« ^ ,A,..-^ .é>^ .■t«!!^?^!nw? %i^ ^N?€^ A^i^A^t; i^ ^.^v .►* T -"f "v. -L ^- A ■/ ] 4 1 1 i L s C s ■ y ■ iô. i6 X LA BELGIQUE HORTICOLE; JOURNAL DES JARDINS. Gand, Imp. de C. Annoot-BraecKinan WOPxREN LA BELGIQUE HORTICOLE, JOURMl DES JARDINS, DES SERRES ET DES VERGERS, FONDE PAR Ch. morren, ET RÉDIGÉ PAR Edouard MORREN, Docteur spécial en sciences bolaniques, Docleiir en sciences naturelles, Candiclal en pliilosopliie cl lettres, Professeur suppléant de botanique à l'université de Liège, Directeur du jardin botanique, Secrétaire de la Fédération des sociétés d'iiorticullure de Belgique, Membre correspondant de l'Association britannique pour l'avancement des sciences, de l'Académie impériale des curieux de la nature à léna, de la Société botanique de France, des sociétés (lliorlicullure de Paris, Berlin, Turin , St, Pelersbourg, etc. TOME IX. LIBRAl^T NEW YORK BOTANICAU UAKDBfH LIEGE, A LA DIRECTION GÉNÉRALE, RUE TROKAY, 24. i8S9. CHARLES MORREN SA VIE ET SES ŒUVRES. I. j^EW YORK tjoTANlCAL ■ aROBN 'histoire de la Belgique n"a pas seulement à conserver le souvenir d'époques de splendeur et de luttes héroïques; à chacune de ses pages, sont inscrits quelques- uns de ces noms illus- tres, qui marquent pour ainsi dire les étapes du progrès. Nous avons eu des gouvernants aimés , de grands politiques . des maisons royales puissantes , des conquérants redoutés , et , ce qui vaut — VI — mieux encore, des artistes, des littérateurs et des savants, dont les noms impérissables sont à jamais unis à l'histoire du déve- loppement de l'intelligence. Un si glorieux passé est sans doute un gage d'avenir, d'autant plus que nous jouissons de ce bien précieux pour lequel nos ancêtres ont tant souffert et tant combattu, nous voulons dire l'indépendance nationale. L'activité intellectuelle des Belges a pénétré depuis longtemps dans tous les domaines de la science. Pour ne choisir qu'un seul exemple, se rattachant immédiatement au sujet que nous avons en vue, nous n'aurions qu'à évoquer les grandes figures des de l'Escluse, des Dodoens , des de l'Obel, qui, contemporains des Van den Spiegel, des Vesale et des Van Helmont, dominent toute la botanique du XVI'"'' siècle, et préparent la voie à l'im- mortel Linné. Ce grand naturaliste s'empare des travaux de ceux qui l'avaient précédé, immense assemblage de faits inco- hérents, pour en faire une véritable science, basée désormais sur des principes et non plus sur la tradition. Linné change l'aspect de la science, il ouvre pour la botanique une période nouvelle, dans laquelle nous nous trouvons encore, bien qu'elle ait été légèrement modifiée par l'intervention des de Jussieu. L'influence des grands principes de la méthode naturelle, fut en général assez lente à s'établir : Linné et de Jussieu sont les chefs des deux écoles scientifiques qui , avant de mettre en commun les vérités partielles dont chacune était dépositaire, restèrent longtemps rivales et ne dissimulèrent pas même tou- jours leurs luttes. Il en fut surtout ainsi dans notre pays, qui touche à la fois au Nord et à la France. Pendant la seconde moitié du XVIIfe siècle, les doctrines linnéennes furent presque les seules admises en Belgique où elles furent répandues par les botanistes Maërter, Rozin et Van den Stege de Putte. Le com- mencement de notre siècle trouva la botanique belge encore à peu près dans le même état ; elle était alors représentée par Roucel et Dekin, par Kickx à Bruxelles, Michaux à Louvain, Gaëde à Liège et Van Bréda, qui avait succédé à Cassel, à Gand. Presque tous les ouvrages de botanique descriptive qui parurent — VII — à cette époque sont disposés sur le plan du système de Linné. Les professeurs de Gand sont presque les seuls qui laissèrent pencher la balance en faveur des nouvelles doctrines françaises et des principes philosophiques, dont l'influence toutefois s'éten- dit assez péniblement pendant le premier quart du XIX^ siècle. 2. La révolution de i 850 bouleversa l'organisation de l'en- seignement supérieur dans les provinces méridionales; la plupart des chaires scientifiques étaient, sous le précédent Gouverne- ment, occupées par des étrangers. La révolution, en affran- chissant la nation, émancipa en même temps notre pensée et nos aspirations scientifiques. Mais dans ce moment aussi quatre naturalistes belges, Kickx, Vanderlinden, Engelspach dit Lari- vière et le botaniste Roucel, descendaient dans la tombe. Il s'était donc fait subitement de la place en 1850 et ce fut un moment où la Belgique savante, comme la Belgique politique, ne devait compter que sur ses propres fils. Charles Morren, l'un des plus dévoués d'entre eux, n'avait encore que 25 ans, mais ses études classiques étaient terminées; il avait visité les pays étrangers et séjourné longtemps à Paris; par ses ouvrages déjà nombreux, il avait à diverses reprises attiré l'attention publi- que sur sa valeur personnelle. Son nom depuis n'a cessé de grandir dans l'estime du monde savant, et, par des travaux importants , Charles Morren s'est élevé au premier rang parmi les naturalistes belges des vingt-cinq premières années de notre émancipation. Nous nous efforcerons de retracer les principaux traits de cette brillante carrière, courte d'années, mais riche de faits, consacrée tout entière au culte des sciences , et prématurément brisée par l'excès même d'un noble dévouement. Nous ne saurions nous dissimuler les difficultés de cette lâche. Dans la plupart des biographies scientifiques, l'écrivain se borne à rappeler les services rendus dans une science déter- minée et à discuter la valeur de quelques ouvrages conçus pen- dant une vie qui s'est écoulée bien simple et bien calme. Ce VIII — travail est relativement aisé. Il n'en est plus de même quand on se trouve en présence d'une organisation tellement encyclopédique qu'elle embrasse tout à la fois l'anatomie et la physiologie végétales , la botanique descriptive , la paléon- tologie, la zoologie, l'anatomie comparée, la médecine, la littérature scientifique^ l'horticulture et l'agronomie. L'œuvre se complique encore quand il faut apprécier, à côté du savant, le professeur, l'orateur, le publiciste , le littérateur et même le poëte. Charles Morren fut tout cela : il se montra supérieur, inépuisable dans les directions si variées de son activité, et il ouvre ainsi à l'historien de sa vie et de ses œuvres, un champ effrayant par son étendue moins encore que par son étonnante diversité. Nous n'avons voulu que réunir les matériaux éparset nombreux qui nous sont restés de sa vie , afin que d'autres les mettent un jour en œuvre pour élever un monument à sa mé- moire. Cette vie appartient désormais à l'histoire des sciences ; quant à nous, nous ne tenterons pas de devancer le jugement de la postérité, et prétendrons moins que personne à la mis- sion de juger, au lendemain de sa mort, une carrière aussi diversement féconde que celle de Charles Morren. Nous ra- conterons sa vie et rappellerons ses travaux avec exactitude et simplicité. Ainsi circonscrit, notre travail n'aura, nous le savons, qu'une valeur relative, et ne pourra prétendre qu'au seul mérite d'être aussi complet qu'il aura été possible de le faire : mais ce mérite-Là, au moins, nous avons voulu le lui donner, et nous n'avons reculé dans ce but devant aucunes recherches, si longues et si difficiles qu'elles se soient ouvertes devant nous. Charles Morren avait une mémoire si sûre et si puissante, il produisait avec tant de rapidité, qu'il ne prit jamais la peine de ranger méthodiquement les matériaux qui s'accumulaient de toutes parts autour de lui : il lui suffisait de classer ses souvenirs et l'on pourrait presque lui appliquer ce mot qu'il recueillit un jour de la bouche de Cuvicr : « il croyait n'avoir rien oublié « de ce qu'il avait lu. » Heureusement s'il ne classait rien, au moins conservait-il tout ce qui pouvait acquérir quelque — IX — utilité. Il ne songea jamais à réunir une collection complète de son œuvre, et ce n'est pas sans peine que nous sommes par- venu à la reconstituer en fouillant sa vaste bibliothèque et en étendant nos recherches au dehors. Il a desséché plusieurs milliers de végétaux, mais jamais il n'a formé de véritable her- bier. Sa correspondance était des plus étendues, nous l'avons retrouvée tout entière : tout y était conservé^ mais pêle-mêle, les lettres des plus illustres savants avec les invitations mon- daines, les autographes de rois avec les lettres d'affaires. Nous avons soigneusement compulsé tous ces volumineux matériaux, et c'est le résultat de ce modeste travail que nous publions aujourd'hui, avec l'espoir qu'on le considérera comme un faible témoignage de notre respect filial pour la mémoire d'un père vénéré. II 3. Charles-François-Antoine Morren naquit à Gand le 3 mars 1807, juste un siècle après Linné (*). Il avait à peine pu commencer à aimer sa mère , Marie Pope , quand il eut le malheur de la perdre, le 16 avril 1810; il fut élevé chez un de ses oncles habitant Bruxelles et il commença ses études sous la direction d'un ecclésiastique fort instruit , M. Van Brabant, ancien professeur de l'université de Louvain. Dès l'école primaire, son amour pour la nature se révèle (1) Voyez, sur l'histoire de la famille Morren, l'ouvrage publié en 18^3 par 31. le baron de Herkenrode, sur la Collection des tombes, épitaphes et blasons du Limbourg, p. 7S1; nous nous bornerons à dire qu'elle est originaire d'Irlande, où elle existe en- core, et que la branche du continent, devenue belge et française, émigra pendant les troubles du règne de Henri VIII. Elle compte déjà plusieurs auteurs presque tous scientifiques, comme M. Auguste Jlorrcn, actuellement doyen de la faculté de Mar- seille, qui a publié de beaux travaux sur la physique, la chimie et l'histoire naturelle; Nathanian Morren de Godrock, en Ecosse, qui a écrit des commentaires sur la Bible et l'histoire naturelle des livres saints; François Morren, auteur des plusieurs ouvrages de médecine et de thérapeutique. X — déjà dans toute sa force. iVoiis avons été assez heureux pour retrouver, dans un album, une note écrite au-dessous de la carte de visite de M. J. Decaisne, le savant professeur du Mu- séum de Paris, et dans laquelle Charles 3Iorren raconte lui- même comment il devint naturaliste : « Enfant, je demeurai rue de la Violette, à Bruxelles; la c( veuve Decaisne habitait avec ses trois fils, enfants comme « moi, rue de lEtuve; Joseph et Pierre Decaisne allaient à la <■<■ même école que Pannel et moi. Aous étions toujours en- « semble, et le jeudi notre principal amusement était la chasse u aux papillons. Ce jeu a décidé de notre carrière à nous quatre. c< Joseph Decaisne est devenu un savant de premier ordre; « aujourd'hui (celle note a été écrite vers 1840), simple aide- « naturaliste au Muséum de Paris; mais membre des Acadé- « mies de Bruxelles, de Breslau, etc., je le vois un jour assis à <( rinstitut; Pierre, son frère, était aide de M. Adolphe u Brongniart pour le cours de Botanique, qu'il donnait en 1850 u en remplacement de Cuvier; il est aujourd'hui un des meil- u leurs médecins de l'armée belge. Pannel est un excellenl « peintre de fleurs Voilà la vie; les enfants jouent et Dieu u règle leur sort par leurs jeux! » Tout jeune encore, Charles Morren était déjà doué de cet esprit d'observation qui prélude habituellement aux capacités scientifiques. A force de patience et de talents naturels, il dessinait et peignait les formes si gracieuses et le coloris si éclatant des papillons et des fleurs qui le séduisaient. Il nous a laissé une nombreuse collection daqua- relles, dont les premières remontent à une époque où il savait à peine tenir la plume: il acquérait ainsi des habitudes calmes et retirées, et se préparait à letude sérieuse de la nature à l'âge où l'on est d'ordinaire exclusivement livré à l'insouciance et aux plaisirs. Son instruction primaire terminée auprès de M. Van Brabant, Charles Morren entra à l'athénée royal de Bruxelles. Ses apti- tudes scientifiques s'y développèrent rapidement. Il en sortit, le 14 août IS'iD^ après un examen passé summâ ciim laude^ XI — c'est-à-dire de la manière la plus brillante. Il obtint en même temps un autre témoignage de capacité plus flatteur encore : le professeur de mathématiques, de physique et d'astronomie à l'athénée de Bruxelles était alors M, Quetelet, le savant secré- taire perpétuel de l'Académie royale de Belgique^ l'homme qui , sans contredit, a rendu le plus de services à la science en Belgi- que depuis lémancipalion de notre pays. M. Quetelet remarqua le jeune Morren et lui prédit l'avenir qui l'attendait, prophétie heureuse qui eut la plus grande et la plus durable influence sur son jeune élève O. Celui-ci devint rapidement le collègue du professeur et de l'académicien; de plus il furent amis, et d'une amitié solide, qui se conserva toujours inaltérable et entière. Charles Morren eut d'ailleurs le bonheur de rencontrer plu- sieurs fois, au début de sa carrière, l'appui de quelques hommes importants, qui discernaient bientôt dans l'enfant ou dans l'adolescent, ce que Ihomme serait un jour; rencontres et pré- visions heureuses, qui ne sont pas l'effet du hasard mais une intuition subite du génie qui se reconnaît (-). (1) Nous ne pouvons résister au désir de rendre public le certificat que M. Quetelet donna, en 182o, à Charles Morren : « Je soussigné, professeur à rathénée royal de Bruxelles , certifie que rélève Charles Morren a suivi avec zèle et régularité ses cours de mathématiques élémentaires et supérieures, ainsi que ses leçons publiques de phy- sique et d'astronomie, et qu'il a remporté, à la fin de l'année, le premier prix pour ces dernières sciences. Ce jeune homme, également recommandable pour sa bonne conduite et son goût pour l'étude, donne les plus grandes espérances pour l'avenir et mérite sous tous les rapports d'être encouragé et soutenu par les personnes qui pour- ront influer sur son sort. Fait à Bruxelles, le 18 août 182o. Signé : Quetelet, D"" en sciences. « Oui, je l'avoue, dit M. Quetelet dans une lettre du 19 juillet 18iô, j'attache du prix d'avoir été un des premiers ou peut-être le premier à reconnaître les services que vous pourriez rendre un jour aux sciences et aux lettres : j'ai toujours été heureux depuis, de voir se réaliser de plus en plus mes premières espérances. » Nul autre que M. Quetelet ne pouvait apprécier avec plus de vérité, Morren, qu'il vit naître et grandir : « En dehors de vos connaissances scientifiques, lui dit-il dans une de ses nombreuses lettres , vous possédez deux qualités précieuses , celle de donner à vos travaux une forme attrayante et de faire aimer la science, et celle d'aimer véritable- ment votre pays. » C'est peindre 3Iorren en trois lignes. (2) « J'avais à peine seize ans, dit Morren dans la notice qu*il a publiée sur Van Hulthcm, et j'étais très-amoureux de botanique : j'avais lu dans la vie de Linné qu'un de ses écrits favoris était les Institutiones rei herhariae de Tourncfort, ouvrage que je XIV — cembre, il fut reçu docteur en philosophie naturelle et en sciences mathématiques, summd cum laude, et soutint devant le sénat académique une thèse inaugurale sur la génération spontanée et sexuelle O. Il est à remarquer que Charles Morren remporte ces quatre victoires scientifiques, chacune dans une branche différente, la zoologie, la botanique, la géologie et l'histoire naturelle géné- rale^ ce qui suppose nécessairement les études les plus vastes. A cette époque d'ailleurs, on n'avait pas encore méconnu que toutes les sciences naturelles s'appuient les unes sur les autres; on ne se spécialisait pas encore en s'asseyant sur les bancs de l'école, et bien loin d'encourager comme on ne l'a que trop fait depuis, la tendance du jeune homme à négliger, ou à peu près, tout ce qui ne lui semble pas d'une utilité personnelle et immé- diate, on s'étudiait au contraire à réunir les éléments variés des diverses sciences naturelles en un seul et môme faisceau. On devenait naturaliste alors , qualification que l'on n'entend plus guère prononcer aujourd'hui, et à laquelle on ne sait plus exac- tement quel sens attacher. Ces succès exceptionnels valurent à Charles Morren la pro- tection des curateurs de l'Université et du Gouvernement ; il reçut plusieurs bourses et subsides pour l'aider à compléter ses études et à faire quelques voyages. Au mois de septembre 1826 il accompagna Ai. Van Breda dans une exploration géologique (1) Il existait alors à Gand, une ancienne coutume flamande, toute patriarcale, et flatteuse pour ceux en faveur desquels elle s'exerçait. Morren racontait souvent en famille les témoignages de cordialité que lui donnèrent ses concitoyens quand il revenait dans sa ville natale avec une nouvelle palme académique, et il y fait, nous paraît-il, allusion dans sa notice biographique sur Courtois, quand il dit que y les doux Flandres doivent sans doute le grand nombre d'hommes remarquables qu'elles ont produits dans les sciences, dans les arts et dans les lettres, aux démonstrations publiques de l'approbation que ces succès ont obtenus de temps immémorial dans ces provinces. Les arbres plantes dans les rues, les arcs de triomphe, les guirlandes de fleurs, les inscriptions qui rappellent les noms des vainqueurs, les illuminations, les sérénades, les banquets du doyen de la rue oîi habile le lauréat, ces fêtes de voisinage, ces hon- neurs spontanés que les concitoyens rendent sans les devoir, laissent, dans la mémoire de ceux qui en sont l'objet, des souvenirs qui font diversion aux mauvais jours de la vie, et entretiennent dans l'âme une ardeur toujours nouvelle. — XV — du Luxembourg, s'arrêlant à Neufchateau , Saint-Hubert, Laroche, Marche, Rochefort, Dinant, Philippeville, etc. O. En 1828, il alla lui-même recevoir à Groningue la récompense de ses travaux et fut accueilli par les savants néerlandais comme un confrère devant lequel s'ouvrait une brillante carrière. Après son examen, c'est-à-dire au commencement de 1850, le Gouvernement lui accorda une bourse de voyage pour aller séjourner à Paris, à Gottingue et à Berlin. Pendant qu'il prenait ses grades , qu'il rédigeait ses grands ouvrages, et tout en voyageant un peu chaque année, Charles Morren publiait beaucoup de notices et d'observations sur la zoologie, la botanique, et surtout sur la paléontologie, la science qui paraît être celle pour laquelle il avait alors le plus de prédilection (2). H eut à soutenir, en 1829, une polé- mique assez violente contre Vanderlinden , à l'occasion d'un énorme Cétacé qui était venu échouer à Ostende le 4 novem- bre (^). Charles Morren partit pour Paris au commencement de l'an- née 1830; aussitôt après son arrivée dans cette capitale, il fut présenté à la Société géologique de France. Il assista régulière- ment aux séances de cette société et prit part aux travaux qui l'occupaient ('^). Il suivait en même temps les cours que don- naient alors à Paris de grandes illustrations scientifiques, (1) Les notes qu'il rapporta de cette excursion prouvent que, dès l'âge de 19 ans, il avait les goûts qu'il conserva pendant l'âge mûr. Esprit d'observations générales, d'in- vestigations scientifique et artistique, il examine en détail les monuments, les tableaux, les pierres turaulaires et les usages locaux, tout en consacrant presque tout son temps à l'étude de la géologie, de la minéralogie, de la paléontologie et de la bota- nique de la plus intéressante de nos pro\ inces. (2) La plupart de ces publications sont insérées dans le Messager des sciences et des arts de Gand, le Bydragen tôt de Naluurkundige welenschappen des Pays-Bas et dans les Annales des sciences nalurclles de Paris. (3) Voy., outre les numéros 7 et S de la revue bibliographique : le Messager des sciences et des arts, S"»» et 6™e livraisons, 1829. — Le Helge, journal quotidien. Nos du l'i et Hi janvier 1828. — Le Com^rier dex Pny.s-Bas, 2!) novembre 1829. — Gazelle des Pays-Bas, 3 décembre 1829. — Cette polémi(|ue ne l'empêcha pas de publier plus tard une notice élogieuse sur la vie et les travaux de son ancien contradicteur. (4) Voy. Résumé des progrès des sciences géologiques pendant l'année 1855, par Anii- Bouéj Bulletin de la Société géologique de Fra^ice, \^Zi, t. V. pp. 282, 'iil, ii9. XVI Cuvier, Brongniart, de Jussieu, Richard, Redouté, Villemain et Cousin. Il eut le bonheur d'être, cette fois encore, distingué par le plus éminent de ces professeurs ; Georges Cuvier l'ac- cueillit avec une faveur marquée, et donna au jeune natura- liste belge de précieux encouragements. L'amitié de Cuvier est certes une belle gloire pour Charles Morren ; elle lui fut tou- jours précieuse et lui inspira la biographie de ce grand homme_, qu'il écrivit autant sous la dictée de son cœur qu'avec ses convictions de savant. 4-. Il venait à peine d'assister à l'avènement de la famille d'Or- léans sur le trône de France, quand il est rappelé dans sa pa- trie, par les rumeurs et les agitations, signes précurseurs d'un orage politique. Peu de temps après son arrivée, il voit nos uni- versités à peu près dissoutes ; aucune chaire scientifique n'était occupée par un Belge. Plusieurs professeurs suivirent le gouver- nement hollandais et l'enseignement se trouva tout à fait désor- ganisé, au moment môme où une nouvelle année académique allait s'ouvrir. Les mesures les plus urgentes furent prises par les collèges des curateurs de chaque université. Celui de Gand chargea Charles Morren de donner les cours de géologie , de zoologie etd'anatomie comparée, devenus vacants par le départ de M. Van Bréda. Cette délégation eut lieu au mois d'octobre 1850. Mais l'ar- rêté que le Gouvernement provisoire prit le 16 décembre de la même année, pour réglementer l'enseignement supérieur et qui resta en vigueur jusqu'à la réorganisation de celui-ci en 1835, passa sous silence et supprima implicitement la faculté des sciences de l'université de GandO. Cet arrêté enlevait par (1) Les sciences naturelles semblent avoir été oubliées par le pouvoir pendant cette période de graves préoccupations politiques j au moins ne fit-on rien relativement à renseignement de la botanique et aux jardins des plantes jusqu'en IHSîJ. Mais Ph. Lesbroussart, directeur de l'instruction publique, prit constamment, pendant cette période, les plus louables mesures pour venir en aide à la science. Charles Morren, en témoignage de ces bienfaits, a consacré à la mémoire de leur auteur l'un de ses pre- miers fileuls botaniques sous le nom de Lilium Broussarlii. — XVII — conséquent à Charles Morren la position à laquelle il venait à peine d'être appelé^ mais quelques jours après, le 3 janvier 1831 , il fut conservé à l'enseignement par sa nomination de professeur de physique à l'école industrielle de Gand. Cependant les sciences naturelles ne pouvaient rester dans l'état d'abandon où l'oubli du pouvoir les avait laissées ; si elles ne semblaient pas présenter par elles-mêmes un degré suffisant d'intérêt, elles n'en restaient pas moins le fondement indispensa- ble des études médicales. Trois jeunes gens unis par leur science, leur zèle et leur amitié, résolurent de remédier à ce fâcheux état de choses ; sous la sauve-garde de la liberté de l'enseigne- ment, qui venait d'être proclamée , ils se constituèrent en fa- culté libre des sciences, détermination hardie, mais que les circonstances justifiaient et qui obtint immédiatement l'appui de l'Université. Ces trois jeunes gens étaient F. Mareska, E. Jac- quemyns et C. Morren O. Ce dernier n'avait alors que 23 ans. Il fut rapidement apprécié par ses auditeurs, qui reconnurent en lui autant de facilité à exposer ses doctrines que de profon- deur et de science dans ces doctrines elles-mêmes (-). Vers la fin du mois de mai de 1833, le ministre de l'intérieur réunit l'école industrielle à l'université de Gand. Quoique cette annexion ne fût que momentanée, et que, le 13 décembre, l'école industrielle reçût une organisation nouvelle^ Charles Morren resta à l'université comme professeur de physique (^). Pendant cette période, il ne cessa de multiplier ses publica- (1) La faculté libre des sciences fut constituée dès le lendemain du 16 décembre 1830. Le 20, elle fut reconnue par le collège des curateurs de l'université, qui lui donna la libre jouissance de ses locaux et de ses collections et qui déclara officiellement : « Que les cours que MM. Morren, Blareska et Jacquemyns se proposent d'ouvrir, ont pour but d'aider la faculté de médecine, et de compléter l'enseignement en ce qui lui manque pour les études médicales, par suite de l'exécution de l'arrêté du gouvernement provi- soire. » (2) Charles Blorren fut nommé successivement en 1831, 52 et 33, en sa qualité de professeur de physique à l'école industrielle, vérificateur des poids et mesures pour la Flandre Orientale et, le 22 novembre 1831, inspecteur des machines à vapeur de la même province. (Voir le N" 28 de la Dibliograplne). (3) Arrêté du 17 décembre 1833. — XVIII lions; parmi celles qui virent le jour alors, on remarque prin- cipalement des notices de paléontologie, de botanique descrip- tive, d'horticulture, etc. ('\ Le 4 juin 1853, Charles Morren s'unit à Bruxelles à M"" Ma- rie-Henriette-Caroline , fille de M. le chevalier Verrassel , la- quelle s'associa non-seulement au sort de son époux, mais encore à ses travaux, par des traductions et par des peintures de Heurs (2). Il continuait ses études classiques, prématurément interrom- pues par les événements politiques et intimes que nous venons d'indiquer. Son intention avait été de faire des études médicales et ne se contentant pas de la carrière scientifique qui s'ouvrait devant lui, il reprit cette résolution. Le 31 août 1834, il subis- sait l'examen de candidat en médecine avec la plus grande distinction, et moins d'un an après , le 10 juillet 1835, le sénat académique de l'université de Gand le proclamait docteur en médecine, honoris causât considérant sans doute qu'il avait donné assez de preuves de l'étendue de ses connaissances , pour qu'il fût dispensé des derniers examens (^). On voit, par les ouvrages publiés en 1834 et en 1855, que ses études commencent à prendre, vers cette époque de sa vie, une direction plus déterminée vers la botanique. On remarque, par exemple, une série de travaux de botanique descriptive sur les plantes que Von Siebold venait de rapporter du Japon, des (1) Il collabore, en outre, au Bulletin des sciences naturelles du baron Ferussac, aux Archives de botanique, fondées à Paris, 1833, par Guillemin, au journal V Institut (50 novembre 1853), à VEcho du monde savant, au Journal belge des connaissances utiles, au Bon génie, etc. Les articles qui ont paru dans ce dernier recueil et qui sont relatifs à des généralités d'histoire naturelle, ont été réunis sous le nom Ephémerides d'Hansioyck. (2) Madame Morren a publié plusieurs œuvres littéraires, entre autres Emma Nesbit, ou de l'influence des premières impressions et un Manuel de l'art héraldique. — De cette union sont nés cinq enfants : Edouard, Arthur, Elisa, Pauline et Caroline. (3) Charles Morren ne pratiqua jamais la médecine; il prit part pendant quelques années aux travaux de la Société médicale de Gand (voir N» 'iO de la Bibliographie), publia quelques observations d'anatomie pathologique (voir ]\»^fi de la Notice biblio- graphique)^ et il avait la plus importante qualité du médecin, un tact et une justesse d'observation qui ne le trompaient jamais. XIX — écrits d'horticulture et des recherches importantes sur les algues inférieures. 5. Si nous jetons un coup d'œil en arrière, nous recon- naîtrons qu'à l'âge de 28 ans, Charles Morren avait déjà pris un rang très-honorable parmi les savants belges et qu'il avait abordé avec talent toutes les branches des sciences naturelles. Cette période de d850 à 1835, que nous venons de traverser avec lui , est la plus laborieuse , la plus décisive de sa vie : il établit sa réputation dans le nouveau royaume de Belgique, occupe une position sociale et se choisit une compagne. Elle est terminée par sa nomination à l'université de Liège , lors de la réorganisation de l'enseignement supérieur. Le climat de Gand lui avait été pernicieux; ses travaux sur les algues et ses courses dans les marais des Flandres avaient développé chez lui, une fièvre intermittente rebelle, qui donna des inquiétudes pour sa santé et le forcèrent à demander au gouvernement de le changer de résidence. Il fut, en effet , nommé professeur extraordinaire à l'université de Liège, le 5 décembre i835, et chargé de l'enseignement de la botanique (*), (1) Charles Morren a écrit lui-même le concours des circonstances qui lui valurent cette nomination, et qui sont un nouvel exemple de l'influence que quelques grands hommes exercèrent sur sa destinée. « L'effet de ses leçons, dit-il, en parlant d'Auguste- P^'rame De CandoUe, dans la notice qu'il a publiée sur le célèbre botaniste de Genève, était parfois d'une conséquence qu'il ne soupçonnait pas lui-même. Je demande par- don de me citer comme une preuve vivante de ce que j'avance ici. Je dois ma carrière à une leçon de M. De Candolle. Parmi les auditeurs de son cours , en 1850, se trou- vaient plusieurs beiges, entre autres 31. Van den Hecke, vicaire général de Versailles, appartenant à l'une de nos grandes familles de Gand, et lui-même naturaliste des plus instruits, M. Théodore Papejans de Morchoven , aujourd'hui (184.1) président de la Société royale de botanique et d'agriculture de Gand. Je venais de publier une dis- sertation en hollandais sur le tissu cellulaire des plantes. Cette dissertation était connue de M. De Candolle, à qui, certes, je n'aurais jamais osé l'envoyer. Ce que j'avais dit de la reproduction des cellules pour expliquer la nutrition des crypto- games, M. De Candolle l'appliqua à tout le règne végétal et en fit une règle générale. II citait ce fait dans son cours et l'imprimait plus tard dans sa Physiologie végétale (t I, p. 4(51). M. Papejans, que les naturalistes belges ont compté depuis longtemps parmi les Mécènes instruits, retint la double citation et en fit un puissant motif pour engager M. le vicomte Charles Vilain XIIII, alors gouverneur de la Flandre Orientale, à me porter parmi les premiers candidats à la chaire de botanique de l'une des deux universités de l'État fondées en 183îi. 31. le vicomte Vilain XIHI était chargé par le Ministre de l'intérieur, 31. le comte de Theux de 3Ieylandt, de s'occuper de ce choix. 3ia nomination ne devint ainsi qu'un contre-coup d'une leçon de 31. De Candolle. » XX Morren, qui jusqu'alors était naturaliste dans toute l'accep- tion du mot, devint à partir de ce moment spécialement bota- niste. Tout ce qui concerne l'enseignement de cette science se trou- vait, à la fin de 1855, à l'université de Liège dans un état provi- soire déplorable. Les sciences naturelles y avaient été enseignées par Gaëde, né en Danemarck, homme instruit, d'un commerce très affable, et qui a laissé dans l'esprit de ses anciens élèves les plus agréables souvenirs. Mais il était mort depuis le 2 jan- vier 1854, et le gouvernement, qui s'occupait alors de la res- tauration des universités, n'avait pas pourvu à son remplace- ment 5 seulement il avait ratifié les mesures prises à la hâte par le collège des curateurs de l'université. L'héritage de Gaëte fut partagé en plusieurs chaires : celle de minéralogie fut donnée à M. Davreux, celle de géologie à Charlier et un peu plus tard à Schmeiiing, celle d'anatomie comparée à Fohmann, et celle de botanique à Courtois. Ce dernier a laissé des traces durables d'une vie trop tôt brisée ; il enseignait de la manière la plus consciencieuse, avec le simple titre de sous-directeur du jardin botanique qu'on lui avait donné le l^r décembre 1825 ^ la mort vint le frapper à l'âge de 29 ans, le 14 avril 1855. La première année de son séjour à Liège, Morren remplit, outre la chaire de botanique, celle de zoologie. Il s'en chargea à la demande du gouvernement qui n'avait pas encore pourvu à l'enseignement de cette science, et l'occupa pendant tout le temps nécessaire à M. Th. Lacordaire pour arriver de Paris. Si nous considérons la carrière professorale de Morren, nous le voyons suivre dans son enseignement une méthode qui, si elle ne lui est pas personnelle, est au moins rarement pratiquée, méthode élevée et philosophique, toute remplie de souvenirs et de discussions : peu ou point de définitions^ il ne s'arrêtait guère aux lenteurs de l'enseignement élémentaire et didactique. Il attachait plus d'importance aux principes qu'aux faits ^ à propos de chaque question , il remontait à son origine et déroulait les phases par lesquelles elle avait passé, en s'arrètant XXI avec une prédilection marquée à faire ressortir l'impor- tance des découvertes qu'il pouvait attribuer à des savants belges. Il exposait les opinions les plus contradictoires qui par- tagent les naturalistes sur certains points, et souvent ne con- cluait pas, préférant lajsser du doute, là où il y en a réellement dans la science, plutôt que de voiler à ses auditeurs les hésita- tions de l'esprit humain. Quand on voit les choses d'en haut, on découvre entre elles des rapprochements, des points de contact, inaperçus et invisibles d'ailleurs. Il tâchait donc d'éle- ver les esprits à ces hauteurs et d'exciter en eux ce besoin d'investigation qui pousse aux progrès scientifiques. Tout en enseignant la doctrine il apprenait à connaître et à vénérer ceux auxquels nous en sommes redevables, hommage dont on ne se soucie guère dans beaucoup de cours. Ici l'élève était tenu au courant des discussions qui se débattaient dans le domaine de la science. En un mot, on reconnaissait le disciple de Cuvier et de Brongniart, qui s'était abreuvé aux sources vives de la science , au génie des Linné , des de Jussieu , des de Candolle et des Goethe, et qui connaissait les œuvres des pères de la botanique. Son récit était semé d'anecdotes piquantes appropriées au sujet, et qui, se gravant beaucoup plus facilement dans l'esprit de ses jeunes auditeurs que les problèmes des hautes sphères scientifiques, servaient à faire retenir ceux-ci. Joignez à cela une élocution facile, élégante, des manières empreintes de chaleur, et la plus grande cordialité, et vous comprendrez le respect et l'affection qui entouraient le professeur de botanique à l'uni- versité de Liège. Pendant les herborisations, le professeur devenait l'ami de ses disciples ; il les conduisait au milieu des flores les plus va- riées dont le contraste devait frapper leur esprit et leur faire entrevoir les richesses du règne végétal, explorant les vallées de la Meuse, de l'Ourthe et de la Vesdre, les Ardennes et la Cam- pine, la Hesbaye et le Condroz, et jusqu'aux dunes de notre littoral. Pendant ces études pratiques, il était en contact XXII immédiat avec la jeunesse studieuse, il discernait bien vite les caractères et les aptitudes , et il prodiguait à tous, les conseils les plus paternels. Deux ans après sa nomination, le 5 août 1837, il fut promu au titre de professeur ordinaire. L'un de ses premiers soins fut la création d'un musée de botanique, tel qu'il en existe dans les meilleures universités, et qui, en réunissant une foule d'objets intéressants du règne végétal, vient en aide à l'enseignement. Cliarles Morren ne négligea aucun sacrifice pour doter l'université de Liège d'un cabinet botanique , et il a eu le bonheur d'y parvenir en partie. Ce musée fut bientôt visité par les savants les plus illustres et il acquit une réputation européenne; les dissections de plantes , les préparations anatomiques , les injections des produits végétaux, et une riche galerie de tératologie végé- tale, formaient surtout des collections précieuses. Mais, privé de tout encouragement, sans aide et sans subside, Morren ne put continuer à étendre la collection et finit par se décou- rager. Malheureusement, cet état de choses s'est prolongé et l'abandon dans lequel le musée se trouve encore, ne fait que trop prévoir une ruine prochaine et complète. Tandis que tant de savants ne songent qu'à former des collections particulières que l'État doit acheter un jour à l'aide de grands sacrifices , Morren donna tout son temps et tout son travail à un musée qui ne coûta rien au gouvernement, et qu'il eut suffi d'en- tretenir. Quand il vint à Liège, en 1835, le jardin botanique entou- rait les bàtimens de l'université, où il existait depuis 1818. Sous son active direction, ce jardin devint bientôt insuffisant, et il sut convaincre l'autorité communale de la nécessité de doter la ville d'un établissement plus considérable et mieux en rapport avec les exigences de la science. La création d'un nou- veau jardin botanique, établi sur les bases les plus complètes, fut résolue en 1838 : le 3 novembre de cette année, Charles Morren en soumit les plans au jugement de l'Académie royale — XXIU de BnixelIesC). Il ne fut pas témoin de rexéctition de son œuvre et les plans de ce jardin aujourd'hui même sont encore loin d'être réalisés tels qu'ils ont été conçus. Le gouvernement chargea, en 1838, Charles Morren d'aller en Angleterre, en Irlande et en Ecosse visiter les jardins bota- niques de la Grande-Bretagne, et de porter particulièrement son attention sur les serres de ces pays, éminemment hor- ticoles. Pendant qu'il accomplit cette mission , il assista à JNewcastle à la réunion de l'Association Britannique pour l'avan- cement des sciences. Il a publié une intéressante relation des travaux de ce congrès, qui lui avait donné l'occasion d'entrer en relations personnelles et amicales avec la plupart des bota- nistes de la Grande-Bretagne , notamment avec Lindley et Robert Brown , et il donna, vers cette époque, dans les Annals of Natural History^ plusieurs mémoires de botanique. Ses publications se développent sans relâche et dans une proportion considérable : elles se rapportent dès lors à peu près exclusivement à la botanique et s'étendent à toutes les branches de cette vaste science : à la physiologie végétale , à l'anatomie, à la morphologie, à la botanique descriptive, à la littérature scientifique, ainsi qu'à ses principales applications, l'horticulture, l'agriculture et l'agronomie. Partout il trouve à exercer une infatigable ardeur de recherches et à faire preuve d'une sagacité supérieure. Cette partie de sa vie , qui s'étend depuis son arrivée à Liège jusqu'à son voyage en Italie, fut belle et glorieuse entre toutes les autres, et la plus féconde en résultats durables pour la science; elle élève sa réputation au niveau de celle des princi- paux botanistes contemporains. Entre une foule de travaux, nous nous bornerons à rappeler un nombre considérable de (I) Ce jardin, d'une étendue de près de six hectares, doit contenir une école de botani(jue distribuée j3ar familles, des écoles de plantes médicinales et vénéneuses, de botanique industrielle, de la flore belge, de culture maraichère et d'agriculture, d'horticulture ; un arboretum, un pinicetunj et un fructicetum ; des aquaria, des par- terres d'acclimation et d'expériences et, enfin, des serres. — XXIV — mémoires sur l'anatomie végétale, des recherches sur les mouve- ments des plantes, sur l'organisation et le développement des algues , ainsi que la découverte de la fructification du Vanillier en Europe. A partir de 185.^, Charles Morren communique ses manuscrits à l'académie royale de Bruxelles, qui les accueille dès les premiers avec la plus flatteuse faveur. Bientôt et à l'unanimité des voix, cette compagnie lui donne le titre de membre correspondant dans la séance du 17 janvier 1835 O. Trois ans plus tard, le 7 mai 1838, il est nommé membre efl'ectif(2). Pendant la pé- riode de vingt ans que Morren passa à l'Académie, il fut sans interruption l'un des savants les plus féconds : pendant plusieurs années, chaque séance était l'occasion d'une nouvelle lecture. Nul n'était plus dévoué que lui à l'Académie: il lui fut souvent utile pour la rédaction de rapports, pour l'organisation de concours et pour les communications littéraires pendant des séances publiques. « Morren aimait l'Académie » , a dit M. Spring dans le discours qu'il a bien voulu prononcer, au nom de ce corps savant, sur la tombe de son infortuné confrère : nous le remercions de cette parole, qui peint avec tant de naturel et de vérité les sentiments de Morren. C'est sous le patronage de l'Académie que Morren publiait la plupart de ses recherches scientifiques : le monde savant les accueillait avec une grande faveur et lui témoignait ses sympa- thies en lui conférant un grand nombre de distinctions acadé- miques. Dans l'espace de quelques années, la plupart des corps savants de l'Europe lui envoyèrent leurs diplômes, et inscri- virent son nom dans leurs fastes, i^). (1) Bulletin, L II, p. 27. (2) Celte nomination fut ratifiée par le roi, dès le 19 du même mois, Bulletin, t. V, pp. 520 et 533. (3) Voici la liste et la date des diplômes de sociétés savantes que Morren a succes- sivement reçus : 1. V.) octobre 1829, membre de la Société des sciences d'Ulrecht. 2. 28 mai 1830, membre de la Société géologique de France. 5. 17 mars 1830, membre correspondant de la Société des sciences médicales et uaturelles de Bru.\clles. -— XXV — 6. En 1859 il voyage en Allemagne; en 1840 il visite de nouveau la Hollande et une partie de la Suède; l'année suivante 4. 7 avril 1831, membre correspondant de la Société d'histoire naturelle de Stras- bourg. 5. IS mai 1833, membre honoraire de la Société des sciences physiques et chimiques de Paris. 6. 6 janvier 183S, membre correspondant de la Société de médecine de Gand. 7. 3 août 1836, membre de TAc. Ces.-Leop.-Car. Naturae curios. sub. cogn. l'Héritier. 8. 1«'' décembre 1836, membre effectif de la Société des sciences naturelles de Liège. 9. 13 décembre 1856, membre correspondant de la Société linnéenne de Normandie. 10. 3 décembre 1836, membre de la Société des Amigos del Pais de Madrid. 11. 7 juillet 1837, membre correspondant du Mecklenburgische Naturforschende Gescllschaft. 12. 23 novembre 1837, membre correspondant de l'Académie royale des sciences naturelles de Madrid. 13. 2b avril 1858, membre honoraire de la Société industrielle d'Angers. li. 10 mars 1858, membre correspondant de la Société impériale et royale des Georgofiles de Florence. la. 6 juin 1858, membre correspondant de l'Académie des sciences, arts et belles- lettres de Dijon. 16. i septembre 1858, membre correspondant de l'Académie de Lynx à Rome. 17. 8 novembre 1858, membre correspondant de la Société botanique d'Edimbourg. 18. 30 mai 1839, membre honoraire de la Société royale de botanique de Dublin. 19. 13 nov. 1839, membre de la Société des naturalistes à Halle. 20. 4 janv. 1840, membre de la Société des sciences et de médecine de Heidelberg. 21. 10 décembre 1839, membre de la société des naturalistes de Leipzig. 22. 24 mai 1840, membre de la Société royale de botanique de Breslau. 23. 14 août 1840, membre de la Société des sciences naturelles de Marbourg. 2i. 22 janvier 1841, membre correspondant de l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Rouen. 23. 16 novembre 1841, membre correspondant de l'Académie royale des sciences de Naples. 26. 21 novembre 1841, membre correspondant delà Société des sciences de Turin. 27. 4 janv. 1842, membre de l'Académie des sciences, lettres et beaux-arts de Padoue. 28. 22 février 1842, membre correspondant de l'Académie des sciences de Valence. 29. 14 octobre 1842, membre correspondant de l'Académie d'archéologie de Bel- gique. 30. 4 déc. 1845, membre correspondant de la Société des sciences de Rotterdam. 31. la novembre 1848, membre honoraire du Cercle artistique et littéraire de Bruxelles. 32. 2 mars 18aO, membre correspondant de la Société des sciences médicales et naturelles de Malines.* 55. 29 janvier ISal, membre honoraire de la Société des sciences de Groningue. 34. 11 décembre 1832, membre correspondant du Cercle artistique et littéraire d'Anvers. 3a. 8 novembre 18S2, membre correspondant de la Société des sciences naturelles de Cherbourg. 36. 25 novembre 1852, membre correspondant de la Société impériale d'agricul- ture, des sciences et des arts, de Douai. — XXVI il se rend au congrès scientifique de Florence en traversant la France et la Suisse, et revient par les bords du Rhin. Nous croyons devoir dire quelques mots de ce voyage qui eut une grande influence sur la suite de la carrière du botaniste belge. Précédé d'une flatteuse réputation il fut accueilli partout avec les plus grandes marques d'estime. A Paris, où il se trouva le 24 août 1841, il vit Brongniart, de Jussieu, Gaudichaud, Mirbel etDelessert. A Lyon, il fut reçu par M. Seringe, et à Genève, où il passa le 7 septembre 1841, deux jours avant la mort de Pyrame de Candolle, il fut admis à consoler l'illustre fils de cet émin3i t botaniste, M. Alphonse de Candolle. Les voyages de Morren n'étaient pas exclusivement scienti- fiques 5 il ne se contentait pas d'étudier l'organisation des corps savants, les musées et les collections, les cultures des jardins et des champs, il était en outre littérateur, poëte et artiste : A Ferney, il rend hommage aux souvenirs de l'ancien patriar- che de ces lieux ; il se promène aux Charmettes de Jean-Jacques ; cette végétation luxuriante du Midi, qu'il aperçut pour la première fois en descendant les Apennins du côté de Gênes, l'impressionne vivement. Des notes nombreuses, écrites sous l'empire de ces émotions, des pièces de poésie, rimées pour lui seul et sans arrière-pensée de publicité , attestent de son orga- nisation artistique et de l'exquise sensibilité de son cœur. Pen- dant la traversée de Livourne, il fut témoin d'un fait curieux de physiologie végétale relatif au Mimosa piidica^ dont il a rendu compte à l'Académie. Enfin, le 19 septembre, il arriva à Florence et y rencontra, réunis dans le but qui l'y conduisait lui-même, Robert Brown, Link, Tenore, Fée, Moris, le prince de Canino, Passerini, Brignoli de Brunnhofï, etc. Pendant la durée du congrès, il fut constamment l'objet des plus grands honneurs 5 le grand duc de Toscane fit faire les portraits des principaux savants qui se trouvaient alors réunis dans sa capitale , et il choisit parmi les botanistes , Robert Brown, Link, Tenore et 3lorren, ce dernier appelé en cette circonslance à représenter la Belgique à côté des représen- — XXVII tants illustres de l'Angleterre, de l'Allemagne et de l'Italie <^). Le congrès terminé, il se rend à Rome et à Naples, et revient par Parme, Pavie, Milan et Zurich, heureux des innombrables souvenirs qu'il rapporte , plus heureux encore d'aller bientôt retrouver les objets de toutes ses affections. Cette pensée emplissait toute son âme et s'exaltait devant ces beaux tableaux de la nature alpestre et italienne , qui l'émeuvaient jusqu'à l'enthousiasme. Il songe alors à sa femme, à ses enfants : sa pensée s'élève et s'anime; il ouvre son carnet, et quelques pages sont rapidement couverles de vers. Le 9 septembre, il se promenait, au retour des Charmettes, sur le Pic-du-boul-du- monde, près de Chambéry, une troupe de pauvres savoyards vient à passer, ils demandent l'aumône , et lui , voyant des femmes , des enfants, se rappelle le foyer, s'abandonne à sa rêverie, et les vers suivants lui échappent, en face même des malheureux que son aumône venait de réjouir : Pauvres enfants, prenez! oh prenez cette obole, Votre prière ira tout près de l'auréole De celui qui disait : enfants, venez à moi! Prenez, car vous prîrez pour les miens, pour mes anges, Et vos voix monteront en hymnes de louanges Qui verseront sur eux le parfum de la fol. Bien loin de moi le soir, aux genoux de leur mère, L'àme pleine d'amour, ils disent la prière Qui fait que Dieu me mène à travers le péril. C'est l'heure l'ombre étend la paix sur la verdure, J'entends la douce voix dans ce divin murmure Que dit au Dieu puissant cette terre d'exil. Allez, priez pour eux, enfants de la Savoie, Et quand vous partirez, le cœur rempli de joie, Pour ravir un peu d'or à des pays lointains. Le Ciel vous conduira près de mes fds qui prient; Ne craignez pas alors, enfants, qu'ils vous oublient, Car Dieu, qui prête et rend, leur ouvrira les mains. (1) Voy. sur la part prise par Charles Morren au congrès scientifique de Florence, le Monileurbelge du 18 octobre 18'il. — XXX à j3cn pr('*s chaque année un volume 5 il fait en outre insérer régulièrement dans la presse quotidienne des écrits de littéra- ture, de botanique et d'horticulture qui ont été en partie réunis sous le nom de Palmes et Couronnes de l'horticulture belge. On a peine à comprendre comment des conceptions aussi variées peuvent se succéder si rapidement. A partir du o mars 1812, il est occupé pendant plusieurs mois chaque année par les jurys d'examens universitaires; on le voit en même temps dans tous les concours, dans toutes les expositions : il dirige attentivement les travaux d'un jardin botanique nouvellement créé, et il entre- tient une correspondance extrêmement étendue avec les agrono- mes, les horticulteurs et les botanistes de l'Europe. Son ensei- gnement, il le modifie chaque année pour le maintenir au ni- veau le plus élevé des sciences. Invité en 1852 et en 1853 par le Cercle artistique et littéraire à donner des conférences publi- ques à Anvers, il emporte comme orateur le même succès qu'il avait obtenu dans la chaire professorale O. 7. Tant et de si utiles travaux donnèrent à son nom beau coup de notoriété et lui attirèrent en foule non-seulement les distinctions académiques mais des honneurs de tous genres. Les souverains, de son pays, de la Suède et de la Norwége, de la Hollande, du Danemarck, du Wurtemberg et du Portugal, lui décernèrent successivement les décorations de leurs ordres (^). (!) Voir le Précurseur du 21 décembre 18o2; les deux premières conférences publiques données à Anvers ont eu lieu le 20 décembre 1832 et le 10 janvier 1853. M. Charles Morren, dit \m criliiiue de ces séances, à une érudition profonde, f» une science immense, joint encore le mérite d'être un orateur distingué : sa parole est facile, communicative par sa simplicité et sa lucidité; il ne déclame pas, il raconte; on l'écoute avec recueillement, il vous captive et vous tient attaché au bout de ses lèvres par l'intérêt croissant de son récit. 11 a produit un immense effet, et plus d'une fois la parole éloquente de l'orateur s'animant à la description de la splendeur de la nature, a été interrompue par les acclamations enthousiastes de l'auditoire. (2) Charles Morren fut créé chevalier de l'Etoile polaire de Suède et de Norwége le 2') juin \'6iiS-^ de l'Ordi-e de Léopold, le 8 septembre ISiO ; de la Couronne de Chêne de Hollande, le 2 mai I8i!) ; de l'ordre royal de Danebrog, le i avril ISiiO; de la Cou- ronne de Wurtemberg, le I(> janvier 1852, et de l'Ordre roj^al et militaire du Christ, le î> août 1854. XXXI — Le 17/29 juillet 1851^ S. M. l'Empereur de Russie daigna lui cnvoyei' la grande médaille d'or instituée pour les savants étran- gers; S. M. la Reine des Relges, le Roi de Naples et le Grand Duc de Toscane lui firent remettre des témoignages particuliers de leur royale satisfaction; plusieurs souverains lui firent Thon- neur de lui écrire personnellement. Mais il était dit que Charles Morren ne jouirait pas long- temps de la juste récompense de ses veilles et de ses services ; que sa carrière serait prématurément brisée, qu'il ne la par- courrait pas tout entière, telle qu'il l'avait conçue, et que son œuvre interrompue resterait sans couronnement. La mort est venue le surprendre quand il était dans toute la force de l'âge et peut-être aussi avant qu'il fût arrivé à toute la ma- turité de son génie. Rien ne faisait présager à ses amis ni à ses élèves une catastrophe soudaine;, lui seul en avait l'affreux pressentiment. 11 dut éprouver la plus immense de toutes les douleurs, une de ces souffrances tellement poignantes, qu'une grande âme chrétienne trouve seule la force de la supporter, celle de sentir mourir cette partie de son être par laquelle il avail le plus vécu, qui faisait sa gloire^ mais aussi^ qui tout en mourant ne reste pas moins impérissable. Que de fois ne l'avons- nous pas vu , la tête entre les deux mains , gémir et sou- pirer, silencieux avertissement que nous avions peur de com- prendre (') Cependant jusqu'alors ses puissantes facultés intellectuelles étaient restées intactes et avaient conservé toute leur force; la mémoire seule^ après l'avoir fidèlement servi, le trahissait. Pendant l'année 1855 et surtout en 1854, sa santé s'altéra de plus en plus, son humeur enjouée, ses allures si cor- diales et si ouverles , semblèrent l'abandonner, tandis que des préoccupations vagues et indéterminées s'emparaient de son cœur, et puis tout à coup, le 18 février 1855, le génie de la (1) Une note renfermée dans son portefeuille pour 18Si, prophétisait avec une poignante vérité le niallieur qui arriva l'année suivante, et décrivait, avec la plus terrible exactitude, la cause et les détails de la maladie dont il fut frappé. X.XXll mort s'appesantit sur lui; la veille encore il occupait sa chaire à l'université, et personne n'aurait soupçonné, la leçon termi- née , que Charles Morren en descendait pour la dernière fois. Il souffrit longtemps, et toujours avec la plus touchante ré- signation, d'autant plus méritoire qu'il connaissait son mal et le savait sans remède. 11 fallut à la mort plusieurs années d'efforts pour hriser en- tièrement cette puissante organisation; le 17 décembre 1858 , sa famille éplorée recueillit son dernier soupir. La nouvelle de celte mort, bien que prévue, fut un deuil pour l'Université, pour l'Académie et pour la ville de Liège ; pour le pays tout entier. Deux mois auparavant, le H octobre 1858, le gouvernement l'avait nommé professeur émérile. m. 8. Enlevé bien jeune, à l'âge de 51 ans, et avant d'avoir pu compléter la mission que son intelligence s'était assignée, Ch. Morren n'en a pas moins accompli une glorieuse et utile carrière. Il réunissait cette double qualité, celle de posséder un grand esprit d'investigation, un jugement sur, des connaissances fort étendues, une vaste érudition et celle d'exprimer sa pensée, tant dans ses publications que dans son enseigne- ment, en un style correct, concis et coloré, avec une éloquence communicative, naturelle et pleine d'animation. Son nom est désormais lié à celui de l'histoire des sciences de son pays; il a contribué à rendre à la Belgique l'éclat scientifique dont elle avait brillé naguère : il a beaucoup répandu la connaissance du règne végétal ; il a aidé au progrès des sciences, et il est au premier rang de ceux qui ont cherché à restaurer une école de botanique belge, dès l'instant où notre nationalité eut brisé les entraves sous lesquelles l'étranger l'avait si longtemps com- primée. 11 a pris à cœur de remettre en lumière le passé XXXIII — scienlifique de sa patrie, pour lui donner foi et confiance dans l'avenir. Fier de notre histoire artistique et scientifique, il avait la con- viction que les sciences et les arts sont des sœurs qui se ressem- blent trop pour être jamais désunies : elles sont nées toutes deux de la contemplation de la nature. Le sol belge qui a été si fécond en artistes, a porté aussi d'éminents naturalistes. Morren lutta constamment contre ceux qui ne craignent pas d'avancer que nous devons fatalement subir le joug de la pensée et de la science étrangères. « Honorer les morts, disait-il, c'est stimuler les vivants , et la méditation des œuvres de nos devanciers est toujours la meilleure étude que nous puissions entreprendre pour continuer leurs œuvres et les perfectionner (i). » Celui qui considérerait Morren uniquement comme savant, le comprendrait imparfaitement et le méconnaîtrait. C'était une de ces natures complètes, peu communes dans l'humanité • elle enveloppait le domaine entier des connaissances humaines, les sciences, les lettres et les arts. Dans son intelligence^ le juge- ment et la mémoire, ces deux grands leviers de la pensée, étaient également puissants et trouvaient à s'exercer sur un fond de connaissances extraordinairement vaste. L'histoire intime de sa vie montre qu'il était tout à la fois savant, littérateur et artiste : savant, ses œuvres sont là pour l'attester ; littérateur, car il savait manier sa langue et il la con- naissait dans ses origines ; le style de ses productions littéraires et de ses cours est particulièrement pur et correct : il est poëte non pas parce qu'il a écrit des vers, mais par cette poésie qui peut s'écrire en prose, la poésie de la pensée, dont le rhylhme et la rime ne constituent que des formes d'expres- sion ^ artiste enfin par ses conceptions élevées, par l'attrait irré- sistible qui l'entraînait vers les beautés de la nature, par son tact et ce sentiment intime du beau qui lui signalait les œuvres de mérite. Les objets d'art, dont il se plaisait à s'entourer, et (1) Vréîace da Journnl d' agriculture, t, 1. XXXIV ses propres productions, ses dessins el ses peintures, qui, parce qu'elles représentent en général des objets d'histoire naturelle, n'en comportent pas moins les qualités inhérentes à la bonne peinture , attestent encore ses aptitudes dans le domaine de l'art; il était sensible à la musique comme harmonie, lui qui avant tout s'extasiait devant les harmonies de la nature. Mais nous avons surtout à considérer le savant, et, à ce point de vue restreint, il serait injuste de le classer exclusivement dans une catégorie spéciale. Morren commença par être natu- raliste, et il ne cessa pas de l'être ; il touche aux trois règnes de la nature , il pénètre dans le domaine de la géologie , de la paléontologie, de l'anatomie comparée, de la zoologie; et s'il s'occupa plus spécialement de botanique, c'est qu'il y fut con- duit par sa position, et qu'il faut bien en définitive que l'esprit le plus vaste restreigne son activité. On ne lui a que trop amèrement reproché de ne s'être pas encore concentré davan- tage, de ne pas avoir suivi avec obstination un seul sentier de l'empire de Flore, comme si l'on pouvait, ou plutôt comme si l'on devait forcément, pour avoir quelque mérite, emprisonner son intelligence dans les limites de certains détails même glo- rieux. Quand il devint botaniste, il le fut de la manière la plus large, embrassant non-seulement la science pure, dans toutes ses ramifications, mais la suivant encore alors qu'elles sort de la théorie pour devenir applicable; il ne voulait pas croire que ce qui devient utile à l'humanité n'est plus de la science. 9. Morren suivit dans l'étude de la nature la longue voie tracée par l'histoire du globe; avant d'aborder les organismes qui régnent aujourd'hui, il scrute les débris des règnes qui l'ont pré- cédé et qui sont enfouis dans les écailles de Técorce du monde; il n'est pas probable que ce fut par préméditation, mais il lui fut fort utile de connaître la préface du grand livre que la na- ture ouvre actuellement à nos méditations, avant d'étudier ce livre lui-même; pendant sa jeunesse surtout, il s'occupe de — XXXV paléontologie ('), exploraiîl la proviîice du Brabanl el les Flandres et aidant son professeur, VanBreda, dans ses courses pour la carte géologique du Luxembourg. Il fit plusieurs décou- vertes heureuses : les Recherches sur les débris cVéléphants^ de castors, de blaireaux et d'autres animaux perdus; la Descrip- tion de deux crânes humains trouvés dans une tourbière des Flandres^ et son mémoire sur les Coraux du Brabant méri- dional (^), sont ses principaux litres à l'estime des géologues. Il avait complètement abandonné la paléontologie, quand il fut forcé d'y revenir un instant, en 1852, à la suite dune discus- sion inopinée. iO. Il a laissé également des traces durables de ses éludes sur la zoologie et l'anatomie comparée (•^); elles précédèrent sa carrière de botaniste , mais il les continua pendant toute sa vie, convaincu que l'élude des deux règnes organisés est insépara- ble , et que l'on ne peut savoir ce que c'est qu'une plante, si l'on ne connaît pas l'organisation et la physiologie animales. Les observations qu'il a publiées et les rapports donl il fut chargé au sein de l'Académie, attestent qu'il n'est aucun des embranchements du règne animal qui lui soit demeuré étran- ger. Son premier travail de zoologie est aussi celui que les anatomistcs estiment le plus : Cuvier, Micquel , Carus , Bur- dach, citent souvent son Mémoire sur le lombric^ et il est resîé, malgré la jeunesse de l'auleur, comme l'une dés meilleures bases de nos connaissances sur un animal d'une organisation très-obscure (^). Tout récemment (^) , un des juges les plus compétents en zoologie et en anatomie comparée , exjnimail l'avis que le mémoire de Morren sur le lombric serait celui de (1) Voy. les nos 4, .5, (j, n, 12, 20, 21, 22, 55, 37, 40, 41, 148 et 250 de la ISol. bibliugr. (2) D'après une note de Ch. Morren, il n'existe que deux exemplaires séparés de ce luéiiiuire : le sien et celui qu'il a déposé à la bibliothèque de rAcadéiuie royale. (5) Voy. les n-^ 2, 7, 8, 14, lu, 18, 38, 42, 40, j5, j8, 08, 78, 124, 123, l^i'J, 17;), 247 de la Notice bibliographique. (i) Voy. entre autres le Preisfi'agn der kaiscrl. Lcoj). Carol. Acad dcr ISittlurfurclicr (le llussie, (lu 1" juin IS-'ia. (5) Discours acadcmi(jue de M Lacordaire. XXXVI — ses ouvrages qui lui survivrait le plus longtemps. Cette opi- nion est parfaitement vraie, quand on eonsidérera son auteur exclusivement comme zoologiste ('). Après la publication de ce travail, le plus important de ceux qui suivirent, est relatif à un puceron qui vint subite- ment envahir les pêchers de notre pays. Les observations et les expériences qui s'y trouvent relatées , sont fréquemment citées par les auteurs. Nous nous bornerons à rappeler en outre l'établissement de quelques nouveaux genres parmi les animalcules inférieurs , les observations sur l'appareil costal des Batraciens , et quelques détails intéressants sur les mœurs de la Chenille processionnaire. En \SM^ il introduisit le premier en Belgique le ver-à-soie du Ricin, que l'on peut aussi nourrir avec les feuilles de l'Ailan- Ihe du Japon et dont on continue à s'occuper d'une manière très-sérieuse en France. Il avait reçu les œufs de M. le profes- seur Savi de Pise, qui en avait envoyé en môme temps à M. Milne-Edwards, à Paris; il les vit éclore, suivit leurs mé- tamorphoses et répandit l'espèce dans le* pays : mais elle ne semble pas y avoir été conservée (^). il. Dès l'instant où Charles Morren embrassa définitivement la carrière de botaniste, il mesura d'un coup d'œil toute l'éten- due de cette science et il comprit la voie dans laquelle elle se trouve, la marche qu'elle suit et la phase qu'elle traverse. La physiologie expérimentale présentait alors un vaste champ d'exploration, qui est loin d'ailleurs d'être encore sulïîsamment remué ; l'école des Haies, de Saussure, Bonnet, Senebier, etc. était dignement continuée par les De Candolle , Dutrochet, (1) Le mémoire est divisé en quatre parties, et il traite successivement : l'histoire naturelle générale du lombric, la description et l'anatomie des parties externes^ puis des organes internes, les muscles, les nerfs, les organes de la nutrition, de la respira- tion, de la circulation, de la génération, des sécrétions et des excrétions 5 il se tcimine par quelques particularités remarquables que présente celte annélide. Depuis long- temps l'édition est épuisée, et les exemplaires que Ton rencontre par occasion, atteignent en librairie un prix Irès-élevé. (2) Vo}\ le Précurseur du 9 octobre ISj'i. XXX vil — Gaiidichaud, Mirbel, Amici : Morren s'associa à ces travaux. Il avait une prédilection bien accusée pour les recherches micro- graphiques i il observait d'une part les animaux inférieurs, les iufusoires, et d'un autre côté les végétaux les plus obscurs, comme les algues unicelluls 32, ^9, 60, 7i, 72, 92, 93, U, 1 j2. 172, 176, 190, 195, 210, 221 , 22i de la Notice hlbliogrupJnque. (2) Voici la liste et les dates des distinctions horticoles dont Ch. Morren fut l'objet : i. 16 janvier 1852, membre associé de la Société royale de botanique et d'agricul- ture de Gand. 2. 2 févi'ierlSSi, membre honoraire de la Société d'horticulture d'Anvers. 3. 21 févr. 1858, membre correspondant de la Société royale d'horticulture de Paris. i. 18 avril 1859, membre de la Société royale d'agriculture de Turin. 5. 18 avril 1839, membre de la Société d'horticulture de Suède. 0. 27 octobre 1839, membre correspondant de l'association pour l'avancement de l'horticulture en Prusse. 7. 21 décembre 1839, membre correspondant de la Société silésienne d'horticulture de Breslau. 8. 15 août 18^2, membre de la Société provinciale d'agriculture, d'horticulture et de botanique de Bruges. 9. 17 marslS-î^i, membre correspondant de la Société d'horticulture de Malines. 10. 29 septembre i%ii, membre honoraire de la Société d'horticulture de l'Auvergne. 11. \<^^ septembre 1843, membre de la Société d'horticulture de la Drenthe. 12. 10 mars 18^6, membre de la Société de Flore de Bruxelles. 15. 28 août 1847, membre correspondant de la Société royale de zoologie d'Anvers. ii. 50 décembre 1850, membre correspondant de la Société Cérès et Flore d'Anvers. 15. 6 décembre 18al, membre honoraire de la Société centrale d'horticulture du département de la Seine inférieure. 16. 9 juin 18S5, membre correspondant de la Société d'horticulture du département de la Moselle. 17. 2b septembre 1852, membre de la Société hollandaise d'agriculture. 18. 9 mars 18S3, membre correspondant de la Société d'horticulture de la Sarthe. 19. 6 août 1835, membre correspondant de la Société d'horticulture d'Eure-et-Loire. 20. 8 octobre 1853, membre de la Société d'agriculture, d'horticulture et de bota- nique d'Alost. 21. 21 janvier 1854, membre honoraire du Cercle agricole et horticole du grand- duché du Luxembourg. 22. 12 mai 1855, membre de l'Académie royale d'horticulture de Suède. 23. 15 décembre 1858. membre correspondant de la Société impériale d'horticulture de St. Pélersbourg. — XLVII riiorliculture et commença par écrire dans différenles publica- tions périodiques. 11 fonda, en 1857, le Cultivateur^ publi- cation qui n'eut que le tort de naître avant son temps, dans un moment où le public n'était pas encore mûr pour les discus- sions agricoles, et qui cessa de paraître après un an d'existence. Mais quand les populations furent éprouvées par des fléaux qui nous frappaient dans ce qui nous est le plus indispensable, notre alimentation, quand la pomme de terre en 1845, le seigle en 18i6, furent sérieusement compromis, quand la maladie de la vigne menaça de ruine une industrie importante et que le bétail lui-même se trouvait en même temps sous le coup d'une terrible épidémie, en présence d'aussi graves dan- gers, on ne dédaigna plus de faire de l'agronomie, et depuis ce moment elle prit rang parmi les sciences. Les instructions populaires de Charles Morren sur la mala- die des pommes de terre lui donnèrent immédiatement luie grande notoriété parmi les agronomes. Sa petite brochure se répandit dans le public par milliers d'exemplaires. Elle fut réimprimée en France, traduite en flamand, en hollandais et en allemand, et reproduite dans presque tous les journaux périodiques (1). Le fléau avait fait son apparition le 24 juil- let 18i5 : « Mais, déjà en 1842, dit Charles Morren, p. 9, cette maladie avait été observée dans la province de Liège, et dans ma leçon publique d'agriculture donnée à l'université de Liège , le 24 mars 1845, en présence d'un grand nombre de propriétaires, j'exposai son liistoire, les moyens de la com- battre, et prévis pour l'avenir le malheur dont le pays au- jourd'hui est accablé. )) L'Institut de France et la Société centrale d'horticulture de Paris approuvèrent immédiatement ses explications et sa doc- trine sur la cause et la nature de la maladie ^ il les publia dès (1) V Indépendance dii 20 aoùl et du 3 septembre ISîj. Gendschen Mercurius, 2i' août IS^'S. Gazette médicale beUje, 21 août 18-^3. Jotintal de Liège, l'^'' septembre 18fô. Moniteur belge, 20 octobre 18i-j. Auxiliuire breton, 2ii octobre I8i3 et S octobre I 846, etc. XLVlll — le premier moment, et sa théorie est aujourd'hui la seule qui soit admise dans la science. Il seconda puissamment le vaste mouvement agricole qui s'empara des populations après IS^S, imposé par les circon- stances et soutenu par le Gouvernement : sa plume féconde excita l'attention générale : introduction de plantes nouvelles, amélioration des procédés de culture, perfectionnement des instruments agricoles, élève des animaux domestiques, culture forestière , il aborda toutes les branches de l'agronomie. Il prit en 1847 et 1818 une part très active aux grandes expositions nationales organisées à Bruxelles, et sur lesquelles il nous a laissé des rapports d'une lecture remplie d'intérêt. En 1848, il fonde, avec la collaboration de tous les agro- nomes les plus distingués de la Belgique, une revue pério- dique, « belge d'origine, belge de pensée et belge de but. » Cette publication n'a pas été interrompue pendant une période de dix années, et elle a toujours tenu le premier rang dans la presse agricole de Belgique O. De même que chacune de ses publications scientifiques rap- pelle par son titre et sa préface un botaniste notre compatriote, de même chaque volume du Journal d'agriculture pratique et de la Belgique horticole est placé sous le patronage d'une illustration nationale ; c'est ainsi que parurent successivement les biographies de Engelspach Larivière, Vanderlinden, Cuvier, Kickx, Schmerling, Courtois, Fohman, Spiegel , Minkelers, De CandoUe, R. Dodonée, Ch. D. l'Escluse, Van Aelbroeck, Van Mons, Poederlée, de Lichtervelde, de L'Obel, Van Hult- hem^ de l'Escluse, De Serret, de Mevius, Roucel, R. Fuchs. 17. On a donc eu tort de vouloir diviser la vie de Charles Morren en deux périodes, l'une de science, l'autre d'applica- tion; il fut toujours conforme à lui-même. Les grandes idées qui dominèrent sa vie, à son insu peut-être, se continuent sans (1) Voy. les N»5 73, 1(52, 16S, 1G6, 1G7, 169, 170, 175, 180, 182, 183, 18^, 193, Wi, 209, 211 , 219, i2G, 228, 2^9 et 25'â de la Notice bibliographique. — XLIX interruption et suivent un développement régulier, depuis leur apparition jusqu'à leur brusque rupture : il n'y eut dans sa courte carrière d'autres périodes que celle de la jeunesse et celle de l'âge mùr, que celle de la lutte et celle de la marche ascensionnelle. La seconde fut courte et cruellement interrompue ; le cou- ronnement , nous l'avons déjà dit , manque à son œuvre ; les grandes conceptions qu'il méditait n'ont pu être réalisées. Il n'est que trop vrai qu'il fut trahi par les événements; la mort l'a frappé, impitoyable et soudaine, dans une période de fié- vreuse activité et pendant qu'il se préparait des années de repos et de retraite, c'est-à-dire exclusivement réservées à des travaux scientifiques. Il rêvait pour l'avenir la publication d'un traité de botanique belge , d'une Flore belge, d'une histoire des sciences en Belgique, etc.. Science et Belgique^, telle était sa devise. Son imagination forcément contenue dans ses écrits didacti- ques rongeait son frein et s'échappait quand il avait un moment de loisir. Les Fleurs éphémères furent composées en plein air dans un vallon isolé, près de Liège, sur les Alpes ou sous le beau ciel d'Italie. « Si la science, dit l'auteur, dans sa préface, est la connaissance de ce qui est, la poésie est le sentiment de ce qui doit et de ce qui pourrait être... La vraie science et la vraie poésie aboutissent également à Dieu. » Ces quelques mots peignent avec vérité les traits saillants de son caractère; homme de science et de sentiment, de savoir et d'imagination, il était en outre sincèrement religieux, et l'étude de la nature l'élevait constamment vers le Créateur, législateur de cette harmonie. L'aimable science des fleurs n'a-t-elle d'ailleurs pas été elle- même tout imprégnée d'un parfum de poésie par l'immortel Linné! Devant une intelligence si vaste et si complète, devant un ensemble aussi harmonieux de facultés précieuses, nous devons forcément nous incliner. Sans doute nous pouvons regretter, non pour la science ni pour son pays, car il leur a rendu assez de services, mais pour sa propre gloire, qu'il n'ait pas concentré toute la puissance de son organisation sur une seule des sciences qu'il aborda : mais ce n'est pas qu'il se soit trompé sur sa carrière, c'est qu'il ne s'est pas trouvé dans des con- ditions où son âme pût librement s'épandre; c'est que dans notre nature humaine, il n'est pas que la vie de l'intelli- gence, il est encore cette vie du corps, cette vie matérielle, comme on la nomme avec tant de raison, qui a ses exigences et qui exerce son empire. Dans notre siècle surtout, cette der- nière devient de plus en plus envahissante, et Morren n'y a pas plus échappé que tant d'autres. Pour être grand savant, il faut se résoudre à vivre, non-seulement dans l'obscurité et la retraite, mais souvent dans la pauvreté et l'isolement. Est-ce sa faute cà lui s'il ne fut pas toujours dégagé des intérêts matériels ? et s'il lui manquait ce qu'il eût fallu pour laisser vivre son corps et sa famille et ne penser qu'à son intelligence ? Chez lui d'ailleurs, ce n'étaient pas autant ses propres intérêts que ceux des autres, de ses concitoyens , de son gouvernement et de sa patrie, qui l'ont plus ou moins arraché des sphères élevées vers lesquelles il était naturellement entraîné, pour le ramener dans notre monde utilitaire. Il était autant penseur que savant dans la signification res- treinte de ce mot; il ne savait pas se contenter seulement des faits, dont la connaissance et la découverte constituent cepen- dant pour beaucoup de personnes le fond de toute science ; mais les faits pour lui n'étaient que des bases de pensées et de jugements. Il les transformait en quelque chose d'immatériel, en principes. Dans ses nombreuses publications, on trouve constamment les preuves de cette tendance vers la philosophie de la nature. Plusieurs d'entre elles, par exemple quelques dis- cours académiques, ne roulent que sur des idées philosophiques. Il avait tous les talents du naturaliste : un grand esprit d'observations, un jugement droit et rapide, beaucoup de science et une immense érudition. Sa plume est très-rapide et son style attrayant. Il écrivait avec tant d'ardeur et d'activité, qu'il fatiguait l'instrument de son travail sans tarir la souj'ce de ses pensées. Que de fois ne l'avons-nous pas vu le soir. — Ll la main fatiguée et incapable de tenir plus longtemps la plume ! Ses manuscrits étaient toujours de la plus grande net- teté et presque sans ratures. Il maniait en outre le crayon et le pinceau avec le même talent que la plume : l'art du dessin , nécessaire à tout naturaliste, est surtout indispensable au bota- niste et à l'anatomiste. Les planches qui se trouvent en très- grand nombre annexées à ses mémoires, sont d'une exactitude et d'une netteté étonnantes, et ont été toutes gravées d'après ses modèles. On se rappelle d'ailleurs qu'il a préludé à l'étude des sciences par celle du dessin et de la peinture. L'un de ses plus grands mérites est, sans contredit, la luci- dité et la simplicité avec lesquelles il exposait les théories les plus abstraites de la science. Sa plume comme sa parole ani- mait toute chose de couleurs vives et claires, et répandait à l'envi une lucidité telle , que ceux auxquels il s'adressait étaient parfois étonnés eux-mêmes, de comprendre si aisément des choses tellement élevées que d'abord ils ne croyaient pas pouvoir y atteindre. Avec cette faculté, on doit être bon pro- fesseur et toute publication devient inévitablement populaire. 11 réunissait en lui les connaissances du savant, l'éloquence du professeur et les qualités de l'écrivain; sa carrière tout entière n'est que le résumé de ces impulsions naturelles, si rarement réunies. Il savait écrire pour les savants, témoin ses nombreux mémoires académiques; mais sa plume élégante et facile aimait aussi à revêtir des formes littéraires. Ses publica- tions agricoles et horticoles , sa collaboration à une foule de feuilles périodiques et quelques essais purement littéraires sont les loisirs et les distractions d'une vie studieuse et savante. Jamais homme n'eut plus que lui la conscience de la valeur du temps. Dans sa courte et glorieuse carrière, il n'y eut certai- nement pas un moment de perdu. Quand son enseignement le laissait libre, il s'adonnait à des travaux scientifiques, qui suffi- raient pour remplir une vie ordinaire. Son repos était encore du travail, la vulgarisation de l'aimable science qu'il cultivait, dans ses applications les plus importantes : ses promenades. — LU — il les transformait en herborisations, ou bien il les dirigeait dans le but d'étudier et de perfectionner la culture du sol. En un mot, cette activité intellectuelle était incessante et ne con- nut pas un moment d'inaction. Il avait des goûts calmes et paisibles; il aimait à vivre au milieu de sa famille et d'un très petit cercle d'amis intimes avec lesquels il entretenait des relations aimables, affectueuses et cordiales : il n'était heureux que lorsqu'il pouvait obliger, et cherchait même les occasions de rendre des services. Sa conversation était charmante, vive, colorée, semée de traits piquants, d'anecdotes instructives dites avec le meilleur esprit, jamais oiseuse, et toute parsemée d'aperçus originaux : en outre aussi franc que cordial, ne craignant jamais d'exprimer ses convictions et de flétrir de toute l'énergie de son langage les actes ou les tendances qui lui paraissaient blâmables. Avec ce caractère, on trouve beaucoup d'amis, quelques ennemis et bien peu d'indifférents. Morren était Belge, non seulement de naissance mais de cœur et d'âme : il aimait à voir sa patrie heureuse et libre sous le sceptre d'un grand roi et comparait souvent la jeune Belgique, née en 1830, aux règnes glorieux de Charles-Quint et de Marie-Thérèse , non pas sous le rapport politique , un savant ne se soucie guère de ces choses-là, mais pour la res- tauration des sciences, des lettres et des arts. Il savait que la Belgique avait été une terre féconde en artistes et en natura- listes, et il croyait qu'elle peut encore aujourd'hui se suffire à elle-même : il scruta avec persévérance nos anciens fastes, et, tant qu'il le put, avec toute l'étendue de ses moyens, il mit en relief nos gloires nationales : c'étaient là pour lui des tra- vaux de prédilection auxquels il s'adonnait avec bonheur. Il pouvait;, dans ses biographies, donner un libre essor à son amour pour sa patrie, à ses connaissances scientifiques^ à son érudition, à sa critique judicieuse et à ses qualités littéraires. Pour bien connaître Morren, c'est là qu'il faut l'apprécier. Il se consacrait à ce travail avec d'autant plus d'ardeur qu'il espérait — Lin — pouvoir dans l'avenir le coordonner dans une histoire gé- nérale des sciences en Belgique. Les titres de ses ouvrages : Dodonœay Fuchsia j Lobelia^ Chisiaj la Belgique horticole j, les Palmes et couronnes de l'horticulture heUje, etc., etc., sont tous puisés dans ce sentiment. C'étaient ses monuments à lui, qu'il élevait à la gloire de la science nationale. Il savait bien que la science ne connaît pas d'étrangers, mais il voulait que le rôle de ceux-ci fût purement scientifique : il reconnaissait qu'il fut un temps où la Belgique fut forcée de recourir à eux, parce que, née de la veille, elle n'avait pu former elle-même une géné- ration capable d'enseigner à celle qui s'élevait déjà : mais il voulait que l'avenir fût meilleur. La connaissance de notre passé lui prouvait que la Belgique, au lieu de se résigner à importer, pour nous servir de l'expression d'un journal écono- miste belge , de la science étrangère , pourrait envoyer ses enfants sur les traces des peintres , des artistes et des savants qui firent connaître notre patrie bien avant que la politique lui eût donné des frontières. Toute sa carrière il la parcourut pendant les 23 premières années du règne de l'auguste monarque qui préside encore aux destinées du royaume. Pendant cette heureuse époque, les arts et les sciences ont fleuri en Belgique comme aux meilleurs jours des règnes les plus mémorables. Le pouvoir s'est plu à encourager les manifestations de la pensée : il a beaucoup fait pour les arts et pour les sciences, pour les arts surtout ; mais, qu'on ne l'oublie pas, il a recueilli les fruits de l'enseignement de l'ancien gouvernement et de tout ce que l'on fit alors pour encourager la jeunesse scientifique. Morren appartient à cette génération des jeunes hommes de 1830 qui se sont groupés sur les degrés du trône de Léopold 1er, pour lui former le plus beau cortège de paix et de gloire. Puissent-ils laisser après eux une génération nouvelle , tout-à-fait belge celle-là, et qui grandisse sous les auspices de notre jeune dynastie nationale ! Edouard Mouren. BIBLIOGRAPHIE CHRONOLOGIQUE DES OEUVRES DE CHARLES-FRANCOIS-ANTOINE MORREN(*). N° Date. i. <82b-1833. Mes Loisirs, recueil de poésies, 3 vol. in-S» {inédits.) 2. 1826. De Lumbrici terrestris historia naturali necnon anatomia tractatus, res- ponsio ad questionem ab ordine disciplinarum, mathematicarum et physic. in academia Gandavcnsi, anno 1823 propositam, quae praemium reportavit die II octobris 1826. Bruxelles 1829; 1 vol. in-4<> 280 p. et 32 pi. 3. 1827. Quaeritur Orchidis latifoliae descriptio botanica et anatomica. Responsio ad questionem ab ordin. discipl. mathemat. et physic. in acad. Ganda- vcnsi, anno 18:J6 propositam, quae praemium reportavit die VIII octo- bris 1827. vol. in-4», 92 p. et 6 pl. i. 1827. Sur les restes fossiles de deux Cirrhipèdes, 1827, in-8«, 7 p. et 1 pl. {Des- cription chi Tubicinella maxima, Morr.). S. 1828. Quaeritur descriptio Coralliorum fossilium in Belgio repertorum; res- ponsio ad questionem a nobilis. discipl. mathem. et phys. ordine in academ. Groningana, anno 1828, propositam, quae praemium reportavit. 1 vol. in-^o, 76 p. et 22 pl. (1) La notice qui concerne CIi. Morren, dans la Bibliographie académique, publiée en ISKS, est tout à fait incomplète, bien que rédigée sur les notes de l'auteur lui-même. C'est aussi ici le lieu de dire que le paragraphe relatif à Charles Morren, dans la table générale des Bulletins de V Académie royale de Belgique, renferme quelques fautes d'impression et certaines omissions que nous croyons devoir signaler : Page 318, 1« col., ligne 38 : 116 lisez: 137, 184. — — — 59 : 127, 130, 153, ;«se2.-lbl, 178. _ _ — 48 : entre 11, et 297, ajoutez : 248. — 2" col., — 27 : 819, lisez : 808. — — _ 59 ; ajoutez sur le mouvement et l'anatomie du Slijlidiutn adnalum, t. V, 184. Page 316, 1" col., — 4 : 840, lisez 880. — 317, — — 16: X" lisez : %". _ _ — — 28 : Électricité, lisez ■■ Elasticité. — 318^ — — 10 : ajoutez : structure du Mussœna, t. XVII. 1°, 17. _ — — — 18 : ajoutez ■■ pétalisalion successive des Saxifrages, t. XVII. 1" 418, — LVI — N° Date. (5. 1828. Revue systématique des nouvelles découvertes d'ossements fossiles faites dans le Brabant méridional. Gand, 1831; in-i" et in-8", se?/rfo-mor;)Ao- ses) en over den oorsprong der porenkeijen [silex cornés)-^ 1829, in-8<», H p. et 1 pi. — Overgedrukt uit de Bydragen tôt de Natuurkundige we- tenschappen, Deel IV, N» 1. (Voy. Bulletin des sciences naturelles de Ferussac, XXI, 228), 13. 1829. Verhandcling over de ware wijze, waarop de voortgang der Standelkuden (Orchidées) met tweeknoUige wortels plaats hceft, 1829, in-8<>, 27 p. — Overgedrukt uit de Bt/dragen tôt de Naluurkmidige wetenschappen, Deel IV, N" i. (Voy. Annales des sciences naturelles XXI, 116, et Bul- letin des sciences naturelles de Ferussac, XXII, 162). ii. 1850. Opmerkingen over het geslacht Leiodina en over de oprigting van een nicuw geslacht Dekinia onder de microscopische Dieren met de opgave van hunne wcderzijdsche tôt nu toe bekcnde soorten, in-8<', 36 p. et 1 pi. — Overgedrukt uit de Bydragentot de Natuurkundige wetenschap- pen, Deel V, N" 2. lî). 1850. Verhandcling over de Blaasjes van het plantaardig celwijs-weessel en de ontlasting van Dcelcn uit dezelve, 1850, in-8o, 52. — Overgedrukt uit de Bydragen tôt de Natuurkundige wetenschappen, Deel V, N" 1. 16. 1830. Mémoire sur les Vibryons lamellaires des auteurs. Gand, 1850, in-8o, 38 p. et 1 pi. — Messager des scienees et des arts, Gand, 1827-1828, p. 5il. 17. 1830. Mémoire sur un végétal microscopique d'un nouveau genre, proposé sous le nom de Crucigénie et sur un instrument que l'auteur nomme micro- soter. Paris, 1830, in-8", 2i p. et 1 pi. — Annales des sciences naturelles, août 1830. (Voy. Bulletin des sciences naturelles de Ferussac, XXII, 181). 18. 1830. Observations sur le genre Leiodina et sur l'établissement d'un nouveau genre Dekinia, parmi les animalcules microscopiques. Paris, 1830; in-8". 38 p. et 1 pi. — Extrait des Annales des sciences naturelles, octob. 1830. 19. 1831. Notice sur Engclspach-Larivière. Paris, 1831. 20. 1831. Lettre sur plusieurs sujets d'histoire naturelle. — Bulletin de la Société géologique de France, t. II, p. 26, séance du 7 novembre 1831. — I.VII — N° Daic. 21. 1852. LeLtre sur les animaux toisiles do la Flandre Orientale. — Bulletin de la Socicfé gc'nlugiquc de France , 1832, t. II. p.!2G. 22. 1832. Mémoire sur les osscmens humains des tourbières de la Flandre. Gaiid, 1832; in-8'' et in-4", 25 p. et i pi. — Messager des sciences et des arts , 1855, p. 2S5. 23. 1832. Lettre à l'Académie des sciences de Paris sur l'influence des rayons colorés sur la germination des plantes. — Séance du 10 juillet 1S52. 2i: 1852. Éloge historique de P.-L. Vandcrliudcn, naturaliste belge, in-8» et in-4", 20 p. et 1 portrait. Gand, 1832. — Extrait du Messager des sciences et des arts j t. l, p. 09. 1853. 2o. 1832. Notice sur G. Cuvier, Bruxelles VIndépendant, 2'fmai 1832. 2(5. 1832. Notice sur J. Kickx. Paris, 1832. 27. 1852. Acéphal-coccycéphale. — Revue encyclopédique belge, t. II. p. 536. 28. 1832. État des machines à vapeur en activité de service dans la Flandre Orien- tale, in-8o, 8 p. 29. 1853. Notice sur un Lis du Japon {Lilium speciosum Thunb.). Gand, 1833 ; in-^o et in-S",^ p. et 1 pi. — Extrait du Messager des sciences et des arts, 1853, t. I, p. 189. 50. 1853. Examen du mémoire de B. Dumortier sur la structure comparée des animaux et des végétaux. — Revue encyclopédique belge, t. III, p. 221. 31. 1833. Éphémérides d'Hanswyk, miscellaunées scientifiques et littéraires (tiré à trois exemplaires), in-8''. 32. 1855-1856. L'horticulteur belge, journal des jardiniers et amateurs. Bruxelles. 1855-36, in-S» t 1, II et III, 1835-56. (Notice sur le jardin botanique de Bruxelles, sur le jardin botanique de Gand ; Epimedium grandiflomim, Morr.,£'. Violaceum, ^^Ioït.) 35. 183-^. Mémoire sur les ossements fossiles d'éléphants trouvés en Belgique. Gand, 183i, in-S» et iu-^», 25 pp. et 2 pi. — Extrait du Messfiger des sciences et des arts, t. II, p. 277. 3L Ib^i. Observations sur la Flore du Japon, p. JIM. Ch. Morren et J. Decaisne. Paris, 1834, in-8''j 12 pp. et 2 pi — Extrait des Annales des sciences naturelles. Nov. 183i. 3a. 185i. Observations sur la Flore du Japon, suivies de la monographie du genre Epimedium (en collaboration de M. J Decaisne). Paris, 1854., iu-8», 15 pp. et 3 pi. — Extrait des Annales des sciences naturelles. Décem- bre 1834. 56. 1855. Sur plusieurs Lis plus ou moins rares. — Bulletin, t. I, pp. 157 et 15'î. 37. 1855. Sur les éléphants fossiles. —Bulletin, t. I, pp. 151 et 178-181. 58. 1853. Sur l'émigration du puceron du pêcher [Apliis Persicœ) et sur les carac- tères et l'anatomie de cette espèce. — Bulletin, t. II, pp. 25 et 75. 39. 1855. Notice historique sur F.-A. Roucel. — Bulletin, t. II, pp. 59 et 91. * AO. 1855. Descriptio Coralliorum fossilium in Belgia repertorum. — Bulletin, t. II, p. 68. 41. 1835. Ossements humains des tourbières. — Bulletin, t. II. p- 110. 42. 1835. Observations ostéologiques sur l'appareil costal des Batraciens. — Bulle- tin, t. U,n^. 112-115,258-248. 43. 1855. Réclamation de priorité en faveur de Minkelers, relativement à l'invention de l'éclairage au gaz. — Bulletin, t. II, pp. 162-164. 44. 1855. Observations sur la flore du Japon. — Bulletin, t. II, p. 203. 45. 1855. Observations sur les Clostéries. - Bulletin, t. II, p. 2i8-251 et 297-300. 46. 1855. Note relative à un cas de fissure iridionne, avec 1 pi. — Bulletin, t. Il, p. 530-552. — LVlll N" Date, 47. 183S. Végétation remarquable d'une racine de garance. — Bulletin, t. II, p. 3S0-351. 48. Ib35. Compte rendu des recherches sur les ossements fossiles de Schmerling. — Extrait du Jlessage?^ des sciences et des arls, t. III, p. 147 ; 183o. 49. 1833. Esquisses des premiers principes d'horticulture, par J. Lindlcy, traduit de l'anglais et augmenté de notes. Bruxelles, 183S; in-12, 180p. 30. 1833-1838. Diverses notices, communications et discussions, concernant la méde- cine, la thérapeutique, les sciences naturelles, etc , dans le Bulletin de la Société de médecine de Gand, notamment sur le Bignonia opidhalmica, 1. 1. p. 15. — Rapport sur un mémoire de M. le docteur Van Peene, sur les affections de l'âme, t. I, p. 110. — Discussion sur une lettre philoso- phique deM. Huet. t. III, 1837. — Communication sur la fructification de la vanille, t. III, p. 42. — Lettre sur la fièvre intermittente, t. III, p. 124. SI. 1833-1853. Catalogue (au choix) des graines récoltées au Jardin botanique de Liège, 20 broch. in-40 et in-8o. 32. 1836. Observations sur quelques plantes du Japon (en collaboration avec M. J. Decaisne). — Bulletin, t. III, p. 168. — Loisirs d'anatomie et de physiologie végétales. 53. 1836. Rapport de M. Dumortier sur le mémoire de M. Morren, concernant TJ^j/tes persicae. — Bulletin, t. III , p. 224. 54. 1836. Effets de l'éclipsé du soleil du 13 mai 1836, sur la respiration végétale et le sommeil des plantes. — Bulletin, t. III, p. 297-300. 55. 1836. Recherches sur la catalepsie du Drucocephalum virginianum. — Bulletin t. III, p. 342, 18 p. et 1 pi. — Loisirs. 36. 1836. Rapport de M. Dumortier sur le mémoire de 51. Blorren, intitulé : Histoire d'unnouveau genre de la tribu des Confervées nommé Aphanizomène. — Bulleiin, t. III, pp. 429-432. 57. 1836. Mémoire sur les Clostéries. Paris, 1836, in-8'>, 41 p. et 3 pi. — Extrait des Annales des sciences naturelles, 1836. 38. 1836. Mémoire sur l'émigration du puceron du pêcher {Aphis persicae) et sur les caractères et l'anatomie de cette espèce. Paris, 1836, in-8», 29 pp. et 1 pi. — Extrait des Ann. des sciences natur., août 1836. 39. 1836. Discours prononcé sur la tombe de Schmerling. — VEspoir, journal de de Liège, 10 novembre 1856. 60. 1836. Quelques mots sur l'histoire de l'horticulture, suivis du rapport sur la pre- mière période décennale delà société d'horticulture de Liège. Liège, 1836; in-S", 16 p. (Extrait de la Revue belge). 61. 1837. Notice sur la Vanille indigène. — Bulletin, t. IV, p. 223, 13 pp. — Loisirs. 62. 1837. Considérations sur le mouvement de la sève dans les Dicotylédones. — Bulletin, t. IV, p. 300, 13 pp. — Loisirs ; Études. 63. 1837. Rapport de M. Dumortier sur le mémoire de M. Blorren, intitulé : Becher- ■ ches sur le mouvement et l'anatomie du Stylidium graminifolitim. — Bul- letin, t. IV, p. të^-iSS. 64. 1837. Note sur la catalepsie du Dracocephalum austriacmn et moldavicum. — Bulletin, IV, p. 591. — Prémices. 65. 1857. Note sur les plantes hypocarpogèes. — Bulletin, t. IV, p. 434. — Loisirs. 66. 1857. Note sur l'effet pernicieux du duvet de platane. — Bulletin, t. IV, p. 447. — Loisirs. 67. 1837. Notice sur la circulation observée dans l'ovule, la fleuret le phoranthc du Figuier. Bulletin, t IV, p. 519. — Loisirs. — Etudes. LIX N" Date. 68. 1837. Observations ostéologiques sur l'appareil costal des Batraciens. I broch. in-'i", 10 pp. et une pi. — Nouveaux mémoires, t. X, 1837. (il). 1837. Note sur la première fructification du Vanillier en Europe. Paris, 1837, 4f pp. — Extrait des Annales de la Société 7'oyale d'horticulture de Paris, t. XX, mai. — Prémices. — Etudes. 70. 1837. Notice sur la vie et les travaux de R. Courtois Brux., in-i2,24f pp. — Extrait de Y Annuaire de l'Académie pour 1838 et supplément de 5 pp. inséré dans l'Annuaire de 1839. — Belgique horticole, t. IV, 183^. — De Becdelièvre-Hamal, biographie liégeoise. 71. 1837. De l'influence de la Belgique sur l'industrie horticole des Etats-Unis, discours prononcé le i/ avril 1837 à la Société royale d'horticulture de Liège; in-S» 12 pp. 72. 1837. Les siècles et les légumes, ou quelques mots sur l'histoire des jardins potagers. Liège, 1837; in-S», H pp. 73. 1837. Le Cultivateur, ou recueil d'articles sur l'économie rurale et l'hygiène vétérinaire de la Belgique. Brux. 1837; 1 vol. in-S». li. 1838. Histoire d'un genre nouveau de la tribu des Confervées nommée Aphani- zomène. — Recherches physiologiques sur les hydrophitesde la Belgique. Bruxelles, 1838; in-i», 20 pp. et 1 pi. — Mémoires de l'Académie^ t. XI. 75. 1838. Recherches sur le mouvement et l'anatomie du Stylidium graminifoUum. Bruxelles, 1838 ; in-i». 22 pp. et 1 pi. — Mémoires de l'Académie., t. XI. 76. 1838. Note sur le développement des tubercules didymes. — Bulletin, t. V, p. 63. — Prémices. — Etudes. 77. 1838. Observations anatomiques sur la congélation des organes des végétaux. — Bulletin, t. V, p. 65 et 93. — Prémices. 78. 1838. Quelques remarques sur l'anatomie de VAscaride lambricoïde. — Bulle- tin, t. V, pp. 82, 168-183 et 1 pi. 79. 1838. Sur l'existence des Raphides ou cristaux de matières inorganiques en dehors des végétaux. — Bulletin, t. V, p. 183. 80. 1838. Note sur le mouvement et l'anatomie du Slylidium adnatum. — Bulletin, t. V, p. 18^. 81. 1838. Recherches anatomiques sur l'organisation des Jungermannidées — Bul- letin, t. V, p. 296-3'i8. — Prémices. 82. 1838. Observations sur l'anatomie et la physiologie de la fleur du Cereus grundi- florus. — Bulletin, t. V. pp. 360. — Prémices, 83. 1838. Morphologie des ascidies. — Bulletin, t. V, p. 430. — Prémices. — Etudes. %i. 1838. Nouvelles remarques sur la morphologie des ascidies. — Bulletin, t. V, p. 382. — Prémices. — Etudes. 85. 1838. Notice sur une nouvelle espèce de Malaxis {M. Parthoni). — Bulletin, t. V, p. 484. — Prémices. 86. 1838. Présentation du plan du nouveau Jardin botanique de Liège. — Bulletin, t. V. p. 672. 87. 1838. Note sur la formation de l'indigo dans les feuilles du Polygonum tincto- rium. — Bulletin, t. V, p. 763. 88. 1838. Notice sur la vie et les travaux de Philippe-Charles Schmerling, Bruxel- les, 1838 ; in-12. — Extrait de VAnnuaire de l'Académie pour 1838. 89. 1838. Notice sur la vie et les travaux de Vincent Fohmann, Bruxelles, 1838; in-12. — Extrait de VAnnuaire de l'Académie pour 1838. 90. 1838. Essais sur l'hétérogénie dominante dans laquelle on examine l'influence qu'exerce la lumière sur la manifestation et les développements des êtres organisés, etc. Liège, 1858; 1 vol. in-8o de 120 p. — Mémoires publiés en 1832 dans ["Observateur belge, et en 1835, dans les Atmales des sciences naturelles de Paris. N" Date. 9?. 1838, 92. 1838 95. 1858 — LX — Adrien Spiegcl. Bruxelles, 1838; broch. in-12, 52 p. — E.xlrait do la lieoue du Bruxelles pour 1858, p. Ul. Les femmes et les fleurs Liège, 1858^ in-S», 35 p llorticultui'c el philosophie. Liège, 1838 ; in-S", l'i p. 91. 1858. De la spécialilé des cultures propres aux établissements horticoles do Liège et de l'influence de la division du travail en horticulture. Liège, 1838; in-8û, 14 p. 93. 1839. Recherches sur le mouvement et l'analomie du style du Goldfussia auiso- phylla, in-i", ô4> p. et 2 pi. — Mémoires de l'Académie, t. XIL 96. 1839. Mémoire sur la formation de l'indigo dans les feuilles du Polygonum tinc- torium, in-i", 52 p. et 1 pi. — Blémoirc de l'Académie, t. XH. 97. 1859. Notice sur l'histologie de l'Agaricusepixy Ion. — Bulletin, t. VI 1"; p. 30. — Prémices. — Etudes. 98. 1839. Rapport sur le mémoire de M. Aug. Trinchinetti de Monza (intitulé : De odoribus florum, etc.), — Bulletin, t. VI 1°, pp. SI, 577. — Pré- mices. — Etudes. 99. 1839. Observations sur l'anatomie des Hedychium. — Bulletin, t. VI 1", 61. — Prémices. — Etudes. 100 1859. Note sur un mémoire intitulé : Rechcrcltes sur le mouvement et l'anato- mie du style du Goldfussia anysophylla. — Bulletin, t. VI l".'pp. 60, 130. — Etudes. 101. 1859. Rapport sur l'ouvrage intitulé : Analomie du cheval, par M. Ch. Philips de Liège. — Bulletin, t. VI, I», pp. 1 i9, 2i5. 102. 1839. Observations sur l'anatomie des Musa. — Bulletin t. VI 1", p. 178 — Prémices. — Études. 103. 1839. De l'existence des infusoires dans les plantes. — Bulletin, t. VI 1", p. 298. — Prémices. — Etudes. lOX. 1839. Observations sur la circulation dans les poils coroUins du Marica cocrulea. — Bulletin, t. VI 1», p. i25. — Prémices — Études. 105. 1839. Observation sur la formation des huiles dans les plantes. — Bulletin, t. VI 1», p. 510. — Prémices. — Études 106. 1839. Note sur l'excitabilité et le mouvement des feuilles chez les Oxalis — Bulletin, t. VI 2", p. 68. — Prémices. — Études- 107. 1839. Expériences et observations sur la gomme des Cycadées. — Bulletin, t. VI 2", p. 153. — Prémices. — Études. 108. 1859. Observations sur l'épaississement de la memb. végétale dans plusieurs organes de l'appareil pileux. — Bulletin, t. VI 2", p. 2/9. — Prémices. Études. 109. 1859. Sur les procédés héliographiques de M. Broyer. — Bulletin, t. VI 2", p. 295. UO. 1859. Note sur les fruits aromatiques du Leptodes Bicolor. — Bulletin, t. VI 1", p. 582. — Prémices. — Etudes. 111. 1859. Rapport sur un mémoire en réponse à la question : Exposer la théorie de la formation des odeurs dans les fleurs. — Bulletin, t. VI 2", p. 555. 112. 1839. Notice sur la vie elles travaux de Jean-Pierre Minkelcrs. Bruxelles, 1859 j in-12. — Extrait de VAnnuaire de l'Académie pour 1839. 113. 1839. On thc discoid Piths of Plants. Londres 1839; in-S», 15p et 1 pi. — Extract from the Annals and magazine of naturul liistor y, octobre 1859; vol. IV, n» 22. ll^'. 1839. On the production ofVanilla in Europe. Londres 1839; in-8». — Extract from the A nnals and magazine of nntural /listory, marsl 839; vol. III. n»! i. 115. 1859. Observations sur la circulation dans les poils corollins du Marica coerulea et sur l'histologie de cette fleur, — Extrait du Monde savant, 7 août 1839 ; VI"» année, N» 462. — LXI — N" Date. 116. 1839. Huit jours à Ncwcaslle en 1838. Bruxelles, 1839; in-12, 102 p. — Extrait de la Revue de Bruxelles Janvier et février 1839; pp. 1 et H'à. 117. 1811 . Recherches sur la rubéfaction des eaux et leur oxigénation par les animal- cules et les algues, en collaboration avec M. Aug. Morren. Bruxelles, 1 vol. in-i», 130 p. et 7 pi. contenant : 1» Recherches physiologiques sur Tinfluence qu'exercent la lumière, les algues et les animalcules sur la quantité et la qualité des gaz contenus dans les eaux. — Mémoires de l'Académie, t. XIV ; 2» Recherches sur la rubéfaction des eaux. — Mémoires de l'Académie, t. XIV; 3» Histoire du genre Haematococcus. — Blémoii'es de l'Académie, t. XIV. i" Histoire du genre Tessararthera. — Mémoires de l'Académie, t. XIV. lis. 184^1. Recherches sur le mouvement et l'anatomie des étamines du Sparmannia africana. — Nouveaux mémoires de l'Académie IS-il, t. XIV. 119. ISM. Rapport sur un mémoire en réponse à la question : Exposer la théorie de la formation des odeurs dans les fleurs. — Bullelin, t. VIII 1". p. 2, ^^9, ^Si. 120. 1841. Rapport sur un mémoire de M. Van Hulst, intitulé : R. F. Sluse. — Bul- letin, t. VIII |o, pp. ^3, 116. 121. ISîl. Rapport sur la qualité du papier d'impression de l'Académie. — Bulletin, t. VIII 1°, p. U. — Bodonaea, I, 17. 122. 18-41. Recherches sur le tissu cellulaire des mousses et en particulier sur celui des Hypnum. — Bulletin, t. VIII 1°, p. 68. Dodonaea, I, 1. 123. IS'il. Hydrophyles de Belgique. — Bullelin, t. VIII 1», pp. 82, 202. Bodonaea, I, 19. \'l'i. IBM. Remarques sur le mémoire de M. Van Beneden, intitulé : Recherches sur l'embryogénie des Sépioles. — Bullelin, t. VIII 1», p. 124 123. 18il. Recherches sur l'inenchyme des Sphagnum. — Bulletin, t. VIII 1", p. 164', Dodonaea, \, 2S. 128. 18i1. Sur les Lycopodiacées. — Bulletin, t. VIII I», pp. 201, 579. Dodonaea, 1,77. 127. 1841. Recherches sur l'anatomie et la physiologie des Fontinalis. — Bulletin, t. VIII 1°, p. 222. Dodonaea, \, 45. 128. 1841 . Rapport sur un travail de BI. Van Beneden, intitulé : Mémoire sur la Lima- cina artica. — Bulletin, t. VIII 1", p. 298. 129. 1841. Observations sur les cfllorescences de quelques plantes. — Bulletin, t. VIII 1", p. 34o. Dodonaea, I, (il. 150. 1841. Recherches sur la motilité du labellum du Mt'gaclinium falcatum. — Bulletin, t. VIII 1", p. 385. Dodonaea, I, 83. 131. 1841. Observations anatomiques et physiologiques sur le Phyteuma spicatum. — Bulletin, t. VIII 1°, p. 391. Dodo«ara, I, 89. 132. 1841. Observations sur la panachure des feuilles. — Bulletin, i VIII 2", p. 9. Dodonaea, I, lOS. 133. 1841. Remarques sur la symétrie de la chlorophylle dans les plantes. — Bul- letin, t. VIII, 2", p. 81. Dodonaea, \, 131. 134. 1841. Note sur le mouvement des Sensitives soumises à des secousses répétées. — Bulletin, t. VIII 2", p. 232. Dodonaea, I, 14."J. 133. 1841. Note sur l'Arachis hypogca. — Bulletin, t. VIII 2', p 332. 136. 1841. Etudes d'anatomic et de physiologie végétales, ou collection d'opuscules sur ces sciences. Bruxelles. 1841 ; 1 vol. in-8°. 137. 1841. Prémices d'anatomic et de physiologie végétales, ou collection d'opuscules sur ces sciences. Bruxelles. 1841 ; 1 vol. in-S". — LXII N" Date. 138. 18 il. Loisirs d'anatomie et de physiologie végétales, ou collection d'opuscules sur ces sciences. Bruxelles iSH ; 1 vol. in-S". 139. 18'il-1843. Dodonaea, ou recueil d'observations de botanique. Bruxelles, 1841 ; 2 vol. in-8» de 272 p. et 10 pi. 140. 1841. Considérations respecting Spur-shaped Neclaries and those of Aquilegia vulgaris in particular, Londres, 1841; in-8'', 16 p. et 1 pi. — Extract from Annals and magazine of natural history, mars 1841. 141. 1842, Recherches sur le mouvement et l'anatomie du labellum du Megaclinium falcatum. — Nouveaux mémoires de l'Académie, 1842, t. XV. 142. 1842. Observations sur les phénomènes périodiques faites au jardin botanique de Liège, pendant l'année 18il, en collaboration avec M. Vict. Deville. — Mémoires de l'Académie, 1842, t. XV. 143. 1842. Recherches sur la circulation dans les plantes. — Bullelin, t. IX 1", p. 173. Dodonaea, II, 1. 144. 1842. Recherches littéraires sur les fleurs de la Passion. — Bulletin , t. IX i", p. 202. DodonaeUf II, S. 145. 1842, Recherches littéraires sur le lis de St -Jacques (Amarillis forraosissima). — Bulletin, t. IX l», p. 302. Dodonaea, II, 27. 146. 1842. Notice sur la motilité des fleurons dans les Cynarées. — Bulletin,X. IX 2», p. 47. Dodonaea, 11,41. m. 1842. Gérée de Napoléon, ou observations sur l'anatomie et la physiologie de cette fleur. — Bulletin, t. IX 2», p. 210. Dodonaea, II, b3. 148. 1842. Ossements trouvés dans le terrain bruxellien. — Bulletin, t. IX 2», p. 339. 149. 1842. Rapport sur un mémoire de MM. Martins et Bravais, intitulé : Recherches sur la croissance du Pin sylvestre. — Bulletin, t. IX 2", pp. 360,300. Dodonaea, II, 99, 150. 1842. Recherches sur l'ivoire végétal. — Bulletin, t. IX 2», p. 362, Dodonaea, II, 71. loi. 1842. Etudes sur l'anatomie du Raisin et la coloration des vins. — Bulletin, t. IX 2», p. SU. Dodonaea, II, 83. 152. 1842. Histoire littéraire et scientifique des Tulipes, Jacynthes, Narcisses, Lis et Fritillaires, ou fragment d'une histoire de l'horticulture belge. Bruxel- les, 1842; in~12, 68 p. — Extrait de la Revue de Bruxelles, avril et août 1841, pp. 1 et 50. 153. 1843. Observations botaniques faites à Liège en 1842, par MM. Morren et Victor Deville : observations anthochronologiques sur la périodicité des moti- lités sexuelles dans les plantes ; sur les périodes diurnes, etc. — Nou~ veaux mémoires de l'Académie, 1843, t. XVI. 13i. 1843. Notice sur la vie et les travaux d'Aug.-Pyr. De CandoUe, lue à la séance publique de l'Académie, le 14 décembre 1842. Bruxelles, 1843; in-12. — Extrait de VAnmiaire de l'Académie pour 1843. — Indépendance belge, 16 décembre 1842. 155. 1843. Fleurs éphémères, recueil de poésies. Liège. 1843; 1 vol, in-8ode448 p. et 4 grav. 156. lS43-18i6. Notions élémentaires des sciences naturelles et physiques, compre- nant la physique, la chimie, la minéralogie, la zoologie et la botanique, en collaboration avec M. Aug. Morren. Liège, 1853 ; 5 vol. in-12. Seconde édition. Liège, 1853. 157. 1843. Recherches sur le papier de riz. — Bulletin, t. X, 1», p. 26. DodoJiaea^ 11,105. 158. 1843. Note sur quelques effets de la compression chez les végétaux. — Bullelin, t. X 2o p. 292. Dodonaea, II, 103. 162. 1843 163. 1845 164. 1843 163. 184S, 166. 1843. 167. 1845, LXIII — N° Date. 159. 1843. Rapport sur le mémoire de M.Verloren sur la circulation chez les insectes. — Bulletin, t. XII». p. 294. 460. 1845. Rapport sur un mémoire de M. Spae, intitulé : Essai d'une monographie du genre Lis. — Bulletin , t. XII 2», p. 157. — Fuchsia, p. 1 . 161. 1843. Lettre à M. Quetelet sur les phénomènes périodiques observés en Chine. — Bulletin, t. XII 2°, p. 233. Fuchsia, p. 9. Observations sur la notice de M. Martens, intitulée : Sur la maladie des pommes de terre. — Bulletin, t. XII 2", p. 372. Fuchsia, p. 13. R. Dodonée. — Les belges illustres, t. II, p. 33, in-8o. Charles de l'Escluse. — Les belges illustres, t. III, p. 66. 6 p. et 1 portr. Nouvelles instructions populaires sur les moyens de combattre et de détruire la maladie actuelle des pommes de terre. Gand, 1845, in-12. Id. Paris, 1845. Volks-onderrigtingen over de middelen om de tegenwoordige ziekte der aerdappelen te bcstryden ente vernietigen, etc. Gent, I8i3. 168. 1845. Volks-voorschriften om de rodziekte der aardappelen, gelijk die in 1845 geheerscht heeft, te behandelen en te genezen, etc. Groningue, 1845. Trad. en hoUand. par le professeur Van Hall. 169. 1845. Ueber die Krankheitdcr Kartoffeln. Koln, 1843. Druck von J. Eschbach. 170. 1846. Rapport sur cinq mémoires présentés pour le concours d'économie rurale, proposé en 184.J par l'Académie. — Bulletin, t. XIII 2", p. 131 . Fuchsia, p. 19. 171. 1846. Sur l'église St -Jacques, à Liège. — Bulletin, t. XIII 2°, p. 395. 172. 1846. Discours sur les fleurs nationales de Belgique, prononcé dans la séance publique de l'Académie, le 17 déc-embre 1846. — Bulletin, t. XIII 2", p. 442. Fuchsia. 173. 1846. Sur le défrichement de l'Ardenne, de la Campine et des Bruyères. — Indépendance belge, 24 novembre 1843, 17 décembre 1846. — Journal de Liège, 10 février 18i7. 174. 1846-1847. Programme du cours de botanique, in-S». 173. 1847. Observations sur la fructification du Caraguata. Bulletin, t. XIV 2", p. 108. Fuchsia, p. 45. 176. 1848. Notice sur le Mayua des Péruviens, (Tropaeolum tuberosum). — Bulletin, t. XV 1", p. 344. Fuchsia, p. 33. 177. 1848. Sur une synanthie compliquée de résorption et de torsion observée sur le Torenia scabra, — Bulletin, t. XV 1", p. 594. Fuschia. p. 67. 178. 1848. Sur la pélorisation lagéniforme des Calcéolaires et sur une synanthie bicalcéifère et tristaminale des mêmes plantes. — Bulletin, t. XV 2», p. 7, Fuchsia, p. 89. 179. 1848. Observations sur les mœurs de la chenille processionnaire. — Bulletin, t. XV 2", p. 132. Fuchsia, p. 99. 180. 18i8. Rapport sur la réponse à la question suivante : Exposer et discuter les travaux et les nouvelles vues des physiologistes et des chimistes sur les engrais, etc. — Bulletin, t. XV 2", p. 591. Fuchsia, p. 113. 181. 1848. A la mémoire de J.-L. Van Aelbroeck. Gand, 1848; in-S». — Extrait du Journal d'agriculture pratique, I. 182. 1848. Rapport sur l'exposition publique des produits de l'agriculture et de l'hor- ticulture en Belgique, ouverte à Bruxelles, en septembre 1847. Bruxel- les, in-80, 63 p. 183. 1848. Instructions pour la plantation des pommes de terre, en 1848. — Mémo- rial adminis trait f de la province de Liège, t. XVIII, p. 47, N<> 1015. 184. 1848-1855. Journal d'agriculture pratique , d'économie forestière, d'économie rurale et d'éducation des animaux domesliqucs. 7 vol. in-8" de 5-600 p. — LXVI — N" Date. 231. 18o2. Recherches sur les Synanthies. — BuUelin, t. XIX 1°, p. ôiï. — Clusia, p. 27. 232. 18a2. Recherches sur la Synandrie et l'apillarie des fleurs synanthérées obser- vées dans les Calcéolaires. — Bulletin, t. XIX 1°, p. 63S. — Clusia, p. 39. 233. 1852. Philosophie tératologique d'une fleur double et pleine d'ajonc épi- neux. — Bulletin, t. XIX 2°, p. 7. — Clusia, p. SI. 234. 1852. Notice sur les vraies fleurs doubles chez les Orchidées. — Bulletin, t. XIX 2», p. 171. — Clusia, p. 63. 235. 1852. Quelques fleurs de Lobelia, jetées sur la tombe d'un des pères de la bota- nique belge, Mathias de l'Obel. — Btilletin, t. XIX 2», p. 180. — Lobelia, I. 236. 1852. Notice sur les fleurs de Pétunias doublées par chorise staminale. — Bulletin, t. XIX 2". p. 350. — Clusia, p. 73. 237. 1852. Etude d'un genre particulier de monstruosité par stase, nommé 5'dolle, Monogr. Campan., p. 256. — Vahl, Symbol , v. 8, p. oi. — RoEM. etScH., Syst. Veg., v. S, p 1^2 (et C. Ilusseliana, /?. et S.). — De Cand., Prod., V. 7, p. ^(î2. — HooK, Bot. Mag., J8d8, t. S068, cum icon. Des plantes basses, touffues et florifères sont les mieux appropriées pour établir des bordures aux parterres floraux; mais leur nombre est encore limité, et l'amateur ne trouve pas toujours à les varier autant qu'il le désirerait. La petite Campanulastrigosa convient particulièrement pour cet usage. La figure 2 de la planche première représente quelques pieds isolés de ce joli gazon, mais il faut se le représenter infiuiment plus compact, au point que la verdure disparaît sous l'émail bleu céleste des fleurs, La campanule fluette est native de Syrie, où elle croît spéciale- ment aux alentours d'Alep : elle fut, suivant De Candolle découverte et déterminée pour la première fois par Russel. Depuis elle a été recueillie encore par Labillardière et Aucher-Eloy et dans le Taurus par Kotschy. On la cultive actuellement au jardin botanique de Vienne, dont le direc- teur M. Fenzl, en a distribué des graines. Celles-ci se sèment en pot ou en pleine terre. Description. Herbacée, annuelle, présentant partout, mais spéciale- ment sur les pédoncules et les calices, des poils blancs, pellucides et droits. Tiges dressées, flexueuses, hautes de quatre à cinq pouces, arron- dies hispides et dichotoines à leur sommet. Feuilles alternes, ciliées, oblongues ovales, sessiles, étalées ou réfléchies, complètement entières. Pédoncules uniflores, terminaux ou à l'aisselle d'une dichotomie, rarcuient latéraux. Calice très grand comparativement à la fleur et d'une structure très curieuse, en ce que à première vue, il semble être inséré à la partie inférieure de l'ovaire : la partie libre du calice est quinquepartite, à segments ovales, hispides terminés au sommet par une pointe subulée et présentant à la base deux appendices qui se réfléchissent sur l'ovaire _ 4. — et le marquent tout entier. Corolle canipanulée-infundibuliforme, a tube Llanc-jaunàtre, un peu plus long que le caliee. Étamines à filaments larges et ovales, bifides à la pointe avec l'anthère insérée entre la bifurcation. Styls plus grand que les étamines, clavé, à stigmate briève- ment trilobé. BULLETIN HORTICOLE. IMPORTANCE ACTUELLE DE L'HORTICULTURE. Nous croyons faire une chose utile et agréable à nos lecteurs, en pu- bliant sous le titre de Bulletin horticole , un court résumé de ce qui se fait et se dit en horticulture et en botanique dans ses rapports avec l'horticulture. Dans ce premier article nous voulons présenter quelques considéra- tions sur l'état actuel de la floriculture en Europe, étudier son organisa- tion et constater son importance. De cette manière l'utilité d'un bulletin horticole se trouvera pleinement justifiée et l'objet de cette causerie mensuelle bien précisé. Le nombre des personnes qui, à quelque titre que ce soit, s'adonnent à la culture des fleurs, s'augmente avec une prodigieuse rapidité. Depuis le botaniste qui en fait l'objet de ses plus sérieuses études jusqu'à la jeune fille qui leur consacre ses loisirs, depuis le riche auquel les végé- taux exotiques les plus rares procurent les plus douces jouissances, jus- qu'au pauvre jardinier qui demande aux plantes de quoi gagner sa vie, dans toutes les classes de la société et parmi toutes les professions, on trouve un grand nombre d'amateurs, selon l'expression consacrée. D'un autre côté on étudie le règne végétal sous tous les poiuts de vue possibles et dans des établissements spéciaux et considérables , depuis le rude cli- mat de St. Petersbourg et de Moscou jusque sous le soleil brûlant d'Alger. En un mot qui n'a pas son jardin, ses fleurs ? Il est incontestable que l'horticulture tient une place bien large dans notre état social et qu'elle occupe une grande partie de notre vie. La société et la civilisation ne peuvent s'établir qu'aux lieu et place de la na- ture : plus les deux premières sont perfectionnées et plus loin la nature est-elle refoulée. Mais alors l'homme, obéissant à une sorte d'instinct, à des besoins impérieux , rappelle la nature qu'il avait chassée , demande à un coin de terre la fraîcheur, le repos et l'isolement; il se fait un jar- din qu'il peuple de ses fleurs favorites et auquel il consacre des soins spéciaux: l'homme s'est fait une nature à lui , une nature artificielle et de là naquit l'horticulture. Le nombre de vrais amateurs, c'est-à-dire des per- sonnes qui connaissent les plantes, qui savent en apprécier les mérites, qui — s — ont inné le sentiment de l'esthétique des fleurs et qui les soignent avec amour, le nombre de ces amateurs est déjà fort élevé. Mais si l'on voulait en outre tenir compte des personnes qui s'occupent de fleurs, par délas- sement, par hygiène ou simplement par désœuvrement, on arriverait à un résultat innombrable. D'ailleurs l'organisation actuelle de l'horticulture en Europe, prouve, mieux que toutes les considérations générales, la haute importance qu'elle a acquise. Il suffit d'accorder quelque attention à ce sujet pour en être immédiatement convaincu. A la tête de cette organisation on doit placer les jardins botaniques, vastes établissements, subsidiés par les pouvoirs et dans les([uels toutes les espèces de plantes indistinctement trouvent de la place et des soins. Le but des jardins botaniques est la culture, l'entretien et la conservation des plantes, en un seul mot, l'horticulture : ce sont les musées de la bota- nique et toutes les espèces de la création y ont droit de cité. En outre les jardins botaniques sont en dehors et au-dessus des variations et des modes que subit l'horticulture privée, s'il est permis de s'exprimer ainsi; ils sont essentiellement conservateurs et s'efforcent de maintenir leurs collec- tions toujours complètes et leurs espèces pures de toute altération. Malheureusement les ressources de ces établissements publics sont en général fort modestes, rarement ils peuvent acquérir des plantes nouvelles et plus rarement encore obtenir celles qui ont une valeur assez élevée en horticulture : ces espèces sont ordinairement enlevées par des particuliers disposant de richesses plus considérables que les faibles revenus des jardins botaniques. Mais les relations si libérales qui unissent entre eux tous les jardins botaniques de l'Europe viennent heureusement remédier à cet état de choses. Chacun d'eux public annuellement un catalogue des graines qu'il a pu récolter et il les offre généreusementen échange. On peut ainsi conserver et même augmenter rapidement ses collections et réparer immédiatement les pertes que l'on aurait pu accidentellement subir. D'un autre côté, dès qu'une plante nouvelle a fructifié dans l'un des jardins botaniques de l'Europe , elle ne tarde pas à se distribuer dans tous les autres. Les jardins botaniques se sont considérablement modifiés depuis quelques années : beaucoup d'entre eux ont été agrandis, ont obtenu de nouvelles serres ou ont vu leur ressources s'accroître. Toutes les villes universitaires en possèdent, parce qu'ils sont le complément indispen- sable de l'enseignement supérieur de la botanique, mais un grand nom- bre d'autres cités, reconnaissant l'utilité de ces institutions ont créé un jardin botanique dans leurs enceintes. Dans notre pays nous pouvons nommer par exemple : Anvers, Malincs et Tournai. D'un autre côté les professeurs-directeurs des jardins botaniques gui- dent et dirigent l'horticulture : presque partout les plus savants botanistes se sont mis à la tête du mouvement; ils ne confondent pas, comme quel- __ 6 — ques personnes, horticulture avec jardinage , c'est-à-dire la science avec le métier : mais grâce à leur haute intervention l'horticulture est devenue une source féconde de connaissances botaniques et le plus puissant moyen de diffusion de cette science. Uu très grand nombre de directeurs de jar- dins botaniques rédigent des publications botaniques spéciales s'adres- sant non-seulement aux adeptes mais aussi à un public horticole. C'est ainsi que sir W. Hooker fait paraître le botanical magasine, que M. le D' Lindley rédige le gardener 's chrotiide, dans lequel on trouve des ar- ticles des plus savants botanistes anglais tels que Barkeley, Moore, etc. En France, M. Duchartre, le savant et infatigable secrétaire de la société botanique remplit les mêmes fonctions près delà société impériale ou cen- trale d'horticulture, pour la rédaction de son bulletin: MM. Planchon de Montpellier et Decaisne de Paris collaborent à la Flore des serres de M. Van Houtte et l'on trouve sur la couverture de cet ouvrage les noms d'un très grand nombre d'autres botanistes de premier mérite. Enfin M. Regel, directeur du jardin botanique de St. Petersbourg publie le Garten Zeitung, M. Koch. professeur à Berlin le Berliner Wochenschrift, MM. De Vriese et Von Siebold les Annales de botanique et d'horticul- ture des Pays-Bas, etc., etc.; nous pourrions augmenter considérable- ment cette liste. La presse est l'expression le plus véridique du véritable état des choses. Or celle qui à l'horticulture pour objet spécial a pris un développement étonnant : ce qui se publie partout d'ouvrages sur les plantes des serres et des jardins est considérable et quant à la presse périodique, elle est plus importante encore : nous restons certainement en dessous de la vérité en évaluant à cent le nombre des revues mensuelles ou hebdomadaires qui traitent exclusivement de floriculture. Il va sans dire que nous ne tenons par compte des publications agricoles qui ont cependant pour objet la plus vaste application de la culture des végétaux. La presse horticole a donc une véritable importance à cause de son grand développement et par suite de la position éminente de la plupart de ceux qui la dirigent. En dehors des revues, la plupart mensuelles ou hebdomadires, publiées librement par l'initiative d'un botaniste, il existe encore un nombre prodigieux de journaux et de compte-rendus des travaux de sociétés d'horticulture. Ces recueils renferment souvent des communications fort intéressantes et très utiles. Où n'existe-t-il pas de société d'horticulture? chaque ville de quelque importance en compte une; c'est bien, mais c'est assez; nous n'en sou- haitons davantage a personne; presque partout où il s'est formé deux sociétés, elles nefont que batailler et chercher à se couler. Deux associa- tions horticoles en présence deviennent rivales et se nuisent le plus possible. Mais laissons de côté cette petite question de ménage et bornons nous à constater que partout les amateurs ont reconnu qu'ils doivent se _ 7 — rassembler dans maintes circonstances, s'entr'aidei' mutuellement et réunir leurs efforts pour le développement de la cause commune. La plupart de ces sociétés sont puissantes et disposent de ressources assez étendues : les personnages le plus distingués par leur rang ou leur fortune en font partie et composent souvent leurs conseils d'admi- nistration et le bureau. Quand elles organisent une fête, c'est-à- dire quand elles ouvrent une exposition, le public y est convié et il prouve par son empressement à répondre à cette invitation, de ses sympathies pour l'horticulture. Les premiers fonctionnaires et les souverains eux-mêmes président ordinairement à ces solennités et inau- gurent les expositions. N'avons nous pas vu S. M. Léopold, aller à Gand en 4857, expressément pour ouvrir le salon quinquennal de la société d'horticulture. Enfin tous les gouvernements et toutes les administrations éclairées favorisent avec une sollicitude toute spéciale le développement des sociétés d'horticulture. Ces quelques mots sur les jardins botaniques et leurs directeurs , sur la presse horticole et sur les sociétés d'horticulture nous paraissent dé- montrer d'une manière évidente l'extension considérable que cette branche des connaissances humaines a prise depuis quelques années. L'horticulture n'est plus considérée comme une occupation futile, un délassement frivole ou un métier routinier : elle est esssentiellement civilisatrice, elle augmente la richesse des nations, elle donne lieu à des transactions considérables etc. Considérée comme science, c'est-à-dire réduite à ses principes ou à sa théorie, elle est sœur de la botanique. Nous nous réservons de développer ultérieurement avec quelques dé- tails, l'état actuel des jardins botaniques en Europe, de tracer le tableau de la presse botanique et horticole et enfin de faire connaître ie nombre, l'importance et l'organisation des sociétés horticoles actuelles. Mais du peu de mots qui précèdent il ressort avec évidence que l'horticulture a ses pouvoirs, sa législation, de nombreuses et puissants ramifications, sa presse et son public. Comme la politique, elle a ses événements, ses dis- cussions et ses nouvelles. Nous voulons nous efforcer de tenir nos lecteurs au courant de ce mouvement horticole et d'en signaler les faits et les incidents les plus im- portants. Dans notre Bulletin nous analyserons les meilleures articles de la presse belge et étrangère, nous nous tiendons au courant des nou- veaux ouvrages, nous parlerons des expositions, des sociétés et à l'occa- sion, nous causerons botanique: en un mot nous dirons ce qui se passe en horticulture. — 8 - REVUE DES PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. 4° PLEINE TERRE. Islueli» ISronssoaietii, C. H. Schultz Bipont, in Webb., Phytogr, canar., p. 274, t. 9o. f. 5, 5 et 9 [Argyranthemum p{miatifidtim,WEBh.. sub icône). Walp., Re-perl. Bot., v. 6. p. 202. — Bot. Mag., t. 5067. — Synon. Chrijsanthemicm piimatifidum, Brouss. — Chr. Broussonetii, Balbis. — Pijrethrum Broussonettii , Choisy. — Pyr. aclaiictuni, Link. Le seul tort de cette plante est de ressembler aux Marguerites : nous sommes si habitués aies voir et les fouler aux pieds, que nous ne saurions plus leur accorder de beautés. Des graines ont été envoyées par M. Bour- geau à M. Ilooker : il les a cultivées en serre froide, mais il est persuadé qu'elles prospéreront en pleine terre. Cette espèce est particulière aux îles Canaries ; on la trouve dans la région des Lauriers , sur les mon- tagnes, à une élévation supra-marine de 5000 pieds environ. Les fleurs ont un diamètre de trois pouces, elles ont les rayons d'un lilas pâles, teintés de jaune à la base. Le disque est d'abord pourpre noir, plus tard jaune. La plante atteint environ deux pieds de hauteur et devient fru- tescente à la base. 2° SERRE tempérée. Azalea ovata, Lindl., in Ho7't. Soc. Journ. v. I, p. 149. Fortdne, in Hort. Soc. Journ. v. 2. p. 126. t. 2. — Synon. Azalea myrtifolia, Champion in Hook. Bol. Mag., t. 4609. — Fara. des Ericacées : Pentan- dric-Monogynie. — Azalée à feuilles de Myrte. Charmant arbuste, introduit du nord de la Chine par M. Fortune et décrit pour la première fois par M. Lindley, en 1844. Il a été postérieu- rement réintroduit en 1858. On en connaît dès ce moment trois variétés d'après la couleur des fleurs, qui est pourpre pâle, rose ou blanche. Les feuilles sont peu nombreuses et se trouvent à l'extrémité des rameaux; elles ressemblent à celles du Myrte. RhododendroBi Gi*iffithianiim, Wigrt. var. Ancklandii, WiGHT, /c. Plant. Ind. Or. v. 4. t. 1205. — Hook. Fil. in Journ. Hort. Soc. V. 7. pp. 77, 95. — Synon. : RJiod. Avclikuidii, Hook. Fil. Silckim Rhod. 1. 11. — Fam. des Ericacées : Décandrie-Monogynie. — Rosagc de Griflîth, variété de lord Auckland. Cette magnifique plante peut être considérée comme la plus belle espèce du genre à cause de ses gigantesques corolles d'un blanc de neige. Elle fut introduite par M. le docteur Hookcr, du Sikkiui Himalaya en 1849, et fleurit au mois de mai de cette année dans l'établissement de M. Gaines, à Wandsworth. M. Griffith l'avait découvert le premier dans — 9 — le Bhotam, mais les spécimens de cette partie de l'Inde, sont tellement inférieurs pour le feuillage et pour les fleurs à ceux du Sikkini, que l'on reconnaît à peine le R. Grijjithianum dans la figure qu'en a donnée le D'" Wight dans son ouvrage si estimable Icônes Plantarum ladiœ orien- talis. Dans le Sikkim même, on rencontre d'ailleurs deux formes de notre espèce, l'un avec des fleurs beaucoup plus petites que l'autre, et M. Hookercrut d'abord que la variété à fleurs les plus grandes, précisé- ment la variété de lord Auckland, devait être une forme stérile. Il ne paraît pas toutefois qu'il en soit ainsi, puisque la plante qui a fleuri en Angleterre, chez M. Gaines, a produit avec abondance du pollen. Description : Arbuste de quatre à huit pieds d'élévation, ramifié dès la base. Feuilles étalées, longues de six à huit pouces, linéaires-oblongues aigiics ou acuminées, subcordées à la base, convexes et fermes. Fleurs de quatre à six en grappes corimbiformes terminales, longuement pédon- culées, très grandes, mesurant parfois sept pouces de diamètre. Calice discoïde, coriace obscurément lobé. Corolle eampanulée, à tube court, à limbe ouvert, quinquelobé à lobes bifides. Étamines au nombre de seize environ, à filaments glabres et à anthères petites. Ovaire et glan- duleux, à douze loges. Capsule petite et ligneuse. •5" SEtlRE CHAUDE. €lnst»Tia insig;nis, Linden in Cat., 18oS et Hooker in Bot. Mag., 1858, t. 506D. — Familles des Myrtacées, tribu des Barringtoniées. — Monadelphie F'olyandrie. — Gustavia apparent. De Candolledans son Prodrome décrit huit espèces de ce genre superbe de plantes américaines, et M. Bentham en a récomment signalé une neuvième. Cependant le Gustavia insignis introduit d'abord en Belgique dès 18o3, par M. Linden, paraît différer notablement de ses congénères connus. Il a pour caractères : Gi:sTAViA insignis ; floribus 6-pelali?!, calycc (i-lol)o. lobis lotmidatis peduiicii- loqiic glaherrimo, ovario aptero, l'oliis obovalo-lanceolatis acuminatis .■^piniiloso- serratis basi allenualis, bractcis florali- bus ad basin ovarii. W. Hook, l. c. Gustavia apparent : fleurs à six pétales, calice à 6 lobes arrondis et parfaileineiit glabres, ainsi que le pédoncule, ovaire dépourvu d'ailes, l'euilles obovées-lan- céolées, acuminées, déniées en épine, atténuées à la base; bractées florales in- sérées à la base de Tovaire. Le G, augusta, L., se présente avec huit pétales et un calice tronqué ; le G. speciosa, D. C, a pour caractères un calice entier, un ovaire et des pédoncules tomenteux, des feuilles entières; enfin le G. urceolata, PoiR., à le calice entier. Philodendron erubescens, C. Koch. {App., 4854, p. 6).Schott, Syn. Aroid., I, p. 88. Bot. Mag., 5071. — Fam. des Aroidées. — Monœ- cie Polyandrie. — Philodendre rougissant. Les Aroidées ne sont pas autant cultivées qu'elles devraient l'être en considération de leurs formes si variables, de leur beau feuillage et de BELG. HORT. TOM. IX. 2 — 10 — leur inflorescence toujours bizarre, souvent très agréablement odorante et parfois richement colorée. Elles constituent un des caractères les plus frappants des forêts tropicales, et à Kew, on leur a consacré une serre spéciale qui renferme déjà une collection remarquable. Le Philodendron eriibescens , l'une des espèces qui a récemment fleuri à Kew, a une spathe extérieurement rouge pourpre foncé, écarlate en dedans et de forme naviculaire; son spadice est blanc. Ces caractères le distinguent notamment du P. grandifolium [Plnlodendron Hookeri SciiOTT., Arum grandifolium Jacq.) dont la spathe est blanche. La patrie du P. erubesce^is n'est pas connue, mais pourrait bien être Caracas. Ccelogync ScBiilleriana, Rch. in Berliner Allgem. Gartenz., 42 juin 1858. — Hook,, Bot. Mag., 5072. — Famille des Orchidées. — Gynandrie Monandrie. — Cœlogyne de Schiller. Le savant monographe des Orchidées, M. le D' Lindley, décrit dans son « Folia Orchidacea » non moins de quarante-trois espèces, appartenant à ce geure remarquable d'Orchidées asiatiques. La nouvelle espèce qu'il faudra ajouter à cette collection déjà si nombreuse, provient d'un envoi fait de Moulmain par M. Th. Lobb à MM. Veitch. La plante est de fort petite taille, mais les fleurs sont grandes, solitaires, jaunes maculées de rouge sanguin sur le labelle. DE LA CULTURE DES ALSTROEMERIA , Par m. R. T. W. T. TRADUIT DU FlORICULTURAI. CaBIKET PAR BI. LE D'' Ol. Du VlVIER. Grand amateur de ce genre de plantes, je commençai , il y a environ trois ans, à leur donner une attention toute spéciale. Persuadé que pen- dant le cours d'une année elles réclamaient quelques mois de repos, je les transportai toutes {A . Hookeri, A . pulchella var. pallida, A . pelegrincij A. acutifolia , A. pelegrina, var. alba , A. Psitlacina, A. edtilis , A. Ligtu et une variété obtenue par un ami de graines provenant du Pérou), dans une petite bâche située devant une serre à ananas, et les privai d'eau tant que la terre qui entourait les racines fut enfin complète- ment desséchée. Dès que ces racines commencèrent à végéter, je les rem- potai et les plaçai sur une planche contreun mur d'une serre tempérée, et à trois pieds environ au-dessous du viti^age. Je perdis les Hookeri, A. pelegrina, var. alha et A. eduiis, mais j'eus la satisfaction de voir les autres espèces se développer beaucoup mieux qu'elles ne l'avaient fait les années précédentes. Je retirai aussi de la serre chaude les A. tricolor et A. pulchella et les soumis au même traitement. Quand les feuilles commencèrent à se flétrir, c'est-à-dire à la fin de juillet ou au commencement d'août, je retirai l'eau et laissai les pieds se reposer — Il — jusqu'au commencement de novembre, alors qu'ils recommencent à végé- ter. A cette époque je les rempotai et leur prodiguai tous les soins désira- bles; ils furent placés dans un compost formé de terre de bruyère, de fumier décomposé et de terreau de feuilles, le tout mêlé à une petite quan- tité de sable ; ce compost est le plus convenable que j'aie trouvé pour ce genre de plantes. A mesure que les racines remplissent les pots, je donne aux plantes des pots de plus en plus vastes et, à la fin du mois de juin sui- vant, j'ai la satisfaction de les voir fleurir admirablement et d'obtenir des A. tricolor haut de quatre-vingts centimètres et tout couverts de fleurs. Dès que les fleurs commencent à tomber et les feuilles à jaunir, je mets de nouveau mes plantes dans les meilleures conditions de repos jusqu'au mois de novembre, époque à laquelle je les soumets au ti'aitement précité. Je les maintiens pendant l'hiver sur le devant d'une serre tempérée, en ayant soin de leur donner beaucoup d'air et de surveiller attentive- ment l'action de la chaleur dont un excès pourrait les dessécher et amener comme conséquences une diminution dans les dimensions et une altéra- tion dans le coloris de leurs fleurs. Parées soins simples et faciles je maintiens les Alstrœmeria en pleine floraison pendant plus d'un mois. NOTICE SUR LES COLLECTIONS BOTANIQUES DE M. LE C" DE LIMMINGHE A GENTINNES (BRABANT). Des articles publiés dans le Loudon Journal of Botany et le Bulletin de la société botanique (de France) ont fait connaître les principales col- lections particulières de l'Angleterre et de la France. Nous croyons remplir un but utile et faire une chose agréable à nos lecteurs en entre- prenant le même travail pour la Belgique; c'est dans cette pensée que nous consacrons la présente notice à la collection qui est, probablement, la plus considérable de notre pays, celle de M. le C" de Limminghe au château de Gentinnes. Nous ne parlerons aujourd'hui que de la partie scientifique, réservant pour un autre temps, la partie horticole. Cette collection se compose d'une bibliothèque et d'un herbier que nous allons faire connaître bien superficiellement , en quelques lignes, commençant par l'Herbier. Celui-ci est divisé en trois parties : l'Herbier général, les Flores et le magnifique herbier de Fougères de M. Louis Graves. Le fonds de l'herbier général a été la grande collection de M. Graves, directeur général de l'administration des forets , collection qui compre- nait, au moment de l'acquisition, environ trente-cinq mille espèces de plantes nommées, représentées par près de cent cinquante mille échan- tillons, et à peu près quatre mille espèces non nommées, provenant de — 12 - diverses explorations. A ce fonds , ont été successivement ajoutés l'her- bier des i/î/ce^es (Cryptogames) formé par M. le C" de Limminghe et ren- fermant près de deux mille cinq cents espèces, et plusieurs autres collections considérables, entr'autres celles de Walpers et de A. Sprengel. Les plantes de cette vaste collection proviennent de toutes les parties du monde et d'un grand nombre d'explorateurs; nous allons indiquer ceux qui ont le plus contribué à l'enrichir. Pour l'Europe: Graves, Reichenbach, Welwitsch, Huet du Pavillon, Schultz, Billot, Thomas, Clarion, du Gage, Solcirot, Webb , Boissier, Savi, Tenore, etc. On y trouve encore une très riche colleelion de plantes d'Allemagne, formée par Sprengel; les plantes de la Suisse sont dues spécialement aux recherches de MM. Thomas, Seringe et Bonjcan. La flore de l'Europe méridionale est représentée, dans l'herbier général, par les plantes de Sicile récoltées par MM. Gussone, Tenore et Parlatore, de l'Italie par MM. Webb, Richard, Guebhard, etc.; de l'Espagne et du Portugal par MM. Webb, Iloffmansegg et Link, Boissier et Reuter, etc. Citons encore pour la Flore d'Allemagne une collection de plantes de la Hongrie, récoltées par Kitaibel, ainsi que celles des royaumes Scan- dinaves et de la Russie, recueillies par Sommerfeldt, Wahlenberg, Hornemann, etLedebour. Pour l'Afrique, les collections de Despréaux, Bourgeau, Kralik, Bové, Drège, Ecklon et Leyher, Gucingius, Boivin, Burchell, Sicber, Kotschy, Vogel, Aucher-Eloy, Chesney, Watson, Boissier, Balansa, Durando, etc. Pour l'Asie, des collections, formées par Karelin et Kirilow, Becker, Jacquemont, Bélanger, Canipbell, Royle, Griflilh, Ral])hs, Gaudichaud, Fortune, Goring etc.; les plantes de Java, des Séchellcs et des Antilles, recueillies par Lobb, Zolliuger, Pervillé, Sieber, Lcpiue,Gardner, Fraser, Watson; de Madagascar par Boivin, Goudot, Rernier, Richard; des deux Amériques par Jurgcnsen, Fendler, Bcriandier, Jameson , Flartmann, Watson, Blanchet, Swainson, Ilartweg, Bridger, Cumiug, Bertcro, Lhotsky, Lund, Claussen , Galeotti, Aschenborn, Moritz, Leibold, Wage- ner, delà Sagra, Gaudichaud, Gardner, Vauthier, Regnell , Philippi, Otto, Pœppig, Martius, Mitchell, d'Orbigny, Hendalot, Sieber, Kegel, Leprieur, Sagot, Schomburgk, Wright, Drummond etc. De rOcéanie par Cunuingham, Verreaux, Stibs, Stephenson, Preiss, Colenso, Drummond, etc. Une seconde partie de l'herbier est formée par les Flores spéciales, c'est-à-dire par des collections de plantes rangées d'après leur disposition géographique; cette partie est encore peu riche, à l'exception de la Flore cryptogamiquede l'île de Terre-Neuve, des Flores du Sénégal, des Neel- Gherries, de la Guyane, des Comores et de Madagascar. Toutes ces plantes sont rangées sur des é1;agères, dans des paquets de papier renfermés entre deux cartons et serrés par des courroies, mode de conservation qui permet à la poussière de se glisser dans les paquets, — 13 — mais qui préserve mieux les plantes des attaques des insectes que l'usage des boites ou caisses. Bien que le catalogue ne soit pas encore complet, le nombre des espè- ces renfermées dans ces deux catégories s'élève a environ quarante six mille, disposées d'après l'ordre du Ge/jera d'Endlicher. Dansl'arrangement de ces collections, on a complètement séparé l'herbier de Fougères formé par M. Graves, qui s'occupait spécialement de cette intéressante famille. Comme ce botaniste, dont on regrette la mort prématurée, a laissé un ouvrage sur ces plantes, ouvrage qui ne tardera pas à paraître et sera alors le plus complet parmi ceux traitant de cette matière, M. le comte de Limminghe a fait conserver à part la collection de l'auteur, dont les types pourront ainsi être faciliMuent contrôlés. — Une partie intéressante des collections spéciales consiste dans une riche réunion de Bégoniacées, parmi lesquelles bien des espèces sont probablement inédites et provien- nent des Indes anglaises : cette collection avait été préparée, par un savant allemand bien connu, pour une monographie de cette famille. A côté de l'herbier se trouve une assez riche collection de fruits exo- tiques, parmi lesquels on en remarque un de Ralïlcsia. Passons à la bibliothèque et disons quelques mots des principaux ouvra- ges qui s'y trouvent. Une bibliothèque botanique offrira toujours,pour son arrangement une difficulté presqu'insurmontable, c'est la diversité des formats; prenons pour exemple les ouvrages qui traitent des Orchidées : nous avons d'abord ÏOixhidearum Skeletos de Lindley , qui mesure vingt centimètres de haut, puis le Sertu))i du même auteur qui en atteint 55 et enfin le gigan- tesque Batemann et les splendides Illustrations d'Orchidées des Indes néerlandaises dont la taille approche du mètre; on comprendra sans peine que de tels ouvrages ne peuvent que difficillement se ranger uni- quement par ordre de matières : force a donc été, dans la bibliothèque de Gentinnes, d'avoir bien souvent égard seulement au format. Le fondateur de cette collection a cherché à réunir d'abord les ouvrages les plus en rapport avec l'état actuel de la science, aussi les livres anciens n'y sont pas en très grand nombre. Il en est cependant plusieurs qui mé- ritent d'être cités pour leur rareté ou leur célébrité. Le Gardas ab Ilorto [Garcia Dorta) Coloquios dos simples, de Goa, 1563, le Dodoens, Crui/deboeck de 1554, VHerbarius Palavie impressus, plusieurs Ilortu sanitatis. Une partie ordinairement assez pauvre dans les bibliothèques privées est celle des manuscrits, mais celle du Château de Gentinnes peut, sous ce rapport, être citée pour sa richesse. On y voit en effet, les manuscrits originaux de Vllisturia Fitngorum Gallicanoram de P. Barrelier, de V Histoire des Orchidées du Brésil avec de magnifi(}ucs dessins coloriés, au nombre de trois cents, la collection des Manuscrits autographes de la Piluye, comprenant l'histoire de ses voyages, la Flore de Terre-IVeicve, — 14 — 4 volumes avec plus de deux cents dessins, l'histoire naturelle de la même île et la Flore d'Ouenant, les manuscrits du mycologue Preuss ainsi que ses dessins de Cryptogames, véritables ouvrages d'artiste formant à eux seuls quinze volumes, un très précieux manuscrit de Sprengel, dix neuf volumes manuscrits de Flotow, célèbre lichénographe mort l'année dernière, trois manuscrits très intéressants concernant l'histoire du Jardin des plantes de Paris. Un journal de la vie de Corda, écrit par lui-même et qui va jusqu'à son funeste départ pour l'Amérique, le manuscrit d'une livraison des : plantes rares du jardin de Genève de DecandoUe, les vélins originaux de la Flora monacensis de Martius et Schrank, différents recueils de peintures chi- noises, représentant des objets de botanique, une flore médicale de Coro- mandel, écrite par un indigène sur des feuilles de palmier et plusieurs autres recueils manuscrits. Parmi tous ces précieux ouvrages, il en est deux qui méritent, à des titres différents, une mention particulière : le premier est intitulé : Georgii Josephi Camelli , Herbarum asiarumque stirpium in insula Ltizone Philippinarumprimarid nascentium Icônes ah auctore delineatœ ineditœ. — Ce sont donc les dessins originaux du Jésuite Camelli ou Camel, à qui Linné dédia le Camellia. — Ray a publié le texte de cet ouvrage dans son histoire des plantes, mais les dessins sont restés inédits, ils sont exécutés à l'encre de chine et au crayon et sont au nombre de 420, représentant 257 espèces de plantes et trois d'animaux. Un autre volume est composé uniquement de peintures sur vélin et a été exécuté aux dix-septième siècle pour un duc régnant d'Allemagne (ce qui se voit pas les inscriptions : ist dise in herzogtich gartten geicachsen). La fraîcheur et la bonne conservation de ces dessins suf- firaient pour donner un grand prix à ce volume, s'il n'était déjà un chef d'oeuvre par son admirable exécution : il renferme environ deux cent soixante figures de fleurs, toutes de grandeur naturelle. Passant des manuscrits aux livres, l'ouvrage de Bateman, sur les Orchidées du Mexique et de Guatemala, attire notre attention par sa taille gigantesque, à côté de lui se trouve la magnifique publication, malheureusement discontinuée des Illustrations d'Orchidées des Indes Néerlandaises, les monographies de la Victoria Regia , par Lindley et Fisk-Allcn. Leur format un peu moins exagéré a permis de disposer le reste des ouvrages par ordre de matières, c'est donc en suivant celui-ci que nous allons indiquer les principaux. Parmi les ouvrages périodiques, journaux, etc., nous indiquerons: les collections complètes des Mémoires du Muséum, Annales des Sciences naturelles, Annals and Magazine of natural hislory , Journal of Botuny, Linnœa, Flora, Botanische Zeitung, et des mémoires des prin- cipales sociétés savantes. — 15 — Les journaux d'horticulture forment une des parties les plus complètes de la bibliothèque de Gentinnes, on y trouve effectivement, le Botanical Magazine àc^uh sa fondation, ouvrage qui en est à sa soixante cinquième année d'existence, le premier volume étant daté de 1795 ('), le Botanical register, le Magazine of Botany , Botanistes repository , Botanical cabinet, Floral cabinet, Gardener's Magazine of Botany , Flore des Serres, Sertiim Botatiicum, Annales de Gand et Belgique Horticole, Gartenflora, i Giardini, tous ces journaux se trouvent en collections complètes, remarquables, pour la plupart, par le nombre et la beauté des planches dont elles sont ornées. — Passant de là aux Flores , nous trouvons en fait d'ouvrages remarquables, les six grandes Flores : Flora Danica, d'OEder, Vahl, Hornemann et Millier, Flora Grœca, de Siblhorp, Flora Londinensis, de Hooker, Graves, Curtis et Hookcr, Flore Portu- gaise, de Hoffmansegg et Link, Flora Brasiliensis , de Martius, et la Physiotypia , d'Ettingshausen et Pokorny. — Les Plants of Coromandel de Roxbiirgh, le splendide ouvrage de Wallich sur les plantes de l'Inde, le célèbre ouvrage de Jacquin, Stirpium Aniericanarum Historia avec planches peintes à la main et dont on prétend que l'on n'a tiré que douze exemplaires, les Icônes de Ledebour, les beaux livres de M. Blume sur la Flore de Java et une riche collection de Flores usuelles des diverses parties du monde. Parmi les monographies remarquons le Sertum Orchidaceum dcLindley, la superbe histoire des Palmiers de Martius, ouvrage qui restera toujours le modèle du genre, les Scitaminées de Roscoe le botaniste-historien, les plantes grasses, les liliacées et les roses de notre compatriote Redouté , Jes Fougères de Hooker et Fée, les Pinus de Lambert, de nombreux ouvrages sur les plantes usuelles ou officinales, etc. Dans la partie pomologique, nous remarquerons les Pomona Austriaca, Italiana et Britannica, le traité des arbres fruitiers, les Pyrus malus Brentfordiensis et les British fruits de Lindley. Parmi les ouvrages traitant de Cryptogames, ouvrages qui sont fort nombreux dans la bibliothèque de Gentinnes, nous citerons une collection précieuse des plantes publiées en herbiers, recueils qu'il est souvent bien difficile de se procurer. M. le G'" de Limniinghe possède ceux de Desma- zières, Rabenhorst, Mougeot et Necker, Funke, Breutel, etc. etc. Nous n'avons cité ici que les livres les plus remarquables par leur ra- reté ou la beauté de leur exécution, donnons en terminant une mention (t) El non 1787, comnnie l'a dit M. Lasègne dans sa Notice sur le Musée Delessert et, d'après lui, Pritzel; du moins l'exemplaire de M. le comte de Limminglie, à son premier volume avec la date de 1793, et sa première planche représente l'/Ws Per- sica. — M. Lasègue voudra bien nous permettre de relever une autre légère erreur dans laquelle il est tombé, c'est que les livraisons du Botanical Blagazine paraissent à la vérité avec beaucoup d'exactitude, mais ne sont nullement d'un prix modéré. — 16 — peu honorable à ceux qui se distinguent par leurs grossières gravures, la F/ora Batava et les Abbildungen de Dielrich. Ces lignes ne font connaître que bien imparfaitement les riches collec- tions du château de Gentinnes. Que leur heureux possesseur nous per- mette, en finissant cet article, d'exprimer un vœu, celui de voir rendre ces trésors scientifiques d'un accès plus facile, ce qui procurerait aux sa- vants belges des ressouces dont, grâces à la pauvreté de nos biblio- thèques publiques sous le rapport des livres de science, ils sont pres- qu'cntièremcnt privés. UNE VISITE DANS LES SERRES DE M. LE BARON E. DE MAN DE LENNICK, A BIERBAIX. Le domaine et les serres de M. le Baron De Man de Lennick sont célèbres depuis longtemps mais il n'est peut-être pas inutile d'en reparler à cette époque où tant de personnes voyagent. Le château de Bierbaix est situé entre Bruxelles et Namur sur le trajet du chemin de fer in- ternational de la compagnie du nord de Paris à Liège. Il est facile de s'y arrêter et il n'est pas un amateur qui ne conserve un long et agréa- ble souvenir du temps qu'il aurait consacré à cette visite. Nous ne disons rien du magnifique château, ni des jardins si vastes, si pittrjresques et si riches en vieux arbres remarquables. Mais les serres sont d'une étendue telle que plus d'un jardin botanique les envieraient : elles forment un admirable ensemble , dont le front est précédé d'un jardin floral. Deux d'entre elles sont surtout admirables : la serre aux Palmiers et la serre aux Orchidées. La première est disposée d'une manière pittoresque et représente un bouquet de végétation tropicale sous lequel on se pro- mène dans de larges allées sablées. Un rocher, un bassin, une chute d'eau et des pelouses de Selaginelles en forment le fond : des Palmiers, des Cycadées et des Fougères en arbres s'élèvent par -dessus. Toutes ces plantes, en exemplaires gigantesques et souvent uniques en Europe, sont parfaitement disposées et se développent à l'aise. Nous citerons notam- ment, dans l'ordre où ils se sont présentés à nous, un immense Strelit- zia augusta, un Chamœrops toinentosa de quatre mètres de hauteur, un Ch. sturacantha portant jusque 50 frondes; un gigantesque Zamia glanca avec trois verticilles de feuilles, deux Cycas revoluta de trois pieds de stipe et dont l'un présentait précisément son inflorescence si bizarre; le Z.amia AUensteinii, le Z. pimgens, Cijcas circinalis , Dra- cœna cannœfolia, Seaforthia robusta, Oreodoxa Sanchona, Corypha auslralis, Arenga saccharifera, Pkœnix reclinata, Angiopteris Walli- chii, tous en grands et forts pieds. Rien ne saurait d'ailleurs donner une idée de l'admirable ensemble de ces superbes végétaux. — 17 — La serre aux orchidées est également très vaste et les plantes y sont remarquables par leurs dimensions extraordinaires. On est tout d'abord frappé d'étonnement à la vue d*un Sobralia macrantha qui n'a pas moins de deux cents tiges et d'un Lœlia superbiens à l'étroit dans un bac d'un mètre de côté: an milieu d'une foule d'espèces rares nous remar- quons les ^eriV/e.s crispum, A. odoratiim, Phojusmaculata, Dendrobîum densiflorum, Laelia elegans, Vanda tricolor, Vanda suavis superba, Schomburghia marginata , Oncidium sphuceUatum et des Theoplirasta macrophglla et iniperialis etc. etc. Ici point de petites plantes ni de petits pots, mais tout y a un aspect de grandeur et de noblesse. Les collections de M. De Man doivent être citées, parmi les premières de Belgique, et il nous semble qu'elles n'ont rien à envier à beaucoup de celles de l'Angleterre. BIBLIOGRAPHIE. Etudes sur la géographie botanique de V Europe, et en particulier sur la végétation du plateau central de la France, par M. H. Lecoq. 9 vol. grand in-8"; 4853-1858. Paris, chez J.-B. Baillière et fils, rue Haute-ville, 19. M. Lecoq vient de terminer ce grand travail que nous avons déjà signalé à nos lecteurs. Dans les derniers volumes dont nous n'avons pas encore parlé, il a continué de parcourir la série des familles qui ont des représentants sur le plateau central de la France, afin d'étudier en détail la répartition géographique de chacune d'elles, de leurs genres et de leurs principales espèces; après quoi, dans le neuvième et dernier, il présente, sous le titre de conclusions générales les principales conséquences qui découlent des longues et laborieuses recherches dont les résultats sont consignés dans ses études. - 18 CULTURE MARAICHERE. NOTE SUR LE CRESSON DE FONTAINE [SISYMBRIUM NASTUR- TIUM L., NASTURTIUM OFFICINALE R. BR.) ET SUR SA CULTURE, Par m. Ad. ChatinC). (mémoire présenté a la société botanique de France). On suppose que le nom français du Cresson {Water-Cress des Anglais, Brunnen-Kresse des Allemands) vient de crescere, croître (2), et rappelle la croissanee rapide de cette plante, tandis que le nom latin [JVasturtium) du genre de plantes auquel il appartient, formé de nasum torquere, tordre, irriter le nez (3), est une allusion au suc volatil, acre et piquant, qu'on (1) Je demande à la Société la permission de lui présenter brièvement l'exposé d'un mémoire que je viens d'écrire sur le Cresson. Le désir d'étudier les rapports qui exis • tant, eu égard à l'iode, entre les plantes aquatiques et les eaux dans lesquelles vivent ces plantes à été le point de départ de ce travail; si j'ai choisi le Cresson entre un grand nombre d'espèces qui pouvaient toutes me conduire au Lut recherché, c'est parce que cette plante occupant une place importante dans la thérapeutique et dans l'alimentation, les résultats obtenus sur elle devaient, tout en éclairant la question de chimie que j'avais en vue, se traduire en applications utiles à l'homme. La vérification du fait signalé par M. MûllerC), de la présence de l'iode dans le Cresson ayant d'ail- leurs été pour moi l'occasion de la découverte de l'iode dans presque tous les corps du globe et jusque dans l'atmosphère et les aérolithes, une sorte de reconnaissance en- vers cette espèce me portait à la choisir comme sujet d'un travail spécial, (2) Le nom italien de la plante (qu'on écrit aujourd'hui Crescionc) paraît justifier cette supposition. Toutefois Dodoëns écrit Cressione (Peinpt., IV, L S, c. 13), ce qui semble indiquer que ce mot aurait passé dans l'italien par le français et n'y serait pas arrivé directement du latin. Quelques étymoiogistes , d'ailleurs, attri- buent au nom du Cresson une origine tudesque; le nom allemand de Kresse se retrouve en effet, avec de légères modifications, dans tous les idiomes germaniques anciens et modernes (voy. A. de Chevallet, Origine et forinaiion de la langue française. 18o3, t. \, p. idi. — Le nom du Cram, Cran ou Cranson {Cochlearia Armoracia L.), probablement d'origine celtique , pourrait bien aussi avoir quelque rapport avec le nom qui nous occupe. (5) Quœque Irahimt aciH vullus nasturtia morsu (Virg., Mor., v. Si). — Nas- turtium xî:pOc.o^-> , quod caput calore suo cl acrimonia tentet; vel ành tyiç y.oip^lxç, quod cordatos faciat; vel quod in syncope cardiaca dicta plurimum valeat. Latinis Nasiurtium, a naribus torquendis, quod odore et seminis acrimonia sternutamenta provocet: hinc Plinio, 1. 19, c. 8, et Varroni a narium tormento velut torporem excitans (C. Bauhin Pinax, 1. III, sect. 2). — Davantage le Cresson alnoys est dit des latins C) MuIIcr, in Lindlcy, Vegctable Kïngdom, p. 583. PLI. 1-5. Cresson de {oiitaiiic._ Nasturlium officinale R.Br, — 20 — (?. sufolntm {N. snfolium Rchb. , /c. fl. Germ. , f. 4551); plante ordi- nairemenl plus robuste et surtout plus allongée que le type, bien caracté- risée par ses folioles oblongues-elliptiques subégales, la terminale étantor- dinairement plus petite que celles qui la précèdent immédiatement, bonne espèce? Après les variétés admises par les botanistes , je dois indiquer les races produites- par la culture. Elles sont au nombre de trois: a. Race Billet ou race de Gonesse, Cresson charnu. — Obtenue par des sélections et des semis faits avec intelligence par M. Billet, propriétaire des importantes cressonnières du moulin de LaPlancbe près Gonesse, cette race est caractérisée par ses liges plus robustes, par ses pétioles plus gros, par les segments de ses feuilles plus épais et d'un vert plus foncé, et par la coloration rouge brun plus prononcée (du côté de la face supérieure) du sommet du pétiole, des nervures, souvent aussi (en hiver surtout) de la portion du parenchyme lui-même, par la saveur très piquante de toutes ses parties, enfin par la jiropriété qu'ont ses feuilles de se foncer ou brunir quand on les fait cuire. Le Cresson Billet doit à sa nature charnue d'être longtemps à se faner ou flétrir, qualité qui le fait rechercher sur le marché. 6. Race commune des cressonnières, Cressoti à feuilles minces. — Elle est plus grêle que la précédente, à feuilles plus minces et d'un vert clair passant facilement au jaunâtre et restant d'un vert gai après lacoction. c. Race dégénérée, Cresson à feuilles gaufrées. — Cette plante qu'on trouve ça et là au milieu des cultures de Cresson et que j'ai surtout ob- servée dans les cressonnières herbeuses, mal tenues et même tout à fait abandonnées en été, des environs de Mitry-Mory, a les tiges peu robustes, les pétioles allongés, les feuilles distantes, les folioles minces, tachées, sinuées, gaufrées ou, suivant l'expression des cressonniers , luijaulées. Cette raee est la moins productive et la plus délaissée sur les marchés. Les diverses races des cressonnières diflerent d'ailleurs en général du Cresson sauvage [)ar la diminution de longueur des mérilhallcs, par la forme plus arrondie des folioles, qui se rapprochent de VEarlj Waler- Cress des Anglais par le développement considérable de la foliole leruii- nale, et l'avortement ou l'état rudimentaire des folioles basilaires, par leur floraison plutôt tardive (•) que précoce, enfin, par la prédominence du principe sulfo-azoté de saveur piquante et la diminution du principe amer. On sait que la culture du Cresson est assez nouvelle en France. Il y a peu d'années encore que, suivant MM. Iléricart de Thury , Mérat et Loi- seleur-Deslongchan)ps, on allait jusqu'à 50-40 lieues chercher dans les eam- (1) M. l'haussier avait même cru avoir obtenu à Sentis une raee qui ne donnait pas lie fleurs. pi.n. Cresson de fontaine, variété à reuillcs de Berle Nasturtiuni officinale, var. sufolium. — 21 — pagnes, le long des ruisseaux et sur le bord des fossés ou des marais, la j)rovision nécessaire à la eonsomnialion de Paris. Des femmes, chargées de sa vente, parcouraient la capitale avec les produits nécessairement déjà plus ou moins fanés et jaunis de leur récolte, en faisant retentir dans les rues ces cris qu'on entend encore parfois aujourd'hui quand les arrivages encombrent les halles: « Cresson de fontaine, santé du corps, voilà, voilà le bon Cresson! y> Mais le Cresson sauvage ne pouvait sulïire à la consom- mation des grands centres de popuhilion. La civilisation, qui avait créé les villes, devait faire entreprendre une culture destinée à remplir, tant au point de vue alimentaire qu'au point de vue thérapeutique, l'un des besoins de celles-ci. Il paraît que c'est en Allemagne, aux environs d'Erfurt et de Dresde, qu'on forma les premières cressonnières. On a bien dit que le Cresson était très anciennement cultivé dans nos départements du Nord et du Pas-de- Calais , mais cette assertion n'a pas été prouvéeC). Toujours est-il que les cressonnières étaient inconnues à Paris lorsqu'un oflicier d'administra- tion de la grande armée, M. Cardon, dont le nom doit être béni et gravé dans la mémoire de tous les amateurs de Cresson , établit dans la vallée de la Nonette, à Saint-Léonard près Senlis (Oise), des cultures semblables à celles qu'il avait vues en Allemagne. Dans l'hiver de 4 801)-! 8 10, après la paix qui suivit la seconde campagne d'Autriche, M. Cardon, alors directeur de la Caisse des hôpitaux militaires, se pronienaitaux environs d'Erfurtquand, la terre étant couverte de neige, il vit avec étonnement des fossés peu profonds, lup.gs de 80-90 mètres, larges de 5-4 mètres, présentant un épais tapis de Cresson, de la plus belle verdure, qu'une eau abondante protégeait contre la neige et les gelées. M. Cardon forma aussitôt le projet de doter son pays de fosses à Cresson semblables à celles que le hasard lui avait fait connaître. Il étudia les con- ditions de succès de ce nouveau genre de culture, et , dès 181 1 , il faisait venir d'Erfurt des chefs-ouvriers pour dirigera Saint-Léonard l'établisse- ment d'une cressonnière de 41 fosses couvrant une surface de 12 arpents. Quelques années plus tard, un habitant de Senlis, M. Faussier, que ten- taient les bénéfices produits par les cressonnières de Saint-Léonard, en établi ta Sain t-Gratien, avec le concours môme de l'un des ouvriers allemands amenés par M. Cardon, et à la grande douleur des botanistes parisiens qui virent disparaître, sous la bêche du fossoyeur des cressonnières, ces prairies tourbeuses où ils recueillaient un grand nombre de plantes rares dans la première journée de l'herborisation de Montmorency (-). Mais le signal (1) Nos savants confrères de ces départements et ceux des départements voisins (de la somme siirtoul) pourraient éclaircir ce point de l'histoire du tlresson. (2) L'iierborisation de Montmorency, qui est encore l'une des plus riches des envi- rons de Paris, a été faite pour la dernière fois en deux jours il y a vingt ans. par Adr. de Jussieii. La première journée était employée à fouiller les prairies et les — 22 — donné par M. Faussicr de la destruction des prairies de Saint-Gratien devait lui coûter cher. Les eaux étant insuffisantes pour alimenter les 40 fosses qu'il avait fait creuser, il dut recourir au forage de puits arté- siens qui ne donnent eux-mêmes pas assez d'eau pour garantir en hiver le Cresson des gelées. De nombreux établissements rivaux ne tardèrent pas à se former, ce qui amena une baisse considérable du prix du Cresson sur nos marchés. Aussi la cressonnière de Saint-Gratien, dont les eaux, bien qu'insuffisantes pour donner des produits dans la saison où les prix , très élevés, doivent former le solde rémunérateur de l'ensemble de l'année, représentent un gros capital réduit à zéro par les cressonnières qu'ali- mentent des sources naturelles, n'est-elle, malgré le rapport très favo- rable fait sur elle à la Société d' Horticulture par M. PoiteauC), qu'un établisssement de second, ou même de troisième ordre. Dès 1855, M. Iléricart de Thuryl"-^) constatait que le Cresson était cul- tivé aux environs de Paris dans 573 fosses en y comprenant les 29 fosses d'une cressonnière qu'avait établie près d'Orléans M. Faussier fils. Voici les statistiques de 1855 et de 18o8. 3IM. Cardon Billet . Billet . Faussier Faussier Chambellan Nicolas . Faussier fils Lefebvre . Viou . , Doublenière Lesguillez Mouroy . Simon. Brunat 1853. à Saint-Léonard 41 fosses. Baron, prèsSenlis .... 62 Val-Genceuse à Senlis ... 25 Saint-Gratien 40 Saint-Firmin 8 Borest .* 54 Sacy-le-Grand 30 Orléans 29 Fontaines 20 Saint-Denis ...... 20 Villevert-Senlis 16 Bellefontaine 14 Villemetry 12 Villeveil 12 Neufmoulin 10 373 marécages d'Enghien et de Saint-Gratien ; on couchait au Cheval blanc, où, dans ce temps-là les botanistes étaient honorés et bien traités ; la forêt faisait les frais de la seconde journée, que coupait agréablement un déjeuner confortable dressé sous les ombrages du château de la Chasse, (1) Poiteau, Annales de la Soc. d'JIort., t. XXXI, année 1842. (2) Ilcricart de Thury, Annales de la Soc. d'IIoi'L, t. XVII, année ISôa, 25 — d858. M. E. Billet. A divers propriétaires Gonesse 140 fosses. Borest, Fontaine et Mont- L'évêque 70 Baron 57 Saint-Gratien et environs . 50 Arnouville 45 Senlis 45 Saint-Léonard 41 Goussainville 40 IMairion près Clermont(Oise) 40 Sacy-le-Grand 40 Bellefontaine 58 Environs d'Orléans ... 55 Mitry-Mory 28 Nantciiil-le-Haudouin . . 15 Presles 15 697 C'est donc aujourd'hui, tout en négligeant quelques petites cultures éparses dans les vallées de la Bièvre, de la Juine, etc., dans 700 fosses qu'on cultive le Cresson pour les besoins de Paris. Les omissions sont compensées par cette circonstance qu'Orléans consomme une partie du produit de la cressonnière de son voisinage. Le succès d'une cressonnière est subordonné à certaines conditions qui doivent diriger dans l'établissement de celle-ci. Ainsi, il faut: 1" choisir le voisinage d'une grande ville, afin que le débouché soit assuré et le trans- port au marché peu coûteux; 2° se garder de l'établir dans une terre trop sableuse qui laisserait perdre les eaux ou dans un sol très tourbeux, ce der- nier ayant l'inconvénient de brûler la plante en été ; 5° s'installer dans le voisinage immédiat de sources dont les eaux n'ont dès lors pas le temps, pendant leurs parcours jusqu'aux cressonnières, de s'échauffer en été et de se refroidir en hiver; 4" éviter les eaux calcaires, pai'ce qu'elles sontgéné- ralement peu iodurées et parce qu'elles (celles qui sont semblables) for- ment des dépôts ou incrustations qui gênent le développement de la plante, éviter aussi les eaux des tourbières et rechercher des eaux légèrement fer- rugineuses (ces eaux sont généralement iodurées, à moins qu'elles ne soient très chargées de sels calco-magnésiens). Il faut de plus quant aux eaux, que leur volume soit considérable, même aux époques de sécheresse. Des réservoirs d'eau pour la saison des grands froids sont aussi fort utiles. Il ne faut pas établir de cressonnière si l'on ne peut disposer par fosse de 5 à G pouces cubes d'eau. Une eau abondante etdèslors prompte à se reuou- — 24 - velcr, protège le Cresson contre la chaleur des étés, contre le froid des hi- vers et donne à la plante une saveur franchement piquante; on peut dire qu'il y a autant de différence, quant au goût, entre le Cresson de marécage et le Cresson d'eau vive, qu'entre la carpe des tourbières et la carpe de rivière. Étant choisis la localité, le terrain et les eaux, on creuse el on plante les fosses. Celles-ci doivent avoir, en moyenne, dans une grande culture, 60 centi- mètres de profondeur, 3-4 mètres de largeur et 80-90 mètres de longueur. Trop profondes, elles sont d'une exploitation difficile; trop longues, elles donnent à l'eau le temps de s'échauffer ou de se refroidir suivant la saison; trop larges, elles accélèrent le cliangement de température de l'eau en ra- lentissant son parcours, ou donnent lieu à des courants isolés en dehors desquels la fosse n'est qu'un marécage; trop courtes ou trop étroites, elles causent une perte de terrain. On aligne les fosses parallèlement, en laissant entre elles une plate-bande de 2 mètres qui les isole et qui est cultivée en beaucoup de lieux, mais qu'il est préférable de laisser en prairie. Toutes les fosses d'une série parallèle reçoivent l'eau par un canal d'ali- mentation qui suit leur tête; toutes déversent leurs eaux dans un canal de décharge qui se prolonge vers leur queue. La plantation du Cresson se fait en jetant par touffes ou petites poignées, qu'on espace de 4-6 pouces (de 408-162 millimètres), le plant qu'on aen- levé autant que possible avec ses racines, dans des fosses anciennes. Telle est cependant la facil ité avec laquelle le Cresson se bouture, que les sommets des tiges et même des feuilles isolées peuvent s'enraciner et multiplier la plante. On comprend toutefois que dans une exploitation où l'on tient plus aux produits qu'à la vérification des phénomènes physiologiques d'ailleurs fort curieux, on ait soin de prendre le plant qui, en le moins de temps possible, permettra d'envoyer du Cresson au marché. Préalablement à la plantation du Cresson, on a imprégné d'humidité la terre du fond de la fosse en mettant dans celle-ci de l'eau qu'on fait écouler au bout de quelques heures; après 4-5 jours, le Cresson a pris racine et se redresse; alors on donne à la fosse de l'eau jusqu'à une hauteur de 2 pouces; 5-6 jours plus lard on fume abondamment en pressant avec un instrument en bois nommé schuèle et l'on élève, pour l'y maintenir, l'eau à une hauteur de 4-5 pouces. On peut aussi avoir recours à des semis faits sur le fond vaseux de la fosse; mais cette méthode, qui peut conduire à la création de bonnes races, expose à des dégénérescences et fournit tardivement ses produits. La coupe ou cueille du Cresson se fait quand la plante est bien feuillée, mais avant l'apparition des boutons : le Cresson destiné aux usages médici- naux doit cependant être récolté au moment de sa floraison. C'est à genoux sur une planche mise en travers de la fosse, que l'ouvrier coupe, en le sou- — 25 - levant un peu avec la main gauche, le Cresson dont il fait des bottes du poids de 230-275 grammes. Loin de couper le Cresson en totalité ou à blanc, on eu réserve à peu près un quart à chacune des coupes, qui se succèdent en été tous les 15-20 jours. Un coupeur habile fait 4000 bottes en huit heures. Aussitôt qu'une récolte à été faite, on fume et on refoule les plantes qui avaient été soulevées et en partie déracinées par l'ouvrier. Un rouleau mené par deux hommes, achève le foulage et fait du Cresson de chaque fosse un tapis à surface égale ou régulière. On doit replanter les fosses chaque année, sous peine d'une grande perte de produits. Pour procéder au renouvellement d'une plantation, on retire l'eau, on arrache le Cresson qu'on dépose sur l'une des berges, on jette les boues sur la berge opposée, puis on replante comme s'il s'agissait d'une fosse neuve. M. Billet (de Gonesse) roule le Cresson sur lui-même à la ma- nière d'un tapis, enlève la boue, et remet le Cresson en place par un simple déroulement: c'est à peine si, dans cette méthode la végétation est ra- lentie pendant 2-3 jours. Les mois d'août et de mars sont préférés, le premier surtout , pour la plantation ou le renouvellement des fosses. Beaucoup decressonniers cultivent en artichauts, choux, etc., les plates- bandes qui séparentlesfosseset qu'Userait préférable délaisser en prairie. On se trouverait bien, sans doute, de récoltes dérobées obtenues au fond même d'un certain nombre de fosses mises à sec et vidées de leur Cresson pendant la saison d'été. Le produit des cressonnières n'est pas le même dans les diverses cultures qui fournissent à la consommation de Paris. Chez 31. Billet (de Gonesse), 155 fosses donnent le produit énorme de 150,000 à 155,000 douzaines de bottes par an. Pendant le seul trimestre d'avril à juin, époque de la pousse la plus active du Cresson, la cressonnière Billet envoie au marché de Paris de 55,000 à 00,000 douzaines de bottes, soit environ 7,500 bottes par jour; pour certains jours, le produit s'élève à 12,000 bottes. Si les 700 fosses qui existent actuellement aux environs de Paris donnaient un produit égal à celui des cressonnières Billet, c'est 700,000 douzaines de bottes que les Parisiens consommeraient annuellement; mais il faut compter qu'a peu près 550 fosses ne produisent, faute d'eau ou d'engrais, par négligence ou par chômage forcé dans les chaleurs sèches de l'été et au cœur des hivers, qu'un produit moyen de 500 douzaines de bottes par an, ce qui revient à 275,000 douzaines pour les 550 fosses et ne porte la consommation totale à Paris qu'à 450,000 douzaines ou 5,160,000 bottes. Le prix du Cresson était évalué par M. Héricart de Thury à 1 fr. ôOe. la douzaine de bottes en 1855, à 80 cent., en 1842, par M. Poiteau ; il n'est aujourd'hui en moyenne, à la halle , que de 5C cent. Ce prix descend en été au chiffre minime de 10 à 12 cent. , soit à 1 cent, la botte, pour se relever en hiver à 1 fr. et au-dessus. Le Cressoq estenvoyéau marché, ses bottes étantrangécs circulaircment BELG. nom. TOM. IX. 5 — 26 — dans les paniers d'osier contenant chacun ordinairement 50 douzaines de bottes. Un large vide, sorte de cheminée à courant d'air, est ménagé dans l'axe de chaque panier, que regardent les sommités des pousses de Cresson dont le talon eni'aciné est adossé aux parois du panier. Un facteur spécial est préposé, aux Halles centrales de Paris, h la vente du Cresson, dont le prix en gros est quintuplé par la vente au détail chez les fruitières. On peut estimer à un milliort la somme mise en circulation par la culture du Cresson aux environs de Paris. Le Cresson estd'un usage quotidien comme aliment: cru, ilacccompagne les viandes rôties; cuit, il est mangé à la manière des épinards et on y cherche alors inutilement le principe sulfo-azoté de saveur piquante qu'à dissipé l'action de la chaleur. Tout le monde sait d'ailleurs que le Cresson est un excitant ou dépu- ratif, et un anliscorbutique chaque jour prescrit en médecine. La nature des eaux ayant une grande influence sur la composition chimique et, par suite, sur la préparation du Cresson, c'est à ce point de vue que les pro- duits des eaux notablement ferro-iodées, telles que celles de quelques-unes des sources de Gonesse , doivent être signalés comme pouvant remplir en médecine des indications spéciales. On doit aussi èlre prévenu que la cul- ture diminue la proportion du principe amer; tandis qu'elle accroît (surtout quand la fumure est prodiguée), celle de l'huile essentielle acre et piquante. EXPLICATION DES PLANCHES. l'ianclie l. Cresson de Fontaine {.Xasturtium officinale, R. Br.). Fig. 1. Rameau florifère. Fig. 2. Rameau fructifère. Fig. 5. Graine. Fig. i. Embryon séparé des enveloppes. Fig. 3. Coupe transversale de l'embryon, rianchell. Cresson de Fontaine, variété à feuilles de Bcrle (lYasturlium officinale, vur. Ciifoliuin). Groseilles 1. Jaune de Thompson _ 2. Reine Marie - 3. de Capper.- ^-Verle acide. — 27 JARDIN FRUITIER. NOTICE SUR QUELQUES VARIÉTÉS RECOMMANDABLES DE GRO- SEILLER ÉPINEUX OU GROSEILLER A MAQUEREAU. (Figurés planche II). Les quatre variétés de Groseiller à Maquereau figurées ci-contre, ap- partiennent aux pomologies allemande ou anglaise ('), mais peuvent aussi se trouver chez nos pépiniéristes,, qui ont généralement des collec- tions convenables de ces sortes d'arbustes. On sait combien ils croissent avec facilité et combien peu ils réclament de soins; ils se contentent de terrains médiocres et fructifient sans presque de culture. Leur nom vul- gaire français de Groseiller à Maquereau vient de la coutume que l'on avait de s'en servir pour assaisonner l'espèce de poisson qui porte le même nom. lo JAUiNE DE THOMPSON. [Yellow seedling Thompson''s. Ârtemie). (Planche II, flg. 1). Fruit de première qualité : jaune, lisse et rond. Cette groseille est d'une coloration fort agi'éable, le fond étant jaune d'ocre, avec quelques nuances verdàtres, les veines jaune clair et entre elles quelques taches irrégulières, rouge sanguin. La peau est très trans- parente et assez épaisse. Elle mûrit au commencement d'août et se recommande par une saveur douce et agréable. 20 REINE JfARIE. [Queen 3Iary Morris. Regina). (Planche II , flg. 2). Fruit de première qualité; blanc, laineux, ovale. L'arbuste a les rameaux dirigés de tous côtés. Les fruits arrondis ou elliptiques sont blanc-verdàtres, veinés de teintes plus claires et maculés de rouge du côté le mieux éclairé: ils sont souvent lisses, fort transpa- rents à enveloppe mince et d'une saveur douce et agréable. La maturité a lieu en moyenne à la fin de Juillet. (1) Elles sonl notamment décrites ou figurées dans L, von Pausner, Versuch einer Monoyr. der Slachdb. Bcurb. u. Gcordn. V. H. Maurek. Jcna, 18S2. — Deiitsch, Obslcab. VI, 1, etc. — 28 — 3o DE CAPPER. {Top Sawyer {Capper's); katal. von H. Maurer, N° 166, und von A. Wilheim von Claiisen, N° 109). (Planche II, fig. 3) Fruit de première qualité; rouge, velu, elliptique. On peut le servir dès la fin de Juillet. Saveur douce et aromatique. Cette groseille est ovale ou presque pyriforme, verdâtrc, pâle nuancé de rouge plus ou moins foncé. La peau est mince et peu transparente, cou- verte de poils longs, assez forts et colorés en rouge brun. Les rameaux se dirigent en bas. io VERTE DOUCE(l). [Nettle Green Hopley's. Sigismimd). (Planche II, fig. 4). Fruit de première qualité, vert, velu, elliptique. D'un vert pomme blanchâtre, veiné de blanc verdûtrc et couvert de quelques poils de la même couleur. Peau épaisse et très douce. L'époque de la maturité est le milieu de juillet et le commencement d'août. LE POIRIER EN BELGIQUE (2). Avant d'aborder la nomenclature des poires propres à la grande cul- ture, nous croyons utile d'entrer encore dans quelques détails généraux, et nous devons préciser d'abord ce qu'il faut entendre par grande culture. A notre avis, on doit comprendre sous cette dénomination, les arbres qu'on peut cultiver sans abri dans les vergers et les jardins avec très-peu de frais et de main-d'œuvre, par opposition à ceux qu'on cultive en espalier, qui exigent d'assez grands soins et qu'on soumet à des formes plus ou moins artistiques. D'après cette définition, nous classerons dans la grande culture les arbres à haute tige dont on forme la charpente dès les premières années et qu'on abandonne ensuite à eux-mêmes, puis ceux que l'on rencontre partout en Belgique, sous le nom vulgaire de pyramides, et qui ne sont en réalité que des fuseaux plus ou moins réguliers. La véritable pyramide, qui diffère complètement du fuseau, est très rare dans notre pays. On l'obtient en ménageant sur le jeune arbre, à partir du bas, des branches-mères qui donnent naissance à des sous- (1) C'est par erreur que la planclie porte : verte acide. (5) Suite, voyez T. VIH, p. 3i7. — 29 — mères, sur lesquelles viennent se produire les organes de la production, par les brindilles et les lambourdes. Ces branches-mères, maintenues assez longues vers le bas, vont en se raccourcissant progressivement vers le haut, et donnent réellement à l'arbre l'aspect d'une pyramide. Le fuseau n'a pas de branches-mères ; les sous-mères partent directement et latéralement de la tige dans toute son étendue. La taille en fuseau ménage l'espace occupé par les arbres, en sorte qu'elle permet d'en placer un plus grand nombre sur une étendue don- née de terrain. Elle ne présente du reste aucune complication, aucune difficulté, et elle peut être exécutée par les propriétaires qui aiment à diriger eux-mêmes leurs arbres sans avoir à recourir à l'aide d'un jar- dinier spécial. On rencontre très communément la forme fuseau dans les jardins du pays, et c'est évidemment à ces avantages que nous venons d'indiquer qu'est due sa grande expansion. Elle pèche cependant sur un point, c'est que les arbres trop vigoureux et en général ceux qui sont greffés sur franc éprouvent souvent, sous cette forme, de la difficulté à se mettre à fruits. Mais, en règle générale, il ne faut jamais se plaindre d'une trop grande vigueur dans les arbres, car s'il en résulte parfois un retard dans leur production, le rendement, par la suite, n'en est que plus complet; et, d'ailleurs, les moyens propres à hâter leur fructification ne nous manquent pas. Dans le numéro du 17 juin de \a Feuille du Cultivateur , M. de Bavai, en combattant avec raison l'idée absurde de battre et de meurtrir les arbres pour les forcer adonner des fruits, a indiqué plusieurs de ces moyens basés sur la science, le raisonnement et la pratique, et dont on peut se servir avec succès. Nous n'avons rien, pour ainsi dire, à ajouter aux excellents conseils contenus dans l'article de M. de Bavai. En ce qui nous concerne, nous n'avons pas eu besoin de recourir à l'arqûre des branches ou à l'amputation des racines, car depuis bien des années nos arbres en fuseau jouissent d'une fertitité régulière; mais nous croyons utile, néanmoins, de faire connaître la méthode simple et élé- mentaire que nous employons pour les conduire. Aujourd'hui encore, dans un grand nombre de localités, on pratique une taille d'été sur tous les arbres indistinctement, sans se rendre compte qu'il existe des difféi'ences radicales dans les conditions de productibilité entre les fruits à pépins, ceux à noyaux et la vigne; dès le mois de juil- let, plus souvent en août, des jardiniers ignorants viennent faire une taille à fond sur les poiriers, et coupent plus ou moins court tous les rameaux de l'année. Qu'en résulte-t-il? c'est que la sève, qui est en pleine circulation à cette époque de l'année et qui ne peut être arrêtée dans sa marche ascendante, ne trouvant plus pour s'épandre, ces canaux que la nature lui a ménagés dans les rameaux du printemps, est forcée de se frayer une autre route : elle se fait jour, alors dans les lambourdes; et les — 30 — boutons à fruits, élaborés depuis un, deux ou trois ans, se gonflent, avortent et, au lieu de fruits, donnent de petits rameaux de seconde sève qu'on est obligé de supprimer à la taille du printemps. En suivant cette pratique, les arbres ont, il est vrai, à la fin de l'été, un aspect plus svelte, plus régulier, mais les frais de main-d'œuvre sont plus grands et on ne récolte pas de fruits. Aussi ai-je interdit depuis longtemps toute espèce de taille d'été sur mes poiriers et mes pommiers. A l'époque de la taille annuelle d'hiver ou de printemps, si, parmi mes arbres dont la charpente est complète et qui sont arrivés au moment de produire, j'en remarque quelques-uns qui ont une trop grande exu- bérance de rameaux et qui montrent de la lenteur à se mettre à fruits, je supprime vers le bas tous les forts rameaux, et je conserve, en nom- bre suffisant pour garnir l'arbre, les rameaux courts et grêles dans toute leur longueur. En procédant ainsi pendant deux ou trois ans, je vois mes arbres en fuseau se couvrir de lambourdes et produire régulièrement. On peut donc admettre que les fuseaux ainsi conduits peuvent être assimilés aux arbres de grande culture, car ils n'ont besoin que d'une taille annuelle, très-simple et très élémentaire, que le premier venu peut exécuter après l'avoir vu pratiquer une seule fois. Tous les petits cultivateurs peuvent élever des arbres en fuseau dans leurs jardins, les tailler eux-mêmes à leurs moments perdus, et, sans nuire à la production des légumes, en rctii'cr beaucoup d'avantages, soit au point de vue de la vente, soit à celui de la consommation du ménage. On rencontrera peu de difficulté à propager cette amélioration dans nos campagnes, si le gouvernement, d'accord avec la législature, donne suite à l'avant-projet de loi qui vient d'être envoyé à l'avis des conseils provinciaux, et qui a pour but de compléter dans un bref délai le maté- riel des écoles primaires du royaume, en y comprenant, dans les com- munes rurales, un jardin pour l'instituteur. Pour les habitants des campagnes, aucune théorie ne vaut les faits qui se passent sous leurs yeux; le petit cultivateur, en général, ne croit que ce qu'il voit. Donnez un jardin à l'instituteur et chargez-le de faire pénétrer dans les populations, par son exemple et ses conseils, des idées saines, pratiques et élémentaires sur la culture des légumes et des fruits. Donnez-lui les livres qui peuvent l'éclairer et il remplira convenablement cette fonction nouvelle. Que faut-il pour réussir dans la culture des arbres fruitiers? Savoir faire un bon choix de fruits sous le rapport de la qualité et de la fertilité, et bien conduire les arbres. Pour cela, avec les éléments d'instruction qui existent, il ne faut qu'un peu d'intelligence et de bon vouloir. L'instituteur remplira généralement ces deux conditions. Outre cela, la position qu'il occupe dans la commune et ses relations faciles et fré- quentes avec tous les habitants lui permettront de répandre autour de lui, sans bruit, sans apparat, sans avoir l'air de donner une leçon, de - 31 - bonnes idées et de sages conseils qui amèneront insensiblement partout les améliorations que réclame la culture des jardins. En présentant une nomenclature de poires convenables aux vergers ou à la grande culture, nous croyons devoir les classer selon l'ordre des saisons où on les récolte et les époques de leur maturité. Un des buts principaux que recbcrchcnt les pomologucs, au moyen des semis et des introductions de l'étranger, c'est de trouver et de propager de bons fruits pour toutes les époques de l'année; et il est très- probable que l'on finira par y arriver complètement en ce qui concerne le poirier, car on a déjà obtenu de fort beaux i'ésultats sur ce point. En attendant, nous allons indiquer, mois \)av mois, l'époque de matu- rité des poires que nous recommandons aujourd'bui. Mois DE Juillet. — La saison des poires commence au mois de juillet. Autrefois, on cultivait en cette saison Vaicrate, le petit-muscat ou sept engueule, Vamiré joannet, \a poire de chypre, Vliastiveau; mais on en a abandonné la culture aujourd'hui à cause de la petitesse et de la qualité médiocre de leurs fruits. On a cependant conservé, de l'ancienne culture, une variété que l'on rencontre souvent dans les jardins et dans les vergers. C'est la madeleine ou citron des carmes, qui est plus grosse et de meilleure qualité que les précédentes. Sa forme est turbiuée, en toupie. La peau, verte, prend une teinte jaune en mûrissant, et parfois se teint de roux du côté du soleil. La chair est blanche, fine, fondante, d'une saveur agréable, mais elle blétit assez promptemcnt, et il Aiut la con- sommer ou l'envoyer au marché à mesure qu'elle mûrit. Nous dirons ici qu'il faut, en règle générale, cueillir les fruits d'été un peu avant leur maturité, et les laisser se perfectionner au fruitier où leur maturité se fait plus lentement et d'une manière plus favorable pour leur conser- vation et leur qualité. L'arbre de la madeleine est très-vigoureux, il se met proraptement à fruit. On peut le greffer sur coignassier ou sur franc. Jusqu'à présent, les semis modernes opérés sur une vaste échelle, tant en Belgique qu'à l'étranger, n'ont donné que peu de poires de ce mois; nous ne connaissons que le doyenné de juillet, doyenné d'été (Van Mons). Son fruit est aussi gros que celui de la madeleine, mais sa forme, au lieu d'être turbinée, est arrondie dans le genre de la bergamotte. La peau, vert clair, finement ponctuée de roux du côté de l'ombre, entièrement re- couverte de rouge carmin vif du côté du soleil , passe au jaune doré lors de la maturité. Chair blanche, fondante; eau abondante, sucrée et rele- vée. La maturité commence vers la fin de juillet et se prolonge dans le mois d'août. Ce fruit se maintient mieux au fruitier que le précédent, et sous ce rapport déjà on doit lui donner la préférence; mais il se recom- mande en outre par une excessive fertilité. Presque toutes les fleurs nouent , et il en résulte des trochets de cinq à six poires; c'est du moins ce que j'ai remarqué depuis plusieurs années que je cultive cette variété. — 52 — Bien que l'arbre soit très vigoureux, sa fertilité l'épuisé, lorsqu'il est greffé sur coignassier. Nous conseillons donc la greffe sur franc pour for- mer des haut-vent, qui donneront des produits très abondants , d'un transport et d'une vente facile. Mois d'août. — Le mois d'août, si riche en fruits à noyaux, nous offre aussi quelques bonnes poires. Les anciennes variétés qui méritent encore d'être cultivées, sont : L'Épargne ; Syn. : beau présent d'été, grosse cuisse-madame, jar- gonetle des Anglais, Saint-Samson. Fruit moyen, renflé vers le milieu. La peau est verte, souvent marbrée de fauve, et parfois colorée d'un peu de rouge du côté du soleil. Elle jaunit légèrement à l'époque de la matu- rité. La chair est fondante, beurrée, suffisamment sucrée et relevée par un léger goût aigrelet, agréable et fin. Le seul reproche que l'on puisse faire à cet exellent fruit, c'est de passer trop vite. En Belgique, l'épargne mûrit vers le milieu du mois d'août. L'arbre est vigoureux et fertile: il réussit également bien sur coignassier, mais il est assez difficile de le maintenir en fuseau dans une l'orme régulière. Il convient mieux pour le haut-vent. Bellissime d'été. Fruit moyen, pyriforme, peau lisse et luisante, d'un beau rouge du côté du soleil; le côté opposé est vert clair, jaunissant à l'époque de la maturité. Chair demi-beurrée, sucrée, d'un goût agréable, mais peu prononcé. Cette poire devient cotonneuse si on la garde trop longtemps. Mais comme l'arbre charge beaucoup, en récoltant ses fruits à plusieurs reprises, on peut en jouir pendant trois semaines. L'arbre, vigoureux et fertile, se greffe indifféremment sur franc et sur coignassier; il se prête bien à la taille, et forme de beaux arbres en haut-vent. Nous ne parlerons d'une foule de médiocrités du même mois que pour en déconseiller la culture. Telles sont : la poire sans peau, Vognonet, le salviati , la sanguinole , le fin or d'été, l'épine rose, etc. Nous avons cultivé presque tous ces fruits, mais nous les avons abandonnés pour leur substituer les bonnes poires modernes suivantes : Le Beurré Gijfart. C'est une importation d'origine française , cultivée en Belgique depuis quelques années. On peut le considérer comme un des meilleurs fruits du mois d'août. Il est de grosseur moyenne, turbiné, pyriforme ; la peau vert jaunâtre à la maturité, ombré de roux, est souvent colorée de rouge du côté du soleil. Sa chair est blanche, fine, fondante, beurrée : son eau est abondante sucrée et d'un goût très agréable. L'abre est d'une vigueur moyenne et se prête assez diflicilement à une taille régulière. Il est préférable de le greffer sur franc, pour former des tiges en haut-vent. Le seul repi'oche qu'on pui§se lui faire, c'est d'être fort impressionnable aux gelées tardives, qui font souvenî couler ses fleurs. Le beurré (iiffart mûrit dans son pays natal , sur les bords de la Loire, dès la fin de juillet; mais en Belgique nous ne l'avons jamais vu arriver à maturité avant le 10 août. {La suite à la prochaine livraison). i-2.(jesneria Donckelaarianadr: brida) Ch.l.(m..V4.Jsotonia senccioïilcs Dc.var snbiimuatinda. — 33 — HORTICULTURE. NOTICE SUR LE GESiVERA DOYCKELAARIANA [HYBRIDA) Lem., ou gesnerie hybride de DONCKELAAR. FAMILLE DES GESNERACÉES. DIDYNAMIE GYMNOSPEBMIE. (Figurée planclie III, numéros 1 et 2). Gesnera Donchclaan'anaj elata, iibique veliitino-piibescens , foliis inferiorihus amplis cordato-rotiindalis aculis dwpli- calo-crenatis, supcrioribus sensim mino- ribus ovatis aculis serralis omnibus peliolatis reticulatim venosis sulifus purpureis. paniculis pyramidatis mul- liflnris, pediinculis plerisque Irifloris, pedicellis elongatis, flnribus nulantilius, segmenlis calycinis lanceolato subulitis palentibiis, coroliœ, (coccineae) Inbo elongalo paululum curvato inflatoqiie, limbo subregulari K-Iobo fauce aperta, staminibns sljloque inclusis. W. Hook, in Bol. iMnq., 18S8, l. S070, sub nomine Gesneriœ Dotiklnrii. — Ch. Lem. Jardin fleuriste, iSU, IV. 382, el II!. Hort., 1838, p. 81. — FI. des serres, IX, t. 902. Gesnerie de Donkelaar, plante élancée complètement pubcscente, à feuilles infé- rieures amples, arrondies-oordées, aiguës, deux fois crénelées, à feuilles supérieures insensiblement plus petites. ovales, aiguës, dentées, toutes pétiolées, à veines réti- culées et pourpres en dessous; inflores- cence en |)aniculc pyramirlale mulliflore, pédoncules le plus souvent triflores, pé- dicelles allongés, fleurs penchées, seg- ments du calice étalés lancéolés-subulés, corolle écarlate à tube allongé légère- ment courbe et renflé, à limbe presque régulier à cinq lobes et à gorge ouverte; étamines et style inclus. L'origine de cette brillante Gesneracée est douteuse et les rensei- gnements fournis par les auteurs sont contradictoires. M. Ch. Lemaire en a parlé et l'a figurée, le premier en 1854, dans le Jardin fleuriste, et il affirme positivement qu'elle est un hybride obtenu, au jardin botani- que de l'université de Gand, par Donckelaar fils co-jardinier en chef, de la fécondation arlificielle du Gesnera discolor Lindl., fécondé par le pollen du Gloxinia [Ligerià] ruhra. Récemment encore [lUust. Hort., 1. c.) M. Lemaire a persisté dans cette opinion, laquelle est d'ailleurs basée sur la conviction et sur les expériences de Donckelaar lui-même. Mais dès la même année, M. Decaisne, en consacrant un article sur cette même plante dans la Flore des Serres de M. Van Houtte, émettait des doutes sur la prétendue hybridité du Gesnera Donckelaariana elle considérait comme une espèce distincte, qui se sera introduite par hasard entre des exemplaires d'autres Gesnéracées. Nous croyons, avec le savant professeur de culture au muséum d'histoire naturelle de Paris, que l'on ne saurait trop se mettre en garde contre cette innombrable quantité d'hybrides, que les horticulteurs croient gagner, de très bonne foi du reste. Transportant du pollen d'une espèce sur les fleurs d'une autre, ils acceptent trop souvent comme hybrides BELG. HORT. TOM. IX. 4 - 54 — toutes les plantes qui proviennent des graines recueillies à la suite de cette opération : il est cependant bien difficile de réussir dans une expérience aussi délicate et d'être parlaitement assuré que c'est bien le pollen artificiellement porté sur le stigmate qui a fécondé les graines et non celui de l'espèce porte-graine elle-même. Une autre cause de la multiplicité des fausses hybrides dans le jardinage, provient de la confu- sion trop commune de ce qu'il faut entendre par espèces, races et varié- tés : très souvent fécondant une variété ou une race d'une espèce par le pollen d'une autre variété ou d'une autre race de la même espèce, on appelle hybrides les plantes qui en résultent. On ne peut cependant considérer comme hybrides véritables que les résultats du croisement de deux espèces positivement distinctes. De telles hybrides existent incon- testablement : on en trouve parfois que la nature a formées spontanément, mais elles sont fréquentes surtout dans ies jardins, dont le climat artifi- ciel, ébranle si profondément la fixité des caractères spécifiques. Quel- ques genres et quelques familles semblent présenter une facilité remar- quable pour le succès de pareils croisements : ce sont précisément les groupes les plus nombreux dans les cultures et de ce nombre sont les Gesneracées : les formes spécifiques, les variations, les variétés et les races se sont multipliées dans cette famille d'une manière si extraordi- naire que les botanistes se perdent dans ce dédale : les lois et les principes qui les guident ordinairement dans la définition des espèces deviennent presque impuissants, de telle sorte qu'il est impossible de dire à priori si telle plante doit être une espèce ou un hybride. Tel est le cas pour le Gesnera Donchelaariana. Cette plante vient paraît-il de pénétrer seule- ment en Angleterre, elle a récemment fleuri à Exeter chez Veitch et elle a été soumise à l'examen de S. W. Hooker. Cet éminent botaniste n'a pas hésité à la décrire comme une espèce qu'il croit originaire de la Colombie, la région la plus riche en espèces de Gesnera, mais que l'on ne connaît encore ajoute-t-il qu'à l'état de culture. En résumé l'opinion qui considère le G. Donckelaariana comme un hybride (né de l'horticulture gantoise) se base sur l'affirmation d'un horticulteur consciencieux et distingué, profondément convaincu de l'avoir obtenu d'une fécondation croisée opérée par lui-même, et sur la facilité avec laquelle les hybrides se produisent dans cette famille. D'un autre côté les caractères du Gesnera Donckelaariana sont si tranchés que M. Decaisne et M. Hooker l'ont érigé en espèce botanique. Espèce ou hybride, native de Gand ou de la Colombie, la Gesnérie de Donckelaar n'en est pas moins une plante admirable, pouvant faire l'ornement de toutes les serres chaudes : sa culture est facile et la même que celle de tous les Gesnera, on la multiplie par boutures de tiges, car elle ne semble pas donner de grains fertiles, circonstance qui milite fortement en faveur de sa qualité de métis. En fleur, elle est haute de près de deux pieds et forme une admirable pyramide, avec de grandes — 00 — feuilles à la base, d'autres successivement plus petits et une riche paiii- cule très florifère au sommet. Les pédoncules sont d'un beau pourpre très vif, plus ou moins brun ou bleu, et les fleurs d'un rouge écarlatc éclatant. On la voit souvent aux expositions et chez la plupart des horticulteurs. NOTE SUR VISOTOMA SEyECIOIDES, DC, Vau. SUBPI.VJATI- FIDA OU L'ISOTOME A FEUILLES DE SÉNEÇON, VARIÉTÉ PRES- QUE PINNATIFIDE. FAMILLE DES LODELIACEES. PEXTANDIilE MONOGVNIE. (Voyez planche III, numéros 3-i) IsoTOMA : Calyx S-Iobus, lubo liirbi- nato vel elongalo. Corolla hypocrateri- morpha, tnbo inlcgro, lobis calyciiiis multo longiore, recto vel subincurvo, lobis patentibus œqualibus vel panio inaequalibus. Filamenta staminum tubo coroliœ plus minùsve ailnala. Antherœ extrà-tiibum coroliœ intcr se connalae, 2 inferioribus apice selaceo-aristatis. — Ilerbae ssepius amiuae, pediccllis axillari- bus, floribus albis, roseis vel cœruleis. IsoTOMA Senecioides (§ Euisotoma), caille, erecto, anguloso, foliis lineari- lanceolalis subdeciirrentibus irregulari- ter pinnatifiiiis. lobis alternalim brevio- ribus. pedicellis ereclis folio duplo triplove longioribus, tubo calycis obco- nico, lobis lineari-acnniinalis tubo co- rollae quadruplo brevioribus, laciniis corollae lanceolatis acutis tubo duplo triplove brevioribus. filamenlis piiosis. — Annuâ, in Nova Walliâ australi. Lobi coroliœ patentes subœquales amœne cœ- rulei. Variât caule foiiisque glabcrrimis aut subpubescentibus, Ue Ca.nd. De Cand., in Prodr., V. 7, p. 4-12. — /. axillaris . Lixdl., Bot. reg., t. 9(i l'assurance des sentiments de notre considération la plus distinguée. Le Président de la Société des Conférences horticoles liégeoises. Le Secrétaire, Massart.. Marchot. Comme on le voit, la société liégeoise demande la réunion d'une assemblée générale, formée de trois délégués par chaque société, entre autres de son président. Nous croyons cette réunion indispensable à la réussite du projet : là on pourra se voir et s'entendre, et nous espérons qu'elle aura lieu dans le courant de cet hiver, pour que, dès le printemps prochain, la fédération soit un fait accompli. Fruits de la Norwège. La température exceptionnelle dont le ciel nous gratifie depuis deux ans et surtout en 18S8, a produit partout un grand nombre de phénomènes plus ou moins extraordinaires que les journaux politiques ont en général relatés dans leurs faits divers. La chaleur et la sécheresse des deux derniers étés ont jusqu'à un certain point modifié notre climat habituel et rendu plus méridional. Ainsi on a signalé une foule de frondaisons automnales, de seconde floraison et de fructifica- tions tardives : des plantes qui fleurissent rarement dans notre pays en ont développé cette année, comme par exemple du Dasylirion acrotri- chiim au jardin botanique de l'université de Liège : d'autres ont donné exceptionnellement des fruits comme le Paulownia itnperialis. Partout la récolte des fruits a été remarquable et abondante : les amateurs regrettent seulement que la maturité a: lieu trop rapidement, que les fruits ne se conservent pas aussi bien que les autres années, mais c'est là une conséquence inévitable de l'action longtemps prolongée de la chaleur qui a favorisé une élaboration rapide et complète. Dans l'Europe entière et jusqu'en Finlande et en Laponie, on a ressenti les heureux efl"ets d'une saison exceptionnellement favorable. M. Schube- 1er de Christiania a eu la bonté de nous envoyer quelques spécimens de sa récolte de fruits de 18S8, et nous avons été émerveillé de leur belle venue. Ces fruits, consistant en pommes et en poires, appartenaient à d'excellentes variétés, et avaient toute l'apparence des plus beaux produits récoltés dans notre pays : « Mon but principal, nous dit noti'e honorable correspondant, en vous envoyant celte collection, est de vous donner une preuve de ce que le sol de la Norwège est capable de produire sous des circonstances favorables. Nous avons eu cette année une abondance tout à fait surprenante de fruits de toutes les espèces, même de celles dont l'origine est plus ou moins méridionale, tels que les amandes, les raisins, — 70 - les pêches, les pommes de coing, les nèdes, les grosses noix, les châtai- gnes, les tomates, etc. » Les fruits que M. Schubeler nous a envoyés, avaient figuré à une exposition remarquable que le savant agronome avait organisée à la fin d'octobre à Christiania : nous avons vivement regretté qu'ils nous soient parvenus précisément quelques jours après la clôture de l'exposition automnale des conférences horticoles, où nous les aurions soumis, au nom de l'auteur, à l'examen du public que cet objet aurait vivement intéressé. Us provenaient en effet de Christiania, de Bergen et de Drontheim, situés respectivement par 39, 60 et 65 degrés de latitude Nord. Nouveaux caladiums de M. Ciiantin. Les serres chaudes se sont enrichies cet'e année, subitement et à la fois, de huit nouveaux Cala- dium. Ce beau genre d'Aroidées jouissait depuis longtemps de la faveur des amateurs par suite de la coloration remarquable de son feuillage ordinairement coloré et bigarré de blanc ou de diverses nuances de rouge; mais les nouvelles espèces surpassent beaucoup toutes celles que l'on connaissait jusqu'ici, et leur apparition a fait sensation parmi les floriculteurs. Elles ont été introduites en France dès 18o7 par M. Chan- tin, horticulteur à Mont-Rouge près de Paris, et découvei'tes dans la pro- vince de Porra au Brésil, dans le voisinage du fleuve des Amazones, par les voyageurs naturalistes français Barraguin et Petit. Les horticulteurs ont donné à ces huit plantes nouvelles les noms de Ccdadium Argijntes, C. Chantinii, C. Neumannii, C. Brongnurtu, C. argyrospilum, C. Ver. schaffeUii, C. Houllelii, C. ihripedestum; mais elles n'ont pas encore fleuri, et il est impossible par conséquent de reconnaître si l'on doit les considérer comme de véritables espèces ou comme des variétés. Cette dernière supposition paraît toutefois la plus probable et jusqu'à plus ample examen, il est prudent de les rapporter au Caladium bicolor, l'espèce le plus anciennement connue. Le coloris des feuilles des Caladiums de M. Chantin est d'une richesse et d'un éclat éminemment remarquables, et il échappe par sa complication à toute description; nous nous bornerons à donner quelques indications sommaires pour guider MM. les amateurs dans leur choix. Le C. arg\jro- nites a les feuilles petites, parcourues de nervures blanches et chargées de macules nombreuses, rapprochées et irrégulières dans les intervalles. Le Chunlinii est beaucoup plus ample, le disque de la feuille est veiné et marbré de blanc et de rose. Dans le Neumannii, le dis(iue de la feuille est d'un vert luisant et chargé de taches roses, nombreuses, éparses et Irrégulières. Le C. Brongnartii rappelle la variété splendens du Caladium bicolor (C. Splendens, hort.) : ses nervures sont entourées de larges bandes roses. Les feuilles ont le centre et les bords rouges et dans l'intervalle quelques macules blanches et irrégulières dans le C. Argyrospilum : celles du Verscha/f'eliii sont d'un beau vert dans lequel quelques mosaïques rou- — 71 — ges de sang semblent enchâssées entre les intervalles des nervures secon- daires : celles du C. Hoidletii , assez grandes ont les nervures rosées, puis blanchâtres sur les bords et sont tout entières d'un vert assez pâle: enfin celles du thripedestum onl des macules larges et irrégu- lières, pâles et piquetées de points plus foncés. Cette collection contribuera beaucoup à embellir les serres chaudes , surtout au bord des bassins qu'il est bon d'y creuser : entremêlées de fougères et dominées par les Palmiers, elles rivaliseront avec les Bégonias dont le feuillage est aussi si varié et si richement colorié. Nouvelles variétés d'Azalées. — V Illustration horticole vient de publier le portrait de quelques variétés nouvelles d'Azalées de l'Inde, obtenues de semis à Gand : ce sont le Léopold I (C. Van Loo), le Dite de Brahant (C. V. Loo), VEtoile de Garni (Spae) et la Reine des Pana- chées (de Witte). L'édition a été achetée par MM. Henderson de Londres. Le même recueil a également figuré récemment VAzalea indica, variété Gigantiflora , obtenu de semis par M. Delimon, à Wondelghem, près de Gand, et édité par M. A. Verschaffclt. Orangers des Tuileries. Nous trouvons dans une feuille politique quel- ques renseignements sur les Orangers du jardin des Tuileries que nous croyons de nature à intéresser nos lecteurs. Ces oi'angers passent l'hiver dans la grande serre placée à l'angle du jardin donnant sur le quai et sur la place de la Concorde. Il n'est peut- être pas sans intérêt de dire quelques mots de ces arbres qui depuis longtemps décorent une promenade dans laquelle tant de passants ont coutume de circuler. Les orangers placés dans le jardin des Tuileries sont au nombre de cent quatre-vingt-seize. On en compte cent quarante-six grands, qui ont toujours appartenu aux orangeries de la couronne. Ils sont tous âgés de deux cent cinquante, et même quelques-uns de trois cents ans. Ils ont successivement décoré les jardins de Fontainebleau, de Meudon et de Versailles. Le plus grand nombre, parmi eux, ne sont aux Tuileries que depuis 1798. Avant, ils appartenaient à l'orangerie de Versailles. C'est à cette orangerie qu'on est allé en prendre au fur et à mesure pour remplacer les orangers malades et avoir toujours le nombre d'arbres exigés pour l'ornementalion du jardin des Tuileries. Il y a encore maintenant à Versailles, quelques orangers plus vieux que ceux des Tuileries. Le doyen porte le nom de François I" ; il date de 4422, ainsi que l'indique une inscription placée sur sa caisse. Il est donc âgé de quatre cent trente-six ans. Il y eu a quelques autres qui datent des règnes de François I'"'' et de Henri H. Quant aux cinquante petits orangers qui sont aux Tuileries, ils sont à peine centenaires, et ont été élevés dans les serres de Versailles et de Meudon. Il faut aussi mentionner au nombre des arbres qui décorent le jardin — 72 — des Tuileries dix-huit grenadiers qui se distinguent par leur élévation, et qui sont également très-âgés. Mémoire sur les Fougères, par M. Fée. M. Fée, professeur de botani- que à la faculté de Strasbourg, vient d'ajouter deux mémoires à la collec- tion déjà si importante de ses publications sur la famille des Fougères. Ils ont paru à Strasbourg chez V^ Beger-Levrault sous le titre de Sep- tième et huitième mémoires sur la famille des Fougères. Iconographie des espèces nouvelles décrites ou èuumérées daiis le Gênera Filicum; et Révision des publications antérieures relatives à cette famille; un volume grand in-^" de d58 pages et 27 planches. La littérature scienti- fique française ne possède aucun ouvrage supérieur à ceux de M. Fée, sur l'histoire naturelle des Fougères. Exposition de la Société Linnéenne a Bruxelles. Nous avons reçu de M. Willems, horticulteur à Ixelles, un compte rendu détaillé de l'expo- sition que la société Linnéenne avait organisée à Bruxelles pendant les fêtes de septembre de celte année; nous sommes malheureusement trop éloignés de cette époque, pour qu'il y ait intérêt à publier les détails de cette plante florale. Nous rappellerons seulement qu'elle a été très remarquée et qu'elle a eu lieu à l'établissement géographique de MM. Vander Maelen, et nous citerons à titre de document les membres des jurys chargés de décerner les récompenses. Première section : Agriculture : MM. P. Van Volxem à Hal, président, Vanden Ouweland, secrétaire, Joignaux à St. Hubert, Louis Burm à Zèle, Ectors à Heverlée, Palmans à Lokeren. Seconde section : Pomologie : MM. Royer à Naraur, président. Van Rich, secrétaire; Al. Bivort à Fleurus; X. de Bavay à Vilvorde; Gailly à Lokeren; P. Louis à Bruxelles; Vander Maelen à Bruxelles; Alexis Lepere à Montreul, Charles Boltet à Troyes. Troisième section : Horticulture : MM. le baron Heynderyx président, P. Janssens, secrétaire; Van Gelderen ; Booddaart à Middelbourg, le vicomte de Nieuport; Van Thielt à Louvain; de Groot, à La Haye; Beau- corne; Delmarmol à Namur; René de la Faille à Anvers; de 3Iau de Lenneck; J. Verschaffelt à Gand, Liefmans à Audenaerde. REVUE DES PLANTES NOUVELLES OU INTERESSANTES. 1" serre froide. Ilardenbcrgia Itlakoyana, Hortul. — III. hort., t. 179. — Famille des Légumineuses ; Diadelphie Décandrie. — Hardcnbergie de Makoy. On connaît nos convictions relativement aux innombrables hybrides que l'on montre dans les jardins ; nous ne les admettons comme telles — 75 — qu'avec les plus grandes réserves et à moins de preuves évidentes, nous les considérons comme des variétés. La plante dont il s'agit ici a été gagnée dans l'établissement de M. Jacob Makoy, à Liège : elle est fort jolie, très-recommandable pour les serres froides, et nous semble une variété de VHardenbergia macrophylla, Bcnt. Elle forme un sous-arbris- seau à tiges nombreuses et grimpantes et à fleurs grandes, en grappes axillaires plus courtes que dans VH. macrophylla, purpurescentes. Swaiusouia Lessertiâefolia, DC, Anu. Se. nat. IV, 99, Procl. II, 271. — Illiist. hort., tab. 176. — Famille des Légumineuses; Dia- delpbie Décandrie. — Swainsonie à feuilles de Lessertia. Cbarmant sous-arbrisseau pour la serre froide : les feuilles portées par des pétioles de deux à trois centimètres, sont impari-pennées, à quatre ou cinq paires de folioles pétiolées, très-entières, aiguës, mucronées, d'un vert gai. Pédoncules terminaux ou axillaires portant des grappes de 12 à 14 fleurs colorées de toutes les nuances de pourpre, de violacé et de lilas. On le dit originaire du littoral central de la Nouvelle-Hol- lande. Pptinus japonica, TuuNB., var. flore albo pleno. — FI. jap. 201. — Illust. Jwrtic. t. 185. — Prunus sinensis, Pluk. ; prunus humilis, Bcnge; Cerasus japonica, DC. Prodr. II, 539. — Famille des Rosacées : Amygdalées ; Icosandrie Monogynie. — Cerisier du Japon, variété à fleurs blanches doubles. On peut, dit-on, le confier à la pleine terre à une bonne exposition et dans un bon sol, mais où les gelées sont à craindre il est plus prudent de l'élever en pot, sous la protection d'une serre froide, et dans ce cas il ne demande d'autres soins que des seringuages et quelques pincements. Le cerisier du Japon à fleurs doubles est un arbuste nain, très-touffu, glabre, à écorce lisse. Les feuilles sont petites, alternes, ovales acuminées, dcnticulées, brièvement pétiolées. Les fleurs naissent sur des pédon- cules deux ou trois fois plus longs que les pétioles et insérées en dessous ou à la base des jeunes rameaux : elles sont parfaitement pleines et d'un blanc pur. C'est un bon arbuste à forcer. Il a été introduit en 1846 de Foo-Chovv-Foo, de Chusan et de Ningpo par M. Fortune. Pelccyphora aselliformis, Eiireinb. in Schlect. und. Mohl, Bot. Zeit., I, 757. — Salm Dvck, Cad. in Hort. Dyck. cuil., 1850, cuit., V et adn. 78. — Illust. Hort., V, t. 186. — Fam. des Cactées; Icosandrie Monogynie. — Pélécyphore à cloportes. Ce nom ne semble pas une recommandation : une plante à cloportes ! Nous n'en avons que faire de cette vermine. Mais il s'agit seulement de rappeler la singulière conformation des petites tubérosités ou podaires dont cette cactée est hérissée et dont chacune est surmontée d'un organe de couleur cendrée, ovale, striée transversalement de manière à res- sembler un peu au petit crustacé en question. Cette plante est rare chez les amateurs de plantes grasses, quoique sa culture ne soit pas — 74 — difTicile : on la place en été à l'air libre sous une bonne exposition et en liiver en serre tempérée. Les fleurs sont nombreuses à segments entiers, lancéolés, les extérieurs blancs et plus grands que les intérieurs qui sont roses ou violacés. Originaire du Mexique et introduite plusieurs fois en Belgique par M. Aug. Tonel, de Gand. 2° SERRE CHAUDE. Vand.1 Cathcartbi, Li\dl. Fol. Orch., 8. — Hook. aiul Thoms. Illuslr. PL IliinaL PL XXIII. — lUust. Hort., T. V, t. 487. - Fa- mille des Orchidées : Gynandrie Monandrie. — Vanda de Cathcart. Belle espèce découverte à une hauteur supramarine de 2400 à 5000 pieds dans les Sikkiin-Himalaya oriental, par M. le D"^ Hooker. Les feui- les sont longues de dix-sept pouces environ, et les sépales, larges, ovales, blancs à l'extérieur, jaune fauve couvert de stries fines transversales et d'un rouge brun. Le labelle est blanc, frangé de jaune. Costus Vei'schaffcltiauiis, Lem., in Jard. fleur., IV, 381. — ///. hort., tab. 177. — Famille des Scit.iminées : Monandrie 3Ionogynie. — Costus de Verscliaffelt. Originaire de l'île de Ste. Catherine, sur les côtes du Brésil, d'où il a été envoyé en 4848 par M. Fr. De Vos à M. Verschaffclt : il l'avait recueilli dans les marais voisins d'une colonie flamande, fondée à Ste. Catherine sous le nom de Marienbourg. C'est une fort belle espèce, s'élevant à un mètre environ et dont les fleurs sont grandes, blanches avec quelques nuances jaunes. Bra!§savola fi*ngi*au9, Lem., in Jard. fleur., III, Mise, p. 78. — ///. hort., t. 480. — Famille des Orchidées : Gynandrie Monandrie. — Brassavola à fleurs odorantes. Orchidée de Ste. Catherine (Brésil.), introduite à Gand, chez M. Ver- schaffclt, dès 4847, par M. Fr. De Vos, voisine du Brassavola Perrinii Lindl. Elle s'en distingue notamment par ses pseudobulbes grêles, ses feuilles cylindriques et ses scapes rarement uniflores, mais plus souvent bi- quinqui- septi- flores, et ses fleurs très-odorantes à sépales étroits, oblongs, jaune verdàtre tiqueté de rouge et labelle blanc, roulés en cornet. 75 — HISTOIRE DES PLANTES UTILES. » NOTICE SUR LE BAOBAB {ADA.ySOiYrA DIGÎTATA). Les animaux de grande laille, à formes lourdes et massives, comme le rhinocéros et l'éléphant, inspirent des sentiments de répugnance ou de crainte et instinctivement on les qualifie de monstres. Quand un végétal au contraire atteint des dimensions peu communes, qu'il s'élève au-dessus de la taille ordinaire des arbres que l'on est habitué à voir^ il fait généralement naître des sentiments de respect et de vénération : de vieux chênes séculaires ou d'autres arbres sont souvent devenus des objets de superstition ; d'autres se sont trouvés mêlés aux pratiques du culte. Les proportions des arbres sont en rapport avec leur âge et pen- dant longtemps proportionnel au nombre de leurs années; cependant lorsqu'ils ont atteint certaines limites, variables suivant les espèces, leur grossissement annuel en longeur et en hauteur devient a peu près inap- préci.ible. On accumule depuis longtemps des notes sur t us les vétérans, généralement invalides, du règne végétal en Europe : l'histoire de ces vieux arbres aurait, sous bien des rapports, un très-grand intérêt Mais que sont nos plus énormes végétaux, nos plus beaux chênes, nos ormes et nos hêtres les plus vieux, si on les compare aux espèces tropi- cales? Presque des miniatures. Parmi ces débris d'un autre âge, dont la vie s'est perpétuée à travers tant de siècles, le Dragonnier d'Orotava à Ténériff, les Wellingtonias de la Californie et les Baobabs, ont ac- quis spécialement une grande célébrité. Nous avons donné déjà, dans ce recueil, quelques renseignements sur les deux premières de ces plan- tes ; nous albins les compléter par une courte notice sur les Baobabs. L'introduction du Ba ibab dans nos serres chaudes donne d'ailleurs un nouvel intérêt à son histoire. D'un autre côté les admirables et heureuses explorations du continent africain parles docteurs Livingston et Barth ont ajouté de nouveaux détails à ceux que l'on connaissait déjà sur ce sujet. Livingston notamment ren- contra très-souvent des Baobabs pendant ses [)érilleux voyages, et il les signale toujours comme des arbres gigantesques. Parlant du territoire de Linyanti (situé par 18", 17' de latitude sud et 21",50' de longitude est de Paris), iWit : « Le sol paraît fertile; il est généralement couvert d'un gazon rude et commun : mais beaucoup de grands et beaux arbres y embellissent le paysage. La plupart apj)artiennent à des espèces toutes — 76 — nouvelles, au moins pour nous. Cependant nous y avons reconnu le gigan- tesque Baobab, élevant ses puissants rameaux au-dessus de tous les autres, et les réduisant à ne figurer auprès de lui que comme des buissons. Lorsque Adanson se trouva pour la première fois en présence du MDELtY. Fig. 6. Baobab du Sénégal (Adansonia digitata, Juss.) — 77 — Baobab du Sénégal, il fut frappé de stupéfaction et leur attribua un âge aussi grand que celui de l'humanité tout entière : environ 1,000 ans. Cependant le fait que presque partout le Baobab se présente comme un colosse, à cime élevée et à tronc épais doit faire supposer que leurs énormes proportions sont moins l'efTet de l'âge que celui d'une prédis- position naturelle et s'accroître beaucoup et rapidement. Si le climat de nos serres lui convient assez pour qu'il puisse y pros- pérer normalement, il serait intéressant de rechercher expérimentale- ment de combien le tronc s'épaissit par an. On se livre en Angleterre à des expériences analogues relativement au Wellingtonia gigantea et chaque semaine le Gardener's chronicle enregistre le résultat des obser- vations des amateurs sur la croissance de leur plante : lorsqu'ils seront réunis et coordonnés il sera possible de connaître plus exactement l'âge des énormes pieds rencontrés dans le comté de Calaveras en Californie. Adanson observa directement le Baobab au Sénégal et le mémoire qu'il a laissé sur ce sujet est encore la source la plus certaine et la plus com- plète à laquelle on puisse recourir. Il a paru dans les Mémoires de l'Académie royale des sciences, Paris, 1765, sous le titre de Description d'un arhre d'un nouveau genre, appelé Baobab, observé au Séîiégal, par M. Adanson ('). Il nous apprend d'abord que les Occaloses, habitants du Sénégal, appellent cet arbre Goui et son fruit Boui : les Français lui donnent le nom de Pain de Singe ^ il ajoute : « De tous les arbres nouveaux ou entièrement ignorés que produit le Sénégal, dont j'ai commencé l'histoire, le Baobab est le plus singulier par sa monstrueuse grosseur. Lorsqu'on le regarde de près, il paraît plutôt une forêt qu'un seul arbre : son tronc n'est pas fort haut, il n'a que dix ou douze pieds environ, mais sa circonférence va jusqu'à soixante-quinze, ou même soixante-dix-sept pieds et demie de diamètre, ce qui fait un peu moins de vingt-cinq pieds de diamètre. Ce tronc immense est couronné d'un grand nombi'e de branches remarquables par leur grosseur et encore plus par leur longueur, qui est de cin- quante à soixante pieds; celle qui part de son centre s'élève verticale- ment; mais celles des côtés s'élèvent à peine sous un angle de trente degrés, elles suivent même pour la plupart une direction horizontale, d'où il arrive que souvent leur propre poids en fait traîner l'extrémité jusqu'à terre : cette disposition des branches fait assez juger que la forme sous laquelle se présente cet arbre lorsqu'on le regarde de loin, doit être celle d'une masse hémisphérique assez régulière de soixante à (1) Adanson donne les renseigncmenls bibliographiques suivants, relativement au Baobab : « Thevet. Singularités de la France antarctique cliap. 10. — Prosp. Alpin, de Plant. JEgypt. cap. 17. — J. C. Scalig. De subtilitate, lib. VI. — Clvsivsj Exolic. Lib. II, cap. 2, et Plaiit. Indic, lib. II. cap. 11. — etc. — 78 - soixante-dix pieds de hauteur, et dont le diamètre a le double, c'est-à- dire, depuis cent vingt jusqu'à cent quarante, ou même cent cinquante l)ieds. Aux branches de cet arbre correspondent à peu près autant de racines presque aussi considérables, mais beaucoup plus longues; celle du milieu forme un pivol qui pique verticalement à une assez grande profondeur, mais celles des côlés s'étendent horizontalement et presque à fleur de terre. J'ai eu occasion d'en voir une qui avait été découverte en grande partie par les eaux d'un Marigot, qui baignait le pied d'un de ces arbres, de médiocre grosseur; elle avait cent dix pieds de longueur dans la partie découverte, et l'on pouvait facilement juger par sa grosseur que ce qui restait caché sous terre avait encore au moins quarante ou cinquante pieds. La maîtresse racine ou le pivot dès jeunes plantes de l'année res- semble à un navet, ou plus exactement à un gros fuseau. L'écorce qui recouvre le tronc et les branches, est épaisse d'environ neuf lignes, d'un gris cendré, grasse au toucher, luisante, très-sucrée et comme vernissée au dehors, et d'un vert picoté de rouge en dedans; le bois en est très-mou et assez blanc; l'écorce des jeunes branches de l'année est verdâtre et parsemée de poils fort rares. On sait que le Baobab fait partie de la famille des Malvacées ou de la Monadclphie polyandrie de Linné, et que son nom systématique de Adansonia digitata lui a été donné par de Jusssieu en l'honneur d'Adan- son son savant observateur. Cependant celui-ci , fidèle au principe qu'il avait défendu de laisser à chaque plante le nom vulgaire sous lequel elle est connue dans sa patrie, n'a jamais mis le nom d' Adansonia et ne le rapporte que comme synonymie. Nous ne nous étendrons pas sur les des- criptions des organes du Baobab que l'on trouve dans tous les manuels élémentaires et dans les traités généraux et auxquelles les planches qui accompagnent ces lignes suppléent suffisamment. Nous transcrivons seule- ment la description que fait Adanson du fruit du Baobab, fruit que les Africains emploient à beaucoup d'usages et dont ils assaisonnent plusieurs mets. « L'ovaire en mûrissant devient un fruit considérable, de forme ovoïde, pointu aux deux extrémités, long d'environ un pied à un pied et demi, large de quatre à six pouces et suspendu à un pédicule cylindrique de deux pieds de long et de près d'un pouce de diamètre. Son écorce est ligneuse, fort dure, épaisse de deux à trois lignes et recouverte en dehors par un duvet composé de poils verts qui lui donnent cette cou- leur. L'orsqu'on la dépouille de ce duvet, elle parait noirâtre et marquée fort légèrement de dix à quatorze sillons qui s'étendent comme autant de rayons sur toute sa longueur : ce fruit ne s'ouvre pas de lui-même, mais lorsqu'on le coupe en travers on y découvre dix à quatorze cloisons membraneuses, rougeàtres et fdamenteuses, qui le divisent longiludinale- ment depuis la queue jusqu'au point opposé, en autant de loges qui sont ~ 79 — cxacleincnl remplies par les semences : ces cloisons sont altacliées aux parois intérieures de i'éeorce ligneuse, et se réunissent ensemble comme autour d'un axe, au cenircdu fruit lorsqu'il conserve encore sa première humidité; mais lorsqu'il est desséché, elles s'écartent hcancoup de ce centre où elles laissent un vide. » Fig. 7 Feuille, boulon cl fleur. — A gauche une fleur dépouillée de la corolle cl du tube staminal. — 80 — Ses feuilles sont caduques et tombent à l'automne, c'est à dire au mois de Novembre : il reverdit en juin, fleurit en juillet et donne des fruits mûrs en octobre et novembre. Le Baobab se plaît dans les terres sablonneuses, mobiles et très-burai- des. « Sa racine est sujette à se fondre, dit Adanson, lorsqu'on le transplante trop jeune ou trop vieux, lorsqu'il commence à lever ou lorsqu'il a une dizaine d'années : le plant de six mois jusqu'à deux ans, est celui qui réussit le mieux : ses branches prennent aussi de bouture, mais rarement, et leur progrès est plus lent que celui des plants qu'où a semés. » La partie la plus intéressante de l'bistoire du Baobab est celle relative à son âge et à son épaisseur extraordinaire. Adanson reporte l'origine de ceux qu'il a observés au déluge, mais il ne leur attribue une antiquité aussi reculée qu'après les plus grandes réverses et comme entraîné par les déductions logiques et naturelles des faits. Je me bornerai à faire soup- çonner, dit-il (p. 232), qu'il est très-vraisemblable que son accroissement qui est très lent, relativement à sa monstrueuse grosseur de vingt-cinq pieds, doit durer plusieurs milliers d'années, et peut-être remonter jusqu'au temps du déluge, fait assez singulier pour faire croire que le Baobab serait le plus ancien monument vivant que puisse fournir l'histoire du globe terrestre. Dans l'une des deux îles de la Madeleine, Adanson rencontra deux Baobabs, sur lesquels ils se trouva des inscrip- tions datant du quatorzième et du quinzième siècle. Or ces arbres n'avaient que six pieds environ de diamètre, et en supposant que ces inscriptions aient été gravées dans la première jeunesse de ces arbres, ce qui est peu probable cependant, on doit reconnaître qu'ils ont mis trois siècles environ pour parvenir au diamètre de six pieds. De là, il faut nécessaire- ment attribuer plusieurs miliers d'années à ceux qui mesurent jusque 2S pieds en diamètre, surtout si l'on se rappelle que l'épaississement annuel devient presque nul dans les arbres très-âgés. Mais il est probable que le Baobab présente quelque exception sous ce rapport, et pour arriver à des données précises, il conviendrait de pouvoir compter sur une coupe transversale d'un gros tronc le nombre des couches fibro-vasculaires du système ligneux et d'en déterminer l'épaisseur. Les Nègres font un grand usage du Baobab : les feuilles sont séchées et réduites en poudre et ils ajoutent quelques pincées de celte substance de couleur verdàtre à presque tous leurs mets, non pour les assaisonner mais pour entretenir sur leur corps une bonne transpiration, indispen- sable sous ces terribles climats. Adanson lui-même fit usage de l'infusion de ces feuilles pendant le mois de novembre et d'octobre, quand un soleil brûlant vient brusquement darder ses rayons sur un sol tout imprégné d'humidité et il attribue à ce thé de Baobab l'état de bonne santé qu'il conserva pendant les cinq années qu'il passa au Sénégal. Les fruits sont — 81 — également utilisés, et le commerce des Maures les transporte dans une grande partie de l'Afrique et jusqu'en Egypte où ils jouissent d'une grande faveur en thérapeuthique. Les cendres des fruits gâtés, et des écorces, bouillies avec de l'huile de Palmier, servant à fabriquer un excellent savon. « On peut encore, dit Adanson, rapporter aux usages du Baobab celui Fig. 8. Fruit entier et coupé Iransversalemenl ; graine entière et coupée par le milieu. BELG. IIORT. TOM. IX. 7 — 82 — que les Nègres font de son tronc; la carie le creuse souvent, surtout ceux qui croissent dans les terrains pleins de rochers qui égratignent son pivot comme il arrive dans le pays de Kayor; les Nègres savent profiter de ces cavités, ils les régularisent pour en former des chambres obscures, ou plutôt de vastes cavernes qu'ils destinent à être le tombeau des gens qu'ils jugent indignes des honneurs ordinaires de la sépulture : tels sont ceux qu'ils appellent Guiriots, ce sont leurs poètes, leurs musiciens, leurs tambours, leurs bouffons; il y en a des deux sexes, ce sont ces merce- naires qui président aux bals et aux danses, dont ils ont le talent d'animer la liberté par leurs bouffonneries. Les Nègres ont une crainte respectueuse pour ces gens et pour tous ceux qui ont des connaissances supérieures aux leurs, les traitant de sorciers ou de démons, ce qui se prend chez eux en bonne part, comme qui dirait des esprits sublimes; il les hono- rent même pendant leur vie, mais aussitôt après leur mort ce respect craintif se change en un objet d'horreur. Ils ne permettent pas qu'on les enterre ni qu'on les jette à la rue ou dans quelque rivière; ils s'ima- ginent que l'eau où on les aurait jetés ne nourrirait plus de poissons, et que la terre où on les aurait ensevelis serait enchantée, qu'elle détourne- rait les eaux du ciel, enfin qu'elle ne produirait plus rien. Ces motifs superstitieux dont ils sont intimement persuadés, leur font refuser la sépulture à ces sortes de gens : ils les suspendent donc dans des troncs d'arbres ainsi creusés, dont ils ferment l'entrée avec une planche : ces hommes ainsi suspendus se dessèchent parfaitement et font une espèce de momie sans le secours des parfums et des embaumements. » EXPLICATION DES PLANCHES, Fig. 6. Adansonia digitale, Jcss. (aspect général). Fig7. Rameau feuille, bouton et fleur. A gauche une fleur dépouillée de ses pétales et du faisceau des étamines. Fig. 8. Fruit et graine (aspect extérieur et coupe transversale). MÉLANGES TIRÉS DUNE BIBLIOTHÈQUE BOTANIQUE. Rien de plus utile au botaniste et à l'horticulteur qu'une Bibliothèque Botanique, c'est là un axiome digne de feu M. de Lapalisse et du digne M. Prudhomme, élève de Brard et St. Omer, mais de cette pensée si — simple à sa réalisation, que de difficultés! Combien de déceptions atten- dent le naïf acheteur qui, sur la foi d'un catalogue, fera venir de Londres ou de Leipzig un ouvrage annoncé comme « orné de superbes planches » ou « magnifiquement illustré de figures coloriées. » Trop souvent, ces illustrations splendides ressemblent aux plantes si fforifères mentionnées dans certains catalogues, et à leur réception, l'acheteur trop confiant — 83 — regrette son emplette et ses écus. C'est dans l'espoir d'épargner à nos lecteurs quelques mystifications de ce genre que nous avons inséré dans la B. H. ces notes, dont l'ensemble pourra peut-être servir de guide à celui qui voudrait se former une Bibliothèque Botanico-Horticole. I. DE QUELQUES FLORES. Sans nous arrêter sur l'évidente utilité des Flores pour le botaniste, nous dirons qu'elles sont aussi d'un grand secours pour l'horticulteur en lui fournissant des renseignements sur le mode de végétation de telle ou telle plante et en donnant d'amples matériaux à ceux qui veulent envoyer, dans les contrées tropicales, des collecteurs chargés de leur en rechercher les productions. Toutefois, comme la grande majorité des horticulteurs n'est guère versée dans les arcanes de la Botanique, nous ne parlerons ici que des Flores illustrées, surtout de celles auxquelles différentes causes ont donné une certaine célébrité. La première Flore de ce genre qui se présente à nous est intitulée : Petro — nomine ac Imperio Primo — Brasiliensis Imperii — perpétue defensore imo fundatore — scientiarum Artium Litterarumque — pa- trono et cultore — jubenle — Florœ Fluminensis — Icônes — nunc primo — eduntur — edidit Domnus Frater Antonius da Arrabida, Episc. de Anemuria, — Cœsareee Majestatis a consiliis, nec non confessor, capel- lani Maxirai — coadjutor, studiorum Principum ex Imp. stirpe Moderator et Impérial. — Publicœque Bibliothccse in Urbe Fluminensi Prœfectus — Parisiis — ex off. lithogr. Senefelder — curante E. Knecht — 1827. Sous ce titre pompeux se présente un des plus étranges ouvrages dont l'histoire Bibliographique fasse mention. Il est, en réalité, l'œuvre de Vellozo de Miranda, et nous empruntons à une note de M. Martius quelques particularités sur cette singulière publication. Ce fut sur l'avis de son confesseur, le P. Antonio da Arrabida, évéque d'Anemuria, que don Pedro donna les ordres nécessaires pour l'impres- sion de l'ouvrage de Vellozo, ouvrage resté en manuscrit depuis 1790. Malgré la désapprobation des Chambres Brésiliennes, l'ambassade Brésilienne à Paris fut chargée de négocier l'entreprise et accepta les propositions de M. Knecht, successeur de Lenefelder. L'ouvrage entier, composé de 1640 planches, devait être terminé dans l'espace de huit années, mais M. Knecht se réservait la faculté de les fournir en un temps plus court. Jusque là, rien que de fort sage, mais ce qu'il y eut de prodigieux, ce fut la persistance du gouvernement Brésilien , à faire faire de ces planches un tirage beaucoup trop nombreux. Malgré les représenta- tions des personnes les plus compétentes, auxquelles se joignirent, dit M. Martius, les remontrances de l'imprimeur lui-même, les Icônes Florœ Fluminensis furent, par ordre supérieur, tirées à trois mille exemplaires ! — 84. — M. Knecht s'était hâté d'exécuter son contrat, et en quatre années et quatre mois, cinq millions de planches avaient été tirées. A ce moment, le Brésil était violemment agité par les événements qui amenèrent l'ab- dication de Don Pedro, et l'ordre arriva à l'imprimeur de suspendre le tirage, mais il était trop tard, les deux dernières livraisons étaient sous presse; là ne finirent point les aventures du livre de Vellozo, la per- sonne qui avait fourni le papier n'ayant pas été payée fit saisir l'ouvrage dont un bon nombre d'exemplaires servit à faire des cartouches dans la guerre d'Algérie, le reste fut vendu par lots, à des prix dépassant à peine la valeur du papier, ce qui explique le peu de valeur marchande de cet ouvrage, 11 avait coûté, au gouvernement Brésilien, environ un million de francs. La Flora Ftuminensis (Flore de Rio de Janeiro, Rio, fleuve, flumen) se compose de onze volumes, grand in-folio, ne renfermant que des planches, deux tables et une page de pi'éface. Cependant au moins une livraison du texte a été imprimée à Rio, mais elle est si rare que nous ne l'avons jamais vue jointe à la Flore elle-même. Les planches sont des lilhograpîiies au trait (c'est-à-dire sans ombres marquées), qui passent pour être assez exactes et donner une idée juste de la plante qu'elles représentent. Nous ne pourrions en conseiller l'acquisition qu'aux per- sonnes qui posséderaient déjà d'autres ouvrages sur la Flore du Brésil. La Flora Grœca de S iblhorpe tiendra , comme inutilité, une grande place à côté des Icônes. Mais ici tout le luxe des plus belles impressions a remplacé l'exécution médiocre de l'ouvrage américain, papier, tirage, planches, coloriage, tout est magnifique, nous allons dire à quelle excen- tricité de l'auteur est due la rareté du livre, qui n'est presque jamais cité, et devient, par là, assez superflu, d'autant plus qu'une édition du texte, suffisante pour les Botanistes, ne coûte que la centième partie du prix de l'ouvrage original. Le Docteur John Sibthorp visita la Grèce à deux reprises, la première fois de 1786 à 1789, accompagné de Ferdinand Bauer, célèbre dessina- teur d'objets d'histoire naturelle, la seconde de 1794 à 1795, en société d'un jeune botaniste, Franceseo Boconi, qu'un accident cruel enleva trop tôt à la science. Sibthorp était revenu malade de son dernier voyage et mourut à Bath le 8 février 1796, à l'âge de trente-huit ans. Par son testament, il lais- sait à l'Université d'Oxford une propriété rurale, dont le revenu devait être consacré à la publication de la Flora Grœca, et après l'entier achè- vement de celle-ci, servir à la fondation d'une chaire d'économie rurale à Oxford. Les exécuteurs testamentaires confièrent à sir Edward Smith la direction de la publication ; il se mit en conséquence à faire les des- criptions des plantes rapportées par Sibthorp et dont les dessins, faits par F. Bauer, existaient déjà et, en 1806, parut le premier volume auquel succédèrent plusieurs autres. Smith mourut en 1828 et M. Lindley con- — 85 — tinua l'ouvrage dont le 40' et dernier parut en 1840. Voici quelles étaient les conditions de la souscription : La Flora Grœca devait être publiée à trente exemplaires seulement, pour un nombre égal de souscripteurs. Chaque centurie coûtait 25 livres st. (637 francs) ce qui portait le prix de l'ouvrage entier, composé de 40 centuries à 250 livres ou G570 francs. C'était le prix de toute une bibliothèque, mais la magnifique exécution des gravures justifiait cette énorme valeur. Toutefois, l'ouvrage a considérablement baissé de prix et son prix or- dinaire est actuellement de 60 livres (1500 francs). Chaque volume a un frontispice différent, représentant les mots « Flora Grœca » au milieu d'une guirlande de fleurs empruntées aux espèces figurées dans la cen- turie qu'il commence; au-dessous se trouve une vue de la Grèce, variée aussi pour chaque volume. Toutes les gravures sont admirablement coloriées. On a trop souvent sacrifié à cette manie du luxe d'impression , qui met hors de la portée des savants bien des ouvrages utiles; sans partager l'enthousiasme de quelques personnes pour les ouvrages où le désir du bon marché a nui à l'exécution matérielle (p. ex. les Icônes friigorum et YAnleitiing de Corda) nous croyons qu'il est en cela, comme en tout, de justes bornes, et que l'on peut trouver réunis une exécution élégante et un prix raisonnable, la Flora Brasiliensis de M. de Martius nous paraît élre le modèle du genre. C'est un ouvrage de première nécessité à ceux qui s'occupent des vé- gétaux de l'Amérique Méridionale. Commencée en 1840, la Flora Brasiliensis est arrivée (24 juillet 1858) à son 22 fascicule. Chaque livraison, de format grand in-folio, contient un nombre indéterminé de feuilles et de planches; ces dernières sont gravées sur cuivre et exécutées avec soin. Le savant auteur de ce bel ouvrage a eu l'excellenle idée d'ajouter, à la suite des représentations de plantes de fort bonnes lithographies destinées à retracer les sites et les végétaiions variées des différentes provinces du Brésil. Ainsi que nous le disions en commençant, la Flora Brasiliensis est, pour nous, l'idéal d'un bel et bon ouvrage scientifique. II. MISCELLANÉES. J. P. BUC'HOZ. Depuis assez longtemps, je m'amusais à collectionner les ouvrages de cet auteur trop fécond, je m'étais même (que le lecteur, si j'en ai, juge de mon désœuvrement) occupé d'en faire la monographie ou plutôt la cri- tique, et je vous assure qu'il y avait, dans ces quelques pages, de sévères jugements, lorsque je rencontrai, un jour, en feuilletant le savant Thé- saurus de Pritzet, l'article de D. Dietrich. Après avoir énuméré ses — 86 — lourdes et inutiles compilations , le bibliographe Germain , dans son indignation, ne sait trouver d'épithète plus outrageante que de l'ap- peler le « Buc'hoz Allemand, » c'est bien là le pendant de la fameuse apostrophe d'un auteur à un critique. Vous êtes un vous avez fait les Frères ennemis ! Cette lourde pierre, jetée dans le jardin du pauvre Buchoz m'inspira pour lui une véritable compassion, et je me conten- terai de donner ici la liste des principales œuvres de ce Botaniste-Zoo- logiste-Mcdecin-Minéralogiste etc., etc., en y ajoutant quelques notes sur sa vie et un spécimen de son style; commençons par celui-ci, qui fait juger de l'homme l J'ouvre un petit volume in-8° publié en 1804, chez Charabon à Paris, et intitulé Monographie de la Rose et de la Violette, et la préface m'offre les curieux passages que voici : ÉPITRE DÉDICATOIRE AU BEAU SEXE. Mesdames, Quelle fleur, quel présent puis-je vous offrir plus agréable que la rose? Elle est la reine des fleurs, le doux parfum des Dieux, l'emblème de l'innocence, le plus bel ornement des grâces, et les plus chères délices de Cythère ; elle l'emporte par son éclat sur toutes les fleurs.... Vous seules pouvez le lui disputer par vos charmes et vos appas, mais cette fleur, qui fait l'ornement de nos jardins, est bien passagère, souvent le même jour commence et finit son destin, il en est de même de la vie humaine; pi'ofitons donc, disent la plupart des poètes, des charmes de notre jeunesse, mais jouissons-en modérément et modestement.... que la sagesse et la vertu vous servent d'armes, comme les épines aux roses, pour vous soustraire aux traits vénéneux de la séduction, c'est un vieil- lard qui ose vous donner cet avis, il s'y croit autorisé à l'âge de 75 ans; cependant si les roses perdent leur éclat en si peu de temps, elles n'en sont pas moins utiles ! Je trouve le vieillard de 73 ans un peu bien impertinent ! En poursuivant la lecture de ce Galibuc'hoz on trouve une description de la l'Ose. Après avoir entonné, pour célébrer la reine des fleurs, la trompette épique, l'auteur redescend brusquement sur la terre et nous apprend à faire des confitures de fruits de rosiers (le terme techni- que est imprimé) puis vient un choix de poésies sur la rose, dont les dernières ne sont pas signées, ce qui ferait croire qu'elles sont sorties de l'imagination féconde de M. Buc'hoz ; dans cette supposition, comme il est juste de citer des vers après avoir cité la prose, voici deux couplets de la dernière chanson intitulée : Chanson sur le jardinage : Je fais pommer la laitue El la fait grossir à vue Dans la plus rude saison En tous temps ma main utile Sur une couche fertile Fait naître des cornichons. — 87 — Mon plus joli jardinage Elil dedans le marcottage De tous les plus beaux œillets, Au bas leur fais louverlure Pour raciner la nature Par la fente que j'y fais. La rime n'est pas riche et le style en est vieux, et je suis de l'avis d'AIceste, j'aime mieux ma mie, ô gué ! L'auteur rapporte aussi une recette pour faire renaître la rose de ses cendres, recette à laquelle, dit-il « nous n'ajoutons pas plus de foi qu'à la baguette divinatoire, à la transfusion du sang, à la vaccine, au galva- nisme, aux vertus de l'oxigènc, à la pluie de sang, aux pierres tombées du ciel et autres pareilles puérilités ! La monographie de la violette est remarquable par le grand nombre de recettes pour arrêter la dyssenterie qui s'y rencontrent. Avant de passer à d'autres ouvrages de Buc'hoz, je reviendrai sur mes pas pour faire remarquer la phrase qui commence la préface. « C'est pour la troisième fois, dit l'auteur, que je fais paraître cette monographie (de la Rose) elle se trouve d'abord dans mon traité historique des plantes de la Lorraine, j'en ai composé en second lieu, une dissertation consignée dans mon Histoire générale et économique des Trois règnes. » Voilà un aveu qui nous donne le secret de la grande fécondité littéraire de Buchoz, fécondité vraiment prodigieuse, car le catalogue de ses œuvres, publié par lui-même, ne comprend pas moins de 247 ouvrages ou dissertations formant un total de 500 volumes pour la plupart in-folio ! En effet, les planches qui ornent ces divers ouvrages, ainsi que le texte, ont été publiées à diverses reprises, sous des titres variés ! Ainsi les figures du Traité historique des plantes de la Lorraine reviennent dans les Centuries des plantes gravées et dans VHistoire générale du règne végétal, etc. De semblables procédés avaient dû donner au pauvre Buc'hoz un mau- vais renom et lui attirer d'assez fâcheuses affaires, c'est ce qui a été cause de la publication de deux curieuses dissertations. Dans la première, l'auteur parle éloquemment de la vanité des choses de ce monde, et fait un long sermon sur ce texte : Vanitas vanitatum etoinnia vaiiitas.Yoici la fin de cette singulière épitrc : « Rendons le bien pour le mal et en cela nous suivrons la saine doctrine de Jésus Christ. Dépouillons-nous des biens de ce monde pour nous éle- ver au Créateur et tâchons de parvenir à cette Jérusalem céleste pour laquelle nous sommes créés. Telle est notre résolution, nous vous invi- tons. Monsieur, à agir de même, c'est par là que vous nous donnerez de plus en plus des preuves de l'amitié que vous nous avez vouée depuis longtemps. Nous sommes etc. » La deuxième opuscule porte le titre de : Dissertation sur les différentes anecdotes de M. Buc'hoz, qui en ont [ait un véritable homme de douleurs, servant de suite à celle qu'il a publiée sur ses travaux immenses. — 88 — L'auteur y raconte sa vie tout entière, depuis sa naissance à l'hôtel de Malthe, à Metz, le 27 janvier 1731, jusqu'au jour où il écrit cette narration qu'il termine par ce paragraphe : « La mort sera notre septième et dernière époque; nous l'attendons avec impatience, pour être délivré des misères de cette vie, dans l'espérance que nous avons de recueillir dans l'autre la récompense de nos maux, que nous n'avons supportés avec tant de peines, qu'en réfléchissant à ce que Jésus-Christ a fait pour nous, et qu'il a été le premier homme de douleurs pour l'expialion de nos péchés; nous ne désirons actuellement rien de plus que d'être mis à lui et de mourir dans les sentiments de notre mère la sainte Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, et de nous voir éloigné d'une patrie ingrate : Ingrata patria, neqiie ossa mea habebis. Nous finissons cette dissertation en rapportant ici notre épitaphe : Hic jacet et quiescit Joseplius Petrus Buc'hoz qui semper laboravit et nunquani quievit et aliquot ante morlein annis ob suorum remuneralioneni laborum. \\ et opère novae legis coiistitutivae passivus factus atqueservus annuncialBe tempore liberlatis. » Malgré ees sentiments chrétiens, Buc'hoz ne manque pas d*enfreindre souvent dans ses Anecdotes le précepte de la charité et d'accuser une foule de personnes de ligue et de cabale. A la fin de chaque alinéa revient son texte : 0 vos omnes, qui transitis per viani (ô vous tous qui passez par le chemin), attendite et videte (arrêtez et voyez) si est dolor sicut dolor meus (s'il est une douleur semblable à la nôtre (sic). Parmi les aveux qu'il nous fait sur sa vie, il en est qui contrastent étrangement avec la gravité de la forme et de son texte; citons-en, en passant, quelques-uns : « Nous fîmes connaissance avec M. Marquet.... Ce médecin nous plût, ce qui nous engagea d'épouser une de ses demoiselles (p. 5*). — Notre mélancholie {sic) recommença plus que jamais; elle fut suivie d'une maladie très-longue, pendant laquelle nous rendîmes un ver solitaire (p. S^), elc. » Buc'hoz croyait avoir à se plaindre particulièrement du célèbre Lhéritier de Brulelle, et c'est lui qu'il attaque surtout dans sa Disser- tation sur l'aristocratie botanique; ces deux originaux étaient pourtant bien faits pour s'entendre. Ces notes, trop étendues peut-être, sur P. J. Buc'hoz feront aisément comprendre que les ouvrages de cet auteur ne doivent être recherchés que pour compléter une bibliothèque. Pritzes l'a, avec raison, dénommé Miserrimus compilator. On ne rencontre dans ses œuvres que des descriptions incomplètes ou mal faites; les planches ne sont presque jamais originales. C'est ainsi que dans son Histoire du règne végétal et dans son Dictionnaire des plantes sont entrées les planches de VHer- baritim Âmboinense et des plantœ rariores de Schmidet. Du reste, les — 89 — grands ouvrages de Buc'hoz se trouvent assez rarement, et nous n'en connaissons, en Belgique, qu'un seul exemplaire complet. Buc'hoz est mort le 50 janvier 1807. Ses œuvres se divisent en deux classes : les dissertations, qui sont presque innombrables, et les ouvrages plus considérables, dont voici les principaux : Centurie de planches enluminées et non enluminées représentant, au naturel, ce qu'il y a de plus curieux parmi les animaux, les végétaux et minéraux, 12 vol. Histoire naturelle de la France. Histoire générale des trois règnes. Dons merveilleux de la nature. L'arche de Noé. Herbier colorié de la Chine. » » du Japon. Collection précieuse des fleurs les plus rares. Le jardin d'Eden. — Le jardin du Roi. Collection de Tulipes. — Collection de Jacinthes. Le grand jardin de l'univers. Traité historique des plantes de la Lorraine. Histoire générale du règne végétal (cause de tous mes malheurs, dit Buc'hoz), etc., etc. Bibliophilus. PANTHEON DE L'HORTICULTURE. nORT DE W CH. MORREN. Au moment de mettre sous presse, nous avons une bien douloureuse nouvelle à apprendre à tous les amis des sciences et de l'horticulture : Monsieur Charles-François-Anïoine Morren, fondateur de la Belgique Horticole, né à Gand, le 5 Mars 1807, est décédé à Liège, le 17 Décembre, à 3 h. 50 m. du matin. Gravement malade depuis près de quatre ans et ne pouvant plus, par conséquent, se livrer à l'étude d'une science à laquelle il consacra sa vie et qu'il enrichit de précieuses découvertes, M. Charles Morren n'en laisse pas moins, par sa mort, un vide immense dans le corps savant de la Belgique. Pleuré par tous ceux qui l'ont connu, il sera vivement re- gretté de tous ceux qui s'occupent de l'aimable étude des fleurs et de leur culture. Dans un de ses prochains numéros, la Belgique horticole publiera une biographie détaillée et un portrait de son fondateur. — 90 — JARDIN FRUITIER. NOTICE SUR LA PECHE BARON PEERS, Par m. Edouard Morren. (d'après un spécimen récolté en plein vent). (Figurée planche VI.) Le gain de cette superbe pêche est une véritable conquête pour l'hor- ticulture : elle a toutes les qualités des meilleures variétés conduites en espalier, et cependant elle s'est trouvée sur un arbre presque sauvage n'ayant jamais été ni taillé, ni greffé et croissant dans de mauvaises conditions. Il se trouve en effet exposé au nord et au milieu d'une nom- breuse pépinière de pêchers issus de graines, mais tandis que la plupart de ces derniers n'ont rien produit de recommandable, celui-ci a, dès sa première fructification donné un fruit nouveau et tout à fait de première classe. Il a été gagné par M. le baron E. Peers d'Oostcamp, près de Bruges, l'un de nos agronomes belges les plus instruits et les plus zélés. Les amateurs des environs connaissent déjà cette pêche sous le nom de son obtenteur, et nous sommes heureux de donner à cette dédicace la consécration de la publicité. Le fruit est globuleux, arrondi et déprimé : son diamètre transversal, passant par le milieu de noyau est de 9 à 10 centimètres : sa hauteur de l'insertion du pédoncule au sommet, opposé de 7 centimètres environ et son diamètre de 32 à 33 centimètres. La peau est fine et se détache facilement; elle est colorée en beau carmin du côté du sommet, surtout sur la face exposée au soleil, tandis que dans le voisinage du pédoncule elle est pâle et verdàtrc. La chair est fine, fondante et juteuse, et se distingue par un arôme fin et pénéti'ant. Le noyau se détache avec la plus grande facilité : il est de force moyenne et les parties du paren- chyme qui en sont les plus proches sont souvent teintes de rose vif. La maturité a eu lieu cette année, sur le seul individu qui existe actuellement et qui se trouve dans des conditions spéciales vers la fin de septembre et au commencement d'octobre. Sous tous les rapports, la Pêche de M. le baron Peers semble un des meilleurs fruits pour la culture en plein vent. L'arbre est très-fertile : il est actuellement âgé de dix ans et a porté cette année 150 fruits. M. le baron Peers s'occupe de la multiplication de l'arbre et a bien voulu nous dire qu'il mettait dès à présent à la disposition des amateurs, des noyaux et des oculations. PècKe lia 10 11 Peers — 91 — LE POIRIER EN BELGIQUE. Suite : Voyez page 28. Gros rousselet de Van Mons. Il ne faut pas confondre cette variété avec l'ancien gros rousselet, qui mûrit dans le même mois et qui lui est inférieur sous le rapport du volume et de la qualité. Celui dont nous nous occupons portait le n" 201 dans les semis de Van Mons; il a été mis dans le commerce il y a dix ou douze ans. C'est une poire moyenne, allongée, pyriforme. La peau, d'abord vert clair, passe ensuite au jaune doré; elle est très-ponctuée et maculée de gris et de roux, La chair, blanc jaunâtre, est fine et fondante. L'eau est abondante, sucrée, vineuse, offrant quelque analogie avec le goût des rousselcts et des ber- garaottes. L'arbre se greffe aussi bien sur coignassier que sur franc, et il est fertile ; c'est une bonne acquisition pour les vergers. Désiré Cornélis. (Bivort). Fruit gros, pyriforme, renflé et rétréci aux extrémités; peau vert clair, jaunissant un peu à l'époque de la maturité» légèrement maculée et colorée de rouge brun du côté du soleil; chair blanche, très-fine, fondante, beurrée; eau abondante, sucrée, d'un parfum agréable. L'arbre est vigoureux et fertile ; son bois gros et solide. Bien qu'il se prête à une taille très-régulière, il convient parfaitement pour le haut-vent. On peut aussi le cultiver sur coignassier. L'époque ordi- naire de la maturité du fruit est du IS au 50 août, mais elle se prolonge jusqu'en septembre. M. Bivort, qui l'a obtenue , donne les conseils suivants: « quoique «cette poire ne soit pas sujette à blétir, il convient de l'entrecueillir, « c'est à dire de ne pas lui laisser achever sa maturation sur l'arbre. « Ainsi, en commençant la cueillette par les plus grosses, un peu avant « la mi-août, on peut présenter cette poire sur les marchés pendant tout « un mois. Cette remarque s'applique aux autres poires de cette saison « plus ou moins. » Dans l'état actuel de nos connaissances, nous croyons devoir nous borner, pour le mois d'août, à l'indication des quatre poires qui pré- cèdent. Cependant, nous devons dire que la Société Van Mons a reçu de ses correspondants américains , parmi un grand nombre de variétés natives de leur pays, quatre poires du mois d'août très-vantées. 3Iais nous ne pouvons, quant à présent du moins, en conseiller la culture; avant de le faire, nous voulons en étudier la culture en Belgique. Nous croyons néanmoins qu'il peut y avoir quelque utilité à consigner ici l'opinion de nos correspondants sur ces fruits ; aussi le faisons-nous en notant que ces messieurs habitent les contrées les plus septentrionales de l'Union américaine, dans les États de New Jersey et de Massachussets, où ils possèdent d'immenses vergers. Poire Sy son. Elle mûrit en août, et est considérée comme la meil- leure des poires hâtives. Forme d'un petit rousselet, souvent plus grosse. — 92 — fondante, vineuse et d'uiij iurame exquis. Dans les congrès pomologiques de Boston et de Rochester, en 1854 et 1856, la poire Syson a été adoptée pour la culture générale dans toutes les parties de la république. Henrieta Edwards. Fruit moins connu et plus nouveau , qui mûrit aussi en août, et est très-recommandé pour sa qualité supérieure. Il est assez petit, jaune, coloré de rouge vif. Suivant l'expression de l'un de nos correspondants, « il se fond dans la bouche et y laisse un goût exquis. » Bleckers-Meadows ou Feaster. Cette poire mûrit d'août en septembre. Elle a la forme de la bergamotte crassane, mais elle est plus petite, fon- dante, acidulée, vineuse, pleine de sucre. L'arbre est très-fertile. Otts Seedlings. Le fruit mûrit à la fin d'août ; il est un peu petit, mais, dit l'un de nos correspondants , « plein d'arôme et de jus, extra-fin et délicieux. » L'Otts Seedlings est, pour la première fois, cette année, en production chez moi. Mois DE Septembre. Dans ce mois, nous commençons à avoir un choix plus varié de poires, et elles sont, en général, plus grosses que celles des deux mois précédents, ce qui mérite d'être pris en considération par le cultivateur, car il retirera plus de bénéfice de la vente, tout en employant moins de temps à la cueillette. Les anciennes poires de cette saison sont bien inférieures en mérite aux variétés modernes; et cette infériorité est telle, que c'est à peine si nous pouvons en recommander quelques-unes. En voici cependant qui peuvent être encore cultivées avec avantage. Le bon chrétien d'été ow musqué comperette. Fruit moyen, turbiné py- riforme, n'ayant aucune analogie sous ce rapport avec le type des bons chrétiens; la peau est assez lisse, jaunit et se macule de rouge du côté du soleil; chair blanche, demi-beurrée, demi-cassante; eau sucrée et musquée. L'arbre est trop délicat pour être greffé sur coignassier, il doit être cultivé sur franc. 11 est fertile et charge beaucoup. Bon chrétien d'été; Syn.: Graciole. Cette poire justifie son nom par une plus grande analogie de forme avec le bon chrétien d'hiver, elle est pyrifornie allongée, très-anguleuse et bosselée. C'est un gros fruit d'un vert clair, tiqueté de points vert foncé, jaunissant vers la maturité. La chair est blanche, tendre, demi-cassante, son eau sucrée et abondante. L'arbre est assez fertile , et il peut se greffer sur franc et sur coignassier. Petit roussclet, rousselet de Reims. Cette poire est si connue, qu'elle n'a pas besoin de description. Qui n'a pas mangé quelques poires de rousselet, en les prenant sur l'arbre. C'est aussi un type auquel on rap- porte beaucoup d'autres poires. Maintenant, que nous avons acquis un nombre toujours croissant de rousselcts fondants et de garde , le mérite de celui qui nous occupe est beaucoup effacé; cependant, sa grande ferti- lité lui mérite encore une petite place dans la culture, surtout dans les — 93 — terrains légers, qui lui conviennent particulièrement. L'arbre est de ■vigueur moyenne, et il prospère sur franc comme sur coignassier. Nous bornons là nos indications sur les anciennes poires de septembre et nous passons immédiatement aux variétés modernes. Le bon chrétien Williams, Bartlett des américains; Syn. : WilUam's pear, BarneVs Williams. Superbe fruit d'origine anglaise, gagné dans le siècle passé, et connu fort tard sur le continent. Il a beaucoup d'ana- logie pour la forme et pour le volume avec l'ancien bon chrétien. La peau est vert clair, finement ponctuée de roux, et prenant une belle teinte jaune doré à la maturité. Depuis quinze ou seize ans que je cul- tive cette variété, elle n'a jamais cessé de produire sans aucun alternat et souvent avec abondance, aussi bien sur franc que sur coignassier, sur cette dernière essence, l'arbre s'épuiserait vite, et demande une taille courte. La William's pour développer toute sa qualité, doit être cueillie verte et mûrir au fruitier. Dans un de nos jardins, dont la terre est forte et argileuse, nous avons remarqué que ce fruit était trop musqué, et il nous a paru bien supérieur dans un sol léger. La William's, quand on l'obtient dans toute sa perfection, a une odeur suave ; une chair fon- dante, demi-beurrée, fine; une eau abondante, sucrée, parfumée et musquée dans une juste proportion. Ce beau fruit a d'autant plus de mérite, qu'il se garde assez longtemps au fruitier. Beurré gens. (Van Mons). — C'est un fruit de premier oindre, assez gros, d'une grande fertilité, et qui mûrit habituellement chez moi depuis la fin de septembre (du 20 au 25) jusqu'au 13 octobre. Cette poire varie un peu de forme : elle est parfois pyriforme turbinée, et plus sou- vent pyriforme pyramidale ou allongée, la peau vert clair, ponctuée de brun, jaunit très peu à la maturité. La chair est Manche, délicate, beurrée fondante. Son eau est abondante, sucrée et d'un parfum agréable. L'abre est assez vigoureux pour être cultivé dans les vergers; il y con- vient d'autant plus, que les fleurs nouent avec la plus grande facilité, ainsi que j'ai pu m'en assurer personnellement depuis quelques années. Il prospère très-bien dans un sol froid et argileux, et se prête parfaite- ment à la taille en fuseau sur franc ou coignassier. Double rousselet. (Espcrin). — Nous ne connaissons pas le motif qui a pu décider le major Espcrin en imposant ce nom à une poire qui ne présente au(!une analogie avec les rousselets. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une variété distinguée qui se prête faci- lement à toutes les formes, mais qui est surtout éminemment propre à la culture en haut-vent pour vergers. Celte poire est d'une belle grosseur, moyenne, pyrifome, ovoïde; la peau vert clair, tiquetée de gris roux, ombrée de fauve, passe au jaune citron en mûrissant; la chair blanc jaunâtre, est fondante; son eau est suffisante, sucrée, un peu acidulée et relevée d'un parfum très agréable. Ce fruit vient à maturité vers la fin , — 94 — de septembre; comme il mûrit lentement et sans se blétir, on en jouit pendant une partie du mois d'octobre. Beurré d' A manlis ; Syn. : WUhelmine, Hubart, Kaissoise ^ Tiessoîse (Van Mons). Fruit gros, parfois très-gros, pyriforme, vert clair, ponctué et marbré de fauve ; chair blanche, demi-fine, fondante; eau abondante, sucrée, d'un parfum agréable et suave. L'arbre est vigoureux, et il pour- rait par conséquent être cultivé en haut-vent, mais, à raison de la gros- seur du fruit et de sa tendance à se détacher avant la maturité, il nous paraît plus convenable de le réserver pour le fuseau ou la pyramide. Il réussit sur le coignassier comme sur le franc, et nous l'avons vu main- tenir sa bonne qualité dans les terrains très-divers où nous l'avons essayé. Le beurré d'Amanlis, a déjà, comme beaucoup d'autres poires, une sous- variété panachée. Ananas de Courtrai. Poire cultivée depuis assez longtemps dans les environs de la ville dont elle porte le nom. Fruit assez gros, pyriforme turbiné, un peu ovoïde bosselé; peau vert herbacée, ombrée et ponctuée de roux brun , jaunissant à la maturité; chair blanche, fondante; eau suffisante, sucrée et parfumée agréablement. L'arbre assez vigoureux et très-fertile, peut être cultivé sous toutes les formes. La maturité de son fruit arrive dès le commencement de septembre, et se prolonge pendant la plus grande partie de ce mois. Fondante de Cuerne; Syn. : flamande, zop peer, (poire de jus), wyn peer (poire de vin). Cette poire nous vient aussi des environs de Courtrai. Elle n'est guère inférieure à la précédente, à laquelle elle succède, elle mûrit une quinzaine de jours plus tard. Fruit gros, pyriforme pyra- midal, souvent un peu ovoïde; peau lisse, passant du vert clair au jaune citron, ponctuée de petits points gris et ombrée de roux, surtout aux deux extrémités. Chair blanche, fine, fondante, beurrée; eau abondante, sucrée, vineuse et d'un parfum agréable qui rappelle celui de la poire d'amande. L'arbre est vigoureux et fertile, il réussit également bien en aut-vent, en pyramide et en fuseau. Calebasse princesse Marianne. (Van Mons); Syn. : poire Marianne prinzessin Marianna. Cette poire a été souvent confondue avec le beurré Bosc, avec lequel elle a une ressemblance apparente. C'est à tort; car le beurré Bosc mûrit dans le mois d'octobre seulement, et il est bien plus connu. Le fruit de la calebasse princesse Marianne est gros, allongé, en forme de calebasse, un peu bosselé; l'épiderme est rude et d'un roux fauve à l'époque de la maturité; la chair est blanche fondante; son eau est abondante, sucrée et bien parfumée. C'est un arbre vigoureux; très-fertile, pouvant se cultiver sous toutes les formes, et se greffer sur coignassier comme sur franc. Poire Seigneur (Esperin). — Fruit assez gros; forme arrondie dans le genre des doyennés; peau verte, marbrée de fauve et jaunissant peu à la maturité; chair blanc verdàtre, fondante, demi-beurrée; eau abon- — 95 — dante, sucrée, relevée. L'arbre vigoureux et fertile, réussit sous toutes les formes et sur toutes les essences. Cette poire commence à mûrir vers la fin de septembre, et sa maturation se continue lentement sans blétir. Poire Delpierre. — Fruit connu et cultivé particulièrement, depuis une trentaine d'années , dans les environs de Jodoigne. C'est une grosse poire, de forme ovoïde, un peu turbinée; peau rude, vert clair, ombrée et tachée de rouille; chair blanche, demi-fine, fondante; eau abondante , sucrée acidulée, sans parfum très-prononcé. L'arbre , aussi vigoureux que fertile, convient spécialement aux vergers; son fruit mûrit vers la fin de septembre et se conserve une partie du mois d'octobre. Les Américains cultivent aussi un certain nombre de poires de vergers qui mûrissent en septembre. Dans cette catégorie, la Société Van Mons a reçu de ses correspondauts, les variétés suivantes dont nous attendons la production en Belgique pour les apprécier. Nous nous bornons aujourd'hui à donner les appréciations de nos correspondants. 1° Variétés admises pour la culture générale de l'Union. Andreaw's. — Bonne grosseur, fruit excellent, plein de jus, vineux, parfumé. Gokleti beurré of Bilhoa. — Assez gros, forme doyenné, excellent; peau orange^ ombrée de fauve et de rouge terne. 2° Variétés considérées par le Congrès comme promettant bien, sans DÉCISIONS prises. Howell. Volume et forme du Seigneur Espérin; fruit fondant, par- fumé, très-sucré, hautement vineux. King-Sessing . — Très-gros, fondant sucré parfumé plein de jus. 5° Nouveautés encore peu connues. Frederica Brémer. — Très-gros, forme du beurré, fondant, très-bon. Pensilvania. — Moyen, excellent, fertile. Pocahontas. — Dimension d'un doyenné, dont elle a l'arome et les bonnes qualités. Washington. — Très-gros, forme de beurré, fruit délicieux. Surpasse f^irgalen. Assez gros, ovoïde, très-délicat fondant, sucré» exquis. Mois d'octobre. — A mesure que les fruits rouges d'été et ceux à noyaux diminuent ou disparaissent, la nature prévoyante semble avoir pris à tache de nous dédommager par une plus grande abondance de bonnes poires. L'ancien beurré gris., le beurré par excellence de Duhamel, l'une de nos poires les plus renommées, ouvre sous notre climat la saison d'au- tomne; malheureusement, cette variété, dont l'âge remonte au moins à — 90 — trois siècles, puisqu'elle était contetiiporaine d'Olivier de Serre, ne peut plus ôtre classée parmi les fruits de j^raudc cullure. Le temps n'a rien ôté à la (hîiicieuse saveur du beurré; mais l'arbre, dont Dubamel disait, il y a trente ans à peine, « ce poirier est très- fertile, s'accommode de tous « les terrains, de toutes les formes, espalier, buisson, éventail, plein « vent, et presque de toutes les expositions, » est actuellement dégénéré à un tel point, f|ue, pour produire des fruits acceptables et de quelque valeur, il exige l'espalier à une bonne exposition. Si parfois il prospère encore à l'air libre, il lui faut des jardins privilégiés, dans des vallées chaudes et abritées. Les fruits de cet âge ressemblent assez à des vieil- lards frileux, qui ne peuvent plus vivre sans des soins tout particuliers. Il serait très-luiureux (pi'on Ircmvât, dans les nond)reux semis modernes, une reproduction rajeunie et vigoureuse du beurré. Le heinré Colniar, l'un des semis de Van Mons, s'en rapproche assez, et il mérite d'être accueilli avec faveur parles gourmets. Sa forme tur- binée le rap|)rocbe du type des colmars, tandis que sa chair et sa saveur ])euvenl le faire classer parmi les beurrés. 11 est de grosseur moyenne; sa j)eau vert clair, couverte de points bruns, est parfois maculée de rouille, et elle jaunit très-peu ii la maturité, qui se produit dans le courant du mois d'octobre. Malgré la vigueur de l'arbre, la nature de son bois, incliné et un peu grêle, ne permet guère de le classer dans les arbi'cs de vergers. Sa véritable cullure est la pyramide ou le fuseau; il réussit sur franc et sur coignassier. Beurré de Saint Amand (Grégoire). — Poire moyenne, arrondie, lurbinc'c, peau verte, passant au jaune d'or nuancé de rouge orangé; chair jaunâtre, fine, fondante, demi-beurrée: eau très-abondante, sucrée et agrc-ablcment parfunu'C. Elle mûrit vers la mi-oclobre. L'arbre, très vigoureux et très-l'crtile, convient aux vergers, et il n'est pas déplacé dans la cullure des jardins. Jlélènc Grégoire (Grégoire). — Fruit gros, ovoïde, peau vert clair, très-peu colorée du côté du soleil, marbrée et ombrée de gris roux; chair blanc de neige, fine, fondante, demi-beurrée; eau suflisante, sucrée; parfum délicat et agréable. L'arbre, vigoureux et fertile, se prêle bien à la taille et peut être conduit en haut-vent. Théodore Van Mous (Van Mous). — Fruit assez gros, turbiné l)yri- forme ; peau lisse, vert clair, finement ponctuée |le brun-roux, jaunissant fortement à la maturité; chair blanche, fondante, très-fine, sauf quelques concrétions pierreuses au centre, qui proviennent souvent du terrain où l'arbre est cultivé; eau abondante, sucrée et relevée; la maturité commenc(î dans la seconde semaine d'octobre, et se prolonge jusqu'à la fin de nov(^mbre. L'arbre est vigoureux et fertile, ses fleurs nouent faci- lement, v.l il se couvre de fruits assez habituellement. On peut le culti- ver eu haut-vent, en pyramide et en fuseau. (La suite à la prochaine livraison). 2. 3. i.j.Jxia arislala 10. n. L.-i.Jxia iiiaculata. làn var. vii'iJis. 5_ft. Jxia villosa I. .0_ii.,lxia iiiaculala L. 97 — HORTICULTURE. QUELQUES MOTS SUR LES IXIAS ET LEUR CULTURE. FAMILLE DES IRIDÉES. TRIANDRIE MONOGYNIE. IxiA. Corolla basi tubiilosa , limbo | Ixia. Corolle lubulciise à la base, à 6-partito regulari. Stigmata ô, angusta l limbe régulier à six segments. Trois recurva. stigmates étroits et recourbés. Babinia. Corolla tubulosa limbo 6-par- ! Babima. Corolle tubuleuse, à limbe tito irregulari. Stigmata 3, dilatata, [ irrégiiiier à six divisions. Trois stigmates patentia indivisa. \ élargis, étalés et indivis. La région du Cap de Bonne-Espérance abonde en plantes charmantes qui font les délices des horticulteurs, mais qui en revanche sont désagréables aux botanistes par la difficulté de leur classification. Elles sont fort nombreuses, se ressemblent beaucoup et ne se distinguent que par des caractères difficiles à saisir; en outre, depuis leur introduction dans les cultures d'Europe, qui remonte déjà assez haut, elles se sont en ore modifiées, ont donné lieu à une foule de variétés et se sont hybridées entr'elles. Tels sont notamment les genres Ixia, Spai'axis et Buhinia. La plupart des espèces qui en font partie, croissent dans les immenses plaines de l'extrémité australe du continent africain. Ces vastes steppes s'étendent à perte de vue sans arbres et sans arbustes; pendant la longue période de sécheresse brûlante, elles sont dénudées et paraissent d'une ari- dité désespérante, mais quand les pluies viennent les féconder, la végé- tation est rapide et en fort peu de temps apparaissent une foule de plantes dont on n'aurait pas même soupçonne l'existence. Beaucoup d'entr'elles sont en effet pourvues d'une bulbe ou d'un rhizome qui reste stalionnaire tant que l'humidité ne vient pas exciter sa croissance, mais qui pousse fort rapidement sous l'influence des pluies. Les Ixia et les Sparaxis attirent surtout l'attention des voyageurs. Ces jolies plantes ont des formes élégantes et délicates : elles s'élèvent peu et dépassent rarement deux pieds; mais leurs fleurs sont propor- tionnellement grandes et d'une forme agréable ; souvent elles sont ])arfumées : leurs couleurs sont très nombreuses, vives et pures, et disposées d'une manière bizarre. Parla culture, on leur a fait acquérir des dimensions plus considérables, on a beaucoup varié leur coloration et l'on a augmenté leur éclat. La culture des Lxias n'est pas difficile, mais pour réussir, il faut bien connaître les conditions naturelles de leur croissance. Pendant la période de repos, sécheresse et chaleur; pendant la végétation, de l'air, de la lumière et de l'humidité. Généralement on les cultive dans une couche BELG. MORT. TOM. IX. 8 — 98 — froide ou un coffre que l'on enlève quand commence la floraison, c'est- à-dire au printemps. Il convient, si tel est le mode de culture que l'on adopte, de soulever les châssis aussi souvent que possible vers la fin de l'hiver, quand commence la pousse. Lorsque le soleil devient plus ardent, il est bon de remplacer les châssis vitrés par des toiles ou des paillassons, l'action directe des rayons solaires pouvant à cette époque tâcher les feuilles et faire avorter les fleurs. Mais quand celles-ci sont épanouies ou près de passer, les plantes ne sauraient être trop fortement éclairées, ni recevoir trop de chaleur : elles élaborent d'autant mieux leur sève destinée à former les bulbes et les cayeu.v. Cependant on peut anssi cultiver les Ixias en pots en se conformant aux mêmes règles générales. Quant au sol, on conseille un mélange de deux tiers de terre de bruyère sableuse et d'un tiers de terre franche. Un sous-sol perméable ou un bon drainage est indispensable. Le bouquet d'Ixias que nous avons figuré est formé de Vlxia macidata et de sa remarquable variété à fleurs vertes, de 1'/. aristata et de 1'/. villosa [Bahinia villosa). Ce sont de simples spécimens, pris au hasard parmi le grand nombre d'espèces que l'on voit annuellement fleurir chez les amateurs. L'/. macidata fleurit depuis le mois de mai jusqu'en avril, atteignant une hauteur de trois à quatre pieds; il est très florifère. DES PALMIERS QUE L'ON PEUT CULTIVER EN SERRE TEMPÉRÉE OU EN ORANGERIE. Nul groupe de plantes n'est plus digne d'attention que la noble tribu des Palmiers dont les formes variées et le feuillage gracieux inspirent toujours les émotions du paysage des tropiques. Ces végétaux sont peu cultivés à cause du préjugé qui fait supposer que leur culture exige la serre chaude ou un établissement spécial; tandis qu'un gi'and nombre d'espèces pourraient être introduites dans de petites serres et même dans les orangeries. Les palmiers réclament fort peu de soins, une terre forte mêlée à un peu de sable et à du fumier consommé, un bon drainage et une grande propreté sont les seules règles à observer. Les espèces suivantes peuvent prospérer sous une température hivernale de 6 à 12' centigrades. Le Chamaulorea Erneste Auguste, C. gracilis, C. elegans, C. elatior, et C. Desmoncoides, espèces éminemment ornementales, à tiges minces et lisses, et à feuilles pennées. Les Chainaerops excdsa, C. humilis, C. palmetta et C. serriilata, sont trapus et parfaitement appropriés à la culture en appartements. Le Ceroxylon Andicola ou palmier à cire des Andes, beaucoup d'espèces de Bactris, VAstrocarijum rostratum, le Bhaphis fluheUiforniîs, le Phénix silveslris, le Juhea spectabilis, le Livistonia auslralis, le Trinax parvi/lora, etc., croissent très convena- blement sous la température habituelle des serres froides. 99 PHYSIOLOGIE VEGETALE. STÉRILITÉ HABITUELLE DE QUELQUES ESPÈCES, Par m. Rodigâs , Dli'ecteur de V école d'agriculture de Lierre. En communiquant à la société botanique de France une note sur la stérilité habituelle de quelques espèces de plantes, M. Decaisne fait appel à d'autres observations qui suivant lui pourraient modifier certaines opinions touchant la fréquence plus ou moins grande des hybrides spontanés. A la suite de ce travail reproduit dans la Belgique Horticole, la rédac- tion de cette revue, liv. 2", page G4, appelle l'attention de ses lecteurs sur l'intérêt qu'il y aurait à contrôler ces observations en tant qu'elles s'appliquent à la Belgique. Cette réflexion m'a amené à citer à mon tour quelques faits pouvant servir peut-être à éclaircir, je ne dis pas à résou- dre, des questions encore litigieuses. Pour commencer par les plantes citées par M. Decaisne, disons d'abord que le Crocus fructifie très abondamment tous les ans dans notre jardin de Lierre. Nous savons de plus que du temps que Donkelaar(t) dirigeait encore les jardins de M. Smet à Deurne, prov. d'Anvers, il y cultivait chaque année environ dix ares de Crocus, qui tous les ans donnaient une grande quantité de bonnes graines. Parmi les plantes vivaces exotiques je signale comme donnant à Lierre des graines parfaites, d'abord le Lilium candidum, qui fructifie quelquefois, ensuite les espèces suivantes qui sont plus fertiles : Funkia japoiiica, Campanida nobilis, Phlox subulata, Rosa eglan- teria, Saxifraga crassifolia. Il en résulte que toutes les espèces habituellement stériles sous la zone de Paris ne le sont pas pour notre pays, et il est probable même que des observations ultérieures permettront d'ajouter d'autres noms à la liste qui précède. J'admets avec M. Decaisne que l'état de stérilité ordinaire chez cer- tains végétaux est dû à des causes très différentes qu'il serait intéressant de pouvoir déterminer. (1) Il importe qu'on lise Doiikelaar et non pas Donckelaar, l'ortograplie que nous indiquons est la seule bonne et admissible. - 100 — D'où vient en effet que le Lilium candidmn soit stérile à Paris, tandis qu'à Lierre (près d'Anvers) il a produit ces trois dernières années des graines bien mûres? Celles de la récolte de 56 m'ont donné de bonnes jeunes plantes. J'avais cru remarquer, il y a des années, que la stérilité de ce lis provenait de la pluie qui mouille les organes de la reproduction : le stigm&le et le pollen se trouvant dans un état anormal, les pbénomènes de la fécondation deviennent impossibles. Ce qui confirma mon opinion à cet égard, c'est qu'en 4842 j'avais remarqué à St. Trond dans un jardin peu soigné, une touffe de Lilium candidum portant des capsules remplies de bonnes graines. Cette seule fois que j'ai vu ce lis fertile à St. Trond, il se trouvait dans des conditions que je dois signaler : la plante croissait à 50 cent, environ du tronc d'un grand poirier bien garni d'un épais feuillage; la terre était sècbe sous l'arbre et autour de la plante; tout le reste du jardin était humide. Hâtons-nous d'ajouter cependant que la plante qui nous a produit des semences à Lierre ne se trouve pas dans des conditions semblables, au contraire, elle est constam- ment exposée sans abri au milieu du jardin bien aéré de l'établissement que je dirige. Je n'oserais donc pas affirmer aujourd'hui que l'humidité soit la cause déterminante de la stérilité de ce lis. II ne serait pas difficile d'en essayer l'expérience, il suffirait de cultiver sous châssis ces espèces qui, sous notre climat, sont avares de leurs fruits. Quant à l'observation de Conrad Gezuer, elle me paraît être une plai- santerie, si non une absurdité. Comment veut-on donner plus de vitalité à une tige et par suite à l'ovaire, en coupant celle-là et en la suspendant la tète en bas sous un hangar? Une expérience analogue tentée par notre jardinier sur des Lilium lancifolium, nous a été fatale, elle nous a dé- montré que les graines de lis contenues dans des capsules portées par des tiges , coupées avant la parfaite maturité, ne lèvent aucunement. Com- ment serait-il possible, en effet, de voir leur développement s'opérer et continuer encore dès l'heure où les vaisseaux de la nutrition tarissent? Nous ne partageons donc pas l'opinion du savant professeur du Muséum de Paris, qui fait dépendre la stérilité ordinaire du lis blanc du défaut de vitalité des ovaires. Nous aimons mieux en rechercher les causes dans d'autres influences telles que la nature du sol, l'état de l'atmosphère à l'époque où la fécondation devrait avoir lieu, la température trop varia- ble sous notre zone tempérée, ou d'autres enfin que des observations longues et multiples et des études plus approfondies pourraient seules déterminer. A mon avis, la nature du sol surtout me paraît jouer un grand rôle en cette matière. Sans rechercher au loin des termes de comparaison, je trouve en effet que telles plantes, qui étaient constamment stériles à St. Trond, produisent à Lierre des graines parfaites en abondance; voici une liste encore incomplète de ces plautes : 101 PLANTES QUI FRUCTIFIENT TOUS LES ANS A LIERKE. Gentiana acaulis (abondamment). — lulea. — aaclepiadea. Adonis vernulis. Cotylédon umbUicus. Dodecathion meadia (abondamment). Jeffersonia diphylla. Liatris spicata. Saxifraga crassifolia, Funkia japonica. Campanula nobilis. Crocus. Leucoïum vernum . — œstivum. Erythronium dens-canis. Helleborus fœtidus. — lividus. — abshasictis. — olympiens. — purpureus, etc. A Lierre, le sol est humide, bas, à six mètres à peine au-dessus du niveau de la mer; il est jaune, doux et argileux. Le sous-sol est tantôt argileux, tantôt sablonneux, tantôt argilo-ferrugineux. A mon jardin de St. Trond, au contraire, ie sol était sec, élevé à plus de 50 mètres au-dessus du niveau de la mer; il y est noir et friable. Le sous-sol, généralement sablonneux, est quelquefois argileux, jamais ferrugineux. Les plantes suivantes y fructifiaient régulièrement : Chelone barbata. Anémone narcissiflora. Campanula nitida. Carlina acaulis. Pentstemon speciosum. Primula nivalis. Ces plantes, tout en fleurissant bien à Lierre, n'y fructifient pas. Par contre, tout le genre rosier, que j'ai vu constamment stérile à St. Trond, produit ici des graines parfaites et abondantes. Les variétés même à fleurs très pleines, pourvu que le pistil ne soit pas étouffé et qu'il y ait quelques rudiments d'anthères, ne manquent jamais d'être fécondes. Les Rosa gallica, — bengalensis, — indica m'ont donné tous les ans de bonnes graines. — 102 — DOCUMENTS POUR SERVIR A LA BIOGRAPHIE DE CHARLES MORREN. MORT DE CHARLES MORREN. La mort vient de frapper l'un des savants les plus distingués de notre pays. M. Charles-François-Antoine Morren, professeur émëritc de botanique et d'agriculture à l'Université de Liège, est décédé ce matin en notre ville, à l'âge de 31 ans. M. Ch. Morren était l'un des botanistes les plus remarquables de notre époque. Son enseignement, ses publications lui avaient conquis en Bel- gique et à l'étranger une grande réputation scientifique, et lui ont valu des titres nombreux à la reconnaissance des corps savants et des gouver- nements de l'Europe. La plupart des Académies et sociétés savantes le comptaient parmi leurs membres; M. Morren était chevalier de l'Ordre Léopold et décoré de plusieurs ordres étrangers. Une cruelle maladie, qui le tenait depuis quelques années éloigné de la chaire universitaire qu'il occupait avec tant d'éclat, vient de l'emporter dans un âge peu avancé, et de priver ainsi notre Université et notre pays d'une de ses illustrations. M. Morren était né à Gand le 5 mars 1807. La Meuse {Journal de Liège et de la province), vendredi 17 décembre 1858. La mort du savant professeur M. Charles Morren, que nous avons annoncée hier, a causé en notre ville une pénible impression et soulèvera d'unanimes regrets dans toute la Belgique. Les obsèques de cet homme distingué, une des illustrations scientifi- ques de notre pays, auront lieu lundi prochain avec toute la solennité que comportent les titres et la position du défunt. Aujourd'liui samedi, les restes mortels de M. Charles 3Iorren seront transportés à la Salle Académique, transformée en chapelle ardente. Le corps y sera exposé pendant la journée de dimanche, selon les usages adoptés pour les décès des professeurs de cet établissement supérieur. Lundi à 10 heures aura lieu, à la salle académique, la cérémonie jnor- luaire, à laquelle prendront part le corps des professeurs de l'Université, les autorités, les élèves des divei'ses facultés et des députalions des so- ciétés savantes dont M. 3Iorrcn faisait partie. — 105 — Le cortège se formera ensuite et se dirigera vers l'église Ste-Véronique, où seront chantées des obsèques solennelles. Après l'absoute, le cortège se formera selon les prescriptions établies, pour accompagner la dépouille du défunt jusqu'au cimetière de Robermont, où les derniers devoirs lui seront rendus. A l'occasion de la mort de M. Charles Morren, les cours universitaires ont été suspendus jusqu'à mardi prochain. La Meuse (iV du 18-19 décembre 1858). FUNÉRAILLES DE 31. CHARLES MORREX. Aujourd'hui dans la matinée ont eu lieu les obsèques de M. Charles 3ïorren, professeur émérite de l'Université de notre ville. Ainsi que nous l'avons dit, la dépouille mortelle de ce savant distingué avait été exposée pendant toute la journée de dimanche dans la salle académique, garnie de tentures de deuil et transformée en chapelle ardente. Des élèves n'ont pas cessé de veiller autour du cercueil pendant tout le temps de l'exposition du corps, auquel une foule nombreuse et recueillie est venue rendre un pieux et dernier hommage. Ce matin à 40 heures, le corps professoral de l'Université, des autorités civiles et militaires, des membres de diverses sociétés savantes dont faisait partie feu M. Charles Morren, les élèves de l'Université et une foule considérable, composée d'amis du défunt et de personnes de distinction, se sont réunis à la salle académique pour prendre part à la solennité mortuaire et rendre les derniers honneurs à l'honorable professeur que l'on vient de perdre. Plusieurs discours ont été prononcés, le premier par M. Lacordaire, recteur de l'Université, au nom de cet établissement; le second, par M. Spring, au nom de l'Académie des Sciences de Belgique, dont M. Charles Morren était membre. Après cette cérémonie, le cortège s'est mis en marche pour se rendre à l'église de Ste Véronique, dans laquelle devaient se chanter les obsèques suivies de l'absoute. Le deuil était conduit par M. Edouard Morren , docteur en sciences naturelles, chargé spécialement du cours de botanique à l'Université de Liège; M. Arthur Morren, tous deux fils du défunt; M. Félix Morren, négociant à Anvers, et Prosper Morren, notaire à Bruxelles, et son fils. M. Gachard, archiviste général du royaume, beau-frère de M. Charles Morren, était également au nombre des parents qui se trouvaient dans le cortège. Venaient ensuite M. le recteur de l'Université, M. l'administrateur de cet établissement scientifique, MM. les doyens des facultés, MM. les — 104 - professeurs, les députations des sociétés savantes, les autorités civiles, M. le lieutenant-général Fleury-Duray, commandant la 5^ division territoriale, plusieurs officiers de l'armée, les élèves de l'Université et une grande foule qui suivait avec recueillement le cercueil que portaient des anciens élèves de M. Charles Morren. Le corps des pompiers ouvrait la marche, suivi de la musique du 7rae régiment de ligne. Un détachement de l'armée formait la haie pour rendre au défunt les honneurs dus aux membres de l'Ordre Léopold. Le cercueil était recouvert de l'habit professoral civil orné des déco- rations de chevalier de l'Ordre Léopold, de l'ordre royal et militaire du Christ, de l'ordre royal de Danebrog, de la Couronne de Wurtemberg, de la Couronne de Chêne, etc., et de l'épée du défunt. La toge et la robe de professeur ornaient également le cercueil. Les coins du poëlc étaient tenus par MM. Royer, Félix Macors, Leroy et Dewalque, secré- taires des quatre facultés de l'Université. L'église Ste Véronique, entièrement tendue de noir, était remplie de monde. Après la messe et l'absoute, le cortège s'est reformé et mis en marche pour le cimetière de Roberraont, où de nouveaux discours ont dû être prononcés par M. de Cuyper, professeur à l'Université, et M. Krans, étudiant en médecine, au nom des élèves de cet établissement. La Meuse (N° du 20 décembre 18S8). DISCOURS DE M. LACORDAIRE, RECTEUR («). Messieurs, Il y a quatre ans, à quelques semaines près, l'Université apprit qu'un nouveau coup venait de la frapper. Cette fois, il ne s'agissait pas d'une victime que la mort ajoutait à toutes celles qu'elle avait déjà faites dans les rangs du corps professoral; c'était moins que cela, mais c'était plus triste encore. Une intelligence remarquable venait de s'obscurcir. Depuis lors, elle n'a plus repris son premier éclat, et vous avez maintenant sous les yeux le dernier acte d'une longue agonie intellectuelle, qui n'a jamais permis un moment d'espoir. Pour moi, s'il m'est permis de parler ici de mes sentiments personnels, je dois plus qu'un autre peut-être éprouver une vive émotion à la vue de cecerceuil. Elle me reporte à vingt ans en arrière, à l'époque où j'abor- dai pour la première fois cette terre hospitalière, devenue pour moi une seconde patrie. J'arrivais inconnu, ignorant les hommes et les choses. Ce fut Charles Morren qui m'accueillit et me servit de guide; sa main est (1) Nous reproduisons ici le discours de M. Lacordaire tel qu'il a été inséré dans les feuilles politiques de Licgc. — 105 — la première qui ait touché la mienne. Nous fûmes amis, et si notre amitié devint bientôt un nouvel exemple de la fragilité des affections humaines, c'est avec le souvenir seul de ce qu'elle était dans sa fleur, que je viens vous parler de cette vie si fatalement brisée avec le temps. Charles-François-Antoine Morren naquit à Gand le 5 mars 1807. A l'âge de trois ans à peine, il eut le malheur de perdre sa mère et fut adopté par un oncle, qui l'entoura toujours des soins les plus dévoués et qui, habitant Bruxelles, ne tarda pas à le conduire dans cette ville, où il lui fit commencer sa première éducation. Tous ceux qui ont connu Morren à cette époque s'accordent à le représenter comme un enfant d'hnmeur sérieuse, presque étranger aux jeux de ses jeunes camarades, attiré par une curiosité supérieure à celle de son âge vers tous les genres de connaissances, et doué d'aptitudes tellement variées qu'à défaut d'être ce qu'il est devenu, un naturaliste, il eut suivi avec un égal succès la carrière des arts. A l'Athénée royal de Bruxelles, où Morren passa ensuite, il ne dé- mentit pas les espérances que son enfance avait fait naître. Il existe, à cet égard, des preuves écrites émanées de ses professeurs et en particulier du vénérable M. Quetelet, secrétaire de l'Académie de Belgique, lequel n'a jamais cessé de porter le plus vif intérêt à son ancien élève. En 1825, Morren termina ses études à l'Athénée par un brillant examen passé avec la plus grande distinction et en remportant le premier prix pour les sciences physiques et mathématiques. L'année précédente il avait obtenu, dans un concours, une médaille fondée par M. Kickx, actuellement l'un des plus savants professeurs de l'Université de Gand ('). Ces succès, obtenus sur les bancs de l'école, n'étaient que le prélude de ceux qui attendaient Morren sur un plus grand théâtre. Deux ans après, en 4827, un mémoire de lui sur VOrchis latifolia était couronné par l'académie de Gand. L'année suivante, l'académie de Groningue adju- geait le prix à un autre consacré aux Polypiers fossiles de la Belgique. En 4829, Morren, alors à peine âgé de vingt-deux ans, publiait celui de de ses ouvrages qui, selon toutes les apparences, lui survivra le plus longtemps, son Anatomie du lombric terrestre, travail qui, à lui seul, suffirait pour attester son ardeur, je dirais volontiers son audace scienti- fique; car cet animal est encore aujourd'hui, sur certains points, l'un des problèmes de l'anatomie comparée, bien que plusieurs des plus habiles anatomistes de l'Europe se soient efforcés de dévoiler son organisation. Je ne puis suivre Morren dans l'énumération de ses travaux , dont le nombre, à partir de cette époque, ira toujours croissant, et je reprends l'exposé sommaire des principaux événements de sa vie. (I) La médaille de botanique que mon père obtint en 182<î lui fut décernée non par le professeur actuel de botanique à Gand, mais par M. J. Kickx, père. - 106 — Après avoir passé quelque temps eu Hollande, principalement à l'Université de Gi'oningue, il était revenu à Gand. Au milieu de l'année 1850, le gouvernement le chai'gea de donner provisoirement à l'Univer- sité les cours de géologie, de zoologie et d'anatomie, en l'absence de M. Van Breda, qui en était titulaire. Quelques mois plus tard, le collège des curateurs de l'Université l'autorisa, conjointement avec 3IM, Jaque- myns et Mareska, à former une faculté libre des sciences physiques et mathématiques. Presque en même temps il fut, en outre, chargé de l'enseignement de la physique à l'école industrielle, tâche dont il s'acquitta avec assez de succès, pour qu'en 1855 le gouvernement l'autorisât à continuer ce même cours à l'Université. C'est dans cette situation que le trouva, en 4835, la réorganisation de l'enseignement supérieur. Un arrêté royal du 5 décembre de cette année l'appela à la chaire de botanique de l'Université de Liège, en lui conférant le titre de professeur extraordinaire, qui, dix-huit mois plus tard, fut converti en celui de professeur ordinaire. A partir de ce moment, la vie de Morren ne présente plus, en dehors de ses travaux scientifiques, qu'un seul fait à signaler. Le Conseil de la province de Liège ayant, sur ses instances réitérées, émis un vœu favorable à la création d'une chaire d'économie rurale et d'agriculture, un arrêté royal du 25 mars 1842 fonda ce cours en dehors du programme de l'enseignement universitaire, et Morren en fut chargé. Ce cours ne lui a pas survécu , et les seules traces qui en restent aujourd'hui sont une collection d'instruments aratoires existant à l'Université, bien qu'ils ne lui appartiennent pas. Quelques années auparavant, en 1858, Morren avait été nommé membre effectif de l'Académie de Bruxelles, dont il était déjà membre correspondant. Ce qu'il me reste à vous dire de lui, ne concerne plus que sa carrière scientifique. Il a été, dans toute la force du terme, un auteur polygraphe. Ses ouvrages étonnent, moins par leur nombre que par la diversité des matières qu'ils embrassent. Ils justifient ce que je vous disais en com- mençant des aptitudes variées de son enfance, et sont en harmonie avec sa carrière professorale, à l'origine de laquelle vous l'avez vu enseigner presque toutes les sciences naturelles et l'une des branches les plus importantes des sciences physiques. De même, outre la botanique, qui en forme le fond, on trouve de tout dans son œuvre : géologie, paléon- tologie, anatomie comparée, zoologie, économie rurale, art vétérinaire, notices biographiques et bibliographiques, récit de voyages et jusqu'à un volume de poésies. Celte énuinération même ne suffit pas pour donner une idée complète de la dévorante activité de sa plume. Si l'on veut se rendre un compte exact de sa vie, au point de vue dont il s'agit en ce moment, il faut la partager en deux périodes, à partir de son arrivée à Liège. La première, comprenant de 1855 à 184i inclusivement, peut - 107 — s'appeler la période scientifique. Il était rare, à cette époque, que Morren parut aux séances de l'Académie de Bruxelles, dont il était un des membres les plus assidus, sans y apporter quelque travail sérieux, indépendamment des rapports dont il était souvent chargé et des écrits qu'il publiait, soit isolément, soit dans les recueils périodiques. Dans la seconde période, ses travaux prennent un autre caractère; ils ont prin- cipalement pour but la vulgarisation et les applications pratiques de la science. Ainsi, en 1845, il accepte la direction des Annales, que venait de fonder la Société royale d'horticulture de Gand ; il en a publié cinq volumes, dont le dernier a paru en 1849. En 1848, il crée un journal mensuel d'agriculture pratique, qu'il mène de front, pendant plus d'une année, avec le recueil précédent. En 1851, il ajoute à ce journal un autre, intitulé : La Belgique horticole^ paraissant également tous les mois. Non content de cela, il rédigeait vers la même époque, dans un des principaux journaux de Bruxelles, un bulletin hebdomadaire étendu, consacré plus spécialement à la floriculture. Ajoutez à cela, messieurs, quelques écrits scientifiques échappés de temps en temps à sa plume, ses devoirs universitaires, une correspondance étendue, et vous commen- cerez à vous former une idée de l'activité fiévreuse qu'il déployait (1). Tant de travaux méritaient une récompense et Morren l'avait obtenue. L'aisance était venue s'asseoir à son foyer; une grande notoriété entourait sa personne en Belgique et au dehors; il pouvait inscrire à la suite de son nom les noms de soixante sociétés savantes qui l'avaient admis dans leur sein; sur sa poitrine brillaient de nombreuses décorations, tant nationales qu'étrangères. Si tout cela constitue le bonheur, Morren pou- vait se dire heureux. Tel il était, il y a quatre ans, dans la force de l'âge, fier d'un passé qu'il ne devait qu'à lui et rêvant sans aucun doute un long avenir, lorsqu'une soudaine catastrophe abattit au niveau du sol l'édifice de sa prospérité. Peut-être devrais-je m'arrêter ici; pourtant je n'en ferai rien. Je ne crois pas manquer au respect dû à cette tombe, qui n'est pas encore fermée, en disant que, pour son malheur, Morren s'était trompé sur le but assigné par lui à sa vie. Il avait estimé plus qu'ils ne valent, tous ces biens que le sort lui avait refusés à sa naissance, et pour les ac- quérir il avait abusé d'une chose sainte, le travail; si bien qu'en voyant les efforts surhumains qu'il s'imposait sans relâche, on put prévoir un jour que chez lui les forces du corps ou celles de l'intelligence finiraient })ar être vaincues. Un germe fatal avait été déposé au fond de cette orga- nisation puissante, et ce fut l'intelligence qui succomba. Mais à quoi bon s'appesantir davantage sur ce triste sujet? C'est donc assez; que l'oubli recouvre ce qu'il doit recouvrir et qu'il ne reste près de ce cercueil qu'une affectueuse sympathie pour une si grande infortune. (1) Dès 183i-, Charles Blorren rédigeait V Horticulteur belfie, et en 1837 il collaborait au journal d'agriculture le Cultivateur. D'un autre côté, il publia depuis tSiS la Fuchsia, la Lobelia et laRemaclea, recueils d'observations exclusivement sciciitiliques. \ t. — 108 — DISCOrjRS DE M. SPRING. Messieurs, Des circonstances plus fortes que sa volonté ont empêché le savant secrétaire perpétuel de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts, de venir lui-même rendre les derniers devoirs au collègue éminenl auquel le liait une ancienne amitié. J'ai le triste honneur de prononcer à sa place, et au nom du premier corps scientifique du pays, quelques paroles de regret et de reconnaissance, en attendant qu'une voix plus éloquente et plus spécialement savante expose au sein de l'Académie même, selon l'usage, la vie et les titres scientifiques de Charles Morren. Nommé correspondant le 17 Janvier 1837, et membre titulaire le 7 mai suivant, après s'être fait un nom dans les sciences et dans l'enseignement, notre regrettable collègue occupa dans l'Académie une place large et brillante. Pendant de longues années, il ne se tenait presque aucune séance à laquelle sa dévorante activité n'ait fourni des élémens. Ses tra- vaux s'étendaient sur toutes les branches des sciences naturelles : l'ana- tomie, la physiologie et la tératologie végétales, la zoologie, la paléon- tologie, l'horticulture et l'agriculture. Partout il donnait l'impulsion, et souvent il parvint à fixer l'attention de l'Europe savante. Nos Mémoires et nos Bulletins témoigneront longtemps de cette ardeur et de cette fécondité qui lui permirent de marquer, à une époque où tant de talents supérieurs passent presque sans être aperçus. Morren était tout à l'Académie. 11 en était fier, et il en défendait les prérogatives avec une ardeur jalouse. Son patriotisme le porta à recher- cher et à proclamer les titres glorieux de ses ancêtres scientifiques, des Spiegel, des Remacle Fuchs, des Dodoëns, des de Lobcl. Et qui, dans cette Université et dans cette cité généreuse, a oublié les succès littéraires qui ont embelli sa carrière ? Avant de l'appeler à lui. Dieu a voilé cette belle intelligence. Le vide que cette mort crée dans l'Université, j'ose le dire, est plus grand encore dans l'Académie. La science pleure un de ses adeptes les plus dévoués ! DISCOURS DE BI. DE CUYPER, DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES. La Faculté des sciences, déjà si cruellement éprouvée, est appelée pour la quatrième fois, dans une courte période de deux ans à peine, à rendre les derniers devoirs à un de ses membres les plus distingués. Si, dans une humble soumission aux décrets de la Providence, nous - 109 — devons accepter ces afflictions sans murmurer, nous ne pouvons nous empêcher de pleurer ces perles si grandes et si prématurées. Bien que prévue, comme la triste fin d'une cruelle maladie qui le tenait éloigné de nous depuis plusieurs années, la mort de Charles Morren est venue réveiller ces pénibles souvenirs, et nous ne pouvons voir cette tombe nouvelle s'ouvrir aujourd'hui, sans jeter un regard affligé sur celles que nous avons fermées hier. Au moment de nous séparer d'un collègue si regretté, notre pensée se reporte vers ceux dont il a été le collaborateur et qu'il a rejoints dans un monde meilleur. Chargé du pénible devoir de retracer quelques-uns des caractères prin- cipaux de la vie scientifique de Charles Morren, il me suffirait de citer la liste de ses nombreux travaux, pour faire apprécier tout ce que la science doit à ses veilles et à sa prodigieuse activité. Mais les limites qui me sont imposées dans cette douloureuse cérémonie ne me permettent pas de reproduire ici tous les éléments qui doivent servir à fixer le jugement que la postérité portera de ses talens. On vous a dit que les succès de l'enfance, présages souvent trompeurs, ne le furent point chez Morren; il annonça de bonne heure ce qu'il devait être. Plein d'ardeur pour l'étude et doué par la nature de tous les moyens nécessaires pour réussir, ses premiers essais dans la carrière scienti- fique, furent honorés de triomphes flatteurs. Ses Mémoires de zoologie, de paléontologie et de botanique, couronnés eu 1827, 28 et 29 par les Universités de Gand et de Groningue, peuvent être placés au nombre de ses œuvres le plus méritantes; ils formèrent une brillante introduction à la dissertation dont la défense lui valut, peu de temps après, le titre de docteur en sciences naturelles. D'autres travaux, également recommandables, attirèrent l'attention sur le jeune savant, et nous le voyons, au sortir de l'Université, chargé provisoirement, en 1830, de l'enseignement de la géologie, de la zoologie et de l'analomie comparée à la faculté libre des sciences de l'Université de Gand, et, de 1851 à 4835, être appelé à y faire les cours de botanique et de physique. Dans cette courte période de quelques années, et malgré les travaux de son enseignement ; malgré la publication de nombreux mémoires de botanique, de zoologie et de paléontologie, il dirigea ses études vers les sciences médicales, et il obtint en 1834 le grade de docteur en médecine. Toutefois cette grande variété dans ses études accusait encore une certaine indécision, et il paraissait chercher la voie qu'il aurait à suivre définitivement, lorsque sa nomination, en 4835, à la chaire de botanique de l'Université de Liège, le ramena vers cette science, pour laquelle, dès son enfance, il avait toujours montré une certaine pi'édilection. A partir de cette époque, la vie de notre collègue a, pour ainsi dire, été double. Transporté d'abord dans les sphères élevées de la science — MO — pour y poursuivre la solution des problèmes les plus difficiles de la nature, il descendait ensuite dans le monde réel des applications, et cherchait à vulgariser le côté pratique de ses découvertes. Personne mieux que lui ne possédait les qualités exigées pour la belle mission qu'il s'était imposée. Peintre et savant, observateur habile et infatiguable, écrivain élégant, il a découvert, représenté et analysé souvent d'une manière heureuse les secrets les plus cachés du règne végétal, dont il aimait surtout à étudier les productions anormales ou monstrueuses. Dans la chaire universitaire, il savait embrasser d'un coup d'oeil élevé l'ensemble de la création, exposer avec netteté les caractères propres à chaque espèce, faire saisir les affinités des êtres par des considérations ingénieuses, et montrer leur harmonie d'action dans l'univers. C'est dans ses leçons que se développaient cet esprit fin et subtil qui pénétrait les desseins de la nature par les plus légers indices, cette âme empreinte de poésie qui recherchait et découvrait partout les vestiges d'une sagesse infinie et suprême. On ne pouvait parler de la science avec plus de feu, ni rendre ses idées avec plus de précision et de justesse. Les appréciations neuves et délicates où son sujet l'entraînait, devaient rencontrer des contradicteurs ; mais on se plaisait à reconnaître que, professeur ou écrivain, il forçait ses auditeurs ou ses lecteurs à penser, et c'est là une qualité assez rare. Chargé, en dehors de l'Université, de l'enseignement de l'agriculture, il tenn)érait la sécheresse des données scientifiques par des traits piquants et des anecdotes intéressantes, qui soulageaient et soutenaient l'atten- tion, en joignant l'agrément à l'utilité. Si je pouvais énumérer ici toutes les publications de notre collègue, vous ne vous étonneriez plus que sa réputation, sou savoir et ses talens l'aient rendu digue des suffrages de tant de sociétés savantes, qui se sont empressées de se l'associer. Vous reconnaîtriez comme des actes de haute justice les distinctions par lesquelles le Roi et les gouvernements étrangers ont récompensé les services qu'il a rendus. Vous comprendriez surtout les regrets que nous éprouvons de l'avoir perdu à un âge où le savant éprouvé par les succès, recommence pour ainsi dire sa vie, et apportant dans l'examen de ses œuvres antérieures, une froide expérience, un jugement plus calme, est moins touché par l'attente des approbations contemporaines que par le désir de s'assurer les suffrages de la postérité. Souvent on cherche dans la gloire le grand ressort qui fait mouvoir les hommes, et les savants ne sont pas toujours exempts de payer leur tribut à l'humanité. Mais je dois dire que si Charles 3Iorren n'était pas insensible aux distinctions qu'il avait méritées par ses travaux, s'il a quelquefois été entraîné un peu trop vivement par le désir de briller, — 111 — son ambition était loin d'avoir le caractère de personnalité qu'on lui a souvent attribué, et elle trouvait son mobile le plus puissant dans un amour ardent pour son pays. Cet amour de la patrie était vrai et sincère, et je ne crois pas pouvoir mieux terminer l'éloge de notre collègue qu'en rappelant que, pendant toute sa carrière, il n'a cessé de rechercher tout ce qui pouvait rappeler nos gloires nationales dans le domaine des sciences. Mon^en, collègue regretté, au nom de la faculté des sciences, qui déplore si amèrement ta perte, reçois notre suprême adieu ! DISCOURS DE BI. KRANS , Chef de clinique à Vhôpital de Bavière, ancien élève de M. Morren. Messieurs, S'il appartient à tout le monde de regretter la perte de ces hommes dont les œuvres ont élargi le cercle des connaissances humaines, un doux et pieux devoir appelle surtout ceux qui ont recueilli les fruits de leurs travaux, à déposer sur le bord de leur tombe, le tribut de la reconnaissance et de l'admiration. Qu'il me soit permis, au nom des élèves de la faculté des sciences et de ses anciens disciples, d'ajouter, en ce triste et solennel moment, quelques paroles sympathiques aux voix éloquentes qui viennent de retracer la brillante carrière de l'éminent professeur que nous pleurons. Combien de fois, en effet, nous avons pu apprécier son zèle infati- guable, son dévoûment, l'exquise aménité de son caractère, avec quelle bienveillance expansive il savait captiver l'affection de ses élèves et s'en faire autant d'amis! Aucun de nous ne perdra le souvenir de ces excursions scientifiques, où ce savant maître dévoilait à nos veux les beautés de la nature, nous initiait à ses lois et faisait passer dans notre âme l'enthousiasme qui l'animait au spectacle de tant de merveilles. Hélas! pourquoi faut-il que cette puissance irrésistible qui attache avec tant d'ardeur ces intelligences d'élite à leurs travaux, les entraîne si souvent au-delà des bornes assignées à la nature, et brise ainsi, par une mort prématurée , une existence sur laquelle la science pouvait encore fonder tant d'espoir. Mais, ô bien-aimé professeur ! s'il est un adoucissement à l'amertume de notre séparation, il se trouve dans la pensée que vos vertus vous auront préparé, dans des régions plus sereines, des destinées meilleures et plus dignes de vous! Adieu, cher et regretté professeur, adieu ! — 112 — CULTURE MARAICHERE. LES COURGES; LEURS ESPECES ET LEURS VARIETES (I), Par m. Nal'din. Les plantes les plus habituellement cultivées ne sont pas toujours les mieux connues; il semble même, du moins pour celles de quelques gen- res, que la confusion des espèces et des variétés s'est accrue précisément (1) Nous avions remarqué l'intéressant mémoire sur les Courges, publié par M. Naudin dans les Aniiales des sciences naliirellen, et nous nous proposions de l'analyser dans la Belgùpie horticole; mais l'excellent article sur la même sujet, que M. Naudin a écrit lui-même dans la Flore des Serres de M. Van Iloutte, et que nous reproduisons ci-dessus, est précisément destiné à faire connaître aux amateurs la nature et les limites des variations de forme chez le fruit de ces Cucurbitacés. — 115 — en raison de l'extension de leur culture et du soin qu'on a pris de les multiplier. Sans parler ici des ignames, des Cotonniers, des Bananiers et de bien d'autres genres de plantes étrangers aux cultures de l'Europe, personne n'ignore dans quel chaos sont tombés les Rosiers, les Fraisiers, les Melons, la plupart de nos arbres fruitiers et enfin les Courges, qui comptent pai^ni nos légumes les plus vulgaires et dont les étonnantes variations ont dérouté la plupart de nos botanistes. Cependant, au-dessous de ces perpétuelles modifications de formes et d'apparences, la vérité botanique existe, et il est probable que si on la cherchait sérieusement à l'aide d'expériences réitérées, on finirait par la dégager des erreurs qui l'obscurcissent. C'est ce que nous avons essayé de faire pour le genre des Courges et, pensons-nous, avec quelque succès. Les lecteurs vont en juger à la lecture de cette note que nous extrayons du mémoire plus étendu que nous avons publié au commencement de l'année 1857, dans les Annales des sciences naturelles. Ce qui frappe tout d'abord ceux qui s'adonnent à la culture des Courges, soit comestibles, soit de simple agrément, c'est le peu de stabilité de la forme, du volume, de la couleur et de la qualité de leurs fruits, lorsque, UELG. nOIlT. TOM. IX. 9 — H4 — dans les années précédentes, on n'a pas pris la peine d'isoler les diffé- rentes variétés les unes des autres. Tous les jardiniers en ont fait la remarque; ces plantes pour nous servir de leur expression, jouent les unes avec les autres avec une incroyable facilité. D'un autre côté, elles donnent, même spontanément, des variétés tellement dissemblables entre elles, qu'on a peine à les concevoir issues d'une même forme primor- diale. Il arrive aussi que les variétés d'espèces différentes peuvent sembler si voisines les unes des autres qu'on n'hésite pas à les réunir sous une même dénomination spécifique. Si l'on ajoute à cela que l'espace considé- rable que les Courges occupent sur le terrain, est ordinairement un obstacle à ce que l'on en cultive un certain nombre à la lois dans le but de les observer comparativement, on n'aura pas de peine à comprendre les divergences d'opinions des botanistes, dont les uns n'admettent qu'une seule espèce dans le genre Cucurbita, tandis que d'autres en comptent une trentaine ou davantage. Quelques-uns même ne sont pas éloignés de voir dans toutes ces plantes un magma confus d'hybrides de tous les degrés, où les types spécifiques naturels ont depuis longtemps et à tout jamais perdu les caractères qui pourraient les faire reconnaître. Nous espérons démontrer que ces trois opinions sont également fausses; que les courges cultivées depuis deux siècles en Europe et dans toutes les contrées chaudes ou tempérées de la terre, ne forment que trois cs])èces; que ces espèces, si variables qu'elles soient, sont toujours par- faitement reconnaissables; enfin qu'il n'existe et n'existera probablement jamais aucun hybride entre elles. Un court résumé des travaux mono- graphiques, dont les courges ont été l'objet depuis Linné, fera comprendre combien il était urgent de mettre de l'ordre dans un sujet où la confusion allait croissant d'année en année. Pour y parvenir, nous avons, avec l'aide de M. Decaisne, réuni aux Muséum tout ce que nous avons pu nous procurer de Cucurbitacées vivantes, par l'intermédiaire des marchands grainiers, des voyageurs, des jardins botaniques et des sociétés d'horti- culture. Trois ans d'observations comparatives et d'expériences suivies, sur au moins douze cents échantillons vivants, nous ont mis à même d'asseoir une opinion que nous croyons devoir être définitive. En 17G2, à l'époque où il achevait son Species plantarum, Linné décrivait cinq espèces de courges, sous les noms de Cucurbita Pepo, C. Melopepo, C. verrucosa, C. Lagenaria et C. CitruUus, dont les deux dernières ont été, après lui, détachées du genre. Quant aux trois autres, le C. Pepo était un amalgame de deux et peut-être de trois espè- ces; et les C. Melopepo et verrucosa de simples variétés de l'une des espèces confondues sous le nom de Pepo ; en somme, le grand botaniste suédois méconnut complètement les espèces alors cultivées du genre. Vers la même époque, un liabilc expérimentateur, Kœlreuter, qui s'est fait par sa théorie de l'hybridation, une réputation que personne n'a encore égalée dans ce genre de recherches, Kœlreuter, disons-nous, — 115 — ayant croise ensemble deux variétés très-différentes de courges, proba- blement une citrouille par une coloquinte ou quelque autre variété analogue, et en ayant obtenu des graines fertiles, conclut d'une manière trop générale, que toutes les courges ne formaient qu'une seule espèce. Il eût dit vrai s'il se fût borné à rattacher au même type spécifique les deux plantes sur lesquelles avait porté son expérience. Des essais plus multipliés d'hybridation lui eussent probablement fait reconnaître son erreur. Willdenow, qui vint peu après, admit les espèces de Linné, auxquel- les il en ajouta deux autres, les C. sicbverritcosa et aiirantia, qui n'étaient encore que des variétés d'une des espèces jusque là confondues sous le nom de C. Pepo. Son travail ne fit donc qu'accroître le désordre au lieu de le diminuer. Il était réservé à un botaniste français, Duchesne, de porter enfin la lumière dans le chaos toujours croissant des espèces et des variétés de courges. Duchesne n'était sans doute pas très versé en botanique, mais il savait observer. Il jugea avec raison qu'il fallait faire table rase des idées régnantes et procéder par voie d'expérimentation. Ses recherches, patiemment conduites pendant plusieurs années, l'amenèrent à recon- naître dans le prétendu C. Pepo au moins deux espèces, l'une, qui est notre potiron proprement dit et dont il fit le C. maxima, l'autre extrê- mement polymorphe, à laquelle il conserva le nom de C. Pepo, mais qu'il divise en deux groupes subspécifiques, le C. Pepo polyniorpha ou Pépon, auquel il rattacha les prétendues espèces décrites par Linné et Willdenow, sous les noms de C. Melopepo, verrucosa, subverrucosa, ovifera et aiirantia et le C. Pepo moschata ou Melonée, subdivisé aussi en un certain nombre de variétés. Il est à regretter qu'il n'ait pas dès le principe séparé cette dernière forme du groupe des Pépons, pour en faire une espèce totalement distincte. Malgré les belles expériences de Duchesne, les botanistes continuèrent à confondre, comme par le passé, les espèces et les variétés du genre Cu- curbita. Dans sa collaboration au Prodrome de De Candollc, M. Seringe, à qui était échue la monographie des Cucurbitacées, tout en acceptant les C. maxhna et Pepo de Duchesne, et en élevant au rang d'espèce distincte le C. Pepo moschata de ce dernier, n'en continua pas moins à considérer comme de vraies espèces les C. 3Ielopepo, verrucosa, subverrucosa, ovi- fera et aurantia, que Duchesne avait explicitement déclarées n'être que des variétés de son C. Pepo polymorpha. Un auteur allemand, Melzgcr, qui, bien des années après, reprit le même sujet, fut encore moins heu- reux : revenant à l'idée de Kœlreutcr, il réunit toutes les courges connues en une seule espèce, le C. Pepo, qu'il subdivisa arbitrairement en neuf sous-espèces. Mais bientôt Rœmer répond à cette exagération par une autre exagération en sens contraire ; là où Mctzger ne voit qu'une seule espèce, il trouve moyen d'en créer vingt-cinq, qu'il distribue en trois — H6 — sous-genres ne répondant pas du tout aux trois espèces si clairement indiquées par Duchesne; chacun d'eux n'est qu'un pêle-mêle de variétés appartenant aux trois espèces, dont les caractères propres sont totalement méconnus. En 4847, M. Seringe reprit, dans sa Flore des jardins et des grajides cultures, le sujet si controversé des courges, dont il réduisit les espèces à une vingtaine. Enfin, comme pour mettre le comble à la confusion, divers botanistes se méprenant même sur les caractères génériques des courges, élevèrent à la dignité de genres de simples variétés dont ils ne surent pas reconnaître l'espèce. Dans l'état actuel des choses, on ne connaît avec certitude que six espèces dans le genre Cucurbita, savoir les C. maxima, Pepo, moschata, melanosperma, perennis et digitata. Les cinq premières sont cultivées dans nos jardins, la sixième indigène de l'Amérique septentrionale, ne nous est connue que par une courte description de M. Asa Gray et ne paraît pas avoir encore été introduite vivante en Europe. Les C. mela- nosperma et perennis sont d'introduction comparativement récente et ne sont appliquées à aucun usage domestique. Les trois autres, qui sont alimentaires, datent de plus loin, quoiqu'on ne puisse fixer exactement l'époque de leur introduction, on peut supposer, avec grande vraisem- blance, qu'elle remonte environ à deux siècles. Il n'existe non plus au- cune donnée positive sur leur patrie première; on ne peut guère douter cependant qu'elles ne soient originaires de contrées équatoriales ou au moins tropicales. Nous hésitons entre le Soudan et l'Inde; peut-être étaient-elles communes à ces deux vastes régions, comme le sont d'ailleurs beaucoup d'autres plantes de la même famille. Ces trois espèces sont excessivement polymorphes, ce qui semble an- noncer que leur culture était déjà ancienne lorsqu'elles ont été apportées en Europe. Ce qui ajoute une nouvelle présomption à cette hypothèse, c'est qu'on ne les connaît nulle part à l'état sauvage. En revanche elles se sont en quelque sorte naturalisées dans tous les climats chauds et tempérés, car on les trouve aujourd'hui chez tous les peuples, même barbares, qui s'adonnent à la culture. Elles ne manquent que là où le climat trop froid leur est décidément contraire. Cette quasi universalité de culture annonce assez qu'elles remplissent un rôle considérable dans l'alimentation des peuples, et à ce titre elles méritent que nous consa- crions ici quelques détails à leurs caractères spécifiques et à ceux de leurs variétés, dont quelques-unes ont, au double point de vue botanique et économique, une importance presque égale à celle de véritables espèces. Irc ESPÈCE. Le Potiron (C. maxima Duch. — C. Pepo var. a, Linné etc.) Plante annuelle, à tiges fortes, longues, suivant les variétés, de 1 à 6 mètres, obscurément anguleuses, émettant des racines au-dessous de leurs — 117 — nœuds; à feuilles réniformes ou réniformes-obcordées dont les 5 lobes sont arrondis, peu prononcés et les sinus ou angles rentrants à peu près nuls, d'un vert un peu clair, scabres ainsi que les pétioles, mais jamais armées de poils spinulescents. Fleurs mâles à tube cal5'cinal obconiquc ou presque campaniforme, jamais rétréci au-dessous des 5 dents qui sont le plus souvent grêles, linéaires et quelquefois filiformes, très-rarement foliacées à leur sommet. Fruits variant de la taille d'une noix de coco à celle d'une sphère aplatie de O^jGO à 0™,70 de diamètre transversal et quelquefois plus, généralement déprimés de l'avant à l'arrière, lisses ou réticulés, avec ou sans côtes, unicolores ou marbrés de blanc, de gris, de vert clair, de jaune, de rouge plus ou moins vif ou de vert noirâtre. Dans cette espèce, le pédoncule, très-caractéristique, est généralement gros, subéreux ou crevassé à l'extérieur, cylindrique ou obconlque, quel- quefois strié ou faiblement cannelé longitudinalement, jamais relevé de côtes saillantes, comme cela a lieu dans les Pépons. La chair est épaisse, d'un beau jaune orangé, plus rarement d'un jaune pâle ou rosé, presque sans filandres. Les placentas sont pâteux, peu déliquescents et retiennent plus ou moins les graines, surtout dans les petites variétés où ils remplis- sent toute la cavité du fruit. Les graines, d'un bel ovale et presque tou- jours marginées, varient du blanc pur au bistre foncé. Nous divisons les Potirons en deux groupes, ceux dont les carpelles, en partie libres, font une saillie plus ou moins considérable au-dessus de ce qu'on appelle vulgairement le tube du calice, ce sont les Turbans ou Potirons couronnés; et ceux chez lesquels les carpelles sont entière- ment ou presque entièrement enfermés dans ce même tube du calyce, ce sont les Potirons simples ou sans couronne. Au premier groupe appartiennent toutes les variétés connues dans les jardins sous les noms de Turbans, de Giraumons Turbans et Bonnets turcs, dont la principale sous-variété est le Grand Turban, de couleur rouge ou rouge orangé vif. C'est une courge généralement très déprimée, presque disciforme et qui, sans cette particularité, serait de première grandeur. La chair en est fort estimée. Une autre .'-ous-variété un peu moins commune, du moins aux environs de Paris, est le Turban vert, qui ne diffère du précédent que par la couleur de la peau. Puis viennent d'autres sous-variétés plus petites, presque sans importance et qui, pour ce fait, sont peu cultivées. Quelques personnes considèrent le groupe des Potirons couronnés comme une espèce distincte des Polirons ordinaires, mais c'est une erreur, comme le prouve leur retour fréquent à la forme de ces derniers, surtout lorsqu'ils ont été croisés avec eux. Ajoutons, pour achever ce que nous avions à en dire, que c'est improprement qu'on leur donne le nom de Giraumon, qui doit être réservé à l'espèce du C. Pepo. Le deuxième groupe de Potirons, celui dans lequel les carpelles ne saillent pas au-dessus du tube calycinal, contient un bien plus grand — H8 — nombre de variétés. Pour ne pas donner trop d'étendue à celte note, nous nous bornerons à citer les plus connus ou les plus remarquables ; ce sont : 1° Le petit Potiron plat, de moyenne grandeur (50 à 55 centimètres de diamètre transversal, très déprimé et présentant autour de l'œil, ou vestige du stigmate, une petite couronne de quelques centimètres de large. Cette sous-variété se montre fréquemment sur les marchés de Paris. 2" Le Potiron ou Courge marron, plus petit que le précédent, moins déprimé et d'un rouge vif. C'est une bonne variété, mais qui n'est pas fréquemment cultivée, à cause de la faiblesse de son volume. 3° Le Potiron maraîcher ou jaune gros de Hollande, qu'on pourrait appeler le Roi des Potirons, à cause de l'énorme grosseur qu'il peut acquérir dans un sol fertile et par une bonne culture. On en cite de loin en loin qui ont jusqu'à 5 mètres de tour. Comme la plupart des Potirons, il est fortement déprimé à côtes plates et peu saillantes, à peau d'un jaune pâle ou plutôt rosée et ordinairement couverte de fines réticula- tions. Cette excellente variété est la plus généralement cultivée à Paris, où les marchés en sont abondamment pourvus pendant plusieurs mois de l'année. Nous en rapprochons, comme sous-yaviété, \c gros Potiron gris, qui l'égale pour la taille et la qualité et qui n'en diffère, pour ainsi dire, que par la teinte grise, ou grise-verdàtre de sa peau. 4° Le Potiron de Corfou, presque aussi grand que le maraîcher, mais plus sphérique, d'un gris ardoise à l'extérieur et dont les graines, fort grandes et très-épaisses, sont bistrées sur les deux faces, avec un liseré blanc sur le contour. C'est une belle et excellente variété. 5° Le grand potiron blanc de Naples, dont quelques sous-variétés arrivent à la taille du Potiron maraîcher. Il est uniformément blanc à l'extérieur, avec ou sans côtes, tantôt très lisse et luisant, tantôt finement réticulé. La chair en est jaune pâle ou légèrement rosée, épaisse, sucrée et remai'quablement riche en fécule. A notre avis, c'est un des meilleurs Potirons, peut être le meilleur de tous, lorsque la race en est pure. 3Ialgré ces avantages il paraît peu cultivé par les maraîchers parisiens. 6° Le Potiron pain du pauvre, de moyenne taille, déprimé, d'un brun foncé à l'extérieur, lisse, présentant fréquemment de larges et profondes fissures dirigées irrégulièrement, ce qui nous paraît provenir de ce qu'il est entouré d'une coque épaisse, semi-ligneuse et assez dure que l'accroissement du fruit fait éclater. La chair en est très belle et très estimée; cependant il ne nous a pas paru supérieur aux précédents. 7" Le Potiron de Farina, variété introduite, il y a quelques années, du Brésil, par un voyageur italien du nom de Farina. Elle se dislingue à ses fruits, qui sont ovoïdes, toujours petits (de 20 à 2,') centiujètrcs de long), lisses, presque noirs à l'extérieur, avec quelques bariolurfs blan- ches. Ce fruit est entièi'cment plein; la chair en est jaune et nous la — H9 - trouvons assez médiocre; aussi n'en parlons nous ici qu'à cause de sa singularité, qui pourrait, au premier abord, le faire prendre pour une espèce distincte du Potiron commun. Il se croise facilement avec lui comme avec les Turbans, ce qui l'abâtardit et lui fait perdre tous ses caractères dès la première génération. Ses graines sont épaisses, presque rondes et d'une couleur bistre très foncée, avec un liseré blanc qui, ici, tient lieu de la margination ordinaire. 8" Le Potiron ou Courge de l'Ohio, variété ovoïde, plus ou moins pointue à sa partie antérieure, tantôt brune, tantôt blanche, et dégéné- rant avec une grande facilité. Elle nous a paru très délicate, surtout la variété blanche, qui est de moyenne grosseur. 9° Le Potiron ou Courge de Valparaiso, à fruit moyen ou petit, généralement obovoïde, un peu allongé; blanc rosé à l'intérieur et réti- culé comme le Potiron maraîcher. La chair en est jaune, très fine, sucrée et légèrement musquée. Les graines en sont d'un jaune prononcé, dans la variété non dégénérée. Cette liste ne contient que la moindre partie des variétés issues de Cucurbita maxima; nous ne citons ici que les plus classiques dans nos pays. Il en existe une multitude d'autres, dont le plus grand nombre même ne nous est pas connu, mais qu'on rattachera toujours facilement au type de l'espèce, en tenant compte des caractères que nous avons signalés plus haut. Toutes ces variétés sont le résultat de cultures local'js, et ne se conservent à peu près identiques avec elles-mêmes que lorsqu'on a soin de tenir les plantes isolées pour éviter les croisements, ou qu'on prend la peine de les féconder artificiellement avec leur pi'opre pollen. Faute de cette précaution, toutes dégénèrent en très peu d'années et deviennent tout à fait méconnaissables. 2e ESPÈCE. Le Pbpon ou Citrouille (C. Pepo yolymorpha, Duch. — C. Pcpo, var. h. Li.nn., etc.) Plante annuelle, à tiges généralement anguleuses, souvent même cannelées radicantes sous les nœuds, à feuilles plus ou moins profondé- ment lobées, souvent marbrées de blanc, d'un vert plus foncé que celle de l'espèce précédente, avec des sinus aigus et les nervures hérissées, ainsi que les pétioles et les tiges, de gros poils coniques, raidcs cl piquants. Dans quelques variétés, la tige, au lieu de ramper sur le sol, reste courte et s'élève verticalement, sans se ramifier, jusqu'à ce que le poids des fruits la force à s'incliner; dans ce cas, les feuilles pressées et formant une large touffe arrondie, sont plus longuement pétiolécs que dans les variétés coureuses. Les fleurs mâles, portées sur des pédoncules prismatiques, ont leur calice campanule, à cinq angles, mousses et toujours uu peu resserrés au-dessous de l'origine des dents, qui sont subulces et jamais foliacées. Les fruits, variables à l'infini \^o\\v la forme, — 120 — la grosseur, la consistance et les qualités de la chair, sont tantôt allongés, cylindriques, prismatiques, obovoïdes, droits ou contournés, tantôt courts et ramassés, sphériques, déprimés de l'avant à l'arrière, quelque- fois tout à fait disciformes, jamais réticulés, mais très fréquemment ornés de galles ou d'excroissances de formes variées. Leur coloration est souvent uniforme, blanche, verte, jaune ou orangée; plus souvent encore elle se compose de marbrures ou de bariolures de teintes différentes. Le pédoncule, très caractéristique aussi, relativement à celui des Potirons, est toujours prismatique, à cinq angles mousses, qui deviennent, dans beaucoup de cas, des côtes saillantes et fortement accusées, qui semblent se continuer sur une partie plus ou moins grande du fruit. La chair plus ou moins épaisse, jaune ou orangée dans un grand nombre de variétés, plus ou moins décolorée dans d'autres, est toujours formée de grosses filandres concentriques dirigées transversalement; les placentas sont peu développés et très déliquescents sous la pression des doigts, aussi aban- donnent-ils leurs graines avec la plus grande facilité. Ces dernières, assez fortement marginées, sont toujours d'un blanc sale uniforme, mais varient considérablement de taille d'une variété à une autre. La Courge Pépon est certainement une des plantes les plus polymor- phes du règne végétal, et, sous ce rapport, elle ne peut se comparer ([u'au Melon, dans la famille à laquelle elle appartient. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que les botanistes et les horliculteurs l'aient scmdée en une quarantaine d'espèces, toutes désignées par des noms différents. S'ils eussent été à même d'observer le peu de stabilité de la plupart de ces prétendues espèces, ils n'eussent probablement pas hésité, plus que ne l'a fait Duchcsne, et que nous ne l'avons fait nous-mêmes, h les réunir toutes sous une dénomination spécifique commune. {La suite à la p7'ochaine livraison.) ^t£h. i^Se^sywnf ^T'u^c^ Aesculus califbrniea iNuU. ou niaiTonnier do calitbrnie. - 121 — ARBORICULTURE. NOTICE SUR VjESCULUS CALIFORNICA Nott. , OU MARRON- NIER DE CALIFORNIE. FAMILLE DES HIPFOCASTANÉES. HEPTANDRIE MONOGYNIE. (Figuré planche VIII). Marronnier (Section de Pavias) de Ca- lifornie-^ étamines plus longues que la corolle; quatre pétales, obovés, briève- ment onguiculés à peu près égaux, étalés; calice tùbuleux bilabié; ihyrse multi- flore compacte; folioles au nombre de b, ovales lancéolées plus étroites à la base, arrondies, dentées, glabres, plus pâles en dessous. ^scuLUS (§ Pavia) Californica; stami- nibus corolla longioribus, petalis 4^, obo- vatis brevi-unguiculatis subœqualibus patenlibus, cal) ce tubuloso biiabiato, thyrso multifloro compacto, foliolis S ovalo-lanceolatis basi subangustalis ro- tundatis argute serratis glabris subtus pallidioribus. jflsculus Californica Nutt., BIS., Torr. et Gray, fi. of /V. Am. v. I , p. 231. Nutt. Si/lva, v. 2 , p. 69, t. 7i. Newberry in WilLiamson's Route to Calif. and. Orerjon, 18oS; Bot., p, 20, f. 1, Bot. lUag., t. 5077. Calothyrsus calyfornica Spach. in Aim. Se. nat. La Marronnier de Californie a probablement été découvert pour la première fois par Nutlall, et les docteurs Torrey et Gray ont adopté le nom que le premier de ces savants lui avait laissé dans ses manuscrits. M3I. Veitch, d'Exeter et Chelsea, en ayant reçu des graines, les jeunes arbres qui en sont issus, ont porté pour la première fois leurs belles grappes florales en juillet 1858. M. Newberry l'a trouvé abondamment dans la vallée du Sacramento, et M. Bridger l'a envoyé à Sir W. Hooker des mêmes contrées. On le décrit comme son arbre bas et large; l'exem- plaire le plus grand que M. Newberry ait rencontré, n'avait pas plus de vingt pieds de hauteur. Il a le mérite de fleurir très jeune et il est digne d'admiration à cause de la compacité des grappes que l'on dit roses dans leur patrie, mais qui sont restées blanches en Angleterre. Tout semble permettre de croire qu'il est rustique sous le climat de l'Angleterre, et nous pouvons par conséquent espérer que cette espèce contribuera à orner nos jardins de Belgique et de France. Mais il n'est pas douteux que dans le midi de cet empire, il ne prospère convenable- ment et ne soit recherché pour la beauté de ses fleurs et leur longue durée. Le bois est tendre, blanc et fragile, comme celui des autres espèces du même genre. Ces divers renseignements nous sont fournis par le Botanicul Ma- (jazine. Figures analytiques : i. Inflorescence. — 2. Rameau gemmifère et fouillé. — 3. Etamine. — 4. Pistil et disque bypogync. — S. Calice et pistil. — 122 — LE POIRIER EN BELGIQUE. Par M. Royer. Suite : Voyez page 91. Beurré Kennes (Bivort). — Fruit moyen, turbine pyriforme; peau très- colorée de rouge foncé d'un côté, et vert bronzé de l'autre, tiquetée de gris et brun noir. Il jaunit à l'époque de la maturité, qui commence dès les premiers jours d'octobre et se prolonge jusqu'à la fin. L'arbre est d'une fertilité des plus remarquables, il présente un très-bel aspect par le coloris foncé de ses fruits qui tranche agréablement sur son feuillage abondant. La chair est abondante, demi-beurrée; très-juteuse, sucrée et parfumée. Le beurré Kennes se prête également à toutes les formes, et on peut aussi le cultiver sur franc et sur coignassier. Beurré Duval (Duval). — Fruit gros, pyriforme allongé ou pyramidal; peau lisse, vert clair, passant au jaune pâle à la maturité, colorée de rouge du côté du soleil, et ponctuée de brun et de fauve; chair blanc- jaunâtre, très-fine, fondante et beurrée; eau abondante, sucrée et par- fumée. L'arbre, vigoureux et fertile, se comporte bien sur franc comme sur coignassier. Nous l'avons essayé dans des terrains très-variés, sans remarquer aucune différence dans le mérite du fruit. Nous n'oserions aflirmer d'une manière certaine qu'on puisse le cultiver en haut-vent dans les vergers, mais nous pensons qu'on peut le tenter avec chance de succès. Siirpasse-Meuris (Van Mous); syn. Ferdinand De Meester. — Fruit gros, souvent très-gros; turbiné et arrondi en forme de doyenné; la peau est rude, presque entièrement couverte de gris de rouille, et passant au roux doré à l'époque de la maturité, qui arrive dans la première quinzaine d'octobre. La chair est blanc-jaunâtre, demi-fine, fondante; son eau est très-abondante, sucrée et relevée d'un parfum délicieux. L'arbre est vigoureux, fertile et se comporte également bien sur franc et sur coignassier. Nous ne l'avons pas encore essayé en haut-vent; nous ne pouvons donc encore conseiller sa culture autrement qu'en pyramide ou en fuseau. Les trois variétés suivantes ont été obtenues dans les semis de la Société Van Mons; elles ont été dégustées en 48o4 et 18o5, et adoptées enfin pour la culture des vergers par la commission de pomologie, qui, outre le mérite réel des fruits, a constaté la fertilité, la vigueur et la rusticité des arbres. Conformément aux statuts de la Société et par suite d'un tirage au sort, elles ont été dédiées chacune à un des membres fonda- teurs, dont elles portent aujourd'hui le nom. Séraphine Ovyn. — Fruit moyen, arrondi, turbiné; peau lisse, vert clair, panachée de rouge foncé du côté des rayons solaires, maculée de brun roux, ponctuée de gris, et prenant une Icinlc dorée à la maturité; — 123 — chair blanc-jaunâtre, fondante, beurrée; eau très-abondante, sucrée, vineuse, d'un parfum des plus agréables; mûrit vers la mi-octobre. Poire Tliooris. — Fruit moyen ou petit, parfois ovoïde, parfois ar- rondi ; peau jaune clair à la maturité, maculée et panachée de roux clair, colorée de rouge brun du côté du soleil; chair blanc-jaunâtre, demi-fine, fondante; eau abondante, sucrée et fortement parfumée, mûrit dans les premiers jours d'octobre. Adélaïde de Rêves. — Fruit assez gros, arrondi en forme de berga- motte, un peu turbiné; peau vert clair, passant ensuite au jaune citron, panachée de roux brun, ponctuée de fauve et maculée de brun ; chair blanche, demi fine, fondante ; eau abondante, sucrée, vineuse, bien par- fumée; mûrit dans la seconde moitié du mois d'octobre. Charles Fréderix (van Mons). — Fruit moyen, pyriforme oblong; peau lisse, vert clair, ponctuée de gris, ombrée de même, légèrement colorée du côté du soleil, et jaunissant beaucoup à la maturité; chair blanche, fine, fondante; eau abondante, sucrée, vineuse, agréablement parfumée. L'arbre, vigoureux et fertile, peut se cultiver sous les diverses formes en usage, sur coignassier ou sur franc; il mûrit son fruit vers la mi- octobre. Poire ananas; syn. Ananas d'été. — Cette variété nous est venue de France. Elle est de grosseur moyenne; forme turbinée; peau rude à fond vert, finement ponctuée de brun roux, ombrée de même couleur, et ma- culée de rouge du côté du soleil; chair blanche, demi-fine, fondante, beurrée; eau abondante, très-sucrée et musquée dans le genre du Rous- selet, auquel nous la trouvons d'ailleurs bien supérieure. L'arbre est d'une vigueur moyenne et charge énormément. Ne l'ayant pas essayé en haut-vent, nous ignorons si l'on peut le cultiver sous cette forme. On peut le greffer sur coignassier, mais il convient mieux sur franc. Le fruit mûrit du 15 au 50 octobre. Beurré Cullem (van Mons); syn. Louis Bosc. — Le nom primitif de ce fruit, que nous lui restituons ici, avait été changé en France, ainsi que cela est souvent arrivé pour les semis de Van Mons. Le Beurré Cullem est une poire presque moyenne, arrondie, un peu turbinée. La peau est fortement colorée de rouge du côté du soleil, de roux brun du côté de l'ombre. La chair est blanche, fine, abondante; l'eau abondante, sucrée, relevée d'un excellent parfum. L'arbre est d'une vigueur moyenne. Nous ne l'avons cultivé qu'en fuseau sur coignassier, mais il est probable qu'on pourrait l'élever sur franc en haut-vent, il charge beaucoup et porte généralement ses fruits par trocliets de quatre à cinq poires. La maturité arrive dans la dernière quinzaine d'octobre et se [)rolonge en novembre. Beurré Capiaumont ; syn. B. Aurore (Capiaumont). — Ce fruit a été gagné dans la période du siècle dernier pendant laquelle les horticulteurs du Hainaut donnèrent les premiers exemples de semis du poirier en vue — 124 — de son amélioration. Le Capiauraont est donc Irès-connu en Belgique, et même à l'étranger. Fruit moyen ou petit, pyriforme, conique ; peau dont le fond est vert clair, mais presqu'entièrement recouverte de roux et légèrement teintée de rouge du côté du soleil ; chair blanche, fine, fon- dante; eau suffisante, sucrée et d'un goût agréable. C'est un arbre de vigueur moyenne et d'une fertilité reconnue. Il se prête à toutes les formes, et se greffe sur coignassier, mais mieux sur franc. Son fruit mûrit vers la mi-octobre. Nous ne reviendrons pas sur le Beurrée Bosc que nous avons indiqué au début de cette nomenclature. Poire Duchesse Hélène d'Orléans (Bivort). — Fruit assez gros, pyri- forme turbiné ou ovoïde; peau vert clair, marbrée et ponctuée de gris roux, légèrement colorée de rouge et jaunissant peu à la maturité ; chair fine et fondante; eau abondante, sucrée et d'un parfum très-agréable. Cette excellente poire mûrit vers la mi-octobre, et nous ne lui trouvons d'autre défaut que de passer un peu vite. L'arbre est des plus vigoureux; son bois solide le désigne pour la culture en haut-vent, cependant, nous le possédons en fuseau sur coignassier, et, sous cette forme, nous n'avons qu'à nous en louer. Les poires anciennes de ce mois sont, en général, très-inférieures aux variétés modernes dont nous venons de faire l'énumération. C'est à peine, et non sans hésitation, que nous en mentionnerons quatre pour la grande culture. Bezi de la Motte. — C'est une poire d'origine française et très-an- cienne, assez grosse, arrondie et ressemblant alors à une crassane, parfois turbinée; peau verte, très-ponctuée ou picotée de gris, prenant une légère teinte de jaune à la maturité; chair très-blanche, fondante; eau suffisante, douce, sucrée, mais sans parfum. L'arbre est vigoureux et convient surtout pour haut-vent; il charge beaucoup, porte ses fruits par trochcts, et nous avons vu souvent des branches se rompre sous le poids de ses fruits. La maturité arrive à la fin d'octobre. Jalousie, que nous désignons sous le nom de Duhamel, pour la distin- guer de la Jalousie de Fontenai, arbre beaucoup plus délicat. — On ren- contre souvent cette poire dans les vergers de nos provinces wallonnes, sous le nom local de Poire de Pucelle. C'est une poire d'une belle gros- seur moyenne, pyriforme, un peu allongée; peau couleur noisette, se modifiant fort peu à la maturité; chair beurrée; eau abondante, sucrée, relevée lorsque le fruit cueilli à temps accomplit sa maturité au fruitier; récolté trop tard, il mollit si vite, que l'on n'a pas le temps d'en tirer parti. L'arbre ne convient que sur franc et pour le haut-vent. Do])enné; syn. Beurré blanc, St-Michel, bonne Ente. — Avant les conquêtes de la pomologie moderne, le Doyenné, et surtout sa sous-va- riété dite Saint-3Iichel crotté, passait pour la meilleure poire d'automne après le Beurré gris. Certains amateurs la classaient même au-dessus de — 125 - celui-ci. Son fruit est moyen, arrondi, un peu turbiné, forme qui est devenue le type d'une catégorie de poires; peau verte, passant au jaune d'or en mûrissant, vers la fin d'octobre. Le Saint Michel crotté est en outre taché ou maculé de brun noirâtre. Sa chair est blanche, très-fine, fondante et beurrée ; son eau est abondante, sucrée et parfumée. L'arbre se greffe de préférence sur franc, et se charge de beaucoup de fruits. On le trouve parfois dans les vergers de la province de Liège. Le principal défaut du Doyenné est de passer assez vite. Doyenné gris-roux. — Fruit de la même famille et de la même forme que le précédent, dont il diffère par le coloris, par une maturité plus tardive et une conservation plus longue. La peau de ce Doyenné, après comme avant la maturité, est invariablement d'un roux très-intense et uniforme. La qualité de sa chair ne diffère pas sensiblement de celle du Doyenné blanc, mais il mûrit plus lentement, et l'on en garde jusqu'à la rai-novembre. Nous ne possédons le Doyenné gris-roux que sur coignassier en fuseau, et nous avons remarqué que sa végétation est peu vigoureuse, comparée à celle de l'autre Doyenné, placé dans le même jardin et dans des conditions identiques. Nous devons conclure de ce fait que l'arbre dont nous nous occupons ne convient pas aux vergers. Il nous reste à mentionner, sous toutes réserves, les poires de vergers américaines du mois d'Octobre, communiquées à la Société Van Mous. Voici leurs noms et les appréciations de nos correspondants : Sheldon. — Gros fruit du volume d'un Beurré Diel et l'un des meil- leurs de la collection américaine. Coloris brun; eau fondante et sucrée, de première qualité. Buffuni. — Forme, goût et parfum du Doyenné ou Saint-Michel ; arbre très-vigoureux et productif. Miriam. — Fruit rond ou oblong, fondant, plein de jus et de sucre et pourvu d'un arôme vineux légèi^ement acidulé. Philadelj)hia. — Une des poires qui fotit époque. Juteuse, beurrée, de la forme et du volume d'un gros Beurré Diel; arbre superbe et fertile, ne laissant rien à désirer; qualité excellente, maturation lente, qui dure cinq à six semaines. Onondagua, syn. Swaans Orange. — Fruit de première qualité; volume du Beurré Diel; arbre vigoureux et productif. Oswego-Beurré. — Fruit petit, dans le genre de la Joséphine de Malines, aussi parfumé, mais d'une autre qualité, et d'ailleurs plus ferme et plus beurré; jus sucré et abondant; de toute première qualité; peu fertile. Pratt. — Volume d'un Belle de Bruxelles. Fruit délicieux, plein de jus et aromatisé. La Poire Biiffum a été admise pour la culture générale. D'autres nouveautés ont été admises comme promettant bien; elles seront jugées définitivement dans les prochains congrès. — 126 - Mois de novembre. — Avec ce mois commence sous certains rapports la série des fruits d'hiver; en effet, les poires qui se consomment en novembre et dans les mois suivants doivent nécessairement mûrir au fruitier. Ce qui était facultatif dans les mois d'été, devient alors de rigueur; car, dès que les gelées sont à craindre, les arbres doivent être dépouillés de leurs produits mûrs ou non mûrs. La bonne conservation des fruits d'hiver dépend de diverses conditions. Les principales consistent à bien saisir l'époque de la récolte, à prendre toute sorte de précautions et de soins pour ne pas meurtrir les fruits de garde, qu'il faut toujours cueillir à la main, et à choisir convenablement le local où ils doivent être conservés jusqu'à leur maturité. Nous croyons devoir aborder en peu de mots ces questions, en expo- sant les résultats que nous avons obtenus d'une longue pratique et en continuant à nous restreindre au point de vue de la grande culture. Un amateur riche peut toujours se faire construire un fruitier dans des conditions favorables, et, avec des soins minutieux, il y conservera parfaitement ses produits. Il n'en est pas de même de la plupart des cultivateurs qui recherchent avant tout l'économie et qui, d'ailleurs, ne disposent pas toujours d'un local spécial à affecter à un fruitier. La première question qui se présente est celle du moment le plus favorable pour la cueillette des poires d'hiver. Les uns veulent la retarder, les autres la hâter; les premiers disent, avec raison, que les fruits cueillis trop tôt se rident et se dessèchent au fruitier, les autres prétendent, avec non moins de raison qu'en retardant trop la récolte, on s'expose à en perdre une bonne partie parles pluies et les grands vents qui surviennent d'ordinaire à la fin de l'automne. On nous a souvent demandé notre avis à cet égard, et nous avons toujours répondu que l'époque de la cueillette était subordonnée à la nature propre de chaque variété; le moment est indiqué par la chute des fruits sains, qui cessent d'être retenus aux branches lorsqu'ils ont accompli toutes les phases de leur végétation. Les fruits d'un même arbre n'arrivent pas toujours à maturité en même temps, et, quand on le peut, il est bon de les récolter à diverses reprises. Mais, dans les grandes cultures, on ne peut s'arrêter à ces détails, et l'on doit se borner à observer le moment de la chute naturelle de chaque variété, ce que l'on peut vérifier facilement en soulevant un peu les fruits dans la paume de la main. L'époque de la cueillette est très différente pour les fruits dont la saison de maturité est cependant la même. En effet, le Passe-Colmar, fruit de décembre, le Colmar et le Bon Chrétien de Rance, poires très tardives, tombent dès les premiers jours du mois d'octobre, tandis que le Beurré d'IIardenpont, le Doyenné d'hiver et la Joséphine de 3Ialines, qui mûrissent aux mêmes époques, tiennent aux branches un mois de plus, et ne doivent être cueillies qu'à la fin d'octobre. On peut donc — 127 — affirmer que la récolte des fruits d'hiver doit se continuer pendant tout ce mois. Il convient, autant que possible, de choisir un temps sec pour cette opération. L'après-midi vaut mieux que la matinée. Les fruits véreux ou tachés doivent être rejetés des paniers où l'on place les fruits sains. On doit avoir la précaution de ne pas rentrer les fruits immédiatement au fruitier; il faut auparavant les laisser quelques jours dans un empla- cement bien aéré. Nous les laissons en tas, dans des remises ou des gre- niers ouverts, jusqu'au 8 ou 10 novembre. Ils sont parfaitement secs alors et on a l'avantage de pouvoir encore procéder à une seconde élirai- nation des fruits défectueux, qui feraient gâter leur voisins dans les tas. Les principales conditions d'un bon fruitier sont assez connues; elles consistent dans une température sèche et très égale, maintenue de un à trois degrés au-dessus de zéro; les alternatives de froid et de cha- leur, et l'humidité surtout, sont les agents les plus actifs de la décompo- sition des fruits. Presque toujours, on établira convenablement un fruitier dans des caves sèches et exposées au nord ; on peut, d'ailleurs, empêcher l'influence de la température extérieure, en bouchant les soupiraux. Nous plaçons aussi beaucoup de fruits dans des chambres ou des man- sardes exposées au nord. S'il survient de fortes gelées, nous couvrons les tas avec des paillassons, des nattes grossières ou des couvertures jusqu'au dégel. Nous comparons chaque année les mêmes fruits d'hiver conservés dans des caves ou des mansardes, et nous arrivons habituelle- ment aux mêmes résultats. Au surplus, les règles existent; la manièi'e de les appliquer est pour chacun une question de convenance, de prati- que et d'observation. Le mois de novembre est riche en bons fruits de grande culture. Nous n'avons pas la prétention de les indiquer tous; nous parlerons seulement, ainsi que nous l'avons fait jusqu'ici, des variétés que nous connaissons par expérience, et dont la culture nous est familière. Poire des chasseurs (Van Mous). — Fruit moyen, pyriforme; épiderrae rude, jaune à la maturité, fortement ombré et ponctué de brun roux; chair demi-fine, fondante^ beurrée; eau suffisante, sucrée, relevée d'un peu d'aigrelet et d'un parfum agréable. Arbre de vigeur moyenne assez fertile, à cultiver de préférence en fuseau ou en pyramide. Celte poire mûrit pendant tout le mois de novembre; elle s'est conservée jusqu'en décembre. Sa bonne qualité s'est maintenue, dans des sols très différents, sur franc comme sur coignassicr. Docteur Trousseau (Bivorl). — Fruit assez gros, ordinairement pyri- forme, pyramidal; peau rude, verte, ponctuée de gris-roux, fortement recouverte de gris de rouille et prenant une teinte jaune doré à la matu- rité; chair fine, blanche, fondante, beurrée; eau abondante sucrée et parfumée. Le Docteur Trousseau mûrit dès le mois de novembre, mais — 128 ~ n'atteint toute la qualité dont il est susceptible qu'au mois de décembre. Cette variété, par la force et la vigueur de son arbre, d'ailleurs d'une fertilité éprouvée, peut être classée parmi les arbres à introduire dans les vergers ; elle ne sera pas moins bien placée dans les jardins, sous toutes les formes. Général Duiilleul (Bivort). Voici encore un véritable fruit de verger, dont le seul défaut est d'être un peu petit. Il est turbiné pyriforme. Sa peau lisse, verte, jaunit à la maturité; elle est lavée ou panachée de rouge et ponctuée de roux; chair blanche, fine, fondante, demi-beurrée; eau abondante, sucrée, fortement parfumée. L'arbre doit être cultivé de préférence sur franc en haut vent. Duchesse de Brabant (Durieux). — Cette belle et excellente poire a produit pour la première fois en 1855; présentée immédiatement à la commission royale de pomologie, elle fut dédiée par acclamation à la jeune princesse qui venait de faire son entrée à Bruxelles. Fruit assez gros, turbiné pyriforme; épidémie rude, vert clair, ponctué de gris-roux, jaunissant modérément à la maturité; chair blanc-jaunâtre, fine, fon- dante; eau abondante, sucrée, vineuse et d'un parfum des plus agréables . L'époque de maturité de cette poire varie beaucoup. Dans l'un de nos jardins, elle mûrit dès les premiers jours de novembre; dans un autre, en terre argileuse, nous la conservons jusqu'à la fin de décembre. L'arbre est aussi vigoureux que fertile; jusqu'à ce jour nous ne l'avons cultivé qu'en fuseau, mais il est probable qu'on pourra le placer en haut-vent; il prospère aussi sur coignassier. Rousselet-Aelens (société Van Mons). — Arbre adopté spécialement pour les vergers, à cause de sa rusticité et de l'abondance de sa produc- tion ; fruit petit ou moyen, pyriforme turbiné, peau jaune d'or à la maturité, ponctuée et maculée de gris-roux, colorée de rouge du côté du soleil; chair blanc jaunâtre, demi-fine, fondante; eau abondante, sucrée et musquée comme le petit Rousselet. Il mûrit pendant tout le mois de novembre. Nous ignorons si cette variété a été essayée sur coignassier. Villermoz (Bivort). — Fruit gros, pyriforme, pyramidal; peau lisse, vert-clair, ponctuée de gris et très peu colorée du côté du soleil, jaunis- sant à la maturité; chair blanche, fine, fondante ; eau abondante, sucrée et agréablement parfumée. Ce fruit mûrit dès les premiers jours de novembre, et se conserve très bien pendant tout le mois. L'arbre, vigou- reux, paraît fertile; il végète aussi bien sur coignassier que sur franc. Nous ne l'avons pas encore vu en haut-vent, mais il est probable qu'il réussirait bien sous cette forme. {La suite à la prochaine livraison.) r.*j. ^ /x>: p> /t- .,^/>^^*tg/n,'' K^.LalaoV oriiala Lindl. 4. Bcloperone oblongala.Nees.ab. Ksenb. i29 - HORTICULTURE. NOTICE SUR LE BELOPERONE PLUMBAGINIFOLIA , N. ab. E. (BEL. OBLONGATA, Lindl.) OU BELOPERONE A FEUILLES DE PLUMBAGO. FAMILLES DES ACANTHACÉES. — DIANDRIE MONOGYNIE. (Figuré planche IX, n° 4.) Beloperone : Calyx profande quinquefidus, laciniis œqualibus, latis vel latiusculis, tubo angusto. Coralla ringens, tubo labioque siiperiore concavo conicis, rectis, inferiore labio Irifido œquali, disco laevi, stainina duo, tubo infra médium inserta. Antherae biloculares, loeulis Lasi calcaratis in connectivo semisagiltato-ovali oblique dislantibus, altero altiore stigma subulatum (in specie axomalâ oblusum). Capsula a basi ad médium compresso-unguiculata, asperma, apice tetrasperma. Semina coiorata. Fructices Americœ tropicœ (rarius herbae) spcciosi, corollis elongatis purpureis vel cœruleis, bracteis ssepe coloratis. Spicae axillares terminalesque, brèves, secundse. Flores alterni, bracleis patulis bracteolisque sœpe œqualibus longis liiiearibus laii- ceolatisve. — Prod. Reg. Veg., Dec, XI, 413. B. PLUMBAGiNEFOLiA ; foliis lauceolalis oblongisve acuminatis glabris, spicis axillaribus terminalique trifida brevil)us, bracteis bracteolisque lanceolatis, caly- cibus oblongo lanceolatis cuspidatis, antheris basi calcaratis. B. A FEDiLLEs DE Plombago j feuilles lan- céolées ou oblongues, acuminées, glabres, plus courtes que les épis de fleurs laté- raux ou terminaux, bractées et bracléo- les lancéolées, calices oblongs-lancéolés cuspidés, anthèies éperonnées à la base. Les Beloperone représentent en Amérique les Jnslicia des Indes Orientales dont ils ont le port et les caractères de famille. Ce sont des arbustes, dont on connaît plus de trente espèces, presque tous fort beaux et portant des fleurs rouges ou bleues : beaucoup sont déjà intro- duits dans nos serres et se laissent facilement cultiver. Le Beloperone plumbaginifolia N. ab E. que nous figurons ci-contre, avait entre autres, attiré notre attention depuis plusieurs années, par sa vigueur de croissance et sa belle floraison en plein hiver et dans les plus mauvaises conditions. Nous avons vu une plante de cette espèce fleurir trois années de suite, au mois de février et de mars dans une serre tempérée ordinaire, et se conserver pendant fort longtemps dans un appartement. C'est un arbuste élégant et élancé qui pousse rapidement avant la floraison, et peut s'élever ainsi à cinq ou six pieds et parfois jusqu'à huit pieds, mais ses tiges sont si minces qu'il cherche à se soutenir ou à s'enlacer autour des plantes voisines. Les feuilles sont de grandeur BELG. IIOBT. TOM. IX. 10 — 130 — moyenne, d'un beau vert, lisses, acuminées, oblongues lancéolées et ondulées sur les bords. Les fleurs viennent par petits épis près des der- nières feuilles, elles sont grandes et d'un beau rouge. Elle croit dans le sol ordinaire des plantes que l'on cultive en pot. Après la floraison, c'est-à-dire au mois de mars ou d'avril, on diminue les arrosements; en été, on lient chaud et assez humide, et on taille à l'automne en rempotant la plante. C'est un moyen facile de jouir d'une belle et abondante floraison hivernale. Le Beloperoue à feuilles de Plumbago a été vu par Martius à la Serra do Mar, dans le bois de Corcovada, près de Rio de Janeiro, et dans plusieurs parties du Brésil. On le trouve décrit dans les auteurs non- seulement sous le nom de B. Plumbaginifolia, mais en outre sous ceux de Justitia Plumbaginifolia, Jacq.; Justicia aniœna , Mart. ; /ifsiwm laieritia, H. Willd.; Beloperoue oblongata, N. ad. Es. (et Lind., Bot. Reg.); enfin, de JusHcia oblongata, Link. Une autre espèce du même genre, le Beloperoue Amherstiœ, N. ab. E. (connu aussi sous les noms de B. cristata, Mxrt.. Justicia brasiliana, RoHT., /. crenata, Pohl., J. nodosa, Hooic, J. temulenta, IIost.), très voisine de la plante que nous avons figurée, est du moins aussi recom- mandable que celle-ci. Elles conviennent tout particulièrement au plus grand nombre des amateurs, qu'elles compenseront largement de leurs soins. Ces deux espèces se trouvent dans le commerce horticole. NOTE SUR LE LALAGE ORNATA, Lindl., OU LE LALAGE PARÉ. Représenté planche IX, N°> 1, 2 et 5. FAMILLE DES LÉGUMINEUSES, SECTION DES LOTÉES. MONADELPHIE DECANDUIE. Lalage. Fleurs protégées par des bractées caduques. Calice bilabié, à lèvre supérieure bifide et l'inférieure trifide, à segments tous sétacés. étendard plane, presque arrondi, émarginé. Carène obtuse. Etamines toutes connées, la dixième seulement à moitié libre. Légume Arbrisseaux de l'Australie, à feuilles alternes, simples, stipulées. Fleurs axillaires panachées de jaune et d'orangé. LiNDLEY, dans le Botanical Register, planche 1722. — Platychilum. Delaun., Herb. amat., pi. 487; De Candolle, Prodr., II, p. 116. Lalage ornata. Arbrisseau toujours vert à rameaux arrondis et soyeux. Feuilles larges, ovales, brièvement pétiolées, très réticulées, surtout en dessous, rudes à la surface supérieure, où l'on peut remarquer quelques poils fort courts, soyeuses en dessous. Stipules sétacées, linéaires, scarieuses, de la longueur du pétiole, pileuses sur leur dos. — 131 — Fleurs géminées, tirant leur origine entre des petites écailles imbriquées, testacées, sèches et caduques; sur les pédicelles, on observe des brac- téoles filiformes, vertes, velues et de la même longueur que le calice. Celui-ci est poilu et coloré en dedans. Etendard subarrondi, étalé, émarginé, d'un jaune vif relevé à la base d'une macule rouge de sang bordée de pourpre fauve. Ailes de la corolle purpurescentes, linéaires oblongues, très obtuses et parallèles à la carène. Celle-ci est légèrement renflée, d'une belle nuance pourpre , denticulée et obtuse. Elamines blanches à la base, rouges à leur pointe. Anthères ovées , obtuses. Ovaire très poilu à style ascendant, subulé, glabre. Se trouve à la Nouvelle-Hollande méridionale et occidentale. Lindley, Bot. Reg., pi. 47:22. — Maund. et Henslow, The Botanist, III, t. 141. — Wlprs., Repert. hot^, I, 577. — Wlprs., Repert. bot., V, 454. Cette plante est éminemment pratique, c'est-à-dire qu'elle est suscep- tible d'être cultivée chez le plus grand nombi'e des petits amateurs, et qu'elle peut leur fournir une ample moisson de jolies fleurs. Elle forme un des plus charmants ornements de ces petites serres froides, et bien aérées, dans lesquelles on réunit un grand nombre de ses congénères de la Nouvelle-Hollande et du Cap. Elle appartient à la famille des Légumineuses et au même groupe que les Hovea, les Platylobium, les Dossiœa, etc., dont elle rappelle les formes générales et partage les conditions de culture. M. Baxtes en a récolté des graines sur les côtes sud-ouest de la Nouvelle-Hollande, et son introduction en Angleterre remonte déjà à 1850. On trouve actuellement IcLalage ornata chez beaucoup d'horticulteurs. Dans le même genre les botanistes connaissent encore les Laiage Hoveœ- folia, Bth., acuminata, Meisn., angustifolia, Meisn., eistipidaris;ma\s nous ne pensons pas qu'on les ait introduites vivantes en Europe. La courte description qui précède cet article et surtout la planche qui l'ac- compagne, permettront à nos lecteurs de se former une idée exacte de ce joli arbrisseau, et de le reconnaître lorsqu'ils le rencontreront fleuri. Quant à la culture, elle est facile puisqu'elle se borne aux recommanda- tions générales que l'on connaît sur les plantes de la Nouvelle Hollande. lo^ FLORICULTURE DE L'EAU. NOTICE SUR LE GENRE OUVIRANDRA ET EN PARTICULIER SUR VOUVIRANDRA BERNIERIANA, Dcne. Par m. le docteur Olivier du Vivier, famille des juncaginées. hexandrie monogynie. Caract. génér. Ouvirandra, p. Th. Fleurs hermaphrodites. Sépales 2 (unilatéraux — 3, Dcne), colorés, caduques. Étamines G, persistantes 5 filets subulés, dilatés inférieu- rement; anthères fixées par la base, biloculaires, à déhiscence latérale; pollen de forme ellipsoïde aigu. Ovaires 3-4, lagénéformes , se réunissant en un style court muni, à la face interne, d'un stigmate oblique subapiculé, uniloculaires, 2-6-ovulés ; Ovules fixés par la base, ascendants, anatropes. Follicules à bec, 1-3-spermes par avortement, à déhiscence introrse. Graines exalbumineuses, testa herbacée, membrane interne mince. Embryon droit, ascendant, cotylédon épais et foliacé ou excavé pour embrasser la plumule très-grande et bifoliée. — Herbes aquatiques, tuberculeuses, tige allongée et rameuse, feuilles radicales, veinées, submergées. Hampes allongées portant des épis simples binés ou ternes. Spathe caduque. Edgew. Le genre Ouvirandra que les botanistes connaissaient de nom depuis plus de soixante ans, a été créé par Auhert du Petit-Thonars qui en figura une espèce dans son IVov. Gen. Plant. Madagasc. Il y a une tren- taine d'années, feu M"^ Ch. Telfair, de l'île de France, envoya à sir Wil- liam Hooker des échantillons de VOuvirandra fenestralis : de ces échan- tillons, les uns furent renfermés dans l'herbier, les autres furent confinés dans des bocaux du muséum du savant anglais, et l'on fut jusqu'en 1855 sans avoir aucune nouvelle de ce beau genre, sans savoir jusqu'à quel point l'horticulture pourrait en retirer quelque avantage. Enfin, au mois de septembre 1855, M' William Ellis qui revenait d'un voyage à Madagascar, offrit à sir W. Hooker deux plantes vivantes de VOuvirandra fenestralis dont celui-ci s'empressa de faire représenter, dans le Botanical Magazine, tab. 4894, le dessin exact qu'il accompagna de tous les renseignements qu'il put se procurer. En 1858, le même M. Ellis ayant entrepris un second voyage à Madagascar, en rapporta une espèce distincte d'Ouvirandra que MM. Jackson et fils, de Kingston, virent fleurir dans leurs serres, et que sir W. Hooker fit également figurer dans son Recueil (tab. 5076) sous le nom à'Ouvirandra Bernie- riana, ne laissant pas toutefois que d'émettre un léger doute sur l'identité de cette espèce avec celle à laquelle Decaisnc, le premier, donna ce nom. — 155 — Quoique assez répandus dans l'île de Madagascar, les Ouvirandra furent difficilement trouvés par M. Ellis. Il fallut à ce voyageur toute la sagacité, la patience et la ténacité d'un homme saisi d'une idée fixe, pour y parvenir. C'est ainsi qu'à son premier voyage il prit copie de la figure représentée dans l'ouvrage de du Petit-Thouars, et, la montrant à tous les habitants, il finit par en trouver un qui connaissait un endroit où cette plante croissait et qui promit de la lui rapporter. Cet insulaire partit, en effet, dans ce but, mais, au bout de quelques jours, il revint et avoua à notre savant qu'il n'oserait se hasarder dans les eaux habitées par V Ouvirandra, vu le nombre effrayant de crocodiles que les pluies abondantes y avaient amenés ; ce ne fut qu'à la longue et après de pressan- tes sollicitations qu'il en obtint enfin une collection en parfait état. Les Ouvirandra se plaisent sur les rives des eaux courantes; leurs rhizomes, ramifiés en diverses directions, comme ceux du Gingembre ou du Curcuma, mais tout d'une venue cependant, donnent naissance à une multitude de racines adventives fibreuses qui s'insinuent profondément dans le sol argileux et font adhérer solidement la plante aux berges des rivières ; on en trouve aussi dans les terrains qui ne sont couverts d'eau qu'à de certaines saisons, et alors, à l'époque de la sécheresse, les feuilles meurent et tombent pour reparaître aux premières inondations. Les indigènes recueillent les rhizomes charnus des Ouvirandra , et ils en extraient, par la cuisson, une substance farineuse ayant beaucoup d'ana- logie avec l'igname; c'est même ce qui a valu son nom à ce genre, Ouvi- randrano signifiant littéralement, dans l'idiome de 3Iadagascar, igname d'eau [ouvi, igname et rano, eau). Mais ce qui rend les Ouvirandra un genre de plantes réellement extraordinaires, c'est la structure de leurs feuilles; ces feuilles, dans toutes les espèces, se composent d'un long pétiole qui, naissant sur le rhizome, s'élance à travers les eaux et vient étaler sous la surface de celles-ci un limbe de forme variable, mais toujours plus ou moins oblong- allongé; une nervure principale, continuation du pétiole, va de la base au sommet de ce limbe; à droite et à gauche, des nervures plus fines partent également de cette base et atteignent ce sommet en restant toutes parallèles entre elles; jusqu'à présent, rien d'extraordinaire, il s'agit simplement d'une feuille rectinerviée ; mais ces nervures longitudinales sont ici coupées à angle droit par des nervures secondaires nombreuses, de façon que les espaces circonscrits par elles se trouvent être des carrés plus ou moins réguliers. Ces carrés, d'après les lois de l'organogénie végétale, devraient être comblés par le tissu que l'on connaît sous le nom de parenchyme : c'est ce qui a lieu chez tous les autres végétaux; or, ici, on les trouve ou complètement dépourvus de tissu quelconque, comme dans V Ouvirandra fenestralis, ou seulement parliellement comblés de parenchyme comme nous le verrons bientôt en décrivant V Ouvirandra Bernieriana. Dans tous les cas, ces feuilles font croire bien plutôt à une — 134 — dentelle délicatement ouvrée qu'à une production végétale, et rien n'est plus gracieux que l'aspect de la surface d'une eau tapissée A'Ouvirandra dont les feuilles, d'un jaune pâle à leur naissance, finissent par devenir graduellement d'un vert olive foncé. Les tiges florales sont constituées par des hampes qui apparaissent entre les pétioles et donnent naissance, à la surface de l'eau, à des épis plus ou moins nombreux selon les espèces. Quant aux fruits, il n'en a pas encore, que nous sachions, été produits en Europe. Richard, dans le Synopsis de Persoon, place ce genre dans la famille des Saururées, à côté des Aponogeto/i^ Decaisne {') le rapporte aux Naia- dées; Endlicher le cite après les Aponogeton comme un genre douteux; Edgeworth (2) prétend qu'en en faisant un genre nouveau, les Aponogeton crispus, A. pusiUus, A. Macraœi, et A. undulatus doivent en faire par- tie. M. Planchon (^) voudrait faire du genre Aponogeton un sous-ordre de la famille des Alismacées, ou plutôt un nouvel ordre, les Aponogétacées, dans lequel se rangerait VOuvirandra; enfin J. Lindley et W. Hooker regardent VOuvirandra comme appartenant à la famille des Juncaginées, manière de voir que nous adopterons quant à présent, et ce, pour des considérations de botanique qu'il serait trop long d'énumérer ici. Ce que nous avons dit des feuilles perforées s'applique surtout à VOu- virandra fenestralis; et cependant \V. Hooker, sur des pieds de cette espèce, a trouvé de jeunes feuilles chez lesquelles les espaces compris entre les nervures étaient remplis par du parenchyme coloré en vert. Decaisne avait décrit VOuvirandra Bernieriana comme présentant con- stamment une structure analogue. Aussi les feuilles de ces espèces nous paraissent-elles n'être qu'un intermédiaire entre les feuilles pleines et les feuilles submergées de ces autres végétaux aquatiques qui se dépouillent de leur parenchyme et se réduisent à leurs nervures, tandis que celles qui s'élèvent au-dessus des eaux ont un limbe plein et dont les nervures sont réunies par un parenchyme complet. N'est-ce pas le cas pour le Ranuncidus aqualilis, pour le Cabomba oblongifolia, etc.? Les feuilles de VOuvirandra Bernieriana sont donc, d'après Decaisne, pleines et sans ouvertures; aussi avons-nous dit que ce n'était pas sans quelque hésitation que W. Hooker rapportait à cette espèce la plante qu'il décrit et figure sous ce nom. Nous ne pouvons jeter aucun jour sur cette question et nous croyons d'ailleurs plus utile de retracer ici la planche du Botanical Magazine (v. pi. 11), en y ajoutant la diagnose et la des- cription de la plante. (1) Decaisne, De Lessert Icônes, v. 3, p. G2. (2) Edgeworth, ou Aponoget., Hook. Lond. Journ. Bot., v. 5, p. 403. (3) Plancho.\. Observations sur le genre Aponogeton et sur ses alTinilés naturelles; in Ann. Se. Nat. Ille série, vol. I, p, 107, ann. iSU. — lOD — OOTIRANDRA BeRNIERIANA, DcNE. Foliïs submersis anguste oblongo-ligulatis ple- nis vel plerumque pertuso-fenestralis (parenchymate seriatim porosis poris quadratis), scapo superne iiiflato, spicis o-S fasciculatis gracilibus, floribus Iaxis roseis. W. Hook. OuviRANDRE DE Bernier. Feuilles sub- mergées, étroites, oblongues-ligulées, pleines ou, le plus souvent, fenêtrées (le parenchyme étant percé de séries d'hia- tus quadrangulaires) 5 hampe dilatée su- périeurement ; épis 3-S fascicules, grêles ; fleurs lâches, rosées. W. Hook. P. 11. Ouvirandm Bernicriana, Dec, ou Onvirandra de Bernier. Les feuilles sont toutes radicales, en touffes; submergées, d'un et demi à deux pieds de longueur, oblongues-ligulées, très-légèrement atténuées à la base, obtuses au sommet et formées de fibres longitudinales et trans- versales qui constituent une espèce de dentelle sur les côtés de la nervure médiane. Les aréoles comprises entre les nervures sont entièrement rem- — 136 — plies par le parenchyme, mais, le plus souvent, elles ne sont que par- tiellement closes et laissent ainsi des ouvertures plus ou moins quadran- gulaires, dont les plus larges sont situées près de la nervure médiane, et qui vont graduellement en se rétrécissant, de façon que celles qui sont situées près de la marge se trouvent réduites à de simples fentes trans- versales. Les pétioles sont subtriangulaires et canaliculés. Le pédoncule, également radical, naît d'entre ceux-ci : d'abord assez étroit, il se dilate vers son milieu et redevient de nouveau étroit sous l'inflorescence. Les épis, au nombre de trois à cinq, forment, par leur réunion, une sorte d'ombelle dont les axes portent immédiatement les fleurs; deux bractées, oblongues et spatulées, quelquefois trois entourent celles-ci qui ne possè- dent aucun périanthe propre. Les étamines sont au nombre de six; le filet est solide et subulé; les anthères, biloculajres, ont une forme sub- globuleuse. Les ovaires, au nombre de trois, sont réunis à la base et se terminent en styles courts et épais ; le stigmate est constitué par une dépression. Tel est YOuvirandra Bernieriana, plante curieuse sous tant de rap- ports. Aujourd'hui que la culture des plantes aquatiques tend à se répan- dre partout, nous ne doutons pas du succès des espèces de ce genre. L'une d'elles, VOuvirandra fenestralis a déjà passé le détroit, et il fesait, en Mars 4857, l'étonnement et l'admiration de tous les visiteurs de l'Exposition quinquennale de Gand. Leur culture est d'ailleurs très-facile; on les propage par des scions de rhizomes que l'on place dans un bassin peu profond et rempli d'eau plu- viale, en ayant soin d'en garnir le fond d'une légère couche de terre argi- leuse qui servira de soutien aux racines; c'est ainsi qu'on a obtenu des Ouvirandra en serre chaude, mais W. Hooker ne doute pas de la pos- sibilité de les cultiver dans des aquarium ou simplement dans un bocal de verre placé au salon, comme, dit-il, on le fait pour le Yallisneria spiraliSj etc. REVUE DES PLANTES NOUVELLES OU INTERESSANTES. (Suite ; Voyez page 72). i" PLEINE TERRE. Lobelia trigonocanlis, F. Mueller. — Bot. Mag., pi. 5088. — Fam. des Lobéliacées. — Pentandrie Monogynie. — Lobélia à tige trian- gulaire. Le genre Lobelia, quoique considérablement restreint par la disjonction de plusieurs groupes que l'on a érigés en genres nouveaux, est encore fort riche en espèces, parmi lesquelles celles que fournitl'Ausfralie sont surtout abondantes. Le Lobelia trigonocaulis doit encore èlrc ajouté à la liste des — 137 - espèces connues; il semble confiné à la côte Nord-Est de l'Australie; le D'' F. Mueller l'a signalé aux bords du fleuve Brisbane et M. Low, de Clapton, en possède des plantes vivantes, venues de graines envoyées par M. Hill, du mont Lindsay à Moreton-Bay, 11 végète fort bien dans les parterres où les plantes à fleurs bleues sont si désirables. Ses fleurs sont presque aussi grandes que celles de la pensée des champs; la lèvre infé- rieure est particulièrement développée, a trois divisions en forme de coins, bleue, pourpre-pâle et blanche à leur base commune. 2° SERRE TEMPÉRÉE. Apterann. (DC. Prodr. IIl, 145); Asterostoma aspcnim, Bi.ume. — Fani. des Mélastomacés : Octandrie-Monogynie. — Osbeckia à feuilles rudes. Belle Melastomacce de Ceylan qui tleurit l'aiilciuenl en serre chaude pendant Tété et l'automne. Elle l'oruie un petit arbuste de un à deux pieds de hauteur, dont le> jeunes branches sont quadrangulaires, et les feuilles opposées, à pétiole rouge, coriaces et entières. Les lleurs vien- nent en petits épis au sommet de jeunes branches, mais ne s'ouvrent qu'une ou deux à la fois; elles sont fort belles, d'un diamètre de 4 à S centimètres et d'un bleu purpurescent. lloiistera Adansonii, Scu. — Bot. Mat]., pi. oOSH. — Synon. Dracoittium pertusinti, Lin.n.; Colla Dracontitnn. Mec; Calla pertusa, KiMH. etc. — Fam. des Aroidées ; Hcptandrie-Mouogynie. — Monstera perforé ou d'Adanson. Cette plante est déjà ancienne (style horticole) et on la trouve dans beaucoup de serres, où ses feuilles perforées d'un plus ou moins grand nombre de trous naturels la font toujours remarquer spécialement. Ori- ginaire de l'Amérique tropicale et des iles des Indes occidentales, elle fut introduite en Angleterre, en lllr2, par Phili[)pe Miller. Décrite sous le uom de Dracontium pertusum par Linné, elle a servi à l'établissement du genre Monstera par Adanson. Billber»;îa Libouiaua. De Jonche. — Bol. Maij., jd. 5000. — Fam. des Broméliacées : Hexaudrie-Monogynie. — Billbergie de Libon. Le uom do celte Broméliacée rappelle celui de l'intrépide Libon, l'un des plus courageux explorateurs que l'horticulture Belge puisse citer et auquel on doit de nombreuses et remarquables iiitroduc'.ions. Après avoir été figurée dans la plupart des publications llorcalcs de noire pays, elle vient de trouver place dans la collection des plantes décrites et représentées dans le Bolanical Jfaijazinc. Elle croit dans le voisinage de Rio-Janeiro. Tacbiadeuii» cariuatus,GRisEB.\CH. — Bot.Magaz., pi. 5004. — Synon. Lisianthtts carinatus, Lam. — Fam. des Gentiances : Peutandrie- Monogynie. — Tachiadenons caréné. Native de Madasjascar et introduite dans les serres chaudes d'Angle- terre par le Révérend William Ellis, elle forme une petite piaule basse et suiTrutcscentc à jolies fleurs bleues. On sait que nos belles Gentianes d'Eu- rope sont représentées dans l'Amérique du Sud, par de charmantes espèces de Lisianthus, et à Madagascar par des Tacbiadaiithus. — 139 - iSpathodea campannlata , Beacv. — Bot. May., pi. 5091. — Synon. Sjiuthodea tulipifera, G. Dox. ; Bignonia tidipîfe7-a, Scniyf. et Tho.nn. — Fana, des Bignoniacées : Didyriarnie-Angiospermie. — Spathodea à fleurs campariulées. L'un des arbres les plus brillants de l'Afrique australe, qui vient d'épa- nouir dans la grande serre de Kew, ses fleurs en gros bouquets racemi- formes, larges comme des tulipes et d'un rouge écarlate superbe. Jaannlloa eximia, Hook. — Bot. lïïag., pi. o092. — Synon. Drug- mansia eximia, Hout. — Fam. des Solanées : Pentandrie-Monogvnic. — Brugraansia à grandes fleurs vertes. On est sans renseignements sur l'origine de cette belle plante qui, suivant S. William Hooker, pourrait bien être une hybride. Connue des horticulteurs sous le nom de Brugmansia eximia elle a le port et le feuillage d'un Juanulloa, mais les fleurs sont aussi grandes et de la même forme que celles de quelques Datura ou Brugmansia, malheureusement elles sont vertes et ne brillent d'aucune couleur vive. LES FOUGERES DOREES ET ARGENTEES DE NOS SERRES, Par le D' Ch. Kock ('). (Teadcit de l'allema.m> par a. de Bobbe). Depuis une vingtaine d'années environ, on s'est rais à accorder une attention particulière à une catégorie de plantes, pour lesquelles on cher- cherait en vain à expliquer cette faveur par l'éclat ou parle parfum des fleurs. On s'est passionné pour des feuilles dans le sens propre du mot; et, des serres et des jardins, ce goût s'est introduit jusque dans les appar- tements. Bien que ce soit la belle couleur verte des feuilles qui plaise dans beaucoup de ces plantes, on doit dire pourtant qu'une coloration autre que le vert est souvent ce qui attire les horticulteurs vers ces espèces. C'est aux plantes à feuilles dans toute l'acception du terme qu'appar- tiennent les Fougères, qui, au lieu de fleurs, portent à la face inférieure des feuilles ce qu'on a nommé des sores, c'est-a-dire des organes arrondis, allongés, ou linéaires, dans lesquels se forment les spores, ou cellules reproductrices, qui représentent chez les Cryptogames les graines des plantes supérieures. La magnificence et la richesse de formes des fleurs sont amplement compensées chez les Fougères par l'élégance et la superbe (I) Koch und Finlelman. — Wochenschrift fur Gàrlnerei und Pflanzenkunde. Ber- lin. 18b8. — 1^0 — verdure des feuilles ordinairement décomposées, que les botanistes ont nommées frondes. Mais en outre, cette beauté est encore rehaussée par un système de nervures tout particulier et très-remarquable, auquel les horticulteurs et les jardiniers n'ont pas encore accordé toute l'attention qu'il mérite. Le botaniste est plus familier avec ces nervures, car il a besoin de leur exacte connaissance pour la distinction des espèces et des sous-espèces. Chez certaines de ces plantes, la tige ordinairement souter- raine des fougères s'élève au-dessus du sol, et peut même devenir arbo- rescente, tandis que les frondes, grandes, uniformes et se répandant de tous côtés, forment une sorte de toit recourbé. Telles nous avons des plantes à fleurs, ou phanérogames, aux feuilles plus ou moins panachées, c'est-à-dire non entièrement vertes, telles aussi nous trouvons certaines fougères. Chez un bon nombre d'entre elles, les jeunes frondes se présentent avec une couleur brun-rouge qui s'harmonise agréablement avec le vert-gai du reste de la plante. Puis il y a toute une série d'espèces qui sécrètent une cire colorée, soit en jaune d'or, soit en blanc d'argent, et font participer à cette coloration toute la face inférieure des feuilles, endroit où s'opère cette sécrétion. Bien que cette fonction appartienne habituellement à l'épiderme, cependant on trouve des fou- gères, où, comme chez beaucoup d'autres plantes qui laissent exsuder de la résine, on remarque des poils à deux ou plusieurs cellules, desquelles (surtout de celle de l'extrémité), la cire semble se séparer en petits cor- puscules à peu près fusiformes. Link réunissait dans son genre Ceropteris (en grec : fougère à cire), une grande quantité de fougères argentées ou dorées. Depuis combien de temps certaines de ces espèces de fougères dorées et argentées sont cultivées, c'est ce qu'il serait difficile de préciser. D'abord on ne les voyait que dans les jardins botaniques, où on les cul- tivait pour leur singularité. Le Gymnogramnie calomelanos , Kaulfuss, connu depuis le milieu du XVII™" siècle, paraît être l'espèce qui se trouve depuis le plus longtemps dans les jardins. Pluckenet, gouverneur du Jardin royal d'Hampton-Court à cette époque, se sert aussi alors pour la première fois de l'épithète spécifique calomelanos (beau noir), à cause des pétioles d'un brun-noirâtre brillant. Cette même espèce est cultivée depuis l'année 1790 dans le jardin de Kew. Le Gijnmogramme tartarea^ Kaulf., est cultivé dans celui de Berlin depuis 1809. Les fougères dorées ne vinrent que beaucoup plus tard. Dans son Énumération des Fougères, Kunze indique le G. chrijsophjlla, Kaulf., comme cultivé en 1824 dans les jardins d'Angleterre; mais son introduction dans le Jardin botanique de Berlin ne date que du commencement de 1830. Ce n'est que depuis vingt ans que les amateurs ont porté leur attention sur les fougères dorées et argentées, et qu'on a cherché à en augmenter peu-à-peu le nombre d'abord restreint. Maintenant on en cultive 12 à 14 espèces; il y en a en outre beaucoup d'espèces décrites, mais qui ne se trouvent que dans les herbiers. __ 141 — Ces exsudations cireuses ne se trouvent en grande quantité que dans la fomille des Polypodiacées, qui se distinguent du reste des fougères par l'anneau ou connecticule incomplet et étendu sur le sommet des sporan- ges, qui s'ouvrent en travers. Il y a encore parmi elles une subdivision, où la pellicule qui recouvre plus ou moins les sores [indusium), est caduque. Les genres dont les espèces présentent cette particularité, for- ment la sous-famille à laquelle on a appliqué le nom de Polypodiées. Il y a quatre genres particuliers où se montre la sécrétion cireuse à la face inférieure des frondes; ce sont les genres : Gymno gramme, Desvaux ; Allosurus, Bernhardi; Notholœna, Rob. Brown, et Cheilanthes, Swartz. Tous se distinguent des genres Acrostichum, L., Polypodium^ L., et autres semblables, en ce que le pétiole est dépourvu d'articulation à sa base. Le genre Gymnogramme possède des sores allongés ou linéaires, disposés le long des nervures, tandis que chez les trois autres, ils sont placés vers le bord extérieur. Dans le genre AllosurtiSi ils sont d'abord recouverts par ce bord réfléchi, puis ensuite libres ; ils sont constamment libres chez les Notholœna. Chez ces deux genres, les sores se rappro- chent plus tard les uns des autres, ce qui n'a pas lieu d'une manière aussi évidente chez le genre Cheilanthes^ où ils sont de plus toujours recou- verts par le bord extérieur. 1. — GENRE CHEILANTHES, Swartz. Les sores se trouvent à l'extrémité renflée des nervures latérales, et se rapprochent plus tard les uns des autres, tout en restant toujours recouverts par le bord réfléchi de la feuille; d'où le nom du genre (en grec : floraison marginale). Willdenow a rendu ce nom en allemand par l'expression de Saumfarn. 1. — CH. BORSIGIANA, Reichenbach, fils, et Warszewicz (1). Car. : Affîiiis Cheilanthi chrysophyllœ, HooK. Stipiti ebeneo, ima basi paleaceo, frondis lamina pluries, longiore, lamina ambitu triangnlari , bi-usqiie Iriunciali, apicem usque pinnatiparlita, partitioni- bus pinnalisectis, pinnarum infimarum segmente infuno ipso pinnatipartito diva- ricato. Car. : Voisine du Ch. chrysophylla, HooKER. Pétiole couleur d'ébène, pailleté tout à fait à la base, plusieurs fois plus long que le limbe de la fronde, celui-ci à contour triangulaire, de deux à trois pouces, pinnatiparlite jusqu'à l'extré- mité, divisions pinnaliséquées; les piu- nules inférieures à segment inférieur lui même pinnatiparlite, ouvert. Cette magnifique fougère dorée, voisine des Cheilanthes chrysophylla et ochracea [Allosurus ochraceus, Hooker), a été découverte par M. Wars- (I) Tout ce qui est relatif à cette espèce, a été communiqué par M. le professeur Reicheiibach, lils, qui l'a établie. — 142 — zewicz dans les Cordillères, sur les confins du Brésil et du Pérou. Nous aurons l'occasion de décrire bientôt cette intéressante plante que nous dédions à M. Borsig, le directeur du magnifique jardin de Moabit. 2. — CH. FARINOSA, Kaclf. {Allosurus farinosus, Presl.). Car. : Froiis pinnata , triangulari-Ian- Car. : Fronde pinnée, triangulaire-lan- ceolata; pinnœ pinnatifidse, inferae re niotœ, reliquae ap|)roximata;, laciniis cre- natis aut ad hasiii pinnaruin inferiorum pinnatifidis et crucialim disposilis, om- nibus sublus allio ceraceisj margo indu- siformis, crenatus, denique continuas. céolée; pinnules piniiatifides, les infé- rieures écartées, les autres rapprochées, à découpures crénelées, ou pinnatifides à la base des pinnules inférieures, et dispo- sées en croix; toutes d'un blanc de cire en- dessous; rebord indusiforme, crénelé, continu. Bien que les frondes ne possèdent pas de beaucoup la longueur qu'elles atteignent chez l'espèce précédente, elles se placent cependant, au moins les folioles moyennes et supérieures, beaucoup plus près les unes des autres, et arrivent à avoir une apparence touffue, surtout qu'elles ne pos- sèdent qu'un court pétiole, abondamment garni à sa partie inférieure de petites feuilles écailleuses, et que toute la plante est souvent supportée par une tige courte. Les pinnules ne sont point décomposées une seconde fois, mais seulement pinnatifides, et les divisions sont rejointes ensemble à leur base, et, excepté celles d'en bas de la dernière paire, elles ne pa- raissent pas même incisées, mais seulement simplement entamées. La face supérieure est moins pourvue de points blancs que chez l'espèce précé- dente; au contraire, le revêtement cireux de la face inférieure est beau- coup plus blanc. Le rebord se comporte comme chez l'espèce précédente. o. — CH. DEALBATA, Don. {Cheilanthes farinosa, Hook et Grev.; Allosurus deal. batus, Presl,; Pteris farinosa, Forskael; Cassebeera farinosa, J. Sm.). Car. : Frons bipinnata, recta, elongata ; pinnulœ pinnatifidœ, subtus albo cera- ceœ, inferiores basis pinnarum sessilium et remotarum elongalse, cruciatim dispo- sitœ; margo indusiformis crenatus, de- nique continuus. Car. : Fronde bipinnée, droite, allon- gée; pinnules secondaires pinnatifides, d'un blanc-cireux en-dessous, les pinnules de la base sessiles et écartées, à pinnules secondaires allongées, disposées en croix; rebord indusiforme crénelé, continu. Assez jolie espèce, mais qui, à cause des paires de folioles écartées, et parfois plus ou moins alternes, se présente aux yeux moins avantageuse- ment que les autres. Les frondes possèdent pour la plupart, sur une lar- geur de 6 pouces (1), une longueur de souvent deux pieds, et s'élèvent assez verticalement. Comme la face supérieure n'est pourvue que de points blancs isolés, le vert en est plus grisâtre. Le revêtement cireux de la face inférieure est à la vérité épais, mais n'a point la couleur blanc de neige de l'espèce précédente; il recouvre de même le rachis et une partie du pétiole. (1) Les mesures employées par M. Koch, sont : Le pied de Berlin = 12 pouces = OnijOl^ ; et le pouce = 0,026. La ligne, huitième partie du pouce, = 0,00323. - 143 — Les pinnules lancéolées, de 4 pouces de long sur i pouce de large, sont opposées les unes aux autres, forment des paires écartées de l 'l/:2 jusqu'à 12 pouces, elles sont composées de folioles alternes ou opposées, sessiles et pinnatifides plus courtes vers l'extrémité que vers la base. Les sores se réunissent promptement, et sont recouverts d'un côté par le rebord en forme de voile et continu, quoique crénelé. Sa patrie est les Indes orientales. Elle s'est aussi trouvée au nombre des plantes dont J. Nietner a envoyé de Ceylan des exemplaires. i. — CH. FURFURACEA, Presl. {AUosurus furfuraceus , Presl.; Cheilanthes can- iUda, JIartens et Galéotti). Car. : Frons bipinnata, pinnulis pinna- nim inferiorum basis pinnalifidis crucia- tis, reliquis, crenato-incisis, supra hic inde, subtiis densissimecerafloccosa nivea vestita, pétiole basi paleaceo insidens; sori semper distincti. Car. : Fronde bipinnée; pinnules se- condaires des pinnules inférieures de la base, pinnaliGdes, en croix, les autres, crénalo-incisées, revêtues d'une cire flo- conneuse blanc de neige, çà et là au- dessus, densément en dessous; pétiole à base pailletée; sores constamment dis- tincts. Les exemplaires existant à l'Ile des Paons à Potsdara semblent différer tant soit peu de la plante décrite sous le nom de Ch. furfuracea dans les fougères du Jardin botanique de Leipzig, en ce qu'ils présentent une plus grande décomposition des feuilles, et qu'on n'y voit que peu ou même presque pas l'entaillure particulière des plus grandes crénelures, qui paraît d'une manière si marquée chez le Ch. argentea. Mais ils se rapportent parfaitement à la figure donnée dans les Nouveaux Mémoires de V Académie de Bruxelles, t. XV, pi. 20, fig. \. Le Cheilanthes furfuracea est une jolie et mignonne fougère, qui, avec un pétiole de 2 pouces de long, pourvu au bas de folioles écailleuses, arrive à peine à une longueur d'un demi pied sur 1 1/2 à 2 pouces de largeur; la face supérieure est d'un vert-grisâtre, et la face inférieure, d'un blanc de neige. Les sécrétions cireuses y paraissent filiformes, pré- sentant une grande ressemblance avec ce qu'on voit chez les Verbascum, et nombre d'autres plantes floconneuses, où cet effet est produit par des poils. Il est vraiment dommage que cette fougère ait tant de peine à résister à l'hiver; et on fait bien de la resemer chaque année. La surface de la fronde est lancéolée, ainsi que les pinnules dirigées vers le haut et vers le bas, tandis que celles qui se dirigent horizontale- ment ont une forme plus linéaire, et sont simplement pinnées. Les pin- nules secondaires inférieures de la paire de pinnules d'en bas, sont allongées et se dirigent obliquement vers le bas, de manière à former avec les pinnules principales une espèce de croix; elles sont derechef pinnatifides. Toutes les pinnules secondaires ont de plus une dentelure plus ou moins profonde et embrassent à peu près tout leur pourtour. Une particularité de cette espèce, est que les sores, qui du reste sont _ 144 — parfois éloignés du bord, ne se réunissent jamais, mais restent toujours isolés. La patrie de cette plante est le Mexique. PI. 12. Cheilanlhes argenlea. S. — CH. ARGENTEA, Kunze. (Pteris argenlea^ S. G. Gmelin; Pleris pédala ,S «ibi- rica, L.; Allosurus argenteus, Presl.; Cassebeera argentea, J. Smith). Car : Frons tripartita crenata, laciniis pinnatifidis subtus albo-ceracea ; Indu- sium spurium coiilinuum. Car. : Fronde tripartite crénelée, à partitions pinnatifldes, blanc-cireux en dessous ; faux indusium continu. Fougère mignonne, qu'il est regrettable de rencontrer si peu dans les jardins; car elle vit à l'air libre, et ferait certainement un charmant effet, surtout dans les endroits pierreux que l'on emploie à la culture des plantes alpestres. On peut également la cultiver en serre froide, où elle est aussi d'un bel ornement, comme on peut en juger par la gravure. D'une tige tortueuse sortent 8 à 12 frondes, pourvues de pétioles d'un brun-clair brillant , de trois pouces de long, et ayant elles-mêmes un pouce de longueur avec une largeur un peu moindre au-dessus de la base. Leur contour est un quadrilatère à côtés inégaux. Des trois divi- sions, qui vont presque jusqu'à la base, la médiane est la plus longue et — Uo - droite, tandis que les deux latérales s'écartent sous un angle obtus. Toutes sont pinnatifides, de telle siu le que les lobes diminuent graduellement en allant vers l'extrémité, et que ceux d'en bas des deux divisions laté- rales sont plus on moins allongés, et souvent à leur tour pinnatifides, La marge, brune sur la face inférieure, est crénelée, et forme un faux indu- sium non interrompu. La sécrétion de la face inférieure a une couleur blanc-jaunâtre. Cette fougère a été découverte en premier lieu près du lac Baikal par S. G. Gmelin; elle a depuis été observée dans l'Oural, dans l'Altaï, en Daourie, au Karaschatka, et même dans l'Amérique russe. « II. — GENRE GYMNOGRAMME, Desvaux. Desvaux avait donné à ce genre le nom de Gymnogramma (ce qui signifierait en grec : lettre nue), nom peu convenable, et provenant d'une confusion entre les mots grecs -ypfipia (lettre), et •y/safip.r, (ligne); nous rétablissons l'orthographe : Gymnogramme, indiquant que les sores dans ce genre sont linéaires et non recouverts par un voile. La plupart des fougères dorées et argentées appartiennent à ce genre. Que la couleur des corpuscules cireux fusiformes ou linéaires suffise seule pour établir une espèce, cela paraît devoir devenir douteux. Il est de fait ([u'il y a de ces plantes où la partie inférieure de la fronde, notamment le pétiole et une partie des rachis, est blanche, le reste ayant une colo- ration jaune d'or. D'autres, comme le Notholœna chrysophyUa, transsu- dent dans le jeune âge une cire blanche, et la sécrétion devient jaune d'or à une époque plus avancée de la croissance. Il est donc certain que nous avons ici une quantité de formes intermédiaires, embarrassant sin- gulièrement la détermination, mais ne devant nullement entrer en consi- dération, car ce ne sont pas des espèces, mais des variétés. De plus, beaucoup d'entre elles sont issues d'un croisement. La couleur des pinnules secondaires et des divisions, à laquelle Mette- nius attachait une si haute importance pour la distinction des espèces, est un caractère si variable avec l'âge de la fronde et la culture de la plante, qu'on ne doit s'en servir qu'avec une grande circonspection. Le plus souvent, c'est le faciès qui sert de guide; on a encore d'autres carac- tères utiles dans le mode de croissance, la face supérieure brillante ou opaque des folioles, la couleur du revêtement cireux, et la présence ou l'absence de paillettes sur le pétiole. ■1. — G. CHRYSOPHYLLA, Kaulf. {Acrostichum crysophylhim , Sw.j Ceropteris chrysophyUa, Link). Car. : Frons paiulo-recurvala, supra i Car. : Fronde ample, recourbée, verte, viridis, nitens, subliliter sulcatula, sub- lirillnnte, subtilement subsillonnée en tus auro-ceracea, petiolo nudo insidens. dessus, cireux-doré en dessous; pétiole Pinnulae petiolulatse. ' nu. Pinnules secondaires petioluiées. La face supérieure brillante et sillonnée d'une fronde recourbée en BELG. HORT. TOM. IX. '11 — U6 — arc, cl la belle couleur jaune d'or de la face inférieure, font aisément distinguer celte espèce. La longueur de cette fronde ne comporte le plus souvent que 5/4 de pied, et atteint rarement i 1/2 pied; la largeur, qui est la plus grande au-dessus de la base, peut être évaluée en moyenne à un peu plus de la moitié de la longueur. Tandis que la fronde entière a une forme lancéolée triangulaire, les pinnules sont simplement lancéo- lées, et les pinnules secondaires lancéolées allongées, et de plus commen- çant par un court pétiole. Ce n'est que chez de vieux exemplaires qu'on trouve ces dernières encore une fois pinnées à la base ou du moins pin- nalifides. Ces dernières divisions se terminent régulièrement en coin vers la base, et sont la plupart du temps pourvues à l'extrémité supérieure d'une paire de dents pointues. Les Antilles sont la patrie de cette espèce. J'ai à ma disposition des exemplaires de G. chrijsophyUa du jardin de Kew, où les pinnules primitives et secondaires, ainsi que les divisions, sont moins prononcées, et où la forme générale de la fronde est celle d'un ovale allongé. Par là, ils se trouvent voisins du G. distans, Link. G. L'HERJIIMERI, Bonr. Car. : Frons erecto-palens, vixsuperne recurvata, supra opaca, punctis aureis sparse conspersa, griseo-viridis, subtus aureo ceracea, peliolo nudo insidens. Pinnulae peliolulatae. Car. : Fronde dressée, ouverte, à peine recourbée ^ers le sommet; face supé- rieure opaque, d'un vert-grisâtre, par- semée de points dorés; face inférieure d'une couleur cireux-doré; pétiole nu. Pinnules secondaires portées sur un court pétiole. Les frondes plus molles et plus membraneuses, à face supérieure opa- que et d'un vert-grisâtre ou même blanchâtre, distinguent suflisamment cette espèce. Elle est aussi plus petite, et les frondes n'atteignent pas ordinairement à la longueur d'un pied. Leur aspect général et celui des pinnules primaires présentent une certaine ressemblance avec le G. chnj- sophylla, Kaulf.; mais les pinnules secondaires diffèrent complètement en ce qu'elles sont ici plus ovales et plus allongées, et n'ont jamais leur base rétrécic et cunéiforme; la décomposition ultérieure y est aussi plus fréquente. Les divisions sont plus arrondies et crénelées, très-rare- ment dentées. Suivant Mettenius, les pinnules secondaires devraient être plus éloignées que chez le G. chrysophylla, ce qui n'est pas le cas chez les nombreux exemplaires que j'ai eus à ma disposition; au contraire elles m'ont paru en général plus rapprochées les unes des autres, leurs bords se recouvrant même. La patrie de cette espèce est la Guadeloupe. Si les exemplaires de Bory ont été tels que le dit Mettenius, ils appar- tiennent plutôt au G. chrysophylla, Kaulf. M. Lauche, jardinier en chef du Jardin Augustin, à Potsdan), a obtenu une fois, en semant dans une même coupe les G. chrysophylla et L'Herminieri, une forme particu- lière, représentant un hybride de ces deux plantes, et qui est assurément de toutes les fougères dorées, la plus belle et la plus élégante, surpassant vel flavo-ceracea; pinnulœ laie sessiles decurreutes; petiolus paleis sparse ves- titus. — 147 — même sous ce rapport le G. elegans. La production d'une cire d'un jaune d'or sombre n'est aussi intense chez aucune autre. Elle possède des fron- des plus dressées et lancéolées-allongées, de 1 jusqu'à 1 d/2 pied de long, dont le pétiole brillant forme la moitié de cette longueur; des pinnules primaires lancéolées-effilées, dont les inférieures ont trois pouces de lon- gueur, et des pinnules secondaires allongées et un peu écartées, qui, par leur consistance plus ferme, rappellent davantage le G. chrijsophylla, tandis que leur élégance les rapproche au contraire du G. UHerminieri. 3. — G. HYBRIDA , Martens. Car. : Frons erecta, elongala, supra j Car. : Fronde dressée, allongée, en- saturate-viridis, nitidula, subtns aureo- | dessus vert intense, brillante, recouverte en-dessous d'une matière cireuse, dorée ou blonde; pinnules secondaires large- ment sessiles, décurrentes ; pétiole revêtu de paillettes éparses. Plante magnifique, dont les frondes lancéolées ou assez allongées, par- viennent souvent à la longueur de 2 1/2 pieds. Les pinnules primaires et secondaires sont en général plus éloignées, tantôt alternes, tantôt opposées, et les dernières sont étirées longitudinalement, mais quelque- fois seulement allongées. Les premières peuvent quelquefois avoir à la base une largeur de 1 1/4 pouce^ tandis qne la longueur est de 5 à 7 pouces. Les pinnules secondaires, longues de 6 à 10 lignes, mais larges seulement de 5 à la base, sont le plus souvent en forme de faucilles, et dirigées obliquement par rapport à la largeur de la base. Régulièrement, leur bord ne porte que des dents faibles et espacées, le bord supérieur étant plus denté que l'inférieur; mais, chez les exemplaires robustes, le bord est réellement incisé. Selon Martens, cette forme est résultée accidentellement d'un serais de G. calomelanos et chri/sophylla, Kaulf. Elle a l'habitus et surtout la taille du premier; elle tient du second par la couleur vert intense de la face supérieure des pinnules secondaires. On en distingue quatre variétés, dont la première a été produite en Angleterre, et la troisième, en Belgique. Je regarde cependant comme plus probable que les deux formes existent dans les deux pays. La seconde variété est née à Erfurt, et l'origine de la quatrième m'est inconnue. a). G. hybrida a Massoni, Loudon. [Ceropteris Massoni, Lk.) Elle possède sur les pinnules secondaires allongées, un revêtement jaune d'or, déjà très-épais chez les jeunes frondes. Elle ne m'est connue que dans les jardins et par l'Enumération des Fougères, de Kunze (Lin- ntea, XXIII, 25o). Je ne sais si Loudon l'a décrite quelque part. Les plan- tes que le Jardin de Berlin a reçues de celui de Kew sous le nom de G. chrysophylla elegans, ne se distinguent pas du G. hybi'ida par la sécrétion dorée, ni du G. Massoni, qu'en ce que leurs pinnules secon- daires sont encore un peu plus étroites peut-être. — U8 - On possède sous le nom de G. monstrosa, Hort., une variété, où les pinnulcs secondaires sont irrégulièrement incisées et disposées sur un rachis plus large. Les frondes ne s'en élèvent pas non plus tout droit, mais sont un peu infléchies de part et d'autre. h). G. hybrida p Bernhardii, Hort., Aug. Elle est généralement un peu plus petite. Comme chez la précédente, les frondes sont droites, mais les pinnules secondaires, plus larges et moins écartées, sont un peu et irrégulièrement dentelées en scie vers la pointe. Généralement, le revêtement cireux, qui se trouve sur le pétiole et la partie inférieure du rachis est blanc, mais il peut aussi être jaune. Ce jaune lui-même est tantôt clair, et tantôt plus foncé et même doré. Ces diverses nuances se présentent souvent sur une seule et même plante. Dans VAllgemeine Gartenzeilung, d'OîTO et Dietbich (VIII"" année, page 249), feu Bernhardi, directeur du Jardin botanique d'Erfurt, a pour la première fois décrit cette variété comme hybride du G. distans, Lk., et du G. chrysophyllUf Kaulf.; mais sa grande ressemblance avec le G. Massoni, en fait proprement une forme intermédiaire entre cette variété et le G. Martensii. Le Jardin botanique de Berlin a reçu de Vienne cette variété sous le nom de G. luteo-alba. c). G. hybrida 7 Martensii, Bonv (Kunze). Les pinnules secondaires, plus allongées en général, ont sur leur face inférieure une simple couche jaune, qui devient encore moins marquante lorsque toute cette surface se recouvre de sporanges nombreux. C'est cette forme que le professeur Martens a décrite sous le nom de Gymno- gramme hybrida dans le Bulletin de l'Académie de Bruxelles (1837, p. SO). Bernhardi a reçu de Martens sous le nom de G hybrida, une fronde dont la face inférieure était d'un jaune aussi doré que chez le G. chrysophylla, Kaulf. En revanche, tous les exemplaires que le Jardin de Kew m'a envoyés, ont un revêtement cireux simplement jaune. Il paraît que cette variété à cire jaune se cultive aussi sous le nom de Massoni en Angle- terre. Ainsi se trouve justifiée l'opinion que j'ai émise plus haut, quant à la variabilité de la coloration de la production cireuse chez cet hybride. A cette forme, il faut encore rapporter ce qu'on cultive en Allemagne sous le nom de G. flavens, et en Angleterre sous celui de G. ochracea. û). G. hybrida â sulphurea. Cette variété, qui, si je ne me trompe, a été introduite d'Angleterre en Allemagne, ne se distingue de la précédente qu'en ce que le revête- ment cireux jaune-soufré, est peu abondant et principalement borné aux deux côtés de la nervure médiane des pinnulcs secondaires, et est même à peine distinct dans le jeune âge de la plante. Au surplus, on trouve des exemplaires qu'il est impossible de distinguer du G. hybrida, Mart. y Martensii. Cette variété est la moins recommandable de toutes. Un exemi)laire du G. sulphurea mis à ma disposition par le Jardin de Rew, paraît être un G. L'Herminieri, à revêtement jaune-soufré foncé. _ 149 — i. — G. CALOMELANOS, Kaulf. (Acrosticfuim calumclanos, L.). Car. : Fions erecla, magna, supra, vi- i Car.: Fronde dressée, gramie, verte en ridis, subtus argenteo-ceracea, stipiti pa - dessus, argenté-cireux en dessous, portée leaceo insidens; Pinnulœ petiolulatse, sur un pétiole pailleté; pinnules secon- lanceolalae, incisae. daires petiolulées, lancéolées, incisées. Cette espèce présente dans sa forme extérieure une grande ressem- hlance avec le G. hyhrida, Mart., en ce que la fronde lancéolée y atteint aussi parfois la longueur de 2I/;2 pieds, tandis que la largeur comportede 9 à 10 pouces, c'est-à-dire un tiers de la longueur. Les pinnules, primaires de 5 pouces de long sur 1 1/2 de large à la base, sont lancéolées, de même que les pinnules secondaires longues d'un pouce, larges de quel- ques lignes, et pinnatifides. La face inférieure de ces dernières se cou- vrant souvent largement de sores, le revêtement blanc y disparaît plus ou moins tout en prenant une teinte un peu jaunâtre. Patrie : les Indes Occidentales, et peut-être aussi le Brésil. 0. — G. T ART ARE A, K.^ulf. [Acroslichuyn tarlareum, Sw.; Hemionilis dcalbala, WiLLD.; Gymnoyramme dealbula, Lk.j Ceropleris turlarea, Lk.). Car. : Frons erecto-patnla, supra viri- Car. : Fronde dressée-touffue, verte eu dis, suhtus albo-ceracea, stipili paleaceo dessus, blanc-cireux en dessous, portée insidens; Pinnulœ late sessiles, approxi- malae, oblongse, apice rotundatae, dupli- citer dentatœ. sur un pétiole pailleté; pinnules secon- daires largement sessiles, rapprochées, oblongues, arrondies au sommet, double- ment dentées. Chez la fronde, comme chez les pinnules primaires, la base est à peine un peu plus large que le milieu; par là, cette espèce se distingue essen- tiellement de la précédente, qui a de plus je ne sais quoi de plus grand et de plus grêle; ajoutez à cela que les pinnules secondaires, doublement dentées, reposent sur le rachis par une base plus large, et sont générale- ment plus rapprochées les unes des autres. Le revêtement blanc est en général plus pur et plus épais, de sorte que ces pinnules semblent couver- tes d'un dépôt de tartre (d'où le nom spécifique). Sa patrie est l'Améri- que intertropicale, et plus spécialement le Mexique. 6. — G. DISTANS, Link. (Ceropteris dislans, Link). Car. : Frons erecto-patens, supra viri- j Car. : Fronde dressée et ouverte, verte l ilis, subtus albo-ceracea, slipiti paleaceo insidens; Pinnulse sessiles, distantes, late lineari-oblongae, apice acutae, serralo- dentatœ. en dessus, blanc-cireux en dessous, repo- sant sur un pétiole pailleté; pinnules secondaires sessiles, espacées, largement linéaires-oblongues, aiguéesau bout, den- tées en scie. C'est probablement un hybride des deux espèces précédentes, dont la patrie est le Brésil. Link connaissait déjà des formes du G. distans qui se rapprochaient plus du G. Calomelanos, Kaulf, tandis que j'en ai d'au- tres à ma disposition, dont l'aspect extérieur tient juste le milieu entre les G. tartarea et calomelanos, et qui proviennent de spores de cette dernière espèce. En général;, le G. dislans, Lk., se distingue par les pinnules secondaires plus éloignées, plus allongées et plus pointues, qui, — 150 — en même temps, sont plus étroites à la base que celles du G. tartarea, Kaulf. Link les donne comme pinnatifides, mais je n'en connais pourtant pas de telles. Les frondes semblent être encore plus longues et plus larges que chez le G. calomelanos, Kaulf. 7, — G. PERUVIANA, Dest. {Gymnogramme 07-nithopleris, Klotzsch.; Allosurus farinosus, Kze.; Ceropteris pertiviana, Lk.). Car. : Froiis patulo-recurvata, supra opaca, griseo-viriciis subtus albo-ceracea, stipili nudo insidens ; Pinmilse petiolu- latse, pinnatifidœ, laciniis rolundatis, sœpe denlatis. Car. : Fronde touffue, recourbée, opa- que el gris-verdâtre en dessus, en des- sous blanc de cire, portée sur un pétiole nu; pinnules secondaires pétioiulées , pinnnalifides, à divisions arrondies, sou- vent dentées. Pour la figure et la coloration, elle se rapproche le plus du G. L'Her- minieri, Bory, mais elle est plus grande. Elle a encore une ressemblance éloignée avec le G. chrysopliylla, Kaulf., dont, suivant Mettenius, elle n'est peut-être qu'une variété à sécrétion blanche. Je possède des exem- plaires, où la fronde a 1 4/4 pied de longueur sur une largeur de près de 8 pouces. Les pinnules sont un peu éloignées les unes des autres, et ont une forme lancéolée, tandis que les pinnules secondaires et leurs divisions sont au contraire obtuses. Ces divisions sont le plus souvent entières pendant la jeunesse de la plante, et à rebord fréquemment réfléchi ; plus tard, elles sont toutes dentées au sommet. Le revêtement cireux n'est pas de beaucoup aussi blanc que chez le G. tartarea, Kaulf., mais il a une assez forte tendance à devenir jaunâtre. Patrie : Pérou. PI. 15. G. pulchella. (Une pinnutc.) 8. — G. PULCHELL.\, Liadley. (gj'acilis, Hort. Lind.). Car. : Frons patens, triangulari-lan- ceolata, supra viridis, subtus albo-cera- cco, stipili brevi, ad partem infcriorem paleaceo, insidcns; Pinnœ elongalœ; Pin- nulœ petiolulata;, pinnatifidœ, laciniis laccro-pcctinatis. Car. : Fronde ouverte, triangulaire- lancéolée, verte en dessus, blanc cireux en dessous, portée sur un stipe court, pailleté à sa partie inférieure ; pinnules allongées; pinnules secondaires pétioiu- lées, pinnatifides, à divisions lacéro-pec- tinées. Une très-belle espèce dont on doit l'introduction sous le nom de G. pul- — 151 — chella, à M, Linden, de Bruxelles, et qui a été plus tard répandue sous le nom de G. (jfracîïjs par l'horticulteur Maack, de Schônebeck , près Magdebourg. Elle venait primitivement d'Angleterre, où Lindlcy l'a décrite en 1836 [Gardeners chronide, p. 556). Sa patrie est sans doute la Nouvelle Grenade. Ses frondes, qui atteignent 1 1/2 pied de long, sont droites et très-légèrement arquées extérieurement. Le pétiole est très- court relativement à la lame, et est revêtu sur sa moitié inférieure de nombreuses paillettes d'un brun-clair. La fronde elle-même est plus triangulaire que lancéolée, et comporte une largeur de la moitié aux deux tiers de la longueur en moyenne. Les pinnules primaires ont une forme lancéolée étroite, tandis que les pinnules secondaires sont propor- tionnellement plus larges à la base et paraissent plus courtes. Les divi- sions de ces pinnules sont toujours, chez les plantes d'un certain ;"ige, munies de trois à cinq dents assez longues et étroites^ placées plus ou moins comme les dents d'un peigne. Cette espèce change extraordinairement avec l'âge. Les jeunes frondes sont très-finement tailladées et ont un aspect d'autant plus particulier que la poussière blanche n'y paraît qu'assez tard. Chez les frondes assez vieilles, les divisions allongées sont à peine dentées, tandis qu'elles sont découpées en peigne chez celles qui sont à l'état de fructification. III. — GENRE NOTIIOLOENA, R. Bn. On a récemment préféré l'ortographe de Natocidœna, pour des raisons qui ne me paraissent pas plausibles. Robert Brown, qui a créé le geni'c dans le Prodrome de la Nouvelle Hollande, a écrit Notholœna, (c'est-à- dire fausse couverture, ou ici faux indusium), parce qu'au lieu d'un véritable indusium, il y a ici souvent des écailles ou des poils sous lesquels les sores sont abrités. On donne en grec les noms de lœna {Icdvx), et de chlœna [ylcdvx), à un vêtement de dessus, ou à une couver- ture, et le premier de ces termes est seul passé dans la langue latine. NOTIIOLOENA CHRYSOPHYLLA, Klotzsche. Car. : Caudex brevissimus , erectus, paleaceus. Frons bi- et Iripinnala, pe- tiolo longiusculo, ad basin paleaceo insi- deiis; pinnulae oblongœ, obtusse, subliis aureo-eeraccae , pinnarum inferioriim sœpe teriiae, ipsœque ileruin pinnatœ; Sporangia breviter pedicellala. Car. : Tige très-courle, droite, paille- tée. Fronde bi- et tripinnée, portée sur un pétiole assez long, pailleté vers la base; pinnules secondaires oblongues, obtuses, cireux-doré en dessous ; celles des pinnules inférieures souvent lernées, et pinnées de recbef ; sporanges briève- ment pédicellés. Fougère extrêmement élégante, qui, à cause notamment de son mode de décomposition, offre une ressemblance éloignée avec les .4 (/j'antia/i. Elle a été découverte au Pérou par le célèbre voyageur von Warszewicz, aujourd'hui inspecteur du Jardin de Cracovie, et a été communiquée en premier lieu au jardin du conseiller de justice Augustin, près de Potsdam, Elle a été décrite par le D"" Klotzsche, conservateur de l'Herbier royal — 1S2 — de Berlin, dans VAllgemeine Gartenzeitung (XXIII" année, p. 265). La tige, brune et droite, s'élève un peu au-dessus du sol, et est garnie d'un revêtement serré d'écaillés pointues de même couleur, qui se conti- nuent aussi isolément sur la base des pétioles. Ceux-ci ont une couleur PI. li. Notholœna chrysophylla (Une fronde). brun luisant et une longueur de 4 à 5 pouces. Le contour des frondes offre une forme lancéolée-allongée; elles ont une longueur de 6 à 9 pouces sur une largeur de 2 1/2 à 3, et sont bi- ou tripinnées. Les pin- nules répètent la forme de la fronde et sont disposées par paires, et assez écartées les unes des autres (jusqu'à i 1/2 pouce). En règle générale, les inférieures seules sont bipinnées, les autres , simplement pinnées. Les pinnules secondaires ont une forme allongée; elles paraissent tripar- I r.a£i.^tJtX'. Reine Ue de Xorwèue. — 153 - tites au milieu des pinnules inférieures et à la base des supérieures, et même ternées à la base des pinnules inférieures, conséquemment au nombre de trois sur un pétiole commun. Leur face supérieure est d'un beau vert, et l'inférieure revêtue d'un dépôt cireux d'un jaune d'or. Elle porte en outre des sporanges assez grands, et supportés par un court pédicelle, formant des sores, qu'on cesse bientôt de pouvoir distinguer. JARDIN FRUITIER. NOTICE SUR LA POMME REINETTE DE NORWÈGE, Par m. Edouard Morren. Figurée planche X. Nous avons dit un mot dans la troisième livraison de cette année (Tome IX, p. 69) de l'intéressant envoi de fruits qui nous avait été adressé par M. Schubeler de Christiania. Ils attestaient des louables efforts dont la pomologie est l'objet sous ces latitudes reculées, du bon choix des variétés qu'on y cultive et en outre de l'influence si bienfai- sante de la température exceptionnelle de l'été de 1858. Nous avons reconnu dans la plupart de ces fruits des espèces que nous connaissions et que nous cultivions généralement en Belgique dans la grande culture. L'un d'entre eux cependant, une pomme-reinette, était nouveau et nous était spécialement recommandé par M. Schubeler. Nous l'avons fait figurer (voir ci-contre) et nous pensons que l'intro- duction de cette pomme dans notre pays aurait infailliblement d'heureux résultats. On peut supposer en effet, qu'une race transportée du nord sous un climat meilleur, sans être trop différent, prospérera et selon toutes les probalités ne pourra que s'améliorer, tandis qu'au contraire la culture d'un fruit originaire du midi doit être difficile, douteuse et sujette à bien des mécomptes dans un pays moins favorisé. Notre pomo- logie nationale ne peut donc que gagner en recrutant les meilleures variétés issues du rude climat de la Norwège. Celle dont nous parlons est particulièrement recomraandable ; elle est d'une fort belle apparence, d'une forme irréprochable, d'une conser- vation très longue et d'une saveur délicate. Les fruits qui nous avaient été envoyés de Christiania au commencement de novembre se sont main- tenus dans un état parfait de conservation, dans notre bureau, jusqu'à la fin de janvier et cela malgré les fatigues du voyage et la température trop élevée d'un appartement habité. Il est vrai que l'emballage avait été si parfait qu'aucun fruit n'avait souffert de la longueur du transport. Il n'est peut-être pas inutile de faire connaître le procédé usité avec tant de succès par M. Schubeler, Chaque fruit était enveloppé d'un mor- - 154 — ceau de papier non collé et fort souple quoique d'épaisseur moyenne : un papier trop rude ou simplement collé présenterait beaucoup de dangers et blesserait facilement l'épiderme, dès que celui-ci est légère- ment entamé la décomposition fait de l'apides progrès. Les intervalles entre chaque fruit étaient remplis par de la graine d' fferacleum (Berce) ou de Rhubarbe, substance très légère, sèche, élastique et souple et bien préférable sous tous ces rapports à la sciure de bois, au son, ou à la mousse. Quant à la caisse elle était un charmant spécimen de l'indus- trie simple et ingénieuse des habitants du nord et façonnée en sapin fort mince et très solide. Pendant les trois mois que la Reinette de Norwège a pu être conservée elle n'a cessé de répandre un arôme fin et très pénétrant. Elle était d'un volume moyen, de forme suborbiculaire, régulière, déprimée surtout au sommet du côté de l'ombilic. Sa circonférence transversale mesurait 25 centimètres et son pourtour longitudinal environ 20 centimètres. Le pédoncule est inséré au fond d'une dépression étroite et profonde d'un demi centimètre environ. Le pédoncule lui-même mesure à peu près 15 millimètres. Le calice est situé au fond d'une large dépression régulière enfoncée de près de 10 millimètres : lui-même est large, pubesccnt, étalé. La peau est lisse, claire et luisante, régulièrement colorée en beau jaune paille, rosé du côté du soleil où l'on distingue une large zone de cette couleur rehaussée de ponctuations petites et inégales et de stries longitudinales rouge pourpre. La chair est ferme et aromatisée.. CULTURE MARAÎCHÈRE. LES COURGES; LEURS ESPÈCES ET LEURS VARIÉTÉS, Par m. Naudin. (suite et F1.\.) Nous avons, un peu arbitrairement, classé en sept groupes toutes les formes que nous a offertes la Courge Pépon; il est possible qu'il en existe, parmi celles qui nous sont inconnues, qui nécessiteraient la création d'autres classes que celles que nous allons présenter ici : Ces classes sont les suivantes : 1" Les CouRGEUONS à fruits sphériques plus ou moins déprimés de l'avant à l'arrière rappellant ainsi lu forme typique du Potiron, de moyenne grandeur (20 à 30 centimètres de diamètre transversal, mais non longitudinal), à côtes ou sans côtes, d'un jaune orangé assez vif à la maturité. Ils sont comestibles et se distinguent suffisamment par là des Barbarincs et de l'Orangine, dont il sera parlé plus loin, et dont les fruits également sphériques ou déprimés, sont beaucoup plus petits et de nul usage dans l'économie domeslique. Nous distinguons dans ce premier groupe ; — 155 — a. Le Courgeron de Genève, dont le type est une plante à tige courte et dressée, dont les fruits sont lisses, très déprimés, d'un vert noir dans le premier âge, passant à l'orangé vif à la maturité. C'est une variété très médiocre. 6. Le Courgeron de Maroc, plante coureuse, dont les fruits de la grosseur et de la forme d'un melon Cantaloup , sont à côtes plates mais prononcées. Même coloration que dans le précédent. 2° Les Citrouilles proprement dites, dont les fruits sont de grande et de moyenne taille, ovoïdes, obovoïdes, lisses ou verruqueux. Les principales sous-variétés sont : a. La Citrouille de Touraine, à fruits lisses, généralement de grande taille, verts ou jaunes, souvent marbrés de ces deux couleurs. Elle est très médiocre, mais précoce et productive , et ordinairement cul- tivée pour l'alimentation du bétail. Quelques-unes de ses variations deviennent énormes et se couvrent de grosses verrucosités. 6. La Citrouille sucrière du Brésil, plante coureuse comme la pré- cédente à fruits moyens ou petits, généralement ovoïdes, avec ou sans verrues. C'est une des variétés les plus riches en sucre (sucre incris- tallisable), mais elle dégénère très facilement par de mauvais croise- ments et alors elle perd sa qualité principale. 3° Les GiiîAUMONS, citrouilles plus allongées que les précédentes, et dont le diamètre longitudinal dépasse sensiblement le double du diamètre transversal. Nous rangeons dans ce groupe : a. Le Giraumon de Patagonie ou Courge des Patagons , plante coureuse, à fruits moyens (de 40 à 50 cent, de long, sur io à 20 de diamètre transversal) offrant cinq fortes côtes saillantes, de la grosseur du doigt, courant d'une extrémité à l'autre du fruit. On en distingue deux sous-variétés, la blanche et la noire. Une autre sous- variété est la Courge verte de Marseille, à tige non-coureuse et à fruits plus gros. h. Le Giraumon Coucourzelle ou Courge longue d'Italie, à fruits allongés , un peu renflé vers l'extrémité florale , assez seuiblable à la Courge des Patagons mais sans côtes saillantes. La plante est tantôt coureuse, tantôt à tige courte. Elle nous a paru une des meilleures variétés de l'espèce. La Courge à la moelle, ou Vegetahle Marroiv des Anglais , qui se mange bien avant sa maturité, peut en être rapprochée comme simple sous-variété. c. La Courge Polk, variété purement ornementale, mais remarquable sous ce rapport. La plante est coureuse, quelquefois totalement dépour- vue de vrilles. Ses fruits longs et relativement menus (de 30 à 50 centi- mètres de long, sur 5 à 8 d'épaisseur) sont extrêmement verruqueux, de l'orangé le plus vif, très souvent courbés sur eux-même et à coque scmi-ligneusc. Elle dégénère avec une grande facilité par le croisement. d. La Courge Cou- tors ou Crook-neclc des Américains, variélé très voisine de la précédente , dont elle diffère surtout en ce qu'elle n'est — 156 - point coureuse. Ses fruits sont longs, tantôt en massue, tantôt grêles et serpentiformes, plus ou moins courbes ou contournés, verruqueux, d'un beau jaune orangé. C'est une variété de simple agrément , mais dont les fruits pourraient se manger jeunes ou se confire au vinaigre comme les Cornichons. La Coloquinte de Liège, à fruit très contracté et un peu en forme de pyramide n'en est qu'une sous-variété accidentelle- 4° Les Pâtissons, dont la plupart des botanistes ont fait une espèce distincte sous le nom de C. Melopepo. Ce groupe, vaguement déûni à cause de son polymorphisme, n'est bien reconnaissable que dans le Pâtis- son type, plante non-coureuse, au feuillage développé et un peu mou, aux fruits toujours petits, contractés, coniques, quelquefois tout à fait disci- formes,aveciO cornes ou bosses plus ou moins saillantes situées tantôt à la base du fruit, tantôt au milieu ou près du sommet. On en connaît de blancs, de verts, de jaunes et de bariolés de ces différentes teintes. Tous sont comestibles et, par leur forme bizarre, servent aussi d'ornement aux devantures des marchands fruitiers et des restaurateurs. Le Pâtisson type est aussi connu sous les noms d' Artichaut d' Espagne, de Bonnet d'Electeur et d'Arbouse d'Astrakhan. 5° L'Orangin ou Courge orangine, qui est une des variétés les plus stables de l'espèce du C. Pepo, aussi a-t-elle été admise par tous les bota- nistes, depuis Willdenow, comme une espèce distincte, sous le nom de C. aurantia. La plante est toujours coureuse, à feuillage comparativement petit, peu découpé, et à trois plutôt qu'à cinq lobes. Ses fruits sont géné- ralement sphériques ou un peu déprimés, lisses , d'un bel orangé lors- qu'ils ont atteint leur maturité complète, à coque un peu ferme et ordi- dairement du volume d'une orange. C'est une variété tout ornementale et assez fréquemment cultivée. 6" Les Coloquintes barbarines, ou simplement les Barbarines, groupe indécis et arbitraire dans lequel nous rangeons les variétés presque innom- brables, et toujours changeantes des Courges d'agrément qui se dis- tinguent en général par les verrucosités plus ou moins nombreuses, plus ou moins développées dont elles se couvrent. Toutes sont coureuses, à feuillage presque toujours très découpé. Leurs fruits peuvent présenter toutes les formes, depuis celle du Giraumon le plus allongé jusqu'à celle du Pâtisson le plus déprimé. Leur coque est assez ferme, aussi peuvent- ils se conserver assez longtemps dans toute leur beauté. Leur volume varie de la taille d'une grosse noix à celle d'une citrouille moyenne. Du reste, par les croisements réitérés avec des variétés d'autres groupes, elles perdent successivement tous leurs caractères et se transforment finale- ment en vraies Citrouilles, en Giraumons ou en d'autres variétés égale- ment comestibles. Celles qu'on préfère dans les cultures d'agrément sont ordinairement les plus bizarres de forme ou les plus verruqueuses. 7° Les CoLOQuiNELLts et CouGOURDETTES, asscmblagc de variétés tout aussi nombreuses et aussi peu fixes que celles du groupe précédent, aux- - V67 — quelles elles ressemblent par leur feuillage découpé, ef, dont elles ne dif- fèrent que par leurs fruits lisses , non verruqueux et ordinairement bariolés ou marbrés de couleurs différentes. Ces fruits, tantôt pyriforraes, tantôt sphériques, sont entourés d'une coque plus ou moins ferme, quel- quefois assez épaisse et assez dure pour qu'on en fasse de petits vases. Ils sont généralement très-petits; quelques-uns ne dépassent même pas le volume d'une noix ordinaire, bien que contenant des graines parfaites. La sous-variété la plus classique du groupe, est la Cougourdette propre- ment dite, dont le fruit, de la grosseur d'une petite poire et agréablement bariolé de blanc ou de jaune pâle sur fond vert , a la coque aussi épaisse et aussi dure que celle de la Gourde-bouteille. Toutes ces variétés se croi- sent aisément avec celles des autres groupes , et attestent par là leur com- mune origine, aussi bien que l'identité spécifique de toutes les formes du C. Pepo. 3e ESPECE. La Melonée ou Courge musquée (C. moschata, Duch., etc.). Plante annuelle, à tiges généralement très longues et très coureuses, presque cylindriques, souvent tachées de noir au voisinage des nœuds; à feuilles plus ou moins découpées, d'un vert foncé, très fréquemment marbrées de blanc, veloutées, comparativement douces au toucher, et jamais armées sur leurs nervures et sur leurs pétioles de ces poils aiguil- lonnés, si ordinaires dans l'espèce précédente. Fleurs mâles portées sur des pédoncules à peu près cylindriques, à tube calycinal court, presque réduit à l'état de plateau , couronné par cinq dents ou plutôt par cinq folioles d'un vert noir, linéaires, très-souvent terminées par un petit limbe tout à fait foliacé. Fruits tantôt ovoïdes ou obovoïdes, quelquefois coniques et déprimés, plus ordinairement allongés et renflés en massue près de l'extrémité florale, se couvrant toujours à l'approche de la matu- rité d'une abondante poussière glauque, qui fait immédiateraeut recon- naître l'espèce. Pédoncule noirâtre, hérissé de poils raides à base persis- tante, à cinq angles mousses quoique saillants, souvent épaté à son insertion sur le fruit. Chair un peil filandreuse, jaune, orangée ou presque tout à fait rouge, quelquefois pâle et décolorée. Graines fortement mar- ginées, d'un blanc sale. Presque toutes les variétés de la Melonée se placent au premier rang pour les qualités alimentaires; mais comme elles demandent beaucoup plus de chaleur que celles des deux espèces précédentes, elles sont à peine connues à Paris, et moins encore sous les climats plus septentrionaux. Elles sont communes au contraire, dans le midi de l'Europe, le nord de l'Afrique, l'Egypte, et tous les climats chauds. L'espèce est aussi très- polymorphe, mais malgré cela toujours facile à distinguer des autres espèces du genre. Pendant trois ans (de 1855 à 1857 inclusivement), nous avons cultivé au Muséum un assez grand nombre de variétés de Melonées , tirées du midi de la France, de l'Italie, de l'Egypte, des Antilles et même du Gabon. — lo8 — Quelques-unes seulement parvinrent à maturité, c'étaient en général celles dont les fruits étaient les plus petits. Nous les avons vues, notam- ment en '1837, année, comme on sait, des plus favorables par la forte chaleur et la longue durée de l'été, pousser des tiges de 12 à 13 mètres, avant de nouCr un seul fruit. Quelques-unes même commençaient à peine à fleurir dans les derniers jours de septembre, alors que les Potirons, semés en même temps qu'elles , avaient atteint depuis longtemps leur maturité. Mais, comme nous l'avons dit tout à l'heure, quelques variétés se montrent assez précoces pour niùrir leurs fruits jusque sous le climat de Paris, par les procédés de la culture ordinaire, et, à ce titre, se recom- mandent assez pour mériter d'être introduites dans tous les jardins pota- gers. Les seules variétés de cette espèce qui nous soient bien connues, se réduisent aux trois suivantes : a. Lr 3felonée 'proprement dite ou Courge muscade des Marseillais , généralement cultivée en Provence, où elle acquiert le volume des plus grands Potirons. Elle est de forme ovoïde et la chair en est rouge et fort estimée. Elle réussit d'une manière satisfaisante sous le climat de Paris, quoique un peu tardive. 6. La Courge berbère, commune en Algérie, petite ou moyenne, allon- gée, renflée en pilon à son extrémité antérieure qui seule contient les graines, le reste étant parfaitement plein. Cette variété assez précoce pour notre climat, n'est qu'un diminutif de la suivante. c. La Courge porte-manteau ou Courge pleine de Naples, connue aussi sous le nom de Courge valise, qui est une des plus grandes de tout le genre. Elle est cylindrique, de la grosseur du corps d'un enfant, lougue quelquefois de 1™,50, très pleine si ce n'est près du sommet où sont logées les graines, verte, marbrée ou toute blanche. Cette belle et excellente variété ne vient bien que dans le midi de l'Europe; elle a très médiocrement réussi à Paris, même en 1857. 4e ESPÈCE. La Cocrge de Siam ou Couiige a graines noires {Cucurbila melanosperma, Al. Braux). Plante annuelle, à tiges un peu grêles, très longues, à peu près cylindriques. Feuilles moyennes , à cinq lobes séparés par des sinus profonds et arrondis comme les lobes eux-mêmes, d'un vert obscur, presque toujours marbrées de taches d'un vert jaunâtre, un peu rudes au toucher mais jamais armées de poils aiguillonnés. Calyce des fleurs mâles campanuhî, à dents courtes et subuiées. Fruits moyens (environ de la grosseur de la tête), en ovoïde court, quelquefois presque sphériques, à coque assez dure, lisses, marbrés et bariolés de blanc sur fond vert. (Les macules blanches correspondant toujours à de légères dépressions), entièrement pleins, à chair très blanche, douce, légèrement sucrée et dans laquelle sont nichées de grandes graines noires semblables, pour la forme et la taille a celle des Potirons. — 159 — La courge de Siam, qui est indubitablement originaire de l'Asie méri- dionale et qui paraît i'ort répandue en Chine, est d'introduction compara- tivement récente en Europe, car il ne paraît pas qu'elle y fût connue il y a plus de oO ans. Elle ne nous a encore offert aucune variété, et peut- être n'a-t-elle pas varié davantage en Asie, si nous en jugeons par ce fait qu'une grande quantité de fruits de cette espèce qui nous sont arri- vés de Chine avec les Yacks amenés en France par M. de Montigny, ne différaient en rien de ceux que nous récoltons depuis plusieurs années. Ces fruits n'ont encore reçu aucun emploi dans l'économie domestique, bien que cueillis jeunes et à moitié grosseur, ils puissent être apprêtés à la manière du Concombre blanc. Dans tous les cas, elle nous paraît propre à entrer dans la culture fourragère, car elle est très fructifère et ne demande qu'une médiocre chaleur. Ses fruits, fort recherchés du bétail, ont l'avantage précieux de pouvoir se garder intacts pendant plu- sieurs années. 5e ESPÈCE. La Courge vivace {Cacurbila perennis, As. GnAv). Plante vivace par sa racine charnue, qui devient énorme et s'enfonce à plus d'un mètre en terre. Ses tiges sont de la grosseur du petit doigt, longues de 6 à 8 mètres, presque cylindriques. Ses feuilles, de moyenne grandeur, sont triangulaires, à angles arrondis, sans lobes ni sinus, fermes, raides, toutes hérissées de poils courts et serrés, qui donnent à la plante une teinte grisâtre uniforme. Les pétioles ici sont pleins et non plus fistuleux comme dans les espèces précédentes. Les fleurs à calice campanule sont presque de la grandeur de celle du Potiron et exhalent une odeur de violette prononcée. Les fruits ne dépassent guère le volume d'une pêche jiioyenne; ils sont sphériques ou courtement oho- voïdes, verts marbrés de blanc, puis jaunes à la maturité. Leur pulpe est aussi amère que celle de la coloquinte officinale , que notre plante pourrait sans doute remplacer au besoin dans les officines. La courge vivace, déjà répandue dans la plupart des jardins botaniques de la France et dans quelques jardins particuliers, à titre de plante d'ornement ou de simple curiosité, est originaire des contrées occiden- tales tempérées de l'Amérique du nord , telles que le Texas et la Cali- fornie. Ses liges périssent tous les ans, mais elles se conservent sous terre par ses volumineuses racines, comme le fait notre Bryonne indigène. Très rustique sous le climat de Paris où nous la cultivons depuis six ans, elle nous paraît propre à entrer dans la décoration des grands jardins et des parcs, soit pour couvrir des murs ou des berceaux, soit pour être dressée en pyramide sur des tuteurs appropriés. 6e ESPÈCE. La Courge bryonke ou Courge a feuilles digitées [Cucurhila digitala. As. Gray). Plante du Nouveau-Mexique qui a été envoyée au Muséum d'Histoire Naturelle dans les premiers mois de 1858, par M. Asa Guav, de Boston — 160 - Elle n'y a pas encore montré ses fleurs, bien qu'elle ait poussé avec vigueur. C'est une plante vivace par sa racine, comme la précédente, dont elle se distingue par ses feuilles à cinq digitations étroites, longues et marbrées de blanc. Existe-t-il des hybrides entre les différentes espèces de courges que nous avons énumérées? Beaucoup de personnes le croient; quelques-unes même vont jusqu'à prétendre que les melons et les courges sont capables de se croiser réciproquement quand ils sont à proximité les uns des autres, d'où résulterait, pour le melon du moins, un véritable abâtardis- sement. Il n'y avait rien tel que l'expérience pour décider la question, qui d'ailleurs intéressait la science aussi bien que le jardinage. Dans les deux années 1855 et 1856, soixante-dix essais d'hybridation ont été ten- tés sur les cinq espèces de courges que nous cultivions, et cela avec tout le soin et toutes les précautions désirables. Dans quatre cas seulement, les fruits se sont formés et sont arrivés à une maturité parfaite; mais, chose remarquable, pas un d'eux ne contenait une seule graine fertile. Toutes nos plantes, depuis trois ans, sont cultivées les unes au milieu des autres; elles fleurissent simultanément, et les abeilles, qui sont ici le grand agent de dissémination du pollen, se promènent également sur toutes dans une même matinée, au point qu'on peut dire que pas une fleur femelle d'une espèce quelconque n'échappe au contact du pollen de toutes les autres. Nous récoltons les graines de la plus grande partie des fruits obtenus dans ces conditions si favorables au croisement des races, nous en semons par centaines ou même par milliers, et cependant nous n'avons pas encore pu obtenir une seule courge hybride ! Concluons- en qu'ici, malgré l'apparence, malgré surtout leur étonnant polymor- phisme, les espèces sont très distinctes, très nettement arrêtées et abso- lument incapables de laisser s'altérer par hybridation leurs vrais carac- tères. Concluons-en à plus forte raison que l'abâtardissement des races de melons par les courges n'a aucune probabilité, et qu'il n'y a là qu'une de ces erreurs populaires qui tombent dès qu'on les soumet au contrôle d'une observation sérieuse. La grande variabilité des formes, jointe à une stabilité absolue des vrais caractères spécifiques dans les plantes que nous venons d'examiner, est un fait gros de conséquences. Les détracteurs de l'espèce, aussi bien que les spécificistes outrés, y trouvent également leur condamnation, et ce n'est pas là le seul exemple qu'on pourra opposer à leurs doctrines erronées; les melons nous en offriront bientôt un autre qui ne sera pas moins remarquable. Espérons que des expériences semblables, mieux faites encore et plus suivies, viendront enfin nous apprendre ce qu'il faut penser des genres Rosa, Rubus et de beaucoup d'autres chez lesquels le nombre et la variabilité des formes réputées spécifiques, fait le désespoir de la science. £iA de £^. tJeverofnJ i.lnsarenariaM'.H,-2,lris puinila L..'). Iris pimula varluteaB.M. 4.5. Iris clusiana. 161 — HORTICULTURE. QUELQUES MOTS SUR LA CULTURE DES IRIS A PROPOS DES IRIS ARENARIAWaldst. et Kit., I. PUMILA L. ET I. CLUSIANATAUSCII, Par m. le Docteur Olivier Du Vivier. FAMILLE DES IRIDACÉES. — TRIANDRIE MONOGYNIE. (Figuré planche XI). Il est du devoir de la presse horticole, non seulement de faire con- naître les nouveautés qui, tous les jours, surgissent à l'horizon, mais encore d'entretenir le culte des espèces végétales qui, par leur mérite absolu, se placent au-dessus des exigences et des caprices de la mode. Cette réflexion , nous nous la faisons bien souvent en voyant la légèreté avec laquelle on s'engoue de toute plante nouvelle, en voyant surtout avec quel dédain on rejette, sans distinction aucune, des espèces que l'on avait adorées la veille. Nous n'entreprendrons pas de citer le nombre de plantes qui se trouvent dans ce cas, et nous nous contenterons de dire quelques mots de la culture des Iris, l'un des genres qui offrent le plus de ressources à l'ornementation des jardins. Les Iris, quoique presque tous vieilles plantes, n'en sont pas moins de fort belles plantes ; leurs nombreuses espèces, à la taille si variée, aux formes si régulièrement diverses, aux couleurs nmlliples et magnifiques, se prêtent admirable- ment aux exigences horticoles; joignez à cela les variétés infinies que le semis et l'hybridation peuvent en obtenir, ajoutez-y la facilité de culture et la floraison précoce, et vous aurez un ensemble de qualités qui se trouvent bien rarement réunies chez une même plante, et qui laissent peu comprendre comment les Iris ont été pour ainsi dire abandonnés ou du moins cultivés avec peu de soins. Les caractères du genre se trouvent partout et nous croyons inutile de les reproduire. Disons plutôt, en quelques mots, la ligne de conduite à suivre, tant pour faire prospérer ses plants que pour obtenir de nou- velles variétés. Et d'abord, presque tout terreau convient aux Iris : cepen- dant un compost formé de terre de jardin , de fumier et de sable, leur con- vient particulièrement; on y placera les plantsà un pied de distance l'un de l'autre et de façon que les bulbes ou les rhizomes soient recouverts de trois pouces de terre environ; on les préservera, pour tout soin, des pluies trop intenses, et les fleurs ne tarderont pas à se développer. Quand BELG. BOUT. TOÎI. IX. i^ — 162 - un fruit commence à se développer, si on a l'intention d'en recueillir les graines, on enlèvera toutes les autres fleurs du pied, et l'on aura soin d'arroser assez souvent pour que la plante ne se dessèche pas. La capsule s'accroît, les feuilles jaunissent, le fruit est mûr; on l'enlèvera alors avec une portion de la hampe, on le placera dans un lieu très sec, et, s'il éclate, on recueillera avec soin les semences pour être employées au mois de septembre suivant. A cette époque, on les sèmera à distance dans des terrines à graines que l'on exposera le matin au soleil et dont on tiendra le sol constam- ment humide; il sera très utile aussi de les recouvrir d'une cloche de verre ou de les placer sous châssis. Au printemps suivant, les jeunes plantes qui auront germé seront, si la température est douce, placées en plein air, à l'ombre ; on les débari'assera des mauvaises hei'bes et on les arrosera pendant tout le temps de leur croissance, c'est-à-dire jusqu'à la mort de leurs feuilles. Après cela et vers le mois de septembre, les petits bulbes seront extraits de leur terrine et plantés dans de nouveaux pots à la distance d'un pouce l'un de l'autre; on les traitera comme ci-devant, et, à la saison suivante , on pourra les transplanter en pleine terre. Pour cela, on choisira une couche de terre riche et légère dans laquelle on creusera des sillons distants de six pouces et assez profonds peur que les bulbes, plantés à trois pouces l'un de l'autre, soient égale- ment recouverts de trois pouces de terre. A la première floraison, on marquera les variétés à conserver et les autres seront mises au rebut. De cette façon, on peut se créer une fort jolie collection d'Iris. Déjà, dans ce journal, deux espèces d'Iris ont été signalées à l'atten- tion des amateurs de belles fleurs (1). Aujourd'hui nous figurons quatre Iris qui, pris presqu'au hasard parmi les espèces naines, peuvent se montrer avec éclat par la variété de leurs couleurs, et se recommander tout particulièrement aux horticulteurs de goût, aux amateurs du beau : L'/n's arenaria Waldst. et Kit., ou Iris des sables (PI. XI, fig. d) possède une hampe subbiflore, la fleur supérieure avortant : les feuilles sont étroites, ensiformes, plus longues que la hampe; la spathe est herbacée et trivalve; la corolle est petite, d'un beau jaune clair et garnie sur ses trois lames rebattues d'une bande de poils rouge-orangé. Cet Iris croît dans les prairies sablonneuses en Hongrie, aux environs de Pest, d'Ofen et en Moravie. Il fleurit en mai et avril. VIris pwnila L., ou Iris naine (PI. XI, fig. 2) est plus connue; les feuilles sont ensiformes et plus longues que la tige florale; les fleurs, uniques, ordinairement d'un violet-bleuâtre, sont quelquefois jaunâtres comme dans la variété lutea B. M. (PI. XI, fig. 5); ou pourpre foncé, var. (I) VIris nolha Bicb. var. sttperba, par M. Ch. MounEN. In Belg. Hort., T. III, p. 3C9. Noie sur VIris Swcrli Lam., par RI. Ed. Morki;.n. In Belg. IIorL, T. VII, p. i2\). — 165 — violacea; ou blanches, var, alba; ou bleu pâle, var. cœrulea. Fleurissant en mars et avril, cette espèce abonde dans le midi de l'Europe et surtout dans le Caucase. VIris clusiana Tausch, (PL XI, fig. 4-5) atteint la hauteur d'un pied et il est assez grêle; les fleurs sont tantôt jaunes veinées de violet, tantôt d'un beau violet foncé. D'après Fieber, on le rencontre partout, à l'état sauvage, en Dalmatie. Tout ce que nous avons dit plus haut de la culture des Iris en général peut s'appliquer à ces espèces, si ce n'est pourtant qu'au lieu de bulbes, elles possèdent des rhizomes tubéreux à l'égard desquels on se con- duira, toutefois, comme nous l'avons dit pour les bulbes. L'HORTICULTURE EN CHINE/ Par m. le D. Rodigas. L'éclatant triomphe obtenu en Orient, par la diplomatie, a vivement excité l'attention de l'industrie et du commerce de l'Europe, et les mille voix de la presse se sont élevées partout pour diriger à l'envi les intelli- gences vers ces vastes contrées qui se décorent du nom de Céleste-Empire et dont les habitants, formant le tiers de la race humaine, sont parvenus depuis des siècles, malgré l'isolement le plus complet au milieu du reste du monde, à se suffire constamment à eux-mêmes. Chose étrange, parmi les espérances sans nombre que l'ouverture des ports de la Chine a fait naître de toutes parts, l'agriculture n'a pas trouvé sa place : ses organes habituels ont gardé le plus profond silence. Il faudrait ignorer cependant les moindres notions historiques pour ne pas savoir que c'est à l'agriculture que la Chine doit avant tout sa longue existence; que c'est à cette branche si importante de la fortune publique que la presque totalité de ce peuple a voué son esprit et ses bras ; que cette science, qu'il appelle la science par excellence, est honorée chez lui au-dessus des autres sciences; qu'enfin elle a été l'objet de la constante sollicitude des souverains de toutes les dynasties et considérée comme le fondement de la prospérité de l'Empire. Cette maxime, en effet, dont on ne conteste pas la vérité chez nous à l'heure des crises alimentaires, a été pour la Chine d'une réalité évidente à tous les instants : ses popula- tions agglomérées n'ont jamais dû demander au dehors ce que leur insouciance aurait pu leur enlever chez eux. Il n'est donc pas étonnant que ce peuple, loin d'être aussi stationnaire qu'on veut bien le dépeindre, ait l'ccherché de tous les temps ce qui pouvait rendre la terre plus productive, en mettant sans rclàclic à profit les leçons de l'expérience, la plus précieuse des conseillères. - 164 — Nous nous demandons pour noire compte s'il n'y aurait pas quelque utile enseignement à puiser chez ce peuple qu'on dit aussi vieux que la terre. — Mais peut-être nous dira-t-on qu'à supposer qu'il y ait pour d'autres quelque chose à y glaner, nous n'avons plus rien à apprendre; que nous sommes passés maîtres en fait d'agriculture; que nous avons le droit d'être fiers des procédés de culture de nos cultivateurs des Flandres, du Brabant et du Condroz, et qu'enfin nous entendons chaque jour l'étranger citer nos campagnes et nos jardins avec de pompeux éloges? — Mais, est-ce à dire pour cela que désormais toute modification doive être considérée comme inutile? Faut-il se glorifier devant une œuvre inachevée, parce qu'on la croit parfaite? Nous ne le pensons pas et nous disons que tant qu'il y aura une seule amélioration à faire, le repos sera un acte coupable, et l'orgueil ne sera que de la vanité qui déguise aux regards cette fatale ornière qu'on nomme routine. Et en vérité notre agriculture a encore bien des améliorations à réaliser : les progrès considérables que nous avons vus s'accomplir depuis moins d'un quart de siècle en sont la meilleure preuve; car ces progrès sont encore loin d'être généralement adoptés. Or, dans la voie où nous sommes entrés, tout temps d'arrêt nous ferait péricliter d'une manière infaillible, et nous aimons à croire que l'impulsion donnée depuis quelques années continuera à donner des résultats chaque jour meilleurs. L'agriculture, qui est restée si longtemps une sorte de pratique basée sur l'habitude, s'élèvera bientôt au niveau des connaissances que l'esprit développe avec plaisir. Ce ne sera plus le bras seul qui travaillera, ce sera aussi et surtout l'intelligence qui saura emprunter aux autres sciences et aux arts, son plus puissant secours. Vienne l'heure où nos cultivateurs ne dédaigneront plus de prêter une oreille trop souvent incrédule au savoir et à l'expérience, et nous n'en serons plus à regretter comme maintenant qu'on n'ait pas songé plutôt à étudier les cultures de la Chine et à profiter des enseignements d'un peuple essentiellement cultivateur. Nous nous proposons aujourd'hui d'exposer dans des limites restreintes quelques données sur l'agriculture et l'horticulture de la Chine. Désireux d'attirer sur ce point l'attention des hommes compétents, nous nous efforcerons de faire entrevoir les avantages qui pourraient ressortir d'une exploration consciencieuse des productions et des méthodes culturales de cette contrée, au point de vue de nos propres cultures. Les sources auxquelles nous pouvons puiser nos renseignements ne sont pas nombreuses: nous citerons en prenuère ligne le savant mémoire publié à Paris, en 18S0, par M. d'Hervey-Saint-Denys et son analyse de la grande Encyclopédie cnÉou cm thong khao, qui se compose de 78 livres formant ensemble 55 volumes in-4". Nous nommerons ensuite les relations du célèbre botaniste voyageur, sir Robert Fortune, et les notes pleines d'intérêt qu'il a publiées dans les journaux d'horticulture — 165 — de Londi'cs, avec les remarques du docteur Lindlcy; puis quelques ouvrages de botanique qui se bornent le plus souvent à décrire les végé- taux pour les classer et les distinguer. Tels seront à peu près les seuls guides que nous pouvons consulter. En effet, si depuis des temps déjà reculés, le Céleste-Empire a été sillonné, à des intervalles plus ou moins rapprochés, par des voyageurs intrépides qui payaient souvent de leur vie leur audace, tels que les missionnaires et, parmi ceux-ci, les pères aussi savants que zélés de la mission du célèbre Mathieu Ricci ; si les œuvres philosophiques de Confucius (Khong-tseu) ont été traduites, criti- (juces, analysées par plusieurs sinologues ; si M. Stanislas Julien a publié entre autres les œuvres du second philosophe de la Chine, Mencius (Meng-tseu); si M. Bazin, professeur de chinois à l'École des langues orientales de Paris, a précédé M. Baron dans l'étude de l'art dramatique chez les Chinois; si enfin les sciences physiques et historiques ainsi que les beaux-arts de ce peuple ont eu le privilège de fixer l'attention, il n'en est pas moins vrai de dire que d'autres intérêts que ceux du savoir ont presque toujours occupé le premier plan. Tandis que les commerçants anglais n'avaient en vue que leur trafic, les missionnaires qu'envoyait l'Europe pour répandre avant tout le christianisme, ne songeaient qu'aux idées religieuses; et l'agriculture, cet art simplement utile n'attirait guère les regards de ceux qu'un but plus élevé ou des études d'un autre ordre absorbaient en quelque sorte entièrement. Les récils des missionnaires renferment, il est vrai, des notices assez multiples sur un certain nombre de végétaux, des détails curieux sur l'aspect général des campagnes, des remarques sur l'apiculture et la sériciculture; sous ce rapport un mémoire intéressant publié en 1654 par le jésuite Boym et les écrits du père Du Halde méritent d'être cités d'une manière spéciale. Mais ces notes éparses, quand même il serait possible de les réunir, sont encore fort incomplètes. Il est facile, du reste, de comprendre que les connaissances spéciales indispensables en cette matière ont presque toujours fait défaut. C'est que le véritable agronome est de sa nature sédentaire, attaché et pour ainsi dire rivé au sol qu'il cultive, auquel il consacre ses soins de tous les instants; c'est que les gouvernements, tout en offrant, comme c'est le cas pour la Belgi- que, des récompenses et des honneurs aux cultivateurs qui se distinguent dans la pratique de leur art, ne songent que bien rarement à encourager les hommes qui vont loin de la patrie à la recherche de plantes nouvelles qu'elle pourrait utiliser; c'est que des hommes sj)éciaux ne sont guère appelés à compléter les ambassades diplomatiques, Ainsi la mission fran- çaise envoyée en Chine en 1844, sous le gouvernement de Louis-Philippe, n'avait pour instruction que de rechercher les modes de teinture et de labricalion qu'il était ])ossiblc d'appliquer en France; et, tout récemment encore, les puissances qui ont coopéré à la dernière campagne contre le Célcstc-En)pire semblent avoir eu pour but unique l'ouverture des ports — 166 - de la Chine au commerce du monde. L'Amérique seule, en cette occu- rence, a songé à l'agriculture , et le gouvernement des États-Unis n'a eu rien de plus empressé que d'enlever à l'Angleterre le meilleur de ses botanistes voyageurs, M. Fortune, et de lui confier le soin de recueillir la quantité de plants de thé nécessaire aux plantations d'essai que l'Union américaine projette de faire dans ses provinces du Sud. On a dit quelque part que le gouvernement qui a fait le plus pour l'agriculture, est celui de la Grande-Bretagne. Ce n'est point là notre opinion : la Chine passe sous ce rapport avant tous les autres. Du reste, les hommes d'État qui dirigent le gouvernement britannique, sans refuser leur patronage à ce qui touche aux intérêts agricoles, préfèrent laisser ce soin-là à l'initiative des particuliers. Si Morrison , l'éditeur d'un dictionnaire anglo-chinois, a obtenu de la compagnie des Indes orientales, aujourd'hui dissoute, un subside de 250,000 francs^ il y a eu sans doute dans ce fait un encouragement à l'étude de l'art agricole, puisque la plupart des livres chinois s'occupent de culture ; tel n'a pas été, cepen- dant, le but direct de la Compagnie. Si encore le gouvernement anglais a chargé, il y a quelques années, M. Fortune, d'une exploration de la Chine, il a eu surtout pour mission de rechercher les plantes et les pro- cédés de culture qu'il eût été possible d'introduire et d'appliquer non pas en Angleterre, mais en Australie et dans l'Inde : la métropole voulait que ses colonies, devenant pour elle une source de richesses plus gran- des, fussent à même de lui fournir le thé, le riz, la soie, le coton, en plus grande abondance. Tout en se proposant d'améliorer ainsi le sort de ses colons esclaves et libres, elle songeait avant tout à son industrie et à son commerce propre; la protection qu'elle accordait à l'agriculture lui fournissait donc en même temps le moyen d'atteindre un résultat commercial considérable. Ce n'est peut-être pas ici le lieu d'insister sur ce point; nous devons ajouter cependant que nous déplorons que les hommes politiques aient songé si peu à mettre à profit pour la question agricole les occasions si fréquentes qui s'ofl"rcnt à eux. Nous savons qu'il est impossible d'embras- ser tout en même temps, mais nous ne sommes pas de ceux qui veulent circonscrire l'agriculture dans des limites purement administratives et locales : c'est un des grands intérêts de la nation, qui a tout à gagner à voir son hozizon s'élargir. Pourquoi, à l'heure même où notre gouvernement semble nourrir le projet d'envoyer une mission en Chine et au Japon, ne serait-il point permis d'appeler l'attention sur l'opportunité qu'il y aurait d'adjoindre à cette mission un homme spécial, agronome et botaniste, qui serait chargé d'étudier la culture de ces pays lointains et d'y rechercher les plantes cultivées ou sauvages qu'il serait utile d'introduire, et les modes de culture dont il serait possible de tirer parti en Belgique et par consé- quent dans toute rEuro[)C occidentale. — 1G7 — Ici, nous rencontrons une objection qui paraîtra essentielle : la ques- tion du climat. Nous sommes loin d'en contester l'importance; tout le monde sait, en effet, que chaque climat comporte sa végétation propre qui ne saurait convenir à d'autres. Il s'agit donc de déterminer si quelque partie de la Chine se trouve avoir de l'analogie avec le climat de notre pays. Si, pour résoudre cette question, il suffisait de comparer les lati- tudes, un simple coup-d'œil jeté sur la carte de l'Asie nous donnerait une réponse négative. Heureusement il n'en est pas ainsi : le même degré de latitude n'implique pas nécessairement la similitude des climats. En voici des preuves : « Il est reconnu, dit M. d'Hervey, que Pe-King, situé à peu près à la même hauteur que Naples, a des hivers aussi rigou- reux que la ville d'Upsal en Suède; le thermomètre y reste trois mois durant au-dessous de zéro et il n'est pas rare de le voir descendre à 20", tandis que la douceur des hivers de Naples est proverbiale. » Il y a plus encore : a A Canton même, dit un voyageur anglais, M. Bail, c'est-à-dire déjà dans les limites de la zone intertropicale, il ne se passe guère d'année sans qu'il gèle pendant plusieurs jours de l'hiver et sans que la surface des eaux tranquilles se couvre d'une couche de glace de quelques millimètres. » De plus amples détails seraient inutiles. Qu'il nous suffise de savoir que le vaste empire chinois renferme des climats extrêmement divers et une zone comparable à la nôtre, du moins quant aux résultats. Si les renseignements qui précèdent nous avaient manqué, nous n'aurions pas hésité quand même à affirmer ce que nous venons de dire, car nous avons par devers nous des faits entièrement concluants qui appartiennent exclusivement au domaine horticole; c'est de ces faits que nous allons nous occuper. Le Céleste-Empire comprend des latitudes diverses, et possède par conséquent, ainsi que nous l'avons dit, des climats ti'ès-différents ; dans certaines zones, le climat peut être comparé à celui de la Belgique. Pour démontrer cette assertion, nous aurons recours à la floricullurc, et nous le ferons d'autant plus volontiers, que, non-seulement nous y trouverons des données qui rentrent dans le sujet dont nous nous occupons, mais aussi parce que, suivant nous, la culture des fleurs se rattache si inti- mement aux autres branches culturales, qu'elle en est pour ainsi dire inséparable et que, conjointement avec elles, elle doit coopérer à la prospérité de la nation. Cette pensée, du reste, a déjà pour elle l'appui du temps et de l'expérience, et la plupart des sociétés géotechniques, aussi bien du pays que de l'étranger, l'ont comprise à un tel point, que dans leurs travaux et leurs concours, elles associent les fruits et les Heurs au même titre que les produits des champs et des jardins maraîchers. Plus heureuse même que son aînée, l'horticulture est devenue, si nous pouvons nous exprimer ainsi, l'enfant gâtée de la fortune. Elle a été merveilleusement favorisée par le hasard; i)uis le luxe l'a prise pour auxiliaire; les beaux-arts l'ont admise jusqu'aux marches de leur — 168 — temple, et, grâce à toutes ces circonstances, elle a conquis une place importante dans le commerce. Pour satisfaire et exciter à la fois le désir insatiable du neuf cl du beau, les chefs des établissements d'horticulture de quelque étendue se sont vus dans la nécessité d'envoyer dans les contrées les plus reculées ces collecteurs infatigables auxquels nous devons la réapparition de types perdus que la botanique avait connus autrefois, et l'introduction d'un très-grand nombre de plantes précieuses que la science avait ignorées jusqu'alors. Le goût des fleurs est entré profondément dans les mœurs de notre époque, et nous n'en sommes plus réduits, comme autrefois, à concen- trer notre admiration sur les brillantes mais peu gracieuses tulipes de Haarlem, sur les renoncules ingrates, sur des cactées monotones, qui sont reléguées aujourd'hui dans l'arrière boutique du petit marchand et dans la pauvre chambre de l'artisan. Nous sommes loin déjà de ces temps où nos jardins botaniques avaient seuls le privilège de posséder quelques exemplaires de plantes provenant de la Chine. Depuis bien des années, quelques espèces ont commencé à se répandre d'une manière générale : les Hortensias [Hy changea hor- tensis, D.C.), ont fait longtemps les délices des amateurs; il en a été (le même de la Lychnide à grandes fleurs {Lychnis coronata, Thunb.), du Coignassier du 3âpon[CIiœ7iomeles japonica, Pers; Pyrus japonica, Fîort.), et de tant d'autres dont la rusticité sous notre climat est suffisante pour prouver qu'il ne faut pas le ciel de l'Italie à ces végétaux exotiques- C'est, du reste, ce que notre expérience personnelle nous avait démontré il y a longtemps. En effet, en tète du premier catalogue de notre établisse- ment horticole, publié à Saint-Trond en 4858, nous disions : « Il n'est pas sans intérêt de faire observer que plusieurs belles plantes, qu'on ne connaissait pas comme appartenant positivement à la pleine terre, ont très-bien résisté au froid intense de l'hiver dernier, sous une couverture de deux à trois pouces de feuilles, tel sont: les Agrostemma bundgeana, Rehmanniasinensls, iVuttallia grandiflora, Lilium longiflorum, Epime- dium macranihum, etc. » La plupart des plantes que nous citions alors ont la Chine et le Japon pour patrie. Depuis lors combien d'espèces, plus brillantes les unes que les autres, n'ont pas été propagées? Qui ne connaît au moins, aujourd'hui, quelques- unes de ces productions végétales qui ont fait sensation dans le monde horticole, et dont l'introciuction sera un des plus beaux souvenirs de ces trente dernières années. Certes, jamais période ne fut plus féconde pour l'horticulture belge. Avec quelle étonnante rapidité n'a-t-on pas vu se répandre ces échan- iillons de la flore japonaise, épaves de la riche cargaison qu'un voyageur illustre débarqua à Gand vers 1830. Chargé par le gouvernement des Pays-Bas, comme tant d'autres avant - 169 — lui, d'accompagner en qualité de médecin la flotille hollandaise qui avait tous les ans le privilège d'être admise au Japon, Von Siebold avait su mettre à profit ses connaissances spéciales en botanique et s'était occupé avec persévérance de rechercher tous les végétaux qu'il pourrait utilement transporter dans les Provinces-Unies. C'est ainsi qu'il revint de son voyage apportant des produits d'une richesse et d'une variété remarquables. Malheureusement plusieurs caisses avaient dû être jetées à la mer pendant la traversée. Puis, quand le reste arriva en Belgique, la révo- lution éclatait, et Von Siebold, qui avait affronté tant de périls d'un autre genre, n'osa point confier son avenir à celui de notre indépendance nationale; il se retira en toute hâte à Leyde, laissant son trésor, le fruit de tant de labeurs, au jardin botanique de Gand, entre les mains de jardiniers qui, par excès de délicatesse sans doute, laissèrent le tout intact, mais aussi sans soins, dans les greniers de l'établissement. Quel- ques espèces survécurent cependant à ce nouveau désastre; petit à petit elles se produisirent et s'égarèrent même, on ne sait trop comment, jusqu'en Angleterre, au grand détriment du véritable introducteur. L'horticulture doit à Von Siebold une reconnaissance profonde. Elle n'oubliera point que c'est lui qui a importé les plus beaux lis : le Liliuin speciosum, Thunb., aux feuilles lancéolées, aux fleurs larges, odorantes, blanches ou roses, ou ponctuées de rouge ou de pourpre; le lis du Japon, L. Japonicum, Thunb., aux larges panicules de fleurs blanches; l'Hémérocalle du Japon, Funkia subcordata, Spr., et plusieurs autres espèces de ces jolies liliacées au feuillage touffu, aux fleurs élégantes. Puis ces belles Clématites, Clematis florida, Thunb., à grandes fleurs blanches simples ou doubles; Clematis Sieboldii, Don., dont les fleurs rappellent la Passiflore; les Clematis patens, Dne., dont les fleurs varient du plus bel azur au bleu le plus tendre et au blanc pur. — Vien- nent ensuite ces types du Camellia japo7iica, L., et entre autres le C. Donkelaarii et le C. Ochroleuca qui ont donné l'éveil aux semeurs et ouvert la série de ces magnifiques variétés, aux fleurs si pleines et de coloris si divers, que l'art perfectionne encore tous les ans, quand on pouri'ait croire que l'idéal est déjà réalisé. Nous pourrions prolonger cette nomenclature; mentionner des orchi- dées de serre froide, des plantes de serre et de pleine terre, des palmiers, des érables, des figuiei's, des ormes, enfin des végétaux de toute nature qui, malgré leur provenance japonaise, ont été fréquemment rencontrés dans la Chine. Nous pourrions x'appeler les découvertes intéressantes laites jiar d'autres explorateurs; mais des citations plus nombreuses nous entraîneraient trop loin, et d'ailleurs nous n'y suffirions pas, quand même nous voudrions nous restreindre à résumer les expéditions des voyageurs les plus connus. En effet, des botanistes explorateurs ont fait dans d'autres contrées — 170 — les mêmes recherches que celles que Von Siebold et Thunberg avaient faites au Japon. L'Europe à envoyé sur divers points du globe dc& hommes avides de science, qui ont été demander à tous les climats ces plantes que le botaniste admire et devant lesquelles il s'écrie : Opéra Jehovœ magna ! Tandis que Watson, Vogel, Boissier, etc., abordaient en Afrique; que Van Houtte, Galéotti, Kegel, Linden, Hartweg, Ghies- brecht et tant d'autres sillonnaient les deux Amériques; que J. D. Hoo- ker et Campbell parcouraient les Indes, la Chine aussi avait ses explora- teurs. Et parmi eux, Abel Clarke, W. Griffith et surtout Robert Fortune méritent une mention toute spéciale. Nous avons cité précédemment trois ou quatre espèces de plantes que nos jardins ont empruntées depuis un certain temps déjà aux Chinois; nous devons encore faire observer que c'est à ce pays, à peine connu au point de vue de l'horticulture, que nous sommes redevables d'une assez grande partie de nos plus belles plantes ornementales. Nous bornant simplement à signaler quelques-unes des plus connues parmi celles que nous cultivons de préférence, nous rappellerons que c'est la Chine qui nous a envoyé des Pivoines en arbre [Pœonia moutan, Sims.), ce diadème de la couronne de Flore, dont la Belgique la première a perfectionné le type et dont nous avons été heurenx nous-méme d'obtenir des variétés hors ligne, à fleurs énormes du plus riche coloris. Puis les Pivoines herbacées, dites Pivoines de la Chine {Pœonia sinensis, Hort.) aux cou- leurs presque sans rivales et qui font tant d'effet dans nos parterres. Viennent ensuite les Chrysanthèmes à grandes fleurs [Pyrethrum sinense, Sieb.), dont les variétés sont infinies; l'Hemerocalle à fleurs bleues Hemerocallis cœrulea, And.); l'Aconit d'automne {Aconitum autumnale, Paxt.), dont les grandes panicules à nombreuses fleurs blanches et bleues pâles forment un des plus beaux ornements de l'arrière saison; la Diélytre remarquable [Dielytra spectabilis, De), dont les fleurs gracieu- ses d'un beau rose mêlé de lilas et blanc jaunâtre ont excité une juste admiration, et qui déjà est devenue populaire, grâce à sa beauté, à sa rusticité et à la facilité de sa multiplication; la Dierville du Japon {Weigelarosea, Lindl.), dont les bouquets de fleurs roses s'épanouissent en Belgique dès le mois de mai, en même temps que nos lilas ; la Glycine de la Chine {Wisteria sinensis, Dec), dont les tiges sarmenteuses au gracieux feuillage, portent deux fois dans l'année de longues grappes pendantes de fleurs bleues azurées, bleues pâles ou blanches, qui répan- dent une odeur suave; la Dentelaire de lady Larpent {Piumbago Lar- ■pentae, Lindl.), que ses fleurs automnales, en nombreux bouquets axillaircs et terminaux, du plus beau bleu de cobalt mêlée à une teinte violacée, ont fait ranger à juste titre parmi nos plus éclatantes acquisi- tions de pleine terre. Nommons enfin les Aster sinensis, L., qui portent si noblement leur nom vulgaire de reines-marguerites, qu'on sème avec plaisir tous les ans — 171 - pcirce qu'elles donnent toujours une abondante récolte de fleurs du coloris le plus distingué et le plus varié. Nous nous arrêtons à ces espèces, prises pour ainsi dire au hasard parmi mille autres aussi méritantes, sans comprendre, bien entendu, les plantes qui ne peuvent se passer de la température des serres et dont nous n'avons pas à nous occuper ici. Du reste, ce qui précède démontrera suffisamment que la Chine a produit des végétaux déjà naturalisés chez nous, qui s'accommodent parfaitement des intempéries de nos saisons si variables, sans qu'il y ait eu besoin de les soumettre à ce que quelques-uns ont appelé les procédés de l'acclimatation. La série de plantes ornementales que nous venons d'énumérer, quelque incom- plète quelle soit, pourra, en outre, donner une idée de la richesse de la flore de l'empire chinois. Pour terminer ce que nous avons à dire sur la floriculture en Chine, nous croyons utile d'ajouter quelques lignes sur le jardinage. Tous les voyageurs européens, d'après M. d'Hervey, ont été unanimes à payer leur tribut d'admiration aux jardins à fleurs de Canton et des autres villes. Chambers, dans son livre sur l'horticulture en Orient (Dissertation on oriental gardening, London, 4772), nous dépeint ces jardins comme réalisant en petit les paysages de ces pays : « Si les Chinois, dit-il, ont trouvé une espèce de beau dans la disposition de leurs jardins, c'est parce qu'ils ont copié exactement une nature bizarre mais pittoresque. Les rochers sourcilleux et qui menacent de s'écrouler, les ponts suspendus au-dessus des abîmes, les pins rabougris, clair-semés sur les flancs des montagnes escarpées, de vastes lacs, de rapides torrents, des cascades écumantes, quelques pagodes élançant leur sommités pyra- midales au milieu de ce choas : tels sont les paysages de la Chine en grand, tels sont les jardins chinois en petit. » D'autres voyageurs, cependant, sont loin de leur reconnaître cette sauvage beauté; plusieurs d'entre eux déclarent qu'on se ferait difficile- ment une idée en Europe de l'extrême minutie des soins que le Chinois accorde, non seulement à chaque partie de son jardin et à chaque plante en particulier, mais encore à chaque branche et presque à chaque feuille. Suivant eux, tous les jardins offrent invariablement les mêmes allées symétriques, les mêmes parterres cntoui'és de buis, les mêmes arbres et arbustes, des fleurs identiques, la même distribution d'ornements, peu nombreux du reste, les mêmes bancs de pierre. Les détails qu'ils nous donnent nous les feraient comparer sous bien des rapports aux jardins des presbytères de campagne en Belgique, abstraction faite, bien en- tendu, de ces soins minutieux dont nous sommes ici généralement plus avares. Malgré tout, nous avouons ne pas comprendre qu'on se soit plu si souvent à jeter le ridicule sur la grande régularité des jardins de la Chine : on a haussé les épaules devant leurs bambous aux tiges contour- — 172 — nées en spirale; on a montré un dédain sans bornes pour leurs ormeaux qui ne s'élèvent pas à un mètre de hauteur et auxquels ils savent con- server en petit leur aspect primitif, on a dit qu'un système qui consiste en quelque sorte à martyriser les plantes, à les rapetisser, à les tenir rabougries, à provoquer leur floraison avant l'époque ordinaire, à produire des fleurs à couleurs éclatantes et bizarres, annonçait une cul- ture défectueuse et bien mal entendue. Sans professer une admiration bien prononcée pour ces pratiques diverses, nous avouons que nous n'y trouvons rien de si extravagant, et nous nous garderons surtout de les taxer de ridicules, dans la crainte que cette expression ne vienne indirectement atteindre les œuvres et les opérations des jardiniers et des horticulteurs de nos pays. En efîet, a-t-on oublié déjà l'uniformité si mathématique de ces espèces de dédales en forme de monuments qu'on nommait Jarc/ms français ? Présentaient- ils moins de monotonie que les jardins de la Chine ? Et qu'est-ce donc que ces orangers dont les tiges en spirales offrent un exemple frappant de ces tours de force que les Chinois imposent à leurs bambous? Croit-on que ces tètes si correctement arrondies d'une foule d'arbustes et d'ar- brisseaux qui ornent nos jardins, que ces tournures bizarres données aux lauriers, aux hêtres, aux cyprès, aux buis, ne s'écartent pas des formes imposées par la nature à la croissance de ces végétaux ? On rit des petits citronniers chargés de fruits que les Chinois cultivent en pots; sans sortir de la Belgique, on peut facilement rencontrer ce spectacle qui prête à rire. Qu'on aille à Gand, et, là, on trouvera, chez un seul horticulteur de Ledeberg, deux grandes serres exclusivement garnies de ces petits citronniers. Et ce n'est point évidemment pour son unique plaisir que ce marchand cultive ces plantes par centaines; c'est parce qu'il en trouve l'écoulement dans sa clientèle. Les petits érables que les Chinois taillent en boule, sont-ils plus étranges que ces acacias rabougris et tondus tous les ans dont nos bourgeois sont si heureux d'orner leurs jardins ? Les formes de convention qu'on s'efforce depuis quelque temps de donner aux eamellias, aux azalées, etc., sont-elles donc si naturelles et si gracieuses, qu'on puisse avec justice se moquer des pratiques horticoles du Céleste-Empire. Non, il n'y a pas justice à tourner en ridicule ou à condamner cer- taines pratiques horticoles des Chinois. Ce qui devrait frapper bien plus, c'est de rencontrer, à des distances si considérables et chez des nations différentes, des faits présentant dans leurs délails tant de points de similitude. Cette observation ne dut pas échapper au célèbre et trop infor- tuné Lapérouse, lorsqu'il aborda sur les côtes de la Mandehouric, une des plus vastes provinces de l'empire chinois : « Nous rencontrâmes à chaque pas, dit-il, des roses, des lis, des muguets; nous recueillîmes en grande abondance des oignons, du céleri, de l'oseille et d'autres plantes j)areilles à celles des prairies de France; les pins couronnaient le sommet des montagnes, les chênes commençaient à mi-côte; les bords des ruis- - 173 — seaux étaient plantés de saules, de bouleaux, d'érables, et, sur la lisière des grands bois, on voyait des pommiers, des azeroliers en fleurs, avec des massifs de noisetiers, » Verdure, légumes en fleurs, tout devait pré- senter à ses regards le souvenir vivant de la patrie que ni lui ni ses com- pagnons ne devaient plus revoir! BULLETIN HORTICOLE. A PROPOS DE L'HYBRIDITÉ DU GESNERA DONKELAARIANA. Les renseignements, dont nous avons cru devoir accompagner la des- cription du Gesnera Donkelaariana Lem., et relatifs aux hybrides végé- taux, ont provoqué quelques observations de la part de l'honorable rédacteur de VlUustration horticole. M. Lemaire, fermement convaincu de l'hybridité de cette plante ne comprend pas les doutes que l'on a émis sur cette origine. Quant à nous, complètement désintéressé dans le débat, nous nous sommes borné à exposer avec impartialité à nos lecteurs les opinions contradictoires de MM. Hooker, Decaisne et Lemaire, et nous laissions même pencher la balance en faveur de ce dernier, qui a observé la plante, et qui la décrite le premier. Mais nous saisissions cette occa- sion pour mettre la partie éclairée du public horticole, en garde contre cette innombrable quantité de prétendus hybrides, que Messieurs les hor- ticulteurs mentionnent dans leurs catalogues et nous nous efforcions d'expliquer d'où venait suivant nous leur méprise. Il est étrange en effet de voir les botanistes se prononcer avec tant de réserve sur la question de l'hybridité végétale, tandis que les catalogues des horticulteurs mar- chands fourmillent de plantes qualifiées de hybrida. Il n'est pas d'humble jardinier qui ne soit persuadé avoir gagné tel ou tel hybride, et d'un autre côté des botanistes du i)lus grand mérite nient l'existence réelle de tout hybride. D'où vient cette contradiction entre la science et la pra- tique? Nous nous sommes efforcé d'en donner une explication dans notre précédent article (p. 55) et nous avions en outre la satisfaction de con- stater la parfaite bonne foi des horticulteurs. D'un autre côté la défiance des botanistes est à chaque instant justifiée : combien n'admettait-on pas d'hybrides de courges et de potirons, véritables Protécs maraîchers, dont les formes essentiellement variables semblaient échapper à toute analyse. Cette question difficile a été récemment élucidée avec beaucoup de sagacité par M. Naudin , qui est venu démontrer une fois de plus que l'on avait eu tort d'admettre tous ces prétendus hybrides, qui n'étaient en réalité que des variétés ou des variations subordonnées à des types spécifiques immuables. Quant à nous, nous admettons des hybrides et nous sommes même — 17^ — forcé d'admettre la fécondité de quelques-uns d'entre eux : il en existe de spontanés dans la nature, et il en existe un plus grand nombre encore dans les cultures. Mais relativement au Gesnera Donkelaariana le doute est au moins permis en présence des affirmations si divergentes des auteurs qui se sont occupés de cette plante. M. Lemaire(l) après avoir émis lui même des doutes sur les affinités naturelles du Gesnera de Donkelaar, nous apprend qu'il « est né du Gesneria discolor Lindl., fécondé par le pollen du Gloxinia [Ligeria) rubra. C'est un magnifique gain, participant également des qualités de son père et de celles de sa mère et dû en 1849, aux soins, à l'habileté, à la sagacité vraiment recommandables de M, Donkelaar, fils, cojardinier en chef du jardin botanique de Gand. Semé au mois de janvier, 1850, il fleurit la même année, vers la fin de l'automne. » L'opinion de M. Decaisne('2) est établie sur les considérations les plus plausibles et nous ne saurions mieux exprimer notre propre manière de voir : « On connaît, dit le savant professeur de Paris, notre opinion rela- tivement aux prétendus hybrides des jardins. Sans nier absolument l'existence d'hybrides naturels (3), parmi les plantes, la rareté bien con- statée de ces faits exceptionnels, doit nous tenir en garde contre les erreurs fréquentes des jardiniers, à l'égard des soi-disant hybrides arti- ficiels. Sans parler de la confusion habituelle dans la langue courante de l'horticulture, des notions, pourtant si simples, de variété, d'hybride et de métis, il est, dans la pratique même de la fécondation croisée, des causes de déception auxquelles l'on ne fait pas de part assez large, dans les prétendus résultats. Autant les métis sont faciles à produire entre variétés d'une même espèce, autant les vrais hybrides entre espèces différentes sont rares à former et difficiles à conserver. C'est ce que nous pourrions établir sur des preuves nombreuses et variées (Azalées, Rhodo- dendrons, etc.), si nous n'avions hâte d'arriver à l'objet spécial de cet article. a II s'agit d'un belle Gesneriacée dont l'apparition première s'est faite au jardin botanique de Gand. M. Donkelaar fils, jardinier en chef de cet établissement, donne la plante pour un hybride entre le Gesneria discolor, Lindl. en porte graine, et le Ligeria rubrn (forme du Ligeria speciosa ou Gloxinia speciosa des jardins). Le croisement, opéré par ses soins, entre les deux plantes, aurait donné ce produit où l'on veut bien retrouver, l'imagination aidant, les traits combinés du père et de la mère. Pour nous, qu'une longue expérience des jardins a pleinement convaincu de la multiplicité des erreurs relatives à l'origine des plantes, (\) Jardin fleuriste , T. IV, pi. 382. (2) Flore des Serres, T. IX, pi. 902. p. 219. (3) M. Lemaire affirmait cependant {Illust. Uort., T. VI, I8o9, p, ^) (jue chez M. Decaisne la négation de l'hybridité végétale est en physiologie un système absolu. - 17o - nous attendrons pour acquiescer à ces données des preuves vraiment positives. En attendant, nous trouvons plus sage, de considérer le nou- veau Gesneria comme une espèce distincte, qui se sera introduite par Lazard entre des exemplaires d'auti'es Gesneriacées. La présence de cinq glandes bien développées, semble, au premier abord, l'éloigner des Gesneria. Mais cette divergence est au fond plus apparente que réelle; car les glandes latérales et inférieures se montrent quelquefois chez d'autres espèces du genre {G. cochlearis, tuherosa). Il n'y a donc là que des différences du plus au moins. » Cette sage appréciation des faits a reçu récemment la consécration de l'autorité de Sir William Hooker, qui parlant du G. DonkelaarianaiU dit qu'il le croit originaire de Colombie. Nous disions et nous répétons avec insistence que la plupart des jardi- niers ne savent pas ce que c'est qu'un hybride; ils n'ont pas des notions précises d'espèce, de race, de variété, de variation et d'hybride. Beau- coup de plantes que l'on qualifie d'hybride sont de simples variétés, un plus grand nombre encore sont issues du croisement de deux variétés de la même espèce et l'on reconnaîtra sans doute qu'il n'y a nulle hybri- dation dans ces sortes de faits. L'hybridité ne peut exister que dans le résultat d'un croisement entre deux espèces naturelles bien et dûment distinctes ou entre variétés de deux espèces distinctes. En fait , le mulet produit du croisement de l'âne et de la jument, est un hybride, tandis que dans l'hypothèse de l'unité de l'espèce humaine, les métis ne peuvent pas être considérés comme hybrides. En un mot nous récusons dans cette matière le témoignage des horti- culteurs que M. Lemaire invoque en sa faveur : en science il faut non seulement des faits, mais que ces faits soient observés par des savants. L'article que M. Lemaire a bien voulu nous consacrer, réclame d'ail- leurs plusieurs éclaircissements indispensables : il laisse supposer sa théorie générale au lieu de l'exposer franchement : il fait deviner au lieu d'apprendre. « Mais il importe, dit notre honorable contradicteur, de s'entendre ici sur ce qu'on est convenu d'appeler en botanique comme en horticulture des variétés et des hybrides. a. Sommairement on entend par Famille la réunion de genres identi- ques entre eux par l'aspect général et des caractères communs, mais à eux seuls propres. « Par Genres: un groupe de plantes, ayant le même port, la même inflorescence, les mêmes caractères, quant aux fleurs et aux fruits. « Par variétés : les plantes qui, nées des semis des précédents, offrent seulement quelques légères différences dans le port, les formes foliaires, l'ampleur et le coloris des fleurs. « Par hybride, enfin : les plantes nées de celles de deux genres voisins, (i) Bol. Mao., ^^■''^^ !>•• ^'070. — 176 — ou même, comme le dit notre savaut confrère M. Morren, de deux espèces bien distitictes, "par l'opération de llwmine (et c'est le cas le plus ordi- naire) ou par celle des insectes suceurs ! » Et les espèces qu'en faites-vous? Vous les supprimez comme si vous oubliiez d'en parler, sans prendre la peine de l'écrire. Qu'est-ee-à-diredes hybrides de genres voisins? J'avoue ne pas comprendre ou plutôt ne pas oser croire à ce que je dois deviner. Dans cette manière de voir les espèces sont purement et simplement biffées de l'ordre de la création et ce que les botanistes ont la naïveté de considérer comme des espèces ne serait, suivant M. Lemaire, que des variétés (non pas de formes, mais de simples variétés, c'est le terme dont se sert M. Lemaire) d'un genre; les genres se féconderaient entre eux et le résultat de ces croisements seraient des hybrides. Mais s'il n'y a plus d'espèces, il n'y a plus d'hybri- des possibles , à moins de dire que tout n'est qu'hybride ici bas. Discuter ces sortes de choses c'est amener la confusion dans un sujet fort clair et faire du gallimalias. Mais, 31. Lemaire va plus loin. On sait que les Gloxinias ont des fleurs dites irrégidières par les botanistes, parce que leur corolle est inclinée, asymétique, qu'elles n'ont que quatre étamines inégales, etc. La théo- rie rapporte ces fleurs à un type régulier. Or, par l'influence de la cultui'e et du climat artificiel de nos serres, ces Gloxinias ont donné lieu à des variétés qui réalisent complètement le type régulier jusqu'alors purement théorique : dans cette circonstance le pratique est venue don- ner à la science la plus éclatante confirmation , celle d'un fait acquis : on a vu naître des Gloxinias à corolle tubuleuse, dressée, régulière, enfermant cinq étamines égales. Ce fait venait piouver une fois de plus qu'il existait des Gesneriacées régulières, qu'il pouvait même exister des Gloxinias à fleurs régulières et que si l'on venait à en rencontrer dans la nature on devait les rapporter au même genre. La seule latitude laissée au botaniste était d'en faire une section spéciale. Or, il n'en est nulle- ment ainsi pour M. Lemaire qui érige sans hésitation les Gloxinias réguliers de mes serres en un genre nouveau, le genre Orthanthe. Or, nul botaniste n'a le droit d'agir ainsi, quand même ses idées théoriques l'y engageraient. C'est simplement forger un nom nouveau, mais ce n'est pas exprimer un type générique naturel, mission des botanistes taxonomistes. Dans l'état actuel de la science le genre Orlhanlhe de M. Lemaire ne saurait être admis, si ce n'est comme une race du Gloxinia speciosa et encoi'e la loi généralement appliquée du droit de l'antériorité, doit elle faire prévaloir le nom de Gloxinias speciosa var. Fyfiana, qui rappelle le nom du jardinier anglais 3L Fyfc, qui les a obtenus le premier. D'après tout ce qui précède on voit que l'origine hybride du Gesneria Donckelaariana, Lem., est possible, mais n'est pas certaine. Quant à la question générale de l'hybridation elle nous entraînerait trop loin et doit faire l'objet d'un article spécial. — 177 — MORT DE M. LE D^ LEJEUNE. La mort du vénérable M. Lejeune, a provoqué d'unanimes regrets et fait un nouveau vide dans les rangs, si peu nombreux, déjà, des botanistes belges. Il jouissait en Belgique de beaucoup de considération et son nom était connu et estimé à l'étranger. Les nombreuses publications du savant Verviétois sont toutes très consciencieusement écrites ; nul ne connaissait mieux que lui notre Flore nationale. Sa Flore de Spa et sur- tout son Compendium Florœ Belgicœ publié en colaboration avec Courtois sont des ouvrages classiques qui constituent encore actuellement le meilleur guide dans les herborisations. Lejeune est mort k Verviers dans la 80*= année de son iige, le 28 décembre 1838; une foule de notabilités et d'amis, entre autres des membres du Sénat et de la Chambre des Représentants, l'administration communale, le corps médical de la ville et des environs, des délégués de l'Académie royale de Belgique etc., assistaient aux funérailles célébrées le 51 décembre. Deux discours ontété prononcés sur la tombe, l'un par M. Edmond de Selys-Longchamps , au nom de l'Académie , l'autre par M. Félicien Chapuis , pour le corps médical. Nous nous ferons un devoir de consacrer l'un des prologues que nous avons la coutame de placer en tète de chaque volume, à la mémoire de celui qui fut naguère le Nestor de la botanique belge. MORT DE MM. GATHOYE, D. SPAE ET F. PARENT. Les journaux politiques racontaient le i" Février de cette année, qu'un individu qui venait de monter dans le convoi partant de Verviers pour Liège, se trouva pris d'un mal subit, au moment même du départ du train et que descendu du waggon, il ne tarda pas à expirer. Cet individu était Gathoye, homme éminemment estimable, que tous nos lecteurs connaissent et dont beaucoup ont pu apprécier maintes fois l'utilité. 11 avait voulu conduire son fils en Allemagne, pour lui faire apprendre la langue des Dochnahl , desFlotow, et des pomologues si nombreux d'outre-Rhin, mais l'enfant n'avait pas voulu quitter son père et c'est en se pressant pour devancer le moment du départ du convoi, qu'il provoqua le terrible accident auquel il succomba instantanément. Nous avons fait connaître, décrit et figuré, maintefois les gains remarquables de ses vastes cultures et nous étions heureux d'encourager ses rudes labeurs. Gathoye était l'un des pépiniéristes les plus consciencieux et les plus actifs de Liège, le gouvernement avait reconnu les services qu'il avait rendus en le décorant de la croix de chevalier de l'ordre de Léopold. Notre nécrologue est long malheureusement, nous avons encore à annoncer la mort de Dieudonné Spae et de Parent, que tous les amis de CELG. HOUT. TOM. IX. 13 — 178 — - l'horticiiUiire regretteront. D. Spac était né à Gand , le 27 Septembre 1819 et il est mort dans la même ville le 28 Octobre 48§8. Horticul- teur éclairé et d'un caractère affable, il exerçait les fonctions de secrétaire adjoint de la société d'agriculture et de botanique de Gand. On lui doit la publication de plusieurs notices intéressantes, entre autres un mémoire sur les Lys, et nos lecteurs savent qu'il consacra ses dernières forces à retracer les mérites de son confrère Donkelaar, travail que nous avons publié il y a quelques mois. M. Florimond Parent, imprimeur-éditeur à Bruxelles, est mort le 28 janvier dernier, à l'âge de 52 ans. Editeur du Journal (V Horticulture pratique, il était pendant toute sa longue et bonorable carrière , l'un des plus fermes soutiens de notre presse horticole. CHENE, DIT HECHELET, DE SPA. Une histoire des vieux arbres de notre pays, avec des observations sur leurs dimensions, leur origine et le récit des légendes qui s'y rapportent, présenterait beaucoup d'intérêt. Le meilleur moyen de réaliser ce projet serait de rassembler, et de coordonner ensuite, tous les renseignements que les propriétaires instruits habitant la canvpagne pourraient fournir sur les arbres les plus remarquables de leur localité ; en d'autres termes d'instituer une enquête ofïi(!ieuse. La Belgique horticole se met avec em- pressement à la disposition de ces personnes et à l'exemple de ce qui s'est fait en Angleterre, nous voudrions recueillir dans nos colonnes la plupart des données que l'on possède sur ce sujet. On pourrait trouver tous les renseignements nécessaires à une histoire des vieux arbres de l'Angleterre en feuilletant les colonnes du Gardener 's chronicle. Cette lecture présente non seulement un grand intérêt national, mais en outre elle facilite singulièrement l'étude de l'accroissement des arbres en diamètre et fournit des données précieuses sur l'origine et l'introduction de diverses essences. Un de nos amis, M. J. Defize, vicaire à Theux, nous a dernièrement écrit au sujet d'un vieux chêne séculaire croissant à Spa et que les étran- gers ne manquent pas de visiter. \\ se trouve derrière V Hôtel des Pays- Bas au pied de la colline ; son nom populaire est Hèchelet , qui lui est resté, disent les bonnes gens du voisinage, parce que jadis les Autrichiens avaient proposé de le mettre en pièces (Hâchez-le). Sa hauteur est appro- ximativement de 40 pieds, mais il paraît qu'il a bien 4 pieds encore sous le sol, parce que la colline, au pied de laquelle il se trouve a éprouvé plusieurs éboulements qui ont accumulé des terres à la base du tronc. Celui-ci mesure, du niveau du sol aux premières branches, 4 mètres 80 e. , sa circonférence est de li mètres à la base et de 4 mètres 78, à un mètre plus haut; son âge et son origine ne sont pas connus. 179 — PI. lî). Cht^nc (le Ilèchelct à Spa. 180 - COUPE-GAZON CIRCULAIRE. PI. lf>. Coupe-gazon cirrulaire de face et de profil. Le bon entretien des pelouses, des bordures, et des sentiers d'un jardin est un de ces signes aux- quels un œil exercé reconnaît le le degré de perfectionnement horti- cole, mais ce travail minutieux réclame en général beaucoup de main d'œuvre. On le fait ordinai- rement à la bêche; cependant à l'aide d'un petit instrument fort simple et peu coûteux on peut ga- gner beaucoup de temps et travail- ler mieux. Le coupe-gazon circu- laire , se compose d'une molette en acier fondu , tournant dans une chape fixée à un manche ordinaire. Il suffit de promener i^apidement cet outil le long des bordures pour rétablir la régularité des lignes et il se prête merveilleusement aux contours les plus sinueux. On l'em- ploie aussi pour couper régulière- ment les carrés de gazon que l'on veut lever. EQUISETUMS GIGANTESQUES DE L'AMAZONE. Les principaux organes de la presse horticole ont eu la bienveillance de reproduire ou de faire connaître la nouvelle que nous annoncions il y a quelques mois(l), de l'intéressante trouvaille de Gigantesques Equisetums faite aux bords de l'Amazone; mais ils semblent l'avoir accueillie, (I) Voy. T. VIII, p. 35i. — 181 - sinon avec défiance, au moins avec étounement. Nous ne croyions pas ce fait si peu connu. La Flore des Serres déclare attendre « avec d'autant plus d'impatience de plus amples détails sur la découverte de ces Prèles gigantesques dont le tronc est plus gros que le bras d'un homme, qu'il n'existe au Muséum de Paris, de ces Prèles hautes de plusieurs mètres que des exemplaires de la grosseur du doigt. » Nous serons prochainement à même de satisfaire la légitime impatience des savants rédacteurs de ce superbe recueil. Mais nous nous empressons de déclarer que le fait a été communiqué l'année dernière à la société Linnéenne de Londres par le D*^ Joseph Hooker et que, d'après une lettre adressée à ce savant, les Equisetums de l'Amazone ont vingt pieds de haut et leur tige est de la grosseur du poignet : « Thèse fiants were tiventy feet high, and the stem was the thickness of a man 's wrist. » Du poignet au bras la distance n'est pas grande et nous avons la conviction que l'on n'a nullement voulu nous faire une chicane de mots. NOTICE SUR LE LILIUM GIGANTEUM. On nons demande ce que devient le Liiium giganleum dont l'appari- tion avait fait tant de sensation en 4852, et dont la Belgique Hort. s'était empressée de signaler les mérites (0. Nous nous empressons de satisfaire àces désirs et les renseignements que nous allons produire, confirment en tous points les espéi'ances que l'on avait fondées sur cette admirable intro- duction. Voici d'abord un intéressant article de M. Lindley (2). « Notre atten- tion, dit le savant professeur de Londres, vient d'être attirée sur un magni- fique spécimen du Liliiim giganteum « Le prince des Lis » comme il a été si heureusement qualifié par sir Willian Hooker. Ce pied a fleuri récemment dans les jardins de M. J. Boscawen, près Truro dans le Cor- nouaille; d'après les dessins et les renseignements qui nous ont été com- muniqués, il nous semble que c'est le plus bel exemplaire de cette espèce qui ait été jusqu'ici signalé dans notre pays ou même en Europe. .) Tome XV, p. /tiô. — 183 — bien on éprouve généralement de difficultés d'obtenir de graines le Lilium giganteum. Pendant vingt ans les efforts des horticulteurs anglais échouèrent successivement, et finalement on fut obligé d'introdnire la plante vivante des Indes. Lord Harding lorsqu'il était gouverneur géné- ral des Indes, envoya des graines pour être essayées pour la vingtième fois, M. Beaton en obtint un certain nombre et les conserva pendant 5 ans, semées en pot dans une serre du parc de Schrubland et aucunes ne germa, bien qu'elles fussent maintenues humides pendant toute cette longue période de temps. En ce moment (1855), M. Low possède des milliers déjeunes Lilium giganteum issusdegi'aines.Le secret de cette cul- ture consiste simplement à semer très serré au mois d'octobre sous un châssis protégé du froid. Au printemps les graines poussent serrées comme de l'herbe, mais seulement un tiers d'entre elles ; douze mois après un autre tiers germe, et le reste le printemps suivant. A l'établis- sement de Clapton on a mis en pratique (te procédé qui a été couronné de succès. Les graines ont été semées comme il a été dit plus haut sous un châssis froid, protégées simplement par des vitres ou, pendant les gelées par quelques nattes. Dans la même publication (') M. Beaton raconte avoir vu au mois de novembre 1856, un Lilium giga?iteum en fruit dans l'établissement de Ringoton ; il se trouvait dans une serre à Camélias el portait 8 capsules séminales de la grosseur d'une baie de Fuchsia et plus longues qu'un œuf de poule. Le nombre des graines fournies par un seul individu est incal- culable, chaque fruit est triloculaire et dans chaque loge se trouve une ou deux séries de graines accumulées les unes au-dessus des autres. Celles- ci sont si petites qu'il en faudrait au moins quatre mille pour former le volume d'un pouce cube. D'après tout ce qui précède on doit être convaincu que le Lilium superbum mérite de fixer plus que jamais l'attention des amateurs. Sa culture est fort facile, elle peut se faire soit simplement en pleine terre, comme le Lis blanc, soit en pot comme les Lis du Japon, et dans tous les cas une floraison admirable vient amplement rémunérer les soins qu'on lui a accordés. (1) Collage gardener, vol. XVII, p. 88. 186 — REVUE DES PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. SERRE TEMPÉRÉE. Rhododendron bapbalnni, Wall. cat. 767. — DC. Prodr. VII, 721, N° 5; Bot. Mag., t. 4581; Flore des Serres, Y, tab 4C9. — l'I. 17. Rliododendrou barbaluin, Wall. — 187 — Syn. : Rh. lancifolium, llooic. fil., c. tab. 4. — Fam. des Ericacécs, Dé- candrie Monogynie. — Rosage barbu. L'une des plus belles espèces de V Himalaya, confinée dans les régions boisées les plus humides, à une élévation supraraarine de 8 à 41,000 pieds; elle s'étend dans le Bhotan, le Sikkim, le Népaul et le Kemaon. Le R. barbatum est un arbre qui peut atteindre 50 à 40 pieds d'élé- vation , mais qui souvent x'cslc plus petit et branchu dès la base. Ses feuilles lorsqu'elles sont fort jeunes, sont toutes recouvertes de longs poils; plus lard elles se dépouillent de ces appendices, s'allongent à 5 ou 7 pouces sur une largeur de 1 1/2 à o pouces : leur forme est elliptique- lancéolée, aiguë, assez large vers le milieu, à bords réfléchis, d'un vert pâle et lisses en dessous. Les fleurs ne sont pas bien grandes, mais nom- breuses et d'un rouge de sang. Il a fleuri pour la première fois en Angleterre, au mois d'Avril 1848, à Eaton Hall, chez le marquis de Westminster. ACTION DU SULFATE DE FER SUR LES FRUITS. Par m. Du Breuil. On savait déjà que le sulfate de fer appliqué sous forme de dissolution dans l'eau , stimulait beaucoup les fonctions absorbantes des feuilles qui attiraient alors une plus grande quantité de sève des racines. M. du Breuil, horticulteur distingué, a eu la pensée de mouiller la surface des jeunes fruits, avec cette dissolution, et ces fruits ont pris alors un accroissement extraordinaire. Il convient de procéder ainsi : employer la dissolution dans la proportion d'un gramme et demi par litre d'eau, en mouiller les fruits seulement après qu'ils ne sont plus frappés par le soleil, répéter cette opération trois fois: lorsque les fruits ont atteint le premier quart de leur développement, lorsqu'ils sont à moitié grosseur, puis quand ils ont acquis les trois quarts de leur volume. Cette dissolution active leurs fonctions absorbantes ; il attirent à eux une plus grande quantité de sève au détriment des feuilles, et deviennent plus gros. Il serait sans doute diflîcile de donner ces soins à tous les fruits, mais on devra les réserver au moins pour les plus précieux. 188 — JARDIN FRUITIER. DESCRIPTION DE LA POIRE DUCHESSE D'ANGOULEME, Par m. J. Decaisne. (Figurée planche XII). (Extrait du Jardin Fruitier du Muséum). Fruit d'automne, gros, ventru, obtus, bosselé, à queue droite ou légèrement obli- que, charnue; à œil enfoncé et entouré de proéminences; peau un peu rude, parse- mée de gros points fauves, ainsi que de taches, plus ou moins lavée de rouge; chair ferme, très-juteuse. Arbre fertile, à scions droits, robustes, de couleur fauve, parsemés de lenticelles oblongues, à coussinets peu saillants; yeux coniques, violàtres, assez écartés du scion. Feuilles florales ovales, mucronées, arrondies à la base, entières ou presque entières, glabres en dessus, pubescentes et blanches en dessous, bordées de poils blancs; les adultes de formes assez variables; celles des rosettes lancéolées, atténuées à la base ou ovales arrondies, acuminées, presque entières, celles des scions ovales, acuminées, atténuées à la base, étalées, denticulées-crenelées. Fleurs assez grandes, très-blanches, portées sur des pédoncules moyens, très-tomenteux; calyce à divisions lancéolées, aiguës, blanches, couvertes de poils roussàtres en dessus ; pétales obovales ou elliptiques, presque blancs, arrondis au sommet, laissant des vides entre eux. Fruit mûrissant de la mi-octobre à la fin de novembre, gros, ventru, obtus, souvent irrégulier et très-bosselé ; pédoncule moyen, charnu, renflé aux deux extrémités, droits, ou quelquefois placé en dehors de l'axe du fruit, fauve; peau assez épaisse, rugueuse, d'abord de couleur verte, passant au jaune plus ou moins vif, lavée de rouge, parsemée de gros points, de taches ou de membranes fauves; œîY placé au fond d'un enfon- cement profond, entouré de protubérances, à divisions rapprochées, cotonneuses; cœur assez petit, entouré de granulations et dessinant une sorte de losange sur la coupe longitudinale du fruit; loges larges, com- primées, ne contenant ordinairement qu'un pépin de couleur brune; lacune centrale étroite, tubéreuse. Chair blanche, ferme ou presque cassante, très-juteuse; eau de saveur sucrée, acidulée citronnée, ou très-sucrée et peu parfumée. Le prix de cet excellent fruit varie à Paris de 50 cent, à fr. 2 50 suivant la saison et le volume qu'il présente. \^- \ J\)jrc DucIk^ssc (I .lii^ioiilciiH' — 189 - La meilleure manière de cultiver celte variété est de le tailler en contre- espalier. L'origine de cette poire a été diversement expliquée ; voici, d'après Poiteau, sa véritable histoire : « Elle est le produit d'un sauvageon qui s'est développé sur les domaines des Eparonnais , près Chàteauneuf (Maine-et-Loire), commune de Chéré, appartenant à M, le comte d'Ar- maillé. Cet arbre a fructifié pour la première fois en 1808. Le proprié- taire en envoya des greffes à un pépiniériste d'Angers, M. Audusson, qui multiplia et répandit pendant huit années cette variété sous le nom de Poire des Eparonnais j mais, en 1819 et 1820, il en envoya à Madame la duchesse d'Angoulème, en lui demandant la permission de la lui dédier. La princesse lui accorda sa demande, et depuis 1820 cette poire n'a plus porté d'autre nom que celui de Duchesse d'Angoulème (Marie-Thérèse- Charlotte, Madame royale de France, fille de Louis XVI, duchesse d'An- goulème). SUITE DE L'ENUMÉRATION DES POIRES. Décrites et figurées dans le Jardin fruitier du Muséum. Par m. J. Decaisne (<). 4a. Poire Milan blanc. Fruit d'été gros, turbiné ou ventru, à queue courte, droite, légèrement enfoncée dans le fruit, accompagnée de protubérances; peau lisse, d'un blanc jaunâtre uniforme ou faiblement lavé de rose; chair fine, fondante, très-juleuse, sucrée acidulée. N. B. Ce fruit a pour synonymes : Bergamote d'été ou Bergamotte de la Beuvière {Jard. franc.); Hastiveau blanc; Bergamotte de Hamp- den ouB. d'Angleterre. 46. Poii-e Bugiarda. Fruit mûrissant à la fin de l'été, moyen, à surface légèrement bosselée, à peau jaune lavée de rouge, parsemée de très petits points, sans taches; à queue dressée ou oblique, un peu enfoncée dans le fruit; à œil enfoncé et entouré de quelques petites proéminences; à chair ferme et musquée. N. B. Cette poire qui a pour synonyme Bon chrétien fondant musqué a encore été rapportée depuis longtemps à VEpiîie d'été fondante mus- quée par plusieurs pomologistes; elle en est cependant très-distincte : l'Epine d'été est de forme turbinée, à peau constamment verte, à chair réellement fondante. Louis XIV la nommait sa Bonne Poire. 47. Poire Gros Blanqiiet. Fruit d'été, blanchâtre, lisse, à queue droite ou un peu oblique, charnue, accompagnée de plis à son insertion sur le fruit; à chair blanche, demi-cassante, très juteuse, sucrée, légèrement parfumée. (1) Voyez sur cette remarquable publication : Belgique horticole, T. VII, p. 279, T. VIII, p. 159 et 188; commencée en 1857 elle continue à paraître régulièrement et forme déjà deux forts volumes in-'^». — 190 — JV. B. L'arbre est très fertile et atteint de grandes dimensions. Le fruit commence à mûrir à la fin de Juillet; mélangé à plusieurs autres variétés de Blanquet ou de Blanquettes, il se vend en immense quantité dans les rues de Paris, de la fin de juillet à la mi-août. -iS. Poire Saint M icltel Archange. Fruit de fin d'été, ventru, à peau jaune ou jaune olivâtre, parsemée de points et de petites marbrures, portant en outre autour du pédoncule une large tache fauve; à queue arquée j à chair blanche, très-line, fondante, parfumée. iV. B. La poire Saint Michel Archange a été admise au nombre des meilleures variétés par le congrès pomologique tenu à Lyon en 1836. 49. Poire de la Motte. Fruit d'automne, gros ou moyen, rond, déprimé, à queue assez courte, grêle, droite, cylindracée; à peau jaune, parsemée de très gros points cl marquée de taches fauves; à chair blanche, fine, très fondante, légèrement parfumée. N, B. L'arbre est très-propre à former des plein-vent. La chair est blanche très-juteuse, fondante; eau sucrée, douce, très-agréable quoique peu parfumée. Un de nos meilleurs fruits de la fin d'Automne, lorsqu'il acquiert un beau développement. On le confond souvent avec la poire de Monligny, mais sa forme, assez semblable à celle de la Crassane, l'en distingue facilement. 50. Poire Romaine. Fruit mûrissant à la fin de l'été, oblong ou ovoïde, à peau jaune olivâtre, parsemée de points et de nombreuses taches brunâtres, rudes, à queue droite ou oblique, accompagnée d'une large tache fauve; à chair blanche, fine, fondante, parfumée. N. B. Excellent fruit, déjà recommandé par Calvet, Duhamel et Poiteau. 51. Poire de Charneu. (I). Fruit d'Automne, pyriforme ou pyriforme-ventru, à peau jaune parsemée de points et plus ou moins marquée de taches brunâtres, à queue droite ou oblique, assez longue, renflée à son insertion et accompagnée d'une tache fauve sur le fruit ; à chair remarquablement fine, fondante, parfumée. N. B. Les fruits de cette variété, découverte au commencement du siècle dans une haie de la propriété de M. Légipont, près de Charneu, (De Jongue, Bull, de la Soc. Hort. de la Sarthe, p. 217, 1856), sont assez variables de forme; j'en ai vu d'allongés comme le Saint-Germain, bien qu'en général ils affectent la forme de la poire Fin or de septembre. 32. Poire nec plus Meuris (2). Fruit d'hiver, oblong ou ovoïde, à peau jaune verdàtre, parsemée de très-petits points et de nombreuses taches brunâtres, à queue courte et grosse, accompagnée d'une large tache fauve; à chair blanche, fine, fondante, parfumée. N. B. Cette variété prend souvent la forme et un peu la couleur jaune (i) Village de la province de Liège, entre Verviers et la frontière de Prusse. (2) JIeuris, jardinier de J. B. Van Mons, v. Cat., 1S23, p. SI, n» 2IG7. — 191 — pille de la poire Amadole. Nous lui avons conservé le nom de Poire Nec plus Meuris, de préférence à celui de Beurré d'Anjou, afin d'éviter toute confusion avec plusieurs autres variétés qui portent également ce nom. 53. Poire de Coq. Fruit d'été, moyen, jaune el rouge; à queue droite ou ol)lique, grosse, cylindracée, accompagnée de plis à son insertion sur le fruit; à chair blanche, fine, sucrée, peu parfumée ou très-légèrement musquée. iV. B. Ce fruit d'un aspect des plus séduisants, présente cependant les défauts de presque toutes les poires d'été; il mollit et passe très-vite. Il a pour synonymes les noms de Belle de Bruxelles, de Suprême et de Bellts- sime d'été, etc., que portent également d'autres variétés, cequim'a engagé à préférer le nom de Poire de Coq, qui n'entraînera aucune confusion, et sous lequel je le trouve porté au Catalogue du Muséum pour 1824. 54. Poire de Bavay . (0. Fruit d'automne, oblong, ventru, obtus aux deux extrémités, à queue longue, ordinairement aKjuée, portant les traces de quelques brac- téoles, brune ou verdâlre, légèrement enfoncée dans le fruit; peau de couleur jaune assez brillant, parsemée de nombreuses taches fauves; chair fondante, très juteuse, parfumée. yS. Poire Chair à dame. Fruit d'été, petit ou ino3'en, jaune ou Isabelle lavé de rouge ; à queue charnue, renflée et accompagnée de gros plis à son insertion sur le fruit, plus ou moins oblique; à chair demi-cassante, juteuse, sucrée-acidulée, parfumée, fcnonillée. N. B. Ce fruit passe vite, et devient ordinairement cotonneux sans blettir. On l'a confondu avec le Certeau d'été, qui est une poire allongée, ainsi qu'avec la P. Madère, dont la peau est grise, et la P. Adam, décrite dans cet ouvrage. 5'6. Poire Marie-Louise Delcourt. Fruit d'automne, gros, oblong-obtus ou pyriformc, à peau vert-jaunâtre, parsemée de points et marquée de tâches autour du pé- doncule, ainsi que sous l'œil ; queue insérée dans l'axe du fruit, à chair blanche, demi-fondante, sucrée, légèrement acidulée parfumée. N. B. Cette variété a été classée au nombre des très bons fruits par le congrès pomologique tenu à Lyon en 1857. K7. Poire cadette. Fruit d'automne, moyen, arrondi ou un peu turbiné, à queue grêle, légèrement enfoncée dans le fruit, quelquefois accompagnée d'une petite bosse; peau jaune-verdâtre, passant au jaune vif ou orangée du côté du soleil, parsemée de taches fauves et marquée d'une large tache frangée de même couleur autour de la queue ; chair fine très fondante cl parfumée. JV. B. Cette ancienne variété se trouve indiquée sur plusieurs catalo- gues sous le double nom de Beurré Bcauchamp et de Bergamotte cadette ; j'ai choisi naturellement le plus ancien. (i) Laurcnt-Seraphin-Joseph de Bavay, membre de la commission royale de pomologie belge, né à Vilvorde, près Bruxelles, le 50 novembre 1775, mort en 1855. — 192 - 58. Poife fleur du Guigne. Fruit d'été, jaune, taché de rouge, très lisse, à queue lon- gue, droite, de couleur olivacée, portant la trace de bractéoles, à chair blanche, demi-cassante, juteuse sucrée, peu parfumée, JV. B. Quelques pomologistes, Duhamel entre autres, confondent cette variété soit avec la P. sans peau de Merlet, qui a pour synonyme le Gra- cioii, soit avec le Rousselet hatif, qui a pour synonyme la P. de Perdreau, Amiré roux de Tours, de Chypre, etc. C'est afin d'éviter toute confusiou que j'ai choisi le nom de Fleur de Guigne, sous lequel notre variété a été désignée dans l'origine. 59. Poire Virgouleuse (l). Fruit d'hiver, moyen ou gros, arrondi ou ovale arrondi, déprimé aux deux extrémités, à queue grosse, arquée, légèrement enfoncée dans le fruit; peau jaune-verdâtre, lisse, parsemée de taches fauves; chair ferme, très-juteuse et parfumée. N. B. Cette variété, longtemps et avec raison très-estiraée, a été aban- donnée depuis une vingtaine d'années pour une multitude d'autres poi- res qui n'en ont cependant pas les qualités. 60. Poirede Liicon{2). Fruit d'hiver, gros, ventru, obtus, à queue très-courte, obli- que, enfoncée et ordinairement placée en dehors de l'axe du fruit; peau fine, bronzée, couverte de larges taches fauves, ainsi que de marbrures, lavée de rouge-brun; chair fine, beurrée, très-agréable. JV. B, Excellent fruit, désigné par quelques pépiniéristes sous le nom de Beurré gris d/hiver nouveau. 61. Poire de Doyenné. Fruit d'automne, à queue courte et grosse, légèrement enfoncée, à peau très-lisse, jaune vif, lavée de rouge du côté du soleil, marquée de fauve autour du pédoncule , à œil superficiel ou un peu enfoncé , plus ou moins fermé ; à chair fondante, très-fine, sucrée, acidulée. JV. B. Bien que passant vite, cet excellent fruit peut néanmoins se conserver plus de quinze jours, et par conséquent autant que plusieurs autres poires de fin d'été, quand on a la précaution de le renfermer dans un fruitier obscur sec et sans courant d'air. Je partage l'opinion de Mayer au sujet du Doyenné : La Quintinye ne lui a pas rendu la justice qu'il mérite et jusqu'ici presque tous les pomologistes l'ont copié, même Duhamel. A sa beauté, sa grosseur, son abondance, la poire de Doyenné joint un degré suffisant de saveur pour le faire estimer et rechercher partout : aussi les marchés de Paris en sont-ils parfois abondamment pourvus et leur prix moyen se maintient depuis plusieurs années de 5 à 8 francs le cent. {La suite à la prochaine livraison). (1) Vigoulé, nom d'un village des environs de St. Léonard, dans le Limousin. (2) Chef-lieu du canton du département d'ile-et- Vilaine. \ Diantiuis eliiiiensis.var.lle(Ulewe«ii — 193 — HORTICULTURE. NOUVELLES ET MAGNIFIQUES VARIÉTÉS DE DIANTHUS CHIN EN- SIS, INTRODUITES DU JAPON PAR M. HEDDEWIG DE ST.-PE- TERSBOURG. Traduit du Gartenflora par M. Jules Bourdon. (Voyez Piaiiche XIII .) M. Ch. Heddewîg, horticulteur à St.-Pétersbourg a obtenu de graines du Japon, plusieurs variétés de Dianthus chinensis, qui non-seulement l'emportent de beaucoup par leur beauté sur les formes de cette espèce connues dans nos jardins, mais qui, par la magnificence de leurs couleurs et la grandeur de leurs fleurs, occupent la première place parmi les œillets. Les plus remarquables sont les suivantes : Dianthns cbinensis, var. Heddewigii ('). Cette variété, superbe entre toutes, est incontestablement la plus belle qui ait jamais été cul- tivée ; elle se distingue à la j)remière vue par son port peu élevé, de 6 à 8 pouces, en touffe épaisse, qui se maintient en pleine terre comme en pot; il en résulte que les fleurs sont très-rapprochées et forment un charmant bouquet naturel, qui éblouit pour ainsi dire l'œil par l'éclat de ses couleurs, (on voit jusqu'à trente fleurs ouvertes en même temps sur un seul pied). Cette variété est caractérisée en outre par ses feuilles d'un vert bleuâtre, courbées en dehors dès leur base, longues de trois pouces, larges de S à 6 lignes, à peine rudes sur leur bord. Les deux bractées externes également repliées en dehors, dépassent quelquefois le calice en longueur. Les fleurs se distinguent non moins parleur grandeur, leur diamètre atteignant trois pouces, que par leurs magnifiques cou- leurs veloutées, qu'il est malheureusement impossible de reproduire au moyen d'une figure. Les pétales ont une forme largement ovale, ils sont incisés, dentelés à leur bord supérieur et entiers à leur extrémité infé- rieure qui se termine par un onglet court et en forme de coin. 11 existe jusqu'à présent deux sortes de ce Dianthus, mais on s'attend à en voir davantage obtenues de semis. L'une est formée d'un carmin (1) Caille a bas! ramosissimo, cum foliis glauco-viridi, siibhumili, foliis latiusculis, cum bracleis calycinis exteriorihus, a basi recurvatis; corolla maxima, 3 pollices in diametro lata; petalis late obovalis, incîso-deutatis, basi-cuncata, integerrimis. BELG. HORT. TOM. IX. 14 — 194 - brillant, el, comme les pétales sont très-veloutcs, il en résulte un reflet d'un rouge presque écarlate. L'autre est d'un carmin brillant et rose, présentant vers le milieu des pétales une teinte très-claire, qui ressemble à un flocon de neige; dès que la fleur vieillit celle nuance claire se perd plus ou moins, et, en général, toute la fleur devient plus foncée. DiantliaischÎBieusisvar. giganteus ('). Cette variété, très-voisine de la précédente par ses fleurs également grandes et belles, se distingue par son port moins épais, quoiqu'il ne soit guère plus élevé, par la cou- leur moins glauque de sa tige et de ses feuilles, qui sont moins réfléchies en dehors, et par ses pédoncules uniflores; dans toutes les autres variétés les pédoncules se divisent vers leur partie supérieure et portent deux ou trois fleurs. Les feuilles ont, dans leur jeunesse, une couleur d'un vert plus jaunâtre; elles sont longues de 2 4/2 pouces et atteignent rarement une largeur de 5 lignes; elles sont, de même que les bractées externes, plus droites, étalées et à peine recourbées en dehors ou seulement vers leur extrémité. La fleur est magnifique et d'un pourpre foncé qui passe au rose vers le bord et se termine par une nuance blanche; elle est également veloutée et présente un reflet bleuâtre. La gorge est entourée d'un bord plus foncé. Les pétales sont aussi largement ovales-renversés, et incises-dentelés à leur bord supérieur ; leur base entière et munie d'un onglet plus long que dans la variété précédente. Dianthns chinensis var. laciuiatus('^). Cette variété est caracté- risée par ses pétales découpés, d'une beauté toute particulière, et se distingue en outre par sa taille plus élevée et son port plus raide. Les feuilles sont d'un vert-bleuâtre, étalées, longues de 4 pouces et larges de 4 lignes. Les deux bractées externes sont droites et beaucoup plus courtes que le calice, dans la fleur simple; étalées et de la longueur du calice dans la fleur double. Dans la fleur simple, la corolle a 4 pouces de diamètre et se recourbe en dehors ; dans la fleur double, elle a 5 pouces de diamètre. Les pétales sont longuement cunéiformes découpés irréguliè- rement en lobes nombreux, étroits et pointus à leur extrémité et jusqu'au tiers de leur longueur; entiers et ondulés vers leur base; longs de 2 1/2 pouces de l'onglet à l'extrémité; dans la fleur double, ils parais- sent plus larges, parce que leur bord n'est pas ondulé. Il en existe déjà (1) Caule a basi ramoso, subhumili, cuin ramis simplicibus unifloris et foliis senio- ribus glaucescenle ; foliis et bractcis calycinis exterioribus patentibiis versus apicem recurvalis; corolla maxima iii diamelro 3 pollices lata ; pelalis late obovatis, inciso- dentatis basi cuneata integerrimis. (2) Caule a basi ramoso, eiatiorc, stricto, cum foliis patentibus giauccscente; corolla maxima, in diamctro i pollices latiorej petalis ciineatis apice limbriato laciniatis, basi eloiigala cuneata integerrimis. a. Flore simplice. (3. Flore plcno. — 193 - plusieurs sortes, entre autres deux à fleurs doubles, qui ressciiiMcnt, l)our ainsi dire, plus à un Pavot qn à un OEillet; l'une est pourpre, l'autre d'un pourpre foncé; parmi les simples, l'une est blanche, une autre rose, une autre pourpre, etc. OiantSius chsuensis var. s<|a8arrosiis(!). Cette variété, qui est moins remarquable sous le rapport de la culture, mais qui l'estd'autant plus au point de vue botanique, se distingue par son port raide, grêle vers le haut, par sa tige très-fortement blanchie à sa partie inférieure et par ses pétales singuliers. La hauteur est de 18 pouces. Les feuilles sont étalées, souvent un peu réfléchies en dehors vers la pointe, longues de 5 3/4 pou- ces et larges de 3 5/4 lignes. Les divisions des pédoncules sont étalées et raides; les bractées externes sont souvent plus courtes que le calice, les internes sont à peu près de même foi^me, c'est-à-dire linéaires, lancéolées et aiguës (et non larges et subitement acuminées, comme c'est l'ordinaire dans cette espèce). La fleur est d'un pourpre foncé, réfléchie en dehors; elle a ordinairement 1 4/2 à 2 pouces de diamètre. Les pétales sont linéaires, oblongs, avec leur bords parallèles; ils sont plus ou moins profondément divisés à leur extrémité en deux lobes qui sont tantôt pointus et recourbés en-dehors horizontalement, tantôt droits, obtus et dentelés à leur extrémité. La planche 13 est la reproduction fidèle d'un bouquet des plus belles fleurs du Diantlitis chineusis Heddeivigii. LES EXPOSITIONS DU PRINTEMPS DE 1859, EN BELGIQUE. Il n'est pas un de nos lecteurs qui soit jamais indifférent aux fleurs, mais ils savent que leur fraîcheur, leurs suaves coloris et leurs parfums n'ont jamais plus de charmes qu'au sortir des frimas. Le printemps de la nature rajeunit l'âme, qui se retrouve alors au printemps de la vie et se retrempe aux douces émotions de la jeunesse. Mais l'horticulteur a cet immense avantage qu'il se procure ces émotions quand il lui plaît : c'est précisément là Vart du fleuriste; il devance l'ordre naturel, il crée le printemps quand mai est encore à venir, il force la nature, les plantes, les fleurs : c'est là son triomphe. On comprend dès lors l'importance que l'on attache aux nouveaux succès obtenus, on les constate, en quelque sorte officiellement, par les expositions. Le printemps est passé pourceux qui ont pris part aux floralies de Gand, d'Anvers, de Bruxelles et de Malines : ils ont vu plus de verdure et de belles fleurs et ils ont respiré (1) Caule a basi ramoso elaliore, rigido, glauco ; foliis patentibus versus apicem sœpe recurvatis, glaucescciitibus ; bracteis calycinis exterioribus subcrectis; flore minore, l 1/2—2 pollices lato; pctalis lineari oblongis, apice bifidis. — 196 — un air plus embaumé que le climat variable et tempéré de notre bonne patrie ne leur en saurait jamais donner; ils ont assisté au printemps de la végétation de toutes les régions du globe. Les expositions qui ont eu lieu à Gand les 0 à 8 mars, à Anvers les d5-15 mars, à Bruxelles et à Malines du 20 au 22 du même mois, ont eu beaucoup de succès et de popularité. Quant à Liège il semble que la houille et le fer répandent depuis quelque temps dans l'air quelque chose de nuisible à la végétation des plantes précieuses chez les amateurs; tout au moins elles disparaissent ou elles se cachent. L'intérêt que tous les amateurs attachent avec juste raison aux exposi- tions printanières, nous engage à en causer avec nos lecteurs. Nous n'avons pas visité le salon d'Anvers, mais un de nos bons amis, amateur aussi éclairé que modeste, nous a écrit à ce sujet une lettre dans laquelle il mentionne les faits les plus intéressants et que nous allons mettre sous les yeux de nos lecteurs. Le jury qui a jugé le concours s'est trouvé composé de MM. Brys, Carolus, de Cannart d'Hamale, Heynderycx , MuUer, Schram, Van Deurne de Damas et Van Hove de Caigny, il a été présidé par M. le chevalier John de Knyff. Notre honorable correspondant nous donne ensuite les renseignements suivants : a En jetant un coup d'oeil sur l'ensemble de l'exposition, elle nous rappelle plus ou moins le grand festival horticole de 1856 : s'il n'y a pas un grand nombre de plantes, elles se distinguent néanmoins par une abondante floraison et une belle culture, elles présentent un magnifique bouquet des plus variés et qui fait ressortir le talent et l'intelligence des amateurs anversois. L'exposition était d'autant plus intéressante que la saison qui vient de passer a été bien peu favorable à la floraison. « Les collections de plantes de genres différents étaient très-bien soignées et parfaitement fleuries; au premier tour de scrutin, le contin- gent de M. Somers, amateur très-zèlé, a remporté la médaille de vermeil; les autres concurrents se sont vivement disputé le second prix, mais le jury a fini par décerner la médaille d'argent ex œquo à M. le baron de Calers et à M'' René délia Faille et le troisième prix à M. le eh.' John de Knyff. Ce dernier envoi avait beaucoup souffert par suite du transport et du mauvais temps. « Chaque fois que nos amateurs de Camcllias se présentent, le salon est toujours orné d'une manière exceptionnelle; ces plantes se distin- guaient par la fraîcheur du feuillage, la riche floraison et l'éclat de leurs fleurs. Le contiugent le plus important est celui de M. Edmond Legrelle, remarquable par la grandeur, la force de végétation et la belle culture des iudividus : le plus grand de sa collection mesure G mètres de hauteur, couvert de fleurs depuis la base jusqu'au sommet, il est en forme de pyramide d'une régularité artistique. Le lot de M. Bovie, n'est pas moins intéressant, les sujets sont moins forts mais d'un autre côté ils sont d'une - 197 - culture bien dirigée et donnent de bons augures pour l'avenir; la floraison est parfaite. Chacune de ces collections a obtenu dans leurs concours res- pectifs, à l'unanimité, la médaille en vermeil. « En fait de nouveautés de Caraellias on a pu admirer un riche envoi de 31. Vervaene, horticulteur à Gand, parmi lesquels brillaient quelques espèces de premier choix: Countess of Arclcny, M""^ Le Bois, Vateva- rède var. Dunlaps rosea, Story etc. aussi à l'unanimité le premier prix proposé lui a-t-il été décerné: le second est échu à M. De Clippcle, négo- ciant. «Les Azalées d'une éclatante floraison et en sujets très-forts sont venus embellir cette magnifique réunion de plantes: celles de M. le baron de Caters emportaient le l^*" prix et celles de M. Meussen le second. oc Une superbe collection de Rhododendrons arborescents bien feuillus, et bien fleuris, présentés par M. le baron Ed. Osy, a obtenu à l'unanimité des suffrages le 1^' prix. En ce qui concerne les nouveautés d'Azalées en fleurs, on pouvait s'attendre à trouver un concours très-important, du moment que M. Vervaene, le premier cultivateur en Belgique de ce genre de plantes aurait pris part à l'exposition; son envoi était un des plus précieux de l'exposition: on comptait parmi ces nouvelles acqui- sitions: Gloire de Belgique, Rubens, Reine des blancs, rétendard des Flandres. M. Vervaene a emporté le 4" prix et battu son concur- rent, M. Meeussen, auquel on a accordé le second. « Un seul lot d'Orchidées avait été envoyé pour le concours : c'était celui de l'honorable président de la société royale de botanique de Gand, M. le baron Heynderycx. Le jury, après examen, lui a voté à l'unanimité, la médaille en vermeil. « Différents amateurs avaient envoyés des collections bien remarqua- bles pour le concours de plantes d'un même genre. Les Jacinthes, de M. H. Vander Linden, négociant, rappelaient le type et la belle floraison des envois de Haarlem, que nous avons vus naguère à nos expositions. Celles-ci et d'intéressants Amaryllis à fleurs agréablement colorées, de M. le baron Heynderycx, ont toutes deux et à mérite égal, obtenu le premier prix. Le second a été voté à M. De Knyff pour ses Amaryllis, issus de semis. « Les Cinéraires exposées, nous rappellent la culture anglaise, feuil- lage bien développé, surmontées de corymbes d'une floraison parfaite et très-variée. Le jury a voté le l' prix à M. René dclla Faille, secrétaire adjoint de la société, et le 2" prix à M. H. Vander Linden. « Notre salon a possédé pour la première fois une de ces richesses de l'Hymalaya, récemment introduite, le Rhododendron Dalhousianum, qui a été couronné du premier prix comme étant la plante en fleurs la plus rare de l'exposition. Cet épiphyte que l'on ne rencontre que sur les troncs des grands arbres de Chêne et de Magnolia, nous a été pi'ésenté en pot et assez bien fleuri, quoique paraissant un peu souffrant, par — 198 — M. le baron Ed. Osy. Le mêiriC amateur a remporté le 2" prix, avec un arbuste récemment importé de la Chine, VAmygdalus (persica, var.) rosœlîora; le 5° prix est échu à M. Somers pour un Thunbergia Lauri- foiia, couvert de fleurs. a L'hiver que nous venons de passer, ne s'est pas montré tout à fait propice à la floraison anticipée d'un grand nombre de plantes : cepen- dant malgré celte température variable et une atmosphère presque constamment nuageuse, la société d'Anvers a eu l'avantage de récom- penser les succès obtenus par plusieurs de ses membres. M. VanderLinden a présenté un contingent de plantes forcées avec beaucoup de mérite, on y voyait les Cytisus Labunium, Pœonia officinalis, Tradescantia virginica, Glycine sinensis, Hydrangea hortensis, Viburnum Tinus, etc., voilà ce qui a fait dire qu'il n'y a plus de saisons pour l'horticulteur et qu'il est depuis longtemps en plein printemps! a On attache avec raison une juste importance au concours de belle culture : les concurrents n'ont pas fait défaut : 18 ont soumis au jury et au public le résultat de leurs efforts. M. le baron Heynderycx, avec un Cypripedium insigne portant trente hampes en fleurs, a enlevé le premier prix; le Lilium candidum, très-bien forcé par M. le baron Ed. Osy, a mérité le deuxième prix, et M. De Knyff le troisième pour y Amaryllis Zoè\ fleur élégante et gracieuse qu'il a semée et élevée lui-même. s. Si le Viburnum Tinus exposé par M""" la douairière Constant Van Havre, avait été complètement en fleurs, il aurait bien certainement effacé tous ses rivaux, en belle et bonne culture. La couronne de cette plante, n'a pas moins de 7 mètres de circonférence et elle était couverte d'un millier d'inflorescences, partiellement épanouies le jour de l'ouver- ture du salon. « Si l'on a vu figurer dans les grandes fêtes horticoles de notre pays, de belles collections d'Orchidées, jamais cependant ou n'avait pu en admirer trente espèces différentes, eu forts pieds, parfaitement fleuries et exposées par un seul amateur. C'était le Trophée de l'exposition et l'on ne cessait de l'admirer ; il n'y a plus qu'en Angleterre où l'on trouve de pareils contingents fleurissant à la fois et avec une profusion indes- criptible. Parmi ces milliers de fleurs, qui rivalisent, tant par la bizar- rerie des formes que par une coquette élégance, on distinguait spéciale- ment un Dendrobium densiflorum qui portait 5 tiges florales, chacune couverte de 40 fleurs d'un beau jaune d'or : un Dend. fimbriatum, espèce plus élégante que la précédente, présentant S liges florales : une touffe de Maxillaria aromatica var. minor, qui paraissait comme un globe dore, tant ses fleurs étaient nombreuses et pressées; un Lœlia anceps, qui n'avait pas moins de 7 fois trente fleurs : les Dendrobium nobile et Dend. macranihum, Schumburgia rosea, etc., etc. « Ce superbe bouquet était exposé par M. Brys, amateur intelligent cl — 199 — conseiller provincial à Bornhem, sur la proposition du jury, le conseil d'administration lui a volé une médaille extraordinaire, en vermeil et encadrée. a D'après ces quelques détails, vous regretterez sans nul doute plus vivement encore que vous n'avez déjà dû le faire, de n'avoir pu venir admirer personnellement tant de belles choses. » Nous avons éié plus heureux huit jours plus tard et nous avons pu, les dOet 20 mars, visiter les expositions de Bruxelles et de Malines qui avaient lieu en même temps; malgré cette coïncidence fâcheuse et le rapprochement de ces deux villes, toutes deux ont obtenu le plus légi- time succès. Le jury de Bruxelles, était formé de MM. le baron Heyndcrycx, le baron Ed. Osy, Baumann,Brys, Carolus, le chevalier de KnylT, René délia Faille, Dumoulin, Kcgeljan, Morren ('), Haquin, Rigouts-Verbcrt, Vanden Ouvve- land et \Yiot. En l'absence de M. le duc d'Ursel, le jury a été présidé par M. le comte de Sauvage, vice-président de la Société. Profitant d'un moment où les opérations du jury étaient suspendues, M. René délia Faille, d'Anvers, a exprimé les sentiments de tous ses collègues en portant un loast au vénérable baron Heynderycx qui, malgré son grand âge, sur- monte toutes les fatigues quand il est question de floriculture. L'exposition avait lieu dans la grande salle du Jardin Botanique, ar- rangée d'une manière gracieuse et artistique : les plantes formaient des groupes irréguliers de chaque côté et le centre lui-même était occupé par un parterre sinueux. S. M. le Roi et LL. AA. les princes belges ont suc- cessivement honoré le salon de leur présence et ont daigné témoigner maintes fois le vif intérêt qu'ils prenaient à l'horticulture. Les honneurs du salon ont été faits cette fois par les membres du conseil d'administra- tion de la société de Flore et par les membres du jury présents à Bruxelles. Après avoir admiré l'exposition dans tous ses détails, S. M. le Roi s'est rendu près des appareils de pisciculture et des aquariums d'eau douce et d'eau salée que M. Schram a établis dans l'un des pavillons des serres du jardin botanique : le Roi a immédiatement apprécié l'utilité pratique et l'intérêt scientifique de cette étude et il a donné à M. Schram des preuves immédiates de sa haute sollicitude. La société de Flore avait ouvert 34 concours, 22 d'entr'eux ont été remplis par 27 exposants, qui ont partagé les palmes et les couronnes. La médaille d'or pour le plus bel envoi de 75 plantes au moins bien fleuries et bien cultivées a été décernée par acclamation à M. de Koster, horticulteur à Bruxelles, pour un envoi de 117 plantes, qui était géné- ralement admiré. Les plantes nouvelles de M. Linden et celles de (1) C'est par errenr que le procès-verbal qui a été publié des opérations du jury cite MM. Regeljan et Morren parmi les membres qui s'étaient fait excuser. — 200 — M. Jacob Makoy ont respectivement remporté un premier prix ex aequo. 31. le Directeur du Jardin Zoologique avait exposé entre autres le Meco- 7iopsis simplicifolia H. f. et T. [Papaver sîniplicifolium Don), papa- veracée de l'Himalaya, du Nepaul et du Sikkim, où elle croît à une altitude de i2 à 14,000 pieds et fleurit en mai et juin. Elle est sans aucun doute de pleine terre; ses feuilles et ses liges sont couvertes de grands poils roux, elle est haute de 2 à 5 pieds, elles pétales sont pourpre- bleuâtre. Tout semble présager que cette plante est une bonne acquisi- tion pour nos jardins. Un Meliosma, que M. Lindcn nomme M. longifolia, faisant partie d'un genre de Sapindacées dissiminé à Java, Bornéo et Sumatra: les Rhopala leucophijlla, aiistralis et crenata (Linden); deux superbes Bégonias, les B. amabilis, B. Victoria, introduits de l'Assam et qui intéressaient beaucoup les nombreux amateurs de cette brillante famille; quelques autres plantes encore étaient là pour témoi- gner que M. Linden ne ralentit pas ses importantes introductions. 31. Jacob 3Iakoy de Liège avait exposé: les nouveaux Caladiums de 31. Chantin, plantes que l'on pouvait admirer publiquement pour la pre- mière fois en Belgique, plusieurs variétés intéressantes de Bégonias, dont les feuilles semblaient recouvertes de dentelles et de broderies d'argent: un nouvel Araucaria, introduit de 3Ioreton-bay; nn pied fleuri de VAristolochia Thivaitesii, etc. Le Beschonieria multiflora, exposé par 31. Jean Verschaffelt de Gand, a eu le premier prix comme la plante la plus nouvelle et la plus recom- mandable présentée en fleurs. C'est en effet une noble Amaryllidée, éminemment orneuientale, ayant le port des Fourcroija et de certains Agave, des feuilles d'un beau vert lisse, longues de près d'un mètre, droites et du milieu desquelles s'élève une forte hampe chargée de fleurs blanches, assez petites et protégées par des bractées. Ce Beschonieria est originaire du 3Iexique comme le B. tubiflora, la seule espèce connue jusqu'ici et que la nouvelle venue surpasse sous bien de rapports. Le second prix de cet important concours a été remporté par le Mono- chœtum pulchellum, Dcne, exposé par 31. Linden, et sœur du M.ensife- runi, Naud., que le même a déjà mis dans le commerce. La plante exposée à Bruxelles nous a paru, pendant le rapide et trop superficiel examen que nous en avons pu faire, différente du 3Ionochœtum pulchrum, que 3L Decaisne a décrit et figuré en 1848 dans le Revue horticole. Trois collections d'Orchidées se trouvaient réunies au salon de Bruxelles et chacune a été couronnée d'un premier prix. Celle de 31. Linden était composée des Cypripedium hirsutissimum, Lindl., et C. villosum, des Chelonanthera Rolissoni, JEricles virens, Phalenopsis grandi/lora, Lycaste Skinneri, Dendrobium densiflorum etD. nobile. Les plus remar- quables espèces envoyées par 31. le baron Ilenderycx étaient les Ejn- dendrum Stanifieldianum, Chysis bractescens, Calanthe mussuca, Bur- linglonia rigida, Cyrlochilus macidata, Dendrobium Wallichianum, — 201 — Brassavola glauca et le Lycaste halsamea; ces plantes n'ont pas besoin d'éloges. Nous avons trouvé ensuite la vaste collection, encoi'e augmentée, des Orchidées de M. 13rys qui avaient déjà figuré à Anvers; le jury a émis le vœu qu'il lui soit décerné une médaille d'or extraordinaire. Le concours pour la plante en fleur la plus remarquable par sa belle floraison a été assez vivement disputé, 49 plantes étant entrées en lice. Le i^^ prix disputé entre le Lilium candidum (de M. le baron Ed. Osy) et V Eriostemon neriifolium Sieb. (de M. Van den Ouweland), a finalement été remporté par le premier. La culture forcée du Lys blanc passait pour un des problèmes les plus difficiles et les plus intéressants de l'horti- culture; cependant sa solution semble n'avoir été qu'un jeu pour M. le baron Osy. V Eriostemon neriifolium Sieb. est un petit arbuste de la Nouvelle-Hollande, de la famille des Diosmées, à fleurs blanches, grandes, étoilées : sa croissance est lente et sa culture assez difficile; mais ou n'aurait pu désirer un spécimen mieux venu que celui exposé par M. Van den Ouweland. Les autres plantes présentées étaient des Azalea indica semi duplex maculala, Diosma capitata, Rhododendron Gih- sonii, etc. Les divers concours ouverts pour les Camellias, les Rhododendrons et les Azalées ont été fort convenablement représentés; ils ont fourni l'occa- sion de se distinguer de nouveau, spécialement à M. Vervaene de Gand et à M. Van Baveghcm de Lembeeke. En outre 31. 3Iedard de St. Giles a obtenu par acclamation le l"" prix pour les roses et M. Reycart pour les plantes fleuries de pleine terre : ces deux collections n'étaient pas les moins admirées de l'exposition. Le jury a décerné aussi une distinction spéciale aux Azalées de semis, Albertine et 3P Vander Keylen, gagnées par M. Van Baveghera : ces variétés ont un coloris rose saumoné, délicat et distingué. Comme à Bruxelles V exposition se fait à Malines dans les locaux du jardin botanique, qui sont d'ailleurs dans ces deux villes des institutions particulières. Il est regrettable autant pour Bruxelles que pour 3Ialines que leurs expositions aient eu lieu en même temps, mais il n'était pas au pouvoir de Malines de prévoir ou d'empêcher ce conflit. Par suite, beaucoup de membres ont été empêchés de se rendre au jury, lequel s'est trouvé composé seulement de MM. De Clippele, Van Geert, de Beucker, L. Dcsmedt et Van Duerne de Damas. Ce jury n'était pas nombreux, mais nous ne pensons pas qu'il aura plus mal marché pour cela, et nous sommes convaincu qu'il aura marché plus vite. Les plantes étaient disposées avec le meilleur goût dans trois des serres du jardin botanique qui communiquaient entre elles et qu'elles remplissaient entièrement. La plupart avaient été cultivées à Malines, mais on en avait envoyé de Bruxelles, d'Anvers, de Gand, etc. En parcourant les serres nous y avons remarqué les belles Amaryllis de M. John de Knyff et celles de 31. le baron Heynderycx, ainsi que les — 202 — Ixia et les Sparaxis de M. Vander Linden, toutes brillantes raonocoty- lédones d'un coloris extraordinaircmeut vif. M. De Smet, de Gand, avait envoyé un remarquable spécimen de ses cultures, notamment un Imantophyllum mmiatwni^), le Carex varie- (jatade Siebold et un énorme 5a/yta Ileerii chargé de fleurs. Ce Carex, qui commence à se répandre chez les horticulteurs, est une espèce à feuilles panachées, introduite, paraît-il, du Japon , et qui végète très facilement dans nos serres froides. Le Callicarpa purpnrea, Juss. {Por- phijra dichotoma, Lour.), Verbénacée de la Chine, exposé par M. Geert, de Gand, a vivement intéressé beaucoup de visiteurs. M. Van Duerme, de Damas, avait envoyé au salon un contingent très-nombreux et remarquable de Rhododendrons, d'Azalées, de Roses, de Camellias, de Jacinthes et de plantes variées, lequel a remporté la médaille de ver- meil du premier concours, dont le second prix a été décerné à M. Douchet pour un ensemble de plantes qui témoigne d'un amour réel pour l'horticulture. M. de Cannart d'Hamale, l'honorable président de la société, a pris une large part à l'exposition : ses Orchidées, ses plantes nouvelles et ses plantes d'ornement formaient un des plus brillants ornements du salon; nous y avons remarqué entre autres deux petits Agaves trapus à filaments noirs, désignés au catalogue sous le nom de Agave filifera fUihiis nicfris. Notre surprise et notre émotion furent grandes en apercevant tout à coup du gazon et de la mousse émaillés d'une foule d'orchidées indigènes ou Européennes : ce fait rare et curieux mérite une attention spéciale et fait honneur à M. le baron Ed. Osy ; nous ne saurions résister au désir de citer les noms de toutes les espèces que nous avons trouvées en fleurs d'une manière si inopinée, le 20 mars: Ophrys Bertoloni, 0. myoides , Op. arachniles, 0. arach. var., Orcliis mascula, Orch. masc. pallens , Orch. ustidata, Orch. ustul. var., Orch. sambucina, Orch. samhucina var. purpnrea, Or. siniia, Orch. morio et Platantera bifolia. A côté de ces plantes se trouvaient des Liliiim catididum en fleurs et quatre espèces différentes de ces singulières Aroidées connues sous le nom de Arisema. MM. Joseph et Charles de Nelis, de Muysen près de Malines, sont des amateurs bien connus dont les collections jouissent d'une juste célébrité : ils avaient envoyé à l'exposition de Malines beaucoup de charmants Azaléas, mais notamment un Lycaste Skiimeri, qui a emporté le prix pour la plante en fleurs le mieux cultivée et qui était en effet de toute beauté : il portait douze grandes et belles fleurs, du rose le plus pur et toutes épanouies à la fois. Les Camellias de M. Vervaene de Gand, qui est aujourd'hui notre semeur le plus habile et le plus heureux, ont remporté les pi'emiers prix (i) Belyitpie horticole, IV, 56G. — 205 — des 4^ et 5° concours : parmi les variétés exposées, qui toutes étaient d'une douceur de coloris et d'une suavité de formes incomparables, nous nous souvenons de Cotintess of Orckney, Archiduchesse Marie ^ M^Stre- koloff, de la Reine, triomphe de Carnobio, etc. Toutes ces plan'es étant disséminées au milieu d'une profusion de fleurs de toute espèce, il en est sans doute beaucoup de fort intéres- santes qui nous aui'ont échappé : l'embarras du choix n'est pas toujours le moindre. Un amateur éclairé de Gand, qui par sa pnsition indépendante est bien à même de juger avec connaissance et impartialité, l'aspect général et les détails des expositions de la société royale d'agriculture et de bota- nique, nous adresse au sujet des dernières floralies de la capitale de l'Empire de Flore, la lettre suivante : « La 112'' exposition de plantes a eu lieu à Gand le Dimanche 6 Mars 1859. Au premier coup d'œil on aurait pu croire qu'elle était moins brillante que les années précédentes; cela provenait de ce que les plan- tes de grande dimension étaient en trop petit nombre, eu égard au vaste et beau salon du Casino, qui a été construit en vue des grandes et solen- nelles fêtes quinquennales. L'exposition de Gand ne présentait pas cette foule de plantes tombées dans le domaine du jardinier fleuriste, d'une multiplication facile et qui font nombre; non, elle était riche surtout en plantes remarquables, tant sous le rapport de la culture que sous celui des intérêts commerciaux ou scientifiques. Nous allons en juger, en examinant tour-à-tour, les principales collections. « En entrant dans le salon on remarque deux groupes de Conifères, envoyés, l'un par M, Aug. Van Geert, l'autre par M. L. De Smet, com- posés tous deux de beaux exemplaires de ces plantes toujours vertes, dont le goût se répand d'autant plus que leur degré de maturité est mieux connu. Un pas plus loin, on admire la superbe collection d'Ama- ryllis, provenant d'amateurs déjà connus dans cette spécialité, MM. le baron Heynderycx, président de la société, et Jules Dclimon, propriétaire. Le pavillon du milieu paraît être réservé aux plantes d'élite. En effet le fond en est garni par d'imposants palmiers dont l'ombrage abritait une délicieuse collection d'Anœctochilus, d'une force hors ligne et envoyée par le jardin botanique de Gand. Les envois de plantes nouvellement introduites captivaient singulièrement les vrais connaisseurs : Vlmanto- phylum cyrtanthiflorum , obtenu par croisement dans l'établissement Van Houtte, a obtenu une distinction bien méritée. MM. Amb. Verschaf- feltet Aug. Van Gecrf, concouraient pour les plantes d'introduction nou- velle; leurs envois contenaient tout ce qu'il y a de beau en fait de nouveautés, comme les Caladium urgyrites, C. Verschaffeltii, Milto)na sp. nova, Callicarpa pupiirea, Bolrychium dissectum, Gardénia citrio- dora, Hakea carinula etc. u Eu continuant, on rencontre une inaguiQque collection d'orchidées — 204- — ilcuries, en fortes plantes et d'une robuste santé, trahissant la culture de M. le Baron Ilenderyckx; le jury lui a décerné le prix par acclamation. En sortant du pavillon, on remarque les Camellias nouveaux de MM. Ver- vaene et Van Eeckhaute, horticulteurs à Ledeberg-lez-Gand, qui se dis- putent le prix, à côté du Camellia obtenu de semis (triomphe de Liège), envoyé par M. Amb. Verschafîelt. « En continuant notre promenade, nous sommes bientôt en face de la plus belle collection d'Azalées qu'on ait jamais vue : elle appartient à M. le baron Heynderycx. A côté se trouve un ensemble de 50 grands Camellias en fleurs, envoyés par un amateur, M. De Kerchove d'Ousel- ghem, presque en face d'un autre envoi de Camellias, à M. Camille Van den Bossche: par leur force, leur belle culture et surtout leur richesse de floraison, ces deux collections ont excité l'admiration una- nime; il en est encore de même des Camellias et des Azaleas de M. Vcr- vaene. « Ebloui par toutes ces éclatantes couleurs, l'œil se repose tranquille- ment sur une intéressante collection de plantes grasses, envoyée par 31. Tonel, qui, ayant résidé longtemps au Mexique, y a vu croître et a pu étudier, dans leur état naturel, les plantes qu'il cultive ici par prédilection. En traversant la salle pour aller voir les attrayantes bruyères de M. Dallière et de M, J. Verschaffelt, horticulteurs, on s'arrête malgré soi devant un groupe colossal, formé par la grande collection de M"'" Tcrtzweil-Boucqué; on n'y compte pas précisé- ment des plantes précieuses, mais l'ensemble est admirable par la profusion et la beauté des fleurs ; il est d'ailleurs relevé encoi^e par un pied magnifique du Rhododendron Prince Camille de Bohan^ couronné comme plante de culture et envoyé par M. Amb. Verschaffelt. Un pied de la même force de V Atidromeda floribunda gagnait également un prix de culture à M. De Coster, de Melle, et un Prunus sinensis fl. albo pleno en valait un autre à M. Van Houtte : ces trois plantes étaient magnifiques, surtout la dernière. « Nous voici devant les plantes ornementales, qui deviennent de plus en plus à la mode; en effet, peut-on voir quelque chose de plus gracieux que le port de ces Yucca, Agave, Bonaparlia, Dracœna et plantes analogues. Les collections de M. Beaucarnc et de M. Tonel étaient superbes. « Les plantes qui ont mérité une mention particulière, sont le Beschor- neria multiflora en fleur de M. Tonel, ainsi que V Agave dealbata de M. De Smet. La collection de Rhododendrons de M. Delmotte et de plantes à feuilles panachées de 31. Beaucarnc étaient également fort remarquées; puis les Lilium candid uni en floraison forcée de3IM.d'Hane et Van den Bossche, réellement mieux venus qu'en plein air. Enfin, la culture des Camellias de 3LM. Van den Bossche, Dclimon et Vervacnc a frappé d'admiration tous les visiteurs, qui ne quittent jamais qu'à regret le salon où tant de trésors horticoles se réunissent chaque année. » — 205 — NOTICE SUR QUELQUES BONNES PLANTES DE PLEINE TERRE, Dont les graines sont offertes par la Belgique Horticole aux abonnés qui en feront la demande, Par m. le Docteur Ol. Du Vivier. AcantSius mollis L. Voyez Belgique Horticole, t. IV, p. 228. Asclepias cuB>assîiTica L. Celle belle plante, originaire de l'Amé- rique du Sud, atteint une hauteur d'environ 5 pieds. Cultivée dans un terreau riche, sur couche, et repiquée en pleine terre, elle produit de juin à septembi'e, une succession non interrompue de fleurs écarlates. Caphea pnrpiirea, var. Appartenant à la famille des Lythraria- cées, cette espèce, haute d'environ 0'",40, donne de juin à octobre de très-jolich fleurs nuancées des diverses teintes du carmin et remarquables par deux grands pétales dressés comme les ailes d'un papillon. On sèmera sur couche en avril et l'on repiquera également sur couche. Cette plante est vivace en serre et se multiplie facilement par boutures. Datai*a fastnosa L. {Solunées). Depuis longtemps déjà, cette plante, originaire de l'Egypte, est cultivée en Europe sous le nom de Trompette du jugement. Les tiges sont hautes de trois pieds, violacées et branchues. Il en existe plusieurs variétés, et, parmi les plus remar- quables, nous citerons le violacea et Yalba; chez toutes deux les fleurs sont amples, en forme de trompette et parfois composées de deux ou trois corolles incluses l'une dans l'autre; chez la première, ces fleurs sont d'un blanc-violet en dehors et d'un blanc de lait en dedans, tandis que chez la seconde, les fleurs sont d'un blanc-jaunâtre. Le D. fastuosa sera semé sur couche dans le courant d'avril; on le repiquera sur couche et on lèvera en motte pour mettre en pleine terre à la fin de mai ou au commencement de juin. On donnera de fréquents arrosements en été. Datura uietcloïdes. C'est une très-belle plante formant une forte touffe de l^jSO et produisant, de juillet à novembre, des fleurs en cloche, blanches, bordées de bleu-lilacé, longues de 8 pouces, d'une odeur suave et qui, s'ouvrant le matin, se referment le soir. On la sèmera en mars sur couche chaude et l'on repiquera sur couche pour lever en motte et mettre en place à la fin de mai, à une exposition chaude. Les racines sont charnues et peuvent se conserver en terre pendant l'hiver, Datnra cerafocanlon Or. Originaire de l'Amérique méridio- nale, cette espèce atteint une hauteur d'environ deux pieds. Ses fleurs, très-grandes, blanches en dedans, légèrement teintes de violet en dehors, à odeur suave, se succèdent depuis juillet jusqu'en octobre; elles — 206 — « se ferment vers le soir et s'ouvrent le lendemain matin. On sèmera sur couche dans le courant d'avril, ou en place en avril-mai. On arrosera copieusement pendant l'été Gîïillardiii picta Sweet. Voyez Belg. hort., T. VI, p. 79. Ganra Lcndheianeri. Voyez Belg. hort., T. I, p. 244. Gomphrena globosa L. {Amaranthacées). Plante annuelle, origi- naire de l'Inde; tige d'environ un demi mètre, articulée, velue; feuilles lancéolées, molles, pubescentes; fleurs réunies en tète globuleuse, parais- sant de juin à octobre. On sème sur couche chaude en mars ou avril pour repiquer sur couche, et, plus tard, on donne aux plantes une exposition chaude, en pleine terre. Les variétés offertes par la direction de la Belgi- que horticole sont: le G. gl. atba, à fleurs blanches; le G. gl. carnea, à fleurs couleur de chair; et le G. gl. variegata, à fleurs panachées. Gypsophila scorzosierâfolia Desf. {Cary ophy liées). Originaire de la Tauride, cette jolie plante atteint environ un pied et demi de hau- teur, et donne en juillet et août de jolies fleurs blanches fort nombreu- ses et disposées en panicules touffues. Elle réussit dans presque tous les terrains, dans ceux surtout où la tourbe prédomine, et est très-propre à décorer les jardins paysagers. Bponiœa. Les Ipomœa forment, au point de vue de l'ornementation horticole, un des genres le plus intéressants de la belle famille des Convolvulacées. La plupart sont des plantes à tige volubile et, à ce titre, conviennent aussi bien à décorer les vases suspendus des appartements que les berceaux, tonnelles et bosquets des jardins de plaisance. Les fleurs, à corolle campanulée ou en cloche, sont grandes, élégantes et peintes des couleurs les plus vives. Les Ipomœa demandent, pour bien réussir, un terreau riche et une exposition chaude. On les sèmera sur couche en mars ou avril pour les repiquer en place à la fin d'avril, ou mieux en mai. Les espèces et variétés offertes par la Belgique horticole à ses abon- nés sont: /. qiiamoclit W., var. rosea; I. q. flore aiho; I. q. flore albo variegata ; /. hederacea grandiflora ; I. purpiirea ; I. Michauxii; I. Bona-nox ; I. limbata. Lobelia gracilis Nutt., alba. Originaire de l'Amérique du Nord, ce Lobelia est une jolie plante herbacée, décidue et vivace. Il atteint à peu près un pied de hauteur et donne, de juillet à septembre, des fleurs d'un bleu charmant. — Voyez, pour la culinve, Belg. Hort., T. VII, p. 135. Martynia. Ce genre de Bignoniacées, créé en l'honneur de John Martyn, professeur de botanique à Cambridge, renferme plusieurs belles espèces annuelles qui conviennent surtout à la serre, mais qui, pendant l'été, peuvent aussi prendre une large part à la décoration des jardins. Le 31. formosa, à fleurs d'un pourpre violacé et odorantes : le 31. lutea, LiNDL., à fleurs jaunes, et le 31. proboscidea, a fleurs d'un bleu clair, et à fruits ayant la forme d'une létc d'éléphant, sont dans ce cas. — On - 207 — sèmera sur couche en mars, et l'on repiquera en mai soit en pot, soit en pleine terre. IVlomordica chîirantia L., {Cucurbitacées). C'est une plante très- curieuse et que sa culture facile et la volubilité de sa tige peuvent faire rechercher pour orner les petits berceaux et autres endroits de ce genre. Les fleurs, jaunes, apparaissent en juin et juillet. l^IOBUoi'dica balsamina L. Cette espèce est depuis longtemps cultivée dans les jardins où elle est bien connue sous le nom de Pomme de merveille. Sa tige longue, très-rameuse et munie de vrilles, son feuil- lage d'un vert gai, ses fruits, enfin, de la forme et de la grosseur d'un œuf de pigeon, mais d'une belle couleur écarlate ou orangée, en font une des espèces les plus convenables pour l'ornementation des murs de jardin. Quoique originaire des Indes, cette plante croît très-bien chez nous et se contente du sol ordinaire de jardin. Petnnia hybrida, var. Voyez Belg. Hort., T. I, p. 24o et T. IV, p. 71. Phaseolas caracalla L. [Légumineuses). Ce haricot, originaire de l'Inde, est connu en Angleterre depuis 1690. Il demande à être semé sur couche et réclame un terreau riche; ses fleurs, d'un beau lilas, appa- raissent en août et septembre. Portnlacca grandîflorum Hort., var. albo-striata. Voyez Belg. hort., T. I, p. 24S. Portnlacca Tliellassoni. Voyez Belg. hort., T. VI, p. 81, et, sur la culture des Portulaccas, T. VI, p, 224. Rndbeckia amplexifolîa Jac. {Composées.) C'est une jolie plante, haute d'environ trois pieds et dont la culture ne réclame que les soins de nos plantes ordinaires de jardin. Elle donne des fleurs jaunes en juillet et août et elle est annuelle. SolanuB» Basclongena L., var. Voyez Belg. hort., T. IV, p. ISd. Les variétés offertes par la Belgique horticole sont : V Aubergine blanche de la Chine, V Aubergine panachée de la Guadeloupe et V Aubergine à fruits écarlates. Sfalice liinoniiim L. (Plumbaginées). Cette espèce est très-diffé- rente de ses congénères, et les fleurs seules présentent les mêmes carac- tères. Elle est herbacée, vivace et croît à la hauteur de plus d'un pied. Ses tiges, ramifiées en panicules, ses fleurs petites, nombreuses, bleuâtres, rangées du même côté le long des rameaux, lui donnent un aspect tout particulier et qui ne manque pas d'originalité, Sa patrie est vaste : elle comprend tout le littoral de l'Océan et de la Méditerranée du Nord au Sud: c'est assez dire qu'une terre grasse et sablonneuse est celle qui lui convient. La reproduction la plus facile est celle par division de la plante. — 208 — Statice pseudo-armeria. Belle espèce vivace. Les fleurs briève- ment pétiolécs et rapprochées en gîomérules, sont d'un beau rose; elle convient surtout pour bordures de jardin. Statice siuuata L. Voyez Belgique horticole^ T. IV, p. 252. Tag^ctes corymbosa Swt. [Synanthérées) . — Belle espèce orne- mentale, originaire de Mexico et introduite en Europe en 1823. Elle croît à un pied et demi de hauteur, est annuelle et donne des fleurs d'un beau pourpre, en août et septembre. Le sol ordinaire de nos jardins lui convient parfaitement. Tlmnbergia alata Lod. [Acanthacées). — Les Thunhergia sont de jolies plantes volubiles, vivaces en serre, et qui, semées sur couche, en mars, fleurissent depuis le mois d'août jusqu'en octobre. Le T. alata atteint quatre pieds de hauteur et fleurit plus tôt encore; il produit deux variétés, dont l'une a les fleurs blanches à centre noir, et l'autre les fleurs jaunes à centre noir. La terre de bruyère lui est favorable; on le sème sur couche au printemps, et on repique en pleine terre. En serre^ on peut les propager par boutures. TUbonia tagetiflora Desf. {Composées). — C'est un joli arbris- seau d'environ dix pieds de hauteur, et qui réclame la serre. Il est originaire de Véra-Cruz, doù il fut importé en 1818. Ses jolies fleurs orangées, son feuillage toujours vert, sa facile propagation par boutures, sa bonne venue dans une terre ordinaire de jardin, en font une espèce précieuse pour l'ornementation des serres, des grands appartements et, pendant l'été, des jardins. Verveines hybride» variées. Voyez Belgique Jiorticole, T. IV, p. 248. RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX SUR DE JOLIES PLANTES D'ORNE- MENT RARES , NOUVELLES OU INTÉRESSANTES Et dont les graines sont distribuées gratuitement par la Belgique horti- cole aux abonnés qui en feront la demande spéciale. (1) d'après mm. Vilmorin et Andrieux. 1. Abronia umbellata ; Abronia à fleur en ombelle. — Fam. des Nyctaginées. Vivace. Fleurs rose violacé. Hauteur de 1 mètre 50 centim. Semer : 1° en juin-juillet en pépinière en pot, replanter en pot, pour (1) Chaque abonné a le droit de choisir 20 plantes parmi celles qui composent celle liste. Il les recevra par la poste ou par chemin de fer el franco s'il joint à sa demande les timbres-poste nécessaires pour l'affranchissement, soit environ 80 centimes. Pour recevoir toutes les graines de cette liste, soit 60 espèces, on esl prié de joindre à sa demande, 2 fr. SOc. en timbres-poste. — 209 — hiverner sous châssis ; planter en mai. Fleurit en juin-octobre ; 2° en mars-avril sur couche; repiquer sur couche; planter en mai-juin. Fleurit en août-octobre. Grimpante et odorante. 2. AcROCLiMUM ROSEUM ; AcrocUnium rose. — Fam. des Composées. Annuelle. Fleurs roses ou jaunes. Haut. 50 centim. Semer en mars sur couche; repiquer sur couche ; planter en mai. Fleurit en juin-juillet. 0. Agrostis elegans (Aira pulchella) ; Agrostite élégante. — Fam. des Graminées. Annuelle. Hauteur 10 centim. Semer : \° en septembre en place; 2° en septembre en pépinière; planter en avril. Fleurit en juin- juillet; 5° en avril-mai en place. Fleurit alors en juillet-août. Convient pour bordures. 4. Anagallis PniLiPsii; A^mgallis de Philips. — Fam. des Primula- cées. Annuelle (vivace en serre). Fleur bleue. Hauteur 50 cent. Semer : d° en septembre en pépinière, repiquer en octobre, hiverner en pépinière ou en pot sous châssis froid, planter en avril-mai. Fleurit en mai-sep- tembre ; 2° sur couche en mars, repiquer sur couche, planter en mai; 5° en place en avril. Fleurit en juillet-septembre. 5. Aster sinensis, var.; Reine-Marguerite couronnée rouge. — Fam. des Composées. Annuelle. Haut. 60 cent. Semer en pépinière en avril; repiquer en pépinière; planter en mai-juin. Fleurit en juillet-septembre. 6. Aster sinensis, var.; Reine-Marguerite naine variée. 7. Bœria chrysostoma; Bœria doré. — Fam. des Composées. Annuelle. Fleur jaune. Haut, de 40 cent. Semer en avril-mai en place. Fleurit en j uillet-août. 8. CaIvAndrinia umbellata ; Calandrinia en ombelle. — Fam. des Por- tulacées. Annuelle (vivace). Fleurs rose-violacé. Haut. 20 cent. Semer: 1° en avril-mai en place; 2° en mars-avril sur couche; planter en mai. Fleurit en juillet-septembre. 9. Calendula hybrida. Lin.; Souci hybride. — Fam. des Composées. Annuelle. Fleurs blanches et violettes. Haut. 50 cent. Semer en avril-mai en place, ou en pépinière; plantes en mai-juin. Fleurit de juillet en août. iO. Caliirhoe pedata. — Fam. des Malvacées. Annuelle. Fleur carmin foncé. Haut. 1 mètre. Semer en mars-avril sur couche; planter en mai- juin. Fleurit en juillet-octobre. H. Canna Warzewiczii; Balizier de M. Von Warzcewiz. — Fam. des Scitaminées. Vivace. Fleurit en août-septembre. Haut. 4 mètre environ. Semer en mars-avril sur couche et jusqu'en juin en pleine terre; planter en mai-août. Floraison vers la fin de l'année. Hiverner les racines (rhi- zomes) à la cave ou dans une serre, comme celles des Dahlias, et les planter en mai. — Cette espèce se cultive mieux en serre. Les feuilles et les fleurs surtout sont rouges foncé. BELG. HORT. TOM. IX. 15 — '210 — ':12. CiiNTANTHus MACROSIPHON vai". NANA ; Valériane MacTOsiphon nuiiie. — Fam. fies Valérianées. Annuelle. Fleur rose. Haut. 50 cent. Semer : i° en place en septembre ; 2° en pépinière en septembre; planter en mars- avril. Fleurit en mai-juin ; 5° en place en mars-mai. Fleurit en juin-août. 13. CiiEiRANTHUS ANNUus var. viOLACEA ; Gh'o fiée quarantaine cocardeau violet. — Fam. des Crucifères. Annuelle ou bisannuelle. Couleur violette. Haut, de 60 cent. Semer: 1" en juillet; repiquer en pot; hiver- ner sous châssis froid. Fleurit en mai-juin ; 2° en mars; repiquer sous châssis ; planter en mai. Fleurit en septembre. 44. Chelone barbata var. coccinea ; Galane barbue écarlate. — Fam. des Bignoniacées. Vivace. Fleurs écarlates. Haut. 1 mètre. Semer en mai- juin en pépinière ; planter en pot pour hiverner sous châssis ; planter en place en avril-mai. Fleurit en juin-septembre. IS. Choenostoma fastigiatum ; Choenostoma fastigié. — Fam. des Scrophulariacées. Annuelle (Vivace). Fleur rose. Haut. 20 cent. Semer en mars-avril sur couche ; repiquer sur couche ; planter en avril-mai. Fleurit en juillet-octobre. Bordures. 46. Clintonia pulchella ; Clintonia mignonne. — Fam. des Lobélia- cées. Annuelle. Fleur bleue, jaune et brune. Haut. 15 cent. Semer en avril-juin en terre de bruyère, en pot mieux qu'en pleine terre. Fleurit de juin à septembre. 47. CosMiDiuM Burridgeanum; Cosmidium de Burridge. — Fam. des Composées. Annuelle. Fleur pourpre velouté et jaune. Haut. 75 cent. Semer : 4° en septembre en pépinière ; repiquer et hiverner sous châssis ; planter en avril-mai. Fleurit en mai-août; 2° en mars sur couche; repi- quer sur couche ; planter en mai-juin. Fleurit en juillet-octobre. 48. Cosmos bipinnata var. grandiflora purpurea ; Cosmos bipinné à grande fleur pourpre. — Fam. des Composées. Annuelle. Fleur pourpre. Haut. 4 mètre. Semer en avril en pépinière sur couche ou en pleine terre ; planter en mai. Fleurit en juin-octobre. 49. CoREOPSis ELEGANS var. puMiLA ; Coreopsis élégant très-nain, — Fam. des Composées. Annuelle. Fleurs variées. Haut. 25 cent. Semer : 1° en septembre en pépinière; repiquer en pépinière; planter en avril Fleurit en juin-juillet; 2° en avril-mai en pépinière; planter en mai- juin. Fleurit en août-septembre. 20. CupHEA PLATYCENTRA, Cupliétt à large éperon. — Fam. des Lythra- riées, Bisannuelle (vivace). Fleur écarlate et jaune verdâtre. Haut. 30 cent. Semer : 1" En septembre en pépinière pour repiquer et hiverner en pépinière sous châssis; planter en mai. Fleurit en juin-novembre; 2" Sur couche en mars; repiquer sur couche; planter en mai. Fleurit en août-novembre. — 211 — 21. Datura meteloïdes, Datiira ressemblant au Métel. — Voyez ce volume, p. 205. 22. Delphinium cardiopetalum. Pied d'alouette d pétales en cœur. — Fam. des Renonculacées; Annuelle. Fleur bleue. Haut. 10 cent. Semer • 1° mars-avril; 2° En septembre-octobre. Fleurit en mai-juin. 23. DiANTHus siNENSis var. puMiLus VAR1EGATUS, OEillet de la Chine très-nain panaché. — Fam. des Silénées. Annuelle. Fleur panachée blanc et rouge. Haut. 15 cent. Semer. : 1° En septembre en place; 2° En septembre en pépinière; planter en avril-mai. Fleurit en juin- juillet; 5° En avril sur couche, planter en mai; 4" En avril-mai en place; 5° En avril-mai en pépinière; planter en mai-juin. Fleurit en août- octobre. 24. EscHOLTzrA tenuifolia, Escholtzie à feuilles menues. — Fam. des Papavéracées. Annuelle. Fleur jaune pâle. Haut. 15 cent. Semer en place en mars-mai. Fleurit en juin-août. 25. GoDETiA ScHAMiNU, Godétia de Schamin. — Fam. des OEnothé- rées. Annuelle. Fleur blanche et pourpre. Haut. 40 cent. Semer: 1° Fin de septembre ; planter en avril ; 2° En avril-mai en place. Fleurit en juin-juillet. 26. GvpsoPHiLA MURALis, Gypsopliila des murailles. — Fam. des Ca- ryophyllées. Annuelle. Fleur lilas-rosé. Haut. 20 cent. Semer : 1° En septembre en pépinière; planter en octobre. Fleurit en mai-juin. 2° En avril-mai en place. Fleurit en juin-juillet. 27. Helichrysiim brachyrhinchium, Immortelle brachyrhinchium. — Fam. des Composées. Annuelle. Fleur jaune. Haut. 40 cent. Semer en avril sur couche; repiquer sur couche; planter en mai-juin. Fleurit en juin-septembre. 28. Ipomoea LiMBATA, Iponiéc à limbe blanc. Fam. des Convolvulacées. Annuelle (vivace). Fleur violet foncé et blanche. Haut. 3 mètres. Semer en avril sur couche; repiquer en pot; planter en juin; 2" En mai en place. Fleurit en août-octobre. 29. Ipomoea quamoclit. — Fam. des Convolvulacées. Annuelle. Fleur écarlate. Haut. 1 mètre 25 cent. Semer en mars-avril en pot sur couche ; repiquer en mai en motte. Fleurit en août-octobre. Plante distinguée par le coloris de sa fleur et l'élégante découpure de son feuillage. 30. Ipomopsis elegans var. superba. Ipomopsis élégant var. superbe. — Fam. des Polémoniacées. Bisannuelle. Fleur écarlate. Haut. 1 mètre. Semer en juillet en pépinière; replanter en pot pour hiverner sous châssis; planter en avril-mai. Fleurit en juillet-octobre. 51. IsoTOMA PETRACUE. — Fam. des Lobéliacées. Annuelle (vivace). — 212 — Fleur blanche. Haut. 25 cent. Semer : 1° sur couche fin mars , repiquer sur couche; 2" en septembre en pépinière, pour repiquer et hiverner en pépinière sous châssis; planter en mai. Fleurit en juillet-octobre. 52. Kaulfcssia AMELLOiDES [Chavieis heterophylla, Cass.). — Fam. des Composées. Annuelle. Fleur bleue. Haut. 20 cent. Semer : i° en avril sur couche; planter en mai. Fleurit en juin-août. 2° En septembre en pépinière; planter en octobre en pot; hiverner sous châssis. Fleurit en mai-juin. Bordures. 55. Leptosiphon androsaceus. Leptosiphon à fleur d'Androsace. — Fam. des Polémoniacées. Annuelle. Fleur lilas. Haut. 50 cent. Semer : 1° en septembre en place par groupes ou en bordures. Fleurit en mai- juin. 2° En avril-juin. Fleurit en juin-septembre. Jolie plante. Bordures. 54. Leptosiphon densiflorus. Leptosiphon à fleurs serrées. — Fam. des Polémoniacées. Annuelle. Fleur lilas et rose. Haut. 50 cent. Bor- dures. Semer : 1° en septembre en place par groupes ou en bordures. Fleurit en mai-juillet. 2° En avril-mai. Fleurit en juin-août. 55. Loasa lateritia. Loasa orangé. — Fam. des Loasées. Annuelle (vivace en serre). Fleur orangée. Haut. 2 mètres. Semer : 1° en mars- avril sur couche; repiquer sur couche; planter en mai. Fleurit en août- octobre. 2" En juillet en pépinière; repiquer en pot pour hiverner sous châssis ou en serre; planter en avril-mai. 5' En septembre en pépinière, pour repiquer et hiverner en pépinière sous châssis. Fleurit en juillet- octobre. Belle plante grimpante. 56. LoBELiA ERh\us. LohéUe érine. — Fam. des Lobéliacées. Annuelle (vivace en serre). Fleur bleue et blanche. Semer : 1° en août-septembre en pot; planter en octobre en pot; hiverner sous châssis froid, mettre en place en mai. Fleurit en mai-août. 2° En mars-avril sur couche; planter en juin. Fleurit en juin-août. — 5" En avril-juin en place à l'ombre. 4° En avril-mai en pépinière; planter en mai-juin. Fleurit en août- octobre. Tiges traînantes. 57. LoBELiA GUAciLis, var. ERECTA ; Lobelie grêle, droite. — Fam. des Lobéliacées. Annuelle (vivace en serre). Fleur bleu clair et blanc. Hauteur ■15 centimètres. Semer : 1" en août-septembre en pépinière; planter en octobre en pot; hiverner sous châssis froid; mettre en place en avril. Fleurit en mai-août; 2° en mars-avril sur couche; planter en mai-juin. Fleurit en juillet-septembre; 5° en mai-juin en place à l'ombre ou en pépinière; planter en mai-juin. Fleurit en août-octobre. Tiges traînantes. 58. LoBELiA RAMOsioÏDES. — Fam. des Lobéliacées. Annuelle (vivace). Fleur bleue. Hauteur 15 cent. Semer : 1" En mars sur couche; repiquer sur couche; planter en mai. Fleurit en juin-août; 2° en avril-mai en pépinière; planter en mai. Fleurit en juillet-septembre; 5" en septembre — 215 — en pépinière; repiquer et hiverner sous châssis froid; mettre en place en avril. Fleurit en mai-août. 59. LoPHOSPERMUM scANDENs; Lophospemie grimpant. — Fam. des Scrophulariacées, — Bisannuelle (vivace en serre). Fleur rose. Hauteur 2 mètres. Semer : 1° en juin-juillet en pépinière; planter en août-sep- tembre en pot; hiverner sous châssis froid ou en serre; mettre en place en mai. Fleurit en juillet-octobre; 2° en avril sur couche, planter en mai. Fleurit en août-octobre. 40. LupiNDs DuNNETTH, var. scPERBUs; Lupin superbe de Dunnett, — Fam. des Papillonacées. Annuel. Fleur blanche, jaune et violet, pas- sant au pourpre. Haut. 80 cent. Semer en mai en place. Fleurit en juin- juillet. Eviter les terres calcaires que les Lupins refusent absolument et préférer la terre de bruyère. 41 . LupiNus Hartwegi ; Lupin de Hartweg. — Fam. des Légumineuses. Vivace (annuel). Fleur bleu et blanc. Haut. 60 cent. Semer en mai-juin en place. Fleurit en septembre-octobre. Même observation. 42. Martynia fragans vel. formosa; Martinge pourpre odorant. — Fam. des Pédalinées. Annuelle. Fleur carmin. Haut. 50 cent. Semer en avril sur couche; repiquer en pot en mai; mettre en place en juin, pour le mieux sur une vieille couche. Fleurit en juin-septembre. Belle plante odorante. 43. Maurandia Barclayana ; Maurandia de Barclay. — Fam. des Scrophulariacées. Bisannuelle; frutescente en serre. Fleur violette. Haut. 5 mètres. Semer : 1° en mars-avril sur couche; repiquer sur couche; planter en mai. Fleurit en août-octobre; 2" en juin-juiîlet en pépinière en pot; planter en août-octobre en pot; hiverner sous châssis froid ou en serre; mettre en place en avril. Fleurit en juin-octobre. Belle plante grimpante. 44. Mesenbryanthemum tricolor; Ficoïde tricolore. — Fam. des Mésem- bryanthémacées. Annuelle. Fleur rose et blanche. Tige traînante. Semer en mars, en pot sur couche, planter en pot ou en place, en mai, à bonne exposition, les fleurs s'ouvrant mal à l'ombre. Fleurit en juin-juillet. Propre aux bordures. 4.5. MiMDLUs cardinalis; Mimide écarlate. — Fam. des Scrophularia- cées. Annuelle. (Vivace). Fleur écarlate. Haut. 50 centim. Semer; 1° en avril sur couche; planter en mai. Fleurit en juin-scptcnibre; 2" en sep- tembre en pépinière, en pot de préférence; repiquer en pot; hiverner sous châssis froid ou en serre ; planter en avril. Fleurit en mai-sep- tembre. 46. MiMULus vARiEGATUS, 3Iimule arlequin. — Fam. des Scrophula- riacées. Annuelle. Fleur blanche et rouge pourpre. Haut. 25 centim. — 214 — Semer : \° en septembre ; repiquer en pot; hiverner sous châssis froid; planter en avril. Fleurit en mai-juillet; 2" en avril sur eouche; repiquer sur couche; planter en mai. Fleurit en juin-juillet. MoMORDicA charaivtia; Momordique à feuilles de vigne. — Fam. des Cucurbitacées. Annuelle. Fleurs d'ornement. Haut. 2 mètres. Semer en avril sur couche; planter en mai. Fructifie en juillet-septembre. 48. MoRNA NiTiDA ; Monitt blanc. — Fam. des Composées. Annuelle. (Vivace en serre). Fleur orangée. Haut, trente centira. Semer sur couche en mars-avril ; repiquer sur couche; planter en mai-juin. Fleurit en juillet-novembre. 49. NicTERiNiA SELAGiNOÏDEs; Nictarime à fleurs de Sélagine. Annuelle. (Vivace) Fleurs blanc rosé. Semer en mars-avril sur couche; repiquer sur couche, planter en mai. Fleurit en juillet-septembre. Bordures. 50. NiEREMHERGiA GRAciLis ; Nierembevgia grêle. — Fam. des Solanées. Annuelle (Vivace). Fleur lilas et blanche. Haut. 40 cent. Semer : 1° en septembre en pépinière, pour repiquer et hiverner en pépinière sous châssis; planter en avril-mai : 2° en mars sur couche; repiquer sur cou- che ; planter en avril-mai. Fleurit de juin en octobre. 51. NoLANA ATRiPLiciFOLiA. Don. ; Nolana à feuilles d'Arroche. — Fam. des Solanées. Semer : 1° En avril-mai en place; 2° En pépinière ; planter en mai-juin. Fleurit en juin-septembre. Tiges traînantes. 52. OEnothera TARAXACiFOLiA ; OEuothère à feuilles de chicorée sau- vage. — Fam. des Onagrariées. Vivace. Fleur blanc-rosé. Haut. 50 cent. Semer en avril en pépinière sur couche; planter en mai. Fleurit de sep- tembre en octobre; 2° en juin-juillet en pépinière; planter en septembre- octobre, ou février-mars. Fleurit de juin en septembre. Couverture l'hiver. 53. OxALis ROSEA ; Oxalis à fleur rose. — Fam. des Oxalidées. Annuelle. Fleur rose. Haut. 15 cent. Semer en avril-juin en place. Fleurit en juin- août. Bordures. 54. Pentstemon Hartwegu, var., coeruleum; Pentstenion de Hartweg bleuâtre. — Fam. du Scrophulariacées. Vivace. Fleur violet-bleuâtre. Haut. 75 cent. Semer: 1° en mars-avril. Sur couche, planter en mai. Fleurit d'août en octobre; 2" en juin-juillet en pépinière; planter en août-septembre en pot; hiverner sous châssis froid ; mettre en place en avril. Fleurit de mai en octobre. 55. Perilla Nankinensis; Perilla de Nankin. — Fam. des Labiées, Annuelle. Fleur rose. Haut, de 80 cent. Plante remarquable par son feuillage pourpre-noir. Semer : 1" en avril sur couche; planter en mai; 2° en place en mai. Fleurit en octobre. - 215 — 56. Phacelia BiPiiXNATiFiDA, Mich.; Phacélie à feuilles deux fois pen- nées. — Annuelle. Vivace. Fleur bleue. Haut. 60 cent. Semer en avril- mai, en place. Fleurit de juillet en septembre. 57. PoLox Drummondii, var.; Phlox de Drummond, variété Prince Léopold. — Fam. des Polémoniacées. Annuelle ou bisannuelle. Haut. 65 cent. Semer : i" en avril-mai en place. Fleurit juillet-octobre; 2° en sep- tembre en pépinière; repiquer en pot pour hiverner sous châssis. Fleurit en juin-août. Cette plante est du plus bel efFet et rivalise avec les Ver- veines. 58. Rhodanthe Manglesh; Rhodanthe de 3fangles. — Fam. des Com- posées. Annuelle. Fleur rose. Haut, de 80 cent. Semer en mars-avril sur couche en terre de bruyère; repiquer en petits pots sur couche en terre de bruyère; planter en avril et mai dans la même terre. Fleurit en mai- juillet. 59. Rudbeckia AMPLExiCAULis; Rudbeckia amplexicaule. — Fam. des Composées. Annuelle. Fleur jaune, pourpre et noire. Haut. 75 cent. Semer sur couche en avril. Planter en mai-juin. Fleurit en juillet-octobre. 60. Salvia RoEMERiANA. Suuge de Ftoemer. — Fam. des Labiées. Annuelle. Fleur écarlate. Haut. 50 cent. Semer sur couche fin de mars; repiquer sur couche; planter en mai-juin. Fleurit en août-octobre. 61. ScHizANTHUs RETUSus NANUS. Scliizanthe émoussé, nain. — Fam. des Scrophulariacées. Annuelle ou bisannuelle. Fleur rose et jaune. Haut. 50 cent. Semer : 1° en septembre en pépinière; repiquer en pépinière; hiverner sous châssis froid ou en serre; planter en mai. Fleurit en juin-août. 2° En avril en place. Fleurit en juillet-septembre. 62. ScYPHANTFius ELEGANS [Grammatocurpus volubilis). Scijphanthe élégant. — Fam. des Loasées. Annuelle (vivace en serre). Fleur jaune- pâle. Haut. l^jSO c. Semer : 1° en septembre; repiquer en pot et hiverner sous châssis; jjlanter en mai. Fleurit en juillet-octobre. 2° En avril sur couche; planter en mai. Fleurit en août-octobre. 65. Silène orientalis. Silène d'Orient. — Fam. des Caryophyllées. Risannuelle. Fleur rose. Haut. 70 cent. Semer en juin-juillet en pépi- nière; planter en septembre-octobre ou février-mars. Fleurit en juillet- août. 64. Silène Schafta. Silène de Schafta. — Fam. des Caryophyllées. Vivace. Fleur rose. Haut. 10 cent. Semer en avril-juillet en pépinière; planter en septembre-octobre ou février-mars. Fleurit en juillet-octobre. Très-jolie plante. Bordures. 65. SoLANUM ? Aubergine tomate écarlate. — Fam. des Solanées. Annuelle. Fruit rouge écarlate. Haut. 60 cent. Semer sur couche en — 216 — avril; repiquer sur couche; planter en mai à bonne exposition. Fructifie en août-octobre. 66. Stenactis bellidifolia, Stenactîs à feuille de pâquerette. — Fam. des Composées. Vivace. Fleur blanc rosé. Haut. 70 cent. Semer en juillet-août; planter en septembre ou mars. Fleurit en juin-octobre. 67. Stevia pdrpurea. Stévia pourpre. ■ — Famille des Composées. Annuelle (vivace). Fleur rose. Haut. 50 cent. Semer : 1° en avril sur couche; planter en mai. Fleurit de juillet en octobre de la même année. 2° En juin-juillet; planter en septembre-octobre, avec couverture l'hiver. Fleurit de juin en octobre. 68. Stevia serrata ; Stévia à feuilles en scie. — Fam. des Composées. Annuelle ou vivace. Fleurs blanches. Haut. 50 cent. Semer : 1° en mars- avril sur couche, repiquer sur couche; planter en mai. Fleurit de juillet en octobre; 2° en juin-juillet, planter en septembre-octobre avec couver- ture l'hiver. Fleurit de juin en octobre. 69. Tagetes lucida ; Tagetes luisant. — Fam. des Composées. Annuelle ou vivace. Fleur jaune-vif. Haut. 50 cent. Semer : 1° en septembre en pépinière pour repiquer et hiverner en pépinière sous châssis ; planter en avril-mai. Fleurit en juin-septembre; 2° en avril sur couche ; planter en mai. Fleurit de juillet en octobre. 70. Trop^olum ? Capucine Tom-Pouce. — Fam. des Tropœolées. Annuelle. Semer en avril-mai : 1° en place ; 2° en pépinière ; planter en mai-juin. Fleurit de juin en septembre. 71. Venidium calenduloïdes, Venidiumà fleur de souci. — Fam. des Composées. Annuelle. Fleur orangée. Haut. 50 cent. Semer: l°sur couche en mars-avril ; planter en mai; 2° en avril-mai en pépinière en pleine terre; planter en mai-juin. Fleurit en juillet-octobre ; 3° en septembre en pépinière, repiquer et hiverner sous châssis ; planter en avril. Fleurit en mars-juillet. 72. Viola tricolor var. grandiflora; Pensée à grande fleur j)ana- chée. — Fam. des Violacées. Annuelle ou Vivace. Fleur panachée variée. Haut. 15 cent. Semer : 4° fin de juillet et août en place ou en pépinière; planter en octobre. Fleurit en mars-septembre ; 2° en mars-avril en place ou en pépinière ; planter en avril-mai. Fleurit en mai-septembre. Le semis d'automne est celui qu'on doit préférer. 73. Whitlavia GRANDiFLORA ; Whlllavitt à grande fleur. — Fam. des Hydrophyllécs. Annuelle. Fleur violette. Haut. 50 cent. Semer : 1° en septembre en pépinière, repiquer et hiverner en pépinière sous châssis; planter en avril. Fleurit en mai-juin ; 2° sur couche fin de mars, repi- quer sur couche ; planter en mai ; 5» en place en avril-mai. Fleurit en juillet-août. — 217 — ARCHITECTURE HORTICOLE. PLAN POUR UNE VILLA ET SES DEPENDANCES, DANS UN TER- RAIN ACCIDENTÉ ET ARROSÉ PAR UN RUISSEAU, Par m. t. Rutger. Les dessins que l'on donne ordinairement pour le tracé des jardins ne s'appliquent guère qu'aux terrains unis qui se trouvent dans les conditions normales, tandis que l'on éprouve certaines difficultés pour appliquer les idées que leur étude aura suggérées, quand on se trouve en présence d'un terrain accidenté. Il faut alors savoir profiter de ces ondulations naturelles et il est rare qu'on ne puisse pas s'en servir pour augmenter encore le pittoresque. Le plan ci-après en est un exemple : il est très-heureusement tracé et il a spécialement pour but de servir d'exemple au cours sinueux d'un ruisseau, dont la marche onduleuse et les rives accidentées contribuent beaucoup à l'embellissement de la pro- priété. Sur un point de son parcours, il s'enfonce sous une grotte artifi- cielle, faite en pierres rocheuses, entremêlées de végétation et parcourue par un sentier : çà et là des ponts rustiques franchissent le ruisseau (Voir la planche à la page 218). Légende. — 1° Habitation. — 2° Allée couverte conduisant à la serre (5). — 4° Volière. — 5° Belvédère. — 6° Reposoirs. — 7° Rockwork. — 8" Berceau. — 9° Jardin des enfants. — iO. Cascade. TOXICOLOGIE HORTICOLE. EMPOISONNEMENT PROVOQUÉ PAR LES FRUITS DU IIOUX. Le Garde7iers' Chronide signale dans son septième numéro de cette année, un empoisonnement provoqué par les fruits du Houx : Un petit garçon du nom de Fiiller, mourut en quelques heures, pour en avoir mangé une vingtaine. Cet arbre étant si répandu dans les jardins, et ses petites baies rouges ou jaunes pouvant tenter les enfants, il est bon d'être prévenu de leurs propriétés si dangereuses. Il est digne de remarque, que la plupart des ouvrages sur le poison, ne parlent pas du Houx, Orfila Christison, Perevia, Jeigcr, Richard, Wood, etc., semblent ignorer que le Houx ait des propriétés toxiques. La plupart des botanistes s'accordent pour considérer ses fruits comme purgatifs, mais sans s'appesantir assez sur la violence de leur action. Cependant Lindley dit avec raison que ces baies sont purgatives et éraétiques, et que sept ou huit suffisent pour provoquer de violents vomissements. L'accident qui vient d'arriver en Angleterre est une malheureuse confirmation de ce renseignement. 218 — PI. 18. Plan de jardin. :.§^--^---3:::3^::^^^^S':^:::^-';i§>-':3''^':3^^ . io\ 1. Q JÏIFt: — 219 ZOOLOGIE HORTICOLE. LES POISSONS DORÉS ET ARGENTÉS, Par m. B. Taylor , Traduit de l'anglais, du Floricultural cabinet, par M. le D"" Ol. du Vivier. On admire, à juste titre, une fontaine, un bassin, une pièce d'eau quelconque placée comme ornement dans un jardin de plaisance et fournie de poissons dorés et argentés. Rarement nous voyons ces der- niers folâtrant dans l'élément liquide, sans penser à leur patrie éloignée et sans considérer leur acclimatement comme une preuve de goût et de raffinement. Aussi, et quoique ce sujet ne se rallie peut-être pas directe- ment aux travaux des jardiniers et des horticulteurs, croyons-nous que quelques mots sur des êtres que beaucoup de personnes conservent chez elles à l'instar de leurs plantes favorites, ne seront pas déplacés dans ce journal. Les poissons dont nous parlons sont tous des variétés d'une espèce de carpe [Cyprinus auratus) originaire de la Chine ; les différences qui les distinguent sont, à vrai dire, si nombreuses, que M. Sauvigny publia, en 1780, un ouvrage dans lequel il donne les figures coloriées de 89 variétés teintes de diverses nuances d'or, d'argent, d'orangé, de brun et de pourpre; leur taille varie également, les uns étant trois et quatre fois plus longs que les autres : leurs nageoires enfin, sont beaucoup plus larges et plus longues dans certaines variétés que dans d'autres. Le poisson doré fut, pour la première fois, apporté de la Chine au Cap de Bonne-Espérance par les Hollandais vers 1611 ; peu de temps après, quel- ques individus furent achetés, à des prix énormes, par les Portugais qui paraissent avoir été les premiers introducteurs de cette espèce en Europe. Toutefois les Hollandais continuèrent, pendant quelque temps, à la vendre à des prix exhorbitants, mais comme elle se propagea rapidement en Portugal, ils perdirent bientôt ce monopole, et les Portugais fournirent, pendant quelques années, des poissons dorés au reste de l'Europe. Du commencement au milieu du siècle dernier, ces poissons furent régu- lièrement importés du Portugal dans des vases en poterie semblables à ceux dont on se sert aujourd'hui pour renfermer les raisins. Des auteurs récents ont prétendu que les poissons dorés furent intro- duits en Angleterre en 1G91, et que le premier écrit qui en fasse mention date de 1721, alors que le duc d'Argyle se trouvait à^Whitton, près de Hounslow. Cette opinion est une erreur manifeste, car si l'on consulte — 220 — l'ancien et intéressant journal de Pepys, on y trouve, à la date du 28 mai 1G65 : « Lady Pen nous montra, à ma femme et à moi, une chose aussi belle que rare : des poissons d'origine étrangère et admirablement nuancés, se trouvaient entretenus dans un bocal plein d'eau, afin qu'ils vivent toujours. » Cette idée de Pepys, de poissons devant vivre éternel- lement, excite maintenant un sourire, bien qu'elle n'ait provoqué dans l'esprit du vieux ge7itlenian crédule que l'étonnement et l'admiration. En France, le premier poisson doré fut offert en cadeau à M"^ de Pompa- dour, vers 1730, et les marchands de ce pays furent si émerveillés delà beauté de cette nouvelle espèce, qu'ils lui donnèrent le nom de Dorade de la Chine, sous lequel il est encore connu aujourd'hui. Bien plus, les Français ont, à l'heure qu'il est, naturalisé si complètement ce poisson à l'Ile-de-France, qu'on l'y trouve servi à table avec les autres espèces de carpe dont il possède le goût uni à un fumet plus délicat. Quoique la dorade soit originaire des parties les plus chaudes de la Chine, et quoiqu'elle paraisse, en Angleterre, se complaire dans les serres à ananas ou à orchidées, il n'en est pas moins vrai qu'elle possède la faculté de résister à un abaissement considérable de température. Il y a quelques années, le professeur Host, naturaliste bien connu de Vienne, laissa, par hasard, un globe de verre renfermant un poisson doré, sur l'appui d'une fenêtre d'une chambre non chauffée, et ce, pendant une des plus froides nuits d'un hiver très-rigoureux. Le matin, en examinant le bocal, il en trouva l'eau complètement gelée et le pauvre poisson emprisonné au centre du bloc de glace; le croyant mort, il le laissa dans son salon, et, dans le courant de la journée, ayant voulu le montrer à un sien ami, grande fut sa surprise de trouver l'eau dégelée par les rayons du soleil et la dorade nageant et frétillant comme si nul accident ne l'eût atteinte. L'ami de M. Ilost fut tellement frappé de ce fait, qu'il institua une expé- rience analogue : mais il voulut hâter la résurrection du poisson qu'il avait fait geler, en le transportant dans une serre, et celui-ci mourut. La dorade atteint un âge très-avancé. II y a peu d'années, on en remarquait dans un large bassin de l'Alcazar, à Séville, qui s'y trouvaient depuis plus de soixante ans, et elles y sont probablement encore, car elles ne portaient aucune trace de décrépitude ; leur activité était remarquable, leurs dimensions étaient plus considérables, leurs couleurs plus vives que de coutume ; enfin, comme c'est le cas pour tous les poissons dorés conservés dans de l'eau claire, ils avaient tous la même taille et ne produisaient pas. On a aussi remarqué que la dorade, gar- dée dans des bocaux, grandissait rarement, surtout si le vase était de petite dimension; la vérité de cette remarque fut confirmée par une expérience faite il y a quelques années à Paris : deux ou trois poissons dorés âgés d'un an et mesurant deux pouces de long, furent mis dans un globe de verre d'un pied de diamètre; comme d'habitude, l'eau fut changée tous les deux jours en été et une fois la semaine en hiver; de — 22i — temps en temps on leur donnait des mies de pain ; au bout de onze ans, ces poissons n'avaient pas crû d'une ligne! On les jeta alors dans un étang où ne se trouvait aucune autre dorade, et quand, dix mois après, cet étang fut desséché, on trouva que nos poissons avaient gagné, l'un quatre et l'autre cinq pouces en longueur. Nous avons dit plus haut qne les poissons dorés se reproduisaient rarement dans l'eau claire; on a remarqué aussi qu'en cas de repro- duction, les petits se cachent parmi les racines des plantes, dans les inégalités des bords ou parmi les fascines qu'on aurait placées pour eux. Une dame se promenant sur le bord d'un étang dans lequel il y avait quelques poissons, en arracha, par hasard, une plante aquatique, et grand fut son étonnement de voir les racines présenter les apparences de la vie; les ayant examinées, elle découvrit que leurs mouvements étaient causés par une multitude de petits poissons qui se trouvaient engagés dans ces racines : or, ces petits poissons étaient le fretin de la carpe dorée, et c'est leur instinct qui les pousse à se metti'e hors de la portée de leurs parents jusqu'à ce qu'ils aient atteint un pouce de longueur environ, alors qu'une légère teinte dorée vient marquer leurs flancs. La carpe dorée dévore, en effet, le fretin des autres poissons et même, dit-on, le sien, lorsqu'il n'est pas marqué de cette couleur d'or caractéristique. Quand on désire que les poissons dorés se multiplient dans une eau claire, un réservoir ou un bassin, on y introduit quelques fascines ou bien l'on creuse la rive de quelques sinuosités; ces dispositions per- mettront à la mère de déposer son frai et aux jeunes de trouver un abri. Quelques amateurs retirent les branchages sur lesquels le frai a été déposé et les replacent dans un autre bassin ; mais le lieu le plus conve- nable pour l'éclosion et l'accroissement du jeune poisson est un étang riche en plantes aquatiques et dont le fond est vaseux. La conservation des poissons dorés dans les étangs ne demande aucun soin particulier; de temps en temps on fera bien de projeter à la surface de l'eau quelques mies de pain ; mais quand on les garde dans un vase de petite capacité, l'eau doit être changée régulièrement, non-seulement comme mesure de propreté, mais surtout parce que le poisson y a fait disparaître assez rapidement les animalcules qui lui servent de nourri- turc. En règle général, l'eau contenue dans les globes de verre doit être changée tous les 2 jours en été et une fois la semaine en hiver : plus sou- vent même, si c'est possible. Les dorades de la Chine se multiplient avec une prodigieuse rapidité dans les étangs du jardin botanique de l'Université de Liège, qui sont alimentés par des eaux chaudes sortant d'une mine de houille située à proximité. Ces poissons ont non-seulement toutes les nuances dorées, argentées, orangées, rouges, etc., que M. li. Taylor a énumérées plus haut, mais depuis quelques années nous avons vu apparaître parmi eux des poissons bleus. Celte couleur est aussi éclatante, sous certains reflets, que celle de la Labradoritc. E. M. — 222 — RECETTE DU MINT JULEP, BOISSON AMÉRICAINE. Le Mint julep est une boisson rafraîchissante, d'un usage ordinaire en Amérique et généralement connue des naturalistes voyageurs, qui la préparent souvent pendant leurs longues et pénibles explorations. Dans sa plus grande simplicité ce breuvage se fait avec une touffe de menthe verte, du rhum, de l'eau et du sucre. On verse sur une poignée de menthe fraîche, que l'on trouve partout au bord des eaux ou des chemins, un verre de rhum et l'on remue un peu avec la cuiller : pendant ce temps dans un second verre, on laisse dissoudre quelques morceaux de sucre dans de l'eau, puis l'on mélange les deux liqueurs; cette boisson est saine, rafraîchissante, aromatique et stimulante : son usage est fort agréable pendant les chaleurs de l'été. Mais le Mint julep est susceptible d'une foule de raffinements qui en font un breuvage délicat et coûteux; voici comment les préparent les limonadiers des Etat-Unis d'après M. 0. Comettant : on met dans un fond convenable de vin de Madère, un peu de glace concassée, du sucre en poudre et de la noix muscade râpée. Le tout se mélange en transvasant rapidement cette boisson dans deux gobelets qu'on tient à une certaine distance l'un de l'autre. Les limonadiers américains opèrent ce mélange avec une adresse et une promptitude remarquables. Le Jfmfjt x - 225 JARDIN FRUITIER. NOTICE SUR LA POMME-ORANGE DE COX, OU COX'S ORANGE PIPPhV APPLE DES ANGLAIS. (Figurée planche XIV.) La société d'horticulture de Londres a décerné plusieurs fois à cette pomme, et notamment lors de la dernière grande exposition pomologi- que, au mois d'octobre 1838, les premiers ou les seconds prix de celte catégorie de fruits; le jury l'a en outre déclarée bien supérieure au Ribston Pippin , qui jusqu'ici passait pour la meilleure pomme cultivée en Grande-Bretagne. Cette décision a fait quelque sensation et elle a attiré l'attention d'une manière toute spéciale sur la variété qui en a été l'objet. L'un des membres du jury a défendu dans le Gardener's Chronidei^), la décision qui a été prise et a fait valoir les motifs : il a déclaré que le mérite de tous les fruits exposés avait été mûrement examiné et qu'après les avoir attentivement dégustés, la pomme-orange de Cox , l'emportait décidément sur tous les autres. Ce qui avait d'ailleurs surtout provoqué l'étonnement, c'est que ce fruit n'est pas précisément nouveau, quoique à peu près inconnu. Il a été gagné, en 4850, par M, R. Cox, de Coin- brook Lawn, à Backs, à la suite d'un semis de neuf pépins du Ribston- Pippin , parmi lesquels naquit en outre le Cox's Pomona, variété bien différente de celle-ci. Elle est restée jusqu'ici à peu près ignorée dans les pépinières de Colnbrook ou dans les environs. Voici les qualités qui la distinguent : Sa forme est régulière, très-agréable et le coloris frais et vif : elle est de grandeur moyenne, sa circonférence mesurant en moyenne 28 centi- mètres. La chair est ferme, jaune, parfumée, sucrée, juteuse et très délicate. L'arbre est vigoureux et fertile. Le fruit se conserve pendant presque toute la durée de l'hiver. En présence de ces mérites et à la suite de la réputation qu'il s'est acquis en Angleterre , il n'est pas douteux que ce fruit ne soit bientôt importé sur le continent , s'il ne l'est déjà et il est permis de supposer que les véritables amis de la pomologie voudront contrôler l'appréciation britannique. Les Anglais ont le palais délicat et ils s'entendent aux bonnes choses, surtout si elles sont utiles, et nous pouvons en toute confiance nous en rapporter à leur détermination. (1) Gard. Chron., 18S9, N» 2. p. 22. — 224 — SUITE DE L'ENUMÉRAÏION DES POIRES Décrites et figurées dans le Jardin fruitier du Muséum, Par m. J. Decaisne. (Suite.) 62. Poire Chaptal (1). Fruit à cuire, gros, turbiné ou ventru, à peau vert jaunâtre^ parsemée de points et marquée de taches ou de marbrures fauves, à queue ren- flée aux deux extrémités et insérée obliquement, un peu en dehors de l'axe du fruit, dans une petite cavité irrégulière, à chair blanche, cassante, peu par- fumée. N. B. Ce fruit, obtenu à la fin du siècle dernier par Hervy (directeur de la pépinière du Luxembourg, sous l'Empire), a été, comme beaucoup d'autres, trop vanté à l'époque de son apparition. On l'a rangé dans les Poires beurrées, mais il appartient en réalité à la catégorie des fruits à cuire. 63. Poire de Juillet. Fruit d'été, petit, arrondi, à queue droite, très-charnue, renflée à son insertion sur le fruit; à peau lisse, jaune et teintée ou vergetée de rouge vif du côté du soleil ; à chair fine, fondante, d'une saveur agréable. Ce Poirier se trouve inscrit trois fois sur le catalogue de Van Mons ; d'abord sous le nom de Doyenné d/Été, p. 48, N° 512, et p. 28, N° 1 ; puis sous celui de Doyenné de Juillet, p. 51. N" 456. Je lui ai conservé le nom de Poire de Juillet préférablement à ceux de Saint Michel d'été et de Jolimon, sous lesquels on désigne souvent les poires -Dî^c/^esse de Berry et Saint Germain d'été. Il me paraît avoir en outre une grande analogie avec Y Archiduc d'Eté. ^i. Poire Gnocco{2). Fruit d'été, d'un vert blanchâtre, très-lisse, à queue droite ou arquée, pubescente, quelquefois accompagnée de plis à son insertion sur le fruit; à chair blanchâtre, ferme ou demi-fondante, juteuse, sucrée, d'une saveur par- ticulière. Cette variété est des mieux caractérisées ; on la reconnaît au printemps à ses feuilles très-blanches , ainsi qu'à la grandeur de ses corolles , qui dépassent celles delà P. d'Epargne ; son fruit inférieur en qualité à nos Blanquets, auxquels il ressemble du reste, se reconnaît à la teinte mate ou livide que prend la peau au moment de sa maturité. {La suite à la •prochaine livraison.) (1) Jean Antoine Chaptal, comte de Chanteloup, ministre de l'Intérieur en 1800, a signalé son administration par un grand nombre de mesures utiles à l'agriculture : on lui doit en outre le rétablissement, par un arrêté en date du 13 mai 1809 de la célèbre Pépinière des Chartreux de Paris, supprimée par la Convention. (2) Gnocco, pâtisserie de forme ovale, dont on fait grand usage à Véronne. — Gnocco di autumno, sorte de poire très douce, cultivée en Lombardie. — Le muséum a reçu la poire que je décris sous le nom de Gnocco de Parme, ■.-Aikf?.^: i.Piichsia simplioicaiilis. n.-v.zotPa o„. 2. Fuchsia lù-tal. Hori. ((j. Simili). .). lùiclisia Sir ColiM raiiipbell, lloil lAVlioelcr). nn — HORTICULTURE. NOTICE SUR QUELQUES NOUVEAUX FUCHSIAS. FAMILLE DES ONAGUARIEES. — OCTANDRIE MONOGYNIE. FUCHSIA SIMPLICICAULIS n. et p. (Figuré planche XV.) Plante peu ramifiée (en dépit dn nom spécifique), à branches verlicillces,les florales pendantes, glabre. Feuilles ternées ou quaternées, lancéolées ou lancéolées ovales acuminées, à pétiole court, très entières, lisses, pâles en dessous. Fleurs en grappes fouillées, par groupes de 3 ou -4, rouges, à tube allongé infundibuliforme, renflé à la base, à sépales lancéolés et à pétales rouges, ovés, aigus, plus courts que les sépales, grandes, nombreuses, et pendantes. L'extrait que nous avons publié dernièrement de l'excellent manuel de 31. Porcher, est la meilleure introduction aux détails, que nous allons donner sur quelques Fuchsias nouveaux, récemment signalés dans les journaux ou annoncés par les horticulteurs. Le Fuchsia simplicicanlis de Ruiz et Pavon, ou Fuc!)sia à lige simple (peu ramifiée) est une espèce, plus nouvelle pour l'horticulteur que pour le botaniste et qui par le grandeur, la grâce et la beauté de ses fleurs, aura bientôt beaucoup de vogue. Elle est décrite par Ruiz et Pavon dans leur Flore du Chili et du Pérou et dans le Prodrome de De Candolic, et elle vient d'être envoyée du Pérou jjor M. W. Lobbe à MM. Veitch et fils d'Exetcr. Cette espèce se rapproche du F. venusta de lîunibold. Notre planche XV représente en outre les Fuchsias Eclat (Fig. 2) et Sir Colin Campbell (Fig. 5) deux variétés de premier choix, gagnées la première par M. G. Smith, le seconde par M. Wheeler, tous deux horti- liculteurs anglais déjà avantageusement connus des amateurs de Fuch- sias. Le Fuchsia Eclat rentre dans la catégorie des fleurs rouges à corolle blanche et doit prendre place à côté des Fuchsias Princesse de Prusse de M. Smith, Storij, Princesse roxjale de M. Veitch. Le Sir Colin Camp- bell a les fleurs à calice rouge et à corolle double et pourpre, dans le genre du Fuchsias Ilendersoni et reflexa plena. BELG. HORT. TOM. IX. Ifi 226 NOTICE SUR LE BEGONIA QUE EN VICTORIA , VARIETE NOU- VELLE GAGNÉE A L'ÉTABLISSEMENT DE MM. JACOB-MAKOY A LIÈGE. Par M. Edouard Morren. (Figurée planche XVI.) Les dernières années qui viennent de s'écouler constitueront une épo- que brillante dans l'histoire horticole de la famille des Bcgoniacées; elle s'est augmentée avec tant de rapidité et a fait des acquisitions si remar- quables, que les amateurs ne parviennent que bien difficilement à se maintenir au courant des innombrables nouveautés qui surgissent de tous côtés et qui se surpassent les unes les autres. Les Bégonias et les Rhodo- dendrons sont les genres qui ont fait les plus grands progrès depuis quelque temps : une foule d'espèces ont été directement introduites; cultivées par d'habiles semeurs, elles se sont bientôt modifiées et elles ont donné naissance à des variétés beaucoup plus belles encore que les plan- tes primitives. Le Bégonia xanthina entre autres et les espèces voisines forment actuellement un groupe d'une richesse incomparable : ces plantes ont un port très ornemental; leur culture est en général facile; par leurs dimensions, elles conviennent à toutes les serres et leur feuillage est le tissu végétal le plus riche que l'on connaisse. Tel est entre autres le Bégonia Queen Victoria (H. Mak.) que l'établissement d'horticulture de MM. Jaeob-Makoy vient de mettre dans le commerce. Il a une tige courte et rhizomateuse, sur laquelle sont insérées des feuilles dont le pinceau et la plume ne sauraient donner une idée exacte : leur dimen- sions varient suivant leur âge, mais elles atteignent ordinairement une longueur de 20 à 2S centimètres sur 10 à 15 de largeur; leur forme est celle de la plupart des espèces de ce groupe, c'est-à-dire quelles sont obliques, inégales, ovales-acuminées, cordées et sinueuses sur les boi'ds. Le disque de chaque feuille est occupé par une large zone blanc d'argent qui s'étend depuis une certaine distance du centre jusque près des bords. Le milieu est ordinairement libre et de couleur verte et cette nuance se prolongeant un peu près de la naissance de chaque nervure, il en résulte une étoile plus ou moins bien marquée. D'un autre côté la zone blanche s'efface avant d'atteindre le bord de la lame; elle s'interrompt et se sub- divise en un foule de petites macules partielles de telle sorte que le feuille semble bordée par une mosaïque d'émeraude et d'argent, rehaus- sée par de petits grenats , qui sont en réalité des poils rouges que l'on remarque au centre de chaque petite macule. On ne saurait se faire une meilleure idée de cette feuille que si on la compare à une dentelle jetée sur un tissu d'un beau vert. Quand elle est jeune, des teintes rouges. ùfiUûT Jevere^nif a^.?tat pm-^. Bégonia Quecn Victoria Hori. Makoy liA. de ffSœertyru Srax. __ 097 — roses et carnées viennent encore ajouter de nouvelles nuances aux reflets métalliques, argentés et chatoyants de cet admirable feuillage. Le Bégonia Queen Victoria est de seri'e chaude et sa culture est assez difficile. Les amateurs soigneux et bons cultivateurs seront seuls à en avoir la jouissance, d'ici à assez longtemps encore. Pour atteindre à sa plus grande beauté, il aime une atmosphère humide et une lumière assez diffuse ; en un mot, sa véritable place est la serre aux Orchidées. NOTE SUR UN NOUVEAU GAZON POUR LES PETITES PELOUSES ET LES BORDURES, FORMÉ PAR LE SPERGULA PILIFERA. Le Spergula pilifera a la végétation d'une petite plante alpine, vivace et touffue, formant un gazon épais ne dépassant pas un quart ou un demi pouce de hauteur. Ses tiges, d'adord dressées, deviennent décombantes et portent un grand nombre de très petites feuilles serrées et en forme de soie. Il reste vert pendant tout l'hiver, sans souffrir de l'humidité ni des froids, et il convient par conséquent, on ne peut mieux, à la formation de pelouses et surtout des bordures. Ses racines s'accomo- dent de tous les sols, et par un contraste remarquable avec l'exiguité des tiges, elles forment souvent une couche compacte de un à deux pieds d'épaisseur dans le sol; dans d'autres cas, elles se contentent d'un pouce ou deux de terre arable. Pendant le mois de juillet, le Spergula pilifera produit une profusion de fleurs réellement remarquable; le tapis de verdure qu'il forme sur le sol, disparaît alors sous des myriades de petites fleurs d'un blanc de neige, qui le font ressembler à un tapis d'éméraude émaillé d'étoiles d'argent. Par tous ses caractères, cette plante convient d'une manière toute spéciale pour des petites pelouses, pour remplir les intervalles entre les parterres, et pour consolider des terrains en pente; elle réclame beau- coup moins de soins que les pelouses de graminées, et elle est d'un aspect plus agréable et plus régulier. Elle forme sur la terre un tapis qui s'épaissit avec l'âge, tout en restant naturellement très régulier, et aussi élastique sous le pied que le meilleur tapis de Turquie. On peut semer ses graines soit en pots, soit en plein air, en prenant les précautions ordinaires pour les graines fines et la recouvrant d'une couche légère et uniforme de terre, et en ayant soin de la protéger vers le milieu du jour, d'un soleil trop ardent; après que les graines auront germé, on peut les repiquer par petites touffes de dix à cinquante plantes dans des terrines ou de grands pots, ou bien en plain air à une exposition assez om- bragée, au moins pendant quelques semaines; quelque temps après, on les transplante dans un terrain approprié, à la distance de quelques pouces — 228 - les unes des autres. En croissant, elles se rapprocheront progressive- ment, et elles feront bientôt disparaître le sol sous une riche et admirable couche de verdure. En un mot, cette plante veut lutter contre les gazons qui ont été jusqu'ici constamment en possession des pelouses dans les jardins, et elle semble avoir, non-seulement le mérite de la nouveauté, mais des qualités précieuses pour s'adapter à ce genre de culture. En Angleterre et en Allemagne, on s'en occupe beaucoup; tous les journaux s'accordent pour la recommander et les principaux marchands graine- licrs la placent au nombre de leurs meilleures nouveautés. BULLETIN HORTICOLE. Sommaire. — Fédération des Sociétés dliorticulture, p. 228, — La lune rôtisse et le mois d'avril, p. 230. — Les plantes alimentaires des anciens-, p. 255. — Floraison du Podocarpiis zamiœfolius et du Tacca pinnatifida, p. 253. — Les bonnes poires par M. Baltet, p. 235. — Greffe des bourgeons à fruit, p. 234. — Empoisonnement par les racines du Robinier, p. 23S. — Albinisme des violettes, p. 255. — ^OiS- Savo« (Quillaiasaponaria), p. 25G. — 3Lort de Agardh, p. 25G. — Mort de Weinmann, p. 257. — Bibliographie botanique et horticole p. 237. Quand nos lecteurs recevront ces lignes, l'importante question de la fédération de toutes les sociétés d'horticulture du pays sera sans doute résolue. Le gouvernement après avoir recueilli et apprécié les réponses qui lui ont été adressées par les sociétés, vient de les inviter à déléguer deux de leurs membres, pour se réunir le mardi 5 mai à Malines et y discuter un avant-projet de statuts. Nous tiendrons nos lecteurs au courant des délibéi'ations et des déci- sions de celte assemblée, où nous aurons l'honneur, conjointement avec M. Massart, membre de la députation permanente et président de la Société des Conférences horticoles de Liège, de représenter la société liégeoise. Nous ignorons encore quel est le sort réservé au projet du gouvernement, mais ce document a trop d'importance pour le passer sous silence et nous croyons devoir le communiquer à nos lecteurs : « Fédération des sociétés d'horticulture de Belgique. — Projet de STATUTS. — Institution. — But. — Art. 1. Une fédération est formée entre toutes les sociétés horticoles belges qui adhèrent aux présents statuts. Art. 2. La fédération a pour but de favoriser le progrès des diverses branches de l'horticulture par des mesures dont l'exécution intéresse toutes les sociétés horticoles du pays et parmi lesquelles doivent être comprises en première ligne: les réunions périodiques et régulières des — 229 — membres de ces associalioiis, — les expositions nationales auxquelles toutes les sociétés fédérées sont tenues de contribuer, — la publication d'un journal, cenlre commun des travaux de toutes les associations. Comité directeur. — Art. 5. Un comité directeur, de dix membres élus par l'assemblée générale mentionnée à l'art. 8, est chargé de gérer les intérêts de la fédération. Ce comité se choisit un président, deux vice-présidents et un secrétaire. Les fonctions de membre du comité sont gratuites. Art. 4. Le comité directeur se renouvelle tous les deux ans par moitié, en conformité d'un tirage au sort. Les membres sortants peuvent être réélus; ils conservent leurs fonc- tions jusqu'à ce qu'il soit pourvu à leur remplacement. Art. 5. Le secrétaire tient les écritures du comité directeur, a la garde des archives et surveille, sous la direction d'un comité de rédac- tion de trois membres délégués par le comité directeur, la publication du journal fondé en vertu de l'art. 2. Il remplit aussi les fonctions de trésorier. Art. C. Le comité directeur se réunit aux lieux et aux époques désignes par le président. Recettes et dépenses. — Art. 7. Les ressources de la fédération con- sistent dans les subsides qui seront alloués soit par les associations affiliées, soit par l'État ou les provinces. Le comité directeur fixe, s'il y a lieu, la part contributive annuelle à payer par chaque société affiliée. Les dépenses comprennent les frais de bureau, les frais de réunion des assemblées générales et du comité directeur et les frais de publication du journal. Assemblées générales. — Art. 8. Les sociétés fédérées ont chaque année une assemblée générale. Le jour et le lieu en sont fixés par le comité directeur. L'époque des assemblées générales coïncidera, autant que possible, avec celle des principales expositions des produits de l'horticulture. Art. 9. Le président du comité directeur et^ à son défaut, le plus âgé des vice-présidents, préside les assemblées générales. Art. 10. Sont admis aux assemblées générales tous les membres des sociétés fédérées. Les membres des sociétés étrangères d'horticulture peuvent y être reçus sur la décision du comité directeur. Art. H. Le comité directeur arrête le programme des questions qui doivent être discutées dans les assemblées générales : un exemplaire de ce programme est adressé à toutes les associations alliliécs, quinze jours au moins avant l'époque fixée pour les réunions. Art. 12. Toute proposition ù soumettre à l'assemblée générale sera envoyée avant le de chaque année, au comilé — 230 — directeur qui décidera s'il y a lieu de la comprendre dans le programme. Art. 15. Le programme sera inséré dans le Moniteur heUje et les principaux journaux du royaume; on y annoncera en même temps, le lieu et le jour fixés pour l'assemblée générale. Art. 14. Un comité directeur provisoire, composé comme il est dit à l'art. 5, sera nommé par les délégués réunis pour constituer la fédé- ration. Ce comité restera en fonctions jusqu'à la première assemblée générale où il sera procédé à l'élection définitive. Dispositions générales. — Art. 15. Le comité directeur arrêtera un règlement d'ordre intérieur, tant pour la tenue des assemblées générales que pour ses propres travaux. Art. 16. Les présents statuts seront soumis à l'approbation de M. le Ministre de l'intérieur. » Ce projet nous semble devoir donner lieu à certaines observations et recevoir quelques modifications sur des questions importantes toucbant au principe même de la fédération. Mais c'est un devoir que d'attendre la réunion du congrès borticole de Malines. (Liège le 50 avril 1859.) — Les préjugés sont des erreurs, cela va sans dire ; les esprits éclairés et la science doivent les combattre à outrance, et cependant il est bien rare qu'une croyance populaire n'ait pas un fond de vérité : elle semble fausse et paradoxale -de prime abord, mais retournez-la sur toutes ses faces, et vous trouverez un côté vrai : seulement cette vérité est mal comprise, elle est défigurée et surtout elle est mal exprimée. La plupart de ces erreurs vulgaires ont d'ailleurs été un jour admises par la science, puis rejelées comme fausses; les savants ont commis plus d'erreurs que le vulgaire n'en saurait jamais imaginer. Chose curieuse, si l'on recherche quelle est l'opinion des différentes classes de la société, depuis l'homme le plus instruit jusqu'à celui qui n'a reçu aucune instruction, sur quelque grand fait de l'ordre naturel, presque toujours vous passe- rez par tous les échelons que la science a dû gravir elle-même, avant d'atteindre ce qu'elle considère comme la vérité, vous connaîtrez l'histoire de la science. Ce qu'un esprit futile, ou un laboureur, ou un ouvrier, ou un manœuvre vous répondra sur cette question, sera bien souvent ce qu'Aristote, Tiiéophraste ou Pline en ont dit. Que pense la grande majo- rité des hommes sur le mouvement des astres, sur la forme de la terre, sur la génération spontanée et sur tant d'autres grandes doctrines scien- tifiques? Exactement ce que les esprits les plus éclairés de l'antiquité en pensaient. En un mot on retrouve encore dans les bas fonds de la société l'état de la science chez les anciens. Dans les classes moyennes on est un peu plus avancé, on en est au moyen âge et aux premiers temps de la renaissance scientifique. On reproche bien des erreurs aux savants d'hier, mais combien de - 231 — Fois ne reconnaîl-on pas qu'ils avaient dit vrai : que de découvertes ne 3'ait-on pas remonter à Théophraste et à Aristote et l'on répète alors qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Il n'y a rien de beaucoup plus neuf sous la lune, la vénérable compagne du soleil. L'influence des astres sur les choses d'ici bas, sur la destinée des hommes, sur la végétation et sur bien d'autres choses a été admise pendant des siècles et a occupé les esprits les plus sérieux. Aujourd'hui l'ignorant seul y croit encore. Si l'on veut passer pour savant, il faut rejeter avec dédain tout ce que les jardi- niers et les cultivateurs de tous les pays vous diront de l'action de la lune sur leurs plantes. Arago a dit, c'est faux, donc c'est faux. Soit, c'est faux, c'est absurde, mais je m'étonne de ce que les mêmes bruits me viennent incessamment et de tous les côtés aux oreilles, et au lieu de me draper dans la toge doctrinaire et de dire, c'est faux, je crois être plus sage de dire que je ne comprends pas. En effet, nous ne pouvons pas nous expli- quer comment la lune s'y prendrait pour faire pousser ou pour ralentir les plantes, pour donner des racines aux boutures, pour faire nouer les fruits ou bien pour les faire avorter : quand elle est sur le croissant, me ditmon jardinier, tout va bien et il faut travailler, quand elle décroit ne semez pas, ne bouturez pas, car la sève ne travaille pas. Je ne comprends rien à ce langage et je trouve mon jardinier très arriéré. Cependant je sais moi que la lune soulève les mers et qu'elle agite notre atmosphère : je comprends ces grands phénomènes, et je les admets, mais je ne vois plus clair quand la lune se mêle de mes plantes et qu'on me dit qu'elle a des rapports avec elles. Il y a surtout une lune plus terrible que toutes les autres; une lune qui a la végétation en horreur et profite de toutes les circonstances pour lui faire le plus grand tort : cette mauvaise lune revient tous les ans, et malheur aux jardiniers qu'elle découvre; pour lui échapper, il faut se cacher, il faut protéger ses plantes, les garantir par toutes sortes de défenses, non pas pour soutenir la lutte, elle serait inutile, mais pour qu'elle ne les voie pas. Cette méchante lune, puisqu'il faut l'appeler par son nom, c'est la lune rousse. Mais tout cela ne sont que des cancans, de faux bruits, de sottes pani- ques. Il est parfaitement établi aujourd'hui que la lune n'exerce aucune influence sur la végétation, et que la phase lunaire, désignée vulgaire- ment sous le nom de lune rousse n'a aucune action spéciale. Voilà ce qu'on est convenu de dire ou plutôt ce qu'il faut dire et cela me semble en elTct bien naturel et bien vrai. Mais ce qui est tout aussi vrai c'est que l'époque désignée dans les almanachs comme étant celle de la lune rousse, est très i)ernicieuse pour les jardins et pour les vergers; seule- ment on aurait le tort d'en faire un reproche à la lune, c'est une coïn- cidence malheureuse pour elle, mais clic n'en est pas responsable. Celte année le mois de mars a été admirable, il a vu fleurir jjrcsque toutes les plantes printannières et la végétation s'annonçait sous les plus heureux auspices; elle était en avance de près de quinze jours; les cam- — ^252 — pagnes étaient verdoyantes et fleuries. Dès le 16 février nous trouvions en fleur VÂnemone hepatica, VEranthis hyemalis, le Daplme niezerewa ; le Grosciller noir montrait ses grappes, les Scilles, les Jacinthes et les MuscaiM sortaient de terre. Le 5 mars les Cornouillers, les Abricotiers, les Crocus, les Scilles épanouissaient leurs fleurs et à la fin du même mois on pouvait cueillir des bouquets de Magnolia, de Ribes nigrum, de 3Iuscari, de Petilium impériale, d'Aubrietia deltoidea, de Capnorchis spectabilis , de Forsythia viridissima , à'Aquilegia sibirica et de tant d'autres fleurs. En un mot l'aspect des jardins était enchanteur. Dès le 29 mars et le 7 avril, on rapportait des herborisations VAnemone ranunculoïdes , le Corydalis bulbosa, le Ficaria ranunculoides , le Cardamine pratensis, VOxalis acetosella, le Primida elatior, le Viola odorata, le Vinca minor, le Viola tricolor, le Stellaria holostea, VOi-obus tuberosus, VOrchis maculata et tant d'autres plantes, mais nous ne citons iciquecellesdont les fleurs sont les plus belles et connueSde tout le monde. Jamais on n'avait été aussi heureux; le printemps des poètes était revenu. Mais la lune rousse n'était pas venue : d'après mon almanach, elle avait choisi cette année le mois d'avril; elle est arrivée le 5, elle a été dans son plein le 17 et elle n'est disparue que le 2 mai. Or, depuis le 0 avril, que ce soit la faute de la lune rousse ou non, voici ce qui est advenu : pendant les premiers jours, la température a été favorable et même chaude, tout poussait avec vigueur, et les arbres à fruits se présen- taient sous le plus bel aspect; mais bientôt le tcinps se brouilla, la tempe- rature se refroidit brusquement et il survint des pluies abondantes. Au milieu du mois, il faisait un temps tempétueux : des bourrasques de vent, de pluie, de grélc et de neige se succédèrent pendant plusieurs jours; pendant la nuit, le tliermomètre descendit en-dessous de zéro, et juste le 17 avril, nous avons vu des flocons de neige fondre sur des lilas fleuris. Depuis quelques jours, l'atmosphère s'est un peu rassainie, mais le temps est encore très-froid et pluvieux. Beaucoup de plantes ont souffert, des arbres ont leurs feuilles crispées et la récolte des fruits est encore dou- teuse; elle sera compromise si le temps ne change pas à la nouvelle lune. On voit que cette année n'est pas de celles qui feront sortir de la tète des jardiniers que la lune rousse est une mauvaise lune. Encore quelques exemples semblables, et malgré Arago, malgré tout, on continuera à croire aux vieux préjugés. 11 est dilïïcile d'admettre que la lune soit la cause de ces perturbations atmosphériques, mais l'on doit reconnaître qu'il y a dans ces phénomènes de singulières coïncidences, et l'on ne peut pas raisonnablement reprocher à ceux qui n'ont que leur gros bon sens et leurs petites observations personnelles, de les rapporter à la lune, quand les plus savants ne savent pas à quoi les attribuer. L'esprit humain est ainsi fait, qu'il veut rapporter tout ce qui se passe sous ses yeux à une cause appréciable, et quand le jardinier voit geler ses plantes et périr sa — 255 — jeune récolle, il ne voit que la lune qui brille dans les cicux; tout le reste est sombre et silencieux, même son maître qu'il interroge (1). — Les plantes alimentaires des anciens (2). Un jeune botaniste belge, M. Edouard Martens, fils du savant professeur de botanique de Louvain, vient de faire paraître sur cet intéressant sujet, un article critique, plein d'érudition et d'utiles renseignements; c'est un excellent résumé de nos connaissances sur les plantes que les Grecs et les Romains cultivaient pour leur alimentation : les auteurs classiques citent ces plantes à chaque instant, mais il est bien rare qu'on sache de quelles espèces ils parlent, d'autant plus que les mêmes noms admis dans la nomenclature moderne s'appliquent presque toujours à des végétaux tous différents : cette con- fusion est déplorable et pour s'y reconnaître il faut être autant philologue que botaniste. Nous voudrions analyser avec quelques détails le mémoire de M. Ed. Martens, mais de peur qu'un sujet si attrayant ne nous en fasse oublier d'autres, nous nous bornerons à en détacher un paragraphe, relatif à l'histoire ancienne du Pêcher. On reconnaîtra ainsi que ces sortes de connaissances sont indispensables au botaniste, au linguiste, à l'agriculteur, à l'agronome et en général à tous les esprits éclairés. (Voy. p. 251.) — A l'époque où nous avons porté notre attention sur le Bégonia Queen Victoria (Makoy), figuré dans ce numéro, l'établissement de M. Jacob Makoy présentait deux floraisons remarquables : celle d'une superbe Conifère, le Podocarpus Zamiœfolius, dont les chatons sont axillaires et ramifiés, et celle d'une plante curieuse, le Tacca pinnatifula, que nous y avions d'ailleurs déjà vu fleurir depuis plusieurs années , et qui actuellement est en fruits. Deux jolies plantes de serre froide, que la Belgique hoiticole a déjà figurées, le Tetratheca ericoïdes et le GriviUea alpestris, Muell. {Grev. elegans, Hort.), faisaient à la même date l'ornement des serres froides, — Un pomologisle distingué du département de l'Aube, M. Charles Baltct, a publié récemment un excellent opuscule intitulé Les bonnes Poires i leur description et la manière de les cultiver: il donne en quel- ques pages une foule de détails pratiques sur plus d'une centaine de variétés de poires choisies parmi les meilleures , qu'il connaît et qu'il a cultivées et il laisse de côté les fruits médiocres et les nouveautés incer- taines. Les amateurs doivent savoir gré à M. Baltet de la publication de (1) Pendant l'impression de ces pages, il vient de paraître dans la Jtevue horticole un excellent article sur la question si populaire de la lune lous.se; nous le reprodui- rons dans le prochain numéro. (2) Les plantes allmenlaires des anciens, par. M. Ed. Maiuens. Broch. iu-H" de 42 pages. Bruges, chez Davcluy, 18a8. Extrait de la Rev. de Vinstruct. publique en Bel- gique. Nouv. série, T. I. — 234 — SCS observations pratiques et sa brocliure leur servira de guide en bien de circonstances et leur évitera bien de mécomptes. 11 indique en effet la culture, la taille et les opérations accessoires pour cbaque variété, voie nouvelle que peu d'auteurs ont suivie jusqu'ici. Beaucoup de principes généraux peuvent s'appliquer à la généralité des poiriers cultivés, mais il est évident que chaque variété, un peu caractérisée, réclame certains soins spéciaux, qu'elle a quelque particularité de végé- tation, et qu'elle demande en un mot à être connue: il n'est pas un ama- teur qui ne soit convaincu de tout cela, mais trop souvent il l'a appris à ses dépens et il est bon qu'il puisse être mis sur ses gardes. Un arbre dépérit ou bien on le soigne inutilement sans qu'il se mette à fruits, tandis qu'il suffirait souvent de fort peu de chose pour le voir prospérer. En lisant la brochure de M. Baltet nous y avons rencontré un passage relatif à une opération très importante dont il est beaucoup question depuis quelque temps; nous voulons parler de la greffe des bourgeons à fruits. Un arbre ne porte pas, rien n'est plus simple que d'y remédier, il suffît de greffer sur lui des bourgeons à fruits formés sur un autre individu; ou bien au contraire un jeune arbre d'une variété précieuse annonce-t-il une fructification trop abondante relativement à ses res- sources, si l'on regrette de sacrifier cet excédant on peut détacher quel- ques uns des bourgeons à fruits et les enter sur un nouveau sujet. M. Bal- tet nous dit en quelques mots la manière de procéder à cette opération. « La greffe de boulons à fruits, dite greffe Luizet, se pratique au mois d'août. On prend sur un arbre trop fertile les boutons à fruits surabon- dants munis de 4 centimètres de leur dard ou de leur lambourde; on taille cette partie en biseau et on l'introduit en écusson à la base d'une branche vigoureuse sur un arbre robuste; on ligature fortement et on mastique. Les yeux à fruits sans supports seront enlevés avec du bois comme un écusson ordinaire. Cette greffe donnera de beaux fruits l'année suivante et pourra vivre longtemps. » Cette intéressante opération a non-seulement l'avantage de faire fruc- tifier des arbres qui resteraient obstinément stériles, mais les fruits obtenus de cette manière sont généralement jjIus beaux et meilleurs que ceux qui sont produits naturellement. A la dernière grande cxposi- sition pomologique de Paris, on a couronné plusieurs collections dont les fruits avaient été obtenus de cette manière. L'opération se pratique au commencement du mois d'août pour les pommiers et à la fin du même mois pour les poiriers. Après avoir dit de l'ouvrage de M. Baltet tout le bien que nous en pensons, nous nous permettrons de lui chercher une petite chicane : « Le sommet d'une poire, dit-il, est pour nous la partie voisine du pédoncule ou queue; la base est celle qui entoure l'ombilic ou œil. Celte formule est diamétralement opposée à celle des auteurs. » Nous resterons du parti des auteurs : entre géomètres, M. Baltet aurait raison; mais - 235 — entre botanistes, et même entre pomologistes, le sommet d'une poire, comme de tout autre fruit, c'est sa terminaison supérieure, et sa base le point par lequel il est inséré sur la branche. Le sommet de la poire est plus grand et plus lourd que la base, mais ce n'en est pas moins le sommet. — Nous avons cité dernièrement un fait malheureux qui doit engager tous les propriétaires et surtout les pères de famille, à faire cueillir les fruits du Iloux, à les enfouir ou à les brûler; ils constituent un des poi- sons les plus dangereux. Les fleurs de l'Asphodèle et les graines de Laburnum sont citées par le D"" Lindley comme des substances tout aussi dangereuses et l'on sait qu'il est peu de jardins dans lesquels elles n'exis- tent pas. Un des derniers numéros dn Botanische Zeitung raconte un nou- vel accident provoqué par les racines de l'Acacia (Acacia pseudo-acacia), végétal bien plus commun encore que ceux que nous venons de citer : « M. le D' J. Muller, relate dans le Zeitschrift fur Natur und Heil- kunde in Ungarn, qu'une petite fille de huit ans a été sérieusement malade pour avoir mâché une racine fraîche d'un Acacia qu'elle avait pris pour du réglisse. Les symptômes de cet empoisonnement avaient beaucoup d'analogie avec ceux qui sont produits par les fruits de la Belladone. Un violent émétique de sulfate de cuivre fit disparaître le danger et l'on administra ensuite de la limonade et du café noir; le lendemain la petite imprudente était hors de danger. Le médecin qui avait été appelé remarqua qu'une fièvre intermittente, dont la malade souffrait avant l'accident, ne reparut plus après. Mais a-t-elle été chassée par l'émétique ou par l'Acacia? Dans ce dernier cas il y aurait une nouvelle analogie entre l'action de ces racines et celle de la Belladone. » La mégarde d'un enfant était bien naturelle en cette circonstance, parce que les racines du Robinier ont le même arôme que celles du réglisse qui appartient d'ailleurs à la même famille. M. Lindley a fait une observation analogue relativement aux racines du Soplun^a japonica: des ouvriers occupés à arracher une plante de cette espèce, voulaient mâcher ses racines dans la persuasion qu'elles étaient aussi inoffensives que celles du réglisse. Lorsqu'on déplante ou qu'on déracine ces arbres, on voit qu'il est bon de prendre quelques précautions. — Le Garde.ners' Chronide du 26 mars renferme la question suivante posée par un correspondant qui signe Otterwell : « Quelqu'un de vos lecteurs pourrait-il m'apprendre pourquoi toutes nos violettes ne por- tent plus que des fleurs blanches? J'en ai xm grand nombre de parter- res, qui, il y a deux ou trois ans ne produisaient que des fleurs pourpres, mais elles ont successivement pâli et actuellement toutes les fleurs qui s'ouvrent sont blanches. Je serais heureux de connaître un moyen d'éviter cet albinisme? » Des faits analogues se renouvellent souvent, non-seulement pour les — 23(3 — violettes, mais pour une foule d'autres plantes : il serait curieux d'en connaître la cause, mais il nous semble impossible de la déterminer exac- tement : dans l'état actuel de nos connaissances le mieux serait de bien examiner les conditions dans lesquelles ces changements se produisent. M. R. Shackell a répondu dans le Gardeners' Chronîcle du 2 avril (p. 290) que les violettes ne changent jamais de couleur, ce qui nous paraît bien douteux. Il pense que des variétés blanches ont poussé parmi les anciennes à fleurs pourpi'es et les ont insensiblement remplacées. Ce ne seraient pas les violettes bleues qui auraient blanchi, mais elles au- raient produit des graines qui en germant ont donné, suivant lui, des variétés blanches. Cependant beaucoup de plantes cultivées longtemps à la même place ou bien qui croissent dans une situation mal éclairée ont une tendance à laisser pâlir la couleur de leurs fleurs. — Les voyageurs rapportent assez souvent des bois ou des écorces qui, si on les agite dans l'eau, la font mousser comme du savon; la môme propriété existe d'ailleurs dans la Saponaire officinale, l'une de nos plus jolies Caryophyllées indigènes, et la rend propre à certains usages domestiques. Dans l'Amérique du sud l'écorce du Quillaia Sapnnaria présente la même particularité. Au Chili on s'en sert pour se laver la tête et on lui suppose la propriété de favoriser la pousse des cheveux : on lui attribue en outre des propriétés fébrifuges. ■ — Un correspondant suédois en annonçant à Sir W. Hooker la mort de l'Évêque Agardh, donne de singuliers détails sur le caractère et la vie du célèbre botaniste. Voici comment il s'exprime, mais nous lui laissons toute la responsabilité de son appréciation : « J'ai à vous annoncer la mort del'évêque Agardh, qui est survenue le 28 janvier de cette année. C'était un singulier homme, sous plusieurs rapports un génie primc- sauliermais très-original. Jeune, il étudiait les mathématiques et il écrivit quelques dissertations sur cet objet, mais entendant dire que la botanique était une science très-difficile, il voulut montrer à la population de Lund qu'il lui suffirait de quelques mois pour devenir un éminent botaniste, et il publia rapidement plusieurs mémoires de botanique. Plus tard il dirigea ses facultés vers la théologie, devint ministre d'une église de Lund et se fit également auteur en théologie. Il abandonna encore ces études pour se faire membre du Parlement et se laisser absorber tout entier par des questions politiques, économiques et statistiques sur lesquelles il écrivit des ouvrages considérables, tout eu faisant paraître des cartes de Suède, des revues idéologiques, etc. Il n'est qu'un bien petit nombre de branches des connaissances humaines que sa phimc n'ait pas ti'aitées. II avait de l'originalité, un esprit large et brillant et une allure agréable, mais tou- jours très, très-superficiel. Son caractère était aussi fort singulier. Malgré toutes ses fautes, toutes ses erreurs, il était l'un de ces grands génies dont le nombre est si restreint et qui ne périssent pas après leur mort. — !â57 — — J. S. Wcinmann, directeur du jardin de Pawlowsk, près de St. Pé- tersbourg, est mort au commencement de cette année dans la 76" année de son âge : jusqu'en 1815 il eut la direction du jardin botanique de Dorpatt. Plusieurs plantes portent son nom, mais le genre Weinmannia est dédié à Guillaume Weinmann, différent de celui-ci. — Parmi les ouvrages nouveaux, nous signalerons : le trentième fascicule du Gênera plantariim Florœ Germanicœ de Nées von Esenbeck, dont la publication un pou lente est confiée à MM. Scbnizlein et Brandis; la 1" partie des Folia Orchidacea de Lindley; le Thésaurus capensis de M. Ilarvey, ouvrage conçu sur le plan de V Icônes planlaruni de Hooker et destiné à l'iconograpbie de toutes les plantes anciennes et nouvelles du Cap de Bonne-Espérance : il se publie en livraisons de 25 planches, à raison de quatre livraisons par volume. Les éditeurs, MM. Longmans, viennent de publier une quatrième édition du Synopsis of the Brilish Flora, par M. le professeur Lindley. M. Ch. L. Blume, le célèbre conservateur de l'Herbier royal de Leyde, a commencé à la fin de l'année dernière la publication d'un important ouvrage sur les Orchidées (1); les deux parties parues renferment les genres Phaius, Bletia, Thelasis, Dilochia et Pachychilus. M. Lindley reproche, dans le Gardenefs CJiroiiicle, à M. Blume de ne pas tenir assez compte des travaux des autres Orchidographes. L'annuaire des Bosesi-), par M.W. Paul, l'auteur de The Rose Garden et de son supplément, deux bons ouvrages indispensables à l'amateur (le Roses, est également recommandé par le Gardeners' Chroniclc. Les planches qui s'y trouvent, peintes par M. Andrews, représentent Louis Chaix, un rival de Lord Raglan et du Géant des batailles; Madame William, très belle rose-thé, d'un jaune pâle, et rustique; Lord, Pal- merslon, bourbon perpétuel à fleurs écarlates et une charmante petite rose moussue, nommée Impératrice Eugénie. MM. Ilenderson, de Wellington Road, publient sous le titre de The Illustraled Bouquet, un recueil de belles planches représentant des variétés horticoles remarquables, quelque chose en un mot dans le genre de VAlbîim Vilmorin; la 5" livraison contient le Rh. Nuttalii, le Tritoma Uvaria, les Azaléas Léopold /"■', Duc de Brabant, Etoile de Gand et Reine des panachées, le Gardénia radicans et le Torenia pulcherrima. M. G. «ilenny a fait paraître sur la rose une jjctite brochure (3), qui paraît très bien faite et utile aux amateurs. (1) Collection des Orchidées les plus remarquatjles de l'Archipel Indien et du Japon. in-folio. Amsterdam. (2) The Rose Annual for i858-S9. By W" Paul, F. H. S. Large 8», p. îJa, wilii four colonreil plates. Piper and C°, (ô) The liosc, ils cidlivalion, Properlies and Mannijcincnt. Uoulston et Wriijht. London, 18^)9. 258 — PATHOLOGIE VÉGÉTALE. L'ACARUS DES ORCHIDEES; Par m. le D' Olivier du Vivier. Extraits du Gardeners' chronicle. Depuis quelques temps en Angleterre, les belles plantes de la famille des orchidées sont atteintes d'une affection qui , pour être peu connue, n'en est pas moins redoutable et compromet gravement l'existence des espèces les plus précieuses de nos serres. Des recherches ont été entre- prises et le Gardeners' chronicle vient de publier sur ce sujet, plusieurs articles dont nous croyons utile de donner la substance. L'auteur du premier, M. J. 0. W., fait précéder sa communication de quelques considérations générales d'histoire naturelle; il rappelle d'abord que, quoique le naturaliste, plus que tout autre, soit porté à adopter la doctrine de Moïse sur la création, c'est-à-dire que tout ce qui sort des mains du créateur est parfait, cependant l'esprit humain admet presque toujours une opinion qui paraît contraire à cette doctrine et il reconnaît chez les animaux et les plantes une échelle au haut de laquelle il place l'homme comme le plus parfait des objets créés. La supériorité et l'infériorité relatives ont été établies sur différents principes: ainsi une petite taille, un nombre considéra- ble d'organes de locomotion , un pouvoir multiple de repi^oduction sont regardés comme des signes de dégradation par quelques auteurs, bien que chacun de ces caractères, pris isolément, soit plutôt la mani- festation d'un degré supérieur de perfectionnement dans le mécanisme organique. Dans les deux règnes, il est un grand nombre de corps qui, par leur développement rapide, sont considérés comme spontanément produits par les corps sur lesquels on les trouve ainsi que les aphides,les CoccuseX les mites, infestent souvent les plantes avec une si grande rapidité que l'on est tenté de croire qu'ils doivent leur existence à ces plantes et non qu'ils proviennent de parents semblables à eux. Cette opinion est néan- moins toute gratuite, car, outre qu'il répugne à la raison d'admettre la génération spontanée, on a vu des animaux plus grands et bien connus qui, placés au milieu de circonstances favorables, se sont multipliés d'une façon étonnante et sans antécédent. Ainsi, par exemple, l'automne dernier (1858) a vu éclore des millions de papillons tétc-de-morl, espèce généralement si rare; et une allée de tilleuls habituellement privés de tout insecte, a été presque détruite par une espèce peu commune de lépidoptère. ~ 259 — a C'est ainsi, continue l'auteur anglais, que nous avons récemment reconnu qu'une très petite espèce de mite a été trouvée en quantité pro- digieuse sur les Orchidées des serres chaudes et est devenue une cause fréquente de destruction. » a L'acare en question (v. pi. 9, fig. 3) est à peine plus grand qu'un grain de sable et on doit l'examiner à la loupe pour apercevoir la surface de son corps. La partie antérieure de celui-ci est légèrement tronquée, la postérieure étant plus étroite et arrondie. De petites soies clair semées se voient sur ce corps dont la couleur chamois clair laisse apparaître vers le milieu du dos deux excroissances assez charnues. Il a huit pattes courtes et épaisses; les deux paires antérieures sont dirigées d'arrière en avant et les deux postérieures en sens inverse ; elles sont terminées par de petits lobes charnus. La bouche consiste en un très petit point llanqué de deux palpes courts et triarticulés. La taille de cet acarus est indiquée par le petit point qui se trouve au centre du cercle de la gravure (v. pi. 19, fig. i), laquelle représente aussi une portion de la feuille d'une Orchidée (v. pi. 19, fig. 2), dont la surface est en partie PI. 19. .\care des Orchidées (Telranyclius orchidearuni). détruite; elle présente un grand nombre de stries et de points foncés produits évidemment par les piqûres des arachnides; ces blessures affec- tent habiluellement une disposition par séries. » L'auteur anglais rapporte ensuite cet acaride au genre Tetramjchiis de Léon Dufour, genre formé de plusieurs espèces vivant aux dépens de divers végétaux, telles que le T. telarium qui vit sur les plantes des serres chaudes mal ventilées; le T. tiliarmn qui abonde parfois sur les tilleuls; les T. ulmi, T. urlicœ, etc.; mais il ne donne pas de nom spécifique à l'espèce qu'il décrit : c'est pour remplir cette lacune que nous proposons le nom de T. orchidearuni qu'il mérite, croyons-nous^ parfaitement. — 240 — « Je ne sais, continue M. J. 0. W,, si les fumigations de tabac sulïi- ront pour détruire cet acare et ne seront pas nuisibles aux Orchidées sur lesquelles il se trouve; mais qu'il me soit permis de dire l'avantage que j'ai obtenu de la teinture de benjoin {the benzoic fluid) pour la destruction des insectes qui attaquent les collections entomologiques. Quelques gouttes de cette teinture versées dans une caisse à insectes infestée, tuent en peu de minutes les Anthretius et leurs œufs, et il est probable qu'elles détruiraient de même les acares. Cependant l'évapora- tion de l'alcool pourrait peut-être être funeste à la plante ; c'est un moyen qui demande à être essayé. » Après M. J. 0. W., M. le professeur J. Lindley s'occupe du même sujet et il pense que des applications sulfureuses seraient le meilleur moyen de purger les plantes de ce parasite. Toutefois il donne un procédé recommandé par M. Dominy, l'intelligent directeur des pépi- nières de MM. Veitch, d'Exeter, procédé que nous croyons devoir repro- duire : « Pour un gallon d'eau douce, dit M. Dominy, prenez trois cuil- lerées de térébenthine, huit onces de savon doux et deux onces de tabac; laissez ce mélange en repos pendant vingt-quatre heures dans une chambre chaude; mêlez ensuite le tout intimement et filtrez à travers un fin tamis ou une toile grossière. On couvre cette préparation pour prévenir l'évaporation et on l'eniploie à la température de l'air au milieu duquel croissent les plantes. Pour cela on n'y plongera celles-ci que pen- dant le temps nécessaire, c'est-à-dire pendant environ une demi se- conde. Après quoi, au bout d'un jour ou deux, on épongera les feuilles avec de l'eau pure et tiède, et l'on fera en sorte que l'air de la serre soit humide et que la température y soit un peu plus basse que de coutume.» Dans un autre numéro du Gardeners' chronide, M. J. H. vient confir- mer les résultats des recherches faites par M. J. 0. W., et, en racontant pourquoi les siennes avaient été d'abord infructueuses, il donne de curieux détails sur le mode de vie du T. orchidearum. « La tête tron- quée et la partie antérieure du corps de cet animal, dit-il, m'apparurent comme enfoncées sous la cuticule où elles étaient fortement fixées parles quatre pattes antérieures, admirablement conformées, d'ailleurs, pour cet usage; ces pattes m'ont paru se terminer en un pinceau de soies à ci'ochets et non en un lobe charnu comme le décrit M. J. 0. W. Les quatre pattes postérieures sont fortement attachées et presque cachées sous le corps. Par suite de cette disposition et à cause de l'exiguité et de la transparence de la peau, l'acarus est à peine distinct des petites aspé- rités que l'on trouve assez souvent disséminées sur la feuille et qui pro- viennent vraisemblablement des exsudations })roduites par les blessures récentes de la cuticule. J'ai ensuite remarqué des cellules isolées du derme et de couleur noirâtre, puis des amas de cellules ayant toutes les nuances du brun et offrant les apparences d'une désorganisation causti- que. On peut supposer que la piqûre de rinsectc eu est la cause pre- _ 241 - mièrc et que cette désorganisation résulte d'une propriété particulière de ce genre de blessure. La ressemblance de cet animal avec le Sarcoptes scabiœi ou insecte de la gale et avec plusieurs autres espèces de la tribu des acarides, m'étonna beaucoup. Tous deux sont organisés pour perforer la peau et s'y loger étroitement; l'acarus des orcbidées ne peut se détruire par la brosse et j'ai été obligé de l'enlever à l'aide d'une fine aiguille. » Enfin dans un de ses derniers numéros, le même journal publie encore un article sur ce sujet; son auteur, M. T. G., propose comme moyen de destruction une bouillie très-claire et faite de préférence avec la farine de sagou ou avec l'amidon de pomme de terre. On en seringue les plantes atteintes, puis on les fait sécher le plus rapidement possible au moyen de courants d'air. L'enduit formé par la préparation se racornit en se dessé- chant et tous les acares qui y sont comme englués, se détachent et tom- bent avec les lamelles. Ce moyen peut être bon, mais son inventeur avoue ne l'avoir employé que pour la destruction de l'araignée rouge. 11 est du reste très-simple et facile à expérimenter. Pour résumer nous dirons : i° qu'il existe, comme état pathologique, chez les orchidées des serres chaudes, un animal parasite de la famille des acarides; 2" que cet acaride décrit pour la première fois par M. J, O.W. dans le Gardeners' chronide et rapporté par lui au genre Tetranychus mérite de recevoir le nom de T. ochidearum que nous proposons de lui donner; 3° Que les ravages qu'il occasionne peuvent sous certaines influences, devenir assez considérables pour qu'on s'occupe avec soin de rechercher les meilleurs moyens de le détruire; 4° enfin que parmi les divers moyens préconisés jusqu'à ce jour dans ce but, les applications sulfureuses et le procédé de M. Dominy sont ceux qui conviennent le mieux et qu'à priori nous croyons les plus efficaces. BELG. HOnT. rOM. IX, 17 — 24-2 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. FAITS POUR SERVIR A L'HISTOIRE GENERALE DE LA FECONDATION CHEZ LES VÉGÉTAUX, Par m. Ch. Fermond. PREMIERE PARTIE. DU ROLE QUE LES PÉRIANTHES JOUENT DANS l'aCTE DE LA FÉCONDATION. Nous cherchons à démontrer ici que les périanlhes ne sont pas seulement destinés à protéger le développement des organes sexuels, mais qu'ils servent bien souvent à favoriser la fécondation en recevant le pollen, et le portant sur le stigmate. En 1840 déjà nous avons fait voir que c'était à l'aide des sépales chez les Monocotylédones, ou de la corolle chez les Dicotylédones que l'on pouvait expliquer la fécondation de certaines fleurs, difficile à com- prendre autrement. Depuis cette époque, nous avons reconnu que ce rôle appartenait au périanthe d'un plus grand nombre de végétaux que ceux que nous indiquions alors. C'est pourquoi nous avons pensé qu'il était utile d'y revenir avec plus de détail. a. Chez plusieurs Iridées (//'«s, Sisyrinchnnn, Morea), la fécondation ne s'opère qu'au moment où la fleur se flétrit. Ici les anthères étant extrorses, ne peuvent, pendant leur déhisccnce, diriger le pollen sur les stigmates. Dans ce cas, trois des sépales, qui, chez un certain nombre d'Iris, sont garnis d'une rangée de poils collecteurs, se chargent de pollen, et par un mouvement que nous avons nommé inconvoluture ou mouvement d'inconvolution, les sépales se redressent, puis se courbent et se roulent vers le centre de la fleur; de sorte que, quand celle-ci est fanée, chaque sépale roulé en-dedans emmaillote exactement l'étaminc et le stigmate. On comprend qu'alors la fécondation puisse parfaitement s'opérer. Ce mouvement d'inconvolution se retrouve aussi dans la corolle de quelques Pharhitis, chez lesquels les étamines, étant plus courtes que le style, il semble que la fécondation y soit impossible. Enfin, on observe encore ce mouvement chez les Mirabilis, mais il y est générale- ment moins nécessaire, et ne doit être considéré que comme une pré- caution de plus employée par la nature pour assui'cr la fécondation. — 245 — 6. Dans quelques espèces clicz lesquelles la fécondation semble impos- sible, soit à cause de la trop grande longueur du style, relativement à celle des étamines [Ilemeiocallis), soit à cause de la débiscence extrorsc des loges de l'antbèrc {Iris, Gladiolus, Tigridia, etc.), la périanthe, en se flétrissant, favorise la fécondation, en appliquant les unes contre les autres ses divisions plus ou moins chargées de pollen par un effet de la pesanteur, ou par le jeu des cellules fd)reuses. c. Chez quelques Malvacées la corolle est utile, dans bien des cas, pour assurer la fécondation. En effet, soit qu'elle se referme chaque soir, soit qu'elle se ferme en se flétrissant lorsque par l'élasticité des cellules fibreuses de l'antbère elle s'est chargée de pollen, elle vient envelopper les stigmates, toujours plus élevés que les anthères et opérer la féconda- tion dans le cas où elle aurait échappé à l'un des procédés que nous examinerons plus tard. {Hybiscus syriacus, trionum, vericarius ; Pavo- nia cuneifolia, Althœà rosea, ficifolia; Lavatera trimestris, olbia; Abelmoschus paliistris, nwscheutos, militaris, etc.). d. Quelquefois la corolle favorise la fécondation, par un procédé assez curieux à observer. Si on considère une fleur de Pensée, le Viola tri- color par exemple, on voit que le pistil, plus long que les étamines porte le stigmate assez loin, pour que la fécondation soit impossible. Si alors, on examine les anthères on les trouve vides. Comment peut ce faire la fécondation ? Encore au moyen de la corolle ; en effet, si l'on ouvre un bouton, on trouve toujours le stigmate bien au dessus des éta- mines; mais alors, les étamines se trouvent placés dans le tube formé par le rapprochement de la base des pétales, tandis que le stigmate est bien au dehors de ce tube. Assez longtemps avant que la fleur s'épa- nouisse, les anthères s'ouvrent et le pollen arrive au contact de la gorge de la corolle, dont trois pétales se trouvent à cet endroit, munis de poils collecteurs, destinés à retenir ce pollen. Mais bientôt, pour s'épanouir, la corolle s'accroit, le tube s'allonge, et en s'allongeant, il glisse le long du style, et va porter sur le stigmate le pollen qui s'y était attaché. Cette croissance continue quelque temps encore; voilà pourquoi, dans la fleur épanouie, tous ces organes, sont à peu près cachés dans le tube de la corolle. On observe parfois quelque chose d'analogue dans l'Hémérocalc blanche. (Fiinkia ovata). e. On sait que chez les Campanulacécs, la fécondation se fait souvent avant l'anthèse. Cependant si l'on examine certaines espèces de Camj)a- niila macrantha, èriocarpa, latifoUa, on voit au fond de leur corolle dressée une assez grande quantité de pollen qui s'y est rassemblé. Bientôt la partie du pédoncule la plus voisine de l'axe s'accroit davantage par un travail organique analogue à celui qui produit l'inconvoluture chez les Iridécs^ et que nous ferons ultérieurement connaître, et force la fleur à se renverser; en même temps les divisions du stigmate s'étalent en se recour- bant et présentent au fond de la fleur, devenue ainsi supérieure, la partie _ 244 — visqueuse du stigmate. C'est alors que le pollen, soit par son propre poids, soit par le mouvement imprimé à la corolle par le vent, ou les insectes, ou même la pluie, peut tomber et rencontrer les branches stigmatiques. Néanmoins, il ne faut ici considérer l'intervention de la corolle que comme une précaution de plus employée par la nature pour assurer la fécondation de ces espèces. f. Quelque jeune que l'on examine un bouton du Calonyction specioswn, on trouve toujours un style beaucoup plus long que les étaraines; mais la corolle ne s'ouvre pas, et quand, par la disposition particulière du pédoncule, la fleur n'est pas renversée, un travail orga- nique analogue à celui des Campanules précitées, se fait dans le pédoncule qui la renverse. De cette façon le pollen, en s'écbappant des loges de l'anthère, tombe à l'extrémité de la fleur; la corolle close peut alors le retenir et le rassembler comme dans un entonnoir; mais, comme le style est assez long pour toucher cette extrémité de la fleur, la féconda- tion peut se faire à merveille. Quelquefois la corolle peut encore favoriser la fécondation, en retenant les étamines appliquées les unes contre les autres, pendant la déhiscence des anthères, de façon que le style en s'allongeant, puisse pousser le stigmate le long du tube formé par les anthères réunies, et ainsi se charger de presque tout le pollen qu'elles ont émis, absolument comme cela se passe dans la plupart des Composées [Adenophora Gmelini et vulgaris). Ce qui prouve celte intervention de la corolle, c'est que si l'on vient à la déchirer dans un bouton prêt à s'é])anouir, on voit aussitôt les élamines s'écarter, et elles seraient alors incapables de porter le pollen sur le stigmate. g. Enfin, dans les Papilionacées, la corolle est souvent indispensable à la fécondation; mais ici, nous avons reconnu qu'une partie seulement, la carène, est utile à l'accomplissement de cette fonction. On peut dii'e d'une manière générale que le style est plus long que les étamines, et que la carène la plus souvent fermée enveloppe complète- ment les organes sexuels des Papilionacées. Si l'on examine avec soin un jeune bouton d'Ononis natrix, un bouton sur le point de s'ouvrir, et une fleur épanouie, on reconnaît qu'après l'anthèse, ou même au moment de l'anthère, les loges de l'anthère sont ouvertes et ne contiennent plus le pollen. On reconnaît encore que dans le bouton sur le poiiU de s'ouvrir, les anthères sont en pleine déhiscence; mais, comme le style est très long relativement aux étamines, on est tenté de croire que la fécondation peut difficilement se faire. Toutefois on peut voir aussi que tout le pollen est retenu dans la carène fermée, et qu'il doit arriver jusqu'au stigmate par des mouvements divers déter- minés, soit par les vents, la pluie ou les animaux, soit par l'élaslicilé des cellules fibreuses, ou bien parce qu'en sortant de l'anthère avec abon- dance, il se dilate au point de remplir la cavité close de la carène. Des — 245 - observations plus ou moins analogues peuvent être faites sur un grand nombre d'autres Papilionacées [Ononis spinosa, altissima, antiquonim^ Genista canariensis, siherica; Astragalus narbonensis, etc.). Mais de toutes les observations sur le rôle de la carène, la plus curieuse sans contredit est celle que nous avons faite sur les Phaseolus. On sait que dans les espèces de ce genre, l'androcée et le gynécée sont enveloppés par une carène tordue en hélice, et fermée à toutes parts, excepté à son sommet, où se trouve une petite ouverture qui donne passage à la partie stigmatique du style. Il en résulte que le stigmate est plutôt extérieur, quand au contraire les anthères sont complètement enfermées dans la carène, et que la fécondation est au moins difficile dans l'état ordinaire des choses. Mais on peut remarquer que si l'on tire l'étendard de la fleur en sens contraire des deux ailes , immédiatement on voit saillir le style, qui sort en se tordant, de plusieurs millimètres. On comprend dès lors que, par de grands vents ou par le contact de corps durs, ces deux parties de la corolle (étendards et ailes) puissent s'écarter et faire saillir suffisanîment le style pour que toute la partie stigmatique soit à la merci de rinfluence pollénique étrangère. De plus ici le style est toujours plus long que les étamines, et cette différence existe dans le bouton même bien avant que les étamines aient émis aucune trace de j)ollen. Mais de même que les vents, en éloignant les ailes de l'étendard, font saillir l'extrémité du style, de même aussi les mêmes agents, en les rapprociiant de l'étendard, font rentrer le style qui accomplit sous l'influence de ces actions contraires, un mouvement de va-et-vient, favorable à la fécondation. En effet, quand les ailes sont rapprochées de l'étendard, le style est rentré autant que possible; les poils collecteurs qui garnissent la partie supérieure du style se chargent de pollen, et quand les ailes et l'étendard viennent à s'éloigner, le style est repoussé au dehors, entraînant avec lui une certaine quantité de pollen jusque vers l'extrémité ouverte de la carène. On conçoit aisément que ces mou- vements alternatifs de rentrée et de sortie, répétés assez souvent, arri- vent à porter le pollen jusqu'à l'ouverture où se trouve le stigmate, et qu'alors la fécondation puisse se faire. Mais si ce mouvement devient nécessaire, pour que la même fleur puisse, dans l'acte de la fécondation, se suffire à elle-même, ce même mouvement porte aussi à l'extérieur une certaine quantité de pollen sur laquelle les vents ont prise, et qui de cette façon peut être portée sur le stigmate d'autres fleurs, non encore fécondées. Cette particularité dans le mécanisme de la fécondation chez les Phaseolus, explique assez bien la fécondation réciproque, que, dans une précédente communication au sein de l'académie, nous avons fait connaître sur les haricots d'Espa- gne, écarlates et blancs, en même temps qu'elle donna la raison d'un plus grand nombre de variétés dans ce genre que dans la plupart des autres Papilionacées, chez lesquelles la carène complètement fermée, retient tout le pollen d'une même fleur, au profit seul de son pistil. — 246 — Nous croyons , d'après ce qui précède, qu'il nous est permis d'établir que les périanthes servent à favoriser la fécondation par six moyens différents : l" Par inconvoluture [h'is, Sisyrinchium, Morea, etc.); 2° Par application des divisions flétries [Iris, Gladiolus, Tigridia, etc.); 5° Par rapprochement des divisions encore vivantes [Hibiscus, Lava- tera, Althœa, etc); 4° Par accroissement du périanthe, [Viola, Funkia ovata); 5° Par renversement de la fleur après l'émission du pollen [Campn- nula macrantha, eriocarpa, latifolia, etc.); 6° Par occlusion de la corolle entière [Calonyctioîi speciosum, Adeiio- phora Gmelini, vidgaris) et par occlusion d'une partie seulement de la corolle [Papilionacées). DEUXIÈME PARTIE. DE QUELQUES MOYENS PARTICULIERS QUE LA NATURE EMPLOIE POUR ASSURER LA FÉCONDATION DE CERTAINES ESPÈCES VÉGÉTALES. On sait que les Synanthérées et les Campanulacées comprennent un assez grand nombre de plantes, chez lesquelles la fécondation se fait avant l'anthèse. Nous avons fait voir qu'un certain nombre de Légumineuses papiliona- cées offraient aussi ce mode de fécondation. Nous en dirons autant de la plupart des Lobéliacées et des Goodeniacées , petites familles voisines de la famille des Campanulacées, et chez lesquelles il semblerait que la fé- condation avant l'anthèse ne soit pas nécessaire, puisque le style est souvent à peine plus long que les étamincs [Isotoma, Lobelia). Cepen- dant si l'on ouvre un bouton floral d' Isotoma axillaris, on voit que le stigmate est au-dessous des anthères, quand celles-ci viennent à s'ouvrir, ce qui arrive peu de temps avant l'épanouissement de la corolle. Bientôt alors le style s'allonge, et les deux lèvres du stigmate, en glissant le long du tube anthérique, récoltent tout le pollen qui est hors des loges. On peut faire des observations analogues sur les Zo6e/m cardinalis, laxi- flora, fulgens, syphilitica, etc., avec cette différence que le style gran- dit plus ou moins après la fécondation selon les espèces. Une semblable fécondation se retrouve chez VEuthales macrophylla; au moment où la fleur va s'ouvrir, on trouve le stigmate chargé de pollen, et un peu plus tard quand la fleur est ouverte, il est contracté et comme fermé; de plus il est au-dessus des anthères. Ce phénomène de croissance du style après la déhiscence des anthères est assez fréquent. Dans une fleur nouvellement ouverte d'Alstrcevieria aiirantiaca ou versicolor, on constate que les étamincs sont bien au- dessus du stigmate, mais au moment de leur déhiscence, le style s'allonge assez pour que le stigmate se trouve porté à la hauteur des anthères. Quelquefois le style est plus long que les étamincs, et alors la féconda- — 247 — lion devient difficile; mais le stigmate ou les branches stigmatiques du style, accomplissent un mouvement tel, que les stigmates vont se mettre en communication avec les anthères. C'est ce qui arrive au Roella ciiiata, dont les deux divisions stigmatiques se recourbent et vont toucher les élamines, qui ne se sont pas encore déjetées au fond de la corolle et qui contiennent encore du pollen. Le Platicodon grandiflorum nous a paru offrir un phénomène analogue au moment même de la floraison. De sorte qne si, par une cause quelconque, la fécondation ne se faisait pas dans le bouton, la nature aurait mis à la disposition de la fleur un moyen d'y suppléer. Dans un certain nombre de Malvacées, la fécondation se fait d'une manière assez analogue. Dans le bouton floral, les styles sont plus longs que l'arbre anthérifère bien avant la floraison; mais, dès que la fleur s'ouvre, les styles se recourbent et mêlent leur tête stigmatique aux étamines [Sida angustifolia, Malva latœritia et virgata). La même chose se passe dans le Pavonia cuneifoiia, mais de plus , la corolle chargée de pollen se referme en se réfléchissant, de sorte que deux moyens naturels concourent ici à assurer la fécondation. Au reste, le mode de fécondation est fort variable dans les 3ïalvacées; mais le plus remarqua- ble est celui que présentent les Althœa offixinalis, Lavatera trimestris, Olbîa thuringiaca et brachyloba. Au moment où la fleur vient de s'épanouir, on trouve le plus souvent que les styles sont bien au-dessus des anthères, et que les anthères sont vides. D'un autre côté, dans un bouton assez avancé, on trouve les styles et les stygmates recouverts par l'arbre staminal et les anthères non en voie de déhiscence. Ce n'est que dans les fleurs les plus avancées, mais closes encore, que l'on voit les étamines émettre leur pollen. Il y a donc un moment très court où la fécondation s'opère, et c'est exactement celui où la fleur s'ouvre, comme déjà nous l'avons reconnu chez certaines Papilionacées. Pour nous assurer, si, comme l'a dit Conrad Sprengcl, le concours des abeilles est indispensable à la fécondation des Nigclles, après avoir assu- jetti la tige d'un pied de Nigella Jamascena près de fleurir, nous en avons enveloppé les fleurs avec un large sac de crin, de manière à empê- cher les insectes d'y arriver. Le tout a d'ailleurs été recouvert d'une vaste cloche en verre, et nous avons pu ainsi nous assurer que la fructification ne s'en fait pas moins bien. C'est que chaque carpelle qui forme l'ovaire est terminé par une corne stigmatique assez longue. A l'époque de la déhiscence des anthères cxtrorses, ces cornes, d'abord dressées ou hori- zontales, se penchent vers les étamines, souvent en se contournant en hélice, de sorte qu'à un instant donné de la floraison, on voit leur extré- mité stigmatique se mettre en contact immédiat avec les anthères. 3Iais bientôt ces cornes se relèvent et arrivent à être horizontales ou dres- sées, de façon que si l'on ne suivait pas la marche de la floraison, on ne saurait croire que la fécondation puisse se faire avec facilité sans le - 248 - concours des insectes. Il résulte même de ce mode de fécondation, que la déhiscence extrorse des anthères est une condition des plus favorables à l'acconiplissement de ce phénomène. Enfin la fécondation du Nolana prosfrata offre une particularité que nous avons déjà signalée chez certaines Papilionacées. Dans le bouton les anthères sont sessiles, alors que le style est beaucoup plus allongé et paraît avoir terminé sa croissance; mais quand la fleur est sur le point de s'épanouir, les filets s'allongent à leur tour de manière à porter les anthères à peu près à la hauteur du stigmate. Cependant, quelquefois le style reste plus long qu'il ne faut, de sorte que les anthères sont encore bien au-dessous du stygmate. Dans ce cas, la corolle en se flétrissant se ferme et se chiffonne en forçant le style à se recourber, et le stigmate à se trouver au milieu des anthères. Il résulte de ce que nous avons exposé dans la première et dans la seconde partie de ce travail, que l'on peut reconnaître quatre époques distinctes dans l'accomplissement des phénomènes de la fécondation par rapport à la durée du système floral, savoir : i° Fécondation dans le bouton ou avant l'anthèse; 2° Fécondation au moment où la fleur s'ouvre ou 'pendant l'anthèse ; 3" Fécondation durant l'épanouissement, c'est-à-dire entre le moment où le périanthe s'ouvre et celui où il se flétrit ou après l'anthèse; 4° Fécondation au moment où le périanthe se fane ou après la flo- raison. Il résulte encore de cet ensemble d'observations, que la fécondation se fait bien plus souvent avant l'anthèse qu'on ne l'avait généralement supposé, et que dans quelques espèces, elle se fait exactement au moment où la fleur commence son épanouissement. Or, une pareille fécondation avant l'anthèse, indique un état non ordinaire, auquel jusqu'à ce jour, on a fait peu d'attention, et duquel on n'a tiré aucune conséquence utile à l'explication de certains phénomènes physiologiques. En effet, il est évi- dent que dans cette circonstance, le périanthe (premier verticille formé) se développe pendant un certain temps, puis s'arrête, pour continuer quel- que temps après son accroissement et suivre toutes les phases de son évolution, tandis qu'au contraire, dans la plupart des cas, le périanthe est arrivé au terme de sa croissance, avant les verticelles plus intérieurs qui constituent l'androcée : d'où il résulte nécessairement que la fécon- dation ne doit se faire qu'après l'anthèse. Il y a donc ici une sorte à'arrèt provisoire d'accroissement dont les étamines des Nolana prostrata, Coronilla varia, Cytisus nigricans, Spartium junceuni, etc., et quelques corolles [Viola tricolor) nous offrent de nouveaux exemples. Il y a là comme un mélange d'évolution centripète et d'évolution centrifuge. Quelques calices présentent un sembable phénomène (la plupart des calices accressents des Convolvula- cées). On l'observe aussi sur plusieurs espèces de fruits (abricot, prune, — :249 — pcclic, cerise, figue). La figue est surtout remarquable en ce que son involucre grossit jusqu'à un certain point pendant les premiers mois de son évolution, puis reste stationnaire, par arrêt provisoire d'accroisse- ment, pendant environ six semaines. Durant ce repos apparent, la floraison et la fécondation s'accomplissent au sein de l'involucre qui, après ce temps, grossit de nouveau et mûrit en moins d'une quinzaine de jours. HISTOIRE DES PLANTES UTILES. HISTOIRE NATURELLE ET ÉCONOMIQUE DU GINGEMBRE {AMOMUM ZINGIBER. Linn.). D'aprôs la Flore médicale. FAMILLE DES SCITAMINÉES. MONANDRIE MONOGVNIE. Cette plante vivace croît abondamment aux Indes Orientales, qui peu- vent être regardées comme sa véritable patrie; on la rencontre cepen- dant aussi dans l'Afrique occidentale et dans quelques parties du nouveau monde. La racine est tubéreuse, noueuse, de la grosseur du doigt, tendre, blanche ou rougeâtre en dedans, et d'une couleur pâle ou jaunâtre en dehors. Elle pousse trois ou quatre tiges stériles, simples, cylindriques, feuil- lées, hautes de deux ou trois pieds. Les feuilles sont alternes, uniformes; elles ont six ou sept pouces de longueur sur un pouce et demi de largeur; leur surface postérieure est partagée longitudinalement par une nervure mitoyenne très saillante et a beaucoup de nervures latérales fines et obliques. A côté des tiges feuillées naissent immédiatement de la racine quelques hampes écailleuses, qui acquièrent à peine un pied de hauteur; elles portent chacune à leur sommet un épi ovale, ressemblant à l'extré- mité d'une massue et imbriqué d'écaillés membraneuses , concaves , d'abord verdàtres, ayant leur pointe d'un blanc jaunâtre et ensuite d'un beau rouge. Ces épis sont d'une grande beauté et renferment plusieurs fleurs jaunâtres, qui s'épanouissent successivement et passent dans le court espace d'un jour. Le Gingembre a besoin du secours de la culture pour être adapté aux usages économiques et médicaux. On peut le propager par les graines; mais il est infiniment préférable d'employer les racines que l'on coupe par tranches, et qu'on enterre au commencement du printemps. Les BELG. HORT. TOM. IX. 18 — 230 l'I. 20. Le Gingembre (Ainonium Zingiber L.) — 251 — fleurs s'épanouissent au mois de septembre, et le tige meurt en décembre. C'est au mois de janvier suivant qu'il faut arracher les racines; car si l'on attendait davantage, elles deviendraient fibreuses. Obtenues de cette manière, les racines du Gingembre conservent encore une saveur acre et une odeur aromatiquetrès pénétrante, ce qui n'empêche pas les Indiens de s'en servir généralement pour rehausser le goût de leurs bouillons et de leurs ragoûts; ils mangent même en salade des racines vertes coupées par petits morceaux avec d'autres herbes assaisonnées de sel, d'huile et de vinaigre. On peut à l'aide de macérations, de digestions et de décoc- tions répétées, enlever au Gingembre une grande partie de son acrimonie et en préparer des confitures excellentes. On a coutume de préférer celui de la Chine, qui est moins filandreux. HISTOIRE ANCIENNE DU PÉCHER [AMYGDALUS PERSICA), Par m. Edouard Martens, Docteur en médecine et en sciences. Le Pêcher, que les anciens et la plupart des auteurs modernes croient originaire de Perse, a probablement la Chine pour patrie. Il est connu dans ce pays de temps immémorial et il y est l'objet d'une culture très étendue. Les Chinois ont cet arbre en grande vénération; ils lui attribuent le j)ouvoir de chasser les mauvais esprits et de procurer une longue vie; à ce titre les pêches figurent chez eux dans les ornements de peinture et de sculpture des appartements, ainsi que dans les présents d'étrennes. Leurs livres sacrés mentionnent certains pêchers imaginaires dont les fruits éternisent la vie, et d'autres qui peuvent donner la mort; et il est remarquable que, selon la tradition chinoise, l'arbre « d'intelligence » (comme s'exprime le Li-TcJwuen) qui fut dans l'Eden l'occasion de la première faute de l'homme, était un pêcher. Nous pensons que les Grecs et les Latins n'ont guère connu le pêcher avant l'ère chrétienne. L'arbre d'Egypte à feuilles persistantes, qu'Aris- tote (de PI. I, 7) et Théophraste (H. pi. IV, 2) mentionnent sous les noms de pzwm^j et de -ip^éx, et que A. de Jussieu suppose être le pêcher, s'en éloigne sensiblement par les caractères qui lui sont attribués. D'ailleurs Pline, Dioscoride et Galien, qui ont décrit le véritable pêcher sous les noms de Muta persica, Persica, p.v/)>ov -z^tl-m-j^ parlent ailleurs du Persea d'Egypte, que Pline nomme aussi Persica. Ce sont deux arbres différents. Ni Aristote, ni Théophraste n'ont parlé du pécher; c'est dans Columelle et dans Pline qu'on en trouve la première mention. La variété à chair ferme (Pers. duracina, Pline), que nous nommons pavie , est encore maintenant, comme du temps de Pline, la plus recherchée en Italie. 252 — PLANTATION DU PÊCHER. Pour établir une nouvelle plantation de pêcher, nous formons au pied d'un mur, un parterre de cinq à six pieds de large, d'après l'espace dont nous pouvons disposer. On y conduit une bonne quantité de fumier bien décomposé que l'on mcle intimement au sol, jusqu'à une profondeur d'environ deux pieds. Quelques personnes ont l'habitude de bêcher la terre, trois semaines ou un mois avant la plantation, mais, nous n'avons jamais suivi cette pratique, et nous ne croyons pas pouvoir la conseil- ler : En effet, l'époque de la plantation coïncide ordinairement avec des pluies froides et abondantes, qui impreignent toute la terre fraîchement remuée, et la rendent si humide et si froide, que les racines peuvent en souffrir. On n'a pas autant à les craindre, si les fosses sont creusées au moment même de la plantation. Tout étant préparé, nous plantons en novembre en ouvrant des cavi- tés de deux pieds de large, sur une même profondeur. Il faut les établir plus larges et plus profondes, si le sol est argileux, et mêler alors à la terre, du terreau et d'autres substances propres à l'ameublir, cette mé- thode est préférable à celle qui consiste à planter en mars, laquelle a ce grand inconvénient de faire perdre à l'arbre un temps précieux, qui, si celui-ci est planté en novembre, permet un commencement de végéta- tion dès les premiers beaux jours du printemps; si, au contraire, on diffère la plantation jusqu'au mois de mars, la végétation est souvent retardée par les vents froids qui soufflent ordinairement en cette saison. On donne généralement la préférence, à des plants de dix-huit mois, que les Anglais nomment Eighteen-months , parce qu'ils ont environ dix-huit mois de greffe. Les arbres plus âgés, ont des racines plus gros- ses et moins fibreuses, ce qui est désavantageux, mais ils ne doivent néanmoins pas être rejetés d'une manière absolue, leur reprise étant presque toujours assurée. Lorsque les fosses sont préparées, on taille légèrement l'extrémité des racines, et l'on coupe le sommet de la tige, à huit ou neuf pouces au- dessus des premiers bourgeons. Il faut avoir soin d'incliner le jeune arbre pendant sa plantation, de manière que sa tête touche à la muraille, et que les racines soient le plus éloignées possible des fondations. Voir la fig. G qui représente un jeune pêcher avant qu'il ne soit planté et qui doit être décapité à la hau- teur du point A. L'arbre est fixé en place à six ou sept pouces du mur, et il ne doit pas être enterré plus profondément qu'il ne l'était auparavant. Il doit être placé de telle sorte que les deux premiers bourgeons (a, b) se trouvent à gauche et à droite, et non pas en avant et en arrière; précaution qui a beaucoup d'iuiportance pour l'avenir de l'arbre et que l'on ne prend pas assez en considération. — 253 — On laisse une distance de vingt-six pieds entre chaque arbi'e que l'on a l'intention de conduire en forme de carré : si l'on alterne un poirier et un pécher, il faut ménager entre eux un espace de trente-neuf pieds, en utilisant les intervalles pour d'autres jeunes arbres que l'on aura soin de sacrifier à temps. (Horticultural sociely Journal.) Til;. 21. l\'-tlicrs de première, de deuxième et de troisième années. — 234 — DESCRIPTION DES BOURGEONS DU PÊCHER. Les bourgeons sont les rudiments des tiges, des feuilles, des fleurs et des fruits, ordinairement renfermés sous un ensemble d'enveloppes; ils sont coniques et couverts de petites écailles imbriquées, plus ou moins coriaces, et qui ne sont autre chose que des feuilles abortives et plus ou moins modifiées, scarieuses et destinées à protéger les jeunes organes qu'elles renferment, contre les intempéries de l'hiver. Ils restent ainsi stationnaires tant que les mouvements de la sève sont arrêtés par les froids, et ils commencent à croître lorsque la douceur de la température vient la mettre en mouvement. Si la sève n'apporte pas de nourriture à un œil, il peut rester long- temps inaclif; il est alors à l'état d'oeil dormant ou expectant. Mais il entre en végétation, soit artificiellement par l'influence d'une taille bien entendue, soit naturellement par l'influence de la sève, qui vient le stimuler; si l'une ou l'autre de ces conditions n'est pas réalisée, le bour- geon avorte complètement. On distingue les bourgeons à bois et les bourgeons à fruits, et il est important de bien reconnaître ces deux classes pour toutes les opérations delà taille : la nature des bourgeons du pêcher n'est jamais douteuse; leur forme, leur situation, l'âge du bois sur lequel ils sont insérés, sont autant de caractères décisifs, auxquels on reconnaît les usages pour les- quels ils sont formés. Pour les personnes moins familiarisées avec cet arbre, il est nécessaire d'entrer dans plus de détails. Les bourgeons à bois (fig. 1, 2, 5, 4, 5. A) sont des rameaux embryo- naires, couverts d'écaillés imbriquées d'un rouge brunâtre; leur forme est habituellement celle d'un petit cône plus ou moins pointu, et, lorsqu'ils naissent à l'aisselle d'une feuille, ils sont toujours légèrement comprimés. Le bourgeon à bois, que l'on nomme aussi à Montreuil, œil de pousse, apparaît sur toutes les parties d'un pêcher, aussi bien sur le jeune bois que sur le vieux; et la taille peut même provoquer son apparition partout où on le veut, sur le vieux bois. Bourgeon à fruits. (Fig. I, B; 2C; 5 D; 4, 5, G). Ceux-ci contien- nent les rudiments delà fleur, ils sont aussi couverts d'écaillés, mais leur forme est toujours plus arrondie que celle d'un bourgeon à bois; en outre, ils ne se forment que sur les rameaux âgés d'un an. On trouve sur le pêcher des bourgeons simples, doubles, triples ou plus nombreux encore. Le bourgeon simple est en général un bourgeon à bois qui produit un rameau. On trouve toutefois des bourgeons à fruits, entremêlés avec ces derniers, comme le sont ceux marqués B sur la fig. 1. Le plus souvent la branche fruitière qui les porte est terminée par un bourgeon à bois ou — 2d5 — œil de pousse, dont l'usage est d'attirer dans cette branche, la sève néces- saire à la nourriture des fleurs et des fruits; mais il peut arriver par accident ou par avortement que ce bourgeon terminal n'existe pas, et la perte du fruit n'en est pas la conséquence nécessaire. Les bourgeons doubles consistent généralement en un bourgeon à bois Viff,-i.\ VI. 2"2. Bourpeons du Pèclier. - 256 — et un bourgeon à fruits, lafig. 2 reproduit ces sortes d'organes, a les bourgeons à bois, c les bourgeons à fruits. Dans les bourgeons triples, qui sont dessinés en d, fig. 5, il y a deux bourgeons à fruits, le troisième étant un bourgeon à bois; quelquefois des bourgeons triples sont composés de trois bourgeons stériles, mais ils ne se présentent que rarement sur des arbres jeunes ou sur des pieds très vigoureux. C'est toujours l'œil du milieu qui est le plus fort, et quelques fois les deux yeux latéraux avortent. Les bourgeons quadruples ont toujours dans leur milieu, un œil de pousse qui est d'abord à peine visible, et en outre quatre bourgeons à fruits. Le premier se développe un peu plus tard que ceux-ci, mais en réalité, ces sortes de bourgeons peuvent être considérés comme quin- tuples. Ils sont rares, et ils existent toujours à l'extrémité d'une petite branche ou ergot (fig. 4) : parfois, ils sont même plus nombreux encore, mais disposés de la même manière et avec un œil de pousse au centre. Ce bourgeon qui doit se développer en rameaux, est quelquefois arrêté dans son développement, sans qu'il en résulte nécessairement des consé- quences fâcheuses pour le fruit. Lorsqu'un bourgeon à fruits n'éprouve aucun accident, il ouvre sa fleur, qui, après avoir accompli ses fonctions, tourne en un fruit qui va s'accroître et mûrir. Les bourgeons à bois, au contraire, produisent toute la charpente ligneuse de l'arbre, et ils sont alors herbacés, sauf, dans quelques cas exceptionnels. {HorticuUural Society Journal). FÉDÉRATION DES SOCIETES D'HORTICULTURE DE RELGIQUE. L'assemblée des délégués de toutes les sociétés d'horticulture du pays a eu lieu le mai^di 5 mai, dans l'une des salles de l'Hôtel-de-Ville de Malines. Presque toutes les sociétés y étaient représentées et toutes, sans exceptions, ont adopté le principe de la fédération. La séance a été présidée par M. Royer, conseiller provincial à Namur, président de la commission royale de pomologie et qui avait été, ainsi que M. Ronnberg, délégué par le gouvernement. Après une longue discussion les statuts de la fédération ont été adoptés et un comité directeur nommé. Le gou- vernement a promis que son concours ne ferait pas défaut. Les membres du comité directeur provisoire, sont M. Royer, prési- dent, MM. De Knyff de Waelhem et de Cannart-d'Hamale, vice-prési- dents, Bivort, Baumann, De Cocq, Bartels, Kegeljan et Loumaye, mem- bres. Ed. Morrcn, secrétaire. Nous rendrons conjpte de celte séance dans le prochain numéro. 1. Phlox divaricata. Limi._2. PWox pilosa. Linn._ 3. Phlox stolonifera crassii'olia.Don 2o7 HORTICULTURE. QUELQUES MOTS SUR LES ESPÈCES NAINES DU GENRE PHLOX, RECOMMANDÉES POUR FORMER DES BORDURES. (Voyez PI. 25.) FAMILLE DES POLÉMONrACÉES. — ■ PENTANDRIE MONOGYNIE. La famille des Polémoniacées est essentiellement horticole, toutes les plantes qui la forment étant assez distinguées par leur beauté pour être admises dans les jardins; de plus, elles ne sont pas exigeantes, et leur culture, leur multiplication, leur floraison sont en général très-faciles. Qui ne connaît les Polenionium, les Gilia, les CoUomia, les Cantua, le Cobœa scandens, les Ipomopsis, les Leptosiphon et les innombrables variétés et espèces de Phlox, qui embellissent presque tous les jardins d'amateurs depuis le mois d'avril jusqu'en automne. De ces divers genres, les Phlox fournissent le contingent le plus nombreux et aussi le plus répandu. On en trouve pour tous les goûts : des Phlox vivaces et des Phlox annuels; les uns sont printanniers, les autres ont des fleurs autumnales; il en est qui sont herbacés, d'autres suffrutescenls : leur taille varie beaucoup, depuis les dimensions les plus mignonnes jusqu'à un ou deux mètres de hauteur. Tous portent de charmantes fleurs, d'une forme élégante, souvent odorantes et d'un coloris d'une délicatesse extrême. Ces teintes lilas, mauves, violacées, pourpres ou bleuâtres sont très-distinguées. On a pu remarquer que ces couleurs sont si délicates que leur nuance varie aux différentes heures de la journée : l'aspect d'un parterre de Phlox n'est pas le même le matin, à midi et au soir, surtout quand le soleil darde et que le temps est chaud; pendant la journée, leurs brillantes panicules deviennent de plus en plus rouges, tandis que pendant la nuit la teinte bleuâtre ou lilacée se prononce davantage. On cultive un grand nombre d'espèces et de variétés de ce genre remarquable originaire d'Amérique, mais nous nous bornerons cette fois à attirer l'attention de nos lecteurs sur une section horticole du genre, formée de petites plantes que l'on doit cultiver au premier plan des parterres ou même en bordures. Nous en avons représenté trois que nous avons vu fleurir ce printemps (voy. pi. 25). Le Phlox rampant, nommé P. reptans par Michaux, P. stnlonifera BELG. HORT. TOM. IX. 48 - T6S, — [)ar Sinis, et P. prostrala au jardin royal de Kew est une plante de la Caroline, s'ëlevant tout au plus à quelques pouces. Elle possède deux sortes de tiges, les unes, qui ne portent que des feuilles rampantes et radicantes, les autres, terminées par des fleurs et droites. Les fleurs se montrent deux fois par an, au printemps et en automne, elles sont viola- cées ou rouge indigo et odorantes. Nous en avons figuré une variété remarquable, le P. stolonifera, var. crassifolia, Don. ou Phlox rampant à feuilles épaisses, qui a déjà été prise pour une véritable espèce (pi. 23, fig. 5), mais qui en diff'ère par les feuilles plus fermes et par la couleur des fleurs. Le Phlox divariqué (P. divaricata, Lin., P. canadensia, Sw.), est une jolie plante importée de la Virginie et de la Pensylvanie, depuis plus d'un siècle. Un peu plus bautc que la précédente, elle atteint presque un pied d'élévation et porte au commencement de l'été de belles et grandes fleurs d'un bleu pâle ou gris de lin (pi. 23, fig A). Ses liges sont dicho- toraes, les feuilles lancéolées et alternes. Fort belle espèce. Les plus répandus parmi ces j)elits Phlox sont les P. procumbant {P. procumbens, Lehm.), et P. subulé. [P. subulata, P. setacea, Lin.), à tiges touff'ues, grêles, couchées et à feuilles étroites et pointues. Ils forment sur le sol un charmant gazon, bien touffu, mais qui s'il n'est ])as quelque peu soigné pousse avec une certaine irrégularité et laisse çà et là des vides quand les toulTcs sont étendues et âgées; cependant il est bien facile d'y remédier par un peu de vigilance. Le premier a les fleurs lilas avec une tache bleuâtre à la base de chaque segment de la corolle : le second est d'une nuance plus pourprée. Une variété à fleurs blanches est connue sous le nom de Phlox nivalis. Le Phlox velu (P. pilosa, Pers.), est plus délicat que les précédentes et il demande à être cultivé dans un endroit abrité, sous châssis ou en serre tempérée. Originaire des contrées chaudes des États-Unis et spé- cialement de la Virginie il présente des feuilles lancéolées, velues et dos fleurs d'un lilas pâle : ses liges atteignent environ un pied et la floraison se fait en mai-juin. On voit que ce genre est originaire d'Amérique et à peu près des zones tempérées de ce nouveau-monde. La multiplication est facile et rapide, par la di^ision des touffes au printemps. 3 l 3. Bc<^onia Hcx Firl/. 2;;ii — LE BEGONIA KOI (BEGONIA REX, Putz) f.vmii.lp: nrs ri:goniacee,s. MONOECiF. poi.YANnnir:. (Voyez planclip âij. Bégonia Hex; acaiilis,i!iizoinale crasso, foliis amplis, longe petiolatis, sparse pi- losis, inaeqiiilatcrc, cordaloovatis, si- nuato-crenalis, venoso-hiiUatis, atro-me- taliico-viriclibus iiitidis versas inarginem pnrpureo linelis, antiulo lalo argenteo in (iiscopiclis; peiliuiciilo petioiis longiorc (licliotonic cymoso; llorihiis roscis ina- jiisciilis ; mnsc. scpalis -i quorum "2 cor- ilalis 2 Iriplo minoribus oLIongis; antlie- ris aoumiuatis; /œ«i. sepalis 'S minoribus snbacqualibus oblongis ; capsula obliqua, alis '2 parallelis aiigustis , ter(ia longe producta oblongoovata oblusa. Hook., /?')/. Moi/. Re(,o.ma ?û/; acaulo, à rhizome l'pais; feuilles amples, longuement pétiolées , parsemées de poils, incquilatérales , cchancrées en cœur; ovales, crénelées sinueuses, veinées et gauffrées, d'uni? couleur verte noire mélallique et bril- lante, teintée de [lourpre sur les bords el rehaussées d'un large anneau argenté; pédoncules plus longs que les pétioles, terminés en une cj'me dicbolome; fleurs roses et grandes; les mâles formées de i- sépales dont 2 cordés et 2 trois fois plus courts et oblongs, anthères aiguës; fleurs femelles à 5 sépales plus petits, presque égaux el oblongs; capsule obli- que à 2 ailes parallèles étroites, la troi- sième élargie en une membrane obtuse, oblonguc el ovée. D'après IIook., liot. Mag. " Fig. 2. Capsule. — Fig. 5. Coupe transversale An fruit. Le Bégonia rex a reçu la consécration de la popularité et jamais plante nouvelle ne s'est plus rapidement répandue chez tous les horticulteurs. C'est qu'il avait une beauté étrange et toute nouvelle, qui étonnait autant qu'elle charmait et d'ailleurs qu'il se prête de bonne grâce à la multipli- cation la plus rapide. Il restera comme l'une des meilleures introduc- tions de M. Linden qui l'a reçu de l'Assam il y a deux ou trois ans. Nous avons été d'ailleurs un des premiers à le signaler dans notre compte- rendu de l'Exposition de Namur en 1858, et nous n'y revenons ici que pour en donner, à la demande plusieurs fois exprimée, une diagnose et une figure exacte. Le Bégonia roi, selon l'heureuse expression de M"^ Putzeys, se contente de la culture de tous les Bégonias; cependant pour atteindre ses plus grandes dimensions, c'est-à-dire près de trois fois la grandeur de notre dessin, son éclat métallique le plus brillant et le vert le plus noir, il exige à peu près la serre aux Orchidées, sinon une lumière plus diffuse encore : nous l'avons vu cultivé sous trois ou quatre épaisseurs de vitres et dans les recoins les plus sombres d'une serre chaude. — 2G0 — REVUE DES PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. 1° PLEINE TERRE. Chrysantheinnm carinatam Schousb., var. pictnm. — SceousB., Plant. Maroc, p. 198, t. 6. — Willd. 5p. PL, v. 3, p. 2146. — DC, Prodr., v. 3, p. 63. — Spreng., Syst. Veget., v. 5, p. 585. — Andr., Bot. Rep., v. 2, p. 409. — Cass., in Dict. Se. Nat., v. 41, p. 40. — HooK., Botan. Magaz., tab. 5093. — Syn. Chrysanthemiim tricolor Andr. ; Ismelia tricolor Cass. — Famille des Composées. — Syngénésie superflue. — Chrysanthème caréné, variété peint. Le Chrysanthème caréné est une plante dont l'introduction en Angle- terre remonte à l'année 1796. Originaire des côtes de la Barbarie, d'où Broussonct l'envoya à Alton, il se répandit rapidement, grâce à la beauté de ses fleurs et à la facilité de sa culture en pleine terre. Curtis lui donna le nom de C. tricolor, sans aucune considération pour celui de carinatiim que Schousboe lui avait appliqué d'après la remarquable carène verte et charnue qui se trouve au-dessous de chaque écaille mem- braneuse de l'involucre. La variété nouvelle, appelée pictum par W. Hooker, a été obtenue par M. K. Burridge, de Colchester, et envoyée au jardin royal de Kew par M. W. Thompson , d'Ipswich. Aucun parterre ne voudra être privé de cette jolie plante que Hooker caractérise par ces mots : Radii ligulis bi-triseriatis colore albo, luteo rubroque varie pictis. Fresnontfia californica Torr. — Gard. Chron., 1859, N° IV, p. 52. — Wallp., Ami. bot., IV, 519. — Fam. des Sterculiacées. — Monadelphie Pentandrie. — Frémontia de Californie. Il n'existe en Europe qu'un seul individu, cultivé à Kew de cette remarquable plante : elle a germé en 1851 d'une graine qui avait été envoyée par M. R. Wrench et a fleuri au mois d'avril 1834. Ses fleurs sont plus grandes que celles du Trollius asiaticus, d'un jaune brillant en dedans, et de la même teinte que l'abricot en dehors; leurs tissus sont si épais qu'elles restent ouvertes pendant des semaines. Le Fré- montia californica est un admirable arbuste rustique, d'un aspect tout particulier, mais qui rappelle cependant celui des Hibiscus de l'Australie. Il atteint environ quatre pieds de haut. Il a été décrit par Torrey, d'après des exemplaires recueillis par M. Fitch aux sources du Sacra- mento, dans les régions nord de la Sierra Nevada en Californie. Il est regrettable que l'on n'ait pas encore réussi à le multiplier. 2° SERRE TEMPÉRÉE. Phyllocactas angnliger Lem. -^ Lem., in Jardin Fleuriste, v. 1, p. 6. — LiNDL. et Paxton, FL Gard., p. 177, t. 54. — Hook., — 261 — Bot. Mayaz., 1859, tab. 5400. — Famille des Cactacées. — Icosandrie Monogynie. — Phyllocactus auguligère. En 1849, on comptait cinq espèces du genre Phyllocactus, d'après le prince de Salm-Dyck, dans son Cacteœ in Horto Dyckensi ciiltœ. L'espèce que M. Lemaire a baptisée du nom d'aiiguligerj a été importée du Mexi- que occidental. Sa tige principale ainsi que ses branches sont formées de lobes obovato-lancéolés, comprimés, pinnatifides, plus ou moins triangulaires et obtus, quelquefois aigus. Les fleurs, solitaires, naissent du sinus des lobes, mesurent six pouces de longueur et de diamètre et sont très-odorantes. Les sépales sont verdâtres, les pétales d'un blanc pur, et les étamines, assez nombreuses, entourent un style dont les stigmates, au nombre de neuf ou dix, sont dirigés horizontalement et forment ainsi les rayons d'une espèce d'étoile très-élégante. Dasyliriam Hartwegianaui Zuccar. — Zuccarim in Act. Acad. Monac, v. 4, sect. 2, 1845 (Kth.). — Benth., Pi. Hartweg., p. 53 et p. 548. — KuNTH^ En. plant., p. 41. — Hook., Bot. Magaz., 1859, tab. 5099. — Syn. : Cordyline longifoUa, Benth. — Famille des Aspa- raginées. — Diœcie Hexandrie. — Dasylirium de Hartweg. En 1846, Sir W. Hooker reçut de M. Repper, de l'établissement de la compagnie Real del Monte, au Mexique, plusieurs plantes remarqua- bles sous la forme de volumineux tubercules s'élevant au-dessus du sol et dont la surface était formée d'un grand nombre de tubérosités irrégu- lièrement arrondies. Ces plantes sommeillèrent plusieurs années, mais l'une d'elles a dernièrement produit d'abondantes touffes de feuilles et des panicules de fleurs mâles qui l'ont fait reconnaître pour le Dasyli- rium Hartioegianum de Zuccarini que Hartweg trouva à Zacatecas, au Mexique; mais personne n'avait bien décrit cette plante, et Hooker ne sait s'il doit considérer le tubercule, comme étant la tige normale ou comme une sorte de monstruosité représentant cette tige. Quoi qu'il en soit, cette plante, telle qu'elle existe, laisse échapper de son tubercule des touffes de feuilles d'un pied et demi à trois pieds de long, subulées, rigides, canaliculées supérieurement et d'un beau vert glauque. Du centre de ces touffes s'élance une panicule de fleurs plus courte que les feuilles et qui n'offre rien d'intéressant au point de vue horticole. Cependant nous ne doutons pas que cette plante, par la singularité de sa végéta- tion, n'attire sur elle l'attention que les monstruosités ont l'avantage d'éveiller dans tous les esprits. Caliicarpa pnrpnrca, Juss., Aîin. 3Ius., VII, 69. — Schauer, in UC. Prodr., XI, 645. — Lindl., Gard. Chron., 1859, IV° 6, p. 96. — Fam. des Verbénacées. — Tétrandrie Monogynie. — Callicarpa à fruits pourpres. Nous avons vu cette jolie plante pour la première fois en Belgique à l'exposition de Malines de ce printemps, où elle avait été envoyée par -- 2G2 — M. Van Geert, de Gaiid. Elle avait déjà à l'automne deniici' excite beaucoup d'intérêt à Londres. Le nom donné au genre, Callicarpa, beau fruit, ne saurait être mieux justifié que par cette espèce : ce sont de petites baies colorées en pourpre violacé, accumulées à l'aisselle des feuilles. Elle a été, pensons-nous, rapportée de Chine par M. Fortune, et porte déjà le nom de Porpliyra dichotoma ; elle forme un délicieux arbrisseau de serre froide, garni pendant très-longtemps de ses jolis fruits. 3° SERRE CHAUDE. Bilbergâa inacrocalyx W. Hook. '— Hook., Bot. Mag., 1859, tab. 5H4. — Famille des Broméliacées. — Hexandrie Monogynie. — Bilbergia à long calice. Cette espèce, que les jardins de Kew doivent à l'obligeance de M, J. Wetherell, Esq., ex-consul d'Angleterre à Bahia , ne correspond à aucune Broméliacée décrite jusqu'à ce jour; elle est originaire du Brésil, où elle vit en parasite sur les branches moussues des arbres. Et pourtant ce n'est pas là une plante aux formes chétives et rabougries : les feuilles, qui sont oblongues, serrées et aiguës, mesurent un pied à un pied et demi de longueur ; l'inflorescence, sous forme d'épi simple, porte à sa base de larges bractées ovales, concaves et d'une belle couleur rose foncé; les fleurs sont munies d'un calice très-long, et les pétales, plus longs encore et d'un jaune verdâtre, ont leur limbe marginé de bleu ardoise. Le B. macroccdi/x peut rivaliser avec tous ses congénères et se ranger à côté des B. Wetherelli et B. thyrsoidea, dont il est pourtant très distinct. Angrsecnm sesquipcdale Aub. du Pet. Thouars. — Aub. du Pet. Thouars, Ilist. des PL Orchid. Afr., 8 v., t. G6 et C7. — Ejusd. Orchid., t. 1, 2. — Lindl., in Gard. Chron., 4857, p. 255. — Ejusd. Gen. et Sp. Orchid., p. 244. — W. Hook., Bot. Mag., t. 5115. — Syn.: jEranthus sesquipedalis Lindl. — Famille des Orchidées. — Gynandrie Monandrie. — Angrœcum sesquipédal. L'île de Madagascar est réellement l'île aux productions merveilleuses : voici encore une nouvelle plante que M. Hooker n'hésite pas à appeler le Prince des Orchidées, et dont on doit l'introduction au Rév. William Ellis, l'intrépide et savant voyageur. Connu des botanistes depuis 1822 par les figures qu'en publia Aubert du Petit-Thouars, VA7igrœciim sesquipédal e, après avoir fleuri pour la première fois en Angleterre, en 1857, a donné de nouvelles fleurs en février 1859, à la résidence de son introducteur. L'élégance de ses feuilles, la grandeur de ses fleurs et surtout la longueur extraordinaire de son éperon, tout étonne dans cette superbe plante; en effet, le spécimen de M. Ellis soumis à W. Hooker possédait des fleurs de sept pouces de diamètre , avec un éperon d'un pied de longueur; la couleur de ces fleurs est d'un blanc — 205 — d'ivoire ou d'iiu t)lanc jaunâtre, et leur odeur se rapproche beaucoup de celle du Liiiiim candidum. V Angrcecum sesquipedale fera, nous n'en doutons pas, lorsqu'elle paraîtra dans les expositions, une sensation aussi vive que celle causée par V 0 uv ù' an dr a fenestralis, son compatriote. Hibiscus radiatus Cavan., var. Qore purpureo. — Cav., Diss., V. 5, p. 150, t. 54, f. 2. — Sims., Bot. Mag., t. 1911. — Roxb., FL Ind., V. 5, p. 209. — DC. Prodr., v. 1, p. 449. — Wight et Arn., Prodr. FL Penins. Ind. Or., v. 1, p. 48. — Hook., Bot. Magaz., tab. 5098. — Famille des Malvacées. — Monadelphie Polyandrie. — ■ Hibiscus radié, var. à fleurs pourpres. U Hibiscus radiatus fut décrit pour la première fois, en 1780, par Cavanilles d'après des plantes dont les graines lui avaient été envoyées par Sir Joseph Banks; mais le botaniste espagnol ne cite pas la patrie de cette espèce. Wildenow n'en dit pas davantage, et Alton, dans la se- conde édition de VHortus kewensis, en parle comme d'une espèce ori- ginaire des Indes Orientales. Roxburgh observe que sa patrie est inconnue, mais qu'on la trouve abondamment dans les jardins des environs de Calcutta, où elle fleurit pendant la saison froide. Wight et Arnott ajou- tent à ce qu'en dit Roxburgh, que l'herbier du D"" Arnott en renferme un échantillon provenant de la Jamaïque, et de là l'opinion des auteurs qui considèrent l'Amérique comme la patrie de V Hibiscus radiatus. Feu M"" Wilson, superintendant du jardin botanique de l'Ile précitée, a en- voyé à Sir W. Hooker des semences de trois belles variétés de cette plante. Dans la variété flore purpureo, les pétales, d'un beau pourpre rosé, ont leur base d'une teinte beaucoup plus foncée et formant par leur réunion au centre de la fleur une tache d'un charmant effet. Cette variété a, disons-nous, été envoyée de la Jamaïque à Hooker, mais le botaniste anglais, s'appuyant sur ce qu'elle n'est citée dans aucune flore de l'Amérique, ne peut affirmer qu'elle est originaire de cette partie du globe. Spatbodea campanuiata Beauv. — Beauv., in FL d'Oware et de Bénin, v. 1, p. 47, t. 29. — DC, Prodr., v. 9, pp. 207 et 208. — Benth., in Niger Flora^ p. 401. — Walp. Annal., Bot. Syst., v. 5, p. 89.— G. Don,, Gard. Dict., v. 4, p. 223.— Schum. etTuoNN., Beskr., [). 275. ~ Hook., Bot. Magaz., 1859, tab. 5091. — Synon.: S. tulipi- fera, G. Don., 1. c. — Bignonia tulipifera, Sciiuji. et Thonn., 1. c. — Famille des Bignoniacées. — Didynamie Angiospermie. — Spathodéc campanulée. Ce bel arbre, décrit pour la première fois, mais d'une manière inexacte par Palisot de Bcauvois, vient de voir figurer son inflorescence dans le Botanical Magazine. Originaire de l'Afrique occidentale, de Beauvois le trouva à Owarc, et Schumacker en Guinée; M. Osborne, de Fulham, le produisit de graines qu'on lui avait envoyées d'Ashanlee, et — 264 — l'échautillon de Kew provient de ce serais. En Afrique, cet arbre atteint une très-grande hauteur, et la plante de Kew mesure déjà trente pieds de haut; les feuilles sont opposées, pennées, à folioles ovales-lancéolées. L'inflorescence, en racèrae terminal, se compose de huit à neuf fleurs très grandes, largement campanulées et richement colorées en rouge- orange vif. En somme, ce serait une belle acquisition pour les serres chaudes, si cet arbre ne demandait, pour fleurir, un âge assez avancé, et alors que sa taille élevée ne permet plus à l'amateur d'apprécier com- plètement la beauté de son inflorescence. Tachiadenns carinatas Gris. — Grisebach, Gerit., p. 200. — DC, Prodr., v. 9, p. 81 . — Lam., Dict., v. 2, p. 258, t. 407, f. 2. — WiLLD., Sp. PL, V. 4, p. 829. — HooK., Bot. Mag., 4859, tab. 5094. Syn. : Lisianthus carinatus Lam. et Willd. — Famille des Gentianées. — Pentandrie Monogynie. — Tachiadénus caréné. Cette plante est originaire de Madagascar, où elle se trouve probable- ment en assez grande abondance, car W. Hooker en a reçu divers spé- cimens de feu le professeur Bojer, du D"" Lyall et de M. Bouton. Mais le dessin qu'il en donne est la copie de celui que lui a envoyé le Rév. W. Ellis, l'introducteur de cette plante en Angleterre. Cette jolie Gen- tianée a fleuri pour la première fois en octobre 4858, au jardin de Hoddesdon, sur des pieds provenant de semences rapportées par M. Ellis; c'est un sous-arbrisseau à feuilles ovales, sessiles et opposées, et à cyme terminale. Les fleurs, d'un beau bleu pourpré, ont une corolle hypocra- térimorphe, à tube de deux à trois pouces long et à limbe quinquépartite et horizontalement étendu. La rareté et la beauté de cette espèce ne peuvent manquer de la faire se répandre comme elle le mérite. Jaaunlloa? exiBiiia Hook. — Hook., Bot. Mag,, 4859, tab. 5092. — Syn. : Brugmansia eximia, Hort. — Famille des Solanées. — Pen- tandrie Monogynie. — Juanulloa à grandes fleurs vertes. MM. Henderson ont reçu du continent cette plante remarquable sous le nom de Brugmansia eximia. Communiquée à sir W. Hooker, celui-ci ne reconnut aucun caractère d'affinité entre elle et les espèces des genres Brugmansia et Dattira. Elle fleurit dans l'été de 4858, et grand fut l'étonnement du botaniste de Kew en voyant s'épanouir une corolle très-semblable de forme à celle des Datura et des Brugmansia, mais plus grande qu'elle et présentant un calice analogue à celui des Jua?iul- loa avec lesquels la plante en question avait, du reste, déjà une certaine affinité de feuillage et de faciès. Aussi Sir W. Hooker hésite-t-il à lui assigner une place. Est-ce un genre nouveau? Est-ce un hybride? En attendant il la conserve dans les Juanulloa. Quoi qu'il en soit, c'est une nouvelle et belle plante dont les fleurs sont surtout remarquables par l'ampleur de leur corolle campanulée infundibuliforme et leur couleur verte. — 265 — Agaye Jacqniniana Schultes. — Schultes, Syst. Veget., 7, p. 727. — KuNTH, E?i. Plant., v. 5, p. 827. — Jacq., Coll., v. 4, p. 94, t. 1 [excl. syn.). — Salm-Dyck, Hort., 1854, p. 502. — Hook., PI. 2I>. Asavc .lacquiniana, Scliiillcs. Bol. Mag., 1859, tab. 5097. — Syn. : Agave lurida, Jacq. — Famille des Aniaryllidées. — Hexandrie Monogynie. — Agave de Jacqiiiii. II y a neuf ou dix ans, sir W. Hooker reçut de M" M" Donald, de — 200 — Honduras, un Agave qui fleurit à l'automne de 1858 et qui se trouva être celui que Jacquin décrivit sous le nom d'^. liirida. Mais ce nom avait déjà été donné par Gawler à une autre espèce, et Schultes baptisa, en conséquence, VA. litrida de Jacquin du nom d^4. Jacquiniana. Celte espèce, qui présente l'aspect général de tous les Agave, donne naissance à une hampe de dix à douze pieds de hauteur, droite et rigide. Les fleurs, réunies en une panicule compacte, sont géminées ou lernées et sessiles. Le périantlie, tout à lait vert, a deux pouces de longueur. Le fruit est une capsule d'un pouce et demi de long, urcéolée, triloculaire et à déhiseence valvuiaire. Lselia anceps, Rcii. f., in Allgem. Gartenz., 4847. — Gard. Citron. 1859, p. 240. — Famille des Orchidées. — Gynandrie Monandrie. — • Laelia douteux. Cette plante s'est trouvée parmi des CaUleija niarginata importés du Brésil et vendus à Londres. Ses fleurs sont superbes, larges de plus de quatre pouces, rose foncé, sauf le labelle en forme de trompette, qui est d'une riche couleur pourpre. D"^ Ol. du Vivier. BULLEim HORTICOLE. FÉDÉRATION DE TOUTES LES SOCIÉTÉS HORTICOLES DE BELGIQUE. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE MALLNES. Les délégués des sociétés d'horticulture de Belgique se sont réunis, mardi 5 mai, dans l'une des salles de l'Hôtel- de-Ville de 3Ialines, à l'effet de jeter les bases de la fédération à établir entre elles. L'assemblée était fort nombreuse et l'empressement que la presque totalité des asso- ciations horticoles du royaume ont mis à y envoyer des représentants, démontre l'intérêt qu'elles attachent à la réalisation de ce projet. Le bureau est composé de MM. Royer, président de la commission royale de Pomologie, A. Ronnberg, délégué du gouvei-nement et E. Pa- rent, secrétaire. Le premier soin de l'assemblée est de se constituer et ces opérations constatent la présence : Pour la société royale d'Anvers: de M3I. le Chevalier John de Knylîde Waclhem et Rigouts-Verbcrt. Pour la société royale d'horticulture de 3Ialines : de MM. Van Dueriie de Damas et C. de Brouwer. Pour la société rovale de Flore à Bruxelles : de MM. Lindoii et 31otliu. -- 267 — Pour la société Linnécnne de Bruxelles, de MM. F. Millier et L. A, De Cock. Pour la société royale d'horticulture de Louvain : de MM. Rosseels aine et Van Thilt. Pour la société d'horticulture de Tirlemont : de MM. R. de Luesenians et Raeyniaekers. Pour la société agricole et horticole de Nivelles : de 30I. Boucqueau et Dcpt. Pour la commission royale de Pomologie : de MM. Grégoire et Gailly. Pour la société Van Mons : de MM. A. Bivort et G. Durieux. Pour l'académie d'horticulture de Gand : de MM. J. Baumann et G. Pynaert. Pour la société des conférences horticoles de Liège : de MM.Massart et Ed. Morren. Pour la société horticole de Huy : de MM. 3Iaeorps et Loumaye. Pour la société horticole de Hasselt : de MM. Bartels et Dreessens. Pour la société d'horticulture de Namur ; de MM. F. Kegeljan et Del- Marmol. Les seules sociétés qui pour divers motifs n'étaient pas représentées à l'assemblée générale de Malines, sont celles de Gand, de Tournay, Mons, Binche, Verviers, Alost, Audenarde et Ledeberg. Mais elles avaient déjà adhéré au principe de la fédération. 31. Royer a ouvert la séance par un discours dans lequel il fait res- sortir les avantages de l'union et il cite l'exemple de l'Amérique septen- trionale où l'établissement de meetings pomologiques et horticoles ont amené les plus utiles résultats : ses paroles ont été vivement applaudies. Immédiatement après commence sur le projet des statuts proposé par le gouvernement, une discussion longue et approfondie à laquelle MM. Loumaye, Kegeljan, Bartels, Macorps, Morren, etc., prennent la plus grande part. Elle a pour résultats d'apporter des modifications considérables au projet de statuts et de changer même son économie. L'assemblée adopte le principe de la fédération par acclamation, mais elle veut l'appliquer de la manière la plus large et la plus libérale. Les sociétés fédérées conservent toute leur indépendance individuelle et se réunissent dans le but de rapprocher leurs membres dans certaines occasions, de coordonner leurs efforts vers certains résultats généraux, d'ouvrir des congrès horticoles, de fonder des concours sur des questions relatives à la culture, d'organiser dans certaines occasions de grandes expositions nationales, de réunir dans une même publication tous les documents et les travaux qui les concernent. L'assemblée fédérale doit se réunir deux fois par an et sera composée de deux délégués de chaque société nommés pour deux ans et rééligi- bles. Elle dirige les intérêts de la fédération cl elle choisit dans son sein un comité directeur composé de dix membres, dans lequel nulle — 268 — société ne pourra avoir plus d'un représentant et chargé de mettre en exécution les décisions de l'assemblée fédérale. Apres l'adoption des nouveaux statuts on a immédiatement procédé à la nomination d'un comité directeur provisoire, dont nous avons tait connaître la composition et qui a déjà tenu plusieurs séances. La fédération est donc un fait accompli : son avenir dépend désormais de la bonne volonté des sociétés, de l'appui du gouvernement et de l'activité du comité directeur, STATUTS FÉDÉRAUX. Institution. — But. — Art. i. Une fédération est établie entre toutes les sociétés horticoles de Belgique qui adhèrent aux présents statuts. Art. 2. La fédération a pour but de favoriser le progrès des diverses bran- ches de l'horticulture par des mesures dont l'exécution intéresse toutes les société horticoles du pays et parmi lesquelles doivent être comprises en première ligne : les réunions périodiques et régulières des délégués de ces associations; — les expositions nationales ou fédérales auxquelles toutes les sociétés sont invitées à contribuer; — un receuil, centre commun des travaux de toutes les sociétés horticoles du pays et dont le mode de publication sera déterminé ultérieurement en assemblée générale; — l'organisation de congrès horticoles et de concours sur des questions d'horticulture. Assemblées générales. — Art. 3. Les sociétés fédérées ont chaque année deux assemblées générales, composées de deux délégués pour chacune de ces sociétés. Le jour et le lieu en sont fixés par le comité directeur. La durée du mandat des délégués est de deux ans et l'assemblée se renouvelle annuellement par moitié. L'époque des assemblées générales coïncidera autant que possible avec celle des principales expositions des produits de l'horticulture. Art. 4, Le président du comité directeur et à son défaut le plus âgé des vice-présidents, préside les assemblées générales. Art. 5. L'assemblée des délégués discute et arrête les mesures d'intérêt général et en confie l'exécution au comité directeur. Comité directeur. — Art. 6, Un comité directeur, composé de dix membres élus par l'assemblée et choisis dans son sein, ainsi que d'un délégué du gouvernement, est chargé de gérer les intérêts de la fédé- ration. Nulle société ne pourra y être représentée par plus d'un de ses membres résidants. Ce comité se choisit annuellement, un président, deux vice-présidents et un trésorier. Il nomme également un secrétaire qui peut être choisi en dehors du comité. — 269 — Les fonctions de membre du comité sont gratuites. Art. 7. Le comité directeur se renouvelle tous les ans par moitié, en conformité d'un tirage au sort. Les membres sortants peuvent être réélus; ils conservent les fonctions jusqu'à ce qu'il soit pourvu à leur remplacement. Art. 8. La durée du mandat du secrétaire est de six ans; il tient les écritures de l'assemblée générale et du comité directeur; il a la garde des archives et il surveille sous la direction d'un comité de rédaction, délégué par le comité directeur, la publication mentionnée à l'article 2. Recettes et dépenses. — Art. 9. Les ressources de la fédération con- sistent dans les subsides qui seront alloués par les associations affiliées, par l'état et par les provinces. L'assemblée générale fixe, s'il y a lieu, la part contributive annuelle à payer par chaque société affiliée. Les dépenses comprennent les frais de bureau, les frais de réunion des assemblées générales et du comité directeur, et les frais de la publi- cation. Dispositions transitoires. — Art. 10. Un comité directeur provisoire, composé comme il est dit à l'article 6, sera nommé par les délégués réunis pour constituer la fédération. Ce comité restera en fonction jusqu'à la première assemblée générale où il sera procédé à l'élection définitive. Art. H. Il sera arrêté par l'assemblée générale un règlement d'ordre intérieur, tant pour ses propres travaux que pour ceux du comité directeur. Article additionnel. — Art. 42. Toute proposition de modifier les présents statuts devra être adressée au comité directeur, qui, s'il y a lieu, la soumettra à une assemblée générale convoquée ad hoc, et après approbation, elle devra recevoir la ratification de M. le Ministre de l'Intérieur. — La majorité des deux tiers des membres présents à l'as- semblée générale est nécessaire pour l'adoption d'une modification aux statuts. Art. 45. Les présents statuts seront soumis à l'approbation de M. le Ministre de l'Intérieur. Fait à Malines, le 3 Mai 4859. 270 — ARBORICULTURE. QUELQUES DÉTAILS SUR LE SEQUOIA {>YELLINGTONIA) GIGANTEA. On sait que l'aUcnlion a été attirée sur le géant des forêts depuis l'exploration du lieutenant Williamson, organisée en 4855 à 1854 par le gouvernement des Etats-Unis pour étudier l'établissement d'une voie ferrée entre le Mississipi et l'Océan Pacifique. Les résultats de ce célèbre voyage sont consignés dans un superbe ouvrage publié par le gouverne- ment américain , et qui renferme de précieux détails sur la géologie, la botanique, la zoologie, la météorologie et la topographie de ce vaste et remarquable territoire. L'expédition a rencontré les WeUingtonia en Californie, près de la vallée du Sacramento, au pied du Sierra Nevada, dans une région montagneuse et boisée, dans laquelle elle a découvert nn nombre très-considérable de nouveaux Conifères et de Chênes qui commencent à s'introduire en Europe; presque tons ces arbres avaient des dimensions gigantesques : leur sommet s'élève à 150, 200 et 250 pieds; mais ils étaient dominés par un groupe de géants beaucoup ])lus étonnants encore. C'était dans une vallée protégée de tous côtés, et dont le sol, très profond et humide, est formé de sable granitique., de gravier et d'une — 271 — argile fine, reposant sur des rochers de granit et de basnlle. En hiver, il est converl d'nne couche de neige, qui depuis le mois de janvier jusqu'en avril atteint une épaisseur de trente pouces. Ce terrain est situé à 4,;)50 pieds au-dessus du niveau de la mer et à lo milles seule- M i'T. Sc(|ii(ti:i (\N(>l|iii!L'|(ini;i} .!,'ij,';-.ii!cii. — 272 — ment de distance des neiges éternelles. Le premier des grands arbres que l'on rencontra était renversé sur le sol. Il avait été abattu, à six pieds au-dessus du sol, en forant à l'aide d'une machine hydraulique des trous dans son épaisseur ; cinq hommes avaient travaillé pendant trois semaines à cette opération. La souche, après avoir été unie, forme actuellement le plancher d'un grand pavillon, contigu à l'habitation de M. Lapham. Le diamètre du bois est de vingt-cinq pieds, et si l'on y ajoute l'épaisseur de l'écorce, le diamètre de l'arbre est de vingt-huit pieds. Au niveau du sol, la largeur est de trente-trois pieds. Le plus grand arbre, encore debout, mais endommagé d'un côté par un incendie dans ses racines, nommé V Arbre Mammouth, est à peu près dans les mêmes proportions : sa circonférence est de 94 pieds. M. Lapham, qui habite cette localité, connaît environ cent quatre- vingt-dix individus, jeunes et vieux, appartenant à la même espèce, mais une vingtaine seulement ont des dimensions colossales : on leur a donné des noms familiers, tels que : Père de la Forêt, Beauté de la Forêt, Cabane du Pionnier, Les trois Sœurs, Mammouth, Vieille Fille, etc. Leur hauteur varie de trois cents à trois cent soixante pieds ; l'un d'eux, malheureusement assez délabré et paraissant vouloir tomber de vieillesse, paraît s'être élevé à plus de quatre cents pieds. Un autre est renversé et creusé par le temps : on peut s'y promener debout, sur une assez longue distance, comme dans un tunel; il y a quelques années, avant qu'un orage ne soit venu remplir le fond de cette cavité avec des pierres et de la terre, on pouvait y pénétrer facilement à cheval. Leur cime semble avoir souffert des ouragans et des orages qui les ont assaillis pendant des siècles : elle est courte, épaisse et ramassée autour du tronc. On a fait une route cari'ossable sur la surface d'un de ces troncs renversés. Sur un autre, on a taillé un escalier en spirale pour conduire les voyageurs jusque dans les branchages. L'un d'eux, de moyenne dimension, a été dépouillé à la base de son écorce. Celle-ci a été coupée en fragments égaux et a été remontée en Angleterre dans le palais de Sydenham. Dans la localité, on leur attribue une existence de 3,000 ans; cependant, en comptant les couches concentriques du bois, il est permis de l'évaluer seulement à 1200 ans. Cet arbre est en ce moment introduit dans l'horticulture européenne : en Angleterre on peut le cultiver en pleine terre et quelques amateurs de notre pays ont ainsi réussi à le faire croître dans leur jardin. Beaucoup d'amateurs anglais ont publié, dans le Gardener' s Chronicle, les dimen- sions des pieds qu'ils possèdent : il résulte de ces données qu'à la fin de l'année dernière les Séquoia gigantea qui se trouvent en Angleterre, avaient en moyenne 2"°, 2b de hauteur, l^jTS de largeur et 32 centimètres de diamètre. Le plus grand est celui de M. Veitch à Exeter, qui mesure 2'", 89 de hauteur, 4'",82 de largeur et 38 centimètres de diamètre. — 273 — HISTOIRE DES PLANTES UTILES. NOTICE SUR L'IFÉ OU CHANVRE A CORDE D'ARC D'ANGOLA [SANSEVIERA CYLÎNDRICA Rojer), famille des asparaginées. — hexandrie monogynie. Par Sir William Hooker ; Traduit du Botanical Magazine par M. le D"- Ol. Du Vivier. (Voyez Planche 27). Le Foreing Office reçut, il y a environ trois ans, sous le nom d'//e, des échantillons de fibres et de cordages, provenant d'une plante nouvelle des colonies portugaises d'Angola, sur la côte occidentale d'Afrique. Ils étaient accompagnés de quelques plantes en apparence vivantes et qui, d'abord placées dans les caves du Foreing Office ne tardèrent pas, grâce aux soins de notre respectable ami, G. Lenox-Coningham, esq., à être envoyées à Kew où elle recouvrèrent la santé et où elles ont même récemment fleuri. Leur aspect est celui d'un Sanseviera, mais elles diffèrent de toutes les espèces connues par la couleur très-foncée des feuilles qui sont, en outre, grosses, rondes et solides dans l'intérieur. Lors de l'exposition de Paris en 4858, je m'occupai spécialement des produits d'origine végétale qui s'y trouvaient et je fus assez heureux d'y rencontrer, dans le compartiment portugais, de nombreux échan- tillons de la même substance à l'état brut et sous forme de fibres, de cables, de cordages superbes et de divers objets manufacturés. Le rap- port que je publiai à cette occasion les signale de la manière suivante : « Fibres exposées comme extraites du Sanseviera Angolensis , nom manuscrit donné par le D'' Welwitsch à une remarquable espèce de Sanseviera à feuilles longues, raides et cylindriques et cultivée à Kew. Les cordages fabriqués avec ces fibres apparaissent à l'œil et avant tout essai comme étant d'excellente qualité. » Des expériences récentes faites avec ces cordes, ont montré que sous le rapport de la durée et de la force, elles étaient les plus convenables pour sonder les profondeurs de la mer; et cela n'a rien qui doive nous surprendre, car les autres espèces de Sanseviera (par exemple le S. Zeylanica si connu et le S. Guineensis) sont cultivées dans presque toutes les contrées tropicales, sous le nom de Chanvre à corde cVarc, et sont remarquables par la durée et la force de leurs fibres. BELG. HOUT. TOM, IX. 10 — 274 — Nos jardins ayant dernièrement reçu de M. Duncan de l'Ile 3Iaurice, des racines vivantes du Sanseviera que Bojer, dans son Ilortus Mauri- tianus, appelle Cylindrica, niais sans y ajouter de note ni de description, je fus agréablement surpris de trouver les deux plantes absolument identiques. Il est certain que le S. cylindrica, est originaire du Zanzi- bar, sur la côte orientale d'Afrique, et qu'à l'Ile Maurice on ne le con- naît que cultivé dans les jardins botaniques. Je ne possède aucun moyen de ra'assurer si cette plante curieuse a été importée des établissements portugais de la côte orientale d'Afrique sur le littoral occidental PI. 27. Sanseviera cylindrica, Bojer. — 275 — d'Angola, ou vice-versà; ou bien peut-être, comme cela existe pour d'autres plantes, si elle est originaire des deux côtés du continent africain et d'une partie plus ou moins considérable de l'intérieur; le D' Living- stone m'a, en effet, assuré que rZ/l' était très commun dans quelques districts de l'intérieur de l'Afrique occidentale, aux environs d'Angola. Le 5. ajlindrica fleurit pour la première fois chez nous, en août 1858, et, (luoique ses fleurs ne le recommandent guère, il mérite une place dans toutes les collections où sont appréciés les produits végétaux. En outre, on pourrait le cultiver avec avantage dans beaucoup de terrains incultes de nos colonies inlertropicales, car il croît rapidement et ne demande presque aucun soin. DESCRiPTmN : Racines grosses et charnues. Plantes émettant à la base des rejetons qui se développent rapidement en plantes nouvelles. Feuilles toutes radicales, en touffes, au nombre de huit à neuf par touffe seule- ment, et moins même si l'on décompte les externes qui sont courtes et ressemblent plutôt à des écailles creuses à leur face supérieure; les autres feuilles varient depuis six à huit pouces jusqn'à trois pieds de longueur, sont dressées, tout à fait rondes, solides et remplies à l'intérieur d'une trame cclluleuse ferme et charnue et d'abondantes fibres; leur couleur d'un vert foncé est parfois légèrement glauque extérieurement et souvent marquée de lignes transversales plus pâles; enfin, elles sont acuminées, un peu comprimées au sommet et quel- quefois sillonnées longitudinalement de trois ou quatre lignes peu profondes. La partie de la hampe située sous l'inflorescence mesure huit à neuf pouces de longueur et est plus courte que les feuilles. Le racème, d'un pied ou même davantage de long, est atténué à son extrémité et se compose de groupes de fleurs nombreuses insérées sur toute la longueur de l'axe. Périanthe composé de six sépales, étroits, linéaires, très-longs et d'une couleur blanc de crème tacheté; plus de la moitié inférieure de ces sépales est dressée et rapprochée, de manière à former un tube qui ne tarde pas à se diviser et à tomber; la moitié supérieure est formée de six limbes recourbés sur la face externe. Etamines très-saillantes, deux fois aussi longues que le tube du périanthe. Filets grêles. Anthères linéaires, d'un jaune pâle. Ovaire oblong, trigone et triloculaire. Loges uniovolées. Style filiforme, plus long que les etamines. Stigmate capité, trilobé. — 27 C — LA MERVEILLE DU PÉROU, PAR M. Edward Sheppard, Traduit du FtOBicuLTtRAL Cabinet, par M. le D"" Ol. Du Vivier. Of colours clianging froni the splendid Rose To llie pale Violet"s dcjecicd hue. Akenside. Cette jolie plante a reçu le nom générique de Mirabilis, à cause de la grande variété et de la singulière beauté de ses fleurs. L'Espagne la reçut du Pérou, où elle s'appelait Hachai, ce qui lui valut pendant quelque temps le nom de Hachai Indi. Ce fut Clusius qui la baptisa le premier du nom de Mirahilia peruviana, et nous pouvons conclure de là que cette plante fut introduite en Europe entre le milieu et la fin du seizième siècle, époque qui vit paraître les travaux de ce célèbre botaniste. De ce que la forme de ses fleurs présente un léger rapproche- ment avec celles du Jasmin , quelques anciens écrivains en ont parlé sous le nom de Jasminum mexicanum. Elle fut pour la première fois cultivée en Angleterre, au temps de Gérard qui, en 1597, nous dit qu'il en a planté depuis quelques années dans son jardin et que, dans les années tempérées, il y a eu production de semences mûres. Cet auteur disserta longuement sur la beauté des fleurs de cette plante qui, dit-il, devrait s'appeler non la merveille du Pérou, mais la merveille du monde. Cortusus, professeur de botanique à Padoue, mort en 1S93, découvrit la propriété cathartique des racines de cette plante; bientôt après on supposa que ces racines constituaient le véritable Gelapo ou Jalap des officines, et la plante fut en conséquence nommée Mirabilis jalapa. Boerhaave, Dale et plusieurs médecins modernes crurent aussi que la racine de Jalap était identique à celle de la merveille du Pérou. Il est aujourd'hui prouvé que cette opinion est erronée et que le vrai Jalap est la racine d'une espèce américaine de Convolmdus , distinguée de ses congénères par l'épithète de Jalapa, ce qui fait que le Mira- bilis est souvent désigné sous le nom de Faux Jalap. Nous sommes rede- vables de cette découverte au D' Houston qui constata le fait dans l'Amérique espagnole d'où il revint avec un dessin de la plante pris par un espagnol à Xalapa ou Halapa même. Les premières graines duConvol- vulus Jalapa paraissent avoir été introduites en Angleterre, vers l'année 1728, par Charles Du Bois, esq.; et M. Miller raconte qu'ayant reçu, en 4736, de l'Amérique espagnole, trois graines de celte plante, l'une d'elles germa dans le jardin botanique de Chelsea, devint une grande plante munie de racines aussi fortes que celles du Jalap ordinaire et périt pendant l'hiver de 4759-40, sans avoir fleuri. — 277 — La Merveille du Pérou possède une racine fusiformc qu'on pourrait déterrer à l'automne et conserver dans du sable sec jusqu'au printemps, alors qu'on la replanterait à l'endroit où elle doit fleurir; mais comme les graines semées au printemps produisent des plantes qui fleurissent en été, cette conservation des racines ne se fait ordinairement pas. Les graines seront semées en mars, sur couche modérément chaude. Lorsqu'elles auront germé, on donnera beaucoup d'air, et aussi souvent que le temps le permettra; quand les jeunes plantes auront atteint deux pouces environ de hauteur, on les repiquera soit sur une seconde couche modérément chaude, soit chacune dans un petit pot rempli d'une terre riche et légère et plongé dans une couche chaude, d'où on la transportera dans les par- terres beaucoup plus facilement que les pieds plantés en couche. Enfin, dès que ces pieds de la seconde couche auront repris racine, on les habi- tuera graduellement à l'air libre; ils seront ainsi préparés pour le jardin où on pourra les introduire vers le commencement de Juin. Les graines pourront aussi se semer en avril , sur bordure chaude et ouverte , et elles donneront des plantes qui fleuriront en automne. Il est nécessaire de conserver des graines de plantes différentes, puisque celles des variétés blanches ou pourpres ne produisent jamais des plantes à fleurs rouges ou jaunes et qu'une des qualités de cette espèce est d'ofl'rir une grande variété de couleurs. Ces plantes, qui sont branchues et atteignent trois à cinq pieds de hauteur, conviennent par là-même davantage aux parterres situés en avant d'une plantation d'arbustes, qu'aux plates-bandes plus petites d'un parterre. Elles conservent longtemps leur charme, car on les voit ordi- nairement couvertes de fleurs depuis le commencement de juillet jusqu'à la fin d'octobre, et ces fleurs sont extraordinairement nombreuses; mais c'est surtout vers la soirée qu'elles offrent le plus bel aspect, car par une température chaude, les fleurs s'ouvrent rarement avant neuf heures du soir, ce qui rend compte du nom de Fleurs de neuf heures qu'on leur donne quelquefois; toutefois quand le ciel est couvert et le temps frais, ces fleurs timides demeurent épanouies pendant tout le jour. La Merveille du Pérou convient spécialement aux jardins publics qui sont fréquentés à la soirée, puisque les fleurs de cette plante paraissent s'éveiller et réjouir l'œil à l'heure où le plus grand nombre de fleurs sommeillent; quand la lumière artificielle tombe sur leurs corolles nombreuses et richement colorées, leur aspect est vraiment enchanteur et explique le nom de Belle de nuit que les Français ont donné à cette plante. 278 SUITE DE L'ENUMERATION DES POIRES Décrites et figurées dans le Jardin fruilier du Muséum, Par m. J. Decaisne. (Suite.) 65. Poire de Pentecôte. Fruit d'hiver, gros, arrondi, ventru, déprime aux deux ex- trémités; à queue courte, très enfoncée dans le fruit; peau épaisse, d'un jaune verdâtre, teintée de brun, un peu muqueuse, parsemée de gros points fauves; œil très-enfoncé; chair demi-fondante, fine, parfumée, très-juteuse. Excellent. N. B. Les beaux fruits de la P. Pentecôte mesurent quelquefois 0"',26 à 0'",i28 de circonférence sur 0"',10 de hauteur; leur poids atteint et dépasse quelquefois GOO grammes; ils se vendent alors à raison de 2 francs en avril. Aucun des caractères de cette excellente Poire n'a échappé à Duhamel, mais sous le nom de Bergumotle de Pâques. C6. Poire Duchesse d'Angoulhne (voyez p. 188). 67. Poire Biigi{\.). Fruit d'hiver, arrondi, à queue longue, arquée, assez grêle, à peine enfoncé dans le fruit; peau vert-jaunâtre, parsemée de points et mar- quée de nombreuses taches fauves; chair demi-fine, de saveur agréable. N. B. Je considère la P. Bugi comme une sous-variété de la P. Bonne de Soulers, dont elle a les principaux caractères. On la confond souvent avec le Dorjenné d'hiver, qui est la P. de Pentecôte. 68. P. aurore. Fruit de fin d'été, oblong, pyriforme ou ovoïde; à peau de couleur jaune d'ocre, lavée d'orange ou d'aurore du côté du soleil, parsemée de points et de taches brunâtres, à queue droite ou arquée, accompagnée d'une large tache fauve; à chair très-fine, fondante, parfumée, de première qualité. N. B. Chair d'un blanc d'ivoire, se confondant presque avec le cœur, très-fine, ferme, peu granuleuse; eau abondante, sucrée, acidulée, parfumée et rappelant la saveur de la Crassane sans en avoir l'astrin- gence. Fruit de première qualité. Quelques pomologistes distinguent la P. aurore de la P. Capiaumont; quant à nous, nous croyons devoir les réunir, la couleur plus brune qui présente la P. Capiaumont ne paraissant pas d'un caractère suffisant pour les séparer. 69. Poire de Lord. Fruit de fin d'été, vert-jaunâtre, lisse ou parsemé de gros points gris, ventru vers le milieu, aminci du côté de la queue, qui est longue (1) Ce nom paraît venir de la province de Bugi, Bugy ou Bugcy, d'où la poire serait originaire. Trdv. et Mey., Pomon. francon., p. 221. — 279 — oblique ou arquée, aceompagnce de plis à sou insertion sur le fruit; chair Manche, cassante, juteuse, légèrement acidulée. N. B. Cette espèce présente une certaine ressemblance de forme et de couleur avec une poire cultivée en Anjou sous le nom de P. courtin, mais elle en diifèi'e par l'époque de sa maturité. Knop de son côté décrit une poire de Lard, qui diffère également de la nôtre en ce qu'elle se colore au soleil et qu'elle mûrit en octobre. Jean Baubin la décrit exac- tement sous le nom de Pira lariUna, speckbirn [Hist. Gen. Plant., p. 40, 4650). 70. Poire jaminelte. Fruit d'hiver, arrondi ou p}Tiforme5 à peau jaune olivâtre, parsemée de points ou de petites taches et portant autour du pédoncule une large macule fauve j à queue droite ou oblique; à chair blanche, parfumée, demi-fondante. N. B. Cette variété a une douzaine de synonymes, parmi lesquels nous devons rappeler le nom à' Austrasie, sous lequel elle a d'abord été décrite, mais qui n'a pas prévalu. Porteau a décrit ce fruit sous le nom de Poire Sabine, pu'il ne faut pas confondre avec celui de Culniar Sabine cité par Van Mons. 71. Poire Goulu Morceau. Fruit de fin d'automne, oblong ou cydoniforme, gros, ventru, quelquefois un pen bosselé; à peau lisse, verdâtre, puis jaune pâle, à peine lavée de rose du côté du soleil; à queue enfoncée, arquée, à chair fine, juteuse, sucrée, acidulée. 72. Poire Tonneau. Fruit de fin d'automne, gros ou très-gros, à surface bosselée, déprimé aux deux extrémités ; à peau jaune et rouge du côté du soleil, parsemée de quelques taches fauves; à queue dressée ou oblique, placée au milieu d'un enfoncement; à œil également placé au centre d'une dépression entourée de côtes plus ou moins saillantes; à chair très-blanche, assez sèche, sucrée, peu parfumée. iV. B. Ce très-beau fruit ne peut servir que d'ornement de dessert; il blettit très-rapidement au centre en conservant encore un certain éclat. Il est essentiel de ne pas le confondre, comme on le fait souvent, avec les P. Amori et Trésor, qui en sont distinctes par la forme, le coloris et l'époque de maturité. Il est signalé pour la première fois et porté au nombre des poires nouvelles sur le catalogue des RR. PP. Chartreux pour i7S2; la première édition de ce catalogue, publiée en quatre pages in-4", Paris, L. Coignard, 1728, ne mentionne pas, en effet, la Poire Tonneau parmi les soixante variétés, qui s'y trouvent inscrites. 75. Poire Van iVuns Léon Leclerc. Fruit d'automne, ovale oblong ou allongé; à queue oblique, courte, charnue, à peau jaunâtre, presque complètement recou- verte de marbrures fauves; à œil à Heur de fruit; à chair très-fine, fondante, parfumée, de première qualité. N. B. Cette variété parait avoir été obtenue par M. Léon Leclerc, pomologiste à Laval, au([ucl la science est redevable d'un excellent — 280 — travail sur le genre Proliféra ou Of^dogonium, de la famille des Con- ferves, inséré dans les Annales du Muséum. Les premiers échantillons en ont été envoyés en octobre 1859, par M. Léon Leclerc, à la société d'horticulture de Paris, par l'entremise de M. Vilmorin. Il est essen- tiel de ne pas confondre la Poire que nous venons de décrire avec les P. Léon-Lederc de Louvain et Léon-Leclerc de Laval qui sont des fruits d'hiver de médiocre qualité ou bons à cuire. 7i. Poire Messire Jean. Fruit d'automne, moyen, arrondi ou turbiné; à queue grêle, droite ou légèrement arquée; à peau rude, de couleur de cuir plus on moins brun, pointillée et marquée de taches plus foncées; à chair cassante, blanche, très-juteuse, sucrée, astingente, parfumée. N. B. Cette variété abonde dans les rues de Paris, où elle se vend ordinairement à très-bas prix; les plus belles dans ces conditions dépas- sent rarement 5 francs le cent. On la mange indifféremment crue ou cuite. 75. Poire Knight d'h'wer {\). Fruit d'hiver, gros, pyriforme ou oblong-obtus; à peau jaune indien ou jaune-roussâtre, parsemée de gros points bruns du côté du soleil, et marquée de taches autour du pédoncule, ainsi que sous l'œil ; à queue insérée dans Taxe du fruit, en peu arquée ; à chair, blanche fondante, parfumée, excellente. N. B. Cette variété citée par Van Mous à la page 59 de son Catalogue publié en 4825, ne me paraît pas avoir été décrite ailleurs. 76. Poire Palernoster (2). Fruit de fln d'automne, pyriforme ou oblong-obtus; queue remarquablement charnue, courte, oblique, souvent placée en dehors de l'axe du fruit et alors parfois accompagnée de plis charnus; à peau jaune- verdâtre, parsemée de taches et marquée de fauve autour de la queue; à chair ferme, sucrée, parfumée, légèrement astringente. N. B. Cette variété décrite dans les Annales de la société d'horticul- ture de Paris, 1854, et, probablement par erreur, sous le nom de Beurré Clairgeau dans V Album pomologique de Bivort, vol. 4, p. 445. Il est presque superflu de faire remarquer quelle n'a aucune analogie avec la Poire du Curé à laquelle on donne quelquefois le nom de Pater Notte. (1) Thomas-André Knight (prononcez IVath), président de la société horticulturale de Londres, célèbre physiologiste et horticulteur anglais, né le 12 août 17S9, mort le 11 mai 1858. Ses principaux travaux ont été publiés en 1 vol. in-8", sous le titre de A sélection from Ihe -physiological and horticullural Papers, etc., Londres, 1851. (2) Nom d'un pharmacien du Hninaut, qui, dit-on, l'a obtenue. — 281 — LE POIRIER EN BELGIQUE. Par m. Royer. (Suite : Voyez page 122.) Nouveau Poiteau. (Van Mons). — Fruit gros, parfois très-gros, incon- stant dans sa forme et dans son coloris, qui varient selon les terrains et les sujets, le plus souvent pyriforme, quelquefois ovoïde; peau rude, verte, fortement lavée de gris dans les sols argileux ; chair blanc verdâtre, fondante; eau abondante, sucrée, mais peu parfumée. La qualité de cette poire est d'autant meilleure, qu'elle provient d'un terrain chaud et léger; comme elle ne jaunit pas à sa maturité, qui se reconnaît seulement à quelques rides qui se forment vers le pédoncule, et au ramollissement de cette partie, il est nécessaire d'y faire attention pour la consommer à propos. Au surplus, elle se conserve très-bien au fruitier jusque vers le mois de décembre. Le nouveau Poiteau est un arbre vigoureux, splen- didc et très-fertile, car il noue la plus grande partie de ses fleurs. Il n'est pas rare de voir cinq fruits sur le même trochet; nous en avons même vu jusqu'à sept. Le fruit étant gros, il convient de choisir des positions un peu abritées pour le cultiver en haut-vent. Du reste, il forme des pyra- mides et des fuseaux magnifiques ; il se plait sur le coignassier comme sur le franc. Léonie Pinchard (société Van Mons). — Arbre adopté spécialement pour vergers; fruit moyen, arrondi comme une Berga motte; épiderme rude, totalement recouvert de gris-roux, plus intense du côté du soleil; chair demi-fine, un peu grenue; eau très-abondante, sucrée, vineuse, ayant le goût des Bergamoltes anciennes. Il mûrit dès la fin d'octobre, et se conserve au fruitier, sans blétir, pendant tout le mois de novembre. L'arbre est vigoureux et très-fertile. Philippe Goes (Bivort). — Poire moyenne, turbinée, pyriforme, bos- selée irrégulièrement; peau rude, entièrement recouverte de gris roux et ponctuée d'un brun noir; chair blanc jaunâtre, fine, fondante; eau suffisante, sucrée et agréablement parfumée. L'arbre est vigoureux et très fertile; il se comporte également bien sur franc et sur coignassier, mais M. Bivort, son obtenteur, conseille de lui choisir une exposition abritée, si l'on veut le cultiver en haut-vent. La poire mûrit en novembre; elle se conserve parfaitement jusque bien avant dans le mois de décembre. Soldat laboureur. (Esperin). — Cette variété, déjà ancienne, puis- qu'elle a été obtenue vers 1828, jouit d'une assez grande vogue et com- mence à se répandre dans nos vergers; elle figurait dans plusieurs en- vois, lors de l'enquête de 1855. C'est une poire d'un assez beau volume, même en haut-vent; elle est pyriforme régulière; la peau, unie, vert — 282 — clair, jaunit à la maturité; elle est ponctuée et ombrée de fauve; chair demi-fine, fondante; eau abondante, sucrée, relevée; dans les terrains calcaires et légers, elle est de plus très vineuse. L'arbre vigoureux et solide, forme sans peine de belles pyramides ou fuseaux; on peut aussi le cultiver en haut-vent. La maturité a lieu dans le mois de novembre, et se prolonge souvent jusqu'en décembre. KartofJ'el (van Mons); syn. Colmar d'Aremberg. — Fruit gros, souvent très gros, irrégulièrement turbiné; peau lisse, vert clair, passant au jaune doré à la maturité, pointillée et marbrée de roux. La qualité de cette poire varie beaucoup suivant le sol sur lequel on la cultive; les terrains frais et substantiels lui conviennent surtout. La chair en est fine et fondante; l'eau abondante, sucrée et délicieusement aromatisée. Dans les terrains froids, argileux ou dans les sols trop maigres, on reproche à cette poire une saveur un peu acerbe qui lui ôte beaucoup de son mérite. L'arbre est robuste, le bois gros; il est d'une fertilité régulière, se prête à toutes les formes, et se greffe sur franc comme sur coignas- sier. Ce beau fruit se conserve admirablement au fruitier, où sa maturité se prolonge de novembre jusqu'en décembre. Emilie Bivort (Bouvier). — Fruit moyen, turbiné, arrondi, roux doré, maculé de brun et pointillé de gris. II modifie très peu son coloris à l'époque de la maturité. Chair blanche, fine, fondante, demi-beurrée; eau suffisante, sucrée et fortement aromatisée; saveur tenant le milieu entre le Rousselet et la Bergamotte. Il mûrit du 15 au 50 novembre. L'arbre est vigoureux et fertile, et, d'après notre expérience, on peut le cultiver dans les divers sols. Nous ne le possédons qu'en fuseaux; mais à en juger par la solidité de son bois, nous croyons qu'il se formerait bien en haut-vent. Vicomte de Spoelberg ; syn. Beurré de Spoelberg (van Mons). — Fruit moyen, turbiné; peau lisse, verte, légèrement ombrée de rouge du côté du soleil, de roux fauve du côté de l'ombre, jaunissant très peu à la maturité; chair blanche, fine, fondante, beurrée; eau assez abondante, parfumée et musquée. Il mûrit à la fin de novembre. L'arbre est vigou- reux et très fertile, et il se comporte aussi bien sur franc que sur coignas- sier. Nous l'avons éprouvé dans des sols légers et argileux, sans aperce- voir des différences dans sa qualité. Callebasse Tougart (Bivort). — Fruit gros, parfois très gros, pyri- forme pyramidal, allongé; peau rude, vert clair, en partie couverte de rouille, jaunissant très-peu à la maturité; chair rose, fine, fondante beurrée; eau très-abondante, sucrée et d'un parfum très-agréable; maturité dans la première quinzaine de novembre. Arbre robuste, bois gros, des plus fertiles; il convient pour le haut-vent et se prête très- bien à la pyramide et au fuseau. Nous avons essayé cet excellent iruit dans plusieurs sols, sans y trouver de différence. Charlutte de Brouwer (Esperin). — Poire moyenne, ovale arrondie, — 285 — turbinée; peau vert clair, ombrée et ponctuée de fauve. En sol argileux, la qualité de cette poire ne nous a pas satisfait; mais dans nos terrains légers et calcaires de la vallée de la Meuse, elle est exquise, sa chair est légèrement rosée, dégageant une odeur de rose, fondante et bien beurrée; son eau est abondante, sucrée et parfumée. La Charlotte de Brouwer est d'une remarquable fertilité, donnant ses fruits par trochets de 3 à 5. L'arbre est d'une vigueur moyenne; il peut être greffé sur franc ou sur coignassier. Nous le recommandons pour les terrains légers et les expositions abritées, où il peut même être cultivé en haut-vent. Bue d'Orléans (Bivort). — Fruit moyen, assez gros, pyriforme et parfois conique; peau rude, vert clair, maculée et ombrée de roux fauve, ponctuée de brun, passant au jaune d'or à la maturité; chair blanche, fine, fondante; eau abondante, sucrée, vineuse et bien parfumée. La maturité a lieu dans le mois de novembre et se prolonge jusqu'en dé- cembre. Arbre très-vigoureux et fertile, que l'on peut cultiver sous toutes les formes, dans tous les terrains et sur franc comme sur coi- gnassier. Espèrine (Van Mons). — Fruit gros, pyriforme pyramidal; peau vert clair, ponctuée de gris, maculée et ombrée de fauve et de rouge du côté du soleil et jaunissant à la maturité; chair blanche, fine, fondante, demi- beurrée, eau abondante, sucrée et bien parfumée. Il mûrit dans le commencement de novembre. L'arbre est d'une vigueur moyenne, très- fertile, et se forme bien en fuseau, sur coignassier ou sur franc. Poire Madame Durieitx (Bivort). — Fruit petit, arrondi en forme de Bergamotte; peau jaune clair à la maturité, lavée et ponctuée de gris roux; chair blanche, fine, fondante, beurrée; son eau est abondante et sucrée. Arbre vigoureux et très-fertile, particulièrement propre aux vergers. Cette poire mûrit dans les premiers jours de novembre , et se conserve bien au fruitier. Beurré-Iieauchamps. — Fruit moyen, sphérique, parfois turbiné ; peau vert clair, marbrée de gris-rouille, se colorant rarement de rouge ; chair blanche, fine, fondante et beurrée; eau assez abondante, sucrée, un peu parfumée. Mûrit dans la première quinzaine de novembre. Arbre vigoureux, qui se prêle à toutes les formes, mais dont nous conseillons surtout la culture en haut-vent. Nous en possédons un qui, depuis vingt- cinq ans, sans alternat, a toujours été chargé d'une grande abondance de fruits. Malgré l'infériorité de mérite du Beurré-Beauchamps , comparati- vement à beaucoup d'autres poires, il est digne d'attention comme fruit de marché. Fondante de Matines (Espcriu). — Fruit gros, un peu ovoïde, en forme de Doyenné; peau vert jaunâtre, passant au jaune d'or à la matu- rité, ombrée de fauve et de brun clair; chair fine blanc jaunâtre, fon- dante; eau abondante, sucrée et parfumée dans le goût du Doyenné. Il mûrit dans le courant de novembre. Arbre vigoureux, fertile, cl se pré- — 284 — tant parfaitement à tous les genres de culture. Le fruit tient bien aux branches jusqu'au moment de la cueillette, ce qui est un mérite pour le haut-vent. Nous en possédons un sous cette forme, dont plusieurs fois des branches se sont rompues sous le poids des fruits, sans qu'aucun de ceux-ci se soit détaché. Jusqu'à présent nous n'avons cultivé la Fondante de 3Ialines qu'en terre légère. La juive (Esperin). Fruit moyen, turbiné; peau lisse, vert jaunâtre, pointillée et marbrée de brun, colorée de rouge du côté du soleil, jau- nissant à la maturité; chair demi-fine fondante; eau abondante, sucrée, parfumée. Cette poire mûrit lentement au fruitier, où elle se maintient pendant une bonne partie du mois de novembre. L'arbre est vigoureux, très-fertile, et propre à toutes les formes. Nous ne l'avons essayé qu'en terre légère. Poire Dix, Madame Dix [Leurs ou Lewis pear, par erreur). — Poire obtenue à Boston (États-Unis) et introduite en Europe sous un faux nom d'abord, il y a plus de vingt-cinq ans. C'est un des meilleurs fruits modernes; sa bonne qualité s'est maintenue dans les divers sols où nous le cultivons. Fruit gros, oblong ou pyriforme allongé; peau rude, épaisse, vert clair, passant au jaune plus ou moins intense à la maturité, maculée et ombrée de roux fauve, légèrement lavée de rouge du côté du soleil ; chair blanc jaunâtre, fine, fondante; eau abondante, sucrée, un peu acidulée, et d'un goût exquis. La maturité commence dès les premiers jours de novembre et se prolonge en décembre; cette poire se maintient longtemps au fruitier. L'arbre est vigoureux, naturellement pyramidal; mais son bois, un peu grêle, ne le désigne pas pour le haut-vent. 11 vient bien sur coignassier, mais il est bien préférable de le greffer sur franc. Peu fertile dans les premières années, il donne plus tard d'abon- dantes récoltes. Poii-e Davy (Van Mons). — Cette poire s'est répandue dans le com- merce sous divers noms : Beurré des bois, Fondante des bois, BeHe des Flandres, Flemish Beauty. Fruit gros, parfois très gros, pyriforme ovoïde ou arrondi; peau vert clair, tavelée et mouchetée de brun roux, plus ou moins colorée de carmin vif du côté du soleil; chair blanc jau- nâtre, demi-fine, fondante et légèrement beurrée; eau assez abondante, sucrée et relevée. 3Iûrit dans la première quinzaine de novembre. L'arbre, qui est assez vigoureux, se forme bien en quenouille ou en fuseau sur toutes essences; il convient moins pour le haut-vent, à cause du volume des fruits et de leur tendance à se détacher assez vite de la branche. En terminant notre nomenclature des poires de novembre, nous croyons devoir mentionner ici, sous toutes réserves, quelques fruits de ce mois obtenus nouvellement aux États-Unis. Leurs noms et leur appré- ciation nous ont été communiqués par nos correspondants américains. Chancellor. — Volume d'un gros Saint-Germain; poire délicieuse, - 285 — beurrée, juteuse, pleine de sucre et d'arôme; une des meilleures de la saison. Colitmbîa. — Forme et volume d'un fort Nouveau-Poiteau. Beurrée, juteuse, assez parfumée; tient mal à la branche; très-productive; poire très-bonne, mais non de première qualité. Dallas. — Fruit moyen, rond, très-bon, vineux, acidulé. Laisse à désirer sous le rapport de la finesse de la chair; prolonge sa maturité jusqu'en décembre Mois de Décembre. — Les variétés que nous avons indiquées pour le mois de novembre, sont beaucoup plus nombreuses que celles qui mûris- sent dans le mois suivant; mais nous avons fait remarquer qu'il s'en trouvait, parmi les premières, plusieurs dont la maturité se prolongeait de quelques semaines au fruitier : elles viennent donc augmenter les ressources du mois de décembre. Les poires suivantes mûrissent rarement avant cette époque. Doyen Dillen (Van Mons). — Fruit gros, ovale allongé; peau rude, vert clair, ponctuée de roux-brun, fortement ombrée de même couleur, prenant une teinte jaune foncé à la maturité; chair blanche, légèrement rosée, fine, demi-fondante, beurrée; eau abondante, sucrée, vineuse, d'un parfum très-agréable. L'arbre mère de cette variété se trouve dans le jardin de la Société Van Mons, où il se fait remarquer par la force de sa végétation; il a atteint plus de 9 mètres et donne lieu de croire qu'il for- mera des hauts-vents magnifiques. Nous l'avons essayé sur franc et sur coignassier, dans plusieurs sols, et l'avons toujours trouvé fertile, d'excellente qualité et de bonne conservation. Emile (VHeyst (Esperin). — Fruit gros, pyramidal, obtus vers les extrémités, renflé au milieu. Sa couleur est vert clair, presque entière- ment recouverte de fauve et de rouille; chair d'un blanc tirant sur le vert, fine, fondante, beurrée; eau abondante, sucrée, vineuse, un peu acidulée et relevée. Arbre d'une vigueur et d'une fertilité moyennes, se prêtant bien à la taille sur les diverses essences. Nous ne l'avons pas vu en haut-vent. Bien qu'il mûrisse dès la fin de novembre, il se garde faci- lement jusqu'à Noël. Madame Élisa (Bivort). — Ce fruit est souvent très-gros, pyriforrae ou pyramidal conique ; peau vert clair, légèrement maculée, ponctuée de gris-roux et jaunissant un peu à la maturité; chair légèrement rosée, fine, fondante, beurrée ; eau abondante, sucrée, relevée d'un parfum des plus distingués. L'arbre mère, très vigoureux, se trouve aussi dans le jardin de la Société Van Mons. On le cultive avec succès sur franc et sur coignassier. Il se conduit comme on veut. Nous ne sachions pas qu'il ait été cultivé en haut-vent; le volume de son fruit sera peut-être un obstacle. Cette poire peut être consommée pendant tout le mois de décembre. Lo^iis Grégoire (Grégoire). — Fruit gros, pyriforme régulier; peau — 286 - lisse, vert clair, jaunissant à la maturité, maculée et pointillée de brun- roux; chair blanche, fine, fondante; eau abondante, sucrée et agréable- ment parfumée. Arbre assez vigoureux et très-fertile, se greffant avec un égal succès sur franc et sur coignassier. Il forme de belles pyramides ou fuseaux, et peut être cultivé en haut-vent. Cette poire mûrit dès la fin de novembre, mais elle se maintient une partie du mois de décembre. Alexandre Lambré (Bivort). — Fruit moyen, un peu turbiné et arrondi en forme de Bergamotte; peau lisse, vert clair, passant au jaune d'or à la maturité, ponctuée et ombrée de roux fauve; chair blanche, fine, fon- dante, demi-beurrée; eau abondante, sucrée et bien parfumée. Arbre vigoureux et fertile, convenant parfaitement aux vergers; il est encore un peu épineux dans la collection de la Société Vàn Mons, mais les sujets greffés n'ont pas conservé d'épines. L'Alexandre Lambré prolonge souvent sa maturité jusqu'en janvier; nous l'avons même conservé jusqu'en mars. Comte de Flandre (Van 3Ions). — ■ Fruit gros, souvent très-gros, pyri- forme pyramidal; peau rude, verte, jaunissant légèrement vers la matu- rité, ombrée et ponctuée de gris-roux sur toute sa surface; chair blanche, très-fine, fondante, beurrée; eau abondante, sucrée et d'un parfum très- agréable. Arbre fertile et d'une vigueur moyenne; il prospère sur coi- gnassier, mais il convient mieux de le greffer sur franc. Ses fruits sont un peu trop gros pour la culture en haut-vent, nous préférons le conduire en pyramide ou en fuseau. La maturité du Comte de Flandre arrive vers la mi-décembre; mais on le garde souvent jusqu'en janvier. Beurré Berckmans (Bivort). — Fruit moyen, pyriforme; peau lisse, vert clair, fortement lavée de roux , ponctuée de même couleur, et prenant une teinte jaune d'or à la maturité; chair blanc jaunâtre, très fine, fondante, beurrée; eau abondante, sucrée, vineuse, bien parfumée. Arbre très vigoureux et fertile; bois solide et raide, parfaitement conve- nable pour la culture des vergers. Dans les jardins, le Beurré Berckmans se prête à toutes les formes et prospère sur toutes les essences. Son fruit mûrit de novembre en décembre. Zéphirin Grégoire (Grégoire). • — Fruit moyen ou petit, pyriforme turbiné, peau lisse, verte, pointillé de brun, jaunissant fortement à la maturité; chair blanche, très fine, beurrée, fondante; eau abondante, sucrée, parfumée. Arbre vigoureux, bois très-rameux comme le Passe- Colmar, plus gros et plus solide; on peut le cultiver sous toutes les formes et sur toutes les essences. Sa maturité commence en décembre et se prolonge en janvier, parfois même en février. Nous croyons devoir répéter ici que les époques de maturité indiquées dans le travail dont nous nous occupons, sont applicables au climat de la Belgique, bien plus froid et surtout plus variable que celui de la France. Il est donc évident que le jugement que nous portons ici sur l'époque de la maturité des poires d'origine belge doit se modifier en ce qui concerne les mêmes arbres cultivés dans des contrées plus méridionales. — 287 — Nous avons aussi toute raison de croire que ceux-ci donnent des fruits de qualité supérieure comparativement aux nôtres, tandis que des faits nombreux nous ont prouvé que le contraire a lieu, très-souvent, lorsque nous plaçons dans nos jardins des fruits gagnés au delà de la Loire, dans les environs d'Angers, par exemple, où l'on s'est beaucoup occupé de semis depuis une trentaine d'années. Ainsi, il nous est arrivé souvent de recevoir de Nantes ou de Bordeaux des spécimens des poires Duchesse d'Angoulème, Beurré Clairgeau, Alexandrine Douillard et autres variétés analogues, et ces spécimens, confrontés avec les mômes fruits récoltés dans les localités les plus favorables de la Belgique, ont toujours été jugés infiniment supérieurs à ceux-ci, qui étaient, pour ainsi dire, méconnaissables. Poires de janvier, février et mois suivants jusqu'au printemps. — 11 est très-difficile de préciser des époques de maturité pour les variétés de cette catégorie. La plupart d'entre elles sont de longue garde et se maintiennent longtemps au fruitier à l'état de maturité parfaite. Nous citerons, comme exemple, d'anciens fruits connus, tels que les Saint- Germain, Bon-Cbrélien de Rance et Doyenné d'biver, qui peuvent sou- vent être consommés dès le mois de décembre, et que, cependant, l'on voit souvent encore figurer sur nos tables au mois d'avril et même en mai. Malbeureusement les poires que nous venons de citer, ne peuvent être classées parmi celles de grande culture; sauf dans un petit nombre de localités privilégiées, elles exigent l'espalier. Sous ce rapport, c'est aux fruits modernes que nous devons demander l'extension de nos jouissances. Le but à atteindre serait d'obtenir, dans les conditions de culture simple et rustique, des collections de poires fondantes ou beur- rées, se succédant jusqu'au mois de juillet. Ce but sera atteint, s'il faut s'en rapporter aux résultats déjà obtenus par le zèle et la persévérance des pomologues de ce siècle, parmi lesquels les Belges tiennent un rang si lionorable. Et, puisque l'occasion s'en présente ici, disons qu'ils ont droit véritablement à la reconnaissance publique, car leurs travaux intéressent à la fois les populations, auxquelles ils assurent des jouis- sances nouvelles et une somme plus grande de substances alimentaires, et le pays dont ils augmentent la richesse en lui donnant un produit précieux et d'une vente facile. Roiisselet Bivort (Bivort). — Fruit petit, turbiné. Peau lisse, vert clair, devenant jaune-citron à l'époque de la maturité, ombrée de roux fauve et ponctuée de brun ; chair blanc jaunâtre, fine, fondante, demi- beurrée; eau abondante, sucrée et relevée d'une saveur analogue à celle du petit Rousselet, arbre vigoureux et fertile, qui peut être cultivé en haut-vent dans les vergers, ou sous les formes d'usage dans les jardins. Cette variété commence à mûrir dès la fin de novembre et elle dure jus- qu'à la fin de janvier. — 288 — Poire Léon Grégoire (Grégoire). — Fruit gros, bosselé, assez irrégu- lier dans sa forme, qui est plus ou moins arrondie, ou turbinée. Peau rude, vert clair, fortement lavée de gris de rouille du côté du soleil, ponctuée de roux et jaunissant légèrement à la maturité; chair blanc jaunâtre, demi-fine, fondante, beurrée ; eau abondante, sucrée, vineuse, parfumée. La maturité dure tout le mois de janvier et se prolonge jus- qu'en février. L'arbre, vigoureux et fertile, se forme naturellement et se prête avec facilité à toutes les tailles, sur coignassier ou sur franc. Nous ne l'avons pas encore observé en haut-vent ; mais rien dans la nature de son bois ne peut empêcher de l'essayer sous cet forme. Napoléon Savinien (Société Van Mons). — Fruit moyen, parfois pyri- forme turbiné, parfois conique. Peau jaune à la maturité, fortement ombrée de roux brun du côté du soleil, ponctuée de brun foncé ; chair blanche, demi-fine, fondante; eau suffisante, sucrée, un peu vineuse, par- fumée d'une saveur délicate. Cette variété mûrit de janvier à mars, selon les années. Il est peu d'arbres aussi rustiques que le Napoléon Savinien. Ses rameaux sont longs, vigoureux, et poussent verticalement. Il con- vient parfaitement pour la culture en haut-vent dans les vergers. Néan- moins, nous en possédons sur coignassier deux pieds dont la végétation est admirable de vigueur; et, par ce motif même, nous pensons qu'il est nécessaire d'en allonger la taille. Beurré Bennert (Bivort). — Cette variété, dont le pied-mère se trouve, comme le Napoléon Savinien, dans le jardin de la Société Van Mons, à Geert-Saint-Remi, contraste d'une manière remarquable avec le précédent, par son bois grêle et incliné. C'est là une raison qui nous fait hésiter à recommander le beurré Bennert pour le haut-vent, bien que la rusticité de l'arbre le désigne naturellement comme un poirier de verger. Fruit petit ou moyen. Peau lisse, jaune clair à la maturité, lavée de jaune orangé, parfois maculée de rouge du côté du soleil et panaché de roux sur toute sa surface; chair blanc rosé, fine, fondante, beurrée; eau abondante sucrée, vineuse, d'un parfum délicat et très-distingué. Cette variété prospère sur coignassier comme sur franc, et se prête bien à à toutes les tailles. Nous ne l'avons encore récoltée qu'en sol argileux. Calmar Delahaut (Grégoire). — Fruit moyen, pyriforme irrégulier, plus ou moins bosselé. Peau rude, jaune clair à la maturité, ponctuée et ombrée de brun; chair demi-fine, demi-fondante; eau suffisante, forte- ment aromatisée. Ce nouveaux Colmar mûrit de février en mars. Son arbre, qui est vigoureux et assez fertile, convient spécialement aux ter- rains légers et un peu abrités. Il peut être cultivé indifféremment en haut-vent, en fuseau et en pyramide. {La suite à la prochaine livraison.) 1. MaKernia oduraU. 2 . Oriôaïuim sipyleiim.J. 289 HORTICULTURE. NOTE SUR VORrCrANUlV SIPYLEUM, Lind., OU ORIGAN DU MONT SIPYLE. SOUS-ARBRISSEAU \ RAMEAUX PENDANTS ET DE SERRE FROIDE. (Figure pi. XIX, fig. 2). Descuiption spécifique : Sons-arbrisseau à rameaux grêles et pendants; à tiges feuiilécs courtes, ascendantes, très poilues, portant des feuilles arrondies, épaisses et laineuses des deux côtés ; tiges florales longues d'un pied ou d'un pied et demi, décombantes, se ramifiant en panicnle, glabres, à feuilles petites, presque sans ner- vures, aiguës, arrondies à la base, glauques. Lesfleurs sont disposées en épilelsoblongs solitaires ou ternes, et à la base de bractées ovales, colorées, assez lâches. Calice ses- sile, à moitié plus court que la bractée voisine à dents obtuses ou aiguës, les deux inférieures velues en dedans et les trois supérieures plus longues. Corolle à tube régulier, de la longueur du calice. Originaire du Mont Sipyle en Anatolie et des montagnes de la Syrie. 0. Sipijleum, Linn., Spee. p. 823; Sibth. et Sm., fl. gr. 6, pag. 1)7, t. Îi70; Dec. Prod., XII, p. 192; Regel, Garlenfl., 1858, p. 268, t. 256. L'Origan du Mont Sipyle est un sous-arbrisseau d'un aspect tout parti- culier et très gracieux. Le savant rédacteur du Garlenflora vient de le signaler de nouveau aux amateurs comme une plante très recomman- dablc et qui mérite une place dans les serres froides : il présente en effet une touffe de feuillage élégant qui recouvre le sol et qui est surmontée, à l'époque de la floraison par des rameaux très minces, auxquels sont suspendus une foule de petits épis pendants et à fleurs roses. On peut les laisser tantôt s'échapper des bords d'une corbeille suspendue, tantôt les conduire sur un élégant treillage métallique. En hiver on tient l'Origanum Sipyleum en serre froide, près des vitres ou^ simplement sous châssis froid et en été on peut l'abandonner au plein air. C'est à cette époque qu'a lieu la floraison, laquelle est très abondante et facile. On le multiplie ordinairement de boutures ou de divisions. C'est une excellente plante de corbeille et qui se prête en outre à la cul- turc en appartements. RELfi nORT. TOM. IX. 20 f ~ 290 — COURTE NOTICE AU SUJET DU MAHERNIA ODORATA, andr., OU MAHERNIA A ODEUR DE JONQUILLE, EXCELLENTE PLANTE DE SERRE TEMPÉRÉE. (Figuré pi. XIX, flg. 1.) FAMILLE DES BUTTNÉRIACÉES. — PENTANDRIE PENTAGYNIE. Description générique. Calice nu, campanule, à cinq divisions. Pétales au nombre de cinq, à limbe obcordé et tordu en spirale et à onglets à peu près droits. Cinq filets staminaux, monadelphes à la base, présentant vers le milieu un renflement en forme de cupule ou de cœur. Cinq styles réunis entre eux. Le fruit est une capsule à cinq loges et à cinq valves, polysperme. — Toutes les espèces (une vingtaine environ) habitent le Cap de Bonne-Espérance. Description spécifique. Sous-arbrisseau de un à deux pieds, à feuilles lancéolées dentées-pinnatifides, à dents entières, à fleurs jaunes pendantes, ordinairement au nombre de deux sur chaque pédoncule et à odeur de Joncjuille. Mahernia odorata, Andr., Bot. Repostorij, I, tab. 83. Ait. II. Kew. éd. 2, V. 2^ p. 199. M. glabrala, Cav. diss. VI, p. 526, t. 200, f. 1. — Jacq. Sciioenbr., I, t. 55. Dec, Prod. \, p. m7. H ermanni a glabrala, Linn., f. supp. 501. Voici une plante qu'il n'est point nécessaire de voir pour reconnaître sa présence dans une serre ou un appartement: son parfum est si péné- trant, et aussi si suave, qu'il la révèle immédiatement, même aux nez les plus obtus. Seulement elle courrait grand risque de ne pas être reconnue. La 3Iahernia odorant n'est pas précisément nouveau, puisque ses graines sont arrivées du Cap de Ronne-Espérance en Angleterre vers 1792, mais il a partagé le sort de tant d'autres: après avoir été demandé partout, parfaitement reçu et traité, il est petit à petit tombé dans l'oubli. Nous l'avons retrouvé cet hiver à Liège chez M. Marchot, l'excellent secrétaire de la Société des Conférences horticoles, qui le cultivait avec beaucoup de succès: toutes ses serres étaient embau- mées du parfum du Narcisse et de la Jonquille. Mais ce n'est pas la seule qualité du Mahernia : il forme, cultivé en pot et en serre froide, un petit arbuste bien touffu et bien vert qui est presque pendant toute l'année chargé de clochettes jaunes et fort élégantes. Nous en avons dessiné un simple rameau. 11 aime, pour croître convenablement, un sol iMche, engraissé de vieux fumier et amendé d'un peu de terre de bruyèi'c. On le multiplie par boutures, au commencement du mois de mars et sur couche chaude. — 291 — BULLETIN HORTICOLE. FÉDÉRATION DES SOCIÉTÉS D'IIORTICUTURE DE BELGIQUE. Dans une de ses dernières réunions, le comité provisoire a décidé d'adresser la circulaire ci-après à toutes les sociétés horticoles de Belgique, pour déterminer le but et la portée du règlement fédéral : « L'union de toutes les sociétés d'horticulture est la réalisation de notre devise nationale ; isolées, elles sont utiles, unies en un seul iaisceau, elles seront fortes. Poursuivant toutes le même but et animées d'un même désir, la diffusion et le perfectionnement de la culture sous toutes ses formes, elles ont le plus grand intérêt à coordonner leurs efforts et à rassembler leurs moyens d'action relativement à certaines grandes questions d'un intérêt général. Les horticulteurs de Belgique ont d'ail- leurs bien compris et depuis longtemps les avantages considérables qui résulteraient infailliblement d'une communauté d'action. « Des sociétés d'horticulture, de floriculture, de pomologie, de culture maraîchère et d'agriculture se sont établies sur toute la surface de la Belgique; partout les amateurs ont reconnu l'influence fatale de l'isole- ment, et ils se sont rapprochés en associations; celles-ci reconnaîtront à leur tour qu'elles deviendront plus fortes, plus stables et qu'elles mar- cheront plus vite, si elles se rapprochent les unes des autres, si elles coordonnent leurs efforts, si elles peuvent se mettre en contact et profiter mutuellement des perfectionnements accomplis et des idées nouvelles et utiles. « Ces sociétés sont plus ou moins anciennes, plus ou moins puissantes, elles disposent de ressources inégales, elles sont établies dans des centres de population plus ou moins importants; chacune d'elles, en un mot, représente le véritable état de l'horticulture dans la localité où elle a son siège. Elles ont une action directe sur l'horticulture de celte localité, et elles rendent, sous ce rapport, les plus précieux services. Chaque société est compétente chez elle; elle connaît ses ressources et ses besoins, elle sait la marche à suivre et ce qui convient aux horticulteurs et aux amateurs dont elle est formée; plusieurs d'entre elles ont d'ail- leurs leur histoire, un passé glorieux, des usages spéciaux auxquels elles doivent rester fidèles; il n'appartient donc à aucune outre association ni à personne de s'innniscer dans l'administration d'une société horticole, de modifier sa manière de procéder ni d'entraver sa marche. Une telle prétention serait exorbitante, injustifiable et tellement contraire à notre esprit national, qu'elle serait la ruine de la fédération. « 11 faut donc, en un mot, indépendance absolue de chaque adminis- tration, respect et considération réciproques, liberté individuelle de — 2912 — chaque société, mais union, fédération, aide et secours mutuels pour la poursuite des intérêts généraux et la réalisation des grandes questions générales. Autant chaque société est compétente chez elle et autant elle y rend de services, autant elle est étrangère et faihle au dehors; ses efforts sont nécessairement restreints dans certaines limites et entravés dans leur développement par une foule de considérations. Tel est l'état de choses qu'il faut faire disparaître, telle est la raison pour laquelle il faut s'unir et s'entr'aider. Si l'on y parvient, les limites d'action de chacun s'augmenteront de l'appui de tous les autres et les résultats de tous profiteront à tous. « Les sociétés sont la représentation de l'horticulture dont elles éma- nent; elles représentent l'horticulture gantoise, l'horticulture de Bruxel- les, d'Anvers, de Malines, de Namur, de Liège, etc., etc. La fédération sera la représentation de l'horticulture du pays entier, de l'horticulture belge, qui jouit déjà d'une si grande réputation à l'étranger. « Ces idées sont d'ailleurs si généralement comprises, qu'il serait peut-être superflu de s'y arrêter, s'il n'était utile de déclarer que la fédération qui vient de s'établir en est exactement la réalisation. a Mais l'initiative d'une mesure aussi générale et aussi importante ne pouvait partir que du gouvernement qui, non-seulement, a proposé la fédération mais qui lui a en outre promis son plus ferme appui. Toutes les sociétés du pays ont accueilli le principe de la fédération avec le plus grand empi*essement, mais un très-petit nombre ont ensuite, après avoir eu connnunication du projet des statuts, manifesté quelques craintes et quelque défiance. Par suite d'une certaine confusion dans la rédaction de ces statuts primitifs et d'une interprétation erronée, elles ont craint de perdre de leur indépendance en s'alliant à d'autres. « Pour ces rares abstentions comme pour l'édification des sociétés adhé- rentes, nous croyons convenable de faire suivre les statuts adoptés par la réunion des délégués le 5 mai dernier, à Malines, d'une note-circulaire développant l'esprit des principes adoptés et interprétant les divers arti- cles des statuts constitutifs de la fédération des sociétés horticoles de Belgique. « Art. i, 2. Les articles 1 et 2 précisent exactement la nature et le but de la fédération; ils déterminent en quelque sorte la portée de l'enga- gement que les sociétés adhérentes souscrivent. L'art. 1'='^ proclame le principe d'une fédération, ce qui ne veut pas dire une union ni encore moins une fusion; les sociétés, au contraire, conservent toute leur auto- nomie et leur entière indépendance. JNi l'assemblée générale, ni le comité directeur, ni aucune autorité, en un mot, ne pourra s'immiscer dans l'administration particulière d'une société fédérée. Mais d'un autre côté, celle-ci doit loyalement exécuter le programme de la fédération et se conformer aux prescriptions des statuts auxquelles elles adhèrent. Libres chez elles, elles doivent nécessairen)cnt se conformer aux lois fédérales. — Wù — « L'arl. 2 indique en quelques mots les principes organiques de ces lois : la fédération a pour but de favoriser le progrès des diverses branches de l'horticulture par des tnesures dont l'exécution intéresse toutes les sociétés horticoles du pays. La floriculture, la pomologie, la culture maraichère sont les principales branches de l'horticulture et rentrent, par conséquent, tout spécialement dans les attributions de la fédération. En outre, il ne peut jamais être question que de mesures d'un intérêt général et que chaque société isolément ne saurait réaliser. Parmi celles-ci, l'assemblée de Malines en détermine quatre : « 1° Les réunions périodiques et régulières des délégués de ces associa- tions (fédérées). Le nombre de ces réunions, leur composition et leurs attributions sont déterminés par les art. 5, 4 et S, dont l'organisation sera complétée ultérieurement en vertu de la disposition de l'art. l\. Il s'agit de se réunir deux fois par an, pour conférer de l'état général de l'horticulture et des mesures à prendre, pour discuter les propositions pouvant émaner de l'une ou de l'autre société, modifier, s'il y a lieu et sous certaines conditions réglementaires, les statuts constitutifs de la fédération, pour contrôler la gestion du comité, etc., etc. En un mot, cette assemblée générale est la véritable chambre des représentants de l'horticulture belge; émanation de toutes les sociétés, elle est toute-puis- sante dans la direction de la fédération. Il est probable qu'elle n'aura aucun siège fixe, mais qu'elle se réunira alternativement dans les prin- cipaux centres horticoles du pays, et que l'on s'efforcera de faire coïnci- der ces réunions avec l'une ou l'auti'e solennité horticole organisée par une société. a L'une au moins de ces réunions générales pourrait être publique et devenir l'occasion de la réunion d'un grand nombre d'horticulteurs du pays: ce congrès national deviendrait l'occasion de communications et de diseussions intéressantes, et, en outre, de transactions importantes; tous les membres appartenant à l'une des sociétés affiliées pourraient assister à ces réunions, mais l'assemblée de Malines a écarté unanime- ment la proposition de donner voix délibérative, dans une assemblée fédérale, à tous les membres indistinctement d'une société d'horticul- ture; la société locale, représentée par un grand nombre de men)bres, disposerait d'une forte majorité et déciderait, par conséquent, seule des destinées de la fédération. Le sort de. celle-ci doit, au contraire, être constamment déterminé par un égal nombre de délégués de toutes les sociétés; de la sorte, elle ne s'écartera jamais du vœu de la majorité des amateurs du pays; ses décisions seront constamment l'expression de la volonté du plus grand nombre. « Mais l'assemblée générale réunie à Gand, à Bruxelles, à Anvers, à Liège, à Namur, etc., organiserait, à cette occasion, une réunion à la- quelle tous les horticulteurs du pays seraient conviés: ce seraient en quelque sorte des fêtes de famille qui pourraient se renouveler beau- ~ !294 — coup plus souvent que les véritables congrès. M. Royer a émis l'idée de les consacrer allcrnativement à la floriculture, à la pomologie et à la cul- ture maraîchère, de manière que le tour de chacune de ces sciences se représenterait tous les deux ou trois ans. Le règlement d'ordre intérieur des assemblées générales précisera davantage leurs attributions; après la constitution viennent les lois organiques. « 2" Les expositions nationales auxquelles toutes les sociétés sont invitées à contribuer. L'interprétation de ce paragraphe a quelque im- portance; en effet, une société puissante a compris qu'il était question d'organiser périodiquement et régulièrement des expositions générales des produits de l'horticulture belge qui nuiraient au succès des exposi- tions particulières, qui leur feraient en quelque sorte concurrence et qui absorberaient une grande part des ressources de toutes les sociétés affiliées. a Telle n'est par la portée de ce paragraphe, et nul n'a jamais songé à ternir l'éclat des grandes expositions qui s'ouvrent de temps en temps en Belgique, et qu'une société a l'honneur d'organiser avec ses seules res- sources: la fédération voudrait, au contraire, pouvoir contribuer à aug- menter encore l'importance de ces exhibitions. Dans certaines circonstan- ces, quand le pays célèbre un événement heureux ou des joies populaires par de grandes fêtes nationales, l'horticulture, dans notre heureuse patrie, est ordinairement appelée à y contribuer, mais les ressources d'une société particulière sont en général insuffisantes et restreintes ou bien le gouvernement doit improviser une commission ad hoc. La fédé- ration a voulu prévoir ces circonstances et le gouvernement saura à qui s'adresser : ce ne sera plus (dans certains cas au moins) l'exposition de telle ou telle société ou de telle ou telle localité, mais une exposition nationale, une exposition belge, à laquelle toutes les sociétés sont invitées à prendre part, soit individuellement, soit globalement : exposition organisée sur de larges bases, d'après un programme imposant et dont les prix auraient une importance exceptionnelle. Le gouvernement la subsidierait pour une large part, et un fonds de réserve de la caisse fédérale y contribuerait dans une certaine mesure. « 5° Un recueil, centre commun des travaux de toutes les sociétés horticoles du pays et dont le mode de publication sera déterminé ulté- rieurement en assemblée générale. « On s'était d'abord servi du mot journal, mais il a été bientôt écarté par l'assemblée de Malines: il serait difficile de fonder une publication périodique régulière également intéressante et surtout également utile pour tous les horticulteurs, pomologistcs et maraîchers du pays: en ou- tre, elle entraînerait à des frais considérables. On a pensé qu'il serait préférable de laisser à chaque société le soin de décider de l'opportunité de la publication d'un journal dont elle saurait déterminer la composi- tion d'après les conditions locales. - 295 — « Mais, d'un autre côté, les publications qui émanent actuellement de chaque société sont en général peu importantes et dénuées d'intérêt: leur histoire, leur organisation et leurs progrès restent à peu près incon- nus : les statuts organiques de ces sociétés, les résultats des expo- sitions et les procès-verbaux de leurs séances sont assez rarement impri- més et, en tous cas, ne survivent guère à leur éclosion. Cependant ce sont là des documents pour servir à l'histoire de l'horticulture en Bel- gique; épars, ils ont peu d'importance, mais réunis, ils présenteraient beaucoup d'intérêt: ils formeraient le fond du recueil dont il est ques- tion au § 5 de l'art. 2. En outre, on y joindrait certaines communica- tions que les sociétés fédérées pouri'aient juger utile de faire et qui se- raient reçues sous le contrôle du comité de rédaction, et en outre, les résultats des concours dont il est question au § 4, c'est-à-dire les mémoi- res couronnés. La publication de ce recueil pourrait même permettre aux sociétés de réaliser certaines économies d'impressions : le gouver- nement a fait espérer qu'il supporterait tous les frais d'impression de ce recueil, il paraîtrait à des époques indéterminées, d'après la quantité de matériaux qui seraient communiqués. «c Enfin, il pourrait servir de base à la cotisation fédérale de chaque société, comme hqus le dirons à propos de l'art. 9, et, loin d'être une charge pour la fédération, ce recueil deviendrait, au contraire, la source de ses revenus. Cette publication doit d'ailleurs être réglementée ulté- rieurement par l'assemblée fédérale, et jusqu'ici on en a seulement admis le principe. oc 4° L'organisation de congrès horticoles et de concours sur des ques- tions d'horticulture. dsia pulchella, cjusd. 1. c. Anoplop/iylnm pidchel- luin, Béer die Famelie der Bromel. Ann. d'hort. et de bot. des Pays-Bas, III, 4-9. Pairia Trinidad. C'est une très jolie plante naine, de cette famille si riche en beautés végétales et qui a été introduite dans le commencement de ce siècle, de sa - û.Snrere^Tu Mrtu^, Tillandsia puIcliella.iHook.) — 523 — patrie, Trinidad, dans le jardin botanique de Liverpool, par M. le Baron de Shack. La plante qui a servi de modèle pour la planche se trouve déjà depuis plusieurs années dans le jardin de Leyde, où elle a fleuri l'hiver dernier. Elle porte bien le caractère de son nom a Pidchella ; » son scape aux bractées rose-tendre, d'où sortent toutes riantes ses fleurs d'un blanc pur, et sa grâce mignonne, lui assurent une place moins humble que sa taille dans la serre aux Orchidées. Elle ne réclame aucun soin. Pseudo-parasite, on n'a qu'à l'affermir contre un morceau de bois ou de tourbe; il suffit ensuite de couvrir les racines d'un peu de Sphagnum; puis on la pend en une place ombragée d'une serre chaude et surtout humide. AvM. d'hort. et de bot. ou FI. des Jardins, IV. •%. REVUE DES PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. 4" SEPiRE FROIDE. Rhododendron ISnsithii, Nutt. MS. in W. Hook. Bol. Mai)., pi. 5120. — Famille des Ericacées. — Décandrie Monogynie. Rosage de Sir James Smith. Ce superbe arbuste vient de fleurir pour la première fois en Angle- terre chez 31. Holden, à Warrington. On sait qu'il fut découvert et introduit par M. Booth, qui le rencontra dans le Bootan en compagnie du R. Hookeri, Nutt. : tous deux semblent devoir être rustiques en Angleterre. Ses fleurs viennent en capitules au nombre de 12 ou 15 et sont du rouge le plus ardent. Il ressemble, botaniquement parlant, au R. harhalum et il est bien facilement reconnaissable par la nature des poils qui couvrent la face inférieure des feuilles: ils sont d'abord droits et simples, mais bientôt ils se ramifient très abondamment. M. Nuttall lui a donné le nom de S. J. Edward Smith, le premier promoteur du Rho- dodendron arboreum et bien connu des horticulteurs anglais. Goldfussia Thomsoni, Hook, in Bot. Mag., t. SI 19. — Fam. des Acanthacées; Didynamicangiospermie. — Goldfusia de Thomson. Cette jolie espèce, dont M. le D' Thomson a envoyé des graines du Sikkim-Hymalaya en Angleterre, appartient à un groupe embrouillé, qui renferme déjà les G. discolor, Dalhousiana et penstemonoïdes : elle en diffère par un aspect plus délicat, des fleurs moins nombreuses et presque invariablement terminales et par le tube de la corolle plus mince : celle-ci est d'un beau violet foncé : il se rapproche aussi de très-près de certaines variétés du G. Wallichn [Strobilanthes Wallichii, Nées.), mais celui-ci a une corolle beaucoup plus épaisse, à tube plus large et à limbe plus étroit. Toutes les espèces que nous venons de citer — 324 - et bien d'autres encore du même genre, sont dignes de culture par la beauté et l'abondance des fleurs, qui se succèdent rapidement pendant plusieurs semaines. Le G. Thomsoni a été recueilli par MM. les D" Thomson et Hooker dans le Garwhal, au Sikkim, à une altitude de 6 à 9,000 pieds, ainsi que sur les monts Khasia. Agave iiiaciilosa, Hook., in Bol. 3ïag., 5122. — Fam. des Ama- ryllidées. — Hexandrie Monogynie. — Agave à feuilles maculées. Pelil, sans lige, à feuilles lancéolées-subulées, charnues, cartilagineuses, denticu- lées, canaiiculëes, maculées; hampe bractëée, à bradées apprimées, terminée par un épi simple, lâche, fleurs entremêlées de petites bractéoles membraneuses, à tube du périanthe droit, anguleux, à divisions du limbe étalées et égalant presque le tube : étamines de la longueur des divisions : stigmate à trois lobes très gros. Cette espèce, venue du Texas à Kew, a paru nouvelle à SirW. Hooker : elle fleurit au mois de septembre et ressemble à V Agave sapo- naria, Liivdl., de Guatemala. 2° senne chaude. Havenala IMadagascariensis, Sam. — Voy. aux Indes 1774- 1781, I. IV, p. 585. — Jacquin, PL r. H. c. Scli., I, 93. Ann. d'hort. et de bot., III, p. 17. — Fam. des Musacées; Hexandi'ie Monogynie. — Ravenala de Madagascar. Cet arbre d'un aspect tout-à-fait insolite et bizarre vient d'une con- trée où toute la nature, plantes et animaux, présente des caractères extraordinaires. 11 croît dans les marécages de Madagascar, et comme tout ce que l'on a rapporté de cette grande ile, il s'éloigne des formes que l'on est habitué à rencontrer. Le Ravenala est de la même famille que les Musa et que les Slrelitzia auxquels, ils ressemble d'ailleurs beau- coup : il a les feuilles des premiers, sauf qu'elles sont plus longues et plus épaisses et le tronc du Slrelitzia aitgusla. Il s'élève très haut et avec beaucoup de rapidité, sans jamais se ramifier; il est surmonté d'un assez grand nombre de feuilles disposées exactement en éventail avec la plus grande régularité. Les fleurs sont insérées sur les régimes qui naissent à l'aisselle des feuilles. Sonnerat, Jacquin et Flacourt nous ont laissé quelques détails sur le Ravenala. Les Madégasses le nomment Voafoutsi : ils se servent de ses feuilles pour couvrir leurs habitations et pour écrire: ils tracent les caractères sur les feuilles fraîches à l'aide d'un poinçon et à mesure que celles-ci se dessèchent l'écriture apparaît en noir. Le péricarpe est oléagi- neux et les graines sont alimentaires et peuvent être réduites en farine. Des marécages Madégasses le Ravenala a été introduit à Java et à l'île de France. Depuis quelques années l'Europe en a reçu un grand nombre de graines^ entre autres de M. le professeur de Vriese, qui ont parfaite- — 525 — ment germé. Il croît avec autant de rapidité que de facilité en serre chaude, dans un sol léger, bien fumé, terreauté, drainé et arrosé. Plectocoina Assamica, Griff. (1). — Fam. des Palmiers; Diœcie Hexandrie. — Plectocomia de l'Assam. Cette charmante espèce de Palmier a récemment fleuri au jardin royal de Kew, déjà pour la seconde fois. Cet établissement avait reçu ses plan- tes, il y a déjà de nombreuses années, de feu le docteur Wallich , sous le nom de Zalacca Assamica, Wall. Mss. Griffith a reporté, avec raison, cette plante, dans le Calcutta journal of Natural History, au genre Plectocomia et il l'a séparée assez légèrement du P. elongata de Martius et Blume: il a en outre, figuré et décrit, mais imparfaitement, comme deux autres espèces du même genre, les P. Khasigana et P. Hyma- layana,r\ont les noms étaient tirés des contrées où elles croissaient. 11 dit du P. Assamica que le fruit ressemble beaucoup à celui du P. elon- gata à en juger d'après la figure de Martens, mais que les écailles sont tellement fimbriées qu'il en acquiert une apparence laineuse. Il fait remarquer du P. Khasigana, qu'il se rapproche du P. Assamica, mais qu'il s'en distingue par des spathes plus petites, l'exiguilé du calice à dents petites et triangulaires, des pétales plus larges, par le fruit brun, moins volumineux et beaucoup moins velu parce que l'extrémité des écailles est moins fimbriée et qu'elles sont souvent caduques. Enfin (1) Plectocomia. Flores dioici in spadice elongato, per spicam simpiicem vel ramosam dispositi, sub spathis incom|)letis squamaeformibus distiche imbricatis recondili, sessiles, masculi geminati, fœminei soiitarii; illi : Calyx exterior trifidus; inlerior 5-partitus , prœfloratione valvalus. Slamina6\ filamenlu subulata, basi cohaerentia j anlherœ lineares, fere basi affixae. Ovarium rudimentumnullum. Fœni. Cali/x maris. Stamina ananthera ; in cupulam hypogynam membranaceam sexfidam coalitse. Oimrium trilocnlare; lociilo uno alternove sœpe effeto. Sligmala o, subsessilia, subulata. Bncca squamis rclrorsis imbricatis loricata, 1-locularis, 1-sperma. Albumen a&quabile, corneum. Embryo basilaris. Caudex longissimus, sarmentoso-scandens. Frondes maximae, pinnatae; pinnis reduplicatis; racbi sœpe in cirrhum longissimum excurrcnte, dorso aculeis, multi- lobis uncinatis armata. Spadices latérales, divisi in ramos longos, spatbii coriaceis fuscidulis laxe imbricatis cooperlos. Flores ochroleuci vel rubello-fusciduli. Fructus castanei. Kth. Plectocomia Assamica; Spathis laxc patentibus lato oblongis brevi acuminati obtuse sub complicato carinatis coloratis, petalorum laciniis longe acuminalis staminibus 8-12. Pleclocomia Assimica, Ghiff., in Cakulla Joarn. of Nat. Hist, v. S, p. 97. Plectocomia Khasigana ? Griff., in Calcutta Journ., v. U, p. 98; Palms of the East Indies, p. 106, t. 218. Plectocomia Himalayana? Griff. in Calcutta Journ., v. îi, p. 100, et in Palms of the East Indies,^. 108, t. 219. Zalacca Assamica, Wall., 3ISS., in Hoi't. Calent. Vo!gl. Ilort. Suhurb. Calcul. p. 659. Bolanical Magazine, vol. XV, série III, t. SiOU. 1859. — o2G - PI. 51. Ravcnala Madagascariensis, Sosn. — 527 l'I. 5-2. l'kclocoluiii Aj.-ainica, (ir.iir — 528 — Griffîlh dit lui-même du P. Himalayana qu'il pourrait bien être le mâle du P. Khasigana. En effet ses figures représentent tellement bien notre plante que nous croyons pouvoir réunir toutes ces espèces en une seule (1). Quand au P. Muelleri de Java, il est bien caractérisé et a été retrouvé à Bornéo par M. Thomas Lobb. Notre espèce semble être propre à la partie méridionale duBengal ; elle diffère du P. elongata, par ses spathes plus étroites, longues, colorées en blanc, brun et vert, les segments très-longuement acuminés de la corolle et par un nombre d'étamines plus considérable. C'est un Palmier très élancé, atteignant une longueur de plus de soixante pieds, même en cul- ture; sans être précisément grimpant, il lui faut des supports. La nature l'a d'ailleurs admirablement pourvu pour en trouver : Le rachis de ses frondes porte des épines d'une force extraordinaire, digitées et recour- bées qui forment d'excellents crochets. On fait à Java un singulier usage des épines analogues du Plectocomia elongata : d'après M. Winter- bottom les agents chargés de saisir les vagabonds et les criminels sont munis d'un bâton fourchu, garni d'un morceau de ce Palmier chargé de ses crampons : ils retiennent leurs hommes dans cette fourche et s'ils tentaient de s'échapper ils seraient immédiatement retenus par les épines qui s'enfonceraient dans leurs vêtements ou dans leur chair, ivhat is much more painful dit S. W. Hooker. Stangeria paradoxïi, T. Moore : W. Hook., Bot. iMag., 5121. — Syn. : Lomaria coriacea^ Kze. ; Lomaria eriopus Kze. — Fam. des Cycadécs ; Diœcic Polyandrie. — Stangeria à feuilles de Fougères. Ce végétal éminemment remarquable, qui, par son aspect et par son feuillage, ne ressemble à aucune autre espèce de la famille dont il fait partie, a été pour le premier fois en 1855, décrit incomplètement par Kunzc, comme une Fougère [Lomaria) de l'Afrique méridionale. Vers 48S1, M. le D' Stanges en envoya à Chelsea quelques pieds origi- naires du Natal. 11 fut alors décrit par M. Moore, d'après des spécimens incomplets, comme une Fougère à forme de Zamia, ou comme un Zamia à forme de Fougère, et ce savant penchait surtout pour cette dernière opinion qui depuis a été complètement établie. Un M. Stevens en exposa quelques individus en fleurs, en 1834 à la Société Linnéenne de Londres et depuis il a montré à Kcw, des inflorescences mâles et des fleurs femelles, mais malheureusement ces deux floraisons ne coïncidèrent pas. Elles révélèrent cependant les affinités les plus intimes entre le Stangeria et les Encephalartos sous le rapport des organes de reproduction. Quant aux feuilles elles rappellent au contraire très rapidement la forme (1) Cependaiil 31. le D>- Hooker a découvert dans le Sikkim une petite espèce de Plectocomia qui semble être tout-à-fait différente. — 329 — habituelle des Fougères : elles sont longues de deux pieds, divisées en une douzaine de paires de folioles et au nombre de trois ou six. La tige est courte et épaisse : les fleurs forment des chatons ou des cônes Uuîisexées. Coinmnea scandens, Linn. — Bot. 3Iag., pi. 5418. — Syn. : Columnea rotundifolia, Salisb. ; C. speciosa, Presl. — Fam. des Gesné- riacées. — Didynaraie Angiospermie. — Columnea grimpant. Belle plante, commune dans les lies des Indes occidentales, suscep- tible de certaines variations dans les feuilles et dans la coloration des fleurs, mais qui ne sont pas assez importantes pour justifier la création du C. rotundifolia par Salisbury, ni du C. speciosa par Presl, comme espèces distinctes. Elle aime surtout à être cultivée en corbeilles dans une serre chaude humide et ses rameaux pendants se couvrent alors d'un grand nombre des belles fleurs rouges. BULLETIN HORTICOLE. Les délégués des sociétés d'horticulture de Belgique réunis en assem- blée générale, le 24 septembre, à Bruxelles ont adopté le règlement fédéral. Nous rendrons compte dans notre prochain numéro de cette importante séance, mais nous nous empressons de publier le règlement qu'elle a adoptée. FÉDÉRATION DES SOCIÉTÉS D'HORTICULTURE DE BELGIQUE. REGLEMENT FEDERAL. ASSEMBLÉES GÉNÉRALES. Art. I. L'adhésion des sociétés à la fédération est constatée par la signa- ture de leur président et de leur secrétaire sur un exemplaire des statuts Gt du règlement. II. Toute société dont le conseil d'administration cesse d'être constitué régulièrement sera supposée dissoute et ne fait plus partie de la fédé- ration. III. MM. les délégués justifieront de leurs pouvoirs en produisant une déclaration du bureau de la société qu'ils représentent, ou un extrait du procès-verbal de la séance dans laquelle ils ont été nommés. IV. En cas d'empêchement légitime de l'un des deux délégués d'une société, son collègue le représente dans le vote au sein de l'assemblée générale. — 330 — V. Le lieu ovdiiiaire des assemblées générales est à Bruxelles, mais le comité directeur peut lorsqu'il le jugera opportum en désigner un autre. VI. L'assemblée générale reçoit toutes les communications qui con- cernent l'horticulture et qui lui sont faites soit par une société fédérée, soit par les délégués qui la composent; elle nomme le comité directeur; discute et arrête le budget; détermine le programme des concours, fixe les prix affectés à ces concours, et statue sur le rapport des commis- saires. Vn. La première assemblée générale annuelle est consacrée à la vérification des pouvoirs, à la discussion du budget, aux diverses nomi- nations, à la détermination du programme des questions qui seront mises au concours, à certaines mesures d'ensemble concernant l'horticulture nationale, à la fixation de la date et de l'ordre du jour de la séance publique, etc. Elle a lieu en général à l'époque des premières expositions du printemps. VIII. La seconde assemblée générale annuelle est publique pour tous les membres faisant partie de l'une des sociétés fédérées. MM. les délé- gués sont invités à présenter dans cette séance un rapport sur les tra- vaux de leur société, leurs progrès, innovations, découvertes et à dé- poser trois exemplaires de tous les documents émanés de leur société pendant l'année; on proclame le résultat des concours et l'on y fait des communications sur des sujets concernant l'horticulture. IX. Pour ce qui concerne l'examen des affaires qui lui sont soumises, l'assemblée se divise en trois sections, présidées par les président et vice- présidents de la fédération. — A la première section sont renvoyées les questions relatives aux plantes et arbustes d'ornement; à la deuxième section, la pomologie et l'arboriculture fruitière et à la troisième la cul- ture maraîchère. X. L'assemblée générale examine lorsque le gouvernement juge opportun de la consulter, des projets et des questions qui peuvent pré- senter un intérêt général pour l'horticulture. — Elle émet également son avis sur des questions qui lui sont soumises par une société fédérée. XI. La fédération ne fait pas de rapport sur des ouvrages déjà livrés à la publicité : sont exceptés les ouvrages sur lesquels le gouvernement demande l'avis de la fédération. XII. L'assemblée générale se réunit sur la convocation du bureau, après décision du comité directeur et communication de l'ordre du jour. XIII. L'assemblée générale est constituée quand le tiers de ses mem- bres sont présents. — 331 — XIV. Chaque fois qu'il est question d'une élection, la mention en est faite spécialement dans la lettre de convocation. — L'élection a lieu à la majorité absolue des voix; cependant si après deux tours de scrutin aucun des candidats n'a obtenu la majorité des suffrages, on procède à un scrutin de ballottage. — Lorsque plusieurs places sont vacantes on vote séparément pour chaque place. XV. Toute proposition pour être discutée, doit être appuyée par cinq membres. Toute proposition que l'assemblée n'a pas prise en considération ou qu'elle a écartée après discussion ne peut être repré- sentée dans le délai de deux ans. XVL La délibération sur une proposition réglementaire ou adminis- trative n'a lieu que dans la séance qui suit celle de la présentation. XVn. L'assemblée ne délibère que sur des propositions écrites et signées. XVin. Toute abstention au vote doit être motivée. XIX. Le président préside toutes les assemblées, fait délibérer sur les différentes matières qui sont du ressort de la fédération, recueille les opinions des membres et prononce la résolution à la pluralité des voix. Il fait observer tous les articles des statuts et des règlements et tient particulièrement la main à ce que les assemblées se tiennent avec ordre. XX. La bibliothèque, les archives et les collections de la fédération, sont placées sous la surveillance du comité directeur et conservées par le secrétaire. XXI. Toutes les lettres, pièces ou documents sont adressés au prési- dent de la fédération. FINANCES. XXII. Les finances de la fédération sont surveillées par une com- mission de comptabilité formée de trois membres élus par le comité directeur qui vérifie annuellement les comptes et fait un rapport à l'assemblée générale sur la position financière et la gestion du trésorier. XXIII. Les comptes sont déposés chaque année en assemblée générale. XXIV. Les ressources se composent : a). D'un subside annuel alloué par le gouvernement. 6). Des subsides qui seront sollicités près des conseils provinciaux parles soins du comité directeur. c). De la cotisation des sociétés fédérées établie, conformément à l'art. VIII des statuts, sous foi*me de souscription au recueil fédéral et qui ne pourra être moindre que 50 francs pour les sociétés de pre- mier ordre et ni'e 50 francs pour les sociétés de second ordre. — 332 — Les sociétés déterminent elles-mêmes l'ordre dont elles font partie. Les exemplaires du recueil fédéral leur sont livrés au prix coûtant pour être distribués entre leurs membres, par tel mode qu'elles jugent convenable, mais elles s'engagent à ne pas les exposer en vente. Le refus du payement de la cotisation fédérale entraine l'exclusion de la fédération. d). Du produit de la vente des exemplaires du recueil fédéral. e). D'un droit d'entrée aux assemblées générales publiques et aux diverses réunions fédérales, lequel pourra être perçu par le comité direc- teur, à charge des personnes ne faisant pas partie de l'une des sociétés fédérées. XXV. Les dépenses comportent : 1° Les frais de publication du recueil fédéral. 2° Les frais de secrétariat. 3° Les frais des concours. CONCOURS. XXVI. La fédération ouvre annuellement un concours sur des ques- tions relatives à la théorie et à la pratique de l'horticulture. XXVII. Le programme de ce concours comprend les diverses branches de l'horticulture, telles que la floriculture (serre chaude, froide et pleine terre), la culture mai-aichère, la poraologie et l'arboriculture d'ornement. Il est arrêté par l'assemblée générale. XXVIII. Des prix d'une valeur de 400 à 500 francs, consistant en mé- dailles ou en une somme d'argent seront affectés à ces concours. — Les résultats sont proclamés annuellement en assemblée générale publique. XXIX. Certains concours peuvent être ouverts pendant deux ou trois ans. XXX. Les réponses aux questions des concours seront jugées par une commission de trois membres nommés par le comité directeur et à laquelle celui-ci peut adjoindre des spécialités. XXXI. Ne sont admis pour le concours que les ouvrages et les plan- ches manuscrits. XXXII. Les auteurs des ouvrages envoyés au concours ne mettent pas leur nom à ces ouvrages, mais seulement une devise qu'ils répètent dans un billet cacheté, renfermant leur nom et leur adresse. Ceux qui se font connaître de quelque manière que se soit, ainsi que ceux dont les mémoires sont remis après le terme prescrit sont exclus du con- cours; les réponses doivent être écrites en français ou en flamand; elles deviennent par le fait de leur envoi la propriété de la fédération et restent déposées dans les archives, toutefois les auteurs ont droit gra- tuitement à cent exemplaires de leur travail, quand l'impression en a été votée par l'assemblée générale. OÔO PUBLICATION. XXXIII. Le recueil fédéral se publie annuellement. Il se compose principalement : 1° Des actes émanant de l'assemblée générale. 2" Du bulletin des séances de l'assemblée générale. 5° Des extraits des procès-verbaux des séances du comité directeur. 4° Des rapports annuels des délégués des sociétés fédérées. 0° Des diverses pièces ou communications faites à l'assemblée générale ou au comité directeur, et dont l'impression aura été votée. 6" Des rapports lui pourront être faits sur les expositions des sociétés fédérées. 7° D'un rapport d'ensemble rédigé par le secrétaire de la fédération. 8" Des réponses couronnées aux questions mises au concours par l'assemblée générale. 9° Des documents administratifs émanant de chaque société fédérée et dont l'assemblée générale aura voté l'impression. XXXIV. Cette publication est la propriété delà fédération. COMITÉ DIRECTEUR. XXXV. Le comité directeur se réunit aussi souvent que les besoins de la fédération l'exigent. Il communiqne avec le gouvernement, avec l'assemblée générale et avec les sociétés fédérées. Il prépare les affaires qui seront soumises aux assemblées générales et il prend les mesures nécessaires pour l'exécution de ses décisions. XXXVI. Le lieu ordinaire des réunions est à Bruxelles, mais il pourra se réunir ailleurs quand il le jugera convenable. XXXVII. La séance s'ouvre à l'heure précise indiquée sur la lettre de convocation. Le tiers des membres est nécessaire pour délibérer. XXXVIII. La séance commmence par la lecture du procès-verbal et de la correspondance. Le président donne lecture de l'ordre du jour immédiatement après l'adoption du procès-verbal. Il ne peut être pris de décision que sur les questions portées à l'ordre de jour de la séance, sauf le cas où l'urgence serait déclarée à la majorité des deux tiers des membres présents. Les membres qui dans l'intervalle de deux séances auraient une pro- position de quelque importance à soumettre au comité et sur laquelle on pourrait désirer une prompte solution, sont priés de la faire parvenir au président pour la porter à l'ordre du jour. — oS-i — XXXIX. Les règles énoncées plus haut concernant les élections par l'assemblée générale sont également applicables aux élections par la comité directeur. XL. Le comité directeur peut sur la demande d'une société, désigner un ou plusieui's commissaires près d'une exposition ou d'un concours. CONGRÈS. XLL Les dispositions réglementaires relatives aux congrès horticoles, sont réservées et seront discutées ultérieurement par l'assemblée géné- rale. XLIL Le présent règlement sera soumis à l'approbation de M. le Ministre de l'Intérieur. NOUVELLE NOTE RELATIVE A VORIGANUM SIPYLEUM. Licge, 27 Septembre 1859. Monsieur , Dans la dO" livraison de la Belgique Horticole, qui vient de paraître, vous avez décrit et figuré une très jolie petite plante nommée Oriyanum Sipyleum, qui se cultive en orangerie pendant l'hiver. Je crois. Monsieur, vous être agréable en vous faisant connaître que je la cultive depuis deux ans dans mon jardin, sans la rentrer, et qu'il en est de même chez l'ami De Guasco , à Fauquemont (Limbourg Hollandais) , où elle a passé sans aucun abri. C'est pourquoi je la considère comme plante de pleine terre, bien qu'elle soit originaire du mont Sipyle en Syrie, et j'ai la conviction que cette charmante petite plante est appelée à jouer un rôle dans le monde horticole. Agréez, etc. Peck-Raick. SOINS A DONNER AUX SEMIS DE CALCEOLAIRES. Semer en toute saison (cependant on doit préférer août et septembre) en terrines, en terre de bruyère, sous châssis ou en serre; recouvrir la terrine d'un carreau de verre, couvrir à peine la graine; tenir la terre légèrement humide : aussitôt que les plantes ont levé, les repiquer de nouveau en terrines à une distance de deux centimètres; les tenir sous châssis ou en serre jusqu'à parfaite reprise; donner alors un peu d'air, afin que les plantes se fortifient. Deuxième repiquage (loi'sque les plantes commencent à se toucher dans la terrine) en petits pots, dans lesquels elles passeront l'hiver sous châssis froid, où il suffit d'cmpèchcr la gelée de pénétrer, ou en serre froide. Au printemps, de bonne heure, empoter dans des pots de bonne grandeur dans lesquels les plantes devront fleurir. Van IIoutte, Calai, jïotir IS'ii). 00 — PHYSIOLOGIE VEGETALE. NOTICE SUR LES FLORAISONS AUTOMNALES INTEMPESTIVES, Par m. W. de Schoeneffeld. Communiqué à la Société Botanique de France. Permettez-moi de vous exposer en quelques mots le résultat des observations nombreuses que j'ai eu occasion de faire sur le phénomène des floraisons automnales, tel qu'il se présente sous le climat de Paris, et sur les causes qui, selon moi, le déterminent. Non-seulement, comme tout le monde le sait, la chaleur et l'humidité sont les deux agents les plus essentiels de toute végétation, mais l'action simultanée de ces deux agents lui est indispensable. Dès que l'un d'eux n'est plus en quantité suffisante, la végétation languit ou peut s'arrêter tout-à-fait. En hiver, l'humidité ne manque presque jamais, elle est même parfois surabondante, cependant la végétation est presque nulle, car la chaleur fait défaut; mais aussitôt que le soleil printanier vient échauffer le sol humide, tous les bourgeons se développent avec rapidité. Au printemps succède l'été, où le défaut d'humidité amène à son tour, pour un grand nombre d'espèces, un assoupissement, une sorte de sieste (pour ainsi dire) de la végétation, qui peut, quand la sécheresse est excessive, devenir presque semblable au sommeil de l'hiver. Enfin, lorsque les pluies ou même seulement les rosées abondantes du commencement de l'automne météorologique, c'est-à-dire du mois d'Août, viennent rendre à la végétation celui des deux principes d'activité qui lui a manqué pendant l'été, elle reprend un nouvel essor. Cette reprise de la végétation, est vulgairement appelée, pour les arbres, la sève d'août. Mais son action ne se borne pas aux végétaux ligneux; elle est beaucoup plus étendue qu'on ne semble généralement l'admettre et il en résulte aussi un travail de germination jjresque égal à celui du printemps. C'est sous son influence que l'on voit sortir de terre cette innombrable foule de petites jjlantes, dites annuelles, qui fleuriront aux premiers jours du printemps suivant (telles que les Draha verna^ Saxifraga tridactyliles, Holosleum unhellatum, les Cerastium, les Véro- niques, etc.), et qui bien que leur évolution s'achève en moins de douze mois, sont en quelque sorte bisannuelles, leur période de végéta- — 336 — tion chevauchant d'une année sur l'autre. Un grand nombre même de plantes vivaces herbacées éprouvent l'effet de la reprise automnale de la végétation : celles qui n'ont pas encore fleuri achèvent leur évo- lution sous cette influence; celles dont l'évolution printanière est déjà terminée, poussent de nouvelles feuilles radicales du milieu desquelles s'élèveront les tiges florales dès le retour du printemps. Je pourrais en citer beaucoup d'exemples, mais je me bornerai à signaler le Saxifraga granulata, qui, après avoir fleuri au mois de mai, disparaît complète- ment en été, et dont les rosettes reparaissent partout dans nos bois sablonneux dès le mois de septembre. La floraison du Colchique est aussi le résultat de l'influence automnale. Cependant je dois reconnaître que certaines plantes printanières y paraissent tout-à-fait insensibles, entre autres les Convallaria, VAnemone nemerosa, etc. Chez ces der- nières plantes, si une végétation automnale a lieu, elle est limitée aux parties souterraines. Mais revenons aux végétaux ligneux. Chez les arbres qui fleurissent au printemps, la végétation par l'effet de la chaleur de l'été, s'arrête complètement. La vie du végétal semble consacrée uniquement à la maturation du fruit. Un Maronnier d'Inde, un Poirier, un Prunier, etc., ne produisent pas de feuilles nouvelles pendant les mois de juin et juillet. Les feuilles de ces arbres ne grandissent pas : souvent même un grand nombre d'entre elles jaunissent et tombent durant ce dernier mois. Tous ces arbres aussi subissent plus ou moins tôt et d'une manière plus ou moins vive, l'action de la sève d'août. Quand cette action est normale et modérée, l'arbre ne développe en automne qu'un certain nombre de bourgeons à feuilles ; quand cette action est normale et excessive, quelques bourgeons floraux se développent aussi, et alors a lieu le phénomène qu'on a appelé floraison tardive ou floraison anticipée, et qui mérite certainement le nom de floraison intempestive, car, se produisant hors de saison, cette floraison est toujours nuisible à la santé et à la vigueur du végétal. Mais quand l'action de la sève d'août est-elle normale et modérée, quand est-elle, au contraire, anormale et excessive? Elle est normale et modérée quand le temps d'arrêt de la végétation a été court. La végétation automnale n'est alors, si je puis m'exprimcr ainsi, qu'un simple complément de la végétation printanière; c'est la continuation d'un même acte physiologique, c'est la seconde phase d'une même vie. Elle est au contraire anormale et excessive quand le temps d'arrêt a été long. Alors cette action produit des effets presque aussi énergiques que le grand mouvement de la sève du printemps; ce n'est plus la seconde phase d'une même vie, c'est en quelque sorte une nouvelle qui com- mence, et c'est alors aussi que nous voyons apparaître non-seulement de nouvelles feuilles, mais encore des fleurs hors de saison. — 557 — Or, la longueur du temps d'arrêt de la végétation peut dépendre de diverses causes. Que la sécheresse commence de bonne heure ou que l'humidité revienne tardivement, le résultat sera exactement le même. Un été précoce produira à cet égard le même effet qu'un automne sec, et il suffit que la chaleur de l'été interrompe de bonne heure la végéta- tion printanière ou que la sécheresse de l'automne retarde la végétation automnale, pour que cette végétation automnale soit accompagnée de floraisons intempestives. Ne nous étonnons donc pas si ces floraisons ont été si extraordinairement abondantes dans l'année qui vient definir(18S8), car nous venons d'avoir successivement un été très-précoce (les plus grandes chaleurs ont eu lieu en juin) et un automne très-sec et très-long, circonstances dont le concours a dû nécessairement produire le plus long arrêt de végétation possible. Il s'en suit que par contre, les années qui présenteront le moins de floraisons intempestives seront celles où le commencement de l'été sera pluvieux, les chaleurs faibles et tardives et les pluies d'automne et le mouvement automnal s'effectuera graduellement et sans secousse. ]\lais dira-t-on, si cette théorie peut expliquer pourquoi les floraisons intempestives sont plus fréquentes dans certaines années que dans d'autres et également fréquentes dans les années qui ne se ressemblent pas tout-à-fait, elle n'explique pas pourquoi certains arbres, tels que ceux de l'allée de l'observatoire du Jardin du Luxembourg, refleurissent presque tous les ans ou même tous les ans, et pourquoi d'autres, tels que les arbres des grands massifs du même jardin, ne fleurissent jamais, même dans les années les plus favorables à cette anomalie. Je répondrai d'abord qu'il y a chez les espèces végétales et même chez les divers individus d'une espèce, des prédispositions particulières, des idiosyncrasies dont la science ne parviendra peut-être jamais à dévoiler la cause. Certaines plantes {VAnemone nemorosa par exemple) sont en fleurs moins de 8 jours après être sorties de terre; d'autres au contraire (telles que le Chrysocoma Linosyris) ont besoin de végéter pendant six mois avant d'épanouir leurs fleurs (1). Dans la plupart de nos espèces cultivées, les horticulteurs distinguent des variétés hâtives et des variétés tardives. Enfin, sur nos promenades plantées uniformément d'une même essence, on est frappé chaque année de voir certains arbres se couvrir de feuilles et de fleurs avant tous les autres. Mais je repondrai encore que, si l'on examine attentivement les circon- stances dans lesquelles se trouvent, presque sans exception, tous les arbres chez lesquels la floraison intempestive se produit fréquemment (1) On sait que quelques piaules végètent même plusieurs années (sans devenir ligneuses) avant de produire les fleurs, h" Hclleborus fœtidus est dans ce cas. BELG. HOIIT. TOM. !X. "^ — 338 — et même chaque année, on remarquera que ces circonstances sont d'accord avec la théorie que je viens d'exposer. Le Maronnier-d'Inde paraît être une des essences les plus prédisposées à la floraison intempestive, et peut nous servir d'exemple. Or, les individus de cette espèce qui refleu- rissent habituellement à l'automne sont généralement ceux qui croissent dans la partie la moins humide et la plus exposée au soleil d'un même jardin ou d'une même localité. Ce sont presque toujours des arbres isolés (ou au moins plus isolés que leurs congénères qui ne présentent pas le même phénomène). Non-seulement cet isolement leur permet de recevoir l'action du soleil de tous les côtés et à toutes les heures du jour, mais il facilite l'aération et l'évaporation du sol sur lequel les arbres croissent, et qui, par conséquent, n'est pas aussi imprégné d'humidité que celui d'un grand massif. Il en résulte que ces arbres subissent avant les autres l'influence des chaleurs de l'été, qu'ils achèvent leur évolution printanière plus vite, qu'ils perdent leurs feuilles plus tôt, et que, par eux enfin, le temps d'arrêt étant plus long, la végétation automnale doit- être plus active. On remarquera aussi que, lorsque, dans des années exceptionnelles, quelques arbres refleuriront dans un massif, ce seront toujours ceux du pourtour plutôt que ceux du centre; enfin que, chez un même arbre, le phénomène se produira surtout sur les branches qui s'éloignent le plus du tronc et qui sont plus aérées et plus insolées que les autres. Voilà, si je ne me trompe , ce qui fait que les arbres de l'Allée de l'Observatoire, isolés et aérés comme ils le sont, refleurissent si souvent en automne. Il en est de même des Marronniers jeunes encore et assez espacés qu'on a plantés à l'extrémité de la Cité, derrière l'église Notre-Dame, Il en est de même enfin du petit groupe d'arbres plantés sur la Place Royale, et de plusieurs autres. Mais jamais vous ne verrez refleurir les majestueux Marronniers des gi^ands massifs toujours humides du Jardin des Tuileries et du parc à Saint-Cloud. lime reste un mot à dire, en terminant, sur un sujet douloureux pour les amis des végétaux, mais qui vient encore confirmer ma théorie; je veux parler de ces arbres quadragénaires, qu'on a eu la cruauté de con- damner à la transportation et de planter à cet âge sur quelques-unes de nos places publiques. Hélas ! ils avaient bien le droit de vivre et de mourir en paix sur le sol où ils avaient poussé de profondes racines que tout l'art des hommes sera sans doute impuissant à leur rendre. Pour- quoi, plus que tous les autres arbres, avons-nous vu les pauvres trans- portés se couvrir, cet automne, de leurs brillants panaches blancs? Vou- laient-ils, comme les épicuriens de la décadence, se couronner de fleurs au moment de mourir ? Non, c'était tout simplement parce que, leurs racines étant tronquées, l'évolution printanière de ces arbres avait cessé de très bonne heure, et parce qu'on avait eu soin de rendre pour eux l'arrêt de végétation encore plus brusque, en les dépouillant à dessein — 559 - de leurs feuilles dès la fin de mai, étrange procédé d'horticulture qui n'est pas de ma compétence et que je ne me permettrai pas de juger. II existe une société protectrice des animaux, peut-être un jour les végé- taux trouveront-ils aussi d'éloquents défenseurs ! De tout ce que j'ai ou l'honneur de vous dire, Messieurs, il me paraît résulter : i" Que la floraison automnale intempestive a lieu surtout chez les espèces très précoces (ou les individus précoces d'une espèce ordinaire- ment plus tardive), qui achèvent rapidement, au printemps, leur évolu- tion foliaire et florale. 2° Que, d'une année à l'autre, cette floraison sera d'autant plus fréquente que le temps d'arrêt de la végétation aura été rendu plus long, soit par une cessation prématurée de la végétation printanière, soit par un retard de la reprise automnale dite vulgairement sève d'août. 5° Enfin que, d'un arbre à un autre, cette floraison sera d'autant plus fréquente que l'arbre sera plus isolé, et partant plus insolé et plus aéré. A la suite de cette communication, M. Cosson dit que la cause princi- pale des floraisons intempestives lui paraît être l'état de souffrance des arbres. Il rappelle qn'en Algérie les Poiriers et les Pommiers, qui y végètent généralement assez mal, refleurissent souvent. M. de Schœnefeld répond qu'on voit très souvent des arbres souff'rir et languir sans que leur état de langueur donne lieu à des floraisons intem- pestives. Il maintient que la cause de ces floraisons est surtout la longueur du temps d'arrêt qui sépare la végétation du printemps de celle de l'automne. M. Decaisne rappelle que certaines espèces ou variétés sont toujours remontantes, quelles que soient les conditions extérieures, et seulement en vertu d'une idiosyncrasie particulière. M. Menière fait observer que la nature du sol doit avoir une grande part dans la production des phénomènes de ce genre. Ainsi les Marron- niers de l'Allée de l'Observatoire, qui refleurissent presque chaque au- tomne, sont plantés sur un remblai pierreux, terrain qui ne leur convient nullement. — 540 — NOTICE SUR LES ESSAIS DE FÉCONDATION DES PLATYCENTRUM (BEGONIA) RUBROVENIUM ET XANTHINUM. Par m. Ed. Regel. (Gartenflora, trad. analyt. du Bull, de la Société botanique de France). Dans les expériences qui font le sujet de cet article, M. Regel s'est proposé de reconnaître s'il y a des hybrides fertiles à la fois par le pol- len et par le pistil. M. Klotzsche ayant considéré non comme des hybri- des, mais comme des simples formes, les plantes que donne la fécon- dation réciproque des Platycentrum (Bégonia) xanthinum et rubrove- niim. Kl., ce sont aussi les deux espèces sur lesquelles il a cru devoir opérer. En fécondant le Platycentrum rubrovenium par le P. xanthinum, il a obtenu un hybride absolument semblable au Bégonia xanthina mar- morea, et, comme celui-ci fertile à la fois par le pollen et par le pistil. Tous les pieds ainsi obtenus ne différaient quelque peu les uns des autres que pour la coloration de leurs feuilles, qui dans la plupart, étaient tachées de blanc, comme le sont celles du B. xanthina marmorea, mais qui, dans un petit nombre, ressemblaient au B. xanthina gandavensis parle vert uniforme de leur face supérieure. M. Regel conclut de cette expérience que les hybrides entre deux bonnes espèces constituent un type unique, et que les individus n'en dififérent entre eux que par des caractères peu importants. Pour reconnaître les résultats de la fécondation de l'hybride par lui- même, le savant allemand a fécondé le Bégonia xanthina marmorea et le B. xanthina gandavensis chacun par son propre pollen. Les graines qu'il a obtenues ainsi n'ont conservé le type de l'hybride que dans un petit nombre de cas; en général, les plantes qui en sont provenues re- tournaient plus ou moins à l'un ou à l'autre des parents. Delà se sont montrées des formes extrêmement variées par la configuration des feuil- les, par la présence ou l'absence des taches, par les caractères de la fleur. L'auteur en tire cette conséquence que même un hybride fertile ne peut se propager par la fécondation comme type fixe, mais qu'il donne en se fécondant une série de formes qu'on peut concevoir comme rattachant l'une à l'autre deux bonnes espèces; enfin, que cet hybride peut ainsi retourner au type de Tun ou de l'autre de ses parents. En troisième lieu, M. Regel a fécondé l'hybrydc par l'un de ses parents. Il a réussi lorsqu'il a pris pour père le Platycentrum xanthinum. Les plantes qu'il a obtenues étaient pour la plupart retournées au père, et quelques-unes seulement sont restées intermédiaires entre celui-ci et l'hybride. L'influence de l'hybride, a donc été souvent à peu près nulle — 541 — Ces observations peuvent être utilisées dans la pratique de l'horticul- ture, où l'un des objets qu'on se propose le plus habituellement consiste à produire de nouvelles formes. Pour arriver à ce résultat, il est clair que, toutes les fois qu'on aura réussi à obtenir entre deux bonnes espèces un hybride pourvu de pollen bien organisé, il faudra le féconder par lui-même, puisque cette fécondation a pour effet de donner nais- sance à des plantes de formes beaucoup plus variées que si l'on avait opéré sur ce même hybride avec du pollen d'un des deux parents ou d'une espèce voisine. PLANS D'UNE SERRE CHAUDE A MULTIPLICATION, Par m. Max. Leichllin. Les plans de la serre que nous reproduisons ici ont été envoyés à la rédaction de la Belgique Horticole par 31. Max. Leichllin, de Carisruhe, comme représentant celle qui existe au Jardin de la société royale d'hor- ticulture de l'Irlande, à Glasnevian, près de Dublin. C'est une serre à multiplication dont l'arrangement et les dimensions sont extrêmement pratiques. La serre de Glasnevian était chauffée au moyen de tuyaux, mais M. Leichllin a cru devoir y substituer, et avec raison, le chauffage au moyen du thermosiphon. Il est inutile que nous entrions dans de plus amples détails, et l'amateur aussi bien que l'horticulteur, compren- dra à merveille ces deux plans qui sont, l'un, une coupe verticale, l'autre, une coupe longitudinale de cette serre. 0. D. LÉGENDE EXPLICATIVE DE LA PLANCOE 33. Fig. 1. Coupe verticale d'une serre à multiplication. A. Espèce de banc pour des plantes délicates. B. Ouverture pour raérage. C. Cendres de houille qui reposent sur une planche et sur des tuiles. D. Barres en fer sur lesquelles reposent les tuyaux de chauffage. E. Ouvertures destinées à laisser pénétrer l'air chaud dans la sert e et éloignées de huit pieds l'une de l'autre. Fig. 2. Coupe longitudinale de la même serre. A. Escalier enfoncé dans le sol. BB. Portes. C. Chaudière. E. Thermosiphon. 342 — y^^^y'/^ yy/>>>^)fjryy//^//'^yy//yyyyyyxy///'^-y//y^^^ l'I. "o. Plan dune serre cliauclc ;i nnilli|)lieMlioii — 343 — • OBSERVATIONS CONCERNANT QUELQUES PLANTES HYBRIDES QUI ONT ÉTÉ CULTIVÉES AU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS, Par m. Ch. Naudin. Au nombre des expériences qui sont en cours d'exécution au Muséum d'histoire naturelle, il en est quelques unes qui, bien qu'encore inache- vées, me paraissent de nature à intéresser ceux des botanistes qui s'occu- pent de la question de l'hybridité; elles ont pour objet de constater ce que devient la descendance des plantes hybrides fertiles lorsqu'elle- même conserve sa fertilité. Les résultats déjà obtenus me semblent autant de nouveaux arguments en faveur de l'opinion qui veut que le caractère mixte de la postérité fertile des hybrides végétaux disparaisse pour faire place au type pur et simple de l'une ou de l'autre des deux espèces productrices de l'hybride. Je crois qu'il est d'autant plus à propos de rappeler ce principe, qu'il a été naguère mis en doute par un expérimentateur très-habile et très-com- pétent dans cette matière. Je lis effectivement dans une note de M. Go- dron sur VyEgilops triticoides, insérée dans les Comptes rendus à V Aca- démie des sciences (Numéro du 19 juillet 1858), que les hybrides fertiles ne le sont ordinairement que dans le cas où ils sont fécondés de nouveau par l'un des deux types spécifiques, et que^ comme conséquence, « il lui parait bien douteux que la loi qui veut (jue les hybrides fertiles revien- nent aux types originaires, après un certain nombre de générations, soit solidement établie. » Je crois pouvoir répoudre à ce doute que les preuves qui militent en faveur de la loi, sont déjà nombreuses et bien constatées, et sans rien préjuger de ce qui pourra advenir des hybrides d'J^gilops, aujourd'hui à l'étude, j'en citerai quelques-unes tirées de mes propres observations. J'ai déjà signalé en 1800 {Comptes rendus, l*"" septembre, page G2a), la remarquable décomposition d'un hybride fertile de Primula, dont la parenté, seulement soupçonnée, a été rendue manifeste par cette décom- position même. La plante hybride avait été apportée vivante au Muséum en 1855, par M. Wcddell; elle donna quelques graines qui, semées dans l'automne de la même année, produisirent sept plantes, encore existantes aujourd'hui. Ces sept plantes fleurirent au printemps de l'année 1855; mais quoique issues de la même mère, elles furent loin de se ressembler. Une seule avait conservé l'aspect et le coloris de l'hybride, et toutes les Heurs en furent stériles; des six autres, trois prirent les caractères du — 544 — Primula ofjîcinalis, et les trois autres ceux du P. grajidiflora {?) \ar. purpurea(i). Ces six plantes ont toutes fructifié. Comme l'hybride mère était cultivé en pot et tenu fort loin des autres Primevères du jardin, d'ailleurs peu nombreuses, il est extrêmement peu probable (ju'il ait reçu du pollen des deux espèces auxquelles sa postérité faisait retour. D'un autre côté, si le fait avait eu lieu, il aurait du, à plus forte raison, se reproduire sur l'hybride de deuxième génération, tout semblable au premier et qui n'était qu'à quelques centimètres des six Primevères nées du même semis, toutes six très florifères et très fécondes; or c'est ce qui n'est pas arrivé, puisqu'il est resté stérile. Nous aurons plus loin d'autres preuves que les transports de pollen d'une plante à une autre, ou d'une fleur à une autre fleur de la même plante, sont, dans certains genres, beaucoup moins fréquents qu'on ne serait tenté de le supposer. La même année (1855), j'observais cent vingt sujets hybrides de Da- tura, savoir : quatre vingt-seize provenant de Datura tatula fécondé par le 7). stramonium, et vingt quatre issus du D. stramonium fécondé par le D. tatula. Ces cent vingt plantes, cultivées en deux lots contigus sur la même plate bande, étaient parfaitement semblables entre elles et sensiblement intermédiaires entre les deux espèces, quoique peut-être un peu plus voisines du Tatula que du Stramonium. Leur hybridité se trahissait, en outre, par un caractère qui a souvent été remarqué : le développement exagéré des organes de la végétation; leur taille, en effet, variait entre 2 mètres et S*", 30, et plusieurs de leurs feuilles avaient au moins, en surface, le double de celles des deux espèces originaires. Une autre particularité également frappante fut la difficulté qu'elles eurent à produire des fleurs et des fruits, qui n'apparurent que tardive- ment et dans les dernières bifurcations des rameaux. Or on sait que, dans les deux espèces de Datura dont il est question ici, les fleurs s'ouvrent et produisent des fruits dans toutes les dichotomies, y compris la première. Tous ces hybrides cependant furent fertiles; une vingtaine de pieds, issus de leurs graines en 1856, rentrèrent tous et complètent dans le tyj)c du D. Tatula, dont ils reprirent la taille (enviroji 1 mètre), les fleurs violacées et la fructification précoce. Voilà donc encore des enfants d'hybrides qui retournent, dès la deuxième génération, à l'une (I) C'est iivec beaucoup de doute que je rapporte au Primula grandi flora la Prime- vère à fleurs pourpres dont il est question ici. Quoiqu'elle soit fort commune dans les jardins, dont elle est le plus bel ornement au mois d'avril, j'ai vainement cherché dans les flores et les monographies du genre Primula une description qui lui convint exactement. Elle me paraît trop différente du P. elalior pour pouvoir en être rap- prochée à titre de variété. Bien qu'encore assez éloignée du P. grandiflora ou acaulis de nos environs, c'est pourtant cette dernière espèce que je cro's avoir avec elle le plus d'analogie. De là le nom sous lequel je la désigne ici. — 545 — des deux espèces parentes. Et remarquons qu'ici on ne peut pas recourir à la supposition d'un nouveau croisement par le pollen du D. Tatida, car la planche où étaient les hybrides, en 1855, contenait un bon nom- bre de D. Stramoniurii, dont le pollen aurait dû intervenir dans la fécondation de leurs fleurs, ce qui visiblement n'a pas eu lieu. D'ailleurs de nombreuses expériences faites tout exprès pour m'éclairer à ce sujet m'ont donné la certitude que, dans les Datura Stramonium et Tatula, le pollen ne passe que très rarement d'une fleur à une autre, et que les fleurs castrées dans le bouton, avant la déhiscence des anthères, restent à peu près toujours stériles, malgré la présence d'un grand nombre de fleurs bien pourvues de pollen, soit sur le même pied, soit sur des pieds voisins. Ce résultat, que j'attribue au peu d'empressement des insec- tes à visiter les fleurs vireuses de ces plantes, ne permet pas, quelle qu'en soit la cause, d'expliquer la fécondation des hybrides dont il s'agit, autrement que par le pollen de leurs propres fleurs. Un fait à noter en passant, c'est la prépondérence absolue de l'une des deux espèces, le D. Tatula, dans la transformation de ces hybrides. Nous le voyons elTectivement reparaître seul dans leur descendance im- médiate, et, qu'il ait joué le rôle de père ou de mère, y effacer jusqu'aux dernières traces du D. Stramonium ; mais un exemple bien plus frappant de cette prédominance d'une espèce sur l'autre nous sera fourni par l'observation suivante, également consignée dans les comptes rendus (ibid.,p. 1003), et que je vais rappeler ici en abrégeant. Du 2 au 8 septembre 4854 dix fleurs de Datura Stramonium, choisies sur deux pieds différents et très-éloignés l'un de l'autre, furent castrées dans le bouton avant toute déhiscence des anthères. Lorsqu'elles furent ouvertes, leurs stigmates parfaitement vierges comme il était facile de s'en assurer à l'aide d'une loupe, reçurent une grande quantité de pol- len de D. Ceratocaula, espèce à tige traînante, ordinairement simple, et probablement celle de tout le genre qui a le moins d'affinité avec le D. Slramoniwn. Tous les ovaires nouèrent et s'accrurent, mais beau- coup plus lentement que ceux qui avaient été fécondés par le pollen de l'espèce. Les dix capsules furent récoltées mûres du 50 octobre au 40 du mois suivant. Aucun de ces fruits n'avait atteint le volume normal ; leur grosseur variait de la taille d'une noisette à celle d'une noix. A en juger à la simple vue, les plus développés atteignaient à peine à la moitié du volume des fruits normalement fécondé. Contrairement à ce qui se passe chez ces derniers, leurs pédoncules avaient jauni, et leurs valves s'cnlrc-baillaient à peine; toutefois les gi'aines avaient pris la teinte brune (jui annonce la maturité. Dans ces dix capsules, le développement des graines avait été très- inégal. Une bonne moitié des ovules n'avaient pas pris d'accroissement et se réduisaien! à des vésicides a[)laties et ridées; les autres, en nombre — 54G — variable, suivant que les fruits étaient plus ou moins gros, étaient arri- vées à l'état des graines bien eonformées extérieurement, mais de moitié ou des deux tiers plus petites que les graines ordinaires de l'espèce, et ne contenant aucun embryon dans la masse périspermique qui les remplis- sait. Ça et là pourtant, sur des boursouflures du placenta, s'en mon- traient quelques unes de deux à dix par capsule, qui paraissaient arrivées à leur complet développement. L'analyse de deux ou trois de ces graines nous fit reconnaître à M. Decaisne et à moi, qu'effectivement elles étaient embryonnées. Les dix capsules m'en fournirent en tout une soixantaine qui furent semées le 16 avril 1855. De toutes ces graines, il n'y en eut que trois qui germèrent. Une des jeunes plantes, qui fut oubliée dans un pot trop étroit, resta toujours chétive et ne put pas arriver à fleurir. Les deux autres furent mises en pleine terre, à côté de plusieurs pieds de D. Stramonium de race pure qui devaient servir de comparaison. Les conditions de la culture ont été absolument les mêmes pour toutes ces plantes. Les deux individus hybrides se développèrent avec vigueur. Par leur tige robuste, dressée et divisée dichotomiquement, par leur feuillage, et plus tard par leurs fleurs et leurs fruits, ils ne différèrent en rien des D. Stramonium qui étaient à côté d'eux, et rien d'appréciable dans la forme de leui's organes n'y trahissait la part que le D. ceratocaida avait prise à leur production. Mais à défaut du caractère essentiel des hybrides, celui de présenter simultanément les traits du père et de la mère, ils étaient doués à un haut degré de ces caractères accessoires que j'ai signalés tout à l'heure dans les hybrides des D. Stramonium et Tatula, savoir : une taille bien au-dessus de l'ordinaire, et la difficulté de pro- duire des fleurs. Ils s'élevèrent à l^jTO, c'est-à-dire au moins à un tiers de plus que les individus voisins de D. Stramonium, et ils ne commen- cèrent à fleurir qu'à partir des dichotomies des 5^ et G" degrés. Beaucoup de fleurs d'ailleurs avortèrent encore dans celles des degrés supérieurs; mais celles qui s'ouvrirent produisirent des fruits de grandeur normale et des graines parfaitement conformées qui furent semées en 1856 et 1858. Plus de cent pieds issus de ces deux semis reprirent entièrement les allures du D. Stramonium ordinaire, c'csl-à-dire une taille plus basse, et la fertilité des fleurs dans toutes les dichotomies. On objectera peut-être que cette observation repose sur une erreur, et que les dix fleurs que j'avais cru féconder en 1854 par le [)ollcn du D. Ceratocaula , l'avaient été par celui de l'espèce elle-même. Je répon- drai que, préalablement à l'expérience, je m'étais assuré du degré de chances qu'ont les fleurs castrées, mais non séquestrées, de Datura, de recevoir du pollen de leur espèce par l'intermédiaire des insectes, du vent ou de toute autre cause qu'on voudra sujjposer. Ainsi, du :20 août au 14 septembre de la même année (1854), douze fleurs de D. Stramo- nium castrées dans le bouton et nullement abritées contre les incursions — 547 — des insectes tombèrent toutes, par désarticulation de leur pédoncule, dans les six à huit jours qui suivirent; il en fut de même de huit autres Heurs qui reçurent du pollen de Nicandra physalodes , d'Ifyoscyamus niger et de Datiira fastuosa. Cependant de nombreuses fleurs s'épa- nouissaient tous les jours sur les pieds qui portaient les fleurs castrées ou sur des pieds très-voisins; mais ces dernières n'en éprouvèrent aucune modiflcation , ce qui doit faire conclure qu'elles n'en recevaient point de pollen. Le D. Tatula a été soumis à la même épreuve. Onze fleurs castrées le 20 août, et abandonnées sans fécondation, se détachent dans les huit jours qui suivent, sans que leur ovaire ait pris le moindre accroissement. Six autres fleurs castrées de même, et laissées comme elles à toutes les chances de fécondation par le pollen de l'espèce, tombent dans le même laps de temps après avoir reçu du pollen de D. fastuosa, de Nicotiafia Tabacum et de Nicotiana noctiflora. Je n'exagérerai pas en disant que dans les années consécutives y com- pris l'année 1858, j'ai castré, sans les féconder, au moins une centaine de fleurs de Datura, surtout de D. Stramonium , et je ne crois pas en avoir vu une seule nouer son ovaire et former un fruit. Le fait contraire n'est sans doute pas hors de l'ordre des choses possibles mais il faut convenir qu'il est assez rare. Si l'on se rappelle maintenant que les dix fleurs castrées dont les stigmates ont été couverts de pollen du D. cera- tocaula ont toutes noué leurs fruits, que ces fruits sont restés chétifs, que leurs graines étaient presque toutes avortées ou à demi développées et sans embryon, et enfin que les deux plantes qu'on en a obtenues se distinguaient du D. Stramonium types précisément parles anomalies de végétation qui se faisaient remarquer sur les cent vingt hybrides de Slramonium et de Tatula mentionnés plus haut, on devra conclure que ces deux plantes, quoique semblables au D. Slramonium, devaient bien réellement leur naissance à la fécondation du pied mère par le D. Ceratocaula. Mais ce dernier, soit par suite de son peu d'analogie botanique avec le D. Slramonium, soit pour d'autres raisons, n'a laissé aucune empreinte sur sa postérité hybride, qui nous a montré, dès la première génération, ce phénomène d'élimination totale d'une espèce par une autre, phénomène qu'on n'observe ordinairement que dans les générations suivantes. C'est, si je ne me trompe, un fait tout semblable à celui qui a été récemment annoncé par M. Guérin-Méneville, à propos du Bombyx, hybrides obtenus du double croisement du ver de Ricin avec celui de l'Allante, et qui sont tellement semblables à ce dernier, que c'est à peine si l'on peut les en distinguer. Il y aurait donc quelque- fois, dans les croisements, des espèces plus énergiques que d'autres, c'est-à-dire imprimant plus fortement que l'espèce conjointe leurs traits sur les hybrides. (La suile à la prochaine livraison.) 348 ARBORICULTURE. NOTICE SUR QUELQUES ESPÈCES ET VARIÉTÉS D'ÉRABLES, Par m. Al. Wesmael, Répétiteur du cours de botanique à l'école d'horticulture de Vilvorde. Le genre érable renferme environ une cinquantaine d'espèces con- nues parmi lesquelles vingt-cinq environ résistent aux froids de notre climat. Si dans ce nombre nous voulons faire un choix judicieux, c'est- à-dire n'admettre dans nos cultures de plantes ornementales, que celles qui méritent vraiment ce nom, nous trouverons le nombre réduit à une dizaine et à peu près autant de variétés. Les érables sont presque toutes des espèces de première grandeur, qui, par le port majestueux, la croissance rapide, les fleurs printanières, les fruits de plusieurs d'entre elles et enfin le magnifique feuillage font de ce genre un de ceux qui méritent tous les soins des amateurs et horticulteurs. Le genre érable appartient à la famille des Acérinées de De Candolle et à la Polygamie monœcie de Linné. Acérinées. DC. Théor. élém. p, 244. Fleurs hermaphrodites ou polygames, régulières. Calice lihre à 4-9 divisions, à estivation imhricative. Pétales insérés sur le hord d'un disque charnu hypogyne, rarement nuls, Étamines 8 plus rarement S-12 insérés sur le disque; anthères bilo- culairesà dèhiscence longitudinale. Un style; 2 stigmates. Fruit formé de deux samares soudées à la hase, mais se séparant à la maturité en deux carpelles ailés indéhiscents, chacun à une graine ascendante. Arbres à feuilles opposées. 4cer. LiNN. (gen. 1435). Fleurs polygames. Calice 5-partite. Corolle à S pétales. Anthères portées sur des filets subulés. Sect. I. Fleurs et feuilles simultanées ou fleurs apparaissant après les feuilles. § I. Inflorescence en grappe ou e.\ pakicule simple. Corolle campanulée jaune-pale. Examines des fleurs males incluses. 1. A. striât nui. Lamk. A. Pensylvanicum. L, A. Canadense. Duham. (Erable jaspé). (..■1 mérique septentrionale. ) Arbre atteignant de îi ù (i mètres, ù écorcc verte, lisse, rayée de blanc. Feuilles — 349 — 5-lobées à lobes acuminés, finement dentés, cordées à la base; pétiole deux ou trois fois plus court que le limbe, couvert ainsi que les nervures de poils roussâtres. Fleurs jaunâtres en grappe pendante. Fruits à ailes glabres,* longues de 10 à 20 mil. sur ^ à 6 de large. FI. mai. § H. Inforescence en grappe ou THTRSE. Calice et pétales dressés. Etamikes des FLEURS MALES EXSERTES. A. Thyrse dressé, longuement pédoncule : pédoncules secondaires courts ou presque nuls. Fleurs petites jaunâtres. 2. A. spicatnm. Lamk. A. monlanum. Ait. A. pensylvanicum. Dor. Érable à épis, Érable des montagnes. {Amérique septentrionale). Arbre atteignant 8 à 10 mètres, à écorce rougeâtre, pubescente sur les jeunes rameaux. Feuilles cordées à la base, à 3 ou S lobes, crénelées dentées, lisses supé- rieurement, pubescentes inférieurement. Corolle à pétales linéaires-lancéolés. Fruits glabres, à ailes divergentes, dilatées au sommet^ longues de \i à 18 mil., larges de 6 à S. FI. mai. A. A. Thyrse pendant , constitué par des corymbes simples ou des dichotomies presque sessiles. 5. 4. Psendo-platanns. Lin. Érable Sycomore. {Europe.) Bel arbre à tête arrondie, de 20 à 30 mètres. Feuilles à 5 lobes inégalement dentés et séparés par des sinus aigus, un peu épaisses, vert foncé au-dessus, glauques en dessous; nervures cotoneuses. Fleurs verdàtres, pédoncules et filets des étamines pubescents. Fruit glabre à ailes divergentes, longues de 25 à 30 raill. sur 10 à Ib de large. FI. mai. V° |3. purpiirea, Feuilles identiques pour la forme à celles du type, vert très-foncé supérieurement, pourpres inférieurement. V'7. albo-variegata. Variété s'élevant beaucoup moins que l'espèce. Feuilles lavées de blanc. V* (?. aureo-variegata. Feuilles panachées de jaune. La panachure de ces deux dernières variétés est bien constante. 4. à., macrophyllum. Pursh. Erable à grandes feuilles. {Amérique septentrionale.) Grand arbre à rameaux étalés, les jeunes rougeàtres. Feuilles palmatipartites à 5 divisions, lobées-dentées, glabres supérieurement, pubescentes en dessous à la naissance des nervures. Grappe dressée. Étamines à filets pubescents. Ovaire pubes- cent. Fruit pubescent au moins dans le jeune âge; ailes un peu divergentes. FI. mai. AAA. Thyrse dressé, composé de corymbes ou dichotomies; pédoncules secondaires opposés j allongés. 5. A. Tataricui». L. Erable de Tartarie. {Asie.) .\rlire ou arbrisseau de 6 à 10 mètres à écorce lisse, grisâtre ou brunâtre. Feuilles en cœur, un peu chifl'onécs, anguleuses, dentées; à nervures pubescentes inférieure- - 350 — ment. Thyrse dresse. Corolles blanches lavées de rose. Fruit à ailes courtes, conni- ventes au sommet, rougeâtresjà la maturité. FI. mai-juin. 6. A. campestre, L. Erable champêtre. {Europe.) Arbre peu élevé à écorce fendillée subéreuse. Feuilles opaques à face inférieure un peu plus pâle que la supérieure, cordées à la base, à 5-S lobes inégaux; bi-trifides au sommet et séparés par des sinus aigus. Fleurs disposées en thyrse formé de corymbes. Pétales spatules presque aussi longs que les élamines. Ailes non rétrécies à la base, étalées horizontalement. V p. folio variegata, feuilles poudrées de blanc. § III. Fleurs en- cokvmbe simple ou rameux, ou en ojiuelle simple. Fleurs jaunes ou VERDATUES. A. Corymbe courlement pédoncule, dressé, presque Irichotomc. Etamines des fleurs mâles peu saillantes. Fruits à luges aplaties, coriaces, réticulées. 7. A. Flatanoides, Lin. Erable plane. (Europe.) Grand arbre à écorce lisse. Feuilles vertes et luisantes en-dessous, velues à l'angle dfts nervures, un peu en cœur à la base, à S lobes longuement acuminés, sinués, dentés, séparés par des sinus arrondis. Fleurs en corymbe dressé, pédonculées, gla- bres. Filets des etamines glabres. Ailes non rétrécies à la base, très-divergentes. V p laciniatum. A. crispum, Willd. Erable patte d'oie. Feuilles profondément S-fides, à fissures cunéiformes à la base, incisées, lacérées, dents acuminées, sétacées. V 7. dissectum. A. palmatifidum, Tausch. Feuilles 3-S partîtes, à divisions cunéiformes presque trifides ou sinuées pinnatifides. V° o — HORTICULTURE. NOTE SUR QUELQUES ESPECES DE GLAYEULS [GLADIOLUS) A FLEURS BLEUES. FAMILLE DES IRIDÉES. — TRIANDUIE MONOGYNIE. (FiguréPLXXm. N» 1 à9.) Gladiolus grandiflorus. Andr. Rep. II, 118. Feuilles ensiformes, nervées; scape sub-lriflore, de la longueur des feuilles; fleurs droites, très-grandes. Glayeid à grandes fleurs. Gladiolus nanus, Andr. Rep. II, 137. Feuillles lancéolées, plissées, poilues, scape, y compris les fleurs, delà longueur des feuilles; corolle grimmaçante à divisions très- longues, divariquées, ondulées, spalhe trivalve. GluyeiUnain. Gladiolus ringens. Andr. Repert. I, 27. IV, 227, 273. — Red., LU. III, 123. Kerner, Hort., 78. — FI. des serres, IV, 422. Feuilles subiinéaires, costées; fleurs grimma- çanles, bleu cendré, très-odoranles; scape mnltiflore Glayeul grimmaçant. La planche de Glayeuls qui fait partie de cette livraison est la suite naturelle des Iconographies de Sparaxis et d'/m que nous avons données cette année. Toutes ces charmantes plantes bulbeuses, qui ont eu tant de vogue il y a environ 25 à 50 ans, sont actuellement trop délaissées par les amateurs de pleine terre : il est vrai que leur culture est assez spéciale, mais elle n'est nullement difficile : nos lecteurs trouveront beaucoup de renseignements à ce sujet dans la collection de la Belgique horticole et nous y ajoutons de nouveaux détails dans l'article qui suit. Nous avons choisi dans ce genre si nombreux dont toutes les formes sont brillantes et gracieuses, trois espèces à fleurs bleues, couleur si rare dans les collections horticoles. Le Glayeul à grandes fleurs est très- florifère et voisin du Gl. floribundas, il passe l'hiver avec très-peu de pro- tection et fleurit ordinairement en juin et juillet. Le petit Glayeul nain, originaire du Cap, convient surtout pour être mélangé dans les bordures ou au premier plan des parterres avec les Crocus et les Scilles. Le Gl. rin- gens, est plus généralement répandu et cultivé que les précédents, il a donné lieu à un assez grand nombre de variétés et d'hybrides depuis son importation du Cap de Bonne-Espérance en 1800. \n:LG UORT. TOM!. IX 24 — 554 — SUR LA CULTURE DES GLAÏEULS (1). On suit, pour la Ibrmation des couches de Glaïeuls, deux méthodes, selon la nature et le caractère du terrain. Lorsque le sol est assez humide, outre le drainage ordinaire qui serait insuffisant pour empêcher les eaux de séjourner, on ajoute le terreau nécessaire aux plantes, pour la plus grande part, au-dessus de la surface primitive du sol, en sorte que les nouveaux matériaux se trouvent disposés sur un niveau plus élevé; ce moyen suffît pour obvier au tort qui pourrait résulter de l'humidité des lieux. Si, au contraire, on a affaire à un terrain sec, il faut le défoncer à une profondeur suffisante pour y établir la nouvelle couche de terre pour les plantes. Si le sol est naturellement léger et meuble, on peut en conserver une partie, soit un quart et y ajouter un quart de terreau végétal bien décomposé, un quart de fumier de vache très-fait et un quart de terre de bruyère sablonneuse. Tout cela, convenablement mé- langé, formera un excellent compost. Une fois le compost fait, et la sur- face de la couche égalisée à la hauteur de la bordure ou du châssis, vous commencerez au mois d'octobre à planter les bulbes en lignes, en ména- geant six pouces de distance entre eux et la même distance entre les lignes, et les enfonçant légèrement en terre avec la main ; puis en- levez le restant du compost de l'allée, et dispersez-le uniformément par dessus les bulbes, de façon qu'ils soient recouverts de trois ou quatre pouces de terreau. A l'approche des gelées, les couches seront couvertes de châssis vitrés. Si le froid devient très-vif, on aura recours à un sup- plément de précautions, tel qu'un lit de feuilles sèches, ou tout autre préservatif qu'on jugera nécessaire. Quant aux soins généraux à donner à la couche durant l'hiver, on pourra la tenir plus ou moins fermée pour en exclure la gelée, mais lui donner de l'air autant que possible, lorsque le temps est doux, le jour et la nuit, afin d'en purifier l'intérieur; et il faut prendre garde de n'y point laisser la moindre humidité. A l'entrée du printemps, tous les bulbes seront en pleine végétation; et, à partir de ce moment, les couches devront être arrosées, et les châssis enlevés tout le jour, si possible. Dans les derniers jours de mars, si le temps est tout-à-fait sûr, on pourra enlever une partie de la couche supé- rieure de terreau, puis le restant, aussitôt que la belle saison sera déci- dément venue. Si, à cause de la situation de la couche, et du coup-d'œil disgracieux qu'elle offrirait, il était préférable d'ôter tout d'un coup cette couverture d'hiver, on pourrait le faire sans dommage pour les plantes. Après la chute des feuilles, il faut déterrer les bulbes, afin d'empêcher une végétation prolongée ; quand on les a proprement nettoyés, et qu'on a détaché soigneusement les caïeux des bulbes-mères, on peut les étendre (1) The Floriciillural Cabinet. — Oct. 1859, Traducl. de M. D. B. — 35S — sur des paillassons dans un endroit sec et aéré, jusqu'en octobre, puis les replanter. Ces caïeux, qui peuvent fleurir l'année suivante, donnent le meilleur moyen de multiplier l'espèce. LES PINCENECTIA, Renseignements sur ces végétaux d'après une lettre du professeur Scheidweiler, de Gand (1), Traduct. de A.D. Bor«k. Pendant son séjour au Mexique, feu Galéotti, à qui nous sommes rede- vables de l'introduction de tant de belles et nouvelles plantes de l'Amé- rique centrale, découvrit une espèce de Lis arborescent, à extrémité infé- rieure de la tige renflée en forme de bulbe, et qu'il prit pour un Freyci- netia. Comme c'était une excellente plante d'ornement, il en fit un envoi en Belgique, et elle fut bientôt multipliée et mise dans le commerce. Soit que le nom de Freycinetia eût été écrit par Galéotti d'une manière illisible, soit que l'erreur eût été déjà reconnue, les plantes furent livrées au commerce sous le nom de Pincenectia, ou Pincenectitia, et elles sont devenues des plantes favorites des amateurs d'horticulture. Leur multi- plication étant en outre difficile, elles se maintinrent à un prix élevé. On s'est efforcé à plusieurs reprises de déterminer la place naturelle de ces Pincenectia, envoyés comme Freycinetia par Galéotti; mais on n'arrivait pas à une certitude, parce qu'on n'avait encore ni les fleurs, ni les fruits. Les uns les regardaient comme des Broméliacées et les plaçaient auprès du genre Hechtia; d'autres voulaient les rapprocher des Dracsenées et des Dasyliriées. La complaisance d'un ami m'a permis d'examiner des fruits mûrs de Pincenectia. Par suite de cet examen , il ne me reste plus aucun doute que ces plantes ne soient réellement des Dasyliriées: comme dans cette famille, le péricarpe est ailé, et ne l'enferme qu'une seule graine, qui est dressée et attachée au fond de la capsule: l'embryon est droit et central. Bien que les graines soient fort dures, elles germent déjà au bout de huit jours. Remarques de MM. Kocn et Fintelmann. — Il a toujours été dans notre opinion que les plantes appelées Pincenectia devaient appartenir aux Dracœnées et non aux Broméliacées, et nous trouvions aussi dans leur extérieur une grande analogie avec les Dasyliriées. Nous doutons du reste que les six espèces {Pincenectia glaiica, recurvata, stricta, tuber- (i) Koch et Fintelmann. Wochenschrift fur Gaertnerei tind Pflanzenkunde. — Avril 1839. — 356 — culala, cjracilis et linifolia), cultivées aujoui'd'hui dans les jardins, soient de véritables espèces et nous inclinerions à les regarder toutes plutôt comme des formes d'une seule et même plante. Probablement ce n'étaient pas des plantes vivantes, mais des graines, que Galéotti avait envoyées à Bruxelles. Parmi les plantes qui en naquirent, on distingua six formes, dont la spéculation fit autant d'espèces. L'une d'elles est d'un vert-grisâtre (P. glaiica), la deuxième a des feuilles plus retom- bantes (P. reciirvaia), la troisième les a au contraire plus dressées (P. stricto), la quatrième se dislingue par des aspérités rugueuses sur les feuilles (P. tuherculata], la cinquième a une appai'ence plus délicate (P. gracilis), tandis que la sixième est remarquable par l'étroi- tesse de ses feuilles (P. linifolia) jusqu'ici ces plantes n'ont pas encore fleuri, ni à Berlin, ni à Potsdam, bien qu'on y possède de forts exem- plaires. FÉDÉRATION DES SOCIÉTÉS D'HORTICULTURE DE BELGIQUE, Assemblée générale du 24 septembre à Bruxelles. Nous avons annoncé rapidement dans notre dernier numéro, publié dans les derniers jours de septembre, que les sociétés d'horticulture du Royaume avaient eu une assemblée générale à Bruxelles le 24 septembre, dans laquelle les dernières questions relatives à l'organisation de la Fédé- ration avaient été résolues et nous avons publié le document le plus important voté dans cette séance, le règlement fédéral. L'assemblée était fort nombreuse et formée des représentants de presque toutes les sociétés du pays, savoir : MM. J. De Knyff de Waelhem et Rigouts-Verbert, pour la Société royale d'horticulture d'Anvei's. MM. De Cannart d'Hamale et Constant De Brouwer, pour la Société d'horticulture de Malines. MM. Linden et Motlin, pour la Société royale de Flore de Bruxelles. MM. Muller et De Cock, pour la Société royale Linnéenne de Bruxelles. M. Van Thilt , pour la Société royale d'agriculture et d'horticulture de Louvain. M. Bouquiau, pour la Société agricole et horticole de Nivelles. MM. Royer et Grégoire, pour la Commission royale de pomologie. MM. Bivort et Gailly, pour la Société Van Mons. M. Van den Auweland, pour la Société d'agriculture de Laeken. MM. Van den Ilccke et Ch. Lcirens, pour la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand. MM. Baunjann et Pynacrt pour, l'Académie d'horticulture de Gaud. - 337 - MM. Liefmans-Delagache et De Crocser de Mocregliein , pour la Société d'horticulture d'Audenardc. MM. De Puyt et De Moulin, pour la Société royale d'horticulture de Mons. M., E. Morren, pour la Société royale des conférences horticoles de Liège, MM. Kegeljan et Deliiiarmol, pour la Société royale d'horticulture de la province de Namur. M. De la Rondelle, pour la Société horticole et agricole de Verviers. M. Barteels, pour la Société horticole de Hasselt. Les délégués des Sociétés de Iluy et de Tirlemont n'avaient pu se rendre à l'assemblée. La séance a été ouverte par un discours de M. Royer, président du Comité directeur provisoire, qui a fait ressortir l'importance de l'insti- tution et l'heureuse influence qu'elle doit exercer ; il a ensuite rappelé quelques unes des mesures que le gouvernement a déjà prises en faveur de l'horticulture, depuis dix à douze ans, et il a signalé combien leurs conséquences, que l'on peut jusqu'à un certain point apprécier dès à présent, sont utiles et favorables. M. Ed. Morren a présenté le résumé des travaux du Comité directeur et il a établi clairement la portée et l'objet de la fédération, qui sont spé- cialement : les réunions périodiques et régulières des délégués de toutes les Sociétés du pays; la publication de rapports sur les travaux de ces Sociétés, la discussion de toutes les questions d'un intérêt général con- cernant l'horticulture nationale , et l'établissement de concours sur des questions relatives à la pratique et à la théorie de l'horticulture. En un mot, le but de la fédération est de se réunir pour la solution de questions générales, que les efforts individuels de chaque Société ne sau- raient attendre : mais il importe cependant que ces Sociétés conservent une indépendance absolue et ne perdent rien de leur liberté d'action, M. Morren a réussi à dissiper les doutes qui s'étaient élevés sous ce rapport dans quelques esprits et à démonti'er clairement les heureux résultats d'une union franche et cordiale. L'assemblée a procédé ensuite à la discussion, article par article, des statuts et règlements fédéraux, qui ont été adoptés dans leur ensemble à l'unanimité des membres présents, et elle a mis au concours pour l'année 1859-18G0, sept questions : L'histoire de l'horticulture en Bel- gique, l'hybridation, l'entomologie horticole, la construction des serres, la |)lantatiou d'un jardin fruitier, la culture forcée des légumes, l'asso- lement et la rotation des eullures maraîclières. Des prix d'une valeur de ôOO à oOO francs sont affectés à chacun de ces concours, dont nous publions plus loin le programme détaillé. La fédération étant dès lors constituée, M. Ronnberg, délégué du gou- vernement, à pris la parole pour constater cet heureux résultat. « Grâce — 358 — à rempressemcnt, a-t-il ajouté, que les Sociétés ont mis à faire fructifier l'idée première de cette fédération, grâce au zèle que leurs délégués ont montré, l'organisation d'une puissante association est entièrement ter- minée. C'est avec la plus vive satisfaction que le gouvernement a vu s'accomplir les diverses phases de cette organisation qui est destinée à exercer une immense influence sur les destinées de l'horticulture belge. » Avant de se séparer, l'assemblée a procédé à la nomination du comité- directeur. Ont été élus : MM. Royer, de Namur, président ; De Cannart d'Hamale, et J. Knyff deWaelhera, d'Anvers, vice-présidents; F. Kegel- jan, de Naraur, trésorier; Linden et de Cock de Bruxelles; Van den Hecke, de Gand ; Bivort, de Fleurus; Bartheels, de Hasselt; Loumaye, de Huv; de Puyt, de Mous; Bouquiau, de Nivelles; Rosseels de Louvain; Baumann de Gand; membres; et Ed. Morren, de Liège, secrétaire. Aux termes des statuts, la prochaine assemblée générale doit avoir lieu au printemps prochain. FÉDÉRATION DES SOCIETES D'HORTICULTURE DE BELGIQUE, PROGRAaiME DES QUESTIONS PROPOSÉES POUR LE CONCOURS DE 1860. Première question. Ecrire l'histoire de l'horticulture en Belgique, faire connaître les rapports qu'elle a eus avec l'étude et lesfprogrès delà botanique; la date des principales introductions dans notre pays; les explorations faites par des belges; la fondation et l'histoire des principaux établissements d'horticulture et terminer par un aperçu général de l'état actuel de l'horticulture dans le royaume. !§econde question. Exposer le phénomène de l'hybridation et en général celui des croisements naturels ou artificiels entre les végétaux, les procédés à suivre dans ces opérations, les principaux résultats que l'hybridation a produits et l'influence qu'elle exerce en horticulture. On demande en un mot un travail scientifique et pratique sur la question de l'hybridation végétale. Troisième question. On demande un traité d'entomologie horticole, c'est-à-dire un travail qui fasse convenablement connaître les rapports des végétaux cultivés avec les insectes les plus répandus, tant utiles que nuisibles, en se — 359 — fondant plutôt sur des faits acquis que sur des données générales; spécialement bien faire connaître les espèces qui nuisent souvent aux plantes et aux fruits et d'un autre côté celles qui doivent être protégées comme susceptibles de rendre des services. Quatrième question. On demande un travail sur la construction des serres, l'exposé des principes généraux de cette matière, comprenant toutes les indications, sur l'exposition, la natui*e, les matériaux, la forme générale, l'architec- ture, le système de chauffage et les différentes catégories de serre. Cinquième question. Comment le propriétaire d'un jardin placé dans les conditions sui- vantes, doit-il le planter en vue d'y avoir les meilleurs fruits et pour toutes les saisons? Ce jardin à la fois fruitier et légumier, occupe l'espace d'un hectare : il est enclos de murs, situés aux quatre expositions suivantes : Sud-Est; Sud-Ouest; Nord-Est; Nord-Ouest; les chemins intérieurs doivent être bordés d'arbres conduits en pyramides, en que- nouilles ou en fuseaux. L'aménagement de la plantation devra donner ce résultat que le propriétaire aura des pommes et des poires toute l'année, des cerises du mois de mai jusqu'en août; des abricots de juin en sep- tembre, des pêches et des prunes de juillet en octobre, des raisins d'août en octobre. Certaines variétés de fruits donnant de bons produits dans presque tous les terrains et d'autres exigeant des sols légers, secs, com- pactes ou humides; le mémoire devra satisfaire à ces diverses conditions. Sixième question. La culture maraîchère, la production des primeurs et celle des cham- pignons, sont susceptibles de s'étendre et de s'améliorer en Belgique, non- seulement en vue de la consommation intérieure du pays, mais encore en vue de l'exportation. On demande d'indiquer les moyens et les con- naissances spéciales nécessaires pour arrivera ce double but. Septièiue question. La question des engrais et celle des assolements méritent une étude des plus approfondies : ces deux sciences si nécessaires en agriculture, sont d'une utilité non moins contestée en culture maraichère. On demande d'indiquer les moyens de réparer les pertes du sol épuisé par des récoltes successives en y suppléant par la combinaison de nouveaux principes de fécondité que la science meta la disposition du maraîcher et d'indiquer en même temps un ordre de succession de légumes qui permette de fatiguer le sol le moins que possible et de pouvoir faire un grand nombre de récoltes sur le même terrain. — 560 — EXTRAIT DD REGLEMENT. Art. XXVIII. Des prix d'une valeur de 100 à 300 francs, consistant en médailles ou en une somme d'argent, sont affectés à chacune de ces questions. Art. XXX. Les réponses aux questions seront jugées par une commis- sion de trois membres nommés par le comité directeur de la fédération. Art. XXXI. Ne sont admis pour le concours que les ouvrages et les planches manuscrits. Art. XXXII. Les auteurs des réponses aux questions de concours ne mettent pas leur nom à ces ouvrages, mais seulement une devise qu'ils répètent dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Ceux qui se font connaître de quelque manière que ce soit, ainsi que ceux dont les mémoires sont remis après le terme prescrit, sont exclus du concours; les réponses doivent être écrites lisiblement en français ou en flamand. Elles deviennent par le fait de leur envoi la propriété de la fédération et restent déposées dans les archives; toutefois les auteurs ont droit gratuitement à cent exemplaires de leur travail, quand l'impression en a été votée par l'assemblée générale. Les mémoires doivent être adressés, franc de port, avant le 1 sep- tembre 1860 à M. A. Rover, président, de la Fédération à Xamur. Fait à Bruxelles, le :24 septembre 1839. Pour la fédération, Le secrétaire, Edouard Morren. APPAREIL POUR LA GERMINATION DES FOUGERES. Tout le monde sait combien les spores ou graines de la famille des Fougères sont fines et délicates; leur germination demande un temps généralement assez long et doit être surveillée à l'aide des précautions les plus minutieuses; elle réclame surtout un sol libre , humide et très riche en humus. Les spores en se développant couvrent la surface de la terre d'expansions vertes, qui ressemblent assez aux Marchantias qui pullulent presque partout dans notre pays ; ces lames vertes sont une forme proerabryonaire de la plante et elle est nommée par les botanistes le prothalle : celui-ci, au bout d'un certain temps donne lieu à la Fougère elle-même. Oi'dinaircment on sème les Fougères sur des pots remplis à moitié de tessons de toute espèce, à moitié de terre de bruyère sableuse et recou- vertes d'une vitre. Cette méthode est bonne, mais l'emploi d'un grand nombre de pots est souvent incommode et disgracieux. La végétation des — 561 — jeunes Fougères est d'ailleurs essentiellement superficielle et elles n'ont que faire d'un sol profond : aussi les cultive-t-on souvent dans des terrines ou des sous-coupes, sur de la terre de bruyère grossière, mélangée de sable et de tessons : on recouvre le tout d'une glace pour empêcher le transport des graines et pour conserver l'humidité. 3Iais il est encore pré- férable de se servir d'une cloche, qui laisse plus d'air et qui ne gène pas les premiers accroissements des jeunes Fougères. Si l'on a un assez grand nombre de semis à faire, une seule cloche peut servir à deux espèces semées l'une dans une grande terrine l'autre dans une plus petite et superposées à l'aide de trois fils d'archal, comme dans la vignette ci-contre. Planche 54. Appareil pour la germiualion des Fougères. Le meilleur moment de recueillir les spores de Fougères est celui où les amas de ces petits organes ou sores commencent à tourner au brun ; on coupe alors les feuilles, on les fait sécher et on les conserve dans du papier. Beaucoup de jardiniers croient que la germination des fougères doit se faire dans l'endroit le plus sombre et par conséqueut le plus froid de la serre. C'est une erreur : un peu de soleil direct n'est pas à craindre et il ne devient nuisible que s'il dessèche le sol. On doit entourer les graines de la plus grande humidité possible et ne pas craindre de les éclairer convenablement. — 362 - HORTICULTURE DE SALON. APPAKEIL POUR LA CULTURE DES FOUGÈRES EN APPARTEMENT. Les Fougères aiment l'humidité, la lumière diffuse et une terre riche en humus; en outre elles croissent volontiers dans les anfractuosités des roches, dans |Ies interstices des murs, entre les tas de pierre, etc., etc. Il serahle difficile de réunir toutes ces conditions dans une partie seulement d'une serre que l'on n'a pas l'intention de consacrer tout entière à la même famille : cependant rien n'est si aisé, non-seulement dans une serre mais encore dans un appartement ou dans la salle à dincr. Tout le monde connaît actuellement ces petites miniatures de rochers ou de ruines que l'on peut édifier avec beaucoup de goût, garnir de végé- tation et placer sous cloche : on y cultive une grande variété de végétaux mais ils conviennent surtout aux Fougères. Un petit meuble de ce genre estla suitenaturelle de l'appareil décrit et figuré dans l'article qui précède : on y introduit les jeunes plantes issues de semis et elles s'y développent dans les meilleures conditions : un assez grand nombre de petites espèces et surtout les Lycopodes et les Selaginelles peuvent y, être conservées indéfiniment. PI. 33. Rockwork de salon. II est aisé de construire soi-même ces petits meubles, mais il en existe toutefois dans le commerce horticole : nous en avons vus, et des mieux - 365 — réussis, dans les locaux du jardin botanique de Bruxelles; en Angleterre, un M. F. French de Bristol en a établi un dépôt chez M. R. Kennedy à Bedfort, Covent Garden. M. French joint à ces Rockworks de salon une instruction sur la manière de les entretenir et d'y conserver les plantes en bonne santé; nous croyons qu'elle pourra servir à quelques-uns de nos lecteurs : Le meilleur emplacement pour ce meuble est une fenêtre donnant sur le nord : mais les plantes croîtront et se maintiendront en bonne santé à toute autre exposition si l'on a soin de les protéger de l'action directe du soleil qui est défavorable aux Fougères en les faisant croître trop vite. Deux fois par semaine en été et une fois en hiver, on doit enlever la cloche pour quelques minutes et ressuyer sa face intérieure. De temps en temps on donne un peu d'eau de pluie, pour remplacer celle qui s'échappe par l'évaporatiou et celle que l'on enlève en nettoyant le globe de cristal. Mais la valeur d'un verre à vin ajoutée cinq ou six fois par an est en général bien suffisante. On fait ces arrosages avec une petite seringue ou une éponge et l'on doit se garder de mouiller les feuilles, ce qui pourrait les faire pourrir. On doit enlever soigneusement les feuilles et les branches mortes; laisser constamment le même côté tourné vers la lumière. La végétation naturelle des Fougères est assez lente. LA COLONNE A FOUGERES DU D^ WATSON, PAR M. Tyerman de Upton. L'idée de M. le D"" Watson est nouvelle et très heureuse; elle peut être appliquée de bien des manières différentes et en la communiquant à nos lecteurs, nous sommes persuadé qu'ils y trouveront facilement l'occa- sion d'embellir leurs serres ou d'orner les appartements. Il s'agit d'une construction destinée spécialement à la culture des fougères mais qui peut également convenir à d'autres plantes aux formes élégantes et gracieuses. L'intention primitive du docteur Watson était de former un mur ou un pilier temporaire dont les matériaux auraient été simplement supper- posés de manière à pouvoir être déplacés et replacés à volonté; mais son principal mérite consiste plutôt dans leur application à la décoration des serres, des orangeries et des salons. Quelques explications me feront d'ailleurs mieux comprendre. Les matériaux consistent en pièces de poteries ou en pierres taillées, de 25 à 50 centimètres de longueur sur 12 à 15 d'épaisseur, creusée au centre d'une cavité circulaire ; on adapte à celle-ci une coquille naturelle ou artificielle en forme de Tridacte, d'IIippope, d'Arche ou de Carde, qui fait saillie et qui se place à la partie inférieure de l'ouverture. — 564 — Ce côté forme la face extérieure de la construction à laquelle on peut donner les dispositions les plus variables, notamment celles d'un mur ou d'une colonne. On doit avoir soin en outre, de ménager un petit trou à la partie inférieure pour l'écoulement des eaux et le drainage. Il nous parait surtout convenable d'arranger le tout en forme de pilier, jusqu'à telle hauteur que l'on voudra; on peut à sa convenance cimenter les pierres ou les briques entre elles ou simplement les su perposer. L'espace vide qui reste au centre est rempli de mousse , de foin et de débris de toute sorte ; le vase qui surmonte la colonne contient de l'eau que l'on peut aisément forcer à s'écouler tout doucement en filtrant à travers un bouchon placé sur une ouverture inférieure. L'eau s'infiltre jusqu'aux racines des Fougères en passant dans le centre du pilier et elle maintient constamment une humidité régulière et abondante de manière à assurer une saine végétation même dans l'atmosphère la plus sèche. L'arrangement des Fougères dans les diverses cases de la construction est de peu d'importance ou plutôt chacun saura l'imaginer sans qu'il soit nécessaire de recourir à des indications spéciale : seulement placez les espèces les plus délicates dans des situations privilégiées, et des espèces robustes du côté où il y a peu d'air et de place. La seule remarque qu'il soit bon de faire est de placer les Fougères à feuilles dressées depuis la base jusqu'au niveau de l'œil et celles à frondes décombantes et penchées sur la partie supérieure. Dans la liste suivante nous avons fait précéder les espèces de la pre- mière catégorie de la lettre I (inférieur) et celles de la seconde par la lettre S (supérieur), mais nous n'y avons fait entrer que des plantes gé- néralement répandues, d'un accès facile et peu difficiles sous le rapport de la culture. Les noms accompagnés de la lettre D sont ceux de plants délicates et qui demandent une certaine protection. I. Polypodiiim pectinatum. S. — vidgare, var. Cambricum. l. Goniophlebium loriceuin. l. Phlebodiiim aureum. I. Pliijmatodes longipes. S. Nipliobolus lingua. l. Campyloneurum ensifolium. 1. Dri/naria diversifolia. I. Stj'uthiopleris germanica. — 365 PI. se. Pilastre à Fougères du D"" Walson. — 366 — S. Phegopteris calcarea et vulgaris. S. — dryopteris. S. D. Afi/nopteris lanagera et myrîophylla. S. Cryptogramma crispa. S. Platyloma Brownii, falcata et rotundifolia. S. Adiantum pedatum, affine et fonnosum. S. D. — hispidulum et ethiopicum. S. D. — cuneatum, assimile et Capilhis-veneris. I. Pteris longifoUa, umbrosa et semipinnata. I. S. — tremula. I. Litobrochia vespertilionis. I. S. Blechnuni occidentale et gracile. S. Doodia aspera et candata. S. Woodwardia radicans. S. Asplenum lucidum et mariniim. S. D. — triclwnianes, fontanum et flaccidum, S. D. — bulbiferum, polyodon et adiantum tiigriim. S. D. — filix-fœmina, var. crispiim et multifidum. S, I.D. Caterach officinarum. I. Onoclea sensibilis. I. S. Cyrtomium falcatum. I. Nephrodium Hookeri et molle. S. D. Cystopteris bulbifera et fragilis. I. Lastrea podophylla montana. I. — filix-mas var. cristata et pumila. I. — marginalis et Goldiana. I. Polystichum pungens et Capense. S. Davallia bullata et canariensis. I. Cyathea dealbata. Toutes les espèces comprises dans cette liste conviennent pour la cul- ture en serre tempérée. CULTURE DES JACINTHES EN APPARTEMENT. Quand la mauvaise saison approche, quand la bise et les frimats effacent la verdure des feuilles et les détachent lentement pour en joncher le sol, la campagne est bientôt triste et déserte. On quitte le jardin, on rentre à la ville et l'on se confine dans d'étroits appartements. Mais celui qui est sensible aux beautés de la nature, celui qui aime les fleurs, ne saurait rester tout-à-fait privé de ses compagnes d'été : il s'insurge contre la nature et il imagine mille moyens de dérober quelques plantes favorites au long repos que la nature leur impose. Il les recueille avec lui dans ses épaisses murailles, il leur prodigue la douce clialeur et l'humidité favorable dont il use lui-même et il leur abandonne tout ce — 567 - que l'hiver veut bien lui envoyer de lumière et de soleil. Des jardinières, des corbeilles, des appuis de fenêtre sont garnis et ornés de feuillage et de végétation : les petits soins que ces plantes réclament sont les distrac- lions des courtes et encore trop longues journées d'hiver : on se ressou- vient de l'été passé et on espère dans le printemps qui va suivre, et le temps passe ainsi entre le souvenir et l'espérance. De toutes ces compagnes de captivité que l'homme ravit à la nature, l'une des plus agréables est la Jacinthe, jolie et aimable fleurette, d'un bon naturel, se laissant facilement mener et toujours fraîche, parée et coquette : elle ne survit même pas à ses charmes et dès que ceux-ci passent on dirait qu'elle en meurt de honte ou tout au moins elle se cache pour reparaître parée d'une beauté nouvelle. La saison approche où l'on pourra cultiver quelques bulbes, soit en terre soit dans des vases de cristal simplement remplis d'eau; nous le disions tantôt, la Jacinthe se contente de peu; de l'air et de l'eau c'est à peu près tout ce qu'il lui faut : si l'on y ajoute feu, lumière et loge- ment elle ne se sentira pas d'aise. Vous placez une de ses bulbes sur un gobelet d'eau et presque sans soin elle sera toute fleurie un mois ou deux après. Tout le monde connaît les vases fabriqués spécialement pour cette culture : ils sont allongés, plus étroits à la partie supérieure qu'à la base et terminés par un petit rebord qui sert à supporter le contour du plateau d'une bulbe. Ces verres sont de couleur sombre, ordinairement bleue parce que les racines craignent et fuyent la lumière. La forme de IM. 57. Vases ilc M. Tyc, pour la culUirc île Jacinthes. — 568 — ces petits meubles est devenue traditionnelle et jusqu'ici tout ceux que nous avons rencontrés se ressemblaient exactement : ils sont conve- nables mais il ne sont pas beaux et l'habitude de les voir ne les embellit guère. Aussi la ccramie, qui a pris tant d'extension depuis quelques années et qui a d'ailleurs trouvé dans l'horticulture une direction nouvelle et importante, vient heureusement de nous venir en aide : elle a donné aux goblets à Jacinthes des formes gracieuses , élégautes et variées. On en fabrique sans doute en Belgique et en France, mais les premiers que nous ayons vus, viennent d'Angleterre. Ils sont fabriqués par M. ïye et ils ont en ce moment beaucoup de vogue. Ces vases sont en fayence ce qui vaut mieux que le verre le plus coloré et convient davantage aux racines : en outre ils sont munis d'un léger appareil en fil d'archal destiné à fixer et à conduire les feuilles et les fleurs, qui tantôt fléchissent et se brisent, tantôt se dirigent avec une prédilection trop marquée vers la lumière. Les vignettes ci-dessus nous dispensent d'entrer dans de longs détails sur ces charmants objets et d'en décrire les courbes et les festons. Il vaut mieux croyons-nous donner la manière de s'en servir, c'est-à-dire quelques renseignements sur la culture aquatique des Jacinthes. Nous les emprunterons surtout au catalogue des plantes bulbeuses de MM. Butler et Mac Culloch. De toutes les plantes que nous connaissons, la Jacinthe est celle qui se prête le mieux à cette culture élégante et ingénieuse mais cependant assez peu naturelle. Ses racines, comme celles des autres végétaux, fuient instinctivement la lumière : pour cette raison on doit employer des verres à couleur sombre. Placez les bulbes au-dessus et emplissez les d'eau de pluie bien pure jusqu'à un centimètre au-dessous du pla- teau(t);puison les porte dans une cave ou dans un endroit frais et obscur. (Nous avons toutefois déjà obtenu de fort bons résultats en laissant les bulbes dès les premiers moments dans l'appartement qu'ils devaient égayer, lequel était, il est vrai, assez sombre). Lorsque les vases com- mencent à se remplir de racines, ce qui a lieu ordinairement au bout de trois ou quatre semaines on les place quelque part où les plantes reçoivent une certaine lumière. Dès que les feuilles ont acquis une belle couleur verte on les déplace de nouveau pour leur donner le plus de clarté possible et dans une situation où elles peuvent trouver de l'air frais en abondance. Une atmosphère chaude et renfermée est très défa- vorable au développement de beaux épis de fleurs. Pendant la pousse tenez les plantes le plus près possible des vitres et retoui'nez-les de temps à autre pour empêcher que les tiges ne s'allongent outre mesure, ne deviennent faibles et maladives : tant que l'eau reste fraîche ne la cluui- (1) Oh sait qu'on donne le nom de plateau, à la partie inférieure d'un bulbe, colle (jui lui sert de base et qui émet les racines. — 3G9 — gez pas, mais remplacez seulement celle qui a été absorbée par les racines ou qui disparaît par ëvaporation : ce sont les plantes qui réussissent le mieux. Mais si l'eau se corrompt il ne suiïiit pas de la remplacer, mais il faut nettoyer soigneusement la bulbe et enlever tout ce qui est venu la salir. Dans ce cas on ne doit user que d'eau de pluie et prendre garde qu'elle soit à la même température que celle de l'appartement ou de la serre. De tous les stimulants artificiels nous ne connaissons rien de mieux que de dissoudre trente grammes de guano dans un litre d'eau de pluie et de verser une petite cuillerée de ce liquide dans chaque vase quelques jours après que les boutons se sont montrés. Si l'on veut conserver les bulbes pour continuer à les cultiver, il faut aussitôt après la floraison les planter sous châssis, dans une couche froide, ombragée, mais composée de bonne terre et continuer à les soigner jusqu'à ce que les dernières feuilles aient disparu. Si des froids ou un soleil trop ardent survenaient pendant cette période on doit leur donner quelque protection et les couvrir. Si ces bulbes peuvent conve- nablement mûrir on pourra les replanter en plein air et ils fleurissent convenablement sans toutefois pouvoir rivaliser avec les plantes fraîches et nouvellement introduites. Telle est la règle générale, mais nous avons vu cependant, sans doute exceptionnellement, des bulbes abandonnées sans aucun soin dans leurs vases après la floraison, et, pour dire les choses telles qu'elles sont, ayant été rélégués au grenier, repousser spontanément l'aimée suivante et donner une floraison qui ne le cédait guère à la première. SUR LE BLANC DES ROSIERS, Pau m. Ed. Regel. Le blanc est une des maladies qui nuisent le plus aux Rosiers. On sait que ce n'est autre chose qu'un petit champignon filamenteux, une sorte de moisissure, qui se développe sur les feuilles jeunes, sur les bourgeons et sur les pédoncules des fleurs, en assez grande abondance pour les couvrir entièrement. Les Rosiers qui sont envahis par ce petit parasite ne périssent pas sous l'influence funeste qu'ils en éprouvent, mais ils souffrent assez pour ne fleurir que fort mal ou même pas du tout. Cette maladie se montre sur les Rosiers cultivés dans des lieux fermés ou dans lesquels l'air ne peut circuler librement. Ainsi, selon M. Regel, c'est surtout dans les cultures forcées qu'elle exerce le plus fréquemment ses ravages et à St. Pétersbourg, où l'on cultive fort eu grand nombre les Rosiers en serre, et où l'on voit jusqu'à plusieurs milliers de ces arbris- seaux cultivés en pot, et en haute tige, dans un seul établissement, le blanc cause souvent des pertes considérables. Le petit champignon qui cause cette maladie est analogue à celui qu'on voit souvent sur les 23 — 570 — verveines, principalement sur les Cucurbitacées et sur d'autres plantes cultivées; il est très-vraisemblable que, dans l'état sous lequel il se présente, il ne constitue que la première phase du développement d'un Champignon plus élevé en organisation appartenant au genre Erysiphe et dès lors analogue à celui qui ravage fréquemment des houblonnières. — On a essayé différents moyens pour guérir le blanc du Rosier; certains d'entre eux ont donné de bons résultats. Tel est surtout le soufre auquel a fait penser la grande analogie du Cryptogame qui attaque cet arbuste avec celui qui produit la maladie de la Vigne. Le soufrage est donc reconnu comme un excellent moyen pour guérir le blanc du Rosier, de même que pour arrêter les progrès de la ma- ladie de la Vigne; seulement il faut y recourir de bonne heure, et ne pas attendre que le mal ait pris fortement racine. — Un autre moyen assez curieux vient d'être employé avec succès à St. Pétersbourg, par M. Rochcl, horticulteur dans cette capitale. Au printemps de l'année ■1858, M. Rochel a guéri parfaitement ses Rosiers du blanc en les sérin- guant avec de l'eau chaude prise dans un ihermosiphon en cuivre dans lequel elle était restée déjà longtemps et avait servi pendant tout ce temps à chauffer la serre. Presque immédiatement on a vu le parisite cryptogame se dessécher, périr, et les rosiers reprenant leur végétation normale développer par- faitement leurs fleurs. — Cette observation est curieuse; mais comme le dit M. Regel, elle n'est pas suffisamment démonstrative tant qu'elle est isolée, et il serait à désirer que quelqu'un la répétât, afin de savoir si elle autorise une conclusion générale. Au reste et s'il était démontré par de nouvelles expériences que l'eau chaude, qui a séjourné pendant assez longtemps dans un thermosiphon, guérit le blanc des Rosiers, on pour- rait toujours se demander quel est le principe de son action; si elle agit parce qu'elle est chaude, ou parce que son séjour prolongé dans un apj)a- reil en cuivre l'a chargé d'oxyde ou de carbonate de cuivre qui produirait sur le parasite cryptogame l'action énergique et encore inexpliquée qu'a observée M. Rochel. Il semble naturel d'attribuer l'action qui a été con- statée par l'horticulteur de St. Pétersbourg à la présence'dans l'eau d'un composé de cuivre plutôt qu'à l'influence de la température du liquide employé; car il est peu probable que l'eau avec laquelle il a seringue ses Rosiers envahis par le blanc, se trouvât à une température élevée, et l'on ne peut guère supposer qu'étant simplement tiède, elle eût beaucoup d'efficacité contre le cryptogame qui détermine cette maladie. Au con- traire, on sait que les sels de cuivre agissent avec une énergie remar- quable sur les végétaux tantphanérogames que cryptogames, et que même les corps reproducteurs ou spores de ces derniers ne résistent pas à l'action de ces substances, comme le prouve très bien le sulfatage des semences des céréales ; dès lors on se trouve naturellement conduit à supposer qu'un de ces composés a été le principe actif dans cette circon- stance. (Garlenflom.) Pomme do Qlace. 371 — POMOLOGIE. NOTICE SUR LA POMME DE GLACE, OU P03IME TRANSPARENTE; POMME GLACÉE; POMME D'ASTRAKAN; POMME DE JIOSCOVITE; IfJALUS JfJAR- MOREA, PyiT. et Turp. ; MALUS SIBIRICA, Busch., ETC. Par m. Edouard Morren. (Figurée PI. XXIV). Ce fruit est très-intéressant et il présente une particularité qui a de tout temps attiré l'attention sur lui. Au moment où il atteint la maturité on voit apparaître ça et là des points transparentes qui petit à petit s'agrandissent, se réunissent et bientôt certaines parties du fruit sont tout-à-fait sans couleur, translucides, transparentes mèuie et comparables à des morceaux de cristal ou de glace. Cette modification peut s'étendre jusque sur plus de la moitié du fruit : le derme à perdu toute son opacité; il laisse apercevoir la chair intérieure et il n'est pas rare que celle-ci soit tellement transparente qu'elle laisse pénétrer le regard jusque au cœur même du fruit. On n'a jamais tous les mérites : on ne saurait dire que la Pomme de Glace est un fruit de premier ordre, mais il est cependant d'une saveur agréable et l'on en cultive beaucoup de plus mauvais, qui, ceux-là, ne rachètent leurs défauts d'aucune manière. Elle était mûre cette année dans le courant de septembre et au commencement d'octobre : elle se conserve peu après la maturité. La Pomme de Glace est connue et cultivée par-ci par-là en Belgique et en France, mais on l'y connaît peu. Il paraît d'ailleurs qu'elle se plait mieux dans le nord où elle est plus répandue : ses noms de Pomme de Moscovite, Pomme de Sibérie, Pomme d'Astrakan, etc., l'indiquent suffisamment. En outre nous l'avons reçue cette année de notre excellent ami M. le D'' F. Ch. Schiibeler, de Christiania, en spécimens très-bien développés et en parfait état de conservation : cette fois les fruits qui nous sont arrivés de Norvvège étaient emballés avec graines d'un milet [Panicum) qui conviennent parfaitement pour les transports d'un petit nombre de fruits. Nos lecteurs se rappellent sans doute rexccllent fruit que M. le D' Schùbcler nous avait envoyé l'année dernière et que nous avons décrit et figuré sous le nom de Reinette de Norwège. Nous venons de recevoir des greffes de cette variété, de sorte que nous serons bientôt à même d'en essayer la culture et de la répandre dans notre ptiys. Mais — 372 — nous avons à ce sujet une petite rectification à faire : ce fruit auquel nous avons donné le nom de Reinette de Norwège, porte là-bas le nom Kanpanger Apfel, ou Pomme de Kaupang. La Pomme de Glace est connue au moins depuis 1768 et date sans doute de plus loin encore. Duhamel en parle et la décrit avec son exac- titude ordinaire, de manière qu'une nouvelle description est inutile. « Pomme de glace j transparente. TF/a/us fructus magno albilo glaciato : La Pomme de Glace est grosse, très renflée vers la queue, diminuant beaucoup de grosseur vers l'œil, où elle se termine presque en pointe obtuse. Son diamètre est de trente-deux lignes et sa hauteur de trente lignes. Sur les arbres vieux ou greffés sur paradis, il s'en trouve de trois pouces trois ligues de diamètre, sur trois pouces de hauteur. La queue est grosse et courte, plantée dans une cavité profonde, unie, médiocrement évasée. L'œil est très petit, enfoncé dans une cavité étroite peu creusée et ordinaire- ment bordée de quelques bosses. La peau est fine, luisante, d'un vert clair qui devient blanchâtre au temps de la maturité du fruit; quelquefois le côté du soleil devient jaune semé de quelques petites taches d'un rouge vif; partout elle est fort tiquetée de très petits points blancs. Alors sa chair est tendre, très blanche; et son eau abondante et relevée d'acidité, qui rend cette pomme très bonne étant cuite ou séchée au four. Mais aussitôt que le point de sa maturité est passé, sa chair devient ferme, un peu transparente, de cou- leur verdâtre, comme si elle avait été frappée et pénétrée de gelée, ou comme du Melon d'eau nouvellement mis au sucre. Dans cet état elle se conserve longtemps sans se pourrir; mais l'eau est presque insipide, ou d'un goût désagréable, de sorteque c'est un fruit que la curiosité plutôt que son utilité peut faire multiplier. Merlet dit qu'il y en a une variété d'un rouge brun-violet : je ne la connais point. Si elle est perdue, elle mérite peujde regrets.» Duhamel. 1. 517. Nousajouteronsseulementquelespommes que nous avons euesen notre possession présentait quelques côtes assez faibles , partant des deux extrémités: elles étaient de couleur jaune, très légèrement verdâtres, tiquetées de carmin du côté du soleil. La peau avait conservé les mêmes couleurs dans les endroits glacés, sauf qu'elle était devenue tout à fait transparente. CORRESPONDANCE. Au moment de mettre sous presse nous recevons la lettre suivante , à laquelle nous répondrons dans notre prochain numéro ; nous l'insérons immédiatement dans l'espoir que quelqu'un de nos lecteurs pourrait peut-être nous fournir sur la question de notre corresjiondant des renseignements moins négatifs que les résultats de notre propre expérience : 3Ionsieur le Rédacteur j'oubliais de vous demander, s'il n'y a pas un moyen pour obtenir la conservation des boulons du Paulownia im/perialis , trop fréquemment détruits par les gelées. Si vous vouliez bien en dire deux mots dans votre prochain numéro, vous seriez sans doute utile à plusieurs abonnés et agréable à votre servi- teur. Agréez , etc. {^Un abonné). TABLE DES iMATIERES DU NEUVIÈME VOLUME DE LA BELGIQUE HORTICOLE. 1. — Horticnltare. Pages. i. fiol\ce sur le Saxifragapicrpurascens, Uook. fil., ou Saxifrage pourprée de l'Himalaya 1 2. Notice sur le Cam/)anM/a sir/g-osa, Russ., ou Campanule fluette 2 5. Notice sur le Gesnera Donckelaariana (hybîida), Lem., ou Gesnerie hybride de Donckelaar 33 4. Note sur Vhotoma senecioides, DC, var., subpinnatifida ou l'Isotome à feuille de Séneçon, variété presque pinnatifide 55 5. Noie sur l'Orc/a's /b//osa, Soland, ou Orchis feuillue 6S 6. Note sur le Salvia coccinea, L., Var. Major, ou Sauge écarlate, variété à grandes fleurs 66 7. Nouveaux Caladiums de M. Chantin 70 8. Nouvelles variétés d'Azalées 71 9. Quelques mots sur les Ixias et leur culture 97 10. Des Palmiers que l'on peut cultiver en serre froide ou en orangerie ... 98 li. Notice sur le fie/o;jero«e ;j/!tm6a(7m«/b/m, N. et E., ou Beloperone à feuilles dePlumbago 129 12. Notesurle Lalageornata, Lindl., ou Lalage paré 130 13 Notice sur le Lilium giganleum 181 li. Nouvelles et magnifiques variétés de Dianthus chinensis, introduites du Japon par M. Heddewig de Sl.-Pélersbourg , traduit du Gartenflora par M. J. Bourdon 195 15. Notice sur quelques bonnes plantes de pleine terre, dont les graines sont distribuées par la Belgique horticole aux abonnés qui en font la demande, par M. le D' 01. Du Vivier 203 16. Renseignements généraux sur la culture de jolies plantes d'ornement, rares, nouvelles ou intéressantes, dont les graines sont distribuées par la Belgique horticole aux abonnés qui en font la demande spéciale ..... 208 17. Notice sur quelques nouveaux Fuchias {F. simplicicaulis , Eclat et Sir Colin Campbell) 223 18. Notice sur le Bégonia Qucen Victoria, variété nouvelle gagnée à l'établisse- ment de M. Jacob-Makoy, par M. Ed. Slorren 226 19. Note sur un nouveau gazon pour les petites pelouses et les bordures, formé par le Spergula pilifera 227 20. ^lorviisons an Podocarpus zamiœfolius el An Tacca pinnatifida 233 21. Quelques mots sur les espèces naines du genre Phlox, recommandées pour former des bordures 2o7 22. Le Bégonia roi ou Bégonia rex, Putz 239 23. La merveille du Pérou {Mirabilis Jalappa, Linn.), par 3L Edw. Sbeppard, traduit par M. le Dr 01. du Vivier 276 2i. Note sur VOriganum Sipyleum, Lindl., ou Origan du mont Sipylc, sous- arbrisseau à rameaux pendants et de serre froide 289 — 374 — Pages. 25. Courte notice au sujet du Mahernia odorata, Andr., ou Mahernia à odeur de Jonquille 290 26. Notice historique sur la Tulipe, par M. C. Lefèvre 299 27. Nouvelles observations sur la culture du Spergida pilifera et ses caractères dislinctifs avec le Sag'ma procî«m6ens, par 31. W. Thomson 504 28. Note sur VEpigœa r-epens, Linn., ou Epigœa rampant 321 29. Notice sur le Géranium quinquevulnerum, Andr., ou Géranium des cinq plaies. 522 50. Notice sur le Tillandsia pulchella, Hook., ou Tillandsia mignon .... 322 31. Soins à donner aux Calcéolaires, par M. Van Houtte 552 32. Nouvelle note relative à VOriganum sippyleum 354 33. Note sur quelques espèces de Glayeuls ou Gladiolus à fleurs bleues . . . 353 34. Les Pincenectia 5SS 33. Appareil pour la germination des Fougères 560 36. Floraison du Paulownia imperialis 572 2. — Cultures. 1, De la culture des Alstrœmeria 10 2, Quelques mots sur la culture des Iris à propos des Iris arenaria, W., I. pumila L. et I. clusiana, T., par M. 01. Du Vivier 161 3, Sur la culture des Glayeuls 5S4 3. — monographies. 1. Le Fuchsia, son histoire et sa culture, par M, F. Porcher 51 2. Les Fougères dorées et argentées de nos serres, par 31, Ch. Koch, traduit par A. deBorre 159 3. Les Yucca et leur culture, par M. Regel 297 /g, — Revue des piaules nouvelles on intéressantes. Agave Jacquiniana, Sch. 1. 2. Agave maculosa 5. Angrsecum sesquipedale, Aub. du Pet, Th i. Apteranlhes Gussoniana, 3Iikan 5. Azalea ovata, Lindl 6. Billbergia Liboniana, De J.. 7. Billbergia macrocalyx, W. H. . 8. Brassavola fragrans, Lem. . 9. Callicarpa purpurea, Juss.^ . 10. Chrysanthemumcarinatum,Sch. var. pictum 11. Cœlogyne Schilleriana, Rch. . 12. Cœlogyne pandurata, Lindl. . 13. Columnea scandeus, Linn. . 14. Coslus Verschaffeltianus, Lem. 15. DasyliriumIIartwegianum,Zuc. 16. Ficidia auslralis, Ail. Cun. . 17. Frcmontia californica, Torr. . 18. Goldfussia Thomsoni, Hook. . 19. Gustavia insignis, Lindl. . . 20. Ilardenbergia 3Iakoyana, Hort. 265 21 524 22 262 25 157 24 8 25 158 26 262 27 74 28 261 29 30 260 51 10 52 50 529 55 74 54 261 55 137 56 260 57 523 9 58 72 59 Hibiscus radiatus, Cav., var. fl. purpureo 263 Inga macrophylla, H. B. H. . 49 Ismelia Broussonetti, Sch. Bip. 8 JuanuUosa eximia, Hook. .159-26^- Lselia anceps, Rich 266 Lobelia trigonocaulis, F. Jluell. 156 3Ionslera Adansonii, Sch. . . 158 Naegelia multiflora, W, H. . 50 Nepenthes villosa, Hook. fil, . 49 OEnothera bistorta, Nutt. . . 48 Osbeckia aspera, Wiglit. . . 158 Pclecyphora asclliforniis, Ehr. et Sch 75 Philodendron erubescens, Koch. 9 Phyllocactus augulifer, Lem. . 260 Pleclocoma Assamica, Grill". . 525 Plocostemma lasianthum, Bl. . 49 Prunus japonica, var. 11. aibo pleno 73 Ravenala 3Iadagascariensis, Sou. 524 Rhododendron Larbatum, Wall. 186 — 373 — Pages- 40. Rhododendron Griffîlhianum, Wigh., var. Aucklandii . . 8 M. Rhododendron Smilhii, Nutt. . 323 42. Stangeria paradoxa, T. M. . . 328 4S. Spathodea campanulata, B. 139,263 4fi. Swainsonia Lesserisefolia, DC. . 73 Pages -iS. Tachiadenus carinatus, Gr. 138,jJ63 i6. Thunbergia natalensis, Hook. . 48 47. Tradescantia discolor, l'Her., var. Variegata 49 48. Vanda Cathearthi, Lindl. . . 74 5. — Littérature borticole. 1, L'horticulture en Chine, par M. le Dr Rodigas 163 6. — Architecture horticole. 1. Plan pour une villa et ses dépendances, dans un terrain accidenté et arrosé par un ruisseau, par M. T. Rutger . 217 2. Plans d'une serre chaude à multiplication, par M. Max. Leichlin .... 341 7. — Horticulture de salon. 1. Les serres et les aquaires de salon 44 2. Appareil pour la culture des Fougères en appartement 362 3. La colonne à Fougères du D' Walson, par M. Tyerman de Upton .... 363 4. Culture des Jacinthes en appartement 366 8. — Physiologie Tégétale. 1. Sur le prétendu moyen déteindre et de parfumer les fleurs 36 2. Le Gesneria Donckelaariana, Lem. et S. W. Hook 41 3. Noie sur la stérilité habituelle de quelques espèces, par M. Decaisne ... 62 4. Stérilité habituelle de quelques espèces, par BI. Rodigas 99 5. A propos de l'hybridité du Gesneria Donckelaariana 173 6. Faits pour servir à l'histoire générale de la fécondation chez les végétaux, par M. Ch. Fermond 242 7. Albinisme des Violettes 233 8. De réchauffement du sol des hautes montagnes dans lequel végètent naturel- lement les plantes alpines, par M. Ch. Jlartins 304 9. Notice sur les floraisons automnales intempestives, par M.W.de Schoenefeld 333 10. Notice sur les essais de fécondation des Platycentrum (Bégonia) rubrovenium et xanthimim, par M. Regel 340 H. Observations concernant quelques plantes hybrides qui ont été cultivées au Muséum d'histoire naturelle de Paris, par M. Ch. Nandin 348 9. — Histoire des plantes utiles ou curieuses. 1. fiolice SUT \e Baohah {Adansonia digitala) 75 2. Equisetnms gigantesques de l'Amazone 180 3. Histoire naturelle et économique du Gingembre 249 4. Le Bois-Savon {Quillaia saponaria) 236 5. Notice sur Plfé ou Chanvre d'Angola (Sanseviera cylindrica)^ par M. le D^ 01. du Vivier 273 6. Le Sésame d'Orient, le Goyavier et l'Agave d'Amérique, par M. le D>" 0. du Vivier 503 - 376 — 10. — rloriculture de Tean. Pages- 1 . Notice sur le genre Ouvirandra et en particulier snr VOuvirandra Bernieriana, Don., par M. 01. du Vivier 132 * 11. — Arborieraltnre. 1. Notice sur VMsculus californica, Nutt., ou 3Iarronnier de Californie. . . 121 2. Le chêne de Spa, dit Hechelet ^'^^ 5. Quelques détails sur le 5egfuom{TFeZZm3ioma)^t^an