales ; 28 ACA ACA mandib. super, éehancrée vers son extrémité et finement denticulée en scie ; une partie sous-oculaire, nue, en forme de bandelette depuis la base du bec ; les joues garnies de pointes rigides au dessous de celte nudité. Pieds robustes; pouce fort, plus grand que le doigt médian. Ailes courtes, obtuses.Queue médiocre, égale à son extrémité. — Ce g., voi¬ sin de VAnihochcira de Yigors, ayant pour type le Merops carunculalus ou pie à pende¬ loques, en diffère par sa queue égale, sa nu¬ dité sous-oculaire et ses joues épineuses. L’esp. type est VA. rufo-gularis Gould, de laN.-Galle du Sud ( Synops . ois. de l’Aust.). (Lafr.) * AGANTHARHINUS (axavGa , épine ; pc'v, bec, nez ). ins. — G. de l’ordre des Coléoptères tétramères , famille des Curculionides, établi par Schœnnerr, qui lui donne les caract. sui¬ vants : Ant. de médiocre longueur, peu for¬ tes; le 1er article de leur funicule turbiné, les autres transverses , un peu tronqués et serrés au sommet, s’épaississant graduel¬ lement en dehors; massue presque sécuri- forme. Rostre assez court, robuste, se courbant subitement vers la pointe, presque gibbeux, bidenté au dessous de l’insertion des antennes. Prothorax oblong, légèrement bisinué à la base, plus étroit dans sa moi¬ tié antérieure, un peu convexe en dessus; écusson assez grand , triangulaire. Elyt. ova- les-oblongues, arrondies à leur extrémité, légèrement convexes en dessus. Pattes ro¬ bustes, presque d’égale longueur; le pé¬ nultième article des tarses presque rond. — Ce g., qui ne figure pas dans le Calai, de M. Dejean, a pour type une esp. unique du Cap de B.-E. , nommée A. Dregei par Schœnherr. (D.) ACANTHE. Acanthus , Juss. (axavOoç, nom de cette plante chez les Grecs), bot. pii. — G. de la famille des Acanthacécs, dont il est le type. Voici comment Nees d’Esenbeck ( PL. asiai. rarior., t. 3) en circonscrit les ca¬ ract. : Cal. 4-fide ; la div. supér. et l’infér. beaucoup plus grandes, cette dernière 2-fide au sommet. Cor. 1— labiée ; lèvre 3-fidc ou 3- lobée, quelquefois auriculée à la base, à bord supérieur très entier. Étain. 4, subdidyna- mes, à filaments infères, infléchis au som¬ met; Anlh. 1-loculaires, ciliées, les supér. dressées, les infér. transverses, à l’extrémité du filament en crochet. Capsule ovale, 2-lo- eulaire, comprimée, 4-sperme, loculicide- bivalvc ; cloison ligneuse, 1-sulquéc, dilatée au sommet, obliquement tronquée, s’écar¬ tant des valves. Graines ovales, comprimées, tuberculées, sous- tendues par des tinacles épais, obtus, un peu dressés. Inflorescence en épi terminal, aphylle; fleurs 3-bractéi- fères; une bractée commune, ciliée-soyeuse. — Les Acanthes sont des plantes herbacées, vivaces ou suffrutescentes, remarquables par la beauté de leur port. On en connaît envi¬ ron une douzaine d’esp., presque toutes par¬ ticulières aux régions tropicales. Deux d’en¬ tre elles, les A. mollis et spinosus ’, croissent naturellement dans le midi de l’Europe et de la France. Ces espèces portent le nom vulgaire de Branc-ursine , à cause , dit-on, d’une prétendue ressemblance avec une patte d’ours. Vitruve a rendu la lre célèbre par l’historiette qu'il raconte à son sujet, et d’où il résulte que le sculpteur Callimaque , d’a¬ près une feuille de cette Acanthe roulée par accident en volute, aurait imaginé le mo¬ dèle du beau chapiteau corinthien. Dans nos officines , elles sont aujourd’hui peu employées comme plantes médicinales. (C. L.) *ACANTHÉES. Acantheœ. bot. pu. — Une des sect. de la tribu des Ecmatacanthées , dans la famille des Acanthacées. (Ad. J.) * ACANTHÉPHIPPIE. Acanthephippium (oocavôa , épine; ècptmciov , selle ; on trouve souvent écrit par erreur acanlhophippium ). bot. pii. — Ce g., de la famille des Orchidées, tribu des Vandées, a été établi par Blume, dans sa Flore de Java, pour une plante non parasite, dépourvue de tige, croissant dans les forêts montueusès de Java, et à laquelle ce botaniste donne les caract. génériquessui- vants : Cal. globuleux et renflé, à div. extér. soudées; les 2 latérales attachées à la base du gynostème; la supér., réunie aux 2 intér. et latérales qui sont spatulées, forme une sorte de voûte. Labelle unguiculé , atta¬ ché à la base très prolongée du gynostème ; limbe à 3 lobes. Anth. charnue , à 2 loges , contenant 8 masses polliniques inégales et sessiles. — L’espèce la ï,e connue est VA. javanicum Bl. Une 2e espèce [A. sylhetense Lindl.), a été trouvé dans leSylhet parWal- lich. (A. R.) ACANTÏIÏAS ( àxoivQta ç ). poiss. — Nom grec employé par Aristote ( FJ b. vi , cap. x. AGA ACA 29 comme épithète, d’un de scs yaieoç, et que Gaza explique ainsi : Spinaces vero Musteli, sic à spina quam liabent , nuncupali. Ronde¬ let a appliqué cette expression au Squale que nous désignons actuellement sous le nom d’ Aiguillât ( Squalus acanthias L. ). Il me semble cependant que Rondelet et ses sue^ cesseurs auraient pu tout aussi bien l’attri¬ buer au Squale Humantin ( Squalus centrina Lin.), qu’il a regardé comme le VLtvrplvn d’Athénée. En adoptant, avec tous les Ich- thyologistes , l’application actuelle du mot Acanthias , je ferai remarquer qu’on ne peut, dans aucun cas, le traduire , comme l’ont fait tant de Glossaires, par le mot de Re¬ quin ; le poisson désigné sous ce nom , et si connu des navigateurs et des naturalistes, n’ayant aucune épine. Gmelin s’est aussi servi du mot Acan- thias comme épithète de sa dernière esp. de Gastérostée ; mais ce Gasterosteus acanthias , dont Lacépède a fait un Centronote sous ie même nom, n’est autre que l’Épinoche commune ( Gasterosteus aculeatus L.) (Val.) ACANTHIE. Acanthia (axavGa, épine). uns. — G. de l’ordre des Hémiptères , établi par Latreille, appartenant à la famille des Leptopodiens de Rrullé ou Riparii de Rur- mcister, et ayant pour caract. propres à le distinguer de ses congénères : la forme de son bec long et dépourvu d’épines, et les cuisses des pattes antérieures qui sont iner- mes. — On ne connaît de ce g., dont le type est VA. saltatoria L., que 7 ou 8 esp. euro¬ péennes, qui sont de petite taille; elles vi¬ vent dans le voisinage des eaux douces ou salées, courent très vite et sautent avec beau¬ coup d’agilité. A cantine est aussi le nom d’un g. créé parFabricius pour la punaise des lits. Panzer, de son côté, l’applique aux Tingis et Syrtis de Fabricius et au Piesma de l’En¬ cyclopédie. (Bl.) * ACAATÜLVA (àxavGtvoç, épineux), ins. — G. de l’ordre des Diptères, div. des Bra- chocères, famille des Notacanthes, tribu des Stratiomydes, établi par Wiedemann et adop¬ té par M. Macquart, qui le caractérise ainsi : 3nie article des ant. cylindrique, à 5 div., dont la lre allongée; les 3 suivantes plus courtes, et la 5e conique, dirigée oblique¬ ment. Thorax allongé, assez étroit; écusson à 4 pointes. Abdomen assez large , ovalaire. Ailes à 4 cellules postérieures. Les 4 pointes de l’écusson et la forme allongée du thorax rendent ce g. très remarquable. Il a pour type VA. elongata Wicd. , qu’on trouve dans l’A¬ mérique méridionale. (D.) ACANTÏIINIÜN ( axavGa, épine; Ivtov, oc¬ ciput). poiss. — Nom donné par Lacépède à un g. de Poissons, qu’il croyait voisin des Chétodons, parce que Bloch avait placé par¬ mi lesChétodons les 2 esp. sur lesquelles le naturaliste français établissait cette coupe. Ce g., quant à ces 2 esp. [VA. Rhomboïde, et VA. bleu ) , n’est qu’un double emploi de 2 autres qu’il établissait sous les noms de Trachinote et de Cœsiomore; quant à la 3me esp. (VA. orbiculaire ) , elle est du g. des Platax, de la famille des Squamipennes ; ce qui a engagé Cuvier à ne point conserver le g. Acanthinion dans la classif. des poissons du Règne animal. (Val.) * ACANTIIIQUE. Acanthicus (àxavGtxoç , épineux), ins. — G. de l’ordre des Hémiptères, section des Homoptères, famille des Cica- delles, dont l’établissement est dû à M. de Laporte, qui en a tiré les principaux caract. de la formedes antennes (composées de 3 art., dont les 2 premiers très courts, elle 3me ayant l’apparence d’une soie) , et de celle du corse¬ let, surmonté d’un prolongement dirigé en avant et bifide à l’extrémité. Ce g. se rap¬ proche beaucoup des Centrotus; les esp. en sont peu nombreuses et propres à l’Améri- rique méridionale. Il a pour type VA.Stollii Lap., figuré dans l’ouvrage de Stoll (. Icon . cim.). (Rl.) * AC ANTHÏZE . Acanthiza (axavGa, épine ; , je place), ois. — G. de Vigors et Hors- field, faisant partie des Becs-fins de Cuvier, et ayant pour caract. : Bec court, grêle, droit, déprimé à la base, comprimé vers la pointe ; mandib. supér. à peine échancrée ; narines linéaires recouvertes d’une mem¬ brane , en partie cachées par les petites plu¬ mes et les soies de la base du bec ; ailes mé¬ diocres ou longues, arrondies; lres rémiges étagées, la 2me plus courte que les 4 sui¬ vantes dont les 3,4, et 5me sont les plus longues et à peu près égales; queue médio¬ cre , légèrement échancrée ou arrondie; l’ex¬ trémité des rectrices et des rémiges finissant quelquefois en une petite pointe courte ; plumes du front et du vertex souvent arron¬ dies en forme de petites écailles; pieds de 30 ACA A CA longueur moyenne; doigts et ongles annon¬ çant assez de force de préhension. Ce petit groupe australien semble établir le passage des Roitelets aux Mêlions et se compose au¬ jourd’hui de U esp., dont 8 sont figurées dans le Synop . des ois. de V Auslr. deGould, qui a retiré du g. VA. frontalis de Yigors pour en former le type de son nouv. g. Ser- ricornis ( même ouvr. part. 4). (Lafr.) * ACANTHOBOTRYA, Eckl. et Zeyh. (axavOoc, épine; So-pvç, grappe), bot. pii. — G. de la famille des Légumineuses, s. -ordre des Papilionacées, tribu des Lotées, s.-tribu des Génistées. Suivant Ecklon et Zeyher [Plant Cap. 1, p. 192), ce g., dont ils décrivent 0 esp., est voisin des Cebeckia , et offre les caract. suivants: Cal. à5 dents presque éga¬ les. Corolle (glabre) à étendard suborbicu- laire, onguiculé; ailes courtes ; carène dicé- phale, subrectiligne. Étam. monadelphes, à gaine fendue antérieurement. Ovaire 6-8- ovulé; style filiforme, glabre; sligm. capi- tellé. Légume presque membraneux, sti- pité, linéaire-oblong, comprimé, apieuîé, subacinaciforme. Graines réniformes, dé¬ primées. — Arbrisseaux : Feuilles non stipu¬ lées, trifoliolées. Fleurs jaunes, disposées en grappes. Pédicelles dibractéolés vers leur milieu. (Sp.) , * ACANTHOCRPHAIÆ. Acanthocephala ( « xavGa, épine; xeyaXvj, tête), ins. — G. de l’or¬ dre des Hémiptères , sect. des Hétéroptéres, famille des Coréens, établi par M. de Laporte ( Essai sur la classif. des Hémipt. hétêropl.), qui le place dans sa famille des Anisoscèlites. Ce g., qui renferme 25 à 30 esp., difîère à peine des Anisoscelis ; le seul caract. propre à l’en faire distinguer existe dans les pattes pos¬ térieures, dont les cuisses sont armées d’é¬ pines, et les jambes dilatées dans toute leur longueur. — Le type de ce g. estiez. compres¬ sées [Ligœus comp. Fab.). Cette esp., ainsi que ses congénères, se trouvent dans l’Amé¬ rique méridionale. (Bl.) ACANTHOCÉPIIALES. Acanthocephala (axavOa, épine ; xecpoôLî, tête), helm. — Rudol- phi avait réuni sous ce nom les 2 g. Echino- rynchus et Tetrarhynchus ; plus tard il sentit que ce rapprochement n’était point naturel, et il reporta ce dernier g. parmi les Cestoïdes. Cuvier lui avaitassigné, parmi les Tœniôïdes, une place qui parait lui convenir mieux. Par suite de ce changement, la div. des Acan- thocéphales, adoptée maintenant par tous les auteurs, reste composée du seul grand g. Echinorhynchus Pmd., comprenant les 2 g. Heruque Gm. et Echinorhynque propre¬ ment dit. Rudolphi en faisait son 2e ord. des Entozoaires. Dans la classif. adoptée par Cu¬ vier. Ils constituent la lre des 4 familles de l’ordre des Parenchymateux, et, dans celledc M. de Blainville, le 2e ord. de la classe des Subannélidaires ou Gastrorhyzaires. Voici comment ce dernier auteur les caractérise : Corps plus ou moins sacciforme , peu ou point articulé, obtus aux 2 extrémités; l’an¬ térieure avec une sorte de renflement cé¬ phalique ou de trompe céphaloïde , garnie d’aiguillons recourbés, et percée d’un pore médian extrêmement petit ; la postérieure percée d’un orifice médian, également ter¬ minal , souvent très petit. Canal intestinal P Sexes séparés ? (L. D.y.r.) * ACANTHOCERA (axavGa , épine ; xfpaç, corne), ins. — G. de l’ordre des Diptères, div. dcsBraehocères, famille des Tabaniens, établi par M. Macquart aux dépens du g. Hœma- topoda Wied., et qu’il caractérise ainsi : Face à callosité de chaque côté ; front à callosité antér. et une autre postér. Antennes de la longueur du thorax; 1er article un peu plus étroit à sa base ; 2me article subeyathiforme, une pointe longue et courbée à la base des 2 premiers ; le 3e fusiforme , à G div. ; point d’ocelles. Abd. cylindrique; lre cellule sous- marginale, appendiculée. — Ce g. présente le faciès des Chrysops , et a pour type une esp. du Brésil, nommée A. longicornis Macq. ( Tabanus longicornis Fabr.). (D.) * ACATCTHOCERUS (axavGa, épine; xe- P aç, corne). — G. de l’ordre des Hémiptères, sect. des Hétéroptéres, famille des Coréens, créé par Palissot de Bcauvois , et adopté par M. de Laporte. Ce g., fondé sur la forme des antennes dont le dernier art. est dilaté et le premier muni d’une dent , répond en par¬ tie au g. Midis de Leach, ou Crinocerus de Burmeister. (Bl.) •ACANTHOCERUS (axa vGa, épine; x/paç, corne), ins. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères, famille des Lamellicornes, tribu des Scarabéides , établi par Mac-Leay , et adopté par M. Dejean. Il correspond au g. tSphœromorphus , Germ. Les Acanthocères se rapprochent beaucoup, par le faciès, des Trox de Fabricius ; cependant , d’après Mac- i ACA ACA 31 Leay, ils en diffèrent par une foule de ca¬ ractères [K. Horœ enlomologicœ). Il nous a paru qu’une des principales différences ré¬ sidait dans les antennes, dont le 1er article est chez eux, nu, épais, triangulaire, et dont un des angles se prolonge en pointe ai¬ guë, tandis qu’il est^grêle et velu chez les Trox. — Mac-Leay donne pour type de ce g. VA. Æneus , de l’Aniér. septentrionale, et lui associe le Trox spinicornis Fab. M. De- jean y rapporte 9 esp. de différentes parties de l’Amérique , dont nous ne citerons qu’une seule, rapportée de Cayenne par M. Lacor- daire, VA. Dejeanii. (D.) * AC ANTHOCH il E . Acanthochites (axav- 0a, épine ; x£T‘0Vj tunique), moll. — M. Risso propose de former sous ce nom un g. parti¬ culier pour les Oscabrions qui ont de chaque côté du corps des fascicules de poils. Ce g. ne peut être adopté. (Desii.) * ACANTHOCINUS ( axav0a, épine ; xiv/co, je meus; allusion à la mobilité de l’épine du corselet), ins. — G. de Coléoptères tétra- mères , établi par Mégerle dans la grande famille des Longicornes , et supprimé par M. Serville , qui l’a remplacé par le g. Acan- thoderus. K. ce mot. (D.) # ACANTHODACTYLE. Accmlhodactij- lllS (axavQx, épine; eJaxrvAo;, doigt). REPT. — Nom donné par Fitzinger à un g. de la sous-famille des Lacertiens Cœlodontes. Ses caract. sont : Dents intermaxillaires , coni¬ ques , simples ; dents maxillaires et mandi- bulaires comprimées, 3-cuspides; palais lisse; langue plate, en fer de flèche, échan- crée à sa pointe, couverte de papilles squa- miformes , imbriquées. Narines percées , chacune entre 3 plaques, une naso-rostrale, une naso-frénale et la lre labiale. Des pau¬ pières; oreille ouverte extérieurement; cinq doigts à chaque patte , carénés en dessous et dentelés latéralement; des pores fémo¬ raux. Ils offrent un ensemble de formes sem¬ blables à celles de nos lézards ordinaires. Parmi les plaques qui revêtent leur crâne , on ne remarque pas d’occipitale ; celles qu’on nomme palpébrales sont au nombre de 2 seulement , et forment un disque sub¬ circulaire qu’un cordon granuleux envi¬ ronne plus ou moins complètement ; la fron¬ tale, toujours rétrécie en arrière, est ordi¬ nairement canaliculée dans sa longueur et arrondie en avant. Les lamelles squameu¬ ses qui protègent le ventre de ces petits sauriens sont moins grandes et plus nom¬ breuses que chez les lézards proprement dits; mais elles sont de même quadrilatères et dis¬ posées en quinconce. L’écaillure dorsale sc compose de petites pièces rhomboïdales , imbriquées, avec ou sans carène. Il existe , sous le cou, un repli delà peau garni de squamelles , formant une espèce de demi- collier, qui tantôt s’étend simplement en travers, tantôt se brise en angles plus ou moins obtus. — Les Acanthodactyles fréquen¬ tent de préférence les lieux secs , arides , sa¬ blonneux. On en connaît 4 esp., dont 3 sont d’Égypte ; la 4me se trouve en Espagne, en Italie et dans le midi de la France. C’est VA. commun , Dum. et Rib. ( Erpét. cjèn. , t. v. ) V. Pristidactvles. (G. B.) * ACANTÏIODERMA ( axavOct , épine ; S/pfia , peau ). poiss. foss. — G. de Poissons fossiles établi par M. Agassiz pour un Ich- thyolithe de Claris que l’auteur range dans la famille des Sclérodermes de Cuvier. On n’en cite qu’une espèce , VA. spinosum , dans le Calai, des Poissons fossiles de Lord Cole et de Sir Philip Grey Egerton. (Val. ) *ACANTHOBERUS (axavQa, épine ; isfa, cou), ins. — G. de l’ordre des Orthoptères, famille des Spectres , établi par Gray, et ayant pour principal caract. la présence de nom¬ breuses épines situées sur le corselet. Ce g. , dont toutes les espèces connues sont dépour¬ vues des organes du vol, pourrait bien, comme le pense M.Brullé, ne renfermer que des larves d’esp. appartenant au g. Cyplio- crane. Burmeister (. Hanclb . der Entom. t. n) adopte le g. Acanthodère de Gray , en y réu¬ nissant le g. Eurycanlha Boisd. (Bl.) * AC A NTHO DE1UJ S (axavGoc , épine ; osp-fi , cou), ins. — G. de Coléoptères tétramères, famille des Longicornes, tribu des Lamiai- res , établi par M. Serville (. Monog . des Lon¬ gicornes) et adopté par M. Dejean, dans la dernière édition de son Catalogue. Ses caract. sont : Corps déprimé ; corselet presque aussi long que large, uni-épineux latéralement; son disque inégal ou tuberculé. Ant. glabres, sétacées, distantes à leur base de la longueur du corps dans les femelles , plus longues que lui dans le mâle; de ll art. : le 1er grand, renflé; le 2me court, cylindrique, ainsi que les suivants; le 3mo le plus long de tous. Palpes maxillaires assez courts; leurs 2 der- 32 ACA ACA niers articles à peu près égaux. Mandib. as¬ sez courtes, aiguës. Abd. sans tarière sail¬ lante. Élyt. déprimées , plus ou moins rétré¬ cies vers leur extrémité ; écusson sémicircu- laire. Pattes de longueur moyenne, les an ter., dans les mâles, un peu plus grandes que les autres; cuisses en massue ; tarses antér. très houppeux dans les mâles. — Ce g. , auquel M. Dejean rapporte 27 esp. toutes exotiques, à l’except. del’^. varius qui est d’Europe, a pour type le Cerambyx Daviesii ( Oliv. En- tom .; t. iv, fig. 42 , ci > b.) de Cayenne. (D.) * ACANTHODES ( ebcavOwÆvjç , épineux). poiss. ross. — Genre établi par M. Agassiz dans le groupe des Hétérocerques de la fa¬ mille des Lépidoides , la lere de l’ordre des Ganoides. Ils ont la gueule très fendue , la mâchoire inférieure plus longue que la su¬ périeure , les dents en brosse, les écailles très petites, la dorsale opposée à l’anale, ou meme en arrière de cette nageoire sur le tronçon de la queue; les ventrales très pe¬ tites, attachées un peu au-dessus du milieu de l’abdomen, et au tiers de l’espace compris entre l’anale- et l’insertion des pectorales. Le 1er rayon de la dorsale , de l’anale , des pec¬ torales, est osseux, épais, fort; celui des ven¬ trales, quoique osseux, est très petit ; ceux de la caudale sont très fins et à peine distants. Les écailles sont très petites; ce sont des plaques rhomboidales et presque carrées, disposées par rangées obliques du dos vers l’abdomen, et formant ainsi des ceintu¬ res transverses dirigées d’avant en arrière. M. Agassiz cite 2 esp. dans ce genre. L’une est son^. Bronnii (Poiss. foss ., t. xi), qui a les écailles lisses , et qui vient des mines houillères des environs de Saarbruck. L’au¬ tre, A.Sulcatus ( ibid .), aies écailles striées. Elle a été découverte par M. Greennock dans les géodes de New-Haven. (Val.) ACAXTUODIOX (àxav0w^-/)ç , épineux). bot. pii. — G. de la famille des Acanthacées, établi par M. Delille, dans sa Flore d' Egypte , sur une seule esp. (A. spicalum ), trouvée par lui dans une plaine déserta près de Soueys , et dont il donne la description suivante : Plante presque ligneuse à la base, à épis ter¬ minaux, beaucoup plus longs que la tige. Cal. 4-parti, persistant, à div. concaves: les 2 latérales intér. plus petites, les 2 extér. plus grandes, unguiformes, dont la supér. plus longue , acuminée ; 3 bractées, dont les 2 latérales sétacées, la 3mo intermédiaire fo¬ liacée , dentée, épineuse. Cor. unilabiée, à tube court, rétréci à l’ouverture, velu, échan- cré supérieurement, à lèvre dilatée, 3-lobée au sommet. Étam. 4, à antb. barbues, con- niventes; les 2 filaments infér. acinaciformes et se prolongeant au-delà de l’anthère en une dent aigüe. Capsule ovale , aiguë , bilo- culaire , bivalve ; valvules élastiqueinent déhiscentes par le sommet. Graine unique dans chaque logette, ovale, comprimée, in¬ sérée sur un rétinacle en crochet et couverte de poils couchés; radicule placée vers le point d’attache de la graine.— Ce g. diffère principalement de YAcanthus, dont il a le port et les formes générales, parla structure des graines, leur nombre dans chaque cloi¬ son et la position de la radicule. C’est une plante suffrutescente , à feuilles opposées-, ovales, dentées-épineuses , à inflorescence en épis quadrifariés , munis de bractées fo¬ liacées et de bractéoles sétacées. (C. L.) *ACA1VTH0DIS (àxavOw^c, épineux), iiss. — G. de la famille des Locnslaires de l’ordre des Orthoptères, créé par M. Serville (Rev. mélhod. des Orihopt.) aux dépens du grand g. Locusla, Lat. Ses principaux caract. sont tirés de la forme, 1° des palpes dont le der¬ nier art. des maxillaires est une fois plus long que celui des labiaux;, 2° des élytres, qui sont fort étroites; 3° des pattes, toujours ar¬ mées d’épines robustes. — Le g. Acanihodis renferme une douzaine d’espèces répandues dans toutes les parties du monde. L’espèce type est Y A. aqnilina ( Telligonia aquilina L.;), provenant de Surinam). (Bl.) * ACAA'TIÏODOX (dtxavGa, épine; bSovç, ôcÎovtoç, dent). ARAcii. — G. de la famille des Aranéidcs, tribu desThéraphoses, section des Acutilabrcs, créé parM. Guérin (Æeaue Zool.). et dont voici les caract. : Yeux au nombre de 8, dont 2 très rapprochés sur le bord an¬ tér. du céphalothorax, et 6 beaucoup plus en arrière, formant un triangle transŸerse très étroit. Palpes presque aussi longs que les pattes, insérés à l’extrémité supér. des m⬠choires , ayant les 2 derniers articles aplatis et armés en dessous d’épines fortes et cour¬ tes, en forme de râteau. Mandib. saillantes, avec leurs crochets repliés en dessous, le long de leur tranche inférieure. Pattes robus¬ tes, otîrant entre elles ces rapports de lon¬ gueur : 4, 1, 3, 2; armées en dessous, comme ACA ACA 33 les palpes, d'une sorte de râteau que présen¬ tent seulement les deux derniers articles des jies et 2mes pattes. — On n’en connaît encore qu’une seule espèce {A. Peùiii Guér.), du Brésil. (H. L.) * ACANTHOESSUS ( ôcxavGïîstç, ea-aa, épi¬ neux). roiss. ross.— Nom donné par M. Agas- siz (2e Zeilsch. fur Min.) à un g. de Poissons découvert dans les géodes de fer hydraté des houillères de Saarbrück, et qu’il a changé en celui d ’ Acanthodes. (Yal.) * ACANTIIOGBOSSE. Acanthoglossum ( axavGa , épine; yXScrtra , langue). BOT. PII. —G. de la famille des Orchidées, établi par Blume, dans sa Flore de Java, et adopté par Bindley, dans son travail sur les Orchidées. 11 ne se compose que d’une seule esp. {A. nervosum Bl.). C’est une plante parasite crois¬ sant sur les arbres des forêts les plus élevées de l’île de Java. Sescaract. sont: Calice éta¬ lé; les 2 div. intér. et latérales plus étroites que les extérieures. Labelle ventru à sa base, à limbe réfléchi, à 2 lobes, à 2 callosités in¬ térieures. Gynostème libre supérieurement , prolongé en 2 ailes latérales et courtes. Anth. bi-loculaire , appliquée sur un rostellum échancré. Masses polliniques au nombre de 4, obovoides , avec une glande recourbée en ha¬ meçon. — Ce g. appartient à la grande tribu des Yandées. (A. R.) * ACANTHOLEPïS ( axa v0a, épine ; >£- t rtÇ, écaille ). bot. ph. — Plante annuelle, grêle, laineuse, à feuilles terminées par une petite épine. Ce g., appartenant à la famille des Composées , tribu des Cynarées , a pour caract. génériques : Capit. uniflores, réunis en glomérules au sommet de la plante, et en¬ tourés de feuilles épineuses en leurs bords. Involucre comprimé , composé de plusieurs séries d’écailles frangées ou plumeuses sur les côtés, et terminées en pointe. Corolle 5- tide. Anthères terminées à la base par des appendices courts et ciliés. Style presque entier. Akène oblong et couvert de poils , terminé par une aigrette uni-sériée , très courte , composée de paillettes elliptiques et fimbriées.— La seule espèce connue est originaire de la Perse et de l’Arménie. (J. D.) * ACANTHOLIS (axavGa, épine ; olis , ter¬ minaison d 'Anolis; nom défectueux), rept. —G. établi par Cocteau pour une petite es¬ pèce de Saurien de l’île de Cuba [A. Loy- siana ), qui, selon nous, ne doit pas être dis¬ traite du groupe des Anolis. Ce g. n’est ef¬ fectivement fondé que sur un seul caract. : celui d’avoir le dos semé de petits tubercu¬ les pointus parmi les petites écailles qui le revêtent. (G. B.) * ACANTIIOLOFHES ( axavGa , épine ; Xocpoç, crête), ins. — G. de Coléopt. tétramè- res , de la fam. des Curculionides , établi par M. Mac-Leay et adopté par M. Dejean. Ce g., dont les caract. ne nous sont pas connus, ne renferme que des espèces de la N.-Hollande, dont nous ne citerons qu’une seule, VA. echinalus, rapportée par M. d’Urville. (D.) * ACANTHOMERA ( axavGa, épine; [xnpoç, cuisse), ins. — G. de l’ordre des Diptères, div. des Brachocères , subdiv. des Hexachcetes , famille des Tabaniens. Ce g., établi par Wie- demann, et adopté par M. Macquart, a pour typeet unique esp. YA.picta, qu’on rencontre au Brésil. Ses caract. sont : Trompe entiè¬ rement retirée dans la bouche. Palpes de 4 articles, les 2 premiers velus; le 1er très court, le 2e assez long, et le 3e le plus long de tous. Face à tubercule conique , raboteuse à sa partie inférieure, avec un sillon de chaque côté; 3e article des antennes long, conique, un peu comprimé, à 8 div., dont la dernière est la plus longue. Des ocelles. Abdomen lar¬ ge, déprimé, les 3 derniers segments petits , formant l’oviducte. Pieds grêles ; cuisses pos- tér. allongées, un peu en massue, velues en dessous ; jambes intermédiaires garnies de 2 petites épines à leur extrémité ; cuisses postérieures munies d’une épine en dessous j dans les mâles ; 4e cellule postérieure des ailes fermée. (D.) *ACANTHOJYEMUS axavGa, épine; vvjjaa, fil, tissu), poiss. — Nom donné par M. Agassizà un g. de Poissons fossiles du Monte-Bolca, et dont on trouve la figure de plusieurs indivi¬ dus dans l’Ichthyologie véro»aise de Gaz- zola. Le plus grand et le mieux conservé est figuré sous le nom de Zeus gallus L., et un plus petit sous le nom de Chælodon au- reus Gm. M. Agassiz a rapporté avec doute à ce genre les Chœtodon orbis, macrolepidotus , rostratus. Ces 3 derniers individus sont très incomplets, et on ne peut émettre à leur sujet qu’une opinion douteuse. Quant au rappro¬ chement des deux premiers entre eux , et des deux derniers, il avait été déjà éta¬ bli. M. de Blainville avait en effet recon- 3 T. I. 34 ACA ACA nu l’identité spécifique des deux individus figurés sous les noms de Zeus gallus et de Chœiodon aureus, et cet ichthyolithe est de¬ venu, dans son travail sur les poissons fossi¬ les, son Chœiodon subaureus. Il a de même rapproché, mais avec hésitation, le Chœiodon rostralus (p. 50, n° 76) du prétendu Chœto¬ don macrolepidotus qui est devenu son Chœ¬ todon ignotus (p. 50, n° 72); mais cet auteur ne me paraît pas avoir saisi les vrais rapports de cet ichthyolithe ; car les dents ne sont pas semblables àcelles des Chétodons, ni, comme l’avance M. Agassiz, à celle des Equida qui les ont en velours ou en brosse très fine et serrées comme les Chétodons. Celles de Y Acanthonèrne sont fortes, un peu crochues, et sur un seul rang. La crête impaire du crâne n’est pas à beaucoup près aussi élevée que celle des Zeus et des Eguula-, les apo¬ physes épineuses des vertèbres sont diffé¬ rentes , celles de YEquula étant dilatées par une crête placée sur le haut de l’apophyse , tandis que cette crête est vers le bas dans V Acanthonèrne. Si je suis de l’avis de M. Agas¬ siz en regardant ce dernier g. comme dis¬ tinct, je le considère comme devant appar¬ tenir à la famille des Teuthies , comme très voisin des Amphacanthes , et je ne le place¬ rais ni prés des Chétodons , avec lesquels il n’a aucun rapport , ni avec les Scombé- roïdes, voisins des Yomers et des Olistes. La longueur des coracoidiens arrondis , courbés et dirigés en arrière vers la pointe avancée des premiers interépineux de l’a¬ nale, établit la ressemblance, qui est corro¬ borée par la forme du crâne, par les granu¬ lations et par les ciselures de ces os, par la conformation des mâchoires , la disposition des dents qui les garnissent, la brièveté des côtes, la largeur des crêtes des apophyses épineuses des vertèbres dilatées vers le bas , et tout-à-fait semblables à celles des Acan- thures. Je crois même voir sur le petit in¬ dividu figuré (tab. 51, n° 3), del’Ichthyologie véronaise, prétendu Chœiodon aureus , que la ventrale avait 2 rayons épineux, un externe et un interne. Ce dernier caract. compléte¬ rait la ressemblance, et le g. Acanthonèrne ne différerait des Amphacanthes que par la forme des dents sur 1 seul rang, coniques, en pointes recourbées, mais simples, et sans bord dentelé ou festonné comme l’ont celles des Amphacanthes. Toutefois , si je présente avec quelque hésitation l’existence du ea- ract. des 2 rayons épineux à la ventrale, les autres caract. que j’ai signalés sont d’une telle évidence, qu’ils ne peuvent laisser au¬ cun doute dans l’esprit de l’Ichthyologiste. M. Agassiz cite une 2e esp. de ce g., Y A. Bertrandi , trouvée dans un calcaire tertiaire bleuâtre, très siliceux, près deSchio, dans le Vicentin ; mais cette espèce n’a été détermi¬ née que par l’inspection du dessin. (Val.) ACMATHOXOTE. poiss.— Syn. de Nota- canthe. (Val.) * ACANTHONOTUS (axavôa, épine; vâ>- toç, dos, surface convexe), crust. — M. Owen a établi sous ce nom un petit g. de Crusta¬ cés de l’ordre des Amphipodes, famille des Crevettines, très voisin des Talitres; il n’en diffère guère que par la longueur des an¬ tennes supér.; mais il se rapproche encore davantage des Lysianasses. On n’en connaît bien qu’une espèce trouvée à Igloolik. (M. E.) *ACAi\TIIO\YCSI!A , DC. ( axavÔa, epi— ne; ovvx‘°v i onglet), bot. ph. — V. penta- CÆNA. (SP.) *ACANTHONYX(âxav0«, épine; 3wÇ, on¬ gle). crust. — G. de Crustacés décapodes brachyures, delà famille des Oxyrhynques et de la tribu des Maiens , établi par Latreille et caractérisé par : Des yeux non rétractiles, lo¬ gés dans des orbites circulaires qu’ils dé¬ passent à peine ; des antennes extér. dont l’article basilaire , soudé avec les parties voi¬ sines de la carapace, est étroit en avant, et dont la tige mobile s’insère en dehors du ni¬ veau du bord du rostre , de façon à n’être pas recouvert par ce prolongement; la forme élargie du pénultième art. des pattes des 4 dernières paires, article qui est tronqué en dessous près du haut et porte un tubercule ou dent, vestige d’un doigt immobile contre lequel le tarse vient se replier. — Par leur forme générale, ces Crustacés se rapprochent beaucoup des Pises ; on en connaît 3 esp. qui sont toutes de très petite taille ; l’une habite la Méditerranée, la 2me les côtes de l’Amé¬ rique, et la 3me le Cap de B.-E. (M. E.) * AC AATHOFE .Acan thops (axavQa, épine; ty, œil), ins. — G. de l’ordre des Orthoptères, famille des Mantides , créé par M. Serville, et ayant pour caract. essentiels : La forme des yeux avancés en pointe et terminés par une petite épine ; les ély 1res larges avec leur côte ACA ACA 35 sinueuse, et l’abdomen dilaté latéralement. —Ce g. ne renferme que 3 esp. propres à l’A- mér. méridionale , et dont le type est XA. fuscifolius {Menais fusci folia) Oviv.). (Bl.) ACAIVTHOPHIS (axavQa, épine ; oeptç, ser¬ pent). REPT.-Daudin a établi sous ce nom un g. d’Ophidiens de la famille des Vipères, dont un des principaux caract. est de porter une forte épine à l’extrémité de la queue. Il se distingue d’ailleurs par : Un corps court , épais , revêtu d’écailles carénées ; par des la¬ melles sous-caudales non divisées; par des narines simples, ouvertes latéralement cha¬ cune dans une seule plaque ; par l’existence de scutelles sur la région antérieure de la tète; par des yeux à pupille verticale et en¬ tourés d’un cercle de petites plaques , parmi lesquelles il en est une , la surcillaire, qui forme comme une sorte d’auvent au-dessus du globe de l’œil. — La seule espèce qui ap¬ partienne encore à ce genre , XA. cerastinus Daud., habite la N.-Hollande. On en trouve des figures dans plusieurs ouvrages ; la meil¬ leure est celle de Xlcon . du Règne animal de M. Guérin. (G. B.) ACANTHOPHORA (axocvOot, épine ; c popoç porteur), bot. cr. — G. de l’ordre des Flo- ridées, famille des Phycées, établi par La- mouroux ( Thalass. nonart., Paris, 1813), né¬ gligé par Agardh qui en fait la 4me tribu de son g. Chondria; puis récemment repris et admis comme distinct par Gréville qui, dans le Synopsis qu’il a placé en tête de ses Alg. briiannicœ, le caractérise ainsi : Fronde con¬ tinue, cylindracée, cartilagineuse , garnie de petites épines. Fructification immergée ou placée à la base des épines, et consistant, soit en capsules ou conceptacles, soit en gra¬ nules ternés, c’est-à-dire disposés 3 par 31e long de la fronde. Deux ou trois esp. com¬ posent ce genre. Comme il n’existe point de différence notable entre la fructification des Acanthophora et celle des Chondria, et que d’ailleurs l’organisation des frondes est ab¬ solument la même dans les uns et dans les autres, nous ne saurions adopter le g. de La- mouroux, uniquement fondé sur la forme et le port de ces mêmes frondes, et, à l’exem¬ ple d’Agardh, Martius et Endlicher, nous n’en faisons qu’une section ou tribu du genre Chondria. (C. M.) * AC ANTIFOPHORUS (à'xavôa, épine; , tête). arachn. — Nom donné par Latreille à un groupe d’insectes, dont Lamarck a fait de¬ puis l’ordre des Arachnides palpistes. C’est à la classe des Arachnides que répond aujour¬ d’hui cette division. V. arachnides. (H. L.) * ACÉPHALIENS. Acephalœi (àxecpaXoç, sans tête), térat. — Famille de Monstres unitaires , appartenant au second ordre, ce¬ lui des Omphalosites, et comprenant un très grand nombre d’êtres anomaux, dont l’or¬ ganisation singulière a fixé également, mais sous des points de vue très différents, l’at¬ tention des Tératologues de tous les temps. Les Acéphaliens ne sont pas seulement ca- m ACE ACE ractérîsés , comme l’indique leur nom, par l’absence de la tête , dont il existe tout au plus quelques vestiges appréciables seule¬ ment par l’analyse anatomique. A ce carac¬ tère premier et fondamental qui distingue nettement ces monstres des Paracéphaliens, s’ajoutent généralement les anomalies sui¬ vantes, dont l’ensemble fait des Acépha- liens les plus imparfaits de tous les êtres tératologiques, après les Parasites elles Ani- diens. Le corps, plus ou moins imparfait, sou¬ vent très incomplet , est constamment de forme binaire; et c’est même ce qui distin¬ gue principalement les Acéphaliens des Ani- diens. Mais , malgré les figures faites de fan- • taisie et les assertions fausses de quelques auteurs , cette forme binaire est toujours mal symétrique. Les régions droite et gau¬ che présentent constamment des anomalies plus ou moins nombreuses de forme ou de proportions , qui ne se répètent pas ou se répètent mal d’un côté ou de l’autre. Il existe souvent , sur une grande partie de la surface du corps, et aussi des membres, des émi¬ nences irrégulières provenant de l’accumu¬ lation locale du tissu cellulaire, et sur d’au¬ tres points, des plis de la peau et des enfon¬ cements dont la disposition est très variable. L’imperfection de la symétrie peut même être portée au point qu’il devienne presque nécessaire de recourir à l’analyse anatomi¬ que, pour distinguer les deux moitiés du corps, ou plus exactement, les deux parties homologues, mais dissemblables, en les¬ quelles il se divise. L’extrémité supérieure du corps est arrondie, recouverte de tégu¬ ments, et quelquefois garnie de poils, qui sont de véritables cheveux ; car, au-dessous d’eux, on trouve parfois quelques osselets en connexion avec l’extrémité cervicale du rachis, et dans lesquels il est impossible de méconnaître les rudiments du crâne. Le nombre des membres varie de 4 à 1. Lorsqu’il n’en existe qu’un, c’est toujours un membre abdominal. Les membres, quel qu’en soit le nombre , sont mal proportion¬ nés, contournés, presque toujours pourvus de moins de 5 doigts, et surtout terminés par des pieds-bots. Le renversement du pied en dedans est le cas le plus commun; mais les autres genres de pieds-bots, et surtout le renversement en dehors, s’observent aussi chez les Acéphaliens. Nous avons vu quel¬ quefois les deux pieds du même sujet ren¬ versés en sens contraire, et les auteurs rap- portent plusieurs exemples de cette dispo¬ sition. L’anus est le plus souvent perforé, mal¬ gré l’assertion contraire de quelques au¬ teurs , parmi lesquels on est étonné d’avoir à citer Elben, dont l’ouvrage sur les Acépha- liensest d’ailleurs fait avec tant de soin. Les organes externes de la génération existent presque toujours , mais si imparfaitement conformés dans beaucoup de cas, que la détermination du sexe est impossible sans dissection. Avec ces anomalies extérieures coïncide constamment l’état imparfait de tous les viscères, soit de la région sous -ombilicale de l’abdomen, soit, et cette distinction est très importante, de la région sus-ombili¬ cale et du thorax. Les viscères de la région sous-ombilicale, l’intestin , les organes uri¬ naires, les organes génitaux intérieurs, exis¬ tent d’ordinaire; et l’intestin même con¬ stamment, au moins en ce qui concerne la plus grande partie du gros intestin et la fin de l’iléum. Au contraire , les viscères de la région sus-ombilicale de l’abdomen , la portion supérieure de 1 intestin, l’estomac, la rate, le foie, le pancréas , et surtout les organes thoraciques, les poumons et le cœur, sont, le plus souvent, non seulement mal conformés, incomplets, plus ou moins ru¬ dimentaires, mais même entièrement ab¬ sents. Pendant long-temps même on a re¬ gardé tous les Acéphaliens comme totale¬ ment dépourvus de cœur, et Elben a cru pouvoir présenter comme exactement équi¬ valentes ces deux expressions : Monstres acé¬ phales et Monstres privés de cœur; mais il est incontestable aujourd’hui qu’un cœur ru¬ dimentaire peut exister, aussi bien que des poumons rudimentaires , chez un véritable acéphalien. Le développement de tous les autres appa¬ reils organiques est proportionnel à celui des viscères digestifs , respiratoires et circu¬ latoires. Le squelette est toujours très in¬ complet, et le rachis lui -même peut man¬ quer presque complètement. Un auteur as¬ sure même avoir constaté dans un cas l’ab¬ sence complète de la colonne vertébrale , y compris le sacrum. La moelle épinière est 4 ACE ACE ordinairement, comme le rachis, très in¬ complète, et paraît aussi pouvoir manquer en entier. Les nerfs existent au contraire constamment, de même que le grand sym¬ pathique ; mais ils sont imparfaits. Les mus¬ cles, toujours peu distincts dans la plupart des régions du corps, sont souvent tout-à- fait confondus, comme chez les jeunes em¬ bryons. Enfin le système vasculaire présente une multitude d’imperfections, comme on peut le prévoir par ce qui a été dit plus haut des divers viscères, et spécialement du cœur. Les faits, dont nous venons d’offrir le ré¬ sumé, démontrent la liaison intime qui existe, chez les Acéphaliens, entre les modi¬ fications extérieures de l’être et les anoma¬ lies de ses organes intérieurs. Tout monstre de cette famille, en même temps qu’il est à l’extérieur irrégulièrement conformé et im¬ parfaitement symétrique, présente à l’inté¬ rieur une organisation très simple et très imparfaite, les viscères thoraciques man¬ quant plus ou moins complètement , et les viscères abdominaux étant, les uns absents, les autres incomplets. Ce résultat est aussi général, aussi rigoureusement établi, que l’est en Zoologie la possibilité de ramener un animal à son type sur le seul examen de ses caractères extérieurs , et de déterminer immédiatement, avant tout examen anato¬ mique , les principales modifications de son organisation interne. Tous semblables entre eux, comme il ré¬ sulte de cette remarque , par les conditions générales de leur organisation, les Acépha¬ liens le sont aussi, et d’une manière singu¬ lièrement frappante, par les circonstances de leur naissance , sur lesquelles Elben et surtout Geotîroy St.-Hilaire ont appelé l'at¬ tention des Tératologues. Ces monstres , qui presque toujours tiennent au monde avant ternie, naissent jumeaux, quelquefois même plus que bijumeaux, et en outre, comme on va le voir, dans des rapports constants avec leur jumeau. Celui-ci est bien conformé, et beaucoup plus volumineux que son frère. L’un et l’autre n’ont en commun qu’un seul placenta, et des deux c’est le jumeau bien conformé qui naît le premier ; l’acéphalien le suit, soit immédiatement, soit après un intervalle de plusieurs minutes, ou même de plusieurs heures. Une autre circonstance extrêmement remarquable par sa constance 63 est la similitude des sexes des deux jumeaux. En effet, dans les cas où les sexes sont in¬ diqués par les auteurs , on trouve tou¬ jours que les jumeaux sont extérieurement , tous deux mâles , tous deux femelles, ou, comme l’a rapporté Eatzky , tous deux her¬ maphrodites ; et même, si un acéphalien sans sexe naît avec un jumeau , soit mâle, soit femelle, on peut être presque assuré, en soumettant l’acéphalien à une dissection exacte, de trouver au moins quelques par¬ ties d’un appareil générateur, mâle dans le premier cas, femelle dans le second. Quand un acéphalien naît avec 2 ou 3 frères, il res¬ semble pareillement par son sexe, soit à l’un d’eux , soit même à tous à la fois. Le jumeau d’un acéphalien naît ordinai¬ rement plein de vie , et souvent même com¬ plètement viable. L’acéphalien, au contraire, dont l’organisation réalise à tant d’égards celle d’un jeune embryon , non seulement n’est pas viable, mais encore ne saurait pro¬ longer sa vie au-delà du moment même de sa naissance. Une fois hors des eaux de l’amnios, il meurt avec une extrême promp¬ titude, et sans même avoir donné de signes de vie. Deux auteurs italiens parlent seuls de quelques mouvements qu’aurait exécutés un acéphalien en naissant ; encore leur té¬ moignage doit-il être révoqué en doute; car toutes les relations bien faites attestent que les Acéphaliens , comme les Paracéphaliens et les Anidiens, ne sauraient vivre un seul instant au milieu des conditions, pour eux inharmoniques , du monde extérieur. Après avoir fait connaître les principaux faits relatifs à l’organisation et aux circon¬ stances de la naissance des Acéphaliens con¬ sidérés en général , il nous reste à indiquer les principaux caractères distinctifs sur les¬ quels repose la division en genres de cette famille, composée dès a présent d’un très grand nombre d’êtres anomaux. Les genres auxquels nous avons cru devoir les rappor¬ ter sont au nombre de trois, et sont dénom¬ més et caractérisés comme il suit : I. acéphale. Acephalus (àx/tpa )oç). Caract.: Corps imparfaitement symétrique, irrégu¬ lier, mais dont les diverses régions sont bien distinctes; thorax existant complètement ou presque complètement, et portant les mem¬ bres thoraciques ou au moins l’un d’eux. Ce g. comprend les Acéphaliens les moins éloi- 64 ACE ACE gnés de l’état normal : ils sont privés seule¬ ment de la tête et des organes qui manquent généralement avec elle , et par conséquent sont encore aussi complets, aussi entiers que peuvent l’être des Acéphaliens. On con¬ naît dès à présent un assez grand nombre d’ Acéphales, tous nés dans l’espèce humaine. II. péracéphale. Peracephalus (.7 r/pa , au- delà; àxscpodoç, acéphale). Caract. : Corps im¬ parfaitement symétrique, irrégulier, ayant ses diverses régions bien distinctes; point de membres thoraciques. Ce genre, dont les conditions ont été déjà observées dans 50 individus , et qui est l’un des groupes tératologiques les plus nom¬ breux , présente un degré de plus d’anoma¬ lie que le genre précédent. Ce n’est plus seulement ici la tête, mais aussi les mem¬ bres supérieurs, et avec eux une partie sou¬ vent très considérable du tronc, qui man¬ quent entièrement , ou dont la dissection fait retrouver tout au plus quelques vesti¬ ges. Dans quelques uns même l’anomalie est portée si loin, que le tronc semble réduit au tronçon pelvien du corps. Ce genre a été surtout observé chez l’homme ; mais on en connaît aussi quelques exemples chez le mouton et le cerf. III. mylacéphale. Mylacephalus (c’est-à- dire : acéphale - môle; pv\n, môle; àxt- cpoc \oq). Caract.: Corps non symétrique, très irrégulier, informe, ayant ses diverses ré¬ gions peu ou point distinctes ; membres très Imparfaits, rudimentaires, ou même pres¬ que tous nuis. — Ce genre, par lequel la famille des Acéphaliens se lie avec celle, plus anomale encore, des Anidiens, ne se com¬ pose que d’un très petit nombre de cas , la plupart observés dans l’espèce humaine, un autre chez la chèvre. „ Ainsi , des trois genres de monstruosités acéphaliques , l’un n’est connu que chez l’homme; et deux observés surtout dans cette même espèce , se sont présentés en ou¬ tre chez quelques ruminants, tous unipares, plus rarement bipares, et par conséquent offrant avec l’espèce humaine une similitude très marquée dans l’une des conditions les plus importantes de leur reproduction. Les au leurs principaux qui ont écrit sur les monstres Acéphaliens sont : Meckel , Hand- buch der path. Anal., t. I. — Tiedemann, Anal.derkopflosen Misgeb. (Landshut, 1813). — Béclard, Mèm. sur les Acéph. dans les Bull, de la fac. de Med., ann. 1815 et 1817. ■ — Elben , de Acephalis sive Monst. corde carent., Berlin, 1821 ; ouvrage spécial dans lequel sontrésumées toutes les connaissances acquises avant Elben. — Geoff. S.-Hil., Phil. anal. t. II, et Note sur V Acéph. dans la Re¬ vue méd., I, 1826. — Vernière , sur les fœtus acéph. dans le Répert. génér. d’ Anal., t. III, — V. aussi notre Hist. génér. des Anoma¬ lies, t. II, p. 464-528. (Is.-G. S.-H.) * ACÉPSiALOBRÂCHIE. Acephalobra- chia (à priv. ; xt^aîkfi , tête; Sp a^twv , bras). térat. — Par ce nom et ceux d'Acéphalé- nie , d ’Acéphalochéirie et d ’ Acéphalénie , M. Breschet a proposé de désigner les mon¬ struosités acéphaliques compliquées de di¬ vers états imparfaits des membres. V . acé- phaliens. (Is.-G. S.-H.) ACÉPH ALOCYSTES .Acephalocystis (àxe- yaàoç, sans tête; xua-T tç, vessie). IIELM. — G. fondé par Laënnec pour renfermer cer¬ tains êtres si simples, que l’on peut mettre en doute s’ils doivent réellement être placés au nombre des animaux. Ils consistent en une simple vessie plus ou moins transparente , sans fibres apparentes , sans corps ni tête , et sans aucun orifice naturel, comme remplie d’un liquide très limpide, et toujours renfermée dans un kyste fibreux ayant des communications vas¬ culaires avec les organes qui la contiennent. Jamais on n’y a observé de mouvements spontanés, même dans l’acception la plus simple de ce mot; jamais on n’y a pu re¬ connaître aucun organe, ni rien qui ressem¬ ble à des fonctions digestives. Cette vessie constitue à elle seule l’organisme tout entier; elle est mince , fort délicate, et se laisse dé¬ chirer en tous sens avec une égale facilité , sans j amais offrir aucune apparence de struc¬ ture fibreuse. On peut la diviser en lamelles ou feuillets , dont le nombre varie suivant le degré de développement des individus. Cou¬ pée transversalement , et examinée ainsi au microscope , on y reconnaît alors cette divi¬ sion en feuillets , ce qui prouve qu’elle n’est pas purement artificielle, comme le pensent certains auteurs. Sont-ce là des organismes à part? et pou¬ vons-nous donner le nom d’animaux à des êtres chez lesquels la vie ne se manifeste par aucune des fonctions propres à la vie ani¬ male? Beaucoup d’auteurs , en effet, n’v ont I ACE ACE 65 vu autre chose que des productions morbi¬ des. Rudolphi et Blumenbach sont de ce nombre; et, bien que ceux qui professent l’opinion contraire soient en très forte ma¬ jorité, nous devons reconnaître qu’elle ne s’appuie sur aucune preuve positive ; il nous semble même impossible de l’adopter sans restriction. On a cité ce fait, que le liquide interne est tou t— à fait limpide et fort diffé¬ rent de celui dans lequel la vessie est plon¬ gée à l’intérieur du kyste qui l’enveloppe; et Laënnec voit là une véritable assimila¬ tion. On a allégué aussi l’espèce de parenté intime qui semble unir ces êtres si singu¬ liers avec les vessies des Floriceps , des Cœ- nures, des Cysticerques et des Echinoco- ques; enfin Kuhn, médecin àNiederbronn (Alsace), a fait voir qu’ils ont un mode de reproduction bien déterminé , et qui sem¬ blerait démontrer en effet que ce sont là des êtres complets, bien que réduits à une ex¬ cessive simplicité. Cette reproduction se fait par des gemmes qui se développent entre les feuillets de la vésicule mère, et qui, une fois parvenus à un certain degré d’accrois¬ sement, se détachent, soit en dehors de cette même vésicule, soit dans l’intérieur de sa cavité , suivant qu’ils appartiennent à l’espèce que Kuhn a désignée sous le nom d 'Endogène, et que l’on ne rencontre que chez l’homme; ou à celle que l’on trouve chez le bœuf et le mouton , et qui a reçu du même observateur le nom d 'Exogène. De ces 3 arguments, le ïer nous semble peu concluant; le 2me l’est peut-être davantage. Les rapports intimes qui existent entre les êtres qui nous occupent et les vers que Laënnec a désignés sous le nom de Vésicu¬ laires, et qui portent colleetivemeut , dans une foule d’ouvrages , celui d ’ Hydatides, ces rapports, disons -nous, sont incontesta¬ bles; or, nous avons vu nous-même, au mi¬ croscope, et Leblond avait signalé avant nous, des mouvements propres dans l’espèce de vésicule albumineuse où les Floriceps sont enfermés [V. floriceps). Quantau mode de reproduction signalé par Kuhn , il rap¬ pelle complètement celui des utriculcs du tissu cellulaire des plantes , tel que les Bo¬ tanistes le conçoivent aujourd’hui. Ce qui nous semble ressortir de ces faits , c’est que les Acéphalocystes ont une exi¬ stence propre et distincte de celle des organes dans lesquels on les trouve enfermées ; mais il nous paraît aussi que , pour arriver, du moins dans l’état actuel de la question , à dire que ce sont des animaux, il faudrait dé¬ pouiller ce dernier terme de tout ce que sa définition renferme de précis. Ce sont des êtres équivoques, dont la science n’a pro¬ bablement pas encore su saisir les véritables caractères, et qui nous paraissent rester en dehors de ces définitions des 3 règnes , dans lesquels, au premier coup d’œil, tous les êtres sembleraient devoir naturellement ve¬ nir se grouper. Les 2 esp. d’ Acéphalocystes que nous avons déjà mentionnées d’après Kuhn , se rencon¬ trent dans les principaux viscères ; mais sur¬ tout dans le foie, les poumons, la rate, les épiploons, etc. Elles y sont l’origine d’une maladie désignée, dans les bœufs, sous le nom de pommelière , ou vulgairement sous celui de poches d’eau. En général , elles sont enkystées; on en a pourtant trouvé qui étaient complètement libres, dans la cavité des plèvres (Dr Freteau), dans la vessie uri¬ naire (Béclard), dans la cavité de l’arach¬ noïde (Rostan), dans les veines pulmonaires (Andral) ; mais la lecture que nous avons faite des mémoires où ces faits sont déposés ne nous a pas paru démontrer suffisamment, ou que ce fussent véritablement des Acé¬ phalocystes, ou qu’elles ne fussent pas tom¬ bées des poumons dans la cavité pleurale , des reins dans la vessie, etc. Lorsque les Acéphalocystes sont renfer¬ mées dans un kyste , on les y trouve isolées ou réunies au nombre de 2 , 3 , 4 , et même 6 ou 8, dans un même kyste, suivant que celle qui la lre a occupé le kyste, a déjà été ou non fécondée. On rencontre quelquefois les débris de l’Acéphalocyste mère , surtout lorsqu’elle appartient à l’espèce endogène qui se développe par l’emboîtement des gem¬ mes. Kuhn a fait voir comment certains tu¬ bercules peuvent devoir leur existence à la présence et à la destruction successive de ces productions dans le parenchyme des organes. M. H. Cloquet a le 1er proposé de regarder comme des Acéphalocystes, les vésicules qui se développent dans l’affection de l’utérus, désignée communément sous le nom de môle hydatique ; elles constituent l’esp. qu’il- a appelée A. en grappe (A. racemosa ). La plupart des auteurs qui ont traité ce sujet 5 T. I. GG ACE depuis M. H. Cloquet, ont refusé d’admet¬ tre celte opinion , qui ne pourra être discu¬ tée d’une manière définitive que lorsque de nouveaux travaux auront mieux fait con¬ naître les caractères génériques des Acépha- locystes , et la nature des productions dont il s’agit. Nous nous contenterons donc , pour cette question , ainsi que pour plusieurs au¬ tres relatives au même sujet, de renvoyer aux ouvrages spéciaux des auteurs suivants : Laënnec, Mém , sur les vers vésiculaires, in-4°, p. 96 et 170, avec planches. — H. Cloquet, Faune des médecins, art. Acéphalocystes. — Cruveilhier, Anal, path., art. Maladies du foie , de la raie et du grand épiploon ; art. Acèr phalocystes du Dict. de Mèd et de Chir. prat. — Kuhn, Recherches sur les Acéphalo- ct/svç, obscurité), bot. ph. — G. fondé sur une seule esp. incomplète¬ ment connue ; aussi M. De Candolle, tout en . le plaçant à la fin de ses Podophyllées, a-t- il voulu, parce nom , faire allusion à l’incer¬ titude de sa classification. Depuis, MM. Hoo- ker et Lindley ont considéré cette plante comme une Berbéridée, voisine des Leon- tice. Bernhardi , au contraire, pense qu’elle doit être regardée comme le type d’un nou¬ veau groupe, tenant le milieu entre les Re- nonculacées et les Berbéridées. A notre avis, YAchlys ne saurait être éloigné des Actœa ; opinion déjà émise par Bartling. D’après la description donnée par M. Hooker ( Flor . bor. Amer. ) , cette plante offre les caract. suivants : Calice et cor. nuis. Étam. en nom - bre indéfini, hypogynes; filets filiformes, flexueux. Anth. subglobuleuses, didymes, introrses, dithèques, bivalves de bas en haut; bourses confluentes antérieurement ; connectif étroit. Pistil à ovaire solitaire, l-loculaire, 1-ovu!é, couronné par un stig¬ mate ovale , concave ; ovule attaché au fond de la loge ; fruit et graines inconnus. — Herbe vivace, acaule; feuilles radicales, longue¬ ment pétiolées, 3— foliotées ; folioles grandes, flabelliformes , sessiles, incisées- dentées; hampe nue , dressée , terminée en épi nu ; fleurs petites , rapprochées. L’Achlys est in¬ digène dans le N. -O. de l’Amérique. (Sp.) ACHLYSIA (Achlys , déesse de l’obscu¬ rité; d’àx^ç, brouillard), arachn. — M. Au- douin a désigné sous ce nom un g. d’ Arach¬ nides appartenant à l’ordre des Acarides ; mais M. Dugès, dans les Mémoires qu’il a publiés sur cet ordre, a démontré que le g. Achlysia n’était autre chose qu’un Hydrachne qui n’avait pas encore atteint son entier dé¬ veloppement. (H. L.) ACHMITE, et mieux AK.MITE ( OCX U. 77 , pointe, à cause de la forme aiguë de ses cristaux), min. —Minéral découvert par Strom dans la commune d’Eger, en Norvège. Il est d’un brun noirâtre ou d’un vert sombre, en prismes obliques rhombo'idaux, très allon¬ gés , clivables parallèlement à leurs faces longitudinales. Ces prismes se terminent par des sommets très aigus, à 2 ou à 4 faces. L’in¬ clinaison des faces latérales est de 86° 5G',et celle de la base sur chacune d’elles est de t00°. Il est vitreux et assez dur pour rayer le verre. Sa pesanteur spécifique est de 3,24. Il fond aisément au chalumeau en un glo¬ bule noir. Ce minéral est, d’après Berzélius, composé de silice 55,25, d’oxyde de fer 31, 25, de soude 10,40, d’oxyde de manganèse 1,08, et de chaux 0,72. — On le trouve engagé dans du quartz , au milieu de roches grani¬ tiques et syénitiques. Il est remarquable par l’analogiede sa forme avec celle du Pyroxène, malgré la différence décomposition de ces 2 espèces. (Del.) * ACHNANTHELLA. Dimin. d ’Achnan- thes (a^vv), duvet; av0Y), fleur), bot. cr. — G. de la famille des Algues , proposé par Gaillon, et réuni au g. Achnanthes. (C. L.) ACIÏAAimiES (a xv/), paillette; avGr; , fleur), bot. cr. — G. établi parM. Bory-St- Vincent pour une Algue microscopique qui se présente sous la forme d’une petite lame rectangulaire , pédicellée latéralement et obliquement, de manière à former une sorte de petit étendard. La lame n’est point con¬ tinue , mais composée de plusieurs petites bandes parallèles qui paraissent être autant d’articles composant la plante. — On en connaît 8 ou 10 espèces, différant entre elles parla longueur du pédicule et par le nombre ou la courbure des pièces dont se compose leur lame rectangulaire. Les unes sont ma¬ rines, les autres se trouvent fixées aux plan¬ tes marécageuses dans les eaux douces. M. Ehrenberg, qui les range parmi les Infu¬ soires, ainsi que les autres Diatomées , leur suppose des estomacs non réunis par un in¬ testin, et des prolongements charnus et va¬ riables servant de pieds. (Duj.) ACHNATHERUM ( , duvet, etc.; 0/poç , été, etc.), bot. pii. — Le g. établi sous ce nom par Palissot de Beauvois dans son AgrosLographie , et qui comprenait, entre autres esp. : les Agrostis calarnagrostis L., miliacea, ou Arundo lanceolata Kœh, 11’a pas été généralement adopté. Les diverses esp. que Beauvois y avait réunies appartiennent en effet à des g. différents. (A. R.) ACIIYERIA (a xvv), duvet), bot. rn. — G. de la famille des Graminées, proposé par Palissot de Beauvois pour quelques esp. du g. Eriachne , auquel les auteurs le laissent réuni. (C. L.) ACII\ODO\TO\ («xvï», paillette; liovg , ovtoç, dent), bot. pii. — G. de la famille des Graminées, établi par Palissot de Beauvois 5* T. I. ACH 74 AC Fl pour quelques esp. de Phleum, mais qui n’a pas été gôn oralement adopté. (A. R.) ACHORUTES-(«XoPey 'roç» dui saute pas ; triste ). ins. — G. de l’ordre des Thysa- noures , famille des Podurellcs, établi pai Templeton [Truns. Soc. Eut. Lond.), et dont les caract. distinctifs sont : Ant. de 4 art., I lus courtes que la tête. Queue obsolète. L’esp. type de ce g. est VA . dubius Ternp., trouvée sur l’eau, à Cranmore. (II. L.) * ACMFiAS. bot. pii. — Syn. latin de Sa- potillier. (G* L.) * AGS I KO AYTIIE S (aXp«ç, incolore; av- Gv, , fleuri, bot. pii. — G. de la famille des Orchidacées , Lindl., fondé par Rafmesque [New-York Med. Rep.) , et réuni au g. Mi- crosiylis , Nutt. Y . ce mot. (G. L.) * ACHROIA (aXpota, pâleur), ins. — Dé¬ nomination appliquée par Curtis (Brit. En- lom.) à un g. de l’ordre des Lépidoptères, tribu des Tinéites, trop voisin des Galleria pour en être distingué , et dont le type est le G. alvearia Fab. (BL0 * ACHROMOLÆNA (à priv.; XP<¥«> cou" leur ; XaTv a , enveloppe), bot. ph. — H. Cas- sini a donné ce nom à un g. de plantes de la famille des Composées, originaires de la Nouv. -Hollande ; M. De Candolle le réunit comme section au g. Cassinia de R. Brown. (J. D.) * ACIIUYSOX (a xpvens des genres Musca , L., Tephri- tis , Fabr. , Typeta , Meig. , et dans lequel se trouve fondu le genre Urellia , Rob. Desv. , renferme 14 espèces, toutes européennes, et vivant ordinairement sur des plantes de la famille des Synanthérées et des Ombellifères ( Heracleum , etc.); ses caract. sont les sui¬ vants : Trompe à lèvres épaisses ; épistome non saillant. Ant. n’atteignant pas l’épi— stome , 3e article double du 2e. Oviducte déprimé, large, court, peu velu; ailes réti¬ culées. Nous citerons pour type : YAcinia cnrniculala Fab., n° 1 1 , ou VA. Ja ecc Rob. Desv. (D.) ACi 86 ACINIER , pointe), bot. pii. — Nom donné dans quelques cantons de la France à l’Aubépine ( Cralægus oxyacaniha L. , Mes - pilus oxyacantha Gaert, ). (G. L.) * ACUVIPE ( Nom d’une anc, ville d’Espa¬ gne). ins. — G. de l’ordre des Orthoptères, famille des Acridiens , établi par M. Rambur ( Faune de l’Andalousie ) sur deux esp. du midi de l’Espagne, dont les caract- généri¬ ques sont tout-à-fait identiques avec ceux du g. Porlheiis , Serv. ou Pamphagus , Brui, et Burm. (Bl.) * ACINOCOIUS ( axtvoç , thym sauvage, basilic; xoptç, punaise), ins. — G. de la fa¬ mille des Lygéens , de l’ordre des Hémiptères, établi par Hahn , et ayant pour caract. essen¬ tiels : La forme des yeux qui sont comme pédiculés, et la longueur du 1er art. des antennes. Ce g. ne renferme que trois esp. , qui habitent l’Amérique méridionale. Le type est VA. calidus Hahn. C’est par erreur que quelques auteurs ont attribué à ce g» pour caract. générique la présence d’ocelles. (Bl.) ACÏNOPHORA ( axcvoç, pépin; epopoç, por¬ teur). bot. cr. — G. de Champignons établi par Rafinesque Schmaltz, et appartenant à la famille des Lycoperdacées. Il est caracté¬ risé par un péridium stipité d’abord globu¬ leux, s’ouvrant ensuite en plusieurs valves. Il renferme, dans son intérieur et à la partie supérieure, des gongyles mous et aciniformes. L ' A cinophora auranliaca , qui croît dans les bois en Pensylvanie, a le pédicule cylindri¬ que, légèrement réticulé;le péridium se divise en six parties; les spores sont arrondies et rouges. — M. Desvaux ( Journ . de Bol. vol. 6.) lui trouve de l’analogie avec le genre Tylo- stoma. M. Ad. Brongniart pense au contraire qu’il est plus voisin du g. Polysaccum. Les caract. exposés par Piafinesque ne sont pas suffisants pour établir des rapprochements certains. Ce g. serait fort remarquable, s’il était vrai qu’il eût la fructification des Poly- s ace iirn , et le mode de déhiscence des Geas- trum. (Lév. ) ACINOPUS (axtvoç, grain de fruit en grappe; novq, pied ). ins. — G. de Coléoptè¬ res pentamères, famille des Carabiques , tribu des Harpaliens, établi par Ziegler aux dépens des Harpales de Bonelli , et adopté par M. Dejean , qui le caractérise ainsi ( Spe- cics., t. 4) : Les 4 lfil* art. des 4 tarses antér. 86 ACI À Cl triangulaires ou cordiformes et assez forte¬ ment dilatés dans les mâles seulement. Der¬ nier art. des palpes assez allongé, très légè¬ rement ovalaire , presque cylindrique et tronqué à l’extrémité. Ant. filiformes et assez courtes. Lèvre supér. carrée ou trapézoide, échancrée antérieurement. Mandib. fortes, assez avancées, assez arquées et assez aiguës; une dent simple, obtuse et plus ou moins marquée , au milieu de l’échancrure du men¬ ton. Corps convexe et épais. Tête grosse, presque carrée et comme renflée postérieu¬ rement. Cors, plus ou moins carré. Elyt. presque parallèles, plus ou moins allongées. — M. Dejean rapporte à ce g. 7 espèces, dont la plus connue est VA. megacephaliis d’Illiger ou le picipes d’Olivier , qui se trouve dans le midi de la France et quelquefois aux environs de Paris. (D.) ACÏNOS , Mœnch (àxcvoç, esp. de Thym , ou de Basilic), bot. pii. — G. de la famille des Labiées, tribu des Métissées, Benth., of¬ frant les caract. suivants (Mœnch, Benth.; Reich Flor. germ. excurs. ) : Cal. tubuleux, gibbeux en dessous à sa base; lèvre supér. sinuée, tridentée; lèvre infér. bi-dentée; gorge poilue. Cor. à tube un peu renflé; lèvre supér. presque plane ; lèvre infér. 3- lobée. Branche infér. du stigm, recourbée, aplatie, embrassant par la base la branche supér., laquelle est très courte. Faux-verti- cilles axillaires. — Ce g. , propre à l’ancien continent, a été confondu par Linné avec les Thyms. Bentham, à tort selon nous, en fait dans sa Monog. des Labiées, un s.-g. des Mélisses. (Sp. ) *ACIMJLA (dimin. d’Acinum [àxtvoç] grain de fruit à grappe), bot. pu. -Les Champignons de ce g. sont globuleux , sessiles et sans raci¬ nes. Leur intér. est formé d’un corps charnu plus ou moins coloré, persistant et enveloppé d’une couche de matière blanche composée de granules , qui se séparent facilement et tombent en dissolution avec l’âge. Comme Se nom l’indique, ils donnent l’idée d’un pépin renfermé dans une pulpe. — On ne connaît encore qu’une espèce de ce g., VA. candicans Fries, que Weinmann a trouvée en Russie sur les feuilles pourries de 1 ’Alnus incana. Elle est du volume d’une tête d’é¬ pingle. Les organes de la fructification ne sont pas encore connus; c’est sans doute pour cette raison que M. Fries a rangé ce genre dans l’ordre des Sclérotiaeées. (Lév.) * ACIOA, Aubi., À cia, Willd.; Dalacia , Neck. (nom caraïbe), bot. pu. — G. de la famille des Chrysobalanacées. D’après la description d’Aublet ( Flor. guyan .) , ses ca¬ ract. sont les suivants : Cal. turbiné, courbé, inégalement 5-lobé. Pétales 5, arrondis, inégaux. Disque charnu, unilatéral , situé entre les pétales les plus courts. Environ 12 étam. insérées au disque ; filets subulés au sommet, soudés par leur moitié infér. en androphore liguliforme. Pistil latéral (situé du côté du disque ) ; ovaire à stipe adhérent d’un côté; style filiforme, flexueux, courbé. Drupe coriace, monosperme, à noyau fra¬ gile. — Arbres à feuilles entières; stipules caduques; fleurs en cymes terminales, sub- trichotomes; cal. blanchâtre; cor. petite, violette; graine grosse, huileuse. L’unique esp. de ce genre est indigène dans les Guva- nes. L’amande de ses graines est bonne à manger. (Sp.) ACIONA. moll. — Ce g. proposé par Leach ( Miscell. zool. t. n) ne pouvait être accepté ; Lamarck l’avait créé depuis long¬ temps sous le nom de Scalaire. ( Desh. ) ACIOTIS, Don (dimin. d’àxt'ç, pointe). bot. ph. — G. de la famille des Mélastoma- cées , tribu des Osbeekiées, DC. Don ( Mèm. Wern. Soc.) assigne à ce g. les caract. sui¬ vants : Tube calicinal globuleux, charnu; limbe urcéolé, persistant, 4-denté. Pétales 4 , obliquement aristés au sommet. Etam. 8, comme articulées au milieu; anthères dres¬ sées, imberbes à la base. Baie charnue, 4- loculaire; graines cymbiformes. — Herbe vivace à feuilles pétiolées , trinervées, rou¬ ges en dessous; fleurs petites, roses, dispo¬ sées en grappes terminales. — L’unique esp. qui constitue ce g. est indigène aux Antilles. Ses baies sont acidulés et mangeables. (Sp.) * ACIPïïOîlÉES. Aciphoreæ (àxt'ç, pointe; cpo poç , porteur), ins. dipt. — Nom donné par M. Robineau Desvoidy à la s.-tribu des Te- phritides de M. Macquart. ( D. ) *ÂCIS (àxt'ç, pointe, dard), ois. — G. formé par M. Lesson pour quelques esp. de la fam. des Gobe-mouches de Cuvier, ayant pour syn. le g. Ph.ocnicorn.is de Swainson, plus généralement adopté, et exprimant bien un des caract. communs aux esp. du g. V.moE- NICORNIS. (LAFR.) * AGIS (àxt'ç, pointe), ins. — G. de Co- act 87 AC], léoptèrcs tétramères, famille des Chrysomé- lines, établi par M. Chevrolat et adopté par M. Dejean; mais dont les caract. n’ont pas été publiés. M. Dejean y rapporte 7 espèces dont nous ne citerons qu’une seule, VA. rnodesta ( Eumolpus modeslus Fabr. ), des Indes orientales. (D.) ACISANTHERA, Br. ( àxtç , pointe ; an - tliera, anthère, d ’àvGvjpoç, a, de fleur), bot. pii. — G. de la famille des Lythracées ou Lythraires, tribu des Salicariées, et dont les caract. sont: Cal. 5-fide, renflé à la base. Pétales 5, égaux, obovales. Etam. 10, sail¬ lantes, insérées (de même que les pétales) à la gorge du calice; anthères sagittiformes, versatiles. Style court; stigm. pointu. Cap¬ sule subglobuleuse , biloculaire , recouverte par le calice; 2 placentaires polyspermes. — Herbe à feuilles opposées; fleurs axillai¬ res, alternes, rameaux 4-gones. Ce g. qui, malgré son calice inadhérent , serait proba¬ blement mieux placé parmi les Mélastoma- cées que parmi les Lythracées, n’est fondé que sur une seule espèce, qui croît à la Ja¬ maïque, et que Linné comprenait dans le genre Rhexia. (Sp.) ' * ACÏSBA. iins. — G. de Coléoptères hé- téromères, famille des Mélasomes, établi par Ziegler et adopté par M. Dejean. Il ré¬ pond aux g . Lop borna , Sol. et Pachyc.hita , Esch. , et a pour type VAkis punciaia Fab., espèce qu’on trouve à Tanger. (D.) * ACISPERMUM ( àxlç , pointe ; crn/ppa , semence), bot. pu. — C’est un g. établi par Necker sur quelques pl. de l’Amér. du nord que M. De Candolle réunit au g. Coreopsis. (J. D.) * ACKA.MA (nom nouveau -zélandais. ) bot. ph. — G. que Cunningham ( Prod.jlor . Nov. Zeel. in Hook. Ann.) rapporte à la fa¬ mille des Cunoniacées, et auquel il assigne les caract. suivants: Cal. 5-parti , persis¬ tant; div. linéaires-spatulées. Pét. 5, indi- visés , non persistants. Etam. 10, isomètres, insérées sur un disque hypogyne, cyathi- forme , à 10 dents. Capsule septiciile de haut en bas; loges polyspermes. Graines petites, ovoïdes, rostrées; test coriace, glabre. — Arbre à feuilles imparipennées; fleurs en panicules terminales, rameuses, lâches, lai¬ neuses. Une seule esp. , indigène dans l’île Ikanamawi, Nouv.-Zélande. (Sp.) ACLADIUM (à priv.; xXa^oç, rameau). bot. cr. — Ainsi que l’indique l’étymologie, ces Champignons bissoïdes sont composés de filaments simples, droits, transparents et cloisonnés, sur lesquels sont fixés çà et là des spores ovales et pellucides. Comme les spores ont à peu près la même grosseur que les filaments, il est probable qu’elles résul¬ tent de l’isolement spontané des cellules su¬ périeures des filaments sur lesquels elles restent adhérentes en tombant. — On n’en connaît que 2 espèces qui ont été décri tes par Link , et qui se trouvent sur le bois pourri. (LÉv.) ACLADODEA (à priv. ; xXMS-nç , ra- meux). bot. ph. — Ruiz et Pavon ( Prodr . Fl. Per.), ont décrit sous ce nom un genre de la famille des Sapindacées que l’on s’ac¬ corde aujourd’hui à réunir au g. Talisia d’Aublet. Toutefois, son fruit est encore in¬ connu; ce qui a fait penser à quelques Bo¬ tanistes que cette plante est dioïque et que l’individu mâle a été seul observé. (C. L.) * ACLÉE. Aclees (àxWç , obscur), ins. — G. de Coléoptères tétramères , famille des Curculionites , div. des Érirhinides, établi par M. Schœnherr et adopté par M. Dejean. Ses caract. sont : Ant. médiocres , fortes ; leur funicule composé de 7 articles : les 2 pre¬ miers assez courts, obconiques; les 5 sui¬ vants transverses, serrés; la massue oblon- gue, ovale, paraissant spongieuse, biarti— culée. Rostre allongé, cylindrique, arqué et pourvu de chaque côté , dans la moitié de sa longueur, d’un sillon qui part du milieu de l’œil. Prothorax long, subconique, bisinué à sa base et presque tronqué antérieurement; écusson arrondi au sommet, distinct. Élyt. oblongues , subovalaires, légèrement con¬ vexes en dessus, calleuses vers leur extré¬ mité ; les angles des épaules obtus. Pattes ro¬ bustes; cuisses dentées; tibias onguiculés intérieurement à leur extrémité. — Ce g. est fondé sur une seule esp. rencontrée à Java, et nommée par M. Dejean A. cribravis. (D.) * ACLEIA (àx)etoc, Obscurité). BOT. PH. — Ce g. a été formé avec le Senecio Belbeysius Del.; il a pour caract., d’après M. De Can¬ dolle : Des capitules multiflores, homoga- mes, à fleurs tubuleuses; un invol. unisérié, cylindrique et globuleux , muni à sa base de 2 ou 3 écailles. Pour fruit, des akènes com^ primés , étranglés au sommet , puis dilatés en une urcéole discoïde. L’aigrette, cadu- 88 ACM ACN que , se compose de poils presque denticu- lés. — Celle plante , qui a le port du Séne¬ çon d’Arabie, est glabre, rameuse, dressée, et porte inférieurement des feuilles pétio— lées , crénelées , tandis que les supér. sont amplexicaules , incisées-dentées. (J. D.) ACLÉIDIEAS (à priv.; xXsi'ç, Joç, clavi¬ cule). mamm. — Expression abrégée de Mam¬ mifères sans clavicules. (A.) * ACLÏSIA (àxàevjç , obscur), bot. pii. — G. de la famille des Commélinacées , fondé par E. Meyer [Reliq. Haenk. 2, t. xxv), réuni avec doute par quelques auteurs au g. Pollia de Thunberg, et que Lindley considère comme distinct. V. pollia. (C. L.) * ACLOPES (àxÀ£-/7ç, obscur; cty, otcoç, as¬ pect). ins. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères, famille des Lamellicornes, éta¬ bli par Erichson, qui le place dans la tr. des Géotrupides de Mac-Leay. Il contient 2 esp., les A. vittaïus et Brunneus. Ce g. ne figure pas dans le dernier Catal. de M. Dejean, et parmi ceux de cet auteur nous ne savons au¬ quel le rapporter. (D.) ACLYSIE. ins. V. aciilysie. (C. d’O.) *ACMADE1\IA (àx/uivj, pointe; à&o'v, glande). bot. ph. — Sous cette dénomination, Bar- tling et Wendland , dans leur monographie des Diosmées, ont établi, dans cette famille, un g. qui doit son nom aux glandes pointues qui terminent les anthères, et est ainsi ca¬ ractérisé : Cal. S-parti , adné par sa base à un disque dont le bord supér. est libre et entier. Pétales 5, dont les onglets larges pré¬ sentent une touffe de poils en dedans. Filets 10, inclus ; 5 opposés aux pétales, stériles, courts ou presque nuis , insérés au bord du disque; 5 alternes , plus longs, portant cha¬ cun une anthère ovale dont le connectif se prolonge en dessus en une glande conique. Style plus court que les filets , élargi à son sommet en un stigmate en tête , à 5 sillons peu marqués. Ovaires 5, soudés ensemble, mais prolongés chacun à leur sommet en une masse ovoïde, libre, hispide, glabre du reste, et renfermant 2 ovules superposés. Fruit à 5 coques comprimées, dont le som¬ met s’allonge en dehors en une sorte de corne. — 5 esp. de ce g. se trouvent au C. de B.-E. Ce sont des arbrisseaux à feuilles décussées, imbriquées sur 4 rangs, courtes , épaisses , carénées , ponctuées en dessous , à fleurs blanches ou rouges, terminales, solitaires, presque sessiles, accompagnées de bractées imbriquées qui simulent des sépales. (Ad. J.) *ACMÆODEUA(àx£/.atoç, vigoureux; «J/pyj, cou), ins. — G. de Coléoptères pentamères, famille desSternoxes, tribu des Buprestides, établi par Eschscholtz et adopté par M. De¬ jean ainsi que par M. Solier, dans son Essai sur les Buprestides {Annal. Soc. ent. de Fr., t. 2n-e). Ce dernier auteur lui assigne pour principaux caract. : Menton subtriangulaire, avancé en pointe vers la languette. Dernier art. des palpes maxillaires , allongé , ova¬ laire , subsubulé. Cors, tronqué postérieu¬ rement ; mésosternum non avancé en pointe antérieurement. — Ce g. , d’après le Catal. de M. Dejean, renferme 44 esp. dont nous ne citerons que VA. teniaia ( Buprestis lœ- niata Fab.), qui a servi de type à M. Solier pour en établir les caractères. (D.) ACMELLA (àxp.yj, pointe), bot. ph. — Syn. du g. Spilalthes. (J. D.) * ACME Y A, DC. (nom mythol.). bot. pii. — G. de la famille des Myrtacées , tribu des Myrtées de M. De Candoile (. Prodr . 3) qui lui assigne les caract. suivants : Tube calicinal turbiné; limbe tronqué, involuté en préflo¬ raison. Pétales 5 (quelquefois moins par avortement), minimes, distants. Étam en nombre indéfini, libres. Style court, cylin¬ drique; ovaire 3-loculaire. Baie subglobu¬ leuse, monosperme par avortement. Graine grosse , subglobuleuse ; cotylédons soudés. — Arbrisseaux à feuilles opposées , très en¬ tières. Infloresc. terminale , thyrsiforme , composée de cymules triflores. Fleurs petites, blanches. L’unique esp. de ce g. est indigène dans la N.-Hollande. (Sp.) *ACMOCERA (àxp.vj, pointe ; x/paç, corne). ins. — G. de Coléoptères tétramères, famille des Longicornes , établi par M. Dejean , qui n’en a pas publié les caractères. Il est fondé sur une seule espèce, VA. compressa Fab., qui se trouve en Guinée. (D.) * ACYEPHALCM (à priv.; xv/cpadlov , flo¬ con de laine), ins. — G. de Diptères, division des Aplocères, subdivision des Tétrachætes, famille des Tanystomes, tribu des Asiliques, s. tribu des Dasypogonites, établi parM. Mac- quart {Dipi. exot. nouv. ou peu connus) . Ce g., formé aux dépens des Dasypogon , a pour caract. : Corps large. Tête basse. Moustache couvrant toute la face. Tubercule du front muni de longs poils. Article 1er des antennes AC N ACO 89 plus ou moins court ; 2,ne cyathiforme ; 3me allongé , subulé; style un peu allongé et épais. Thorax assez élevé. Abd. large, dé¬ primé et ponctué. Pieds velus ; point de pe¬ lotes aux tarses. Cellule 2me sous-marginale des ailes ordinairement appendiculée; lre postér. quelquefois fermée, 4me ouverte ou fermée. — Le faciès des Acnéphales leur donne une ressemblance singulière avec les Apiai- res et surtout avec les Andrènes. Leur nom générique est tiré de l’absence de pelotes aux tarses: caract. qui les distingue de toute leur tribu, à l’exception des Gonypes. Parmi les 5 esp. décrites par l’auteur, nous ne ci¬ terons que celle qu’il appelle A. Glivieri, et qui a été trouvée dans l’île de Paxos par Olivier. (D.) ACTVÏDA, Mitch. L. (à priv.; xvtSy, ortie; c.-â-d. sans aiguillon ; la plante ressemble à une ortie), bot. pu. — G. de la famille des Chénopodées, tribu des Atriplicées, Meyer ; M. Endlicher (Gen. Plant.) lui assigne les caract. suivants : Fleurs dioïques , non brac- léolées ; dans les mâles : Cal. à 5 sépales égaux , inappendiculés ; 5 étam. insérées au réceptacle ; dans les femelles : Cal. persis¬ tant, à 3 sépales égaux. Ovaire 3 ou 5-gone, uniloculaire, uniovulé. Stigm. 3 ou 5, linéai¬ res , sessiles , révolutés. Akène 3 ou 5-gone. Graine verticale, comprimée; test crustacé ; embryon périphérique, courbé en fer à che¬ val. — Herbes vivaces, à feuilles alternes très entières. Grappes axillaires : les fructi¬ fères nutantes. Ce genre appartient à l’Amé¬ rique septentrionale. On en connaît 2 es¬ pèces. (Sp.) * ACNISTUS ( axvvjCTTtç , nom grec d’une PI. aujourd’hui indéterminée), bot. ph. — G. de la famille des Solanacées, Endl., pro¬ posé par Schott ( fVien . Zeilschr. iv, 1180, Lirmœa, 1831) , et dont voici les caract.: Cal. campanulé , 5-fide. Cor. hypogyne , infun- dibuliforme , à tube court, dilaté à la base, à limbe 5-parti , étalé ou réfléchi , à estiva¬ tion imbricative. Étam. 5, exsertes, insé¬ rées au tube de la corolle, un peu au-dessus de sa base; filaments simples; anth. longi¬ tudinalement déhiscentes. Ovaire bilocu- laire; placentas subglobuleux, pluriovulés, adnés à la cloison. Style simple à stigmate capité, subconcave. Baie biloculaire, entou¬ rée du calice persistant. Graines peu nom¬ breuses , réniformes, comprimées. — Le g. Acnisius , peu nombreux en esp., se compose d’arbustes appartenant à l’Amér. tropicale ; leurs feuilles sont alternes, très entières; les fleurs fasciculées, axillaires, blanches, odorantes, les fruits rouges. (C. L.) *ACOCEPHALUS ( àxo-n, oreille; xecpaA*?, tête), ins. — G. de l’ordre des Hémiptères do la section des Homoptères, famille des Cica- delles , établi par Germar (Mag.)y adopté par Burmeister ( Handb . der Ent. 2), et ayant pour principaux caract. : 1° le sommet de la tête triangulaire; 2° des ocelles placées de¬ vant les yeux ; 3° les parties latérales du corps couvertes d’aspérités. — Ce g. renferme une quinzaine d’esp. tant européennes qu’a¬ méricaines. Lesplus connues sont VA. costa¬ tus ( Cicada costata Panz., Faun. Germ.), et VA. striatus ( Cercopis striata Fab., Syn. Rh.), toutes deux répandues dans la plus grande partie de l’Europe. (Bl.) *ACOCHLIDES (à priv.; , coquille). moll. — Latreille a nommé ainsi une fa¬ mille de Céphalopodes acétabulifères , dans laquelle il place ceux de ces animaux qui ont 8 pieds et qui sont dépourvus de co¬ quilles. V. OCTOPODES. (A. d’O.) * ACOELIUS (à priv.; xotJe'a, cavité; àxot- Aoç, non creux), ins. — Syn. d’ADELius. (Bl.) *ACOÈTE. Acoëtes (àxo>j, onie; allusion aux branchies), annélid. errantes.-G. établi par MM. Audouin etMilne Edwards (Mèm. pour servir à VHist. nat. du lia. de la France , t.2,p.99, pl. 2 A, fig. 7-14), et formant, avec leur g. Sigalion , la tribu des Aphrodisiens vermif ormes. V. aphrodisiens. Les caract. qu’ils lui assignent sont les suivants : Pieds pourvus d’élytres , mais n’ayant pas de cirres supérieurs, au nombre de 50 paires ou plus, alternant régulièrement avec des pieds sans élytres, mais garnis d’un cirre supérieur. Antennes 5; 4 mâchoires grandes et cor¬ nées. Des branchies tuberculeuses sur tous les segments du corps. — Ce g. a été adopté par Cuvier ( Règ. anim., 2me édit., t. 3, p. 207). On n’en connaît qu’une seule esp. qui se trouve aux Antilles ; elle habite un long fourreau ayant l’aspect et la consistance du cuir ; c’est VA. de Plèe, A. Pleei. (L. D. y.r.) *ACOLASTE (àxoAaçToç, impudique; allu¬ sion au développement considérable de l’or¬ gane copulateur chez les mâles), ins. — G. de l’ordre des Diptères , tribu des Muscides , établi par Meigen dans son ieT ouvrage [Ess. 6* T. I. 90 ACO ACO d’une nouv. classif.des Dipt. europ ., 2me V.), fondu depuis dans le g. Cordylura Fall., adopté par Macquart. (D.) * ACOLE A (à priv.; xo \eoç , gaine), bot. cr. —G. d’Hépatiques établi par Dumortieraux dépens des Jongermanniées de Linné, et qu’il avait d’abord fait entrer lui-même dans son g. Schlsma. La priorité étant acquise au Gymnomilrium de Corda, c’est à ce mot qu’il en faut chercher les caractères. (C. M.) ACOLEÆ. bot. cr. S. -tribu des Jon— germanniées, famille des Hépatiques, qui comprend, selon M. Dumortier, ses 3 g. Mui- opsis [Haplomitriurn , N. ab. E.), Acolea et Schisma. Cette div. n’est point admise par M.Nees d’Esenbeck, dans son nouvel et im¬ portant ouvrage sur les Hépatiques d’Eu¬ rope ( Europt . Leberm.) (C. M.) * ACOLI. ois. — C’est le nom donné par Levaillant à une esp. d’oiseau de proie d’A¬ frique , figuré dans ses oiseaux d’Afrique , etqu’oncroitappartenirau g. Busard. (Lafr.) ACOLIUMJ(àpriv.; x5>ov, pied, support). Nom sous lequel Achar réunissait , dans son g. Calycium, famille des Lichens , toutes les espèces à apothécies sessiles. M. Fée a tenté d’élever ce s.-g. à la dignité de g., ce qui n’a pas été adopté. (C. M.) ACOMA, Adans .^Homalium Jacq.; liacou- bea, Aubl. bot. pii. — G. considéré comme type de la famille des Homalinées. Ses ca¬ ract. sont les suivants : Cal. tubuleux-tur- biné, adhérent; limbe 6 ou 7-parti, persis¬ tant. Pétales en même nombre que les sé¬ pales, persistants, insérés à la gorge du calice, uni-glanduleux à la base. Etam. insé¬ rées par faisceaux (de 3 à 6) devant les lobes calicinaux; filets filiformes; anth. suborbicu- laires Ovaire semi-infère, uniloculaire ; par¬ tie inadhérente conique : 3 styles filiformes; stigm. capitellés. Capsule seminifère, tri- valve au sommet , uni-loculaire , 3 placen¬ taires pariétaux , polyspermes. Graines pe¬ tites, ovoïdes. — Arbrisseaux à feuilles den¬ telées; fleurs petites, disposées en grappes, soit terminales, soit axillaires et terminales. Ce g. appartient à la zone équatoriale ; on en connaît 4 espèces. (Sp.) * ACOMPSIA (axojj^oç, sans ornements). ins. — G. de l’ordre des Lépidoptères, fa¬ mille des Nocturnes , tribu des Tinéites , établi par nous aux dépens du g. Lita de Treitsehke, et dont voici les caract. : Palpes infér. très minces, arqués et relevés au-des¬ sus de la tête ; les deux 1ers art. à peine ve¬ lus; le 3me nu, subuliforme, plus long que les deux 1ers réunis. Trompe longue et très visible. Ant. filiformes dans les deux sexes. Tête courte. Cors, arrondi. Abd. cylindrique, mince, terminé par une touffe de poils dans les mâles et en pointe dans les femelles. Pattes postér. longues et peu velues. Ailes supér. assez larges , à bord postér. presque droit et brièvement frangé ; ailes infér. plus larges et garnies également d’une frange étroite. Premiers états inconnus. — Ce g. renferme très peu d’esp. , et a pour type la Teigne cendrée , Tinea cinerella L. , figurée par Hubner sous le nom d 'Ardeliella. (D.) *ACOAIYS (àxvj , pointe; yvç, rat), mamm. — G. de l’ordre des Rongeurs, famille des Muriens, établi par M. Isid. Geoffroy-St- Hilaire. Ses caract, sont : Membres postér. un peu plus longs seulement que les antér., non palmés; queue arrondie; molaires au nombre de 3 à chaque mâchoire de chaque côté ; point d’abajoues ; corps revêtu , sur le dos et sur les côtés , de poils entremêlés d’é¬ pines carénées. — Ces animaux diffèrent donc des véritables Rats par les piquants, des Hamsters par l’absence d’abajoues, et des Echimys par le nombre de dents. — L’A- comys du Caire , A. cahirinus , appelé aussi Rat du Caire , Souris du Caire , décrit par Geoffroy St-Hilaire , appartient à ce genre. Son pelage est gris cendré; sa taille de qua¬ tre pouces ; sa queue de pareille longueur. — On connaît encore YAcornys perchai , le Rat perchai de Buffon ; il est roussâtre en dessus, gris en dessous; sa taille est de 15 pouces non compris sa queue qui en a 9. Il habite dans les maisons à Pondichéry. (A.) *ACONïOPTEIUS (àxovtov, objet terminé en pointe; tt xspiç, fougère; allusion à la forme des pinnules). bot. cr. — G. établi par Presl ( Ptéridog. ) dans la tribu des Acrostichacées, pour une fougère décrite par Hooker et Gré ville , sous le nom d ’Acrosti- chum subdia^hanum , qui croît à l’île Sainte- Hélène et dans l’Inde ; elle se distingue des Acrostichurn proprement' dits, tels que les définit Presl, par ses nervures pinnées, bi- furquées et anastomosées seulement auprès du bord de la feuille ; leurs anastomoses don¬ nant naissance à une petite nervure exté¬ rieure , tuberculeuse. — Ce g. est ainsi in- ACO ACO 01 termédiaire entre les (Jljersia et les Acro- a lie hum de cet auteur. La seule esp. qu’il renferme est herbacée, à feuilles simples, lancéolées, coriaces et plus étroites lors¬ qu’elles sont chargées de fructification. (Ad. B.) ACONIT. Aconitum , L. ( àxovtToç, aconit , d’àxovv) , rocher), bot. ph. — G. de la famille des Helléboracées, renfermant des végétaux en général très vénéneux, remarquables tant par la beauté que par la singulière structure de leurs fleurs. Ses principaux caract. (Spach, Hist. des PL ph. Suites à Buffon , tom. 7.) sont: Sépales 5, non persistants (excepté dans Y Aconitum Anlhora ), bisériés (3 extérieurs et2 intérieurs), subonguiculés, dissemblables, anisomètres: lesupér. grand, ascendant , voûté en forme de casque com¬ primé ou naviculaire , très obtus , rostré ou acuminé antérieurement ; les 2 latéraux (in¬ térieurs) moins grands, un peu bombés, inéquilatéraux, presque égaux, horizontaux, connivents, recouvrant les organes sexuels; les 2 inférieurs petits, inégaux, déclinés, subnaviculaires. Pétales (staminodes ou nectaires de beaucoup d’auteurs) 2, libres, égaux, insérés devant le sépale supérieur (lequel les enveloppe complètement), lon¬ guement onguiculés, renversés , petits, cu- culliformes , unilabiés antérieurement , éperonnés postérieurement; onglets fili¬ formes, ascendants, plus ou moins arqués en avant ou inclinés au sommet. Etam. courtes, nombreuses, un peu déclinées, ascendantes pendant l’anthèse, puis déflé¬ chies: les extér. parfois ananthères; filets subulés , ailés jusque vers leur milieu ; anth. elliptiques ou suborbieulaires, échancrées aux 2 bouts , comprimées, latéralement dé¬ hiscentes; connectif filiforme. Ovaires dis¬ joints, pluriovulés, verticillés au nombre de 3 à 6 ; ovules horizontaux, bisériés. Styles subulés, subrectilignes, terminés chacun par un stigmate minime , bidenticulé. Péri¬ carpe de 3 à 6 follicules verticillés , subey- lindracés, obscurément trigones, non stipi— tés, chartacés, réticulés, corniculés au som¬ met, univalves, polyspermes , persistant après la déhiscence. Graines subcylindriques ou trièdres , carénées ou ailées aux angles , lisses ou légèrement rugueuses, ou trans¬ versalement squamelleuses , horizontales, bisériées; embryon petit ou ponctiforme, à cotylédons plus ou moins divergents. — Herbes vivaces à racines rhizomateuses ou tuberculeuses; tige feuillée ; feuilles pal- malifides, ou palmatiparties, ou pédati- parties ( par exception indivisées) :lesinfér. longuement pétiolées; les autres courte- ment pétiolées ou sessiles; grappes termi¬ nales ou axillaires et terminales , solitaires, tantôt feuillées , tantôt bractéolées; pédi— celles ascendants ou résupinés, dihrac- téolées tantôt vers leur milieu, tantôt plus haut ou plus bas, cupuliformes au sommet , plus ou moins inclinés au sommet durant la floraison. Fleurs grandes, jaunâtres, ou blanchâtres, ou bleues, ou violettes, ou rou¬ geâtres, ou panachées. Nous n’avons pu reconnaître parmi les nombreuses esp. rapportées à ce g. que 8 ou 9 esp. distinctes , offrant chacune une foule de variétés. (Sp. ) * ACONITELLE. Aconitella , Sp. (dim. d’aconit), bot. ph. — G. de la famille des Helléboracées , tenant exactement le milieu entre les Aconits et les Dauphinelles [Delphi¬ nium, Sp.) ; il diffère de ces derniers par le calice , conforme à celui des Aconits , et de ceux-ci par la corolle semblable à celle des Dauphinelles. Les graines sont transversale¬ ment squamelleuses; les fleurs, assez petites et de couleur rougeâtre, sont disposées en panicule divariquée, très lâche et aphylle. — La seule esp. qui constitue ce g. est indi¬ gène en Orient. ( Sp. ) ACONITUM, Lin. bot. ph. — Syn. latin d’ACONIT. * ACONOGONUM, Meisn. bot. ph.— G. ou s.-g. delà famille des Polygonées; ses caract. différentiels, suivant Meisner, sont les sui¬ vants: Périgone profondément 5-fide; div. planes, étalées. Etam. 8. Style trifide. Akène trièdre , recouvert à la base par le périgone. Cotylédons accombants, larges. — Herbes ou sous-arbrisseaux, à gaines stipulaires cylin¬ driques, nues ; fleurs en grappes paniculées. — Ce g. est fondé sur le Polygonum alpinum L., et sur quelques esp. voisines. Sp.) * ACONTEA [Aconle, nom mythol. ). uns. — G. de l’ordre des Lépidoptères Diurnes, tr. des Nymphalides, proposé par Horsfield ( Lepid . of Java) et qui a pour type la iV. acontea des auteurs , qu’il désigne sous le nom de primaria. Ainsi, d’un nom spéci¬ fique, il a fait un nom générique. Cette 92 ACO ACO marche, suivant nous, est vicieuse en ce qu’elle jette de la confusion dans la syno¬ nymie. Au reste, le g. Aconlea est le même que celui d ’Adolias, créé par M. Boisduval. V. ce mot. ( D.) * ACONTIA ( àxovTcaç tenant du serpent; allusion à la rapidité des mouvements de l’insecte), ins. — G. de l’ordre des Lépidop¬ tères , famille des Nocturnes , établi par Ochsenheirner et Treitschke ( Hist . nat. des Lépid. d’Eur. ) et adopté par M. Boisduval , qui le range dans sa tribu des Héliotides, mais sans en avoir fait connaître les carac¬ tères. Voici ceux qu’en donne M. Treitschke: Abd. court , mince chez les mâles ; épais et cylindrique chez les femelles. Ant. presque filiformes et finement crénelées. Ailes supér. étroites, les inférieures larges et arrondies. — Il ajoute que les Acontia sont blanches ou jaunes avec des taches noires ou brunes, en forme de bandes , et que leurs chenilles ne sont pas encore connues. Les Acontia sont des Noctuélides de petite taille, dont le blanc et le noir forment toute la parure , à l’exception d’une seule, VA. Malvœ , qui est jaune. On les voit voler en plein jour , avec la plus grande rapidité , dans les endroits arides et exposés au soleil. On en compte 7 ou 8 esp. dont les plus connues sont VA. So¬ laris et VA. luctuosa, qui se trouvent aux environs de Paris. (D.) ACONTIAS (àxovTcaç, sorte de serpent). rept. — C’était , chez les Grecs , le nom d’un serpent qu’on disait s’élancer des arbres sur les passants. Aujourd’hui on l’emploie pour désigner un genre de la s.-famille des Scin- coidiens saurophthalmes , lequel a pour ca- ract.: Corps dépourvu de pattes, allongé, cylindrique, à écailles lisses; queue courte, pointue; dents simples, coniques, obtuses, palais non denté; langue squameuse, à peine incisée à sa pointe; paupière supé¬ rieure rudimentaire; museau emboîté dans une très grande plaque percée de chaque côté par les narines, qui sont petites et en arrière desquelles est un sillon longitudinal. A l’intér. les Acontias n’offrent ni épaules , ni sternum, ni bassin; les côtes antér. sont réunies en dessous par des prolongements cartilagineux. U A. pintade , espèce type de ce g. est très commune au cap. de B.-Espé- rance. (G. B.) * ACONTIAS ( àxovTt'ocç, sorte de serpent ; allusion aux taches des tiges), bot. ru. — G. de la famille des Aroïaées, Juss. (Aracées , Schott) , tribu des Caladiées , fondé par cet auteur qui en établit ainsi les caract. : Spathe dressée, convolutée à la base. Spa- dice interrompu , androgyne ; les fleurs fe¬ melles occupant la partie infér. et les fleurs mâles , la partie supér. sans appendice sté¬ rile. Anth. nombreuses, bi-loculaires, dis¬ tinctes , adnées en verticilles au moyen de connectifs en cône tronqué, à logettes conti¬ nues et déhiscentes au sommet par des fentes transversales. Ovaires nombreux, pressés, subtriloculaires , adhérents entre eux par des styles très épais, placentiformes. Ovules as¬ cendants , insérés vers le milieu de l’axe et en grand nombre dans chaque loge. Stigm. exigu, orbiculaire , jaune-glutineux. Baie inconnue. — Ce g., dont le Caladium. helle- bori folium Jac. ( Icon. rar. t. 631 ) est le type, comprend quelques autres esp. du g. Cala¬ dium , Vent., appartenant au Brésil. Ce sont des plantes à Rhizomes tubéreux , à feuilles lobées-pédalées , partant toutes de la base, à pédoncules nus, et à spathe verte. (C. L.) * ACONTISTES ( àxovTtaWç , qui lance le javelot), ois. — Nouveau g. créé par M. Sun- deval , et indiqué par Bonaparte comme syn. de son g. Scolopacinus [Proceed. 1837 ) qui l’est lui-même du g. Ramphoc'ene de Vieillot ( JYouv . Dict. et Gai.) V. rampiio- CÈNE. ( LAFR. ) * ACONTISTES ( àxovTto-r/iç , lanceur de javelots), ins. — Ce nom est donné par Bur- meister à une div. qu’il a établie dans le g. Mantis. (Bl.) * ACOHACÉES. Acoraceoe. bot.ph. — C . ACOROÏDÉES. (A. R.) * ACORIUS ( àxopvfç , insatiable), ins. — G. de Coléoptères pentamères, famille des Carabiques, établi par Zimmerman, qui le place dans sa tribu des Zabroïdes et le carac¬ térise ainsi : Dent bifide au milieu du men¬ ton. Extrémité du tibia sans aucune dent. Les 3 premiers art. des tarses antér. dilatés dans le mâle , triangulaires, tronqués par devant. — Il ne rapporte à ce g. qu’une seule espèce trouvée en Egypte par Ehrenberg, Y A. metallescens. (D. ) * ACOROIDÉES. Acoroideœ. bot. pii. — Agardh ( Aphor . 133), et plus tard Schott et Endlicher (. Meleth . 22) , Link ( HandbAA 44), ont proposé d’établir sous ce nom une famille ACO ACO 93 distincte des Aroïdées , pour y placer le g. Acorus. Lindley ( Nai syst. 3G5) adopte cette famille, qu’il nomme Acoraceœ, et lui donne, d’après Schott, les caract. suivants : Spathe en forme de feuille, non roulée. Fleurs herma¬ phrodites , formées d’écailles. Étam. com¬ plètes, opposées aux écailles, anth. bilocu- laires, introrses. Ovaires distincts. Fruit charnu. Graines ayant leur embryon placé au centre d’un endosperme charnu. — Indé¬ pendamment du g. Acorus, Lindley réunit dans cette famille les suivan ts : Gymnostachys, R. Br., Tupistra , Ker; Aspidisira , Ker. Les caract. précédents nous paraissent être ceux qu’on a attribués à la tribu des Orontiacées , famille des Aroïdées. (A. R.) ACORUS ( à priv. ; xopyj , prunelle ; parce que, selon Dioscoride, cette plante était employée à la guérison des maux d’yeux). bot. ph. — G. de plantes de la famille des Aroïdées, dont on a voulu récemment faire le type d’une famille distincte sous les noms d ' Acoracèes ou d ’ Acoroïdées ( V . acoboÏdées). Voici les caract. du g. Acorus , tels que nous les avons observés sur les Acorus calamus et gramineus : Fleurs hermaphrodites, complè¬ tement sessiles èt très rapprochées les unes des autres, disposées en une esp. de spadice simple et cylindrique. Cal. composé de 6 écailles dressées, inégales, dont 3 un peu plus grandes et un peu plus extér. Étam. G, hypogynes, à peine plus longues que les écail¬ les , en face desquelles elles sont placées , et ayant les filets larges et planes; anth. in¬ trorses , à une ( A. gramineus ) ou à 2 loges. Pist. unique, sessile au fond de la fleur, ordinairement 3-angulaire. Ovaires à 3 lo¬ ges , contenant chacune un certain nombre d’ovules renversés. Stigm. simple, comme tronqué, placé sur le sommet court et aminci de l’ovaire. Le fruit est charnu, et contient ordinairement 3 graines ou petits nucules, environnés de fibrilles. L’embryon est cylin¬ drique, placé au centre d’un endosperme charnu. — Ce g. ne se compose que des 2 esp. déjà nommées, vivaces, à feuilles roi- des et rubanées , engainantes à leur base, et à tige 3-angulaire, portant latéralement un seul spadice et se terminant par une feuille. L’une A. calamus L. , originaire de l’Inde, croît également en Europe, dans les lieux inondés. Sa racine ou souche souterraine est très odorante et aromatique. On l’emploie en médecine comme excitante et sudorifique. L 'A. gramineus vient de la Chine. (A. R.) ACORYAUS (à priv.; xopuvyj , massue; allusion à la forme des antennes). ins. — G. de l’ordre des Coléoptères tétramères, famille des Curculionites , div. des Antribi- des, établi par Schoenherr , qui lui donne les caract. suivants : Ant. peu longues, grê¬ les, insérées dans une fossette profonde, oblongue, au milieu du rostre, et ayant les 3 derniers art. étroits, presque contigus, dont le pénultième très court. Rostre peu allongé , 3-caréné en dessus , avec le sommet presque tronqué. Yeux oblongs , convexes, un peu rapprochés. Prothorax presque coni¬ que, présentant, bien avant la base, un sil¬ lon élevé, transversal, courbé antérieure- ! ment des 2 côtés. Elyt. oblongues, presque ovales , 3-sinuées à la base , légèrement con¬ vexes en dessus. — Ce g., adopté par M. De- jean , a pour type VA. sulciroslris du même auteur, espèce qui se trouve à Java. (D.) * ACOSMÉTIE. Acosmetia ( àxocjp.Y)Toç, qui est sans ornement ). ins. — G. de l’ordre des Lépidoptères, famille des Nocturnes, établi par Stephens , dans sa tr. des Noctui- des , aux dépens du g. Anthophile d’Ochsen- heimer , et qui a pour type la JY. caliginosa d’Hubner. (D. ) * ACOSMIA. bot. ph. — G. indiqué par Lindley ( Sysl. of Bot. , ed. ii ) , comme fondé par Bentham et appartenant à la famille des Silénacées (Caryophyllées). Il ne paraît pas que les caractères en aient été publiés. (C. L.) * ACOSMIUM , Schott .; Sweetia , Spreng. ( àxoa-fjua , défaut de parure), bot. pii. — G. de la famille des Légumineuses, s.-ord. des Césalpiniées, R. Br.; Vogel ( Linnœa , 1837) en donne les caract. suivants : Cal. cupuli- forme, 5-denté. Pétales 5, disposés comme ceux d’une corolle papilionacée , un peu divergents, insérés (de même que les éta¬ mines ) un peu au-dessus de la base du ca¬ lice : les infér. obovales-oblongs, rétrécis à la base; les latéraux oblongs-linéaires , comme stîpités , inéquilatéraux , un peu plus longs que les infér.; le supér., grand, arrondi, échancré, courtement onguiculé. Etam. 10, toutes fertiles; filets filiformes; anthères arrondies. Ovaire courtement stipité , com¬ primé ; style subcylindrique , onciné ; Stigm. simple. Fruit inconnu. Infioresc. terminale, ample, en grappes rameuses; pédonc. coin- 94 ACO ACR primés, effilés. Fleurs petites. — L'unique esp. de ce genre croit au Brésil. (Sp.) * ACOSMIJS (ocxocrj7.oç , sans ornement). ins. — G. de Coléoptères hétéroméres, famille des Trachélides, établi parM. Dejean, dans son dernier Catalogue, mais dont il n’a pas publié les caractères. Ce g. est fondé sur une seule espèce du Cap de B.-Espérance qu’il nomme A. capensis. (D.) * ACOSMUS. BOT. PH. — V. ASPICARPA. (Ad. J.) ACOSTA (nom d’homme), bot. pii. — G. de la famille des Chaillétiées , fondé par Ruiz et Pavon ( Flor . Peruv.) et réuni définiti¬ vement au g. Moutabea, Aubl. — Nom donné par Loureiro à un arbre indéterminé de la Cochinchine, voisin du Vaccinium. — Adan- son, et plus tard, Scopoli formèrent aussi sous cette dénomination , un g. de Composées , dont le type était le Cenlaurea spinosa L., et qui n’a point été adopté. — Enfin ce nom a été donné , par M. De Candolle , à un g. dont les caract. sont restés inédits et qu’on a réuni depuis au g. Spiracantha H. B. K., de la famille des Composées-Vernoniacées. (C. L.) ACOTYLÉDON ou Acotylédone ou Aco- tylédoné. Acotyledoneus (à priv. ; xoru^cîwv, articulation creuse, et, ici par extension, sorte de petite feuille), bot. cr. — C’est-à- dire embryon privé de cotylédons , la partie étant ainsi prise pour le tout ; car les plantes privées de cotylédons sont , en effet, dépour¬ vues d’embryon. Aussi quelques botanistes ont-ils substitué le nom d ’lnembryonés à celui d’Acotylédons ou Acotylédonés, pour ce grand embranchement du règne végétal , qui comprend toutes les plantes que l’on a tour à tour désignées sous les noms de Cryp¬ togames , Agames, etc. (A. R.) * ACOT1XÉDONIE. Acotyledonia ( à priv. ; xozvhSwv , petite feuille), bot. cr. — Nom de la lre classe du règne végétal , en suivant la série des familles naturelles, telle qu’elle a été établie par Jussieu , et qui com¬ prend toutes les familles de Plantes Acoty- lédones ou Inembryonées. (A. R.) ACOUCHI. mam. — Syn. du g. Agouti. (C. d’O.) VCOl'IîOA, Aubl. bot. pii. — Syn. du g. Geoffroya. (Sp.) * ACOURTIA (Madame A’Court, zélée promotrice de la Bot.), bot. pii. — Le g. Acourtia , établi par Don, fait partie de la tr. des Nassauviées , parmi les Composées , et comprend plusieurs sous-arbrisseaux du Mexique à feuilles épineuses , dentées , cor¬ dées ou amplexicaules. Ces pl. ont pour ca¬ ract. : Capit. groupés en corymbes au nom¬ bre de 3-10; écailles de l’involucre couleur de sang , ciliées et souvent dilatées à la base, articulées avec le rachis dont elles se déta¬ chent. Cor. pourpres ou roses, hermaphro¬ dites, bilabiées; lèvre externe à 3 dents, dont l’interne à lobes linéaires, obtus, révo- lutés. Anth. terminée supérieurement par un appendice lancéolé, cartilagineux, infé¬ rieurement par des soies simples , filiformes. Akènes allongés, légèrement anguleux et couverts de papilles. (J. D.) * ACRACHNE , W. et W. Arn. ( «xpoç , au sommet ; a^vv? , duvet), bot. pii. — G. de la famille des Graminées , tribu des Chloridées, ainsi indiqué par Lindley (Syst.of Bot. , ed. ii), et dont les caract. n’ont probablement pas encore été publiés. (C. L.) * AERANTE (axpav-roç, mutilé), rept. — On désigne ainsi, d’après Wagler, un g. de Lacertiens, appartenant à la sous-famille des Pléodontes, parce qu’il n’a en effet que 4 doigts, au lieu de 5, aux pattes postér. , caract. assez rare parmi les Sauriens. Ses autres marques distinctives sont : Dents in¬ ter-maxillaires coniques, simples; lres dents maxillaires et mandibulaires de même for¬ me ; les suivantes élargies , bifides ; palais denté; langue plate, en fer de flèche, non engainée, à extrémité antér. divisée en 2 filets , couverte de papilles squamiformes, imbriquées; narines latérales percées cha¬ cune dans une seule plaque , la naso-ros- trale ; des paupières ; une ouverture externe de l’oreille, quelques plis non scutellés en travers de la région inférieure du cou ; ven¬ tre garni de plaques quadrilatères, lisses, en quinconce; des pores fémoraux; queue cyclo-tétragone. — Ce g. ne comprend qu’une seule esp., l’A. vert, ou Teyou vert d’Azara. Elle est représentée pl. 5, Erpét. du Voyage d’A. d’Orbigny dans l’ Amérique mé¬ ridionale. (G. B.) * ACRANTIIER A (ocxpoç, au sommet; an- thera , d’a v0-/)poç , a , fleuri ). bot. pii. — G. de la famille des Rubiacées, établi par Arnott ( Hooker Ann. Nat. Hist. 1839 ) qui en donne les caract. suivants : Cal. tubuleux, oblong- ACR 95 turbiné; limbe 5-fide, à div. linéaires. Cor. tubuleuse, glabre en dedans, très hérissée en dehors , profondément 5-fide ; lobes dres¬ sés , spatulés , rétus. Étam. 5 , érigées > inclu¬ ses, insérées au fond de la corolle; filets filiformes, papilleux; anth. innées, oblon- gues-linéaires, mucronées. Ovaire incom¬ plètement 2-loculaire; cloisons opposées, chacune donnant attache à un placentaire 2-lamellé ; ovules très nombreux. Style fili¬ forme , porté sur un disque bulbiforme; stigm. claviforme, muriqué. Péricarpe hé¬ rissé, membraneux, indéhiscent, linéaire- oblong, un peu comprimé , un peu pulpeux en dedans, incomplètement 2-loculaire, couronné parle limbe calicinal. Graines très nombreuses, petites, nidulantes, papilleu- ses. — Herbe basse, hérissée; feuilles oppo¬ sées, pétiolées, très entières; stipules in- terpétiolaires, indivisées ; pédonc. courts, axillaires, pédicelles courts, subfastigiés , Cor. grande , bleue. Arnott dit que ce g. a de l’affinité avec les Mussœnda ; il n’en si¬ gnale qu’une esp., indigène à Ceylan. (Sp.) * ACRANTHES (axpoç , au sommet; avGoç, fleur). — Même signification qu’ Acrocarpes. (C. M.) * ACRATIIERUM (axpa , sommet ; àSvj'p , tpoq, barbe d’épi), bot. pu. — Link a nommé ainsi ( Hort . Berol. i, p. 320) un g. de la fa¬ mille des Graminées , qui se compose d’une seule esp. originaire du Népaul. Elle porte des chaumes hauts de 2 à 3 pieds; des fleurs disposées en panicule, ayant les épillets bi- flores; l’une des fleurs est hermaphrodite, garnie à sa base de 2 bouquets de poils; l’autre est stérile. Glume à 2 valves caré¬ nées; l’extér. aigüe, trinerve, scabre sur la nervure moyenne, plus courte que la fleur stérile; l’intér. lancéolée, aiguë, glabre, plus longue que la fleur fertile. Dans la fleur hermaphrodite, 2 écailles toutes couvertes de poils ; l’extér. allongée , obtuse et termi¬ née à son sommet par une arête tordue à sa base, génieulée, brune, plus longue que la glume; l’interne plus courte, obtuse, un peu bifide. Squamules hypogynes , tron¬ quées et denticulées. Étamines 3, à anth. longues et d’un rouge foncé. — La seule esp. de ce g. [A. miliciceum Link. I. c.) est, comme nous l’avons dit , originaire du Népaul. Kunth, dans son Agrostographie , place ce g. parmi les incertains. (A. R.) ACR ACREE. Acrœa (axpa, sommet), ins. — G. de l’ordre des Lépidoptères, famille des Diurnes, sect. des Tétrapodes, tribu des Hé- liconiens, établi par Fabricius et adopté par Latreille ( Encyclopéd . méihod. 9), qui le ca¬ ractérise de la manière suivante : Bord in¬ terne des ailes infér. n’embrassant pas le dessous de l’abdomen. Palpes infér. grêles et presque cylindriques. Ant. peu allongées et terminées brusquement en bouton. — Les Acrées ont au 1er aspect quelque ressem¬ blance avec les Héliconies qui ne se trouvent qu’enAmérique, tandis que les lres paraissent particulièrement propres à l’Afrique. Cepen¬ dant on en trouve aussi dans les Indes orien¬ tales , et Godart en décrit plusieurs comme originaires de l’Amér. méridionale ; mais il est à croire, relativement à ces dernières, qu’il aura été induit en erreur par les au¬ teurs qui en ont parlé avant lui. Quoi qu’il en soit, ce sont des Lépidoptères aux ailes oblongues et arrondies, où le fauve et le brun dominent; plusieurs ont le disque des ailes plus ou moins transparent. Godart en décrit 37, dont nous ne citerons que VA. hor- ta Fab., figurée par Cramer ( Pap . 25, p. 13, pi. 298, fig. F. g.). Elle se trouve auC. de B.- Esp. et dans d’autres parties de l’Afrique. (D.) ACREMONIUM, Link (àxpipwv, sommité). bot. cr. — G. de Bissoides , dont les fila¬ ments principaux sont étalés, rameux, cloi¬ sonnés et transparents. D’espace en espace, ils émettent des rameaux simples , courts et disposés en verticilles, au sommet de chacun desquels est fixée une spore ovale ou globu¬ leuse. — On en connaît jusqu’à ce jour 6 esp. qui naissent sur les feuilles décomposées ou les bois pourris, (Lév.) ACRIDIE. Acridium (àxpiç , têoç, saute¬ relle). ins. — Ce nom, dans Fabricius (Ent. syst.), répond à celui de Tetrix de Latreille. K. CRIQUET et TETRIX. (Bl.) ACRIDIENS. Acridii (àxpfç, ISoç, saute¬ relle). ins. — Famille de l’ordre des Orthop¬ tères établie par Latreille ( Gen. Crust. et Ins.), ayant pour caract. : 1° Antennes fili¬ formes ou prismatiques, n’ayant jamais plus de longueur que la tête et le thorax réunis ; 2° Tardes de 3 articles; 3° Cuisses renflées et propres au saut; 4° Abdomen ne présentant jamais de tarière apparente chez les femelles. — Cette famille renferme aujourd’hui un as¬ sez grand nombre de genres. Latreille (. Fam . 96 ACR ACR nat. du Règne anim .) n’en avait distingué que 5 et autant de s.-genres. M. Serville {Rev. rnèth. des Orthopt.) porta leur nombre à 23. M. Brullé [Hisl. nat. des Ins.) le réduisit à 1 ï ; dans 2 ouvrages qui ont paru tout récem¬ ment (Burmeister, Handb. der Entom.), l’on en compte 18; tandis que dans YHist. des Ins. Orthopt , suites àBuffon, nouvel ouvrage de M. Serville, le nombre des g. ne s’élève pas à moins de 30. Les Acridiens sont répandus dans toutes les parties du monde, et dans presque toutes en très grand nombre. Plusieurs esp. se mul¬ tiplient quelquefois en si prodigieuse quan¬ tité, qu’elles ravagent des champs entiers, et réduisent ainsi des campagnes à la der¬ nière misère, surtout dans les parties mé¬ ridionales du globe. Quelques insectes de cette famille, propres aux contrées équato¬ riales, ont de très grandes dimensions ; mais les esp. qui se trouvent dans le nord de l’Eu¬ rope sont presque toutes de taille moyenne. Les Acridiens ne parviennent à leur état parfait que vers l’automne. Au printemps et pendant l’été , on les trouve à l’état de larve ou de nymphe , c’est-à-dire dépourvus d’ai¬ les ou n’en ayant que des rudiments ; mais à la fin de la belle saison , ils subissent leur dernière mue et deviennent aptes à la re¬ production. Tous alors ont la faculté, au moins les mâles , de faire entendre un son aigu qui retentit au loin et sert à prévenir les femelles de leur présence. Beaucoup d’insectes de l’ordre des Orthop¬ tères produisent des sons ; mais ceux-ci ne sont pas tous produits par les mêmes orga¬ nes. La plupart des Acridiens exécutent leur chant par le frottement des pattes postér. contre les élytres. Ces dernières présentent des nervures très saillantes et .'rés épaisses; les pattes au côté interne sont munies de dentelures et de carènes très rudes et très serrées, qui , venant à passer contre les ély¬ tres, produisent une stridulation plus ou moins pénétrante. Dans un g. de cette fa¬ mille ( Pneumorci ) , on trouve des mâles qui ont également la faculté de faire en¬ tendre un chant; mais chez eux les élytres sont de très faible consistance et ne pour¬ raient être soumises à aucun frottement ; aussi un autre organe est-il disposé pour les remplacer avantageusement. L’abdomen est vésiculeux et offre entièrement l’aspect d’un tambour, ce qui fait retentir davantage le son et le rend plus perçant. Ses côtés sont munis de petites plaques de stries élevées, contre lesquelles frottent les pattes que l’on peut comparer à l’archet d’un violon. Les insectes de ce dernier g. ( Pneumora ) sont tous exotiques ; ceux que l’on trouve dans notre pays et que l’on entend dans les cam¬ pagnes pendant les belles soirées d’automne, exécutent leur chant par le frottement de leurs pattes contre leurs élytres. Ils attaquent de préférence les légumineu¬ ses , et font quelquefois beaucoup de tort aux luzernes. Nous avons figuré dans notre Atlas ( Ins. orthopt., pl. 6, fig.2), pour représentant de la famille, Y picridium mœuum Serv., espèce nouvellement décrite et qui n’avait pas en¬ core été figurée ; les détails sont pris dans YAcridium dux , l’une des plus grandes esp. et l’une des plus communes. !'Bl.) * ACRIDIODEA (àxpTç, lêoq , sauterelle; zïSoc;, forme), ins. — Cette dénomination, appliquée par Burmeister, répond à celle d’ Acridiens de Latreille, ainsi que le nom d ’Acridites de Serville. (Bl.) ACRIDIUM. ins. — Syn. latin d’ACRiDiE. * ACRÏDOCARPUS (àxptç, (Soç , saute¬ relle; xap-jroç, fruit), bot. ph. — G. de la fa¬ mille des Malpighiacées, établi par MM.Guil- lemin et Perrotet dans la Flore de Sénégam- bie (ï . 123, t. 29) , et le même que G. Don a nommé Anomalopteris. Ses caract. sont les suivants : Calice profondément 5-fide , of¬ frant à la base d’une ou de deux de ses div. deux impressions glanduleuses. Pétales plus longs que le calice, onguiculés , presque en¬ tiers, inégaux. Étamines 10, toutes anthéri- fères , à filets courts, roides et libres; à an¬ thères grandes, lancéolées en cœur, légère¬ ment recourbées , glabres. Stigmates 2, di¬ vergents, très longs, flexueux, filiformes et un peu aplatis, aigus au sommet, roulés en crosse dans la préfloraison; de plus, le ru¬ diment d’un 3m*. Style à peine visible; 3 ovaires amincis en ailes à leur sommet, ve¬ lus, soudés entre eux par leurs faces inter¬ nes. Fruit, par l’avortement de 1 ou 2 ovai¬ res, réduit à 1 ou 2 samares qui sont sur¬ montés d’une longue aile droite ou oblique, dont le bord supér. est épais. Dans le cas de 2 samarres à ailes obliques, le fruit offre une sorte de ressemblance avec certains insectes, AC R AC R 97 d’où l’on a tiré son nom. — Ce g. comprend G esp., toutes originaires de l’Afrique tropi¬ cale, depuis la côte occidentale jusqu’à Ma¬ dagascar. Ce sont des arbres ou des arbris¬ seaux quelquefois grimpants , à feuilles or¬ dinairement alternes ( caract. exceptionnel dans la famille), entières, obovales, gla¬ bres ou plus rarement velues , avec des im¬ pressions glanduleuses à la surface infér. , portées sur de courts pétioles et dépourvues de stipules. Les fleurs jaunes sont disposées en grappes terminales ou latérales que l’a¬ vortement des dernières feuilles fait ordinai¬ rement paraître composées. Leurs pédicelles, pius ou moins grêles sont réfléchis au som¬ met, et offrent à la base une bractée extér. avec 2 bractéoles latérales plus intérieure¬ ment. (Ad. J.) ACRIDOTHÈRE. Acridolh erus ( àxpt’ç , ISoq , sauterelle ; ôvjpaw , je chasse), ois. — G. de Vieillot, synonyme du g. Gracula de Cu¬ vier et du g. Pasior deTemmink.M. Swain- son , dans sa nouvelle classification , l’a adopté et restreint aux seules esp. de Mar- tins qui ont la tête nue et garnie de mem¬ branes charnues. V. Martin. (Lafr.) * ACRÏOPSIDE. Acriopsis (axpt'ç , som¬ met; o\p , tç , forme), bot. pii. — G. de la famille des Orchidées, tribu des Vandées , établi par M. Blume ( Bijdr . 376 ,tcib. 71) , et qui ne se compose encore que d’une seule esp. (' YA.Javanica Bl.), croissant en parasite sur les arbres, dans les forêts montueuscs de la région occidentale de Java. — C’est une plante dont les feuilles naissent de faux bul¬ bes. Elles sont linéaires lancéolées*, obtuses; les fleurs forment une panicule naissant de la racine. Leur calice est étalé, à peu près égal ; le labelle forme une sorte de tube avec la base du gynostème. Celui-ci est droit, terminé supérieurement par 2 cornes glan¬ duleuses au sommet. L’anthère, à 2 loges , estcachée dans uneexcavation du clinandre. Elle contient 2 masses polliniques fusifor¬ mes, dont la caudicule se termine à une glande petite et arrondie. (A. R.) * ACRÏPEZA ( ùxp i'ç, sauterelle; n eÇoç, pié¬ ton). ins. — G. de la famille des Locustaires, de l’ordre des Orthoptères, créé par M. Gué¬ rin (Foyage de Duperr.), adopté parM. Brullé (Hisi. des 1ns., t. ix) , et qui offre la plus grande dissemblance dans les deux sexes. Les mâles ont une forme allongée et des ailes fort grandes comme dans les Locusia ; le seul caractère générique propre à les distinguer des g. voisins, est tiré des pattes postér. qui ne sont pas renflées; leurs jambes présen¬ tent aussi une cavité fermée par une mem¬ brane très mince. Les femelles, au contraire, offrent les plus grandes différences avec tous les autres g. de la même famille : leur corps est ramassé; les élytres, larges et courtes, sont cintrées de manière à envelopper l’ab¬ domen ; les ailes entièrement nulles; la ta¬ rière est si courte qu’on l’aperçoit difficile¬ ment. — La seule esp. connue est VA. reti- culaia Guér. (Voyage Dup. , et Brui 1., Hist. Ins. , t. îx, pl. 14, fig. 2 et 3), propre à la Nouvelle-Hollande. (Bl.) *ACRITES. Acrita (axptroç, confus). /OOl. — Nom donné par Mac-Leay à une division du règne animal, comprenant les Infusoires, les Polypes, et une partie des Intestinaux. (C. D’O.) * ACROBRYA (axpoç, au sommet; (3 p-Jw , je bourgeonne), bot. pii. — M. Molli , dans la Flore du Brésil de M. Martius, a créé ce nom, admis par M. Endlicher ( Gen. Plant.) pour caractériser un groupe de végétaux dont l’accroissement a lieu uniquement par le sommet de la plante. Voici comment il le définit : Accroissement de la tige par son sommet; la partie infér. n’éprouvant que peu ou point de changement et n’étant chargée que de transmettre les sucs nourri¬ ciers; vaisseaux nuis parmi les plantes in¬ fér. de ce groupe, plus ou moins parfaits dans les supér.; feuilles à peine séparées et distinctes ( discreta ) ('es liges dans les plus infér. Organes delà propagation environnés de feuilles plus ou moins transformées, dis¬ posées en cercle ou soudées ensemble; les mâles susceptibles de répandre une humeur fécondante ; nuis dans les plantes vasculai¬ res du groupe en question. Spores dépour¬ vues de test et d’embryon , renfermées dans des sporanges des cellules pariétales intér. desquelles elles proviennent, et s’allongeant par la germination, soit en filaments con- fervoides , soit en lames membraneuses. Ce groupe comprend : 1° les Hépatiques et les Mousses : végétaux purement cellu¬ laires, mais dont pourtant les organes mâles sont assez manifestes; 2° les Équisétacées , remarquables tout à la fois par une organi¬ sation plus parfaite et par l’absence de l’un t. i. 98 ACR ACR des sexes. M. Endlichery réunit, sous forme d’appendice, les Gycadées, famille tout-à- fait anomale, elles Rhizanthées, que leur vé¬ gétation terminale rattache bien à cette sec¬ tion, mais que la structure plus compliquée des organes de la fructification place sur la limite d’une nouvelle période de la vie vé¬ gétale, quoique , quant au mode d’accrois¬ sement et à tous les autres phénomènes vi¬ taux, elles aient la plus grande analogie avec les Thallophytes iiystéropiiytes. Nous nous sommes chargé de cet article , qu’une plume plus habile et plus exercée traitera sans doute plus au long , quant à ce qui touche les acotylédonées vasculaires , parce que, nous étant spécialement engagé à faire connaître , dans ce Dictionnaire, les Mousses et les Hépatiques qui font partie du même groupe, nous ne devions pas omettre de nous en occuper un instant. (G. M.) *ACROCARPES (axpoç, au sommet ; xap- TToç , fruit), bot. cr. — Nom donné à une subdiv. de la famille des Mousses, dans la¬ quelle le pédoncule qui supporte la cap¬ sule, ou celle-ci, quand elle est sessile, ter¬ mine la tige ou les rameaux. C’est ce qu’on exprime encore par les mots capsule termi¬ nale. Il arrive quelquefois que de nouvelles pousses ou rejets , nés dans ou sous le bour¬ geon terminal , en imposent au point de faire penser que le fruit est latéral, tandis qu’il est réellement terminal. Dans ce cas, on dit la capsule pseudolatérale. On évitera l’erreur en examinant bien le lieu précis d’où partent les rejets qui continuent la tige ou les rameaux. V . pleurocàrpes. (G. M.) * ACR RC EXTROX (axpoç, qui est au som¬ met; xEvrpov, pointe), bot. pii. — Ce g. a pour type , d’après Cassini qui l’a établi , le Centaurea collina, et diffère du Lopholoma du même auteur par le sommet des appen¬ dices des squames intermédiaires de l’invo- lucre, formant une véritable épine bien ma¬ nifeste et très différente des lanières laté¬ rales. M. De Gandolle le considère comme section du g. Centaurea , en y comprenant une trentaine d’espèces , parmi lesquelles nous citerons les C. collina , diffusa , cenlau- roides , orientais , que l’on cultive fréquem¬ ment dans les jardins de botanique. (J. D.) * ACROCEPHALUS (axpoç, au sommet ; xscpaXiç , tête), bot. ph. — G. de la famille des Labiatées de Bentham, tribu des Oci- moïdées, s.-tribu des Mochosmées du même, proposé par cet auteur pour quelques espè¬ ces du g. Ocimum de Linné, et dont il cir¬ conscrit ainsi les caract. : Cal. ovale après l’anthèse , allongé et tubuleux lors de la fructification , gibbeux à la base , bilabié ; lèvre supér. presque entière, plane; l’infér. entière ou quadridentée, à gorge nue inté¬ rieurement. Cor. aussi longue que le calice; limbe subilabié ; lèvre supér. 4-dentée,à lobes égaux; l’infér. entière. Etam. 4, dé¬ clinées; les infér. plus longues; filaments libres, non denticulés; anth. presque ova- les-réni formes , à logettes subconfluentes. Style courtement bifide au sommet ; lobe infér. subdilalé, presque plan; stigm. sub¬ marginaux. Akènes glabres et lisses. — Les Acrocéphales sont des plantes herbacées à tiges et à feuilles hérissées-velues ou pres¬ que glabres, à fleurs petites, serrées, imbri¬ quées en capitules terminaux, subglobuleux. Elles appartiennentà l’Inde et àMadagascar. (C. L.) ACROCÈRE. Acrocera ( axpoç. qui est au sommet x/paç, corne), ins. - G. de l’ordre des Diptères, div. des Brachocères, subdiv. des Tétrachœtes , famille des Tanystomes , tribu des Vésiculeux. Ce g. établi par Meigen, aux dépens du g. i/enopsdeFabricius et Fallen, a été adopté par Latreille, ainsi que par M. Macquart qui lui assigne les caract. sui¬ vants : Point de trompe apparente. Ant. insérées sur le haut du front , de 2 articles distincts; le dernier fusiforme, terminé par un style. Yeux nus. Abd. sphérique et plus large que le thorax. Ordinairement point de celluie discoidale aux ailes; 2 sous-margi- nales; 3 postér. imparfaites. — Le nom d 'Acrocera fait allusion à l’insertion des an¬ tennes sur le sommet de la tête. Ces diptè¬ res sont petits et habitent les lieux aquati¬ ques. M. Macquart en décrit 3 espèces, dont nous ne citerons qu’une, qui peut être con¬ sidérée comme le type du genre : X A. glo- bulus Latr. (Syrphus globulus Panz., Faun. germ .) (D.) * ACR0CÉR1DES. Ac roceridæ (axpoç, au sommet ; x/paç , corne; eT^oç , forme), ins. — Nom d’une famille établie par Leach dans l’ordre des Diptères, mais non adopté par M. Macquart. Elle ne comprend que les g. Henops , Illig., et Acrocera, Meigen. V. ces mots. (D.) AC R AC R 99 * ACRGCILETA ( axpoç , au sommet ; ^at- tt) , crin ). ins. — G. de l’ordre des Diptères, div. des Brachocères, subdiv. des Tétrachœ tes, famille des Notacanthes, tribu desSlra- lyomides, établi par Wiedmann et adopté par M. Macquart. 11 a pour type VA. fasciatci, qui se rencontre au Brésil. Ses caract. sont : Ant. longues; 1er article allongé, cylindri¬ que ; 2me peu allongé, conique; 3me un peu plus long que le 1er, renflé à la base et un peu à l’extrémité. Style terminal, assez épais, pubescent, subulé. Ecusson mutique. Abd. rétréci à sa base. (D.) ACROCHORDE. Acrochordus ( àxpo^op- verrue), rept. — G. d’Ophidiens non venimeux, dont toutes les parties du corps sont effectivement revêtues d’éc.ailles ayant tout-à-fait l’apparence de verrues; ces écail¬ les ou mieux ces tubercules squameux sont petits, nombreux , rhomboidaux, juxtaposés et surmontés d’une petite corne ou seule¬ ment d’une petite pointe plus ou moins aiguë. Voici les caract. essentiels du g. Acrochorde, le seul qu’on puisse encore rapporter aujour d’hui à la famille des Enhydrophides : Dents infcermaxillaires nulles; dents maxillaires courtes, égales; narines tubuleuses, simples, libres, situées fort près l’une de l’autre sur le dessus du bout du museau; yeux verti¬ caux; pas de plaques sur la tête, sous le ventre, ni sous la queue; pas de fossettes aux lèvres; corps comprimé et caréné à sa partie inférieure. Queue pointue, préhen¬ sile, aplatie latéralement; pas de crochets à l’anus. — Les Acrochordes ont le corps fort gros au milieu , aminci aux deux bords; le dos arrondi , le ventre tranchant et parcouru dans toute sa longueur par une carène den- ticulée;la tête petite, aplatie; le museau court, large, arrondi; les yeux très petits, à pupille circulaire; la queue courte, assez fortement comprimée, carénée en dessus et enroulante en dessous, à la manière de celle des Boas. La bouche de ces Ophidiens est médiocrement fendue; les bords latéraux en sont droits. En avant, la lèvre supérieure offre, comme chez les autres serpents, une petite gouttière par laquelle ces reptiles poussent leur langue hors de la bouche, sans que celle-ci ait besoin d’être ouverte; mais ici, cette petite gouttière se trouve naturel¬ lement remplie par une protubérance corres¬ pondante, mobile à la volonté de l’animal, laquelle existe à la partie médiane de l’ex¬ trémité antérieure delà mandibule ; en sorte que , d’autre part , la lèvre infér. ayant son bord rentré en dedans, la bouche peut, pour ainsi dire , se fermer hermétiquement. Celte disposition , évidemment propre à em¬ pêcher l’eau de s’introduire dans la cavité buccale, est parfaitement en rapport avec plusieurs autres points de l’organisation des Acrochordes, qui sont tout-à-fait conformés pour vivre dans les eaux. Mais ce sont seu¬ lement les eaux douces qu’habitent ces rep¬ tiles enhydrophides, bien différents en cela des espèces de serpents énoliophides qui ont pour demeure la vaste étendue des mers. C’est à tort que quelques voyageurs ont si¬ gnalé les Acrochordes comme des serpents dont la morsure pourrait occasionner la mort; car il est bien constaté aujourd’hui que parmi les dents de ces Ophidiens , il n’en est aucune venimeuse. La science n’est en¬ core en possession que de 2 esp. d’ Acrochor¬ des; l’une , qu’on appelle l’A. de Java, habite les rivières de cette île; l’autre l’A. à ban¬ des , y existe également ; mais on l’a trouvée aussi dans des rivières et des étangs à Pon¬ dichéry , à la Nouvelle-Guinée , à Timor et à Sumatra. (G. B.) ACROCSXE. Acrocinus ( axpov , pointe; xiv/co, je meus ). ins. — G. de l’ordre des Coléoptères tétramères, établi par fliiger et adopté par M. Dejean ( Calai. 3e édit.), ainsi que par M. Servilie ( ]\ouv . classif. des Lon - gic.). Ce dernier le range dans sa tribu des Lamiaires, sous-tribu des Déprimés, et lui donne pour caract. essentiels : Cors, armé d’une épine latérale posée sur un mamelon mobile (dans l’insecte vivant). Angles humé¬ raux des élytres uni-épineux. — Ce g. ne renferme qu’une esp. , le Cerambyx lonyi- manus Fab. ; Prionus longimanus Oliv. ; La- mia longimana Latr. , vulgairement appelée le grand Arlequin de Cayenne. Cet insecte, de grande taille, est surtout remarquable par les couleurs agréablement bariolées de ses élytres et par la longueur de ses deux pattes antérieures. Voici ce qu’en dit M. La- cordaire , qui a eu occasion de l’observer sur les lieux : Il se trouve toujours sur le tronc des arbres ou auprès d’eux, rarement sous les écorces; sa démarche est très lourde, et il se traîne plutôt qu’il ne marche. Son vol , qu’il prend quelquefois à l’entrée de la nuit, 100 AC II ACii est bruyant, peu rapide, et l’insecte ne paraît pas toujours maître de le diriger à son gré, caril se heurte souvent contre les arbres, et tombe alors à terre. Le bruit qu’il produit avec le corselet s’entend d’assez loin ; la mo¬ bilité des mamelons latéraux de cette partie est indépendante de la volonté de l’insecte et ne lui est d’aucun usage. J’ai observé cependant que, dans l’accouplement, le mâle appuie ses longues pattes antérieures sur ces organes, et peut-être est-ce un moyen que la nature lui a donné pour assujettir et exciter sa femelle. Chez celle-ci, en effet, ces parties sont un peu plus mobiles que dans le maie. ( Mèm . sur les habitudes des Coléopt. deVAmér. mérid. Ann. des sciences nalur. î. xx.) (D.) * AGROCOMIA (axpov, sommet; xop.Yj , chevelure ). bot. pii. — Ce g. de Palmiers a été ainsi nommé par M. Martius [Palm. p. G6 t. 5G et 57 ) à cause de l’élégante masse de feuilles qui couronne sa tige ; il ne comprend qu’une seule esp. qui croît depuis la Guyane jusqu’à Rio-Janeiro. Elle avait été désignée par Aublet sous le nom de Palmier mocaya, décrite par Jacquin sous celui de Cocos acu- leaia et par Willdenow sous celui de Cocos fusiformis. Martius la nomme Acrocomia sclerocarpa. Ce g. appartient à la tribu des Cocoïnées et est ainsi caractérisé : Fleurs monoïques sur le même spadice, renfermées dans une spathe simple, dure et presque ligneuse; les mâles formant des épis serrés sur les parties supér. des rameaux du spa¬ dice. Cal. court, trisépale. Cor. cylindrique a 3 pétales oblongs-lancéolés. Etam. 6 , in¬ cluses; filaments comprimés; anlh. linéai¬ res, oblongues, presque sagittées; un rudi¬ ment d'ovaire au centre. Les fleurs femelles sont sessiles, en petit nombre et assez espa¬ cées à la base des rameaux du spadice. Ce cal. à 3 sépales ovales-arrondi es. La cor. à 3 pétales ovales-imbriqués; un disque annu¬ laire , en forme de capsule à G dents, entoure l’ovaire, qui est velu, ovale, à 3 loges. Style court; 3 stigmates lancéolés, recourbés. Le fruit est un drupe monosperme , à mésocarpe fibro-mucilagineux et dont le noyau épais, lenticulaire, est percé sur les côtés de 3 trous, dont un seul pénètre dans sa cavité. Le périsperme est uniforme et dur; l’embryon correspond au trou latéral. — Ce palmier croit dans les terrains secs et découverts, rarement dans les bois. Sa tige s’élève à 20 ou 30 pieds, sur 1 de diamètre ; elle est souvent renflée vers son milieu. Ses feuilles nombreu¬ ses ont 10 à 15 pieds de long, et sont gar¬ nies d’un grand nombre de folioles (70 à SO de chaque côté ) étroites , longues et flexueu ses. Le pétiole et la base des folioles sont hé¬ rissés de longues épines noires. Les jeunes feuilles cuites de ce palmier passent pour fournir un des meilleurs choux-palmistes. On fai c avec son péricarpe et avec l’amande une émulsion qui passe au Brésil pour avanta¬ geuse dans les affections catarrhales. (Ad. B.) ACRODACTYLA (axpo;, à l’extrémité; daxTv),oç , doigt), ins. — G. de la famille des Icbneumoniens , de l’ordre des Hyménop¬ tères, établi par Haliday pour 2 esp. indi¬ gènes dont l’une est VA. degener Halid. (Bl.) * ACRODÏCLÏDUJM ( axpov , sommet ; SiAlq , lêoç, porte à deux battants : allusion au mode d’ouverture des anthères ). — C. de la famille des Lauracées, fondé par Nees ( Prog. 13, Laur. 266 ) , qui lui assigne les caract. suivants : Fleurs hermaphrodites : cal. urcéolé, à limbe quinquéfide, infléchi, persistant. Étam. 9, très courtes, insérées au sommet du tube; 6 extér. stériles , péta- îoïdes, églandulées; 3 intér. fertiles , pour¬ vues, sur le dos et à la base, de glandules géminées, disposées presque carrément ; an¬ thères sessiles, tronquées, tétragones, con- niventes au sommet en pores orbiculaires binés , et déhiscentes extérieurement , au moyen de valvules dressées. Ovaire unilocu¬ laire, uniovulé , entièrement couvert par le tube du calice; stigmate simple, aigu, Ca- riopse monosperme , enveloppé par le calice persistant et accru. — Ce g., dont le Launis triandra de Swartz est le type , comprend quelques arbres de l’Amérique tropicale , à feuilles alternes, penninervées, à fleurs dis¬ posées en petits thyrses axillaires. (C. L.) * ÂCROBON (a xpoç , au sommet; oSovçr oSovzoç . dent) ins. — G. de l’ordre des Co¬ léoptères tétramères , famille des Carabi- ques, tribu des Amaroïdes , établi par Zim¬ mermann aux dépens du g. Amara de Bonelli et auquel il donne pour caract. es¬ sentiels : Dent simple au milieu du menton. Thorax dilaté et suborbiculaire. — 11 est fondé sur une seule espèce , YHarpalm brun- riens Gy IL ( Amara brunnea Dej. ) , qui est ACR ACR 101 commune dans beaucoup de contrées. (D.) * AÇRODRY 01V (àxpoSpvov, qui porte des fruits au sommet). — bot. pu. — G. fondé par Sprengel (Linn. Syst. pl. 1825) et que la majorité des Botanistes réunit aujourd’hui au g. Cephalanthus. V. ce rnot. (C. B.) * ACRODUS (axpoç, au sommet; ocîovç', dent), poiss. foss. — G. dont M. Agassiz con¬ naît aujourd’hui 5 espèces; l’une, VAcro- dus nobilis, est décrite et figurée dans les Transactions géologiques de Londres (2e sér. 1er vol. pl. 4, fig. 6). Elle vient du Lias de Bath et de Lyme-Begis. Une 2e de la même époque géologique est son Acrodus gibberu- lus ; une 3e esp. , à laquelle il n’a pas encore donné de nom, vient du Lias inférieur d’Ax- mouth Enfin il en signale deux autres de formations plus anciennes , Y Acrodus Bron- nii, et Y A. Gaillardoli, du grès bigarré de Brunswick. Ce g. appartient à la famille des Ccstraciontes, ordre des Placoïdes. (Val.) * ACROGASTER (axpoç, au sommet; yaoTvjp , vendre), poiss. foss. — G. de Pois¬ sons fossiles de la craie de Westphalie, établi par M. Agassiz (. Tahrb . 1834, p. 306), dans la grande famille des Percoïdes. Il appartient, selon M. Bronn, à la 4e période. Il est en ef¬ fet cité par cet auteur, parmi les autres exemples donnés dans le Lœthea , p. 563 et 747. ^ (Val.) * ACROGÈTCES. Acrogeneœ (axpoç, au som¬ met ; yivoç , progéniture; ici, par extension, croissance J. bot. cr. — Expression introduite par Bindley, pour désigner la grande division des Acotylédones de Jussieu, par un mot ana¬ logue à ceux d’Endogènes et d’Exogènes , adoptés par M. De Candolle, pour les Mo- nocotylédones et les Dicotylédones; mais ce mot , qui signifie croissant par le sommet , s’applique difficilement aux plantes pure¬ ment celluleuses, telles que les Algues et les Champignons , qui croissent réellement dans tous les sens; elle est, au contraire, exacte lorsqu’on ne l’emploie que pour les Mousses, les Fougères , les Lycopodes , etc., dont la tige, en effet, ne s’accroît que par * l’allongement de son extrémité, sans éprou¬ ver aucun changement dans les parties déjà formées ; mais c’est spécialement à ces plan¬ tes que Mohl avait précédemment appliqué le nom d ’Acrobriœ; et l’ensemble de leur organisation est si différent de celui des plantes celluleuses , que presque tous les Botanistes s’accordent à en former 2 gran¬ des classes sous des noms différents. Ce sont encore les Acoiyledoneœ et les Pseudo- colyledoneœ d’Agardh; les Homonemeœ et les Heieronemeœ de Fries ; les Agames et les Cryptogames , les Thallophyla et les Acro- brya d’Ungeret d’Endlicher, etc. (Ad. B.) * ACROGLOCIim, Schrad. ( obcpoç , au sommet; yÀw^tç, pointe), bot. pu. — Syn. du g. Lkcanocarpüs Nees. (Sp.) * ACROGYRATÆ ( axpoç , au sommet ; yvpoç , cercle), bot. cr. — Ce nom a été don¬ né par Bernhardi à la tribu des Osmunda- cées , parmi les fougères. (Ad. B.) *ACROEASIA Presl. (axpoç, au sommet ; XocCTtoç , velu) bot. pii. — G. de la fa¬ mille des Loasées, sous-tribu des Bartoni- nées , Spach; Presl ( Bel . Hcenk. 2, p. 39) lui assigne les caract. suivants : Limbe ca- licinal 5— parti , persistant. Pétales 5 , très courtement onguiculés , planes, barbus au sommet. Étam. 10, toutes fertiles; les 5 ex¬ térieures plus longues, à anth. suborbicu- laires. Filets filiformes, libres. Ovaire cylin- dracé. Style filiforme , trigone, non tordu , trifide à la base. Stigm. obtus. Caps, cylin- dracée, trivalve au sommet, oligosperme. Graines anguleuses , rugueuses. — Herbes annuelles, hérissées de poils scabres. Feuil¬ les sessiles , oblongues, pennatifides. Fleurs terminales et latérales, non bractéolées, pe¬ tites , solitaires. L’unique esp. qui consti¬ tue le g., habile le Chili. (Sp.) * ACROLÉPIDE. Acrolepis ( axpoç, au sommet; hnlç, écaille), bot. pii. — G. de la famille des Cypéracées, voisin des Dulichium et Gahnia, établi par Schrader (Annal. Cap. Cyp. 42. t. 2. f. 5.) pour une plante du Cap (A. trichodes), désignée successivement sous les noms de Hypophialium capilli folium et d’ Hemichlœna capilli folict. En voici les caract. génériques : Épillets 2-ou 3-flores; écailles imbriquées, distiques, la plus inférieure vide. Les fleurs manquent d’écailles ou de soies hypogynes. Étamines au nombre de 3, style profondément 3-fide, caduc. Fruit dur, crustacé, 3-gone, entouré à sa base d’un disque persistant, 3-angulaire, à bord crénelé. (A. R.) * ACROEEP1S (axpoç , au sommet; hniç, écaille), poiss. foss. — G. établi par M. Agas¬ siz dans la famille des Sauroides, et voi¬ sin, dans la création actuelle, du Polypte- 102 ACR ACR rus et du Lepisosieus. Ces poissons fossiles ont les écailles surmontées d’une quille, et diffèrent des Pygoptères par une anale très courte. — On n’en connaît qu’une espèce , YAcrolepis Sedgwichi , Ag. ( Poiss . foss. , vol. 1, tab. D, fig. 1 , et Tram. géol. , 2me série , vol. 3 , pl. 18). Elle vient du Magnesian Li- mestone d’Angleterre, près East Thickley. (Val.) *ACROLOPHE. Acrolophus ( axpoç , au sommet ; ioyoç, aigrette), ins. — G. de l’or¬ dre des Lépidoptères , famille des Noctur¬ nes, tribu des Tinéites, établi par M. Poey [Cent, des Lèpid. de Cuba), qui lui donne pour caract.: Point de langue distincte. Ant. simples. Palpes très longs, couchés sur le dos, avec tous les articles barbus jusqu’à l’ex¬ trémité. Frange longue vers l’angle del’anus. — Ce g. a pour type une esp. que M. Poey n’a prise qu’une seule fois , et à laquelle il a donné le nom de A. vitellus , à cause de la position de sa tête qui ressemble à celle d’un jeune taureau. Elle a les ailes d’un jaune brun , avec les supérieures couvertes d’ato¬ mes bruns, plus distincts sur la côte. Cet auteur rattache au même g. la Teigne Hami- ferella , Hubn. Zutr. 441. 2. (D.) *ACROMIQ]V. Acromium ( axpoç , au som¬ met; et Su.oq, épaule), anat. — Apophyse considérable qui termine l’épine de l’omo¬ plate en haut et en dehors. (A. T.) * ACROMIS ( àxpcojjuç , sommet), ins. — C. de l’ordre des Coléoptères tétramères , famille des Chrysomélines , proposé par M. Chevrolat et adopté par M. Dejean ( Ca¬ lai. 3e édit. ) , mais dont les caract. ne sont pas connus. Il ne renferme qu’une esp., VA. carnifex Fab. , de Cayenne. (D.) ACROMYIE. Acromyia (axpoç, élevé; fjaiïa , mouche ). ins. — G. de l’ordre des Dip¬ tères, établi par Bonelli , et correspondant au g. Hybos de Fabricius , adopté par M. Macquart. V. ce mot. (D.) * ACRONIE. Acronia ( axpov, pointe, som¬ met). bot. ph. — G. peu connu, rapporté avec doute à la famille des Orchidacées, fondé par Presl ( Rel. Haenk. U 104 ; Symb. 2. 9. t. 57), et ainsi caractérisé : Sépales la¬ téraux, étalés, allongés-acuminés, connés entre eux; le supér. adhérent aux intér. (pétales). Labelle bifide jusqu’à la base, à segments linéaires, divergents. Gynostème court, un peu dressé , dilaté-arrondi au som¬ met. Anth. sessile, décidue. Masses pollini- ques 2, poudreuses. — L’auteur ne comprend dans ce g. qu’une seule esp. ; c’est une plante herbacée péruvienne, qui paraît épigée, à scape solitaire, dressée, monophylle; feuille ample, ovale, nervée, amplexicaule ; inflo¬ rescence en épi terminal , lâche; fleurs assez grandes, légèrement pourprées. (C. L.) * ACRONfODIA , Blum.; Acrozus, Spreng. (axpoç , au sommet; vwSoç, non denté), bot. pii. — G. appartenant suivant M. Blume ( Bi'jdr . 3, p. 123.), à la famille des Éléo- carpées, et auquel ce botaniste assigne les caract. suivants : Sépales 4. Pétales 4 , petits, linéaires, érosés au sommet. Etam. au nom¬ bre de 8 à 12; anthères linéaires, pubéru- les, mutiques au sommet. Fleurs dioiques; fleurs femelles et fruits inconnus. — Ce g. n’est fondé que sur une seule esp. qui croît à Java. (Sp.) * ACRONYCHIA. bot. ph. — M. Blume a changé en ce nom celui du g. Cyminosma de Gærtner. (Ad. J.) * ACRONIYCTE. Acronycta (àxpovv£, wx- toç , commencement de la nuit ). ins. — G. de l’ordre des Lépidoptères, famille des Noc¬ turnes , tribu des Bombycoïdes , établi par Ochsenheimer et adopté par M. Boisduval ( Index, méthod. des Lépidopt. d’ Eur .), ainsi que par MM. Stephens et Curtis( Calai, des Insectes de l’Anglet .); mais dont aucun de ces auteurs n’a publié les caractères. Quant à ceux qu’en donne M. Treitschke, continua¬ teur de l’ouvrage d’Ochsenheimer , ils sont si vagues qu’il ne servirait à rien de les rap¬ porter ici. Cependant il est vrai de dire que toutes les esp. qu’il y comprend ont la plus grande analogie entre elles, et forment, par conséquent, un groupe très naturel, mais seulement à l’état parfait; car leurs chenilles présentent, au contraire, les plus grandes ano¬ malies. Du reste les Acronyctes ne peuvent être placées ailleurs que dans la grande tribu des Noctuélites, si on ne les considère que sous forme de papillons; tandis qu’elles ap¬ partiendraient à celle des Bombycites, si l’on n’avait égard qu’à la forme de leurs che¬ nilles et à leur manière de se transformer. Elles se filent toutes des coques , dans la construction desquelles quelques unes font entrer des parcelles d’écorce ou de bois pourri. Toutes les espèces que ce g. renferme sont figurées dans l’ouvrage d’Hubner, ainsi ACR ACR 103 que dans l’ Histoire naturelle des Lépidoptères de France. Nous ne citerons que quelques unes des plus connues: VA. leporina Fabr. , vulgairement appelée le Flocon de laine, à cause de sa chenille qui est cou¬ verte de longs poils blancs; VA. psi Fabr. , ainsi nommée parce que la lettre grecque ^ est fidèlement représentée sur ses ailes supé¬ rieures ; VA. megacephala Fabr., tirant son nom de la tête de sa chenille, et enfin l'A. Aceris ou Noctuelle de l’Érable , dont la chenille est très remarquable. Son corps est d’un beau jaune citron et marqué dans toute sa longueur d’une suite de taches dor¬ sales blanches , bordées de noir, de chaque côté desquelles s’élèvent perpendiculaire¬ ment, sans être implantés sur des tuber¬ cules, des faisceaux de poils très longs en forme de cônes, d’un jaune citron et lavé de rose du côté interne. Presque toutes les esp. se trouvent aux environs de Paris. (D.) * ACROPELTIS (axpor, à l’extrémité; wAt yj, petit bouclier), bot. cr. — Nous avons imposé ce nom à un g. d’ Algues appartenant à la sous-famille des Floridées , ordre des Phycées, et nous le caractérisons ainsi qu’il suit,: Sporidies proportionnément assez gran¬ des, piriformes, nichées dans .des espèces de disques en forme de bouclier ou de raquette, placés à l’extrémité des frondes. Le point d’attache consiste en unépatement d’où s’é¬ lèvent plusieurs frondes filiformes à leur naissance, puis planes, linéaires, dentées et presque ciliées en leurs bords , souvent tronquées au sommet et prolifères du milieu de la troncature , terminées par un évase¬ ment orbiculaire en forme de bouclier, dans lequel les séminules ou sporidies sont im¬ mergées. Celles-ci , en forme de poire ou de massue raccourcie, sont d’abord entièrement cachées dans le tissu de la fronde; maïs bientôt elles dépassent l’une et l’autre face, qu’elles rendent raboteuses et inégales. Dans un état avancé de la plante , cette portion de la fronde se replie sur elle-même, comme une main qui se ferme. Une seule esp. a été trouvée dans la mer Pacifique, près de Coquimbo. Nous en avons donné une figure analytique dans la pl. vi. fig. 3. de la Bot. du voyage dans V Amér. mèrid. par M. Aie. d’Orbigny. La couleur normale de cette Algue doit être rose. — Ce g. tel que nous venons de le circonscrire , ne saurait ren¬ trer dans aucun de ceux qui résultent du démembrement qu’a fait subir M. Gréville au g. Sphœrococcus d’Agardh. Voisin des Délesseries, il s’en distingue aisément par sa fructification. (C. M.) * ACROPÈRE. Acropera (axpoç, au som¬ met; 7TYîpa , sac, poche ). bot. pji. — Lin- dley ( Gen . et Sp. Orch. p. 172.) désigne sous ce nom un g. nouveau de la famille des Orchidées , tribu des Vandées , auquel il donne les caract. suivants: Divisions ex¬ ternes du calice étalées; la supér. creusée en forme de casque; les 2 latérales divari- quées; les divisions intér. très petites, éta¬ lées, obliques et tronquées au sommet; la- belle onguiculé , articulé avec la base du gynostème; il est 3-lobé, et le lobe moyen est plus petit, concave et en forme de sac. Gynostème droit, mince sur les bords, et concave à sa base. Masses polliniques 2 , li¬ néaires, convolutées, terminées par une cau- dicule subulée, portant un très petit réti- nacle externe. — La seule esp qui compose ce genre [A. Loddigesii Lindl.) est une plante parasite assez semblable, pour le port, aux espèces du g. Maxillaria et qui croît aux environs de Xalapa, au Mexique. (A. R.) * ACROFHORUS ( axpoç , au sommet ; «popo'ç, qui porte), bot. pu. — Presl a éta¬ bli sous ce nom , dans sa Ptéridographie , un g. qu’il place dans la tribu des Asplé- niacées, auprès du Cistopteris, et qui, ainsi que ce g., a peut-être plus de rapports avec le Dicksonia ; il diffère du Cistopteris, en ce que les groupes de capsules sont placés près du bord de la foliole, à l’extrémité d’une des nervures. Ces groupes de capsules, dis¬ posés en rond , sont recouverts d’un tégu¬ ment arrondi s’ouvrant en dehors, et fixé à sa base sur la nervure , comme dans le Cistopteris fragilis.- — Ce g. est établi sur une plante de Java, décrite par Elume, sous le nom d ’Aspidium nodosum ; c’est une petite fougère à fronde herbacée , très découpée. ( Ad. B. ) * ACROPIIYLLE. Acrophylla (axpov, ex¬ trémité ; cpvXXov, feuille), ins. — Cette déno¬ mination a été appliquée par Gray, comme nom générique, à quelques esp. de la fa¬ mille des Spectres ou Phasmiens , qui ne peuvent être séparées des Cyphocranes , dont elles réunissent tous les caractères. ACR 1 04 ACR MM. Brullé et Burineister les ont réunies à ce dernier genre. (Bl.) * ACIIOPOBIIJM , Desv. (le xPW, au som¬ met; rc ouç, tto^ûç, pied ). bot. pu. — Desvaux ( Ann. des Sc. nat. 9 , p. 408 ) a érigé sous ce nom , un g. fondé sur Y Aspalalus stiffruticosu DG., et qui, d’après le caract. qu’il lui as¬ signe, ne paraîtrait pourtant différer essen¬ tiellement des Aspalathus que par un stipe ovarien capillaire. — Reichenbach ( Consp. llegni Veget. ) a admis ce g. en le plaçant à côté des Lotus. ( Sp. ) * ACROPTERÏS ( oexpoç , au sommet; irrspt'ç, fougère), bot. cr. — G. de Fougères institué par Link, et dans lequel il place les Asplénium australe L., radiatum Kœn. et septentrionale L. Ce g. n’a pas été générale¬ ment adopté; suivant Presl, les deux lres esp. sont des Blechnum, et la dernière un véri¬ table Asplénium . (Ad. B.) * AGROPTERON (axp oç , au sommet; Tirepov , aile), ins. — G. de l’ordre des Co¬ léoptères tétrâmères, famille des Hélopiens, établi par Perty , et correspondant au g. Phenosoma de M. Dejean. V. ce dernier mot. (D.) * ACROPTILON (axp ov, sommet; tvz'i- Aov, plume), bot. pii. — C’est une plante vi¬ vace, rameuse, originaire de l’Europe orien- taîeet qui, avantl’épanouissement des fleurs, a la plus grande ressemblance avec le Cen- laurea Jacea. Elle a pour caract. de présen¬ ter des capituleshomogames, dont les folioles infér. de l’involucre sont fortement imbri¬ quées, arrondies, mutiques , concaves, presque entièrement membraneuses et cou¬ vertes d’un duvet blanc ; les moyennes sont lancéolées et les plusintér. linéaires-lancéo- lées, membraneuses sur les bords, ciliées et terminées par un appendice presque plu¬ meux : caract. quia contribué à séparer cette plante des Centaurea et Serratula , avec les¬ quels on l’avait placée. Le récep. est couvert de fïmbriîles linéaires ; la cor. est glabre , presque régulière, à 5 divisions. Les étam. à filets glabres ou pourvus de quelques poils, supportent des anthères terminées supérieurement par des appendices obtus et inférieurement par de courts prolongements membraneux et entiers. Les branches du style se recourbent après l’épanouissement. Le fruit est obovale-oblong , comprimé, glabre; l’aigrette se compose de plusieurs rangées de poils blancs , inégaux ; les exté¬ rieurs scabres, ceux de la rangée interne plus longs que les autres et presque plumeux au sommet. — h’ Acroptilon [ Centaurea Picris L.) se cultive au Muséum; Cassini en a décrit plusieurs esp. que M. De Candolle considère, peut-être à tort, comme de simples variétés. (J. D.) * ACROSANTHE. Acrosanthes , Eckl. et Zeyh. ( oexpoç , au sommet ; avGvj , fleur) bot. ph. — G. de la famille des Ficoïdées , voi¬ sin des Aizoori. Ecklon et Zeyber [Plant. Cap . 1 , p. 328, 1837.) lui assignent les ca¬ ract. suivants: Cal. profondément quinqué- fide; segments dressés, acuminés, mucro- nés, pétaloïdes en dessus. Cor. nulle. Etam. 20 à 40, polyadelpbes, insérées au sommet du tube calicinal; filets capillaires. Ovaire uniloculaire, biovulé. Stigm. 2, filifor¬ mes, sessiles. Caps, globuleuse, un peu com¬ primée, uniloculaire, bivalve, recouverte par le calice; valves submembraneuses. Graines géminées ou solitaires par avorte¬ ment, ascendantes, obliquement obovales, orbiculaires , tuberculeuses vers leur base. — Sous-arbrisseaux dichotomes, diffus , très glabres. Feuilles opposées ou verticillées, quaternées, subconnées, un peu charnues. Pédoncules axillaires ou dichotoméaires , so¬ litaires, uniflôres. Ce g. est propre aux ex¬ trémités australes de l’Afrique; on en con¬ naît 3 espèces. (Sp.) ACROSPERMUM (axpov, sommet ; aWp- p.a, graine.) bot. cr. — Ce g., que Tode a caractérisé par la phrase suivante : Fungus simplicissirnus suberectus apice extus frucli- ficante, réunit différents individus que l’on doit séparer. Déjà M. Fries a rapporté au s.- genre Coryne des Trémelles, Y Acrospermum unguinosum Tode ; Y A. pyramidale Tode , et VA. cornutum Fries, qui ne sont qu’une mo¬ dification del ’Agaricus tuberosus arrêté dans son développement. L’A. lichenoides Tode, paraît être une monstruosité de quelque Li¬ chen. L’A. cornpressum sert de type au g. Scleroglossum de Persoon , qui doit être conservé. Il ne reste donc plus que 2 esp. qui ont été figurées par Persoon (plan¬ che xi , Mycolog. Europ. ) Y A. sclerotioi- des Fries [Fig. 3 et 4), qui pourrait bien être un Pislillaria , et Y A. conicum Fries ( Fig. 0 et 7) , qui seul présente les caract. génériques donnés par Tode. Cette dernière ACR ACR 105 esp. , qui est très rare , se trouve sur les tiges sèches des plantes. ( Lév. ) ACROSPORIUM (axpoç, au sommet; tr-rropa, semence), bot. cr. — G. de Byssoï- dées que le professeur Link a réuni peut- être à tort au g. Oidium. Dans l’un et dans l’autre, les spores sont articulées et placées les unes à la suite des autres, comme les grains d’un chapelet; mais, dans l’^cro- poritim , la première, ou plutôt celle qui sup¬ porte les autres, est allongée; les autres sont ovales et d’autant plus grosses qu’elles ap¬ prochent plus du sommet; tandis que dans l’ Oidium , elles sont toutes égales. On ne connaît encore que Y A. monilioides Nees, qui croît sur les feuilles vivantes des grami¬ nées, qu’il finit par tuer. Dans cet état, les feuilles sont blanches et paraissent saupou¬ drées de sucre pulvérisé. (Lév.) ACR08TIC. Acroslichum (axpoç, au som¬ met; < m'^oç, rangée), bot. cr. — Les Fou¬ gères qui composent ce g. appartiennent à la div. des Polypodiacées à capsules nues ; il fut établi par Linné pour toutes les plantes de cette division, dont les cap¬ sules couvraient toute la surface înfér. des % feuilles pu du moins la plus grande partie de leur étendue. Depuis lors, on en a séparé plusieurs esp. dont les capsules sont fixées le long des nervures comme dans les He- mionitis , et le g. Acroslichum s’est trouvé ré¬ duit aux espèces dans lesquelles les capsules sont fixées sur toute la surface infér. des feuilles, sur les espaces mêmes qui séparent les nervures. On a encore séparé des Àcro- stics, les Polyboirya, Humb. et Bonpl., dans lesquels les divisions des feuilles fertiles sont beaucoup plus étroites que dans les feuilles stériles et tellement couvertes de capsules qu’elles forment presque de petits épis; les Olfersia , Raddi , dans lesquels les capsules sont insérées sur les 2 faces des folioles fer¬ tiles et très étroites. Ce dernier g., qui ren¬ ferme plusieurs esp. brésiliennes, paraît mé¬ riter d’être adopté; enfin Desvaux , sous le nom de Plalycerium , et M. Gaudichaud, sous celui d’Alcicornium, ont distingué un groupe d’esp. très remarquables par leur forme et leur nervation ; ce sont les A. alcicome, siem- maria et biforme. Les autres esp. très nom¬ breuses constituaient jusque dans ces der¬ niers temps le g. Acroslichum ; mais la considération de la distribution des nervures et l’introduction de ce caractère dans la définition des genres, a conduit M. Près! à créer dans sa Ptèridographie , un grand nombre de g. aux dépens des Acrostics, et à reporter dans le g. Olfersia , défini autre¬ ment que ne l’avaient fait Raddi et Schott, la plupart des esp. A’ Acroslichum des auteurs précédents ; ainsi , outre les g. Polyboirya , Olfersia et Plalycerium , il a créé ou admis les g. Aconiopleris , Slenosemia, Campium , Pœcilopteris , Eschw. ( Bolbitis , Schott. ) et Gymnopteris , Bernh. — V. ces mots. Pour cet auteur, les vrais Acrostics se ré¬ duisent à un petit nombre d’esp. ( lO envi¬ ron) , dont Y Acroslichum aureum peut être considéré comme le type. Leur fronde est simple ou plus souvent pinnée, coriace, à nervures secondaires réticulées, formant un réseau régulier et uniforme qui s’étend de la nervure moyenne jusqu’au bord de la fo¬ liole ; les feuilles fertiles ont tantôt toutes leurs folioles, tantôt une partie seulement, couvertes de capsules sur toute leur surface infér. ; ces folioles fertiles sont quelque¬ fois plus étroites que les stériles. Ces fougè¬ res sont de belles esp. dont les feuilles, d’une assez grande dimension, naissent d’un Rhi¬ zome rampant. Elles croissent entre les tro¬ piques, ou peu au-delà, dans les 2 continents. — Le g. Pœcilopteris d’Eschweiler, ou Bol¬ bitis de Schott, ne mérite peut-être pas d’en être séparé, quoiqu’il s’en distingue facile¬ ment par la texture herbacée de ses frondes. (ad. B.) * ACROSTICH AGEES. Acrostichaceœ (axpoç , au sommet; a-r^oç, rangée), bot. cr. — Tribu de la famille des Fougères, section des Polypodiacées, établie par M. Gaudi¬ chaud, dans le Voyage de l’Uranie , et adop¬ tée avec quelques changements dans ses limites par Près!, dans sa Pteridographia. Elle correspond à peu près au grand g. Lin- néen Acroslichum; elle est caractérisée par l’insertion des capsules sur toute la face infér. des folioles ou des frondes fertiles, et par l’absence de téguments ; elle comprend, d’après cet auteur, les g. Polyboirya , Olfer¬ sia , Aconiopleris , Slenosemia , Campium , Plalycerium, Acroslichum, Pœcilopteris ( Bol¬ bitis , Schott. ) Gymnopteris {Hymenolepis et Leptochilus , Kaulf.). (Ad. B.) * ACROSTOMES. Acrosloma ( axpoç , qui est au sommet; aropa, bouche ). helm. — G. 7* T. I. 106 ACR ACT établi par M. Lesauvage ( Ann . des sc. na- lur. xviii, 433. pl. xi), qui le caractérise ainsi: Bouche simple, terminale, plus ou moins irrégulièrement bilabiée; corps cy- lindroïde, légèrement cannelé, terminé par une et quelquefois deux vessies caudales. Yoisin à beaucoup d’égards desCysticerques, et n’offrant comme eux aucune apparence de viscères dans la vessie qui termine le corps , ni tlans le corps lui-même , il en diffère en ce que ces deux parties sont beaucoup moins distinctes, en ce que son extrémité antér. est sans renflement, sans ventouses et sans crochets , en ce qu’au lieu d’être renfermé dans un kyste, il flotte dans l’intér. d’une cavité, à la paroi membraneuse de laquelle il est seulement fixé par la bouche , qui y exerce une succion assez forte pour y déter¬ miner la formation d’un mamelon à vais¬ seaux capillaires très développés, et péné¬ trant souvent jusqu’à plus de la moitié de la longueur du corps , à l’intérieur duquel il se moule. Les lèvres, arrondies dans leur pourtour, peuvent fermer la bouche, en s’ap¬ pliquant l’une contre l’autre. On n’en a encore signalé qu’une seule espèce, VA. amnii , qui se rencontre dans l’amnios des vaches; et c’est une raison suffisante pour que la caractéristique du g. ne puisse être admise que comme provisoire. V. cysti- CERQUES et HYDATIDES. (L. D.Y.R. ) ACROTHAMNÏUM, Nees (à'xpoç, au som¬ met; 5a jtxviov, arbrisseau), bot. cr. — Ce g. , que je n’ai jamais eu l’occasion d’étudier, a les filaments couchés , rameux, opaques et faiblement entrelacés les uns dans les au¬ tres. VA. violaceum, seule esp. qu’on en con¬ naisse , a été trouvée en Allemagne, parmi les mousses, au pied des arbres. M. F ries con¬ sidère ce g. comme une des nombreuses modifications qu’éprouve 1 v Mycélium, avant de donner naissance à un champignon par¬ fait. V. ce mot. (Lév.) ACROTREMA, Jack (« xpog, au sommet; rp%.a, cavité), bot. pii. — G. rapporté à tort ou à raison à la famille des Dilléniacées. MM. Wight et Arnott ( Prodr . Flor. Penins. Ind. ii. p. 6.) lui assignent les caract. sui¬ vants: Sépales ô. Pétales 5. Etamines 5; filets filiformes, courts; anthères adnées, déhiscentes par 2 pores apicilaires. Ovai¬ res 3 , bi-ovulés, distincts. Péricarpe de 3 follicules uni-locu!aires. — Herbes acau- les; hampes nues, radicales. Fleurs en grappe. Ce g., dont on connaît 2 espèces, appartient à l’Jnde. (Sp.) ACROTRÏCÏIE ( axpoç, au sommet; 0pt£, Tpi^oç, poil), bot. ph. — G. de la famille des / Epacridacées , tribu des Styphéliées, fondé par R. Brown qui en circonscrit ainsi les caract: Cal. 5-fide, 2-braetéé. Cor. infundi- buliforme, à segments terminés par des poils fasciculés, réfléchis. Disque périgyne , sub¬ lobé. Drupe charnue, bacciforme, à 5 loges celluleuses. — Ce g., créé aux dépens du g. Slyphelia , Labill. , renferme une dizaine d’espèces; ce sont de petits arbustes, origi¬ naires de la Nouv.-Hollande, très rameux, à fleurs en épis courts, axillaires et latéraux, à fruits petits, globuleux, un peu déprimés. (C. L.) ACROZUS, Spreng. (axpoç, au sommet; oÇoç, rameau ). bot. ph. — Syn. du g. Acro- nodia, Blume. (Sp.) * ACRYPHYLLUM. bot. ph. — Suivant Bindley {Nat. Syst. of bot. ed 2) , ce serait un g. créé par Loureiro , et syn. du Rhyn- chosia; mais Loureiro n’ayant point signalé de g. de ce nom , il est à présumer qu’au lieu d’ Acrypliyllum Lour., il faut lire Arcy- phyllum, Elliot. (Sp.) ACTÆA ( àxTOt t'a, sureau), bot. pu. — Sy- non. latin d' Actée. — C’est aussi un g. de la famille des Dilléniacées, formé par Lou¬ reiro (Lindl. N. Syst. Ed. 2. App.) et qui n’a point été adopté , parce qu’il en existai un autre du même nom dans la famille des Helléboracées. C’est en outre un des nom¬ breux sj non. du genre Retracera de Linné. (C. L.) * ACTÉBIE. Actebia ( àxr^' , rivage ; |3i5 , je vis), ijns — G. de l’ordre des Lépidoptè¬ res, famille des Nocturnes, établi par Ste¬ phens dans sa tribu des Noctuidcs , et qui a pour type la Noctua prœcox de Linné. C’est un démembrement du genre Trachea d’Ochsenheimer. V. ce mot. (D.) ACTÉE. Actœa L., Fisch. et Mey. ( àxrata, sureau), bot. ph. — G. de lafam. des Hellébo¬ racées, tribu des Helléborées, Sp., sous-tri¬ bu des Actéariées , Sp. Ce g. , avec lequel on en a confondu plusieurs autres très distincts {V. Traulveileria [Renonculacées], Actinos- pora , Botrophis et Cimicifuga) , offre les ca¬ ract. suivants : Sépales 4, pétaloides, caducs dès l’épanouissement. Pétales (accidentelle- ACT ACT 107 ment nuis) 1 à 6, petits, longuement ongui¬ culés , planes , caducs en môme temps que les étamines (plus tard que les sépales). Étam. en nombre indéfini (20 à 40), toutes fertiles ; filets filiformes -spatulés ; anthères suborbiculaires, obtuses, latéralement dé¬ hiscentes. Ovaire solitaire, oblique, ovoïde, 6-12 ovulé; ovules horizontaux, opposés, bi- sériés. Stigm. gros, sessile, adné, transver¬ salement oblong ou elliptique, oblique, subterminal, 1-sulqué. Péricarpe ovoïde ou ellipsoïde, non stipité, charnu, indéhis¬ cent, 6-12-sperme, couronné par le stig¬ mate. Graines analropes , horizontales , op¬ posées, bisériées, non squamelleuses, fine¬ ment chagrinées, 3-gones, plus ou moins comprimées bi-latéralement , convexes au dos. Embryon minime, obeordiforme. Les Aciées sont des herbes vivaces, à rhi¬ zome souterrain, rampant, et à tige simple, oligophylle. Les feuilles sont décomposées ou surdécomposées, à pétiole en général d’a¬ bord trifurqué. Les fleurs, blanchâtres et de grandeur médiocre, sont disposées en grappe terminale. Ce g. , propre aux régions , soit froides, soit tempérées, de l’hémisphère sep¬ tentrional , ne renferme que 3 ou 4 espèces qu’il faudra peut-être réunir en une seule. Toutes les parties de ces végétaux sont véné¬ neuses , et aujourd’hui totalement négligées en thérapeutique. (Sp.) *ACTEGETON, Blum. bot. pu. — G. rapporté par son auteur aux Rhamnées , et par Don aux Célastrinées. Ses caract. sont : Cal. infère, urcéolé, 4-denté. Cor. à 4 pé¬ tales. Étam. 4 , submonadelphes par la base, alternes avec les pétales; anthères incom¬ bantes. Ovaire ï-loculaire, 4-ovulé. Stigm. 2, sessiles. Baie subglobuleuse, 1-3-sperme. Graines apérispermées; hile saillant , basi¬ laire ; radicule infère. — Arbrisseau sarmen- teux, armé d’aiguillons axillaires , géminés, horizontaux. Feuilles opposées, très entiè¬ res, grappes axillaires et terminales; fleurs petites, dioïques. On n’en connaît qu’une seule esp. qui habite Java. (Blume , Bijd.) (Sp.) *ACTÈNE. Aclena (àpriv. ; xxsfç, evoç, objet dentelé, peigne), uns. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères, famille des Ca- rabiques, tribu des Troncatipennes , établi par M. Dejean ( Calai., 3me édit.), qui n’en a pas publié les caractères. Il est fonde sur une espèce unique de Java nommée par M. Lucien Buquet, si. airata. Ce g. vient immédiatement après le g. Orthogonias.( D.) *ACTÉNISTE (Acténista, «xteWto;, non peigné), ms. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères, famille des Malacodermes, établi parM. Dejean (Calai., 3n,e édit ); mais dont il n’a pas donné les caractères. Il y rapporte 7 esp., toutes nommées par lui, dont 2 de Cayenne et 5 du Brésil. Nous n’en citerons qu’une, VA. melanoptera Dej., de Cayenne. (D.) * ACTENODE. Actenodes ( àmvoîccîvjç , étoilé), ms. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères, famille des Buprestides , établi par M. Dejean (3me édit, de son Catal.), qui n’en a pas donné les caractères. Il y rapporte 11 esp., toutes de l’Amérique, dont nous ne citerons qu’une seule, VA. bellula Dej. (D.) ACTÉON. Aclæon (Mythol.). moll. — L’animal que M. Ocken a pris pour type du g. auquel il donne ce nom a d’abord été dé¬ crit d’une manière incomplète par Montagu ( Trans. Soc. Linn. de Londres , t. 8) ; il pa¬ raît voisin des Aplysies. Malheureusement l’auteur anglais ne parle pas des branchies; il ne dit rien des organes de la génération , ni du rudiment testacé destiné à protéger l’appareil branchial. Sans avoir examiné de nouveau le Mollusque de Montagu (Aplysia viridis ), M. Ocken s’est cru autorisé à forme? pour lui un g. particulier qu’il place , on ne sait pourquoi, parmi les Gastéropodes pul- monés. Aucun Zoologiste n’a adopté l’opi¬ nion d’Ocken. Il paraît que M.Rissode Nice a découvert, dans la Méditerranée , un petit Mollusque qui, si l’on en juge par les figu¬ res, est très voisin de celui de Montagu; mais les caractères que lui assigne M. Risso sont si peu en harmonie avec ce qu’on con¬ naît des Gastéropodes marins, qu’il est de toute nécessité de revoir et d’étudier avec soin ce Mollusque , dont il fait un g. Elysie. Comme on le voit, rien encore n’est certain sur le g. Actéon ; aussi, tout en le rappro¬ chant des Aplysies, M. Rang , dans sa bonne Monographie des Aplysiens , a soin de ne l’admettre qu’avec doute. (Desh.) ACTÉON (Axtouwv; Actéon; Mythol.). moll. — G. proposé par Montfort dans sa Conchyliologie systématique , pour des co¬ quilles auxquelles Lamarck a donné le nom de Tornatelle. Ce dernier genre a été gé- 108 ACT ACT néralement adopté. Voij. ce mot. (Desh.) * ACTEPIIILA (àxTïî, rivage; cpfXn, amie; plante qui aime les rivages), bot. pii. — G. de la famille des Euphorbiacées, établi par M. Blume et caractérisé ainsi : Fleurs monoï¬ ques. Cal. divisé jusqu’en bas en 6 parties disposées sur 2 rangs. Pétales 0, plus courts, insérés autour d’un disque sinué qui porte dans les mâles, sur le pourtour, 6 étamines à filets subulés, à anthères, dont les loges arrondies s’ouvrent en dedans , et au centre trois rudiments pistillaires, dans les femel¬ les : ovaire à 3 loges renfermant chacune 2 ovules, surmonté de 3 styles courts, diva- riqués, semi-bifides, et qui devient une capsule à 3 coques. La seule esp. connue est un arbrisseau de 15 pieds, trouvé sur le ri¬ vage d’une des îles dépendantes de Java, et nommé dans le pays Sikattang. Il a des feuilles alternes, bistipulées , elliptiques- oblongues, très entières , coriaces , glabres , veinées; des fleurs en pelotons axillaires, accompagnées de plusieurs bractées ; les mâles à peu près sessiles ; les femelles lon¬ guement pédonculées. (Ad. J.) * ACTEPHIEUS ( àxryj , rivage; «pOios, ami), ins. — G. de Coléoptères pentamères, famille des Carabiques, tribu des Harpa- liens, établi par Stephens aux dépens du g. Argutor de Megerle, et auquel il assigne les caract. suivants : Cors, transverse, à angles postér. arrondis. Jambes antérieures fortes. Antennes courtes. Palpes avec le dernier ar¬ ticle très long. — Ce g. a pour type le Ca- rabus vernalis Fabr., qui appartient au g. Pœcilus , Bonelli et Feronia, Lat. (D.) * ACTÏA. ins. — G. de la section des Thryptoceralœ, Rob. Desv. , de l’ordre des Diptères, section correspondante au g. Thryp- tocera de Macquart. V . ces mots. (D.) ACTIDIUM (àxnv , rayon ; eTîoç , forme). bot. cr. — M. Fries décrit sous ce nom un g. de Champignons de l’ordre des Phacidia- cés et de la tribu des Cliostomes, dont le périthécium est sessile, de forme arrondie, et qui s’ouvre en plusieurs fentes étendues du centre à la circonférence. Les organes de la fructification se composent d’utricules ou de thèques dressées , très petites et cylindri¬ ques, qui renferment des spores globuleuses. — On n’en connaît encore que 2 espèces qui se trouvent sur les bois morts. Je n’ai pas eu l’occasion d’analyser ce genre. (Liv.) ACTSGEA (àxTtv, rayon ; y (a, terre), bot. cr. — Rafinesque Schmallz a fait connaître sous ce nom un g. de Champignons, de la fa¬ mille des Lycoperdacés, dont le péridium est sessile , sans volva , déprimé et étoilé. La fructification est pulvérulente et située dans le centre de la partie supérieure, qui se déchire pour la répandre. Cette descrip¬ tion n’est pas suffisante pour établir un rap¬ prochement avec aucun des g. de la même famille. L’auteur en décrit 2 espèces: VA. mullifida qui croît à New-Gersey, et X A. sicula qu’il a rencontré à Palerme. (Lév.) * ACTÏMERIS, Rafin. (contraction d ’Ac- linomeris ). bot. pii. — V. actinomeris. (J. D.) ACTI1YA (àxTtv, rayon), ins. — G. de Dip¬ tères établi par Meigen dans son 1er ouvrage, et qu’il a réuni depuis au g. Beris, formé an¬ térieurement par Lalreille. V . ce mot. (D.) * ACTLYA YTUE. Actinanthus , Ehrenb. ( àxTtV , îvoç, rayon, avQvj , fleur), bot. pii. — G. de la famille des Ombeliifères; M. Ehren¬ berg (. Linnœa , 1829, p. 398), lui assigne les caract. suivants : Fleurs monoïques, les fe¬ melles agrégées en capitules ; les mâles en ombelles capitellées , à fleurs marginales abortives et spinescentes. Récept. sans pail¬ lettes. Cal. à dents persistantes. Pétales oblongs, condupliqués et cuspidésau som¬ met. Péricarpe comprimé des côtés ; méri- carpes à 5 côtes; les suturales plus grosses; vaîlécules à un seul canal résinifère; com¬ missure plane, à 2 canaux résinifères. Car- pophore adné. — Plante roide. Feuilles infé¬ rieures ternati-bipennées. Collerette géné¬ rale nulle. Collerettes partielles polyphylles. Fleurs blanches. Ce g., très voisin des Echi- nophora , n’est fondé que sur une espèce qui croît en Syrie. (Sp.j ACTIAEA ( àxrtv , rayon), bot. pii. — A. L. de Jussieu a proposé ce g. pour quelques plantes voisines de 1 ’Hymenopappus. Elles se distinguent par leur involucre court, poly- phylle et unisérié; les fleurs du rayon sont ligulées, femelles et tri-dentées au sommet; celles du centre hermaphrodites à 5-denls ; les akènes, velus sur toutes leurs surfaces , sont couronnés par plusieurs paillettes subu- lées au sommet, élargies, et comme ailées à la base. Le réceptacle est nu. VAciinea, décrite par A. L. de Jussieu, est une herbe haute d’un demi-pied, à feuilles alternes, ACT ACT 109 non décurrentes; elle a été recueillie par Commerson aux environs de Buenos-Ayrcs. Ce g. fait aujourd’hui partie des Cephalo- phora dont il constitue une section. (J.D.) * ACTI1VECTE. Actinecia (àxTtv, rayon; vvjxtoç, vj, nageur), polyp. — G. établi par M. Lesueur pour les animaux que Cuvier avait placés, sous le nom de Minyas , parmi les Echinodermes. Les Àctinectes , très voi¬ sins des Actinies, et qui sont, en quelque sorte des Actinies libres et flottantes comme l’indique leur nom , ont le corps court , plus ou moins globuleux, marqué de côtes sail¬ lantes, terminé en arrière par une vessie qui les soutient dans les eaux, et présentant en avant un disque couvert d’un grand nom¬ bre de tentacules courts, au milieu desquels est l’ouverture buccale. — M. Lesueur en a décrit 3 espèces {A., olivacea, ullramarina, (lava), descôtes de l’Amérique septentrionale. MM. Quoy et Gaimard en ont observé une 4e dans l’Océan Pacifique ; mais en outre, ils en ont décrit une autre qui , en raison des suçoirs dont sa surface est pourvue, devra peut-être, suivant M. de Blainville , conser¬ ver le nom de Minyas. V. ce mot. (Duj.) ACTINELLA ( àxrcv, rayon), bot. pu. — Synonyme d 'Actinea. V. ce mot. (J. D.) * ACTI1VERIE. Actineria (àxxtv, ?voç, rayon), polyp. — G. de la famille des Acti- niens ou Zoanthaires mous, établi par M. de Blainville , pour recevoir Y Actinia villosa de MM. Quoy et Gaimard et caractérisé de la manière suivante : Corps cylindique, court, élargi aux deux extrémités et pourvu, dans tout son disque supérieur, de tentacules très petits, villeux, lanugineux, ramifiés et réu¬ nis en petites masses fusiformes et radiaires. (M. E.) ACTINIAIRES ou ACTININES ( àxTCV , tvoç , rayon), polyp. — Famille de Polypes comprenant, avec les Actinies proprement dites, plusieurs g. qui en ont été démembrés et qui tous étaient appelés autrefois Ané¬ mones de mer. Les Actiniaires sont des ani¬ maux mous ou un peu coriaces, isolés , libres ou rampants, ou temporairement fixés aux corps marins, ovipares ou vivipares, rare¬ ment gemmipares, pourvus à l’intér. de la¬ mes rayonnantes, fibreuses, auxquelles sont fixés les ovaires, et présentant, autour de leur unique ouverture stomacale ou buccale, des tentacules nombreux. M. de Blainville place dans cette famille , qu’il nomme Zoan¬ thaires mous ou Actinies , les g.: 1 0 Lucernaire; 2° Moschate ; 3° Actinecte ; 4° Discosorne ; 5° Actinodendron ; 6° Métridie ; 7° Thalas- sianthe; 8° Actinèrie ; 9° Actinolobe ; 10° Ac¬ tinie ; 1 1 0 Aclinocère. M. Ehrenberg, qui n’ad¬ met pas tous ces genres, mais qui subdivise ses Actinies propres en plusieurs s.-g. , complète sa famille des Actinines avec les g.: — 1° Me- tridium ( auquel il réunit Y Actinèrie VAaünv 2° Megalaclis ; 3° Thalassiantkus ; 4° Cribrina ; lesquels , comme les Actinies propres , n’ont point de tubercules suceurs sur le disque, et dont le dernier seul ( Cribrina ) a des pores latéraux ( pour la respiration , Ehr. ). Ce dernier, ainsi que les Actinies, ont des tuber¬ cules simples, les autres les ont ramifiés ou pinnés. Les 4 g. suivants : Actinodendron , Epicladia , Heterodaclyla , Lucernaria , sont munis de tubes suceurs particuliers sur le disque. (Duj.) * ACTIMDIY , Lindl. (àxrcv , ~voç, rayon; eï$ oç , forme ). bot. ph. — G. de la famille des Dilléniacées ; M. Lindley ( J\a.t. 6'yst. édit. 2, p. 439) en donne les caract. suivants : Sépa¬ les 5. Pétales 5. Êtam. en nombre indéfini ; anthères ciliées, extrorses. Ovaire à 22 loges pluri-ovulées; ovules bisériés ; placentaire grand, central, fibreux cellulaire. Stigm. en même nombre que les loges , libres , clavi- formes , rayonnants. — Ce g., qui paraît à peine différer des Dillenia , n’est fondé que sur une seule esp. , qui habite l’Inde. . (Sp.) ACTINIE. Actinia (àxrtv , rayon ). polyp. — G. de la famille des Actiniaires , rangé par Lamarck dans les Radiaires Echinodermes, section des Fistulides, et par Cuvier, d’abord parmi les Acalèphes, mais plus tard (2IJie édit, du règne animal) parmi les Polypes charnus ; ce qui est en effet la véritable place qu’il doit occuper. M. Ehrenberg le place en tête de sa division des Polypes Anthozoaires. M. de Blainville , de son côté , lui assigne le même rang dans sa classe des Zoanthaires. On ne peut, en effet, méconnaître aujour¬ d’hui les rapports des Actinies avec les Poly¬ pes des madrépores et des coraux. Les Acti¬ nies, nommés aussi Orties de mer ou Anémo¬ nes de mer, à cause de leur contact brûlant et de leur aspect si semblable à celui d’une belle Anémone , se composent d’une masse 110 ACT ACT charnue, contractile, plus ou moins coriace en dehors, et passant successivement de la forme d’un cylindre court à celle d’un conoide aplati ou d’une demi-sphère, ou même de¬ venant tout-à-fait globuleuse en se contrac¬ tant. Cette masse se fixe temporairement par sa base sur les corps marins , et se termine supérieurement par des tentacules nombreux, plus ou moins allongés, entourant une ouver¬ ture centrale qui est la bouche, ou mieux l’orifice unique de l’estomac, et servant à arrêter par leur simple contact les petits ani¬ maux marins qui viennent à les toucher en traversant les eaux. Le tégument, en se re¬ pliant à l’intérieur, forme la paroi de l’esto¬ mac qui ne se trouve fermé au fond que par la contraction de cette membrane, et peut, en temps convenable, livrer passage aux œufs ou aux jeunes polypes qui se sont développés entre le tégument extérieur et l’estomac. Dans cet intervalle se trouvent des lames ou cloisons imparfaites, partant du tégument externe pour converger vers le centre, et formées d’un tissu fibreux assez résistant. A ces cloisons sont fixés les organes reproducteurs, consistant en une sorte de tralse ou en un cordon parenchy mateux, plats, repliés un grand nombre de fois , munis de cils vibratiles et dans lesquels se développent les œufs. M. Wagner y a vu des tubes pelo¬ tonnés qu’il regarde comme les organes géni¬ taux mâles. Les Actinies se trouvent en grand nombre fixées aux rochers situés le long des côtes , à une faible profondeur. Les plus communes sont : l’Actinie rousse, A. rufa Lamk , ou A. equina L. , qui est large de 3 pouces environ; et l’Actinie coriace, A. se- nilis, qui est de même grandeur, mais dont la peau, au lieu d’être lisse et molle, est coriace et tuberculeuse. M. Ehrenberg l’a séparée des Actinies , ainsi que plusieurs espèces voisines , pour en faire le g. Cribrina { F. ce mot). Il en a en outre divisé les vraies Actinies en 4 genres, suivant la lon¬ gueur relative des tentacules, savoir : lo les Isacmœa , qui ont les tentacules très petits et très nombreux; 2° les Entamœa , qui ont les tentacules intérieurs très forts, et les marginaux peu à peu ou progressivement plus petits; 3° les Mesacmæa , qui ont les tentacules moyens très forts , les internes et Ses externes plus petits; 4° enfin les Ectac- mæa , qui ont les tentacules externes très forts, les moyens et les internes plus petits. A ce dernier groupe appartient une espèce que l’on mange en Provence et à Nice, et que M. Risso a nommée, pour cette raison, A. edulis ; elle est très molle, verte avec des teintes brunes sur le corps , et l’extrémité des tentacules, qui sont très longs, est sou¬ vent teinte de rose. (Duj.) * ACTIXOCAMAX ( àxrtv , Tvoç , rayon; jcap.a£, bâton; allusion à la structure ). moll. — G. proposé par Miller ( Mèm . de la Soc. Géolog. de Londres ) , pour les Bélemnites qui n’ont pas de cavité alvéolaire. Comme on passe par des nuances insensibles des espèces à cavité, profondes à celles qui n’en ont pas, la plupart des Zoologistes ont rejeté ce g. pour en faire une simple section des Bélem¬ nites. V. ce mot. (Desii.) ACTINOCARPE. Actinocarpus (àxrtv, Tvoç;, rayon; xap^oç, fruit), bot. pii. — R. Brown ( Prodr . Fl. JVov. Holl. 1 , p. 442) appelle ainsi un g. de la famille des Alismacées qui a pour type YAlisma Damasonium de Linné; mais ce g. avait déjà été établi par Jussieu ( Gen.Pl . 46), sous le nom de Damasonium , qui nous paraît devoir être préféré. Il est vrai que Schreber a établi sous ce même nom un g. de la famille des Hydrocharidées qui a pour type le Stratiotes alismoides de Linné; mais ce dernier g. a été appelé Oi- telia par le professeur L. C. Richard , dans son travail sur la famille des Hydrochari¬ dées. Le nom de Damasonium nous paraît donc devoir être restitué à celui qui a pour type YAlisma Damasonium L. V . Damaso¬ nium. (A. R.) * ACTUXOCENIA ( àxTt'v , tvoç , rayon ; xevïÎ, vide ). bot. ph. — C’est une section du g. Cenia, Commers. (J. D.) *ACTI!\OCÈRE. Actinocera (àxvfv , Tvoç , rayon; xypoç, cierge; allusion à la forme). pol vp. — Nom donné par M. de Rlainville à une div. de la famille des Actiniens , carac¬ térisée par un corps fixe , cylindrique , al¬ longé , élargi aux deux extrémités, très con¬ tractile et pourvu, à la circonférence du dis¬ que buccal, d’un seul rang de tentacules plus ou moins pétaliformes.Ocken avait pré¬ cédemment établi un groupe semblable sous le nom de Cereus. (M. E.) * ACTIIXOCHLOA ( àxrtv , Tvoç , rayon ; X^ovj, herbe verte), bot. ph. — Ce g. , pro¬ posé par Willdenow, dans la famille des ACT ACT m Graminées , est le même que le Chondro- sium de Desvaux. Voy. Chondrosium. (A. R.) ACTINOCLAMUM (àxTi'v , t~vo ç , rayon ; xlâêiov , petite branche), bot. cr. — G. de Champignons appartenant aux Mucédinés , établi par M. Ehrenberg ( Link . lahrb. p.51) et caractérisé par des filaments épars , droits, roides et divisés en ombelles à leur extré¬ mité. Les spores sont simples , se détachent promptement et se répandent çà et là. — L’A. rhodospermum, qui lui a servi de type , est d’une couleur rose très agréable. M. Eh¬ renberg l’a trouvé à Berlin sur le tronc d’un charme Ce g. , quoique parfaitement dis¬ tinct, a besoin d’un nouvel examen, parce qu’on ne connaît pas le mode d’insertion des spores sur les rameaux. On n’en connaît encore que 3 esp. qui ont, quant à la for¬ me , la plus grande analogie avec le Pe- nicilium , dont les filaments sont cloison¬ nés , et les rayons formés de spores articu¬ lées. (Lév.) * ACTINOCRÏXïTES (àxrtv, îvoç, rayon; xpt'vov , lis). Ecii in. — G. de Crinoïdes fossiles, établi par Miller pour des débris d’Encrinites des terrains de transition , dont les pièces principales montrent au centre de leur face externe des côtes saillantes en étoile. Les ca¬ ractères indiqués d’après des morceaux plus ou moins complets sont les suivants : Co¬ lonne ou pédoncule cylindrique , traversé par un canal rond; bras auxiliaires épars; bassin à 3 articles; 6 pièces costales primai¬ res, dont 5 sont hexagones et la 6me penta¬ gone; 11 pièces costales secondaires et in¬ tercostales; pièces scapulaires penta-hexa- gones ; 10 bras bimanes. — L’ouvrage de Goldfuss sur les pétrifications du Musée de Bonn contient la description et la figure de quelques débris attribués à 9 espèces dis¬ tinctes, dont 6, nouvellement établies par l’auteur sur de simples fragments de la co¬ lonne, pourraient bien n’être que des va¬ riétés plus ou moins noueuses ou épineuses. (Düj.) ACTINOCYCLUS ( «xrfv , Tvoç , rayon; xvxAoç, cercle), bot. foss. — G. de la fam. des Bacillariées, qui n’a été trouvé jusqu’à ce jour qu’à l’état fossile dans les tripolis d’O- ran. 11 est ainsi caractérisé par Ehrenberg , dans son grand ouvrage sur les Infusoires : Animal de la famille des Bacillariées, libre, ayant une carapace simple, bivalve (sili¬ ceuse), déformé cylindrique (discoïde), di¬ visée à l’intérieur par plusieurs cloisons rayonnantes , se multipliant par division spontanée, imparfaite, en forme de chaîne. — Ce g. ressemble aux articles détachés de plusieurs esp. de Gaillonella ; mais il paraît toujours isolé et libre. Cependant, comme on ne le connaît qu’à l’état fossile, on peut douter si, dans l’état de vie, les disques nummuliformes qui le constituent n’étaient pas empilés les uns sur les autres, comme dans les Gaillonelles , de manière à former un filament cylindrique se séparant en arti¬ cles libres à une certaine époque de leur vie. Ehrenberg en décrit 2 esp.; VA. sena- rius , d’environ JL à A- de ligne de diamètre, est divisée en six compartiments par les cloi¬ sons rayonnantes; l’autre, A. oclonarius , est divisé en 8 compartiments par 8 cloi¬ sons rayonnantes, et atteint ~ de ligne en diamètre. (Ad. B.) * ACTIXOD APHYE (ax-rtv , ~voç , rayon ; tîoctpvv) , laurier), bot. pu. — G. de la famille des Laurinées, tribu des Tétranlhérées, fon¬ dé par Nees (in JVallich, Pl. As. rat.) , qui lui assigne les caract. suivants : Fleurs dioï- ques , naissant en nombre d’une gemme im¬ briquée. Cal. à 6 segments égaux, membra¬ neux ou chartacés, persistants j usqu’au point de division , ou caducs jusqu’à la base. Dans les fleurs mâles : Etam. 9, bisériées; toutes fertiles ; 6 extérieures nues à la base; 3 in¬ térieures pourvues à la base de glandules binées, sessiles ou stipitées ; anthères oblon- gues, introrses , quadrilocellées , déhiscen¬ tes par autant de valvules ascendantes , ovaire rudimentaire. Dans les fleurs fe¬ melles : Etam. stériles, spatulées , semi-sa- gittées ou pétaloïdes ; ovaire uniloculaire , uniovulé; style un peu épais; stigm. dis¬ coïde, sinué ; baie monosperme, envelop¬ pée par le tube calicinal cyathiforme et muni d’appendices résultant des segments laciniés du limbe. — Ce g. , auquel on a réuni le g. Jozosie du même auteur, comprend plusieurs espèces des g. Tetranthera , Wall., et Lilsœa , Bl.; ce sont des arbres de l’Inde , à feuilles rarement alternes, plus souvent agrégées ou verticillées par intervalles, penninervées, ou subtripli-multiplinervées, à fleurs panicu- lées, fasciculées ou en grappe. Les ombcl- lules des faisceaux sont enveloppées avant ACT 11*2 ACT l’an thèse par les squamules d une gemme axillaire. (G- E.) * ACTINODE. Aciinodium, Schauer (àx- vtvoziMç, semblable à des rayons), bot. pu. — G. de la famille des Myrtacées ; tribu des Chamélauciées, DG. L’auteur de ce g. en donne les caract. suivants ( Lindley, Nat. Syst. édit. 2, p. 440) : Fleurs capïtellées , ac¬ compagnées chacune d’une bractée basi¬ laire; les bractées de la série la plus externe plus larges que les suivantes ; les pédicelles qui naissent à leurs aisselles sont stériles , allongés, tri- ou pluri-bractéolés au som¬ met, et forment une sorte de rayon autour du capitule. Tube calicinal urcéolé, adhé¬ rent jusqu’au-delà du milieu, à 4 angles ai¬ lés; limbe à 4 lanières linéaires, très étroi¬ tes, conniventes, persistantes. Pétales 4, ova¬ les, connivents , membranacés , persistants. Étam. 8, toutes fertiles, rapprochées 2 à 2; filets subulés, plus courts que la corolle; anthères globuleuses, basifixes. Style sail¬ lant, capillaire, glabre. Stigmate poncti- forrne. Fruit inconnu.— Arbuste nain , grêle, ayant le port du Diosma virgata. Feuilles imbriquées, lancéolées, mucronées, ponc¬ tuées. Ce g., que M. Schauer dit voisin du Genetyllis , appartient à la Nouv.-Hollande ; et n’est fondé que sur une seule espèce. (Sp.) * ACTINODENDRE. Actinodendron (àx- Ttv , Tvoç , rayon ; êévSpov , arbre ). polyp. — V. Syn. d’ Actinodendron. (M. E.) * ACTINODENDRON (Àxtlv, Tvoç, rayon; otvSpov, arbre). polyp. -G. établi parMM.Quoy et Gaimard pour des Actinies dont les ten¬ tacules simples, très longs, sont munis de papilles vésiculeuses latérales qui les ren¬ dent branchus. Le disque est en outre muni de tubercules suceurs. On en connaît 2 esp., l’une ( A. alcyono'ideum ) des îles des Amis , l’autre ( A . arboreum ) de la Nouv. -Guinée, qui sont remarquables par leur taille gigan¬ tesque , relativement aux autres Actinies, car elles ont souvent plus d’un pied de large. (Du j. ) ACTÎNODERMIUM (àxrt'v , Tvoç , rayon ; Sépp a, peau), bot. cb. — M. Nees, dans son tSyslema der Pilze , a donné ce nom à une espèce de Geastrum , dont M. Link avait fait auparavant le g. Sterrebeckia , qui lui-même ne pouvait subsister, puisque Willdenow avait déjà décrit sous ce nom un g. des Phanérogames, E. Geastrum. (Lév.) * ACTINODIUM, Schauer. bot. pu. — V. ACTINODE. * ACTINODON (àxTiv rayon; o$ovç, dent). bot. cr. — G. de la famille des Mousses créé par Bridel [Musc.) et qui semble devoir être réuni au g. Aclinodontium , Schwaegr. V. ce mot. (G. L.) * ACTINODONTIIJM ( âxriv, rayon; 6- Sovç , Sov to; , dent), bot. cr. — G. 'de Mousses, de la division desPleurocarpes et voisin des Leskées, ainsi caractérisé par M. Schwægri- chen ( Supp . 2. Part. 2. p. 75. t. clxxiv. fig. 12, 13, 14, 15, 16): Péristome double, com¬ posé, l’extérieur de 16 dents étalées, l’inté¬ rieur d’autant de cils aussi longs que les dents , dressés et partant d’une membrane très étroite qui leur sert de base. Coiffe mi- tri forme, laciniéeen son bord. Capsule égale dépourvue d’anneau. Fleur hermaphro¬ dite latérale. Anthères nombreuses. Pis¬ tils dont un seul fertile, moins nom¬ breux, dépourvus de paraphyses. — Ces Mousses ont le port des Leskées; elles sont remarquables par leurs tiges courtes, cou¬ chées, rameuses, à rameaux légèrement comprimés. Les feuilles sont serrées, entière¬ ment binervées. La capsule, longuement pé- donculée, est étroite et dressée; l’opercule, assez long, est aciculaire. — Elles vivent sur la terre dans l’Archipel indien. Une seule espèce, propre à l’île de Java, compose le g. Selon Bridel , ce g., voisin de l’ Anacampto- don , en diff ère par sa coiffe mitriforme, par les dents de son péristome interne , unies à la base, au moyen d’une membrane; enfin par ses fleurs hermaphrodites. (C. M.) *ACTINODURA (àxTiv, Tvoç , rayon ; ovpà, queue), ois. — G. nouveau de Gould {Pro- ceed. 1836), démembré du g. Tardas, et ayant pour caractères : Bec arqué , com¬ primé, à mandibule supérieure échancrée; narines basales linéaires, recouvertes d’une large membrane; ailes courtes, concaves, à rémiges molles, la lre très courte, les 4me et 5me les plus longues; queue allongée, étagée, à rectrices molles ; tarses longs; doigts grands, surtout le pouce et son ongle; plu¬ mage mollet et peu serré ; les ailes et la queue sont barrées et les espèces-types sont hup¬ pées. L’auteur en décrit une seule espèce, du Népaul, sous le nom d’A. Egertoni. (Lafr.) * ACTINOLEPIS ( àxriv , Tvoç , rayon ; hniç, écaille; les akènes du rayon étant sur- ACT A€T 113 montés d’écailles aiguës), dot. pii. — Gc g. a été établi par M. De Candolle sur une petite plante originaire de la Californie, à tiges grêles, aranéeuses au sommet, à feuilles op¬ posées, ovales, entières à la base, obtuses et 5-dentées au sommet. Les capitules, qui naissent à l’aisselle de ces feuilles , sont soli¬ taires, ramassés, petits, et portent des fleurs jaunes. Ce g., encore imparfaitement connu, ne renferme qu’une espèce. M. De Candolle le caractérise de la manière suivante : Capil. pluriflores; flpurs du rayon 3-5-ligulées, fe¬ melles; celles du disque tubuleuses, à 5 dents, bisexuées ; les fleurs mâles ont leur style avorté. Involucre ovale- oblong, en¬ touré à la base de quelques bradées folia¬ cées, couvertes sur le dos d’un duvet tomen- teux et mou. Réceptacle étroit , dépourvu d’écailles. Ligules larges, courtes, 2-3-den- tées. Style bifide et exsert. Les fleurs tu¬ buleuses, cylindriques inférieurement, se di¬ latent au sommet , renferment des anthères blanches et un style presque nul ou simple, terminé par une petite tête. Fruits oblongs, légèrement anguleux; ceux du rayon pubes- cents, toujours surmontés d’une aigrette for¬ mée par environ 5 écailles scarieuses , ai¬ guës, tandis que les fleurs du disque en sont dépourvues. (J. D.) * ACTIAOLOBE. Aclinoloba fàxn'v, Tvoç, rayon; XoSoç, lobe), polyp. — G. delà fa¬ mille des Actiniens ou Zoanthaires , éta¬ bli par M. de Blainviîle et caractérisé de la manière suivante : Corps déprimé, très élargi à sa base et plus ou moins lobé à son disque buccal, couvert de tentacules très courts et presque tuberculeux. Ce g. a pour type l’A. œillet [A. Dianihns Ellis). (M. E.) * ACTIiYOMERïS ( àxrt'v , îvoç, rayon; fxeptç, partie; les fleurs sont incomplètement radiées), bot. ph. — C’est le nom donné par Nuttal à plusieurs plantes de la famille des Composées, originaires de l’Amér. septen¬ trionale et ayant appartenu au g. Coreop- sis, L. Elles ont pour caractères : Capitules radiés, multiflores; ligules neutres, en petit nombre (4-8), allongées et t-sériées. Fleurs du disque hermaphrodites, tubuleuses, à 5 dents. Involucre formé par 1-3 séries d’écailles fo¬ liacées, aiguës, de grandeur inégale. Récep¬ tacle petit, convexe, couvert d’écailles qui embrassent le bord des fruits. Rameaux des styles appendieulés. Akènes comprimés , bord-és par une aile étroite et surmontés par deux arêtes triangulaires, persistantes et presque lisses. — Le g. Acünomeris se com¬ pose aujourd’hui d’une dizaine d’espèces , particulières à l’Amérique septentrionale. Ce sont des herbes vivaces ou bisannuelles, à tiges dressées et à feuilles scabres et décur- rentes, à capitules en corymbes, et à fleurs jaunes.Ce g. diffère des Coreopsis par la forme des akènes , et des Verbesina par ses rayons neutres. On cultive au jardin du Muséum de Paris, les A. aller ni folia, lelrctptera, etc. (J.D.) ACTINOAEMA (àxTi'v,~vc.ç, rayon; vTîfxa, fil). bot. cr. — G. deChampignonsbissoïdes, créé parPersoon ( Mycolog . Europ.). Il se compose de fibres solides, rameuses, parsemées de tu¬ bercules, et s’étendant sous forme de rayons du centre à la circonférence. Ces fibres adhè¬ rent très intimement à la surface sur laquelle elles se sont développées. On ne connaît pas encore les organes delà fructification; mais il est probable qu’ils existent dans les nom¬ breux tubercules qu’on y observe, quoique Persoon n’y ait trouvé ni thèques, ni spores. L’A. Cratœgi se trouve très abondamment à la fin de l’automne sur les feuilles de l'A¬ lisier, où il forme des taches noires assez étendues. L’A. caulicolurn se rencontre sur les tiges des grandes Ombelliféres; mais il est assez rare. On pourrait, jusqu’à ce que la fructification des uns et des autres fût par¬ faitement connue , le réunir sans inconvé¬ nient aux genres Doiliidea et Asieroma avec lesquels il a la plus parfaite analogie. (Lév.) *ACTI1\I0PE. Aclinopus ( àxr iv, Tvoç, rayon ; wovç, pied), arachn. — G. de la famille des Aranéides, tribu des Théraphoses , éta¬ bli par Perty avec ces caractères : Yeux au nombre de 8 , formant un groupe dilaté transversalement sur le devant du céphalo¬ thorax, entre les mandibules : 3 de chaque côté formant un triangle dont l’angle le plus aigu est dirigé en avant; les 2 autres situés entre les latéraux antérieurs sur une ligne transverse. Lèvre allongée, étroite, s’avan¬ çant entre les mâchoires : ces dernières di¬ vergentes, allongées, fusiformes. Palpes très allongés, pédiformes , insérés latéralement à l’extrémité des mâchoires. Pattes grosses, courtes et renflées. Les espèces, qui compo¬ sent ce g., sont des Arachnides chasseuses qui courent après leur proie , et se creusent | des souterrains qu’elles garnissent d’un sac T. 1. 114 A€T ACT de soie, dont la moitié sort du sol et dans lequel elles se renferment. Ce g. comprend 6 espèces; celle qui en est le type, est Y A. tarsalis Pert. (Delect. Anim. 2, 198, pl. 39, fig. G.) trouvé au Brésil. (H. L.) "ACTINOPHORA ( àxrtv, Tvoç, rayon ; vf , bouton de fleur ). bot. pii. — Double emploi du g. Coulteria, Kunth. ( Sp. ) A I)É\()C ARl’K. Adenocarpus , DC. (ocAvjv > évoç, glande; xapnoç, fruit), bot. pii. — G. de la fam. des Légumineuses, s. -ordre des Pa- pilionacées, tribu des Génistées, DC. — M.Dc Candolle ( Flor. Franc. Suppl, p. 549, et Prodr. vol. 3, p. 158 ) assigne à ce g. les ca¬ ractères suivants : Calice obconique , bila- bié , souvent glanduleux ; lèvre supérieure bipartie; lèvre inférieure plus longue, tri— fide. Carène obtuse, recouvrant les organes sexuels. Etamines monadelphes. Légume oblong, comprimé, couvert de glandules stipitées. — Arbrisseaux. Feuilles trifolio- lées; folioles souvent condupliquées. Grap¬ pes terminales. Fleurs jaunes. Pédicelles bractéolés. — Ce g., extrêmement voisin des Cytises, renferme 7 ou 8 espèces qui habi¬ tent la région méditerranéenne et les Cana¬ ries. (Sp.) * ADEXOGAULOX ( à&jv , évoç, glande ; xavitoç , tige ). bot. ph. — M. Lessing a donné ce nom à une plante originaire du Chili et appartenant à la famille des Compo¬ sées, tribu des Eupatoriées. Elle a pour ca¬ ractères de présenter des capitules pourvus de 9-10 fleurs tubuleuses de 2 sortes, divi¬ sées supérieurement en 4-5 dents; celles du rayon, au nombre de 5, sont femelles, tandis que les 4 ou 5 autres qui occupent le centre du capitule sont mâles. L’involucre est formé par un seul rang d’écailles qui se réfléchissent à la maturité. Le réceptacle est nu ; les fruits dépourvus d’aigrettes sont oblongs- obovés et munis au sommet de glandes stipitées. — On connaît 2 espèces du g. Adenocaulon , l’une du Chili, sur laquelle le g. a été établi; l’autre rapportée de la côte N.-O. de l’Amér. septentrionale, des envi¬ rons du fort Vancouver, par le 52° N. (J. D.) * ÂDENOCREP’ïS ( à'Ivîv , évoç, glande; xpvjirtç , base ; fleur à réceptacle glandu¬ leux). bot. pii. — M. Blume a établi ce g. de la fam. des Euphorbiacées, qu’il carac¬ térise ainsi : Fleurs dioïques ; calice profon¬ dément quadriparti ; pas de corolle. Dans les mâles : 6 filets libres, dressés , terminés par des anthères didymes et introrses, in¬ sérés sous un rudiment de pistil central et cyathiforme, alternant avec autant de glan¬ des. Dans les femelles: un ovaire globuleux à 2 loges biovulées; un stigmate simple et sessile, obtus, velu. Le fruit n’a pas été ob¬ servé. — La seule espèce connue est un ar¬ bre de Java, haut de 40 pieds, à feuilles al¬ ternes, oblongues, obscurément crénelées, glabres, accompagnées de 2 petites stipules caduques. Ses fleurs courtement pédicellées se rapprochent en général 3 par 3 sur des grappes axillaires. (Ad. J.) * ADENOCYCLUS (Wo évoç, glande; xvxàoç, cercle), bot. pii. — Lessing a désigné sous ce nom un g. de plantes appartenant aux Composées , section des Vernoniées. Il a pour caractères, d’offrir des capitules uni- flores, des involucres assez petits, oblongs ou cylindracés, formés d’écailles fortement im¬ briquées, coriaces, sèches, paléacées, uni- nervées ; celles de l’intérieur presque linéai¬ res. Le réceptacle punctiforme. La corolle est régulière, a tube profondément divisé en 5 lobes, plus courts cependant que la portion entière. Les filets des étamines sont lisses. Le fruit court, obconique, sillonné, glabre et dépourvu d’aigrette, est couronné par un disque épigyne , charnu et légèrement on¬ dulé sur le contour. — L ’Adenocyclus est un arbrisseau originaire de i’île de la Trinité, dont les rameaux, munis de feuilles alter¬ nes, ovales -oblongues et acuminées, sont terminés par des corymbes plusieurs fois di- chotomes. (J. D.) "ADENODUS, Loureir. ( àc f/;v, évoç, glande; oSovç , dent), bot. pii. — Suivant M. De Can¬ dolle , c’est un double emploi du g. Flœo- carpas, L. (Sp.) * ADEX OGR AMM A, Reichenb. fa^v, évoç, glande; ypau.A , ligne), bot. pii. — G. de la famille des Portulacacées, tribu des Steudé- liées, Reich.; M. Rcichenbach (. Horl . Bol. sub tab. 109 ) en donne les caractères suivants : Cal. pétaloïde, non-persistant, à 5 sépales striés. Corolle nulle. Etamines au nombre de 5, alternes avec les sépales, insérées au fond du calice. Péricarpe oblong , compri ¬ mé, monosperme, indéhiscent, glanduleux aux bords, gibbeux de chaque côté à la base. Embryon renversé, curviligne. — Herbe an¬ nuelle, ayant le port des Pharnaceum. Feuil¬ les verticillées. Fleurs petites. Ce g. n’est constitué que par une seule espèce. (Sp.) * ADENOIiEPIS , Less. (à — G. d’Euphorbia- cées, dédié par M. Gaudichaud à l’auteur d’un travail sur cette famille , et caractérisé de la manière suivante : Fleurs dioïques» Dans les mâles : Calice simple, profondément 5-parti, irrégulier, à préfloraison valvaire; pas de pétales ni de glandes; Etamines nom¬ breuses , dressées dans le bouton, à filets courts, libres , insérés sur un réceptacle co¬ nique , à anthères oblongues , dressées, bi- loculaires, dont le connectif se prolonge en languette au-delà dcsloges.Dans les femelles : Calice double; l’un et l’autre profondément 5-parti, à peu près régulier, persistant; pas de pétales; 3 styles profondément bipartis , velus; un ovaire à 3 loges 1-ovulées, de¬ venant une capsule à 3' coques. — Les es¬ pèces connues de ce g. sont au nombre de 3. Ce sont des arbrisseaux originaires de la 136 ÆC ÆC Nouvelle-Hollande , à rameaux tomenteux , à poils fins étoilés, à feuilles alternes, por¬ tées sur un pétiole muni de deux glandes à sa base , entières ou 3-5-lobées ; à tleurs en épis terminaux; les mâles sessiles, accom¬ pagnées de 3-5 bractées imbriquées et iné¬ gales , les femelles en plus petit nombre , courtement pédicellées. (Ad. J.) * ADRÏMUS (a (îpt/Auç, non âcre; Adri- mys , eût été plus correct), ins. — G. de Coléoptères pentamères , famille des Ca- rabiques, tribu des Féroniens, établi par M. Dejean [Calai. 3me édit.); mais dont il n’a pas donné les caractères. Il y comprend 3 espèces, toutes de Cayenne , dont nous ne citerons que VA. fugax de M. Lacordaire. (D.) * ÂBSCïTÆ. ins. — Nom donné par Linné à la 4me division de son grand g. Sphinx, la¬ quelle comprend la tribu des Zigènides de Latreille. V. ce mot. (D.) 'ADSCÏTÏ ( adscilns , d ’adscisco; ajouter). ins. — Nees von Esenbeck applique cette dénomination au groupe ou sous-famille des Braconides , de l’ordre des Hyménoptères , et semble par ce nom les regarder comme une addition à la famille des Ichneumo- niens. - (Bl.) ADULÂIRE ( Mons Adula, le Mont- Adule, ou le St-Gothard). min. — Nom donné par le père Pini au Feldspath orthose transparent, blanc et nacré, dont on trouve de beaux cristaux au mont St-Gothard , en Suisse. V. feldspath. (Del.) * ABVENTIFS [Bourgeons] ( adventitius, qui survient), bot. pii. — Dupelit-Thouars a nommé ainsi les bourgeons qui se dévelop¬ pent accidentellement sur certaines parties des végétaux, où on ne les apercevait pas d’abord, et sur lesquelles ils apparaissent par suite de causes excitatrices de nature variée. V. embryon et bourgeon. (A. B.) ADYSETON, Scopol. bot. ph. — Double emploi du g. Alyssum. (Sp.) * ÆCANTIIÜS. V. oec antiius. (Bl.) * ÆCIIMANTHERA ( ou’XF,' , pointe ; àv^npoc, d’âvGyjpoç, fleuri; par extension, anthère ). bot. ph. — G. de la famille des Acanlhacées , tribu des Ecmatacanthées , sous -tribu des Buelliées, fondé par Nees Von Esenbeck , sur le Ruellia gossypina de Wallich [Pi. As. rar. m, 87) et auquel il attribueles caractères suivants: Calice quin- quéparti, à segments égaux. Cor. hypogyne, infundibuli forme, quinquéfide, à divisions égales. Étamines 4 , incluses , insérées au tube de la corolle; anthères biloculaires, mucronulées au sommet, à logettes paral¬ lèles. Ovaire biloculaire, à loges quadriovu- lécs. Style simple; stigmate indivis, caréné sur le dos. Capsule tétragone , biloculaire , octosperme, loculicide-bivalve; valves sep- tifères par le milieu. Graines lenticulaires, lisses, sous-tendues par des rétinacles aigus. — La seule espèce connue est un s.-arbris¬ seau de l’Inde, à tige et à rameaux coton¬ neux , d’un blanc de neige , garais de feuil¬ les opposées, pétiolées , cordées, denté-cré- nelées , pubescentes , blanches. Ses fleurs sont disposées en capitules paniculés ou co- rymbiformes, terminaux, garais de bractées et de bractéoles. (C. L.) ÆCHMEA (atxpîj pointe, piquant ; les graines et les bractées sont allongées en pointe), bot. pii. — Ce g. de la famille des Broméliacées, tribu des Broméliées, {V. ce mot), a été institué par Buiz et Pavon Prodr. 47, t- 8, et Fl. Peruv. m, 27 , t. 2G4), et adopté par tous les auteurs modernes. En voici les caractères essentiels, tels qu’ils ont été modifiés par Pœppig et Endlicher [Nov. g. et Sp. Pl. Chil. ii, t. clix) : Bractées roulées en coupe sous les fleurs. Périgone (corolle et calice des auteurs) supère, sex- fide. Divisions extér. calicinales , égales , roulées en spirale , mucronées ou aristées , dilatées obliquement d’un côté au sommet ; les intér. pétaloïdes, plus longues, enroulées inférieurement, squameuses ou plus rare¬ ment nues intérieurement à leur point d’in¬ sertion. Etam. G , insérées à la base du pé¬ rigone; 3 adnées à la base des divisions in¬ ternes. Ovaire infère , triloculaire. Style filiforme. Stigm. 3, linéaires, contournés. Baie sèche, subglobuleuse, triloculaire, poly- sperme. Graines suspendues par unfunicule grêle à l’angle interne des loges, à test co¬ riace. Embryon petit, dressé â la base d’un albumen farineux , à extrémité radiculaire supère, atteignant l’ombilic. — Ce g., borné encore à un très petit nombre d’espèces, renferme des plantes herbacées, vivant en faux parasites sur le tronc des arbres, plus rarement au pied, ou même dans les fentes des rochers ombrés. Les feuilles sont toutes radicales, ensi formes ou ligulécs, coriaces, AEC AEC 137 très entières ou plus souvent dentées en scie. Les fleurs, en général de peu d’apparence, sont disposées en épi terminal paniculé ou rameux. Elles ont toutes pour patrie l’Amé¬ rique tropicale. (C. L.) *ÆCHMIA (a’xp.77 , pointe ). i?js. — G. de Lépidoptères , famille des Nocturnes , tribu des Tinéites, établi par M. Treitsehke, et que nous avons adopté (. Hist.natur . des Lépiclopt. de France ), en le caractérisant ainsi : Palpes inférieurs courts, falqués, velus jusqu’au bout , et terminés en pointe obtuse. Trompe courte, mais visible. Antennes très longues et très fines. Tête aussi large que le corselet. Corselet mince. Abd. effilé et conico-cylin- drique. Pattes postérieures longues et peu épaisses. Ailes supérieures allongées et dont le sommet se termine en lobe arrondi. Ailes inférieures très étroites, lancéolées et lar¬ gement frangées, surtout au bord interne. — Ce g. ne renferme qu’un petit nombre d’espè¬ ces, toutes remarquables parles lignes et les points d’argent dont leurs ailes sont ornées sur un fond bronzé très luisant. Nous citerons pour type YÆchmia Thrasonella Scop., dé¬ crite par M. Treitsehke , sous le nom d ’E- quiiella, et figuré par Hubner sous celui d ' Ayliella ( tab . G4, fig. 431 ). Elle se trouve en Saxe et en Bohême , ainsi que dans le nord de la France. (D.) "ÆCIDINÉES et mieux OECIDMÉES ( oixlSiov . maisonnette ; par extension : loge, cellule), bot. cr. — Petite famille de Champignons que j’ai formée ( Ann. des sc. nat., janv. 1830) aux dépens de celle des Urédinées. Elle se compose de petits Champignons parasites , qui se dévelop¬ pent sur les feuilles, les tiges, et quelque¬ fois sur les fleurs et sur les fruits. Leurs ré¬ ceptacles , ordinairement très nombreux, sont coriaces, membraneux , arrondis ou tu¬ buleux. Ils s’ouvrent de différentes ma¬ nières, suivant le g. , et laissent échapper leurs spores sous forme de poussière blanche, jaune ou orangée. — Cette famille comprend les g. Rœsielia, Rebent. ; OEcidium, Pers. ; Peridermium , Link; et YUredo sedi DC. , dont j’ai fait le g. Endophyllum. ( Lév.) ÆCIDIUM et mieux OECIDIUM ( o ixl- êiov , maisonnette; par extension : loge, cel¬ lule ). bot. cr. — Hill ( Hislory of plants ) a le premier employé cette dénomina¬ tion pour désigner un genre de Champi¬ gnons auquel Haller avait donné, quel- * ques années auparavant, le nom de Sphæ- ria. Plus tard Persoon l’appliqua à un g. de la même famille, dont les individus , vivant parasites sur plusieurs espèces de plantes, avaient été rangés avant lui parmi les Lycoperdon , parce qu’ils répandent, comme eux , leurs spores sous forme de poussière. Gmelin, dans la 13me édition du Systema JYaturæ de Linné, fit connaître plu¬ sieurs espèces nouvelles que Persoon lui avait communiquées, et parmi lesquelles se trou¬ vaient des Uredo et des Puccinia , que l’au¬ teur du Synopsis Fungorum fit rentrer dans leur véritable g. Ces distinctions parais¬ saient parfaitement établies, lorsque M. Link, considérant le péridium des OEcidium comme une altération accidentelle de l’épi¬ derme, les réunit avec les Uredo sous le nom de Cœoma. L’opinion du célèbre professeur de Berlin, adoptée principalement parles auteurs allemands, a jeté de nouveau, parmi ces Champignons, une confusion que j’ai es¬ sayé de dissiper dans un mémoire sur le dé¬ veloppement des Urédinées ( Ann. des Sc. JYat. janv. 1839)» Le g. OEcidium appartient à la famille des OEcidinées et présente les caractères sui¬ vants : Réceptacles ou péridies isolés ou réu¬ nis, cylindriques, sessiles, membraneux et fragiles , s’ouvrant à leur sommet en plu¬ sieurs lanières qui se réfléchissent en dehors, et renfermant dans leur intérieur des spores libres , globuleuses ou ovales qui se ré¬ pandent spontanément sous forme de pous¬ sière blanche, jaune ou orangée. — Dans toutes les espèces que j’ai étudiées, j’ai trouvé constamment les spores globuleuses. M. Fries assure que Y OEcidium Podophylli de Schwein les a biloculaires comme les Puccinies. On ne trouve ces Champignons que sur les plantes vivantes. Us sc dévelop¬ pent sur les feuilles, les pétioles, les tiges, quelquefois sur le calice, et même sur les fruits; ils sont tantôt épars , tantôt groupés en cercle, et cette disposition peut, mieux que la couleur, servir à les diviser en 2 sec¬ tions. Si l’on suit le développement d’un OEcidium, on voit sur les feuilles des sur¬ faces pâles et décolorées. L’épiderme étant enlevé, on distingue à la loupe sur le pa¬ renchyme de petits filaments blancs qui , d’abord isolés , deviennent ensuite plus nom- 9* T. i. 138 AED breux et s'anastomosent entre eux. A leur centre, il se forme un ou plusieurs tuber¬ cules qui s’allongent, percent l’épiderme par leur sommet qui se divise ensuite en un nombre plus ou moins considérable de dents ou de lanières , se réfléchissant en dehors comme le péristome des Mousses, et permettent de se répandre aux spores que Ses péridies renfermaient. C’est à tort que M. Link a considéré ce péridium comme une altération de l’épiderme; ces 2 parties sont parfaitement distinctes, n’ont aucune con¬ nexion entre elles, et peuvent être isolées très facilement sur un grand nombre de plantes. Ces parasites sont peu dangereux pour les végétaux sur lesquels iis vivent; on les voit cependant, quand ils sont nombreux, causer S’atrophie des feuilles et en empê¬ cher le développement complet. L ’Euphorbia Cyparisias , que d’anciens auteurs ont ap¬ pelé dans cette situation, Euphorbia degener, nous en offre fréquemment un exemple. On observe pourtant quelquefois le contraire : les feuilles deviennent plus longues, plus larges et beaucoup plus épaisses qu’elles ne le sont ordinairement. J’ai remarqué la môme bizarrerie sur 1 eThesium' Imophyllum . On a aussi accusé Y OEcidium Berberidis de causer la rouille ( Uredo rubigo) des céréales ; cette opinion, quoique erronée, puisque ces 2 champignons ne sont pas du même g. , conserve encore des partisans ; mais elle ne repose manifestement que sur le préjugé. (Lév.) ÆBÉLITE ( atS-nloq , obscur), min. — Kirwan a donné ce nom à une substance qu’on trouve à Ædelfors, en Suède, où elle sert de support à l’Apophyllite ; elle se pré¬ sente en petites masses tuberculeuses à tex¬ ture fibreuse ou striée, dont les couleurs va¬ rient entre le gris, le jaunâtre, le verdâtre et Se rouge pâle. Bergmann, qui i’a analy¬ sée, en a fait une variété de Zéolithe, sous le nom de Zéolithe siliceuse. Elle est généra¬ lement classée aujourd’hui parmi les Méso- types. V. ce mot. (Del.) * ÆMEMONUS ( al S u wj , ovoç , timide, pudibond ). ins. — G. de l’ordre des Coléop¬ tères tétramères, famille des Curculionites, tribu des Apostasimérides, établi par Schocn- nerr, qui lui adonné les caractères suivants: Antennes de médiocre longueur, un peu minces; leur funicule de 7 articles; les 5 AED premiers allongés, subobeoniques, dimi¬ nuant graduellement de longueur : les Gme et 7me courts, presque tronques à leur som¬ met ; massue en ovale, allongée , amincie. Rostre très long, assez robuste , presque cy¬ lindrique , arqué. Yeux très écartés, abais¬ sés, subovales, déprimés. Prothorax légè¬ rement bisinué à la base, un peu arrondi sur les côtés, se rétrécissant brusquement par devant, resserré, un peu allongé au sommet , lobé derrière les yeux. Élylres oblongues, ovales, convexes, déprimées sur le dos avec les angles huméraux obtus. — Ce g., qui ne figure pas dans le dernier Catalo¬ gue de M. Dejean, est très voisin des Crypto- rhynques, dont il est cependant facile de le distinguer parla forme des antennes, dont le funicule est organisé différemment, ainsi que par les yeux qui sont très écartés et surbaissés. Il a pour type une espèce de l’A¬ frique australe que l’auteur nomme Æde- monus punclatus. (D.) ÆDES ( dtyjtîvjç , importun , désagréable ). ins. — G. de l’ordre des Diptères , division des Némocères, famille des Culicides, éta¬ bli par Hoffmansegg et adopté par Meigen ainsi que par M. Macquart, qui lui donne pour caractères : Palpes à base épaisse, très courts et pointus dans les 2 sexes. — Ces caractères suffisent pour distinguer les des Cousins , dont ils sont d'ailleurs très voisins, en ce que ces derniers, chez les m⬠les , ont toujours les palpes plus longs que la trompe. Ce g. ne renferme qu’une seule esp., qui habite le nord de riUlemagne , et que M. Hoffmansegg a nommée : Æ. cinereus . Elle est longue de 2 lignes et demie, d’un brun noirâtre, avec les cuisses jaunes et les ailes grisâtres. (D.) * AEDÎA ( à-/)d toc, désagrément; par ex¬ tension , tristesse), ins. — G. de l’ordre des Lépidoptères , famille des Nocturnes, tribu des Yponomeutides , établi par M. Stephens aux dépens des Yponorneuies de Latreille , sous le nom de Melanoleuca. En adoptant ce g. (. Hist.nai . des Lépid. de France), nous avons cru devoir en changer le nom, attendu sa trop grande ressemblance avec celui de Melaleuca , que porte une espèce de Noc¬ tuelle. Voici les caractères que nous lui assi¬ gnons : Palpes grêles, très arqués , avec le dernier article presque filiforme. Trompe assez développée. Corselet robuste. Abdo- AED AEG 139 men cylindrique. Bord postérieur des lres ailes plus ou moins arrondi. — Les Aédies se distinguent au premier coup d’œil des Yponomeutcs , en ce qu’elles sont largement tachetées et non finement ponctuées de noir, comme celles-ci ; elles en diffèrent plus es¬ sentiellement par la forme de leurs palpes , par la coupe de leurs ailes, et en outre par les mœurs de leurs chenilles qui vivent so¬ litairement sur des plantes basses, tandis que celles des Yponomeutes vivent en so¬ ciété sur des arbres ou des arbrisseaux. Des 4 espèces que nous rapportons à ce g., nous ne citerons quel’Aédie delà Vipérine [Alu- ci ta bipunclella Fabr.), A. Ecliiella , dont la chenille vit entre les touffes des fleurs de la Vipérine ( Echium vulgare). Cette es¬ pèce est figurée dans notre ouvrage précité ( l. x, pl. 285, fig. 2 ). (D.) *ÆDïLIS (Magistrat chargé, chez les Ro¬ mains, de la police de la ville et de la con¬ servation des bâtiments publics), ins. — G. de Coléoptères tétramères, famille des Lorigicornes, tribu des Lamiaires , s.-tribu des Déprimés, établi par M. Serville et dont voici les principaux caractères : Tarières des femelles allongées, toujours saillantes dans le repos, et dépassant l’abdomen. An¬ tennes glabres, ordinairement très grandes dans les mâles. Epine latérale du corse¬ let occupant le milieu du bord. Toutes les pattes d’égale longueur avec leurs tarses glabres. — Ce g. a pour type la Lamia y Edi- lis Fabr., ou Cerambix id. Oliv. , dont M. Serville a converti le nom spécifique en nom générique. M. Dejcan en l’adoptant en a changé le nom en celui d ' Asiynomus [K. ce mot). La Lamia dont il s’agit, habite plus souvent l’intérieur des mai¬ sons que les bois ; et cela , parce que sa larve continue de croître et de se dé¬ velopper dans les poutres et les solives de sapin qui servent à construire les habi¬ tations dans les contrées du Nord et les pays de montagnes; delà, sans doute , le nom d ’Ædilis que lui a donné Fabricius. (D.) * ÆDMANNTA, Thunb. bot. rir. — Suivant M. De Candolle ( Prodr. 2 p. 118), c’est un double emploi du g. Hafnia , Thunb. (Sp.) ÆDOPEZA. ins. — Nom générique de Co¬ léoptères, mal orthographié dans le dernier Calai, de Dejean. V. le mot oedopeza. (D.) ÆGA (Ega, nymphe, nourrice de Jupi¬ ter; acy?;, peau de chèvre), ckust. — Leach (Linn. Soc., irons, t. xi) désigne sous ce nom un g. de l’ordre des îsopodes , qui est ainsi caractérisé: les deux 1ers articles des antennes supérieures très larges et comprimés. Yeux grands, légèrement convexes, convergeant antérieurement. Côtés des articles de l’ab¬ domen imbriqués. Lame intérieure des ap¬ pendices du ventre tronquée àson extrémité interne. — Ce g. renferme 3 espèces, dont une a été trouvée dans les mers d’Ecosse ; on ignore la patrie des deux autres. (II. L.) ÆGEJLUA (nom d’une nymphe dans la Myth.). ins. — G. de l’ordre des Lépidoptères, établi par Fabricius (Sysi. Gloss.), aux dé¬ pens de son g. Sésie , et qui a pour type le Sphinx apiforrnis de Linné. Ce g. parut trop peu caractérisé à Latreille pour être adopté. Il n’aurait pu l’être d’ailleurs sans en chan¬ ger le nom, déjà employé pour désigner un g. de Diptères et une espèce de Papillons diurnes , et qui ne se distingue que par l’or¬ thographe de celui d 'Egeria, appliqué par Leach à un g. de Crustacés décapodes. V. le mot Sésie. (D.) * ÆGERI ( nom mythol. d’une nym¬ phe). ins. — G. de Diptères formé par M. Robmeau-Desvoidy, auxdépensde quel¬ ques espèces du g. Hylemyia, Macq., et qu’il a converti depuis en section sous le nom d ' Hylemyiæ. ( V . ces 2 mots.) (D.) ÆGERITA ( a tyttpoç , peuplier ; parce que, dit-on, la plante fut découverte sur cet arbre; étym. obscure), bot. ce. — G. de Champignons, établi par Pcrsoon , nais¬ sant sur les bois ou sur les écorces en dé¬ composition, cl sc présentant sous la forme de corps très petits, arrondis , sessiîes , nus ou garnis de soies. Leur centre est com¬ posé d’un tissu cellulaire , irrégulier et condensé, dont la surface est couverte d’une couche de spores sphériques , inégales , transparentes, qui se séparent et ressem¬ blent à de la farine. On n’en connaît que deux espèces. — Persoon m’a dit plusieurs fois qu’il ne fallait tenir aucun compte de YÆgeriia cæsia; que c’était une espèce qu’il avait décrite sur un échantillon en mau¬ vais étal, et qu’il n’avait jamais retrouvée, même dans l’endroit où il l’avait prise la pre¬ mière fois. La place que ce g. doit occuper dans la classification mycologique est en- 140 AEG AEG core incertaine. M. Fries le range dans les Trichodermacés. Comme je n’ai jamais pu trouver dans les Æ g évita candida et selosa , le voile filamenteux qui est censé recouvrir la couche de spores, et former un péridium fugace, je pense qu’il serait mieux placé à côté des Tuberculaires, dont il diffère ce¬ pendant par la forme des spores et par l’ab¬ sence du pédicule composé de cellules allon¬ gées , rapprochées en faisceaux et parfaite¬ ment distinctes. (lév.) ÆGIALUE. Ægialia (afyccJoç, bord de la mer), ins. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères , famille des Lamellicornes, tribu des Scarabéides, créé par Latreille , aux dé¬ pens de celui des Aphodies de Fabricius , et dont il s’éloigne par ses mandibules entiè- rement cornées , par son labre coriace et saillant, quoique très court; par ses m⬠choires armées intérieurement d’un crochet robuste , terminé par 2 dents , et enfin par la forme de son chaperon. Par ses autres ca¬ ractères, il se rapproche des Géotrupes ; mais eeux-ci ont leurs antennes de 1 1 articles tan¬ dis qu’on n’en compte que 9 à celles des Æ- gialies. — Dans son dernier Catalogue, M. De- jean ne rapporte à ce g. que deux espèces, sa¬ voir: YÆ. globosa Illig., qui se trouve dans le nord de la France, et YÆ. americana\PC\., de l’Amérique du Nord. Ainsi que leur nom générique l’indique , ces Insectes se tiennent dans le sabie, sur le bord de la mer. (D.) * ÆGIALïMA (aiyiAog, bord de la mer). bot. ph. — Schultes ( Mant . 2, p.222) avait proposé d’établir un g. sous ce nom, dans la famille des Graminées, pour une variété du Kœleria villosa de Persoon ; mais ce g. n’a pas été adopté. V. koeleria. (A. Pi.) *ÆGIALITES (atytocArrvjç, qui vit sur les ri¬ vages de la mer ). ins. — G. de Coléoptères pentameres, famille des Térédiles, établi par Eschscholtz, sur une seule espèce, origi¬ naire de l’Amér. occidentale et qu’il nomme Æ. debills . Ce g., dont les caractères ne nous sont pas connus, est placé par M. Dejean [Calai., 3me édit.) entre le g. Gibbium , ëcop., et le g. M asti gu s , Hoffmansegg, et appartiendrait alors à la tribu des Ptiniores de Latreille. (D.) ÆGÏALITES (aiytaXtrvjç , qui se trouve sur le bord de la mer), ois. — • C’est, dans la Méthode de|Vieillot, sa troisième famille de l’ordre des Echassiers, répondant en partie à celle des Pressirostres de Cuvier, et ren¬ fermant les G. OEdicnème, Échasse, Huî- trier, Érole, Courevite, Pluvian, Sanderling et Pluvier. (Lafr.) *ÆGIALÏTIS (odyiaXtT tç, qui se trouve sur le bord de la mer), bot. pii. — Ce g., établi par Trinius (. Agrost . fund. 127, t. 9), dans la famille des Graminées, pourje Kœleria villosa Pers., n’a pas été adopté. (A. R.) * ÆGIALITIS ( atytaXnriç , qui croît sur le bord de la mer), bot. ph. — G. de la famille des Plumbaginacées, Lindî. (Plumbaginées, Juss.) , tribu des Staticées, fondé par R. Brown ( Prod . 426), qui lui assigne les ca¬ ractères suivants ; Fleurs tribractéées , en épis paniculés. Calice tubuleux, quinqué- fide, plissé-anguleux, coriace. Corolle hy- pogyne , pentapétale , à onglets cornés à la base. Etamines 5, insérées sur les onglets des pétales. Ovaire uniloculaire, uniovulé ; ovule anatrope , suspendu au sommet d’un placenta libre , assez épais. Cinq styles , dis¬ tincts, terminaux; stigmates en tête. Utri- cule monosperme , coriace, exsert, subangu¬ leux -cylindracé , se rompant au sommet, lors de la germination de la graine. Grai¬ ne dépourvue d’albumen, germant dans le fruit; radicule supère; plumule diphylle, assez grande. — Ce g. ne se compose encore que d’une espèce: c’est un petit arbrisseau, très glabre, croissant avec les Rhizophores sur le bord de la mer, dans la partie tropicale de la Nouvelle-Hollande; ses rameaux sont cylindriques, fragiles, marqués, à l’entour, de cicatrices résultant de la chute des pétioles; ses feuilles sont alternes , planes , coriaces , ovales, très entières, sans stipules; leurs pétioles sont largement marginés, dilatés et engainants â la base ; les fleurs sont blan¬ ches, tribractéées, subimbriquées, alternes, et disposées en épis paniculés. (C. L.) * ÆGIALITIS (afyiaXtTiç, qui se trouve sur le bord de la mer), ois. — Nouveau g. formé par Gould et renfermant des espèces de Pluviers qui me paraissent conformés comme nos Pluviers à trois doigts, sans épi¬ nes aux ailes et sans caroncules, telles que notre Pluvier à collier. Trois espèces de la Nouv.-Hollande sont décrites et figurées par Gould, dans son Synopsis d’Australie (pari. 2). Une d’elles est 1 ’Ægialilis nigrifrons Gould, sy¬ nonyme du Cliaradrius nigrifrons Cuv. [Mus. de Paris et Tem. Col. 47, /. 1.) Char, me - AEG AEG 141 lanops Vieillot, Dict. 27, p. 139. ( Lafr. ) "ÆGICERAS ( aH; , yoç , chèvre ; xepocç , corne ). bot. c,r. — Nom imposé par Green au g. Ceraiodon , Brid. [V. ce nom), et qui s'appliquait surtout à une variété du Ceraiodon purpureus, originaire de la pro¬ vince de Cornouailles, en Angleterre. Ne confondez pas ce g. avec son homonyme, établi par Gærtner. (C. M. ) ÆGICERAS (a’i^yoç, chèvre ; x/pa;, corne; allusion à la forme du fruit ). bot. pii. — G. de la famille des Myrsinacées , Lindl. ( Myrsinées , R. Br. ; Ardisiacées , Juss.), dont M. A. De Candolle {Rev. des Myrs.) a fait le type d’une tribu (Ægicérées) dans la même famille , et qui a été fondé par Gaerlner {Sem. et Fruct. t. 4G ) aux dépens du Rliizo - phora corniculata L. En voici les caract. essen¬ tiels : Cal. pentasépale , coriace, persistant. Cor. infundibuliforme, quinquépartie. Éta¬ mines 5, exsertes, insérées à l’anneau basi¬ laire du tube de la corolle; anth. oblongues, biloculaires , déhiscentes supérieurement; style persistant; stigm. simple. Follicule ar¬ qué, cylindrique, acuminé, monosperme. Funicule terminé en une arille calyptri- forme. Cotylédons très petits , à radicule très grande. — L’arbrisseau, type de ce g. Æ.rnajus ( Rhiz . corniculata L.) , croît parmi les mangliers, jusqu’au 34e degré de lati¬ tude australe. Les fleurs en sont blanches et disposées en faisceaux axillaires. Gaertner rapporte au même g., sous le nom d’Æ. mi¬ nus , Y Umbraculum maris de Rumph ( Amb . 3 , t. 82), dont le fruit est plus petit. (C. L.) * ÆGICÉRÉES («?£, yoq , chèvre; x/pocç, corne), bot. pii. — Tribu formée par M. A. De Candolle dans la famille des Myrsinacées, Lindley (Ardisiacées, Juss.), et comprenant le seul g. Ægiceras. (C. L.) * ÆGÎDIUM (a’yi'^ov , chevreau). i]\s. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères , famille des Lamellicornes, tribu des Scara- béides, établi par M.Dejean (Cala/. 3me édit.) qui n’en a pas publié les caractères. Il y rap¬ porte 2 espèces, l’une de la Guadeloupe, qu’il nomme /F.. Muticum, et l’autre du Bré¬ sil, qu’il appelle Æ. hœdulus. Ce g. précède immédiatement le Phileurus de Latreillc. (D.) ÆGÎLOPS > espèce de Grami¬ nées). bot. ph. — G. de la famille des Grami¬ nées , voisin du Triticum , établi par Linné, et qui comprend 5 ou G espèces crois¬ sant en général dans les régions méridiona¬ les de l’Europe. Ce sont des plantes annuel¬ les , peu élevées , à feuilles planes , et à épi simple, composé d’épillets sessiles , solitaires, et en général distiques. Les épillets contien¬ nent de 3 à 5 fleurs, dont la terminale est stérile. Les 2 écailles de la glume sont anté¬ rieures, collatérales, égales entre elles, con¬ caves, coriaces, tronquées à leur sommet, qui offre 3 ou 4 dents terminées par une arête. Les paillettes sont herbacées ; l’infé¬ rieure concave est tronquée à son sommet qui est à 2 ou à 3 dents ordinairement aris- tées; la paillette supérieure est bicarénée. Les stigmates sont sessiles, plumeux. La ca- riopse est allongée , nue , marquée d’un sil¬ lon longitudinal. — Quatre espèces de ce g. croissent naturellement dans les provinces méridionales de la France : savoir : Ægilops ovata L., triarislala Willd. , triuncialis L. et squarrosa L. Nous ne discuterons pas ici l’opinion sin¬ gulière émise par quelques personnes, et en¬ tre autres par le professeur Latapie de Bor¬ deaux, qui pensent que notre blé ( Triticum sativum L. ) n’est qu’une dégénérescence de l’ Ægilops ovata L. , et qu’en cultivant cette dernière plante et semant plusieurs fois ses graines, on finit, au moyen de dégradations successives, par obtenir le Triticum sativum. De semblables opinions doivent paraître au moins paradoxales. (A. R.) * ÆGINA (nom rnythol. ). acal. — G. de Méduses établi par Eschscholtz dans la fa¬ mille des Equorides , la 3me de sa division des Discophores cryptocarpes. Ses caractè¬ res sont : Appendices du ventricule larges , sacciformes ; Cirrhes alternes dans les inter¬ valles des appendices. Il comprend 2 espèces de l’Océan pacifique septentrional. ( F. Eschs. Sijst. der Acalepli.). (Duj.) * ÆGINETIA Cavan. (Nom myth.). bot. pii. • — Synon. du genre Bouvcirdia , Salisb. (Se.) * ÆGIAOPSIS ( Ægina , nom rnythol.; o^iq , aspect), acal. — G. de Méduses , éta¬ bli par Brandt pour une espèce (Æ. Lauren - tii) observée par Mertens dans son Voyage au¬ tour du Monde. Il se rapproche beaucoup du g. Ægina ; mais il s’en distingue par la pré¬ sence de 4 bras, dont celui-ci est dépourvu. [V. le Mém. desc. de Brandi, Recueil acad. Pélersb. 1838.) (Duj.) ÆGÏPHILA (ai'Ç, yoc, chèvre; cplT/j, amie; les chèvres en broutent les jeunes pousses de préférence), bot. ph. — G. de la famille des Verbénacées, type de la tr. des Ægiphi- lées, Endl.(Yiticées, Bartl.), fondé par Jac- quin ( Am . edit.pict. t. 16), et ayant pour synonymes les g. Manabea , Aubl., et ()m- phalococca , Willd. Ses caract. sont ainsi circonscrits : Cal. campanulé ou turbiné, quadridenté. Corolle hypogyne, infundibuli- forme ou hypocratérimorphe, à tube beau¬ coup plus long que le calice , à limbe qua- driparti, égal. Quatre étam., exsertes, égales, insérées au tube de la corolle. Ovaire qua- driloculaire , à logetles uniovulées. Style bifide, terminal. Baie quadriloculaire ou bi- toculaire par avortement; graines solitaires dans chaque loge. — On connaît environ une vingtaine déplantés de ce genre, toutes particulières à l’Amérique tropicale; ce sont des arbres ou des arbrisseaux à feuilles op¬ posées, simples, à fleurs jaunes ou blanches, disposées en corymbes dichotomes, panicu- îés , axillaires et terminaux. Le nom vul¬ gaire de quelques espèces dans les Antilles est Bois-cabri. (C. L.) *AE(sîH (ctXyiq, écusson). BOT. CR. — G. de la tribu des Batracliospermées, famille des Phycées, créé par M. Fries {PL hornon.) et dont les caractères sont ainsi exprimés : Thalle continu, entouré de mucus; filaments articulés, simples, naissant tout autour d’une couche médullaire centrale. — Ce g., fondé sur une seule espèce des mers du Nord, le Linckia Zosteræ Lyngb. ( Hydroph . t. 66.), nous semble devoir être rapporté au g. Me- sogloia. (Bréb.) ÆGrlKME (Ægir, divinité Scandinave). min. — Esmark a donné ce nom à un miné¬ ral dont l’espèce n’est pas encore détermi¬ née, et dont les cristaux ont de l’analogie avec ceux de l’amphibole hornblende. Il a été découvert dans une île, près de Skans- üord. Selon Berzélius, il contient de la si¬ lice , du manganèse , du fer et de l’acide phosphorique. (Del.) ÆGÏTHALES ( aîytGaXoç , mésange ). ois. — C’est , dans la Méthode de Vieillot, la 9me famille de l’ordre des Oiseaux sylvains. (Lafr.) * ÆGITHALUS (ouytGodoç, mésange), ois. — G. formé par Yigors aux dépens du Pa¬ rus ( Mésange), ayant pour type la Mé¬ sange rérniz ou p enduline de Buffon ( Pi. Enl. 618 et 708 ), Parus Pendulinus L. Nous croyons , en adoptant ce g. , devoir lui adjoindre la Mésange moustache ( Parus biar- micuslAn.) quoiqu’elle en diffère par le bec et la queue; mais qui a de commun avec elle, la forme toute particulière des pattes et des ailes et la coloration du plumage. Toutes deux demeurent habituellement dans les roseaux et les marais, où elles suspen¬ dent aux branches flexibles ou aux roseaux, leurs nids très artistement construits en forme de bourse ou de cornemuse , à entrée latérale. Ils sont composés du duvet des fleurs de saule et de diverses plantes aquatiques, et entrelacés de filaments. A l’exemple de Tem- minck , nous avons rapproché ces 2 espèces sous le nom de Mésanges riveraines et ren¬ fermant notre g. Ægithale , dont les carac¬ tères sont alors : Ailes arrondies, subobtu¬ ses , à rémiges primaires courtes ; la lre très petite, presque nulle. Pieds robustes à doigts antérieurs presque égaux et armés d’ongles longs et forts; le postérieur le plus fort de tous. Queue ou courte et légèrement échan- crée , ou longue et fortement étagée. Bec grêle, entier, comprimé ou très droit et en cône allongé, très aigu, ou arqué en des¬ sus avec la mandibule supérieure plus lon¬ gue que l’inférieure. Ce g., comme on le voit, répond aux 2 sections Rérniz et Moustaches des Mésanges de Cuvier et à celle des Mé¬ sanges riveraines de Temminck. On réunit ordinairement au Bémiz, le Parus capensis L., Sonnerai (2me V. pi. 112), ou Petit deuil , Bufî. Nous sommes étonné que le Figuier bec-fleurs de Vaillant [Afr. 3, 142, pl. 134), qui, d’après ses for¬ mes générales et particulièrement celle de son bec, nous paraît un véritable Ægithale ou Rérniz, et probablement même ce Parus ca¬ pensis des auteurs, n’ait cependant été si¬ gnalé comme tel ou même comme Mésange par aucun auteur. Il est fort petit, moindre que notre Roitelet, d’un gris cendré ter¬ reux en dessus plus foncé sur la tète et avec les plumes du front noires et blanches arron¬ dies, comme écailleuses et relevées. Il a le ventre d’un jaunâtre terne , mêlé de rous- sâtre. C’est encore, nous le pensons, YÆgi- thalus Smithii (Will. Jardine, pl. 113). Nous AEG devons convenir cependant que dans ce que Vaillant nous apprend sur les mœurs de cet oiseau, qui vit habituellement en petites ban¬ des, faisant entendre sans cesse un faible cri de rappel, et visitant toutes les fleurs pour y saisir les insectes qu’elles recèlent , nous retrouvons bien des mœurs analogues à celles de nos Mésanges , mais rien qui nous retrace l’habitant de nos espèces riveraines, quoi¬ qu’il en ait tous les caractères extérieurs. A ces espèces, M. Burton en ajoute une nouvelle : Y Æyithalus flammiceps des monts Hymalaya , qu’il décrit dans les Proceed. Lond. Zool. Soc. 1835. Le Parus rnelanoce- phalus de Gould (Cent, of birds from Hyma- laya ), d’après son bec grêle, mais légère¬ ment arqué en dessus, nous paraît une es¬ pèce de transition entre ce g. et le Parus. (Lafr.) ÆGITTIÏME. Ægilhina ( afytQoç , nom de la Linotte chez les Grecs), ois. — G. de l’or¬ dre des Oiseaux syl vains et de la famille des Chanteurs dans la méthode de Vieillot; of¬ frant pour caractères : Bec en cône allongé, robuste, presque droit, à mandibules supé¬ rieures, légèrement échancrées. Ailes sur-ob¬ tuses à rémiges courtes; la lre n’atteignant, comme chez les mésanges, que le tiers de la 5nie. Queue courte , terminée carrément. Tarses, ainsique les doigts, peu allongés, mais robustes , terminés par des ongles forts, Irès arqués; celui du pouce, plus que les autres. Plumage lâche, allongé, très épais, surtout sur le dos et le croupion, comme chez les mésanges. — Ces caract. nous ont paru suffisants pour conserver le genre ; mais nous le plaçons près des Mé¬ sanges, avec lesquelles il a les plus grands rapports. Deux espèces seulement sont con¬ nues : V Ægilhina quadricolor Vieill. (JV. Dieu i, 176, Faill. Afr. pl. 141.) et l’Æ. alricapilla Vieill. (Ibid, et Vaill. Id. pl. 140.) (Lafr.) ÆGÏTIIUS ( ouVQoç , nom de la Linotte , chez les Grecs), ins. — G. de Coléoptères té- tramères , famille des Clavipalpes , tribu des Erotylènes, établi par Fabricius. Dans ma Monographie des Érotyles , qui a paru en 1825 , j’avais, d’après l’autorité d’Olivier et du célèbre Lalreille, réuni à ces insectes les Ægiihus de Fabricius, comme ne présentant pas de caractères suffisants pour en être sé¬ parés. En effet ils n’en diffèrent que parce AEG 143 que leur corps est plus hémisphérique, in¬ dépendamment d’une légère modification dans la forme de leurs palpes inférieurs. Cependant le nombre des esp. connues dans ces 2 g., ayant plus que doublé depuis la publication de ma monographie, on a senti la nécessité, pour s’y reconnaître, non seule¬ ment de rétablir le G. Ægiihus , mais encore de créerde nouvelles coupes génériques par¬ mi les Érotyles proprement dits ; en sorte que les espèces que j’avais réunies en un seul g. se trouvent réparties aujourd’hui en 10, y compris celui des Ægithes dont il est seule¬ ment ici question. D’après M. Dejean , ce dernier g., qui se borne à 3 ou 4 espèces dans Fabricius, en contient aujourd’hui 17, toutes de l’Amérique intertropicale. Nous citerons ici comme les plus connues : Y Ægiihus suri- namensis Fabr. , de Cayenne; YÆg. gua- dalupensis Fabr., de la Guadeloupe. Ces 2 espèces sont figurées dans ma Monographie, pl. 7, fig. 59 et 76. (D.) ÆGLE , Corr. (ouylri , lustre , éclat ; nom d’une nymphe de la Mythol. et de l’une des Hespérides). bot. pii. — G. de la famille des Àurantiacées. Corréa ( Act. Soc. Linn. 5 , p. 222) et Roxburgh ( Corom. 2, n° 143; Flor. Ind. 2, p. 579), lui assignent les caractères suivants : Calice campanulé, 4 ou 5-den- té. Pétales 4 ou 5. Etamines environ 40; fi¬ lets courts, libres; anthères dressées, linéai¬ res, mucronées. Ovaire 8 - 15» loculaire ; loges multi-ovulées. Stigmate subsessile. Pé¬ ricarpe coriace, indéhiscent, subglobu¬ leux, 8-15-Soculaire; loges 6-10- spermes et remplies d’une pulpe visqueuse. Graines oblongues, comprimées, laineuses ; cotylé¬ dons à oreillettes très courtes. — Arbre or¬ dinairement armé d’épines axillaires, soif solitaires, soit géminées. Feuilles trifoîio- lées. Fleurs blanches, semblables à celles de l’Oranger , disposées en courtes panicules terminales. — Le g. n’est fondé que sur une seule espèce; c’est un grand arbre indigène dans les montagnes de la côte de Coroman¬ del. Son fruit est très estimé dans toute l’Inde, tant à cause de sa saveur délicieuse et de son arôme, qu’à raison de ses proprié¬ tés relâchantes et dépuratives; ce fruit at¬ teint le volume d’un petit melon. (Sp.) *ÆGLEE. Æglea (a tyXvj, lustre, éclat; nom d’une nymphe de la Mythol. et de l’une des Hespérides). crust. — G. de l’ordre des Dé- AEG AEG 144 capodes, famille des Ptérygures, créé par Leach et ainsi caractérisé : Carapace dépri¬ mée , beaucoup plus longue que large, à ré¬ gions branchiales fort dilatées. Front armé d’un rostre , avec une échancrure à sa base, représentant l’orbite. Pédoncules oculaires très courts , dirigés en avant. Antennes in¬ ternes ayant leur tige très courte et s’insé¬ rant au-dessous des pédoncules oculaires ; antennes externes s’insérant sur la même li¬ gne que les dernières; mais ayant leurs pé¬ doncules composés de 4 articles. Cadre buc¬ cal , plus large en avant qu’en arrière , non séparé del’épistome. Pieds-mâchoires exter¬ nes pédiformes. Plastron sternal triangu¬ laire, très large à sa base, situé entre les pattes de la 4me paire. Pattes antérieures mé¬ diocres , renflées , dirigées en avant et se re¬ ployant en dessous; pattes des 3mes paires suivantes grêles; les postérieures cylindri¬ ques , terminées par une pince rudimen¬ taire. Abdomen moins long que la carapace, recourbé en dessous, composé de 7 segments, avec la nageoire qui le termine très large. Les 5 premiers segments dans le mâle sont dépourvus d’appendices, tandis que dans la femelle il existe 4 paires de fausses pattes ovifères. — On n’en connaît qu’une seule espèce, VÆ. lævis Lair., qui se trouve sur les côtes du Chili. (H. L.) ÆGOCÈRE. Ægocera (aie, yoç, bouc, chè¬ vre ; x/paç, corne), ins. — G. de l’ordre des Lépidoptères, famille des Crépusculaires, fondé par Latreille qui d’abord l’avait placé dans sa tribu des Zygénides, et qui l’en a re¬ tiré depuis pour le mettre avec doute, il est vrai, dans celle des Sésiades. Le fait est qu’elle n’a pas le moindre rapport avec les Sésies; aussi M. Boisduval, en l’adoptant, l’ a-t-il comprise d’abord parmi les Zygénides et ensuite dans sa tribu des Ægocérides. Il lui donne pour caractères : Palpes dépassant le chaperon d’une manière remarquable; le 2me article très velu, garni de poils fascicu- lés , réunis en une sorte de bec. Antennes fusiformes, en cornes de bélier, renflées au milieu. Ailes un peu en toit dans le repos; les supérieures triangulaires. Jambes re¬ couvertes d’écailles allongées. — Ce ganre ne renferme qu’une seule espèce qui se trou¬ ve au Bengale , et que Cramer a figurée sous le nom de Bombyx V emilia. Elle est aussi fort bien représentée dans la Mono¬ graphie de M. Boisduval ( pl ï; fig. 3 ). (D.) * ÆGOCERIDES. Ægoceridœ (dll,yk, chèvre; x/paç, corne; sT fleurs mâles. Glumes presque égales, bifides au sommet , plus courtes que la fleur qui est un peu pédicellée , et terminée par une arête ; paillette inférieure trinervée , por¬ tant à son sommet 3 arêtes, dont la moyenne la plus longue ; paillette supérieure binervée et biaristée. Étamines au nombre de 3. Squa- mules hypogynes , glabres et bilobées. Fruit nu et glabre. — Ce g. se composait d’abord de 2 espèces originaires de l’Amér. méridio¬ nale, d’où elles avaient été rapportées par MM. de Humboldt et Bonpland. Rœmer et Schultes en ont décrit quelques autres. Quant à Palissot de Bcauvois, la plupart des espèces qu’il y a ajoutées appartiennent au g. Arnphipogon de Brown. V . ampiiipo- gon. (A. R.) 1 AEG 145 ÆGOFIUCON. BOT. PH. — V . MAPROUNEA. (Ad. J.) * ÆGOPROSOPU S (ocfS, yoç , chèvre; ttPo- o-c oTCov , face), ins. — M. Dcjean ( Calai . 3me édn.)r nomme ainsi un g. de Coléoptères tétramères, créé par M. Serville dans la fa¬ mille des Longicornes, sous le nom de Clos- terus qu’il n’a pas adopté, nous ignorons pour quelle raison. — Quoi qu’il en soit, V. le mot clostère, où nous faisons connaître les caractères assignés à ce g. par M. Ser¬ ville , ainsi que l’espèce qui lui a servi de type pour l’établir. (D.) * ÆGORIIIXUS (af|, yoç, chèvre; p»'v, voç, nez), ins. — G. de l’ordre des Coléop¬ tères tétramères , famille des Longicornes , tribu des Cérambyeins, établi par M. Dejean [Calai. 3me édit.), mais dont il n’a pas pu¬ blié les caractères. Il le place entre le g. Oregosioma de M. Serville et le g. Rhinoiragus de Germar. Il n’y rapporte qu’une seule es¬ pèce de la Nouvelle-Hollande qu’il nomme Æ. dimidiatus. Le nom d’ Ægorhinus ayant été donné par Ericbson à un g. de Curculio- nites dont il a publié les caractères, celui dont il est ici question devra recevoir un au¬ tre nom. (D.) * ÆGORHINUS (af£, yoç, chèvre; pG , vo'ç, nez ). ins. — G. de l’ordre des Coléop¬ tères tétramères , famille des Curculionites , établi par M. Erichson,qui le caractérise ainsi : Antennes médiocres, insérées à la partie su¬ périeure du rostre; article du funicule di¬ minuant peu à peu de longueur jusqu’à la massue, qui est petite et terminée en pointe. Rostre court, épais, caréné, avec les scrobi- cules antennales obsolètes. Yeux ronds , saillants. Prothorax oblong, tronqué à sa base, avancé au sommet, légèrement échan- cré en-dessous. Écusson ponctiforme, im¬ mergé. Elytres allongées. — Ce g. est voisin des Aterpus de Schœnherr et appartiendrait par conséquent à sa division des Cléonides. Il est fondé sur une espèce du Chili, nom¬ mée par Ericbson, /E . phaleralus, décrite et figurée dans le 1er supplément au 16me vol. des Nov. Acl. Acad. imp.Leop. Car. Nat. pag. 282, tab. 39, fîg. 1. (D.) * ÆGOSOMA («?£, yoç, chèvre; ™p.a, corps), ins. — G. de l’ordre des Coléoptères tétramères, famille des Longicornes, tribu des Prioniens , établi par M. Serville et adopté par M. Dejean [Calai. 3me édit.). Ce 10 T. I. 146 AEG AEG g. est un démembrement du g. Prionus de Fabricius, dont il diffère principalement par les antennes, qui sont filiformes et sem¬ blables dans les 2 sexes ; par le corselet , qui est mutique , presque trapézoïdal, rétréci par devant; et par la tarière des femel¬ les , longue , toujours saillante et dépassant de beaucoup l'anus. — Les Ægosomes ont d’ailleurs la forme allongée , et des pat¬ tes de longueur moyenne ; ils ont le faciès des Cérambycins. On n’en connaît encore que 2 espèces : l’Æ. scabricorne ( Prionus scabricornis , Fabr.), ou Lepture rouillée de Geoffroy, qui se trouve dans la forêt de Fon¬ tainebleau, et l’Æ. affine, originaire de Java. (D.) *ÆGOSTETHA («?£, yoç, chèvre; ar9i- Goç, poitrine), uns. — G. de l’ordre des Co¬ léoptères pentamères , fam. des Lamellicor¬ nes, tribu des Scarabéïdes , section des Pliyllophages , établi par M. Dejean ( Calai. 3me édit.) , mais dont il n’a pas publié les caractères. Ce g. ne renferme que 3 espèces, toutes du Gap de Bonne-Espérance . savoir : Æ. maritima Burschell., dislincta Dej. et longicornis Fabricius. (D.) * ÆGOTHÈLE (afÇ, yoç, chèvre; W, mamelle), ois. — G. formé par Vigors sur une espèce d’Engoulevent de la Nouvelle- Hollande , le Caprimulgus Novæ-Hollandiœ Lat. , dont les caract. sont : Tarses et doigts grêles; ceux-ci allongés, l’externe surtout qui l’est presque autant que le médian ; l’in¬ terne plus court; tous parfaitement libres et séparés dès leur base; le pouce également grêle et plus allongé que chez aucun autre g. de la famille des Engoulevents (nos Ca- primulgidœ). Ongles assez courts, mais éle¬ vés. très comprimés, subitement arqués et très acérés , assez analogues à ceux des oi¬ seaux réellement grimpeurs. Bec très élargi dans le genre de celui des Podarges , mais la partie cornée supérieure s’étendant moins vers le crâne et ses côtés. Vu d’en haut, ce bec décrit, un arc légèrement saillant, depuis l’ouverture jusqu’à la pointe, dont le prolongement forme en tombant, une es¬ pèce d’onglet cylindracé. La mandibule in¬ férieure, plus large que la supérieure, pos¬ sède un rebord corné, peu élevé, que re¬ couvre, dans toute sa longueur, celui de la mandibule supérieure dont la pointe s’ap¬ puie sur celle de dessous qui fîécîiit pour la recevoir. Les Lonim et tout l’espace subocu¬ laire, garnis d’une rangée de très longs poils, munis de barbes décomposées à leur base ; une partie de ces poils retombant sur la mandibule inférieure , et l’autre se relevant au-dessus des Lorum, en forme de crête fron¬ tale. Ailes obtuses , à rémiges courtes et ar¬ rondies, offrant peu de fermeté. Queue for¬ tement étagée , à rectrices faibles et molles. — Ce g., fondé sur des caractères bien suffi¬ samment importants, n’avait cependant été adopté et France ni par Cuvier, ni par Tem- minck et Lesson, lorsqu’on janvier 1837 nous publiâmes, dans le Magasin de Guérin , un mémoire détaillé sur la famille des Engoule¬ vents, que nous partagions en 2 sections : les Humicoles et les Préhenseurs , et dans le¬ quel nous faisions ressortir les caractères du g. Ægothèle, qui y faisait partie delà 2me section. Une seule espèce compose, jusqu’à ce mo¬ ment, ce g.; c’est l’Ægothèle delà Nouvelle- Hollande ( Ægolheles Novæ-Hollandiœ Vi- gors et Hors. Lin . Trans. tome 15, page 197. Crested goalsucker Philipp. il. pl. et p. 170. Wite’s Noyage lo new South Wales , pl. 29. L’Engoulevent à crête, Caprimulgus Novœ - Hollandiæ Vieillot, N. Dicl. t. 10, p. 234, de Lafr. Notice sur la famille des Engoulevents , Caprimulgidæ , Magaz. de Guérin , janvier 1837 , pl. 82 , 83). Cet oiseau est d’un quart environ plus petit que notre Engoulevent d’Europe. Son dos est d’un gris ardoisé , très finement vermiculé de gris-cendré ; un gris roussâtre couvre la tête et est inter¬ rompu par 3 bandes noires longitudinales, dont une médiane, et 2 parlant de dessus les yeux, pour se réunir sur le sinciput. Ce noir est terminé sur la nuque par un demi col¬ lier roussâtre. Le dessous est d’un gris-rous- sâtre pâle , vermiculé de gris-ardoisé jus¬ qu’à l’abdomen, dont le centre est blanc. La queue est noirâtre , traversée par un grand nombre de bandes grises. Les longs poils à barbules, qui forment la crête frontale ou re¬ tombent sur l’ouverture du bec , sont noirs et terminés de roussâtre au-dessous des yeux. Les pattes sont d’un jaune pâle et les ongles noirs. L’Ægothèle se trouve à la Nou¬ velle-Hollande, aux environs du port Jack¬ son. (Lafr.) * ÆGUS ( o«£,yoç, chèvre), ins. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères , famille A EG AEG i 47 des Lamellicornes, tribu des Lucanides, éta¬ bli par Mac-Leay , qui lui assigne les ca¬ ractères suivants : Massue des antennes pres¬ que perfoliée, à peine quadrilamellée, avec le dernier article plus grand et semi-circulaire. Lèvre supérieure non distincte. Mandibu¬ les avancées, falquées , inermes. Mâchoi¬ res ayant leur saillie apicale cachée sous le menton. Palpes maxillaires courts, avec le dernierarticle dépassant seul le menton. Men¬ ton carré transversalement, échancré anté¬ rieurement. Corps déprimé. Chaperon échan¬ cré ou plutôt bidenté. Écusson petit. Jam¬ bes quadridentées. — M. Mac-Leay place ce g. entre les g. Dorcus et Lucanus , et y rap¬ porte 4 espèces , dont 3 de la Nouvelle-Hol¬ lande et une de Sumatra, qui est le Luca¬ nus inermis de Fabricius. Le g. Ægus ne fi¬ gure pas dans le dernier Catalogue de M. De- jean. (D.) ÆGYPIUS ( afyuTïioç, vautour), ois. — G. formé par Savigny (Syst. des Ois. d’ Égypte) sur le Vautour Arrian ( Vultur cinereus Gmel.), et dont les caractères sont: Bec gros, élevé , comprimé vers le sommet , à dessus très convexe. Narines presque rondes ou ovalaires , placées en travers; leur bord an¬ térieur peu ou point étalé, et le milieu de leur ouverture pourvu d’une lame épaisse, cartilagineuse, qui s’élève du fond. Langue large sans aiguillon. Bouche très grande et fendue jusque sous les yeux. Tarses épais , complètement réticulés. Doigts forts, le mé¬ dian allongé, les latéraux courts, presque égaux. Ongles antérieur et postérieur beau¬ coup plus grands que celui du milieu. Mem¬ brane interdigitale et basale, du médian à l’externe, très développée; du médian à l’interne presque nulle. Ailes épaisses, très longues, obtuses, à rémiges primaires de longueur médiocre , les secondaires gran¬ des , voûtées , atteignant dans le repos le bout des primaires. Queue à 12 rectrices éta¬ gées, à baguettes très fermes. Jabot garni d’un duvet à barbes roides, touffues et cou¬ chées sur la peau. Tête large et fort épaisse. Cou médiocrement allongé, couvert en partie de duvet ainsi que la tête , ou en partie nu et coloré. Des plumes étroites, flottantes, for¬ mant au-dessus de la nuque lin demi collier Cervical. — Quoique ce g. de Savigny ne soit adopté par presque aucun Ornithologiste moderne, il nous paraît néanmoins devoir l’être à plus d’un titre ; car il diffère par des caractères nombreux , comme on vient de le voir, du g. Vautour proprement dit, ou Gyps , Savigny (ayant pour type le Vautour fauve); caractères évidents dans la forme de la tête , du bec, des narines , et même de la langue , comme aussi dans celle de la queue etdesongles.il ne faut que jeter un coup d’œil sur un Vautour du g. Ægypius , poul¬ ie distinguer au premier abord , à sa tète épaisse et large, et à son bec très élevé, d’un autre sujet du g.Vautour,à tête et bec effilés. L’espèce prise pour type par Savigny est le Vautour arrian ( Vultur arricimis Picot de La Peyrouse, Encycl. méth.), nom spécif. sous lequel il devrait être désigné désormais pour éviter la confusion des noms cinereus et ni- ger de Linné, adoptés l’un et l’autre par dif¬ férents auteurs ; car c’est le V ultur cinereus de Cuvier (/G Règ. anim.), et de Temminck [Man.), le Vultur niger de Vieillot ( Galerie , pl. 1), Y Ægypius niger de Savigny (Syst. des t ois. d’Egypte, p. 74). Ce sera donc pour nous Y Ægypius arrianus (Enl. , 425) d’Europe, d’Afrique et d’Asie. On doit ranger encore dans ce g. le Vau¬ tour Oricou d’Afrique ( Vultur auricularis , Daud.); l’Oricou , Vaill. ( Afr. , pl. 9), ou Vautour Ægypius Tem. (Col. 407 ), non adulte, malgré l’indication de la planche , puisqu’il n’a point , sur les côtés du cou , de crête charnue, longitudinale, et que sa tête et son cou sont encore duveteux. 11 est bien constant que le Vultur ' auricularis et le Vultur Ægypius ne sont que cette seule et même espèce, et nous sommes étonné que M. Temminck ( Pl. col., et Index des es¬ pèces du g. Vautour) ait indiqué son Vul¬ tur Ægypius ou l’Oricou, comme synonyme de Y Ægypius niger de Savigny, tandis que celui-ci est l’Arrian , ainsi que l’indique Savi¬ gny; ce qu’il est facile encore de reconnaî¬ tre dans la pl. îl de ce grand ouvrage, et comme l’indique M. Temminck lui-même dans son Manuel (p. 5) aux synonymes de son Vautour arrian. Le V autour royal ( Vultur Pondicerianus Gmel.;Tem.;C’o/. 2; Sonnerat, V. lnd.pl. 1 04) en fait encore partie. Nous en avons reconnu les caractères sur ces trois espèces, que nous possédons, et nous croyons , d’après l’in¬ spection des planches de Temminck, que son Vautour à calotte (Vultur galericulalus , 148 AEL AEG Col. 13) et son Vautour impérial ou Chincou ( jFullur monacûus Gmel., Col. 426; Vaiîl,, pl. 12) doivent aussileurêtre réunis.Temminck (Man. 3me partie ), fait observer, à l’égard des Vautours d’Europe, qu’ils ne sont pas aussi lâches qu’on le dit ; qu’attaqués, ils se défendent courageusement et se précipitent même sur l’homme, en se servant du bec et des serres ; qu’ils enlèvent souvent de jeunes chèvres et des agneaux , et que les pâtres de la Dalmatie et des Iles de la Méditerranée les redoutent beaucoup comme dévastateurs de leurs troupeaux. VÆgijpius arrianus est commun en Sardaigne , surtout en hiver ; mais on ne connaît pas encore son mode de nidification, ni même le pays où elle a lieu. On croit cependant que c’est dans les contrées montueuses de l’Asie. (Lafr.) ÆLIA. ins. — G. de la Famille des Scu- tellériens , de l’ordre des Hémiptères , sec¬ tion des Hétéroptères , établi par Fabricius (i Syst.Pihyng .), pour quelques espèces qui ont la partie antérieure de la tête très prolon¬ gée en avant , et dont la plupart ont été réparties dans différents g. Celui d’Ælia fut conservé pour le Cimex acuminatus L . , et placé dans le groupe des Pentatomites par M. de Laporte ( Ess . s. les Hémipt.) et par de Hahn (JEanzenartigen Ins.) , réuni au g. Cimex , Fab., ou Pentatoma, Lat. , par Burmeister ( Handb. der Eut. ) ; réuni encore au g. Scu- tellera par M. Brullé (Ilist. des Ins.), et enfin regardé de nouveau comme g. distinct par nous (Ilist. des Anim. art. t. iv) qui le pla¬ çons dans la famille des Scutellêriens, groupe des Pentatomites. Scs principaux caractères sont tirés de la forme de la tête , qui est épaisse et prolongée en museau arqué ; du rostre, dont l’extrémité atteint la base de la dernière paire de pattes ; des antennes com¬ posées de 5 articles grossissant vers le bout, et enfin de l’écusson , qui est assez grand , mais qui ne recouvre pas entièrement les élytres. — Ce g. réunit du reste une partie des caractères des P entatomes et des Scutel- t'eres ; ce qui l’a fait rapprocher, par diffé¬ rents auteurs tantôt de l’un , tantôt de l’au¬ tre de ces genres. Le type est YÆlia aeu- minala , Fab. (Cimex acuminatus, L.), es¬ pèce très commune dans toute l’Europe, le nord de l’Afrique et une grande partie de l’Asie. (Bl.) * AELLO. mam. — G. de l’ordre des Chéi¬ roptères, famille des Vampiriens, établi par Leach d’après les caractères suivants : 2 inci¬ sives, 2 canines et 4 molaires à chaque m⬠choire ; une 4me phalange au doigt alaire mé¬ dius seulement ; membrane interfémorale droite; oreilles rapprochées, courtes, très larges; point d’oreillons; queue ne dépas¬ sant pas la membrane, et formée de 5 ver¬ tèbres dans la partie visible. — L’établisse¬ ment de ce g. ne repose d’ailleurs que sur une seule espèce très imparfaitement con¬ nue. (A.) * AELLOPOS ( àzWoTzoç , nom mytholo¬ gique de l’une des Harpies). poiss.-Sous ce nom, M. Agassiz (Feuill. p. 98), fera connaître un nouveau genre de Squale fossile , dont on doit la découverte au comte de Munster. Le squelette presque entier de cet Ichthyo- lithe provient des schistes de Kelheim. (Val.) * ÆLUROPUS (a ftovpoç, chat; *rovç, pied ). bot. pii. — Trinius ( Fund. Agrost. , 143) a proposé d’établir sous ce nom, dans la famille des Graminées, un g. pour le Dac- lylis lagopodioïdes L. (Mant. 33), qui a été placé successivement dans les g. Kœleria et Poa. Ce g. n’a pas été adopté. (A. R.) * ÆMIDIIJS (. Æmidus , gonflé), ins. — Genre de Coléoptères pentamères, famille des Serricornes , Latr., ou Sternoxes, Dej. , tribu des Élatérides , établi par Latreille qui lui donne pour caractères : Extrémité du chaperon manifestement plus élevée que le labre. Antennes simples { articles presque carrés , un peu plus larges supé¬ rieurement ) , de la longueur au plus de?la tête et du corselet. Abdomen presque de la même longueur, arrondi et obtus au bout. — Ce g., qui ne figure pas dans le dernier Catal. de M. Dejean, a le port des Agrioies, suivant Latreille, et a pour type et uni¬ que espèce : YEucnemis gigas de) Manner- heim. (D.) * ÆOLANTHUS , Mart.; Orolanthus , E. Meyer ( a lêloç, , panaché ; avGoç, fleur), bot. ph. — G. de la famille des Labiées, tribu des Ocymoïdées , s.-tribu des Plectranthées , Benth. Ses caractères sont les suivants (Mar- tius, Amœn. Monac. 4.; Bentham, Labial., p. 61): Calice ovoide-campanulé, à dents peu marquées, à gorge nue, close après la floraison; le fructifère se détachant de sa base par scission circulaire.Corolle bilabiéej: AEO 149 tube saillant, décliné; gorge renflée; lèvre supérieure quadridentée ; lèvre inférieure indivisée, plus longue, concave. Étamines 4, déclinées : les 2 inférieures plus longues. Filets libres, non dentés. Anthères ovales- réniformes, à bourses confluentes. Style bi¬ fide au sommet: branches subulées. Stigma¬ tes petits, subterminaux. Akènes concaves au dos, carénés antérieurement. — Herbes an¬ nuelles, aromatiques , très finement pubes- centes. Feuilles entières ou à peine dentées. Inflorescence cymeuse. Pédicelles unilaté¬ raux. Fleurs petites , odorantes. — Ce g. , propre à l’Afrique australe, n’est fondé que sur une espèce. (Sp.) * ÆOLOTHRIPS ( odolo; , bigarré ; 0Pty , ver qui ronge le bois ). ins. — Genre de no¬ tre famille des Thripsiens [Thysanoptera , Halid.), établi par Haliday ( Ent . Mag.), adopté par Burmeister [Handb. der Eut.), et par nous ( Hist . des anim. arlicul.). Il ne diffère des Thrips , que par les ant., qui sont composées de 9 articles, et par les ailes, pourvues de nervures transversales. Tous les anciens auteurs, Linné, De Géer, Fabri- cius , Geoffroy, confondaient les esp. de ce g. avec les Thrips. Elles sont peu nombreu¬ ses et toutes indigènes. Les principales sont VÆ. fasciata , Hal., Burm. , Bl. ( Thrips fas- ciciia, L.; D. G. ; Fab. ) , qui se trouve sur les fleurs des Composées, et particulière¬ ment sur les Résédas; et XÆ. vitiata Hal. Burm., Bl., que l’on rencontre aussi sur les fleurs de différentes plantes. (Bl.) * ÆOLUS (a’ioloç , prompt, léger; de là Eolus , dieu des vents.) ins. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères , famille des Sternoxes, tribu des Elatérides, établi par Eschscholtz , qui lui donne pour caractères : Tarses dépourvus de pelotes; ongles sim¬ ples. Front défléchi, le plus souvent plan ou concave. Bouche avancée ou infléchie. Carène frontale mince. Lames pectorales lancéolées, non subitement dilatées en des¬ sous. Tarses poilus ou sétuleux, à 4me art. bilobé. Sternum plan. — M. Dejean ( Ca¬ lai. 3ine édit.), qui a adopté ce genre, y comprend 15 espèces presque toutes exoti¬ ques; nous n’en citerons qu’une, XElaier scriptus de Fabricius, que M. Dejean, par erreur, avait appelée amabilis dans son pré¬ cédent catalogue. Elle est du Brésil. (D. ) *ÆONIE. bot. ph. — Mot mal orthographié AEQ chez quelques auteurs. — V. obonie. (C. L. ) "ÆPHNIDIUS (atyvèîioç, inattendu, rapide). ins. — S.-g. de Coléoptères pentamères, fam. des Carabiques, tribu des Harpaliens, éta¬ bli par Mac-Leay (. Annul . Javan.), et auquel il assigne les caractères suivants : Antennes 2 fois aussi longues que la tête, plus épais¬ ses à l’extrémité, pubescentes, monilifor- mes, avec le 2me et le 3me articles égaux. Labre carré transversalement, à peine échan- cré antérieurement. Mandibules larges, trian¬ gulaires , courbées extérieurement. Dernier article des palpes maxillaires allongé , plus mince que les précédents et presque subulé. Sinus du menton simple. Tête triangulaire, très petite, non bisillonnée entre les yeux. Prothorax bordé , 2 fois plus large que long, échancré antérieurement, presque sinué , lobé postérieurement, très légèrement cana- liculé et à peine sillonné de chaque côté postérieurement. Tout le corps faiblement déprimé, oblong, avec l’abdomen pédiculé. Élytres à peine bordées, striées, avec la lre strie qui avoisine l’écusson , courte et à peine distincte. Les 4 pattes postérieures spinuleuses.- Ce s.-g. est fondé sur une seule espèce , nommée par l’auteur JE . Adelioï- des , et figurée dans son ouvrage ( pl . 5, fîg. 2). Elle a été rapportée de Java par le Dr Horsfieîd. (D.) *AEPUS ( cJtzoç, élévation ; étym. incert. ). ins. — G. de Coléoptères pentamères, fa¬ mille des Carabiques , tribu des Subulipal- pes, Dej., et des Harpalides, Mac-Leay, éta¬ bli par Leach sur une seule espèce, nommée par lui Æ . fulvescens , et que M. Dejean, dans son Species, rapporte au g. Trechus de Clairville , après l’avoir d’abord placée dans le g. Blemus de Ziegler {Calai, de J 821 ), qu’il a supprimé , et dont il a réparti les espèces entre les g. Trechus et Bembi- dium , dans son dernier Calai, de 183G. V . les mots BLEMUS, TRECHUS et BEMBIDIUM. (D.) * ÆQUmmiTE. MIN. — On a apporté sous ce nom , de l’Amérique en Europe , un minéral qui se rencontre dans les cavités de l’obsidienne du Mexique, et qui parait avoir quelque analogie avec la substance appelée Sphéruliie ou Sphéroliie. E. ce dernier mot. ( Del. ) * ÆQUOHEA ( œquor , la mer), acal. — G. de Méduses. V. équorée. (Dijj.) 150 AER AER * ÆQIJORIDES ( œquor, la mer), acal. — Famille de Méduses. F'.equorides. (Duj.) *AÉRANTHE. Aeranthus (Ap, /poc, air ; ocvOoç, fleur), bot. pii. — M. Liudley a éta¬ bli sous ce nom (Bot. Beg., t. 817), un g. de la fam. des Orchidées, tribu des Yandées, pour 2 plantes décrites et figurées par Du- petit-Thouars ( Orch . d’Afriq.), sous le nom de Dendrobium Arachnilis , et Angrœcum sesquipedale. Leur caractère générique peut être défini de la manière suivante : Ca¬ lice connivent ; les 2 divisions latérales externes obliques à leur base, insérées au prolongement de la base du gynostème. Labelle creusé en forme de capuchon et en¬ tier, assez semblable aux divisions latéra¬ les internes, portant à sa partie inférieure un long éperon , articulé avec la base pro¬ longée du gynostème. Celui-ci court, por¬ tant une anthère à 2 loges, contenant 2 mas¬ ses polliniques globuleuses , perforées d’un côté et sessiles sur 2 rétinacles distinctes. — Quand on considère le port des 2 plantes que M. Lindîey réunit dans ce g., il est impos¬ sible de ne pas croire qu’elles appartiennent à 2 g. bien différents. L’une ( Dendrobium Arachnilis Dupetit-Th. , t. 87) est dé¬ pourvue d’éperon, et se rapproche beaucoup des vrais Dendrobium ; l’autre ( Angrœcum Sesquipedale Dupetit-Th. , t. 66 et G9) a un éperon excessivement long , et donne peut- être les fleurs les plus grandes de toute la famille. Malheureusement ces 2 espèces , qui croissent à Madagascar, sont fort rares et ne sont guère connues que par les figures de Dupelit-Thouars. [A. R.) *ÆREI\TÆA (dpYivciïoç , pacifique. Il aurait fallu écrire Irenœa ). ins. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères, famille des Lamel¬ licornes, établi par M. Dejean ( Calai. 3me édition), qui n’en a pas publié les caractè¬ res. Ce g., qui appartient à la tribu des Lamiaires de M. Serville , ne renferme que des espèces du Brésil, au nombre de 4, et toutes nommées par fauteur , savoir : Æ. incrassala, flavopunclala, ferrugata et ingrala. (D.) * ÆRENICA ( Etpvjvixoç, pacifique. Il au¬ rait fallu écrire Irenica). ins. — G. de l’or¬ dre des Coléoptères tétramères, famille des Longicornes, établi par M. Dejean (Calai. 3me édit.), qui n’en a pas publié les ca¬ ractères. Ce g., qui appartient à la tribu des Lamiaires de M. Serville, ne renferme que 3 espèces, toutes du Brésil, et nommées par M. , Dejean savoir : Æ. mullipunctata , canescens et obliquata. (D.) AERIOES (àsptç, habitante de l’air), bot. pii. — G. de la famille des Orchidées, établi par Loureiro (Fl. Cochin, 525), et adopté parM. Bindley, qui y réunitle g. Dendrocolla de M. Blume.Yoici les caract. du g .Aerides, tel que les définit le célèbre monographe des Orchidées:Calice étalé ou quelquefois dressé, ayant les sépales latéraux ordinairement obliques à leur base , et se soudant avec la base allongée du gynostème. Labelle con¬ cave et quelquefois un peu éperonné, s’ar¬ ticulant avec le prolongement basilaire du gynostème, et offrant 3 lobes, dont les 2 latéraux très petits. Gynostème court, sans ailes, couché sur le sommet de l’ovaire. Masses polliniques 2 , marquées d’un sillon dans leur face postérieure , se terminant par une caudicule qui s’attache sur un rétïnacle arrondi et pelté. — Toutes les espèces de ce g., au nombre d’environ 26, et originaires des Indes orientales , sont des plantes para¬ sites et épidendres, ayant des tiges simples, des feuilles distiques et coriaces, et des fleurs en épis ou en grappes. (A. R.) *AERORION (Ap, spoç. air; &'oÇ, vie; qui vit dans l’air), bot. pii. — Le g. ainsi nommé par Sprengel (Syst. 3, p. 716), estle même que celui que Dupelit-Thouars appelle Angrœ¬ cum, et qui a été maintenu sous ce dernier nom dans la famille des Orchidées. V. an- grec. (A. R.) * AÉROGAOSIE ( Ap , epoç , air; >v£- ctç , connaissance), météor. — Branche des sciences naturelles, qui traite des propriétés de l’air, et du rôle qu’il joue dans la nature. (C.d’O.) *AÉROLITHE et non AÉROEÏTE (Ap , /poç, air; K0oç, pierre), min. géol.astrün. — On comprend généralement sous cette déno¬ mination, des massés minérales plus ou moins grandes, qui, des régions élevées se précipi¬ tent à la surface de la terre, avec un ensem¬ ble assez constant de phénomènes lumineux et de détonation. Cette définition est incomplète; car on confond souvent divers phénomènes plus ou moins analogues, que nous offrent les Aéro- lithes, les Bolides ou Météorites, les Etoiles filantes , celles qui disparaissent ou s’étei- AER 151 AER t gncnt, et peut-être même d’autres phéno¬ mènes semblables aux feux follets, aux feux Saint-Elme, etc. Il est vrai que sous la même expression on doit réunir plusieurs d’entre eux ; mais il y en a qui ne présen¬ tent aucune similitude, lorsqu’on y fai t at¬ tention. C’est pourquoi nous devons, avant tout, définir exactement les principaux de ces phénomènes, puis les décrire et parler en¬ suite de leur origine. Nous trouvons d’abord 3 ordres de phé¬ nomènes bien tranchés : dans le 1 C1 nous ran¬ geons les Aérolithes, les Bolides, les Météo¬ rites, les Étoiles filantes; dans le 2lue nous avons les feux Saint-Elme, les feux fol¬ lets, etc.; dans le 3me nous pouvons mettre les Etoiles qui disparaissent ou qui s’étei¬ gnent, etc. Quoi qu’il en soit, les mots Mé¬ téorite et Aérolithe , ne donnant pas une idée exacte de l’origine des phénomènes du premier ordre, doivent être rejetés ; de plus celui d’étoile filante , outre cette inexacti¬ tude, en présente encore une autre : car il ne s’agit nullement d’étoiles, mais bien de petits corps ou astres qui nagent dans l’espace. La dénomination de Bolide doit donc seule subsister, pour désigner les phé¬ nomènes qui se rapportent à ceux du 1er or¬ dre. Au reste, nous allons dire un mot des principaux phénomènes mentionnés ci-des¬ sus ; ce qui éclaircira les réflexions précé¬ dentes. On donne le nom de feu Saint-Elme à des aigrettes lumineuses qui, dans les temps orageux, paraissent à l’extrémité d’objets élevés et terminés en pointe. Le pouvoir des pointes sur l’électricité atmosphérique étant connu, on expliquera aisément le phéno¬ mène. Les feux follets sont des lumières sembla¬ bles à des flammes qui voltigent dans l’air à une petite distance du sol. On les attribue à la combustion de certains gaz. Il est facile de concevoir que des combustions analo¬ gues peuvent aussi avoir lieu dans les ré¬ gions élevées de l’atmosphère et produire par conséquent des phénomènes semblables. Quant aux étoiles qui disparaissent de la voûte des deux , après y avoir brillé d’un éclat plus ou moins vif, nous ne saurions expliquer le phénomène, puisque nous som¬ mes encore dans le vague sur le fait en lui- même. On appelle Bolides, des corps qui semblent enflammés, qui se meuvent dans le ciel avec une extrême rapidité , et qui ont une gran¬ deur apparente assez considérable pour ne point être confondus avec des étoiles. On croit avoir reconnu que les Bolides se montrent quelquefois à des distances beau¬ coup plus éloignées que les limites de l’at¬ mosphère. Dans leurs mouvements, ils sem¬ blent lancer des étincelles et laissent quel¬ quefois derrière eux une queue brillante , qui paraît être de la flamme retenue par la résistance de l’air. Souvent le Bolide dispa¬ raît sans que l’on ait remarqué d’autres phénomènes; mais quelquefois on entend une ou plusieurs fortes détonations pareilles à des coups de canon. Ces détonations sui¬ vies d’un roulement très fort, semblable à celui de plusieurs voitures roulant sur un pavé, se prolongent pendant quelques mi¬ nutes, en suivant la direction du Bolide. Enfin, si l’on est suffisamment rapproché du lieu où se passe le phénomène, on en¬ tend des sifflements et des bruits analo¬ gues à ceux que produit la chute de corps pesants, et l’on voit tomber des pierres en quantité variable. Les Bolides possèdent , au moment de leur chute, une température très élevée et s’enfoncent plus ou moins dans le sol. Leur volume est extrêmement variable : il en est de très petits et de très grands; on en cite même un de 200 mètres de longueur. Leurs formes sont irrégulières et ne présentent aucun caractère particulier, sauf l’usure de leurs arêtes et de leurs angles. A l’extérieur, les Bolides sont généralement couverts d’une écorce noire, quelquefois terne, d’autres fois luisante comme un vernis ; l’intérieur est toujours terne, d’un gris plus ou moins fon¬ cé, rarement uni , souvent veiné ou tacheté de differentes manières. Leur texture est ordinairement grenue; parfois les grains sont très adhérents et comme fondus l’un dans l’autre ; d’autres fois ils sont très dis¬ tincts et se séparent facilement. On recon¬ naît dans ces pierres le mélange de sub¬ stances différentes, et l’on y aperçoit très souvent des parcelles de fer. On a cru aussi y voir de petits cristaux de pyroxène et de la- bradorite. La composition chimique des aé¬ rolithes est très variable : leur élément le plus constant et le plus abondant est la silice qui 152 AER AER forme ordinairement plus du tiers de leur poids. On peut ensuite citer le fer, qui con¬ stitue quelquefois près d’un autre tiers , et qui se présente tantôt à l’état métalli¬ que, tantôt à l’état d’oxide. On y trouve aussi de l’alumine, de la magnésie, de la chaux, de l’oxide de manganèse, du nickel souvent à l’état d’oxide, quelquefois à l’état métallique, du chrome ou de l’oxide de chrome, du soufre, delà soude, de la po¬ tasse, du cuivre, du carbone ; mais ces prin¬ cipes n’y sont pas constants, et les derniers notamment ne s’y montrent que très rare¬ ment et en petite quantité. On nomme étoiles filantes ou étoiles tom¬ bantes, des lumières qui se meuvent dans le ciel avec une extrême vitesse et qui pré¬ sentent un point, un trait lumineux, d’un diamètre apparent assez petit pour être en¬ core comparé aux étoiles. Dans ce dernier cas, ce corps laisse derrière lui , comme les Bolides, une traînée lumineuse qui se dis¬ sipe plus lentement que la lumière princi¬ pale. Ce phénomène ne dure ordinairement que quelques secondes; mais on cite des cas où il a duré plusieurs minutes. Il se passe, à ce qu’il paraît, à des distances très différentes. Indépendamment des Bolides ordinai¬ res, tels que nous venons de les décrire, et dont on a souvent observé la chute, on trouve, à la surface du sol ou à de très pe¬ tites profondeurs , des blocs de fer plus ou moins volumineux, que l’on désigne souvent sous le nom de fer météorique, parce qu’on leur suppose la même origine qu’aux Aé- rolithes. Cependant leur chute n’est pas con¬ statée par des observations aussi positives ; mais, outre les rapprochements tirés de leur nature et de leur position , il est à remar¬ quer que beaucoup de relations historiques parlent de blocs de fer tombés du ciel. L’origine des Bolides, encore loin d’être ex¬ pliquée d’une manière irrécusable, a donné lieu néanmoins à plusieurs hypothèses in¬ génieuses. Entre autres, ces corps ont été attribués à des volcans terrestres; mais une pareille supposition ne paraît pas soutena¬ ble , lorsqu’on observe que les Bolides tom¬ bent dans des lieux extrêmement éloignés des contrées volcaniques, qu’ils diffèrent de tous les produits volcaniques connus, et qu’il est impossible de supposer que des objets aussi lourds parcourent horizonta¬ lement l’atmosphère par des temps calmes et clairs comme ceux qui régnent souvent quand on voit passer les Bolides. D’autres sa¬ vants ont supposé que les Bolides étaient pro¬ duits par les volcans de la lune, et ils ont cal¬ culé qu’un corps lancé de cette planète avec une vitesse quintuple de celle d’un boulet de canon , pouvait parvenir à un point de l’es¬ pace où l’attraction de la terre serait pré¬ pondérante à celle de la lune; de sorte que ce corps, au lieu deretomber sur la lune, se¬ rait donc entraîné vers la terre et acquerrait danssachuteunerapiditéqui, combinée avec la résistance de l’air, développerait une cha¬ leur suffisante pour produire l’état d’inflam¬ mation dans lequel se trouvent les Bolides lorsqu’ils approchent de la surface de la terre. Cette hypothèse n’a en sa faveur que la possibilité, et n’est fondée sur aucune ob- . servation qui la rende probable. On a éga¬ lement vu dans la formation des Bolides le résultat de la condensation de matières vo¬ latiles qui flottent dans l’atmosphère; or, si d’un côté , l’on conçoit difficilement la pré¬ sence, dans ces régions, d’une telle quantité de matières aussi pesantes; d'un autre côté, la formation des grêlons nous prouve que la nature a des moyens de produire des condensations dont il est difficile de nous rendre compte. Enfin , d’après des recher¬ ches sur les nébuleuses, on pense que la ma¬ tière éthérée a pu former les étoiles, le so¬ leil, les planètes, les comètes et les Bolides qui circulent dans l’espace {V. les mots éther et cosmogonie). Ainsi la matière éthérée, d’abord répandue dans toute l’immensité, aurait, par ses divers degrés de condensa¬ tion , donné naissance aux nébuleuses, aux étoiles ou soleils, aux comètes , aux planè¬ tes, aux satellites , et à cette infinité de Bo¬ lides qui semblent errer dans l’univers, mais qui cependant nous apparaissent plus parti¬ culièrement à certaines époques , suivant des directions déterminées , revenant mê¬ me sur la route qu’ils ont parcourue , et par¬ fois tombant à la surface de la terre. Telle est l’opinion la plus large et la plus ration¬ nelle dans l’état présent des sciences cosmo¬ goniques. (R.) AEI10PE. Æropus (Ærope, nom myth.), crust. — C’est un g. de l’ordre des Am- phipodcs, établi par Leach; mais qui n’a A ER pas été caractérisé par cet auteur. (H. L.) AÉRQPIÏOXES (cxepotpwvoç, qui a une voix retentissante), ois. — C’estdans laMéthode de Vieillot la 8me famille de l’ordre des Echas¬ siers , renfermant les genres Anthropoïde et Grue, répondant à la lre tribu de la famille des Cultrirostres du même ordre de Cuvier, et faisant partie de la 2me famille des Grades de Temminck. ( Lafr.) * AÉllOPI I YTES ( àyjp , tpoq, air; C PUTOV, plante), bot. pii. — Dénomination appli¬ quée par Lamouroux à toutes les plantes qui vivent sur la terre, par opposition à celle d’Hydrophytes, par laquelle il désignait les plantes aquatiques. Ces expressions, sur¬ tout la première, sont peu usitées. (C. L.) * AEROP1IYTOX ( àrïp , /poç, air; cpvxcv , plante), bot. pii. — G. de Champignons, ap¬ partenant à l’ordre des Mucédinés, décrit par M. Eschweiler ( Flora , 1823, et Syllog. Fl. Ratisb., 1 , p. 163, tab. 1, fig. 1 ). Les fi¬ laments ( Flocci ) qui le composent sont très nombreux, transparents, cloisonnés, ramifiés sans ordre ; leur sommet est renflé en forme de massue , et couvert de sporanges globu¬ leux, remplis de spores extrêmement petites. VA E. Principis , seule espèce de ce g. con¬ nue jusqu’à ce jour, se développe sur les feuilles du Cassellia brasiliensis. Ses fila¬ ments sont blancs , rameux, et très souvent stériles; les cloisons ont 2 ou 3 fois la lon¬ gueur de leur diamètre ; on remarque parmi eux un très grand nombre d’autres filaments sans cloisons et beaucoup plus petits, que l’on peut considérer comme une modifica¬ tion des premiers , déterminée par quelque cause atmosphérique. (Lév.) *ÂÉROSïTE. miis. — Nom donné par Selb à une variété d’argent rouge sombre, ou d’Argyrythrose. V. ce mot. (Del.) AÉRUA ou AE11VA, Forsk. ( nom donné par les Arabes à l’une des espèces du g.). bot. pii. — G. de la famille des Amaran- tacées, tribu des Achyranthées , s. -tribu des Aervées, Endlich. — M. Endlicher ( Gen . Plant., I. p. 303 ) assigne à ce g. les carac¬ tères suivants : Fleurs hermaphrodites, tri- bracléolécs. Périgone pcntaphylle : folioles égales, laineuses. Etamines 10, monadcl- phes ; androphore court, cupuliforme. Fi¬ lets alternativement anthérifères et anan- thères: les fertiles subulés, les autres planes, dentés. Anthères dithèques. Ovaire unilo- AES 153 culaire, uniovulé. Style court. Stigmate bi¬ fide. Péricarpe mcmbranacé, évalve, mo- nospenne. Graines lenticulaires; test crus¬ tacé. Embryon périphérique, à radicule supère. — Herbes ou s. -arbrisseaux couverts d’un duvet laineux. Feuilles alternes. Fleurs petites, disposées en épis denses, axillaires ou terminaux. — Ce g., dont M. de Martius énumère 6 espèces, est propre aux régions intertropicales ou subtropicales de l’ancien continent. (gPt) ÆSALE. yE salas ( a’o-a^wv, émcrillon; épervier). ins. — G. de l’ordre des Coléop¬ tères pentamères , famille des Lamellicor¬ nes, tribu des Lucanides, établi par Fabri- cius, et adopté parLatreille qui lui donne les caractères suivants : Labre apparent. Langue entière et très petite. Tcte reçue dans une échancrure du corselet. Antennes courtes ; le 1er article long et courbe (ce qui le distingue du g. Lamprima ) , formant à leur extrémité une massue denticulée. Man¬ dibules avancées , différentes dans les 2 sexes. Mâchoires présentant à leur extrémité libre un lobe court , arrondi et velu. Men¬ ton grand et carré. Prothorax plus large que long , à bords relevés. Corps ovoïde (ce qui l’éloigne des g. Plalyc'ere et Lucane, qui ont le leur déprimé). — Ce g. ne renferme qu’une seule espèce, YÆsalus Scarabœoides de Fabricius, qui se trouve principalement en Autriche. C’est un petit Insecte de 3 li¬ gnes au plus de long, très bombé, de cou¬ leur marron, avec les élytres finement poin- tillées. Panzer l’a figuré dans sa Faune germanique ( Tab. xxvi , /zf/. 15 et il)). (B.) ÆSÂLIBEg. y. Esalidce ( ouœûO.cov , éme- rillon; épervier, eTooç, forme), ins. — Famille ou tribu de Coléoptères pentamères, établie par Mac-Leay dans sa division des Rectocères Thalérophages, poury placer le seul g. ÆWe. Il lui donne pour caractères : Article basi¬ laire des antennes courbé, comprimé. Labre distinct. Saillie apicale des mâchoires très courte; l’interne nulle et non exserte. Lè¬ vre entière , minime , glabre. Menton carré transversalement. Corps très convexe en dessus. — E. æsale. (b.) * AEsCSIROTES ( a’o-^poTvîç , sale; laid). INS.— G. de l’ordre des Coléoptères , famille des Lamellicornes , tribu des Scarabéides Coprophages, établi par Mac-Leay, qui lui donne pour caractères distinctifs de 10* TOM. I. AES AES 154 ceux des Onites et des Oniticelles : Massue des antennes ayant ses 2 diamètres presque égaux. Bords latéraux du corselet fortement échancrés depuis leur milieu jusqu’à la partie postérieure. Élytres ayant leur dessus absolument plan, et leurs côtés rabattus subitement. — Ce g. a pour type 1’ (Juins planus de M. Dejean, que celui-ci (Calai. 3me èdii. ) place dans le g. Euryslernus de Dalman. Cette espèce est de Cayenne. (D.) * ÆSCHYWANTMU8 ( , pudeur ; avGoç , fleur ). bot. pu. — G. de la famille des Cyrtandracées de Jack ( Linn . Tram. 14, 23),Gesnéracées, Lindl., etc., fondé par Jack (l.c. 42 , t. 2, f. 3 ) , et auquel Endlicher (Gen.jP/. 41 34) rapporte ensyn. le g .Tricho- sporum de Don , et YIncarvillœa parasilica lloxb. , qui en serait le type ; il y ajoute en¬ core , mais avec doute , les g. Orithya et Agalmyla de Blurne. ( V. ces mots. ) Voici les caract. constitutifs du g. Æschynanihus : Cal. tubuleux, 5-flde, égal. Cor. hypogyne; tube un peu fléchi ; gorge dilatée ; limbe bi- labié, à lèvre supér. dressée , bilobée ; l’in- fér. trifide, à lobes presque égaux. Elam. in¬ sérées sur le tube delà cor., dont 4 didyna- mes , exsertes ou incluses; filaments filifor¬ mes ; anth. basifixes, bilocuîaires, cohéren¬ tes par paires; 5e étam. incluse, ananthère. Ovaire faussement, 4-loculaire, ceint d’un dis¬ que annulaire, hypogyne , charnu; placentas 2, larges, pariétaux, stipités, contigus à l’axe, multiovulés le long de leurs bords révolutés. Style simple; stigm. en massue, bilamellé. Caps, stipitée par le calice, faussement 4-1 o- cuîaire, en forme de silique, bivalve; pla¬ centas parla suite développés, séminifères sur leurs bords , et portés sur la partie moyenne des valves. Semences nombreuses, cylindri¬ ques , aristées de part et d’autre par un fu- nicule filiforme et une chaîaze renflée et ter* minée en un filet simple ou bifide. Embryon orthotrope dépourvu d’albumen , cotylé¬ dons courts , obtus ; radicule cylindracée , atteignant l’ombilic. — Ce g. renferme un petit nombre d’espèces remarquables parla beauté de leurs fleurs , et appartenant à l’Asie tropicale. Ce sont des arbrisseaux vo- lubiles ou grimpants, à articulations ren¬ flées, radicantcs; leurs feuilles sont opposées, pétiolées, un peu charnues et coriaces, très entières; leurs fleurs sont orangé-coceinécs, visqueuses , velues , disposées en ombelle , et les pédoncules axillaires, solitaires, bï- flores, rarement terminaux; les pédicelles bibractéolés. (C. L.) * ÆSCHYNÎTE et AïSCHYXîTE (afr- je méprise), min. — Nom donné par Berzélius à un minéral rapporté pat Menge des Monts Ilmen , près de Miask , dans la chaîne de l’Oural , et qui a été pris d’abord pour une variété de Gadolinite. Berzélius en a indiqué les caract. pyrognostiques dans son Traité sur l’emploi du chalumeau , et une analyse approximative, faite dans son labo¬ ratoire parHartwal!,a montré qu’il était com¬ posé d’acide titanique, de zircone, d’oxyde de cérium, de chaux et d’oxydule de fer. Cette analyse n’ayant offert aucune certitude re¬ lativement à la détermination quantitative, à raison de la difficulté de séparer complè¬ tement l’acide titanique de la zircone, Berze- lius a tiré de cette circonstance le nom qu’il a imposé à ce minéral. Il est noir par réflexion, d’un jaune brunâtre par transparence; celle- ci ne se manifeste que sur les bords; son éclat est résineux; sa cassure imparfaite¬ ment conchoïdale. Sa dureté est comprise entre celles de l’Apatite et du Feldspath. Pes. spécif. = 5,14. Sur le charbon ou sur la pince , il se gonfle et prend une couleur d’un jaune de rouille; il est infusible et se change seulement sur les bords les plus min¬ ces en une scorie noirâtre. Il cristallise dans le système rhombique, et se rencontre sous la forme d’un prisme de 127°, combiné avec les faces d’un octaèdre rhomboïdal. (Del.) * ÆSCIi YYOMÈ.YE , L. (a l^voyevoç, vy], pudibond ; Pline a désigné par ce nom une certaine plante dont les feuilles sont sen¬ sitives). bot. pii. — G. de la famille des Lé¬ gumineuses, s.- ordre des Papilionacées , tribu des Hédysarées, s.-tribu des Éuhé- dysarées. M. Vogel, dans son travail sur les Légumineuses du Brésil (. Linnœa , v. 12, p. 81. 1838), expose ainsi les caractères de ce genre : Calice courtement campanulé, quinquéfide-bilabié , dibractéolé. Corolle ( papilionacée ) à pétales subisomètres. Ai¬ les rugueuses, fovéolées. Étamines 10. Gaine de l’androphore, en général, entière à sa base, fendue plus haut, soit postérieure¬ ment, soit postérieurement et antérieure¬ ment. Anthères conformes , oblongues. Ovaire stipité. Style filiforme, courbé. Stig¬ mate presque entier. Légume stipité , com- AES 155 primé, «aillant, transversalement articulé, subsinué, onciné par le style(réfléchi en ar rière); articles déhiscents ou indéhiscents , monospermes , finalement désunis. Graines lenticulaires. Périsperme très mince. Radi¬ cule à peine infléchie. — Herbes ou s.-arbris¬ seaux. Feuilles bistipulées, subimparipen- nées. Grappes axillaires ou rarement termi¬ nales. — Ceg., propre à la région équatoriale, paraît être assez riche en espèces; les au¬ teurs en ont énuméré GO environ. Quel¬ ques unes offrent dans leurs feuilles des phé¬ nomènes d’irritabilité analogues à ceux qu’on observe dans les Mimoses sensitives. (Sr.) * ÆSCULACEES. bot. pu. — M. Lindloy a changé en ce nom celui de la famille des Hippoeastanées. (Ad. J.) * ÆSCULUS, L.; Spach ( corruption d ’Es- culentus , comestible ; les anciens donnaient 1 e nom d ’Esculus , ou par corruption Æscu- l us , à un Chêne dont les glands sont man¬ geables. Il serait difficile de deviner par quelle raison Linné a jugé convenable de nommer ainsi le g. qui fait le sujet de cet ar¬ ticle). bot. pu. — G. de la famille des Hippo- castanées (ou Æscuîacées ). A. Laurent de Jussieu l’avait, dans l’origine, compris dans sa famille des Erables. Ce g. offre les carac¬ tères suivants (Spach, Suites à Buffon , v. 3, p 18 ; et Revis. Hippocastanearum , in Ann. des Sciences nat. 1 834 ) : Calice campanulé , renflé, fendu presque jusqu’au milieu en 5 lobes inégaux et très obtus. Pétales 4 ou 5 , courtement onguiculés, dissemblables: les 2 supérieurs redressés ou réfléchis, plus grands, elliptiques; les 2 ou 3 inférieurs déclinés, étalés, ovales-orbiculaires. Onglets concaves. Étamines 7, déclinées, arquées en arrière. Capsule ordinairement spinelleuse. — Arbre. Feuilles digitées. Folioles septé- nées , doublement dentelées. Fleurs blan¬ ches, disposées en particules thyrsiformes. — Dans les limites que nous lui assignons, ce g. ne renferme que Y Æsculus Hippocastanum L., végétal indigène dans l’Asie-Mineure, et connu de tout le monde sous le nom très impropre de Marronnier d’Inde. Ce fut l’ɬ cluse qui le premier cultiva cet arbre en France; les graines lui en furent envoyées de Constantinople en 1550. Les autres espèces d' Æsculus des auteurs constituent les g. Pa¬ ria et Macrothyrsus. Æ. ces mots. (Sp.) AET ÆSHJMA. ins. — G. appartenant à la fa¬ mille des Libelluliens, ordre des Névroptè- res, groupe des Libelluli tes , établi par Fa- bricius, adopté par Latreille et tous les En¬ tomologistes modernes , confondu avec les Libellula par Linné, Geoffroy, De Géer, Oli¬ vier, etc. , et dont les caractères sont tirés : De la position des ocelles, situés sur une simple élévation transversale, en forme de carène; de la forme du labre, dont le lobe intermédiaire est beaucoup plus grand que dans les Libellules, et de l’abdomen étroit , allongé et en forme de baguette presque cylindrique. — Les larves d’Æshna ont le corps plus court que celles des g. voi¬ sins; les palpes sont moins grand»; la lan¬ guette l’est beaucoup plus , et l’abdomen est terminé par 5 appendices , dont l’un est tronqué à l’extrémité. Elles vivent dans les marais, et se nourrissent de la même ma¬ nière que les larves de Libellules. Ce g. renferme une très grande quantité d’espè¬ ces réparties dans toutes les contrées du monde. On en connaît une vingtaine pro¬ pres à notre pays, et dont la plus commune est YÆshna grandis Fab. ( Libellula gran¬ dis L. ) , que l’on peut en considérer comme le type. (Bl.) *ÆSSUS (àiffdû), je m’élance), ins. — Noms de g. cité en synonymie par M. Dejean ( Spec . et Calai. 3me édit. ), au sujet d’un petit Ca- rabique placé par lui dans le g. Trechus , et que Leach a nommé fulvescens ; mais , d’après le catal. de Stephens, le nom géné¬ rique donné à cette espèce par Leach, serait Aëpus et non Aessus ; ainsi ce dernier nom ne lui appartiendrait pas; peut-être est ce un mot altéré? V. le mot aepus. (D.) AETÉE. Aelea (Nom myth.). polyp. — G. établi par Lamouroux pour un Polype à cellules solitaires, tubuleuses ou en massue arquée, à ouverture fort grande, ovale-obli¬ que, naissant d’une tige cornée, et rampant sur les fucus. — Ce g., qui a pour type la Cellaria anguina L., a reçu de Lamarck le nom d 'Anguinaria , qui doit être conserve. V. ce mot. (Du.t.) * ÆTISAEES (aiôaMç , couleur de suie). ins. — G. de l’ordre des Coléoptères hété- romères, famille des Mélasomes, tribu des Piméliaires, établi par M. Dejean {Catal. 3me édit.) aux dépens du g. Epitragus de Latreille, mais dont il n’a pas publié les ca- 156 AET AET ractères. Il n’y rapporte que 2 espèces, Y Æ. tomenïosus Dej. et YÆ. brunnicornis ou epitragus kl. Latr., toutes deux de l’Amé¬ rique équinoxiale. (D.) ÆTHALIA. ins. — Syn. d’Æthalion. (Bl.) * ÆTHALION ( alOalloyv , grillé , réticu¬ lé; allusion à la réticulation des élytres). ins. — G. de la famille des Cicadelliens, de l’ordre des Hémiptères, section des Ho- moptères , établi par Latreille ( Foyage de Flumb. et Bonpl.). Les caract. qui le distin¬ guent de ses congénères sont tirés : de la forme delà tête, tronquée et inclinée en avant; des antennes très petites, situées au-dessous des yeux ; des ély très plus larges que le corps , couvertes de cellules assez grandes, formées par les nervures. On n’en connaît que 2 es¬ pèces américaines, dont le type est YÆiha- lion reticulatum ( Cicada reticidala L. ; Tet- ligonia reticulata Fab. ), espèce propre au Brésil. (Bl.) ÆTifÂLÏUM (a ISdï-a , suie), bot. ck. — Dénomination que le professeur Link a pro¬ posé de substituer à celle de Fuligo , parce que celle-ci signifie de la suie proprement dite. Le nom de Fuligo , imposé par Haller et généralement adopté, donne une idée si parfaite de ce g. de Champignons, que je re¬ garde ce changement comme inutile. ( F. Fu¬ ligo. ) (LÉv.) *ÆTffEILEM ( odOvjetç, couleur de suie; \Fp:rh sécrétion), bot. pii. — G. de la famille des Acanlhacées , tribu des Echmatacanthées , Nées, s.-tribu des Barlériées, fondé par Robert Brown {Prodr. 478, in nol.), adopté par Nees {Wall. PL asiat. rar. m, 94), ayant pour type le Ruellia imbricata Wahl , et ainsi caracté¬ risé par l’auteur: Cal. 5-parti; la division postérieure très grande, bractéiforme. Co¬ rolle hypogyne, bilabiée ou ringente; lèvre supér.bidentée ou bifide; l’inférieure trifide. Etant. 4, incluses, didynames, rapprochées parpaireet insérées sur le tube delà corolle. Anth. biloculaires, à logettes parallèles, con¬ tiguës. Ovaire biîoculaire, à loges biovulées. Style simple ; stigm. aigu. Caps, membra- nacée, biîoculaire, tétraspcrrae, loculicide- bivalve; segments cloisonnaires par la suite bipartibles spontanément. Graines compri¬ mées, sous-tendues par des rétinacles. — Les Ætheilema sont des plantes herbacées, assez rares , indigènes dans l’Asie et l’Afrique tro¬ picales , à feuilles opposées, à fleurs dis¬ posées en épis ou en petites grappes axillai¬ res feuillées, munies dans l’aisselle des feuil¬ les de bractées alternes, unilatérales, bi- quinqué-fiores, veinées, sans bractéoles. (O. L.) ÆTHÉOGAMIE ( àvjOyjçf, insolite ; yapoç , mariage), bot. cr. — Palissot de Reauvois a proposé ce nom pour remplacer celui de Cryptogamie; mais ce changement n’a pas été approuvé. (A. B.) •AETHEOLAENA (àv>0Yiç, insolite; Aoûva, tunique), bot. pu. — Cassini a formé ce g. aux dépens du Cacalia involucrala deïùmth. Plus tard, dans son Prodrome, M. De Can- dolle l’a réuni au Senecio. (J. D.) * AETBEOPAPPUS ( ônj'Qyjç , insolite; TrocVrroç, aigrette ). bot. pii. — Ce nom avait été donné par Cassini à un g. qu’il axait établi sur le Cenlaurea pulcherrima Willd. M. De Candolle en forme sa 9-ue section du g. Cenlaurea, caractérisée par les folioles de î’involucre , qui sont scarieuses et presque transparentes; par l’aigrette des fleurs du disque, qui est simple et formée de soies fi¬ liformes, distantes, barbelées à la base, tan¬ dis que les fruits, appartenant aux fleurs du rayon comme à celles du centre, en sont privés. (J. D.) * ÂETHEÛîlHÏZ ( àdFnc , insolite; p l- Ça, racine ). bot. pii. — Le Leontodon bulbo- sum L. constitue seul le g. établi sous ce nom par Cassini; c’est une plante vivace, com¬ mune dans la région méditerranéenne, qui, d’un rhizome très court, émet des feuilles ovales-oblongues , entre lesquelles s’élèvent des hampes dressées , recouvertes au som¬ met de poils glanduleux accompagnant la base des folioles de î’involucrc. Les capitules sont multiflores ; l’involucre est double; l’extérieur caliculé, beaucoup plus court que l’intérieur, contre lequel il est appliqué. Le réceptacle est nu. Les fruits presque té- tragones, atténués en bec, supportent une aigrette composée de plusieurs rangées de poils très blancs. (J. D.) *ÆTHEïtïA (aîS/pcoç, éthéré). bot. pu. — G. de la famille des Orchidacées, Lindî. , tribu desNéottiées, Lindl., institué parBlume ( Bydr . 409. fig. 14), qui lui assigne les ca¬ ract. suivants : Périanthe (Cal. et Cor.) rin- gent; div. extér. (sépales) latérales plus lar¬ ges, supposées au labelîe; la supér. voûtée, conglutinée avec les intér, Labelle ventru , AET AET 157 allongé à la base, biglandulifèrc intérieure¬ ment; limbe indivis, un peu voûté, renflé sur les bords qui sont roulés et glanduleux. Gynostème court, très épais, semitrifide au sommet, à lobe intermédiaire profondément échancré. Anth. dorsale, biloculaire. Polli¬ nies 2, oblongues, subbilobées, fixées par une glande commune à l’écliancrure inter¬ médiaire du gynostème, à caudicules cour¬ tes. — Ce g., fort limité en espèces, renferme quelque plantes herbacées de Java, à tiges radicantes inférieurement , garnies de feuil¬ les alternes, ncrvées , membraneuses; à fleurs en épis , souvent glanduleuses , pu- bescentes extérieurement. (C. L.) ÆTHIONEMA, DC. ( , insolite; v9jp.a, filament), bot. pii. — G. de la fa¬ mille des Crucifères ( Silicuîeuses ) , très voisin des Thlaspi et des Iberis , dont il diffère surtout par les filets des étamines paires, qui sont, ou cohérents, ou ailés du côté antérieur. La situation de la ra¬ dicule a été employée à tort comme ca¬ ractère distinctif; car elle est très varia¬ ble dans plusieurs espèces, et peut-être dans toutes. — On en connaît environ 12 es¬ pèces, la plupart indigènes en Orient. (Sp.) *ÆTHÏ0PÏS, Benth. (Nom , dans Pline, d’une plante indéterminée), bot. ph. — M. Bentham nomme ainsi une s.-division g. Satvia. (Sp.) * AETIïONf A ( afôœv , Æthon; nom my- thol. ) bot. ph. • — M. Don avait fondé ce g. aux dépens du Crépis filiformis Ait., que M. De Candoîle fait rentrer dans la 2me sec¬ tion du g. Tolpis , tel qu’il l’a établi dans son Prodrome. (J. D.) * AETHOPHYLLUM (àvîSvjç, inusité; «puX- Xov , feuille), bot. foss. — Ce nom a été donné dans mon Prodrome de l’Histoire des Végétaux fossiles à un g. de plantes fossiles du Grès bigarré, dont on ne connaît qu’un seul échantillon , remarquable par la dispo¬ sition insolite de ses feuilles. Cette plante, malgré son état imparfait , semble devoir se rapporter, par ses feuilles alternes et ruba¬ nées, et par l’apparence de l’épi de fleurs qui termine sa tige, à une plante mono- cotylédonc. Elle ressemblerait surtout même à quelques orchidées; mais ses feuilles sont accompagnées à leur base de 2 plus petites folioles, semblables par leur position à des stipules linéaires. — Cette plante, donton n’a * jamais trouvé qu’un seul échantillon, forme du reste un g. très douteux et dont il est fort à désirer qu’on retrouve des échan¬ tillons plus parfaits. Il est figuré dans les Ann . des Scitnc. naiur. t. xv pl .xviii. (Ai). B.) *ÆTI!KE. Æihra ( Fille de l’Océan et de Thétis). crust. — Leach désigne sous ce nom un g. de Crustacés qui appartient à l’ordre des Décapodes, famille des Brachyures et que M. Edwards place dans la tr. des Cancériens cryptopodes. Ce g. remarquable se distin¬ gue de tous ceux de la tribu des Cancériens par sa carapace ovalaire, horizontale, forte¬ ment bordée en dessusavec les bords latéraux dentés et courbés un peu en haut; ceux-ci et les postérieurs tellement prolongés qu’ils forment, au-dessus des 4 dernières paires de pattes, une voûte assez prononcée pour ca- cher entièrement ces derniers organes. Yeux petits, avec le front saillant, les fossettes antérieures presque carrées et l’article ba¬ silaire des antennes externes très grand. Pieds-mâchoires externes formant complète¬ ment le cadre buccal. Plastron sternal beau¬ coup plus long que large. Pattes antér. ayant environ une fois et un quart la longueur de la portion post-frontale de la carapace. Abdomen composé de 7 articles dans la fe¬ melle et de 5 seulement dans le mâle. — La seule espèce connue, est YÆthra scntposa L. , qui habite l’Océan indien et les mers d’Afrique. (FL L.) ÆTHUSE. Ælhusa , L.; Koch (a îGua-o-w , j’enflamme; allusion à l’âcreté du suc de cette plante; il aurait fallu écrire Æihysa ). bot. ph. — G. de la famille des Ombellifères, tribu des Sésélinées, DG.; M. Koch ' Deutsch. Flor. 2, p. 418; Umb., p. 95) en trace ainsi les caractères : Limbe calicinal inapparent. Pétales inégaux , obcordiformes , couron¬ nés d’un appendice apicillaire infléchi. Dis¬ que convexe. Styles courts, finalement ré¬ fléchis. Péricarpe ovale -globuleux, solide. Méricarpes à 5 côtes saillantes, grosses, pres¬ que contiguës, carénées ; les latérales mar¬ ginales, un peu plus larges que les médianes; vallécule à une seule bandelette; commissure plane, à 2 bandelettes. Carpophore finale¬ ment libre, biparti. — Herbe tantôt annuelle , tantôt bisannuelle. Feuilles bi ou tripen- nées. Ombelles opposi tifoliées, 10-20-radiées, planes; collerette générale nulle; collerettes partielles dimidiées, triphylles, réfléchies. 158 A FF AGA Fleurs blanches, — Dans ses limites actuel¬ les, ce g. n’est constitué que par une seule espèce (triplée par quelques auteurs) qui est très vénéneuse, et connue sous le nom vulgaire de petite Ciguë. — Le nom d’Æ- thusa était donné par les anciens à diverses Ombellifères vénéneuses. (Sp.) ÂETIA, Adans. bot. pu. — Synonyme du g. Combretum. (Sp.) ÆTITE, ou Pierre d’ Aigle (ocetoç, aigle). min. — • Variété géodique de fer hydroxidé , renfermant un Noyau mobile , et ainsi nom¬ mé par les Anciens, parce qu’ils supposaient qu’on la trouvait fréquemment dans le nid des Aigles, lis lui attribuaient beaucoup de vertus imaginaires, entre autres celle de fa¬ ciliter l’accouchement et la ponte. On en ren¬ contre assez abondamment en France près de Trévoux et aux environs d’Aîais. (Del.) AFFINAGE, métallurgie. — La fabrication du fer comprend deux opérations bien dis¬ tinctes : 1° la formation de la fonte; 2° la conversion de la fonte en fer. ( V. les mots fer, fonte et acier.) Néanmoins il existe une méthode particulière, nommée méthode catalane, au moyen de laquelle on obtient le fer doux et malléable en un seul feu, c’est- à-dire en une seule opération. La conversion de la fonte ou gueuse en fer, qui a pour but, en brûlant son car¬ bone, de la purger des matières vitrifiées , engagées dans ses pores , est l’opération qu’on nomme affinage. Fm général, pour pratiquer l’affinage, on se sert du procédé suivant, dont les détails varient selon les pays. On refond la fonte dans un bassin large et peu profond, en faisant arriver, sur la surface du bain, un courant d’air qui, par son oxigène, brûle le carbone et le silicium contenus dans la fonte. On réunit toutes les parties métalliques en une seule masse ou loupe ; ensuite , pour chasser les scories vi¬ treuses, renfermées dans les pores de la fonte, on fait passer la loupe incandescente sous un martinet. Après quelques coups, on ré¬ chauffe la loupe, et enfin on façonne le fer en barres, en lames , etc. (R.) AFFINITÉ. Affinitas. ciiim. — Attraction qui a lieu entre les parties des corps d’es¬ pèces differentes; c’est, en d’autres termes, la force inconnue qui sollicite les molécules d’espèces différentes à se porter les unes vers les autres. K. attraction. (R,) * AFFLEUREMENT, géol.— Portion ap¬ parente à la surface du sol, d’un banc , d’un amas ou d’un filon dont les autres par ¬ ties sont plus ou moins profondément ca¬ chées sous d’autres masses minérales; l’affleu¬ rement d’une substance utile, ou des roches qui ordinairement lui servent de gangue et l’accompagnent, devient une indication pré¬ cieuse pour les travaux de recherches et d’ex¬ ploitation des mines. (G. P.) A FOURMILION, ois. — Ce nom a été in¬ diqué dans le Dictionnaire classique, comme synonyme de Grimpereau ( Cerlhia familia- ris L.) en plusieurs parties de la France. (G. d’O.) * AFRICAINES. Africanœ. araciin. — Nom donné par M. Walckenaër à une petite division du g .Anus, dans les Arachnides. (H. L.) ÂFROUSA. bot. pii. — Nom vulgaire du Fraisier (. Fragaria , L.), dans quelques par¬ ties de la France. (C. L.) AFZELIA ( Afzelius , Botaniste suédois). bot. cr. — Ehrhart , dans ses plantes crypto¬ games publiées par Fascicules , avait tenté d’introduire ce nom pour désigner quel¬ ques espèces de Mousses, appartenant au g. Weissia [V. ce mot); mais, outre que ce nom générique n’a pas pour lui la priorité , il ne peut être admis, puisqu’il désigne déjà un g. parmi les plantes vasculaires. (C. M.) AFZELIA, Smith.; Pancovia , Willd. (Dé¬ dié au DrÀdam Afzelius, botaniste suédois). bot. pii. — G. de la famille des Légumineu¬ ses, s. -ordre des Césaîpiniées , R. Br., tribu des Cassiées, DC. Smith (. Linn . Trans. 1 798) donne à ce g. les caractères suivants : Calice tubuleux; limbe quadrifide, caduc. Péta¬ les 4, onguiculés : le supérieur plus court. Etamines 10, libres: les 2 supérieures stéri¬ les. Style subulé. Stigmate pointu. Légume transversalement pluriloculaire , ligneux. Graines recouvertes jusqu’à moitié par un arille cupuliforme; embryon (suivant M. De Candolle) rectiligne; radicule subincluse; cotylédons charnus. — L’auteur de ce g. en a signalé 2 espèces, indigènes dans l’Afrique équatoriale. (Sp.) AFZELIA, Grael. ( Afzelius , Botaniste sué¬ dois). bot. pii.— Synonyme du g. Seymeria , Pursh. (Sp.) AG A RUS (Nom d’homme), ins. — G. de Coléoptères pentamères, famille des Hydro- I AGA canthares, tribu des Dytiscides, établi par Leach et adopté par M. Aubé, qui, dans son ouvrage faisant suite au Species général de M. Dejean, lui assigne les caractères sui¬ vants: Ecusson apparent ; prosternum droit, fortement comprimé latéralement et formant la carène. Dernier article des palpes labiaux entier; derniers articles des palpes maxil¬ laires à peine inégaux. Crochets des tarses postérieurs égaux ou presque égaux, mo¬ biles. — Ce g. a été fondé par Leach sur une seule espèce dont les antennes sont dilatées dans les mâles ( D y lisais serricornis Pay- kull); mais Erichson y a compris tous les an¬ ciens Colymbetes de Clairville, qui réunissent les caractères précités, de sorte qu’il se com¬ pose aujourd’hui de 60 espèces, dont plus de moitié appartiennent à l’Europe; les au¬ tres sont réparties dans l’Asie, l’Amérique et l’Afrique. Les Agabes ont la même ma¬ nière de vivre que les Colymbetes et les Ily- bius. Nous ne citerons que l’espèce la plus commune, qui se trouve dans toute l’Eu¬ rope, YAgabus oblongus Illiger, que M. De¬ jean ( Catal . 3me édit.) place dans le g .Leiop- terus. (D.) * A GACEPHALA ( a yav , trop ; xeçpaFyj , tête), ins. — G. de Coléoptères pentamères, famille des Lamellicornes établi par le comte de Mannerheim, et adopté parM. De¬ jean [Calai., 3me édit.), qui le place entre les Cyclocéphales et les Rutèles de Latreille; de sorte qu’il appartiendrait à la tribu desSca- rabéides Xylophiles de ce dernier. Les carac¬ tères qui distinguent ce g. des Scarabées pro¬ prement dits sont d’avoir les mâchoires non dentelées intérieurement; les pattes antérieures (chez les mâles) sensiblement plus longues que les suivantes, et les élytres ne recouvrant pas entièrement l’abdomen. M. Dejean n’y rapporte que 2 espèces : A. Latreillei Dej., et A. cornigera Mannerh., toutes deux du Brésil. M. Delaporte [Ann. Soc. ent. de France , v. l) en décrit 2 autres: l’une sous le nom de Duponti, et l’autre sous celui de Goryi , sans en indiquer la patrie. (D). AGALANCÉE ou AGALANCIÉ. BOT. PII. — Nom vulgaire de l’Eglantier ( liosa eglan- teria L.) , dans quelques cantons du midi de la France. (C. L.) AGALLOCHE ou AYALOLDJIA. bot. pu. — C’est ainsi ou à peu près que lesOrien- AG A 1 59 taux appellent une substance balsamique qu’ils ont estimée, de temps immémorial , comme un parfum précieux, et à laquelle ils ont en outre attribué les vertus médica¬ les les plus merveilleuses. Jadis, ccttç sub¬ stance n’était pas moins préconisée en Eu¬ rope, où on la désignait par le nom très impropre de bois d’Aloës. D’ailleurs, jus¬ qu’à une époque encore très récente, on a été dans le doute et dans l’erreur rela¬ tivement à l’origine de ce parfum. La plu¬ part des auteurs modernes avançaient , sans aucun fondement, que l’Agalloche pro¬ vient de Y Excœcaria Agallocha , euphor- biacée indigène aux Moluques et remar¬ quable seulement par ses propriétés délétè¬ res.. Plus récemment Loureiro, trompé sans doute par de fausses informations, a décrit sous le nom d ’ Aloëxylon Agallocha , un ar¬ bre de la famille des Légumineuses, indi¬ gène dans les montagnes du nord de la Co- chinchine, et qui, à l’en croire, Serait le végétal en question. Il est hors de doute au¬ jourd’hui que l’Agalloche est le produit d’une ou de plusieurs espèces d ’Aquilaire. (Sp.) AGALLOCHITES. bot. foss. — On avait désigné, sous ce nom , dans d’anciens ou¬ vrages, des bois fossiles auxquels on trouvait quelque ressemblance avec le Bois d’Aloës ou Agalloche; ressemblance qui n’a été nul¬ lement constatée. (Ad. B.) * AG A IA! A (âyalpa. , ornement), acal. — G. d’Acalèphes de la famille des Physopho- rides, établi par Eschscholtz (S y si. der Aca- lephen , 1829), pour un animal qu’il ob¬ serva en détail dans l’Océan pacifique sep¬ tentrional, près des côtes du Kamtschatka. Le caractère de ce g. est d’avoir des tenta¬ cules pourvus de rameaux renflés en massue à l’extrémité et terminés par 2 pointes , avec des pièces cartilagineuses natatoires, dont les supérieures sont creuses, distiques, et les inférieures pleines , irrégulières et rap¬ prochées sans ordre. A l’intérieur de cha¬ que rameau des tentacules, on distingue un canal de couleur foncée , tourné en hélice. Les pièces cartilagineuses creuses forment 2 séries à la partie supérieure, au nombre de 15 de chaque côté et servent au mouve¬ ment de l’animal. Elles ont la forme d’une large massue aplatie, dont l’extrémité la plus épaisse se rétrécit et présente une ou- 160 A GA AGA verture tubuleuse , tandis que le bord op¬ posé est élargi et profondément écliancré. Les 2 parties saillantes de ce bord tran¬ chant s'adaptent à celles de la pièce corres¬ pondante de la rangée opposée , de telle sorte qu’elles forment ensemble une ouver¬ ture centrale servant au passage du canal nutritif. La cavité de ces pièces est tapissée de vaisseaux qui font penser que ces or¬ ganes tiennent lieu de branchies. Les plus antérieures de ces pièces diffèrent des moyen¬ nes, parce qu’elles sont plus courtes, plus épaisses, plus bombées, avec une cavité plus grande, prolongée en 2 appendices latéraux. Après la série des pièces natatoires creuses, se trouve un grand nombre de pièces carti¬ lagineuses, solides, plus petites et de diver¬ ses formes , tellement rapprochées qu’elles forment ensemble un tube servant au pas¬ sage des suçoirs et des tentacules. C’est dans la disposition irrégulière de ces pièces soli¬ des que gît la différence entre les Agalma et les Slephanomia. L’espèce type, Agalma Okenii (Esctas .Acal. tab. 13. — Isis. 1825. tab. 5) a 3 pouces de longueur. Eschscholtz propose de rappor¬ ter à ce même g. : 1° Le Slephanomia Am- phüritis de Chamisso {IV. Acta Natures Cu- rios. t. x., tab. 32, fig.5), dont les pièces nata¬ toires séparées ont été prises pour type du nouveau g. Cuneolaria, Eysenh.; 2° les frag¬ ments qui ont servi à rétablissement du g. P oniocardia de M. Lesson. (Dtjj.) AGALMATOLITHE (a y«Va , orne¬ ment; ).c0oç, pierre), min. — Synon. de Pa- godite. (Del.) AGALMYLA ( oyalua , ornement; Zl-o, bois; agalmhyla!). Selon Endiicher ( Gen. pi. 4, 134), ce g. est un double emploi du g. Æschynanthus de Jack ( K. ce mot). Lind- ley le cite néanmoins comme distinct et le place dans la famille des Cyrtandracées. Ce g. a donc besoin d’être mieux étudié pour permettre déjuger la question. (C. L.) ÂGÂE01JSSÉ8. bot. pii. — Selon M. Bory (. Dicl . cl.). Cette dénomination s’applique à divers arbrisseaux ou plantes épineuses , qui croissent en buisson ou en touffe , tels que le Houx (Ilex aquifolium) , la Bugrane (Ononis spinosa L.), etc. (C. L.) AG AME. rept. — Ce nom ne vient pas, ainsi qu’on pourrait le supposer , du mot grec ayagoç, , cœlebs , qui n’est pas marié. On croit qu’il a été employé pour la lre fois par les colons de la Guyane , pour désigner une espèce de Lézard que Daudin a pré¬ tendu, mais à tort, être celle qu’il a appelée Agame des colons ; car cet Agame des co¬ lons est une espèce africaine. Quoi qu’il en soit, elle a conservé ce nom et demeure le type du g. établi par Daudin sous le nom d’ Agame. Ce g., qui, depuis sa création, a subi beaucoup de modifications, fait partie de la s.-famille des Iguaniens Acrodontes ; en voici les caractères essentiels : Langue fongueuse, rétrécie et échancrée en avant ; narines simples, latérales; 2 à 5 incisives su¬ périeures; membrane du tympan enfoncée dans le conduit auditif; 6 doigts inégaux à chaque patte; un pli en long sous la gorge , un autre souvent double en travers du cou ; des pores anaux; point de pores fémoraux. — Les ïO ou 12 espèces d’Agames que l’en con¬ naît aujourd’hui, viennent des Indes orien¬ tales et d’Afrique. Elles son! pour la plupart revêtues de fortes écailles carénées, parmi lesquelles il en est qui forment des groupes d’épines sur les régions voisines de la nu¬ que et des oreilles. Quelques espèces ont la queue simplement arrondie; toutes les au¬ tres l’ont plus ou moins comprimée et par¬ fois surmontée d’une petite crête ou carène. Le g. Agame, tel que nous venons de le caractériser , comprend les Agames sans po¬ res aux cuisses , de Cuvier, et les Chan¬ geants du même auteur. ( G. B. ) * AGAMES. Agama. ( ayapoq, célibataire; par extension, sans organes sexuels). moll. — Dans les familles naturelles du Règne animal, Latreille a divisé les Mollusques en 2 grands embranchements et a donné, au second le nom d’Agames. Ces Agames ne répondent à aucune des divisions pré¬ cédemment établies par les auteurs; car Latreille place , à côté des Mollusques acé- phalés ou conchifères de Lamarck , qui sont réellement Agames, ceux des Mollus¬ ques gastéropodes céphalés , qui sont égale¬ ment Agames ou réputés tels. Cette singu¬ lière agglomération contraint l’auteur à diviser ses Agames en 2 sections principales : ceux qui ont une tête et ceux qui n’en ont point. Cette création du célèbre En¬ tomologiste n’a point été adoptée ; néan¬ moins elle peut être utile, en indiquant d’une manière formelle les rapports de ccr- AGA 161 AGA tains Mollusques touchant les phénomènes de la génération. (Desii.) AGAMES (à priv., yapoç, noces; c’esl-à- dirc plantes dépourvues d’organes sexuels). bot. cr. — Plusieurs Botanistes adoptant en principe général, à l’exemple de Necker, que les plantes désignées par Linné sous le nom de Cryptogames , et par Jussieu, sous celui d’Acotylédonées , sont entièrement dépour¬ vues d’organes sexuels semblables à ceux des plantes phanérogames , ont proposé ce nom comme synonyme de Cryptogames; mais celte substitution n’a pas été généralement adoptée. Nous discuterons au mot crypto¬ games, l’opinion sur laquelle elle est fon¬ dée. (A. R.) AGAMI. Psophia (^o

, je cours), ois. — G. de M. Swainson, démem¬ bré de celui des Anthus ( Pipit de Cuvier, 208 AGR AGR Vieillot et autres ) , et dont les caractères sont: Bec mince, très comprimé; les 2 man¬ dibules d’égale longueur ; pointe de la su¬ périeure non recourbée sur l’inférieure, et n’ayant qu’une petite échancrure à peine visible. Ailes longues; les 4 premières rémi¬ ges presque égales; les autres brusquement plus courtes et échancrées à leur sommet ; les tertiaires allongées, pointues, de la lon¬ gueur des autres rémiges. Queue moyenne , coupée carrément. Pattes longues, grêles, de couleur pâle ; tarse plus long que le doigt médian; doigts latéraux égaux, mais l’ongle externe plus court que l’interne. Couleur du plumage analogue à celui des Alouettes. Ce g. es ! cosmopolite. L’espèce type est, d’a¬ près Swainson , le Pipit rousseline de Tem- minck(Buff. enl.GGG, 1), à laquelle il ajoute Y Anthus auslralis , et son Agrodroma bistri- gata. Sans vouloir prononcer sur le plus ou moins d’importance de ce nouveau g.; nous pensons que plus d’un Ornithologiste a sans doute remarqué, comme M. Swainson et comme nous-même, que le Pipit rousseline semblait, d’après son plumage, la force de son bec et ses formes générales, plus voisin des Alouettes que des Anthus; mais, comme nous croyons devoir rapprocher des Alouet¬ tes les Anthus , comme s.-famille sous le nom d ' Anlhusinées , ce g. Agrodroma, qui en fait partie, devient pour nous un des g. de tran¬ sition de cette s. -famille à celle des alau- dinées ou véritables alouettes. V . ces mots. (Lafr.) AGROECIA ( àypoç , champ'; olxi x , de¬ meure). ins. — G. de la famille de Locustai- res , de l’ordre des Orthoptères, établi par M. Serville (Rev. mèlh. de Tordre des Orth.), adopté par le docteur Burmeister ( Handb . der Eut.), et réuni au g. Locusla par M. Brullé (Hist. des Ins . ). Ses caract. prin¬ cipaux sont tirés : 1° De la forme de la tête prolongée en pointe aigüe ; 2° des jambes antér. armées d’épines au côté interne; 3° du prosternum muni de 2 épines. — La seule esp. connue est Y A. punciaia Serv. Burm., propre au Brésil. (Bl.) *AGROMYZE. Agromyza (àypoç, champ; puÇw, je murmure ; allusion au bourdon¬ nement de ces insectes), ins. — G. de l’or¬ dre des Diptères, division des Brachocères, subdivision des Dichœtes, famille des Athé- ricèrcs, tribu des Muscides, section des Acalyptères , s.-tribu des Hétéromvzides , existant dans les ouvrages de Fallen et de Meigen, et adopté par M. Macquart. 11 pré¬ sente les caract. suivants. Ouverture buc¬ cale petite; face descendant à peine plus bas que les yeux , munie de soies ainsi que le front. Antennes inclinées. Style nu ou pubesccnt. Abdomen oblong. Ailes à nervure médiastine double à la base , soudée à l’extrémité, et à nervures trans¬ versales rapprochées. — Ce g. ne diffère guère du g. Oscinis , que parles soies qui garnissent la face et le front. Il se compose de plus de 40 espèces, se trouvant toutes en France et en Allemagne , et vivant sur les herbes des prairies et des bois. Nous n’en ci¬ terons qu’une qui est très commune , Y A- gromyza mobilis Meigen. (D.) * AGUOPHILA ( àypor , champ ; cp tloç , ami), ins. — G. de Lépidoptères, famille des Nocturnes , tribu des Noctuo-Phaléni- des , établi par M. Boisduval { Généra et Index Lepidopt. ) , qui le caractérise ainsi : Antennes sétiformes dans les 2 sexes. Palpes très courts, velus, à articles non distincts. Trompe longue. Corselet petit, arrondi, as¬ sez robuste. Abdomen lisse. Chenilles demi- arpenteuses , vivant de plantes basses. Chrysalide renfermée dans un cocon. Port des chenilles du g. Tortrix. — Ce g. a pour type la Pyralis sulphuralis de Linné. (D.) *AGR0P1IILUS ( àypoç. champ; oç, cerf). mam. — Nom donné par M. de Blainville à une section du groupe des Antilopes. (I. G.-S.-H.) * ALCÉMÉRQPE , Alcemeropus [Alcedo , Martin-pêcheur; merops , g épier), ois. — G. formé par M.Is. Geoff.-St-ïiilaire, aux dépeins du g. Guêpier, répondant au JSyciiornis, Sw., étayant pour type le Guêpier-à-fraise , Me¬ rops amicius ,Tem. (col. 310). Sescaract. sont : Bec allongé , courbé dans toute sa longueur , presque quadrangulaire , avec l’arête supér. légèrement et longitudinalement canalicu- lée. Pieds complètement syndactyles, à tarses très courts, à doigt externe presque aussi long que le médian et lui étant réuni jusqu’aux 2 tiers; l’interne beaucoup plus court et soudé seulement jusqu’à moitié; une sorte de plante allongée et épatée; l’ongle du pouce, le plus petit de tous. Ailes sub-obtuses, à rémiges primaires courtes, dépassant à peine l’extré¬ mité des secondaires. Queue allongée , cou¬ pée carrément à l’extrémité. — Ce g. est tel¬ lement voisin du g. Guêpier par ses formes extér. , que 31. Temminck l’avait confondu avec lui. Sescaract. différentiels ne consis¬ tent effectivement que dans cette légère rai¬ nure super-rostrale , car celui tiré de la forme des ailes un peu plus courtes et un peu plus arrondies, nous parait insignifiant, vu que, dans les vrais Guêpiers , nous trouvons 2 mo¬ difications de ce g,, bien prononcées et plus distinctes, aiguës ou même sur-aiguës, avec la lre rémige presque nulle dans les esp. à queue à filets, sub-obtuses dans celles à queue coupée carrément ou échancrée, d’où il résulte une différence d’ailes bien plus marquée entre les lres et les secondes, qu’en¬ tre celles-ci et les Alcéméropes. Mais des ha¬ bitudes nocturnes ou crépusculaires analo¬ gues à celles des Engoulevents et distinctes de celles des Guêpiers, autorisent , à plus juste titre, selon nous, la séparation généri¬ que des Alcéméropes. M. Swainson en a for¬ mé son g. JVyctiornis , mot qui exprime bien leur caract. de mœurs. A l’esp. type, le Guê¬ pier-à-fraise, vient s’enjoindre une seconde, remarquable comme elle par la rainure su¬ per-rostrale et la fraise gutturale, mais qui en diffère surtoutpar la couleur de cette fraise et par celle du front, qui sont d’un bleu glau¬ que et non rouge vermillon et rose violacé comme chez la première. C’est le Merops Ailierloni, Will. Jard. ou Nycliornis cœru- leus, Sw. [lll. Orn. 2 , pl. 58). Le 1er habite Sumatra, le second l’intér. du continent de l’Inde. (Lafr.) ALCES (à).xv 7, élanh mam. — W. Ogilby a cru devoir faire de l’élan [Cervus Alces des auteurs) un g. particulier, qu’il place dans sa famille des Cervidées, ordre des Rumi¬ nants. Voici les caractères qu’il lui attribue [Proceed. Zool. Soc. Lond., 1(886): Cornes palmées, caduques, existant dans le mâle seul. Trompe nulle. Interdigitales grandes. Follicules inguinaux nuis. Mamelles 4. — Le type de ce g. serait Y Alces machlis [Cer¬ vus Alces). Le nom de Machlis, que Pline donne à l’Élan, n’est probablement qu’une altération latine de son nom celtique Elk. V. Cerf. (C. d’O. ALCHAADëS. pois.s. — Mot probable¬ ment d’origine arabe , et que Bonneterre a écrit, par une faute de copie, Àlcandes, or- 254 ALC ALC thographe abusivement reproduite depuis dans tous les Dictionnaires. On le trouve dans Cuba ( Horlus sanitatis, 98). 11 est cité avec celui d ’Aùremon pour un poisson très soigneux de ses petits, qui s’attache aux na¬ vires et les rend immobiles. Ces deux der¬ nières particularités ont fait rapporter cette dénomination à YEcheneis , et quoique rien ne soit moins certain, les naturalistes ont suivi l’auteur de l’Encyclopédie. (Val.) ALCHIMIE ( alchemia ; étym. arabe, tirée de chimie). — Cette science, qui nous est venue par les Arabes , lesquels l’avaient eux-mêmes empruntée aux Grecs comme toutes leurs connaissances , comprenait d’a¬ bord l’ensemble de toutes les connaissan- ceschimiques et physiques; tandis qu’aujour- d’hui ce nom ne s’applique plus qu’à une science qu’on regarde comme illusoire , et dont on ne peut s’occuper sans ridicule. Le but de notre article est de prouver que ce préjugé, comme tant d’autres, n’est fondé que sur l’ignorance. Nous considérons l’ Alchimie sous trois points de vue : 1. son histoire, 2. ses procé¬ dés, 3. l’opinion qu’on doit s’en former, et l’état actuel de la science. 1. Histoire. Chercher à fixer le lieu et l’é¬ poque où l’Alchimie a pris naissance, se¬ rait un travail aussi fastidieux qu’inu¬ tile. Toutes les probabilités se réunissent pour indiquer l’Egypte comme le berceau de cette science et de beaucoup d’autres ; et Hermès a reçu , dans ce pays , les honneurs divins, pour s’être présenté comme possé¬ dant la science qui donne la richesse et a santé , seuls éléments de bonheur pour la plupart des hommes. Les livres attribués à Hermès sont nom¬ breux : St.-Clément d’Alexandrie ( Strom ., I. 6) dit que de son temps on en connaissait encore 42. Si les deux ouvrages attribués à Hermès et qui sont parvenus jusqu’à nous ( Pymandre et la Table d’ Emeraude), ne sont pas textuellement de cet auteur, ils contien¬ nent au moins la doctrine qui lui était attri- buéeen Égypte, au commencement de notre ère. Cinq cents ans avant cette époque , au rapport de Sénèque ( lib . xiv, Épist. 19), Dé- mocrite d’Abdère cultivait l’alchimie. Les prêtres égyptiens conservèrent long-temps le dépôt de ces connaissances ; mais Dioclétien , s’imaginant que les fréquentes révoltes de l’Égypte ne se renouvelaient qu’à l'aide de l’argent que fabriquaient ces prêtres, ne trouva rien de mieux que de faire brûler les livres et détruire les collèges. V. Paul Diacre (in Eita Diocletiani ) , Orose (ch. xvi, l. 7), et Suidas (au mot Chemia ). Parmi le grand nombre de manuscrits que possède la Bibliothèque royale sur cette ma¬ tière, on en trouve un de Synésius (évêque de Ptolémaïs en 4 1 0) , qui contient une ex¬ position de la doctrine et un commentaire, adressés à Dioscorus, prêtre de Sérapis. L’o¬ rigine toute sacerdotale et sacrée de la phi¬ losophie hermétique, est démontrée par le serment qu’on exigeait des adeptes, de ne rien révéler au vulgaire , ainsi qu’on le voit dans les Épîtres de Synésius, et notamment dans la 142me, où il réprimande sévèrement Herculianus d’avoir parlé trop clairement des secrets de la philosophie qu’il lui avait révélés. Tous les philosophes grecs, et entre autres Zozime au vme siècle, continuèrent leurs travaux jusqu’à la prise d’Alexandrie par les Arabes en 640. Alors les arts et les sciences disparurent devant ces féroces envahisseurs; et ce n’est que dans le xime siècle qu’on re¬ trouve des traces de la science chez les Grecs et les Arabes eux-mêmes. De tous les Alchimistes arabes, le plus an¬ cien est incontestablement Geber ou Giaber; car tous les auteurs le citent et il n'en cite aucun. De ses nombreux ouvrages , trois seulement sont parvenus jusqu’à nous; un autre est resté en manuscrit à la Bibliothè¬ que royale. Si ces livres ne révèlent pas le se¬ cret hermétique (ce qu’au demeurant aucun livre ne fait), au moins ils nous prouvent que la Chimie était très cultivée à cette épo¬ que. Dans son ouvrage intitulé : de Investi - gatione perfectionis metallorum , on trouve trente-trois préparations chimiques, dont le détail est fort intéressant. Un autre de ses ouvrages, son Testament , contient dix-huit préparations de l’or et des métaux , pour les approprier à l’œuvre. Ces préparations dif¬ fèrent peu de celles qu’on fait subir aujour¬ d’hui à ce métal pour l’épurer ou l’oxyder. Il est l’auteur de la découverte de l’acide sul¬ furique, ou , comme on l’appelait , Y huile de vitriol. Le xme siècle nous fournit Al-Faraby, sa¬ vant homme , dont les ouvrages manuscrits ALC A LC 255 sont à la Bibliothèque de Leydc. Cent ans plus tard, parut Avicennes , qui, dans son Traité de Congelaiione et Conglutinatione La- pidum , parle du fer météorique, avec lequel on a fait des épées, et donne une théorie des soulèvements comme cause essentielle de la formation des montagnes ( Theatr . chimie., tom. iv, p. 884). Ce ne fut qu’au xmme siècle, que la science hermétique pénétra dans l’Occident avec le retour des croisés. Vers cette époque, nous trouvons Roger Bacon en Angleterre, Ar¬ nould de Villeneuve , Christophe de Paris et Rupescissa en France; Albert- le - Grand en Allemagne; saint Thomas d’Aquin en Ita¬ lie; et enfin en Espagne , le fameux Ray¬ mond Bulle qui vint en France pour étudier sous Arnauld et Roger Bacon. Le premier ouvrage que l’on trouve vers cette époque n’appartient cependant à aucun de ces phi¬ losophes : c’est le Traité d ' Arthèphius , plus ancien que Roger Bacon , puisque celui-ci le cite, mais postérieur à Morien, qu’il cite à son tour. Nous n’en parlons que parce qu’il est le seul entre tous les écrivains regardés comme adeptes, qui se soit prononcé sur la longévité que peut procurer la médecine hermétique. Il annonce qu’il écrit ayant plus de mille ans ( sed cum per mille annos aul cir- citer , qui jam transierunt super me a nalivi- late mea, gralia solins Dei omnipotenlis, et uni hujus mirabilis quiruas essentiœ). Tous les au¬ tres auteurs affirment que la médecine peut mener un homme jusqu’au terme le plus éloi¬ gné que sa constitution comporte en l’affran¬ chissant de toutes les infirmités qui sont le cortège de la vieillesse; mais aucun ne sup¬ pose que ce terme puisse être dépassé , plu¬ sieurs même assurent le contraire ; et Roger Bacon déclare très explicitement à ce sujet qu’il n’y a ni remède ni régime contre l’an¬ tique corruption de nos parents que nous apportons en naissant. Ce même Bacon est un des Alchimistes les plus remarquables. Né en 1214 en Angle¬ terre, il a fait plusieurs découvertes de la plus haute importance. Son Traité [de Spe- culis) fait connaître la nature des verres à surface courbe, à l’aide desquels il brûlait des matières à distance. Son travail sur la perspective prouve des connaissances en op¬ tique. Il parle de la réfraction et de la ré¬ flexion de la lumière, et décrit la chambre obscure et la théorie des télescopes ; mais sa découverte la plus populaire est celle de la poudre à canon qu’il décrit ainsi : Sed lu¬ men salis petree luru mofe can ubre et sulphu- ris ; et sic faciès tonilru et corruscationern , siscis arlificium (Bacon, de Secretis operibus, cap. xi). Les mots : luru mope can ubre sont l’anagramme de carbonum pulvere. Après les hommes dont nous venons de parler, paraît en France le plus populaire de tous , Nicolas Flamel. En 1357, il était écri¬ vain public. Un vieux livre d’Alchimie, qui avait appartenu à des juifs, lui tomba entre les mains. Il fit le voyage d’Espagne pour avoir l’explication de ce livre; et, de retour en France, il se mit à l’ouvrage, et fit sa première transmutation le 17 janvier 1382. C’est un des philosophes les plus naïfs : il ra¬ conte que sa femme Pernelle l’aidait dausses travaux. Les peintures qui , jusqu’à la fin du dernier siècle, décoraient les vitraux du char¬ nier des Innocents, contenaient la descrip¬ tion hiéroglyphique de l’œuvre. Flamel en a donné la description avec commentaire. Le xvme siècle fut encore plus fécond que le xivme en philosophes hermétiques; les plus illustres sont Basile Valentin, Isaac Hol¬ landais, Georges Ripley et Trévisan. Les ar¬ tistes deviennent si nombreux dans les xvn,e et xvime siècles, qu’il est difficile de faire un choix. Il y en a cependant un qui les do¬ mine tous et dont nous devons parler : c’est Paracelse. Cet homme, né près de Zurich, en 1493, se livra de bonne heure à la pratique de la médecine; on lui doit l’emploi de l’o¬ pium et du mercure, et en général des pré¬ parations chimiques. Vers le milieu du xvume siècle, l’Angle¬ terre produisit l’homme que l’on peut regar¬ der comme le dernier des adeptes de l’an¬ cienne école; c’est lui qui ferme la longue série d’hommes étranges dont nous avons cité les principaux : nous voulons parler d’I- rénée Philalèthe. Son nom, sa personne, sa vie, ses ouvrages, tout est chez lui une énigme indéchiffrable. On croit que c’était le même que Thomas Waughan, que Starkey avaitconnucn Amérique, oùPhilalèthe avait été de bonne heure. Beccher, le maître deStahl, et Glauber, sont, parmi les Allemands, les deux derniers chimistes qui aient osé avouer publique¬ ment leurs travaux sur l’Alchimie. Glauber 256 ALC ALC a beaucoup écrit, et on lui doit un sel qui porte son nom : c’est le sulfate de soude , fort employé dans les arts et en médecine. A compter de ces deux hommes , la mé¬ decine et l’Alchimie se séparèrent. Condam¬ née à l’obscurité , cette dernière n’en a pas moins continué sa carrière, et, de temps en temps, quelques adeptes dévoués n’ont pas craint de se livrer au ridicule en venant pro¬ clamer l’existence perpétuée d’une science que l’on regarde généralement comme per¬ due avec tant d’autres. Le dernier de ces adeptes est le docteur James Price, membre de la Société royale de Londres et chimiste distingué, qui a publié, sous le litre de: Relation de plusieurs expériences faites sur le mercure, l’or et l’argent , à Cuilfort, en mai 1781 , dans le laboratoire du docteur James Price, une sorte de procès-verbal, constatant, qu’en présence des magistrats et des per¬ sonnes notables de la ville, entre autres de lord Palmerston , on a fait une série d’expé¬ riences dans lesquelles on a converti du mer¬ cure en or et en argent, selon la nature de la poudre que l’on employait. Dans une de ces expériences, 12 grains de poudre blanche ont produit 600 grains d’argent, et deux grains de poudre rouge ontproduït 120 grains d’or. Cette relation est imprimée tout au long dans le Mercure de France (février 1783). Nous n’irons pas plus loin dans l’exposi¬ tion des faits; ce qui précède doit suffire pour prouver que tous les hommes dont nous ve¬ nons de parler n’étaient pas des insensés ou des fourbes : ce sont simplement des hommes persévérants , opiniâtres , si l’on veut, qui , étant convaincus soit par les faits , soit par leurs lectures de la réalité de la science, ont consacré leur vie à son étude, dans l’espoir, souvent déçu il est vrai , d’arriver à la pos¬ session des deux plus grands biens : la ri¬ chesse et la santé. Mais quelles matières employèrent- ils? quelles préparations leur faisaient-ils subir? et le travail terminé, comment employaient- ils d’une manière utile le résultat obtenu? C’est ce que nous allons tâcher de faire com¬ prendre dans le paragraphe suivant. II. Des matières et des procédés de l'œuvre. Tous les philosophes s’accordent en ce point, que l’or et le mercure sont les deux métaux sur lesquels ils doivent travailler. Quelques uns ajoutent une troisième sub¬ stance, l 'esprit universel; ce sont ceux qui suivent la voie humide, et qui généralement habitent les pays chauds. Ceux qui vivent dans le nord suivent plus particulièrement la voie sèche : on verra pourquoi. Mais on se tromperait grossièrement sii’onunissaitsim- plement l’or au mercure pour en faire un amalgame : on le cuirait des années entières, comme a fait Rob. Boyle , qu’il n’en résulte¬ rait que de l’or et du mercure amalgamés. Les philosophes se hâtent d’ajouter : Nos mé¬ taux sont vifs, et les métaux vulgaires sont morts; l’or vulgaire, cependant, est la mi¬ nière de notre or, comme le mercure vul¬ gaire est la minière de notre mercure. Pour que ces métaux puissent nous servir, il faut les réduire à leur première matière; Hoc opus, hic labor est, et ce grand travail ne peut se faire qu’à l’aide de Y esprit universel, de Y âme générale du monde; c’est de Y air qu’il faut extraire l’ai¬ mant qui doit attirer cet esprit universel: Aer générât magnetem , magnes ver'o general vel apparere facil aerem nostrum. Est in aere occultus vilœ cibus , etc., etc. Or, c’est cette humidité aérienne qu’il faut recueillir au moment de son apparition dans l’atmo¬ sphère, et avant qu’elle ne touche à aucune substance ; car dès qu’elle est en contact avec une plante, elle a perdu son caractère d’uni¬ versalité, et ne peut plus servir à l’œuvre. On devine qu’il s’agit de la rosée ; mais ce n’est pas la rosée de nos climats froids : c’est la rosée des pays chauds , qui , par une éva¬ poration ménagée, laisse un résidu de 10 à 12 pour cent de sel ; tandis que dans le nord on en obtient à peine 2 pourcent. Ce sel, qui est un nitrate de potasse ou un nitrate de soude sur les côtes de la mer, disparaît en¬ tièrement si l’on recueille la rosée sur des plantes. C’est ce sel qui, après avoir subi plusieurs préparations, dont quelques unes sont assez curieuses, sert à attirer l’esprit universel à certaines époques de l’année, el dans des circonstances atmosphériques par¬ ticulières. La purification de ces trois sub¬ stances est ce que les adeptes appellent les travaux d' Hercule. Alors on ne compte plus les jours et les nuits ; on ne quitte le labora¬ toire que quand une opération est terminée, et elle dure souvent plusieurs jours. Ces tra¬ vaux préparatoires, auxquels un homme seul ne saurait suffire, se prolongent quel- ALC 257 quefois pendant un an , mais au moins pen¬ dant six mois. Tout ce long travail doit donner en résul¬ tat un triple produit : 1° un or exailé, réin- crudé (ce sont les expressions consacrées) , pulvérulent , et qui doit se dissoudre en to¬ talité dans l’esprit de vin (comme preuve); 2° un mercure d’une limpidité et d’une flui¬ dité sans exemple : c’est l’eau qui ne mouille pas les mains ; 3° une eau visqueuse, limpide, et d’une transparence parfaite : c’est le lait de la vierge , qui va nous servir à nourrir le nouveau-né. Arrivés à ce point, le reste, disent-ils, n’est plus qu’un travail de femme et un jeu d’enfant. Enfin il ne s’agit plus que de réu¬ nir les matières , de faire le mariage. Il y a dansd’Espagnet le fameux canon 58: Recipe virginem alatarn, optimè lotam et mundalam, etc., que les philosophes regardent comme le vrai mode de faire la conjonction dont nous parlons. On prend un vase qui peut se boucher hermétiquement , et d’une capacité assez grande pour que les deux tiers restent vides; on y met, dans des proportions re¬ quises, les deux matières solides, savoir: le serviteur rouge et la dame blanche , le roi et la reine, Gabritius et Bega, etc., etc., mille noms divers, et on y ajoute assez d’humidité pour que l’aridité stérile ne se manifeste pas. Tout bien clos et scellé, on dépose le vase dans un lieu secret , assez éclairé pour que l’artiste puisse voir le travail intérieur à mesure qu’il se développe , sans que le so¬ leil cependant puisse jamais le frapper. Le vase ainsi déposé, et qu’on appelle l’œuf , parce qu’il en a la forme , reçoit une chaleur qui ne doit jamais dépasser 32° R., ou la chaleur de l’incubation : tout serait perdu si la matière recevait de 40 à 50°. Au bout de quarante jours de l’inhumation (quelques uns l’appellent ainsi), la matière devient noire, puis de plus en plus noire, ni- grum nigrius nigro. C’est le règne de Saturne, qui dure aussi quarante jours. L’humide s’élève dans le vase et retombe en gouttes : il pleut sur la terre. Au noir succèdent des couleurs très variées : c’est la queue de paon, le règne de Jupiter et de Junon, dont la du¬ rée est presque égale à celle de leur père ; un cercle blanc commence à paraître à la cir¬ conférence du vase, puis il augmente, et la totalité de la matière qui avait été noire devient blanche : c’est le règne de la Lune. Vient ensuite Vénus à la couleur citrine , laquelle passe successivement à l’orangé, puis au rouge coquelicot, puis à la couleur de rubis. C’est le manteau de pourpre qui recouvre le nouveau roi plus vaillant que son père. Quelques auteurs ne font mention que de trois couleurs principales : le noir, le blanc et le rouge : Tria pulclierrimorum florum in liorto sapienliurn généra per quirenda , imo in- venienda surit : puniceæ violœ , candens lilium et purpureus immorlalisque arnarantus ( Ar - can. Herrnet. philos, canon. , liii). Un traité de chimie écrit dans ce style n’aurait pas aujourd’hui beaucoup de lecteurs ; à l’épo¬ que où celui-ci parut, en 1608, il fit l’admi¬ ration des amateurs de la science. Le plus difficile est fait. On a alors la vraie matière de la pierre; et beaucoup d’auteurs, Artéphius entre autres, ne commencent leur livre qu’à l’époque où nous sommes arrivés, sans faire mention de tout ce qui a dû pré¬ céder. La pierre, dans cet état, ne peut ser¬ vir encore ni pour la médecine ni pour la transmutation : afin de lui donner ces quali¬ tés , on recommence trois fois à l’humecter et à la cuire comme auparavant : coque et ite- rum coque, disent quelques auteurs; c’est là l’œuvre tout entier, en faisant allusion à cette dernière partie du travail. Au bout de ces trois réitérations ou rotations, comme on les appelle, on a la médecine, qui prend le nom d’ élixir ; lorsqu’on l’a fait dissoudre dans le même liquide et qu’on l’a tenue au feu pen¬ dant 40 jours , la couleur se fonce , et l’on a une liqueur couleur de grenat, dont quel¬ ques gouttes dans un véhicule quelconque, vin, bouillon, eau de plantes, suffisent, disent les auteurs, pour guérir les maladies les plus invétérées. Lorsqu’il s’agit de la transmutation, on combine la poudre avec son poids d’or fin; on humecte et on remet cuire encore 40 jours ; et on a alors non seulement une poudre de projection très énergique, mais un levain des plus actifs. En résumé , on voit qu’il ne s’a¬ git que de faire absorber par de l’or conve¬ nablement préparé une proportion considé¬ rable de cette eau céleste , recueillie avec tant de précautions et conservée à l’abri de¬ là lumière. C’est au moyen de cette eau que- for devient un levain, et qu’il est rendu vé~ 1 i T. I. 258 A LC gétatif ; de mort qu’il était on l’a rendu plus (pie parfait, vivant, afin qu’il pût agir sur les métaux imparfaits et les rendre parfaits, ce qu’il ne pouvait faire s’il n’était seulement qu e parfait lui-même. Nous disons un levain , car les auteurs considèrent la matière métallique comme identique, parfaite seulement dans l’or, im¬ parfaite dans les autres métaux, et n’ayant besoin que d’un levain pour atteindre la per¬ fection. Voilà ce que l’on peut démêler de plus ra¬ tionnel dans l’obscurité calculée qui règne dans les livres des philosophes hermétiques. Si les limites dans lesquelles nous sommes circonscrits nous l’eussent permis , nous au¬ rions pu faire connaître quelques modifica¬ tions importantes dans le travail général dont nous avons donné une courte esquisse. Nous terminerons par quelques lignes sur l’état actuel de la science tant en France qu’à l’é¬ tranger. III. Etat actuel de la science. Opinion des savants. On ne se douterait pas que le pays de la terre où la science hermétique est le plus généralement cultivée, est le royaume des Birmahs, d’après ce que nous assurent les Anglais qui ont visité ce pays, depuis la conquête. Mais, sans aller si loin, occupons- nous de ce qui se passe chez nous. Bon nom¬ bre d’amateurs travaillent encore à Paris ; et en 1832, il a paru chez Loquin une bro¬ chure sous le titre : Hernies dévoilé; mais l’auteur, en véritable adepte , est aussi obs¬ cur que les anciens. Nous sommes parvenu à découvrir cet adepte ; il a fait une transmu¬ tation en notre présence ; mais sa médecine n’étant pas arrivée à sa perfection , n’a pas pu l’empêcher de mourir l’année dernière , à l’âge de 70 ans. Sir Humphrey Davy pensait que les recherches hermétiques pouvaient avoir un résultat satisfaisant; mais M. Du¬ mas a été plus loin : voici ce qu’il dit dans ses Leçons de Philosophie chimique en par¬ lant de l’Isomérie : « Serait-il permis d’ad- » mettre des corps simples isomères ? Cette » question , vous le voyez , touche de près à » la transmutation des métaux. Résolue affir- » mativement, elle donnerait des chances de » succès à la recherche de la pierre philoso- » phale....Il faut donc consul ter l’expérience, » et l’expérience , il faut le dire , n’est point » en opposition jusqu’ici avec la possibilité * A LC » de la transmutation des corps simples, ou » au moins de certains corps simples. » C’est ce dont on peut juger par le tableau qu’il présente, et dans lequel on trouve le même nombre pour l’or que pour l’osmium, pour le zinc et l’antimoine, etc., etc., et avec des différences si faibles, qu’il serait fort peu surprenant que la cause en résidât dans quelque erreur d’expérience. Ces rapproche¬ ments, continue M. Dumas, me semblent fort piquants , et s’il n’en sort aucune preuve de la possibilité d’opérer des transmutations dans les corps simples, du moins s’opposent- ils à ce qu’on repousse cette idée comme une absurdité qui serait démontrée par l’état ac¬ tuel de nos connaissances. (J, Gilbert.) ALCHIMILLA , Tourn. (Mot arabe). At- chemilla et Aphanes, L. bot. ph. — G. de la famille des Rosacées (Dryadées, Baril.), tribu des Sanguisorbées (Rosées, Reichb.). Les ca- ract. en sont les suivants :Cal. tubuleux, 4- fide; lanières alternant avec 4 bracléoles ad- nées au tube. Cor. nulle. Étam. 1 à 4. Ovai¬ res 1 ou 2, libres, insérés au fond du calice, munis chacun d’un style latéral et caduc. Stigm. capitellés. Nucules 1 ou 2, mono¬ spermes, recouvertes parle tube calicinal ; graine suspendue ; radicule supère. — Her¬ bes annuelles ou vivaces ; feuilles digitées ou palmées; fleurs petites, fasciculées, ou en corymbes ou en grappe. On connaît en¬ viron 20 esp. de ce g.; elles sont réparties entre presque toutes les contrées du globe. L’Alchemilla vulgaris , L. , nommé vulgaire¬ ment Pied de lion , était jadis préconisé comme vulnéraire. (Sp.) ALCHIMIMER. bot. ph. — Ancienne dé¬ nomination vulgaire du Néflier. (C. L.> ALCHIMISTE. ins. -Nom sous lequel Geof¬ froy désigne une esp. de Lépidoptères noc¬ turnes (IVoctua Alchimista , Fabr.) , appar¬ tenant au g. Catephia d’Ochsenheimer. V. ce mot. (D.) ALCHORNEA (Nom d’homme), bot. pii. — Ce g. de la famille des Euphorbia- cées, établi par Swartz, consacré par So- lander au docteur anglais Alchorné , au¬ teur de quelques travaux d’histoire natu¬ relle, et auquel il faut réunir YHermesia de Bonpland , offre les caract. suiv. : Fleurs dioïques; Cal. 2-5-parti , réduit souvent à des dents dans les femelles; dans les mâles : 8 étam. dont les filets se soudent en un an- 259 A LC neau à leur base et dont les anthères sont introrses ; dans les femelles : 1 ovaire di- dyme à 2 loges 1-ovulées, surmonté d’un style profondément biparti, dont les branches ont leur surface interne stigmatique; une caps, à péricarpe un peu charnu et à 2 co¬ ques; rarement il y en a 3 et autant de stig¬ mates. On connaît 5 esp. de ce g. , toutes ori¬ ginaires des régions tropicales ; 3 de l’Amé¬ rique et 2 de l’Afrique. Ce sont des arbres ou des arbustes, à feuilles alternes, presque entières ou dentées, glabres, cassantes, pourvues de nervures saillantes à leur face in¬ férieure; à fleurs axillaires ou terminales, les mâles disposées sur des épis , le plus sou¬ vent rameux , par petits pelotons alternes et accompagnés de bractées ; les femelles soli¬ taires ou sur des épis simples. (Ad. J.) *ALCICORÏMIUM ( Alce , élan ; cornu , cor¬ ne; forme des frondes), bot. cr. — G. de la famille ou de l’ordre des Fougères (Polypo- diacées) établi par M. Gaudichaud [ Voyage de l’ U ran .) , aux dépens de Y Acrostichum alci- come , etc., et qui ne paraît pas avoir été adopté. Il reste réuni au g. Acrostichum^ L., section des Neuroplatycérées. V. ces mots. (C. L.) * ALCIDES (Surnom d’Hercule; Myth.). ins. — G. de l’ordre des Coléoptères té- tramères, famille des Curculionides , div. des Cholides, établi par Dalman et adopté par Schoenherr qui lui assigne les caract. suivants : Ant. fortes et assez courtes; funi- cules de 6 articles , les 2 premiers assez longs, presque coniques, les autres plus courts, presque ronds; massue subovale, acumi- née, composée de 5 articles , le 1er allongé, les autres courts, étroitement unis. Rostre médiocre, cylindrique, linéaire, presque droit ou un peu arqué. Yeux placés latérale¬ ment, ovales, déprimés. Prothorax oblong, plus large postérieurement , trilobé et plus étroit antérieurement, resserré , présentant une éminence arrondie au milieu, lobé d’une manière obtuse derrière les yeux et échancré profondément en dessous. Elytres ou allongées subcylindriques, ou en ovale oblong, bossues, fortement sinuées à la base, et remplissant exactement les échancrures du thorax. Pattes antér.de la plupart des esp. très longues; cuisses dentées en dessous; ti¬ bias comprimés, armés d’un fort ongle à 'extrémité, souvent dentés du côté interne. A LC — Ce g., suivant le Catal. de M. IJejean , renferme 22 esp. dont 7 d’Afrique , 2 de la Nouv.-Guinée , 7 de Java, 1 dont la patrie est inconnue, et les autres des Indes-Orien¬ tales. Schoenherr en décrit de son côté un grand nombre dont les noms ne figurent pas dans ce Catalogue. Parmi toutes ces esp. , nous ne citerons que celle qui sert de type au g. : VA. dentipes Rinchœnus id. Fabr.; Oliv. VA. dentipes ( Rinchœnus id. Fabr. ; Oliv. Ins. 83 , pl. 8 , fig. 00). (D.) * ALCIDIOUf (dimin. d’àW, élan), ins. — G. de Coléoptères tétramères, famille des Longicornes, établi par M. Dejean [Catal. 3inc édit.), mais dont il n’a pas publié les caract. D’après la place qu’il lui donne, ce g. appartiendrait à la tribu des Lamiaires de M. Serville. L’auteur y rapporte 13 esp., dont 10 du Brésil , 2 de Cayenne et 1 de l’Améri¬ que du nord. Toutes ont été nommées par lui à l’exception d’une seule, appelée^, sub- lineatum par M. Lacordaire qui l’a rappor¬ tée de Cayenne. (D.) ALCIXE. bot. — Cassini a établi ce g. aux dépens d’une esp.de Melampodium, de la fa¬ mille des Composées, et cultivée dans les jardins de botanique. M. DeCandolle l’yréu- nit de nouveau pour en former seulement une section à laquelle il donne pour carac¬ tères d’avoir les akènes du rayon embrassés par les écailles intérieures de l’involucre , qui sont ovales-oblongues , lisses , terminées au sommet par 2-4 petites glandes formant, par leur réunion , un très petit trou rond , entièrement rempli par le col ou disque épi- gyne de l’ovaire. — La seule espèce conser¬ vée par M. De Candolle dans la section du g. Melampodium , à laquelle il laisse le nom d Alcina, est originaire du Mexique. (J. D.) *ALCIIYOE (Nom mythol.). acal. — G. de la famille des Mnémièdes d’Eschscholtz, qui elle-même fait partie de l’ordre des Béroï- des ou Cténophores. Ce g. établi par M. Rang est caractérisé ainsi : Corps gélatineux, trans¬ parent vertical , cylindrique , avec 8 côtes saillantes, ciliées, terminées en pointe, et cachées en partie sous des lobes natatoires verticaux, libres à la base et sur les côtés seulement. Ouverture buccale pourvue de 4 appendices ciliés. — M. Rey a décrit sous le nom. d ' Alcinoe vermicularis [Mêm.soc. hisl. nut. de Paris , i. iv. pl. 19) , l’esp. servant de type à ce g., M. Délie chiaje en faitconnaf- 260 au: A LC tre une 2mf, observée par lui à Naples : Al- cinoe papillosa ( Mern . sul. anim. senza vert. t. iv. pl. 51). (D.) *ALCïOPE (Nom mythol.). crust. — M. Rafinesque désigne sous ce nom un petit g. de Crustacés , qui viendrait se placer dans la tribu des Pénéens, de l’ordre des Décapo¬ des Brachvures; mais comme cet auteur n’a pas donné des détails suffisants sur la struc¬ ture de ce nouveau g. , il n’a pas été adopté. (H. L.) *ALCIOPE (nom d’une nymphe, mère de Celmise). bot. ph. — M. DeCandolle a formé ce genre aux dépens de deux espèces du g. Celrnisia de Cass. ; il appartient à la tribu des Eupatoriées, de la famille des Composées. On le caractérise de la manière suivante : Capitule multiflore, fleurs durayon 1-sériées, ligulées, femelles, mais pourvues de fila¬ ments presque avortés. Celles du rayon sont tubuleuses, à 5 dents, hermaphrodites. Le réceptacle large est dépourvu de paillettes. Les squames de l’involucre sont disposées sur plusieurs rangs et pressées les unes contre les autres. Les branches du style sont cour¬ tes, obtuses, glabres, légèrement papil- leuses et presque conformes dans les fleurs des deux sortes. Les fruits, oblongs-cylindra- cés, presque obcomprimés , sont surmontés d’une aigrette pluri-sériée, dont les poils sca- bres sont légèrement soudés entre eux à la base. — Les Alciope sont des herbes sous- frutescentes, originaires du cap de Bonne- Espérance , à tiges couvertes d’un duvet to- menteux blanc et épais. Les feuilles alternes pétiolées, entières et denticulées, glabres sur la face supérieure, sont couvertes, ainsi que les pétioles, d’un duvet semblable à celui des tiges. Les capitules sont terminaux, lai¬ neux, et portent des fleurs jaunes. (J. D.) * ALCIS (Nom mythol.) ins. - — G. de Lé¬ pidoptères , de la famille des Nocturnes , tribu des Phalénites, établi par Curtis et adopté par Stéphens dans son Calai, des Ins. de V Angleterre. Ce g. correspond en partie au g. Boarmxa de Treitschke. V. ce mot. (D.) * ALCÏTHOE (Nom mythologique), bot. ph. — C’est le nom donné par M. D. Don à une section du g. Trixis, appartenant à la famille des Composées, section des Nassau- viées. Ses caractères sont : ïnvoîucre à folio¬ les unisériées , entouré à la base de 5 gran¬ des bractées foliacées, dtsposéesen verticilles. — Toutes les espèces qui forment cette sec-, tion sont originaires du Mexique. (J. D.) ALCOOL. ciiiM. — C’est un liquide très vo¬ latil, qui se produit simultanément avec l’a¬ cide carbonique, par la fermentation du su¬ cre. Tel qu’on le trouve dans le commerce, il n’est pas pur, et contient, avec beaucoup d’eau, une petite quantité d’autres matières étrangères; on le connaît alors sous le nom d 'eau-de-vie. On obtient l’eau-de-vie par la distillation de diverses liqueurs fermentées. Les vins du midi produisent l’eau-de-vie de Cognac et de Montpellier; la mélasse brune donne le taffia ; on prépare le rhum avec les sirops provenant du raffinage du sucre, le rack avec le riz et les fruits de YAreca catechu, en - fin le kirsch avec les cerises noires. On peut aussi retirer l’eau-de-vie des grains et de la pomme de terre ; à cet effet on saccharifie la fécule, et l’on fait fermenter le sirop. La dis¬ tillation s’opère dans un appareil particulier dù à Adam et perfectionné par Derosne ; appareil qui a le précieux avantage de dis¬ tiller d’une manière continue, et de fournir des produits de la richesse alcoolique qu’on désire. Pour concentrer l’Alcool faible, on le distille sur différents corps très avides d’humidité; on préfère ordinairement la chaux vive. Sommering indique un procédé très curieux; suivant lui, l’eau-de-vie, con¬ servée dans une vessie de bœuf maintenue à 40 degrés environ, se concentre peu à peu : l’eau seule, à peine imprégnée d’ Alcool, traverse la vessie. L’Alcool peut être amené, par ce procédé, à ne pas contenir plus que 3 p. cent de son poids d’eau. Seulement il est im¬ prégné de matières organiques enlevées à la vessie; pour l’en séparer, il faut le dis¬ tiller. Pajol Descharmes a proposé de placer de l’Alcool aqueux contenu dans un vase plat, dans un espace parfaitement fermé, «à côté d’un vase rempli de chlorure de cal¬ cium fondu. Le chlorure de calcium con¬ dense avec énergie les vapeurs aqueuses, et ne condense que très peu les vapeurs al¬ cooliques. L’Alcool concentré par un moyen quel¬ conque et entièrement privé d’eau, est connu sous le nom d’Alcool absolu ; on le distingue de l’Alcool hydraté, en ce que la baryte s’y conserve sans se déliter. C’est un A LC liquide d’une odeur vive, d’une saveur brûlante, due surtout à la propriété qu’il a d’absorber l’eau des tissus vivants; sa densité, à 15° est de 0,7947, celle de l’eau étant prise pour unité. Il s’unit à l’eau avec dégage¬ ment de chaleur; le mélange se contracte sensiblement ; sa combustion par l’oxygène de l’air ou par l’oxyde de cuivre, donne de l’eau et de l’acide carbonique. La potasse caustique hydratée le convertit en Acide acé¬ tique qui reste uni à l’alcali et en hydrogène qui se dégage; enfin sa combustion lente à l’air par un fil de platine rouge, donne naissance à un acide particulier. Lorsqu’on fait agir le noir de platine au contact de l’air sur l’Alcool, on convertit ce liquide en acide acétique; c’est une action du même genre qui se manifeste dans la fermentation acide; seulement elle se fait plus lente¬ ment. L’Alcool dissout le soufre en faible proportion ; la dissolution est précipitée par l’eau. Le phosphore est également so¬ luble dans l’Alcool , et le rend lumineux dans l’obscurité, surtout lorsqu’on y ajoute de l’eau. Le chlore le transforme directe¬ ment en chloral , indirectement en chlo¬ roforme. L’Alcool dissout les hydrates de po¬ tasse et de soude, et ne dissout point les sels que forment ces bases, aussi l’emploie-t-on pour la purification de ces Alcalis. Il dissout avec facilité les bases végétales ou leurs sels, et sert à leur préparation. Les acides agissent différemment sur l’Alcool suivant leur nature et leur propor¬ tion. L’acide sulfurique peut déterminer la formation de 2 équivalents d’eau, aux dépens de tout l’oxygène et d’une quantité corres¬ pondante d’hydrogène , de l’Alcool absolu ; on obtient alors de l’hydrogène bicarboné. C’est ce qui arrive lorsqu’on opère sur un mélange de 4 parties d’acide sulfurique, sur 1 d’ Alcool. Lorsqu’on fait le mélange inverse, on détermine la séparation d’un seul équivalent d’eau; il se produit dans ce cas de l’éther ordinaire, éther hydrique ou hydratique. Les hy diacides éliminent les éléments de 2 équivalents d’eau et produisent des éthers qu’on peut considérer comme formés de volumes égaux de gaz oléfiant et d’hydra- cide, ou bien, comme des combinaisons du radical de l’hydracide avec l'éther — C4 H10. Les acides végétaux éliminent 1 équivalent A LC 261 d’eau cl s’unissent à l’éther hydrique (Y. Etiier ). L’Alcool peut se combiner à divers sels , et remplacer quelquefois l’eau de combi¬ naison. L’Alcool dissout les essences; ces dissolu¬ tions sont connues sous le nom d’alcoolats (eau de Cologne); et il est très employé poui la confection des vernis, dits à l’esprit de vin, ainsi que pour la fabrication des savons trans¬ parents. On en fait un fréquent usage dans les laboratoires, pour alimenter les lampes dites à Alcool , et pour opérer ces dissolu¬ tions qui ne se feraient point dans l’eau; enfin il sert à conserver les pièces d’anato¬ mie et diverses substances organiques. Les usages si multipliés de l’eau-de-vie proprement dite, et de l’Alcool, en ont fait un objet de commerce considérable. Aussi est-il d’une grande importance de pouvoir reconnaître d’une manière rapide et exacte la valeur de ces produits ou leur richesse en Alcool absolu. M. Gay-Lussac a déterminé la densité de divers mélanges de l’eau avec l’Alcool. Au moyen de l’instrument qu’il a imaginé (in¬ strument qui ne diffère du pèse-liqueur que par la graduation ) et des tables qui l’accom¬ pagnent, on connaît la quantité d’ Alcool absolu que peut contenir un liquide, à une température donnée. La densité de l’Alcool croîtavec la quantité d’eau que l’on y ajoute, mais d’une manière irrégulière. Yoici quel¬ ques rapports déterminés par M. Gay-Lussac à la température de 15 degrés centigrades ; de la liqueur. Alcool. Eau. 0,7947. . . . 100. . . . 0 0,8379. . . . 75. . . . 25 0,9348. . . . 50. . . . 50 Ü,9G56. . . . 30. . . . 70 Le vin, le cidre, la bière, l’hydromel et toutes les liqueurs fermentées naturelles et artificielles, doivent leurs principales pro¬ priétés à la présence d’une certaine quantité d’Alcool. (Pel.) ALCYON. Alcyonium et Halcyonium (àà- xumv et à). xucvetoç). polyp. — G. de la famille des Alcyoniens, nommé aussi Lobulaire par divers auteurs , mais devant conserver ex¬ clusivement le nom d’Alcyon , donné mal à propos à des Spongiaires, à des Algues et à d’autres productions marines. Il comprend 262 ALC des Polypiers charnus, en masse lobée ou ir¬ régulièrement rameuse, fixée aux rochers ou aux plantes marines, par une lige courte et garnie, à la surface, de Polypes rétractiles, à 8 tentacules pectinés. Leur sac alimentaire s'ouvre en dehors par une seule ouverture entre la base des tentacules, et commu¬ nique par son fond, qui se contracte plus ou moins, à une cavité commune ramifiée à l’intérieur. Ce sac alimentaire est fixé au milieu du corps de chaque Polype par 8 cloi¬ sons membraneuses, partant de la paroi ex¬ terne , et faisant fonctions d’ovaires. La masse commune du Polypier est consolidée par des cristaux ou des concrétions calcaires irrégulières. M. Milne-Edwards , qui a ré¬ cemment étudié avec soin [Ann. Sc. nat., i. iv, 2me série) les Alcyons vivants , attribue a ces Polypiers un système de vaisseaux communs, servant à la circulation ou au transport d’un liquide nourricier. Il a ob¬ servé chez ces mêmes Polypiers un mode de développement tout particulier et différent de celui des Alcyonides. C’est la masse com¬ mune elle-même qui pousse à l’extérieurun tubercule dans lequel on ne voit, en premier lieu, que les vaisseaux communs , sans au¬ cune trace de Polypes ; ces animaux ne s’y développent que plus tard et successivement, de manière à se montrer d’abord complète¬ ment renfermés dans la masse commune et sans communication avec l’extérieur, jus¬ qu’à ce qu’une ouverture venant à se for¬ mer, leur permette d’épanouir leurs tenta¬ cules au dehors, de se nourrir par eux-mêmes et d’acquérir ensuite leur entier développe¬ ment. Les Alcyons ont, en outre, des œufs qui prennent naissance dans les cloisons membraneuses prolongées au-delà de l’esto¬ mac , et qui , détachés à leur maturité , sor¬ tent de la cavité abdominale par le fond de i’estomac; puis, arrivés au-dehors, nagent librement dans les eaux de la mer au moyen des cils vibratiles dont ils sont revêtus, jus¬ qu’au moment où ils se fixent pour former un nouveau Polypier. M. Edwards a décrit et figuré : 1° l’Alcyon palmé de la Méditerranée (A. palmalum; A. exos Pallas, Lamouroux, Gmel., ou la Lo- bularia palmata de M. Deslongchamps et de M. Ehrenberg ; Lobularia exos. Blainv.). 2° 11 a décrit aussi une nouvelle esp. de l’Océan, l’Alcyon étoilé. A ce même g. apparticn- ALC nent : 3° l’Alcyon digité (Al. exos Spix ; AL lobalum Lamour. ; Lobularia digilala Lamk., Blainv. , Ehr. , etc.) ; 4° L’Alcyon conoïde (Al. cydonium Mull.; Lobularia Lamk.), si ce n’est , comme le pense M. Ehrenberg , le jeune âge de l’esp. précédente; 5° l’Alcyon pauciflore (Lobularia Ehr.) ; 6° l’Alcyon ar¬ borescent (Al. arboreum Lamk., Lobularia Ehr.) ; 7° l’Alcyon orangé (Al. aurantiacum Quoy et Gaim.) , et peut-être les Comularia muhipennaia et C. subviridis des mêmes au¬ teurs; tandis qu’au contraire, leurs Al- cyonium glaucum, jlexibile , flavum , flabeltum et viride, devront former un g. particulier de la même famille des Alcyoniens, si réel¬ lement leur cavité abdominale ne se pro¬ longe pas en tube, comme chez les vrais Al¬ cyons. M. Ehrenberg, en conservant le g. Lobu¬ laire, ne veut considérer comme apparte¬ nant au g. Alcyon que les esp. dont la masse commune est épaisse , charnue, gonflée, simple ou plissée et non découpée en lobes. M. de Blainville , qui attribue aux animaux de son g. Alcyon un cercle complet de ten¬ tacules simples , longs , filiformes , et qui dit que ces animaux sont contenus dans des cellules papilliformes, prend pour type l’Al¬ cyon gélatineux (Halodactyle, Fare.), et rap¬ porte au même g. 3 esp. de Fleming, les A. hirsutum, echinalum et parasiticum , lesquels sont des Spongiaires. Lamouroux a composé son g. Alcyon de diverses Spongiaires vivantes ou fossiles, et de l’Alcyon arborescent, qui seul mérite ce nom générique. Des 4 esp. décrites dans l’histoire des animaux sans vertèbres de La- marck, une seule, VA. arboreum , n° 28, est un vrai Alcyon; un autre, VA. bourse , n° 38 , est une Algue ( Spongodium bursa ) ; une 3me , A. orbiculé , n° 33 , a été établie sur un débris de vertèbre de Cétacé; les au¬ tres sont des Spongiaires ou même en par¬ tie de vraies Eponges. L’Alcyon fluviatile de Bruguière (Encycl. méih.) est l’Alcyonelle. (Duj.) *ALCYON AIRES. Alcyon aria ( àÀxvwv). zoopii. — Dénomination employée par M. de Blainville (Man. d’ Actinologie) pour dési¬ gner la 4me famille de ses Zoophytaires , qu’il nomme aussi Zoophytaires sarcinoïdes, et qui comprend les g. Briarée, Lobulaire , Ammothéc, Neptée (Nephtée) , Anthélie , ALC ALC Alcyon, Cydonie , Pulmonelle, Massaire et Clione. Il donne, à la vérité, pour caract. commun aux animaux de celte famille, d’être pourvus de 8 tentacules pinnés ; mais ce ca- ract.n’appartientréellementqu’aux cinq 1ers, et peut-être au g. Cydonie. La Clione est une vraie Spongiaire ; la Pulmonelle est une Ascidie composée ; l’Alcyon qui correspond à l’Alcyonidie de Lamouroux ou au g. Ua- lodactylus , Farre, est un Bryozoaire, et la Massaire est une production fort douteuse (V. ces mots). (Duj.) ALCYONCELLE. Alcyoncellum. (Dim. d’alcyon, àXxvwv). zoopii. — G. de la famille des Spongiaires, établi par MM.Quoy et Gai- mard , pour un Zoophyte qu’ils ont rapporté des Moluques et décrit sous le nom d’Al- cyoncelle spécieux ( Koy . c le VAslrol. t. 4. p. 302. Zooph. pl. 26). C’est un réseau déli¬ cat, contourné en forme de corbeille ou de panier profond et étroit, et dont les mailles nombreuses, arrondies, assez régulières, sont soutenues par des spiculés à 3 pointes. M. de Blainville (Man. d’ A clin. p. 529. pl. 92), avait nommécette même esp.,Alcyoncelle gé¬ latineux, pour exprimer que, pendant la vie de ce Zoophyte, le réseau solide était revêtu d’une substance molle gélatineuse. ( Duj.) *ALCYONE (Nom mythol.). ois. — G. formé par M. Swainson ( Classif . of Birds ) , du Martin-pêcheur à 3 doigts, de la Nouv.« Hollande, connu sous le nom de Martin- pêcheur à dos bleu ( Alcedo iribrachys Shaw. et Vieill.) , et placé jusqu’ici dans le g. Ceyx sous le nom de Ceyx azurea Yig, et Hors. ( Trans. Lin. 1,15-208), à côté du Ceyx iridac- tyla de Sonnerat. M. Swainson l’en sépare en laissant le Ceyx tridactyla dans le g. Ceyx qu’il adopte également, mais comme faisant partie de la section des Martins- chasseurs; tandis qu’il place son g. Al- cyone dans celles des Martins-pêcheurs , se fondant sur ce que chacune des 2 espèces a le bec conformé comme celui de l’une ou de l’autre de ces 2 sections. Tout en re¬ connaissant, comme ce savant, que ces 2 esp. diffèrent effectivement un peu par la forme du bec , il nous semble qu’avant de les séparer génériquement, il serait bon de s’assurer s’il y a chez elles différence de mœurs comme de forme de bec, et si l’une a les habitudes des Martins-chasseurs et l’au¬ tre celles des Martins-pêcheurs. (Laf.) 26^ ALCYONÉES. Alcyonœ (àixuwv, alcyon). zooph. polyp. — Dénomination employée par Lamouroux, pour désigner un ordre ou une famille de la division de ses Polypiers sar- coïdes, renfermant les g. Alcyon, Lobulaire, Ammothée, Xénie, Anthélie, Palylhoé, Al- cyonidie , Alcyonelle et Hallirhoé. Cet ordre est fort mal caractérisé par l’auteur, qui lui attribue des animaux peu ou point con¬ nus, pourvus de 8 tentacules ou davantage, souvent pectinés, et presque toujours garnis de papilles de deux sortes. Si l’on en re¬ tranche les g. Alcyonidie et Alcyonelle, qui font partie de la division des Bryozoaires, et les g. Hallirhoé et Alcyon , qui sont des Spongiaires , cet ordre répond à la famille des Alcyoniens. (V. ce mot.) (Duj.) ALCYONELLE. Alcyonella (Dim. d’à).- xvwv ). polyp. — G. de la famille des Plu- matelliens, Edw. ( ou Polypes Hippocrépiens, Gerv., faisant partie de l’ordre des Tuniciens tentaculés, Edw. , ou Bryozoaires, Ehr. ) , établi par Lamarck pour un Polypier d’eau douce , que Bruguière avait nommé Al¬ cyon fluviatile. L’Alcyonelle a été l’objet d’un travail très détaillé de M. Raspail ( Mèm . Soc. d'hist. nat. i. 4 ), qui considère comme devant lui être réunis, les Pluma- telles, les Cristatelles , la Dilïlugie et la Leu- cophra heteroclita de Muller , laquelle n’est bien en effet qu’une Crista telle jeune. M. Ger- vais, qui plus récemment (Ann. d’Anat. et de Physiol.), s’est Occupé des Polypiers d’eau douce en général, conserve les g. Cris- tatelle et Plumatelle qui composent, avec le g. Alcyonelle, sa sous-classe des Polypes Hip¬ pocrépiens , c’est-à-dire ayant les tentacules ciliés , portés par un double appendice en fer-à-cheval, qui surmonte la bouche et l’en¬ toure de chaque côté. lisse multiplient par des œufs non ciliés , recouverts d’une en¬ veloppe dure et entourés d’une sorte de bourrelet; mais, en même temps, M. Gervais avoue n’avoir pu trouver de différences gé¬ nériques entre les Plumatelles et les Alcyo- nelles; celles-ci n’étant que des Plumatelles dont les tubes sont plus rapprochés et serrés les uns contre les autres, de manière à con¬ stituer une masse alvéolaire. Les polypes des Alcyonelles et des Pluma¬ telles ont un tube digestif complet, s’ouvrant au-dehors par une bouche au centre du fer- à-cheval, près du sommet, et par un anus ALC ALG ci64 situé également dans l’axe, au-dessous de la bouche. Les tentacules , au nombre de 42 à 44, forment une double crête épanouie sur les deux bords de l’appendice en fer-à-che- vaî. Ils sont formés d’un tube membraneux, gonflé par les fluides intérieurs de l’animal, et garni sur 3 de ses faces d’une rangée de lamelles vibratiles , dont l’agitation succes¬ sive produit l’effet d’une rangée de perles ou d’une chaîne en mouvement, et sert à exci¬ ter dans le liquide ambiant des tourbillons qui amènent à la bouche les corpuscules flottants dont l’animal se nourrit. Les excréments de ces Polypes sont rejetés fréquemment sous la forme de globules or¬ dinairement verdâtres , dans lesquels on re¬ connaît des débris d’ Algues microscopiques et d’infusoires cuirassés. La membrane cor¬ née ou pergamentacée des tubes du Polypier n’est que la partie la plus ancienne et la plus consolidée du tégument externe de chaque Polype, dont la partie molle et ac¬ tive est complètement rétractile dans ce tube par l’action de fibres musculaires bien visi¬ bles. — L’esp. la plus commune d’Alcyonelle a reçu le nom d 'Alcyonella fluviaiilis ; les autres esp. doivent être reportées au g. Pa- ludicella, Gerv., ou au g. Plumatelle ( V . ce mot) , auquel nous renvoyons pour de plus amples détails. (Buj.) * ALCYON IDE. Alcyonidia (à>xu ovtç, têoç). polyp. — G. de la famille des Alcyoniens , établi par M. Milne- Edwards pour une esp. de Polypes réunis en une masse molle , cy¬ lindrique, brunâtre, simple ou rameuse, fixée par sa base à des fucus ou à d’autres corps marins. Ces Polypes, très petits, blancs, demi-transparents ainsi que l’extrémité des rameaux, sont cylindriques, terminés par un disque étoilé, composé de 8 gros tentacules pinnés, au milieu desquels on distingue l’ouverture buccale. A la base de chaque tentacule, on remarque quelques lignes sail¬ lantes disposées en pyramide ; et dans l’in¬ térieur , on aperçoit un tube jaunâtre et opaque qui part de la bouche, pour arriver jusqu’à moitié de la longueur du corps cy¬ lindrique de chaque Polype ; c’est le canal alimentaire, présentant 8 stries longitudi¬ nales intérieures avec une multitude de petits plis transversaux , et communiquant par en bas, au moyen d’une large ouverture con¬ tractile, ayec la cavité générale et commune qui occupe l’intérieur du Polypier. Ce canal intestinal est fixe à la paroi externe par 8 cloisons membraneuses , le long desquelles se trouvent des cordons flexueux, et dans l’épaisseur desquelles se développent les germes. Les polypes et l’extrémité molle des rameaux sont complètement rétractiles ; la base du polypier est plus charnue , consis¬ tante , et contient de nombreuses spiculés calcaires. C’est la complète rétractilité de l’extrémité de l’Alcyonide, qui distingue gé¬ nériquement ce polypier des autres Alcyo¬ niens. La seule esp. connue, V Alcyonidia elegans , vit dans la Méditerranée , sur les côtes de l’Algérie. ( Duj. ) ÂLGYONIDIE. Alcyonidiurn ( ouxvcmç , têoç). polyp. — G. établi par Lamouroux , pour divers corps marins à formes massi¬ ves, lisses, lobées ou rameuses, et auxquels il attribuait des Polypes transparents, à corps infundibuliforme , armés de 12 tentacules égaux, longs et filiformes. Une partie des Alcyonidies ont été reportées par Lamou¬ roux lui-même parmi les Algues, dans le g. Dumontia. Plusieurs des esp. qu’il conserve, comme les A. jiostoch , A . bullê, sont au moins douteuses quant à leur nature. Pour ce qui est de son Aîcyonidie gélatineuse , ( Alcyonium gelatinosum dePallas), qui avait été nommée d’abord par lui-même Alcyoni- dium diapkanum et rapportée aux Algues, elle a été étudiée récemment par M. Art. Farre, qui en a fait un g. des Ciliobrachiés ou Bryozoaires, sous le nom de Halodactyle. V. ce mot. Ainsi le nom d’ Aîcyonidie doit disparaître de la science. (Duj. ) ALCYOMBIÉES. Alcyonidieœ (àXxvovlç, tSoç). polyp. — Dénomination créée par La¬ mouroux pour un ordre d’ Algues marines , parmi lesquelles il plaçait, sous le nom d’Al- cyonidie, Y Alcyonium gelatinosum ou dia¬ phanum. (Duj.) ALCYOMDÎOM (àXxvovfç, lèoq ). polyp. — Nom changé par Lamouroux en celui d’Al- cyonidie, lequel est remplacé lui-même par celui de Halodactyle. H. ce mot. (Duj.) *AJLC1 ONIE.YS. Alcyonia et Alcyonina (àlxvoviov ). polyp. — Famille de Polypes parenchymateux (Milne-Edwards) ou d’En- thozoaires (Ehrenb.),dontla cavité digestive, limitée par l’enveloppe parenchymateuse du corps et s’ouvrant au-dehors par une seule ouverture, présente un tube œsophagien ALU ALU 265 parfaitement distinct et a ses parois garnies de 8 ou G lames ovariennes. Les Alcyoniens ont aussi des tentacules pinnés, mais non ciliés, au nombre de G ou 8. Cette famille, pour M. Milne-Edwards , se divise en 5 tribus, savoir: 1° les Alcyoniens pierreux, comprenant les g. Tubipore, Favo- site, Caténipore, etc. ; 2° les Alcyoniens den- droïdes, tels que le Corail , l’Isis , les Gor¬ gones; 3° les Alcyoniens libres, comme les Pennatules, les Vérétilles, les Rénilles; 4° les Alcyoniens rampants, comme la Cornulaire ; 5° les Alcyoniens massifs, comprenant les Alcyons proprement dits ou Lobulaires, les Ammothées, les Nephtées et le nouveau g. Alcyonidc. M. Ehrenberg, qui donne le nom de fa¬ milles à ces diverses tribus, les divise et les distribue d’une autre manière. Pour lui, les ïsidées et les Gorgoniens , composent la Gme tribu de ses phytocoraux à 8 rayons; les Caténipores sont placés dans la famille des Madréporiens, et les Favosites dans la famille des Dædaliens, qui font partie des Phytocoraux à 12 rayons. Il rapporte au con¬ traire à la tribu des Zoocoraux à 8 rayons , les familles des Xéniens ( Xenina ), répon¬ dant en partie aux Alcyoniens rampants; des Pennatuliens (Alcyoniens libres, Edw.), des Tubiporiens, comprenant le seul g. Tu¬ bipore, et enfin des Alcyoniens ( Ualcyonina ), comprenant les g . Halcy onium , Lobularia , Ammolhea , JXephlhya, Sympodium et Cliona; de sorte qu’à l’exception de ce dernier g. qui est véritablement une Spongiaire , cette famille de M. Ehrenberg répond aux Al¬ cyoniens massifs de M. Edwards. ( Duj. ) ALCYONITES ( àLcvwv ). polyp. foss. — Dénomination vague, employée autrefois par les géologues, pour désigner des Zoophyles fossiles qui appartiennent réellement à la famille des Spongiaires et non à celle des Alcyonaires. Lamouroux avait fait deces pré¬ tendus Alcyonites les g. Hallirhoé, Chenen- dopoé, Hippalime, Lymnorée, etc. M. Gold- fuss lésa répartis dans les g .Siphonia,Cnemi- dium , Myrmecium et Tragos . Un des plus fréquemment observés parmi ces Alcyonites est la Siphonia piriformis, que sa forme avait fait nommer anciennement Figue pétrifiée ou ficoïte. (Duj.) ALCYONS. Alcyoncs ( àkvwv , alcyon), ois. — C’est dans la méthode de Temminck son 7mc ordre renfermant les g. Guêpier, Martin-pêcheur et Martin-chasseur , répon¬ dant aux Pelmatodes de Vieillot. V. alci- DIDEES et MÉROPIDÉES. (LAFR.) * ALDAMA , Lallav. bot. ph. — Synonyme du g. Gymnopsis de M. De Candolle. V. ce mot. (C. L.) ALDEA ou ALDEÆA. bot. pii. — G. de la famille des Hydrophyllées , établi par Ruiz et Pavon (Fl. Per.), et rapporté en sy¬ nonymie au g. Phacelia de Jussieu. V. ce mot. (C. L.) ALDÏXA . Adans. bot. pii. — Svn. du g. Brya , P. Br. (Sp.) * ALDINIA, Pieichenb. (Aldini, savant physicien italien), bot. pii. — S.-genre fondé sur quelques esp. de Tacsonia; c’est le même que le B racteogama, DG. (Sp.) ALDROVANBA,. Mont. (Aldrovandi, na¬ turaliste italien), bot. pii. — G. de la famille des Droséracées, offrant les caract. suivants : Cal. campanulé, 5-parti; sépales ovales, con¬ caves; pétales 5, courts, oblongs, eonnivenls. Etam. 5. Ovaire ï-loculaire, à 5 styles courts, filiformes, terminés chacun par un stigm. ob¬ tus. Caps, globuleuse, 1-loculaire, 5-valve, 10-sperme ; graines pariétales. L ’Aldrovanda vesiculosa , L. , est la seule esp. qui constitue le g. Cette plante, remarquable par la struc¬ ture de ses feuilles , croît dans les étangs et les lacs de la Toscane, ainsi que dans quel¬ ques localités du midi de la France. Atta¬ chée à la vase avant sa floraison , elle vient plus tard flotter librement à la surface de l’eau. Sa tige est simple ou peu rameuse. Ses feuilles sont verticillées et se composent d’un pétiole cunéiforme, membraneux, semi- diaphane, cilié au sommet, et couronné d’une vésicule du volume d’un gros pois; c’est à l’aide de ces vésicules remplies d’air, que la plante se maintient à la surface de l’eau. (Sp.) ALEBRENNE. rept. — Nom que l’on donne à la Salamandre commune, dans certaines parties de la France. (G. B.) *ALECTHÉLIE. Aleclhelia (aXe'xr wp, coq ; rfhoç, soleil; allusion à la patrie de ce Gai- linacé, située immédiatement sous l’équa¬ teur). ois. — S.-genre formé parM. Lesson, voisin de celui de Mègapode et faisant par¬ tie de son s.-ordre des Passérigalles et de sa famille des Mégapodes. Une seule esp. de l’île de Guébé a donné lieu à la formation 1 7* ‘ r i. 206 ALE ALE de ce s.-gènre, dont les caract. sont, d’après cet auteur : Bec petit, droit, comprimé, pointu, à mandib. supér. plus longue que l’infér.; celle-ci renflée en dessous; fosses nasales placées à la base du bec , séparées par une arête étroite et bordées par les plu¬ mes avancées du front. Tour des yeux com¬ plètement emplumé. Ailes courtes, conca¬ ves. Tarses médiocres, robustes, scutellés, à doigts proportionnés comme ceux des Méga- podes. Queue à rectrices nulles; toutes les plumes décomposées. — L’oiseau type de ce s.-genre particulier aux Moluques orientales, l’Alecthélie de d’Urville, présente dans son ensemble de grands rapports avec les Méga- podes. Il est figuré dans le voyage de la Co¬ quille (pi. 37). M. Swainson dans sa classifi¬ cation, tout en adoptant ce sous-genre, le place à la suite du g. Gallinula dans sa fa¬ mille des Rallidce et non dans celle des Me- gapodinœ. Nous ignorons sur quoi il a basé ce changement, le seul individu connu étant venu à la suite d’un gros temps et à la hau¬ teur de l’île de Guébé , se jeter épuisé de fa¬ tigue sur le bâtiment la Coquille ; ce qui fe¬ rait supposer que cet oiseau, habitant des grèves, comme les Mégapodes , en aura été repoussé momentanément par une cause quelconque, qui lui aura fait prendre son vol au-dessus des flots, où les vents l’auront emporté en pleine mer jusqu’au bâtiment. ( Lafr.) * ALECTO (Nom, chez les Grecs, d’une des 3 Furies), ois. — G. formé par 31. Lesson et ayant pour type le Tisserin , Alecto de Temminck (Col. 446). Ses caract. sont, d’a¬ près nous : Bec robuste, allongé, conique , comprimé, à mandib. supér. assez élevée vers le front et l’entamant angulairement , arqué dans toute sa longueur; narines ba¬ sales , ovalaires, ouvertes et entièrement nues; commissure sinueuse; mandib. infér. beaucoup moins haute à sa base que la su¬ pér. Pieds robustes, à doigts latéraux d’égale longueur ; ongles faibles et courts. Ailes sub¬ obtuses, à primaires courtes. Queue allongée et arrondie. — Ghez les individus adultes et probablement mâles , toute la base du bec devient enflée et comme boursouflée jusqu’à la moitié de sa longueur; elle perd son aspect corné pour en prendre un osseux et ru¬ gueux. La mandib. supér. offre alors 3 ren¬ flements : un frontal entre les narines et un depuis chaque narine jusqu’au bord latéral, de sorte que leur ouverture se trouve singu¬ lièrement rétrécie. La mandib. infér. en présente 2 : un sur chaque branche mandi- bulaire , à sa base latérale et infér. A cette singularité s’en joint une autre des plus re¬ marquables chez cet oiseau : le mâle est muni d’une verge extérieure, longue de 4 à 6 lignes , très apparente dans la plupart des peaux sèches; ce qui indique qu’il y a très probablement cheiV Alecto , plus qu’un simple contact dans l’acte de la féconda¬ tion. Malgré les grands rapports de forme exis¬ tants entre cet oiseau et les Tisserins , les 2 anomalies qui lui sont particulières nous paraissent bien suffisantes pour en former le type d’un g. à part, et il serait d’un grand intérêt que quelque naturaliste pût faire, au Sénégal sa patrie, des observations pré¬ cises sur son mode d’accouplement, sur l’époque du renflement du bec, et reconnaî¬ tre si ces particularités sont particulières à l’un des sexes seulement ou à tous deux. M. Swainson, dans sa classification, a fait de cet oiseau son g. Deriroides , et sans égard pour son nom antérieur d’ Alecto, il le nomme D. albirostris. Tout en citant la sy¬ nonymie d ’ Alecto de Temminck (faute im¬ pardonnable, puisque l’on doit conserver les noms spécifiques antérieurs), il le retire de la famille des Tisserins, pour le mettre dans celle des Gros-Becs. Il est certain que la brièveté de ses ongles , très développés au contraire chez les Tisserins, la longueur de sa queue, toujours courte chez ces der¬ niers , et ses ailes plus arrondies, semblent autoriser ce changement de famille, que nous serions tout disposé à admettre; mais avant de prononcer, il nous semble indis¬ pensable d’attendre sur son mode de nidifi¬ cation , des renseignements qui nous fassent connaître si, comme les Tisserins, il con¬ struit son nid avec des tiges de Graminées , finement entrelacées, à ouverture latérale ou inférieure, d’où le nom de Tisserins; ou si, comme les Gros-Becs, il le fait en forme de coupe ouverte en dessus. La seule esp. du g., connue jusqu’ici, est le Tisserin Alecto de Temminck. Il est de la grosseur d’un merle, tout noir, avec les bords externes des primaires et quelques taches irrégulières blanches sur les flancs, ALE ALE et la base du bec jaunâtre. Il habite le Sé¬ négal et les parties occidentales de l’Afrique. (Lafr. ) * ALECTO. ins. — G. de Coléoptères pen¬ tamères, famille des Malacodermes, tribu des Lampyrides, établi parM. Delaporte, et dont cet auteur a donné les caract. dans le 2“ e vol. des Ann. de la Soc. Entorn. de France, p. 135. Il est fondé sur une esp. unique, A. discoidalis rapportée de Cuba par M. Poey et qui fait partie delà collection de M. Che- vrolat. Ce g. ne figure pas dans le dernier Catal. de M. Dejean. (D.) * ALECTO (Nom mythol.). éciiin. — Nom donné par Leach au g. Comaiule. V. ce mot. (Duj.) ALECTO (Nom mythol.). polyp. — G. de Polypiers fossiles établi par Lamouroux qui le place dans l’ordre des Cellariées, parmi les Polypiers flexibles. M. De Blainville, en l’adoptant, l’a classé avec les Flustres, les Crisies et les Cellaires , dans la 2e famille de ses Polypiaires membraneux, celle des Cel¬ lariées. M. Milne-Edwards enfin, le rapporte à la famille des Tubuliporiens, avec les Cri¬ sies, les Hornères, etc. Le polypier des Alecio se compose de cel¬ lules petites, allongées, tubuleuses, à orifice peu saillant, presque terminal, disposées à la suite les unes des autres de manière à for¬ mer un réseau délicat à la surface de divers corps marins, sur lesquels elles sont couchées et adhérentes. Lamouroux avait nommé Alecio dichotoma , l’esp. qu’il observa sur les Térébratules du terrain jurassique; M. De Blainville a donné le nom d 'A. ramea à une esp. presque sem¬ blable de la craie; M. Milne-Edwards en a reconnu une 3e esp, A. gracilù, aussi de la craie, et une 4e, A. granulata , du grès vert. M.Goldfuss avait cru devoir réunir les Alecio à son g. Aulopore. V. ce mot. (Duj. ) ALECTON. Alecio (Nom mythol.). a r ac un. — Nom donné par M. Walkenaër, à une section du grand g. Mygale. (H. L.) ALECTORIA. Alecloria. bot. cr. — Acha- rius a employé ce mot pour désigner un groupe de Lichens remarquables par un thalle filiforme, rameux, cylindrique, com¬ posé d’une substance filamenteuse, revêtue d’une écorce cartilagineuse ; par des apothé- cies orbiculairfes , sessiles le long des ra¬ meaux, entièrement formées par le thalle, 2(>7 munies d’un disque plane ou convexe, con- colore , et dépourvues de marge propre. — Ce g., qui avait déjà fait partie des Parmé- liacées du même auteur, que Hoffmann et M. De Candolle avaient, de leur côté , rangé parmi les Usnées , a subi de nouvelles vi¬ cissitudes depuis cette époque. M. Fée, après l’avoir adopté dans sa Méthode lichénogra- phique , et considéré comme appartenant à sa tribu des Corniculaires, l’a, plus tard (Suppl, à l'Essai , etc.), rejeté parmi les Ra- malines. Quand ce g. a été créé, l’on avait peu étudié et l’on connaissait mal la physio¬ logie des Lichens. La fructification, dont les caract. sont de première importance dans toute méth. naturelle, ne venait alors qu’a- près le thalle pour la classification. En con¬ séquence, on élevait à la dignité d’esp. et même de g., des plantes que leur habitat avait complètement métamorphosées. Meyer et Wallroth nous ont fait connaître les cau¬ ses de ces transformations, et nous en ont dévoilé le mode. Il est donc bien prouvé maintenant pour les botanistes, qui ont étu¬ dié les Lichens ailleurs que dans les her¬ biers, que les Alectoriées d’Acharius ne sont que desÉvernies ou des Ramalines transfor¬ mées et atypiques; aussi, Fries s’est-il servi du mot Alecloria pour désigner, parmi les g. Usnea , Evernia, Ramalina et Celraria, la sect. de chacun d’eux, où viennent se ran¬ ger les esp. ou les formes à thalle filamen¬ teux, capillacé, pendant. (G. M.) ALECTORIDES ( cdéxrcop , coq ; el , forme), ois. — C’est, dans la méthode de Temminck, son llme ordre, renfermant les Échassiers à bec court, tels que les g. Agami, Cariama, Glaréole, Kamichi el Chavaria. (Lafr.) ALECTOROLOFHUS («lexx opoAo2° les principes hydrogénés ; 3° les substances neutres. l°Les acides organiques sont: 1° Y Oxali¬ que ; 2° Y Acétique ; 3° le Citrique ; 4° le Tar- tarique ; 5° le Mali que ; 6° le Gallique ; 7° le -j Tannique ; 8° le Lactique; 9° le Butirique. 2° Les principes hydrogénés sont : 1° Y Al¬ cool; 2° les Huiles essentielles ; 3° les Rési- ?ies; 4° les Corps gras. Ils forment , parleur composition , un groupe qui se distingue du 1er, dans lequel les éléments qui prédomi¬ nent sont l’Oxygène et le Carbone. Dans ce¬ lui-ci, les éléments prépondérants sont l’Hy¬ drogène et le Carbone. 3° Les principes neutres sont : le Sucre, la Gomme, la Fécule, le Ligneux, qu’on peut représenter exactement comme des combinaisons de Carbone et d’Eau. IV. Principes quaternaires. Les principes azotés se trouvant en abondance dans le rè¬ gne animal, et en proportion bien inférieure dans le règne végétal, nous commencerons par les premiers. I. Ceux du règne animal sont : 1° la Ma¬ tière colorante du sang ; 2° la Gélatine; 3° le Caséum ; 4° Y Albumen ; 5° la Fibrine. il. Les principes azotés du règne végétal sont: 1° la Fungine ; 2° le Caséum végétal ; 3° Y Albumine végétale ; 4° le Gluten. Les Aliments composés tirés du règne vé¬ gétal consistent dans les différentes par¬ ties des plantes; car il n’est pas une de ces parties qui ne puisse en fournir à l’homme ou aux animaux; mais toutes ces parties ne sont pas également nutritives ; c’est pour¬ quoi nous les diviserons en groupes, suivant les degrés de cette propriété ; ainsi nous les ALI 275 rangerons en deux grandes classes , dont l’une contiendra : 1° Les parties herbacées , ou les feuilles et les tiges ; 2° L’autre, les racines et les fruits. V. Les parties herbacées des plantes ont pour caractère d’être fort aqueuses, et de contenir une matière solide moins nutri¬ tive; car d’abord, il n’y a pas, en général , de fécule, qui est un des principes alimen¬ taires les plus nutritifs; en second lieu, il y a presque toujours moins de sucre et de gomme. Il en résulte que les aliments de ce groupe sont moins nutritifs. Aussi l’homme n’est-il pas herbivore, dans le sens qu’i! puisse faire des herbes sa nourriture uni¬ que. Pour qu’il en fût capable, il lui fau¬ drait une organisation fort différente ( V. Herbivores). 1° Les parties herbacées des Phanérogames ont, indépendamment des formes, un carac¬ tère manifeste qui les distingue, au premier coup d’œil , des parties correspondantes du groupe des Cryptogames : c’est la couleur verte. Elle est due à un principe qu’on a dé¬ signé par le nom de matière verte , de Chlo¬ rophylle , etc. Elle a sans doute des quali¬ tés salutaires; car une longue expérience a fait connaître aux marins combien la priva¬ tion des légumes frais dispose au scorbut, et combien leur usage est puissant pour les guérir de cette cruelle maladie. Il y a une distinction à établir sous le rap¬ port des vertus nutritives des différentes parties herbacées. Les herbes et les feuilles sont bien moins nourrissantes que les tiges herbacées consistantes dans leurs parties décolorées : tels sont les épinards et la chico¬ rée comparés aux cardons et aux asper¬ ges , etc. 2° Les parties herbacées des Cryptogames. Ici tout est herbacé, puisqu’ici i! n’y a sen¬ siblement ni racine ni fruit, et que ces végé¬ taux alimentaires sont d’une consistance molle. Ici encore disparaît la matière verte. Tout est, pour ainsi dire, tige ou feuille décolorée. Ce sont : les Lichens, expansions folia¬ cées , très répandues et très abondantes dans les pays où la nature produit à peine d’autres végétaux. Le Lichen d’Islande, qui sert à la nourriture de l’homme, dans les ré¬ gions inhospitalières du pèle arctique, est 276 ALI ALS naturellement très amer. Lorsqu’une partie de son amertume est enlevée par un séjour prolongé dans l’eau et qu’il est réduit en farine, on en fait une bouillie avec le lait de Renne. Sans ce Lichen, ni le Lapon ni le renne n’existeraient. Les Champignons , qu’on peut regarder comme des tiges, ont plus de consistance que les expansions foliacées. Ils la doivent à une substance qui a des rapports avec le ligneux , la f angine. Cependant c’est à cause de ce principe que les Champignons alimen¬ taires ne sont pas d’une très facile digestion. YI. Les Racines et Fruits. — Nous n’em¬ ployons pas le mot racine dans le sens stric¬ tement botanique, mais dans une acception plus large, tel qu’il est usité dans le monde. Ainsi, nous désignons par là les racines pro¬ prement dites, et en même temps les bulbes et les tubercules. Comme les racines et les fruits ont des principes communs, nous devons les réunir dans une seule classe, qu’on sous-divisera selon les qualités les plus saillantes. Ils for¬ ment plusieurs groupes, suivant que les uns ou les autres sont: 1° piquants ; 2° acidulés ; 3° huileux; 4° doux (sans être farineux); 5° farineux y quel que soit d’ailleurs le goût accessoire. 1° Les racines piquantes doivent leur goût à la présence d’une huile essentielle, qui se trouve surtout dans les racines ou les bulbes des Crucifères et des Liliacées. Elles servent, ajuste titre, de hors-d’œuvre ou d’assai¬ sonnement; car l’huile essentielle âcre les rend trop excitants. 2° Les fruits acidulés réunissent trois prin¬ cipes qui les caractérisent: l’acide, le sucre et la gelée végétale. Sans le sucre , à cause de l’acide, ces fruits ne seraient pas alimen¬ taires. On peut les distinguer en : 1° fruits gélatineux , tels que les groseilles, les mûres, etc. ; 2° en fruits charnus , à consistance molle , tels que les cerises, pêches, etc.; et 3° en fruits à chair ferme , tels que les pom¬ mes, les poires, les ananas, etc. 3° Fruits huileux. Ils se divisent naturel¬ lement en deux groupes, suivant que la par¬ tie comestible est fournie par l’enveloppe, comme les olives, ou par les graines, qui toutes sont des noix. Ils contiennent une huile douce, fort agréable, en proportion telle , qu’elle peut souvent en être tirée oar expression et fournir aux besoins du com¬ merce. Dans les climats fortunés voisins de l’équateur, il est de ces fruits qui , par leur grosseur, leur qualité et leur abondance, offrent à l’homme une nourriture qui suffit, en grande partie, à sa subsistance. Le fruit du Copotier est celle des peuples dans l’en¬ fance de la société, le lait des nations en¬ core au berceau. 4° Racines et fruits doux (non farineux). 1 0 Presque toutes les racines de cet ordre sont naturelles à nos climats tempérés; mais, dans l’état de perfection où elles nous ser¬ vent d’aliment, ce sont des produits de l’art. 2° Les fruits doux sont tous d’origine étrangère, natifs de climats chauds et pro¬ viennent des Figuiers , des Courges, des Dattiers, etc. La datte est le fruit des déserts brûlants ; le dattier ombrage le puits soli¬ taire, et offre, dans ses fruits , au voyageur exténué, une nourriture suave et substan¬ tielle qui le ranime, lui , ses compagnons, ses esclaves, ses chevaux, ses chameaux; et soutient leurs forces, pendant qu’ils conti¬ nuent à parcourir ces plaines arides. 5° Les racines et les fruits farineux. Les ra¬ cines farineuses sont : Yigname, le manioc, la pomme de terre , etc., toutes natives des pays chauds. Les racines farineuses sont beau¬ coup plus productives que les graines de même ordre ; mais la supériorité du produit est en masse et non en qualités nutritives. Les fruits farineux proviennent d 'arbres , ou sont les graines de plantes herbacées. Les premiers , comme les racines , sont plus aqueux, et par conséquent moins substan¬ tiels et nutritifs; ce sont : la banane , Y arbre à pain , le baquois (fruit du Pandanus odo- ratissima ) , la. châtaigne, le gland doux , etc. Les graines farineuses sont presque ex¬ clusivement tirées des Légumineuses et des Céréales. Les graines des Légumineuses diffè¬ rent beaucoup de celles des Céréales, en ce qu’elles ont toutes une saveur prononcée ; ce qui les rend moins nutritives que les Cé¬ réales, qui sont très peu sapides. Les seules espèces susceptibles d’une bonne panifica¬ tion sont le Seigle et le Froment, surtout ce dernier, qui est l’aliment par excellence de l’homme , mais qui, seul , ne suffirait pas toujours. VII. Les Aliments composés tirés du règne animal sont : ALI ALI 277 1 ° Les chairs des animaux. Elles présen¬ tent plus de variétés et moins de différen- ces essentielles que les aliments tirés du règne végétal. Les variétés y sont presque infinies, parce que les espèces qui peuvent servir à notre nourriture y sont, pour ainsi dire, innombrables; ainsi, à quelques ex¬ ceptions près, les Mammifères, soit herbi¬ vores, soit carnivores, les Oiseaux de tout plumage , les Poissons de tous genres , les Crustacés, les Mollusques, et même quel¬ ques Zoophytes , peuvent assouvir notre faim et sustenter notre corps. La plus grande différence dans les chairs consiste principa¬ lement dans l’arôme. Nous donnons la pré¬ férence aux animaux domestiques ; d’abord, parce que nous les avons sous la main; en second lieu , parce qu’ils sont réellement plus sains par leur arôme qui est d’une force moyenne, et par la tendreté moyenne de leur chair. 2° Le sang est inférieur aux chairs ; d’a¬ bord, par la grande proportion d’eau qui s’y trouve; ensuite, parce qu’il y manque deux principes : en premier lieu , la graisse, qui y est presque en quantité insensible ; en se¬ cond lieu , la gélatine. 3° Le lait est également inférieur à la chair; d’abord, par la grande proportion d’eau, puis parce qu’il n’a qu’une seule sub¬ stance azotée ; aussi est-ce la nourriture des enfants et des petits des Mammifères, ainsi que des adultes dont les fonctions digestives sont très affaiblies. L’homme peut se nourrir exclusivement des aliments composés tires soit du règne végétal, soit du régne animal; mais il est bien plus rare qu’il se nourrisse exclusive¬ ment des dernières. En général , un aliment en particulier est insuffisant pour sustenter l’homme ; c’est l’ensemble des éléments for¬ mant son régime qui est capable de le nour¬ rir. V. Nutrition. (Edwards.) ALISE, bot. pu. — On nomme ainsi le fruit de l’Alisier ( Cratœgus), que l’on mange dans quelques parties de la France. (G. L.) ALISES (Vents). Météorol. — Dans les mers ouvertes, et au large des côtes, il existe des vents qui soufflent perpétuelle¬ ment suivant la même direction , et que l’on nomme vents Alises , d’un vieux mot français qui exprime l’uniformité et la con¬ stance. Gcs courants d’air s’étendent des deux côtés de l’équateur et jusqu’au tren¬ tième degré de latitude environ; à ce der¬ nier point, leur direction est inclinée sur l’équateur, comme celle des moussons; mais, à mesure qu’on se rapproche delà ligne équatoriale, leur direction devient de plus en plus E. ou bien O. En général, la ten¬ dance des vents alisés est de l’E. à l’O. , c’est-à-dire dans le même sens que le mou-1 vement diurne du soleil. Malgré l’origine du mot alisé, il ne faudrait pas croire que ces vents soient réellement constants en force et en direction ; car leur vitesse est plus ou moins accélérée , et leur marche a quelque¬ fois lieu en sens contraire de la direction principale. Ainsi , dans l’Océan Atlantique, le vent souffle habituellement de la mer vers le continent; il est, par conséquent, O. pour l’Europe et le Sénégal , S. O. pour le golfe de Guinée, et N.-E. pour le golfe du Mexique. Dans l’Océan Indien, compris entre l’Afrique , l’Asie , la Nouvelle-Hol¬ lande, nous trouvons un vent alisé qui or¬ dinairement souffle du S.-E. Dans le Grand Océan , situé entre l’Asie et l’Amérique , on observe des vents dirigés du N.-E. vers les côtes orientales de l’Asie, et du S.-E. vers les côtes orientales de la Nouvelle- Hollande. Ces vents, à leur point de ren¬ contre sous l’équateur, prennent la direc¬ tion de l’E. à l’O. Ils s’affaiblissent lors¬ qu’on laisse l’Asie , pour aller vers l’A¬ mérique; à une certaine distance de ce dernier continent on éprouve des calmes. Près des côtes occidentales du Nouveau- Monde, les vents sont dirigés d’une manière plus ou moins oblique vers l’intérieur des terres. Cette obliquité résulte probablement du voisinage de la Cordillière des Andes. Au reste, le vent est fréquemment paral¬ lèle à cette immense barrière que la nature oppose aux vents d’O., en les forçant à se re¬ plier, soit vers le N. , soit vers le S. Enfin , dans la zône tempérée septentrionale, les vents soufflent habituellement de l’O., c’est- à-dire en sens contraire des vents alisés du Grand Océan. Ils deviennent N.-E. et S.-O. près de la zône glaciale; mais ils offrent beaucoup d’irrégularités. Si notre globe était entièrement recouvert d’eau, le soleil, agissant sur un corps par¬ faitement homogène, produirait partout, entre les tropiques, des vents alisés; mais .278 ALI l’Océan est interrompu par de grandes masses de terre qui , susceptibles, par leur nature, de s'échauffer plus que l’eau, et par leurs formes montagneuses d’interrompre les courants d’air et de les transformer, modi¬ fient singulièrement la direction principale |de ces derniers , le long des côtes et sur la terre ferme. Tout ce que nous avons dit ne se rapporte donc qu’aux résultats de l’action du soleil sur l’Océan , à une assez grande distance des côtes. C’est ainsi que, sur la côte d’Afrique , le vent souffle toujours vers la terre , à cause de la raréfaction considé¬ rable qu’y subit l’air atmosphérique de ce continent, tandis qu’au contraire dans le Grand Océan, qui offre la plus immense nappe d’eau du globe , les vents alisés sont réguliers, et présentent les effets dont nous avons parlé plus haut. Les vents alisés sont très favorables à la navigation, lorsqu’il s’agit d’aller de l’E. à Î’O. ; mais les navires qui doivent se rendre de l’O. à l’E. sont obligés de sor¬ tir de la zône où régnent ces vents, La plus ancienne explication de la ten¬ dance générale qu’ont les vents alisés à se porter de l’E. à l’O. est la suivante : l’air froid des régions polaires va remplacer à l’équateur l’air chaud, qui s’élève et se dé¬ verse de droite et de gauche, vers les pôles de la terre. L’air froid arrive donc en des lieux où la vitesse de rotation du globe est de plus en plus grande ; et alors, il paraît mar¬ cher en sens contraire, c’est-à-dire d’Orient en Occident, la terre le heurtant par l’effet de son mouvement d’Occident en Orient. Ce raisonnement, s’il était juste, s’ap¬ pliquerait à merveille, dit M. Saigey, à l’air de nos régions tempérées , où la chaleur et le mouvement de rotation croissent beau¬ coup plus rapidement que vers l’équateur; en sorte que nous devrions éprouver un ou¬ ragan perpétuel , dirigé de l’E. à l’O. ; mais au contraire le vent dominant , marche de l’O. à l’E. Pour résoudre cette difficulté, on a pré¬ tendu que l’air qui, dans la zône torride, s’élève et se déverse vers les pôles, produit, dans les hautes régions de l’atmosphère , un vent contraire à celui qui règne dans les couches inférieures; et que ce vent s’abais¬ sant de proche en proche, finit par atteindre la surface de la terre , à peu près vers le quarantième degré de latitude. Mais à éga¬ lité de chaleur du sol, le décroissement de température des couches d’air à l’équa¬ teur est six fois trop lent pour que les cou-' eues inférieures puissent monter vers le ciel; d’ailleurs si ces couches montaient, elles se | refroidiraient par leur expansion, et il n’y aurait pas de motif pour qu’elles se déver¬ sassent sur des couches demeurées plus chaudes. On donnait donc une très fausse idée de ces mouvements, lorsqu’on les assi¬ milait à ceux de l’air dans une cheminée. Enfin, les molécules placées à l’équateur tournent plus vite que celles de nos régions, mais elles ne peuvent échanger leur place, sans échanger en même temps leur vitesse. Les vents ne varieraient ni en direction ni en intensité, si, toutes les autres circon¬ stances demeurant invariables , la terre ne tournait pas sur son axe, ou bien changeait la rapidité et le sens de son mouvement diurne. L’astronome Halley avait déjà rejeté l’ex¬ plication précédente des vents alisés. Il croyait que le soleil, échauffant l’atmosphère d’Orient en Occident, produisait un vent dans cette direction; mais il oubliait que les actions qui se passent entre les molécules d’air sont nécessairement réciproques, en sorte qu’une molécule qui en repousse une autre versl’O., doit être repoussée par celle- ci vers l’E. avec une égale force. L’explication ordinaire des vents alisés, des moussons et des brises, repose sur ce fait général, que l’air froid coule par le bas vers l’air chaud , et que celui-ci se déverse par le haut sur le premier. A l’appui de cette théorie, on cite l’exemple suivant: deux chambres contiguës étant inégalement échauffées, si l’on vient à ouvrir une porte de communication, il s’y établit aussitôt deux courants d’air, l’un, inférieur , qui va de la chambre froide à la chambre chaude , l’autre , supérieur , qui marche en sens con¬ traire, et tous deux pouvant être rendus sensibles par les directions que prennent les flammes de deux bougies placées dans ces courants. Il résulterait de là que, dans tous les lieux peu élevés au-dessus du niveau des mers, on ne devrait ressentir que des vents froids se dirigeant des pôles vers l’équateur, et, sur les hautes montagnes ou dans les cou- ALI ALI ches supérieures de l’atmosphère, des vents chauds marchant en sens contraire. Or , dans tous les pays, on éprouve indistincte¬ ment des vents chauds et des vents froids , non seulement d’une saison à l’autre , mais encore à des époques très rapprochées ; et ces vents peuvent être excessivement chauds, aussi bien qu’excessivement froids. Les vents alisés ont assurément pour cause principale, les températures si variées de la surface du globe; mais jusqu’à pré¬ sent, on n’a pu faire un pas dans le dé¬ veloppement de cette théorie, sans heurter quelques lois de la mécanique. (R.) ALISIER. ou Alizier. Crcitœgus, L. Spach. bot. ph. — G. de la famille des Pomacées, offrant les caract. suivants (Spach , Monogr. Pom. Suites à Buff. Plant. Phan. 2. p. 98. ) : Cal. urcéolé , semi-infère, 5-denté ; dents marcescentes ; pétales 5, cuculli formes, bar¬ bus au-dessus de l’onglet. Étam. divergentes ou conniventes. Ovaire 2-locuîaire; styles 2, laineux et cohérents inférieurement, diver¬ gents ou arqués en dehors; stigm. petits, tronqués. Péricarpe ombiliqué aux 2 bouts, 2-loculaire ; loges 1 ou 2-spermes; endocarpe membraneux.Feuillespenninervées, simples, églanduleuses, souvent incisées oupennati- fides. Stipules sétacées, très petites. Ra- mules florifères, allongés. Fleurs odorantes, blanches ou rarement rosées, disposées en cimes eory mbi firmes ; anthères jaunes; mé¬ socarpe farineux. Ce g. est propre au nord de l’ancien continent; dans les limites que nous lui avons assignées, il renferme 8 ou 9 esp. qui se cultivent comme arbres d’or¬ nement; leurs fruits sont mangeables, mais insipides. (Sp. ) ALISMA oufluteau. Alisma (aWpa, plan¬ tain d’eau ). bot. pii. — Ce g., type de la fa¬ mille des Alismacées, se compose d’environ 8 espèces. Ce sont des plantes herbacées , vivaces, qui croissent dans les lieux maréca¬ geux, sur le bord des étangs et des rivières. Leurs tleurs forment ordinairement une esp. de grappe ou de panicule terminale, au som¬ met d’une hampe nue. Chacune d’elles pré¬ sente un calice de 6 sépales; 3 extér. verts et de nature foliacée, et 3 intér. minces , roses et tout-à-fait semblables à des pétales. Les étam. sont au nombre de G ; les ovaires très nombreux, réunis en une sorte de tête, au centre de la fleur, deviennent autant 279 d’akénes indéhiscents. On a retiré de ce g. les esp. peu nombreuses qui contiennent 12 étam. et plus, pour en former un g. que le prof. L. C. Richard a désigné sous le nom d ’ Echinodorus ( V. ce mot). Presque toutes les esp. de ce g. sont européennes. L 'A. plantago L., vulgairement plantain d’eau, est l’esp. la plus commune et la plus générale¬ ment répandue. C’est une grande et belle plante, à feuilles ovales, aiguës, marquées de 3 à 9 nervures parallèles, portées sur de longs pétioles; ses fleurs assez petites forment une sorte de panicule allongée. La racine de cette plante a été considérée dans quel¬ ques pays et particulièrement en Russie , comme un remède efficace contre l’hydro- phobie. 3 esp. sont exotiques, 2 sont ori¬ ginaires d’Amérique,, V A .parviflorum Pursh* et VA. tenellum Martius ; 1 du Népaul , VA. rend forme , Don. ; VA. damasonium L., forme un g. à part. Y. Damasonium. (A.R.) ÂLIPEDES* [ala , aile; pes , pedis , pied). mam. — Nom des Chéiroptères ( V. ce mot) dans la Zoologie analytique de M. Duméril. (C.D’O.) ALISMACÉES. Alümaceœ. bot. pii. — Famille naturelle de Plantes monocotylédo- nes, à étam. périgyniques , établie par L. C. Richard, pour les g. Alisma, Damasonium et Sagittana , placés primitivement par A. L. de Jussieu dans la famille polymorphe des Joncs. Yoici les caract. qui la distinguent: Cal. de 6 sépales, à peine unis par leur base, et dont 3 intér. minces, colorés et pé- taloïdes, et 3 extér. verts. Etam. G ou davan¬ tage, insérées tout-à-fait à la base des sé-* pales. Pistils en nombre très variable , dis¬ tincts et quelquefois réunis en tête au centre de la fleur. Ovaire à une seule loge, conte¬ nant 1 ou 2 ovules dressés, attachés à une suture interne ou pariétale. Les fruits sont autant de carpelles distincts, uniloculaires* indéhiscents , dont la graine , dépourvue d’endosperme, contient un embryon ordi¬ nairement recourbé en forme de fer-à-che- val. — Les Alismacées sont des plantes her¬ bacées, dépourvues de tige, c.-à-d. n’ayant que des hampes florifères et rameuses. Elles croissent ordinairement sur le bord des eaux, et appartiennent généralement à l’Europe; quelques unes néanmoins ne croissent que sous les Tropiques. AL K 280 Par leur port et l’aspect général de leurs fleurs , les Alismacées ont beaucoup de res¬ semblance avec les Renonculacées , qui ap¬ partiennent à la grande division des Dicoty- lédons polypétaïes, à insertion hypogyne. Les Alismacées se trouvent rapprochées des Butomées par leur structure. Elles en diff è¬ rent par leur calice, dont 3 sépales seulement sont pétaloïdes, et surtout par leur ovaire ne contenant qu’un ou deux ovules, tandis que, dans les Butomées, il en contient un grand nombre attachés à la face interne de l’ovaire. Rob. Brown ( Prodr . FL Nov.-Holl.) pla¬ çait dans la famille des Alismacées le g. Triglochin , qui fait partie des Juncaginées, elle g. Potamogeton , type des Naïadées. F. ces différents mots. Les g. suivants constituent la famille des Alismacées : Alisma , L.; Sagittaria, L.;Da- masonium, Juss.; Echinodorus> Ri ch.; Hydro- mystria, Meyer. (A. R.) * ALISMÉES ( altcrpia , plantain d’eau). bot. pii. — Ce nom a été donné par Bartling à une tribu de la famille des Alismacées , ayant pour type le g. Alisma. (G. d’O.) ALISMOIDES. Atismoideœ. bot. pii. — Ventenat ( Tabl . du Règne Vêgét ., iï, p. 157), éclairé par les observations de Gærtner, avait séparé de la famille des Joncs de Jussieu les g. dépourvus d’endosperme, pour en former une famille qu’il nommait Alismoïdes; mais ces g., mieux étudiés par L. G. Richard , ont constitué 3 familles distinctes: les Alisma¬ cées, les Butomées et les Juncaginées. V. ces mots. (A. R.) ALISMORCHIS (aWfxoc , plantain d’eau; opxtç, orchis). bot. pii. — La plante ainsi nommée par Du Petit-Thouars forme le type de notre g. Centrosia, dans la famille des Or¬ chidées. F Centrosie. (A. R.) * ALIX. bot. pn.-Commerson avai t appliqué ce nom à des arbrisseaux de la famille des Composées , originaires des îles de l’Afrique australe et réunis aujourd’hui au g .Psiadia. F. ce mot. (J. D.) ALKALÏ. ciiim. — F. alcali. (G. d’O.) *ALKANNA. — G. de la famille des Bora- ginacées, proposé par Tausclier ( Flor ., 1824), et réuni comme synon. à la div. (a. baphor- hiza , Link) du g. Anchusa. {F. Endl. Gen, PL). (G. L.) ALKOOL (mot arabe qui signifie subtil). ciiim. F. alcool. (G. d’O.) ALL *ALKEKE\Gl (nom arabe), bot. ph.— G. établi par Tournefort {Inst.) et réuni au Phy- salis de Linné, qui en a fait la dénomination spécifique de l’espèce type. (G. L.) * A LL A G O PA PPL S (à)Jay-J , changement; waw7roç , aigrette), bot. pu. — G. de la famille des Composées, tribu des Astéroïdées, établi par Gassini, et réuni par JVJ. De Candolle à son g. Jasione, où il constitue une section que ca¬ ractérisent ses capitules discoïdes, homoga- mes, ses fruits à angles velus, son aigrette dont la rangée intérieure est formée de 5-7 soies filiformes , scabres , et l’extérieure de soies également peu nombreuses et courtes. L’Allagopappus est originaire des Canaries; c’est un arbrisseau à feuilles glanduleuses. (J. D.) * ALLAGOPTERA ( àlAyri , différence; 7tt epov , penne), bot. pii. — Nees von Esenbeck a désigné sous ce nom, dans le voyage au Bré¬ sil du prince de Neuwied, un g. de Palmier dont il n’a pas fait connaître les caractères. (Ad. B.) ALLAITEMENT, mam. — Dépendante des organes qui caractérisent principale¬ ment les Mammifères, la fonction de l’Allai¬ tement appartient exclusivement aux ani¬ maux de cette classe. Le lait, dont ces ani¬ maux ont seuls le privilège de nourrir leurs petits pendant les premiers temps de leur existence, est sécrété par des glandes dési¬ gnées sous le nom de mamelles, dont le nom¬ bre et la position relative diffèrent suivant les espèces ; mais qui , envisagées d’une ma¬ nière générale , présentent constamment la même structure anatomique {F. mamelles). Les modifications que subissent ces organes, durant la gestation et après l’accouchement, constituent un phénomène remarquable. Presque aussitôt que le travail de la concep¬ tion a commencé à s’effectuer dans l’utérus, une excitation sympathique se fait sentir aux glandes mammaires , qui ne tardent pas à devenir le centre d’une fluxion évidente. Leur volume augmente rapidement; une sensibilité insolite se développe dans leur parenchyme ; le tissu cellulaire qui les en¬ vironne et la peau qui les recouvre semblent s’œdématier un peu ; enfin, ces glandes , sur la fin de la gestation, sont devenues le siège d’une sécrétion particulière. Cependant, le liquide sécrété alors ne s’écoule, le plus sou¬ vent encore, que sous l’influence de près- ALL ALL 281 sions assez fortes ou de succions réitérées. Ce n'est encore qu’une sorte de sérosité transparente, incolore et dénuée de consis¬ tance ; mais , immédiatement après le part , cette sérosité s’opacifie rapidement, s’épais¬ sit un peu , et se colore en blanc ou plutôt en blanc bleuâtre {colostrum). Plus tard en¬ fin, ce nouveau produit se modifie à son tour, et acquiert définitivement les proprié¬ tés nutritives que réclame sa véritable des¬ tination {lait). — Une chose digne de remar¬ que, est l’art merveilleux avec lequel, dans ces diverses transformations, la nature se subvient à elle-même. Le premier liquide , en effet, prépare et lubrifie les voies d’écou¬ lement; et, si le colostrum n’est point encore une véritable substance alimentaire, la lé¬ gère action purgative dont il est doué a pour objet d’expulser de l’intestin du nou¬ veau-né, le méconium , dont le lait propre¬ ment dit ne l’eût point débarrassé. Ajoutons enfin, que, pour s’approprier aux besoins croissants et à la puissance digestive du nou¬ vel être dont il fait l’unique aliment , ce lait lui-même , au fur et à mesure qu’on s’éloi¬ gnera de l’époque du part, va devenir de plus en plus nourrissant, c’est-à-dire de plus en plus riche en matière butyreuse et en ca¬ séum. — Ne pourrait-on pas déduire de ce fait d’observation vulgaire (puisque nos paysans le constatent journellement sur le lait de leurs chèvres et de leurs vaches), que nous faisons de véritables contre-sens en hy¬ giène, lorsque nous confions nos enfants nouveaux-nés à des nourrices qui souvent allaitent déjà depuis un an et plus? Très variable suivant les espèces, la durée de l’allaitement est ordinairement en rap¬ port avec celle de la gestation , de la crois¬ sance et de la vie totale de l’individu ; mais, quel que soit le temps qu’elle se prolonge, cette fonction établit toujours dans l’orga¬ nisme une sorte de dérivation , qui neutra¬ lise l’action physiologique de certains viscè¬ res , et s’oppose à l’accomplissement de plu¬ sieurs autres fonctions. C’est ainsi que le phénomène de la menstruation est suspendu chez les femmes qui allaitent, tandis que les femelles des animaux , placées dans la même conjoncture , échappent à la périodicité de ces sortes de congestions utérines, dé¬ terminant chez elles , en d’autre temps, la propension instinctive au coït, qu’on a dé¬ signée sous le nom de rut. — Si pourtant, en raison de quelque circonstance particulière . une conception intempestive survient chez la femelle qui allaite , ce nouveau travail de l’utérus trouble celui des mamelles, et le lait, en même temps qu’il s’appauvrit et s’al¬ tère dans sa composition chimique, diminue rapidement en quantité, si même il ne cesse complètement de se reproduire. Les moin¬ dres connaissances en physiologie suffisent pour expliquer comment , dans l’espèce hu¬ maine, des travaux forcés , une maladie ac¬ cidentelle ou quelque affection morale à la fois vive et prolongée, sont susceptibles de donner lieu au même résultat. Suivant leur conformation et la position de leurs mamelles, les diverses esp. de mammifè¬ res ont une manière différente de procéder à l’allaitement de leurs petits ; ainsi , les Sin¬ ges , comme la femme , se servent de leurs membres antérieurs pour élever leurs petits à la hauteur de leurs mamelles, qui ont leur siège à la poitrine, tandis que d’autres ani¬ maux s’accroupissent simplement sur les leurs, pour leur donner à téter. Enfin , il est d’autres espèces (tous les g. de Ruminants , par exemple) chez lesquelles, le petit naît avec assez de forces pour se tenir tout d’a¬ bord sur ses membres, et vient de lui-même saisir le mamelon. — On trouvera à l’article Marsupiaux les particularités relatives à l’allaitement des Animaux à bourse. Quant à l’allaitement des Cétacés qui fut , pendant ces dernières années , un des points les plus controversés de l’histoire naturelle , nous nous abstenons d’émettre notre opinion dans une question que nous ne regardons point comme jugée, et qui, pour recevoir une so¬ lution définitive, nous paraît exiger de nou¬ velles observations. Tout ce que l’on sait de positif là-dessus, c’est que ces animaux sont réellement pourvus d’une glande mam¬ maire ; que cette glande est située au devant de l’anus ; que, de plus, enfin, elle est mu¬ nie d’un muscle particulier qui , en se con¬ tractant, aurait pour objet d’en déterminer la compression, et par suite, l’écoulement du lait : sorte de disposition que présen¬ tent d’ailleurs plusieurs autres animaux , chez lesquels l’absence de lèvres rend la succion impossible. V. Cétacés. (A. Teste.) ALL AM AND A, Schreb.,L.; Orelia, Aubl. (Allamand, professeur d’hist. nat. à Leyde). 18* ft T. I. 282 ALL ALL — - G. de la famille des Apocynacées, sous- ordre des Carissées, fondé par Linné ( Man - tiss. 214), et adopté par tous les botanistes postér. En voici les caract. essentiels ; Cal. 5-fide. Cor. hypogyne, infundibuliforme , à tube cylindrique, à gorge pourvue de 5 squames ciliées , à limbe campanulé , am¬ ple, dont les 5 div. sont obtuses et inégales. Étam. 5 , incluses , insérées à la gorge de la corolle; anth. sagittées, subsessiles , conni- ventes. Ovaire uniloculaire, comprimé. Ovu¬ les nombreux, enveloppés par le placenta marginal, auquel ils sont appendus par des funicules assez longs. Capsule coriace , sub¬ arrondie , elliptique, comprimée-lenticu- laire, hérissée de pointes, uniloculaire et longitudinalement bivalve. Graines nom¬ breuses , suspendues aux bords valvulaires par un funicule qui part d’un ombilic ven¬ tral, imbriquées inférieurement, un peu comprimées et ceintes d’une large aile mem¬ braneuse. Embryon dressé dans un albumen cartilagineux, peu abondant, à cotyl. folia¬ cés, ovales-cordés, à radicule linéaire-acu- minée, centrifuge. — Les Allamanda sont des arbrisseaux ou sous-arbrisseaux dressés ou grimpants, appartenant à l’Amérique tropi¬ cale; leurs feuilles sont verticillées ; leurs pé¬ doncules multiflores, terminaux et inter pé- tiolaires; leurs fleurs belles, jaunes. On en cultive plusieurs esp. dans les serres d’Eu¬ rope. La plus commune et l’une des plus remarquables est VA. Linnœi Don [A. ca- thartica L., non A. cathartica Aubl.). (C. L.) *ALLA]\IA, Benth. (Allan Cunningham , botaniste anglais), bot. pij. — G. de la fa¬ mille des Légumineuses, sous -ordre des Swartziées. L’auteur de ce genre en ex¬ pose ainsi les caractères ( Book. Joum. of Bol. 2, page 91; mars 1840) : Cal. cupu- liforme , coriace , valvaire , irrégulière¬ ment 4-ou 5-lobé. Cor. de 5 pétales amples, irrégulièrement imbriqués en préflorai¬ son. Etamines très nombreuses, confor¬ mes, périgynes de même que la corolle. Anthères oblongues-linéaires. Ovaire stipité, pluri-ovulé. Style épaissi à la base, filifor¬ me, pointu. Stigmate petit. Péricarpe in¬ connu. L’esp. sur laquelle est fondé ce g. est un grand arbre , trouvé récemment par Schomburg, en Guyane; les feuilles en sont impari-pennées, à pétiole aptère , long d’un 1/2 pied et plus; les folioles grandes, co¬ riaces , cotonneuses en dessous; les fleurs sont disposées en longues grappes; la corolle est grande, blanche, étalée. (Sp.) AÏJ AMTK , Cerin d’Hisinger. min. — Esp. minérale dédiée par Thompson au mi¬ néralogiste anglais R. Allan. Ce minéral , encore rare dans les collections , a été dé¬ couvert, parGiesecke, au Groenland, dans des roches micacées ; on l’a retrouvé, depuis, dans une roche feldspathique à Riddaryt- tan, en Westermanie. Il a d’abord été pris pour une variété delà Gadolinite, à laquelle il ressemble beaucoup par son aspect; mais il en diffère en ce que sa poussière, mise dans l’acide nitrique légèrement chauffé, conserve sa couleur et ne s’y résout pas en gelée. L’Allanite est une substance noire et vitreuse qui fond difficilement au chalu¬ meau, est assez dure pour rayer le verre, et pèse spécifiquement 3,4. D’après l’analyse qu’en a faite Thompson, on doit la considé¬ rer comme un Silicate de Cérium , de chaux et de fer. L’Orthite et le Pyrorthite de Ber- zélius n’en sont probablement que de sim¬ ples variétés, provenant du mélange de quel¬ ques principes accidentels. Beudant place l’Allanite dans un appendice, à la suite de l’esp. Cérine (ou Cérium silicaté noir). Ce minéral est cristallisé en prismes quadran- gulaires , dont la coupe transversale paraît être un rhombe, très peu différent du carré. (Del.) AUAM'ITES (allusion synon. ààMaç, av-roç, saucisson. V. Allantus). ins. — M. Newman [Ent. Mag.; Attempt. Dir. of Brit. Ins. bit. nat. ord .) forme sous ce nom un groupe appelé par lui natural order , et renfermant les g .lYematus, Cladius , Crœsus, Emphytus , Dolerus , Dosytliœus , Fenusa,Se- landria, Aihalia, qui appartiennent à la fa¬ mille des Tenthrédiniens (Porte-Scie, Lat.). T. ce mot. (Bl.) ALL ANTODI A ( àMaç , avroç , saucis¬ son ; îT^oç, apparence; allusion à la forme des indusies). bot. cr. — R. Brown a établi ce g. dans son Prodrome de la Flore de la Nouvelle -Hollande. Il y comprenait alors deux esp. de ce pays et X Aspidium uni - brosum. Ce g. , très voisin des Asplénium et surtout de VAthyrium , en diffère , suivant cet illustre botaniste , par son tégument re¬ courbé en forme de voûte (indusium fomlca- tum ) , adhérent d’abord par ses 2 bords à la ALL ALL 283 nervure, le long de laquelle les capsules sont i nsérées en un grou pe ou sore allongé, et s’ou¬ vrant ensuite par son bord intér. L’esp. qui a servi de type à ce g., est X A. australis. Kaulfuss y a plus tard ajouté les Aspidium scandicinum Willd. et axillare Sw.-Kunze et Wallichy en ont encore ajouté deux autres. Plus récemment , Presl a cru devoir suppri¬ mer ce g., en réunissant les esp. que R. Brown et Kaulfuss y avaient placées, au g. Athyrium ‘ celle de Kunze aux Diplazium , et plaçant X Allaniodia Brunonis de Wallich dans son nouveau g. Hemidyclium. Il est certain que les Allantodia sont très voisins des Athyrium, tant par leurs caract. que par leur port ; mais leur identité ne paraît pas encore bien prouvée. (Ad. B.) ALLANTOÏDE (à)Aaç , avToç , boyau ; tî- Soq, forme), mam. — Sorte de sac membra¬ neux, faisant partie de l’arrière-faix des Mam¬ mifères , et ayant son siège entre le Chorion et l’Amnios. On croit généralement que cet organe, dont la cavité communique avec la vessie du fœtus, au moyen d’un canal nommé Ouraque , a pour objet de recevoir l’urine que sécrètent les reins , pendant la vie intra-utérine. Très évidente chez les animaux où , suivant les esp., elle affecte des formes différentes, l’Allantoïde n’existe chez l’homme qu’à l’état rudimen¬ taire. Cette membrane, en effet, est si peu apparente dans l’œuf humain , que, malgré les ingénieuses démonstrations de M. Vel¬ peau et le savant mémoire présenté par ce médecin à l’Académie des sciences sur ce sujet (1835), plusieurs anatomistes doutent encore de son existence. Il n’est d’ailleurs pas de physiologiste qui n’ait constaté l’im¬ perforation de l’ouraque sur des fœtus non à terme. (A. Teste.) ALLANTES ( àMa ç , «vroç , saucisson ; forme de l’Insecte), ins. — G. de la famille des Tenthrédiniens , de l’ordre des Hymé¬ noptères , établi par Jurine ( JVouv . Méthode de classer les Hym.) , qui le distingue des Tenthredo, auxquelles l’ont réuni Latreille ( R'erjn . anim .) et Lepeletier de St-Fargeau (Monog.Tenth.), par des antennes composées d’au moins 9 articles , et par des ailes supér. présentant 4 cellules cubitales. Ce g. ren¬ ferme un très grand nombre d’esp. généra¬ lement indigènes, dont les plus répandues en Europe sont les A. Scrophulariæ (Ten¬ thredo Scrophulariœ Fab.), lividus ( Tenth . li- vida Fab ) , nassatus ( Tenth. yiassata Lin. , Fab.). (Bl.) ALLASIA, Loureir. ( àDSç , saucisson; forme du fruit), bot. ph. — G. incomplète¬ ment connu , et qui paraît appartenir à la famille des Cucurbitacées. Loureiro ( Flor . cochinch .) en donne les caract. suivants ; Fleurs hermaphrodites. Cal. 5-fide; lanières pointues , poilues. Pétales au nombre de 4, poilus. Étam. 4. Style subulé. Baie grosse , charnue, oblongue, obtuse, pendante, l-lo- culaire. Graines ovales, comprimées, nidu- lantes. — L’unique esp. sur laquelle se fonde ce g., est un arbre de la côte de Mozambique, dont les feuilles sont digitées, les pédoncules terminaux, multiflores. (Sp.) ALLECELA. ins. — G. de Coléoptères hé- téromères, famille des Hélopiens, établi par Fabricius et adopté par Latreille dans son ouvrage intitulé : Familles naturelles , où il le place dans sa tribu des Cistélides. Les ca¬ ract. de ce g. , suivant M. Solier, sont : Pé¬ nultième art. du tarse ayant en dessous, au moins aux antérieurs, une pelote membra¬ neuse plus ou moins prolongée sous le der¬ nier. Yeux ne convergeant pas entièrement en dessous. Dernier art. des palpes maxil¬ laires notablement transverse et tronqué carrément au bout. Premier art. des tarses antér. étroit, filiforme, notablement plus long que les 2 suivants réunis ; 3me art. des 4 tarses antér. subtronqué. M. Dejean , dans son dernier Catalogue , mentionne 35 esp. d’Allécules , dont 2 seulement sont d’Eu¬ rope. Nous ne citerons que XAllecula morio Fabr., qui a servi de type au g. , et qui est de Suède. (D.) *ALLENDEA. bot. ph. — G. delà famille des Composées, encore très mal défini. Il a pour caract. : Des capitules multiflores , dont les fleurs du disque , en petit nombre, sont hermaphrodites, tubuleuses , à 5 dents révolutées; celles du rayon, femelles, fili¬ formes, ligulées, et disposées sur plusieurs rangs; l’involucre est composé d’écailles ai¬ guës , imbriquées ; le réceptacle convexe porte des petites paillettes (fimbrilles) pres¬ que aristées au sommet; fruit...; aigrette par uniforme, poilue. — L ’Allendea, décrit par Lallave et Lexarca, est une herbe du Mexi¬ que, couverte d’un duvet tomenteux, soyeux, à rameaux droits , couverts de feuilles op- 284 ALL posées , connées , largement lancéolées , tri- nervées en dessous , et présentant 1-2 dents glanduleuses. Les capitules, disposés en co- rymbe, sont longuement pédicellés. (J. D.) *ÂLLIACÉES. Alliaceœ [allium, ail), bot. pu. — Tribu indiquée par Link ( Handb .) dans la famille des Liliacées, et qu’on réunit assez généralement à la tribu des Scillées, Bartl. (ou des Hyacinthées, selon d’autres), de la même famille. Elle ne contenait que le g. Allium, divisé en 5 sous-genres , Moly , Mœnch. ; Opliioscordon, Wallr. ; Codonoprci- sum , Reich. ; Schenoprasum, Kunth, ou Por- rum, Tourn. V. ces mots et allium. Peut-être mériterait-elle d’être distinguée. (G. L.) ALLIAGE. MIN. CHIM. ET MÉTALL. — On nomme ainsi le résultat de la combinaison , opérée par la fusion, de 2 ou plusieurs mé¬ taux. Par exception cependant, les produits dont le mercure fait partie se nomment Amalgames . Les alliages ne sont souvent que de simples mélanges, pouvant se faire en toutes pro¬ portions; mais, dans certains cas, ce sont des combinaisons en proportions détermi¬ nées, et susceptibles de cristalliser autre¬ ment que ne le feraient leurs composants. Tous les alliages sont solides, à l’exception de ceux dans lesquels le mercure prédo¬ mine. Ils sont opaques , ont l’éclat métalli¬ que, et une couleur qui leur est propre. Ils sont moins bons conducteurs de la chaleur et de l’électricité, que les métaux qui en font partie. Leur densité diffère en géné¬ ral , tantôt en plus , tantôt en moins , de la densité moyenne des métaux qui les consti¬ tuent. Ilssont, la plupart du temps, plus durs et moins ductiles que leurs composants , souvent aussi plus oxydables, généralement plus fusibles. Les métaux que l’on allie le plus fréquem¬ ment sont : ï° le cuivre et le zinc , qui con¬ stituent le laiton , alliage dont on obtient plusieurs variétés distinctes par la couleur et la densité, suivant que l’on varie la pro¬ portion de ses éléments; 2° l’étain et le cui¬ vre, qui forment le bronze, employé si sou¬ vent pour les cloches , les statues, les mé¬ dailles, et une multitude d’autres objets; 3° le plomb et l’antimoine (5 parties du pre¬ mier et une du second) avec lesquels on fond les caractères d’imprimerie. L’antimoine sert dans ce cas à donner au plomb assez de du- ALL reté pour résister à une forte pression. On emploie aussi dans les arts plusieurs autres alliages, tels que ceux de mercure et d’é¬ tain, de mercure et d’or, d’étain et de plomb , d’étain et de cuivre, de fer, de cui¬ vre et d’or, de plomb et d’antimoine , et l’al¬ liage fusible de d’Arcet, composé de bis¬ muth , de plomb et d’étain. (G. d’O.) ALLIAIRE. Alii aria, Adans. [Allium, ail, à cause de l’odeur de cette plante), bot. pii. — G. de la famille des Crucifères, tribu des Siliqueuses, offrant les caractères sui¬ vants [Spach , Suites à Buff., Plant, ph., 6 , p. 413) : Sépales 4, très caducs, subnavicu- laires; les 2 latéraux plus larges. Pétales 4, onguiculés; glandules 4 (opposées aux 4 sépales) , inégales ; les 2 latérales plus grosses, en forme de fer-à-cheval , entourant la base des filets impairs ; les 2 autres petites , den- tiformes,. obtuses, insérées une à une der¬ rière chaque paire de filets. Elam. 6; filets filiformes , rectilignes , un peu divergents ; anth. sagittiformes-oblongues. Ovaire grêle, 4-gone, 2-loculaire, multi-ovulé; style très court, columnaire; stigm. pelté, orbicu- laire. Silique columnaire, apiculée, tétraè¬ dre, 2-loculaire, 2-valve, polysperme; val¬ ves tantôt 1-nervées, tantôt sub-3-nervées , émarginées; nervures placentairiennes sub¬ carénées, très saillantes. Graines suspen¬ dues, 1-sériées dans chaque loge, cylindri¬ ques , gibbeuses antérieurement , striées longitudinalement, immarginées ; cotylé¬ dons rectilignes ou pliés transversalement en carène , semi-cylindriques ou concaves ; radicule flexueuse ou géniculée , oblique¬ ment dorsale. — Herbe bisannuelle ; pubes¬ cence nulle ou simple ; feuilles crénelées ou dentées, pétiolées; grappes terminales, feuil- lées à la base, nues supérieurement, multi- fiores, lâches après la floraison; pédicelles fructifères horizontaux ou divergents, courts, très gros ; fleurs blanches. L’ Erysimum alliaria L. constitue à lui seul le g.; toutes les parties de cette plante ont une forte odeur d’ail et des propriétés dépuratives; les graines peuvent servir en guise de moutarde. (Sp.) ALLIGATOR, bept.— V. Caïman. (G. B.) A LL 10 AIE. Allionia ( Ch. Allioni, bota¬ niste piémontais). bot. pii. — G. de la fa¬ mille des Nyctaginées, fondé par Linné d’a¬ près Lœffiing et auquel on a réuni , comme AL L 285 s. g., le JVedelia du second de ces auteurs. Ce g. a été adopté ainsi par tous les botanistes postérieurs. En voici les caract. : Invol . calici¬ forme , campanulé, 5-denté ou 3-phylle, 3- flore, persistant. Périgone corolloïde, infun- dibuliforme, à tube court, dont la base est ventrue, persistante, à limbe 4-lobé , fendu d’un côté. Étarn.4 , incluses , libres , hypo- gynes. Ovaire uni-loculaire; ovule unique , dressé, à micropyle infère. Style simple; stigm. capité. Le fruit est un akène libre , entre les bases périgoniales épaissies, un peu épineuses par derrière, comme planes par devant , jointes entre elles et contenues dans l’invol. immuté. Semence dressée, à test con- né avec l’endocarpe. Embryon condupliqué; cotyl. entourant un albumen amylacé ; ra¬ dicule extraire, infère. Ce g., particulier à l’Amérique tropicale , ne renferme guère que 2 esp. , séparées en 2 s. -g., dont l’un, V Allionia, Lœfif. [A. violaceaL.), est carac¬ térisé par un invol. 5-denté , campanulé ; l’autre, Wedelia , Lœffl. ( A . incarnata L.), par un invol. triphylle. (C. L.) ALLIUM ( Alli um, ail, chez les Latins). bot. ph. — Synon. latin d’ÂiL. (C. L.) *ALLMAN]\IA, R. Br. (nom d’homme). bot. ph. — G. de la famille des Amaranta- cées , indiqué par Wallich dans son Catal. des Plantes de l'Herbier de l’Inde. Les ca¬ ract. n’ont pas été publiés. (Sp.) *ALLOBROGIA, Tratt. ( Allobroga , habi¬ tant du Dauphiné, de la Savoie), bot. ph. — G. de la famille des Liliacées, synon. du g. Czaekia, andrz. V. ce mot. (C. L.) ALLOCARPUS (a XXoç , autre.; xapiroç, fruit), bot. ph. — Ce nom a été donné par M. Kunth à une plante originaire de l'Amé¬ rique équinoxiale, appartenant à la famille des Composées, tribu des Sénécionidées, et dont les caract. sont: Capitule multiflore, radié ; les fleurs du rayon , au nombre de 5 environ, sont ligulées et femelles; celles du disque, hermaphrodites , tubuleuses, 5-den- tées. Involucre hémisphérique, formé par environ 10 squames faiblement-imbriquées , scarioso-membraneuses ; réceptacle presque plan, couvert de paillettes lancéolées , per¬ sistantes , scarieuses ; les rameaux des styles appartenant aux fleurs hermaphrodites, dé¬ pourvus d’appendices. Les fruits du rayon sont cunéiformes, comprimés, et manquent d’aigrette, tandis que ceux qui appartiennent ALL aux fleurs du disque sont cunéiformes-cylin- dracés, couronnés d’une aigrette 1 -sériée, et composés de plusieurs paillettes subulées , de la longueur delà corolle, comprimées inférieurement, barbellulées ou pectinées , comme j’ai pu m’en assurer par une analyse faite sur l’échantillon décrit par M. Kunth et conservé dans l’Herbier du Muséum. On connaît aujourd’hui 3'esp. d 'Allocar- pus ; ce sont des herbes rameuses, à feuilles opposées, 3-7-nervées , entières, velues ; les capitules sont jaunes, et peut-être blancs, d’après M. De Candolle. (J. D.j * ALEÛCERUS (àlXoç, dissemblable; A- paç , corne), ins. — G. de Coléoptères tétra- mères, famille des Longicornes , établi par M. Serville , qui le place dans sa tribu des Prioniens, et lui assigne pour principaux caract. : Ant. de 12 articles cylindriques et allongés dans les mâles, courts et en dent de scie dans les femelles. Cors, nautique ; corps étroit et très allongé. — Ce g., adopté par M. Dejean dans son Catalogue , ne ren¬ ferme qu’une esp., A. Spencii, ou Prionus, id ., de Kirby , rapporté du Brésil par M. La- cordaire. (D.) ALLOCHROITE (à'XXoç, différent; Xpoa, couleur), min. — Variété de Grenat compacte, d’un gris verdâtre, découverte par d’Andra- da dans une mine de fer, près de Drammen, en Norwège. Sa composition est à peu près la même que celle du Grenat mélanite. (Del.) *ALLODAPE (àXWaTroç, 77, étranger, ère). ins. — G. de la famille des Mellifères , de l’ordre des Hyménoptères, établi parMM.Le- peletier de St.-Fargeau et Serville ( Encyclop . rnéth. ) sur 3 esp. du Cap de Bonne-Espé¬ rance , qui se rapprochent extrêmement des g. Stelis et Ammobates , Lat. L’esp. citée par les auteurs comme type de leur g., est VA. rufogaslra , Lep. et Serv. (Bl.) *ALLODAPE (àllüSa-Koq, V7, étranger, ère). bot. ph. — G. de la famille des Epacridées , tribu des Epacrées, créé par Endlicher ( Gen . pi.) , d’après une plante figurée ( Azalea bul- lata , Forst.) par Labillardière , rapportée par Hooker au g. Prionotes. L’auteur en éta¬ blit ainsi les caract. : Cal. 5-parti, bractéolé. Cor. hypogyne, campanulée; limbe 5-parti, à segments un peu étalés , imberbes. Étam. 5,hypogynes, incluses; filaments subcla- viformes , dilatés au sommet postérieur des 286 ALL anthères adnées. Disque hypogyne, cyathi- forme, 5-sinué. Ovaire 5-loculaire , à loges multi-ovulées. Style simple; stigm. renflé-co- nique. Capsule 5-loculaire; placentas ad- nés à une colonne centrale? Graines nom¬ breuses. — C’est un petit arbrisseau de l’A- mérique-antarctique , à feuilles éparses, sessiles, ovales-aiguës, dentées; à pédon¬ cules axillaires, solitaires, uniflores, mul- libractéolés, penchés; à fleurs petites. (C. L.) * ALLOEA (ocMoîbç, différent), ins. — Sous- g. de la famille des Ichneumoniens, groupe des Braconites, ordre des Hyménoptères, éta¬ bli par Haliday (Ent. Mag.), dans son ta¬ bleau générique des Ichneumones adsciti. Il lui donne pour caract. : Mandibules écartées, avec leur dent intermédiaire allongée et ai¬ guë; 3 cellules cubitales aux ailes antérieu¬ res. — Haliday regarde comme le type de son g. YAlysia contracta Curt. , trouvée en An¬ gleterre. (Bl.) *ALLOGRAPHE. Allographa (aDoç, étran¬ ger, divers; ypctyn , écriture , caractère), bot. cr. — M. Chevalier, dans son Histoire des Hypoxylons , ouvrage qui n’a pas été achevé, a réuni, sous ce nom générique, toutes les esp. du g. Graphis à lirelles recouvertes dans leur jeunesse d’une croûte farineuse , souvent colorée , dont leur bord se dégage à peine , même après leur complète évolution. Le Graphis Afzelii est le type de ce g., dont le nom n’a pas été adopté. Plus tard, Persoon [Bot. du Uoy. de l’U¬ ranie, publiée par M. Gaudichaud) a tenté de ressusciter ce g., en lui imposant le nom de Ctesiufn , et M. Fée [Suppl. Ess. sur les Crypt. des écorc. ojfic.) a lui-même donné le nom générique &’ Helminthocarpon, à une esp. de Graphidée qu’on peut encore y rappor¬ ter; mais ces 3 genres ne différant que fort peu des vrais Graphis tels que Fries les a définis , nous renvoyons à ce dernier g., où l’on en trouvera les caract. diagnostiques. (C. M.) *ALLOI ATHEROS (otMoîbç, différent; àOop, £poç, épi), bot. ph. — ( Famille des Grami¬ nées.) L ’Andropogon ambiguus de Michaux, qui appartient au g. Gymnopogon de Beau- vois , avait été désigné par Elliot sous le nom d ' Alloiaiheros ambiguus. U. Gymnopogon. (A. R.) ALLOISPERMIJM (&X0Î05, différent; • ALL oTTr/ppa, semence), pot. ph. — Synonyme d’AL- LOCARPUS. (J. D.) * ALLOMORPHIA , Blume [ZXk oç, différent; p.opcp/7, forme), bot. ph. — G. de la famille des Mélastomacées , auquel Blume ( Bot . Zeit., 1831, p. 522) assigne les caract. sui¬ vants : Cal. oblong-tubuleux , courtement 4-denté; pétales 4. Etam. 8, toutes fertiles, alternativement plus longues et plus courtes; anth. linéaires, droites , pointues, inappen- diculées, échancrées à la base, s’ouvrant par un seul pore apicilaire. Style filiforme ; stigm. simple. Péricarpe sec , ovale-oblong, 4-loculaire. — Arbrisseau à feuilles 5-ner- vées , glabres , très entières ; fleurs en pani- cules terminales. — Le g. n’est fondé que sur une seule esp., indigène dans les îles du détroit de Malacca. (Sp.) * ALLONGÉS. Elongati. araciin. — Ce nom est employé par M. Walckenaër [Hist. des 1ns. aptères ) pour désigner certains pe¬ tits groupes de divers g. d’Aranéides. (H. L.) ALLOPHAME (aDoç , autre ; cpouvw, je pa¬ rais ; parce que ce minéral terreux ressemble souvent à un minerai de cuivre), min. — Nom¬ mée aussi Biemannite et Alumine hydratée silicifère, et érigée en esp. par Stromeyer sous le nom d’Allophane , cette substance a été découverte par Riemann à Grafenthal, près de Saalfeld , en Thuringe. Elle est opa¬ line , demi-transparente , à cassure conchoi- dale , d’un éclat vitreux passant à l’éclat de la cire tendre , et pesant spécifiquement de 1,8 à 1,9; sa couleur est d’un bleu céla¬ don passant au vert et au brunâtre. Cette coloration est due à un peu de carbonate de cuivre dont elle est accidentellement mé¬ langée. L’Allophane est infusible ; elle donne de l’eau par la calcination, et se dissout en gelée dans les acides. Elle est composée sur 100 parties, de 22 de silice, 32 d’alumine, 41 d’eau, 3 de carbonate de cuivre, et de quelques traces de chaux et d’oxyde de fer. On la trouve en petites concrétions ou en nids irréguliers, dans une roche argilo-ferru- gineuse à Grafenthal, à Schneebergen Saxe, à Tanne, au Harz, à Friesdorf près de Bonn, et dans les houillères de Firmi (Aveyron). Ce minéral a de grands rapports avec celui que l’on nomme Collyrite. H . ce mot. (Del.) ALLOPMYLLE. Allophyllus , L. (aÀ>oç, différent; «pvD.ov, feuille), bot. ph. — Syn. du ALL 287 ALL g. Schmidelia L., de la famille des Sapinda- cées. (Sp.) *ALLOPLECTUS (aXXaiç, autrement ; nhx- toç, entrelacé), bot. ph. — G. de la famille des Gésuéracées, tribu des Épisciées, établi par Martius (JVov. Gen. et Sp.) , qui lui as¬ signe les caract. suivants : Cal. libre, co¬ loré , 5-phylle , à div. inégales, imbriquées- conniventes. Cor. hypogyne, tubuleuse, in- fundibuliformeouclaviforme, à tubegibbeux à la partie postérieure de la base , souvent ventru supérieurement à la partie anté¬ rieure, à limbe 5-denté ou courtement 5-fide. Étam. 4, insérées à la base du tube, didy- names, incluses ; une 5me rudimentaire ; fi¬ laments embrassants. Anth. rapprochées par paires , biloculaires , ovales - oblongues. Ovaire libre , uniloculaire , ceint d’un dis¬ que annulaire et muni en arrière d’une glan- dule ; placentas 2 , pariétaux, bilobés. Ovu¬ les nombreux, anatropes; funicules assez allongés. Style simple; stigm. hémisphéri¬ que, indivisé, concave au milieu. Caps, coriace, subpulpeuse, uniloculaire, bivalve, à valves placentifères au milieu. Graines nombreuses, oblongues eu fusiformes; em¬ bryon cylindrique, orthotrape , dans l’axe d’un albumen charnu; cotylédonstrèscourts. obtus; radie, centrifuge, dirigée vers l’om¬ bilic. — Le g. Alloplecius comprend un pe¬ tit nombre d’esp. propres à l’Amér. tropicale où elles grimpent sur les arbres ; ce sont des arbrisseaux à rameaux subquadrangulaires, un peu renflés aux articulations; remplis d’une moelle abondante , à épiderme bril¬ lant, caduc ( secedens ), garnis de feuilles opposées, souvent inégales, pétiolées, quel¬ quefois rouges en dessous, subeharnues , coriaces; à fleurs axillaires , jaunes , tantôt solitaires et pédonculées, tantôt agrégées , sessiles ou en grappes, munies de bractées séparées , cramoisies ou couleur de sang , ainsi que les calices. Il a pour synon. : Crani- zia , Scop. ; Dcilbergia ou Dalbergaria, Tuss.; Tussacia , Reich. ; et comprend quelques esp. des g. Besleria et Orobanchia. (C. L.) * ALLOPORE. Allopora (ocD oç , diffé¬ rent; t ropoç, pore, conduit), zooph.— G. de Polypes anthozoaires , considéré comme douteux par M. Ehrenberg lui-même, qui l’a établi et pris pour type de la famille des Alloporines, également douteuse ; laquelle serait caractérisée par la structure du poly¬ pier rameux, raide, fixé, composé d’une matière calcaire sécrétée à la manière des Oculines et sans axe central; ce qui le dis¬ tingue des Gorgones et des Isis, composant la famille des Isidées. Les Polypes desAllo- pores auraient, suivant M. Ehrenberg, les rayons du corps en nombre variable, mais peu nombreux, d’où vient le nom de Phy- tocoraux oligactiniés, par lequel cet auteur désigne la tribu qui comprend la seule fa¬ mille des Alloporines. (Duj.) ALLOPTÈRES (ott«s, tantôt d’une fa¬ çon, tantôt d’une autre; 7rr/pov, nageoire). poiss. — Nom donné par M. Duméril aux nageoires paires inférieures des Poissons, pour exprimer la variation de leur position, tantôt jugulaires , tantôt thoraciques , tan¬ tôt abdominales et quelquefois manquant tout-à-fait. (Val.) ALLOSORUS (a Woç, différent; o-wpoç, tas). bot. CR.-Bernhardi avait séparé sous ce nom en un g. distinct, la plante européenne si com¬ mune dans les montagnes de l’Europe et dé¬ signée sous le nom de Pleris crispa Smith , d ’Osmunda crispa L. — Kaulfuss, en le con¬ servant dans les mêmes limites, forma auprès de ce g., sous le nomd ’Omjchium, un autre g. comprenant quelques esp. très voisines de celle-ci par leur port. Depuis lors, Presl a considéré le g. AlLosorus d’une manière très différente, et y a réuni une infinité de plantes que tous les auteurs précédents avaient lais¬ sées parmi les vrais Pleris , et en particulier notre Pleris aquilina. Le caract. qui distin¬ gue ces plantes des vrais Pleris , c’est que les groupes de capsules ou sores, au lieu de former une ligne continue sous le tégument marginal, y forment, dans leur jeunesse du moins, des groupes arrondis, distincts, qui deviennent plus tard confluents, et sont re¬ couverts par le bord enroulé de la fronde et par un tégument marginal scarieux, continu. Presl divise les Allosorus en 3 sections fort naturelles , qui deviendront peut-être au¬ tant de g. distincts , plus naturels encore que ne l’est le g. tout entier, tel qu’il est maintenant limité. La lre, ou les vrais Allo¬ sorus, correspond au g. établi par Bernhar- di, et comprend, en outre, YOnychium de Kaulfuss et quelques esp. de Cheilanihes. La 2me section comprend un grand nombre d’esp. rapportées précédemment aux Pleris et aux Cheilanihes, tels que les Pleris argentea, 288 ALL sulfurea , hastata , cordata, esp. à stipe dressé, corné , à folioles distinctes , souvent cordi- formes , et qui diffèrent beaucoup par leur aspect des vrais Pteris. Enfin, la 3me section comprend le Pteris aquüina et les esp. voi¬ sines , assez nombreuses , qui représentent, pour ainsi dire , cette plante dans les autres parties du monde. On voit que le g. Alloso- rus, ainsi défini, est devenu très considérable mais il sera probablement subdivisé de nou¬ veau. (Ad. B.) *ALLOTERïlFIOPSIS et non Alloterropsis (àXXoTEppoç, étranger; oxpiç, forme), bot. ph. — G. delafam. des Graminées, établi par Presl (Rel. Haenk. i , 344, t. 47), pour une plante originaire de la Californie, ayant un chaume simple, à nœuds velus, portant à sa base des feuilles linéaires et planes, et terminé par 2 épis courts. Ceux-ci se composent de 4 épillets, 2 hermaphrodites et sessiles , 2 neutres et pédicellés, enveloppés par 4 brac¬ tées en forme de glumes. Ces bractées sont inégales, concaves, distiques et imbriquées; l’infér. est aristée à son sommet et trinervée; les intermédiaires sont plus grandes et à 5 nervures. — Ce g. , qui ne se compose que d’une seule esp. ( A. distachya Presl, 1. c. ), paraît avoir des rapports avec les g. Apluda et Anthistiria. (A. R.) * ALLGTRIA (àUorptoç, disparate), iins. — G. de notre famille des Cyniphiens (Galli- coles, Bat.), de l’ordre des Hyménoptères, section des Térébrans, établi parWestwood ( Synop.of Brit. Généra) , qui le distingue de ses congénères : 1° par des ant. filifor¬ mes, plus longues que le corps, et com¬ posées de 13 articles au moins dans les fe¬ melles; 2° par un écusson déprimé trans¬ versalement à la base; 3° par la 2me cellule cubitale des ailes supér., oblitérée ; 4° par un abd. presque sessile. — Il ne rapporte à son g. qu’une seule esp. , trouvée en Angleterre et à laquelle il donne le nom d ’A. victrix. (Bt.) *ALLOTRIE. Allotrius (àUorptoç, étranger, différent), ois. — G. récemment formé par M.Temminck sur 2 esp. indiennes de l’ordre des passereaux, et dont les caract. sont: Bec court, glabre, plus haut que large , tri— gone partout; mandib. supér. légèrement fléchie, sans arête vive ; pointe faiblement carénée; mandib. infér. d’égale force à la supér., et faisant à peu près contre-épreuve. ALL Narines basales, latérales, nues, couvertes d’une membrane percée vers son extrémité antér., qui est totalement nue. Pieds à tarse assez long; le doigt externe soudé jusqu’à la 2me articulation; l’interne soudé à sa base; doigts postér. et externes égaux. Ailes courtes, arrondies; la lre penne très courte; la 2me moins longue que les 3 suivantes, qui sont égales ; queue courte. — Ce sont, d’après M. Temminck, des oiseaux insectivores, fai¬ sant à peu près le passage des Pies-grièches, proprement dites , aux Fourmiliers, et dont le bec, court, large, ressemble plus ou moins à celui des Pardalotes. Ils diffèrent des Pies- grièches par leur bec déprimé, peu crochu et seulement très faiblement échancré; par leurs narines ouvertes et glabres, non ca¬ chées par des poils raides , par leurs tarses longs et leur queue courte, arrondie. Des 2 esp. nouvelles composant ce petit groupe, et envoyées de l’Inde au Musée de Leyde par les naturalistes voyageurs de cet établissement, l’une estl’ Allolrie à aile jaune [A . flaviscapis Tem .Col., 589), et l’autre YAllotrie œnobarbe (. A . ænobarbus id. , ibid. 2 ) de Java et de Sumatra. (Lafr.) ALLOUCHIER. bot. pii. — Nom vulgaire de Y Alisier commun (Cratœgus Aria L.) (Sp.) *ALLUAUDITE, Bernhardi. Mm.-S.-phos- phate de fer manganésifère, qui accompagne l’Hureaulite, et qui a été trouvé par Alîuaud, avec cette dernière esp., à Anglar et dans les carrières du Hureau, près de Limoges. Il est fibreux, de couleur verdâtre et bleuâtre, très facilement fusible, même à la flamme d’une bougie , et se compose , d’après Vau- quelin, de 28 d’acide phosphorique, 56 de protoxyde de fer, 6 d’oxyde de manganèse et 9 d’eau. (Del.) * ALLUVIAL et ALLUYIEA. Alluvius [al- luo , baigner, couler sur), géol. — Expres¬ sions adjectives désignant l’action qui pro¬ duit les Alluvions ou Y Alluvium. V. ces mots. On dit une formation alluviale ou alluvienne, pour indiquer l’effetmatériel de l’action ainsi dénommée, Formation. (C. P.) ALLUVIONS. Alluvies , alluvio ( alluo , baigner, couler sur), géol. — Accumulation successive de particules tenues d’abord en suspension ou entraînées par les eaux des rivières et des fleuves, et rejetées par elles sur les rivages ou à l’embouchure de ces cours d’eau. Les Alluvions sont les dépôts ALM ALN 289 meubles de vase, de sable, de graviers et de blocs plus ou moins volumineux, qui, en élevant peu à peu les portions du sol inondé jusqu’au niveau des eaux et même au-des¬ sus, contribuent à augmenter l’étendue du sol exondé, à changer la forme des rivages, à modifier le cours des eaux et à déplacer les embouchures. On confond assez généra¬ lement les Alluvions avec les Attérissemenis , qui pourraient cependant en être distingués si l’on voulait indiquer par ceux-ci les ac¬ cumulations produites sur les rivages marins par l’action des eaux marines, tandis que l’on réserverait le nom d’ Alluvions aux effets analogues produits par les eaux douces cou¬ rantes. On a long-temps nommé les terrains ter¬ tiaires, terrains d’Alluvion ; mais il s’est for¬ mé des Alluvions à toutes les époques ; il ne peut donc pas y avoir des terrains , mais des formations d’Ailuvion. D. Formation, Ter¬ rain , ÀTTÉRISSEMENT. (C. P.) *AIJX'\TUM ( alluo , couler sur), géol. — Terme général employé, pour ainsi dire, comme personnification de l’ensemble des effets alluviens, en opposition à celui de Diluvium , créé pour représenter les résultats matériels du Déluge. Cette distinction entre YAlluviurn et le Diluvium étant fondée sur une hypothèse plutôt que sur les faits , il est impossible de donner des caract. différents à chacun d’eux. On a bien dit que YAlluviurn étant le résultat de causes lentes et successi¬ ves, les dépôts formés par celles-ci devaient êtrestratifiés, tandis que le Diluvium ne pou¬ vait se présenter que comme une accumu¬ lation de débris irrégulièrement disposés; mais il a été bien difficile de faire l’applica¬ tion de ces principes établis à priori. {V. Di¬ luvium et Déluge.) (C. P.) *ALLUX ( Allux , orteil), ins.— Nom donné par Kirbyà l’avant-dernier art. du tarse des Insectes, quand il offre quelque chose de re¬ marquable. Ex. ; g. Curculio. (D.) ALMAGRA ou ALMAGRO. min. — Sorte d’argile ocreuse-rougeâtre , que l’on réduit en poudre fine, et dont on se sert dans l’Inde en guise de fard , et en Espagne pour colo¬ rer le tabac. On l’emploie aussi sous le nom de Rouge indien pour polir les glaces et net¬ toyer l’argenterie. (Del.) * ALM ANDIN, min.— Les anciens ont donné ce nom à une pierre rouge, que l’on croit être le grenat oriental ou le rubis-spinelle. M. Beudant s’est servi de la dénomination d’Almandine pour désigner une des esp. du g. Grenat, savoir : celle qui est à base d’a¬ lumine et d’oxyde de fer, et dont les princi¬ pales variétés sont d’un rouge violet. (Del.) ALM ANDINE. MIN. — V. Alabandine. (C. D’O.) * ALMEIDEA. bot. pii. — G. appartenant aux Diosmées d’Amérique, dédié parM. Aug. deSt. Hilaire, àDon J. R. Pereirade Almeida, noble portugais dont le crédit et l’amitié fa¬ vorisèrent ses recherches scientifiques au Brésil. Il a les caract. suivants: Cal. court, 5 parti-fide ou denté. Pétales 5, beaucoup plus longs , libres dans toute leur étendue , égaux, spatulés. Filets 5, plus courts que les pétales , libres , aplatis, hérissés antérieure¬ ment, au-dessus de leur milieu, d’une touffe de poils; portant chacun une anthère en forme de cœur étroit et allongé. Ovaires 5, entourés à leur base d’un disque cupuliforme, soudés inférieurement entre eux, glabres; autant de styles partant de leurs sommets, se rap¬ prochant aussitôt et se soudant en un seul, que termine un stigmate en tète à 5 lobes. Le fruit est réduit à 2 coques, ordinairement 1 -spermes. L’embryon offre de grands coty¬ lédons incombants, pliés dans leur longueur, sans compter de nombreuses et profondes rides transversales , et cachant la radicule qui naît d’une échancrure de leur sommet et se dirige obliquement vers lepoint d’attache. — On connaît de ce g. 5 esp., toutes brési¬ liennes. Ce sont des arbres ou des arbris¬ seaux, à feuilles alternes, quelquefois op¬ posées vers lesommet des rameaux, simples, très entières, portées sur un pétiole noueux supérieurement. Les inflorescences terminent les rameaux quisontsimplesetnusau-dessous d’elles, puisdivisésen paniculesouen thyrses avec des bractées à la naissance des pédon¬ cules etdeuxbractéoles sur chaque pédicelle. Les fleurs sont blanches, rouges, lilas ou bleues. (Ad. J.) *\ LAITES (. A Inus, nom latin de l’Aune). bot. foss. — M. Gœpperta décrit, sous le nom d' Aluiles Kefersteinii , un des fossiles les plus intéressants des terrains tertiaires, par la conservation des parties de la fructifica¬ tion. En effet, dans les ligni tes bruns de Salzhausen, près Nidda en Wettéravie , on a trouvé plusieurs rameaux, les uns avec des 19 T. I. A LO ALO chatons garnis d'étamines avec leur pollen encore bien conservé ; d’autres portant des chatons femelles avec leurs écailles et les fruits qui sont entre ces écailles. La compa¬ raison de ces organes avec ceux de l’Aune commun , prouve évidemment que cette plante appartient au même g., et à une esp. voisine de notre Alnus glutinosa , quoiqu’il soit impossible de décider si l’esp. fossile diffère spécifiquement des esp. vivantes en Europe; car on n’a pas trouvé jusqu’à ce jour, dans la même localité, de feuilles ana¬ logues à celles de ce g. , surtout à celles de Y Alnus glutinosa . La forme des anthères et celle du pollen quelles renferment, est parfaitement iden¬ tique avec celle de ces organes dans les Al¬ nus ; et c’est sans doute un des faits les plus curieux de la botanique fossile, que la par¬ faite conservation de parties aussi délicates que les grains du pollen. M. Gœppert , au¬ quel cette observation est due, l’a publiée en 1837 , dans une dissertation spéciale sur les fleurs fossiles , avec tous les détails convenables et d’excellentes figures. (Nov. Ad. Nat. Car.). Cette plante confirme du reste ce qu’on savait déjà de la présence fréquente , dans les terrains tertiaires , de plusieurs plantes appartenant aux mêmes g. que nos arbres forestiers actuels ; ainsi , parmi les Amentacées , outre le g. Alnus , M. Gœppert cite une esp. de Betula, etnous- même nous en avons décrit une des environs de Narbonne. La même localité a présenté une esp. du g. Carpinus. D’après les feuilles, les peupliers et les saules paraissent fré¬ quents ; l’Orme et le Comptonia y existent certainement , et les Érables et les Noyers sont les plus abondants. (An. B.) ALNUS (nom de l’aune chez les Latins). bot. pii. — Synon. latin de Faune. (C. L.) * ALOCASIA (altération synonymique de Colocasia. V. ce mot), bot. pu. — Sous-g. ou div. du g. Colocasia, Ray, de la fain. des Aroïdées , Juss. ( Aracées , Sch. ) , tribu des Caladiées, Sch. ( Meleth ) , s. -tribu des Co- locasiées, Sch., etaînsi caractérisée: Spathe eucullée, repliée sur elle-même ( incurvata ). Organes génitaux rudimentaires situés au- dessus etau-dessous desétamines. Appendice du spadice renflé, plissé, veiné, obtus. Con¬ nectifs sessiles. Ovaires uni-Ioculaires; ovu¬ les au nombre de ^environ. — Cette division comprend des plantes indiennes , à rhizôme caulescent, garni de feuilles peltées, simulta¬ nées , dont les nervures saillantes sur les 2 faces; à pédoncules courts, vaginés, presque solitaires; à spathe glaucescente. Elle a pour type Y Arum macrohizum L., qui , joint au Caladium cucullatum Pers. sont les 2 seules espèces qu’elle renferme jusqu’ici. ( C. L. ) ÂLOES. Aloë (à)ovj, probablement l’Aloès des modernes ). bot. pu. — G. de la famille des Liliacées, tribu des Aloïnées, fondé par Tournefort (Inst. t. 190 ) et adopté ensuite par tous les botanistes. En voici les caract. essentiels , tels que nous croyons devoir les établir aujourd’hui : Périgone corollacé, régulier, tubulé, ou irrégulier, bilabié, droit ou courbé, charnu, cylindrique ou sub- triangulaire, sexfide, sécrétant à sa base in¬ terne une liqueur sucrée très abondante; for¬ mé de 6 divisions dont 3 externes, charnues, soudées en tube, et 3 internes ténues, sou¬ dées avec les premières par le dos, dans près- que toute leur longueur; ou toutes entière¬ ment libres, réunies en forme de tube, ou dis¬ tinctes et révolutées; segments du limbe ova¬ les, à peu près égaux , imbriqués , alternes , un peu réfléchis en dehors, ou linéaires ré- volutés, canaüculés (Haworihia), ou arrondis, ténus ( Apicra )., Etam. 6, hypogynes, oppo- sitives ; filaments filiformes , légèrement courbes, libres; ou 3 seulement libres (ceux qui répondent aux divisions corollaires ex¬ ternes) et 3 enveloppés , dans presque toute leur longueur, par les bords enroulés des 3 pétales adhérents ( Gasteria) ; tous inclus ou exserts; anth. biloculaires , fixées par la base au moyen d’une fossette où s’insère le sommet du filament. Ovaire trigone , trilo- culaire, charnu; ovules nombreux, ovales , bisériés , anatropes, presque horizontaux, alternes , insérés sur la paroi interne. Style obscurément trigone, allongé, courbe, moins long ou aussi long que les étamines. Stigm. peu apparent, triparti, papilleux. Caps, tri¬ gone, scarieuse-membranacéc, triloculaire, loculicide - bivalve. Graines comprimées , planes ou anguleuses , à test membraneux , lâche, ailé sur les bords. Embryon axile, un peu plus court que l’endosperme à radi¬ cule très rapprochée du hile. Les nombreuses espèces qui forment ce beau g. , appartiennent presque exclusive¬ ment à l’Afrique et surtout à la partie aus- A LO ALO 291 traie de ce continent. Les exceptions à cette règle, citées par quelques auteurs sont en fort petit nombre ; et plusieurs espèces qu’on réunissait à ce g., en ont été retirées, par les botanistes modernes, pour devenir le type de g. nouveaux, ou pour être réunies à des g. voisins. ( V.Triioma , Vellheimia , Lorna- tophyllum,Aletris , Sanseviera, Kniphofia, etc. Doués de formes à la fois belles et étranges , les Aloès arborescents se plaisent dans les sables les plus chauds des déserts , et les espèces naines recherchent l’ombre des taillis, où elles croissent en touffes. Les Aloès prospèrent dans tous les terrains secs et pierreux. Ce sont, comme on le voit, des Sous-arbrisseaux , ou des Herbes caulescen- tesou acaules persistantes , munies de feuil¬ les charnues, distantes, sessiles, amplicau- les, planes ou anguleuses , ou disposées en rosace alterne-imbriquée, serrée, ou en an¬ gles définis; souvent dentées- épineuses et toujours membranacées sur les bords , ou souvent encore couvertes, sur et sous les 2 faces, de papilles verruqueuses, transparen¬ tes, très rarement d’épines; à fleurs sou¬ vent grandes et belles, disposées en grappes ou en épis ombelloïdes, terminaux ou axil¬ laires , simples ou rameux. On en cultive un grand nombre d’espèces dans les jardins où la multiplicité des variétés menace d’en efîaeer les types. Le plus bel ouvrage ico¬ nographique dont les Aloès aient été l’ob¬ jet, est une monographie du g. en cours de publication, et due à M. le prince de Salm-Dyck, qui depuis long- temps s’oc¬ cupe de cette matière avec succès. Ce bo¬ taniste y réunit commesous-genres, les gen¬ res que quelques auteurs précédents avaient cherché à en distraire comme distincts, et dont quelques uns, selon nous, mériteraient en effet d’être reconnus comme tels. Ces g. sont : Apicra , Haw. ; Haworlhia , Duv. ; Bovciea , Haw.; Aloë , Haw. (proprement dit); Pachydendron , Haw.; Rhipidodendron , Willd.; et Gasteria , Duv.; auxquels nous joindrons le g. Lomalopliy llum séparé à tort, selon nous, des vrais Aloès. L’auteur les sub¬ divise en 29 sections, basées sur V habitua des diverses plantes qu’elles renferment. Nous examinerons la caractéristique de chacun de ces s.-g. , à son ordre alphabétique. Le suc gommo-résineux qu’on relire de plusieurs espèces, a été préconisé en mé¬ decine, et ne sert guère plus aujourd’hui que dans la pharmacie vétérinaire; maisnous devons signaler ici les vertus que possède en particulier VA. soccoirina, vertus qu’on ne connaissait peut-être pas sous le rapport que nous allons indiquer, et que nous avons expérimentées nous-même. La pulpe des feuilles de cette espèce r appliquée sur les brûlures les plus graves, en neutralise la dou¬ leur presque sur-le-champ , et , renouve¬ lée 2 ou 3 fois en 24 h., prévient les acci¬ dents morbides qu’elles entraînent ordinai¬ rement. Il est probable que d’autres esp. congénères doivent partager avec celle-ci cette précieuse qualité. ( C. L. ) ALGEXALOJM , Loureir. (à>on, Aloès; £v>ov, bois; parce que Loureiro croyait que^ ce végétal fournit le ou agalloche). bot. pu. — G. de la famille des Légumi¬ neuses , sous-ordre des Gésalpiniées , tribu des Cassiées , DC. (Césalpiniées vraies, Bartl.). Loureiro ( Flor . Cockin .) attribue à ce g. les caract. suivants : Cal. à 4 sépales pointus, caducs : le sépale infér. falciforme, 2 fois plus court que les autres sépales. Pé¬ tales 5, inégaux. Étam. 10, libres. Style fili¬ forme. Légume falciforme , ligneux, mono¬ sperme; graine oblongue, courbée, arillée. — Arbre; feuilles simples; pédoncules termi¬ naux, multiflores. Ce g. n’est fondé que sur une seule esp., indigène en Cochinchine. (Sp.) A LOI DE. Aloidis (akç, aire , disque d’un bouclier; sT<îoç, forme; lisez Haloide). moll. — Ce g. a été institué par M. Megerle de Mühlfeld , pour une coquille bivalve , figurée depuis long- temps dans Chemnitz ( Conch . cab. t. 10. pi. 172. f. 1670, 1671). Nous comprenons difficilement le motif qui a pu porter M. Megerle à la création de ce g., puisque la coquille dont il s’agit est une véritable Corbule, et probablement la Corbula rugosa Lam. C’est dans le Magasin de Berlin pour l’année 1811, que l’on trouve pour la lre fois le g. Aloidis. ( V '. corbule.) (Desh.) *AL0I1VÉES. Aloineœ (à) on, aloès). bot. ph. — Tribu établie par le professeur Link, dans la famille des Asphodélées (Liliacées), et qui a pour type le g. Aloë. (A. B.) ALOMATIUM (à priv. ; )wp.artov , petite bordure), bot. pii. — M. De Candolle donne ce nom cà une section (artificielle) de ses 29$ A LO ALO Arabis, caractérisée par des graines immar- ginées. Les esp., comprises dans cette sec¬ tion , appartiennent pour la plupart au g. ou s. -g. Abasicarpon, Andrz. (Sp.) ALOMIA (à priv.; }<£p.a, frange), bot. ph. — G. de la famille des Synanthérées , éta¬ bli par M. Kuntîi ( Humb . et Bonap. JVov. Gen. iv.) qui le définit ainsi : Capitule mul- tiflore , homogame. Involucre campanulé, à squames imbriquées, étroites, aiguës. Ré- ceptacle nu , convexe. Tube de la corolle grêle, glabre, à limbe 5-denté. Anthères se terminant en appendices obtus, ovales- oblongs. Akènes glabres, 5-angulaires; ai¬ grette nulle. — Ce g. ne renferme qu’une esp. , VA. ayercitoides , H. B. et K. ( Æthulia *< igeratoides Spr. ) trouvée près de Mescala au Mexique. C’est une plante herbacée, gla- briuscule, très rameuse, à fleurs blanches , très semblable pour le port aux Piqueria. (C. L.) * ALOMIEES. Alomieœ , Less. ( à priv. ; Awp. a, frange), bot. ph. — C’est une division de la sous-tribu des Eupatoriées, famille des Synanthérées, caractérisée par l’absence de l’aigrette , et renfermant les g. Orsinia , Berth.j Piqueria, Guy.; Alomici, H. B. et K., type; Phalacrœa , DC.; Gymnocoronis , DC., et Isocarpha , R. B.; etc. — M. De Candolle regarde cette division comme trop artifi¬ cielle, en raison de la grande analogie des g. qu’elle renferme avec ceux de certaines autres tribus. V. Eupatoriées. (C. L.) ALOMYA. ins. — G. de la famille des ich- neurnoniens, de l’ordre des Hyménoptères, établi par Panzer( Faun. germ.) et adopté par Latreille, Gravenhorst, et tous les entomo¬ logistes modernes. Les caract. qu’il présente le rapprochent du g. Trogus ; mais il en dif¬ fère notablement par une tête plus étroite et globuleuse; des ant. plus épaisses ; des ailes ayant leur 2me cellule cubitale, triangulaire ; un abd. comprimé et plus élargi vers son ex¬ trémité. — On ne connaît que quelques esp. indigènes de ce g., et celle que l’on en con¬ sidère comme le type, est VAlomya ovatrix Panz. Grav. (. Ichneumon ovator Fab., et Ich- neamon debellaior ejusd). Elle est noire avec les 1ers segments de l’abd. roux. On la trouve dans la plus grande partie de l’Europe. (Bl.) ALOIVSOA , R. et P.; Hemimeris, IÀunth; //emûomuooyî, herbe), bot. pii. — G. de la famille des Graminées , proposé par Reichenbach ( Flor . excurs. 12) et réuni comme synon. au genre Rœleria , Pers. V. ce mot. (C. L.) *ALOPHORA (&;, aire, enfoncement en forme de disque; cpopoç, porteur; il fau¬ drait écrire Halophora). ins. — Genre de l’ordre des Diptères, division des Bracho- cères, subdivision des Dichœtes, famille des Athéricères, tribu des Muscides, sec- 294 ALO ALG tion des Créophiles, sous-tribu des Pha- siennes. Ce g., établi par M. Robineau-Des- voidy aux dépens des g. Conops de Linné , Thereva de Fabricius, Phasia de Latreille et de Meigen, a été adopté par M. Macquart, et offre les caractères suivants: Corps large, déprimé; jambes postérieures arquées; pre¬ mière cellule postérieure des ailes fermée, terminée presque en pointe; pétiole assez long. — Parmi les espèces qu’il renferme , nous n’en citerons que deux, qui se trouvent dans toute l’Europe, savoir : les A. subco- leoplrata et hemiptera Rob. Desv., qui sont des Thereva pour Fabricius. (D.) *ALOPHUS. ins. — Syn. latin d’ÀLOPiiE. (C. d’O.) ALOPIAS. poiss. — Synon. d’AcopÉciE. (Val.) *ALOPOIVOTE. rept. — V. Analoponote. (G. B.) ALOSE. Alosa ( Alosa , l’Alose), poiss. — Poisson que Linné et Lacépède ont classé dans le genre des Clupées, sous le nom de Clupea Alosa. L’Alose véritable a la bouche sans dents ; la tête large et vei¬ née, le dos large, épais et arrondi; le ventre mince et tranchant; une petite dor¬ sale; une assez longue anale; la caudale fourchue; les nageoires paires petitesses ven¬ trales sont abdominales. — C’est un excellent poisson qui remonte dans nos fleuves pour y frayer vers la tin d’avril et pendant le mois de mai (ce qui l’a fait nommer sur quelques points du littoral de l’Allemagne may fisch ; les Anglais le nomment shad ). A cette époque les poissons ont les lai¬ tances ou les ovaires remplis, et le ventre est tellement distendu que la hauteur du corps fait près du quart de la longueur to¬ tale. Elles remontent assez haut dans les fleuves; car, dans la Seine, on en prend jusqu’à Provins. Elles entrent aussi, mais plus rarement, dans les affluents de ces fleu¬ ves. Quand elles ont frayé, les Aloses devien¬ nent comme malades; elles maigrissent considérablement, et ont si peu de force, qu’elles se laissent aller au fil de l’eau qui les rapporte vers la mer. Un petit nombre peuvent y arriver, la plupart mourant en route. Les petites Aloses nées dans les eaux douces, y croissent jusqu’à la taille d’un décimètre. Parvenues à cette force, on les voit toutes descendre le fleuve et gagner la mer, vers le mois d’août. Les petits y restent, pour s’y développer, jusqu’à ce qu’ils aient atteint la taille de 3 décimètres environ; alors les Aloses deviennent aptes à repro¬ duire leur espèce; et, dès le printemps , les deux sexes remontent les fleuves. L’Alose se pêche au tramail , sorte de grande nappe de filet, tendue verticalement contre le courant de l’eau; une petite ficelle que tient le pêcheur, l’avertit de la secousse donnée par le poisson au filet. L’Alose meurt aussitôt qu’on l’a tirée de l’eau. Il ne faut pas confondre l’Alose avec la Finte ( V . ce mot ) , qui est moins délicate , et qui se reconnaît aux petites dents dont sa bouche est garnie. (Val.) ALOSE. Alosa [Alosa, Alose des modernes). poiss. — M. Cuvier a établi, sous ce nom, un genre de la famille des Clupéides , dont l’Alose ordinaire est l’espèce autour de laquelle il a groupé toutes les esp. rangées dans le g. Clupea , et qui ont, comme elle, une échancrure entre les deux branches de la mâchoire supérieure Ce g. est naturel, quoiqu’il repose sur un caractère qui en apparence est peu important. On trouve des esp. d’ Aloses dans les eaux de l’Amé¬ rique septentrionale [A. menhaden , œsti- valis , vernalis , e te. de Mitchill), et dans celles de l’Inde. Rupel en figure plusieurs esp. Il ne paraît pas que toutes aient, comme notre Alose , l’habitude de remonter les fleuves pour frayer. (Val.) ALOUATE. mam. — Synon. du g. Hur¬ leur , dans plusieurs méthodes. C’est aussi le nom de l’esp. type de ce g. ( Hurleur Alouate). (I. G.-S.-H.) ALOUE. ois. — Nom vulg. de l’Alouette des champs. (C. d’O.) ALOUETTE. Alauda. ois. — G. de l’ordre des Passereaux, de la famille des Dentiros- tres de Cuvier, faisant partie de noire fa¬ mille Alaudidèes et de notre sous-famille Alaudinées. Quoique, à l’article de cette sous-famille, nous ayons annoncé que, des différents g. et s.-g. établis aujourd’hui par les auteurs anglais aux dépens du g. Alau¬ da, nous croyions ne devoir adopter que les 3 qui répondent aux 3 div. établies par MM. Cuvier, Vieillot et Temminek, nous de¬ vons avouer ici que tous nos efforts pour trouver des caract. distinctifs et de quelque importance à ces trois groupes , basés uni- * ALO A LO 295 quement sur la forme du bec, ont été in¬ fructueux, et nous ont convaincu que, dans ce g. plus encore que dans tout autre, cet organe donnait lieu à des rapprochements d’esp. dont l’analogie entre elles disparaissait complètement sous d’autres points de vue. Effectivement, si quelques unes offrent, dans la conformité du bec, un motif de réunion, la différence dans la forme de leurs ailes et de leurs pattes porte , au contraire , à les sé¬ parer. C’est ainsi qu’en prenant pour un des types ou g., l’Alouette des champs {A. arven- sis L.), au bec cylindrico-conique, aux rémi¬ ges primaires fort allongées, avec les trois 1 res seulement d’égale longueur et sans penne bâtarde, l’Alouette lulu, l’Alouette cochevis, qui, d’après leur bec, devraient lui être réu¬ nies, nous présenteront, au contraire, une eoupe d’ailes fort différente, à pennes pri¬ maires de longueur moyenne , avec les 4 et non les trois lres égales et une penne bâtarde; tandis que la Calandre, la Calandrelle, dont les ailes ont entièrement la forme de celles de l’Alouette des champs , en diffèrent par leur bec remarquablement fort, arqué supé¬ rieurement et comprimé chez l’une, brévi- cône et obtus chez l’autre. Quant aux pattes, on les verra également subir, chez des espè¬ ces conformes dans leurs autres parties, de fortes modifications dans la longueur des doigts et des ongles, tandis qu’on les trou¬ vera semblables chez d’autres qui différeront entre elles sous d’autres rapports. Ces 3 divisions, adoptées parles auteurs précités et indiquées par M. Swainson, dans sa dernière classification, comme g., sous les noms d ’Alauda, Calendula et Certhilauda , sont, ainsi que leurs s.-g., caractérisées par cet auteur, de telle sorte qu’une partie de nos esp. européennes n’y peuvent trouver place ; ce sont les Alouettes Calandre, Calan¬ drelle, Cochevis et Lulu. Persuadé depuis long-temps, d’après nos propres observations , du grand nombre de modifications qu’éprouve la forme du bec dans la plupart des g. un peu nombreux en esp., et, par suite, du peu d’importance de cet organe comme caract. générique, et, ayant reconnu , après une comparaison mi¬ nutieuse des 28 esp. que nous possédons, que , chez les Alouettes , où l’on voit la forme du bec passer par gradations insensibles de la forme particulière aux Gros-becs jusqu’à celle des Ténuirostres , les ailes étaient con¬ formées en général d’après deux types bien prononcés et distincts , c’est-à-dire ailes ai¬ guës ou sur-aiguës, à primaires allongées, sans penne bâtarde dans l’un , sub-obtuses ou sub-aiguës , à primaires courtes ou mé¬ diocres avec une penne bâtarde dans l’autre, nous avons cru devoir renoncer à la division en 3 principaux groupes d’après le bec, ad¬ mise généralement par les auteurs, parce qu’elle rapprochait un grand nombre d’esp. différant totalement entre elles par les ailes et les pattes. Convaincu que les modifica¬ tions dans l’appareil du vol sont, en géné¬ ral , beaucoup plus importantes que celles du bec , comme divisions naturelles chez les esp. d’un même g., et chez les Alouettes en particulier (où elles coïncident d’une ma¬ nière sensible avec des habitudes différen¬ tes), nous avons cru qu’il était plus naturel de sectionner le g. Alouette en deux grou¬ pes principaux, basés sur la forme des ailes. Un de ces groupes , d’ailleurs , est particu¬ lier à l’Europe , et son type alaire ne se ren¬ contre chez aucune esp. exotique; c’est le type aigu ou sur-aigu ; tandis que l’autre, qui ne se rencontre à son maximum que sous les zones chaudes de l’Afrique et de l’Asie, renferme cependant quelques esp. européennes , à type moins prononcé et fai¬ sant transition entre les deux groupes. Nous allons indiquer, dans le tableau sui¬ vant, les caract. de ces deux groupes et une série d’esp. qui se rapportent à chacun d’eux, en commençant par celles chez lesquelles le type aigu et sur-aigu est à son maximum , et finissant par celies qui présentent le ca¬ ract. opposé. Genre Alouette. Alauda. ( V . pour les ca¬ ract. ceux indiqués pour la sous-famille Alaudinées.) lre section. — «Ailes aiguës ou sur-aiguës, sans penne bâtarde, à rémiges primaires lon¬ gues ou très longues; les trois lres pennes seulement à peu près de la même longueur ; la 4mfc et les suivantes décroissant brusque¬ ment ; les tertiaires n’atteignant jamais l’ex¬ trémité des primaires; queue légèrement fourchue ; bec et pattes variant de forme suivant les esp. Toutes les esp. de cette lre section sont exclusivement européennes ; une seule se re¬ trouve aussi dans l’Amérique du nord. Elles 296 ALO ALO se font remarquer par leur vol facile et sou¬ tenu, s’élevant au plus haut des airs, et y faisant entendre leur chant sonore à des hauteurs où l’œil peut à peine les distin¬ guer. Elles ne se posent jamais qu’à terre dans les plaines et nichent à la surface du sol ; ce sont: Alouettes grandes voilières et non percheuses (type européen). A. Bec très fort, élevé, très arqué supé¬ rieurement, comprimé ; ailes sur-aiguës, at- teignant l’extrémité de la queue; pieds grands et robustes ; ongle postérieur fort , plus long que le pouce d’un tiers environ , et légère¬ ment arqué ; ex. : l’A. calandre, A. culan- dra L., type du g. Londra , Sykes. ( Proceed . 1838, p. 112.) B. Bec assez grêle, cylindrico-conique; ailes aiguës, n’atteignant que les 2/3 de la queue; doigts allongés, mais moins robustes que chez l’espèce précédente; l’ongle postérieur moins gros, mais plus long et presque droit ; ex. : l’A. des champs, Al. arvensis , type du g. Alauda, Swainson. C. Bec et ailes comme chez l’esp. précé¬ dente ; pattes noires à doigts courts , avec les angles antérieur et postérieur allongés , conformés comme dans le g. Plectrophane de Meyer (le Bruant de neige de Tem.) , queue carrée à son extrémité; ex. : l’A. hausse-col noir, A. alpestris , type dus.-g. Phileremos, Bonap. D. Bec plus gros, plus court, plus obtus que chez les deux esp. précédentes; ailes semblables ; doigts et ongles faibles et très courts; ex.: l’A. calandrelle, A. brachy- daclyla. 2mp section. — « Ailes sub-aiguës ou sub¬ obtuses, à penne bâtarde, à rémiges pri¬ maires courtes ou moyennes; les 4 ou les 5 premières d’égale longueur à peu près ; la 5me ou seulement la 6me, décroissant d’une manière sensible ; les tertiaires aussi longues ou presque aussi longues que les primaires ; queue le plus souvent terminée carrément; bec et pattes variant suivant les espèces. » Les espèces qui appartiennent à cette 2m* section sont beaucoup plus nombreuses que dans la lre, dont nous ne connaissons que les 4 précitées; 3 ou 4 esp. européennes en font partie ; mais la presque totalité appar¬ tiennent à l’Afrique ou aux Indes. Elles s’é¬ lèvent beaucoup moins dans les airs que celles de la lre section; ieur chant est moins étendu et moins prolongé, et elles le font souvent entendre étant posées. Elles se per¬ chent souvent sur les tertres élevés , sur les murs , les maisons des villages , et même les arbres et les buissons, et placent quelque¬ fois leurs nids au pied ou au centre de ces buissons. Alouettes petites voilières et percheuses (type indien , africain et européen). lre s.-section. -- « Point de penne b⬠tarde ; les 4 premières rémiges à peu près égales; les tertiaires aussi longues qu’elles ; bec médiocre, semblable à celui de l’A. hausse-col noir; doigts et ongles courts et faibles comme chez la Calandrelle. » Une seule esp. africaine, et qui semble, par l’ab¬ sence de penne bâtarde, faire exception à tou¬ tes les esp. étrangères à l’Europe , compose cette s.-section : c’est l’A. cendrille de Buf- fon, ou petite Alouette à tète rousse de Le- vaillant {pi. 199). 2me s. -section. — « Penne bâtarde fort pe¬ tite, n’ayant guère que le quart de la lon¬ gueur de la penne suivante. » A . Bec et pattes semblables à ceux de l’A. des champs, mais plus faibles et plus grêles ; rémiges tertiaires n’atteignant pas l’extrémité des primaires ; ex. : l’A. lulu, A. arborea. B. Bec plus long et plus grêle que chez l’A. des champs; pattes semblables, mais l’ongle du pouce n’étant pas plus long que ce doigt; tertiaires n’atteignant pas l’extrémité des primaires ; ex. : l’A. huppée, A. cristata. C . Bec fort, dans le genre de celui de la Calandre, mais plus allongé et moins haut; primaires courtes , les tertiaires en attei¬ gnant presque la pointe; queue échancrée; pattes robustes, à peu près semblables aussi, mais l’ongle du pouce fort , allongé et pres¬ que droit ; ex. : l’Alouette à gros bec Vaill., pi. 193, type du g. Calendula de Swainson. D. Bec gros, court, très arqué en dessus, approchant de celui des Fringilles ; tertiaires atteignant presque les primaires; doigts et ongles fort courts, comme chez la Calan¬ drelle ; ex. : les Gros-becs croisés et Oreillon blanc Tem. (Col. 269). Type du g. , Pyrriiu- lauda, Smith., ou Mégalo iis, Swain. de l’Inde et d’Afrique. Ces esp., que tous les auteurs, excepté Lichtenstein, mettent dans les Frin¬ gilles , ont tous les caract. extér. et les habi- ALO ALO 207 tudes des vraies Alouettes. D’après Sykes ( Proceed ., 1832, p. 94), elles se tiennent tou¬ jours à terre et ne se perchent jamais. Elles se rapprochent de la Calandrelle par les pattes et même par le bec. 3me s. -section. — « Penne bâtarde, attei¬ gnant la moitié en plus du tiers de la lon¬ gueur de la penne suivante. » E. Bec fort, intermédiaire à ceux de la Calandre et de la Calandrelle; ailes à pri¬ maires assez allongées , à tertiaires courtes ; doigts et ongles courts, comme chez la Ca¬ landrelle; ex. : l’A. Isabelline (Tem. Col. 244- 2) , l’A. à dos roux (Vaill., pl. 197). F. Bec et pattes à peu près semblables, mais ongle postér. plus court que le pouce ; primaires courtes; tertiaires s’étendant jus¬ que près de leur extrémité; ex. : l’A. ferru¬ gineuse, A. ferruginea de Lafr. {in Mus. nosiro ), Afr. austr. G. Bec, pattes et huppe conformés comme chez l’A. huppée, mais l’ongle postér. plus arqué ; primaires courtes , les tertiaires en atteignant l’extrémité; ex. : Mirafra afri- cana Smith., la Calotte rousse, Vaill. (pl. 198). H. Bec de la Calandre, mais moins haut; doigts et ongles de l’A. des champs; penne bâtarde atteignant la moitié de la longueur delà suivante; primaires courtes, les ter¬ tiaires en atteignant l’extrémité; ex.: l’A.mi- rafre (Terri. Col. 305-2), type du g. Mirafra , Horsf. de l’Inde. J. Bec médiocre, un peu plus fort et plus long que chez l’A. des champs ; doigts et on¬ gles très courts, comme chez la Calandrelle ; les primaires très courtes ; les 5 premières à peu près de même longueur, entièrement recouvertes par les tertiaires ; ex. : l’A. ba¬ teleuse (Vaill., pl. 194), type du g. Braco- nyx , Swains. 4me s. -section. — « Ailes conformées comme dans la s.-section précédente; mais bec grêle, allongé, arqué dans toute sa lon¬ gueur ; la mandibule infér. recourbée en dessous parallèlement à la supér. (g. Certhi- lauda, Swains., ou Sirly, Lesson , Traité d’ Orn. ). K. Doigts assez allongés ; l’ongle du pouce fort, allongé, subulé et parfaitement recti¬ ligne; ex. : l’A. Sirly, Buff., pl. 712; Vaill., pl. 192 (toute l’Afrique). L. Doigts courts et robustes; l’ongle du pouce semblable à l’esp. précédente, mais t. i. légèrement recourbé vers le haut; ailes et queue beaucoup plus courtes que chez elle ; ex. : le Sirly à queue barrée de blanc, Les¬ son {Tr. d’ Orn.) , Cerihilauda albo-fasciala de Lafr. [Mag. Zool. 1836, pl. 58) ; c’est le Certliilauda garrula de Spix (Afr. austr.). M. Doigts semblables à ceux de l’esp. précé¬ dente, mais l’ongle du pouce court et courbé légèrement dans le sens ordinaire; primaires allongées, atteignant les 3/4 de la longueur delà queue; ex.: l’A. bifasciée, A. bifas- ciala Tem., Col. 393 (Égypte , Nubie) JY. Doigts robustes et beaucoup plus longs que chez l’esp. précédente; l’ongle du pouce à peu près semblable au sien ; ailes à pri¬ maires moins longues, médiocres, n’attei¬ gnant que la moitié de la queue ; ex. : l’A. à manteau roux , A. rufo-palliata de Lafr. {Mag. Zool., 1836, pl. 59). (Afr. austr.). O. Point de penne bâtarde; doigts de longueur moyenne , mais faibles et minces ; tarses médiocres ou courts ; ongle du pouce court et légèrement arqué (type américain) ; ex. : l’A. mineuse Azara, n° 148, Alauda cuniculariaS ieill. {Dict.,\ ol. i, p.369); Cer¬ ihilauda cunicularia de Lafr. et d’Orb. ( Sy¬ nopsis , p. 71) ; le Sirly à bec grêle , Certh. lenuirostris , d’Orb. et Laf. ( Syn . p. 72) ; le Sirly maritime, Certh. maritima, iid., ibid. p. 72; d’Orb., Voy. en Amér., pl. 44,1. La lre est du Paraguay et de la République Bolivienne; les2suivantessontdecette dernière contrée. En indiquant celte nombreuse suite de petites subdivisions, nous sommes loin de prétendre les donner comme sections à sui¬ vre dans la classification. Notre but élait de prouver ce que nous avons avancé d’abord : que , chez les Alouettes, la forme du bec et des pattes varie, chez presque toutes les es¬ pèces , à tel point , qu’il est impossible de les subdiviser d’après eux , tandis qu’elles peuvent se fractionner naturellement en 2 groupes basés sur la forme de leurs ailes autant que sur la différence de leurs habi¬ tudes. Le seul s. -g. Sirly nous paraît avoir quel¬ que importance d’après ce que nous a com¬ muniqué, sur les mœurs des esp. africaines qui en font partie, M. J. Verreaux, qui les a observées en Afrique. Selon lui, ces esp. se tiennent habituellement sur les ter¬ rains élevés et arides, courent rapidement et grattent la terre de leurs pattes et de leur 19* ALP ALP bec à la manière des Gallinacées. (Lafr.) ALOUETTES DE MER. Pelidna , Cuv. ois. — C’est, dans le Règne animal de Cu¬ vier, une petite subdiv. de ses Echassiers longirostres , répondant en partie au g. Bé¬ casseau ou Tringa de Temminck. F . Bécas¬ seau. (Lafr.) ALOUETTLYE. ois. — Synon. vulgaire du PipitFarlouse dans quelques cantons de la France. (C. d’O.) *ALOUMÈRES, ou jahuquère. bot. cr. — On nomme ainsi, dans les environs de Dax , l’Agaric paillet de Thore (. A . albo-rufus Pers.). C’est une esp. très recherchée. Son chapeau, large de trois pouces ou plus, est mame¬ lonné, lisse, d’un blanc roux ; ses feuillets sont décurrents, blancs dans le jeune âge et roussissent ensuite; le pédicule est nu, grêle, blanc et cylindrique. — Il croît au printemps et en automne, par groupes nombreux, aux pieds des sureaux. Son odeur est très agréa¬ ble et sa saveur douceâtre. (Lév.) ALGYSIA, Ortega ( Maria-Louisa, mère de Ferdinand VII , roi d’Espagne), bot. pii. — G. de la famille desVerbénacées, réuni comme synon. au g. Lippia, dont il forme une des 2 divisions. F. Lippia. (C. L. ) ALPAGA, mam. — Espèce du g. Lama. F. ce mot. (I. G. -S.-H.) ALPÉE .Alpæus. ins. — G. de Coléoptères pentamères , famille des Carabiques , établi par Bonelli et non adopté par M. Dejean, qui en place les esp. dans le g. Nébrie . (D.) ALPES. Alpes, géol. — Ensemble des hautes montagnes del’Eüïope qui, des bords de la Méditerranée en France, s’étendent jus¬ qu’en Hongrie, séparant l’Italie des autres contrées. Les limites des chaînes, que l’on peut considérer comme des rameaux des Al¬ pes , sont difficiles à tracer d’une manière précise. Le radical alp ou alb paraît être d’o¬ rigine celtique, et avoir été emprunté par les Latins au langage des Gaulois, ou, selon les lexicographes, ce serait un mot sabin (. Alpus ) ayant la signification d’ Albus. On désigne souvent aussi , sous le nom d’Alpes, les chaînes de montagnes de toutes les parties du monde, qui sontassez élevées pour que leurs sommets restent constam¬ ment couverts de neige; et quelques étymo- îogistes font même venir alp ou alb d’albus , blanc. Le point le plus élevé des Alpes d’Europe est le Mont-Blane. qui atteint 4,810 mètres au-dessus du niveau de l’Océan. F. Monta¬ gnes. (C. P.) ALPESTRES [Alpes, Alpes), bot. — On donne ce nom à toutes les esp. de plantes qui croissent sur les montagnes peu élevées; celles , par exemple , sur lesquelles la neige ne séjourne pas, comme les Cévennes, les montagnes de l’Auvergne, etc., etc. Tan¬ dis qu’on appelle Plantes alpines, celles qui viennent à des hauteurs plus considérables, et qui appartiennent à la végétation carac¬ téristique des hautes chaînes de montagnes. (A. R.) *ALPHÆA, D€. [oàtpoç, blanc), bot. pii.— G. ou s.-g. de la famille des Malvacées, dif¬ férant des Althcca par un involucelle 5-fide et par des coques rugueuses. Les 2 esp, qui le constituent croissent, l’une à Bourbon, l’autre au Cap de B.-E. (Sp.) *ALPHÉE. Alphœus (nom myth.). crust. — G. de l’ordre des Décapodes, famille des Macroures, établi par Fabricius, et ainsi caractérisé : Carapace s’avançant au-des¬ sus des yeux, et formant un petit bouclier voûté. Rostre très petit, quelquefois nul. Ant. supér. petites, ayant leur 1er art. court et armé en dehors d’une lame ordinairement spiniforme, les suivants cylindriques. Ant. intér. placées en dessous des précédentes, pourvues d’un palpe lamelleux.Mandib. mu¬ nies d’un appendice palpiforme , court. Pattes-mâchoires quelquefois grêles et al¬ longées, d’autres fois de longueur médiocre, et pourvues d’un article élargi et presque foliacé. Pattes des deux lres paires didacty- les; les antér. fortes, armées d’une grosse main renflée; les suivantes monodactyles et de longueur médiocre. Abd. grand, pourvu de fausses pattes allongées. — Ce g. ren¬ ferme 12 esp., dont quelques unes habitent la Méditerranée; mais la plupart les mers des Antilles et de l’Océan Indien. (H. L.) *ALPHÉE]\S. Alphœi (Alphée, Alphœus, nom myth). crust. — Tribu de l’ordre des Décapodes , famille des Macroures , créée par M. Milne-Edwards , et ainsi caractérisée: Rostre très court , n’ayant jamais la forme d’une grande lame placée de champ, comme chez les Palémoniens. Ant. internes, placées au-dessus des externes , ordinairement très courtes. Une des paires de pattes très grosse , et en général terminée par une forte main ALP 299 didaclyle. Les deux paires de pattes anlér. presque toujours didactyles; celles de la 2e paire ne l’étant jamais; enfin celles des 3 der¬ nières assez robustes et servant pour la mar¬ che aussi bien que pour la natation. Cette tribu renferme les g. suivants : Alphœus , Aihanos , Ponlonia , Aulumncea r 2Vika , Atija , Caridina, Hymenocera., (H. L.) ALPHESTES (àltpy nom chez les Grecs d’un poisson aujourd’hui inconnu). poiss. — Nom grec tiré d’Athénée, attribué tantôt à une esp. de labre, et tantôt em¬ ployé par Bloch, dans son édition posthume, pour un g. qui n’a pu être conservé, car les deux esp. que cet auteur y rapportait sont évidemment des Serrans. (Val.) * ALPHITOBUJS (a)yixov , farine ; Gitrov, farine; goP- cp/j, forme), bot. cr. — Wallroth ( Verhand.nœ - turf. BerlASid) , désigne sous ce nom le g. Erysiphe [C. ce mot), parce que les Cham¬ pignons qui le composent ressemblent à de la farine répandue sur des feuilles. (LÉv.) *ALPHITOPOLA (a> itov , farine; noh oç^. I a, blanc, che). ins. — G. de Coléoptères té- tramères , famille des Longicornes , établi par M. Dejean {Catal., 3e édit.), et dont les caract. n’ont pas été publiés.D’après la place qu’il lui donne, à côté du g. Gerania de M. Serville, il appartiendrait à la tribu des Lamiaires de ce dernier. Il n’y rapporte qu’une seule esp.’nommée par lui, A. lactea; elle est du Sénégal. (D.) *ALPHUS (àtyoç, blanc), ins. — G. de Co¬ léoptères tétramères, famille des Longîcor- nes, établi par M. Dejean [Catal., 3e édit.), qui n’en a pas publié les caractères. Il y rapporte 7 esp. toutes nommées par lui, dont 5 du Brésil et 2 de Cayenne. Ce g., par la place qu’il occupe dans Je Catal., paraît ■ ALQ appartenir à la tribu des Lamiaires deM. Ser¬ ville. (D.) ALPINES (Plantes), bot. — V. Alpestres. (A. B.) ALPINIA, L .',Geihyra et Ethanium, Salisb.; Zerumbet , Wendl., etc. (Prosper Alpin, an¬ cien botaniste), bot. pii. — G. de la famille des Amomées de Jussieu, formé par Linné ( Gen. Pl. ) , et dont les caract. sont ainsi cir¬ conscrits: Cal. tubuleux , lâche , se déchi¬ rant au sommet. Cor. à tube court; div. extér. du limbe égales , un peu dressées ; les intér. latérales, denticulées ou milles; labelle ample, étalé, entier ou 2-3-lobé. Filament linéaire non prolongé au-delà des loges de l’anth., qui estmutique etéchancrée. Ovaire infère, triloculaire. Ovules nombreux, hori¬ zontaux, anatropes, fixés dans l’angle cen¬ tral des loges. Style filiforme, passant entre les loges des anth. ; stigm. capilé-trigone. Caps, bacciforme, 3-loculaire, indéhiscente. Graines arillées, très ou peu nombreuses par avortement. — Le g. Alpinia , tel qu’il a été limité, renferme encore une vingtaine d’es¬ pèces qui, presque toutes, sont cultivées pour l’ornement des serres chaudes; ce sont de magnifiques herbes vivaces , appartenant toutes à l’Asie tropicale. Les racines ( rhi- zômes) en sont épaisses, tubéreuses, aroma¬ tiques, horizontales; il en sort plusieurs tiges à feuilles bifariées, lancéolées; à gaine fendue, ligulée. L’inflorescence en est ter¬ minale, paniculée, ou en épi ou en grappe lâche. (G. L.) *ALPINIÉES. Alpinieœ. bot. pii. — Troi¬ sième tribu établie par M. Blume [Enum. Plant. Javæ ) dans la famille des Amomées , et qui comprend les g. Alpinia , Hellenia et Cenolophon. P^. Amomées. (A. B.) ALPISTE. bot. pii. — Nom vulgaire du g. Phalaris , de la famille des Graminées. V. Phalaris. (A. B.) ALQIJE. ois. — Nom donné par Linné à un g. renfermant les Pingouins et les Maca¬ reux, et qui n’a pas été adopté. M. Lesson a rétabli ce nom pour une petite famille comprenant les g. Cérorhynque , Macareux et Pingouin. (C. d’O.) ALQEIFOEX. min. — Nom sous lequel on désigne, dans le commerce et dans plusieurs ateliers , la galène réduite en poudre , qu’on emploie pour la couverte de la poterie gros¬ sière. En Orient, elle entre, avec le noir de 300 ALS ALS fumée, dans la composition de la poudre avec laquelle les femmes se teignent les cils et les sourcils. (Del.) *AESEIS (aXo-oç, £oç, bois ). bot. ph.— G. de la famille des Rubiacées , établi par M. Schott (in Sprengel. Cur. Post ., p. 404), et classé par M. Endlicher (Gen. Plant. 1, p. 555) dans la tribu des Cinchonées , entre les g. Danaïs et Exostemma. Les auteurs ci¬ tés lui assignent les caract. suivants : Fleurs monoïques par avortement. Tube calicinal obconique, adhérent ; limbe supère, 5-parti ; lanières lancéolées. Corolle courte , subeam- panulée, 5-dentée. Étam. 5, insérées à la base du tube de la corolle, saillantes dans les fleurs hermaphrodites , incluses dans les femelles; filets subulés, poilus à la base. Anth. ovales, dressées. Ovaire 2-loculaire ; placentaires multi-oyulés, adnésàla cloison; ovules suspendus , imbriqués , marginés. Style indivisé, saillant, poilu à la base. Stigmate bifide; lanières linéaires , étalées. (Péricarpe inconnu).- V A. floribunda Schott (End\.Atakt. I. c. tab.38), constitueseul le g. — C’est un arbrisseau du Brésil, à feuilles opposées, à stipules triangulaires, très cour¬ tes, à épis terminaux et alaires. Les fleurs sont petites, jaunâtres, très rapprochées. (Sp.) *ALSEODAPHNE (aÀo-oç , toç , bois ; , laurier) . bot. pu. — G. de la famille des Lau- rinées, tribu des Persées, Nees, formé par Nees von Esenbeck ( in JVall. Pl. asiat. rar. 11-61), avec la diagnostique suivante : Fleurs hermaphrodites. Périgone 6-fide, chartacé, à limbe décidu. Etam. 12, quadrisériées , dont 9 extér. fertiles , 3 intér. stériles ; celles du 3e rang interne des fertiles, munies à la base de glandules binées, stipitées, compri¬ mées; leurs filaments le plus souvent dila¬ tés. Anth. des 1er et 2e rang introrses ; celles du 3e extrorses; toutes oblongues, 4-locel- lées, déhiscentes par autant de valvules as¬ cendantes. Etam. stériles, stipitées, églan- dulées dorsalement, à sommet introrse, sagitté-lancéolé. Ovaire uniloculaire, uni- ovulé. Stigm. discoïde. Baie monosperme, placée sur la basepérigoniale, entière, orbi- culaire et étalée. — Ce g. renferme quelques arbres de l’Inde, à feuilles alternes, penni- nervées, dont les nervures primaires, costées; à gemmes compactes et couvertes d’un pe¬ tit nombre d’écailles entrebâillées; à fleurs disposées en panicoles subcorymbiformes , naissant dans les aisselles d’une gemme ter¬ minale. (C. L.) *AL$EUOSMÏA, Cunningh. (dUoq, bois; suoep. ta, bonne odeur), bot. pu. — G. que Cunningham rapporte avec doute à la fa¬ mille des Cornées ou à celle des Caprifolia- cées, et dont il expose ainsi les caract. (. Flor . Nov.-Zeelancl. in Rook. Ann. of Nat. Hist., ii, p. 209; 1839): Tube calicinal adhérent; limbe supère , 4-ou 5-fide , non persistant, à estivation valvaire. Cor. infundibuliforme ; tube beaucoup plus long que le calice ; gorge imberbe; limbe 5-parti, à lanières ovales, égales, pointues, sinuées-dentées, valvaires en préfloraison. Etam. 5, courtes , égales , insérées à la gorge de la corolle, entre les segments du limbe; anth. saillantes, dithè- ques , longitudinalement déhiscentes. Dis¬ que épigyne. Ovaire 2-loculaire , adhèrent ; loges 2-5-o u pluri-ovulées ; style filiforme, glabre ; stigmate disciforme, indivisé. Baie turbinée, obovée, infère, 1-loculaire, po- lysperme ou, par avortement, oligosperme. Graines obovales, courbées, obtuses, con¬ vexes au dos, anguleuses du côté antér., mé- difixes; test épais, réticulé; embryon petit, rectiligne, niché à l’extrémité infér. du pé- risperme; cotyl. subfoliacés, contigus; ra¬ dicule courte, obtuse, éloignée du hile. — Arbrisseaux dressés , hauts de 2 à 3 pieds ; feuilles coriaces, persistantes, alternes, non stipulées , pétiolées , très entières ou lobées ; pétiole dilaté à la base; fleurs latérales ou terminales , pédicellées , bractéolées , très odorantes , solitaires ou fascicuîées ou en grappe. — Ce g. est propre à la ]\fouv.-Zé- lande ; Cunningham en a décrit 8 esp. (Sp.) * ALSIDIE. Alskliurn (de a >aoç , bois , fo¬ rêt; la plante ressemble à un arbre), bot. cr. (Phycées). — Ce g. monotype , apparte¬ nant à la sous-famille des Floridées , a été établi par Agardh (Icon. Alg.europ., t. 9) sur une algue trouvée dans l’Adriatique. Elle est ainsi caractérisée : Fronde cartilagineuse, raide, cylindrique, filiforme, atténuée, dres¬ sée ^ irrégulièrement rameuse. Plusieurs ti¬ ges naissent d’une même base crustacée, convexe , plate en dessous. C’est par là qu’elles se fixent aux rochers sous-marins. Cette Thalassiophyte n’est pas particulière à l’Adriatique; M. de Notaris l’a retrouvée dans la Méditerranée, à file de Capraja, et ALS 301 ALS M. Roussel à Alger. On n’en connaît pas la fructification. (G. M.) *ALSÏNACÉES. Alsinaceœ , Lindl. bot. pii. — V. Alsinées. (G. L.) * A USINE (àXo-fvvî, nom chez les Grecs d’une plante indéterminée). L. Wahlenb., Koch.; Spergularia , Pers . , Halianthus , Mœnch \ Honr.~ kenya , Ehrh.; Lepigonum, Fries; AlsineelSa- bulina , Reichb. bot. pii. — G. ou s.-g. pris pour type de la famille des Alsinées ; toute¬ fois il mérite à peine d’être séparé des Are- naria, dont il ne diffère absolument que par une capsule 3-valve. Linné fondait le caract. distinctif des Alsine sur le nombre des éta¬ mines ; caract. moins valable encore que l’autre, parce que, dans les Alsine comme dans les Arenaria , le nombre des étamines varie de 3 à 10. Dans les limites que lui as¬ signent aujourd’hui la plupart des auteurs, le g. Alsine renferme environ 20 esp. , dont la plupart appartiennent à la flore euro¬ péenne. L’ Alsine meclia L., nommé vulgaire¬ ment Morgeline , Mouron des oiseaux , est un Slellaria . (8p.) ALSINÉES. Alsineæ. bot. pii. — Une des 2 grandes tribus dans lesquelles se séparent naturellement les Caryophyllées. V. ce mot. (Ad. J.) *ALSINELLA , Benth. bot. pii. — G. de la famille des Alsinacées , dont le nom est in¬ diqué dans le Catal. de Wallich, et repro¬ duit depuis par Reichenbach et Lindley; les caractères n’en ont pas été publiés. (Sp.) ALSODÉE. Alsodeia, Petit-Thou. [àAw- S-n; , qui aime l’ombre des bois), bot. pu. — G. de la famille des Yiolariées, tribu des Al- sodinées. Aubert Du Petit-Thouars {Hist. des Vègét. des îles de VAfr. auslr ., ii, p. 55; JVov. Gen. madag ., n°05) en donne les ca¬ ract. suivants : Cal. de 5 sépales pointus, im¬ briqués; 3 extér., 2 intér. Cor. régulière, à 5 pétales plus longs que le calice, contournés en estivation. Étam. 5, monadelphes; an- drop bore urcéolaire, souvent appendiculé; anth. contiguës, mais libres, sessiles , ligu- liformes, barbues au sommet. Style clavi- forrne. Capsule subturbinée, obscurément trigone, oligosperme, recouverte par le ca¬ lice et la corolle. Cotyl. orbiculaires. — Ar¬ bres ou arbrisseaux. Feuilles en général éparses. Stipules petites, caduques. Fleurs petites, disposées en grappes axillaires et terminales; pédicelles articulés, bractéolés. On en connaît 6 esp. , dont 5 de Madagascar et 1 de Timor. M. A. de Saint-Hilaire {Hist. des Plantes rem. du Brés.) réunit ce g. aux Conoria. (Sp.) * ALSODINÉES. bot. pii. — V. Viola- riées. (Sp.) •ALSOÏMTRA, Blume (a)>aoç, bois; gl- rpa , ceinture), bot. pu. — G. de la famille des Cucurbitacées , tribu des Nandhirobées, Aug. St-Hil. Ce g. paraît ne différer du Za- nonia (auquel M. De Candolle le réunit) que par son ovaire à loges multi-ovulées, et par son fruit hémisphérique, tronqué au som¬ met. Il est fondé sur une seule esp., qui croît à Java. (Sp.) ALSOPHILA, Brown (ocÀcroç, forêt ; cpftoç , ami), bot. ck. — R. Brown a donné ce nom à un des g. qu’il a formés aux dépens des Cgathea de Smith, et qui comprend, comme les vrais Cyalhea et les Uemilelia , des fou¬ gères arborescentes, la plupart américaines et quelques unes de l’ancien continent. Une seule esp. est herbacée : c’est VA. pruinata du Chili. Comme toutes les fougères de la tribu des Cyathéacées, ces plantes présen¬ tent des groupes arrondis de capsules sessiles, portées sur un tubercule saillant. Ce tuber¬ cule, dans les Alsophila, tels que R. Brown les avait définis, correspond à la bifurcation des nervures secondaires , et les groupes de capsules, au lieu d’être enveloppés dans un tégument clos , sont environnés à leur base par des écailles lacérées formant un tégu¬ ment incomplet qui manque quelquefois. * Suivant Presl , ce tégument incomplet man¬ que même généralement, et son absence distingue ces plantes des vrais Cyalhea, des Hemitelia et de quelques autres g. voisins. Il est certain , du moins, qu’il n’enveloppe jamaiscomplètement les groupes décapsulés, et qu’on doit plutôt le considérer comme formé par des écailles analogues à celles qui naissent sur les nervures de la plupart de ces plantes, que comme un vrai tégument membraneux, continu. — Les g. Cknoophora de Kaulfuss, Trichopteris et Melaxya de Presl , en diffèrent à peine , si ce n’est par la transformation de ce tégument membra¬ neux, scarieux et lacinié en poils nombreux, plus ou moins allongés, insérés à la base du tubercule qui porte les capsules, et les entourant de toutes parts. — Presl divise les Alsophila en 2 sections i les unes ont les ner- 302 ALS ALT vures secondaires bifurquées, et portent les capsules à leur bifurcation; les autres ont des nervures secondaires simples qui portent les groupes de capsules vers leur milieu. — On connaît maintenant près de 40 esp. de ce g., toutes arborescentes , à l’exception d’une seule, et dont peu s’étendent au-delà des ré¬ gions intertropicales. (a.d. B.) ALSTONIA (Alston , professeur de bot. à Edimbourg), bot. pii. — G. de la fa¬ mille des Ebénacées (Symplocées) , fondé par Mutis, et regardé comme synon. du g. Symplocos , L. F. ce mot. (C. L. ). "ALSTONIA (Alston, professeur de bot. à Edimbourg), bot. pu. — G. de la famille des Apocynacées, tribu des Alstoniées , fondé par R. Brown (Mem. Wern. Soc. 1 ; Labill., JYov. Cal., t. 12), qui en circonscrit ainsi les caractères: Cal. 5-fide. Cor. hypogyne, hypocratérimorphe, à gorge et à tube non squameux; limbe 5-fide; segments obli¬ ques. Etam. 5 , incluses , insérées au tube médian de la corolle; anth. subsessiles, lan¬ céolées, libres; ovaires 2; ovules nombreux, fixés à la suture ventrale. Style unique, fi¬ liforme, dilaté au sommet; stigm. subconi¬ que. Squamules hypogynes nulles. Follicu¬ les cylindriques , allongés. Graines nom¬ breuses , peltées , linéaires -comprimées , ciliées (cils de chaque extrémité chevelus- allongés). Embryon non décrit? — Ce g., encore peu connu , renferme un petit nom¬ bre d’espèces, dont quelques unes sont cul¬ tivées dans nos serres. Ce sont des arbres ordinairement élevés , lactescents, à feuilles - opposées ou ver ticillées , glabres, costées ; à fleurs le plus souvent blanches , disposées en cymes terminales paniculées. On les trouve dans l’Asie tropicale et dans les îles de l’O¬ céanie. * (C. L.) * ALSTONIÉES, Alslonieœ (/^.ci-dessus). bot. ph. — Tribu de la famille des Apocyna¬ cées , qui ne contient que le g. Alstonia. (C. L.). ALSTRQEMERIA ( Alstrœmer , naturaliste suédois), bot. pu. — Linné a donné ce nom à un g. de la famille des Amaryllidées, qui aujour¬ d’hui se compose d’une cinquantaine d’esp., toutes originaires de l’Amérique méridio¬ nale. Ce sont des plantes à racine fibreuse et fasciculée, ayant leur tige tantôt dressée, tantôt volubile et grimpante, et des feuilles alternes, ovales ou lancéolées. Les fleurs, quelquefois très grandes , sont souvent dis¬ posées en sertule ou ombelle simple. Leur calice, pétaloide et adhérent par sa base à l’ovaire infère, est presque campanulé , à 6 divisions inégales ; 2 intér. étant tubuleuses et roulées à leur base. Les étam., au nombre de 6 , insérées aux div. calicinales , sont dé¬ clinées. Le style , triangulaire , se termine par un stigm. trifurqué. Le fruit est une cap¬ sule triloculaire , trivalve , à loges polysper- mes. — Plusieurs des esp. de ce g. sont cul¬ tivées dans les jardins. La plus commune est celle qu’on désigne vulgairement sous le nom de Lis des Incas. C’est VA. pelegrina L., originaire du Pérou, et qu’on doit soi¬ gneusement garantir du froid en l’abritant pendant l’hiver dans la serre tempérée. (A. R.) *ALSTRÆMÉRIÉES. Alsirœmeriœ. bot. ph. — Nom d’une des tribus de la famille des Amaryllidées. (A. R.) ALTEINIA. bot. ph. F. Althenia. (C. L.) ALTENSTEINIA (Altenstein , nom pro¬ pre). bot. ph. — G. de la famille des Orchi¬ dées, tribu des Ophrydées, établi par Kunth (in Humb. JXov. Gen., et Sp. 1, p. 322). Il se compose de 3 ou 4 esp., toutes originaires de l’Amér. mérid., ayant pour caract. : Cal. à 5 div. lancéolées et réfléchies ; les 3 extér. un peu plus larges. Labelle plus grand que les autres, dressé. Gynostème court, dressé; anth. à 2 loges écartées, attachées sur les côtés du gynostème. Masses polliniques au nombre de 2, portées sur un pédicule court, attaché à l’opercule de chacune des loges. Stigm. opposé à l’anthère , tourné du côté du labelle. — Les esp. de ce g. ont la racine formée de tubercules allongés, la tige sim¬ ple, les fleurs sessiles, disposées en épis den¬ ses, et munies de bractées. (A. R.) * ALTERNANCE (loi d’). bot. — On a donné ce nom à un principe admis dans ces derniers temps par plusieurs botanistes et qui leur a servi de guide dans les recher¬ ches auxquelles ils se sont livrés relative¬ ment à la structure des fleurs en général , ou au plan normal d’après lequel les fleurs de certaines familles paraissent être dispo¬ sées. Cette loi , sans avoir encore été for¬ mulée complètement dans aucun ouvrage général, est néanmoins fréquemment invo¬ quée dans une foule de mémoires particu¬ liers ; ce qui nous met dans la nécessité d’exa¬ miner successivement, son origine, sa va- ALT 303 leur et l’application qu’on peut en faire. En vertu de la loi d’ Alternance , on ad¬ met que toute fleur est formée d’un certain nombre de verticilles ou anneaux, d’orga¬ nes appendiculaires, et que les pièces qui composent chaque verticille sont insérées entre celles du verticille qui précède ou succède immédiatement, et par conséquent alternent avec elles. On aurait mieux fait d’employer le mot interposé; l’adjectif al¬ terne ayant reçu dans la science une ac¬ ception un peu différente, lorsqu’on s’en sert pour caractériser un certain mode de disposition des feuilles sur la tige. La posi¬ tion alternative des pièces dans les verti¬ cilles qui se succèdent immédiatement en¬ traîne comme conséquence que, lorsque 2 verticilles sont séparés par un intermé¬ diaire, ils ont leurs parties superposées; dans ce cas on a dit souvent et d’une ma¬ nière abusive qu’elles sont opposées; ce qui ne doit être dit que des organes dont les faces de même nom se regardent mutuelle¬ ment. Quoi qu’il en soit , il résulte de ces conditions que tous les verticilles de même nombre (pairs ou impairs) ont leurs parties superposées. C’est par l’observation et par l’analogie qu’on est arrivé à ces principes. On en trouve déjà des traces dans la philosophie botanique de Linné, lorsqu’il donne pour caractère distinctif à la corolle d’avoir ses pièces placées entre les étamines , tandis que celles du calice sont placées au-dessous de celles-ci. Plus récemment M. De Candolle entrevit réellement cette loi , en énumé¬ rant, dans sa Théorie élémentaire, les diverses combinaisons qu’on peut trouver dans l’ar¬ rangement des organes de la fleur. Cet habile botaniste remarqua que la disposition la plus fréquente est celle où les pièces de chaque verticille sont placées entre celles du verti¬ cille précédent ; mais il se contenta de cet aperçu, sans paraître avoir prévu qu’un jour il acquerrait la valeur d’une loi générale; ce qu’il eût été bien difficile en effet d’imagi¬ ner, dans l’état où se trouvait alors la Bota¬ nique. En 1825 , M. Raspail, dans ses Mémoires relatifs aux Graminées, formula positivement la loi d’ Alternance, qu’il regarda comme une règle fixe pour toute cette famille. Il pensa même qu’elle devait être appliquée à toutes ALT les Monocotylédones. Cependant nous de¬ vons* dire que , par suite de son opinion sur l’origine des verticilles floraux, il n’a pas compris cette loi tout-à-fait de la même ma¬ nière que nous. Peu après, M. Rœper [Observ. sur la nat. des Fleurs et des Inflor. ; Seringe Mel. Bot., et en latin dans le tom. 1er du Linncea ) l’affirma également pour les ver¬ ticilles extérieurs de la fleur, savoir : le ca¬ lice , la corolle et l’androcée. Environ 3 ans plus tard, parut la thèse de M. Dunal ( Con - sid. sur la JYat. et les Bapp. de quelques orga¬ nes de la fleur, Montpellier 1829). La science de Y Anthogénie avait fait de grands progrès. L’auteur, après avoir démontré que l’andro- cée renferme souvent ainsi que le nectaire, plusieurs verticilles , fit connaître le nom¬ bre et la position relative des parties qui, suivant lui, doivent constituer la fleur la plus complète. Dans la description qu’il donne de cette fleur idéale , on voit qu’il adopte complètement le précepte de X Alter¬ nance , et peut-être doit-il être considéré comme en étant le véritable fondateur, ou au moins comme le premier qui lui ait don¬ né tout à la fois une grande extension et une forme régulière. Depuis ce temps , M. Aug. de St-Hilaire a, dans ses mémoires sur différentes familles, constaté fréquem¬ ment la rigueur du précepte, en en faisant de lumineuses applications. Nous citerons principalement à cet égard son second mé¬ moire sur les Résédacées et son mémoire sur les Myrsinées et les Sapotées. Cependant on rencontre de sérieuses exceptions toutes les fois qu’on essaie de vérifier cette loi par l’observation ; exceptions qui peuvent être expliquées, il est vrai, par des considéra¬ tions particulières. Néanmoins, il se présente plusieurs questions à résoudre préalable¬ ment; car ces exceptions résultent d’obser¬ vations qui paraissent être en contradiction avec celles sur lesquelles la loi est basée. On se demande si les unes plutôt que les au¬ tres doivent être prises comme point de dé¬ part? si les divergences qu’elles présentent n’indiquent pas que la loi générale est tout autre? s’il existe réellement une loi générale ou des lois partielles , de sorte que celle qu’on a proposée convienne seulement à un certain nombre de végétaux? Si , pour répondre à ces questions, on s’en rapporte à l’observation pure et simple, on 304 ALT remarquera que la loi d’ Alternance s’appli¬ que constamment au calice et à la corolle, c’est-à-dire aux verticilles les plus extérieurs de la fleur, et dans lesquels la situation des parties est le plus facile à constater; en ou¬ tre qu’elle fournit la formule de position relative qui se réalise généralement , ainsi que l’avait déjà remarqué M. De Candolle. On verra, en outre , que, dans beaucoup de cas , l’analogie réclame l’existence de par¬ ties avortées, et qu’en les rétablissant par la pensée, on fait rentrer dans la loi gé¬ nérale plusieurs faits qui semblaient la con¬ tredire. Cependant de nombreuses excep¬ tions existent encore, et l’observation seule ne peut jamais suffire contre l’observation. Il y a donc au fond de cela une question plus générale à débattre ; il s’agit de savoir sur quels fondements on s’appuie pour considé¬ rer comme universelle une loi qui n’est ad¬ missible qu’en expliquant , par des phéno¬ mènes secondaires, des épiphénomènes, si l’on peut s’exprimer ainsi , toutes les contra¬ dictions que la nature présente à chaque pas. Les fondements de celte loi sont les théo¬ rèmes dont nous allons faire mention. Ils sont plus ou moins généralement admis, quoique quelques uns soient encore un ob¬ jet de contestation dans la science. Ce n’est pas ici le lieu d’en démontrer l’exactitude; nous croyons devoir les rapporter, parce que sans eux la loi d’ Alternance ne serait encore long-temps peut-être qu’une hypothèse un peu arbitraire; et cependant personne, que nous sachions, n’a essayé de faire voir qu’elle n’est qu’une conséquence directe de ces théorèmes : « 1° Toute plante phanérogame n’est for- » mée que par l’addition d’un nombre indé- » fini d’individus ayant tous la même valeur »primitive; mais elle peut se trouver modifiée » par l’époque relative du développement. » 2° Chaque individu est formé d’un mé- » ri thalle qui se prolonge inférieurement, et » se termine à son extrémité supérieure par » un nombre quelconque d’appendices symé- » triques constituant un verticille. » 3° Les pièces qui font partie d’un verti- » cille sont placées entre celles du verticille » précédent, sur un plan plus élevé. » 4° Cette disposition, qui est générale, » résulte de la manière dont les faisceaux ii- ALT » gneux se combinent pour se rendre dans » les appendices. » 5° Sur la tige ou les rameaux, les indi- » vidus se développent successivement et à » l’infini, jusqu’à ce que des causes acciden- » telles arrêtent ce développement, ils sont » exposés à un grand nombre de déviations « provenant de l’influence des agents exlé- » rieurs ou de celle qu’exercent les uns sur » les autres les organes qui se développent. » 6° La fleur, dont les organes ne sont » que des feuilles modifiées d’une manière » spéciale , naît à un moment donné , lors- » que la plante s’y est préparée par des dé- » veloppements antérieurs. Elle naît, déplus, » à une place déterminée ; et, comme les par- » ties qui la composent se développent dans » un espace de temps très court , elles n’ont » pas le temps d’être modifiées diversement » par les agents extérieurs , ou par le déve- » loppement ultérieur de la plante; i! en ré- » suite que chaque fleur, dans une espèce, est » toujours formée du même nombre de ver- » ticiîles, que ces verticilles ont toujours le » même nombre de parties et présentent » toujours les mêmes déviations du type s y- » métrique, lorsqu’il en existe de cette sorte. » 7° Les déviations sont dues à des sou- » dures , à des avortements , à des inégalités » de développements et à des dédoublements, » qui peuvent avoir lieu dans les deux sens » de l’épaisseur et de la largeur. » 8° L’avortement n’est que Se non-déve- » loppement d’un organe ; celui-ci doit donc » toujours exister virtuellement; c’est pour- » quoi l’avortement d’un verticille est sans » influence sur la position de ceux qui vien- » lient ensuite. » Il est donc évident que le nombre des verticilles pourra bien varier suivant les familles; que le nombre des parties qui les composent peut varier également, ainsi que leur régularité, mais que toujours les fleurs d’une même espèce sont construites sur le même plan ; que toujours , surtout, la loi d’ Alternance devra trouver son application; et que, par conséquent, elle peut devenir un Critérium à l’aide duquel nous remonterons de l’état habituel d’une fleur à son état nor¬ mal. Elle pourra donc nous servir à déter¬ miner les rapports qui existent entre les vé¬ gétaux au point de vue du plan normal de leurs fleurs; elle nous apprendra si réel- ALT ALT 305 lement ce plan est constant dans chaque fa¬ mille, et si vraiment, comme quelques uns le supposent, il est le même pour toutes les fleurs. Quoiqu’il en soit à cet égard, le plan se trouvant déterminé, soit unique et gé¬ néral, soit particulier pour chaque division du règne végétal (divisions qui prendraient rang très probablement entre les grandes sections et les classes proprement dites, ou entre celles-ci et les familles) ; le précepte nous aidera encore à reconnaître quelles sont les modifications que le type a subies dans telle ou telle famille , ou dans tel groupe de g. moins étendu. Il a déjà conduit plu¬ sieurs botanistes à reconnaître que, dans un grand nombre déplantés, le disque ou phy- costème est formé par 2 verticilles d’étamines avortées, et non pas par un seul, comme on l’avait cru d’abord ; M. Aug. de St-Hilaire a pu faire voir que l’écaille irrégulière des Résédacées représente les étamines ordi¬ naires des plantes, tandis que leurs éta¬ mines sont formées par le développement du phycostème. Dans tous les cas, le calice, dans lequel la position des parties est facile à apprécier, peut servir de point de départ, et l’argumen¬ tation se réduit aux 2 formules suivantes : Les. pièces de tel verticille sont superposées aux divisions du calice ; donc elles en sont sé¬ parées par un nombre impair de verticilles ; ou bien, elles sont placées entre les divisions du calice ; donc elles en sont séparées par un nombre pair de verticilles , ou elles lui succèdent immédiatement. On doit bien se rappeler que les superfé¬ tations et l’avortement complet d’un ou de plusieurs verticilles ne modifient point la position de ceux qui persistent, mais que les organes de la fleur sont susceptibles de se transformer les uns dans les autres. Il est logique d’admettre que, si parce procédé on arrive à des résultats satisfai¬ sants, l’hypothèse de la loi d’ Alternance, que l’on doit à cette sorte de sagacité qui résulte de la comparaison d’un grand nombre de faits , et à laquelle nous avons essayé de donner ci-dessus un fondement plus rationnel se trouvera vérifiée par l’observation; car la meilleure démonstration d’une théorie se trouve dans les conséquences que l’on en peut déduire. Il n’est malheureusement pas toujours fa¬ cile d’opérer comme nous venons de l’indi¬ quer, parce que tous les verticilles de la fleur ne présentent pas le même nombre de par¬ ties. Dans ce cas, la science ne nous a fourni encore aucun précepte génér/al qui puisse servir de guide; et c’est à la sagacité parti-' culière des botanistes de résoudre ces diffi¬ cultés, paraissant résulter, le plus souvent, de ce qu’il existe des avortements ou des dé¬ doublements d’organes. Nousavonsdit qu’on rencontre dans les fleurs de fréquentes ex¬ ceptions à la loi d' Alternance : c’est ici le lieu de les indiquer succinctement, en mon¬ trant comment elles peuvent être interpré¬ tées. Quelquefois ces exceptions ne sont que partielles ; ainsi, dans les Labiées à corolle quadrilobée, la division supérieure de cet organe est placée devant une dent du ca¬ lice, tandis que les trois divisions infé¬ rieures sont situées entre les quatre au¬ tres dents calicinales; l’analogie nous fait voir que , dans ce cas , la division supé¬ rieure de la corolle résulte de la soudure de deux divisions primitives; mais, dans un grand nombre de plantes, l’exception est gé¬ nérale. On trouve , par exemple , qu’il n’y a pas de corolle , et que les étamines sont su¬ perposées aux divisions du calice : il faut admettre que la corolle est avortée. D’autres fois, ce sont les étamines qui sont superpo¬ sées aux divisions de la corolle ; alors on peut admettre que, dans certaines plantes, il y a une rangée d’étamines avortées. Des expli¬ cations différentes sont encore susceptibles d’être présentées dans des cas particuliers : ainsi, dans la fleur des Berberis , on trouve six sépales, six pétales et six étamines ; tou¬ tes pièces superposées les unes aux au¬ tres sur six rangées longitudinales; mais à l’aide d’une observation attentive, on re¬ connaît qu’il y a deux verticilles de sépales, deux verticilles de pétales, et naturellement deux verticilles d’étamines. Ces fleurs pré¬ sentent donc six rangées horizontales de trois pièces chacune, pièces toujours placées en¬ tre celles de la rangée qui précède et celles de la rangée qui suit. Dans ces deux genres d’explication , on, suppose que toutes les pièces existant sur l’axe raccourci de la fleur sont du même ordre de développement, ainsi que les feuil¬ les qui se trouvent sur un scion non ra¬ mifié; mais il peut arriver que, sur le 20 T. I. 306 ALT ALT même scion, existent des branches latéra¬ les garnies de feuilles; celles-là naissent à l’aisselle des feuilles même et se déve¬ loppent plus tard. De même, on a vu, quoique très rarement, et seulement dans quelques monstruosités , un bourgeon se développer à l’aisselle d’une partie de la fleur ; cependant il arrive très souvent qu’on trouve des pièces superposées aux par¬ ties d’un verticille floral, sans qu’il soit pos¬ sible de supposer un verticille avorté, en¬ tre ees deux rangées d’organes ; fait mani¬ feste chez les Grassulées décandres , où les étamines les plus extérieures sont précisé¬ ment celles qui sont placées devant les pé¬ tales; et chez les Résédacées, où chaque pé¬ tale porte un appendice sur sa face in¬ terne , etc., etc. Ces productions nous paraissent être des formations de second ordre comme les bran¬ ches latérales sur un scion , de véritables productions axillaires; ce sont elles que M. Dunal semble avoir cherché à reconnaî¬ tre, peut-être un peu trop souvent, sous le nom de Lèpales . Plusieurs botanistes ont exprimé à leur égard une opinion qui nous paraît ne pas différer essentiellement de la nôtre, en disant qu’elles sont le produit d’un dédoublement dans le sens de l’épaisseur. Lorsqu’elles arrivent à un développement complet, c’est-à-dire lorsqu’elles constituent un organe aussi parfait que les productions de premier ordre qui entrent dans la com¬ position de la fleur, il est souvent très diffi¬ cile d’en déterminer l’origine; cependant nous pensons que l’on peut y parvenir assez souvent, à l’aide des considérations suivan¬ tes , lorsque ce sont des étamines , ce qui pa¬ raît être le cas le plus fréquent. 1° Quoique superposées aux pétales, elles sont plus extérieures que les étamines de pre¬ mier ordre; néanmoins, elles sont plus pe¬ tites dans le bouton, et l’explosion de leurs anthères a lieu un peu plus tard. 2° Elles avortent plus fréquemment que les autres, parla même raison que, sur une branche, les feuilles du bourgeon axillaire se développent plus tard que les autres ou ja¬ mais. 3° Lorsque les fleurs viennent à se dou¬ bler, on trouve souvent que les étamines in¬ térieures et même les carpelles se changent en pétales, tandis que les étamines exté- ! rieures,qui sont axillaires, gardent leur forme primitive. D’autres fois il y a entre tous les pétales de la fleur double des étamines si¬ tuées devant eux ( sur leur côté intérieur ). Toutes les fois que ces faits se présentent, nous regardons comme extrêmement proba¬ ble qu’une portion des étamines de la fleur normale est une production axillaire des pétales ; et , sous ce rapport , l’étude des fleurs doublées n’est pas à négliger dans la recherche de la structure primitive des fleurs. Ainsi qu’on vient de le dire, les excep¬ tions à la Loi d’ Alternance peuvent être ex¬ pliquées par différentes suppositions. Comme celles-ci ne présentent rien qui soit en con¬ tradiction avec ce que l’on sait sur l’organo¬ génie des plantes , les faits sont loin de nous conduire à abandonner cette loi. Cependant, la facilité qu’on trouve à les expliquer, à l’aide des suppositions, doit mettre en garde contre les résultats; et, de leur multiplicité, il résulte que l’état habituel d’une fleur peut encore fournir à l’imagination des interpré¬ tations très différentes. Il faut donc, dans ce genre de recherches, tout en se laissant gui¬ der par le précepte de l’alternance, vérifier encore les résultats auxquels on arrive par l’analogie, dont la valeur comme moyen de démonstration est généralement reconnue et repose sur deux hypothèses fondamentales en histoire naturelle, savoir : une parenté réellé entre les genres voisins, et l’existence de lois générales qui ne peuvent subir que des exceptions apparentes. (Ad. Steinheil.) Le morceau posthume qn’on vient de lire devait servir d’introduction à une série d’articles ( sur la disposition des organes de la fleur), distincts à ce recueil, mais seule¬ ment ébauchés par Steinheil. Celui qui pré¬ cède, le seul qui sera publié et qui ne l’eût peut-être pas été si son auteur eût vécu, est propre à bien peindre, à mettre en saillie, mieux que tout ce que j’essaierais d’en dire, la direction des études et l’importance atta¬ chée par notre ami , dans les recherches et le perfectionnement delà méthode naturelle. En lisant les divers mémoires publiés par Steinheil, mémoires si abondants en pen¬ sées ingénieuses et enchaînées par cet esprit logique qui le caractérisait si éminemment, on comprendra que la science aurait eu à s’enorgueillir d’une vie qui lui était consa- ALT ALT 307 crée, mais qui malheureusement a été tranchée à son début. (J. D.) * ALTERNANCE ( aliemo , poser l’un après l’autre), géol. — Disposition que présentent les dépôts stratifiés, lorsqu’ils sont composés de plusieurs sortes de roches qui se succè¬ dent plusieurs fois entre elles sur une cer¬ taine épaisseur. L’Alternance annonce des causes périodiques, successives, alternes, ou une cause continue , interrompue momen¬ tanément par des circonstances particuliè¬ res. La composition des terrains houillers est un exemple remarquable de l’Alternance degrés, de schistes et de charbon, dont on voit les diverses couches se présenter un grand nombre de fois dans le même ordre. (C. P.) ALTERN ANTHER A Forsk ( alternus , al¬ terne ; anihera , anthère, parce que les fi¬ lets sont alternativement anthérifères et ananthères). bot. pu. — G. de la famille des Amarantacées , tribu des Gomphré- nées, Endl. — Endlicher ( Gen. Plant., 1 , p. 301 ) en donne les caract. suivants : Fleurs hermaphrodites , 3-bractéolées. Pé- rigone pentaphylle. Étamines 5 ; andro- phore cupuliforme; filets filiformes, alter¬ nes; chacun avec un staminode dentifor- me , soit entier, soit trifide ; anthères mono- thèques Ovaire 1-loculaire, 1 -ovulé. Style court; sligm. capitellé. Utricule évalve, 1- sperme ; graine réniforme-lenticulaire ; test crustacé; embryon arqué ou annulaire, pé¬ riphérique; radicule supère. — Herbes dé- combantes ; tiges subgéniculées , radicantes ; feuilles opposées , subsessiles ; fleurs en ca¬ pitules axillaires. Ce g. renferme environ 20 esp., la plupart indigènes dans la zone équatoriale. (Sp.) ALTERNARIA ( Alternus , alterne), bot. cr. — Nees ( Syst . der Pilze. 2. pag. 19. tab. 5. fig. 63 ) a décrit sous ce nom un petit g. de Champignons, appartenant aux Hypo- mycetes , et qui est caractérisé par des fila¬ ments (jlocci) droits, simples, qui présentent alternativement dans leur longueur des ren¬ flements transparents en forme de noeuds et des rétrécissements opaques et filiformes. On ne connaît pas encore les organes de la fruc¬ tification des 2 esp. que renferme ce g. ; dont l’une, A, tennis , se développe sur les tiges des plantes sèches et les couvre de petits coussins noirs, qui ressemblent à un léger duvet; l’autre, A.rudis, que M. Ehrenberg a trouvée en Allemagne sur l’écorce des pins, a les filaments plus courts et plus fermes. Je n’ai pas eu occasion d’étudier ce g. ; mais j’ai rencontré bien souvent sur les tiges des plantes sèches, des petits coussins qui pré¬ sentaient les caract. que je viens d’énoncer. ' En cherchant d’où ils pouvaient provenir, j’ai constaté qu’ils étaient formés par des filaments de Botrytis en partie détruits, et dont les cellules sont alternativement ren¬ flées et filiformes. Je ne serais pas étonné que le g. Alternaria dût son origine à ce singulier mode de dessiccation. (Lév. ) ALTERNE. Alternas [altemo, je pose l’un après l’autre), bot. — Cette épithète s’em¬ ploie dans des sens un peu différents ; ainsi, elle exprime la superposition alternative des mêmes organes sur un axe commun. C’est dans ce sens qu’on dit des feuilles qu’elles sont alternes, par opposition aux feuilles op¬ posées ou verticilles ; mais on l’emploie aussi pourdésignerla position alternante de deux organes de nature différente, par exemple : les pétales sont alternes aux sépales, dans le plus grand nombre des cas; les étamines, quand elles sont en même nombre que les pétales ou que les divisions de la corolle ga¬ mopétale, alternent avec ces mêmes pétales, c’est-à-dire qu’elles correspondent aux inter¬ valles qui les séparent. Un cas très rare, au contraire, est celui où les étamines corres¬ pondent exactement au milieu de chaque pétale ou de chaque division de la corolle gamopétale , comme dans les familles des Berbéridées , des Vinifères , des Primula- cées. On dit alors que les étamines sont op¬ posées au? pétales, au mot Feuille , la théorie de l’arrangement des feuilles et des autres organes foliacés. (A. R.) A LT! I.E A, L. (àX^ata , guimauve), bot. pu. — Nom grec des Guimauves. (C. L.) *ALTHÆASTRE .Allhœastrum, D.C. (aug¬ mentatif d' Althœa. V. ce mot), bot. ph. — M. De Candolle donne ce nom à la lrc sect. de son g. Althœa : section ou s. -g. qui com¬ prend les véritables Guimauves ou Althœa L. (Sp.) * ALTIIENIA, F. P., Bellevalia , Delil. (B. Althen, 1er cultivateur de la Garance en France), bot. ph. — G. créé par F. Petit [Ann.jSc. obs. p. 451) pour une petite plante de la famille des Naiadées , que M. Delile avait rapportée au g. Z annichellia , L. sou* 308 ALT ALT le nom de Z. setacea. On la reconnaît à des tiges articulées, noueuses, rampantes, garnies, à chaque nœud, de feuilles alternes, embrassantes et réunies en gîomérules. Elle croît dans les lacs salés du midi de la France, et principalement aux environs de Mont¬ pellier, dans les étangs de G ram mont. En voici les principaux caractères distinctifs : Plante d’une grande ténuité , à fleurs mo¬ noïques, terminales dans l’aisselle des feuil¬ les. Les mâles rares, solitaires au-dessous des feuilles; cupule calicinale, cyathiforme, tridentée ; anthère unique, sessile , unilo¬ culaire , longitudinalement déhiscente. Les femelles pédicellées-ternées, chacune mu¬ nie à la base d’une bractée foliacée; péri- gone nul. Ovaire subfusiforme, uniloculaire, ovale unique, appendu , orthotrope. Style filiforme, continu avec l’ovaire; stigm. pelté. Capsule comprimée, ailée sur les bords, à 2 valves inégales, réunies par un épicarpe membranacé; graine oblongue, comprimée, à test membraneux. Embryon exalbumi¬ neux, antitrope, à radicule infère , épaisse. (C, L.) * ALTHERIA Thouars (allusion synony- mique à l’affinité du g. avec les IValtheria). bot. ph. — G. de la famille des Sterculia- cées, tribu des Byttnériées, Endl. — Du Petit- Thouars (JVcv. Gen. Madag.,n° 64) lui at¬ tribue les caract. suivants : Cal. 5 -fide, ac¬ compagné d’un involucelle triphylle. Pétales 5. Étam. 5; filets complètement soudés en androphore tubuleux ; anth. adnées, extror- ses. Ovaire 5-gone. Styles 5, soudés. Caps, à 5 coques monospermes; graines médifixes. — Le g. ne se fonde que sur une seule esp., in¬ digène à Madagascar. (J D.) ALTICA. ins. — V. Altise. ALTICOPUS (àVnxoç, sauteur; ttoùç, pied; il faudrait écrire Hallicopus). ins. — G. de Coléoptères tétramères , famille des Curcu- lionites, établi par Villa, et qui rentre dans celui des Choragus de Kirby. V~. ce mot. M. Schœnherr, qui l’a adopté ( Monog . des CurcuL), le place dans sa division des An¬ th ri bide s et lui assigne les caract. suivants : Ant. de 11 articles, posées sous les yeux ; les deux 1ers plus grands, coniques; les 6 suivants , minces, allongés, subconiques; les 3 derniers plus épais, ovales, un peu aplatis. Rostre courbe, plan, court, élargi au sommet, sublronqué. Yeux grands, laté¬ raux, subovales. Corselet convexe, large, beaucoup plus étroit antérieurement, légè¬ rement sinué postérieurement. Écusson ex¬ trêmement petit. Élytres de la largeur du corselet à leur base , presque cylindriques , courbées à l’extrémité et couvrant presque l’anus. Corps oblong, convexe. Pieds courts; les postér. propres au saut ; cuisses en mas¬ sue; tibias à peine courbes ; tarses allongés. —Ce g. a pour type VA. Galeazii Villa , qui se trouve en Lombardie et dans d’autres parties de l’Europe. (D.) ALTICUS. ins. — V. Altique. A LT IA G S A (nom d’homme), bot. ph. — G. créé par Noronha ( Balav . Verh. V.\.) non adopté par les auteurs, et qui reste réuni au g. Liquidambar de la famille des Balsa- macées. V. Liquidambar, L. (C. L.) ALTIQUE. Alticus ( oAtixoç , sauteur). poiss. — Nom tiré des manuscrits de Gom- merson , et que ce savant voyageur se pro¬ posait de donner à l’un des poissons que M. Cuvier a nommé Salarias. ( Val. ) * ALT I IlOSTI IES . Altirostres ( altus , élevé; rostrum , bec), ois. — M. de Blain- ville a donné ce nom à une section de la famille des Hétérodactyles, comprenant des Oiseaux grimpeurs à bec plus haut que large. (C. d’O.) ALTISE. Allica (àVrixoç, sauteur; il fau¬ drait écrire fiallica). ins. — G. de Coléop¬ tères tétramères , établi par Geoffroy aux dé¬ pens du grand g. Chrysomèle de Linné , et adopté par presque tous les auteurs. M. Du- méril le place dans sa famille des Herbivores ou Phytophages, et Latreille dans celle des Cycliques, tribu des Galérucites. M. Dejean, après l’avoir adopté dans ses deux 1ers Ca¬ talogues , où il le faisait figurer parmi les Chrysomélines, l’a rayé du 3me , sans faire connaître dans quels autres g. il en a réparti les nombreuses espèces. Voici les ca¬ ractères que lui assigne Latreille : Ant. in¬ sérées entre les yeux, très rapprochées â leur base. Cuisses postér. très renflées, pro¬ pres au saut. Le renflement des cuisses suf¬ fit pour les distinguer des Lupères , des Crioceres et des Galéniques , avec lesquels elles ont beaucoup de rapports. Leurs ant. sont filiformes , plus longues que le protho¬ rax. Leur tête est petite. Les mandibules sont bi-dentées, et les palpes maxillaires ap¬ parentes. La forme générale de leur corps ALU 309 ALU est hémisphérique ou ovale. Ces Insectes sont, en général, très petits. Les plus gran¬ des esp. d’Europe n’excèdent pas 2 lignes de long , et celles des pays les plus chauds en atteignent à peine 3. Leurs ély très sont lisses, luisantes, et souvent ornées de couleurs mé¬ talliques très brillantes. On les rencontre plus communément au printemps dans les lieux frais et humides, et répandues sou¬ vent en grande quantité sur les plantes po¬ tagères, dont elles rongent et criblent les feuilles. Leurs larves, qui se nourrissent de la même manière, et font encore plus de dé¬ gâts, ont beaucoup d’analogie avec celles des Chrysomèles et des Criocères; quelques unes sécrètent, du sommet de plusieurs petits tubercules, placés sur leur dos, une liqueur odorante et acide. Leurs nymphes ressem¬ blent beaucoup à celles des Coccinelles, et restent 15 à 20 jours avant d’arriver à l’é¬ tat d’insecte parfait. On désigne vulgaire¬ ment les Altises sous le nom de Puces de jardin ou Sauteurs de terre. On en con¬ naît un grand nombre; M. Dejean en men¬ tionnait 149 dans son Catalogue de 1821. Parmi ce grand nombre, nous citerons seu¬ lement rl’Altise potagère ou bleue de Geof¬ froy, A. oleracea L., qui sert de type au genre; l’Allise rubis, A. helxines Fabr.; et l’Altise à pattes fauves , A. fulvipes Fabr.; trois esp. très communes aux environs de Paris. (D.) ALTORA. bot. pii. — Adanson nomme ainsi le g. d’Euphorbiacées, qui est reçu sous le nom de Clutia ou mieux Cluytia. K. ce mot. (Ad. J.) * ALUCITADES. ins. — Nom donné par Leach à une famille de Lépidoptères, ayant pour type le g. Alucite, Alucita. V. ce mot. (D.) ALUCITE .Alucita ( Allucita ou Alucita, sorte de moucheron), ins. — C’est le nom que Linné donne à la dernière div. de son grand g. Phalæna, div. qui comprend ces petits Lépidoptères à ailes étroites et divisées en plusieurs phalanges, garnies de poils ou de barbules des deux côtés, de manière à les faire paraître comme un assemblage de plu¬ mes ; mais Geoffroy ayant appelé ces mêmes Lépidoptères Ptérophorçs , ce dernier nom a prévalu, et a été adopté par tous les ento¬ mologistes qui sont venus ensuite; de sorte que le nom d 'Alucite de Linné serait resté sans application, si Fabricius ne l’avait em¬ ployé d’abord à désigner génériquement une réunion assez hétérogène de Tinéites, qu’il restreignit ensuite aux seuls Adèles de La- treille, en formant avec les autres son g. Ypsolophe. Latreille, toutefois, ayant la prio¬ rité dans cette occasion , conserva le nom S Alucite à ces dernières, auxquelles il as¬ signe les caract suivants : Ailes supér. lon¬ gues , étroites, très inclinées, relevées en queue de coq à leur extrémité postérieure; langue distincte ; palpes inférieurs ou labiaux avancés, avec un faisceau d’écailles allongées sur le second article ; d’autres écailles sur le dessus de la tête, formant une sorte de tou¬ pet. — Nous avons adopté ce g. avec quel¬ ques modifications dans notre Continuation de {'Histoire naturelle des Lépidoptères de Ft • ance , commencée par Godart, et nous l’a¬ vons réuni, comme Latreille, dans son der¬ nier ouvrage, à la tribu des Tinéites. Nous y comprenons 6 espèces , dont les plus re¬ marquables sont : 1° VA. xyloslella L. Sa chenille vit à la fois sur différents arbris¬ seaux et sur un grand nombre de plantes po¬ tagères, parmi lesquelles elle attaque de préférence les choux et les navets ; 2° l’A. de la Julienne (Tin. porrectellaL.,Ypsolophus vittatus Fabr.), dont la chenille vit princi¬ palement sur la julienne ( Hesperis matrona- lis ). Elle se tient ordinairement dans les feuil¬ les du centre, qu’elle réunit ensemble par des fils , et s’y transforme en chrysalide vers la fin d’avril , après s’être fabriqué une jolie coque ovoïde à claire-voie , dont les mailles en losange sont aussi régulières que celles d’un filet, et à travers lesquelles il est aisé de voir la chrysalide se former. Ces 2 esp. sont très communes dans les jardins pota¬ gers. L’Alucite des grains , qui fit tant de rava¬ ges dans l’Angoumois en 1770, appartient, suivant Latreille , à son g. Æcophore. V. ce mot. (D.). ALUTNE ou ALIWË. bot. ph. — Vieux nom de l’Absinthe. (G. d’O.) * ALUMINATES (Alumen , inis , alun ). min. — G. minéralogique composé des esp. dans lesquelles l’Alumine joue le rôle d’a¬ cide à l’égard de certaines bases , telles que la Magnésie, l’Oxydule de fer, et les oxydes de plomb. Ce g. ne comprend encore que 4 esp., qui sont le Spinelle, le Pléonaste, Sa 310 ALU ALU Gahnite, et le Plomb-gomme ( V . ces mots). Tous ces corps sont solides. Leur caract. commun est de n’être attaquables par les acides qu’après avoir été fondus avec un alcali , et de donner alors une solution qui , traitée par l’ammoniaque, abandonne l’A¬ lumine sous forme d’un précipité gélati¬ neux , que dissoudrait la Soude ou la Po¬ tasse caustique. (Del.) ALUMINE. ( Alumen , inis , Alun ). chim. — Cette substance signalée pour la première fois en 1754, par Margraff, comme un corps particulier, est un vérita¬ ble oxyde métallique dont le radical, Y Alu¬ minium, n’a pu être isolé que depuis un pe¬ tit nombre d’années. Son nom lui vient du mot latin Alumen qui signifie Alun, sel dont on l’extrait souvent. L’Alumine est blanche, légère, sans saveur ou d’une odeur terreuse à peine sensible, douce au toucher, happant à la langue, mais insipide, infusible au plus violent feu de forge, sans action sur l’oxy¬ gène et sur l’air , et sur la plupart des corps combustibles ; elle est insoluble dans l’eau, très soluble au contraire dans la potasse et dans la soude caustiques. Elle joue le rôle de base relativement aux acides sulfuri¬ que, nitrique, hydrochlorique , etc. , et le rôle d’acide avec certains oxydes métalli¬ ques, tels que l’oxyde de zinc, l’oxyde de cobalt et avec les alcalis eux-mêmes. Il a été impossible jusqu’ici de la combiner avec l’acide carbonique. Yerse-t-on un carbonate alcalin dans la dissolution d’un sel d’alu¬ mine, on remarque aussitôt un dégagement d’acide carbonique et une précipitation d’a¬ lumine. On prépare l’alumine anhydre en calci¬ nant au rouge l’alun ammoniacal, sulfate double d’alumine et d’ammoniaque. L’alu¬ mine pure reste dans le vase opératoire sous la forme d’une masse blanche, spon¬ gieuse, peu cohérente. Pour l’obtenir en ge¬ lée , à l’état d’hydrate , on la précipite d’un de ses sels par un grand excès d’ammonia¬ que caustique. On choisit encore pour cela l’alun, qui est de tous les sels d’alumine ce¬ lui que la cristallisation dépouille le plus facilement des matières étrangères qui peu¬ vent accompagner cet oxyde. La plupart des chimistes considèrent l’a¬ lumine comme formée de 2 équivalents d’A- luminium et de 3 équivalents d’oxygène, ou en poids de 100 d 'Aluminium et de 87, 7 d’oxy¬ gène. L’alumine est très répandue dans la nature ; c’est la base des argiles. A l’état de pureté , elle est au contraire très rare. Elle constitue le saphir et le rubis ou corindon des minéralogistes. La Gibsite est une com¬ binaison naturelle d’alumine et d’eau. L’alumine pure n’est employée que dans les laboratoires des chimistes pour la pré¬ paration des sels alumineux. Son mélange avec la silice , tel que la nature le présente dans l’argile, sert pour faire toutes les pote¬ ries , pour le foulage des draps , pour la fa¬ brication de l’alun et des poteries Ajoutons que l’alumine se rencontre dans la gangue de certains minerais , dans les scories des forges , etc. , et que la plupart des terrains propres à la culture contiennent de l’alumine mêlée avec d’autres matières et particuliè¬ rement avec la silice , l’oxyde de fer et le carbonate calcaire. Enfin le véritable Emeri a pour base l’alumine à l’état de corindon. (Pel.) ALUMINE ( Alumen , inis , alun ). min. — Oxyde d’ Aluminium , composé, d’après les chimistes, de 2 atômes de ce métal et de 3 atômes d’oxygène. Son nom est dérivé de ce¬ lui de l’alun , sel dont on extrait communé¬ ment cet oxyde. On l’appelait anciennement terre argileuse , parce qu’il est une des ba¬ ses des argiles et de la plupart des terres arables. L’Alumine préparée artificielle¬ ment est en poudre blanche , douce et onc- tueuseau toucher, infusible etinsoluble dans l’eau. Elle est principalement caractérisée par la propriété d’être éminemment réfrac¬ taire , et de former avec l’eau une pâte liante, qui sert de base aux poteries. Elle est facilement attaquable par la potasse et par la soude caustiques, et donne par la calcination, après avoir été humectée de ni¬ trate de cobalt, une masse non fondue d’un beau bleu. L’Alumine est isomorphe avec le peroxyde de fer, l’oxyde chromique et le sesquioxyde de manganèse. L’alumine joue différents rôles dans la na¬ ture. 1° A l’état libre ou sans combinai¬ son définie avec d’autres éléments , elle con¬ stitue une esp. minérale très remarquable par ses propriétés physiques, le Corindon ( V . ce mot). 2° A l’état d’hydrate et mélan¬ gée avec la Silice, elle forme les Argiles , substances d’un haut intérêt pour les arts , ALU 311 et qui lui doivent la propriété de faire pâte avec l’eau [F. Argiles). 3° Combinée avec certaines bases , à l’égard desquelles elle se comporte comme un acide , elle constitue un genre particulier de composés salins, auquel on donne le nom d’ALUMiNATEs. 4° Dans le plus grand nombre des cas, l’A¬ lumine joue le rôle de base relativement à différents acides et à la silice; c’est ainsi qu’elle se comporte à l’égard de l’acide sul¬ furique, dans l’alun, l’alunite, la websté- rite, et par rapport à la Silice dans un grand nombre de composés, tels que les Feldspaths, les Micas , les Grenats , les Tourmalines, l’ɬ meraude, la Topaze, etc. {V. Silicates alu¬ mineux.) (Del.) *ALIJMIIYIDES ( Alumen , inis ). min. — Nom donné par M. Beudant à l’une des fa¬ milles de sa méthode minéralogique, celle qui comprend toutes les esp. formées d’A- lumine , soit seule, soit combinée avec différentes bases, â l’égard desquelles elle joue le rôle d’acide. Cette famille se subdi¬ vise en 2 g. : le g. Alumine , et le g. Alumi- nale. (Del.) AEUMINITE ( Alumen , inis , alun ). min. — Nom sous lequel on a confondu différents minéraux alumineux, qui se rapportent aux esp. de l’Alunite, de la Collyrite , et de la Webstérite ( V . ces mots). (Del.) * ALUMINIUM ( Alumen , mis, alun), chim. — L’alumine n’est pas décomposée par la pile voltaïque la plus énergique. Il est impossible d’extraire le métal qu’elle renferme par le procédé que Davy a appliqué à la préparation du potassium et des autres métaux alcalins. Il faut recourir à la méthode décrite par Wohler , qui consiste à décomposer le Chlorure d’ Aluminium par le Sodium ou par le Potassium. Le chlore seul ne chasse pas l’oxygène de l’alumine, mais lorsque celle-ci est mêlée avec du charbon, elle est attaquée à une température élevée et il se produit du Calo- rure d' Aluminium anhydre. On introduit ce Chlorure dans un creuset de platine avec du Potassium divisé en petits fragments ; on maintient le couvercle à l’aide d’un fil mé¬ tallique et on élève graduellement la tem¬ pérature du creuset. La décomposition se décide tout-à-coup avec dégagement de chaleur et de lumière. On lessive la masse refroidie, qui se compose de Chlorure de ALU Potassium soluble et A' Aluminium qui ne se dissout pas. Il ne reste plus qu’à faire des¬ sécher ce métal à une douce température. C’est une poudre grise qui prend un as¬ pect métallique par la compression , qui conduit mal l’électricité et la chaleur, qui est sans saveur, sans odeur, plus réfractaire que le fer, et fixe. C Aluminium chauffé jus¬ qu’au rouge, s’oxyde rapidement au con¬ tact de l’air, et se transforme en alumine , seul degré d’oxydation de ce métal. Lors¬ qu’au lieu d’air, on chauffe Y Aluminium dans l’oxygène, sa combustion développe une lu¬ mière telle que l’œil n’en peut supporter l’é¬ clat. L’alumine qui en résulte entre en fu¬ sion, ce qui annonce une température énorme , et elle devient aussi dure que le corindon. V Aluminium est sans action sur l’eau froide ; il ne commence à la décomposer qu’alors qu’elle est bouillante, et encore l’action en est-elle très lente. Il en résulte un dégagement d’hydrogène et un précipité d’a¬ lumine. La potasse et la soude hydratée at¬ taquent rapidement Y Aluminium. Il y a dé¬ gagement d’hydrogène et formation d’Alu- minate de potasse ou de soude. (Del.) * ALUMO-CALCITE ( Alumen , alun ; calx,cis, chaux), min. — Substance com¬ pacte, d’un blanc de lait, et d’un éclat vi¬ treux faible , ayant la cassure écailleuse , happant à la langue; acquérant, par un sé¬ jour prolongé dans l’eau, un assez haut de¬ gré de transparence , avec des reflets nuan¬ cés de bleu et de jaune. Elle est facile à bri¬ ser, donne de l’eau quand on la chauffe dans un tube de verre; et se dissout en gelée dans l’acide chlorhydrique concentré. Cette sub¬ stance a beaucoup de rapport avec l’Opale , dont elle ne diffère que par quelques cen¬ tièmes de Chaux et d’ Alumine; c’est pour cette unique raison que Breithaupt l’a sé¬ parée des Silex aquifères, en lui donnant le nom sous lequel elle est ici désignée. L’a¬ nalyse que Kersten en a faite a donné pour résultat : silice , 86,60; chaux, 6,26 ; alu¬ mine, 2,23; eau, 4,00; total 99,08. Elle se trouve dans les cavités d’un filon ferrugi¬ neux à Eibenstock, dans l’Erzgebirge. (Del.) ALUN. — L’Alun, dans le sens que l’on attribue le plus souvent à ce mot , est un sel double hydraté, formé par la combinai¬ son du sulfate rj’alumine avec le sulfate f 3 1 2 ALU de potasse ou avec le sulfate d’ammoniaque. L’alun à base de potasse a pour formule Al2 O3 (So3)3, Ko So3 + 24 H20. L’Alun à base d’ammoniaque — Al2 O3 (So3)3, ne az2 So3, H2 O + 24 HO. Dans la théorie de Y Ammonium, on lui donne pour formule : Al2 O3 (So3)3,H3az2OSo3-f-24 H20. Ces deux espèces d’Aluns présententla même forme, qui est l’octaèdre; la même saveur, la même solubilité dans l’eau, et un ensem¬ ble de propriétés générales, pour ainsi dire identiques. On a fait l’observation qu’en remplaçant l’Alumine par des oxydes iso¬ morphes avec elle , par le peroxyde de fer, le protoxyde de chrome, le sesqui-oxyde de manganèse, on obtient des sels doubles qui présentent la même forme cristalline , et contiennent la même quantité d’eau que les deux aluns précédents. A son tour le sulfate de Potasse ou celui d’Ammoniaque, peut être remplacé, sans changement de forme, par quelques sulfates, tels que ceux de soude et de magnésie. On a donné à tous ces sels doubles octaédriques le nom à’ Aluns, de sorte qu’aujourd’hui ce nom ne désigne plus une substance unique, mais une classe assez nombreuse de sels isomorphes.Yoici les for¬ mules de ces principaux Aluns : Alun de potasse ordinaire = Al2 O3 (So3)3 + Ko So3 4~ 24 H20. Alun d’ammoniaque ordinaire = id. + H8 az2 O So3 + 24 HaO. Alun de chrome et de potasse = Cr2 O3 (So3)3, Ko So3 + 24 H20. Alun de fer et de potasse = Fe2 O3 (So3)3, Ko So3 -f~ 24 H*0. Alun à base de soude=Al2 O3 (So3)3, No O So3 -|- 24 H20. La formule générale d’un alun est donc: M2 O3 (So3)3, m o So3, 24 H20, dans laquelle M représente un métal iso¬ morphe avec l’aluminium , et m un métal isomorphe avec le potassium. Etant donné un petit cristal d’un de ces Aluns quelconque, on peut , en le portant successivement dans une dissolution de cha¬ cun des autres Aluns, augmenter son volume sans que sa forme change. C’est une obser¬ vation fort intéressante que l’on doit à M. Gay- Lussac. Nous ne parlerons ici que des Aluns du commerce, c’est-à-dire du sulfate dou¬ ble d’alumine et de potasse ou d’ammonia¬ que. ALU Propriétés de F alun à base de potasse. C’est un sel transparent, incolore, inodore, d’une saveur fortement astringente, soluble dans environ 15 fois son poids d’eau froide, et dans un peu moins de son poids d’eau bouillante, circonstance qui est cause qu’une dissolution d’Alun saturée à^haud se prend presque entièrement en masse par le refroi¬ dissement. Soumis à une douce chaleur, il fond dans son eau de cristallisation (Alun de roche). Si on élève graduellement la température, il perd peu à peu cette eau, augmente consi¬ dérablement de volume, devient opaque (Alun calciné). A une température voisine du rouge, il laisse dégager de l’oxygène et de l’acide sulfureux mêlés d’un peu d’acide sulfurique anhydre, et laisse pour résidu de l’alumine et du sulfate de potasse. Une cha¬ leur plus élevée encore décompose ce der¬ nier sel , et il reste finalement , comme corps fixe, de l’aluminate de potasse. Calciné avec du charbon ou avec des ma¬ tières organiques, telles que du sucre, de l’amidon, il donne naissance à un pyrophore.; Propriétés de l’Alun à base d'ammoniaque. Les Alcalis en dégagent, soit à froid, soit à chaud, de l’ammoniaque, facile à recon¬ naître à son odeur piquante, à la propriété qu’elle possède de ramener au bleu le papier de tournesol , et de répandre des fumées blanches, épaisses, par l’approche d’un tube imprégné d’acide muriatique faible. Sa cal¬ cination laisse pour résidu de l’alumine par¬ faitement pure. Au reste les propriétés prin¬ cipales de l’alun ammoniacal, sa solubilité, ses usages dans l’industrie, sont les mêmes que celles de l’alun potassique. Ces deux Aluns se trouvent souvent mêlés dans le commerce, non seulement dans des cristaux différents , mais encore dans les mêmes échantillons. L’Alun naturel est très rare : on ne l’a rencontré jusqu’ici qu’en dissolution dans quelques eaux voisines de certains lignites, dans les fissures de quelques schistes alumi¬ neux et dans les produits des solfatares. Mais il existe dans la nature une grande quantité de sous-sulfate d’alumine combiné avec du sulfate de potasse. On en rencontre au Mont-d’Or, en Auvergne, et il constitue des collines entières à Piombino et à Tolfa. Il est là sous forme de roche ou de pierre ALU ALU 313 très dure , rarement cristallisée , presque toujours mêlée de silice et d’oxyde de fer. D’après M. Cordier, ce minéral a une com¬ position telle , qu’on peut le considérer comme formé d’Alun et d’alumine hydratée. Une chaleur ménagée détruit ce composé, en chasse l’eau; l’alumine anhydre ne peut plus rester unie à l’alun, de telle sorte que , lorsqu’on vient à lessiver la masse calcinée, l’eau laisse l’alumine et dissout l’alun , qu’on fait ensuite facilement cristalliser. Pendant long-temps les marchés de l’Eu¬ rope ont été presque exclusivement appro¬ visionnés avec cet Alun, qui portait le nom d 'Alun de Rome. On le considérait comme le plus pur et le plus propre aux opérations dé¬ licates de la teinture. Depuis un quart de siècle, on prépare en France des Aluns qui ne laissent rien à désirer,- et, loin de les faire venir de l’Italie, on pourrait en exporter au besoin des masses considérables. C’est presque toujours avec les schistes alumineux qu’on fabrique l’Alun. On les expose à l’air, soit dans leur état naturel, soit après les avoir calcinés. Le sulfure de fer, renfermé en grande quantité dans le schiste, sesulfatise; et, comme il se produit plus d’acide sulfurique que n’en peut pren¬ dre l’oxyde dç fer , l’alumine, de son côté, se change en sulfate. Quand le schiste est bien effleuri, on le lessive, on sépare, par des dif¬ férences desolubilité, le sulfate de fer du sul¬ fate d’alumine , et l’on verse dans la disso¬ lution de ce dernier une lessive concentrée et chaude de sulfate de potasse ou de sul¬ fate d’ammoniaque. Le nouveau sel double se dépose par le refroidissement; une se¬ conde cristallisation le purge du sulfate de fer qu’il aurait pu conserver. On reconnaît l’absence de ce dernier, et par conséquent la bonne qualité d’un Alun, quand, dissous dans l’eau, ce sel ne produit pas de teinte verdâtre avec le cyanoferrure de potassium. Les usages de l’Alun sont fort nombreux. 11 sert à fixer sur les tissus la plupart des couleurs solubles dans l’eau, à rendre le suif plus ferme, à empêcher le papier de boire, à passer les peaux et à les préserver des vers. En médecine, on l’emploie comme astrin¬ gent à l’intérieur, et comme escharotique à l’extérieur lorsqu’il a été calciné. (Pelouze). ALUi\ (A lumen , Alun), min. — Alumine sulfatée alcaline, Haüy. On donne ce nom T. i. à un sel double composé de sulfate d’alu¬ mine, d’eau et d’un sulfate alcalin , dont la base peut être la potasse , la soude , l’ammo¬ niaque ou la magnésie. Il existe donc au moins 4 esp. d’Alun , qui toutes peuvent être rapportées à la même formule atomi¬ que, et cristallisent dans le même système, c. à.d.,le système régulier. L’Alun à base de potasse est celui qui se forme le plus com¬ munément dans la nature. On le trouve en efflorescences ou en petites masses fibreu¬ ses à la surface ou dans les fissures de cer¬ tains schistes argileux, et principalement des Ampélites ou Schistes alumineux , qui en sont plus ou moins imprégnés. Il se pro¬ duit aussi journellement dans les houillè¬ res embrasées, dans les solfatares et dans les cratères d’anciens volcans encore fumants. Enfin on assure qu’on le rencontre tout for¬ mé, et en assez grande quantité , au mi¬ lieu des déserts de l’Egypte , où il se pré¬ sente en petites couches recouvertes de sa¬ ble. On sait que la couleur de l’Alun est blanche, sa saveur douce et astringente, sa réaction acide , et qu’il est beau¬ coup plus soluble à chaud qu’à froid. Ses usages sont nombreux et généralement con¬ nus. Le principal est de servir de mor¬ dant , pour fixer les couleurs sur les tis¬ sus. On ne peut obtenir de cristaux d’Alun que par les opérations de la chimie. Les for¬ mes qu’il prend le plus habituellement sont l’octaèdre régulier, le cube , le cubo-octaè- dre et l’octaèdre-émarginé. Il est composé d’un atome de sulfate d’Alumine (Al Su5) , d’unatômede sulfate de potasse (K Su) et de 24 atomes d’eau ( 24 Aq ) ; ou en poids : de 33,77 d’acide sulfurique; 10,502 d’alumine; 09,94 de potasse ; et 45,47 d’eau. — La 2e esp. d’Alun naturel est Y Ammonalun , ou Alun ammoniacal. Elle diffère de la précédente, en ce que sa solution dégage, par l’addition d’un alcali caustique, une odeur ammonia¬ cale. Elle ne s’est encore présentée qu’en petites masses fibreuses formant des veinu¬ les dans les dépôts de lignites de Tschermig en Bohême. La 3me esp. d’Alun, est le Na- tron-alun, ou l’Alun de soude, trouvée comme le précédent, en fibres éclatantes dans des solfatares ou des terrains provenant de la décomposition des roches trachytiques. Enfin la 4me espèce d’Alun est Y Alan de magnésie , rapportée de l’Afrique méridio- 20* 314 ALU ALU nale, en masses fibro-soyeuses. On a donné le nom d 'Alan de plume à des substances sa¬ lines en fibres blanches soyeuses, trouvées dans î’îîe de Milo , et qui ne paraissent être que des esp. d’Aiun à bases de magnésie et de protoxyde de fer. On pourrait peut-être aussi rapporter aux Aluns à base de fer et de magnésie, une substance connue sous le nom de Beurre de Montagne , et qui s’est of¬ ferte sous la forme de petites concrétions translucides, d’un aspect gras ou résineux, parmi les roches alunifères de l’île de Born¬ holm , dans la Baltique, et près de Saalfeld en Allemagne. (Del.) ALUNITE ( l’Alaunstein des Allemands). min. — Vulgairement nommée pierre d’ Alun , et pierre alumineuse de la Tolfa, cette espèce minérale, du g. des sous -sulfates alumi¬ neux, est composée d’Acide sulfurique, d’A- lumine , de Potasse et d’eau , dans des pro¬ portions qu’on n’est point encore parvenu à déterminer d’une manière rigoureuse. C’est une substance pierreuse , se présentant ac¬ cidentellement dans la nature , en masses cristallines , fibreuses , de couleur grise ou rougeâtre, et le plus souvent en masses com¬ pactes, blanches ou rosées , dans les cavités ou à la surface desquelles s’observent quel¬ quefois de petits cristaux , dont la forme do¬ minante est un rhomboèdre aigu, de 87° 101. Ces cristaux se clivent, d’une manière assez distincte, perpendiculairement à leur axe. Par une calcination modérée, l’Alunite donne d’abord une odeur sulfureuse , et en¬ suite une saveur alumineuse. Cette sub¬ stance , très précieuse pour la fabrication de l’Alun , se trouve dans beaucoup de lieux où l’action des volcans a laissé des traces, et particulièrement dans les terrains trachytiques, en Hongrie , au mont d’Or en France, à Montione en Toscane, à la Tolfa près de Civita-Vecchia, dans les Etats -Ro¬ mains, à la Solfatare de Pouzzole, à Vul- cano, etc. Le gîte d’Alunite le plus connu est celui de la Tolfa. La pierre que l’on en extrait fournit un Alun très pur, connu dans le commerce sous le nom d 'Alun de Borne; il suffit, pour en obtenir ce sel, de calciner l’Alunite, puis de la lessiver à chaud, et de faire évaporer la lessive, qui donne de l’alun cristallisé par le refroi¬ dissement. (Del.) *ALUNOGÈNE, Beudant [Alun; yév oç, élé¬ ment ; c’est-à-dire qui peut servir à la fa¬ brication de l’alun; mot hybride), min. — Sulfa te d’alumine hydratée, en petites masses blanches , fibreuses ou écailleuses ; soluble, mais non cristallisable, d’une saveur acerbe. On le trouve dans les solfatares , où il pro¬ vient de l’action des vapeurs sulfureuses sur les silicates alumineux. M. Boussingault en a fait connaître une variété , observée par lui dans les schistes argileux qui bor¬ dent le Rio - Saldana , en Colombie. D’a¬ près son analyse , l’Alunogène serait formé d’un atome de sulfate d’alumine et de 18 atomes d’eau; mais, suivant une autre ana¬ lyse que l’on doit à M. Beudant, elle ne contiendrait que 9 atomes d’eau. Cette ma¬ tière serait très utile , si elle se trouvait en plus grande abondance , puisqu’il n’y aurait qu’à la dissoudre et à y ajouter du sulfate de potasse , pour avoir de l’Alun. (Del.) ALURNE. Alurnus. ins. — G. de Coléop¬ tères tétramères , établi par Fabricius et adopté par M. Duméril, qui le place dans sa famille des Herbivores ou Phytophages , et par M. Dejean, qui le met dans celle des Chrysomélines. Latreille, dans ses premiers ouvrages, l’avait réuni au g. Hispe, comme Olivier; mais, dans ses familles naturelles, il l’en sépare et le range dans sa famille des Cycliques, tribu des Cassidaires, sans toute¬ fois en donner les caractères. Voici ceux que lui assigne M. Duméril : Cors, court, inégal. Elytres d’un tiers plus longs que l’abdomen, à grand écusson. Articles des tarses très dé¬ veloppés, veloutés en dessous. — Les Alurnes sont des Coléoptères de moyenne taille, as¬ sez remarquables par leur forme et par leur couleur. Ils appartiennent exclusivement aux contrées inlertropicales del’ Amérique. M. De¬ jean [Calai., 3me édit.)e n mentionne 7 espè¬ ces , dont 2 de Cayenne, 4 du Brésil et 1 du Paraguay. Nous ne citerons que VA. grossus Fabr., décrit et figuré par Olivier. (D.) ALUTÈRES(oc Priv.; h>Ap, qui délie), poiss. — Nom générique de poissonsde la fa¬ mille des Sclérodermes, de l’ordre des Plectognathes , rangés autrefois dans le g. Baliste. M. Cuvier a réuni sous ce nom, les esp. dont l’os du bassin reste constam¬ ment sous la peau de l’abdomen , quoiqu’il soit mobile sous cette peau, comme l’os épi¬ neux des Bal is tes ou des Monacanthes l’est à l’extérieur. C’est ce qui suggéra à M. Cuvier AL\ ALY 315 l’idée de les appeler Batistes non déliés. Quel¬ quefois la peau de l’abdomen forme un large fanon, en suivant le mouvement de l’os du bassin, quand il se redresse. Cependant le corps des Alutères est plus allongé que celui des autres Balistes. La peau est couverte de petits grains serrés, la dorsale antérieure réduite à une seule esp. comme dans les Monacanthes. Ce g. est un des moins nom¬ breux du genre Baliste. On en connaît à peine 10 à 12 esp. Elles sont originaires des mers équatoriales, des deux continents, et aucune esp. n’existe dans les mers d’Europe. (Val.) *ALVAME. Alvania. moll. — Dans son Histoire naturelle des productions de l Eu¬ rope méridionale , M. Risso a proposé ce g. pour les espèces turbiniformes du g. Ris- soa. L’auteur n’alléguant, pour la formation de ce groupe, aucun caract. zoologique, et les esp. qu’il contiendrait se liant d’une ma¬ nière insensible aux Rissoa proprement di¬ tes, ce g. ne peut être accepté. [V. Rissoa.) ( Desii.) ALVEOLE. Alveolus ( alveolus d ' Alvus , ventre; par extension toute sorte de cavité). moll. — On a souvent employé ce mot pour désigner les loges composant l’intervalle compris entre les cloisons qui séparent l’in¬ térieur des coquilles polythalames ou mul¬ tiloculaires des Céphalopodes. (A. d’O.) ALVÉOLE. Alveolus [alveolus , cavité). On a donné ce nom aux cavités qui exis¬ tent sur les os des mâchoires, et dans les¬ quelles sont implantées les racines des dents. La grandeur et la forme de ces al¬ véoles varient suivant les différentes esp. de dents qu’ils doivent loger. Ces cavités sont percées , au fond , de trous par les¬ quels passent les vaisseaux et les nerfs den¬ taires. — On nomme aussi alvéoles : 1° les petites cellules ou loges que les abeilles et guêpes se construisent pour y élever leurs larves et déposer leurs provisions; 2° de petites fossettes ou cavités qu’on observe dans certaines parties des plantes, etc. (C. D’O.) * ALVÉOLÉ. Alveolatus ( alveolus , alvéole). anat. descript. — Qui est creusé de petites fossettes ou loges placées symétriquement les unes à côté des autres, et se rapprochant, par leur forme, des alvéoles d’abeilles. (C. d’O.) *ALVÉ0LI1VE. Alveolina, A. d’Orb. ( Di- min. d ’ alvus , ventre ). foram. — G. de l’ordre des Hélicostègues, famille des Nauti- loïdées , établi par Bosc ( Buff. de Délerv. ) sous le nom d ’Alerotites , auquel nous avons substitué celui d’ Alveolina , après en avoir découvert des esp. vivantes. Nous le ca¬ ractérisons ainsi : Coquille libre, régulière, équilatérale , orbiculaire ou oblongue dans le sens de l’axe spiral, à spire embrassante. Loges nombreuses , divisées , dans le sens de l’enroulement spiral, en une multitude de cavités capillaires. Ouvertures en lignes lon¬ gitudinales à l’axe. — Voisin des Orbiculi- nes par les divisions de ses loges , ce g. leur est directement opposé par la division des loges , et la direction de la ligne d’ouver¬ ture ; les locules étant séparées longitudina¬ lement dans les Orbiculines. Nous connais¬ sons aujourd’hui 10 esp. d’Alvéolines, dont 2 vivantes , et les autres fossiles. Celles-ci appartiennent aux terrains tertiaires de l’Au¬ triche et du bassin de Paris, et a de la forma¬ tion crétacée. Comme nous l’avons fait remarquer ( Tabl.des Céph. 1825), les g .Me- lonites, Lamarck; Melonia, Blainville; Clau- sulus et Borelis, Montfort; Oryzaria , De- france; ne sont que des doubles emplois des Alvéolines. (A. d’O.) ALVEOLITE (Dimin. d’ Alvus. / . Al¬ véole ). FORAM. — V. Alveoline. (A. d’O.) ALVÉOLITE. Alvéolites ( alveolus , ni¬ che). zoopii. — G, de Polypiers pierreux établi par Lamarck, qui le place dans la section des Polypiers à réseau, et y com¬ prend, avec une seule esp. vivante [Alvéoli¬ tes incrustons ) , plusieurs esp. fossiles dont M. Goldfuss a fait son g. Calamopora. Les Polypes en sont inconnus, et l’on peut seu¬ lement supposer que, pour certaines esp. du moins, ils se rapprochent de ceux des Tubulipores. Cependant M. Ehrenberg a placé le g. Calamopora [V. ce mot) dans la famille des Milléporines , parmi des Phyto- coraux dodécactiniés (ou à douze rayons). C’est aussi dans la famille des Millépores que M. de Blainville [Man. d’ A clin.) place les Alvéolites ou Calamopores ; mais cet au¬ teur a composé tout différemment cette fa¬ mille. Toutefois, à part l’esp. vivante [A. in¬ crustons), qui ne se compose que d’un seul rang de cellules en forme de tubes courts, prismatiques, serrés, enroulant la surface des corps marins, on peut dire que toutes 316 AL Y AL Y les Alvéolites sont des masses pierreuses, arrondies ou rameuses , formées de couches nombreuses, concentriques, superposées; ces couches étant composées d’une réunion de cellules courtes, alvéolaires ou prismatiques, et offrant à l’extérieur l’apparence d’un ré¬ seau. — On doit citer comme type du g. X Alvéolite madréporaire , fossile des terrains tertiaires de Dax ; elle a l’aspect d’un ma¬ drépore allongé , à rameaux courts, épais, arrondis, composés de cellules tubuleuses , pentagones et hexagones par couches super¬ posées. Nous reviendrons sur les esp. fossi¬ les du terrain de transition au mot Calarno- pore . (Duj.) AL VIN. — Nom donné aux jeunes pois¬ sons employés pour peupler les étangs , et que l’on affecte plus spécialement aux jeunes carpes longues d’un à deux décimètres. Les petits étangs où on les élève se nomment Al- viniers. (Val.) AL VINAGE. poiss. — L’Alvinage con¬ siste à se procurer et à conserver l’alvin ou les jeunes poissons dont on se sert pour peu¬ pler les étangs. Cette opération a ses règles et ses époques, dont en dépend la réussite. (C. d’O.) ALYDUS. ins. — G. de la famille des Co¬ réens , groupe des Anisoscélites, de l’ordre des Hémiptères, section des Hétéroptères, éta¬ bli par Fabricius (■ Syst.Rhyng .), et restreint par Latreille aux esp. dont le corps est étroit et linéaire , les antennes filiformes, le pro¬ thorax un peu rétréci en avant , avec ses an¬ gles postér. relevés en pointe aiguë, et les pattes à cuisses renflées et munies d’épines. — On connaît aujourd’hui vingt et quelques esp. de ce g. , dont le plus grand nombre habite l’Amérique. Le type est VA. calcara- tus Fabr. ( Cimex calcaratus L. ) , que l’on trouve dans la plus grande partie de l’Eu¬ rope. VA. Geranii L. Duf. , se rencontre aussi dans les départements méridionaux de la France. (Bl.) *ALYMNIA (allusion' synon. kPolymnia. V. ce mot), bot. pu. — Necker a appliqué ce nom à quelques plantes de la famille des Composées, réunies par M. De Candolle au g. Polymnia , dans lequel elles forment une pe¬ tite sect. caractérisée par des ligules obova- les ou linéaires, mais plus courtes que l’in— volucre. (J. D.) ALYPUN1 (aXviroç, qui ne saurait nuire), i bot. ph. — G. de la famille des Globularîées, mal défini par Tournefort (Inst. ) qui l’avait créé d’après Matthiole, et dont Linné a fait le g. Globularia , aujourd’hui généralement adopté. V. ce mot. (C. L.) ALYSE. bot. fit.— V. Alise. (C. d’O.) ALYSELMINTHE. Alyselminthus (aàuo-iç, chaîne; ïlyw , ivQoç, ver; allusion à la forme annulaire de cesanimaux). iielmint. — Zéder avait substitué ce nom à celui de Tamia , dans son suppl. à l’ouvrage de Goetze. M. de Blainville l’a adopté, en le restreignant à une div. générique qui comprend les Tœnia sans trompe ni couronne de crochets, comme le Tœnia plicata Rud. ( App . à la trad.franç. de Bremser). Leur renflement céphalique , très distinct, est pourvu de 4 suçoirs pro¬ fonds; ce qui les distingue des Botryocé- phales , des Botrydium , etc. ( V . art. vers du Dict. des Sc. nat., t. lvii, p. 606 ; — Toenia, du même. (L. D. y. r.) ALYSIA ( a, ensemble ;X, expl.^a- p.5, je marie), min. — Syn. de Mercure ar¬ gentai. (K. Mercure.) (Del.) AMALGAMES ( à>a, ensemble ; \ , explé¬ tif; yap-w, je marie), chim. — C’est le nom qu’on donne aux combinaisons du mercure avec les autres métaux. Ces sortes d’alliages sont en général blancs , quelquefois suscep¬ tibles de cristalliser, presque tous décom¬ posâmes à une température rouge. Les principaux amalgames sont: 1° celui d’Étain , qui sert à étamer les glaces et à les mettre au tain-, 2° celui de Bismuth, qu’on emploie pour étamer intérieurement les globes de verre ; 3° ceux d’Argent et d’Or, dont on se sert pour argenter ou dorer quel¬ ques métaux ou alliages, particulièrement le cuivre rouge, le laiton et le bronze. L’amalgame des argenteurs est formé de : mercure, 85 parties, argent, 15p.; celui des doreurs de : mercure, 90 et or, 10. — L’amal¬ game destiné à frotter les coussins des ma¬ chines électriques est formé de 50 p. de mer¬ cure, 25 p. d’étain et 25 p. de zinc. (Pel.) * AM U LOCESIUS (à priv.; uaWoç, duvet; x/paç , corne), ins. — G. de Coléoptères té- tramères, famille des Longicornes, établi par M. Dejean ( Catal , 3me édit.), qui le place immédiatement avant le g. Lophonocerus , Latr., appartenant à la tribu des Céramby- cins de M. Serville. Ce g., dont il n’a pas pu¬ blié les caract,, est fondé sur une seule esp. du Brésil, qu’il nomme A. aculeatus. (D.) *AMALLOPODE, Amallopodus (à priv. ; , duvet ; ttov; , 7T ocîo; , pied). INS. — G. de Coléoptères tétrarnères, famille des Lon¬ gicornes, tribu des Prioniens, établi par M. Lequien, dans le Magasin zoologique de M. Guérin, 1833, 3me année. Ce g., qui ne figure pas dans le Catalogue de M. Dejean , appartient à la l,e subdiv. des Prioniens, et vient se placer entre les g. Titanus et Cte- noscelis de M. Serville, dont il se distingue principalement par la forme de son corselet, armé latéralement d’une seule épine, par ses tarses sans brosses en-dessous , dont les articles sont cylindriques, et le 4me nulle¬ ment bilobé. Il est fondé sur une seule esp., figurée, dans l’ouvrage précité, sous le nom d 'A. scabrosus , qui lui a été donné par M. Dupont. (D.) AMALOUASSE. ois. — Nom vulgaire de la Pie-Grièche. (C.d’O.) AM A LOU ASSE-G ARE . ois. — Syn. vul¬ gaire du Gros-Bec dans quelques cantons de la France. (C. d’O.) i AMALTHÉ. Amallheus (àtu aMhtot, chèvre, nourrice de Jupiter;par extension, ici, corne d’abondance), moll. — G. de Céphalopodes établi parMontfort ( Conchyl . Syst. p. 90) sur une esp. d’Ammonite dont il place mal à propos le siphon contre le retour de la spire. (A. d’O.) AMALTHEE. Amalthea (oc|j.ocaQskx, la chè¬ vre Amalthée, nourrice de Jupiter), bot. pii. — Dénomination proposée par M. Desvaux pour désigner une forme particulière de fruits dans plusieurs Rosacées , dont le cal. ne devient point charnu après la floraison. L’auteur cite le fruit de l’Aigremoine comme type de cette esp. de fruits , dont la distinction n’a pas été adoptée. Lindley le confond avec l’Étairion de M. Mirbel. F. i Etairion. (C. L.) * AMALTHOCÈKE. Amalthocera ( àua a- AMA AMA Ô£ta, chèvre, nourrice de Jupiter; xq>aç, corne), ins. — G. de Lépidoptères, famille des Crépusculaires, créé par M. Boisdu- val, qui n’en a pas encore publié les carac¬ tères. Ce g., qu’il place dans sa tribu des Ægocérides, est fondé sur une seule esp. (du Sénégal) , nommée par lui A. tiphys, et re¬ présentée pl. 14, fig. 8, de son Species géné¬ ral des Lépidoptères , faisant suite au Buffon de Roret. (D.) AMANDE. JYucleu » [yfj.vyS oHy> , amande). bot. ph. — C’est toute la partie de la graine mûre placée sous l’épisperme ou tégument propre. Elle peut offrir, dans sa composition, deux modifications différentes, tantôt, en effet, l’amande est formée par l’embryon tout seul , c’est-à-dire par la partie de la graine qui , à l’époque de la germination, se développe en un nouveau végétal, comme dans le prunier, le haricot, le marron¬ nier d’Inde, etc.; tantôt, outre l'embryon, elle contient un autre corps de nature va¬ riée, qu’on nomme endosperme, et qui, à l’époque de la germination, diminue, se dé¬ truit insensiblement, et finit même par dis¬ paraître presque complètement ( V . graine). (A. R.) AMANDE, bot. pii. — Fruit de l’Aman¬ dier. V. ce mot. (A. R.) AMANDE ( amandala , basse lat.; corrup¬ tion d 'amygdala, à.p.\>y$oi\-n). moll. — Nom vulgaire de plusieurs coquilles. Ce nom s’ap¬ plique : 1° à la Venus peclinata Lin. ( Cylhe - rea peclinata LamÉ.1) ; 2° à l’^rca barbataon à Y Area lacerata de Linné , Amande à cils; 3° à Y Area fuscata de Bruguière, Amande rô¬ tie; 4° Enfin Plancus donne le nom d’A- mande de mer à l’animal du Bullœa aperta. (Desh.) "AMANDE amère, bot. cr. — Nom sous lequel Paulet [Traité des Champ., tom. ii, p. 299, pl. cxliii, fig. 1) a décrit une esp. d’Agaric dont la saveur et l’odeur rappel¬ lent exactement celles de l’Amande amère. Il croît en automne dans les environs de Paris. Il ne paraît pas vénéneux, puisque les expériences faites sur les animaux ne les ont point incommodés. (Lév.) AMANDIER. Amygdalus, Tourn. ( yjj.uy- <5a>?î , amandier), bot. pii. — G. ou s. -g. de la famille des Amygdalacées ou Drupacées. Ce g., tout-à-fait conventionnel, ne diffère essentiellement des Prunus , auxquels l’avait 323 réuni Linné, que par son drupe à méso¬ carpe non succulent, finalement presque co¬ riace et irrégulièrement bivalve. La confor¬ mation du noyau, très variée suivant les es¬ pèces , ou même variable dans plusieurs, ne. peut offrir aucun caractère générique. Le caract. distinctif que quelques auteurs ont cru trouver dans la vernation des feuilles est tout-à-fait imaginaire. On en connaît 5 ou 6 esp: l’une croît au Mexique; les autres croissent dans les régions extra-tropicales de l’ancien continent. Tout le monde sait que Y Amandier commun [A. commuais , L. ), se cultive comme arbre fruitier. Plusieurs au¬ tres esp. se plantent dans les bosquets d’or¬ nements. (Sp.) AMANITE. Amanita ( , seule esp. qurjsoit ori¬ ginaire d’Europe; 2° Y A. de Guernesey, (A. sarniensis L.); elle est originaire du Japon; mais un bâtiment qui en contenait une grande quantité, ayant fait naufrage sur les côtes sablonneuses de l’île de Guernesey, elle s’y est neutralisée, au point d’y être de¬ venue une plante presque indigène; 3 °A. Lis St -.Jacques [A. formosissima L.) , très belle esp. de l’Amérique méridionale, que l’on cultive très facilement et très abondamment à Paris , remarquable par sa grande fleur étalée, très irrégulière et d’un rouge foncé ; 4° A. regina L., originaire du Mexique, por¬ tant 4 à 5 grandes fleurs d’un rouge pon¬ ceau; 5° A. Josephince Yent. , du cap de Bonne-Espérance. C’est l’esp. la plus grande et la plus mulliflore du genre. Sa hampe, longue de deux pieds et grosse en proportion, se termine par une ombelle simple, composée AMA AMA 331 souvent de 60 à 00 fleurs roses, de 3 pouces de longueur. On peut encore citer, parmi les esp. les plus belles de ce g., les A. vittaia , belladona , fulgida , moluccana , etc. (À. R.) * AMARYSSES (àfxapuc7o,ci), je brille), ins. — G. de l’ordre des Lépidoptères diurnes , créé par Dalman et qui a pour type le pa¬ pillon Machaon (F. Papillon). (D.) AMAS. Congeries ( à/xoco , £, j’amasse). — Sorte de gisement des substances miné¬ rales. On dit qu’un minéral ou une roche est en amas, lorsqu’il constitue une masse irrégulière qui semble comme enveloppée par d’autres substances. V . Dépôt et Gise¬ ment. (G. P.) *AMASIA ( amasius , a , gai tant, e). ins. — G. de Coléoptères tétramères, famille des Chry- somélines, établi par M. Dejean ( Catal ., 3me édit.) , qui n’en a pas publié les caractères. Il y rapporte une seule esp. de Java , nom¬ mée par lui spinipes , varians par de Haan et voluiina par M. Buquet. (D.) AMASIS (Nom propre), ins. — G. de la fam. des Tenthrédiniens (Porte-scie, Lat.), de l’ordre des Hyménoptères , section des Térébrans , établi par Leach , sur quelques esp. confondues parFabricius, Latreille,etc., avec le g. Cimbex, et qui s’en distingue, surtout , par des ant. multi-articulées , ren¬ flées en massue , et n’ayant que leurs 4 1ers art. distincts, les autres étant réunis par des mandib. bidentées et par des ailes dont les 2 lres cellules cubitales reçoivent cha¬ cune une nervure récurrente. On connaît une dizaine d’esp. de ce g. , dont la plupart sont indigènes. Les plus répandues en Eu¬ rope sont VA. Jurinœ ( Cimbex Jurinœ Lep.) et VA. lœta ( Cimbex lœta Fab. etc). (Bl.) AMASOIVIA(Th. Amason , voyageur en Amér.). bot. pu. — G. de la famille des Ver- bénacées, tribu des Egiphilées (Yerbénées, Bartl.) proposé par Linné fils (Suppl., 294) pour remplacer le g. Taligalea d’Aublet. Cette substitution n’est pas généralement adoptée. Lindley ( Introd .) les regarde tous 2 comme distincts, mais probablement par erreur./^. Taligalea. (C. L.) AMASPERME. Amasperma (aga, ensem¬ ble; 38 AMB AMB genre d’après cette copie mensongère et sur des caractères inexacts sous le nom de Tæ- nioide. Voilà pourquoi nous n’avons pas cru devoir le conserver. Shaw et Bloch ont suivi les erreurs de Lacépède, et donnent ce pois¬ son sous le nom de Gépole aveugle ( Cœpola cœcula , ou Cæp. hermanniana). Linné avait connu une esp. de ce g., et l’avait placée, suivant ses affinités naturelles , dans le g. des Gobies, sous le nom de Gobius anguü - laris. Nous ne connaissons que 5 espèces de ces Gobioïdes , toutes originaires de l’Inde, et se tenant enfermées dans la vase des étangs salés ; on les mange à Pondichéry. . (Val.) * AMBLYOPHIS (àf*6Xvç, obtus ; fydç, ser¬ pent). inf. — G. établi par M. Ehrenberg pour un infusoire vert, très voisin de ses Euglena , dont il ne se distingue que par l’extrémité postérieure obtuse de son corps. Î1 a été placé par cet auteur dans la famide des Astasiées, comprenant, suivant lui, des animaux polygaslriques , sans intestin, nus, changeant incessamment de formes, et pa¬ raissant tantôt avec, tantôt sans queue; enfin, pourvus d’une seule ouverture. L ’Amblyo- phis présente en avant, comme la plupart des g. voisins , un ou plusieurs points rou¬ ges qu’on a pris mal à propos pour des yeux. Il n’a d’autre organe locomoteur, pour la na¬ tation, qu’un filament flagelliforme très fin, partant d’une échancrure antérieure etfaus- sement nommée trompe. On n’a pu obser¬ ver encore chez cet animalcule, non plus que chez les g. voisins , aucune intromission d’a¬ liments ou de substances colorées dans l’in¬ térieur; de sorte qu’on n’a absolument au¬ cun motif pour nommer estomac (elle ou telle partie de son corps. La seule esp. con¬ nue [A.viridis Ehr.) est longue de^mill. environ. Elle vit isolément au fond des ma¬ rais ou dans les infusions d’herbes aquati¬ ques conservées long-temps. (Duj.) AMBLYOPOGON, bot. pu. — r. Am- BLYPOGON. (C. L.) AMBLYOPES. ins. — V. Amblypus. (D.) AA1BLYPOGO.Y (àuSViîç, ObtUS; 7r'oycov , arbe). bot. pu. — Ce genre, considéré par M. De Candolle comme section de 1 'Am~ berboa , se caractérise par son involucre à squames ovales , courtes, imbriquées , ter¬ minées au sommet en un appendice large , scaricux , ovale-lancéolé , cilié-pectiné sur les bords; cor. du rayon ne dépassant pas celles du disque. Anlh. presque mutiques à la base. Aigrette simple, formée de paillettes élargies et denticulées au sommet. — Cette plante, qui a le port d’un Psephellum ou d’un fleterolophus , est originaire de la Perse. (J. D.) AMBLYPTÈRE. Amblypterus , Ag. ( àp- 6Vvç, émoussé ; nrspév , nageoire), poiss. — G. de Poissons fossiles de la famille des Lé- pidoïdes, de l’ordre des Ganoides. Ils ont par conséquent des dents en brosse, des écail¬ les plates et rhomboïdales, le corps allongé et fusiforme. Les nageoires sont larges et com¬ posées de nombreux rayons ; les pectorales très grandes ; la dorsale opposée à l’inter¬ valle qui sépare les ventrales et l’anale ; point de petits rayons sur le bord des nageoires ; le lobe supér. de la queue est plus long que l’inférieur , et soutenu par des vertèbres. Comme tous les Hétérocerques de cette fa¬ mille, les Âmblyptéres n’ont aucun repré¬ sentant dans la nature vivante, et ils appar¬ tiennent tous aux formations inférieures des dépôts jurassiques. Des 5 esp. citées paF M. A gassiz, quatre, les A. macropterus , eup- lerygius, lateralis , tatus, viennent des houil¬ les de Saarbrük, de Lebach ou de Bœrsche- weiler. La 5e que M. Agassiz a nommée A, Olfersii, est une esp. de Ceara, au Brésil, sur laquelle M. Agassiz conserve encore quelques doutes, mais dont les écailles sont cependant plus étroites que dans celles d’Europe. (Val.) AMBLYPTERUS (àpSAç , émoussé, ar¬ rondi; -JTT Epov, aile), ois. — G. formé par M.Gould (. Proceed . Zool. Soc., 1837, p. 105) dans la famille des Caprimulgidées, et ayant pour caract. : Bec faible et allongé, muni à son ouverture de poils rigides qui le dépas¬ sent en longueur ; narines élevées et arron¬ dies. Ailes tronquées; les six lres rémiges égales entre elles et faleiformes; les 2me, 3me et 4me échancrées sur leur côté externe ; les7me, 8me et 9me allongées et rétrécies vers leur extrémité ; la 10me brusquement rac¬ courcie; les secondaires très courtes, arron¬ dies et recouvertes par les tertiaires, qui sont très longues. Queue très courte et ter¬ minée carrément. Pieds propres à la marche ; tarses allongés, grêles, couverts devant et derrière de rangées d’écailles à peine dis¬ tinctes ; doigt médian très long et grêle ; les AMI] AM B 339 latéraux courts et égaux; le postér. petit, faible et libre; ongles allongés, le médian pecliné. — L’auteur décrit, à la suite , sous le nom d 'A. anomalus , un individu de celle espèce, de la collection du Musée britanni¬ que, qu’il croit être unique, et qui , d’après M. J.-E. Gray, serait originaire de Démé- rary ou du Brésil. M. Gould s’occupe, depuis quelque temps, d’une Monographie des Caprimulgidés. Avant son départ pour la terre de Van-Diemen, ce travail comprenait déjà un grand nombre de g., et près de 150 esp., parmi lesquelles on remarque les formes les plus hétéroclites. Son voyage à Van-Diemen et à la Nouvelle- Hollande lui -fournira sans doute de nou¬ veaux matériaux, et lui permettra de les dé¬ terminer plus sûrement dans l’intérêt de la science. (Lafr.) * AMBL APTERYX ( àgShjq , émoussé; wTîpv£, aile), ins. — M. Stephens ( Catal. ), nomme ainsi un g. de la famille des Phry- geniens, ordre des Névroptères, établi pré¬ cédemment par M. Curtis, sous le nom de Molanna. ( V . ce mot.) (Bl.) *AMBLYPUS (àp.S)uç, obtus; 7r oîîç, pied). ins. — G. de Coléoptères tétramères, famille des Ghrysomélines, établi par M. Chevrolat, aux dépens du g. Triplax d’Olivier, et adopté par M. Dejean, qui y rapporte 2 esp. des In¬ des orientales, l’une qu’il nomme A. cinc- tipennis , et l’autre qui est le Triplax vit- latus d’Olivier. Les caract. de ce g. n’ont pas été publiés. (D.) AMBLYRAMPHE. Amblijramphus (àpSXvg , émoussé; pippoç, bec), ois. — G. queLeacha formé (. Miscellan ., t. i, p. 82) sur un oiseau de la famille des Troupiales , décrit depuis long-temps par Azara, sous le nom de Trou- piale noir à lêle rouge, et en dernier lieu sous celui d 'A. bicolor (pl. 36 des Miscell.) par l’auteur anglais. Ce g. est-il ou non basé sur des caract. assez importants pour être con¬ servé? Cette question , ainsi que beaucoup d’autres du même g., ne pourra être résolue d’une manière satisfaisante que lorsqu’on aura obtenu des notions précises et détail¬ lées sur les mœurs de l’esp. dont il est formé. Nous allons faire connaître, à ce sujet, les opinions de plusieurs auteurs, ainsi que la nôtre, basée sur quelques détails de mœurs puisés dans Azara, et sur quelques par¬ ticularités de formes que nous avons re¬ marquées. Vieillot, croyant, comme Leach, cette espèce nouvelle, adopta son g. sous la mèmedénominalion génériqueel spécifique, dans le nouv. Dict. d’Hist. nat. (t. i, p. 411). Plus tard, dans le vol. 34, p. 553, du même ouvrage, il décrit, sous le nom de Troupiale rouge ( Agelaius ruber , Oriolus ruber Lath. et Sonn., V~ oij . à la IV.-Guin. , pl. 68) un oiseau qui neparaît autre quecelui-ci. Enfin, dans Y Encyclop. rnéih., il le décrit encore et le place dans son g. Siurnella sous le nom de S. rubra (p. 635). Cuvier (Règ. anim.) en fait un Etourneau. Lichtenstein, dans ses Dou¬ bles du Mus. de Berlin, suit la même opi¬ nion , et le décrit sous le nom de Slurnus pyrrhocephalus. Wagler [Syst. Avium) adopte ce dernier nom , en faisant toutefois obser¬ ver qu’il le regarde comme une espèce de transition des Etourneaux aux Cassiqucs, et que ses pattes, garnies en-dessous de rugo¬ sités verruqueuses , indiquent , sans nul doute, un g. de vie différent de celui des autres esp. Swainson, dans sa Classification, citant toutefois la pl. 36 des Zool. miscel., où il porte le nom spécifique de bicolor, le met dans son g. Leisies, sous le nom nouveau de L. erylhrocephalus . Azara , le décrivant sous (e nom de Troupiale noir à tête rouge, dit que, malgré ses rapports avec les Troupiales, il en diffère cependant par la forme de son bec, des plumes de sa tête , et en ce qu’au lieu de vivre en troupes, il ne vit que par paires. Il augure de la forme de son bec et de sa langue, qu’il doit se nourrir non de graines, mais d’insectes, d’œufs de pois¬ sons et de limaçons; considérations qui l’ont engagé à le présenter comme une esp. par¬ ticulière. De ces divers senti ments, et de nos propres observations, nous avons cru pouvoir infé¬ rer: 1° Que cet oiseau américain, d’après ses caractères, ne peut être réuni aux Etour¬ neaux qui , habitant l’ancien monde, vivent en troupes , sont remarquables par des ailes sur-aiguës, à longues rémiges, par une queue courte , et par des narines recouvertes d’une membrane voûtée ; 2° qu’il ne peut être ré¬ uni aux Slournelles de Vieillot, qui vivent en troupes et ont les narines des Etourneaux, et dont il diffère encore par le pouce beau¬ coup plus court et les ongles plus arqués; ce qui indique qu’il est moins marcheur; 3° enfin, que c’est avec les Leisies de Swain- 340 AMB AM B son (Troupiale dragon, le Guirahuro d’Azara, etc.) que cet oiseau offre le plus de rapports extérieurs, quoiqu’il en diffère par ses ailes plus obtuses, son bec plus déprimé et plus arrondi à son extrémité, et par ses ongles, lesquels, bien que longs et grêles comme chez la plupart des Troupiales graminicoles et vivant en troupes, sont néanmoins plus arqués, celui dupouce surtout, comme chez les Fauvettes de roseaux , les Donacobius ou Merles de roseaux. En rapprochant ce dernier caract. de ceux de la plante des pieds verruqueuse, obser¬ vée par Wagler, d’ailes très obtuses, à ré¬ miges courtes, du bec singulièrement dé¬ primé et arrondi à la pointe (qui indique une nourriture molle et facile à saisir, pro¬ bablement sur le bord de l’eau ou dans les marécages) , nous serions porté à croire que cet oiseau, beaucoup moins marcheur et moins bon voilier que les Etourneaux, les Stournelles et même les Leistes, est peut- être un habitant des roseaux , qu’il escalade à la manière des Ccilamoherpes et des Do¬ nacobius , et qu’il se nourrit d’insectes et de larves aquatiques. Dans cette supposition , nous pensons que le g. doit être conservé , soit comme g. propre , soit comme s. - g. du g. Leisies , et nous en établissons ainsi les caract. : Bec parfaitement droit, en cône allongé ; mandib. supér. prolongée à sa base en forme d’angle aigu entre les plumes frontales, dé¬ primée, surtout vers la pointe qui est ar¬ rondie , spatuliforme ; mandib. infér. ter¬ minée de même. Ailes obtuses, à rémiges fort courtes, atteignant à peine le tiers de la queue; la lre un peu moins longue que la 2me, qui est presque égale à la 3me ; celle-ci, ainsi que la4me etla5me, d’égale longueur et les plus longues del’aile. Queue assez longue, arrondie. Tarses et doigts robustes , mais de longueur médiocre. Dessous des doigts ver- ruqueux; ongles longs, grêles et arqués, surtout ceux du pouce et du doigt médian. Comme nous l’avons déjà dit, la seule esp. de ce g. est Y A. bicolor de Leach (Loc. cil. cl Synon.). (Lafr.) *AMBLYRfflYUS (àySAç, obtus; p-fv, voç, nez), ins. — G. de Coléoptères tétramères , famille des Curculionites, division des Phyl- lobides, établi par Schœnherr, qui lui donne les caract. suivants : Ant. peu longues, min¬ ces; scape atteignant le milieu du thorax, peu fort, légèrement arqué, s’épaississant un peu vers l’extrémité; 1er art. du funi- cule peu long, obconique; les autres plus courts, presque égaux , très brièvement ob- coniques; massue ovale, petite. Rostre très court, plan en-dessus , rétréci vers le som¬ met; fossette oblongue, peu large, profonde. Yeux latéraux, ronds, un peu déprimés , assez grands. Thorax presque transverse, profondément bi-sinué à la buse , droit sur les côtés, sensiblement plus étroit dans sa partie antérieure, obconique. Elytres oblon- gues, presque ovales, ayant leur base ar¬ rondie vers l’écusson et les angles humé¬ raux obtus , réunies en pointe à leur extré¬ mité, légèrement convexes en dessus. Le corps est oblong, peu convexe, squamuleux, de grandeur moyenne. — Ce g., qui figure dans le Catalogue de M. Dejean (3me édit.) , ne renferme que 2 esp. , l’une nommée par lui A. brevirostris , et l’autre par SchœnherFv A. poricollis; toutes deux des Indes orien¬ tales. (D.) AMBLYRHYNQUE (àu.S).uç, obtUS; museau, groin), rept. — Bell a désigné par ce nom un g. d’Iguaniens pleurodontes dont voici les caract. : Des dents palatines ; celles des mâchoires trilobées; gorge dilatable, mais sans fanon; une rangée de pores sous chaque cuisse ; une crête dentelée sur le dos et sur la queue : celle-ci comprimée vers son extrémité et revêtue de grandes écailles disposées en verticilles; museau court, ar¬ rondi; tête couverte de tubercules inégaux, à base polygonale. A ce g. se rapportent 3 esp., originaires de la Californie. (G. B.) *AMBLYS (àaS'Avç , obtus), ins. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères, famille des Sternoxes , tribu des Buprestides , établi par Gistl, et qui répond au g. Chrysobothris d’Eschscholtz. F. ce mot. (D.) AMBLYS (a'aS)uç, émoussé), ins. — G. de la famille des Mellifères, de l’ordre des Hy¬ ménoptères, établi par le docteur Klug, et réuni par Latreille au g. Osmia {F. ce mot). (Bl.) AMBLYSPERMA (àp,SXvç. , obtus; aitépy. a, graine), bot. pii. — G. de la famille des Sy- nanthérées-Labiatiflores, s. tribu des Muti- siées, Less.,div. des Eumutisiées,DC., formé parBentham ( Enum . Pl.Hug .) sur une seule plante trouvée dans la partie S.-O. de la AMB 341 AMB Nouvelle-Hollande, à feuilles toutes radi¬ cales, pétiolées, oblongues , sinuées-den- tées,scapigère, d’environ 50cent.de haut., laineuse au sommet, à capitule ample, uni¬ que, terminal. Voici les caract. que lui assi¬ gne 1 auteur: Capit. multiflore, hétérogame. Fleurs du rayon femelles; celles du disque hermaphrodites. Invol. campanulé, à squa¬ mes plurisériées, imbriquées, lancéolées; les intér. plus longues. Récept. plan, subal¬ véolé. Cor. glabres; celles du disque tubu¬ leuses, à limbe 5-fide; les 2 segments intér. connés presque jusqu’au sommet. Cor. du disque ligulées-bilabiées’; lèvreextér. ample, oblongue-linéaire, courtement 3-fide au som¬ met; l’intér. courte, subulée, profondément bifide. Filaments des étam. distincts, lisses, plans; appendices des anth. glabres; ailes courtes. Style pubérule supérieurement. Akènes turbinés, papilleux, très obtus. Ai¬ grette multisériée, paléacée-soyeuse, un peu scabre, longue, presque égale, etc. (C. L.) AMBL1TERUS (e et 5me globuleux; les 6me et 7">e courts et patériformes. Labre coriace, velu, saillant. Mandib. cornées , courtes , fortes, presque tiiangulaires, planes en dessus, arquées en dehors, velues, à peine échancrées, avec le bord interne presque bidenté. Mâchoires co¬ riaces, presque cylindriques, obtuses au sommet, poilues et garnies de dents extrê¬ mement petites. Palpes maxillaires grêles, avec le 2me et le 3me ar icles coniques; le dernier lancéolé, plus long que tous les au¬ tres réunis, et terminé en pointe obtuse. Dernier article des palpes labiaux épais et ovalaire. Menton presque carré, fortement hérissé de poils, convexe, avec sa partie mé¬ diane avancée, déprimée et tronquée. Tête presque carrée, traversée par une suture; chaperon arrondi antérieurement, avec le bord un peu relevé. Corps ovale, non cou- . verl postérieurement par les élytres ; écus¬ son grand et triangulaire. Sternum non pro¬ longé. Pattes peu fortes; tibias antérieurs tridentés extérieurement. — Ce g. est fondé sur une seule esp. de la Nouvelle-Hollande, nommée par Mac-Leay et par M. Dejean A. geminatus. (D.) AMBLYERES. Amblyurus, Ag. obtus; ovpd, queue), poiss. — G. de Pois¬ sons fossiles de la famille des Lépidoïdes, de l’ordre des Ganoides, et qui, suivantM. Aga- siez , a pour diagnose les caract. suivants : Une longue dorsale, commençant vis-à-vis des ventrales; une petite anale étroite; une large caudale tronquée ; corps large et aplati ; gueule très fendue ; os maxillaires étroits et très allongés; 1er rayon branchio- stège large, plat et avancé horizontalement entre les deux branches de la mâchoire in- fér. ; les suivants courts et très étroits; os du crâne et pièces operculaires finement striésen lignes ondulées et sculptés par une grosse granulation ; rayons peu profondé¬ ment fourchus , et articulations plus larges que hautes ; écailles assez grandes ; celles des flancs et du ventre plus que celles des autres parties du corps. — Les onglets et les fos¬ settes articulaires de ces écailles n’ont pu être vues par M. Agasiez. Ce savant ichthyo- logiste regarde ce g. comme intermédiaire entre les Tetragonolepis et les Sémionolées. Il n’en connaît qu’une seule esp., VA. ma¬ cros i ornas , qui provient des Lias du Lyma Regis , et qu’il a observée dans la collection de miss Philpot. (Val.) AMBORA, Juss.; Tarnbourissa , Sonn. ; Mithridatea , Comm. (nom d’un de ces arbres chez les Madécasses). bot. ph. — G. de la fa¬ mille des Monimiacées, Lindl, tr. des Mo- nimiées, R. B. , fondé par de Jussieu ( Gen., pl. 41, et Ann. Mus. , xiv) , et dont voici la diagnostique: Fleurs monoïques. Dans les mâles, un périgone ovale-subglobuleux, puis fendu et étalé en 4 parties. Étam. nombreu¬ ses , insérées sur le périgone de manière à l’en revêtir entièrement; filaments très courts, nus; anth. biloculaires, ^asifixes, à loges subopposées, longitudinalement déhis¬ centes. Dans les femelles , un périgone tu- bulé- subglobuleux , ombiliqué ouvert au sommet, à gorge nue. Ovaires nombreux , uniloculaires, fixés de toutes parts à la pa¬ roi interne du périgone. Ovule unique, pen¬ dant, anatrope. Style terminal, court, fili¬ forme; stigm. simple. Drupes nombreux, monospermes, enveloppés par le périgone devenu bacciforme. Graine inverse. Em- 342 AM 13 AMB bryon droit dans l’axe d’on albumen charnu- oléagineux. Cotyl. plans, elliptiques,- radie, supère. — Les Ambora sont des arbres indi¬ gènes dans les Iles de France et de Madagas¬ car , à feuilles subopposées , très entières , persistantes, revêtues en dessous d’une pu¬ bescence étoilée, à inflorescence en grappes, à fleurs rarement solitaires, et naissant sur le tronc et à la base des branches; les fe¬ melles plus rares , et entremêlées avec les mâles. (C. L.) AMBRARIA, Crus.; non Heist. (amèar, ris, ambre gris), bot. pu. — G. ou s -g. delà fa¬ mille des Rubiacées. D’après M. A. Richard {Mèm. de la Soc. d’Rist. nat. de Paris , t. v, p. 139), il ne diffère des Anthospermum que par la conformation de la commissure des méricarpes, laquelle est concave de manière à former une loge vide au centre du fruit. (Sp.) AMBRE JAUNE, min.- F'. Succin. (Del.) AMBRE GRIS [Ambar ou Ambarum chez les Latins), zool. — Cette substance , qu’on trouve flottante à la surface de la mer, ou rejetée sur les côtes de Madagascar, des Mo- luques, du Japon, etc., se présente en masses opaques et légères, plus ou moins volumi¬ neuses, irrégulières, arrondies, formées par couches et entremêlées quelquefois (décou¬ verte assez récente) de débris de poissons et de becs de Seiche-, d’un gris nuancé de noir et de jaune, se ramollissant facilement à la chaleur de la main, se liquéfiant dans l’eau bouillante et à l’humidité prolongée; d’une cassure écailleuse; brûlant avec une vive clarté, en répandant une odeur pénétrante qui rappelle celle du musc. Il est peu de substances dont la nature et l’origine aient donné lieu à plus d’hypothè¬ ses différentes. On l’a considérée comme for¬ mée d’excréments d’oiseaux, ou comme des masses de résine végétale, modifiée par l’ac¬ tion combinée de l’eau salée, de l’air et du soleil ; puis on l’a regardée comme un pro¬ duit bitumineux élaboré au fond des mers. Ensuite on a généralement adopté l’opinion de Swediaur, qui en faisait des excréments résultant d’aliments mal digérés de l’espèce de Cachalot, nommée Phijseler macrocepha- lus. Plus tard, MM. Pelletier et Cavcntou, qui ont publié un travail intéressant sur l’Ambre gris, pensent qu’il poürrait bien être un produit de la matière biliaire, qui en constituerait des calculs chez certains céta¬ cés. Enfin, M de Rlainville considère au¬ jourd’hui cette substance comme le résul¬ tat d’une sécrétion analogue au musc et au castoréurn. L’Ambre gris est fréquemment employé en parfumerie comme cosmétique, et très rarement comme remède; mais la propriété excitante très prononcée dont il paraît jouir, le faisait entrer autrefois dans une foule de préparations pharmaceutiques. (C. n’O.) AMBRÉE ou AMPHIBIE ( ambar, ris , ambre gris), moll. — Geoffroy, le premier, dans son excellent petit Traité des Coquilles des environs de Paris , a désigné sous ce nom un mollusque qui vit au bord de nos riviè¬ res, et qui est devenu pour Draparnaud le type de son g. Ambrette ( Succinea ). V. ce mot. (Desh.) AMBRETTE. Succinea [ambar, ris , am¬ bre gris), moll. — G. de Gastéropodes pul- mobranches, institué par Draparnaud pour un mollusque terrestre signalé pour la pre¬ mière fois par Lister dans son Traité des Ani¬ maux d’Angleterre. Gualtieri, Swammerdam et Geoffroy ont également mentionné l’ Am¬ brette, avant que Linné l’eût placée dans son g. Hélix. C’est principalement à Geof¬ froy qu’on doit la connaissance plus exacte de l’Ambrette. Il en donne une fort bonne description dans son excellent petit traité des Coquilles des environs de Paris. Linné, comme le savent les naturalistes, n’a établi aucune distinction entre les Mollusques ter¬ restres; il les comprenait tous dans son grand g. Hélice, dans lequel on trouve aussi des coquilles d’eau douce et même quelques coquilles marines. Les auteurs qui , les pre¬ miers, voulurent porter la réforme dans la classification linnéenne ne la firent pas com¬ plète ; mais ils eurent le mérite de la prépa¬ rer. C’est ainsi que Bruguière transporta les Ambrettes des Hélices dans son g. Bulime ; g. qui n’est guère préférable à celui de Linné; mais qui a l’avantage de mettre les espèces dans d’autres rapports. Draparnaud, natura¬ liste judicieux, fut un des premiers qui senti¬ rent l’importance des changements que Bru¬ guière, Cuvier et Lamarck proposaient dans la classification de Linné. Il s’associa à ces réformateurs en ce qui concerne les Mollus¬ ques terrestres et fluviatiles de France, et créa pour eux plusieurs genres utiles , AM B AM B parmi lesquels nous comptons celui qui nous occupe. M. de Roissy, dansleBufTon de Son- nini , fut l’un des premiers qui adoptèrent le g. de Draparnaud. Lamarck sentit aussi la nécessité de séparer les Ambrettes des Bulimes ; et ayant vu une grande espèce des Antilles fort singulière par la grandeur et la forme de l’ouverture de la coquille , il proposa pour elle , dans le tome vi des An¬ nales du Muséum, un genre particulier, au¬ quel il donna, jusqu’à la publication de son dernier ouvrage , le nom d’Amphibulime. Lamarck maintint dans ses divers travaux son g. Amphibulime; mais il reconnut en¬ fin qu’il faisait un double emploi avec ce¬ lui de Draparnaud, et finit par admettre le g. Ambrctte dans son histoire des Animaux sans vertèbres. On trouve ce g. dans la fa¬ mille des Colimacées, à la fin des Colima- cées à 4 tubercules. M. de Férussac, en cher¬ chant à rendre au g. Hélice toute l’étendue que lui avait donnée Linné, se trouva dans l’obligation de sous-diviser le g. unique qu’il admettait pour les coquilles terrestres, en un grand nombre de s. -g. auxquels il im¬ pose des noms particuliers, ayant tous deux des racines communes. Pour lui le g. Am¬ bre ttc devient son sous-genre Cochlohydre, placé comme groupe transitoire entre la sec¬ tion des Hélico'ides et celle des Cochloides; mais au commencement de ces dernières. Cet arrangement de M. de Férussac ne pou¬ vait être admis ; il entraînait de trop grands changements dans la classification; et M. de. Blainville, dans son Traité de Malacologie, aussi bien que M. Cuvier, dans la 2me édit, du Piègne animal , ont conservé le g. Am- brette de Draparnaud. M. de Férussac avait un motif assez légi¬ time en apparence pour justifier l’adjonc¬ tion des Ambrettes aux Hélices. L’animal des Ambrettes a les mêmes caractères extérieurs que les Hélices ; il respire l’air en nature; il a une coquille spirale allongée; il porte sur sa tête 4 tentacules dont les 2 plus grands sont oculés au sommet. Il fallait savoir si , à l’intérieur, l’organisation entière était con¬ forme à celle des Hélices ; c’était le seul moyen de décider enfin si le g. qui nous occupe devait être maintenu dans une bonne méthode, ou s’il devait rentrer, soit dans les Hélices, soit dans les Bulimes. Pour arriver à la solution de la question, nous avons fait l’anatomie de l’espèce qui vit sur les bords de la Seine, cl voici ce que nous avons ob¬ servé : Les organes de la digestion , sont consti¬ tués comme dans les Hélices. Lorsque nous traiterons de ce dernier g. , nous donnerons des détails étendus sur sa structure organi¬ que ; ici nous voulons seulement signaler les différences. Dans la bouche de l’Am- brette , on trouve une plaque dentaire qui n’est point pectinée comme celle des Hélices. Son bord libre, coupé en croissant, estsimple et tranchant. Un œsophage assez long pénè¬ tre dans un estomac fusiforme, ridé, ne se terminant pas comme dans les Hélices, en un cul-de-sac considérable, mais se terminant, au contraire, d’une manière insensible en un intestin grêle dont les circonvolutions peu nombreuses se développent dans le foie et dans l’ovaire. Cet intestin remonte ensuite, et se dirige le long du bord supérieur de la cavité respiratrice, pour se terminer à droite dans l’angle supérieur du manteau. Dans la bouche aboutissent les canaux salivaires. Les glandes qui donnent naissance à ces canaux ne sont point aplaties et, en quelque sorte, disséminées à la partie de l’estomac , comme cela a lieu dans les Hélices. Elles constituent chez l’animal qui nous occupe, de petites glandes allongées et situées de chaque côté de l’estomac. Le foie est considérable ; il se partage en 2 lobes principaux de chacun des¬ quels naît un vaisseau biliaire principal qui vient pénétrer dans l’estomac avant la nais¬ sance de l’intestin. — Si l’on corqpare ce qui précède avec ce qui est connu des Hélices , on verra que , sous le rapport des orga¬ nes de la digestion , les Ambrettes en dif¬ fèrent très peu ; il en est de même à l’égard des organes de la circulation et de la res¬ piration. Il en est de même encore de l’appareil nerveux, quant à sa distribu¬ tion. Les principales différences entre les Ambrettes et les Hélices se manifestent principalement dans les organes de la géné¬ ration. On sait, depuis le travail de Cu¬ vier, combien ces organes sont compliqués dans les Hélices. Dans les Ambrettes, ils sont beaucoup plus simples; leurs diverses parties sontaussi très nettement distinguées, de sorte que l’on reconnaît facilement celles qui appartiennent à l’un et l’autre sexe. I es organes mâles consistent en un testicule 344 AMB AMB complètement détaché de la masse commune. Ce testicule est une glande oblongue, du sommet de laquelle naît un canal déférent, très grêle, qui descend jusque vers la hase delà gaîne de la verge, remonte jusqu’à son sommet , pour pénétrer dans cette gaine; il est fortement tortillé sur lui-même, et va directement aboutir au sommet de la verge qui est courte, conique, et diffère en¬ tièrement de ce long appendice que l’on ob¬ serve dans les Hélices et dans les Bulimes. Les organes femelles consistent en un ovaire situé dans les derniers tours de la sphère de la coquille. De cet ovaire part un premier oviducte mince et fortement con¬ tourné sur lui-même. Cet oviducte se rend à l’extrémité inférieure d’une matrice irré¬ gulièrement boursouflée, et remplie d’une abondante mucosité. Cette matrice se ter¬ mine en un col étroit , recourbé sur lui- même et qui vient s’implanter sur la partie latérale et supérieure d’un canal auquel les anatomistes donnent le nom de vagin. Ce vagin est allongé, cylindrique ; ses parois sont assez épaisses et son extrémité posté¬ rieure se prolonge en un long col qui se ter¬ mine par une petite vésicule arrondie. La gaîne de la verge et l’extrémité du vagin se réunissent à leur extrémité inférieure, et se terminent, au-dessous du tentacule droit, en une ouverture divisée en deux par un épe¬ ron. Comme on le voit, les organes de la gé¬ nération dans les Ambrettes sont réduits à une grande simplicité qui permet une ex¬ plication facile de l’usage de chacune de leurs parties. Dans un Mémoire que nous avons publié en 1831, dans les -Annales des Sc. Nat. , nous avons insisté sur l’usage présumé de cette vésicule singulière , à la¬ quelle nous avons proposé de donner le nom de vésicule copulatrice. Il est évident que cette vésicule appartient aux organes fe¬ melles; et, trouvant la longueur de son col en proportion avec celle de la verge , nous avons pensé qu’elle avait pour usage de re¬ cevoir la liqueur fécondante , et de la con¬ server jusqu’au moment où les œufs, passant devant son entrée, recevaient leur féconda¬ tion. Cette explication nous paraît aujour¬ d’hui plus spécieuse que juste ; car les œufs des mollusques, lorsqu’ils arrivent à ce point de l’ovaire où s’insère le col de cette vésicule , sont revêtus d’une enveloppe tes— tacée , quelquefois très dure, et probable¬ ment imperméable. Ce mode de fécondation ne pourrait d’ailleurs s’appliquera ceux des Mollusques terrestres et fl u via til es qui sont vivipares, et dans l’ovaire desquels les pe¬ tits ont déjà un assez grand développe - ment.Ils étaient donc fécondés avant de pas¬ ser devant l’ouverture de la vésicule. On ne peut mettre en doute, actuellement, l’usage de la glande à laquelle Cuvier a donné, dans les Hélices, le nom de testicule; car, dans les Ambrettes, le canal qui en sort, au lieu de se lier intimement à la matrice, en reste con¬ stamment séparé, et va se rendre directe- tement au sommet de la verge. Il résulte des faits anatomiques que nous venons d’exposer, que le g. Ambretle se distingue nettement de celui des Hélices par la disposition des organes de la généra¬ tion. Nous verrons plus tard qu’il diffère aussi sous ce rapport des Bulimes et des Mail¬ lots. C est ainsi que se trouve justifié, par nos recherches anatomiques, un genre créé de¬ puis long-temps par Draparnaud , et dont on avait plus d’une fois contesté la valeur zoologique. Caractères génériques : — Animal gas- téropode pulmobranche, ovale allongé, pau- cispiré, portant sur la tête deux paires de tentacules ; les infér. très courts ; les supé¬ rieurs oculés au sommet; pied large, à bords minces; organes de la génération sans vési¬ cule multifide, et le canal déférent aboutis¬ sant au sommet de la verge. Dent linguale simple, taillée en croissant. (Les autres ca¬ ractères organiques comme dans les Hélices.) Coquille ovale, oblongue, très mince, transparente, à spire courte, ayant l’ouver¬ ture très grande , entière et ovalaire. Colu- melle simple, très mince, arquée dans sa longueur; bord droit, mince et tranchant, non réfléchi en dehors. On ne connaît jusqu’à présent qu’un petit nombre d’espèces de ce genre. Toutes vivent dans les lieux humides , au bord des ruis¬ seaux ou des rivières, sur les plantes aqua¬ tiques dont elles se nourrissent; elles ne peu¬ vent, comme les Hélices, vivre dans les lieux secs. L’animal ressemble beaucoup à ce¬ lui des Hélices, et il a des mœurs analogues. Comme on le trouve toujours au bord de l’eau, on a pensé qu’il pouvait vivre aussi dans AMB l'eau , d’où le nom d’Amphibie , sous lequel il a d’abord été connu. L’animal contracté remplit ordinairement sa coquille, mais il ne peut s’y enfoncer profondément comme le font la plupart des Hélices. Les espèces se distribuent aussi bien dans les climats chauds que dans ceux qui sont tempérés. Parmi celles des pays chauds, on remarque parti¬ culièrement la plus grande du genre, dont la forme singulière a déterminé Lamarck à proposer pour elle le g. Amphibulime , qu’il a depuis abandonné. M. de Férussac, dans son Histoire des Mollusques terrestres , croit que notre esp., commune dans pres¬ que toute l’Europe, se trouve de même en Afrique et dans presque toutes les îles de la Polynésie ; mais nous pensons que cette opi¬ nion a besoin d’un nouvel examen. Les Ambrettes, connues aujourd’hui à l’état fossile , ne se rencontrent que dans les terrains les plus modernes, connus des géo¬ logues sous le nom de travertins. On en ren¬ contre aussi dans les dépôts sableux des bords du Rhin , auxquels les géologues alle¬ mands ont donné le nom de Loës. Ces es¬ pèces fossiles sont analogues à celles qui vi¬ vent encore en Europe. (Desii.) * AMBRIN A, Spach.; Roubieva, Moq. ( am - bar , ris, ambre gris; allusion à l’odeur de ces végétaux), bot. pii. — G. de la famille des Chénopodées, voisin des Blitum , et offrant les caract. suivants (Spach, Suites à Buffon, Plant, phan., t. v, p. 295): Fleurs poly¬ games - monoïques , non bractéolées. Cal. 5-parti; segments carénés, non appen- diculés après la floraison. Etam. 5, in¬ sérées au réceptacle; anth. didymes. Style nul ou très court; stigmates 3 ou 4. Péri¬ carpe membranacé, indéhiscent, un peu comprimé, obovale, recouvert par le calice devenu pentagone et crustacé ; graine in¬ adhérente, verticale, subréniforme , péri- spermée ; test crustacé ; embryon périphéri¬ que, à radicule descendante. — Herbes an¬ nuelles ou vivaces, pubescentes , parsemées de points résineux; feuilles sessiles ou sub- sessiles , alternes, pennatifides ou sinuées; fleurs glomérulées ; glomérules sessiles aux aisselles , ou agrégés en épis soit aphylles, soit feuillés. — Ce g. est fondé sur le Ciieno- podiurn ambrosioides L. (vulgairement Thé ou Ambrosie du Mexique) et quelques esp. voisines , toutes indigènes d’Amérique. Ces AMB 345 plantes sont aromatiques , toniques et sti¬ mulantes. (Sp.) AMBROSIA ( àfxSpofftoç , immortel; qui donne l’immortalité), bot. ph. — Tourne- fort a appliqué ce nom à des plantes dont les feuilles répandent, quand on les froisse, une odeur forte et agréable. Elles ont pour caract. déporter, sur le même individu, des capitules femelles placés à la base des épis composés de fleurs mâles; ceux-ci sont plu- rillores, à involucre formé d’une seule sé¬ rie d’écailles presque toutes réunies en une sorte de cupule; le réceptacle manque de paillettes; le tube de la corolle, qui est court, porte des étamines qui ne lui adhèrent point. Les capitules femelles sont 1-flores, agrégés , entourés par un involucre commun et munis de bractéoles ; la corolle est nulle ; les rameaux du style allongés dépassent le col de l’involucelle. Le fruit ovale s’accroît dans cet involucelle qui persiste, s’enroule en dedans et se termine souvent par des sortes de dents ou de cornes résistantes. — Les Ambrosia , herbes ou sous-arbrisseaux que l’on rencontre dans les 2 continents , sont munis de feuilles constamment oppo¬ sées à la base et alternes vers le sommet, pinnatifides , lobées ou entières. (J. D.) AMBROSIACÉES. bot. pu. — Petite fa¬ mille, proposée par Richard père, pour ren¬ fermer les g. Ambrosia , Xanthium , Fran- seria et lva, qu’il regardait comme devant être séparés des Synanthérées.Mais Cassini, sous le même nom , et M. De Candolle, sous celui d’Ambrosiées, en font une tribu de cette grande famille, en en séparant toute¬ fois le g. Iva , devenu le type d’une autre tribu. V. Ivées. (C. L.) AMBROSIE BU MEXIQUE, bot. ph. — Nom vulgaire de YAmbrina ambrosioides ou Chenopodium ambrosioides. (Sp.) AMBROSIÉES ( à[xSpo , je vis). bot. ph. — G. de la famille des Composées , établi par M.R. Brown; il a pour caract.:Ca- pitules multiflores, homogames.Récept. con¬ vexe, couvert de paillettes oblongues , con¬ caves, denticulées et acuminées au sommet. Invol. hémisphérique, formé d’écailles im¬ briquées , coriaces, blanchâtres, membra¬ neuses sur les bords et terminées par un large appendice scarieux. Cor. tubuleuses, 5-lobées, à tube charnu. Anth. bi-aristées à la base. Styles à rameaux arqués , tronqués et velus à l’extrémité. Fruits comprimés, tétra- gones, terminés par 4 dents , dont 2 plus grandes. — L ’ Ammobium croît dans quelques parties arides et sablonneuses de la Nouv.- Hollande. Cette plante, qui a le port de cer¬ taines Immortelles, est vivace , à tiges dres¬ sées, tomenteuses ; à feuilles entières ; les radicales lancéolées - spatulées ; les cauli- naires décurrentes sur la tige où elles cons¬ tituent des ailes très prononcées ; les fleurs 356 AMM sont jaunes et entourées par les écailles membraneuses et blanches de Pinvolucre. On ne connaît encore qu’une seule esp. de ce g, , Y A. alciinm , cultivée fréquemment dans les jardins de botanique. (J. D.) *AMMOCHARIS («fXfjLoç, sable; yapiÇ) or¬ nement). bot. ph. — Un des nombreux g. que Herbert a cru devoir séparer du g. Amaryl¬ lis , L. On le réunit généralement, comme s. -genre, au g. Brunsvigia , Ker, de la fa¬ mille des Amaryllidacées. Les principaux caract. en sont , suivant l’auteur : Tube du périgone subinfundibuliforme , subtrigone ; segments du limbe non ondulés , presque étalés , réfléchis au sommet ; les alternes plus petits. Filaments déclinés , recourbés en dessus au sommet. Style décliné , re¬ courbé comme les filaments ; stigm. très brièvement trilobé. (C. L.) AMMOCHRYSE ( a y. u o g , sable; ypva-og , or), min. — Nom donné, par quelques miné¬ ralogistes anciens, au Mica pulvérulent , de couleur d’or, qui sert de poudre pour l’écri¬ ture. (Del.) ÂMMOCQETE. Ammocœtes , Dum. (« p.- p.oç, sable; xorryj, gîte), min. — Un des noms que Gesner donnait à YAmmodytes iobia- nus, et qui a été affecté à un g. de Pois¬ sons établi par M. Duméril, dans le travail qu’il a publié sur la famille des Gyclostomes bu des Suceurs , et qui comprend nos Lam¬ proies et les g. voisins. Celui-ci diffère des Lamproies en ce que la bouche , sans aucu¬ nes dents, est garnie d’une lèvre charnue qui n’est que demi-circulaire; aussi ne peuvent- ils se fixer comme les Lamproies. La bouche est entourée de petits barbillons, et Peau ar¬ rive aux branchies par l’œsophage. Les 2 dor¬ sales sont réunies entre elles et à la cau¬ dale. Leur squelette est en tout temps plus mou que celui des Lamproies. Les yeux ne se voient que par la dissection; ils semblent aveugles. On n’en connaît qu’une esp., longue de i à 2 décim., qui vit enfoncée sous le sable, où les pêcheurs la prennent pour s’en servir comme d’appât. On lui a supposé l’habitude de sucer les branchies des Poissons , parce qu’on l’a confondue avec une autre esp. de Lamproie nommée le Pelromyzon Planeri. Le poisson que Lacépède a désigné sous le nom de Pelromyzon rouge n’est autre que l’Ammocète ordinaire. On le nomme Lam- ÀiVLM prillon , Lamproyon . Chatouille , et quelque¬ fois aussi Civelle , dénomination qui est plus souvent employée sur les bords de la Loire pour désigner les jeunes anguilles. Je n’en connais pas d’esp. étrangère. (Val.) ’AALUODEXDllOX, Fisch. (app.oç, sable; c hvfyov , arbre), bot. pii. — G. de la famille des Légumineuses , sous-ordre des Papilîo- nacées , tribu des Sophorées, DC. — Lede- bour (Flor. Alt. n , p. 110) en donne les ca¬ ract. suivants : Cal. 5-fide, subbilabié, per¬ sistant, finalement réfléchi. Cor. papilio- nacée , 5-pétale ; carène 2-pétale, aussi lon¬ gue que les ailes. Etam. 10, libres ; légume membranacé, plane, marginé, 1-sperme par avortement ; graine réniforme, compri¬ mée. — Arbuste. Péiioles diphylles , persis¬ tants, spinescents; folioles spinescentes au sommet; grappes muitifiores, nutantes; fleurs violettes. — L’unique esp. qui constitue ce g. habite les steppes de la Sibérie méridionale. (Sp.) AMMODRAMUS. ois. — F. Ammodro- MUS. * AMMODROMUS (app.oç} sable ; £pop.svç, coureur; courant sur les sables), ois. — G. de l’ordre des Passereaux conirostres, Cuv., for¬ mé par Swainson pour deux ou 3 esp. de Fringilles marcheurs de l’Amérique du nord, et dont les caract. sont : Bec conique, formant à sa base une petite arête anguleuse, intrante dans les plumes du front , à commissure si¬ nueuse, àpointe légèrement fléchie. Ailes ob¬ tuses, à rémiges très courtes, n’atteignant que le quart ou le tiers au plus de la queue; les cinq lres rémiges à peu près d’égale longueur. Queue de longueur médiocre , grêle et éta¬ gée, à rectrices étroites, lancéolées et un peu rigides à la pointe. Pieds grêles ; tarses longs ; doigts latéraux égaux; le médian allongé; potice allongé, presque aussi long, avec son ongle, que le tarse; ongles très minces et peu courbés ; les antérieurs très courts et très déliés; le poster, allongé. — Quoique M. Swainson n’ait fait des esp. de ce petit groupe qu’un s. -g. de son g. Fringilla, elles devraient , selon nous , former un g. dis¬ tinct, d’après leurs formes, et surtout d’a¬ près leurs mœurs tout-à-fait anomales dans la famille des Fringillidées. En effet, on trouve chez elles un pouce allongé, une queue étagée ci pennes pointues et un peu rigides, comme chez la plupart de nos oi- AMM aMM 357 seaux arundinicoles (tels que les Fauvettes des roseaux, les Thrioihores , Troglodytes , Synallaxes , etc.) , et en même temps les doigts et les ongles antér. courts des oiseaux marcheurs, comme dans nos Alouettes et nos Traquets. Aussi , Wilson , en décrivant son Fringilla maritima, type du g., nous apprend- il que ces oiseau^ se tiennent habituellement dans les îlots bas et couverts de roseaux, qui bordent les côtes de là mer Atlantique, et que, lorsqu’un ouragan du nord-est les a poussés au rivage, ils se tiennent sur la grève, courant avec la légèreté et la rapi¬ dité des petits Bécasseaux ou Chevaliers les plus ingambes. Dans ces circonstances, ils restent la nuit sur le sol sans se percher, et parcourent la plage en courant, même après le crépuscule. Leur nourriture est toute marine; car Wilson assure qu’après en avoir ouvert un grand nombre d’indivi¬ dus, il n’a jamais trouvé dans leur gésier que des débris de chevrettes ou thalitres, de petits mollusques et de petits crabes ; et que leur chair , comme on doit s’y attendre , a un goût prononcé de poisson et de marécage. Au milieu de leurs retraites marécageuses, habituellement arrosées par les eaux de la mer, ils choisissent, dit cet auteur, les en¬ droits lesplus fourrés des joncs et des plantes marines , et grimpent le long de leurs tiges avec autant d’agilité qu’ils courent sur le sol. Cette circonstance est tout-à-fait re¬ marquable ; car presque tous nos oiseaux grimpeurs ne marchent que peu ou assez maladroitement. Audubon, qui a figuré cet oiseau et son nid {Ois. de l'Am. du nord), nous apprend que ce nid estplacé si près du sol, qu’il sem¬ ble y être creusé ; que les jeunes s’établissent près des fossés et des écluses qui séparent les marais d’eau salée, où ils trouvent une nour¬ riture abondante, en visitant les trous des crabes, et en s’introduisant dans les crevasses de la vase sèche, à la manière des Troglo¬ dytes. — Nous ne sommes entré dans êes dé¬ tails que pour prouver à quel point ces oi¬ seaux méritaient, d’après leur mode de nourriture et leurs mœurs, si étranges chez des Fringillidées , de constituer un g. dis¬ tinct. Il est certain que des Fringilles coureurs et ingambes comme nos Alouettes de mer, grimpeurs comme nos Calamoherpes lesplus agiles, fixés habituellement sur les rivages maritimes, et, par suite, uniquement crusta- civores et molluscivores, sont des oiseaux tout-à-fait anomaux dans leur famille. Swain- son, après avoir décrit et figuré le Fringilla maritima ( Arneric . Ornil.,pl. 34, Jig. 2), donné la description et la figure d’une 2me espèce ( pl. 34; fig. 3 ) Sous le nom de F. caudacuta Lath. , qui habite les mêmes lieux que la précédente, s’y nourrit de la même ma¬ nière, et offre enfin les mêmes caract. de formes et de mœurs. FJle n’en diffère, selon lui, que par une course moins rapide; nous ajouterons: un peu par les couleurs du plu¬ mage, et surtout par un bec plus allongé et plus grêle. — Audubon a figuré, sous le nom d Ammoàromus Henslowi, une 3e esp., très voisine, par les couleurs, del’^. mariti- mus, mais plus petite et à rectrices plus étroites et plus aiguës. Ces 3 esp., les seules du g. connues jusqu’ici, ont un plumage assez sombre, mais remarquable par une bande longitudinale plus claire sur la tète et par la couleur pâle de leurs pattes et de leurs ongles. Nous les possédons toutes les trois. Vieillot décrit les deux ires ( Nouv Dict. d’Hist. nat.) sous les noms de Passerine ma¬ ritime et à queue pointue. Ne faisant que traduire les descriptions de Wilson , il est étonnant qu’il ait omis tout ce que cet au¬ teur a dit d’intéressant sur les mœurs de ces deux espèces. (Lafr.) “AMMODROMUS ( àu.poç , Sable ; Spop.evi; , coureur), ms. — G. de la famille des Mutil- liens (Hétérogynes, Lat.), établi par M. Gué¬ rin ( Voyage de la Coquille) , sür 4 esp. dont les femelles seules sont connues , si toutefois elles n’appartiennent pas à quelques mâles formant d’autres g. Il en a tiré leurs prin¬ cipaux caractères génériques : 1° du corps allongé et aptère; 2° des mandibules gran¬ des, arquées et terminées en pointe aiguë ; 3° des antennes courtes, contournées , com¬ posées de 12 articles; 4° des palpes maxil¬ laires de 6 articles et des labiaux de 4 ; 5° du thorax divisé en 3 segments nodifor- mes ; et G0 des pattes courtes , épaisses et épineuses. — Les 4 esp. connues sont les A. frontalis, ruficeps , scoliccformis, varius Guér. ( Mymecoda varia , Perty) ; toutes sont dé l’Amér. méridionale. (Bl.) AMMODYTE ( àup.o 1). Ovaire in¬ fère, à 3 loges contenant chacune un grand nombre d’ovules attachés sur 2 rangs , à l’angle interne de chaque loge. Style or¬ dinairement grêle , parfaitement distinct des autres parties de la fleur, naissant du sommet de l’ovaire et d’une longueur pro¬ portionnée à celle du tube calicinal. A sa partie supér. il passe en général au devant de l’anthère et se place souvent entre ses 2 loges, qui offrent presque toujours unesorte degouttière dans laquelle il est reçu. Il porte à son sommet un stigmate dilaté, concave, en forme de coupe dont l’intér. est glandu¬ leux, et le contour garni de poils. Sur le sommet de l’ovaire, en avant du point d’in¬ sertion du style, on voit un petit corps glan¬ dulaire, simple ou bilobé ; une sorte de dis¬ que épigyne , dont nous expliquerons plus tard l’origine et la nature physiologique. Ce petit corps manque fréquemment. Le fruit est communément une capsule à 3 lo¬ ges polyspermes, s’ouvrant à sa maturité en 3 valves. Plus rarement, le péricarpe est légèrement charnu ou même presque bacci- forme, pouvant, par avortement, ne plus être qu’à une seule loge et contenir un très pe¬ tit nombre de graines ou même une seule. Celles-ci ordinairement arrondies et pres¬ que globuleuses ; quelquefois accompagnées à leur base d’un arille charnu et cupulifor- me, contenant un endosperrne farineux dans le centre duquel est un embryon presque cylindrique , nu ou plus souvent contenu dans une sorte de poche charnue nommée vilellus par Gærtner. Pédicule tournée vers le hile avec lequel elle est en contact. Nous nous sommes borné jusqu’à présent à décrire la structure florale des Amomées, sans nous expliquer sur les nombreuses anomalies qu’elle présente, quand on la compare à celles des autres familles de plan¬ tes monocotylédonées. En effet, nous trou¬ vons ici des fleurs qui, au premier abord, s’éloignent beaucoup du type propre au plus grand nombre des végétaux pourvus d’un seul cotylédon. Ainsi, indépendamment du calice formé de 6 sépales plus ou moins soudés ensemble et disposés sur 2 rangs , nous observons 3 ou 4 autres div. péta- loides placées en dedans de la rangée la plus intér. des sépales, et que quelques auteurs ont désignées sous les noms de co¬ rolles zi de nectaires. De plus, au lieu de trouver 3 ou 6 étamines, comme dans la plu¬ part des autres Monocotylédonées, nous n’en voyons qu’une seule, rarement por¬ tée sur un filet cylindrique, plus souvent appliquée sur une lanière pétaloide, qui se prolonge et se bifurque au - dessus de l’anthère. Il y a donc évidemment ici, dé¬ viation du type régulier des Monocotylé¬ donées ; aussi rien n’est-il plus étrange et plus disparate que les noms donnés aux di¬ verses parties de ces fleurs par les diffé¬ rents botanistes qui en ont parlé , et la ma¬ nière dont ils ont tracé les caract. des g. de cette famille. Le premier botaniste qui ait cherché à reconnaître la nature physiologique des di¬ verses parties constituantes de la fleur de cette singulière famille, est M. Lestiboudois, professeur de botanique à Lille. Dans 3 mé¬ moires successifs ayant pour objet: le 1er le Canna indica; le 2me YHedychium angusli - folium ; et le 3me le Globba milans , cet ingé¬ nieux botaniste s’est efforcé de ramener l’organisation des Amomées au type général propre à la plupart des familles des plantes Monocotylédonées. Pour lui tous les g. de cette famille doivent être considérés comme ayant un calice double à 6 sépales et 6 éta¬ mines. De ces 6 étamines une seule est fer¬ tile et développée , les autres sont transfor¬ mées en appendices pétaloides. Nous adop¬ tons complètement cette manière d’envisa¬ ger l’organisation florale des Amomées, et nous la croyons conforme à la nature. Seu¬ lement nous nous éloignons de notre savant ami , dans l’explication qu’il donne de cette organisation et dans la dénomination des parties constituantes de la fleur; ainsi par exemple, dans le g. Canna [V. Y Allas de ce Dict .), on trouve, en dedans ducal, intér. : 1° 3 div. pétaloides , dont 2 dressées et sem¬ blables , et une infér. réfléchie, disposée à 366 AMO AMO peu près de la même manière que le labelle des Orchidées. En dedans de ces 3 div. on en voit 2 autres , l’une , portant sur l’un de ses côtés l’anthère, dont le filet se manifeste aussi par un certain épaississement linéaire du côté de l’appendice auquel elle est atta¬ chée ; et une autre, confondue à sa base avec la précédente, qui se termine latéralement par l’aréole stigmatique. Selon M. Lestibou- dois , la division anthérifère doit compter comme 2 étamines, l’une fertile, l’autre stérile, dont l’anthère acomplétement avorté et s’est prolongée en languette au-dessus de l’étamine fertile; la 3me étamine est repré¬ sentée par la division pétaloïde révolutée; de plus, l’auteur admet encore 3 div. pétaloïdes dressées, tandis qu’il n’en existe réellement que 2, ainsi qu’il le montre dans sa fi¬ gure 2, d.d. Ces 3 divisions représenteraient les 3 autres étamines. Ce n’est pas ici le lieu de réfuter ce que cette opinion a d’inexact sur ce point. Nous aurons occasion d’y revenir en traitant successivement des dif¬ férents g. delà famille, et en particulier des g. Canna ( V. Balisier ) , Hedychium et Globba ou Renealmia, sur lesquels M. Lesti- boudois s’est particulièrement appuyé pour établir son opinion sur la structure florale des Amomées. Pour le moment nous nous bornerons à énoncer ici en peu de mots no¬ tre manière d’envisager la structure primi¬ tive des Amomées, et d’en expliquer l’état anormal. ' Les Amomées ont : 1° Un calice double, for¬ mé de 3 divisions extérieures plus courtes ; de 3 div. intér. plus longues et soudées en 1 tube ; 2= 6 étam. dont 2 ordinairement à anthère uniloculaire , développées , ferti¬ les, et soudées ensemble, de manière à imi¬ ter une anthère biloculaire, dont les loges seraient plus ou moins écartées l’une de l’autre. Rarement une seule est développée et anthérifère {Canna). Les étamines stériles sont, sous la forme d’appendices pétaloïdes, souvent confondues et soudées 2 ou 3 ensem¬ ble, et plus rarement l’une d’elles sous la forme d’un petit mamelon glanduleux ( dis¬ que épigyne) est placée sur le sommet de l’o¬ vaire infère. Ce qui distingue notre manière d’envisa¬ ger la structure florale des Amomées , de celle des autres botanistes, c’est déconsidé¬ rer l’étamine fertile : 1° comme composée de 2 étamines uniloculaires ; 2° comme une étamine avortée , le petit mamelon glan¬ duleux que , dans un certain nombre de g., on observe sur le sommet de l’ovaire. La nature même des parties constituantes de la fleur nous paraît confirmer pleinement notre opinion; ainsi, l’anthère est bien cer¬ tainement uniloculaire dans le g. Canna , quoique quelques botanistes l’aient à tort décrite comme à 2 loges. Les 2 loges de l’an¬ thère des autres g., sont plus ou moins écar¬ tées l’une de l’autre, et l’espace qu’elles lais¬ sent entre elles forme une gouttière souvent très profonde dans laquelle la partie supér. du style est reçue. Il nous semble donc ra¬ tionnel, l’anthère étant bien réellement uni¬ loculaire dans le g. Canna , de considérer les 2 anthères uniloculaires et plus ou moins écartées des autres g. , comme représentant 2 étamines soudées en une seule; ce qui nous paraît encore appuyer cette opinion , c’est que l’appendice pétaloïde qui surmonte ces 2 anthères uniloculaires, est toujours plus ou moins profondément partagé en 2 lobes à son sommet. Quant au mamelon surmontant l’ovaire et que nous croyons représenter une des éta¬ mines avortées, nous dirons qu’il manque, toutes les fois que les div. pétaloïdes placées en dedans du calice, sont en nombre suffi¬ sant pour représenter les étamines avor¬ tées et compléter ainsi le système staminal hexandrique ; et qu’il existe, toutes les fois au contraire qu’il manque une div. péta¬ loïde pour parfaire le nombre normal des étamines. Appuyons ce fait de quelques exemples : 1° Dans le g. Kæmpferia, les div. pétaloïdes, au nombre de 4, sont soudées en¬ semble et forment un tube ; 2 de ces div. sont dressées et 2 sont réfléchies. Avec les 2 étamines fertiles (soudées en une seule) voilà le nombre 6 complété, et il n’y a aucune trace de mamelon sur l’ovaire. 2° Dans le g. Hedychium , en dedans du calice intér. , on n’observe que 3 div. pétaloïdes distinctes; et le mamelon glanduleux , qu’on aperçoit sur le sommet de l’ovaire, complète les 4 éta¬ mines stériles. 3° Dans le Globba nutans , qui doit être transporté dans le g. Alpi- nia , en dedans du calice intér., on trouve 3 div. pétaloïdes, dont 2 latérales excessi¬ vement petites confondues en une seule; ici encore, un mamelon, s’élevant de l’o- AMO vaire, porte à 4 les étamines avortées et com¬ plémentaires. Nous venons de décrire le groupe des Amomées ou Cannées tel qu’il a été admis par Jussieu , qui considérait les g. assez peu nombreux qui le forment, comme ne con¬ stituant qu’une seule famille. M. Robert Brown, le premier, a proposé de subdiviser ces g. en 2 familles: 1° les Cannées ou Can- nacées, comprenant les g. Canna, Marania , Thalia, Phryniurn et Myrosma; 2° les S ci¬ tant inées , dans lesquelles viennent se ran¬ ger les autres g. non mentionnés ici. Cette div. a été adoptée par la plupart des bota¬ nistes. Seulement quelques uns, M. Lin- dley entre autres, ont cru devoir changer le nom de Cannées en celui de Marantacées. Les caractères qui distinguent essentielle¬ ment le groupe des Marantacées consis¬ tent : 1° dans la position de l’étamine fer¬ tile toujours opposée à la div. pétaloïde ré- volutée; tandis que, dans les Amomées ou Scitaminées, l’étamine fertile (qui pour nous se compose de 2 étamines soudées en une seule) correspond à une des div. latérales ; 2° et surtout dans l’absence du vitellus, qui recouvre complètement l’embryon dans tous les g. des vraies Amomées. Malgré l’importance des caract. donnés pour séparer ces 2 groupes, comme 2 familles distinctes, l’affinité qui existe entre les g. qui les composent, est si grande que nous avons cru pouvoir les considérer seulement comme 2 tribus d’un même ordre naturel. M. Lestiboudois est encore allé beaucoup plus loin que nous, dans la concentration des g. de cette famille, puisqu’il pense qu’on devrait les réunir avec ceux qui constituent la famille desMusacées, pour en former une famille unique. Suivant ce botaniste, les Mu- sacées représentent le type normal et régu¬ lier des Amomées, dont la différence ne provient que de la transformation de 5 éta¬ mines en appendices pétaloides. Sans doute il existe une très grande affinité entre ces 2 familles, et c’est pour cela que dans tou¬ tes les classifications possibles on les place l’une à côté de l’autre; mais les caract. qui leur appartiennent sont trop constants pour qu’on puisse les réunir et les confondre; au¬ trement il faudrait presque ne faire qu’une seule famille de tous les g. monocotylédo- nés à ovaire infère , dont le type primitif est AMO 367 en effet à peu près le même ; ce que per¬ sonne ne proposera sans doute. Voici les div. que nous admettons dans la famille des Amomées avec l’indication des g. qui leur appartiennent : AMOMÉES. I re tribu.-CANN AGEES ou MARANTACÉES. Canna, L.; Myrosma, L. fil.; Phryniurn, Willd. ; Thalia, L. ; Marania, L.; Calathea , Meyer. 2me tribu. — ZINGIBÉRACÉES. § I. KOEMPFERIEES. Zingiber, Gœrtn.; Curcuma , L. ; Kœmp- feria , L. ; tiitchenia, Wallich. § II. amomées , Blume. Amomum , L. ; Eleltaria , Rheede; Hedy- chium , Kœnig. § III. ALPINIÉES, Bl. Alpinia, L. ; Hellenia , Willd. ; Cenolo- phon , Bl.; Gaslrochilus , Wallich; Monolo- phus , Wallich; Cassumunar, Colla; Galan- ga , Roxb. ; Monocystis, Lindl.; Phœomeria, Lindl. ; Peperidium , L. § IV. COSTÉES. Costus, L. § V. GLOBBÉES. Le seul g. Globba L. , auquel on doit réu¬ nir comme synonymes les g. Colebrookia , Don. ; Ceranihera , Hornem. ; Maniisia , Sims. ; Renealmia , L. fil. ; Catimbium , Juss. (A. Richard.) * AMOMOCARPUM ( ay.wu.ov, Amomum ; xapnog, fruit), bot. foss. — J’ai désigné sous ce nom ( dans mon Prodrome de l'Hist. des Végétaux fossiles), un fruit trouvé dans les argiles tertiaires de l’ile de Sheppey, et qui, par sa forme générale, a beaucoup d’a¬ nalogie avec celui de quelques esp. du g. Amomum. C’est en effet un fruit triangu¬ laire, déprimé, dont les angles sont saillants et arrondis, marqués de 3 sillons longitudi- nauxqui indiquent autant desutures; caract. qui se retrouvent bien dans les fruits C Amo¬ mum, mais qui se présentent dans un trop grand nombre de plantes pour qu’on puisse en conclure, avec certitude, l’analogie de ces fossiles avec les Amomum. Il faudrait pour cela connaître la structure intérieure de ces fruits fossiles, et jusqu’à présent elle nous est inconnue. Il me paraît cependant très 368 AMO AMO probable que ces fruits appartiennent à une plante monocotylédone. (Ad. B.) AMOMUM ( aawaav , amomum. V . Amo- mées). bot. pu. — G. de la famille des Amo- mées , qui se compose d’un petit nom¬ bre d’esp. , toutes originaires des contrées chaudes de l’ancien continent , plus ra¬ rement d’Amérique, et dont les caract. peu¬ vent être exprimés de la manière suivante : Cal. à 6 div. disposées sur 2 rangs. Appen¬ dices pétaloïdes formant une seule lèvre bi- lobée. Filament prolongé au-delà des deux anth. en un appendice ordinairement sim¬ ple, quelquefois bifide. Filet pétaloïde, por¬ tant à sa base 2 autres petits appendices. Capsule quelquefois légèrement pulpeuse intérieurement, à 3 loges s’ouvrant en 3 valves, contenant chacune un grand nombre de graines arillées. — Les espèces de ce genre sont vivaces. Leur racine ou souche est charnue, rampante; leurs feuilles sont distiques, membraneuses, à gaines fen¬ dues. La hampe est radicale , porte des fleurs disposées en épis et accompagnées de larges bractées. On a retiré du g. Amomum, tel qu’il avait été établi par Linné , un certain nombre d’esp., telles que les Amomum zingiber, ze- rumbei, pour en former un g. à part sous le nom de Zingiber. Ce dernier g. se distingue surtout par l’appendice surmontant les deux étamines , et allongé en forme de corne re¬ courbée en avant. Parmi les esp. d'Amo- mum , nous citerons les A. cardamomum L. , Grana puradisi, etc. (A. R.) AMODIA, Nestl. (contraction d ' Aremonia) bot. pu. — Syn. du g. Aremonia , Neck. , de la famille des Rosacées. (Sp.) * AMODIE. Amonia. arachn. — M. Koch désigne sous ce nom ( Deutschlands Crust. Myriap., etc.) une nouvelle coupe générique à laquelle il n’a pas donné de caractères. (H. L.) *AMOORA. bot. ph. — Ce g. de Roxburgh est le même que YAphanamixis de Blume, et ses esp. ont encore reçu les noms d’autres g., tels queAglaia, Ander sonia, Buchanania , Sph cerosacme. Il appartient à la famille des Méliacées et offre les caract. suivants : Cal. à 3 folioles, accompagnées de 2 bractées tout-à-fait semblables , qui semblent com¬ poser un calice quinconcié. Pétales 3, larges, concaves , ouverts ; 6 filets larges et complè¬ tement réunis en un tube globuleux ou plus tard campanulé, d’abord soudé avec les pé¬ tales dont il se détache ensuite, découpé à son bord libre en 6 lobes peu marqués , et portant sur sa face interne 6 anthères tout-à-fait cachées dans son intérieur , opposées à ses lobes, oblongues, 3-gones, attachées par leur dos. Ovaire déprimé, sur¬ monté d’un stigm. sessile, en forme d’une pyramide à 3 angles mousses, à 3 loges con¬ tenant chacune 2 ovules pendants et super¬ posés. Fruit capsulaire, coriace , à 3 loges monospermes , se séparant en 3 valves dont chacune emporte avec elle la cloison opposée. Graines adnées à la paroi par la plus grande partie de leur face interne, enveloppées plus ou moins complètement d’un arille charnu , offrant une radicule courte et supér. , et 2 gros cotylédons collatéraux, souvent soudés. — Les esp. sont de grands arbres à feuilles alternes, composées d’un grand nombre de paires de folioles inéquilatérales avec une impaire terminale, à fleurs disposées en pa- nicules, ou plus souvent en longs épis axil¬ laires. On en compte 5 , croissant dans les Indes orientales ou dans les grandes îles qui font suite à l’Asie, dans les Philippines , à Java, à Timor. (Ad. J.) *AMORDICA, Neck. (altération de Mo- mordica , faisant allusion à la ressemblance des deux genres), bot. ph. — Synon. du g. Momordica, L., de la famille des Cucurbita- cées. (Sp.) *AMORES. zool. — K. Amours. *AMOREUXIA, Moç. et Sess. Flor. Mex. ined. ex DC. Prodr. 2, p. 638 (Amoreux, botaniste de Montpellier ). bot. ph. — G. incomplètement connu , que M. De Can- dolle place à la suite des Rosacées , en lui attribuant les caract. suivants : Cal. 5-parti; tube très court; segments oblongs , pointus. Pétales 5, plus grands que le calice. Étam. environ 2 , 1-sériées , plus courtes que les pétales, obtuses ou échancrées au sommet. Ovaire ovoïde, inadhérent, 3-loculaire, multi-ovulé. Style filiforme, pointu. Caps, ovoïde. — Herbe, semblable par le port à une Dryadée, ou à un JYeurada. Feuilles lon¬ guement pétiolées, 2-stipulées, alternes, palmatifides; lobes dentelés au sommet. Pé¬ doncules solitaires, oppositifoliés, subter¬ minaux, dressés, infléchis au sommet, 1- flores. Fleurs grandes, rougeâtres. On n’a AMü AMO signalé qu’une esp. , qui croît aux environs de Mexico. (Sp.) * AMORIA, Presl (apopla, voisinage), bot. pu. — G. ou s.-g. fondé sur 15 esp. de Trèfles, et dont le Trifolium hybridum L. peut être en¬ visagé comme le type. Ses caract. différen¬ tiels, selon l’auteur cité (Symbol, bol.), sont les suivants : Cal. campanulé ; dents subu- lées. Cor. marcescente; étendard libre ; ailes et carène adnées à l’androphore. Ovaire oblong, 3-ou4-ovulé. Style filiforme, obli¬ que. Légume saillant, linéaire ou oblong, comprimé, toruleux, 2-ou 3-sperme, sub¬ déhiscent. (Sp.) * AMORPHA (ajxopcpoç , informe), ins. — Sous cette dénomination , M. Newmann (E 'n- torn. Magaz. , tom. h, p. 379) réunit les lar¬ ves d’une grande partie des Insectes hexa¬ podes et tétraptères , qu’il divise en deux sections , Adermata et Dermata. La lre ren¬ ferme les larves des Lépidoptères et d’une grande partie des Diptères; la 2me celles du reste des Diptères. Chacune de ces sections se subdivise en un grand nombre d’ordres qu’il serait trop long de mentionner ici. (D.) AMORPHA, L. (àp.opcpoç, difforme, à cause de l’irrégularité de la corolle), bot. pii. — G. de la famille des Légumineuses, sous-or¬ dre des Papilionacées, tribu des Galégées, Brown. Les caract. en sont les suivants : Cal. obconique, 5-denté. Cor. sans autre pétale que l’étendard, lequel est obconique et con- voluté. Étam. 10, monadelphes par la base, saillantes. Légume comprimé, tuberculeux, subfalciforme , très court , 1 ou 2-sperme. — Arbrisseaux; feuilles multifoliolées; fo¬ lioles ponctuées, ordinairement stipellées. Grappes terminales, denses, spiciformes; fleurs d’un violet foncé. — Ce g. , qui se compose d’environ 10 esp., appartient à l’A- mér. sept. ; plusieurs se cultivent comme ar¬ bustes d’ornement. (Sp.) *AMORPHÆ (ap.opcpoç , difforme), ins.— Nom donné par Hubner à une div. des Sphingides, qui correspond au g. Smérinthe de Latreille. V . ce mot. (D.) "AMORPHE (à priv.; gopyn, forme; c’est- à-dire sans forme déterminable), min. — Nom spécifique, par lequel on désigne les minéraux qui se présentent en masses irré¬ gulières. (Del.) * AMORPHOCEPHALES (txpopcpoç , dif¬ forme ; xeop

op- cpoç, informe ; £«ov, animal), zoopii. — 2me type des Actinozoaires vrais de M. de Blain- ville. Ce groupe, renfermant les Eponges et les Téthyes, est caractérisé ainsi par cet auteur (Man. d’Actin., p. 527) : « Corps or¬ ganisés; animaux informes ou sans forme déterminée; percés d’oscules et de pores nombreux, mais sans bouches ; ou animaux particuliers, distincts, constamment adhé¬ rents et composés d’une substance fibroso- gélatineuse, entremêlée ou non d’acicules calcaires ou siliceux avec des gemmules in¬ térieurs non localisés. (Duj.) * AMOSA, Neclt. ( Amosa , par allusion à l’affinité que présentent ces végétaux avec les Mimosa ). bot. ph. — Synon. du g. Riga , Plum., de la famille des Légumineuses-Mi- mosées. (Sp.) AMOURETTE, bot. pii. — Nom vulgaire de diverses plantes des champs qui se font remarquer par un port gracieux. Ainsi on AMP AMP o ^ i 371 appelle Amourette tremblante, le Brizci me¬ dia, L. • grande Amourette, le Briza maxima, !->. ; petite Amourette , le Poa Eragrosti , L.; Amourette des prés , le Lichnis flos cuculi , L., etc., etc. (G. d’O.) AMOURIE. bot. pu. — Nom vulgaire que les habitants de quelques cantons de la France méridionale donnent au mûrier et aux ronces des haies qui portent les mûres sauvages. (C. d’O.) AMOUROCRE. bot. ph. — Nom vulgaire, dans quelques cantons français, du Maruia (Anthémis) couda Cass. (G. L.) AMOURS. Amo res. zool. — V. Rut, Accouplement et Génération. (C. d’O.) AMPAC. Ampacus. bot. ph. — Rumphius avait donné ce nom générique, tiré de la langue malaise, à 2 arbres des Moluques qui doivent rentrer dans le g. Zanthoxylon. V. ce mot. , (Ad. J.) * AMPEDUS ( OLU.—'K tê tov, d’àvoc, SUT ; 7 rsScov, tarse), ins. — G. de Coléoptères pentamè¬ res , famille des Sternoxes, établi par Mé- gerle , et correspondant à celui d 'Etaler, tel qu’il a été restreint par Eschscholtz , dans sa Classif. des Elalérides. V . le mot Tau- pin, synon. français du mot latin Elater. (D.) * AMPELIDÆ (Ampelis, nom latin du g. Cotinga). ois. — C’est, dans Swaînson (Class. of Birds) , le nom d’une famille de son 2nie ordre Insessores et de sa tribu des Dentiros- tres. (Lafr.) *AMPÉLÏDÉES. Ampelideœ. bot. pii. — La famille fondée par A. L. Jussieu, sous le nom de Vignes (Viles), nommée plus tard par lui V inif ères, et récemment par M. Lin d- ley Vitacêes, avait aussi reçu de Yente- nat celui de Sarmeniacées, à cause de ses tiges, ordinairement sarmenteuses, et, en¬ fin, de Kunth celui d’Arnpélidées, emprunté au nom grec de la vigne (xfXTreloç), et que nous adopterons ici , pour éviter la confusion qui pourrait résulter de la ressemblance des premiers avec les Yiticées ou Gatiliers. Elle appartient aux plantes dicotylédones polypétales-hypogynes. Yoici ses caract. : Cal. petit, entier ou muni de 4-5 petites dents à son bord. Pétales en nombre égal, alternant avec ces dents, à préfioraison val- vaire, et se séparant, soit de haut en bas, soit de bas en haut, de manière à rester unis à leur sommet. Autant d’étain, opposées ! aux pétales, à filets libres ou monadelphes; anth. biloculaires , oscillantes, avortant quelquefois. Ovaire libre, entouré à sa base ou à une plus grande hauteur, d’un disque qui porte les pétales et les étamines insérés sur son contour; surmonté d’un stigmate simple, tantôt sessile, tantôt porté sur un style court; à deux loges, dont chacune renferme 2 ovules dressés; plus rarement ô-l-ovulées. 11 devient une baie dans la¬ quelle les graines se trouvent quelquefois en même nombre que les ovules, mais avor¬ tant souvent en partie, de sorte qu’on trouve un fruit uniloculaire et 1 -sperme. Ces grai¬ nes sont osseuses et présentent, à la base d’un périsperme dur et presque corné qui forme presque toute leur masse, un petit embryon plus court de moitié, dont la ra¬ dicule cylindrique se dirige en bas, c’est-à- dire vers le hile. — Les plantes de cette famille sont des arbrisseaux sarmenteux et grimpants, dont les feuilles , composées ou simples, mais alors ordinairement lobées , accompagnées de stipules, sont opposées entre elles dans le bas; dans le haut, aux inflorescences, qui avortent souvent, et se changent alors en vrilles. Ces inflores¬ cences sont connues vulgairement sous le nom de grappes, mais ne répondent pas le plus souvent à la définition botanique de ce nom; ce sont des thyrses, ou fréquemment des cymes chargées de fleurs verdâtres ou plus rarement colorées. Ces fleurs, généra¬ lement hermaphrodites, sont, dans un g., po¬ lygames et accompagnées d’involucres folia¬ cés, à lobes en forme d’ailes. — Les esp. sont disséminées dans les régions tempérées, et surtout tropicales des 2 hémisphères , au nombre de plus de 120. Ce n’est pas ici le lieu de s’étendre sur les propriétés du suc de leur fruit , qui donnent au g. Vitis une si grande importance. C’est en effet à, ce seul g. de la famille , et de plus dans une partie fort limitée de notre zone tempérée, que paraît être réservée la culture avantageuse de la vigne et la fabrication de ses pro¬ duits. GENRES. lre Tribu. Sarmentacées ou Viniferes. Pé¬ tales distincts à la base; filets ordinairement libres; ovaire à 2 loges bi-ovulées. Plantes grimpantes, à pédoncules souvent changés en vrilles. — Cissus, L . (S œlanthus , Forsk.); AMP 372 AMP — Pterisanthes, Blum.; — Ampélopsis, Mich.; — Pilis, L. 2me Tribu. Aquilicièes ou Lèèacèes. Pé¬ tales soudés à la base. Tube staminal à 5 lobes stériles, alternant avec les 5 filets an- thérifères (qui sont opposés aux divisions de la cor.). Ovaire à 5 loges 1-ovulécs. Pas de liges sarmenleuses ni de vrilles. — Leea, L. ( Aquilicia , L.; (Jtlilis, Gærtn.). On en a rapproché encore le Geruma, Forsk., mais avec beaucoup de doute; car, si beaucoup de ses caractères indiquent des rapports avec les Ampélidées, on ignore la situation de ses étamines relativement aux pétales, et le fruit est une capsule à 4 loges et à 4 valves. Il est vrai qu’une monstruosité curieuse, observée par M. de Schlechtendal, a reproduit précisément cette structure du fruit dans la vigne commune. (Ad. J.) * AMPÉLIDÉES ( Amp élis , nom d’un des genres de cette sous-famille). — C’est pour nous le nom d’une sous-famille de notre fa¬ mille des Baccivores (. Baccivoræ ) , dans nos Denlirostres à bec déprimé , et dont les ca- ract. sont: Bec court, déprimé, large à sa base, et très fendu jusqu’au-dessous des yeux; narines rapprochées de la pointe du bec, souvent à demi cachées par de petites plumes serrées. Ailes à rémiges assez lon¬ gues , dont quelques unes des tres sont sou¬ vent rétrécies , ensiformes. Tarses et doigts courts; le doigt externe notablement plus long que l’interne , et soudé assez loin avec le médian ; ongles élevés , courts et très ar¬ qués. Queue courte (carrée dans un seul cas), longue et fourchue. — Tous les g. qui ap¬ partiennent à cette famille, sont essentielle¬ ment percheurs et frugivores, comme l’indi¬ que la conformation de leurs pattes et de leur bec; ce sont les g. Cotinga, Averano, Piauhau , Tersine, Phibalure et Jaseur. (P. ces mots.) Ils sont tous des contrées tropi¬ cales du Nouveau Monde , excepté le g. Ja¬ seur, commun à l’Amérique septentrionale et à l’ancien continent. (Lajfr.) AMPELIS (ôcfM«)t'ç, nom grec d’un oiseau indéterminé), ois. — Nom latin du g. Co- linga. P. ce mot. (Lafr.) AMPELÎTE (ap-T cdoa, vigne). MIN. et GÉOL. — Les anciens donnaient le nom d’Ampélite à un schiste argileux, noir, qu’ils croyaient propre à servir d’amendement pour les ter¬ res à vigne, et à détruire les Insectes qui rongent cet arbuste. M. Cordier a conservé le nom spécifique d’Ampélite pour cette même roche qu’il classe dans la famille des Roches anthraciteuses. C’est un mélange d’anthracite et de matières phylladiennes schisteuses, fortement chargé de pyrites blanches. Ces pyrites, se décomposant, pé¬ nètrent les masses de sulfate de fer. Lors¬ qu’il abonde et que la présence de l’air fa¬ vorise la réaction de ce sulfate de fer sur le charbon, il en résulte souvent une combus¬ tion spontanée. A Poligny, près Rennes, des combustions de ce g. ont formé des Tripolis résultant de la combustion superficielle des ampelites. On a trouvé dans les Ampélites, divers corps organisés marins, tels que des Spirifères, des Fucus, etc. M. Cordier forme une espèce distincte du Graphite ( V . ce mot) que M. Brongniart a décrit comme une simple variété d’Ampélite (Ampélite grophique). (C. d’O.) *AMPELODESMOS {ÿp.nûoq , vigne; &<ÿ- îaoç , lien), bot. pii. — Le professeur Link a nommé ainsi un g. de la famille des Grami¬ nées, tribu des Arundinacées, qui comprend 2 esp. primitivement placées dans le g. Arun- do , sous les noms d’A. tenax Wahl, et d'A . bicolor Desf. Ce g. a été adopté par le pro¬ fesseur Kunth, dans son excellente Agrosto- graphie , et peut être caractérisé de la ma¬ nière suivante : Épillets contenant de 2 à 4 fleurs disposées sur un axe articulé et tout couvert de poils. Valves de la glume ou de la lépicène ovales , lancéolées , subulées , en gouttière, membraneuses et plus courtes que les fleurs. Paillettes au nombre de 2, mem¬ braneuses; l’infér. aiguë , toute couverte de poils à sa base , canalieulée et enveloppant la paillette supér., qui est un peu plus courte et bicarénée. Etam. au nombre de 3. Ovaire pyriforme, velu au sommet, portant 2 styles très courts, terminés chacun par un stigm. plumeux. Les 2 paléoles lancéolées, plus longues que l’ovaire , et ciliées supérieure¬ ment. Fruit presque linéaire, cylindrique, marqué d’un sillon longitudinal et non re¬ couvert par les écailles. — Les 2 esp. que nous avons citées précédemment composent à elles seules ce g. Ce sont des graminées très élevées, ayant le port des Arundo , et croissant dans les régions méditerranéennes de l'Europe et de l’Afrique. Le g. Ampelodes- mos diffère surtout de V Arundo par ses AMP 373 AMP écailles entières au sommet et dépourvues d’arête. (A. R.) AMPELOPSIS, Michx. ( tXfj.Treîoç , vigne ; orpiç, ressemblance), bot. ni. — G. de la fa¬ mille des Sarmentacées (Vitacées , Lindl., Ampélidées, DC.), offrant les caract. suiv.: Cal. non denté, subcupuliforme. Pétales 5 , caducs, libres, réfléchis. Étam. 5. Ovaire non enfoncé dans le disque, 2-4-ovulé; style court; stigm. capitellé. Baie 2-4-sperme. — Feuilles simples ou composées; fleurs rou¬ geâtres ou jaunâtres ou verdâtres, pani- culées ou en cymes. — On connaît 10 esp. de ce g. ; la plupart habitent, la zone équato¬ riale. VA. hederacea, nommée vulgairement Vigne-vierge , se cultive comme arbuste d’ornement , pour couvrir les murs et les tonnelles. (Sp.) AMPEREA. bot. pu. — G. delà famille des Euphorbiacées, dédié à l’illustre et sa¬ vant Ampère, et caractérisé de la manière suivante : Fleurs monoïques ou dioïques : males : Cal. campanulé, 4-5-fide, à préflorai¬ son valvaire. Etamin. 8, saillantes, à filets à peu près libres, alternativement 4 extér., et plus courtes ; anth. à loges distinctes et ovoïdes, pendant des 2 côtés d’un connectif graniforme, jaunes avec une ligne brune longitudinale, suivant laquelle elles s’ou¬ vrent. Femelles : Cal. persistant, à 5 divi¬ sions profondes et rondes. Ovaire à 3 loges 1-ovulées, surmonté de 3 stigm. sessiles, bifides. Cap. ovoïde, à péricarpe mince, se séparant en 3 coques bivalves. — Les esp., au nombre de 3, sont de petits arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande y d’un port parti¬ culier et comparable à celui de notre genêt commun. Leurs rameaux, comprimés et dres¬ sés , sont chargés de petites feuilles rares, éloignées , linéaires et aiguës. Les fleurs axillaires sont solitaires ou groupées au nombre de 2 ou de plus, en petits fascicu¬ les, qui réunissent quelquefois les 2 sexes, accompagnées de bractées raides et aiguës. On peut en voir une esp. {A. spartioides ) figurée dans l’atlas du voy. de l’Astro¬ labe ( Serlum Aslrolabii , tab. 20), et dans celui du voy. de la Coquille [Bot., pl. 49.) (Ah. J.) AMPHACANTIIE. Amphacanlhus (oc^.cpf , des 2 côtés; axavüa, épine), poiss. — G. de Poissons de la famille des Teuthies, très voisin des Scombéroïdes , établi par Bloch, dans son système posthume, sous ce nom qui exprime bien le caract. singulier et unique, que présentent ces poissons dans le groupe des Acanthoptérygiens et qui consiste en ce que le rayon interne de la ventrale est épi¬ neux comme l’externe. Cette nageoire est donc épineuse des 2 côtés; d’ailleurs les Am- phacanthes ont une seule dorsale à plu¬ sieurs rayons épineux, et une épine ho¬ rizontale dont la pointe est dirigée en avant au pied du 1er rayon. L’anale est lon¬ gue et aussi armée en avant de 7 épines ; tandis que ce nombre n’est généralement que de 3 dans le plus grand nombre des poissons à rayons osseux. La bouche est très peu fendue; les 2 mâchoires forment un arc demi-circulaire , garni de petites dents ser¬ rées et échancrées sur le bord. Les ouïes sont peu fendues, la membrane branchiostège porte 5 rayons. Les écailles sont très petites, très minces, sans dentelu¬ res , et comme perdues dans la peau. La li¬ gne latérale est tracée parallèlement au dos. L’anus est caché entre les ventrales. Il est ainsi avancé, parce que le canal intestinal est roulé en spirale sur lui-même et fait 5 à 6 tours dans la cavité abdominale qui est haute, mais peu étendue en arrière. Le py¬ lore est entouré de 4 ou 6 cæcums , selon les espèces. Le foie est large et aplati , et sub¬ divisé en plusieurs lobules; la vésicule du fiel est globuleuse et suspendue à un long canal cholédoque. Les Amphacanthes ont une vessie natatoire assez grande. La particula¬ rité la plus notable de leur squelette consiste dans l’allongement des 2 os styloïdes de l’é¬ paule, qui sont arqués et arrondis , vien¬ nent se toucher sous le ventre, et former une sorte de bassin avancé et entourant les viscères abdominaux. Ils se nourrissent pres¬ que tous de matières végétales. La singularité des ventrales à double épine a fait remarquer ces poissons par tous les naturalistes; mais comme plusieurs ont es¬ sayé de placer les esp. observées par eux dans les g. déjà établis par Linné ou par ses élè¬ ves, il en est résulté que leur synonymie a été pendant long-temps des plus confuses. Linné lui-même en avait placé une dans son g. Teuthis, et l’autre dans ses Spores. Bloch, qui a cependant établi le g. Ampha- canthns , en a placé parmi les Chœtodons. forskal en avait donné la description sous le 374 AMP nom de S'carus Siyanus, et cependant on voit qu’il avait eu l’idée d’en faire un g. distinct sous le nom de Siganus. Houttuyn avait créé pour eux le g. Cenirogaster , au¬ quel M. Gmelin a ajouté tant d’esp. dispa¬ rates, qu’il a fallu laisser de côté, jusqu’au nom du voyageur Hollandais. Commerson , en les décrivant sur les mar¬ chés de File de France et de Madagascar, a laissé pour eux, dans ses manuscrits, la dé¬ nomination générique de Buro qui a été reprise et publiée par Lacépède; ce qui n’a pas empêché cet excellent homme de repro¬ duire dans son Ichthyologie toutes les esp. nominales , le Buro brun , le Centrogaster brunâtre, le Scare sidjan, le Scare étoilé, le Chétodon cannelé, le Chétodon tacheté , le Spare éperonné, et qui toutes ou presque toutes désignent le même poisson. Les esp. de ce g. abondent dans la Mer- Rouge et dans le grand Océan indien. On n’en connaît aucune dans l’Atlantique ni dans nos mers d’Europe. Avant la monogra¬ phie que nous en avons donnée, les auteurs n’en avaient indiqué que 2 ou 3; nous en avons décrit 27 dans l’Histoire naturelle des poissons. (Val.) * AMPHANTE. Amphantium ( ocp.cpt ; au¬ tour; avôoç, fleur), bot. ph. — Link (Handb. der Bot.) applique ce nom aux récepta¬ cles dilatés qui contiennent ou envelop¬ pent les fleurs. Ex. : Ficus, Dorstenia , etc. (C. L.) * AMPHASIA (àfwpt, autour de ; oco-cç , eoç, limon; par extension, marais), ins. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères , famille des Carabiques , tribu des Féroniens, établi par M. Newmann , et qu’il place près du g. Masoreus. Il a pour type une esp. de l’Amé¬ rique du nord, qu’il nomme A. fulvicollis. Ce g. ne figure pas dans le dernier Catalogue de M. Dejean (3me édit.). (D.) AMPHEREPHIS (àmcpt, autour de ; Ip/cpw, je couronne), bot. ph. — G. de la famille des Composées , synon. du g. Centratherum. (J. D.) * AMPHIACHYRIS (w, autour, voi¬ sin de; a x^pov, paillette), bot. ph. — Une des 2 sections, ou sous-g., donnée par M. De Candolle, dans le g .Brachyris deNuttal, de la famille des Synanthérées-Astéroïdées , et qu’il caractérise ainsi : Akènes du rayon presque nus ou munis d’une couronne très AMP courte; fleurs du disque plus nombreuses que les ligules. (C. L.) *AMPHIBICORISES ou mieux AMPIII- BIOCQRISES (àpcpfëcoç, qui vit dans deux éléments; xoptç , punaise), ins. — Nom créé par M. Léon Dufour et adopté par M. Spinola [Essai sur les Ins. Hémipt.), pour désigner une tribu de la section des Hété- roptères, de l’ordre des Hémiptères, corres¬ pondant à la famille des Véliens de Brullé, ou Hydrodromici de Burmeister. Les princi¬ paux caract. que présente cette tribu ou plutôt cette famille, sont tirés : 1° de la con¬ formation des antennes , assez longues et composées de 4 articles cylindriques; 2° des pattes antér. grêles, plus courtes que les au¬ tres et dépourvues d’épines propres à retenir leur proie; 3° de l’écusson presque entière¬ ment caché; et 4° des tarses pourvus de cro¬ chets situés en dehors et insérés dans une échancrure du dernier article. Les Insectes qui composent cette petite famille vivent de proie vivante ; ils sont tous aquatiques et cependant ils ne s’enfoncent jamais dans l’eau, à moins que ce ne soit ac¬ cidentellement; mais ils courent à sa sur¬ face avec beaucoup d’agilité et aussi facile¬ ment que les Insectes vivant à terre. Tout le dessous de leur corps est garni de petits poils très courts et excessivement serrés, qui leur permettent de glisser sur l’eau sans se mouiller. Cette famille, confondue d’abord par La- treille avec tous les Hémiptères Géocorises , renferme aujourd’hui, telle qu’elle a été res¬ treinte par les entomologistes modernes, les 6 g. suivants : Felia , Microvelia , Hebrus , Halobates , Gerris , Hydrometra. (Bl.) AMPHIBIE (àfj «pc&oç, qui vit dans deux éléments), moll. — Nom sous lequel Geof¬ froy ( Conchyl . des environs de Paris) décrit le Mollusque dont Draparnaud a fait depuis son g. Ambrette. V. ce mot. (Desh.) AMPHIBIENS ( àm-A.oio; , qui vit dans 2 éléments), rept. — C’est ainsi queM.de Blain- ville désigne les reptiles batraciens, dontll fait la 4me classe de ses Ostéozoaires , pre¬ mière grande divis. ou, comme il l’appelle, le type 1 du Règne animal. V. Batraciens. (G. B.) _ AMPHIBIES. Amphibia (àpcpfâtoç, qui vit dans 2 éléments), zool. — Les Allemands ré¬ servent encore assez généralement ce nom AMP AMP 375 aux animaux vertébrés de la catégorie des reptiles nus et écailleux, adoptant ainsi, dans la signification que lui avait donnée Linné, le mot Amphibia. Les différences qui distinguent les esp. à peau écailleuse ou scutifère de celles à peau nue, tendent néan¬ moins à faire de ces 2 sortes d’animaux, 2 classes bien distinctes. Aussi, dans la mé¬ thode de M. de Blainville, les reptiles écail¬ leux conservent-ils seuls le nom de Reptilia, dont se servait aussi Brisson [V. Beptiles) , et les Batraciens ou Reptiles nus prennent-ils celui d 'Amphibia [V. Batraciens) : ces der¬ niers étant en effet les seuls que l’on puisse d\re Amphibies , c’est-à-dire jouissant suc¬ cessivement de 2 manières différentes de vi¬ vre, puisque, saufles Cécilies, tous sont d’a¬ bord brancbifères , respirent l’air dissous dans l’eau , et n’ont les poumons déve¬ loppés que dans un âge plus avancé et après l’accomplissementde leur métamorphose. On sait, cependant, que plusieurs ( les Pèrenni- branches) n’arrivent pas à la respiration pul¬ monaire ; mais si ces animaux sont, parmi les Vertébrés, les seuls auxquels l’épithète d 'Amphibies convienne réellement , ils ne sont pas les seuls que dansle langage vulgaire on appelle ainsi , et dans toutes les autres classes de leur type, on signale des esp. am¬ phibies; certaines de celles-ci pouvant sor¬ tir de l’eau, leur séjour habituel, pour s’ex¬ poser quelques instants à l’air, et vice versâ. On cite surtout au nombre de ces pré¬ tendus Amphibies : les Phoques et les La¬ mantins parmi les Mammifères, parce que, vivant habituellement dans l’eau, ils peu¬ vent venir sur le rivage; ou bien encore les Loutres, le Cynogale ou Potamophile, le Castor, l’Hippopotame et plusieurs autres qui, terrestres, dans quelques circonstances, vont souvent à l’eau et s’y meuvent même avec plus de facilité que sur le sol. Les Cé¬ tacés zoophages, au contraire, sont regardés comme exclusivement aquatiques , parce qu’ils ne quittent jamais l’eau. Ces particu¬ larités bien remarquables, sans aucun doute, ne sauraientcependant, comme celles qui ca¬ ractérisent principalement les Amphibiens proprement dits , être prises en considéra¬ tion, quand il s’agit de classer méthodique¬ ment les êtres chez lesquels on les a constatées et, si Blumenbachacru devoir s’enservirpour admettre, parmi les Mammifères, un ordre réservé aux esp. aquatiques, c’est qu’il avait plutôt en vue l’établissement d’un système que celui de la véritable méthode naturelle. Cette sorte d’état amphibie se retrouve en ef¬ fet dans des g. d’ordres différents, et la dis¬ position particulière des organes locomoteurs qui le caractérisent , est une simple consé¬ quence ou plutôt une condition harmoni¬ que, tout-à-fait dépendante descirconstances au milieu desquelles certaines esp., apparte- nantàdes degrés divers de la série animale, doivent fonctionner. Aussi Blumenbach , que nous citons plutôt pour nous faire com¬ prendre que pour le critiquer, admettait-il parmi les Mammifères palmipèdes ou aqua¬ tiques, des Rongeurs, des Carnassiers et des Edentés, comme il en admettait dans son groupe des Pissipèdes ou digités. L’appré¬ ciation de la valeur réelle des caractères fait aujourd’hui rapporter au même ordre ou degré de la série , des animaux aquatiques , terrestres et volatiles , quand , à part les dif¬ férences, nécessitées par le séjour, la somme de complication de leur organisme se trouve être au fond la même. Il n’est pas nécessaire d’ajouter que tous les Mammifères amphibies que nous citions plus haut, respirent, comme les autres g. de leur classe, l’air en nature, et, bien entendu, au moyen de poumons. Beaucoup d’entre eux doivent la faculté de plonger, à la forme de leurs narines , et surtout à un dévelop¬ pement spécial de certaines parties du sys¬ tème veineux qui, retardant une portion du sang dans des plexus considérables, permet une respiration moins fréquente. Les Oiseaux qui vivent dans l’eau et qui s’y plongent fréquemment, les reptiles écailleux (Emi- des, Chélonées, Crocodiles, etc.) qui ont les mêmes habitudes, n’ont pas non plus, et à aucun âge, de branchies; mais chez les espèces de la classe des Reptiles, la circula¬ tion profondément modifiée dans quelques uns de ses organes, rend, pour ainsi dire, arbitraire leur acte respiratoire. Quelques poissons, appelés pour cela même Amphibies, jouissent, comme les Phoques et les Lamantins , de la faculté de sortir de l’eau en quelques occasions, mais rien dans leur système respiratoire et circulatoire, ne rappelle ce qui a lieu dans les vertébrés pul- monés; l’orifice extérieur des branchies de certains d’entre eux (les anguilles) ayant un 376 AMP AMP diamètre moins considérable que chez les autres , leur permet de conserver l’eau dans leur cavité branchiale, plus long-temps que ne peuvent le faire les carpes, par exemple, dont les ouïes sont si largement ouvertes. Chez quelques groupes, l’appareil branchial est lui-même modifié à cette intention, et G. Cuvier a nommé Pharyngiens-labyrin- thiformes , une famille d’Acanthoptérygiens chez lesquels «les os pharyngiens supér. étant divisés en petits feuillets plus ou moins nom¬ breux, interceptant des celiules où il peut y demeurer de l’eau qui découle sur les bran¬ chies et les humecte pendant que le poisson est à sec; ce qui permet à ces poissons (Anabas, etc.) de se rendre à terre et d’y ramper à une distance souvent assez grande des ruisseaux et des étangs, où ils font leur séjour ordinaire. >• Amphibies s’emploie donc dans 2 accep¬ tions physiologiquement différentes : 1° pour des animaux qui vivent d’abord dans l’eau et respirent au moyen de l’air qu’elle ren¬ ferme, et qui plus tard respirent l’air en na¬ ture; 2° pour des esp. à respiration aérienne ou aquatique, et qui peuvent échapper pen¬ dant un temps plus ou moins long à leur milieu habituel , mais sans varier dans leur mode de respiration. Les Amphibies de la lre catégorie, lorsqu’ils ont quitté leur état aquatique pour la respiration à l’air li¬ bre , peuvent aussi être de la seconde , et vivre pour ainsi dire à volonté, dans l’air ou dans l’eau , mais en suspendant leur respi¬ ration , tant qu’ils restent plongés dans ce dernier milieu. Un fait curieux constaté par M. Milne-Edwards , est celui de la respira¬ tion cutanée accidentelle, par laquelle quel¬ ques uns de ces derniers (ex. : les grenouilles adultes) entièrement séparés de l’atmo¬ sphère, peuvent suppléer à son défaut. Chez les animaux invertébrés, il y a aussi des Amphibies, les uns vrais ou de la pre¬ mière sorte; les autres apparents , c’est-à- dire de la seconde. Certaines larves d’insec¬ tes hexapodes sont d’abord branchifères ; elles vivent dans l'eau , et , plus tard, leur respiration devient aérienne , et alors elle s’opère au moyen de trachées. Ex. : beaucoup de Névroptères, des Diptères, des Coléop¬ tères hydrocanthares et palpicornes, et YHydrocampa stratiotalis de l’ordre des Lé¬ pidoptères. Les esp. de la même classe et à respiration aérienne qui vivent dans l’eau, soit à l’état de larve, soit à l’état adulte, sont fort nombreuses et de presque tous les or¬ dres; mais ce ne sont plus là que des pseudo¬ amphibies. Quelques arachnides aussi sont dans ce dernier cas, et, parmi les Crustacés, plusieurs , bien que pourvus de branchies , se tiennent à la surface du sol; et c’est au moyen de l’air très humide qu’ils respi¬ rent. Le type des animaux mollusques, n’a pas de véritables Amphibies; mais toute une fa¬ mille de Pulmonés (lesLimnées, Planorbes, Physes, etc.) vit dans l’eau à la manière des Insectes et des Arachnides. Plus l’organisation des animaux est infér. et plus ceux-ci sont nécessairement aquati¬ ques; aussi ne doit-on pas s’étonner de ne trouver d’espèces aériennes, ni même am- phibiennes chez les véritables animaux rayonnés. La respiration, cutanée chez quelques for¬ mes extrêmes (ex. : les Entozoaires) insépa¬ rables de la série des animaux articulés , permet aussi un g. de vie qui pourrait faire considérer comme Amphibies, quoiqued’une autre manière, certains des êtres qui la pré¬ sentent, puisqu’il en est qui peuvent égale¬ ment vivre dans l’eau ou dans l’intér. des autres animaux , soit dans leur canal diges¬ tif, soit dans divers autres points de leur organisme. C’est au moyen d’une respiration également cutanée que s’entretient la vie aquatique ou aérienne dans les lieux humi¬ des, signalée chez quelques esp. de Planai¬ res, animaux fort voisins par leur organi¬ sation des précédents, et Amphibies par pa¬ rasitisme. (P. G.) AMPHIBIOCORISES. INS. — V. Ampiii- BICORISES. AMPHIBIOLITHES (à^Scoç, amphi¬ bie; KOoç , pierre ). anim. foss. — Quelques auteurs ont désigné sous ce nom des fossiles qu’ils supposaient être les restes d’animaux amphibies. (L.rd.) * AMPHIBLESTRIA (à^Wpov, filet ou réseau), bot. cr. — Presl, dans sa Pteri- dographia , a formé, sous ce nom , un g. du Pteris lati folia Humb. et Bonpl., qui diffère des autres Pteris par ses nervures réticu¬ lées ou plutôt formant des aréoles à peu près quadrilatères, dans lesquelles quelques ra¬ meaux des petites nervures se terminent li- AMP AMP brement, comme dans les vrais A sodium et les Phymatodes. Les capsules forment une ligne étroite , continue ou interrompue, re¬ couverte par un tégument marginal étroit, scarieux, s’ouvrant au dedans. — La seule esp. bien reconnue est celle citée ci-dessus, dont la fronde herbacée est trifoliée, à folio¬ les profondément pinnatitides. Elle croit dans la Colombie. Presl rapporte avec doute au même g., une plante du Chili qu’il n’a vue que dépourvue de fructification. (Ad. B.) * AMPHIBOLE. Amphibola (àpcpcSoH, en¬ veloppe , filet), moll. — M. Schumacher (JYouv. Sysi. des Vers tesiacés ) propose sous ce nom un g. particulier pour la JVerita nux avellana de Chnitz. Ce g. a été reproduit un peu plus tard par MM. Quoy et Gaimard sous le nom d’Ampullacère, qui a été plus généralement adopté. V. ampullacère. (Desh.) AMPHIBOLE ( Ky-yioolaç; ambigu , à cause des analogies que les substances ainsi nommées ont avec d’autres minéraux , et notamment avec les Pyroxènes, les Epidotes et les Tourmalines), min. — Haüy a donné le nom d’Amphibole à une esp. qu’il avait établie en réunissant les minéraux appelés précédemment Trémolite ou Grammatile , Strahlstein ou Actinote , et Hornblende. C’est un fait fort remarquable, que les fluctua¬ tions d’opinions auxquelles ces substances ont donné lieu parmi les minéralogistes. Rap- prochées d’abord dans un même groupe avec beaucoup d’autres minéraux , sous le nom commun de Schorl, d’après quelques rap¬ ports assez insignifiants , elles avaient été ensuite séparées par Werner, sur la foi de cer¬ tains caract. extérieurs et fort peu décisifs. L’examen de leurs formes et de leur struc¬ ture conduisit Haüy à les identifier sous le nom d’Amphibole. Plus tard, la découverte de l’isomorphisme est venue établir claire¬ ment la nécessité de considérer ce groupe non comme une véritable esp., mais comme un g. d’esp. isomorphes, c’est-à-dire d’esp. analogues et très rapprochées les unes des autres, tant par leurs formes que par leur composition atomique. On se trouvait ainsi ramené, en quelque sorte, au point de vue de l’École allemande, lorsque, peu de temps après, un cristallographe allemand, G. Rose, essaya de nous reporter encore à une ma¬ nière de voir plus ancienne, en cherchant à O ^ ** o 7 / démontrer l'identité des Amphiboles avec les Schorls volcaniques ou les Pyroxènes. Au¬ jourd’hui , la plupart des minéralogistes maintiennent la séparation des deux grou¬ pes, en considérant leurs esp. respectives, non comme isomorphes, dans l’acception rigoureuse du mot, mais simplement comme Plésiomorphes entre elles ( V. Plésiomor- phisme). Nous nous conformerons à cette opi¬ nion , en ayant soin de faire remarquer les analogies nombreuses et les rapports in¬ times qui existent entre toutes ces substan¬ ces, et en insistant sur la valeur des 2 seuls caract. qui militent encore en faveur de la spécification généralement adoptée. Nous allons indiquer d’abord les caract. qui distinguent le groupe des Amphiboles , considéré comme g. minéralogique; après quoi nous ferons connaître les différences qui nécessitent le partage de ce groupe en plu¬ sieurs espèces. — Les Amphiboles sont com¬ posés généralement d’un atome de trisilicate calcaire (C a Si3) et de 3 atomes de bisilicate de magnésie (3 M g Si a) , la chaux et surtout la magnésie pouvant être, en tout ou en par¬ tie, remplacées, équivalent pour équivalent, par le protoxyde de fer ou le protoxyde de manganèse. Un atome d’Amphibole est donc formé de 4 atômes de base monoxyde , et de 9 atômes de silice; si l’on admet avec M. Dumas, que la silice soit composée d’un atome d’oxygène et d’un atome de silicium. Nous adoptons cette dernière supposition , qui nous paraît plus probable que celle qui est généralement reçue parmi les minéralo¬ gistes , nous réservant de donner les raisons qui lajustifient, dans l’article où nous traite¬ rons des Silicates en général. Les Pyroxènes sont composés des mêmes principes dans des proportions peu différentes : ils résultent de la combinaison de 4 atômes de base mo¬ noxyde , et de 8 atomes de silice , au lieu de 9; d’où il suit que par la perte d’un atôme de silice, une molécule d’Amphibole se chan¬ gerait en une molécule pyroxénique. Les Amphiboles fondent assez facilement au chalumeau en un émail diversement coloré ; si l’on expose une masse d’Amphibole cris¬ tallisée au feu des hauts-fourneaux, de ma¬ nière à la fondre complètement, et si on la fait cristalliser de nouveau par refroidisse¬ ment, les cristaux que l’on obtient ne res¬ semblent plus aux cristaux primitifs, mais 24* T. I. AMP 378 AMP ils offrent tous les caract. des cristaux de Py¬ roxènes. Les Amphiboles , comme les Pyroxènes , cristallisent dans le système Klino-rhombi- que : leur forme fondamentale est un prisme oblique, à base rhomboïdale , inclinée sur l’axe de 105 à 106°; mais les pans du prisme, tels que le clivage les donne, font sur l’arête antérieure H un angle obtus d’environ 1 24° \ dans les Amphiboles , et un angle aigu de 87° à peu près dans les Pyroxènes. En ad¬ mettant que la base ait la même inclinaison dans les 2 prismes, si l’on cherche à faire dériver l’un de ces prismes de l’autre, sa¬ voir le prisme de l’Amphibole de celui du Pyroxène, on trouve que l’angle du premier s’accorde à très peu près avec celui que donne le calcul , dans l’hypothèse où le prisme de l’Amphibole proviendrait de la modification 3 H3. Il faut, pour mettre les 2 prismes en rapport de position, supposer la coïncidence des bases et des sections dia¬ gonales respectives, en sorte que l’angle de 87° dans le Pyroxène corresponde à l’angle de 124° dans l’Amphibole. De ce rapproche¬ ment, on peut conclure qu’il existe entre ces minéraux, sinon une identité complète de formes , du moins une analogie très grande et tout -à- fait comparable à celle qui s’observe ordinairement entre les sub¬ stances dites isomorphes. La pesanteur spécifique des Amphiboles varie de 2,9 à 3,5. Celle des Pyroxènes ne descend pas tout-à-fait aussi bas, mais elle s’élève jusqu’à 3,6. Les Amphiboles fondent plus facilement que les Pyroxènes; ils passent en conséquence j moins vite , ou par un refroidissement beau- ! coup plus lent, de l’état de fusion à l’état j cristallin. On trouve souvent la Hornblende et le Pyroxène augite composant ensemble des macles ou réunions régulières de cris- ; taux, dans lesquelles les parties composantes d’espèces différentes sont entre elles dans le rapport de position indiquée plus haut; dans ce cas, c’est toujours le Pyroxène qui constitue le noyau ou le centre de la macle, et la Hornblende lui forme comme une sorte d’enveloppe extérieure. De tels groupements s’observent non seulement dans les cristaux disséminés (Diorites des monts Durais), mais aussi clans les cristaux implantés (Sahlites d’Arendal). Les Amphiboles et les Pyroxè¬ nes ne se distinguent pas seulement par leurs faces de clivage ; mais leurs formes ex¬ térieures, quoique susceptibles d’être ra¬ menées les unes aux autres, sont le plus souvent différentes. Ainsi l’on n’a point en¬ core observé les Pyroxènes sous les formes ordinaires de l’Amphibole; mais il existe dans les diorites de l’Oural des cristaux d’Am- pbibole qui se montrent sous l’une des for¬ mes les plus communes du Pyroxène ; ce sont ces cristaux que G. Rose a décrits sous le nom d’Ouralite; ils renferment souvent un noyau de véritable Pyroxène. Cette observa¬ tion semble indiquer que la différence des formes extérieures pourra disparaître un jour d’une manière plus complète. Il ne res¬ tera donc plus d’autre caract. distinctif, que la diversité des clivages, laquelle paraît dé¬ pendre d’une légère différence dans la com¬ position chimique, savoir d’une petite quan¬ tité de silice en excès dans les Amphiboles. Si l’on regarde, avec la plupart des minéra¬ logistes, cet excès de silice comme essentiel, parla raison qu’il est toujours en proportion simple et définie , il y a nécessité de main¬ tenir la séparation des 2 groupes d’espèces. Il faudrait, au contraire, les réunir en un seul et même genre, si l’on considérait, avec G. Rose, cette différence de composition comme accidentelle, et comme provenant uniquement de celle des circonstances qui ont accompagné la formation des cristaux d’Amphibole et de Pyroxène. Selon cet ha¬ bile cristallographe, les Pyroxènes auraient cristallisé par un refroidissement très ra¬ pide d’une certaine masse en fusion , et les Amphiboles par un refroidissement beau¬ coup plus lent de la même masse fondue. V. Pyroxène. Nous rapporterons toutes les variétés d’Amphiboles à 3 esp., dont une, la Trémo- lite, comprendra les variétés à bases terreu¬ ses, qui sont généralement sans couleur ; une autre, Y Amphibole proprement dit , se composera de toutes les variétés à bases ter¬ reuses et métalliques, dans lesquelles le pro¬ toxyde de fer ou de manganèse entrera en quantité notable avec la chaux et la mag¬ nésie , et qui par suite présenteront une cou¬ leur verte plus ou moins foncée. Cette der¬ nière se subdivisera en 2 s. -espèces : Y Acti- note et la Hornblende. La 3me esp. compren¬ dra les variétés à bases de fer et de magnésie, AMP 3/9 AMP sans chaux, que l’on désigne sous le nom d’ Antliopliyllite. lie Espèce. — TRÉMOLITE. Synon. Gram- rnatite ; composée d’un atome de trisi 1 icate de chaux (G Si 3), et d’un atôme de bisilicale de magnésie (Mc/ Si2). Cristaux blancs, blanc-jaunâtres ou gris- cendrés, ayant quel¬ quefois une teinte verdâtre, et souvent un éclat qni tire sur le nacré; clivables pa¬ rallèlement aux pans d’un prisme rhomboi- dal oblique, dont le grand angle latéral est de 124°, 37* , et dont la base est inclinée à l’axe de 103° environ. Ces cristaux sont gé¬ néralement vitreux et translucides; ils fon¬ dent avec assez de facilité en un verre blanc et bulleux. Densité, 2,9; Dureté, 5, 6. Analyse: Silice 60,50; chaux 12,43; magnésie 27,07. — La forme la plus ordinaire des cristaux de Trémolile est le prisme fondamental de 124°, dont la base est remplacée par un sommet dièdre de 148°; l’arête du biseau terminal est inclinée à l’axe, comme la base qu’elle remplace , et qui en serait la tron¬ cature tangente. Quelquefois cette tronca¬ ture existe en même temps que celle des arêtes longitudinales obtuses. La Trémolite se rencontre rarement en cristaux complets; elle est le plus souvent en longues baguettes prismatiques, terminées irrégulièrement, comme si elles avaient été fracturées. Dans cette esp. de cassure transversale, on aper¬ çoit souvent une ligne colorée dans la di¬ rection de la grande diagonale; c’est ce ca¬ ractère qui avait fait donner d’abord à l’esp. le nom de Grammatite. Elle se présente aussi en aiguilles divergentes, ou en masses composées de fibres déliées d’un aspect soyeux. Parfois elle offre des teintes d’un blanc rougeâtre, d’un vert d’asperge, ou d’un bleu-violet pâle. Elle est le plus ordi¬ nairement disséminée dans les Dolomies ou les calcaires saccharoïdes des terrains mi- caschisteux, et c’est ainsi qu’on la trouve à Campo-Longo au Sainî-Gothard, à Pfitsch enTyrol, à Gullsjo et Acker en Suède , à fiognatzka dans le Bannat , et dans une multitude de localités en Saxe, en Bohême, en Ecosse , en Amérique. On rapporte à la Trémolite une partie de ces substances filamenteuses, connues vul¬ gairement sous les noms d 'Amiante ou d ' As- heste. fs. ces mots. Ume Espèce. — AMPHIBOLE. Composée d’un atôme de trisilicate de chaux (C Si 3) , et d’un atôme de bisilicate de fer (F Si 2 ), cette esp. est souvent mélangée avec la pré¬ cédente , surtout dans les variétés dites acti- notes. Ses couleurs sont le vert tendre , le vert plus ou moins foncé, et le noir brun⬠tre. Elle cristallise en longs prismes, ou en cristaux courts et bien terminés, clivables parallèlement aux pans d’un prisme klino- rhombique de 124° 30 . La base de ce prisme est inclinée sur les pans de 103° \ . Indé¬ pendamment des 2 clivages, que nous ve¬ nons d’indiquer et qui sont les plus nets, l’Amphibole en offre d’autres qui sont beau¬ coup moins sensibles dans la direction des diagonales. La fusion au chalumeau donne un verre brunâtre ou noir. Densité, 3 à 3,4; Dureté, 5,5. lre Sous-Espèce. — actinote. Synonyme Stmhlstein ; mélange de Trémolite et de Hornblende. Cristaux translucides, en longs prismes , ou en longues aiguilles rayonnées, d’un vert clair ou d’un vert foncé, dissémi¬ nés dans des roches talqueuses; formant aussi des masses à structurelamellaire. Ana¬ lyse de l’ Actinote du Zillerthal : Silice 53,1; chaux 11,4; magnésie 7,8; protoxyde de fer 25,8. — On peut rapporter à l’actinote la sub¬ stance appelée Kalamite, de Brattforsgrufva, en Wermelande; la Byssolite du Dauphiné. On pourrait aussi placer ici , d’après le ré¬ sultat de leurs analyses , la plus grande par¬ tie des variétés d’Amphibole, dites Parga- sites ; mais leurs caract. extér. les rappro¬ chent davantage de la Hornblende. On trouve l’Actinote disséminée dans des ro¬ ches talqueuses, au St-Gothard et dans le pays des Grisons en Suisse, et à Greiner dans le Zillerthal en Tyrol. Elle se rencon¬ tre aussi dans les lits déminerais ferrugi¬ neux des terrains schisteux cristallins , à Ehrenfriedersdorf en Saxe , à Arendal en Norwège, etc. 2me Sous-Espèce. — hornblende. Cristaux verts, vert-noirâtre ou d’un noir-brunâtre , ordinairement courts et complets , ayant souvent leurs arêtes et leurs angles arron¬ dis , comme s’ils avaient été fondus; présen¬ tant des clivages latéraux très nets, et un éclat vitreux très prononcé. Leur forme la plus ordinaire est celle de la Var. Dodécaè¬ dre , H., qui offre l’aspect d’un prisme hexaè¬ dre terminé par des sommets trièdres à faces 380 AMP AMP rhombes. Cette variété est soumise à un groupement par hémitropie, qui lui donne souvent l’apparence de ces cristaux simples à sommets différents, qui sont si fréquents dans le groupe des Tourmalines. L’axe de révolution est horizontal, et perpendicu¬ laire au plan des grandes diagonales. On voit quelquefois , à la jonction des 2 cris¬ taux, uneesp. de sillon qui annonce l’hémi- tropie ; mais par l’extension que prennent certaines faces aux dépens de celles qui composent l’angle rentrant, celui-ci dispa¬ raît d’ordinaire, et l’un des sommets pré¬ sente 4 faces , tandis que l’autre en a 2 seu¬ lement. Ce qui distingue ces cristaux de ceux des Tourmalines, c’est qu’aucune des faces qui existent sur un sommet ne se retrouvent sur l’autre. Les Hornblendes sont composées comme les Actinotes, de silice, de chaux, de magnésie et de protoxyde de fer; mais les variétés d’un noir foncé renferment plus de fer; et elles présentent, en outre, des traces d’acide fluorique, et une quantité d’alu¬ mine, qui va quelquefois jusqu’à 13 p. 0/0, et dont la présence est encore tout-à-fait inexplicable. La Hornblende se rencontre en masses la¬ minaires ou lamellaires, formant des ro¬ ches auxquelles on donne le nom d ’Amphi- bolites. A l’état de grains cristallins ou de lamelles , elle entre dans la composition de beaucoup de roches mélangées ( Syénite , Diorite, Aphanite, etc.); elle y est ordi¬ nairement disséminée, soit en lamelles ou aiguilles reconnaissables à leurs clivages éclatants , faisant entre eux un angle très ouvert, soit en cristaux nets et courts, d’un vert ou d’un noir foncé. On doit rapporter à cette esp. : la Pargasite , Amphibole granu- liforme, disséminée dans un calcaire lamel¬ laire à Pargas , en Finlande; la Karinthine , du Sau-Alpe en Carinthie; l’ Arfwedsonile , ou Hornblende noire du Groenland; Horn¬ blende basaltique , des terrains de basalte et de laves de la Bohême, de l’Auvergne , du Vésuve, de l’Etna , du cap de Gates en Es¬ pagne, etc. Cette dernière variété est d’un noir foncé et à poussière brune; elle est susceptible d’une altération qui l’a fait pas¬ ser à l’état terreux , et les écailles qu’on en détache, vues par transparence, paraissent souvent d'un beau rouge. On peut aussi rapporter à la Hornblende: l’ Ouralite de G. Rose , variété d’Amphibole qui se présente sous la forme ordinaire du Pyroxène, et qui est abondamment répan¬ due dans les diorites de l’Oural ; et la S'ma- ragdiie (anciennement Diallage verte) , qui, selon M. Heidinger, est un mélange ou grou¬ pement régulier de lamelles d’Amphibole et de Pyroxène, offrant des faces de compo¬ sition parallèles à la grande diagonale du prisme de 124°. La Smaragdite d’un vert foncé de Norwège n’est presque que de l’ Am¬ phibole pur. Elle fait, avec le Labrador ou la Sausmrite , partie de la roche nommée Eu- photide. IIIme Espèce. — ANTHOPHYLLITE. Sub- sance lamellaire , brunâtre, d’un éclat mé¬ talloïde , divisible en prismes rhomboïdaux de 124° 3ï\ et aussi dans la direction de la petite diagonale. Sa couleur est le gris jau¬ nâtre et le brun de girofle, quelquefois avec des reflets bleus. Son éclat est vitreux, ou perlé , et se rapproche un peu de l’éclat mé¬ talloïde. Pesant. spécif.=3,5; Dur.=5,5. L’Antho- phyllite est aux autres esp. d’Amphibole ce que l’Hypersthène est aux Pyroxènes ordi¬ naires. Elle est composée d’un atome de tri- silicate de fer et de 3 atomes de bisilicate de magnésie; c’est donc une Trémolite dont la chaux a été remplacée entièrementparlefer. L’analyse de l’A. de Kongsberg par Vopelius a fourni : Silice, 56,74; magnésie, 24,35, oxy- dule de fer, 13,94 ; oxydule de manganèse, 2,33 ; eau, 1,67. Elle se trouve en couches dans le Micaschiste, à Kongsberg en Nor¬ wège , à Helsingfors en Finlande , et à Iker- toak en Groenland. (Del.) AMPHIBOLES. Amphiboli (àf V, autour; 6oU [SaUo>], action de lancer), ois. — Nom donné par Goldfuss et Illiger à une famille , et par Savi à une tribu, de l’ordre des Passe¬ reaux, renfermant des oiseaux munis de 2 doigts en avant , de 2 en arrière , et dont le postérieur interne est versatile. (G. d’O.) *AMPHIBOLINS. Amphibolini (apyï, au¬ tour; SoK fffaU»] , action de lancer), ois.— Ce nom , donné par C. Bonaparte à une fa¬ mille d’oiseaux de l’ordre des Passereaux , est synonyme Amphiboles. ( K. ce mot.) (G. d’O.) AMPIIIBOLIQEE. Amp hibo hais [F. Am¬ phibole). géol. — Les géologues donnent cette épithète aux roches dans lesquelles l’Am- AMP AMP 381 phibole entre comme partie constituante essentielle (ex.: Amphibolite, Diorite). Les Roches amphiboliques forment un groupe distinct dans les classifications de MM. Cor- dier, Brongniart , d’Omalius d’Halloy et de Bonnard. (C. d’O.) AMPHÏBOLIQUES [Roches] (d 'Amphibole; y . ce mot), géol. — Les géologues donnent cette épithète aux roches dans lesquelles l’Amphibole entre comme partie consti¬ tuante essentielle. Les Roches amphiboliques forment un groupe dans les classifications de MM.de Bonnard, d’Omalius et Brongniart. M. Cordier en forme une famille compre¬ nant les esp. Amphibolite Kersanton, Dio¬ rite, Porphyre dioritique et Grès dioriti- que. Les Roches amphiboliques sont généra¬ lement cristallines; les couleurs dominantes sont le noir et le vert plus ou moins foncé. Ces roches se présentent, soit en couches subordonnées, dans les terrains primor¬ diaux, soit en filons ou en amas transver¬ saux, résultant d’épanchement dans les ter¬ rains anciens. (C. d’O.) *AMPHIROLIS oç, ambigu), bot. cr. — Il faut rayer ce g. du catalogue des Thalassiophytes. Le type sur lequel il a été fondé est le Ruppia antarclica Labill , qui est conséquemment une plante vascu¬ laire. (C. M.) AMPHIBOLITE (dimin. A’ Amphibole ; V. ce mot), géol. — On. donne ce nom aux roches composées essentiellement et pres¬ que exclusivement d’Amphiboleà l’état cris¬ tallin. Plusieurs éléments accessoires se trouvent quelquefois dans cette esp. de ro¬ che ; ce sont, suivant M. Cordier, du Feld¬ spath en petite quantité ; du Quartz dissé¬ miné dans la masse en grains isolés ou en veines qui y forment de petits lits; du Grenat qui se présente en abondance sur certains points isolés ; du Pyroxène ; du Mica; de la Diallage; de l’Épidote ; du Fer oxydulé ; de la Pyrite ordinaire et de la Pyrite cui¬ vreuse. L’Amphibolite présente une tex¬ ture grenue ou lamellaire; elle a beaucoup de ténacité , ce qui la rend difficile à casser. Sa couleur est le noir ou le vert foncé. Cette roche appartient aux terrains primordiaux ; elle se trouve dans les gneiss en couches su¬ bordonnées qui se répètent souvent dans le même massif. La variété quarlzilere appar¬ tient aux terrains micacés. (C. d’O.) * AMPIIIBOLOCARPÉES. Amphibolo- carpœ (àpftSolot;, équivoque ; xapnoç , fruit). bot. ph. — Dénomination appliquée par Rei- chenbach ( Handb . naturl. Pflarib.) à l’un des 3 groupes qu’il forme dans la famille des Fougères , dont il change le nom en celui de Ptéroïdées. (C. L.) "AMPHIBOLONARZON («acp^oXoç, dou¬ teux ; narzon.... ? ). ins. — Nom donné par Porro à un g. de Coléoptères tétramères, fa¬ mille des Xylophages, que Villa a nommé, de son côté , Calyptobium . V. ce dernier nom, qui a prévalu. (D.) * AMPIIIBOLURE. Amphibolurus (â,u. , j’agite en rond), annél. — M. Savigny appelle Amphi- nomes ( Amphinomœ ), M. de Blainville Am¬ phinomées ( Amphinomeœ ), et MM. Audouin et Milne-Edwards nomment Amphinomiens, la famille d’Annélides seligères ou vers ché- topodes, qui a pour type le g. Amphenoma ou Pleione , et qui comprend en outre ceux de Chloeia, Euphrosiney Arislenia et Hipponoa. Leurs caract. sont : Branchies en forme de feuilles très compliquées, de houppes ou d’ar- buscules très rameux, toujours grandes et très apparentes, existant ainsi que les cir- rhes supér., sans interruptions à tous les pieds ; point d’acicules; point de mâchoires ; point d’élytres. (P. G.) *AMP1IIN0MIA (oc/jupl, adverbe de doute; vopoç , allusion à l’incertitude de la classifi¬ cation du g.) bot. ph. — G. que M. De Can- dolle rapporte avec doute à la famiile des Légumineuses ( Inceriœ sedis , Prodrorn. 2, p. 522) et auquel il assigne les caract. sui¬ vants : Cal. ovoïde , ventru , persistant, 5- fide, à lanières étalées. Pétales 5, onguicu¬ lés, spatulés. Étamines 10 , monadelphes. Ovaire ovoïde. Style latéral , filiforme, sim¬ ple, obtus. Légume subglobuleux, muriqué, 1-loculaire, 2-valve, par avortement 1-sper- me ; graine réniforme-orbiculaire. — Herbe ; feuilles 3-foliolées; pédoncules axillaires et terminaux , 3-5-flores. Ce g. ne se fonde que sur une seule esp. , indigène du cap de B.- Espérance. (Sp.) AMPHIODOIV (àf V, autour de; bS ovç , ovroç, dent), poiss. — G. de poissons établi par Rafinesque, sur une des esp. de l’Ohio, que les pêcheurs américains y confondent avec d’autres, sous le nom de Shad , déno¬ mination anglaise et vulgaire de l’Alose d’Europe; et que, dans l’origine de leurs éta¬ blissements, les Anglo-4méricains ont trans¬ porté aux poissons de leur pays qui res¬ semblent à notre Alose. M. Rafinesque carac¬ térise ce g. de Clupéoïdes par la diagnose suivante : Corps lancéolé; mâchoires infér. plus longues; dorsale commençant à l’op¬ posé de la base de l’anale. Le nom indique qu’il y a des dents partout ; et il ajoute que les mâchoires ont de grandes dents coniques et pointues, semblables à celles de la langue. Il n’en cite qu’une esp. A. alosoides ■ pois¬ son long de 14 à 18 pouces, dont la hauteur fait le 1/4 de la longueur, à corps argenté, à dos bleu; il est bon à manger. (Val.) *AMPHIOîY ( à'fjcptov, manteau, et nom mythol.). crust. — G. de l’ordre des Stoma- podes , famille des Bicuirassés , établi par M. Milne-Edwards qui lui assigne pour ca¬ ractère : Bouclier céphalique très déve¬ loppé , entièrement lamelleux, s’étendant jusqu’à l’origine de l’abdomen et cachant la base des pattes. Rostre nul. Yeux gros, ayant la tige qui les supporte extrême¬ ment courte. Antennes au nombre de 4, s’insérant sur la même ligne, immédiate¬ ment au-dessous et en arrière des pédoncu¬ les oculaires. Premier article des antennes externes peu distinct , donnant insertion à une tige cylindrique, et en dehors à un grand appendice lamelleux, ovalaire, et dépassant de beaucoup le niveau de la portion basi¬ laire des antennes internes. Bouche très éloignée des antennes et formant vers le tiers antér. du bouclier céphalique , un pe¬ tit tubercule arrondi , de la partie posté¬ rieure de laquelle naît le thorax. Thorax aplati, étroit, complètement caché sous la carapace. Pattes au nombre de 6 paires , grêles, cylindriques, présentant à l’extré¬ mité de leur 2me article un appendice pal- piforme, composé d’un article cylindri¬ que, terminé par une soie multi-articulée et ciliée. Pattes de la lie et de la 6me paire beaucoup plus courtes que les autres. Abdo¬ men presque aussi long que la portion cé¬ phalique du corps, composé de 7 segments , se terminant par une nageoire en éventail dont la pièce médiane lancéolée et les laté¬ rales ovalaires. La seule esp. connue est VA. Reynaudii , Milne-Edw. , quia été recueillie en haute mer dans l’Océan indien. (H. L.) * AMPHIOIV (nom mythologique), ins. — G. de Coléopt. tétramères, famille des Lon- gicornes, tribu des Lamiaires, proposé par M. Reiche et dont il a donné les caract. (t. 8, des Ann. de la Soc. Entom. de France , p. 564). Ce g., fondé sur une seule esp. qu’il nomme A . vittatum, et qui a pour patrie Santa-Fé de Bogota en Colombie, participe à la fois des g. Hippopsis , Serville, et Gnoma , AMP AMP 391 Fabricius; il tient de celui-ci par la forme des mandibules et les stries transversales du corselet; mais il en diffère essentiellement parla forme du dernier article des palpes, la longueur relative du 1er article des an¬ tennes, l’absence de protubérance sternale, et les pattes antérieures du mâle. Il se rap¬ proche du leT par l’inclinaison de la face antér. de la tête, la forme des palpes et des antennes, et s’en éloigne par les rides transversales du corselet, et l’extrémité tron¬ quée et mu tique des élytres. L’auteur pense que, dans l’ordre naturel , son g. Amphion doit être placé entre les g. Colobolhea et Hippopûs de M. Serville. (D.) * AMPHÏONYCHA ( kpyî , des 2 côtés [double] ; ow£, ongle), ins. — G. de Coléoptères tétramères , famille des Longi- cornes, tribu des Lamiaires, établi par M. De- jean ( Catal . 3mt édit.) qui n’en a pas donné les caract. ; on voit seulement par sa syno¬ nymie que ce g se compose des g. Pyrobo- lus et Dadoychus de M. Chevrolat, et Herni- lophus de M. Serville. L’auteur y rapporte 4l esp. toutes exotiques, dont 26 du Brésil, 3 du Mexique, 5 de Cayenne, 1 des environs de Carthagène, 2 de Cuba, 2 de St-Domingue , une dont la patrie est inconnue, et une de l’Amérique du Nord. Nous citerons seulement ces 2 dernières, dont l’une est la Saperda murginata de Fabr. , et l’autre la S. mela- nura de Latrei 1 le. (D.) “AMPHIPÉPLÉE. Amphipeplea (âp.cpt, au¬ tour; 7T£7rioç , manteau), moll. — M. Van Beneden a proposé (Sc. JYat.) de former sous ce nom un g. particulier pour le Limnœa glutinosa. Il s’est attaché à démontrer l’u¬ tilité de son g. en donnant sur l’animal des détails anatomiques du plus grand intérêt; mais nous pensons qu’avant de l’admettre, il serait utile de le comparer avec les dif¬ férentes esp. de Limnées. (Desh.) AMPHIPODES. Amphipoda ( àp.c pl , des 2 côtés; 7rovç , noêoç , pied), crust. — Ordre de la classe des Crustacés. [V. ce mot.) (Duj.) AMPHIPOGON. bot. ph. — C’est un g. de la famille des Graminées, tribu des Pap- pophorées , Kunth, qui a été établi par R. Brown ( Prodr . Nov. Holl. 1 p. 175) et que Palissot de Beauvois a désigné plus tard sous le nom d’ Ægopogon ; mais le premier de ces 2 noms doit être préféré comme plus ancien. Les esp. d'Atnphipogon, au nombre de 5, sont toutes originaires de la N. -Hollande. Ce sont des plantes ordinairement vivaces , à souche rampante et à tiges fasciculées , ayant les fleurs disposées en épis denses et quelquefois presque globuleux. Les épillets sont uniflores ; la fleur estsessileou pédon- culée, plus longue que la lépicène. Celle-ci se compose de 2 valves membraneuses, con¬ caves et muliques. Les 2 paillettes de la glume, également membraneuses, sont : l’in- fér. trifide et la supér. bifide au sommet ; chaque division étant lancéolée et terminée en arête à son sommet. Les paléoles de la glumelle sont entières et glabres. — Ce g. est très voisin du Pappophorum , dont il diffère surtout par ses épillets uniflores et par les valves de la glume terminées seulement par 2 ou 3 arêtes. (A. R.) *AMPHIPORI]VA fàr/v; , amande ). géol. — Se dit de la structure des roches qui présentent dans leur intérieur des parties minérales, en for¬ me d’amandes plus ou moins grosses. Ces sortes d’amandes se sont quelquefois formées postérieurement à la masse, par suite d’infil¬ trations dans des cavités. (C. d’O.) AMYGDALE. Amygdalum [amy g da¬ ta, amande), moll. — Megerle , dans le Magasin des Curieux de la nature ( Ber¬ lin , 1811), a proposé ce g. pour une coquille curieuse , que Lamarck range parmi ses Mo- dioles. Comme le g. Modiole a été institué long-temps avant celui de Megerle, il en ré¬ sulte que le g. Amygdalum est un double emploi qui doit être supprimé. V. modiole. (Desh.) * AMYGDALÉES. bot. ph. — L. de Jussieu, en établissant la famille des Rosa¬ cées, l’avait subdivisée en plusieurs groupes naturels, dont l’un , contenant la plupart de nos arbres fruitiers à fruit libre, simple, èt à noyau monosperme , avait reçu le nom d’A- mygdalées. Ces divers groupes ont été éle¬ vés au rang de familles distinctes par les au¬ teurs qui ont suivi. Tout en les admettant avec eux, nous exposerons les caract. de ces familles diverses à l’article général Rosacées ( V. ce mot ), pour mieux faire comprendre leurs rapports intimes , et la valeur de cer¬ tains caract. , dont on peut suivre là toutes les modifications graduelles , et en déterminer ainsi l’importance pour la classification des végétaux. (Ad. J.) * AMYGDALIIYE. Amygdalinus («- [xvyïcih i, amande), géol. — M. Brongniart donne cette épithète aux roches composées de parties ovoïdes serrées les unes contre les autres , et comme liées par un réseau. (Ex. : le marbre de Campan.) (C. d’O.) ' AMYGDALOÏDE. Amygdaloides («- pvy (Tâ>ïj , amande ; , ressemblance ). géol. — Syn. tfAmygdalaire. Autrefois , on donnait aussi ce nom spécifique à certai¬ nes roches dans lesquelles on Yoit des sortes de noyaux plus ou moins arrondis, telle que la Variolite de la Durance, et mê- AMY 407 me à certains Poudingues. F. ces mots. (C. D’O.) * AMYGDALOPIIORA, Neck. [àfj.xjy- cToàov, amande; yopoç, porteur ). bot. ph. — Syn. du g. Amygdalus, Tourn., de la famille des Rosacées. (Sp.) *AMY GDALLS, Tourn. (dfivyj'xloç, a- mandier). bot. ph. — Nom latin du g. Amandier , de la famille des Rosacées. (Sp.) AMY^MOAE. Amymona (nom myth. d’K/rJ/Aoov, parfait), crust. — V. cyclope. (H. L.) * AMYATHIA ( nom mythologique ). ins. — G. de Lépidoptères diurnes , tr. des Piérides, établi par M. Swainson ( Entomo- logical Illustration, e te.) pour y placer une esp. nouvelle de Coliade , nommée par M. Leach Swainsonia. — Ce g. correspond au g. Rhodocère de M. Boisduval. F. ce mot. PO * AM Y R IDA CEE S ou AM YRIDEES. bot. ph. — Plusieurs g., rapportés d’abord aux Térébinthacées, en ont été séparés plus tard, pour former cette famille , qui semble se rapprocher plutôt des Hespéridées. M. Rob. Brown , qui le premier en établit une sous ce nom, lui assignait des limites assez étendues, puisqu’il y confondait les groupes des Spondiacées et des Burséracées, qu’on distingue généralement aujourd’hui. M. Runth, à qui l’on doit cette distinction , re¬ streignit sa famille des Amyridées presqu’au seul g. Amyris, et la caractérisa de la maniè¬ re suivante : Cal. petit, ^régulier, à quatre divisions, persistant. Pétales à nombre égal , f à préfloraison imbriquée. Etamines en nom¬ bre double , libres , à insertion hypogynique. Ovaire libre , porté sur un réceptacle renflé en disque, surmonté d’un stigmate sessile en tête, renfermant, dans une loge unique, deux ovules suspendus. Fruit charnu, indéhiscent, 1-sperme. Graine dépourvue de périsperme, à tégument membraneux, à cotylédons épais et charnus, à radicule courte et supère. — Les plantes de cette famille se trouvent dans l’A¬ mérique inter-tropicale. Ce sont des arbres ou arbrisseaux, à suc résineux, à feuilles op¬ posées, ternées ou pennées avec impaire , à panicules axillaires ou terminales. Des utri- cules gonflés d’une huile aromatique abon¬ dent dans le tissu du fruit et des feuilles, qui se trouvent ainsi couvertes d’une foule de points transparents. Tels sont les caract. et 408 AMY la patrie des Amyridées réduites au g. Amy¬ ris , plus rigoureusement circonscrit lui-mê- me qu’il ne l’était dans le principe. Plus ré¬ cemment, M. Lindley a proposé d’en rappro¬ cher plusieurs g., les uns encore avec doute, comme le Tapiria Aubl., et le Spathelia L. ( qui semblent plutôt devoir être mis à la suite des Zanthoxylées) ; les autres, comme le Myrospermum Jacq. , et le Copaïfera L., placés jusqu’ici parmi les Légumineuses, dont ils ont le fruit; enfin le Sabia, Coolebr., qui, d’après sa description , ne s’accorde pas avec les caract. généraux de la famille. (Ad. J.) AMYRIS , Linn. («^05, non parfumé ; ici, par trope , non sans parfums), bot. dh. — G. considéré comme type de la famille des Amyridées. Linné et les bo¬ tanistes de son école le caractérisaient d’une manière très vague, et y comprenaient beaucoup d’esp. appartenant à d’autres g. Dans les limites que lui assigne M. Kunth ( Tereb ., p. 21 ) , ce g. offre pour caract. distinctifs : Fleurs hermaphrodites. Cal. 4-denté, persistant. Pétales 4, hypogynes, on¬ guiculés, imbriqués en préfloraison. Étam. 8, plus courtes que les pétales. Ovaire l-lo- culaire , porté sur un disque plane. Stigm. sessile. Drupe à noyau chartacé, 1-sperme. — Arbres ou arbrisseaux résinifères. Feuilles imparipennées , ponctuées. Inflorescences paniculées. Fleurs blanches. Drupes abon¬ dant en huile essentielle.— Ce g. appartient à l’Amérique inter-tropicale et sub-tropicale. Suivant M. de Candolle ( Prodr . 2, p. 81), on n’y peut rapporter avec certitude que 7 esp. Au témoignage de MM. Wight et Arnott ( Prodr . Flor. Penins. Ind . 1, p. 167), toutes les esp. décrites par Roxburgh ( Flor. Tnd. ) comme des Amyris doivent être exclues de la famille des Amyridées. (Sp.) * AMYTÏS. Amylis (nom mythologique), ois. — G. formé par Lesson (7>. d’Ornith ., pi. 455 ) sur deux oiseaux de la Nouvelle- Hollande , décrits et figurés comme Mérions, dans le voyage de l’Uranie. Ses caract. sont, d’après cet auteur : Bec moyen ( relative¬ ment au corps de l’oiseau), peu élevé , com¬ primé sur les côtés; à arête convexe peu marquée; à pointe de la mandibule supé¬ rieure aiguë , recourbée , dépassant légère¬ ment l’inférieure ; commissure ample ; bords légèrement recourbés. Narines nues, per- ÀNA cées en fente dans une membrane recou¬ vrant les fosses nasales, qui sont larges et profondes. Ailes courtes. Queue très lon¬ gue, à pennes étagées. Tarses longs, robus¬ tes, scutellés. — Ce g. nous paraît avoir des rapports avec le Sphenostoma de Gould ( Proceed . 1837, p. 149 ; et Synopsis of the Birds of Auslralia , part. 4). L’au¬ teur ajoute que ces oiseaux représentent dans l’Australie les Colious d’Afrique, et que leurs plumes sont rigides, étroites, barbu- lées. Il en décrit deux esp. : l’Amytis natté, Amylis textilis ( Mérion natté, Malurus tex- tilis Quoy et Gaim. , Zool. de V Uranie , pl. 25, f. 1, et pl. 107), à plumage gris-roux; chaque plume striée de blanc dans le sens de sa longueur; de la Baie des chiens marins ; et l’Amytis bleu et blanc, Arn. leucopterus ( Malurus leucopterus Quoy et Gaim. , Zool. de l’Uranie, pl. 23, f. 2, p. 108), de la même localité. (L ifr.) AMYTIS ( nom mythol. ). annélid. — G. de la famille des Néréides, établi avec doute par M. Savigny pour une annélide im¬ parfaitement étudiée par Fabricius , et qui n’a point été observée depuis. (Duj.) * ANABÆNA (àv«6«Zvw, monter), bot. pii. — G. de la famille des Euphorbiacées, ainsi nommé à cause de sa tige grimpante. Ses fleurs , monoïques , présentent dans les deux sexes un calice quinquéparti ; dans les mâles, dix filets accompagnés à leur origine par quatre écailles, soudés entre eux infé¬ rieurement , portant chacun une anthère quadrilobée, et entourant un filet central sté¬ rile , qui se termine par une petite tête hé¬ rissée, et peut être considéré comme un ru¬ diment de style et de stigmate ; dans les femelles , un ovaire à trois loges 5-ovulées, surmonté d’un style oblong, épais, que ter¬ mine un stigmate à trois lobes, sur l’exté¬ rieur de chacun desquels est imprimé un pe¬ tit écusson glanduleux. Le fruit est composé de trois coques unies entre elles par leurs faces internes, renfermées dans un sarcocarpe mince qui se sépare à la maturité en six valves , contenant chacune une graine os¬ seuse. — On ne connaît encore de ce genre qu’une espèce unique : c’est un arbrisseau du Brésil, à feuilles alternes longuement pé- tiolées, à grappes axillaires, portant inférieu¬ rement une seule fleur femelle longuement pédonculée ; supérieurement, plusieurs mâles AN A 409 AN A articulées sur de courtspédoncules qu’accom¬ pagnent autant de bractées. V. Ad. Juss., Euphorb ., p. 46 , tab. 15, n° 48. (Ad. J.) ANABAINE. Anabaina (àvaSxt'vw, je monte), bot. cr. — G. de la tribu des Nos- tocinées, famille des Phycées, établi par M. Bory de St.-Yincent, et dont nous croyons pouvoir exprimer ainsi les caract. : Fila¬ ments simples , muqueux , moniliformes , formés d’articles plus ou moins globuleux, dont quelques uns , et, le plus souvent, les terminaux, sont plus gros, oblongs-cylindri- ques, remplis de granules propagateurs ; ac¬ croissement par duplication des articles. Ce g. est très voisin des Nostocs, qui ont égale¬ ment des filaments moniliformes; mais, dans ceux-ci on ne retrouve pas d’articles cylindriques. Ils sont, en outre, toujours con¬ tournés, comme crispés, et complètement plongés dans un mucus plus déterminé. Les filaments des Anabaines sont droits ou sim¬ plement flexueux ; quelquefois ils sont libres dans leur partie supérieure, et seulement engagés par leur base dans la masse mu¬ queuse qui les réunit. Leur accroissement est conforme à celui de la plupart des autres Nostocinées. Les articles des filaments s’al¬ longent d’abord ; puis, s’étranglant de plus en plus vers leur milieu , ils finissent par for¬ mer deux globules distincts. On remarque çà et là, dans la longueur des filaments adul¬ tes, et principalement à leur sommet, des articles plus gros, allongés, cylindriques, remplis de granules ou propagules de cou¬ leur foncée. Quand plusieurs articles de cet¬ te nature se suivent, ils sont presque tou¬ jours séparés par un globule assez gros, et plus diaphane que ceux qui constituent les articles ordinaires. Si les articles cylindri¬ ques et renflés sont au sommet des filaments, ils précèdent toujours un globule qui forme l’article terminal. M. Bory de St.-Yincent, considérant les filaments moniliformes com¬ me renfermés dans un tube muqueux conti¬ nu, avait rapproché ce g. des Oscillaires. Plusieurs auteurs ont partagé cette manière de voir; mais nous croyons, avec M. Desma- zières, qui a fait une étude toute particulière de ce g., que la couche de mucus qui entou¬ re les articles ou segments des filaments, comme cela arrive dans les Nostocinées et dans d’autres tribus voisines, ne peut être regardée comme un tube. Jamais , dans un cas de solution , nous n’avons aperçu d’ex¬ trémités de tubes vides, et des portions de filaments séparées, même récemment, nous ont toujours présenté , à de très forts gros¬ sissements du microscope , un mucus arron¬ di autour des segments terminaux, et non une partie tronquée et tubulée comme dans les Oscillaires. On ne reconnaît pas de mou¬ vement oscillatoire dans les Anabaines , mais un mouvement de progression naturel à tous ces végétaux, et qui tend à les faire rayon¬ ner autour de leur centre d’agglomération. Le g. Sphœrozyga , ayant été institué exactement pour les mêmes productions par Agardh , postérieurement au g. Anabaina de M. Bory de St.-Yincent, ne doit donc point être adopté. On connaît à peu près une vingtaine d’esp. d’Anabaines, qui , presque toutes, habitent les eaux douces et thermales de l’Europe. Une esp., l’A. licheniformis Bory, croît sur la terre humide , et a l’aspect d’un Nostoc en dissolution. Nous en avons aussi découvert une autre, l’A. marina Bréb., à Granville , sur les sables marins un peu va¬ seux, qui ne restent à sec que peu de temps à chaque marée. Les esp. qui croissent au fond des eaux tendent à s’élever à la surface le long des végétaux submergés : de là l’éty¬ mologie («vaëatvw). Quelques unes sont na¬ geantes, et forment des masses muqueuses ou gélatineuses qui constituent presque en¬ tièrement les substances prétendues nouvel¬ les, auxquelles on s’est empressé de donner les noms de Barégine} de Plombiérine, etc. Leur couleur est, en général , d’un vert plus ou moins bleuâtre, ainsi que celle de beaucoup d’Oscillaires. (De Bréb.) * ANABAUVELLA (dimin. Anabai¬ na; âvxGxivw, je monte), bot. cr. — G. de la famille des Algues ou Phycées, proposé par M. Gaillon pour remplacer le mot Anabai¬ na. , afin de donner une terminaison unifor¬ me aux noms des genres de ce groupe d’Al- gues. Ces changements n’ont pas été adop¬ tés. (De Bréb.) ANABAS (àvxSahrü, je monte), poiss. — Nom imaginé par M. Cuvier pour dési¬ gner le g. créé par lui , et destiné à rece¬ voir la seule esp. connue d’un poisson de l’Inde qui, selon le rapport de Daldorff, monte aux arbres pour trouver dans l’ais¬ selle des feuilles l’eau nécessaire à sa respi- 26* T. I. 410 ANA ration pendant les sécheresses, ou s’accro¬ che aux branches qui pendent sur l’eau, pour éviter d’être emporté lors des grandes inondations. Quelque peu prouvées, et j’a¬ jouterai même , quelque peu probables que soient ces deux assertions, le poisson au¬ quel on les a rapportées n’en constitue pas moins un g. fort remarquable , et tout à fait particulier. Son caractère consiste dans la forme courte et arrondie du corps à la région des pectorales. Yers la queue il est un peu comprimé. La tête est arrondie , et couver¬ te partout d’écailles fortes, dentelées, sem¬ blables à celles du corps, laissant à peine voir les pièces operculaires. Le sous-orbi¬ taire antérieur est fortement dentelé; les bords de l’opercule, du sous-opercule et de l’interopercule, sont également dentelés; mais celui du préopercule est lisse et sans dente¬ lures. Des dents en velours garnissent les mâchoires, le devant du chevron du vomer , et la base de cet os sous l’arrière du crâne. C’est une disposition unique dans les pois¬ sons. La membrane branchiostège a 6 rayons. La ligne latérale , d’abord voisine du dos , s’interrompt pour recommencer sous le mi¬ lieu du tronçon de la queue, et venir se terminer à la caudale. A ces caract. extérieurs il faut ajouter que les 2e et 3e pharyngiens supérieurs s’é¬ talent en une lame très mince, plus ou moins contournée , et forment ainsi une sorte de fraise cachée sous les os élargis du crâne, qui constitue de chaque côté de la tête, un peu au dessus des branchies ordinai¬ res, cet appareil appelé autrefois branchies supplémentaires , que M. Cuvier a nom¬ mé pharyngines labyrinthi formes , et qui est devenu le caract. et la dénomination de la famille dans laquelle M. Cuvier classe ce poisson, avec l’Osphromène, le Colisa, et autres espèces voisines. Il faut encore ajou¬ ter que les Anabas ont une seule dorsale et une longue anale, armée chacune d’un très grand nombre de rayons épineux; les ven¬ trales petites et thoraciques. Le foie est petit, l’estomac médiocre; le nombre des appendices cœcaux n’est pas considéra¬ ble. La vessie natatoire a ses parois très minces; elle est bifurquée en arrière, et chaque corne pénètre le long des apophyses inférieures des vertèbres caudales, dans les musclçs de la queue. Ce que ces poissons ANA présentent de plus extraordinaire dans leur organisation est leur appareil labyrinthifor- me. On l’a généralement regardé comme devant aider ou même suppléer l’appareil respiratoire ; mais il me reste encore bien des doutes sur les fonctions de cet organe. M. Cuvier se demandait si les vaisseaux qui rampent sur la surface des lames pharyn¬ giennes viennent d’une branche de l’artère branchiale ou de l’artère dorsale , c’est-à-di¬ re de l’aorte des poissons ; mais , dans ce cas , ces lames recevraient du sang artériel venant d’être hématosé dans la branchie ordinaire , laquelle ne doit plus avoir besoin de respirer de nouveau. Mais , dira-t-on , quand le poisson n’est plus dans l’eau, sa branchie ne sert plus à la respiration. Cette objection serait contraire à ce que nous sa¬ vons de la respiration des poissons, et, si l’eau est retenue entre les iames de l’ap¬ pareil pharyngien , il est impossible qu’elle ne donne pas assez d’humidité à la branchie pour que celle-ci puisse respirer. D’ail¬ leurs, combien de poissons restent des jours entiers hors de l’eau sans continuer de re¬ spirer! et l’anguille de nos eaux douces, et les doras d’Amérique , qui vont, par terre, chercher une autre flaque d’eau, quand cel¬ le où ils se tenaient vient à se dessécher ! J’ignore l’usage de ces organes; mais je crois qu’ils ont une toute autre fonction que celle qu’on leur attribue. Les Anabas vivent très long - temps hors de l’eau; aussi les jongleurs indiens ont-ils toujours de ces poissons avec eux pour en amuser le peuple. On ne connaît qu’une seule esp. d’Anabas, répandue dans toute l’Inde, et dans les îles de son archipel. C’est un petit poisson, qui ne dépasse guère 0m,160. Sa couleur est ver¬ te, sombre, quelquefois rayée , en travers par des bandes plus foncées. On le mange à cause des vertus médicinales qu’on lui at¬ tribue, car sa chair est fade, sent la vase , et est remplie d’arêtes. Daldorff, lieutenant au service de la Compagnie des Indes, l’a publié en 1797 , et l’a nommé Perça scandens, af¬ firmant avoir pris un de ces poissons, en no¬ vembre 1791 , dans la fente de l’écorce d’un palmier de l’espèce du Borassus flabellifbr - mis ; que le poisson, déjà à lm,70 au des¬ sus de l’eau , s’efforçait de monter encore, en s’attachant à l’écorce par les épines de ANA 41 i Popercule, et en fléchissant sa queue pour sc cramponner par les épines de son anale; qu’a- lors il détachait sa tête, allongeait le corps , et parvenait, par ces divers mouvements, à cheminer le long de l’arbre. Le missionnai¬ re John Gt un récit semblable à Bloch; mais j’ai tout lieu de penser que c’est la même histoire racontée par deux auteurs à la fois. En effet, John était Danois comme Daldorff, tous deux à Trinquebar, et s’y oc¬ cupant des sciences naturelles. Cependant M. Reinwardt, qui a vu ces poissons à Java, m’a assuré n’avoir rien entendu dire qui puisse conGrmer ce fait. Kuhl et Yan Hafelt, Boié et Mucklot, n’en ont jamais parlé, et M. Leschenault, qui savait l’histoire de Dal- dorff, nie cette habitude de l’Anabas , et regarde le fait observé par le naturaliste da¬ nois comme un fait isolé. M. Dussumier, qui a vu des myriades de ces poissons à Bombay, où tous les enfants vont les chercher dans les mares , n’a rien observé ni rien entendu ra¬ conter de semblable. Il serait bien étonnant qu’une habitude aussi merveilleuse eût échappé à tant d’observateurs habiles et ac¬ tifs, si elle était constante chez ce poisson. V. l’Atlas, pl. 12 des Poissons. (Yal.) A A’ A BAS! S Linn. IWachylepis, C. A. Meyer («vâSocc-tç, action de monter), bot. ph. — G. de la famille des Chénopodées, tribu des Salsolées , Moq. , auquel M. Mo- quin-Tandon (. Nouv . Annales des Sc. nat ., t. IY, p. 2!0,) assigne pour caract. : Fleurs hermaphrodites, 2-bractéolées. Calice à 5 sépales garnis (après la floraison) d’un ap¬ pendice dorsal transverse (ou quelquefois les 2 sépales opposés aux bractéoles sont dépourvus d’appendice ). Etamines 5 , insé¬ rées au réceptacle (devant les sépales). An¬ thères mutiques. Cinq squamules hypogynes, alternes avec les étamines. Ovaire compri¬ mé. Styles très courts , divariqués. Péricar¬ pe succulent ou subchartacé , recouvert par le calice devenu plus ou moins charnu. Grai¬ ne apérispermée, verticale, suborbiculaire; test membranacé. Embryon roulé en forme d’écuelle. Radicule dorsale. — Arbrisseaux ou sous-arbrisseaux. Tiges et rameaux arti¬ culés, aphylles ou à feuilles squamuliformes, connées par la base, sessiles, opposées ou ternées. Squamules hypogynes, velues ou ci¬ liées, n’adhérant point aux étamines. Calice à appendices presque dressés. On en connaît ANA 5 espèces. Ces plantes habitent les steppes salines de la Russie et de la .Sibérie méridio¬ nales. (Sp.) * A A A B A S I T TA (d 'Anabates et de Silla ). ois. — G. formé par M. d’Orbigny et nous ( Voy . en Am.), pour2esp. d’oiseaux de ce pays, et que nous avons changé en Anabazenops, comme exprimant mieux sa double affinité. V. Anabazenops. (Lafr.) * AA AB A SI T T I AE . Anabazenops ( Anabates , Anabate ; Zenops, Sittîne ). ois. — G. que nous avons cru devoir former pour un oiseau décrit par Tem- minck ( Pl. col. ) , sous le nom de Sitline anabatoïde , quoiqu’il n’ait point les pieds conformés comme les vraies Sittines, mais plutôt comme ceux des Sittelles et des Ana¬ bates, n’ayant des Sittines que le bec re¬ troussé en dessous. Ce g. fait partie de notre s.-famille des Anabatinées. Ses caract. sont : Bec droit , très comprimé, à mandibule su¬ périeure presque rectiligne en dessus, l’infé¬ rieure retroussée en dessous. Ailes obtuses et surobtuses, à rémiges courtes. Queue longue, très étagée , à rectrices terminées en pointe obtuse et un peu rigides. Pieds robus¬ tes, à tarses courts ; doigts longs , le médian et le pouce surtout, réunis seulement à leur base; ongles forts, allongés; celui du pouce aussi long que lui, comme dans les Sittelles. Esp. types : Sittelle brune, Sitta fusca Yieill. ( N. D. , 51-551 ) ; Sittine anabatoïde Tem. (Col. 150-2 )-, Anabazenops fuscus Nob.; Zenops rufo- super ciliatus Nob. ( Mag.de Guérin , pl. 7); Anabazenops supercilialus Nob. Il est évident que ces deux esp., à pattes de Passereaux grimpeurs très prononcées, et à bec retroussé en dessous, forment le pas¬ sage des Sittines aux Anabates. Elles sont de l’Amérique méridionale , comme tous les g. qui composent notre s.-famille des Anabati¬ nées. (Lafr.) * AAABATE. Anabates («vaCar^ç, éta¬ lon). ois. — G. de l’ordre des Passereaux et des Ténuirostres de Cuvier, de notre famille des Certhïdées , et de notre s.-famille des Anabatinées. Ce g., formé par Tem- minck , mais auquel nous croyons devoir faire quelques modiffeations , offre les ca¬ ract. suivants : Bec de forme un peu varia¬ ble, mais toujours assez allongé , entier, très comprimé , tantôt presque droit et fort, tan¬ tôt un peu courbé et plus grêle. Ailes obtu- 4i2 ÂNA ses ou sur-obtuses, à rémiges courtes ou mé¬ diocres, indiquant un vol plus ou moins fai¬ ble. Queue ou médiocre et arrondie, ou lon¬ gue et très étagée, à rectrices larges, lui donnant une forme ample et étoffée. Pieds forts; doigts robustes, peu allongés, avec les ongles larges et arqués, ou allongés avec les ongles peu arqués. — En réunissant les détails de mœurs donnés par Azara à ceux que nous a fournis M. d’Orbigny , et compa¬ rant un très grand nombre d’esp. que nous sommes parvenu à rassembler , nous avons cru pouvoir établir dans le g. Anabate les sections ou s.-g. suivants : S.-Gre anabate. Anabates. — Bec al¬ longé , presque droit ou très peu arqué. Queue allongée, à rectrices rigides et termi¬ nées en pointes. Ailes à rémiges de longueur médiocre. Tarses et doigts peu allongés , mais forts et robustes ; les latéraux presque égaux. Ongles élevés, très arqués. — Esp. types : PA. huppé (Spix., PL 84); les Sphœ- nura sulpliurascens , super cüiaris, polyce- phalci (JLicht. CataL); les A. moucheté et Oreillon brun ( Tem. , Col. 238, 1 et 2 ) ; les A. guituratis , unirufus , d’Orb. et de Lafr. ( Synops . May. de Guérin). Toutes les esp. de ce groupe doivent, d’après la rigidité de leur queue et la forme de leurs ongles, se tenir cramponnées sur l’écorce des arbres; néanmoins elles se tiennent souvent sur les buissons, selon M. d’Orbigny. S.-G. ANA B aceïithie. Ânabacerthia , Nob. — Bec un peu plus grêle et plus arqué. Tarses plus longs, ainsi que les doigts, soudés, qui sont plus allongés à leur base , et les on¬ gles moins arqués, surtout celui du pouce. Ailes à rémiges plus courtes, et queue plus ri¬ gide. Une esp. inédite de notre collection com¬ pose ce s.-g. Un peu moins forte que le Mau- vis , elle est d’un brun-roux un peu olivâtre en dessus, avec le dessus de la tête et la queue d’un brun-cannelle , le dessous et une bande derrière l’œil cendrés; la gorge et le haut du cou blancs, striés en travers, sur les côtés et en dessous , de petites bandes irrégulières , noirâtres. C’est notre Anabacerthie à cou strié, A. striaticollis Lafr. Cet oiseau, dans la forme de ses pieds Atarses assez élevés , à doigts très longs et grêles, soudés à leur ba¬ se, à ongle du pouce allongé et peu arqué, a les plus grands rapports avec le g. Oxypyga de Ménétriés dans la famille des Fourmiliers, AN A établi sur le Fourmilier à long bec de Cuvier# Mais, avant de l’y réunir, il faudrait avoir quelques notions sur ses mœurs. Il mène é- gaiement aux Dendrocolaptes et aux Grim¬ pereaux. S.-G. annumbï. Annumbius Nob. — Bec à peu près de même forme que celui de cer¬ tains Anabates, médiocre, légèrement arqué, très comprimé. Queue allongée, extrême¬ ment étagée , à rectrices souvent élargies et très étoffées , rarement rigides et lancéolées à leurs pointes. Pieds semblables à ceux des Anabates , mais à ongles moins arqués. Ailes à rémiges très courtes ; plumes frontales acu“ minées, rigides. Esp. itypes : VA. Azara (N° 222) , Furnarius annumbi Vieillot ( N . D . 12- 117), VA. anthoïdes Nob. (Synopsis , Mag. de Guérin), l’A. rouge Azara (N° 220), Fur- narius ruber Vieill. (AT. D. 12-118), l’A. rouge Nob. ( Synops . id. ibid.) , Anabates rufifrons Spix ( PL 85-1 ), Sphœnura fron- talis Lichto, 42; Malurus garrulus Swains. f Zool. il/., pl. 158 ), où son nid en fagot est représenté placé obliquement sur un arbus¬ te; les A. slriaticeps , striaticollis Nob. (Synops. id. ibid.). Le g. tout particulier de nidification propre à ces esp., et qui consiste en un énorme nid composé de rameaux é~ pineux à l’extérieur et en forme de fagot, à plusieurs entrées et galeries intérieures des¬ tinées à être parcourues par les jeunes, avant leur sortie de ce nid, nous a fourni un caract» de mœurs qui, joint aux différences dans les formes, nous a paru suffisant pour établir ce s.-g., que nous avons encore indiqué comme des Anabates fagotteurs, Anabates fasci-nidi- ficatorii , dans notre Essai de classification. S.-G. FOURNIER. Furnarius. — Bec grê¬ le , allongé, légèrement courbé et très com¬ primé. Ailes à rémiges primaires de lon¬ gueur médiocre; les tertiaires aussi longues ou presque aussi longues qu’elles. Queue médiocre , simplement arrondie à son extré¬ mité, à rectrices molles et rondes à la poin¬ te. Tarses élevés, à doigts robustes, à ongles courts et peu arqués. Esp. types : le Four¬ nier Azara ( N° 221 ), Merops rufus , Gmel. ; le Fournier Buff. (Enl. 739 ; Vieill., Gai., pl. 182 ), le F. à sourcils , Furnarius super - ciliaris Lesson (7V., p. 507). Outre les caract. de forme et surtout de plumage qui rapprochent les Fourniers des Anabates en général, on retrouve dans leurs AIN A ANA 413 mœurs, semblables à celles des Anabates, se¬ lon Azara et M. d’Orbigny, et dans la forme de leur nid qui, quoique en terre, est énorme, avec une galerie circulaire comme dans le leur, une véritable analogie entre ces oi¬ seaux. Les Fourniers ne sont que des Anaba¬ tes marcheurs; or quelques Annumbis ont été décrits comme des Anabates , et ils sont tels effectivement, sauf la non-rigidité de la queue. Les Annumbis sont donc le chaînon entre les Fourniers et les Anabates , de meme que ceux-ci se lient aux Sittines par nos Anabasittines, et aux Dendrocolaptes par nos Anabacerthies. (Lafr.) ANABATES («va£«t'va>, je monte), bot. pr. — Sous ce nom, M. De Candolle formait une section du g. Aconile ( Sgst. Végétal ., t. , p. 177) , comprenant 5 esp. volubiles , à fleurs bleues ou blanches, à sépale supérieur convexe , propres à l’hémisphère boréal. Il n’est plus question de cette division généri¬ que dans son Prodrome , dans lequel le g. Aconit a été rédigé par M. Seringe. F. aco¬ nit. ^ (G. L.) * ANABATINÉES. Anabatinœ ( Âna - » bâtes , un des principaux g. de cette s. -fa¬ mille). ois. — S. -famille de notre famille des Certhidées, de l’ordre des Passereaux et de la famille des Ténuirostres de Cuvier. Les explorations récentes du continent américain , et principalement celles de la partie méridionale, y ont fait découvrir une infinité d’espèces d’oiseaux à plumage ob¬ scur , qu’on avait négligées ou ignorées jus¬ qu’alors. On trouve parmi elles une nom¬ breuse série tout à fait remarquable par la conformité de leur plumage, toujours roux ou roux-olive, souvent parsemé de mèches noirâtres , avec la queue d’un brun-roux ou brun-cannelle vif et uniforme. Tous ces oi¬ seaux, qui font partie de notre famille des Certhidées, possèdent plus ou moins la faculté de grimper aux troncs d’arbres comme nos Grimpereaux et nos Sittelles , ou de s’y cramponner comme nos Mésanges , ou d’es¬ calader les tiges de roseaux comme nos Fauvettes de roseaux. Ce sont d’abord les Picucules de Buffon, les Sittines d’Illiger, les Queues-aiguës de Azara, nommées depuis Synallaxes par Vieillot; les Anabates de Temminck, les Anumbis et les Fourniers de Azara, puis nos Anabasittines et nos Ana¬ bacerthies, et, en dernier lieu, les Limnor- nis et les Dendrodromus de Gould ( Beagle’s Voyage). Parmi tous ces genres, les Picucu¬ les , d’après la forme toute particulière de leurs pattes et celle de leur queue épineuse , offrent un double caractère générique bien tranché, qui les place naturellement près du g. Grimpereau, dans la s. -famille des Cer- thinées , tandis que les Sittines , également bien caractérisées par des pieds syndactyles et un bec rectiligne en dessus, retroussé en dessous , et qui semble un bec de Sittelle porté à son maximum de forme typique, s’éloignent de ces dernières par leurs pattes et leur coloration , qui les rapprochent , au contraire , des Anabates , avec lesquels el¬ les se lient évidemment par des espèces de transition. Telle est l’espèce appelée par Temminck Sittine anabatoïde , qui n’a des Sittines que le bec , et qui n’en a nullement les pieds ; ce qui nous a engagé à en former un s. -g. de transition des Sittines aux Ana¬ bates, sous le nom d’Anabasittine. Sous celui d’Anabacerthie, et comme s.-g. d’Ana- bâte, nous avons désigné une esp. de notre collection, à queue rigide, à bec un peu ar¬ qué, et à pieds de Passereaux-Grimpeurs. Notre s.-famille renfermera des genres et des s.-genres, différant quelquefois un peu de forme et de mœurs, mais offrant tou¬ jours le même genre de coloration, des pat¬ tes de Passereaux anisodactyîes grimpeurs , et se liant presque tous par des espèces de transition. Ainsi les Synnallaxes, qui, d’après leur bec ordinairement grêle , droit et poin¬ tu, et leurs habitudes marécageuses, avaient paru à Temminck comme à nous les repré¬ sentants, en Amérique , de nos fauvettes de roseaux, se lient aux Anabates d’une ma¬ nière incontestable par quelques unes de leurs espèces, ayant, outre l’entière confor¬ mité du plumage, un bec un peu plus épais , comprimé , et légèrement arqué en dessus comme ces derniers. De plus , les uns et les autres renferment des esp. marcheuses et buissonnières , et d’autres grimpeuses- arundinicoles ou sylvaines. Si les Anabates se lient aux Sittines par nos Anabasittines , les Sittines se lient aux Picucules par une esp. tout à fait anomale et mixte, le g. Den¬ drodromus de Gould ( Bcagle’s Voy.), qui à un bec de Sittine réunit une queue épineuse de Picucule et des pattes de Sittelle. Les Ana¬ bates enfin se lient aux Synnallaxes de roseaux 414 ANA AN A par les Limnornis de Gould ( même Voy.) , comme eux habitants exclusifs des roseaux. Les caract. de cette s.-famille, très diffi¬ ciles, d’après cela, à déterminer d’une ma¬ nière précise, sont : Bec de forme très va¬ riable, mais toujours comprimé; tantôt de longueur médiocre , droit, pointu et grêle, tantôt assez épais , et légèrement arqué en dessus, quelquefois très comprimé, rectili¬ gne en dessus , retroussé en dessous, ou al¬ longé et arqué. Pattes le plus souvent con¬ formées pour grimper ou se cramponner aux branches ou aux tiges des roseaux , et plus ou moins syndactyles ou propres à la station sur les branches, quelquefois à la marche. Ailes toujours obtuses ou surobtuses et à rémiges courtes. Queue moyenne ou allon¬ gée, ou très longue, plus ou moins étagée, à rectrices souvent rétrécies et acuminées à l’extrémité , quelquefois rigides et même épineuses dans cette partie. Fond du plu¬ mage toujours roussâtre, plus ou moins teinté d’olive , souvent parsemé de mèches plus foncées, et toujours d’un brun-roux ou brun-cannelle uniforme sur la queue. Les genres qui font partie de cette nom¬ breuse s.-famille sont: Geobate (Sw.), — Sy- nallaxe,— Limnornis,— Anabate , avec ses s.- g. Fournier ,— Annumbi et Anabacerthie ,— Anabasittine , — Sittine èt Dendrodromus (Gould). Ces trois derniers genres forment le passage à la famille des Sittinées et à celle desCerthinées. V. ces différents noms de gen¬ res, qui comprendront leurs divers s. -genres. (Lafr.) * AXABEXOSAURIEXS ( ecvaSaîvco, je monte ; «cu^o's, lézard ). rept. — • Ritgen désigne ainsi les Sauriens de la famille des Caméléoniens de Cuvier. (G. B) AXA BIC E, Ânabix ( âvtk-fiiû, revivre ). bot. cr. — Necker donnait ce nom, et Willdenow celui de Cormus , à la partie épigée des cryptogames , en en exceptant la fructification. Necker appliquait encore la même dénomination, dans son sens étymo¬ logique, aux Cryptogames privées d’organes reproducteurs , et se propageant , selon lui, au moyen de parties qui se détacheraient de la plante-mère, et qu’il nommait bésimence. (C. L.) AXABLEPS («vtfOitrw, je lève les yeux), roiss. — Artedi a composé ce nom spé¬ cifique pour un poisson fort singulier des eaux de la Guyane, qu’il rangeait parmi les Loches sous le nom de Cobitis anableps . Bloch prit ce nom spécifique pour faire celui du genre distinct dans lequel il clas¬ sait ce curieux poisson ; g. qui a été, de¬ puis lui, adopté par tous les Ichthyologistes. Ces Anableps sont des Malacoptérygiens à corps couvert d’écailles solides , dont le tronc est cylindrique , et la queue peu com¬ primée ; la tête aplatie ou comme creusée , à cause de la saillie des yeux. Le museau est tronqué , aminci ; la bouche est fendue en travers et au bout du museau; ses dents sont en velours. Les rayons de la membrane branchiostège sont au nombre de cinq. La vessie aérienne est très grande ; la dorsale est petite et reculée sur le dos de la queue , beaucoup au delà de l’anale. A tous ces ca¬ ractères ichthyologiques , qui n’offrent que des particularités peu notables , ces poissons joignent une conformation d’veux unique parmi les vertébrés , et qui les rend tout à fait dignes d’intérêt. Ces yeux sont très saillants , et enchâssés dans une orbite dont la voûte osseuse est formée par le redresse¬ ment du frontal. La cornée , très bombée, est partagée en deux par une bande trans¬ versale , de façon que la portion supérieu¬ re de la cornée est dans un plan différent de celui de la portion inférieure , et que ces deux courbes n’appartiennent pas à une même portion d’une même sphère. L’iris est de même partagé en deux par une bande transverse analogue, en sorte qu’ils ont deux pupilles ; d’où il résulte que ces poissons ont deux chambres antérieures de l’œil , quoiqu’ils n’aient qu’une seule chambre pos¬ térieure, un seul cristallin, une seule vitrée, une seule rétine. Il paraît donc que la na¬ ture a organisé leur œil de manière à ce qu’ils puissent voir dans l’air en même temps qu’ils voient bien dans l’eau. Ces poissons sont vivipares , et il y a lieu de croire à une sorte d’accouplement chez eux : car les organes de la génération du mâle et sa vessie urinaire donnent dans une sorte de verge écailleuse , attachée le long des rayons de l’anale , qui paraît n’avoir que trois rayons dans le mâle , tandis que celle de la femelle en a neuf. On ne connaît de ce g. qu’une seuie esp. , que Bloch a nommée Anableps tetrophthalmus. — Ces poissons sont longs de 0m,20 à 0ni,24. (Val.) ANA 415 AAABOLIA («vaSoM, action de creuser et de fouiller la terre , à cause des habitu¬ des delà larve), nvs. — G. de la famille des Phryganiens ( Plicipennes Lat.), établi par M. Stephens, aux dépens du g. Limnephilus de Lea , en lui assignant comme caract. principaux ceux tirés 1° des ailes , qui sont allongées, avec leur extrémité arrondie ; 2° du corps, un peu déprimé , et 5° du dernier article des palpes maxillaires, épais et subel¬ liptique. L’auteur donne comme type de son g. l’A. nervosa ( Limnephilus nervosus Lea) d’Europe. (Bl.) A A AC A L Y P TA («vax«)û*Tw , je me dévoile ). bot. cr. — Rœhling, ayant re¬ marqué qu’une Mousse , rapportée par Hed- wig au g. Eucalypta (B. lanceolata ) , avait sa coiffe fendue sur le côté au lieu d’être en¬ tière, la sépara, et en fit le type d’un nouveau g. qu’il publia sous le nom en question, dans son Histoire des Mousses d’Allemagne. Ce g., adopté depuis et modifié légèrement par M. Bruch dans la Bryoloyia yermanica , a été formé aux dépens de plusieurs autres, et se compose, en conséquence, d’esp. de port un peu différent, quoique toutes remarquables par un péristome identique ou semblable , consistant en seize dents percées de trous , nées de la couche interne de la capsule , et réunies à leur base par une membrane. Nous ignorons si M. Bruch persiste à conserver ce g. ; mais, dans tous les cas, le nom de Cosci- nodon (Y. ce mot), qui lui a été donné anté¬ rieurement par Bridel, devra être adopté de préférence. (G. M.) AA AC AMPSE ROS Tourn. ( â'jxxôcp- ÿepus , Sedum ). bot. pii. — Synon. du g. Sedum Linn. ( famille des Crassulacées ). (Sp.) * AAACAMPSIS (d'jccxee/j.iptçy action de recourber), ms. — G. de l’ordre des Lépi¬ doptères, famille des Nocturnes , établi par Curtis , et placé par Stephens dans sa tribu des Yponomeutides. En l’adoptant, nous l’a¬ vons rangé dans notre tribu des Tinéites, et lui avons assigné les caract. suivants : Pal¬ pes inférieurs arqués et relevés au dessus delà tête; les 2 premiers articles velus et aplatis latéralement; le 5e, nu et subuliforme. Trompe nulle. Antennes longues et filifor¬ mes dans les deux sexes. Tête courte et sessi- le. Corselet presque carré. Abdomen plat, ter¬ miné par un bouquet de poils dans les mâ- ANA les, et en pointe dans les femelles. Pattes pos¬ térieures longues et velues. Ailes supérieures étroites, presque d’égale largeur dans toute leur longueur, avec le bord terminal presque droit ou légèrement arrondi , et brièvement frangé; ailes inférieures presque aussi lon¬ gues, et largement frangées. Chenilles munies d’un écusson corné sur le 1er anneau, vivant entre des feuilles roulées ou réunies par des fils , et s’y métamorphosant dans un tissu soyeux, à la manière desTordeuses. Chrysali¬ de allongée et cylindrico-conique. — Les esp. que nous rapportons à ce g. ont été retran¬ chées par nous du g. Lita de Treitscbke, dont elles diffèrent principalement par la forme aplatie de leur abdomen, et la briève¬ té des franges de leurs ailes supérieures. A l’état de repos , les Ànacampsis portent leurs ailes en toit plat, et croisées l’une sur l’autre, comme certaines Noctuelles. Elles sont généralement d’un gris brun qui se con¬ fond avec la couleur des écorces, dans les fentes desquelles elles se tiennent cachées. Elles s’éloignent peu de l’arbre qui les a vues naître , et font autant usage de leurs jambes que de leurs ailes pour échapper à leurs en¬ nemis. Nous ne citerons qu’une esp. , la Ti - nea populella Linn. , figurée par Hubner sous le nom de Blattariella. Elle varie beaucoup. (D.) AA AC AM P T 1 DE . Anacamptis (dvx- xâ/j.KTu, je recourbe), bot. ph. — G. de la famille des Orchidées, tr. des Ophrydées, établi parle professeur L. C. Richard, dans son travail sur les Orchidées d’Europe, et qui a pour type VOrchis pyramidalis de Linné. Ce g., très voisin du g. O rchis , en diffère surtout par ses deux masses pollini- ques attachées sur un rétinacle ou glande unique. Par ce dernier caract. , il se rappro¬ che du g. Aceras de R. Brown, mais en dif¬ fère par son labelle longuement éperonné. L ^ Anacamptis pyramidalis Rich. est une plante qui croît dans les pelouses de la forêt de Fontainebleau et ailleurs. M. Lindley place dans ce g. deux autres esp., savoir t. VOrchis quadripunctata de Tenore , et VOrchis Brancifortii de Bivona. Le g. Ana¬ camptis est donc composé de trois esp., tou¬ tes trois originaires d’Europe. (A. R.) AAACAMPTODOA ( «vcxxâ/Airrw . , je courbe; ocToûs, dvzoç , dent ). bot. cr. — > Le caractère sur lequel Bridel a établi 416 ANA ce g. de Mousses nous semble \ d’une fai¬ ble importance. Il consiste en effet dans la courbure opposée des deux péristomes, dont l’externe se réfléchit en dehors , tandis que les dents de l’interne se recourbent en de¬ dans, de manière à fermer presque complète¬ ment l’orifice de la capsule. Par leur orga¬ nisation , leur forme , et la place qu’elles oc¬ cupent, ces dents ne différant pas de celles du péristome du g. Neckera , le genre Ana- camptodon peut-il en être séparé sur ce seul caract.?M. Arnott penche pour cette sépara¬ tion, qu’il croit suffisamment autorisée parle port. Nous devons toutefois convenir que ce port, très remarquable, pourrait bien être lié à des caract. inaperçus, propres à justifier l’opinion de Bridel et de M. Arnott. En tout, ce g. est fort distinct du Cryphœa de Bridel ( Daltonia Hook .) par sa coiffe en capuchon ou fendue sur les côtés , et c’est à tort qu’on les a réunis dans le Dictionnaire classique. F. neckera. (C. M.) ANACAMPYLA ( «va, sur; xaptaAoç, courbe ; d'&votx.àp.KTu , je courbe), bot. cr. — Hedwig donnait ce nom aux écailles étalées et recourbées au sommet , qui se trouvent sur quelques plantes agames, Agaricus croceus , Labaria squammosa , etc. (C. L.) AN iYCANI )E F . reft. — C’est, sui¬ vant Flacourt , le nom qu’on donne , dans l’île de Madagascar , à un petit serpent qui aurait la faculté de s’introduire dans le corps des animaux pour leur percer les en¬ trailles. (G. B.) ANACANTME. Anacanthus ( « priv. ; v euph. ; axavflo?, épine; «Jvâxavôbs ). poiss. — G. de Poissons de la famille des Raies , et de la tribu que le prince Charles Bona¬ parte nomme Anacanthïni. Cette troisième sous-famille comprend les Raies à tête en¬ tourée de. larges pectorales , et à queue grêle , sans aiguillons ni nageoires dorsales. Les dents sont en petites mosaïques, dispo¬ sées en quinconce. M. Ehrenberg a distingué dans cette famille le g. Anacanthe, dont les esp. manquent , en outre , de nageoire cau¬ dale. Le prince Charles Bonaparte rapporte avec doute à ce g. le Baia orbicularis de Schneeider. M. Ehrenberg en a une belle esp. nouvelle de la mer Rouge , que l’on trouve aussi aux Séchelles. (Y al.) * AXACANTMUS (av«x«v0oç, sans é- ANA pine). ins. — G. de Coléoptères tétramères, famille des Longicornes, tribu des Prioniens, établi par M. Serville, et adopté par M. De- jean ( Catal ., 3e édit.). Il ne renferme qu’une seule esp. , VA. costatus , ainsi nommée par ce dernier auteur ; elle est du Brésil. M. .Ser¬ ville range le g. dont il s’agit dans sa sub- div. des Prioniens qui ont le corselet nauti¬ que latéralement. Ce qui le distingue des autres g. de la même subdiv. , c’est d’avoir le corselet aussi long que large, presque or- biculaire, ou en carré à angles très arrondis. (D.) ANACARDE DES BOUTIQUES. — Nom vulgaire du fruit du Semecarpus Anacardium. r (Sr.) * AN AC ARDI ACÉE S, anac armées, Anacardiaceœ , Anacardieœ. bot. ph. — La famille des Térébinthacées de Jussieu a été partagée en plusieurs autres : les unes portées à une autre place dans la série natu¬ relle ; les autres continuant à rester rappro¬ chées en un groupe qui a continué à porter le nom de Térébinthacées. C’est à ce mot que ces diverses familles (dont l’une a reçu le nom d’Anacardiées) seront exposées pour mieux faire sentir leurs rapports et leurs dif¬ férences. (Ad. J.) ANACARDIER, bot. pii. — Nom vulgaire de V Anacardium occidentale L., et du Semecarpus Anacardium L. (Sp.) ANACHARÏS («vâ, en comp. marque l’augm. ; ;/à/5tV, d’d?vay»âw , j’éclate de rire. Les anciens prétendaient que cette plante excitait la gaî¬ té , et l’employaient contre les obstructions du foie. Les lexicographes dérivent à tort ce mot d’«.v«, prép., et «ya »ts, nom d’une plante bulbeuse , aujourd’hui indétermi¬ née. ). bot. ph. — G. de la famille des Primulacées , type de la tribu des Anagal- lidées , Endl., formé par Linné, et adopté par tous les botanistes postérieurs. En voici les caract. essentiels : Cal. 5-partite. Cor. hy¬ pogyne , 5-partite , subinfundibuliforme ou rotacée. Étam. 5, insérées à la base du tube de la corolle, opposées aux segments de cel¬ le-ci , et exsertes ou incluses ; filaments fili¬ formes, velus , libres ou connés à l’extrême base. Anth. ovales , bilocuiaires, longitudina¬ lement déhiscentes. Ovaire uniloculaire; placenta basilaire , globuleux. Ovules nom¬ breux, peltés -amphitropes. Style simple; stigm. obtus. Capsule globuleuse , unilocu¬ laire , s’ouvrant par la valve supérieure, en forme d’opercule. Graines nombreuses, pla¬ nes dorsalement, ombiliquées à la partie ventrale conico-convexe. Embryon parallèle à l’ombilic , dressé dans l’axe d’un albumen charnu. — Ce g. renferme une vingtaine d’esp. environ , indigènes dans l’Europe et l’Asie médianes ; quelques unes dans l’Afrique mé¬ diterranéenne. Ce sont des herbes vivaces , dressées ou étalées, à feuilles opposées , très entières; à pédoncules axillaires opposés, uni- flores, ébractéés ; à corolles rouges ou bleues, quelquefois blanches. La plus commune est VA. arvensis , connue sous le nom vulgaire de Mouron des champs ( et non Mouron des oiseaux , plante fort différente. V. al- sine ). Elle croît partout , dans les champs , les moissons , etc., et varie sous le rapport de la couleur des fleurs , qui sont tantôt ANA d’un rouge-pourpre, tantôt d’un bleu d’azur. Celte plante a été long-temps préconisée contre la rage ; malheureusement l’expérien¬ ce n’a pas constaté cette propriété. (C. L.) ANAGÉNITE ( àvâ, ici prépos. duplica¬ trice ; yivos, naissance ; c’est-à-dire régénéra¬ tion). géol. — Ce nom , établi par Haüy, et adopté depuis par M. Brongniart ( Class . des Roches ), désigne, dans la classification de M. Cordier , une espèce de la famille des Roches talqueuses. Suivant ce dernier géo¬ logue, l’Anagénite est composée d’une pâte phylladienne , avec fragments plus ou moins gros de Feldspath, de Quartz et de Protogy- ne, réunis par un ciment mêlé de quelques parties de Feldspath et de Quartz. Cette association présente souvent l’aspect et la contexture de la Protogyne, et il est quel¬ quefois difficile d’en distinguer l’Anagé- nite. Les fragments sont ou anguleux ou ar¬ rondis; en sorte que l’Anagénite est tantôt à l’état de brèche, tantôt à l’état de poudingue. Les teintes les plus ordinaires sont le verd⬠tre plus ou moins foncé , le rougeâtre ou le noirâtre. Elle est assez dure , et générale¬ ment susceptible d’être polie; ce qui lui donne le plus souvent un aspect bigarré, ré¬ sultant des diverses couleurs et du mélange des fragments. L’Anagénite à gros fragments n’est schistoïde qu’en grand , tandis que celle à petits grains l’est en feuillets assez minces, comme les Phyllades. Cette dernière variété est quelquefois calcarifère , et alors il peut arriver qu’elle contienne quelques rares débris organiques marins, tels que des Spirifères, des Térébratules , des Productus et des Entroques. On trouve , en outre, des débris de végétaux terrestres peu conservés dans une variété d’Anagénite noirâtre, à pe¬ tits grains, et chargée de parties charbon¬ neuses, qu’on rencontre près des couches d’Anthracite renfermant les Anagénites. L’Anagénite appartient généralement aux terrains de transition ; cependant on en trouve aussi dans certains terrains problé¬ matiques des Alpes, qu’une partie des géo¬ logues rapportent soit aux terrains houillers, soit à l’étage des grès bigarrés, et que d’au¬ tres regardent comme étant contemporains de l’étage du Lias. (C. d’O.) * AAAGLYP11A ( <5v«y>u?os , littérale¬ ment : ciselé en relief; ici , «v«, de nouveau ; yMpw, je ciselle, je polis; c’est-à-dire g. à ANA étudier de nouveau ? ). bot. ph. — M. De Candolle a fondé ce genre sur un sous-arbrisseau originaire du Cap , dont les rameaux , couverts surtout au som¬ met d’un duvet court , glanduleux-velouté , portent des feuilles linéaires , striécs-sillon- nées sur les deux faces, et rendues très âpres par la présence des cijs raides qu’elles por¬ tent sur leurs bords et vers l’extrémité des nervures. Les capitules terminaux, solitaires, sont garnis de fleurs jaunes, 1 -sériées, ligu- lées, femelles à la circonférence; celles du disque tubuleuses, 5-dentées, hermaphrodi¬ tes , légèrement velues. Involucrc 2-sérié, composé d’écailles de longueur égale, un peu plus longues que le disque et très acumi- nées. Réceptacle plan, alvéolé. Fruit obové , subpubescent, dépourvu d’aigrette. Les an¬ thères ainsi que les styles de VAnaglypha n’étant pas connus , ce n’est que par sa res¬ semblance avec d’autres Composées du mê¬ me pays que M. De Candolle l’aura classé dans la tribu des Astéroïdées, de la famille des Composées. (J. D.) * AIXTÂGLYPTUS (àvayWro; , relevé en bosse), ms. — G. de Coléoptèrés tétra- mères, famille des Longicornes, établi par M. Mulsant, dans son histoire naturelle des Coléoptères de France, aux dépens du g. Cly- tus de Fabricius, et auquel il rapporte deux espèces seulement, qui sont le C. gibbosus et le C. mysticus de cet auteur. Les caract. qu’il assigne à ce g. sont les suivants : An¬ tennes subsétacées, presque aussi longues que le corps dans les mâles. Palpes à dernier ar¬ ticle en triangle renversé. Yeux médiocre¬ ment échancrés. Prothorax obîong, un peu plus étroit postérieurement. Élytres char¬ gées d’une bosse à la base , le long de la su¬ ture, soit tronquées au sommet, soit arron¬ dies à l’angle suturai. Cuisses postérieures rétrécies à la base, et renflées en massue vers l’extrémité. Premier article des tarses postérieurs moins long , ou à peine aussi long que les suivants pris ensemble. (D.) A A AG IIUS. ms. — G. de la famille des Oxyuriens ( Oxyuri Lat. , Proctotrupidœ Steph. ), de l’ordre des Hyménoptères, éta¬ bli par M. Haliday (Ent. Mag.). Il ne diffère essentiellement du g. Mymar de cet auteur que par l’abdomen sessile et de forme coni¬ que ; les antennes sont de même c omposées de 13 articles dans les mâles, et de 9 seule AN À ANA 421 ment dans les femelles. — On connaît quel¬ ques esp. indigènes de ce g., toutes d’une taille des plus exiguës ; celle que l’on doit en considérer comme le type est VA. alo- mus ( Ichneumon atomus L.). (Bl.) AXAGYR1S Tourn.,L. ( âvûyvpoç, nom, chez les Grecs , d’une plante indéterminée). bot. pii. — G. de la famille des Légumineu¬ ses, s.-ordre des Papilionacées , tribu des So- phorées. Ses caract. distinctifs sont : Calice campanulé, 5-denté, 2-labié. Carène à péta¬ les distincts , plus longs que les ailes ; éten¬ dard plus court que les ailes. Légume cour- tement stipité, comprimé, bosselé, irréguliè¬ rement septulé , 2-yalve , pléiosperme. — Arbrisseaux à feuilles 3-foliolées; folioles très entières. Stipules solitaires , oppositifo- liées. Fleurs en courtes grappes axillaires. Corolle jaunâtre. Ce g. paraît être limité à une seule esp. (plusieurs auteurs en ont éta¬ bli 2 autres sur des variétés de l’ancienne) ; c’est VA.' fœtida , commun dans toute la ré¬ gion méditerranéenne , et qui se retrouve à TénéritTe. Cet arbuste fleurit en février ou dès la fin de janvier. Toutes ses parties ont une odeur désagréable. Suivant les expérien¬ ces du docteur Loiseleur-Deslongchamps, les feuilles sont purgatives et émétiques. (Sp.) *AXAITE. Anaitis (nom myth.). ras — G. de l’ordre des Lépidoptères , famille des Nocturnes , tribu des Phalénites , établi par nous ( Hist. nat. des Lépid. de France) aux dépens des Larenties et des Aspilates de M. Treistchke , et auquel nous assignons les ca¬ ract. suivants : Ant. simples dans les deux sexes. Bord terminal des ailes simple et uni; ailes supérieures seules, traversées par un grand nombre de lignes parallèles, anguleu¬ ses ou ondées , et séparées trois par trois. Chaperon très proéminent et dépassé néan¬ moins par les palpes. Trompe longue. Che¬ nilles lisses , sans tubercules, et de forme un peu aplatie. Chrysalide avec le fourreau de la trompe trèsallongé. —Ce g. ne se compose que de quatre esp., dont une, qui peut en être considérée comme le type, est très com¬ mune aux environs de Paris. C’est l’Anaïte triple raie, Plialœna plagiata de Linné, ou duplicata de Fabr., ou la Rayure à trois li¬ gnes de Geoffroy. Les trois autres, prœ for¬ mata , coarc tata et boisduvaliata , ne se trouvent que dans les montagnes d’une cer¬ taine élévation. Toutes quatre sont figurées dans l’ouvrage précité, t. VIII, pl. 195, fig . 1-4, et pL 210, fig. 6. (D.) * AXAITE (nom myth.). bot. ph. — M. De Candolle a établi ce g. sur un sous-arbris¬ seau du Mexique à rameaux divariqués, cou¬ verts inférieurement de feuilles opposées , oblongues, entières, atténuées à la base. Ces rameaux , terminés par des sortes de pédon¬ cules dépourvus de feuilles, portent chacun un capitule multiflore , ligulé , à ligules fe¬ melles, multisériées , presque persistantes; les fleurs du rayon hermaphrodites, tubuleu¬ ses. Invol. campanulé, composé de 2-3 séries d’écailles imbriquées, obtuses. Récept. con¬ vexe, couvert de paillettes caduques, termi¬ nées par une sorte d’appendice calleux. Sty¬ les du rayon à peine saillants ; ceux du dis¬ que . Fruits du disque trigones, glabres, couverts çà et là de très petits tubercules, et dépourvus d’aigrette ; ceux du rayon piano- comprimés , presque ailés, échancrés ou bi- dentés au sommet. — Ce g. fait partie de la famille des Composées, tribu des Sénécioni- dées. (J.-D.) * AXALAMPIS. ins. — Genre d’in¬ sectes de l’ordre des Coléoptères pentamè¬ res, famille des Sternoxes , établi par M. Dejean aux dépens du genre Elater Fabr., converti depuis en tribu sous le nom d'Ela- tcrides. Ce genre , dont il n’a pas publié les caractères, ne renferme que trois espèces, toutes du Brésil, et nommées par lui A. con- color , meticulosa et inornata. (D.) AXALCIME ( à. priv.; v euph. ; oûxi/ioi, fort ; corps sans vigueur , à cause de sa fai¬ ble vertu électrique ). min. — Synon. : Cu- bicite, Sarcolithe, Zéolithe dure. Silicate d’alumine et de soude hydraté , de la formu¬ le AlNa$i8Aq2; la silice étant représentée par SïO. On voit que cette substance peut être considérée comme un Amphigène hy¬ draté, dans lequel la potasse serait rempla¬ cée par la soude (F amphigène.). L’Anal- cime a les plus grands rapports avec l’ Am¬ phigène par sa cristallisation, qui se rappor¬ te au système cubique. Comme ce dernier minéral , il affecte plus particulièrement la forme trapézoïdale; mais il se clive en cube, et se présente aussi sous cette dernière for¬ me avec de petites facettes sur les angles , qui établissent le passage à l’octaèdre et au 422 ANA trapézoèdre. De plus, il est fusible sans boursouflement, en un verre transparent. S a pesanteur spécifique est de 2,2 ; sa dureté 5,5. Il est soluble dans les acides ; sa solu¬ tion, traitée par le carbonate d’ammoniaque et filtrée, laisse, après l’évaporation et la cal¬ cination, un résidu alcalin qui ne précipite pas par l’hydroclilorate de platine. C’est une substance vitreuse , transparente , souvent incolore , mais offrant quelquefois des tein¬ tes de grisâtre, de rosâtre pâle, de blanc mat ou de rouge plus ou moins foncé. Dans ces derniers cas , il devient tout à fait opa¬ que. L’Analcime est composé , sur 100 par¬ ties : de 55,9 de silice ; 22,5 d’alumine ; 14 de soude, et 7,8 d’eau. — M. Brewster a ob¬ servé dans les cristaux trapézoïdaux d’Anal- cime des propriétés optiques fort curieuses , qui semblent annoncer que ces cristaux peuvent varier de structure ou de composi¬ tion dans leurs diverses parties. En effet, toutes les lignes contenues dans les trois sec¬ tions rectangulaires qui passent par les axes principaux du trapézoèdre sont dépourvues du pouvoir bi-réfringent et polarisant , tan¬ dis que ce pouvoir se manifeste avec plus ou moins d’intensité dans les directions qui ne sont pas comprises dans ces trois plans. Les cristaux d’Analcime remplissent les fentes et les boursouflures des roches basal¬ tiques et amygdalaires dans un grand nom¬ bre de lieux, à l’Etna, dans les îles Cyclopes, au mont Somma, à Montecchio-Maggiore dans le Yicentin, dans la vallée de Fassa en Tyrol, à Dumbarton en Ecosse, à Aussig en Bohême , aux îles Hébrides et aux Fe- roë. On a cité aussi la même substance dans les gîtes métallifères de Laurvig et d’Arendal en Norwége. (Del.) * ANALCÏPUS ( «va>xc?, impuissant; pied ).ois.— G. de M. Swainson (Class. of Birds), répondant à celui d "’Artamia d’I¬ sidore Geoff. S.-Hilaire, et démembré des Langrayens(Oau/p?mis)deCuvier. V. arta- M1E. (LAFR.) * ANALCIS ( avc«)/aç, impotent), rvs. — G. de l’ordre des Coléoptères tétramères, fa¬ mille des Curculionites , div. des Cryptoryn- chides , établi par Schoenherr, qui lui donne les caract. suivants : Ant. courtes , un peu minces; leur funicule composé de six arti¬ cles : les deux premiers allongés, obconi- ques ; les autres presque lenticulaires ; ANA massue ovale , acumince. Rostre un peu court , cylindrique , arqué , épais. Corselet oblong , un peu plus étroit antérieurement , présentant une saillie arrondie au milieu du sommet , légèrement lobé derrière les yeux; canal inférieur terminé distinc¬ tement avant les parties antérieures. Ély- tres en ovale allongé, convexes, un peu acu- minées à leur extrémité. Tibias médiocres , presque droits; tarses un peu larges. Ce g., adopté par M. Dejean ( Cat ., 5e édit. ), a été créé aux dépens du g. Bagous de Germar. Il renferme douze esp., toutes exotiques, et a pour type VA. œreus du premier de ces deux auteurs, esp. de l’Amérique septentri¬ onale. (D.) ANALE (anus, fondement, rectum). poiss. — On donne ce nom à la nageoire que les poissons portent ordinairement sous le tronçon de la queue , immédiatement après l’ouverture de l’anus. Elle varie beau¬ coup dans sa forme, dans le nombre, dans la composition des rayons qui la soutien¬ nent ; elle est quelquefois étendue sous tout le corps du poisson, et aussi longue que le poisson lui-même , ainsi que cela a lieu dans les Turbots, les Barbues, les Limandes, les Soles , et autres Pleuronectes. Quelquefois elle est réduite à un ou deux rayons, ou même elle disparaît tout à fait. On compte aussi quelquefois plusieurs anales sous la queue du poisson. Il y en a trois dans quelques Gades. En général , elle est plus courte que la dor¬ sale; mais aussi le contraire a lieu. Sa for¬ me varie trop pour prétendre ici en signa¬ ler les variations. Quant à la nature de ses rayons, ils sont généralement composés d’épines et de rayons articulés chez les Acanthoptérygiens , et seulement de ces derniers dans les Malacoptérygiens. Il est à remarquer que presque tous les Acantho¬ ptérygiens, je dirai plus de 1,500 espèces, n’ont que trois rayons épineux à l’anale; un petit nombre n’en a qu’un seul ; d’autres en ont deux, surtout parmi les Sciénoïdes; puis on en connaît à quatre, à cinq, à six, à sept, et même à quatorze ou à quinze rayons épineux, et souvent dans ce cas le nombre des épines dorsales diminue. L’étude de cette nageoire est donc importante en ich- thyologie , sans que cependant elle four¬ nisse des caractères de haute valeur. (Val.) ANA ANA 423 ANALOGUE ou ANALOGUES. Analogus, i («vâ),oyos , analogue), géol. — Les géologues ont consacré ce terme pour désigner les corps organisés fossiles, qui , n’étant point identiques aux êtres qui vivent actuellement , ont cependant avec eux plus ou moins de ressemblance. On re¬ connaît plusieurs sortes d’analogies : des analogies d’espèce , des analogies de genre, des analogies d’ordre et des analogies de classe. Certaines espèces perdues, qui ap¬ partiennent à des genres actuellement exi¬ stants, sont des Analogues d’espèce : tel est l’éléphant fossile. D’un autre côté, l’Anoplo- therium, qui vient se placer entre le sanglier, l’hippopotame , etc. , sans pouvoir entrer dans aucun de ces genres , est un Analogue de genre dans l’ordre des Pachydermes. On n’a jusqu’à présent trouvé qu’un très petit nombre d’espèces fossiles identiques aux êtres vivants , et le nombre des Analogues d’espèce est d’autant moins grand que l’on étudie des couches plus anciennes. V. les mots fossiles et terrain. (C. P.) * ANALOPONOTE. Analoponotus ( à priv.; veuph.;«)oiroî, couvert d’écailles; vwro?, dos), rept. — Nous avons désigné ainsi, dans notre Erpétologie générale, un g. d’Iguaniens pleurodontes, dont la peau du dessus du corps est effectivement tout à fait dépourvue d’é- cailles; particularité encore unique dans l’ordre entier des Sauriens. Les autres mar¬ ques distinctives de ce g. sont d’avoir le palais denté , les dents des mâchoires trilo¬ bées au sommet , un double rang de pores fémoraux , un petit fanon sans dentelure , une crête dorsale et une caudale fort bas¬ ses , la queue comprimée et entourée de verticilles de grandes écailles carénées. La tête est revêtue de très petites plaques polygones , aplaties , égales entre elles ; le dessous du cou offre de petites écailles ova¬ les, enchâssées dans la peau, et entourées de granules comme chez les Yarans. La face supérieure des membres est protégée par de grandes squammes, enchâssées aussi, rhom- boïdales et carénées , tandis que leur face inférieure en présente de lisses et un peu imbriquées. La squammure du ventre se compose de petites pièces carrées , unies. Des scutelles hexagones , très élargies , en- tuilées , défendent le dessus des doigts ; de grandes squammes tricarénées et dilatées transversalement en garnissent la face infé¬ rieure. La paume des mains et la plante des pieds sont comme hérissées d’épines produi¬ tes par les carènes très prononcées des squammes qui les garnissent. — La seule esp. qui appartienne encore à ce g. est l’Analo- ponote de Ricord , grand Saurien originaire de Saint-Domingue, ayant le port et la taille d’un Iguane. Il est décrit et représenté dans notre Erpét. gén. (t. 4, p. 19, pl. 37 ). (G. B.) * ANALOTES {âvulwi ;•?, qui consom¬ me). ins. — G. de Coléoptères tétramères , famille des Curculionites , div. des Anthribi- des, établi par M. Schoenherr, qui le carac¬ térise ainsi : Ant. longues , grêles ; les deux 1ers articles courts, épais au sommet > 5-8, fort allongés, presque filiformes, 9-11, à pei¬ ne plus épais, peu distants, formant une massue allongée. Rostre peu long, peu large, courbé , déprimé en dessus , légèrement échancré au sommet. Prothorax subconique , offrant de chaque côté , bien avant la base , un sillon élevé, subtransverse, fléchi par devant. Elytres presque linéaires , aplaties sur le milieu du dos. Pygidium courbe , presque carré , échancré des deux côtés, tronqué au sommet. — Ce g. , qui se rapproche du g. Gymnognathus , a pour ty¬ pe et unique espèce VA. discoideus Klug., du Brésil. (D.) ANAMENIA, Vent, (nom arabe d’une espèce de renoncule.) bot. pii. — Syn. du g. Knowllonia , Salisb. , famille des Renon- culacées. (Sp.) * ANAMIRTA,Colebrooke.BOT.PH. — G. de la famille des Ménispermacées , au¬ quel MM. YVight et Arnott [Prodr.Flor.Pe- nins. Ind. I, p. 446) assignent les caract. sui¬ vants : Fleurs dioïques. Cal. 6-sépale , 2 brac- téolé ; sépales 2-sériés. Cor. nulle. — Pleurs mâles : Étamines soudées en colonne centra¬ le dilatée au sommet. Anthères nombreuses, adnées, couvrant tout le sommet globuleux de l’androphore. — Fleurs femelles , incon¬ nues. Péricarpe de 1 à 5 drupes distincts, 1- loculaires, 1-spermes. Graine subglobuleuse, profondément échancrée au hile. Périsperme charnu, comme 2-loculaire, à cotylédons très minces, linéaires-oblongs, distants, oc¬ cupant chacun l’une des loges du périsper¬ me. Arbuste voiubile, à écorce subéreuse. Feuilles plus ou moins profondément cordi- AN À formes à la base ; panicules raeémiformes , latérales. Les auteurs de ce genre n’y rap¬ portent que le Menispermum cocculus , L. (Gærtn. Fruct . , îab. 70, fig. 1 ), esp. à laquelle ils rapportent comme syn. les Coc¬ culus suberosus, orbiculatus, flavescens et lacunosus DG. ( Prodr. )*, ainsi que VAna- mirla paniculala Colebr. ( Tram . of lhe Linn. Soc., XIII, p. 52 et 66), le Menisper¬ mum heteroclitum et le Menispermum mo- nadelphum Roxb. ( Flor . Jnd.). C’est de cette plante que provient le fruit connu sous le nom de Coque du Levant, et qui, comme tout le monde le sait, exerce une action si dé¬ létère sur les poissons. D’après les expérien¬ ces de M. Goupil , le principe vénéneux de ce fruit réside essentiellement dans l’amande de la graine, tandis que la partie charnue du drupe est seulement émétique. (Sp.) * ANAMORPHOSE. Anamorphosis (à.'JxfJLôp'puïiç, nouvelle forme), bot. cr. — On entend par ce mot , tout récemment in¬ troduit dans la science, la dégénérescence morbide ou atypique qui fait qu’un Lichen ou toute autre Agame devient méconnaissa¬ ble. Les changements qu’il éprouve sont en effet tels , que la meme esp. a pu être et a été placée dans trois ou quatre genres différents, selon que le thalle et les apothécies ont subi séparément ou simultanément les altérations singulières qui en ont causé l’état anomal. Nous en parlerons plus au long au mot li¬ chen. V. ce mot. (G. M.) * ANAMPSÈS (altération d’àvâxa^tç , courbure à rebours ). poiss. — Genre de Labroïdes, voisin des Girelles, auxquelles ils ressemblent par leur tête nue et sans écailles , leur ligne latérale non interrom¬ pue , mais qui s’en distinguent , ainsi que de tous les autres poissons , par la sin¬ gularité de leurs dents. Elles sont au nom¬ bre de quatre, deux à chaque mâchoire; ces dents sont [comprimées , tranchantes , couchées en avant, et recourbées comme les cils qui bordent nos paupières, de fa¬ çon que quand la bouche est fermée el¬ les se touchent par le dos de leur convexi¬ té. Il est difficile de concevoir l’usage que des poissons peuvent faire de pareils or¬ ganes ; d’ailleurs , ils ont des dents pharyn¬ giennes de Labroïdes ordinaires , avec les¬ quelles ils peuvent très bien broyer la cara- cace dure des Crustacés qu’ils avaleraient, ANA et même briser le test des Mollusques s’ils les attaquaient. Les Anampsès sont de fort jolis poissons de la mer des Indes ; on n’en con¬ naît encore qu’un petit nombre d’espèces. La découverte en est due àPéron; mais, depuis lui, presque tous les navigateurs ou collec¬ teurs dans la mer Rouge et l’Océan Indien en ont rapporté. (Val.) ANANAS. Ananassa Lindl. , Ananas Tourn. (nom vernaculaire), bot. ph. — G. de la famille des Broméliacées, type de la tr. des Ananassées ( Nob. in msc. ) , formé par Lindley ( Bot. Reg., 1068 t. 1081 ), et dont les caract. sont ainsi exposés (in Endl. G en. Pl.) : Périgone supère, sexpartite. Segments extérieurs calicinaux, dressés ; les intérieurs pétaloïdes, dressés, ligulés, munis intérieu¬ rement à la base de deux squammes tubu- lées. Étain. 6, épigynes, opposées aux divis. internes du périgone. Filaments enserrés parmi les squammes. Anth. linéaires , dres¬ sées. Ovaire infère, triloculaire; ovules ren¬ fermés dans un placenta palmatifide, et pen¬ dants du sommet en saillie de 1 angle cen¬ tral de chaque loge. Style filiforme. Stigma¬ tes 5 , un peu charnus , dressés , frangés. Baies soudées entre elles et avec les brac¬ tées en une sorte de syncarpe , dont les lo¬ ges , très rarement bi-tri-loculaires, sont le plus souvent aspermes par avortement. Graines solitaires dans les loges, au sommet desquelles elles sont appendues, ovoïdes, un peu comprimées , à test membranacé , roux, strié. Raphé rubaniforme, blanc, réu¬ nissant l’ombilic basilaire au sommet d’une chalaze tuberculiforme. Embryon très petit, dressé à la base d’un albumen farinacé , à ex¬ trémité radiculaire supère , atteignant l’om¬ bilic. — Ce g., séparé avec raison par le savant auteur anglais ( loc . cit .) du g. Bromelia , dont il diffère notamment par la présence de glandes nectarifères (squammes) à la base des divisions du périgone, renferme environ 5à6 esp., dont la patrie originaire n’est pas connue , et qu’on présume généralement être l’Amérique. Quoi qu’il en soit, l’espèce type est , de nos jours , répandue dans les parties intertropicales des deux continents ( Asie et Amér. ), où on la trouve soit cul¬ tivée , soit même à l’état sauvage. Ce sont toutes des herbes à feuilles longues, rigides, linéaires, dentées -épineuses en hameçon sur les bords, ou très entières, toutes radi- AN A 425 cales , poudrées , glauques , et disposées en rosette. L’inflorescence consiste en un épi dense , puis charnu , conné , et souvent ter¬ miné par une couronne de feuilles. En Eu¬ rope, VAnanassa sativa, quoique d’une cul¬ ture diflicile et dispendieuse, est l’objet d’un commerce très étendu et très produc¬ tif, en raison de l’excellence de son fruit, à tort ou à raison réputé le meilleur des fruits connus. Cette plante , grâce aux soins des horticulteurs , et sous les diverses in¬ fluences climatériques , a produit un grand nombre de variétés, toutes cultivées avec soin , et dont les meilleures sont V Ananas commun , le Violet de la Jamaïque , le Cayenne sans épines , le Cayenne épineux , le d’Envile, la Providence , etc. Les fruits de quelques unes de ces variétés diffèrent , pour le poids, de \ et demi à 2, et même à 5 kilog. , et valent, selon la qualité et le poids, de 6 fr. à 50 et au delà. Faute de graines, qu’il ne produit que très rarement, l’Ananas se multiplie soit par les œilletons qu’il pro¬ duit à sa base, soit par la couronne de feuilles qui surmonte son fruit. Il demande de grands soins, une vive lumière, une cha¬ leur très intense (25 à 40° R. ) , surtout au moment de la production du fruit, pour en assurer la parfaite maturation. On le tient , à cet effet, dans des serres basses, où ses longues feuilles doivent être à quelques cen¬ timètres seulement du verre. Là , élevé en pleine terre et chauffé à l’eau bouillante, ou mieux en pot plongé dans une tannée tenue constamment très chaude , un œilleton soi¬ gné convenablement parcourra toute sa période de végétation , et jusqu’à la maturi¬ té du fruit , en 2 ou 3 ans au plus. On dis¬ tingue, outre VA. sativa, type de tant de variétés, les A. lucida, debilis , bracleata , semiserrala, Lindl., etc. V. bromelia. (C. L.) ANANAS DE MER. — Nom vulgai- d’une sorte d’Astrée , Astrea ananas. (Duj.) ANANAS DES BOÏS. bot. pm. — Synon. vulgaire, dans les Antilles françaises, de diverses esp. de Tillandsia , de Brome¬ lia, etc. (C. L.) ANANAS FOSSILE. — Nom donné par Davila à un fossile très remarquable que Desmarest a supposé devoir être une tête d’Encrine. (Duj.) AN A * ANANClllTES.Ananchit.es ( «priv.; •j euph. ; écyxoj, j’étrangle, je serre ). echinod. — G. d’Echinodermes fossiles voisin des Spatangues , établi par Lamarck', qui lui assigna les caract. suivants : Corps irrégulier, ovale ou conoïde, garni de tuber¬ cules spinifères. Ambulacres partant d’un sommet simple ou double, et s’étendant sans interruption, soit jusqu’au bord, soit jus¬ qu’à la bouche, qui est labiée, subtransverse, située près du bord , à l’opposite de l’anus. C’est surtout cette continuité des ambulacres qui distingue les Ananchites des Spatangues. Mais ce g. a été encore réduit par MM. de Blainville, Desmoulins et Agassiz, qui en ont séparé les Collyrites ou Disaster, et l’ont caractérisé plus rigoureusement , en tenant compte de l’absence du sillon dorsal qu’on observe chez les Spatangues, et de l’égalité des aires. Les Ananchites se trouvent pres¬ que exclusivement fossiles dans les terrains crétacés, et l’une d’elles, Ananchites ovata, est regardée avec raison comme tout à fait caractéristique de ces terrains. (Duj.) * ANANCYLUS ( «priv. ; âyxvïoç, cro¬ chet ). ms. — G. de Coléoptères tétramères, famille des Longicornes, établi par M. De- jean, qui n’en a pas publié les caract. D’après la place qu’il occupe dans son Catalogue ( 5e édit.) , il appartiendrait à la tribu des La- miaires de M. Serville. L’auteur y rapporte seulement deux esp. de Java, nommées, l’u¬ ne A. umbrifer par M. Bruguière , et l’autre A. calceatus par M. de ïlaan. (D.) * ANANBRAïRE. Anandrarius ( à priv. ; v euph. ; àTf\p, 0)305, homme ; étam. en bot. ). bot. ph. — Dénomination appliquée aux fleurs dont les étamines manquent com¬ plètement ou se sont transformées en péta les. Tel est le cas des fleurs dites vulgaire* ment fleurs doubles ou fleurs pleines. (C. L.) * AN ANDRE. Anandrius. bot. pu. — V. ANANBRAïRE, (C. L.) ANANDRIA (« priv.; v euph .; U'J'np, «y- mâle; fleur dépourvue d’organe mâle). bot. ph. — G. de la famille des Composées, tr. des Mutisiacées. Ses caract. sont : Capi¬ tules multiflores, hétérogames, presque con¬ stamment dépourvus de rayons. Involucre composé d’écailles plurisériées, allongées, lan¬ céolées, appliquées les unes contre les au¬ tres, couvertes d’un duvet blanc plus ou TC T. ï. ANA 426 ANA moins fugace , colorées au sommet , et dé¬ passant souvent les fleurs. Réceptacle nu , lé¬ gèrement concave , fovéolé. Fleurs du disque hermaphrodites; ; celles du rayon femelles , sans indices d’étamines. Corolles glabres , bilabiées, cylindracées, courtes, à lèvre ex¬ térieure 3- et l’intérieure 2-dentée; celles du rayon à tube long, à lèvre extér. en forme de languette, l’intér. bipartite et très petite. Anth. des fleurs du disque terminées infé¬ rieurement par des appendices glabres , ai¬ gus. Style bilobé au sommet , à rameaux ob¬ tus et rapprochés. Le fruit, oblong , atténué aux deux extrémités , se termine au sommet en une sorte de petit cône hispide, qui sup¬ porte une aigrette multisériée , à soies très ténues, filiformes, presque lisses. — VAnan- dria ( Tussilago Anandria L. ) est une her¬ be vivace , originaire de la Sibérie. Cette plante, cultivée depuis long-temps au Mu¬ séum , ne m’a jamais offert de rayons com¬ me elle semble en avoir quelquefois à l’état sauvage. (J. D.) * AWÂNDMNE. Anandrinus. bot. ï»h. — Synon. d "’Anandraire. V. ce mot. (C. L.) * ANANDRIQUE. Anandricus. bot. PH. — V. ANANDRAIRE. (C. L.) ANANTHERIX ( c* priv. ; v euph. ; âvdêpil-, épi ). bot. ph. — G. de la famille des Asclépiadacées, tribu des Euasciépia- dées, formé par Nuttal, et si incomplète¬ ment déterminé, que, parmi les auteurs sys¬ tématiques, les uns le réunissent au Gom- phocarpus de R. Brown, les autres au Po- âostigma , Eîliot, etc. Le type de ce g. était VAsclepias viridis Yult. , qui fait par¬ tie du premier des g. cités. (C. L.) *AXANTHOCYCLUS( « priv.; «vSo? , fleur ; xüx).os , rayon , cercle ; fleur dépour¬ vue de rayon ). bot. ph. — Ce g., établi par Vaillant [Acl. Acad. Par. 1719) , est ré¬ uni aujourd’hui au g. Cotulu. (J. D.) * A&ANTHOPUS (à priV. ; v euph. ; avQog, fleur; tcoj$, pied ). bot. ph. — G. de la famille des Commélinacées, formé par Rafinesque [Fl. ludo. 21 ), et synon. du g. Commelina Dillen. (C. L.) * AXAPAUSIA [àvx-nxvdi, je repose, je délasse), bot. cr. — Nom d’une sect. du g. Gymnopleris , de la famille des Fougères, é- tabli par Presl, et dans laquelle il range VAcroslichum nie oliani folium et quelques autres espèces. V. gymnopteris. (Ad. B.) * A A APE RE. Anapera ( âvàx'/ipcç, mu¬ tilé). ins. — G. de l’ordre des Diptères, dîv. des Brachocères , subdiv. des Dichætes, famille des Pupipares , tr. des Coriacés , dont le nom , substitué par Meigen à celui d 'oxïjpterum employé par Leach, a été ad¬ opté par M. Macquart, qui assigne à ce g. les caract. suivants : Tête insérée dans une échancrure du thorax, munie, de chaque côté, d’une touffe de poils. Palpes velus , presque cylindriques. Ant. valviformes, ciliées ; point d’oreilles. Pieds velus; cuisses antérieures et intermédiaires fort épaisses; ongles des tar¬ ses tridentés. Ailes assez étroites , courtes , en pointe obtuse. Côte ciliée. Nervure mé- diastine simple, marginale et sous-margina¬ le soudées ensemble ; basilaires de longueur inégale ; anale distincte. — Ce g. se compose de deux esp. , VA. pallida et VA. kirbyana. Ces Insectes vivent sur les hirondelles, aux¬ quelles ils se cramponnent au moyen de leurs ongles tridentés. Le nom générique fait allusion à leurs ailes , qui sont pour ainsi dire mutilées. (D.) AXAPHALÏS (nom métonymique par lequel on désigne une herbe voisine des Gna- phalium ou Immortelles), bot. ph. — Les Anaphalis sont des herbes vivaces, originai¬ res des montagnes les plus élevées de l’Inde ; elles ont le port des Antennaria ou Lconlc- podium des Alpes d’Europe. Les tiges sim¬ ples ne portent souvent qu’un seul capitule contenant un nombre considérable de fleurs tubuleuses, hétérogames. Celles du rayon, pluri- ou pauci-sériées , femelles et très té¬ nues , sont pourvues d’un long style bifide ; celles du disque , hermaphrodites et stériles , portent des anthères qui dépassent un peu la gorge de la corolle. Le style est indivis et obtus. L’involucre est formé par des écail¬ les lancéolées, rayonnantes, blanches, sca- rieuses ; les extérieures sessiles ; les moyen¬ nes plus longues, presque stipitées , et mar¬ quées d’un onglet brun à la base. Les inté¬ rieures , étroites, très courtes, paléacées, re¬ posent sur un réceptacle légèrement convexe, alvéolé. Les fruits, glabres, comprimés, ses- siies , tronqués au sommet , sont couronnés par une aigrette 1-sériée , à soies filiformes , scabres de la base au sommet. (J. D.) * AXAP11ES [kvxÿUi impalpable, d’une petitesse extrême), ins. — G. de la famille ANA AN A 427 desOxyuriens (Oxyuri Lat.), de l’ordre des Hyménoptères, établi par M. Haliday ( Ent. Mag. )., qui le place dans la sous-famille des Abymarides , et près de son g. Aby- mar , dont il diffère surtout par l’abdomen ovoïde et presque sessile ; il se distingue aussi du g. Anagrus par les antennes , n’ayant que 12 articles dans les mâles. On ne connaît que quelques esp. indigènes de ce g., toutes d’une extrême ténuité : l’une d’elles est VA. fuscipennis Halid. (Bl.) ANAPHÏA («priv. ; «ç>v], tact, à cause de l’absence de palpes; il eût fallu écrire anliaphia ). arach. — G. de la famille des Pycnogonides , Latr. , de l’ordre des Arachnides trachéennes , établi par Say ( Journ . of Scienc. of Acad, of Phil., t. 2, p. 59), qui en énonce ainsj les caract. : Corps très grêle, composé de quatre segments ( les quatre segments thoraciques ) supportant les pattes, et un petit prolongement caudal, subovalaire ( L’abdomen ). Tête proéminen¬ te, presque imperceptible, formée par un petit prolongement du premier segment thoracique. Yeux au nombre de quatre, in¬ sérés sur un tubercule commun à la partie antérieure de la tête. Mandibules robustes, didactyles, insérées à l’extrémité de la tête , avancées , parallèles , et composées de deux articles. Rostre avancé, cylindrique, tronqué à l’extrémité, et plus court que le corps. Palpes nuis. Pattes au nombre de huit, fili¬ formes, longues et grêles. Les hanches de trois articles; les jambes de deux; les tarses également de deux articles , dont le premier très court ; les crochets simples et arqués. Ce g. ressemble aux Phoxichilus , dont il pa¬ raît voisin par l’absence des palpes ; mais il s’en distingue par les mandibules didactyles et les crochets des tarses simples. 11 se rap¬ proche aussi des Nymphon et des Ammo- thea , dont il diffère essentiellement par l’absence des palpes. Le type de ce g. est YAnapliiapallida Say (Journ. of Scienc. of the Acad, of Ph., t. 2 , pi. 3, fig. 7) , dont l’auteur dit avoir trouvé deux individus sur les branches d’une Gorgonia virgulata , dans la baie de Charlestown (Caroline du Sud). (Bl.) * ANÂPLECTA («vsc, en arrière; nhxToç, plié ; à cause d’un repli des ailes ). iins. — Genre de là famille des Blattiens, de l’ordre des Orthoptères, établi par le docteur Burmeister ( Handb . der Entom.) sur quelques petites esp. américaines, dont le caractère générique le plus important est la grande longueur des secondes ailes, qui dépassent d’environ un tiers la longueur des premières, ou élytres,et se replient sous celles-ci, dans le sens transversal, de manière à être entièrement abritées. Les Anaplecta ont des élytres semblables à celles des Blat¬ tes proprement dites , des antennes un peu plus courtes que le corps, et une pelote entre les crochets des tarses. M. Burmeister décrit quatre espèces de ce g. : ce sont les A. minulissima (Blattaminutissima de Geer.) , de Surinam; laieralis , unicolor , de Colom¬ bie, et dor salis de Porto-Rico. ( Bl. ) ANAPODOPHYLLUM ( »v« , sur; «oïs, ïroJo’s, pied; tpvïlo'j , feuille. Dans ce g., la feuille unique, d’une forme peltée, est portée par un long pétiole), bot. pïi. — Dé¬ nomination d’un g. établi par Tournefort , que Linné a contractée en celle dePodophyl- lum, généralement adoptée. F. ce mot. (C. L.) *ANAPORÉES.Anapomp(àvâ, à tra¬ vers ; «dp os , pore ; allusion au mode de dé¬ hiscence des anthères), bot. ph. — Tribu formée par Schott (. Meleth .) dans sa famille des Aracées (Aroïdées , Juss.), et qu’il sub¬ divise en deux s.-tr. : les Spathicarpées : g. Spathicarpa Hook , Dieffcnbachia Sch. , Atherurus BL ; les Richardiées :g. Aglao- nema Sch., Homalonema Sch., Richar- dia Kunth. ( F. ces mots.) Yoici les caract. que l’auteur assigne à cette tr.: Spadice libre ou adné à la spathe , androgyne , ou organes génitaux rudimentaires le plus souvent mê¬ lés aux fleurs femelles, rarement terminés par un appendice stérile. Anth. libres, ou le plus souvent connées, cachées par un con¬ nectif épais, déhiscentes par des pores. Ovaires nombreux , libres , uni- ou pauci- loculaires. Ovules nombreux ou solitaires, orthotropes. Graines albumineuses. Em¬ bryon antitrope. — Cette section renferme des plantes à rhizomes articulés, acaules ou caulescentes ; à gaînes pétiolaires al¬ longées, à gaînes stipulâmes milles. (C. L.) * AN ARÊTE ( à priv.; v euph.; âpsvk , force , vertu? ). ms. — G. de l’ordre des Diptères , div. des Némocères , famille des Tipulaires, tr. des Tipulaires-Gallicoles, éta- 428 ANA bli par Haîiday, et adopté par M. Macquart , qui lui assigne les caract. suivants : Ant. courtes, de 9 articles; les deux 1ers plus grands que les autres. Yeux échancrés. Trois ocelles. Pieds fort allongés chez le mâle; jambes sans pointes. Ailes couchées ; une cellule marginale divisée par une ner¬ vure transversale, quatre postérieures, deuxième non pétiolée, élargie à sa base. — Ce g. est voisin des Lectrémies, dont il ne diffè¬ re que par les antennes, et ne renferme jus¬ qu’à présent qu’une seule esp. qui vit sur les pins, et n’est peut-être, d’après M. Macquart, que la Cecidontyia Fini de Meigen ( Tipula Pini de De Geer. (D.) * AN ARGYRUM, DC. ( « priv.; v euph.; upyvpoç, argent), bot. pu. — S. -g. ainsi nommé par opposition à Panargyrum , dont il est regardé comme une section. V. ce mot. (J. D.) *ANARHYNQUE. Anarhynchus ( âvsc, en dessus ; pùyxoç, bec), ois. — G. formé par MM. Quoy et Gaimard, dans la Zoologie de l'Astrolabe , vol. 1er, p. 252, sur une espèce de petit Échassier, voisin, selon ces auteurs , des Sanderlings , par le port , la longueur des pieds et la couleur, mais en différant par la forme retroussée du bec et la demi- palmure de la base des doigts. Ils lui assi¬ gnent pour caract. : Bec assez long , recou¬ vert de plumes à sa base jusque près des narines , qui sont petites , linéaires , et ou¬ vertes dans une gouttière prolongée de cha¬ que côté jusqu’au delà de la première moi¬ tié du bec. Mandibules très aiguës , dirigées en haut , déviées d’un côté à leur pointe. Jambes et tarses médiocres ; pouce nul ; doigts assez longs; les premières phalanges unies par une membrane se prolongeant en forme de rebord jusqu’à leur extrémité. Ailes dépassant la queue et très aiguës ; la première rémige la plus longue de toutes. Une seule esp. compose ce g. Elle fut re¬ cueillie à la Nouvelle-Zélande lors de l’ex¬ pédition de V Astrolabe ; elle y habite les bords vaseux de la mer , et vit en troupes dans les canaux d’eau salée qui entourent la baie Chouraki. C’est VAnarhynque à front blanc (Anarhynchus fronlalis ), Quoy et Gaim. , Astrol. , pl. 51 , fig. 2. Plusieurs in¬ dividus furent tués ; tous avaient le bec re¬ courbé en haut et dévié à droite , les pieds noirs, tout Je dessus d’un cendré clair, avec ANA une bande blanche sur le front ; les rémiges primaires brunes , et le dessous d’un blanc assez pur; Se cendré des épaules s’avançant un peu vers la poitrine ; ce qui semblait indi¬ quer que cette partie peut prendre une tein¬ te différente , selon l’âge et les saisons. Leur longueur totale était de 6 pouces 2 lignes. D’après la fig. de la planche citée, le bec de cet oiseau , vu de profil , ne forme 'pas , en se recourbant, un arc comme chez l’Avocet- te , mais un angle ouvert à peu près comme chez VÆdicnemm recurvirostris ( Cuv. ) , et ses pieds , plus robustes et moins grêles que ceux des Sanderlings et des Bécasseaux, demi- palmés comme ceux des Avocettes , nous semblent le rapprocher davantage de ces derniers , et surtout des Pluviers. (Lafr.) ANARNAK. Anarnacus. mai. — V. Dauphin. (Is. G. St-H.) ANARRHÏNUM (âvàppivo'j, nom, chez les Grecs, d’une plante aujourd’hui indéter¬ minée. Ce mot fait opposition à celui d’An- tirrhinum). bot. pii. — G. de la famille des Scrophuîarinées,tr. des Antirrbinées,Chav., formé .par Desfontaines (Fl. Atl. , 11, 51, t. 141, 142), et dont les caract. sont ainsi dé¬ terminés : Cal. profondément 5-fide. Cor. hypogyne ; tube un peu recourbé , uni à la base ou courtement éperonné; gorge ou¬ verte ( principal caract. qui distingue ce g. de VAntirrhinum), libre; limbe bilabié; lo¬ bes de la lèvre supérieure dressés , puis ré¬ fléchis ; ceux de l’inférieure étalés; tous presque égaux, plus ou moins échancrés. f Etamines insérées sur le tube de la corolle , incluses, dont 4 fertiles, presque égales; une 5e stérile, très courte panth. rénifor- mes, uniloculaires. Ovaire biloculaire; pla¬ centas adnés à la cloison, multi-ovulés. Style simple, renflé au sommet; stigm. ob¬ tus. Capsule chartacée, sphérique-compri- mée, biloculaire ; iogettes égales, déhiscen¬ tes près du sommet par un pore oblong, uni valvulé. Graines nombreuses , ovales, très petites , à test tuberculé ou submuriqué. — Ce g. renferme 5 ou 6 esp. environ, appar¬ tenant au bassin méditerranéen, et qui sont des herbes bisannuelles ou vivaces, à feuil¬ les radicales souvent disposées en rosace; les caulinaires opposées, palmatiparties ou dentées au sommet; les supérieures très en¬ tières; à fleurs petites, notantes, disposées ANA 429 en grappe spiciforme , allongée et penchée. L’espèce la plus commune du g. est l’A. bellidifolium , qui croît dans le midi de la France. Il a pour synonymes le Cardiolhe- ca , Ehrenb. , Msc. , et le Simbuleta de Fors- kal, qu’on lui rapporte avec doute. (C. L.) AAARRIIIQUE. Anarrhicas ( àvxjbpi- yu/Axi, grimper), poiss. — Ce nom fut imagi¬ né par Gessner pour désigner un poisson, dont il recevait la description de l’un de ses cor¬ respondants , riverain de l’Océan germani¬ que, sous la dénomination de Klippfisch , ainsi nommé , disait-il , soit parce que ce poisson monte sur les rochers, soit parce qu’il se cache parmi les rochers sous-marins. Quoique cette habitude soit plus vraisembla¬ ble que la première, dont aucun auteur mo¬ derne ne parle, Gessner a préféré la première version, et a composé dans cet esprit le nom d’Anarrhicas , resté depuis à notre poisson. — Il est jusqu’à présent unique dans son genre, caractérisé par un corps long et comprimé, une tête grosse, à joues saillantes, à cause de l’énormité des muscles masseters. La gueule est armée de fortes dents coniques et pointues sur le devant des mâchoires; celles des côtés, ainsi que celles du palais , sont de gros tubercules hémisphé¬ riques portés sur des espèces d’épiphyses os¬ seuses, coniques, qui tiennent aux os par une sorte de suture. La mâchoire supérieure a une rangée de quatre grosses dents coniques avec de plus petites au milieu, et une ran¬ gée intérieure de douze petites. A la mâchoi¬ re inférieure, il y en a une rangée extérieu¬ re de six grosses, puis une rangée intérieu¬ re de quatre plus petites. Ensuite viennent de chaque côté deux rangs de gros tubercules ronds portant des petites dents plates, au nombre de cinq à six sur chaque rang; et plus en arrière , trois ou quatre de ces tu¬ bercules, mais sur un seul rang. A ces der¬ nières rangées de la mâchoire inférieure ré¬ pondent les deux rangées adhérentes aux pa¬ latins. Le vomer est aussi garni de gros tu¬ bercules, et les pharyngiens portent aussi des dents coniques, mais beaucoup plus pe¬ tites. A ce caractère de la dentition si forte et si remarquable de l’Anarrhique il faut a- jouter encore qu’il n’y a pas de ventrales ; que la dorsale et l’anale sont très étendues, et vont toucher, sans se confondre avec elle, à une petitenageoirecaudale. Tous les rayons ANA- sont moux et flexibles. Ce poisson manque de vessie natatoire. Sa couleur est d’un brun foncé tirant plus ou moins à l'olivâtre, quel¬ quefois moucheté de noir ou rayé en travers de larges bandes noires plus ou moins nua¬ geuses. L’Anarrhique habite l’Océan du Nord , et se porte très haut vers le pôle, car on le trouve jusque sur les côtes du Groen¬ land. Il est très abondant sur les côtes d’An¬ gleterre, mais il devient rare sur nos côtes de la Manche, et nous ne croyons pas qu’il dépasse cette mer vers le sud , car nous n’en avons jamais vu venir du golfe de Gas¬ cogne. Il se trouve aussi sur les côtes d’A¬ mérique ; nous en avons reçu qui avaient été pêchés sur le banc de Terre-Neuve. Il nage avec lenteur par des mouvements d’on¬ dulation, et comme en se traînant sur le sable. Il vit long-temps hors de l’eau, mord avec force les corps qu’on lui présente quand il est sur le pont d’un navire. Steller rappor¬ te qu’il a vu un de ces Anarrhiques briser entre ses dents la lame d’un fort couteau. Il ne dépasse guère Im à lm,35. On en fait dans le Nord des pêches assez abondantes pour donner lieu à des salaisons de ce pois¬ son, estimé par les uns et tout à fait méprisé par les autres. Les auteurs s’accordent tous à dire que sa chair est bonne quand elle a été bouillie. Dans le Nord on emploie sa peau à divers usages , soit pour en faire de la colle-forte , soit pour en faire des lanières assez solides , soit enfin comme d’une sorte de chagrin. (Val.) * AJXARRHIZÉES. Anarrhizeœ(upr.; y euph. ; xp , redoubl.; yoîÇ«, racine ). bot. ph. — Dénomination appliquée par L. C. Ri» chard aux plantes acotylédones qui, suivant cet auteur, étant privées de graines , man¬ quent de radicules, et, conséquemment, de racines. (G. L.) * AA ART A (nom d’une coquille de mer suivant Pline), ins. — G. de l’ordre des Lépi¬ doptères, famille des Nocturnes, établi par Ochsenheimer aux dépens du g. Noctua de Fabricius , et adopté par M. Boisduval , qui le place dans sa tribu des Héliothides ( Index metliod., p. 94). Treischke, continuateur de l’ouvrage d’Ochsenheimer , lui donne les caract. suivants , qui sont extrêmement va¬ gues : Papillons très petits, dont le corps est gros et laineux ; avec les antennes crénelées, les ailes supérieures marbrées, et les infé- 430 AN A rieures terminées par une large bordure noi¬ re. Il les divise en trois petites familles : Famille A, Pap. ayant les ailes supérieures étroites et arrondies ; famille B, Pap. ayant les ailes mêlées de blanc et de noir, et les supé¬ rieures larges et arrondies; famille C, Pap. ayant les ailes supérieures colorées en ban¬ des, avec l’angle apical aigu. Les chenilles de ces Lépidoptères ont été très peu obser¬ vées; on ne connaît encore que celles de deux espèces. Elles sont chargées de petits points verruqueux sur un fond barriolé; elles ont 16 pattes , et vivent sur les plantes basses. Leur métamorphose a lieu dans un tissu lé¬ ger, revêtu des débris de leur nourriture. — Le g. Anarla renferme 9 esp. , toutes d’Eu¬ rope. Ce sont des Noctuélites de moyenne taille , d’un vol très rapide , et qui a lieu en plein jour, par un soleil ardent, bien qu’elles appartiennent à la famille des Nocturnes. Quelques unes sont ornées de couleurs vives et variées. Nous citerons comme la plus re¬ marquable sous ce rapport P A. Myrtilli Linn., qui paraît deux fois, en juin et en août; elle est très commune dans les clairiè¬ res des bois où abonde la bruyère commune ( Erica vulgaris), sur laquelle vit sa chenille. Toutes les Ânarta connues sont figurées dans Hubner et dans notre Hist. nat. des Lépid. de France. (D.) ANARTIIRM (àpriv. ; veuph.; üp- 3-/0OV , articulation ). bot. pii. — G. de la famille des Restiacées, formé par R. Brown ( Prodr. ) , qui lui assigne les caract. sui¬ vants : Fleurs dioïques, à périgone 6-gîu- mé , presque égal. Dans les mâles : 5 étam. à filaments libres, à anthères biîoculaires, bifides aux deux extrémités. Dans les fe¬ melles : Ovaire triloculaire; 3 styles, à stigm. simples; capsule 5-loculaire, trilobée, tri- sperme. — Les Anarthria sont des herbes vi¬ vaces, indigènes sur les côtes méridionales de la Nouv.-Hollande. Leur chaume est comprimé , simple ou rarement ramifié-pro- lifère, inarticulé, évaginé, garni de feuil¬ les distiques, verticales, équitantes, et ter¬ miné par des épis composés, bractéés (brac¬ tée spathacée, caduque ) ou simples, à fleurs solitaires. On en connaît 5 ou 6 es¬ pèces, dont la capsule, chez quelques unes, est nucamentacée et à peine déhiscente. (C. L.) * AMARTHROSYME , E. Meyer (di- ANA minutif d’ava/sôysoç, inarticulé), bot. ph. — G. de la famille des Légumineuses, voisin des Desmodium , dont il ne diffère que par un fruit moniiiforme, mais non septulé ni ruptile. Meyer ( Comm . , p. 124) n’en signale qu’une esp., laquelle croît au cap de Bonne- Espérance. (Sp.) AN AS. ois. — Syn. latin de Canard. ( C. D’O. ) AN1ASPE. Anaspis («priv. ;v euph. ; àorirt's, bouclier; ici écusson), ins.— G. de Co¬ léoptères hétéromères, créé par Geoffroy, et adopté par MM. Duméril et Latreille, qui le placent , le premier dans la famille des An- gustipennes ouSténoptères, et le second dans celle desTrachélides, tribu des Mordellones. Les caract. de ce g., suivant Geoffroy, sont : Ant. filiformes, qui vont en grossissant vers le bout. Ecusson imperceptible. Corselet plat, uni et sans rebords.— Fabricius et Oli¬ vier ont réuni les Anaspes aux Mordelles , parce qu’ils n’en diffèrent, selon eux, que par l’organisation de la bouche; mais ils s’en distinguent encore par le pénultième article de leurs quatre tarses antérieurs, qui est bilobé ; leurs ant. simples, et non en scie ; et enfin par la presque nullité de leur écus¬ son, qui est à peine visible. Ce sont des Insec¬ tes très petits et très agiles, qu’on rencontre ordinairement sur les fleurs , et quelquefois sur les arbres. Ils glissent facilement entre les doigts de celui qui veut les prendre. M. Dejean , dans son Catal. (3e édit.) , en men¬ tionne 24 esp., dont 5 d’Amérique, 1 du cap de Bonne-Espérance, et les autres d’Europe. Nous citerons parmi ces dernières les A. frontalis , flava , lateralis , thoracica et ru- ficollis , qui se trouvent toutes aux environs de Paris. Ce sont des Mordelles pour Fabri¬ cius et Olivier, qui les ont décrites les pre¬ miers. (D.) AMASSER ou AMASSERA ( nom vulgaire à Timor ). bot. ph. — Rumphius ( Herb. Amboin. , vol. 7 , t. 7 ) a décrit et figuré sous le nom (T Anasser une plante queM. R. Brown a reconnue comme congé¬ nère du Pitiosporum. Ce dernier auteur a , en outre , signalé l’identité du g. Anasser , fondé par A. L. de Jussieu , avec le Genio- stoma de Forster. Le nom d 1 Anasser ou (FAnassera , que Lamarck a ainsi modifié , doit donc être rayé de la botanique. F. ge- NIOSTOMA et PITTOSPORUM. (G... N.) ANA ANA 431 ANASTATIC A, Linn. (âvoiaTocTixcSç, qui excite), bot. pii. — G. de la famille des Crucifères (Siliculeuses), offrant pour ca- ract. : Cal. de 4 sépales égaux , ascendants , divergents. Cor. de 4 pétales courtement onguiculés. Glandules 4 (opposées 2 à 2 aux 2 sépales latéraux), dentiformes , trigones, alternes avec les 2 étamines impaires. Étain. 6, subisomètres. Filets filiformes, trigones, ascendants, arqués. Anthères sagittiformes- elliptiques, rétuses. OŸaire 2-loculaire ; loges 2-ovulées. Style filiforme, accrescent. Stig¬ mate pelté, disciforme. Silicule rostrée(par le style), subglobuleuse, comprimée en sens contraire du diaphragme, diptère au som¬ met, 2-loculaire, 2-valve, 2-4-sperme; val¬ ves cymbiformes , innervées, marginées, ap- pendiculées postérieurement au dessous du sommet; diaphragme suborbiculaire, épais , subcoriace; nervures placentairiennes pla¬ nes, très larges, superficielles; bec conique- subulé, persistant. Graines tantôt solitaires et suspendues, tantôt géminées et subhori¬ zontales , suborbiculaires , comprimées , im- marginées. Cotylédons rectilignes, plans, tantôt accombants , tantôt obliquement in¬ combants. (Spach, Hist. des Plantes Plian. VI , p. 527.) — Ce g. , très caractérisé, mais d’ailleurs assez voisin des V alla , ne renfer¬ me qu’une seule esp. ( A. hierochunlica L. ), plante connue sous le nom vulgaire de Rose de Jéricho , et qui habite les déserts de l’Egypte, ainsi que ceux de l’Arabie et de la Syrie. C’est une herbe annuelle très rameu¬ se, couverte d’une pubescence étoilée. Les rameaux sont dichotomes; les feuilles spa- tulées, pétiolées, peu ou point dentées. Les fleurs, subsessiles, très petites et de couleur blanche, forment des grappes dichotoméaires et terminales, sessiles, ébractéolées, pau- ciflores. Lorsque la plante est morte sur pied et desséchée, ses branches et ses rameaux se contractent , et forment une sorte de pe¬ lote presque globuleuse , tandis qu’elles s’écartent dès que ce squelette végétal est humecté. C’est probablement à cette pro¬ priété hygrométrique , qui paraissait jadis une merveille, qu’est dû le nom vulgaire de YAnastatica. (Sp.) * ANASTATICÉES. Anaslaticeœ. bot. ph. — Tribu établie par M. De Candolle dans les Crucifères ( V. ce mot), et ayant pour type le g, Anastalica. (Ad. J.) ANASTOME (ù'JccGvo/jiOi , ouvert.) ois. — C’est, dans la méthode de Vieillot, le synonyme du g. Bec-ouvert de Cuvier. F. ce mot. (Lafr.) * ANASTOME, et non ANOSTOME. Anastoma (âvàGvofxoü «va, sur; bou¬ che). moll. — Une coquille très singulière a été figurée autrefois par Lister et plusieurs autres auteurs , et rapportée par Linné à son g. Hélix , sous le nom A1 Hélix ringens. Cette coquille présente un caract. des plus singuliers. La spire, après s’être enroulée de la manière habituelle , parvenue au dernier moment de son accroissement, se renverse subitement à la base, parcourt cette base transversalement , et l’ouverture vient se placer sur le bord extérieur, se dirigeant vers la spire , qui se trouve renversée dans une position diamétralement opposée à cel¬ le qui existe dans toutes les autres esp. d’Hé- lices. C’est avec cet Hélix ringens que La- marck a fait son g. Anastome. Depuis Lin¬ né, une 2e esp. plus petite et plus globuleu¬ se a été découverte, et Lamarck les a com¬ prises toutes deux dans son genre. Si ce ca¬ ract. se trouve confirmé plus tard par des mo¬ difications notables dans l’organisation des animaux , il sera nécessaire de conserver le g. Anastome ; mais si , au contraire , comme cela est très probable, l’animal ne diffère pas des autres Hélices, il suffira dès lors, comme l’a d’ailleurs proposé M. de Férussac, de for¬ mer dans les Hélices un petit groupe à part pour les deux esp. dont nous venons de par¬ ler. F. hélices. (Desh.) ANASTOMOSE. Anastomoses ( àvjiOTO- fj-ojGiç, embranchement des vaisseaux [ abou¬ chement, communication qui existe natu¬ rellement entre deux vaisseaux ] ). anat. — On a donné ce nom aux communications nerveuses, bien qu’il soit difficile d’y consta¬ ter les conduits du fluide nerveux. Le nom¬ bre des Anastomoses est d’autant plus grand que les vaisseaux sont plus petits. Leur but principal semble être de multiplier les voies de communication, et de suppléer ainsi aux obstacles que les liquides peuvent éprouver dans leur cours. En effet, si on lie l’artère principale d’un membre, la circulation se rétablit bientôt entre la partie supérieure et la partie inférieure de la ligature. Dans ce cas, les petits vaisseaux de communication se développent d’une manière extraordinaire, 432 ANA et prennent un volume en rapport avec leurs nouvelles fonctions. L’importance physiologique des Anasto¬ moses est bien plus grande encore si l’on ob¬ serve ce qui se passe du côté de la circula¬ tion du sang chez les têtards de certains batraciens à métamorphoses. Chez ces êtres rémarquables sous plusieurs rapports , la re¬ spiration aquifère ne peut se changer en re¬ spiration aérienne qu’autant que des Anasto¬ moses vasculaires , d’abord imperceptibles , finissent , en se développant, par détourner le sang d’un appareil respiratoire au bénéfice de l’autre. La circulation du sang chez les Crocodiles se trouve également modifiée d’une manière toute particulière par une Anastomose qui fait communiquer le sang artériel avec le sang veineux. F., pour plus de détails , l’ar¬ ticle CIRCULATION. (M. S. A.) ANASTOMOSE. Ânastomosis ( de «vacrro>ow , je resserre ). bot. — Se dit , en botanique , de la réunion de diverses parties rameuses les unes avec les autres. (C. d’O.) * ANASTRAPHIA, et mieux ANA- STREPHIA ( , je recourbe ; à cause de la courbure du limbe des fleurons), bot. pii. — M. Don a donné ce nom à une plante de la famille des Composées , tr. des Mutisiacées. Ses caract. sont : Involucre ovale, campanulé, composé d’écailles lancéolées, acuminées, multisé- riées ; les extérieures plus courtes. Récepta¬ cle nu. Fleurs hermaphrodites. Cor. glabres, pourpres , régul. , 5-nervées. Tube coriace, divisé en 5 lobes linéaires , révolutés. Étam. à filets capillaires glabres, dépassant la gor¬ ge de la corolle. Anth. blanchâtres, longues, dures , munies de deux soies à la base. Style cylindrique , glabre , échancré au sommet , et légèrement papilleux. Fruit tronqué, com¬ primé , linéaire , couvert de poils soyeux , couronné par une aigrette persistante , for¬ mée de soies capillaires , denticulées , pres¬ que égales entre elles. — L "’Anastraphia est un arbrisseau couvert de feuilles alternes , épineuses en leurs bords , et assez sembla¬ bles , par leurs formes , à celles du chêne yeuse. Il est originaire de l’île de Cuba. (J. D.) ANATASE («v«73 ««s, élévation), min. — Espèce du g. titane. V. ce mot. (Del.) ANA ANATÉES. — F. ANA TIRÉES. ANATHÈRE. Anatherum (« priv. ; v euph.; àO 'np, époç, barbe d’épi), bot. pii. — Le g. ainsi nommé par Palissot de Beauvois, dans la famille des Graminées, pour quelques esp. YAndropogon , a été réuni de nouveau à ce dernier g. par le profeseur Runth. F . ANDROPOGON. (A. R.) * AN A TH DOTES ( âvxOpdiay.ct) , je sau¬ te). INS. — G. de l’ordre des Coléoptères pen¬ tamères, famille des Sternoxes , tr. des Éla- térides, établi par Stéphens, qui lui donne pour caract. : Tarses dilatés ; 4e article me¬ nu. Ongles simples. — Ce g. correspond à ce¬ lui (YAlhous d’Eschscholtz. F. ce mot. (D.) * ANATIDËES. Anatidœ (du mot la¬ tin anas , lis, canard), ois. — Famille de l’ordre des Palmipèdes de Cuvier, répondant à celle des Lamellirostres de cet auteur. Ses caract. sont : Bec large, le plus souvent déprimé et arrondi à son extrémité, quel¬ quefois conique et rétréci vers cette partie , revêtu d’une peau molle plutôt que d’une véritable corne, souvent renflé en dessus de sa base , terminé par une plaque ou onglet arrondi , plus ou moins incliné et saillant ; ses bords garnis de lamelles transversales en forme de petites dents , souvent apparentes sur les côtés. Langue épaisse , charnue , dentelée sur ses bords. Fosses nasales am¬ ples et ovalaires ; narines en fente et média¬ nes. Tarses en général courts , robustes , comprimés , déjetés en arrière chez la plu¬ part; bas de la jambe nu; doigts antérieurs palmés ; pouce petit , souvent pinné. Ailes en général de longueur médiocre, de forme étroite, et souvent munies d’un ou deux tu¬ bercules osseux au poignet. Queue courte , souvent conique ou simplement arrondie. Sternum très grand , prolongé en arrière en forme de bateau. Cette famille se compose de toutes les espèces que Linné comprenait dans son grand genre Anas , groupe des plus natu¬ rels, et que la seule inspection du bec fait reconnaître au premier abord. Ce bec , ce¬ pendant , présente dans sa structure plu¬ sieurs modifications qui, jointes à celles d’autres parties extérieures , ont fait diviser ces nombreuses esp. en Cygnes, Oies , Cé~ réopsis et Canards. Swainson, dans sa clas¬ sification , n’admettant pour caract. génér. de sa famille Anatidœ que celui tiré de la ANA ANA 433 forme du bec , y fait entrer, comme sous- famille , sous le nom de Phœnicoptinœ , le g. Phœnicoptère. Nous avouons qu’en n’ayant égard qu’au bec déprimé et lamelleux et aux doigts palmés du Phœnicoptère , ce se¬ rait effectivement dans cette famille qu’il devrait être rangé ; mais , si l’on considère l’énorme longueur de ses pattes , la brièveté de son tronc , et ses habitudes riveraines et non nageuses , c’est évidemment à l’ordre des Echassiers qu’il appartient. Nous soup¬ çonnons fortement aussi que la forme de son sternum et de tout son squelette l’y place également. Du reste , il n’est pas douteux que ce soit un oiseau de transi- r tion , faisant le passage des Echassiers aux Nageurs ou Palmipèdes , comme il s’en ren¬ contre d’intermédiaires entre presque tous les ordres. La tâche que nous nous sommes imposée de rechercher soigneusement et de recon¬ naître, autant que possible , dans toutes les familles , les différences de mœurs presque toujours jointes à celles des formes, comme base de nos divisions , nous a fait reconnaî¬ tre, tlans les nombreuses esp. qui composent celle-ci, trois ou quatre types de forme bien distincte , et en rapport avec diverses facul¬ tés prédominantes qui en sont la consé¬ quence. Telles sont la marche et même la course chez les uns , la natation et l’immer¬ sion chez d’autres , un mélange de ces deux facultés chez ceux-ci , et enfin un vol plus facile , joint à la faculté de se percher , chez ceux-là. Parmi les esp. marcheuses et même cou¬ reuses , et peu nageuses par conséquent , qui se font remarquer par des jambes et des tarses élevés, placés sur le tronc, à l’équilibre du corps, nous avons cru devoir établir deux sous-familles. L’une , que nous nommons Ansérinées , renferme les Oies et les Bernaches , reconnaissables à leur bec co¬ nique, rétréci vers la pointe, et qui , par leur palmure entière, la forme allongée du tronc et la forme étroite^des ailes, leur queue courte et conique , rappellent entièrement les Ca¬ nards proprement dits; l’autre, que nous appellerons Anaiigrallinées , à cause de ses rapports avec les Echassiers , se compose d’esp. à jambes et à tarses encore plus élevés, à palmure échancrée , quelquefois rudimen¬ taire, dont les ailes plus développées en largeur , et la queue plus longue et tomban¬ te , rendent le vol moins précipité et plus facile , en laissant même à quelques unes la faculté de se percher, et même de nicher sur les arbres. Leur bec non conique , large et déprimé vers le bout, comme chez les Ca¬ nards, les distingue encore des Anséri- • nées . Nous nommerons Cygnidées la 3e sous-fa- mille, renfermant les Cygnes , qui , quoique les représentants des vrais Canards sur une plus grande échelle, par l’ensemble de leurs formes et par leurs habitudes , en diffèrent néanmoins par une taille beaucoup plus for¬ te , par un cou fort allongé , et quelquefois par un caractère anatomique des plus sail¬ lants , et qui consiste dans un repli de la trachée - artère , pénétrant dans une cavité de la quille du sternum. Cette sous - famille ne renfermera que le g. Cygne. Nous avons laissé le nom d’Anatinées à la 4e sous-famille, renfermant les Canards pro¬ prement dits, c’est-à-dire les esp. qui, beau¬ coup moins élevées sur pattes que celles des deux premières sous-familles , moins mar¬ cheuses par conséquent , et plus nageuses , font cependant quelquefois usage de la mar¬ che sans éprouver de difficulté réelle. Notre 5e sous-famille , celle des Fuliguli- nées ou Milouins , se compose pour nous , comme pour Cuvier et la plupart des au¬ teurs, de ces Canards tout à fait pélagiens, nageurs et plongeurs par excellence, ne se servant qu’avec difficulté de leurs pattes pour la marche , tant elles sont déjetées en arrière, en dehors de l’équilibre du corps, et se rapprochant singulièrement par là, com¬ me par tout leur ensemble , de la famille des Alcadées ou Pingouins. Enfin, sous le nom de Merginées, nous désignerons la 6e sous-famille, se composant des esp. du g. Harle ( Mergus ), remarquable par une forme de bec toute particulière , et différente de celle des esp. des quatre sous- familles précédentes. V. les mots anséri- NÉES, ANATIGRALLINÉES , CYGNIDEES, ANATINEES , PLLIGULDüÉES et MERGI¬ NÉES. (Lafr.) ANf ATIFE. Anatifa { anas , lis , canard ; fero, je porte, je produis. Dans le nord de l’Europe, on croit que ces animaux donnent naissance aux canards sauvages), cirrii. — On désigne sous ce nom une famille de l’or- 28 T. I. 434 ANA dre des Cirrhopodes , ayant pour type le g. Anatifa. Ce g. présente les caract. suivants: Coquille composée de 5 valves, deux de chaque côté ; la cinquième sur le bord dor¬ sal. Ces valves , rapprochées en forme de cône aplati par une membrane qui les borde et les maintient , sont soutenues sur un pé¬ dicule tubuleux, à parois musculaires et membraneuses , susceptible de s’allonger et de se contracter. Le pédicule des Ânatifes est toujours fixé sur des corps marins , spé¬ cialement sur la cale des navires ; ce qui fait présumer qu’on peut rencontrer dans toutes les mers les diverses esp. qui constituent le g. Anatife. Ces esp. sont , d’après Lamarck , au nombre de 5, dont voici les noms : Âncitife lisse , velue, dentelée , striée et vitrée. Quant à ce qui regarde l’organisation des Anatifes, et la place que ces animaux doivent occuper dans les divisions zoologiques , il en sera question à l’article cïrrhipèdes. (M. S.-A.) ANATÏFÈRE. Anatiferus ( anas , ca¬ nard; fero , je porte. V. anatife). girrh. — La conque anatifère, Lepas analifera , doit cette épithète à une croyance absurde de quelques habitants du nord de l’Europe , qui pensent encore que les Anatifes, en gé¬ néral, donnent naissance aux Canards sauva¬ ges quelques jours après qu’on les a retirés de l’eau. Leur crédulité à cet égard n’est point démentie par l’expérience ; bien au contraire, ils pensent que, s’ils ne voient pas les Canards sortir de la coquille , c’est que ceux-ci se sont envolés pendant la nuit. La preuve en est , disent-ils , qu’on ne retrouve plus l’ Anatife dans son enveloppe. Le fait est que ces animaux , une fois retirés de l’eau , se dessèchent promptement , et à tel point qu’il faut y regarder avec attention pour découvrir au fond de la coquille les restes de l’animal racorni au dessus de toute ex¬ pression. ^ (M. S.-A.) * AAAT1 FÉR1DES. Anatiferidœ ( V. anatife ). girrh. — Nom donné par Ci- ray à une famille de la classe des Cirrhipè- des, qui a pour type le g. Anatife. (M. S.-A.) ANATIFES. Anatifœ (F. anatife). girrh. — Férussac désigne sous ce nom une famille de l’ordre des Cirrhipèdes , ayant pour type le g. Anatife . (M. S.-A.) * ANATIGRALLE. Anatigralla (a- ANA nas, tis, canard ; graïïa , échassier), ois. — G. de l’ordre des Palmipèdes , de notre fa¬ mille des Anatidées et de notre s.-famille des Anatigrallinées. En août 1854, nous pu¬ bliâmes ce g. dans le Mag. de Zool., et nous le formâmes alors sur l’Oie de Gambie ( Anas gamhensis ), dont nous possédions une paire vivante , et dont le port1, la dé¬ marche , et les mœurs enfin , nous parurent différer entièrement non seulement de ceux des Cygnes, avec lesquels Cuvier les ran¬ geait, mais aussi de ceux des Canards et des Oies. Ses caract. sont : Corps peu allongé. Jambes et tarses robustes et élevés , placés sur le tronc , à l’équilibre du corps ; doigts allongés , surtout le médian , et dépassant les membranes interdigitales ; le pouce assez long , grêle , lisse et sans pinnule , pouvant s’appliquer sur le sol à son extrémité ; on¬ gles comprimés , allongés , pointus , légère¬ ment arqués. Membranes inter digitales plus ou moins échaiicrées, quelquefois seulement rudimentaires. Bec semblable à celui des Canards , allongé , à peu près d’égale lar¬ geur dans son étendue, déprimé, ayant sa base souvent tuberculeuse et charnue. Ailes amples, larges, atteignant souvent l’extrémi¬ té de la queue; à rérniges tertiaires pro¬ longées jusqu’à la pointe des primaires, ar¬ mées souvent au poignet de deux forts tu¬ bercules , ou même de deux longs éperons osseux. Queue assez longue , presque carrée ou arrondie et tombante ; ce qui , joint à l’élévation de la partie antérieure du dos , donne à quelques esp. un port de Cigogne. D’après le développement de leurs ailes et même de leur queue , ces oiseaux ont un vol plus facile , plus léger , à battements moins précipités que Je s Canards, et plu¬ sieurs d’entre eux se perchent et nichent dans les arbres. La plupart ont dans leur plumage et sur le miroir de l’aile une nuan¬ ce d’un beau vert à reflets. — Ce g. a pour synonymes en partie les Canaroies ( Ansera ~ nas) de Lesson , et le g. Plectropterus de Leach. A notre Oie de Gambie nous réunissons , comme type du genre , le Canard-pie semi- palmé de la Nouvelle-Hollande , Anas serai- palmata , type du g. Canaroie de Lesson ; — VAnserjubatus (Spix) d’Amérique; — L’Awas jubata ( Latham ) de la Nouvelle- Hollande ; — L’Oie bronzée de Coroman- ANA ANA 435 rîel ; celle d’Egypte, et même les Tadornes , qui marchent et courent avec facilité. Le Canard musqué , malgré la brièveté de ses pattes , nous paraît devoir leur être réuni , vu la conformité de toutes ses autres par¬ ties , son vol facile et ses mœurs percheuses. Nous le présentons seulement comme s.-g. de notre g. Analigralla , sous le nom de Moschatus, Less. Nous agirons de même pour le g. Dendrocygna de Swainson , renfer¬ mant les plus petites esp. de nos Anatigral- les , celles qui se perchent et nichent dans les arbres, telles que les Anas àrborea , au- tumnaUs,viduala, d’Amérique; arcnata,de l’Inde, et autres. Notre g. Analigralla a donc pour s.-g. les g. Moschatus ,Less.; Dendro¬ cygna, Sw.; et Tadorna , Leach. Le s.-g. Moschatus , Less. ne diffère réellement du g. Anatigralla que par des tarses et des jambes beaucoup plus courts. Ses pieds, ses ailes et son bec , ont absolument la même conformation. La seule esp. qui le compose est le Canard musqué d’Amérique ( Anas moschata ) , qui se perche et niche dans les arbres; on pourrait peut-être lui associer l’Oie bronzée ( Anas mclanotos ) , remarqua¬ ble par sa crête charnue et frontale. Le s.-g. Dendrocygna , Sw. retrace en petit les formes du g. Anatigralla ; les ca- ract. tirés de la longueur des doigts et des ongles y sont seulement plus développés. Quoique le nom de Dendrocygna de M. Swainson ne convienne guère pour des esp. à peine plus fortes que nos Sarcelles, nous aimons mieux l’employer que d’augmenter encore la nombreuse synonymie des noms génériques déjà existants. Le s.-g. Tadorna fait la transition des Anatigralles aux Canards proprement dits. Les esp. qui le composent tiennent aux pre¬ miers par leurs pattes élevées et leur mar¬ che facile; par leur bec retroussé, surmonté d’un tubercule au front; ils s’en éloignent par leur palmure entière et leurs doigts de longueur médiocre, comme chez les Ca¬ nards. Les esp. qui le composent sont : Y Anas Tadorna ou Canard Tadorne; — L’An, rutila ou Canard Kasarka; — YYAnas Radjah , Less. et Garnot (Coquille , pl. 49), — et Y Anas tadornoïdes des auteurs an¬ glais. (Lafr.) * AXATIGRALLINÉES. Anali- grallinœ (anas, tis , canard; grallina, diminutif de gralla , échassier ). ois. — Sous -famille de notre famille Anatidées , ayant pour caract. : Corps peu allongé. Jambes et tarses robustes et élevés , placés sur le tronc , à l’équilibre du corps ; doigts allongés , surtout le médian et le pouce ; ce dernier lisse , sans pinnule , et touchant à terre par son extrémité ; ongles comprimés, allongés, arqués et pointus. Membranes in¬ terdigitales plus ou moins échancrées , ou même rudimentaires. Bec semblable à celui des Canards proprement dits , c’est-à-dire élargi , allongé , à extrémité de même lar¬ geur et arrondie , déprimé , et parfois légè¬ rement concave , avec sa base souvent tuber¬ culeuse et charnue , conique et rétréci vers sa pointe dans un seul cas. Ailes amples, larges, atteignant souvent l’extrémité de la queue ; les tertiaires étant aussi longues ou presque aussi longues que les primaires ; ces ailes souvent munies au poignet de deux tubercules, quelquefois même de deux forts éperons osseux. Queue médiocre , arrondie et tombante. De cette forme d’ailes et de pattes il résulte chez ces oiseaux un vol fa¬ cile et léger, à battements lents , et souvent la faculté de se percher et de nicher dans les arbres. La plupart des esp. se font re¬ marquer par une belle nuance verte à reflets dans l’ensemble de leur plumage et sur le miroir de leurs ailes. Leurs habitudes sont marcheuses et marécageuses, et la longueur de leurs jambes leur rend la natation moins facile. Cette s.-famille renferme d’abord le g. Anatigralle'(Ana%raüla,Nob.), avec ses s.-g. , et le g. Cereopsis de Latham. F. ces deux mots. (Lafr.) AXATIXE. Anatina(anatinus [anas , canard], qui a la forme du bec d’un canard). moll. — On doit la création du g. Anatine à Lamarck. Il l’a proposé dès 1809 dans les tableaux de classification de la philosophie zoologique. C’est dans cet ouvrage , remar¬ quable à plus d’un titre, que notre grand naturaliste a institué des familles naturelles dans le règne animal. Celle des Myaires , outre le g. Anatine, contient encore les Myes et les Panopées. Reproduits nominalement à la même place dans l’extrait du cours , les caract. du g. Anatine n’ont été réellement bien connus que du moment où Lamarck en a démontré la composition dans son Hist. nat. des animaux sans vertèbres. En 436 ANA mx 1811, M. Megerle publia, dans le Magasin de Berlin, une classification des coquilles bival¬ ves, dans laquelle se trouve un g. Auriscal- pium, qui correspond exactement à celui des Anatines de Lamarck; mais ce genre de l’auteur allemand, quoique adopté par M. Schmach , ne peut l’être cependant , puisque celui de Lamarck est de beaucoup antérieur. Cuvier , dans la première édition du Régné animal, comprit le g. Anatine parmi les s.-g. des Myes , et il le place entre les Myes proprement dites et les Glycimères. Il est évident que les rapports de ce g. n’ont pas été suffisamment compris par le savant auteur du Règne animal. M. de Férussac , dans ses tableaux systématiques , adopta la famille des Myaires de Lamarck en la modi¬ fiant, et plaça les Anatines entre les Lutrai- res et les Myes , en introduisant le g . dont nous nous occupons dans sa famille des Py- loridées. M. de Blainville désigna des rap¬ ports beaucoup plus naturels. On le trouve entre les Pandores et les Thracies. Il nous a semblé qu’avant de décider de la place que le g. Anatine doit occuper dans la méthode , il était convenable d’en étudier toutes les esp. , et de juger d’après l’ensemble de leurs carac¬ tères, et non pas seulement d’après ceux de la charnière, comme l’ont fait Lamarck , et, après lui, la plupart des conchyliologistes. Cet examen des espèces du g. Anatine de La¬ marck nous conduisit à plusieurs découver¬ tes. Nous observâmes d’abord dans VAnati- na truncata, sur l’individu de la propre col¬ lection de Lamarck , que la charnière était consolidée par un osselet tricuspidé, entière¬ ment détaché du reste du test , et fixé au moyen d’une portion du ligament. Bientôt après , nous reconnûmes que d’au¬ tres esp. avaient à la charnière un osse¬ let courbé en demi-cercle, et nous nous aper¬ çûmes en même temps que ces esp. apparte¬ naient à un g. oublié de M. Leach , g. qu n’était connu que par la correspondance de ce naturaliste. Dans d’autres esp. , la char¬ nière , offrant sur chaque valve une rigole décurrente , contient dans l’épaisseur du li¬ gament une plaque osseuse quadrangu- laire. Le Mya solenialis de Lamarck et quel¬ ques unes de ses Anatines présentent dans leur charnière cette dernière modification. En continuant à examiner les esp. , nous en trouvâmes plusieurs qui devaient passer à d’autres g. ; ainsi le Tugon d’Adanson est une vraie Myc; l’ Anatine rupicole est une corbule perforante; et l’Anatine traphoïde devient le type du g. Périploon de M. Schu¬ macher. Ce g. avoisine les Anatines propre¬ ment dites par les cuillerons de sa charnière et l’osselet cunéiforme qui s’y trouve atta¬ ché. On comprendra facilement qu’après toutes ces observations , une réforme devait paraître nécessaire dans le g. Anatine de La¬ marck. Nous avons proposé de créer une famille des Ostéodermes ( V. ce mot ) , dans laquelle nous avons rassemblé ce g. Anatine, considérablement réduit , le g. Thracie de M. Leach, le g. nommé Périploon par M. Schumacher, et, enfin, un quatrième g. au¬ quel nous avons donné le nom d "’Osteoder- ma. Pour nous, le g. Anatine dut se rédui¬ re aux trois premières esp. de Lamarck, dans lesquelles la charnière porte un osselet tçi- cuspidé. Les animaux du g. ainsi réduit ne sont point connus. Les coquilles sont exces¬ sivement minces et des plus fragiles; leur test est subnacré. Ces coquilles sont trans¬ verses, ovalaires , bâillantes aux deux extré¬ mités, mais surtout à la postérieure, par la¬ quelle l’animal peut faire sortir des siphons assez volumineux, à en juger par l'écarte¬ ment des valves. La charnière est presque centrale ; ce qui rend la coquille presque équilatérale. Cette charnière consiste sur chaque valve en un cuilleron qui s’avance horizontalement , et qui est soutenu en des¬ sous par un véritable arc-boutant oblique et fort mince , divisant en deux la cavité du crochet. Le bord postérieur de ce cuilleron est subtronqué , et, lorsque lafcharnière est complète , on voit s’appuyer sur cette tron¬ cature une branche horizontale d’un osselet à trois pointes, fortement retenu en place par une portion du ligament qui s’insère sur sa tige horizontale. Les deux autres tiges de cet osselet s’enfoncent dans la cavité des crochets , et viennent s’appuyer sur le test lui-même ; mais , par une singularité dont nous ne trouvons aucun autre exemple, l’in¬ sertion de ces extrémités de l’osselet sur le test occasionne dans celui-ci une véritable solution de continuité et une fente naturel¬ le , longitudinale , fermée pendant la vie de l’animal au moyen d’une petite expansion épidermique. Cette fente continue jusqu’au AN A 437 bord cardinal , dont la solution est complè¬ te, de sorte que l’on peut faire jouer les deux parties du test en profitant avec précau¬ tion de l’élasticité de celui-ci. Il est tou¬ jours difficile , dans des coquilles aussi min¬ ces que celles du g. Anatine, d’apercevoir les impressions intérieures ; néanmoins, dans les individus un peu ternes , et surtout en faisant miroiter la lumière, nous sommes parvenu à apercevoir les deux impressions musculaires ainsi que l’impression palléale. L’impression musculaire antérieure est très allongée; elle est très voisine du bord, et descend dans presque toute sa longueur en suivant son contour. L’impression muscu¬ laire postérieure , vers l’autre extrémité de la coquille, est arrondie, subsémilunaire. L’impression palléale offre , du côté posté¬ rieur, une sinuosité large et assez profonde , dont l’extrémité remonte presque au niveau de la charnière. Les Anatines ne sont pas parfaitement équivalves ; la valve gauche est ordinairement un peu plus grande que la droite. Caract. génér. : Animal inconnu. Co¬ quille transverse , subéquivalve , subéquila¬ térale , bâillante aux deux extrémités. Liga¬ ment intérieur inséré sur des caillerons ho¬ rizontaux , et complétés par un osselet tri- cuspidé dont les deux branches supérieures s’enferment dans la cavité du crochet. Une fente longitudinale, divisant le test depuis les sommets jusque vers le tiers supérieur de la longueur totale. Les cuillerons soutenus par des arcs-boutants obliques et fort minces. Nous ne connaissons encore qu’un très petit nombre d’esp. appartenant aux vérita¬ bles Anatines ; nous en avons vu dans les col¬ lections quatre, parmi lesquelles nous comp¬ tons le Solen anatinus de Linné. Il y a dans les terrains jurassiques supérieurs des moules de coquilles qui ont tout à fait l’ap¬ parence des Anatines. M. Agassiz , dans son ouvrage intitulé : Eludes critiques sur les coquilles fossiles , a proposé d’établir pour ces esp. un g. particulier sous le nom de Sercomia. Plus nous examinons ces coquil¬ les , et plus nous nous persuadons que le g. de M. Agassiz est inutile ; cependant nous ne le rejetons pas encore absolument , parce que le texte de l’ouvrage du savant zoolo¬ giste de Neufchâtel n’a pas encore paru , et qu’il serait possible que les caract. d’après ANA lesquels il sépare son g. nous eussent échap¬ pé pour la plupart. (Desh). * ANIATINÉES. Anatinœ ( de anas , lis, canard), ois.— Sous-famille de notre fa¬ mille Anatidées , ayant pour caract. : Jam¬ bes et tarses courts, insérés en arrière hors de Féquilibre du corps , et , par conséquent, peu propres à une marche facile ; doigts de longueur médiocre, garnis de membranes entières; le pouce petit et court, sans pin- nule développée ou n’ayant qu’un rudiment de membrane peu apparent ; bec large et allongé , déprimé dans la plus grande partie de sa longueur; corps allongé en bateau; ailes de médiocre longueur , étroites et pointues; queue conique. — Cette sous famille renferme toutes les espèces de Canards qui fréquentent les eaux douces plutôt que l’Océan, y cherchent leur nourriture en nageant au milieu des herbes et des plantes aquatiques des rivages , et non en marchant sur le sol et y paissant comme les Anséri- nées. Leur démarche, vu la brièveté de leurs tarses reculés en arrière, est peu aisée. Après quelque hésitation , nous nous sommes dé¬ cidé à placer ici le genre Dendronessa de Swainson, formé des Anas sponsa et gale- riculata, parce que ces petits Canards, quoique marcheurs, percheurs et nicheurs sur les arbres, comme nos Anatigrailes, ont les pieds courts, les membranes entières, comme les Canards proprement dits ; leur queue seule est plus développée. Nous ad¬ opterons donc ce genre Dendronessa comme basé sur une particularité de mœurs assez remarquable, mais seulement comme s.-g. du g. Anas, et nos Anatinées ne renfer¬ meront alors que le genre Canard (Anas), subdivisé en plusieurs sous -genres, dont le Dendronessa. V. Canard. ( Lafr. ) * A NATO LIC A ( àvatoXwos, oriental). ins.-t- G. de Coléoptères hétéromères, fa¬ mille des Mélasomes, établi par Eschscholtz, et adopté par M. Bejean ainsi que par M. Solier, qui, dans son essai sur les Collapté- rides, le range dans la tribu des Tentyri- tes , et le caractérise ainsi : Menton initri- forme, à échancrure anguleuse et très pro¬ fonde. Palpes allant en grossissant vers l’ex¬ trémité; dernier art. des maxillaires et des labiaux sécuriforme. Labre transverse, tou¬ jours saillant, arrondi sur les côtés et très légèrement échancré à l’extrémité. Mandi- 438 ANA ANA bules courtes, découvertes latéralement dans l’inaction, bifides à l’extrémité, et sans dents h la partie supérieure. Antennes grêles , fili¬ formes, à articles coniques. Tête un peu dila¬ tée au dessus des antennes; épistome for¬ mant une saillie largement tronquée, sub¬ rectangulaire ou légèrement trapéziforme. Yeux transverses, grands, bien ouverts, un peu convexes. Prothorax à angles posté¬ rieurs bien marqués, subrectangulaire ou lé¬ gèrement rétréci dans les mâles. Écusson saillant entre les élytres en une pointe trian¬ gulaire , émoussée au bout. Base des élytres rarement marginée entièrement. Tibias an¬ térieurs des mâles sinueux au côté interne ou fortement courbés ; les mêmes , dans les femelles, plus droits et plus épais; posté¬ rieurs légèrement comprimés, sinueux et allant en grossissant insensiblement vers l’ex¬ trémité, ou courbés et brusquement épais¬ sis au bout. Tarses grêles et filiformes. — M. Dejean ( CataL, 3e édit. ) rapporte à ce genre 20 esp., dont aucune n’est d’Europe; elles appartiennent toutes, soit à la Russie méridionale-orientale , soit à la Sibérie , soit à la Bucharie , soit à la Daourie , soit enfin à la Mongolie. Les principaux caract. du g. Anatolica ont été représentés grossis par M. Solier, dans le 4e vol. des Ann. de la Soc. eut. de France , pî. vin, fig. 12-20. (D.) AN ATOME. Anatomus (iyaro/rij , inci¬ sion). moll. — Montfort, dans le premier volume de sa Conchyliologie systématique, a proposé ce g., que, dit-il, il a observé dans les mers de l’Inde, fixé en très grande abondance sur le Fucus natans. L’un des premiers, nous nous sommes singulièrement défié des travaux très légers de ce natura¬ liste. Ayant trouvé dans son ouvrage des preuves évidentes de fréquents mensonges , ce n’a été qu’avec une extrême réserve que nous avons parlé des travaux d’un naturalis¬ te aussi suspect. Nous pensons que son g. Anatome a été formé pour desSpirorbes acci¬ dentellement fendues sur le bord ; par consé¬ quent, il appartient aux Annélides tubicoles. V. SPIRORBES. (DESII.) ANATOMIE. ( àv'xzcfxy , dissection ; d’cSvsc-Ts/Avw , je coupe à travers. ) zool. § 1. — De l’Anatomie en général. L’Anatomie est à la fois un art et une science. C’est l’art de séparer avec le scalpel, et de rendre évidentes , par ce moyen ou par d’autres procédés, les formes et les struc¬ tures intérieures les plus intimes dont se compose l’organisme animal. C’est aussi la science de l’organisation, ayant pour tâche de réunir les notions par¬ ticulières ou générales acquises sur toutes les parties de cette organisation, extérieure ou intérieure, au moyen des instruments et des procédés de l’art, de l’anatomiste. L’organisation étant la première condition de la vie, on concevra facilement que son étude , objet de l’Anatomie considérée com¬ me science , est la clef de toutes celles qu’il est possible d’entreprendre sur les êtres doués de la vie. Dans 'l’état actuel des connaissances hu¬ maines, cette partie des sciences naturelles, qui expose avec ordre tous les détails de for¬ me , de structure et de composition des ma¬ chines organiques , doit comprendre , non seulement les tissus plus ou moins solides qui donnent à ces machines une forme dé¬ terminée ; mais encore les liquides, et même les fluides aériformes , contenus dans les vides de ces solides , et dont la présence est plus ou moins essentielle pour l’accomplis¬ sement des diverses fonctions de la vie. L’Anatomie est-elle une science par elle- même? Peut-on étudier uniquement dans le simple ordre des rapports de connexion , de forme ou de structure, indépendamment de leur emploi dans le grand phénomène de la vie, les diverses parties dont se compose Forganisme animal ? C’est ce que nous exa¬ minerons dans ce paragraphe et dans les suivants. L’usage des parties est le point de vue qui domine les descriptions anatomiques dès la plus haute antiquité. C’est ce point de vue qui transforme en notions plus ou moins générales ces simples impressions que produisent sur nos sens les formes et les structures des animaux, telles que nous les découvre l’art de l’anatomiste. C’est seule¬ ment en saisissant les rapports de ces formes et de ces structures, si nombreuses et si va¬ riées , avec les phénomènes multiples de la vie , que l’Anatomie peut s’élever du simple rang qu’elle occupe , comme art , à celui d’une science dont les abstractions, de¬ venues graduellement et lentement de plus ANA 439 en plus générales, ont fini par aspirer à l’in¬ terprétation des lois les plus universelles touchant la composition, la formation, les transformations, et même les déformations des organismes. L’Anatomie , considérée sous le point de vue de l’usage des parties , et conséquem¬ ment comme science, n’est donc qu’une section de la physiologie; c’est l’étude de l’organisation en repos , sorte d’introduction nécessaire, indispensable pour comprendre l’étude de l’organisation en action , qui con¬ stitue la physiologie ou la science de la yie. L’exposé des faits , dans tous les ouvra¬ ges d’Anatomie concernant l’homme ou les animaux, a toujours lieu dans un ordre, soit exclusivement , soit plus ou moins physiolo¬ gique. Les titres des divisions principales, ou tout au moins des divisions secondai¬ res d’un traité quelconque d’Anatomie , ex¬ priment généralement soit les propriétés vi¬ tales ou les usages fonctionnels qui caracté¬ risent les organes simples ou concrets, soit les systèmes d’organes dont les descriptions sont comprises dans le cadre de ces divisions. §2. — De r Anatomie descriptive et générale , et particulièrement de VA- natomie humaine , considérée sous le point de vue physiologique . L’Anatomie , ainsi que nous venons de le dire, est premièrement et essentiellement physiologique. Considérée sous ce premier point de vue, elle se compose dénotions particulières, ou de déductions générales, qui permettent de la sous-diviser en descriptive et générale. L’Anatomie physiologique est dite sim¬ plement descriptive lorsqu’elle se borne à donner la description des parties de l’homme ou d’un animal , avec la simple indication de leurs usages ou de leurs propriétés vita¬ les, mais sans insister sur ces usages, et sans établir de comparaison avec les parties semblables ou analogues entrant dans la composition des autres animaux. Dans cette analyse de l’organisme de l’homme ou d’un animal , on a d’abord étu¬ dié les organes concrets servant à telle ou telle fonction : l’œil, par exemple, comme organe delà vue; le poumon, comme organe de la respiration; le cœur et les vaisseaux ANA sanguins , comme servant à la circulation du sang ; l’estomac et les intestins , comme chargés de cette élaboration des aliments né¬ cessaire pour la composition du chyle , etc. , etc. En comparant plus tard ces organes con¬ crets entre eux, sous le rapport des organes plus simples dont ils se composent , on est arrivé à des notions générales sur la compo¬ sition de chaque organisme , et en premier lieu sur celle de l’organisme de l’homme. L’estomac, ainsi décomposé par le scalpel et d’autres procédés , a montré, dans son agrégation organique, une membrane exté¬ rieure, qui a reçu le nom de péritonéale , recouvrant une couche de fibres contractiles qui forment sa membrane musculaire. On a vu que celle-ci était intimement liée à la pré¬ cédente par une couche de lames blanches interceptant des vides, et formaht le tissu cellulaire. Une autre couche de ce même tissu fait adhérer, mais plus lâchement, la membrane musculaire à la membrane interne qui ta¬ pisse les parois de cette poche si merveil¬ leuse dans sa fonction qu’on appelle digestion . Destinée à supporter le contact immé¬ diat des aliments et des boissons , enduite de mucosités, ayant dans sa structure des cryptes ou de petites cavités glanduleuses , dont les parois sont les organes sécréteurs de ces mucosités , cette dernière membrane se distingue des deux membranes précéden¬ tes par des propriétés vitales, organiques et physiques spéciales. Des vaisseaux sanguins , artériels et vei¬ neux, des vaisseaux lymphatiques , des nerfs enfin , dont l’origine, les rapports et la dis¬ tribution dans l’estomac ont des caractères particuliers , complètent et vivifient cet en¬ semble compliqué dont nous venons d’énu¬ mérer les différentes parties. Une membrane très analogue à celle qui tapisse l’intérieur de l’estomac se re¬ trouve , avec de légères modifications , dans toute l’étendue du canal intestinal. Une membrane ayant des caractères semblables tapisse l’intérieur de la vessie urinaire, et l’urètre , son canal excréteur. On en rencon¬ tre encore une autre très analogue dans l’intérieur des narines , de la cavité buccale, du conduit aérien pour la respiration, ou de la trachée-artère. Partout cette membrane ANA 440 ANA a des caractères communs : ceux , entre au¬ tres , de tapisser des cavités qui ont une issue à la surface du corps; d’être plus ou moins enduites de mucosités , qui les préser¬ vent de l’action nuisible des corps étrangers qui traversent ces cavités, etc., etc. Ces ca¬ ractères généraux lui ont fait donner la dé¬ nomination générique de membrane mu¬ queuse , quel que soit l’organe concret où on la rencontre. La membrane qui revêt l’estomac exté¬ rieurement se prolonge sur les intestins pour les envelopper d’une semblable ma¬ nière. En l’étudiant avec soin dans toute sa continuité , on a remarqué que dans son ensemble elle forme , du moins dans le sexe, masculin , un sac fermé de toutes parts , dont les parois extérieures adhèrent à celles de la cavité abdominale , et les tapissent ; se replient de différents points de ces parois sur les viscères contenus dans cette cavité , les suspend à ses replis , et les fixe ; dirige vers ces organes les branches et les rameaux vasculaires , ou les protège à leur retour de ces mêmes organes vers leurs troncs; en fait de même à l’égard des nerfs qui vont des centres nerveux aux viscères. Cette mem¬ brane, fine, blanche, d’un tissu serré, et ayant sa surface libre très lisse, et con¬ stamment humectée , dans l’état de vie , d’une vapeur séreuse , prévient les inflam¬ mations qu’auraient excitées les frottements des surfaces viscérales entre elles ou contre les parois mobiles de la cavité abdominale. Une membrane entièrement semblable et par son tissu, et par sa continuité, for¬ mant un sac fermé de toutes parts, ayant sa surface interne libre et constamment hu¬ mectée d’une humeur séreuse, et sa surface externe adhérente aux parois de la poitrine, ou à la surface des poumons , autour des¬ quels elle se replie , porte le nom spécifique de plèvre , de même que la première est ap¬ pelée péritoine . Mais ces caractères, communs dans la structure intime, les dispositions, et les fonc¬ tions, d’exhaler une humeur séreuse , qu’on retrouve encore dans le péricarde , ce sac membraneux qui revêt le cœur ; dans l’a- rachnoïde , membrane qui est , pour l’encé¬ phale et la moelle vertébrale, ce que le péritoine est pour les viscères abdominaux, la plèvre pour les poumons ; dans la tunique vaginale des testicules, ou pérididymc, etc. , ont fait donner à ces membranes le nom générique de séreuses.' Une membrane ou couche musculeuse semblable à celle de l’estomac se voit en¬ core autour des intestins , de la vessie uri¬ naire , dans la même position relative. Des faisceaux de même nature, plus ou moins nombreux, et prenant toutes sortes de formes dans leurs agrégations , entrent dans la composition de tous les muscles vo¬ lontaires, c’est-à-dire de tous les organes ir¬ ritables ou contractiles que la volonté fait agir pour transporter l’animal d’un lieu dans un autre. Dans tous ces organes concrets, les fais¬ ceaux musculeux les plus considérables sont composés de faisceaux plus petits , liés par du tissu cellulaire, et ceux-ci de fibres mus¬ culaires, cet organe élémentaire essentielle¬ ment contractile. (F. l’article Animal.) En analysant l’estomac, en le décomposant dans ses organes élémentaires , nous l’avons vu composé de vaisseaux sanguins artériels et veineux, et de vaisseaux lymphatiques. On retrouve les uns et les autres dans tous les organes concrets de l’organisme, liés les uns aux autres, communiquant les uns avec les autres, et formant un ensemble qu’on appelle Système des vaisseaux san¬ guins, Système des vaisseaux lymphati¬ ques. L’estomac n’est pas le seul organe concret pourvu de nerfs. Des filets nerveux ou des faisceaux de filets viennent , d’une manière évidente, animer de leur.vie propre presque toutes les parties de l’organisme. Us forment les nerfs de tous les organes qui vont abou¬ tir, de ces différentes parties, soit au cordon principal des nerfs, lequel est renfermé dans le canal des vertèbres, soit aux diffé¬ rents centres de l’encéphale , que contient et protège le crâne , cette boîte osseuse de la tête. Voilà donc encore un des organes élémen¬ taires de l’estomac lié par sa structure et sa construction, ainsi que par ses propriétés vitales, à des éléments organiques sembla¬ bles, appartenant à d’autres organes concrets, et formant un ensemble, au moyen des par¬ ties auxquelles ils aboutissent. C’est le sys¬ tème nerveux. (F. l’article Animal. ) La forme du corps humain est surtout déterminée, fixée par les parties osseuses, ANA 441 dont l'ensemble constitue le squelette. Les parties dures, ouïes os, entrent dans la com¬ position de beaucoup d’organes chargés de fonctions particulières. Elles renferment et protègent essentiellement, ainsi que nous venons de le dire , les principaux centres nerveux. Les organes de la vision, de l’audi¬ tion, de l’odoration, de la gustation, sont plus ou moins à l’abri des lésions extérieures, sous des voûtes , ou dans des anfractuosités osseuses. La cage osseuse de la poitrine renferme le cœur et les poumons , et conserve dans les parois solides une certaine mobilité pour le mécanisme de la respiration; mais c’est plus généralement pour la station et la progres¬ sion sur deux pieds, et pour la préhension, que sont arrangés les leviers osseux de la colonne épinière et des membres, et admirablement adaptés les uns aux autres pour l’usage au¬ quel chacun d’eux est particulièrement des¬ tiné. Toutes ces parties dures, osseuses , dont l’emploi est très varié dans les diffé¬ rentes parties de l’organisme, ont cependant des caractères communs de composition chimique , de composition élémentaire, de tissu, d’accroissement, qui distinguent cet ensemble qu’on peut appeler Système os¬ seux. Le corps est limité et protégé tout à la fois par la peau et les poils ou les cheveux qui s’élèvent à sa surface, et même par les ongles qui terminent les extrémités. Ces dif¬ férentes parties, qui mettent tout l’organis¬ me en rapport avec le milieu ambiant ou les agents physiques, et en général avec le mon¬ de extérieur, forment le système tégumen- taire , dont l’étude se lie à celle de toutes les autres parties de l’organisme. Enfin , tous les organes concrets, remplis¬ sant telle ou telle fonction particulière, sont composés, dans une proportion plus ou moins considérable, de ce tissu cellulaire que nous avons dit lier la membrane musculeuse de l’estomac, soit à sa membrane péritonéale, soit à sa membrane muqueuse. Ce tissu cel¬ lulaire est l’organe élémentaire le plus géné¬ ral et le plus simple. Son étude dans toutes les parties de l’or¬ ganisme, et les modifications qu’il y subit ; celle de l’organe élémentaire nerveux et de son agrégation en système; celle de l’or¬ gane élémentaire musculeux, et des proprié- ANA tés de la fibre musculaire dans tous les orga¬ nes concrets où elle se rencontre ; l’étude du système osseux, celle de la peau et des autres parties tégumentaires ; l’étude des membra¬ nes séreuses, muqueuses, etc., etc.; celle des systèmes vasculaires sanguins, lymphatiques, considérés dans leur structure intime , dans leur disposition la plus générale, dans leurs propriétés chimiques, physiques, organiques, vitales, composent cette partie de la science de l’organisation qu’on appelle, depuis Bi¬ chat:, Anatomie générale. § 3.- — De r Anatomie comparée. C’est à la science de l’organisation des animaux qu’on a réservé le nom d* Anato¬ mie comparée , parce que son étude , dans le principe , avait pour point de départ, pour sujet de comparaison, l’organisation de l’homme. Sans doute l’Anatomie générale telle que Bichat l’a conçue est aussi une Ana¬ tomie comparée, mais bornée à l’étude de l’homme. Dans cette limite étroite , la science est loin d’atteindre l’exactitude , la vérité et les généralités qu’elle doit , qu’elle peut embrasser, lorsqu’elle s’étend h l’étude des animaux. Four n’en citer qu’un exemple , les membranes séreuses étudiées dans les animaux vertébrés ne sont pas , sans exception, des sacs fermés de toutes parts , comme l’avait cru Bichat. La cavité du péritoine s’ouvre chez plusieurs pois¬ sons, soit immédiatement au dehors, der¬ rière l’anus ( les Saumons , les Lamproies ) , soit dans le cloaque (les Sélaciens). Chez ces derniers, la cavité même du pé¬ ricarde a une sorte d’embouchure dans cel¬ le du péritoine , et peut aussi, par cet inter¬ médiaire , communiquer avec le milieu am¬ biant. Chez les Oiseaux, les sacs des plèvres èt du péritoine sont sous-divisés en cellules aériennes , dans lesquelles l’air de la respi¬ ration pénètre , et dont les parois intérieu¬ res se continuent largement avec la mu¬ queuse des bronches. On ne voit donc plus dans toute cette classe cette séparation tran¬ chée entre les séreuses et les muqueuses qui semble les caractériser lorsqu’on ne les étudie que chez l’homme. ïl est vrai que leur communication chez la femme par le 28* T. ï. 442 ANA pavillon de la trompe était déjà une excep¬ tion bien connue des anthropotomistes. Qui aurait imaginé, avec les idées re¬ streintes que donne l’ Anatomie humaine, que le péritoine peut se prolonger en deux canaux étroits jusqu’à l’extrémité de la ver¬ ge, ainsi que nous l’avons découvert dans les mâles des Tortues, et publié dès 1805 ( Leçons d’Anat. comp*,t. Y, p. 114 et 115, De édition), et que MM. Isidore Geoffroy et Martin Saint -Ange l’ont vu dans la ver¬ ge des Crocodiles en 1826. L’Anatomie des animaux peut être plus ou moins analytique , plus ou moins judi¬ cieusement comparative. C’est en analysant successivement les or¬ ganismes dont les formes extérieures se rap¬ prochent, et ceux qui s’éloignent les uns des autres par ces caractères extérieurs, qu’elle parvient à reconnaître tous les rouages de ces machines plus ou moins compliquées , et le rôle qu’ils jouent dans la vie. C’est seulement après cette analyse , sou¬ vent répétée , multipliée sur un grand nom¬ bre d’animaux, que l’Anatomie comparée parvient à déterminer les circonstances or¬ ganiques qui peuvent faire l’objet de ses comparaisons. Cette science montre d’ail¬ leurs , nous ne cesserons de le dire , bien des degrés de perfection dans ses analyses , dans l’étendue et la justesse de ses compa¬ raisons, et dans les jugements qu’elle en tire. Lorsqu’elle restreint à une seule classe , comme l’a fait Yicq-d’Azyr, dans son Sy¬ stème anatomique , l’étude des organes ap¬ partenant à une même fonction, elle est loin de pouvoir atteindre aux généralités scientifiques qu’elle doit embrasser. Il était réservé au génie de Cuvier d’é- îever l’Anatomie comparée, en suivant les traces d’Aristote , au point de vue élevé et essentiellement physiologique des compa¬ raisons à la fois les plus détaillées , les plus analytiques et les plus étendues. Dans son discours d’ouverture du premier cours d’Anatomie comparée qu’il a fait au Jardin des Plantes, en décembre 1795, M. Cuvier annonce vouloir donner la préfé¬ rence à la méthode physiologique sur la méthode zoologique , qui étudie classe par classe l’organisme animal. Il prévoit qu’en prenant chaque organe séparément , qu’en ANA étudiant successivement les diverses modi¬ fications que cet organe éprouve dans toutes les classes, il sera conduit à toutes les com¬ paraisons , à toutes les inductions qui pour¬ ront avancer la physiologie, le vrai but , ajoute-t-il, de la Zoologie. Ce n’est pas que cette méthode physiolo¬ gique soit exempte de difficultés. Il faut à la fois un esprit juste , exercé et pénétrant , pour reconnaître et déterminer un même organe à travers toutes les différences de structure , de forme , de développement, de position , et même de connexion, qu’il peut subir dans toute la série animale. Citons-en quelques exemples, afin de rendre nos idées plus claires , plus élémentaires. Les anatomistes ne sont pas unanimes sur la détermination des différentes parties de l’encéphale des poissons , ou sur leur ana¬ logie avec celles de l’encéphale des trois classes supérieures des Yertébrés. Plusieurs nomment tubercules optiques ce que les au¬ tres considèrent comme des lobes cérébraux, etc. , etc. ( Hist. natur. des Poissons, par MM. Cuvier et Yalencicnnes , t. I, p. 420. ) Ils ont reconnu un équivalent du Pan¬ créas, organe qui existe indubitablement dans les trois classes supérieures des Yerté¬ brés, dans de petits tubes aveugles qu’on rencontre , chez beaucoup de poissons os¬ seux, autour de l’origine du canal intesti¬ nal ; ils ont même compris qu’en l’absence de ces boyaux pyloriques , certaine modi¬ fication glanduleuse de la muqueuse intesti¬ nale, telle qu’on l’observe chez les Cyprins , pouvait remplacer les cæcums pyloriques. Pour arriver à cette détermination de deux organes ainsi fondus l’un dans l’autre , dans ce dernier exemple, il fallait avoir ob¬ servé le pancréas, l’avoir comparé dans l’Es¬ turgeon , où il continue à se lier avec l’in¬ testin, et tend à se diviser en tubes; dans le Polyodon, où cette division est déjà plus apparente ; dans 1 eXiphios gladius, chez le¬ quel elle est évidente , quoique encore très compliquée , jusqu’aux poissons où l’on ne compte plus que quelques cæcums pylori¬ ques , qu’un seul même (. Mugii albuia). Meckel avait méconnu l’existence de la rate chez la plupart des Ophidiens, parce qu’elle y est soudée avec le pancréas et con¬ fondue en apparence en un seul organe. Un examen attentif, une analogie de la structu- 443 AN A re différente des deux organes ainsi réunis 5 ont conduit sûrement à leur détermination. ( Fragments d’anatomie sur l’organisation des Serpents.— Annales des Sciences natu¬ relles, s. XXX. ), Les difficultés augmentent si l’on étend ces comparaisons du type des Vertébrés, si évidemment organisés d’après un même plan, aux trois types inférieurs. L’existence du foie dans ce type supérieur des Vertébrés est encore facilement démon¬ trable , ainsi que les modifications de forme et de volume qu’il y subit. Une étude approfondie , plus générale¬ ment comparée, de ses différentes formes dans les Mammifères , a fait découvrir une forme-type , qui caractérise le foie de cette classe; elle a démontré que ce qu’on re¬ gardait comme des divisions sont , au con¬ traire , des additions à la partie constante et conséquemment principale de cet organe; que chez certains Mammifères le foie a son plus haut degré de composition ; que chez d’autres il est , au contraire , réduit , ou à peu près , à la partie essen¬ tielle : tel est, entre autres, celui de l’homme. (. Études sur le foie . — Annales des Scien¬ ces naturelles , nov. 1835. ) Dans le type des Articulés , la détermina¬ tion de cet organe, telle que la donne la science actuelle, est encore contestable pour un assez grand nombre de cas. Ainsi , si je ne me trompe , on aurait pris de grands sinus veineux pour le foie chez les Squilles, qui appartiennent à la classe des Crustacés, ( Mémoire sur quelques points d’organisation des Squilles. — An¬ nales des Sciences naturelles , juillet 1837.) Dans celle des Insectes , on a bien déter¬ miné comme leur tenant lieu de foie, et probablement aussi de pancréas , de pe¬ tits tubes aveugles , rappelant les cæcums pyloriques des poissons. Ces tubes ont leur embouchure dans différents points de l’in¬ testin , assez généralement cependant près de l’estomac duodénal. Mais leur insertion , très rapprochée de la fin de cet intestin chez quelques uns , et surtout la nature des sub¬ stances qu’ils renferment, composées d’acide urique , ont démontré qu’on avait confon¬ du l’organe remplaçant les reins , dans cette classe, avec l’organe biliaire. ( V . à ce sujet l’obseryation de M. Aubé, rapportée par ANA M. Audonin, Annales des Sciences natu¬ relles j 2e série, t. V, et les Leçons d’ Anato¬ mie comparée de G. Cuvier, 2e édit., t. VII, p. 616-619.) Les auteurs qui ont nommé et déterminé les différentes parties du canal alimentaire dans cette même classe des insectes sont loin de distinguer toujours la même partie par une même dénomination, et de lui reconnaî¬ tre la même fonction. ( V. à ce sujet la note que nous avons imprimée t. V, p. 601, de la deuxième édition des Laçons d’ Anato¬ mie comparée. ) Le type des Mollusques offrait de même de grandes difficultés pour la juste détermi¬ nation des organes semblables ou du moins analogues à ceux des Vertébrés ou des ani¬ maux inférieurs. On doit dire qu’à cet égard la grande sa¬ gacité de M. Cuvier ne lui a pas fait dé¬ faut. Si quelques unes de ses déterminations, qui se trouvent dans la série des beaux mé¬ moires qu’il a publiés sur les Mollusques, ont été contestées, des observations plusjustes et moins partiales n’ont pas tardé à les confir¬ mer. Quand on descend au type des Zoophytes , où les organes se simplifient et tendent à se confondre, ainsi que les fonctions; où même les organes élémentaires (les nerfs, les mus¬ cles) finissent par disparaître ou par se fondre les uns dans les autres en une sub¬ stance organisée d’une singulière homogé¬ néité , comme dans les Hydres , les ressem¬ blances ou les analogies deviennent encore plus difficiles à reconnaître. On s’est servi, dans ces derniers temps, d’un procédé ingénieux pour y parvenir. Il s’agissait de l’organe mâle de la génération ou de l’organe sécréteur du sperme. On a pu s’assurer de son existence dans plusieurs ani¬ maux inférieurs (les Actinies, M. Wagner; les Ascidies composées, M. Milne-Edwards ; les Oursins, M. Peters), en découvrant des Zoospermes dans le produit de la sécrétion et les réservoirs de cet organe. Nous venons de voir qu’on avait suivi la même marche pour reconnaître dans les in¬ sectes l’organe sécréteur de l’urine. Malgré ces difficultés , l’Anatomie compa¬ rée , telle que le génie de Cuvier l’a consti¬ tuée , dans laquelle on observe , compare et juge, les différentes modifications organi- 444 AN A ques d’un même organe remplissant une fonction analogue ou semblable dans la série animale ; dans laquelle on parvient à démê¬ ler le plan fondamental de cet organe à tra¬ vers toutes les transformations, les additions, les extensions , qui le perfectionnent , ou les soustractions qui le dégradent; différences or¬ ganiques qui font varier quelquefois à l’infini les phénomènes de la vie ; cette Anatomie, di¬ sons-nous , ainsi comprise , est la source à la fois la plus solide et la plus féconde , nous en sommes convaincu , à laquelle la physiologie puise ses propositions les plus évidentes. L’étude comparée des organes concrets de tous les animaux conduisait à une description générale des systèmes d’organes , des organes élémentaires, et même des éléments organi¬ ques essentiels de l’organisation animale. ( V . l’article Animal .) Aussi trouvera-t-on déjà dans les générali¬ tés écrites par M. Cuvier, et mises en tête des Leçons cessaire de l’existence. » Il y a dans cette grande et première loi des conditions d’ existence^ cause finale de la durée de la vie, pendant un temps déter¬ miné , pour chaque individu, pour chaque espèce. Toutes les causes finales , ces nombreuses modifications organiques qui font varier à Finfini les rapports des êtres animés et les fonctions particulières dont se compose leur existence, sont subordonnées à cette pre¬ mière nécessité. L’observation certaine montre qu’entre les limites assez étendues des conditions d’existence il y a de grandes variations dans la composition des organismes. « Tel organe est à son plus haut degré de « perfection dans une espèce , et tel autre » l’est dans une espèce toute différente. » (Ibid.) D’un autre côté, la vie ne saurait être éle¬ vée à un certain degré dans un organe ou dans un système d’organes , qu’elle ne soit diminuée dans les autres parties (1). Après avoir reconnu les limites assez éten¬ dues que la loi des conditions d’existence a posées pour les différentes combinaisons or¬ ganiques ; après avoir établi que le nombre de ces combinaisons diminue avec l’impor¬ tance des organes ou des systèmes d’organes , qu’il augmente au contraire et se multiplie à Finfini dans toutes les parties accessoires ; après avoir signalé ces dégradations succes¬ sives que suit un même organe , jusqu’à ce qu’il n’en existe plus qu’un vestige (2) et com¬ me pour témoigner du plan général d’organi¬ sation d’après lequel l’organisme dont il fait partie a été conçu ; Après cette loi du balancement des forces destinée à devenir Fun des fondements les plus solides de la philosophie médicale ; il restait à reconnaître et à démontrer la loi du balancement des organes , ou de l’accrois¬ sement , du développement inverse de cer- (1) Réflexions sur les corps organisés Magasin encyclopédique , par C. L. Miliin, p. 470. Paris , lor brum. an 8 (1799). (2) M. Cuvier, ibid. • ANA taines parties corrélatives, dans un seul et même organisme. Celte loi achève de donner l’intelligence des modifications si nombreu¬ ses d’un même plan de composition des or¬ ganismes appartenant à une seule classe ou à un seul type ; elle explique surtout les li¬ mites des déformations organiques , et c’est particulièrement l’étude de ces déformations et l’aperçu profond de ces limites qui pa¬ raissent avoir révélé cette loi à son illustre auteur, M. Geoffroy Saint-Hilaire (1). L’Anatomie philosophique étudie l’ensem¬ ble des organismes ou leurs différentes par¬ ties , indépendamment de leurs usages. Elle cherche à découvrir les similitudes ou les analogies que présentent ces organismes dans leur composition ; elle s’applique à dé¬ terminer les parties qui sont identiques, mal¬ gré les différences de leur emploi. Son degré de certitude , dans cette voie , dépend du rapport des faits observés avec les conclusions qu’elle en tire. Lorsque ses propositions sont rigoureuse¬ ment déduites de l’exacte observation, nous ne cessons de la considérer comme vraiment philosophique. Ainsi l’unité de plan de certains groupes du règne animal , des Vertébrés par exem¬ ple, est une vérité bien démontrée , formant un des principes les plus incontestables de l’Anatomie philosophique. Mais cette partie fondamentale de l’Anatomie n’est plus que spéculative ; elle devient plus ou moins conjecturale lorsqu’elle s’efforce de ratta¬ cher les innombrables différences de l’orga¬ nisation à une unité idéale de formation ou même de composition. Cette unité semblerait, au premier aperçu, devoir être pour l’anatomiste ce qu’est pour le peintre ou le sculpteur l’idéal de la beau¬ té. Mais il y a cependant cette grande diffé¬ rence, que le génie de l’artiste peut réaliser, peut matérialiser sa création sur la toile ou le marbre ; tandis que l’Anatomie spéculati¬ ve n’a pas la puissance d’individualiser la sienne , et qu’elle est destinée à rester dans le vague de l’idéologie. Si la détermination d’un même organe , remplissant une même fonction , devient quelquefois très difficile , ainsi que nous Fa- (1) Philosophie anatomique des difformités humaines, p. 32 et 240. Paris, 1822. ANA vons démontré en parlant de l’Anatomie phy¬ siologique, surtout quand on s’avance au delà des Yertébrés, on concevra que les dif¬ ficultés doivent augmenter lorsqu’il s’agit de déterminer l’identité des parties dans des classes ou même dans des types différents , lors même qu’il n’y a plus de ressemblance dans les fonctions. Il en résulte que les aperçus peuvent perdre peu à peu cette évidence de l’Anatomie positive, plus rap¬ prochée des faits , et que ces aperçus doi¬ vent être plus ou moins contestables. On a dû chercher une boussole pour se guider dans cette nouvelle voie. On a cru l’avoir trouvée dans le principe des con¬ nexions , c’est-à-dir.e de la dépendance mu¬ tuelle, nécessaire, et par conséquent inva¬ riable, des parties (1). Dans beaucoup de circonstances , ce prin¬ cipe est incontestable, dans son application comme en théorie. Ainsi , les organes des sens spéciaux se rat¬ tachant, par les nerfs qui les constituent, au centre principal du système nerveux , on ar¬ rive, avec certitude, de l’œil, par le nerf op¬ tique, à la détermination du cerveau. Mais ce principe des connexions , remar- quons-le bien , ne donne que certaines posi¬ tions relatives , dont les unes sont fonction¬ nelles ou- physiologiques, dont les autres sont encore pour la science absolument ir¬ rationnelles. Nous rangerons parmi ces der¬ nières la situation du principal cordon des nerfs, qu’il faudra chercher, dans toute es¬ pèce d’animal articulé , à la face abdominale du côrps, et sous le canal alimentaire, et non à sa face dorsale , comme dans les animaux vertébrés. Le foie , au contraire , étant un annexe physiologique du canal alimentaire, c’est au¬ tour de ce canal , en union, en fusion même avec ses parois, qu’on devra tenter d’en constater la présence et d’en découvrir les modifications. Un organe de respiration circonscrit, uni¬ que ou multiple, sera toujours en connexion physiologique , en rapport intime , avec les principaux troncs ou les principales bran¬ ches du système vasculaire sanguin , et cel¬ les-ci serviront à faire reconnaître cet orga¬ ne de respiration, quelle que soit sa position (l) M. Geoffroy Saint-Hilaire, ibid, , p. 32 et 447. ANA 447 si variable, soit à l’intérieur , soit à l’exté¬ rieur du corps. Les Mollusques ont très généralement la dernière partie du canal intestinal en rap¬ port avec la cavité des organes de la respi¬ ration. J’ai compris la raison physiologique de cette connexion , utile dans ce type pour la défécation , de même que celle qui existe entre cet intestin et certaines parties du mécanisme de la respiration (le diaphragme, les muscles abdominaux) , dans le type des Yertébrés. Mais le principe des connexions abandon¬ ne souvent l’anatomiste , surtout lorsqu’il cherche à le reconnaître dans le dédale de l’organisation des animaux sans vertèbres. Les Mollusques , les Zoophytes , montrent dans leurs organes de génération les con¬ nexions les plus variées , les plus bizarres. Chez plusieurs Polypes à polypiers, l’ovaire devient même extérieur, comme dans les plantes. Relativement à ces organes, le prin¬ cipe des connexions me paraît absolument insaisissable chez les animaux inférieurs. Le squelette des animaux vertébrés présen¬ te , dans l’ensemble de sa composition , une unité de plan, et conséquemment de pensée créa'trice , qui se fait jour à travers les diffé¬ rences qui semblaient devoir la voiler à no¬ tre intelligence. C’est à l’Anatomie compa¬ rée , à peine constituée comme science , qu’on doit cette importante découverte, qui date des premières années du siècle actuel. Elle devient indubitable , même dans les détails , pour la composition de la tête os¬ seuse, lorsqu’on se sert du principe des con¬ nexions, ainsi que l’a fait M. Geoffroy Saint-Hilaire, et qu’on a soin de compa¬ rer le jeune âge ou l’état fêtai (1) des Mam¬ mifères et des Oiseaux avec celui des Repti¬ les ou des Poissons, ou même avec leur état adulte. Cependant , si l’on veut tenter de porter plus loin ces aperçus des ressemblances ; si l’on essaie la démonstration de l’identité , (1) Voir , pour l’histoire de la science sur ce su¬ jet important, l’opinion de M. Cuvier , rapportée par M. Geoffroy (. Philosophie anatomique, t. II, p. 32 et suiv.) , et les premières pages du t. V, deuxième partie, édit, in -4°, des Recherches sur les ossements fossiles; enfin X Histoire naturelle des Poissons, par MM. Cuvier et Valenciennes, t. I, p. 306 et suiv. 448 ANA ANA ou seulement de l’analogie de composition de toutes les parties de ce squelette , on est forcé d’admettre de simples conjectures pour des vérités ; et , dans ce vaste champ , la manière de voir de l’Anatomie spéculati¬ ve varie presque autant que le nombre des savants qui s’escriment dans cette lice : car c’estfrici une véritable lutte d’opinions con¬ tradictoires. Pour n’en citer qu’un exemple , rap¬ pelons que l’opercule des Poissons , ou ses différentes pièces, a été successivement con¬ sidéré comme l’analogue du cartilage thyroï-' de divisé, comme les pariétaux détachés du crâne , comme î’os jugal et les pièces de la mâchoire inférieure des reptiles , qui s’y trouvent de plus que dans les poissons ; comme les analogues des osselets de l’ouïe , enfin comme n’ayant pas d’analogues dans les autres classes des Vertébrés (1). L’idée ingénieuse et profonde qu’avait eue M. Geoffroy Saint - Hilaire , pour compa¬ rer la composition osseuse des quatre clas¬ ses des Vertébrés, de prendre celle des Oi¬ seaux et des Mammifères dans le jeune âge , ou même dans leur fœtus , avant la soudure de certains os , et lorsque cette tête est en¬ core divisée en un grand nombre de parties ; cette heureuse idée , remaniée par l’Anato¬ mie spéculative, est devenue la source de tout un système sur le développement suc¬ cessif et graduel des animaux supérieurs. Sans doute , le spectacle surprenant des métamorphoses que subissent les Reptiles batraciens et les Insectes a pu conduire à l’idée de ce système. On admet comme un principe fondamental de l’embryogénie que les embryons ou les fœtus des animaux supérieurs passent par tous les degrés in¬ férieurs de l’organisation , à partir de celle du Polype, avant d’atteindre la perfec¬ tion organique de l’Oiseau ou du Mammifère. Cette hypothèse de l’Anatomie spéculative a fait déterminer comme des branchies les fen¬ tes cervicales découvertes chez les très jeunes fœtus de ces deux dernières classes , et des reptiles non sujets aux métamorphoses. On n’avait cependant démontré que l’exi¬ stence de plusieurs branches artérielles pa¬ raissant répondre à ces solutions de conti- (1) Voir à ce sujet la note 1 de Sa page 6 des Recherches sur les ossements fossiles de G. Cu¬ vier, t. V, première partie. Paris, 1824. nuité de îa peau , mais sans aucun appareil capillaire pouvant caractériser un organe de respiration. J’ai toujours considéré ces fentes appa¬ rentes comme un développement inégal des parois du pharynx, etc. M. Serres, qui a publié une opinion analo¬ gue, vient de démontrer surabondamment que ces fissures cervicales, comme toutes les autres ouvertures de la surface du corps dans les fœtus, sont bouchées par la membrane ré¬ fléchie de î’ameios , et que i’eau renfermée dans ce sac membraneux ne peut y péné¬ trer, sinon, faut-il ajouter, par imbibition (1). On sait que les premiers linéaments des embryons des Vertébrés se composent de l’encéphale et de la moelle épinière, qui s’y montrent avant les autres systèmes, et dans un développement proportionnel extraordi¬ naire. Gomment concilier cette première appa- rition des centres nerveux , cette composi¬ tion primitive , nerveuse, incontestable, de l’embryon d’un Vertébré, avec l’idée très 'hypothétique qui voudrait en faire un Poly¬ pe, c’est-à-dire un animal inférieur , dans lequel on n’a pu découvrir jusqu’à présent de nerfs distincts?! Ces exemples suffiront, j’espère, pour fai¬ re comprendre les différents degrés de cer¬ titude qui caractérisent l’Anatomie philoso¬ phique et l’Anatomie spéculative, et combien celle-ci devient conjecturale lorsqu’elle abandonne presque entièrement la voie de l’observation pour s’élever dans l’espace sans bornes des idées de pur raisonnement. Sans doute de grands noms se rattachent à cette manière de philosopher sur l’organisa¬ tion et la vie ; mais la jeunesse , à laquelle eet article est destiné, devait être prémunie con¬ tre l’entraînement de ces exemples d’une aussi puissante autorité. Cet entraînement la conduirait presque toujours hors de la ligne étroite , mais sûre, de l’observation et de l’expérience , telle qu’ Aristote et Cu¬ vier Font tracée pour l’histoire naturelle ; telle que Bacon en a posé les bornes in¬ franchissables , du moins pour tous ceux qui auront à cœur de contribuer aux progrès réels des sciences d’observation. (1) Comptes rendus des séances de l’ Académie des sciences . 1859, t. ÏX, p. 385; 1840, premier se¬ mestre , p. 273, ANA 449 ANA Après ces différentes manières d’envisager l’Anatomie ou la science de l’organisation considérée en elle-même, nous avons à l’é¬ tudier dans deux de ses applications les plus importantes , je Yeux dire dans ses rapports avec la Classification des animaux , et avec cette partie de la Géologie qu’on appelle la Palæontologie. §7. — Anatomie systématique ou classique. L’Anatomie systématique est l’application de la connaissance de l’organisation à la classification des animaux ; on pourrait, con¬ séquemment, l’appeler Anatomie classique. Si la connaissance de l’organisation est la clef de la Physiologie ou de la Biologie, si elle est éminemment utile pour arriver à l’intelligence de la nature des animaux, on concevra que cette étude, conduisant à la juste appréciation des différences ou des res¬ semblances organiques qu’ils présentent aux yeux de l’observateur qui les compare , de¬ vient la base solide, la base unique , sur la¬ quelle doit s’élever la méthode naturelle de leur classification. Cette méthode , qui divise le règne ani¬ mal en un certain nombre de groupes, suc¬ cessivement sous-divisés eux-mêmes d’après des différences organiques, graduellement moins importantes ; qui réunit dans un même groupe les animaux qui ont entre eux le plus grand nombre de ressemblances; cette mé¬ thode, disons-nous, considère tout l’ensemble de l’organisation, toutes les différences ou toutes les ressemblances qu’elle peut pré¬ senter , pour en tirer des conclusions sur la distribution du règne animal en types ou em¬ branchements , en classes, en ordres, en fa¬ milles , en genres ou en espèces. ( Voyez Méthode naturelle. ) Ainsi le principe de la méthode naturelle de classification des animaux est fondé sur certaines différences et sur certaines res¬ semblances dans leur composition organi¬ que, que l’Anatomie comparée fait connaî¬ tre. Nous verrons , au mot Composition organique, que ces différences ou ces res¬ semblances peuvent être très importantes , fortement tranchées , et qu’elles indiquent , dans ce cas , des plans d’organisation très distincts, qui constituent les types ou les premiers groupes de la méthode. Ces diffé¬ rences sont une conséquence nécessaire de la loi des conditions d’existence. Cette loi, que nous avons exposée dans le paragraphe précédent, démontre qu’il y a certaines com¬ binaisons organiques qui se repoussent, par¬ ce qu’elles seraient incompatibles avec la durée de l’existence. Il en résulte nécessai¬ rement des rapports ou des différences très variés entre les êtres vivants , et entre les animaux en particulier , et l’impossibilité de les ranger sur une même ligne ou sur une même échelle , qui ferait monter ou descen¬ dre de l’un à l’autre par des degrés très fai¬ bles, presque insensibles , indiquant de sim¬ ples nuances de perfection ou de dégradation dans toute leur organisation (1). C’est un principe reconnu par tous les vrais naturalistes classificateurs , établi déjà par Linné , que les caractères distinctifs des êtres , que ceux des animaux en particulier, doivent être pris de leur conformation et non de leurs mœurs, ou de propriétés et de phénomènes qui ne se manifesteraient pas en tout temps. Mais la méthode naturelle de classifica¬ tion , appliquée par Cuvier à tout le règne animal, a donné singulièrement d’extension à ce précepte. Dans l’état actuel de la scien¬ ce , tous les cadres de la méthode naturelle ont chacun leur étiquette , exprimant des caractères d’organisation ou des caractères anatomiques. On concevra facilement d’après cela tou¬ te l’importance, toute l’utilité de l’Anatomie comparée , dans ses nombreuses applica¬ tions, dans ses applications journalières à la méthode naturelle. C’est une pierre de touche indispensable pour juger tous les essais de classification , faits avec la prétention d’être les plus con¬ formes à la nature. § 8. — Anatomie géologique ou palœontologique . J’appelle ainsi l’application des connais¬ sances anatomiques les plus détaillées , les plus spéciales, comme les plus générales, pour distinguer et rapporter à leur espèce , (-1) Leçons d* Anatomie comparée de G. Cuvier, t. I, p. 41 à 60. Paris, 1800. T. I. 29 450 ANA ANA à leur genre, à leur famille, à leur classe, les débris des corps organisés, ceux des ani¬ maux en particulier , qui ont été enfouis par les révolutions du globe, dans les diffé¬ rentes couches de son écorce. Ces débris sont toutes les parties dures qui ont pu résister aux agents physiques, au poids des masses terreuses qui les ont re¬ couvertes. Ce sont des squelettes , des por¬ tions de squelettes , des os, des dents, leurs fragments , des écailles , et d’autres parties dures tégumentaires des animaux vertébrés. Ce sont des coquilles ou des débris de co¬ quilles des Mollusques , ou des parties cal¬ caires ayant appartenu à quelque portion de leur canal alimentaire. Ce sont encore les parties dures des Crustacés ; ce sont ces po¬ lypiers calcaire», rarement siliceux , dont les nombreux restes caractérisent les ter¬ rains littoraux. Rarement a-t-on lieu d’examiner des ani¬ maux entiers , comme les Insectes assez nombreux qui ont été enveloppés par la matière encore liquide de l’ambre jaune ou du succin ; ou comme le Rhinocéros et l’Elé¬ phant , découverts en Sibérie , non loin des plages de la mer Glaciale , et conservés , se¬ lon toute apparence , pendant des milliers d’années , dans les glaces formées par un refroidissement subit de ces latitudes hy- perboréennes. Les différents sujets d’observation de cet¬ te Anatomie, souvent plus ou moins mutilés, incomplets, exigent donc une grande habi¬ tude , une connaissance approfondie de l’or¬ ganisation actuellement existante à la surface du globe, pour établir des comparaisons cer¬ taines avec cette organisation des temps passés. Une étude raisonnée de celle-ci a bientôt démontré que les mêmes lois règlent l’une et l’autre. Leur exacte appréciation et les justes ap¬ plications qu’on -peut en faire ont été pour la première fois mises en pratique , d’une manière générale, par G. Cuvier, dans ses nombreuses et persévérantes recherches sur les ossements fossiles (J). La méthode que sa science, nous devrions (1) Elles ont été consignées dans les Recherches sur les ossements fossiles , vol. I-Y, in-4. Paris, 1821-1824, dire son génie, lui a suggérée pour parvenir à restituer les squelettes et les formes prin¬ cipales des Mammifères , des Oiseaux , des Poissons ou des Reptiles fossiles , avec leurs débris dispersés çà et là ; cette méthode , di¬ sons-nous, restera toujours comme un modè¬ le de l’application à la Paîæontologie des con¬ naissances de détail les plus minutieuses, et, à la fois , les plus générales de l’organisa¬ tion (2). §9. — Des procédés que V Anatomie em¬ ploie pour me lire en évidence les dif¬ férents points de l'organisation , ou de l’art de Vanalomisle. Nous l’avons dit en commençant cet arti¬ cle , l’Anatomie n’est pas seulement une science , c’est également un art , au moyen duquel celui qui le possède complètement peut mettre en évidence les parties les plus cachées, les plus déliées de l’organisation. Ses procédés sont nombreux et variés ; nous nous bornerons à passer en revue les principaux. Dissection. — Le premier, le plus fré¬ quent, celui qui a valu à l’Anatomie son nom, consiste dans la dissection, c’est-à- dire à séparer avec le scalpel les organes réunis , confondus ; à découvrir ceux qui sont cachés dans la profondeur des autres , en coupant la substance de ceux-ci ; à rom¬ pre les fils qui lient la trame , ou ceux qui unissent la chaîne des tissus organiques, afin de rendre visibles et distinctes les parties élémentaires qui entrent dans la composi¬ tion de ces tissus. Un procédé de dissection trop négligé peut-être par les anatomistes , qui s’atta¬ chent surtout au précédent , c’est-à-dire à délier, à dégager les organes concrets ou les organes élémentaires du tissu cellulaire qui les enveloppe, est celui de faire certaines coupes de ces organes , qui peuvent donner facilement et promptement une idée de leur composition , et de la position relative des parties élémentaires ou autres qui y sont agrégées. (l) Rapport historique sur les progrès des sciences naturelles de 1788 à 1807 , rédigé par G. Cuvier, p. 177 et 302. Paris , Yerdière et La¬ grange , 1828, in-8. ANA ANA Dissection dans Veau. — Lorsque l’or¬ gane que l’on veut analyser par la dissec¬ tion est petit , le procédé qui consiste à le placer dans une assiette ou dans un petit bassin rempli d’eau ; à le fixer avec des épin¬ gles sur un plateau de cire , qui est lui-mê¬ me adhérent à une lame de plomb, est ex¬ trêmement utile pour distinguer les parties les plus délicates de la structure des organes ou les tissus qui ont peu de consistance. Le poids de l’eau, la moindre légèreté spécifique de ces organes ou de ces tissus , détermine dans ce liquide , sans efforts, sans déchirure , le déploiement des filaments les plus déliés des membranes les plus minces. Les épingles et la cire donnent des moyens faciles de les étaler à volonté, et de les montrer sous l’aspect le plus favorable aux recherches et aux observations. C’est par l’emploi de ce procédé que M. Cuvier est parvenu à faire ces belles , et cependant si difficiles Anatomies des mollusques, et en¬ suite ces admirables dessins qui représen¬ tent, avec tant de vérité et de clarté, l’orga¬ nisation compliquée de ces animaux. Ce procédé a été pour le maître de la science l’occasion d’une grande partie de ses décou¬ vertes en Anatomie. Il est devenu, entre les mains des nombreux anatomistes que M. Cuvier a rendus témoins de sa grande utili¬ té , un moyen de succès nombreux dans les recherches qu’ils ont entreprises pour l’a¬ vancement de la science de l’organisation. Ce simple procédé doit donc être mis au rang des plus utiles qu’emploie l’art de l’a¬ natomiste. Procédé des injections. — Les vaisseaux , les canaux , les sinus plus ou moins anfrac¬ tueux, dont peuvent se composer les diffé¬ rents organismes , les communications de ces diverses capacités entre elles ou avec d’autres parties du même organisme, leurs directions différentes, leur étendue, leurs diversions , leurs rapports , sont mis en évi¬ dence par les divers procédés des injections. Ils consistent, le plus souvent, à introduire dans ces capacités vasculaires ou autres des substances colorées , liquides au moment de leur introduction , mais susceptibles de se solidifier , et de prendre plus ou moins de consistance par le refroidissement. C’est par ce moyen ingénieux des injec¬ tions que l’anatomiste met en évidence les 451 réseaux vasculaires les plus déliés à la sur¬ face des organes , et qu’il parvient à les dé¬ couvrir, avec le scalpel , dans leur profon¬ deur. C’est par ce procédé des injections colorées que Ruisch avait acquis une répu¬ tation extraordinaire ; réputation qui était relative à son époque, et que ses prépara¬ tions ne pourraient plus lui mériter , à en juger du moins par le petit nombre de celles qui existent dans les collections de l’univer¬ sité de Leide. Injections au mercure. — Le procédé des injections consiste souvent à se servir du mercure , dont le poids , mesuré à volonté par la colonne de ce métal qui s’élève dans le tube ou siphon employé pour cette espè¬ ce d’injection , suffit pour pénétrer dans les vaisseaux les plus fins , les plus capillaires , et pour vaincre la résistance de leurs parois à sa pénétration. C’est par ce procédé des injections au mercure que le système lym¬ phatique a été successivement découvert dans l’homme et dans les animaux vertébrés. Alimentation colorée ou colorante. — Je ne puis m’empêcher d’indiquer ici le pro¬ cédé des injections naturelles , ou l’intro¬ duction, dans l’état de vie , de l’eau colorée par le carmin ou l’indigo , pour dessiner et rendre évidentes les formes du sac ou du canal alimentaire des animalcules homogè¬ nes. On sait que M. Ehrenberg , qui s’est servi de ce procédé avec plus de succès que ses prédécesseurs , appelle ces animaux po- lygastres , parce qu’il a rendu évident par cette nutrition colorée un grand nombre de poches accessoires , en apparence, du sac ou du canal alimentaire , qui se sont remplies de cette eau rouge ou bleue, et qu’il regarde comme autant d’estomacs. C’est encore le cas de parler de la garance, de cette substance colorante , qui , mêlée aux aliments des jeunes animaux , dans les expériences animales de Duhamel , rougit leurs os en se combinant aux sels calcaires que la nutrition y dépose , et donne la mar¬ che, montre les traces de leur accroissement successif. M. Flourens , qui a eu l’heureuse idée de reprendre les expériences de Duhamel , vient de montrer qu’au point de vue actuel de l’anatomie et de la physiologie , c’est , pour ainsi dire, un procédé nouveau, au moyen duquel on peut espérer d’importan- 45 2 AN A ANA tes découvertes sur la structure des os et des dents, et sur leur accroissement (1). Procédés chimiques soit pour augmenter la consistance des organes , soit pour ra¬ mollir et même dissoudre quelques parties élémentaires des organes concrets. — L’art de l’anatomiste met souvent en usage la macération , c’est-à-dire le séjour dans l’eau des parties organisées , afin de ramollir , de fondre, de dissoudre les filets, les lames du tissu cellulaire, qui lient , qui unissent cer¬ taines membranes entre elles, et qu’on par¬ vient ainsi à détacher , à isoler les unes des autres , pour les observer et les décrire sé¬ parément. C’est un moyen d’analyser les organes concrets, afin de prendre une idée plus net¬ te de leur composition, en facilitant les pro¬ cédés de dissection employés pour les dé¬ composer. Dans une vue tout opposée , celle de don¬ ner plus de consistance aux organes , tou¬ jours afin de faciliter leur dissection, on peut faire macérer les substances animales dans l’alcool, ce qui les durcit, rend les filets nerveux et les fibres musculaires plus ap¬ parentes , et facilite les procédés de dissec¬ tion au moyen desquels on cherche à iso¬ ler les nerfs ou les muscles. Plusieurs autres procédés chimiques peuvent servir à durcir, à ramollir , ou même à fondre , à dissou¬ dre, à enlever ainsi certains éléments orga¬ niques , afin de mettre à découvert d’autres parties des organes concrets. Tel est celui au moyen duquel on enlève des os ou des dents, sans les déformer, tous les sels cal¬ caires dont ils sont pénétrés , en plaçant ces organes dans un acide minéral plus ou moins étendu d’eau. Microscope. — La vue simple est loin de pouvoir nous révéler tous les détails de l’or¬ ganisation ; tous les attributs physiques de forme , de couleur , de densité , qui distin¬ guent les tissus des animaux ; tous les carac¬ tères physiques et même organiques que présentent leurs fluides. Heureusement que la découverte du micro¬ scope amis les anatomistes à même de péné¬ trer plus avant dans l’intimité de l’organisa¬ tion, de distinguer des formes qui n’ont qu’un (1) Comptes rendus de l’Académie des sciences de 1840, premier semestre , p. 143, 305 et 429. millième de ligne de diamètre ; de voir dis¬ tinctement celles qui ne s’élèvent qu’à un centième , à un deux-centième , ou même à un trois-centième de millimètre. Ce moyen, qui n’est pas exempt de beau¬ coup d’illusions, avait merveilleusement ser¬ vi à Leuwenhoeck , à la fin du 17e siècle , malgré les imperfections de l’instrument dont il pouvait disposer, à faire ses belles et étonnantes découvertes sur les animalcules , les zoospermes, les globules du sang , la cir¬ culation de ce fluide dans les vaisseaux ca¬ pillaires de plusieurs animaux, etc., etc. Beaucoup trop négligé par les anatomistes du 18e siècle, il a été repris par les ana¬ tomistes de l’époque actuelle comme un moyen d’investigation indispensable, auquel on peut avoir recours avec beaucoup moins de dangers d’erreurs , par suite des perfec¬ tionnements que la physique a apportés à cet instrument précieux , et de l’expérience acquise de ses avantages et de ses inconvé¬ nients par l’usage journalier qu’en font un grand nombre d’anatomistes. Le microsco¬ pe dévoile à nos yeux l’organisation intime jusque dans les éléments les plus simples , ceux où se passe le mystère de la vie. Non pas que cette révélation soit toujours tellement concordante dans les observations des micrographes les plus exercés, qu’on puisse , qu’on doive y ajouter une foi abso¬ lue, et sans la réserve de quelques doutes. Il suffira , pour en juger, de jeter un coup- d’œil sur l’utile recueil d "'Anatomie micro¬ scopique publié par M. L. Mandl. (Paris, Baillière, 1858-1859.) On y apprendra, entre autres, combien il y a eu jusqu’à présent de manières de voir au sujet de la fibre mus¬ culaire élémentaire , dans les descriptions écrites et figurées qu’en ont données les ob¬ servateurs micrographes. Dessins , gravures. — Les dessins et les gravures, qui multiplient l’image des formes que l’anatomiste aurait souvent beaucoup de peine à faire connaître avec le simple lan¬ gage , sont des moyens très utiles de donner l’intelligence des faits dont l’Anatomie se compose, et d’en conserver la mémoire ; ils servent conséquemment à répandre les con¬ naissances anatomiques. L’art du dessin et ce¬ lui de la gravure doivent donc être comptés parmi les procédés de l’art de l’anatomiste. La connaissance des formes organiques 453 ANA étant, en définitive, l’objet de l’Anatomie, U est facile de concevoir l’immense utilité du dessin pour en conserver soi-même le sou¬ venir , pour en transmettre aux autres une idée exacte. Le jeune anatomiste qui voudra faire de rapides progrès dans la connaissan¬ ce de ces formes si nombreuses et si variées devra dessiner toutes les préparations qu’il aura l’occasion d’en faire. L’art du dessin lui sera surtout indispensable s’il se destine h l’enseignement. M. Cuvier n’a pas dû seule¬ ment à la grande lucidité de ses idées et de son langage le succès soutenu de son ensei¬ gnement ; les figures qu’il traçait à la craie avec une facilité et une justesse admirables , en donnant rapidement un corps à ses pen¬ sées , servaient merveilleusement à les faire comprendre. Nous ne saurions donc trop recommander l’art du dessin à la jeunesse studieuse qui aura à cœur de se distinguer par des con¬ naissances solides en anatomie , et qui aspi¬ rera à contribuer aux progrès de cette science. Nous lui citerons comme des modèles à imiter, autant que possible, pour la clarté et la bonne exposition des objets , les gravures sur VAnatomie des Mollusques publiées dans le recueil des Mémoires de M. Cuvier sur ces animaux, d’après ses propres dessins. Les planches de Lyonnet , dans son ou¬ vrage sur VAnatomie de la chenille qui ronge le bois de saule ; celles de M. Strauss Düreckheim sur celle du hanneton , ont une perfection qu’il sera toujours bien difficile d’atteindre. Celles annexées aux nombreux mémoi¬ res de M. Léon Dufour sur tous les or¬ dres de la classe nombreuse des insectes , et qui ont été gravées d’après les beaux des¬ sins de cet Anatomiste distingué , donnent un grand prix à ses très utiles travaux. Par¬ mi les anatomistes actuels qui dessinent avec une grande perfection , je dois encore citer M. Milne-Edwards , et plus particulièrement ses beaux dessins sur l’organisation desZoo- phy tes et des Crustacés, ou sur la circulation des Annélides, publiés dans la nouvelle édi¬ tion du Règne animal de G. Cuvier; feu Dugès, pour ses dessins d’Anatomie zoologi¬ que ou physiologique des Arachnides , insé¬ rés dans le même ouvrage ; et M. L. Doyère , pour ceux concernant les Insectes; M. Mar- ANA tin Saint-Ange, entre autres, pour son beau Tableau de la circulation du sang dans le fœtus , sujet d’un prix décerné à cet anato¬ miste par l’Académie des sciences ; et M. Guérin-Ménéville, pour ses dessins d’ana¬ tomie zoologique de la bouche des Insectes, que ce savant entomologiste a publiés dans son Iconographie du règne animal de G. Cuvier. Il y a dans les dessins d’Anatomie zoologi¬ que ou physiologique un art particulier de montrer les formes et les rapports les plus caractéristiques, les détails les plus essen¬ tiels , que l’anatomiste seul , qui connaît la valeur de ces détails, peut faire saisir en dis¬ posant sa préparation dans le but de les mettre en évidence. La vérité, l’exactitude , la clarté , la manifestation nette et distincte des formes et des rapports, donneront beau¬ coup plus de valeur, pour la science , à un dessin d’anatomie fait par un anatomiste qui sera cependant un dessinateur médiocre, que les effets pittoresques qu’aurait cherchés en premier lieu un peintre distingué n’ayant aucune intelligence de la science. Parmi les moyens que peut employer en¬ core l’art de l’anatomiste pour conserver le souvenir des formes organiques , on doit ci¬ ter les modèles en cire et en carton - pierre , ou même en plâtre (1) , dont les cabinets anatomiques d’Italie , de France et d’autres lieux, possèdent des exemplaires plus ou moins utiles. Cette Anatomie modelée vient d’être surpassée par un nouveau procédé, in¬ venté par M. le docteur Félix Thibert (2). Au moyen du carton-pâte , ce jeune anato¬ miste parvient à représenter avec la plus grande exactitude les formes et les tissus les plus déliés , auxquels son art , comme pein¬ tre, sert à communiquer les couleurs na¬ turelles. L’invention du carton-pâte et son application à l’Anatomie pathologique, dont il est souvent difficile de conserver, dont il est heureusement impossible de multi¬ plier les exemples instructifs , feront épo- (1) Anatomie humaine et comparée, moulée en plâtre sur nature, êl peinte d’ après les prépara¬ tions, publiée par Aimé Robert et Emile Küss. Strasbourg , 1840. (2) Nouveau système d’anatomie humaine et comparée, par F. Thibert, D., pour le carton* pâte. Paris, 1839. 454 ÀNA que dans Phistoire de Part de Panatomiste(l). Tels sont les différents points de vue sous lesquels on peut envisager PÀnatomie de l’homme et des animaux dans son état actuel. Cette science importante , cette science immense , si on l’étend à tout ce qui a vie , cette science infinie comme la nature orga¬ nisée , sinon dans sa réalité actuelle , du moins dans son sujet et dans son but, a pris place de nos jours (2) parmi les sciences natu¬ relles , comme une apparition gigantesque , comme un nouveau monde, offrant à l’inves¬ tigateur de la nature un vaste champ sans limites de découvertes incessantes. (G. L. Duvernoy.) ANATOMIE VÉGÉTALE (d VKTOyttï!, dissection), bot. — L’Anatomie végétale a pour objet la connaissance de la structure intime des végétaux. Cette dénomination, appliquée au règne végétal , est moins éten¬ due que quand elle a pour objet l’organisa¬ tion des animaux. Ainsi, l’Anatomie animale comprend non seulement la connaissance des tissus élémentaires qui entrent dans la for¬ mation de tous les organes , et qu’on désigne aussi sous le nom d 'éléments anatomiques , comme le tissu cellulaire , le tissu nerveux , le tissu musculaire, etc. ; mais elle a égale¬ ment pour objet la description spéciale de chacun des organes constituant le corps, étu¬ dié dans sa position , sa structure , sa com¬ position , son étendue , etc. De là la division de l’Anatomie animale en deux parties bien distinctes : 1° l’Anatomie générale ou des tissus; 2° l’Anatomie descriptive , ou topo¬ graphie des organes. Il n’en est pas de même en botanique. L’Anatomie végétale ne s’oc¬ cupe que de l’étude des tissus élémentaires qui composent les organes ; elle correspond , par conséquent , à l’Anatomie générale des animaux. Quant à l’Anatomie descriptive des parties constituantes ou des organes des vé¬ gétaux , elle constitue une branche à part de (1) Foir C. Duméril : Essai sur les moyens de perfectionner et d’étudier l’art de V Anatomiste. Paris , 1803. — Et le Nouveau Manuel de l’Ana¬ tomiste, par E.-À. Lants, 2e édit. Paris, 1836. (2) Nous faisons tous nos efforts pour donner une esquisse de ses progrès récents et de son état actuel dans la nouvelle édition des Leçons d’ Anatomie comparée de G. Cuvier, dont le t. YII paraît en ce moment. Paris, Fortin, Masson et Compagnie, 1840. ANA la botanique, que l’on désigne sous le nom d’ or g ano graphie. (F. le mot Botanique, où nous donnerons l’indication des diverses di¬ visions qui ont été établies dans cette scien¬ ce.) La structure des végétaux est générale¬ ment plus simple que celle des animaux considérés dans leur ensemble, et cette simplicité d’organisation est en rapport a- vec le nombre moins considérable des fonc¬ tions dont leur vie se compose. Ainsi, tan¬ dis que dans le règne animal la vie est le résultat de deux ordres différents de fonc¬ tions, les fonctions vitales ou végétatives, qui servent à entretenir la vie de l’individu, et à propager les espèces, et les fonctions de rela¬ tion, destinées à mettre l’être en rapport avec tous les corps qui l’environnent , et par les¬ quels il peut être influencé , la vie des plan¬ tes se réduit aux seules fonctions vitales, que , pour cette raison , on a également désignées sous le nom de végétatives , tandis que les autres sont appelées fonctions ani¬ males , parce qu’en effet on ne les observe que dans les animaux. Il résulte de là néces¬ sairement que les plantes manquent des or¬ ganes servant aux fonctions de relation, et, par conséquent, des éléments anatomiques qui les composent. Aussi, chez elles, n’y a-t-il ni muscles , ni nerfs , c’est-à-dire ni organes de la locomotion , ni organes de la sensibili¬ té , qui sont les deux grandes fonctions de relation des animaux ; et, par suite , ni tissu musculaire , ni fibre nerveuse. Il n’y a donc dans les plantes que des organes de nutrition et des organes de reproduction. De ce qui précède il résulte que l’Anato¬ mie végétale ne comprend que la connaissan¬ ce des tissus élémentaires ou éléments ana¬ tomiques qui constituent les organes des vé¬ gétaux. Quoiqu’au premier abord ces tissus élémentaires se montrent sous des formes assez variées , et qu’ils semblent souvent fort différents les uns des autres, par exemple des utricules ou des tubes creux ou vais¬ seaux ; cependant on peut admettre , et l’ob¬ servation confirme cette vérité, qu’il n’existe dans les végétaux qu’un seul élément anato¬ mique primitif, Vutricule ou les utricules, dont le groupement constitue le tissu utri- culaire. Nous verrons en effet par la suite, quand nous traiterons spécialement du tissu utriculaire , qu’originairement il constitue à ANA ANA 455 lui seul tous les organes du végétal , et que seulement plus tard quelques unes de ses parties se modifient et se transforment soit en tubes courts ou utricules allongées , soit en véritables vaisseaux. Ainsi nous n’admet¬ tons dans les plantes qu’un seul tissu élémen¬ taire , qui, en se modifiant, constitue tous leurs organes ; mais ce tissu élémentaire peut se présenter sous trois formes principales , susceptibles chacune de plusieurs modifica¬ tions. Ce sont : 1° le tissu utriculaire simple ou primitif, composé d’utricules de forme variée , rapprochées et plus ou moins inti¬ mement soudées ensemble, de manière à former une masse ou un tissu continu. Ces utricules , primitivement globuleuses , pren¬ nent , en se pressant et se soudant mutuelle¬ ment les unes contre les autres, une forme plus ou moins régulièrement dodécaédrique, de telle sorte que leur coupe transversale of¬ fre une figure hexagonale, dont les côtés peuvent être égaux ou inégaux; 2° le tissu vasculaire, composé de tubes très grêles, généralement simples, cylindriques ou an¬ guleux , destinés à contenir soit des liquides, soit des gaz , et qui , au premier abord , pa¬ raissent si différents des utricules, bien qu’ils en procèdent constamment ; 5° enfin , une forme intermédiaire entre les utricules et les vaisseaux, c’est-à-dire participant à la fois des uns et des autres, et qu’on a dési¬ gnée sous les noms de tissu ligneux, de tis¬ su fibreux, de tissu fibr o -utriculaire , de tissu cellulaire allongé, etc. C’est, en effet, ce tissu qui constitue uniquement les fibres ligneuses soit dans les Monocotylédonés, soit dans les Dicotylédonés. Il se distingue des utricules proprement dites par sa forme plus allongée, par ses deux extrémités amincies en pointe ou taillées obliquement en bizeau ; et, enfin, par ses parois généralement très épais¬ ses , et dans l’épaisseur desquelles on aper¬ çoit souvent des couches distinctes les unes des autres. Par ces différents caractères , et surtout par leur longueur moins considéra¬ ble, ils se distinguent des vaisseaux. La forme d’un dictionnaire ne se prête pas à ce que nous traitions ici avec détails de toute l’Anatomie végétale ; un semblable travail aurait trop d’étendue. Néanmoins , nous croyons utile de donner une idée gé¬ nérale et succincte de l’Anatomie des vé¬ gétaux , parce que, dans le cours de cet ou¬ vrage, nous aurons à faire connaître suc¬ cessivement les particularités d’organisation de chacun des principaux organes des plan¬ tes , et qu’il est , par conséquent , indispen¬ sable d’avoir une connaissance exacte de la structure anatomique des plantes, considé¬ rée dans sa généralité. En effet , en traitant spécialement de chacun des organes, nous ferons connaître sa structure intime, et nous passerons ainsi successivement en revue tou¬ tes les modifications que le tissu élémentaire subit dans chacune des parties constituantes du végétal. Ainsi , par exemple , aux mots lige, racine, feuilles, etc., nous expose¬ rons avec détails l’organisation anatomique de chacun de ces organes dans toutes leurs particularités. Nous croyons utile de donner ici , en fa¬ veur des personnes qui, sans en avoir encore l’habitude, voudraient se livrer à des re¬ cherches d’Anatomie végétale, quelques con¬ sidérations générales sur la manière de faire des observations. Les éléments anatomiques des végétaux sont tellement fins et délicats, que leur struc¬ ture échappe à notre vue. Pour l’apprécier et la bien connaître , nous avons besoin du secours du microscope ; aussi l’Anatomie vé¬ gétale est-elle une science toute moderne, et dont les anciens n’ont eu aucune connais¬ sance. Malpighi et Grew, à peu près à la mê¬ me époque , c’est-à-dire vers la fin du 16e siècle , doivent être considérés comme les pères de cette branche de la botanique. Tou¬ tes les observations faites' avant eux sont à peu près milles pour la science, et ne nous font en aucune manière connaître la vraie structure des végétaux. Mais, depuis cette époque, des travaux importants ont été faits dans presque toutes les parties de l’Europe , et spécialement en Allemagne , en France et en Angleterre. Une louable émulation s’est établie entre les savants de ces pays, et a donné naissance à des découvertes qui ont singulièrement perfectionné la structure anatomique des végétaux ; aussi aurons-nous à citer bien souvent dans cet ouvrage, parmi les botanistes allemands , les noms de MM. Treviranus , Link , Bernhardi , Rudolphi , Schultz, Mohl, Moldenhaver, Meyer, Unger, etc. ; en France , ceux de MM. de Mirbel , Turpin, du Trochet, Adolphe Brongniart, Decaisne ; etc. , et enfin MM. Robert Brown 456 ANA et Black en Angleterre, MM. Yiviani et Ami- ci en Italie, dont les travaux ont contribué à amener l’Anatomie végétale au point où elle est parvenue aujourd’hui. Nous venons de dire tout à l’heure que le microscope est indispensable pour faire con¬ naître la vraie structure anatomique des vé¬ gétaux. En effet , observé à la vue seule , le tissu des plantes représente une masse cellu¬ leuse et continue, dans laquelle, suivant la partie ou le végétal que l’on observe , se voient des fibres excessivement grêles. Pour prendre une idée exacte et complète de la structure de ces tissus élémentaires , il faut les soumettre au microscope. Nous n’avons pas à discuter ici les avantages de chacun de ces instruments, qui ont été modifiés ou per¬ fectionnés dans ces derniers temps. Celui dont nous faisons habituellement usage , et qui nous a toujours suffi pour les recherches les plus minutieuses et les plus délicates de l’Anatomie des plantes, est un microscope de MM. Charles Oberhauser et Trécourt. Lors¬ qu’on veut avoir une idée générale de la structure des tissus élémentaires des végé¬ taux, il [faut enlever à la partie qu’on veut étudier des fragments aussi minces que pos¬ sible , les uns enlevés suivant la longueur de l’organe, les autres faits transversalement. Cette partie mécanique de l’opération , qui paraît bien simple au premier abord , offre cependant quelque difficulté, et exige non seulement de l’habitude, mais une certaine dextérité de la main. A cet effet , il faut né¬ cessairement se servir d’un instrument bien tranchant. Bien souvent on emploie un ra¬ soir; mais il est préférable de se servir d’un instrument dont la lame soit plus mince, et que son poids et son étendue moindres rendent plus facile à manier. Ainsi , un pe¬ tit couteau à peu près semblable à celui dont on se sert pour l’opération de la cata¬ racte , dans la méthode par extraction , ou enfin un petit bistouri à lame étroite et mince , seront substitués avec avantage à un rasoir. Quand on est parvenu souvent, après plusieurs essais infructueux , à se procurer un fragment aussi mince que possible, il faut le soumettre à l’observation microscopique. Pour cela on le place sur une plaque de verre blanc, et l’on a soin de le recouvrir d’une petite goutte d’eau très claire. Cette dernière précaution est indispensable : en ÀN effet, l’eau donne une transparence presque complète au fragment , surtout s’il est très mince. On recouvre alors la première pla¬ que de verre d’une autre plaque aussi min¬ ce que possible, surtout si les lentilles dont on se sert sont très fortes, et, par consé¬ quent, à très court foyer. Les choses dispo¬ sées de la sorte , on place l’objet sur le por¬ te-objet du microscope. Il faut d’abord em¬ ployer des lentilles d’un grossissement moyen, par exemple un grossissement de 80 à 100 diamètres. On sait par expérience que , moins la lentille est forte , mieux l’ob¬ jet est éclairé. Un grossissement tel que ce¬ lui que nous venons d’indiquer permettra de voir les objets assez distinctement , et com¬ me le champ embrassé par la lentille est assez large, on verra une portion plus gran ¬ de de l’objet soumis à l’observation, et, par conséquent , on prendra ainsi une idée plus complète des rapports de position qui exi¬ stent entre les différents éléments anatomi¬ ques de l’organe que l’on étudie. Mais on devra employer des lentilles plus fortes pour bien apprécier toutes les particularités de l’organisation. En général, avec une lentille grossissant environ 200 fois, on peut tout voir en Anatomie végétale, parce qu’avec ce grossissement , si les objets ne sont pas ex¬ traordinairement amplifiés , ils sont encore assez bien éclairés pour qu’on puisse en bien saisir tous les détails. Aussi, pour les obser¬ vations ordinaires sur les tissus, n’est-il guè¬ re nécessaire de recourir à de plus grandes amplifications. Néanmoins , il est un certain nombre de points encore obscurs de l’Anato¬ mie générale des plantes que leur extrême petitesse ne permet que de voir difficilement, et qui exigent des grossissements plus con¬ sidérables, cinq ou six cents diamètres, par exemple, quand on peut les obtenir avec assez de lumière et de netteté. Telles sont les ponctuations ou pores , les lignes ou fen¬ tes du tissu utriculaire et des vaisseaux, la nature de la matière verte ou de la chlo¬ rophylle des tissus herbacés, et plusieurs autres points encore en litige parmi les phy- totomistes. Mais, à part ce petit nombre de sujets difficiles , il n’est jamais nécessaire d’employer des lentilles aussi fortes. Il ne faut pas , du reste , perdre de vue que le plus souvent , en se servant de verres très grossissants, on perd en netteté et en AN A 45T AN A lumière ce que l’on gagne en amplification. II est une substance dont l’emploi est bien avantageux , et qui souvent sert mer¬ veilleusement pour bien distinguer les di¬ verses parties constituantes des tissus végé¬ taux : c’est la teinture d’iode. En effet, non seulement elle colore instantanément les grains de fécule en une belle couleur bleue violacée, ce qui, sur-le-champ , fait recon¬ naître ceux-ci, et les distingue des autres corps que les tissus pourraient contenir; mais, en donnant aux membranes végétales une teinte jaune ou brun-clair, elle fait dis¬ tinguer la disposition de parties que leur extrême ténuité et leur transparence ne per¬ mettaient pas d’apercevoir. II faut quelquefois avoir recours à la ma¬ cération dans l’eau , pendant un laps de temps plus ou moins long, pour bien re¬ connaître la disposition des éléments anato¬ miques, et spécialement celle des faisceaux vasculaires. En effet , par ce moyen , on sé - pare et détruit en grande partie le tissu utriculaire , et les vaisseaux plus résistants montrent plus clairement leur disposition et leurs anastomoses. On obtient plus rapide¬ ment le même effet en faisant bouillir pen¬ dant une minute ou deux dans de l’acide azotique pur ou légèrement affaibli la partie dont on veut reconnaître la structure. L’a¬ cide azotique jouit de la propriété de des¬ souder et d’isoler toutes les parties consti¬ tuantes du tissu végétal, que l’on peut alors étudier bien plus facilement. Nous borne¬ rons là ces observations préliminaires , et nous allons donner, en abrégé, une idée gé¬ nérale de la structure anatomique des vé¬ gétaux. Coup d’œil général sur la structure des éléments anatomiques des végétaux. Ainsi que nous l’avons dit précédemment, en commençant cet article , il n’existe qu’un seul élément anatomique primitif dans les végétaux : c’est Vutricule. Elle est pour le règne végétal ce que la forme primitive est pour les especes minérales ; toutes les autres formes n’en sont que des modifications, et , par conséquent , peuvent y être rapportées. L’utricule ou plutôt les utricules, en se ré¬ unissant et se soudant, forment une masse continue ou un tissu spécial , que l’on a dé¬ signé sous les noms de tissu utriculaire , tissu cellulaire , parenchyme , etc. Le tissu utriculaire est donc l’élément fondamental de toute l’organisation des végétaux; mais il se modifie de différentes manières , et peut prendre des formes extrêmement diverses , à tel point que ces formes ont été regardées par plusieurs phytotomistes comme consti¬ tuant autant de tissus primitifs. Ainsi, lors¬ qu’on examine avec les moyens amplifiants convenables l’organisation intérieure d’un végétal phanérogame, on voit qu’il se com¬ pose : 4° de cellules à parois minces et dia¬ phanes d’une extrême petitesse, d’une for- mç variable, régulière ou irrégulière, tou¬ jours polyédrique; 2° de tubes courts, ter¬ minés en pointe à leurs deux extrémités , à parois épaisses et à diamètre intérieur très petit, disposées bout à bout, de manière à constituer des fibres souvent très résistan¬ tes; 5° enfin de vaisseaux cylindriques ou anguleux, simples ou ramifiés, isolés ou réunis en faisceaux. Telles sont les trois for¬ mes principales sous lesquelles se présentent les parties élémentaires qui entrent dans la composition des végétaux, et auxquelles on a donné les noms de tissu utriculaire , de tissu fibreux ou ligneux , et de tissu vascu¬ laire. Quoique ces trois tissus ne soient que des modifications d’un seul et même élé¬ ment anatomique, l’utricule végétale, nous traiterons pourtant de chacun d’eux en par¬ ticulier , afin d’en mieux faire connaître la nature. § 1 . Du tissu utriculaire . Ce tissu est le principe de l’organisation végétale parce qu’en effet il fait partie de tous les organes constituants des plantes qui , à une certaine époque de leur dévelop¬ pement , en sont uniquement formés. On l’a encore désigné sous les noms de tissu cellu -, laire, tissu vésiculaire , et parenchyme. Le tissu utriculaire se compose d’utricules ou de vésicules d’une extrême ténuité, à pa¬ rois minces et transparentes , très variées dans leur forme , et soudées intimement les unes aux autres, de manière à former un tis¬ su continu. C’est par suite de cette soudure des utricules entre elles que pendant long¬ temps on a considéré le tissu cellulaire comme formé de cavités ou de cellules ereu- 29' T. 45S ANA AN A y sées dans une masse continue , que l’an a comparée tour à tour soit à une épongée , soit à la mousse légère qui s’élève à la surface de l’eau de savon agitée , ou des li¬ queurs alcooliques en fermentation . Mais aujourd’hui il est généralement reconnu que le tissu utriculaire se compose de petits corps vésiculaires, qu’on peut considérer comme ayant été primitivement distincts, et qui ont fini par se souder entre eux. Cette structure avait déjà été parfaitement indiquée par Malpighi, dans son Anatomie des plantes , il y a plus d’un siècle et demi. Et, en effet, ce grand anatomiste se sert déjà du mot utricules pour distinguer les parties consti¬ tuantes du tissu cellulaire. Sprengel en 1802, et MM. Linck, du Trochet, et un grand nombre d’autres phytotomistes , ont mis ce fait dans tout son jour. D’abord , cette sépa¬ ration des utricules se fait quelquefois natu¬ rellement , par exemple dans l’intérieur de certaines tiges herbacées, ou de pétioles, ou enfin d’autres organes parenchymateux, dont l’accroissement a été très rapide ; mais on peut l’obtenir avec la plus grande facilité en faisant bouillir pendant quelques instants un fragment de tissu utriculaire soit dans l’aci¬ de azotique , soit dans l’eau simple. On voit alors, comme nous l’avons déjà dit, les di¬ verses parties constituantes du tissu végétal s’isoler les unes des autres , et se montrer avec les caractères qui leur sont propres. A. Formes des utricules. ( Consultez les planches de l’Atlas consacrées à l’Anatomie végétale, et l’explication des figures. ) — Lorsque, dans une partie d’un végétal, on cherche à déterminer la forme des utricules, en soumettant à l’examen microscopique une coupe transversale de ce tissu on reconnaît que celles qui îe composent présentent une aire polyédrique , et le plus souvent hexa¬ gonale. Cependant cette forme de la cou¬ pe transversale des utricules n’est pas telle¬ ment générale qu’on ne la trouve fréquem¬ ment modifiée , soit dans le nombre de ses angles et de ses faces , soit dans leur pro¬ portion et leur régularité. La forme vraiment primitive des utricules, c’est-à-dire celle qu’on observe dans les végétaux ou les orga¬ nes végétaux, à la première période de leur développement, approche plus ou moins de la forme globuleuse ; mais il est rare qu’elle se conserve long- temps dans cet état. Les utri- cules, par suite de leur multiplication et des pressions diverses auxquelles elles sont soumi¬ ses , se présentent sous des aspects extrême¬ ment variés. Généralement, elles deviennent polyédriques, et leur forme estàpeu près cel¬ le d’un dodécaèdre; de là la forme hexago¬ nale que montrent les utricules d’une masse celluleuse coupée transversalement. Mais ii arrive bien souvent aussi que, dans leur agen¬ cement général, les utricules prennent la forme de prismes anguleux , juxtaposés les uns sur les autres, de manière à ressembler, s’il est permis de faire une semblable com¬ paraison , à des masses de basalte prismati¬ que : c’est ce que l’on observe fréquemment dans des coupes faites suivant la longueur de l’organe , dans le parenchyme des tiges par exemple. La forme hexagonale a quelquefois une régularité presque parfaite, c’est-à-dire que ses six côtés sont égaux entre eux; mais néanmoins il arrive plus souvent que cha¬ que utricule, bien que conservant encore dans sa coupe transversale une aire à six pans, est cependant plus ou moins irrégu¬ lière , parce qu’une ou plusieurs de ses faces ont pris aux dépens des autres un dévelop¬ pement plus considérable. Il peut même se faire que les utricules perdent ainsi une ou même deux de leurs faces, et qu’elles se trouvent réduites à une forme pentagonale ou carrée. Les utricules sont quelquefois disposées sans ordre dans la masse qu’elles consti¬ tuent; mais, très souvent aussi, elles sont su¬ perposées régulièrement les unes au dessus des autres , de manière à constituer des sé¬ ries longitudinales. Cette disposition s’obser¬ ve fréquemment dans les plantes monocoty- îédonées , particulièrement dans la masse do la tige. Telles que nous venons de les décrire , les utricules sont, en quelque sorte, à leur état normal ; mais il y en a quelquefois qui ont une forme extrêmement irrégulière et telle¬ ment anomale, qu’il est fort difficile delà comprendre, à moins qu’on ne les considère non plus comme des utricules simples , mais comme des groupes d’utricules soudées irrégulièrement. Nous aurons occasion de revenir sur ces cellules irrégulières et ano¬ males , quand nous traiterons spécialement de la structure des feuilles , qui sont les or- AN A 459 AN A ganes où elles existent principalement. ( Y. Feuilles, ) ïi existe encore une modification très re¬ marquable du tissu utriculaire : c’est celle qui existe dans ces lignes divergentes du centre à la circonférence qui font commu¬ niquer le canal médullaire avec le parenchy¬ me de l’écorce , et qu’on nomme les rayons médullaires. Ici, en effet, le tissu utriculai¬ re est disposé en séries transversales et pa¬ rallèles , et se compose d’utricules allongées dans le sens transversal. ( V. Rayons mé¬ dullaires. ) Lorsque l’on examine avec soin une masse celluleuse, on voit fréquemment que les utricules ne se touchent pas exactement en¬ tre elles dans tous les points de leur circon¬ férence. De cette disposition résultent' de petits espaces ordinairement triangulaires , auxquels on a donné les noms d’espaces ou de méats inter cellulaires. Pour bien se ren¬ dre compte de la formation de ces méats intercellulaires, il faut se représenter que les utricules ont d’abord été à peu près glo¬ buleuses. Dans cet état , elles ne pouvaient se toucher que par un certain nombre de points; mais, comme elles étaient compres¬ sibles, en s’appliquant et se pressant de plus en plus les unes contre les autres , ces points sont devenus des surfaces planes plus ou moins étendues. Mais les parties extérieures de leur surface externe, par lesquelles les vé¬ sicules n’étaient pas en contact, ont formé des espaces libres et vides , qui représentent autant de canaux très courts et très irrégu¬ liers, généralement triangulaires, commu¬ niquant entre eux , et formant ainsi une sorte de réseau qui doit nécessairement, quand il existe, jouer un rôle important dans les phénomènes de la nutrition. On les appel¬ le alors conduits intracellulaires ( duc lus in- Iracellulures). (V. ce mot.) Les méats inter- cellulaires sont quelquefois très àpparents et très développés, surtout dans les parties qui ne sont pas soumises à une trop forte pression de la part de celles avec lesquelles elles sont en contact. (Voyez, dans l’atlas de ce Dictionnaire, la planche lre de l’Anatomie végétale.) B. Nature de la membrane qui forme les utricules. — La membrane qui constitue les utricules est excessivement mince , parfaite¬ ment incolore et transparente ; elle laisse facilement entrevoir les parties contenues dans les utricules, qui font que ces dernières paraissent colorées, bien qu’elles soient tou¬ jours incolores. Le plus souvent, les utricu- Ies semblent avoir une coloration verte, ce qui est dû à la présence d’une matière orga¬ nique spéciale, contenue dans leur intérieur, et qu’on a désignée sous le nom de Chloro¬ phylle: Quand on examine une masse de tis¬ su cellulaire en employant des grossissements meme assez considérables, comme 120 à 150 diamètres , par exemple , les parois qui sé¬ parent les utricules paraissent tout à fait sim¬ ples. Pendant long-temps, en effet, un grand nombre de phytotomistes ont eu cette opi¬ nion sur la composition de la membrane constituant les diverses parties du tissu cel¬ lulaire; mais ce que nous avons dit dans le paragraphe précédent sur la composition du tissu utriculaire doit déjà faire voir que cette opinion n’est pas généralement conforme à la nature. En effet, la membrane qui sé¬ pare deux utricules contiguës, quelque min¬ ce qu’elle paraisse , est formée de deux feuillets intimement unis, puisqu’il est con¬ stant qu’une masse de tissu utriculaire ré¬ sulte en général de l’agglomération et do la soudure de petits corps vésicuieux qu’on peut considérer comme ayant été primiti¬ vement distincts et séparés les uns des au¬ tres. Cette duplicature de la membrane du tissu cellulaire peut néanmoins être aper¬ çue dans certaines circonstances , quand on emnioie des lentilles assez fortes. C’est sur- k tout lorsqu’on examine des portions de tissu utriculaire dans lesquelles les espaces inter- cellulaires sont très marqués, qu’on peut suivre facilement chacun des deux feuillets, qui, après avoir été distincts et écartés dans les espaces intercellulaires, se rapprochent et se soudent pour former la membrane ,qui sépare les deux utricules. C’est ce que mon¬ trent très bien plusieurs des figures de la planche lrc de cet atlas, consacrée à l’ana¬ tomie végétale, et, entre autres, la fig. 5, représentant le tissu utriculaire du canna indien. Quelle que soit la puissance amplifiante des lentilles dont je me suis servi dans les nombreuses observations microscopiques auxquelles j’ai soumis les diverses parties du tissu cellulaire , j’ai toujours trouvé la mem¬ brane des utricules parfaitement homogène > 460 AN A AN A et ressemblant en quelque sorte , pour l’as¬ pect , à une lame excessivement inince et diaphane d’un verre incolore, sans y pouvoir distinguer la moindre trace d’une structu¬ re organique quelconque. Cependant , pour quelques physiologistes , cette membrane aurait une organisation plus ou moins com¬ pliquée : ainsi, les uns la disent formée de fibres intimement soudées; les autres, de molécules excessivement petites, disposées en spirales. Nous n’avons à examiner ni à discuter ces opinions, qui nous parais¬ sent d’ailleurs peu importantes, et qui sont fondées sur des faits vrais, mais formant plutôt une exception. Ainsi, pour nous , la membrane utriculaire est mince, transparen¬ te, parfaitement incolore et sans organisa¬ tion appréciable. Dans le plus grand nombre des cas, c’est en effet avec ces caractères que se montrent les utricules; mais, dans certains végétaux, leurs parois semblent présenter, soit des ou¬ vertures ponctiformes ou pores, soit des fentes transversales. Les vaisseaux offrent aussi de semblables dispositions. L’existence d’ouvertures sous la forme de pores ou de fentes dans les parois des utricules ou des vaisseaux est un des points de l’Anatomie végétale qui a été le plus débattu parmi les phytotomistes, surtout au commencement de ce siècle. M. de Mirbcl, et, plus récem¬ ment, M. Amici, sont les observateurs qui ont le plus fortement soutenu l’existence de ces pores et de ces fentes dans le tissu cellu¬ laire et dans les vaisseaux; cependant cette opinion ne paraît pas conforme à l’observa¬ tion rigoureuse des faits. Il est vrai que, dans un assez grand nombre de végétaux , et par¬ ticulièrement parmi les Monocotylédohés, les parois du tissu cellulaire paraissent percées d’ouvertures ponctiformes, tantôt disposées symétriquement par lignes parallèles, tantôt dispersées sans ordre. Plusieurs causes ont pu souvent en imposer aux observateurs, et leur faire croire à l’existence de véritables perforations dans les parois des utricules là où il n’en existe que l’apparence. Ainsi , par exemple, les grains de fécule fins et tout à 'fait transparents qui sont fréquemment at¬ tachés à leur face interne ont pu être pris quelquefois pour des pores. Et, en effet , ces petits corps, à cause de leur transparence et de leur forme plus ou moins sphérique , agis¬ sent à la manière de lentilles, et, concen¬ trant les rayons lumineux dans leur centre , y montrent un point beaucoup plus éclairé , entouré d’une partie circulaire un peu ob¬ scure. Le point lumineux a été pris pour un trou, et la partie moins éclairée pour un bourrelet circulaire; mais ce cas n’est pas celui où l’erreur a été le plus souvent com¬ mise. Il existe , comme nous Pavons dit pré¬ cédemment, des utricules dont les parois offrent soit des points transparents, soit des lignes transversales, qui ont entièrement l’apparence de pertes de substance. C’est dans ces cas que beaucoup de phytotomistes croient à l’existence de pores ou de fentes. Mais M. Mohl a prouvé dans ses différents mémoires, et, entre autres, dans ses belles anatomies des Palmiers et des Fougères re¬ cueillis au Brésil par MM. Spix et Martius , que ces prétendus pores et que ces fentes étaient non pas de véritables ouvertures fai¬ sant communiquer ensemble les deux cellu¬ les contiguës , mais de simples amincisse¬ ments d’une partie de l’épaisseur de la paroi des cellules. Il en résulte que la coupe transversale d’un de ces points se présente sous l’apparence d’un enfoncement ou d’une sorte de petite niche , dont le fond est tou¬ jours bouché par une membrane, qui empê¬ che qu’elle ne soit complètement perforée. Ce qui est remarquable. , c’est que, dans une coupe longitudinale des vaisseaux ou des utricules où l’on observe ces pertes de substances ponctiformes , celles des deux utricules contiguës se correspondent ordi¬ nairement avec exactitude , de manière à ce qu’on voie un grand nombre de petits ca¬ naux transversaux, présentant, dans leur partie moyenne , c’est-à-dire dans le point où les deux utricules sont soudées, une petite membrane en forme de diaphragme , qui empêche les deux utricules de communiquer ensemble. Il est quelquefois très difficile d’a¬ percevoir la petite membrane dont nous venons de parler , parce qu’en effet elle est excessivement mince; il arrive même que dans certaines circonstances , surtout par les progrès de la végétation, elle ne finisse par disparaître complètement. C’est dans ce cas là seulement qu’on peut admet¬ tre l’existence de pores, c’est-à-dire de per¬ forations traversant complètement l’épais¬ seur des parois des utricules. Mais ces ou^ AN À 4Gt AN A vertures sont purement accidentelles, et le résultat de la destruction d’une partie du tissu, et non de l'organisation. C. Matières contenues dans les utricules. — Les utricules contiennent des matières de nature diverse. Tantôt ces matières sont liquides, tantôt elles sont solides, tantôt enfin elles sont gazeuses. 1° Matières liquides. — Une branche très jeune ou tout autre organe végétal examiné dans la première période de son développe¬ ment offre un tissu cellulaire dont les utri- eules ont non seulement les parois plus épaisses, mais encore la cavité remplie par un liquide aqueux, qui n’est autre chose que de la sève. Par les progrès de la végéta¬ tion, et à mesure que les organes foliacés se développent, ces sucs aqueux disparaissent: les parois des utricules s’amincissent , se sè¬ chent; et souvent le tissu utriculaire finit par former une masse spongieuse, sèche et légère, qui ne contient plus que de l’air dans ses cavités. La sève n’est pas le seul liquide qu’on trouve dans les utricules du tissu cellulaire ; il peut y exister encore des huiles de diffé¬ rente nature, volatiles ou grasses. Ainsi, l’huile grasse est abondante dans le paren¬ chyme du péricarpe de l’olivier , dans l’en- dosperme charnue des Euphorbiacées, dans l’embryon des Crucifères, de beaucoup de Rosacées, etc. 2° Matières gazeuses. — La présence de l’air atmosphérique est incontestable dans le tissu cellulaire des végétaux. L’air, en effet, est absorbé dans une foule de circonstances, et sert à la nutrition de la plante; on y trou¬ ve de plus de l’acide carbonique, quelque¬ fois de l’azote , etc. Rien n’est plus facile que de constater la présence des gaz dans le tissu des végétaux. Il suffit de recouvrir d’eau et de placer sur le porte-objet du mi¬ croscope un fragment très mince du tissu à examiner *f on voit alors un grand nombre de petites bulles opaques , adhérant chacune aux utricules ouvertes. Ces petites bulles sont formées par l’air ou par les autres gaz renfermés dans les cavités, et qui se voient comme autant de points opaques. C’est me¬ me cette opacité qui constate la présence de l’air dans les organes élémentaires des vé¬ gétaux. 5° Matières solides. — Les matières solides renfermées dans l’intérieur des utricules sont 1° la fécule, 2° la matière colorante ou ehromule, 5° les jeunes utricules, au mo¬ ment où elles s’organisent ou le cambium solidifié, 4° enfin les matières cristallisées ou les raphides et autres cristaux. A. La fécule ou amidon. — Rien de plus commun dans le tissu utriculaire que les grains de fécule , qui quelquefois en rem¬ plissent presque complètement les cavités ; d’autres fois y sont peu abondants et en quel¬ que sorte clairsemés. La fécule existe dans le tissu cellulaire de presque toutes les par¬ ties des végétaux , dans les racines , les tiges, les feuilles , le péricarpe , les divers organes de la graine, etc. Elle se montre sous la for¬ me de petits corps plus ou moins sphéroï- daux , mais souvent d’une forme allongée ou irrégulière, parfaitement transparents et incolores , primitivement adhérents à la pa¬ roi interne de l’utricule , mais qui en sont souvent détachés , et , par conséquent, libres dans la cavité. On s’est particulièrement occu¬ pé, depuis un certain nombre d’années, non seulement des propriétés chimiques de la fécule , mais encore de sa constitution phy¬ sique , ou , pour mieux dire , de son orga¬ nisation. (F. Amidon et Fécule amüacée.) B. La ehromule ou matière colorante. — • Le tissu utriculaire , comme nous l’avons déjà exposé précédemment, est formé d’u- tricules à parois minces et tout à fait incolo¬ res. Cependant , quand on examine ce tissu dans un grand nombre d’organes , dans les feuilles par exemple, ou S’enveloppe herba¬ cée des jeunes tiges , il se montre sous l’ap¬ parence d’une masse colorée en vert. Cette coloration n’est pas propre au tissu lui-mê¬ me , mais provient d’une matière colorée qu’il contient ; c’est cette matière qu’on désigne sous les noms de ehromule , de ma¬ tière colorante ou de chlorophylle. Mais le nom de ehromule doit être préféré, parce qu’il exprime que c’est .ce corps qui colore, sans indiquer la teinte. En effet , toutes les autres colorations, et souvent si bril¬ lantes, que présentent les diverses parties du végétal, sont dues à la présence d’une matière toujours la même dans sa struc¬ ture , et dont la teinte seule Varie. Cette matière offre une véritable organisation. Ce sont encore des globules , ou plutôt des es^ pèces d’utricuics contenant dans leur inté^ ANA 4(j% rieur des corps plus petits , eux-mêmes com¬ posés; en un mot, il y a , pour plusieurs phylotomistes , une sorte d’emboîtements indéfinis d’utricules de plus en plus petites. Nous ferons connaître avec plus de détails, au mot Chromule, cette organisation, et sur¬ tout les observations curieuses que M. Mohl a récemment publiées sur la chlorophylle. F. CHROMULE. C. Raphides. — Le tissu cellulaire de la tige et de la racine d’un grand nombre de végétaux contient, dans l'intérieur même des utricules , des amas réguliers de petits corps aciculaires, raides et pointus aux deux extré¬ mités, que M. BeGandolle a désignés sous le nom de Raphides. Les Raphides avaient été parfaitement observées et décrites par plu¬ sieurs anatomistes. Ce sont, ainsi que liieser Lavait reconnu depuis long-temps , des cris¬ taux excessivement grêles et allongés, le plus souvent d’oxalate, quelquefois de phosphate de chaux. Ces raphides sont toutes réu¬ nies parallèlement entre elles , et quelque¬ fois remplissent complètement Putricule. Indépendamment des P^aphides , on y trou¬ ve encore quelquefois d’autres cristaux de forme variée : ce sont tantôt des cristaux prismatiques et diversement groupés , tan¬ tôt des cristaux isolés. Ainsi, par exemple , dans plusieurs plantes de la famille des Arao- reées , j’ai observé des cristaux rhomfaoédri- ques , rappelant tout à fait la forme du car¬ bonate de chaux. D. Carnhium. — Enfin les utricules con¬ tiennent fréquemment une matière qui, a- près avoir été liquide, se solidifie petit à pe¬ tit, s’organise, passe par tous les états inter¬ médiaires , depuis la forme mamelonnée jusqu’à celle d’utricules parfaites f et ser¬ vant ainsi à la multiplication et à l’ac¬ croissement de toutes les parties de la plan¬ te. Cette matière est le cambium , dont M. de Mirbel a si bien étudié dans ces derniers temps les développements successifs, avec cette sagacité , cette persévérance et ce gé¬ nie d’observation , qui caractérisent les tra¬ vaux de ce savant physiologiste. (F. Cam¬ bium.) Lacunes. —  mesure que les organes de la plante se développent et s’accroissent, le tissu utriculaire qui entre dans leur' compo¬ sition s’étend et se multiplie ; mais, lorsque cet accroissement est très rapide et très con- ÀNA sidérable , comme dans les végétaux her¬ bacés , le tissu utriculaire se- déchire , et il se forme dans l’intérieur des organes des cavités accidentelles , qu’on désigne sous le nom de lacunes. Ces lacunes sont ordinai¬ rement le résultat de la déchirure et de la destruction partielles du tissu utriculaire. Elles sont communes dans l’intérieur des tiges et des feuilles d’un grand nombre de végétaux qui vivent au voisinage des eaux, comme les joncs, les sagittaires, etc. La ca¬ vité très grande qu’on observe dans la tige d’un grand nombre de Graminées , d’Om- bellifères, et de plusieurs autres plantes her¬ bacées- dont la croissance a' été très rapide, est une véritable lacune. La moelle conte¬ nue dans l’intérieur des branches du noyer présente un grand nombre de cavités super¬ posées , séparées les unes des autres par des cloisons minces, et qui sont aussi des lacu¬ nes. Leur cavité n’est pas tapissée par une membrane propre, mais seulement par une membrane accidentelle, résultant de la con¬ densation du tissu utriculaire, aux dépens duquel elle a été formée. Leur forme est ex¬ trêmement variable, le plus souvent elle est très irrégulière ; d’autres fois , au contraire , elles offrent une certaine régularité. Les ré¬ servoirs connus sous les noms de vaisseaux propres dans les Conifères , les Térébintha- céeSj.etc., et qui sont remplis de térébenthi¬ ne ou de sucs gommo-résineux, sont une for¬ me particulière de lacunes. Tissu fibroso-utriculair e . — Le tissu cel¬ lulaire que nous avons décrit jusqu’à pré¬ sent est, en quelque sorte, cet élément anato¬ mique à son état de pureté primitive , et c’est ainsi, en effet, qu’on l’observe dans le plus grand nombre des cas; mais i! présente quel¬ quefois une modification toute spéciale, et qui a été très bien étudiée dans ces derniers temps. Les parois des utricules, -au lieu d’ê¬ tre simples , présentent une ligne spirale ou spiricule contournée sur elle-mêmç , et dont la disposition varie beaucoup. C’est à cette modification qu’on a donné les noms de cel¬ lules fibreuse s, tissu fibroso-ulriculaire. Le tissu fibroso-ulriculaire existe dans plusieurs parties des végétaux, les feuilles, les racines, la moelle, les anthères, le tégu¬ ment des graines. Le premier auteur qui ait sérieusement appelé l’attention des phytoto- raistes sur ce point est le docteur PurMnje , 463 AN A dans sa dissertation sur ces cellules fibreuses des anthères. Depuis cette époque, un grand nombre d’autres auteurs ont fait connaître ce tissu dans presque toutes les parties des végétaux. Il nous suffira de citer ici les noms de MM. de Mirbel, H. Brown, Lindley, Slack, Meyen, Schleiden, etc. Lorsque les tours de la spiricule sont con¬ tigus, l’existence d’une membrane extérieure est bien moins évidente, et elle a môme été niée par quelques auteurs , parce qu’au pre¬ mier abord la spiricule se déroule sans appa¬ rence de déchirure, comme nous l'observe¬ rons bientôt dans les vaisseaux aériens, dési¬ gnés sous le nom de trachées. Mais cette membrane n’en existe pas moins, comme nous le montrerons plus tard, quand nous parlerons en son lieu du mode de formation de ces utricules. D’autres fois , la spiricule forme des tours plus ou moins écartés, ou bien elle est interrompue en certains en¬ droits; ou enfin une même utricule peut offrir deux spiricules enroulées en sens con¬ traire, et formant une sorte de réseau à mail¬ les quelquefois très régulières. § II. — Du tissu fibreux ou ligneux. Si l’on examine la structure du bois dans un chêne, un peuplier ou tout autre arbre dicotylédoné, on voit qu’il se compose de fibres immédiatement juxtaposées les unes à côté des autres. Ces fibres se composent de cellules très allongées ou de vaisseaux fort courts, toujours terminés en pointe à leurs deux extrémités, et présentant une épaisseur considérable, eu égard à la petitesse de leur diamètre intérieur. Le môme tissu s’observe dans les couches de l’écorce, les nervures des feuilles , aussi bien dans les végétaux monocotylédonés que dans les végétaux di¬ cotylédones, soit herbacés soit ligneux. Ce tissu tient en quelque sorte le milieu entre le tissu utriculaire proprement dit et les véritables vaisseaux. On l’a tour à tour dési¬ gné sous les noms de tissu allongé , prosen- chyme , lubilles , tubes ou vaisseaux fibreux, eloslres , tissu ligneux. On peut distinguer trois modifications principales dans ce tissu : 1° les utricules fi¬ breuses ou cellules allongées, qui, par leur forme et leurs dimensions, ressemblent tout à fait aux utricules du tissu cellulaire, dont ANA elles diffèrent par l’épaisseur de leurs parois, et leurs extrémités coupées obliquement en pointe; 2° les clostres ou tubes fusiformes , très distincts par leurs extrémités amincies en pointe aux dépens de chacun de leurs cô¬ tés, et leur forme de fuseau très allongé; 5° enfin les tubes fibreux proprement dits, égaux en diamètre dans toute leur longueur, et ayant leurs extrémités coupées en pointe oblique et unilatérale. Mais cependant ces trois formes ne sont pas si distinctes que l’on ne puisse trouver facilement des in¬ termédiaires de l’une à l’autre dans un mô¬ me végétal, et souvent dans un même orga¬ ne. Toutes les fibres textiles extraites des végétaux, et qui servent à la fabrication des cordes et des fils, et, en particulier, celles du lin et du chanvre, sont formées par ce tis¬ su , qui offre une force de résistance extrê¬ mement considérable. L’organisation de ce tissu est très remar¬ quable, et le distingue des utricules et des vaisseaux. Leurs parois sont transparentes , diaphanes, mais d’une épaisseur extrême¬ ment considérable ; elles sont formées de plusieurs couches superposées et intimement soudées entre elles. Les vaisseaux fibreux paraissent à leurs deux extrémités pointues ; cependant M. Slack assure leur avoir vu pré¬ senter quelquefois une très petite ouverture de communicatibn. i , § III. — Du tissu vasculaire. Les vaisseaux ne sont qu’une modification des utricules ; c’est ce qu’il nous sera facile de prouver quand plus tard nous traiterons de l’organogénie végétale, ou de l’origine et du mode de formation primitive des élé¬ ments anatomiques des plantes. Ce sont des tubes tantôt cylindriques, tantôt anguleux, isolés ou réunis en faisceaux simples ou ra¬ mifiés, et qui varient beaucoup quant à leur structure et aux fluides qu’ils contiennent. Sous ce dernier point de vue , on peut ad- . mettre deux sortes principales de vaisseaux : i° les vaisseaux séveux , destinés à contenir la sève; 2° les vaisseaux aériens, qui con¬ tiennent de l’air ou tout autre gaz. Sans doute cette distinction n’est pas à l’abri de tout reproche, en ce qu’elle tranche une question encore en litige pour quelques phy- totomistes, pour qui les trachées et leurs 464 ANA modifications sont les principaux conduits de la sève. En effet, dans quelques circon stances, les vaisseaux pneumatophores peu¬ vent contenir les sucs séveux ; ruais c’est par exception, et leur principale fonction est de servir à la respiration du végétal, comme nous le démontrerons plus tard. I. V aisseaux séveux. — La nature, la dis¬ position, la structure et la position des vais¬ seaux séveux, ne sont bien connues que de¬ puis un petit nombre d’années. M. le profes¬ seur Schultz de Berlin est le premier qui les ait décrits avec exactitude , et qui ait étudié leur disposition générale dans toute îa série des végétaux qui les contiennent. Il leur a donné le nom de vaisseaux laticifères, par¬ ce qu’ils ne contiennent que la sève élaborée, c’est-à-dire déjà propre à se convertir en cambium ou matrice de l’organisation , et qu’en latin on désigne sous le nom de latex. Ce sont des tubes simples ou ramifiés, complètement clos, à parois transparentes, sans apparence de ponctuations ou de lignes transversales; cylindriques quand ils sont isolés, prismatiques et anguleux quand iis sont réunis en faisceaux. Selon M. Schultz, ils peuvent se présenter sous trois états dif¬ férents, qui ne sont probablement dus qu’à des différences d’âge : 1° en état de contrac¬ tion ; 2° en état d’expansion ; 5° en état d’ar¬ ticulation. Le latex ou sève élaborée est un suc ordinairement coloré, rarement incolore, et contenant des granules organiques, qui permettent d’en suivre le mouvement dans les différentes parties des vaisseaux. Les vaisseaux du latex n’occupent pas îa même place dans les végétaux dicotylédonés et dans les végétaux monocotylédonés ; en général , ils ne sont pas très abondants. Bans la tige des premiers on ne les observe guère que dans le parenchyme cortical , tantôt iso¬ lés, tantôt en faisceaux, tantôt enfin consti¬ tuant une couche continue ou à peu près continue. Dans la tige des Monocotylédonés , ils font partie des faisceaux ligneux épars au milieu du parenchyme qui constitue sa masse. On les trouve encore flans toutes les parties herbacées de la plante accompagnant les vaisseaux aériens. Sous le nom de vaisseaux propres, on a, selon nous, confondu des organes fort diffé¬ rents. Ainsi on a donné ce nom : i 0 tantôt aux réservoirs qui, dans l’écorce des Conifères et a ANA des Térébinthacées, contiennent les sucs rési¬ neux , et qui ne sont que des lacunes vasi- formes ; 2° tantôt aux espaces intercellulai¬ res qui, à une certaine époque, se dilatent pour recevoir la sève ; 3° tantôt aux fibres du liber; 4° enfin aux véritables vaisseaux laticifères. De tout ceci il résulte qu’on ne peut aujourd’hui admettre de vrais vais¬ seaux propres , tels qu’on les entendait au¬ trefois; mais que les sucs propres peuvent être contenus soit dans des lacunes vasifor- mes, soit dans un système de vaisseaux par¬ ticuliers, ramifies et anastomosés entre eux, et qu’on nomme vaisseaux laticifères , II. Vaisseaux aériens. — Nous réunissons ici sous le nom de vaisseaux aériens 1° les trachées, 2° les fausses trachées, o° les vais¬ seaux réticulés, 4° les vaisseaux ponctués. 1° Des trachées ou vaisseaux en spirale. — Ce sont des tubes communément cylindri¬ ques , ayant une analogie frappante avec les vaisseaux aériens des Insectes, auxquels ils ont emprunté leur nom. Ce qui distingue essen¬ tiellement ces vaisseaux, c’est qu’ils se com¬ posent d’un corps filiforme ou d’une lame mince et très étroite, que j’ai désignée sous le nom de spiricule , et qui est contournée sur elle-même en hélice. Tantôt les tours de la spiricule sont contigus, et ne laissent au¬ cun intervalle entre eux; tantôt, au contrai¬ re, ils sont plus ou moins éloignés. Bans le premier cas, il est à peu près impossible de constater l’existence d’un tube extérieur, à l’intérieur duquel la spiricule est appliquée; mais ce tube est évident quand les tours de la spiricule sont écartés. Ce tube est excessi¬ vement mince, diaphane, sans stries ni po¬ res, et son existence, incontestable dans cette dernière circonstance, peut porter à l’ad¬ mettre, même dans le cas où l’on ne peut la constater directement. La nature de la spiricule n’est pas encore bien déterminée. Quelques phytotomistes admettent qu’elle est creuse, c’est-à-dire que c’est un tube cylindrique ou comprimé ; d’autres, au contraire, pensent que c’est un corps plein et solide. Nous reviendrons plus en détail sur ce sujet quand nous traiterons spécialement des trachées. La spiricule offre ordinairement une assez grande régularité dans tous les points de son étendue; et quand les tours sont écartés, ils sont généralement espacés d’une manière à AN A 465 peu près égale; d’autres fois, au contraire , on remarque une certaine irrégularité dans la disposition des tours. Une de ces formes les plus remarquables, c’est quand la spiri- cule, après plusieurs tours continus, est in¬ terrompue, constitue plusieurs anneaux com¬ plets, et plus loin forme encore des spires continues. Nous avons observé cette modifi¬ cation des trachées dans les faisceaux li¬ gneux de la canne de Provence ( arundo do- nax L.), et nous lui avons donné le nom de vaisseaux s piro- annula ires. Les trachées ont une position bien déter¬ minée, et qui varie dans les deux grandes classes de végétaux embryonés, les seules où elles existent. Ainsi, la tige des Dicoty¬ lédones ne les présente que dans la par¬ tie de la couche ligneuse la plus intérieure qui environne la moelle, en un mot dans les parois de l’étui médullaire; nulle part ail¬ leurs de la tige on n’observe ces vaisseaux. Dans les tiges des Monocotylédonés, ils font partie des faisceaux vasculaires et ligneux épars dans toute leur épaisseur, et générale¬ ment ils occupent la partie centrale de ces faisceaux. On les y retrouve encore dans les pétioles, les nervures des feuilles, et les di¬ verses parties de la fleur qui ne sont que des modifications des feuilles. On a cru pendant long-temps que les racines en étaient dé¬ pourvues; mais nous en avons constaté l’exi¬ stence dans les racines des plantes dicotylé- donées où il existe un canal médullaire, et dans celles de plusieurs Monocotylédonés. 2° Des vaisseaux réticulés. — Ces vais¬ seaux ne sont probablement qu’une simple modification des trachées , dans laquelle la spiricule, au lieu d’être enroulée régulière¬ ment et d’une manière continue, est irré¬ gulièrement ramifiée et anastomosée, de ma¬ nière à former un réseau à mailles très irré¬ gulières. Je les ai souvent observés dans les racines; mais ils existent aussi dans la tige , celle de la Balsamine par exemple. 3° Vaisseaux rayés. — On a nommé ainsi des vaisseaux qu’on trouve abondamment répandus dans un grand nombre des organes de la plante. Iis sont simples, cylindriques ou anguleux, quand ils sont réunis en fais¬ ceaux, et offrent., pour caractères distincts, des lignes transversales qui n’occupent qu’une portion de la circonférence des vaisseaux. On a émis sur la nature de ces lignes des opinions ANA très diverses. Certains auteurs les ont regar¬ dées comme des fentes entourées d’un bour¬ relet : de là la dénomination de vaisseaux fendus ; d’autres, comme de simples lignes ( vaisseaux rayés); quelques uns, comme des trachées incomplètes, dont la spiricule est irrégulière et interrompue ( fausses tra¬ chées ). Nous reviendrons sur ces diver¬ ses opinions quand nous étudierons avec plus de détails la structure intime de ces vaisseaux. Nous avons dit tout à l’heure que les raies transversales qui caractérisent cette sorte de vaisseaux étaient quelquefois irré¬ gulières et inégales ; c’est ainsi qu’on les ob¬ serve dans le plus grand nombre des cas, et, en particulier, dans les faisceaux ligneux de la tige des plantes monocotvlédonées. Mais il arrive aussi que parfois ces vaisseaux, sur¬ tout quand ils sont réunis en faisceaux, pré¬ sentent ces lignes bien égales et symétrique¬ ment disposées les unes au dessus des autres. C’est à cette forme particulière qu’on a don¬ né le nom de vaisseaux scalariformes. On les trouve très abondamment répandus dans les divers organes des plantes de la famille des Fougères. Nous avons quelquefois observé que les vaisseaux rayés ou scalariformes se sépa¬ raient en lanières roulées en hélices, à la manière des vraies trachées. Nous en figure¬ rons un exemple dans les planches de cet ouvrage consacrées à l’Anatomie végétale, que nous avons dessiné d’après une tige li¬ gneuse d’une espèce de fougère. 4o Vaisseaux ponctués.— ils sont aussi ex¬ trêmement communs dans l’organisation vé¬ gétale, et, en particulier, épars au milieu du tissu ligneux de la tige des plantes dicotylé- donées. On leur a donné les noms de vais¬ seaux ponctués ou vaisseaux poreux , suivant l’opinion qu’on s’était formée de la nature de ces ponctuations. Ce sont, comme les précédents, des tubes ordinairement cy¬ lindriques, plus rarement anguleux, présen¬ tant des ponctuations très fines, rangées sy¬ métriquement en lignes transversales. Ces lignes transversales sont souvent interrom¬ pues par des espèces de bandes longitudinales qui ne présentent pas de ponctuations. Telles sont les principales formes sous les¬ quelles se montre le tissu vasculaire des vé¬ gétaux. Quant à l’origine et au mode de for¬ mation primitive des vaisseaux, nous en traî- 30 T. I. 466 ANA AN terons spécialement au mot Vaisseaux des plantes , et au mot Organogénie . Nous résumerons ici en forme d’aphoris¬ mes les principaux points de l’organisation végétale, dont nous venons de donner une idée succincte. Aphorismes sur Vorganisation des végétaux . L Les végétaux sont composés originaire¬ ment d’un seul élément anatomique, l’utri- cule, vésicule membraneuse, dont la forme et la structure, en se modifiant , produisent trois sortes de tissus élémentaires : 1° le tis¬ su cellulaire ou utriculaire ; 2° le tissu fibreux ou ligneux ; 3° le tissu vasculaire ou les vaisseaux. § ï. Tissu utriculaire . ïï. Le tissu utriculaire est la base de l’or¬ ganisation végétale. IIL II est composé d’utricules ou vésicules closes de toutes parts , primitivement globu¬ leuses, se soudant ensemble, et qui, parla pression égale qu’elles exercent les unes sur les autres , prennent communément une for¬ me polyédrique , le plus souvent dodécaé¬ drique. IV. Dans une masse tissulaire, les lames membraneuses qui séparent les utricules les unes des autres sont formées de deux feuil¬ lets appartenant chacun à l’une des deux utricules contiguës. y. La forme des utricules varie beaucoup ; elles sont ou polyédriques ou prismatiques , quelquefois très irrégulières. VL II y a des utricules de forme irrégulière et anomale, et qui semblent résulter de plu¬ sieurs utricules soudées. VIL Les utricules soudées d’une masse de tissu cellulaire laissent, dans les points où elles ne se touchent pas, des espaces vides, ordinairement triangulaires, qu’on nomme méats ou conduits intercellulaires. VIII. La membrane des utricules est en général diaphane, et ne présente aucune ou¬ verture appréciable. IX. Les prétendus pores ou fentes qu’on observe quelquefois ne sont que des amin¬ cissements ponctiformes ou linéaires des pa¬ rois; cependant, par les progrès de la végéta¬ tion, ces amincissements deviennent quel¬ quefois de véritables ouvertures; mais ces ouvertures sont accidentelles. X. Les utricules ne communiquent entre elles que par des pores intermoîéculaires et tout à fait invisibles. XL II y a des utricules qui contiennent in¬ térieurement une lame plane ou filiforme , roulée en spirale de différentes manières. Cette modification porte le nom de tissu fibroso-utricvlaire ou cellules fibreuses. XII. Les utricules contiennent des matiè¬ res gazeuses, liquides ou solides. а. Les matières gazeuses sont principale¬ ment de l’air, souvent plus ou moins altéré. б. Les liquides sont la sève, les huiles grasses ou volatiles, etc. c. Les solides sont : 1° Le cambium , s’organisant insensible¬ ment, et prenant petit à petit toutes les for¬ mes du tissu utriculaire; 2° La chromule , chlorophylle ou globuli¬ ne , matière colorante, de teinte très variée, composée de petites vésicules contenant des granulations colorées. C’est elle qui donne leur coloration spéciale à toutes les parties du tissu végétal ; 3° La fécule ou amidon , sous forme de grains plus ou moins globuleux ou cylindri¬ ques, incolores, d’une grosseur variable, sui¬ vant les espèces , se colorant en bleu par la teinture d’iode; 4° Les raphides, petits cristaux sous for¬ me d’aiguilles, terminées en pyramides poin¬ tues à leurs deux extrémités, et réunies en faisceaux ; 5° Des cristaux ou tables rhomboédri- ques; 6° lies Informes 7 utricules allongées eri forme d’hexagone, ouvertes à leurs deux ex¬ trémités, contenant une seconde utricule in¬ térieure plus étroite, remplie de cristaux aciculaires. XIII. Les lacunes sont des cavités plus ou moins grandes qui se forment au milieu du tissu cellulaire , ordinairement par suite de la destruction d’une partie des utricules qui le composent. XIV. Le tissu utriculaire peut se multi¬ plier de trois manières différentes : 1° Par addition de nouvelles utricules à l’extérieur des anciennes, accroissement ex - ira-utriculaire ; ANA 467 ANA 2° Par développement de nouvelles utri- cules entre les anciennes, accroissement inter -utriculaire ; 5° Par formation de nouvelles utricules dans l’intérieur des anciennes, accroissement intra-ulriculaire. § ÎI. Tissu fibreux. XV. Le tissu fibreux a reçu les noms de tissu allongé, tissu ligneux 3 prosenohyme , vaisseaux fibreux, lubilles , clostres , etc. XVI. Il est composé de cellules très allon¬ gées ou de tubes très courts, terminés en pointe à leurs deux extrémités, toujours simples. XVII. En se pressant les uns contre les autres, les tubes fibreux prennent des for¬ mes très variées. XVIII. Leurs parois sont généralement très épaisses, et leur cavité intérieure assez petite. Elles sont souvent composées de plu¬ sieurs couches superposées , qui apparaissent sur la coupe transversale comme autant de zones concentriques, emboîtées les unes dans les autres. XIX. Les tubes fibreux peuvent offrir des enfoncements ponctiformes (pores) ou linéai¬ res (fentes) ; ils présentent aussi , mais plus rarement , un fil intérieur roulé en spirale. XX. En s’ajustant bout à bout, ils con¬ stituent les parties fibreuses, non vasculaires, de la plante, et, en particulier, le tissu du bois et celui du liber. § III. Tissu vasculaire. XXL On distingue deux espèces principa¬ les de vaisseaux, suivant la nature du fluide qu’ils contiennent ; 1° les vaisseaux séveux; 2° les vaisseaux aériens. ♦ 1° Vaisseaux séveux. XXII. Les vaisseaux désignés sous le nom de vaisseaux moniliformes ne sont que des séries d’utricules superposées, et dont la pa¬ roi horizontale finit quelquefois par se dé¬ truire. XXIII. Les vaisseaux latexifères ou lati- cifères, ainsi appelés parce qu’ils contien¬ nent le suc élaboré ou latex , sont les con¬ duits spéciaux de la sève descendante. XXIV. Ce sont des tubes complètement clos, à parois ordinairement minces et trans¬ parentes , quelquefois d’une épaisseur consi¬ dérable, cylindriques ou anguleux, simples ou rameux, et fréquemment anastomosés. XXV. Ces vaisseaux existent au milieu des faisceaux vasculaires, épars dans la masse de la tige des plantes monocotylédonées. XXVI. Dans les plantes dicotylédonées , ils sont épars dans le tissu cortical , ou for¬ ment des faisceâux ou une enveloppe con¬ tinue autour du corps ligneux. On les trouve aussi quelquefois épars dans la moelle. XXVII. Sous le nom de vaisseaux pro¬ pres on a confondu : 1° des lacunes ou cavités accidentelles dans lesquelles s’accumulent les sucs résineux ; 2° les méats intercellulai¬ res; 5° les vaisseaux du latex. Il n’y a donc pas de vaisseaux spéciaux qui puissent con¬ server le nom de vaisseaux propres . 2° Vaisseaux aériens. XXVIII. Tous les vaisseaux pourvus d’u¬ ne spiricule ou lame spirale , ou ceux qui présentent des enfoncements soit linéaires , soit ponctiformes , constituent les vaisseaux aériens. Les trachées, les vaisseaux rayés , ponctués ou réticulaires, en sont les princi¬ pales formes. XXIX. Les trachées sont des tubes cylin¬ driques contenant un corps mince et filifor¬ me nommé spiricule , roulé en hélice dans leur intérieur. XXX. L’existence du tube n’est pas tou¬ jours très évidente. Il est presque impossible de la constater quand les tours de la spiricu¬ le sont très rapprochés et presque contigus; quand , au contraire , ils sont écartés , son existence ne saurait être niée. XXXI. La spiricule est tantôt plane, pré¬ sentant la figure d’une lame très étroite, tan¬ tôt filiforme et cylindrique. XXXII. Malgré les assertions contraires de plusieurs observateurs, la spiricule m’a toujours paru pleine et non creuse intérieu¬ rement. XXXIII. La spiricule peut être simple o bifurquée. XXXIV. Assez souvent, deux, trois, ou un plus grand nombre de spiricules , se sou¬ dent ensemble, et se déroulent en formant un ruban strié. XXXV. Les trachées sont ordinairement simples; très rarement elles se ramifient. 468 ANA XXXVL La spiricule , au lieu d’être con¬ tinue , forme quelquefois des anneaux com¬ plets et parfaitement distincts, placés au milieu de tours en spirale interrompus. Ces vaisseaux pourraient être appelés vais¬ seaux spir o -annulaires . XXXVII. Les trachées, dans les tiges dicotylédonées, n’existent qu’aux parois de l’étui médullaire; on les trouve aussi dans les pétioles, les nervures des feuilles, les filets des étamines, les enveloppes florales. XXXVIII. Dans la tige des Monocotylé¬ dons, elles sont placées dans les faisceaux li¬ gneux qui y sont épars. XXXIX. On trouve des trachées dans les fibres radicales, particulièrement dans les plantes monocotylédonées. XL. Les vaisseaux réticulés sont une mo¬ dification des trachées dans laquelle la spiri¬ cule est irrégulière , ramifiée , anastomosée , et non déroulable. XLL Les vaisseaux rayés, improprement appelés vaisseaux fendus, sont des tubes cy¬ lindriques ou anguleux, qui présentent des parties amincies sous la forme de lignes. XLII. Ces lignes amincies peuvent être très étroites, ou avoir une certaine largeur. Elles sont ordinairement disposées régulière¬ ment les unes au dessus des autres. XLUI. Les vaisseaux scalariformes ne sont qu’une modification des vaisseaux rayés, dans laquelle les lignes transversales ont plus de longueur et de régularité. XLIV. Les vaisseaux ponctués ou poreux sont des tubes cylindriques présentant des enfoncements ponctiformes, disposés régu¬ lièrement. XLV. Dans les vaisseaux ponctués et rayés, les prétendus pores et les prétendues fentes sont toujours bouchés extérieurement par une membrane mince et transparente, dont il est cependant facile de reconnaître l’existence. XLVI. Ces deux sortes de vaisseaux se trouvent dans l’épaisseur des couches li¬ gneuses des végétaux dicotylédonés , ou dans les faisceaux vasculaires des Monocotylédons, dans les racines , les feuilles, etc.; mais ja¬ mais dans l’écorce. XL VII. Il existe un passage insensible des vaisseaux ponctués aux vaisseaux rayés, des vaisseaux rayés aux vaisseaux réticulés, des vaisseaux réticulés trachées : donc les ANA vaisseaux ponctués, rayés et réticulés, ne sont probablement que des modifications des trachées. XLV11I. Les vaisseaux n’existent pas dans la plante excessivement jeune ou dans les organes, dès le premier moment de leur ap¬ parition. A cette première période, la plante tout entière n’est encore composée que du tissu utriculaire. XLIX. Les vaisseaux, de quelque nature qu’ils soient, tirent leur origine du tiss utriculaire. (A. Richard.) *ANATROPA [àvxrpoKi, renversement; parce que l’ordre semble interverti dans quelques earact. de ce g.), bot. pu. — M. Ehrenberg a établi ce g. d’après une petite plante herbacée d’Égypte, et il le caractéri¬ se ainsi : Calice à 4 dents, dont la préflorai¬ son est valvaire; 4 pétales alternes; 4 éta¬ mines hvpogynes attenant aux pétales, li¬ bres , persistantes ; un ovaire simple à 4 lo¬ bes obtus ; un style simple et court , s’é¬ largissant en massue et se terminant en un stigmate également simple ; une capsule à péricarpe un peu charnu, à 4 lobes, aux¬ quels correspondent autant de loges, et qui se séparent, à la maturité, en autant de val¬ ves. Un faisceau placentaire central envoie dans chaque loge une branche horizontale épaissie en massue, à l’extrémité de laquelle viennent s’attacher 4-5 graines menues. Feuilles alternes, pinnatifides, munies de 2 stipules en forme d’oreillette à leur origine; les premières sont cependant opposées et entières. — L’auteur rapporte ce g. à la fam. des Zygophyllées , desquelles pourtant sem¬ blent l’écarter ses feuilles alternes et ses fleurs isostémones. Si, comme on peut le soupçonner, c’est le même que le Tetra- dyclis de Marsehaîl, sa place serait en effet fort différente , et quelques uns de ses ca¬ ractères devraient être modifiés, en ajoutant ceux de l’embryon, qui est dépourvu de pé- risperme, et tout à fait analogue à celui des Elatinées. (Ad. J.) * ANTATROPE. Anatropus ( «vâ, sur ; r/j&îri] [de t/ssjcwJ, changement de direction ). bot. ph. — Dénomination appliquée par M. deMirbel aux ovules chez lesquels l’exosto- me et la chalaze sont diamétralement oppo¬ sés , comme cela a lieu dans les Orthotro¬ pes ; ou , en d’autres termes , lorsque la se- condine et le nucelle , inclinés sur leur axe , ANA ANA 4C9 se renversent complètement ; mais alors le hile se trouve rapproché de l’exostome , et séparé de la chalaze par un raphé qui sc pro¬ longe sur Povule. Tel est le cas des Liliacées, des Rosacées , des Gucurbitacées , des Com¬ posées, des Rutacées, etc. (C. L.) AA Al LACE. Ànaulax ( à. Jhiv.; v eu- phon. ; sillon ou suture), moll. — M. de Roissy , craignant qu’il ne s’introdui¬ sît quelque confusion entre les g. Ancyle de Müller et Ancyle de Lamarck , proposa de substituer à ce dernier nom celui (TAnaula- ce; mais ce changement n’a pas été adopté. Voy. ANCILLAIRE. (DESII.) *ANAIJLACUS («priv.; v euph.;«u>«|, sillon), ms. — G. de l’ordre des Coléoptères pentamères , famille des Carabiques , tribu des Harpaliens , établi par Mac-Leay dans son ouvrage intitulé : Annulas a javanica , et auquel il assigne les caract. suivants : Ant. moniliformes , épaisses , à peine de la lon¬ gueur de la tête; les 2e et 3e articles presque égaux. Labre court, large , carré transversa¬ lement, à angles obtus, à peine échancré an¬ térieurement. Mandibules larges, triangulai¬ res , courbées du côté externe. Dernier ar¬ ticle des palpes maxillaires court , cylindri¬ que , à peine plus mince à son extrémité. Paraglosses distinctes, minces, cylindriques, membraneuses. Menton trilobé. Tête triangu¬ laire, très petite, bi-sillonnée entre les yeux. Prothorax deux fois plus large que long, échancré antérieurement , à peine convexe postérieurement , très légèrement canalicu- lé. Corps entier, un peu déprimé, large, avec l’abdomen sessile. Ecusson non visible. Ély- tres à peine bordées. Les quatre pattes pos¬ térieures spinuleuses. — Ce g. est fondé sur une seule esp. , nommée par l’auteur A. se- ricipennis , et figurée dans son ouvrage, pl. 5, fig. 1. Elle a été rapportée de Java par le docteur Horsfield. (D.) ANAULAX. moll. — Voyez anaula- CE. A N A Y 1 X GA , L amk . (nom d’un ar¬ buste au Malabar), bot. pu. — Syn. du g. Casearia , Jacq. (famille des Samydées). (SP.j * ANAX (nom mythoî. d’«va£ , roi, prin¬ ce). ms. — G. de la famille des Libelluliens, de l’ordre des Névroptèrcs, établi par Lcach ( Edinb . Encycl .)., adopté par MM. Curtis, Stephens, Westwood , réuni au g. Æshna ou Æschna par M. Rurmeister ( Ilandb . der Ent.) , et regardé de nouveau comme genre distinct par M. de Selys-Longchamps (Mo- nog. des Libellai.). Le g. Anax ne diffère réellement des Æshna que par les ailes postérieures , dont le bord anal est arrondi dans les deux sexes , tandis qu’il est angu¬ leux chez les mâles des Æshna , qui ont en¬ core , de chaque côté du deuxième segment de l’abdomen, un petit tubercule manquant chez les Anax. On connaît 8 à 10 esp. de ce genre ou plutôt de cette division de gen¬ re , dont trois seulement sont européennes. Le type est VA. formosa (Æshna formosa Yand. Linden., — azurea Charp., et Anax imper alor Leaeh), répandue dans une grande partie de l’Europe. (Bl.) ' *ANAXAGOREA(A» axagoras , philo¬ sophe grec), bot. piî. — G. de la famille des Anonacées, établi par M. Aug. de Saint- Hilaire (Bull, de la Soc.philom., 1825, p.91), qui lui assigne les caract. suivants : Cal. 5- parti. Cor. de 6 pétales 2 -sériés, conni- vents; les 3 intérieurs plus petits. Récepta¬ cle convexe, hypogyne, tronqué au sommet. Etam. très nombreuses, claviformes. Anthè¬ res subsessiles , appendiculées au sommet. Ovaires 8 à 15 , distincts , 2-ovulés; ovules attachés au fond des loges, renversés. Styles très courts , continus. Stigm. terminaux , soudés en disque. Follicules coriaces, stipi- tés , obovés, 1-loculaires, subclaviformes, 2- spermes , s’ouvrant incomplètement par la suture ventrale. Graines basifixes, inarillées, collatérales , obovées , planes et 1-sulquées d’un côté , convexes de l’autre. Test crusta¬ cé , fragile. Embryon minime ; radicule infè¬ re. — Arbrisseaux à rameaux subdichotomes. Feuilles éparses , très entières, ponctuées; pétiole court , inarticulé. Pédoncules axil¬ laires et oppositifoliés , J -flores , solitaires. Fleurs petites , d’un blanc verdâtre. — Ce g. appartient à l’Amérique méridionale; il comprend plusieurs esp. autrefois renfer¬ mées dans le g. Xylopia. (Sp.) ANAXETON, Cass. bot. pjï. — G. ce la famille des Composées, tr. des Sénécioni- dées. On lui donne les caract. suivants : Ca~ pit. pauciflore, hétérogarne ; toutes les fleurs tubuleuses , 5-dentées ; l’une ou l’autre fe¬ melle, le reste mâle. Réceptacle plan, cou¬ vert d’un duvet tomenteux. Invoî. formé d’écailles sèches , multisériées , faiblement 470 ANC imbriquées ; les intérieures onguiculées, spa- thulées , terminées par une sorte de lame très blanche. Style des fleurs mâles très simple. Fruits enveloppés dans le duvet to- menteux du réceptacle, et couronnés par une aigrette à soies peu nombreuses, capillaires, scabres ou plumeuses , plus courtes que la corolle. — Ce sont des s. -arbrisseaux du Cap , à feuilles alternes, coriaces, très entières, ses- siles,mucronulées, parcourues par une ner¬ vure moyenne , creusée en forme de sillon à Sa face supérieure ; capitules cylindracés, réu¬ nis en corymbe. — Ce g. est voisin de VÂn- tennarïa ( Gnaphalium dioicum et marga- ritaceum ). (J. B.) *AWAXETUM. bot.— -Schott a donné ce nom à un g. de Polypodiacées , qu’il a fondé sur le Polypodium crassifolium L., et que Presl considère avec raison comme une esp. de son g. Phymatodes. (Ad. B.) A AB LATUM, bot. ph. — G. de la famille des Orobanchées , formé par Tour- nefort {Cor. 48), et dont Endlich. ( G en ., PL 4189) , forma une division de son g. Ano- planthus, en la caractérisant ainsi : Cor. à tube court , ventru , à limbe bilabié. Scape engainée par des squammes assez grandes , et se terminant en un pédoncule unillore. Une seule esp. du Caucase. (C. L.) *AACATHÏA (nom grec, appliqué jadis à quelque espèce de Chardon), bot. pis. — M. De Candoile a fondé ce g. sur une plan¬ te des monts Altaï ( Cirsium igniarium Pall. ) , qui diffère des Cirsis par les appen¬ dices de ses anthères, la cicatrice latérale et basilaire de son fruit. Elle a pour caract. : Capitule homogame multiflore. Involucre ovale-globuleux, à écailles imbriquées; les extérieures et les moyennes épineuses; les plus intérieures scarieuses, colorées. Récep¬ tacle paléacé-fimbrillifère. Corolles égales, obliquement 5-fides. Étamines à filets gla¬ bres. Anthères terminées inférieurement par des appendices velus. Fruits très glabres , oblongs, anguleux, striés longitudinalement, pourvus à la base d’une aréole latérale , terminés au sommet par une sorte de mem¬ brane crénelée , à l’intérieur de laquelle se trouve l’aigrette formée de deux rangées de soies plumeuses égales , rapprochées par leur base de manière à former une sorte d’anneau. — Ce g. ne renferme qu’une seule espèce. (J. D.) ANC ÂACÉE. Âncœus (nom rnyth., un des Argonautes), crust. — G. de l’ordre des ïsopodes, famille des Décempèdes, établi par M. Risso, qui lui assigne les caract. suivants : Tête des mâles pourvue de deux grandes mandibules , arquées , épaisses en dehors , concaves , tranchantes et dentelées en de¬ dans. Beux yeux composés. Ant. au nombre de quatre, médiocrement longues, les exté¬ rieures l’étant plus que les intérieures , et terminées par des articles déliés et en soies ; les intérieures grosses et poilues. Corps ob- îong, déprimé, formé de cinq segments, dont les deux premiers sont très larges , sillonnés et coudés ensemble. Dix pieds monodacty¬ les; les six 1ers assez courts et dirigés en avant , et les quatre derniers plus longs , se portant en arrière. Abdomen formé de qua¬ tre segments, terminé par une lame natatoi¬ re de chaque côté , et une intermédiaire , plus aiguë que celle-ci. — Ce g. , vraiment singulier, se compose d’une seule esp. , l’A. forficularius Risso. On la trouve près de Nice, dans les profondeurs de la mer. Elle se plaît au milieu de la région des Coraux , où elle se cache dans les interstices des Ma- » drépores. Sa natation est vive, et lorsqu’on cherche à la prendre , elle ne se roule pas en boule. (H. L.) ÂACEPS. bot. — Voyez ancipitb. * ANCHIETEA, Aug. Saint-Hil. (nom d’un missionnaire jésuite). — Noisetlia Mar- tins et Zuccar. bot. ph. — G. de la famille des Yioîariées, offrant pour caract. : Cal. de 5 sépales inégaux, inappendiculés. Pétales 5, non persistants : les 2 supérieurs minimes ; les 2 latéraux moins petits ; l’inférieur très F grand, onguiculé, éperonné. Etam. 5; les 2 inférieures appendiculées. Anthères sub- sessiles. Style court , claviforme. Stigmate oblique. Capsule très grosse, vésiculeuse , polysperme , déhiscente long-temps avant la maturité des graines. Graines bi-sériées , bordées d’une large aile membraneuse, é- chanerée vers le hile ( A. S. -Mil., Pl. us. des Brasil., t. 19). — Arbrisseaux. Feuilles pétiolées, penninervées. Stipules petites, caduques. Pédoncules courts , fasciculés. Corolle blanche. On n’en connaît que deux esp. , qui habitent le Brésil. Les racines de l’A. saiuiaris À. S. -H. sont employées par les cultivateurs des environs de Rio comme remède dépuratif et comme purgatif. (Sp.) ANC T 471 ANCHOIS, poiss. — C’est un petit pois¬ son qui ne dépasse guère 10 à 11 cent., très a- bondant dans toutes les mers des régions tem¬ pérées de l’Europe, surtout dans la Méditer¬ ranée et sur les côtes d’Espagne, où l’on en fait des pêches nombreuses et productives pour le commerce d’exportation. Sa tête est assez grosse ; son museau , prolongé par le développement de l’ethmoïde, est saillant, et dépasse de beaucoup la mâchoire inférieure. La gueule est très fendue ; les ouïes le sont aussi beaucoup. Le dos est arrondi ; le ven¬ tre est comprimé et un peu tranchant. La couleur est verdâtre -clair sur le dos et ar¬ gentée sur le ventre, quand le poisson est vi¬ vant; le vert du dos passe au bleu aussitôt après sa mort , et cette teinte fonce de plus en plus, jusqu’à devenir presque noire. Comme tous les Clupéoïdes , ces petits poissons vivent en troupes nombreuses. Les Provençaux les pêchent avec des filets nom¬ més rissoles , et qui ont au moins 40 bras¬ ses de longueur sur 8 à 10 mètres de hau¬ teur ou de chute. Les mailles sont plus ser¬ rées que pour les Sardines. La pêche se fait ordinairement avec quatre bateaux dont un porte la rissole , et les autres , nommés [as- tiers , portent des réchauds à feu. Us sor¬ tent pendant les nuits obscures, sans lune, depuis le mois d’avril jusqu’à la fin de juil¬ let. A une ou deux lieues de la côte, les fas- tiers allument des feux de pins gras et très secs. Les Anchois, attirés par la lumière, se dirigent vers eux. Quand le pêcheur se voit entouré d’un assez bon nombre de pois¬ sons, il fait signe au bateau qui porte le filet de s’approcher , et de mettre ses engins à l’eau. Ensuite, sans trop serrer d’abord les bateaux fastiers , ils jettent les filets à l’eau , et les traînent de manière à entourer le ba¬ teau qui porte le feu. Us resserrent alors leur cercle , et , quand ils voient tout bien disposé , le fastier éteint le feu. Les Anchois , effarouchés, abandonnent ce bateau, mais pour aller s’encolleter ou se mailler dans le filet. Quand une bande d’ Anchois veut s’ap¬ procher du rivage pour frayer , on les prend aussi avec de grandes seines , que l’on tire sur les rives sablonneuses. L’Anchois frais se mange frit; mais c’est plutôt pour le con¬ server en salaison que l’on se livre à sa pê¬ che. Aussitôt que les pêcheurs ramènent les filets , femmes et enfants accourent sur la plage, se hâtent de couper la tête et d’enlever avec elle les viscères de ces poissons : c’est pour cela qu’ils arrivent toujours sur nos ta¬ bles ainsi décapités. Quand la tête est enle¬ vée, on lave le tronçon du corps et de la queue restant, et, ensuite, on alite le poisson , c’est- à-dire qu’on le place dans de petits tonneaux confectionnés pour cet usage, en mettant un lit de sel et un lit de poissons. Le sel est é- crasé en poudre assez fine , et rougie avec de l’ocre. On fait jusqu’à trois saumures a- vant de pouvoir livrer le poisson au com¬ merce. Quand il a été convenablement pré¬ paré, il peut se conserver plus d’un an; cependant les meilleurs Anchois à employer pour la cuisine doivent être nouveaux, pe¬ tits , blancs dessus , vermeils en dedans , et avoir le dos rond. Cette chair , devenue pi¬ quante , est un assaisonnement agréable pour beaucoup de nos aliments. Sa prépara¬ tion est des plus anciennes. Les Grecs et les Romains faisaient grand usage de l’Anchois. Toutes sortes de proverbes, de dictons, avaient lieu sur ce poisson, ainsi qu’on peut en juger par la lecture des comédies d’Aristo¬ phane. Ce poisson entrait dans leur g arum , et, préparé avec le vinaigre, donnait leur acetogarum . Linné classait l’Anchois dans le genre des Clupées, sous le nom de dupe a enchrasi- cliolus ; mais , depuis que les méthodes ich- thyologiques se sont perfectionnées par les travaux de M. Cuvier , l’Anchois est devenu le type d’un g. de la famille des Clupéoïdes, caractérisé par la saillie de son ethmoïde ; ce qui donne à sa physionomie un aspect facile à saisir. — Ce g. comprend un assez grand nombre d’esp. soit des côtes d’Amé¬ rique , soit du Malabar et de Coromandel. Elles sont, par conséquent, assez répandues sur la surface du globe. (Val.) ANCHOLIE. bot. ph. — Voyez avco- LIE. r (C. B’O.) * ÂNCHOMÉNIDES. Anchomenidæ ( àyyôgzvoç, [ d'àyyu] , étranglé ; forme de la tête ). ins. — S.-tr. de Coléoptères penta¬ mères , famille des Carabiques, établie par M. Delaporte dans la tribu des Féroniens de M. Dejean , et à laquelle il donne pour ca- ract. : Tête rétrécie insensiblement à sa ba¬ se. Mandib. pointues. Palette des tarses an¬ térieurs étroite , allongée , et formée de 5 articles offrant, en dessous, deux séries long!- 472 ANC tudinales de papilles ou de poils , avec un vide intermédiaire. Une dent simple au mi¬ lieu de l’échancrure du menton ; labre en¬ tier ou sans échancrure notable. Cette s.-îr. se compose des g, Platynus , Âgonum , Oli- sthopus et Anchomenus . Les Anchoménides sont de jolis petits insectes très agiles. Quel¬ ques esp. sont ornées de couleurs brillantes et métalliques. (D.) ANCIIOMENUS ( àyxôpsvoç [d ’ayx&J ] , étranglé; forme de la tête ). ins. — G. de Coléoptères pentamères , famille des Carabi- ques, tr. des Féroniens , établi par Bonelli , et adopté depuis par presque tous les ento¬ mologistes. M. Dejean, dans son Species gé¬ nérai , le caractérise ainsi : Les trois 1ers ar¬ ticles des tarses antérieurs dilatés dans les mâles , plus longs que larges, et légèrement triangulaires ou cordiformes ; dernier article des palpes allongé , cylindrique, légèrement ovalaire et tronqué à l’extrémité. Antennes filiformes et assez allongées. Lèvre supérieu¬ re plane , en carré moins long que large. Mandib. légèrement arquées et assez aiguës; une dent simple au milieu de l’échancrure du menton. Corselet plus ou moins cordifor- me; angles postérieurs toujours marqués. Élytrés légèrement convexes, en ovale plus ou moins allongé ; angles antérieurs arron¬ dis , mais toujours marqués ; le plus souvent des ailes propres au vol. — Les Anchomenus sont des Carabiques généralement au des¬ sous de la taille moyenne, rarement parés de couleurs brillantes , et presque toujours ailés. On trouve ordinairement ces Insectes dans les lieux humides, aux bords des eaux, sous les pierres et les débris de végétaux ; quelques uns se rencontrent aussi sous les écorces et dans les troncs d’arbres. M. De¬ jean ( Catal . , 5e édit.) en mentionne 58 esp. , dont 15 seulement se trouvent en Europe; les autres appartiennent aux autres parties du globe, particulièrement aux deux Amé¬ riques. Nous citerons comme type du g. VAnch. pallipes Fabr., très commun sur les bords de la Seine. (D.) AMCHOMÉES {àyyô-jici , qui pend , - étrangle), bot. pis. — M. De Candolle a donné ce nom à l’une des tribus dans les¬ quelles il sous-divise la famille des Crucifè¬ res. (Sp.) ANCHONIUM ( âyyà'jtoç, qui étrangle; forme de la silique). bot. ph. — G. de la ANC famille des Crucifères (Lomenteuses), établi par M. De Candolle (Syst., t. 2, p. 578), qui lui assigne pour caract. distinctifs : Étam. majeures connées 2 à 2. Silique 2- articulée, rostrée par un style comprimé ; articles 2- spermes, indéhiscents, se séparant à la ma¬ turité. Graines suspendues, oblongues, col¬ latérales dans chaque article. Cotylédons planes, incombants. — Ce g. ne comprend qu’une seule esp. qui croît au Liban. (Sp.) * ANTCHOBÏUS («y xAlo$, qui étrangle ; forme du rostre), ins. — G. de l’ordre des Coléoptères tétramères, famille des Curcu- lionides, div. des Erirhinides, établi par Schoenherr, qui lui donne pour caract. : Antennes médiocres, peu fortes. Funicule composé de huit articles : le 1er très court , le 2e long, obeonique ; les autres courts, pres¬ que perfoliés, successivement un peu plus épais extérieurement. Massue brièvement ovale. Rostre long, robuste, cylindrique, ar¬ qué , profondément attaché. Yeux très écar¬ tés, enfoncés et presque cachés sous le lobe inférieur du thorax. Thorax oblong, tronqué à la base, arrondi sur les côtés, rétréci au sommet, lobé derrière les yeux , profondé¬ ment échancré en dessous. Elytres oblon¬ gues , subovales , convexes. Le corps est sub¬ ovale, rigide, scabrc, aptère, de moyenne grandeur. — Ce g., suivant M. Dejean (Ca¬ lai., 5e édit. ), renferme dix esp., toutes de l’Amérique. Nous ne citerons que celle qui a servi de type à Schoenherr, le Rhynchœnus suillus de Fabricius, figuré dans l ^ Iconogra¬ phie du régne animal de Cuvier par M. Guérin Méneviîle, pl. 59 bis, fig. 1. (D.) * ANTCÏIOKELLE. Ânchorella (dimin. d '’anchora, ancre), crust. — G. de la fa¬ mille des Lernées , proposé par G. Cuvier (llegn. anim., 2e édit. , III , 257) pour une esp. qui « ne se fixe aux ouïes (des poissons) que par une seule production qui part du dessous du corps, et se dirige en arrière ». C’est le Lernœa adunca Stroem. ( Sond - moer , pl. 1 , fig. 7 et 8 ) , commun sur plu¬ sieurs Gades. D’après M. Burmeister, ce g. est synonyme de ceux de Clavella , Oken ; adopté par Cuvier , et de Lernœomyzon , Blainv.; antérieurement établis. (P. G.) * AWCIIOSCELIS (Syxos, étrangle¬ ment ; xv]).tç, tache ; forme des taches sur les ailes. Il faudrait écrire Ânchocelis). ins. — G. de Lépidoptères, de la famille des Noc- ANC ANC turnes et de la tr. des Orthosides, établi par M.Guénée (Ann. de la Soc. eut. de France , t. 8, p. 485) , aux dépens du g. Orthosia de Treistchke , et qui a pour type la Noct. nitida de Fabr. Les caract. de ce g. sont formulés par l’auteur avec trop d’étendue pour trouver place ici ; d’ailleurs ils nous ont paru ne reposer que sur des différences extrêmement légères. Une des plus apparen¬ tes, c’est que la tache réniforme des ailes supérieures est toujours étranglée. Voy. le mot ORTIIOS1E. (D.) ANCIiOYO. Un des noms vulgaires pro¬ vençaux de l’Anchois. (Val.) * AA’CSIUSA ( ayxôvc nom , chez les Grecs , d’une plante que les modernes rap¬ portent à notre Orcanette ). bot. psi. — G. de la famille des Aspérifoliées, L. (Borragi- nées, Juss. ) , type de la tr. des Anchusées , formé par Linné , et dont les caract. sont ainsi circonscrits : Cal. 5-fîde. Cor. hypogy- ne, infundibuliforme ou hypocratérimorphe, à gorge fermée par cinq appendices voûtés , à limbe 5-parti. Étam. 5 , incluses , insé¬ rées sur le tube de la corolle. Ovaire quadri- lobé. Style simple ; stigmate indivis. Noix 4, distinctes , rugueuses , creusées à la base , ceintes d’un bord renflé , insérées sur le ré¬ ceptacle. — Les Anchusa sont des plantes herbacées , annuelles , bisannuelles ou viva¬ ces , répandues sur toute la terre , à fleurs axillaires, solitaires, ou en grappes bractéées. Bien qu’on ait retiré bon nombre d’esp. de ce g. , soit pour en faire le type de g. nou¬ veaux , soit pour les réunir à d’autres , elles sont encore au nombre de 40 environ , qu’on partage en 4 s.-g. : Baphorhiza, Link.; An¬ chusa, Tausch ; Buglossum, Gaert.; Buglos- soïdes , Tausch ( Voy. ces mots ). L’espèce la plus commune , V Anchusa italien Retz ( Anchusa paniculata Ait ) ou V Anchusa officinalis Lamk. , croît aux environs de Pa¬ ris , partout , le long des chemins, dans tous les endroits cultivés , et participe aux bon¬ nes qualités de la bourrache , c’est-à-dire qu’elle est mucilagineuse , diaphorétique et diurétique. U Anchusa tinctoria Lamk. ou l’Orcanette est le lithospermum tincto- rium. Voy. ce mot. (C. L.) * ANCHYLOMËRE. crust. —Voyez ANCYLOMÈRE. (M. E.) * A A C II Y LOPERA. ins. — Voyez ANCYLOPERA. (D.) 473 * AACnYLOUIIYNCUS. ins. — Voyez ANCYLORHYNCUS. (B.) AIVCIL1E. Ancilia (ancile , bouclier). moll. — On trouve à la page 248 du Mu¬ séum geversianum cette dénomination gé¬ nérique pour une espèce de Calyptrée qui est le Calyptrœa trochiformis, dontLamarck a fait son Trochus calyptrœformis dans son ouvrage sur les Animaux sans vertèbres. Voy. CALYPTRÉE. (DeSIÎ.) ANC IL LA. moll. — Voy. ancille. ANICILL AIRE. Ancillaria ( ancillaria , domestique; étymologie obscure), moll. — G. de Gastéropodes pectinibranches, propo¬ sé par Lamarck dans ses premiers travaux conchyliologiques. Avant Lamarck, quelques espèces de ce genre étaient connues des na¬ turalistes; Martini et Chemnitz en figurent quelques unes, qu’ils confondent avec les Olives. Forskal, dans son voyage en Egypte, laissa un dessin d’une espèce assez commune dans la mer Rouge, et ce dessin représente assez bien l’animal. Ce savant naturaliste mourut malheureusement avant d’avoir a- chevé son ouvrage, et son continuateur, en parlant de cette figure, la donne comme celle d’une espèce de Volute. Gmelip, Dil- win, ont suivi l’opinion de Linné et de Chemnitz. Lamarck , le premier , reconnut les caractères de ces coquilles, et il en for¬ ma un genre auquel il appliqua le nom d’An- cillaire. M. de Roissy, dans le Bufifon de Sonnini, adopta le genre de Lamarck ; mais, craignant qu’à la faveur de deux noms aussi semblables qu’Ancyleet Ancillaire, il ne s’in¬ troduisît de la confusion dans la nomencla¬ ture, il proposa le nom d 'Anaulax pour le genre de Lamarck. Ce changement ne fut point adopté, et presque tous les auteurs conservèrent le genre de Lamarck et le nom sous lequel il a été premièrement pro¬ posé par cet auteur. Le genre Ancillaire a la plus grande analogie avec celui des Oli¬ ves; aussi Lamarck était-il sûr d’être com¬ pris et de voir son opinion généralement a- doptée, en comprenant son genre dans sa fa¬ mille des Enroulés, entre les Porcelaines et les Olives. Cuvier ne mentionna pas le genre qui nous occupe dans la première édition du Bègne animal. M. de Férussac adopte entièrement l’opinion de Lamarck ; ce que fait également M. de Blainville, dans son Traité de Malacologie. Malgré cette unifor- 50* T. I. 474 ANC ANC mité dans l’opinion des naturalistes, Cu¬ vier, dans la seconde édition du Règne ani¬ mal , mentionne les Ancillaires comme sous- genre des Buccins , et il les place entre les Éburnes elles Tonnes. Lorsque, quelques années après , dans leur grand ouvrage , MM. Quoy et Gaimard eurent fait connaître l’a¬ nimal des Ancillaires d’une manière beau¬ coup plus complète que Forskal, on put voir combien Lamarck avait eu raison de mettre son genre à côté des Olives. M. Quoy eut occasion d’observer deux espèces d’Ancillaires. Les animaux de ce genre sont véritablement fort singuliers : dans l’un , l’animal développe un énorme pied dont il enveloppe la plus grande partie de sa coquille ; une sorte de lobe conique , séparé du pied par un sillon circulaire, con¬ stitue une tête singulière, ou plutôt une sorte de voile labial qui cache une petite trompe et de courts tentacules. L’extrémité extérieure du manteau se prolonge en un ca¬ nal charnu, très allongé, passant par l’échan¬ crure de Sa coquille ; ce canal est destiné à porter l’eau sur les branchies. Dans l’autre espèce, beaucoup plus voisine des Olives, le pied de l’animal est beaucoup plus court, n’enveloppe qu’une petite portion de la co¬ quille ; et le lobe céphalique, plus petit, per¬ met à de grands tentacules cylindriques de se montrer au dehors. La tête est fort peti¬ te; elle se prolonge en avant en une trompe grêle,. et l’on n’y trouve aucune trace des organes de la vue. L’œsophage se continue insensiblement en un estomac allongé, cylin¬ drique , dont le diamètre difl’ère à peine de celui de l’intestin qui le suit. Cet intestin , très court et fort grêle, fait une seule cir¬ convolution dans le foie, et revient ensuite au côté droit de la cavité branchiale, où il se termine en avant par l’anus. De chaque côté de l’estomac se montre une petite glan¬ de salivaire, dont le canal filiforme s’intro¬ duit dans la partie latérale et postérieure de la bouche. Les organes de la génération sont fort simples , comme dans tous les Mollus¬ ques dioïques.On trouve dans la cavité bran¬ chiale une grande branchie pectinée , à fila¬ ments détachés jusqu’à la base, d’après les dessins de MM. Quoy et Gaimard. D’après les mêmes observateurs, celle des Ancillai¬ res qui a le pied le plus court porte, sur l’ex- térmité de ce pied, un très petit opercule court assez semblable , pour la forme et les caractères , à celui des Buccins. La coquil¬ le est allongée, ovalaire, lisse, brillante, et ayant constamment la suture des tours recouverte d’une callosité peu épaisse et comme vernissée ; aussi , dans la plupart des espèces, est-i! fort difficile de distinguer les tours les uns des autres. Un autre carac¬ tère qui se montre encore dans ce genre, c’est que toute la partie antérieure de la co¬ quille est également enveloppée d’une cou¬ che vernissée plus ou moins large, de sorte que du test primitif il ne reste réellement à découvert que le milieu du dernier tour. L’ou verture est généralement étroite, toujours longitudinale, parallèle à l’axe de la columel- !e , terminée , à son extrémité postérieure , par une échancrure fort étroite qui détache de l’avant-dernier tour l’extrémité supérieu¬ re du bord droit. L’extrémité antérieure de l’ouverture se termine en une large échancrure comparable à celle qui existe dans les Olives. Lacolumelle est concave dans le milieu /tan¬ dis que, dans les Olives, elle est presque tou¬ jours droite, et son extrémité antérieure por¬ te un bourrelet cylindracé sur lequel se montrent quelques plis obsolètes plus ou moins nombreux selon les espèces. On a cru pendant long-temps que , sans exception , toutes les Ancillaires ont la coiumelle pleine et sans ombilic; mais, en étudiant avec plus de soio les espèces de ce genre, on s’aper¬ çut qu’il devait venir se placer parmi elles une coquille fort commune dans les collec¬ tions et que Lamarck avait comprise parmi ses Éburnes. M. Sowerby , l’un des pre¬ miers, indiqua cette utile réforme, à la¬ quelle il fut conduit par la connaissance d’un grand nombre d’espèces d’Ancillaires que Lamarck ne connut pas. Parmi ces espèces nouvelles, il y en a trois ou quatre chez les¬ quelles on voit l’ombilic apparaître d’abord sous la forme d’une fente très étroite , et prendre successivement plus d’étendue jus¬ qu’à la grandeur de celui de YEburna gla- brata de Lamarck, Dans le premier fascicule de son Species Cunchyliorum , M. Sowerby décrit et figure huit espèces vivantes dans le genre Ancillaire; nous en avons vu plu¬ sieurs dont M. Sowerby n’eut point alors connaissance. Si à ces espèces vivantes nous joignons celles qui sont fossiles , nous en compterons au moins 15 espèces répao- ANC ANC 475 dues dans les terrains tert iaires de l’Europe et de l’Amérique septentrionale; ce qui porterait au moins à 40 les espèces actuellement con¬ nues. — Caract. génér. : Animal allongé, cy- ïindracé, ayant un pied très grand, dont les bords recouvrent la coquille en partie ou en totalité. Un grand voile céphalique se conti¬ nuant Su pied, et cachant quelquefois une tè¬ te petite, prolongée en une trompe étroite, et portant une paire de tentacules sans yeux , tantôt cylindracés et allongés, tantôt courts et coniques. Coquille allongée, lisse, polie, ayant constamment les sutures cachées par un dépôt calleux. Ouverture longitudinale largement échancrée à la base ; columelle concave , terminée par un bourrelet tordu , lisse ou strié. (Desii.) ANCILLE. Ancilla ( ancilla , servante). moll. — C’est sous ce nom que Lamarck a- vait d’abord proposé un g. auquel , quelque temps après, il a donné celui d’Anciîlaire, qui a été généralement adopté. Voy. ancil¬ laire. (Desh.) * ANCI1VE. crest. — Genre nouveau de l’ordre des Isopodes et de la famille des Sphéromiens , établi par M. Milne- Edwards, et caractérisé parla conformation des pattes des deux lres paires, qui sont terminées par une grande main subchélifor- me, et par l’aplatissement extrême du corps, qui est presque foliacé. Le Crustacé qui a servi à rétablissement de cette petite divi¬ sion générique est conservé dans la collec¬ tion du Musée britannique de Londres sous le nom de Nœsea depressa Leach, et paraît être la même esp. que celle décrite sous le même nom par Say dans le journal de l’Aca¬ démie des .Sciences de Philadelphie , 1. 1, p. 483. {Voy. Milne-Edwards, Hisl. des Crusl., î. IIÏ, p. 226, pl. 32, fig. 17.) (M. E.) AACÎPITÉ. Ânceps {anceps , h 2 côtés, à 2 têtes), bot. — Se dit de tout support comprimé , dont les deux bords sont , par conséquent , plus ou moins tranchants; ain¬ si les pétioles , les hampes , les pédoncules , les tiges, etc., peuvent être dits ancipités. (C. L.) ÂNTCïSTRE. Âncistrum , Forst. ( ayxt- c-r pov, crochet), bot. pii. — G. de la famille des Rosacées , voisin de VÂcœna (auquel le réunissent plusieurs auteurs), dont il diffè¬ re par le calice, qui, au lieu d’être hé¬ rissé de spinelles à toute sa surface, se ter¬ mine soit par 4 ou 5 dents spinescentes, soit par 4 ou 5 bosses; et, en outre, par une corolle de 4 ou 5 pétales distincts. — On en connaît environ 45 esp. , la plupart indigè¬ nes dans l’hémisphère austral, surtout en Amérique. (Sp.) ANCISTRÛCARPUS, Kunth. ( «y«- cr^ov, crochet; xk^tti 55, fruit), bot. ph . — Syn. du g. Microtea , Swartz. (Sp.) * ANCISTROCERUS («y ha¬ meçon, crochet; y.êfixç, corne, antenne ). ins. — M. Wesmael ( Mono g. des Odyn'eres de la Bel g.) a établi sous ce nom une division dans le g. Odynerus de Latreilîe , et l’a ca¬ ractérisée ainsi: Abdomen ayant la face dor¬ sale de son premier segment formée de deux pièces réunies par une suture transversale. Antennes des mâles ayant leurs deux der¬ niers articles en forme de crochet. La face postérieure du métathorax présentant de chaque côté un angle saillant. — L’esp. type de cette division est VOdynerus parielum (Vespa parietum Lin.) , commune dans la plus grande partie de l’Europe. (Rl.) ' * ANCISTRODERUS ( ayxosrpo'j , ha¬ meçon; o'éfA 1, cou ). ins. — G. de Coléoptè¬ res tétramères , famille des Longicornes, é- tabli par M. Dejean , et que nous ne men¬ tionnons que pour mémoire, les caract. n’en ayant pas été publiés. D’après la place qu’il occupe dans son Catalogue (3e édit.) , il appartiendrait à la tr. des Lamiaires de M. Serville. II est fondé sur une seule esp. trouvée dans les environs de Mexico, et que l’auteur nomme A . harnaticollis. (D.j * ANC1STROLOBUS, Spach (2Ks/. des Plant. Phàn., t. 5, p. 561). ( «yxter^ov , cro¬ chet; >0605, cosse, fruit), bot. pii. — G. de la famille des Hypéricacées , tr. des Desmo- stémonées. Il offre les caract. suivants : Sépa¬ les 5, subcartilagineux, persistants; les 5 ex¬ térieurs convexes, opaques ; les 2 intérieurs plans , semi-diapbanes , plus courts. Pé¬ tales 5, marcesccnts , spatulés, inappendi- culés. Étamines triadelphes , persistantes ; andropbores liguliformes , polyandres, sta- minifères presque dès la base , alternes cha¬ cun avec une écaille obovaîe , assez grande , recourbée au sommet ; filets courts, capil¬ laires, anisomètres ; anthères subréniformes. Ovaire 5-loculaire , 3-sulqué ; loges 5- ou 6- ovulées ; ovules ailés , imbriqués , renversés, attachés vers la base de l’angle central. Styles 476 ANC ANC o , courts, divergents, filiformes , épaissis au sommet. Stigmates subcapitellés, papilleux. Capsule coriace, obîongue, subcylindrique, apiculée par les styles, 5-loculaire, loculicide- trivalve ; loges oligospermes; cloisons sémi- nifères au bord antérieur; axe central nul. Graines imbriquées, à peine scrobiculées, ailées; aile mcmbranacée, beaucoup plus grande que Famande. Embryon cyîindracé ; radicule courte, infère; cotylédons subfolia¬ cés , linéaires, oncinés au sommet. — Arbres ou arbrisseaux ; rameaux cylindriques; ramil¬ les anguleux ou ancipités. Feuilles subcoria¬ ces, très entières, ponctuées de vésicules noires. Pédoncules axillaires et terminaux, courts , 1-5-flores ; pédicelles courts , ordi¬ nairement en cymules. Sépales et pétales striés de bandelettes résineuses, claviformes. Corolle d’un jaune orange. — Ce g. renferme 2 ou 5 espèces, de l’Asie équatoriale. (Sp.) * ANCISTROSOME. Ancistrosoma (ay wzpo'jj hameçon; uCo/j. a, corps), ins. — G. de Coléoptères pentamères , de la famille des Mélolonthides , établi par J. Curtis , qui lui assigne pour caract. : Anf. plus courtes que la tète; chaperon échancré, principalement chez les mâles. Corselet hexagone , à bords aigus, armé d’une petite dent vers le milieu de sa base. Pieds très longs et robustes. — L’auteur n’y rapporte qu’une esp., FA. Klu- (jii, qui a été trouvée au Pérou, dans les en¬ virons de Lima, sur les fleurs d’un Mimosa , et décrite et figurée par M. Curtis (ier vol. des Trans. de la Soc. zool. de Londres , p; 510, pi. 40). Son nom générique fait allu¬ sion à la pointe recourbée dont l’abdomen du mâle est armé à sa base. Ce genre cor¬ respond au genre Sciuropus , Latr. — Voy. ce mot. (B.) * AKfCÏSTROSTIGMA, Fenzl. ( àyy.i - c-pov, crochet; zziypx, stigmate), bot. ph. — G. de la famille des Portulacacées, voisin du Cypselea; Fauteur ( in Endlicher, Novar. i Slirp. Decad ., 1, p. 85) en a exposé ainsi les caract. : Calice campanule, 5-fide jusqu’au delà du milieu; segments obtus, les 2 in¬ térieurs plus larges, semi-scarieux, légère¬ ment concaves. Corolle nulle. Etam. 7 ou 8, ou très rarement 9, subisomètres; 5 exter¬ nes, opposées au sinus du calice, les autres opposées aux segments calicinaux intérieurs. Ànth. à bourses obîongues, cohérentes au sommet, libres inférieurement. Ovaire re¬ couvert par le calice , inadhérent , 1-loculai- re, pluri-ovulé; ovules attachés (moyennant des funicules ascendants) à un placenta cen¬ tral columnaire. Style indivisé , central , sigmoïde. Stigmate terminal , recourbé en forme de crochet, papilleux au dos. Pyxide subglobuleux , membranacé , s’ouvrant au milieu, 5-8-sperme; graines réniformes, lui¬ santes, noires. — On n’en connaît qu’une seule esp. ; c’est une herbe ( de la Nouv.- Holiande extra-tropicale et orientale) viva¬ ce, diffuse, semblable , par le port, à un Herniaria. Les feuilles sont petites, tan¬ tôt alternes , tantôt opposées , à pétiole en¬ gainant ; les fleurs axillaires , solitaires , courtemcnt pédicellées, minimes. (Sp.) * ANCISTROTUS ( âyy.LGT/pwdç , garni de crochets), ins. — G. de Coléoptères té- tramères, famille des Longicornes, tr. des Prioniens , établi par M. Serville , et adopté par M. Bejean; il a pour type l’A. hamati- collis de ce dernier, rapporté du Brésil par M. Lacordaire. M. Serville le place dans la subdivision des Prioniens proprement dits, qui ont les jambes munies intérieurement de deux rangées d’épines nombreuses ; les antennes de 11 articles ; le corselet épi¬ neux ou crénelé latéralement. Ce qui le dis¬ tingue des autres genres de la même tribu et de la même subdivision, c’est d’avoir les angles antérieurs du corselet avancés, sen¬ siblement dilatés , et armés chacun de deux fortes épines. (B.) ANCÏSTRUM. bot. ph. — Voyez- an- CISTRE. (C. L.) ANfCOLIE. Âqailegia, Linn. (corrup¬ tion d’ Aquilina , anc. Bot.; (Vaquila , aigle). bot. pii. — G. de la famille des ïïellébo- racées , tr. des Helléborées , sous-tr. des Isopyrinées , Spach. Ses caract. essentiels sont les suivants : Sépales 5, pétaloïdes, non persistants, planes, onguiculés. Pétales 5, alternes avec les sépales, comme médifixes , subonguiculés , à lame presque plane, dressée, prolongée postérieurement en un long épe¬ ron descendant, tubuleux, calleux et necta- rifère à l’extrémité. Etamines nombreuses , plurisériées : les 2 séries intérieures stériles; filets anthérifères filiformes , élargis à la base, ayant l’anthère réfléchie au sommet ; filets stériles, larges, scarieux, ondulés, con- nivents , opprimés. Anthères elliptiques ou suborbicuîaires , latéralement déhiscentes. ANC ANC 477 Ovaires 5 (accidentellement 5 ou 4, ou jus¬ qu’à 9), multi-ovulés ; ovules alternes - bisé- riés, horizontaux, immédiatement superpo¬ sés. Styles longs, filiformes, finement papil- leux au bord antérieur. Péricarpe composé de 5 follicules verticillés (quelquefois moins de 5, ou jusqu’à 9), persistants , chartacés , subtrigones, aristés, dressés, cohérents à la base, plus ou moins divergents au sommet , polyspermes, tantôt bivalves ou subbivalves, tantôt déhiscents seulement par la suture antérieure. Graines anatropes, horizontales, bisériées, ovoïdes, lisses , unicarénées par le raphé. Embryon minime, obcordiforme ; radicule centripète. — Les Ancolies sont des herbes vivaces, touffues, à tiges fouillées et ordinairement paniculées. Les feuilles ra¬ dicales sont longuement pétiolées , tantôt trifoîiolées , tantôt biternées ; les feuilles caulinaires , conformes aux radicales ( sur¬ tout les inférieures), ou pédalées ou palmati- parties. Les pédoncules , tantôt uniflores , tantôt pauciflores , sont terminaux et solitai¬ res, d’abord inclinés au sommet de manière à renverser la fleur , mais dressés après la floraison. Les fleurs, en général grandes et légèrement odorantes, sont de couleur bleue, ou blanche , ou rouge, ou livide, ou pana¬ chée. Personne n’ignore que les Ancolies se cul¬ tivent communément comme plantes de parterre. Ces végétaux sont un peu âcres et narcotiques ; cependant , leurs proprié¬ tés vénéneuses paraissent avoir beaucoup moins d’intensité que celles des Aconits et de plusieurs autres Helléboracées. L’An- colie commune ( connue sous le nom vul¬ gaire de Gard de Notre-Dame) passait, dans l’ancienne Thérapeutique , pour apéritive , diurétique , sudorifique et emménagogue. Nous ne pouvons reconnaître dans ce g. que trois esp., quoiqu’à force de doubles emplois , et en élevant des variations indivi¬ duelles au rang d’esp., on en ait porté le nombre à près de trente. Le nom NAquilegia , déjà employé parles hotanographes de l’antiquité, dérive, à ce qu’on dit, ( Vaquila , et fait allusion à ce que les éperons des pétales offrent quelque ressemblance avec les ergots de l’aigle. (Sr.) * ANfCULOTUS ( Anculi , orum , Dieux des domestiques), moll. — M. Sav, dans sa Conchyliologie américaine , a proposé ce genre pour quelques Mélanies de l’Amérique septentrionale, qui ne diffèrent pas assez des autres espèces connues pour qu’il y ait lieu d’en faire un genre particulier. Voy. mé- lanie. (Desh.) ANCYLANTHE. Ancylanthus , Des¬ font. ( âyxvloç , crochu ; av0o? , fleur ). BOT. pii. — G. de la famille des Rubiacées, tr. des Guettardées, auquel son auteur ( Mém. du Muséum , vol. 4, p. S, tab. 2) assigne les caract. suivants : Tube calicinal adhérent , ovoïde; limbe 5-parti; segments lancéo¬ lés, pointus. Cor. tubuleuse, courbée; tube évasé au sommet , garni en dedans , vers sa base, d’un anneau de poils; gorge nue; lim¬ be à 5 lobes anisomètres, dressés, calleux' et subulés au sommet; les deux supérieurs plus longs. Anth. 5, ovales, insérées immé¬ diatement à la gorge de la corolle. Ovaire infère, 5-locuIaire; loges 1-ovulées; ovules attachés vers le milieu de l’angle interne des loges. Style indivisé. Stigmate gros, cylin- dracé, tronqué aux 2 bouts, obscurément 5-lobé au sommet, concave à la base. Péri¬ carpe inconnu. — Ce g. n’est fondé que sur une seule esp. , indigène d’Angola. C’est un arbrisseau à feuilles opposées, courtement pétiolées , réticulées ; à stipules coriaces, pointues , engainantes par leur base. Les fleurs sont solitaires ou ternées aux aisselles des feuilles, et courtement pédiceilées. (Sp.) ARTCYLE. Ancylus ( àyxvïoç , crochu ). moll. — Créé par Geoffroy , dans son ex¬ cellent Traité des Coquilles des environs de Paris , le g. Ancyle a été adopté par Müller, et ainsi justement tiré des Patelles , parmi lesquelles il était confondu par Lin¬ né et ses imitateurs. Lister le premier, dans ses Animaux d’Angleterre , a figuré une esp. sous le nom de Patella fluviatûis. La même espèce a été également représentée par Gualticri et d’Argenvillc. La plupart des zoologistes ne suivirent pas l’exemple que Müller leur avait donné; ils s’attachèrent beaucoup plus à l’opinion de Linné, et l’on doit particulièrement à Draparnaud d’avoir définitivement introduit ce g. dans les mé¬ thodes actuellement en usage. Lamarck , pendant long-temps, parut avoir oublié ce g. ; il ne le mentionne ni dans sa première classification, que l’on trouve dans les Mé¬ moires de la Société d’histoire naturelle , ni ANC 478 ANC dans la seconde, faisant partie de son Systè¬ me des Animaux sans vertèbres , ni dans tous ceux de ses ouvrages qui précèdent son Histoire naturelle des Animaux sans ver¬ tèbres . Moins oublieux que Lamarck, M. de Roissy mentionna le g. Ancyle dans le to¬ me 5 des Mollusques, faisant suite au Bubon de Sonnini. Se conformant un peu à l’opi¬ nion de Linné, il place le g. de Geoffroy entre les Patelles et les Fissurelles. La¬ marck, n’ayant aucune bonne observation sur ce g., le place provisoirement dans sa famille des Calyptraciens , reconnaissant bien lui-même qu’il n’est point dans les rap¬ ports naturels. Cuvier, dans la première édi¬ tion du Règne animal , mentionna ce g. dans ses additions et le classa en tête des Puîmonés aquatiques. Nous ne savons sur quoi se fonde le savant zoologiste pour se faire une telle opinion sur ce g. Quoique sans preuves , M. de Férussac préféra ce¬ pendant l’opinion de Cuvier à celle de M. de Roissy ; mais M. de Riainville , plus scrupu¬ leux, s’est naturellement demandé si l’on connaissait assez l’organisation des Àncyles pour les placer soit à côté des Patelles, soit parmi les Scutibranches , soit enfin parmi les Puîmonés. Bientôt M. de Blainville s’aper¬ çut que les observations manquaient com¬ plètement pour éclairer la question ; aussi , loin d’adopter aucune des opinions de ses devanciers, il en présenta une nouvelle à la¬ quelle on n’était guère préparé. On trouve en effet dans le Traité de Malacologie une famille des Otidés, dans laquelle se rencon¬ trent les g. Ancyle et Haliotide. M. de Blainville suppose que , comme dans ce dernier g., l’animal des Ancyles a une bran- ebie pectinée placée dans une cavité parti¬ culière sur le côté gauche. Malheureusement M. de Blainville n’apporte aucune preuve à Fappui de ce que nous regardons comme une conjecture ; il n’apporte en sa faveur aucun fait anatomique , aucune observation propre à démontrer que les Ancyles sont plutôt Pectinibrânches que Puîmonés. Ainsi ce nouveau rapprochement, fait par ce natura¬ liste, du g. qui nous occupe et des Ilalio- tides , n’a servi à rien en ce qui concerne les rapports naturels des Ancyles. M. de Fé¬ russac, après avoir fait des observations sur les mœurs' des Ancyles, prétendit que ces animaux sont Puîmonés de la même maniè¬ re que les Limnées; mais nous n’y apercevons rien qui justifie cette opinion. Il blâme quel¬ ques naturalistes de n’avoir pas placé les Ancyles parmi les Puîmonés ; et , comme preuve de leurs torts , il apporte sa propre classification, dans laquelle on trouve, en effet, ce g. dans le groupe de Mollusques. On voit par ce qui précède que chacun des na¬ turalistes qui ont eu occasion de mentionner les Ancyles ont émis à leur sujet une opinion différente. Rien , sans doute , ne paraîtrait plus simple que de donner, par de bonnes observations, la solution de cette difficulté; les Ancyles se trouvant assez abondamment dans nos ruisseaux, dans nos rivières, dans nos étangs. La difficulté vient de ce que les espèces actuellement connues sont extrême¬ ment petites ; l’animal est presque transpa¬ rent, gélatineux, et très difficile à soumettre à une dissection propre à éclairer sur sa structure intime. A moins de trouver un nouveau moyen d’observation sur des ani¬ maux aussi fugaces, les naturalistes reste¬ ront peut - être encore long - temps dans la même incertitude qu’aujourd’lmi. On pou¬ vait espérer que l’on rencontrerait dans les pays chauds des csp. plus grandes et sus¬ ceptibles d’être soumises au scalpel de l’ana¬ tomiste; mais jusqu’à présent rien ne prou¬ ve que cette espérance doive se réaliser. M. Guiding en a observé dans les eaux douces de i’île Saint-Vincent quelques espèces, qui ne sont pas plus grandes que celles qui vi¬ vent en Europe. Au petit nombre d’espèces vivantes con¬ nues actuellement, il en faut joindre quel ¬ ques unes fossiles mentionnées par Desma- rets, dans une note qu’il publia dans le Bulletin de la Société ‘philomatique ; nous en découvrîmes une autre esp. dans les mar¬ nes blanches qui font partie des terrains à lignite des environs d’Epernay. L’animal des Ancyles est ovale, en cône surbaissé; il est enveloppé d’un manteau qui revêt l’intérieur de sa coquille et s’avance jusqu’à son bord. Le pied est grand , ovalai¬ re; il occupe presque toute la base de la co¬ quille lorsque l’animal marche. La tête est à peine séparée du pied ; elle est assez gros¬ se , subquadrilatère, un peu aplatie, et por¬ te de chaque côté un tentacule court, sub¬ tronqué au sommet, et ayant l’organe de la vision sur le côté interne de sa base. M. ANC ANC 479 Guiding, dans les observations qu’il a faites sur ce g. , a découvert , sur le côté droit de l’animal , une petite ouverture garnie d’une petite lèvre découpée. Cette disposition rap¬ pelle beaucoup ce que MM. Quoy et Gai- mard ont trouvé dans l’animal des Siphonai- res. Il resterait à savoir maintenant si , dans les Ancyles, il y a, comme dans les Sipho- naires, une branchie transverse au milieu du dos, dans un canal transversal communi¬ quant avec cette ouverture latérale. Il est déjà certain que chez les animaux qui nous occupent il n’y' a point de branchie autour du pied, comme dans les Patelles; que la branchie n’est point cervicale, comme dans les Calyptraciens; mais il reste à savoir si l’ouverture latérale communique avec une cavité aérienne ou avec une branchie aqua¬ tique. Toute la question est là actuellement, et il nous semble qu’il ne faudrait qu’un pe¬ tit nombre d’observations bien faites et sui¬ vies avec patience pour décider la ques¬ tion. Jusqu’au moment où ces observations seront faites , la place du g. Ancyle restera incertaine dans les méthodes. Les caract. de ce g. peuvent être exprimés de la manière suivante : Animal gastéropode, conique , marchant sur un pied très large , profondément séparé de l’enveloppe paléale. Tête grosse , subquadrangulaire , portant la¬ téralement une paire de tentacules courts , tronqués, ayant des yeux sessiles au côté in¬ terne de leur base, et , sur le côté droit, une ouverture garnie d’une petite valvule. Co¬ quille patelloïde, ayant le sommet incliné postérieurement, ordinairement à droite, rarement à gauche, et plus rarement encore symétrique; test très mince, dans lequel on ne peut apercevoir aucune trace d’impres¬ sion musculaire. Les coquilles du g. Ancyle sont toutes pa- telloïdes; quelques unes sont coniques, ont le sommet subcentral, et sont plus symé¬ triques que les autres. Dans d’autres esp., le sommet s’incline fortement à droite , et M. de Férussac en cite quelques esp. qui sont sénestres. Ces coquilles , minces et transparentes, ne paraissent recevoir aucune impression des muscles qui les attachent à l’animal ; aussi , quelques soins que nous ayons pris pour découvrir la forme et la position de ces impressions musculaires , nous n’ayons pu y parvenir. Dans un voya¬ ge qu’il a fait en Crimée, M. Rousseau, aide-naturaliste au Muséum d’histoire na¬ turelle, a découvert, dans les terrains ter¬ tiaires des environs de Tasmann , une gran¬ de coquille patelloïde , de 5 à 6 pouces de longueur , et qui a les plus grands rapports avec une Ancyle gigantesque. Cependant nous pensons que cette coquille devra con¬ stituer un genre particulier, que M. Rous¬ seau établira probablement lorsqu’il donnera la description de cette intéressante coquille. (Desh.) *A1VCYLECHA («y crochet ; é'xou , j’ai), ins. — G. de la famille des Locustiens , de l’ordre des Orthoptères , établi par M. Ser- Yiile (Ins. Orth., suites à Buflon', qui le dis¬ tingue des Phylloptères et des Phanéro- ptères, avec lesquels il a la plus grande ana¬ logie par le prothorax , convexe , et surtout par les pattes , dont toutes les cuisses sont armées en dessous de crochets et de fortes épines ; les jambes antérieures dilatées à leur base, et munies, ainsi que les intermé¬ diaires, d’épines en dessus et de crochets ir¬ réguliers en dessous, et enfin les jambes postérieures ayant leurs carènes hérissées de petites épines et de dilatations crochues. M. Serville ne rapporte à son g. qu’une seule espèce de l’îîe de Java, qu’il désigne sous le nom d’A. lunuligera , et qui n’est vraisem¬ blablement que la Locusla fenestrata Fab. , placée par M. Burmeister dans le g. Phyl- lopterus. " (Bl.) *ÂNCYLÉS. Âncylæa (dyxv ).os , crochu). moll. — M. Menké, dans son Synopsis me- thodica Molluscorum, divise les Inférobran- ches de Cuvier en trois familles ; la troisième, sous le nom à1 Ancylæa, est consacrée au seul g. Âncylus de Geoffroy. Nous avons vu, dans la courte histoire de ce g., combien il est encore difficile à placer aujourd’hui; et l’opinion de M. Menké n’a pas plus de preu¬ ves en sa faveur que celle des autres natura¬ listes. Voy . ancyle. (Desh.) *ANCYLOCEïlA (« yx.0>os, crochu; >é~ potç, corne), ins. — G. de Coléoptères tétra- mères , famille des Longicornes, établi par ?,!. Serville, qui le place dans la tribu des Cé- rambycins, section des Longipennes, et lui donne pour caract. essentiels : Corselet très allongé, cylindrique. 1er art. des ant. ( dans les mâles ) bombé en dedans , échancré anté¬ rieurement ; le 2e dilaté intérieurement, eu 480 ANC ANC forme de dent obtuse; les 5e et 4e dilatés en biseau à leur partie intérieure; les autres cy- ündrico-coniques; le terminal trois fois plus court que le précédent , et formant un petit crochet. 2e art. des ant. ( dans les femelles) peu prononcé, en dent de scie; le terminal court, mais point crochu. Élytres étroites, linéaires, un peu déprimées, tronquées car¬ rément à leur extrémité. M. Dejean ( Catal ., 3e édit. ) , qui a adopté ce genre , y rapporte deux espèces; l’une est le Gnoma ruyicollis Fabr., et l’autre le Cerambyx cardinalis de Dalman (A. sanyuinea Bej. ) Celle-ci se trouve au Brésil , où elle se tient sur les feuilles, et vole pendant le jour, d’après M. Lacordaire, qui ajoute qu’elle produit un son aigu avec son corselet. IA A. ruyicollis est de l’Amérique septentrionale; elle a été décri¬ te et figurée par Olivier sous le nom de Sa- perda bicolor (tom. 4, p. 52, n° 41 , pl. 3, fig. 23). (D.) * ANCYLOCHEIRA (*/xüi05, cro¬ chu ; ydp , os , main ). ins. — G. de Coléo¬ ptères pentamères, famille des Sternoxes, tii- hu des Buprestides, établi par Eschscholtz , et dont, suivant Westwood, voici les caract. y ( Syrt . ofihe Gen. of bril. Ins. ) : Ecusson distinct. Menton transverse, tronqué anté¬ rieurement. Dernier article des palpes maxil¬ laires aussi long que les précédents , légère¬ ment dilaté au sommet. Tarses minces, ti- bias antérieurs des mâles inclinés et courbés. —Ce g. a été adopté par M. Dejean (Calai., 3e éd.), qui y rapporte 18 esp., dont 15 d’Amé¬ rique et les autres d’Europe. Nous citerons , parmi ces dernières, les A. rustica , punc- tata y octogultata et flavo-maculata , qui sont des Buprestes pour Fabricius ainsi que pour MM. Solier et Gory-Delaporte, et qui toutes se trouvent en France. (D.) *ANICYLOCLABUS( âyy.ùïoç, recourbé, crochu; x>«cfoç, rameau), bot. ph. — G. de la famille des Apocynacées, tr. des Carissées, formé par Wallich ( Pl. As. rar. , t. III , p. 43, t. 272), et synonyme du g. Willughbeia de Roxburgh. Voy. ce mot. (C. L.) AIVCYLODOjX (âyy.uioç, crochu; ocTo-jg, oVroç, dent), poiss. — G. de la famille des Sciénoïdes , et qui ne se distingue des Oto- lithes que par le caract. suivant : La m⬠choire inférieure armée sur les côtés de dents longues et pointues. Dans les Otoli- thes, les dents latérales de la mâchoire sont en cardes très fines ou en velours , comme à la mâchoire supérieure. Les Ancylodons ont d’ailleurs le palais lisse et sans dents ; la tête caverneuse ; quatre appendices au pylore ; et une vessie aérienne prolongée en deux cor¬ nes. Bloch , qui n’avait fait attention qu’à la longueur de la caudale, en avait nommé une esp. de Surinam Lonchurus ancylodon; mais il a associé à son g. Lonchurus un autre poisson à dents égales et à deux barbillons sous le nom de Lonchurus barbalus. Ce g. établi par Bloch , devenait ainsi composé de deux esp. disparates ; voilà pourquoi nous avons réformé dans notre Ichthyologie le nom de Lonchurus , et créé le g. dont il est question dans cet article. Nous connaissons encore une seconde esp. de ce petit groupe , originaire de Cayenne. Ce sont jusqu’à présent les deux seules réu¬ nies dans ce genre. (Val.) * ANCYLOEA. moll. — V. ancylés. * ANCYLOGNATHUS («y*’»o5, cro¬ chu; yva0o$, mâchoire), ins. — G. de Col. hétéromères , famille des Mélasomes , établi par M. Dejean , qui n’en a pas publié les ca¬ ractères. Il le place ( Catal. , 5e édit. ) im¬ médiatement après le g. Cyrloderes de M. Solier, et n’y rapporte qu’une esp., du cap de Bonne-Espérance, qu’il nomme A. Dr egei. Cette même esp. a été décrite par M. Gué¬ rin sous le nom de Calognatus Chevrolal-ii (May. zool. 1857, clas. 9, p. 172). Voy. ce mot pour les caract. du g. (D.) * AACYLOMËRE. Ancylomerus («y/û- >05 , crochu ; pépcç, partie , article), crust. — G. de l’ordre des Amphipodes et de la famille des Hypérines , établi par M. Milne- Edwards , et caractérisé principalement par la conformation des pattes de la cinquième paire , qui sont très courtes , lainelieuses , clypéiformes , et terminées par une grosse main subchéliforme. (T. Ann. des Sc. nat., t. XX , et Hist. nat. des Crust. , t. III , p. 83, pl. 50, fig. 4.) Le g. Hieraconyx de M. Guérin (May. zool.) ne paraît pas diffé¬ rer notablement des Ancylomères , et a été probablement établi d’après un individu dont la croissance n’était pas achevée. (M. E.) * ANC.YLONOTUS (âyxù>o?, crochu; vwtos, dos), ins. — G. de Coléoptères tétramè- res, famille des Longicornes, établi parM. De¬ jean, qui le place ( Catal. , 5e édit. ) non loin du g. Megabasis de M. Serville, de ANC sorte qu'il appartiendrait à la tribu des La- miaires de ce dernier auteur. M. Delaporte ( üist . naturelle des Coléopt ., Buffon- Du- ménil) en formule les caractères ainsi qu’il suit : Corps assez allongé et convexe. Tète aplatie et verticale. Mandibules courtes, ter¬ minées en pointe aiguë. Palpes dépassant un peu les mandibules. Antennes grêles , beaucoup plus longues que le corps, très rapprochées à leur base. Corselet ayant son disque épineux! et ses côtés armés chacun d’une pointe aiguë. Ecusson arrondi pos¬ térieurement et armé également de deux épines. Élytres presque parallèles, un peu convexes, ayant leurs angles huméraux sail¬ lants et épineux , avec leur extrémité tron¬ quée. Pattes assez longues; cuisses un peu comprimées. Jambes intermédiaires ayant en dessus, près de l’extrémité, un petit tuber¬ cule. — Ce g. est fondé sur une seule esp., originaire du Sénégal : Lamia tribulus de Fabricius, Cerambyx id. Oliv. ( Ent ., t. IV, ins. 67, p. 65, n° 83, pl. 14, fig. 100.) (D.) * ANCYLONYCHA («yx^os , crochu ; êvuÇ, %Gs, ongle), ms. — G. de Coléoptères pentamères, famille des Lamellicornes, éta¬ bli par M. Dejean , qui n’en a pas publié les caractères. D’après la place qu’il occupe dans son Catal. (3 édit.), il appartiendrait à la tribu des Scarabéides phyllophages de Latreille. Il y rapporte 54 esp., toutes exoti¬ ques, dont 45 de diverses contrées de l’A¬ mérique , 4 de Java , 1 de la Perse occiden¬ tale , 1 de la Mongolie, 1 de la Chine, 1 des îles Philippines, et 1 dont la patrie est incon¬ nue. Cette dernière est le Melolontha serra- ta Fabr., que nous citons comme type du genre. (D.) * ANC YLOPERA ( ày/.-ià os, recourbé; Triyja, excessivement ; allusion à la forme du sommet des ailes, qui est très recourbé) .ins. — G. de l’ordre des Lépidoptères , famille des Nocturnes, établi par Stephens dans sa tr. des Tortricides , et dont nous avons ré¬ parti les esp. dans les g. Tortrix et Phoxo- pteryx. Voy. ces deux mots. (D.) * ANCYLORHINUS. ois. — Voyez AGRILORHINUS. (LAFR.) * ANCYLORHYNCXJS ( âyxtàoç, re¬ courbé ; pxf/'Oç, , bec ). ins. — G. de l’ordre des Coléoptères tétramères, famille des Curculionides, div. des Érirhinides, établi par Klug et adopté par SchoenhenJ, qui le ANC 481 caractérise ainsi : Antennes de longueur moyenne, minces. Funicule composé de six articles , les trois icis assez longs , sub- obconiques , les autres presque turbinés ; massue allongée , ovale , acuminée. Rostre long , robuste , presque plan , élargi vers le sommet. Yeux grands , latéraux, subovales. Prothorax transverse , beaucoup plus étroit antérieurement, avec les angles postérieurs subacuminés , légèrement convexes en des¬ sus. Elytres larges, subovales, un peu convexes, arrondies à leur extrémité, dé¬ bordant l’abdomen. Pattes médiocrement longues , robustes ; cuisses très épaisses , uni- dentées en dessous ; tibias un peu compri¬ més. — Ce g., adopté par M. Dejean (Catal., 3e édit.) , a, suivant Schoenherr, un peu le faciès du g. Myctère d’Olivier ; il ne renferme qu’une seule esp. , VA. variabilis de Klug, originaire du Brésil. (D.) * ANCYLOSCELIS ( àyxtâoç, crochu ; cxéloç, jambe), ins. — G. de la famille des Mellifères, de l’ordre des Hyménoptères, éta¬ bli par Latreille (. Règn . anim.) sur quelques esp. de l’Amérique méridionale, ayant de grands rapports avec les Ântophora et les Saropoda , mais qui s’en distinguent surtout par les mandibules, munies de plusieurs den¬ telures. Leurs palpes maxillaires n’ont que quatre articles , comme chez les Saropoda. (Bl.) * ANfCYLÛSTERNUS (*/ xuios, cro¬ chu; azèp'jo'j , poitrine, ins. — G. de Co¬ léoptères tétramères , famille des Longicor- nes, tribu des Cérambycins , établi par M. Dupont dans sa monographie des Trachy- dérides , et adopté par M. Servilie dans son travail sur les Longicornes, mais non par M. Dejean dans son Catal. ( 3e édit. ). Il est fondé sur une seule espèce d’Amérique, Trachyderes scutellaris de Schoenherr, ou Cerambyx scutellaris d’Olivier (Entom., t. 4, capr ., p. 16, n° 15 , pl. 21, fig. 160), et a pour caract. : Présternum transversale¬ ment et profondément échancré, tubercu¬ leux entre les pattes antérieures. Mésoster¬ num peu avancé, plan, semi-circulaire inté¬ rieurement. Tète grande, rugueuse, marquée de deux impressions longitudinales ; menton large, canaliculé transversalement. Antennes longues; ltr article robuste, 2e plus long que de coutume. Corselet aussi long que large, armé latéralement d’une épine cour- 31 T. I. 48 2 AND te. Écusson grand , triangulaire. Élytres longues, s’atténuant peu à peu, tronquées à l’extrémité, et terminées extérieurement par une épine courte. Pattes médiocres ; tarses antérieurs dilatés ; extrémité des cuis¬ ses intermédiaires et postérieures munie d’u¬ ne petite épine. (D). ' * ANCYLUS («fyxyàos, crochet), ins. — M. Haliday a 'employé cette dénomination pour désigner un g. d’Hyménoptères corre¬ spondant à celui de Léiophron de Nées von Esenbeck, tel qu’il a été adopté par M. Westwood (Gen. Synop .) et nous (Mist. des An. art., t. IY). Voy . ce mot. (Bl.) ANCYLUS. moll. — Voyez ancyiæ. AND A. bot. ph. — La langue primiti¬ ve des. Brésiliens nommait ainsi un arbre qui, dans le pays, reçoit encore vulgaire¬ ment le nom d’Andaaçu , et qui , décrit d’a¬ bord dans l’ouvrage de Marcgraff et de Pi- son , réuni long-temps à VÂleurites , a plus tard paru devoir former dans la famille des Euphorbiacées un genre distinct, auquel on a dû conserver son premier nom. Il avait été établi par Bern. Gômez sous celui de Joan- nesia (. Wém . Acad . Lisb. III). Ses fleurs , monoïques, présentent, dans les deux sexes, un calice campanulé à cinq dents, et cinq pé¬ tales distincts, plus longs que le calice, avec les divisions duquel ils alternent, et alternant eux-mêmes avec autant de glandes. Dans les mâles, huit étamines, dont trois in¬ térieures plus longues, dont les filets se sou¬ dent ensemble inférieurement en une co¬ lonne centrale, et dont les anthères, allon¬ gées, sont vacillantes ; dans les femelles, un ovaire à deux loges uni-ovulées, surmonté de deux styles courts, que terminent des stigma¬ tes déchiquetés en plusieurs lobes réfléchis. Il devient en fruit sphéroïde de la grosseur d’unepetite pomme, dont le sarcocarpe char¬ nu se sépare, à la maturité , de la base au sommet en quatre valves , et dont l’endo¬ carpe forme un noyau ligneux relevé de quatre angles longitudinaux disposés en croix, percé de chaque côté, vers le haut de deux des angles opposés, de deux ouvertures communiquant chacune avec une loge inté¬ rieure, dans laquelle est une graine ovoïde, revêtue d’un double tégument, couronnée d’une caroncule dans sa jeunesse; l’extérieur crustacé, et l’intérieur membraneux, épais. — L’Anda, auquel on a donné le nom spécifique AND de Gomez ou de Pison, est un grand arbre à suc laiteux, à feuilles alternes et dépour¬ vues de stipules , qui portent à l’extrémité d’un long pétiole deux glandes, et cinq folio¬ les articulées , entières , portées elles-mêmes sur des pétioles partiels plus courts. Les fleurs sont disposées , à l’extrémité des ra¬ meaux, en une sorte de panicule par une di¬ chotomie assez régulière et plusieurs fois ré¬ pétée, dans laquelle les femelles sont ordi¬ nairement sessiles dans la fourche des dicho¬ tomies , les mâles courtement pédicelîées sur les côtés. {Voy. Ad. Juss. Euph., p. 59, tab. 12, n° 57, et PI. usuelles des Bras.) — L’a¬ mande des graines offre les propriétés com¬ munes à la famille et était employée autre¬ fois comme purgatif. Leur usage paraît aban¬ donné aujourd’hui , quoique l’arbre ait con¬ tinué à être cultivé communément à cause de sa beauté. (Ad. J.) * ANDAAÇU. bot. — Voyez anda. (Ab. J.) ANDALOUSÏTE (Andalousie, provin¬ ce d’Espagne). Min. — Voyez macle. (Dsl.) ANDERSONIA (W. Anderson, chi¬ rurgien, compagnon de Cook ). bot. ph. — G. de la famille des Loganiacées, formé par Wilîdenow (. Msc .), et synom du g. Gœrtnera de Lamark. — G. de la famille des Méliacées, formé par Roxburgh , et synon. de son g. Âmoora . — G. de la famille des Stylidiées , formé par Kœnig (Msc.), et synon. du g. Stylidium ( Nitrangium ). — Cette dénomina¬ tion générique , après bien des vicissitudes, comme on le voit , est enfin resté à un g. de la famille des Épacridacées , type de la tr. des Épacrées, établi par 11. Brown ( Prodr. , p. 554 ) , qui lui assigne les caract. suivants : Cal. coloré, 5-parti, accompagné de braetéo- les foliacées, géminées, ou en nombre double. Cor. hypogyne , subcampanulée ou hypocra- térimorphe, égalant le calice , à limbe 5- parti , dont les segments étalés et barbus à ¥ la base. Etain. 5 , hypogynes , ne dépassant pas la gorge du tube floral ; filaments com¬ primés , plans , subulés. Anth. insérées par le dos au dessous de leur partie moyenne. Squammuîes hypogynes 5, distinctes ou con nées. Ovaire quinqué - îoculaire , à loges multi-ovulées. Capsule 5 - Ioculaire , à pla¬ centas dressés du fond' des loges , et adnés à une colonne centrale. Graines rares par a- AND AND 843 vortement, dressées. — Les Andersonia sont des sous-arbrisseaux squarreux , indigènes de la Nouvelle -Hollande méridionale, à rameaux marqués de cicatrices par la chute des feuilles; celles-ci alternes, à base cucul- lée et semi-engaînantes. Fleurs dressées, ter¬ minales., solitaires ou en épis. — Ce g. est fort borné dans le nombre de ses esp. On cultive dans les serres d’Europe VA. spren- gelioides II. B. (C. L.) AADlRA,Pison,Lamk.; — Voiicicapoua , Aubl. ( Andira est le nom brésilien d’une esp. du genre), bot. pu. — G. de la famille des Légumineuses , tr. des Césalpiniées, R. Br., s.-tr. des Géoffroyées , De Cand. — M. Ivunth (in Humb. et Bonpl. Nov. Gen. et Spec. , v. VI , p. 383 ) en trace ainsi les ca- ract. : Cal. urcéolé ou turbiné-campanulé , quinquéffenté ; dents presque égales , poin¬ tues , dressées. Cor. papilionacée ; étendard arrondi, échancré, horizontal , plus long que la carène. Etam. diadelphes (9 et 1). Ovaire stipité , tri-ovulé. Stigm. pointu. Légume stipité, suborbiculaire, drupacé , uniloculai¬ re , monosperme , séparable en deux valves. — Arbres inermes. Feuilles imparipennées; folioles opposées , stipellées. Panicules sim¬ ples ou rameuses, terminales , composées de grappes multiflores. Fleurs courtement pé- diceilées , pourpres. — Ce g. appartient à la zone équatoriale. On en connaît 6 esp. (dont 5 de l’Amérique et 1 du Sénégal). Ces végé¬ taux sont remarquables par la beauté de leur inflorescence , ainsi que par l’extrême amertume de leur écorce et de leur fruit. En Amérique , on leur attribue des proprié¬ tés anthelmintiques très efficaces ; mais leur emploi exige beaucoup de circonspection , car, à trop forte dose , il peut devenir mor¬ tel. (Sp.) ANDRACHNE (àviïpâyyv\). BOT. Pli. — C’est le nom grec du Pourpier , que les botanistes ont transporté à un g. entière¬ ment différent , mais qui , par le port et les feuilles épaisses et charnues de quelques unes de ses esp. , présentait avec lui quelque res¬ semblance extérieure. Ce g. , appartenant à la famille des Euphorbiacées , offre les ca- ract. suivants : Fleurs monoïques , à calice quinquéparti. Dans les mâles : 5 pétales membraneux, avec lesquels alternent autant d’écailles biparties, qui manquent quelque¬ fois ; 3 étamines dont les filets se soudent en une colonne soutenant un rudiment de pistil. Dans les femelles : pas de corolle; ovaire entouré à sa base de 3 écailles bifi¬ des, alternes avec les divisions du calice , et qui manquent, d’autres fois; surmonté de 3 styles courts et divariqués, chacun à 2 bran¬ ches stigmatiques , renfermant 5 loges bi-ovulées, et donnant une capsule à 3 co¬ ques 2-spermes et bivalves. — Gn ne connaît d’Andrachne que 2 esp. , dont plusieurs au¬ teurs ont fait deux g. distincts : l’une her¬ bacée, répandue dans le midi de l’Europe et l’Orient, qui est le Telephioides de Tourne- fort, VEraclissa et le Limeum de Forskal (c’est elle dont la fleur mâle est munie de squammules alternant avec les pétales) ; l’autre frutescente , répandue dans le midi de l’Asie , depuis l’ïndostan jusqu’à Timor', et dans laquelle manquent ces mômes squammules : c’est VArachne de Necker. (Ad. J.) ÂNDRÆNE. Andrœna. ms. — G. de l’ordre des Hyménoptères , famille des Mel- lifères , tr. des Andrénides ou Àndrenètes , établi par Latreiîle ( G. Crust. et 1ns .•), et adopté par tous les entomologistes. Les Andrænes ont le corps velu; le labre trigo- ne ; les palpes maxillaires beaucoup plus longs que le prolongement de la mâchoire ; la languette repliée sur le côté supérieur de la gaîne, et les ailes antérieures pourvues de trois cellules cubitales, avec le commence¬ ment d’une quatrième. Ce genre renferme un assez grand nombre d’espèces ; la plupart sont indigènes. Leurs femelles creusent des trous ordinairement dans un sol exposé au midi, et enlèvent la terre à l’aide de leurs pattes; elles déposent ensuite un œuf dans ces trous , et l’appro¬ visionnent d’une pâtée formée de pollen et d’un peu de miel. Les Andrænes les plus ré¬ pandues dans notre pays sont les A. pilipes Fab., Nigro-œneci ejusd., etc. (Bl.) * ANBRASJPIS ( «v'4/3, âvJ'pôi, homme; «si? c’?, bouclier ; forme des feuilles ). bot. ph. — G. de la famille des Primulacées , formé par Duby (Bot. Gall. 1831 ), et syn. du g. Androsace , dont il est une division , avec ces caractères : Feuilles en rosette à la base de la scape. Pédoncules’ ombellés, invo- lucrés. Ovaire 5-multi-ovulé. (C. L.) * ANDRÉ AGEES. Andreaceœ. bot. eu. — M. Lindléy, dans son Nixus planta- 484 AND AND rum, p. 24, a formé du g. Andrcea un or¬ dre distinct , se fondant sur ce que , par sa structure, il n’appartient pas plus aux Mous¬ ses qu’aux Hépatiques , dans lesquelles il a été tour à tour placé. S’il se rapproche des premières , en effet , par une coiffe et un opercule , il s’en écarte par la division val- vaire de sa capsule ; d’un autre côté , s’il a des rapports avec les Jongermannes par ce dernier caractère , il s’en éloigne beaucoup plus encore par la présence d’une columelle et l’absence d’élatères, ainsi que l’a fort bien remarqué M. Hooker. M. Lindley en conclut qu’il doit être regardé comme le type d’une famille naturelle très distincte. Le fait est que le g. Anclrœa , si l’on ne prend le parti de le séparer complètement , devient un des plus rebelles à nos méthodes de classifica¬ tion. (G. M.) * ANDRÉ ASBERGOLITHE. min. — Nom donné à l’Harmotome d’Andréasberg , au Hartz. Voy. harmotome. (Del.) ANDRENÈTES. Andrenetœ. ins. — Tr. de la famille desMellifères, de l’ordre des Hyménoptères, sect. des Porte-aiguillon, circonscrite par Latreilîe et caractérisée prin¬ cipalement 1° par la languette trifide, ayant son lobe intermédiaire lancéolé et plus court que la gaine; 2° par les mandibules, simples ou terminées en une ou deux dentelures ; 5° par les palpes labiaux, de quatre articles, ayant la même forme que les maxillaires; ceux-ci toujours composés de six articles. — Les Andrenètes ne se composent que de deux sortes d’individus ; il n’existe pas de neutres ou d’ouvrières chez elles , comme parmi les Abeilles, les Bourdons, etc.; elles vivent so¬ litaires, et les femelles creusent dans la ter¬ re des trous assez profonds où elles dépo¬ sent leurs œufs; elles ferment ensuite l’ou¬ verture de ces trous avec des grains de terre après avoir approvisionné leurs œufs d’une pâtée formée d’une certaine quantité de miel et de pollen qu’elles recueillent sur les étamines à l’aide de leurs pattes. Cette tribu était confondue par Linné dans son g. Abeille ( Apis ) ; elle en fut dis¬ tinguée par Réaumur, qui désigna les espèces qui la composent sous le nom de Pro- Abeil¬ les. Fabricius en forma le g, Andrœna et le g. Hylœus , auxquels Latreilîe adjoignit les g. Halicîus, Sphecodes , Nomia , Dasypodae t Colletés. MM. Lepelletier de St.-Fargeau et Serviîle ( Encycl . méth. ) y ont ajouté le g. Scrapter, et, tout récemment, M. Léon Du¬ four a repris pour une Andrenète de la France méridionale le g. Megilla de Fa- bricius, dont les espèces ont été disséminées dans d’autres genres. Voy. , pour plus de détails sur l’organisation , l’art, mrlmfè- RES. (Bl.) *ANDRÉNIBES et ANDRÉNITES. — Syn. d’ andrenètes. (Bl.) * ANDREOEA ( nom d’homme ). bot. cr. — Nom imposé par Ehrhardt et consa¬ cré par Hedwig à un genre de la famille des Mousses, ainsi caractérisé par Bride! (. Bryo - logia universa , t. If, p. 725) : Point de pé- ristome. Capsule renflée en forme d’apophy¬ se à la base, entière au sommet, où un opercule adné , persistant , maintient réu¬ nies les quatre valves , dans lesquelles elle est fendue au milieu. Calyptre couvrant primitivement la capsule, puis hémisphéri¬ que et susceptible de se fendre latéralement après sa rupture irrégulière. Séminules nom¬ breuses , petites , exactement sphériques , lisses et brunes. Ces Mousses sont monoï¬ ques ou dioïques ; les fleurs mâles axillaires au sommet , la fleur femelle terminale. An¬ thères o à 7, légèrement pédicellées, accom¬ pagnées de parapbyses nombreuses, plus longues , filiformes , un peu plus grosses au sommet , munies d’articles à segments é- gaux. Pistils 3 à 20 , nus , dont un seul de¬ vient fécond.-— Les Andréées ont le port des Jongermannes. Elles sont dressées , rameu¬ ses , fragiles , et forment des petites touffes d’un rouge brun qui passe au noir. Leurs feuilles sont éparses , imbriquées , assez é- paisses en raison de la petitesse de la planté, munies ou privées de nervure , et ont leur réseau composé de mailles ou aréoles circu¬ laires, disposées par lignes parallèles. La capsule est pçtite , droite , courtement pé- donculée , dépassant à peine le niveau des feuilles, et reposant sur une apophyse d’une consistance molle, oblongue ou turbinée. Le pédoncule, un peu renflé à sa naissance, est inséré dans une gaine très courte. L’oper¬ cule est conique et petit. Les Mousses qui forment ce genre habitent les deux conti¬ nents de l’hémisphère boréal. Elles choisis¬ sent de préférence , pour s’y établir, les ro¬ chers et les pierres. Peu communes dans les plaines , elles s’élèvent jusqu’à la région AND AND 485 des neiges éternelles. Elles sont "vivaces. Linné avait placé parmi les Jongermannes les deux seules esp. connues de son temps. Ehrhardt , qui créa le genre , le laissa aussi dans la famille des Hépatiques. Iïedwig et tous les bryologistes qui l’ont suivi Font dé¬ finitivement classé parmi les Mousses. Il faut convenir que , par son organisation , il tient le milieu entre l’une et l’autre famille. MM. Endlicher et Lindley ont peut-être eu raison d’en former un ordre distinct des Mousses et des Hépatiques, sous le nom < V Andréacées . ( Voy . ce mot.) On n’en con¬ naît que 5 esp. bien distinctes, dont l’une (J.. subulata) est originaire du Cap ; les 4 autres appartiennent à l’Europe. Comparé à d’au¬ tres Mousses , ce g. a quelque analogie avec les Sphagnum par son pédoncule charnu et blanc , non primitivement renfermé dans la coitfe, et avec les Phascum par un opercule persistant; mais il diffère de l’un et de l’au¬ tre par le mode de déhiscence de sa capsu¬ le. ^ (C. M.) ANDRÉOLITBE. min. — Même cho¬ se qu’Andréasbergolitbe. (Del.) * ANDREOSKIA , DC. (Andrzeioski , botaniste polonais ). bot. pii. — Syn. du g. Dontostemon , Andrz., de la famille des Cru¬ cifères. (Sp.) * ANDREUSIA (nom d’homme), bot. pu. — G. de la famille des Yacciniées, établi par M. Dunal, et synon. du g. Sympliysia de Presl. (in Lût. adJacq. 1827). Voy. ce mot. — G. de la famille des Myoporacées, fondé par Yentenat, non adopté, et qui reste réuni au g. Myoporum. Voy. ce mot. (C. L.) ANDREWS! A (nom d’homme), bot. ph. — G. de la famille des Gentianacées , proposé par Sprenge! ( Linn . Syst., pl. 419), et qui reste réuni au G. Centaurella de Michaux. Voy. ce mot. (C. L.) ANDRIALA (Linné [ PMI. Bot.] fait dériver ce nom de VAp, «vfyo's, homme, et de air, , erreur, égarement ; il n’est pas faci¬ le de saisir les rapports qu’il trouve entre ces-inots et les caractères ou propriétés de ces plantes ). bot. pii. — Les plantes de ce genre font partie des Sémifîosculeuses ou Chicoracées , famille des Composées. Elles ont pour caract. : Capit. multiflore. Invol. campanulé , formé d’écailles linéai¬ res, nombreuses , unisériées , accompagnées quelquefois à la base de quelques petites folioles accessoires. Récept. couvert d’alvéo¬ les fimbrillifères se décomposant en espè¬ ces de soies , ou quelquefois paléacées sur leur contour. Fruits obovés-oblongs, par¬ courus par 10 stries , couronnés par une ai¬ grette raide, scabre, unisériée et caduque. — Les Andriala habitent l’Europe australe. Ce sont des herbes bisannuelles ou vivaces, couvertes d’un duvet serré, blanchâtre, dra¬ pé , et entremêlé de poils glanduleux, prin¬ cipalement vers la partie supérieure. Les capitules sont à fleurs jaunes, et disposés en corymbe. (J. D.) ANDRIA LO! DES. Andriala (Voy. ce mot; £cc?05, forme, aspect; qui a l’aspect de V Andriala). — M. De Candoile a donné ce nom à la première section du g. Conyza, et la caractérise de la manière suivante : Réceptacle muni d’alvéoles à bords entiers. Aigrette à soies scabres , à peu près de mê¬ me longueur que le fruit. Cette section ne renferme qu’une seule esp., originaire des montagnes de l’Inde. C’est une plante viva¬ ce, à feuilles couvertes d’un duvet blanc, et à capitules solitaires au sommet des ra¬ meaux. (J. D.) * ANBRIEUXIA (nom d’un voyageur qui a parcouru le Mexique dans ces derniers temps ). bot. pm. — Ce g. appartient à la famille des Composées, tr. des Sénécio- nidées. M. De Candoile le caractérise à peu près de la manière suivante : Capitule mul¬ tiflore hétérogame ; fleurs du rayon au nom¬ bre de 20 environ, unisériées, ligulées, fe¬ melles, stériles; celles du disque herma¬ phrodites, tubuleuses, 5-dentées. Invol. com¬ posé de deux rangées d’écailles obiongues , foliacées, étalées à leur partie supérieure; récept. convexe , couvert de paillettes mem¬ braneuses, aiguës, concaves, et embrassant les fleurons. Les fleurons ligulés sont coriaces et munis de 5 étamines avortées, réduites à de petits filaments; le style, glabre, se divise en deux rameaux cylindracés. Les fleurs du disque, infundibuliformes , sont pourvues d’étamines linéaires et d’un style dont les branches se terminent par un petit cône ve¬ lu. Les fruits des fleurons sont stériles, petits, obovales, comprimés, trigones et velus au sommet ; ceux du disque obiongs , tri¬ gones, glabres, dépourvus d’aigrette. — Le g. Andrieuxia ne renferme qu’une esp., origi¬ naire du Mexique ; c’est une herbe vivace 480 AND AND à fëuilles opposées , à rameaux parcourus dans leur longueur par des séries de poils alternant avec les insertions des feuilles. Les fleurs sont jaunes. ( Voy . Delessert , le. Select., vol. 4.) (J. D.) *ANDRïOPETALUM (avfyetos, mâle; icérodov, pétale; allusion à l’insertion stamina- le). bot. pii. —G. de la famille des Protéa- cées, tr. des Ilakéées, formé par Schott (Afsc.), adopté et décrit ensuite par Pohl ( PI. bras. , t. 91-92), et dont voici les caractères : Pé- rigone tétraphylle, régulier, à folioles révo- r îutées au sommet. Etam. 4, insérées à la base du périgone ; les filaments linéaires- plans, égalant les folioles périgoniaîes. Glan- dules 4, hypogynes, connées entre elles. O- vaire uniloculaire , bi-ovulé. Style filiforme. Stigm. vertical, en massue. Follicule... — Quelques arbres ( Rhopalœ Sp. Kunth., t. 121 ) indigènes au Brésil, peu connus, à feuilles alternes, très entières, à épis axil¬ laires en grappes, à fleurs unibractéées par deux. ^ (C. L.) ^ANDRÜCÉE. Androcæum (d'jyp, â'J- opoç , par opposition au ywxixetov des Grecs : donc réunion d’hommes ; ici, réunion d’éta¬ mines). bot. ph. — On a proposé d’appli¬ quer cette dénomination à l’ensemble starni- nal, comme on applique celle de corolle à l’ensemble des pétales ; celle'de calice à l’en¬ semble des sépales ; celle de pistil à l’en¬ semble du stigmate, du style et de l’ovaire. Elle est peu connue, et son emploi pourrait cependant parfois être utile dans certaines descriptions. (C. L.) ANDROCERA (àv^, àvtyds , homme , étamine ; xepûç, corne; l’une des étam. est al¬ longée en forme de corne), bot. fis. — G. de la famille des Solanacées, établi parNut- tal {G en. , t. 129) aux dépens du g. Sola¬ rium, L., et qui n’a pas été adopté. (C. L.) * AWBROCTGNE. Androctonus ( àv- G'po'xà'joç , meurtrier ). abâcmm. — G. de la famille des Scorpions [Voy. ce mot), dans les Arachnides pulmonaires , établi par M. Ehrenberg, et caractérisé surtout, à l’égard des autres groupes de Scorpions, par le nombre de ses yeux, qui est de douze, dont cinq de chaque côté et deux plus gros à la partie médio-antérieure du céphalothorax. — Ce g., renferme quelques espèces de l’ancien monde et principalement d’Afrique; mais il n’a pas encore de représentants en Amérique. Plusieurs d’entre elles causent des blessures assez dangereuses. « A Thèbes, dit M. Eh¬ renberg, et dans le Dongola, où les hom¬ mes redoutent tellement les Scorpions , que la vue de ces animaux leur fait horreur , et où ils disent que leur piqûre est mortelle, nous avons surtout trouvé les Androctonus quinque striatus et funestus ( Hemprieh et Ehr. ); c’est donc à ces espèces qu’il faut surtout attribuer la propriété de donner la mort, du moins dans cette partie de l’Afrique septentrionale. Nous avons vu des bateleurs égyptiens qui avaient F And. quinque-stria- tus mêlé à d’autres scorpions , mais ils lui avaient enlevé le plus souvent son aiguillon. Comme je prenais souvent des Scorpions, cinq fois j’ai été piqué par ces animaux. A Dongo¬ la, la piqûre d eVAnd. funestus m’a causé pen¬ dant trois jours de douleurs très aiguës, et j’ai aussi observé que des femmes et des en¬ fants pouvaient bien succomber à cette bles¬ sure , mais qu’elle est incapable de donner la mort à un homme robuste. Aucun des hom¬ mes de tempérament et d’âge -assez divers , qui, à ma connaissance, ont été piqués, n’a péri. » M. Ehrenberg partage les Androctonus en deux sous-genres, les liurus et les Prio - nurus. Les espèces de ce g. qu’il a étudiées sont surtout celles d’Orient , et il en porte le nombre à treize. (P. G.) ANDROCYMBÏUM, Willd.; Cymban- thes, Salisb. («A p , àvc ?pd$, homme, étamine; xv/j.êiov, petite barque : mode d’insertion des étamines), bot. ph. — G. de la famille des Mélanthacées, tribu des Yératrées, établi par Willdenow {Berl. Mag., SI, 21), et dont les caractères sont ainsi limités : Périgone co- rollacé , hexaphylle ; folioles onguiculées, roulées en cornet au dessus de l’onglet, dé- p cidues; cornet nectarifère. Etam. 6, insérées sur le cornet des folioles ; anth. extrorses. Ovaire 3-loculaire, multiovulé. Styles 3, co¬ niques, continus par les loges. Caps. 5-locu- laire , 3-partible, déhiscente intérieurement par le sommet. Graines nombreuses bisé- riées dans Fangle des loges... — Ce genre , encore peu connu, renferme un petit nom¬ bre de plantes du Cap, à racines bulbeuses, à feuilles ovales-lancéolées ou linéaires, cu- cullées à la base. L’inflorescence est en épis 487 AND courts , cachés entre des bractées foliacées. (G. L.) * ANDROGRAPHIS ( ânp , fofyds, homme; y /sxwv, canne ). bot. fis. — M. Adol¬ phe Brongniart ( in Duperrey fl. Roi., 78) a établi sous ce nom un g. dans la famille des Graminées, tr. des Andropogonées, pour une esp. déjà connue , qui a été tour à tour désignée sous les noms d yAntisthiria gigan- îea Cavan. ( le. 5, p. 36, t. 458 ) , Apluda gigantea Spreng (Syst., t. I, p. 290), Cala- mina gigantea Rœraer et Schult. — Cette Graminée est originaire des Moluques. Ce g. diffère surtout du g. Anthistiria par ses ' épillets, au nombre de cinq à sept, et non de trois seulement , accompagnés à leur ba¬ se par quatre autres épillets mâles , formant une sorte d’involucre à quatre valves ; par ses épillets hermaphrodites et mâles bifîores; par la paillette inférieure de la fleur herma¬ phrodite , qui est membraneuse , nautique , trinervée, et non changée en arête coriace , seulement comprimée et élargie à sa base , comme dans le g. Anthistiria. Voy. ce mot. (A. R.) ANBROSÈME. Androsœmum , Allioni; Spacb. (àvv)/5 , âviïpdq , homme; xljuoc, sang; allusion à la couleur du suc : il aurait fallu écrire Ândroshœmum). bot. pii. — G. de la famille des Hypéricacées , tr. des Hypéri- cées. Ses caract. sont : Cal. 5-parti; seg- AND ments très inégaux , très entiers. Pétales % étalés, inéquilatéraux, inonguiculés, nom persistants. Etam. pentadelphes, caduques; andropbores larges, très courts, polyandres, insérés devant les pétales. Anthères cordi- formes-orbicuîaires , couronnés d’une glan- dule diaphane. Ovaire 5-locixlaire ou 1-locu- laire , globuleux ; ovules horizontaux , mul- tisériés dans chaque loge. Styles 3, diver¬ gents, libres dès la base. Stigmates petits , subeapiteilés. Capsule coriace ou subeharta- cée (ordinairement charnue et colorée avant la maturité), 1-loculaire ou incomplètement 3-îoculaire, septicide-trivalve (indéhiscente dans VA. officinale ) , à 3 placentaires la¬ melliformes, obîongs, biapiculés au sommet, séminifères aux bords, attachés aux bords infléchis des valves , libres après la déhiscen¬ ce; valves cymbiformes, persistantes, de mê¬ me que les placentaires. Graines petites , plu- risériées sur chaque placentaire, ellipsoïdes , apiculées aux deux bouts, criblées de fosset¬ tes ponctiformes. — Arbrisseaux ou sous-ar¬ brisseaux très glabres, exhalant une odeur forte et fétide. Rameaux et ramilles subté- tragones. Feuilles sessiles ou subsessiîes , opposées-croisées , très entières , ponctuées de vésicules transparentes , en générai grandes. 'Fleurs en cimes tricbotoœes ou paniculées, ou en ombelles. Pédoncules ter¬ minaux ou subterminaux courts, dressés, anguleux , articulés et 2-bractéolés au som¬ met. Cor. jaunes, en général grandes. — Ce g. comprend environ 6 esp., dont la plupart habitent la région méditerranéenne. Outre l’A. officinale AU. , il faut y rapporter VHypericum hireinum L., -et plusieurs au¬ tres esp. voisines de cette dernière. (Sp.) * ANDROSTEMMA, Lindl. («vvfyj, âv— iïpàç , homme; aré/j./j.h , couronne; allusion à a disposition staminale). bot. ph. — G. dé a famille des iïémodoracées , très voisin des Conostylis. M. Lindlêy (Bot. Reg. Âppend ., p. 46) lui attribue les caract. suivants : Pé- riantbe semi-supère , cylindracé , cotonneux à la surface externe; limbe régulier, 6-fide, réfléchi. Etam. 6 , isomètres , longuement saillantes , insérées à la gorge du périanthe. Anth. linéaires, dressées. Style subulé, tri- partible à la base. Stigm. indivisé. (Péricar¬ de inconnu.) — L’unique esp. sur laquelle se fonde ce g. a été observée dans la Nou¬ velle-Hollande occidentale (colonie du Swan- AND ANE 491 river j. C’est une herbe acaule , à racine po- 1 aussi longues que le style ; nervures placen- îycéphale , à feuilles dressées, comprimées , tairiennes convexes; diaphragme innervé, très glabres ; à pédoncules radicaux, courts, Graines au nombre d’environ 4 dans chaque uniflores, dressés, garnis, vers leur sommet , loge, suspendues, ovales-oblongues, immar- de bractées membranacées; à fleurs gran- ginées; funicules filiformes , libres. Cotylé- des, verdâtres. (Sp.) dons elliptiques , plans , contraires au dia- AMDHOÏOMES. Androtomœ {dviq> , phragme , accombants. — Herbe annuelle , âvfyâç, homme, étamine; to/A) coupe, sec- glabre; feuilles pennatiparties, alternes; pé- tion). bot. pu. — Cassini proposait de don- tiole amplexatile, auriculé h la base; grap- ner ce nom aux plantes de la famille des pes oppositifoliées et terminales; fleurs bîan- Synanthérées, parce que les filaments stami- ches. — Ce g. , voisin des Notoceras , n’est naux semblent coupés vers le milieu en une fondé que sur une esp. , indigène d’Orient : sorte d’articulation produite [soit par un c’est le Lepidium cornutum Smith , et le étranglement , soit par une mutation de Notoceras car domine folium BC. (Sp.) forme , soit par une coloration différente ; AME , ou mieux TÊTE D’ANTE, caractère qui lui semblait préférable à celui poiss. — Dénomination qui vient du nom de la connexion des anthères , pour imposer vulgaire que les Languedociens, sous la for- la dénomination qui exprime littéralement me de Tête d’aze , donnent au Chabot de son opinion à la vaste famille dont la pre- nos rivières ( Cottus gobio ) , et qui paraît mière appellation a prévalu. (C. L.) tenir à la grosseur de cette partie du corps. *AMBROTRICHUM (ànp, fyo's, hom- C’est ainsi qu’en anglais on l’appelle Bull- rae; dpi*, -zpiyjs, cheveu ). bot. ph. — M. head (tête de taureau), en allemand Eaul- Ad.Brongniart (Voyage de la Coquille, part. kopf(iëte en boule), ou Eaule quappe (îote bot., p. 176) a donné le nom A Androtri- en boule), en italien Capo grosso, etc., etc. ehum à une division du g. Abildgaardia , (Val.) qu’il a reconnue ensuite comme devant con- AME. Âsinus . moll. — Les marchands stituer un genre distinct. Ce genre serait es- d’histoire naturelle désignent sous ce nom sentieîlement caractérisé par l’allongement vulgaire plusieurs esp. de coquilles. Ils nom- considérable des filets des étamines, qui, par ment Petit âne le Cyprœa asellus , Peau leur nombre considérable, leur longueur et d’âne le Cyprœa caurica. ( Voy . porcelai- leur blancheur, ressemblent à des poils sor- ne. ) L’âne rayé ou le zèbre , pour eux , est tant des écailles des épillets, et accompa- \VAchatina zébra Lamarck. (Voy. agatîîi- gnent les fruits lorsqu’ils tombent à leur ne.) Enfin , dans quelques cantons , les pê- malurité. UAndrotrichum polycephalum, cheurs donnent aux Poulpes le nom A1 Anes ou Abildgaardia polycepkala Brongn., a marins. ( Voy. poulpe.) Ces dénominations été décrit par Nees et par Sprengel sous les commencent à tomber en désuétude, noms de Cyperus prolifer et trigynus , et (Desïî.) par Link sous celui AEHophorum monte- AME. Âsinus. mai. — Esp. du g. Che- vidense. Cette plante a en effet un port qui val. Voyez ce mot. (C. b’O.) la fait ressembler à certains Eriophorum , AME HAYE. mai. — - Syn. de Zèbre, Elle croît à l’île Sainte-Catherine et sur le autre esp. du g. Cheval. Voyez ce mot. littoral du Brésil méridional. (G... N.) (C. d’O.) *ANDRZEJOWSKIA,Reichenb. (An- * ANTECIO. bot. ph. — Synon. de §e- drzejowski , botaniste polonais ). bot. ph. j necio. (J. D.) — G. de la famille des Crucifères (Siliqueu- ANfEILEMÂ, R. Br. déveiop- ses), dont les caract., suivant l’auteur (îco- pement?). bot. pii. — Division du g. Corn- nogr. exot., I, tab. 13), sont les suivants : melina, Dill., caractérisée par un involucre Sepales 4, presque dressés ; les 2 latéraux nul , une inflorescence paniculée - divari- stjbsacciformes à la base. Pétales 4, oblongs, quée (R. B. Prodr. 270). Voy. Commeli- obtus. Étam. 6, non dentées, tétradynames. na. (C. L.) Stigm. obtus. Silique indéhiscente, subté-' * AMEÏMIA (âveip^'j , nu), bot. ch. — tragone ; valves carénées au dos, prolongées Genre de Fougères de la tribu des Os- au sommet en cornes coniques, comprimées, J mundacées , établi par Swartz ( Synopsis 492 ANE Filic., pag. 155), sous le nom (Y Anémia, dont l’orthographe a été modifiée par Ilaulfuss et Sprengel. 11 est ainsi caractéri¬ sé : Capsules presque turbinées , disposées en épis composés ou panicules rameuses , sessiles, nues (sans aucun induse), terminées supérieurement par une calotte à stries rayonnantes , s’ouvrant par une fente laté¬ rale. Plusieurs espèces de ce genre avaient été placées par Linné parmi les Osmunda ; mais ce dernier genre diffère des Âneimia par ses capsules lisses ou irrégulièrement vei¬ nées sur toutes les surfaces , au lieu d’être striées concentriquement au sommet. Par ce caractère, les Âneimia se rapprochent beau¬ coup plus des Schizœa , auprès desquels les auteurs modernes les ont placées. Les pani¬ cules sont plus ou moins rameuses, fréquem¬ ment géminées à la base de la feuille ; quel¬ quefois elles sont portées sur de longs pé¬ doncules qui partent des racines. C’est cette disposition des capsules sur de longs épis or¬ dinairement géminés qui détermine le port de ces Fougères et en fait un genre facile à re¬ connaître. Les feuilles ou frondes stériles sont ternées , pinnées , bipinnées ou décom¬ posées. Il est très facile de voir sur ces Fou¬ gères la transformation des feuiiles en fron¬ des fertiles qui sont alors devenues plus lon¬ gues et plus divisées , portant les sores sur leurs pinnules latérales. Le nombre des Aneimia , primitivement de 17 , s’est accru , par les voyages de Raddi et de Martius dans le Brésil, de plusieurs espè¬ ces très remarquables. Ce sont des plantes d’un aspect élégant, et dont plusieurs sont cultivées dans les serres des jardins d’Europe. Elles croissent toutes dans les contrées chau¬ des de l’Amérique , principalement de la partie méridionale. Le g. Ornithopteris de Bernhardi est sy¬ nonyme (Y Aneimia. (G. ..N.) ANELASTES ( «priv.; v euph.; rijs, qui saute), ms. — G. de Coléoptères peqtamères , famille des Sternoxes de M. Dejcan, ou des Serricornes de Latreille , éta¬ bli par iiirby , qui lui donne les caract. sui¬ vants : Labre couvert, petit, arrondi au som¬ met. Lèvre presque carrée , bifide. Mandibu¬ les exsertes , édentées, courbes, aiguës. Pal¬ pes très courts , filiformes ; dernier article des maxillaires plus grand , tronqué oblique¬ ment. Antennes moniîiformes ; dernier arti- ANE cîe presque en croissant. Corps linéaire, pres¬ que cylindrique. Poitrine inerme. — Ce g. lie la tribu des Cebrionites à celle des Élatéri- des. Il diffère de tous les g. de la première par ses antennes moniîiformes , par ses palpes courts, et plus spécialement encore par le la¬ bre entièrement caché sous le chaperon. Il a beaucoup du faciès des Elater ; mais, outre qu’il en est séparé par les caractères préci¬ tés , il en diffère encore par ses mandibules avancées et son sternum déprimé. Il est fondé sur une seule espèce , Anelast. Dru- rii, décrite et figurée dans un ouvrage de üirby intitulé : Centurie d’Ins., contenant plusieurs genres nouveaux décrits dans sa collection, p. 10, pl. 1, fig. 2. D’après cette figure, M. Dejean avait pen¬ sé que l’insecte fqu’elle représente apparte¬ nait au même genre que son Perothops cervinus ; aussi n’a-t-il pas adopté le genre Anelastes; mais M. Guérin, ayant re¬ çu depuis cet insecte en nature , s’est assuré qu’il est le même que le Silenus brunneus de Latreille (Ann. de la Soc. ent. de Fran¬ ce , tom. 5, p. 128) , et que YAgriotss tar¬ das Dej. ( 5e édit, de son Catalogue , 1857 ). Ainsi voilà un Coléoptère qui a reçu trois noms génériques et spécifiques diffé¬ rents; mais celui â Anelastes Drurii Rirby doit prévaloir comme étant le plus ancien. Cet insecte , dont Rirby n’avait pas indiqué la patrie, est de l’Amérique du Nord et appar¬ tient à la tribu des Cébrionites , Latr. (D.) ANÉLOPTÈRE'S. Aneloptera ( àvet- )i>n je déroule ; xre/sov , aile), ins. — Nom donné par Ray aux Insectes à quatre ailes , dont les supérieures n’ont pas la consistance d’élytres. (D.) ANEMAGROSTIS ( &vey.'jç, vent ; «- y/jcosTcç, sorte de Graminée ). bot. pm. — M. Trinius a établi sous ce nom un g. de Graminées fondé sur les Âgrostis Spicaven- ti L. et interrupta L. Palissot de Beauvois avait- distingué ce g. sous le nom (YApera. Voy. AGROSTIDE et APERA. (G. ..N.) * AN E MA R MIE NJ A (àvc/xos , vent; ckp- prtv, male ; étamine qu’agite le vent ). bot. pu. — G. de la famille des Liliacées , tribp des Anthéricées , formé par Bunge ( Enum . Pl. Chin. bor. 66) , qui en circonscrit ainsi les caractères : Périgone corollacé, 6-phylle ; segments oblongs-linéaires , canaliculés ; les 493 AINE intérieurs un peu plus courts et plus larges. Étam. 5 ; filaments nuis. Anthères fixées par le milieu sur les folioles périgoniales inter¬ nes. Ovaire 3-loculaire . Style filiforme. Stigmate simple. Capsule hexagone, 5-locu- laire, loculieide- trivalvc. Graines 1-2 dans chaque loge , oblongues, subailées, 5-4-què- tres , noires... — Ce g. ne renferme qu’une plante encore peu connue, ayant le port d’un Asphodèle, et trouvée sur les hautes monta¬ gnes de la Chine boréale. Le rhizome en est horizontal , rampant ; les feuilles radicales linéaires - lancéolées , très acuminées ; la scape est munie à la base de feuilles larges et subulées, et de bractées hyalines. L’inflores¬ cence est en grappe terminale, simple, allon¬ gée. Les fleurs sont aggloraérées-éparses , subsessiles, bractéées , petites , de couleur lilas. (C. L.) * ANEMIA ( àvzfx'rx, vent), ins. — G. de Coléoptères hétéromères, famille des Ta- xicornes , tribu des Diapériales , établi par M. Delaporte (. Hist . des Anim. articulés , Buffon-Duménil, t. 2, p. 218). Les Insectes de ce g. ont le corps épais, cylindrique, et le faciès des Aphodius. Ils ont la tête fortement échancrée en avant , et diffèrent du g. Cœlus par les jambes antérieures, élargies , compri¬ mées, et offrant deux très fortes dents au cô¬ té interne. M. Delaporte décrit comme type une espèce du Sénégal qu’il nomme A. gra- nulata; elle est très granuleuse, d’un brun noir’assez luisant; elle a le corps garni sur les côtés de cils jaunes ; la tête et le corselet couverts d’une ponctuation serrée, mais éga¬ le ; celle des élytres plus forte et irrégulière ; les pattes et le dessus du corps rougeâtres ; les antennes et les pattes d’un brun rouge- clair. Long. 2 lignes 5?6, larg. 1 lig. (D.) ANEMIA, bot. cr. — Voy. aneimia. (G. ..N.) ANÉMONE. Anemone , Tourn. (ave/ios , vent), bot. — G. de la famille des Renon- culacées , tr. des Renonculées, Spach, s.-tr. des Anémoninées, Spach. Ce g., que beau¬ coup d’auteurs ont confondu fort mal à pro¬ pos avec les Pulsatilles et avec l’Anémonel- le , se compose d’environ 50 esp. , lesquelles se groupent en plusieurs s.-g. très naturels. Les caract. les plus essentiels du g. sont les suivants : Sépales en nombre indéfini ( de 5 à 20 , et quelquefois plus ) , bi ou pluri sé- AjNE riés , pétaloïdes , submarcescents. Pétales nuis. Etamines en nombre indéfini; filets capillaires ou filiformes, épaissis au sommet. Anthères elliptiques ou suborbiculaires , comprimées, latéralement déhiscentes (ja¬ mais extrorses ) , non arquées après l’anthè- se. Ovaires aplatis ou comprimés bilatérale¬ ment , nombreux , agrégés , contenant cha¬ cun un ovule suspendu un peu au dessous de l’angle interne de la loge. Styles ascen¬ dants ou dressés, subulés (souvent oncinés) , papillifères au bord antérieur. Gynophore cylindracé, ou conique , ou ovoïde, ou sub- globuîeux, en général très développé. Péri¬ carpe composé d’un nombre plus ou moins considérable de nucuies comprimées ou a- platies , subcoriaces , agrégées en capitule , apiculées, ou rostrées, ouoncinées au som¬ met. Graine inadbérente. Les Anémones sont des herbes vivaces à ti¬ ges soit scapiformes et très simples ( garnies seulement d’un verticille de 5 feuilles ) , soit dichotomes. Les feuilles sont ternati-décom- posées ou digitées , ou palmati-parties , ou pédati-parties , ou rarement indivisées; les inférieures longuement pétiolées ; les supé¬ rieures en général sessiles ou subsessiles. Les fleurs, le plus souvent grandes et élé¬ gantes, sont terminales ou dichotoméaires et terminales , longuement pédonculées , blanches ou rouges , ou jaunes , ou bleues , ou panachées. Dans plusieurs esp. , les nu¬ cuies du péricarpe sont enveloppées d’une laine épaisse, d’abord entrelacée et apprimée, ruais qui se déroule à l’époque de la maturité. Les s.-g. suivants sont peut-être à consi¬ dérer comme autant de genres : Sylvia , Spach ; Oriba , Adans.; Ânemonidium , Sp. ; Homalocarpus, DG.; Phœandra , Sp. Voy . ces mots. La plupart des Anémones habitent les contrées extra - tropicales de l’hémisphère septentrional. Quelques esp. ont été trouvées dans les régions tempérées de l’Amérique méridionale. Plusieurs se cultivent comme plantes de parterre. (Sp.) ANÉMONE DE MER (âv£//.o üvï] , sorte de fleur). Dénomination donnée ancienne¬ ment aux Actinies, qui ressemblent souvent, en effet, à une fleur épanouie sous les eaux. (Du j.) ANÉMONÉES. bot. pis. — Tribu ou ANE 494 ANE s. -tribu de la famille des Renonculacées. (Sp.) * ANÉMONELLE (dirain. d 1 Anémone). Anemonella , Spach. bot. ph. — G. de la fa¬ mille des Renonculacées, fondé sur V Anémo¬ ne thalictroides Linn., et très voisin tant des Anémones que des Figamons ( Thalictrum). Il diffère des Anémones par son péricarpe à nucules trièdres et submutiques ' portées sur un réceptacle fort petit , non prolongé en gynophore. B’un autre côté , l’on ne sau¬ rait le confondre avec les Figamons ( dont il se rapproche par le port et par la confor¬ mation des fruits), à cause de son calice de 6 à 9 sépales persistant plusieurs jours après Fépanouissement. (Sp.) * ANEMONIBIUM Spach ( àve/^wv-y], a- némone; eîdVs, forme). — S.-g. ou sect. des Anémones , dont les caract. sont : Rhizome subvertical , irrégulier , pluricaule. Tiges dichotomes. Pédoncules solitaires , dressés. Feuilles palmatifides : les caulinaires ter- nées ou opposées, sessiles. Anthères jaunes. Gynophore petit, subglobuleux. Nucules non laineuses , peu nombreuses , aplaties , termi¬ nées en bec rectiligne , agrégées en capitu¬ le globuleux. (Sp.) ANEMONOSPERMOS, De Candolle ( dvs//.wvï], anémone ; aKspya. , semence ). bot. ph. — Syn. du s.-g. Oriba , Adans.; de la famille des Renonculacées. (Sp.) ANENCÉPHALE. Anencephalus ( d priv. ; v euph. ; èyxéç x'Xoç, cerveau), térat. — Nom introduit dans la science par Maîa- carne en Italie, et par Chaussier en Fran¬ ce , pour distinguer les monstres privés de cerveau de ceux chez lesquels la tête man¬ que entièrement. li appartient aujourd’hui en propre à un genre de Monstres unitaires, type de la famille des Aneecéphaliens. Voy. ce mot. ^ (ï. G. S. II.) * ANENCÉPHALIE.. Anencephalia ( d priv. ; v euph. ; iyxkyxX os, cerveau ). té- rat. — M. Breschet a donné ce nom à un g. de déviation organique , caractérisé par l’absence du cerveau. (C. »’0.) * ANENCÉPHALIENS. Anencspha- lœi. ( Voy. anengéphale. ) térat. — Famille de Monstres unitaires , appartenant à l’ordre des Autosites , et dont le carac¬ tère général, exprimé par le nom mê¬ me d’Anencéphaliens , consiste dans l’ab¬ sence de l’encéphale , et aussi de la totalité ou d’une portion de la moelle épinière. Le crâne est largement ouvert en dessus, et présente à l’extérieur sa hase , la voûte n’existant que rudimentaire et seulement dans sa portion périphérique. Le canal ver¬ tébral, dans sa totalité si la moelle épinière manque tout entière , ou , dans le cas con¬ traire, dans la portion qui correspond au segment manquant de la moelle épinière , présente des déformations analogues du cr⬠ne; elle est largement ouverte en arrière, et offre l’aspect d’une gouttière presque plate, faisant suite à ia hase du crâne. Cette gouttière, avant la naissance, est recouverte de membranes fines et transparentes, sous lesquelles existe un amas plus ou moins con¬ sidérable de sérosité, et qui d’ordinaire se dé¬ chirent pendant le travail de l’accouchement. Elles laissent échapper la sérosité , et ne se présentent plus ensuite à l’observation que sous la forme de lambeaux ou débris irré¬ guliers que l’on aperçoit des deux côtés de la gouttière vertébrale. La région dorsale sè trouve ainsi déformée diversement , mais toujours d’une manière très remarquable , après comme avant la naissance. Au con¬ traire, le reste du tronc et les membres of¬ frent la conformation normale, à moins que des vices de conformation étrangers à la monstruosité principale ne viennent s’y a- jouter et ia compliquer par .des anomalies accessoires. Les monstruosités anencéphaliques sont pour le moins extrêmement rares chez les animaux : nous ne saurions en citer, même parmi les espèces domestiques les plus ré¬ pandues autour de nous, un seul' exemple vraiment authentique. Chez l’homme, au contraire, les Anencéphaliens, surtout ceux du sexe féminin, ne sont pas très rares. Leur naissance a généralement lieu avant terme, et même le plus souvent dans le cours du huitième mois. Elle est constamment précé¬ dée de l’écoulement d’eaux très abondantes, parce qu’aux eaux de l’amnios s’ajoute ici la sérosité de ia poche hydrorachique existant dans la région vertébrale. Au moment de leur naissance, les Anencéphaliens ont un embonpoint remarquable, et présentent tou¬ tes les apparences de la force et de la santé. Des Monstres qui naissent avant terme, sans encéphale et sans crâne, aveenne moel¬ le épinière incomplète ou nulle , dont ANE le système nerveux est , en un mot , com¬ parable à celui d’un * Insecte ou d’un Crustacé, peuvent sembler , au premier as¬ pect, condamnés à une mort immédiate. L’impossibilité qu’ils prolongent leur vie, même pendant quelques instants , a paru évidente à la plupart des anciens phy¬ siologistes ; mais , h leur grand étonne¬ ment,- ils ont dû reconnaître que les Anencéphaliens peuvent vivre, des minutes , des heures , des jours même. Sans nous ar¬ rêter à quelques autres exemples moins remarquables, Fauvel a vu la vie se prolon¬ ger 2 heures; Jean-Jacques Sue, 7; Mala- crane, 12 ; Méry,' 21 ; et ce n’est pas encore le cas le plus remarquable : un Anencépha- lien né en 1812 à l’IIôtel-Dieu de Paris , et auquel les soins les plus éclairés furent don¬ nés sous la direction de M. Serres, vécut trois jours, et fut nourri avec du lait et de l’eau sucrée, aucune nourrice n’ayant voulu lui donner le sein. Il est à remarquer que ce dernier Anencéphalien appartient au gen¬ re qui offre au plus haut degré et le plus complètement les déformations qui caracté¬ risent cette famille : la moelle épinière n’é¬ tait pas seulement incomplète, mais nulle. Ce n’est pas ici le lieu d’insister sur l’intérêt que ces faits peuvent offrir pour la physiolo¬ gie : nous devons nous borner à les rapporter ; leurs conséquences trouvent place ailleurs. Les monstruosités anencéphaliquessontdu très petit nombre de celles sur les causes desquelles, grâce aux travaux de M. Geoffroy Saint-Hilaire, quelque lumière commence à se répandre. Elles paraissent dépendre , au moins le plus souvent, de vives impres¬ sions morales éprouvées par la mère durant les premiers mois de sa grossesse. Ainsi un Anencéphalien dont l’observation a été re¬ cueillie par les docteurs Arlaud et Roux était né d’une jeune femme à laquelle son beau-père avait causé plusieurs fois de vives frayeurs en lançant à l’improviste sur elle ou sur son lit d’énormes crapauds , afin , disait-il, de la guérir de l’aversion et du dé¬ goût instinctif que lui inspiraient, ces ani¬ maux. La mère d’un autre Anencéphalien plus anciennement décrit par les illustres Valsalva et Morgagni avait eu , pendant sa grossesse, des chagrins dont la cause n’est pas indiquée, mais qui lui faisaient fréquem¬ ment verser d’abondantes larmes. Celle àne 495 d’un Anencéphalien né en 1824 à la Mater¬ nité avait été effrayée par deux de ses com¬ pagnes, qui s’étaient précipitées sur elle brus¬ quement et avec bruit, au moment où elle passait sans lumière d’une chambre dans une autre. Enfin un autre Anencéphalien , décrit ainsi que le précédent par M.^Geoffroy Saint-Hilaire, était né d’une pauvre femme qui, devenue enceinte par suite de relations secrètes avec un juif, était sans cesse obsé¬ dée de terreurs religieuses ; des fantômes , des démons, des êtres fantastiques et hideux, s’agitaient chaque nuit devant elle, et la pri¬ vaient de tout repos. Les diverses remarques que nous venons de présenter sont également applicables aux deux genres , très intimement unis, mais très distincts, qui composent cette famille. Dans l’état présent de la science , et selon les vues de M. Geoffroy Saint-Hilaire, confir¬ mées et développées par les travaux de di¬ vers auteurs, ces deux genres sont nommés et caractérisés de la manière suivante : 1. — DERENCEPHALE. Derencephalus , Geoff. S.-H. ( c hipi ou cTe^, col, et èyxê- cerveau). — Dans ce g., le canal rachi¬ dien n’est ouvert et la moelle épinière ne manque que dans la région supérieure , par exemple dans la région cervicale et le com¬ mencement de la région dorsale, ou bien dans la région cervicale seulement. C’est ce que rappelle le nom de ce genre, nom qui doit être considéré comme une contraction de Déranencéphale. Ce genre ne renferme qu’un petit nombre de cas, dont les mieux connus ont été recueillis et publiés par le docteur Vincent Portai. 2. — ANENCÉPHALE. Anencephalus, Geoff. S. -H. ( « priv. ; v euph. ; èyxéfsiloç , cerveau ). — Dans ce genre, ce n’est plus seulement en haut , mais sur toute la lon¬ gueur du tronc que le canal vertébral est ouvert et que la moelle épinière manque. Les Anencéphales offrent donc des conditions beaucoup plus remarquables encore que celles des Dérencéphales, et sont en même temps beaucoup moins rares qu’eux. Par cette double raison, ils ont été souvent le sujet de travaux plus ou motos dignes d’in¬ térêt, au premier rang desquels se placent ceux de M. Geoffroy Saint-Hilaire, qui a pu¬ blié plusieurs mémoires sur l’Anencéphalien, 496 ANE et en a fait connaître jusqu’à neuf exemples , d’après ses propres observations. Parmi ces derniers , il en est un trop re¬ marquable par les circonstances où il a été trouvé pour que nous puissions nous dis¬ penser de nous arrêter quelques instants sur lui. Parmi les précieux objets rapportés d’ɬ gypte, il Y a quelques années, parM. Passalac- qua, se trouvait une petite momie venant des Catacombes d’Hermopolis , sépulture ordi¬ naire des Singes et des Ibis. Une amulette de terre cuite, représentation grossière, mais assez fidèle d’un Singe, le Cynocéphale des anciens, avait été trouvée près d’elle ; et la po¬ se de cette figure était exactement celle de la momie. Soumise à l’examen de M.Geoff. St-Hi- îaire CVoy. Ann . des Sc. nat ., t. YIÏ, p. 557), cette momie se trouva être , non un Singe , comme on devait s’y attendre, mais un A- nencépbale humain, bien reconnaissable à sa large gouttière vertébrale, à sa face étendue et oblique, à son crâne sans voûte, que bor¬ daient, à son pourtour quelques cheveux bien conservés. Cette détérioration, qui, pour la Tératologie, n’est que curieuse , offre un intérêt réel sous le point de vue historique. Cet Ânencéphale, sujet humain rejeté des sépultures humaines , et cependant embau¬ mé avec soin dans une attitude de singe, et avec une figure de singe près de lui, a été évidemment considéré par les Egyptiens comme un singe né d’une femme. Ainsi se trouve confirmée par un fait remarquable une opinion existant bien antérieurement dans la science sur ces prétendus animaux, nés dans l’espèce humaine, dont la crédu¬ lité des Tite-Live et des Yalère -Maxime nous a conservé le souvenir, et dont l’apparition répandait l’épouvante parmi les populations d’une province, et souvent d’un État tout entier. (I. G. S. II.) * ANfENCHELUM ( âvx, préposition d’affinité ; , anguille), poiss. — G. de poisson fossile, établi par M. Agassiz dans la famille des Scombéroïdes. Les espèces con¬ nues viennent de Claris : tels sont les Anen- chélum dorsale , glarisianum, heteropleu- ron, isopleuron , et latum. (Y al.) *AAEATÉKîÉS. Anentera ( à pr.; v eu- phon.; e ’vzspov ^intestin), infus.— Dénomina¬ tion donnée par M. Ehrenberg à la lre légion des Infusoires, qu’il nomme Poly gastriques , pour exprimer la multiplicité des estomacs ANE supposés chez ces animaux. Les Anentérés sont censés avoir les estomacs appendus au¬ tour de l’ouverture buccale ou du pharynx ; ils doivent donc avoir une bouche , mais ils n’ont point d’intestins ni d’anus, comme les Entérodélis du même auteur. (Duj.) ANESORHIZA. bot. pii. — Voyez ANNESORHIZA. (Sp). ANETH. Anelhum , Tourn. ( , nom grec d’une plante que l’on croit être notre fenouil ). bot. psi. — G. de la famille des Ombellifères ( sect. des Peucédanées ). Ce g. , dans les limites que lui a assignées M. Koch ( Umbell.,p . 91), offre les caract. sui¬ vants : Limbe calicinal 5-denticulé , minime. Pétales égaux, très entiers, enroulés, ter¬ minés en pointe tronquée. Disque presque plan, à bord sinuolé. Styles courts, finale¬ ment recourbés. Péricarpe ovale ou ellipti¬ que , solide , lenticulaire ( comprimé dorsa- lement), marginé; méricarpes 5-costés; cô¬ tes filiformes, carénées : les latérales moins saillantes, confluentes avec le rebord; vallé- cules égales, à 1 seule bandelette; commissu¬ re plane. Carpophore finalement libre, 2- parti. Graines adhérentes, piano-convexes. — L "’Aneth graveolens , connu sous les noms vulgaires d’^wet, Aneth, ou Fenouil puant et auquel il faut rapporter plusieurs variétés considérées à tort comme espèces , constitue à lui seul ce genre. Cette plante, qui croît spontanément dans toute la région méditerranéenne, se cultive fréquemment en raison de ses graines , qui sont très aromati¬ ques. (Sp.) * ANEÜGMENUS. ins. — Div. établie par M. Haliday dans le g. Emphytus, de la fa¬ mille des Tenthrédiniens, de l’ordre des Hy¬ ménoptères, sur une seule espèce européenne ( Emphytus coronatus Klug.) remarquable par ses ailes postérieures , présentant deux cellules médianes. . (Bl.) *ANEURA (xvevfi oç, sans nervure), bot. eut. — G. de la famille des Hépatiques, éta¬ bli par M. Dumortier dans son Comrn. Bot. , p. 115, et son Sylloge Jungermannidearum Europœ, p. 85, et adopté par M. Nees ( Eu- rop. Leberm. , t. III, p. 419), qui le carac¬ térise comme il suit : Fructification femelle marginale ou sous -marginale ascendante. Involucre court , lacéré , très mince. Péri- anthe nul. Pistils peu nombreux , courts , épais, cylindriques. Calyptre très saillante , ANE ANG 497 cylindrique , charnue , puis papyracée , pu- bescente ou tuberculeuse , privée de style. Capsule oblongue , à quatre valves. Élatères la plupart dispersés avec les séminules ; quelques uns persistant pourtant au sommet contracté des valves. Ces organes , atténués aux deui bouts , sont clos, monospermes ou composés d’une seule lame ( fibra ), dont les tours sont plus amples que le tube. Anthè¬ res globuleuses , supportées par un filament très court , et immergées dans des lobules marginaux sur une fronde distincte. Fron¬ des sans nervure, uniformes, charnues, com¬ posées de cellules petites et semblables en¬ tre elles. Les huit ou dix esp. connues de ce g., qui. a pour type le Jungermannia pinguis L., vi¬ vent sur la terre ( les racines sont à fleur de terre), et les troncs pourris dans les lieux humides, près des sources, sur le bord des ruisseaux , entre les Mousses , etc. Leurs ra¬ dicules sont éparses dans toute l’étendue de la face inférieure de la fronde, et n’en occu¬ pent pas seulement la ligne moyenne. Elles sont communes aux lieux tempérés et chauds des deux hémisphères ; mais on les rencon¬ tre plus fréquemment sous la zone tempé¬ rée. (C. M.) * AIYEUREES ( üvzvpoç , sans nervure). bot. cr. — M. Nees ( Europ. Leberm. , t. III, p. 419 ) établit sous ce nom une tribu qui se compose du g. Aneura, et d’un autre encore douteux qui a été fondé par M. Corda sous celui de Trichostylium. ( Voy . ce mot.) Les caract. en sont à peu près les mêmes que ceux du premier de ces g. Com¬ me le second n’a pas été retrouvé depuis qu’il a été publié par l’inventeur , il reste encore enveloppé d’une grande obscurité. Nous dirons pourtant en son lieu à quels si¬ gnes on peut le reconnaître. Parmi les Jongermanniées frondiformes , les Aneurées se distinguent des Haplolénées par leur fructification ventrale, et des Metz- gériées par l’absence de toute trace de ner¬ vure. (C. M.) * ANEURISCUS, Presl. ( Symb . Bot. ) (âvsvpiaxto, je découvre), bot. ph. — Dou¬ ble emploi du g. Moronobea, Aubl., de la famille des Guttifères. (Sp.) *ANEURUS ( ü-jevpoi , sans nervure ). ms. — Genre de la famille des Ara- diens, de l’ordre des Hémiptères, sec- T. I. tion des Hétéroptères , établi par Cur- tis ( Brit. Ent. ), adopté par MM. Lapor¬ te et Burmeister , et confondu précédem¬ ment par Fabricius, Latreille, etc., dans le g. Aradus. Les Aneurus se distinguent sur¬ tout de ce dernier et du g. Brachyrhynchus, dont il est beaucoup plus voisin, par des ély- tres presque entièrement transparentes et n’ayant pas de nervures distinctes. La plu¬ part des autres caractères leur sont com¬ muns avec les Brachyrhynchus. Nous ne connaissons que deux espèces de ce g. , dont une seule indigène : c’est VA. lœvis Fabr. Fall. (Bl.) * A«SVEURHYNCHUS ( âvav , sans ; pvyx° Si bec), ms. — Dénomination employée par M. Westwood ( Gêner . Syn. ), et nous (lïist. desAnim. art.), pour désigner un g. de la famille des Oxyuriens (Oxyuri, Lat. ), de l’ordre des Hyménoptères, établi par M. Haliday ( Ent. Mag.) sous le nom de My- thras. Ce g., très voisin des Diapria, en diffère par la tête, munie d’un petit tubercu¬ le , et surtout par les ailes , dont la nervure subcostale s’éloigne du bord et forme, à l’ex¬ trémité, une cellule marginale allongée ; les antennes sont composées de quatorze arti¬ cles. M. Westwood rapporte six esp. euro¬ péennes à ce g., dont le type est VA. gale- siformis Westw. (Bl.) AIXTGE ou ANGELOT ( Angélus , an¬ ge ; «yys/os , envoyé ). poiss. — Dénomina¬ tion vulgaire du poisson, commun dans la Méditerranée et un peu moins dans la Man¬ che, qui sert de type au g. Squatine. Voy. ce mot. (Val.) ANGED. poiss. — Dénomination vul¬ gaire, selon Forskal, du poisson de la mer Rouge qu’il a décrit sous le nom de Mugiï chanos. Ce poisson se retrouve aussi dans les mers du détroit de la Sonde , et aussi de l’île de France. M. de Lacépède, ne le con¬ naissant que d’après la description du voya¬ geur danois, en a fait un g., et a introduit l’espèce dans son Ichthyologie sous le nom de Chanos arabique. Croyant toutefois que le Chanos devait ressembler à un Mugil, puisque Forskal l’avait placé parmi les esp. de ce g., il intercaia ce g. entre les Mugiioï- des et les Mugilomores. Kuhl et van Has- selt ont les premiers envoyé ce poisson dans les cabinets de l’Europe, mais sans recon¬ naître en lui le poisson de Forskal; ils le 32 498 ANG ANG donnèrent comme un poisson d’un g. nou¬ veau sous le nom de Lutodeira orientalis. M. Ehrenberg, ayant mieux étudié qu’aucun autre zoologiste les animaux de Forskal, re¬ trouva le Mugil chanos dans la mer Rouge, et le déposa sous ce nom dans le cabinet de Berlin. Ce poisson, qui n’a aucune affinité avec le Mugil, est un Malacoptérygien inter¬ médiaire entre lesCyprinoïdes et les Clupéoï- des. Nous en parlerons avec détail à l’article Chanos. Voy. ce mot. (Val.) * A X GE LA (SyysXog, qui annonce), ins. — M. Serville (Ins. orth. , Suites à Buffon ) applique ce nom à une division qu’il a établie dans son g. Thespis (famille des Maintiens , ordre des Orthoptères ) sur des femelles qu’il a considérées comme des mâles , d’a¬ près la forme des appendices abdominaux , qui diffèrent réellement de ceux des vérita¬ bles mâles , mais ne constituent qu’une dif¬ férence sexuelle. Cette division , que M. Ser¬ ville pensait pouvoir être regardée comme un g. distinct, doit donc être supprimée. (Bl.) * ANGËLICÉES. bot. pu. — Tribu établie par M. De Candolle dans la famille des Omfaellifères ( Voy. ce mot ) , et ayant oour type le genre Angélique. (Ad. J.) * ANGÉLICOIBES ( angelica , angéli¬ que ; sTà'oç , forme ). bot. ph. — M. De Can- doile ( Prodr., t. IV, p. 181 ) donne ce nom à une section du g. Peucedanum , caracté¬ risée par des méricarpes à large rebord et à côtes équidistantes ; des ombelles dépour¬ vues de collerette générale , mais munies d’involucelles polyphylles; des fleurs d’un jaune verdâtre. Cette section ne comprend que le Peucedanum verticillare Koch , et peut-être est-elle plus voisine des Imperato- ria que des Peucedanum. (Sp.) ANGÉLIQUE. bot. ph. — Nom vul¬ gaire de VArchangelica officinalis. (Sp.) ANGELIQUE. Angelica Hoffm. (ange- licus, qui appartient aux anges [«775)0$, ange] ; allusion aux vertus médicales qu’on prêtait à l’une des esp.). bot. ph. — G. de la famille des Ombellifères (tr. des Angélicées), auquel M. Koch ( Umbell.,99 ) a assigné les caract. suivants : Limbe calicinal inapparent. Pétales lancéolés , entiers , terminés en pointe soit dressée , soit infléchie. Péricarpe comprimé dorsalement, 2-ptère de chaque côté; méri¬ carpes ailés au bord , à 5 côtes dorsales fili¬ formes; vallécules à une seule bandelette; carpophore finalement libre , 2-parti. Grai¬ ne adhérente, subsemi-cylindrique. — Herbes vivaces ou annuelles. Feuilles 2-pennatipar- ties ou surdécomposées. Ombelles termina¬ les , à collerette - générale oligophylie ou nulle ; collerettes partielles polyphylles. Fleurs blanches ou verdâtres. — M. De Candolle (Prodr. IV) énumère 11 esp. de ce g., dont 5 incomplètement connues. La plu¬ part habitent l’Europe et la Sibérie. La plante appelée vulgairement Angélique ou Angélique officinale constitue le g. Ar- changelica . (Sp.) ANGELONIA , Kunth ( in Humb. et Bonpl., Nov. Gen. et Spec., t. II, p. 92). — Physidium , Schrad, — Schelveria , Nees et Martius. (Nom vernaculaire.) bot. ph. — G. de la famille des Scrophularinées ( tr. des Hémiméridées,Benth.), offrant pour caract. : Cal. 5-ûde ou b-parti. Cor. à tube court , à gorge voûtée, à limbe subbilabié, plan. Lèvre supérieure très obtuse, 2-lobée; lèvre inférieure 3-lobée, à lobe moyen plus long , arrondi , sacciforme à la base. Etamines au nombre de 4, incluses, didynames, insérées au tube de la corolle. Anthères 2-thèques ; bourses divergentes. Ovaire 2-loculaire , à 2 placentaires multi-ovulés, adnés à la cloison. Style indivisé , à stigmate capitellé. Capsule subglobuleuse , 2-loculaire , loculicide-bival- ve ; valves septifères au milieu , indivisées , non placentifères ; placentaires soudés. Grai¬ nes très nombreuses , à test lâche. — Herbes dressées ou procombantes. Feuilles oppo¬ sées ( du moins les inférieures ). Pédoncules 1-fiores , solitaires , axillaires ou en grappes terminales. — Ce g. appartient à l’Améri¬ que ; on en connaît 5 esp. Ces végétaux, re¬ marquables par des fleurs très élégantes , se cultivent comme plantes d’ornement de serre. (Sp.) * ANGERONE. Angerona (nom my- thol.). ins. — G. de l’ordre des Lépidoptè¬ res, famille des Nocturnes, tribu des Phalé- nites, que nous avons établi dans notre His¬ toire naturelle des Lépidoptères de France , et auquel nous assignons les caractères sui¬ vants : Corselet étroit et peu velu. Ailes in¬ férieures seules légèrement dentelées , avec une échancrure au milieu de leur bord termi¬ nal. Palpes très minces et n’atteignant pas jus- V ANG qu’au chaperon. Trompe longue. Antennes très pectinées chez le mâle et simples chez la femelle. Chenille tuberculée sur le 4e et le 8e anneau, s’amincissant sur la partie anté¬ rieure, avec la tête petite et dirigée en avant ; sa transformation a lieu dans un léger tissu entre des feuilles. — Ce g. ne comprend qu’u¬ ne seule espèce, que nous avons retranchée des Ennomos de M. Treistchke. Elle est dé¬ crite dans plusieurs ouvrages, et entre autres dans 1 ''Encyclopédie Méth. sous deux noms différents : Phal. prunaria et Phal. cory- laria, parce qu’elle offre une variété constante et tranchée , à large bande marginale brune , dont les auteurs ont fait une espèce distinc¬ te, dans l’ignorance où ils étaient qu’elle pro¬ venait de la même chenille , qui donne l’es¬ pèce ordinaire, ainsi qu’on en a eu la preuve en élevant cette chenille. VAngérone du prunier se trouve dans une grande partie de l’Europe ; elle est figurée avec sa variété dans VHist. nat. des Lépid. de France , t. VII, pl. 147, fig. 1-4. (D. ) * ANGIANTHÉES (âyysTo'j, petit vase ; «v0os, fleur). — M. De Candolle a donné ce nom à une division de la tribu des Gnapha- liées. Cette division renferme les genres où les capitules, uni-ou pauciflores, sont réu¬ nis en un glomérule entouré lui-même d’un involucre général. (J. D.) ANGIANTHUS («y/etov, sorte de vase ; avOoî, fleur), bot. ph. — G. de la famille des Composées, s.-tr. des Gnaphaliées. Il a pour caract. : Capitules biflores, hétéroga- mes. Réceptacle très étroit, tomenteux. In¬ volucre de 4 écailles scarieuses, dorées, ova¬ les, dont deux planes et 2 convolutées en¬ veloppant chacune une fleur. Corolles her¬ maphrodites, tubuleuses, à 5 dents. Bran¬ ches du style plus longues que la corolle et velues à leur extrémité. Fruit oblong, gla¬ bre, couronné d’une aigrette bisériée, à soies membraneuses , dilatées et denticulées à la base, plumeuses au sommet. — L '’Angian- thus est une herbe originaire de l’île Saint- François, sur la côte australe de la Nouvel¬ le-Hollande, et munie de feuilles alternes, oblongues, spatuiées, obtuses, blanchâtres , tomenteuses , ainsi que toute la plante. Les fleurs sont réunies, à l’extrémité des rameaux, en une sorte d’épi dense, accom¬ pagné inférieurement de 4 bractées. (J. D.) * AXGIDIUM , Lindl. ( «yyec'Aov, petit ANG 499 * vase , capsule ). bot. ph. — Division du g. Cymbidium de Swartz, famille des Orchida- cées. Voy. Cymbidium. (C. L.) * ANGIOCARPE. Angiocarpum (ày- ysïov, petit vase; xupi to's, fruit), bot. ph. — C’est le fruit des Ajvgiocarpieivs. Voy. ce mot. (C. L.) ANGIOCARPES. Angiocarpi (c iyyzïov, sorte de vase; xocpizds, fruit), bot. cr. — Schrader et Fries ont consacré ce nom pour désigner un ordre tout entier de la famille des Lichens , caractérisé par des apothécies closes, renfermant un nucléus. Les g. Sphœ- rophoron , Endocarpon , Verrucaria , Try-' pethelium et Limboria , sont les types des diverses tribus qui composent cette grande subdivision. Les caract. essentiels en sont : Apothécies closes, percées d’un ostiolc , ou s’ouvrant irrégulièrement au sommet , ren¬ fermant un nucléus ordinairement globu¬ leux ou ovoïde, ascigère. Fries, qui, dans sa Lichenog raphia , a adopté le nom créé par Schrader , avait d’abord nommé ce groupe ( Sust. Orb. veget. , p. 258 ) Gasterothala- mi. Ce sont les Cœnothalami phymaloidei d’Acharius ( Lich. Vniv. ) , et les Verruca- rinœ d’Eschweiler {Lich. Bras.). Plusieurs Lichens gymnocarpiens peuvent subir dans leurs apothécies une dégénéres¬ cence ou anamorphose , qui rende difficile leur diagnose , et les fasse rapporter à des Lichens de la subdivision qui nous occupe ici. Ainsi , l’on voit tous les jours des Par- mélies dans lesquelles, l’évolution normale des apothécies ayant été arrêtée , celles - ci peuvent simuler une Verrucaire ou une Pertusaire. Il faut avoir observé ces plantes in loco natali, et en avoir acquis une grande expérience, pour ne pas s’en laisser impo¬ ser quelquefois par ces états tout à fait aty¬ piques. Meyer et Wallroth sont les deux li- chénographes qui ont jeté fle plus grand jour sur ces transformations, dont on n’avait pas tenu assez de compte avant eux. (C. M.) ' * ANGIOCARPI («yystcv , sorte de va¬ se , de boîte ; xotpnd^ fruit), bot. cr. — Persoon donne ce nom à tous les Champi¬ gnons dont les organes de la fructification sont renfermés dans une enveloppe généra¬ le. Les Angiocarpes forment la première classe du Synopsis Fungorum, qui comprend les Sclérocarpes, les Sarcocarpes et les Der- matocarpes. Voy. ces mots. (LÉv.) 500 ANG ANG ANGIOCARPIENS. Angiocarpii (ày- j ytï ov, petit vase; xx/Ws, fruit), bot. ph. — ■ M. deMirbel donne ce nom aux végétaux dont les fruits , contrairement à ceux des Gymno- carpiens, sont couverts en tout ou en partie d’un organe qui trompe sur leur forme réel¬ le. Tels sont les fruits dits : Calybion , Strobïle , Sycône , etc. Voy. ces mots. (C. L.) * ANGIORIDIUM (àyysîov, sorte de va¬ se ; sîc hs, forme. L’auteur a probablement voulu écrire angionidium. ). bot. ch. — Grévilîe, l’auteur de ce genre, dans leScoL Crypt. t. 310, Flora, t. 310, a pris pour ty¬ pe le Physarum bivalve Persoon , à qui il assigne les caractères suivants : Péri- dium sessile, membraneux, papyracé , com¬ primé sur les côtés , sinueux , et s’ouvrant par une rupture longitudinale à son bord supérieur. Les spores sont renfermées dans les mailles d’un réseau adhérant aux parois de la cavité. L’A. sinuosum Grév. croît sur les mousses, les feuilles et les stipules, etc., tombées à terre. Son péridium est d’un blanc gris, long de 2 à 3 lignes et haut de 1 à 2, comprimé, ondulé, légèrement veiné sur les côtés. Le réseau, comme dans les autres Physarum, n’est pas formé par un capilli- tium, mais par une matière blanche, granu¬ leuse et irrégulière. Les spores sont noires et globuleuses. Il arrive quelquefois que la rupture du péridium a lieu sur un des cô¬ tés, ce qui dépend de modifications pro¬ duites par les circonstances locales et atmo¬ sphériques. Comme ce Champignon est mu- cilagineux dans son jeune âge, on explique facilement les différentes formes qu’il peut prendre sous l’influence des causes les plus légères. (LÉv.) *ANGÏOSPERMES(àyysîov, petit vase; vTièptxy- , graine), bot. ph. — Dénomination appliquée aux graines couvertes d’un péri¬ carpe distinct , et par opposition à celle de Gymnospermes . Voy. ce mot. (C. L.) ANGIOSPERME (ctyyeîbv, petit vase ; cnépfix , graine), bot. ph. — Linné donnait ce nom au second ordre de sa quatorzième classe , caractérisée par 4 étam. didynames, et par des graines renfermées dans une cap¬ sule. Ce mot fait opposition à Gymnosper- mie , nom du premier ordre de cette mô¬ me classe. Voy. ce mot et méthode. (C. L.) * ANGIQSPORES. Ângiospori (Ayy&ïov, vase ; vnopà, semence ). bot. cr. — Meyer divise la famille des Lichens en deux parties fort inégales. La première, à laquelle il don¬ ne le nom de Lichens angiospores , com¬ prend tous les g. dans lesquels les sporidies sont contenues dans des thèques; la secon¬ de n’en renferme qu’un petit nombre , et se compose des esp. chez lesquelles les spori¬ dies sont à nu sur la lame proligère. Mais j’ai démontré pour l’un de ces g., le Sphœ- rophoron, que celles-ci, primitivement in¬ cluses dans des thèques , n’étaient libres de toute enveloppe qu’à une époque avancée de leur existence. Comme il est probable qu’il en est ainsi pour les deux autres ( Coniocy - be et Calycium), cette division du lichéno- graphe allemand reste donc sans fondement ou ne s’appuie que sur une base bien chan¬ celante. (C. M.) * ANGIOSTOMES. Angiostoma ( an- gio , corruption à'ango [ayxw] , je serre ; S7e//x, bouche ). moll. — M. de Blainville a donné ce nom à une famille de l’ordre de ses Paracéphalophores siphonobranches , comprenant ceux de ces mollusques dont la coquille a une ouverture généralement fort étroite. ^ (C. d’O.) * ANGIOTHÈQUES . Angiotheci ( «y- yeïov, sorte de vase ; S-^, tout objet dans lequel on en serre d’autres ; ici , thèque ). bot. cr. — Nom do la première classe des Champignons de Persoon ( Dispos . Meth. Fung. ), et qu’il remplaça plus tard par ce¬ lui d’Angiocarpes. (Voy. ce mot.) (LÉv.) * ANGLARITE ( Anglar, nom de loca¬ lité ). mun. — Nom donné par Berthier au phosphate de fer hydraté en petites masses rayonnantes, vertes, qui se trouve à Anglar , près de Limoges. Voy. phosphates. (Del.) ANGLE, angulus ( corruption d ’angu- lus , angle ).moll. — Sous ce nom , M. Mé- gerle (nouvelle classification des Coquilles bivalves, publiée en 1811 dans le Magasin de Berlin ) a proposé ce genre ; il le subdi¬ vise en plusieurs groupes de Coquilles, que Lamarck rapporte plus naturellement à ses genres Tclline et Psammobie. Voy. ces mots. (Desii.) * ANG.LÉSITE(Angrlesea, île de la mer d’Irlande), mi a. — Nom donné par Beu¬ dant au sulfate de plomb naturel , dont les ÀNG ANG 501 mines d’Anglesea fournissent de beaux échantillons. Voy. plomb et sulfates. (Del.) * ANGLEURIA ( d 'Angleur , nom de l’habitation d’été de l’auteur du g.), ins. — G. de l’ordre des Diptères, établi par M. A. Carlier, conservateur du Cabinet de Zoolo¬ gie de l’université de Liège. Ses caract. sont : 3e article des antennes très comprimé et pointu , terminé par un style bi-articulé , un peu plus long que les antennes. Yeux velus; face très étroite dans les mâles. Organes co- pulateurs ayant leurs appendices intérieurs terminés par un renflement en forme de bouton, et les extérieurs filiformes. — Ce g., dont l’auteur n’a encore trouvé que deux in¬ dividus mâles, diffère de tous ceux qui l’avoisinent par la conformation des organes copulateurs et par le style des antennes. Il se rapproche des Porphyrops de Meigen ( 2e div.) par la forme des antennes, dont le sty¬ le est inséré à l’extrémité , et par les appen¬ dices extérieurs des organes copulateurs, fi¬ liformes et rejetés en arrière ; des Raphium et des Dolichopes en général par le devant de la tête, dont la face est très étroite dans les mâles; et enfin des Dolichopes et un peu des Raphium, par la direction des nervures des ailes. L’unique espèce sur laquelle ce g. est fondé est nommée par l’auteur .4. anten- nata ; elle est figurée et décrite dans les Ann. de la Soc. eut. de France, tom. IV, p. 659, pl. 20, fig. c. (D.) ANGOLAM , Adans. (nom idéal), bot. pu. — Syn. du g. Aiangium ( famille des Alangiées ). (Sp.) ANGOLAMIA, Scopol. ( nom idéal ). bot. ph. — Syn. du g. Aiangium (famille des Alangiées ). (Sp.) ANGOLAIS!, bot. ph. — Nom français du g. Aiangium. (Sp.) ANGOPHORA, Cavan. («y yos, sorte de vase; fâaoç, porteur), bot. ph. — G. de la famille des Myrtacées ( tr. des Leptosper- mées, DC. ) , offrant pour caract. : Cal. tur¬ biné, 5-denté, 5- ou 10-costé. Dents persi¬ stantes. Pétales 5 , libres. Étain, en nombre indéfini. Anthères ovales. Style filiforme. Stigmate capitellé. Capsule adhérente, co¬ riace, turbinée, tronquée, 3-Ioculaire, 3-val- ve , oligosperme, ou par avortement 1-sper- mc. Graines aptères, quelquefois marginées. —Arbres. Feuilles grandes, opposées (les su¬ périeures parfois alternes ) , non ponctuées. Fleurs en corymbe. Cor. blanche. — Ce g. , propre à la Nouvelle-Hollande , renferme 3 esp. L’A. cordifolia Cavan. se cultive com¬ me arbrisseau d’ornement dans les collec¬ tions de serre. (Sp.) ANGORA, et non Angola, mam. — Va¬ riétés de Chats , de Lapins et de Chèvres ( Voy. ces mots.) originaires d’Angora, dans l’Anatolie. (C. d’O.) ANGOSTURA. bot. ph. — L’arbre à écorce fébrifuge, connu dans le commerce sous ce nom, emprunté à celui de la ville où on Pavait connu pour la première fois , est devenu pour Rœmer et Sch<es le type d’un g. qu’ils ont appelé de même, mais qui ren¬ tre dans d’autres plus anciens , notamment dans le Galipea d’Aublet. Voy. ce mot. (Ad. J.) ANGOURIE. Anguria Linn. ( nec Tourn.). — Psiguria, Neck.(c?yyoû/5£ov, sorte de melon d’eau), bot. ph.— G. de la famille des Cucurbitacées (tr. des Cucurbitées), au¬ quel on attribue pour caract. : Fleurs monoï¬ ques.— Fleurs mâles : Cal. campanulé, 5-den¬ té. Cor. (de couleur rouge) ventrue , 5-fide , cohérente inférieurement au calice ; limbe étalé. Étam. 2 , opposées , libres. — Fleurs femelles : Calice et corolle comme ceux des fleurs mâles. Etam. 2, stériles. Style semi- bifide. Stigmates 2-fides. Baie 2-4-loculaire, subtétragone , polysperme. (Graines incom¬ plètement connues.) — Herbes à racine char¬ nue, verruqueuse. Feuilles anguleuses ou lobées. Pédoncules axillaires. Fleurs mâles en grappes ; fleurs femelles solitaires. Fruit mangeable dans quelques esp. — Ce g. est propre à l’Amérique équatoriale. On en connaît 7 esp. (la plupart très superficielle¬ ment signalées). (Sp.) ANGREC. Angrœcum ( altération du nom malais Angurek, appliqué aux plantes de ce g.), bot. ph. — G. de la famille des Orchidées et de la tribu des Vandées, établi par Du Petit-Thouars ( Orch . Afr., tab. 65), et caractérisé de la manière suivante par M. Lindley : Périanthe étalé. Sépales et pétales â peu près égaux, libres. Labelle sessile, continu avec la base de la colonne, charnu, indivis, beaucoup plus large que les pétales. Éperon droit, cornu, souvent presque cylin- dracé, beaucoup plus long que le périanthe, rarement obeonique. Colonne courte , près- ANG 502 ANG que cylindrique , rarement allongée, semi- cylindrique. Anthère biloculaire , tronquée. Masses polliniques au nombre de deux , bi¬ partites, à caudicule courte, étroite; à glande triangulaire. — L’esp. type du g. An- grœcum est VA. eburneum Du Petit-Th. , ( loc. cit. ) , figuré par M. Bory de Saint- Vincent ( Voyage aux îles d’Afrique, t. 19) sous le nom de Limodorum eburneum . Cet¬ te plante est assez commune dans les îles de France , de Bourbon et de Madagascar. Elle croît sur les arbres , est munie d’une tige et de feuilles coriaces, ligulées , striées. Les fleurs en sont grandes , verdâtres , avec le labelle d’un blanc d’ivoire. Dans son Généra and Species of Orchidaceous Plants , M. Lindley a porté le nombre des esp. d’An- grœcum à 19 , déjà signalées par Du Petit- Thouars, et par M. Acb. Richard dans sa Monographie des Orchidées des iles Mau¬ rice. Il leur a joint 2 autres esp. , l’une du Cap de Bonne - Espérance , l’autre de l’île d’Haïti; mais, plus tard, dans le Botanical Register, n° 1522, il a proposé de séparer des Angrœcum quelques espèces décrites par Du Petit-Thouars, et il en a formé le g. OEceoclades. Le g. Aerobion de Sprengel a été fondé sur V Angrœcum fragrans, qui ne doit pas être séparé du genre primitif. C’est cette plante dont les feuilles aromati¬ ques sont connues et livrées dans le com¬ merce sous les noms de Faham et de Thé de Vile Bourbon. Enfin le g. Aeranthus a pour type V Angrœcum sesquipedale Du Pe- tit-Th. Voy. Aerantue. (G....N.) ANGUIFORMES. Anguiformes ( An- guis , serpent; forma, forme ). rept. — Voyez Batrachophidiens. (G. B.) ANGUILLARD. rept. — Dénomina¬ tion spécifique d’un Batracien du g. Protée. Voy. ce nom. (G. B.) ANGUILLARIA ( anguilla , anguille; peut-être en raison de l’ondulation du bord des feuilles ). bot. piï. — G. de la famille des Myrsinacées, formé par Gaertner, et sy- non. du g. Ardisia de Swartz. Voy. ce mot. (C.L.) ANGUILLE. Anguilla ( anguilla , nom du même poisson chez les Latins), poiss. — Poisson connu de tout le monde, abon¬ dant presque à l’excès dans les rivières , les lacs et les étangs de toute l’Europe, quoi¬ qu'il paraisse moins commun vers le Nord; ce qui doit faire penser que l’Anguille craint le froid. Quelques unes de ses habitudes s’expliquent aussi par la crainte du froid. Ce poisson a le corps allongé, arrondi vers la poitrine et comprimé vers la queue. Cet¬ te partie du corps est entourée par les trois nageoires verticales, réunies entre elles; la dorsale n’avance pas sur le dos jus¬ qu’à la région des pectorales, qui sont les seules nageoires paires du poisson; car il n’a pas de ventrales. Les nageoires de la poitrine sont petites, et insérées au dessus de la fente verticale des ouïes. L’ouverture des branchies est réduite à leur simple fente , parce que la membrane branchiostège , sou¬ tenue par rayons , est attachée tout autour du cou. L’appareil operculaire est composé des quatre pièces qui se retrouvent dans le plus grand nombre des poissons osseux , sa ¬ voir : l’opercule , le sous - opercule , le préopercule et l’interopercule. Il y a des dents sur les mâchoires , sur les palatins et sur le vomer. La peau est enduite d’une mucosité abondante , secrétée par des glan¬ des ouvertes le long de la ligne latérale. Cet¬ te mucosité recouvre les écailles petites , ob- longues, très nombreuses, et très fortement attachées au derme. La peau a , d’ailleurs , une forte ténacité qui la fait employer dans plusieurs arts. Elle est très adhérente aux muscles qui ont des fibres courtes, retenues par un tissu cellulaire très dense , et dont les mailles sont remplies d’une graisse hui¬ leuse abondante. L’estomac est un long cul- de-sac , et est suivi d’un intestin qui n’est pas très long. Le foie est épais , de couleur fauve ou jaunâtre, et n’a qu’un seul lobe si¬ tué en travers sous l’œsophage. La vésicule du fiel est grande; la rate est noirâtre. Il y a une grande vessie natatoire , pourvue de corps rouges glanduleux très gros ; elle com¬ munique avec l’intestin. Les reins sont longs et gras, et versent l’urine dans une vessie uri¬ naire allongée , qui s’ouvre derrière l’anus par un trou rond, facile à trouver. Entre le canal intestinal et la vessie aérienne flottent, dans l’abdomen, deux rubans oblongs, plis¬ sés comme une fraise, qui ne paraissent, au premier aspect, être qu’un épiploon très gras , ce qui les a fait souvent nommer les corps graisseux. Ce sont les annexée des organes génitaux. On trouve l’albumine des œufs attachée à ANG ANG ces membranes; car j’ai fait bouillir dans l’éther des portions de ces corps graisseux , et j’ai trouvé au fond du tube et du verre des globules durcis, non dissous dans l’éther à chaud; ces globules n’étaient donc pas formés dégraissé seule, mais d’albumine. D’ailleurs, les organes représentés par Richard Owen , et indiqués par plusieurs auteurs comme les organes génitaux de l’anguille , ont encore besoin d’être étudiés avec soin , et l’on est loin d’en avoir une connaissance anatomi¬ que parfaite. Le cœur lymphatique, organe curieux dont on doit la découverte au célèbre pro¬ fesseur Müller de Berlin, a été observé pour la première fois sur l’Anguille par M. Marshall Hall, et on en trouve une figure dans l’ouvrage de M. Yarell. Le docteur Marshall Hall, en poursuivant ses recherches sur la circulation dans les Reptiles et les Poissons , a vu , en 1851 , ce sac doué de pulsations près de la queue de l’Anguille. Il est situé à la fin de la veine caudale du poisson. M. Müller n’a pu voir de pareils organes chez les Mammifères et les Oiseaux , et M. Richard Owen pense même que les cœurs lymphatiques remplacent, dans les dernières classes, les valvules qui n’exi¬ stent en grand nombre que dans les deux premières classes de Vertébrés. Il était donc nécessaire qu’il y eût dans les Reptiles et les Poissons un agent pour diriger et exciter le mouvement de la lymphe chez ces ani¬ maux , tandis que les valvules des vaisseaux lymphatiques des Mammifères et des Oiseaux impriment à la lymphe un courant inter¬ mittent et une direction bien déterminée. Les eaux douces de l’Europe nourrissent plusieurs esp. d’ Anguilles , désignées depuis très long-temps sous leurs différents noms vulgaires, soit dans Lacépède, soit déjà dans Pennant. J’ai fait à leur sujet de nombreu¬ ses recherches , et les observations que j’ai communiquées à M. Cuvier lui ont fourni des matériaux pour établir les distinctions dont il a exprimé les caract. dans la secon¬ de édition du Règne animal . Depuis , M. Yarell a donné, dans son ouvrage sur les Poissons d’Angleterre, d’excellentes figures de trois de nos espèces. Cependant j’ai lieu de penser que quelques unes des différences appréciées entre les nombreux individus d’Anguilles soumis à nos observations , et que l’on a considérées comme des caract. 503 spécifiques, tiennent à la différence des sexes. Je présume, par exemple, que l’Anguille nommée le Pimperneau est le mâle de l’Anguille plat-bec; toutefois, je n’ose en¬ core l’affirmer. Ces diverses Anguilles ont à peu près les mêmes mœurs , et, par con¬ séquent , le même genre de vie. L’Anguille vit dans les eaux courantes ou dormantes indifféremment. Elle aime le mouvement de la vanne d’un moulin , de même qu’elle croît dans l’eau d’un fossé. C’est un poisson vorace, qui se nourrit de petits animaux de sa classe , et surtout de Goujons, dont il est très friand; mais qui attaque aussi les petits quadrupèdes et les oiseaux aquatiques , les vers , et mê¬ me les débris des corps des animaux que l’on jette à l’eau. Il chasse particulièrement pendant la nuit; le jour, il se tient blot¬ ti dans les touffes de plantes aquatiques , ou même se retire dans des trous le long des berges, et l’on en prend jusqu’à trente dans un même trou. On les force à en sortir en les enfumant comme on le fait pour les Renards. L’Anguille s’enfonce aussi sous la vase des étangs, pendant le froid, mais c’est sur¬ tout quand on met ces amas d’eau à sec pour en faire la pêche ; on est même obli¬ gé de faire marcher sur cette vase et de la piétiner pour en faire sortir les An¬ guilles. Dans les chaleurs de l’été , et quand le temps est orageux, les An¬ guilles aiment aussi à sortir de l’eau , et vont quelquefois très loin au travers des herbes. Elles chassent à terre, mangent les petits reptiles , les colimaçons , et même , quand elles sont dans les champs cultivés , certaines plantes dont elles sont très frian¬ des, entre autres les pois. Si elles sont surprises par le jour et les chaleurs , elles se blottissent dans une touffe d’herbes , et , roulées sur elles-mêmes, y attendent la nuit suivante. Il n’est pas très rare qu’en fauchant les prairies le fer des travailleurs coupe une Anguille. J’en ai vu de très grosses qui avaient été ainsi blessées. Dans les eaux courantes, elles nagent avec force et rapidité contre les courants ; mais en descendant, elles se laissent, le plus sou¬ vent, entraîner au fil de l’eau sans faire d’ef¬ forts ; aussi prend-on beaucoup d’Anguilles dans de grandes nasses tendues en travers 504 ANG des rivières, et bordées, de chaque côté, d’u¬ ne muraille faite avec de grandes perches entrelacées de branchages , et dont les trous sont bouchés avec de la vase. C’est ce que les pêcheurs appellent des gords. On en prend surtout en grande quantité dans ces filets, à l’époque où l’Anguille descend le courant des rivières pour se rendre à la mer , vers l’eau salée ou saumâtre, afin d’y frayer. II y a lieu de s’étonner que l’on ait per¬ pétué et que l’on perpétue encore les contes les plus ridicules sur la reproduction des Anguilles ; car, au milieu de toutes ces fa¬ bles, on trouve consignés, dans presque tous les ouvrages qui traitent de l’histoire na¬ turelle de l’Anguille, des faits vrais , et plus ou moins déguisés dans des rapports basés sur les erreurs populaires. L’observation que les Anguilles se ren¬ dent à la mer pour y frayer est, je dirai, aus¬ si ancienne que YHistoire naturelle . Elle est déjà consignée dans les Halieutiques d’Oppien. Depuis , de très bons observa¬ teurs ont affirmé ces faits , et Spallanzani l’a très bien établi dans ses ouvrages, si rem¬ plis de faits curieux et bien observés. Ces observations ont été reproduites de nou¬ veau par M. Yarell dans son excellent ou¬ vrage. Nos pêcheurs de la basse Seine croient que l’Anguille est ovipare. Suivant eux, elle fraie une première fois vers la fin de février ou le commencement de mars , et une seconde fois au mois de septembre. Ce¬ pendant un fait avancé par M. de Joannis ( Revue zoologique , 1859, n° 2) pourrait faire croire à la viviparité, ou mieux, à l’o- vo-viviparité de l’Anguille. Un paysan lui a dit qu’ayant mis une grosse Anguille entre deux plats, et l’ayant ensuite découverte à son retour à la maison, après le tra¬ vail aux champs , il la trouva entourée de plus de deux cents petites Anguilles lon¬ gues d’un pouce et demi à deux pouces, grosses comme des fils et presque blanches. M. de Joannis n’a d’ailleurs pas vu cette ponte ; il ne la rapporte que sur l’assertion d’un homme qui n’était pas en état de bien observer. La longeur, la couleur et la gros¬ seur indiquées pour les petits nouveaux-nés , me portent à croire que l’Anguille en ques¬ tion s’était débarassée d’une grande quan- ité d’Ascarides ou de filaires, sortes d’intes- ANG tinaux dont ces poissons nourrissent quel¬ quefois des masses surprenantes. L’innom¬ brable quantité de petits produite par l’An¬ guille me ferait croire au mode de repro¬ duction ovipare. Elle fraie dans la vase, après une sorte d’accouplement ; c’est-à- dire que le mâle se place près de la femelle , et, le plus souvent, les individus sont tête bêche. Ils exécutent tous deux des mouve¬ ments qui font dire aux pêcheurs qu’ils se frottent le ventre l’un contre l’autre ; le mâle arrose de sa laitance les œufs que pond la femelle, de sorte que l’accouplement est analogue et comparable à celui des grenouil¬ les et des crapauds , dont le mâle arrose les œufs de sa laitance , et les féconde au fur et à mesure que le chapelet qui les con¬ tient est expulsé par la femelle. Il paraît même que quelquefois plusieurs Anguilles de sexe différent se tiennent entrelacées. Je ne pense pas que les œufs de l’Anguille soient isolés ; je les crois réunis ensemble par une viscosité analogue à celle qui réu¬ nit les œufs de nos Perches d’eau douce. Ces œufs forment de petits pelotons en for¬ me de boules arrondies. Je ne sais pas si chaque boule contient tout ce qu’a pondu une même Anguille, ou si une femelle pro¬ duit plusieurs de ces pelotes. Les petits é- closent bientôt , et restent , pendant les pre¬ miers jours de leur naissance , réunis dans ces pelotes , que les pêcheurs des rives de la Loire, au dessous de Nantes, vont ramasser et jeter dans des étangs qu’ils veulent peu¬ pler d’Anguilles. Quand les petits ont atteint 4 à 5 centim. de longueur , ils se débarras¬ sent des liens qui les retenaient ainsi pelo¬ tonnés , et ils semblent alors adhérer à la plage qu’ils paraissent encore sucer. Ceci explique pourquoi l’on dit que les Anguilles naissent du limon ou de la vase de la mer. Quand ces poissons ont acquis quelques for¬ ces, ils remontent tous en bandes serrées le fleuve principal ou ses affluens : ils re¬ çoivent alors le nom de Montée. Ils se ré¬ pandent ainsi dans toutes les eaux avoisi¬ nantes. La quantité de ces poissons est si grande dans certaines rivières , qu’on ne saurait s’en faire d’idée sans l’avoir vue. On en prend la charge de chevaux sur les bords de la Loire. Quand les petites Anguilles ont atteint 10 à 12 centimètres, elles sont gros¬ ses comme un tuyau de plume, le plus ANG ANG 505 souvent d’un beau jaune soufre, et pren¬ nent dans quelques localités le nom de Ci- velles ; mais, parvenues à cet âge, il y a dans leur croissance , dans leur manière de vivre et dans leur mode de dispersion dans les différentes eaux , plusieurs points encore obscurs, et, par conséquent, il y a encore plusieurs questions auxquelles il est difficile de répondre d’une manière très précise. Ceux qui étudient et observent les Poissons ont dû être étonnés que ce ne soit que dans les ports de mer , ou très près d’eux , que l’on voit arriver sur les marchés de petites Anguilles; j’entends des Anguilles ayant déjà la couleur et la forme des Anguilles adultes, et longues seulement de-0m,20 àüm,50 envi¬ ron. La montée se cache-t-elle dans les pre¬ miers étangs voisins de la mer , et les An¬ guilles y prennent-elles leur seconde crois¬ sance? Et, cependant, les Civelles mon¬ tent dans la Loire jusqu’à Angers , et en troupes très nombreuses; mais j’ignore ce que deviennent les Anguilles dans nos riviè¬ res et nos lacs jusqu’à ce qu'elles aient at¬ teint la taille de 0m,45 à 0m,50, qui est cel¬ le où l’on commence à les trouver dans nos eaux douces. Elles prennent ordinairement une taille d’un mètre et même davantage. Le Cabinet du Roi en possède une qui a lm,70 de lon¬ gueur, et dont la circonférence estdeOm52. M. Yarell en cite du poids de vingt-sept livres. Une seconde question, dont la solution est loin d’être complète , est celle de savoir com¬ ment les Anguilles se rendent dans les lacs intérieurs, et les peuplent, surtout quand ces lacs sont à de grandes hauteurs au des¬ sus du niveau de la mer. Sennebier a déjà fait remarquer qu’il n’y a pas d’ Anguilles dans le lac de Genève , parce que , dit-il , il ne communique pas avec la mer, à cause de la perte du Rhône; tandis que l’on trou¬ ve ce poisson dans le lac de Morat; mais il est toujours difficile de donner une explica¬ tion bien satisfaisante de la quantité d’An- guilles qui se trouvent dans certains lacs , du développement qu’elles y prennent, de la convenance qu’elles y trouvent et dont on peut juger, par la grosseur à laquelle elles parviennent , lorsqu’on a la certitude que la nature n’a pas mis les organes génitaux en état de reproduire l’espèce. On ne voit pas, du moins dans nos eaux douces, d’Anguilles avec des laitances ou des ovaires pleins. C’est à cette circonstance qu’il faut attribuer l’origine de toutes les fa¬ bles reproduites sur les générations des An¬ guilles. Pourquoi, si les Anguilles peuvent en¬ trer dans ces lacs, n’en sortent-elles pas quand elles sont adultes et assez grandes pour frayer? L’action continue de l’eau douce de ces étangs empêche - t - elle le développement des organes génitaux? produit-elle une sor¬ te de castration naturelle? et alors n’est- ce pas à cette circonstance que tient la quantité de graisse et d’huile dont le corps de ce poisson abonde? Les Anguilles sont , dans certains pays, d’un très grand rap¬ port. Le marché de Londres en est four¬ ni par deux compagnies hollandaises, qui ont chacune cinq vaisseaux disposés pour contenir une cargaison de 15 à 20,000 livres d’Anguilles vivantes. L’un est stationnaire près de Londres quand les autres retournent en Hollande pour se fournir de nouvelles Anguilles. Chaque marchand paie un droit de treize livres sterling par chaque cargaison pour avoir la permission de vendre. Les la¬ gunes salées de Commachio , qui reçoivent les crues du Pô , du Reno et du Ronco , et de tous leurs affluents, sont célèbres aussi depuis longues années par la quantité de Muges et surtout d’Anguilles qu’elles pro¬ duisent. On estime que la pêche des Anguil¬ les, qui se fait de septembre à décembre , produit cent dix mille pesi d’Anguilles ( un peso vaut 25 livres romaines ou 8k-,49, et dans le printemps on en tire 8 à 10,000 pesi. Ces Anguilles , préparées de diverses manières, sont envoyées dans toute l’Alle¬ magne , et celles qu’on mange fraîches sont distribuées dans les états pontificaux , le royaume Lombardo- Vénitien , le Piémont, les états de Modène , de Parme , de Toscane et de Naples. Après ces généralités sur les Anguilles , j’ajouterai que nous distinguons sur nos cô¬ tes : 1 o V Anguille au long bec (Anguilla acu- tirostris Yarell) , qui a la tête étroite , le museau pointu, la mâchoire inférieure plus longue, et cependant le crâne plus large, et cent trente vertèbres au squelette. 2° U Anguille piniperneau ( Glut-eels des Anglais), à tète plus large, à cause de la 52* T. I. 50b ANG AN G grosseur des crotaphytes ; à yeux plus grands, à crâne plus étroit , et qui n’a que cent quinze vertèbres. 5<> j L’Anguille plat bec (ou Grig-eel des Anglais), qui a l’œil plus petit, le museau plus aplati , le crâne encore plus étroit. M. Yarell croit qu’il faut encore distin¬ guer comme espèce le Snig-eel des An¬ glais. Je crois aussi qu’il faudrait encore en distinguer d’autres en Europe. M. Savi- gny m’a entre autres donné une Anguille distincte par ses formes, et qu’il m’a assuré être tout à fait marine ; il l’a prise à Na¬ ples ; elle ne sortirait , selon lui , jamais de l’eau salée. On voit d’après cela que l’Anguille devait être considérée comme type de genre dans la famille des Anguilliformes ; et c’est effec¬ tivement ce qu’a fait M. Cuvier. Les An¬ guilles sont pour lui des Apodes qui ont les trois nageoires réunies, les pectorales et les ouïes ouvertes sous les nageoires. Il divise le groupe en deux : celui des Anguilles dont la dorsale naît sur le dos, loin en arrière des pec¬ torales , et celui des Congres [Voy. ce mot), dont la dorsale naît presque sur la nuque. Celles-ci sont marines, tandis que les Anguil¬ les sont généralement d’eau douce. Le g. des Anguilles est nombreux en espèces é- trangères. On en connaît des États-Unis, des eaux douces de l’Inde. Les îles les plus iso¬ lées en nourrissent aussi dans leurs eaux douces. Nous en possédons des Canaries , de l’île de France, où elles atteignent une taille aussi grande qu’en Europe. Celles des Canaries offrent une habitude plus extraordinaire encore que celles de l’Eu¬ rope , car elles vivent dans des torrents qui se dessèchent, et restent trois ou quatre mois à sec cachées sous les pierres. Toutes les espèces de ce g. étaient confondues sous le nom de Murœna anguilla . (Val.) ANGUILLE DE HAIE. REPT. — Nom vulgaire de l’Orvet. (G. B.) ANGUILLE DU VINAIGRE, DE LA COLLE, etc. — Voyez anguillele. (Duj.) * ANGUILLIFORME. Anguillifor- mis [anguilla, anguille; forma, forme), zoom — Se dit des Poissons et Reptiles qui ont la forme d’une Anguille. (C. d’O.) ANGUILLIFORMES. Anauillifor- | mis [anguilla, anguille; forma, forme). poiss. — Nom du quatrième ordre des Ma- lacoptérygiens dans le Règne animal de M. Cuvier. 11 correspond au g. Murœna de Lin¬ né , et à quelques g. déjà établis par Bloch et Lacépède. Il réunit tous les Poissons sans ventrales, le plus souvent sans pecto¬ rales , et quelquefois sans aucune nageoire. Leur forme est allongée , leur peau visqueu¬ se , avec ou sans écailles , et dont l’anatomie varie assez. (Val.) *ANGUI LLOIDES [anguilla, anguille ; eTo'cç, forme : mot hybride), poiss. — Nom imaginé par quelques auteurs pour désigner comme famille ce dont M. Cuvier faisait un ordre. (Val.) * ANGUILLULE. Anguillula [anguil¬ la, anguille), vers. — G. créé par M. Ehren ¬ berg pour plusieurs Vers nématoïdes, an¬ ciennement confondus avec les divers Infu¬ soires, auxquels on donnait le nom de Vi¬ brions , réservé aujourd’hui pour les seuls Infusoires filiformes , sans organisation ap¬ préciable , et sans organes locomoteurs vi¬ sibles. Les Anguillules , par leur structure, se rapprochent beaucoup des Ascaridiens et des Oxyures. Comme ces Vers, elles ont un tégument résistant , élastique , strié en tra¬ vers ; un long œsophage musculeux , renflé à sa base , séparé par un étranglement de l’intestin, qui est large, droit, et se terminant par un anus latéral , en avant de la queue. Elles ont des sexes séparés : les femelies ont un ovaire contenant des œufs qui , chez la plupart, éclosent à l’intérieur du corps de la mère ; les mâles ont un long vaisseau séminal ou testicule aboutissant, près de l’a¬ nus, à un pénis en forme de tige courbée en arc et résistante. La bouche est armée à à l’intérieur de trois tiges courtes , articu¬ lées à l’extrémité de l’œsophage. Les Anguillules les plus connues sont cel¬ les qui se développent dans le vinaigre et dans la colle de farine. Elles ont été obser¬ vées par tous les micrographes depuis Leeu- wenhoek, et nommées parMüller Vibrio an¬ guillula aceti et Vibrio anguillula glutinis ; mais elles forment deux esp. bien distinctes par leur taille. Une troisième esp. , non moins célèbre , est celle qui se trouve dans le blé niellé , et qui a été étudiée complète¬ ment par Bauer en Angleterre , sous le nom AN G , AN G de Vibrio trilici. Cette esp. est surtout re¬ marquable par la propriété qu’elle a de s< dessécher entièrement sans perdre la vie, ei de pouvoir même, à plusieurs reprises, pas ser alternativement de l’état de vie à l’état de dessiccation complète et de mort appa¬ rente. Des Anguillules de cette esp., sous la forme de fibrilles sèches , cassantes , jaun⬠tres , forment des amas considérables dans l’intérieur des grains de blé niellé , où elles remplacent la fécule. Ces fibrilles , humec¬ tées avec de l’eau, se gonflent peu à peu, et finissent par reprendre la vie au bout de quelques heures. Elles sont vivipares, et gé¬ néralement plus grosses que celles du vinai¬ gre et de la colle. D’autres Anguillules se trouvent , soit dans les eaux stagnantes, soit dans la terre humi¬ de , dans les touffes de brumiet, dans les croûtes vertes d’oscillaires qui se forment à la surface du sol , enfin dans l’intérieur du corps des Lombrics , et dans l’intestin des Limaces, des Chenilles et de divers In¬ sectes. Il est bien probable qu’on pourra distinguer entre elles non seulement des esp., mais aussi des g. différents. Plusieurs de ces Anguillules ou Vibrions terrestres sont susceptibles de se dessécher sans périr; d’autres peuvent offrir diverses particulari¬ tés d’organisation en se développant plus complètement. (Duj.) ANGUINAIRE. Anguinaria ( anguis , serpent), moll. — Dans so n Essai d'un nou¬ veau système de Conchyliologie , M. Schu¬ macher propose de donner ce nom à un g. créé depuis long-temps par Lamareksous le nom de Siliquaire. Ce changement proposé par l’auteur danois ne peut être adopté. Voy. SILIQUAIRE. (DeSII.) ANGUINE ( anguis , serpent), bot. ph. — Nom français donné par quelques au¬ teurs au g. Trichosanthes , de la famille des Cucurbitacées. (Sf.) ANGUIS. itEPT. — Nom d’un serpent chez les Latins : latet Anguis in lierbâ. Virg., Egl. III. C’est Linné qui l’a introduit dans la science , en l’appliquant à un genre de Reptiles composé de toutes les espèces é- cailleuses, sans pieds ou à pieds très courts, dont les écailles du dessous du tronc et de la queue étaient semblables ou à peu près sem¬ blables à celles du dessus : tels que les Eryx, les Ophisaures, les Scélotes, les Rouleaux. 5(17 les Typhlops et les Orvets. Aujourd’hui il sert seulement à désigner ces derniers. Voy. ORVET. (G. B.) * ANGUIVIPÈRES ( anguis , vipera , sorte de Serpents), reft. — Ce nom a été donné par Carus , Ficinus et Latreillc , à une famille de Reptiles comprenant les Ser¬ pents venimeux dont le corps est aiiguilli- forme. (C. d’O.) * ANGULEUSES. Angulosœ ( angulus , angle ). arachn. — Ce nom est employé par M. Walckenaer pour désigner une petite division dans le g. Thomisus. (II. L.) 4 ANGULINERVE. Angulinervis {an¬ gulus, angle ; nervus, nerf, nervure), bot.— M. De Candolle s’est servi de ce mot pour désigner les feuilles qui ont une nervure primaire centrale ou plusieurs nervures pri¬ maires divergeant en droite ligne de la base du limbe, et dont les diverses subdivi¬ sions partent aussi en droite ligne de ma¬ nière à fournir des angles à leur origine. Telles sont les feuilles de la plupart des Monocotyiédones. Voy. curviiverves. (C. L.) ANGULIROSTRES ( angulus , angle ; rostrum , bec), ois. — Nom donné par 11- liger, Goldfuss et C. Bonaparte à une fa¬ mille de l’ordre des Passereaux comprenant ceux de ces oiseaux qui ont le bec pointu et anguleux. (C. d'O.) ANGULITIIE. Angulilhes («77 os, sor¬ te de vase; >i6og, pierre), moll. — Mont- fort a , dans sa Conchyliologie systémati¬ que , formé un g. particulier d’une esp. de Nautile carénée ( Voy. nautile ), ou peut- être d’une Ammonite. Dans tous les cas , c’est un g. à supprimer. (A. d’O.) ANGULOA ( Dédié à D. Fr. Angulo, directeur des mines du Pérou), bot. pii. — Ruiz et Pavon ( Prodrom . Fl.peruv., p. 118, tab. 26) ont. établi sous ce nom un genre qui fait partie de la famille des Orchidées et de la tribu des Vandées de M. Lindley. Il est ainsi caractérisé : Périanthe fermé , glo- biforme. Sépales et pétales libres, concaves, presque égaux. Labelle longuement ongui¬ culé, en capuchon, bilobé, avec une petite languette intermédiaire, réfléchie. Colonnei semi-cylindrique, en massue, bicorne au sommet. Anthère rostrée. Masses polhniques au nombre de deux, à caudieule lancéolée (bifide?), à petite glande ovale. 508 ANG ANH ISÂnguloa uniflora H. et Pav. est une plante herbacée , pseudo-bulbeuse ; à feuil¬ les lancéolées , plissées ; à fleurs solitaires, très grandes. Elle croît au Pérou, dans les bois. M. Kunth en a décrit et figuré dans les Nova Généra et Species PI. amer., t. I, p. 545, tab. 95, une seconde esp. sous le nom (PÂnguloa superba , qui est également du Pérou, et que les habitants nomment Periqueto , à cause de la ressemblance de sa fleur avec la tête d’un Perroquet. (G. ..N.) ANGULOSÆ. arachn. — Voyez an¬ guleuses. (H. L.) ANG I JRI A , Tourn. ( nec Linn.) ( âyyov- ptov, sorte de petit vase ). bot. ph. — Tour- nefort et quelques auteurs plus anciens don¬ naient ce nom à la Pastèque ou Melon d’eau ( Citrullus ) , et à quelques esp. du g. Cucu- mis . Voy. angourie. __ (Sp.) * ANGUSTIFOLIÉ. Angustifoliatus (angustus, étroit ; folium, feuille). Se dit de toute plante dont les feuilles sont étroites et plus ou moins linéaires. Cette expression ne s’emploie que comme nom spécifique. (C. L.) ANGUSTIPENNES ou STÉNO- PTÈRES ( angustus , étroit ; penna , plu¬ me, aile), ins. — Nom donné par M. Bu- méril à sa 12e famille de l’ordre des Coléo¬ ptères , sous-ordre des Hétéromères , qu’il caractérise ainsi : Elytres dures, rétrécies. Antennes en fil , souvent dentées. — Elle se compose de 6 genres qu’on distingue entre eux par la suture des élytres , la forme des antennes et la présence ou l’absence de l’é¬ cusson. — Ces g. sont les Sitarides , les OEdémères , les Nécydales , les Ripiphores, les Mordelles et les Anaspes. Voy. ces mots. (D). ANGUSTURA. bot. ph. — Voyez ANGOSTURA. (C. L.) ANGYSTOME. Angystoma ( angy , corruption d’«y yjtv, étreindre, serrer; q-6- nx, bouche ). moll. Mauvais g. proposé par Klein, dans son Tentamen Methodi Os- îracologiæ , pour rassembler toutes les Co¬ quilles à ouverture étroite qui ont cette partie obstruée par des dentelures plus ou moins saillantes. Quoique ce caract. soit très superficiel , et qu’il réunisse des coquilles extrêmement différentes, on conçoit jusqu’à un certain point qu’il ait pu être proposé ; niais ij aurait fallu, du moins , que l’auteur se conformât aux caract. que lui-même a- vait trouvés ; tandis que, loin de là, on trouve aussi , dans ce g. oublié de Klein , des Co¬ quilles dont l’ouverture est grande et sans dents. (Desîi.) * ANGYSTOMES (les). Angystomata ( angy , corruption d’«yxs£v > étreindre , ser¬ rer; <7 -o>«, bouche), moll. — M. deBlain- ville a proposé cette famille dans son Trai¬ té de Malacologie , Il y rassemble un grand nombre de g. sous un caract. qui nous sem¬ ble de peu d’importance, celui de l’étroites¬ se de l’ouverture. On conçoit , en effet , que des animaux très différents peuvent habiter des Coquilles dont l’ouverture longitudinale est proportionnellement étroite. C’est ce qu’on a reconnu lorsqu’on a examiné avec toute l’attention convenable les différents g. compris dans la famille de M. de Blainvilîe. On y trouve les Cônes à côté des Strombes, quoique les animaux de ces deux g. n’aient pas la moindre ressemblance. L’on y remar¬ que, à côté des deux g. que nous venons de nommer, tous ceux de la famille des Enrou¬ lés de Lamarck; on y rencontre même les Volutes et les Mitres. Une personne qui aurait été plus exercée que M. de Blainvilîe à juger de l’importance des caract. des Co¬ quilles aurait évité certainement la confusion qui règne dans sa famille des Angystomes. Les premières observations de MM. Quoy et Gaimard, quelques unes de M. Lesson, plu¬ sieurs de M. Belle Chaje, auraient pu guider M. de Blainvilîe dans l’appréciation des caract. zoologiques de plusieurs de ces gen¬ res. Aujourd’hui qu’ils sont parfaitement conhus , depuis les beaux travaux de MM. Quoy et Gaimard, il faut revenir, sans beau¬ coup de changements , aux familles de La¬ marck, et abandonner cette famille des An¬ gystomes de M. de Blainvilîe. (Desh.) *ANIIÂLOMUM.An'ocarpw$,Scheid\v. ( à priv.; v euph.; «Xwvtov, petite aire, aréo¬ le). bot. pii. — G. de la famille des Cactées, de notre tr. des Phymatocotylédonées, que nous avons établi ( Cad. Gen. nov. Spec.q. nov. 1859. — Herb. de VAm. 1840 ) en lui assignant pour caract. : Rhizome perpendi¬ culaire, bétiforme. Aréoles milles. Mamelons prismatico-triangulaires , plans en dessus , foliiformes à la base , disposés en rosace spi¬ rale. Aiguillons nuis. Aisselles garnies d’une i laine très abondante , persistante. Inflores- A N II AN H cence axillaire. Fleurs amples, à divisions périgoniales bisériées , connées à la base en un tube court, lisse, charnu. Etam. nom¬ breuses , inégales , incluses , insérées sur le tube en séries spirales , à filaments très té¬ nus. Style égalant presque les divisions , di¬ laté au sommet , charnu , infundibuliforme, creux dans toute sa longueur , et peu à peu atténué vers la base; rayons stigmatiques 8, grands, révolutés , papilleux, charnus, ar¬ rondis en dessus. Baie subanguleuse , lisse, d’un blanc-rosé pâle, comme les fleurs. Graines nidulantes , digitaliformes. Pulpe rare. — Ce g. ne se compose encore que d’une seule espèce, l’A. prismaticum IVob., plante rare et l’une des plus singulières de cette singulière famille. Elle rappelle com¬ plètement par son faciès VAloë retusa , dit vulgairement le pouce écrasé. Elle a été dé¬ couverte au Mexique, croissant dans les fis¬ sures d’une roche porphyrique , près de San Luis de Potosi, à 2,lllm,454 ou 2,273m,873 de hauteur au dessus du niveau de la mer. Le rhizome de cette plante , d’environ 0m,217 à 0m,271 de long, sur une grosseur propor¬ tionnée , est semblable à celui de notre bet¬ terave cultivée, et rempli, comme dans celle- ci, d’une pulpe épaisse et violacée , très fibreu¬ se , caverneuse , laissant couler, quand on la coupe, un suc lactescent pour ainsi dire in¬ tarissable. Le caudex est formé de mame¬ lons prismatiques, triangulaires, très glau¬ ques, obtus et membranacés sur les bords ainsi qu’au sommet, sur le côté plan duquel, et à peu de distance de son extrémité, se voit quelquefois, dans la jeunesse du mame¬ lon, un véritable nectaire ( ou fausse aréole ) garni d’un court duvet fauve et caduque. Dans les très jeunes individus (naissants), les mamelons sont cylindriques-déprimés , et portent au sommet un faisceau de soies cadu¬ ques , barbelées , qui rappellent les aiguillons ordinaires des Cactées , et ne prennent que peu à peu la forme angulaire des individus adultes. Toute la surface cuticulaire des ma¬ melons est membraneuse et parsemée de petits points blancs ( stomates ). Les fleurs naissent en grand nombre au sommet de la plante. Elles sont d’une excessive délicates¬ se , et ont près de 0m,054 d’ouverture. Les pétales en sont légèrement frangés au som¬ met, et munis, en dehors, d’une nervure mé¬ diane pourprée. Les anthères sont d’un beau 509 jaune orangé ; le stigmate est blanc. Les graines sont noires , multiforaminées , en forme de dé à coudre. — Ce g. est très voi¬ sin des Mammillaria , en raison de son in¬ florescence axillaire , et d’autres caract. qui leur sont communs. Toutefois son faciès , l’absence de véritables aiguillons , le mode d’insertion des étamines, etc. , l’en éloignent suffisamment. Ce g. paraît devoir être adop¬ té. Y oy. jAriocàrpus. (C. L.) ANHALTIA ( nom d’homme ). bot. cr. — ( Phycées. ) M. Schwabe ( Linnœa , 1834; Heft. tome I, p. 127, cumicon. ) a tenté d’élever sous ce nom , au rang de gen¬ re , une esp. que tous ses caractères rejet¬ tent dans le g. Chœtospora. ( Voy . ce mot. ) Une seule espèce, que l’auteur nomme A. Fridericœ , composait le g. Anlialtia , qui n’a pas été adopté. (C. M.) *ANIIAMMUS. ins. — G. de Coléoptè¬ res tétram., famille des Longicornes, établi par M. Dupont , et adopté par M. Dejean, qui, dans son dernier Catalogue , le place à côté du g. Monohammus de Megerle, qui ap¬ partient à la tribu des Lamiaires de M. Ser- ville. — Ce g., dont les caract. n’ont pas été publiés , ne renferme qu’une seule esp. , de Java, nommée par M. Dejean A. conspersus. D’après l’examen que nous avons fait de cet¬ te esp. , les caract. principaux qui la sépa¬ rent du g. Monohammus sont : Point d’é¬ pines latérales au corselet. Présternum très avancé. Yeux obi ongs. Angles huméraux très aigus. (D.) *AATHEBECARPEA( à priv.; v euph.; duvet [de puberté] ; fruit ). bot. ph. — Division du g. Felicia, Cass, de la famille des Synanthérées-Astéroïdées , for¬ mée par M. De Candolle ( Prodr v. 221), et caractérisée par des akènes très glabres. (C. L.) *ANH5IVGA. Plotus [Anhinga, nom brésilien de ces oiseaux, selon Marcgrave; Plotus ou Plautus , en latin pied plat, em¬ ployé primitivement par Klein pour une fa¬ mille de Palmipèdes, et appliqué par Linné aux Anhingas). ois. — Ce g. , de l’ordre des Palmipèdes de Cuvier et de sa famille des Totipalmes, fait partie de notre famille des Pélécanidées, syn. de ces derniers , et de notre s. -famille des Plotinées. Les caract. en sont* Bec plus long que la tête, très droit, grêle, très fendu et très aigu, à bords rentrants et 510 AN H AN H finement denticulés vers Sa pointe; narines peu visibles, situées, au bord du Iront, dans une rainure linéaire. Tête petite et grêle, cou extrêmement long et mince. Tarses très courts, mais robustes ; doigts intermédiaires et externes égaux; tous, ainsi que le pouce, engagés dans une membrane; ongles robus¬ tes, recourbés et acérés, l’intermédiaire pec- tiné à son bord interne. Ailes allongées. Queue très longue, arrondie, formée de 12 pennes singulièrement raides , les médianes surtout, qui, ainsi que leurs tiges, sont tra¬ versées de stries profondes en forme de can¬ nelures. Ces Oiseaux sont piscivores et excellents nageurs et plongeurs, quoiqu’en même temps percheurs. Leur conformation particu¬ lière concourt parfaitement à leur rendre plus faciles ces deux genres de locomotion. Leurs tarses courts, mais très robustes et dé¬ jetés en arrière; leurs larges pieds totipal- més, et leur queue à pennes longues et rai¬ des faisant l’office de gouvernail, leur ser¬ vent merveilleusement non seulement à plonger, mais à nager et à se diriger rapide¬ ment sous l’eau, lorsqu’ils y poursuivent leur proie. La longueur de leur cou semble¬ rait seule un obstacle à cette marche rapide et sous-riveraine ; mais , dans cette circon¬ stance, ils le tiennent raide et tendu; de plus, leur bec et leur tête effilée, qui le précè¬ dent, en font une sorte de flèche susceptible de fendre l’eau avec la plus grande facilité. Nous ne doutons pas que ce cou ne soit doué d’une grande énergie musculaire et que ses vertèbres n’offrent de fortes apophy¬ ses pour l’attache des muscles , comme on peut le remarquer chez les Plongeons, les Grèbes, excellents plongeurs et nageurs comme eux, et possédant la même faculté de natation sous-marine et sous-riveraine. D’après cette organisation particulière , les Anhingas, naturellement méfiants, plon¬ gent dès qu’ils éprouvent la moindre frayeur et ne reparaissent le plus souvent qu’à une grande distance ; encore ne mettent-ils que leur tête hors de l’eau pour respirer un in¬ stant et nagent souvent dans cette position. Quoique Palmipèdes, ils se perchent, com¬ me tous les Totipalmes , sur les arbres qui bordent les rivages , y passent la nuit et y nichent. C’est sur les eaux douces et les sa¬ vanes noyées des régions les plus méridio¬ nales des deux mondes que les Anhingas \i- vent habituellement. Ils y poursuivent les poissons qui font leur nourriture. Quand ils en ont saisi quelqu’un , ils l’avalent tout en¬ tier s’il est petit, et sans sortir de l’eau ; mais s’il est trop gros, ils l’emportent sur un rocher ou sur un tronc d’arbre, où ils le dépècent à l’aide de leur bec et de leurs on¬ gles crochus. Jusqu’ici l’on n’a encore bien constaté que deux espèces d’Anhingas : l’u¬ ne africaine, c’est, YAnhinga , Levaillant (Pla- tus Levaillantii, Enl. 107 ; Terri. Col. 587), noir depuis la poitrine jusqu’à la queue, avec la tête, le cou et les couvertures alai- res, d’un roux doré, et une bande blancne descendant de chaque côté depuis l’œil jus¬ qu’à moitié du cou ; l’autre américaine , c’est YAnhinga à ventre noir ( Plotus mela- nogaster, Enl. 959 et 960; Vieillot, Gai. , pl. 278; et Wilson, pl. 74, 1, 2). Le mâle, dont nous nous sommes procuré un indivi¬ du adulte et en livrée de noces, est alors tout noir, à reflets vert-bouteille, et porte sur la tête une huppe de plumes effilées re¬ tombant en arrière, et qui , réunies à celles du dessus du cou , également allongées , lui forment une sorte de crinière très remarqua¬ ble. Les variations assez nombreuses qu’é¬ prouve le plumage de ces oiseaux suivant les mues et la différence des sexes en ont fait multiplier à tort le nombre des espèces. ( Lafr. ) * A1V1IISTE. Anhistus. (àpriv.; Iços , toile, tissu), bot. cr. — Quelques auteurs se servent de cet adjectif pour caractériser certains organes des végétaux, dans lesquels on n’observe, au plus fort grossissement du microscope composé , aucune structure cel¬ lulaire. De ce nombre sont les tubes exté¬ rieurs des Conferves , et , en général , des Algues filamenteuses articulées. (G. M.) * ANHYDRE. Anhydrus (avufyos, qui manque d’eau). Epithète donnée à tout corps qu’on soupçonne d’être privé d’eau. (C. D’O.) * ANHYDRÏTE (avud/sos, qui manque d’eau), géol. — M. Cordier ( Classification des Hoches ) a donné ce nom à une esp. de sa famille des Roches à base de sulfate de chaux. — L’Anhydrite est formée de chaux et d’a¬ cide sulfurique, et ne contient par censé- ANH 51 I * quent pas d’eau de composition. Elle se présente tantôt à l’état grenu , tantôt à l’état compacte , et quelquefois avec ces deux sortes de contexture. Elle est ordinai¬ rement blanche , bleuâtre , ou même rou¬ geâtre, et, dans ce dernier cas, elle doit sa couleur au protoxyde de fer; quelquefois el¬ le est noirâtre ou grise par suite de la pré¬ sence de quelques matières bitumineuses. On trouve aussi, mais très rarement , le sou¬ fre, disséminé en parties très ténues dans l’Anhydrite. Il peut arriver alors que la ro¬ che prenne une teinte citrine, et donne une odeur sulfureuse par la calcination. Indépendamment des minéraux que nous venons de citer comme se trouvant dissémi¬ nés accidentellement en parties impalpables dans cette roche, on peut y rencontrer des grains plus ou moins distincts , savoir : 1° de Carbonate de fer, 2° de Pyrite ordi¬ naire, 3° de Boracite (borate de magnésie) toujours cristallisé, 4° de Chlorure de so¬ dium (sel commun) , quelquefois assez abon¬ dant pour y être exploité , par dissolution , comme à Bex , en Suisse. L’Anhydrite , con¬ sidérée en grandes masses , contient presque toujours quelques parties sédimentaires, mê¬ me celle des terrains les plus anciens. Dans les terrains primordiaux , elle ne renferme guère que les minéraux accessoires de la do¬ lomie, tels que le Mica, le Talc, l’Amphibole grammatite, et des cristaux de carbonate de chaux magnésifère. Dans les terrains subsé¬ quents , elle peut contenir du Quartz et du Mica. Cette roche, qu’on croyait jadis restreinte à l’étage des grès bigarrés, figure, ainsi que nous venons de le dire , dans quelques ter¬ rains primordiaux, dans tous les étages de la période salino-magnésienne , et dans ceux de la période crayeuse. Il est probable que , dans beaucoup de cas, elle doit sa formation à une épigénie qui s’est exercée plus ou moins pro¬ fondément sur des masses calcaires par l’ac¬ tion de vapeurs sulfureuses , qui ont trans¬ formé le carbonate de chaux en sulfate anhy¬ dre. Cette opinion est justifiée par la pré¬ sence des fragments de la roche originaire qu’on trouve dans les amas d’Anhydrite de diverses localités; dans les autres cas, elle paraît s’être formée de toutes pièces à la manière des roches de sel gemme. L’Anhydrite est susceptible de s’hydrater ANI à la longue ; alors elle se désagrège, devient spongieuse , augmente de volume , et finit par se convertir en gypse proprement dit. (C. D’O.) { ANIIYDRITE (uvvfyo;, sans eau). min. — Nom donné par Werner au sulfate- de chaux anhydre ou sans eau , autrement dit Karsténite. Voy. sulfates. (Del.) ANI. Crotophaga ( ani , nom ver¬ naculaire; //îoVwv , tique, vermine; ç>«yos, mangeur ). ois. — G. de l’ordre des Grim¬ peurs de Cuvier, et des Zygodactyles de Vieil¬ lot et de Temminck , faisant partie de notre famille desCuculidées et de notre s.-famille desCrotophaginées. Les caract. en sont : Bec très élevé et très arqué supérieurement, très comprimé, et formant une carène arquée et très mince, souvent ridée sur ses côtés, et s’avançant par derrière entre les plumes du front. Narines de forme ovalaire , placées près de la base du bec , vers le milieu de la mandibule. Ailes faibles, à rémiges courtes , sub-obtuses. Tarses médiocres, à larges scu- telles; doigts minces, terminés par des on¬ gles faibles. Queue longue, étagée. Ces Oiseaux, particuliers au nouveau mon¬ de , sont d’un naturel très familier et émi¬ nemment sociable. Ils vivent en troupes plus ou moins nombreuses , et se tiennent ordinairement hors des grands bois , dans les savanes plantées de buissons , ou au mi¬ lieu des palétuviers des marécages. Ce qu’ils offrent de plus remarquable dans leurs mœurs est leur nidification. Ils travaillent en com¬ mun à la construction d’un nid assez grand pour que plusieurs femelles puissent y pon¬ dre et y couver ensemble ; à peine une très légère cloison les sépare-t-elle l’une de l’au¬ tre , et souvent les œufs se trouvent mêlés et couvés par une seule , lorsque les autres sont à chercher leur nourriture. Toutes les esp. ont la même coloration de plumage , un noir intense , avec la plupart des plumes bordées de vert ou de bleu luisant. On n’en a connu long-temps que deux espèces, l’Ani des palétuviers ( Crotophaga major, Lin., Enl., 1012-1 ) , et l’Ani des savanes ( Croto¬ phaga Ani Enl. , 102-2, et Vieillot, Gai., pl. 45). Depuis , M. Lesson en a publié une troisième esp., dans son Traité et dans sa Cent, zool., pl. 9, sous le nom d’Ani de Lascasas ( Crot . Casasü ) , que M. Swainson a prétendu être le même que son Croiopho • 51 2 AM « AM ga sulcirostra , publié antérieurement dans son Synopsis ofMexican Birds. Ce dernier auteur en a encore décrit deux autres dans la 5e partie de sa Classification, sous le nom de Crot. rugirostra et de Crot. semisulcata, •toutes deux de l’Amérique méridionale. Vieillot a rangé parmi les Anis , sous le nom d ’im Guira cantara {Crot. Piririgua, Gai., pl. 44), un Oiseau du Paraguay et du Brésil qui, d’après les couleurs de son plu¬ mage et la forme de son bec , semblerait mieux placé avec les Coucous , mais qui réu¬ nit les habitudes toutes exceptionnelles de nidification et d’incubation en commun des Anis, et qui, d’après Azara, s’associe môme à eux pour nicher et couver sur le même ar¬ bre. M. Lesson , dans son Traité , a fait de cet oiseau une division de ses Coucous , sous le nom de Guira. Ces habitudes toutes particulières , et qui ne se retrouvent chez aucune autre esp. de Coucou, nous engagent à adopter cette dé¬ nomination de Guira donnée par M. Lesson : mais nous en formerons un s.-g. du g. 4m; la conformité de leurs mœurs nous parais¬ sant , dans cette circonstance , assez déter¬ minante pour un tel rapprochement. Ainsi notre g. Ani(Crotophaga ) renferme¬ ra le s.-g. Guira Less., formé d’une seule esp., le Guira piririgua Nob. ( Piririgua Aza¬ ra, Crotophag a piririgua Vieill. , Gai. , pl. 44) , à bec rougeâtre, ayant un plumage mé¬ langé de roux , de flammettes brunes sur un fond blanc , une huppe de plumes étroites , pointues, rousses au sommet , blanchâtres à la base; des ailes brunes, variées de brun et de blanc; la queue blanche en dessous , tra¬ versée au milieu d’une très large barre noi¬ re, et les tarses jaunes; du Brésil et du Para¬ guay. (Lafr.) ANIA (avt'a, chagrin ?). bot. pu. — G. de la famille des Orchidacées, tribu des Epi- dendrées, créé par Bindley {Orchid. 129), qui lui assigne les caractères suivants : La- cinies du périgone linéaires-lancéolées , é- gales , conniventes ; les extérieures sembla¬ bles. Labelle trilobé, plan, lamellé au milieu, conné avec la base du gynostème , qui se prolonge quelquefois en éperon ou en capu¬ chon. Gynostème dressé, allongé, ailé. An¬ thère 6-8-loculaire. Pollinies 8, égales, ou les alternes plus petites. — Les espèces peu nombreuses de ce g. appartiennent à l’Inde , et sont épiphytes , à rhizome rampant ; à feuilles plissées , membranacées , solitaires ; à scapes multiflores. (C. L.) * ANIARA {àvixpôç, triste), ms. — G. de Coléoptères hétéromères , famille des Taxicornes, établi parM. Dejean, mais dont il n’a pas publié les caract. D’après la place qu’il occupe dans son dernier Catalogue , il appartiendrait à la tribu des Diapériales de Latreille. Il y rapporte 7 esp. , toutes exoti¬ ques , et chacune d’une contrée différente. Nous citerons comme type celle que M. Bu- quet a nommée A. dorsalis , et que nous a- vons vue dans sa collection. Elle se rappro¬ che beaucoup, pour la forme, de VUloma culinaris Fabr. La tête et le corselet sont noirs ; les élytres rougeâtres, avec une gran¬ de tache noire elliptique sur la suture ; les antennes et les pattes rougeâtres. Cette espè¬ ce est de Java. (D.) ANIBA. Cedrota , Schreb. (nom verna¬ culaire ). bot. ph. — G. formé par Aublet [Guy an., t. 126) sur un arbre de la Guyane, et ainsi incomplètement caractérisé : Cal. sex- parti, à segments obtus, concaves. Étam. 8 , hypogynes, à filaments courts , à anth. ovales. Un seul style. Ovaire ceint d’u¬ ne glandule. Un style court, à stigm. obtus. Fruit.... ? Feuilles opposées ou verticillées. Fleurs petites , en grappes. Bois citrin , aro¬ matique , appelé , dans le pays , bois de cè¬ dre. — Les botanistes sont d’accord pour re¬ garder cet arbre comme une espèce indéter¬ minée du g. Laurus . Voy. ce mot. (C. L.) * ANIBE. Anideus {à priv.; sccToç , siJ'sx , rJ 'ex, forme , espèce ). térat. — Genre de Monstres unitaires, type de la famille des Anidiens. Voy. ce mot. (I. G. S. II.) * ANIDIENS. Anidœi. {Voy. anide.) térat. — Cette famille, que nous avons fious-même récemment établie {Voy. Hist. gén. des Anomalies, t. II, 528) , ne comprend qu’un seul g., composé d’un très petit nombre de cas ; et elle est jusqu’à présent fort impar¬ faitement connue. L’excessive simplicité de l’organisation des Anidiens les place tout à fait au bas de la série des Monstres unitaires omphalosites ; c’est non seulement le der¬ nier terme connu parmi les Monstres de cet ordre, mais presque le dernier terme que l’on puisse concevoir comme possible. Qu’on se figure un sac de forme ovoïde ou globu- ANI ANI leux, mais toujours mal symétrique, tantôt nu et tantôt velu , ne renfermant aucun vis¬ cère distinct ,pas même de canal intestinal, mais seulement du tissu cellulaire, de la graisse, quelques branches vasculaires, et tout au plus quelques osselets informes : tel est le corps d’un Anidien , réduit ainsi à une sorte de bourse cutanée dont on aurait pei¬ ne à déterminer la nature, sans ses con¬ nexions avec le cordon ombilical , à l’extré- jmité duquel on la trouve suspendue. De là , un caractère très remarquable et exclusive¬ ment propre à ce groupe , au moins par rap¬ port à tous ceux qui le précèdent : c’est l’absence de toute forme spécifique. Chez tous les Monstres unitaires autosites sans exception, chez tous les autres Omphalosi- tes , c’est-à-dire chez les Paracéphaliens et les Acéphaliens, il est toujours facile de déter¬ miner à quelle espèce zoologique appartient l’être anomal que l’on examine. Parmi les Anidiens, cette détermination est impossi¬ ble , au moins sans une analyse anatomique très délicate, puisque le corps n’est plus qu’un sac ovoïde ou globuleux , sans appen¬ dices comme sans caractères spéciaux de forme. Le genre Anide, type de cette famille, a été établi seulement en 1832 par Gurlt ( Voyez Lehrbuth der path. Anat. der Haus-Sœugeth. , partie II , page 13 ) sous le nom inadmissible d \imorphus; mais on connaissait déjà depuis long-temps deux exemples de la même monstruosité. L’illu¬ stre Ruysch avait figuré, il y a un siècle, dans ses Trésors anatomiques , un Anide né d’une vache, et un cas analogue chez l’hom¬ me avait été décrit il y a cinquante ans en Angleterre par le docteur Bland. Mais ce type organique , qui caractérise le singulier genre des Anides, et dont ni Ruysch ni Bland n’avaient saisi les conditions , avait été laissé dans un oubli complet , et c’est à Gurlt que l’on doit d’avoir reconnu dans les Anides de véritables monstres, plus sim¬ ples seulement que les autres , et notam¬ ment que les Acéphaliens, dont, comme nous l’avons montré, ils sont d’ailleurs voi¬ sins à quelques égards. Aux deux cas déjà connus, Gurlt a eu en outre le mérite d’en ajouter deux autres , fournis , comme celui de Ruysch, par l’espèce bovine. Nous ne doutons pas que, l’attention se trouvant t. T. 513 ainsi fixée sur ce groupe physiologique si remarquable , son histoire ne s’enrichisse promptement de nouveaux faits , et que bientôt la famille des Anidiens ne com¬ prenne un plus grand nombre de cas, dont quelques uns pourront devenir les types de nouveaux genres. (I. G. S. II.) * AMDIUM, Neck. (corruption et dimin. (Vanisum, anis). bot. pu. — Syn. du g. Bifora , Holîm.; de la famille des Ombellifè- res. (Sp.) *AMDRUM, DC. Prodr. est une erreur typogr. pour Anidium.Voyez ce mot. (Sp.) ANIGOSANTHXJS, Labill.; Anigozia, Salisb. ; Anœgosanthus , Reich. ; Schwœ- grichenia, Spr. (àvor/w, je développe; uvOoç, fleur), bot. ph. — G. de la famille des Hé- modoracées, créé par Labillardière ( Voyag ., t. I, 441, t. 22, Aon. IIoll. , II, 119) et dont voici les caractères essentiels : Périgone co- rollacé, laineux en dehors ; tube allongé, conné avec l’ovaire à la base, puis décidu. Limbe sexfide. Lacinies presque égales, uni¬ latérales supérieurement. Etam. 6 , ascen¬ dantes , insérées à la gorge du périgone. Fi¬ laments filiformes. Loges des anthères ad- nées à un connectif en avant. Ovaire 3-lo- culaire ; ovules nombreux insérés sur des placentas saillants , dans l’angle central des loges... Style filiforme. Stigmate simple. Caps, infère, 3-loculaire, subglobuleuse, lo- culicide-trivalve au sommet ; graines nom¬ breuses. — Ce genre, qui a besoin d’être encore étudié, renferme cinq ou six espèces, presque toutes cultivées , pour la singularité de leur inflorescence, dans les serres d’Eu¬ rope. Elles sont indigènes dans la partie australe de la Nouvelle-Hollande ; ce sont des plantes herbacées, vivaces, persistantes, à racines fibreuses , fasciculées , épaisses ; à tige simple ou ramifiée au sommet, Iaineuse- velue, garnie de feuilles ensiformes, à lame inverse , semi-vaginantes à la base ; fleurs grandes, remarquables, disposées en une sor¬ te de corymbe formé d’épis courts et garnis de bractées oppositiflores. Périgone laineux en dehors. Poils colorés, ramifiés. — L’esp. la plus remarquable du g. est VA. coccineus de Paxton. (C. L.) A AIL ou AMR. bot. ph. — Synon. , dans les Antilles, de V Indigo fer a tinctoria L. §. (C. L.) AM LOCRE. Anilocra. cïujst. — 33 514 AIS l AN1 Leach désigne sons ce nom un g. de l’ordre des Isopodes , famille des Cymothoadés, dont les caractères peuvent être exprimés ainsi: Yeux granulés, convexes, écartés. Cô¬ tés des derniers articles de l’abdomen presque involutés ; le dernier article plus étroit à son extrémité. Pattes d’égale grosseur. Lames ;des appendices ventraux postérieurs inéga¬ les, allongées ; les extérieures plus longues que les internes.— Ce g. renferme trois es¬ pèces, dont une a été dédiée à Cuvier, et se trouve dans la mer de l’île d’Iviça ; les autres habitent la Méditerranée et les mers du cap de Bonne-Espérance. (H. L.) ANIMAL. — Le mot animal exprime , dans la langue française comme dans la lan¬ gue latine , un être doué d’un principe de sentiment et de mouvement, que les Latins appelaient anima , du grec «ve^os, qui si¬ gnifie air, vent, souffle de l’air. C’est que respirer , pour les peuples qui ont créé le moi animal y était le premier caractère de la vie. Cesser de vivre était rendre , par la dernière expiration , le principe de la vie , animam efflare. La distinction nominale la¬ tine et française des animaux a donc été prise d’abord du phénomène de la respira¬ tion aérienne; aussi l’adjectif animalis, dérivé d’animal, voulait-il dire , chez les Romains , non seulement qui respire , mais encore qui a vie , et , ce qui était pour eux la même chose, qui est animé. Ces idées sur la vie étaient d’ailleurs con¬ formes à celles des Grecs , chez lesquels les mots Çwov, animal, et Çwq, vie, ne différaient que par la terminaison et par le genre. Ainsi l’idée la plus simple qu’on s’est faite d’abord d’un animal était celle d’un être qui respire. Plus tard , cette idée s’est com¬ plétée par celle d’un être ayant en lui un principe d’activité qui le rend susceptible de recevoir les impressions du monde exté¬ rieur, d’en être excité ou affaibli; puis un autre principe d’activité qui lui donne la faculté de se mouvoir ou d’agir sur ce mê¬ me monde. Enfin on s’est élevé à un princi¬ pe supérieur d’activité, auquel les deux au¬ tres sont subordonnés , au moi , qui a la fa¬ culté de percevoir ces impressions , auquel elles deviennent sensibles, et qui produisent en lui un sentiment de plaisir ou de peine , des désirs ou des aversions; et, par suite, la volonté d’agir, dont il a la puissance au moyen de ses organes du mouvement. On a cru pouvoir ajouter encore à ces ca¬ ractères facultatifs un caractère d’organisa¬ tion et de fonction , celui d’être pourvu d’u¬ ne poche intéiieure, ayant son entrée (la bouche ) à la surface du corps , pour rece¬ voir du dehors les substances alimentaires et les digérer ; mais nous verrons bientôt que ce caractère n’est pas absolu , et qu’il manque à quelques uns des animaux les plus simples. La science n’a réuni que depuis peu d’an¬ nées tous les êtres vivants , les végétaux et les animaux , en un seul groupe , celui des êtres organisés , pour les opposer, dans une étude commune, aux êtres privés de la vie , aux êtres inorganiques. Cependant Linné, dans la lre édit, du Sys- tema Naturce , qui date de plus d’un siècle ( 23 juillet 1725 ), définissait déjà les végé¬ taux des êtres naturels qui croissent et vi¬ vent , et il les distinguait des minéraux par ce dernier caractère , qu’il retrouvait dans les animaux , jouissant , de plus que les vé¬ gétaux , de la sensibilité : Lapides cres- cunt. Yegetabilia crescunt et vivant. ànimalia crescunt, vivant et sentiunt. Après plus d’un demi-siècle, Gmelin, dans une édition du même ouvrage, ajoutait au caractère d’être vivant, donné par Linné aux végétaux et aux animaux , celui d’être or¬ ganisé , et à celui de sentir , par lequel les animaux se distinguent , suivant Linné , des végétaux, celui de se mouvoir spontané¬ ment : Lapides, corpora congesta. Vege- tabilia , corpora organisata et viva , non sentientia. Animalia , corpora organisata et viva, sentientia , sponteque se moventia. Mais il y avait encore , dans ces trois divi¬ sions des êtres de la nature , dont les princi¬ paux caractères distinctifs étaient sans dou¬ te bien indiqués , le défaut capital , à notre avis du moins , de ne pas les grouper d’après le degré d’importance de leurs principaux caractères différentiels et de ressemblances. Il fallait opposer d’abord tous les êtres organisés, ou doués de vie, aux êtres in¬ organiques. C’est surtout au célèbre Bonnet que l’on doit de s’être arrêté à cette importante con¬ sidération de l’organisation , et d’avoir étu - dié tous les êtres qui en jouissent, du moins sous le point de vue de leur propagation. AM AM 515 g 1. — Caractères généraux de l’organisation. Les corps organisés ont principalement, et en premier lieu, le caractère de V indivi¬ dualité. Il résulte d’une forme propre, bien circonscrite, qui distingue l’être individuel de tout ce qui l’entoure , qui le limite dans l’espace, qui le sépare des autres êtres orga¬ nisés et de l’être compliqué dont se compo¬ se le monde inorganique. Elle suppose des forces indépendantes qui agissent en lui, pour lui conserver cette forme particulière, ou pour la modifier, toujours d’une manière ca¬ ractéristique, aux différentes phases de son existence. Cet être individuel est un petit monde , qui ne se distingue pas seulement par sa forme et par son volume ; mais encore par sa composition chimique et par sa composition organique , c’est-à-dire par la nature et par les différents arrangements de ses molécules constituantes. C’est un centre d’attraction et de répulsion , qui prend et rejette autour de lui les matériaux qui doivent entrer et s’user dans la composition de ses organes. C’est un tout, dont les parties sont d’autant plus dépendantes de l’ensemble, qu’elles 6ont plus nombreuses et plus compliquées. C’est une machine (1 ''organisme) dont les rouages (les organes) sont admirablement arrangés pour produire la succession des phénomènes qui constituent et caractérisent la vie individuelle. Tous ces caractères d’individualité distin¬ guent le corps organisé et vivant du corps brut ou inorganique, dont l’individualité est beaucoup plus difficile à saisir. Pour les uns , l’individualité minérale existe dans la molécule intégrante , composée d’un groupe d’atomes de même nature ( les corps simples) ou de nature différente (les corps composés ), affectant une forme déter¬ minée. Pour les autres, l’individualité miné¬ rale ne se montre que dans les agrégats réguliers de ces mêmes molécules intégran¬ tes dont se composent les cristaux. Le repos , la permanence de la forme, de l’agrégation des atomes, qui constituent la molécule intégrante , ou de l’agrégation des molécules intégrantes qui constituent le cris¬ tal , caractérisent, dans l’une et l’autre sup¬ position, l’individualité minérale, dont la du¬ rée est indéfinie, une fois qu’elle a été con¬ stituée; elle ne peut être détruite quo par une force extérieure étrangère . dont l’é¬ nergie viendrait surmonter celle qui main¬ tient réunis, dans l’état de repos, les atomes de la molécule intégrante ou les molécules intégrantes du cristal. Les vicissitudes successives de forme , de volume, de compositions chimique et orga¬ nique, de phénomènes, qui manifestent et distinguent le mouvement vital dans chaque individualité organique ; qui limitent son existence, comme elles la caractérisent ; tous ces changements, et leur succession régu¬ lière , établissent , au contraire , de la ma¬ nière la plus évidente une séparation tran¬ chée entre le monde organique et le monde inorganique. Nous n’avons pas besoin de pousser plus loin notre comparaison pour en conclure qu’il n’y a pas de passage gradué et insensi¬ ble de l’un à l’autre ; que l’échelle des êtres est une hypothèse insoutenable , et que les êtres naturels , étudiés sous ce premier et grand point de vue , se séparent et se clas¬ sent en deux grandes séries bien caractéri¬ sées, celle des corps inorganiques et celle des corps organisés. Les corps organisés ( Voy. ces mots ) composent le règne organique, le règne de la vie individuelle, et l’autre le règne inorga¬ nique, le règne de la vie générale. g 2. — Les corps organisés se divisent en végétaux et animaux. Ce dernier peut se subdiviser de même , mais d’une manière beaucoup moins tran¬ chée , en deux autres séries, celle des végé¬ taux et celle des animaux , formant en¬ semble deux règnes subordonnés au grand règne organique. Nous venons de faire connaître les ani¬ maux par leurs caractères les plus généraux, ceux qu’ils partagent avec les végétaux, comme corps organisés et doués de la vie , et qui se distinguent les uns elles autres des corps bruts ou inorganiques. Pour compléter l’idée que nous devons nous faire d’un animal quelconque , il nous reste à exposer , avec quelques détails , les caractères qui le distinguent plus ou moins 516 ANI ANI d’un individu végétal. Ces caractères sont matériels et dynamiques ou phénoménîques. g 5. — Composition chimique. La composition chimique différentielle en¬ tre l’organisme végétal et l’organisme ani¬ mal tient sans doute à la prédominance du carbone dans le premier, et à la grande proportion relative de l’azote dans ce dernier. Le tissu cellulaire végétal a généralement une composition chimique isomère avec l’a¬ midon, et le ligneux qui se dépose dans ce tissu et le durcit se compose d’un dixième en sus de charbon, ou de 0,54, au lieu de 0,44. (D’après M. Payen. Voy. les comptes- rendus de l’Académie des sciences pour 1859, n° 2, p. 51.) Mais ce tissu n’est pas dépourvu d’azote , surtout dans les graines ( ibid . p. 60) ou dans les organes naissants. Le cambium même en renfermerait. {Ibid. — Premier sémestre de 1838, p. 152.) Cependant l’organisme animal est généra¬ lement plus azoté. Remarquons d’ailleurs que , quand il se durcit , c’est surtout en se pénétrant de matières salines ( de sels cal¬ caires) étrangères à sa constitution primi¬ tive ; tandis que le ligneux qui solidifie le tissu végétal appartient essentiellement à son organisme, et le caractérise tellement , qu’il semble que le dernier but de la végé¬ tation est d’en surcharger cet organisme, et de lui donner la rigidité qui finit toujours par le caractériser. g 4. — Éléments organiques. Les éléments organiques des végétaux sont les différents sucs celluleux ou les différen¬ tes sèves qui se meuvent dans ce tissu végé¬ tal , pour leur propre élaboration, ou pour la nutrition et pour les sécrétions. Ces sucs, ou ces sèves en mouvement, composent les li¬ quides nourriciers en usage. Il faut y com¬ prendre le cambium, liquide ou demi-fluide nourricier en mouvement d’assimilation, ou s’organisant. La fécule ou les grains d’amidon , soit purs , soit enveloppés de chlorophylle, si gé¬ néralement répandus dans les tissus végé¬ taux ; la fécule, dis-je , est un élément orga¬ nique solide, une substance nourricière en réserve , que le mouvement vital dissoudra tôt ou tard dans la sève , pour donner à celle-ci les qualités nutritives nécessaires, j Les animaux ont de même des liquides nourriciers, montrant différents degrés d’é¬ laboration, de dépuration, d’organisation; se mouvant dans l’organisme animal , pour y subir la triple action dépuratrice , organi¬ satrice et assimilatrice, de cet organisme. La lymphe, le chyle, le sang veineux, le sang artériel, ce dernier comparable au suc vital des végétaux, composent dans les animaux ce que j’appelle le fluide nourricier en usage. Ils ont, en réserve, les substances huileu¬ ses ou graisseuses renfermées dans les vési¬ cules du tissu cellulaire , et dont les prin¬ cipaux réservoirs sont dans la cavité viscé¬ rale ou sous les téguments. La graisse est donc, pour les animaux, ce que la fécule est pour les végétaux. Le fluide nourricier fait partie essentielle de l’organisme en action : sans lui , point d’activité vitale. Cette activité , suspendue dans la graisse , ne commence que lorsqu’elle a été mélangée à une certaine proportion de liquide , qui transforme la substance nourricière en réserve en un fluide nourri¬ cier en mouvement, et , par suite, en usage. Il est bien remarquable qu’à l’origine du végétal et de l’animal, la substance nourriciè¬ re en réserve , qui doit s’organiser dans le germe pour son premier développement, est à la fois de nature huileuse et albumineuse ( Vendosperme des graines, le vitellus de l’oeuf). Je ne fais qu’indiquer les différents sujets de ce chapitre , qui pourront être dévelop¬ pés aux articles suc celluleux , sève , LATEX , FÉCULE (BOT.) , GRAISSE, HUILE (ZOOL.). J’ajouterai seulement que les liquides nourriciers des végétaux, complètement éla¬ borés, charrient des globules comme ceux des animaux supérieurs ; et que la chloro¬ phylle me paraît avoir une certaine analo¬ gie physiologique avec l’hœmatosine , cette matière colorante du sang rouge. § 5. — Organes élémentaires et systèmes généraux qu’ils composent. L’organisme animal ne se compose , dans * ANI les animaux inférieurs, comme dans les vé¬ gétaux , que du seul organe élémentaire ap¬ pelé celluleux , tissu cellulaire , parce qu’il se montre souvent sous la forme de lames , interceptant des cellules dans leurs divers entrecroisements. Dans d’autres cas, il ne se compose que tde fils plus ou moins rési¬ stants ; dans d’autres cas enfin , ces lames ou ces fils sont à peine solidifiés, et sem¬ blent être le cambium des animaux. C’est le tissu cellulaire qui sépare et qui individualise , pour ainsi dire , dans les or¬ ganismes les plus compliqués, les deux autres organes élémentaires dont nous par¬ lerons tout à l’heure, l’élément nerveux et l’élément musculeux. C’est lui qui forme la trame de tous les organes composés ou concrets ; c’est lui qui les sépare et qui les unit. Comme dans les végétaux , V élément cel¬ luleux est l’organe générateur de toutes les capacités du fluide nourricier. C’est donc aussi à cet organe élémentaire, et aux parois de ces capacités qui en sont essentiellement formées , qu’il faut rapporter toutes les sé¬ crétions, et , en général , la grande fonction de nutrition. Dans les animaux inférieurs , ces capacités ne sont que des cellules , dont les parois sont tellement molles et transparentes , qu’à peine les distingue-t-on, dans beaucoup de cas, du fluide qu’elles renferment. On dirait même que l’une et l’autre ne forment qu’une seule substance homogène, ressemblant à du verre fondu, laquelle, dans ces derniers temps, a été désignée, par M. Dujardin, sous le nom de Sarcode. Dans cet état de simplicité, l’organisme animal se distingue déjà de celui de la plan¬ te , du moins de la plante dont la végéta¬ tion est avancée , par le caractère physique d’une moindre consistance , et par le carac¬ tère phénoménique de l’expansibilité, sans nouvelle addition d’eau ou de toute autre substance du dehors; en troisième lieu, par sa contractilité. Dans les animaux plus compliqués , le tissu cellulaire est l’organe élémentaire principal, et l’élément producteur 1° Des vaisseaux de toute espèce ; 2° Des organes de sécrétions, arrangés en follicules , en capsules , en canaux de toute forme et de toute étendue ; ANI 517 5° Des membranes dermoïdes , muqueu ses, séreuses, fibreuses, élastiques; 4° Des parties dures, de la nature du car¬ tilage ou des os. Chacune de ces parties , comme l’organe élémentaire qui les forme, a, dans l’écono¬ mie animale, un caractère propre qui la dis¬ tingue de l’économie végétale. Le plus général est la souplesse pour cel¬ les qui ne doivent pas prendre la consistan¬ ce osseuse et la contractilité modérée , ou cette faculté de se resserrer qui caractérise cette propriété vitale qu’on appelle tonicité, et qui se manifeste par une plus grande ac¬ tivité vitale de la partie où elle se mani¬ feste. Les vaisseaux des animaux , en particu¬ lier, ont un caractère qui les distingue net¬ tement de ceux des plantes. Ils sont dispo¬ sés en arbre, ayant une partie centrale com¬ posée d’un tronc et d’une souche. Les ra¬ cines amènent et concentrent dans celle- ci, des différentes parties de l’organisme, le fluide nourricier dont elles sont rem¬ plies. Il passe ainsi de la souche dans le tronc, et se répand de celui-ci dans les branches et les rameaux. Tous les vaisseaux de cet arbre commu¬ niquent donc les uns dans les autres , et ces communications sont d’autant plus nombreu¬ ses que les divisions sont plus éloignées du tronc. Il en résulte que toutes les parties d’un même arbre vasculaire sont , jusqu’à un certain point, dépendantes, et qu’elles unis¬ sent de même tous les organes où elles se dis¬ tribuent. C’est pourquoi on donne le nom de système à l’ensemble des vaisseaux du fluide nourricier, dans l’organisme animal. Ce sys¬ tème, lorsqu’il est complet , se compose au moins de deux arbres, arrangés de manière que les derniers ramuscules de l’un se con¬ tinuent avec les premières radicules de l’au¬ tre, et réciproquement. Les communications deviennent si fré¬ quentes dans les vaisseaux intermédiaires des deux arbres, qu’elles forment les mailles nombreuses d’un double réseau de vaisseaux capillaires , origine et aboutissant des raci¬ nes et des ramuscules de chaque arbre , et complétant, dans les animaux supérieurs, le cercle dans lequel le fluide nourricier doit circuler. D’autres arbres vasculaires peuvent être 518 AN1 annexés ou subordonnés a ces deux arbres principaux. Je ne dois pas traiter ici des différences que présente , à cet égard, la série animale ; il me suffit d’indiquer en ce moment ce grand caractère des vaisseaux de l’économie anima¬ le, de communiquer tous les uns dans les au¬ tres, et de former un ensemble , un organe général excitateur de tout l’organisme , par le fluide nourricier qu’il en reçoit et qu’il lui envoie , et qui lie, par là même, toutes les parties de cet organisme. Il centralise et généralise tout à la fois la grande fonction de nutrition à laquelle il préside, et toutes celles qui lui sont subor¬ données. Il en rend les effets plus ou moins dépendants dans toutes les parties de l’orga¬ nisme. ( Voy . notre Appendice aux Leçons d’ Anatomie comparée de G. Cuvier , t. VI, 2e édit.) L’autre organe général qui forme un lien puissant entre toutes les parties de l’orga¬ nisme animal est le système nerveux , le¬ quel préside à toute espèce d’activité vitalê, et plus spécialement à la sensibilité , attri¬ but exclusif de l’animalité. La présence du système nerveux distingue essentiellement de l’organisme végétal l’or¬ ganisme animal qui en est pourvu. A la vé¬ rité , on n’a pu le reconnaître jusqu’ici que dans très peu d’animaux du type des Zoophy - tes. Le genre Linguatule , parmi les Intes¬ tinaux , les Astéries et les Oursins, parmi les Échinodermes , sont les seuls animaux de ce type chez lesquels on soit parvenu à en découvrir des traces incontestables. On croit , à la vérité , pouvoir l’admettre par le raisonnement, et conclure sa présence de cel¬ le des yeux dans un grand nombre d’animal¬ cules ; mais les points colorés que l’on sup¬ pose être les organes de la vision en rem¬ plissent-ils réellement les fonctions ? C’est ce qu’il faudrait démontrer en premier lieu. Au reste , il est à présumer que, chez beaucoup de Zoophytes , sa structure et sa transparence l’empêchent de se dessiner dans le reste de la substance, en apparence homo¬ gène, qui constitue leur corps. Tout système nerveux a ses parties ou sa partie centrale ; ses parties périphériques ou terminales ; et ses parties intermédiaires conductrices , chargées de transmettre son AM activité de la périphérie à un centre, et ré¬ ciproquement. Il se compose, en général , de deux orga¬ nes élémentaires distincts : Les globules, ayant une enveloppe cellu¬ leuse, renfermant un parenchyme granuleux, et un noyau, lequel montre toujours dans un point de sa surface une apparence de noyau plus petit. Ces globules paraissent être l’organe pro¬ ducteur de l’animation vitale. L’autre organe élémentaire nerveux sert de conducteur à cette même animation. Il consiste en filets extrêmement ténus , dont les faisceaux composent les nerfs. Ces filets ont une gaîne celluleuse contenant une pul¬ pe molle, demi-fluide, limpide , transparen¬ te, non granuleuse comme le parenchyme des globules. (Voy. le Mémoire de M. Valen¬ tin, sur la composition du système nerveux , inséré dans les Mémoires de V Académie L. C. des Curieux de la Nature , t. XVIII.) Ces deux organes élémentaires nerveux se trouvent inégalement répartis et agrégés dans les différentes parties de l’organisme , pour en constituer le système nerveux. Dans sa partie périphérique, ou terminale des organes, ce système ne montre que des filets élémentaires ou restés réunis en fais¬ ceaux peu nombreux , se détachant des uns pour se rapprocher des autres, et former des apparences de réseaux irréguliers ; mais ayant pour caractère de se replier toujours sur eux- mêmes, en figurant des anses plus ou moins fermées. Ce même système montre un mélange, une agrégation de globules et de filets, dans ses parties centrales (les ganglions , les principaux cordons nerveux). Ces filets pa¬ raissent repliés sur eux-mêmes à leur origi¬ ne centrale, comme à leur terminaison pé¬ riphérique; de manière que chaque filet, dans toute son étendue , dessine une longue ellipse. Dans sa partie la plus initiale , si je puis m’exprimer ainsi , ou la plus centrale , le système nerveux ne se compose que d’une agglomération de globules producteurs : tel¬ le est la substance grise qui se trouve au centre de la moelle épinière, et à l’extérieur du cerveau et du cervelet, dans les animaux vertébrés. La disposition générale du système nerveux est en rapport évident avec le plan général ANI ANI 519 d’organisation qui constitue chaque type du règne animal; avec l’arrangement des parties qui composent l’organisme de chacun de ces types ; et surtout avec la forme générale qui les caractérise. Cela devait être : ce système , ayant pour fonction de faire irradier de ses centres, ou d’un centre unique, sur chacune des parties de l’organisme, toutes les activi¬ tés vitales résultant de l’influx nerveux ; ou de faire aboutir à ces mêmes centres et d’y faire retentir toutes les impressions du dehors ou du dedans que peuvent recevoir ces mêmes parties ; il devait être arrangé pour cette com¬ munication générale et réciproque d’impul¬ sions motrices , ou d’excitations sensitives ou non sensitives et de simple innervation. L’organisme animal se distingue encore de l’organisme végétal par V organe élémen¬ taire moteur, qui entre dans la composition de tous les muscles, de tous les faisceaux musculeux, de toutes les fibres de même nature, qui jouissent de la contractilité, que j’appellerais volontiers nerveuse , parce qu’elle agit généralement s«us l’influence évidente de l’innervation ; mais qui est plus connue sous le nom d’ irritabilité . La fibre musculaire se compose de filets élémentaires cylindriques, creux ou tubu¬ leux, renfermant une série de globules selon les uns, une pulpe homogène selon les au¬ tres. La gaine de ce tube paraît avoir des stries transversales ou obliques, également distinctes, qui manquent dans certains mus¬ cles et dans certains animaux. Cette gaine est formée de l’élément celluleux. Plusieurs filets élémentaires sont réunis dans une gaine commune de même nature, pour com¬ poser une fibre musculaire. Des fibres mus¬ culaires plus ou moins nombreuses sont réu¬ nies de même dans une gaine commune, pour former des faisceaux graduellement plus compliqués. L’organe élémentaire musculeux est, comme on voit, composé d’un élément con¬ tractile qui le caractérise essentiellement ; élément contenu dans la gaine celluleuse du filet ou du tube élémentaire. Cet organe é- lementaire avait besoin d’être complété dans son organisation par les deux organes élé¬ mentaires précédents. Cela est incontesta¬ ble pour l’élément celluleux. On peut le démontrer encore pour l’élé¬ ment nerveux chez les animaux qui ont des nerfs , la communication libre des filets qui se rendent aux muscles avec les parties cen¬ trales du système nerveux étant indispensa¬ ble pour l’exercice de l’action musculaire. Doit-on supposer que , chez les animaux où les muscles sont évidents et qui nous parais¬ sent privés de nerfs (les Actinies), cette pri¬ vation apparente tienne plutôt à nos moyens imparfaits d’investigation qu’à la réalité ? Si les systèmes nerveux et musculeux dis¬ tinguent et séparent de tout le règne végé¬ tal la plupart des animaux, nous ne pou¬ vons pas ajouter qu’ils caractérisent essen¬ tiellement l’organisme animal. Dans les organismes inférieurs, on ne découvre plus de traces de ganglions médul¬ laires ni de nerfs; on n’y trouve même plus de fibres musculaires bien évidentes. Cepen¬ dant les phénomènes caractéristiques de la vie animale y sont plus ou moins manifestes. A présent que nous connaissons l’organis¬ me animal , comparé à l’organisme végétal , dans sa composition élémentaire, au delà de laquelle nos sens ne peuvent pénétrer, étudions -le dans l’agrégation de ses élé¬ ments, composant des individualités, dont la forme générale est la première circon¬ stance qui frappe notre vue , qui doit attirer notre attention. § 6. — De la forme extérieure générale des organismes. Le caractère le plus général de l’organisa¬ tion ou de l’arrangement moléculaire des êtres vivants , est d’abord dans la forme ex¬ térieure, dont l’élément générateur est tou¬ jours, ainsi que nous l’avons dit, en totalité ou en grande partie , une ligne courbe. Mais déjà, sous ce premier point de vue , l’organisme animal s’éloigne rapidement de l’organisme végétal. Les détails dans lesquels nous allons en¬ trer à cet égard se résument dans la pro¬ position générale suivante, et n’en seront qu’un commentaire : Que la forme, dans les êtres qui jouissent de la vie , est l'expres¬ sion figurative de l'organisme , mis en rap¬ port avec le monde extérieur. En effet , si nous comparons sous ce point de vue un animal à un végétai , nous aurons la certitu¬ de que , dans les deux règnes , la forme n’est que l’expression de ces rapports. 520 ANI ÀNl Dans les animaux , au lieu d’être épanouie, comme dans les végétaux , elle est ramas¬ sée. Au lieu d’être amincie et étalée, afin de multiplier la surface que la quantité de ma¬ tière organisée attribuée à chaque individu¬ alité végétale peut occuper, cette surface est le plus souvent restreinte dans les ani¬ maux par la forme , qui lui donne le moins d’étendue possible. Au lieu de se diviser pour embrasser le plus d’espace, comme le végétal, l’animal montre dans sa forme une tendance à l’uni¬ té, à la concentration. Au lieu de porter au dehors , comme la plante, tous ses organes d’alimentation et de respiration , de fécondation , de fructifi¬ cation ou de propagation par germe libre , l’animal les voile sous ses téguments pro¬ tecteurs , sans que ceux-ci en suivent tou¬ jours les contours, sans qu’ils soient astreints à en revêtir la forme; ou mieux , il les recè¬ le dans des cavités plus ou moins profondes, creusées en dedans de lui. Les substances alimentaires et le fluide respirable y sont introduits à sa volonté. Les germes y reçoi¬ vent leur premier développement, et sou¬ vent leur développement subséquent à la fé¬ condation , dont le principe d’activité pénè¬ tre jusque dans le réduit des ovaires. Ces caractères de la forme animale sont essentiellement en rapport avec les deux at¬ tributs de l’animalité : la locomotilité et la sensibilité. Toute l’économie animale en est d’autant plus modifiée , et sa forme en particulier , que ces facultés y sont plus parfaites , c’est- à-dire plus développées, à la fois, et plus actives. La forme animale ne devait avoir rien d’embarrassant pour le transport d’un lieu dans un autre ; elle devait , au contraire , être disposée pour vaincre les résistances de la pesanteur et du frottement que l’animal éprouve nécessairement et doit surmonter dans ses mouvements variés à la surface du sol ou dans sa profondeur , dans les airs ou dans les eaux. Cette forme , si bien disposée pour toute espèce de progression , devait l’être encore pour recevoir les impressions du monde ex¬ térieur. Elle devait montrer au dehors ces organes des sens extérieurs, faits pour aver¬ tir l’animal de ce qui se passe autour de lui. Cette impressionnabilité , cette excitabi¬ lité extérieure, peut être départie dans tous les téguments, sur toute la surface de l’ani¬ mal, dont elle ne modifie pas autrement la forme. Mais lorsqu’elle devient sensibilité spécia¬ le pour la lumière, dans l’appareil de l’œil ; pour les vibrations des corps sonores , dans l’appareil de l’ouïe ; pour les efllux odorants , pour les corps sapides , dans ceux de l’odorat et du goût ; pour les résistances des surfaces et leur température, dans l’ap¬ pareil du toucher actif ; il en résulte des mo¬ difications de forme très remarquables par la position à la surface du corps, ou plus ou moins rapprochée de cette surface , de ces organes spéciaux des sens externes. La for¬ me même de l’organe du sens interne , où réside le moi , où viennent retentir les im¬ pressions des sens externes , ou du moins la forme de la boîte osseuse qui le renferme dans les animaux les plus parfaits, influe sur cette forme générale, dont nous cherchons à apprécier, à analyser les causes et les rap¬ ports avec tout l’organisme. Cet organisme manifeste donc, dans tou¬ tes les individualités animales, simples et non agrégées, qui jouissent de la locomo¬ tilité, des caractères de forme qui le distin¬ guent d’une manière bien tranchée de l’or¬ ganisme végétal. Mais il existe des animaux composés ou agrégés, privés d’organes des sens spéciaux, chez lesquels on ne peut plus assigner de place déterminée et circonscrite à un orga¬ ne du sens interne; qui ne sont plus revê¬ tus d’organes particuliers de locomotion ; mais dont tout le corps est une substance molle , impressionnable et contractile. Ici la forme se rapproche de celle de la plante, et plus particulièrement de cette partie de la plante où la vie se manifeste par des mou¬ vements , par un reste de motilité plus évi¬ dent : je veux parler de la fleur, et de V hy¬ dre d'eau douce , pour l’animal que je lui compare. La forme de la plante tout entière, avec • ses racines, sa tige, ses rameaux , et même des apparences de fleurs et de fruits ( les feuilles seules sont exceptées), reparaît dans les animaux de la même classe, les Polypes à polypier , qui sont entièrement privés du mouvement progressif. Ils ont des organes ANI ANI 55! de fixité, des racines , mais qui ne parais¬ sent avoir que cette seule fonction de fixer l’animal au sol ou aux corps submergés. La tige est un organe central qui, dépouillé des organes du mouvement, ne s’étend et ne se divise, comme celle de la plante, que pour la nutrition. Les parties de cette a- grégation, qui ressemblent à une fleur com¬ posée , jouissent seules d’une grande mobi¬ lité. Ce sont des organes de préhension, dis¬ posés en rayons autour d’un axe, dans lequel est l’entrée de l’estomac. Chez quelques lins même ( les polypiers flexibles ) , les ovaires apparaissent au dehors, comme les capsules , comme les fruits des vé¬ gétaux. Cette tige bourgeonne , pousse des germes adhérents , qui prennent la forme de l’espèce , dans leur développement ulté¬ rieur. On voit combien encore , dans ce cas ex¬ ceptionnel de la forme animale , les modifi¬ cations de la forme générale se lient à tout l’organisme, et par suite à tout le genre de vie ; elles sont toujours l’expression de cet organisme , mis en rapport avec le monde extérieur. Remarquons que, pour les animaux, cette forme phytoïde , qui devient incompatible avec le mouvement progressif, entraîne la nécessité de vivre dans l’eau ; soit que l’or¬ ganisme animal , privé de moyens de recher¬ cher sa nourriture , n’en eût pas trouvé suf¬ fisamment dans l’air qui l’entoure, et que l’eau, et plus généralement l’eau de la mer, ait pu seule charrier autour de cet être im¬ mobile toutes les molécules nutritives qui lui sont indispensables; soit que l’air eût promptement desséché cette substance ani¬ male, si souple, si molle , si aqueuse , dans laquelle sont probablement fondues et mé¬ langées les parties essentielles des organes élémentaires de nutrition , de motilité et d’excitabilité, sinon de sensibilité (1). v (l) Nous avons donné, depuis plusieurs an¬ nées, dans nos cours, la définition de la forme des corps organisés, qui vient detre expliquée dans le présent paragraphe , et nous avons l’ha¬ bitude de la développer dans une ou plusieurs leçons, afin d’en faire sentir toute la portée, principalement dans ses applications à l’Histoire naturelle classique. L’intérêt du sujet a frappé plusieurs de nos au- § 7. — Des téguments. Après la forme, la circonstance matérielle qui nous frappe le plus, dans l’observation des organismes végétaux ou animaux , ce sont les parties qui les terminent , qui les recouvrent , qui les enveloppent et qui les protègent; je veux parler des téguments. Si nous avons défini la forme Vexpression figurative de V organisme mis en rapport avec le monde extérieur, nous pouvons ap¬ pliquer cette même définition aux téguments, avec cette seule différence, qu'ils sont l’ex¬ pression matérielle de ce même organisme, dans tous ses rapports avec ce qui est hors de lui , ou dans toutes les dispositions qui Ven séparent. En effet , les téguments sont les parties superficielles de l’organisme , qui limitent chaque corps organisé ; qui le séparent du monde extérieur ; qui l’individualisent ; qui le protègent contre les effets nuisibles de tout ce qui l’entoure , et particulièrement du milieu dans lequel il est plongé ; mais qui le mettent aussi en rapport avec ce mi¬ lieu, pour en recevoir l’influence nécessaire à l’entretien de la vie. Ainsi les téguments ont à remplir deux fonctions générales opposées dans leur but. L’une doit séparer l’individu organisé de tout ce qui l’entoure, et le protéger particu¬ lièrement contre l’action désorganisatrice des agents physiques. L’autre a pour effet de le lier, de le met¬ tre plus ou moins en rapport avec ces agents, ou avec les autres corps de la nature, étrangers à l’individualité organique. Ces deux buts fonctionnels , communs à tous les corps organisés , sont subordonnés à des nécessités bien différentes dans les vé¬ gétaux et dans les animaux. Les végétaux puisent leur nourriture, à l’état moléculaire , dans le sol, dans l’air ou diteurs les plus assidus. L’un deux l’a choisi , d’a¬ près notre conseil , pour sa Thèse de zoologie , soutenue devant la Faculté des sciences de Paris, le 5 juin 1840. 11 y traRe , d’après un plan et plu¬ sieurs vues remarquables, de la forme animale considérée dans scs rapports avec l’organisme intérieur. T. I. 522 AM ANI dans l’eau, par toute la surface de leur corps ou par quelques parties de leurs téguments, suivant la simplicité ou l’homogénéité, l’hé¬ térogénéité ou la complication des types or¬ ganiques auxquels ils appartiennent. Ils respirent de même par toute l’étendue de leurs téguments plongés dans l’air ou dans Peau, ou par des organes particuliers qui sont dans l’une ou dans l’autre de ces condi¬ tions physiques, suivant les mêmes différen¬ ces de simplicité ou de complication organi¬ que. Ils produisent au dehors leurs organes de fécondation , et le plus souvent ceux de fructification. Cette double série de rapports fonc¬ tionnels avec les agents physiques modifie partiellement ou universellement la partie superficielle de leur organisme, pour les deux grandes fonctions de la vie végétale , la nu¬ trition et la propagation. Les animaux , pour l’immense majorité , ont leurs principaux organes d’alimentation et de propagation, et même souvent ceux de respiration , retirés dans des cavités inté¬ rieures ; ce qui diminue chez eux , sans les faire disparaître entièrement, le nombre des arrangements superficiels de leur organisme, c’est-à-dire de leurs téguments, pour les fonc¬ tions de nutrition ou de propagation. Mais celles de la sensibilité , dont ils sont exclusivement doués, ont nécessité de gran¬ des modifications dans la peau, qui en est le siège général. D’autres nécessités, qui tiennent à îaloco- motilité , ont fait que leurs téguments sont pourvus d’organes moteurs ( les muscles sous-cutanés ) qui les doublent ; ou qu’ils sont attachés à des leviers durs et raides (les écailles abdominales des serpents , le test des animaux articulés) ; ou bien enfin qu’ils sont munis d’armes offensives ( les ongles , les cornes) plus ou moins puissantes. Mais cette peau sensible et mobile , qui peut encore être en rapport d’absorption et de respiration avec le milieu dans lequel l’animal est plongé , est revêtue de parties insensibles qui modèrent cette sensibilité {les couches d’épiderme , les écailles épider¬ miques des Serpents; les plaques cornées ou osseuses des Crocodiles , des Tortues , des Tatous, etc. ); ou bien elle est implantée de poils (les Mammifères) , on de plumes (les Oiseaux) , ou d’écailles (les Poissons). Elle peut être encore pénétrée ou doublée , ou bien enduite de substances muqueuses , huileuses ou graisseuses , qui la protègent contre l’action dissolvante ou desséchante des agents physiques , et tout l’organisme contre l’action refroidissante ou échauffante de ces mêmes agents. Les differents appareils qui produisent ces parties ou ces substances insensibles qui en¬ trent dans la composition des téguments sont enfouis, pour ainsi dire, dans le derme ou dans le tissu cellulaire sous-jacent, et font de la peau , en général , un organe très important de sécrétion , dont l’activité plus ou moins forte, surexcitée dans les moments de la mue, ébranle et modifie, à cette épo¬ que, celle de tout l’organisme. Toutes ces considérations feront compren¬ dre la justesse de la définition que nous avons donnée des téguments. Elle est applicable, à la lettre, aux végétaux cellulaires comme aux animaux les plus simples. Chez les uns et les autres, les tégu¬ ments ne sont ni de l’écorce proprement dite, ni de la peau, dans l’acception ordinai¬ re de ce mot ; c’est-à-dire un appareil orga¬ nique plus ou moins compliqué, qui serait très distinct de l’organisme intérieur , qu’il recouvre et qu’il protège , et dont on pour¬ rait le séparer facilement. Dans ce double type des organismes inférieurs appartenant aux deux règnes , l’organisme intérieur pa¬ raît se continuer, sans interruption, jusqu’à la surface du corps , et s’y montrer avec de simples modifications; celles qui étaient les plus indispensables pour terminer le corps , pour résister à la fois aux agents physiques et pour en recevoir l’influence vitale. Ici les ressemblances, ou plutôt les analo¬ gies entre les végétaux et les animaux, sont dans la disposition la plus générale des par¬ ties tégumentaires ; mais les différences sont dans la nature même de chaque organisme, qui se montre au dehors , à peu près com¬ me il est constitué dans toute sa profon¬ deur. Les Échinodermes et les Intestinaux ca¬ vitaires ont presque seuls, parmi les ani¬ maux de ce type , une peau bien distincte du reste de l’organisme. Cependant , cette partie superficielle et ter¬ minale qui constitue les téguments des ani- ANI ANI 533 maux inférieurs a sans doute plus de cohé¬ sion , plus de consistance , que les parties sous-jacentes. Elle se garnit d’ailleurs de parties dures de nature cornée ou calcaire. Tel est le bouclier des animalcules ou la coquille polythalame des Rhizopodes. Re¬ marquons, d’ailleurs, que, dans les éponges, toute la substance animale n’est qu’une peau très mince et de la plus faible consistance ; que , dans 1 hydre d’eau douce , ce n’est de même qu’une peau disposée en sac, et cou¬ pée en lanières sur les bords de l’ouverture de ce sac , qui est la bouche de ce singulier animal. Les Polypes à polypier , qui s’agrègent de tant de manières, ont une peau commu¬ ne, sécrétant de sa couche superficielle, in¬ terne ou externe , la matière cornée ou cal¬ caire, qui forme l’écorce (les sertulaires ), ou l’axe ( le corail) du polype. Les petits Poly¬ pes sont comme des bouches entourées d’ap¬ pendices préhensiles, conduisant dans le sac ou le canal alimentaire partiel de cette par¬ tie centrale. Ils forment une extension tégu- inentaire de cette peau commune , laquelle reste molle par ses deux faces, et ne se char¬ ge jamais de matières calcaires. Dans les trois autres types du règne ani¬ mal, les Mollusques, les Articulés et les Ver¬ tébrés, les téguments forment toujours une peau distincte , organe compliqué , dont les parties peuvent avoir une forme, une nature et un développement très variés. Ces diffé¬ rences sont cependant, du moins pour les principales , en rapport avec le reste de l’or¬ ganisme, et caractérisent les types et les classes. Pour compléter l’idée générale que nous cherchons à donner de la nature des ani¬ maux , il nous reste à esquisser les trois grandes fonctions de la vie animale , et les caractères principaux des instruments ou des appareils d’organes qui les mettent en jeu. Voyons d’abord comment les animaux se nourrissent. g 8. — Fonctions et organes de nutrition. Tous les corps organisés ont deux degrés de nutrition : le premier est celui du fluide nourricier, qu’on appelle plus particuliè¬ rement alimentation quand les substances nutritives sont prises hors de l’atmosphère , ou respiration quand elles sont puisées dans le fluide respirable , et absorbées par l’orga¬ ne respirant. Le second degré de nutrition est celui qui assimile les molécules du fluide nourricier aux parties solides de l’organisme , et qui les organise de même ; c’est à cette seconde opération qu’on réserve plus particulière¬ ment le nom de nutrition. L’alimentation des plantes est une simple intussusception , et les voies capillaires de cette introduction des molécules alimentai¬ res sont toujours quelques parties de leurs téguments , ceux des radicelles , modifiés pour cet usage seulement. Ces parties ab¬ sorbent les molécules de toute nature mises en contact avec leurs bouches absorbantes , pourvu qu’elles soient suffisamment dissou¬ tes dans l’eau ; mais elles ne paraissent avoir aucun moyen organique ou chimique d’agir sur ces substances alimentaires , en les atté¬ nuant ou en les dissolvant par des sucs di¬ gestifs , et d’en préparer l’introduction dans l’organisme végétal. C’est le sol qui est chargé de cette opération préliminaire , et c’est la permanence de son contact avec les racines qui le pénètrent , et qui y restent fixées , qui permet l’action lente, mais plus ou moins continue , de l’absorption alimen¬ taire. Dans les animaux, au contraire, dont les mouvements de progression d’un lieu vers un autre auraient été incompatibles avec ce mode de nutrition , qui suppose la fixité , la peau extérieure se replie en elle-même pour former une capacité intérieure , qui reçoit et tient en réserve une provision d’aliments , et les parois de cette cavité exercent sur la masseralimentaire des actions multiples de décomposition ; jusqu’à ce qu’étant suffisam¬ ment préparées, ces molécules, ainsi désa¬ grégées, puissent servir à composer le fluide nutritif réparateur; opération dont est char¬ gée la partie absorbante de ces mêmes pa¬ rois. Cette action digestive des parois du sac ou du canal alimentaire est telltment ca¬ ractéristique de l’organisme animal , que , dans quelques animaux inférieurs qui n’ont ni sac ni canal alimentaire , elle semble s’exercer par leur peau extérieure ou par leurs téguments. 5 24 ANi ANI * Les Rliizostomes et les Eudores , parmi les Méduses ; les Phy sales, parmi les Âoa- lèphes hydrostatiques , n’ont ni estomac ni canal alimentaire. Ces animaux composent et absorbent leur fluide nourricier répara- rateur par les bouches absorbantes de leurs téguments ; mais la surtace de leur corps exhale un liquide caustique, qui produit sur la main qui le touche un sentiment de brûlure. On vient même de constater que , dans les Physales, ce suc est de nature acide. Analogue à celle des sucs digestifs des ani¬ maux supérieurs, cette composition chimi¬ que fait comprendre comment çes ani¬ maux dissolvent ou digèrent une proie qu’ils ont embrassée ou enveloppée par quelques parties de leurs téguments. Ceux-ci agissent sur cette proie, comme la peau de l’estomac ou celle du premier intestin des animaux supé¬ rieurs. Ainsi que nous l’avons signalé , depuis plus de dix années, dans nos Cours de la Fa¬ culté des sciences ( Leçons d’Anat. compar., t. Y , p. 454 et 456 ) , c’est une digestion extérieure, démontrant une nouvelle ana¬ logie entre les deux peaux. On peut en con¬ clure que la digestion est un caractère fonc¬ tionnel plus général de l’animalité que l’exi¬ stence d’un sac ou d’un canal alimentaire , c’est-à-dire d’un organe destiné spéciale¬ ment à l’exercice de la digestion, ou de cette fonction préliminaire de la nutrition dans les animaux. ? Leur nutrition atmosphérique ou leur re¬ spiration est plutôt une dépuration qu’une alimentation. Il existe entre le fluide nourri¬ cier et le fluide respirable un tel échange de principes, que ceux que l’organisme animal verse dans l’atmosphère ne le cèdent pas de beaucoup , en poids, à ceux que l’atmosphère lui abandonne. L’air expiré a été Irouvé moindre d’un quatorzième au plus , et d’un cent vingt-deuxième au moins, de l’air in¬ spiré , dans les animaux des classes supérieu¬ res (Mammifères et Poissons ). On ne pourrait pas en dire autant de la respiration des végétaux, dont la substance prend généralement plus à l’atmosphère qu’elle rife lui rend. Ici la respiration est plus essentiellement une alimentation (1). L’action moléculaire de l’air sur le fluide (1) Voir, entre autres, les belles recherches de M. Boussiugault ( Comptes rendus des séan nourricier, et celle du fluide nourricier sur l’air atmosphérique , qui constitue la respi¬ ration , doit agir à travers les parois des ca¬ pacités qui renferment ce fluide , et les té¬ guments qui recouvrent et protègent tout l’organisme. Les téguments , qui sont en contact immé¬ diat avec le fluide ambiant respirable , sont les organes de respiration les plus naturels , les plus simples. Quelle que soit la quantité de sang qu’ils reçoivent , elle y est soumise à l’action du fluide respirable , toutes les fois que leur structure ne les empêche pas de la ressentir. Les belles expériences de M. Edwards ( Influence des agents physi¬ ques ) l’ont prouvé. Cependant ce contact de la peau avec le Ouide ambiant ne suffit pas pour en faire un organe spécial de respiration. Les téguments remplissant essentiellement les fonctions d’organes protecteurs, devaient être compo¬ sés de parties dures , insensibles , qui dimi¬ nuent leur aptitude à recevoir Faction atmo¬ sphérique. II a donc fallu des modifications organiques particulières, qui font de certai¬ nes parties de la peau des animaux , ou de ses dépendances extérieures ou intérieures , des organes spéciaux de respiration. Les plantes elles-mêmes respirent plus particulièrement par les cavités pneumati¬ ques des feuilles. Les arrangements spéciaux des téguments ou de leurs appendices, pour la respiration, consistent essentiellement dans l’extrême diminution de leur partie protectrice , et dans le nombre et la grande division des capacités qui dirigent successivement une portion plus ou moins considérable du flui¬ de nourricier à la rencontre du fluide respi¬ rable. Toutes les fois que c’est à la surface du corps qu’ont lieu ces dispositions, s’il n’y a pas de couvercle ni de capsule pour conte¬ nir les parties de la peau ainsi modifiées , afin de les préserver contre l’action desséchante de l’air atmosphérique , la respiration est aquatique , l’animal vit plongé dans l’eau. C’est par la même raison que les feuilles des plantes submergées n’ont pas de cavités pneumatiques, ainsi que l’a très bien obser- ces de V Académie des sciences , t. VI, p. 102, 123 et 583), AÎNI 525 vé M. Ad. Rrongniart. ( Mémoire sur la structure des feuilles ; Annales des sc. natur., t. XX.) La quantité de respiration, et son influence vivifiante sur la température des animaux , sur leur activité , sur leur vivacité de senti¬ ment , se mesurent assez exactement , en premier lieu , par les modifications organi¬ ques qui déterminent une respiration aérien¬ ne atmosphérique , ou qui réduisent l’ani¬ mal à ne respirer que la petite quantité d’air contenue dans l’eau. Elles se calculent en¬ suite par celles qui amènent , dans un temps donné , la plus grande quantité de fluide nourricier dans l’organe de respiration, à la rencontre du fluide respirable ( les Mammi¬ fères et les Oiseaux); ou la plus grande quantité de ce dernier fluide à la rencontre du fluide respirant (les Insectes). Nous n’insisterons pas ici sur les différen¬ ces que présentent les organes de respiration dans la série animale. Comparés à ceux des plantes , ils sont généralement plus distincts, mieux séparés, ainsi que leur fonction, des organes d’alimentation proprement dits. Disons encore que les organes de respira¬ tion aquatique sont généralement, et à très peu d’exceptions près, des corps saillants de forme arborescente , tubuleuse ou en la¬ mes ; tandis que ceux de respiration aérien¬ ne sont des poches ou des canaux, prolonge¬ ments intérieurs des téguments, devenus tellement minces et déliés, qu’ils devaient s’enfoncer dans des cavités spécialement des¬ tinées à les protéger contre l’action nuisible des corps extérieurs. Cette disposition rap¬ pelle les cavités pneumatiques des feuilles. Relativement à la nutrition proprement dite, ou au fluide nourricier que les organes s’assimilent , on peut dire qu’en général l’or¬ ganisme reçoit pour cela, dans ses intersti¬ ces, certaine quantité de ce fluide qui sort de ses réservoirs, comme on voit le cam¬ bium des végétaux supérieurs se placer en¬ tre l’écorce et le bois; comme on voit de même les sucs nutritifs s’épancher, chez les animaux, entre les bouts d’os fracturés. Ceux qui transsudent de la surface d’une plaie , en préparent la réunion organique. Dans ces trois exemples, les parties organi¬ sées, essentiellement vasculeuses ou celluleu¬ ses, que le fluide touche, ont sur lui une ac¬ tion plastique qui l’organise à leur manière. ANI C’est ainsi que l’organisation ancienne de¬ vient le moule et la puissance d’une organi¬ sation nouvelle. Quant aux organes des sécrétions, l’ana¬ tomie ne découvre, dans les animaux qui ont des vaisseaux, que des divisions particulières de ceux-ci ; que des enlacements plus ouj moins différents, avec les capacités qui ren¬ ferment le fluide sécrété et le portent hors de l’organe, soit dans des réservoirs parti¬ culiers, soit dans les parties où il est mis immédiatement en usage. Le mystère des sécrétions semble se pas¬ ser en partie dans la structure des membra¬ nes formant les canaux ou les capsules du fluide sécrété, et séparant leur capacité dii sang contenu dans les ramifications vasculai¬ res qui enlacent ces parois. Il y a là , sans doute , une cause qui modifie plus ou moins les affinités chimiques mises en jeu sous l’empire de la vie, et qu’afin d’exprimer ces modifications, nous avons distinguées sous le nom d’ affinités vitales. ( Réflexions sur les corps organisés, etc. , publ. en 1799, Magasin encyclopédique de A. L. Millin. ) § 9. — Organes et fonctions de propagation. Les innombrables individus qui compo¬ sent le Règne organique , n’ayant qu’une existence passagère , auraient bientôt dispa¬ ru , du moins pour la plupart, sans laisser aucune trace de cette existence, s’ils n’é¬ taient remplacés par d’autres individus qui leur succèdent. C’est la fonction des corps organisés, produisant cette suite d’individus de la même espèce , provenant successive¬ ment les uns des autres, que nous appelon s propagation. La propagation est la condition essentielle de la vie de l’espèce; de même que la nu¬ trition est la condition essentielle de la vie des individus. C’est une faculté inhérente aux organis¬ mes, qui paraît d’autant plus étendue que les individus, soit en germe, soit dévelop¬ pés, sont exposés à plus de causes de de¬ struction. Les végétaux la possèdent au plus haut degré, sans doute à cause des condi¬ tions désavantageuses sous le rapport de leur durée auxquelles ils sont soumis par suite de leur immobilité. Les animaux inférieurs , qui vivent immo- 526 AN1 A NI biles , jouissent de la même compensation ; et, comme nous voyons encore cette puis¬ sance de propagation chez ceux qui possèdent la locomotilité, tels que les Hydres, etc., après avoir apprécié sa cause finale dans les premiers , il faut en faire remonter la facul¬ té , chez les uns et les autres , à la simplici¬ té de leur organisation. Plus , en effet , l’organisation est simple , plus elle a de moyens de se reproduire. La multiplication des individus peut se faire par une division spontanée ou acciden¬ telle. Les parties ainsi mutilées ont la facul¬ té de se compléter, en reproduisant celles qui leur manquent. Les Paramécies , les Vorticelles , les Hy¬ dres, les Actinies ? les Planaires , etc., etc. , parmi les Zoophytes; les Naïdes, par¬ mi les Articulés , pouvant ainsi se reprodui¬ re par scissure , sont doués de cette propa¬ gation fissipare. La propagation gemmipare , ou par ger¬ me adhérent, consiste dans l’apparition, sur quelques points de la surface du parent, d’un bouton, dont le développement ulté¬ rieur le fait paraître tôt ou tard sous la mê¬ me forme, avec la même organisation que ce parent. Cette propagation gemmipare est com¬ mune à tous les Zoophytes , susceptibles , comme beaucoup de plantes , de former des agrégations d’individus. J’appelle encore cette sorte de multipli¬ cation propagation par germe adhérent, parce qu’en effet le germe, qui porte le nom de bourgeon , reçoit son développe¬ ment durant sa continuité avec son pa¬ rent, en se nourrissant par le concours de tous les moyens de nutrition départis à ce¬ lui-ci. Seulement il semble que ce germe soit le centre d’une activité nutritive parti¬ culière, subordonnée à l’activité générale de cette grande fonction. Le troisième mode de propagation départi aux animaux comme aux végétaux est la propagation par germe libre ou par œuf. J’appelle ainsi le germe avec ses enve¬ loppes protectrices , et les matériaux nutri¬ tifs nécessaires pour son développement ul¬ térieur. Dans les plantes, ce germe libre porte les noms de gongyle , de sporule et de graine, suivant les classes auxquelles il ap¬ partient , et la nécessité du concours des sexes pour le produire. Dans les animaux , tout germe libre , de quelque animal qu’il provienne, sera pour nous un œuf. L’œuf d’un animal n’atteint jamais son développement définitif , qui complète son individualité , et lui donne les facultés de vivre indépendant dans la partie de son pa¬ rent où il a reçu son premier développe¬ ment ou sa première organisation apparente. Quelques animaux , parmi ceux dont l’or¬ ganisation est la plus homogène, n’ont point d’organe spécial pour cette première évolu¬ tion des germes libres. Les Hydres parais¬ sent être dans ce cas. Ici , la propagation par germe libre est unisexuelle et diffuse. Mais , le plus souvent , l’œuf est produit dans un organe spécial qu’on appelle ovaire. Dans ce cas, la propagation unisexuelle par germe libre est élective, c’est-à-dire qu’il y a un lieu d’élection , dans l’organisme , pour remplir cette fonction. Le mode de propagation par œuf a tou¬ jours ce dernier caractère quand la géné¬ ration est bisexuelle. Celle-ci présente encore des différences très importantes. Tantôt le même individu possède au moins un organe femelle ou un ovaire , et un organe .mâle , sécréteur de la liqueur fécondante nécessaire pour produire le développement ultérieur de l’ovule , pré¬ paré dans l’ovaire. C’est la génération bisexuelle monoïque. Tantôt la génération bisexuelle est en même temps dioïque, c’est-à-dire que les organes sexuels appartiennent à des indivi¬ dus différents. L’une et l’autre générations bisexue Ile- présentent des différences remarquables. Dans la génération bisexuelle monoïque , les individus ainsi pourvus des organes sexuels des deux sexes peuvent se suffire à eux-mêmes , et manquent des organes de co¬ pulation : tels sont, entre autres, les Acti¬ nies, les Bivalves , les Cirrliipèdes , chez les¬ quels on a récemment découvert des Sper- mazoïdes (1). (1) Nous désignons ainsi, dans nos Cours, les prétendus animalcules spermatiques appelés en¬ core mal à propos, à notre avis, Zoospermes , parce que nous les regardons comme des ma¬ chines mobiles , ayant pour fonction de transpor- 527 AINI D’autres fois , il y a des organes de copu¬ lation qui montrent que la fécondation doit être réciproque. C’est le cas , entre autres , de la Limace et du Colimaçon. La génération bisexuelle dioïque présen¬ te de même de grandes différences. Elle suppose toujours le concours des sexes pour la première apparition du germe dans l’œuf ; mais cet œuf peut ne recevoir l’influence vivifiante de la liqueur fécondante du mâle qu’après la ponte et sans rapprochement préalable des sexes. C’est le cas de la plu¬ part des Poissons, dont le mâle vient répan¬ dre sa laite sur les œufs de la femelle , plus ou moins long-temps après qu’elle les a dé¬ posés sur les rivages. D’autres fois , c’est à l’instant de la ponte , lorsque le mâle est rapproché de la femelle, que celui-ci fé¬ conde les œufs ; ce qui a lieu pour les Cra¬ pauds et les Grenouilles. Enfin la fécondation peut s’effectuer avant la ponte. C’est le cas de quelques Poissons vivipares , de la plupart des Reptiles, de tous les Oiseaux et des Mammifères. Ce paraît être encore celui des Animaux articulés, ci pieds articulés, des Mollusques Céphalopo¬ des, et de beaucoup de Gastéropodes. L’œuf n’acquiert jamais que son premier développement dans l’ovaire; il y est à l’é¬ tat d’ovule. C’est dans l’utérus des Mammi¬ fères, ou dans l’oviducte des Ovipares ou des Ovovivipares , qu’il prend son second de¬ gré de développement , qu’il complète les enveloppes protectrices ou nutritives, et les substances alimentaires qu’elles doivent con¬ tenir pour composer un œuf achevé, sauf la fécondation si elle n’a pas encore eu lieu. ter dans l’ovule la part du germe fournie par le mâle. Cette doctrine est en partie, celle adoptée relativement aux filaments-machines découverts parNeedham, et dont l’histoire vient d'être re¬ prise par MM. Philippi, Carus , Péters et Milne- Edwards , qui les appellent Spermatophores. (Voy. Annales des sciences natur., avril 1840, p. 195.) L’usage, qui parait indubitable dans les Cépha¬ lopodes , de ces porte-semence, qui ne contien¬ nent cependant que des prétendus animalcules spermatiques, détrut, il me semble, de fond en comble, le système de Burdach, qui en fait des animalcules parasites, existant accidentelle¬ ment dans le sperme. Les Spermazoïdes ordinai¬ res sont des Spermatophores moins compliqués (pie ceux des Mollusques Céphalopodes. ANI C’est une différence très caractéristique avec l’ovule des plantes , qui ne se dépla¬ ce pas pour se changer en graine, cet œuf complet des végétaux. Dans ce cas, le germe ou l’embryon a tous les moyens de prendre autour de lui la nourriture nécessaire pour terminer sa vie fœtale. Chez les Mammifères ordinaire s, il absorbe cette nourriture dans les parois de l’utérus; chez les Didelphes , après avoir pris un premier développement dans l’uté¬ rus intérieur , il achève cette première pé¬ riode de son existence, et commence, sans transition précise et apparente, la vie mam¬ maire dans une sorte d’utérus extéiicur. Dans les plantes comme chez les animaux, l’ovule préexiste dans l’ovaire avant la fé¬ condation; mais chez les uns et les autres, du moins chez ceux à génération bisexuelle, cet ovule ne paraît contenir de germe qu’après la fécondation. Celle-ci commence une seconde période de l’existence de l’ovule ; elle détermine chez les animaux à la fois l’apparition du germe, et le déplacement de l’ovule , qui passe dans l’oviducte, ou dans la matrice. Là, il se complète et devient œuf. line troisième période est celle de la vie utérine du germe , de la vie embryonaire pour les Vivipares, de l’incubation pour les Ovipares, pendant laquelle l’embryon ac¬ quiert le développement nécessaire pour vi¬ vre librement dans l’air ou dans l’eau, c’est- à-dire sous l’influence directe d’un milieu respirable. La période d’incubation suit immédiate¬ ment l’époque de la fécondation dans les Vivipares, dans les Ovovivipares et dans les Ovipares chez lesquels la fécondation n’a lieu qu’après la ponte. Mais, dans les Ovipares ordinaires, chez lesquels la fécondation a lieu avant la ponte (les Oiseaux), l’incubation ou la germina¬ tion de l’œuf, qui dépend de la mère ou des agents physiques, peut n’avoir lieu qu’après un intervalle assez marqué , qui la sépare du moment de la fécondation. Dans ce cas , l’activité vitale de l’œuf est suspendue, comrn'e dans la graine , et elle a besoin des agents physiques, surtout d’un certain degré de chaleur et d’air , pour être mise en mouvement. Il n’y a que l’humidité, nécessaire pour la / 528 ANI % germination de la graine, mais dont l’œuf animal n’a pas besoin , parce qu’il en con¬ tient suffisamment , qui établisse une diffé¬ rence importante entre la germination de la plante , et celle de l’œuf, ou l’incubation. Il résulte de tout ce que nous venons de dire sur la fonction destinée à multiplier les individualités qu’elle n’est qu’une sorte de nutrition ou d’assimilation qui reproduit les parties manquant à un individu mutilé par la propagation fissipare ; qui développe par continuité des germes adhérents à la surface du corps, dans la propagation gem- mipare ; qui détermine l’évolution succes¬ sive d’un germe libre dans l’ovaire ou l’o- viducte, ou dans l’utérus, lors de la propa¬ gation sexuelle , à laquelle nous réservons le nom de génération. Dans tous ces cas, la propagation n’est qu’une nutrition partielle , subordonnée à la nutrition générale ; un foyer simple ou mul¬ tiple d’assimilation , sur lé modèle de tout l’organisme dans lequel est mise en jeu cette activité vitale, cette force organisatrice , dont la première impulsion , la direction premiè¬ re, remonte, de génération en génération , jusqu’à la Puissance créatrice. § 10. — Fonctions de relations ou de motilité , d’excitabilité et de sensibilité. Nous avons déjà dit, en parlant des orga¬ nes élémentaires, que l’organisme animal se distingue, dans la plupart des cas , de l’or¬ ganisme végétal, pal la présence de la fibre nerveuse ou sensible, et par celle de la fibre musculaire ou motrice. Ces deux organes élémentaires s’agrègent de mille manières avec l’élément celluleux , pour former les instruments si variés de l’excitabilité, de la contractilité, de la sensi¬ bilité et de la motilité. Us caractérisent la plupart des animaux , et distinguent ceux-ci des végétaux, d’une manière tranchée, tou¬ tes les fois qu’ils y sont évidents; mais il y a des organismes inférieurs où ces deux élé¬ ments sont confondus , avec l’élément cellu¬ leux, en un tissu homogène, dans lequel il est impossible de les distinguer (le corps des Hydres , des Cristatelles, etc., etcA II en est d’autres chez lesquels la fibre musculai¬ re se dessine très distinctement sans la fi¬ bre nerveuse , ou meme sans la pulpe mé- ÀM dullaire, qui en est la partie essentielle (les Actinies). Nous avons vu l’a faculté génératrice se manifester dans tout l’organisme ( V Hydre) avant d’avoir des organes ou des instruments particuliers chargés de cette fonction. Nous avons vu, de même, la peau extérieure ajou¬ ter à ses fonctions multipliées la faculté di¬ gestive ( certaines Méduses , les Phy sales ) avant qu’une peau intérieure en soit spécia¬ lement chargée. Il en est de même des fonctions de rela¬ tions, réduites, à la vérité, dans les ani¬ maux inférieurs, à l’excitabilité et à la con¬ tractilité, ou à la faculté excito-motrice , d’autant plus répandue dans les organismes animaux, que ces organismes sont plus simples. Cette faculté distingue essentielle¬ ment , à notre avis , le tissu animal du tissu végétal, dont la rigidité et l’immobilité con¬ trastent , d’une manière frappante , aveG la mollesse et la mobilité du premier. A la vérité, beaucoup de végétaux supé¬ rieurs manifestent, dans leurs feuilles ou dans leurs fleurs, des mouvements partiels très remarquables , qui ne peuvent s’expli¬ quer que par une faculté excito-motrice analogue à celle des animaux , susceptible , dans quelques cas ( celui de la Sensitive ) , de se montrer dans un point éloigné de la partie immédiatement sollicitée, par la trans¬ mission de cette excitation; mais cette fa¬ culté est toujours localisée ; elle n’est jamais répandue dans tout le végétal ; ensuite elle y montre des caractères particuliers. Les parties mobiles de la plante se rap¬ prochent toujours de l’axe de leur mouve¬ ment par une simple inflexion vers cet axe, et s’en éloignent par une inflexion sembla¬ ble dans un sens opposé. Le tissu végétal, en un mot , se courbe en arc dans ses mou¬ vements, qui ne sont jamais que des mouve¬ ments de rétraction , ainsi que l’a démontré M. Dutrochet. Au contraire , la fibre musculaire animale paraît se plier en zigzags quand elle se con¬ tracte; et, en général, les tissus contractiles animaux peuvent s’infléchir dans tous les sens, et produire des mouvements de ré¬ pulsion ou de protraction tout aussi bien que des mouvements de rétraction. Le tissu animal contractile et la fibre musculaire changent à la fois , plus ou ANÏ 529 ANI moins manifestement , de forme et de di¬ mension , dans leurs mouvements de con¬ traction. La fleur qui s’épanouit ou qui se ferme ne fait que changer sa forme en plissant ou déplissant ses pétales ou sa corolle , sans changer de dimension , sans se resserrer sur elle-même dans toute l’étendue de son tissu. Voilà pour les différences ou les ressem¬ blances organiques ou mécaniques que nous pouvons apercevoir dans les fonctions de relation entre les végétaux et les animaux. Quant aux phénomènes généraux de ces fonctions dans les animaux les plus simples, et à cette faculté excito-motrice qui en est le principe, ils semblent ne différer que par le degré d’énergie, que du plus au moins , entre les animaux inférieurs du type des Zoophytes, qui passent leur vie fixés aux rochers sous-marins, et les végétaux supé¬ rieurs, chez lesquels ils se manifestent par¬ tiellement , ainsi que nous venons de le dire. Mais, dès qu’on peut supposer de la spon¬ tanéité dans les mouvements des animaux , ces mouvements distinguent évidemment l’a¬ nimal de la plante. Les actions spontanées des animaux ont pour principe la sensibilité , fonction qui leur est propre , et dont la fibre nerveuse ou la pulpe médullaire, qu’ils possèdent exclusi¬ vement, est l’organe spécial. Les animaux sont avertis, par son moyen, de certains changements qui se passent en eux, ou autour d’eux, à la suite desquels ils éprouvent un sentiment de plaisir ou de pei¬ ne , et qui excitent leur volonté à rechercher l’un, à repousser l’autre. Cette faculté suppose un sens interne, au¬ quel les nerfs transmettent ces impressions; elle suppose un moi , qui en a la conscience; une volonté qui commande aux organes du mouvement pour réagir sur le monde exté¬ rieur. On voit que nous distinguons les mouve¬ ments des animaux, produits par leur faculté excito-motrice, des actions, qui supposent la conscience des impressions et la spontanéité des mouvements. «Quant à l’impression des objets extérieurs » sur le moi , dit M. Cuvier, à la production » d’une sensation, d’une image, c’est un » mystère impénétrable pour notre esprit, » et le matérialisme une hypothèse d’autant » plus hasardée , que la philosophie ne peut » donner aucune preuve directe de l’existen- » ce effective de la matière. » ( Règne ani¬ mal , t. ï , p. 40.) Dans cette courte esquisse de l’organisa¬ tion et de la vie animale , nous ne saurions avoir pour but d’en caractériser tous les phé¬ nomènes. Nous cherchons simplement à donner une idée générale des principaux, et à montrer leur liaison avec l’organisation. Si nous analysons les actions des animaux supérieurs , nous verrons que les unes sup¬ posent un certain raisonnement, ou l’intelli¬ gence et même la prévoyance de leur suite ou de leurs effets : ce sont les actions intel¬ lectuelles ; Que les autres ont pour principe 1 'instinct, cette faculté départie aux animaux pour la conservation des individus et des espèces ; qui les pousse invinciblement à exécuter, dans ce double but , des actions quelquefois très compliquées , et leur en donne l’intelli¬ gence , sans que l’expérience puisse en être la source, ou vienne la modifier. Cette analyse nous montrera , en troi¬ sième lieu, des actions involontaires , dont l’animal n’a pas la conscience, qui peu¬ vent, du moins, se passer chez lui sans la participation de son moi. Tels sont les mouvements du cœur, ceux des intestins,- et même les mouvements des membres , qui peuvent avoir lieu involontairement, que l’animal dorme ou qu’il soit éveillé. L’existence et l’énergie, ou l’étendue, en un mot, des fonctions intellectuelles , les¬ quelles sont loin de se manifester toujours par des actions produites au dehors , mais par l’activité intérieure du moi , est dans un rapport marqué avec les masses centrales du système nerveux ; particulièrement des hé¬ misphères du cerveau, qui en sont les instru¬ ments matériels nécessaires. L’instinct , au contraire, et ses différents degrés, n’ont aucun rapport connu, évident, avec le développement ou la forme des par¬ ties centrales du système nerveux. La série animale, étudiée sous ce point de vue le plus relevé, nous offrira trois grandes catégories. La plupart des Zoophytes , ceux qui n’ont pas de système nerveux démontrable, pour¬ raient bien n’avoir, pour principe de leurs mouvements, que la faculté excito-motrice. 54 T. ï. AN! 530 Chez les autres animaux dont l’organisa¬ tion est plus compliquée, il y aurait , outre ces mouvements involontaires , des actions instinctives ou intellectuelles , qui seraient du domaine de la conscience. Mais les animaux les plus bas dans l’é¬ chelle , qu’on nous passe cette expression, n’auraient que l’instinct pour principe dé¬ terminant de leurs actions spontanées. Quelques Zoophytes , qui paraissent avoir des actions volontaires, les types des Mol¬ lusques et des Articulés , les Poissons et les Reptiles parmi les Vertébrés , seraient dans ce cas. Du moins les actions intellectuelles sont-elles encore , dans ces deux dernières classes , plus ou moins bornées et peu ma¬ nifestes. Enfin les deux classes les plus élevées , celles des Oiseaux et des Mammifères , réu¬ niraient à la faculté excito-motrice des or¬ ganismes inférieurs , à l’instinct des classes qui ont une organisation plus compliquée , une partie de cette intelligence qui distingue si éminemment le Genre Humain ; mais ils ne la posséderaient qu’à un degré plus ou moins limité. L’homme lui-même , outre les mouve¬ ments qui s’exercent à son insu dans son organisme , outre les actions instincti¬ ves qui ne se manifestent chez lui que dans la première enfance , se distingue du reste de la création terrestre, non seule¬ ment par l’étendue de son intelligence, mais encore par ses actions libres , pour le choix desquelles il peut se déterminer avec ré¬ flexion, indépendamment des impressions des sens. Ce libre arbitre , ce choix libre dans ses déterminations; cette prévoyance possible de leur suite , que lui donne la faculté de réfléchir sur les impressions reçues actuel¬ lement ou sur les souvenirs , sur les idées abstraites que lui fournit la langue parlée ou écrite , sur la mémoire ainsi conservée de l’expérience et des idées des générations qui se succèdent, imprime aux actions de l’hom¬ me un caractère de moralité , qui les classe dans une catégorie supérieure. Ce caractère s’élève encore lorsque cet être privilégié médite sur l’univers et ses lois, transporte ses pensées jusqu’à la con¬ templation de la Cause première , et déve- oppe ainsi en lui - même le sentiment relu AN! gieux, qui lie son existence à l’idée de V In¬ fini. Nous terminerons ici ces considérations, toutes positives , sur l’organisation des ani¬ maux et les facultés qui les distinguent. La longueur de cet article, et les limites qui nous sont prescrites, et que nous crai¬ gnons déjà d’avoir dépassées, nous forcent de remettre à d’autres plusieurs considérations importantes qui pourraient se rapporter au mot animal. Nous traiterons, au mot composition organique , des principaux plans qu’elle présente dans le Règne ani¬ mal ,* au mot espèce, des caract. indélé¬ biles et des caractères variables de l’espèce ; de la GÉNÉRATION SPONTANÉE, à CCS mots ; Au mot GÉOGRAPHIE ZOOLOGIQUE, de la distribution des animaux à la surface de la terre , et de leur nombre; Au mot méthode ( zool .) , de la méthode naturelle de classification du Règne animal. Enfin nous examinerons , au mot règne intermédiaire, s’il existe des corps organi¬ sés qui n’ont que les caractères généraux de l’organisation sans montrer les caractères distinctifs et particuliers de l’animal ou de la plante (1). (Duvernoy.) ANIMALCULES. Animalculi ( petits animaux). — Expression à employer au sens figuré, dans le langage zoologique, pour in¬ diquer des animaux très petits dont l’orga¬ nisation et souvent même l’individualité ne sont pas bien distinctes , mais dont cepen¬ dant l’animalité est aussi réelle que pour les animaux plus parfaits. (Duj. ) ANIMAUX DOMESTIQUES, zool. — L’homme a réussi à dompter et à sou¬ mettre à sa volonté un certain nombre de Mammifères, d’Oiseaux, etc., qui habitent avec lui, et que, par cette raison, on ap¬ pelle domestiques. (1) Voir, sur le sujet de cet article : lo la Com¬ paraison des Animaux et des Végétaux , for¬ mant le sujet du chapitre Lr de Y Histoire des Animaux, par Buffon ; 2° les pages 10-46 du t. 1er du Règne animal de G. Cuvier, Paris, 1829 -, 3° et surtout, pour l’histoire de la science, le Traité complet de la physiologie de l’homme, par M. F. Tiedemann, traduit de l’allemand (t. 1, Pa¬ ris , 1831 ) , comprenant la Physiologie générale et comparée . L’Histoire naturelle des Animaux domes¬ tiques est intimement liée à celle de l’espèce humaine; elle comprend plusieurs questions importantes sur le nombre et la détermina¬ tion des espèces domestiques; sur les espèces sauvages auxquelles elles se rapportent ; sur les différences dans la taille, les tégu¬ ments, les habitudes, etc., etc., que l’in- llucnce de l’homme a produites sur les es¬ pèces sauvages en les rendant domestiques; sur les dispositions instinctives que les pre¬ mières doivent avoir pour devenir domesti¬ ques , ou comme condition essentielle de leur domestication. Nous en traiterons à ce dernier mot. Voy. encore domestici¬ té. ( Duv. ) ANIMAUX HIBERNANTS. ZOOL. — On nomme ainsi les animaux qui passent l’hiver engourdis et dans un sommeil plus ou moins profond , qui s’appelle léthargi¬ que lorsqu’il est porté au degré le plus fort. Tels sont, entre autres, parmi les Mammifères , les Ours, qui ne paraissent s’engourdir qu’à un faible degré; les Chau¬ ves-souris de nos climats, les Marmottes, les Loirs, etc. Les animaux ainsi engourdis durant la saison froide présentent , dans leur circula¬ tion, dans leur respiration, dans leur cha¬ leur propre, etc., des modifications très remarquables, que nous ferons connaître à l’article sommeil d’hiver. Voy. ce mot. (Duv.) ANIMAUX A SANG BLANC , ANIMAUX A SANG ROUGE, zool. — M. Cuvier s’est servi de ces deux déno¬ minations dans ses premiers Mémoires de Classification , qui datent de 1795, et dans son Tableau élémentaire de Vhistoîre na¬ turelle des Animaux , imprimé à Paris en 1797. Elles répondent aux deux grandes di¬ visions du Règne animal désignées plus tard sous les noms (T Animaux sans vertèbres et (T Animaux vertébrés . Ces deux dernières dénominations préva¬ lurent, surtout après la découverte que fit M. Cuvier en 1801 , et qu’il communiqua à l’Institut en décembre de cette même an¬ née ( Bulletin des sciences , messidor an 10 , n° 64), que le sang de la plupart des Vers articulés a aussi la couleur rouge. Cette découverte détermina M. Cuvier à faire une classe à part des Vers à sang rou- ANI 531 ge, et à les séparer des Vers intestins ou in¬ testinaux. Dix années plus tard , Lamarck désigna cette même classe sous le nom ddAnné lides (Voy. ce mot). La faible coloration en rouge, ou même la limpidité séreuse du sang des Aphrodites, la coloration en vert de ce même liquide dans d’autres g. découverts récem¬ ment, ont confirmé la nécessité de cette ré¬ forme dans la nomenclature de cette classe, dont le groupe avait d’ailleurs été bien li¬ mité par M. Cuvier. Les exceptions recon¬ nues successivement, et qui ont fait réfor¬ mer l’une après l’autre la dénomination (V Animaux à sang rouge opposée à celle d’im'maMæ à sang blanc , et celle beaucoup plus restreinte de Vers à sang rouge , par laquelle on distinguait d’abord les Annélides des Vers à sang blanc ou des intestinaux , ont montré que la couleur du sang n’est pas un caractère assez important pour servir à distinguer les divisions principales du Règne animal. Voy. aux mots sang et méthode naturelle (zooh) , et le vol. VI des Leçons d’ Anatomie comparée de G. Cuvier, 2e éd., Paris , 1859, p. 592-396. (Duv. ANIMAUX A SANG CHAUD, ANIMAUX A SANG FROID, zool. — Tous les Animaux peuvent se diviser, sous le rapport de leur température , dans les deux grandes catégories Animaux à sang chaud, ou à haute température , et d’ Animaux à sang froid , ou à basse tem¬ pérature. Deux classes seulement appartiennent à la première : ce sont les Oiseaux et les Mam¬ mifères ; le reste du Règne animal ne com¬ prend que des êtres à basse température. Dans le premier cas , la chaleur propre à chaque animal se maintient généralement à une élévation de 30°-40° centigrades, quelle que soit la température du milieu dans lequel il vit. Des téguments , mauvais con¬ ducteurs du calorique , les plumes pour les Oiseaux , les poils pour les Mammifères , contribuent puissamment à conserver ce foyer de chaleur intérieure que les Animaux à haute température développent en eux , et conséquemment à entretenir leur chaleur propre et indépendante. Les Animaux à sang froid n’ont qu’une température très peu différente du milieu dans lequel ils vivent , qu’une faible chaleur 532 AMI AN 1 propre , qui ne s’élève au plus que de quel¬ ques degrés au dessus de ce milieu. MM. Newport, en Angleterre; Berthold , en Allemagne; Breschet et Becquerel, d’un côté, Dutrochet de l’autre, en France, ont soumis beaucoup d’Animaux à haute ou à basse température à de nouvelles et ré¬ centes expériences, afin de constater leur chaleur intérieure. Les physiciens et les physiologistes fran¬ çais que nous venons de citer ont mis en usage , dans ce but, un appareil thermo-élec¬ trique, comme moyen plus sensible et plus sûr que les thermomètres ordinaires. Nous en parlerons plus en détail au mot cha¬ leur ANIMALE. ( DUT. ) ANIMAUX SANS VERTÈBRES , ANIMAUX VERTÉBRÉS, zool. — Buchesne , professeur d’histoire naturelle à l’école centrale de Versailles, vers la fin du siècle dernier, dans un Mémoire sur les rapports des êtres naturels ( Magasin ency- clop. de A. L. Millin, Paris, 1795), se sert du mot invertébroses pour désigner les Animaux appelés plus tard sans vertèbres. M. Cuvier, dans les considérations prélimi¬ naires de ses Leçons d’ Anatomie comparée (t. I , p. 65 , Paris , 1800 ) , dit « que le Règne animal entier se divise d’abord en deux grandes familles , celle des Animaux à vertèbres et à sang rouge , et celle des Animaux sans vertèbres , qui. ont presque tous le sang blanc. Les mots (T Animaux vertébrés et d'Ani- maux sans vertèbres sont adoptés , pour ces deux grandes divisions du Règne ani¬ mal , dans le premier des tableaux de classi¬ fication de ce règne que M. Cuvier avait dressés conjointement avec M. Duméril , et qui ont paru à la fin de ce premier volume des Leçons eT Anatomie comparée. Dès cette meme année 1800, Lamarck s’était servi de ces deux dénominations d’T- nimaux vertébrés et - 0/Sov , article), ins. — Genre de Coléoptères pentamères , famille des Mycétophagides de Westwood, établi par Waterhouse, et adop¬ té par Westxvood , qui le caractérise ainsi : Corps large , subovale , subconvexe. Massue des antennes composée de trois articles ; leur dixième article mince. — Ce g. , qui com¬ prend 9 esp., a pour type le Dermestes mêlas de Marsham. (D.) * ANISARTHRON («vio-oç, inégal; ’àp- Qpov , article), ms. — Genre de Coléoptères tétramères , famille des Longicornes, établi par M. Dejean dans son dernier Catalogue, mais dont il n’a pas publié les caract. — Ce g., qui fait partie de la tribu des Cérambycins de M. Serville, est fondé sur une seule esp. qui se trouve en Autriche, et qui a été nom¬ mée par Dahl A. barbipes. Elle appartenait auparavant au g. Callidium de Fabr. (D.) * AXISEIA [uvcrjo 5, inégal), bot. pu.— Genre de la famille des Convolvulacées , tribu des Convolvulées, formé par M. Choisy ( Mem . Soc. Gen. YI et VIII 7 t. 4) sur plu¬ sieurs esp. des g. Convolvulas , L., etlpo- mœa, et ainsi caractérisé : Calice 5-phylIe ; les deux folioles extér. insérées plus en ar¬ rière et subdécurrentes sur le pédoncule. Cor. bypogyne, campanulée; limbe plissé, quinquélobé. Étam. 5, incluses, insérées à la base du tube de la corolle. Ovaire biloculai- re ; loges bi-ovulées. Style simple; stigm. ca- pité-bilobé. Caps, biloculaire. Graines 4, dressées. Embryon courbe, mucilagineux- albumineux; cotylédons ridés; radicule in¬ fère. — Ce g. renferme un petit nombre d’espèces suffrutcscentes ou herbacées, pro¬ pres à l’Asie et à l’Amérique tropicales ; les feuilles en sont alternes, oblongues-linéai- res, entières à la base ou sagittées; les pé¬ doncules axillaires, uniflores, bractéés. On cultive dans les serres d’Europe les 4m- seia calycina et salicifolia , dont les fleurs sont blanches. _ (C. L.) AA \ SOBRIÉES. bot. pii. — Voyez ANISOBRYEES. ^ (C. L.) * AXISOBRYÉES. Ânisobryeœ (c m- coç, inégal ; fyùw, je végète ). bot. ph. — Cette épithète, ainsi que celle û'Anisody- names , avait été proposée par Cassini pour remplacer la dénomination de Monocotvlé- dones. (C. L.) * AXISOCERA («vtiTos, inégal; xép«;, corne), ins. — Genre de Coléoptères pentamè¬ res, famille des Malacodermes, établi par M. Dejean , mais dont il n’a pas publié les ca¬ ract. Il le place, dans son dernier Catalogue, dans le voisinage du g. Cantharis de Linn. ou Telephorus d’Olivier. Il appartiendrait, par conséquent , à la tribu des Lampyrides de Latreille. Il est fondé sur une seule esp. du cap de Bonne-Espérance , que l’auteur nom¬ me A. dilaticornis. (D.) * ANISOCERUS (a ^to-oç, inégal ; xs/5«s , corne), ins. — Genre de Coléoptères penta¬ mères, famille des Nitidulides de Mac-Leay, établi par îïowitt, et adopté par M. W estwood , qui en formule ainsi les caract. : Corps ova¬ le, subconvexe. Elytres tronquées. La base des deux premiers articles des antennes très large, surtout chez le mâle. Il ne renferme qu’une esp. , que l’auteur nomme Spireœ . (D.) * AAISOCERÜS (aviffos, inégal; xipa?, corne), ins. — Genre de Coléoptères tétramè¬ res, famille des Longicornes , tribu des La- miaires, établi par M. Serville aux dépens du g. Lamia de Fabr., et qu’il caractérise ainsi : Corps court, ramassé , ailé , un peu convexe en dessus , duveteux. Antennes glabres, très distantes h leur base , sétacées, de onze ar¬ ticles dans les mâles, de dix dans les femel¬ les : le premier allongé en massue; le se¬ cond court; le troisième extrêmement long, cylindrique , portant au bout une touffe de poils; les suivants (dans les mâles) ont aussi une touffe, mais beaucoup plus petite. Arti¬ cle terminal sans touffe , très court dans les deux sexes. Corselet unituberculé latérale¬ ment; son disque inégal. Tête assez forte ; 534 AM ANI face un peu bombée. Yeux petits. Mandibules très courtes , point saillantes à l’extérieur dans le repos. Palpes courts; pénultième article des maxillaires en cône renversé ; le dernier pointu. Éiytres courtes, peu convexes en dessus , arrondies et nautiques à l’extré- mité. Angles huméraux saillants. Ecusson très petit , arrondi au bout. Pattes fortes , égales. Cuisses en massue. Tarses antérieurs houppeux dans les mâles. — Ce g., qui a pour type la Lamia scopifera de Germar , esp. du Brésil , a été adopté par M. Dejean dans son dernier Catal. ; mais il en a rempla¬ cé le nom par celui de Tragomorplms , pro¬ bablement à cause de la trop grande res¬ semblance du mot Anisocerus avec celui d’ Anisocera , précédemment employé par lui pour désigner un autre g. dans la famille des Malacodermes. Mais comme son dernier Catalogue , où il emploie pour la première fois le mot d’ Anisocera, n’a paru que trois ans après la Monographie de M. Serville , il est clair que le nom d’ Anisocerus de ce der¬ nier doit prévaloir sur celui de Tragomor- phus. (D.) * AN I SO C ÏIE I R A (avfuOb, inégal; yzlp , main), ins. — Genre de Coléoptères hété- romères , famille des Taxicornes , établi par M. Bejean , mais dont il n’a pas publié les caract. 11 le place immédiatement après le g. Diapère de Fabrieius dans son dernier Catalogue, et le fonde sur une seule esp. du Brésil, qu’il nomme A. picta. Cette esp. nous étant inconnue, le g. qu’elle a servi à établir ne figure ici que pour mémoire. (B.) * ANISOCIIILUS, Wallich («vro-os , iné¬ gal; lèvre), bot. pu. — Genre delà famille des Labiées (tribu des Ocymoïdées , s.-tribu des Plcctranthées Bcnth. ), dont M. Bentham ( Labial . , p. 59) expose les caract. comme il suit : Cal. ovoïde, presque dressé , 2-labié , fermé après la floraison. Lèvre su¬ périeure entière; lèvre inférieure tronquée, et soit très entière , soit très eourtement 4- dentée. Corolle à tube saillant, défléchi ; gor¬ ge un peu renflée ; lèvre supérieure courte , à 5 ou 4 lobes obtus ; lèvre inférieure allon- gée , concave , entière. Etam. 4 , déclinées ; les deux inférieures plus longues. Filets li¬ bres , non dentés. Anthères ovales-rénifor- mes, à bourses confluentes. Stigmates subu- lés , isomètres. Akènes lisses. — Herbes an¬ nuelles ou vivaces. Faux verticilles bractéo- lés , très rapprochés , imbriqués de manière à former des épis obiongs-cylindracés. Brac¬ tées imbriquées. — Ce g. appartient à l’Asie équatoriale. M. Bentham en a énuméré 4 esp. ($p.) * AN ISOCREPIS (avisos, inégal; xjs-q- rrtc, sorte de chaussure j. ins. — Genre de Co¬ léoptères hétéromères , famille des Taxicor¬ nes, établi par M. Bejean, mais dont il n’a pas publié les caract. Ï1 le place dans son der¬ nier Catalogue près du g. Cnodalon de La- treille , que celui-ci range dans sa tribu des Crassicornes. îl est fondé sur une seule espè¬ ce dont la patrie est inconnue et que M. Be¬ jean nomme A. hilaris. Bans l’impossibilité où nous sommes de rien dire de plus satisfai¬ sant sur ce g. , nous ne le mentionnons ici que pour mémoire. (B.) ANISODACTYLES . Anisodactyli{a»i- oç, extrémité), nxs. — Genre de Coléoptères pentamères , famille des Malacodermes , tribu des Lampyrides , établi par M. Ilope aux dépens du g. Téléphore des auteurs (Coleopterisfs Alarmai , part. III, p. 141), mais sans indication de caractères. Il lui don¬ ne pour type une esp. inédite du Népaul , qu’il nomme A. lividus. (D.) AA ISOTOME. Anisotoma { aviaoç , iné¬ gal ; r section), os. — Genre de Coléo¬ ptères hétéromères, établi par Rnock, et ado¬ pté par Illiger, Fabricius et M. Duméril. Ce dernier le range dans sa famille des Fon- givores ou Mycétobies et le caractérise ain¬ si : Corps aplati en dessous, convexe et ova¬ le en dessus; masse des antennes de cinq ar¬ ticles perfoliés, qui peuvent s’écarter et se rapprocher. M. Dejean , qui l’a également adopté, y rapporte , dans son dernier Cata¬ logue , 25 espèces, dont 21 d’Europe et 4 de l’Amérique septentrionale. Nous citerons seulement, comme type du genre, V Aniso¬ toma ferrugineum de Fabr. , qui se trouve principalement en Allemagne. Gyllenhal (Fauna suecica, app. ad syn ., 511-515) dé¬ crit 21 esp. d \inisotomes , dont il faut dé¬ duire les esp. rapportées aux Agathidies. Sturm en décrit 15, et en figure 8, propres à l’Allemagne. Les Anisotomes avaient d’abord été con¬ fondus avec les Sphéridies, bien qu’ils en diffèrent par le nombre des articles des tar¬ ses ; par les antennes; par les parties de la bouche et par les habitudes. Latreille est le premier qui en ait formé un genre , auquel il a donné le nom de Léiodes ; mais celui (V Anisotoma a prévalu, quoique postérieur. Voy. néanmoins le mot léiodes pour les caract. génériques de Latreille. (D.) * ANISOTOME. Anisotomus ( inégal; t o/to's, section). bot. — Dénomination appliquée au périanthe soit interne, soit ex¬ terne , lorsque les divisions en sont alterna¬ tivement inégales. (C. L.) *AAISOTOMÏDES- Anisotomidæ («vt- AM inégal; tc/a-J, section), uns. — Nom d’u¬ ne famille de Coléoptères établie par Ste¬ phens , dans laquelle il réunit les Diapéria- les et les Érotylènes de Latr , ainsi que les Sphæridiides de Mac-Leay. Elle se compo¬ se des genres Tritoma , Phalacrus , Ephi- stemus, Leiodes, Agathidium, Clambus , Clypeaster , et deux autres genres innommés. (D.) ANISOTOMUS. bot. — Voyez ani- sotome. (C. L. ANISOTRICHIA ( avisos , inégal ; 0/9ÎÇ, poil; poils inégaux), bot. ph. — Sec¬ tion du g. Albertinia ( Voy. ce mot) , carac¬ térisée par les fruits, dont la rangée externe de l’aigrette est de moitié plus courte que l’interne. (J. D.) * AAISTIOPHORES. Anistiophori ( à priv.; iorc'ov, voile; fèpta, je porte ). mam. — Ce nom été donné par Spix et Gray à une famille de Chauves-souris qui ne pré¬ sentent aucun appendice sur le nez. (C. D’O.) * ANISUM, Adans. (anisum, nom de l’a- nis dans Pline. Voy. anis ). bot. pa. — Double emploi du g. Pimpinella L. , ou , si l’on veut, section de ce g. , caractérisée par des fruits pubérules. (Sp.) AMSUS (èmcos, inégal), ins. — M. De¬ jean , dans son avant-dernier Catalogue , a- vait désigné sous ce nom un g. de Coléo¬ ptères tétramères, famille des Curculionites, fondé sur une seule espèce du cap de Bon¬ ne-Espérance nommée par lui Auriculalus; mais, dans son dernier Catalogue, il place cette espèce dans le g. Hipporhinus de Schoenherr. Voy. ce mot. (D.) * AAI XI A («vofgts , ouverture), bot. cr. — Ce genre appartient à la tribu des Cham¬ pignons rhizogonés de l’ordre desPérisporés de Fries. Il est caractérisé par un peridium d’abord charnu entièrement, puis creux et s’ouvrant au sommet ; sa substance intérieu¬ re est d’une consistance molle, presque géla¬ tineuse et parsemée de spores simples. L’A. villosa, seule espèce connue jusqu’à ce jour, » a été trouvée, en septembre, sur la terre recouverte de feuilles. Ses peridium, qui at¬ teignent jusqu’à un demi-pouce de haut, sont plus ou moins rapprochés les uns des autres, difformes, oblongs, sessiles, ou pres¬ que pédiculés, recouverts d’un duvet blanc, et fixés à la terre par des fibrilles qui res- 544 semblent à de petites racines. Le Sclero- tium radicatum de Tode ( Fung. Meck. Fasc., I, tab. 1, fig. 8 ), que M. Fries a cru devoir rapporter à ce genre, mais avec doute, sous le nom d’A. glabrata, en don¬ ne une idée assez juste. ( LÉv. ) ANKENDA ( nom vernaculaire ) , Her¬ mann. bot. ph. — Synon. du g, Acrony- chia , Forst. ( famille des Zanthoxylées). (Sp.) * ANKEMTE. min. —Nom donné par Haidinger , en l’honneur du prof. Anker de Gratz , à un minéral de Styrie, nommé aus¬ si Rohwand , et Fer spathique blanc , et qui est un mélange cristallisé de carbonate de cbaux et de carbonate de fer. Voy. Car¬ bonates. (Del.) ANKYLOSE. Anhylosis (àyy.vlwsis ; de àyy.'jAOi , courbé ). ainat. — On désigne , par ce mot, l’état qui résulte de la diminu¬ tion ou de l’impossibilité absolue des mou¬ vements d’une articulation naturellement mobile. Cette maladie est ainsi appelée, parce que le membre qui en est atteint res¬ te ordinairement fléchi. (C. d’O.) ANNEAU ( annulus , anneau ). moll. — Nom vulgaire d’une petite esp. très com¬ mune de Porcelaine, Cyprœ a annulus. Voy. PORCELAINE. (DeSII.) ANNEAU. Annulus. [bot. — Dans les plantes cryptogames, ce mot sert à distin¬ guer trois organes très différents, suivant les familles auxquelles on l’applique. Dans les Mousses , il désigne un rebord saillant et quelquefois crénelé , qui garnit l’orifice de l’urne. Dans les Fougères , on a nommé ainsi un anneau ou bourrelet qui entoure le plus souvent leurs capsules , et qui , jouissant d’une grande élasticité, facilite leur rupture et la dispersion des graines. Enfin , dans les Champignons , on nomme anneau , collier ou collet , la collerette membraneuse qui entoure le pédicule de beaucoup d’Agarics et de certains Bolets. (C. D’O.) ANNEAUX. Annuli. anim. articul. — Cette dénomination est employée en Entomologie pour désigner l’assemblage de plusieurs pièces constituant les parties qui composent, par leur réunion, l’enveloppe extérieure des Animaux articulés. Dans l’origine , ce nom s’étendait aux pièces qui entrent dans la composition des antennes et ANN des pattes ; mais, depuis , le nom d 'Articles {Voy. ce mot) a été adopté pour ces pièces, et celui d’’ Anneaux a été réservé pour les parties du corps, parties non pas simples, mais toujours composées de plusieurs pièces constituant deux arceaux, l’un supérieur, l’autre inférieur , entièrement joints entre eux ou quelquefois même complètement sou¬ dés , de manière à former des cercles plus ou moins parfaits. Ainsi défini, l’Anneau ne peut plus être confondu sous les noms de Segments , d"1 Arceaux , d' Articulations , qui ont une acception différente et plus restreinte. Voy. ces mots. On peut étudier les Anneaux dans leur composition, leur forme, leur consistance. Dans les Annélides , les Myriapodes , tels que les Jules, les Scolopendres, etc., les Anneaux sont semblables entre eux ou à très peu de chose près , quant à la forme et à la consistance, dans toute la longueur du corps, et ils représentent alors des cercles plus par¬ faits. Il en est de même dans lu plupart des Larves. Mais, dans les Insectes parfaits, les Anneaux sont nettement séparés en trois groupes constituant une tête, un thorax et un abdomen {Voy. chacun de ces mots). Alors chez ceux-ci le développement de plusieurs Anneaux est plus grand en raison du plus grand nombre d’appendices qu’ils suppor¬ tent. C’est ainsi que le mésothorax ou se¬ cond anneau du thorax , qui supporte la première paire d’ailes et une paire de pattes, offre une plus grande quantité de pièces distinctes et bien développées que les An¬ neaux plus simples , où elles sont soudées entre elles, comme dans le prothorax, qui ne supporte pas d’ailes , et surtout dans les Anneaux de l’abdomen, qui ne supportent ni ailes ni pattes. Dans les Crustacés et les Arachnides, aucun Anneau ne supportant d’ailes , il en résulte une plus grande sim¬ plicité que dans ceux du thorax des Insectes ailés, et, chez la plupart, on ne distingue que deux groupes d’Anneaux , car la tête et le thorax se confondent ensemble. Les points de jonction entre les Anneaux reçoi¬ vent le nom d'1 Articulations. Voy. ce mot. (Bl.) r ANNELES. Annulata {annulus, an¬ neau). zool. — Mac-Leay a donné ce nom à une division du Règne animal , compre¬ nant les Animaux articulés , dont le corps ANN est composé d’Anneaux unis les 05*1 aux au¬ tres. ^ (€. d’O.) ANNÉLIDAIRES. Ânnelidariœ (An- nélides , classe d’animaux), annél. — M. de Blainville a quelquefois nommé ainsi, ou mieux Subannélidaires , c’est-à-dire res¬ semblant aux Annélides, une partie des Vers apodes comprenant les Borlases, Pla¬ naires , Douves et Tœnoïdes. (P. G.) ANNELIDES. Annulosa, Annelides (annellus, petit anneau), annél. — ( Zool .) Lamarck, auquel on doit la création du mot dont il est ici question, s’exprime ainsi sur la classe d’animaux auxquels il l’applique : « M. Cuvier, nous ayant fait connaître les faits d’organisation qui concernent la Sang¬ sue, les Néréides, l’animal des Serpules, etc., assigna à ces animaux le nom de Vers à sang rouge ; mais, reconnaissant la néces¬ sité de les écarter considérablement des Vers , et de leur assigner un rang plus élevé qu’aux Insectes , j’en formai de suite une classe particulière que je présentai dans mes cours , à laquelle je donnai le nom d'1 Anné¬ lides , que je plaçai à la suite des Crustacés, et dont je n’eus occasion de consigner les déterminations, par l’impression, que dans YExtrait de mon cours , qui parut en 1812. » «Pour les mettre en ligne dans la série, nous avons trouvé, dit encore Lamarck dans un autre passage de son Hist. des animaux sans vertèbres, des motifs qui nous autori¬ sent à les placer après les Crustacés , quoi¬ qu’ils interrompent les rapports que ces der¬ niers ont avec les cirrhipèdes, parce qu’il eût été très inconvenable de les ranger ail¬ leurs. » D’après le même naturaliste, la classe des Annélides a pour caractères distinctifs : Animaux mollasses , allongés , vermifor- mes, nus ou habitant dans des tubes ; ayant le corps muni, soit de segments , soit de ri¬ des transverses ; souvent sans tête , sans yeux et sans antennes ; dépourvus de pattes articulées ; mais la plupart ayant , à leur place, des maemlons sétifères rétractiles, disposés par rangées latérales. Bouche sub¬ terminale , soit simple, orbiculaire ou la¬ biée , soit en trompe souvent maxillifère. Une moelle longitudinale noueuse et des nerfs pour le sentiment et le mouvement ; le sang rouge , circulant par des artères et des veines. Respiration par des branchies , T, I. ANN 545 soit internes, soit externes , quelquefois in¬ connues. Ces animaux sont ainsi partagés en trois ordres : 1° Annélides apodes, les Hirudinées et les Échiuridées ; 2° Annélides antennées, les Aphrodites, Néréides, Eunileset Amphi- nomes ; 3° Annélides sédentaires , les Dor- salées et Maldanies , Amphitritées et Serpu- lées. G. Cuvier accepte , dans son ouvrage sur le Règne animal, le nom d’ Annélides donné par Lamarck à ses Vers à sang rouge, et il fait remarquer que c’est lui qui, en 1802, a établi « cette classe, en la distinguant par la » couleur de son sang et d’autres attributs. » Pour Cuvier, les Annélides formant la première classe des animaux articulés , entre eux et les Vers intestinaux, qu’on leur asso¬ ciait en tout ou en partie dans la Classifi¬ cation de Linné , de Bruguière, etc. , sont : les Crustacés , les Arachnides , les Insectes et les Echinodermes; mais cette séparation des Annélides et des Vers inférieurs n’a pas ici le même inconvénient que dans le système de Lamarck, Cuvier ne pensant pas, comme celui-ci, que le règne animal puisse être classé sérialement. Plusieurs naturalistes ont adopté cette dis¬ tinction tranchée entre les Annélides et les Vers, et parmi eux nous citerons M. Savigny (Syst. des Annélides), dont les beaux travaux n’avancèrent pas moins la connaissance des organes extérieurs des Annélides que ceux de Pallas et de Cuvier l’appréciation de leurs organes intérieurs. Toutefois de nouvelles recherches ont dû ramener les naturalistes aux idées bien des fois critiquées de Linné et de Bruguière, et elles leur ont d’ailleurs donné la précision et la régularité qui leur manquaient à cette époque de la science helmintologique. Quelques espèces qu’on plaçait à tort parmi les Annélides en ont été distraites. Les Vers intestinaux ou extérieurs ont été mieux connus , et de nouveaux liens sont venus les unir aux Annélides et former des uns et des autres une véritable série par¬ tielle dont la place est certainement au der¬ nier rang de la catégorie des Animaux ar¬ ticulés. Il nous serait donc impossible , en parlant isolément des Annélides, de faire comprendre leurs affinités avec les Ento- zoaires et les autres animaux réunis par La - 35 546 AN N marcfc et Cuvier sous le nom de Ver ; aussi n’avons-nous rapporté au sujet des Annélides qu’un abrégé de ce qu’en ont dit les auteurs de cette classe. Les Annélides , qu’on a vou¬ lu séparer des Vers, ne paraissent en effet que les premiers termes d’une série que les Borlases, les Planaires , les Intestinaux, etc., continuent par degrés à peine distincts les uns des autres, et il paraît préférable de traiter de tous ces animaux en même temps. Cette seconde manière de voir est celle à la¬ quelle M. de Blainville s’était depuis long¬ temps arrêté dans ses ouvrages ; et , comme nous le verrons en détail à l’article vers de ce Dictionnaire, plusieurs naturalistes qui avaient eu, comme les deux hommes célè¬ bres que nous avons cités antérieurement , une autre opinion , professent actuellement celle-ci, et ils l’ont même renforcée par de nouvelles preuves que nous aurons soin de rappeler. Alors on conserve assez souvent encore le nom d’ Annélides, et la classe d’animaux à la¬ quelle il se trouve appliqué reste avec la mê¬ me circonscription que pour Lamarck et Cu¬ vier ; mais ses rapports naturels sont appré¬ ciés d’une manière plus convenable. C’est ce que fait M. Milne-Edwards. M. de Blainville donne au contraire au groupe des Annéli¬ des sétigères la valeur classique : ce sont ses Entomozoaires chétopodes ; et les Sangsues ou Annélides apodes des auteurs sont dans la même classe que les Vers intestinaux sous le nom d’Apodes ; celui d’Annélides n’a pas d’emploi dans cette classification. (P. G.) * AXXESLEIA, Wallich (Plant, asiat. rar., t. I,p. 5,tab. 5 (lord G. Annesly). bot. ph. — Genre de la famille des Ternstrémia- cées , auquel son auteur assigne pour carac¬ tères : Calice 2-bractéolé , à tube très court , adhérent à la base de l’ovaire ; limbe 5-parti, à segments inégaux, imbriqués. Corolle 5- fide, à lobes pointus, imbriqués, connivents, opposés aux segments calicinaux. Etamines très nombreuses, 2-sériées , incluses , insé¬ rées sur un disque périgyne; filets très courts; anthères basifixes, introrses, innées, 2-thèques, linéaires, cuspidées, longitudina¬ lement déhiscentes. Ovaire semi-infère , 3-10- culaire ; ovules très nombreux, campylotro* pes, suspendus au sommet de l’angle interne des loges. Style indivisé, terminé par 3 stig- Am mates subuiés. Baie presque sèche , subglo¬ buleuse, 3-loculaire, couronnée du limbe calicinal. Graines par avortement solitaires ou géminées dans chaque loge, suspendues , ployées en forme de fer à cheval, apéri- spermées , recouvertes d’un arille charnu ; test chartacé , luisant. Embryon cylindracé, courbé conformément à la graine ; radicule et sommet des cotylédons supères. — Ce g. n’est fondé que sur une seule esp. (A. fra- grans, Wall., I. c,). C’est un arbre indigène du Martaban; ses feuilles sont alternes, courtement pétiolées, lancéolées, subcoria¬ ces , très entières , non stipulées ; les fleurs sont axillaires, solitaires, très longuement pédonculées , odorantes, blanchâtres. (Sp.) * AXXESLEIA, Salisb. (lord G. An¬ nesly). bot. ph. — Syn. du g. Inga, Plum., de la famille des Légumineuses (Mimosées). (Sp.) AXXESLÏA, Andr. (lord G. Annesly). bot. ph. — Syn. du g. Euryale, Salisb., de la famille des Nymphéacées. (Sp.) * AXXESORHïZA,Cham. et Schlecht. ( Linnœa , 1826, p. 398) (awvjiyou, aneth; racine), bot. ph. — Genre de la famille des Ombellifères , auquel ses auteurs assignent les caract. suivants : Limbe calicinal margi- niforme, 5-denté , persistant. Pétales ellipti¬ ques , acuminés , à pointe infléchie. Styles réfléchis après la floraison. Péricarpe prisma- tique-5-gone, couronné parles styles et par le limbe calicinal. Méricarpes convexes au dos, dissemblables : l’un 3-ptère (la côte caréna- le et les côtes marginales ailées ; les côtes intermédiaires filiformes ) ; l’autre 4-ptère ( la côte carénale filiforme ; les 4 autres cô¬ tes ailées ). Bandelettes solitaires dans cha¬ que vallécule , géminées sur la commissure, qui est plane. Carpophore 2-parti. — Ce g. , voisin des OEnanthes , n’est fondé que sur une seule espèce , laquelle croît au Cap de Bonne-Espérance. C’est une herbe à ra¬ cine fusiforme ( ayant une odeur d’anis); à tige dressée , garnie de feuilles squammi- formes; à ombelles 12-15-radiées, munies d’involucre et d’involucelles polyphylles. (Sp.) AXXUEL , LE. Annuus, a (annus , année), bot. — Se dit des plantes qui par¬ courent toute leur période végétative dans le cours d’un an , depuis leur germination ANO ANO 547 jusqu’à leur fructification, après laquelle elles I comme il suit : Calice écaliculé, 5-fide. Pé- périssent. C’est l’opposé de vivace. (C. L.) j taies 5, obovales , étalés lors de l’épanouisse- ANNULAIRE ( annulas , anneau), ms. ment; onglets adnés à la base de l’andropho- — Mouffet nomme ainsi la chenille du Boni- re. Androphore à partie inférieure ventrue , byx neustria, vulgairement appelée livrée, recouvrant l’ovaire, et à partie supérieure (D.) columnaire, couronnée **’une touffe de filets * ANNULAIRE. Ânnularia [annulas , très nombreux, filiformes; anthères rénifor- anneau). moll. — M. Schumacher, dans mes, bivalves. Ovaire non stipité, multilo- son Essai d’une classification des Coquilles , culaire. Ovules solitaires dans chaque loge , confondant le Turbo elatius de Linné avec appendants, attachés à l’angle interne. Styles les Cyclostomes, fait pour le Cyclostoma en même nombre que les loges, filiformes , volvutus et quelques autres espèces un g. soudés par la base, terminés chacun par un Annulaire que l’on ne saurait adopter , stigmate capitellé. Péricarpe orbiculaire, mais qui donne la preuve que l’auteur dont déprimé, composé d’un nombre indéfini de nous parlons avait mal compris plusieurs coques cohérentes , 1 -spermes , radiantes , parties importantes de la classification de mutiques , ou cuspidées au sommet , irrégu- Lamarck. Voy. cyclostome. (Desh.) fièrement ruptiles, sans se désunir entre * AXACLÎAE ( annulus , anneau ). elles. Graines subréniformes , appendantes , bot. cr. — Quelques espèces de Con- à hile situé dans l’échancrure; tégument ferves avaient été désignées sous ce nom par crustacé. Périsperme très mince , mucilagi- MM. LinketLéon Leclerc. (C. M.) AN NU LOS A. année. — Synon. latin d’ANNÉLIDES. (C. D’O.) A.W'l'Ll’S bot. — Synon. latin d’AN- NEAU. (C. L.) ANNUMBI. Annumbius. ois. — Nom neux étant humecté. Embryon courbé con¬ formément à la graine ; cotylédons foliacés, plissés ; radicule supère. — Herbes annuelles (indigènes du Mexique). Feuilles hastiformes- trilobées ou anguleuses , alternes , longue¬ ment pétiolées; stipules latérales, géminées. donné par Azara à deux espèces d’Oiseaux Pédoncules axillaires, solitaires, 1-flores. du Paraguay, remarquables par la grandeur Corolle jaune, ou pourpre, ou violette, de leur nid , et dont nous avons fait un L’A. hastata, Cavan., est cultivée comme sous-genre de notre genre Anabate. Voy. j plante de parterre. On connaît 5 ou 6 autres ce mot. ANNUUS NUEL. A. BOT. (Lafr.) esp. , dont plusieurs se font aussi remarquer Voyez an- par des fleurs élégantes. (Sp.) (C. L.) AXO DESIS (avw , en dessus ; femç , ANOA. mam. — Genre d’ANTiLOPE. ligament ). ins. — Genre de Coléoptères (C. d’O.) | hétéromères, famille des Mélasomes, établi par M. Solier ( An. Soc. eut. de Fr., 1834, t. III, p. 594 ) aux dépens du g. Erodius ' Voyez ce mot. ANO B 11J M ( «vsu , sans ; Çioç , vie. Ces Insectes contrefont les morts quand on les surprend), ins. — Voyez Vrillette. de Fabr., dont il se distingue, suivant lui, par (D.) les caract. ci-après : Menton convexe en de- ANOCARPUM, De Cand. (. Syst . , t. II, hors , comme gibbeux , et sans strie ni sil- p. 222 , sub Diplotaxi ) ( avw, en dessus; Ion longitudinal. Yeux très courts, très YxpKôz, fruit), bot. ph. — Section du g. larges et fortement transverses , filiformes , Diplotaxis, famille des Crucifères. Suivant et point saillants ; ils se prolongent d’une M. De Candolle, elle offre pour caract. difl'é- manière très notable en dessous du bord la- rentiels : Style conique , comprimé , asper- téral de la tête. Cuisses minces, cylindriques me, ou 1-2-sperme à la base; stigmate bi- à leur base, fortement renflées en massue à lobé. Silique ( le plus souvent non-stipitée ) leur extrémité et non comprimées , et sub¬ dressée. (Sp.) filiformes comme dans les Erodius ; les cils ANODA, Cavan. (à priv.; v euph.; ôcTds, des antérieures sont plus courts et plus épb- route ; sans suture apparente ). bot. pii. neux. Dessus du tergum du prothorax pres- — Genre de la famille des Malvacées , dont que tronqué à sa base; les angles postérieurs M. Runth (in Humb. et Bonpl. , Nov. Gen. | non prolongés en arrière. Corps peu convexe et Spec. , t. Y, p. 2G5) a limité les caractères | en dessus, moins ovalaire, presque filifoî> ANO 543 ANO me , brusquement arrondi à l’extrémité pos¬ térieure. M. Dejean n’a pas trouvé ce g. assez ca¬ ractérisé pour l’adopter , et il en a réuni la seule espèce sur laquelle il est fondé (. Anod . Cleryi , originaire du Sénégal ) au g. Ero- dius de Fabricius. Voy. ce mot. (D.) * AX O I )OCHE I LU S ( «priv.; v euph.; 0V01 iç, dent; yjûos, lèvre), ins. — Genre de Coléoptères pentamères, famille des Hydro- canthares , tribu des Haliplides , établi par M. Babington , d’après une esp. de Rio-Ja- neiro , qu’il nomme A. maculatus. — Ce genre ne nous est connu que par l’indication qu’en donne M. Hope dans son ouvrage in¬ titulé : Hope's ColeopterisVs Manual, part. ÏI, p. 132. (D.) ANODON («voyous, ovro’s, édenté), moll. — Dans son Traité de Zoologie , M. Oken préfère ce nom grec à celui d 'Anodonta consacré depuis long-temps au g. Anodonte de Bruguière et de Lamarck. Voy. ano¬ donte et mulette. (Desh.) ANODONTE. Anodonta ( àvo'cfeuç, ov- to'î , édenté), moll. — Ce genre a été créé par Bruguière dans l’ Encyclopédie Méthodique lorsqu’il coordonna les planches de cet ou¬ vrage. Ce savant conchyliologue étant mort sans avoir achevé le texte de ce grand ou¬ vrage, ce fut Lamarck qui , le premier, dé¬ termina rigoureusement les limites du g., et le caractérisa dans le premier tableau systématique de conchyliologie qu’il publia en 1799 dans les Mémoires de la Société d' Histoire naturelle de Paris. A l’époque où le genre Anodonte fut créé, il pouvait être maintenu sans difficulté dans la méthode ; mais depuis que de nombreuses observa¬ tions sont venues successivement enrichir la science ; depuis que le nombre des espè¬ ces s’est accru dans ce g., aussi bien que dans les Mulettes , de la manière la plus inattendue, toutes les personnes qui se sont occupées de conchyliologie se sont aperçues que les Anodontes et les Mulettes se liaient par les nuances les plus insensibles, et que, par l’étude seule des coquilles , il était im¬ possible de déterminer d’une manière ra¬ tionnelle la limite des deux genres. Mais il fut bien plus impossible encore de détermi¬ ner cette limite lorsque l’on sut enfin que les animaux des Anodontes ne diffèrent en rien de ceux des Mulettes ; et, dès lors , il fallut convenir que, pour les deux g. que nous venons de mentionner , les caractères de la charnière ne sont de nulle valeur. Les espèces qui ont cette partie le plus forte¬ ment articulée ne diffèrent en rien, quant à l’animal, des espèces qui ont la charnière simple et sans dents. On conçoit, d’après cela, qu’il est nécessaire de rassembler en un seul genre les Anodontes et les Mulet¬ tes , et nous verrons, en traitant de ce der¬ nier , qu’il faudra y réunir aussi les Hyris et les Castallies de Lamarck. Voy. mulet- te . ( Desh. ) ANODONTEA, DC. (Syst. Iï, p. 317, sub Alysso ) («v&>, en dessus; ôiïovs, ovto'?, dent ). bot. ph. — Syn. du s. -g. Aurinia , C. - A. Meyer , de la famille des Crucifères. (Sp.) * ANODONTIDES , et non ANO- DONTIIIDES. Anodontidia («vocTous, ov- to's, édenté; eîcTos, apparence), moi.l. — M. Rafinesque, dans une monographie des coquilles de l’Ohio, publiée dans le Journal général des Sciences naturelles de Bruxel¬ les , a divisé en un grand nombre de genres et de familles les Anodontes et les Mulet¬ tes. Il a proposé une famille des Anodon- tines , qui, correspondant exactement au g. Anodonte des auteurs, est aujourd’hui ab¬ solument inutile , lorsque surtout le gen¬ re Anodonte lui-même ne peut subsister. Voy. ANODONTE et MULETTE. (DESH.) ANODONTITE (dimin. d’&ctfous, ov- t<3ç, édenté), moll. — Nom sous lequel Bru¬ guière a d’abord séparé les Anodontes. Ce nom a été changé depuis contre celui qui est encore en usage. (Desh.) * ANODONTIUM («vod'ous, ovto's, éden¬ té ). bot. cr. — Ce, genre acrocarpe , uniquement fondé sur un caractère très variable comme la présence ou l’absen¬ ce de fleurs mâles axillaires , a été aban¬ donné par Bridel lui-même, qui l’avait éta¬ bli aux dépens du g. Gymnostome, et sur une seule espèce d’Hedwig, le G. prorepens, propre à l’Amérique septentrionale. Ce g. n’a point été adopté et ne devait pas l’être. (C. M.) *ANODONTYRA (âvâfovs, ovro? , sans dents ; ovpû, queue ; extrémité abdominale). ins. — Genre établi par M. Westwood ( pro - ceedings oftheZool. Soc. of Lond.), qui le place dans la famille des Scoliens , et lui as™ ANO AN O 549 signe les caractères suivants : Corps allongé. Antennes grêles, de treize articles. Mandibu¬ les armées d’une forte dent au côté interne, avant l’extrémité ; palpes maxillaires , longs, composés de six articles ; les labiaux de quatre. Abdomen oblong , sans pointes à l’extrémité. D’après M. Westwood, les Ano- dontyra sont voisins des Tengyra. Leurs ailes présentent la même disposition dans les nervures , mais le corps est plus court que dans les Tengyra et les Myzine raâles. — L’auteur ne rapporte à son g. qu’une seule espèce du Chili , qu’il désigne sous le nom d’A. tricolor. (BL.) *ANODUS (àvocToy;, édenté). ins. — Genre de Coléoptères pentamères, famille des Bra- chélytres, tribu des Fissilabres , établi par M. Nordmann ( Symbolæ ad monographiam Staphylinorum ), et auquel il assigne les caract. suiv. : Palpes courts ; les maxillaires comme dans les Staphylins ; les labiaux ayant les deux premiers art. courts, le deuxième épais , tronqué au bout. Mandibules peu al¬ longées, non fortes, falquées, minces, éden¬ tées, légèrement rétrécies à la base , ce qui leur donne une forme singulière. Chaperon très court. Labre court, échancré. Antennes allongées, filiformes , plus minces extérieu¬ rement ; 1er article plus long que les autres, épais à la base; le second très court; le troi¬ sième une fois plus long. Les autres, cylin¬ driques , presque linéaires et graduellement plus courts ; le dernier échancré oblique¬ ment au sommet. Tête grande , transverse , avec les yeux petits et non saillants. Cou dis¬ tinct. Corselet peu allongé, carré, un peu atténué postérieurement. Corps et pattes comme dans les Staphylins. L’auteur rap¬ porte à ce g. trois espèces d’Europe, dont deux nouvelles nommées par lui A. messor et A. falcîfer , et la 3e qui est le Staphyli- nus morio des auteurs. (D.) AIVOECTANGIUM. Anictangium (âvotxros , ouvert ; âyyeïov , vase , capsule). bot. cr. — Ces deux noms ont été indiffé¬ remment employés pour désigner un gen¬ re de Mousses , mais il s’en faut bien que chacun des bryologistes qui s’en sont servi lui ait attribué les mêmes caractères. On trouve, en effet, sous ce nom , dans les au¬ teurs, des Mousses acrocarpes et pleurocar- pes, munies ou dépourvues de péristome. Un grand nombre de Gymnostomes, pres¬ que toutes les^péces du genre Schistidium Brid., une NeiAère et un Macromitrium, s’y trouvaient réunis , sans rien avoir de com¬ mun que le nom. Aujourd’hui , on réserve le nom qui fait le sujet de cet article à des Mousses pleurocar- pes de la tribu des Hypnées et dont voici les caract. : Péristome nul. Calyptre cucullifor- me ou en capuchon. Capsule égale , sans an¬ neau, latérale, munie d’un opercule conique, recourbé en bec. Fleurs dioïques, latérales. Fleurs mâles gemmiformes. Anthères nom¬ breuses, accompagnées de beaucoup de pa- raphyses filiformes , articulées. Pistils aussi très nombreux, dont un seul est fécond. Ce g., étant purement artificiel et se composant de deux tribus distinctes, offre peu de ca¬ ract. qui soient communs à toutes deux. Dans l’une, à laquelle Bridel conserve le nom d’Anictange, les espèces sont dressées ; dans l’autre, qu’il nomme Erpodium , elles sont rampantes. Les premières sont rapprochées des Hypnées par le port, les secondes des Cryphées par leur capsule presque sessile et leurs feuilles à réseau lâche. Les cinq ou six espèces connues vivent entre les tropiques, soit sur les troncs d’arbres, soit sur la terre. Le g. Hedwigia , établi par Hooker (Musc, exot ., t. 46, et 139), est absolument le mê¬ me que celui-ci. Il ne pouvait être conservé à cause d’un g. homonyme de la Phanéro- gamie, fondé par Swartz et universellement adopté ; aussi voyons-nous dans l’énuméra¬ tion des g. de cette famille, jointe à l’expo¬ sition qu’en fait M. Lindley (A nat. Syst. of Bot.), M. Hooker lui-même y renoncer et adopter le g. Anœctangium. Anyctangie , qu’on trouve dans le Dict. class., est un mot que condamne l’étymologie. (C. M.) * ANOECTOCHILUS. Chrysobaphus , Wall. ; Orchipedum , Kuhl et Hass. (àvotx- ro’s, ouvert ; yeïïos, lèvre ). bot. ph. — Gen¬ re de la famille des Orchidacées , tribu des Néottiées , formé par Blume ( Flor. Jav., Prœf. YI ) , avec ces caract. : Périgone rin- gent ; segments extérieurs plus larges , sup¬ posés au labelle , et légèrement connés à la base; le supérieur soudé en casque, avec les segments internes , qui sont plus petits et inégaux. Labelle conné avec le gynostè- me, renllé-ventru à sa base, canaliculé-on- guiculé au sommet , à limbe dilaté , semilo- bé , étalé. Gynostème court, courbé en 550 ANO AIN O dessus , atténué-échancré , calleux des deux côtés , bilamellé en avant. Anth. terminale , biloculaire. Pollinies 2 , subbilobées , à cau- dicules très courtes; glandule commune, oblongue. ■— Ce g. renferme quelques plan¬ tes javanaises caulescentes , radicifères à la base; à feuilles membranacées , nervées ; à inflorescence en épis bractéés. (C. L.) ANOEGOSANTIIUS. bot. — Voyez ANIGOSANTHUS. (C. L.) ANOEMA. mam. — Nom scientifique donné par Fréd. Cuvier au Gochon d’Inde. VoiJ. COBAYE. (C. D’O.) * ANOEREA (àvKt^ew, je détruis ; il eût fallu écrire Anœrea ). ins. — Genre de Coléoptères tétramères , famille des Lon- gicornes , établi par M. Mulsant , dans son Eïst. nat. des Coléopt. de France, p. 184, aux dépens du g. Saperda de Fabricius, pour y placer une seule esp., la S. carcha- rias de ce dernier. Après avoir comparé at¬ tentivement les caract. assignés à ce g. par M. Mulsant avec ceux du g. Saperde , nous n’y avons aperçu d’autre différence que celles qui résultent de ce que les élytres de la S. carcharias sont terminées par une petite pointe, tandis que celles des autres Saperdes sont obtuses. Ce caract. nous paraît bien minime pour constituer un genre. Voy. le g. SAPERDE. (D.) * AXOGCODES ( « priv. ; v euph.; oy- x«dV, enflé), ins. — Genre de Coléoptères hétéromères , famille des Sténélytres , établi par M. Dejean, dans son dernier Catalogue , aux dépens des g. OE déniera d’Olivier, et Dryops de Fabricius. Il y rapporte 11 esp., dont 8 d’Europe , 1 de Sibérie , 1 de Gui¬ née , et 1 de la Perse occidentale. Nous cite¬ rons seulement comme type du g. VAnog. melanura , ou QEdem. id. d’Olivier, qui se trouve en Allemagne, et quelquefois aux environs de Paris. — Ce g., dont M. Dejean n’a pas publié les caract., se distingue prin¬ cipalement des OEdémères par les cuisses postérieures non renflées , et des Dryops et des Asclera, genres voisins, par un écusson arrondi et non triangulaire , comme chez ces derniers. Du reste , les Anogcodes ont les élytres assez larges , molles , légèrement convexes , faiblement amincies vers l’extré¬ mité, avec trois côtes longitudinales à peine marquées sur chacune d’elles. (D.) *ANOGE ISSUS , Wallich , Cat. - Co- nacarpi sect. Leiocarpus et Anogeissus , RC. ( Prodr. IIT , p. 16 ; Mém. Soc. d’hist. nat. Genev., IY, tab. 5) («vw, en haut; ystu- crov , bord saillant ). bot. ph. — Genre de la famille des Combrétacées (tribu des Ter- minaliées, DG.). M. Guillemin ( Flor . Seneg ., t. I , p. 279) en a donné les caract. suivants : Tube calicinal à partie adhérente compri¬ mée , diptère ; partie inadhérente prolongée beaucoup au delà de l’ovaire , filiforme , per¬ sistante; limbe cyathiforme, 5-denté, non persistant. Corolle nulle. Etamines 10 , 2-sé- riées , saillantes , insérées au limbe calicinal ; filets subulés ; anthères 2-thèques , cordifor- mes, longitudinalement déhiscentes. Ovaire infère, 1-loculaire, 2-ovulé; ovules anatro- pes , suspendus au sommet de la loge. Style filiforme ; stigmate pointu. Fruits compri¬ més , coriaces , 2-ptères , 1-spermes , mucro- nés (par la portion persistante du tube cali¬ cinal), lâchement imbriqués. Graine ovoïde, suspendue. Embryon rectiligne : cotylédons charnus , convolutés en spirale ; radicule su- père. — Arbres à feuilles alternes , très entiè¬ res, non glanduleuses ; fleurs jaunes, 1-brac- téolées, agrégées en capitules pédonculés, axillaires. — On en connaît 4 esp. , dont 1 de la Sénégambie et 5 de l’Inde. (Sp.) * ANOGLOCHIS ( âvw, en haut;y>fc>- xU, pointe). — Mot formé par l’abbé Croizet pour désigner son s.-g. de Cerfs fossiles de l’Amérique , dont le premier andouiller est éloigné de la couronne. (L. D.) *ANOGRA, Spach ( Nouv . Ann. des Sc. nat., t. IY, p. 359 [Anagramme d'Onagra]). — Baumannia , Spach (Hist. des Plantes phan., t. IY, p. 551 , non DC). bot. ph. — Genre de la famille des Onagraires (tribu t des Onagrées, sect. desEnothérinées ), établi sur quelques esp. d’Ænothera des auteurs. Il diffère des vrais Ænothera par des fleurs diurnes, pendantes en préfloraison, à co¬ rolle rose; des ovules î -sériés dans chaque loge, non imbriqués; des capsules linéaires- tétragones; des graines lisses, anguleuses. (Sp.) * A N O L E X E S . Anolena ( à priv.; o/svij, bras ). térat. — Ranzani a donné cette épithète aux animaux de la classe des Acé¬ phales qui n’ont pas de bras. (C. d’O.) *ANOLEPTUS («vw, en haut; >e*ros, étroit ; sommet aminci ). bot. piï. — Ce mot a été appliqué par M. De Gandolle à la ANO ANO 551 première section du g. Sonckus , dans la¬ quelle il comprend deux plantes vivaces , originaires du Cap , dont les capitules sont multiflores, les fruits striés longitudinale¬ ment et presque atténués au sommet en une sorte de bec. (J. D.) ANOLIS. rept. — Genre de Reptiles, formé par Daudin , et que MM. Duméril et Bibron placent dans leur famille des Lé¬ zards iguaniens ou Sauriens eunotes. Coc¬ teau assigne à ce genre les caractères sui¬ vants : Tête pyramidale, allongée. Corps épais , légèrement comprimé latéralement. Queue longue, renflée par intervalles, sur¬ montée à sa naissance d’une crête plus ou moins prononcée ; les membres, et les posté¬ rieurs surtout, très développés, grêles, ainsi que les doigts, qui sont terminés par des ongles forts et crochus. Bouche grande ; langue molle, spongieuse, entière, un peu extensible; dents nombreuses, peu inégales, serrées et aplaties de dehors en dedans : les antérieures simples ; les postérieures bicus- pides, ou tricuspides, ou dentelées en scie. Plusieurs auteurs prétendent que les Anolis ont des dents simples , coniques, au palais ; d’autres disent qu’ils n’en ont pas ; le fait est que ces dents ne sont pas constantes chez tous les Anolis , preuve que ces Phanères ne peuvent pas avoir, dans l’Histoire des Reptiles, toute l’importance caractéristique que l’on a voulu leur attribuer. Les branches postérieures de l’os hyoïde se prolongent chez ces animaux , fort, en arrière , sous le thorax , et le rapprochement de leurs extré¬ mités détermine , dans certaines circonstan¬ ces physiologiques , une saillie plus ou moins considérable de la peau du gosier, é- largie en une sorte de fanon que l’on a ap¬ pelé improprement goitre , et qui a fait donner aux Anolis les noms vulgaires de Goitreux, de Papa-Vento , etc. Les côtes se réunissent entre elles à la partie infé¬ rieure du thorax, à peu près comme chez les Caméléons , avec lesquels les Anolis ont encore d’autres points de ressemblance ; les yeux sont saillants, munis de deux paupiè¬ res à peu près égales ; le tympan forme une ouverture ovalaire-libre. La tête est couverte de petites plaques égales, polygones, irré¬ gulières ; le corps est revêtu d’écailles peti¬ tes, égales, uniformes, quadrilatères, lis¬ ses, subYerticillées , réunies sous le ventre en forme de suture ; sur les membres elles prennent une forme rhomboïdalc, et devien¬ nent carénées ; mais le caractère propre des Anolis est celui qui leur a valu les noms de Lézards larges-doigts ou Dactyloa ; la der¬ nière phalange de tous les doigts est grêle , arrondie, tandis que l’avant-dernière est renflée, élargie en une plaque discoïdale aux quatre doigts extérieurs de chaque pied, garnie au dessous de petites lamelles trans¬ versales qui aident ces Sauriens dans l’ac¬ tion de grimper : car les Anolis chassent or¬ dinairement sur les arbres et les buissons , et se nourrissent non seulement d’insectes, mais encore de fruits et de baies ; leur colo¬ ration , en général verdâtre, se perd facile¬ ment dans la teinte du feuillage sous le¬ quel ils se cachent; cette couleur est aussi , comme celle du Caméléon , sujette à varier brusquement , selon les sensations de l’ani¬ mal. Les Anolis sont vifs et lestes; ils cou¬ rent avec promptitude , et sautent avec légè¬ reté d’une branche à l’autre ; ils mordent fortement et avec assez d’acharnement la main qui les saisit ; mais leur morsure est innocente. Ils s’accouplent et se reprodui¬ sent comme la plupart des autres Sauriens. MM. Duméril et Bibron indiquent 25 esp. d’Anolis , qui appartiennent presque toutes à l’Amérique et aux Antilles. (C. d’O.) AIYOMA, Lour. ( Flor . Coch. ed.Willd ., p. 541) (Jx.vofj.oc , irrégulier), bot. ph. — - Genre de la famille des Légumineuses (s. - ordre des Césalpiniées, tribu des Cassiées, DC.). Établi par Loureiro sur des esp. très hétérogènes , ce g. a été limité à une seule esp., fort incomplètement connue, et à la¬ quelle on assigne pour caract. génériques : Cal. de 5 sépales presque égaux, oblongs, sou¬ dés par la base.Pét. 5, presque égaux, oblongs. Étamines 10 , ascendantes , alternativement fertiles et stériles. Légume épais, oblong, 1- loculaire, 2-valve, polysperme. — Arbris-: seau (indigène de Cochinchine) à feuilles opposées, bipennées; folioles subovales, co¬ tonneuses; fleurs blanches, disposées en pa- nicules. (Sp.) ANOMAL. Ànomalus ( àvco^«>o;, ir¬ régulier ). — Cet adjectif s’emploie , en Histoire naturelle, pour désigner un être qui, par son faciès , l’absence ou la présen¬ ce de certaines parties , s’éloigne des êtres que leurs caractères généraux placent à cô- ANO 552 ANO té de lui, et auquel il doit être comparé. (C. D’O.) ANOMAL. Anomalus ( «vc5u*/oç, irré¬ gulier ). bot. — Se dit de tout organe dont la forme s’éloigne de celle du type général. On dit en général qu’une fleur est anomale quand sa forme n’est pas celle des fleurs qu’on voit le plus ordinairement : par exem¬ ple les fleurs des Linaires , des Ancolies , des Aconits , etc. (C. L.) * ANOMAL. Anomalis (àvoç, irré¬ gulier). mam. — Qui est irrégulier ou con¬ traire à l’ordre naturel. (C. d’O.) * ANOMAL A («vc Lixoàoç, irrégulier), ms. — Genre de Coléoptères pentamères , fa¬ mille des Lamellicornes, tribu des Scarabéi- des phyllophages , établi par Mégerle aux dépens du g. Melolontha de Fabricius , et adopté par presque tous les entomologistes. Ses caract. , suivant Westwood, le seul au¬ teur, à ma connaissance, qui les ait pu¬ bliés ( Synopsis of the généra of British Insects) , sont : Antennes de 9 articles. On¬ gles inégaux. Chaperon non avancé. Corselet large postérieurement. — Ce genre a pour type le Melolontha vitis de Fabricius, au¬ quel sont venues se réunir une foule d’espè¬ ces analogues, tant d’Europe que des autres parties du globe. M. Dejean , dans son der¬ nier Catalogue, en mentionne 71. Ce sont des Insectes de moyenne taille pour la plu¬ part; d’un vert métallique très brillant, qui se change en bleu ou couleur de bronze doré dans quelques espèces. Ils se distin¬ guent, à la première vue, des Hannetons par leur forme presque ovoïde, et par leurs pat¬ tes, plus courtes et plus trapues. On en trou¬ ve une esp. aux environs de Paris : c’est le Melolontha Juin de Fabricius, qui va¬ rie tellement, suivant les contrées qu’il habite , qu’il a reçu neuf noms différents. (DO ANOMALES. Anomal œ ( àv&fioàos, ir¬ régulier ). bot. — Tournefort donnait ce nom aux plantes de sa 11e classe , à corolle polypétale , irrégulière : Balsamines , Fu- meterres , Delphinelles, etc. (C. L.) * ANOMALIE. Anomalia (àvw//.o.:/ta , ir¬ régularité ). bot. — Dénomination qui , en Botanique , s’applique en général à toute déviation des formes ordinaires. (C. L.) * ANOMALIES .Anomaliœ ( avco/xaAta , disparité), zool., ter at.— Toutes les espè¬ ces , principalement l’homme, et les animaux domestiques répandus comme lui dans des climats très divers et exposés à l’action d’un grand nombre de causes modificatrices , sont sujettes à une foule de variations dans la forme , le volume , la structure , et , en gé¬ néral , la disposition des organes. Le même individu observé à deux âges, ou même dans deux saisons diverses, présente sou¬ vent de notables différences. Cependant , au milieu de toutes ces diversités normales , il existe un ensemble de traits communs à la majorité des individus qui composent une grande espèce; et c’est cet ensemble de traits communs qu’on nomme le type spécifique. Toute déviation du type spécifique , ou , en d’autres termes, toute particularité or¬ ganique que présente un individu comparé à la plupart des individus de son espèce , constitue ce qu’on appelle une Anomalie , et quelquefois une déviation organique. Cette définition, avec laquelle les données étymologiques du mot Anomalies sont par¬ faitement en rapport , peut , au premier as¬ pect , paraître un peu abstraite ; mais elle renferme en elle l’expression très exacte de la valeur du mot Anomalies , généralement si mal compris , même par les tératologues. Elle met en lumière une notion qu’il impor¬ te d’acquérir dès les premiers pas faits dans l’étude de la tératologie, savoir, qu’une ano¬ malie n’est point essentiellement une con¬ formation irrégulière et désordonnée , une infraction aux lois générales de la nature , mais simplement une conformation insolite , un état organique différent de celui que nous avons habituellement sous les yeux. C’est ce que notre illustre Montaigne avait parfaite¬ ment compris et indiqué dès 1580 , lorsque dans ses immortels Essais , à l’occasion d’un monstre double, il s’exprimait ainsi • « Nous appelons contre nature ce qui advient con¬ tre la coustume : rien n’est que selon elle, quel qu’il soit. » C’est parce qu’il en est ainsi que la térato¬ logie est une science , et non une vaine et sté¬ rile collection de faits auxquels on pourrait tout au plus prendre un intérêt de curiosi¬ té. Supposez que les Anomalies ne soient , comme on l’a dit jusque dans le siècle dernier, comme quelques uns le répètent encore au¬ jourd’hui, que de vains jeux de la nature, le sentiment qu’elles doivent inspirer serait ANO ANO 553 celui qu’exprime cette phrase célèbre de Pline : Ludibria sibi , miracula nobis inge- niosa fecit natura. L’étude d’un être ano¬ mal, son examen anatomique lui-même , ne saurait conduire à d’autres résultats qu’à la constatation des formes plus ou moins bizar¬ res, à la mesure de la distance plus ou moins grande qui les sépare des formes normales et, par suite, à un étonnement stérile et irra¬ tionnel. Si , au contraire , les Anomalies, se¬ lon la belle expression de Montaigne , sont contre la coustume seulement, et non con¬ tre la nature ; si elles ont leurs règles et leurs lois ; si même ces règles et ces lois ne diffèrent pas essentiellement des règles et des lois qui régissent les êtres normaux, un lien intime se trouve établi , non seulement entre tous les faits de la Tératologie , mais aussi entre les faits tératologiques et les faits relatifs aux êtres normaux. La Tératologie devient dès lors une science, à l’étude de laquelle s’attache un double intérêt et une double utilité , puisque l’observateur peut s’y proposer un double but : la coordina¬ tion des faits tératologiques considérés en eux-mêmes ; puis l’application de ces faits et des conséquences qui en résultent aux diver¬ ses branches des sciences de l’organisation. Tel est le caractère , telle est la portée de la Tératologie, telle que l’ont faite les travaux récents. Et comme la Tératologie, dans les mille et mille faits qui lui appartiennent , embrasse toutes les conditions de l’organi¬ sation chez tous les êtres, nous ne craignons pas d’aller trop loin en disant qu’il n’est pas une des lois de l’organisation qui ne puisse , si elle est vraie, recevoir de cette branche nouvelle de la science une utile confirma¬ tion, et dont la fausseté, dans le cas contrai¬ re, ne puisse être par elle mise en lumière. Dans cet article placé presque au début de ce Dictionnaire, et alors que l’ordre al¬ phabétique nous a permis à peine l’exposi¬ tion de quelques faits particuliers , nous ne saurions suivre la Tératologie ni dans ses hautes généralités , ni dans les brillantes ap¬ plications qui déjà en ont été faites ou peu¬ vent l’être à la Physiologie , à l’Anatomie comparée , à la Zoologie. Leur exposition trouvera naturellement sa place dans un ar¬ ticle général sur la tératologie ( Voy . ce mot), tandis qu’il est indispensable, même pour l’intelligence des articles spéciaux qui vont suivre , de placer ici quelques notions préliminaires sur la nomenclature et la clas¬ sification tératologiques. En remontant à la définition que nous avons donnée au commencement de cet article , il est évident que les Anomalies, bien qu’elles soient, sous un point de vue général , intimement liées entre elles , doi¬ vent être infiniment nombreuses et variées. Elles le sont en effet. Tout écart du type spécifique est une Anomalie , depuis la va¬ riété la plus simple , la moins apparente , la plus dénuée d’influence sur l’ensemble des fonctions , jusqu’à la déformation la plus bi¬ zarre et la plus hideuse de l’être tout entier, à l’altération qui entraîne comme conséquen¬ ce la non-viabilité ou la nécessité de vivre dans les conditions les plus exceptionnelles ; depuis, par exemple, la plus légère modifi¬ cation dans la couleur, dans la forme , dans la grandeur du corps ou de l’une de ses par¬ ties , jusqu’à l’existence de deux , de trois têtes pour, un seul corps, jusqu’à la suppres¬ sion simultanée de tous les organes réputés les plus essentiels à la vie. Tous ces états de l’organisation , s’ils ont quelque chose de commun , en tant que con ■ stituant des faits de déviation du type spé¬ cifique , sont manifestement très différents entre eux ; et la nécessité de leur division et de leur subdivision en groupes de divers or¬ dres régulièrement subordonnés les uns aux autres n’est pas moins évidente que le lien par lequel les Anomalies sont unies sous le point de Yue le plus général. Cette nécessité a cependant plus ou moins complètement échappé à un grand nombre d’auteurs , et tellement, que le mot Monstruosité , malgré ses données étymologiques et l’acception qu’il tient de l’usage, avait fini par devenir, dans la nomenclature tératologique , un sy¬ nonyme exact du mot Anomalie. On trouve, en effet, jusque dans les ouvrages les plus ré¬ cents, ces deux termes pris indifféremment l’un pour l’autre , et appliqués également aux déviations les plus légères comme aux plus graves et aux plus complexes. Frappé des inconvénients d’une telle con¬ fusion , et persuadé que , si les mots ne font pas la science, ils aident puissamment à la faire , nous n’avons pas craint de consacrer des recherches assez longues à la réforme de la nomenclature tératologique , en même T. I. 55* ANO ANO 554 temps qu’à l’établissement d’une classifica¬ tion régulière pour l’ensemble des Anoma¬ lies. Ces recherches nous ont conduit à distin¬ guer les Anomalies en quatre groupes prin¬ cipaux , qu’à l’exemple des zoologistes nous avons appelés embranchements. Le tableau synoptique suivant les présen¬ te dans l’ordre et avec les noms que nous avons adoptés , et donne une première idée de leurs rapports. ! simples...... HÉMITÉRIES ( Variétés et Vices de conformation). . , r HETEROTAXIES. I HERMAPHRODISMES, complexes. / MONSTRUOSITÉS {Mon- J stres unitaires et M. [ composés ). Les HÉMÏTÉRIES , qui , ainsi qu’on le voit par ce tableau , constituent le premier embranchement , peuvent être définies par leur simplicité même. Toute Anomalie sim pie , c’est-à-dire portant sur un seul organe, sur un seul système , sur une seule condition organique , est une Hémitérie. Aussi la plu¬ part des Anomalies de ce premier embran¬ chement ne mettent-elles obstacle à l’accom¬ plissement d’aucune des fonctions vitales, et constituent-elles ce qu’on nomme habi¬ tuellement de simples variétés. S’il en est autrement de quelques autres généralement comprises sous le nom de vices de confor¬ mation , c’est par des obstacles apportés en quelque sorte mécaniquement, et sur un point seulement, à l’accomplissement d’u¬ ne fonction dont l’appareil est d’ailleurs bien développé. Entre ces dernières Hémîtéries , plus ou moins nuisibles à l’individu qui les présente , et les simples variétés , il n’existe d’ailleurs aucune différence organique de quelque importance ; les unes et les autres sont également simples , et souvent même ce qui est vice de conformation dans une espèce constitue seulement une variété dans une autre. Les Hémitéries sont, entre les quatre em¬ branchements tératologiques, le plus vaste, sans nulle comparaison. Il n’est peut-être pas un seul sujet, surtout parmi les csp. placées hors des conditions uniformes de la vie sau¬ vage, qui, examiné attentivement dans tou¬ tes ses parties, se trouvât exempt de toute Hémitérie. Cet embranchement est aussi celui de tous dont l’étude offre le plus d’im¬ portance, soi t à cause des nombreuses applica¬ tions pratiques auxquelles elle peut condui¬ re, soit parce que, les autres Anomalies pou¬ vant toutes être considérées comme résultant de l’association de deux ou de plusieurs Hé¬ mitéries, la connaissance de celles-ci est en quelque sorte la base sur laquelle repose la Tératologie tout entière. Le second embranchement, celui desHÉ- TÉROTAXIES, est aussi peu nombreux et aussi peu étendu que le précédent est vas te. Il résulte, en effet, de conditions dont la coexistence est nécessairement fort ra¬ re , et pourrait même , au premier aspect , être jugée impossible. Les Hétérotaxies dif¬ fèrent essentiellement des Hémitéries en ce qu’elles sont complexes ; en d’autres termes, en ce qu’elles affectent à la fois un grand nombre d’organes 5 et cependant, comme les variétés les plus simples , elles ne mettent obstacle à l’accomplissement d’au¬ cune fonction. — Ce sont donc des Ano¬ malies fort remarquables sous le rapport anatomique , et dont cependant l’influence physiologique est presque nulle ; ce qui , au premier aspect, semble contradictoire. Le plus souvent même , chez les animaux , et toujours chez l’homme , en raison de la sy¬ métrie de ses organes extérieurs , les Hétéro¬ taxies ne modifient pas d’une manière appré¬ ciable la forme générale ; en sorte que, quel¬ que complexes que soient ces Anomalies , il est parfois bien difficile de les découvrir sans l’aide du scalpel. Sans entrer, sur la nature des Hétérotaxies, dans des détails qui auront naturellement leur place dans un autre ar¬ ticle (, Voy. hétérotaxies ) , il est né¬ cessaire d’indiquer dès à présent par une courte remarque , comment se produit un résultat en apparence si paradoxal. Les Hé¬ térotaxies résultent de la coexistence et de la coordination régulière de plusieurs modi¬ fications qui seraient, chacune prise à part, des causes de trouble ou même de mort, mais qui, combinées ensemble, se compen¬ sent mutuellement, annulent réciproque¬ ment leurs effets fâcheux, et finissent par reproduire, sous une autre forme et dans un autre sens, toutes les conditions de la vie normale. ANO ANO 555 Les deux embranchements précédents n’a¬ vaient encore été ni distingués et déterminés , ni dénommés. Le troisième, celui des HER¬ MAPHRODISMES, était, au contraire, éta¬ bli à l’avance sous ce nom par les tératolo¬ gues allemands, qui ont ainsi beaucoup éten¬ du et généralisé le sens du mot Hermaphro¬ disme. Un Hermaphrodite, dans l’acception usuelle de ce mot , est un être possédant les deux sexes, et pouvant, soit se féconder lui- même, soit alternativement féconder et être fécondé. Tel est le sens dans lequel le mot Hermaphrodite , et, de même, le mot Herma¬ phrodisme ou Hermaphroditisme , ont d’a¬ bord été employés en Tératologie. Les an¬ ciens auteurs réservaient le nom d’Herina- phrodite aux individus auxquels ils attri¬ buaient la faculté de remplir tout à la fois les fonctions dévolues aux deux sexes dans l’acte delà reproduction, ou du moins dans lesquels ils admettaient l’existence simulta¬ née d’organes mâles et d’organes femelles. Mais le sens tératologique des mots Her¬ maphrodite et Hermaphrodisme a pris peu à peu plus d’extension; et nous n’a¬ vons véritablement fait que donner une expression nouvelle, plus nette et plus con¬ cise peut-être, d’un système d’idées et de nomenclature déjà consacré par i’usage , lorsque nous avons défini V Hermaphrodis¬ me anormal la réunion chez le même indi¬ vidu des deux sexes ou de quelques uns de leurs caractères. Ainsi , tandis que pour les anciens auteurs il n’existait et ne pouvait exister qu’un seul genre d’Hermaphrodisme, l’Hermaphrodisme absolu, nos définitions nouvelles nous font concevoir la possibilité, et prévoir l’existence d’une multitude de genres d’Hermaphrodisme. Entre les deux termes extrêmes des déviations qui existent dans ce groupe; entre la réunion de tou¬ tes les conditions normales d’un sexe avec un seul des caractères de l’autre, premier degré possible de l’Hermaphrodisme, et la duplicité complexe des sexes, qui en forme le dernier, il peut se trouver, et il se trouve, en effet , une longue série de cas remarqua¬ bles et variés. Le rang que nous assignons aux Herma¬ phrodismes, après les Hémitéries et les Hété- rotaxies , et avant les Monstruosités , n’est nullement arbitraire, mais résulte nécessai¬ rement de leur degré d’influence sur l’orga¬ nisation et les fonctions des êtres qui en sont affectés. Ainsi , lors de la naissance, l’influen¬ ce des Hermaphrodismes n’est pas sensible, et son importance physiologique, en parti¬ culier, est nulle ou presque nulle, comme celle d’une Variété ou d’une Hétérotaxie. Au contraire , à partir de l’époque de la pu¬ berté , les Hermaphrodismes deviennent causes de modifications très notables dans l’ensemble de l’organisation, exercent une influence manifeste sur plusieurs fonctions, et par là se montrent comparables aux Anomalies les plus graves , c’est-à-dire aur MONSTRUOSITÉS. Les Hermaphrodismes conduisent ainsi, sous quelques points de vue, à ces dernières, essentiellement caractérisées par leur com¬ plication et leur gravité ; mot dans lequel se résument tout à la fois l’importance des mo¬ difications subies par un plus ou moins grand nombre d’organes chez les Monstres , et l’influence exercée sur leurs fonctions; influence qui est telle, que la vie devient, ou impossible hors du sein maternel, ou possi¬ ble seulement dans des circonstances et avec des conditions tout exceptionnelles. Telles sont, pour citer dès à présent quelques exemples, celles que l’on a observées plu¬ sieurs fois, et toujours avec un si vif intérêt, chez les êtres doubles , résultant de l’asso¬ ciation , de l’union plus ou moins intime de deux sujets ( Voy. Monstres doubles MONOMPHALIENS, SYSOMIENS , MONOSO MIENS , HÉTÉROTYPIENS , IIÉTÉR A LIENS , etc.). Telles sont, et plus remarquables en¬ core , celles dont plusieurs exemples ont été offerts par ces êtres imparfaitement déve¬ loppés, et parfois tout à fait informes, qui, inclus et cachés dans l’abdomen d’un frère jumeau, ont pu y traîner, durant un grand nombre d’années, une existence ignorée de tous, sans excepter celui qui les portait ( Voy. Monstres doubles endocymikns). Telles sont les quatre divisions primaires ou embranchements que nous avons cru de¬ voir admettre parmi les Anomalies. Nous en avons donné en peu de mots la caractéris¬ tique, nous réservant de consacrer à cha¬ cun d’eux, dans la suite de cet ouvrage, un article spécial, et de résumer, au mot té¬ ratologie, les généralités qui sont appli¬ cables à l’ensemble des Anomalies. (Is. G. S. H.) 556 ANO ANC * ANOMALIFLORE. Anomaîiflorus ( anomalus [ àvh[ict\Q$ ] , irrégulier ; flos , fleur ). bot. — Épithète appliquée par Cas- sim à la calathide, au disque et à la couron¬ ne des Synanthérées , quand les corolles de leurs fleurs sont anomales. (C. L.) AAMOMALINE. Ânomalina (âvJjjj.odoç, irrégulier, anomal), foram. — Genre de Foraminifères, de l’ordre des Hélicostègues, famille des Turbinoïdées , que nous avons créé en 1825, et que nous caractérisons ain¬ si : Coquille libre, déprimée, rugueuse ou perforée; spire non apparente, entièrement embrassante du côté opposé à l’ouverture. Loges bombées , allongées ; ouverture en fente située à la région ombilicale , souvent continue d’une loge à l’autre. Les Anomalines se distinguent des Rosa- lines, dont elles ont l’ouverture, par la spire, qui , au lieu d’être trochoïde , élevée , tou¬ jours apparente en dessus, est, au contraire, embrassante comme celle des Nautiles. Nous avons découvert cinq espèces de ce genre , dont trois vivantes , deux de l’Adria¬ tique et une de 111e de France. Des deux fossiles , l’une est des terrains tertiaires de l’étang de Tbau ; l’autre , des environs de Bordeaux , où elle est caractéristique. ( A. d’O.) AANOMAL1PES (àvA^aàoç, inégal; ttov?, pied), ins. — M. Guérin, dans son Icono¬ graphie du règne animal de Cuvier, pl. 29, flg. 7 , a représenté sous ce nom , d’a¬ près l’indication verbale de Latreilîe , un g. de Coléoptères hétéromères, famille des Méîasomes, tribu des Blapsides, que ce cé¬ lèbre entomologiste a nommé depuis Hete- roscelis. Voy. ce mot pour les caract. du genre. ^ (D.) * AXOMALÏPÈ DES. Anomalipedes ( anomalus , anomal; pes, pied ). ois. — Nom donné par Schaeffer , dans sa Méthode ornithologique, à un ordre d’Oiseaux, carac térisés par un doigt postérieur et trois an¬ térieurs , dont l’intermédiaire est uni à l’ex¬ terne par trois phalanges , et à l’interne par une seule. (C. d’O.) ANOM ALOCARDE. Anomalocardia. (<£y'Att«),oç, irrégulier; xotpo'tx, cœur), moll. — Klein a proposé ce nom dans son médio¬ cre ouvrage intitulé : Tentamen Methodi Ostracologiæ. Ce g. rassemble , sans discer¬ nement , toutes les Coquilles bivalves qui sont cordiformes. On y trouve ries Arches, des Pétoncles , des Bucardes , etc. M. Schumacher, dans son Essai d'une classification des Coquilles , a emprunté à Klein sa dénomination générique, pour l’ap¬ pliquer h un genre dont la Venus rugosa est pour lui le type. Cette Venus rugosa ne peut se séparer des autres espèces du même gen¬ re ; par conséquent , le g. Anomalocardia de M. Schumacher ne peut être conservé. Voy. venus. (Desh.) AMOMALOECIE. Anomalœcia (âvcà- pyéi.oq, irrégulier; oh. U, habitation), bot. — Dénomination imposée par L.-C. Richard à la 24e classe (Polygamie) du système lin- néen. (C. L.) ANOMALOM ( à-j'hpoàoç, , irrégulier? ).. Genre de la famille des ïchneumoniens , de l’ordre des Hyménoptères, établi par Jurine (. Nouv . méthode de cl. les Hym.), e t adopté par Gravenhorst ( Ichneumonol. ) comme une simple div. du g. Ophion. Les Anoma- lon diffèrent seulement des esp. de la div. des Ophion proprement dits par la seconde cellule cubitale des ailes antérieures, nul¬ le; par les tarses postérieurs, plus épais, et par l’abdomen, comprimé, caréné en dessus, avec un pédicule long et grêle. Cette divi¬ sion générique comprend un certain nom¬ bre d’espèces indigènes, dont les plus répan¬ dues sont les Ophion ( Anomalon ) circum- flexum Lin., Amictum Fabr. , etc. (Rl.) * ANOMALOPÈDES. Anomalopedes ( anomalus , anomal; pes, pied), mam. — Klein a désigné sous ce nom une famille comprenant les Mammifères qui ont les cinq doigts réunis par une membrane. (C. D’O.) * AM O M A LOP TE RIS («vw/a*}oç , irré¬ gulier; ir zzpà'j , aile), bot, pii. — Synony¬ me d ' Acridocarpus , de la famille des Mal- pighiacées. (J. D.) *ANOMA LOPTERÎ S ( àvd> ftxXoç, ano¬ mal; Trré/juÇ, aile ). bot. pu. — M. De Can- doîle avait, sous ce nom, proposé dans le g. lîeteropteris une section qui lui paraissait pouvoir être elle- même un jour élevée au rang de genre. M. G. Don l’a établi plus tard en lui conservant le nom proposé ; mais il l’était déjà dans la Flore de Sénégambie sous celui d’,4 cridocarpus. Voy. ce mot. (Ad. Juss.) AN O 557 ANO ANOMALUS. bot. — Voyez ano¬ mal. (G. L.) ANOMATHECA. bot. — Voyez Ano- MOTHECA. (G. L.) ANOMAUX. Anomala (« priv.; v euph.; b fi égal), crust. — Section de la gran¬ de famille des Décapodes macroures établie par Latreille et comprenant les Hippides et les Paguriens, c’est-à-dire les Macroures , dont les deux ou les quatre derniers pieds sont beaucoup plus petits que les précédents, dont l’abdomen n’offre jamais en dessous plus de quatre paires de fausses pattes ; et dont les pièces latérales de la nageoire cau¬ dale sont rejetées de côté et ne forment pas avec le dernier segment une nageoire en éventail. ( Voy . Règne animal de Cuvier , t. IY, p. 73.) (M. E.) ANOMAZ A , Laws. (? üvonoç , irrégu¬ lier; «Ça, couleur de brûlé), bot. pu. — Genre de la famille des Iridacées, synon. du g. ANOMATHECA. (C. L.) ANOMIDES (uvo/ioç, oc, singulier, ère ; ccTsat, forme), ins. — M. Duméril ( Consid. génér. sur les Ins. ) emploie cette dénomi¬ nation comme nom de famille pour désigner les Mantes et les Phasmes ou Spectres. Voy. MANTîENS et PHASMIENS. (Bl.) ANOMIE. Anomia (contraction d’àvw- fj.oe.yix , irrégularité), moll. — Le genre Ano¬ mie a été créé par Linné dans la 10e édi¬ tion du Systema Naturœ : il y rapporta non seulement les Coquilles qui conservent en¬ core ce nom, mais aussi des Térébratules et une espèce du g. Hyale appartenant aux Ptéropodes. Cette conclusion se maintint dans la douzième édition du même ouvra¬ ge, et fut conservée par tous les imitateurs de Linné. Müller nous semble être le pre¬ mier qui, dans son Prodromus Zoologiœ da- nicæ , détacha des Anomies le g. Térébratu- le , que Bruguière adopta plus tard dans V Encyclopédie, et que presque tous les his¬ toriens lui attribuent. Ce g. n’était pas le seul qui méritât d’être séparé. Chemnitz, dans son grand ouvrage de Conchyliologie , avait indiqué nettement un g. fort naturel, auquel Bruguière imposa le nom deCrania pour conserver le souvenir de V Anomia craniolaris de Linné, présentée comme type de ce nouveau g. Forskal, dans sa F auna arabica, avait, par de très bonnes observa¬ tions , préparé les moyens de détacher en¬ core des Anomies de Linné V Anomia tri - dentata, qui est devenue pour Lamarck le type de son g. Hyale. Ces démembrements successifs réduisirent sans doute de beau¬ coup le g. Linnéen ; mais ils eurent l’avan¬ tage de le rendre parfaitement naturel, en le laissant en contact avec des espèces qui ont entre elles la plus grande analogie. Vivant en abondance sur nos côtes et dans la Médi¬ terranée, les animaux ne furent cependant connus que depuis le grand ouvrage de Poli sur les Testacés des Deux-Siciles. Malgré les soins que prit cet habile anatomiste , il lui échappa plusieurs faits intéressants sur l’organisation du genre Anomie. Cuvier, en¬ tre autres, découvrit un pied rudimentaire qui avait échappé aux investigations du na¬ turaliste napolitain ; mais il restait encore plusieurs découvertes à faire dans l’organi¬ sation de ce genre , et nous-raême y avons ajouté plusieurs observations tendant à en assurer les rapports d’une manière défini¬ tive. Tous les auteurs systématiques, sans ex¬ ception, ont rangé les Anomies dans la fa¬ mille des Ostracées ; cependant, si l’on eût fait attention à ce caractère si singulier du nombre des muscles dans les Anomies , on aurait peut-être balancé à les comprendre dans la famille des Huîtres. En effet, les Huîtres sont monomyaires , tandis qu’on trouve constamment trois muscles dans les Anomies. Si l’on eût également comparé avec soin l’organisation des animaux telle qu’elle a été donnée par Poli , on se serait bientôt aperçu que les deux g. dont nous parlons sont extrêmement différents ; aussi Poli a-t-il eu le soin de ne pas les réunir. L’animal des Anomies est irrégulier , enve¬ loppé dans les lobes inégaux d’un manteau très mince, dont les bords , entièrement sé¬ parés, sont garnis, dans tout leur pourtour, d’une branche tentaculaire ; la bouche, pla¬ cée à la partie supérieure et vers le bord dorsal, est dégarnie de palpes labiales ; au dessus d’elle se trouve un pied rudimentai¬ re, et la masse viscérale, assez considérable, est principalement formée des organes de la digestion, enveloppés dans un foie assez con¬ sidérable et pénétrant dans une petite éten¬ due d’un ovaire peu volumineux; sur les par¬ ties latérales et inférieures de cette masse viscérale , sont attachés les feuillets bran- 558 ANO ANO chiaux inégaux, qui , par leur organisation, ont quelque ressemblance avec les bras ciliés des Mollusques brachiopodes. — Le manteau, dans ce genre , offre une particu¬ larité assez remarquable qui ne se présente dans aucun autre Mollusque lamellibr an¬ che : c’est que l’ovaire se décharge entre les deux membranes dont le manteau est formé , et les œufs finissent par s’y accu¬ muler en quantité considérable avant d’ê¬ tre rejetés au dehors. Cette disposition de l’ovaire ressemble beaucoup à ce que l’on observe dans les Térébratules. On trouve constamment trois muscles dans les Ano¬ mies ; deux de ces muscles viennent s’insé¬ rer sur l’osselet qui sert de point d’appui à l’animal et qui passe à travers la valve perfo rée ; l’autre représente le muscle adducteur central des Mollusques monomyaires. Les coquilles du g. Anomie sont fort irréguliè¬ res ; elles sont très inéquivalves , presque toujours orbiculaires et aplaties. Se fixant aux corps sous-marins , elles en prennent , pour ainsi dire , l’empreinte et en conser¬ vent la forme et les accidents. La valve in¬ férieure , qui est en contact immédiat avec les corps servant de point d’appui , est presque toujours la plus petite ; elle est toujours concave en dehors , et convexe en dedans ; son sommet est toujours percé, et son bord supérieur se détache au dessus de la perforation sous la forme d’une apo¬ physe plus ou moins grosse, à sommet tron¬ qué, et sur laquelle le ligament vient s’in¬ sérer. La valve supérieure est convexe ; son bord supérieur est presque toujours rentré en dedans, de manière à dominer la cavité du crochet; c’est immédiatement au des¬ sous de ce bord que se remarque une cavi¬ té transverse peu profonde à laquelle cor¬ respond l’apophyse articulaire de la valve opposée, et qui est destinée à recevoir le ligament. Si l’on examine l’intérieur de cette valve, on aperçoit au centre un espace ovalaire circonscrit par une légère impres¬ sion. C’est sur cette portion centrale que l’on distingue très nettement trois impres¬ sions musculaires inégales , et dont la po¬ sition varie selon les espèces. Si l’on exami¬ ne le même espace dans la valve opposée , on y trouve la perforation dont nous avons parlé , et, au dessous d’elle, une seule im¬ pression musculaire. Enfin , si l’on examine l’animal encore attaché au corps sur lequel il a vécu, on voit qu’il a fixé sur ce corps un osselet fort saillant, qui passe au travers de l’ouverture de la valve inférieure , pénètre dans l’épaisseur de l’animal , et donne in¬ sertion aux fibres de deux muscles, qui vien¬ nent l’embrasser dans toutes ses parties. Jusqu’à présent ce mode d’adhérence est sans autre exemple chez les Mollusques. D’après ce que nous venons de dire, les ca- ract. génériques du g. Anomie doivent être exposés de la manière suivante : Animal a- plati, orbiculaire, irrégulier; les lobes du manteau frangés et désunis dans toute leur circonférence. Une paire de feuillets bran¬ chiaux de chaque côté ; une bouche dégar¬ nie de palpes latéraux. Un pied rudimen¬ taire. Trois muscles, dont un adducteur, les deux autres s’insérant sur un osselet suspen- seur. L’ovaire se déchargeant entre les feuil¬ lets du lobe droit du manteau. Coquille ir¬ régulière, inéquivalve, orbiculaire, ayant la petite Yalve percée au sommet. Charnière simple ; ligament placé dans une cavité de la valve supérieure à laquelle correspond une apophyse de la valve opposée. Si nous prenons maintenant chacun des caractères essentiels des Anomies pour les comparer avec ceux des genres qui parais¬ sent les plus voisins, nous verrons que : l°les Huîtres n’ont aucune trace de pied ; les A- nomies en ont un rudiment ; 2° dans les Huîtres, la bouche est toujours garnie de quatre palpes labiaux ; dans les Anomies, ces appendices n’existent jamais ; 5° il est sans exemple jusqu’à présent, dans les La¬ mellibranches, que l’ovaire se décharge dans l’épaisseur du manteau ; dans les Anomies, au contraire, les œufs s’accumulent en quan¬ tité innombrable entre les parois de cet or¬ gane. Enfin , nous ajouterons que les bran¬ chies des Anomies n’ont pas une organisa¬ tion semblable à celles des autres Lamelli¬ branches. Cette comparaison, plus complète qu’on ne l’avait faite jusqu’à présent entre les Anomies et les g. circonvoisins, nous fait sentir la nécessité de séparer ce g. de la fa¬ mille des Ostracées pour le rapprocher du groupe des Brachiopodes. On verra, en effet, à l’article qui concerne ces animaux, que leur organisation a beaucoup de rapport a- vec celle des Anomies , et que le g. dont ANO AN O nous traitons ici est réellement intermé¬ diaire entre les Lamellibranches et lesBra- chiopodes. Une analogie à laquelle on n’a pas fait assez attention, c’est que, selon nous, la petite valve des Anomies représente la valve perforée des Térébratules, et que l’os¬ selet qui passe à travers représente le liga¬ ment suspenseur de ceux des Brachiopodes qui en ont un. On connaît actuellement un assez grand nombre d’espèces dans le genre Anomie, et il est à présumer que , dans la nature , il y en a bien davantage ; ce g. offrant générale¬ ment peu d’intérêt aux voyageurs, qui pen¬ sent retrouver partout les espèces qu’ils voient sur nos côtes. M. Sowerby, dans son Généra of shells , a établi sous le nom de Placunanomia un g. très voisin de celui-ci, et qui démontre les rapports qui existent entre les Anomies et les Placunes. On a rapporté aux Placunes fossiles une grande Coquille qui ne s’est rencontrée jusqu’à pré- sent qu’en Egypte. Cette Coquille, pour la forme extérieure , a en effet les plus grands rapports avec les Placunes ; mais elle a la charnière des Anomies ; elle appartient au g. Placunanomia de M. Sowerby. On con¬ naît un assez grand nombre d’espèces fossi¬ les appartenant au g. Anomie ; presque tou¬ tes se distribuent dans les terrains tertiaires ; on en rencontre cependant quelques unes dans les terrains crétacés inférieurs , et nous en avons trouvé une très intéressante dans le Corail -Rag des environs de Commer- cv. (Desïi.) ANOMIOPSIS («vo>otoç, dissemblable ; So£os, dissemblable). | ins. — Genre de Coléoptères pentamères , famille des Carabiques , tribu des Troncati- pennes , établi par M. Fischer de Waldheim ( Entomographie de la Russie, vol. I, p. 127, 128 ) , et qui tient le milieu, suivant lui, entre les genres Cymindis et Zuphium de Latr. Voici les caract. qu’il lui assigne : Lèvre su¬ périeure prolongée , subcarrée , ciliée , sépa¬ rée du chaperon par un sillon. Mandibules arquées , très aiguës , tridentées à la base. Mâchoires à crochet pointu, ciliées intérieu¬ rement ; tous les articles des palpes libres. Lèvre inférieure débordant les lobes laté¬ raux du menton , soutenant le premier arti¬ cle des palpes dans toute sa longueur. Men¬ ton très échancré, à dent intermédiaire cour¬ te, et lobes latéraux arrondis. M. Fischer rapporte à ce g. trois espèces que M. Bejean place dans le g. Cymindis : ce sont les A. cruciatus , lateralis et dorsalis , toutes trois de la Russie méridionale. Les deux premiè- ANO res sont figurées dans l’ouvrage précité ( pl. 12, fig. 1 et 2 ). (D.) * AXOMQÏ A ( àvo>o«os, dissemblable ). ins. — Genre de Coléoptères tétramères , famille des Chrysomélines, établi par M. Che- vrolat, qui l’a nommé ainsi à cause de la dissemblance que présentent les deux sexes. Non seulement ils diffèrent par la couleur , qui est ordinairement d’un jaune pâle dans les mâles , tandis qu’elle est noire ou rou¬ geâtre dans les femelles ; mais encore par les pattes antérieures , beaucoup plus lon¬ gues chez les premiers que chez les secon¬ des. Du reste , les caractères de ce g. sont : Chaperon à 5 échancrures anguleuses (c’est le plus saillant). Tête rugueuse , à front lis¬ se et convexe. Palpes maxillaires , modéré¬ ment allongés et épais; dernier article aminci et pointu. Antennes de 12 articles , 2-5 noduleux , 4-10 fortement dentés et an¬ guleux du côté externe; le dernier excessi¬ vement petit. Tarses longs; leurs 5 articles étroitement bilobés. M. Dejean , qui a adop¬ té le genre Anomoia dans son dernier Ca¬ talogue, y rapporte trois esp., dont une de l’Amérique du nord, une du Mexique, et la troisième de la Colombie. — Nous citerons pour type la Clythra obsita de Fabricius , Ephippium, Germ. (D.) * AXOMOSTEPHIUM (âvo/xos , irrégu¬ lier ; gtîçpo? , couronne), bot. pii. — Genre de la famille des Composées-Sénécionidées , division des Rudbeckiées , formé par M. De Candolle ( Prod., t. V, p. 560 ) , et ainsi ca¬ ractérisé : Capitule multiflore , hétérogame ; fleurs du rayon uni-sériées, ligulées, neu¬ tres ; celles du disque tubuleuses , herma¬ phrodites. Squammes extérieures de l’involu- cre campanulé, ovales, foliacées; les inté¬ rieures oblongues, membraneuses, plus é- troites , égales. Réceptacle plan , à paléoles membranacées , arrondies , enveloppant les akènes. Tube des corolles radiaires grêle , allongé, à ligule ovale; tube de celles du disque à gorge étroite , longue et campanu- lée. Anthères exsertes ; stigmates pubérulés, obtus au rayon , surmontés d’un cône très aigu au disque. Akènes du rayon subtétra- gones-allongés , glabres ; ceux du disque courtement bicornes , couverts de poils couchés, et couronnés d’une aigrette irré¬ gulière. — Les Anomostephium sont des lierbes brésiliennes et caraïbes, suffruti- ANO AN O 5G1 queuses à la base ; à tiges presque simples, dressées , hispides ; à feuilles opposées , ses- siles, couvertes de poils rudes; à inflores¬ cence en capitules terminaux, dont les co¬ rolles sont jaunes et les anthères noirâtres. (C. L.) *ANOMOTIIECA. Anomaza, Lows. ( wjofjiQ ; , irrégulier ; , boîte , capsule ). dot. ph. — Genre de la famille des ïrida- cées , formé par Ker ( Gen . Irid. in Ann. of Bot., t. 1, p. 217), et ainsi caractérisé : Périgone corollacé supère, hypocratérifor- me; tube filiforme, triquètre, resserré à la gorge; lacinies du limbe sexpartites , oblon- gues, cunéiformes, étalées; les 5 postérieu¬ res rapprochées. Etam. o, insérées à la gor¬ ge du périgone et presque unilatérales; fila¬ ments courts, filiformes; anth. oblongues, basifixes. Ovaire infère, ovale-subglobuleux, o-loculaire. Ovules nombreux, horizontaux, anatropes , bisériés dans l’angle central des loges. Style filiforme ; stigm. 5 , étroitement linéaires, bifides, repliés. Capsule ovale- subglobuleuse, hérissée de papilles, trilocu- laire, loculicide-trivalve au sommet. Grai¬ nes nombreuses, subglobuleuses..... — Ce genre, dont le Gladiolus junceus est le type, renferme quelques plantes herbacées du Cap , à rhizome bulbeux-tubéreux ; à feuilles iéniformes, bifariées ; à scape cylindrique, subjunciforme, portant des fleurs nombreu¬ ses, disposées en un épi paniculé, subunila¬ téral, garni d’une spathe herbacée, courte, diphylle. (C. L.) *ANOMOUR£S («V0//.0S, irrégulier; oü/5«, queue), crust. — S. -ordre de Crustacés décapodes, proposé par Milne-Edwards, et intermédiaire entre la section desBrachyures et celle des Macroures. Ce groupe nouveau n’est pas aussi naturel que ceux des Bra- chyures et des Macroures ; mais son établis¬ sement permet de retirer de ces derniers les espèces hétérogènes qui jusque alors y étaient rangées, et rend de la sorte ces deux gran¬ des divisions parfaitement naturelles. De môme que cela arrive dans tous les points de transition par lesquels la nature passe d’un type principal à un autre , on remarque dans l’organisation des Décapodes , réunis sous le nom d’Anomoures, des anomalies nombreuses et importantes ; les uns se rap¬ prochent beaucoup des véritables Brachyu- res, tandis que d’autres ne diffèrent que peu des Macroures proprement dits ; et tous les caractères les plus importants qui les distin¬ guent des uns et des autres peuvent man¬ quer tour à tour ; mais néanmoins l’ensemble des particularités de structure qui s’y re¬ marque toujours ne peut laisser de doute sur les limites de cette division. La portion céphalo-thoracique du corps des Anomoures est toujours beaucoup plus déve¬ loppée que la portion abdominale, et celle-ci n’est jamais conformée de manière à rem¬ plir , dans la locomotion , le rôle important qui lui est dévolu chez les Macroures. La for¬ me générale de la carapace se rapproche pres¬ que toujours de la forme propre auxBrachyu- res, mais quelquefois cette partie s’allonge davantage. Le front ne donne que rarement naissance à un prolongement dont l’union avec la portion inférieure de l’anneau anten- nulaire masque l’anneau ophthalmique com¬ me chez les Brachyures , et il n’existe pres¬ que jamais de fossettes antennaires et d’or¬ bites distinctes , mode d’organisation qui se retrouve dans toutes les divisions des Ma¬ croures. En général, les antennes internes sont grandes et ne peuvent se reployer sous le front ; les pattes-mâchoires externes sont ordinairement allongées et subpédiformes. La disposition du thorax mérite aussi d’être signalée ; en général, le dernier segment de cette portion du corps ne se soude pas aux segments précédents et en est séparé par une membrane articulaire ; quelquefois mê¬ me il n’est pas recouvert par la carapace, et constitue un anneau complet. Quant au plastron sternal, sa conformation varie beau¬ coup : tantôt il est linéaire dans toute sa lon¬ gueur, comme chez la plupart des Macrou¬ res; tantôt linéaire entre les pattes des trois dernières paires ou entre celles de la pre¬ mière paire, et élargi dans le reste de son étendue ; tantôt enfin élargi dans toute sa longueur, comme chez les Brachyures ; mais alors on n’y voit pas de suture longitudi¬ nale indiquant la présence d’un apodème médian; et, en effet, cette lame verticale manque alors complètement, tandis que chez les Brachyures elle existe toujours. Les pat¬ tes des trois ou quatre premières paires sont grandes et conformées d’ordinaire à peu près comme chez les Brachyures ; mais presque toujours celles de la cinquième paire ou mê¬ me celles des deux dernières paires ne ser- T. I. 5G2 À NO vent plus à la locomotion, et sont rudimen¬ taires et transformées en organes de préhen¬ sion, ou du moins se trouvent refoulées, en quelque sorte, au dessus des précédentes. La disposition de l’abdomen varie aussi ; pres¬ que toujours il est mince et lamelleux, à peu près comme chez les Brachvures, et il ne porte jamais au dessous une double série de fausses pattes réellement natatoires ; mais ordinairement on trouve fixée à son pénultiè¬ me segment une paire d’appendices plus ou moins développés. Quelquefois ces appendi¬ ces disparaissent presque complètement par les progrès de Page, et d’autres fois ils forment avec le septième segment une es¬ pèce de nageoire caudale ; mais il est bien rare que cette nageoire soit disposée en éven¬ tail comme chez les Macroures. Enfin, chez plusieurs Ànomoures, l’abdomen reste tou¬ jours membraneux dans une grande partie de son étendue. A ces caractères, tirés de la conformation extérieure des Anomoures, se joignent d’au¬ tres particularités de structure encore plus importantes, qui nous sont offertes par la plu¬ part des grands appareils de l’économie. Ainsi chez ces Crustacés l’appareil femelle manque de la poche copulatrice qui existe chez tous les Brachyures, et les vulves, au lieu d’occuper le plastron sternal, sont percées dans l’article basilaire des pattes de la troisième paire. Les branchies sont toujours lamelleuses comme chez les Bra¬ chyures; mais en général ces organes sont plus nombreux et se fixent sur le pénultiè¬ me anneau thoracique, aussi bien que sur les segments précédents , dispositions qui ne se rencontrent pas chez les Brachyures; il est aussi à noter que souvent ils sont fixés sur plusieurs rangs et par faisceaux, comme chez les Macroures. Enfin la disposition du sys¬ tème nerveux paraît tenir, en quelque sorte, le milieu entre ce qui se voit chez les Bra¬ chyures et les Macroures. Cette section de l’ordre des Décapodes se divise naturellement en deux familles , sa¬ voir : 1° Les Âplérures, Edw., comprenant les Droiniens, les Homoliens, les Raniniens et les Pactoles ; 2° Les Ptérygures , comprenant les Por- cellaniens , les Hippiens et les Paguriens. (M. E.) AA O ANÛN. M4vf. — Petit de l’Ane. Voy. ce mot. _ (C.d’O.) ANOXACÉES, ouANONÉES, Ano- nes , Anonaceœ , Anoneæ. bot. ph. — Fa¬ mille de plantes dicotylédones, polypétales, à insertion hypogynique. Les caractères en sont : Calice à quatre ou plus souvent trois parties, ordinairement soudées ensemble ; six pétales sur deux rangs , coriaces , à préfio- raison valvaire , très rarement soudés entre eux. Étamines en nombre indéfini , à peu d’exceptions près, insérées sur un large dis¬ que hypogynique, serrées les unes contre les autres, mais libres , terminées par un grand connectif quadrangulaire , qui porte en de¬ hors les deux loges de l’anthère adnée. Ovaires nombreux, en nombre défini ou le plus ordinairement indéfini , soudés entre eux ou libres et serrés, chacun avec un sty¬ le court et un stigmate simple , et renfer¬ mant des ovules solitaires ou en très petit nombre, dressés ou ascendants. Le fruit est composé d’autant de carpelles charnus ou secs, sessiles ou pédonculés, libres ou sou¬ dés, contenant une graine unique ou plu¬ sieurs sur un ou deux rangs. Ces graines , quelquefois munies d’un arille , sont remar¬ quables par leur périsperme dur, charnu et runciné, revêtu d’un test lisse, et contenant un très petit embryon dans une petite cavité correspondant au point d’attache. Les Anonacées sont des arbres ou arbris¬ seaux des parties tropicales de l’ancien et du nouveau monde , et qui ne s’en éloi¬ gnent que peu et rarement. Leurs feuilles sont alternes, simples, presque toujours entières , dépourvues de stipules. Leurs fleurs, de couleur ordinairement verte ou brunâtre, sont solitaires ou groupées en très petit nombre à l’aisselle des feuilles plus longues qu’elles ; quelques unes avortent quelquefois, et leurs pédoncules s’endur¬ cissent, s’agrandissent et se courbent. En général , toutes les parties sont fortement aromatiques au goût et à l’odorat. Genres : Anona, L. — Rollinia , Saint- IIilaire. — Lobocarpus , Wight et Arn. — Monodora, Dunal. — Uvaria, L. — Mitra- phora, Blum. — Unona, L. — Artabotrys, B. Br. — Habzelia, Alph. DC. — Cœlo - cime, Alph. DC. — Xylopia, L. — Anaxa- gorea, St.-Hil. — Hexalobus, Alph. DC. — Miliusa , Alph. DC. — Orophea , Blum. — AINO Bocagea, St.-Hil. — Trigynœa, Schlecht. — Polyalthia , Blum. — Duguetia , St.- ïïil. — Guatteria , Ruiz Pav. — Hentsche- lia, Presl. — Hyalostemma, Wall. Outre ces g. , M. R. Brown en a fait con¬ naître un anomal , originaire de la Nouvel¬ le-Hollande , et qu’il a nommé Eupomatia. Scs ovaires adhérents et ses étamines péri- gynes semblent l’exclure de la classe , quoi¬ qu’il se rapporte à la famille. (Ad. J.) A KONE ou COROSOL. Anona, L. , Àdans. (nom vernaculaire), bot. pii. — Genre type de la famille des Anonacées , et dont les caract. distinctifs sont : Calice 5-parti ou 5- lobé, non persistant. Pétales 6, coriaces, dis¬ tincts : les externes plus grands que les in- / ternes. Etamines nombreuses, linéaires-cla- viformes, à appendice-apicilaire large , tron¬ qué, anguleux. Gynophore conique. Ovaires nombreux, soudés, renfermant chacun un ovule solitaire, renversé, attaché au fond de la loge. Styles (quelquefois nuis) distincts ou soudés. Stigmates ( quelquefois sessiles ) capitellés ou continus avec les styles. Syn- carpe écailleux, ou muriqué, ou tubercu¬ leux, ou lisse, subcoriace à la surface , pul¬ peux en dedans , pluriloculaire , polysperme. Graines ovoïdes ou elliptiques; radicule in¬ fère. — Arbres , ou arbrisseaux , ou sous- arbrisseaux. Pubescence simple ou étoilée , en général roussâtre ou ferrugineuse. Pé¬ doncules axillaires, ou extra-axillaires, ou oppositifoliés, 1- ou pauci-flores, ordinaire¬ ment solitaires, en général bractéolés à la base. — Ce g., propre à la zone équatoriale, com¬ prend environ 40 esp., dont plusieurs sont re¬ nommées pour la bonté de leurs fruits, et, par cette raison , fréquemment cultivées dans les climats intertropicaux ou subtropicaux. De ce nombre sont notamment : VA. squamosa L. ( vulgairement Cœur de bœuf, Pommier de cannelle, Attier ou Atocire ), VA. Cheri- molia Lamk. (vulgairement Chérimolier) , l’A. reticulata L., connue sous le nom vul¬ gaire de Cachiman ; enfin VA. mûrie ata h., ou Cachiman épineux. C’est le fruit de cette espèce qui est le plus estimé parmi ceux du genre. (Sp.) AIYOIYÉES. bot. — Voyez anon.i- cêes. (C. L.) AXOMCA. moll. — Ignorant sans doute l’existence du g. Avicule de Lamarck, M. Oken l’a de nouveau créé sous le nom AN O 503 d’Anonlca. — Ce g. du zoologiste allemand, étant évidemment un double emploi de celui de Lamarck, a été depuis long-temps abandonné. Voy. avicule. ” (Desh.) ANON YMOS ( à priv. ; v euph. ; ôvofxx , nom ; sans nom), bot. pii.— Walter avait dé¬ signé sous ce nom des plantes de la Caroline , qui font aujourd’hui partie des Liatris. La plupart d’entre elles appartiennent à la se¬ conde section établie dans ce g. par M. De Candolle sous le nom de Suprago. Ce sont des herbes vivaces, à racines tubéreuses, à tiges simples , et dont les capitules sont dis¬ posés en épis ou en grappes. L’aigrette qui surmonte les fruits est formée de 1-3 séries de soies munies de barbellules courtes et serrées. (J. D.) ANOPHÈLE. Anopheles. ( âvc inutile, nuisible), ins. — Genre de l’ordre des Diptères, div. des Némocères, famille des Culicides, établi par Meigen, et adopté par Latreille, ainsi que par M. Macquart, qui lui assigne pour tous caract. d’avoir les palpes de la longueur de la trompe dans les deux sexes. Son nom générique signifie , dit-on , importun , mais plus exactement inutile. Ce g. renferme trois esp. , dont une du Séné¬ gal, An. minuta Macquart, et deux d’Euro¬ pe, l’An, maculipennis d’Hoffmansegg , et l’An, bifurcatus de Meigen. La larve de cette dernière a été particulièrement observée par Meigen. Elle est transparente; elle a quel¬ ques poils à la bouche ; deux tumeurs gri¬ ses, ovales, derrière la tête, et deux autres plus minces avant la queue. Sous la queue, se. trouvent un grand nombre de longs poils qui servent probablement à la natation. Elle se métamorphose en nymphe contournée, dont la partie antérieure est plus épaisse que la postérieure, et dont la tête est munie de deux cornes. (Meig., Suppl. 24 2. ) (D.) * ANOPilYTA (âv'Jjpvrog , né en haut). bot. cr. — C’est ainsi que M. Endlicher ( Gener . Plant., p. 42) nomme la première cohorte de ses Acrobrya [Voy. ce mot). Elle comprend deux familles , les Mousses et les Hépatiques. Pour les caract. généraux, Voy. MUSCEYÉES. (C. M.) *ANOPLANTHUS ( üvonloç, sans armes; avôoç, fleur), bot. ph. — Genre de la fa¬ mille des Orobanchées, formé par Endli¬ cher [Gen. PL, t. IV, p. 189), et ainsi carac¬ térisé : Fleurs hermaphrodites , ébractéo- 564 ANO ANO îées. Cal. subcampanulé, quinquéfide. Cor. hypogyne , tubuleuse , à tube courtr, ventru ou allongé, subcourbé à la base, à limbe sub- bilabié, également quinquéfide. Étamines 4, incluses , didynames , insérées au tube de la corolle ; anlh. biloculaires , mucronées , à loges libres à la base. Ovaire uniloculaire, à 4 placentas pariétaux , distants. Ovules nom¬ breux, anatropes. Style simple; stigm. ca- pité , obscurément trilobé. Capsule unilocu¬ laire , bivalve ; valves placentifères de cha¬ que côté, en dedans du bord; placentas convergents. Graines nombreuses , très pe¬ tites . Plantes herbacées, parasites, obser¬ vées dans l’Amérique boréale et la région Taurico-caucasique , à scape uniflore, nue au sommet , munie à la base de squammes vaginantes.— Ce g., qui paraît ne renfermer que deux espèces , est divisé en deux sec¬ tions : Euanoplon ( Orobanche uniflora ) ; Anblatum ( Phelippœa foliata, Lamb.). (C. L.) AAOPLE. Anoplus (avoir), os, sans ar¬ mes), ms. — Genre del’ord. des Coléoptères tétramères , famille des Curculionides , div. des Érirhinides, établi par Schuppel, et adopté par Schoenherr, qui lui donne les caract. sui¬ vants : Antennes médiocres , minces ; leur funicule de sept articles : le premier médio¬ crement long, peu épais, sub-obconique ; les autres courts, presque perfoliés, serrés, s’é¬ paississant successivement un peu du côté externe ; massue ovale. Rostre assez long , robuste, cylindrique, un peu arqué. Yeux presque latéraux , arrondis , peu convexes. Thorax presque transverse , bi-sinué à la base , légèrement arrondi sur les côtés , très étroit antérieurement , tronqué au sommet, convexe en dessus. Élytres ovales , avec les angles huméraux obtus, convexes en dessus. Tarses mutiques, entièrement dépourvus d’ongles. Observ. — Corps petit , brièvement ovale, convexe , ailé. Schoenherr a fondé ce g. sur une seule esp. , le Rhynchœnus Plantaris de Gyiîenhal , qui habite le nord et le cen¬ tre de l’Europe ; mais M. Chevrolat en pos¬ sède une seconde , qui n’a pas encore été décrite. M. Dejean , qui , dans son dernier Catalogue, a adopté le g. Anoplus, n’y rap¬ porte également que l’esp. précitée de Gyl- lenhal. (D.) * ANOPLIS (« priv.; v euph.; brà',} , on¬ gle). ins. — Sous-genre de Coléoptères pen¬ tamères, famille des Sternoxes, tribu des Buprestides , établi par Rirby , sans indica¬ tion de caract. ( Fauna borealis americana, p. 151), et auquel il donne pour type une esp. qu’il appelle An. rusticorum. Il y comprend deux Buprestes de Fabricius ( B. lineata et fasciata ) qui appartiennent au g. Ancylo- cheira d’Eschscholtz , suivant le dernier Ca¬ talogue deM. Dejean. (D.) * AXOPU STE . Anoplistes (avsu, non; <3ir),£ffr^5 , qui arme ; ici, par extension , ar¬ mé). ins. — Genre de Coléoptères tétramè¬ res , famille des Longieornes , tribu des Cé- rambycins , établi par M. Serville dans sa Monographie de cette famille, et adopté par M. Dejean dans son dernier Catalogue. Les esp. de ce g. se distinguent principalement de celui des Purpuricenus (Foy. ce mot) par leur corselet , qui est mutique et plus long que la tête. — 11 renferme 4 esp., dont nous ne citerons qu’une seule, le Cerambyx ephippium de Schoenherr , figuré par Oli¬ vier , t. IY, Capr., pl. 19, fig. 141. Il ha¬ bite la Russie méridionale. (D.) *ANOP L OCII E I LU S (âvoKÀoç, non ar¬ mé ; xeü.oç , lèvre), ins. — S. -genre de Co¬ léoptères pentamères , famille des Lamelli¬ cornes, tribu des Mélitophiles de Latreille , établi par Mac-Leay ( Illustrations of the Zoology of south Africa, etc., 1838, p. 21 ) dans son g. Macrominus , pour y placer 2 nouvelles esp. de Cétoine, de 1’intérieuîr du sud de l’Afriqiie, qu’il nomme l’une A. spi- nitarsis , et l’autre A. setosus. La première est figurée pl. 5 dudit ouvrage. Il rapporte à ce même s.-g. , mais avec doute , la Cetonia tomentosa de l’Iconographie de MM. Gory et Percheron , pl. 51, fig. 5. Voy. le g. ma¬ crominus. (D.) AXOPLOCIIEYLUS. ins. — Voyez ANOPLOCHEILUS. (D.) * ANOPLODERA ( «vo*3to« , non ar¬ mé ; tty/îvj , cou ). ins. — Genre de Coléop¬ tères tétramères , famille des Longieornes, établi par M. Mulsant, aux dépens du genre Leptura de Fabricius , dont il ne diffère es¬ sentiellement que par ce que les élytres , au lieu d’être rétrécies de la base à l’extrémité, comme dans ce dernier, sont sub-parallèles , rétrécies dans leur partie moyenne, ou pres¬ que aussi larges à l’extrémité qu’à la base. L’auteur y rapporte les Lept. Q-guttata , ANO ANO 565 rufipes ellurida, de Fabricius. Toutes trois sont figurées dans Olivier, et se trouvent en France. (D.) *AXOPLODERME. Anoploderma ( « priv.; v euph. ; Sjt^ov , arme ; â'ép/x» , peau ). ins. — Genre de Coléoptères de la famille des Longicornes, tribu des Prioniens, établi par M. Guérin Méneville ( Revue zoologi¬ que), et ayant pour caractères essentiels : Corps cylindrique ; mandibules aussi longues que la tète, arquées, simples. Palpes inégaux, longs, composés d’articles allongés, avec le dernier ovoïde -oblong. Corselet de la lar¬ geur des élytres , arrondi. Élytres parallèles, arrondies. Pattes fortes, à tarses simples et assez allongés. La seule espèce connue est PA bicolor, Guér. M. , long de 20 mill., noir, chagriné, avec les côtés du corselet et les élytres d’un rouge ferrugineux. Elle ha- hite les Andes du Pérou. (D.) *AXOPLODERMIEXS.A noplodermii (« priv.; v euph.;oir>ov, arme; $èpp.x, peau). ins. — M. Guérin-Méneville a établi sous ce nom (Rev. zool. par la Soc. Cuv ., 1840, p. 276) une s.-tribu des Prioniens, voisine de celle que M. Serville a fondée sous le nom de Spondyliens (An. Soc. Ent.), mais qui s’en distingue parce que les Insectes qui la composent ont les antennes allongées , serri- formes, et les tarses simples et non élargis. Cette division comprend deux g. : le pre¬ mier (Anoplodermus) est distingué par des antennes dont le troisième article est plus long que le premier et les suivants ; le se¬ cond (Sipylus) a ce même article beaucoup plus petit que le premier et les suivants. L’esp. qui lui sert de type est le S. Orbi- gnyi , de Patagonie. (D.) ANOPLOGXATHE. Anoplognatlms. ( «voir/05 , sans armes; yv«0os, mâchoire). ins. — Genre de Coléoptères pentamères , famille des Lamellicornes , tribu des Scara- béides , établi par Leach et adopté par Mac- Leay et Kirby (Horœ Ent., p. 76, ed. leg.). Voici les caractères que ce dernier lui assigne : Labre transverse , aigu antérieu¬ rement au milieu. Lèvre carrée , pointue au milieu , palpigère presque à son ex¬ trémité. Mandibules courtes , très fortes , cornées , édentées au sommet , très entiè¬ res , extérieurement arrondies , intérieure¬ ment aiguës , courbées en dedans. Mâchoi¬ res mandibuliformes , arquées , courtes , fortes , cornées , avec un lobe voûté et sans dent , sub-éehancré à l’extrémité. Palpes presque en massue. Ant. de dix articles ; massue trifoliée, semi-ovale, garnie de poils. Prosternum se prolongeant en pointe coni¬ que vers la tête. Tous les ongles simples. Ce g. figure dans le dernier Catalogue de M. Dejcan , qui y rapporte huit esp., toutes de la Nouvelle-Hollande. Nous n’en citerons qu’une, YAnop. Latreillei ( rutela ) de Schoenherr (App. ad syn .) , figurée par Donovan sous le nom de Viridi œneus. (D.) ANOPLOGXATHIDES. Anoplogna- Ihidœ ( «vôtres, sans armes ; yvckQoî, m⬠choire ). ins. — Nom d’une division établie par Mac-Leay dans la grande tribu des Sca- rabéides , famille des Coléoptères lamelli¬ cornes de Latreille , ou pétalocères de Du- méril. Elle se compose des g. Amblyterus , Anoplognatlms et Leucothyreus. Les ca- ract. des Anoplognathides sont d’avoir le chaperon divisé transversalement par une suture ; les mâchoires cornées , tantôt den¬ tées , tantôt inermes ; et le labre triangulai¬ re. Cette division ne renferme que des In¬ sectes exotiques dont les mœurs ne sont pas connues. D’après l’organisation de leur bou¬ che , on les présume Phyllophages. Tous sont revêtus de couleurs brillantes et mé¬ talliques , et les plus remarquables sous ce rapport viennent de la Nouvelle Hollande. M. Delaporte (Hist. nat. des animaux ar¬ ticulés , Buffon-Duménil , Coléopt. , t. II , p. 123) désigne sous le nom d '’Anoplognati- tes une sous-tribu , à laquelle il donne pour caract. : Mâchoires ayant au plus deux dents à l’extrémité. Mandibules entièrement cornées. Elle se compose des g. Anoplo- gnathus , Bracliysternus , Dasygnatus , Areoda, Amblyterus et Pachycerus. Voy. ces différents mots. (D.) ANOPLOGNATHUS. ins. - Voyez ANOPLOGNATHE. (D.) * AXOPLOMERUS ( üvokîoç, sans ar¬ mes ; /avisos, cuisse), ins. — Genre de Coléop¬ tères tétramères , famille des Longicornes , établi par M. Bejean , mais dont il n’a pas publié les caract. Il le place , dans son der¬ nier Catalogue , entre les g. Eburia et Ce- rasphores de M. Serville , et , par consé¬ quent , dans la tribu des Cérambycins de ce dernier auteur. M. Dejean n’y rapporte que deux esp. nommées par lui A. rotundicol- AIN O 566 ANO lis et A. Jacquier i , l’une du Brésil, et l’au¬ tre de Cayenne. (B.) *AJ\OPLON (« vokïoç, sans armes), bot. ph. — Section du g. Orobanche , formée par Wallroth, et synonyme du g. Anoplan- tkus. Voy. ce mot. (C. L.) *ANOPLONYGHIA.bot. ph.— Genre ou sous-genre de la famille des Paronychiées, tribu des Illécébrées , sous-tribu des Eupa- ronychiées, Fenzl , établi par M. Fenzl com¬ me sous-division du g. Paronychia , et ca¬ ractérisé comme il suit (in Endl. gen. PI. , p. 958) : Segments calicinaux ovales-oblongs ou lancéolés, herbacés , à peine scarieux aux bords, pointus, concaves, mutiques , pu- bescents. Pétales 5 ; style très court , 2-fide. Fruit indéhiscent à la base , recouvert par le calice. — Herbes (la plupart habitant les con¬ trées voisines de la Méditerranée) touffues , quelquefois suffrutescentes. Fleurs agrégées en glomérales très denses , et enveloppées de grandes bractées scarieuses. M. Fenzl fonde ce groupe sur le Paronychia capi¬ tata et quelques autres esp. voisines. (Sp.) ANOPLOPIIORE. Anoplophora ( à priv. v euph. ; biùoyôpa , qui porte des ar¬ mes ). ins. — Genre de Coléoptères tétra- mères, de la famille des Longicornes , tribu des Lamiaires , établi par Hope ( Trans. Lin. Soc., vol. 18, p. 459, pl. 50, fig. 1) d’après un admirable insecte récemment découvert dans l’Assame, aux Indes orien¬ tales. Yoici les caract. de ce g. : Tête de forme carrée. Antennes deux fois plus lon¬ gues que le corps , avec le dernier article très allongé. Elytres aussi larges en arrière qu’en avant , arrondies au bout. Corps é- cailleux en dessous , avec la poitrine iner- me. Pieds difformes et robustes. La seule esp. connue est V Anoplophorus Stanleya- nus Hope. Il est long de 20 lignes, d’un beau vert foncé, luisant, tournant au noir , avec la tête , le corselet et les élytres cou¬ verts de grandes taches d’un beau vert p⬠le. Les antennes sont noires, avec la base des articles bleue. Les pattes sont couvertes d’écailles d’un beau bleu verdâtre. (B.) * ANOPLOSTERNUS ( à priv. ; v eu- phon. ; SrtAov, arme; c népvov , poitrine). ins. — Genre de Coléoptères pentamères, famille des Lamellicornes , tribu des Scarabéides , établi par M. Guérin -Méneville ( Mag. de Zool. 1858, ins. , Voyage de la Favorite). Ce g., voisin des Anoplognathes de Leach en diffère surtout par le sternum du méso¬ thorax, parfaitement inerme entre les pattes intermédiaires , et par sa lèvre inférieure , garnie en dessous de soies courtes et serrées en forme de brosse, comme dans ies Genia - tes. L’auteur n’y rapporte qu’une seule es¬ pèce trouvée près de la rivière des Cygnes , dans la Nouvelle-Hollande , et qu’il nomme An. opalinus. (B.) * AIVOPLOSTHÆTA ( üvotùqç , sans armes; uTïjOoç , poitrine ). ms. — Genre de Coléoptères tétramères, famille des Longi¬ cornes , établi par M. Bejean , qui n’en ya pas publié les caract. , mais qui l’a nommé ainsi, sans doute à cause des épines du cor¬ selet qui sont courtes et obtuses. B’après la place qu’il occupe dans son dernier Catalo¬ gue, il appartiendrait à la tribu des La¬ miaires de M. Serville , et a pour type le Lamia lactator de Fabricius ( radiata Go- ry) ; esp. de Guinée et du Sénégal. (B.) ANOPLOTHERIUM ( avoir}**, sans armes ; Or.piov, animal ). mam. foss. — Gen¬ re de l’ordre des Pachydermes ayant quel¬ ques rapports avec les Chameaux , décou¬ vert par Cuvier dans les plâtres des environs de Paris. Ces animaux , dont la race est é- teinte , avaient quarante-quatre dents en sé¬ ries continues ainsi que l’homme , savoir : 6 incisives, deux canines et quatorze molaires à chaque mâchoire. Les canines étaient peu différentesd es incisives et ne saillissaient pas plus qu’elles , ce qui a donné lieu au nom d’animal sans armes ou sans défenses. Les trois molaires postérieures, de chaque côté , carrées et à deux collines transYerses en haut , à double et à triple croissant en bas , dont l’antérieure terminée par une pointe , séparée par un sillon , étaient fort sembla¬ bles à celles des Rhinocéros , des Bamans et des Palæotherium ; les trois molaires an¬ térieures étaient comprimées. La quatrième molaire ressemble en haut à la moitié pos¬ térieure d’une des dents carrées, et, en bas, aux molaires antérieures. Les pieds , termi¬ nés par deux grands doigts , ne différaient de ceux des Ruminants que par la séparation des os du métacarpe et du métatarse , qui ne se soudaient point en canon. Leur tarse était composé comme celui du Chameau ; leur carpe , à peu près comme celui du Cochon. ANO ANO 567 Les Anoplotherium , d’après ces caractè¬ res, établissaient un point de contact entre les Pachydermes et les Ruminants, de la même manière que les Damans en établis¬ sent un entre ces mêmes Pachydermes et les Rongeurs. Cuvier en a reconnu six esp. dont il a for¬ mé trois s. -genres. I. — Les Anoplotherium, proprement dits, qui comprennent deux espèces : L'Amp, commune, animal delà gran¬ deur d’un petit âne, mais plus bas sur jam¬ bes; à queue très forte et de la longueur du corps; à pieds de devant munis, du côté interne, d’un rudiment de doigt. Cet animal était herbivore et probablement nageur comme la loutre, dont, il avait l’allure. Il se nourrissait sans doute des tiges et des raci¬ nes des plantes aquatiques , et avait, selon toute apparence , le poil lisse et les oreilles petites comme l’IIippopotame. L'Anop. secundarium , semblable au pré¬ cédent, mais de la taille du Cochon. II. — Les Xipliodontes, de épée, et d’ocTovg, dent; dénomination tirée de la forme tranchante d’une partie des dents de la seule espèce de ce s.-g., savoir : L'Amp, gracile, animal de la grandeur et de la forme élégante d’une Gazelle, à mem¬ bres allongés ; sans doigts accessoires aux pieds de devant, et probablement sans lon¬ gue queue ; à dents antérieures tranchantes comme celles des Chevrotains. III. — Les Dichobunes , de iïiy* , divisés , et de y Souvsç, colline , à cause des collines disposées par paires sur ses quatre derniè¬ res molaires delà mâchoire inférieure; s.-g. qui comprend trois espèces : L'Amp, leporinum , de la taille du Liè¬ vre , à pieds tétradactyles , mais dont les doigts latéraux ne touchaient pas à terre; L'Anopl. murinum, de la taille du Co¬ chon d’Inde; L'Anopl. obliquum , même taille que le précédent; à branche montante de la m⬠choire inférieure oblique. Ces deux dernières espèces ne sont encore connues que par des mâchoires. Les plâtres des environs de Paris qui font partie de l’étage inférieur des terrains ter¬ tiaires (dits de la période Eocène) ont seuls fourni jusqu’à ce jour des os complets et des parties de squelettes d’AnopIotherium. On en a trouvé quelques dents détachées en Ba¬ vière, dans nie de Sheppey, dans les sables des environs d’Eppelshcim, et dans ceux des environs d’Orléans , mêlés avec des os de Mastodontes, de Rhinocéros et de Dinothé¬ rium, dans l’étage moyen de ces mêmes ter¬ rains (dits de la période Miocène), et qui proviennent vraisemblablement de remanie¬ ments des terrains delà période précédente. C’est par les Anoplotherium que Cuvier a commencé à démontrer, pour ainsi dire ma¬ thématiquement , que parmi les ossements fossiles il y avait des débris de races d’ani¬ maux inconnues aujourd’hui dans la nature vivante , qui attestent les variations que ces races ont éprouvées ; variations amenées , selon ce grand naturaliste , par les révolu¬ tions du globe, qui détruisaient les races existantes, au moment et dans le lieu de ces révolutions. Aussi pensait-il que ces débris des êtres organiques doivent être étudiés avec soin , comme nous fournissant l’un des plus puissants moyens de parvenir à la con¬ naissance de l’histoire ancienne du globe , et comme pouvant même servir au perfec¬ tionnement de la science de l’organisation. (Laukillard.) * ANOPLURES. Anoplurœ ( à priv. ; v euph. ; cniov , arme; oïpà, queue). ms. — Nom donné par Leach à un ordre de la clas¬ se des Insectes, sans métamorphoses, com¬ prenant ceux qui ont la queue dépourvue de filaments. (D.) * AAOPLURIFORMES. Anopluri- formes ( anopluriformis , qui ressemble aux Anoplures ). ms. — Mac-Leay et Kir- by donnent cette épithète aux larves de Coléoptères qui sont carnivores, antennifè- res, à corps oblong et déprimé. Ex. : Cocci- nella. (D.) ANOPLUS. ms. — Voyez anople. (D.) * AAOPS (aveu , sans ; o l> , œil), ms. — Genre de l’ordre des Lépidoptères , famille des Diurnes, sect. des Hexapodes, tribu des Lycénides, créé par M. Boisduval, mais dont il n’a pas publié les caract. Il a pour type le Polyom. Phœdrus de l’Encyclopédie , Pap. id. de Cramer. Une autre esp. décrite par Horsfîeld sous le nom de A. terrestris appar¬ tient aussi à ce g. ; toutes deux sont des In¬ des orientales. (D.) A AO PT ER ES, Labill. (avw, en dessus; ANO ANO 568 nrepôv, aile), bot. pu.— Genre de la famille des Escalloniées , offrant pour caract.: Calice à tube turbiné, adné par sa base à l’ovaire; limbe à 6 lobes courts, pointus, persistants. Pétales 6 , insérés au calice , alternes avec les lobes de celui-ci. Étamines 6 , ayant même insertion que les pétales , opposées aux lobes calicinaux. Style court. Stigmate 2-fide. Cap¬ sule oblongue, 1-loculaire, polysperme, 2- valve de haut en bas; placentaires margi¬ naux. Graines ovales , comprimées , ailées au sommet. — Ce genre est fondé sur un ar¬ brisseau habitant la terre de Van Diémen; les feuilles sont alternes ou subopposées, subsessiles , coriaces , à dents calleuses ; les fleurs naissent en grappes simples, termina¬ les, subfasciculées. (Sp.) * AXORGAXIQUE. Anorganique ( d priv.; o/jyavov , organe; qui n’a pas d’orga¬ ne). — Synonyme peu usité d Unorgarnique. (C. -d’O.) * AXORGAXOGXOSIE. Anorgano- gnosia { d priv.; opyxvov gane ; yvwo-ts , connaissance). Gravenhorst et J. Reisinger se sont servis de cette épithète comme syno¬ nyme de Minéralogie. (C. d’O). * AXORGAXOGRAPHIE. Anorga- nograpliia ( d priv.; o^yavov, organe ; ypdyu, j’écris). — Description des corps inorganisés. (C. d’O.) * A X O R G A X O L O G I E . Anorganolo- gia ( d priv. ; dpyx-jov , organe ; loy os , dis¬ cours). — Discours sur les corps inorgani¬ ques. (C. d’O.) * AXOR1ÎYXQUES. Anorhyncha ( d priv. ; p'rr/oç,, bec ; appendice de la tête ). helm. — Nom de la troisième famille des Vers Bothrocéphalés dans M. de Blainville ( Dict. des Sc. nat. , t. LVII , p. 606 ). Le renflement céphalique n’a ni tentacule nj mamelons proboscidiformes garnis de cro¬ chets. Ex. : Massette , Tétrabotlirie , Bo- thriocéphale , etc. (P. G.) * AXORMAL ( d priv. ; norma , règle ; c’est-à-dire irrégulier, exception à la règle). bot. — Se dit en Bot. des parties de plan¬ tes ou des organes présentant des altérations produites par des maladies , des dégénéres¬ cences , etc. (C. d’O.) * AXOROPS ( à priv .; vdpo'p, brillant). ins. — Genre de Coléoptères hétéromères , famille des Hélopiens, établi parM. Dejean, aux dépens du genre Ilelops de Fabricius , dans son dernier Catalogue. Il le met avant les Stenochia de R h hy ; mais sa place na¬ turelle serait près des Eustrophus d’Illiger, qui appartiennent à la tribu des Ténébrio- nites. Les caract. en sont : Tête moyenne , aplatie ; palpes maxillaires grands ; 2e et 5e articles coniques ; 4e ovoïde. Antennes velues de 12 articles ; 2e noduleux , petit ; 3e aussi long que les trois suivants réunis ; le dernier turbiné. Yeux latéraux , rétrécis sur le mi¬ lieu antérieur , plus larges en dessous qu’en dessus. Corselet arrondi latéralement, cintré antérieurement, tri-sinué à la base, avec deux fortes impressions longitudinales. Écusson grand , arrondi postérieurement. Élytres plus larges que le corselet , arron¬ dies conjointement à l’extrémité, à nom¬ breuses stries ponctuées , et dont les points sont carrés. Corps ovalaire , aplati. M. De¬ jean rapporte à ce g. 3 esp., dont 1 d^ Ja¬ va , et les 2 autres de l’Amérique septen¬ trionale. Nous citerons parmi ces dernières VHelops obliquatus Fabr. comme type du genre. (D. ) AAXORTHITE (d priv.; v euph.; opOos, droit ; qui n’est pas rectangle ). min. — Nom donné par G. Rose à un minéral appelé Chris- tianite par Monticelli, et qui, par sa compo¬ sition et sa forme cristalline , a de grands rapports avec les esp. du groupe des Felds- paths. On le trouve en petites masses à struc¬ ture grenue dans les blocs de dolomie du mont Somma, au Vésuve. Voy. feldspath. (Del.) * AXOSMÏA , Bernh. ( d priv. ; v euph.; ocr/r/] , odeur ). bot. ph. — Genre de la fa¬ mille des Ombellifères (tribu des Smyrnées, Koch.), fondé sur le Smyrnium apii folium, Willd. Son auteur ( Linnœa , t. VII, p. 608) lui assigne pour caract. : Limbe calicinal on¬ dulé , non denté. Pétales subradiants , obcor- diformes, surmontés d’une pointe infléchie. Fruit subdidyme, contracté bilatéralement ; méricarpes ovoïdes, 5-costés ; côtes équidi¬ stantes, 1-nervées au milieu; vallécules dé¬ primées, munies d’une seule bandelette; carpophore finalement 2-parti. Périsperme in- voluté (de manière à former une demi-lune sur une coupe transversale). — Herbe (indi¬ gène de Candie) bisannuelle, dressée, glabre; feuilles pétiolées ; les inférieures surdécom¬ posées ; les supérieures pennées ; pétiole commun membranacé ; ombelles oppositifo-' ANO ANO liées et terminales , sans involucre ; invo- lucelles oligophylles; fleurs blanches, herma¬ phrodites. (Sp.) ANOSPORUM ( «vw , en haut ; sflro/îà , semence), bot. ph. — Genre de la famille des Cypéracées, tribu desFuirénées, Fenzl , formé par Nees von Esenbeck aux dépens du genre Monocephalus de Roxburgh. Il est principalement caractérisé par un ovaire surmonté d’un style simple , décidu , très entier au sommet , devenant une caryopse cartilagineuse , stipitée au moyen d’un dis¬ que spongieux ; inde nomen. L’unique esp. qui constitue ce genre est une herbe indien¬ ne , à chaume triquètre, folié à la base, et dont les épillets, ovales, courbes, sont dis¬ posés en épis imbriqués-bractéés , formant une sorte de capitule. (C. L.) * AIYOSTÉOPHORE (Ævoareos [dépour¬ vu d’os], polype; *, bouche), ins. — Genre de la famille des Locustiens , de l’ordre des Orthoptères , établi par M. Gray ( Lond. mag.) et adopté par M. Serville (1ns. or- thopt. , suites à Buffori). Ce genre est l’un des plus extraordinaires que l’on connaisse , par une tête d’une grosseur disproportion¬ née avec le corps , ayant ses bords latéraux notablement dilatés; une bouche fort large, très avancée, avec le chaperon prolongé en museau ; des mandibules très robustes, den¬ telées et dilatées à l’extrémité ; des palpes grêles et cylindriques d’une extrême lon¬ gueur, surtout les maxillaires, trois fois aussi longs que les labiaux , et à peu près de la longueur de la tête , et un thorax plus étroit que la tête, en forme de selle arrondie avec le prostetnum , muni de deux épines rappro- 569 chées à la base. — Le type du g. est l’A. Au- stralasiœ , espèce de la Nouvelle-Hollande, et connue seulement sans ailes , n’ayant pas très probablement atteint son état parfait. M. Gray rapporte encore à ce genre l’A. Locusta monstrosa , Herbst. (Nat. Fr. Berlin, t. IV), également aptère , et indiquée comme de Surinam. Enfin M. Serville croit devoir encore y rapporter le Gryllus vorax , Stoll. (Sau. pl. 4, fig. 19 et 20) , que nous con¬ naissons seulement par cette figure , qui le représente pourvu d’ailes , et ayant une tête qui , bien que très forte , est moins grosse que celle de l’A. Australasie p. (Bl.) *AAOTEA, DC. ( Prod . I, p. 445) (*vw, en dessus), bot. ph. — Section du genre Pavonia , Cavan. ( famille des Malvacées ) , caractérisée comme il suit : Corolle comme tubuleuse par la convoîution des pétales. Or¬ ganes sexuels longuement saillants. Péricar¬ pe à coques mutiques. (Sp.) *ANOTIA. ins. — Genre de la famille des Fulgoriens, de l’ordre des Hémiptères, sect. des Homoptères , établi par Kirby (Trans. of the Lin. Soc. , t. XIII), et adopté par La- treille et tous les autres entomologistes. Ce genre est principalement caractérisé:!0 par les antennes , insérées en arrière des yeux , ayant leur premier article fort court, ne for¬ mant guère que la sixième partie du suivant ; celui-ci comprimé , élargi et tronqué à l’ex¬ trémité , avec une soie terminale implantée dans une échancrure ; 2° par l’absence d’o- cejles ; par les pattes grêles, avec les jambes mutiques. La seule espèce encore connue de ce genre est l’A. Bonnetii , Kirby, Burm., Bl. , de l’Amérique du Nord. (Bl.) A1VOTIDE. Anotis, DC. (à priv. ; v eu- phon.; càT£s, oreillette), bot. ph. — Genre de la famille des Rubiacées (tribu des Hédyo- tées, DC). Ce genre , que MM. Wight et Ar- nott ne considèrent que comme s.- genre des Uedyotis , est caractérisé par M. De Can- dolle (Prodr., t. IV, p. 431) comme il suit : Tube calicinal obové , à 4 dents pointues, per¬ sistantes, séparées par des sinus pointus. Co¬ rolle hypocratériforme ; limbe 4-lobé, pres¬ que aussi long que le tube ; gorge presque glabre. Anthères incluses ou peu saillantes. Stigmate subbilobé. Capsule ovoïde , 2-locu- laire, couronnée du limbe calicinal, loculi- cide-2-valve au sommet ; loges 4-8-spermes. Graines ovoïdes, légèrement anguleuses. — 36* T. I. t 570 AN O Herbes ou sous- arbrisseaux; feuilles oppo¬ sées ; stipules très entières ou dentées ; fleurs solitaires ou en corymbe » terminales. M. De Candolle rapporte à ce g. 14 esp. (toutes indi¬ gènes de l’Amérique équatoriale , et la plu¬ part énumérées comme des Hédyotes par d’autres auteurs), qu’il groupe sous 5 s.-g. ou sect., savoir : Ereicotis , DG., Amphio- tis, DC., et Panetos, Rafin. ( Voy . ces mots.) (Sp.) *ANOURELLE. Anourella (« priv.; o'j/sa, queue), systol. — Genre établi par M. Bory aux dépens des Brachions de Müller pour les esp. sans appendice postérieur ou sans queue , mais pourvues , comme les vrais Brachions, d’une enveloppe membra¬ neuse ou d’un têt, et portant en avant des organes ciliés) rotatoires. M. Bory place ce g. avec les Plœsconies, qui sont de vrais In¬ fusoires , dans sa famille des Citharoïdes. M. Ehrenberg , le premier, a distingué con¬ venablement des Infusoires les Systoîides , qu’il nomme Botatoria ; il nomme Anurcea le g. Anourelle , et le place dans la famille des Brachions , en le caractérisant par l’ab¬ sence de l’appendice postérieur, et par la pré¬ sence d’un point rouge supérieur qu’il nom¬ me un œil. Müller a décrit cinq espèces qui doivent appartenir à ce genre ; ce sont les Brachionus squamula, B. striatus, B. bi- paliuvni B. pala et B. qaadratus. Ce der¬ nier a été placé par M. Bory dans son g. Kératelle , et M. Ehrenberg range le B. pa¬ la parmi les Brachions ; mais ce même qu- teur a fait connaître plusieurs autres es¬ pèces d’Anourelles, les unes tout à fait nou¬ velles, les autres déjà reconnues ou décrites par divers naturalistes. Les Anourelles se trouvent presque toutes dans les eaux dou¬ ces marécageuses ; cependant VA, striata vit également dans les eaux de la mer Bal¬ tique, et VA, biremis a été trouvée exclusi¬ vement dans cette mer. Leur grandeur va¬ rie entre 0,05 et 0,22 de mill. (Dui.) ANOURES ( « priv. ; v euph. ; ovpx , queue; sans queue). Ecaudati. rept. — Nom donné par Duméril et plusieurs autres au¬ teurs à une famille de la classe des Reptiles, comprenant les Batraciens, qui , aquatiques dans leur jeunesse, perdent leur queue à l’é¬ poque où ils deviennent terrestres. Ils se dis¬ tinguent des Batraciens à queue permanente par la brièveté des pattes antérieures et le ANS développement extraordinaire des extrémi¬ tés abdominales , ce qui les rend impropres à la marche ordinaire, et ne leur permet d’autre mode de progression que la natation et le saut. Les Batraciens Anoures sont les Crapauds , les Grenouilles, les Rainettes et les Pipas. (G. d’O.) ANOXIE. ins. —Voyez anoxya. (D.) *ANOXYA ( à priv,; v euph.; o£J s, poin¬ tu). ins.— Genre de Coléoptères pentamères , famille des Lamellicornes , établi par M. Delaporte aux dépens du g. Melolontha des auteurs , dont il diffère par les caract. sui¬ vants : Massue des antennes composée seu¬ lement de 5 feuillets dans les mâles et de 4 dans les femelles ; le 2e article très court ; le 5e très allongé ; le corselet plus long , quoique sa dimension en ce sens n’égale pas celle de sa largeur. Les articles des tarses plus renflés , et garnis d’épines plus fortes à leur extrémité ; crochets du dernier article armés en dessous d’une forte dent. Jambes antérieures simples, ou à peine tuberculées. Segment anal plus grand, échancré à son extrémité , non prolongé en pointe. Ce g. est le même que celui auquel M. Dejean donne le nom de CatalaHis dans son dernier Catalogue. Il renferme 5 esp., dont le Melolontha villosa de Fabricius peut être considéré comme le type. Il se trouve aux environs de Paris. (D.) ANREDERA, Juss. bot. pii. — Gen¬ re de la famille des Chénopodées ( tribu des Chénopodiées), offrant pour caractères : Périanthe membranaeé , 5-parti : les 2 seg¬ ments extérieurs carénés, munis d’une aile dorsale longitudinale; les 5 intérieurs un r peu plus courts, concaves. Etam. 5, antépo¬ sées , insérées au fond du périanthe ; filets subulés ; anthères sagittiformes - oblongues. Point de squamules hypogynes. Ovaire ovoï¬ de, 1-loculaire, 1-ovulé, 5-style. Stigmates simples. Péricarpe coriace, indéhiscent, 1- sperme , recouvert par le périanthe , qui est sec et diptère. Graine verticale , àtestmem- branacé. Embryon annulaire , périphérique : radicule infère. — Herbe grimpante ; feuilles alternes ; fleurs hermaphrodites , 2-bractéo- lées (bractéoles petites, concaves), disposées en épis axillaires. On n’en connaît qu’une seule esp. , qui croît aux Antilles. (Sp.) ANSER. ois. — Synon. latin d’oiE. Voyez ce mot. (C. d’O.) ANS ANT 571 *ANSERANAS (anser, Oie; anas, Ca¬ nard ). ois. — Section formée par M. Les- son (Tr. d’Orn.) dans son genre Anas , pour recevoir le Canard à pieds demi - palmés ( Anas melanoleuca Lat.), que nous plaçons dans notre g. anatigralle. Voy. ce mot. (Lafr.) ANSERES ( anser. Oie ). ois. — C’est, dans la méthode de Linné, le nom par lequel il désigne l’ordre des Palmipèdes de Cuvier ou des Nageurs de Vieillot. (Lafr.) ANSERINE. bot. pii. — Voyez che- NOPOD1UM. (C. D’O.) *anserinees. Anserinœ anserinus, qui concerne les Oies), ois. — Sous-famille de l’ordre des Palmipèdes de Cuvier et de notre fam. des Ànatidées, ayant pour car. : Eec de longueur médiocre ou court, conique, élevé à sa base, où il est plus haut que lar^e, rétréci en avant , garni latéralement de la¬ melles en forme de dents souvent apparentes sur ses bords. Pattes assez élevées, et placées, 6ur le tronc , presqu’à l’équilibre du corps ; doigts de longueur médiocre, terminés par des ongles courts et assez obtus , réunis par une membrane entière ou presque entière. Habitudes marcheuses et paissantes. Malgré les grands rapports de forme qui existent entre les Oies et les Canards pro¬ prement dits, ou Anatinées , nous avons cru indispensable d’en former une sous-famille particulière : car, outre une plus grande élé¬ vation des tarses placés plus en avant, et une forme de bec moins déprimée et plus conique que chez les Canards , nous leur avons re¬ connu des habitudes bien différentes et dé¬ pendantes de ces deux causes. Ainsi elles sont beaucoup plus marcheuses et plus nageu¬ ses ; et, tandis que le bec déprimé et spa- tuliforme des premiers leur sert à recueillir sur l’eau une nourriture moitié animale et moitié végétale, le leur, de forme conique, plus court, et, par conséquent, plus fort, indique un autre genre d’alimentation , qui consiste effectivement à arracher ou à paître l’herbe , qui fait le fond de leur nourritu¬ re. Cette différence bien marquée dans l’ali¬ mentation se reconnaît dès que les petits sont éclos. Les jeunes Canards sauvages, au sortir de l’œuf, se jettent à l’eau ; et, loin de chercher à en gagner les bords, ils y restent constamment avec leurs mères pour y cher¬ cher leur nourriture , consistant en insectes et moucherons de toute esp. qui voltigent à sa surface, et qu’ils poursuivent et attrapent en nageant avec une promptitude incroya¬ ble. Ils y joignent encore les insectes aquati¬ ques et tout ce qu’ils peuvent saisir en barbot- tant sur les rives. Les jeunes Oies sauvages, au contraire, à peine écloses, s’acheminent avec leur mère vers des terrains herbus, et leur première nourriture se compose des pointes des feuilles de graminées , que leur mère arrache et dépose devant elles tout en parcourant le sol ; mais bientôt elles s’exer¬ cent et parviennent elles-mêmes à arracher ces pointes d’herbes , qu’elles paissent réelle¬ ment et qui leur suffisent. Cette nourriture est donc toute végétale, tandis que celle des jeu¬ nes Canards est presque exclusivement ani¬ male. D’après les caractères de forme que nous avons assignés à nos Ansérinées, les Rem⬠ches, à bec plus court et plus conique , à tar¬ ses plus élevés, à corps plus court, doivent être considérées comme les espèces-types de cette sous-famille ; elles ont aussi la marche beaucoup plus facile et plus rapide que les Oies proprement dites. Notre sous-famille des Ansérinées com¬ prendra donc le seul genre oie, Anser, et les deux sous - genres Bernache et Oie, Voy . oie. (Lafr.) * ANT AC ANT HUS, L. C. Rich., Mss. (ùvzi, à l’opposé ; axavflx, épine). BOT. PH. — Synon. du g. Scolosanthus , Vahl, de la famille des Rubiacées. (Sp.) ANT ALE. mole. — (Un des synonymes de Dentale,) Nom d’une famille d’animaux mollusques que, jusqu’aux recherches de MM. Deshayes et de Blainville, on classait parmi les Annélides. (P. G.) * ANT AUC TI A ( àvTxpxTtxdçj antarcti¬ que , austral ). ins. — Genre de Coléoptères pentamères, famille des Carabiques, tribu des Féroniens , établi par M. Dejean dans son Species général , et auquel il assigne les car. suivants : Les trois premiers articles des tarses antérieurs dilatés dans les mâles, aus¬ si longs que larges , et fortement cordifor- rnes; dernier article des palpes allongé, pres¬ que cylindrique , et tronqué à l’extrémité. Antennes filiformes et assez allongées. Lè¬ vre supérieure en carré moins long que lar¬ ge , légèrement échancrée antérieurement. Mandibules peu avancées, assez fortement 572 ANT ANT arquées et assez aiguës ; point de dent au milieu de l’échancrure du menton. Corselet presque carré ou légèrement cordiforme. Élytres assez allongées , presque parallèles et légèrement sinuées à l’extrémité. M. De- jean a établi ce nouveau genre sur plusieurs esp. de l’extrémité de l’Amérique méridio¬ nale, et c’est pour désigner le pays qu’elles paraissent habiter exclusivement qu’il leur a donné le nom générique d 'Antarctia. Ces Carabiques sont de moyenne taille, toujours ailés, de couleur métallique, et ont les plus grands rapports de forme avec quel¬ ques Amara et quelques Harpales. M. Dejean , dans son dernier Catalogue , en mentionne 13 esp., dont 6 du Chili, 1 des îles Malouines , et 6 de Buénos-Ayres. Nous citerons parmi ces dernières YAnt. carnifex Fabr. comme type du genre. (D.) ANTÉDILUVIEN ( Ante , avant ; di¬ luvium , déluge), géol. — Cette dénomina¬ tion , introduite en France par les géologues anglais, s’applique aux formations alluviales qu’on suppose avoir précédé la grande cata¬ strophe dont parie la Genèse. On reconnaît aujourd’hui que l’on a abusé de ce mot en confondant sous un môme nom des dépôts terrestres d’époques différentes ; et M. Bron- gniart en a restreint l’emploi à la désignation des terrains de trass et d’alluvion qui ont précédé la période animale. On donne le nom d ''Antédiluviens aux Animaux qui se trouvent dans les terrains de transport appelés Diluviens : tels sont les Mastodontes, les Éléphants , les Tapirs, etc., quelques uns appartenant à des genres per¬ dus , d’autres ayant disparu du continent européen. Ce terme s’emploie en général pour désigner tout ce qui paraît remonter à une haute antiquité. (C. d’O.) ANTENNAI UE. Antennarius, Com- merson. poiss. — L’habile naturaliste, com¬ pagnon de Bougainville , que je cite ici , Commerson, avait eu l’idée d’établir sous cette dénomination le g. de Poissons dont M. Cuvier a donné la monographie dans les Mémoires du Muséum, sous le nom de Chi- ronectes. ( Voy. ce mot. ) M. de Lacépède et M. Cuvier, en se servant des manuscrits de Commerson , ont cité la dénomination de ce voyageur dans leur Synonymie. (Y al.) 4 ANTENNAIRES. Antennaria (an- tenna , antennek ins. — M. Kobineau-Des- voidy nomme ainsi deux petites pièces sou¬ dées ensemble qu’on remarque sur la tête des Diptères de la famille des Muscides ou Myodaires, et sur lesquelles sont implantées les antennes. Ces deux pièces sont quelque¬ fois susceptibles de mobilité, et font saillir, au côté interne du premier article, deux petites crêtes ou squamules qui portent le nom de pièces inter-antennaires ( inter-an - tennaria ). (D.) ANTENNARIA, Link (Août;. Journ. de Bot. de Schrader, t. III) ( antenna , antenne). bot. cr. — Genre de Champignons apparte¬ nant aux Hypomycetes de Link et aux Pé- risporiacées de Fries, caractérisé par des filaments en forme de thallus , couchés , ra- meux, articulés, entrelacés, et supportant, principalement vers leur base, des sporan¬ ges globuleux remplis de matière gélatineuse et de spores moniliformes. Pendant long¬ temps on a ignoré la fructification de ce g., dont on ne connaissait qu’une espèce , le T ovula fuliginosa, de Persoon, qui croît sur les pins , et en recouvre les rameaux et les feuilles d’une couche filamenteuse, noire, souvent très épaisse. Comme l’auteur du Synops. fungorum ne l’avait jamais observé qu’à l’état stérile , il l’avait placé dans le g. Torula , dont les filaments présentent les mêmes caracl.; mais le professeur Link ayant observé les organes delà fructification surl’A. ericophila, qui croît en Portugal sur VEri- ca arborea , les caractères génériques ont dû être modifiés. Dans la France méridionale, on en rencontre une troisième espèce sur les Cistes ligneux. M. Fries a cru devoir ré¬ unir à ce genre le Racodium cellare de Persoon, espèce de feutre noir composé de filaments extrêmement ténus que l’on trou¬ ve sur les tonneaux, dans les caves; les fila¬ ments sont bien rameux , articulés ou cloi¬ sonnés, et les petits globules noirs que Ton observe ne sont pas des sporanges, mais bien des excréments d’insectes, ainsi que je l’ai constaté un grand nombre de fois. (LÉv.) ANTENNARIA ( Antenna , antenne). bot. pu. — Les Antennaria sont des her¬ bes vivaces , quelquefois sous-frutescentes , garnies de feuilles entières, blanchâtres et tomenteuses à leur face inférieure, portant des capitules disposés en corymbe , et dont | les folioles de l’involucre sont blanches ou AIN T AN T 573 lavées de rose ou de brun , mais jamais jau¬ nes comme celles de la plupart des Gna- phaliées. Les plantes de ce genre, employées en médecine, sont connues sous le nom de Pied-de-cliat. M. R. Brown , qui les a , le premier, nettement circonscrites , leur assi¬ gne les caractères botaniques suivants : In- volucre imbriqué, scarieux , coloré. Récep¬ tacle dépourvu de paillettes, scrobiculé. Fleurs dioïques : les mâles à anthères gar¬ nies d’appendices basilaires. Stigmates tron¬ qués ; poils de l’aigrette en forme de pin¬ ceaux, ou épaissis au sommet; les femelles à limbe court , dépourvues d’étamines ru¬ dimentaires, et munies d’une aigrette à soies capillaires. (J. D.) AlYTENNARIÉES ( antenna , anten¬ ne ). bot. ph. — Une des divisions de la sous-tribu des Gnaphaliées , qui renferme les genres dont les capitules sont indépen¬ dants les uns des autres, multiflores, dioï¬ ques, subdioïques ou monoïques; les fleurs mâles pourvues d’un style très simple , eu forme de massue , et tronqué au sommet ; le réceptacle dépourvu de paillettes , ou en ayant seulement vers sa circonférence. (J. D.) ANTEIYIVARIIJS. poiss. — Voyez ANTENNAIRE. (VAL.) ANTENNES. Antennœ. zool. — On nomme ainsi des organes appendiculaires, mobiles, composés d’un plus ou moins grand nombre d’articles, de formes très variées, plus ou moins développés, et situés sur la tête de la plupart des animaux articulés , à sa¬ voir : au nombre de deux, de quatre et quelquefois de cinq , dont un impair, chez les Néréides , dans la classe des Annélides; de deux et le plus souvent de quatre chez les Crustacés , à l’exception des Limules , qui en sont privés ( à moins qu’on ne prenne pour des antennes les deux corps articulés qu’ils présentent à leur partie antérieure , et que Savigny assimile, avec plus de raison, à la seconde paire de pieds -mâchoires des Crustacés, ou aux mandibules des Arachni¬ des); et enfin de deux seulement chez les Myriapodes et les Hexapodes ou les Insectes proprement dits, c’est-à-dire non compris les Arachnides, qui sont également dépour¬ vues de ces organes, comme les Limules. Considérées anatomiquement, les Anten¬ nes se composent d’une quantité variable de petits articles cornés ou coriaces à l’exté¬ rieur, tubulaires et perforés dans toute la longueur de leur axe, et renfermant une substance molle et membraneuse, qui reçoit les derniers rameaux des nerfs et des trachées de l’extrémité antérieure du corps. Savigny a le premier constaté l’existence des antennes dans les Néréides. Avant lui , ces parties étaient considérées comme des Tentacules ou des Cirrhes. Elles sont peu rétractiles, de forme variable, en nombre pair ou impair, courtes, et de deux ar¬ ticles seulement dans le premier cas , comme dans les g. Ly coris, Nephtys, Aride , Glycère , Opliélie, Hésione , Myriane, Phyl- lodocéÿ longues et composées de beaucoup d’articles, dans le second»cas, comme dans le g. Syllis. La plupart des Crustacés ont 4 antennes. Chez les Décapodes, elles sont tantôt petites et tantôt très longues ; dans le premier cas , les intermédiaires sont ordinairement ca¬ chées dans un creux, où elles sont repliées, et, dans le second, elles sont à découvert, et presque aussi longues que les latérales. Dans l’ordre des Stomapodes , les antennes in¬ ternes se terminent par trois filets, tandis que les externes n’en offrent qu’un seul ; la base de celles-ci est composée d’un grand nombre d’articles groupés entre eux et pla¬ cés sur des plans différents. D’autres Crus¬ tacés offrent une disposition semblable ; et , sous ce rapport, leur base diffère beaucoup de celle des mêmes parties dans les autres animaux articulés. Dans l’ordre des Amphi- podes , les antennes sont presque toujours en forme de soies, et placées par paire, les unes au dessus des autres, sur une tête dis¬ tincte; dans celui des Isopodes , elles ont une disposition à peu près semblable : les latérales sont toujours sétiformes et compo¬ sées de 8 articles; les intermédiaires sont quelquefois si petites, qu’on les aperçoit à peine. — Dans le dernier ordre, celui des Branchiopodes , les antennes sont au nombre de 4 ou de 2 seulement, et de formes très variées. Elles sont ou simples , ou velues, ou en pinceaux, dans le g. Lyncée ; rameuses dans le g. Daphnis ; en pinceaux dans le g. Cypris ; velues dans le g. Cythérée ; capillai¬ res dans le g. Branchipe; celles du g. Cy~ dope sont divisées en trois articles, et plus grosses et plus courtes chez le mâle que chez 574 ANT AN T la femelle; les antérieures sont petites et composées de 3 articles , et les postérieures plus longues et composées de 4 articles dans le g. Argule ; enfin dans le g. Zoé , les qua¬ tre antennes sont placées à peu près sur la même ligne ; les internes sont assez grosses, à articles peu distincts, avec un petit appen¬ dice cylindrique près de leur extrémité, et au devant est un article conique , garni de poils du côté intérieur; les externes sont très courtes , grêles et styliformes. Les Myriapodes n’ont que deux antennes , comme les Hexapodes ; elles sont courtes , un peu plus grosses vers le bout ou filiformes, et composées de 7 articles dans les Chilo- gnathes ; longues, sétacées et composées d’un grand nombre d’articles dans les Chilopo- des. De tous les animaux articulés munis d’antennes, les Insectes ou Hexapodes sont ceux chez qui ces organes offrent la plus grande variété de formes. Chez eux , l’ar¬ ticulation des antennes avec la tête ren¬ tre dans celles que M. Strauss nomme co- tyloïdiennes. La base du premier article se renfle , surtout chez les Coléoptères et les Hyménoptères, et est reçue dans une ca¬ vité de la tête ( torulus , Hirby), ordinaire¬ ment arrondie , très lisse également , et ta¬ pissée , excepté à la partie centrale , d’une membrane épaisse. Le bulbe est percé à son extrémité pour donner passage aux muscles et aux nerfs que contient l’antenne; les bords de l’ouverture ont de chaque côté une légère échancrure, et sont garnis d’un li¬ gament membraneux qui s’unit à la mem¬ brane de la cavité, au centre de celle-ci. Cette sorte d’articulation imprime à l’anten¬ ne un mouvement de rotation dans tous les sens. Dans les deux ordres que nous venons de nommer, la rotule est quelquefois très grande, comme séparée du reste de l’article par un étranglement bien marqué, et fait une saillie hors du torulus. On pourrait alors la prendre pour un article distinct; mais en l’examinant avec attention , on aper¬ çoit promptement qu’elle n’a pas de mouve¬ ment propre , et qu’elle n’est qu’un simple renflement du premier article. Le torulus, de son côté, pourrait également quelquefois donner lieu à une semblable méprise, lors¬ que ses bords sont relevés et qu’ils prennent la forme d’un tubercule plus ou moins sail¬ lant, évasé et à bords inégaux; mais son union intime avec la tête ne peut laisser au¬ cun doute a cet égard. La partie de la tête où cette articulation a lieu , en d’autres termes , l’insertion des antennes, présente d’assez nombreuses varia¬ tions, dont les principales s’expriment par les termes suivants, d’un usage fréquent dans l’entomologie descriptive. Les antennes sont dites : Préoculaires (prœ- oculares ), lorsqu’elles sont insérées devant les yeux; ex. : Chrysis , Carabus , etc.; Interoculaires ( interoculares ) , quand el¬ les sont placées sur un point quelconque entre les yeux; ex. : Leptura, Haliplus, Reduvius , etc. ; Inoculaires ( inoculares ), si elles sont insé ¬ rées dans une échancrure des yeux, qui sont alors plus ou moins réniformes et les entourent partiellement à leur base ; ex. : un grand nombre de Longicornes ; Suboculaires ( suboculares ) , lorsqu’elles sont placées au dessous des yeux ; ex. : Fui ~ gora, Nepa; Rostrales ( rostrales ) , si elles sont portées sur un prolongement de la tête ou bec : c’est le cas où leur éloignement des yeux est le plus considérable ; ces derniers restant toujours à la base du bec ; ex. : la majeure partie des Curculionites ; Supérieures (superiores ), quand elles sont situées sur le vertex ; ex. : quelques Longicornes ; Inférieures ( inferiores ) , lorsqu’elles sont insérées sous la tête; ce qui a lieu quand l’épistome et les joues sont dilatées et re¬ couvrent les parties de la bouche et celles qui sont adjacentes. Les antennes sont alors situées à l’angle intérieur de la jonction des joues et de î’épistome sur le front; ex. : Co¬ pris, Ateuchus. Quant à leur situation relative , c’est-à- dire la distance qui les sépare l’une de l’autre, les antennes sont dites : Écartées ( distantes , remotœ ), lorsqu’elles sont éloi¬ gnées l’une de l’autre à leur base ; ex. : Bu- prestis rustica, et la majeure partie des Coléoptères ; Rapprochées ( approximatœ ) , quand elles sont séparées à leur base par une distance peu considérable ; ex. : Donacia, Galeruca; Contiguës ( contiguœ ) , si elles se touchent presqu’à leur base; ex. : Imatidium ; ANT ANT 575 Connées ( connatæ , coadunatœ , cohœrcn - tes , lorsqu’elles sont réunies à leur base; ex. : Conops, Ceria. De leur proportion. — Pour exprimer les différences de longueur des antennes . on les compare, sous ce rapport, aux autres parties du corps. On dit qu’elles sont très courtes ( brevissimœ ), lorsqu’elles sont plus courtes que la tète; ex. : Coccinella; Courtes (brèves), quand leur longueur é- gale celle de la tête ; ex. : Hister ; Médiocres ( médiocres ), si elles sont aussi longues que le corps ; ex. : Callidium vio- lac eum ; Longues ( longœ ), quand elles dépassent le corps en longueur, mais de peu ; ex. : Mo- nohammus sutor ; Très longues ( longissimœ), lorsqu’elles sont considérablement plus longues que le corps ; ex. : un grand nombre de Longicor- nes parmi les Coléoptères, et le genre Ad'ele dans les Lépidoptères. De leur structure. — Les Antennes sont composées d’un plus ou moins grand nom¬ bre d’articles, qui, en général, ont chacun leur mouvement propre , ce qui permet à l’animal de les fléchir dans tous les sens. Chaque article se joint au précédent, tantôt par articulation cotyloïdienne, tantôt au moyen d’un ligament , sans qu’il y ait en¬ châssement d’un condyle dans une cavité. En général , ces articles sont placés bout à bout ; mais , dans beaucoup de cas , leur disposition est telle , que le premier , qu’on nomme basilaire ou scapus , forme un an¬ gle plus ou moins aigu avec le reste de l’antenne ; ce qui a fait appeler coudées , brisées ou géniculées ( geniculatœ ) , les an¬ tennes ainsi conformées. Telles sont celles des Lamellicornes, des Curculionites-Go- natocères , et d’un grand nombre de femel¬ les et de neutres chez les Hyménoptères. Hans les antennes coudées , le scapus for¬ me à lui seul la moitié de leur longueur ; dans celles qui sont droites ( rectœ ) , cet ar¬ ticle se distingue toujours des autres , soit parce qu’il est plus gros ou plus long , soit parce qu’il affecte une forme particulière. Quant au reste de l’antenne , on le divise en tige ( caulis ) , et en massue ( clava ) lors¬ qu’elle s’épaissit vers son extrémité : c’est ce qu’on remarque dans toutes les anten¬ nes coudées , et dans beaucoup de celles qui sont droites , telles que celles des Co¬ léoptères clavicornes et des Lépidoptères diurnes ou Rhopalocères. Le second article des antennes , qui forme le premier de la tige (pedicellus , Rirby ) , ne mérite pas moins d’attention que le scapus sur lequel il s’insère. Tantôt il est très grand et forme à lui seul le tiers ou la moitié de la lon¬ gueur de l’antenne , comme dans les Méla- somes , et tantôt il est à peine visible et soudé avec le troisième, comme dans les Longicornes. Quant aux autres articles , leur dimension varie autant que leur forme, ainsi que nous le verrons plus bas. Maintenant , si nous considérons les an¬ tennes sous le rapport du nombre des arti¬ cles dont elles se composent , nous verrons que ce nombre est extrêmement variable , et que , si la nature a suivi un plan à cet égard , il est encore à deviner. Cependant , comme on a remarqué que les antennes des Coléoptères sont presque toujours com¬ posées de onze articles , on s’est accordé à re¬ garder ce nombre de onze comme la règle dans cet ordre d’insectes, et tout ce qui s’en écarte comme une exception. On a d’ailleurs supposé que , si l’on ne les aper¬ çoit pas tous dans certains genres , ceux qui paraissent manquer n’en existent pas moins, et seraient visibles comme les autres , s’ils n’étaient soudés entre eux ou avec ceux qui les avoisinent. Aussi il en serait des anten¬ nes comme des tarses , qu’on prétend être toujours composés de cinq articles, bien que , dans plusieurs familles , il soit impos¬ sible d’en distinguer plus de quatre , trois ou même deux , avec la loupe la plus for¬ te. Quoi qu’il en soit de cette théorie, qui repose sur une idée philosophique ( l’unité de composition), toujours est-il qu’au delà de onze , le nombre des articles des anten¬ nes ne paraît plus assujetti à aucune règle. Ainsi on en compte douze chez le Cebrio gigas et certaines Chrysomèles et Saperdes ; vingt chez le mâle du Prionus ivnbrioornis , dont la femelle n’en a que neuf; trente- deux chez la Rhipicera marginata , et jus¬ qu’à trente-huit chez d’autres esp. du même g. Les Orthoptères offrent surtout les plus grandes anomalies sous ce rapport. Quelques Sauterelles ont quatorze articles, d’autres seize , et quelques unes vingt-cinq. Ils sont au delà de trente chez les Mantes ; mais 576 ANT nulle part , dans cet ordre , ils ne sont plus nombreux que chez les Blattes , chez qui l’on en compte jusqu’à près de cent cin¬ quante. On a remarqué, en outre, que, chez ces Insectes , le nombre des articles varie non seulement d’une espèce à l’autre , mais dans une même esp. Dans les Hémiptères , ils suivent la même progression que chez les Coléoptères, c’est-à-dire qu’on en compte depuis deux ( g. Flata ) jusqu’à onze ( g. Coccus ). Tous les Lépidoptères , à l’exception du genre Hépiale, ont les antennes com¬ posées d’un nombre considérable d’articles, souvent si minces et si peu distincts , qu’il est presque impossible de les compter mê¬ me avec l’aide d’une forte loupe. Il en est de même de la tribu des Ichneumonides parmi les Hyménoptères ; mais d’autres tribus du même ordre se rapprochent à cet égard de la loi générale. Ainsi , les esp. pourvues d’un aiguillon ne possèdent que douze articles chez les femelles , et treize chez les mâles. Les Tenthrédines et le reste de l’ordre présentent sous ce rapport des variations si nombreuses , qu’il serait impos¬ sible de les énumérer brièvement. Enfin, chez les Diptères , il paraît y avoir deux types généraux : l’un composé des anten¬ nes des Tipulaires , qui ont de quatorze à seize articles , et le second qui embrasse tout le reste de l’ordre, où elles ne dépas¬ sent jamais trois articles ; mais il est à ob¬ server que le premier, qui a reçu dans cet ordre le nom de palette , paraît assez sou¬ vent formé de plusieurs articles soudés en¬ semble. Les antennes qui ont beaucoup d’articles se disent multi - articulatœ ; celles qui en ont peu , pauci - articulatœ. Lorsque le nombre de leurs articles est susceptible d’ê¬ tre compté , on les appelle bi- articulés , tri- articulés , quadri-articulés. Les articles dont se composent les anten¬ nes offrent dans leur forme d’innombrables modifications, qui influent sur celle de l’an¬ tenne en général. Toutefois , ces modifica¬ tions peuvent être ramenées à un certain nombre de types , dont nous allons faire connaître les principaux, en divisant les An¬ tennes en Régulières et en Irrégulières. Parmi les premières , on nomme : Sétacées ( setaceœ ), celles qui diminuent ANT de grosseur de la base au sommet ; ex. : les Sauterelles j etc.; Sétiformes ( setiforrnes ) , celles qui sont courtes et rigides , et vont en diminuant de la base au sommet , où elles se terminent en pointe allongée et très aiguë; ex : les Libellules ; Filiformes ( filiformes ) , celles qui gardent le même diamètre dans toute leur longueur; ex. : les Carabes ; Fusiformes (fusiformes, , celles qui sont renflées dans le milieu, en forme de fuseau; ex. : les Zy gènes, les Sésies; Prismatiques (prismaticœ) , celles qui of¬ frent trois côtés presque égaux ; ex. : les Sphynx ; Ensiformes ( ensiformes ) , celles qui sont en forme de lame d’épée ; ex. : les Truxa- les ; Moniliformes ( moniliformes ) , celles qui sont composées d’articles globuleux , arron¬ dis et disposés comme les grains d’un cha¬ pelet ; ex. : les Ténébrions ; Perfoiiées (perfoliatœ) , celles dont les ar¬ ticles sont discoïdaux , et portés par un pé¬ doncule qui semble les traverser ; ex. : les Lagries ; Imbriquées (imbricatœ), lorsque les arti¬ cles sont concaves d un côté , convexes de l’autre, et s’emboîtent l’un dans l’autre ; ex. : les Diapères; Feuilletées (foliatœ) ou lamellées (lamel- iatœ ) , celles dont les articles terminaux se dilatent en lames plus ou moins minces et larges , lesquelles s’épanouissent ou se fer¬ ment à la manière des branches d’un éven¬ tail ou des feuillets d’un livre; ex. : le Hanneton foulon ; Epaissies (incrassatœ). Ce mot , employé seul , indique un grossissement dans une partie quelconque de l’antenne. Si ce gros¬ sissement est subit , on dit que les antennes sont subitement épaissies ( subito incrassa¬ tœ ) ; s’il a lieu graduellement de la base au sommet , elles sont dites sensim incrassa¬ tœ ; Noueuses (nodosœ), celles qui ont un ou plusieurs articles disproportionnément plus gros que ceux qui les avoisinent ; ex. : Me- loë ; Atténuées (attenuatœ), celles qui sont disproportionnément grêles dans une partie quelconque de leur longueur ; comme pour ANT les antennes épaissies, on dit qu’elles sont subitement ou graduellement atténuées ( su¬ bito vel sensim attenuatœ) ; En scie (serratœ), celles dont chaque ar¬ ticle se prolonge du côté interne en une dent de scie ; -ex. : les Buprestes ; Pectinées ( pectinatœ ), celles dont la tige est munie de chaque côté d’une rangée de petites branches parallèles imitant les dents d’un peigne ; ex. : un grand nombre de Bom¬ byx; Plumeuses ou penniformes (; penniformes ) , celles qui ressemblent aux grandes plumes des Oiseaux; ex. : mâles d’un grand nombre de Plialenides ; Rameuses ( ramosœ ) , celles qui sont gar¬ nies d’un côté de deux ou trois longues bran¬ ches irrégulières ; ex. : le g. Phengodes ; Flabellées (flabellatœ) , celles dont les articles , excepté ceux de la base , envoient intérieurement de longs rameaux flexibles et aplatis; ex. : Tetralobus flabellicornis : Palmées ( palmatæ ), celles qui sont très courtes , et qui envoient extérieurement quelques longues branches ressemblant à des doigts ; ce qui leur donne quelque rap¬ port avec une main ; Subulées ( subulatœ ) , celles qui sont cy- lindracées inférieurement , et se terminent en une pointe roide et aiguë comme une alêne ; Capillacées ( capillaceœ ) , celles qui se ter¬ minent par un filet capillaire, articulé ; Mucronées ( mucronatœ ), celles qui se ter¬ minent par une pointe courte et mousse ; ex. : le g. Scotobius ; A aigrettes ( aristatœ ), celles qui se termi¬ nent par un article en forme de palette , et portant une soie latérale nue ou garnie de poils ; ex : les Muscides ; En massue ( clavatœ ) , celles dont les ar¬ ticles terminaux deviennent graduellement plus gros; Capitées ( capitatœ ), celles dont les articles se renflent subitement pour former la mas¬ sue. Cette dernière offre dans sa composition des différences très remarquables. Elle est fissile ( fissilis ), lorsque les articles ont la forme de feuillets , et peuvent s’ou¬ vrir et se fermer comme ceux d’un livre; ex. : le g. Melolontha ; Tuniquée ou enveloppante ( tunicata ) , lorsque l’un des articles de sa base est creu- ANT 577 sé en entonnoir , et recouvre plus ou moins les suivants ; ex. : le g. Lethrus ; Solide ( solida ) , lorsqu’elle ne consiste qu’en un seul article, ou que, s’il y en a plusieurs , ils sont à peine distincts, et com¬ me soudés ensemble; ex. : les g. Rhina, Tlister ; Renflée ( inflata ) , lorsqu’elle est d’une grosseur disproportionnée avec le reste de l’antenne , et paraît comme gonflée. Quant aux antennes irrégulières , elles af¬ fectent , en général , des formes si bizarres, qu’il n’existe pas de terme de comparaison pour les exprimer. Du reste, elles rentrent plus ou moins dans l’un des types que nous venons de désigner , et ne se rencontrent que dans un petit nombre d’espèces, parmi lesquelles nous citerons pour exemple les mâles du g. Cerocoma, et le g. Paussus. Les antennes sont rarement glabres; le scapus , la tige , la massue , ou tous les trois à la fois , sont plus ou moins tomenteux ou ve¬ lus. Souvent aussi, comme dans les Prioniens, elles sont rugueuses ou hérissées de tubercu¬ les, de piquants, d’épines, etc. On leur ap¬ plique alors les termes que nous avons indi¬ qués plus haut en parlant de ces excroissan¬ ces. Après avoir fait connaître les formes extrê¬ mement variées des antennes, il nous reste h parler de leur position lorsque les Insectes sont en repos ou en mouvement. Dans le pre¬ mier cas , la plupart se contentent de les ra¬ mener sur le dos en les y appliquant plus ou moins exactement (Longicornes), ou sur les bords latéraux de la tête du thorax et du corps (Carabiques, Mélasomes, Noctuélites, etc.); mais d’autres sont pourvus de cavités spéciales dans lesquelles elles sont reçues to¬ talement ou en partie. Tantôt ces cavités sont creusées sur les côtés inférieurs du prothorax, comme dans quelques Elatérides(P£erofarsw$ Galba), les Anthrènes, les Gribouris , les Chlamys, etc.; tantôt sur les parties latérales de la tête, comme dans les Gurculionites ; mais, dans ce dernier cas, le scapus seul est reçu dans cette rainure. Chez les Gyrins et es Pâmes, qui font partie du même ordre , la cavité antennaire est également située dans la tête ; mais, ces Insectes étant aquatiques, la nature, pour protéger leurs antennes contre l’action de l’eau, les a pourvues à leur base d’un appendice en forme d’oreillette, qui les ►>* 3 1 T. I 578 ANT ANT recouvre complètement lorsqu’elles sont ain¬ si cachées. Chez les Nèpes, principalement celles du g. Belostoma, on observe également entre les yeux et les pièces inférieures de la tête une rainure profonde et réniforme dans laquelle les antennes se replient de ma¬ nière à ce que les premiers articles soient visibles et protègent les autres. Les Cryp- tocères (g. remarquable de Fourmi) portent sur la tête une sorte de pièce carrée dont les bords forment une profonde cavité longitu¬ dinale , dans laquelle les antennes sont com¬ plètement cachées au repos. Enfin, chez un grand nombre de Muscides, elles sont reçues dans une fossette verticale du front , qu’elles remplissent entièrement. Avant de se replier pour entrer en repos , les antennes , flabellées. et feuilletées, ferment leurs feuillets ou leurs branches, et les appliquent exactement l’une contre l’autre. Celles qui sont coudées plient leur tige , et l’appliquent contre le scapus. Lorsque les Insectes qui sont pourvus de ces deux sortes d’antennes se mettent en mouve¬ ment , on les voit écarter les lames qui com¬ posent la massue, comme pour percevoir les impressions relatives au sens dont elles sont le siégé, ou, si elles sont brisées, séparer la tige du scapus , et la porter en avant. En gé¬ néral , tous agitent plus ou moins ces organes pendant le mouvement , les uns alternative¬ ment , avec lenteur et une sorte de régula¬ rité ; d’autres dans tous les sens, et quelques uns, tels que les Ichneumonides chez les Hyménoptères, leur impriment un mouve¬ ment de vibration très rapide et continuel ; pendant le vol, elles sont dirigées en avant ou perpendiculairement à l’axe du corps, ou enfin ramenées sur le dos. De Vusage des antennes. — Les natura¬ listes sont loin d’être d’accord sur ce point. Les uns , et c’est le plus grand nombre , ont vu dans ces appendices l’organe prin¬ cipal du toucher; d’autres celui de l’o¬ dorat ; quelques uns celui de l’ouïe ; il en est enfin qui en ont fait le siège d’un sixiè¬ me sens , destiné à apprécier l’état de l’at¬ mosphère. Cette diversité d’opinions n’éton¬ nera pas si l’on considère que les antennes , indépendamment de leur fonction princi¬ pale , qui est nécessairement la même dans tous les animaux qui en sont pourvus , ser¬ vent en même temps à des usages secondai¬ res, qui varient avec leur forme, ainsi que nous le verrons plus bas. De là deux ordres de faits bien distincts , que les expérimenta¬ teurs auront confondus dans leurs observa¬ tions. Mais quelle est cette fonction princi¬ pale ? Des expériences plus judicieusement faites que celles qu’on a recueillies jusqu’à présent pourront seules décider la question. En attendant , l’opinion qui nous paraît la plus vraisemblable est que les antennes ont pour fonctions essentielles celles du tact. En effet, la majeure partie des animaux qui en sont pourvus sont couverts d’un tégument calcaire ou corné, qui les rend peu sensibles au contact des corps environnants. Des or¬ ganes spéciaux devaient donc suppléer chez eux à ce défaut de sensibilité. On peut ob¬ jecter, il est vrai, qu’une famille nombreuse d’Articulés, les Arachnides, parmi lesquels on remarque plusieurs g. à gaîne tégumen- taire solide, sont privés des appendices an- tennaires ; mais , chez les Aranéides ( Arai¬ gnées proprement dites) et chez les Phalan- giens (Faucheurs), les pattes semblent dispo¬ sées pour exercer les fonctions tactiles ; chez les Pédipalpes (Scorpions, etc.), les pinces sont destinées à remplir les mêmes fonctions ; enfin , chez les Acariens , la bouche , con¬ formée en suçoir, est armée de palpes , de pinces et de soies douées d’une grande sen¬ sibilité. L’opinion qui place le siège du tou¬ cher dans les antennes , chez les Articulés , nous semble confirmée par l’observation de dispositions analogues chez un grand nombre d’autres animaux de classes toutes différentes , et qui présentent à la tête et aux environs des organes masticatoires , des appareils tactiles très développés : tels sont les bras des Mollusques céphalopodes ; les tentacules et les yeux pédonculés des Gasté¬ ropodes; les barbillons de certains Poissons ; le bec revêtu d’une membrane riche en filets nerveux chez quelques Oiseaux; les moustaches des Chats , et surtout des Phoques ; enfin le museau de la Taupe , de la Musaraigne ; le boutoir du Cochon, du Tapir, et, par dessus tout , la trompe de l’ Éléphant. C’est ici le lieu de discuter si les antennes sont réellement le siège d’un toucher tout particulier qui constituerait comme un si¬ xième sens. Cette opinion nous paraît lo¬ giquement inadmissible , quelque exquise qu’on suppose la sensibilité des appendices AINT qui nous occupent , puisque nous ne pou¬ vons nous rendre compte que des sensations que nous éprouvons nous - mêmes. Nous voyons en effet tous les jours chez les aveu¬ gles la surface tégumentaire devenir tel¬ lement sensible, qu’elle perçoit le moindre ébranlement atmosphérique , et certes per¬ sonne n’a jamais songé à admettre chez eux le développement d’un nouveau sens. Le toucher est tellement parfait dans les ailes membraneuses des Chéiroptères , que ces animaux , au milieu d’une obscurité com¬ plète et dans de profondes cavernes , se di¬ rigent avec la plus grande précision sans le secours de la vue, et par conséquent par la seule impression de l’air sur leurs ailes. Ce fait est constaté par de nombreuses obser¬ vations. Il est donc raisonnable d’admettre que les antennes des Articulés sont le siège d’un toucher analogue à celui qui réside dans les ailes des Chéiroptères. Cette opi¬ nion acquerra un nouveau poids si l’on considère que ce sont les antennes des In¬ sectes crépusculaires et nocturnes qui of¬ frent la plus grande surface ( antennes feuilletées des Scarabées , pectinées des Lu¬ canes , plumeuses du Bombyx , des Phalè¬ nes, etc.), et, de plus, que dans certaines fa¬ milles , dans certains genres où les femelles sont sédentaires, celles-ci ont les antennes à peines ciliées et même filiformes , tandis que chez les mâles , qui voltigent sans ces¬ se, ces appendices sont très développées. Les antennes, organes du tact, semblent, chez certains Hyménoptères qui vivent en société, devenir organes de relation. Le der nier article des antennes chez ces Insectes, dit M. Robineau-Desvoidy, est à lui seul un organe à part , essentiellement pulpeux ; il recèle des facultés bien supérieures à celles du tact, comme on peut l’observer chez les Fourmis et les Abeilles, qui ont l’air de se comprendre et de se communiquer leurs idées en se touchant réciproquement avec la massue de leurs antennes. Devenus or¬ ganes de relation , ces appendices seraient alors comparables aux membres thoraciques de l’homme , membres qui , siège du tou¬ cher par excellence , sont également orga¬ nes d’expression. Quant à l’opinion de ceux qui placent dans les antennes le siège de l’odorat , voi- ANT 579 ci 6ur quoi ils la fondent. Si l’on regarde , disent-ils , comme identiques les nerfs qui , dans le cerveau des Vertébrés et dans la masse ganglionnaire analogue des Inverté¬ brés , naissent en avant des nerfs optiques, on sera amené à regarder les nerfs des an¬ tennes comme ceux de l’olfaction : tel est, en effet, le raisonnement de MM. de Blain- ville et Robineau - Desvoidy. Réaumur et Roesel, avant ces deux savants, avaient déjà pensé que l’odorat des Articulés rési¬ dait dans les antennes. Le dernier avait appuyé son opinion sur les dispositions ana¬ tomiques qu’il avait reconnues chez l 'Écre¬ visse et chez les Mouches ; et, de nos jours, l’anatomiste allemand Carus avoue que, dans l’embarras où sont les naturalistes d’assigner avec quelque certitude le siège du sens olfactif chez les Articulés, l’opinion de Réaumur, combinée avec celle de Roe¬ sel, lui paraît réunir toutes les probabilités, tant à cause de la forme de lames ou de branchies qu’affectent souvent les antennes qu’en raison de leur voisinage du ganglion cérébral. Dugès admet aussi que les anten¬ nes sont le siège de l’odorat ; il a fait à ce sujet une série d’expériences sur des Gril¬ lons, des Bombyx , des Mouches ( Vomito - ria et Carnaria ) , et il a cru remarquer que la perception des odeurs était abolie par l’amputation des antennes. M. Alex. Lefeb¬ vre a fait la même opération sur une Guêpe , et il a obtenu un semblable résultat ( Ann. de la Soc. ent. de France , t. VII, 1858, p. 398 ). En comparant ces faits avec ce qui s’observe chez les animaux d’un ordre su¬ périeur, tels que l’Éléphant et le Cochon, chez lesquels la trompe et le grouin tou¬ chent et flairent , l’analogie nous conduirait également à admettre que le sens de redo¬ rât chez les Articulés peut se trouver dans le voisinage de celui du toucher. Les inductions qui ont été tirées de la dis¬ tribution des nerfs, et qui ont porté à pla¬ cer l’organe olfactif dans les antennes, don¬ neraient les mêmes résultats pour le sens de l’ouïe. Chez les Crustacés, ou du moins chez les Crustacés macroures, l’antenne externe (grande antenne ou antenne postérieure) pré sente à sa base une petite saillie cylindrique, percée d’un trou arrondi et fermé par une membrane; cette membrane est elle-même perforée d’une fente ou ouverture oblongue 580 ANT ANT à laquelle fait suite un cul-de-sac. M. Du- gès, auquel nous empruntons ces détails anatomiques , admet que ce cul-de-sac re¬ çoit un nerf dont le tronc représente à la fois les deux parties de la septième paire chez les vertébrés (nerf auditif et nerf fa¬ cial). Une portion de ce nerf est destinée à l’organe auditif, et l’autre vase distribuer à l’antenne meme. La cavité dont nous ve¬ nons de parler serait donc un sac vestibu- laire, avec sa fenêtre ovale ; sac qu’on pour¬ rait comparer aux vestibules des Poissons cartilagineux; et les antennes , qui, par leur vibration, faciliteraient la perception des sons, offriraient ainsi une sorte de ressem¬ blance avec le pavillon de l’oreille , sou¬ vent si développé chez quelques Mammifè¬ res. Si la disposition observée par M. Dugès était démontrée , il faudrait signaler chez les Crustacés la similitude qui existe entre les appareils de l’audition et de l’olfaction , qui tous deux ont la forme d’antennes dont la base renferme l’organe sensitif, tandis que le prolongement ne sert qu’à des fonc¬ tions tactiles. Le siège de l’audition n’est pas aussi visible dans les antennes des Insectes. Carus prétend que la membrane qui unit ces appendices à la tête est peut-être chargée de percevoir les sons; mais rien ne le prouve. Treviranus croit que la massue antennaire des Papillons diurnes renferme un appareil auditif. M. Strauss place le siège de l’ouïe dans les antennes feuilletées des Hannetons; enfin M. Lacordaire , qui , dans son intro¬ duction à l’entomologie , adopte l’opinion des auteurs qui font des antennes le siège de l’audition , développe cette opinion avec beaucoup de clarté , et l’appuie de raisons spécieuses , qu’il serait trop long de rappor¬ ter ici. Au reste , si l’on ne consultait que l’a¬ nalogie, on ne pourrait se dispenser d’admet¬ tre que les antennes sont effectivement le siège de l’ouïe chez les Articulés , car elles occupent chez eux la même place que les oreilles chez les Yertébrés, et l’on voit cer¬ tains Insectes les dresser ou les baisser au moindre bruit ; mais cette analogie peut être trompeuse. Nous terminerons cet exposé sur l’usage présumé des antennes en rapportant quel¬ ques faits qui ne permettent pas de douter que ces appendices ne servent à des emplois secondaires, indépendamment de leurs fonc¬ tions principales, comme nous l’avons dit plus haut. Dans certaines familles de Coléo¬ ptères dont le corps est très allongé , et chez lesquels l’attache des ailes est placée très haut , à cause de la brièveté du corselet , les antennes, par leur longueur et leur gros¬ seur, servent évidemment à faire équilibre avec le corps , et à le maintenir pendant le vol dans une position horizontale , ainsi qu’on le voit dans un grand nombre de Longicornes. Dans les Lépidoptères à vol puissant et rapide tels que les Sphyngides, les Vanesses , les Nymphales , les antennes sont en rapport avec le corselet, qui est très robuste ; elles sont longues , raides , épaisses , filiformes, ou se prolongent insen¬ siblement en massue; tandis qu’elles sont courtes , à tige grêle , et terminées par un bouton court et piriforme , chez les Lépi¬ doptères, dont le vol est faible et sautillant, comme dans la plupart des Piéries et des Satyres. Dans les g. Lyncée, Daphné et Cy- pris, parmi les Crustacés, les antennes servi¬ raient secondairement à la natation , tandis que, dans le g. Cyclope, suivant les obser¬ vations de M. Jurine fils, elles serviraient à maintenir l’animal en équilibre au milieu du liquide ambiant, et que , de plus , celles du mâle seraient des organes d’excitation et de préhension dans l’accouplement. Les an¬ tennes sembleraient être également des or¬ ganes excitateurs chez certains Lépidoptè¬ res ; l’un des auteurs de cet article a vu un mâle du Satyre Megera préluder à l’accou¬ plement en frappant de coups répétés avec le bouton terminal de ses antennes la tête et le corselet de sa femelle, jusqu’à ce qu’el¬ le se fût rendue à ses désirs, et ce manège a duré plusieurs minutes. Enfin M. Audouin (Annal, de la Soc. entom. de France , 1. 1 , p. 5) assure avoir observé que c’est par les antennes que les Hydrophiles se pro¬ curent l’air nécessaire à leur respiration, en remontant à cet effet à la surface de l’eau. Ainsi, soit que les antennes aient pour fonc¬ tions principales le toucher , l’odorat ou l’ouïe, elles serviraient en même temps, dans certains cas , d’organes locomoteurs , respi¬ ratoires et excitateurs. De Vemploi des antennes dans la classi¬ fication. — Cet emploi n’est pas aussi im¬ portant qu’on pourrait le croire au premier abord. Leurs formes éminemment variables , AM 58 1 qui s’accordent rarement avec celles d’or¬ ganes plus essentiels, ne les rendent propres qu’à fournir des caractères tout au plus du troisième ordre dans les coupes génériques; mais il n’en est pas de même pour les gran¬ des divisions. Ainsi M. Duméril , dans sa Zoologie analytique , s’en est servi pour diviser l’ordre des Lépidoptères en quatre familles, qu’il nomme Rhopalocères ouGlo- bulicornes, Clostérocères ou Fusicornes, Nématocères ou Filicornes , Chétoc'eres ou Séticornes. M. Boisduval s’en est également servi , mais seulement pour établir deux grandes divisions dans ce même ordre, à savoir : les Rhopalocères et les Hétérocères. Dans les Coléoptères , on compte quatre familles , qui tirent leurs noms de la forme des antennes, à savoir :les Clavicornes , les Lamellicornes , les Taxicornes et les Longi- cornes. Au reste, si les antennes ne peuvent fournir de bons caractères génériques, elles sont très utiles pour servir à distinguer un sexe de l’autre. C’est une règle constante que celles des mâles sont toujours plus dé¬ veloppées que celles des femelles, et souvent très différentes non seulement pour la for¬ me, mais pour le nombre des articles. Nous citerons ici quelques exemples des plus sail¬ lants à l’appui de cette assertion. Dans cer¬ tains Longicornes ( Lamia,Astynomus , Acan- thocinus) , et quelques Curculionites (An- thribides ) , celles des mâles sont deux et trois fois plus longues que celles des femel¬ les. Le mâle de la Rhipicera marginata a 52 articles aux siennes, tandis que la fe¬ melle n’en a que 11. Chez le Hanneton Fou¬ lon , la massue feuilletée des antennes a dix fois plus d’étendue dans le mâle que dans l’autre sexe. Mais c’est surtout sous le rap¬ port de la forme que ces organes offrent les différences les plus frappantes entre les deux sexes. Dans les Bombyx , les Rhipicè - res, les Lampyres, certaines Tenthrédines , certaines Tipules, on reconnaît au premier coup d’œil les mâles aux rameaux plus ou moins nombreux dont est garnie la tige des antennes , tandis que cette tige est simple¬ ment en scie , ciliée , sétacée ou monilifor- me, dans les femelles. 11 en est de même du g. Cérocome, dont les antennes, presque filiformes dans les femelles, sont très épais¬ ses et d’une forme très compliquée dans les mâles. AN T Telles sont les considérations les plus es sentielles auxquelles donne lieu l’examen des antennes dans ceux des animaux arti¬ culés qui en sont pourvus. (D. et A. Duponciiel.) ANTENNES. Antennœ. poiss. — Dé¬ nomination très peu usitée en Ichthyologie pour désigner les appendices filiformes que portent certaines Scorpènes, la plupart des Blennies, et les espèces démembrées de ces g. L’expression la plus employée pour nom¬ mer ces organes est celle de tentacules. (Val.) ANTENNULAÏRE. Antennularia ( antenna, antenne ). folyp. — Le genre Antennulaire de Lamarck ou Nemertesie de Lamouroux se compose de Polypiers flexi¬ bles de la famille des Sertulariens, dont la tige est articulée , et garnie tout autour de branches courtes et grêles , sur lesquelles sont placées sur un seul rang de petites cel¬ lules sessiles et campanuliformes. (M. E.) ANTENNULAÏRE. Antennularius {antenna, antenne), crust. — Anneau an¬ tennulaire ou second segment céphalique du squelette tégumentaire des Crustacés. (M. E.) ANTENNULES. Antennulœ (dimin. d 'antenna, antenne), ins. — Synon. de pal¬ pes chez les anciens entomologistes, princi¬ palement pour désigner les palpes maxillai¬ res, qui, dans beaucoup d’insectes, ressem¬ blent à de petites antennes ; mais cette ex¬ pression vicieuse n’est plus employée depuis long-temps. Voy. palpes. (D.) ANTENOR. Antenor ( nom mythol. ) for amin. — Genre établi par Montfort (■ Conchyl . syst. , p. 70 ) pour une des nom¬ breuses variétés de la Robulina calcar. Voy . ROBTJLINE. (A. d’O.) ANTENORON ( ? , nom pro¬ pre ). bot. pii. — Genre de la famille des Polygonacées , tribu des Polygonées vraies, formé par Rafinesque ( Flor.Ludov . t. VIII), et rapporté en synonymie au g. Persicaria , Tourn., qui n’est lui-même qu’une section du grand genre Polygonum. Voy. ces mots. __ (G. L.) ANTÉON. ins. — Genre de la famille des Oxyuriens , de l’ordre des Hyménoptè¬ res, section des Térébrans, établi par Ju- rine {N ouv. Méth. de cl. les Hym.), adopté {par Latreillc, Nées von Esenbeck , etc., 582 ANT ANT et réuni au g. Dryinus par Walker ( Ent . mag.) et par nous ( Hist. des Ânim. art. , t. IV ). Les Antéons diffèrent des Dryinus proprement dits, d’après Latreille, parle thorax , continu , ne formant pas de nœuds, et par les tarses, terminés par des crochets simples et droits. Le type de ce g., dont on ne connaît que quelques espèces indigènes , est VA. Jurineanum , Latr. Voy . dryinus. (Bl.) ANTHACTINI A , Bory. — Granadil- la , DG. , sub Passiflora ( av0ï] , fleur ; àxTc'ç, t 'vos, rayon), bot. ph. — Sous-genre ou section du g. Passiflora. Ses caract. es- tiels sont : Inyolucre de 5 bractées très en¬ tières ou dentées , non découpées , distinc¬ tes. Segments du périanthe au nombre de 10. Etamines au nombre de 5. Pédoncules 1-flores, accompagnés d’une vrille. (Sp.) ANTHALMUM ( «v0os , fleur , et c?- dxXpdç , œil ). bot. pu. — Ce genre est synonyme de Pallenis , Cast. (J. D.) * ANTHAXIA(«v0os, fleur; à|c'a, méri¬ te). ins. — Genre de l’ordre des Coléoptè¬ res pentamères, famille des Sternoxes, tribu des Buprestides , établi par Eschscholtz , et adopté par la plupart des autres entomolo¬ gistes. Voici les caract. assignés à ce g. par MM. Delaporte et Gory, dans leur belle ico¬ nographie de cette tribu : Palpes maxillai¬ res à 5 articles visibles : le 1er long , un peu arqué ; le 2e conique , le 5e ovalaire. Palpes labiaux de 3 articles serrés , courts ; le dernier un peu pointu. Labre un peu transversal, bilobé en avant. Menton en pentagone régulier. Languette transversale , velue en avant. Mâchoires à lobe externe , grand , arrondi ; l’interne petit, aigu, arqué. Mandibules fortes, arquées, offrant une forte dent interne. Antennes de 11 articles : le 1er grand ; le 2e petit , globuleux ; le 3e presque de la grandeur du 1er, conique; tous les autres courts , égaux , transversaux, formant une forte dent au côté externe. Tarses à deux Ie” articles coniques, les deux suivants cordiformes, le dernier allon¬ gé ; crochets moyens. MM. Delaporte et Gory décrivent et figu¬ rent 38 esp. (VAnthaxia dans leur ouvrage précité. M. Dejean en désigne 44 dans son dernier Catalogue , dont 25 d’Europe, 9 du Cap de Bonne-Espérance, 1 du Sénégal, et 8 de l’Amérique. La plupart de ces esp. sont de petite taille , de forme assez large et a platie , et de couleurs métalliques très bril¬ lantes. Elles se tiennent ordinairement sur le tronc des arbres exposés au soleil , et s’envolent facilement lorsqu’on veut les sai¬ sir. Nous n’en citerons que quelques unes : l°VA. manca , Buprestis id. Fabricius, qui peut être considérée comme le type du g., c’est le Richard rubis de Geoffroy. Il est commun aux environs de Paris , où on le trouve , en mai , sur le tronc des ormeaux , réuni quelquefois en assez grand nombre ; 2° VA. salicis , Buprest. id. Fabricius, qui se trouve également en mai sur le saule ; mais plus rarement; et 5° VA. umbellata- rum , Buprest. id. Fabricius , qui est très commun sur les Ombellifères, dans le midi de la France. (D.) ANTHÈLE. Anthela ( âvOfttov , petite fleur), bot. — Dénomination imposée par Meyer , dans son travail monographique du g. Juncus , à l’inflorescence spéciale de ces sortes de plantes. (C. L.) * ANTHÉLÉPHILE. Anthelephila , sorte de fleur ; ami), ins. — Genre de Coléoptères hétéromères , famille des Trachélides, établi par M. Hope, sans in¬ dication de caract., dans la tribu des Anthi- cides , et auquel il rapporte deux esp. qui vivent dans le sable , sur les bords du fleu¬ ve Hoogly, dans les Indes orientales, et qu’il nomme, l’une A. ruficollis , et l’autre A. mutillaria. Ces deux esp., figurées dans les Transactions de la Soc. entom. de Londres, Ier vol. , 1834 , pî. 7, fig. 8 et 9, ressemblent à des Mutilles. (D.) AATHÉLIE (àv0q>tov, petite fleur). pol yp. — Genre établi par M. Savigny, et se composant de Polypes dont la structure in¬ dividuelle ne diffère guère de celle des Lo¬ bulaires ou Alcyons proprement dits , mais dont le tissu tégumentaire commun , au lieu de s’élever en une masse arrondie ou lobée , s’étend en plaque mince. L’espèce qui a ser¬ vi de type pour l’établissement de ce genre est figurée dans le grand ouvrage sur l’ɬ gypte ( Hist. nat., t. 2, Polypes, pl. 1 , ûg. 7 ). (M. E.) * ANTHELMINTIÏIQUE («v«, con¬ tre; iïfxivç, 0os, ver ). — Syn. de yermifu- ge. Voyez ce mot. (C.d’O.) AIYTHEMA, Medicus ( Malv p. 42).— | Mœnch. ( Meth ., p. 612). — Lavaterœ sect. ANT ÀNT 583 Anthema , DG. ( Prodr . I, p. 439) (&v0v),u«, fleur), bot. ph. — Genre ou sous-genre de la famille des Malvacées , fondé sur le Lava- tera arborea, Linn. , et quelques autres esp. de Lavatères. Toutefois, il est beaucoup moins voisin des Lavatera que des Malva , car il ne diffère absolument de ces dernières qu’en ce que les 3 bractées caliculaires, au lieu d’être parfaitement libres, sont soudées par la base. (Sp.1 ANTHEMIDÈES (rfvfc^'s, fleur'). bot. ph. — Tribu du groupe des Compo- sées-Sénécionidées , portant des capitules presque constamment hétérogames, et mu¬ nis de fleurons femelles ou neutres ; les an¬ thères dépourvues d’appendices basilaires ; les rameaux des styles tronqués, "barbus, fort rarement terminés par un cône ; les fruits , cylindriques, anguleux ou comprimés dans les fleurs du rayon, sont ordinairement ter¬ minés par une aigrette en forme de couron¬ ne ou plus rarement formée de squammelles capillaires. (J. D.) AIVTHEMIOPSIS ( âvdEfxiç , Anthé¬ mis; o’è, aspect; qui ressemble à l’Anthemis). bot. ph. — Nom donné par M. Bojer à une plante qui fait partie du g. Wollastonia. (J. D.) ANTHEMIS ( âvde/xiç , petite fleur ; fleuron ). bot. pii. — Ce genre fait partie de la tribu des Sénécionidées parmi les Composées. Il a pour caractère des capitu¬ les multiflores hétérogames; les fleurs du rayon ligulées, femelles; celles du disque tubuleuses , 5-dentées , hermaphrodites ; le réceptacle, convexe , conique ou oblong , est couvert de paillettes membraneuses, placées entre les fleurons. L’involucre est composé d’écailles peu nombreuses , imbriquées. Les rameaux des styles sônt dépourvus d’ap¬ pendices. Les fruits, cylindracés ou obscuré¬ ment tétragones , striés ou lisses , sont , en général, terminés par une aigrette membra¬ neuse, très courte, entière ou dimidiée , munie parfois d’une oreillette au côté inter¬ ne. — Les Anthémis , connues sous le nom de Camomilles, sont des plantes herbacées, originaires en grande partie de la région méditerranéenne ; leurs feuilles sont très finement découpées; les capitules, ordinai¬ rement pourvus de rayons blancs, les ont cependant d’une belle couleur jaune dans une seule esp., VA. tinctoria. En médecine, on emploie les capitules de plusieurs esp. de ce g. ; tout le monde connaît la Camomille romaine, dont la plupart des fleurons du centre se sont convertis, par la culture, en demi-fleurons de couleur blanche. (J. D.) ANTHEMOIDES («v0e/*tç, petite fleur; Eiiïoç, apparence), bot. ph. — Nom donné par M. Lessing à une division du g. Sphéno- gyne. (J. D.) ANTHENANTHIA, P. de B. bot. pii. — Genre de la famille des Graminées , syn. du g. Tricholœna de Schrader. (C. L.) ANTHEPHORA ( «v0jj , fleur ; tpopds , porteur ). bot. ph. — Genre de la famille des Graminées , tribu des Panicées , formé par Schuber [Gram., t. 34), et caractérisé ainsi : Épillets biflores ( dont la fleur infé¬ rieure neutre , les supérieures hermaphro¬ dites), quaternés - connés à la base. Glu- naes 2 , inégales. Paléole unique de la fleur neutre unissant la fleur hermaphrodite ; dans celle-ci , 2 paléoles chartacées , conca- f ves ; squammules nulles. Etamines 3 ; styles 2. Ovaire sessile. Caryopse elliptique. — Ce g. ne se compose que d’une esp. , qui est annuelle , le Tripsacum hermaphroditum L., indigène dans l’Amérique tropicale. Le chaume en est rameux, les feuilles planes; l’épi floral est simple , terminal. Il a pour synon. le Colladoa de Persoon. (C. L.) ANTHÈRE. Anthera [âvdrtp6s, « , fleu¬ ri ). bot. ph. — Voyez étami:\e et sys¬ tème STAMINAL. (C. L.) ANTHÈRES. Antherœ («v0ïj pdç, à, fleu¬ ri ). bot. cr. — Dans l’ordre des Mus- cinées, qui, comme nous l’avons dit au mot Anophyta, comprend les Mousses et les Hépatiques, on donne généralement le nom d1 Anthère à l’organe que l’on suppose remplir dans ces plantes la fonction de fé¬ conder les pistils ou archégones. M. Bi- schoflf, considérant que sa structure, si diffe¬ rente de celle du même organe dans les plantes supérieures , l’assimile davantage à un grain de pollen, a proposé, pour l’en dis¬ tinguer, de le désigner sous le nom d 1Anthé~ ridie. Ce nom serait sans doute fort bon ; et peut-être faudrait il l’adopter si nous n’avions h redouter de voir se multiplier, sans utilité réelle pour la science, les noms des or¬ ganes qui servent à une fonction identique, pour peu qu’une organisation quelque peu 584 ANT ANT diverse vînt favoriser le déplorable néolo¬ gisme qui menace de nous envahir de tou¬ tes parts. Quel que soit le terme qu’on em¬ ploie pour le désigner, l’organe en question, réduit à sa forme la plus simple, consiste en une petite bourse sphérique ou ellipsoïde, courtement pédicellée , composée d’une membrane celluleuse fort mince, transpa¬ rente, et renfermant dans sa cavité un flui¬ de mucilagineux plus ou moins coloré, sou vent lactescent , assimilable à la foville du pollen. La couleur de ces corps, qui dé¬ pend de celle du fluide contenu, varie du blanc nuancé de vert au jaune pur. Ils sont portés par un pédicelle plus ou moins long, formé d’une ou plusieurs rangées de cellu¬ les cloisonnées. A une certaine époque , la bourse s’ouvre ou se déchire au sommet, et le fluide qui s’en échappe, et qui contient des animalcules spermatiques , va, sans que l’on puisse dire par quelle voie, dans les es¬ pèces dioïques surtout , féconder le pistil ou l’organe femelle. Aux articles généraux mousses et hépatiques, nous entrerons dans plus de détails touchant la place qu’occupent ces organes dans les différents genres, et les fonctions qu’ils sont appelés à remplir. (G. M.) AATOERIC. Anthericum ( âvdépixoç , nom grec d’une plante que l’on croit être l’Asphodèle ). bot. pii. — Genre de la fa¬ mille des Liliacées , type de la tribu des Anthéricées , fornié par Linné , et ainsi ca¬ ractérisé : Périgone corollacé , hexaphylle ; à folioles égales , étalées ou campanulées- conniventes. Etam. 6, hypogynes ; filaments filiformes, glabres ou barbus. Ovaire tri- loculaire ; ovules nombreux , bisériés , am- phitropes. Style filiforme , décliné , ascen¬ dant; stigmate capité, obtus. Capsule mem- branacée, subglobuleuse , loculicide - trival- ve. Graines peu nombreuses , anguleuses , convexes dorsalement , à test crustacé, noir, ponctué-rugueux. Embryon axile, presque courbe , aussi long que l’albumen ; à extré¬ mité radiculaire infère , renflée. — Ce g. renferme un assez grand nombre d’espèces herbacées ou à peine suffrutescentes , indi¬ gènes dans les parties chaudes d’Europe , d’Asie , de la Nouvelle-Hollande et du Cap ; à racines fasciculées- fibreuses; à feuilles radicales , plus rarement caulinaires , fili¬ formes ou linéaires-lancéolées , souvent char¬ nues ou velues; à fleurs disposées en grap¬ pes ou en panicules sur une scape radicale , et à pé'dicelles articulés. On en compte plus de 60 , dont la plupart sont cultivées dans les serres d’Europe. On subdivise le g. An¬ thericum en 3 sous-genres : Euanthericum , Schult., Czackia , Andr, , et Bulbine , que nous examinerons chacun à leur ordre al¬ phabétique. (C. L.) ANTHERICLIS. Apularia , Nutt. ( ? «vôe/ja, anthère [üvdep, o'?, fleuri] ; xWÇw, je baigne), bot. ph. — Genre de la famille des Orchidacées , formé par Eafinesque , et ainsi caractérisé : Périgone étalé ; folioles externes , obovées ; les internes conformes , moins grandes. Labelle libre, petit, trilobé, pourvu d’nn long éperon. Gynostème dres¬ sé, marginé, delà longueur du labelle. Pol¬ linies 2 , biparties , à caudicule linéaire ; glandule petite, transverse. — Ce g. ne renferme qu’une espèce ( Orchis discolor Pursh ) , indigène dans l’Amérique septen¬ trionale. C’est une esp. terrestre , dont les pseudobulbes , formant gazons , sont mono- phylles ; la feuille en est plissée ; les fleurs verdâtres- pourprées , et disposées en grap¬ pes. , (C. L.) ANTHÉRIDIE. Antkeridium « , fleuri, e [d’où anthère] ; elcToç, forme). bot. cr. — ( Anthera .) M. Agardh dési¬ gne sous ce nom des organes propres aux Thalassiophytes articulées, et qui consistent en de petits corps ovalaires , celluleux, an- thériformes , portés par un long pédicelle articulé, et placés, souvent en grand nom¬ bre, à l’extrémité des rameaux de plusieurs esp. du g. Polysiphonia. On les observe surtout dans les P. amentacea et fibrillosa. Lyngbye a figuré les Anthéridies de cette dernière espèce à la t. 35, f a, de son Hy- drophytologia danica. Ainsi que nous l’avons déjà dit au mot anthères, le même mot a été employé par M. Bischoff pour indiquer l’organe mâle des Mousses et des Hépatiques. Enfin M. Corda ( Icon . Fung., t. III, p. 40) nomme encore Anthéridies des orga¬ nes propres aux Champignons , mais qu’on ne rencontre que dans la famille des Hy- ménomycètes, et surtout dans les Agarici- nées. Ces organes, que M. Corda considère comme remplissant les fonctions d’Anthè- rcs, notre sa/ant confrère et collaborateur r- ANT ANT 585 ML Léveillé leur donne le nom de cysti- dks. Voy. ce mot. (C. M.) ANTHERILIUM. bot. — * Voyez ANTHERYLIUM. (C. L.) ANTHÉROGÈNE ( toOipos , fleuri; yivoftcu , j’engendre), bot. — M. de Can- dolle a donné le nom de fleurs anthérogè- nes à celles dont les anthères sont trans¬ formées en pétales roulés en cornet. On les appelle aussi fleurs corniculées. Nous cite¬ rons comme un exemple de cette transfor¬ mation VAquilegia vulgaris corniculata. (C. D’O.) ANTHÉROPHAGE. Antherophagus âvOripos, fleuri; «/xùs, sorte de tuni¬ que). rot. ph. — Genre de la famille des Chénopodées, voisin des Corispermum. M. Fenzl {in Endlicher , Gen. Plant., 1, pag. 500 ) en donne les caractères suivants : Fleurs hermaphrodites. Périgone quinqué- fide , campanulé, coloré, subdiaphane ; seg¬ ments biiobés au sommet , un peu dentelés. Etamines au nombre de 4 à 6, hypogynes, opposées aux segments du périgone. Filets subulés, légèrement monadelphes par la ba¬ se. Anthères dithèques, oblongues-linéaires , bifides aux deux bouts. Ovaire lenticulaire, uni-loculaire, uni-ovulé. Style biparti : cha¬ que branche terminée en stigmate filiforme. Caryopse comprimé, monosperme, bordé d’une aile étroite.— Herbe annuelle, diffuse, glabre. Feuilles uni-nervées, mucronulées : les florales raccourcies, rapprochées en épi dense. Fleurs petites, axillaires , roses, non bractéolées. L’unique espèce sur laquelle se fonde ce g. ( Corispermum polygaloides , Fischer et C. A. Meyer) a été récemment découverte en Perse. (Sp.) AATHOCHLOA (Sv0oç, fleur; herbe), bot. ph. — Genre de la famille des Graminées , tribu des Festucacées , s.- tribu des Broméées , formé par Nees von Esenbeck et Meyen ( In litt. ad Lindl., cit. Introd. Edit. II), et ainsi caractérisé : Epil- lets 3-4-flores ; florales inférieures herma¬ phrodites , celles du sommet abortives. Glumes 2 , mutiques ; l’inférieure un peu plus petite. Paléoles 2 ; l’inférieure très grande, subarrondie; la supérieure plus petite , bifide , à lacinies biparties. Squam- mules 2 , aiguës. Styles 2 , terminaux ; stig¬ mates très grands , plumeux. Etamines , ovaire et caryopse, inconnus. Une seule es¬ pèce (A. lepidula N. et M.) compose ce g. , incomplètement connu. C’est une Grami¬ née trouvée dans les Andes du Pérou, à 4872m,585 de hauteur ; à inflorescence en grappe paniculée, dont les divisions sont fasciculées , pauciflores. (C. L.) AATHOCHORTUS («v0o5, fleur; Xota- to’s, enceinte), bot. pii. — Genre de la famille des Restiacées, formé par Nees von Esenbeck {In litt. ad Lind., cit. in Introd. Edit. II) , et dont voici les caract. sommai¬ res : Fleurs dioïques. Dans les mâles ( fe¬ melles inconnues ) , périgone infundibuli- forme , sexparti ; à lacinies égales , dont les extérieures plus étroites. Etamines 3. An¬ thères uniloculaires , peltées. — Ce g. pa¬ raît ne renfermer encore qu’une esp. {A ANT ANT 593 Ecklonii). C’est une plante du Cap, à chau¬ mes aphylles , filiformes ; à rameaux fasci- culés , portant des fleurs mâles disposées en forme de grappes. (C. L.) * ANTHOCLEISTA, Afzel.med. exK. Br. , in Tuck. Congo , p. 449 ( «v0os , fleur ; xïeurrdç , fermé), bot. pu. — Genre indi¬ qué par M. R. Brown comme voisin des Logania, dont il différerait notamment par un fruit 4-loculaire. — Ce genre , dont les caract. n’ont pas été exposés avec plus de détails , est fondé sur un arbre indigène de Guinée. (Sp.) *ANTÏIOCONüM (*v0os , fleur ; xuivos , cône ). bot. cr. — Palissot de Beauvois avait créé ce nom pour un démembrement, déjà fait avant lui , du genre Marchantia. C’est le Marchantia conica L., qui servait de type à ce genre établi par Raddi sous le nom de Fegatella ( Voy . ce mot), et a- dopté parM. Nees. (C. M.) *ANTHOCOPA («v0os, fleur ; xoiz-ùj , je coupe), ms. — Genre de la famille des Mellifères , Lat. , de l’ordre des Hyméno¬ ptères, sect. des Porte-Aiguillon, établi par MM. Lepelletier-Saint-Fargeau et Serville ( Encycl . méth.), aux dépens du g. Osmia de Latreille , sur plusieurs espèces dont les mandibules sont pourvues de trois dents, et dont les femelles coupent les pétales des fleurs pour en construire leurs cellules, tan¬ dis que les vrais Osmia n’ont que deux dents aux mandibules, et construisent leurs nids avec une sorte de mortier qu’elles prépa¬ rent avec de la terre et d’autres substances. Voy. osmia. (Bl.) *ANTHOCORIS(«v0o5, fleur; xopiç, pu¬ naise). ms. — Genre de la famille des Ly- géens, de l’ordre des Hémiptères, section des Hétéroptères, établi par Fallen [He- mipt. suecica ), et adopté par Burmeister ( Handb . der ent .) et nous ( Hist . des Anim. art.). Ce g. se distingue surtout des autres Lygéens par une tête étroite, très avancée en museau , de la longueur du premier ar¬ ticle des antennes , un thorax conique et des élytres presque transparentes dans toute leur étendue. Les Anthocoris étaient con¬ fondus par Fabricius dans les g. Lygœus et Salda. Ce sont des insectes de très petite taille, de forme élégante, et parés de cou¬ leurs assez vives ; on en connaît une dou¬ zaine d’espèces européennes dont le type est PA. nemorum > Burm., Blanch. ( Cimex ne - morum , Lin.), qui offre un grand nombre de variétés de couleurs , que Fabricius a considérées comme des espèces distinctes. (Bl.) ANTHODENDRON («v9oç, fleur; cTév- fyov, arbre), bot. ph. — Genre de la fa- mille des Ericacées , tribu des Rhododen- drées, formé par Reichenbach {Flor. Germ. ), et réuni , comme synonyme , au g. Rhodo- dendrum, dont on en fait une des divi¬ sions. (C. L.) ANTHODÎSCUS, Meyer ( Flor. Esse- queb.) ( «vflos, fleur ; dYov, ani¬ mal ). polyp. — Nom employé par M. Ehrenberg pour désigner la grande division des Polypes à une seule ouverture digesti¬ ve ; groupe que M. Milne-Edwards a proposé d’appeler sous-classe des Polypes paren¬ chymateux. (M. E.) * ANTHRACIAS ( dvdpxxi aS , noir comme du charbon ). ins. — Genre de Co¬ léoptères hétéromères, famille des Ténébrio- nites , établi par Steven , et adopté par M. Dejean, qui, dans son dernier Catalogue , le place immédiatement avant le g. Toxicum de Latreille. Il a pour type VAnth. bicornis de Steven, le meme insecte que VUloma cornuta de Fischer, ou le Tenebrio fusca de Frivaldsyky. (D.) * ANTHRACIDES charbon ; eTJ'cç, aspect), min. —Nom que porte, dans la méthode de Beudant , une famille de mi¬ néraux dont le Carbone constitue le type fondamental. L’auteur l’a changé , depuis , en celui de Carbonedes. (Del.) ANTHRACIENS. Anthracn ( ü^pi- y.ioç, noir comme du charbon), ins. — Tri¬ bu de l’ordre des Diptères , division des Brachocères, subdivision des Tétrachoètes, famille des Tanystomes. Elle présente les caract. suiv. : Tête ordinairement arrondie antérieurement ; trompe courte et dirigée en avant ; lèvres terminales distinctes ; pal¬ pes insérés sur la base de la trompe, le plus souvent d’un seul article distinct ; an¬ tennes presque toujours distantes ; yeux sépa¬ rés dans les deux sexes. Thorax plan; pieds menus ; pelotes des tarses très petites, quel¬ quefois nulles. Ailes grandes, écartées, ayant ordinairement quatre cellules postérieures. Les Anthraciens, compris dans le g. Mou¬ che de Linné , en furent détachés par Sco- poli, qui en fit le g. Anthrax. Plus tard, Latreille et Fallen en firent une tribu que Meigen, Wildemann, et M. Macquart, à leur exemple, réunirent depuis à la tribu des Bombyliens ; cependant ce dernier les en a de nouveau séparés. Ils diffèrent, en effet, des précédents par leur tête presque sphé¬ rique , placée à la hauteur du thorax; par leur trompe , courte et cachée dans la bou¬ che; par leur corps, moins velu; par leurs grandes ailes , dont la livrée de deuil est re¬ marquable. Ces caractères extérieurs donnen aux Anthraciens une physionomie toute par¬ ticulière, et ils présentent, en outre, dans la plupart de leurs organes , d’autres diffé¬ rences qui établissent une ligne de démarca¬ tion bien tranchée entre eux et les tribus voisines. Cette tribu, telle qu’elle existe maintenant, renferme sept g., dont voici les noms : Mulion, Corsomyze , Enice, An¬ thrax , Tomomyze , Lomatie et Hirmo- nèvre ( Voy. ces différents noms ). Dans cette nomenclature on ne voit pas figurer le g. Némestrine de Latreille, qu’il compre¬ nait dans cette même tribu; mais, d’après la méthode de M. Macquart , que nous sui¬ vons ici comme la plus récente et la plus complète, il fait partie de la tribu des Né- mestrinides. Les Anthraciens se trouvent partout, mais bien plus fréquemment dans les con¬ trées méridionales. Leurs larves ne sont pas encore connues. Suivant Latreille, leurs nymphes sont nues, incomplètes, avec les segments du corps munis de petites poin¬ tes. (D.) ANTHRACITE ( àvdpxxizrn , qui res¬ semble à du charbon ). min. et géol. — Glanzkohle, W. ; vulgairement Houille écla¬ tante , Houille et Charbon incombustible. Substance minérale de la classe des Combus- 58* T. I. 60*2 AM AM iibles non métallique» , opaque , d’un noir métalloïde , composée de carbone presque pur, sans bitume, avec 3 ou 4 p. 100 de matiè¬ re terreuse , et quelques traces d’hydrogène. On l’a regardée comme une variété de la Houille, en la distinguant cependant des Houilles communes par les épithètes de sè¬ che, d’éclatante et d’incombustible. Elle diffère de la véritable Houille par sa compo¬ sition , et par les caract. suivants , qui en sont la conséquence : Elle brûle difficile¬ ment , avec une flamme très courte , sans aucune fumée ni odeur , s’éteignant à l’in¬ stant même où on ia retire du foyer , et se couvrant alors d’un enduit de cendres blan¬ ches. L’Anthracite peut être employé com¬ me combustible ; mais on ne l’enflamme que difficilement lorsqu’il est en petite quantité ; il faut , pour y parvenir , le mê¬ ler avec du bois ou de la Houille, et dispo¬ ser surtout les fourneaux de manière à ce qu’il y ait un fort tirage ; mais, une fois qu’il est embrasé , la combustion se continue d’elle-même , en produisant une chaleur intense. On ne peut en faire usage ni dans les foyers d’appartement , ni dans la forge du maréchal ; mais on l’emploie avec avan¬ tage dans une multitude d’usines où l’on a besoin d’une haute température. On s’en sert principalement pour la cuisson de la chaux , des briques , des poteries , pour le chauffage des fours de verrerie , et des chaudières de machines à vapeur. Ce com¬ bustible a été beaucoup trop négligé en France et dans d’autres pays d’Europe , quoiqu’il y soit assez abondant ; mais , de¬ puis un certain nombre d’années , il joue un très grand rôle aux États-Unis d'Amérique, où il est répandu avec une profusion ex¬ traordinaire. La Pensylvanie , le Connecti¬ cut et la Virginie , lui doivent une grande partie de leur prospérité. Le principal gisement de l’Anthracite est dans les terrains de transition , au dessous du terrain houiller ; on le trouve là en cou¬ ches ou en amas , au milieu de dépôts aré- nacés , et dans le voisinage des roches por- phyriques et amygdalaires , auxquelles on attribue généralement une origine ignée ; il est accompagné quelquefois d’empreintes végétales. Cette analogie dans les caractères géologiques de l’Anthracite et de la Houille donne à penser que l’Anthracite n’est que de la Houille calcinée , une sorte de Coke naturel , qui s’est formé dans le sein de la terre , à l’époque des grandes éruptions de Porphyres. On voit , en effet , dans les dé¬ pôts de Houille proprement dite, des por¬ tions de ce combustible qui sont changées en véritable Anthracite dans les points où elles touchent les filons de Porphyre ou de Basalte qui souvent les traversent. L’xànthra- cite ne se trouve pas seulement au dessous de la Houille et au milieu d’elle ; on le ren¬ contre encore dans les terrains beaucoup plus élevés , au milieu du Lias des Alpes , et c’est à cette position que l’on rapporte les dépôts anthraciteux du Dauphiné, de la Ta- rentaise , du Faucigny , du Valais , etc. Les principaux gîtes de ce combustible en Fran¬ ce sont dans les départements de l’Isère , des Hautes-Alpes , de la Mayenne et de la Sarthe. Dans la classification de M. Brongniart et dans celle de M. Cordier , l’Anthracite for¬ me une esp. de Roche. (Del.) ANTII R ACOLITHE ( &vOP* | , , charbon ; pierre), min. — Nom donné par de Born à une variété d’Anthracite trouvée à Schemnitz, en Hongrie. (Del.) * ANTHRACOTHERIUM («v^C xos, charbon ; dypîov, animal ). mam. foss. — Nom donné par Cuvier à un genre de Mammifères fossiles de l’ordre des Pachy¬ dermes , qui tient des Anoplotheriums et des Chéropotames, et dont les premiers débris ont été trouvés dans les lignites ou charbons de Cadibona. Ces animaux paraissent avoir eu quatorze molaires en haut , et en bas deux canines, et, du moins la grande espèce, quatre incisives en bas. Le nombre de celles de la mâchoire supérieure n’est point en¬ core connu. Les trois arrière - molaires su¬ périeures des Anthracotheriums sont à cou¬ ronne carrée , composée de quatre grandes pyramides , presque quadrangulaires. L’an¬ gle interne de ces pyramides étant mousse , ces dents sont plus ou moins convexes du côté du palais. En outre, une pyramide moyenne , triangulaire , est située entre l’interne et l’externe de devant ; et, de plus, le bord externe de la base de la dent se relève et forme trois pointes obtuses , une plus grande à l’angle antérieur , une moyen¬ ne au milieu , et une plus petite à l’angle postérieur. A demi usées ces dents ont une AÏNT ANT 603 grande ressemblance avec celles des Ano- plotheriums , et n’en différent guère que par la face externe , qui est creusée de sil¬ lons pour former les pointes dont nous ve¬ nons de parler. La quatrième molaire est à deux pyramides , avec un bourrelet circu¬ laire relevé en pointe aux deux angles de la face externe ; les trois premières sont com¬ posées d’une pyramide , et d’un bourrelet qui forme une pointe basse et mousse à la partie interne , et qui se relève aux angles en une crête qui va se réunir à la pointe. Les arrière-molaires inférieures , plus étroites , sont également formées de quatre pointes , à l’exception de la dernière , qui en a cinq , avec de légères collines de réu¬ nion ; les antérieures sont à une et à deux pointes comprimées latéralement. Les cani¬ nes sont épaisses, et les incisives inférieu¬ res sont projetées en avant comme dans les Cochons. Cuvier en a décrit cinq esp. : une grande de Cadibona ( Anthr . magnum ) ; une petite du même lieu , de moitié moins grande (Anthr. minus ) ; une encore plus petite des environs d’Agen (Anthr. minimum ); une du Puy, en Velay (Anthr. velonum) ; et enfin une découverte en Alsace (Anthr. al- saticum ). La grande esp. parait avoir eu deux races de taille un peu différente , et qui , sous ce point de vue , si les variations de grandeur ne tiennent pas aux sexes des individus, sont dans les mêmes rapports que les deux races de Rhinocéros bicorne , aujourd’hui vivantes à côté l’une de l’autre à Sumatra. L’abbé Croizet en a découvert, dans les ter¬ rains lacustres de l’Auvergne , plusieurs es¬ pèces qui n’ont point encore été confrontées avec celles de Cuvier, mais qui donnent aus¬ si, pour la plus grande, deux races de taille différente. M. de Saint-Léger a trouvé dans les environs de Digoin , sur les bords de la Loire , des dents d’Anthracotherium non en¬ core décrites, qui paraissent être semblables à celles de la grande esp. de Cadibona, et qui indiquent aussi deux races, l’une un peu plus grande que l’autre. Une mâchoire in¬ férieure de la grande esp. trouvée par M. l’abbé Croizet a montré que le bord infé¬ rieur de cette mâchoire est pourvu d’une forte saillie apophysaire qui se projette en dehors vis-à-vis des troisième et quatrième môlaires. Cette proéminence donnait sans doute attache à un fort muscle digastrique , et portait peut-être, en outre, un tubercule analogue à celui que le Sanglier à masque offre à sa mâchoire supérieure. (L. D.) *ANTHRAKONITE (Svfy *Ç, , char¬ bon). me*. — Simple variété de calcaire , mélangée de charbon. Voy. madhépokite. (Del.) * ANTHRASOMUS ( 4vfy«g, noir; corne ). ins. — Genre de l’ordre des Lépidoptères , famille des Crépusculai¬ res, établi par Scopoli, et adopté par Sté¬ phens , qui le place dans sa tribu des Zygé- nides. Ce g. est le même que celui des Zy- genes de Fabricius. Voy. ce mot. (D.) * ANTHRODACTYLA ( àvdP *? , charbon [noir] ; rTâxtiAos , doigt ). ins. — Genre de l’ordre des Coléoptères hétéro- mères, famille des Mélasomes, tribu des Ténébrionites, établi par M. Klug d’après deux espèces rapportées de Madagascar par M. Goudot. Ce g. est voisin des Calcar ; mais il en diffère par les articles des tarses, qui sont très courts , larges et aplatis , profondé¬ ment incisés , serrés , se recouvrant l’un l’autre , et garnis en dessous d’un épais du¬ vet. Du reste , le corps est allongé , presque filiforme , aplati ; la tête est rétrécie posté¬ rieurement , visiblement distincte du corse¬ let; le chaperon visiblement échancré; la lèvre librement proéminente , presque car¬ rée , ayant le bord antérieur droit ; les arti¬ cles des palpes labiaux égaux entre eux en longueur, cylindriquement arrondis, un peu resserrés à la base ; les deux articles basilai¬ res plus courts que les autres ; les quatre derniers , au contraire , un peu plus larges et plus longs, non pas lisses et luisants com¬ me les autres, mais ponctués et pubescents; le dernier se terminant en pointe. Les deux esp. rapportées à ce g. sont appe¬ lées par M. Klug, l’une A. elongata, et l’au¬ tre A. aiternata, et toutes deux sont de Ma¬ dagascar , comme nous l’avons dit plus haut. (D.) ANTHROLOMUS. ins. — Genre de Coléoptères tétramères, famille des Curcu- lionites, cité par M. Dejean, dans son der¬ nier Catalogue , comme ayant été créé par M. Hope , mais dont nous n’avons pu trou¬ ver de trace dans aucun auteur. M. Dejean place l’espèce sur laquelle il est fondé {À. Guüdinii Hope ) dans le g. Trypetes de Schoenherr. Voy. ce mot. (D.) ANTHROPOÏDE. Anthropoides (av dpuiKcç , homme ; elcPo? , imitation ). ois. — Genre formé par Vieillot de celui de Grue. Nous croyons devoir en retirer , comme l’a fait M. Lesson, la Grue couronnée ou Oi¬ seau royal ( Ardea pavonina ) , type du genre Baléarique ( Balearica , Brisson), que nous adoptons également. Les caractères sont alors : Bec un peu plus long que la tête, conique, un peu renflé, comprimé sur les côtés, épais, entier; narines basales. Tête et cou complètement emplumés; deux touffes de longues plumes sur la région au¬ riculaire. Couvertures des ailes excessive- ANT ANT 607 ment allongées; ailes longues, pointues; les première , deuxième , troisième et qua¬ trième rémiges, les plus longues; de longues plumes étroites sur le bas du cou. Deux espèces font partie de ce genre • 1° VAnt. demoiselle de Numidie {Ant. vir- go; Ardea virgo , L., Enl. 245; Vieillot, Cal, planche sans numéro), d’un joli gris bleuâtre, avec la tête et le haut du cou noirs, et derrière chaque œil un faisceau de plumes blanches, longues, flexibles, et pendantes en arrière; un troisième faisceau noir au bas du cou, avec les tertiaires très prolongées , et formant des touffes flexibles et pendantes. — Cette esp. a été remarquée de tout temps à cause de sa démarche ca¬ dencée, de ses mouvements mimiques et de ses sauts , par lesquels elle semble vouloir fixer l’attention , et qui lui avaient fait don¬ ner par les anciens le nom de Comédien . Elle offre dans son anatomie une particula¬ rité remarquable, et qui ne s’est, retrouvée jusqu’ici que chez quelques espèces de Cy¬ gnes. Sa trachée - artère vient s’engager par une double circonvolution dans la crête du sternum , creusée à cet effet ( Tr. d'Anat. comp., parCarus, atlas, pl. 16, f. 11 ). Vieil¬ lot pensait qu’il ne serait pas impossible de naturaliser ces oiseaux en France , puisque ceux de la ménagerie royale y avaient pro¬ duit, et que celle qui y avait vécu 24 ans y était née. Elle se rencontre dans les parties de l’Asie voisines de l’Europe , et en Afrique, dans la Guinée et la Numidie. La seconde esp. est VAnt. de paradis {Ant. paradisea ); Grus paradisea, Bechst. ( Trad . de l'Ind. de Lath. ) ; Tem. {PL col., texte); Ant. stanleganus, Vig. {Zool. Journ., t. II, p. 234 , pl. 8) , de l’Afrique méridionale , et aussi de l’Inde. (Lafr.) * ANTHROPOLITIIES ( d'jdpojrcoç , homme; M8os, pierre), géol. etPALÆOM1. — Nom donné aux pétrifications d’os humains, c’est-à-dire aux ossements fossiles que l’on a cru être des ossements humains ou des por¬ tions du corps de l’homme. Nous disons que l’on a cru , parce que la plupart des prétendus Anthropolithes ont été reconnus , après un examen sérieux des géologues et des anato¬ mistes , pour des restes de Mammifères ou de Reptiles ; et l’on peut affirmer que jusqu’à présent on n’a point trouvé d’ossements hu¬ mains dans les terrains anciens, ni même dans les terrains tertiaires de tous les étages. Il a été annoncé par Lamanon et confirmé par Cuvier que les soi-disant têtes humaines tirées des plàtrières des environs d’Aix de¬ vaient être regardées comme des carapaces de Tortues terrestres. Cuvier a démontré éga¬ lement que le fameux homo diluvii testis de Scheuchzer, trouvé dans les schistes calcaires d’OEningen, était un Reptile batracien, voi¬ sin des Salamandres aquatiques , et que les os considérés de tout temps comme des os de géants, ne pouvaient être, d’après les descriptions qui en ont été données, que des os d’Éléphants ou de quelques autres grands Mammifères. C’est ainsi que la croyance générale à l’existence de races des géants repose sur un fait positif, sur la découverte d’osse¬ ments fossiles de grands animaux , que le vulgaire et même les anatomistes ont pris pour des os humains d’une très grande tail¬ le. C’est ainsi que s’expliquent ce prétendu corps d’Orion ou d’Otus , de quarante-six coudées de long , trouvé, selon Pline, dans une montagne de Crète , après un tremble¬ ment de terre ; celui d’Oreste , qui avait sept coudées , exhumé par ordre d’un ora¬ cle , et tous ces récits qui , jusqu’à nos jours , ont amusé les gens crédules. Les véritables ossements humains n’ont été découverts que dans des roches de for¬ mation récente , comme celles que l’on re¬ marque sur plusieurs points de la côte des Antilles et plus particulièrement de la Gua¬ deloupe , ou bien dans ces brèches osseuses qui remplissent les fentes ou failles des ro¬ chers, en plusieurs lieux des côtes de la Mé¬ diterranée et des îles de l’Archipel , comme à Gibraltar, à Cette, à Nice, à Pise, en Dalmatie, dans les îles de Corfou, de Céri- go , de Candie , etc. Les cavernes renferment aussi quelquefois (par exemple la caverne de Bize , département de l’Aude) des os humains recouverts de stalactites; mais comme ils sont séparés des ossements d’animaux, lors¬ qu’elles en renferment , par une couche plus ou moins épaisse de dépôts calcaires, et que l’on trouve parmi eux de petits ouvrages fa¬ briqués probablement avec les os de la ca¬ verne, on doit croire que ce sont les restes des premiers habitants de ces contrées, de ceux qui ne s’étaient point encore con¬ struit de demeures; ou ceux d’individus ANT ANT 608 qui ont fui dans ces grottes, soit pour se soustraire à l’action de la justice, soit pour éviter les persécutions ; ou bien en¬ fin que ce sont des squelettes d’hommes tués dans une bataille et inhumés dans ces lieux, comme la tradition le rapporte de ceux de la caverne de Durfort , départ, du Gard. Les brèches osseuses, géologiquement parlant, sont d’une origine assez récente; mais il est probable qu’elles datent histori¬ quement de la même époque que le diluvium. Ainsi les os humains qu’elles renferment viennent vraisemblablement d’hommes qui ont vécu avant le déluge et qui ont été té¬ moins et victimes de la dernière révolution du globe, que tout annonce avoir été une grande inondation. A ce titre, ils méritent d’être examinés avec soin et d’être confron¬ tés avec les squelettes des races actuelles. Spallanzani , qui avait visité les brèches de l’île de Cérigo, annonce que la plupart des os qu’elles renferment sont des os humains; mais cette assertion d’un voyageur qui n’était point anatomiste parut , avec raison , insuffi¬ sante à Cuvier pour admettre ce fait comme prouvé , quoiqu’il eût lui-même , en parlant des brèches osseuses de Nice , annoncé qu’il avait reconnu parmi elles un maxillaire supé¬ rieur d’homme, en faisant remarquer toute¬ fois que cet os n’était enduit que d’une légère couche de stalactite. On voit aujourd’hui, au cabinet de géolo¬ gie du Muséum d’histoire naturelle de Paris, une portion de squelette humain, de taille au dessous de la moyenne , mêlé avec des co¬ quilles marines, trouvé en 1837 dans les brè¬ ches osseuses de l’île de Candie, au milieu de la partie concrétionnée de cette espèce de roche : ainsi c’est un fait acquis maintenant à la science que les brèches osseuses du littoral de la Méditerranée renferment un certain nombre d’ossements humains. Il reste à savoir quelle position ils y occupent et quels caractères ils présentent; deux points qui ne peuvent être décidés que par un grand nombre d’observations. On voit dans les mêmes galeries une por¬ tion de squelette d’homme , que Cuvier a décrite à la fin de son Discours sur les révo¬ lutions du globe, incrustée dans la Roche de formation récente de la Guadeloupe, Roche composée , comme l’on sait , de petits grains de Calcaire compacte et de débris de Coquil¬ les, de Madrépores et autres Zoophytes, ré¬ unis par un ciment calcaire. Les os d’un autre squelette du même lieu , que l’on voit à Londres, ayant été analysés parDavy, ont donné tout le Phosphate calcaire et presque toute la gélatine qu’ils devaient contenir, en sorte que l’on peut conclure que ces osse¬ ments ne sont pas fossiles , dans l’accep¬ tion actuelle de ce mot , mais que ce sont des portions de squelettes de naufragés, enveloppées par l’espèce de Travertin qui se forme journellement dans les lieux où on les trouve. (L. D.) * ANTHROPOMORPHES. Fungus anthropomorphos (dvôpûnoç, homme; pop- forme ). bot. cit. — Léger a décrit et figuré , sous ce nom , dans les Miscellanea curiosa ( Decur. I , ann. vi, ohs. 55 ) , un champignon monstrueux qu’il avait trou¬ vé dans la forêt d’Altdorf. L’imagination de Fautera' a créé des têtes , des bras et des pieds, dans un groupe de Champignons qui avaient été gênés dans leur développe¬ ment. Tous les jours on rencontre de sem¬ blables monstruosités ; mais , l’amour du merveilleux étant passé , on n’y fait plus attention. (LÉv.) * ANTHROPOMORPHES. Anthro- pomorphas (dvd punos, homme ; p.op0705, discours), zool.— Ensemble des connaissances relatives à l’homme considéré sous ses rapports physiques et moraux. (C. D’O.) ANTHERE. Ânthura ( dvdoç , fleur ; ovpà, queue ). crust. — C’est un genre de l’ordre des Isopodes , famille des Sphéromi- des , qui a été créé par Leach , et dont les caractères peuvent être ainsi exprimés : An¬ tennes courtes ; les intermédiaires étant un peu plus longues que les latérales. Pieds antérieurs pourvus d’un ongle mobile ou d’un pouce. Corps linéaire. Lames latérales de la queue foliacées. L’esp. type de ce g. est V Anthura gracilis Leach , dont la pa¬ trie nous est inconnue. (H. L.) ANTHURIUM ( dvdoc, , fleur; oï>pd, queue ). bot. ph. — Genre fort remarqua¬ ble de la famille des Aracées ( Aroïdées ) , ANT ANT G09 tribu des Orontiacées- Pothoïnées , formé par Sehott (In Wien. Zeitschr., 1829, et Meleth. , 22 ), qui le caractérise ainsi : Spa- the assez courte, réfléchie et persistante. Spadice cylindrique, subsessile, garni de fleurs hermaphrodites. Périgone tétraphylle. Étamines 4, opposées aux folioles périgonia- les ; filaments linéaires, plans. Anthères bi- loculaires. Ovules géminés dans les loges , collatéraux , anatropes , pendants du som¬ met de l’axe. Stigmate sessile , oblong. Baie biloculaire, 2-4-sperme. Graines inverses, exalbumineuses. Embryon orthotrope, dans un albumen à peine charnu ; extrémité de la radicule supère. — Ce g. , créé aux dé¬ pens de toutes les esp. du g. Pothos de Lin¬ né, à l’exception d’une seule (P. scandens ) , renferme ( ex nost. investig. ) des plantes américaines tropicales , perannuelles, suba- caules , dressées , très rarement grimpantes ou subligneuses, coriaces, glabres; à feuil¬ les palmées, digitées, ou simples et entières, alors très amples, fortement nervées ; à pé- * tioles renflés au sommet , et comme articu¬ lés avec la feuille ; pourvus à la base d’une écaille vaginante ou stipule. — Ces plantes sont épiphytes plutôt que terrestres. Elles croissent dans les enfourchures des grosses branches des arbres , qu’elles enlacent de leurs longues racines fibreuses. On en connaît un assez grand nombre d’esp., dont on cultive au delà de 20 dans nos serres chaudes d’Eu¬ rope , où elles se font remarquer par leur bel et ample feuillage et la singularité de leur inflorescence. Une des plus remarqua¬ bles est VA. glaucescens, dont les feuilles ont plus d’un mètre de longueur sur une largeur proportionnée ( ex specïm. in cal¬ daria nostro ). (C. L.) ANTHUS. ois. — Nom latin du g. Pipi. Voyez ce dernier mot. (Lafr.) * A AT fil IJ S! A É PS (Anthus, Pipi), ois. — S. -famille de notre famille des Alaudidées. Les caract. en sont : Bec grêle, droit, poin¬ tu, et légèrement échancré; tarses allongés et pieds propres à la marche , le pouce et surtout son ongle allongés ; ce dernier quel¬ quefois fort long, très grêle, et presque droit ou peu courbé ; rémiges tertiaires obtuses et prolongées ; queue plus ou moins déve¬ loppée en longueur , les rectrices latérales toujours bordées de blanc ou de roussâtre , pâle comme chez les Alouettes. Mœurs mar¬ cheuses, et chant souvent en volant, comme chez ces dernières. Nidification sur le sol ou entre les pierres des carrières, et œufs à co¬ loration à peu près semblable à ceux des Alouettes. Si les Pipis ou Alouettes de pré ont avec les vraies Alouettes des rapports de formes et de mœurs tels, qu’il nous a paru indispen¬ sable de les réunir dans une même famille , les Bergeronnettes en offrent avec les pre¬ mières de non moins frappants dans la for¬ me des pattes , des ailes et du bec , et dans leurs mœurs marcheuses. Les Énicures de Temminck ne peuvent non plus être séparés de celles-ci, et les Gralîines de Vieillot , qui paraissent être les représentants de ceux-ci à la Nouvelle-Hollande , nous semblent éga¬ lement devoir être groupées ici. Cette sous -famille renfermera donc le g. Pipi, avec ses sous -genres Agrodroma, Macronyx et Lessonia; celui de Bergeron¬ nette avec son sous-genre Lavandière , et ceux ÜÈnicure et de Gralline . Voy. ces di¬ vers noms génériques. (Lafr.) ANTHYLLÏDE. Anthyllis, L. («v0u>- )>ù, nom grec d’une plante aujourd’hui in¬ déterminée). — Barba Jovis , Erinacea et Vulneraria , Adans. bot. ph. — Genre de la famille des Légumineuses , sous-ordre des Papilionacées , tribu des Lotées, sous-tribu des Génistées , DC., offrant pour caract. es¬ sentiels : Calice persistant , 5-denté , plus ou moins bouffi. Carène , ailes et étendard r subisomètres. Etamines monadelphes; gaine entière. Légume en général ovoïde et 1- ou 2-sperme (chez quelques espèces allongé, polysperme), recouvert par le calice. — Ar¬ brisseaux, ou sous -arbrisseaux, ou herbes. Feuilles 1-foliolées, ou 3-foliolées , ou impa- ripennées. Fleurs solitaires en capitules, jaunes ou rougeâtres , ou rarement bleu¬ âtres. Ce genre renferme une vingtaine d’esp. , indigènes la plupart dans les régions voisines de la Méditerranée ; les plus notables sont • VA. vulneraria L. ( vulgairement Vulné¬ raire, nom dû à ses prétendues propriétés vulnéraires), excellente plante fourragère, commune dans les prés secs; IM. barba Jo¬ vis, L., et VA. erinacea, L. , cultivées comme arbustes d’ornement. M. de Candolle établit dans ce genre 5 sec¬ tions ou sous-genres , savoir : Borycnoides , 39 T. I. r ANT CIO ANT Aspalathoides , Erinacea, Vulneraria, et Cornicina. (Sp.) VANTHYLLIS , Adans. ( nec aliorum ) («vfluMts, nom grec de cette plante ). bot. ph. — Synon. du genre Polycarpon, Læfll., de la famille des Paronychiées. ( Sp). * ANTHYPNA. ins. — Voyez an- THIPNA. (D.) ANTIARIS ( Antjar ou Antsjiar , chez les Japonais ). — Genre de la famille des Urticées, tribu des Chlorophorées, formé parLeschenault (Ann. Mus. hist. nat. XVI, t. 22) , et ainsi caractérisé : Fleurs monoï¬ ques. Dans les mâles : Cœnanthe (récepta¬ cle ou involucre des auteurs) discoïde , mul- tiflore , écailleux en dessus. Périanthe 4- rarement 3-phylle , à préfloraison imbri¬ quée. Anthères 4 , rarement 3 , subsessiles. Dans les femelles : Cœnanthe turbiné , uni- flore , couvert d’écailles , et croissant avec le fruit. Point de périanthe. Ovaire attaché au cœnanthe ; ovule anatrope, inverse. Style biparti. Drupe charnu , monosperme. Em¬ bryon exalbumineux , inverse. — Ce genre renferme quelques arbres laiteux de l’Inde, à feuilles alternes, courtement pétiolées , stipulées , subcordiformes , sinueuses ou dentées , à nervures saillantes. Le plus gé¬ néralement connu est un grand arbre de l’Inde , décrit sous le nom d 'Antiaris toxi- caria par Fauteur cité. Le poison qu’il four¬ nit, et qui porte dans son pays natal le nom d Tpas antiar, est une gomme-résine qui découle du tronc et des branches, au moyen d’entailles qu’on y pratique. « La prépara¬ tion de ce poison , dit Leschenault , se fait à froid, dans un vase de terre ; on mêle à la gomme-résine les graines du Capsicum fruticosum , du poivre , de l’ail , les racines du Kempferia galanga , du Maranta ma- laccensis ( Bauglé en malais), du Costus ara¬ bicas; on mélange lentement chacune de ces substances écrasées , à l’exception des graines du Capsicum fruticosum, que l’on enfonce précipitamment une à une au fond du vase au moyen d’une petite broche de bois. Chaque graine occasionne une légère fermentation et remonte à la surface , d’où on la retire pour en mettre une autre , jus¬ qu’au nombre de 8 à 10; alors la prépara¬ tion est terminée. » VUpas antiar introduit dans l’économie animale agit comme vomi¬ tif et comme purgatif. « Son action , dit M. Delille, se porte ensuite sur le cerveau , en trouble les fonctions et cause la mort avec des convulsions tétaniques. » C’est dans ce poison , qui ressemble à une mélasse épaisse et très brune, que les Javanais et les ha¬ bitants de Bornéo trempent leurs flèches. Les premiers le conservent dans de petits tuyaux de Bambou ; et il paraît que son ac¬ tion délétère a bien moins de puissance quand on l’emploie à l’état liquide que lors¬ qu’il a séché sur l’instrument. Il existe en¬ core une autre sorte d'Upas. Voy. ce mot. (C. L.) ANTI-BARILLET, moll. — Geof¬ froy donne ce nom à une petite coquille qu’on trouve aux environs de Paris , et qui appartient au genre Pupa de Drapar- naud ; c’est son Pupa quadridens. Voy. maillot. (Desh.) * ANTICHARIS, Endl. (dvzl, à l’oppo¬ sé; ornement), bot. pîï. — Genre de la famille des Scrophularinées ( tribu des Gratiolées Benth.), auquel M. Endlicher ( Gen. PL, p. 682 ; Novar. Stirp. decas II, p. 23; Iconogr., tab. 93) assigne pour caract. : Calice ébractéolé , régulier, 5-par- ti. Corolle subbilabiée, 5-lobée; lobes pres¬ que égaux , obtus. Étamines 2 , incluses , insérées à la partie antérieure du tube de la corolle ; filets très courts ; anthères 2-thè- ques : bourses divariquées, finalement con¬ fluentes. Ovaire 2-loculaire ; placentaires multi-ovulés , adnés à la cloison. Style in- divisé; stigmate obtus, échancré. Capsule pyramidale , 2~loculaire , loculicide , 2-val- ve ; valves finalement 2-fides , septicides ; placentaires restant soudés l’un à l’autre , mais séparés de la cloison après la déhiscen¬ ce. — Herbe presque simple, parsemée d’u¬ ne pubescence glandulifère. Feuilles alter¬ nes , pétiolées, très entières; pédoncules axillaires, solitaires, 1-flores, courts, 1- bractéolés au dessous du milieu. L’esp. sur laquelle est fondé ce genre habite l’Égypte. (Sp.) ANTICHEIRA (àvzL^ztp , pouce), ins. — Genre de Coléoptères pentamères , fa¬ mille des Lamellicornes , tribu des Xylophi- les , sous-tribu des Rutélites, établi par Eschscholtz ( Mém. de VAcad. imp. de Saint-Pétersbourg , t. VI, p. 451, an. 1818), et auquel il assigne pour caract. : Mâchoires cornées , tridentées ; lre dent entière , 2e bi- ANT ANT Cil fide , 5e trifide. Labre corné , tridenté , ca¬ ché par le chaperon. Antennes en massue feuilletée. D’après les espèces rapportées à ce genre par l’auteur, il serait le même que le g. fondé depuis ( Horœ Entomol., pars 2e , 1828) par Macleay sous le nom de Jla- craspis ; et cependant ce dernier nom seu est connu dans les collections. Nous cite¬ rons comme type du genre d’Eschscholtz VA. tetradactyla ( Cetoina id. Fabr. ) (D.) ANTICHORUS , Linn. fils. — Caric- teria , Scopol. — Jussiœa, Forsk., non Linn. (contraction d’àvrt , à l’opposé , et de Cor- chorus. Voy. ce mot ). bot. pii. — Genre de la famille des Tiliacées, et très voisin des Corchorus. Les caractères qui l’ont fait sé¬ parer de ces derniers sont les suivants : Ca¬ lice 4-sépale ; corolle 4-pétale ; étamines en nombre défini (8); capsule subulée , 4-Io- culaire. — On n’en connaît qu’un seule esp., qui habite l’Arabie. (Sp.) *ANTICYRA ( a vTv/.ùpx, Anticyre, nom de ville), ins. — Genre de la famille des Polygoniens , de l’ordre des Névroptères , établi par Curtis ( Descript. of some non desc. Br. sp. of May-flies of Angl. ) , et adopté par M. Westwood (Generic synopsis ). D’après les auteurs , les caractères de ce genre sont tirés : 1° des antennes , dont le premier article est grêle ; 2° des ailes, lon¬ gues et étroites , sans cellule discoïdale , et 5° des jambes antérieures, bi-mucronées. Ce genre ne nous paraît pas devoir être séparé des Rhyacophila de M. Pictet , dont il ne diffère que par de très légères modifications dans la forme des ailes, etc. M. Curtis y rapporte deux espèces d’Angleterre, VA. gracilipese t latipes Curt., etM. Westwood en signale deux autres. (Bl.) *ANTIDAPHNE,Pæpp. ( Nov . Gen. et Spec. , t. II , p. 70 , tab. 199 ) ( àvrt , contre [sur] ; cTàpvn], laurier; cette plante croît en général sur les Laurinées ). bot. pu. — Genre de la famille des Loranthacées , au- t quel son auteur assigne pour caract. : Epis strobiliformes , monoïques , à bractées im¬ briquées, caduques; les épis mâles géminés ; les épis femelles ternés. — Fleurs males : Périanthe simple, à tube filiforme, etàlim- / be court , 3-lobé. Etamines 5 , insérées à la gorge du périanthe, alternes avec les lobes; filets pétaloïdes, linéaires, un peu dilatés au sommet. Anthères 2-thèques; bourses ad- nées , pointues , disjointes â la base , longi¬ tudinalement déhiscentes. — Fleurs femel¬ les : Périanthe simple, urcéolé , adhérent , à limbe marginiforme , très entier. Ovaire 1-loculaire, 1-ovulé ; ovule suspendu. Stig¬ mate subsessile , capitellé, concave. Baie 1- sperme , à endocarpe plissé. — On ne con¬ naît qu’une esp. de ce g. : c’est un arbuste parasite , indigène du Pérou. Les feuilles sont alternes , obovales , très entières ; les épis axillaires, courts, agrégés. (Sp.) ANTIDESMA ( àvri , en guise de; cTicr/xoc, lien ; l’écorce de ces arbres pouvant servir à lier), bot. ph. — Genre de la fa¬ mille des Antidesmées de Sweet, fondé par Linné ( Gen. pl., 1110 ), et dont les ca¬ ract. sont: Fleurs dioïques. Dans les mâles: un périgone 3-5-partite. Étamines 2,5,5, insérées sur un disque annulaire; filaments filiformes. Anthères biioculaires , à loges divariquées - étalées. Ovaire rudimentaire. Dans les femelles : Périgone identique. Ovaire ceint à la base d’un disque annulai¬ re , puis ovale , libre , 1-loculaire ; ovules 2, appendus au sommet de la loge, collaté¬ raux , anatropes. Stigmate sessile , 3-5-ra- dié. Drupe monosperme , couronnée par le stigmate. Endocarpe {putamen) subépineux intérieurement; albumen épais, scrobiculé par les pointes saillantes de l’endocarpe. Embryon orthotrope, axile; cotylédons amples, foliacés ; radicule courte, supère.— Ce g. renferme un petit nombre d’esp. Ce sont des arbres ou des arbrisseaux des Indes et de Madagascar, non laiteux ; à feuilles al¬ ternes , presque sessiles , coriaces , très en¬ tières ou dentées - anguleuses ; à stipules caduques ; à inflorescence axillaire , à cha¬ tons spiculés. On réunit à VAntidesma le g. Stilago, L., dont on en fait une division. Plusieurs esp. sont cultivées dans les serres: ce sont principalement les A. zeylanica et A. pubescens. (C. L.) ANTIDESMÉES ( «vt{, contre ; JW/aoc, ien ; qui ne se lie à rien ; pour faire allu¬ sion aux affinités multipliées de cette plante). bot. ph. — Les Antidesmées ont encore reçu le nom de Stilaginées , et plusieurs au¬ teurs ont cru pouvoir la constituer unique¬ ment sur deux genres assez mal connus eux- mêmes. Ces genres sont : VAntidesma et Stilago , que A. L. de Jussieu laissait dans es incertœ sedis. Depuis, M. Keichenbach 612 ANT les a rapprochées des Euphorbiacées ; M. Sweet des Empêtrées et des Urticées; rap¬ prochement également admis par M. Lin- dley , qui , dans son groupe des Urticales , les classe entre lesUlmacées et les Myricées, en faisant observer, toutefois , qu’elles en diffèrent par la présence d’un disque annu¬ laire et des anthères supportées par des fi¬ lets élastiques. Caractères semblables , sui¬ vant M. Lindley, à ceux des Hensloviacées , qui cependant me paraissent se rapprocher davantage du groupe des Saxifragées par ses fruits bicarpellés et polyspermes. En¬ fin, A. L. de Jussieu leur trouvait de l’affinité avec certains genres voisins des Rosacées , tels que les Grangeria et Hirtel- la. Quoi qu’il en soit , les Antidesmées ont pour caractères : Fleurs unisexuées. Calice 5-5-parti. Corolle 0 : étamines 2 ou plus , insérées sur un disque renflé adhérent au calice ; les filets , filiformes , supportent des anthères à deux loges réunies par un con¬ nectif charnu. Un ovaire libre, terminé par un stigmate sessile , 5-4 lobes. Pour fruit , une sorte de petite drupe, à endocarpe ru¬ gueux , 1-loculaire , à une seule graine pen¬ dante , contenant un embryon vert , à coty¬ lédon foliacé , entouré par un pcrisperme charnu, assez épais. — Les Antidesmées ap¬ partiennent à l’ancien continent ; ce sont des arbrisseaux à feuilles alternes , simples , mu¬ nies de stipules caduques. (A». Juss.) * ANTIGONE. Antigona(i'jrrjco^y nom myth.). moll. — M. Schumacher, dans son Essai d'une classification des Coquilles, propose ce g., qui nous paraît complètement inutile, pour la Venus cancellata de Linné. L’auteur en trouve les caractères dans les dents cardinales , légèrement courbées sur leur longueur. Cette coquille , d’après ses caractères, appartient au g. Cythérée de Lamarck. Il est évident que le g. Anti¬ gone est un double emploi qu’il faut sup¬ primer de la méthode. Voy. cythérée. (Desh.) * ANT J GON ON, Endl. (allusion à Po- lygonum). bot. ph. — Genre de la famille des Polygonées , tribu des Polygonées-spu- riéesEndl. ; son auteur (Gen. PL, p. 510) le place à côté du Brunnichia , et lui assigne pour caract. : Périanthe coloré, accrescent, à 5 segments inégaux , dont 2 extérieurs , larges, cordiformes, 1 demi-intérieur, obli- ANT que, et 2 intérieurs , oblongs. Étamines 5 ; filets subulés, isomètres , soudés par la base en forme de cupule ; anthères oblongues , versatiles. Ovaire 1-loculaire , trièdre ; ovu¬ le d’abord renversé , puis redressé, attaché à un funicule libre , inséré au fond de la lo¬ ge. Styles 5, libres, recourbés, terminés chacun par un stigmate subréniforme. Akè¬ ne ovoïde , 5-èdre , recouvert par le périan- . the. Graine basilaire , dressée , pyramidale ; embryon probablement axile dans un péri- sperme charnu ; radicule supère. — Arbris¬ seau grimpant , indigène du Mexique ; ra¬ meaux anguleux; feuilles alternes, cordi¬ formes , perminervées , à pétiole semi-am- plexatiie, et à gaine stipulaire rudimentaire . squammiforme , opposée , adnée au rameau par toute sa surface intérieure; fleurs en grap¬ pes cirrhifères au sommet ; pédicelles fasci- culés à l’aisselle des bractées. M. Endlicher ne signale qu’une seule espèce. (Sp.) * ANTIGRAMMA ( dvu , à l’opposé ; ypxfx^i, ligne ). bot. cr. — Genre de Fou¬ gères, établi par Presl ( Tentam . Pterido- graph. , p. 120), qui ne diffère du Scolopen- drium que par le réseau de ses veinules, qui sont parallèles , s’étendant du milieu vers le bord de la fronde, et formant, par leurs anastomoses, des t aches hexagonales, du bord externe desquelles partent des veinules très courtes et libres. Par la même raison qu’il a formé le genre Wemidyctium aux dépens de l’ Asplénium, M. Presl a cru devoir séparer du Scolopen- drium les Antigramma, qui offrent la même différence. On en connaît 5 espèces , toutes du Brésil intertropical, parmi lesquelles on remarque Y Antigramma repanda ( Scolo - pendrium ambiguum , Raddi). (G . N.) * ANTILAMBANES. Antilambani (ùvtùx/xSôc'jm, saisir), ois. — Ranzani a don¬ né ce nom à une famille de l’ordre des Grimpeurs , comprenant des oiseaux qui se servent de leurs doigts pour saisir leur nourriture et la porter à leur bec. (G. d’O.) ANTILOPE, zool. — Genre de Mam¬ mifères de l’ordre des Ruminants, caracté¬ risé par des cornes creuses , généralement rondes, marquées au moins à leur base d’an¬ neaux saillants ou d’arêtes longitudinales , dont le noyau osseux est totalement ou à peu près solide, c’est-à-dire sans pores ni si¬ nus. Ces caract. assez fugitifs , et qui ne se ANT ANT rencontrent pas tous dans chaque espèce , sont cependant les seuls que l’on ait pu trou¬ ver jusqu’à présent pour distinguer ce gen¬ re : car l’ordre des Ruminants , l’un des mieux déterminés et des plus naturels de la classe des Mammifères, est en même temps l’un des plus difficiles a diviser générique¬ ment , tant ces animaux, à l’exception des Chameaux proprement dits, ont l’air d’être formés sur le même modèle. C’est donc plutôt par intuition ou par sentiment , plutôt par des caractères négatifs que par des ca¬ ractères positifs, que l’on reconnaît le genre d’un animal de cet ordre. Les Antilopes sont, en général, des animaux faits pour la course. A taille élancée et légère , elles ont le plus souvent des larmiers comme les Cerfs, des brosses ou touffes de poils plus longs aux genoux, des pores ingui¬ naux ou digitaux , c’est-à-dire des enfonce¬ ments de la peau aux aines et entre les doigts ; la queue courte , garnie de longs poils; les oreilles droites et assez longues; mais ces circonstances manquent quelque¬ fois, et si le plus grand nombre ont la lé¬ gèreté des Cerfs, quelques unes ont l’al¬ lure grave des Chèvres, et d’autres, pres¬ que la démarche pesante des Bœufs. Les unes ont le museau effilé , mais d’autres ont un mufle assez proéminent. Les Anti¬ lopes appartiennent presque toutes à l’an¬ cien monde ; la plupart des espèces vivent en troupes, mais quelques unes sont solitai¬ res et monogames. Elles sont confinées , comme , au reste , presque toutes les espè¬ ces d’animaux , dans certaines limites plus ou moins étendues , qu’elles franchissent rarement. Quelques unes habitent les plai¬ nes arides , sablonneuses et rocailleuses , et ne se nourrissent que de plantes aromati¬ ques ou salées ; d’autres se tiennent de pré¬ férence sur les bords des fleuves , et ne vi¬ vent que d’herbes douces. Ce sont, en gé¬ néral, des animaux doux et sociables, qui ont les yeux grands et vifs , l’ouïe très fine, et qui sont doués d’une grande légèreté. Malgré sa tournure grecque, le nom d’Anti- lope n’a pas été employé par les anciens ; c’est une corruption du mot Antholops , employé par. Eustathius , qui vivait sous Constantin, pour désigner un animal à lon¬ gues cornes dentelées en scie ; et c’est Pal- las qui, séparant ce genre de celui des 613 Chèvres, lui appliqua le nom d’ Antilope , connu depuis long-temps dans l’art héraldi¬ que , et employé par Ray pour désigner l’esp. connue sous le nom d 'Antilope des Indes. Ce mot Antholops vient lui-même, selon Bochart, du copte Panthalops, qui signifie Licorne . Les espèces de ce genre étant en fort grand nombre, et leurs formes étant très variées, plusieurs naturalistes ont tenté de les séparer en groupes particuliers ou en sous -genres. En 1804, Cuvier, dans le Dictionnaire des Sciences naturelles , en annonçant que Daubenton a cherché à les diviser en plu¬ sieurs genres , en fit six groupes , à l’exem¬ ple de Pennant et d’Erxleben, d’après la forme de leurs cornes. M. Lichtenstein , en 1812, dans le Magazin der gesellschaft naturforschender freunde , 6e année, les divisa en quatre tribus, qu’il nomma Buba- lides, Connnchœtes , Antilopœ et Gazelles. M. de Blainville , en 1816, dans le Nou¬ veau bulletin de la Société philomathi¬ que , réunit tous les Ruminants à cornes creuses en un seul genre , sous le nom de Cérophore , et le partagea en douze sous- genres , dont huit se rapportent au g. Anti¬ lope : ce sont les s.-g. Antilope, Gazella , Cervicapra , Alcelaphus , Tragelaphus , Boselaphus , Oryx , et Rupicapra. Dans la lre édition du Règne animal, Cu¬ vier en forma sept groupes. M. Desinarest , en 1820, dans sa Mamma- logie , ajouta deux sous -genres à ceux de M. de Blainville , les Oreas et les Ègocères et adopta celui d 'Antilocapra de M. Ord. En 1822 , Antoine Desmoulins , dans le Dict. class. dhist. nat. , les subdivisa en Gazelles , Bubales , Oryx , Acuticornes , Tseiran , Strepsicères , Léiocères et Rami- c'eres. Hamilton Smith , dans sa traduction de la lre édition du Règne animal de Cuvier, divisa les Antilopes en trois genres et vingt- deux groupes : le g. Antilope , comprenant dix-sept groupes , à savoir : Dicranocerus , Aigocerus , Oryx, Gazella, Antilope, Re- dunca, Oreotragus, Tragulus, Raphicerus, Tetracerus, Cephalophus, Neolragus, Tra¬ gelaphus , Nœmorhedus , Rupicapra , Aplocerus, Anoa ; le g. Damalis, compre¬ nant quatre groupes , à savoir : Acronotus , 614 ANT ANT Roselaphus , Strepsiceros et Portax ,• enfin le g. Catoblepas, qui ne comprend qu’un seul groupe. Dans la 2e édition du Règne animal, Cu¬ vier , ne trouvant sans doute pas que ces tentatives pour établir des divisions natu¬ relles dans ce trop grand genre eussent complètement réussi , continua à les réunir en un certain nombre de groupes, d’après la forme des cornes. Ces groupes , auxquels il n’imposa pas de noms , sont au nombre de onze. Depuis , M. Ogilby a divisé les Ruminants en cinq familles, et les Antilopes se trouvent réparties dans deux de ces famil¬ les, celles des Capridées et des Bovidæ, et forment douze genres, à savoir : Mazama, Madoqna , Antilope , Gazella, Tragulus, Sylvicapra, Tragelaphus , Calliope , Ke- mas , Capricornis , Rubalus et Oryx , dont les types sont, en suivant le même ordre: Ant. mazama , Ant. saltiana , Ant. cervi- capra , Ant. dorcas , Ant. pymmœa , Ant. mer gens , Ant. picta , Ant. strepsiceros , Ant. goral, Ant. Thar, Ant. bubalus, Ant. oryx. Tout en prétendant que la forme des cornes, adoptée par Cuvier pour caractériser ses groupes , est un moyen artificiel , c’est cependant sur cette forme que la plupart des auteurs dont nous venons de parler fon¬ dent principalement leurs divisions. Et , en elîet , quoique l’on ignore les rapports qui existent entre les cornes et le reste de l’or¬ ganisation , il n’en est pas moins certain qu’elles donnent une physionomie particu¬ lière à la tête , et que , la tête fournissant les caractères les plus essentiels , ceux que l’on tire de sa forme sont peut-être les plus sûrs qu’on puisse employer pour subdivi¬ ser les familles à esp. nombreuses comme celle-ci. Il est également vrai de dire que , malgré la variété de formes des diverses espèces d’Antilopes , il y a entre elles un air de fa¬ mille qui les fait distinguer par tout le mon¬ de , et qui a déterminé Pallas à les réunir en un seul g., quoique quelques unes se rap¬ prochent évidemment ou des Chevrotains ou des Chèvres , ou des Bœufs , ou enfin des Cerfs. Acceptant donc cet air de fa¬ mille des Antilopes comme un fait, et trou¬ vant également nécessaire d’établir des cou¬ pes dans ce genre, mais moins multipliées qu’on ne l’a fait dans ces derniers temps , nous proposerons dans cet article de le sub¬ diviser en huit sous-genres , d’après la for¬ me et la position relative des cornes, en avertissant toutefois le lecteur qu’ici , com¬ me dans tout le règne animal , faute de ca¬ ractères absolus , les esp. qui se trouvent sur la limite d’un sous-genre sont fort voi¬ sines de celles d’un second ou même de plusieurs autres. Cette absence de caractères absolus nous a engagé à n’employer pour nos sous-gen¬ res que des noms sans signification, comme se prêtant davantage aux modifications de chaque type que ceux qui signifient une chose ou une propriété que ne possède pas l’être que l’on est cependant forcé d’y com¬ prendre par un ensemble d’autres caractè¬ res. Quelques uns de ces noms, tels que ceux d’Oryx et de Bubale , ont été employés par tout le monde , mais pas toujours dans le même sens et avec les mêmes limites. Ou¬ tre les ouvrages que nous citons , nous avons consulté avec fruit les procès-ver¬ baux de la Société zoologique de Londres , dans lesquels on trouve des descriptions de plusieurs Antilopes, faites principalement par M. Bennett. Nous avons aussi mis à profit des notes qui nous ont été fournies par M. Jules Terreaux, qui a résidé plu¬ sieurs années au Cap. 1° Le sous - genre DORCAS. — Cornes à double courbure , soit de face , soit de pro¬ fil , plus ou moins lyrées , presque tou¬ jours de la longueur de la tête, implantées au dessus des orbites ou au moins à leur angle postérieur, à tête et flancs presque toujours marqués de bandes longitudinales de couleurs foncées. Deux mamelles. Com¬ prenant le premier et le second groupe de Cuvier , les Gazelles et les Antilopes de Blainville , de Hamilton Smith et d’Ogilby. La GAZELLE , Antilope dorcas (Bufl'. , t. XII , p. 25). — Animal de la grandeur , de l’élégance et de la légèreté du Chevreuil. Ses cornes sont noirâtres , assez grosses , et marquées de 12 à 14 anneaux saillants. Le cou, le dos et la face externe des membres, sont de couleur fauve-clair ; la face interne de ces derniers , le ventre et les fesses, sont d’un beau blanc. Une bande brune règne le long de chaque flanc. La tête est fauve , à ANT ANT 615 l’eiception du sommet , qui est gris-clair , et d’une bande blanchâtre de chaque côté , qui embrasse le tour de l’œil ; quelques in¬ dividus ont la tête marquée de trois bandes brunes , séparées par deux blanches. Cette espèce porte des larmiers , des brosses aux genoux , ét , à chaque aine , une poche profonde , remplie d’une matière fétide. Sa chair est d’un goût fort semblable à celle du Chevreuil. Les Gazelles vivent dans tout le nord de l’Afrique en troupes nombreu¬ ses. Quoique timides , elles forment un cercle quand on les attaque , et présentent à l’ennemi leurs cornes de tous côtés; ce¬ pendant, elles ne peuvent résister aux Lions et aux Panthères, qui en font leur proie or¬ dinaire. On les chasse avec le Chien, l’Once ou le Faucon; on en prend aussi en lâchant des individus apprivoisés , dont les cornes sont garnies de nœuds coulants , auxquels les Gazelles sauvages viennent se prendre. La chasse au Faucon est le principal amu¬ sement des riches en Syrie. L’oiseau saisit la Gazelle à la gorge , et la lui déchire avec son bec et ses ongles. La beauté de leurs yeux , la douceur de leurs regards , l’élégance de leur taille , la grâce de leurs mouvements , leur légèreté , ont fourni de tout temps des comparaisons et des images à la poésie arabe. Les beaux yeux se nom¬ ment en Orient des yeux de Gazelle. Élien a fort bien décrit ces animaux sous le nom de Dorcas, donné antérieurement au Che¬ vreuil. Leur nom de Gazelle est arabe. La CORINNE, A. Corinna, Gm. (Buff., t. XII, pl. 27) ; le K.EVEL, A.'Kevella, Gm. (Buff., t. XII, pl. 27); VAnt. arabica, Hemp. et Ehremberg ( Syrnb . physic., sect. I, pl. 5) , ne diffèrent de la Gazelle que par des cornes plus grêles dans la première , plus comprimées à leur base et à anneaux plus nombreux dans la seconde, et par une taille un peu plus forte et des teintes un peu plus foncées dans la troisième. Le KEYEL GRIS, Fréd. Cuv. ( Mam. ) , s’il n’est pas une variété de la Gazelle , est une esp. très voisine. Enfin , VAnt. subgut - turosa ( Schreb. , 170 B. ) paraît également en être ou une variété ou une esp. encore très rapprochée. Le DSEREN , ou Ant. goitreuse ; Chèvre jaune des Chinois (Ant. gutturosa, Pall. ; Schreb. , 275 ), offre à peu près les mêmes cornes et la même distribution de couleurs que la Gazelle ; mais il est plus trapu, et de la taille du Daim. Le larynx du mâle , très volumineux , fait une saillie en dehors , qui a valu à cette esp. le nom qu’elle porte. Les larmiers sont petits, les brosses courtes, et les poches inguinales grandes. Le mâle porte en outre , sous le ventre , un sac , au même endroit que le Musc, et dont le céru¬ men a l’odeur du Bouc ; la femelle ne por¬ te point de cornes. Cette esp. habite les déserts de la Mongolie , entre la Chine et le Thibet, et dans quelques contrées de la Si¬ bérie orientale ; elle est surtout abondante dans le désert sablonneux de Cobi. Elle évite les forêts et le voisinage de l’eau , et préfè¬ re les lieux découverts et arides. Sa nour¬ riture se compose de végétaux doux. Des troupes nombreuses de Dseren s'approchent quelquefois en hiver des habitations , et se mêlent avec le bétail domestique. Lorsque ces animaux sont poursuivis, ils font, dit- on , des sauts énormes. Leur horreur pour les bois est telle , qu’ils se heurtent la tête contre les arbres plutôt que d’y pénétrer. Ils ne craignent pas moins l’eau , et se lais¬ sent prendre ou tuer sur place plutôt que de se résoudre à s’y jeter ; cependant , ils nagent très bien s’ils viennent à y être pré¬ cipités par hasard. Les femelles mettent bas à la mi-juin , et les petits s’apprivoisent parfaitement. L’ANTILOPE À BOURSE , Ant. eucho- re , un peu plus trapue , et d’un tiers plus grande que la Gazelle. Ses cornes sont aus¬ si un peu plus lyrées , et celles des mâles plus grosses ; mais elle présente presque la même distribution de couleurs. Elle s’en dis¬ tingue par une raie blanche à la partie pos¬ térieure du dos , dont les longs poils s’é¬ cartent quand elle saute , et qui sont logés dans un repli de la peau , que le panicule charnu développe en se contractant par l’effort du saut. La queue, plus grande que dans la Gazelle, est blanche, et terminée par un flocon noir; la tête est presque toute blanche , avec une ligne latérale noire. Elle a des larmiers , et point de brosses aux ge¬ noux. Cette belle espèce vit par troupes nombreuses dans les environs du Cap. Au temps de la sécheresse , ces animaux voya¬ gent , et , les premiers rangs ayant tout brouté , les derniers sont obligés d’arracher ANT 616 ANT les racines pour vivre. Ces immenses trou¬ peaux sont escortés de Lions , de Panthères et de Hyènes , qui en dévorent un grand nombre , quoiqu’elles se défendent en fai¬ sant cercle , et en présentant les cornes. On assure qu’elles présagent les mauvais temps par des sauts et des bonds plus fréquents. Elles s’apprivoisent aisément en captivité. Le SAÏGA, Antilope saïga (Pall. ; Schr., 276) , a les cornes comme la Gazelle , mais jaunâtres et transparentes. Il est grand comme un Daim. Sa couleur, pendant l’été, est fauve sur le dos et les flancs, et blanche sous le ventre ; pendant l’hiver , il est gris- blanchâtre. Son museau cartilagineux est tellement saillant, que l’animal ne peut paî¬ tre qu’en reculant ou en saisissant l’herbe par le côté. Il habite les landes de la Polo¬ gne et de ia Russie jusqu’à l’Irtich , et les monts Altaï en Sibérie , et se nourrit d’Ab- sinthes, d’Armoises , d’Arroclies , et autres plantes âcres qui abondent dans ce pays sa¬ blonneux et salé. Les Saïgas ont la vue cour¬ te : mais leur odorat est si fin , qu’ils éven¬ tent l’ennemi de très loin. Ils se rassemblent pour voyager en troupeaux de plusieurs milliers. Pendant que la troupe dort, quel¬ ques uns des mâles font la garde ; ce sont aussi les mâles qui défendent leurs petits contre les attaques des Loups et des Re¬ nards. Les femelles mettent bas un seul pe¬ tit au printemps. Dans la saison du rat , au mois de novembre , les mâles sentent forte¬ ment le musc. La chair du Saïga se mange en hiver; mais elle est rejetée en été , par¬ ce qu’alors on trouve sous ia peau de cet animal une quantité considérable de larves d’une esp. d’Oëstres. Pour boire , le Saïga plonge entièrement son museau dans l’eau , et c’est par les narines qu’il aspire la plus grande partie du liquide , comme l’a dit Strabon, mais sans pouvoir y en garder, comme l’a crû cet auteur. On élève assez aisément les Saïgas en domesticité lorsqu’on les prend jeunes. Ceux qui ont été ainsi ap¬ privoisés courent librement au dehors sans se joindre aux sauvages , et viennent à la voix de leur maître, auquel iis ne man¬ quent pas de faire quelques caresses. Les anciens ont connu le Saïga sous le nom de Coins. Le NANGUER, Ant. dama , Pall. (Acad, de Berlin , 1824 , pl. 3 et 4) ; Ehrenb. ( Symb. phys. , t. I , pl. 6 ). — Cornes dans les deux sexes , à cinq ou six anneaux peu marqués à la base , dont la pointe se courbe fortement en avant. Cette belle esp. , de la grandeur et de la légèreté du Daim , est d’un brun- fauve en dessus. Sa face est blanche , avec trois bandes grises ; les fesses , la queue , le ventre et les membres, sont blancs; dans le jeune âge , la face externe de ces derniers est fauve. Une tache blanche se remarque à la région moyenne du cou. On trouve cet animal , qui est d’un caract. doux , et dont la chair est très bonne à manger, en Nubie et au Sénégal. Les jeunes Nanguers n’ayant encore que la partie supérieure de leurs cornes , celle qui est simplement courbée en avant , Buf- fon , qui n’en avait connu que de tels, ap¬ pliqua à cette esp. le nom de Dama de Pline, qui ne convient pas aux individus adultes. Ant. ruficollis Ham. Smith , et VAnt. mohrr Bennet ( Trans. de la Soc. zool. de Londres , t . I , pl. 1 ) , ne sont , selon nous , que des variétés du Nanguer. M. Bennet croit que VAnt. addra est également une variété de ce même Nan¬ guer, qui n’en diffère pas plus que le Kevel ou la Corinne ne diffèrent de la Gazelle. L’ANT. DE SOEMMERING , Ant. Soem- meringii , Cretzschmar ( Atl. de Rupp ., pl. pl. 19). — Cornes noires, à pointes forte¬ ment courbées en dedans , de la grandeur du Nanguer. La tête , le dos et la partie extér. des extrémités, de couleur isabelle, avec de nombreuses taches plus foncées ; la poitrine , le ventre , la croupe et la partie intér. des extrémités , blancs. La tête mar¬ quée de trois bandes noires , dont celle du milieu très large. De l’Abyssinie. L’ANT. A PIEDS NOIRS, ou PALL AH, Ant. melampus, Licht. (Schr., 274) ; Licht. ( Mag. de Berlin , v. 167 ). — Animal pres¬ que de la grandeur du Cerf. Cornes rondes, longues dans le mâle seulement. Pelage brun-fauve en dessus , blanc à la croupe et en dessous ; une ligne noire longitudinale sur le dos, traversée par une bande de mê¬ me couleur , qui sépare le blanc du fauve sur la croupe. En arrière des pieds de der¬ rière , au dessus des ongles , une touffe de poils plus longs , formant tache noire. Cet élégant et vigoureux animal habite la Ca- ANT ANT 617 frerie , où oq le rencontre par petites trou¬ pes de six à huit individus. Il se laisse faci¬ lement apprivoiser. L’ANTILOPE POURPRE , Ant. pijgar- ga (Schr. , 275). — Très bel animal de la taille d’un très grand Cerf commun, à cor¬ nes lyrées, portant douze demi -anneaux saillants dans le mâle seulement. Le col et la tête d’un beau bai-brun , presque couleur de sang; le dos brun-bai, glacé de blanch⬠tre. Une large bande brune sur chaque flanc. Fesses, ventre et face intér. des cuis¬ ses, d’un beau blanc. Une large bande blan¬ che sur le chanfrein , qui se rétrécit entre les cornes. Brosses et larmiers nuis. Des en¬ virons du Cap de Bonne - Espérance. L’ANT. A NEZ TACHÉ , Ant. naso ma- culata , Bl. ; Ant. mytilopes , Ham. Sm. ; ayant la même distribution de couleurs et les mêmes cornes que P Ant. pourpre, et ne s’en distinguant que par une taille moindre d’un quart environ. Il nous paraît que celle- ci doit être considérée comme une variété de celle-là. L’ANTILOPE DE BENNETT, Ant. lien- netii, Sykes. — Queue noire des Mahrattes. Cornes lyrées , marquées de 8 à 9 anneaux. Face marquée de bandes noires. Corps brun - rougeâtre en dessus , blanc en des¬ sous. Le RQB, Ant. Kob. (Buff., t. XII, pl. 52,- fig. 1). — Cornes peu lyrées , à première courbure peu marquée , formant par de¬ vant une figure elliptique , marquée , dans leur premier tiers , de 7 à 8 anneaux. De la taille du Daim. Le ROBA , Ant. Senegalensis , Penn. (BufTon , t. XII , pl. 52, fig. 2), à cornes longues, un peu aplaties, latéralement ly¬ rées , marquées de 15 à 17 anneaux. De la taille du Cerf. Ces deux espèces , imparfaitement con¬ nues , paraissent devoir entrer dans ce sous- genre. Le TCIIIRU , Ant. üodgsonii , Abel ; Ant. kemas d’Elien , selon Ham. Smith.— Cornes deux fois de la longueur de la tête , comprimées en bas , arrondies en haut , à vingt anneaux ; première courbure en arrière peu sensible; seconde en avant assez forte. Presque de la grandeur du r Cerf, gris-bleu. Epaules de couleurs plus claires; les canons marqués d’une ligne noi- | re en avant. Front noir, un mufle, une touffe de poils sur le nez. De chaque côté du museau, près de la marge externe des narines , une tumeur de la grandeur d’une moitié d’œuf de Poule; la bouche et le nez entourés de nombreux poils raides. Vit par troupes de plusieurs centaines dans les plai¬ nes élevées du Thibet, sans jamais appro¬ cher des montagnes. Au moment du repos, des sentinelles sont placées dans toutes les directions ; et si l’une d’elles vient donner l’alarme au camp , toute la troupe fuit avec la plus extrême vitesse. Est très sauvage ; et, comme tous les animaux de cette con¬ trée , il a deux sortes de poils. 2° Le s. -genre ORYX. — Cornes plus ou moins arquées en arrière comme celles des Chèvres, ordinairement très longues, im¬ plantées à l’angle postérieur des orbites , à tête presque toujours marquée de bandes de couleur foncée. Le PASAN DE BUFFON. Ant. Oryx , Palh (Bulïôn, Suppl., t. VI, pl. 17). — Cor¬ nes rondes , de deux fois la longueur de la tête , plus petite dans les femelles , pres¬ que droites , annelées au tiers inférieur. Queue moyenne , couverte de longs poils. Plus grand que le Cerf. Pelage gris-bleu⬠tre en dessus, et blanc en dessous; une ligne brune sur les flancs; sur l’épine , une bande noire formée de poils dirigés vers la nuque. Tête blanche , avec une ligne d’un brun noir allant de chaque côté de la corne à la bouche et passant sur l’œil. Le haut du front et une bande traversant le chanfrein. On trouve cette Antilope au nord du Cap et dans l’intérieur de l’Afrique , où elle vit par paires. Ses longs sabots lui permettent de grimper sur les rochers ; aussi on assure qu’elle fréquente de préférence les contrées montagneuses. Elle est très courageuse et combat souvent avec succès contre les Car¬ nassiers qui l’attaquent. Ses cornes, très du¬ res , servent d’armes aux habitants des con¬ trées qu’elle habite. Comme nourriture , elle passe pour la meilleure des xlntilopes. Cet animal, comme on voit, se rapproche du Tchiru et pourrait être placé presque aus¬ si bien dans le sous-genre précédent que dans celui-ci ; ses cornes, quoique dites droi¬ tes , ayant une très légère double inflexion. L’ANTILOPE BEISA, Ruppel (Faune de V Abyssinie, Mamm. , p\. 5), semblable, 59” T, I. 618 A NT par la taille et par les cornes , à l’Oryx. Le col et la partie supérieure du corps de couleur isabelle. Le front et le chanfrein marqués d’une bande brun-roux , plus étroi¬ te entre les yeux. De chaque côté de la tête, deux bandes de la même couleur : l’une sur l’œil et la joue, l’autre formant collier à la naissance du col. Une bande sur les flancs , des bracelets au dessus des genoux; une ligne brun-foncé sur les canons anté¬ rieurs, le bout de la queue de même cou¬ leur. De la province de Dongola. L’ALGAZEL , Ant. leucoryx , Licht. (Acad, de Berlin, 182-4, pl. 1 ). — Cornes grêles , annelées dans leur moitié inférieu¬ re , légèrement courbées en arc de cercle , de deux fois la longueur de la tête. De la taille d’un petit Ane. Pelage blanchâtre, teinté de fauve clair sur le dos et les flancs. Le col et le poitrail fauve plus foncé. Des taches sur la tête , distribuées comme dans l’Oryx, mais de couleur moins intense. Point de mufle. De petits larmiers ; des po¬ ches aux aines ; des brosses aux genoux. Deux mamelles. De l’Afrique septentrio¬ nale, depuis la Nubie jusqu’au Sénégal. D’a¬ près M. Lichtenstein , cette esp. est proba¬ blement l’Oryx des anciens : car celui - ci, ne vivant que dans le midi de l’Afrique , n’a vraisemblablement pas été connu dans l’antiquité. Quoi qu’il en soit , comme TA1- gazel est souvent représenté sur les monu¬ ments d’Éygpte, de profil et avec une seule corne , la seconde étant comprise dans le même plan, on pense que ce sont ces figu¬ res mal interprétées qui ont donné lieu à la fable de la Licorne. L’ANTILOPE BLEUE, Ant. leucophœa, Gm. ; vulgairement Chèvre bleue ( Buff., Suppl. VI, pl. 20, sous le nom de Tseïran ), de la taille d’un grand Cerf, à cornes gros¬ ses , recourbées uniformément , portant une trentaine d’anneaux qui vont en grossissant, et en s’écartant davantage de la base au sommet, d’une fois et demie la longueur de la tête. Pelage d’un gris cendré , bleuâtre , excepté le ventre, la face interne des mem¬ bres et le bout de la queue, qui sont blancs. Une mèche de poils blancs plus longs que les autres en avant de l’œil , à la place des larmiers. Le devant des canons presque noir. Poils de la ligne dorsale récurrents. Du Cap , où elle vit par paires ou par pe- ANT tites troupes de cinq à six individus , au pied des montagnes. La femelle a les cornes plus petites , et en manque même quelque¬ fois (1). L’ANTILOPE CHEVALINE ou OS ANNE, Ant. equina, Geoff. and Smith ( Jllustr . oj tlie zool. of south Africa , pl. 27 ), de la grandeur d’un petit Cheval. Cornes arquées en arrière, ridées à leur base, marquées de vingt-cinq à trente anneaux , d’une fois et demie la longueur de la tête. Une crinière sur le cou ; poils plus longs sous le cou. Pelage gris-blanchâtre. Les épaules , le dos, la croupe et la face extérieure des membres , nuagés d’orange. Tête brune, avec le chan¬ frein blanchâtre. Une mèche de grands poils blancs au devant de chaque œil. De l’Afri¬ que méridionale , et peut-être même du Sénégal. L’ANTILOPE NOIRE , Aigocerus niger , Harris (Trans. de la Soc. zool. de Londres , t. II, pl. 59). — Cornes de deux fois la lon¬ gueur de la tête, annelées dans les deux tiers inférieurs. Animal de la grandeur du Cerf. Une crinière depuis la tête jusqu’à la croupe , récurrente sur le col ; une autre sous le cou. Couleur générale d’un beau noir. Une bande blanche s’étendant depuis les sourcils jusqu’aux naseaux. Le dessous de la mâchoire inférieure , le ventre et l’in¬ férieur des cuisses , blancs ; l’intérieur des jambes brun -fauve. Des hautes montagnes de l’intérieur du Cap. Vit par petites trou¬ pes. Les cornes de la femelle plus grêles que celles du mâle. Nous pensons que cet animal pourrait bien être l’Antilope chevaline en pelage d’été. Le CAMBING OUTANG ou CA >1 BT A N , Ant. Sumatrensis, Desm. (Fr. Cuv., Mam., et Marsden, 2e éd., pl. 10), de la taille d’u¬ ne grande Chèvre. Cornes moins longues que la tête , annelées dans les deux tiers de leur longueur. Pelage noir. Une crinière blanche, couchée sur le col et le garrot. Oreilles et queue de longueur moyenne. (1) A cette occasion , nous remarquerons qu'il est impossible de prendre pour caractères de sous-genres la présence ou l'absence des cornes dans les femelles; quelques unes en étant privées dans les espèces où celles-ci en portent , et d’au¬ tres en étant pourvues dans les espèces où elles n’en ont point. AJNT 619 ANT Des larmiers , un mufle. — Cette esp. , qui a les allures des Chèvres , habite les monta gnes boisées de Sumatra. Marsden assure qu’elle est d’un caractère sauvage , extrê¬ mement agile ; qu’elle a le pied d’une gran¬ de sûreté, et que ses habitudes ressemblent tout à fait à celles du Bouquetin. Le GORAL , Ant. goral , Hardwick ( Trans. Lin. , t. XIV , pl. 110 ) , et Fréd Cuv., sous le nom de Bouquetin du Né- paul. — Cornes courtes , noires , annelées à leur tiers inférieur. De la taille de la Co¬ rinne. Brun - marron , teinté de noir sur le chanfrein , sur le col et sur le dos , jusqu’à l’extrémité de la queue , et en avant de l’é paule. Le ventre et la face interne des mem¬ bres fauve -clair ; le dessous de la mâchoi¬ re inférieure , la gorge et l’intérieur des oreilles , sont blancs. L’ANT. THAR , Hodgs. — Espèce inter¬ médiaire entre le Cambtan et le Goral , et qui vient aussi du Népaul. Est un peu plus grande. Nous plaçons à la fin de ce sous-genre un animal qui pourrait, aussi bien que le Tchi ru, entrer dans le sous -genre précédent, ou même faire un sous - genre à part , les cornes étant implantées tout à fait sur l’orbite , et la distribution des couleurs étant à peu près celle des Gazelles ; c’est : Le CHAMOIS ou ISARD, Ant. rnpica- pra (BulTon, t. XII, pl. 16;Schr., 269; Fréd. Cuv., Mamm., in-fol., t. IV), à cor¬ nes de 12 à 13 centimètres de long , et de 2 à 3 d’épaisseur à leur base , marquées de stries longitudinales et d’anneaux transver¬ saux peu apparents , dirigées d’abord verti¬ calement , puis subitement recourbées en arrière en forme de crochets ; à pelage fau¬ ve dans la belle saison et d’un brun vineux en hiver, est le seul animal de l’Europe oc¬ cidentale qu’offre le genre Antilope ; enco¬ re, par l’absence des larmiers, par des jam bes plus courtes , et par un corps plus gros que dans les vraies Gazelles , se rapproche- t-il tellement des Chèvres et des Bouque¬ tins , que Buffon n’a considéré ces trois espèces que comme des variétés constan¬ tes. Son poil est plus court en été qu’en hiver, et , dans cette dernière saison , sous les longs poils ordinaires se trouve un poil laineux très abondant ; en tout temps une bande brune ou noire naît de chaque | côté au coin de la bouche , et vient finir en embrassant l’œil à la base des cornes. La queue est noire , le tour de l’anus , les fesses et l’intérieur des oreilles sont blancs. Derrière chaque oreille existe une petite poche contournée en spirale , que l’on trouve toujours vide, circonstance qui , mal indiquée , paraît avoir fait croire aux an¬ ciens que les Chèvres respirent par les oreil¬ les. Cet animal est d’une grande agilité et se tient en petites troupes dans les régions moyennes des montagnes. On le voit fran¬ chir les précipices , bondir de rocher en rocher et s’arrêter tout court sur la pointe d’un roc offrant à peine l’espace suffisant pour y placer ses pieds rapprochés les uns des autres. Ses sens sont très déli¬ cats ; il entend et voit de très loin. Sa voix ordinaire est un bêlement sourd ; mais lors¬ qu’il est effrayé par quelque danger, surtout lorsqu’il est averti par son odorat ou par son ouïe de la présence d’un homme qu’il ne voit point, il fait retentir les montagnes d’un sifflement aigu rendu par les narines. Il se nourrit de fleurs , de bourgeons tendres et des herbes les plus aromatiques , ce qui sans doute a fait croire à la vertu curative cfe son sang dans quelques maladies, et surtout dans la pleurésie. Il s’accouple en automne; le temps de la gestation est de six mois , et les petits naissent couverts de poils et les yeux ouverts. La chasse du Chamois est l’une des plus pénibles et des plus dangereuses , le chasseur étant obligé de le suivre sur les bords des précipices , au risque d’y tomber, comme il arrive quelquefois , lorsque , ne trouvant plus de moyen d’échapper, cet ani¬ mal se jette sur lui avec violence. Sa chair est bonne à manger, et son suif est d’une qualité supérieure à celui de la Chèvre; sa peau est ferme et souple , et on l’employait )eaucoup autrefois pour les vêtements. Le Chamois se trouve dans les Pyrénées , les Alpes, les montagnes de la Grèce et les îles de l’Archipel ; mais partout il devient de plus en plus rare. 3° Le sous-genre ADDAX. — Cornes con¬ tournées en spirale, implantées à l’angle 30stérieur ou même tout à fait en arrière de l’orbite. Ce sous-genre doit suivre immédiatement e précédent, et pourrait même lui être ré¬ uni, les cornes des Chèvres ayant une ten- I 620 ANT dance manifeste à prendre une courbure pareille dans quelques espèces. Le COUDOUS , Ant. strepsiceros , Fait. ( Condoma de Buff. , Suppl . , t. ÏY, pl. 15; Schreb. , 267). — Cornes de deux fois la longueur de la tête, demi-transparentes, à triple courbure spirale , avec une arête lon¬ gitudinale ; lisses à leur moitié supérieure , portant environ vingt demi- anneaux peu saillants à leur moitié inférieure. Une cri¬ nière brune sur et sous le cou. Un mufle. Les oreilles larges et pendantes. De la taille du Cerf commun. Gris-brun, avec plusieurs raies transversales blanches sur le corps. Une raie blanche allant de l’un à l’autre œil, en décrivant une courbe, dont le som¬ met est presque au milieu du chanfrein. Vit par familles de cinq ou six individus dans les parties boisées de la Cafrerie et sur les bords des rivières, qu’il traverse à la nage lorsqu’il est poursuivi. On ne le trou¬ ve jamais dans les plaines découvertes ni dans les montagnes. ïl est extrêmement rapide à la course , et saute avec tant d’a¬ gilité , qu’on l’a vu franchir un obstacle de 5 mètres de hauteur. Les mâles montrent beaucoup de courage lorsqu’ils sont poussés à bout. Pris jeunes , ils s’apprivoisent aisé¬ ment , et ne cherchent jamais à recouvrer leur liberté. L’ADDAX, Licht. ( Sangeth ., pl. 2) ; Ehr. (Symb. phys., t. I, pl. 4); Cretzsch. ( Atlas de Ilupp. , pl. 7); Fr. Cuvier ( Mamm. ) ; Ant. suturosci, Otto. — Cornes noires dans les deux sexes, plus petites que celles du Coudous, aplaties , sans arête sensible, à anneaux complets jusqu’aux trois quarts de leur longueur , à triple courbure spirale. De la taille du Daim. Tête et cou brun- clair ; dos jaunâtre ; le reste blanc. Le front brun-chocolat ou noir , entouré de blanc , qui descend sur la joue, au devant de l’œil. Une petite crinière sur et sous le cou, de couleur brunâtre. Le bout de la queue brun. En hiver, le dos et le cou sont de couleur plus foncée. La peau du cou , surtout dans le mâle , formant une sorte de fanon. Des déserts de la Nubie. L’ANTILOPE EURYCERUS , Ogilby. — Cornes à double spirale , avec une arête saillante à leur face postérieure ; à extrémi¬ tés couleur d’ivoire. De la grandeur du Coudous. ANT Le CANNA ou ÎMPOO&O , Ant. oreas , Pall. ( Élan du Cap des Hollandais , BuST., Supp., t. VI , pi. 12 ; Schr., pl. 256).— Cor¬ nes longues , coniques , dirigées en arrière , divergentes dans leurs deux tiers inférieurs, et parallèles dans leur tiers supérieur , ayant une forte arête spirale vers leur base. Point de larmiers. Un garrot saillant. Une crinière depuis le chanfrein jusqu’au sommet de la tête. Un fanon garni de longs poils, sem¬ blable à celui du bœuf. Une loupe sous la gorge. Queue médiocre, terminée par un flocon de crins noirs. Couleur générale fau¬ ve-grisâtre , avec une raie noire sur le dos. Habite , en troupes assez nombreuses , une grande partie du centre de la colonie du Cap. Il fréquente de préférence les plaines où croissent des mimosas. Les habitants en estiment la graisse. C’est la plus grande esp. d’ Antilope , quoiqu’elle soit basse sur jambes. Elle atteint à la hauteur des plus forts Chevaux. L’ANTILOPE DES INDES , Ant. cervi- capra , Pall. (Buff., t. XII, pl. 55 et 56; Schr., 268). — Cornes noires, à triples courbures, tordues en spirale, à anneaux nombreux. Dessus du corps brun -fauve, dessous blanchâtre. Nez , lèvres , tour des yeux et dessous de la queue , blancs. Mu¬ seau un peu renflé. De grands larmiers ; des brosses aux genoux. De la taille d’un pe¬ tit Daim. La femelle ne porte point de cor¬ nes , et acquiert , à l’âge de six ans , une bande blanche de chaque côté de l’épine ; elle porte neuf mois , et ne fait qu’un pe¬ tit. Les Fakirs indiens font avec leurs cor¬ nes, en les joignant par leurs bases, une arme qu’ils portent à leur ceinture en guise d’épée ou de poignard. Ces animaux sont si rapides à la course , que les Chiens ne peuvent les atteindre , à moins qu’ils ne soient surpris dans une em¬ buscade. On assure qu’ils peuvent sauter à la hauteur de 4 mèt. , et qu’ils franchissent d’un bond un espace de 12. Ils habitent les plaines ouvertes de l’Inde , évitant les fo¬ rêts , et se tenant toujours dans les lieux d’où l’on peut voir au loin dans toutes les directions. Ils vivent en familles composées de dix jusqu’à soixante femelles pour un mâle adulte. Lorsqu’ils paissent ou qu’ils ruminent, ils détachent de tous côtés les j jeunes mâles à une distance de 2 à 506 mè- AN T AN T très, et les chargent de veiller à la sûreté commune. Ceux-ci examinent attentive¬ ment les buissons et les touffes d’herbes qui leur paraissent suspects , et , à la pre¬ mière alarme , tout le troupeau prend la fuite , en suivant pas à pas le vieux mâle. Le GUIB, Ant. scripta (Buff., t. XII, pi. 40). — Cornes triangulaires , contournées par des arêtes spirales , dans le mâle seule¬ ment. Pelage fauve - marron , marqué de li¬ gnes sur les flancs , et , sur les cuisses , de taches de couleur blanche. Le front et le chanfrein noirâtres. Faces antérieure de la cuisse et interne des canons blanches. Un petit mufle. Point de larmiers. — Cette belle espèce vit par troupes dans les plaines et les bois de la côte ouest de l’Afrique ; el¬ le a été rapportée pour la première fois du Sénégal en Europe par Adanson. Le B08H-B0CK , Ant. sylvatica , Spar- mann et Gm. ( Buff., Suppl., t. VI, pl. 25 ; Schr. , pl. 257 B), qui se trouve au cap de Bonne - Espérance , pourrait bien n’être qu’une variété du Guib, à couleur plus fon¬ cée, et à taches et raies blanches moins nombreuses , la distribution des couleurs et la forme des cornes étant les mêmes dans les deux esp. Quoi qu’il en soit , le Bosh- Bock habite les forêts , dont il ne sort que pendant les beaux clairs de lune et le matin pour paître sur ses bords, ou pour faire quelques incursions dans les jardins ou les champs cultivés du voisinage. Sa voix res¬ semble tellement à celle du Chien , que , trompés par elle , les voyageurs s’enfoncent quelquefois dans les endroits les plus recu¬ lés, croyant toujours, en suivant cette voix, arriver à quelque habitation. L’ANTILOPE OGILBY, Waterh., n’est probablement aussi qu’un Bosh-Bock. Le Canna , que nous avons placé dans ce sous-genre , à l’exemple de Cuvier , se rapproche beaucoup des Bubales par son port , et presque par l’implantation de ses cornes, et l’Antilope des Indes est si voisine des Gazelles , que plusieurs naturalistes ont fait un sous-genre de cette espèce, et de quelques unes de celles de notre sous-genre Dorcas. 4° Le sous-genre NAGOR. — Cornes di¬ vergentes , plus ou moins recourbées en avant, implantées à l’angle postérieur des orbites. 621 Le NAGOR, Ant. redunca (Buff., t. XI ü, pl. 46; Schr. , pl. 265). — Cornes du mâle rondes , de la longueur de la tête , courbées en arc , la pointe en avant. Oreilles lon¬ gues. Pelage gris-brun , plus clair en des¬ sous. Intérieur des canons brun. Bout du nez noir. Queue moyenne , touffue. De la grandeur du Daim. Le RITBOCR, Ant. eleotragus (Schreb., Tab. 266). — Cornes du mâle assez peti¬ tes, noires, légèrement courbées en avant, avec dix anneaux obliques sur leur premiè¬ re moitié. Dessus du corps gris-cendré ; gorge, ventre et fesses, blancs. Oreilles très longues. Des pores inguinaux. Quatre mamelles. De la taille du Daim. De la Ca- frerie , à une assez grande distance du Cap. Us se tiennent en petites troupes parmi les roseaux et les joncs au bord des fontaines, et dans les bois voisins des rivières. L’ANT. LALANDII , Desm. — Cornes de la moitié de la longueur de la tête, annelées à leur base , et fortement striées en long , peu divergentes. Oreilles plus longues que les cornes. Poils récurrents depuis le milieu du dos. Dessus du corps gris-verdâtre; tête jaunâtre ; dessous de la mâchoire , du ven¬ tre , et intérieur des cuisses blanc - roussâ- tre ; bout de la queue blanc. De la grandeur du Chevreuil. Des environs du Cap , où elle vit par paires dans les grands buissons et sur les flancs des montagnes. Elle est difficile à atteindre , étant d’un caract. très farouche. L’ANT. DE FASSA , Rüppel ( Faune de l'Abyssinie , pl. 5). — Cornes un peu plus longues que la tête , penchées d’abord en arrière dans la direction du front, et recour¬ bées en avant vers le tiers supérieur. Dessus du corps brun - rouge pâle , plus foncé sur le chanfrein , le front , le dessus du col et du dos. Noirâtre sous le ventre. Les quatre membres brun -noir. Le bout du museau blanc, et une tache de même couleur sur et autour de l’œil ; l’intérieur des oreilles , un collier qui naît de la base des oreilles, les fesses, une tache aux onglons , et une bor¬ dure au dessus des sabots, également blancs. La queue descend presque jusqu’au jarret , et se termine par une touffe de poils noirs. De la grandeur du Cerf. Vit dans les pâtu¬ rages gras de l’ouest de l’Abyssinie. L’ANT. ELLIPSIPRYMNUS, Ogilby et j Smith ( Illustr . of the zool. of south A fri- 622 AM AM ca, pl. 28 et 29 ). — Cornes une fois et de¬ mie de la longueur de la tête , à vingt an¬ neaux environ , courbées en arc , la pointe en avant; les pointes se rapprochant un peu par les extrémités. Tête courte. Poils longs , raides, séparés en mèches : ceux du dos dirigés en avant ; ceux du cou plus longs et plus hérissés. Couleur générale gris-brun ; ce dernier prédominant sur le dos , la croupe et les canons. Dessus de la tête brune. Bout du museau blanc , sauf l’extrémité du nez, qui est noire. Une tache blanche sur chaque œil. Vers le milieu des fesses , une bande blanche, qui va se rejoin¬ dre sur la croupe à celle du côté opposé, de manière à décrire une ellipse régulière , dont la racine de la queue occupe l’un des foyers , circonstance qui lui a valu le nom (VE Uipsiprymnus. De l’Afrique méridionale , à vingt - cinq journées, au nord , de la rivière Orange. L'ANTILOPE UNCTUOSA, Nob.— Il exi¬ ste aujourd’hui à la ménagerie du Muséum d’histoire naturelle de Paris une Antilope rapportée du Sénégal par M. Malassis , qui ressemble fort à l’espèce précédente ; seule¬ ment , ses cornes sont presque droites , très légèrement infléchies en avant. Du res¬ te , la tête est également courte, le poil long, de couleur brun-jaunâtre ; le bout du museau blanc, et les narines noires. Une tache blanche sous la gorge ; point de bande blanche aux fesses. Pendant l’hiver , cet animal suinte une humeur grasse d’une odeur très désagréable , qui tombe en gouttelettes de chacun de ses poils. Il se roule alors par terre , et, cette huile s’épais¬ sissant , son poil s’agglomère en mèches, qui prennent toutes les directions. Il existe aussi au Cabinet d’anatomie com¬ parée le squelette d’une Antilope envoyée du Sénégal, en 1828, par M. le général Jubelin, sous le nom de Mbill , qui est de la gran¬ deur de la Gazelle , dont les cornes , épais¬ ses à la base , sont d’abord dirigées en ar¬ rière, dans la direction du front, puis re¬ courbées fortement en avant et en dedans , de manière à ne laisser qu’un intervalle de quatre centimètres entre leurs pointes. El¬ les ont huit anneaux à leurs deux tiers infé¬ rieurs, et sont fortement striées longitudi¬ nalement. La structure du crâne montre que celle espèce est pourvue de larmiers. | 5° Le sous -genre OUREBIA. — Cornes courtes , parallèles , droites ou légèrement courbées en avant , implantées à l’angle postérieur des orbites. Quatre mamelles. Le SAUTEUR DES ROCHERS, Klip springer des Hollandais , Ant. oreotragus , Forst. — Cornes du mâle minces, coniques, presque droites , écartées l’une de l’autre. Pelage formé de poils raides , cassants , de couleur gris - verdâtre. Queue très’courte. Tour des yeux noirâtre. Cet animal vit par petites troupes de quatre à cinq individus ; il habite les hautes montagnes voisines du Cap , et saute , comme notre Chamois , de rochers en rochers, avec une vigueur et une précision remarquables. Sa pose sur les rochers, suivant M. Jules Verreaux, est des plus curieuses : ses quatre pieds , rap¬ prochés les uns des autres, ne portent que sur l’extrémité des sabots. Il court mal en plaine. Sa chair est très délicate , et sa peau estimée par les colons pour en faire des garnitures de selles. Sa hauteur à l’épaule est de 34 à 35 centimètres. La femelle est sans cornes. ANTILOPE DE SALT , Ant. saltiana , Blainv. (Ehr., Symb. pkys., t. I, pl. 7). — Cornes triangulaires , couchées dans la di¬ rection du front, portant des anneaux sail¬ lants sur leur moitié inférieure. Les poils du front redressés , formant toupet. Tête rousse. Cou , flancs et cuisses , gris -bleu⬠tre, résultant de poils annelés de blanc- jaunâtre et de gris-ardoisé. Dos brunâtre. Ventre , fesses et intérieur des cuisses , blanc» roussâtre. Des larmiers. Queue cour¬ te. Très petite esp. de l’Abyssinie , où on la nomme Madoka. Le STEEN-BOCÜ , Ant. tragulus , Lichst. — Cornes du mâle de la longueur des deux tiers de la tête , écartées légèrement , cour¬ bées en avant , annelées à leur base. Ani¬ mal léger , haut sur jambes. Corps roux , brun en dessus , blanc en dessous. De gran¬ des oreilles grises , bordées de noir. Sour¬ cils blancs. Du noir au museau , aux aissel¬ les et aux aines. De petits larmiers. Point de brosses. Taille d’une petite Chèvre. Cette espèce fréquente les plaines garnies de buissons élevés, et vit presque toujours seule. Pendant la chaleur du jour , elle se cache derrière un buisson isolé sur une ANT ANT G23 hauteur , afin de pouvoir observer de loin. Lorsqu’on la chasse, elle part h une grande distance. Elle aime beaucoup les jeunes pousses d’herbes, qu’elle va brouter le soir et le matin. Le GRIS-BOCK , Ant. melanotis. — Cor¬ nes du mâle noires, rondes, courbées lé¬ gèrement en avant. Pelage roux , entremêlé de longs poils blancs sur le dos et les cuis¬ ses. Ventre jaunâtre. Queue presque nulle. Oreilles presque de la longueur de la tête , grises , bordées de noir. De petits larmiers. Point de brosses. Taille d’une petite Chè¬ vre. Est peut-être la plus répandue des Antilopes dans toutes les directions de la colonie du Cap. Vit isolée sur le penchant et dans les gorges des montagnes. Elle aime les lieux humides. Lorsqu’elle a adopté une place, elle y revient toujours, de sorte que, pour l’atteindre plus sûrement , il faut se poster h l’endroit d’où elle est partie. Sa chair est assez délicate ; aussi les Panthères en font-elles leur principale nourriture. L’OUREBI , Ant. scoparia ( Shreb., pl. 261 ). — Cornes du mâle à 5 ou 6 anneaux ; espèce plus grande que les deux précé¬ dentes. La tête et le dessus du corps jaune d’ocre tirant sur le fauve. Ventre et inté¬ rieur des cuisses blancs. Oreilles grises , bor¬ dées de brun en dehors, blanches en de¬ dans. Du blanc aux sourcils , au museau et sous la gorge. Queue très courte , brune ; des larmiers, des brosses. Vit dans les plai¬ nes couvertes de quelques petits buissons. Quoique ne vivant pas en familles , on en voit assez souvent plusieurs à peu de dis¬ tance les uns des autres. L’ANTILOPE MONTANA que Riippel a trouvée en Abyssinie est très voisine de la précédente , si elle en diffère. Une particu¬ larité que l’on rencontrera peut-être dans d’autres espèces de cette division est que le jeune mâle porte des canines à sa mâchoire supérieure , comme plusieurs Cerfs et les Muscs. L’ANTILOPE LAINEUSE, Ant, lana- ta , Desm.; Ant. capreolus, Lichst. — Cor¬ nes du mâle rondes , minces, de la longueur de la tête, légèrement courbées en avant, annelées à leur moitié inférieure.Poil laineux, frisé, gris -roussâtre en dessus, blanc en dessous. Bout des lèvres blanc. Du non- après le blanc à la mâchoire inférieure et au bout du nez. Queue moyenne , velue , grise en dessus , blanche en dessous. Point de larmiers ni de brosses. De la grandeur du Daim. Du Cap. 6° Le sous - genre GRIMMIA, Cephalo - phus de Iiam. Smith. — Petites cornes droi¬ tes ou peu courbées, naissant loin des orbi¬ tes au milieu du front. Lg GRIMME , Ant. grimmia , Pall. ( Spec . zool., fas. I, pl. 5); Fréd. Cuv. ( Mamm .). Cornes très courtes , coniques , droites, à an¬ neaux gris-fauve. Chanfrein et ligne dorsale noirâtres. Queue noire au bout. Membres gris. Un mufle assez grand ; une tache noi¬ re, sans q)oils, entre les yeux et le mufle, sécrétant une humeur inodore. Petite espè¬ ce de la côte de Guinée , dont le train de devant a environ 43 centimètres de hauteur. Les poils du front au devant des eornes se relevant en toupet. Quatre mamelles. Le GUE V El , Ant. pigmœa , Pall. ( Sch pl. 260, B). — Cornes petites, coniques, dirigées en arrière. Brun-clair cendré en dessus, blanchâtre en dessous ; une ligne pâle de chaque côté du front , qui est noi¬ râtre. Queue blanche en dessous. Une ligne muqueuse sous-orbitaire. Poils du front en toupet. Cette espèce n’a que 26 à 27 centi¬ mètres de hauteur au train de devant. On la trouve dans les environs du Cap. Malgré sa petite taille, on assure qu’elle peut faiie des sauts de 4 mètres de haut. L’ANTILOPE DE FRÉDÉRIC, Ant. Fre- derici , Nob. (Fréd. Cuv. , Mamm., sous le nom de Guevei. — Animal de la grandeur du précédent , à cornes d’un tiers de la longueur de la tête , grosses en bas , coni¬ ques , recourbées en avant. Une ligne mu¬ queuse sous-orbitaire. Couleur générale brun-fauve ; à la partie supérieure de la tête et le long du museau , la teinte est brun foncé , et elle est séparée des côtés de la tê¬ te par une ligne blanche qui en suit les con¬ tours. La face interne des oreilles est blan¬ che. Quatre mamelles. Du Sénégal. Une jeune femelle de ce joli petit animal a été décrite et figurée par M. Fréd. Cuvier, dans son ouvrage sur les Mammifères, sous le nom de Guevei , en observant qu’elle dif¬ férait notablement du Guevei du Cap. Deux individus adultes , mâle et femelle, envoyés depuis au Muséum , ont montré qu’en effet c’était une espèce autre que le Guevei. 624 ANT F Nous lui donnons le prénom de M. Frédéric Cuvier, afin que Ton sache bien que c’est à lui , et non à son frère , que cette espèce est dédiée. L’ANTILOPE DES BUISSONS, Ant. sylvicultrix , Afzel. ( Ham. Schtn., Reg. anim ., t. IV, p. 258 , avec figurés ). — Cor¬ nes courtes , petites , couchées dans la di¬ rection du front, striées en travers près de la base. Deux mamelles. Un peu plus gran¬ de que le Chevreuil ; de couleur brun fon¬ cé ; plus pâle sur le cou et les flancs ; gris⬠tre sur la croupe et les cuisses ; jaunâtre à la gorge. Une ligne isabeîle le long de l’é¬ pine , s’élargissant sur les reins , où les poils sont plus longs. Habite les penchants couverts de buissons des montagnes de Sierra-Leone. Sa chair est estimée. L’ANTILOPE PLONGEANTE , Duiker- Bock dos Hollandais ( Ant. mergens , Al.). — Cornes de moitié de la longueur de la tête , assez grosses , annelées à leur base dans le mâle seulement. Brun-fauve clair. Une ligne noire à la face antérieure des membres. Un petit mufle. Un sillon sous- orbitaire sans poils , sécrétant une humeur visqueuse qui noircit en se durcissant. Cette espèce habite presque tous les cantons de la colonie du Cap , et fréquente les plaines couvertes de buissons. Il n’est pas rare de rencontrer des femelles avec des cornes ; celles-ci sont plus minces que dans le m⬠le. Son nom lui vient de la manière dont elle se précipite dans les buissons quand on la poursuit. De la taille d’une petite Chèvre. Nous mettons à la fin de ce sous-genre une espèce qui a deux paires de cornes placées au devant l’une de l’autre , les postérieures étant situées , presque comme dans les espèces précédentes , vers le milieu du front. Le TCHICARRA , Ant. quadricornis , Blainv.; Ant. chicarra , îiardw. ( Trans- act. de Linn. , t. XIV, pl. 25 ), et Fréd. Cuvier ( Mamm. ). — Animal de la taille d’une petite Chèvre. Les cornes postérieures, plus longues que les antérieures , sont an¬ nelées à leur base , légèrement courbées en avant. Les antérieures, plus rapprochées l’une de l’autre , naissent entre les yeux , et n’ont pas au delà de 2 centimètres de hauteur. Les oreilles sont grandes, les larmiers mé- | VNT diocres , la queue courte. Le pelage , for¬ mé de poils assez épais et assez longs , est entièrement d’un fauve uniforme. Du Né- paul. 7° Le sous-genre BUBALUS. — Cornes grandes , implantées loin des yeux , vers le milieu du front , comme chez les Buffles. Le BUBALE , Ant. bubalis , Linn. , vul¬ gairement Vache de Barbarie ( Buffon , Snpp., t. VI, pl. 14; Schr., 277, B). —Cor¬ nes grosses, dont la racine est dans le pro¬ longement du front , se touchant presque à la base, s’écartant plus haut latéralement, puis se rapprochant pour se courber ensuite de manière à porter la pointe en arrière. De la taille d’un petit bœuf. Tête longue et étroite , terminée par un demi-mufle. Pela¬ ge fauve , excepté le bout de la queue , qui est terminé par un flocon noir. Cet animal, bien connu des anciens , est représenté sur les monuments égyptiens. Il vit par troupes nombreuses dans tout le nord de l’Afrique, entre les terres cultivées et les déserts , et combat à la manière du Taureau , en bais¬ sant la tête. Shaw assure que , fréquem¬ ment, les jeunes Bubales se mêlent aux troupeaux domestiques , et ne les abandon¬ nent plus ; ce qui prouve que cette espèce d’Antilope, comme plusieurs autres, pour¬ rait être rendue domestique. Le CAAMA , Ant. caama, Cuv., vulgai¬ rement Cerf du Cap (Buffon , Supp., t. VI, pl. 15 ; Schr., 277). — Semblable à l’espèce précédente ; mais à courbures des cornes plus anguleuses. Pelage fauve-brun, plus foncé sur le dos ; le tour de la base des cor¬ nes , une bande sur le chanfrein, sur le col et sur la face antérieure des jambes , noirs ou bruns. Bout de la queue noir. Fesse blanchâtre ; le ventre et la face interne des quatre membres blancs. Vit en grandes troupes au Cap , et court avec une si grande rapidité , qu’un Cheval ne peut l’atteindre. Son cri est une sorte d’éternument. Sa chair est très bonne à manger. L’ANTILOPE A CORNES APLATIES, Ant. depressicornis, Quoy et Gaimard [An. des sc.y n° XVII, pl. 20 ; Astrol. zool., 1. 1, pl. 26) ; Anoa depressicornis , Ham. Smith ( loc . cit., pl. 24). — Animal de la grandeur d’une Chèvre , à port lourd , à cornes droi¬ tes, un peu plus longues que la tête, peu divergentes, dirigées tout à fait en arrière ANT ANT 625 dans la direction du front, aplaties intérieu¬ rement à leurs deux tiers inférieurs , de ma¬ nière à former un bord interne, comme chez les Buffles ; la partie aplatie annelée ir¬ régulièrement ; le reste de la corne rond et lisse. Dessus du corps brun-cannelle ; le des¬ sous plus clair. De l’île Célèbes , où elle est appelée Vache des bois. Le GNOU, Ant. gnu, Gm. (Buff., Supp., t. VI , pl. 8 et 9 ) ; Schr., 280 ; Fréd. Cuv. (Vf amm.). — A cornes élargies et rapprochées à leur base comme celles du Buffle du Cap , descendant d’abord obliquement en devant et se redressant ensuite brusquement ; à mufle large , aplati , entouré d’un cercle de poils. Sur le chanfrein , une touffe de poils longs, raides, dirigés vers le front. Une crinière redressée sur le cou , blanche à sa base, et non au bout. Une barbe, un fanon, avec crinière ; le reste du corps semblable à celui d’un petit cheval à jambes fines. La queue garnie de longs poils blancs. Pelage brun. Les deux sexes ont des cornes. Les Gnous vivent dans les montagnes , au nord du Cap , en troupes nombreuses. Ils sont sauvages, et se laissent difficilement appro¬ cher. Lorsqu’ils sont blessés , ils se retour¬ nent contre le chasseur , et le poursuivent tant qu’il leur reste assez de force pour se soutenir. Au commencement de leur frayeur, ils frappent du pied comme un Cheval ré¬ tif, et vont heurter leur tête contre les taupinières ou autres petites saillies du ter¬ rain ; mais, bientôt après, ils prennent la fuite avec une si grande vitesse , qu’en un instant ils sont hors de danger. Us ne courent pas confusément comme les Mou¬ tons ou les Bœufs , mais sur une seule file , en suivant un conducteur. C’est un beau spectacle que d’en voir ainsi un grand nom¬ bre voler, pour ainsi dire, à la suite l’un de l’autre à travers les plaines. On dit qu’à certaines saisons de l’année , ils sont sujets à une éruption cutanée , qui est toujours mortelle. Le Gnou paraît avoir été connu des an¬ ciens . qui le nommaient Catoblepas , ani¬ mal , dit Pline , qui tient toujours sa tête penchée vers la terre , afin de ne point dé¬ truire la race humaine , car tous ceux qui voient ses yeux expirent aussitôt. Le fait de la tête penchée vers la terre est vrai jusqu’à un certain point : car le Gnou, comme tous les ruminants dont les cornes sont dirigées en arrière , met , pour combat¬ tre, la tête entre les jambes, afin de pré¬ senter à l’ennemi la pointe de ses cornes. LeGORGON, Ant. gorgon, Ham. Smith. — Cornes semblables , par la courbure , à celles du Gnou, mais dirigées latéralement, en sorte que les pointes se rapprochent l’une de l’autre, presque comme dans le Buffle du Cap. Un large mufle. De longs poils sur le nez , non redressés. Une barbe noire , qui s’étend jusqu’au milieu du cou. Une crinière de la même couleur jusqu’au milieu du dos. Queue longue , descendant jusqu’aux onglons; garnie, à sa moitié in¬ férieure , de longs poils qui l’entourent complètement, et , à sa moitié supérieure , de chaque côté seulement. De couleur gris- brun , avec des taches transversales noires , dans le genre de celles du Zèbre, mais moins régulières. Un peu plus grand que le Gnou. Le KOKOON , Ant. taurina, Burchell , est une esp. fort voisine de la précédente , et peut être l’une n’est -elle qu’une variété de l’autre. De la grandeur du Gnou , et du même pays. Après ce sous - genre , qui se rapproche des Bœufs , nous terminons par un autre , qui a , par ses cornes bifurquées, beaucoup d’analogie avec les Cerfs, et auquel nous appliquons le nom que notre première es¬ pèce porte dans la langue sanscrite , selon M. Hamilton Smith. Outre ses cornes , qui font évidemment passage aux cornes bifur¬ quées , cette même espèce a tellement le port d’un Cerf , que le mâle vivant aujour¬ d’hui à la Ménagerie est pris par tout le monde pour un grand Cerf dont les cornes commencent à pousser. C’est : 8° Le sous-genre RISIA. — Cornes plus ou moins bifurquées , implantées à l’angle postérieur des orbites. Le NYLGAU , Ant. picta et Trago-ca- melus, Gm. (Buffon, Supp., t. VI, pl. 10 et 11 ; Schr. 262 ). — Cornes du mâle très courtes , un peu recourbées en avant , ayant un prolongement triangulaire et tubercu¬ leux à leur base , que l’on peut considérer comme un rudiment d’andouiller. De la taille du Cerf. Des larmiers. Quatre mamel¬ les. Un flocon de poils sous le milieu du 40 T. I. ANT ANT 026 cou. Une crinière sur le cou et le milieu du dos. Le pelage gris-cendré dans le mâle; gris-fauve dans la femelle. De doubles an¬ neaux noirs et blancs aux pieds , au dessus des sabots. Bords de la lèvre supérieure , mâchoire inférieure , gorge , bas - ventre , fesses et dessous de la queue, blancs. Queue longue, terminée par de grands poils. Le Nylgau habite le bassin de l’Indus et les montagnes du Cachemire , et se tient dans les forêts les plus épaisses , d’où il fait des excursions le matin , et même pendant la nuit, sur les champs du voisinage. C’est un animal d’un caractère indomptable et d’un grand courage. Lorsqu’il veut atta¬ quer son ennemi , il se jette sur ses genoux, et s’avance , dans cette position , jusqu’à une certaine distance ; puis , se redressant , il s’élance en avant avec la rapidité d’une flèche , et avec une force irrésistible pour l’homme et pour les animaux qui cherchent à en faire leur proie. L’ANTILOPE A FOURCHE , Ant. fur - cifer et bifurcata , Ham. Smith ( t. IV , pi. 1 des Ânt. ). — Cornes de la longueur de la tête , rugueuses , recourbées en arriè¬ re comme celles du Chamois , mais por¬ tant, au commencement de cette courbure, un andouiller comprimé , projeté en avant. Animal de l’aspect du Chamois , quoiqu’un peu plus grand et plus élégant. Oreilles moyennes. Pelage brun-rouge en dessus , plus pâle sur les flancs , les lèvres , le men¬ ton. Deux taches sous la gorge ; une sur le sommet de la tête et une au bas de chaque oreille. La poitrine et le ventre blanc-jau¬ nâtre ; la croupe et la queue d’un blanc pur. Une touffe de poils rougeâtres au chi¬ gnon. Cette esp. habite les plaines des bords du Missouri , aux Etats-Unis. L’ANTILOPE PALMÉE , Ant. palmata , Ham. Smith ( t. IV). — Cornes de la lon¬ gueur de la tête , à pointes recourbées en arrière, et portant tout auprès de la base un andouiller plat , triangulaire , dirigé en dedans. Cette espèce , que l’on ne connaît que par les cornes , habite le Mexique. On a voulu considérer, mais à tort, ces animaux comme les Mazames d’Hernandez. (Laurillard.) ANTILOPE, mamm. foss. — Les brèches osseuses ont offert à Cuvier , les Aluns de la Touraine à M. Desnoyers, et les cavernes du département de l’Aude à M. Marcel de Serres, des ossements de Ru¬ minants qui peuvent avoir appartenu à quelques esp. d’ Antilopes. M. l’abbé Croi- zet , dans les terrains tertiaires de l’Auver¬ gne, et M. Lartet, dans ceux du départe¬ ment du Gers , en ont signalé chacun deux espèces. Tout nouvellement , M. Lund an¬ nonce en avoir trouvé une dans les caver¬ nes du Brésil. Mais , jusqu’ici, tous ces os¬ sements n’ont point été décrits avec assez de détails pour qu’il soit possible de les rap¬ porter d’une manière certaine au g. Anti¬ lope , et moins encore pour que l’on puisse les rapprocher ou les éloigner des espèces vivantes. On peut en dire autant du Siva- therium giganteum ( Voy . ce mot) , décou¬ vert dans la chaîne basse de l’Himalaya par M. Hugh Falconer et le capitaine Caut- ley , animal d’une taille voisine de celle de l’Eléphant , qui portait quatre cornes com¬ me l’Antilope quadricornis , et que M. de Blainville regarde comme une Antilope, tandis que M. Geoffroy Saint-Hilaire le con¬ sidère comme une esp. de Girafe. Nous terminons ici ce que nous avions à dire sur les Antilopes vivantes et fossiles, non pas que nous ayions enregistré toutes les espèces des premières mentionnées dans les auteurs. Il nous aurait fallu pour cela un temps plus long que celui qui nous a été accordé ; d’ailleurs , la plupart de celles que nous avons négligées ne nous parais¬ sent point encore assez caractérisées. (Laurillard.) ’ANTIMAQLE.i ntima c hus (n o m d ’ un poëte grec), ins. — Genre de Coléoptères hé- téromères, de la famille des Mélasomes, tri¬ bu des Ténébrionites , établi par M. Gistl (Isis, 1829, cah. 10, p. 1055). Ce g., suivant l’auteur , est voisin des Upis , et a pour ca- ract. : Tête oblongue , arrondie; front sur¬ monté d’une corne droite , un peu recour¬ bée vers le bout. Antennes presque filifor¬ mes à art. coniques : le 1er le plus long , le dernier ovale. Corselet transverse , sinué et échancré antérieurement, avec deux épines de chaque côté. Elytres allongées, courbées à l’extrémité. — L’auteur n’y rapporte qu’une seule espèce , recueillie au Brésil , et qu’il nomme A. furcifer. Elle est figurée dans le journal précité. (D.) ANTIMOINE (contraire aux moines. AM AM parce que les premiers essais de l’Antimoi¬ ne, comme médicament, eurent lieu sui¬ des moines, qu’ils firent périr), min. — Ce métal s’oflïe dans la nature sous divers états : 1° à l’état libre (Antimoine natif); 2° à l’état de mélange avec l’arsenic , un de ses isomorphes ( Antimoine arsénifère ) ; 3° à l’état d’Antimoine métallique (Antimo- niures d’argent, de Nickel); 4° à l’état de sulfure simple ou multiple (Stibine, Feder- erz , Zinkénite, Plagionite, Jamesonite, Berthiérite, Bournonite, Fahlerz, Argyry- throse, Psathurose, Miargyrite, Polybasite, Schilfglaserz, etc.) ; 5° à l’état d’oxyde (acide antimonieux, oxyde antimonique) ; 6° à l’é¬ tat d’oxysulfure (Kermès). Nous renvoyons au mot sulfure la description des nombreu¬ ses combinaisons sulfurées dont nous ve¬ nons de faire l’énumération, nous contentant de parler ici des trois genres Antimoine, Antimoniure et Antimonoxide, auxquels on restreint d’ordinaire le groupe des Antimo- nides, dans les méthodes minéralogiques les plus récentes. Premier genre. Antimoine. — Il com¬ prend deux espèces : l’Antimoine natif et l’Antimoine arsénical. L’Antimoine natif est facile à reconnaître à son blanc d’étain, à sa grande fragilité et sa faible dureté , à son tissu éminemment lamelleux, aux vapeurs blanches qu’il répand lorsqu’on le brûle, et au dépôt blanchâtre qu’il produit lorsqu’on le dissout dans l’aci¬ de nitrique. Sa forme cristalline, telle que le donne le clivage , n’est pas l’octaèdre ré¬ gulier, comme on le croit communément, mais bien un rhomboèdre obtus , tronqué sur ses sommets, et passant par là à une forme octaédrique, dont les angles diffèrent de ceux de l’octaèdre régulier. Il a cela de com¬ mun avec l’arsenic, dont il est un des iso¬ morphes. L’angle de deux faces culminantes du rhomboèdre de clivage est de 117°, 13’. Cette espèce est rare dans la nature : on ne l’a encore rencontrée qu’en petites masses lamellaires dans les filons, notamment à Allemont, en Dauphiné. L’Antimoine arsenical n’est qu’un Anti¬ moine arsénifère , c’est-à-dire mêlé d’arsenic dans des proportions variables. On le trouve aussi à Allemont, sous la forme de croûtes ou de petites masses testacées, accompa¬ gnées souvent d’arsenic natif. 6Î7 Deuxième genre. Antimoniure. — Il com¬ prend trois espèces :1a Discrase, l’Antimon- nickel de Hausmann et l’Antimonnickel de Beudant. La Discrase est un Antimoniure d’argent : on le nomme aussi Argent antimonial. C’est un minéral cassant, d’un blanc d’argent, qui se trouve assez rarement dans quelques filons argentifères , et qui , par la quantité d’argent qu’il renferme , peut être considéré comme minerai de ce métal. Nous renver¬ rons pour cette raison ce que nous avons à en dire au mot argent. L’Antimonnickel de Hausmann et de Stro- meyer est un Antimoniure de Nickel , sans arsenic, mêlé de quelques centièmes de sul¬ fure de plomb. Il paraît appartenir au systè¬ me di-hexaédrique , et cristallise en petites tables hexagonales, d’un rouge de cuivre clair, avec une nuance de violet. Il est com¬ posé, d’après l’analyse de Stromeyer, de 68,79 d’Antimoine , et de 31,21 de Nickel, ce que l’on peut exprimer par la formule : SbNi. On le trouve à Andreasberg, dans le Hartz , où il est accompagné de calcaire, de galène et de cobalt arsenical. L’Antimonnickel de Beudant (Nickel anti- monglanz) est un sulfo-antimoniure de Nic¬ kel , à éclat métallique , d’un gris de plomb ou d’acier passant au noir de fer, et cristal¬ lisant dans le système hexa-diédrique , c’est- à-dire dans le système dont les formes déri¬ vent d’un dodécaèdre pentagonal. Dureté 5 ; pes. spéc. 6,5. Il fond au chalumeau, en dé¬ gageant des vapeurs abondantes d’Antimoi¬ ne ; il est attaquable par l’acide nitrique, en donnant un précipité immédiat. Sa solution verdâtre devient violette par un excès d’am¬ moniaque , et précipite en vert par les alca¬ lis fixes. — * Formule de comp. : NiSbSo, ou en poids : Antimoine, 55,76; Soufre, 15,98; Nickel, 27,36. — Cette substance est isomorphe avec la disomose (Nickelglanz), qui est un sulfo-arseniure de Nickel. Les deux espèces sont susceptibles de se mélan¬ ger, et le Nickelspiessglanzerz d’Ullmann ne paraît être qu’une variété mixte de ce genre. On trouve l’Antimonnickel en petites mas¬ ses à structure lamellaire , rarement en cris¬ taux, dans quelques filons cobaltifères du pays de Siegen, et à Ebersdorf, dans la principauté de Reuss. Troisième genre. Antimonoxyde. — Ge 628 A1NT genre renferme deux espèces : l’Exitèle ou Oxyde antimonique, et la Stibiconise ou l’A¬ cide antimonieux. Ces substances, non métal¬ loïdes, sont attaquables par l’acide chlorhy¬ drique ; la solution précipite en blanc par l’eau , en jaune par les hydrosulfates. L’Exitèle, ainsi nommée parce qu’elle est complètement volatile , est un oxyde formé de 2 atomes d’antim. et de 3 atomes d’oxy¬ gène ; on ne l’a encore trouvée qu’en petites lames rectangulaires et groupées, ou en ai¬ guilles rhomboïdales divergentes. C’est une substance blanche, nacrée, cristallisant dans le système rhombique, et isomorphe avec l’arsenic blanc ou acide arsénieux. L’angle obtus du prisme de l’Exitèle ( Weissantimo- nerz des AU. ) est de 136°, 58’. Cette sub¬ stance est excessivement tendre , et fond à la simple flamme d’une bougie. Elle contient 84 parties sur 100 d’ Antimoine. On la trouve en petite, quantité dans quelques dépôts d’argent arsénifère (aux Chalanches en Dau¬ phiné, à Braunsdorf en Saxe , etc.) La Stibiconise est une substance terreuse, d’un blanc ou gris jaunâtre , très tendre , et qu’on trouve en petites couches à la sur¬ face de la Stibine ou Sulfure d’antimoine, dont elle est une épigénie. Il arrive souvent qu’elle conserve la forme des cristaux de ce Sulfure. (Del. *ANTIMONIURE. min. — Petit genre minéralogique , composé des esp. dans les¬ quelles l’Antimoine fait fonction d’élément électro-négatif. Voy. antimoine. (Del.) ANTÏMONNICKEL, min. - Voyez ANTIMOINE. (Del.) ANTIMONOXYDE. min. - Voyez ANTIMOINE. (Del.) ANTI-NOMPAREILLE. moll. - Nom donné par Geoffroy, dans son Traité des Coquilles des environs de Paris, à une coquille qui appartient au g. Maillot de Dra- parnaud, et qui est son Pupa cirenea. Voy. maillot. (Desh.) *ANTINORON , Rafin. bot. pii. — Synon. du g. Atraphaxis , L. , famille des Polygonées. (Sp.) * ANTIOCHALINS. Anthiochalina («vr tos, en face ; , dents), rept. — Muller a donné ce nom à une famille de Reptiles ophidiens comprenant ceux qui ont les dents antérieures venimeuses. (C. L>’0.) ANT ANTIPATE, polyp. — Voyez anti- PATHE. (M. E.) ANTIPATHE ( dvTtizxdi^, contraire ). polyp. — Genre très voisin des Gorgones , mais dont l’axe solide ou tige se dépouille . par la dessiccation, de la partie corticale formée par le tissu tégumentaire commun et par le corps des Polypes. D’après les ob¬ servations de M. Gray, il paraîtrait que ces animaux auraient la même conformation que les Polypes des g. Gorgone, Corail, Al¬ cyon, etc., si ce n’est que leurs tentacules ne seraient qu’au nombre de six. M. Ehren¬ berg place ce g. dans sa division des Bryo¬ zoaires, mais à tort, car il doit évidemment prendre place dans l’ordre des Polypes pa¬ renchymateux , à côté des Gorgones. \M. E.) ANTIPE. Antipus ( «vrt , en avant; frov; , pied ). ins. — Genre de Coléopt. té- tramères, établi par de Géer {Mem., t. TU, p. 659-661) sur un insecte rapporté du cap de Bonne-Espérance , et figuré par lui, pi. 49, fig. 10 et il. Cette espèce, qu’il nomme Antipe roux , doit , suivant Olivier, former un genre distinct , voisin de celui des Gri- bouris ( Cryptocephalus ). M. Duméril la rapporte au g. Clytre , probablement d’après la description qu’en donne l’auteur : car la figure , d’ailleurs très grossière , n’a nulle¬ ment le faciès d’un Clytre. Voici , au reste , les caract. génériques indiqués par de Géer : Antennes de il articles : le premier cylin¬ drique ; les deux suivants grenus ; les au¬ tres triangulaires et en dents de scie. Tête forte , aplatie , avec des mâchoires (mandi¬ bules) grandes et avancées. Corselet large et peu convexe , avec un petit rebord. Corps allongé , presque cylindrique. Pattes anté¬ rieures plus longues que les autres. 4 arti¬ cles à pelotes à tous les tarses. Fabricius et Latreille ne paraissent pas avoir connu cet insecte. (D.) *ANTIPHYLLA, Haw. ( Saxifr ., p. 43) («vTt, contre; pùMov, feuille; parce que les feuilles sont opposées ). bot. pii. — Synon. du genre ou sous-genre Porphyrion , Tausch4. ( de la famille des Saxifragées ). (Sp.) ANTIPHYLLUM («vt<, contre; piAXov, feuille), bot. ph. —Quelques auteurs écri¬ vent Antiphylla. Genre de la famille des Saxifragacées formé par Haworth {Saxifr.) , ANT 629 ANT non adopté , et réuni au g. Saxifraga. (G. L.) ANTIRHOEA , Gommers. ( ex Juss. Gen., p. 204). — Genre de la famille des Rubiacées (tribu des Guettardées, Kunth), auquel M. Endlicher (Gen. Plant. , p. 541 ) attribue les caract. suivants : Tube calieinal ovoïde ou oblong, adhérent; limbe supère, court, persistant, campanulé, 4-denté. Co¬ rolle subinfundibuliforme; tube cylindracé; gorge nue ; limbe 4-fide , à lobes pointus , plus courts que le tube. Étamines incluses, insérées à la gorge de la corolle ; anthères cordiformes- oblongues , subsessiles. Ovai¬ re infère, 2-loculaire; loges 1-ovulées; ovules appendants , anatropes , attachés au sommet des loges. Style indivisé , ter¬ miné par un stigmate 2-fide. Drupe ovoïde ou oblong, charnu, couronné, à noyau 2- loculaire. Graines oblongues- cylindracées , solitaires dans chaque loge. — Arbrisseaux. Feuilles opposées ou verticillées-ternées , pétiolées , souvent glandulifères aux aissel¬ les des veines ; stipules interpétiolaires , pointues, caduques. Pédoncules axillaires, bifurqués , plus courts que les feuilles ; fleurs petites, blanchâtres, quelquefois dioï- ques par avortement , disposées en épis uni¬ latéraux. Ce genre , que M. A. Richard réu¬ nit au Malanea, Aubl., appartient aux îles de France et de Bourbon. On en connaît 3 esp., dont la plus notable est l’A. verticil- lata, DC. (Malanea verticillata , Lamk.), connue à Bourbon sous le nom de Bois de Losteau. (Sp.) * ANTIRRHINASTRUM ( allusion à ANTIRRHINUM ). BOT. PH. — M. Cha- vannes , dans sa Monographie des Antir- rhinées , donne ce nom à l’une des 2 sec¬ tions qu’il établit dans son g. Antirrhinum; cette section correspond exactement au g. Antirrhinum de Tournefort , et ses caract. distinctifs , relativement à VAsarina ( que M. Chavannes réunit aussi aux Antirrhinum ) sont fondés sur la structure de la capsule ; toutefois , ces caract. nous semblent assez tranchés pour motiver la distinction géné¬ rique de ce dernier genre. Voy. ANTIRRHI¬ NUM et ASARINE. (Sp.) * AATIRRHINÉES. bot. pu. - La famille établie par Jussieu sous le nom de Scrophulaires , changé plus tard en celui de Scrophularinées , a aussi reçu de quelques auteurs , dans son ensemble , le nom d’An- tirrhinées ; mais , pour d’autres, ce nom sert à désigner seulement une tribu de cette fa¬ mille ayant pour type le g. Antin'hinum ou Muflier ; c’est dans ces limites que l’a particulièrement adopté M. Chavannes, à qui l’on en doit une bonne monographie. Voy. SCROPHULARINÉES. (Aü. J.) AIVTIRRHI1VUM, Tournef. — Oron- tium , Pers. — Antirrhinastrum , Chavan¬ nes ( sub Antirrhino ) ( âvrijbpivo'j , nom grec du Muflier), bot. ph. — Genre de la fa¬ mille des Scrophularinées , tribu des Antir- rhinées Bartl., offrant les caract. suivants : Calice oblique , 5-parti ; segments inégaux : le supérieur plus grand, presque dressé ; les autres subhorizontanx. Corolle personée ; tube large , évasé , un peu comprimé , caré¬ né au dos , convexe en dessous et muni à la base d’une bosse plus ou moins saillante (placée entre les deux sépales inférieurs ) ; lèvres conniventes : la supérieure plus lon¬ gue , redressée , voûtée vers la base , à deux lobes réfléchis, arrondis; l’inférieure hori¬ zontale , inégalement trilobée (à lobe moyen redressé , concave , beaucoup plus petit que les lobes latéraux ) , fortement bouffie vers sa base (de manière à former une bosse très saillante en dessus, appliquée contre la voûte de la lèvre supérieure et fermant la gorge) ; 2-dentée au sommet , creusée en dessus d’un profond sillon longitudinal , le¬ quel est bordé de 2 barbes qui se prolon¬ gent sur la partie correspondante de la sur¬ face interne du tube. Étamines 4 ( parfois accompagnées du rudiment d’une 5e) , didy- names , insérées à la base du tube de la corolle, plus longues que celui-ci, mais re¬ couvertes par la bosse de la lèvre inférieu¬ re ; filets charnus , comprimés , linéaires , ascendants , élargis et fortement géniculés à la base ; anthères cordiformes-orbiculaires , échancrées , supra-médifixes , 2-thèques , obliquement horizontales, conniventes 2 à 2 ; bourses inégalement 2 - valves , disjointes jusqu’au delà du milieu , divariquées après la floraison. Ovaire 2-loculaire, ovoïde ; pla¬ centaires gros , multi-ovulés , adnés à la cloison. Style filiforme, érigé, élargi à la base, infléchi au sommet; stigmate petit, arrondi , inégalement 2-lobé. Capsule crus - tacée, fragile, très inéquilatérale, obovoï de , 2-loculaire , déhiscente nu sommet par 630 ANT 5 trous 3-angulaires ; loges polyspermes , inégales : la postérieure beaucoup plus pe¬ tite, s’ouvrant par un seul trou qui est à quatre valvules ; l’antérieure s’ouvrant par deux trous collatéraux , dont chacun est bivalvulé ; valvules dentiformes-triangu- laires, caduques. Graines petites , irréguliè¬ rement anguleuses , profondément fovéolées et rugueuses. — Herbes ou sous-arbrisseaux. Feuilles très entières : les inférieures opposées ou verticillées-ternées ; les supérieures épar¬ ses. Fleurs solitaires aux aisselles des feuil¬ les , ou disposées en grappes bractéolées ter¬ minales. — Dans ses limites actuelles, ce genre ne renferme que 6 espèces bien re¬ connues ; la plupart des Antirrhinum de Linné et de beaucoup d’autres auteurs ap¬ partiennent au genre Linaire ( Linaria , Tourn. ) ; suivant notre manière de voir, VÂsarina , Tourn. , que l’on réunit en général aux Antirrhinum , mérite égale¬ ment d’être séparé de ce genre ( Voy. asa- kre). La plupart des Antirrhinum se font re¬ marquer par l’élégance de leurs fleurs ; de ce nombre est surtout VA. majus L. plante de parterre connue de tout le monde sous le nom de Muflier , Mufle de veau, ou Gueule de loup. Cette espèce est indigène de l’Europe méridionale. VA. angustifo- lium , Poir. , se cultive comme arbuste d’orangerie. L’A. Orontium L., ou Muflier des champs , passe , à tort ou à raison , pour être vénéneux. (Sp.) * AATITHESIA (à-jzidsuis, contraste). ins. — Genre de l’ordre des Lépidoptères , famille des Nocturnes, établi par Stéphens dans sa tribu des Tortricides , et qui cor¬ respond en partie au genre Penthina de Treistchke, que nous avons adopté, et qui fait partie de notre tribu des Platyomides. Voy. ces deux mots. (D.) AATITRAGUS («VT£, comme ; rpà.yàç, , sorte de Graminées chez les Grecs), bot. pii. — Genre de la famille des Graminées , formé par Gaertner, et synonyme du genre Crypsis , dont il constitue une division , avec ces caract. : Fleur très courtement pé- dicellée dans la glume. Paléole supérieure uninerve. Etam. 2. (C. L.) AATITRICHÏA («vri, vis-à-vis; 6pi%, X?'s,poil, cil). BOT. PH. — Genre de la fa¬ mille des Mousses, créé par Bridel, et qui ' A NT a pour synonyme anomodon. Voy. ce mot. (C. M.) *AATITRIXIA (àvT«, contre; Atrixia, près de V Atrixia). bot. ph. — M. de Can- dolle a donné ce nom à un genre de Com¬ posées très voisin de V Atrixia par la forme de son aigrette , mais dont il diffère par ses feuilles opposées. Ses capitules sont multi- flores, radiés; les ligules femelles. Involu- cre composé d’écailles linéaires-oblongues, scarieuses et obtuses au sommet. Réceptacle dépourvu de paillettes. Corolles du disque tu¬ buleuses , 5-dentées. Anthères munies d’ap¬ pendices basilaires ; rameaux des styles tron¬ qués. Fruits cylindracés, rétrécis au som¬ met, glabres, portés sur un stipe court, calleux et pubescent ; aigrette formée d’une seule rangée de soies raides , scabres , très nombreuses, et légèrement soudées entre elles à la base. — La seule espèce du genre est un sous-arbrisseau originaire du Cap, muni de feuilles opposées , tomenteuses à la face supérieure , et de capitules solitaires à rayons jaunes. (J. D.) * AATLIARHIAIDES. Antliarliini- des ( Antliarhis [ Voy. ce mot] ; tâfoç, , for¬ me). ins. — Nom donné par Schoenherr à une division ou tribu de sa famille des Cur- culionides , ordre des Gonatocères , et qu’il caractérise ainsi : Rostre avancé. Antennes presque droites, de 12 articles; scapus assez long , claviforme ; massue étroite , composée de 4 articles. Ecusson distinct. Corps aplati, ailé. — Cette division ne se compose que de 2 g. : Antliarhinus et Platymerus. Voy. ces deux mots. (D.) *AXTLI ARHI AUS (cSvrAèx, sentine [ca¬ nal]; /stç, nez), ins. — Genre de Coléoptè¬ res tétramères , famille des Curculionides , division des Antliarhinides , établi par Schoenherr aux dépens du g. Rhynchœnus de Fabricius, et auquel il assigne les caract. suivants : Antennes médiocres , un peu grê¬ les, presque droites. Scapus assez long, cla¬ viforme; funicule de sept articles, tous presque subconiques ; massue allongée, acu- minée , composée de quatre articles. Rostre avancé, court, droit, large à la base , s’atté¬ nuant peu à peu vers le sommet chez le mâle ; très long et presque capillaire dans la femelle. Yeux latéraux, ronds, très proémi¬ nents. Corselet presque orbiculaire , arrondi en s’élargissant sur les côtés , aplati en des- ANT 631 ANT sous , avee un bord élevé à la base. Élytres oblongues , presque linéaires , avec les épau¬ les rectangulaires; elles sont aplaties en des¬ sus, et chacune d’elles est arrondie à son extrémité. Pattes médiocres , robustes , très rapprochés à leur origine; cuisses compri¬ mées, très dilatées en dessous, et dont le milieu forme un angle. — M. Dejean, qui a adopté ce g. dans son dernier Catalogue, n’y rapporte qu’une seule esp., VA. Zamiœ de Thunberg, originaire du cap de Bonne- Espérance; mais Schoenherr en décrit deux autres de la Cafrerie, d’après Schuppel, qui nomme l’une A. rectirostris , et l’autre A. signatus. (D.) * ANTLIARHIS canal; piç, nez), ms. — Genre de l’ordre des Coléoptères tétramères , famille des Curculionides , éta¬ bli par Billberg , le même que le genre Antliarhinus de Schoenherr. Voy. ce mot. (D.) ANTLIATES. Antliata (kvtMu, ca¬ nal ). ins. — Onzième ordre de V Entomo¬ logie systématique de Fabricius, qui ré¬ pond en grande partie à celui des Diptères des autres auteurs, et qui comprend, de plus, celui des Parasites et la tribu des Acarides de Latreille. Voy. ces mots. (D.) * ANTLIE. Antlia (àvTÏia. , canal ). ins. — Kirby donne ce nom à la spiritrompe des Lépidoptères. (D.) * ANTLIO-BRAlYCH!OPHORES. Antlio-branchiophora ( «vr>tov , biberon ; ÇpocyKicx., branchie; po/jo's, porteur), moll. — En proposant un nom aussi long que celui- ci pour remplacer celui de Céphalopode, uni¬ versellement admis, M. Gray devait s’atten¬ dre à ce qu’il ne serait point accepté; et c’est, en effet, ce qui est arrivé. C’est dans sa clas¬ sification générale des Mollusques , publiée en 1821 , que se trouve cette classe des Mol¬ lusques antlio-branchiophores , divisés en 5 ordres : les Anasteophora , les Sepiaiphora et les N autilophora. (Voy. ces mots, ainsi que céphalopode.) (Desii.) ANTODON ( à priv. ; oV oüç ovtos, dent; sans dents), bot. ph. — Syn„ de Leonto- don. Voy. ce mot. (J. D.) AIVTOIRIA. bot. cr. — Genre de la tribu des Jongermanniées , de la famille des Hépatiques , établi par Raddi ( Junger - mannia gr. Etr .), et qui avait pour type le Jungormannia platyphylla L. Le nom de Raddi n’a pu être conservé, paree que sur le même type il avait formé deux genres. M. Nees lui a substitué celui de Madatheca , que nous avons adopté. (C. M.) * ANTOMARCIIIA. bot. ph. — Ce genre, dédié au docteur Antomarchi par M. Colla, est synonyme de Correa. Voy. ce mot. (Ad. J.) *A]\TO]VIA, R. Br. Mus. (nom d’hom¬ me). bot. ph. — Synon. du g. Loxotis, R. Br., de la famille des Gesnériées. (Sp.) *ANTO]YIA (nom d’homme), Pohl , Plant. Bras., II, p. 14, tab. 109; Hook, le., tab. 64. bot. ph. — Genre de la famille des Loganiacées, auquel son auteur attribue pour caract. : Calice 5-sépale, recouvert d’un grand nombre de squammules plurisé- riées , imbriquées , conformes. Corolle in- fundibuliforme ; gorge poilue ; limbe 5-fide, à lobes révolutés , valvaires en préfloraison. Etamines 5 , saillantes , insérées à la gorge de la corolle. Ovaire 2-loculaire ; loges 1- ovulées ; ovules peltés , amphitropes , insé¬ rés chacun au milieu d’un placentaire basi¬ laire , stipité , pelté , orbiculaire , libre. Style filiforme , saillant ; stigmate très cour- tement 2-lobé. Capsule coriace , oblongue , 2-loculaire, septicide-2-partible. Graines so¬ litaires dans chaque loge, peltées, oblon¬ gues , aplaties , ailées aux deux bouts ; ailes membraneuses. Embryon rectiligne, axile dans un périsperme charnu; cotylédons suborbiculaires , foliacés; radicule cylindri¬ que , infère. — Arbrisseaux à feuilles oppo¬ sées, très entières, subsessiles; pétioles di¬ latés à la base, cohérents moyennant une courte membrane stipulaire; fleurs blanch⬠tres, disposées en cymes trichotomes, ter¬ minales. Ce genre appartient à l’Amérique méridionale; on n’en connaît que 2 esp. (Sp.) AATOIVIANA (nom propre), bot. ph. ( famille des Rubiacées ). — Tussac , dans sa Flore des Antilles , a établi ce gen¬ re aux dépens du g. Coffœa. Suivant ce bo¬ taniste , il s’en distingue par le nombre quaternaire de ses parties florales , et par ses étamines , qui ne dépassent pas la co¬ rolle. ^ (C. d’O.) * ANTOIVIÉES. bot. ph. — Tribu ou section de la famille des Loganiaciées, pro¬ posée par M. Endlicher ( Gen. PL, p. 573 ) , qui lui assigne pour caract. distinctifs : Cap- 632 ANT sole 2-loculaire , 2-partie , 2-sperme . Grai¬ nes peltées , ailées. (Sp.) ANTRIABES (àvr/îtàs» «d'os, qui se plaît dans les cavernes ). ois. — C’est, dans la méthode de Vieillot, la 26e famille de son ordre des Oiseaux sylvains , ne renfermant que le g. Rupicole ou Coq de Roche. Voy. RUPICOLE et PIPRADÉES. (LAFR.) * ANTROCARPUM ( «vt^ov , antre; xxpnô 5 , fruit ). bot. cr. — Genre de la famille des Lichens et de la tribu desEndo- carpées , établi par M. Meger ( Entwikl . der Flecht. ) , et adopté par Sprengel ( Sysl. veget. , t. IV, p. 240). Ce genre , formé sur le Thelotrema lepadinum, Ach. , n’a pas remplacé définitivement celui de Thelo¬ trema , auquel nous renvoyons le lecteur. (C.s-M.) *ANTROCEPHALUS -àvr pov, antre; xsya/vj, tête), bot. cr. —Genre de la famille des Hépatiques, tribu des Marchandées, ré¬ cemment créé par M. Lehmann ( Act. Nat. Curios., t. XVIII, p. 2), et qui est très voisin du g. Plagiochasma. Les caract. essentiels en sont : Capitule fructifère privé de ra¬ chis. Involucre simple, sphérique, s’ouvrant horizontalement ou transversalement en deux valves, et contenant un seul fruit. Sporange ou capsule sessile, tournée en de¬ hors, et s’ouvrant au sommet en lanières inégales. Coiffe ou calyptre* persistante , se rompant inégalement et environnant le fond de la capsule. Disque des anthères à moitié immergé à la superficie de la fronde. — Une seule espèce, originaire de l’Inde, compose ce g., qu’il est fort difficile de distinguer de certaines variétés monocarpes du genre Plagiochasma. La plante unique dont nous avons dit que se composait le g. en ques¬ tion est formée de frondes linéaires, d’en¬ viron un pouce de long, simples ou bifides, planes ou légèrement concaves par le relè¬ vement des bords et du sillon moyen des¬ quels s’élèvent les pédoncules qui portent les réceptacles. Elle habite l’Inde. (C. M.) *ANTROPIIYUM («vt pov , antre; pùw, je nais), bot. cr. — Kaulfuss ( Enum . filic., p. 197) a établi sous ce nom un genre de Fougères aux dépens de diverses espèces pla¬ cées dans le g. Hemionitis par les auteurs. Il l’a caractérisé par ses sores linéaires, conti¬ nus, immergés dans les veines réticulées de AND la fronde ; par un induse géminé , déhiscent par le milieu. M. Blurae, qui a adopté ce genre, et qui l’a enrichi de plusieurs espèces (. Flor . Javœ, t. I) , a nié l’existence de l’in- duse. Il a formé deux sections dans ce genre : l’une composée des vrais Antrophyum , par¬ mi lesquels figure Y Antrophyum plantagi- neum ; l’autre, sous le nom de Loxogramme, dans laquelle entre le Grammitis lanceolata de Swartz. M. Presl n’a pas admis le genre Antrophyum, et l’a réduitaurang de simple section des Hemionitis. Quoi qu’il en soit , ce groupe se compose d’environ 15 esp. qui croissent pour la plupart dans les îles de l’In¬ de orientale et dans celles de France et de Bourbon. On en a également trouvé à Cayen¬ ne. (G . TV.) ANTURA. bot. ph. — Genre de la famille des Apocynacères , tribu des Caris- sées, formé par Forskal ( Descript ., 63) , et svnonyme du genre Carissa de Linné. (C. L) A IV Tll SE. Antusa. bot. pii. — Genre de la famille des Légumineuses , établi par Smith. Il ne diffère du Pultenea que par son calice, simple et sans appendice. ' (C. D’O.) * ANUREE. Anurœa ( àvovpx , sans queue ). systol. — Nom donné par M. Ehrenberg au g. aaoirelle. Voy. ce mot. (Duj.) ANURIA. bot. pu. — Synonyme bré¬ silien de Laurus sassafras Linn. Voyez LAURIER. (C, D’O). ANURUS , Presl. — Nissolia, Tourn. ; Mœnch. , wonL. (âvovpâ, sans queue), bot. pii. — Genre ou sous - genre fondé sur les Lathyrus Nissolia, L. ( famille des Légu¬ mineuses ). Ses caract. distinctifs ne consis¬ tent qu’en ce que les feuilles sont simples (ou, si l’on préfère, remplacées par des phyllodes dépourvus de folioles ) , et dé¬ pourvues de vrilles. On peut considérer comme caract. accessoires que la dent cali- cinale inférieure est notablement plus lon¬ gue que les autres dents , et que le style est exactement linéaire. (Sp.) ANUS. zool. — Mot latin conservé dans notre langue pour désigner chez l’homme et chez les animaux l’ouverture naturelle de l’intestin par laquelle sortent les excré - ments. Cet orifice extensible se trouve ordi¬ nairement placé à la région postérieure ou ANY ANY inférieure du tronc. Son pourtour, appelé marge de l’anus, présente le plus souvent des plis ou rides formés par la contraction d’un muscle circulaire noftimé sphincter de l’anus, qui fronce l’orifice anal, et le ferme de manière à empêcher la sortie des matiè¬ res contenues dans l’intestin. Entre les plis radiés dont il vient d’être question , il se forme quelquefois de petites ulcérations al¬ longées et superficielles qui, chez l’homme, constituent la fissure à l’anus , différente de la fistule, ulcère en forme de canal étroit, profond , plus ou moins sinueux , et ouvert communément à la marge de l’anus. L’anus est dit contre nature lorsqu’au lieu de se trouver à l’endroit où il est ordinaire¬ ment , il s’ouvre dans une toute autre région, à l’ombilic par exemple , dans la vessie , le vagin, etc., ou enfin dans le canal de l’urètre, ainsi que j’ai pu le constater une fois chez un jeune enfant de quinze jours , qui succomba à une affection de poitrine. Ij anus artifi¬ ciel est celui que les chirurgiens établissent, dans certains cas , sur diverses régions du tronc , pour permettre la sortie des excré¬ ments. Enfin on nomme anus accidentel celui qui se forme quelquefois à la suite des plaies pénétrantes de l’abdomen , lorsque , l’intestin ayant été percé, son bout supérieur a contracté adhérence avec les lèvres de la plaie des parois abdominales. (M. S. A.) * AN VILLE A. bot. ru. —II. de Can- dolle , qui a dédié ce genre à la mémoire du célèbre voyageur J. -B. Bourguignon d’An- ville , lui donne les caractères suivants : Capit. multiflore , homogame , composé de fleurons tubuleux , hermaphrodites , à 5 dents. Le réceptacle porte des paillettes dont les extérieures se terminent au sommet en une pointe , et les intérieures en une soie assez longue. L’involucre , de forme campa- nulée , est formé d’écailles ou de bractées foliacées ; les extérieures sont étalées et spa- tulées ; les intérieures, disposées sur deux rangs , sont imbriquées. Le fruit , tétragone , dur, est terminé par une aigrette courte, en¬ tière , en forme de couronne. — Ce genre , qui fait partie des Composées , est très voisin des Cerruana et Buphthalmum ; on n’en connaît encore qu’une espèce, VA. Garcini, rapportée de l’Asie-Mineure et de la Perse par Olivier. (J. D.) ANYCÏIIA, Rieh. [in Mich. Flor. 633 Bor. Amer. , 1. 1 , p. 113 ). — Juss. ( Mém. du Mus., t. II , p. 389 ). bot. pu. — Genre ou sous-g. de la famille des Paronychiées (famille des Caryophyllées , sous-ordre des Paronychiées, tribu des Illécébrées, section des Euparonychiées , Fenzl). M. Fenzl ( in Endl.Gen.pl., p. 957) ne l’admet que com¬ me sous-division du g. Paronychia, Juss. , et lui assigne pour caractères distinctifs : Segments calicinaux elliptiques- obîongs , herbacés, à peine scarieux aux bords, subeu- culliformes au sommet, légèrement mucro- rmlés. Corolle nulle. Étamines 3, ou moins souvent 5. Fruit indéhiscent, aussi long ou plus long que le calice. — Herbes (de l’Amé¬ rique septentrionale) annuelles, dichotomes, très rameuses, ayant le port du Linum ca- tharticum. Feuilles elliptiques ou lancéo¬ lées, minces, opposées. Fleurs solitaires ou fasciculées, dichotoméaires et terminales, accompagnées de bractées subulées. — Le type de ce g. est le Queria canadensis , L. [A. dichotoma , Michx.) ; on ne connaît jusque aujourd’hui qu’une seule autre esp. congénère. (Sp,) ANYCTANGIE. bot. cr. — Voyez ANOECTANGIUM. (C. M.) * A N Y P i I ÆN ES. Anyphœnœ. arachx — Ce nom est employé par M. Walckenaër pour désigner un petit groupe du g. Clu- biona. (H. L.) *ANYPOTACTUS ( àvuïre'Taxros , con¬ fus, troublé), ins. — Genre de Coléoptères tétramères, famille des Curculionides , divi¬ sion des Brachydérides , établi par Schoen- herr, qui le caractérise ainsi : Ant. peu lon¬ gues , minces ; les deux premiers articles du funicule assez longs et coniques , les autres plus courts , arrondis au sommet, séparés ; massue ovale. Rostre court , épais , ayant une impression angulaire à la base, profon¬ dément échancré en rond au sommet, élevé sur les bords. Yeux petits, arrondis, peu convexes. Corselet oblong, presque cylin¬ drique. Élytres en ovale oblong , légèrement convexes , avec les angles huméraux obtus. Pattes assez faibles ; cuisses dentées en des¬ sous. — Ce g. est voisin , suivant l’auteur, de celui qu’il nomme Pandeleteius. Il a pour type une espèce de la Colombie, nom¬ mée A. exilis par Klug , qui la met dans le genre Polydacrus. Voy. ce mot. (D.) * ANYSTIS. ARACii. — Genre de la 49* T. I. €34 AOD AON famille des Acariens trombidiés , proposé par M, Ileyden ( Isis, 1826 , p. 609 ) et dont le type est le Trombidium cornigerum Her¬ mann. Voy. TROMBIDIE. (P. G.) AODON ( « priv. ; ocPoùç, ovroç , dent ). poiss. — Forskal avait laissé dans ses manu¬ scrits l’indication de deux Squales , dont il avait fait mention par une diagnose latine de quelques mots écrits à la suite du nom arabe sous lequel des pêcheurs du marché de Djedda ou de Lohaje les lui donnèrent. L’éditeur de ses manuscrits, en imprimant ces notes , a donc cité un Squalus Massasa ( à Djedda ), — Mafreka ( à Lohaje ) , dont Forskal disait: — Dentibus nullis, primis pectoralibus * longis a carcharia diversus; et un autre Squalus Eurnal, dont Forskal disait aussi : Dentibus nullis , pinnis pec¬ toralibus , brevibus cirrhis oris quatuor. On voit que rien n’est plus vague que ces deux indications , qui n’ont pas manqué cependant d’entrer dans la compilation de Gmelin , comme une subdivision des Squa¬ les. M. de Lacépède , en les y retrouvant , a cru devoir en rapprocher une indication as¬ sez singulière que lui fournissait Brunnich dans son Squalus edentulus . ïl a formé alors à la suite des Squales , sous le nom d "’Aodon , un genre de Cartila¬ gineux à mâchoires dépourvues de dents. Ce genre n’a pas dû être conservé par les raisons suivantes : Les indications de Fors¬ kal ne peuvent aider à reconnaître les êtres qu’il a vus. Müller place la première dans les synonymies douteuses desCarcharias, la seconde dans ceux de toute la famille des Squales , où il aurait dû , selon moi, y lais¬ ser la première , car je ne vois pas pourquoi cet illustre savant rapproche des Requins un Squale sans dents. M. Müller sait d’ailleurs que je professe pour lui et ses travaux une si haute estime, qu’il ne prendra pas cette lé¬ gère observation pour une critique. Quant à la troisième espèce , que Lacépède a nom¬ mée Aodon cornu , la lecture tant soit peu attentive de l’article de Brunnich y fait bientôt reconnaître la description de la tête d’un Céphaloptère {Raja giorna, Lacép.). Ainsi, non seulement le genre , mais encore les espèces que l’auteur y rapporte , ne peu¬ vent être conservés, et prendre rang dans le catalogue raisonné des êtres de la nature. (Val.) *AODORHYNCHUS ( d prtv. ; oMs , dent ; pvyx°s, bec). ois. — C’est, d’après Wa- gler , dans sa Monographie des Perroquets , le nom genériqüe donné par Spix à Y Ara hyacynlhe de Vieillot. Voy. ara. (Lafr.) *AOME. Aomus { à priv. ; û/*c,s. épaule ; il eût fallu écrire : Anomus ). ms. — Genre de l’ordre des Coléoptères tétramères, fa¬ mille des Curculionides, division desCyclo- mides , établi par Schoenherr, qui lui donne les caractères suivants : Antennes longues , un peu grêles, dont le scapus, en forme de massue , est de la longueur du corselet ; les deux premiers articles du funicuie un peu longs, obconiques; les autres plus courts, turbinés ; massue oblongue , ovale ; rostre à peine de la longueur de la tête et plus étroit qu’elle , linéaire , un peu enfoncé à la base , légèrement et trianguîairement échan- cré au sommet ; fosse oblongue, assez large, un peu courbe. Yeux ronds, faiblement con¬ vexes. Corselet tronqué à la base et au som¬ met, arrondi latéralement, un peu plus étroit antérieurement. Écusson triangulaire. Ce genre, qui ne figure pas dans le der¬ nier Catalogue de M. Dejean , a pour type et unique esp. VAom. pubescens de Schuppel , originaire de la Perse. (D.) AONIE. Aonia ( Aon , ou Aonius , fils de Neptune ). annél. — M. Savigny a établi sous ce nom un genre comprenant le Nereis cæca d’Othon Fabricius, et M. de Blainville, qui le conserve provisoirement ( Dict . sc. n.} t. LV , p. 479) , le rapporte à ses Néréides microcères, avec la caractéristique suivante : Corps linéaire , épais , robuste , atténué aux deux extrémités et subpolyméré ; tête petite et triangulaire en avant , sans traces d’yeux ; bouche pourvue d’une trompe subglobuleu¬ se avec un cercle de barbillons et un grand nombre de papilles à son orifice; un seul tentacule , court et mou , à chaque angle de la tête ; pieds biramés , celui du premier an¬ neau beaucoup plus court que les autres ; un cirrhe inférieur fort court ; point de cirrhe supérieur ; des cirrhes caudaux ou styles fort longs. MM. Audouin et Milne Edwards placent dans ce genre un animal de nos côtes appelé par eux Aonia foliosa ( Littor . de la Fran¬ ce, Iï , p. 263), et provenant de La Rochelle. Voici comment ils résument les caractères AOR AOR 635 des Aonies , qu’ils modifient d’ailleurs en quelques points : Tête très petite , mais dis¬ tincte , antennes rudimentaires; pieds simi¬ laires , pourvus d’un seul cirrhe, et divisés en deux rames garnies chacune d’un lobe lamelleux ; point de branchies. Pour MM. Audouin et Edwards, les Aonies appartiennent à une famille diffé¬ rente de celle des Néréides , celle qu’ils ont distinguée sous le nom d 'Anciens. (P. G.) *AOPLA (aoir^os, sans armes), bot. ph. — Genre de la famille des Orchidacées , tribu des Ophrydées, fondé par Lindley [Bol. îleg., 1701), qui lui attribue pour ca- ract. : Périgone bilabié ; segments exté¬ rieurs latéraux , défléchis ; le supérieur dressé, et formant casque avec les infé¬ rieurs, agglutinés. Labelle linéaire, sans épe¬ ron. Anthère dressée, à lobes courts, as¬ cendants. Une sorte de bec courbé , allon¬ gé. Glandule nue. — Une seule esp. de l’Inde : c’est une herbe à racines testiculées. Une seule feuille radicale , de laquelle sort un épi lâche , unilatéral , à fleurs verdâtres. (G. L.) * AORE. Aorus (a w/jos , sans ornement), nvs. — Genre de l’ordre des Coléoptères té- tramères, famille des Curculionides, divi¬ sion des Erirhinides, établi par Schoenherr, qui lui donne pour caractères : Antennes médiocres , assez grêles ; leur funicule com¬ posé de sept articles : le premier court , ob- conique; le second allongé, presque en massue; les autres courts, tronqués au sommet , un peu serrés , et s’élargissant graduellement du côté extérieur ; massue ovale, dont les articles ne sont pas distincts. Rostre long, assez robuste, cylindrique, arqué. Yeux oblongs, déprimés. Corselet oblong , tronqué à la base et au sommet , également arrondi et élargi sur les côtés, convexes en dessus ; écusson médiocre , triangulaire. Élytres allongées , cylindriques, légèrement échancrées à la base , avec les an¬ gles huméraux obtus. Tibias un peu flexueux, muriqués et armés d’un crochet robuste du côté interne. Ce genre , qui ne figure pas dans le der¬ nier Catalogue de M. Dejean , ne renferme qu’une seule espèce, qui se trouve dans le Galam, en Afrique : VAor. spadiceus de Schuppel. (DA AORTE. Aorta , arleria magna [àopz\y aorte), zool. — On donne ce nom à la princi¬ pale artère du corps des animaux qui ont un véritable cœur [Voy. ce mot), et l’on désigne plus particulièrement sous le nom de vais¬ seau dorsal l’Aorte, irrégulièrement renflée, des animaux dépourvus de cœur. Voyez VAISSEAU DORSAL. L’Aorte naît le plus souvent du cœur, parcourt les régions thoracique et abdomi¬ nale , fournit de nombreuses branches aux organes, et présente de très remarquables modifications qui sont relatives h l’âge et surtout aux diverses classes d’animaux chez lesquels on l’étudie. Dans la plupart des vertébrés, l’Aorte se recourbe peu après son origine du cœur, et c’est à cette por¬ tion, plus ou moins courbée en forme de crosse, que les anatomistes ont donné le nom de Crosse aortique ou de Crosse de P Aorte. Celle-ci varie de disposition , de volume, d’étendue , de rapports, de nombre, et même d’usages , suivant qu’on l’étudie comparativement chez l’Homme , les Mam¬ mifères , les Oiseaux , les Reptiles , les Poissons et les Invertébrés , aux différents âges. Dans l’Homme et quelques Mammi¬ fères, la crosse naît du ventricule gauche du cœur, se recourbe bientôt et se dirige ordinairement de droite à gauche pour aller gagner le rachis. Elle fournit :l°les artères cardiaques, qui vivifient le cœur ; 2° l’artère brachio -céphalique ou innommée; 5° la carotide primitive gauche ; 4° outre ces deux troncs, chez le fœtus, l’artère thymi¬ que , qui quelquefois naît du tronc brachio¬ céphalique ; 5° enfin la sous-clavière gau¬ che , qui conduit le sang à la tête, au cou, et dans les membres supérieurs. Après cela, l’Aorte se continue le long des vertè¬ bres, et donne, dans la poitrine, plusieurs petites branches q\ii vont se rendre, les antérieures aux bronches, à l’œsophage et dans le médiastin postérieur; les latérales ou inter-costales , qui fournissent aux mus¬ cles, aux cartilages et aux os du thorax. Arrivée dans l’abdomen , l’Aorte donne suc¬ cessivement les artères diaphragmatiques , le tronc cœliaque, qui envoie une branche à l’estomac, une au foie et la troisième à la rate ; la mésentérique supérieure et la mé¬ sentérique inférieure , qui se distribuent aux intestins et au pancréas ; les capsulaires 636 AOL1 AGI et les rénales ; les spermatiques ; les lom¬ baires, et enfin l'artère sacrée , moyenne ou caudale, elles iliaques, qui envoient des branches dans tous les organes du bassin et aux membres inférieurs. — Chez le fœtus , les iliaques donnent deux artères importan¬ tes : ce sont les ombilicales. Voy. circula¬ tion DU SANG CHEZ LE FOETUS. Dans les Oiseaux , la crosse de l’Aorte naît aussi du ventricule gauche , et est plutôt di¬ rigée de gauche à droite que de droite à gauche , comme cela a lieu pour les Mammi¬ fères. Elle se continue avec l’Aorte thoraci¬ que et ventrale , fournit des branches aux organes de ces deux grandes régions du corps, et ne présente de différence réelle avec l’xiorte des Mammifères que par la sub¬ division plus ou moins grande ou le manque de quelques unes des branches. Dans les Reptiles , au contraire , chaque ordre , chaque groupe , pour ainsi dire , pré¬ sente une remarquable différence, sous le rapport surtout de l’origine et de la distribu¬ tion de l’Aorte. C’est ainsi que chez le Cro¬ codile on trouve deux crosses; mais elles ne proviennent point de la même cavité du cœur, comme on le croyait avant nos re¬ cherches sur la circulation du sang chez les vertébrés : la gauche naît du ventricule droit ; la droite, du ventricule gauche. Ces deux crosses se réunissent, après un trajet assez long, pour former un seul tronc, qui est l’Aorte proprement dite. Il résulte de cette double origine des crosses , de leur anasto¬ mose et de l’existence de deux ventricules bien séparés pour le cœur des Crocodiles , un fait physiologique important que nous ferons connaître à l’article circulation. Les Serpents ont aussi deux crosses qui se réunissent pour constituer l’Aorte ; mais ici l’une et l’autre proviennent d’une source commune : c’est parce que les deux ventri¬ cules du cœur, chez ces animaux , commu¬ niquent ensemble au moyen de plusieurs petits trous pratiqués dans l’épaisseur de la cloison qui les sépare , et par une large ou¬ verture inter- ventriculaire. Toutefois, des valvules situées à l’orifice de celle-ci peuvent modifier le cours du sang, d’après les savan¬ tes recherches de M. le professeur Retzius. Dans les Tortues, la crosse gauche naît immédiatement d’un ventricule unique du cœur; la droite, d’un tronc commun, avec la branche qui porte le sang à la tête. Ce tronc lui-même provient du ventricule com¬ mun ; les deux crosses ne se réunissent pas par leurs troncs , mais seulement par une grosse branche qui se détache de l’une d’elles. Chez les Lézards , la structure intérieure du cœur ressemble à celle du cœur des Tor¬ tues; mais la disposition des crosses est dif¬ férente. Deux troncs s’élèvent du ventricule commun et se bifurquent en quatre bran¬ ches , qui se réunissent deux à deux bientôt après leur divis., de sorte que chaque tronc résultant de cette union se trouve être for¬ mé d’une branche de chaque tronc primitif. Après cette singulière disposition , les deux crosses se réunissent sur la ligne médiane , et constituent l’Aorte descendante. Dans les Poissons , ainsi que chez les Rep¬ tiles, au moment de leur métamorphose, le tronc artériel qui s’élève du ventricule uni¬ que du cœur va se distribuer aux branchies, et ne se continue pas d’une manière immé¬ diate avec l’Aorte proprement dite, qui, dans ce cas , se trouve être la résultante des divers troncs provenant des branchies. Dans les Mollusques gastéropodes , au contraire , le vaisseau qui s’élève du cœur distribue le sang dans tout le corps. Ce sont là les principales variétés qu’on observe relativement à l’origine , à la dispo¬ sition et aux rapports de l’Aorte. — Le ré¬ sultat de ces différences anatomiques sera mieux apprécié à l’article circulation. (M. S. A.) AO MJ S. ins. — Voyez aore. * AOTUS ( à priv. ; ou?, güto’s , oreille ). maim. — M. de Humboldt , dans son tra¬ vail sur les Primates américains , donnait ce nom à un petit genre de la famille des Sapajous, dont l’esp. type, A. trivirgatus ( Douroucouli de F. Cuvier), était supposée privée d’oreilles externes , ou n’en avoir que de fort petites. De nouvelles observa¬ tions ont fait voir à F. Cuvier et Spix que l’Aotus avait les oreilles aussi distinctes que les autres Sapajous. Le premier a dès lors donné aux Aotus le nom de Nocthora , et le second , celui de JSyctipithecus. Le Dou¬ roucouli est , en effet , un animal nocturne ou crépusculaire. Ses dents sont au nombre de 36 , comme celles des Sapajous ; sa queue est entièrement velue et non prenan- APÀ APA 637 te ; son crâne a quelques rapports avec ce- 1 ms. — M. Serville avait d’abord employé lui des Saïmiris, et son squelette, figuré ce nom dans sa Revue méthodique ; il l’a par M. de Blainville dans son Ostéographie, changé en Apachyia dans VHist. des Or- est remarquable, parce que les vertèbres thopt. (suites à Buflon). (Bl.) lombair.es sont plus nombreuses que chez les Sapajous (huit au lieu de cinq). (P. G.) AOTUS, Smith {Ann. ofBot., t. I, p. 450 ; Trans. Linn. Soc., vol. IX , p. 249 ) ( à priv. ; ou; , coro; , oreille ). — BOT. PH. — Genre de la famille des Légumineuses , s. -ordre des Papilionacées, tribu des Sopho- rées, auquel M. R. Brown (in Hort. Keiv., 2f éd., vol. III, p. 14) a assigné les caract. sui¬ vants : Calice 5-fide , 2-labié , ébractéolé. Pétales et étamines caducs. Ailes plus cour¬ tes que la carène. Style filiforme. Légume 2-valve , 2-sperme. Graines non strophiolées. Arbustes (de la Nouvelle-Hollande ) à feuil¬ les simples , linéaires , subulées , révolutées aux bords, éparses, ou subopposées, ou ver- ticillées-ternées. Fleurs jaunes , axillaires , solitaires. On connaît 5 ou 6 esp.: VA. vil- losa Smith (Bot. Mag. , tab. 949). — Pul- tenœa villosa Andr. ( Bot. Rep., tab. 509 ). — Pultenœa ericoides (Vent. Malm. , tab. 557 ) est un arbuste très élégant , qu’on cul¬ tive dans les collections de serre. (Sp.) AOURADE ou AURADE. poiss. — Nom de la Daurade ( Chrysophrys aurata , Cuv., Val.) sur presque tout le littoral de la Méditerranée. Voy. daurade. (Val.) *APACHYA (« priv.; rca/û; , épais), ms. — Genre de la famille des Forficuliens , de l’ordre des Orthoptères , établi par M. Ser¬ ville (Revue méth. de V ordre des Orthopt.), et regardé par tous les autres entomologis¬ tes comme une simple division du g. Forfi- cula. Les Apachya sont caractérisées par un corps d’une minceur extrême , et sur¬ tout par l’abdomen, dont le dernier segment est très grand et distinctement échancré de chaque côté , et l’arceau supérieur de l’a¬ vant-dernier prolongé en manière de fer de lance. La seule esp. connue est VA. de - pressa (ForHcula depressaV&ïï. deBeauv.), du royaume d’Oware en Afrique. (Bl.) *APACHYS ( « priv. ; épais), ins. — M. Burmeister (Handb. der Entom.),\ ayant adopté le g. Apachyus de M. Serville comme une division du g. Forficula, en a , avec raison , ainsi rectifié l’orthographe. (Bl.) *APACHYUS ( à. priv. ; ircocü;, épais). I APACTIS (? à priv. '; iraxro's [icîixtoç] 8- justé , fixé ; genre incertain ). bot. pii. — Genre formé par Thunberg , qui lui attri¬ buait un calice corollacé , formé de 4 sépa¬ les obronds , crénelés ; les opposés plus lar¬ ges. 16 à 20 étamines. XJn ovaire libre , surmonté d’un style simple. —Ce genre est trop incomplètement décrit pour pouvoir être rapporté à une des familles naturelles , et entre naturellement dans la Dodécandrie (ou Icosandrie) monogynie de Linné. L’au¬ teur y rapportait un arbre du Japon , au¬ jourd’hui indéterminé. (C. L.) *APAGYNE (âir a£, une fois; yuv/j, fem¬ me). bot. — Nom proposé par M. Desvaux pour remplacer celui de Monocarpique , et désigner les plantes qui ne fructifient qu’une seule fois ; le nom de Monocarpique ou de Monocarpien , ambigu dans ce sens , devant être donné seulement à celles qui ne portent qu’un seul fruit. (C. d’O.) APALACHIIVE (monts Apalaches). bot. ph. — Synonyme vulgaire de Vîlex vomitoria L. (C. L.) APALAT , APALATOU ( noms caraïbes ). bot. ph. — Noms vulgaires de quelques espèces du genre Crudia. (Sp.) APALATOA, Aubl. Guian. (nom caraï¬ be). bot. ph. — Synon. du genre Crudia, de la famille des Légumineuses. (Sp.) * APALOCHLAMYS (ebroc>os, mince; xXxp.ùç , tunique ). bot. ph. — Ce genre , qui fait partie des Composées , correspond à la troisième section des Cassinia de M. Brown. Il a pour caract. ; Capitules multi- flores (10-16) homogames; fleurons tubu¬ leux, hermaphrodites. Réceptacle étroit, paléolé. InYolucre oblong, formé d’écailles épaissies à la base, scarieuses, diaphanes, membranacées , conniventes au sommet. Anthères dépourvues d’appendices basilai¬ res. Fruit obové, court, couronné par une aigrette caduque, uni-sériée, à soies filifor¬ mes, finement barbellulées de la base au sommet. — Ce genre, intermédiaire entre les Cassinia et VHumea, se compose de trois espèces particulières à la Nouvelle-Hollande. Les feuilles, décurrentes , couvertes d’un duvet blanc, exhalent une odeur particule 638 AP A APA re assez forte ; les fleurs , disposées en pani- eules rameuses à minuscules pendants, par¬ tent de nombreux capitules, petits, jaun⬠tres ou fauves. On cultive dans les jardins de Botanique IM. Kerrii , Cassinia spec- tabilis lier. (J. D.) * A PA LODË RM A (&n «>05, mou, molle; fêp/jiot, peau ). ois. — Sous-genre établi par Swainson dans sa famille des Trogonidæ ou Couroucous sur le Couroucou narina de Levaillant , et que nous n’admettons , ainsi que cet auteur, que comme sous-genre du genre couroucou. Voy. ce mot. (Lafr.) *APALXJS ( outcdos, mou), iss. — Gen¬ re de Coléoptères hétéromères, famille des Cantharidées de Latreiile , qui répond à celle des Yésicants de MM. Duméril et De- jean. Ce genre , établi par Fabricius et ad¬ opté par tous ies entomologistes, est carac¬ térisé ainsi par cet auteur : Palpes filifor¬ mes, égaux; mâchoires cornées, uniden- tées; languette membraneuse, tronquée et entière. Il a pour type une espèce fort rare de la Suède , le Meloë bimaculé de Linné ( Apalus bimaculatus Fabr. , Pyrochroa bimaculata Degéer), auquel sont venues se réunir depuis d’autres espèces que Fabri¬ cius 11’a pas connues. M. Dejean en men¬ tionne cinq dans son dernier Catalogue, y compris celle que nous venons de nommer. Nous n’en citerons qu’une , qu’il nomme A. dimidiatus , et qui est du Sénégal. Quant à VA. A-maculatus de Fabricius , il appartient au g. Tetraonyx Latr. Voy. ce mot. (D.) * APALUS (cbroJos, mince, grêle), rot. pii. — Syn. de Blennosperma, Less. Voy. ce mot. (J. D.) APALYTRES ou MOLLIPEXAES ( à ir«), os y mou ; vzpov , élytre ). INS. — Nom donné par M. Duméril à la dixième famille des Coléoptères pentamères , qu’il caractérise ainsi : Elytres molles ; corselet aplati ; antennes en fil variable. Cette fa¬ mille , qui correspond à celle des Malaco- dermes de Latreiile, se compose, suivant M. Duméril , des g. Drilus , Lycus, Lampy- ris, Malachus, Téléphorus , Omalisus, Me- lyris et Cyphon. Voy. ces mots. (D.) * AP AME A ( nom d’une ancienne ville de Syrie ). ins. — Genre de L’ordre des Lépidoptères , famille des Nocturnes , tribu des Noctuélites, établi par Ochsenheimer et Treistchke , et adopté, avec quelques modi¬ fications , par M. Boisduval , dans son Index methodicm Lepidopt. Europ. , et par M. Guénée dans son Essai sur une nouvelle classification de Noctuélites. Voici les ca- ract. que ce dernier lui assigne : Chenilles lisses , cylindriques , rases , à tête assez grosse , un peu rétractile. Elles vivent de plantes basses ou de graminées , et se reti¬ rent parfois dans leurs tiges. Chrysalides cylindrico-coniques , luisantes, à peau min¬ ce , renfermées dans des coques légères à la surface de la terre ou entre les mousses et les feuilles sèches. — Insectes parfaits : An¬ tennes filiformes ou subcrénelées dans les mâles. 'Palpes dépassant peu la tête, droits ou peu remontants ; leur dernier article as¬ sez court , nu. Thorax velu , peu carré , ayant une petite crête bifide derrière le collier, et une autre à sa jonction avec l’abdomen ; celui-ci dépassant les ailes in¬ férieures , souvent crêté , même dans les mâles. Ailes supérieures arrondies au bord terminal , subdentées , n’ayant des taches ordinaires que la réniforme de bien distinc¬ te ; les lignes assez bien marquées , surtout l’anté-terminale , qui circonscrit , entre elle et la frange , un espace toujours plus fon cé que la couleur du fond. Ce genre renferme 15 esp. suivant Treist¬ chke , et 13 seulement suivant M. Gué- née, qui les divise en trois groupes , de cha¬ cun desquels nous en citerons une , savoir : PA. nictitans Linn., 1M. latruncula Var., strigilis Linn., et PA. didywa Borlthau- sen. — Cette dernière est une des plus communes et offre plusieurs variétés telle¬ ment tranchées , que Hubner en a fait au¬ tant d’espèces différentes. Consultez cet au¬ teur, ainsi que VHist. natur. des Lepidopt. de France, ou toutes les Apamea connues sont figurées. (R.) APARGIA (ànotpyix, nom grec d’une plante qui nous est inconnue), bot. ph. -r- Genre des Composées, tribu des Chicoracées, qui a pour caract. : Capitules multiflores. Involucre composé d’écailles 1-sériées , à la base desquelles on en remarque d’accessoi¬ res beaucoup plus courtes. Réceptacle nu. Fruits semblables entre eux , cylindracés et légèrement atténués au sommet ; l’aigrette , bisériée , très blanche, se compose de soies plumeuses , toutes de même nature. — Le AP A APA 639 genre Apargici , autrefois fort nombreux on espèces, se trouve réduit aujourd’hui au seul A. Taraxaci, qui croît dans les prai¬ ries des plus hautes Alpes du Dauphiné et de l’Autriche. (J. D.) APARÏÏVE, Tourn. — Mœnch. — Neck. (âicxpûy , caille-lait), bot. pu. — Double emploi du genre Galium, de la famille des ttubiacées. M. Reichenbach et M. de Candolle groupent sous ce nom tous les Ga- lium annuels. _ (Sp.) * APARINÉES. Aparineœ , Link. — bot. ph. — Syn. de la tribu des Stellatœ , de la famille des Rubiacées. (Sp.) *APARISTHMIUM (« priv.; icxpLad/jux, glandes), bot. pii. — L 'Herbier de Ri¬ chard rapprochait , sous le nom de Conce- veibum , le Conceveïba d’Aublet , connu seulement par ses fleurs femelles , et une autre Euphorbiacée voisine , dont les femel¬ les différaient cependant par leur calice dé¬ pourvu de glandes , et dont les mâles pré¬ sentes permettaient de compléter le caract. générique. Nous avions donc cru devoir les réunir provisoirement en un seul genre , tout en exprimant des doutes qui ont paru suffisants à M. Endlicher pour distinguer du Conceveiba Aubl. notre Conceveibum sous le nouveau nom dAparisthmium. Ses caract. sont : Des fleurs dioïques ; dans les mâles, un calice triparti , hors duquel font saillie 3-4 étamines soudées inférieurement par leurs filets , à anthères introrses et ad-- nées ; dans les femelles , un calice dépourvu de glandes, quinquéfide ; un ovaire surmon¬ té de trois styles, dont la face interne est toute hérissée de papilles stigmatiques, et comme plumeuse , à trois loges chacune 1- ovulée, et devenant , à la maturité , une cap¬ sule à trois coques. La seule espèce connue est un arbre de la Guyane , à feuilles alter¬ nes, simples, dentées, portées sur un long pétiole qu’accompagnent à sa base deux sti¬ pules ; à fleurs , les mâles pelotonnées , les femelles situées une à une sur des épis axil¬ laires ou terminaux , solitaires ou fascicu- lés. Voy. Ad. Jussieu, Euphorb. , p. 42, tab. 14, fig. 42 A. (Ad. Juss.) *APARTIUM, Neck. bot. pii. — Syn. du g. Spartium , de la famille des Légumi¬ neuses. (Sp.) * APATANTIIUS (dit a-ràu>, je trompe ; xv0o{, fleur; fleur qui induit en erreur). bot. pii. — Go genre a été décrit par Yi- viani dans sa Fl. Libyca, mais d’une ma¬ nière tellement incomplète , que Cassini et M. de Candolle l’ont laissé dans les gen¬ res non classés , tout en croyant cependant pouvoir le considérer comme une espèce c VHieracium . Cette plante , qui a le port de VII. pilosella , est originaire des montagnes de la Cyrénaïque. (J. D.) APATE (à*«Tï) , ruse , fraude ). ins. — Nom donné par Fabricius à un genre de Co¬ léoptères tétramères , famille des Xylopha¬ ges , que Geoffroy avait créé avant lui sous la dénomination de Boslriche. Bien que ce dernier nom eût dû prévaloir à raison de son antériorité , cependant tous les entomo¬ logistes , à l’exception d’Olivier et do La- trcille , ont adopté celui dApcite , en trans¬ portant , comme Fabricius , le nom de Bos - triche à des Insectes d’un autre genre. Geoffroy caractérise ainsi le genre dont il s’agit : Antennes en masse composées de trois articles ; rostre nul ; corselet cubique, dans lequel la tête est cachée, tarses nuis et épineux. Latreille le place dans sa tribu des Bostrichins et lui assigne pour caract. di¬ stinctifs : Palpes filiformes ; mâchoires à deux lobes ; massue des antennes perfoliée ou en scie , quelquefois pectinée ; corps al¬ longé , convexe ; corselet élevé , globuleux ou cubique. Ce genre diffère des Scolytes par les antennes et les tarses , et des Psoas par la forme du corps et le nombre des lobes des mâchoires. Les larves des Apates ont le corps mou , un peu renflé , courbé en arc ; il est muni de six pattes et d’une tête écailleuse ; celle- ci est année de deux mâchoires , très solides et tranchantes. Ces larves , comme celles des Vrillettes , vivent dans le bois mort, où elles tracent des chemins tortueux , qu'elles remplissent de leurs excréments , qui res¬ semblent à de la sciure de bois. Ce n’est qu’après avoir vécu ainsi deux ans environ , que, parvenues â toute leur taille, elles se changent en nymphe dans une coque com¬ posée de poussière de bois et d’un peu de matière soyeuse , d’où l’insecte parfait sort au printemps suivant. Les Apates ne se trouvent jamais sur les fleurs ni sur les arbres sains ; mais on les rencontre souvent sur les bois morts , sur 640 APA les écorces à demi pourries et sur les bois anciennement coupés. Ce genre est aujourd’hui très nombreux en espèces; M. Dejean, dans son dernier. Ca¬ talogue , en mentionne 62 , dont 45 sont exotiques. Parmi celles d’Europe , nous ci¬ terons VA. capucina Fabr., Bostrich. ca¬ pucine Oliv., ou Dermestes id. de Linné, qui peut être considéré comme type du g. Cette espèce est très commune aux environs de Paris, et a été figurée par Geoffroy et Schœffer. __ (D.) * APATÈLE. Apatela , trom¬ peur). ins.— G. de l’ordre des Lépidoptères, famille des Nocturnes , établi par Stéphens aux dépens du g. Acronycta d’Ochsenhei- mer, et qu’il place dans sa tribu des Noc- tuides. Ce g., qu’il n’a fait qu’indiquer dans son Catalogue des insectes de l’Angleterre , ne comprend que 5 esp., les A. leporina, bradyporina et aceris. Voy. le g. Acro¬ nycta. (P.) *APATELIA, de Cand. ( Prodr., t. I, p. 526 ) (cmtoctïi Mç , trompeur ). bot. pii. — Synon. (suivant M. Cambessèdes , Mém. sur T ernstrémiacées ) du g. Saurauja , Willd. (Sp.) * APATEUM ( cwrarâoü , je trompe ). ins. — G. de Coléoptères pentamères , famille des Sternoxes, tribu des Buprestides, établi par M. Maximilien Spinola , qui lui donne pour caract. (Ann. de la soc. ent., t. VI , p. 120) : Prosternum sans dépression ; bord antérieur fortement échancré , comme dans les Poly- bothris ; appendice présternal rebordé dans toute sa longueur , légèrement atténué près de son extrémité ; extrémité arrondie , re¬ couvrant le milieu du mésosternum et at¬ teignant le métasternum ; celui-ci largement évasé pour recevoir l’extrémité du proster¬ num. Épimères sinueux , notamment élar¬ gis après l’insertion des hanches postérieu¬ res , un peu échancrés au dessus d’elles. L’auteur a donné h ce genre le nom d \ipa- teum , parce que l’espèce unique sur lequel il le fonde simule l’habitus d’un Psiloptère. : Cette esp. est le Buprestis calceata (Klug, Ins. mad., n° 47 , tab. 11, fig. 5). (D.) APATHIQUES (Animaux), zogl. — Lamarck a donné ce nom aux Zoophythes ou Animaux rayonnés de Cuvier , qu’il con¬ sidérait comme dépourvus d’organes de sen¬ sation , et n’ayant même pas le sentiment | APA de leur existence. Ce nom n’a pas été ad¬ opté. (C. d’O.) * APATHUS (&ta0vjs , qui ne se donne aucune peine), ins. — Genre de la famille des Mellifères , groupe des Bombites , de l’ordre des Hyménoptères , établi par M. Newmann, et adopté par M. Westwood (Gener. synops. of ail the Brit. gen.) pour quelques esp. indigènes, très voisines des Bourdons proprement dits ( Bombus ) , dont elles ne diffèrent essentiellement que par les jambes postérieures , privées d’organes propres à la récolte du pollen. Le type de ce genre , qui correspond à celui de Psy- thirus Lep. S.-Farg. (Voy. ce mot), est VA. rupestris (Apis rupestris Fab. ), espèce commune en Europe. (Bl.) APATSTE ( cbr-arcbü, je trompe ; à cau¬ se des erreurs nombreuses auxquelles cette substance a donné lieu), min. — Nom don¬ né par Werner à une partie des variétés de la Phosphorite ou du Phosphate de chaux naturel , et que M. Beudant a étendu à toute l’espèce. Voy. phosphates et piiospho- rite. (Del.) *APATITI A, Hamilt. (Prod. Flor. Ind. occid. 42 ) ( àicscrv) , tromperie ). bot. ph. — Sous-genre de la famille des Mélastoma- cées, fondé sur le Blakea quinquenervis Aubl. Il ne paraît différer essentiellement des autres Blakea qu’en ce que les fleurs sont à 8 ou 9 pétales. (Sp.) * APATOMYZE. Apatomyza ( «ir àzy , ruse ; mouche), ins. — Genre de l’or¬ dre des Diptères , division des Brachocères, subdivision des Tétrachœtes, famille de Ta- nystomes , tribu des Bombyliens , établi par Wiedmann et adopté par Latreille ( Fam. natur. ) , ainsi que par M. Macquart , qui lui assigne les caract. suivants : Trompe une fois plus longue que la tête ; palpes saillants de deux articles distincts ; premier article des antennes allongé ; troisième su- bulé , comprimé ; style peu distinct ; abdo¬ men allongé, cylindracé; pieds longs, ailes couchées. Deux espèces exotiques , l’une du Cap , et l’autre de l’Amérique du Nord (Géorgie) , composent ce genre , dont le nom ( Apatomiza , mouche trompeuse ) indique la ressemblance apparente de ces diptères avec les Therèves , genre de la fa¬ mille des Brachystomes. (D.) *APATUHA («ico, sans; ow/>«, queue). APA APE ins. — Genre de l’ordre des Coléoptères pentamères, famille des Sternoxes, tribu des Buprestides, établi par MM. Delaporte et Gory, qui lui donnent les caract. suivants : Palpes maxillaires de trois articles visibles : le premier allongé, presque cylindrique, conique ; le deuxième un peu arqué ; le troisième en ovale allongé. Palpes labiaux de deux articles visibles : le premier cylin¬ drique ; le deuxième ovalaire , un peu ren¬ flé. Labre en demi-cercle, un peu cilié en a- vant. Menton large , transversal. Lèvre poin¬ tue en avant , un peu ciliée. Mâchoires à lobe externe allongé, ovalaire, droit; l’interne petit et pointu. Antennes à premier article gros , renflé ; le deuxième court ; le suivant allongé , conique ; les autres triangulaires. Tarses antérieurs un peu élargis , à 3 pre¬ miers articles égaux , triangulaires ; le pé¬ nultième très court , prolongé de chaque côté en une pointe aiguë ; les postérieurs semblables, mais plus allongés; le premier article très long. Ce genre a pour type VApat. appendicu- lata, Fabr. , que M. Dejean rapporte au genre Phœnops , Mégerle , dans son dernier Catalogue. Voy. ce mot. JS ota. Si le genre dont il est ici question est conservé , il faudra en changer le nom : car celui d ''Apatura, que les auteurs lui ont donné, a été appliqué depuis long-temps par Fabricius à un genre de Lépidoptè¬ res diurnes , et forme d’ailleurs contresens avec le nom de l’espèce qui lui sert de type. (D. et Ch.) A PATUIIA ( dicd , sans; ov/où, queue). ins. — Genre de l’ordre des Lépidoptères , famille des Diurnes , tribu des Nymphali- des , créé par Fabricius, et réuni au genre Nymphale par Latreille , mais qui nous pa¬ raît devoir en être séparé, et auquel nous assignons les caractères suivants , dans no¬ tre Catalogue méthodique des Lépidoptères d’Europe : Antennes de la longueur du corps, se formant insensiblement en une massue fusiforme , plus renflée que dans les g. Li- menitis et Nymphale. Palpes plus longs que la tête, connivents vers leur extrémité, avec leur dernier article nu et très aigu ; les deux premiers articles plutôt squammeux que velus. Tête un peu plus étroite que le cor¬ selet. Corselet robuste , et presque aussi long que l’abdomen. Ailes sinuées et denti- 641 culées ; les inférieures dépourvues de queue. Chenilles limaciformes , ayant la tête sur¬ montée de deux cornes divergentes , et deux petites pointes anales conniventes. Chrysa¬ lides comprimées latéralement , avec le dos renflé , caréné , et la tête bifide. Ce genre ne renferme en Europe que deux espèces vulgairement connues sous le nom de grand et de petit Mars, Apat. iris et Apat. ilia, Fabr. Ce sont deux de nos plus beaux Pa¬ pillons , dont le fond de la couleur en des¬ sus , chez les mâles , paraît ou d’un noir brun ou d’un bleu très vif, suivant l’aspect de la lumière , avec des taches blanches qui sont souvent lavées d’orangé dans la se-^ conde espèce. L'Ap. iris n’habite que les grands bois un peu humides ; YAp. ilia se trouve à la fois dans les bois et les prairies bordées de saules. (D.) * APATURIA (àrtâ-wyî , opoç, , bâtard). bot. ph. — Genre de la famille des Or- chidacées , tribu des Epidendrées , formé par Lindley [Orchid. 130) , et ainsi caracté¬ risé : Divisions externes du périgone pu- bescentes, étalées; les latérales quelquefois plus grandes , obliques à la base ; les inter¬ nes plus étroites. Labelle onguiculé , articu¬ lé avec la base plus ou moins allongée du gynostème , ventru à son point d’insertion , charnu , trilobé au sommet, relevé de crêtes au disque. Gynostème cylindrique , clavi- forme, arqué, à clinandre ailé. Anthère 4- 8-loculaire. Pollinies. — Les Apaturia sont des plantes herbacées de l’Inde , épigées , aphylles, à scapes embrassées par des squam- mes scarieuses, filamenteuses; à bractées membranacées , à inflorescence en grappes penchées, pubescentes. (C. L.) APEIBA, Aubl. ( Guian ., t. I , p. 538, tab* 213-216 ) ( nom caraïbe ). — Oxytan- drwm, Neck. — Sloanea, Loeffl. — Auhle- tia , Schreb. bot. ph. — Genre de la fa¬ mille des Tiliacées. M. Kunth {in Humb. et Bonpl., Nov. Gen. et Spec. V, p. 347 ) lui assigne pour caract. : Calice de 4 ou 5 sé¬ pales lancéolés, colorés. Pétales 4 ou 5 , obovales, ou lancéolés , aussi longs que le calice , ou plus longs , convolutés en pré¬ floraison. Étamines très nombreuses ; filets filiformes, libres; anthères lancéolées-té- tragones , basifixes , 2-thèques , longitudi¬ nalement déhiscentes , surmontées d’un ap¬ pendice membraneux. Ovaire 8-ou pluri-lo* 41 « T. I. (m APE salaire , non stipité ; loges multï-ovulées. Ovules anatropes , multi-sériés , subhorizon¬ taux , attachés à l’angle interne des loges. Style indivisé, épaissi Yers le sommet, ter¬ miné en stigmate infondibuliforme, denticu- lé. Caps, tuberculeuse ou spinelleuse, coria¬ ce, orbiculaire, déprimée, ombiliquée, 8- ou pluri-loculaire; loges polyspermes , remplies d’une substance pulpeuse. Graines nidulan- tes, petites, ovoïdes; test crustacé; raphé inapparent ; chalaze épaisse, terminale. Em¬ bryon rectiligne, axile dans un périsperme charnu. Cotylédons plans, foliacés; radi¬ cule cylindracée, centripète. — Arbres ou arbrisseaux ( habitant l’Amérique équato¬ riale) ; feuilles très entières ou dentelées , alternes , courtement pétiolées , discolores , couvertes d’une pubescence étoilée ; stipu¬ les latérales , géminées , caduques ; pédon¬ cules terminaux et oppositifoliés , dichoto- mes ou trichotomes , multiflores , bractéo- lés ; fleurs jaunes ou verdâtres. On en con¬ naît 9 espèces. (8p.) *APENIULA (Legonzia, Dur., fl. Bury). bot. pii. — Genre de la famille des Cam- panulacées- campanulées , formé par Nec- ker, et réuni en synonymie et comme sous- genre au g. Specularia de Heister, avec ces caract. distinctifs : Tube calicinal allongé , prismatique , anguleux. Capsule déhiscen¬ te près du sommet, vers le limbe du calice. Graines ovoïdes. — Quelques esp. propres à l’ancien Continent. (C. L.) APE R. mam. — Nom latin du san¬ glier. Voy. ce mot. (C. d’O.) APERA ( à. priv.; v:\pu , sac), bot. ph. — Genre de la famille des Graminées, for¬ mé par Palissot de Beauvois, et réuni, com¬ me synonyme, au genre Agrostis de Linné. (C. L.) A PERE A. mam. — Nom donné au Co¬ chon d’Inde. Voy. cobaye. (C. d’O.) A PÉRI A N T II ACÉE S ( à priv.; * spii autour ; «y 005, fleur), bot.— M. deMirbel a donné ce nom à la famille des Cycadées , formée des Cycas et des Zamia, parce que les fleurs des plantes qui la composent sont dépourvues d’enveloppes florales ou de pé- rianthe. (G. d’O.) APËRISPERMÉ (a priv.; «tpi, au¬ tour ; cKépyx, graine ; dépourvu de périsper¬ me ). bot. — Se dit d’une graine ou d’un embryon qui manque de périsperme , com- APH me cela se voit dans la Salsola tragus. (C. D’O.) * A PE R I ST O AI É ES ( « priv.; «épia tg- yoç , péristome ). bot. cr. — On donne cette épithète aux Mousses dont la capsule a son orifice nu ou privé de péristome. (C. M.) APÉTALES ( «priv.; nérxïov , pétale). bot. — Tournefort a désigné sous ce nom la dix-huitième classe de sa méthode , qui renferme les arbres dont les fleurs sont dé¬ pourvues de corolle. M. de Jussieu en a fait une des trois grandes sections des Dicotylé¬ dones. (C. d’O.) * APÉTALIE (« priv. ; firsroàov, pétale). bot. — Nom d’une des grandes divisions de la Méthode botanique de M. de Jussieu , qui comprend toutes les plantes dicotylédo¬ nes apétales. (C. d’O.) * APÉTALÏFLORES ( apetalus , apé¬ tale ; flos , fleur ). bot. — Épithète donnée par M. H. Cassini à la calathide et à la cou¬ ronne des plantes de la classe des Synanthé- rées quand elles sont composées de fleurs apétales. Ex. : les calathides féminiflores de^ Xanthiwn , la couronne des Gymnostyles . (C. D’O.) APHACA, Tourn. ( d , je parais ; nzêpov, aile ). ins. — Dénomina¬ tion employée par M. Kirby , synonyme de celle de Siphonapteres , Lat. Voy. ce mot. (Bl.) APHANISTÏCUS ( , je dispa¬ rais ). ins. — Genre de Coléoptères penta¬ mères , famille des Sternoxes ou des Serri- cornes , tribu des Buprestides , établi par Latreille et adopté par tous les entomolo¬ gistes. Yoici comment il est caractérisé par M. Lacordaire , dans la Faune entom. des environs de Paris : Bouche située entière¬ ment au dessous de la tête et n’offrant d’au¬ tres parties distinctes que le labre , qui est presque carré et entier à sa partie antérieu¬ re ; yeux grands , oblongs , rapprochés à leur partie inférieure ; antennes très rap¬ prochées , et reçues, chacune à leur base et leur partie moyenne , dans une rainure pa¬ rallèle aux yeux , et à leur extrémité dans une échancrure des flancs du prothorax ; beaucoup plus courtes que ce dernier ; leur 644 APH APIî premier article renflé en massue ; le deuxiè¬ me gros , ovalaire ; les 5 suivants courts , presque grenus ; les 4 derniers dilatés , for¬ mant une massue en scie. Tête très grosse , subcylindrique , canaliculée sur le vertex , avec le front très étroit , réduit à un mince filet entre les yeux , et l’épistome légèrement échancré. Prothorax presque carré , légère¬ ment rétréci et bilobé à sa base en dessus , échancré antérieurement sur les côtés pour recevoir les antennes ; prosternum large , légèrement convexe , spatuliforme à son extrémité postérieure ; élytres sinués latéra¬ lement ; pattes grêles , courtes et contracti¬ les , les intermédiaires très écartées à leur naissance ; cuisses larges , comprimées et tranchantes à leur côté interne ; articles des tarses très courts ; les 4 premiers munis de pelotes en dessous ; crochets des tarses uni- dentés à leur base; corps allongé, très étroit , presque linéaire. Les Aphanistiques se tiennent sur les plantes basses, où ils échappent à la vue par leur petitesse , ainsi que l’indique leur nom générique. M. Dejean en mentionne dans son dernier Catalogue 5 espèces , dont une de Madagascar, et deux qui se trouvent en France , et même aux environs de Paris, savoir : VEmarginatus Fabr., qui forme le type du g., et le Pusillus d’Olivier. (D.) APHA1VITE («pav^ç, qui disparaît; par allusion à l’état imperceptible des élé¬ ments minéralogiques composants ). géol. — Ce nom , proposé par M. Haüy , employé par MM. Léonhard et Brongniart, a été adopté par M. Cordier pour désigner l’une des espèces de sa famille des Roches py- roxéniques. L’Aphanite , que Dolomieu appelait Cor- nêenne , était autrefois rangée parmi les anciennes Roches trappéennes. Suivant M. Cordier, elle ne diffère del’Ophitone ( Voy . ce mot) que par l’extrême ténuité des par¬ ties pyroxéniques et feldspathiques qui la composent. C’est l’Ophitone à l’état com¬ pacte , et offrant une apparence parfaite¬ ment homogène. Malgré le résultat déjà ancien des recher¬ ches de M. Cordier, on a pris pendant long¬ temps , et quelques géologues prennent encore la matière pyroxénique de l’Apha- «ite pour de l’Amphibole ; mais c’est à tort : car cette roche fond en émail verdâtre, tan¬ dis que l’Amphibole communique une tein¬ te d’un brun - noirâtre aux roches compac¬ tes qui en contiennent lorsqu’on la vitrifie. Les autres caract. fournis par l’analyse mé¬ canique , aidée du microscope , ne laissent d’ailleurs aucun doute. Les variétés de cette espèce offrent des teintes verdâtres plus ou moins foncées ; elles sont quelquefois cellulaires, ou plutôt a- mygdalaires ; ce qui , joint à son état com¬ pacte , indique qu’elles se sont consolidées avec plus de rapidité que l’Ophitone. On y trouve assez fréquemment de la Pyrite ordinaire , ainsi que des veines ou taches d’Epidote d’un vert pistache. L’Aphanite est une Roche d’épanche¬ ment, et peut-être aussi, dans quelques cas, une Roche d’éruption. Son gisement est dans les terrains secondaires très an¬ ciens , tels que ceux de la période phylla- dienne. On la trouve dans les Vosges , en Corse, et dans la presqu’île du Sinaï. Cette Roche est rare. La matière qui la compose fait , d’ailleurs , la base de l’esp. de Porphyre pyroxénique qui est si con¬ nue sous le nom d ’Ophite antique. (C. D’O.) *APHANIUS- poiss. — Genre de Pois¬ sons abdominaux , placé par M. Nardo , au¬ teur du genre , entre les Saumons et les Cyprins. Il le caractérise ainsi : Corps cou¬ vert d’écailles très fortes, une très grande arrondie sur la nuque. La tête comprimée entre les yeux ; le museau obtus ; l’ouver¬ ture de la bouche oblique , presque verti¬ cale ; les mâchoires pourvues de petites dents égales ; les lèvres minces ; la mâchoi¬ re inférieure plus longue que la supérieure, et dirigée vers le haut. Point de ligne la¬ térale. Quatre ou cinq rayons à la membra¬ ne branchiostège. Les nageoires simples ; les ventrales sous l’abdomen ; la dorsale reculée sous les courbes, opposée à l’anale. M. Nardo fait observer que les os sont re¬ marquablement durs , en comparaison de la petite taille du poisson. Il en cite deux esp. abondantes dans les lagunes de Venise, d’un goût amer, et qui ne se mangent point. — Ce g. me paraît être celui déjà établi sous celui de Fundellus , et l’une des espèces être le Pœcilia calaritana de Bonelli. (Val.) *APHAIVÏZOMÈNE. Aphanizomenon APH APH 645 ( à?av£Ço>3«,je disparais) (Phycées). bot. ph. — M. Ch. Morren a imposé ce nom à un nou¬ veau genre delà tribu des Confervées, qu’il a observé le premier, et qu’il a caractérisé de la manière suivante : Filaments simples, cylindriques, flexueux, membraneux , hya¬ lins , formant , par leur réunion , à certaine époque de leur existence éphémère , des es¬ pèces de lamelles planes , semi-lunaires ou fusiformes , lacérées ou comme déchique¬ tées à leurs extrémités opposées. Chacun de ces filaments est composé d’articles droits , cylindriques ou renflés çà et là , contenant de la matière verte , jouissant d’un mouve¬ ment de reptation remarquable, et se sépa¬ rant enfin spontanément les uns des autres. Une espèce unique constitue ce genre. On la trouve de mai à juillet dans les fossés et les étangs de la Flandre. Voici , d’après l’auteur, les rapports de ce singulier végétal, sur lequel il a publié un mémoire fort intéressant. « Les Aphanizo- mènes lient les Conjuguées vraies aux Zygné- mées par un accouplement bien prononcé chez ces dernières, accouplement qui devient une simple soudure dans les premiers. Ce genre met en rapport les Conjuguées avec les Laminaires des eaux marines, par la for¬ me de la lamelle qui résulte de la soudure des filets. Il établit une analogie entre les Oscillariées et les Confervées , en démon¬ trant qu’un mouvement de reptation, de natation , d’oscillation , peut appartenir aus¬ si bien à l’organisation des Conferves qu’à celle desOscillaires, dans lesquelles on croit reconnaître les caractères de l’animalité. Les vésicules renflées ramènent VAphanizo- mène à la Conferva vesicata, Ag. ; et les articles, comme l’organisation des filets elle- même, lui conservent avec les Confervées vraies des rapports si clairs, qu’il serait hors de propos de placer ailleurs que parmi elles ce genre nouveau. (C. M.) *APHAIYOBIUS (àç>avv]ç, obscur ; yStoç, vie), rvs. — Genre de Coléoptères penta¬ mères, famille des Sternoxes, tribu des Elatérides , établi par Escholtz , qui lui donne pour caract. : Tarses dépourvus de pelote; ongles simples. Front défléchi, et, le plus souvent, plan ou concave. Bouche avancée ou infléchie. Carène du front très fine. Lames de la poitrine subitement dila¬ tées intérieurement. Quatrième article du tarse entier ; écusson ovale ; dessous des tarses garni d’un duvet épais. M. Dejean , qui a adopté ce g. dans son dernier Catalo¬ gue , y rapporte 9 esp. , dont 7 de l’Améri¬ que, 1 de l’île Bourbon, et 1 de Java. Nous ne citerons que cette dernière , nommée Aph. flabellatus Dejean. (D.) * APHAAOCHILUS , Benth. ( $ , obscur ; xehos , lèvre ). bot. ph. — Genre ou sous-genre de la famille des Labiées, que M. Bentham [In Wallich, Plant. As. rar .) avait d’abord considéré comme un g. dis¬ tinct, mais qu’il a réuni depuis [Labiat., p. 161) au g. Escholtzia , Willd. , dans le¬ quel il figure comme section caractérisée par des anthères à bourses divariquées ou divergentes, confluentes après l’anthèse. (Sp.) * APHANOPE [Aplmnopiis , Lowe). poiss. — Genre de Poissons de la famille des Scombéroïdes , de la forme du Lépido- pe , à corps allongé, comprimé comme une lame d’épée , avec une courte carène de chaque côté de la queue. Le museau et les dents sont semblables à ceux du Lépidope ; mais le palais n’a point d’armure. On voit deux dorsales presque égales. Il n’y a pas de traces de ventrales. M. Lowe, auteur de ce genre, n’en cite qu’une seule espèce, qu’il nomme Aphanopus carbo , poisson fort rare à Madère, où il est appelé Espada prete. Il est d’une couleur café foncée , presque noire. M. Lowe n’en a vu qu’un seul individu. (Val.) * A P 1 1 A A O PE TA L OS , Endl. (d?*^, obscur ; iriroJov, pétale), bot. ph. — Genre de la famille des Cunoniacées. Son auteur Annal. Wien. Mus. , t. II ; Gen. Plant. , p. 818; Nov. Stirp. decas , t. Y, p. 54; Iconogr . , tab. 96) lui assigne pour caract. : Calice inadhérent , 4-parti, à segments éta¬ lés , membranacés , veineux , un peu iné¬ gaux. Pétales 4 ( souvent nuis ) , linéaires - ancéolés, minimes. Etam. 8, insérées au ’ond du calice ; filets subulés. Anthères 2- dièques , basifixes, subsagittiformes, privées d’appendices basilaires. Ovaire inadhérent , 4-loculaire; ovules solitaires dans chaque oge , suspendus au sommet de l’angle in¬ terne. Styles 4, cohérents. Stigmates 4, courts, pointus, terminaux , étalés en forme d’étoile. Fruit inconnu. — Arbres habitant la côte orientale de la Nouvelle -Hollande; 646 AP I I APH ramules ponctués ; feuilles opposées , cour- tement pétiolées , simples , coriaces , dente¬ lées, glabres; stipules interpétiolaires , ca¬ duques ; panicules axillaires et latérales ; pédicelles 2-braetéolés au milieu; bractéo- les sétacées. On ne connaît qu’une espèce. (Sp.) * APIIAKOSTEMMA , Aug. S.-Hil. ( àçjotvy is, peu apparent; azt^.u. , étamine ). bot. pii. — Genre de la famille des Renon- cuiacées (tribu des Anémonées DG.). Son au¬ teur ( Flor . Brasil. merid. , t. 1 , p. 9) lui assigne les caract. suivants : Calice pétaloï- de, 5-sépale , non persistant. Pétales 5, glanduliformes , suborbiculaires , minimes, munis d’une fovéole nectarifère 2-labiée. Étamines en nombre indéfini, à anthères introrses. Ovaires très nombreux, libres, 1-OYulés. Ovule suspendu au sommet de la loge. Stigmates sessiles. Akènes disposés en épi ; réceptacle conique. Graines à radicule supère. Le Ranunculus cipiifolius , L. , constitue à lui seul ce genre ; cette plante croît dans l’Amérique méridionale. (Sp.) * APHANOSTEPHUS ( invi¬ sible ; Gzecpàvy] , couronne ; couronne invi¬ sible ). bot. ph. — M. de Candolle a fon¬ dé ce genre sur une plante originaire du Mexique , laquelle fait partie des Composées, tribu des Astéroïdées. Elle a pour caract. : Capitules multiflores, hétérogames; fleurs du rayon ligulées, 1-sériées, femelles; celles du disque hermaphrodites, S-dentées. Ré¬ ceptacle très convexe , nu. învolucre com¬ posé de deux rangées d’écailles acuminées , membraneuses sur les bords. Fruit cylindri¬ que, parcouru de légères stries, et terminé par une membrane entière , courte , en for¬ me de couronne. — La seule espèce connue habite le Mexique ; c’est une herbe dressée, rameuse , pubescente , à feuilles sessiles , alternes, incisées ou légèrement lobées; les rameaux, dépourvus de feuilles au sommet , portent un capitule à ligules blanches plus longues que l’involucre. (J. D.) * APHAAXS ( , obscur ). ms. — M. de Laporte ( Essai d'une classifie, syst. de Vord. des Ilémipt.) a appliqué cet¬ te dénomination à un g. de la famille des Lygéens , de l’ordre des Hémiptères , déjà désigné par MM. Lepelletier de Saint-Far- geau et Scrville ( Encycl. méth., t. X) sous le nom do Pachajmerus. Ce dernier nom , étant le plus ancien , doit être conservé de préférence à l’autre. Quoi qu’il en soit, ce g. est adopté dans plusieurs ouvrages d’entomologie sous le nom dAphanus ou Aphana. Voy. pachymerus. (Bl.) * APHARTÈRES. Apharterœ (âfàp- ispoç , agile), arachn. — M. Walckenaër désigne sous ce nom une petite division d’A- ranéides appartenant au genre Selenops. (H. L.) * APIIÉBROBÈRE ( Aphedroderus , Lesueur ) ( &£%, simple ; â'd p , âvctyos, homme, étamine), bot. pii. — Genre de la famille des Acanthacées , tribu des Aphélandrées , Nees , formé par R. Brown ( Prod ., 475 , etc.), et ainsi carac¬ térisé : Calice 5-partite , inégal. Corolle hy- pogyne , ringente. Lèvre supér. comme voûtée , bidentée ; lacinies latérales de l’in- fér. beaucoup plus courtes. Etamines 4 , in¬ sérées au tube de la corolle, incluses , didy- names. Anthères mutiques, uniloculaires. Ovaire biloculaire ; loges biovulées. Style simple ; stigmate bifide. Capsule subcylin¬ drique, biloculaire, tétrasperme, Joculicide , bivalve. Yalves septifères au milieu. Graines APH APH 04 7 comprimées , sous-tendues par des rétina- cles. — Ce g. comprend plusieurs espèces retirées du g. Justicia de Linné. Ce sont des sous - arbrisseaux propres à l’Amérique tropicale , à feuilles opposées , à inflores¬ cence en épis axillaires et terminaux , tétra- goneS ; garnis de bractées opposées , sub- membranacées ; de bractéoles étroites. — Fleurs belles , rougeâtres. (C. L.) * APHELEXIS simple, sans ornements), bot. ph. — Ce genre a été éta¬ bli par M. Bojer aux dépens de certains Ile- lichrysum de Madagascar. Ses caractères sont les suivants : Réceptacle à peine alvéolé. Involucre composé d’écailles plus longues que les fleurs du disque , verdâtres ou bru¬ nes à leur base, et terminées en un appen¬ dice linéaire , lancéolé. Les soies de l’ai¬ grette, filiformes à la base, présentent au sommet quelques barbellules. Toutes les fleurs sont hermaphrodites ; ce qui distingue ces plantes*des genres voisins. (J. D.) APHELIA ( ù'pôÂiot. , simplicité ). bot. ph. — Genre de la famille des Centrolépi- dées , formé par R. Brown ( Prod. , 251 ) , adopté par Desvaux ( Centrol. in Aimai, scienc. nat., t. XIII, p. 56 ), et ainsi carac¬ térisé : Epillets distincts , uniflores. Glume antérieure mucronée , enserrant la posté¬ rieure et une paléole mutique. Etamine uni¬ que , placée en avant. Ovaire unique , ses- sile. Style filiforme; stigmate simple. Utri- cule déhiscent longitudinalement d’un cô¬ té. Graine comprimée. — Ce g. ne contient qu’une plante herbacée {A. cyperoïdes) de la Nouvelle -Hollande australe. Elle forme une touffe composée de feuilles radicales , filiformes, vaginantes à la base; à scapes nues , indivises ; à épis terminaux , dont les glumes sont hispides, acuminées ; les infé¬ rieures souvent stériles , plus longues. (C. L.) *API3ÉLIE (ânb, loin; soleil), ins. — Genre de l’ordre des Lépidoptères , fa¬ mille des Nocturnes , établi par Stéphens , et placé par lui dans sa tribu des Tortrici- des. Il y comprend 5 esp. dont aucune ne nous est connue , de sorte que nous igno¬ rons à quel genre des autres Auteurs celui- ci correspond. (D.) *APIIELIXUS («?£/•<$, simple), os. — Genre de la famille des Chalcïdiens , de l’ordre des Hyménoptères, section des Té- rébrans, établi par Dalman ( Acta Ilolm. ) , et adopté par M. Walker (Enù May.), qui y rapporte un certain nombre d’esp. indi¬ gènes. — Ce genre est principalement ca¬ ractérisé 1° par les antennes, ne présentant que six articles distincts, dont le sixième fusiforme et allongé ; et 2° par les tarses, de cinq articles. Le type du g. est VA. ba- salis, Walk. ( Agonionenrus id. , Westw.). M. Westwood a donné à ce même genre le nom cVAgonioneurus , ne croyant pas sans doute assez reconnaître son identité avec le g. Aphelinus de Dalman , et il a créé en outre les g. Pteropterix , Coccophagus et Trichogramma , que M. Walker regarde comme de simples divisions du g. Apheli¬ nus. Voy. chacun de ces mots. (Bl.) *APHEJLOCHEIRUS simple ; /££>, main , tarse), os. — Genre de la fa¬ mille des Leptopodiens , Brui. ( Riparii , Burm.), de l’ordre des Hémiptères, sect. des Hétéroptères , établi par M. Westwood {Int. mod. class. of Ins.), qui se distingue des Salda de Fab., ou Acanthia Lat. par les antennes , très épaisses , et les jambes postérieures , propres à la natation. La seu¬ le esp. que l’auteur rapporte à son g. est VA. œstivalis ( Naucoris œstivalis Fab.). (Bl.) * APHELOPUS ( «feiijs, simple; ndï s, pied), os. — Genre de la famille desOxyu- riens , de l’ordre des Hyménoptères, section des Térébrans , établi par Dalman ( Ana - lecta entom.) , et adopté par la plupart des entomologistes. — Ce g. , très voisin des Dryinus et Gonatopus , s’en distingue par plusieurs caract. importants : 1° par un corps assez large ; 2° un thorax fort large en avant , et rétréci considérablement en arrière ; 3° des pattes grêles et simples , sans dilatation et sans renflement , avec les crochets des tarses très petits, et 4° par un ab¬ domen ovalaire comprimé, beaucoup plus court et plus étroit que le thorax. Le type de ce g. , dont on ne connaît que quelques esp. indigènes, est VA. melaleucus Daim. , etc., répandu dans le nord de l’Europe. (Bl.) *APIÏÈNE. — Voyez aphana. (Bl.) * APHERESE (àÿ>at/j£