BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE-BRETAGNE: Pour les Mois d'OCTOB. NOVEMB. e t DECEMB. M. DCC. XXXVII. TOME D IX I E ME, PREMIERE. PARTIE, A LA HAYE, Chez PIERRE DE HONDT. M. DCC. XXXVII. TABLE DES ARTICLES. Art. I. TE Philosophe ho n- I v NETE-HoMMii, ou Dia- logue entre Philaîethe , Déïjie Chrétien, & Théophane , Juif Chrétien. Pag. i II. Mr. Jean Watts; fa Let- tre au Public fur Us inexactitudes de la Traduction de PHifloire de la Chine entreprife par Mr. Cave. 2C. III. Réflexions â? Maximes nouvelles fur divers Jujets > par une Dame. 16 IV. Mr. Benjamin - André' A t k 1 n s o n ; fes Sermons fur la Décadence de la Pieté , 6* le moyen de la faire revivre. 29 V. Catalogue raifonné des Ouvrages du même. 57. V I. E fiais & Obfervatir.ns de Méde- cine par une Société d'Edimbourg; Second Extraie. 86 VIL Mr. Warburton; Alliance entre l'Eglife £? l'Etat , ou la Nécejfué qu'il y ait une Religion éta- TABLE DES ARTICLES. établie par autorité publique , < des Loix pénales , &c. c VIII. Mr. R. N e s b i T t ; fes D. cours fur ïOJiéogenie humain n I X. Mr. Samuel Schucj ford; fin Hiftoîre du Mom facrêe & profane. 1 2 X. Mr. Robert Kf.it h; Je Hiftoire Civile & Eccléjîajliqi d'EcoJfe ; Troifième Extraie. 1 6 XL Examen de la Conduite du Clerg d'Angleterre par rapport aux Aj f aires d'Etat , depuis la Conquêl jufquà la Révolution. 20 XII. Nouvelles Littéraires. 21 BIBLIO •.* .*t .■* .'A VA .*.'« »'A «*A «V. <É VA £S VA VA •'4 V£ VA VA BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE^ o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE BRETAGNE, Pour les Mois d'Octopre , Novembre et Décembre MDCCXXXVII. ARTICLE PREMIER. The Moral Pbihfcpher. In a Dialogue le- twee?i Pkilalethes a Chrijiian Deift, and. Theopbanes a Cbriftian Jew. In which îhe Grvunds and Reafons of Religion in gê- nerai, and parîicularly of Ckriftianity , as àiflinguifb d from îbe Religion of Nature; îhe différent Methods of conveying and prc- pofini Moral Truths to îhe Mina , and îhs necejjary Marcks cr Criîeria on whick they Tome X. Part. I. A mujb 2 Bibliothèque Britannique, muft ail equaïly dépend; îhe nature ofpo- fithe Laws , Rites and Cérémonies , and bow far they are capable of proof as ofjïan- ding perpétuai obligation , toitb many other viatters of the uîmoft conférence in Reli- gion , are fairly confidered and débat ed , and the arguments on both fides impart ially reprefented. Elihu in Job. xxxii. 8. There is Reafon in Man , and the In- fpiration of the Almighty giveth him Uncîerflanding. - — London. Printedfor the Àuthor. M D C C X X X V 1 1. C'efl-à-dire: Le Philosophe h o n n e t e - H o m m e: ou Dialogue entre Philalèthe Dèïfte Chré- tien , £f Théophane Juif Chrétien. * Ou- vrage dans lequel on expofe &? on examine fans partialité le pour £? le contre touchant les fondemens de la Religion en général, £f du Chriftianifme en particulier , comme di~ ftinct de la Religion naturelle: touchant les différens moyens de communiquer £? de propofer à ÏEfprit les véritez morales : touchant les caractères effentiels auxquels ces * Nous expliquerons en tems & lieu ce que ces ti- tres figninenî. OcTOB. NOVEMB. ET DECEMB. lf$f. J ces véritez , quelles qu elfes /oient , doivent fe reconnoîîre: touchant la nature. Té- tendue & la durée des Loix dlnjîitution , des Rites , £? des Cérémonies : & touchant plujicurs autres fujets de la dernière confe- qucnce enfuit de Religion. Il y a de la Raifon dans l'Homme, & l'Infpira- tion du Tout-puitTant lui donne de l'In- telligence. Job. xxxii. 8. A Lon- dres. Imprimé pour l'Auteur, en 1737. In octavo. Pages 450. ; l'auteur de cet Ouvrage ^ SS réuffit dans Ton deflein, il nous ^ ^ faudra croire déformais , que l'E- u2R££É ê"l^e de Jefus-Chrift, prife en géné- ral, n'eft qu'un compofé de Déifies & de Juifs ; mais que les Déifies font les feuls véritables Membres de cette Eglife, & que cous ceux qui ne font pas Déifies , ne font Chrétiens que de nom, Juifs en effet: Que le Chrillianifme des Déïiles ef c une Religion divine , & celui des autres , une Religion humaine, ou même diabolique, parce que tel eft originairement le caractère du Judai'f- me- qu'ils confervent: Que cette diflinclion, a eu lieu depuis l'établiïTement de la Reli- gion Chrétienne: Que S. Paul étoit le grand Patriarche des Libres Penfeurs , le grand Hé- raut du Déi'fmc , le feul Prédicateur fidèle de la pure Doctrine de Jefus - Chrifl ; & que A 3 les 4 Bibliothèque Britannique, les autres Apôtres furent comme les Chefs d'un Parti politique, qui n'adhéroit à Jefus- Chriil que dans un efprit de Judai'fme: Que ce Parti a toujours perfécucé & opprimé l'autre : Que s'il s'eft divifé lui-même en diffé- rentes Societez ennemies, c'eft pourtant tou- jours le même efprit de judai'fme qui les ani- me plus ou moins , & qui , fous différentes formes , reproduit toujours une Religion de Prêtres , différente de la feule véritable Nous ne fçavons ce qu'en diront les Qjiakers , qui n'ont Jni Prêtres ni Sacremens: l'Auteur ne les nomme point: & peut-être y a- 1- il du Quakerifme dans fon fait. Le palfage de Job, cité dans le titre, ne conviendroit pas mal à un Homme qui fe piqueroit d'enthou- fîafme : & notre Philofophe paroîc un peu s'en piquer dans certains endroits de fon Li- vre. Mais quoi qu'il en foit des Quakers , ou aux Quakers près , fi l'on veut , on con- çoit facilement qu'un Livre, où de fembla- bl es paradoxes font foutenus par un Ecrivain qui a de l'efprit & du fçavoir , doit révolter contre lui la plupart des Théologiens Chré- tiens. L'Auteur lui-même témoigne réfolu- mentdans fa Préface, qu'il n'en fera point fur- pris. Et en effet ce Livre a fait du bruit dès qu'il a paru , & il continue à faire du bruit. Les Déifies décidez le vantent comme un Ouvrage excellent : Les Chrétiens indécis en parlent comme d'un Ouvrage redou- table ; Et il n'y a perfonne que nous fça- chions, parmi ceux qui ont pris la peine de le lire ? qui ne convienne qu'il mérite d'ê- tre OCTOB. NûVEMB. ET DECEMB. 1737. 5 tre refuté par quelque habile homme. AufE a-t-il déjà été attaqué par quatre ou cinq différens Auteurs. Le premier eft un Anonyme , qui a intitulé fon Ouvrage, La Malhonnêteté du Pbilofopbe bonnête-Homme* " Si notre Philofophe [dit-il] „ s'étoit borné à argumenter modeftement , „ je ne me ferois jamais permis de rien écri- „ re contre lui qui iemblât approcher de la ,, Cenfure. Mais puifqu'il a violé toutes les „ loix de la Vérité, de la Bienféance & de „ l'Honnêteté f > il **aut qu'il fouffre qu'on „ le lui dife , ce qu'on le prouve coupable. „ Les Théologiens , pris en bloc , font, à fon „ avis, autant de Déclamateurs fanatiques, dont „ les Difcours n'ont pas le Sens commun: Mais „ je lui peux aflurer, que j'en ai entendu [ de „ ces Déclamateurs ] qui dans des Difcours „ faits fur le champ mettoient plus de bon „ fens & de haifon , qu'il n'en a fçu mettre , „la * Tbe Immorality of tbs Moral Pbilcfopher ffc. Chez Jean Noon, au Cerf liane dans Cbeapfide. In oc"r.avo Pages 72. fans la Préface. | C'eft un reproche qu'il s'eft fait en quelque forte lui-même, & prefque dans les mêmes termes. Car à la page 138. de fon Livre, après avoir long- tems parlé tout feul fous le nom de Pbilalètbe, il fe fait interrompre tout- à-coup par Tbéopbane (c'eft. le nom du fécond Interlocuteur: ) & cela pour fe faire dire , De grâce , Monfieur le Prêcbeur, arrêtez • . vous voilà au-delà de toutes les bornes de la Vérité £f ds la Bienféance. A 3 6 Bibliothèque Britannique , „ la plume à la main , dans tout fon Livre. „ C'eft la plus ennuyeufe, la plus confufe , „ & la plus extravagante rapfodie quefaye „ vu de lieux communs de l'Incrédulité, de „ falfifkations de rHiftoire , de faux expo- ,, fez, de vaines répétitions, ce d'imperti- „ nences Et sTi n'y avoit un certain or- „ dre de Lecteurs qui ont une connoifiance „ auflî fuperficielle que lui de nos Saintes „ Ecritures, il feroit impoinble que les ef- „ forts pour décrier la tfifc/eproduififlent au- ,, cun mauvais effet. Ceft pour les Lecteurs „ de cet ordre qu'on a cru qu'il étoit né- ,, ceflaire de lui répondre. „ Ces paroles font partie de la Préface. Nous y joindrons celles qui font la conciufion de l'Ouvrage. Je ne connois pas V Auteur; mais pour ce qui ejl de fon caractère , il femble avoir voulu mus le donner lui - même , dans le portrait de ce Sophro- nius dont il parle à la page 425. // eft évident au moins que jamais deux Perfonnages ne Je font mieux rejjemblé. ,} Une légère teinture de tout , „ 6P une véritable intelligence de rien : yiffez de „ mémoire , peu de jugement , beaucoup de vani- „ té , fcp point de candeur. ,, Le fécond Auteur qui l'a attaqué ne fe nomme pas non plus ; mais on fçait que c'efl Mr Smith: car c'eit/lui qui eft Auteur de la Réfutation des Délites, in- titulée La Cure du Déifme *; Et il vient d'en * Tbe Cure of Beîfm, &c. Voyez les Nouvelles Lit- OcTOB. NoVEMB. ET DECEMB. I737. 7 d'en publier une féconde Edition corrigée & confidérablement augmentée , ou le Philofophe honnête -Homme, attaqué d'abord par quel- ques réflexions générales dans la Préface , eft combattu enfuite par des réflexions plus particulières, dans un Appendixde 72. pages, fait exprès pour lui. Mr. Smith s'étoit bor- né dans la première Edition à réfuter My- lord Sbaftesbury , & Mr. Tyndal , qu'il regar- doit comme deux Chefs du Parti , fous la bannière desquels toutes les forces des Déïftes étoient raflemblées. Mais depuis peu , dit -il, il eji arrivé dans leur Camp une mu- velle troupe d'Enfans perdus ; ajfemblage bi- zarre de je ne fçai quelles récrites de rebut & mal- aforties : Et là - demis il nous annonce , qu'ils font attaquez régulièrement dans VAppendix de cette féconde Edition. Le troifième Auteur qui eft entré en lice , s'eft nommé. C'eft Monfieur Benjamin - An- dré Atkinson, Minïftre Non-Conformifte. Il a fait imprimer quatre Difcours ou Ser- mons , prêchez dans les Mois de May & de Juillet de cette année , fur la Décadence de la Pieté ccc. , * auxquels il a ajouté un Appen- dix, contenant quelques Remarques fur le Lime intitulé le PhilofopLe honnête- Homme. Nous dou- Littéraires de Juillet , Août & Septembre 1736. page 4f 6. * The Decay of Praclical Religion lamented , and tbe Scripture metbod for reviving ity confluer d &c. in cftavo. Chez Fariner, près de St. Paul, a4 8 Bibliothèque Britannique, doutons que dans ce genre , & contre un Auteur qui par fon exemple femble inviter les Théologiens à n'ufer avec lui d'aucun ménagement , on ait jamais écrit avec plus de ménagement & de douceur que Mr. At- kinfon dans ce petit Ouvrage. Ce qu'il y a de plus vif, fe réduit à ces traits, par lef- quels il conclut : " On voit clairement que „ notre Philofophe, dans fon Canon des „ Saintes Ecritures , n'admet point du tout „ le Vieux Teflament , & que par fa ma- ,, nière d'expliquer le Nouveau, il enanéan- „ tit une partie très - confiderable : Et „ en vérité, fi nous voulons renoncer à tout „ ce que le Chriflianifme a de particulier ; & „ le dépouiller de fes dogmes les plus excel- 9y lens , les plus utiles , les plus confolans ... il „ efl facile de concevoir que les Déifies fc fe- „ ront Chrétiens. J'aimerois autant qu'on me „ dît : Abandonnez-moi votre Chriflianifme , de- „ venez Déifie , £? nous ne difputerons plus y „ parce que nous ferons tous du même avis - „ Mais , timeo Danaos &f dona ferentes „ Sic notus Uljffesl D'une pareille con- „ verfion ( ou plutôt perverfion & défer- „ tion du Chriflianifme) Bon Dieu délivre „ nous ! * „ L'Exorde efl la modération même. Tout homme fans doute doit penferpour foi en matière de Religion , &f a droit de publier fes Sentimens. Je fuis charmé que la liberté de la * AUufion au Libéra nos Domine de la Litanie. OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. 1737. $ h preffe ne foit pas plus pour le Chrétien que pour le Dél'/le: Et quand je dis Délite, cen'efi point pour offenfer noire Pbilofopbe : Je confens volontiers à Vappeller un Déïjle Chrétien. S'il rieft pas en fin pouvoir de croire autant que moi &f que plufieurs autres , je ne me ftns pas prejjé pour cela d'effacer fin nom du Catalogué des Chrétiens: quoique fa Religion par oiffe rejfem- bler (pour parler comme lui} à ces étoffes qui font moitié fil &f moitié laine. Je foubaiterois pour fin intérêt & pour le notre, quen parlant de certaines chofes que les Chrétiens tiennent pour facrées , il Je fût abftenu du ton de la plaifan- lerie. Il faut cependant que je commence par le louer de ce quil nous accorde , (yc. La même modération éclate dans l'Epître dédicatoire au Chevalier Jean Thompjony actuellement Lord Maire de la Ville de Londres, Votre amour connu pour la paix , lui dit-il, ne des- approuvera pas , quau lieu de donner dans la fu- rie àf dans la violence , je raifinne tranquille- ment Votre ferme attachement à la Vertu &? à la Liberté , ne vous permettra jamais de tourner contre ceux qui manquent de foi pour la Doctrine Chrétienne , ou pour tel point qu'on voudra de cette Doctrine , un glaive dejliné à ne réprimer que les Vices qui troublent la Société civile .. . Chacun ejt en droit de publier ce qu'il penfe , quoiqu'il fât à fouhaver , que ceux qui écrivent des chofes contraires à la manière commune de penfer , ne le fiffent jamais incivilement , & ne àifftnt rien de cboq uant , fa ns n éceffué. Par re- J'pecl pour mon fujet , auffi-bien que pour vous , A 5 My- îo BibliothequeBritannique, Myiord , j'ai évité tout ce qui pourvoit irriter. De bonnes paroles £f des raifons prenantes font toujours , félon moi, ce qui fait le mieux dans les contrôler fes de Religion: car je ne fçaurois nom- mer un feul homme cl qui je 'veuille du mal > Un quatrième Auteur dont le zèle, quoi- que modéré, e(t un peu plus vif que celui de Mr. Atkinibn, c*eft l'Auteur d'un Jour- nal Anglois , * qui a fait un Extrait dix Pbi- lofophe honnête'- Homme , dans lequel il a ré- pandu divers traits, dont le Philofophe fans doute ne fera pas fort content. Un cinquième Auteur enfin (fi toute- fois il faut le diltingùer du Journalise dont nous venons de parler) cil un Anonyme, dont ce Journalïfïc a rapporté le fentiment à la fin de fon Extrait, où il s'exprime en ces termes: J'ai expofé fans partialité les prin- cipales idées d'un Ouvrage, dont je puis aire que le Monde- Chrétien lia jamais vu lefemblable de la façon d'un Ecrivain Chrétien. Il ne mapar- tient pas d'en juger définitivement : Mais il vient de me tomber entre les mains le jugement qu'en a porté une Perfonne qui penfe avec beaucoup de liberté fur les fujets de cette nature, & qui plaide tous les jours avec chaleur pour la liberté de penfer & de difputer fur les matières de la Re- ligion. Voici fes propres paroles. „ Deux * The Hijiory of tbe Works of tbe Èearned, &c. for July j 737. article II. OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. 1737. TI „ Deux fortes de gens vantent ce Livre „ comme un Ouvrage de main de Maître : „ ceux qui fe réjouïroient de la chute du „ Chriftianifme, & ceux qui appréhendent „ cette chute avec plus d'inquiétude qu'ils ne ,, devroient: Les uns rnéprifent, ce les au- „ très femblent oublier la promeffe prophé- „ tique de J. C:* Je bâtirai mon Eglife fur le „ Roc , & les Portes de l'Enfer ne prévaudront „ point contre elle. Il faut avouer , que fi elle „ n'étoit pas un Fort inexpugnable, cette „ nouvelle Batterie ne feroit point ci mépri- 9i fer : car c'elt une décharge de tout ce que ,ï pouvoient fournir à la colère enflammée „ de l'Auteur les Magazins réunis du Soci- „ nianifme ce de l'Incrédulité. On voit qu'il ,, auroit été propre à s'acquiter d'un meilleur „ emploi , ce il femble avoir reçu du Ciel „ des talens qui auroient pu le faire briller „ dans la Défenfe de la Vérité ce de la Re- „ ligion ; lui attirer du refpecfc pendant fa „ vie ; lui procurer des conlblations à l'heu- „ re de la mort ; ce lui aflurer l'approbation „ de fon Juge, quand il faudra qu'au Tribu- „ nal de celui qui eit nommé pour juger les „ hommes , il reçoive une Sentence dëfîni- ;, tive ; ce lui épargner les terreurs d'une „ maavaife Confcience far les bords de l'E- „ ternité , le fouftrairé aux horreurs in- „ concevables de cette juite mais terrible v condamnation qui a été prononcée d'a- „ vance,- * Matth. XVI. 18. 12 Bibliothèque Britannique, „ vance, contre des gens d'un carafîère „ dont le fien ( félon moi ) ne diffère point: „ Ceux qui n'ont pas voulu que je regnajjejur eux, „ amenez - les ici, £f les tuez devant moi. Si cet „ Ecrivain , qui a pris avec fi peu de raifon „ le titre de Philofophe honnête - Homme , vou- „ loit renoncer à la Foi Chrétienne & au „ nom Chrétien , il devoit au moins retenir „ le caractère d'un homme qui a véritable- „ ment des principes & des fentimens d'hon- „ neur: il devoit fe comporter généreufe- » ment & avec franchiie ; ne pas faire fem- „ blant de défendre ou d'établir, ce qu'on ?j voit bien que dans le fond il prétend „ attaquer & détruire: ne fe pas déguifer „ en Chrétien pour répandre le venin de „ fa haine contre le Chriftianifme : & ne „ point paroître du tout en qualité de Dif- „ ciple de fon Sauveur, lorfqu'il ne s'agiflbic „ que de blafphemer contre lui. Ce miféri- „ cordieux Sauveur pria pour fes Bourreaux: „ & l'on peut fuppofer qu'il ne pria pas en- „ vain: Mais à l'égard du perfide & lâche „ Judas , de ce miferable qui eut l'impu- „ dence de le faluer &de le baifer, pendant „ qu'il le livroit traîtreufement à les Bour- y, reaux , Il vaudroit mieux pour un tel bom* „ me , dit J. C. quil ne fût jamais né. Je prie 3, Dieu qu'il ne faille pas à la fin en dire au- 3, tant de l'Auteur de cet Ouvrage. Puifle- „ t-il confiderer d'où il eft déchu, réfléchir » fur ce qu'il a fait , fe repentir , & trou- » ver OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. 1737. 13 , ver grâce dans ce dernier jour, ou il verra , que, malgré tous les efforts des Puiffances ,, Infernales , tout genou doit fe ployer de- „ vant Jefus-Chrift, & toute langue con- „ fefler , volontairement ou non , qu'il eft ,, le Seigneur. Ces vœux ne fçauroient être ,, d'un Ennemi : Ce font ceux d'un homme „ qui a vivement à cœur la réputation, l'in- „ térêt préfent , le falut éternel , de cet „ Ecrivain ; & qui eft: affligé de voir un „ Génie d'un ordre 0 diftingué, tomber dans „ un état ou il n'v a ni honneur à mériter, „ ni confolation iolide à recevoir. „ Nous ne fçavons pas fi le Philofophe hon- nête-Homme répondra à tous ces Antagoni- ftes : Mais il a au moins répondu au premier par une Brochure de 40. pages, qui a pour titre: * Défenfe du Pbilofophe honnête- Homme contre une Brochure intitulée , La Malhonnê- teté du Pbilofophe honnête -Homme. C'efh une Lettre addreiîée à celui qu'elle regarde, ce ou il eft traité avec tous les airs de mépris qu'une paflion irritée peut fuggerer. Le Phi- lofophe, dans fon gros Livre, eft fouvent un Rieur qui va jufqu'à faire le Goguenard : mais dans fa Brochure il ne rit plus, ou c'efr. d'un rire forcé: ondiroit prefque en certains en- droits, qu'en tâchant encore de rire, il pleure de * A Defenfe of îbe Moral Philofopber againft a Pamphlet intitled The Immorality of the Moral Phi- lofopher. Bytbe Autbor. Imprimé à Londres pour J. Roberts, dans rVarwick-Jam. 14 Bibliothèque Britannique, de dépit. Le gros Livre pourroit être inti- tulé , le Pbilofopbc en belle humeur , & la bro- chure , Le Philo fopbe en colère. On allure en- fin que Mr. Morgan, que la voix publique avoit nommé le Père de cet Ouvrage, ne veut abfolument pas le reconnoître. Mais ce n'eft pas pour cela un Enfant abandonné : Et il y a toujours un Parti qui s'intérefle pour lui avec tcndrcfle & avec zèle. En voilà plus qu'il n'en faut pour rendre nos Lecteurs impatiens de connoître le fonds de la Difpute : Et nous entreprendrions vo- lontiers de les fatisfaire fans délai, fi cela n'étoit un peu trop difficile pour être fait avec précipitation , & en même tems bien fait. Il faudroit commencer par un Extrait méthodique du Philofophe honnête • Homme : & fes plus grands Admirateurs conviennent qu'il y manque de Tordre. C'eft un Livre à -peu -près comme celui deh Fable des Abeil- les: un Cahos à débrouiller. L'Extrait qu'en a donné l'Auteur du Journal Anglois dont nous avons fait mention, peut fuffire pour des Lecteurs qui font en état & à portée de juger du Livre par le Livre même. Nous voudrions fournir aux nôtres, s'il étoit pof- fible , une Anaîyfe qui pût tenir lieu du Li- vre à ceux qui ne le liront pas , & en faci- liter l'inteliigence à ceux qui le liront- Telle eft notre idée. Nous l'exécuterons peut -être: Mais ce ne fera pas cette fois. Nous pou- vons néanmoins expofer dès à préfent cinq Prin- OCTOB. NOVEMR. ET DecEME. I737. i5 Principes énoncez dans la Préface, lesquels l'Auteur femble exiger qu'on lui accorde d'avance, comme autant de thèfes fondamen- tales de fon Syftême. Premier Principe: " La Vérité morale, Rai- „ fon & Convenance des actions * , eft fon- „ dée fur les relations naturelles & nécefTai- „ res des Perfonnes ce des chofes , antéce- ., demmenc à toute volonté ou Loi pofitive ; ,, & nefçauroit par confequent être changée „ par quelque volonté pofitive, Loi, ouau- „ torité que ce foit. Second Principe : „ La Vérité morale , Raifon „ & Convenance de la chofe, eft l'unique „ marque ou caractère décifif à quoi on „ puifle reconnoitre une Doctrine comme „ veaant de Dieu, ou comme faifant quel- „ que partie que ce foit de la véritable Re- „ ligion. Troifième Principe : „ Les dons miraculeux „ & extraordinaires du fiècle Apoftolique f, „ n'ont jamais été bornez ou attachez à „ aucune qualité morale , mais les faux Pro- „ phètes & les faux Docteurs les avoient „ aulTi - bien que les véritables : Et par con- „ fequent il y^avoit alors pour les Hommes „ la même ra*ifon& la même nécelTité qu'au- „ jourd'hui, d'examiner 6c d'éprouver toute „ Doctri- * En Anglois: The morti Truth , Reajon and I '.:• nefs of Jetions is founded &c. j En anglois : Tbe exîraordimry Po^vers and G in tbe Apo^ . : &c. 16 Bibliothèque Britannique, „ Doftrine & toute prétention à la Prophé- „ tie , parla Vérité morale, Raifon&Con- „ venance des choies. Quatrième Principe : „ L'Infaillibilité & l'Im- „ peccabilité font des attributs particuliers y, à Dieu , qui lui apartiennent par un pri- „ vilège exclufif. Tout Etre qui ne poflede 5, pas la Toute -fcience, eft néceffairement ', fujetà l'erreur, ou capable de fe tromper; 3, & toute erreur volontaire dans la conduite 3, morale eftvicieufe ou criminelle: Et par 5, confequent tous les dons miraculeux , lî s, communs dans le fiècle Apoftolique, ne „ rendoient les hommes ni infaillibles , ni „ impeccables, puifqu'ils ne détruifoient „ point la liberté , & que ceux qui étoient „ revêtus de ces dons pouvoient en faire un „ bon ou mauvais ufage, autant que d'aucu- „ ne faculté naturelle ou d'aucun autre ta- „ lent. Cinquième Principe: „ Les enfeignemens & „ les préceptes de la Vérité morale & de „ la Juftice* peuvent être communiquez ou „ propofez à l'efprit de différentes maniè- „ res : ou par la Rai/on , dans l'ufage natu- „ rel & ordinaire de nos facultez : ou par „ l'Infpiration , c. à d. par une révélation im- „ médiate & perfoneile de Dieu: ou enfin ,, par le Témoignage autentique de ceux qui „ont * En Angloïs: The Doftrines and Obligations of Moral Truth and Rigbteoufnefs &c. OCTOB. NoVEMB. ET Df.CFMB. I737. 17 j, ont été ainfi illuminez les premiers & fur- ,, naturellement affiliez. Mais de quelque ,j manière que ces enfeignemensfoyenr.com- ,, muniquez&propofez , la Religion eft tou- „ jours la même , & Ton évidence ou la preu- „ ve la même ; fçavoir , la Vérité morale de ,, ces enfeignemens , leur Conformité avec ,, la Raiibn », & leur Convenance, entant „ qu'elle paroit telle à l'entendement, en ver- „ tu d'un examen défintérefle 6c d'un juge- ,, ment impartial de la Raifon : fans ce prin- ,, cipe la Religion n'aura p>lus de marques ,, véritables, ou de limites rixes ; les erreurs „ les plus groflieres & les impoiïures les j, plus diaboliques pourront être reçues ,, comme des Véritez divines. " Voilà les Principes qui font comme le Pilotis, fur lequel, dans un fonds maréca- geux & tremblant, notre Auteur élevé indu- itrieufement ce avec hardiefîe , un Edince que nous^ n'appellerons pas une Tour de Ba- bel (puifque, pour entrer dans fes vues, on devroit plutôt l'appeller , la feule Eglife vé- ritablement Chrétienne ) mais que nous pouvons afTurer que les Chrétiens trouve- ront eflentiellement différent de leur Eglife bâtie fur le Roc , & fur le fondement des Apô- tres & des Prophètes. On le verra dans la fuite. * En Anglois ■ Rea s : comme qui diroft, Rat . B i3 Bibliothèque Britannique, laite. Nous nous fommesfa.it un devoir, au relie ,cle traduire les cinq Principes de l'Au- teur auflî littéralement qu'il nous a été pof- fible , crainte de lui faire dire quelque chofe de plus ou de moins qu'il n'a prétendu , dans une Expofition fondamentale, où il doit avoir pefé fcrupuleufcment toutes fes expreffions , & où il paroît l'avoir fait avec un foin qui femble aller jufqu'à l'affectation. C'eft une règle , félon nous , que lorsqu'une expref- fion a quelque chofe de fmgulier dans la lan- gue même de l'Auteur qu'on traduit, û avec cela le fujet eft important , il faut confer- ver dans la traduction la fmgularité de l'O- riginal. Il n'y a qu'une exception. C'eft quand l'Auteur lui -"même a expliqué bien clairement en termes communs, ceux où un air de fin- gutarité peut faire foupçonner du myftère. Mais une première lecture du Philofopbe hon- nête- Homme ( & nous n'avons pas encore eu le tems d'en faire une féconde ) ne nous a rien découvert que nous puiflîons prendre pour une explication bien claire de ce qu'il en- tend , par exemple , lorfqu'il parle de la Vérité morale des Actions. Nous avons obfervé cepen- dant, que les termes de Vérité morale , de Rai- fon , & de Convenance, reviennent prefque "toujours enfemble, comme des Synonymes qui expriment en commun une même idée générale : Et c'eft pourquoi , dans le premier Principe, nous avons dit d'après l'Anglois , la Vérité morale , Rai/on &? Convenance des Ac- tions OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. 1737. 19 tions est fondée , au fingulier, & non pas, la Vérité morale , la Raifon â? la Convenance sont fondées , comme l'auroit peut-être mis un Traducteur purifie. Cela femble nous don- ner quelque lumière. Car le terme de Con- venance elt ufité 6c entendu : & celui de Raifon s'entend d'autant mieux, que l'Auteur lui en fubftitue quelquefois un autre (Reafonablenefs ) qui lignifie la conformité d'une chofe avec la Raifon : De forte que nous avons lieu de penfer , que par la Vérité morale des Actions il a voulu exprimer ce qu'on appelle commu- nément leur Bonté morale. Mais li c'eft-là tout ce qu'il a voulu dire , que ne le difoit - il ? Nous nous arrêterons - là pour le préfent. Si fes Principes ont befoin de quelques au- tres explications , nous les donnerons , ou nous en ferons au moins fentir la néceflité dans la fuite, à mefure que l'occafion s'en préfentera, dans l'expofition méthodique de ion Syftême. ARTICLE II. ' A Letter to the Public , cnntainwg RemarL on the Blunders and Imccuracics cf Mr. Caves Tranjîation of the Hiflory of. China. B 2 CefV 20 Bibliothèque Britannique* Cefl-à-dirc: Lettre addrejjêe au Public: [parle Sr. Jean Watts] Contenant des Remarques fur let bevûës & inexactitudes de la Traduction de ï Hijloire de la Chine, entrcprife par Mr Cave. [1737. De l'imprimerie de Jean Watts , dans Wild- Court 3 près de Lincoln' s - Inn Fields. ] /^^ Eux de nos Lecteurs qui peuvent pren- %^j dre quelque intérêt aux Traductions Angloifes des Livres François, femblent être en fi petit nombre , que bien loin de nous aflujettirà rendre compte de ces Traductions, nous croyons en général n'être pas même obligez de les faire connoître par une ïim- ple annonce, quoique dans le fond cela pût avoir ion utilité & lbn agrément; foie pour ceux qui s'appliquane àl'Hiftoire des Li- vres, font bien aile de fçavolr 11 un Livre a été traduit ; foit pour ceux qui s'intéreflent à la réputation d'un Auteur, à caufe de leurs liaifons avec mi , ou par reconnoiflance poul- ie plaifir qu'ils ont trouvé à le lire , font charmez d'apprendre quel fuccès il a , & quels honneurs on lui rend hors de fa Patrie. Mais indépendamment de ces réflexions,- puilque nous avons tant fait que d'annoncer dans notre Octor. NovEMn. et Dechmr. 1737. 21 notre dernier volume de 1736. * la Traduc- tion que l'on doit à Mr. Brookes de IHljloi- re de la Chine par le Père du Halde ; non? ne fçaurions gueres nous difpenfer de dire un mot d'une autre Traduction du même Ou- vrage, à l'oceafion de laquelle il s'efl allu- mé une efpecede guerre, qui n'eft pas enco- re tout-à-fait éteinte, entre le Libraire char- gé de la première Traduction, qui efl le Sr. Watts , 6c le Libraire Entrepreneur de la fé- conde, qui eft le Sr. Cave. Peut- être , au reite , qu'au lieu de leur don- ner le titre de Libraire , nous devrions , pour parler bien exactement, leur donner celui d'Imprimeur, qui leur apartient par leur proferTion : Car la Librairie & l'Imprimerie font en Angleterre deux proférions diftinc- tes & communément féparées f : Mais com- me il s'agit ici de deux Imprimeurs qui font les Libraires, & qui débitent eux-mêmes les Livres qu'ils impriment, le titre de Li- braire efl celui qui leur convient le mieux dans cet endroit. Le * Tome VIII. Part. 1. Art. XI. pp. 232 3 235. t De-la vient que dans les titres des Livres on trouve tantôt, Imprimé pour un tel, tantôt par un tel, & quelquefois pour & par. Le pour aprtient au Libraire ou à l'Auteur: Le par à l'Imprimeur : & le pour £f par ou par £? pour à l'Imprimeur - Li- braire, qui débite lui-même ce qu'il a imprimé. B 1 22 Bibliothèque Britannique, Le Libraire donc , Entrepreneur de la fé- conde Traduction , ayant fait fon poflihie pour décrier la Traduction de l'autre, ce- lui-ci imprima au mois de Décembre 1-36. une Lettre addreflee au Public, contre ion Aggrêflfeur. Nous ne Pavons point vue. Mais l'Aggreffeur ayant continué l'es attaques par des Lettres & par des AvertifTemens qu'il a publiez, non feulement dans ce qu'on ap- pelle ici les Papiers , & en France les Gazet- tes, mais jufques fur la couverture bleue des Brochures qu'il débite; oc ayant à la fin publié auflî quelques Cahiers de* la Traduc- tion qui devoit effacer celle de Mr. Brookes ; ie Libraire intéreffé ta défendre cette Tra- duction , vient d'imprimer une nouvelle Let- tre addrejjée au Public , qui nous eft tombée entre les mains, & qui eft celle dont nous avons donné le titre à la tête de cet Article. • Ce titre annonce , comme on voit , des Remarques fur les be-vûès c*5? les inexactitudes de h Traduction entreprijè par Mr. Cave. C'en: une- Récrimination , mêlée de diverfes plain- tes fur la malhonnêteté de fon procédé ;• & Tm bel échantillon en même tems de la li- berté Angloife, avec laquelle Mrs. les Librai- res de ce Pais fçavent fe dire leurs véritez. Il y eft repréfenté comme un Impudent ûcïïé qui a bû toute honte, & comme un Ladre qui eft infenfible aux coups les plus flétrif- fans. La Traduction qu'il imprime coûtera trois fois aittant aue la première, ce cepen- dant OCTOB. NoVEMB. ET DeCEMB. tffî. 23 dant (fi Ton en croit la Lettre au Public) ni l'Imprelfion ni l'Imprimeur ne valent rien, & le Traducteur qu'il employé eft un Igno- rant, qui fait des fautes de Cofinograpbie , des fautes à' Hijto ire naturelle, des fautes de Bo- tanique: qui ne fçait ni le François qu'il tra- duit, ni l'Angîois qu'il prétend écrire: La Traduction enfin eft déteftable-, dans tous les endroits qui ne font pas pillez de M-r. iîroo- fees. L'unique défaut que recormoifie dans cel- le-Ci l'Auteur de la Lettre au Public, c'eft quelle n'eft pas complette comme le fera la nouvelle : Mais encore ne le reconnaît -il que de la bonne façon. " A l'égard des morceaux (dit -il) que j'ai omis dans ma Traduc- „ tion, Cv au fujet desquels Mr. Cave a fait de il anreufes clameurs , vous déciderez à préfentfi j'ai bien fait ou non. Le deuxiè- me Cahier de la Traduction de Mr. €à*de „ contient un des principaux Articles omis „ dans la mienne : fçavoir les Voyages du 3, Père Fontaney & du Père Bouvet , qui ne „ font qu'un Journal fec & ennuyeux, où vous ,, trouvez pour toute inftrucriorî & pour tout , , amufement qu'ils ont fait tant de chemin tel „ jour, Jk tant de chemin tel autre jour: Et „ je puis aliurer le Public qu'il ne rifquera ,, rien, s'il juge parcet échantillon desauures ,, Articles que j'ai fupprimez. Les Lecteurs qui „ connoiffent l'Ouvrage du P. du Halde , font „ fi bien convaincus de l'inutilité deplufieurs B 4 „ cho- 31 >i 24 Bibliothèque Britannique, „ chofes dont il eft furchargé, que diverfes 55 peiTonnes de bon-fens qui ont acheté ma 3i Traduction , m'ont blâmé de n'en avoir „ pas retranché encore davantage. " Il eft re- marquable que dans toute cette Difpute les Traducteurs ne paroiflent point, & ne font pas même nommez. Mr. Cave a répondu à la Lettre de Mr. Watts dans les Gazettes : Mais content d'en appeller au jugement du Public, il s'eft (î peu mis en peine de nier ou de juftifier les fautes imputées à fon Traducteur , qu'il n'en dit pas même un feul mot : Deforte que nous pouvons en toute furcé citer deux ou trois exemples' de ces fautes. La première eft tirée de la première page de la Préface , qii il eft parlé d'un Voyageur qui , félon l'Original François , étoit fuwi d'un Chinois à pied , qui lui Jervoitâe Valet, Selon la Traduction de Cave, il étoit fuivi d'un Chi- nois qui luifervoit £? de Laquais £f de Valet. C'eft-à-dire que le Traducteur a pris un homme à pied & un Laquais pour des expref- ftons fynonymes: fondé fans doute fur ce que le mot Angîois de Footman, qui répond à notre Laquais , eft un nom compofé , qui dans fon origine lignifie proprement un hom- me de pied. La féconde faute que nous citerons, eft d'avoir rendu Cinabre par Red-lead ; ce qui eft doublement mal. Non feulement le Red-lead des Anglois, ou le Rouge de plomb , que Octob. Novemb. et Decemb. 1737- 25 que les Chymiftes François appellent du Mi- nium 9 eft autre choie que le Cinabre arti- ficiel; mais il eft évident encore, que dans les endroits ou le Traducteur paroitles avoir confondus , c'eft d'une production de la Na- ture, & par conféquent du Cinabre naturel que l'Auteur Français a voulu parler. Car ou font les dallées dont on puifle dire qiïon y trouve du Cinabre artificiel ? Nous avons vu que les omiflions de la Traduction du Sr. Watts lui ont été repro- chées par le Sr. Cave. C'eft une faute d'o- mifllon cependant que la troifième dont nous ferons mention. " Si nous pouvons ( dit la „ Lettre au Public^) nous en rapporter à „ Mr. Millar , ce Botanifte fi habile , l&Rbu- ,, barbe eft une Plante qui jufqu'ici n'a été >J connue en Europe que très-imparfaite- „ ment. Notre curieux Traducteur néan- j, moins fe contente de nous dire, que la 3, fleur de cette Plante eft faite en forme 5, de cloche , & il lupprime ainti une partie „ très-confidérable de la defcription [ qui „ fe trouve dans l'Original: ] n'ayant fçu que „ faire , fans doute , d'une defcription qu'il „ n'entendoit pas. ,, Nous aurions tort au, refte , nous au- tres François , de nous emporter à cette occafion contre les Traducteurs Anglois de nos Ouvrage*. Outre qu'une Traduction , maigre certaines fautes, & même malgré quelques fautes grodleres, peut-être eftï- B t mable, 16 Bibliothèque Britannique,, mable ,.à tout prendre , nous aurions peut - ê- tre lieu de craindre une rétorfion. Car avpu- ons- le de bonne foi: Si les Anglois nous ont jamais maltraitez par leurs mauvaifes Traductions , nous leur avons bien rendu la pareille par les nôtres. • ARTICLE III. Réflexions £? Maximes Nouvelles fur divers jujets. Ecrites par une Dame, A Lon- dres, 1737. duod.. £. 134, DA ns la Préface la Dame Anonyme ex- plique les motifs qui l'ont- engagée à imprimer fon petic Livre : c'eft , dit-elle , la cu- rioftté , qui eft pardonnable à une Femme. Je veux ejfayer , ce fontfes expreffions , fi les Réflexions d'une Femme qui fait fon tout de fa Religion , trouveront moins de Lecteurs , que les j alctez que certains Hommes ne. rougiffent pas de ré- pandre dans le Public. C'eft à cette feule eu- riofité que nous devons ce petit Ouvrage, & non à l'envie que la Dame a de deve- nir Auteur. Elle en dorme trois raifons ; premièrement , les foins qu'elle apportera pour n'être jamais connue : 20. Son ftile , qui n'eft rien moins que fublime , & qui expofe les. fentimens de fon cœur. Sa troifième rai- OCTOK. NovEMfl. ET DECEM». I737. £7 fon eft, qu'elle donne ce Recueil aux Fenr mes & non aux Sçavans. De forte que, félon La Dame Anonyme , il faut effacer delà Lifte des Auteurs r 1 . Ceux qui fe cachent : 23. Ceux qui fe fervent d'un ftile {impie & naturel : & 3 . Ceux qui écrivent pour les Femmes. Outre lacuriofité, il y a encore une autre raifon qui a porté la Dame à publier fon Ou- vrage: c'eft pour donner le démenti aux Hommes, qui ont affecté de regarder fon Sexe comme un amas de colifichets , uniquement de- jjkinez à les amufer: êf qui ont même pouffé la Jatyre jufqiiau point de le faire fer vir de démon- ft ration au Syftéme de DeJ cartes^ cela, parce quef- feâivement il fe trouve parmi leur efpece des in- dividus manquez , qui ne s'occupent que de la Toilette , du Jeu, du Bal & de l Opéra. C'eft feulement , ajoute - t - elle, à force de penfer, de refléchir, & même de fe taire (ce qui eft bien plus difficile encore) que les Femmes doi- vent repoufler les traits que l'envie leur dé- coche. Pour donner une preuve fenfible, que tes Femmes font quelquefois capables de penfer & de refléchir, elle publie fon Ou- vrage. Nous tranfcrirons ici quelques-unes de ces Maximes. „ La Prudence eft une efpece d'Econo- „ mie , la Diffimulation une efpece d'Avarice, „ & l'Etourderie une efpece de Prodigali- » té. „ Les 23 Bibliothèque Britannique, „ Les biens, les honneurs , la fanté,tout „ nous échape. La mort feule eft vraiment „ à nous. Ce patrimoine ne fe peut aliéner. „ Nos Pères nous Font tranfmis, & nous le „ tranunettrons infailliblement à nos enfans. „ Heureux mille fois , celui qui s'en afTure la ,, jouïiTance, par une pratique confiante de „ toutes les vertus pendant fa vie. „ L'Homme qui rejette la Révélation, eft „ un Néanx qui réfute l'Etre. „ La Préfomption eft le précipice de l'efprit. „ La Pédanterie eft le burlefque du fça- „ voir. ,, L'Etourderie eft l'yvrefTe de l'Efprit. ,, La Rufe eft un fantôme d'efprit. ,, La Simplicité eft le charme fecret de „ tout ce qui nous touche. Un cœur fim- „ pie; des mœurs fimples; un genre de „ vie fimple; un ftile fimple; un goût fim- „ pie ; La Simplicité eft le vrai je nefçais quoi. „ Rien de plus paflif qu'un homme qui „ agit fans' celle. „ Rien de plus adtif qu'un homme parfai- „ tement tranquille. ,, Quelque longue que foit la vie d'un „ homme, il laide toujours des fragmens 3? mparfaits. „ Une Coquette venge prefque toujours ,, les perfidies d'un mari envers fa femme. „ En voilà afTez pour mettre les Lecteurs au fait de la (implicite & de la clarté du ftile de l'Auteur. ÂR- OctÔB. NôvEMB. ET DeCEMB. If*?. ÏQ ARTICLE IV. The DecaY of Praftical Religion lamen- ted, and the Scripture Method ofreviving it confiderd. In four Dijcourfes, preacïïd the î'Wenty fécond andîwenty ninth of 'May , and îbird of July , 1737. Wïth an Appen- dix, Containing a fezv Remarks on a Book lately publijhed , inîiîkd , The Moral Phiîofopher. By Benjamin Atkin- son, Minifter of the Gofpel. Londom Prinîed for D. Fariner, at the Kings Arms in St. PauTs Church-Tard , near Cbeapfide. MDCCXXXVII. Ceft-à-dire ; La De'cadence de la Pieté déplorée , ûf Réflexions fur Je Moyen de la faire revivre propofé dans l'Ecriture. En quatre Dif- cours , [ou Sermons] prêchez le 22. de May, le 29. du même mois, &f le 3. de Juillet, 1737. Avec un Appendix, con- tenant quelques Remarques fur un Livre publié depuis peu, qui a pour titre, Le Philofophe honnéte-Homme. Par Ben- jamin Atkinson , Miniflre de /'£- Tome X. Part. I. C vangili. 3<~> Bibliothèque Britannique, vangtle. A Londres. Imprimé pour D. Farmer, aux Armes du Roi, dans le Ci- metière de St. Paul , près de Cheap fi de. 1737. In Oclai'o Pages 115. fans comp- ter l'Epître dédkaioire ni la Préface. NO d s avons déjà parlé de ce Livre en paflant, à l'occaûon de celui du Pbi- ■îofopbe honnête- Homme ; & nous pourrons , à la même occafion, en parler encore dans la fuite : Mais cela ne regarde proprement que YAppendix, ou le Philoibphe honnête-Hom- me eft attaqué, & qui peut être confideré comme un petit Ouvrage à part, quoiqu'il ait quelque rapport aux Sermons auxquels il eft joint. Ces Sermons, qui peuvent à leur tour être conllderez comme un Ouvrage à part , feront notre unique objet dans le préfent Article. Ils nous ont paru remar- quables par la popularité qui y règne, & qui va quelquefois jufqu'à une familiarité que nous tâcherons de repréfenter fidellement, lorfque, pour les faire connoître, nous en traduirons quelques morceaux ; mais fur la- quelle il faut auparavant que nos Lecteurs nous permettent de les prévenir par quel- ques réflexions. Elle révoltera probablement les Efprits accoutumez à regarder la Prédication com- me une affaire d'apparat , ou comme un exercice de Rhétorique. Mais peut-être auflî paroitra-t-elle mériter de l'indulgence, peut- OCTOE. NûVEMB. ET DECEMB. I737. 3! peut-être même fera-t-elle quelque plaifir, à ceux qui regardant la Prédication comme une affaire très-férieufe , ont conçu que le ftile de la Chaire devroit , en général, ne pas différer de celui d'une Converfation grave, ou d'une Délibération importante; ou n'en différer que comme une Délibération fou» verainement importante diffère d'une autre Délibération qui l'eft moins, & ainfi reve- nir toujours à ce ftile d'ufage & propre aux affaires , qui eft le Politicos Logos d'Hermo- gène, dont Boileau a parlé fort à propos dans fes Notes fur le premier Chapitre de Longin. Il eft vrai que la Prédication ayant quelque chofe de folemnel & d'augufte , qui doit la tirer du pair, les Prédicateurs ont certaines bienféances particulières à obfer- ver dans leur ftile , contre lefquelles ils pè- chent quelquefois par un trop grand air de familiarité. Mais ces bienféances varient. Car outre que la Prédication , vu la varie- té des fujets qu'elle traite, n'eft peut-être pas une chofe toujours également augufte, il eft inconteftable quelle n'eft pas toujours également folemnelle: Qu'elle l'eft plus ou moins , félon le nombre , la diverfité , la qualité des Auditeurs , ou félon les différen- tes relations du Prédicateur avec eux : Et que par conféquent , les bienféances fon- dées là-defTus ne doivent pas être invaria- blement les mêmes. Autres feront , par exemple , les bienféances requifes dans un C 2 jeu- 32 Bibliothèque Britannique, jeune Prédicateur , qui paraît pour la pre- mière fois devant une Cour fçavante & polie , où il né connoît prefque perfonne que de nom : Et autres , les bienféances re- quifes dans un Pafteur âgé , qui prêche de- puis vingt ans , dans un petit Auditoire Bourgeois , au milieu duquel il paroît en quelque forte comme un Père dans fa Fa- mille. Nous ne fçavons pas aujufte, quelles font les diftinctions qu'il faudroit établir ici, pour en tirer une confequence immédia- te en faveur de Mr. Atkinson: Mais nous fçavons qu'il a vingt-cinq ans de Mi- ûiftère, & cela parmi les Non-Conformijles. Ajoutons , qu'il n'a imprimé fes Sermons que fous le titre de Difcours : & que dans cer- tains endroits , où naturellement il auroit parlé de lui-même en Prédicateur qui débi- te un Sermon à des Auditeurs , il a eu foin de s'exprimer en Ecrivain qui préfente un Livre à des Lecleurs. Cela eft un peu fin- gulier ; fur -tout dans un Prédicateur de profeflion, ce qui déclare dans le titre gé- néral de les Difcours, qu'ils ont été prêchez. Mais un peu de fmgularité n'eft pas ce qui choque en Angleterre : Et dans le fond , pourquoi ne fera - 1 - il pas permis à tout homme qui le veut, & qui en eit capable, de faire un Livre partagé en Difcours, lef- quels , fans être précifement des Sermons , contiennent cependant, comme les Sermons, des Réflexions Critiques > Théologiques , Mo- OcTOB. NOVEME. ET DECEMB. !M 33 Morales, Afcétiques, fur des Textes de l'E- criture? Nous diibns tout ce que nous pouvons, pour faire goûter ce qu'il y a d'eibmablc dans le ftile familier des Sermons ou des Difcours de Mr. Atkinfon. Nous voudrions de tout notre cœur avoir aufTi quelque cho- ie à dire en faveur de fa Méthode, ou de ion habileté à mettre fes matériaux dans l'ordre le plus avantageux. Mais il fauc être fmcere : Et quoiqu'en certains endroits il paroi fie avoir du talent pour l'Econo- mie du Difcours , il faut avouer que fa Mé- thode, à tout prendre, feroit bonne tout au plus pour des Sermons actuellement pro- noncez , dans lefquels le Prédicateur ( chargé du poids d'un Miniflère réglé ) fe- roit cenfe avoir été réduit à rafïembier à la hâte fes réflexions fur un Texte , fans avoir des vues bien nettes, ni un but bien dé- terminé. Chaque Sermon, il eft vrai, a un titre particulier qui en détermine le fujet, ou le Chef principal : Mais c'eft un Chef, dont les Membres ne font bien allortis, ni avec hii, Ifei uns avec les autres: On trouve dans le premier Sermon, par exem- ple , des choies qui, félon les titres, de- vroient être dans le fécond : & puis dans le fécond , des ehofes qui devroient être dans le premier. Chaque Sermon encore a fes divifions & fes fubdivinons bien numéro- tées, oa marquées autrement par des titres particuliers en lettres Majufcules: & li c'eft- 4 C 3 là 34 Bibliothèque Britannique, là de l'Ordre (comme en effet on fe l'ima- gine aflez fouvent ) il faudra convenir qu'il y en a beaucoup dans ces Sermons : Mais fi l'on entend par l'Ordre , un arrangement" judicieux des Parties, qui, en les mettant chacune dans leur vrai jour , en les éclai- rant les unes par les autres, & en les ap- puyant jufte les unes fur les autres, donne à leur Affemblage cette belle fimplicité, cet éclat lumineux, & cette liaifon folide , d'où réfulte la plus grande utilité du Difcours ; nous pourrons douter que le zèle de Mr. Atkinfon , tout aclif qu'il eft , lui ait dé- couvert cette fource d'utilité qui s'appelle YOrdre ou la Méthode. On dira peut-être , que fi c'eft-là un défaut, c'efl un défaut Apoftolique. A la bonne heure. Les ré- flexions que nous pourrions faire fur cette Apologie nous meneroient trop loin: Et pour l'amour de Mr. Atkinfon, dont nous refpe&ons fmceremcnt le zèle (qui nous paroît plus Apoftolique que fa Méthode) nous voudrions que l'Apologie fût bonne. Mais enfin, que le dépècement d'un Difcours en parties , numérotées prefqu'au hazard , ou diftinguées par des titres arbitraires, puiflé £tre comparé ou non à l'arrangement des Difcours Apoftoliques ; nous difons à nos Lecteurs , quelle eft en général la Méthode de Mr. Atkinfon, afin qu'ils ne s'attendent pas à trouver une analyfe fuivie de ces Ser- mons , dans l'Extrait que nous allons en don^ iier. Les OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. I737. 35 Les deux premiers répondent afiez exa- ctement, au moins par le choix des fujets, aux deux Chefs annoncez dans le Titre du Livre: La Décadence de la Pieté;, & le Moyen de la faire revivre. Le Texte du premier eft tiré de Jérémie , Ch. VI vf. 29. & 30. Le fonfjlet eft brûlé , le plomb eft confumé par le feu , le Fondeur a fondu envain , car les mécbans n'ont point été J'eparez. On les appellera argent ré- prouvé , car l'Eternel les a reprouvez. ,, Le ., trille & déplorable état où la Religion eft f, aujourd'hui réduite [dit d'abord le Prédi- ♦, cateur] doit jultifier le choix que je fais „ de ces terribles paroles. La perverfité <, & l'incorrigibilité des Juifs rep réfente au *, julle ce que nous fommes nous-mêmes ". Et reprenant dans la fuite cette application : ,, Je me bornerai [dit -il] à deux funefles ,, fymptomes de notre Corruption ; fur lef- ,, quels nous devons d'autant plus fonder „ nos juftes craintes , que ce font deux ,, fymptomes indiquez par Jefus-Chrill, com- „ me des fignes auxquels on doit reconnoî- „ tre que les chofes font en mauvais état. „ Je veux parler de ce qu'il difoit dans la ., prédiction de la ruine de Jerufalem: Corn- » me l'Iniquité abondera , la Charité de plu- 99 fleurs fera refroidie .... Premièrement „ donc : l'Iniquité n'abondc-t-elle pas parmi ,9 nous ? N'y voit-on pas abonder toute for- j? te de méchanceté ? Menfonge , Fourbe- 39 rie, Juremens , "Sermons profanes ce faux C 4. ,, Ser- 3<5 Bibliothèque Britannique , 33 Sermens ? Signer des Articles de foi qu'on „ ne croit pas , eft un Menfonge , félon moi, >, & une efpece de Menfonge la pire de 99 toutes, parce que c'eft le Menfonge de i» ceux dont nous fommes en droit d'atten- 35 dre le plus de refpecl pour la Vérité ; & 5> un Menfonge dont ils fe rendent coupa- 33 blés dans un terns oii Ton efl le plus fïn- ,9 cere, li on l'eft jamais, & où il faut l'ê- „ tre plus que jamais: dans le tems qu'ils y, vont recevoir les Ordres facrez , & de- 35 clarer qu'ils font pouffez par le St. Efprit, 33 qui certainement n'infpira jamais aux 33 Hommes de mentir au nom de Dieu , ni 33 de parler ou de ligner frauduleufement pour ?3 V amour de lai. L'Yvrognerie & la De- ?> bauche de toutes les fortes, fans aucune 33 exception , font parmi nous des vices 33 communs, auffi-bien que la Violation du 33 Sabbat, le Mépris de L'Autorité publique, 33 le Mépris de l'Autorité des Parens ; & 33 j'allois ajouter le Mépris même de l'Auto- -33 rite des Miniftres , mais la Politeffe de no- 33 tre Siècle efl choquée de ce mot * : con- 33 tentons - nous de dire 9 que plufieurs n'ont 33 pas * Nous pouvons rapporter à cette occafion un trait de l'Epître de Mr, Pope au Comte de Bur- lington, vf. 147, 148. Il parle d'un Prédicateur doucereux , qui ne fait jamais entendre aux oreilles délicates le mot d'Enfer.. Sur quoi il y a une Note, qui dit poiîïivement que c'eft un fait , qu'un Doyen de Peterborougb , prêchant à la Cour , menaça les Pé- cheurs qu'ils jeroknt punis dans un lieu , lequel il ne croyotfc Octop,. Novemr. et Decemr. 1737. 37 ,, pas pour le Miniftère les égards qui lui ;, ibnt dûs: Et puiÏTe ce manque d'égards ,, ne pas dégénérer avec le tems en vrai ,, Mépris! J'avoue avec douleur, que quel- ,, ques Minières, par leur Imprudence , quel- ,, ques -uns parleur Ignorance, & quelques ,, autres par leur Hypocrifie , pour ne pas „ dire par le Dérèglement fcandaleux de ,, leurs mœurs, ont donné lieu au Mépris ,, du Clergé : Mais que le Miniftère au „ moins ne loir pas méprifé : Si nous ne „ devons pas nous magnifier nous-mêmes, ,, nous devons magnifier notre emploi : no • ,, tre ambition eft d'annoncer Jefm-Cbrift coin- ,, me le Seigneur , &f nom , co;n:.:.: vos Serviteurs «, pour V amour 'de Jefus-Cbrift : Que l'Innocent ,, ne fouffre pas pour le Coupable , & qu'on „ admette quelque dillinclion : N'ya-t-il „ point parmi nous de Miniftres laborieux, ,, qui ayent un Sçàvoirfôlide & de la Pieté , ,, qui aiment Dieu & Jefus-Chrifl & les „ âmes de leurs Frères ? PafTons outre .,, L'Incrédulité ne s'accroît- elle pas? Ne „ gagne -t- elle pas tous les jours du ter- ,, rain ? . . . Uri homme d'un goût rafiné , ,, dans le fiècle ou nous fommes, eft trop ,, fage fans doute pour recevoir quelques „ lumières de la Révélation. La Raifon au ,, dedans, les Ouvrages de Dieu au dehors , „ voilà qui iuffit pour le conduire par le h chc- creyoit fas qu'il fût décent de nommer devant untr AJJembUt aujji- polie, Ç 5 40 Bibliothèque Britannique, », Aujourd'hui ce n'eftplus cela. Nous avons ,, au contraire de bonnes loix pour empê-_ v cher que le Jour du Seigneur ne foitpro- „ fané Cependant, l'obfervons-nous com- ï, me l'obfer voient alors les Puritains ? Ils ,, 'oppoibient à la profanation de ce feint ,, jour, malgré l'autorité humaine qui en ;, faifoit une efpece de devoir *: Et nous, „ nous négligeons ce faint jour , lorique ,, les loix de Dieu & celles des Hommes „ fe réuniûenç pour en établir la fan&ifica- ,, tion .... puritains, dans la Bibliothèque Britannique, Tome VÎIL page 72. Ces deux recréations au contraire -font fpécifiées parmi celles que la Deçiaratbn défend: quoiqu'elle autorife la Danfe, l'exercice de l'Arc, & certains autres Diverti.Temens. Voyez YHiftoire des Puritains par Mr. Ne al, Vol. II. p. 123. & p. 249, * Les Puritains (auffi-bien que les Recufajis ou les Papifbs) étant nommément exclus par la Dé- claration même , eu nombre de ceux à qui elle per- mettoit de fe divertir publiquement le Dimanche'; on ne voit pas bien du premier coup d'oeil, com- ment on peut dire, en parlant des Puritains , qu'elle faifoit de la profanation du Dimanche une efpe- ce de devoir. Mais au fond cela n'eft pas incon-. cevable. L'exclufion affectée des Puritains , ne ten- doit qu'à rendre leur Puritanifme plus remarqua- ble, & par-là plus ridicule, ou plus odieux : De forte que cette exclu flori même les obligeoit à participer aux diverîifTemens de l'Eglife dominan- te, autant qu'elle pouvoit les obligera démentie ou à abandonner un Puritanifme dont elle Les dégoi- terok. OctOE. NOVEMB. ET DeCEMB. I737. 4Ï • > tion ....Jettez les yeux fur d'autres Peu- „ pies, & voyez par quelles défolations le „ Seigneur a " vifité plufieurs Eglifes célè- „ bres de la Reformation ... 11 y a cinquan- „ te ans pafTez que la Religion'Proteftante „ eft abolie en France: Et on a tout lieu ,, de croire, qu'une des grandes' raifons qui ,, provoquèrent le Seigneur à les livrer ,, entre les mains de leurs Ennemis , ce fat ., la profanation du Jour du Seigneur , con- „ tre laquelle leurs Miniftres & d'autres „ âmes faifoient des efforts inutiles. Nous ,, devrions nous tenir pour avertis. Ils „ vouloient le ibir du Sabat , après lesExcr- ,, cices publics de la Religion, avoir leurs ,, Danfes & leurs Parties de plaifir , quel- ., que raifôn qu'ait eu St. Auguftin, à mon „ avis, de dire qu'il aimeroit mieux cravail- „ 1er le Dimanche que fe divertir: Màllem „ arare quàm fait are die Domlnicâ. Il faut „ avouer une chofe cependant qui exténue ,, leur crime, mais elle aggrave le nôtre: ,, c'eft qu'ils regardoient l'obfervation du „ premier jour delà femaine, ou le Sabbat „ des Chrétiens , comme une affaire de Dit* f, cip-line *; au lieu que nous , nous le re- „ gardons comme une Inilitution divine." Telle * Ou de Police Eceléfiaftiqne: Il y a dans l'Anglais, §n an Ecclefiaflicài font. Voyez les Sections XXV. & XXVI. du Catéchifme de Calvin. Si c'eft -la (comme il y a lieu de lé croire) que Mr. Atkîn- foiî a pris le fentiment des Eglifes de France , on dgute qu'il l'ait expofé enfermes aflez précis. 40 Bibliothèque Britannique, „ Aujourd'hui ce n'eftplus cela. Nous avons ,., au contraire de bonnes loix pour empê-, ?, cher que le Jour du Seigneur ne foitpro- ,, fané Cependant, 1'obfervons -nous com- i, me Pobferyoient alors les Puritains ? Ils „ -'oppoibient à la profanation de ce faint ?, jour, malgré Fautorité humaine qui en >, failoit une efpece de devoir *: Et nous, ?, nous négligeons ce faint jour , lorique ;, les loix de Dieu & celles des Hommes „ fe réuniilenî; pour en établir la fanctirica- ,, tion, . . . puritains, dans la Bibliothèque Britannique, Tome VIII. page -i. Ces deux recréations au contraire -font fpécihées parmi celles que la Déclaration défend: quoiqu'elle autorife la Danfe, TexercîCî de l'Arc, & certains nutres Divevn.Temens. Voyez YHifioirs des Puriiai'is par Mr. Ne al, Vol. 11. p. 123. & p. 249, * Les Puritains faufil -bien que les Rçc:;/a?is ou 3es Papifbs) étant nommément exclus par la Dé- claration même, du nombre de ceux à qui elle per- mettoit de fe divertir publiquement le Dimanche ; on ne voit pas bien du Dremier coup d'oeil , com- ment on peut dire, en parlant de- Puritains , qu'elle faîfoit de la profanation di Dimanche une efpe- ce de devoir. Mais au fond cela n'elï pas incon-. cevable. L'exclu fi on affectée des Puritains , ne ten- doit qu'à rendre leur Puritanifme plus remarqua- ble, & par-là plus ridicule, ou plus odieux : De forte que cette exclu fi ori même les obligeoit à participer aux divertiiTemens de l'Eglife dominan- te, autant qu'elle pouvait les obligera démentit nu à abandonne! un Puritanifme dont elle les dégoi- terorf. OCTOE. NôVEMB. ET DeCEMB. I737. 4T ., tion . ...Jettez les yeux fur d'autres Peu- „ pies, & voyez par quelles défolations le ,, Seigneur a vifité plufieurs Eglifes célè- „ bres de la Reformation ... Il va cinquan- „ te ans paiTez que la Religion'Proteflante ,, eft abolie en France: Et on a tout lieu „ de croire, qu'une des grandes' raifons qui ,, provoquèrent le Seigneur à les livrer ,, entre les mains de leurs Ennemis , ce fut ., la profanation du Jour du Seigneur , con- „ trc laquelle leurs Mïniftres ce d'autres „ âmes faifoient des efforts inutiles. Nous „ devrions nous tenir pour avertis. Ils ,, vouloient le foir du Sabat , après lesExcr- n cices publics de la Religion, avoir leurs ,, Danfes & leurs Parties de plaifir , quel- ., que railbn qu'ait eu St. Auguftin, à mon „ avis, de dire qu'il aimeroit mieux travail- „ 1er le Dimanche que fe divertir: Màllem „ arare quàm fait are die Dominicâ. Il faut „ avouer une chofe cependant qui exténue ,, leur crime, mais elle aggrave le nôtre: „ c'eft qu'ils regardoient l'obfervation du „ premier jour de la femaine, ou le Sabbat ,, des Chrétiens, comme une affaire de Dit' i9 cipline *; au lieu que nous , nous le re- ., gardons comme une Infhitution divine. " Telle * Oj de Police Ecrléfiaftiqae : Il y a dans l'Anglois , 971 an Ecclefiajlicai font. Voyez les Sections XXV. & XXVI. du Catechifme de Calvin. Si c'eft -la (comme il y a l;ej de le croire) que Mr. Atkin- fon a pris le fentiment des Eglifes de France , on djure qu'il l'uit expofé enfermes afiez précis. 42 Bibliothèque Britannique, Telle est la Décadence de la Pieté , déplorée dans le premier Sermon. Le fécond, qui doit rouler fur un Moyen d'y remédier propofé dans l'Ecriture , a pour Texte le \6~. verfet du IIIe. Chapitre de Malachie. Alors ( c'eft-à-dire , félon l'explication du Prédicateur, dans un fiecle qui, comme le nôtre, étoit plein d'Incrédu- les , de Profanes , de Tièdes , & d'Hypo- crites:) Alors ceux qui craignoient le Seigneur , Je parloienî fouvent l'un à Vautre Et fans doute, dit Mr. Atkinfon, c'étoit de la Cor- ruption de leur fiècle qu'ils s'entretenoient: confultant entr'eux fur les mefures qu'il convenoit de prendre pour faire revivre la Religion mourante : & ne fe bornant pas là* deflus à de froides fpéculations. Il faut ( & c'eft-là le Moyen propofé) il faut que les gens de bien d'aujourd'hui s'entretiennent, comme ceux d'alors , de la Corruption du fiècle. On peut le faire, comme eux, occa- fionellement. La parole dite en (on tems , ejt comme des Pommes d'or jur un Ut d'argent *. Un mot en paffanc , prononcé à propos , a produit quelquefois plus de bien qu'un long Difcours préparé. Mais outre cela , les gens religieux dont parle Malachie, avoient pro- bablement des lieux & des tems marquez entr'eux pour leurs pieufes converfations , dit notre Auteur : Et c'eil , ajoute - c - il , ce qu'on a déjà imité en quelques endroits avec fuccès : * Prov. XXV. ii. OCTOB, NoVEMB. ET DECEMB. 1737. 43 fuccès: u C'eft - ce que nous avons commen- i, ce l'Hy ver dernier , &c'eft-ce que,moyen- ,, nant la grâce de Dieu, nous nousprôpo- „ fons de reprendre de bonne heure l'Hy- ,, ver prochain. C'eft-là, c'eft-làle Moyen [au- ,, quel il faudra nous attacher, comme à celui] ,, qui promet le plus... car il faut que je ?, l'avoue , je fuis las de voir la Religion „ réduite à des formalitez oii le cœur n'a ,, point de part. Nous rencontrer une fois „ la femaine avec un petit nombre d'amis ,, finceres de la Vertu & de la Pieté: con- ,, verfer librement & cordialement : nous ,, communiquer nos obfervations , nos dou- ces, nos craintes, nos embarras, nos N dangers , & nos tentations : lire enfemble ,? quelque Ouvrage de dévotion , & puis ,, nous unir pour prier Dieu : ce fera pafler „ notre tems infiniment mieux qu'au Caffé „ & à la Taverne, oh Y Homme même fe dif- „ tingue fi peu dans l'Homme, & beaucoup ,, moins encore le Chrétien, pendant que les „ foiblefles , pour ne pas dire les vices de ,, la Nature humaine, s'y montrent fous des „ couleurs très - défagréables. Sans cela , „ ou fans quelque chofe d'approchant, je ,, crois que nous rifquons de ne jamais ra- ,, mener dans nos Affemblées folemnelies le ,, bon Efprit [qui doit en être l'ame. ] Ce ,9 font ces Afîemblées particulières qui vous „ remettront dans le goût de la Dévotion „ du cabinet , qui rétabliront dans vos fa- ;> milles le Cuite domeltique de la Divinité, 44 Bibliothèque Britannique, ■„ & qui vous difpoferont à remplir avec ;, courage & avec vivacité tous les devoirs de „ la Religion. " Cela eft excellent; pourvu que la Médi- fance , l'Orgueil Pharifaïque, l'Hypocrifie, la Superîtition , & le mauvais Quiétifme ne s'en mêlent pas. Il faut efpércr que Mr. Atkinfon &les gens de bien qui ont con- couru les premiers à l'exécution de fon loua- ble projet , joignant à la Simplicité de la Co- lombe, la Prudence du Serpent, & au Zèle de Dieu la Connoiflance du Monde, pren- dront toutes les précautions convenables, pour empêcher qu'on ne puifle unjour at- tribuer à leurs Affemblées particulières les mêmes défauts qu'on n'a pas toujours re- prochez fans quelque fondement à celles des Piétiftes en Allemagne, & de ceux qu'on appelle communément les Fins en Hollande C De Fynen. ) Un Auteur Anonymequi écri- voir vers la fin du fiècle paflTë *, parle de plufieurs Societez pieufes qui s'étoient éta- blies de fon tems, foit en Angleterre ou en Irlande 3 & qui s'affembloient fréquem- ment * Voyez pa?e if. & i5*. du Livre intitulé: y/« jiccount of the Societies for reformation of manners in London and Wejîminfter and otber par ts oftbe King- dom;IVitb a Perfuafive toPerjons of ail rancks to be zealous and diligent in promet in g rhe exécution of tbe Laïus againft proplanenefs and Belcucbery, for tbe, tffefting a national reformation &c. London. Printed for B. Aylmer> at the tbree Pigeons in Combill &c. MDCXCIX. Volume in eclavo d'environ deux-cens pages. OCTOB. NOVEMB. ET DecEME. 1737. 45 ment pour prier Dieu , cour chanter des Pieaumes , pour lire l'Ecriture Sainte , pour fe donner des avis fraternels &c. IL faut que ces Societez ne fe foient pas fou- tenues , au moins à Londres ; car on n'en en- tend rien dire , & Mr. Atkinfon fuppofe mani- feftement, qu'il n'y en a point d'autre que celle qui commença les Aflemblées VHyver dernier. Quoi qu'il en foit , les Abus qui fe font fou vent gliflez dans ces fortes d' Aflem- blées ; le Scandale que ces Abus , tant ima- ginaires que réels , ont fouvent caufé ; & la grande difficulté de prévenir de femblables inconvéniens dans de nouvelles Aflemblées de la même efpece , ou ( fi Ton veut ) du même genre; fufriront peut-être pour en éloigner par réflexion , bien des perfonnes qui y entreroienr. avec ardeur, fi elles ne fuivoient que leur premier mouvement. Mais parmi les différentes manières dont on conçoit que la Converfation des gens de bien , citez par Malachie , contribuoit à retar- der les progrès du Vice , il y en a une au' moins , à l'imitation de laquelle ilfemble que tous ceux qui le peuvent, doivent fe prêter, fi leur Charité n'eft pas réellement trop froide, ou fi elle n'efl: retenue par des rai- fons fecretes, qu'elle n'avouëroit pas fans rougir. Il ne s'agit ici , ni defe bornera dire un mot en paflant, quand l'occafion s'en pré- fente dans des rencontres fortuites, ni d'al- ler jufqu'à faire dans les formes des Aflem- blées particulières : 11 s'agit de quelque D choie 4§ Bibliothèque Britannique, chofe qui tient le milieu ... Mais comme Mr. Atkinfon a traité ce point, & qu'en qualité de Journaliftes nous ne fommcs point obligez de le traiter nous - mêmes , nous nous contenterons de traduire l'article ou il l'a traité. Cela conviendra d'autant mieux, eue cela pourra achever de faire connoître ion ftile , dont nous ne voudrions pourtant pus qu'on s'occupàc au préjudice de l'attention que .méritent les chofes. „ Autant que vous le pouvez [dit- il] 99 vous devez avancer le bonheur & le fa] ut ,> d'autrui, de vos Enfans fur- tout & de vos ,, Domeftiques , de vos Parons & de vos -, Amis . .. Etabliflcz chez vous un Culte ,, de famille : Inftruifez ceux qui dépen- ,, dent de vos foins: Inftruifez - les d'une „ manière (impie & familière, enforte qu'ils* -, puiffent vous comprendre: Inftruifez- les ?, des chofes les plus utiles, qui ont le plus ?, d'influence fur la pratique , & au fujet „ defquelles tous les bons Efprits n'ont ., point de difpute : telles, par exemple , „ que l'Immortalité de l'Ame , la Bonté de „ Dieu, l'Amour du Rédempteur , la laideur „ du Péché , la néceflité de la Foi , la Re- ., pentance, la Sainteté, la Conduite qu'ils _., doivent tenir les uns envers les autres, „ & envers tous ceux avec qui ils ont ariai- ,, re , foit Supérieurs, ou Inférieurs, ou ,, Egaux. Faites -leur trouver de l'agrément „ dans la Religion , & dans les exercices ?> de la Religion. Vous le pourrez , en y ,, mettant OCTOB. NOVEMB. ET DëCEMB. 1737. 47 y, mettant de la variété: [vous avez] le .. Chant des Pfeaumes & des Hymnes, la „ Lecture de la Bible , les Quefïions que ., vous leur ferez fur ce qui fera lu, & -, celles que vous les encouragerez à vous „ faire eux-mêmes. La Prière dans toutes „ les formes ne devroit jc.mais être oubliée. „ Et après la lecture de la Bible, aux heu- „ res de loifîr , fur - tout le foir du Diman- „ che , vous feriez bien de les faire repaf- ,, fer fur les Sermons qui ont été prêchez, 5> hommes ont aboli ta loi : & j'ajoute , que l'E- •» vangile même ils travaillent à l'abolir >•> Qui eft* ce , devrions -nous dire avec le >? Pialmifte , Qjii eft-ce qui s'élèvera pour moi ,, (& avec moi) contre ces Ouvriers a" Iniqui- ♦j tel f Quand les Impies foulent aux pieds ,, la Loi de Dieu, dédaignent fon autorité, j? répandent le mépris fur le Sang de V Alliance, ?> renient le Seigneur qui Us a rachetez ,, il eft tcms pour les bons Chrétiens de » toutes les Seftes, de mettre à côté leurs ,, petites contentions , & de s'unir contre ,, l'Ennemi commun. Le Cananéen eft dans * Pf CXIX. Hajin. vf 126. !wS TWb TV U efî tems jour le Seigneur d'agir : ou , en confervant l'ai rangement des paroles de l'Original, comme !e fait Mr. Atkinfon : II eft tems d'agir pour le Seigneur. t Pf. XCIV. 16. I>3 yo Bibliothèque Britannique, ,, le Païs. Hannibal aux portes de Rome ,, (" Hannibal ad portas ) reconcilia les Ro- ,9 mains divifez. Et quand le Déïfine eft à i9 nos portes , Chrétiens.! & quand l'Enne- „ mi fait Tes efforts pour nous arracher l'An- 99 cien Teftament , pour nous enlever le „ Nouveau, par des explications qui le ré- „ duifentà rien; continuerons-nous toujours „ à nous amufer à de curieufes fpécula- „ tions , à difputer fur le fens précis d'un „ petit nombre de Textes difficiles ? . . . . „ Unifions -nous dans la caufe commune de „ Dieu & de Jefus - Chrift , de la Vertu &. 99 de la Pieté, de ces Points effentiels du 99 Chriftianifme fur lefquels tous les Chré- 99 tiens fages font d'accord : Et au lieu d'en- 99 tretenir parmi nous des difputes chagri- 9j nés & furieufes , car enfin nous „ sommes tous Frères , entrete- ,9 nons de concert un efprit de Pieté & „ de Charité. . . . Par -là nous ferons une „ Apologie vivante de la Vérité du Chriftia- „ nifme. La grande différence [dit „ notre Auteur dans un des Difcours fui- „ vans] La grande différence entre un ,, Homme & un autre Homme, c'eft celle „ qui confifteen ce que l'un eft Bon, & Pau- „ tre eft Méchant ; l'un fert Dieu, & l'autre i:e „ le fert pas *. Il y a plufleurs diftinttions : ,, Les uns font fçavans , les autres igno- si rans: Les uns riches, les autres pauvres: » Les * Mal. III. 18. Octop. Novemb. et DEcn:>in.j 1737. 51 ,, Les uns pui flans & conflituez en digni- -, te, les autres réduits à l'obénTance: Les ,, uns Maîtres , & les autres Serviteurs : ,, Les uns Partns, les autres Enfans : Mais „ toutes ces diltinclions ne font que pour „ un tems ; elles ne le rapportent qu'à çet- ,, te mourante vie , qui peut finir à chaque «, inflanc, & nui furement finira bien-côc: -, La principale différence, encore une fois, „ la plus grande 6c la plus durable, c'efc -, que les uns fonc Bons & les ancres Mé- „ chans. En fait de Religion, il y a des „ diftinctions confidérables. Ce font des -, Payons, des Juifs, des Mahomctans, des -, Chrétiens : Et entre ceux-ci , foit pour „ les noms, foit pour les chofes, ce font. -, encore des dift.mct.ions confidérables: Les ,, uns font Papilles, les autres Proteflans ; rmi ces derniers, vous avez des Cal- I «ùchértens ; des Arminiens , „ d ociniens ; des Epif- ,, co s Presbytériens \ des Congre- , dëé Antipœdobâtifies * , des „ Quakers , des noms difFérens, des opi- ,, nions * On ici les exprefTions de l'Auteur. Les .. >, - ceux que nous appelions c:jp.i -atttmàux , font plus connus fous le nom <.'. , \r.$ Con^re^ationaux , r.nent c^ qu'on appelis Les Non •. Ils font liai; D4 52 Bibliothèque Britannique, ,, nions ou des croyances différentes ; mais ,9 qui ne le font pourtant pas aflez , pour de- 9j voir nous divifer en autant de Societez „ particulières. Ou s'il eft difficile que ce- 93 lafoit autrement, nous devrions au moins, ,> malgré la différence des lieux deftinez au „ Culte ce de quelques autres circonftan- ^Ces, TACHER DE CONSERVER l/U- jjNite' de l'Esprit dans lb Lien 55 de la Paix. Prenez les gens ou vous „ voudrez, & nommez-les de tel nom qu'il 93 vous plaira; tous ceux qui font véritable- t, mens Bons, font d'accord entr'eux fur plus ,, d'articles qu'il n'y en a pour les divifer, ,, & fur des articles plus importans que 9, ceux qui les divifent : Mais fi vous pre- 99 nez un homme de bien & un méchant 99 homme , quelqu'unis qu'ils foient exté- 9, rieurement par la Croyance & par le nom 99 de leur Secle , vous trouverez toujours 9, entr'eux une différence ejjentielle & fondamen- „ taie ; vous les trouverez auffi différées „ que les ténèbres & la lumière, que le Vi- ,, ce & la Vertu. Car la vie d'un méchant „ homme n'eft autre 'chofe qu'une négation ,, pratique, non-pas de tel ou tel article „ particulier, mais de toute fa Confeffion de 99 Foi : Il renonce l'autorité de Dieu , il 5, l'ufurpe, il gouverne lui-même à fa fan- r> taifie une Ame, dont l'empire devoit être j, refervé, comme une chofe facrée, au Père ,, des Efprits. Quand verrons-nous dans ce ,} Monde le tems heureux, ou tous les gens „ de OCTOB. NoVEMB. ET DEC£MB. I737. 53 „ debierï fe trouveront plus rapprochez les „ uns des autres que les Controverfiftes trop „ animez ne fe l'imaginent dans la chaleur „ de la difpute ! Je me ibuviens d'un mot „ excellent du digne Mr. Boyls , parlant des „ Calviniftes & des Arminiens: Les uns font „ la Grâce irréfijlible : [ce qui la rend nécef- „ fairement particulière:] £f les autres lé- „ tendent à tout le Genre humain : Leur but eji „ le même , ils veulent faire honneur à la Grâce : ,, Et s'ils font finceres , je crois que Dieu , les î, regardant comme gens de bien, les jugera plus „ favorablement fur leurs àifférens Syjiêmes les -, uns £? les autres , quils ne font portez à fe ?j juger réciproquement eux-mêmes La ,j différence entre les Bons & les Méchans „ habilitera, quand toutes les autres différen- ., ces auront ceiTé. Diftinction du Sçavant ,, & de l'Ignorant, diftinction du Riche & „ du Pauvre , diftinclions continuelles de ,, noms en fait de Religion: encore un peu „ de tems, & toutes ces diftinctions feront ,, englouties par la grande & finale diftinc- ,, tion des Bons & des Méchans. Matth: „ XXV. 37 46. „ En voila allez , non feulement pour fai- re connoitre l'efïentiel de l'Ouvrage, & pour juftifier ce que nous avons avancé, foit tou- chant le ftile de l'Auteur, foit touchant fa méthode ; mais encore pour donner une idée de fa manière de penfer fur les Controver- fes Théologiques , & du caractère qu'il aura à foutenir dans la difpute où il s'eft engagé D 5 con- g± Bibliothèque Britannique, contre le Pbilofopbe honnête - Homme. pourrions en demeurer-là , ce n du troifième Difcours^ ni à plus force rai- fon du quatrième, qui pfl celui d?ou nous avons tire tout ce qu'o 1 vient de lire au fujet de la différence des Boî ciians. Nou-^ croyons néanmoins eue ci.. ou trois Réflexions détachées, extraites ces deux derniers Difcours , ne pas à nos Lecteurs. Première Réflexion. -r Ces mêmes gens ,, bien que Dieu appelle t "ont ,, fouvent maltraitez cernéprn ,, de aveugle & corrompu. Le M . ie ni les „ connoit pas j. Us y font eo ,, ces déguifez dans un Pais étranger: Le ,, grandeur y eft inconnue , le». : ite n'y ,, eft pas goûté. ,, Page 64. Seconde R x on. „ D tns ["économie pré- ,, lente, il eit quelquefois très - dirncile ,, distinguer les Bons d'avec les Me ou ,, ceux qui craignent Dieu, de ceux qui ne ,, le craignent pas. Il y a de fi grands ,, refr.es de Corruption & de Folie dans les ,. ,, gens de bien , & certai en im- ,, pofent par de (i belle .ne ,, nous fommes obligez de fu re ,, jugement 1er la différence de : >c- ,, teres. Loriqu'un homme de bien e(t torn- ,, hé dans le péché, 5c principalenu ît lo 9, qu'il a commis quelque ida- ,, lèux,paroù il donne prife , non feul „ 1er *Mal. III. 17. OCTOB. Nov'EMI. ET DPXf.MH. I737. 55 ,, fur lui m$nie , mais qui p:s eft , fur la Reli- ,, gion, pendant qu'un Hypocrite ruie évite Lrokemènt tout ce qui pourroit nous ., icandalifcr ; nous fommes naturellemenc ,., portez à l'Homme de bien 6c „ a louer l'Hypocrite Qui efl-ce ;, [toutefois]" qui a certainement détermï- ., né , quelles Ton» au jufte les fautes ou les ., intirmitez compatibles avec le moindre „ degré de la Grâce ? Ou, jufques à quel „ point un demi Chrétien peut-il pouffer la „ vertq , & n'être cependant qu'un demi- „ Chrétien, qu'un homme à-peu près per ., dé% * Telle eft la nature humaine , ,, lors même qu'elle eft fan&ifiée par l'Ef- „ prit & par la Grâce de Dieu, que nous ,, avons toujours befoin déjuger les uns des ,, autres avec beaucoup d'indulgence : Car, „ à juger rigpureufement , qui eji-cc qui pour- ,, ra dre fauve'? j Dieu veuille avoir pitié de „ nous ... ce nous apprendre a juge] „ équitablement des autres! ,, Pages 79-8 r. Troifième Réflexion. ,, Ne jugez de rien ,, avant le tems j Il faut que le Fron ., cf i'Yvroye crofflent enfembk ju 'qu'à la M jî. | Le Fils de l'Homme envoyer a fes ,, Anges , qui Steroni de fin . ; les ^ f caudales § Le tems de la réparation es Bons ce des Médians „ re * Ad. XXVI. 28. f Mattfc. XIX. *r- f i Cor IV. 5-. | ;. jo. $ Matth. Xlil. 4.1. 56 Bibliothèque Britannique, ., re venu : & c'eft aux Anges du Fils de „ l'Homme qu'il apartiendra de la faire , ,, quand il les aura envoyez pour cet effet. „ N'entreprenons pas de rendre l'Eglife plus „ pure que ne la vouloir. Jefus-Chrift : On „ y verra jufqu'à la fin, & des Perfonnes & „ des chofes qui fcandaliferont. De douze * „ que je vous ai choifis , n*y en a-î-il pas un „ qui eft un Diable? Et il en étoit un réel- ,, lement. Si vous ne voulez vous joindre „ à aucune Eglife, jufqu'à ce que vous trou- ,, viez une Eglife entièrement purgée du ,, mélange des Hypocrites , ce n'eft point „ fur la Terre qu'il faut en chercher une à „ laquelle vous puifliez vous joindre. Les „ Eglises les plus pures ont „ leurs taches et leurs defauts. „ Les Hypocrites peuvent même y être „ d'un grand ufage. „ Pages 84-86. Cet Ouvrage, au relie, n'eft pas le premier que l'Auteur ait donné au Public. Sans compter la Feuille hebdomadaire, inti- tulée The Old JVhigi à laquelle jsai ouï dire qu'il avoit part, auflî-bien que Mr. Fofter , le même dont on a parlé plus d'une fois dans la Bibliothèque Britannique; il a pu- blié en différens tems plufieurs autres Piè- ces , dont on ne fera pas fâché de trouver le Catalogue. Ce fera la matière de l'Article fuivant. * Jean VI. 70. AR- OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. I737. 5? ARTICLE V. Catalogue des Ouvrages de Mr. BENJAMIN ANDRE' ATKINSON. I. LA première Pièce que Mr. Atkinfon ait fait imprimer, eit une Confeffion de Foi, qu'il prononça en public le feptième de Janvier 1 7 if ^ jour de Ton Ordination. Ces fortes de ConfeiTions font en ufage dans les Ordinations Prefbytériennes , & précèdent la cérémonie de l'Impofition des mains. La doctrine de Mr. Atkinfon , tel- le qu'il l'expofe dans fa Confeffion de Foi , eft conforme à celle de l'Eglife d'Ecoffie: & fur cet expofé de fa Doctrine , les Auditeurs t ou les Lecteurs les plus orthodoxes, furent fans doute contens de lui au commencement de lbn Miniflère. Mais en 1719. les Mi- nières Non-conformiftes de Londres & des environs ayant formé une efpece de Syno- de , à l'occafion des troubles furvenus parmi leurs Frères d"Exéter, touchant FArianilme , & quelques-uns ayant propofé à TAiTemblée un Formulaire que plufieurs ne voulurent point ligner ; Mr. Atkinfon , qui étoit du nombre de ces derniers , eut lieu de croire qu'on le foupçonnoit, ou d'appréhender au moins 58 BibliothequeBritannique, moins qu'on ne le foupçonnât, fur l'article de la Trinité : Deforte que , pour difnper les foupçons, ou pour ]qs prévenir, il fit réim- primer alors fa Confefiion de Foi , avec une Préface datée du 19. de May, oii il protefte devant Dieu, qu'il ne croit pas s'être éloi- gné en rien de la Foi qu'il avoit profetTée en préfence de plufiefirs témoins, lors de fon Ordination: „ quoique j'avoue [ajoute- „ til] qu'au lieu de foufcrire à des expref- ,, fions choifîës par d'autres hommes, aulîi ,, faillibles que moi-même , j'ai toujours „ mieux aimé exprimer ma Croyance, ou „ dans mes propres termes, lefquels tout ,, le monde conviendra que je fuis plus fur ,, de bien entendre , ou dans les termes „ que le Saînt-Efprit nous a enfeignez: Et „ fi quelqu'un fouhaite que je m'explique fur ,, un Texte comme celui-ci, Moi £f le Père „ nous fommes un ; je déclarerai très - voïon- ,, tiers, que je crois que ce Texte emporte „ une Unité de nature auiTi- bien que de con- ,, fentement Les raifons [dit -il un „ peu plus bas, parlait au nom des autres qui „ étoicnt dans le même cas que lui'] les raifons ,, qui nous ont empêché de figner l'Ecrit „ qu'on nous prcfenta le troifième de Mars... j? ont été communiquées au Public * : & „ tous * Il y a plusieurs Picces qui furent publiées dans ce tems- là pour & contre: Celle dont Mr. Atkin- fon veut parler, efr apparemment la même qui a pour 5? " OCTOB. NOVEMB. ET DftC£MB. 1737. 59 tous les Efprits libres de préjugez font convaincus (je m'aflure) que notre refus de fottfcrire. . . s'accordoit parfaitement ,, avec les principes de la Reformation ,, en général, & avec ce que nous mainte- „ nons fpccialement comme Proteftans Non- „ conformités , Que notre Religion c'eft h ., Bible, (S rien de puis. Quant à moi en par- ,, ticulier, je croyois la fignature d'autant oins néceflàire, que je n'avois jamais été ibupçonné de rien qui reflemblât à l'A- rianifme. . . D'ailleurs cette fignature étoit , une affaire tout- à-fait déplacée dans ce ., tems-là. . . . Et j'avoue que, félon mon etit génie , cette même fignature , telle .. qu'elle fut alors propofée oc îbutenue, me ,, parôiflbit établir un Ecrit humain comme ., une Règle de Vérité: Chofe à laquelle je ne >uvois condefeendre , crainte que je ne ., fembtefle taxer l'Ecriture Sainte d'imper- 5, fection pour titre: A \t of feveral tbings Mi ùftres la» - Hall &c. Imprimé à Lon- dres pour Jean Clark &c. en 1719 Brochure in octavo de 3?. pages Entr'autres tr.iits contre la Signature il y t celui-ci: Si être Joup- nous refitfons de rrons - nous pas 9 avec autant de raifort, , être jtu'.çcninez d'Hy- ifie? Ce (' > ans le Monde . rs par dejjus le . <5o Bibliothèque Britannique, „ fe&ion & d'obfcurité fur des points abfo- ,, lument néceffaires au falut : Ce qui foie „ dit toutefois fans prétendre reprocher au- „ cune mauvaife intention à ceux qui ont „ figné. je fuis entièrement perfuadé que „ nous fommes tous d'accord; foit à regar- „ der l'Ecriture comme notre unique règle, „ par laquelle chacun doit juger pour foi- „ même; foit à recevoir le Dogme de la „ glorieufe Trinité comme un Dogme très- „ certainement contenu dans l'Ecriture : & „ j'efpere que , nous aimant toujours comme „ Frères , nous tâcherons de conferver l'Uni- „ té de V El prit dans le Lien de la Paix. " Tels font les fentimens de Mr. Atkinfon , & nous nous faifons un plaifîr de les publier. Son attachement pour l'Orthodoxie, compa- ré avec fa modération pour les Hétérodo- xes, fervira à faire voir, malgré le préju- gé encore trop commun parmi les Théolo- giens, qu'on peut être très-moderé fans être hérétique : Et ce même attachement de Mr. Atkinfon pour l'Orthodoxie , comparé avec fon grand éloignement pour la fignature, fera la preuve vivante d'une autre vérité qu'il n'eft pas moins important de .répandre dans le Monde : c'eft qu'il elt poflïble de ne point aimer les Formulaires , & d'être ce- pendant très -orthodoxe. Mais voilà des réflexions, & nous n'avions promis qu'un Catalogue, où l'on ne s'attendoit apparem- ment qu'à de (impies titres. Voici celui de la Brochure dont nous parlons. . Mr. OCTOE. NOVEMB. ET DECEME. I737. 6l Mr. Atkinfons Confeffion of bis Faitb , delù wfdat bis Ordination, Janu. tbe 7 * 17 if. No comme Malfaiteur, il ajoute, c9 des Malfaiteurs , au moins ttes vous-de ces browl- -, hns[, de ces curieux reniuans Elpriis qui s'in- ,, gèrent dans les affaires a autrui. Mais à cela ,, on répond: Qui eft-ce qui vous accule de ., la forte, fi ce n'eit ceux qui font malins E 2 „ & 64 Bibliothèque Britannique, ?, & corrompus , ou foibles & ignorans? „ Les crimes dont vous convainquez des ?, Pécheurs fcandaleux ,. & fur lefquels vous s? fondez vos pourfuites , ne font -ils pas „ profcrits par les Loix, & divines & hu- s, maines ? Caïn pcnfoit-il jufte quand ,, il repliquoit: Suis je le gardien de mon Fre- % re ? Cela eil-il écrit pour nous propofer „ fon exemple, ou pour nous inftruire à fae y, dépens ? Tu ne haïras point ton Frère dans s, ton cœur: Tu reprendras abfolument ton Pro- ,, cbain , & ne fouff riras point de péché en lui: „ C'eit une Loi de Dieu: Levit. XIX. 17. ,, Dieu prétendoit-il , en la donnant, rendre ,, les Hommes des Brouillons ? . . . Jelus- „ Chrift & \ez Apôtres étoient - ils des Brouil- ,, Ions, parce qu'ils étoient allez bons pour „ travailler à un ouvrage aullî plein de „ difficnltez que celui de reformer le Mon- ,, de ? Eft-ce faire le perfonnage d'un Brouil- „ Ion, que de faire fes efforts pour ramener un ,, homme qui s'égare de la Vérité [Jaq. V. 19.] „ & iï arracher un tifon de lembrafement ? [Amos „ IV. 11.] St. Jaques ne nous afïure-t-il pas, „ Ch. V. vf. 20. que c'eft ainfî qu'on J'aime „ une ame de la mort , & quon couvre une mul- „ titude de péchez? . . . . La Charité, cette ,, Vertu qui eft la gloire de notre Religion , „ la Charité [félon St. Paul, 1 Cor. XIII. 5.] ,9 ne cherche point fon intérêt particulier , ou el- „ le cherche aufli celui du prochain : & con- py fonnement à ce principe , l'Apôtre nous „ dit OCTOR. NoVEMB. ET DeCEMB. I737. 6f „ dit quel cft notre devoir: Ne regardez pas „ [uniquement] chacun à fon intérêt particu- ,, lier, mais auffi à l'intérêt des autres. Philip. „ IL 4. Ne feroit-ce pas un opprobre à no- ,, tre Nation , que d'avoir en même cems ,, les meilleures loix & les plus mal exécu- ,, tées ? Si les loix établies contre l'Irréli- ,, gion & contre les deibreres de toute ef- M pece, font bonr.es, il efl donc néceffaîre „ qu'elles ibient miles en exécution: Mais ., comment le Alagiftrat connoitra-t-il ceux „ qui pèchent publiquement centre ces loix , „ s'il n'y a perfonne qui fe charge géné- „ reufement du foin d'avoir l'œil furies voi- „ fins ? " Mr. Atkinfon remarque dans un autre en- droit, qu'on a voulu décrier ces Societez comme autant de bandes de vils Délateurs , quoiqu'Uyait eu un tems , ajoute-t-il , où l'on était Oiiat&ir aux dépens de la tranquillité publique , fans croire que cela fût fi infâme: Sur quoi il cite ces paroles d'un Auteur Anglois : S'em- parer du bien des autres , ou extorquer d'eux des amendes confxdtrables , comme certains Délateurs avoient coutume de le faire , fans autre caufe que la différence des Religions, c'ejt-là, félon moi, ce qui doit être un Je and -de pour tout le Monde : Mais fupprimer des Maifons de débauche, mais faire enjorte que ceux qui fe font un jeu de ju- rer , de prononcer des imprécations , 6J de pro- faner le Dimanche , J oient punis félon là teneur des kix 3 & pour leur propre bien^ c'ejl-là en E 3 lé ri- 66 Bibliothèque Britannique, vérité ce qui , bien loin d'attirer des reproches , de- vroit infpirer de la vénération *. Un autre Auteur, clans un Ouvrage que j'ai cité ci-deflus à l'occafion d'autre cho- ie f, & qui fut publié dès l'an 1699, pour donner une idée des Societez dont il s'agit, rapporte, que ceux qui s'étoiect mis fur le pied de dénoncer les coupables, prévoyant bien ce que la calomnie en pourroit dire , ils s'étoient comportez avec tant de" pruden- ce, qu'on ofoit défier le Monde, de prouver qu'ils euficnt jamais retiré le moindre pro- fit de leurs dénonciations, dans \es cas mê- mes où ils y auroient été autorifez par les termes de là Loi. Mr. iît;dnfon fuppofe néanmoins , comme une chofe de fait & de notoriété publique, que les Societez pour la Reformation des mœurs ont été aceufées, d'être elles-mêmes aufîi corrompues dans le fond que le refte des hommes, & d'avoir bien fçû trouver leur compte à faire le mér tier de Délateurs. Mais il en appelle là- deffus aux Mémoires qu'elles ont. foin de publier tous les ans; à leurs Statuts, par lefquels elles fe défendent de toute vue d'in- térêt ; aux de'penfes réglées qu'elles font obligées de faire ; aux autres dépenfes qui *;Occ«fiowlp8pèr Vol. ITT- No. XIT. p. i6\ s 7. | An Accouru of tbe Socisties for Reformation of mannerJ &c; p. 13, 14.. On peut voir le rirre du Livre plus au long, ci defTus , au bas de Jap.'ge -»-f. OcTon. Novemb. et Decemb. 1737. 67 qui furviennent cafuellemenc ; aux procédu- res dont elles payent les fraîx ; & à leur mé- thode confiante de remettre aux Pauvres de la Paroifle les rccompenfes que la Loi accorde aux Dénonciateurs. La queftion la plus importante , ce fem- ble, au iujet de ces Soçietez, feroit de (ça- voirquel en eit le fuccès,ou quel bien elles ont produit. Or ,, nous apprenons [dit V Au- „ leur anonyme que j'ai déjà cité] nous ap- „ prenons qu'elles ont déjà fait punir plu- „ fieurs milliers de coupables pour leurs' Ju- „ remens & pour leurs Imprécations .... & ,, que nos Connétables , depuis un certain tems , „ ont peine quelquefois à furprendre un ,, feul Jureur dans diverfes rues & dans dî- „ vers marchez, ou l'on entendoit jour & „ nuit, il y a peu d'années, des juremens ,, & des imprécations horribles : Qu'elles ,, ont fait faire un exemple de quantité ,, d Yvrogncs & de Profanateurs du Di- „ manche, dont quelques-uns , il y a peu ,, d'années , failbient en que -que ibrte du ., Dimanche un jour de marché : Que plu- „ fieurs Maifons de débauche, qui ne va- ,, loient gueres mieux que fi c'avoient été ,, autant de Refervoirs ou de Nîds pleins „ de Voleurs , de Rogneurs d'argent , de ,, faux Monnoyeurs &c. , ont été entierc- ,, ment fupprimées.: Que quelques milliers „ de perfonnes de mauvaife vie ont été ren- „ fermées , mifes à l'amende & fouettées , E 4 „ de 6g Bibliothèque Britannique, ,, de force que vers le quartier de la Tour, „ & dans plusieurs de" nos rues , la Ville a „ été confidérablement purgée de cette en- ,, geance peftiferée de Coureufes de nuit dont „ on étoit infefté. . . : Qu'on en a envoyé „ jufqu'à trente & quarante par femaine à ,, Bridewell [fameufe Mai/on de correction] & „ qu'elles y ont été fi bien difciplinées, que 9, çluiieurs d'entr'eîles ont mieux aimé fe „ faire tranfporter en Amérique pour y ga- 9, gner leur vie honnêtement, que de s'ex- 99 pofer par une vie diflblue à être diffamées 99 & punies , à tomber dans la pauvreté , à ,, ruiner leur corps à commettre toutes for- ,, tes de crimes,' à périr peut-être la corde „ au col. .... Je dois même ajouter, que ,, par les foins de la. Société originale, compo- 93 fée de certains Gentilshommes , il s'efl fait i, de bien plus grandes cbofes que tout ce ,, qu'on vient de lire: Mais il ne m'eft pas ,, encore permis de les publier. Ce que je s, puis dire cependant, c'efl que les efforts „ de ces Meilleurs ne fe font point bornez ,, à la Ville de Londres , ni même au Royau- s, me d'Angleterre , mais fe font étendus „ jufques en Irlande , ou .... il y a ac- 99 tuellement dans la Capitale plufMirs Socie- „ tez de Reformation , qui de-là fe répandent ,, en diverfes parties du Royaume (comme ,, je le fçai par des mémoires que j'ai entre ,, mes mains) & font encouragées par Son „ Excellence le Comte de Galloway , par » un OCTOB. NoVEMB. ET DeCEMB. I737. 6cj ,, un des Juges Royaux d'Irlande, par Mon- „ feigncur l'Arche vèquc de Dublin, par un „ bon nombre d'Eccléfiaftiques , & par la ,, plus faine partie des Magiftrats & des Gen~ ,, tilsbommes de cette même Ville. Il y a une „ de ces Societez , qui a pour Membres les ,, Miniftres delà plupart des Paroifles deDu- ,, blin, des Evêques pleins de pieté, l'illu- ,, ltre Archevêque , ci diverfes autres Per- „ fonnes de condition: dont quelques-uns ,9 ont montré un zèle qui ne manqueroit S, pas , s'il pouvoit être le même par- „ tout dans les trois Royaumes, de produi- ,, re bien -tôt une révolution glorieofe, ou ,, l'Etat prendroit une face toute nouvelle. ,, Leur zèle , malgré les divers obftacles ,, qu'on pouvoit attendre des complots de ,, ceux qui aiment le Vice, ont eu tant de ,, fuccès à Dublin dans l'efpace de deux ,, ans, que la profanation du Dimanche „ en eft prefque entièrement bannie: les Fem- „ mes de mauvajfe vie y font recherchées ,, avec tant d'exactitude , & punies avec tant „ de fevérité , que là , comme en Angleterre , ,, elles prennent le parti de fe transporter ,, dans nos Plantations : Les jureursy font tel- ,, lement décriez , qu'il cil rare d'entendre un ,, ferment dans les rues: .... Le vice, en )} un mot, craint de fe montrer, & en a ,, honte, dans les mêmes lieux, où quelques ,, années auparavant il marchoit la tête îe- ,, vée vx comme en triomphe. On nous âf- w fure enfin, que nous avons dans cette afrai- E j „ re 70 Bibliothèque Britannique , „ re le concours de l'EcoîTe Et îa „ dernière Lettre du Roi au Parlement de ., ce Royaume, parle des progrès qu'ils ont „ fait dans le dcflein qu'on y avoit for- ,, mé de prendre des mefures efficaces ,, pour décourager le Vice & l'Irréli- 99 gion * ". Voilà ce que difoit du fuccès des Socie- tez pour. la Reformation des mœurs en 3\ ! D'CXCIX, un Auteur anonyme, il eft vrai , mais dont le Livre efl muni d'une ap- probation honorable en forme de Lettre, lignée par vingt-neuf Seigneurs temporels , par neuf Prélats , & par fept Juges Royaux. Voici à préfent ce que dit iMr Atkinfon fur le même fujet en MDCCXXVI. „ Les fuccès que Dieu vous a déjà don- „ nez , doivent plus que contre-balancer tous ,, les reproches dont vous avez été char- „ gez , fans le mériter, par les Patrons & „ les Avocats du Vice. Si vous n'avez pu „ bannir le Libertinage du Païs, vous l'avez „ réduit au moins a s'y cacher dans des re- „ traites : Et c'eft avec plaîlîr que je lis , Que ,, non feulement plufieur s Pécheurs ont été retirez „ de leur méchant train de vie par les efforts de ,, ces $ocietez; mais que quelques-uns , par une ,, conyerfion femhlable à celle de St. Paul , Je font ,, joints avec elles pour féconder un dejfein qxiau- ,, trefois Us traverjbient f Le dernier » M* * Account of ' the Societies &c. pp. 21-25*. i Occaflonal Paper Vol. lit No. Xil. 0CT0B. NOVEMB. ET DECEMB. 1737. 71 ,, Mémoire que vous avez publié , & qui „ eft le trente- &- unième, par lequel on ,, peut juger de ce que les Societezont fait, ., nous allure , que du premier de Décembre ,, 1724. au premier de Décembre 1725, el- „ les ont pourfuivi ou aidé à pourfuivre des ,, Coupables juiqu'au nombre de 2506. ,., Et en comptant C3ux qu'elles ont pour- ,, fui vis à Londres ou aux environs , pour ,, les feules caufes de Débauche & de Pro- ,, fanation , [072/3; for Débaucher y and Pro- „phanefsl pendant l'efpace de trente -qua- ,, tre anSj il le trouve que leur nombre to- ,, tal' monte à 91899. 11 y a lieu de fe ,, flatter, que parmi tant de gens atteints & „ convaincus par votre moyen, quelques* ,, uns au moins auront aurîi été ramenez de „ leurs égaremens. " III. Le troifième Ouvrage de notre Auteur parut chez Richard Ford , à l'enfeigne de l'Ange, proche Stoks- Market , en 1728. Ce font trois Lettres addrefiees à un Ami , dans lefquelles il établit & maintient, contre le fameux Thomas W oolston , le l'en s littéral de trois miracles de l'Evangile, qui font , r . L'Eau changée en vin aux noces de Cana : 2 -.Les Acheteurs & les Vendeurs chaflèz du Temple par J. C. avec un fouet: 3e. Les Diables chaffêz du Corps de deux Potiedcz. Tout 72 Biblioth eque Britannique, Tout ce que je puis dire de plus au fujet de ce Livre, c'elï qu'il faut qu'il fe foie af- fez bien vendu, puifque le Libraire qui l'a fait imprimer n'a pas pu m'en fournir un Exemplaire. Ce que j'ai dit des matières que l'Auteur y traite , efl tiré du Titre de l'Ouvrage, tel que je le trouve dans un Catalogue a la fin d'un autre Livre de Mr. Atkinfon. A ^indication of tbe littéral fenje of tbree Miracles of CbriJL I. His tuming Water into Wine. II. His iBèippitig tbe Bayer s and Seller s out oftbe Temple. III. His exorcifing tbe Devils out of tbe two Men. A'iainfi tbe Objections of Tho- mas IVoolflon . B. D: in bis firft and fourtb Difcourfis of tbe Miracles of our Saviour. In tbree Le tiers to-a Friend. Je donne le titre au long, afin qu'on ne le confonde pas avec celui d'un autre Ou- vrage contre YVooliton , imprimé pour le même Libraire , & qui eft auiîi intitulé , A Vindication of tirée Miracles , ou Défenfe de trois Miracles, de Je/us- Cir[ l , mais dont l'Au- teur eft Mr. NaibaKoèï Lardner, & où les Miracles qir'iî examine font , la Réfur- rection de la Fille de Jïïrus^ la Réfurrec- tion du Fils de la Veuve de Naïm9.& la Réfurreclion de Lazare. 11 ne fera pas inutile au refte de fçavoïr, que fur ce dernier Miracle, Wooîfton a été refuté encore par le Docteur Guillaume Harris , dans un Appendix à fon Livre in- titulé, Tbe reafonablenefs of believing in Cbrifl , and OCTOB, Nû-VEMB. ET Df.CEMB. I737. 73 and tbe unreafonablenefs of Inftdeiity : ou Dif- cours pour prouver qu'il ejl rci'fonnable de croire en Je/us ■ Cbrifi , & qu il nejï pas raifonnable détre Incrédule. Le Docteur Harris eft un Miniftre Presbytérien qui a de la réputation, & Mr. Atkinfon eft de tes Amis. Wool- flon attaqué par ces deux Meneurs, les trai- ta à fa manière allez cavalièrement , dans une apologie ou Viiidicalion , ainfî que por- te le titre Anglois , imprimée peu de tems après leurs deux Ouvrages : les accufa de n'être pas moins pour la perfécution que le Clergé de l'Eglife dominante; & leur repro- cha leurs difpoficions à cet égard, non feu- lement comme peu Chrétiennes, mais com- me contraires à leur propre intérêt en qua- lité de Presbytériens , les Incrédules ne de- vant être confiderez, félon lui, que comme des Frtres Non - conformées. IV. Mr. Atkinfon, qui vers ce tems -là faifoit imprimer un petit Ouvrage plein de fenti- mens de Tolérance , faifit cette occafion de répondre en peu de mots , tant pour fon ami que pour lui-même. Cet Ouvrage (le quatrième qu'il ait publié) eft une efpece d'Epïtre Catholique, addreifec aux Chrétiens de toutes les Communions , en date du 25. d'Août de l'année 1729, & qui parut avant la fin de cette même année, quoique le titre por- te 1730: fuivic d'une Jlpojtille, dans laquelle il 74 Bibliothèque Britannique, il s'explique fur ce que Woolfton avoic dit contre lui & contre le 'Docteur Harris. Catbolick Principles , or St. Paul* s V/orfcbip , Faitb , Hope, and Practice , Recommended îo Cbrijîians of ail Perfua fions Witb à Poji- fcript , te vindicate J'orne D {[Tenter s Mr. Wool- Jvju batb mijreprefented as Advocates for perje- cution. Brochure in octavo de 39 pages , imprimée à Londres , pour le même Librai- re que la précédente. L'Ouvrage même confiite en Réflexions fur ces paroles du diicours de S. Paul à Félix : ,, Je reconnois devant vous, que ,, fuivant cette voye qu'ils appellent Héréfie, ., je fers le Dieu de mes Pères ; croyant ,, tout ce qui eit écrit dans la Loi & dans „ les Prophètes : & ayant cette efpérance en „ Dieu, qu'il y aura (comme ils en con- „ viennent eux-mêmes ) une Réfurreclion ,, des morts, foit pour les Jufles , foit pour „ les Ifijuftes : En vertu de quoi jem'exer- ,, ce toujours à confervér une Confcience ,, qui ne me reproche rien , ni à l'égard de ,, Dieu, ni à l'égard des hommes." Acl. XXIV. 14-16. Pour donner une idée nette des réflexions de l'Auteur, il faudroit les ranger fous deux Chefs principaux qui font très - diftincts , quoiqu'il femble abfolument les avoir con- fondus. 11 y en a qui tendent à faire voir aux Chrétiens de 'chaque Secte, que quelque avantage qu'ils prétendent avoir far les au- tres OCTOB. NûVEMB. ET DECEMB. 1737. 75 trcs par leur Orthodoxie , ils feront témé- raires de s'en féliciter, tant qu'ils néglige- ront (comme ils ne le font que trop) de profefler tous les articles de la déclaration de St. Paul. Non feulement l'Apôtre faifoit profeiîîon de fervir le Dieu de fes Pères,, luivant la voye que les Juifs appelloient Hé- réfie, ou luivant les nouvelles lumières de la Foi Chrétienne : Non feulement l'Apôtre faifoit profeiîîon de croire tout ce qui elt écrit dans la Loi & dans les Prophètes, comme fimple matière de foi ou de fpécu- lation : Non feulement il croy oit , ainli que les Phafifiens , la Résurrection des morts : Mais cette même Réfurrection qu'il faifoit profeflion de croire , il faifoit auiîî profef- iîon de Yefpérer, & d'en conferver l'Efpéran- ce par une attention active & confiante à ne rien faire qui, en excitant les reproches de fa Confcience, lui pût ôter le droit d'ef- pérei comme un bien, la Réfurrection qu'il croyoit comme une Vérité. ,, On a fait tant „ de bruit dans i'Eglife au fujet des articles .. de Foi: Je fuis furpris qu'on ait fi peu fon- „ gà à drefier des Articles d'Efpérance. L'Ef- ., pérance e(l-elle une difpofition dont il -, foitlîpeu parle dans l'Ecriture ? ( Voyez : ., humains V. 2, 5. VIII. 24. XV. 4, 13.) ,, Un Scélérat peut croire tout ce qui eft . crit dans la Loi & dans les Prophètes: ,, il peut croire qu'il y aura une RéfuïrefticKÉ -, Mais il n'y a que l'homme de bien qui i, puiile ïefpêrtr. " St. Puni difbit , je l'efpe- re : 7<5 Bibliothèque Britannique,' re: Mais aulîi difoit-il, je me donne de la peine, je matte mon corps, je m'aflujettis comme un Athlète à un régime difficile, je me difcipline , dtntiï?* . îmapilç.* je m'exerce, & m'exerce toujours, à conferver une Con- icience fans reproche, Salomon dit ( Prov. XIV. 32. ) que le, Jufte a de VEJ'pérance au jour de fa mort: Mais Salomon ne le dit que àujufie. Telles font en fubftance les réflexions de la première efpece que j'ai indiquée. Celles de la féconde efpece tendent à per- fuader aux Chrétiens de toutes les Sectes , que fi d'un cote ils ne donnent pas allez aux Articles de fentiment & de pratique, ils donnent trop de l'autre aux Articles de fpéculation, fur lefquels ils font divifez en tant de Communions différentes , quoique les a;ens de bien de ces différentes Communions îbient tous d'accord fur les Articles énon- cez ici par l'apôtre; ce 'qui devroit fuffire, félon notre Auteur , pour les réunir tous dans une feule & même Communion. Il y a des chofes abfolument néceffaires, & d'au- tres qui ne le font pas. Mr. Atkinfon vou- droit de l'Unité dans celles-là, de la Liber- té dans .celles - ci , & de la Charité dans les unes & les autres : enforte que toutes les controverfes fe traitaflent à l'amiable , & que nous fuffions tous fur le pied de nous aire la Vérité en Charité : [â\v,êeâ ovtcç 5g iv épéw .... Eph. IV. 15. ] Je déclare volon- tiers , dit -il, que je ferois aufîi prêt à fouf- frir le Martyre pour la Charité, que pour l'Ar- OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. I737. jy l'Article de Foi le plus fondamental. St. Paul fervoit le Dieu de Tes Pères fclon la voye que le Dieu de fes Pères lui avoit montrée par Jefus-Chrift: Et cette même voye, les Juifs ofoient l'appeller d'un nom , dont il eft vrai que le fens injurieux n'eft pas toujours déterminé, mais qui naturellement fe prend pour une injure dans cet endroit , & qui d'ailleurs femble avoir conftamment un mau- vais fens dans les Epîtres : C'eft le nom d'Hère- fie. Quelle témérité dans ces Juifs ! fe récrie- ront ici tous les Chrétiens: Et faudra- 1 -il avouer que les Chrétiens eux-mêmes ont fouvent été coupables les uns envers les au- tres d'une témérité peu différente? Mr. Ac- kmion ejt f de bé de faire un pareil aveu: Mais il eft obligé, dit-il, de le faire. Cependant, fi nous puifons dans l'Ecriture nos idées touchant THéréfie, nous trouverons (pour- fuit-il) qu'il eft très-difficile de prononcer un homme Hérétique à caufe de fes opi- nions. Voyez Tite III. 10,11. >> Un Homme ,, peut fe tromper fur un point confidérable , ,, & avec cela être agréable à Dieu. Si mal- „ gré fon erreur, j'ai lieu de croire qu'il ai- „ me fincerement J. C. je ferai le dernier de „ tous à l'appeller Hérétique , ou à le traiter „ comme tel On convient qu'il y a ,, des Articles fondamentaux du Chriftianif- ., me: Mais je ne puis m'empêcher de pen- „ fer qu'ils font en bien petit nombre, & „ qu'ils fe préfentent clairement d'eux-mé^ >, mes dans l'Ecriture pour le faire apper- Tom. X. Part. i. F „ cevoir 78 Bibliothèque Britannique, ,y cevoir fans peine à toute perfonne , qui 9i avec la capacité ordinaire , a le cœur „ droit. Les points douteux & contefta- ?, blés qui , comme autant de Livrées , „ diilinguent les différens Partis du Chrif- „ tianifme , ne doivent point trouver pla- „ ce ici ; car à ce compte les Articles fon- -, damentaux fe multiplieroient exceffive- ,, mène, & on fe trouveroit réduit à dire, ?3 que des Chrétiens pleins de piété diffè- ., rent fondamentalement les uns des au- ?, très St. Paul met les Héréfies au „ nombre des œuvres de la Chair , Gai. V. ,5 20 , 2 î. J'en conclus , qu'aucun homme vé- ,, ritablement homme de bien ne peut être „ coupable dJHéréfie , quoiqu'il puifle fe „ tromper comme le refte des Hommes. S'il „ fe trompe en quelque point confidérable, „ ou il reviendra de fon erreur , félon les „ promefies de Dieu. . . . Pf. XXV. g. & ,>jean VII. 17. ... ou fon erreur ne fera „ en aucune manière préjudiciable à fon fa- „ lut. Ce qui arriva à St. Paul , nous fait voir ., que les plus gens de bien & les plus uti- û les peuvent être pourfuivis comme Héré- „ tiques, par des gens qui font eux-mêmes „ les plus grands Hérétiques. Prenons gar- ;, de à ne taxer légèrement d'Hypocrifie au- ., cun Particulier, "ni à plus forte raifon au- ,, cune Société entière. Je connois des gens „ dont les principes tendent à détruire la „ Pieté ; mais leur cœur & leur vie font ,} directement contraires à leurs principes : „ A OCTOB. NoVEMB. ET DECEMB. I737. }& , A Dieu ne plaife qu'à caufe de leurs Er- , reurs, toutes dangereufes qu'elles font. je , les veuille juger Hérétiques ! On , ne doit point attendre, ce [par confé- , quent ] on ne peut gueres fouhaiter une , réunion avec Rome : Mais outre qu'on , peut fouhaiter une réunion de tous les , Proteftans , qui ieroit très-praticable , vu . qui s'eit actuellement pratiquée en , certains lieux entre les Luthériens & les , Calviniiles ; je crois que chez les Catho- îs Romains même , nous devons bien , diftinguer entre la Cour de Rome & l'E~ _ Romaine , entre certains Peuples tes & autres Peuples qui le font 11 s'en faut beaucoup, qu'à l'égard , du Pape on ibit aulli bigot en France ■;-agne ou en Italie: Et je fuis per- ■ que parmi les Papifl.es ignorans & rez;ilyen a quantité dont le cœur cil roit , qui fe règlent en confeience fur ce - „ que leurs ténèbres leur laiflent entrevoir . la lumière Evangelique , & qui font réables à Dieu ,, Les Confef- de Foi , & tels autres Ouvrages fym- ques, peuvent avoir leur utilité: Mr. Atî inlbn en convient: Mais il les voudroit os étendus, & qu'on en retranchât tous les Articles fur îefquels l'Ecriture ne s'expli- que point clairement. St. Paul croyoit tout ce qui eft écrit d>ins la Loi & dans les Prophètes: Voîlà fa Cbnfeflloade Foi. Cette Confef- F 2 lion go Bibliothèque Britannique, iîon étoit Scripturaîre : elle rouloit fur ce qui étoit écrit dans la Loi & dans les Pro- phètes. Elle étoit complette : Elle erabraf- foit tout ce qui étoit écrit. Mais en même tems elle étoit courte & conçue* en termes généraux : femblable en cela à toutes les autres Confeffions de Foi rapportées dans les Livres Sacrez. Voyez Mattb. XVI. 16. Marc. VIII. 29. Luc. IX. 20. Jean IX. 35-38. Rom. X. 9, 10. & 1 Cor. XV. 3,4. Notre Auteur > à cette occafion, dit un mot des Canons du premier Concile de Jerufalem, & les compare avec ceux des Conciles fui- vans: Mais cela n'eft point diicuté comme cela mériteroit de l'être: Et le manque de difcuffion eft un défaut aflez général dans les Ouvrages de Mr. Atkinfon. Il ne doit pas trouver mauvais qu'on s'en plaigne. On reconnoît qu'il penfe judicieufement & uti- lement. Sans cela on ne fe plaindroit peut- être pas de ce qu'il repréfente fes penfées d'une manière fuperficielle. On voudroit tou- jours que des penfées judicieufes & utiles fuf- fent bien développées, & que celui qui les propofe fe donnât la peine de lever les difficuî- tez , ou qu'il eût l'art de les prévenir. Les Pè- res du premier Concile de jerufalem fe bor- nèrent à quatre Articles , & ces quatre Arti- cles étoient nécejjaires: Cela eft vrai , & l'on voit bien ou cela tend. Mais cela ne prou- vera jamais rien contre les Conciles poflé- rîeurs, tant qu'on n'aura pas juftifié celui-là fur Ocron. Novemb. et Decemtî. 1737. Sî fur la nécejficé qu'il attribue à quatre Arti- cles, oui ne paroiiîent certainement pas tous quatre (au moins du premier coup d'oeil} plus nécefTaires eue cent autres dont les Conciles ont témérairement fuppofé la né- cefiîté. Les difficultez qu'on peut faire là- deflus font connues de tout le monde: & la véritable folution de ces difficultez n'eft i;nent fi commune , que Mr. Atkinfon n'eue dû la fournir directement ou indirecte- ment à fes Lecteurs. C'eft cependant ce qu'il a négligé. Nous n'en dirons pas davantage fur ce que nous avons appelle fon Epftre Catholique: Il cil tems de dire un mot de YÀpoJUlle contre Woolfïon. Quoique Mr. Atkinfon ne foit pas d'humeur à regarder les Incrédules deprofef- fion comme des Frères Non-conformiues , je Joubaiterois de tout mon cœur , dit-il , que le Gou- vernement voulût permettre à cet homme qui par- le avec tant de ja&ance s de défendre , s'il le : , fes Dy cours fur les Miracles de jefus- Cbrifl Et avant que d'en venir à :e Déclaration, qui termine fa réponfe^ , & jullifie le Docteur Harris , | citations de leurs deux Ouvrages cor Woolftonjpar lefqucllesil paroît, que d|aris ces Ouvrages mêmes ils avoient eu ( prévenir fes plaintes par des fentimens bien marquez de Charité oc de Tolérance. On aura peut-être de la peine à concevoir après cela, comment Woolfton a pu leur repro- cher un efprit de perfécutioa, Mais au F 3 fond 82 Bibliothèque Britannique, fond c'eft un myftere qu'il n'eft point du tout impolîible "d'expliquer. On lçait que cet homme avoit une impudence particuliè- re, laquelle je penferois volontiers qui étoit en lui une efpece de maladie : Si avec cela il foupçonnoit véritablement fes deux An- tagoniftes d'être animez d'un efprit perfé- cuteur contre lui, il n'y aura plus de myf- tere : Or on pourroit "fort bien préfumer qu'il les en foupçonnoit , par cela même qu'il les croyoit tolérans en général. Ce- la paroîtra paradoxe , mais cela ne l'eft point. C'eft un fait, que cette Tolérance Chrétienne, dont la feule idée répand natu- rellement un air de joye fur le vifage de tant de gens de bien, fait fecouer la tête & froncer le fourcil à d'autres, & particu- lièrement aux zèlez & aux habiles de deux Partis confidérables. Les uns font les zèlez & les habiles du Parti Catholique -Romain: Ils traitent de Théologiens politiques, ceux d'entre les Protefbns qui font profeflion de Tolérance: Ils conçoivent que cette Tolé- rance tend à rendre le Proteitantifme re- doutable par la réunion des diverfes Socie- tez Proteftantes. Les autres font les zèlez & les habiles du Parti Déïfie: Ils fe mettent dans l'efprit, que tous ces Chrétiens tolé- rans , dont on leur vante quelquefois la Cha- rité , ne voudroient réunir toutes les Egli- fes Chrétiennes, que pour former une Ligue capable d'abîmer le Déi'fme. V. Le OCTOB. N/OVEM&. ET UeCEMD. I-37. {g V. Le cinquième Ouvrage de notre Auteur eft une Réfutation du fameux T yndal: dont le titre eft: Cbrijlianity not older tban tbefirft Gofpel-pro- mife , in Answer to a Book entidled , Cbrijlianï- ty as oldas tbe Création &c. Brochure in ocla- vo, de 77. page^ , avec une Préface de VI. A Londres. Chez Ford. MDCCXXX. L'Auteur y foutient , contre le Livre du Cbriftianifme auffi ancien que le Monde, que le Chriftianifme n'eft pas plus ancien que la première promette Evangeiique , faite à nos premiers Païens après leur chute. C'efh tout ce que nous dirons de cet Ouvrage à préfent, parce que nous aurons peut-être occafion d'en parler une autre fois. VI. Et nous nous contenterons par la même raifon de donner le titre du fixième , qui eft une fuite du précèdent. Scripture Hijiory , Prœcepîs , and Propbecy , vindicated. Being tbe fécond Part of Chriftiani- ty not older than the firft Gofpel-promife , in Ansvoer to Cbrijlianity as old as tbe Créa- tion &C Ceft-cà-dire : Apologie pour VHiJloire, les Préceptes , £p les Prophéties de l'Ecriture: ou fecondePartie du Chrif- tianifme pas plus ancien que la première Promefle Evangeiique : En réponfe au Chrijlia- F 4 ni/me 84 BibliothequeBritannique, ni/me aujji ancien que le Monde. A Londres chez Ford, MDCCXXXI. In octavo. Pages nô\ pour le Livre, £; VII. pour la Préfa- ce: datée du Mois de Novembre 1730. VII. Le feptième Ouvrage de notre Auteur ne bous eft connu que par le titre; qui eft: Clofet Dévotion recommended in two Sermons &c. Ceft-à-dire : La Dévotion du Cabinet re- commandée en deux Sermons , prononcez le 10. d'Octobre MDCCXXXI. VIII. & IX. Le huitième Ouvrage de Mr. Atkinfon & le neuvième , fonc deux Sermons de con- troverse , l'un fur la Perfection de l Ecritu- re Sainte, prêché le 26. de Janvier 1 731 : L'autre , fur le Droit de juger chacun pour foi- même, prononcé le 29. de Février de la mê- me année: auquel l'Auteur a joint quatre Co- rollaires contre les Catholiques Romains , ts'pour la Réunion de tous les Protefta?is. Ces deux Sermons font dédiez au Duc ^ Ne w- c a s t l e : Le premier par une Epîire , & le fécond par une fîmple Infcription : après laquelle vient une Dédicace d'un ftile fort familier. A la Société de Chrétiens qui s'ajjem- lie pour fervir Dieu à Si:. Thomas YApÔtrédans Londres. Ceft l'Eglife ou les deux Sermons ont été prêchez. Ces Sermons font du nom- bre de ceux que firent, d'un commun ac- cord 3 OCTOP. NoVEMn. ET DEC£MB. I737. %j cord, il y a quelques années, les Miniftres Presbytériens de Londres , à 1 occafion du la Lettre circulaire, que Mylord Evêque de Londres avoit publiée touchant les progrès du Papifme : & quoiqu'ils renferment bien de chofes alTez communes, ils font tels que nous pourrions en extraire des morceaux: qui fe liroient fans doute avec plaifir; Mais ce Catalogue eft déjà trop long. Le titre du premier Sermon eft: The Holy Scriptures a perfect Ride, and Papifb Objections answerd &c. A Londres chez Ford 1735. 8. pp. 40. Le titre du fécond: A judgment of private diferetion explained and ajjerîei. A Londres, chez le même, la même année: 8. pp. 26. fans ia Dédicace. X. Le dixième Ouvrage eft un Sermon fur le Mariage de S. A. R. Monfeigneur le Prince de Galles, avec la Princeffe de Saxe-Gotha: Prononcé le 2. de May 1735. & dédié à Leurs Altefles Royales. Good Princes Nurfing Fatbers and Nurfing Moibers to île Cburcb. A Sermon preacbed. on îbe Mariage of bis Royal Higbnefs tbe Prince ef Wales &c. A Londres , chez Ford. 8 Le dernier Ouvrage de notre Auteur cil celui dont nous avons donne l'Extrait dans l'Article précèdent de cette Bibliothèque. F 5 AR- S<5 Bibliothèque Britannique, Y I. À.R.TICL E. Médical Essais and Obfervations , revifed and pubUJhed by a Society in Edim- burg, Volumç ÏV. C'efl - à - dire : Eiïais & Obfervations de Médecine , revus & publiez par une Société d'Edimbourg. A Edimbourg 1737. quatrième Volume , folio pp. 512. fiais la Table des Matières \ Second Extrait. ARticle XV. Ri foire d'une Playe faite avec un Fer rou^e , ef pénétrant dans te Bajfin : Par Mr. André Willison, Médecin à Dundee. L'Auteur ne rapporte l'Hiiloire de cette Cure que pour faire voir , qu'il ne faut pas abandonner les cas qu'on croit les plus déf- efpérez > tel qu'étoit celui-ci. Mr. Willilbn guérit en ûx femaines cette Playe qu'il ju- geoit mortelle, en n'employant que des re- mèdes très-connus & très-ordinaires à la vé- rité, mais ménagez avec toute la prudence poflible. Article XVI. Pierre de la Vefie , dent le noyau êtoit une Aiguille: Par Mr. André Brown, Chirurgien à Dalkeitb. Cette Pierre, que ren- dit une petite Fi^e d'environ quatre ans , avoit ceci departiculicr, que l'Aiguille , qui la tra- verfoit en biais , n'étoit pas entièrement cou- verte de fa fubftance, mais qu'on en voyoit les deux extrêmitez 3 qui fortoient cha- cune OCTOB. NoVEMïî. ET DecEMH. T737. 87 chacune de la longueur d'une ligne. On ne fçait comment cette Aiguille avoit pen dans la Veffie. Article XVII. Aneurifnie : Par Mr. A. M o n r o. La defeription de l'Opération qui a été faite pour la guérifon de cet Aneu- rifme, corfirme ce que l'on a vu explique au long, & prouvé dans les Arcicles XV, XVI, & XVII. du fécond Volume de ces Eilais; outre cela on trouve ici une nouvel- le idée de l'Auteur pour perfectionner fon Opération. Dans cette vue il propofe , qu'auiïi-tôt que l'inciiion longitudinale e(l faite , après qu'on a ôté le Polype & le Sang, le bras du Patient étant un peu ployé, l'Operateur faififfe avec le pouce ce le doigt indice de la main gauche l'Artère numéra- le; qu'il la pince vers la partie poftérieure, & qu'il poulie fon Aiguille tout contre fes ongles; ce qui le conduit fùrement pour é- viter le Nerf; car il peut aifement le distin- guer de l'Artère par le tact: & le bras et dans cette poiture, il lui ef; facile d'attirer l'Artère tellement en dehors , qu'il ne puiffe rencontrer le Nerf. Ainfi l'Opération de l'AneuriîVne, qui fui vant la defeription que les Chirurgiens en avoient donnée , fembloit très - délicate , dif- ficile , ennuyeufe & précaire, peut s'exécu- ter facilement & fans danger, en ouvrant toute la tumeur à une fois , & enfuite en mettant la ligature autour de l'Artère , com- me on vient de le décrire. Ar 88 Bibliothèque Britannique, Article XVIII. Oedème du genou: Par le même. Article XIX. Obfervation d'une partie du Cartilage de la jointure du Genou offifiée & fe- purée: Par le même. Cotre obfervation Ser- vant à éclaircir un phénomène qui a emba- rafTé l'Auteur de l'Article fuivant , nous aurons occafion de l'expliquer plus au long. Article XX. Lettre de Mr. T. Simson, Profejjeur en Médecine dans iUniverJîtê de St. André , à Mr. Monro , fur une Tumeur extra- ordinaire du genou ; avec quelques Remarques fur les Oedèmes des jointures. La maladie donc Mr. Simfon détaille dans fa Lettre un exem- ple avec beaucoup d'exaclitude , efl une de ces Enflures que les Anglois appellent wbite Swelling, c'eft-à-dire , Enflure blanche , dont la cure efl très -longue ce très -diffi- cile. Un Païfan eut pendant plulîeurs mois de la peine à marcher , caufée par une dou- leur au genou gauche ; quand la douleur é- toit la plus violente , il fentoit quelque chofe de dur au - deflbus de la rotule, ordinai- rement vers le dedans de la jambe, & quel- quefois du côté oppofé; & la douleur ne ceffbit, que lorfqu'en frottant avec la main , Il faifoit difparoitrc ce corps dur : les par- ties d'alentour étoient un peu tuméfiées, comme il arrive toujours dans les Tumeurs blanches. Mr. Simfon fentant ce corps au travers des tégumens, crut qu'il étoit logé dans la membrane adipeufc, & qu'il feroit aifé par une incifion de l'en tirer. Le Maîa- OcTon. Novemh. et Decemiî. 1737. 8g de s'étant enfin réfolu à l'opération, le Méde- cin fut fort furpris , après avoir coupé la peau & la graille, de trouver une membrane très- forte" qui renfermoit la tumeur, & dans la- quelle étoit placé ce corps flottant; cepen* : il ouvrit ce lac, dont il fortit quatre onces , au moins , de Sinovie , avec le corps dur-, il étoit delà même figure, mais plus d, qu'une fève de Haricot; il fembloic ord entièrement cartilagineux , mais en fc itchant, il fe retira , & on apperçut aife- raenc que c'étoit un Os , couvert d'un Carti- lage. Les fuites de cette opération furent ter- ribles ; 6: le Malade n'en fut quitte qu'un an après. Mr. Simfon laide aux autres à deviner, d'où pouvoir provenir cet Os, qui ne tenoit à rien? Dans l'Article qui précè- de celui-ci, Mr. Monro, en envoyant la Lettre de Mr. Simfon à ceux qui publient ces Recueils, leur apprend, qu'il trouva un Os tout femblable dans l'articulation du ge- nou d'une femme qu'il difiequa en 1726, avec cette différence, que celui-ci pendoic par un ligament de demi -pouce de long du coté de ïa partie externe du Tibia. En fe- parant l'Os de la cuifie du Tibia, il vit que ce ligament fortoit du bord externe du Car- tilage qui couvre la cavité externe duTfhVz, & que Vers le dedans il manquoit une par- tie du Cartilage du Tibia de la même figure que ce petit Os. Il efl allez probable que celui dont Mr. Simfon fit l'extraction , avoic la même origine. C'eft à l'irritation que eau- go Bibliothèque Britannique, caufoit ce corps étranger, que notre Auteur attribue l'amas de la Sinovie & les autres Symptômes de cet accident. Article XXL Hijloire d'un Ulcère de la jam- be: Par Mr. A. Monro. Article XXII. Remarques fur les Amputa- tions des grandes extrémiîez: Parle même. Mai- gré la perfection où Ton prérend que la Chi- rurgie efl parvenue de nos jours , voici une des opérations les plus importantes, dans la pratique de laquelle notre judicieux Auteur trouve plusieurs fautes très -confiderables, qu'il donne les moyens d'éviter. Il cnfeigne auiii, comment on peut rendre cette opéra- tion plus f ure , & procurer une plus promp- te guérifon de iès fuites que par la métho- de ordinaire. Nous rapporterons quelques- unes de ces Remarques, bien fâchez d'être obligez d'en omectre le plus grand nombre ; car il n'y en a aucune dont la connoiflance ne fût utile au public. Mr. Monro remarque , qu'en liant les vaïdeaux , on doit engager dans le nœud auflï peu de Fibres mufculaires, de Tendons & de Ligamens qu'il ell pohTble; & que le Chirurgien- feroit mieux de ne palier ion Ai- guille que dans la fubflance celluleufe, dans laquelle l'extrémité de l'Artère e(l lituée: car les fils approchant avec plus de force cotez de l'Artère, lorfque la fubflance , qui e;l entredeux, e(t molle & mince, que lorfqu'elleeft d»re & épaifle , on cauie moins de douleur en évitant les parties nerveufes ; - OCTOB. NoVEMB. ET DECEMB. I737. Ol il y a une moindre déperdition de fubftan- ce , lorfque les parties liées viennent à tom- ber; & les nœuds le feparent plus vite & plus aifement: Ton évite plufieurs autres in- conveniens par cette méthode, & l'on ne doit pas craindre que la ligature glilTe fur l'extrémité de l'Artère; car ii- toc qu elle eft faite, la iubftance celluleufe qui eft au-delà du nœud, communiquant encore avec les cellules voifoes , s'enfle & devient plus fer- me & plus dure ; ce qui empêche le fil de gHffer- Si ce fil eft plat , comme il doit l'être > il ne peut couper l'Artère. Il ne faut pas craindre de ferrer trop la ligature , far-tour. fi le vaifleau n'eft pas des plus gros ; car plus la ligature eft ferrée, & plus vice elle fe iepare, & la cure en eft d'autant plutôt achevée. En coupant les fils de la ligature bien courts, ils ne s'attachent point à l'ap- pareil, & on n'eft point en danger de les tirailler en le levant, & de déchirer les mirez des Artères , ou de faire glifTer les nœuds de deffus. Le Chirurgien , après avoir lié les vaifleaux qui donnent dans le teins de l'Amputation , fera bien de réveil- ler fon Patient par quelque cordial , & en- fuite d'examiner avec foin , fi#le fang ne for- pas par quelque autre endroit, afin de lier auffi ces vaifleaux avant d'appliquer l'appa- reil. Si les grands vaifleaux font bien liez, on ne doit rien appliquer fut la playe que de bonne charpie bien molette : c'efï unab- forbenc fort doux, qui ne caule aucune dou- leur 92 Bibliothèque Britannique* leur à la playe, & par la corruption des li- queurs qu'elle imbibe, elle devient un fu- puratif excellent & très -fur. Mais il faut bien le donner de garde de redoubler les extrêmitez des fils de la charpie , comme on a coutume de faire ; ce qui rend les ex- trêmitez des plumaceaux plus épais & plus durs , & la preffion inégale qu'ils font fur la playe produit pîufieurs mauvais effets. L'Auteur, après ces remarques, prouve très - folidement , & confirme par des expé- riences, que Ton court rifquede caufer une Hémorrhagie en ferrant trop fortement l'ap- pareil ; outre l'Inflammation & même la Gangrène qui peuvent en être les fuites. Il n'eft pas nécefiaire non plus que ceux qui doivent fouffrir une Amputation foient fai- gnez devant & après l'opération , ainfi que les François le pratiquent, fouvent fort mal à propos. Notre Auteur prouve fort bien, que ces évacuations ne font utiles que poul- ies perfonnes pléthoriques , & qu'elles con- viennent beaucoup mieux après la cure & de tems en tems , qu'immédiatement devant & a- près l'opération. Si on levé le premier appa- reil le premier, le fécond , le troifième , & mê- me le quatrième jour après l'opération , il eft encore attaché à la playe , & l'on ne peut l'en feparer fans beaucoup de douleur, & fans faire fiigner la playe ; ainfi on fait beaucoup mieux d'attendre pour cela jufques au feptieme jour, lorfque la fuppuration eft bien avancée. Rien ne contribue plus à bâ- OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. I737. 93 hâter la cure, que de panfer rarement la playe, & de différer les panfemens jufques à ce qu'une demangeaifon incommode s'y fafie lentir. Si le Patient eft d'un tempérament pafTa- blement bon, & qu'il foit bien traité; delà Charpie féche , & de tems en tems la Pier- re infernale pour manger les chairs baveufes, font les feuls remèdes néceflaires pour une guérifon entière , fans que l'os s'exfolie ; ce qu'il faut empêcher autant qu'on peut, fi l'os eft fain. Article XXIII. Eflaifur les Fièvres nerveu- fes : dans une Lettre de Mr. Ebenezer Gilchrist Médecin à Dumfreis , à Mr. J.Stevenson, Médecin à Edimbourg. La maladie qui fait le fujet de ce Traité, a été depuis plufieurs années très- commune, & preique toujours fatale dans la Grande-Bretagne. Nous ne déterminerons pas , fi l'on doit attribuer ces fâcheux évenemens ou à la nature de ce mal , qui refifte le plus fouvent à tout ce que l'Art peut lui oppofer, ou à l'ignorance ou l'on efl encore des remèdes qui lui font propres. Cet ElTai paroît très -propre à donner des lumières utiles fur ce fécond article; & nous en donnerions volontiers l'abrégé , fi l'on pouvoir abréger un Dil- cours, dont on ne peut rien rétrancher que d'effentiel à l'intelligence de la matière, qui eft prefque neuve. Article XXIV. Remarques fur le traitement des Fièvres intermittentes : Par Mr. Alexandre Tome X. Part. I. G Thom- 94 Bibliothèque Britannique, Thomson, Médecin à Montrofe. Ces Re- marques de Mr. Thomfon ront le fruit d'une expérience de vingt ans. Elles font d'au- tant plus importantes , qu'elles ont pour ob- jet une maladie très- fréquente , & pour la cure de laquelle on fe croit bien fondé à employer le Quinquina : mais , notre Auteur nous avertit que ce remède , quelque ex- cellent qu'il foit , caufe d'étranges defor- dres, fi la matière morbifique n'eft en gran- de partie chaflee par les Vomitifs , avant de fe tervir de ce Spécifique. Le point eUen- tiel que notre Auteur communique au Pu- blic , c'eft de donner le Vomitif dans le tems que cette matière eft dégagée , & qu'el- le coule vers l'eftomac, ce qui arrive au commencement du paroxyfme. Un autre avantage de cette méthode, c'eft que par l'action du Vomitif, & le choc violent qu'il donne à toutes les parties , cette matière eft détachée avec plus de facilité , & l'accès , eft de beaucoup diminué . s'il n'eft pas en- tièrement prévenu. Le fuccès a toujours répondu à cette théorie, & a engagé l'Au- teur à continuer dans cet'e pratique pen- dant vingt années : feulement lorfqué le froid de l'accès eft très -court, & qu'il eft fuivi d'un tremblement violent, fans aucun mal d'eftomac , il attend à donner le Vomitif que ce mal d'eftomac fe fafie fentir dans le chaud de la Fièvre. Car, dans le tems que la matière morbifique eft pouflee vers l'efto- mac , & y caufe ces efpeces de naufées , la moi- OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. 1737. Çj moitié ou le tiers même de la dofe d'un Emétique fera plus d'effet , qu'une dofe entière, lorfque , dans l'intermilfion . cette matière eft tellement mêlée avec les autres humeurs du corps , qu'il eft très - difficile de l'en feparer. Souvent un Vomitif donné avec ces précautions , emporte la maladie , & s'il revenoit un fécond accès, il feroit fi affaibli par une féconde dofe, qu'il ne feroit prefque pas fenfible ; après quoi le quart de la dofe ordinaire de Quinquina fuffit pour achever la cure , & prévenir les rechutes. L'Auteur fait voir enfuite , par plufieurs exemples , le danger de donner le Quinqui- na avant la co&ion & l'évacuation de la matière qui caufe la Fièvre. Article XXV. Lettre de Mr. André Wil- l i s o n , Médecin à Dundee à Mr. Monro, fur des Tremblemens irréguliers qui fuivirent la guéri/on d'une Fièvre intermittente. Mr. Mon- ro ayant publié plufieurs cas * parallèles à celui-ci, qui avoient refifté à tous les re- mèdes , Mr. Willifon s'eft cru obligé , pour le bien du public, d'inférer dans ce Recueil la méthode qui lui a réufii dans un Trem- blement femblable , & procédant de la mê- me caufe. La Lettre eft fi courte & fi utile que nous la traduirons en entier. „ Au mois de Juillet 1733, une fille d'en- „ viron * Voyez Pbilofopbical Effays. Vol. 1. Article Ai Ai G 2 9<5 Bibliothèque Britannique, 99 viron trente ans, d'une difpofitionplétho- 99 rique , qui avoit eu pendant trois mois 99 une Fièvre tierce , dont un Jardinier ar- „ rêta les accès par le moyen de quelques ,9 herbes , vint me confulter. Elle étoit „ alors faifie très - Couvent d'un Tremblement ,, violent de tout le corps , qui duroit long- „ tems. Quelquefois ces Tremblemens agi- ?, toient fa tête avec tant de violence , que „ deux hommes ne pouvoient la retenir ; „ en d'autres tems, un de Tes bras, ou tous ,, les deux , étoient ainfi attaquez. Son „ pouls étoit mol & languiflant , mais fes „ veines paroiflbient bien remplies. Elle „ n'étoit point altérée ; elle n'avoit aucun „ appétit; & fes règles n'avoient point paru „ depuis trois mois. Elle fçavoit quana ces „ Tremblemens dévoient la prendre , & „ quelles parties ils dévoient faifir; car elle „ difoit qu'elle fentoit venir un vent froid „ dans ces parties. Dans les intervalles de „ fes Tremblemens elle étoit aflbupie , & lî „ difpofée à s'endormir , qu'elle feroit tom- „ bée de fa chaife , fi elle n'y avoit été re- 9i tenue. ,, Je la fis faigner aux chevilles des pieds, ,, & lui ordonnai deux Vomitifs de moutar- „ de * : mais comme elle ne s'en trouvoit 99 pas * Nos Lecteurs feront peut-être bien aife d'ap- prendre ce que c'eft qu'un Vomitif de Moutarde. On fait une efpece de bouillie avee la fleur de Mou- OCTOB. NOVEMIÎ. ET DECsiMB. I737. 97 ,, pas beaucoup mieux, je lui confeillai d'ef- „ iayer les Bains froids , & de fe bien frot- „ ter les exrrêmitez en en forrant. Après „ avoir exécuté cette ordonnance chaque „ jour, pendant deux femaines, elle vint me ,, remercier, enmedifant, quelleétoitpar- „ faitement guérie de tous les fymptomes „ de fon mal Article XXVI. Manie caufée par la callojîtê de la Pie mère : Par Mr. Edward Barry, Médecin à Cork & Membre de la S. R. Article XXVII. Epilepjie, provenant d'une caufe extraordinaire : Par Mr. Thomas Short, Médecin à Sbeffield 6? Membre de la S. R. L'accès commençoit toujours à la jambe, & en un moment gagnoit la tête & le relie du corps. Quoiqu'il ne parût rien à cette jam- be , l'Auteur ne laifia pas de plonger un Scalpel à l'endroit où commençoit Ta con- vulfion, & ayant pénétré environ deux pou- ces , il trouva un petit corps dur , qu'il fe- para des mufcles, & qu'il coupa avec fesci- feaux: il fe trouva que c'étoitun petit Gan- glion, de h grofleur d'un gros pois, fitué lur un Nerf. Si • tôt qu'il fût enlevé , la Malade fut délivrée de ion accès, & s'écria qu'cl- Moutarde & de l'eau chaude , dans laquelle on a diiTous un peu de Sel commun . on en prend une bonne cuillerée, & quelquefois deux, délayées en de l'eau tiède, le matin a jeun; cela opère bien comme Vomitif, & c'eft un excellent remède dans la plupart des maladies où les Nerfs font attaquez. o G * 5>8 Bibliothèque Britannique, qu'elle étoit guérie , & n'a jamais eu aucu- ne attaque depuis , quoiqu'avant fa guérifon elle en eût trois ou quatre par jour. Le fuccès de cette entreprife enhardira peut- être à en tenter de femblables , qui ne feront pas moins heureufes. Article XXVIII. De la cure des Ulcères du Poumon par la Saignée : Par Article XXIX. Amas de matière vuiàé par les Selles : Par Mr. Jaques J amie s on , Chirurgien à Kelfo. Article XXX. Hydropifie extraordinaire, caurée par des Stéatornes qui occupoient tout VO- mentum: Par Mr A. Monro. Sans le fe- cours des figures il neferoit gueres poffible de faire entendre ce cas. Article XXXI. ObjtruBiên totale delà Val- vule du Colon : Par Mr. Thomas Short, Médecin à Sbeffield, & Membre de la S. R. Cette Obftruction caufa la mort du Patient. A l'ouverture du corps on trouva la Valvule du Colon entièrement fermée, & environ la largeur de deux doigts de cet Inteftin étoit dégénéré en une fubftance dure & folide , au-defibus de laquelle il n'y avoit point d'excremens. Les petits Boyaux étoient li- vides & fort enflamez. Article XXXII. Enfant né fans Anus ni Rectum : Par Mr. J. Jamieson, Chirurgien à Kelfo. Article XXXIII. Sang caillé extravafé fur la Matrice , & Remarques fur Vépaijfeur de ce Vifcere , après un travail laborieux : Par Mr. y. OCTOR. NoVFMB. F.T DECEMB. T737. p£) %. P A 1 s L E y , Chirurgien à Gîaskow. La Femme qui fait le fuje: de cet Article, mourut, après avoir été fix jours en tra- vail, fans avoir pu accoucher, par la négli- gence de la Sage -femme. Mr. Paiiley en l'ouvrant , trouva la fuiface externe de la Matrice couverte d'un caillot de Sang, é- pais d'un quart de pouce , & qui é:ant fepa- ré & étendu fur une table, étoit long d'.in pied & un quart , & large d'un pied ; mais il ne put découvrir d'où ce fan? procedoit : il foupçonne cependant que cet épanche- ment doit arriver dans un travail difficile, par la violente compreiïion de la Matrice, dont le fang peut s'échaper par les pores dilarez du corps même de cette partie. Comme ce phénomène n'a jamais été obfer- vé , l'Auteur a cru qu'il feroit utile d'en in- ilruire le public, afin que les gens du mé- tier y faflent attention. Quant à Tépaifieur de la Matrice , fur II- quelle on difpute encore; l'Auteur la trou- va d'un demi pouce dans les endroits les lus minces , & beaucoup plus grande vers e fond. ARTICLE VII. E Th? Alliance beîween Church and State tic* C'eft-à-dire : U Alliance entre lEgliJe &f l'Etat , ou la NèceJJitè &? les jujîes rai- G 4 fins ioo Bibliothèque Britannique, fons qu'il y ait une Religion établie par Au- torité publique , £? des Loix pénales ; dé- montrées par la nature &f le but des So- cietez Civiles , fur les Principes fondamen- taux du Droit de la Nature & des Gens , en trois Parties ; dont la première traite des Socictez Civiles & Religieu/es ; la fé- conde d'une Eglife Nationale; & la troi- fume des Loix pénales ; à Londres , im- primé pour Fletcher Gyles , A. 1736. in 8. pagg. 173. L'Auteur de ce petit Traité, Mr. War- burton , Miniftre de l'Eglife Anglicane , s'eft déjà fait connoître avantage uiément , par plusieurs Brochures qu'il a données au public. Son but dans celle - ci , eft de prou- ver la nécefiité de conferver au Clergé An- glican fes Privilèges. Pour cet effet il exa- mine d'abord l'origine des Societez Civile & Religieuié, leur nature, leur but, & les relations qu'elles ont entre elles. La plupart des Théologiens prétendent, que ce qui a engagé les hommes à s'unir en Corps, &- à former des Societez, étoit le fentiment de leurs befoins , & la vue de fe procurer mutuellement plufieurs avantages : Hobbes au contraire a foutenu,que c'étoit la méchanceté des hommes, dont l'état na- turel eft un état de guerre , & qui , s'il n'y avok point de frein pour les retenir, rem- pli- OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. 1737. lot pliroient tout de carnage & d'horreur. No- tre Auteur ne va pas fi loin que Hobbes; mais il ne croit pas non plus avec quelques Théologiens, que la vue de fe procurer mutuellement plufieurs avantages, ait en- gagé les hommes à former des Societez : félon lui , elles ont été établies pour être un remède contre l'injuftice , & on a choifi des Magiftrats d'un commun confentement pour autorifer cette maxime générale , Que des Créatures d'un même rang, & d'une mêmeefpece, nées pour jouïr des mêmes avantages de la nature & de Pufage des mêmes facultez , ont tous des droits égaux. Le defir, dit- il, de leur propre confer- vation , qui eft le plus néceffaire & le plus vif de tous les denrs, eft imprimé aux Ani- maux par un inftinft naturel, & à l'Hom- me par ce même inftincl: aidé de la raifon ; mais foit que ce foit la faute de quelque nature plaftique, qui ne fçauroit fe conte- nir dans de juftes bornes, foit l'abus que les hommes font de leurs libertez , l'envie de fatisfaire ce defir entraîna un déluge de maux , de violences , de rapines , de meur- tres: on ne crut jamais avoir pourvu fuffi- famment à la confervation de fes propres droits , qu'on n'eût privé les autres de la jouïflancc des leurs. A la vérité les Loue naturelles condamnoient ces excès, & dic- toient qu'il falloit punir ceux qui les commet- toient ; mais l'exécution de ces Loix éroit ou entre les mains de la Perfonne offenfée , G 5 qui 102 Bibliothèque Britannique, qui puniflbit trop févèrement l'iiijuftice qu'on lui avoic faite, ou entre les mains de tous , l'offenfe ayant été générale : de forte que les particuliers ne le mettoient point en peine de ce t}ui ne les regardoit pas directement & immédiatement , ou en- fin, ceux qui vouioient exécuter les Loix, n'avoient pas a fiez d'autonté & de for- ce pour le faire , & pour punir les coupables. Les violences & les injufti- ces le multiplièrent par-là à un teî point, que les hommes furent forcez de chercher quel- que remède : ils formèrent pour cet effet des Societez, & établirent des Magiftrats., afin d'avoir des Arbitres communs, af- fez impartiaux pour juger des Actions fé- lon les Loix & 1$ règle du Droit, oc revê- tus d'afTez de pouvoir pour les mettre en exécution. Cette origine des Societez Civiles fait voir quel eit leur but & leur nature : c'eft de mettre en fureté la vie & les biens d'un chacun. Notre Auteur le prouve i. Parce que ceux qui ont formé des Societez, doi- vent néceflairement s'être propofé une fin particulière & déterminée, & non pas une fin générale & vague, & un bien que la Société feule pouvoir.' procurer. Certe fin étoit de fe garantir de l'cpprefiion , d'afïurer la tran- quillité publique & le bonheur de chaque Î>articulier, & non pas de fe procurer mutuel- ement plufieurs avantages. Car un mal qu'on fenc actuellement, tel qu'étoient les vio- OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. I737. I03 violences & les injuftices , fait plus d'impref- fion fur notre Efprit qu'un bien qu'on efpe- re; & il eft plus facile de découvrir les moyens de remédier à l'un, que de fe procu- rer l'autre. 2. L'idée de ces avantages qu'on ne connoiflbit pas encore par expérience, ne pouvoit qu'être fort obfcure, puifque la plupart des nommes qui en jouilTent, pen- fent peu que c'eft à la Société qu'ils en font redevables , parce qu'elle ne les leur procure pas d'une manière directe & immédiate. Mr. Warburton palTe à examiner l'origi- ne & le but des Societêz Religieufes. La Re- ligion eft le commerce que nous avons avec Dieu: elle confifte dans les fentimens que la contemplation de fa nature & les relations que nous avons avec lui, nous infpirent; mais ces fentimens ne fe manifeftent-ils pas par des A&es extérieurs , & la Religion n'eft- elle qu'une efpece de Philofophie Divine dans l'Efprit , de forte que ceux qui la pro - feiTent , forment bien un Corps fpirituel & myftique, mais nullement une Société Reli- gieufe & vifible ? Notre Auteur répond à cette queftion , qu'une telle Religion peut bien être celle des Efprits purs ; mais que l'homme étant compofé d'une à me & d'un corps , fa Religion doit unir les médica- tion? intérieures de fon Efprit & les accès extérieurs de fon Corps. Il fait voir que le tempérament du corps a beaucoup d'in- fluence fur les paflions de l'ame, & que l'ex- périence a comme démontré, que la Religion des io4 Bibliothèque Britannique, des Myftiques , qui ont négligé les actes du Culte extérieur, fous prétexte de com- merce immédiat avec la Divinité, dégénère en Indifférence & Froideur, ou en Fanatifme & en Enthoufiafme, félon que leur tempéra- ment eft phlegmatique ou fanguin. Il re- marque que la néceiîïté de pourvoir aux befoins & aux commoditez de la vie nous engage à un commerce continuel avec les objets matériels & fenfibles; que ce com- merce produit l'habitude, & que l'habitude nous empêche de nous occuper uniquement de contemplation immédiate,& de méditations continuelles. Il ajoute enfin , qu'il eft nécef- faire de faire une profeflion extérieure de la Religion , & de rendre grâces à Dieu en public des biens qu'il accorde à tous en commun. C'eft cette Profeffion & ce Culte qui ont donné naiflance aux Socictez Reli- gieufes. Le but de ces Societez eft, de conferver la pureté des fentimens intérieurs de nos cœurs, & des actes extérieurs de notre Cul- te. Pour préferver la pureté de nos fenti- mens ou des dogmes de la Religion, il falloit drefter des Articles de Foi, les réduire en For- mulaire , & n'accorder la communion de l'Eglife qu'à ceux qui en feroient profef- fion; & pour diriger les actes de notre Cul- te, & pour empêcher qu'ils nedegénéraffent en fuperftitions puériles, il étoit néceffairc d'inftituer diverfes Cérémonies, & de choifir certaines perfonnes pour y prélider , & pour veil- OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. T737. T05 veiller à ce qu'il ne s'y introduifît rien de puéril , de fuperftitieux & de profane. Notre Auteur conclut de tout ceci , que puifque les Societez Civile & Religieufe onc une différente origine & un but différent, elles doivent être néceflairement deux So- cietez diftindtes : & indépendantes l'une de l'autre. Les Papilles font dépendre l'Etac de l'Eglife ; les Éraftiens , l'Eglife de l'Etat : les Presbytériens voudroient régler l'exer- cice du pouvoir Civil fur des Maximes ec- cléfiaftiques ; & les Free-tbinkers , gouverner l'Eglife par des Maximes d'Etat : les Trem- bleurs aboliflent entièrement l'Eglife; & les Sociniens fuppriment la charge du Magiftrat Civil. La fource de toutes ces erreurs, eft qu'on ne conçoit pas comment les mêmes perfonnes peuvent être membres de deux Societez diftinftes. Mr. Warburton , pour les réfuter , foutient que l'Eglife & l'Etat font deuxSocietez diftinc- tes, dont nous fommes membres,fans qu'à cau- fe de cela il y ait Imperium in Imperio. Pour le prouver , il avance deux propofitions : la I. Que le Magiftrat Civil , entant que Magif- trat , n'a aucun droit de fe mêler de ce qui concerne la Religion : La 2. Que l'Eglife n'eu: pas en droit d'ufer de contrainte. Le but des Societez Civiles eft de mettre en fureté nos biens & nos perfonnes , & non pas de pour- voir au falut de nos âmes. îout ce qui regarde ce falut , n'eft donc pas du reffort du Magiftrat, & il n'a aucun droit d'impofer la 106 Bibliothèque Britannique, la créance de certains Dogmes , ou de veik 1er à la confervation de la pureté de la Mo- rale. A la vérité il eft de l'intérêt auffi-bien que du devoir des Magiftrats , de faire en- forte que ces trois Dogmes fondamentaux de la Religion Naturelle ; Qu'il y a un Dieu; Que par fa Providence il gouverne le Mon- de ; & Qu'il y a une différence eflentielle en- tre le bien & le mal moral ; foient enfeignez & reçus par-tout: non parce que ce font des Dogmes de la Religion, qu'il faut croire néceffairement fi l'on veut être fauve , mais parce qu ils font la bafe ce le lien des So- cietez Civiles. Tous les hommes étoient libres pour former des Corps de Societez. Pour établir des Loix qui ferviffent de fon- dement à leur union , & pour depofer leur autorité entre les mains des Magiftrats , il falloir leur contentement commun ; mais quelle affurance pouvoient-ils donner qu'ils ne s'en rerracleroient pas ? Leur parole feu- le n'en ctoit pas un garant fuffifant, il fal- loit donc inventer un lien plus fort. Ce lien c'eft un ferment folemnel ; & ce ferment fup- pofe manifeftement la créance de ces trois Dogmes. La Morale n'eft pas non plus du reflort des Magiftrats. Qu'on life toutes les Loix civiles ; elles défendent certaines ac- tions , & infligent des peines à ceux qui les commettent. ; non entant que ces actions font vicieufes & contraires aux Loix natu- relles, ni entant qu'elles font des péchez qui ©ffenfent Dieu ; mais entant que ce font des crimes OCTOE, NOVEMB. ET DECEMB. I737. 107 crimes qui tendent à la deftruclion de la So- ciété. Enfin cette Maxime fondamentale , ohiervée dans toutes les Loix Civiles, Que la punition d'un crime doit être plus fevère, à proportion que le penchant qui y entraî- ne cil plus fort ,feroit manifestement injufte, il les Magiftrars punifibient le crime comme étant un péché, & non pour prévenir par la fevérité lés influences funeftes fur la So- ciété. Mais û l'Etat n'a aucun droh de fe mêler de ce qui concerne la Religion , l'Eglife auflï n'a aucun pouvoir coërcitif La principa- le fin qu'une Société Religieufe fe propofe, eft le laiut des âmes ; & la tin fubordonnée , la confervation de la pureté du Culte Di- vin. Un pouvoir coërcitif ne contribue en rien au falut des âmes, parce que ce falut ne dépend pas des aclions extérieures du Corps , qui font feules l'objet d'un tel pou- voir , mais des difpofitions intérieures du cœur : & pour conferver la pureté du Cul- te Divin il fuffit que l'Eglife ait droit d'ex- clure & d'excommunier ceux qui ne veulent pas s'y conformer. Un plus grand pouvoir icroit injufte & dangereux: injufte, parce que par la loi de la Nature chacun a le droit de fervir Dieu félon le diclamen de fa propre confcience. En excluant de la Société Religieufe ceux qui ne veulent pas fe conformer au Culte établi dans cette So- ciété , on ne leur ôté pas ce droit, au con- traire on leur donne occafion de l'exercer ; mai? ic8 Bibliothèque Britannique, mais fi cette exclufion & excommunication étoit accompagnée de la perte de leurs biens, de leur réputation ou de leur vie, la Loi de la Nature feroit violée. Un tel pouvoir fe- roit encore dangereux, parce qu'il les for- ceroit de demeurer membres d'une Société à laquelle ils renoncent, & de faire des ac- tes extérieurs, fans que les fentimens du cœur v répondent , ce qui eft un acte d'Hy- pocrifîe. Après avoir établi comme un Principe in- conteftable , que l'Eglife & l'Etat font deux Societez diftinctes & indépendantes l'une de l'autre; notre Auteur patte à faire voir dans la féconde Partie de ce Traité,qu'il y ait entre el- les une Alliance ou un Accord libre. Com- me il eft de l'intérêt de l'Etat que la pureté de la Religion foit confervée, & que cepen- dant il n'a aucun droit de s'en mêler, il ap- pelle l'Eglife à fon fecours ; & l'Eglife n'ayant aucun pouvoir coërcitif , fe met fous la pro- tection de l'Etat. Trois motifs engagent l'Etat à chercher cette Alliance: i. Elle eft néceflaire pour conferver la pureté de la Religion: 2. Pour la rendre utile à la So- ciété: 3. Pour prévenir les inconveniens qui naîtroient de l'indépendence de la Société Religieufe : & l'efpérance de trouver dans l'Etat une protection puiffante contre tou- tes fortes de violences, porte l'Eglife à ac- cepter cette Alliance; d'où il s'enfuit, que l'article préliminaire & fondamental de cet Accord mutuel , eft que l'Eglife employé au fer- OCTOE. NOVEMB. ET DECEMB. l^tf. IOQ iervice de l'Etat tout fon crédit, & que l'E- tat protège l'Eglife. En vertu de cet article , l'Eglife eft deve- nue dépendante de l'Etat ,• & l'Etat , en s'en- gageant à protéger & à défendre l'Eglife , lui a accordé trois Privilèges : i. Des fonds fuffifans pour l'entretien de les Miniflres: 2. Le Droit d'envoyer fes Repréfentans à PAflem- blée des Etats , ou au Parlement : 3. Une Jurifdi&ion Eccléfiaftique avec un pouvoir coërcitif. Lorfque les Miniflres de la Reli- gion ne font entretenus que par les contri- butions volontaires du Peuple, ils font indé- pendans de l'Etat, & comme ils dépendent en quelque forte de ceux qui fourniffent à leur entretien , ils ont en récompenfe un grand afcendant fur leur Efprit: l'exemple des Moines mendians dans l'Eglife Romaine le fait voir afTez. Pour rompre cette union en- tre le Clergé & le Peuple, & pour rendre le premier dépendant de l'Etat , il étoit néceiTai- re d'affigner des fonds pour l'entretien du Miniftère, & prefque parmi tous les Peuples on a approprié à cela les dîmes. Dieu qui » dans la République d'Ifraël , a formé lui-mê- me l'Alliance entre l'Eglife & l'Etat, a or- donné de payer les dîmes aux Lévites : ce qui prouve qu'elles font dues aux Miniflres de la Religion, tout comme les Taxes que les Souverains lèvent pour le fuport du Gouvernement Civil ,& la défenfe de l'Etat, leur font dues. Le fécond avantage qui revient à l'Eglife Tem. A. Part. I, H de ,no Bibliothèque Britannique, de Ton Alliance avec l'Etat , eft le Droit d'à- voir part au pouvoir légiflacif , & d'envoyer .des déparés à l'Aflfemblée des Etats ; car l'E- glife, en fe dépouillant de ion indépendence -, & en fe mettant fous la protection de l'Etat, n'a pas prétendu devenir par -là l'efclave de 'l'Etat ; & les Loix font mieux refpectées , Jorfqu'elles font faites par les Repréfentans «de l'Etat & de l'Eglife. Notre Auteur con- clut de-là, que les Evêques ont féance au Parlement, non en qualité de Barons, mais en qualité de Repréfentans de l'Eglife An- glicane. Un troifième avantage que cette Al- liance procure à l'Eglife. c'efb d'avoir fa ju- rifdiction, avec un pouvoir coërcitif. Cette Jurifdiction s'exerce par les Cours Ecclé- îiaitiques ou les Cours des Evéques. Notre Auteur obferve ici: i. Que cette Jurifdiction ne s'étend point aux matières de fpéculation , ni aux caufes criminelles, moins encore aux caufes civiles , parmi lefquelles il faut com- prendre les caufes Matrimoniales & les cau- fes l eftamentaires ; mais qu'elle a unique- ment pour but la Reformation des mœurs : 2. Que la forme des procédures dans les .Cours Eccléfiaftiques doit être fembiable à :ceUe des Tribunaux Civils , & réglée par les maximes des Loix municipales de l'Etat: 3. Qu'il y a Droit d'appel des Cours Eccléiiaï- tiques aux iribunaux Civils dans tous les cas: 4. Que l'établiflement des Cours Ecclé- fiaftiques n'empêche pas que le Clergé ne foir •jufticiable devant les Tribunaux Civils. De- Oc 70P. NOVEMB. F.T DECEM.B. 1737.. III . De -la Mr. Warburton pafle aux avanta- ges qui reviennent à l'Etat de ion Alliance avecTEglife. Le Magiitrat Civil , dit -il, eft devenu "le Chef fuprême de l'Eglife, par la protection qu'il lui accorde. Cette Supréma- tie conûïte en trois cjiofcs : i. En ce qu'au- cun Minière de l'Eglife établie par les Loix, ne peut exercer fes fonctions fans la pertnif- fion & l'approbation du Magiitrat : 2. En ce qu'aucune Afiemolée Ecdcfialtique, Con- vocation ou Synode, ne peut; fe tenir fans un congé exprès du Magiitrat: 3. En ce qu'aucun membre de l'Eglife nationale ne peut ê:re excommunié fans le confente- ment du Magiitrat. La dernière partie du Traité de notre Auteur roule fur la Loi du Teft. Il fait voir qu'il étoit néceiTaire eue dans chaque Etat il y eût une Eglife établie par autorité pu- blique? & que par -tout oh il y aune telle Eglife, il faut néceffairement qu'il y ait une Loi de Teft, qui engage ceux qui ont l'ad- miniferation des affaires publiques , à déclarer folemnellement qu'ils font membres de TE- glife ainfi établie. Il remarque que dans les endroits ou il y a plufeurs Societez Reli- gieufes , l'Etat doit prendre fous fa protection, ce établir comme Eglife nationale, celle qui ef; la plus nombreuse, & qui par confequent peut employer le mieux fon créait au fer- vice de TËtat ; mais qu'il doit en même tems accorder aux autres une Tolérance en- I! - de- îi2 BibliothequeBritannique, tiere; d'où il conclut: i> Qu'il effc jurte que l'Eglife nationale en Angleterre foit PEgli- fe Epifcopaie , & en EcofTe l'Eglife Presby- térienne: 2. Que quoique l'Alliance entre l'Eglife & l'Etat foit perpétuelle , elle n'eft pas irrévocable; c'eil-à-dire, elle fubfifte tandis que l'Eglife établie par les Loix con- tinue à être la prédominante : car , fi elle diminuoit jufqu'à ne pouvoir remplir la con- dition de l'Alliance , qui effc de s'employer au fervice de l'Etat, l'Etat feroit obligé de faire une Alliance nouvelle , avec la Société Religieufe qui feroit devenue la plus nom- breuse. C'eft ainfi que l'Alliance entre la Re- ligion Payenne & l'Empire de Rome étant ditîbute ," celui -ci s'unit avec l'Eglife Chré- tienne; & que du teins de la Reformation, le parti Proteftant étant devenu le plus nombreux en Angleterre , l'Eglife Proteflante devint l'Eglife nationale. Mais s'il y a une Eglife établie par les Loix, qui ait'confenti d'avoir pour Cheffu- prême le Magiftrat Civil , à condition d'en être protégée ; il nuit nécessairement que le Magiftrat, pour maintenir l'Eglife dans la Puiflance de fes Droits , établiite une Loi du Teft, par laquelle les membres des autres communions foient exclus de l'adminiftra- tion des affaires publiques : autrement la Protection accordée à l'Eglife nationale de- viendroit peu fûre, & les membres des au- tres communions fe vovant au Timon des af- OcTOB. NoVEMB. ET DECEMB. 1737- 1 13 affaires , chercheroicnt à ruiner l'Egliie éta- blie, pour mettre à fa place celle dont ils. font membres. Mr. Warburton répond enfuite à quelques objections. La principale eft, qu'on ne doit punir perfonne pour les Opinions , & qu'air. - ii c'eft une Violation manifefte de la Loi de la Nature, de priver quelqu'un de fes Droits naturels, parce qu'il eil d'une certaine com- munion. Notre Auteur diftingue entre punir & reprimer: il avoué' qu'on ne doit punir perfonne pour fes Opinions; mais fi ces Opi- nions font dangereules , on doit les reprimer : un Athée par exemple, quirenverfe lesfon- demens des Societez Civiles , doit être ban- ni de ces Societez ; un Papille , qui recon- noît le pouvoir que le Pape s'arroge de dé- poter les Rois , ne peut être toléré en An- gleterre; un Anabâtifte Allemand, qui croit que c'eft un péché d'infliger des peines ca- pitales , doit être exclus de la Magiftrature ; &un Quaker, qui eft perfuadé qu'une guerre défenfivè eft criminelle & défendue par les Loix de l'Evangile, ne devroit pas avoir la liberté de demeurer dans des Places fron- tières expofées aux attaques des Ennemis, On eft donc en droit de reprimer ceux qui maintiennent de certaines Opinions; & c'eft ciiement-là le deflein de la Loi du Teft. On fçait que certaines gens ont formé le deflein de renverfer FEghfe; on fçait qu'ils ne fçauroient faire réûffir leur deflein, à moins qu'ils navent part à l'adminiilration des af- H i fai- iï4 Bibliothèque Britannique, faires publiques : voilà pourquoi on fait la Loi du Teft, qui les rend incapables de cette adminiftration ; non pour les punir, mais pour les empêcher de mettre leur def- fein en "exécution. D'ailleurs il paroît par les Loix de la Préfcription & le Droit de ChaiTe, que fouvent les befoins particuliers d'une Société demandent qu'elle faOè des Loix municipales , qui font contraires au Droit de la Nature &. des Gens. Sur ce que quelques - uns difent, que les Loix pénales font une invention moderne des peuples Barbares & du Gouvernement des Gots ; notre Auteur cite Stobée, qui dit qu'cà Athènes il y avoit une Loi du Teft , & que chaque Citoyen , avant que d'avoir part à Padminrftration des affaires publiques, étoit obligé de prêter un ferment , par lequel il s'engageoit à défendre la Religion établie par les Loix. Ce ferment commençoît par ces paroles, A M T N Q à E T n £ P I E P Q N, Je défendrai les Autels ; & finiiToit par cel- les ci, . VA IIATPIA TÎMH2C. Je me conformerai au Rit national. Nous pafibns plufieurs autres Remarques de Mr. Warhurton. Celles que nous venons d'indiquer , fuffiient pour faire voir qu'il a traité ion Sujet avec clarté & avec préci- fion : nous fouhaiterions feulement qu'il eut confirmé par des monumens Hiftoriques , ce qu'il dit fur l'Origine des Sccietez , & fur le Traité d'Alliance entre l'Eglife & l'Etat, & qu'en général il eût éclairci fes principes par des faits. A R- 0CT0B. NOVEMB. ET DECEMB. !?$. H5 ARTICLE VIII. Human Ofteogeny expîalned in two Lectures , read in the Anatomical Théâtre of the Sur- { geons of London. July the firjl and fé- cond , anno 17^1. in which rtot only the be- ginning and graduel increare of the Boucs of human Fœtufes are defcribcd -, but mjh the nature o/Ossification/j confi- deredy and the gênerai notion , that ail Bones are formed from Cartilages , is de- monftrated to be a miftake. By Robert Nesbitt, M. D. Fellow of the Royal Collège of Pbyficians, and of the Royal Society, and Reader of Anatomy of Sur- geons Halle. London, 1736. Ceft - à - dire : Difcours fur l'Ofteogenie humaine , lus au Théâtre Anatomique des Chirur. de Londres, le premier & le fécond de Juillet 1731 ; dans lefquels on dé- crit non feulement le commencement & l'accroiflement des Os du Fœtus hu- main , mais où l'on confidere auiii la nature de l'Os sific ation , & où. l'on démontre la faufleté du principe re- H 4 çu , îi«5 Bibliothèque Britannique, çû , que les Os font formez des Cartilages. Par M. R. Nesbitt, Douleur en Mé- decine , Membre du Collège Royal des Médecins de Londres , & de la Socié- té Royale , & Lecleur d'Anatomie au Théâtre des Chirurgiens. A Londres, 1736: 8. pp. 170. NOus ne croyons pas qu'il nous convien- ne d'entrer dans un grand détail fur un Ouvrage de cette efpece ,* quelque bon qu'il foit en Ton genre , la matière dont il traite intérefle directement un trop petit nombre de gens , outre que fans l'aide des Figures il feroit fort difficile de faire enten- dre ce que les defcriptions de notre Auteur ont de particulier: car il feroit très -inutile de repéter aux Anatomiftes ce qui fe trou- ve dans les autres Livres qui ont traité de la Génération des Os. Notre Auteur fe plaint que cette partie de l'Anatomie a été fort négligée ; que cependant il feroit im- portant de la mieux connoître, fur -tout pour la cure de plufieurs Maladies des Os, & en particulier de celle qui afflige les en- fans , appel lée Rachitis *. Il fe propofe de don- ner un Traité de ces Maladies , fondé fur les obfervations que la diffeclion lui four- nira. * On dit ordinairement que les Enfans font nouez lorsqu'ils en font attaquez. OcTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. l^g?'* II7 nira. Nous ne doutons pas que l'exécution ne réponde à l'utilité de l'entreprife ; & nous fouhaitons que Mr. Nesbitt nous don- ne bientôt l'occafion d'en rendre compte au public. Nous nous bornerons à préfent à rappor- ter la manière dont notre Auteur réfute le fentiment reçu fur l'OlTification , & dont il établit le fien. On croit communément que les Os font premièrement des Cartilages, & qu'enfui te , par l'addition d'un Suc offiriant, & par la preffion, ils fe changent peu-à-peu en Os, ce en prennent la dureté; mais Mr. Nesbitt entreprend de prouver que ce fentiment n'eft qu'un préjugé, qui n'a aucun fondement dans la nature. Il obferve en premier lieu , que plufîeurs Os font formez entre deux membranes , fans la moindre apparence de Cartilage. Il ne nie pas cependant à ceux qui font d'un fentiment oppofé au fien , que quelques- unes de ces membranes reflemblent fi fort * à des Cartilages, que Kerckringius lui- même, tout grand Anatomifte qu'il étoit, aflure pofitivement que ce font des Cartila- ges ; & il ajoute f: ,, Nous trouvons laplu- ,, part de ces Os ( formez dans des mem- ,, branes) lors môme qu'ils font prefque „ entièrement formez, G exceflivement min- „ ces, * Page if. f Pag. 19. H 5 ii8 Bibliothèque Britannique, ,, ces , fi petits & fi menus , qu'une fub- ,, fiance cartilagineufe de la même grandeur 99 n'auroit pas plus de folidité que lesmem- ,, branes entre lefquelles ces Os font pro- „ duits. En fécond lieu, il s'attache à réfuter * ceux qui foutiennent l'opinion ordinaire , & pour y mieux réuflîf , i) fuppofe que les Ad- verfaires ne fçavent point qu'il y ait des li- queurs qui circulent dans les "Cartilages, avant & dans le tems même qu'ils s'othfient, & qu'ils croyent qu'il n'entre dans la con> pofition des Os que les mêmes parties qui rormoient les Cartilages. Il prouve fort bien à ces gens - là qu'ils fe trompent , parce que la partie olTifiée n'a pas affez diminué pour qu'on puille attribuer fa dureté à l'ex- haiaifon des liquides & au deflechement des folides ; outre f que les Os produifent plus de cendres que les Cartilages, lorfqu'on brû- le les uns & les autres. 3e. Souvent les Cartilages font plus mois, & les Os plus durs qu'à l'ordinaire; cepen- dant notre Auteur n'a jamais trouvé aucu- nes particules ou fibres qui fulTent dans un état mitoyen entre le Cartilage & l'Os ; d'où il conclut, que la fubftance la plus molle n'eft pas changée par dégrez en la plus dure : & c'en: la principale preuve far laquelle il s'appuye. On ne fçauroit lui faire voir un Cartila'ge dans * D PâSe so. t Pag> 33- OCTOP. NoVEMB. ET DECEMB. I737. IIQ dans cet état mitoyen : cela eft vrai ; mais fera-c-il voir des Membranes . 011 ce chan- gement graduel foi t fi manif elle dans fes pro- grès, que la Membrane ne foit plus Mem- brane fimple, ni Os non plus, mais quelque chofe d'entre deux; état inconnu jafques ici aux Anatomiites & aux Naturalises? 40. Si on oppoie à Mr. Nesbitt que les Os trempez 'dans le Vinaigre reprennent leur état de Cartilage ; il répond * que cec- te expérience né prouve point que la fub- ftance de l'Os puifle avoir changé de natu- re ; mais feulement que le Vinaigre emporte les parties crétacées de tout ce qu'il peut pénétrer : car il ne refte d'un Os qui a trempé dans le Vinaigre que les Membra- nes fur lefquelles l'Acide n'a pu agir. Il remarque à cette occafion, que les Os les plus folides des Fœtus perdent dans îe Vin- aigre , fi on a foin de le renouvelier de tems en tems , un peu plus des deux tiers de leur poids; & les plus fpongieux, com- me les Vertèbres , en perdent près de quatre cinquièmes. Ce qui fait voir que par c t- te expérience la plus grande partie" de l'Os eft détruite à la vérité, mais qu'elle n'en: pas changée, ainfi qu'on le prétend ; & la Membrane qui refte n'a rien de la Solidité uniforme d'un Cartilage , au contraire elle eft molle & fpongieufe. Le fentiment de notre Auteur far la cuef- tion dont il s'agit , eft qu'il y a dans le Sang * Pag. 31. ï2o Bibliothèque Britannique, Sang *, ou dans un Liquide qui en efl fe- paré, un Sucoflifiant, dont les parties con- ftkuentes ne font pas vifibles; &fque, lorf- que la Nature veut former un Os entre des Membranes, ou au dedans d'un Cartilage, elle trouve le moyen de faire couler vers cette partie une plus grande quantité de ces Liquides que dans un autre tems ; ce qui enfle fi fort les vaifTeaux qui étoient invi- fibles auparavant , qu'ils peuvent admettre les globules rouges du Sang; ce qu'on ap- perçoit conftammcnt par-tout ou une Ofîï- fîcation commence. On peut fentir dans ce Sang , avec la pointe d'un couteau $ , des parties offeufes ce fhblonneufes , qui ont été formées 4- par l'attraction & TafTemblage des particules du Suc offifiant, qui ont été ar- rêtées, avec les autres Liquides groffiers, au commencement des vaifTeaux préparez à recevoir les liqueurs refluantes. ,, Le Sang „ étant propre à former des Membranes dé- „ liées, les parties membraneufes d'un Os, „ qui agiflent comme une efpece de glu, „ pour lier enfemble ces particules, & ces ., fibres , s'il y en a quelques-unes qui ne vien- ,, nent pas des Membranes des vaifTeaux „ même , elles font formées par leur cohé- ,, (ion autour des particules crétacées d'une 9, partie du Fluide, dans lequel elles avoient ;, été produites , & dans lequel elles étoient „ con- * Pag. 27. | Pag. 17, 25-. JPag. 18, j Pag. 28. OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. 1737. 121 „ contenues ". Ainfi les Membranes & les Cartilages fervent comme des lits *, dans lefquels les parties oflifiantes font dépo- sées, mais fans fe mêler f avec ^es parties du Cartilage , ou fans que les fibres de l'un foient une continuation des fibres de l'au- tre. Ce qui paroît évidemment en laifiant tremper dans l'eau , pendant long-tems , un Cartilage qui renferme un Os , & enfuite en le fendant, en deux; car fi- tôt qu'on a coupé les grands vaiffeaux qui entrent dans la fub- flance de TOs , il fe fepare du Cartilage aufli aifement qu'un Gland quitte fon godet: ce l'on apperçoit un poli dans la fubitance de l'Os & celle du Cartilage , qui montre manifestement qu'il n'y a point d'union en- tre les fibres des deux fubftances. Tandis que les Os croiffent % au dedans des Carti- lages , ceux-ci font comprimez & étendus , ce qui , joint à la prefiion qu'ils fouffïent d'ailleurs, ce à la quantité de Liquides qu'ils reçoivent , empêche que les Sucs nourri- ciers n'y entrent facilement; ils diminuent continuellement, & on peut dire qu'enfin ils font entièrement détruits. ARTICLE IX. Vue Sacred and Prophane Hijîory of the IVqrld connected , from the Création of the World, * Pag. 10, 38. f PaS- 2I- î raS- 34- 3r« 122 Bibliothèque Britannique* Worlà , to the D[l)U'.\tïon of the sij]}rian Empire at the Deaih of Sardanapalus and to the Declenfion of the Kin^doms of Ju» âah and Ijrael , iinder the Rttgns of Ahaz and Pekab C'efl - à - dire : Hifioire du Monde , Sacrée &? Profane , depuis la Création, jnfquà la Deftruâïon de l'Empi- re des Afjyriens à la Mon de Sardanapa- le , fc? ju/quà la Décadence clés Royaumes de Juda &f d 'jfraël , fous les Règnes aVAàas &f de Pekach. Par Mr. Sa- muel Schuckford, Chapelain Or- dinaire de Sa Majefté Britannique. Tome III. A Londres chez Knaplock, 1737. in 8\ pag. 504 , fans la Préface , qui en contient 35. * LA Préface que Mr. Schuckford a mife à la tête de ce Volume , mérite quelque attention. Il y examine comment les Juifs comptoient les Années dans un tems où 1A- fbronomie leur étoit parfaitement inconnue. Si , en entrant dans le* Pais de Canaan , ils n'avoient pas eu quelque Méthode pour fi- xer la longueur de l'Année d'une manière à - peu - près exacte , il leur auroit été impof- ïi- * Voyez l'Extrait du I. Vol. dans le Journal Li- braire , Tom. XV., i. P. pag. i, &c. £f celui du ih Vol là même Tom, XIX, 1. P. pag. 1. &c. OCTOR. NûVEMB. ET DeGEMB. 1737. i2g jfible .de célébrer leur Fêtes folemnelles dans un tcms convenable. Les Payens ne fai- ibient alors l'Année que de 300. jours, de force qu'elle écoit trop courte de cinq jours & prefqu'un quart. Si les Juifs euffent été dans le même Syftême, il feroit arrivé au bout d'un petit nombre d'Années, qu'ils au- roient été obligez de célébrer la Pâque avant qu'il y eût des Agneaux propres à manger , & d'offrir les premiers fruits de leurs Moiflbns avant que les Bleds fuf- lent mûrs. Moïfe vécut affez long-tems pour avoir été témoin d'un pareil inconvé- nient. Il fut encore pies de quarante ans avec les Ifraëlites après avoir inftitué leurs Fêtes ; lefquelles , au bout de cet efpace de tems , fe feroient rencontrées plus de 200. .jours plt)tôç qu'il ne falioit *. Cependant nous trouvons que les Ifraëlites ont célébré leurs Fêtes chacune dans le tems qui lui étoit propre : d'où il fuit qu'ils doivent avoir eu quelque Méthode pour réduire l'Année à-peu-près à fa véritable longueur. Mais, quelle peut avoir été cette Métho- de ? C'etl • ce qu'il n'eft pas aifé de déter- miner. Mr. Schuckford nous donne là def- •fus un Syftême nouveau & ingénieux, mais .qu'il, propofe avec cette modeftie & cette défiance qui fient fi bien aux véritables Sça- vans : nous allons tâcher de donner à nos Lec^ * Car 4e. multiplié par f. & prefquc un quarts fait prefque 41 Q. 124 Bibliothèque Britannique, Lecteurs une idée diftin&e de ce qu'on trouve ici fur ce fujet. Dans les directions que Moïfe donne aux Ifraëlites pour régler le tems auquel ils dé- voient célébrer leurs Fêtes folemnelles, „il „ leur ordonne d'obferv er le mois Abib , c'eft- „ à-dire le mois auquel les Epis meurif- ,, fent * : ce mois devoit être le commencement ,, des mois , le premier mois de l'Année f. Le „ quatrième jour de ce mois, vers le foir, ,, ils étoient obligez de manger la Paquet- ,, Le jour fuivant, c'eft- à-dire le quinze du ,, mois, étoit le premier jour des Pains fans ,, levain j ; & ce qu'il faut bien remar- „ quer , le premier jour des Pains fans „ levain devoit toujours être un jour de „ Sabbat, comme on peut l'inférer du ver- ,, fet onzième du XXIII. Chap. du Leviti- ,, que , ou il eft ordonné au Sacrificateur , de „ tournoyer la poignée des premiers Fruits de la „ Moijfon le lendemain du Sabbat. Or fuivant „ Jofephe §, on offroit ainfiles prémices de ,, la moiflbn le fécond jour des Azymes, ,, ou Pains fans levain : d'où il fuit que le ?, jour précèdent, c'eft - à - dire le premier ,, des Azymes , étoit un jour de Sabbat " ; ce qui fait voir que le premier , le huit , le quin- * Deut. XVI. t. f Exod- XIÏ- 2- ^ Là-même, 6-8. Levit. XXIII. 5". i Levit. XXIII. 6. § Antiq. Liv. III. Ch. X. p. 161. du 1. Vol. de la Tradu&ion de Mr. d'Andilly. OCTOB. NoVEMB. ET DECEMB. 1737. I2j quinze, le vingt-&-deux , & levingt-&-neuf du premier mois , étoient des jours de Sab- bat. Chaque mois étoit compofé de trente jours , ni plus ni moins : Car Moïfe comp- te cent cinquante jours pour cinq mois complets, depuis le dix -feptième jour du fécond mois jufqu'au dix-feptième du fep- tième mois *. Suppofant donc que le vingt- &-neuf du premier mois étoit un jour de Sabbat, on trouve que le vingt-&-fix du fixième mois étoit aufiî un jour de Sabbat. Venons au feptième mois , & remarquons ," avec notre Auteur , que Moïfe eut ordre de dire aux Enfans d'Ifraël : Au feptième mois , le premier jour du mois , il y aura repos f pour vous. ,, Il s'agit ici defçavoir, fi ce repos, ,, ou ce Sabbat, devoit tomber fept jours „ après le dernier Sabbat du mois préce- „ dent, & être un des Sabbats ordinaires; ,, ou fi c'étoit un des jours ordinaires de la „ femaine , mais que , par un ordre particu- ,, lier, il falloit célébrer folemnellement. La „ queftion fe réfoudra aifement , ii Ton ,, confidere ce qui étoit ordonné pour ce ,, mois. Le dixième jour devoit être un ,, jour de Propitiation, .... En ce jour-là, „ dit Dieu, vous ne ferez aucune œuvre ï. Cet ,, ordre auroit été inutile , fi le dixième „ jour de ce feptième mois eut été un jour 93 de * Gen. VIÎ. 11, 2+, 6f VIII. 3, 4. t l\ y * Sabbat dam l'Hébreu. Levit. XXIII. 14* ^ Là-même, 28, 29. Tarn. X. Part. I. I 126 Bibliothèque Britannique, ,, de Sabbat, fuivant le cours ordinaire des „ femaines. . . . d'où il fuit que le dixième „ jour du fcptîème mois n'étoit pas un jour ,, de Sabbat: cependant c'en devoit être un, ,, fuivant le cours ordinaire des femaines : „ car le vingt -&-fixième du fixième mois „ étant un jour de Sabbat , le troifième , & „ par confequent le dixième du mois fui- ,, vant auroient été auffi des jours de Sab- „ bat, fi quelque Règlement particulier nV „ voit pas altéré la fuite ordinaire des jours „ de Sabbat. „ Ce Règlement, fuivant Mr. Schuckford , c'eft l'ordre même de célébrer le Sabbat le premier jour du feptième mois; & comme il croit qu'il devoit toujours y avoir fix jours entre un Sabbat & l'autre , il en con- clut qu'on ajoutoit deux jours au fixième mois , afin que le premier du feptième fût un jour de Sabbat. Ceci fe confirme. par l'établifTement de la Fête des Tabernacles, qui devoit com- mencer le quinzième jour du feptième mois ; le premier & le huitième jour de cette fo^mniié dévoient être des jours de Sabbat *. Le vingt - & - neuf du même mois étoit donc aufîi un jour de Sabbat; d'où il fuit que le 16. du douzième mois étoit auffi un jour de Sabbat, & le dernier de l'An, le quatrième jour de la femaine. Mais com- me * Levit. XXIII. 39. OCTOB. NOVEMB, ET DECEMB. I737. I27 me le premier jour du premier mois dévoie toujours être un jour de Sabbat, ainfi que nous l'avons vu ci-defius , notre Auteur croit qu'on ajou?oit autïi deux jours au der- nier mois , comme on faifoit au fixiè- me : de forte que, fuivant ce Syftême, l'An- née étoit compofée de cinquante-&-deux femaines compiettes , c'eft-à-dire , de 364. jours. Cette manière de compter l'Année n'é- toit pas encore allez exacle. Une Année de 364. jours eft plus courte d'un jour & pres- que un quart, que l'Année Agronomique: ce qui, au bout de quarante ans , auroit pro- duit une différence de près de cinquante jours. De forte que , lorfque les Ifraëlites entrèrent au Païs de Canaan le dixième jour du premier mois , ils n'auroient pas trouvé les Orges prêts à couper; il s'en fe- roit fallu de plus d'un mois & un tiers: il faut que Moïfe ait ajouté quelque autre Rè- glement aux p.écedens, afin que les Fêtes iolemnelles tombaflent toujours à-peu-près au tems marqué pour les célébrer. Ce Rè- glement, fuivant Mr. Schuckford, fe trou-* ve au XVI. Chap. du Deuteronome, verf. 1. Pren garde , ou obferve le mois que les Epis v:eunj]ent , £f fai la Pdque à l'Eternel ton Dieu , €af au mois que les Epis meurifftnt , lEttrnel ton Dieu t'a fuit finir de nuit hors d'Egypte À la fin de l'Année les Ifraëlites dévoient pu- blier le tems des Fêtes folemnelles pour I 2 l'An- 128 Bibliothèque Britannique, l'Année 011 ils alloienc entrer *. Le moyen de le faire avec quelque exa&itude, étoit d'examiner fi les Orges étoient allez avan- cez pour pouvoir être coupez au bout de quinze jours : s'ils trouvoient qu'ils ne le fulTent pas, ils ajoutoient quelques jours à latin de l'Année, afin de ne pas commen- cer le premier mois , qu'ils ne puflent efpé- rer de couper les Orges le quinze: & Mr. Schuckford croit que cette addition étoit toujours d'une , de deux , ou plus de femai- nes entières , afin que le premier de Tan fût un jour de Sabbat. C'efr. ainfi que, fans aucune fcience humaine & fans Aftronomie, ils ont pu régler l'Année avec toute l'exac- titude dont its avoient befoin. ,,Ilsn'avoient „ qu'à lever les yeux , une fois tous les vingt „ ans , & regarder fi les champs étoient „ blancs pour moijfunner f ; avant que de pro- „ clamer le commencement du premier ,, mois, ils n'avoient qu'à examiner, dans „ combien de tems la moifîbn feroit prête. „ Ce qui , avec la fuite des Sabbats dont „ nous avons parlé ci-deflus, étoit fuffifant „ pour régler tout ce qui regardoit , foit «, la Religion, foit l'Etat. De forte que ,, les Ifraëlites n'ont point été obligez „ de travailler à fixer les Equinoxes, ou à. ,, découvrir les règles du mouvement des » Corps * Levit. XXIIf. 4.. f Je.m IV. 35% Octob. Novemb. et Decemb. 1737. 129 ., Corps céleftes , n'y de s'attacher à l'étu- ,, de des Sciences humaines, qui ont con- ,, duit les autres Nations à l'Idolâtrie; & ,, c'eft-là, ajoute notre Auteur, ce qui me ,, porte à croire, que la Méthode que j'ai ,, expliquée, eft celle que Dieu jugeaàpro- „ pos de préfcrire aux Ifraëlites par le „ moyen de Moïfe ". Mohfr. Schuckford ne connoît, dit -il , qu'une objection de quelque poids que l'on puifle propofer centre Ton Syftême. Les Ifraëlites étoient obligez de célébrer le com- mencement de chaque mois d'une manière foîemnelle * ,* & il paroit qu'ils fe font acquittez de ce devoir avec beaucoup d'ex- actitude dans les jours les plus malheu- reux, aufli-bien que dans les plus heu- reux. Et dans la fuite des terns ils ont ré- glé le commencement du mois par la Nou- velle Lune. Cette pratique étoit déjà en ufage lorfque l'Auteur de PEccléfiaftique écrivoit fon Livre; car il obferve, que les Fêtes font affirmes félon la Lune f. Les Au- teurs Juifs foutiennent que Moïfe a établi cette pratique, (Se que les Ifraëlites l'ont ob- fervée depuis leur fortie d'Egypte. Les LXX. femblent aufli avoir été de* cette opi- nion ; car ils traduifent prefque toujours les commencement des mois, par Nouvelles Lu- nes 9 replia ou v:oj.a-jîu y terme conftamment ufi- Nombr. XXVIII. 11. f Ecclef. XLIII. 7. 13 .130 Bibliothèque Britannique, ufité par les Auteurs Payens, pour défigner les Fêtes qu'iis céiébroient au renouvelle- ment de la Lune On a fuivi les LXX. en cela dans la Traduction Angloife de la Bi- ble, auffi-bien qu'en plufieurs endroits de- la Françoife. Si les Ilïaëlites ont en effet réglé le commencement de leurs mois par la Nouvelle Lune, tout le Syftême de Mr. Schuckford tombe en ruine. Le fçavant Doyen Prideaux * a expliqué au long, com- ment les Juifs comptoient 1 Année dans les derniers tems. Elle étoit compofée de dou- ze mois Lunaires , alternativement de 29. & de 30. jours chacun : & pour faire ac- corder l'Année Solaire avec cette Année Lu- naire, on y ajoutoit un mois tous les deux ou trois ans. Il faut que les Ifraëîites ayent toujours compté l'année à-peu-près de "cet- te manière, du tems de Moi'fe & depuis, «'il efl vrai qu'ils ayent obfervé les Nou- velles Lunes , qu'ils ayent réglé par-là le commencement de leurs mois , & célébré leurs Fêtes fuivant ces obfervations. Mais, répond Mr. Schuckford, il faut remarquer en premier lieu, que Moïfe ne paroît pas avoir eu la moindre idée de cette Méthode de régler le commencement des mois par le renouvellement de la Lune. Suivant lui , cinq mois faifoient cent cinquante 'jours * Dans la Préface de la première partie de Ion excellent Ouvrage. OCTOB. NOVBMB. ET DECEMB. 1737. 13 1 jours *, au lieu que s'il eût entendu des mois Lunaires, ils n'auroient pu faire tout au plus que 148. jours. De plus il paroît, que l'Aimée des Juifs n'étoit que de douze mois du tems de David & de Salomon. Car fi l'Année eut été alors de treize mois tous les deux ou trois ans, le nombre des Chefs établis par David j-,& des Orïïciers nommez par Salomon f pour lui fournir des Provi- îions, n'auroit pas été fuffiilint: car il n'y en avoit que douze, & chacun n'étoit obligé de (Servit qu'un mois de l'Année : d'où ' il fuit, dit notre Auteur, que l'Année n'avoit garnies alors plus de douze mois. C'eft aufti de quoi les plus fçavans Ecrivains convien- nent. ,, On ne fçauroic jamais prouver, dit ,, l'Archevêque Uflerius |, que ies Hébreux ,, fe foient fervi de mois Lunaires avant la ,, Captivité de Babylone ". Le Père Petau iemble croire, qu'ils ne s'en font point fer- vis avant qu'ils fuflent tombez fous la Do- mination des Princes Syro-Macédoniens §. En fécond lieu , il n'y a point d'apparen- ce, dit Mr. Schuckford", que Dieu ait com- mandé aux Ifraëlites de régler les mois de l'Année par la Lune , ni de célébrer leurs Fê- tes * Gen. VII. 12, 24. Ibid VIII. 3, 4. | 1 Chron. XXVII. $ 1 Rois IV. j Chronol Prtface au Leftear. Voyez oujji Scali- ger , Emend. Temp. p. i>(. § Petav. Rationar. Temp. Part. 2. Lib. 1, c. 6. I 4- 132 Bibliothèque Britannique, tes un certain jour de la Lune. Un pareil commandement pouvoit les faire tomber dans l'Idolâtrie, bien loin de les en éloigner. Lorfque Dieu leur donna la Loi , il ne leur fit voir aucune reffemblance de lui-même, de peur quélev int leurs yeux vers les Cieux , £? qu'ayant vu le Soleil , la Lime , £f les Etoiles , & toute V Armée des Cieux , ils ne fujjent pouffez à fe proflemer devant elles , & à les ftrvlr *. ?, Il paroît, ajoute notre Auteur, que les }, Nations, lefquelles les Ifraëiites dévoient ,, chaiTer , adoroient ces faufles Divinitez , ,, de la manière qui effc ici décrite; & il ?> n'y a pas d'apparence que les Ifraëiites 3, ayent été requis de faire ainfi à V Eternel leur „ Dieu f: Il eft bien plus raifonnable de y, croire, que Dieu leur enfeigna une Mé- ,, thode de compter leurs mois, qui n'avoit ,, pas le moindre rapport aux Superftitions „ Payennes ". On trouve une pareille op- pofition dans plufieurs points que l'Auteur fpecifie , ajoutant qu'il paroît par divers articles de l'Ancienne Loi , qu'elle étoit deftinée à feparer le Peuple Juif de tous les autres Peuples, de forte qu'il n'eft point du tout probable , qu'ils ayent eu ordre de commencer leurs mois avec la Lune , qui étoit adorée des Payens comme une grande Divinité. „ J'ofe dire , ajoute Mr. Schuck- „ ford, que cette beauté du Ciel f , Lucidum „ cœli * Deut. IV. tç>. f Dcut. XII. 31. $ EccleC XLIII. p. 0CT0B. NûVEMB. ET DeCEMB. T737. Î33 „ cœli decus * , fiderum Regina f > comme Ho- ,, race l'appelle, cette Reine des deux t , la ,, magnificence des Ajïres {> n'a point été la „ Directrice des Fêtes Religieutes établies à „ 1 honneur du Dieu d'Itràël : il eft bien „ plus naturel de croire, que fon Peuple élu ,, fut inftruit à fuivre une méthode plus „ (impie pour régler les mois de l'Année , „ & une méthode, qui fixant le commen- „ cernent de chaque mois , d'une manière ,, qui n'avoit aucun rapport fixe au mouve- ,, ment des Corps céleftes , fit voir évidem- ,, ment, que les Fêtes qu'ils céîébroient, „ ils ne les céîébroient qu'à la gloire du ,, Seigneur. En troifième lieu , il eft vrai que l'Auteur de l'Eccléfiaftique remarque , par rapport à la Lune, que les Mois prennent leur nom d'elle§. Mais, dit fort bien Mr. Schuckford , cela peut être vrai dans la Langue Grecque §§, autfi-bien que dansTAngloite **. Mais dans l'Hébreu , ces deux mots n'ont aucun rapport entre eux ff . En * Carmen Seculare. j- Là - même. { Jeremie VII, 18. 4 Ecclef. XJLIII , c. $ Là - même, Verf. 3. $£ M*» un mois , peut venit de y ■.'■•/» , la Lune , par contraction, quoique, fuivant Mr. Schuckford, il y ait plus d'apparence, que pin vient de w^v. ** Msntby un mois, vient peut-ttrede Moon^U Lune. ff HT ou roaS font les mots qui fignifîent la Lu- ne, & cnn fignifie un mois. is 134 Bibliothèque Britannique, En quatrième lieu, on ne fçauroit trouver, ni dans les Livres de Moïfe, ni dans au- cun endroit du Vieux Teftainent, que les Ifraëlites ayent jamais obfervé le premier jour de la "Nouvelle Lune dans la célébra- tion de leurs Fêtes. Ceci femble un para- doxe , lorfqu'on en juge par la Verfion des LXX. ou par la plupart des Traductions en Langues modernes, dans lesquelles on ren- contre fouvent les mots de vnyuma ou vecu-c- \nft% Nouvelles Lunes ; mais Mr. Schuekford fait voir, que Fexpreffion Hébraïque qu'on a ainfi traduite lignifie, non la Nouvelle Lu- ne , mais le commencement du mois , ou des mois *. Et fi l'on veut fe donner la peine d'examiner tous les paiTages de l'Ancien Teftament, ou dans les Verrions on trouve la Nouvelle Lune , fous l'idée de Fête ou de Solemnité , on verra que dans l'Hébreu il n'efl point fait mention de la Lune , mais du premier jour , ou du commencement du mois: ce qui fiiffit pour réfuter ceux qui prétendent, que les Juifs ont obfervé le re- nouvellement de la Lune , pour commencer par -là chaque mois de l'Année. Mr. Schuekford nous dit, qu'il avoit d'a- bord deflein de réfuter dans cette Préface, ceux * DWm WO- Voyez Nomb. X. 10. XXVIIÎ. it. où nos Veriions portent, le commencement de vos mois, quoique dans d'autres endroits, comme Efafe I. & ailleurs , on ait traduit la même expref- fion par Nouvelles Lunes. OCTOB. NoVEMB. ET DeCSMB. I737. I35 ceux qui prétendent que Moïfe n'eit pis l'Auteur du Pentateuque : mais , comme dans le cours de fon Ouvrage il a eu occa- iion de répondre en paiïant à leurs principa- les objections, il y a cru devoir éviter des répétitions inutiles. Cependant il examine ici' quelques difficulté'/ qu'il n'avoit pas rencontrées dans Ion chemin, &quimér;te- roienc quelque réponfe: & du relie il nous renvoyé à Spinofa * pour les objeclions, 6c à Mr. le Cierc f P^>ur les lbluticns. Ce troifièrne Volume de l'Ouvrage de Mr. Sehuëkford renferme, en trois Livres , l'iiif- toire des Ifraëlices , depuis la fortie d'Egyp- te jufqu'à la Mort de Jofué , avec ce que l'on peut découvrir de 1 Hiftoire profane du- rant le même période de tems. Le premier Livre, qui eft le dixième de tout l'Ouvrage , s'étend jufques au féjour de Moïfe fur la Montagne, ou il demeura qua- rante jours ôrcjuarante nuirs t. A peine les Enfans d'Ifraël furent -ils en- trez dans le defert , qu'ils manquèrent d'eau , ou s'ils en trouvèrent , elle étoit fi amere qu'ils n'en purent point boire. Dieu or- donna à Moïfe de jetter d'un certain bois dans * Traft. Tbeologico - Polit, in parte altéra , p- 8. Cap. 8. f Dans fa Diflerfation à la tète de fon Commen- taire fur le Penrateuque. f E:.od. XXIV. 12-18. T3*5 Bibliothèque Britannique, dans cette eau; ce qui la vendit douce , & les Ifraëlites appelleretit ce lieu- la Mu- ra f, qui ûgnifie amer. On ne trouve point ce nom dans les Auteurs profanes ; cepen- dant ils nous apprennent qu'il y avoit des Lacs d'eau amère ou falée précifement dans les lieux ou les Ifraëlites étoient alors. Dio- dore de Sicile i obferve , qu'il y avoit des eaux amères à une petite diftance" de la Vil- le d'/lrjinoé Strabon ]. dit la même chofe, <5: Pline § fait mention d'un Canal, qui s'é- téndoit depuis le Nil jufques aux Fontaines amères. Suivant la iituation que Diodorede Sicile & Strabon donnent à la Ville d'Arll- noé, elle doit avoir été proche de la Ville nommée Suez aujourd'hui , & peu éloignée des Fontaines amères dont parie Pline. Et il eft aile de comprendre, ajoute Mr. Schuck- ford , que les Ifraëlites voyagèrent jufques- là. Car de la Mer rouge ils allèrent dans le defert de Sur, & comme faute d'eau ils ne purent pas continuer leur route vers le Pafr de Canaan, ils retournèrent du côté de l'Egypte, où ils efpéroient de trouver de l'eau en abondance, & vinrent à Mara fur la côte de Suez. L'Hif- * Exocî. XV. 2?. f La-même, verf. 23. + Dod. Sic. Lib. 3. pag. 120. J Geogr. Lib. 17. p.ig. 804- . § Hift. Nat. Lib. VI. Cap. 29. OcTOB. NoVEMB. ET DECEMB. I737. 137 L'Hiitorien Jofephe * a prétendu expli- quer d'une manière naturelle ce changement de goût qui arriva dans les eaux de Mara; il die, que Moïfe „ commanda aux Ifraëli- „ tes de tirer une grande partie de l'eau „ de ce puits, & les alTura que celie qui y ,, refteroit feroit bonne à boire. Ils obéï- ,, rent , & reçurent enfuite l'effet de la 9J promette qu'il leur avoit faite. Notre Auteur ne fçauroit goûter ce fenti- ment de Jofephe. Il le réfute , en remarquant I. Que le récit de Jofephe ne s'accorde point avec ce que les Auteurs profanes , a u il 1 - bien que Moïfe , nous apprennent du Païs où les Ifraëlites étoient alors. L'Hiitorien Juif le repréfente comme un Païsfec & ari- de , où il n'y avoit point d'eau : au lieu que, fui» vant Moïfe, les Ifraëlites ne manquoient point d'eau , mais de bonne eau propre à boire. De même Strabon f convient qu'il y avoit plufieurs Lacs dans ce Païs, mais que l'eau en étoit autrefois amère , & qu'avec le tems les habitans trouvèrent moyen de la rendre douce , en faifant enforte que ces Lacs euf- fent communication avec la Rivière \. Notre Auteur demande en 2. lieu, Com- ment il eft pollible qu'en tirant une partie de l'eau, * Antiq. LiV. TïT. Ch. I. pag. 120. 145. da 1, Tome de la Tradu<5b'on de Mr. d'Andilly. r Lt*. XVII. p. So-i. if 11 entend apparemment le Nil. 138 Bibliothèque Britannique,. l'eau, on ait fait perdre au refte ce goût amer & minéral, qui lui étoit vraifemblablemenc communiqué par la Terre même à travers laquelle 1 eau paiToit? L'Auteur de l'Eccléfîaftique explique la chofe d'une autre manière : il prétend que le bois que Moïfe jetta dans l'eau amère, la rendit douce par une vertu Phyfique L'Eau, dit -il *, na-t-eîle pas été rendue douce par le bois , pour faire connoître fa vertu à l'bomme ? Mr. Schuckford réfute ce fentiment, en re- marquant, qu'il n'eft pas probable que Moï- ic ait fait jetter un arbre entier dans le Lac; il y a plus d'apparence qu'il n'y jetta qu'une petite branche : mais quand même il y au- roit jette un arbre entier, conçoit-on qu'un arbre, quelque grand qu'il fût, ait eu afiez de vertu pour rendre douce l'eau d'un Lac ? S'il y a eu des Arbres douez d'une pa- reille vertu, les Naturalises, comme Stra- bon, Diodore de Sicile, & Pline, qui ont tous parlé des eaux amères de ce Pais - là , n'ont eu au moins aucune connoifTance de ces Avbres merveilleux : le plus court donc, c'efl de recourir ici au Miracle & à la PuifTance de Dieu. Le bois jetré dans ces eaux amères ne fut point la caufe Phyfique qui les ren- dit douces ; ce ne fut tout au plus qu'une caufe occafionnelle. En fuivant les Ifraëlites dans leurs routes, * Ecclef. XXXVIII. f. OCTOTÎ. NoVEMB. ET DeCEME. I737. 139 & dans leurs divers campemens au defert , Mr. Schuckford ne laifle paffer aucun évé- nement confidérable fans l'accompagner de quelques remarques curieufes, qui contien- nent prefque toutes des explications heu- reufes , & quelquefois un peu hardies , de di- vers paflages de l'Ecriture. Voici un exem- ple des dernières. Hamalé ayant atraquéîes Ifraëlites, ceux- ci le défirent , & Mcïfe bâtit un Autel à l'Eternel pour être un mémorial de cette victoire, qui avoit été miraculeufe: Il dit aufli , parce que fa main a été levée fur le Trô- ne de l'Eternel . l'Eternel aura guerre contre Ha- malec d'âge en âge *. Il faut avouer que la première partie de ce paflage eft très-ob- feure ; aufli les Commentateurs font-ils très- embarralTez pour donner un fens raifonna- ble aux termes de l'Original, ou y il a, j&ow tmh nsrta fr» o>hy t-^ Mr. Schuckford explique ce paflage en y faifant un léger changement. Il remarque qu'il eft dit dans le Deuteronome , que la raifonpour laquelle les Hamalekices dévoient être entièrement détruits , c'eft qu'ils avoient attaqué les Ifraëlites f. Il croit donc que la même raifon eft alléguée dans le paflage de * Exod. XVII. 16. f Deut. XV. 17. j8. j?, 140 Bibliothèque Britannique, de l'Exode en queftion, & qu'il faut le lire de cette manière : hv narba vv oa beilum erit vos contra manus i. e. ejus Amalec contra Jehovah Ceft-à-dire, mot à mot, Parce que fa main 3. été contre vous , l'Eternel aura guerre contre Hamalec. Le changement fait ici dans le Texte eft bien peu considérable ,• rien n'é- toit plus aifé que d'écrire DD au lieu de DD tant les Lettres fe reiTemblent : il peut auflî être arrivé très -facilement qu'on ait oublié le dernier * dans iJT ; & cette petite cor- rection donne un très-bon fens au Texte : Par- ce qu' Hamalec s' eft déclaré contre mus , V Eter- nel aura guerre contre lui d'âge en âge. J'avoue qu'on peut faire quelques petites difficultez grammaticales contre cette explication ; mais notre Auteur les levé dans une note marginale , d'une manière qui nous paroït fatisfaifante : nous y renvoyons le Lecteur, afin de ne pas char'ger notre Extrait d'une critique ennuveufe. Il eft dit au XXIV. de l'Exode * que Moife, Aaron, Nadab , Abibu ,& les Soixante- £f- * Verf. que la Fable de Pro- methée formant l'homme doit fon origine au foin qu'il prit de tirer les hommes de l'état d'ignorance où ils croupiffoient , ,6c Platon t nous apprend, ce qu'il faut entendre par le feu du Ciel qu'il déroba , & avec lequel il anima l'homme: c'étoit les Arts que Vul- i 6: Minerve enfeignoient. La Science le feu & la vie de l'homme ; & quoi- qu'il * lib. T. pag. 8. î In Can. Chron. an 332. :f In Protag. pag. zi\- K 3 146 Bibliothèque Britannique, qu'il n'y ait que Dieu, qui ait formé l homme de la poudre de la terre, & foujflé dans/es na- rines une refpiration de Vie , de lbrte que l'hom- me fut fait en ame vivante *; cependant , ce qu'on dit de Promethée, pris dans le fens qui vient d'être expliqué , eft aiïez ingé- nieux. On voit par -là en quoi il offenfa Jupiter, & pourquoi Jupiter le punit: c'eil qu'il vouloit enfeigner fans être autorifé par le Souverain. Il fut, fuivant notre Auteur, relégué fur quelque montagne inculte , appellée Caucafe , où il fut contraint de demeurer , jufques à ce que Jupiter le rappella quelques années après. Les Géographes placent le Mont Caucafe entre le Pont Euxin & la Mer Caf- pienne. Mais, Mr. Schuckford ne croit pas que Jupiter ait voulu reléguer Promethée fi loin : il croit qu'il y avoit dans rifle de Crète une montagne appellée Caucafe : Dans la fuite plufieurs peuples ayant em- prunté les noms de leurs Dieux des habi- tans de cette Ifle , peuvent aufli en avoir emprunté les noms de diverfes montagnes > villes, & rivières. Du tems d'Alexandre on plaçoit le Mont Caucafe dans les Indes f» comme auparavant on l'avoit placé en Aile. Pour ce qui eft de l'Aigle qui dévoroit le cœur de Promethée , cela ne regarde point le Promethée de Crète, mais celui d'Egyp- te: * Gen. II. 7. j Straboj Lib. XV. psg. 688. OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. I737. 147 te: c'étoit un des Rois du Fais *. De fon tems je Nil avoit un nom qui fignifie une Aigle f 5 & comme ce fleuve étoit fujet a de grandes inondations , qui ruinoient le Pais, ces malheurs jectoient ce Prince dans une grande mélancholie { ; voilà l'Aigle qui lui devoroit le cœur. Hercule l'Egyptien, car il y en a eu trois , dont le plus an- cien étoit d'Egypte; Hercule, dis -je, fit taire des digues , qui empêchant les inon- dations du Fleuve , fauverent le -Pais. C'eft ainfi qu'il délivra Promethée du chagrin & des inquiétudes qui le dévoroient nuit & jour j.. Ce fait ayant été rapporté dans les Annales d'Egypte , a donné lieu aux Mytho- logiftes Grecs , de feindre qu'une Aigle de- voroit continuellement le cœur ou le foye de Promethée, jufqu'à ce qu'il fut délivré par Hercule. Le Livre XL commence par l'Hifloire du Veau d'or , & finit par l'établiiTement d'Aa- ron dans la charge de Sacrificateur. Lorfque Moife fut defcendu de la Mon- tagne, il fut indigné de l'Idolâtrie dans la- quelle le peuple étoit tombé, & réfblut, par Tordre de Dieu, de le punir d'une ma- nière exemplaire. Cette punition eft rap- portée dans le XXXII. de l'Exode §. L/Hif- toi- * Diod. Sic. Lib. I. p. 8. | La-même, p. n. £ Là-méme. \ Diod. Sic. Lib. I. p. 11, S Verf. 26. 27. 28. K4 148 Bibliothèque Britannique, toire en commence airifî: Moïfe vit que le peuple étoit dénué, car Aaron l'avoit dénué pour être en opprobre parmi leurs ennemis *. Suivanc cette Veriion,il femble que ces paroles faf- fent allufion aux bagues d'or, dont Aaron avoit dénué les Ifraëhtes: mais on ne com- prend pas bien, comment cela pouvoit les mettre en opprobre parmi leurs ennemis. La Traduction Angloife offre un fens un peu différent : on y lit, que Moïfe vit que le peu- ple étoit nud, car Aaron l'avoit rendu nud. Ce qui , par une Métaphore allez naturelle , peut fignifier dé/armé. Cependant Mr Schuckford ne croit pas que ce terme exprime toute la force de l'Original. Jl remarque que le mot y"l£ lignifie originairement rendre libre , met- tre en liberté: Moi'fe l'employé en ce fens au V. de l'Exode verf. 4. De -la ce terme a été pris pour marquer la liberté dont le peu- ple jouïfloit aux jours de Fêtes , & entuite pour les jours de Fêtes mêmes ; c'eft le fens de ce mot au V. Ch. des Juges , verf. 2. Il eft vrai qu'on n'y trouve rien de femblable dans notre Verfion, non plus que dans t* An- gloife : car voici comment on a traduit ce palfage; Benijfez V Eternel de ce quil a fait de telles vengeances en Ifraël. On a peut-être tra- duit ainfi, parce que le mot de l'Original lignifie venger dans la langue Chaldaïque. Mr. le Clerc traduit, Ifrasle in libertatem af- Jerto. Ifraè'l étant mis en liberté. Mais notre Au- * Vers 2f. OCTOB, NOVEMB. ET Df.CEMB. 1737- I49 Auteur croit qu'il faut traduire , célébrez le Seigneur en folemnifant fes Fêtes : les expref- fions de l'Original font Ifraël in ferias feriando in Quoi qu'il en foit , Moi'fe trouva le Peu- ple célébrant une Fête dans une grande li- berté. Jl n'y a pas Amplement JHÔ *3 ce qui aurait été aflez pour exprimer qu'ils étoient en liberté, ou qu'ils célébroient une Fête , mais il y a N1H JHfi "O: fur quoi notre Auteur remarque, que le pronom bon a fou- vent une emphafe particulière , à laquelle les Commentateurs n'ont pas fait allez d'atten- tion ; il fignifie qu'une perfonne fait une choie de fa tète & de fin propre mouvement , fans commandement ce {ans ordre. Ceci donne le moyen de lever une difficulté qui s'offre naturellement à l'efprit lorfqu'on lit l'Hiftoire de Balaâm. On y voit que Dieu lui dit: Si * ces hommes viennent t'appeller, le- ve-toi & va-t'en avec eux: Et cependant la co- lère de Dieu s'enflamma contre lui , parce qu'il s'en ûlloit. On ne comprend pas pourquoi Dieu le feroit courroucé contre un homme qui * 11 y a dans notre Verfîon (Nomb. XXII. 20) fUtfyue ces hommes font venus t'appeller; Mais la Verfîon Angloife, que nous avons fui vie ici , nous paro:t plus conforme à l'Hébreu , où il y a îOpSOtf s'ils K5 rjo Bibliothèque Britannique, qui ne faifoit que ce que Dieu lui - même lui avoir permis de faire. Mais Mr. Schuck- ford remarque .qu'il n'y a pas Amplement dans PHébreu.l^l'V^ parce qu'il s'en allait, mais tfin T?1"V,D, parce qu'il s'en allô it de fon chef) c'efc-à-dire ,^ iàns attendre que les Seigneurs de Moab vïnflent l'appeller. Peut- être que s'il ne fe fût pas tant prelTé , ces Seigneurs , qui étoient des principaux du Païs , le feroient rebutez, & s'en feroient re- tournez chez eux fans lui. Mais les offres qu'ils lui avoient fait, lui tenoient au cœur; il craignoit de perdre la recompenfe qu'on lui avoit propofée : fon avarice & fon ambi- tion le portèrent à fe hâter d'aller trouver les Seigneurs de Moab, & fans attendre qu'ils revinrent chez lui le matin , il fe leva de bonne heure, & s'en fut chez eux de fon chef:, & voilà ce qui le rendit coupable, & ce qui enflamma la colère de Dieu con- tre lui. Suivant ces Remarques fur le fens du verbe Parabb & du pronom hou , voici com- ment notre Auteur explique ou paraphrafe le paiTage en queilion: ,, Moïfe trouva que „ le Peuple n'étoit point fur fes gardes , ni „ en état de fe défendre, étant difperfé çà „ & là dans la plaine où fe célébroient leurs 5, jeux, chacun agi (Tant à fa fantaifie, fans „ fuivre les ordres ou la direction de leurs „ Officiers. Aaron les avoit denuez , ou „ défarmez, de forte qu'ils n'étoient pas en „ état de fe défendre fi l'ennemi les eut „ atta- OcTOB. NOVEMB. ET DECEMB. I737. I51 ,, attaquez; & c'efl ainfi qu'ils aur oient été en ,, opprobre à leurs ennemis , s'ils fuflent venus ,, tomber fur eux dans ces jours de defordre „ & de libertinage ". ' Cette explication ne plaira pas fans dou- te , à ceux qui croyent que Moïfe trouva le Peuple réellement nud. Pour prouver cette opinion, ils remarquent que les an- ciens Egyptiens coniacroient un Veau d'or a une dé leurs Divinitez * ; ce que les 11- raëlites , dit-on , auront probablement imi- té. De plus, Plutarque & Diodore de Si- cile f iniinuent , qu'il fe commettoit des chofes fort indécentes dans les Cérémonies Religieufes des Egyptiens ; & il y a un paf- iage dans Hérodote \, d'où il femble que Ton puiile conclure , qu'on célébroit en Egypte de certains jeux, d'où les Ifraëiites auront pu emprunter cette pratique de dan- fer nuds, dont on croit qu'il s'agit ici. Sur quoi Mr. Schuckford remarque : 1. Qu'il eft vrai , que le paiTage d'Hérodote infînue quelque obfcenité, que cet Hiftorien n'a pas voulu rapporter au long; mais il faut ajouter beaucoup à fon récit , pour en tirer quelque confequence en faveur de l'o- pinion pour laquelle on le cite : 2. Quand même on pourroit fuppofer , qu'Hérodote ait dé- * Plut, in Lib. de ïfid. & Ofirid. p. $66. t Plut. ibid. p. 3-;S. Uiod. Sic. Lib. 1. p. 13. £ Lib. i. c. 61. ij2 Bibliothèque Britannique, décric une Danfe obfcène, pareille à celle qu'on impute aux Ifraélites, cependant le fait auquel l'Hillorien fait alluiion , aufïi- bien que les Danfes obfcenes des Fêtes d'I- fis & d'Oliris , font pofténeures au tems de Moi'fe. Elles furent , dit-on , inftituées , par Ifis, & ne commencèrent a être en uiage, que lorfque les Egyptiens rendirent un Cul- te religieux aux Héros déifiez ; ce qui n'ar- riva que plufieurs années après la mort de Moïfe : 3. Quoique les Peuples ayent introduit des obicenitez abominables dans leurs Cérémonies religieufes , ce n'en: pourtant que par degré qu'ils font parve- nus à ce point d'impiété ; & il n'y a au- cun lieu de croire , que les Egyptiens ayent été aflez corrompus dans ces premiers tems , pour avoir donné aux Ifraélites l'exemple d'une Danfe telle qu'on la fuppofe : Et quand même ils l'auroient fait, peut-on con- cevoir qu'Aaron ait été allez deftitué de tout fentiment de modeftie ce de Religion, pour les imiter à cet égard-Là? Il y a des Sçavans qui prétendent, que fi les Iiraëlites n'a voient point adore le Veau d'or, Dieu ne leur auroit point donne la partie cérémonieile de la Loi. Au com- mencement, dit-on, Dieu ne leur avoit point parlé ni donné de comviar, dément touchant les Holccauftes £r les Sacrifices * ; mais il leur ion- na fes Statuts, . £?c. | Nomb. XXIV. 1. f Aftes Vif. 22. i« j Sam. XXVIII. 3. OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. T737. Ij£ que de confulter la Pythonifle de Hender, lorfque l'Eternel eut "refufé de lui répon- dre * ; de même Balaam , defirant ardemment de faire fa cour à Bêlât , & trouvant que les réponfes du vrai Dieu ne s'accordoient pas avec le defir de fon cœur, a pu être tenté d'éprouver quel feroic le fuccès des Arts magiques fi eftimez de tous les Payens : mais il fut bien- tôt convaincu par fa propre expérience, qu'il n'y avoit point d'enchanté' viens contre Jacob , ni de devination contre Ifraelf. La more de Moïfe a donné lieu\à plu- Heurs rêveries des Rabins , fondées , fuivant notre Auteur , fur la manière dont cette mort eft rapportée dans l'Hébreu. Il eft dit que Moïfe mourut , fuivant le mandement de VE- ternel , £f il lenfevelit dans la dallée 6? perfonne 11a connu fon Jepulcre jufqu'à aujour- d'hui £. Cet il ne peut fe rapporter qu'à V Eternel; d'où les Juifs ont conclu que Dieu lui-même enterra Moïfe , & qu'il cacha fon fepulere , de peur que les Ifraëlites ne fuf- fent tentez de lui rendre un Culte reli- gieux. Mais notre Auteur remarque , que les LXX. ont traduit ici par le plurier eba-^uv xutcV , ils l'enfevelirent: & il croit fer- mement, qu'il y avoit originairement dans l'Hébreu iS^p^l , mais que les Copiftes ayant oublié par inadvertance la dernière Lettre, ont écrit ^âp*l. Ce furent donc, fuivant Mr. Schuckford les Ifraëlites eux-mêmes qui * Verf. 6. &c. . f Nomb. XXIII. 23. * Dcut. XXXIV. 7. 6. L 2 i6o Bibliothèque Britannique, qui enterrèrent Moi'fe ; & la remarque ajou- tée à la fin du Verfet, prouve feulement, que comme on ne mit point d'Infcription fur fon fepulcre , on ne fçut plus dans la fuite en quel lieu il avoit été enterré. Nous remarquerons ici , qu'il y a des Sça- vans qui croyent que le corps de Moïfe reflufcita même avant qu'il fût corrompu, & que ce Légiflateur a été reçu dans le Ciel en corps & en ame : ils prouvent ce fenti- ment par la Transfiguration de J. C. & feu Mr. Bernard, qui l'a rapporté dans fes Nou- velles de la République des Lettres*, le trou- voit plus que probable. Mr. Schuckrord fait un long & magnifi- que éloge de Moi'fe, ou il le défend contre les Déifies , qui ont ofé le comparer à Mi- nos, à Licurgue, & aux autres Légiflateurs Payens; prétendant que, comme eux, il n'a agi que par une politique purement humai- ne. Notre Auteur fait voir qu'en plufieurs occafions Moïfe a agi d'une manière tout-à- fait oppofée à la prudence humaine, & qui auroit été très-condamnable, s'il n'eût eu un ordre exprès de la Divinité, ou fi une Ré- vélation ne l'eût afîuré du fuccès. Après la mort de Moïfe , Jofué fut charçé de conduire le Peuple. Il envoya des Èf- pions à Jéricho, que Rabab la paillarde ca- cha chez elle. L'Auteur de l'Epître aux Hébreux a loué cette Action. Par la foi , dit- il * Avril, 1709. p. 448. Dans l'Extrait du Livre de Nicolas Gurtler, intitulé Origines Mundi:&c. OcTOB. NoVEMB. ET DECEMB. 1737. 161 il * , Rabab la paillarde ne périt point avec les incrédule* , ayant recueilli les efpions en Faix. Il femble pourtant que cette a&ion ait été un crime d'état , puifqu'il n'eft pas permis aux particuliers de donner retraite à ceux qui font envoyez par les ennemis. Mr. Schuckford remarque là-defïus , que fi on examine bien les actions de ceux dont l'Auteur facré fait l'éloge, on trouvera qu'ils ont agi en confequence d'une révélation ex- preffe de la Divinité : ils croyoient ce que Dieu leur révéloit , & regloient là-deflus leurs actions. On doit donc préfumer, que Rahab eut aufll une révélation particulière, & c'eft-ce qui la difculpe entièrement. Mais notre Auteur va plus loin; il croit que non feulement Rahab, mais même les habitans de Jéricho en général doivent avoir eu quelque révélation, quelque ordre de la part de Dieu, à quoi ils refuferent de fe foûmettre. Il n'y a pas toTq ut<çoiç , avec les incrédules , mais toTç AreA^iraffi , avec ceux qui furent défobéïffans. Or comment peut - on fuppofer, que ceux de Jéricho furent défo- béïffans , à moins qu'on ne fuppofe aufTi , que Dieu leur avoit fait quelque comman- dement qu'ils refuferent d'obferver ? Jofué, après avoir pafTé le Jourdain, réta- blit l'ufage de la Circoncifion , qui avoit été négligée dans le defert. Notre Auteur exa- mine comment les Ifraëlites ont pu négliger un * Hébr. XI. 31. L3 162 Bibliothèque Britannique, un commandement auffi exprès que celui de la Circoncifîon ; commandement donné à Abraham pour lui & pour fa pofterité, & renouvelle dans le defert? Mais il remar- que , que ce commandement ne fut renou- velle que dans le cours de la féconde année après la fortie d'Egypte: or les Ifraelites n'ofoient rien entreprendre en matière de Religion , fans un ordre exprès de Dieu, fur- tout après la punition exemplaire de Na- dab & Abihu ; de forte que ne fçachant com- ment fe conduire à l'égard de ceux qui n'a- voient point été circoncis , & n'ayant aucun ordre particulier fur cefujet, ils négligèrent entièrement la Circoncifîon ; & nous ne vo- yons pas qu'ils ayent été blâmez en aucune manière de cette négligence. Ce fut Dieu qui roula enfin de dejjus eux Vopprobre d'Egyp- te *. Ils avoient long-tems regardé Tmcir- concifion comme un opprobre; mais le mal- heur étoit , que Dieu ne leur avoit encore donné aucun ordre, pour leur apprendre quand & comment ils dévoient s'en dé- livrer. Il y a des Auteurs qui s'imaginent, que îorfqu'il eft dit que Dieu roula de defîus les Ifraelites l'opprobre d'Egypte ; cela fi- gnifîe, que les Egyptiens regardoient avec mépris ceux qui étaient circoncis: d'où l'on' conclut , que la Circoncifîon eft une Céré- monie originaire d'Egvpte, & que c'eftdes Egyp- * Tofué V. p. OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. 173?. 163 Egyptiens que les Juifs l'ont empruntée. Mais notre Auteur , qui avoit déjà refuté cette opinion dans fon premier Volume * , remarque ici , que l'opprobre d'Egypte lignifie tout le contraire de ce qu'on lui fait ligni- fier : c'eft, non ce qui rendoit les Ifracli- tes odieux, mais ce qui étoit un deshon- neur pour les Egyptiens ; non ce que ceux- ci pouvoient reprocher aux autres , mais ce qu'on pouvoit leur reprocher à eux-mêmes. Ainfi l'Hirondelle eft appellée Cecropiœ domus JEternum opprobrium f. L'opprobre éternel de la maifon de Cecrops. Lors donc qu'il eft dit que Dieu roula de def- fus les lfraè'lites l'opprobre d'Egypte , cela fignifie , qu'il ôta de defius eux ce qui rend les Egyp- tiens odieux. Les Ifraëlites regardoient com- me un opprobre , une honte aux Egyptiens de n'être pas circoncis. Notre Auteur examine enfuite quatre queftions allez importantes , mais que nous nous contenterons d'indiquer, i. Les lirais- lûtes avoient-ils ordre de détruire entière- ment les Nations qui habitoient les Pais que Dieu devoit leur donner pour Hérita ge ? On répond ici que non» 2. Leur ctoit- il * Voyez Journal Litéraire, Tom. XV. 1. Part* 5, if. Êf fuiv. t Horat. Carm. Lïo. IV. Od. XII. L 4 i&j. Bibliothèque Britannique, il permis de traiter alliance avec ces Peu- ples? Mr. Schuckford foutient l'affirmative. 3. La Ligue qu'ils formèrent avec les Ga- Baonites, étoit-elle contraire à ce que Dieu leur avoit commandé ? Notre Auteur pré- tend qu'elle 1 etoit. 4. Enfin il examine la conduite du Peuple Juif envers ces mêmes Gabaonites. Le Miracle du Soleil & de la Lune qui s'arrêtèrent, eft rapporté, dit Mr. Schuck- ford, d'une manière qui ne s'accorde point avec ce qu'on connoît préfentement du Sy- ftême du monde. On fçaitque cen'efl point le mouvement du Soleil ni de la Lune qui fait le jour & la nuit, mais le mouvement de la terre fur fon Axe. . . . Mais pour dis- culper l'Hiflorien facré, il fuffit que le fait foit rapporté fuivant ce qui paroît à nos yeux, ou ce que les Mathématiciens appellent un mouvement relatif. D'ailleurs, du tems de Jofué, & long-tems après, les hommes n'ont eu aucune connoifTance de la véritable Aftro- nomie ; de forte que fi Jofué eut parlé du mouvement de la terre, il auroit décrié par- là fon Hiftoire , en s'exprimant d'une maniè- re toute oppofée aux préjugez univerfelle- ment reçus. Quoique YEcriture foit divine- ment infpirée, ce n'effc que dans les chofes qui font profitables à ènfeigner, à convaincre, À corriger , & à instruire * ; mais non pas pour nous apprendre la Philofophie , ni pour la- * 2 Tim. III. 16. OCTOE. NOVEMB. ET DECEMft. I737. I<5? fatisfaire notre curiofité fur des fujets de Phy- sique : & pour foutenir notre Foi & nos Espérances, il fuffit que Dieu ait tellement dirigé les Auteurs facrez , qu'ils n'ayent rien écrit qui puiiïe préjudicier à notre Salut : dans le relie il leur a laifle une pleine liber- té, & a permis Qu'ils s'exprimaiTent , non fuivant la vérité Philofophique des chofes , qui leur étoit quelquefois inconnue , mais fuivant ce qu'elles paroiflbient à leurs yeux, ou aux yeux du Vulgaire. Si le miracle rapporté par Jofué étoit vrai, il faut, dit -on , qu'il ait été apperçû par tous les Peuples du Monde ; on devroic donc en trouver quelques traces dans les Auteurs Payens. Aufîî Mr. Schuckford pré- tend-il , que c'eft à ce miracle que la Fa- ble de Phaëton doit fon origine. 11 remar- que auffi , que l'on trouve dans l'Hiftoire de la Chine, que fous le règne de l'Empe- reur Yao le Soleil fut dix jours fans fe cou- cher, tellement qu'on commença à craindre que toute la terre ne fût embrafée * ; & Mr. Schuckford trouve par un calcul Chro- nologique, que le Miracle de Jofué doit être arrive l'an 75. du règne de Yao. Si c'eft la Terre qui s'eft arrêtée, comme notre Auteur le croit; il faut que ce Mira- cle ait été accompagné de plufieurs autres , pour prévenir les dangereufes fuites du re- pos * Martini] Hiftor, Sinic Lib. L p. 37. L 5 166 Bibliothèque Britannique, pos fubic de la terre : mais , comme Mr. ScHuckford le remarque très -bien, il n'efl pas plus difficile au Maître de l'Univers de produire plufieurs Miracles, que d'en pro- duire un fcul. Cependant , s'il nous eft permis de pro- pofer ici une conjecture, qui du refte n'efl pas nouvelle *, nous remarquerons, qu'on peut expliquer d'une manière très- fnnple, comment un jour a pu paroître auflî long que deux du tems de Jofué , fans que ni le Soleil s ni la Lune , ni la Terre , fe foient arrê- tez dans leur mouvement réel, & fans que ce Miracle ait été apperçû ailleurs que dans le Pais de Canaan. On fçaitque le Soleil & la Lune paroillent fur l'Horizon avant qu'ils foient levez & après qu'ils font couchez, à caufe de la ré- fraction que les rayons fouffrent en pafTant au travers de l'air ; c'eft cette même refrac- tion qui fait qu'on y voit clair avant que le corps du Soleil paroiiTe, & après qu'il ne paroît plus. Il fuffifoit donc d'augmenter la convexité de l'air , pour augmenter la réfraction , & par confequent pour faire que le jour durât plus long-tems. Notre Auteur qui paroît avoir lu Ses Commentaires de Mr. le Clerc, ne dit pas un mot de cette conjecture; peut-être ne lui paroît -elle pas fondée ; nous en abandonnons le jugement au Lecteur. Le * On la trouve dans le Commentaire de Mr. le Clerc fur Jofué X. OCTOB. NoVEMB. ET DECEMB. I737. I6> Le refte de ce Livre contient l'Hiftoire des Ifraëlites jufqu'à la mort de Jofué. On trou- ve ici le partage de la terre de Canaan , & plufieurs remarques qui tendent à prouver, que Jofué eft l'Auteur du Livre qui porte fon nom, &à réfoudre les difficultez qu'on peut faire fur ce fujet. Le public doit fouhaiter avec nous , que Mr. Schuckford ait allez de loifîr pour finir bien-tôt cet Ouvrage, qui eft certainement très - intéreflant & très- utile. ARTICLE X. Hiftoire Civile & Eccléfiaftique d'EcoiTe, par Mr. R. Keith. Troifième fcf dernier Extrait, (On peut voir le premier dans la première Partie du Tome VII L de cette Bibliothèque, pag. i. &fuiv.& le fé- cond dans la féconde Partie du Tome IX. pag. 312. ty fuiv.) LE troifième & dernier Livre de ce premier Volume renferme l'Hiftoire Eccléfiafti- que , ou plutôt des Mémoires pour fervir à l'Hiftoire Eccléfiaftique d'EcofTe , depuis Tan 1560. jufqu'à l'an 1568. On a vu dans notre premier Extrait, com- ment la Reformation fut établie en Ecoflfe par le Parlement , qui tint fes féances dans le Mois d'Août 1560. Les Prélats & les Catho- ït58 Bibliothèque Britannique, Catholiques avoient efpéré que le Roi & la Reine * envoyeroient un Commiflaire pour Eréfider en leur nom dans cette Affemblée. 'Archevêque de St. André f avoit deman- dé que ia Commiffion de celui que leurs Majeftez envoyeroient fût tellement reftrein- te, qu'il ne fût permis au Parlement, ni de révoquer aucun Acte pafle auparavant, ni de faire aucun changement dans l'Etat ou dans la Religion, ni de rien décider qui pût por- ter le moindre préjudice à aucun des trois Etats du Royaume.- C'étoit proprement de- mander que l'on ne reformât pas la Reli- gion. Aûflî les Prélats voyant -que la Rei- ne n'avoit point envoyé de Commiffaire, & que le Parlement travailloit à établir la Re- formation , ,, furent frappez comme d'un 9> coup de foudre, & perdirent entièrement „ courage. Ils avoient mis toute leur efpé- „ rance dans les ordres & les reglemens ,, qu'ils attendoient de France ; ils fouffri- ,, rent avec une infenfibilité ftupide que „ leurs ennemis fiffent tout ce qu'ils vou- „ loient dans le Parlement, fans fongerfeu- „ lement à protefter contre les procédures „ irréguiieres de cette Affemblée. On nous donne ici une Lettre de l'Ar- chevêque de St. André à celui de Glafgow, datée du 18. Août 1560. c'eft - à - dire , lorf- que * On fe fouviendra que le Roi François II. Epoux de la Reine d'Ecoife, vivoit encore alors. T II étoit de la Famille des Hamiltons. OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. T737. 169 que le Parlement étoic encore afiemblé Le Prélat s'y plaint beaucoup de la conduite du parti Proteftant, qui avoit dépouillé les Evêques de toute leur autorité, & ne vou- loit pas fouffrir qu'on dît la Méfie , ni qu'on célébrât aucune partie du Service di- vin fui van t l'ufage de Rome. „ Ne devroit- >, il pasfuffire aux partifans de cettenouvelle „ opinion , d'avoir une pleine liberté de e, Confcience , fans forcer les autres à em- ,, brader les mêmes fentimens, & fans ban- ., nir ou fans priver de leurs Bénéfices, ceux ., qui ne vouloient pas les imiter "? Sur quoi voici la remarque de Mr. Keith. Ce Prélat auroit dû faire cette Réflexion plutôt ; &p lorfquîii avoit le pouvoir en main , il auroit dû lui ■ même accorder la liberté de Confcience aux outres. Mais on voit que ceux qui font les maî- tres , de quelque parti ou Religion qu'ils foient 9 Qgiffent tous de la même manière : ils veulent toujours emporter tout avec hauteur. Cette Réflexion n'eft que trop bien fondée ; le parti perfecuté devient ordinairement per- fécuteur , dès qu'il a le deflus. On y en voit un exemple dans cette même Lettre de l'Archevêque de St. André, 11 tant eft qu'on puiffe ajouter foi à ce Prélat. ,, Tous les ,, nouveaux Prédicateurs , dit- il , tachent ,, publiquement dans leurs Sermons à per- ,, fuader la Noblefle , d'employer les voyes ,, de fait , de maffacrer tous ceux qui ne ,, veulent pas concourir avec eux & em- „ brader leurs opinions: ils fe plaignent amè- m re- ï7o Bibliothèque Britannique, v-, rement du Duc *, de ce qu'il ne vouloit ?, pas commencer le premier, ni donner des 3, ordres pour me f forcer de faire comme ,, eux, ou pour employer les plus grandes „ rigueurs contre moi , pour me maflacrer , ., ou du moins pour me condamner à une ,, prifon perpétuelle. Après la levée du Parlement qui s'étoit tenu au mois d'Août 15Ô0. & qui avoit éta- bli la Reformation, le Confeil nomma des CommiïTaires pour reformer & régler la Difcipline Eccléfïaftique. Le fameux Jean Knox fut un des Commiflaires ; & il nous apprend , qu'après avoir fini le Livre de la Difcipline, ils le communiquèrent à la No- blefle, qui l'examina pendant plufieurs jours. Mr. Keith, qui dans tout le cours de fon Hiftoire voudroit nous perfuader, que la Reformation d'Ecofle s'eft faite contre le gré de la plupart des Nobles, femble s'infcrire en faux contre le fait que Knox avance. Pour cet effet il remarque, que ,, dans la „ Préface du Livre de la Difcipline il eft „ dit, que la Commiflîon donnée aux Mi- „ mures par le Grand Confeil pour drelfer ç, un plan de Difcipline, eft datée d'Edim- ,, bourg le 29. Avril 1560., & qu'à la fin du „ Livre on trouve cette date : d'Edimbourg „ le 20. Mai 1560. Comment accorder cela 9, avec * De Chaftelleraut, alors Chef du Confeil. f C'eft l'Archevêque de St. André qui parle, OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. 1737. 171 „ avec ce que Knox afîure, que la Commif- „ lion fut donnée après la levée du Parle- ,, ment, puifqu'il fe fepara à la fin d'Août „ 1 jôo " ? J'avoue qu'il n'efi pas aifé de le- ver cette difficulté: peut-être que la Mé- moire de Knox ne l'a pas bien fervi ; peut- être aufîi qu'il y a quelques fautes dans les dates qu'on vient de rapporter. Quoi qu'il en foit , que peut-on conclure delà contre le fond du narré de Knox ? La Commiilîon fut peut-être donnée avant la tenue du Parlement, & confirmée & renouvellée en- fuite , lorfque la Reformation eut été éta- blie par ce fouverain Confeil de la Nation. Knox dit lui - même , que le Livre de la Dif- cipline fut examiné de nouveau par le Par- lement qui s'aflembla en Janvier 156?. On trouve dans l'Hiftoire manulcrite de l'Archevêque Spottifwood un fait aflez par- ticulier, touchant la manière dont on forma le Plan de la Difcipline. ,, Durant cetems- ,, là *, dit- il, les Miniftres s'attachèrent „ à drefler un Plan de Police Eccléfiaftique, ,, pour régler l'ordre qu'on devoit obferver „ dans la manière de prêcher, dans l'admi- „ niftration des Sacremens , dans l'élection ?, des Pafteurs , dans les moyens de pour- ,, voir à leur fubfifïance , & dans toutes les ,, autres choies qui ont du rapport à laDif- h cipli- * C'eft à-dire, dans le tems qui s'ëcoula depuis le Parlement tenu en Août i^o, jufqu'a celui de Janvier 1 5*6^. ?» 172 Bibliothèque Britannique, cipline. Le foin de drefler ce Plan fut „ commis à Mr. Jean Spottifwood, Surinten- „ dantdela Lothiane, à Mr. Jean Whlocks, „ Surintendant de Glafgow, à Mr. Jean Win- ,, rame, Sous -Prieur de St. André, à Mr. „ Jean Douglas, Recleur de l'Univerfité de „ St. André , & à Mr. Jean Row & Jean „ Knox , Miniftres. Plufieurs d'entr'eux é- ,, toient d'avis qu'on retînt l'ancienne Po- ,, lice , en retranchant feulement les abus ,, qui s'y étoient gliffez: ils repréfenterent ,, qu'ils n'étoient point autorifez à s'établir „ une nouvelle Eglife , mais feulement à ,, reformer l'ancienne, & à la remettre dans ,, l'Etat de perfection dont elle étoit dechûë. „ La prudence exige, difoient-ils, qu'on ne „ faiTe qu'auffi peu de changemens qu'il eft „ poiTible ; parce que les moindres change- „ mens dans l'Etat ou dans la Religion font „ dangereux, &lorfqu'une fois l'autorité du „ Gouvernement eft relâchée , il eft difficile ,, de la raffermir. Cependant cet avis ne „ prévalut point. Jean Knox avoit alors „ tout crédit: la police la plus oppofée au „ gouvernement Eccléfiaftique de Rome „ lui paroiflbit la meilleure ; il voulut à „ toute force établir une difcipline fembla- „ ble à celle qu'il avoit vûë à Genève. Les „ autres CommifTaires s'étant lailTé entraî- „ ner à fon opinion , on dreffa un projet de „ Difcipline , conformément à fes idées , & „ on le préfenta au Parlement ". Le Livre de la Difcipline ayant été im- primé OcTOB. NOVEMB. ET DECEMB. I737. 173 primé depuis, Mr. Keich nous y renvoyé, & fe contente d'en rapporter quelques paf- lages , pour faire voir ce qu'il y déiap prou- ve le plus. Nous n'en traduirons qu'un feul, en faveur de ceux qui ne connoiflent pas ce Livre. „ C'eft avec une extrême douleur que ,, nous apprenons , que quelques Gentils- ;, hommes font à préfent auflî durs envers ,, leurs Tenanciers , que les Papiftes ont „ jamais été ; ils en exigent les Dîmes , & „ tout ce qu'on avoit coutume de payer à „ l'Eglife: de forte que la Tyrannie Papale ,, a feulement changé de main , étant main- ,, tenant exercée par les Seigneurs & autres ,, poflefleurs des Terres. . . . Les Gentils- ,, hommes , Barons , Comtes , Seigneurs , ,, & autres , doivent fe contenter de vivre „ des rentes qui leur font juftement dues, ,, & permettre que l'Eglife foit rétablie dans ., fes Droits & fes libertez. . . . Les fom- „ mes néceflaires pour entretenir les Mini- ., lires de la Parole de Dieu, les Pauvres., ,, & les Ecoles , <3c pour tous les autres „ fraix qu'exige la manutention de l'ordre », & de la Difcipline de l'Eglife, doivent fe ., lever fur les Dîmes: fçavoir la dixième „ gerbe de toute forte de Grains: la Dîme ., du Foin , du Chanvre ce du Lin, le di- ., xieme Poiflbn, le dixième Veau, le dixiè- ., me Agneau , le dixième Poulain , & la Dî- ., me de la Laine. Et comme nous fçay.ons ., que les Dîmes levées d'une manière rai- Tm. X. Pan. I. M „ fon- 174 Bibliothèque Britannique, „ fonnable , ainfi qu'on vient de le voir, ne -, font pasfuffiiantes; nous croyons que tous „ les biens defhinez à entretenir l'Hofpita- „ lité, foit dans les Villes foit à la Campa- „ gne, qui apartenoient aux Prêtres, Cha- „ noines, Collèges , Chapellemes , Couvens ?, 'd'Hommes ou de Femmes , ce tous autres ., biens fembiables, doivent aufn être rete- ., nus pour l'ulage de L'Eglife ou des Egiifes „ qui font dans les Villes & Paroifîes où ti ces biens Çbnt fituez «. Il eit dit dans ce même Article, qu'on é- tabiira des Diacres d'année en année , dans chaque Paroi lie , pour recueillir les Dîmes & les autres revenus Eccîéilaitiques ; mais qu'ils ne pourront point en difpofer fans Tordre des Miniftres & des Anciens. Voici fur tout cela les Réflexions de Mr. Keith. ,, On s'étoit plaint autrefois que l'Eglife ,, poiledoit des biens trop confiderables : .,, & peut-être que la plainte n'étoit pas touc- „ à-fait mal fondée Mais on a dit „ aufli, ce peut-être avec autant de fonde- „ ment, que n'eût éré l'envie que la poi- „ feiîion des biens Eccléfiaftiques excitoit „ contre ceux qui etoient élevez; aux plus „ grandes Dignitez dans l'Eglife , en n'auroit „ pas vu la Noblefle ni les. autres Parti- „ culiers travailler avec tant de zèle à ren- :, verfer l'ancien établiflement de la Reli- „ gion. Knox, qui étoit un des principaux „ Auteurs des nouveaux Reglemens, croyoit ., que tous les biens qui avoient jamais *> apar- Octob. NoVemb. et Decemb. 1737. 175 ., apartenu à l'Eglife , dévoient lui être „ confervez , avec cetce différence feulement, „ qu'il fubflituoit des Diacres choifis tous s, les ans, aux anciens & légitimes proprié- „ taires de ces biens. . . . Peut-être croyoit- „ il, que tous ceux defon parti étoient aufïï „ défintéreifez que lui-même. Mais il trou- „ va bien-tôt qu'il s'étoit trompé ". Il eft vrai que le Confeil approuva le Li- vre de la Difcipline, & promit d'en faire ob- ferver les Reglemens : mais ce fut une pro- meuve fans effet. „ Knox s'imaginoit qu'il » lui feroit aufîl aifé d'obtenir de nouveaux „ Actes de Parlement, & de nouvelles Char- „ tes pour transférer à fes Diacres annuels 5) le droit des anciens propriétaires des „ biens Eccléfiaftiques , qu'il lui étoit aifé ,, de déclamer contre la corruption du „ Clergé. Mais il fut forcé de reconnoître ,, fon erreur , lorfqu'il vit que ces bonne- „ tes gens , qu'il appelloit des Saints , . . . „ vouloient à peine lui accorder à lui-mê- „ me de quoi vivre, dès qu'ils fe furent une „ fois emparez des biens de l'Eglife. Les }> Nobles voulurent bien permettre à Knox ,, de reformer les abus Spirituels de l'Egli- „ fe , mais ils eurent foin d'en reformer „ eux-mêmes les abus temporels. Et la véri- ,, té eft, qu'ils les reformèrent fi bien, qu'ils „ ne laiifcrent rien de fuperflu au Clergé; », ils firent plus, ils ne lui laiflerent pas mê- „ me le néceffaire ". En effet le Parlement ne jugea pas à pro- M 2 pos 176 Bibliothèque Britannique, pos d'autorifer le Livre de la Difcipline * principalement en ce qui regardoit la dif- poiition des biens Eccléfiaftiques : de forte que Je projet de Knox échoua,au moins à cet égard. Auiîl trouve-t-on ici , que dans prefque tou- tes les Aflemblées générales de l'Eglife d'E- cofie, il y eut des Miniftres qui fe plai- gnoient de l'infLiffifance de leurs gages, & qui en demandoient l'augmentation. La première AfTemblèe générale de l'E- glife d'Ecofle fe tint à Edimbourg le 20. Décembre 1560. On voit ici la Lifte des Membres qui y affilièrent , & la plupart des Réfolutions qui y furent prifes : voici quel- ques-unes des plus confïdérables. ,, Puifque les Mariages au fécond, troi- ,, fième &c. degré, quoique défendus par „ le Pape, font permis par la Loi de Dieu, „ les Etats du Royaume * feront fuppliez „ de faire une Loi pour les permettre. „ Les Elections des Miniftres , Anciens „ & Diacres fe feront publiquement dans „ l'Eglife , & on les proclamera le Diman- „ che avant le jour de l'Election. ,, On priera le Parlement & les Seigneurs „ du Confeil , de faire punir févèrement ceux „ dont on leur préfentera la Lifte f, & tous „ les autres Idolâtres & fuppôts de FI- „ dolâtrie ". Quoi- * Cejî-àdire, le Parlement. f C'étoit des Catholiques-Romains, des Prêtres qui difoient la Méfie , & des perfonnes qui fouf- froient qu'on la dit chez eux. OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. 1737. 1^7 Quoique le Parlement fe foie afîemblé au mois de Janvier fuivant, il ne paroic pas qu'on y ait rien fait par rapport à la Reli- gion , ii-non de rejetter , ou plutôt de ne pas autorifer le Livre de la Diiciplinç. - La féconde Aflemblée générale fe tint à Edimbourg le 16. de Mai 1561. Il y fut réfolu de préfenter une Requête au Confeil pour le prier: De fupprimer l'Idolâtrie dans tout le Royaume & de punir les Idolatxes: De pourvoir à l'entretien des Surinten- dans, d'en établir un plus grand nombre, & de décerner des peines contr^ ceux qui méprifent leur autorité, & qui leur defo- bénTent : De prendre des mefures contre ceux qui abufent des Sacremens: Que les Cours de Juftice ne donnent point d'ordre pour payer les Di:^es à qui que ce foit, que les Paroiffiens n'ayent re- tenu préalablement entre leurs mains la fomme ordonnée pour les Gages du Mini- lire ; & que tout pareil ordre déjà donne, foit déclaré nul & révoqué: Qu'on faffe punir ceux qui achettent ou font venir des Bulles de Rome, ou qui veu- lent s'y conformer en Ecofle. On drefla là - delTus une Requête au nom de toute l* Aflemblée, mais qui ne fut pour- tant préfentée que par dts Laïques. Cette humble Requête a quelque choie de fi. parti- culier, que nous crovons devoir la tradui- " M 3 re 178 Bibliothèque Britannique, re ici : elle ne doit point être fufpe&e puifque Mr. Keith la donne telle qu'il l'a trouvée dans l'Hiftoire de Knox. „ Nous fupplions vos Seigneuries , & tous „ ceux qui font maintenant aflemblez avec „ vous en Confeil, de confiderer, que nous „ avons compris par de très -bonnes rai- „ ions , ce que cette pernicieufe Génération „ de l'Antichrift Romain prétend exécuter „ dans ce Royaume. Ils veulent établir de 9S nouveau leur Idolâtrie, & reprendre un û empire abfolu fur nos confciences : Ils ,, veulent nous obliger, nous les bons fujecs „ de ce Royaume, & ceux que Dieu dans „ fa mifericorde nous a fournis ( fous l'au- ,, torité de notre Souveraine, ) à fuivre leurs „ dellrs en toute chofe. L'Honneur nous y, engage & la Confcience nous porte à dé- „ couvrir à vos Seigneuries les plus profonds „ fecrets de nos cœurs: Cejl que nous, les „ Barons & les Gentilshommes qui faifons pro- 99 fijfion de croire en 'Jefus-Cbriji dans ce Ro' ,, yaume , fommes réfolus de facrifisr tous les ?, biens temporels que Dieu nous a accordez £? a nos vies mimes , plutôt que de fouffrir que ces 79 Tyrans, ces chiens muets , reprennent leur em- ,9 pire fur nous £? fur ceux que Dieu nous a ,9 fournis. C'eit. pourquoi nous fupplions „ très-humblement vos Seigneuries, de don- „ ner de il bons ordres , que nous ne „ foyons pas obligez de tirer encore Tépée, „ que nous avons remife entre vos mains r. ( après que Dieu eût donné la Victoire à 93 VOS OcTcm. Novemb. et Deceme. 1737. 179 „ vos Seigneuries 6c à nous) que l'Evangile de ?, Dieu foie publié & prêché dans ce Royau- „ me ; que les véritables Minières foicnc n entretenus honorablement; que l'Idolâtrie ,, foie fupprimée, 6^ que ceux qui en font: ,, coupables foient punis félon les Loix Di- „ vines & humaines. En quoi faifant,^ vos ,, Seigneuries nous trouveront non feule- „ ment fournis & obéïflans en toute cho- ,, fe permife & légitime , mais auffi tou- 93 jours difpofez à foûmettre tous les rebel- „ les à votre autorité, laquelle nous recon- „ noiilbns être jufte entre vos mains , dans „ l'abfence de notre Souveraine : Suppliant ,, vos Seigneuries, d'examiner avec attention „ & fans partialité ce petit nombre d'Articles, ,, & de nous faire tenir , par le moyen de ,, nos Frères que nous vous avons députez, „ une Réponfe, qui fafle voir que vos Sei- ,, gneuries font dignes des poftes, auxquels „ ( après plufieurs dangers ) vous ave?; été ,, élevez par la mifericbrde de Dieu. Et qii? „ ces Ennemis de Dieu foient ctffurtz, que fi fctfï „ Seigneuries n'y mettent pas ordre, ;v,us Jçau- „ rons noms-mêmes , dans peu de teins , prendre âe „ telles mef lires , quiis ne feront plus en ér t $e ,, faire ce qu'il leur plaît , ni de vivre fur le ira- ,, mil de ceux qui ne leur doivent rien, „ cependant vos Sei incuries n'attendent d * ,, nous qu'une humble obeïiTance en Dieu; ,, mais encore une fois, que les rapiftesfoieni „ affurez, que nous jomm es déterminez à ne plus vfouffrir leur orgueil, ni leur U>!dïvle-4i. M 4 Le igo Bibliothèque Britannique, Le Parlement qui s'afTembla en Mai 1561. fie un Aête, à la requête de l'Eglife, par lequel il étoit ordonné de démolir les Abbayes & les Couvens , & de détruire tous les monumens d'Idolâtrie qu il pouvoit encore y avoir dans le Royaume. La Reine , à Ton arrivée * , fit dire la Méfie dans fa Chapelle , ce qui caufa, dit Mr. Knox, une très -vive douleur aux Frères. Ils eurent une plus grande mortification encore , lorfqu'ils virent les trois Frères naturels de la Reine, quoique Proteftans, prendre Ion par- ti dans cette occafion, &ioutenir qu'il étoit jufle de permettre, au moins pour un tems, qu'elle fuivît la Religion dans laquelle elle avoit été élevée , & qu'elle croyoit la feule véritable. On publia là-defius un Arrêt du Confeil, défendant à tout le monde de rao- leller , de quelque manière que ce fût , les Do- meftiques de Sa Majeflé, foit dans fon pa- lais, toit ailleurs. Le Comte d'Arran , jeu- ne-homme imprudent, & pouffé peut-être par d'autres , dit publiquement , qu'il ne pou- voit pas le foùmettre a cet Arrêt; il publia même une Proteflation , déclarant, que fr quelqu'un des Domeftiques de la Reine fe rendoit coupable d'Idolâtrie , & particuliè- rement s'il afîiftoit à la Méfie , l'Arrêt du Confeil ne devoit point le mettre à cou- vert, non plus que s'il eut commis un meur- tre; * Au Mois d'Août i$fi. OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. I737. 18 1 tre; attendu que le meurtre n'eft pas plus abominable devant Dieu que l'Idolâtrie. C'étoit-îà fans doute, non feulement man- quer de refpecl: pour la Reine,* c'étoit té- moigner encore qu'on connoifîbit bien peu l'Efprit de douceur & de tolérance , fi fortement recommandé dans l'Evangile. Knox lui-même s'exprima dans un Sermon d'une manière qui ne marquoit pas beaucoup de modération: Une feule Meffe, dit-il, m'ef- fraye plus , que fi un millier d'Ennemis étoient entrez les armes à la main dans le Royaume, pour renverfer la Religion de fond en comble. Quoique la Reformation fût établie , on avoit permis à ceux du Clergé Romain qui avoient des Bénéfices , de les conferver : mais ces Eccléfiafliques craignant de les per- dre bien-tôt , trouvèrent une voye pour en conferver au moins une partie. Ils cédè- rent toutes leurs rentes , leurs maifons , leurs terres, & en général tous les biens d'Egli- fe, à quelques Grands de leurs patrons ou de leurs amis , à la charge d'en recevoir une certaine fomme par an. Les Grands trou- vèrent moyen de fe faire confirmer enfuite ces Donations ou Ceffionspar le Parlement. C'efl ainfi que la meilleure partie des Biens Eccléfiafliques pafia entre les mains des Laïques ; ce ce fut- là fans doute ce qui fit échouer le projet propofé dans le Livre de Difciplinc dont nous avons parlé ci- delfus. Le 10. Septembre 156 1. le Confeil donna un Arrêt pour prévenir ces Donations , & M 5 pour 182 Bibliothèque Britannique, pour empêcher qu'on ne fit venir des Com- miiïions de Rome pour les autorifer ou les confirmer. Cependant on établie dans la fuite des Evêques & des Abbez titulaires , auxquels on donna non feulement les biens de fEglife, mais même le pouvoir d'en dif- pofer à leur gré. Notre Auteur en rappor- te un exemple remarquable ; c'en: celui d'A- lexandre Campbell, de la famille des Ard- kinlas y qui fut pourvu de l'Evêché de Bre- chin. Il y avoit cette claufe dans fes Pro- vifions : Ac cum pote (taie fibi , dare &f di/po- nere fingula bénéficia (tam SpiritualitaUs quam temporalitatis ) dignitatïs , aut alia infra Dio- cefin Brecbinen, nunc vacan. aut quando eadem vacare contigerit, quœ prius donationi Epifcopo- rum Brecbinen. pertinuerunt ; avec pouvoir de donner & d'aliéner tous les Bénéfices, tant Spirituels que temporels , &c. Ces Pro- vifions, qui font accordées par le Roi Hen- ri & la Reine Marie , font datées du 6. Mai 1566, & on trouve dans les Regîtres du Sceau privé une permiffion datée du 7. Mai 1567 , par laquelle la Reine accorde à cet Evêque la liberté de voyager hors du pais pendant fept ans : il parbit aufli par les Re- ntres de la famille des Panmures , que cet Evoque étudioit encore à Genève l'an 1573; par ou l'on peut juger, qu'il n'étoit encore qu'un enfant lorfqu'il fut pourvu de fon E- veçhé. Il fçut très-bien faire ufage du pou- voir qui lui étoit donné ; car , il aliéna la r>lus grande partie des terres & des Dîmes de Octoiï. Novemb. et Decemb. 1737. 183 de fon Evèché en faveur du Comte d'Argile, ion Patron , par le crédit duquei il avoit fans doute étc élevé à cette dignité. • La plupart des biens de l'Eglife ayant été ainfi aliénez, on ne doit, pas être* furpris que les Gages des Miniitres ayent été très- modiques; la plus forte P en (ion n'alloit pas au - delà de 300. Marcs , argent d'Ecofle. De-là vient que dans toutes les AfTembiées générales de l'Eglife d'Ecofle, on voit des plaintes fur le peu de foin qu'on prenoit de l'entretien des Miniftres. Notre Auteur donne la plupart des Aétes parlez dans ces Aflemblées : nous ne rapporterons que ceux qui nous paroifient les plus remarquables. Dans la cinquième Afiemblée générale, qui fe tint à Edimbourg le 25. Décembre 1562 , il fut réfolu que déformais on fui- vroit une méthode uniforme par toute l'E- coiTe dans l'adminiftration des Sacremens , dans la folcmnifation du Mariage, & dans la Sépulture des morts , conformément au Li- vre de Genève-, c'efl-à-dire , à la Liturgie de l'Eglife Angloife établie à Genève. 11 fut auifi ordonné qu'aucun Mini (Ire , ni aucune perfonne ayant charge dans l'Eglife, ne cor- noîtroit déformais des caufes touchant le Divorce : excepté feulement les Surintcn- dans , & ceux qui feroient commis par eux. On fe plaignit dans la même AiTcmblée, que l'Idolâtrie avoit été rétablie en ci; lieux , & on propofa de préfenter une nou- velle Requête à la Reine fur ce UAt ; mais corn- i&4 Bibliothèque Britannique, comme on n'avoit point reçu de réponfe à celles qu'on avoit déjà préientées , on ju- gea à propos d'attendre ce que feroit ie Par- lement , qui devoit s'aftembler au mois de Liai fuivant , & dont on efpéroit de rece- voir fatisfaction. En effet le Parlement fit un Afte contre l'Idolâtrie , ce quelques autres Actes pour l'entretien des Miniftres , & pour prévenir l'aliénation des biens Eccléfiaftiques ; mais ce dernier fut peu exécuté , comme il pa- roie par l'exemple de l'Evêque de Brechin que nous avons rapporté. Dans la fixième Âffemblée générale , tenue à Saint-Johnfton le 25. Juin 1563, il fut ré- folu que chaque Surintendant donneroit or- dre , dans fon diftrid , aux Echevins & aux Clercs des Villes & des Bourgs , d'envoyer déformais des députez aux Afiemblées géné- rales. Nous remarquerons ici , que plufieurs des principaux Seigneurs du Royaume aiïif- toient prefque toujours à ces Synodes. Mr. Knox fut chargé dans celui-ci , dedrefTer un Formulaire d'Excommunication. L'Aflemblée du 25. Juin 1565. réfolut de préfenter une Requête à la Reine , pour la prier de reformer divers abus. Us deman- doient: 1. Que la Méfie, l'Idolâtrie papale , & toute autorité du Pane fuiïent entière- ment fupprimées , non feulement par rap- port aux Sujets de l'Etat, mais aufiî par rap- port à Sa Majefté elle-même; & que la vé- ritable Religion fût reçue , autorifée & ap- prou- OcTOB. NoVEMB. ET DECFMB. I737. î8$ prouvée par tout le Royaume , & par Sa Ma- jefté: 2. Qu'il fût pourvu efficacement à la fubfiftance des Miniftres , pour l'avenir aufli- bien que pour le préient ; que les Bénéfi- ces vacans depuis le mois de Mars 1555., ou qui viendront à vaquer déformais , foient donnez à des perfonnes habiles, capables de prêcher la Parole de Dieu, & de s'acquitter de tous les devoirs du Miniftère ; & que les Evêchez, Abbayes, Prieurez , Doyennez, Prévôtez , & autres Bénéfices auxquels plu- fieurs Egiifes font annexées , ne foient plus donnez à une feule perfonne , mais que chaque Bénéfice ayant cure d'Ames, ait fen Miniftre particulier, & qu'il foit en poffef- flon des terres apartenantes à fon Églife, ôc du Presbytère, afin qu'il puhTe réfider dans fon Bénéfice: 3. Que perfonne n'ait la permiffion d'enfeigner Ta jeunefie, foit en particulier , foit publiquement dans les Eco- les, Collèges, ou Univerfitez, qu'il n'ait premièrement été examiné & trouvé capa- ble par les Surintendans ou par les Vifiteurs des Egiifes, & admis par eux : 4. Que tous les biens , toutes les rentes qui ont apar- tenu aux Monafteres , Abbayes, &c. foient reftiruez pour l'entretien des* Pauvres & des Ecoles : 5. Que tous les crimes horribles qui fe commettent dans le Royaume, com- me l'Idolâtrie, les Blafphêmes, la violation du Sabat , les Sortilèges , les Enchantemens , l'Adultère, l'Impureté, la fréquentation des lieux de débauche, le Meurtre, &c. foienc févè- i8tf Bibliothèque Britannique, févèrement punis : 6. Que l'on fafle quel- que Règlement pourfoulager les pauvres La- boureurs, touchant le payement déraifon- nable des Dîmes , à quoi on les a obligez fans leur avis & fans leur confentement. On drefla une Requête conformément à ces Articles , & on la préfenta à la Reine , qui fit tenir fa Réponlè à FAffemblée gé- nérale qui fe tint à Edimbourg le 25. Dé- cembre 1565. La Reine déclara, qu'elle n'é- toit point encore perfuadée de la vérité de la Religion Reformée ; que fes Sujets ne pourroient avoir que du mépris pour elle ,û elle l'embrafToit contre fa confcience ; ce qui lui cauferoit auffi de cruels remords, qui lui rendraient la Vie amère. D'ailleurs fon changement lui feroit perdre l'amitié du Roi de France & de tous les autres Princes fes Alliez, de qui elle efpéroit de grands fecours dans le befoin: & comme on ne lui propofoit rien qui pût contrebalancer cette confidération , elle ne pouvoit fe réfoudre à s'expofer au danger de perdre tous fes Amis dans un infiant : c'eft pourquoi elle prioit fes Sujets, qui avoient éprouvé fa bon- té, que comme elle n'avoit jamais entrepris de gêner la confcience de perfonne, ni ne Pentreprendroit dans la fuite, ils vouluffent aufiî ne pas la forcer à agir elle-même con- tre fa confcience. Pour ce qui étoit d'établir la Religion dans le Royaume, ils fçavoient que la chofe ne pouvoit pas le faire "par l'autorité de Sa Ma- 0CT0B. NOVEMB. ET DECEMB. 1737. I87 Majeilé feule, mais qu'il faloit pour cela le contentement des trois Etats; & que lors- qu'ils feroient alîemblez , elle ratifleroit tout ce qu'ils auroient réglé. A l'égard du fécond Article elle répondit, qu'il n'étoit pas raifonnable qu'elle fe dé- pouillât d'une, grande partie du Patrimoine de la Couronne , en renonçant au droit de difpofer des Bénéfices ; qu'il étoit néceffai- re qu'elle en retint une bonne partie entre fes mains, pour fubvenir aux frais qu'elle Étoit obligée de faire. Cependant elle con- ientoit, qu'après avoir pourvu à fes propres befoins , on prît des mefures pour fournir à l'entretien des Miniftrcs : ce qu'elle aban- donnoic à la Sagefîe de l'AiTemblée, ne pré- tendant pas s'en mêler elle-même. Elle remettoit les Articles 3 , 5, & 6 , au Parlement, & répondit fur le quatrième, que la libéralité envers les Pauvres s'ér en droit toujours aufli loin qu'on pouvoit raifonna- blcment l'attendre d'elle. L'Aflemblée générale ne fut point du tout fatisfaite de cette Réponfe. Ils répliquè- rent, qu'ils voyoient avec une extrême dou- leur que Sa Majefté ne fut pas convaincue de firrpieté de laMelTe, &c. ni de la vérité de leur Religion , qui n'étoit fondée que fur la feule Ecriture Sainte ; au lieu que les Papilles ne pouvoient rien alléguer pour la leur, que les Mahometans ne puffent avec autant de raifon alléguer en faveur de FAlcoran , ce les Juifs en faveur de leurs Cé- rémo- i88 Bibliothèque Britannique, rémonies, comme l'Antiquité, le Confente- ment des Peuples , l'Autorité des Princes , l'étendue de leur Religion &c. Ils exhortoient Sa Majefté à prêter l'oreille à la Voix de Dieu , qui fe failoit entendre à elle par la Pré- dication de la Parole , & ils offroient de prou- ver la vérité de leur Religion , en préfence de la Reine, dans une difpute publique. Et comme Sa Majefté avoit allégué la crainte de perdre L'amitié des Princes tes Alliez, ils lui repréfentent que le feul moyen de s'at- tirer la Protection du Roi des Rois, c'eft d'embraffer la vraye Religion de Jefus- chrift. y é A l'égard du fécond point , ils repréfen- tenc à Sa Majefté, que quoique le Droit de Patronage puiiTe lui apartenir , cependant il y avoit de l'impiété à retenir les Bénéfices entre fes mains, fans en difpofer en faveur de perfonnes capables de les deflervir. Ils ajoutent, que les Dîmes étant proprement le Patrimoine de l'Kgîife , il faut;avantt ou- tes chofes , pourvoir à l'entretien des Mi- ni ftr es ; ce qui étant fait, on peut appliquer le refte aux autres befoins. Il paroît par les A&es de toutes les Affem- blées générales , que FEglife d'Ecoffe crai- gnolc beaucoup le rétablifTement de l'Idolâ- ti ie , & fur-tout de l'Autorité & de la Jurif- dict'on que les Evêques Papiftes s'arroge- ro:ent. Leur crainte n'étoit pas trop mal- fondée fous une Reine toute Catholique, qui dans l'année 1566. rétablit l'Archevêque de OCTOB. NOVEMB. ET DeCEMB* 1737. I8û de St. André dansfon ancienne Jurifdiction : il eftvrai qu'il n'en exerça qu'un feu! acfe ; ce fut de juger l'affaire au Comte de Both- well & de Ton époufe * & de donner une fentence de Divorce entre eux. Ce fait peut donner lieu à des réflexions qui ne font pas fort à l'honneur de la Reine. 11 n'auroitpas été aifé de porter des Juges Proteftans, au- torifez par i'AfTembiée générale de l'Eglife d'Ecoffe , à prononcer une pareille fentence. Cependant il écoit impoflïble que la Reine époufàt Bothwell avant que fon mariage fût rompu. D'ailleurs, quoique l'Ailemblée gé- nérale autoriiat le Divorce en cas d'Adultè- re, elle ne permettoit à aucune des Parties de le remarier. Il y a donc lieu de croire, que l'Archevêque de St. André ne fut rétabli dansfon autorité, qu'afin qu'il pût diflbudre le mariage de Bothwell ; ce qui, comme nous l'avons déjà remarqué, fut le feul acte de jurifdicVion qu'il fit, au mois du Mai 1567; & clans ce même mois la Reine épou- fa le Comte. iftre, nommé Adam, qui fe faifoit ap'peUer Evoqué d'Orkney, fut dépofe pour avoir béni ce Mariage; & dans la même Af- femblée générale, qui fc tint le 25. Décem- bre 1567. Mr. JcanCraig, Miniftrc d'Edim- bourg, fut obligé de le juftirler de ce qu'il avoit publie les Bans de Bothwell & de la Reine. Voici fa juftitication. „ Mr. Thomas Hepbarne, dit -il, me pria h au nom de la Reine, de publier fes Bans Tom. X. P.irt. I. N ,, avec ï£o Bibliothèque Britannique1, „ avec Bothwell; mais je le refufai , tarit „ parce qu'il ne me fit point voir d'ordre „ par écrit, ligné par la Reine, que parce ,, qu'il s'étoit répandu un bruit , que Mylord }, avoit enlevé la Reine, & la rétenoit cap- „ tive. Le Mercredi fuivant, le Secrétaire ,, de la Cour de Juftice m'apporta un or- «-dre figné de la propre main de la Reine, „ par lequel elle me marquoit qu'elle n'a- ,y voit point été enlevée, & qu'elle n'étoit ,-> point détenue captive, &me commandoit „ de publier fes Bans. Je répondis, que je ,, n'ofois pas le faire fans le confentement, „ & l'ordre de mon Egîife. Le Jeudi fui- „ vant, après de longues conférences avec „ le Secrétaire de la Cour de Juftice , & „ avec les Frères , mon Çglife réfolut , que ,, Pon déclarèrent cà nos Frères le deffein de „ la Reine , trois jours de prêche confécu- „ tifs ; mais comme rAflemblée générale „ avoit défendu de pareils Mariages , nous „ proteftames , que nous ne voulions ni „ folemnifer le Mariage de la Reine , ni mè- „ me l'approuver ; mais que nous nouscon- ,, tenterions de déclarer le delfein de SaMa- „ jette , laiffant à ceux qui avoient procu- „ ré, confeillé & approuvé ce Mariage, le „ foin de lever les objections qu'on pouvoit „ faire contre une femblable Alliance , &' „ d'en prévenir les dangereufes conféquen- p ces: Ainfi, le Vendredi fuivant, je déclarai „ publiquement quel étoit le fentiment de ^-rF^lifej & comment elle-. s'étoit conduite }y dans OCTOR. NoVEMB'. ET DECEMB. I737. I9f *, dans cette affaire , priant chaque Mem- » bre, au nom de Dieu, de faire connoître ,, en canfcience au Confeil fecret ce qu'il „ penfoit, & d'encourager les autres à en «, faire autant. Je priai les Seigneurs qui „ étoient préfens, de faire enforte que je ., pûlfe en tems & lieu dire mon fentimenc ,, devant les Parties intéreflees , proteftanc ,, que fi on ne vouloit pas m'écouter , ni „ répondre à mes difficultez, je ceflerois de „ publier les Bans , ou bien je déclarerons pu- „ bliquement ma peniée devant toute l'Egli- ,, fe. Ayant été admis la même après-dînée ,, devant Mylord * dans le Confeil , je lui mis „ devant les yeux la Loi contre les Adulte; ,, res, les Ordonnances de l'EgUfe, la Loi ,, contre les Raviffeurs; je lui repréfentai, ,, qu'on foupçonnoit qu'il y avoit eu collu- ,, lion entre lui & fon Epoufe: foupçon fon- „ dé fur la prompte diflblution de fon Maria- ,, ge , & la proclamation fubite des Bans dans ,, le court efpace de quatre jours; enfin, ,, je lui remontrai , qu'on le foupçonnoit „ d'être coupable du Meurtre du Roi , ce ,, que ce foupçon feroit confirmé par fon ,, Mariage. Mais il ne me fit aucune Ré- ,, ponfe fatisfaifante. C'eft pourquoi, après ,, plufieurs exhortations, je proteftai , que je ,, ne pourrois pas me difpenfer de déclarer ,, mon fentiment publiquement à TEglife. ty A infile Dimanche fuivant, après avoir rap- „ por- * Bothwdl. N 2 102 Bibliothèque Britannique, „ porté ce qui s'étoit palTé , & comment la „ Reine & Bothwell étoient réfolus de paf- 9, fer outre , de gré ou de force, je pris le „ Ciel & la Terre à témoin , que j'avois hor- 99 reur de ce Mariage i que je le déteftois „ comme une chofe abominable & honteu- 3, fe; & voyant que la plus grande partie du 99 Royaume l'approuvant , les uns ouvertc- „ ment par flatterie, les autres au moins par ,, leur filence , je conjurai les Fidèles de prier 5, Dieu de tout leur cœur, qu'il voulu-: tour- ,-, ner à l'avantage du Royaume ce Mariage 99 contracté contre la Raifon & contre les 99 lumières de la Confciencc. Et comme j'apn ,, pris que quelques perfonnesfe plaignoienc, 99 de ma conduite , je me juftifiai par ces „ trois raifons: i. Que je n'avois point agi 9i contre la Loi, puiique je n'avois publié ,, les Bans de la Reine & de Bothwell qu'à 99 leur léquiiition. : i. Si ce Mariage étoit 99 réellement honteux & préjudiciable à l'E- „ tat, pouvois-je mieux faire que d'en don- 99 ner avis à tout le monde pendant qu'il 99 en étoit encore tems ? 3. Comme je leur i9 avois déclaré le deflein de la Reine , fe- ,y ion qu'il étoit de mon devoir de le faire , „ auffi leur ris-je connoître,parmes difeours „ & par mon propre exemple, ce que Dieu 99 exigeoit d'eux dans cette occafion. Mais „ le Jeudi fuivant je fus cité devant le Con- ., feil , ce aceufé d'avoir pafle les bornes de ,, mon miniftère, en foutenant que le Ma- r, riage de la Reine étoit une chofe abomi- m na- OCTOB. NOVEMB. ET DECEMR. 1737- I93 ,, nable & hontcufe. Je (butins que je n'a- ,, vois fait que ce que mon miniitcre exi- ,, geoit de moi ; ce que je pouvois prou- ,, ver par l'Ecriture , par les Loix de l'Etat* „ & par les lumières de la Rail on : que leur ,, propre confeience ne pouvoit que leurap- „ prendre, qu'un pareil Mariage feroit abo- „ minable & odieux à tous ceux qui en en- ,, tendroient parler, s'ils en confideroient „ bien toutes les circonftances. Mais lorf- ,, que je voulus en venir à la preuve, My- ,, lord m'impofa filence , & me renvoya. ,, Ainfi, le Mercredi luivant , je repétai 6c con- „ firmai tout ce que j'avois dit auparavant; „ enfuite je repréfentai aux Frères, que fi ,, ce Mariage s'accompliflbit , ils ne dévoient ., point s'en prendre à moi, mais plutôt à ,, eux-mêmes , qui , par crainte , n'avoient pas „ ofé s'y oppofer , aimant mieux mecalom- ., nier moi, parce que je les avertifibis de „ leur devoir , & que je ne voulois pas ,, fouffrir que les Confcienccs gangrenées „ des Hypocrites dormifient en repos. Je ,, leur ai toujours protefté, que fi quelque „ chofe pouvoit autorifer ce Mariage , ce ,, n'étoit point la publication des Bans, mais „ plutôt le filence qu'ils avoient gardé: car, „ comme cette, Publication fait qu'ils ne 99 peuvent s'exculèr fur leur ignorance; ain- ,, fi, l'oppofkion que j'ai taché d'y mettre, „ tant en particulier qu'en public, luffit pour 99 tranquiliifer ma Confeience. Voilà toute „ la part que j'ai eu dans ce Mariage; corn- N 3 „ me 194 Bibliothèque Britannique, „ me toute l'Eglife d'Edimbourg , les Sei- ,y gneurs , les Comtes , les Barons , qui m'ont „ entendu , peuvent le témoigner. Mais ,, puifqu'on m'a publiquement diffamé, tant „ en Angleterre qu'en Ecoffe, je demande ,, que l'Eglife me juge, & qu'on publie le j, jugement qu'elle portera de cette affaire, ?, afin que toute la Terre puiffe connoître ,, fi les rapports qu'on a publiez fur mon „ compte font fondez ou non. . . L'Affemblée, après avoir examiné cette juftification, décida que Mr. Craig s'étoit conduit très - fagement , ce avoit fait fon de- voir : elle ordonna aufli , pour la fatisfaciion de l'Accufé, que ce jugement fût publié par- tout, Les réflexions par lefquelles Mr. Keith finit cette Hiiloire Eccléfiaftique d'Ecofle méritent d'être rapportées , parce qu'elles font connoître dans quel efprit l'Auteur l'a compofée , beaucoup mieux que certains traits particuliers qu'il a difperfez çà & là ; nous en avons rapporté quelques-uns. *, Pour ce qui regarde l'état général de „ l'Eglife Chrétienne, dit -il, allez long- „ tems avant ce période dont nous venons ,, de donner l'Hifloire ; on ne fçauroit 9, difeonvenir , ce me femble , qu'il ne fe ,, foit glifle dans le Culte & dans la Doc- 99 trine plufieurs chofes qui ne font point i9 autoriiées par l'Eglife primitive Cepen- ,, dant on peut croire charitablement, que 99 quelques-unes de ces chofes ont été in- „ tro- OCTOB. NovEMB. ET DeCEMB. 1737. I95 ., troduites fans aucun mauvais deflèin; tan- „ dis que d'autres ont été , fi-non établies , ?, au moins foutenues dans des vues critni- ,, nelies, & défendues avec trop fl'obftina- „ tion. Tout le monde conviendra, je pen- ,, fe, que l'Eglife a le pouvoir d'établir, de 9i reformer & d'abolir, pour l'avantage des ,, Fidèles , les chofes qui apartiennent au ,9 Culte extérieur de la Divinité , félon que „ les circonftances des terns , des lieux: ,, &c. l'exigent. Mais comme l'Eglife 99 eft compofée de deux parties , de „ ceux qui gouvernent , & de ceux qui ,, font gouvernez; on n'ett pas ii uni verfel- ,, lement d'accord fur la conduite que doi- ts vent tenir ceux-ci , en cas que ceux-là ,, ne jugent pas à propos de confentir aux ,, Reglemens qu'on pourroit exiger d'eux. ,, Les fenumens feront encore plue partagez ,, lorfqu'il s'agira de quelque point de Doc- ,, trine. 11 y a des perfonnes qui préten- ,, dent, que lorfque ceux qui gouvernent 99 ne veulent faire aucun changement, foit „ dans la Doctrine , foit dans le Culte, ?, ceux qui font gouvernez font obligez en ,, confeience de fe foûmettre, #& qu'ils n'onc ., point d'autre reflburce légitime , que de ,, demander à Dieu qu'il lui plaife de dif- -, pofer tellement le cœur de ceux qui gou- -, vernent, qu'ils foient 'portez à établir la r, Reformation que l'on délire. D'autres, au ., contraire, foutiennent.ftvec autant de zc- -, le , que .lorfque les Gouverneurs refufjnt N 4 93 de iptf Bibliothèque Britannique, ?) de reformer les abus quels qu'ils foient , ,y ceux qui font gouvernez ont droit de s? mettre la main à l'œuvre, & de reformer jj eux-mêmes ce qu'ils croyent avoir befoin ,i de Reformation. Pour réduire le premier 5? de ces fentimens en pratique, il faudrait „ entièrement réfondre les hommes , & „ leur donner un efprit & un naturel tout 9, différent de celui qu'ils ont dans cet état ,, de corruption où nous fommes tous. Pour ?, ce qui eil du fécond fentiment, on peut ,, dire que fî les abus étoient réellement „ reformez, quoique d'une manière qui ne ,, fût pas régulière à tous égards , cepen- ,, dant les avantages d'une pareille Refor- „ mation feroient'une excufe fuffifante pour ,, la violation d'un Devoir d'ailleurs impor- ,, tant; je veux dire TObéiflance aux Supé- ,, rieurs: Devoir qu'on ne pouvoit cbiér- ,, ver en ce cas , fans en enfreindre un au- „ tre plus important & plus obligatoire , je ,, veux dire , la pratique des Loix & des „ Commandemens de Dieu. Cette Retlé- ,y xion aura fans doute plus de poids en- „ core, fifon fuppofe que les Gouverneurs „ Eccléfiadiques fe font arrogez par degré „ un pouvoir & une fupériorité , qui ne ,, leur apartenoient pas de droit. En un „ mot, lorfque nous jettons les yeux fur „ l'état de î'Egiife Chrétienne au commen- ,, cernent de cette grande féparation , ne „ peut-on pas croire charitablement , que >, îi les Gouverneurs eulfent prévu ce qui eft „ ar- OCTOP. NoVEMtf. ET DeCEMB. I737. IO7 ., arrivé , ils auroient confenti volonraire- „ ment, pour le bien de la paix, à la iup- ,, prelTion de tous les Dogmes infoutena- „ blés, & que ceux qui font gouvernez, au- ,, roient interprété favorablement les cho- ,, fes qui font moins eflentielles , & par „ confequent moins dangereufes ; de forte ,, que l'unité & la concorde auroit été ainfr „ confervée entre tous les Membres de » l'Eglife ? ,, Pour ce qui regarde l'état de l'Eglife „ d'Ecofle, il faut remarquer que pîulieurs „ années avant la Reformation , nos Prin- ,, ces avoient , par l'octroi des Papes , le „ privilège de nommer aux Evêchez , aux ,, Abbayes & aux Prieurez tant foit peu ,, confiderables dans tout le Royaume. D'où ,, il eft arrivé, qu'à la foîllcitatiôn des Favo ,, ris & des Courtifans, les Princes ont élc- „ vé à l'Epifcopat des Perfonnes indignes ,, de ce facré caractère, & ils ont donné les „ Abbayes ce les Prieurez, r.on feulement à „ des gens fans éducation Ce qui n'étoient ,, point dans les Ordres iacrez , mais mé- „ me à des Enfans , fous le titre d'Àbbez & ,, de Prieurs commendataires, afin que de „ cette manière d'agir rrauduleufè & facri- » lège les rentes ce les revenus de l'Eglife „ entraffent dans les familles des Particu- ,, liers, & en devinflent en quelque forte le „ Patrimoine. 11 eft même certain q „ des Perfonnes qui n'étoient pas ordon-- 9J nées , & des Enfans même ont été pro- N v M mus îq8 Bibliothèque Britannique, ?, mus à l'Epifcopat par la nomination des 3, Rois , & par les Provifions des Papes. » Tel étant le mauvais ufage que les Prin- ,, ces faifoient de leurs privilèges , on ne n doit pas être furpris que le plus grand -, nombre des Prélats, n'étant point inftruits ,,'& n'ayant aucune difpofition k la vertu, i, non feulement ayent mené une vie déré- ?, glée , mais auiîi, en négligeant de s'ac- „ quitter des devoirs de leur charge, ayent « introduit un déluge d'ignorance & de ,, vices,' de forte que l'état de l'Eglife fem- 9, bloit demander hautement une Reforma- ï9 tion à ces deux égards : on peut donc ai- ï> fement s'imaginer, que la facilité avec la- s, quelle la plupart des gens ont confenti à ?> la Reformation qu'on leurpropofoit, étoic 99 une confequence très-naturelle de la corrup- 99 tion de l'Eglife de ce Pais en ce tems-là. Et 99 s'il n'y eût eu que des gens pieux & pru- „ dens qui fe fuffent mêlez de cet Ouvrage , 99 & s'ils ne fe fuflent attachez qu'à reibr- ,, mer des abus réels, nous aurions pu ob- „ tenir dans ce Royaume une Reformation , 99 qui eut été peut-être préférable a celle de „ quelque autre Pais que ce foie. Combien „ ce Siècle & les fuivans n'auroient-ils pas „ applaudi à leur conduite ! Combien n'au- „ roit - on pas loué leurs travaux ! Mais „ pour notre malheur , les chofes ont été ,, tout autrement. Et parce que l'Ignoran- „ ce & la Diflblution d'un grand nombre de » Prêtres étoient fi palpables , qu'on ne pou- yj voit OCTOB. NûVEMB. ET DeCEME. 1737. ipy „ voit ni les révoquer en doute , ni mê- ,, me les pallier, les Chefs (ou pour parler >5 plus julie le Chef*) des Reformes ofa fe ,, déclarer hautement contre l'Ordre de Prê- „ trile en général, & introduire en fa pla- ,', ce une nouvelle efpece de miniftère, in- ,, connue à toute l'Eglife Chrétienne dans ., tous les Siècles précedens, &qui, par fa „ conftitution même, eft une fource fecon- ,, de de fubdivifions & de Schifmes innom- ,i brables , parce que V Ordre [acre eft fournis ,, par-là au choix de la multitude dans les ., divers Pais oii le Chriftianifme efl reçu: ,, d'où il fuit que le Clergé & la Religion » ont par-tout les mêmes droits, & que les ,, Prêtres de l'Eglife Romaine font auffi vé- „ ritablement les Mini (1res de Jefus-Chritt, „ que quelque Miniftre Reformé que ce ,, foit , puifqu'ils ont le confentement una- ,, nime du Peuple pour eux. En un mot, le „ principal Directeur de notre Reformation ,, étoit fi entêté des excès qu'il avoit vu ,, dans les Pais étrangers , qu'il crut tou- ,, jours que le Papifme regnoit encore dans ,, fa Pacrie , jufqu'à ce qu'il eût déraciné ,, tout ce qui avoit été établi auparavant. „ Il n'y avoit point de fureté pour le Prin- ,, ce , ni pour les Pairs , ni pour les Prê- ,, très , ni pour le Peuple, à moins qu'ils ,, ne vouluilent tous le conformer à fes n imaginations dévotes (car c'eft ainû* qu'on „ nom* * // entend fan: doute Knox. 200 Bibliothèque Britannique, „ nomma fes nouveaux projets, comme il „ en convient lui-même.) C'eft ainfî que, par ,, un zèle mal-entendu & déréglé , la bonne ,, Police , qui avoic fi long-tems fubfilté dans ,, FEglife, & qui auroit dû être confervée, ,, fut entièrement détruite, & le Culte divin ., fut réduit à un état de {implicite , ou ,, pour mieux dire, de nudité, inconnu à ,, toute l'Antiquité Chrétienne; & au lieu „ de confervef cette beauté qui auroit pu „ nous rendre l'ornement de notre Ifle , 9i nous avons laifïé à nos Voifins l'honneur ,, -de prétendre feuls à la gloire de la Reforma- „ tien. Avouons cependant que notre Re- ,3 formation efl: à deux égards préférable à „ celle de nosVoiiins; fa Difcipline eft plus ,, levère, & il y a plus d'égalité dans les ,, Gages des Miniftres. ,i Mais après tout, puifque la meilleure Ré- ., formation extérieure, foit dans le Culte -, foit dans la Doctrine, ne fert de rien fans „ une Reformation intérieure du cœur & „ des mœurs , nous devons être perfuadez ?, que c'eir, notre devoir de travailler férieiir -, fement à celle-ci. Nous avons mille gra- ,, ces à rendre à la Divinité , de ce qu'elle „ nous a retirez d'une grande ignorance & 99 de plufieurs erreurs ; mais ii faut eue 99 nous travaillions à faire un bon ufage 'de ,, la lumière, des connoilTances & de tou- „ tes les autres grâces dont nous jouïfTons , t, de peur que nous ne foyons exclus du ,9 Ro- OCTOB. NûVEMB. ET DECEMR. 1737. 201 >, Royaume des Cieux, tandis que d'autres, ,, qui" peut-être font dans une plus grande .., obfcurité , feront introduits dans le Ciel , ,, parce qu'ils auront été droits & fincères , „ & qu'ils auront vécu conformément à ,, leurs lumières; car notre Souverain Juge ., n'a point d'égard à l'apparence des Perfonnes^ ,, mais en toute nation, celui qui le craint & qui ,, vit/dun lajujlice," lui eft agréable ". Il y auro:t bien des Réflexions à faire fur ce Diicours de Mr. Keith : cependant nous n'en ferons point. Nous n'avons rapporté ce long partage, que parce que notre Auteur y fait afTez bien connoître fon génie & fes princi- pes ; ce qui n'efl pas inutile pour bien juger d'un Ouvrage. L'Appendix de celui-ci contient un grand nombre de Pièces originales; on y trouve même quelques petits Traitez tout entiers, comme entre autres le Livre d'un nomme Quentin Kennedy, en faveur de la Religion Romaine: mais nous ne nous y arrêterons pas, parce qu'il ne renferme rien qui n'ait été die c: refuté mille & mille fois. Cette Hittoire , ou plutôt cette Collec- tion de Mémoires pourra être fort utile à ceux oui voudront écrire une Hiftoire exac- te d'Ecofle; & on ne peut qu'avoir Obli tion à Mr. Keith de la peine qu'il a prife pour recueillir tant de Pièces originales. Nous n'avons pas encore appris que la fui ce de cette Hiftoire foit imprimée : dès qu'elle P«- 202 Bibliothèque Britannique, paroîtra^nous ne manquerons pas d'en ren- dre compte au public. ARTICLE XI. A Short View of the Conducl of the English Clergy , fo far as relates to Civil affairs , from the Con- queflto the Révolution. London. Prin- ted for T. Cooper, at the Globe, in Pater-nofter Row. Ceft-à-dire : Court Examen de la conduite du Clergé d'Angle- terre , par rapport aux affaires d'Etat , de- puis la Conquête juf qu'à la Révolution, A Londres. 061. pag. 99. L'Auteur du Livre que nous annonçons n'eft pas ami du Clergé. Il prétend qu'il n'a eu jamais en vûë que fon intérêt, prefque toujours contraire à celui du Public. Au lieu de défendre la liberté du Peuple, les Prêtres n'ont tâché qu'à la détruire ; & loin de lui infpirer des ientimens de liber- té, ils ont conftamment prêché des Maxi- mes qui tendent à introduire l'efclavage & la plus lâche foûmifïïon. Si on en croit no- tre Auteur , le Clergé a été la principale caufe de toutes les fautes du Gouvernement &de tous les malheurs de l'Etat, depuis la Conquête jufqu'à la Révolution. Il prétend prou-- OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. 173/. 203 prouver ce faic en parcourant les règnes de chaque Roi , depuis Guillaume premier. Sans prendre parti dans cette difpute , nous laiiTons aux Lecteurs à juger , fi c'eft la paf- fion ou un véritable zèle qui anime l'Au- teur. La Victoire que le Duc de Normandie remporta à la bataille de Haftings, ne fuffi- lbit pas pour décider de la deftinée de l'Angleterre. Il nétoit maître que du feu! Château de Douvre. Les Comtes Morcar & Edixin , après s'être fignalez dans la dé- tente de leur Patrie , s'étoient enfermez dans Londres avec le débris de l'Armée de Haftings ; & Guillaume ne pouvoit pas , fans s'expofer à un danger manifefle, pé- nétrer jufqu'au cœur du Royaume , & lailTer derrière lui cette Ville au pouvoir de fes ennemis. D'ailleurs fon armée n'étoit pas aflez forte pour afliéger en même tems Lon- dres , & faire tête aux différens partis qui s'é- levoient contre lui dans les autres endroits du Royaume. Enfin , il auroit échoué ïî les Anglois avoient été bien unis. Mais les Evêques , félon l'Auteur , ne voulant pas expolèr leurs terres & leurs Eglifes aux ra- vages d'une armée ennemie, jugèrent qu'il étoit»de la prudence de facrifierla liberté de leurs compatriotes, tandis qu il étoit enco- re tems pour eux d'obtenir de Guillaume des conditions avantageufes. Ainfi ils s'op- poferent au deiTein qu'avoit *a Noblefle de pla- 204 Bibliothèque Britannique, placer Edgar fur le Trône * , fe déclarèrent en faveur de Guillaume, & engagèrent les Citoyens de Londres à livrer la Ville à l'Ennemi. C'eft ainfi , dit l'Auteur } que , par la cabale du Clergé, les Anglois perdi- rent la liberté dont ils jouifloient fous le Gouvernement des Rois Saxons , & fe dif- férent opprimer par le Duc de Normandie. L'Auteur épargne le Clergé lorfqu'il parle du règne de Guillaume le Roux. Les Prêtres eurent leur part dans l'oppreiîion généra- le ; & le mépris que ce Prince eut pour eux fut fi grand, quTls n'eurent pas oc- cafion de faire parler d'eux. Il obferve pourtant que * Ranulphe Flambert, Evêque de Derham , fut le principal infiniment de toutes Iqs violences de ce Règne. En faifant mention du Règne de Henri premier , l'Auteur remarque , que l'efprit entreprenant du Clergé fe manifeita dans la perfonned'Anfelme, Archevêque de Cantor- bery. Ce Prélat ambitieux & hautain dif- puta au Roi le droit de nommer les Evê- ques & les Abbez ; & fur ce que ce Prince voulut d abord foutenir fon droit , il alla in- folemment porter fes plaintes à Rome, ac- compagné de pluficurs Evêques qui avoient réfi- * Cacter: proceres Eugarum eli?erenr , fi Epi» feopos af'crtorss h:.bsrent. Muimsb. fol. fj. f Matthieu Paris. OCTOP. NoVEMR. ET DECETrfB. I737. 20^ réfigné leurs Evêchez , & engagea le Pape à les rétablir de fa feule autorité. * Les plaintes de notre Auteur contre le Clergé redoublent, quand il parle de la con- duite des Evêques après la mort de Henri I. Malgré les Sermens les plus folemnels qu'ils avoient prêtez à ce Roi , de reconnoî- tre pour Souveraine, après fa mort, l'Impéra- trice Mathilde fa fille , ils fe déclarent en faveur d'Etienne , & le font élire Roi f. Le but qu'ils fe propofoient , félon notre Auteur , c'étoit d'accroître leur crédit fous le règne d'un Roi qui leur devroit la Couronne. Dans cette idée ils fortifièrent non feule- ment leurs Châteaux, mais en firent bâtir de nouveaux, & dans toutes les occafions ils afte&erent de fe faire accompagner d'une fi nombreufe fuite , qu'ils paroifioient plu- tôt être des Généraux d'Armée , que les Conducteurs pacifiques du troupeau de Chrift. Une pareille conduite aliarma le Roi , & l'obligea à leurôter plufieurs de leurs Châteaux. C'étoit allez pour le rendre odieux aux Prélats. Ils fe liguèrent contre lui , * Tune Sedesclementifllma, quœnulb' deefle con- fuevit , dum modo albi aliquid vel rubei intercé- dât, prseferiptos Pontifîces & Abbates ad prifti- nas dignitates mifericorditer revocavit. M. Paris pag. 49. f Rapin. fol. Tom. II. pag. 110. Tom. X. Part. L O 20(5 Bibliothèque Britannique, lui, & d'abord que l'Impératrice JViathilde fut arrivée en Angleterre, elle fut déclarée Reine , dans le Synode qu'ils affemblerent àWeftminfter, &dans lequel ils oferent ibu- tenir , que le droit d'élire un Roi aparte- noit au Clergé. L'Evëque de Winchefter s'étant dans la fuite brouillé avec la Reine, il abandonna fes intérêts 6c engagea le Cler- gé à aflémbler de nouveau un Synode , qui reconnut Etienne & excommunia Mathilde & tous fes adhérans. C'eiî ainfi que ce Roi obtint , perdit & recouvra la Couronne par Jes intrigues des Eccléfiaftiques. Le mai empira encore fous le règne de Henri IL * Il fut prouvé en préjence du Roi y que depuis fon avènement à la Couronne , les Ec- cléfiajtiques avoient commis dans le Royaume plus de cent meurtres , dont aucun riuvoit été pu- ni, non pas même par les dégradations , qui i~ toient la peine ordonnée en pareils cas par les Canons. Le Roi qui vouîoit reprimer ces defordres, fut traité avec tant d'mfolence par Becket, qu'on ne peut lire cette partie de l'Hiftoire fans reflentir la plus vive in- dignation. Le Règne de Richard premier ne fournit point de matière à l'Auteur pour fe déchaî- ner contre les Prêtres : & fi pendant le rè- gne tyrannique du Roi Jean le Clergé fut op- * Rap. Tom. II. fol. pag. 187. OcTOB. NOVEMB. ET DeCEMB. 1737. 20? opprimé , & s'il réfifta à ce Roi , de concert avec les Pairs du Royaume , l'Auteur pré- tend qu'il faut diftinguer leurs différens mo- tifs. Les Eccléfiaftiques ne s'oppoferent aux mefures du Roi que pour maintenir leurs privilèges & conferver leurs biens, tandis que les Barons le faifoient uniquement pour l'amour de leur Patrie. Comme leurs mo- tifs avoient été différens, les conféqucnces le furent auiTi. Les menées du Clergé ne fervirent qu'à rendre l'Angleterre tributaire du Siège de Rome; au lieu que les efforts des Barons procurèrent la Grande Charte , le fondement de la liberté de l'Angleterre. C'eft fur-tout au Cardinal Langton , Arche- vêque de Cantorbery , que l'Auteur attribue les malheurs de ce Règne. Le Parlement voulant fecouër le joug Ec- cléfiaflique , avoitde tems en tems, fous Hen- ri trois & Edouard premier, pris des mefu- res pour mettre des bornes au pouvoir dtT Cierge , dont l'Autorité & les Richefles aug- mentoient de jour en jour. L'An 7. du Règne d'Edouard I. il avoit pafle l'Acte d'a- mortilTement *, pour empêcher le Clergé de fe rendre trop riche & trop puiffant. Voici l'Acte : Quod nullus Reîigioftu , aut alius quicunane , terras aut tenementa aliquaemere vet vendere Jub colore donationis , aut termini^aut ra- tione alterius tituli terras aut tenmsnta ab ali~ que * Mortmain. O 2 2o8 Bibliothèque Britannique, quo recipere , auî alio quovis modo , arte vel ingi* nio fibi appropriare prœ fumât , Jub forisfaftura eorum darem. Cette Loi avoit répandu une joye univerfelle parmi le Peuple ; mais le Clergé habile trouva toujours moyen de l'é- luder. Les Evêques , perfuadez de la foiblefle d'E- douard II. & enivrez de leur pouvoir, com- mirent un attentat contre la Juftice publi- que dont on n'a jamais vu d'exemple. Adam Orleton , Evêque de Hereford , étant accu- fé de haute Trahifon pour avoir aflifté le Comte de la Marche dans fa rébellion, les Archevêques de Cantorbery , d'York & de Dublin fe préfenterent à la barre , & le lauverent des mains de la Juftice, mena- çant d'excommunier tous ceux qui ofe- roient s'oppofer à eux. C'eft ainfi qu'ils s'intéreiTerent pour un homme déftitué de toutes vertus. 11 fuffit pour bien connoître ion mauvais cœur , de fçavoir que c'étoit lui qui avoit donné cet ordre équivoque à ceux qui gardoient l'infortuné Edouard: Edwardum occidere nolite timere bonum efl. Edouard trois, le plus grand & le meilleur des Rois d'Angleterre , au gré de l'Auteur , entreprit de délivrer la nation de l'oppref- fion Papale dont on s'étoit plaint fi long- tems & fi inutilement. Dans cette vûë il fit paiTer d'abord le Statut contre lesProvifeurs , Octob. NôvEMn. et Decemr. 1737. 209 & enfuitela Loi Prœmunire: le premier, pour empêcher la Cour de Rome de difpofer des Bénéfices contre le Droit du Roi , ou de tout autre à qui il pourroit apartenir: la féconde, pour empêcher les mjets d'évo- quer leurs caufes devant d'autres Tribunaux que ceux du Roi, dans les cas ou il apar- tient à ceux - ci d'en connoître. Maigre toutes ces précautions, le Pape exigeoic une taxe fur les dignitez Eccléfiaitiques , cinq fois autant * que la taxe de tous les pro- fits qui revenoient par an au Roi dans tout le Royaume. Le Roi & le Parlement pre- noient les plus fortes mefures pour préve- nir un fi horrible abus : Mais la timidité ce la connivence du Clergé renverferent les réfolutions du Roi & du Parlement: Les Eccléfiaftiques profitant de la Jeunef- fe de Richard II. , l'engagèrent à perlecuter ceux qu'ils trouvoient à propos de déclarer Hérétiques , & cela fans le confentement du Parlement ,* ce qui étoit un renverfement manifefte des Loix du Royaume. Tout leur fembloit permis pour détruire une Secte auffi pernicieufe que celle des Lolîards* dont les Principes tendoient à détruire lé pouvoir temporel del'Eglife: Doctrine qui a été regardée de tout tems comme fouverai- nement hérétique par le Clergé. Henri I V. Prince ambitieux , quoiqu'il fût * Cotton Pari. Roll. 03 t\o Bibliothèque Britannique, fût redevable de fa Couronne au Parlement, affecta cependant d'établir fon Droit fur de tout autres fondemens , qui étoient non feu- lement foibles , mais même imaginaires. Ainfi il crut qu'il étoit de fon intérêt de fa- yorifer le Clergé , devenu puiffant , riche & înfolent. Sa maxime confiante étoit, de ne les défobliger en aucune manière , mais de prendre leur parti dans toutes les occa- sions. Par cette conduite politique il étoit fur, que quelque mal qu'il fît au refte ç)e les fujets, il auroir toujours , par le crédit du Cler- gé, la réputation d'un Prince rempli de pié- té & de zèle pour la Gloire de Dieu. C'eft pour cette raifon , qu'à la requête des Ecclé- fiaftiques , il fit paffer dans le Parlement l'Acte fanguinairc qui ordonnoit de brûler ceux qu'ils déciareroient Hérétiques. Bientôt les malheureux Lollards furent livrez aux flam- mes, & les Temples retentirent des éloges d'un Roi , qui avoit donné des preuves f] évidentes de fon zèle & de fa pieré. Mais le Parlement qui s'aflembla quelque tems après, n'eut pas la même complaifance pour le Roi. Car ce Prince lui ayant de- mandé des fubfides , le Parlement lui re- préfenta , que fes autres fujets étoient acca- blez de taxes, tandis que les Eccléfiaftiques ne contribuoient rien pour fubvenir aux be- foins de l'Etat , quoiqu'ils pofiedafTent la troificme partie des Terres du Royaume , négligeant d'ailleurs leurs devoirs, & vivant dans OCTOIÎ. NOVEMB. ET DeCEMB. I737. oTI dans le luxe & dans l'oifiveté , qu'ainfi il fupplioit le Roi, de vouloir bien tirer l'ar- genc qu'il lui falioit des revenus Eccléfiafti- ques. On peut juger fi cette propofition fut goû ée du Clergé. L'Archevêque de Cantorbery, quife trouva au Parlement, trai- ta a Chambre des Communes avec hau- teur & avec menaces, & dit que pour lui, il perdroit plutôt la vie que fes biens. Le Roi , pour appaifer l'Archevêque, faillira que fa réfolution étoit de maintenir l'Egli- fe dans la poifeffion de fes Richeiïes , & qu'il chercheroit plutôt d'augmenter que de diminuer fes revenus. Ainli le Bill de la Chambre des Communes fut rejette par la Chambre des Seigneurs, par la cabale des Evêques; & toutes les mefures qu'on vou- lut prendre pour abaiffer le Clergé , fu- rent inutiles pendant le Règne de Hen- ri IV. A peine Henri quatre fut -il mort, que les Eccléfiaftiques réuffirent à gagner les bonnes grâces de fon Succeffeur. Ils lui repréfenterent les Loilards . comme des gens qui ne cherchoient pas feulement la déftruclion de l'Eglife & de la Religion , mais encore celle du Roi & de l'Etat. Ils ranimèrent fur-tout contre le Chevalier Old-Caltle , Baron de Cobham , l'homme le plus eftimé du Royaume & particulièrement par le Roi lui-même. Cependant, malgré fa probité fi reconnue, ce Seigneur fut facri- 0 4 fié 2i2 Bibliothèque Britannique, fié à la haine du Clergé & condamné à être brûlé. Depuis Henri V. jufqu'à Henri VIII. l'E- tat ne fut point troublé par des affaires Ec- cléfiaftiques dont il vaille la peine de par- ler, félon l'Auteur. Pendant les dix-huit premières années de fon règne, Henri huit fut un fils obéïifant du Siège de Rome , excepté fur un feul ar- ticle ; c'ell qu'il vouloic abaifler. le Cler- gé. Comme cette affaire, félon l'Auteur, étoit d'une grande importance , & qu'elle fert à faire connoître le caractère du Cler- gé de ce tems-là , il en donne l'Hiftotre, & en particulier celle des Perfécutions qu'ef- fuya un pauvre Tailleur, nommé Hunne, pour avoir offenfé les Ecciéfiadiques. Mais ce narré étant tout tiré de l'Hiftoire de la Reformation de Burnet, nous y renvoyons le Lecteur. En parlant de l'Archevêque Cranmer , l'Auteur remarque que quelque grand que foit l'éloge qu'on ait fait de ce Prélat, ce- pendant qu'à conflderer avec attention tou- te fa conduite > il ne peut s'empêcher de rabattre beaucoup de la grande idée qu'il en avcit d'abord conçue. Il veut bien qu'on pardonne quelque chofe à la fragi- lité de la nature humaine, & qu'on regar- de dans ce point de vûë fa rétractation , & d'autres fautes de fa vie. Il confent qu'on les envifage comme des foiblefTes, dont l'Hom- OCTOB. NOVEMB. ET DFXEMB. I737. 213 l'Homme le plus pieux n'eft pas toujours exempt ; mais il ne croit pas qu'on doi- ve ranger dans cette Clafle pluiieurs dé- marches de Cranmer. 1. Le Serment qu'il prêta au Pape à fa Confecration étoit très-criminel , félon lui , & quoique l'ufage de prêter des fermens, en le réfervant la liberté de les expliquer comme on le juge à propos, s accordât ai- fez avec les maximes de ce tems-là , cepen- dant il ne convenoit nullement à la pro- bité d'un homme comme Cranmer. Un tel ufa- ge tend néceffairemenc à détruire la bonne foi parmi les hommes. Mais , dit l'Auteur, on a obfervé que le Clergé d'autrefois n'étoit pas fort fcrupuleux fur cet article. Il y ajoute pourtant, qu'il faut rendre juftice aux Eccléiiaftiques d'à-préfent, & qu'on ne fçauroit leur faire un pareil reproche. 2. L'Auteur blâme , en fécond lieu , la complaifance de Cranmer, aulli-bien que celle de toute la Convocation, à rompre le Mariage du Roi avec Anne de Ciéves. La crainte ^ d'encourir l'indignation de ce Prince ne fçauroit exeufer une pareille dé- marche. Car de cette manière on pourra jufti- fier également les actions les plus criminelles , ordonnées par les Tirana les plus injures. 3. Mais ce qui, félon l'Anonyme, fuffit pour détruire la grande vénération qu'on a pour la mémoire de Cranmer , c'eft la manière dont il traita les Anabàciiles dans O 5 le 214 Bibliothèque Britannique, le règne fuivant. ,, On fe feroit attendu, „ qu'Edouard étant gouverné par des Eve* „ ques Pro eftans, l'Eglife agiroit avec plus „ de douceur, puifqu'elle n'écoit p'us fu- „ jette aux caprices & à la volonté impé- „ rieufe de Henri VIII. On fe feroit atten- „ du que les Eccléfiaftiques auroient ren- „ du la Religion Proteftante recommcn- „ dable par leur douceur , leur modéra- „ tion , & leur défintéreflement , en un „ mot, par une conduite tout oppofée à „ celle dont on s'éto;t plaint fi fouvent ; „ je veux dire, à celle de l'Eglife Romaine. ,, Mais, hélas! que cette attenre fut trom- „ pée ! L'Epée de la perfécution ne lit „ que changer de main. — : Le jeu- „ ne Roi , dont la douceur égaloit le bon „ fens, fut choqué de la conduite extraor- „ dinaire du Clergé Protedant, & fe voyant „ prefTé de figner un Ordre pour brûler "une „ pauvre Femme Anabâtifte & Enthou- „ fialle, il ne voulut pas y confentir d'a- „ bord , difant que de brûler quelqu'un ., parce qu'il fuit les mouvemens de fa „ confeience, étoit une cruauté trop fem- „ blable à celle qu'on avoit tant condam- „ née dans les Catholiques - Romains : Et ,, lorfqu'enfin , ébloui plutôt que fatisfait ,, des raifonnemens fophiftiques du bon „ Archevêque, il figna l'ordre, les larmes ,, lui coulèrent des yeux, & il dit au Pré- îj lat, que s'il faifoit une injuftice, cetoic » par Octob. NoveMb. et Decemb. 1737. 215 „ par déférence à Tes lumières, & qu'il en „ répondroit devant Dieu. Le règne de Marie , ou l'Eglife Romai- ne reprit le deflus , eft un exemple fenfible du malheur d'un Etat, gouverné par une Femme qui fe laifle maîcrifer par fes paf- fions, par la bigoterie ce un faux zèle pour la Religion. Elle fut autant dévouée aux caprices & aux intérêts des Ecciéiiaili- ques , qu'ils pouvoient le fouhaiter. Ain- iï les vrais intérêts de l'Etat furent né- gligez. Calais , qu'on avoit confervé pen- dant plufieurs Siècles , qui étoit l'unique monument qui reliât des anciennes Vic- toires que les Anglois avoient remportées fur les François , qu'on avoit acquis au prix de tant de fang & de tant de tré- ibrs ; Calais fut perdu : & comme ce rè- gne fut proprement un règne de Prê- tres , jamais on n'en vit un u méprifable. La Reformation rétablie fous la Reine Elilabeth , rencontra les plus grands oblta- cles de la part du Clergé. On remarque ici que leur maxime fut , de s'oppofer d'a- bord autant qu'il leur étoit poflîble à la Reformation ; mais dès qu'ils la virent s'é- tablir par l'Autorité du Parlement, ils trou- vèrent moyen de la concilier avec leurs confciences , plutôt que de perdre leurs Bénéfices. Malgré la Reformation , on fe trompe fort fi on s'attend à une reforme dans la conduite du Clergé. La même ar- deur 2T<5 Bibliothèque Britannique, deur pour les richefles , pour la domi- nation & pour l'indépendance s'y crou- voient toujours. A force de faire leur cour aux Rois , les Eccléfiaitiques , de JaniiTaires qu'ils avoient été du Papifme , comme un fa- meux Auteur les appelle, devinrent infen- fiblement ceux du Pouvoir defpotique. C'eft- ce qui parut fuus le règne de Jaques I. Le deflein qu'il avoit conçu de fe rendre defpotique, fut encouragé par les Difcours & les flatteries du Clergé. Jaques n'aimoit pas les Puritains. Lès Evêques les hanToient encore davantage, parce qu'ils ne penfoient pas comme eux fur la Hiérarchie. Ils appréhendoient plus les progrès de leurs opinions que ceux du Papifme même. Ainfi ils repréfenterent au Roi , que les maximes des Puritains détrui- foient autant la Monarchie que le gou- vernement Epifcopal. Par - là , ils for- tifièrent la haine que le Roi avoit déjà pour eux. Dans une Conférence qui fe tint pour la for- me entre les Evêques & les Miniftres Puri- tains, l'Archevêque de Cantorbery*, qui étoit un homme modéré dans le ftiîe de ce tems- ïà, flatta le Roi d'une manière qui appro- che du Blafphême, félon l'Auteur! Le Roi ayant répondu lui - même aux objections des Miniftres , le Prélat s'écria avec tranf- port. * Whitgift. OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. 1737. 217 port : Cefi VE/prit de Dieu qui parle par la bouche du Roi. Ce n'étoit pas par des pa- roles feulement que le Clergé flattoit le Roi, & approuvoit fes principes de Def- potifine. On publia deux Livres ; l'un com- pofé par le Dr. Cowel , Profefieur en Droit Civil à Cambridge, & Vicaire général de l'Archevêque Bancroft; & l'autre écrit par le Dr. Blackwood, Miniftre, où entre autres on trouvoit ces Maximes nouvelles. Le Roi n'eft pas lié par les Loix ni par le ferment qu'il a prêté le jour de fon Sacre. Le Roi n'eft pas obligé de demander un Parlement pour faire des loix ; il peut les faire de fon chef par fon pouvoir abfolu. Nous donnerons la fuite dans un autre Journal. NOU- 218 Bibliothèque Britannique, fr* *c vrf* •<&> <&> ei4) db 2£ ds> c&> isséis'i-s-ftsssé# NOUVELLES LITTERAIRES. D'O X F O R 0. MR. de Blojfiéres Tovey, Dc&eur en Droit & Principal du Collège de New- Inn- Hall, vient de publier un Livre , intitulé Anglia Judaica : Or tbe Hijiory and Antiquities of tbe Jews in England, &c. C'eft - à - dire : „ L'Hiftoire & les Antiquitez des j, Juifs d'Angleterre, recueillie des Hiftoriens An- jj glois , tant imprimez que manufcrits , comme aufii ,, des Archives que l'on garde à la Tour, & d'au- 5, très Monumens publics. iC Un Vol. in 4.0. Cet Ouvrage eft dédié au fçavant & judicieux antiquai- re , Mr. George Holmes, Sous Garde des Archives de la Tour. L'Epitre dédicatoire eft fuivie d'une courte Préface, qui ne refpire que la modération & la tolérance en faveur de tous ceux qui penfent autrement que l'Eglife Anglicane , & par confe- quent en faveur des Juifs. C'eft dans ces fenti- mens que l'Auteur a entrepris l'Hiftoire des Juifs d'Angleterre depuis Guillaume le Conquérant ; épo- que a laquelle il place leur établiilement dans ce pais. Il n'omet aucun des mauvais traitemens qu'ils y ont effuyez & il fait voir que ç'ont été autant de persécutions injuftes. Il produit fur ekaque fait qu'il avance Tes garans; & fi les Hifto- ricBf OCTOB. NOVEMB. ET DECEMB. I737. 21 ,, curvilignes & mixtes, dans toute forte de po- ,, (irions: v.omme aufli leurs Projections ou leurs ,, Ombres , & leurs Rerlexions cauîées par de* ,, iurfaces polies. Le tout exécute fuivant des ,, Méthodes uniformes , ailées, générales, & pour ,, la plupart entièrement nouvelles Divifé en fept ,, livres. Par J. Hamiiton , Ecuyer & Membre de ,, la .^ociete Royale. c> Cet Ouvrage fera de deux Volumes in folio; le premier contiendra environ 120. feuilles d'impref- fion , ci le fécond renfermera toutes les figures fur j 35-. demi - feuilles , donr les fra:x égaleront ceux de 300 feuille* d'impreffion. Le prix de la fouC- cnption elt de cinquante Cbellings , dont on payera la moitié en lbufcrivant , & l'autre moitié en re- cevant un Exemplaire complet, relié en carton. L'Ouvrage elt actuellement fous pr.fle, & paroî- tra au moi* de Juillet ou cTsïoût de l'année prochaine. Les fouferiptions fe reçoivent chez l'Imprimeur G. Bowyer dans IVbite Fryars , proche du Temple; chez le Graveur Jaques Mynde , dans Kings Street, pro- che Lille Tower-HUl; & chez l'Auteur dans Chan- ter} Lv:e. Mr. 220 Bibliothèque Britannique, S.r Broughton, Maître es Arts & Lecteur de l'Eglife du Temple , vienr de publier le premier Volume d'une vafte Compilation, dont voici le titre, Bibliothf. ca Historico- Sacra: Or an Hiftorical Library of the principal Matters rehting to Religion ancient and modem , ffîe. C'eft- k-dire: 4< Bibliothèque Hiflorique des principaux „ fujets qu» ont rapport a la Religion rant an- ,, cienne que moderne des Payens , des Juifs, ,, des Chrétiens , & des Mahometans , fous les ,, Chefs fuivans : Objets du Cuire religiVux , Di- ,, vinitez & Idoles ; Minières de la Religion , y, Prêtres & Ordres religieux ; Tems & Lieux ,, confacrez au Culte public, Fêtes, Solemnitez, „ Temples, Eglifes, &Mofquées; Livres & Ecrits „ facTez: Sectes , Héréfîes & Opinions ; Rits , Céré- „ monies , Vetemens & VaifTeaux facrez &c. Le tout ,, recueilli des meilleurs Auteurs , & rangé par ordre ,, Alphabétique : En deux Volumes, infolio». Ce Vo- lume contient 6*06". pages, fans la Préface & une ample Table des Matières. Quoique ce ne foit ici qu'une Compilation , elle a bien Ton mérite , étant faite avec beaucoup de jugement, de précifion & de netteté. Les Innys & Manby débitent depuis peu de jours une Traduction Angloife d'un Livre Alle- mand , fous ce ritre , An Hiftorico - Geograpbical Defcription of the North and Eaftern Parts of Europe and A fiai £fc. C'eft-à-dire: „ Defcription Hifto- „ rique & Géographique des Parties Septentrio- ,, nales & Orientales de l'Europe & de VAfie , mais „ plus particulièrement de la RuJJie , de la Sibérie 9> & de la Grande Tartarie, confiderées dans leur 3, Etat tant ancien que moderne: On y a joint ,, une Table Polyglotte entièrement nouvelle des „ différentes Dialectes de 32. Peuples Tartares, OCTOB. No.VEMB. ET DECEMB. 1J$j\ 221 & un Vocabulaire de la Langue des Kalmuques Mongoliens ; comme aufll une grande Carte fort exacte de tous ces Pais, & quantité de Tailles- douces, repréfentant des Monumens antiques de la Scythie Afiatique. Traduit de l'Allemand de Mr. J i'an- Philippe von Strablenberg , Officier Suédois , qui a demeuré treize ans dans ces Païs-là ". in 4. Nous n'aurions point annoncé cette Traduction, fi le fujet ne nous en avoit pa- ru nouveau &' curieux, ïùr - tout par rapport à la préfente guerre de la RuJJie avec la Turquie. Outre les Pièces publiées contre le Moral Phi' lofopber, ou le Pbilojopbe honnête-Homme , & dont on a parlé ci - deffus dans un Article exprès fur cet Ouvrage , il vient d'en paroitre une nouvelle, qui eft de la même main que celle qui a pour titre , La Malhonnêteté du Philosophe honnête- Homme. Il y a (comme on l'a dit dans le même Article) une Réponfe fort emportée du Philofophe à l'Auteur de cette Brochure : Celle que nous annonçons h préfent , eft une Réplique modérée à fa Réponfe. JLe titre eft : A Letter to the Moral Philosopher : Being à Findication of a Pamphlet intitled , The Im- morality of the Moral Philofopher. Brochure in 8°. de 38. pages : Imprimée pour 'Jean Noon,au Cerf Blanc dans Cheapjide. MDCCXXXVII. L'Auteur de cette Réplique ne s'eft pas encore nommé. Il femble cependant qu'il ait voulu fe laifler entrevoir dans un petit Avertijjcment , qui renvoyé les Lecteurs à deux autres Ouvrages, où divers fujets importons , traitez en peu de mots dans cette Réplique , fe trouvent traitez plus am- plement. Cet AvertifTement eft tourné de manié- re, qu'il eft difficile de ne pas foupçonner que c'eft l'Auteur même des Ouvrages citez qui les recom* Tom. X. Part. I. P mande 222 BinLTOTHEQUE BRITANNIQUE, mande a les Lecteurs. Or nous fçavons qu'il y a un d~ ces Ouvrages dont l'Auteur eft Monfieur Ja- j::[b H allé t j le jeune. L'Ouvrage eft intitulé , Afree and impartial Study ofthe Holy Scriptures re- commanded &c. Ce font trois Volumes in Octavo, contenant des Notes fur 3î alfo , That the mode of ftaptizing by Dipping 3, or Plunging the whoie P>ody under warer , is „ a grofs Errer and innovation , it having no foun- ,, dation in the Word of God. In a Debate , ma- ,, naged by writing , betwir.t two Friends , viz. 5, One of each Side of the Queftion , ar a certain „ Coffee-Loufe in London. '1 he Second Edition. ,, To ibe Lato and to the Teftimony. If tbey fpeak „ not according to tbis Word, it is becauje tbereis ,, no Ligbt i,i tbum. London. Printed for Richard „ Ford , at the Angel , in the Pouitry „ MDCCXXXVli. M Le même Libraire a fait imprimer depuis quatre ou cinq mois , quelques Sermons détachez & qui font de différens Auteurs. 11 y a deux de ces Sermons dont on ne fera pas fâché que nous indiquions les Sujets. Le premier, cui eft du Dodeur Guillaume Har- kis, (le même dont nous avons parlé ci-deiTus à l'occafion de Mr. Atkinfon dans l'Article V. pag 73. ) eft une efpece de Commentaire édifiant de l'Hiftoi- re d'Efther. A praSical Iiiuftration of the Book of 1 : A Sermon preacb'd to tbe Society that Jup- P 2 port 524 Bibliothèque Britannique, fort tbe Lord1 s Day , Morning Lefture ut Littlc Sf. -Helens, Aug. i. MDCCXXXVII. By William Harris, D. D. Le fécond cft du Docteur Jaques Anderson. Il le prêcha le 3. de Juillet de cette année , en pré- fence de fes Confrères les Prifonniers pour dettes qui demeurent dans la fameufe Franchife de la Pri- fon de la Fleet , à l'occafion du dernier A de du Parlement en faveur des Débiteurs infolvables. Le Sermon a pour Texte & pour titre, le Sei- gneur délivre les Prifonniers, ,, The Lord loofelb tbe Prifonners : A Sermon prea- „ ched,de Prujean Court, OUI Bailey , London> on „ Sunday the 3. of July 1737. to the Prifonners for „ Debt that refide in the Rules of the Fieet Pri- „ fon, on occafion of the late Act of Parliaraent „ for Infolvency : And publifhed at their Re- ,, queit. By James Andf.rson, D. D. La mort de la Reine vient de produire une Ode y intitulée les Soupirs d'Albion ,'& qui eft addref- fée à Mylord Harvey, Vice Chambellan du Roi. Tbe Sighs of Albion , or the Univerfal Mourner. An Ode Sacred to tbe Memory of ber late Majefiy C a- roline, Que en-Confort cf Great-Britain. Infcri* bed to the Rigbt bonourable Lord Harvey, Vice-Cham- berlain of His Majefty's Houfbold, L'Auteur ne s'eft pas nommé. La Pièce eft imprimée & fe débite par Charles Jepbfon, dans Weft-Smitb-Fleld. Nous avons oublié de dire dans nos Nouvelles Littéraires, que Mr. de Miffy publia vers la fTn de l'année paflee, une Edition revue £f corrigée de fon Sermon prononcé au mois d'Octobre 1735S fur la Révocation de l'Edit de Nantes. Il avoit rélevé lui même ( dans la Bibliothèque Britannique, Tome VII. première Partie y pp. 63 -68. ) certaines fautes qui OciOB. NûVEMB. ET DECEMB. I737. 225 qui lui aroient cchapé. Ces fautes font corrigées dans la Seconde Edition ; & il y a fait de plus quelques autres changcmens moins confidérables. Elle fe vend chez Pierre Du Noyer, à la Tète d'E- rafme , dans le Strand. L'Auteur au refte nous a fait remarquer, que dans fa Lettre ou DifTertarion fur le Pfeaume CXXXVIJ. il s'eft gîifle diverfes fautes d'Impreffion; parmi lefquelles il y en a qua- tre ou cinq que nous croyons devoir marquer, puis- que l'occafion s'en préfente. La première eft a la page 29. ligne pénultième : le plus conforme. ... Il faut lire , le mot le plus conforme. . La féconde eft à la page 38. lignes huit & neu- vième: ce qui ne fait que, . . Il falloir qu'il y eût, ce qui ne fert qu'à . . . (On trouve dans la même page repatrier pour rapatrier. ) La troifieme eft au bas de la page 48. Heureux celui qui te défolera , s'il ne t'avoit pas encore défi- lée. Cela fait un galimatias : Lifez : Heureux ce- lui qui te défilera, comme s'il ne t'avoit -pas encore défilée, La quatrième eft vers le milieu de la pa- ge f2. dans la ligne où il y a , Ces Rivages, ces Harpes même , . . Lifez : Ces Rivages , ces Sau* les, ces Harpes même. , . La cinquième , qui eft à la dixième ligne de la note au bas de la page 88 , eft la plus confidéra- ble de toutes , parce qu'elle eft dans un Chiffre ,& qu'il s'agit d'un Calcul. L'Imprimeur a mis l'an VIII. de Nebucadnezar , & il falloit mettre, Tan XVIII: Ce qui nous rappelle une autre faute du même genre dans le Tome IV. de ce Journal , page oo. ligne première de la Note, où l'Impri- meur a mis 18. lunes au lieu de 8. P 3 Nous, BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAVAIS DE LA GRANDE-BRETAGNE: Pour les Mois de JANVIER, FEVRIER et MARS. M. D C C. XXXVIII. TOME D I X 1 E ME, SECONDE PARTIE. A L A HA YE, Chez PIERRE DE HONDT, M. DCC. ¥XXVIII. TABLE DES ARTICLES Art. I. T E o nid as, Poème. Second Ex- l_j trait. Pag. 227 II. Remarqnes fur la Pharmacologie de Mr. Dale. 262 III. Traduction de cinq Lettres de Mr. Po- pe , relatives à Jbn EfTai fur la Cri- tique. 272 IV. Le Procès de Jean-Pierre Zenger , Imprimeur à h Nouvelle- York, qui a été depuis peu jugé pour avoir im- primé & publié un Libelle contre le Gouvernement dont il a été abfous ; avec &? les Plaidoyers £? les rai fins alléguées pour & contre. 293 V. Mémoires Philosophiques de la So- ciété Royale de Londres , Tome XXXVIII. pour toute Vannée 1733- 35; VI. TABLE DES ARTICLES. • VI. Mr. Maitland ; fin Hifloire de la Ville de Londres. 390 VIL EJfai pour introduire la mefure des Vers Grecs &? Latins dans la Po'éfie Angloife ; avec une Préface qui juf- tifie ce dejjein. 400 VIII. Utilité du Tfjédtre par rapport à la Religion & au Gouvernement. 413 IX. Nouvelles Littéraires. 419 BIBLIO- mmmnmêmmmm mmmmmmmmm BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, o u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE BRETAGNE. Pour les Mois de Janvier , Février et Mars, MDCCXXXVIII. ARTICLE PREMIER. Leonidas , a Poem. London : 1737. Cieft-à-dire : Leonidas, Poënie. Jl Lon- dres 1737. 4. pp. 335. fans la Préface. Second Extraie. [Le premier fe trou- ve Tom. IX. Part. I. page 95. ] LIvre V. Les deferiptions de Com- bats font interrompues au commence- ment de ce Livre par une Ëpifôde très-in- térellante, & quifaic un contraire très-agréa- Tome X. Part, IL Q ble 223 Bibliothèque Britannique, ble avec ce qui précède & ce qui fait: c'eft PHiftoire de feribazus , jeune Perlan. Le Poëte s'étend beaucoup fur fon mérite & fur fon éducation fçavante; après avoir déclaré qu'il n'écoit diftingué ni par fes ri- cheffes, ni par fon rang, il continue ainfi: ,, Son ame étoit enrichie de la connoif ?, fance de tous les Arts; & entièrement dé- ,, voué à la Sageffe, il pvoit cultivé toutes „ les Sciences. Dès fa tendre jeunette il „ avoit fait fon étude, avec les Mages, des ,, faints Ecrits de Zoroafïre : fon génie fu- „ périeur s'e levant enfui te fur les ailes de ., la contemplation, avoit pénétré lesmyftè- ,, res de la Sphère, dans la compagnie des ,, fçavans Chaidéens , qui obfervoient les ,, Cieux du fommet très -élevé du Temple ,; de Babylone ,* de- là il avoit compté ces feux ,, brillans" qui éclairent les ombres de la „ nuit. Sur les bords du Gange les fages „ Indiens , dans leurs bocages écartez , lui ,, avoient donné leurs inftru étions , & ex- ,j, pofé à fon ame étonnée & attentive les ., fecrets de la nature ,, Ce jeune-Homme vifita enfui te les fer- ,, tiles plaines où regnoit le grand Sefof- ,, tris; il parcourut 1 Egypte myftérieufe , ,, depuis Eléphantis , où le Nil "impétueux ,, précipite fes eaux , jufques à la mer qui ,, les reçoit bien au-deObus, par fept embou- „ chures. De-làil voyagea fur la côte d'Jo- „ nie : il n'oublia pas de voir Milet, où au- » tre- janvier , Février et Mars. 1738. 23? Vers 6. Ricb was bis mind in enSry Art divine , And througb tbe patbs of Science bad he wallCd > Tbe votary of IVifdom. In tbe years , Wben tender down invejîs tbe ruddy cleek , He witb tbe Magi turrid tbe baUowed page Of Zoroaflres ; tben bis tow'ring foui High on tbe plumes of contemplation foafd , And from tbe lofty Babylonian fane Witb leariïd Cbaldœans trac'd tbe myftic Sphère -, Tbere number'd orer tbe vivid fires , tbat gleam Upon tbe dusky bofom of tbe nigbt. Nor on tbe fands of Ganges were unbeard Tbe Indien Sages, from fequefter'd bow'rs, JVbile , as attention wonder'd , tbey difclos'd Tbe pow'rs of nature : Vers 24. The fertile plains , ivbere great Sefofiris veignU ,- Myfterious JEgypt next tbe youtb furvey'd , From Eiepbantis , ivbere impetuous Nile Précipitâtes bis waters, to tbe Sea , IVbicb far below receives tbe fev'nfld ftream. Tbence oer tb'Ionjc coaft be Jlray'd, nor pafs'd Miietus \>y , wbicb once inrnptur'd beard Q2 tut 230 Bibliothèque Britannique, „ crefois l'éloquence de Thaïes charmoit ,, tous les efprits ; ni les murailles de Priè- „ ne, ou la Sagefle habitoit avec Bias ; ni ,, la patrie de Pittacus , fur les bords Les- „ biens. Là il entendit aufîi avec tranfport „ les chants mélodieux d'Orphée & du vieux ., Mufée , & les tiens , ô Homère , Père ,, des Vers immortels ! qui feront repétez „ dans tous les âges par la bouche du tems-. Il retourna enfui te à Sufe , fa patrie , ou il fe rendit agréable à Hyperanthes; Ariana, fœur de ce Prince , l'écoutoit aufliavecplai- fir ; Padmiration qu'il conçut d'abord pour les charmes ce la vertu de cette Princefle,. fe changea bien- tôt en amour. Il renferma cette malheureufe naflion dans fon cœur , & tandis qu'il paroifibit gai au dehors , ces trilles penfées revenoient fans cefTe à fon efprit , & troubloient la paix dont il fem- blbit jouir. „ O! Sagefle, puis -je implorer ton fe- „ cours; toi qui approuves ma paflion ? Tu 99 n'aurois défendu mon cœur que du pouvoir „ delà Beauté : mais ici , où la Douceur, les „ Grâces, & toutes les Vertus annobliifent ,, l'objet de mes defirs, tu es charmée toi- „ même. Cependant aimer fans efpoir 9 ,, c'efl: éprouver le plus grand des maux que ,, le fort impitoyable puifle choifir dans fes ,, tréfors de colère , pour les répandre fur la „ vie des hommes. Mais n'avertis - tu pas ,, mon ame en ce moment de fuir la fatale „ caufe de mon amour? Efl-ce que j'héfite? »j Je Janvier , Février et Mars. 1738. 23: The tongue of Tbales ; nor Pricnes walls , : Iftstiom d-ivelt vûtb Bias; nor tbe feat Of Fittacus along tbe Lesbian flore. Hère too melodious numbers cbarvïd bis ear, Wbich fiow'dfrom Orpbeus , and Mufeus eld , Andtbee, ô Fatbsr of immort al verfey Mao nid 'es , wbofe firains tbrough ev'ryage Time \vitb bis o^vn eterml lip (liall faig. Vers 57. Umi , feek relief from thee , doft approve my paffion'K From tbe pow'r .Of Beauty only tbou tvouldft guard my bearty But bsre tbyfelf art cbarm'd , wbere Softnefs , Grâce , And ev'ry Virtue dignify defire ; Tet thits to love defpairing is to prove , Tbe fbarpefl forro-jo , wbicb relentlejs Fate Can from ber flore of woes infiift on life : But dojl not tbou tbis moment warn my foui Tofiy tbe fatal cbarmer ? Do I paufe ? Q 3 Back 232 Bibliothèque Britannique, ,, Je retournerai chez les fages Chaldéens, „ ou j'irai encore errer fur les bords du 5, Gange ; ou mon ame s'élèvera avec toi ,, ( ô Sagefîe l) jufques aux Cieux , & dé- „ couvrira avec toi \qs fecrets de la terre. ,, Là nulle paflion tumultueufe ne troublera „ le repos continuel dont je jouirai ; & tou- ,, tes mes penfées feront calmes. O ! mal- ,, heureux Teribazus! Tout confpire contre 99 ton repos. Notre puifTant Monarque fe 3, prépare à accabler les Grecs: tous les j> jeunes-gens prennent part à cette guerre, » & moi qui ai porté les armes avec hon- ,, ncur, & combattu aux cotez d'Hyperan- î, thés, je dois me joindre à la foule. Com- „ ment puis -je donc fuir Ariana, puifqu'a- „ vec les Reines de l'Aile elle embellira le „ fuperbe camp de Xerxes ? Hé bien , j'y ,, confens. J'adorerai encore fes aimables ,, vertus. Sa langue enchanterefTe , fa dou- „ ceur pleine d'agrémens, verferont encore „ dans mon ame ravie des charmes aux- „ quels on ne peut refifter; & ainfi quand ,, l'amour, animé d'une double fureur , fefe- ,, ra emparé de mon malheureux cœur, „ jufques à en bannir la raifon , a- „ lors. . . . Mais je cherche en vain ma ,, deftinée dans l'obfcurité de l'avenir: que ,, la Fortune & le Defefpoir foient mes „ guides. L'Auteur décrit enfuite les foins amou- reux que Teribazus rend à la PrincefTe pen- dant la marche de l'armée de Xerxes ; elle y ré- Janvier, Février et Mars. 1738. 233 Back to tbe wije Cbaldœans will 1 go > Or wander on tbe Ganges ; wbere to beav'n Witb tbee my élevât ed foui ftall tow'r, Witb tbee tbe fecrets of tbe eartb unveil. Tbere no tumultuous pajjion /hall mole fi My tranquil bours , and ev'ry tbougbt be calm. O wretcbed Terybazur! ail conf pires ylgainft tby peace. Our migbty Lord prépares To overwbelm tbe Grecians. Ev'ry youtb attends tbe War , and 1, ivbo late bave poiz'd Witb no inglorious arm tbe foldier's lance , And near tbe fide of Hyperantbes fougbt , Muft join tbe tbrong. How tberefore can 1 fly From ArianaX en tuent un grand nombre , ce repquf- ,5 lent Janvier, Février et Mars. 173S. 23^ Vers tf8. : — Meantime , as hewho rufd, Than Jove more antient , on tbe tbrone of beav'n , Wben from tbe womb of Chaos dark tbe World Emerg'd to birtb , ivbere'er be view'd tbe jar Of Atoms yet difcordant and unform'd, Confiifion tbence witb pow'rful voice dijpell'd, Till light and ordèr univerfal reigrCd; So from tbe ivall Leonidas explor'd The varions war. He Jaw tbe Thehan rout , Tbat CoriiLtb, Pblius , and Mycenœ look'd Affrigbted backward; inflantly he cbarg'd Tbe forts of Lacedœmon to repair Tbe difunited Pbalanx. Ker tbey move Dieneces infpires tbetn. Famé , my Friends 9 Calls fortb yoiir valour itl- a fgnal bour ; For you tlis glorious period fie referu'd To vindicate tbe Spartan nome. He fpake* On eitber Jlds fupported by tbe mlght' Of Agis and Alpbeus be condvMs His gen'rous troop, wbo rivet ing tbeir fbields In denfe array indijjolubly firvi Co? front tbe -Pèrfans , and witb deatb repulfe Tbeir 240 Bibliothèque Britannique, „ fent cette multitude éparfe çà & là. i, Après que par de vains efforts les Per- 3, Tes ont fouvent tenté de revenir à la „ charge , & qu'autant de fois ils ont été „ répouffez avec perte , Hyperanthes leur ,, donne ce confeil , &c. . . Il leur fait remarquer, qu'il eiT impoflïbïe que des troupes qui marchent fans ordre & fans fe foutenir, puîflent enfoncer un ba^ taillon ferré & uni comme celui des Spar- tiates : il exhorte les autres Chefs à imiter la difpofition de leurs Ennemis , & fur le champ il forme de tous ces Chefs & des plus braves de l'Armée un Corps dans le même ordre que celui des Grecs , & digne de leur être Dppble. Il fe met à leur tête , & leur fait une courte ha- rangue , après quoi ils marchent vers l'en- nemi. „ De même que lorfqu'unvent violent de „ Sud-Ett arrête le cours de la Mer Occi- „ dentale, qui tâche de pénétrer le détroit ,, qui borna les travaux d'Hercule ; ici la „ tempête va d'une aile rapide au-devant du „ flux des eaux, là les vagues, dont les dos „ forment des filions profonds, s'enflent en „ fe choquant, & paroiffent autant de mon- „ tagnes ; & fe répandant fur le rivage , el- ,, les couvrent d'une écume blanchiffante ,, les bords des côtes de la Mauritanie & „ de l'Iberie : Les Grecs & les Barbares ne ,, fe chargent pas avec moins de fureur à •> cette terrible attaque. Ces Janvier, Février et Mars. 1738. 241 Tbeir fcatter'd numbers; wben witb efforts vain Tbey oft renew'd tbe conteft , and recoiVd As oft confounded witb diminijb'd ranks , Tbus Hyperantbes counfeli'd. Vers 5-37. As wben tempejiuous Eurus Jîems tbe weigbt Of weftern Neptune Jlruggling tbrougb tbejlraits, Wbicb bound Alcides' labours ; bere tbe Jlorm Witb rapid wing réverbérâtes tbe tide, Tbere tbe contending Jurge witb fur row'd tops To mountains fwells , and wbelming o'cr tbe beack On eitber coaft invefts witb boaryfoam Tbe Mauritanian and Iberian Jîrand : Notb witb le [s rage in bideous on/et mal Tbe (Jrecians and Barbarians, Vers 242 Bibliothèque Britannique, Ces deux vaillantes Troupes relièrent long-tems fans pouvoir gagner aucun avan- tage Tune fur l'autre; toutes deux gardant leur ordre & leur terrain. Mais Léonidas envoyé ordre aux Grecs de fe retirer de quelques pas devant les Pertes , & enfuite de retourner à la charge; prévoyant bien que ces troupes peu expérimentées fe dé- banderaient pour s'abandonner à la pour- fuite de leurs ennemis , qu'ils s'imagineroient par ce fhratagême êcre mis en fuite. En même tems il commanda aux Lacedémoniens d'aller fe porter à l'entrée du Détroit , du côté du Camp ennemi, en perçant au tra- vers de leur Armée , afin de couper leur re- traite: ce qui fut exécuté. Les Spartiates reviennent cà la charge lorfqu'ils voyent leurs ennemis rompus , & fe font jour* juf- ques au pofte que leur Général leur a mar- qué. L'Auteur ne manque pas de rappor- ter en détail les actions d'un grand nombre de Héros des deux partis : nous nous con- tenterons d'en traduire un feul exemple mê- me alTez court. „ Quel ravage ne fait pas l'épée d'Al- „ pheus parmi ces ennemis en déroute? Il -, l'emportoit fur tous les autres par la vî- ,, teiTe à la courfe; fes pieds rapides l'au- ,, roient difputé au fils de Pelée ; ou s'il ,, avoit couru pour l'amour d'Atalante , il ,, auroit refufé le fecours de la Déefle de „ Cythère, & n'auroit point jette les pom- *> mes d'or devant cette belle , pour l'amu- „ fer Janvier, Février et Mars. 1738. ^43 Vers 6±$. — On tbe broken foe wbat ruin falls From Alpbeus' faord? O'er ail infwift purfuit Was be renow'd. His rapid feet bad matcb'd Tbe f on of Peleus in tbe dujly cou Or bad be run for AtalantOLS love , He bad rejected Cytberœa's aid ; Nor of ber fwiftncfs to beguils tbe f air Tome X. Part. IL R Be- 244 Bibliothèque Britannique, 99 fer dans fa courfe. Mais c'efl en ce mo- „ ment que les injures qu'on a faites à Po- „ lydorus, (fon frère) & qui font depuis iî „ Jong-temspréfentes àfonefprit, donnent à „ fes forces une vigueur extraordinaire ; „ guidé par la vengeance, il teint fon ci- „ meterre du fang des Barbares , les goutr- ,, tes en rejaillilTent fur tout fon bouclier, & ,> paroifTent comme des pavots rouges re- ,, pandus dans une campagne jauniflante. „ Ainfique, lorfqu'un tourbillon épouvanta- 99 ble met en pièces une Armée navale, les 99 débris énormes , jettez par l'Océan fur les » côtes, en couvrent les bords fablonneux; 99 de même le roc eft jonché des corps 99 des Perfes qu'Alpheus a tuez en les pour- ,9 fuivant avec fureur. Le Dieu du jour ne „ fit pas fentir de plus cruelles angoifles à 99 l'infortunée Reine de Thèbes, lorfqu'irri- 99 té par fes difcours orgueilleux , il préci- 99 pita fes enfans dans les demeures fom- „ bres , malgré leur jeuneffe & leur beauté ; ,9 que celles dont l'ame éperdue d'Hyperan- „ thés eft pénétrée , à la vûë des plus illu- „ ftres de fes amis , étendus par terre au- „ tour de lui par la lance du Lacedérno- „ nien. Malgré les efforts d'Hyperanthes , les Perfes font obligez de fe retirer. Les Grecs fe poftent dans le pafTage le plus étroit des Thermopiles. Dieneces , à la «été des Spartiates, fait face au camp des Perfes, & Agis avec les Locriens intercep- te Janvier, Février et Ma**. 1738. 2tf Btfire berfitps bad tbroim the golden bails. But ww the virongs , île long-remember'd wrongs Vf Polydorus , aaimate bis ftrengtb IVitb tenfald vigour ,• guided by revenge His faicbion reddens ivith Barbarian bkod ; The gory drops befprinkled ail bisjhieldy Like crimfon poppies o'er the yellow plain. As wben ivitb hwrour iving'd a wbirlwind rends A fbatter'd navy$ from the Océan cafi , Tb'enornwus fragments hide tbefandy beacb : Tbus o'er the rock Perfians lay bejirewn By Alpbeus raging in the j\vift pur fuit. Net witb feverer pangs the God of day The Tbeban Queen afflifted, wben incens' d IVitb ber preud vaims le burl'd ber blooming race Front youtb and beauty to the pale àbodes ; Thon ncw diflroQed Hyperantbes' foui As round bim, bleeding by the Spartan's lance, His noblejl frisnds lay gafping. R 2 Ver* 246 Bibliothèque Britannique, te la fuite des ennemis. Cependant Léoni- das envoyé mille Locriens, fous la condui- te de Maron , s'emparer du fommet de la montagne qui domine le paflage ; d'où ils accablent les Perfes , en laifTant tomber fur eux des quartiers de rocher & des troncs d'arbres. Le Poëte décrit avec beaucoup de feu l'horrible carnage qui fut fait des Perfes parce moyen: ceux qui n'étoient pas écrafez , rencontroient leurs ennemis aux deux extrêmitez du paflage, & n'échapoient pas à ce dernier danger ; les autres font précipitez dans la mer, & engloutis par les flots. Livre VI. La nuit approchant, les Grecs fe retirent dans leurs tentes , excepté ceux à qui la garde de la muraille eft commife. Agis, qui en eft le Chef, ouvre la porte à une Dnme accompagnée d'un feul Ef- cïave, & la conduit à la tente de Léo- nidas. „ Il contemple avec . furprife cette Fille ,, refpectabîe , que fa préfence intimidoit : ,, fes yeuxétoient humblement tournez vers „ la terre , & remplis de vénération pour „ cet Homme divin. Mais bien-tôt fa voix „ diflîpa cette crainte , il l'accueillit a- „ vec bonté , & lui parla ainfi avec dou- „ ceur. „ Votre extérieur feul, fi noble & û ai- „ mable , fait juger de votre caractère, & ,, exige de tout le monde les plus grands ,, égards. Dites -moi , Dame illuftre ; par „ quel- Janvier, Février et Mars. 1738. 247 Vers ?8. — - — : In wonder be furveys TV iilujîrious Virgin , vibtm bis prefenee aw'd : Her eye fubmiffive to tbe ground inclin' 'd JVitb vénération of tbe godlike Man. But foon bis voice her anxious dread difpeird 3 Benevolent and bofpitable tbus. Tby form aîone , tbus amiable and great , Thy mind delineates , andfrom ail commanàs Suprême regard. Relate , tbou noble Dame , R3 & 248 Bibliothèque Britannique, 99 quelle rigueur de la deftinée vous êtes » obligée à marcher dans l'horreur des te- 99 nèbres , délicate comme vous êtes ? Ra- 99 contez-moi les malheurs qui affligent vo- 99 tre vertu. „ Il s'éleva fur fes joues pâles une rou- ,9 geur foudaine , femblable à la première 99 pointe du jour qui fuccede au crepuicu- 99 le ; & ces trilles mots fe firent enfin 99 pafTage : ,9 Si, pour mériter la pitié des perfonnes 99 vertueufes , il fuffit d'être au comble des „ malheurs , de fçavoir que toute efpérance ,, efl perdue fans refiburce, d'être grand & )9 infortuné; voyez, illuflre Chef de trou- 99 pes invincibles , voyez la Fille de Da- ,9 rius, la trille Ariana: recevez ma prière i, en compatiflant à mes maux , & ne de- ,, daignez pas mes larmes. D'abord mon i, cœur avoue fans honte, que j'aimois le „ meilleur de tous les hommes , formé à „ toutes les vertus par les mains de la na- „ ture , vaillant, fage , orné de toutes les ,9 connoiffanees ; ce jour même, couvert d'ar- „ mes Grecques & brillantes , il a combat- 99 tu , & il a fuccombé. Mourant entre le» „ bras de mon frère, il a découvert, avec „ fon dernier foupir, la parlion , hélas ! û* 9, long-tems cachée qu'il avoit pour moi. -- „ -Oh! je fufpendrai mes douleurs; j'empê- „ cherai mes yeux de répandre des larmes ., en votre préfence , & mon cœur de fou- „ pirer , quelque plein qu'il foit d'angoilTe. „ Car, Janvier, Février et Mars. 1733. 249 By wbat relentlefs deftiny compell'd , Tby tenderfeet tbe patbs of darknefs tread. Rebearfe tbJ affligions, whence tby virtue mourus. On ber wan cbeek a fudden blt/fb arofe , Like day's firft dawn upon tbe twiligbt pale , And wapt in grief tbefe words a pcijjage broke : If to be moJ\ unlxippy , and to know > That bope is irrecoverably fled ; If to be great and mretcbed may deforve Commiferation from tbe good ; bebold , Thou giorious Leader of unconqaer'd bands, Bebold defcended from Darius* loins Tb' afflifted Ariana, and my pi-ayr 9 Accept rJoitb pity , nor my tears difdain ! Firft , tbat I lov'd tbe bejl of human race , By nature'* band with ev'ry Virtue form'd 9 HeroiCy wife, adorn'd with ev'ry Art; Of fbame unconfcious does my beart reveal. Tins day in Grecian arms confpicuous clad He fougbt , be fell. A paffion long conceal'd For me y alas ! ivitbin my brotber's arms His dying breatb reftgning , be difclos'd. - - Ob'.I luill fïay my forrows ! will forbid My eyes to ftream before tbee, and my beart , Tbus full of anguifb , will fnm figbs reftrain ! R 4 For 250 Bibliothèque Britannique, ,, Car /pourquoi votre générofité vous fe- 9, roit-elle prendre part à mes malheurs, & „ pourquoi vous apprendrois- je à déplorer „ des chagrins & des maux attachez à la „ nature humaine ! Ecoutez donc, ô Roi, ,, & accordez -moi mon unique requête ; „ c'eft qu'il me foit permis de le chercher i9 parmi les morts. ,, -C'eft ainfi que cette PrincefTe implo- 99 roit le Roi de Sparte ; femblable à Ce- 99 rès dans fa douleur majeftueufe , lorf- 99 que cette Décile fuppîiante devant le 99 trône refplendi fiant de Jupiter , deman- „ doit que fa chère Proferpine lui fût ren-. „ due par le terrible Pluton & les fom- ,9 bres Enfers. Le Chef de la Laconie , ,9 les yeux fixez fur cette Reine en pleurs, 99 rouloit en lui - même ces penfées : ,, Telles font tes douleurs, ô objet éternel ,, de ma tepdrefie ! Toi qui gémis à préfent „ à Sparte fur mon abfence qui n'aura ,9 point de fin ! & en baillant la tête il fou- „ p!ra , &c. Ariana , avec la permifiion de Léoni- das , cherche & trouve le corps de fon Amant ; & après les plus triftes lamenta- tions, elle fe poignarde. Agis, témoin de ce défefpoir , touché du fort de Teriba- zus & de celui de la PrinceiTe , ordonne à l'Efclave qui l'avoit accompagnée , de rapporter fon corps à Xerxes. L'Efcla- ve, au lieu de lui obéir 3 demande à être " ' me- Janvier, Février et Mars. 1733. 251, For ivby fbouli tby bumanity be griev'd With tny dijlrefs , and leam from me to mcurn Tbe lot of nature doom'd to care and pain ! Bear tben , ô King , and grjnt my foie requcjl, Tofeek bis body in tbe beaps offlàin. Tbus to tbe Spartanfu'd tbe régal Maid, Refembling Ceres in majeflic woe, Wben fupplicant at Jove's refplendent tbrone , From dreary Pluto, and tb' infernal gloom Her lov'd and lofi Proferpina fie fougbt. Fix'd on tbe iveeping Oueen whb ftedfaft eyes 3 Laconia's cbief ibefe tender tbougbts recaïïd, Sucb are tby forrows, ô for ever deari Wko now at Lacedœmon dofl déplore My everlafting abfence! Tben inclin' 4 liis hevl , and figb'd. R 5 Vers $p Bibliothèque Britannique, mené à Léonidas , demande l'afTemblée des Chefs , & ne veut s'expliquer qu'en leur préfence : alors il fe fait connoître pour Polydorus , frère d'Alpheus & de Maron. Ses frères l'embraffent, lui ôtent fes habits d'Efclave , & le Roi lui-même le raflure & le confole par ces mots. „ Ce fie de t'affliger , jeune -homme in- „ comparable ; tes amis , ta patrie , tous te „ regarderont avec vénération , toi dont „ les chaînes de l'Afie n'ont jamais pu ,, corrompre l'ame. Tous les cœurs font „ difpofez à eftimer ta vertu; chacun fe „ prépare à te recevoir avec applaudifTe- „ ment, puifque même dans jes fers tu as „ fait honneur à ton Pais. Polydorus raconte enfuite comment il fut fait efclave , & vendu à Ariana , dont il loue la douceur & l'humanité; il parle de Damaratus , qui étoit fa confolation dans fon malheur , qui confervoit fa ver- tu au milieu d'une Cour corrompue , & fon affection pour fa patrie dans l'exil; cette nuit même ils s'étoient rencontrez, & Damaratus l'avoit chargé d'avertir le Roi, qu'il étoit arrivé depuis peu dans le camp des Perfes un Malien, nommé Epiai- tes , qui revenoit de celui des Grecs, ou il avoit été comme efpion; qu'il avoit per- fuadé à Xerxes de lui confier une troupe choifie pour pénétrer dans la Grèce par un paflage fecret des montagnes ; & que les ' Janvier, Février et Mars. 1738. 253 Vers 1 18. Forbear U mourn , thou unexampled youtb. Tby friands y thy country> ail on tbejball gaze. JVitb vénération , wbofe unfhaken mind Tbe clmns of Jfia never could debafe. Lo ! tvr'y breaft is open to tby wartJj , Eacb tongue prépares to bail thee witb applanfe , Wh% baft thy ceuntry bomur'd «>'* in bond;. Vers 254 Bibliothèque Britannique, les perfides Thébains avoient envoyé par lui des affurances de leur fecours. Cette nouvelle excite un grand tumulte dans TAflemblée. „ Tous les cœurs font remplis „ de fureur & du deflr de fe venger. L'é- „ pée du violent Diomedon brille , à de- „ rai hors du fourreau. Mais , tout ain- „ fi que PEnchantereffe de Cholcide , fa- ?, meufe dans les Fables anciennes, ou Cir- 9, ce , lorfqu'elle faifoit quelque puiflante ,, conjuration , pour évoquer des Enfers „ les morts , fous la forme de fantômes ?, voltigeans à la lumière fombre de la „ Lune , par ïqs enchantemens appla- 99 niflbit la mer , & faifoit taire les ,, vents impétueux ; enforte que les flots „ ne s'élevoient point contre le rivage, ni ,, même les Zéphirs badins ne caufoient „ pas le moindre murmure dans Pair en- „ chanté: de même lorfque ta voix, Léo- „ nidas , fe fait entendre , la Difcorde „ cruelle eft attentive , la Fureur dans un „ filence facré , s'appaife , & la Confufion w difparoît. „ Arrêtez , dit le Roi , cette témérité. „ Connoiflbns le crime avant de le punir. „ La Perfe n'a pas encore renverfé nos „ tentes , & les cris des Barbares n'allar- „ ment point encore nos oreilles. Nous „ avons encore du tems pour nous ven- r> ger > & pour fçavoir il nos armes » peu- Janvier, Février et Mars. 1738. 255 Vers 33jr. Ev'ry bofom Jwells Witb rage untam'd , and vengeance. Half unfoeatb'd Diomedo?ïs impetuous fakhion blaz'd. But, as tbe Cbolchian Sorcerefs renovm'd In Fables old, or Circe , wben tbey fram'd A potent fpell from Erebus to wake Tbe dead in dark an fleeting forms to glide Before tbe Moons dim twiligbt , witb tbeir charnu Smootb'd ail tbe fea , andfilenc'd each rude blajî ; Tlll not a billow beav'd againfi tbe fiore , iVor ev'n tbe wanton-winged Zepbir breitb\ï Tbe Ugbtejî wbifper tbrougb tbe magie air : So, wben tby voice , Leonidas, is beardy Fell Difcord liftens ; Rage witb facred awe Subfides in filence ; wbile Confufion Jlept. WiibhoU tbù rafl:nefs, {interposa tbe King) B°fore wî puniflj', let us find tbe guilt, : batb Perfia overtunïd our tents , Not yet ber Bmb'rous /bouts our ears alarm. Jlri (llll bave lime for vengeance, and to bv, v *j£ Bibliothèque Britannî^ue, „ peuvent encore repoufler ce malheur , ?, ou pour choifir la mort la plus glo- „ rieufe. Alpheus s'offre à porter aux Phocéens, qui gardoient le paflage des montagnes, l'avis de l'approche des ennemis , & Léo- nidas envoyé Dieneces avec cent Lacedé- moniens pour foutenir les Phocéens. Al- pheus en partant prend congé de fon frère Polydorus, d'une manière qui donne une grande idée de la bonté de cœur & de la fermeté des enfans de Sparte. „ O ! Polydorus, perdu fi long-tems & » retrouvé fi tard! Il faut nous quitter en- „ core une fois, & nous quitter pour ,, toujours. Retourne -toi & baife la ter- „ re facrée qui t'a donné la naiflan- „ ce , qui te rappelle à la liberté. Mon „ cher frère , je devrois te donner des „ pleurs mais adieu ! Mon Pais me „ reproche le tems que je perds dans tes „ bras. „ Auïïi-tôt il quitte fon frère & monte ,, la montagne ; cependant Polydorus ré- „ pond : Non , Alpheus ; j'ai à effacer les „ marques de mon efclavage , il faut que -, mon fang lave cette tache. ,, Nous avons un père , répliqua Ma- ,, ron , ton retour inattendu ranimera „ fa vieilleffe , qui fe paflera dans une „ triflefTe continuelle , s'il refte fans en- „ fans. » Je Janvier, .Février et Mars. 173g. ^yj if y se our fwords defiruSion may repell. Or bow to -die mo-ft gloriotts* Vers 378. 0 Polydorus ! Alpheus tbus exclaims. Long loft and late recovefd ! we muft part Once more , and now for ever. Thou return, And kifs tbe facred foil , wbicb gave tbee birtb, Wbicb calls tbee bock to freedom ? Deareft youtb I fbould bave tears to give tbee but farewell l My country cbides me loi? ring in tby arms* Tbis faid , le quits bis Brotber , and afeends , Wbile Polydorus anfwers : Alpbeus , no, I hâve tbe marks of bondage to erafe ; My blood mujl waflj tbe fhameful ftain away. We bave a Fatber {Maron mterpos'd) Tby unexpeQed prefence will revive lîis beavy âge , tbat cbiidlefs elfe will mourn. &re È58 Bibliothèque Britannique, ,, Je ferois peu propre à confoler les au- 9, très, répond Polydorus avec un foûris 99 mêlé de triftefle. Regarde ces yeux, ils ,, font ternis ; la fleur de ma jeunefle a 99 difparu avant le tems de fa maturité. La „ douleur a établi fon domicile pour tou- jours dans mon cœur, & ne cédera pas ,, au tems. Mon ame fera fans ceiïe occu- „ pée du cruel fouvenir de la fer vitude, dans ,, laquelle j'ai confumé ma jeunefTe. La vie ,, n'a plus de charmes pour moi. Alors il „ baille la tête dans un noir filence. Son ,, frère veut en vain le perfuader. Le malheureux Polydorus fait de nou- velles plaintes en voyant partir les Lacedé- moniens, enfuite il va à la tente d'Agis, où il met dans un même cercueil le corps d'A- riana & celui de fon Amant ; Agis donne la liberté à deux prifonniers , à con- dition qu'ils portent ces deux corps à Xerxes. ,, Je vous donne la liberté, dit-il, quoi- „ que vous ayez combattu pour me Pôter. „ Je n'en demande qu'une feule recompen- ,, îe. Tranfportez dans le camp Afiatique „ ces corps fanglans. Dites au Roi de ,, Perfe, de pleurer fur cette fleur fauchée j, dans fa gloire ; ajoutez que les Dieux , „ Juges fouverains , ont prononcé cette ,, fentence : Toi, dont l'ambition répand la ,, défolation fur la Terre qui en gémit , & ,9 plonge toutes les Nations dans les cala- „ mi- Janvier, Février et Mars. 1738. oj^ Hère Polydorus witb a gloomy fmile. îll fiould I comfort otbsrs. View tbefe eyes ; Faint is tbeir ligbt , and vanifb'd is my bloom Before its bour of ripenefs. In my breajî Grief as a native ivill for ever dvjell > Nor yield to time. Unceifmg fljall my fou! Brood o'er tbe dire remembrance of my youîb Infervitude tbus ivajîsd. Life ivith me Hatb loft its favour. Tben in filent ivoe He bangs bis b?cd. His Brotber pîeads in vaiiu Vers 4.27. To you ïgïve tbatfreedomy winch you fougbt Tofnatcb from me. Tbis recompenfe I ask9 And tbis alone. Tranfport to Afia's camp Tbefe bleeding reliques ; bid tbe Perfian King Weep o'er tbisfloiv'r tbus blafted in its pride; Tben fay , tb} all-judging Gods bave tbus ofdoin'di Tboiiy wbofe ambition o'er tbegroaning Eartb Leads defolation , o'er tbe Nations fpreads Tome X. Paru IL S C«- 2<5o Bibliothèque Britannique, „ mitez & dans les larmes, tu pleureras le ,, premier , ce la mort commencera par ta „ famille à exercer Tes ravages» Nous renvoyons à une autre occafion les trois derniers Livres de ce Poëme. Peut- cure trouvera- t- on que nous nous fommes trop étendus fut ces deux-ci ; mais dans un Ouvrage oli tout, ou prefque tout, eit digne de la curiofké du Lecleur , il n'eit pas aifé de ch'oiûr. On veut rendre juftice à l'Auteur, & Ton craint, en fe bornant à un trop petit nombre d'endroits , que ceux qui ne connohTent pas l'Ouvrage par lui- même , ne s'imaginent qu'on en a extrait tout ce qu'il y avoit de bon , pour foute- nir l'idée qu'on en avoit donné d'abord. Notre embarras eft bien différent, & quel- que long que ïbit cet Extrait, nous avons omis un fi grand nombre de beaux traits dont cet Ouvrage eft femé , que nous crai- gnons que l'Auteur n'ait encore des repro- ches à nous faire. ARTI- Janvier, Février et Mars. 1738. %Ci Cihimity and tears, tboufirfl fbatt tnourn , rougb tby boufs deflruftion firft fjoli rang?. S 2 262 Bibliothèque Britannique, ARTICLE IL Remarques fur la Pharmacologie de Mr. Dale. La Pharmacologie de Mr. Dale eft aiïez connue dans les Païs étrangers, pour nous engager à publier les Remarques Critiques qu'un fçavant Médecin nous a communiquées fur la troifième Edi- tion de cet Ouvrage , qui a paru cette année; nous avons cru qu'il n'étoit pas néceiTaire de les traduire , puifque le Livre même étant écrit en Latin , ceux à qui ces Remarques pourront être uti- les , n'auront pas befoin de notre Tra- duction. Animadverfiones fu.per Samuel i s Da- le i M. L. Phafmacologiâ, tertio nunc édita. Londini : Impenfis G u l. Innys, & Rie. Manby , Regiae Societati Typographorum MDCC XXXVI L CEîebris hxc Pharmacologîa quadragin- ta quatuor circiter abhinc annis pri- mum prodiit : ac, quantitm erudiîis placuerit , variœ Editiones demi forifque abundè tejlantur ; uti non fine ratione reputat Auclor ipfe doëtiiTunus , meritôque Ledores admonet; tau- Janvier , Février et Mars. 1738. 263 tandem verô , ceteris Editionibus divendi- tis , cfflagitari novam ; quam nunc poftre- mam emilit idem Vir clariflimus ; eamque multô aucliorem , quod ultrô fatemur , fed non emendatiorem aequè , quod dolemus pro- feclô. DignifTimum enim eft Opus bono Auftore, & aliàs multis nominibus utilité fimum. Quid autem novi praeiiitum fit in hac Editione, redlius videas in Praefatione: Formamcommodiorem, uno fcilicetvolumine compactam ; recentioris Materice Medicœ ex- tenfa pomœria ; antiquae Dioscorid ejf. laboriofam inflaurationem ; Pharmacopola- rum fraudes, & errores paflim notatos, &c. quac veriflimè ibidem enarrantur. Quoniam vero nefcimus, an ullus Eruditorum, data opéra , examinant penitùs in hoc Opère omnia, veremurque ne, ut moris eft, ni- miùm Aucloritati , Famaeque credatur ; Animadverfiones quafdam , à nobis , dili- gentiùs evolvendo Librum, fa&as, nec in- spatas , nec inutiles Orbi literato futuras iperamus. Porrô non omnia conftitui notare. Vul- jaria enim, omnium ferme Librorum, Er- •ata non attcndam, fed ea duntaxat, quas /el alicujus momcnti videntur , vçl certè :avçri poterant. Quaraobrem agicur hîc )otiffimùm de folâ M ethodo, qux prae- :ipua hujus Opcris Laus ac Utilitas videa- ur ; fed nec eam ubique excutiam, Zoo- 'Ogiam enim , & M ineralogiam, in- actars relinquo , Phytholocia m dui> S 3 taxa»; ix54 Bibliothèque Britannique, taxât aggreflurus. Cseterùm infuper mo- neam , necefle efl , me nihil reprehendere in iis, quae liberi juris & arbitrii funt , qua- lia non pauca dancur in Botanicis ; nec ul- las Defcriptiones , ulla Synonyma , aut No- tas characterifticas uîlas , Plantarum , in dubium temerè vocare. Nam litem Jbota- nicam impraefentiarum intendere neutiquarr mihi animus eft. Methodus ianè R a j a n a eft ; nec efl caufa , car eam oppugnem ; irpote quam femper praetulerim ceterrs , non fecus ac D.aleus nofter. Sed contra vitio damus, quod eam non unicè Operi fuo accommo- dant, aut faltem illibatas ejufdem Tabulas aiïumpferit Ufus utique Tabularum eft, Plantarum Classes ob oculos fiftere omniumque Generd m Notas characle- rifticas libare : huic ufui 11 non inferviant, inutiles prorfùs cuivis dicentur. Hoc quum apud omnes in confieflb fit , fingulas jam ordine luftrabo , ut ndem faciam dictis. I. Pag. 52. Tabula Pbytologiœ gêner alis da- tur. Ubi numéros Seftionum mendofos illi- co videas , Typographo forfan imputandos , quos ideo nihil morarer, nifî & Sectionum ipfarum numeri paru. m deinceps refponde- rent. Nam i°. Herbœ femine minutijjîtro , &c. Epipbyîlofpermœ , qus in Tabula generali Sect. III. continentur , ne Seclionis qui- dem titulo pofteà donantur. 20. Hinc pleri- que Seûionum numeri falfi funt, ac tandem èmnium Summa duobus numeris fuperat mi- me* Janvier, Février et Mars. 1735. 267 meros Tabulas; quod ex aîiâ cu'pâ, proxi- mè dîcondâ , venit. 3°. Nulla fie mentio quorundam in Tabula, quorum opor;uit: v. g. pag. 134. Appendix de Herbis , qu bus UrnjL firmàlis jioribus Juccedunt femina ; pag. 198. Sectio de Herbis vaiculiferis flore tripeta* io pag. 240. denique Seftio Je Herbis hexa- fftms. 4-. Herbe afperifolim, fit verticiilatœ ; fie ut & Arhorts Bacciferœ , âf Pomifer?, con- trario ordine libi invicem fuccedunt in Se- ctionibus , ac prius in Tabula. Quse dixi hactenus , fpectant folum ad Tabulant gêne- raient , parîiculares nunc attingam. il. Tabula, quae habetur pag. 60. bins Tabulae Rajanœ fimul conflantur ; unde Ta- bula fua non eit tributa illis Herbis , quse , ut modo obiervavimus , Sectionem III. con- ficere debebant. III. Simplicia nufpiam ferè deferibuntur in Sectionibus eodem ordine , quo prius diftributa funt in Tabulis : quod valde in- commodum eit ea conquirentibus. IV. Permulca Plantarum Gênera défunt in Tabulis. Imô verô ne unam Tabulam dari percepi , quae non uno aut altero careàt; fed piurimes dantur , ubi dimidiata ferè Ge- ntruvi , in Sectionibus memora:orum , pars defide~atur. Atcue , quod in hoc maxime mirum, omifla funt ex his multa, quae Bo- tanicorum Principes omnes in ordnem coe- gerunt dum alia minus èognîta, minusve faltem certa , locum in Tabulis fortita funt. v- g- Pag- 335- De Arboribus àP Fruticibus S 4 fin. 265 Bibliothèque Britannique, filiquofis. Balanus Myrepfica , Xochinacazt- lis, Animifera arbor, Açhioth, Bralîlia ar- bor, in Tabula reperiuntur; dum Emerus , Ffeudo- Acacia, Nerium, Cytifus, Anagyris , Geniftella, Laburnum, attaque inde exulant. Catalogos integros plerorumque hujufmo- di pênes me fervo , quos hîc loci non ne- ceflarios e(îe putavi , neque utiles. Sed aliud peccatum, quodam modo, huic con- trarium , hîc animadvertendum eft. Nem- pe , quôd Species nonnullae Plantarum , ab Auûore noitro habitas , pro Generibus in Tabulas irrepferant. v. g. Inter Umbellife- ras , Selinum, Sifon, ce Panax ; inter Bac- ciferas , Dulcamara ; inter Herbas , floribus tetrapeîalis , Coronopus , ac Sophia Chirur- gorum ; Inter Arbores , fruEtu per maturita- îem Jicco , Lignum fanclum : hoc enim à Guajaco diverium traditur , ut id obiter moneam, &c. V. Miras quidam Tranfpofîtiones occur- ïunt. Primo feilicet , pag. 186. Herbx te- îrapetaîoïdes wfculiferœ, & pag, 187. pentape- taloïdes vafculiferœ. Perperàm lise divellunt , & incommodé , Monopeialas , uniformes à dif- formibus. Tum nec feorfim Seclionem nun- cupant , nec ullâ Tabula praenunciantur. Quinimq pleraeque Herbas , hîc memoratas , conjefte funt pofteà in Tabulas aliarum Clafllum. v. go Veronica , & Becabunga lo- cantur deinceps, pag. 199. inter Herbas te» trapetalas , filiculofas , anomalas : ac Lujula , Lyfimachia, Centaur. min.a Anagallis, Ver-. bat Janvier, Février et Mars. 1738. 267 bafcum , Trifolium palud. Paralyfis , &c. ponuntur longé hinc, pag. 228. inter Her- bas penîapetalas vafculiferas. Denique Défini- tio floris pentapetaloïdeos amota eft in hune poftremum alienum locum. Secundo, pag. 179. Vinca Pervinca deferibitur in verâ fuâ Secïione , fed pofteà venit in alienam Ta- bulant, pag. 228. modo di&am, fed Clema- tis Dapbmïdes tune appeiiata : fie & Afckpias eôdem fimul tranilata eft. Pag. 235. Sedum minus avulfum eft ab Illecebra, pag. 175. Py- rola reftè deferibitur , pag. 237. fed dein , pag. 247. in aliéna Tabula. Piftacbia , Bu- xus , & Coffée , p. 329, fimul hîc locantur in Tabula, veriim anteà funt deferipta: in di- verfis Seftionibus , nempe binas priores pag. 281 , & 283. ultima verô , pag. 317. fub nomine Jafminoïdes. Platanus , p. 334. de- feribitur in aliéna Sectione , fed in nullâ Ta- bula reperitur , nedum in fuâ , quse nimi- riim fuiflet de Arborikis , quorum fruffui à floribus funt remoti. Tandem verô Dracon- tiwn, Arum & Arifarum inter Bulbo/ïs affines à noftro referuntur , fecundum Hist. Pl. viri cl. Raji, dum meminifle poterat , ea rectiiis inter Bacciferas Herbas ab eodem viro cîarifîlmo pofteà fui fie coliocata, in ejus Metb. Pl. emend. VI. Nomiîium ingens £f multiplex dfficultas , nec non Confufio , paratur. Nam 1 . Varia Gê- nera Plantarum (nunc ejufdem , nunc diver- fœ, Cl as sis) nomine communi infigniun- tur. v. g. in unâ Gaffe Umklliferarum , Se- S 5 feli 268 BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, feli Mnfiiienfe , ( Offic. duplex ) tum Creti- cuniy JEtbiopicum, ac vulgare. Pyret bruni in eâdein dacur , aîcerumque rurfùs in Corym- biferarum . utru.nque Orjlc. Hinc Rhamnus , Scolymus , Umbilicijgi Veneris , Ambrofîa , Lyfmiaehia , Acacia , Spina alba , quas & Ojffif- duplex, diverforum Generum pariter ofVenduntur. 2?. Species multae non prœ fe fenmt nomen appsllativum fui Generis. v. g. Se feli Peloponnenfe non donatur nomine Cicu- tœ, cujus fpecies fit: & pag 1-3. Saxifraga Diofcoridis habetur Species Serpylli ; at nomen Serpylli ne inter Synonyma quidem apparet. Hinc faepifïïmè dubites, quo nomine bono & vero, Planta aliqua dicenda fit. B;na , modo dicta, peccata nata funt indè ma'ni- feftô, quôd Cl Auctor in prima acie nomen Officinarum collocare ftuduerit. Sed cogi- tare debuerat, id scquè confpicuum fuifle , fi Typis diverfis juxtà cufum fuiflet ; dein , tam M e t h o d o , quàm Botanicoru m mori , confentaneum elle , ut nomen ab A u clore ipfo probatum prima fronte con- fpiciatur. 30. Quaedam Gênera non uno nomi- ne (labiliuritur : v g. Si/arum & Amomum ; Se feli Çretîeum , vel Tordyïiwn : Rubia , feu Ery- tbrodanum ; Hippoglojfum , Laurus Alexandri- na9 £P Rufcus; ex quibus certè nominibus, vel unum erat prseponendum , vel fingula totidem Generibus , aut etiam Speaebus, vul- gô habitis , relinquenda. Recidunt hase ma- la multifaràm in ipfas Tabulas. 40. Nomi- îia earundem Plantarum alia fumpta funt in Tabu- Janvier, Février et Mar* 1738. 2C9 Tabulis, alia verô in Seftionibus. v. g. vid. Hclicryfum , Filago , Leucanîbtmum , Halica- cabum , Rtoè , Rapba?ius ruftic. Ervum , A- Jier , Lycoperjicori , Daucas , Cinara , Rbamnus alter. c\c. j°. Nomina quaedam infeliciter, vel incommodé falcem , commutantur. v. g. Nom en Simpijlri in Eryfimum vulgare; no- men Eryfirm in aliud genus ; nomen Cotyle- donis in Saxifragam albam ; nomen Saxifrage in Sefeli ptaCenfe ; nomen Onagrœ in Lyfi- machiam fpeciofam ; nomen Elapbobo/ci in Pafhnacam , tranflata funt : quse quidem , quibusque de caufis, incommoda fine, facis ïuperque nôrunc Botanices periti. Verum tamen , vice verfà, nova quaedam nomina forfan expetuntur : v. g. alterutri ex Pyre- tbris; & Sanîalo rubro, quod inter Arbores fi' liquofas numeratur , dum akera duo inter Bac [feras recenfentur. Vil. Pag. 267 Seclio datur de Herbis anoma- lis; quibus tamen Tabula praefigitur, non fecue ac Herbis vel maxime congeneribus & ordi- nat's. Sed quid maxime hic mireris , or :- nôambigas: Nain 1 . ex o6to Generibus in feevone memoratis, duo tantum in Tabula flanc- 20. Pleraeque earum certô pertinent ad notas Clafles , quô potuiiTent inferi : quod ipfum de multis aliis Anomaîù, ab i- pfo R t j o habit's , ftatuit : 3 Denique Acantbus Mtrufa eft in hanc Tabulam, licet in loco fuo, pag. 197. longiiïimè hinc fie deferipta. VIII. Ojjïcinalia pïurima notantur , qua? SUR- rjo Bibliothèque Britannique, nunquam in Officinas funt recepta. v. g. Phalloïdes , Fngara , Perygua , Catlos , Croco- d&ûm , Berula , Bunium , Abrus , Cantabricay MyriopbyUum , aliaque, iexcenta, qua? refer- re piget. Sed horrebunt utique M loi ci, Officinale ài€tum Epimedium , quod conceptum adimere tantummodô perhibetur , quodque ergô folenni ipforum facramento profcribi- tur , ac ejaratur. IX. Haud femel profitetur, fête decrevif- fe ea foliim tradare, quorum aliquis in Medi- cina Ufus eft. Nihilominùs adduxit multa , quorum, difertis verbis, nullx vires, nuîlus ufus eogniti fer un tu r : v. g. Celajirus, Aca- nus , Cneorum album , Yucca , Ojtrys : quod ppftremum, ut id obiter notem , abeft à Fabula fiiâ. Quin Plantas venenatas adfert multas, quarura vires deleteriœ fols memo- rantur : putà, Colcbicum, Oenantbe, Cocçulus Indus , Aconitum , Euonymus , Apocynum , &c. Jam Laurocerafi vim venenatam, nuper dé- tectant, prorfùs filet. Omifit demîim forte nonnuîlas, quas recordari decuit.,* v. g. Vale- riana fylv. major, montana. Raj. fyn. Corcbo- rus, five Mtlocbia. J. B. &c. quas non ul- teriùs perfequar. X. Pauca denique fuperfunt dicenda, quas ad fuperiora Capita non poterant referri. i°. Mufcus & Lichen in binis prirais Tabulis occurrunt. Qua in re fequutus eft quidem Ducem Rajum, Metb. PL nov. Tab. I. & IL quod non oportuit : contra autem , pag. 109. De Herbis mono/permis , Tabulant Raja- nam Janvier, Février et Mars. T738. 271 rjam malè habet immeritô : nam* ne de or- dine inverfo loquar, crederes ibi markimas Herbas efle Fumariam & Tbaliàrum , quam- vis folum Limonium inter has maritima fit. 2°. Pag; 228. Appendix facla cft de Her- bâ Split didlà. Veriim nefcio quo errore , non facile aflequendo , Fumaria bulboja huic fubftituitur. iNefas enim efle: credere, vel mediocriter aliquem in dignofcendis Plantis verfatum non novifle, quôd vulgare Split fie Fumaria lutea. J. B. five Fumaria Corydaiis. Mattb. Cur autem nomen Split amaveric , oderit verô nomen Bonduc pro Acacia glo- rîofa, non inteiligo. Quicqir'd fit, utraque fui generis Planta , & nomine peculiari , quodeunque volueris , digna. 30. Pag. 72. Obfervat Auftor, Cl. Rajum dubitafle an non Rbaharbarum Monach. five Lapât bum fativum latif, & Lapaîbwn horîenfe folio oblongo , idem tint. RefciiTe poterat, omninô dittinftas efTe Species. Pag. 147. De Lycopjide , pro de Lycopo* Erratum hoc sgrè fero, quia vulgaris vera Lycopfis datur. Pag. 168. & 173. Pbytolacca bis deferipta. Pag. 285. Mirabuntur Botanici , Morutn non numerari inter Arbores , flore à fruàu remeto. Scd cùm confultô id facmm vide- tur, fperamus idem etiam meritô rectèque factum. Pag. 8. Diploma, Vefica , Serpens , Re- frigeratorium , inter Inftrumenta Chemica non adfuar. Tandem , nec id prsetereun- dam 272 Bibliothèque Britannique, dum du;q, nimirum, quod Index Synonymis innumegys careat, numerofque aliquot falfos indicée Jaoi finem, fcs cfl , voto faciam. Utinam aliquando difeant homines , quantum rei Medicas interfit, rem Botanicam excolere! PHILORTHOS. ARTICLE III. TRADUCTION De cinq Lettres de Mr. P G P E, Relatives à fon Essai sur la Critique. IL feroit fuperflu de prévenir le Public en faveur des Lettres qu'on lui préfente. Le nom de l'Auteur & le fujet des Lettres fuffifent pour piquer la curiofité des Lec- teurs. Si on les arrête ici par un mot de préface, ce fera feulement pour les avertir, i°. Que le Traducteur a tâché de faire une Traduction qui fût auiB littérale que la difté- Janvier, Février et Mars. 1738. 273 différence des deux Langues pouvoit le per- mettre. 20. Que tout ce qu'on trouvera renfer- mé entre deux crochets , n'eft point dans l'Original. 3 . Que fi , dans les citations de YEJfai fur la Critique, le Traducteur n'a point pro- fité de la belle Traduction de Mr. l'Abbé du Refnel, ni de celle de feu Mr. Robeton, c'eft uniquement faute d'avoir pu les re- couvrer , pour voir comment les paflages ci • fcez y font rendus ; & que fi cela ne Ta pas empêché de paflTer outre , c'eft qu'il s'a- giflbit moins dans ces citations de repré- senter les beautez de l'Original, que d'en conferver certaines expreflîons qu'il n'auroit peut-être pas retrouvées dans les Traduc- tions de ces deux Meilleurs. Ne 1. LETTRE DE Mr. POPE A Mr. J. C. Ecuyer ; datée du 15. de Juin 1711. JE vous envoyé les Remarques de Dennis *, fur mon Effai , dans lefquelles vous trou- verez autant de traits d'une Critique ju- dicieu- * C'eft le m^me que Mr. Pope , fous !e nom emprunté de Norris, a tourné en ridicule, p*r une a74 Bibliothèque Britannique, dicieufe que d'une raillerie délicate. Le peu d'obfervations que j'ai miles de ma main à la marge , font tout ce que le loifir d'une ma- tinée m'a permis de faire, uniquement pour votre ufage particulier. Car pour bien ré- pondre à un Cenfeur , tel que celui-ci vous paroîtra vers la fin de fon Livre , il n'y au- roit qu'un moyen, dont je ne veux pas me fervir après ce qu'il nous dit dans fa Pré- face, qu'il eft actuellement maltraité de la Fortune» Je n'en fçavois rien. Si je l'a- vois fçû, fon nom auroit été épargné, par cette feule raifon, dans mon EiTai. Je ne conçois pas pourquoi fon relfentiment eft fi exceflif,ni commentées trois vers* ou je le dépeins un peu fujet à la colère en certaines occafions, peuvent être regardez comme une injure faite à fa perfonne. J'ai ouï parler de Combattans f qui étoient fi furieux qu'ils tom- boient une Brochure dont nous avons parlé dans l'Extrait du Mélange de MeJJïeurs Pope £f Swift , dont elle fait partie. Voyez Bibl. Br. T. IL pp. 35-4.-35-6. Mr. Dennis au refte n'eft plus. Ii mourut en 1 753» * But Appîus reddens at each word you fpeak » And ftares tremendous , witb a threatning eye 9 Like fome fieree Tyrant in old Tapeftry. f I bave heard of Combatants fo vefy furious , as io fall down them f élues witb that blow wbich tbey^ defign'd to lay beavy on tbeir Antagonifts: But if Mr. Dennis'srage proceeds only from a zeal to difceu- rage Janvier , Février et Mars. 1738. 275 boient eux-mêmes de la violence du coup dont ils vouloient accabler leur Antagoniite : Mais il la rage de Mr. Dennis ne vient que de Ton zèle à décourager de jeunes Ecri- vains fans expérience, qui le mêlent débar- bouiller du papier, il devrait nous épou- vanter par fes vers & non par fa profe : Car j'ai vu plus d'une fois que dans des cas ou tous les préceptes du monde ne pou- voient convertir un Pécheur , quelque exemple bien trifte de fes défordres faifoit l'affaire. Il faut cependant rendre juftice à cet homme ; il a critiqué un vers ou deux avec fondement, & je prétens les changer dans la féconde édition, s'il s'en fait une. Ce qu'il obferve au bas de la page 20. de fes Réflexions , revient à une obfervation que vous m'aviez propofé vous-même, & fur laquelle j'aurois corrigé l'endroit ou el- le fe rapporte , fi mon Imprimeur eût été moins^ prefle. Je veux qu'il foit dit que mon Ennemi , en penfant me faire une in- fulte, m'a rendu un fervice, & m'a tenu lieu d'un Ami. je vous promets que je ne lui ferai pas la moindre réponfe: non feulement parce que rage young and unexperienc'd IVriters from Scribting » be fljould frigbten us witb bis verfe , twt profe : for I bave often kiuv*- tbaî ivhen ail the precepts in the World wtuld, not reclaim a Sinner , fome very fn<4 exemple bas doue the bufinefs. Tome X. fart, IL T 176 Bibliothèque Britannique, que vous me le confeillez , mais parce que j'ai toujours cru , que fi un Livre ne peut pas répondre pour lui-même par devant le Public, il efl très -inutile que fon Auteur le faiïe. Si je me fuis trompé en quelque chofe dans mon Eflai, je protefte fincère- ment que je ne fouhaite point que tout le monde foit induit en erreur ( ce qui feroit d'u- ne conféquence très-fâcheufe ) uniquement afin que je pafle pour n'être pas dans le tort, { ce qui feroit d'une très -petite con- féquence : ) Je voudrois être le premier à chanter la palinodie pour le bien des autres & pour mon propre honneur: car de la manière que j'envifage la chofe , un homme qui nous avoue qu'il s'eft trompé , ne fait que nous dire en autres termes, qu'il efl plus fçavant qu'il n'étoit. Mais la publica- tion de mon Livre m'a procuré un avantage que je n'aurois jamais eu autrement: Elle m'a fait trouver des Amis & des Défenfeurs dé- clarez, en plufieurs Perfonnes qui font con- nues par leur Jugement & par leur Efprit; & m'a prouvé une choie dont j'avois douté jufqu'à préfent , fçavoir que le Monde fait quelque attention k ce que j'écris , car fans cela on ne fe feroit jamais ainfi attaqué à moi en particulier. J'ai lu que c'étoit un ùfage chez les Romains, quand quelqu'un de leurs Généraux paflbit en triomphe par les rues de Rome, qu'il y eût -là' de fimples fol- dats pour le brocarder; afin de lui appren- dre que, bien- que fes ferviees , pris en gros, fûf- Janvier , Février et Mars. 1738. 277 fûffent approuvez & recompenfez , il y a- voit cependant aflez de chofes fur fon comp- te qui dévoient le tenir dans les bornes de l'humilité. Ce qui m'arrive, vous fera voir que tout homme qui prétend aujourd'hui Rétablir dans le monde fur le pied de Bel- Efprit, a befoin de la confiance des pre- miers Chrétiens, & doit fe préparer à fouf- frir le martyre pour fa profeffion. Mais furement c'eft ici la première fois qu'un Bel-Efprit a été attaqué pour fa Religion, comme vous trouverez que je le fuis très- vivement dans ce Traité: Et vous fçavez, Monfieur, quelles allarmes j'ai eues du côté opçofé fur le même fujet. N'ai -je pas bien raifon de m'écrier avec ce pauvre homme dans Virgile, Ouid jam mifero mibi denique reftat ? Cui neque apud Danaos ufquam locus , £f fuper ipfi Dardanidse infer.fi pâmas cum fanguine pofcunti J'ai ce bonheur cependant que vous , Mon- fieur, vous êtes impartial. Jqïz "cas alike to Latinn and tho Phrygien , For y ou toafl know, tbat WWs of no Religion, [Soit Habitans du Lation Ou gens qui vuiflent dllion, Malgré leur différence extrême Jupiter fut pour tous le même: T 2 Et 2/8 Bibliothèque Britannique, Et vous qui , tel que lui , jugez fans intérefl Soit l'Auteur orthodoxe ou l'Auteur hérétique. Vous fçavez bien que PEfprit n'eft Ni Proteftant ni Catholique. ] La manière dont Mr. Dennis prend par morceaux plufieurs vers particuliers, déta- chez des endroits auxquels ils doivent naturellement tenir, pourra faire voir com- bien il eft aifé à un Chicaneur , de donner à tout un fens nouveau , ou un nouveau non- fens *. Il faut avouer feulement, que fes ex- plications ne font pas plus violemment dé- tournées du fens véritable, que celles de ces Cenfeurs qui ont rélevé les traits hétéro- doxes de mon Ouvrage, comme ils les ap- pel- * Ce jeu de mots que Ton trouvera peut-être qui n'a aucune grâce en François, en a néanmoins dans l'Original ; parce que les Anglois font en pofîeflîon de dire Voilà du fens ou voilà, du non- fens, pour dire Voilà qui a du Jens ou voilà qui n'en a point. Mais fi le mot de Non -Jens n'eft pas François , il eft au moins analogue à d'autres mots, qui infenfiblement ont été reçus dans notre langue: tels que ceux de Non- conformité , Non- rèfiftance , Non - exijlance ; pour ne pas parler de ceux de Non - obftance , Non - plevine , Non - vue , Non- ufage, qui font moins communs,- ni de ceux de Non-valeitr9 Nonchalance , & Nonpareil , qui font dans la bouche de tout le monde. Janvier, Février et Mars. 173(8. 279 pelloient. Notre Ami Mr. l'Abbé n'eft point un homme de leur efpece. Avec toute la candeur & toute la liberté poffible , il m'a dit modeftement ce que d'autres penfoient, & j'ai lieu de croire, comme il le dit fort bien lui-même, qu'il eft plutôt d'un certain nombre que d'un certain Parti. Tout le différend entre lui & moi par rapport aux Moines, c'eft qu'il penfe que preique tou- tes les branches delà Littérature fleuriflbient parmi eux; & moi je conçois, que feule- ment certaines branches de la Littérature y étoient autant cultivées qu'il le falloir pour ne pas dire qu'elles étoient mortes. Il pen- fe que ce vers où je repréfence D'un déluge nouveau les Lettres inondées , s'entendra naturellement des Lettres en gé- néral : & moi je m'imagine que , conformé- ment à mon intention, cela ne s'entendra que des Belles - Lettres , de la Critique, de la Poë- iie, &c. qui font l'unique genre de Littéra- ture dont il s'agiffe dans mon Ouvrage. Il eft vrai que les Moines , vers le tems de Nico- las V. , conferverent ce qu'il y avoit de Littéra- ture dans ce tems -là: Mais fi ceux qui vin- rent après , ne tombèrent pas dans la Barbarie la plus profonde , au moins demeurerent-ils où Ton en étoit, pendant que d'autres s'en rélevoient: tellement qu'Erafme même & Rcuchlin, avec toutes leurs railleries, eu- rent bien de la peine à les tirer de -là. le T 3 fuis «3o Bibliothèque Britannique, fuis infiniment obligé à notre Abbé du zèle avec lequel il me loue, & de la bonté avec laquelle il me découvre ce qu'il regarde en moi comme une erreur. Les témoignages d'eftime qu'il m'a donnez au fujet de mon Livre, dans un tems ou ce même Livre ex- citoit les clameurs de fes Frères , font un exemple de générofité & de candeur que je reconnoîtrai toujours. Je fuis ecc, N°. 2. AUTRE LETTRE AU MEME! Datée du iS. de Juin de la même année. JE vois par votre dernière quel eft le zèle mal -entendu de certaines gens, qui font leur affaire, diroit-on, de nous perfuader que nous fommes dans l'er- reur, comme les Médecins s'en font une de nous perfuader que nous fommes mala- des; uniquement pour faire valoir leur cu- re, & triompher d'une maladie imaginaire. [Voici le paffage dont il s'agit. So;r.e toe Frencb ÏTriters, foins our oiv i The Ancients only , or îbe Modems pr:z?. Tbus Wit , like Faitb , by eacb Man is ai ; To ens fmall Se& , and ail are ëamn'd befide. Janvier, Février et Mars. 173g. 2gr Meanly tbey feek tbe blejjlng to confine , And force that Sun but m one part to JJjir.e , Ulrich not alone tbe Southern wit fublimes*, But ripens Spirits in cold Northern Climes ; IVhich from tbe firft &c. Les uns , des Anciens admirateurs outrez , De tout moderne Auteur dédaignent les Ouvrages Et d'autres , du vieux tems contempteurs déclarez , A notre Siècle feul accordent leurs fuffrages : L'un croit tout le Bon -goût confiné dans Paris, L'autre pour les François n'a qu'un profond mépris ... Le véritable Goût & la Foi véritable Par l'erreur des Mortels ont un deftin femblable. L'Efprit , comme la Foi , par chacun d'eux borné , D'une petite Sefte eft le droit fpécifîque ; Et hors de -là, comme hérétique, Sans forme de procès tout le refle eft damné. Avares des faveurs que le Ciel nous difpenfe, lis voudroient fur un coin de ce vafte Univers, A qui leur préjugé donne la préférence, Unir tous les rayons, tous les effets divers, De ce Soleil dont l'influence Dans le Nord meurit les Efprits, Non moins que vers le Sud fon active puiffance Les rend fublimes & fleuris.] La Comparaifon où Ton trouve à redire, t 4 vil- 282 BïIîLIOTHEQUE BRITANNIQUE, L'Efprit, comme la Foi, par chacun d'eux borné > D'une petite Sefte efl le droit Spécifique : Et tors de - là y comme hérétique , Sans forme de procès tout le rejle efl damné. Cette Comparaifon, dis -je, finit à ce der- nier vers, avec un Point bien marqué a- près le dernier mot: Et les vers qui fui vent, Avares des faveurs que le Ciel nous difpenfe , Ils foudroient &c. , fe rapportent uniquement à VEfprit: Car fi ce Soleil dont je parle étoit le Soleil de la Foi, comment feroit-il poffible de dire qu'il meurit les Elprits dans le Nord 9 & les rend Juhlimes vers le Sud ? Je crains fort qu'on ne puiile acculer ces Menteurs, d'entendre aufli peu la Grammaire que la Critique. Peut-être veulent -ils bien, par tendrefle pour l'Ordre monachal , faire mettre fur leur propre compte les reproches d'igno- rance dont ils ont envie de décharger ce- lui des Moines? Lorfque j'ai dit, ILS voudraient fur un coin Gfc, cet ILS, dans mon intention, étoit certainement relatif à ces Critiques dont je venois de parler, qui n'eftiment que certains Ecrivains au préju- dice de tous les autres ; & je ne croyois pas que perfonne pût s'y méprendre. Les ter- mes mêmes de la Comparaifon, fi on la lit une féconde fois, doivent convaincre mes Çen- Janvier, Février et Mars. 1738. 283 Cenfeurs , que le reproche de damner tout le refke, n'eft point du tout un reproche qui regarde particulièrement notre Eglife > à moins que notre Eglife ne foit, félon eux, une petite Sefte: Et la précaution que j'ai eue de mettre par chacun d'eux, montre évi- demment que c'eft ici une réflexion géné- rale contre tous ceux (quels qu'ils puifTent être) qui donnent des bornes fi étroites à la Miféricorde Divine: ce qui eft le défaut des Miniftres Reformez & des Presbyté- riens autant que de qui que ce foit. Mais après -tout, li pour fitisfaire quel- qu'un de ceux qui avec une Foi faine ont un entendement foible, vous fouhaitez que je change un mot ou deux , j'y confentirai , ne fût-ce que par un fimple motif d'humanité. Et pourvu que vous vouliez bien me mar- quer précifément, quelle eft cette petite ta- che d'encre qui fait l'objet de leur critique , ou en quel petit endroit vous pouvez la difeer- ncr; je vous promets que cette pierre d'a- choppement ( qui n'eft après- tout qu'un grain de gravier) fera bien-tôt ôtée de leur chemin. Si ces bonnes gens (élevez peut- être à difputailler dans les Ecoles, ou ils auront contracté une mauvaife humeur dont on ne fe défait jamais) s'échauffent dans la querelle qu'ils me font, jufqu'à en venir aux perfonalitez ; je vous allure, Monde ur, quoi qu'ils puifTent faire pour me provoquer, que de mon coté je ne ferai ni ne dirai rien qui ne convienne au véritable caractère T 5 d'un •84 Bibliothèque Britannique, d'un Catholique. J'aurai toujours devant les yeux l'exemple d'un grand homme <5c d'un grand Saint: je veux dire Erafme, qui au milieu des orages delà Calomnie, garda conftamment tout le calme de l'Innocence, & la débonnaireté d'un Chrétien de l'Egli- fe primitive. Je leur confeillerois cependant de me pafler ce que j'ai dit de lui [dans monEflai:] car autrement je pourrois bien faire pour fa réputation, ce que je ne ferai point pour la mienne ; & venger cette gran- de Lumière de notre Eglife, foit de la ma- lice de fon Siècle, foit de l'Ignorance du nôtre, dans une Langue qui me fera enten- dre plus au loin que celle dont je me fuis fervi dans la Bagatelle que j'ai compofée fur la Critique. Je voudrois que ces Mef- fieurs fe contentaffent de me critiquer moi, parce que, foit qu'ils ayent.raifon ou non, tant qu'il ne s'agira que "de moi , je fçaurai me foûmettre ; car je refpecte trop le repos du Genre-humain, pour le troubler par une conteftation fur des chofes auffi peu im- portantes que mon autorité ou la iblidité de mes jugemens. Un peu d'humilité dans un Poëte ne fçauroit lui faire de tort; & un peu de charité dans un Prêtre, ne lui en feroit certainement aucun. St. Âuguftin l'a fi bien die: Ubi Cbaritas ibi bumilitas ; ubi bumilitas ibi Pco:. je fuis &c. No. 3. Janvier, Février et Mars. 1738. 285 N°. 3. TROISIEME LETTRE au même: Datée du 19. de Juillet de la même année. PAr les divers avis que vous m'avez fi obligeamment donnez, dz tous les rap- ports & de toutes les médiiances que ré- pandent fur mon fujet nos pieux Oftrogots* , vous paroiflez fi bien vous intérefler ferieu- fement à ma réputation, qu'il m'a pris une forte envie de vous dire , comme à un bon Ami , tout ce que je penfe touchant cette affaire, & de vous en expofer clairement le véritable état. J'ai toujours cru que le pins grand fervi- ce qu'on pût rendre à notre Religion, étoit de déclarer ouvertement, que nous ha'ûTons & méprifons tous ces petits artifices , tou- tes ces fraudes pieu/es , dont elle a fi peu de befoin, & qui l'ont fi fort décriée parmi fes Advcrfaires. Le * En Ang'ois, boïy Vandals : Expreflîon que Mr. Pope avoit déjà employée dans fon Eilai fur la Cri- tique, en parlant des Moines, 28(5 Bibliothèque Britannique, Le plus grand épouvantail pour eux, c'eft cette décifion trop peremptoire & trop peu charitable, qu'il eft abfolument impofîible d'être fauve fi Ton n'eft des nôtres , excep- té feulement le cas d'une ignorance invincible, laquelle encore certaines gens définiflent d'une manière qui emporte de fi grandes reftriclions & tant d'exclufions , qu'il fem- ble que ce mot ait moins été imaginé pour li- miter réellement l'idée d'une damnation prefqu'univerfelle, que pour avoir un moyen tel -quel de nous tirer d'affaire, quand on jugera que nous difpofons trop indifcrète- ment de ces foudres du Seigneur , que les mains de Eccléfîaftiques font voler çà & là fi libéralement fur la majeure partie du Genre -humain. Car après avoir réduit les vrais Fidèles de notre Eglife à un très- petit nombre, il faut encore fubdivifer. Le Janfenifte eft damné par le Jéfuite , le Jé- fuite par le Janfenifte, le §cotifte par ]c Thomifte , & ainfi de fuite. Il peut y avoir des erreurs, j'en conviens: Mais je nefçaurois les croire aiïez importan- tes pour devoir anéantir cet amour du Gen- re-humain , qui eft eflentiellement le grand lien par lequel Dieu veut que nous foyons u- nis les uns avec les autres. Ainfi je vous avouerai , que j'étois bien aife de faifir la première occafion qui fe préfenteroit d'ex- primer mon éloignement pour une opinion suffi choquante que celle qu'on a coutume de reprocher à ceux de la Religion que je pro- Janvier, Février et Mars. 173g. 287 profefle: Et j'efpérois qu'une légère infirma- tion, amenée fans effort par une Compa- raifon occafionelle, loin de fcandalifer , ne fe- roit au contraire que du bien, dans une Nation & dans un tems où nous fommes Je Parti le moins nombreux , le plus fujec par conféquent à être repréfenté fous de faufles couleurs, & par cela même le plus intérefTé à fe juftifier. Ceft pour cette raifon encore que j'ai faifi l'occafion de parler de la Superflition qui régna quelques fiècles aprè? la fubverfion de l'Empire Romain : Vérité trop mani- fefte pour être niée, & dont l'aveu ne ré- jaillit en aucune manière fur les Catholiques modernes qui font dégagez de cette Super- flition. Notre filence fur de pareils articles peut faire croire à nos Adverfaires avec quelque raifon, que nous admettons enco- re ces bigoteries & que nous y pcrfiftons : Il eft de fait cependant que tous les gens de bien & de bon fens les méprifent, quoi- qu'on leur perfuade de ne les pas attaquer par leurs difcours , & cela je ne fçai pourquoi ; puifqu'aujourd'hui , à prendre même la plus mauvaife partie de notre Clergé , on ne fçauroit plus dire avec le moindre fondement (comme peut-être on Tauroit dit autre- fois ) qu'il eft de l'intérêt des Prêtres d'e- touffer certaines chofes dans le filence. Car comme les Sedtes oppofées gagnent à préfent le deffus, il n'efl plus tems d'empê- cher qu'on ne dife du mal de notre Eglife : No- 288 Bibliothèque Britannique, Notre affaire déformais doit être d'empê- cher qu'on ne nous croye les Défenfeurs des chofes qu'on nous reproche: Et c'eft- ce qu'il n'efl pas bien facile de faire d'un air férieux.^ Ou il nous faut rire avec les Rieurs de ce qui mérite leurs railleries, ou confentir de bonne grâce à être raillez avec ceux qui méritent de l'être *. Quant au détail [ du procès qu'on me fait j : vous aurez obfervé fans doute , que d'abord, tout ce qu'on objecloit contre la. Comparaifon de l'Efprit & de la Foi, regar- doit uniquement le pronom ILS. Cette difficulté levée par les règles même de la fimple Grammaire , enforte que touchant cet ILS il n'y avoit plus le mot à dire, c'eft la Comparaifon elle-même qui efluye la contradiction: Ou fi elle ne la fouffre pas bien ( car vous fçavez que la Raifon & le Sens -commun font un peu opiniâtres & ne cèdent pas toujours au premier venu) il faudra, qu'au défaut de cette Comparaifon, le trait fur la Superftition devienne un Cri- me,- comme fi la Religion & elle étoient Sœurs î * As tbe oppofîte Sefts are no-iv prevailing , 'tis too late to binder our Cburcb from being flander'd; 'tis our bujmefs to vindicate ourfelves from being îbougbt abettors of wbai tbey charge us witb. Tins can't Jo well be brangbt about witb ferions faces ; wé muft laugb witb tbem at ivbat deferves ity or be content to be laugb' d at witb fucb as deferve it. Janvier, Février et Mars. 1738. 2g9 Sœurs ! ou que ce fût médire de la famille de Jefus-Chrift, que de dire un mot aux dé- pens d'un Enfant bâtard du Diable *! A- près cela vient un nouveau crime encore , qu'on découvre dans un endroit qui d'abord avoit paru innocent: ce font les deux vers au fujet des Scbifmaîiques. Un homme or- dinaire s'imagineroit bonnement que l'Au- teur les blâme en termes allez clairs , d'a- voir abandonné la véritable Foi, parce qu'ils méprifoient l'Efprit [ un peu (impie ] de quelques-uns de ceux qui la profeflbient. Mais ceux-ci font appeliez des Sots: & d'autant que j'ai dit que les Schifmatiques regardent quelques-uns de ces Fidèles comme des Sots , il fera décidé par les cha- ritables Interprêtes de mes peniees , que je regarde tous les Fidèles comme des Sots. Je parlois l'autre jour de ces objections a- vec Mr. * *. Il m'aiïura que je n'avois rien dit qui dût être defavoué par un Catholique : Et j'ai par devers moi des raifons d'être per- * Wben tbat was bejond contradiction removed . ion %vas againft tbe Simiie itfelf; or if î jd to (fenfe and common ideed a Utile Jlùbborn, and not apt te giis way to every body) next tbe mention of Super- ftition mujî become a crime; as if Religion and fie were Sifters , cr tbat :'; ivere fcandal upon tbe family of Cbrifi , tbo fiy a word againfl tbe Deviïs bajlard. 2pÔ BlRLIOT HEQUE BRITANNIQUE, perfuadé que le défaut de Mr. * * ( s'il en a quelqu'un ) n'eft pas au moins de manquer de zèle. Il m'a mis dans PEfprit une pen- fée, à laquelle j'avoue que je ne fçaurois re- fufer mon approbation : C'en: que lorfqu'un certain ordre de gens font piquez de quel- que vérité qu'ils croyent à leur défavantage, leur méthode pour "le venger du Difeur de véritez eft d'attaquer fa réputation par un détour, fans paroître s'arrêter au véritable endroit par ou ils ont reçu fégratignu- re * : Or ce qui fâche tout de bon , félon lui, ceux dont il s'agit dans cette affaire, c'eft de voir qu'Erafme , qui a été opprimé & perfécuté par les gens de leur Clique , & qui pendant une longue révolution d'années a été en proye à la Calomnie, foit vengé a- près cela par un homme de leur propre Re- ligion, à qui il prend envie de prononcer ce que la Vérité & l'Honneur lui diclent en faveur des Morts , que perfonne certaine- ment ne flatte & auxquels peu de gens ren- dent juftice. Vous en connoillez qui fe 'font fâchez tout de même de ce que [vers la fin de mon Effai ] je fais une mention honorable de [feu] Monfieur Waîfh: qui n'ayant * When a Jet of people are piqu'd at any truth tvhicb tbey tbink to tbeir own difadvantoge , tbeir method of revenge on tbe truth • Jpeaker is to attack his réputation a by-ivny, and not openly tv objeci to tbe place tbey are really gall'd by. Janvier, Février et Mars. 1738. 2£i «'ayant jamais refufé à aucun homme dé mérite , dans quelque parti qu'il le ren- contrât, les louanges qui lui étoient dûs, avoit acquis bien juftement, ce me femble, le droit d'être loué à fon tour par tous Jes autres, quelle que fût entre lui & eux la différence des intérêts ou des fentimens. PuifTé-je toujours être coupable d'un pa- reil libertinage, & ne jamais perdre cette efpece de principes latitudinaires, qui nous infpire la noble hardieffe de parler avan- tage ufement de ceux que l'Envie opprime juïqu'après la mort! Comme je voudrais toujours parler avantageulément de mes Amis lorfqu'ils font abfens , & par cela même qu'ils font abfens , à plus forte rai- fon le voudrois - je lorfque la mort les rend abfens pour toujours: ec je le fais d'au- tant plus volontiers alors , que je n'en ai point de rcconnoiflance à attendre *. Vous voyez, Monficur , que je perfide en bonne confcicnce dans ce que j'ai écrit: Mais * May I be tvâr guiky of tbis fort of liberty and latitude of privciplei vobicb rives us the bardinefs of fpeaking voell of tbofe whom envy oppreffes ev'n after deaib. As I ivould always Jpeak well cf my living friends wben tbey are abfent , nay becauje tbey are abfent, fo wouîd I viucb more of the dead in "tbat eternal abfence ; and tbe ratber becaufe I e$~ peft no tbanks for it. tme X. Part. IL V 292 Bibliothèque Britannique, Mais en bonne amitié je defavouerai & changerai tout ce qu'il vous plaira, en cas que mon Livre parvienne à une féconde Edition; ce qui pourroit bien, néanmoins, ne pas arriver fi- tôt: car l'Imprimeur m'a dit, qu'il en avoit tiré mille exemplaires, & je m'imagine qu'il s'en vendra difficile- ment un plus grand nombre d'un Ouvrage. de cette nature , à peine intelligible pour une foixantième partie des Le&eurs, même qui ont eu de l'éducation. Quoi qu'il en foit , vous me trouverez vrai Troyen 6c dans ma Religion & dans mon amitié : car je veux perfévérer dans l'une 6c dans l'autre fufqu'à la fin. Je fuis &c. N°. 4- LETTRE de M*. POPE au Comte Hamilton [Auteur des Mémoires du Comte de Gram- mont , 6c de divers autres Ouvrages François, tant en Vers qu'en Profe] aufujet d'une Traduction qu'il avoit faite en vers François de VEJJai fur la Critique : [Remarquez que cette Lettre fut écrite lors de la Paix d'Qtrecht.J En Janvier, Février et Mars. 1733. 293- En date du 10. d'Octobre 171 3. SI je pouvois vous exprimer , ou bien (pour me fervir d'un mot que je vous prie de me pafler ) fi je pouvois vous tra- duire les fentimens de mon cœur, auflî bien que vous traduifez les penfées de mon Efprit dans votre belle Traduction de mon Eiîai ; vous reconnoîtriez dans cette Lettre non feulement le meilleur Ecrivain du Monde , mais ce que j'ambitionne davan- tage , l'homme du monde qui eit le plus votre Serviteur. C'eft un bonheur bien rare que celui de recevoir de grands hon- neurs , & de faire en même tems de grands progrès vers la perfection : C'eft-là cepen- dant ce que je vous dois , puifqnà meiure que vous interprétez aux autres mes pen- fées , vous nV^pprenez à moi-même à mieux entendre mon propre ouvrage , fi toute- fois je puis appeller mien , ce" qui vous a- çartient plus qu'à moi : Car vos vers ne font pas plus une Traduction des miens, que les vers de Virgile une Traduction de ceux d'Homère. Les vôtres, comme ceux de Vir- gile , font à la fois une imitation fidclle & un Commentaire magnifique de leur Origi- nal. En m'habiilant à la Françoife, non feule- ment vous m'avez orné, mais vous avez \ en- 294 Bibliothèque Britannique, encore corrigé les défauts de ma taille : Et fi ma figure à préfent eft de mife, je ne dois pas oublier que vous m'avez natura- lifé François, & que la France eft fameufe pour faire de toutes fortes de gens des Cavaliers accomplis. Grâces à vos foins, me voilà beaucoup meilleur à mon retour qu'à mon départ: la plus grande partie des jeunes Voyageurs n'en diroient pas autant. je fouhaicerois qu'au prochain Parlement on fit un Traité de Commerce pour les Tra- ductions : nous y gagnerions aiTurément , & nous nous dédommagerions ainfi de tout ce que nous avons perdu par la guerre. Nous pourrions même exiger la démolition des ouvrages de Boileau. Tant que la Fran- ce poiïedera pour équivalent ceux d'un E- crivain tel que vous , elle n'aura pas fujet de fe plaindre. Je vous allure qu'à tout prendre, quand jeconfidcre en quels termes me voilà avec nos Voifins, je me fens aufll fier que le de- vraient être nos Miniftres: j'ai même def- fein , comme eux , de publier au plutôt les avantages qui m'en reviennent; car je ne fçaurois réfifter à la tentation de faire im- primer ici votre excellente Traduction : Et ii vous voulez bien pouffer la complaifance jufqu'à permettre qu'elle paroifle fous votre nom , vous m'accorderez la feule cho- fe par où vous puifliez enchérir fur l'honneur que vous m'avez déjà fait, je fuis &c. NB. Janvier, Feviuer et Mars. 173s. 295 XB. que le dejjein d'imprimer la Traduction du Comte Hamilton n'a jamais été exécuté. N-. 5. LETTRE de M», POPE A M*. A..P-D 1 S.O N: En date du 10. Octobre 1714* [Q'.oique le commencement cf /a fin de cette Lettre ne regardent pas VEJJaifur la Critique ; ow ne doute ;m que le Lecteur ne fait bien de la trouver ici toute entière. J J'Apprens par un Ami , qui ne manque aucune occafion de me faire plaifir , que vous avez bien voulu, il y a quel- que tems , parler de moi d'une " manière que je ne fçaurois mériter par aucun endroit que par le véritable reipecc que j'ai pour vous. Puis -je me flater que certaines gens mal - intentionnez qui vouloient nous br< 1er, ayent bien manqué leur coup? Il n'a- parcienr ni à moi ni à mes Ennemis de vous apprendre fi je fuis vorre Ami ou non ; Mais fi vous voulez en juger probabilitez, dites-moi, je vous prie, quel Poète de votre connoiltance peut fe vanter d'être votre Ami avec autant de défintérefle- Y "5 ment 296 Bibliothèque Britannique, ment que moi ? On ne devroit jamais dou- ter, ce me femble, qu'une amitié ne fût réelle qui ne demande aucun fervice réel. Je n'attens des Whigs que ce que j'ai ob- tenu des Toris : c'eft-à-dirc , des manières honnêtes ; n'ayant au refte, ni allez de lier- té pour méconnoître un bon office , ni allez d'humilité pour ne pas raéprifer hardiment & cordialement quiconque me fait une in- juftice. Je ne veux point me faire un mérite du foin que j'ai pris de confcrver pour vous tous les égards imaginables: Car, franchement, tout le monde eft fi bien d'accord à par- ler de vous en termes avantageux , que je ferois obligé de faire comme les autres , quand même je ne me foucierois pas de vous. Quant à ce que vous avez dit de moi , je ne croirai jamais que l'Auteur de Caton puifle dire une chofe & en penfer une au- tre. Et pour vous faire voir que je comp- te fur votre fîncérité , je vous demanderai une grâce: c'eiî que vous ayïcz la bonté d'examiner les deux premiers Livres de ma Traduction d'Homère , qui font actuellement entre les mains de Mylord Halifax. Je fens combien ]a réputation d'un Ouvrage poéti- que doit dépendre de votre témoignage : Ainfi vous pouvez préfumer combien je fais de fonds fur votre bonne volonté, lorfqifen vous fourniiTant cette occafion de dire du mal de moi avec juftice, je m'attens ce- pen- Janvier, Février et Mars. 1738. 207 pendant que vous me direz à moi vos ré- flexions les plus vrayes , au même tems que vous direz à d'autres celtes qui me feront plus favorables. J'ai une autre grâce encore à vous de- mander, & qu'il faut que je vous deman- de avec quelque inftance. Mon Libraire r'imprime YEJJai fur la Critique. Vous avez fait trop d'honneur à cet Ouvrage dans vo- tre Speoateur: N°. 253. L'endroit eu vous dites que j'y ai mis quelques traits de ma- lignité, elt de tout ce que vous avez écrit, la feule période que je fouhaiterois que vous euffiez fupprimée. Mais je ne veux pourtant pas vous prier de le faire , que je n'aye mérité cette grâce en fupprimant moi- même ce qui peut avoir donné lieu à votre cenfure. Marquez -moi, je vous fuppîie, quels font ces traits que vous avez en vue; & je vous promets qu'ils feront traitez fans merci. Puifque nous en fommes à nous donner des preuves de fmcérité ( ce que je fuis bien fur que nous regardons l'un & l'autre comme une chofe qui doit tourner à notre avantage commun , ) vous me permettrez de vous indiquer un autre endroit de la même feuille du Spectateur, ou je voudrois que vous fifliez quelque changement. C'cft: l'endroit ou vous parlez d'une obfcrvation fur les vers d'Homère touchant le Rocher de Syfiphe, comme fi elle n'avoit été faite auparavant par aucun Critique. J'ai trouvé V 4 fa 293 Bibliothèque Britannique, Ja même obfervation dans Denys d'Halicar- nafle vetf £uv9icfoc Quô^arm * qui traite de ces vers d'Homère fort au long. Je fuis perfuadé que vous fendrez la néceilité d'adoucir vos exprefTions dès -que vous aurez vu le pafTage auquel je vous ren- voyé , & que vous aviez lu fans doute , quoique vous ne vous en foyez pas reflbu- venu. Je fuis &c. ARTICLE III. The Tryal ofJoHN Peter Zenger of New-York, Primer, who was late- îy try'd and acquitted for printing and publifhing a Libel againft the Government; with the Pleadings and Arguments on both fides. C'eft-à-dire : Le Procès de Jean - Pierre Zenger , Im- primeur à la Nouvelle - York , qui a été depuis feu jugé pour avoir imprimé £^ publié un Libelle contre le Gouvernement , dont il a été abfoûs { avec les Plaidoyers £f les Raifons alléguées pour & contre. Ita cuique eveniat , ut de Republicâ meruit. A Londres , chez J. Wilford , derrière St. Paul 1738., in 4. Coll. 64. menu caractère. LE principal fujet de cette Pièce c'eft la Liberté de la Prejfe; fujet dont nous avons droiç Janvier, Février et Mars. 1738. 299 droit de prendre connoiflance en qualité d'Hiftoriens de la République des Lettres : Mais comme la matière eft un peu délica- te, fur -tout de la manière dont elle eft trai- tée ici , nous nous contenterons de rap- porter fidèlement les faits & les raifonne- mens contenus dans cette Pièce, fans nous rendre garans de rien. Afin de mettre nos Lecteurs mieux au fait du Procès en queftion , nous croyons de- voir commencer par expliquer en peu de mots les manières de procéder en matières criminelles , qui font ufîtées en ce païs , & dans les Colonies de P Amérique qui en dé- pendent. Nous fommes d'autant plus en état de le faire avec exactitude , que nous avons eu foin de confuiter ià-deflus un très- habile Jurifeonfulte. La Méthode la plus ordinaire de procé- der , eft par le moyen des Grands-Jurez * , qui font vingt & quatre perfonnes aifées , Gentilshommes ou bons Bourgeois, choir fis impartialement parmi tous les habitans d'une Comté. Leur charge eft, entre au- tres choies, d'examiner tous enfemblc f les aceufations portées par écrit contre quel- qu'un en matière criminelle. S'ils trouvent qu'il * En Anglois tbe Grand Jury. f Quoiqu'on en appelle 2+, il fufRt qu'il y en ait plus de 12, pour pouvoir procéder; mais il n'y en a jamais plus de 24. 300 Bibliothèque Britannique, qu'il y ait des raifons fuffifantes pour inten- ter un procès, ils admettent l'Accufation, & écrivent au dos Billa vera. Le Procès eft porté enfuite devant la Cour de Juftice, & jugé par douze autres Jurez , qu'on appelle a petty Jury. Il faut remarquer que les Grands -Jurez n'examinent jamais que les fondemens de l'accufation , ce non pas ce que le prévenu peut avoir à dire pour fa juflification ; fou- vent même il n'a aucune connoiiïance de l'accufation portée contre lui: de-là vient qu'un aceufé eft quelquefois abfous par le petty Jury , quoique les Grands -Jurez euf- fent trouvé l'accufation aflez bien fondée pour intenter le procès. Un procès ainfi in- tenté s'appelle a Tryal upon Indicïment. Si les Grands - Jurez ne trouvent pas que l'ac- cufation foit fuffifamment fondée , ils met- tent au dos Jgnoramus , & par-là l'accufation eft rejettée, & le prévenu mis hors de Cour & de procès. Ajoutons que les Grands -Jurez ont droit de porter d'eux-mêmes des plaintes & des aceufations contre ceux qui violent les Loix en matière civile ou criminelle , lors même que perfonne ne fe porte aceufateur contre eux. Les plaintes en aceufations portées ainli par les Grands -Jurez s'appellent a Pré» fentment : Et les procès faits en confequen- ce de ces plaintes, font à-peu-près de la mê- me nature que ceux dont nous venons de parler. Il Janvier, Février et Mars. 1738. 301 Jl y a une autre méthode d'intenter un procès criminel à quelqu'un. C'eft lorfque le Procureur-général fe porte pour accufa- teur contre lui en fon propre nom , pour le Roi *. C'eft - ce qu'on appelle , a Tryal upon Information. Quoique fuivant cette dernière manière de procéder, le prévenu foit aufli jugé par douze Jurez , cependant il eft privé d'un privilège considérable , dont il jouît quand il eft jugé upon Indiclment. Si l'accufation admife par les Grands- Jurez fe trouve malicieufe & une pure vexation , la Cour , fi elle le juge à propos , & àla Requê- te du prévenu , lui accorde une copie de l'accufation , & il peut pourfuivre fa partie dans une Cour civile pour dédommage- ment ; ce qui eft un moyen de prévenir bien des accufations injufte's , & des procès onéreux : Mais quand le procès eft upon Information , à la pourfuite du Procureur- général , le prévenu , s'il eft abfous , ne peut point exiger de dédommagement, mal- gré les fraix qu'il lui en a coûté , & les maux qu'il peut avoir fourrer t en prifon. Nous efpérons que nos Lecteurs ne fe- ront pas fâchez de trouver ici ce petit dé- tail: Venons à l'affaire du Sieur Zenger. Au mois de Novembre 1733. il commen- ça de publier une Gazette, intitulée Tbe New- York weekly Journal , containing tbe freflejè Advices foreign and domejtick* C'eft-à-dire : » Joui- * I for thc King. 302 BlRLIOTH-EQUE BRITANNIQUE', „ Journal de la Nouvelle - York , publié tou- „ tes les Semaines , contenant les Nouvel- „ les les plus fraîches tant de ce pais -là „ même , que des Pais étrangers „. Il s'a- vifa d'inférer dans ce Journal diverfes plain- tes contre le Gouverneur * & contre plu- fîeurs de ceux qui étoient employez fous lui dans les Affaires. C'eft pourquoi le Chef de Juftice fe crut obligé de repréfen- ter aux Grands - Jurez , les dangereulescon- fequences qu'on avoit à craindre des Libel- les diffamatoires > fur-tout lorfqu'ils attaquoient ceux qui font au timon de l'Etat. Il ne paroît pas que le Chef de Juftice ait parlé directement des Journaux de Zenger : mais il eftaflez clair que ce font ces piéces-là qu'il avoit principalement en vue, ce que fon def- fein étoit, d'engager les Grands - Jurez à in- tenter aceufation contre cet Imprimeur : ils ne jugèrent pourtant pas à propos de prendre aucune connoiflancç de lui ; ce com- me YAffemblée générale f de la Nouvelle - York tenoit alors fes féances , le Confeil lui en- voya nhMeJfage le 17. d'Octobre 1734., re- préfentant à cette Aifemblée, que les Mem- bres du Confeil avoient vu ,, divers Jour- „ naux de Zenger , & plusieurs autres Pic- „ ces injurieufes & diffamatoires, qui ten- ,, doient à aliéner les cœurs des peuples , n à * Mr. Guillaume Cosby. t C'e/î proprement le Parlement de la Nouvelle-* York. Janvier, Février et Mars. 1738. 303 „ à exciter des troubles & des féditions , & „ à infpirer aux fujets du mépris pour le ,, Gouvernement de Sa Majefté. Confide- \y rant donc les pernicieufes confequences „ que de pareils excès pourroient produire, „ à moins qu'on ne les arrête au plutôt d'u- „ ne manière efficace, leConfeil a cru, que „ le moyen le plus fur d'y remédier, c5efl ,, d'ordonner une Conférence entre un Corof- ,, té * du Confeil, & un Comité de l'AlTem- ,, blée générale. „ La Conférence fe tint en effet le même jour, & on y lut une Requête du Confeil , qui demandent : „ Que divers Journaux de „ Zenger fulfent brûlez par la main du ., Bourreau , comme contenant des chofes „ injurieufes au Gouvernement de Sa Ma- „ jette , à la Cour Souveraine de la Pro- ,, vince , & à des Perfonnes diftinguées , ,, élevées aux Charges les plus éminentes , ,, & tendant à cauîer des tumultes & des „ féditions parmi le peuple. „ Que l'AiTemblée générale voulût con- ,, courir avec le Confeil , pour prier le Gou- ,, verneur de publier une Proclamation , avec ., promette de recompenfer quiconque dé- ,, couvriroit les Auteurs de ces Libelles „ féditicux. „ Que l'Aflemblée voulût aufli concourir „ avec le Confeil pour obtenir un ordre de „ faire * C'eft-a-dire un certain nombre de Membres choifis de tout le Corps. 304 Bibliothèque Britannique, „ faire le procès à l'Imprimeur de ces Li- ., belles. „ L'AfTemblée générale ayant examiné cet- te Requête du Comité du Confeil , & tous les papiers qui y étoient annexez, ordonna, après avoir agité l'affaire pendant quelque tems , que tous ces Papiers & la Requête demeu- reraient fur la Table : C'étoic une manière îionnéte de rejetter la Requête. Le Confeil, voyant que l'Alfemblée géné- rale ne vouloit point fe mêler de cette af- faire, ordonna que les Journaux de Zenger fulfent brûlez par la main du Bourreau, & que le Maire & les autres Magiftrats de la Nouvelle - York affiftafTent à l'exécution. Cet ordre leur ayant été envoyé le 6. Novem- bre à leur Affemblée de quartier, le Shérif de la Nouvelle- York requit qu'on s'y con- formât : Sur quoi un des Aldermans, ouEche- vins, donna fa Proteftation par écrit , qui fut lue & approuvée par tous les Alder- mans , foit expreflement foit tacitement ; el- le contenoit les raifons pour lefquelles ils ne fe croyoient pas obligez d'obéir. „ Cet- „ te Cour eit d'opinion , difent-ils, qu'el- 5, le ne doit être commandée que par un „ Mandement * du Roi par écrit , conformé „ aux Loix (auquel cas même, fi elle ne 3, croit pas quil foit à propos d'y obéir, el- „ le a droit d'alléguer les raifons de fon re- ?, fus) ou par des Ordres autorifez par quel- „ que * The King's Mandatory Wrft- Janvier, Février et Mars. 1738. 305 „ que Loi connue : Et comme elle croie „ que l'Ordre qui lui eft apporté n'eft point „ un Mandement du Roi , & qu'elle ne connoît n aucune Loi qui puifle autorifer cet Or- ,, dre , elle ne le croit point obligée d'o- „ béï'r. Elle fe perfuade qu'une pareille ,, obcïiïance ouvriroit la porte à toute for- „ te de commandemens arbitraires , & cet- „ te porte une fois ouverte, onnefçauroit ,, dire quelles en pourroient être les dan- „ gereufes confequences. C'eft pourquoi „ cette Cour efhime qu'il eft de Ton devoir M (pour le maintien des Droits de cette ,, Corporation , pour aflurer , autant qu'il „ eft en fon pouvoir, la Liberté' de „ la Presse, & la Liberté du Peuple „ de cette Province , puifqu'une Aflemblée „ générale & les Grands -Jurez ont refu- ,, fé de prendre connoiflance de ces Jour- ,, naux , quoique le Confeil fe foit addref- „ fé à eux) la Cour (dis-je) ellime, qu'il u eft de fon devoir de protefier contre cet „ Ordre , & de défendre à tous les Membres ,, de cette Corporation d'y obéir , jufques à ce „ qu'on ait fait voir à cette Cour , que cet „ Ordre eft autorifé par quelque Loi con- „ nue, ce que nous ignorons, ce que mê- „ me nous ne croyons pas. „ Après la lefture de cette Protcftation on pria Mr. François Harrifon , Affiliant du Mai- re * & Membre du Confeil , de montrer par quelle * Rccoider of the Corporation. 30(5 Bibliothèque Britannique, quelle Loi ou en confequence de quelle au- torité cet Ordre avoit été drefle. Il en- treprit de le juftifier , & cita pour cet effet le cas du Dofteur Sacheverel , dans lequel la Chambre Haute avcic ordonné , que le Sermon de ce Docteur fût brûlé par la main du Bourreau, & que le Maire & les Eche- vins de Londres aflîftaflent à l'exécution. Un des Echevins de la Nouvelle -York ré- pondit à cela , que les cas ne lui paroif- foient point du tout femblables ; parce que le Docteur Sacheverel avoit été accufé , & que plaintes avoient été portées contre fon Sermon par la Chambre des Communes d'Angleterre , qui eic le Corps des Grands- Jurez de la Nation , & qui repréfente tout le peuple. Cette Accufation fut pourfuivie devant la Chambre des Seigneurs, qui eft la grande Cour de Juftice , & qui de tems immémorial a droit de connoître des Affai- res de cette nature. Sacheverel eut - là une audience favorable , avec pleine liberté de défendre lui & fon Sermon ; & ce ne fut qu'après qu'il eut été écouté , que fon Ser- mon fut condamné fuivant les règles de la Juftice & de l'Equité , & félon les Loix. Cet Echevin ajouta , qu'il avoit lu le Pro- cès de Sacheverel, & qu'il fe fouvenoit très- bien , qu'il n'y eut que le Maire & les Shérifs de Londres & de Middlefex qui eu- rent ordre d'être préfens lorfqu'on brù- leroit le Sermon, mais qu'il n'étoit pas fait mention des Echevins : que l'Ordre n'étoit addref* Janvier, Février et Mars. 1733. 307 ,, addrefle qu'aux Shérifs , & non pas au ,, Maire , qui même n'affilia pas à l'exécu- „ tion *. Si Mr. Harrifon peut prouver , ajoura cet Ècnevin , que le Gouverneur ik Je ConfeiJ de cette Province ont la même autorité que la Chambre des Seigneurs , , abandonnions notre Siège , ou que vous quittiez ,, le Barreau.,, En effet les deux Avocats, Mrs. jaques Alexandre ^Guillaume Smith, furent fur le champ exclus du barreau, & même privez de la liberté d'agir commQ Avo- cats confultans *. La Cour donna un autre Avocat au Pré- venu: * Nous avons ouï dire qu'ils ont été rétablis de- puis la mort de Mr. le Gouverneur Cosby, qui mourut quelque tems après la décifion de ce Procès- X 3îo Bibliothèque Britannique, venu: Ce fut Mr. Chambers, qui répondis au nom de Zenger à l'Information portée contre lui , not guilty * , qu'il n'étoit pa3 coupable,- mais par prudence il ne jugea pas à propos de renouveller les moyens de re- cuiation que les deux autres Avocats avoient propofez. Le Procès fut remis au 24. d'Août pour être jugé définitivement; car tout ce qui s'étoit patte jufqu'alors, n'étoit que des efpeces de préliminaires. Les Amis du Sieur Zenger firent venir de Philadelphie, Capitale de la Penfilvanie, un fa- * On répond toujours à une Information ou Accufation criminelle , gtdlty , ou not guilty ; cou- pable , ou non coupable. Ceux qui refufent de fai- re l'une ou l'autre de ces réponfes , font condam- nez à ce qu'on appelle en terme de Loi Peine for- te &? dure. Voici en quoi confiiîe cette Peine. Le Prévenu eft couché fur le dos le long d'un rui/Teau d'immondices , on ne lui donne d'autre nourriture que du pain d'orge fort dur , & l'eau fale à laquel- le il peut atteindre. On lui met en même tems un poids très • pefant fur l'éftomac : on augmente ce poids de tems en tems , jufques à ce que le Préve- nu ait dit qu'il efî: coupable ou non coupable , ce qu'on appelle tttplead, ou jufques à ce que la vio- lence de la douleur lait fait mourir. Ceft - là l'a feule efpea de Quejïion qui foit en Angleterre. Lorfqu'un homme efl condamné à mort & exécuté , les biens font confîfquez : mais lorfqu'il meurt de la manière qu'on vient de dire , la Confîfcation n'a pas lieu , parce qu'il n'a été ni jugé ni con- damné. Janvier, Février et Mars. 1738. 311 fameux Avocat , nommé Mr. André Ha- milton, qui plaida fa caufe avec beaucoup d'efprit , de içavoir & de force , & avec une grande éloquence, comme on le verra dans la fuite de cet Extrait. Le Procureur - général ouvrit le Procès par la lecture de fon Information ou Accufa- tion, laquelle contient quelques paffages ex- traits des Journaux publiez par Zenger, & entremêlez de quelques Remarques du Procu- reur-général , deltinées à faire voir que ces Journaux font des Libelles faux , mali- cieux , féâiiieux & diffamatoires . Nous rap- porterons ici ces palfages; & pour ne pas interrompre le fil du Difcours, nous met- trons au bas de la page les Remarques du Pro- cureur-général , quoique dans fon Accufation elles foient inférées entre deux crochets, aux endroits où nous avons mis des renvois. ,, Le Peuple de cette Ville & de cette „ Province * croit que, vu l'état où les -, choies en font maintenant , leur liberté ,, & leurs biens font précaires , & il y a ap- „ parence qu'eux & leur pofterité feront ,, pour jamais réduits en efclavage, à moins i, qu'on ne reforme diveries chofes qui le ,, font pafTées: Ce qui les fait juger ai n fi , „ c'elt la conduite f qu'on a tenue en plu- „ lieurs occafions. ,, Un Entendant par- là le peuple de la Fille £f de la ïce de la Nouvelle-York ; li veut parler de la conduite de fin Excellence te 312 Bibliothèque Britannique, „ Un de nos Voifins * étant en cornpa- a gnie , & remarquant que les Etrangers f ., faifoient des plaintes continuelles, tacha » de leur perfuader de fe retirer à Jerfey ; „ à quoi on répondit, que ce fer oit tomber „ de fièvre en chaud mal: car, dit-on, nous „ fommes les uns & les autres fous le mê- „ me Gouverneur t, & votre Aflemblée n'a ., que trop fait voir ce qu'on doit attendre „ d'elle. Un homme qui s'en alloit alors en „ Penfilvanie |, ou plufieurs perfonnes des ., plus confiJ érables fe retirent § , exprima & en termes fort touchans , combien il s'in- „ térefibit à l'état ou étoit la Nouvelle- „ York ** , lequel on devoit , félon lui , 33 attribuer en grande partie à l'influence j, que certaines gens avoient fur les Affai- „ res du Gouvernement ff : Pour lui , di~ „ foit- le Gouverneur , £? des Minijlres & Officiers du Roi dans cette Province. * Il entend , un des Habitons de la Nouvelle- Jerfey. + Il veut dire les Habitant de la Nouvelle- Tork. j. il parle de fon Excellence le Gouverneur de la Nouvelle - Tork. 1 11 entend un homme qui qui toit alors la Nouvel- ]t- York dans le dejjein de l'établir en Penfdvanie. 5 Sçavoir , de la Nouvelle- Tork. ** C'eft à-dire , le trille état où étoit la Province 'j? le Peuple de la Nouvelle Tork. ij Entendnnt par -là le Gouvernement établi dan: Ôfouvette- Tark, Janvier, Février et Mars. 1738. 3.1.3 ,, foit-il, il alloit maintenant les quitter, de „ forte que , quelques mefures qu'ils priiïent , s, elles ne pourroient pas lui nuire. Cepen- „ dant il ne pouvoit s'empêcher de s'intéreffer „ au bien-être de les Concitoyens , 6: fouhai- ,, toit que i'Aiiemblée * voulût s'évertuer 39 d'une manière digne d'elle , en faifant voir „ qu'elle a plus à cœur les intérêts de la „ Patrie, que non pas le contentement par- „ ticuiier de quelqu'un de les Membres ,& „ qu'elle ne compte pour rien les bonnes ou ;, les mauvaifes grâces d'un Gouverneur f, „ lefquelles on doit également méprifer , „ lorlque le falut de l'Etat eil en danger. ,, Vous vous plaignez, des Avocats , dit-il , „ mais il me iemble que c'eil la Loi même 99 qui n'eft plus écoutée. Nous | croyons ,, qu'on rend inutiles des Actes autenti- „ ques , qu'on dépofe les Juges d'une ma- ,, nière arbitraire , qu'on érige de nouvel- le lus Cours de Juftice fans le confentement ,, de ceux en qui réfide le pouvoir légifla- „ tif \\ par où il me iemble que le peuple ,9 fera bien-tôt privé du Droit d'être jugé ;, par douze jurez, toutes les fois qu'il plan ., ra à un Gouverneur §, & qu'on refufera » à * Il veut dire , V/IJJem fraie de la Pro- velle- York. | II entend, r/e Jon Exceller,:: le Gouverneur Çofby. Aï-3. dire, le Peuple de la Nouvelle - Tork. 1 Sçivoir dans la Province de la Nouvelle -Tork, iteodant Jon Excellence le Gouverneur Cofby. X4 3H Bibliothèque Britannique, ,, à des perfonnes qui ont le bien requis >> par les Loix , -la liberté de donner leur „ fufFrage dans les occafions , contre la pra- 3> tique reçue , qui eft le plus fur intér- im prête de quelque Loi que ce foit. Y a-t- „ il donc quelqu'un dans cette Province * , ,, qui puifle dire qu'une choie eft à lui, ou „ qu'il jouît de la Liberté, fi ce n eft autant ,, qu'il plaît à ceux qui font employez dans ,, le Gouvernement f ? C'eft pourquoi je „ me fuis retiré f , & je crois que d'autres 93 eu feront autant. ,, Voilà ce que Mr. le Procureur-général ap- pelle des Libelles faux , malicieux , féditieux & diffamatoires. Mr. Chambers , § un des Avo- cats de l'Accufé, tâcha d'expliquer clairement en quoi conlifte proprement un Libelle ; il fit voir qu'il faut avoir quelque indulgence pour ce que l'on dit ou écrit, & qu'une Pièce ne fçauroit palier pour un Libelle, à moins que quelque perfonne particulière n'y foit * Il par'e de la Nouvelle-York. \ Se a voir dans le Gouvernement delà Nouvelle- ± C'eft a dire de U Nouvelle-Tork. $ Comme, ni Mr. Chambers , ni le Procureur- général n'ont jugé a propos de communiquer leurs Plaidoyer;; a l'Imprimeur, on n'en trouve ici qu'un précis , écrit apparemment a l'audience même par quelqu'un des Auditeurs : de forte que nous ne fça- vons pas jofqu'ou on peut s'y fier, fur-tout par rapport au Plaidover du Procureur-général. Janvier, Février et Mars. 1738. 315 foit fi clairement défignée, qu'il foit impof- fible de s'y méprendre : il fomma le Procu- reur-général, de prouver queZenger eue im- primé & publié les papiers en queftion, & fur-tout qu'il eût eu toutes les vues qui lui font attribuées dans les Remarques du Pro- cureur. Mr. Hamilton parla enfui te. „ J'avoue , ,, dit-il, que fuivant la manière ordinaire de „ procéder nous aurions droit d'obliger Mr. 5, le Procureur-général à prouver que notre „ Client a imprimé & publié les Journaux „ en queftion. Cependant je ne fçaurois, „ fans faire violence à mes propres princi- „ pes, nier la publication d'une plainte , la- „ quelle je fuis perfuadé que tout fujet né „ libre , a droit de faire , lorfqu'il eft en „ état de prouver que ce qu'il publie eft ,, véritable. J'épargnerai donc à Mr. le Pro- „ cureur- général la peine d'examiner les té- „ moins fur ce point-là ; je confeiTe , au nom ,, de mon Client, qu'il a imprimé & publié ,, les Journaux mentionnez dans l'accufa- „ tion , & je préfume qu'en le faifant il n'a „ point commis de crime. ,, Ce difeours furprit l'audience: il y eut. un profond filence pour quelques momens; en- fin le Chef de Juftice demanda au Procu- reur-général ce qu'il avoit à dire là-deflus : Il répondit, que puifqu'on avouoit Fimpref- fion 6i la publication des Libelles , les ju- rez dévoient prononcer fentence en faveur du Roi contre l'Accitfé : car , ajoûca-t-il t X 5 quand 3i<5 Bibliothèque Britannique, quand même on fuppoferoit que les Jour- naux de Zenger ne contiennent rien que de vrai , ils n'en feroient pas moins des Libel- les félon la Loi ; au contraire cela même, qu'ils feroient vrais , en aggraveroit le crime. Mr. Hamilton fe recria contre cette The- fe ; il foutint , qu'il faloit prouver que le contenu de ces Journaux étoit faux, diffa- matoire , 6f fêditieux , fans quoi on ne pou- voit pas dire que ce fuflent des Libelles. Le Procureur - général entreprit donc de prouver fa Thefe : il fit voir combien le Gouvernement eil une chofe facrée, & né- ceflaire pour la défenfe de notre Religion, de nos Biens , & de nos Vies ; qu'à caufe de cela on avoit toujours pris grand foin de prévenir tout ce qui pouvoit tendre à defhonorer les Magiftrats , & tous ceux qui ont quelque part au Gouvernement , ôc principalement le Souverain ; & qu'on avoit ibuvent puni fevèrement ceux qui avoient tâché de rendre le Gouvernement méprifa- ble en publiant des Libelles faux & diffa- matoires , ou en parlant mal de ceux qui font coniïituez en autorité : il cita divers païïàges tirez des Livres des Jurifconfultes, pour prouver qu'un Libelle ejl une diffamation malicieufe de quelque perfonne que ce Joit , par écrit , ou par des tableaux , des figures ou des portraits, .... que le crime en ejt plus grand , à proportion que la perfonne ejl plus difiinguée; qnejoitque.ee que l'on publie joit vrai ou faux, Joit que la perfonne contre qui on le publie ait uns Janvier, Février et Mars 1738. 317' une bonne ou une mauvaife réputation , ce n'en ejl pas moins un Libelle ; parce que dans tout Etat bien réglé la partie lezée doit porter fes plaintes devant les Juges , fuivant le cours ordi- naire du Barreau. Venant enfuite à faire l'application de ces Remarques , il tâche de montrer , qu'il ne fçauroit y avoir rien de plus diffamant contre le Gouverneur , con^ tre le Conieil, & contre l'Aflemblée généra- le de la Nouvelle-York, que ce qui eft con- tenu dans les Ecrits de Zenger : 11 conclut en remarquant, que cet Imprimeur avoit beaucoup médit du Gouvernement , avant qu'on prît aucune connoiiTance de lui ; mais qu'à la fin le Gouverneur & le Confeil avoient cru, qu'il feroit dangereux de fourïnr qu'il continuât plus long-tems à publier fes médi- fances & les Libelles ; c'eft pourquoi ils lui avoient ordonné à lui, Procureur -général, de pourfuiwe le coupable , pour arrêter fes diffa- mations Mr. Hamilton reprenant la parole, s'ex«* prima de cette manière. ,, Je conviens que ,, le Gouvernement eft une chofe facrée; ,, mais je ne fçaurois être de l'avis de Mr. ,, le Procureur -général, lorfqu'il voudroit ,, nous infmuer que les juftes plainres d'un „ nombre de perlbnnes qui fourTrent fous ,, un mauvais Gouvernement , font des Li- ,, belles contre ce Gouvernement . . . „ ,, J'avoue que iorfque je lus Y Informât: on , „ je n'eus pas F Art de découvrir , fans le fe- „ cours $i3 Bibliothèque Britannique, 5> cours des Infinuations * de Mr. le Pro- ft, cureur , que c'eft le Gouverneur qu'on „ a en vue dans chaque période des Ecrits „ en queftion. Je m'imaginois qu'ils étoienc „ l'ouvrage d'un homme , qui , par un zèle ,> extraordinaire pour la Liberté , avoit mal ., interprété la conduite de quelques për- „ fonnes conftituées en autorité ; & que „ Mr. le Procureur , par un zèle excelîïf „ pour le pouvoir du Magiftrac, avoit pour- „ fuivi cette affaire, dans le deflein de châ- „ tier Findifcrétion de mon Client , & en 3, même tems de montrer à fes Supérieurs , 3, combien il s'intéreflé à empêcher qu'on „ leur manque de refpeët. Mais ce que Mr. 53 le Procureur vient de dire, fçavoir que ,, cette pourfuite a été entreprife par l'or- s, dre du Gouverneur , & le concours ex- ?, traordinaire de perfonnes de toute con- 3, dition que je vois au Palais dans cette „ occafion, me donne lieu de croire, que 3, le Gouvernement fe propofe quelque cho- 33 fe de plus dans cette affaire , & que le a. Peuple fe perfuade qu'il court beaucoup 33 plus de rifque que je n'avois d'abord cru. 33 C'eft pourquoi , comme il eft de mon de- 33 voir de m'expliquer nettement , fans de- „ tour 3 & avec ûncérité dans cette caufe , 99 JC * Innusndo's : ce font les Remarques, oa GloiVs 5 «u on a vues ci-dclfus. Janvier, Février et Mars. 1732. 319 „ je me flate que la Cour m'accordera une ,, audience favorable. ,, Je m'étois flaté , que cette terrible ,, Cour * , où ces cruelles fentences on£ ,, été prononcées, & cette Loi établie, d'où „ Air. le Procureur-général a emprunté les ,, autoritez qu'il cite, pour foutenir la cau- „ fe qu'il plaide, avoit été dès long-tems „ abolie, comme la Cour la plus dangereu- ,, fe pour la liberté du peuple qui ait ja- ,5 mais été connue en Angleterre; & que ,, Mr. le Procureur (cachant cela, n'auroit ,, pas entrepris d'établir une Chambre „Etoile'£ ici , ni de nous donner les ,, Jugemens de cette Chambre pour règle. ,, Car on fçait très-bien , que non feulement ,, on a regardé depuis comme permis, des „ difcours qui auroient pafle pour des Ac- ,, tes de Trahifon en ce tems-là; mais mê- ,, me que les maximes oppofées à celles ,, qu'on fuivoit alors , ont maintenant for- ,, ce de Loi.,, On prouve cela, en remarquant que c* et oit autrefois fe rendre coupable de Trahifon que de dire feulement qu'il y a des cas cù il eft permis de refifter au Roi les armes à la main \ au lieu que le Docteur Sacheverel a depuis été con- damné par la Cour Souveraine de la Grande- Bretagne , pour avoir dit , qu'il rieft permis en aucun as de refifter au Roi. „ De plus, pouïfuit Mr. Hamilton , com- » mç * La Chambre éroilee. Q20 Bibliothèque Britannique, 9 me le tems a apporté divers changemens , dans les Loix d'Angleterre , il me fem- , ble que la différence des Lieux devroit , auiïi y apporter quelque changement. „ N'e'ft-il pas furprenant de voir, que dès > qu'un fujet reçoit du Roi la charge de , Gouverneur d'une Colonie en Amérique, , il fe croye auflî-tôt revêtu de toutes les , Prérogatives qui apartiennent à la Perfon- , ne facrée du Prince ? Et ce qui eft encore , plus étonnant , les peuples font fi infen- , lez que d'admettre ces Prérogatives & ces , Exemptions , même à leur propre ruine î , Eft-ce donc une chofe fi difficile, que de , diftinguer entre la Majefté de notre Sou- , verain , & le Pouvoir d'un Gouverneur , des Plantations ? N'eft-ce pas manquer , de refpect au Prince , que de transférer à , un fimple fujet , la foûmiffion, l'obéif- , fance & la fidélité , qui ne font dues qu'au , Souverain ? Et cependant dans tous les , cas que Mr. le Procureur-général a ci- , tez , c'efl du Roi qu'il s'agit , quoiqu'on , y infiite comme fur autant d'autoritez qui , font voir la grandeur du crime de Mr. , Zenger contre le Gouverneur de la Nou- , velle-York. Il y a des gens qui compa- , rent les diverfes* Plantations à autant de , grandes Corporations différentes; &peut- , être que cette Comparaifon n'eflpas mal , fondée : Mais peut -on citer l'exemple , d'un feul Maire , ou d'un feul Chef de , Corporation, qui fe foit jamais arrogé les „ Droits Janvier, Février et Mars. 173g. 321 >, Droits facrez du Trône ? Prenons garde „ qu'en prétendant témoigner beaucoup d'é- „ gard pour le Prince & pour la paix de fes „ Peuples , nous ne ioyons fi téméraires „ que de tranfporter à la perfonne d'un fu- „ jet l'obéïITance que nous ne devons qu'au „ Roi : Quelle étrange doctrine n'eft-ce pas , „ que de vouloir que tout ce qui a force » de Loi en Angleterre l'ait aufîi en ce h Pais ! On rapporte ici divers cas, où les Loix qui font d'ufage en Angleterre ne le font pas en Amérique. Si en Angleterre un hom- me fouffre que quelqu'un de fes befliaux aille paître dans le champ de fon voifin, celui- ci eil reçu à demander un dédommagement; en Loi , quand même fon champ n'auroit pas été clos. ,, je ne crois pas , dit Mr. Ha- ,, milton , qu'il en foit ainfi en Amérique , ,, oh la Loi femble avoir voulu obliger les ,, particuliers à défendre leurs Terres par à une bonne haye contre les injures des bê- ,, tes fauvages ; & peut-être ne feroit-il pas „ moins raïfonnable , que les hommes prif- „ fent foin de fe défendre des attaques d'u- », ne langue indifcrette par une conduite „ j ufle & droite. „ Le Procureur- général foutenant toujours, que les Ecrits de Zenger n'en feroient pas moins des Libelles , quand même ce qu'ils contiennent feroit vrai , Mr. Hamilton lui ré- * C'cft- a dire en Amérique. $m Btbliothequb Britannique, répond de cette manière. ,. Nous fommes ,., accufez , dit -il, d'avoir publié un certain ts Libelle faux , malicieux, £r diffamatoire. Ce fi mot de faux doit lignifier quelque chofe ; „ autrement , pourquoi fauroit-on mis-là ? ,y Mr. le Procureur-général ne dira pas , je » penfe , que ce mot n'eft-là que par ha- „ zard;&je fuis perfuadé que, fans ce mot, ?, fon Informat on ne lero;t pas recevable. ?, Mais pour faire voir que c'eft la fauffeté ,, d'un Ecrit , qui , comme je le crois , en ,, fait un Libelle , pofons le cas , que l'Ac- ,, cufation ait été d'avoir publié un Libelle „ véritable : auroit-ce été la même chofe ? ,, Et Mr. -le Procureur-général pourroit-il „ autorifer une pareille accufation d'aucun ,, exemple tiré des Loix d'Angleterre ? Non , ., fans doute; ceiïdonc lafaujfaé d'un Ecrie ,, qui le rend diff.nnatoire , & il ne devient ,, un Libelle , que lorfqu ileft tout enferable ,, diffamatoire & faux. Afin d'abréger . . . ,„ & pour épargner la peine de Mr. le Pro- ?, cureur , je veux bien confentir, que s'il „ peut prouver que les faits dont on nous ,, charge font faux , je conviendrai de mon ?, côté, qu'ils font diffamatoires &f Jeaitieux , ,, & que les Ecrits , où ils font contenus , ,, font des Libelles. „ „ Nous n'avons rien à prouver, répliqua ., le Procureur-général , mais quand même ,, il feroit néceffaire de prouver la fauf- „ fêté des faits en cueftion (ce que je fou- „ tiens n'être pas néceifaire) comment pou- ., vons- janvier, Février et Mars. 1738. 323 ,, vons-nous prouver une Négative? ,, Je m'attendois bien, reprit Mr. Hamil- ,, ton, qu'on objedteroit qu'on ne peut pas ,, prouver une Négative: mais chacun fçait ,, qu'il y a bien des exceptions à faire à ,, cette régie générale .... Cependant je „ veux bien épargner encore à Mr. le Pro- „ cureur-général la peine de prouver une Né- ,, gative. Je me charge de tout le fardeau, et ,, j'entreprens de prouver que ces Journaux, -, qu'on taxe de Libelles, ne contiennent ?, rien que de vrai. ,, Ceci donna lieu à un Incident. La Cour prétendit, qu'il n'eft pas permis de jufii^er un Libelle: & Mr. Hamilton loutint au con- traire & tâcha de faire voir , que dans des cas femblables il avoit été permis.de jufti- fier l'Accufé,en prouvant la vérité des faits qu'on difoit être diffamatoires. Il cita un jugement rapporté par Coke * concernant Jean de Northampton , qui fut condamné pour avoir écrit une Lettre , qui ne con- tenoit que des fauiïetez. Mr. Hamilton fait remarquer que c'étoit la faufleté des faits alléguez dans cette Lettre qui la fit regarder comme un Lib lie , & qui fut le fondement de la fentence prononcée con- tre l'Auteur. ., Et n'elt-ce pas-la, ajoûte-t- ,, ii, précifément ce que nous prêter: dons ? -, Ne loutenons-nous pas que c'eft !a ratifie- „ te d'un Ecrit qui le rend d iFanv-ttoirc , & „ oui * 3. Inft. 1 74. Tome X. P . Y 324 Bibliothèque Britannique, v qui en fait un Libelle? Et comment con- „ noîtra-t-on , 11 les faits mentionnez dans v les Ecrits en queftion en font des Libelles >j ou non , c'eft-à-dire *'îk /ont /aws; ou „ «oratf, fi ce n'eft en nous permettant de >s prouver qu'ils font vrais , puifque Mr. le a, Procureur-général ne veut pas entrepren- dre de prouver qu'ils font faux ? De plus, n'eft-il pas contre le bon fens, d'infliger à un homme la même punition pour un Libelle véritable (fuppofé qu'il „ puiife y en avoir de tels) que pour un „ Libelle faux ? Je fçais qu'on prétend que la „ vérité d'un Libelle le rend plus offenfant ; que ,. le crime en eji par confequent plus grand, & „ V Auteur digne d'une punition plus fevère. Sup- %9 pofons que cela foit ; accordons pour une ,, fois que la vérité eft un plus grand crime „ que le menfonge. Cependant puifque les ,, offenfes ne font pas égales , & que les pu- ,, nitions en font arbitraires, c'eft-à- dire- *% qu'elles dépendent de la volonté des Ju- ,} ges, qui les infligent fuivant qu'ils le ju- -, gent à propos ; n'eft-il pas abfolument «, néceflaire qu'ils fçachent û un Libelle eft „ vrai ou faux , afin qu'ils puiflent propor- ;, donner la punition au crime ? Car , ne Je ,, roit-ce pas une cbofe bien trifte , fi les Juges , s, faute d'être bien informez , alloient punir un „ homme aujji fevèrement pour avoir écrit ou pu- „ blié une fauffeté , que pour avoir écrit ou pu- ,] blié une vérité ? Cette confequence , *3 toute abfurde ou ridicule qu'elle paroîc , ,y fuit Janvier, Février et Mars. 1738. 325 „ fuit pourtant naturellement de l'opinion „ de Mr. le Procureur-général, que la véri- ,, té rend un Libelle pire que la faujjeté. Cette ?, conséquence fuit néceiTairement de ce qu'il „ ne veut pas entreprendre de prouver la „ faufleté de nos Ecrits, ni permettre que ,, nous en prouvions la vérité. Mr. Hamilton continue enfuite à rappor- ter divers exemples , pour faire voir que les Accufez ont droit de fe défendre en prou- vant la vérité des faits contenus dans les pièces taxées d'être des Libelles. Il obfer- ve que ,, dans le Procès des fept Evêques * ,, le Chevalier Robert Sawyer (butine que „ la fausseté',/^ malice & l'ejprit [édi- :. lieux de l'Ecrit étoient autant d'articles „ qu'il faloit prouver. On dira peut-être, „ que Mr. Sawyer étoit un des Avocats des ,, Èvéoues , & que fon opinion n'eft point ,, une autorité qu'on pudiTe citer au Barreau. ., AuiTi ne la citons -nous , répond Mr. Ha» „ rnilton , que pour montrer que nous ne „ lbmmes pas les premiers qui ayons fou- », tenu, qu'un écrit ne fçauroit être un Li- ., belle, à moins que ce qu'il contient ne :, foit faux. Mais ii l'opinion d'un Avocat ,, n'eft d'aucun poids , j'efpere qu'on aura i, plus d'égard pour le fentiment d'un Ju- ,, ge : c'eil pourquoi je rapporterai les pa- „ rôles que le Juge Powel prononça dans ,, la :. Rapîn , Hifr. d'Anglet. Tom, X, p. 76* 80. pr p3. Y 2 3*<5 Bibliothèque Britannique 3 ,-> la même caufe. Il dit (en parlant de la- Requête des Evêques , qu'on taxoit d'ê- tre un Libelle, & pour laquelle ils furent pourfuivis fur une Information) que pour être un Libelle , il faloit qu'elle fût faus- se, malicieufe 3 &f tendante à /édition ; & il déclara que , comme il n'y voyoit ni F A u s- sete', ni malice , z7 croit d'opinion qu'elle n'étoit point un Libelle. Il me femble que cette opinion feule,déclarée dans une cau- fe où le Roi étoit partie, & qu'il prenoic fi fort à cœur, opinion qui jufqu'à ce jour n'a jamais été contredite, devroit être une autorité fuffifante pour nous donner le droit de prouver la vérité des faits con- tenus dans les Journaux , qui dans Y In- formation font appeliez faux , malicieux , Jéditieux £? diffamatoires. Si on objecle que les trois autres Juges furent d'une opi- nion contraire h celle de Powel , je ré- pons , que la condamnation que le Pu- blic a faite de leur opinion , & l'appro- bation qu'il a donnée à celle de Powel , à fou Jugement , ce à fa conduite dans cette caufe , & la gloire que ce Juge a ac- quife en ofant dire librement la vérité dans un tems comme celui-là , dans une fem- bjable occafion , & fous un tel Roi *, nous donnent un plein droit d'inlifter fur la fentence qu'il rendit , comme fur une autorité qui vient parfaitement au fait : »/* * Jaques II. Janvier, Février et Mars. 1738, 327 ,, & c'eft à Mr. le Procureur-général à prou- „ ver, que depuis ce tems-là on a nié que „ l'opinion de Powel ait force de Loi, ou „ que dans quelqu'un des livres dejurifpru- „ dence que nous avons,ce Juge ait été cen- „ furé ou blâmé , pour avoir ibutenu cette ,, opinion ; & j'oie dire qu'on ne pourra ja- ,, mais prouver rien de lemblabie. ,, Mr. Hamilton allègue encore quelques autres exemples pour établir fa Thèfe; il rapporte entr'autres un Diicours du Chef de Jullice Holtà un nommé Fuller , accufé d'a- voir publié un Ecrit contenant des accufa- tions fort graves contre diverfes perlbnnes élevées aux emplois les plus diflinguez.. „ Cependant, dit l'Avocat de Philadelphie, -, la Cour étoit bien éloignée de l'accabler ,, de cette maxime de la Chambre Etoilée, u qu'il ri importe pas que ce qu'on dit foit vrai 9, ou faux. Au contraire , le Chef de Juftice ,, Holt lui demanda ; Poiwez-vous faire 'voir ,, que ces cbofes font véritables1? Avez-vous quel- ;, que s témoins ? Vous auriez pu les ajfigner a corn- ,j paroître aujourd'hui en votre faveur. Si vous „ vous bazardez à écrire des cbofes comme celles ,, dont on vous accufe , c'ejl à vous à les prou- ,, ver à vos propres rifques. Si vous avez outi- lles témoins je les écouterai. -Comme?;: avez- ,, vous ojt écrire des -cbo/ès qui ne font pas véri- ,, tables9. Produifez vos témoins fi vous en avez. ,., Et fi vous avez quelque chofe à dire pour prou- ,5 ver la vérité de ce que vous avez écrit , fai- 9j, tes-nous entendre ce que' cefl. Ainli agit , Y 3 „ ain£ 328 Bibliothèque Britannique, „ ainfi parla ce grand Homme, le Chef de f, Juftiçe Holt , dans une caufe femblable à „ celle que nous plaidons. La règle qu'il „ pofe dans ce cas , c'ëft que celui qui Je ba- „ zarde à écrire certaines chofes , doit aujji les „ prouver à fis propres rifques. Or nous avons ,, avoué l'imprefiion & la publication des „ Journaux mentionnez dans l'Information > „ & avec la permiffiori de la Cour, & con- ,, forrnément à la règle établie par le Chef » de juftice Holt , nous lbmmes prêts à en ,9 prouver la vérité a nos propres 39 RIS QUE S. Cependant la Cour ne jugea pas à propos de permettre qu'on entreprît de prouver la vérité des faits contenus dans les Ecrits de Zenger ; furquoi Mr. Hamilton s'ad- dreflanc aux Jurez , leur dit : „ C'eft donc ?9 à vous , Meilleurs les Jurez , qu'il faut ,, que nous en appelions maintenant. Nous 39 avons offert de produire des témoins de 39 la vérité des faits , & on nous a refufé a, la liberté de rien prouver. Qu'il ne pa- i9 roiflè pas étrange que je m'addrefle à ., vous de cette manière : Je fuis autorifé à ,, le faire , tant par la Loi que par la droi- 99 te Raifon. La Loi fuppofe que vous 33 avez été choifis dans le vr.ifinage du lieu cù .3 l'on dit que la cbofe doit s'être p >JJée\ & la ,, raifon pourquoi on vous choifït dans ce .,, vo finage*y#/? afin qu'on puijfe fuppofir , que 33 vous êtes par cela rtiêmf mieux infttuiis du ^9 fait qui doit être juge. Et fi vous donnez „ une Janvier, Février et Mars. 1738. 329 j, une fentence contre mon Client, il faut ,, que vous preniez fur vous de décider , :, que les Journaux citez dans l'Information y ,, lefquels nous avouons avoir imprimez c: ,, publiez , font faux > diffamatoires & Jédi- :, tieux. Mais nous n'avons aucun lieu a^?- 1, préhender rien de femblable. Vous êtes ., des citoyens de la Nouvelle- York ; v ,, êtes réellement ce que la Loi vous fup- ,, pofe, d'Honnêtes gens , légalement qualifiez; i, & , fuivant mes Inftruccions , les chofes ,, que nous offrons de prouver, ne font pas ,, arrivées dans quelque coin qbfcur ; il efl: ,, notoire à tout le monde, que les faits „ font vrais^: C'eft pourquoi votre julticc ,, fait notre* fureté. Et puifqu'on nous re- ., fuie la liberté de produire nos preuves , „ pour établir la vérité de ce que nous avons ,, publié, qu'il me foit permis de pofer ici , y, comme une maxime confiante en pareils ,, cas , que la fuppreffion forcée des preuves , ,, doit toujours être regardée comme la preuve h ,, plus forte; & je me flate que vous le pen- „ ferez ainfi. Mais puifqu'on ne fouffre pas ,, que nous examinions nos témoins . je ,, veux tâcher d'abréger la difpute avec Mr. ,, le Procureur-général ; c'eft pourquoi je le „ prie de nous faire la grâce de nous don- ,, ner une définition d'un Libelle, qui ferve ,, de règle fixe, par laquelle on puifle con- „ noître certainement fi un Ecrit eft un „ Libelle ou non. Là-deflus le Procureur-général le mit k y 4 lire 330 Bibliothèque Britannique, lire plufieurs paflages d'un fameux Jurif- confulte * , lefquels font bien voir à la vé- rité, qu'il y a diverfes manières de médire d'une perfonne & de la diffamer, mais qui ne contiennent point h définition claire & précife qu'on demandent; définition qu'il cil: effectivement très-difficile, pour ne pas dire impoilible , de donner. AuMi voyons-nous , qu'après plufieurs répliques & dupliques en- tre les deux Avocats , le Chef de Juftice déclara , que toutes paroles font diffamatoires eu non , félon le J'en s dans lequel on les entend ; & que c'eft à ceux qui ont droit de juger des paroles , de juger au Mi fi elles font dif- famatoires , ou ironiques , fi elles tendent à rom- pre la paix , ou fi elles font Jéditieufes , &c. Mr. Hamilton le prévalut de cette décla- ration. 9, Je fuis bien aife , dit-il, de voir „ que c'eft-là l'opinion de la Cour. Il fuit „ de-là,que ces douze Hommes (les Jurez) „ doivent entendre les paroles rapportées ,, dans Y Information , dans un fens qui les „ rende diffamatoires , c'eft -à- dire fauffes. ,, (Car je ne crois pas qu'on prétende qu'el- ,, les font ironiques) & s'ils les entendent 99 ainfi, ils diront que nous fommes coupa- „ blés d'avoir publié un libelle faux , autre- „ ment ils nous abfoudront. ,, Le Chef de Juftice dit là-deflus , eue les jurez avoient la liberté de déclarer ample- ment, * Hwkins, Ckap. 71. $. ?.& fcqq. Janvier, Février et Mars. 1738. 331 mène , que Zenger avoic imprimé & publié les Journaux en'queftion , & de laiffer à la Cour à décider fi ces Journaux éroient diffa- matoires ou non. Souvent les jurez ne dé- cident que du Fait , lai (Tant aux Juges à pro- noncer fur les Quellions de Droit. ,, Je fçais, réplique Mr. Hamilton,que les ,, Jurez peuvent en agir ainfi ; mais je fçais ,, auffi qu'ils peuvent en agir autrement : ,, Je fçais qu'ils ont une pleine autorité de ,, juger tant du Droit, que du Fait , & ifs ,, doivent le faire lorfqu'ils n'ont aucun ,, cloute fur le Droit. Lailfer à la Cour la ., liberté de déterminer fi des expreflîons ?, font diffamatoires ou non , c'eft en plu- ,, fleurs cas rendre les Jurez inutiles, pour ,, ne rien dire de pis. J'aurai occafion de „ parler de ceci dans un moment; mais, „ avec la permiffion de la Cour, je mon- „ trerai premièrement, quelles font les dan- ;, gereufes confequences qui naiffent des ., maximes que Mr. le Procureur - général ., a pofées Je conviens' qu'il y a de „ la baflefle & de la malhonnêteté a diffa- ,, mer qui que ce foit : je fuis même perfua- ,, dé que c'eft une chofe infâme de noircir ,, la réputation d'une perfonne revêtue d'un ,, caractère public: Je veux bien même ac- ,, corder à Mr. le Procureur-général, que ., lorfque les défauts, les fautes, & même ,, les vices d'un tel homme font perfonels, ,, & ne font point dangereux pour la tran- ï, quillité publique, ni pour la liberté ou 3e Y 5 „ bien 332 Bibliothèque Britannique, ,9 bien des autres hommes , c'eft pêcher „ contre l'honnêteté & contre la bienféance ?, que de les expofer au grand jour , foit de ,, vive voix foit par écrie. Mais lorfque ,9 les foiblefles perionelles , & plus encore ,, les vices d'un Gouverneur influent fur le „ Gouvernement; lorfque le peuple en fouf- }, fre , foit dans fa liberté foit dans fes biens , 9i cela change le cas confidérablement ; & ,, toutes les belles chofes que l'on dit en 99 faveur de ceux qui gouvernent , ces pa- ,9 negyriques étudiez de leur dignité & de 99 leur pouvoir , ne feront jamais capables ,9 d'impofer filence au peuple , qui le fent ,9 opprimé ; au moins s'il vit fous un Gou- ,9 vernement libre. Il efl vrai qu'autrefois 99 c'étoit un crime de dire la vérité, à plus 99 d'un brave & digne homme en a été puni 99 dans cette terrible Cour de la Chambre 99 Eroilée. Cependant même dans cette Cour , ,9 & dans ces tems 11 mauvais , il s'eft trou- ,9 vé un grand homme , qui ofa dire une 99 chofe, qu'il me fera, j'efpere , permis cie ,, répéter ici , fans qu'on en foit offenfé. 99 C'efl que la pratique de pourfai-ire un hom- ,9 me par voye d'Information , pour caufe de ., Libelle , ejl une épée dans la main d'un mè- 99 chant Roi , & dans celle d'un franc poltron, 99 pour opprimer & détruire les innocens. L'un 99 à caufe de fin haut rang ne fçauroit fi ven- 99 ger autrement , 6* l'autre , manque decou- w rage 5 nJofe le faire. * vJci * Il faut remarquer qu'un particulier qui a été' ofren ■ Janvier , Février et Mars. 1738. 333 Ici le Procureur- général interrompit l'A- vocat de Zenger. Je vous prie , Monfieur , lui dit-il , prenez garde à ce que vous dites, & ne vous émancipez pas trop: je n'aime pas que vous vous donniez tant de libertez. ,, Vous ne prétendez pas, fans doute, Mon- ,, iieur , reprit Hamilton, faire des applica- „ tions malignes. Toute la terre reconnoît „ que nous fouîmes gouvernez par le meil- ,, leur des Rois , & je ne comprens pa^ dans ,, quelle vûëMr.leProcureur-général me don- ,, ne cet avis. Mes principes qui font con- ,, nus de tout le monde, & le vif fentiment ,, que j'ai des avantages dont nous jouïiïbns ,, fous le régne de Sa Majefté, font qu'il „ m'eft impoifible de manquer à ce que je „ dois à mon Roi , & même d'être feule- „ ment foupçonné d'y manquer. ,, Je difois donc, que malgré toute la foû- ,, miffion & tout le refpeft que Mr. le Pro- ,, curcur- général exige de nous pour ceux ,, qui font conftituez en autorité , ils ne „ font pas pour cela difpenfez de fuivre les ,, règles les plus communes de la Juftice, ., foie en qualité de particuliers , foit com- ,, me Magiitrats. Les Loix de notre Patrie ,, ne connoiifent point d'exceptions. Il eft ., vrai qu'il cft difficile de faire punir ceux „ qui offenfe, peut pourfuivre Ton ennemi par voye d'In- formation, dans ce qu'on appelle l'Office de la ( ronne , tbs Crown Office. 334 B 1 FI L i OT H B Q CI E BRITANNIQUE , ,, qui Ont le pouvoir en main, pour le mal .., qu'ils font , (bit à quelque particulier (bit ,.,, .m public ; principalemeni les Gouverneurs ,, des Colonies eh Amérique, qui prétendent ,, n'être point obligez de repondre dans „ leurs propres Gouvernemens aux plaintes ,, que l'on peut porter contre eux. J'avoue „ qu'ils font obligez de rendre raîlbn de ,, leur conduite, lorfqu'on Les pourfuit d;ur> ,i quelqu'une des Cours du Roi à W'ellmm „ (ter, pour le mal qu'ils ont fait en ccpàïs. -, Mais qui neiçait quec'efl une chofepref ,, que Impraticable pour la plupart des nabi „ tans de L'Amérique , de quitter leurs Fa -, milles, dont la Eibfiftance dépend de leurs tt foins OC de leurs travaux , & de iranfpor „ ter a grands fraiX leurs témoins dans la ,, Grande-Bretagne , pour y pourfuivre ^n „ Gouverneur fur le tort qui] leur a fait „ ici J'oie même louirmr, que les dépend"; -, qu'exige une pareille pourfuite font au- ,, deflus des forces de la plupart d'entre ,, nous : & ce remède même devient inuti ,, îejorfque l*oppreflion efl générale. Mais, ,, grâces à Dieu , la Canftâtutiôn même de „ "Etat nous fournit lès moyens , (i non faire reparer les maux qu'on nous a • ï.i 1 1 , au moins d'en prévenir de nouveaux , par notre prudence & par hotire coura- ,, ge, en fanant vivement fentir aux Gou , verneurs , qu'il efl de leur intérêt d'exer w cer la Juiliee envers ceux qui font foû m à leur conduite, Tel efl le fentimçm „ natu Jan' 335 s homnu .< ni , < \ „ cens des nommes libres) on( tic la lufti , que lorfquMls \ oyem qu'un Magifl ,, lupréme abufc du pouvoir , qui ne lui lé que pour l< bien du peuple > qu'il entreprend d'exercer fon autoriti i s fujets innooi : , de qi „ rang ou qualité qu'ils foient ; alors , dis ., |e . tou i» homm< i en g< néral ne m <, quent prefque jamais d'en pr< ndre con M noiflance , 6: de prévenir , autant qu'il .. eu en leur pouvoir, l'eni ier< i uim de I >, Concitoyens. a i on p rfpere n le vc rra toujours) ( le lorfqui *, Repréfentans d'un peuple libre oni connu ,, par de iuftes remontrances, les maux que ,, h i • cil . is foufFroient par l'ai „ qu'un ( ïouvernt ur faifoit de fon pouvoir , ,, iK ont déclaré, & même ! ri 1 -, i ■ aucune I ,oi qui l< M payer d< a un ( rouverneur qui ,, travailloil à ruiner une Pro\ m* e ou u ., Colonie , ou a pr peuples de l< ,, p| i ( lommii ■ t$ S „ obligé d< ,, un ù beau droit efl .1 , fi tout bon ,, fouffre doit g trder i filence ? S'il f un diffamateur , celui oifîns les maux qu'on ,, lui fait V „ Je prévois qu'on dira , riavez-votu pas 336 Bibliothèque Britannique, » rdjjemblée de vos Repréfentans , à laquelle „ vous pouvez porter vos plaintes? Oui, fans „ doute. Mais quoi ! Faut - il importuner „ cette Aflemblée en portant devant elle „ tous les fujets de plainte que l'on a cori- ,, tre un Gouverneur ? Ou bien ne doit-elle „ entendre que ce que ceux qui ont part „ aux Affaires veulent bien lui communi- „ quer ? Comment la caufe fera-t-elle ju- „ gée? Ou quel dédommagement Un hom- „ me peut- il attendre, principalement s'iL „ arrivoit (comme j'ai vu que cela eft arri- „ vè de mon tems en Amérique ) qu'un „ Gouverneur , qui a plufieurs emplois à „ donner (je ne dis pas des Pensions ; „ car je m'imagine qu'ils ne donnent gueres „ ce qu'ils peuvent garder pour eux-mêmes) ,, peut & veut conierver la même Aflemblée „ pendant plus de deux fois Sept ans, î, après que par fes pratiques il a gagné la „ pluralité des fuffrages ? Quelle juftice un ., homme peut - il efpérer en portant fes „ plaintes contre un Gouverneur devant „ une Aflemblée , dont on peut très-bien di- „ re que les Membres font les Créatures ,, du Gouverneur même contre lequel les „ plaintes font portées ? La chofe parle „ d'elle-même. Oui , c'eft un fentiment „ naturel , c'efr. le privilège , je dis plus , 5, c'eft le Droit de tout homme libre de le ,, plaindre lorfqu'on lui fait tort. lia droit j, de faire des remontrances publiques , dans „ les termes les plus forts, contre l'abus du „ pou- Janvier, Février et Mars. 1733. 337 ,, pouvoir civil ; d'avertir Tes voifins d'être „ fur leurs gardes contre les artifices ou la ,, violence de ceux qui ont l'autorité en ., main, & de montrer avec courage qu'il ,, fent vivement les avantages de la liber- „ té, qu'il en connoît le prix, & qu'il eft „ déterminé à s'expofer à toute forte de ,, dangers pour la défendre , comme un des ,3 plus grands biens dont le Ciel puiffe fa- „ vorifer les hommes. Après plufieurs autres réflexions que nous omettons pour abréger , Mr. Hamil- ton continue ainfi. ,, Je fcutiens que le ,, Droit de fe plaindre & de faire des ré- ,, montrances e(l un Droit naturel, qui ne ., peut être reflreint que par la Loi ; & les „ reftrictions que la Loi y met ne peuvent ,, regarder que ce qui etifaux. Car, com- 99 me il n'y a que la vérité qui puiffe ex- ., cufer ou plutôt juftifier celui qui fe plaint ,, d'un mauvais Gouvernement , j'avoue ,, aufll que rien ne doit excufer celui qui „ accufe fauffement même un fimple parti» „ culier ;à plus forte raifon ne doit-on faire „ aucune grâce à celui qui accufe faufTemenc „ un Magiftrat. Ceft la vérité feule qui doit ,, régler tout ce qui concerne les Libelles; „ encore l'Accufé court-il un allez grand rif- „ que ; car s'il manque à prouver le moin- „ dre article de ce qu'il a avancé , & cela „ de manière à perfuader les Juges & les „ Jurez , il apprendra a fes dépens , que lorf- „ qu'une pourfuite fe fait à l'iniligation de „ ceux 338 Bibliothèque Britannique, „ ceux qui ont le pouvoir en main , il fe 9, trouve toujours des gens qui la favori- „ fent pour faire leur cour. Et c'eft de-là , „ dit -on, qu'eft venue cette grande diver- py fité d'opinions qu'il y a parmi les juges, j, touchant les expreilions qui font ou qui „ ne font pas diffamatoires. . . . C'eft pour- 5, quoi il faut être extrêmement circon- „ fpeft , lorfqu'on veut fe conformer à des „ cas déjà décidez ; il faut faire une grande ,, attention au tems qu'ont été prononcées „ les fentences qu'on cite pour autorité. On „ m'avouera , je pente , que depuis L'établît „ fement de la Chambre Etoîlée . . . . juf- „ qu'à la giorieufe Révolution , les pourfui- „ tes pour caufe de diffamation ou de Li- „ belle ont prefque toujours été faites à „ l'initance du Prince ou de fes Miniflres , „ & , ce qui ne fait pas beaucoup d'hon- ?, neur aux Jurifconfultes , ces pourfuites „ n'ont été que trop fouvent & que trop au- ., torifées par des juges. qui ne tenoient leurs „ charges que pendant le bon plaifir du Roi. „ Titre toujours défagréable; mais fur-tout 55 dangereux dans la perfonne d'un Juge. „ Il n'eft peut-être pas à propos d'en dire „ davantage fur cet article : Cependant je „ ne fçaurois croire qu'on puifleme biâmer , ., de montrer la rnalheureu'ê influence que 5, le Souverain a eu quelquefois , non feule- „ ment fur les Juj;cs , mais même fur des ^ Parlemens entiers. „ L'Avocat parle encore ici de l'affaire des fept Janvier, Février et Mars. 1738. 3™ fcpc Ëvêqucs , qui auroient été condamnez , fi les Jurez euflenc voulu fuivre le fentiment de trois Juges dévouez à la Cour. 11 allègue en- fuite le cas du Chevalier Samuel Barnar- diiton, qui fut condamné à une amende de dix mille Livres Sterling, pour avoir écrit une Lettre dans laquelle pcrfonne ne put découvrir la moindre faufleté ni la moindre diffamation, excepté les juges & les Jurez. Aufiï cette fentence fut-elle regardée comme cruelle & déteftable, & le Parlement la ré- voqua dans la fuite. On rapporte encore un autre exemple, qui fait voir ce que l'on a à craindre des juges lorfqu'ils ne tiennent leurs charges que durant le bon plaifir du Roi. Les Juges fous Jaques II. décidèrent, que le Prince, par fa prérogative Royale, a droit de difpenfer ceux qu'il veut d'obfer- ver les Actes de Parlement: Décifion qui a été vivement cenfurée par le Chevalier E- douard Atkins , ci -devant un des juges des Plaids- Communs. Ce font les Papes , dit- il , qui ont inventé ce pouvoir de difpenfer des Loix: Nos Rois Vont emprunté d'eux. & les Juges Vont foutenu de leurs [nf rages. Ce pou- voir croît cf s'étend encore tous Us jours , de forte qu'il a prefque entièrement renver/é toutes les Loix y (j rendu V Autorité du Prince abfolue , pour 11e pas d!re tyrannique. „ Ceci fait voir , „ dit Mr. Hamilton, non feulement lagran- ,, de influence que le pouvoir Royal a eu ,, fur les Juges, & combien peu leurs déci- ,, fions doivent avoir force de Loi dans les Tome X. Part. IL Z „ ens 340 Bibliothèque Britannique, „ cas ou la prérogative du Prince étoit in- „ téreflëe ; mais auffi , à ce qu'il me fem- ,, ble, qu'un homme peut parler avec plus „ de liberté du pouvoir de Ton Souverain, „ & des Juges de la Grande-Bretagne, que „ non pas du pouvoir d'un Gouverneur des „ Plantations, qui n'eft qu'un fujet comme „ lui. Les expreffions qu'on trouve crimi- ,, nelles en nous , ont -elles rien de fembla- ?, ble à celles qu'employé le Chevalier At- „ kins ? Zehger parle-t-il dans fes Ecrits du ,, Gouverneur & de Ton Confeil avec au- „ tant de liberté que ce Chevalier fait de „ l'Autorité Royale , & des Juges d'Angle- ,, terre? Cependant je irai jamais ouï dire, „ qu'on ait porté quelque accuîation contre .-, lui fur ces libertez qu'il fc donne. ,, Puis donc qu'il y a une fi grande diver- ,, fi té de fentimens parmi ies juges fur des „ chofes de cette nature , & que le pou- ,, voir du Roi a eu tant d'influence fur eux, ,, ne devons-nous pas être extrêmement ro- ,-, fervez à fuivre leurs dédiions, prïnçipa- ,, lement dans les Colonies de l'Amérique, „ & en matière de Libelles? Il y a des hé- „ réfies dans le Droit comme dans la Reii- „ gion; les unes & les autres ont fubi de 5, grands changemens : On fçaic très-bien, „ qu'il n'y a pas encore deux cens ans qu'on „ auroit brûlé un homme comme hérétique, ,, qui auroit foutenu les mêmes opinions „ qu'on écrit & imprime publiquement au- jourd'hui. Nos Ancêtres étoient, ce fem- » ble y .'mer, Février et Mars. 1738. 341 ,, ble, fujets à Terreur., & nous prenons la „ liberté, non feulement de penfer autre- tièrè de Religion , mais de les condamner , eux & leurs opi- ns. Et je fuis tenté de croire , eue ,, nous avons droit de parler ainfi librement ,, en matière de Fo ; Religion ; car ,j quoiqu'on fe donne, à ce que 2ns j ,, de grandes Iibertez à cet égard à la Nou- ,, vèlie- York, jf tant pas ouï di- » ré, que Mr. le Procureur - général ait ,, pourfu:vi perfonne pour ces crimes de nature i d'où il fuit , ce me femblej ement , qu'à la Nouvelle- York homme peut s'émanciper ei • • 1 terminais il doit être extrêmement fur fes -des lorfquil s'avife de parler du Gou- ur. Tout le monde convient, que ,, le Règne fous lequel nous vivons elt le .. Règne de là liberté, & auffi long-tëms que es le tiendront dans les I , , de la \ j e m e fl a tt e q u ' i I s p 0 u r r ont n toute fureté dire & écrire ce qu'ils ii penfent fur la conduite de ceux qui ont ,> le pouvoir en main; fentens nent ,, cette partie de leur conduite, qui pc igerèufé par rapport à la ou aux bier îùples fi -, leur Gouvernement. N on leur refufoiC un pas de plus les ferait bientôt peut - ou concevoir l'efcl;. îoufTé à un plus rir les plus ;. ,. des 342- Bibliothèque Britannique, ,, des injuftices & la plus terrible opprefîion^ „ fans aier fe plaindre ; ou fi l'on fe plaine ,' „ d'être ruiné tans reflburce? Mr. Hamilton fait voir enfuite avec quels artifices ceux qui gouvernent ont fouventfçû ménager les Parlemens mêmes, pour les faire venir à leur but. Il parle après cela du droit des Jurez , & prouve qu'ils peu- vent juger du Droit auffi-bien que du Fait. Il montre qu'ils ne font pas obligez d'être du fer.timent des Juges, ni de fuivre leurs directions; parce que le Juge , entant que Ju- ge , ne fçauroit connaître quelles font les preuves que les Jurez peuvent avoir par devers eux; il ne connaît que celles qui ont été données à l'Au- dience. Mais ks Jur cZ étant cboijis du voi- finage de l endroit où le fait a été commis , peu- vent connoitre certaines ebofes par eux-mêmes: Ils peuvent aujjt fçavoir par eux-mêmes, que ce quon a témoigné en Cour fous jerment , eft faux, ou que ks témoins font des gens décriez éïc. ce que les juges peuvent ignorer. Bien plus , quand même les Jurez n'auroient point de preuves particulières par devers eux, & qu'ils ne pourroient fçavoir que ce qui a été déclaré à l'Audience, il leur eil pourtant permis d'être d'un fentiment diffé- rent de celui des Juges, de même que- deux Juges peuvent être d'une opinion con- traire. La rai/bn de cela ejt > qiûun bannie ne fçauro.t voir pir les yeux a" autrui , ni en- tendre par les oreilles d'un autre, ni raifonner -J juga que par Jon propre entendement, & lu.- Janvier, Février et Mars. 1738. 343 fuivant l'impreflion que les chofes font fur fon efprit, & non fuivant celle qu'elles font fur l'efprit d'un autre. De tout cela Mr. Hamilton conclut , que félon la Loi les Jurez peuvent prononcer tant fur le Droit que Jur le Fait , même contre l'o- pinion des Juges , qui ne fçauroient pren- dre cela pour un affront. Il confirme cette confequence par la conduite des Jurez dans la cauie de Mrs. Penn & Mead , deux Qua- kers, qui prêchèrent en pleine rue à ceux de leur Religion, après qu'on eût fermé le lieu de leurs aflemblees. Ils furent pourfuivis en jufticepeur cela, & acculez de s'être ajjemblez avec d'autres perfonnes au nombre de 300, contre les Loix , d'une manière tumultueufe , troublant la paix & la tranquillité publique &c. On conve- noit du Fait, fçavoir de Fafîemblée & du prêche; il s'agiffoit de fçavoir fi ralfemblée étoit tumultueufe &c. C'ëtoit la queftion de Droit. Les Juges dirent aux Jurez , que l'af- femblce étoit tumultueufe, & qu'il faloit qu'ils le jugeaflent air fï. Car , dirent les Ju- ges, lAjJemblée eft le Fait, dont on convient ; £f nous vou: dijou quelle étoit criminelle , car elle étoit contre la Là, cl'où il fuit qu'elle étoit tu- ■multueufe, & tendo:t à troubler h paix. ,, Mais ,, les Jurez ne trouvèrent pas à propos d'en „ croire les Juges ; car ils ne voyoient dans „ cette aOemblée ni défordre, ni tumulte, ,, ni rien qui tendît à troubler la Paix ; c'eft „ pourquoi ils déclarèrent les Prévenus in- Z 3 „ ntt- 344 Bibliothèque Britannique, ,, nocens ; * faifhnt voir par-là, qu'il leur ,, apartenoit de juger tant du Droit que „ du Fait,, . Mr. Hamilton tâche après cela de prou- ver , que fuivant le feus illimité que le Pro- cureur-général donnoic au met de Libelle, & fuivant fa Méthode des Injinuations (lunuen- do's) il n'y a point d'Ecrit qu'on ne puifle faire palier pour un Libelle , point d'homme qu'on ne puifle repréienter comme un Dif- famateur. ,, Moïfe, dit-il , quoiqu'il fût le plus doux des ,, hommes, a diffamé Cain; & qui ëft-ce qui 5, n'a pas diffamé le Diable? Car, félon Mr. „ le Procureur-général , ce n'eft point une „ excujfe , que de dire que celui dont on „ parle mal eft ruiné de réputation. Ecchard „ a diffamé notre bon Roi Guillaume, Bur- -, net a diffamé entre autres les Rois Char- ;, les & Jaques , & Rapin les a diffamez tous. „ Comment faut-il qu'un homme parle ou „ qu'il écrive?1 Que faut-il qu'il life, qu'il ,, écoute, ou qu'il chante? Quand pourra- ,, t-il rire, fans craindre d'être pris au col- ,9 let * Ils a votent d'abord rendu leur fentence décote manière , guilty bf-fpeaking in tbe flreet ; couï ibles d'à* 'voir parlé dans la rué'. Mais les Jugea, peu conter- de cette Sentence . les renvoyèrent ( car ils ont droit de les renvoyer jufques à trois fois) &à leur retour ils rendirent une fentence plus générale, qui ab- folvoit entièrement les Prévenus : not guiitfô non Janvier, Février et Mars. 173S. 345 ,, let comme un diffamateur? En vérité, je ,, crois que fi quelques perfonnes fe prome- ,, noient à prêtent dans les rues de la Nou „ veîle-York, en lifant quelque paffage de la ,, Bible , fans qu'on fçût que c'eft de la Bible , „ Mr. le Procureur-général trouverait bien- „ tôt l'art, par le moyen de Tes Inmiendo's, ,, de transformer ces paifages en autant de ,, Libelles. Prenons par exemple ce paffage „ d'Elai'e IX, 16.* Les Conducteurs du peuple le ,, font errer ; êf ceux qui font conduits par eu ,, détruits. Si Mr. le Procureur-général vouloic ,, faire un Libelle de ce paffage, voici cem- ,, ment il le liroit. Les Conducteurs du Peuple ,, ( fçavoir le Gouverneur ce le Confeil de la tJ Nouvelle-York) les font errer (il entend ,, les peuples de la Province ) & ceux qui ,, font conduits par eux ( Innuendo par le Gou- ,, verneur & le Confeil )fonî détruits ( il vcu£ ,, dire, qu'ils font abufez & trompez, juf- ,, ques à ce qu'ils ayent entièrement perdu ,, leur liberté,) ce" qui eft la plus terrible „ delïruction qu'on puifle concevoir. Ouii a, quelqu'un s'avilbit de réciter piïblique- n t , d'une manière peu agréable h Cs fu- - , les verfetsio&u Cha- ., pitre du même Prophète, Mr, le Procu- trquvçroit v- là un varie champ „ pour * C'eft le verfèt if fuivant ^s Verrons; mais i' eft traduit tout autrement que dans la Traduction Aneloife, que nous fooimés obligez de fuivre ici. z 4 30 Bibliothèque Britannique, „ pour exercer Ton talent à glofer, en ap- „ pliquant artificieufement les Innuendo's, 9, Voici les paroles du Prophète: Toutes [es 9y Sentinelles J ont aveugles, &c.ce font des chiens ,9 avides, qu'on ne peut rajfujier. Pour faire un Li- ,, belle de ces paroles, fui vant les maximes de „ Mr. le Procureur-général , il ne faut qu'un 9, peu de fon adreiïe à bien appliquer les In- 99 nuendo's. Par exemple : [es Sentinelles ( In- 99 nuendoy le Confeil du Gouverneur & l'Af- -9 femblée générale )font aveugles & nefçavent ,9 rien (Jnnuendo , ne veulent pas appercevoir „ les dangereux delTeins de fon Excellence) j5 Ce j ont (il entend le Gouverneur & le 9> Confeil) des Chiens avides, qu'on ne peut raf- ,9 fajier ('Innusndo, ils n'ont jamais aflez de ?, richeffes & de pouvoir.) . . . , „ J'en appelle à Mr. le Procureur-géné- ,, rai lui-même; ces paffages ne paroilTent- ,9 ils pas aufli applicables à fon Excellence 39 & à Ves Miniftres , que quelques-unes des 99 expreiîions extraites des Ecrits de mon „ Client , & contenues dans Y Information ,9 portée contre lui? Si donc il efl permis à ., Mr. le Procureur-général de venir porter ,, une Information au nom du Roi contre qui -,. il lui plaie,. & fans aucun ordre, qin eft- „ te qui pouira vivre en fureté, lorfqu'on ,9 jugera à propos de le pourfuivre comme ,, diffamateur ? ... Il n'y a point de reme- ., de contre la plus grande oppreflîon de ce ,> genre, quand môme le Prévenu feroit ho- ,, nora- Janvier, Février et Mars. 1738. 347 ,, norablement abfous * Qu'il me foit per- ,, mis de remarquer, que quelques-uns des ,, plus grands hommes qu'il y ait eu en Angle- „ terre, ont déclaré hardiment, que la mé- ,, thode de pourfuivre par Information (lorf- ,, que les grands- Jurez ne veulent point por- ,, ter d'aceufation) eft un grief national, ,, entièrement incompatible avec la Liberté „ dont les fujets d'Angleterre jouïflent en ,, d'autres cas. Mais fi nous fommes fi mal- „ heureux que de ne pouvoir pas parer ce „ coup d'autorité, prenons garde au moins de „ ne pas perdre notre Liberté, en nous Iaif- ,, fant tromper par desformalitez& de vaines ,, apparences : Ayons foin que l'accufation „ portée par {"Information foit prouvée 11 ,, clairement, qu'il ne refte pas le moindre ,, doute dans l'efprit. Car quoiqu'on affec- ,, te de dire, durant que la Caufe fe plaide, „ que certaines chofes ne font mifes dans ,, Y Information que pour la forme, cependant „ elles peuvent être , & l'expérience a fait „ voir qu'elles n'ont été que trop fouvenu ,, ejfentieiles , lorfqu'il s'eft agi de décerner „ quelque peine contre celui qui avoit été „ trouvé coupable. „ Le danger eft grand, Meilleurs f, à pro- >> por- * Voyez ce que nous avons dit ci-deflus fur la différence des pourfuites upon IndiÏÏmeJit, & upon Information. | On fe fouviendra que c'eft aux jurez que l*A* vocat addrefle ce Difcours. 343 Bibliothèque. Britannique, „ portion du mal que peut caufer notre trop „ grande crédulité. Une juite conriance en „ la Cour eft certainement eitimable; mais ,, comme le Rapport* que vous ferez vous ,3 apartiendra en propre, vous ne devez en „ aucune manière régler votre devoir fur le „ jugement d'autrui. Si vous jugez qu'il „ n'y a rien de faux dans les Journaux du „ Sieur Zenger , vous devez le déclarer; 5, oui , j'ofe le dire (permettez-moi cette ex- „ prefilon) vous êtes obligez de le déclarer; „ parce que vous ne fçavez pas fi d'autres ,, ( je veux dire les Juges ) feront de la me- „ me. opinion que vous: C'eft votre droit de 5, le déclarer, & nous avons befoin de pou- ., voir compter autantfur votre courage, que „ fur votre probité. ,, La perte dé la Liberté eft pire que la mort „ pour un cœur généreux. Et cependant il eft ?, vrai , que dans tous les Siècles il y a eu des „ gens, qui, pour obtenir quelque pofte lucra- 5, tif ou quelque honneur imaginaire, ont ai- „ dé volontiers à _ opprimer & même à ruiner ,3 leur propre patrie. Ceci me rappelle un ,, mot remarquable du célèbre Br'utus, dont la 3, mémoire ne mourra jamais. En confide- 3, rant les créatures de Céfar, qui étoient de s, grands hommes , mais de très-mal-honnê- s, tes gens, Romains ,. dit-il, (fi tant ejl que s, je pitijfe encore 'vous donner ce nom ) examinez ,, bien * Tour Verdict-, c'elï-à-dire le jugement que rcoW porterez > coupable ou non coupable. Janvier, Février et Mars. 1738. 349 ., bien ce que vous faites : Sourenez-i-ous que us aidez à Cèj'ar à forger des chaînes , août ,, il vcus chargera vous-mêrne un jour. Voila „ ce que doit confiderer tout homme qui con- „ noie le prix de la Liberté. Il doit agir par ,, railbn, & non par pafiion, ni par un mo- „ tif mtérefTé. Là où de pareils motifs ont „ lieu, on n'a plus aucun égard, ni pour la ,, patrie , ni pour les liens du fang : Au ,, lieu que celui qui aime véritablement fa ,, patrie, préfère la Liberté à toute autre con- ,, tideranon, perfuadq que 11ms la Liberté la M vie n'eft que mifére,,. C'eft-ce qu'on illuitre encore par l'exem- ple de Brutus l'ancien ; puis Mr. Hamiïton continue ainfi: ., Mais pourquoi chercher dans l'ancien- „ ne Rome des exemples de l'amour de la „ Liberté? Le plus pur fang des Anglois • ,, t-ii pas été verfé pour la défenfe de cette ,, illuilre caufe ? Et ne peut-on pas dire , que ,, toute la Liberté dont nous jouïflbns à pré- ,, fent, nous la devons principalement h lorieufe refillance que firent l'illuftre ., Bamden, & p1ufeurs autres de nos Corn- „ patriotes, lorfqu'ils réfutèrent d'obéir aux ,, ordres arbitraires qu'on leur donnoit, cV ,, de payer des Taxes contraires aux Loixr „ plutôt que de céder les droits des ois, & de payer une Taxe injure f qui ,, pourtant, fi je ne me trompe, n'éroit que de ,, trois Chelins) ils le réfoîurent à foufTrir. 5, & fouffrirent en effet; pour la Liberté de • ; leuL 350 BlRLIOTHEQUE BRITANNIQUE, „ leur patrie les plus dures extrêmitez dans „ cette Cour terrible & defpotique , la Cham- „ breEtoilée, dont les procédures arbitrai- „ res (vu qu'elle étoit compofée des plus „ grands du Royaume , & deftinée à foute- „ nir le pouvoir abfolu ) ne purent jamais „ recevoir de bornes ; de forte qu'il n'y eut „ enfin que le Parlement qui pût remédier à „ ce mal extrême. Mr. Hamilton s'addreffant enfuite aux Ju- ges , ,, J'efpere, dit-il, qu'on me pardon- „ nera le zèle que je témoigne dans cette ,, occafion : C'efr. une maxime de prudence „ qui eft fort ancienne, que lorfque la mai/on ,, de notre voifin eft en feu, nous devons prendre ,, garde à la notre. Car quoique , grâces à „ Dieu, je vive fous un Gouvernement*, „ ou l'on comprend bien ce que c'eft que „ la Liberté , & ou l'on fçait en jouir , ce- „ pendant l'expérience nous apprend à tous, „ au moins m'a-t-elle appris à moi, qu'un „ mauvais exemple donné dans un Gouver- j, nement, eft bien-tôt cité comme une au- ,, torité dans le Gouvernement voifin. Je 3> ne puis donc m'empêcher de croire que „ c'eft mon devoir, & celui de tout hon- ;, nête homme, qu'au même tems que nous ,, rendons toute obéiïTance à ceux qui ont ?, l'autorité en main, nous foyons continuel- ;, lement fur nos gardes , pour empêcher ?, qu'on n'entreprenne rien contre la Li- j3 berté * En Pci>fr!vanîe, Janvier, Février et Mars. 1738. 351 , bercé ou les privilèges de nos Concï- , toyens. ,, C'elt-là, je l'avoue, une tâche, que pour , plufieurs raifons je ne fçaurois remplir a- , vec exactitude. Vous voyez que je fuis , accablé fous le poids des années , & fous , de grandes infirmitez corporelles. Cepen- , dant, tout vieux & infirme que je fuis, je , croirois qu'il eft de mon devoir, d'aller, , s'il étoît néceiïaire, jufques au bout du , monde , il je pouvois y être de quelque , utilité pour éteindre le feu de ces pour- , fuites qui fe font fur des Informations à la , follicitation du Gouvernement , afin de ,, priver le peuple par- là du droit de faire ,, des remontrances, & même des plaintes „ contre les entreprifes arbitraires de ceux „ qui ont le pouvoir en main. Gens qui ,, oppriment & accablent ceux qui font fous >, leur conduite , qui les forcent à crier & à ,, fe plaindre , & qui tirent enfuite de ces ,, plaintes mêmes un prétexte pour de nou~ „ velles opprefïions & de nouvelles perfé- >, cutions. Je voudrois de tout mon cœur ,, pouvoir dire qu'il n'y a point d'exemple „ de cela. Mais pour conclure, je prens „ la liberté de repréfenter à la Cour & :, ,, Mrs. les Jurez, que ce n'eft point ici ,, une affaire particulière & peu importan- ,, te; ce n'eu point la Caufe d'un pauvre ,, Imprimeur feulement , ou de la Ville de ,, la Nouvelle -York ; que vous avez à ftt- n ger: Non , cette caufe peut avoir des- ,1 COft- 352 Bibliothèque Britannique, „ confequences fatales qui fe feront fentir „ à tous les hommes libres qui vivent dans ,, le Continent de l'Amérique. C'eft la meil- leure de toutes les Caufes; celle de la ,, Liberté'. Je ne doute point que la ,, conduite julte & droite que vous tiendrez „ aujourd'hui , ne vous gagne Peftime & ,, l'amour de tous vos Concitoyens : Mais ,, tout homme, qui préfère la" Liberté à ,, une vie traînée dans Pefclavage, vous ,, comblera de bénédictions & d'honneur , 99 comme des gens qui auront fait échouer ?, les entreprifes hardies des Tyrans , & ,, qui, par une fentence impartiale & défïn- „ téreffée, nous auront afluré , à nous, à ?, notre poiïérité, & à nos Voifins, ce que „ la Nature & les Loix de notre patrie „ nous donnent droit d'exiger — , la liber- „ té de nous oppofer au pouvoir arbitrai- „ re, & de le rendre odieux, au moins „ dans cette partie du monde, en difant ,, & en écrivant la Vérité „ . Après ce difcours de l'Avocat de Zenger , le Procureur -général en fit un pour le ré- futer, & pour periuader aux jurez de dé- clarer Zenger coupable: & le Chef de Ju- ftîce , qui félon la coutume auroit dû , ce ble , récapituler tout ce qui avoit été ait pour & contre, fe contenta de recré- er en peu de mots, que puifque Mr. rnilton avoit tâché de perfuader aux Ju- "-.:•■, qu'ils ne doivent avoir que peu ou I int d'égard à l'avis des Juges, il leur fe- rott Janvier, Février et Mars 1738. 353 roic feulement remarquer , que les faits men- tionnez dans Y Information étant avouez, il ne leur reftoit qu'à examiner, il les expref- fions écoient diffamatoires ou non ; fur euoi il leur lut un pafiàge du juge Holt, ten- dant à faire voir, que ç'eft fe rendre crimi- nel que de parler mal de ceux qui font conftituez en autorité; & faifanr l'applica- tion de ce principe aux Ecrits de Zenger, il laiffe aux Jurez à décider s'ils ne fonc pas diffamatoires. Les Jurez fortirent, fcîon la coutume, & comme ils furent bien-tôt d'accord *, ils rentrèrent peu de tems après, & déclarèrent TAccufé innocent, not giâttyi fur quoi il y eut trois acclamations consécutives dans le Palais , qui étoit rempli de monde. Mr. Hamilton, qui refufa de recevoir de l'argent pour avoir plaidé cette caufe , en fut giorieufement recompenfé par la Vil- le de la Nouvelle -York, qui lui fit préfent du droit de Bourgeoîfie. Le fceau appo- fé à l'Acte qui en fut drefle , étoit ren- fermé dans une boëte d'or du poids de cinq onces & demi. Sur le couvercle de la boëte on * On les enferme dans une chambre fous îa clef, & on les laiffe ainfi fans feu, ni chandel- le , ni aucune nourriture, jufques à ce qu'ir- foient tous dou2^ d'accord. Car ce n'eft point la pluralité des fuffrages, mais l'unanimité décide. 354 Bibliothèque Britannique, on voyoic les Armes de la Ville avec ce te Infcription ; Demersm Leges-Timefacta Libertas. Hjec tandem emekcunt. Au dedans du couvercle il y avoit une Jarretière avec cette Légende: Non Nummis, Virtute paratur. Au tour de la boëte on lifoit ce fouhait de Ciceron : Ita clique eveniat, ut de Republica MERUIT. ARTICLE V. Philofophical Tranfactions , &c. c. à d. Mémoires Philo fophi que s de la Société Roya- le de Londres-, Tome XXXVIII. pour les années 1733, 1734. A Londres chez Innys & Manby , près de St. Paul , 1735, in 4- Pag> 47°- No. 427 pour les mois de Janvier , Fé- vrier & Mars, 1733. Art. I. /^Ataloguè des cinquante Plantes V_v du Jardin de Chelfea, préfen- tées à la Société Royale par la compagnie des Apoticaires, pour Tannée 1731 , lùivant Fin Janvier, Février et Mars. 1738. 355 l'inftitution de Mr. le Chevalier Sloane. Par l/aac Rand, Apoticaire , & Membre de la Société Royale. Art. II. Eclairciflemens fur l'Article II. du Nombre 414. de ces Mémoires , ou l'on trai- te de l'ufage de la Bile dans l'économie ani- male. Par Mr. Stuart, Médecin de la Peine, Membre de la Société Royale & du Collège des Médecins. Comme nous avons rendu compte allez au long de l'Article qui donne occafion à ce- lui-ci*, nous nous étendrons allez fur les eclairciflemens de Mr. Stuart , pour déve- lopper entièrement le fentiment de cet Au- teur fur l'ufage de la Bile. La première ob- jection qu'on^lui a faite, efl ; que dans l'ex- plication des accidens de lableflure qu'il rap- porte dans fon premier Mémoire, il ne fait aucune attention à l'épanchement de la Bile fur la fuperficie externe des Inteftins, par le moyen de la playe de la Véficule du fiel ; cependant on croit que l'acreté de cette hu- meur, en picotant le dehors des Inteftins, pouvoit produire tous les phénomènes obfer- vez & rapportez dans ce cas , & en donner en même tems la folution: enforte que tous les fymptomes que l'Auteur attribue au dé- faut "de Bile dans la cavité des Inteftins, naiflent bien plutôt de ce que la Bile agif- foit fur la fuperficie externe des Inteftins les plus * Voyez Bibliothèque Bnt. Tome VI. féconde PaT- tre, pag. 298. Tome X. Paru. IL A a gj6 Bibliothèque Britannique, plus proches de la Véficule du fiel ; lefquek le contractant tout-à-fait par l'irritation que leur caufoit cette humeur épanchée , chaf- foient l'air de leur cavité, eft le pouffaient dans les Inteflins inférieurs ; ce qui les au- roit enflez au point qu'il eft marqué dans l'Eflai de Mr. Smart. On avoue cependant, que fi la Bile étoit fortie de fa Véficule & de l'Abdomen en même tems , les raifonne-^ mens de notre Auteur eufTent été bien fon- dez. Cette objection fuppofe > qu'une irritation à la fuperficie externe des Inteftins , peut en caufer la contraction , & produire le mê- me effet que fi elle agiffait fur la fuperficie interne des Inteftins ; & aufii qu'elle peut produire une dilatation extraordinaire de tout le canal. Pour renverfer ces fuppofi- tions , l'Auteur obferve d'abord , que les Nerfs ne font fenfibles qu'à leurs extrémitez, ou ils font dépouillez des envelopes qu'ils avoient reçues de la Pie-mere & de la Du- re-mere ; amfi qu'ils r/agifient , foit pour les fenfacions , foit pour le mouvement mufeu- laire, qu'à ces extrémitez, & qu'ils font ab- folument infenfibles & inactifs dans toute leur longueur. Après avoir prouvé cette the- fe , il explique en peu de mots la ftructure des Inteftins, de laquelle il conclut, qu'une irritation appliquée à leur membrane exter- ne , ne fçauroit en caufer la contraction , parce que cette membrane étant une partie «lu Péritoine, n'a d'autres Nerfs que ceux -qu'el- Janvier, Février et Mars. 1738. 337 qu'elle reçoit, avec le Péritoine, de la moel- le de l'Epine & de VOsfacrum ; au lieu que les Nerfs propres des Inteftins viennent de la paire vague ce du Plexus méfentérique : ces Nerfs n'ayant point de communication, il eft clair que ce qui affecte les uns n'affecte- ra pas les autres. En un mot, fi la Bile ré- pandue fur la furface externe des Inteftins avoit été capable de caufer une contraction dans quelqu'une de leurs parties ; en cou- vrant leur furface, entière, elle auroit dû produire par-tout le même effet, & l'on au- roit dû trouver tout le canal inteftinal con- tracté ; au lieu qu'on l'a trouvé par-tout ex- trêmement dilaté. Telles font les raifons qui ont empêché Mr. Stuart de parler de cette Bile répandue fur les Inteftins, & par lefquelles il répond à l'objection que nous avons rapportée. L'on demande en fécond lieu, Comment le nouveau Chile, qui entre dans le fang, peut être la caufe du Sommeil? Ne voit-on pas , qu'après avoir beaucoup mangé on s'en- dort trop vite, pour qu'on puifle fuppofer que le nouveau Chile procure ce Sommeil? Mr. Stuart auroit pu fe propofer l'objec- tion d'une manière encore plus forte , en di* fant que les enfans à la mamelle s'endorment prefque toujours en tettant, & que ce ne font pas toujours les plus grands mangeurs qui font afibupis après le repas. Mais telie qu'eft la queftion , elle eft encore afiez dif- ficile à réfoudre. Pour y parvenir , notre A a 2 Au* 358 Bibliothèque Britannique, Auteur combat en premier lieu l'opinion or- dinaire, qui attribue ce Sommeil d'après le re- pas à la répletion de TEftomac, qui preffant fur l'Aorte defeendante, fait que le fang eft porté en plus grande quantité dans l'Aorte afeendante , dont les rameaux dilatez em- pochent eue la fecretion des efprits animaux ne fe falTe des glandes de l'écorce du Cer- veau, dans l'origine des Nerfs. Ce ne peut être-la la caufe de ce Sommeil ; car elle agi- roit fur le Cervelet comme fur le Cerveau, & feroit céder les fonctions des Nerfs qui fervent à la circulation, à la refpiration, au mouvement périftaltique&c. au lieu que ces fonctions ne s'exécutent jamais mieux que pendant le Sommeil. Ce raifonnement de no- tre Auteur feroit très-jufte, s'il avoit prouve que le Cervelet eft aufii expofé que le Cer- veau à la comprefïïon que caufe dans ce der- nier la dilatation desvailTeaux fanguins; mais c'eft-ce qui n'efl gueres probable, û l'on con- fédéré la différente ftruclure de chacune de ces parties. On peut voir là-deffus ce que le célèbre Mr. Boerhavc remarque fi judi- cieufement dans fes Inftitutions, § 600, & dans tout ce Chapitre qui traite du Sommeil. Notre Auteur répond enfuite à ce qu'on lui objecte , que le Chile ne peut pas le mêler affez vite avec le fang, pour caufer le Som- meil qui fuit très-fouvent le repas. Il ex- plique plufieurs cas particuliers ou cela arri- ve, d'une manière fort ingénieufe. Mais fi fon fyftéme eft folidement établi, il doit fai- re Janvier, Février et Mars. 1738. 353 re crouler les autres : ainfi il fuffit de l'expo- fer fidèlement, fans entrer dans .ces réfuta- tions, qui nous meneroient trop "loin. ,, Tout le monde convient, félon Mr. „ Smart, que la caufe du Sommeil eft, en ,, général, le manque d'une quantité d'écrits ,, animaux fuffifante à l'exercice de'> fonc- „ Lions animales: ainfi touc ce qui empe- „ che qu'ils ne fe reparent, tout ce qui re- ,, tarde ou embaraue leur fécretion , touc „ ce qui les abibrbe, ou ce qui les gêne ,, après' qu'ils font feparez , & ce qui les „ épuife ou les fait évaporer ; tout cela , ,, en diminuant la quantité des efprits, pro- ,, duira , dans une perfonne faine , de la ., pefanteur, de la parefle, une inclination ,, au Sommeil, & le Sommeil même, Fui van c ,, la diminution des efprits -, . Il réduit à quatre clafles toutes les caufes éloignées du Sommeil: fçavoir l'exercice, les trop grands repas, ryvrognerie, tous les Narcotiques, dont rOpium eft le principal ; & il prouve que chacune d'elles ne produit le Sommeil, qu'en diminuant la quantité des eTprits ani- maux. Il ne faut pas chicaner fur ce que Mr. Stuart ne parle ni de la Pléthore, ni de la comprelTion méchanique du Cerveau, qui font cependant regardez, &, à jufte ti- tre, comme des caufes très,- efficaces du Sommeil , 6c de l'Apoplexie môme, le Som- meil de tous le plus parfait ce le plus pro- fond. Mais peut-être n'auroit-il pu con- clure, comme il le fait après avoir èxami- Aa 3 né £Jr Bibliothèque Britannique, né ces quatre claiïes des caufes du Sommeil , que la plus générale eft le manque d'efprits animaux , s'il eût fait mention de celles que nous venons de rapporter. Quoi qu'il en foit, voici comment il prouve que le mélange du Chile avec le fang diminue la quantité des efprits en les abforbant , ou en les rendant peu propres à exercer leurs fondions. „ On fçait que (1 l'on mange trop , on fe „ trouve enfuite pefant , ihactif, indolent; „ on fent de la répugnance au mouvement, „ on s'affoupit, & enfin on s'endort bien- 5, tôt après avoir mangé. L'Auteur prétend avoir prouvé que ,, dans ,, ceux à qui cela arrive, les vaiiïeaux lac- „ tez ne font jamais vuides, (parce qu'il „ les fuppofe grands mangeurs d'habitude) „ & que le Chile du repas précèdent eft „ poufle par ces vaifleaux dans le fang ,, prefque à Pinftant. ,, Or le Chile , étant de toutes les liqueurs qui circulent la plus groflkre , abforbe & embaraffe les efprits animaux , en empêche la fécretion , & pro- duit par cela même , le même effet que s'il en caufoit la diflîpation ; c'efl-à-dire que cette nouvelle admiffion du Chile dans le fang, caufe,dans uneperfonne faine, la pe- fanteur, la parefle & le Sommeil. Nous fommes obligez de palier ce que l'Auteur ajoute fur ce qui empêche ou ce qui favo- îife l'opération des Narcotiques. Art. III. Catalogue des Eclipfes des Sa- tel* Janvier, Février et Mars. 1738. 36X tellites de Jupiter , pour l'Année 1734. Par Mr. Jaques Ho d g s on , Membre de la S. R. & Principal du Collège des Mathématiques dans l'Hôpital de Chrift à Londres. Art. IIS. De l'Ecureuil volant ; par Mr. Jacob - Théodore Klein, Membre de la So- ciété Royale ; communique par Mr. le Che- valier Sloane. Cette efpece d'Ecureuil a été appelle par Gefner , 'Rat de Pont ou de Tartarie , & par Bontius, Cbauvefourîs admirable. La defcrip- tion que Mr. Klein en donne , fervira beau- coup à faire connoicre cet Animal extraor- dinaire , qui eft allez rare , & dans l'hif- toire duquel il s'eft glifle plusieurs fables. L'Auteur dit qu'il fe trouve dans les forêts de la Capitainerie de Criczovie, du diflrict de Mohilonie fur les confins de la Ruffie. Les habitans aflurent qu'il fe tient dans le creux des Chênes pendant tout le jour , fit qu'il y dort envelopé dans de la moufle de Bouleau ; d'où il ne fort que le foir , pour fe promener & chercher fa nourriture. Ainlî on prend ces Ecureuils, en couvrant d'un filet les trous de l'arbre où l'on foupçonne qu'il y en a quelqu'un ; on les chatte de leur nid en y faifant entrer de la fumée , & par ce moyen ils s'embaralTent dans les filets en voulant fe fauver. Us font plus petits que les Ecureuils ordinaires ; leur peau eft fort douce, garnie de poils blancs Aa 4 & $62 Bibliothèque Britannique, & gris, donc le mélange fait un effet très- agréable. Leurs yeux font grands, éminens , noirs & très -beaux; leurs oreilles petites; leurs dents fort aiguës, dont ils mordent bien ferré, car ils font ordinairement allez mé- dians. Lorfqu'ils font en repos , ils cou- chent leur queue fur leur dos de fort bonne grâce; mais lorfqu'ils volent, ils l'abaifTent & l'agitent de côté & d'autre. Ils fe nour- rirent de pain fans fel, & ils font fur-tout friands des fommitez fraîches de Bouleau ; ils ne fe foucient ni de noifettes ni d'aman- des. Ils fe font un lit de moufle de Bou.- leau, qu'ils difpofent avec adrefle, & en le tirant avec les pieds , ils s'en envelopent entièrement. L'organe qui fert à cet Animal pour vo- ler , confifte en une peau fituée de chaque côté de fon corps , qui fe peut étendre de la grandeur de la main, comme une efpece de voile ; elle eft attachée aux genoux des jambes de derrière & à celles de devant par un petit os long & mince, qui traverfe une partie de ce voile: au-delà de ce pe- tit os , la peau eft comme garnie de plumes. Quand l'Animal eft tranquille , ou qu'il mar- che doucement , ce petit os eft articulé de manière avec fa jambe qu'il le couche fur elle, & qu'on ne l'apperçoit point, mais Jorfqu'il veut fauter, cet os fait un angle droit avec la jambe ; ce qui fait que la peau s'étend ; Janvier , Février et Mars. 1738. 363 s'étend : outre qu'un pannicule charnu alTez épais, qui traverfe toute cette peau, aide beaucoup au faut de l'Ecureuil ; car notre Auteur ne croit pas qu'il vole proprement, mais feulement qu'il faute mieux & à une pius grande diftance que les autres Animaux de fon efpece, parce qu'à l'aide de ce voi- le il peut fe foutenir plus long-tems en l'air. Art. y, Defcription d'un Baromètre , dont on p .ut augmenter l'Echelle de Varia- tion autant que l'on veut. Par Mr. Jean Rowning, Miniftre , & Membre du Col- lège de la Magdelaine à Cambridge : com- muniqué par le Docteur Smith, M. de la S. R. Ce Baromètre eft fi compofé , qu'il eft impofiible d'en donner une defcription in- telligible fans le moyen des figures. Art. VI. Extrait d'un Livre intitulé , Cbriftiani Ludov. Gerjlen Tentamina Syjle- matis novi ad mutationes Barometri ex natara elatioris a'eris demonftrandas , cui adjefta Jub finem , Dijfertatio Roris decidui , errorem anti- quum & vulgarem per obfervationes & expéri- menta nova excutiens. C'eft-à-dire : „ Efiai „ d'un nouveau Syftême pour expliquer les „ variations du Baromètre par l'Elafticité de ,, l'air ; avec une DifTertation , dans la- ,, quelle on réfute , par des Obfervations „ & des Expériences , l'erreur vulgaire & ,, ancienne fur la Rofée , par Mr. Cbré- „ tien- Louis Gerjlen „. A Francfort, 1733 , in 8vo. A a 5 No. 364 Bibliothèque Britannique, No. 428. Pour les Mois d'Avril, Mai & Juin 1733. Art. I. T) Elation des Expériences faites- jt\ en préfenee de la Société Roya- le le 18. de Novembre 1731, par Mr. Fro- benius, avec fon Efprit de Vin étheré& le Phofphore d'Urine; tirée des minutes de ce jour -là, & publiée par Mr. Morti- mer. Nous avons fait aflez connoître cet Efprit de Mr. Frobenius * , ainfi nous paflerons à l'article fuivant, ou l'on explique & l'on perr feélionne l'expérience de Mr. Frobenius fur le Phofphore d'Urine. Art. IL Expériences fur le Phofphore d'Urine , avec quelques obfervations , ten- dant à expliquer la nature de cette admi- rable production chymique. Par Mr. Am- Iroife Goàfrey Hanckwitz, Chymifte & Membre de la S. R, L'Auteur, pour repéter l'expérience que le Dr. Frobenius avoit faite en préfenee de la Société Royale , pofa fur l'ouverture d'u- ne cucurbite de verre, une aflîette auiïi de verre, percée au milieu, avec un tuyau qui répond à ce trou, & qui defeend dans la cucurbite. Il pofa fur cette aflîette une taffe * Voyez Bibliothèque Britann. T, VI. 2. Partie, page 202. Janvier, Février et Mars. 1738. 355 tafle de porcelaine un peu chauffée ; & en- fin il couvrit la tafle d'une grande cloche de verre, dont l'ouverture s'ajuftoit exac- tement avec Tafliette. Il prit enfuite une once de Ton Phofphorc d'Urine réduit en petits morceaux, qu'il mit par cuillerée dans la tafle de porcelaine, ayant foin à chaque fois de la couvrir de la cloche: le Phofpho- re en s'eolammant fe fublima prefque tout- à-fait en fleurs blanches, qui s'attachèrent aux cotez de la cloche , & il ne relia dans la tafle qu'un peu de terre rougeâtre. Ces fleurs pefoient 10. drachmes , c'eft-à-dire deux de plus que le Phofphore qu'on ayoifc employé, & elles étoient ii raréfiées, qu'el- les remplirent un vaifleau qui contenoit huit onces de liqueur. Dans un lieu humide el- les fe fondirent en une efpece d'huile, qui pefoit quatre onces & deux drachmes : elle a beaucoup de rapport à l'huile de fouphre par la campane ; mais elle contient un fel acide, plus fixe qu'aucun autre, & qui a de plus plufieurs autres proprietez qui lui font particulières. ■ Le Phofphore ne doit qu'à l'Urine fon acide fixe , lequel eft fi intimement uni à fa partie inflammable, que malgré la volatili- té de cette dernière, elle fondent long-tems une chaleur égale à celle d'un fer rouge, avant de s'en feparer ; mais après cette fe- paration, l'acide refte en fufion, parfaite- ment tranfparent & fe vitrifie enfin par un plus grand degré de chaleur, comme on le ver- 3<5<5 Bibliothèque Britannique, verra par la fuite des Expériences de Mr. Godfrey. Après avoir fait évaporer la partie aqueu- fe de cette huile de Phofphore par défail- lance, il expofa le refte à un très-grand feu; & lorfque la Retorte étoit prête à fe fondre, il laiffa le feu s'éteindre. Il trouva le lendemain le fond de la Retorte , & pref- que toute fa furface interne, couverte d'un Sel blanc , fi fort attaché au verre qu'on ne pouvoitl'en feparer; cependant il jugea qu'il y en avoit bien autant qu'on avoit em- ployé de Phofphore. Ce Sel fe fondit en- tièrement à l'humidité en peu de jours. Cette terre rouge qui demeure après la déflagration 'du Phofphore , ne laifle pas de fe fondre fur le feu, & de jetter des flam- mes & des étincelles tandis qu'elle eft en fufion, & lorfqu'on l'a retirée du feu, fi on l'expofe à un air humide, elle fe fond en une huile par défaillance, comme les fleurs qui s'étoient élevées dans la campane. Tant la partie inflammable & l'acide de l'Uri- ne font fortement unies. L'Auteur prit une partie du Sel blanc at- taché à la Retorte, qu'il mit dans un creu- fet, & lui donna un degré de feu vitrifiant; il l'y laiffa pendant quelques heures ; mais ce Sel ne le vitrifia cependant pas , feulement il n'a voit plus de goût de fcl, &. ne fe dif- iblvoit point dans l'eau. Mais en le tenant plus long-tems dans le même degré de cha- leur, il le changea enfin en verre parfait. Ce Janvier, Février et Mars. 1738. 3^ Ce verre eft précifement en même quanti- té, que le Phofphore qu'on a d'abord em- ployé dans cette Expérience; il eft d'un verd bleuâtre , & il approche plus de la dureté du Diamant qu'aucun autre verre. Nous paiïbns les réflexions de l'Auteur fur ces Expériences; nous remarquerons feule- ment, qu'il prétend qu'il n'y a que lui qui fçache tirer de l'Urine ■& des excremens, le véritable Phofphore folide dans une quan- tité un peu conliderable. Art. III. Obfervations Aftronomiques fur ces Apparences céleftes , qu'on nomme Etoi- les nébuleufes. Par Mr. Guil. Derham, Doc- teur en Théologie, Chanoine de Windfor, & Membre de la Société Royale. Il y a plufieurs de ces Etoiles nébuleu- fes parfemées çà & là dans le Ciel: Mr. Derham en donne ici un Catalogue tiré d'Heveiius , ajoutant que le Docteur Halley fait mention de quelques autres, fçavoir d'une dans l'Epée d'Orion , d'une féconde dans le Sagittaire, d'une troifième dans le Centaure ( mais que l'on ne peut jamais voir en Angleterre) d'une quatrième au de- vant du pied droit d'Antinous, d'une cinquiè- me dans Hercule*, & enfin de celle qui eft dans la ceinture d'Andromède , & qu'Heve- lius a aufli remarquée. Mr. Derham aobfervé exactement cinq de cesEtoiles nébuleufes avec un exceilentTelef- cope réflechiilant,dehuid pieds de long, & il * Voy.z Philofoph.TranfdClions , No. 4.37. 368 Bibliothèque Britannique 3 il a trouvé qu'elles fe reffemblent toutes af- fez, excepté le phénomène qu'on voit au devant du pied droit d'Antinous , qui n'eil point une Nébuleufe , mais un amas d'étoiles, a-peu-près comme la Voye lactée. Il n'y a point de différence remarquable entre 'les quatre, fi ce n'elt que les unes font plus rondes , & les autres plus ovales ; mais on n'y découvre point d'Étoiles fixes qui puiffent caufer la lumière de ces Nébu* leufes , excepté dans celle qui eft dans Orion, ou il y a quelques Etoiles, qui ne font vi- fibles 'que par le moyen du Telefcope, mais qui ne fuffifent point pour caufer la lumière de la Nébuleufe où elles fe trouvent. Ce fut par le moyen de ces Etoiles , & de celles qui font dans le voifinage des autres Nébuleufes, que Mr. Derham découvrit qu'el- les font à une diftance beaucoup plus gran- de que les Etoiles fixes , dont elles paronTent proche , & que même elles font autant au- delà des Etoiles fixes, que celles-ci fonc éloignées de la Terre. Mr. Derham conclut, de fes Obfervations réitérées & fort exactes fur les Nébuleufes, qu'elles ne font ni des Corps lumineux, com- me le Soleil, ni des Corps qui refléchiffenr la lumière, comme la Lune, ni la lumière réu- nie d'un amas d'Etoiles, comme la Voye lactée ; mais de vaftes Aires ou Régions de lumière, fituées certainement au-delà des Etoiles fixes , & qui n'en renferment au- cune. C'eft- Janvier, Février et Mars. 1738. 369. C'eft-ce qui l'engage à propofer une con- jecture , dont il abandonne le jugement à la Société Royale:,, Ces Nébuleufes , dit-il , ne ,, feroient-clles pas des efpaces particuliers de „ lumière , ou plutôt ne font - elles pas „ vraifemblablement des ouvertures, à tra- „ vers lesquelles on découvre une immen- „ fe Région de lumière, au-delà des Etoiles „ fixes ? C'a été l'opinion des Sçavans de tous „ les fiécles, tant des Philofophes que des „ Théologiens , qu'il y a une immenfe Ré- ,9 gion au-delà des Etoiles : Ceux qui ont ,, admis un Ciel criftallin & folide, ont fup- „ pofé qu'il y a un Ciel empirée au-delà „ de ce criftallin & du premier Mobile; „ & ceux qui ont foutenu qu'il n'y a point „ de Ciel criftallin , mais que les Corps ,, céleftes nagent dans un JEther ou matière „ fubtile & fluide, ont crue que la Région ,, des Etoiles n'en: point l'extrémité de l'U- „ nivers, mais qu'il y a une Région au-delà „ de celle-là , qu'ils ont appellée la troifiè- „ me Région, ou le troifième Ciel ,, Suivant cette opinion de Mr. Derham , il fautfuppofer qu'il y a au-delà des Etoiles fixes une Voûte folide, dans laquelle il y a diverfes ouvertures , par lefquelles on ap- perçoit quelque partie de cette Lumière inac- cejftble qu'habitent les Anges & les faints glorifiez ; & c'efl-là apparemment le troi- fième Ciel dans lequel St. Paul fut ravi. Le fyftême ne nous paroît pas avoir rien d'abfurde ni d'impoiïible , & s'accorde af- fez 370 Bibliothèque Britannique, fez bien avec la Révélation. Toute la diffi- culté confifte à fçavoir, comment Mr. Der- ham a pu s'aflurer, que les Nébuleufes font à une fi grande diftance des Etoiles fixes; ce qu'il n'explique point ici. Il nous avertit feu- lement , que pour bien obfer.ver les Nébuleu- fes , il faut fe fervir d'excellens Verres , au- trement tout le travail devient inutile-, com- me il Ta expérimenté lui-même. Art» IV. Ôbfervations faites fur la Bouf- fole dans l'Océan Atlantique aux Mois de Mai, Juin & Juillet 1732; avec la Defcrip- tion d'une Trompe : par Mr. Jofepb Harkis: communiquées par Mr. George Grabam, Mem- bre de la S. R. Perfonne n'ignore de quelle utilité eft la Bouflble pour la Navigation : mais cette uti- lité eft considérablement diminuée par les Variations irregulieres (au moins en appa- rence ) de l'Aiguille aimantée, Mr. Harris ayant comparé enfemble plufïeurs Obferva- tions faites dans des circonftances fembla- bles par rapport au terris, juge , que la ver- tu de l'Aiguille aimantée ne paroît pas être toujours de la même force. Quelquefois il arrivoit, que diverfes ôbfervations s'accor- doient aiïez bien ; mais d'autrefois la Bouf- fole s'arrêtoit indifféremment à un degré ou plus de diftance de fon Méridien : ce que Mr. Harris a remarqué , dit-il , dans plufïeurs Bouflbles. Il a auffî obfervé, que la même Bouflble varioit quelquefois d'environ deux dégrez du matin au foir ; cette variation con- tinuoic Janvier, Février et Mars. 1738. '371 tinuoit d'une manière en quelque forte régu- lière pendant plufieurs jours; & puis elle difparoifibit durant une femaine ou plus; après quoi elle revenoit & eontinuoit com- me auparavant. La grandeur de cette Variation & l'exac- titude avec laquelle les obfervations , faites dans la même matinée ou clans la même après- dinee , s'accordoient entre elles, ne laiflent aucun lieu de lbupçonner, que ces Variations procedoient entièrement de quel- que erreur commife par l'Obfervateur. ,, Je „ ne fçaurois expliquer ce phénomène, dit ,, Mr. Harris; mais quelle qu'en foi t la cau- ,, le, Terreur étoit toujours du même côté; ,, c'eft-à-dire que la Variation vers l'Oueil ,, étoit moindre le matin que Faprès-dînée. „ J'examinai foigneufement fi cela pouvoit ,, venir de l'Indrument même , ou de quel- „ que fer qu'il y eut proche du lieu oùj'a- ,, vois coutume de placer la Bouiïble pour ., faire mes obfervations: & j'eus lieu d'être „ convaincu, que cette Variation ne proce- ,, doit ni de l'une ni 4e l'autre de ces cau- 93 fes „. Venons à la Defcription de la Trompe , qui fut vue à Soleil couchant , le 21. Mai 1732, au 32 degré 30 minutes de Latitude feptentrio- nale, ce au 9 degré de Longitude , a l'Eftdu Cap de la Floride. Lorfqu'on apperout cette Trompe , elle étoit entière , & à-peu-près de la figure d'une Trompette parlante , dont le bouc étroit s'étendoit jufqu'àla furface de la Mer, Tome X. Part. IL Bb 3?2 BrBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, & le bouc le plus large fe terminent à une nuée noire & épaifle. La Trompe même étoit noire , & fa noirceur alloit en augmen- tant de bas en haut. Elle paroifibit être exactement perpendiculaire à l'Horifon: les cotez en étoient unis , fans la moindre iné- galité. Là ou elle tomboit dans la mer, on voyoit une efpece de vapeur s'élever à une hauteur confiderable. Cette Trompe demeura entière environ pendant une minute depuis le moment qu'on î'avoit apperçûe, & il fe pafTa environ trois minutes avant qu'elle fût entièrement diffi- pée. Elle commença à fe difïiper par le bas , & continua ainfi à fe difliper par dégrez en montant ; la partie reliante demeurant tou- jours la même , fans aucun changement vi- lible, jufques à ce qu'enfin elle le terminât entièrement au nuage noir qui étoit au def- fus: après quoi il parut pleuvoir bien fort dans le voifmage. A mefure que la Trompe fe difiïpoit, le bas de ce qui en reftoit étoit irregulier , à - peu - près comme le tronc d'un arbre rompu en deux. Il n'y avoit que peu de vent , & le ciel étoit ferein par -tout ail- leurs. On jugea que cette Trompe étoit à plus de deux lieues du vaifleau d'où on la voyoit: l'angle fous lequel paroifibit le bout le plus mince de cette Trompe, étoit au moins de vingt minutes: d'où il fuir, que ce bout étoit de plus de 60 Verges d'épaifieur; la hauteur ou longueur de toute la Trompe étoit d'environ trois quarts d'un Mille. An. Janvier, Février et Mars. 1738. 373 Art. V. Hiftoire du Tremblement de Ter- re, qui s'eft fait fentir dans la Pouille, & prefque par tout le Royaume de Naples en l'année 1 70 1 . Par Mr. Nicolas C ïrillus, Premier trofefleur en Médecine dans FUni- verfité de Naples , & Membre de la Société Royale. Art. VI. Obfervation d'une Fxlipfe de Lu- ne, faite à Rome le 1. Décembre 1732, par Mrs. Re villas, B orra ri & M a n- F RE 1)1. Art. VII. Obfervation de la même Eclipfe de Lune, faite à Londres dans la Rue nom- mée Fleet-ftreet , le foir du 20. Novembre 1732 (V. St. ) par Mr. George Graham , Membre de la Société Royale. Art. VIII. Lifte des Mariages, Bâtêmes, Enterremens, Communions , ac. dans la Vil- le de Drefde , pendant un Siècle entier , c'eft-à-dire depuis l'an 161 7, jufqu'à l'an 17 17. Communiquée par Mr. le Chevalier Conrad Sprengel, Do&eur en Médecine , & Membre de la S. R. Art . IX. Lifte des Mariages , NaifTances , & Morts , dans la Ville d'Augsbourg, depuis Fan 3501, jufqu'à l'an 1720 inclufivement 5 corn muniquee par le même. Art. X. Remarques fur les deux Lifte* précédentes, par Mr. GuillaumèMAiTLAnb, .Membre de la S. R. Il paroît par la première de ces Liftes,que depuis Fan 1 616 jufqu'à Fan 1624. ( tous deux éxclufivement)il eft mort dans laVille deDrel Bb ? de 374 Bibliothèque Britannique, de 3136 perfonnes,& dans les derniers fept ans, fçavoir depuis 1709, jufqu'à 1717. (tous deux exclufivement ) il eft mort dans la même Ville 8836. Par la féconde Lifte on voit, qu'il eft mort à Augsbourg depuis 1616 jufqu'à 1624. 11371 perfonnes; & depuis 1709 jufqu'à 17 17 feu- lement 6297. Ce qui prouve bien clairement la grande vicifiitude des chofes de ce monde : Car comme le nombre des habitans dans la première de ces Villes eft augmenté de près des deux tiers, il eft diminué dans la der- nière de près de la moitié dans le même ef- pace de tems. No. 429. pour les Mois de Juillet, Août, Septembre & Octobre. 1733. Art. I. T5 Elation clés Symptômes qui fur- j \^ vinrent à des enfans qui avoient mangé des femences de Jufquiame , & de leur cure; avec quelques remarques occa- iionelles : par Mr. le Chevalier SLOANE,Pr. de la S. EL Quatre enfans , dont le plus jeune étoit âgé de quatre ans & demi oc le plus vieux de treize 6; demi, ayant mangé des femen- ces de Jufquiame, furent tous attaquez d'une foif violente; de vertiges , d'obfcurcijjement de la . re , 6? enfin d'un profond fommeil , & ce dernier fymptome dura à Vun d'eux pendant ceux jours èr deux nuits. Mr. Sloane les fit faigner , 6c leur fit appliquer des Véficatoi- res Janvier, Février et Mars. 1738. 375 res en plufieurs endroits ; enfuite il les pur- gea avec une médecine ou il en croit V Elec- îuaire lénitif , V Huile d'amandes douces , les Fleurs defynpbre, & le Syrop de fleurs de Pé- fcber: ce qui opéra par haut Ô5 par bas: ce ces enfans furent parfaitement guéris. Le délire caufé par ce poifon , diffère du délire ordinaire, fuivant notre Auteur; mais il ne dit point en quoi. Il raconte à cette occafion l'hiltoire d'un Charlatan , qui, en guérilTant par la fumée des femences de Jufquiame une perfonne tourmentée d'un mal de dents, prétendoic faire forcir de la dent creule des vers, qui, félon lui, cau- foient la douleur ; mais il le trouva que ces vers n'étoient que des mites de fromage. Art. IL Extrait des Journaux Météorolo- giques, communiquez à la Société Royale, avec des remarques, par Mr. G. Derham, Docteur en Théologie, Chanoine de Wind- for, & Membre de la S. R. La première partie de cet Extrait fe trouve dans les Mémoires Philofophiques No. 423. La fe* conde partie, dont il cil ici queftion, re- garde les Observations Météorologiques fai- tes à Petersbourg, par Mr. T. Confett , de- puis le 24. Novembre 1724, jufques au 23. Juin 1725. Art. III. Defcription crime Vapeur qui fort du puits d'une mine de Charbon apar- tenante à Mr. le Chevalier Lowiher , com- muniquée par lui-même à la Société Royale. Ce puits elt fi tué proche du bord de la Bb 3 mer, 376 Bibliothèque Britannique, mer, dans le Comté de Cumberland , aux environs de Whithaven. Etant creufé juf- ques à la profondeur de 42. brades, on trou- va un lit de pierre noire de fix pouces d'épaif- feur, que des fentes régulières divifoient en morceaux quarrez d'environ fix pouces de dia- mètre. En voulant percer ce lit de pierre, il en fortit, au lieu de l'eau que l'on attendoit, une grande quantité d'uneVapeur corrompue, qui penétroic l'eau, qu'elle faifoit bouillon- ner avec un grand fifflement. Les ouvriers en approchèrent une chandelle allumée, & dans le moment cette Vapeur s'enflama, & con- tinua à brûler fur îa furface de l'eau : la -fla- me avoit environ deux pieds de diamètre & huit de haut; les ouvriers l'éteignirent avec leurs dhapeaux. On réitéra deux fois enco- re la même expérience , toujours avec le même fuccès; & afin de continuer le tra- vail commencé, Ton a revêtu cet endroit du puits avec des planches bien jointes. Mais de peur que cette Vapeur nefe fît jour en quelque autre endroit, on a laide une ouverture derrière ces planches , afin que cet air s'y raffemble , & l'on y a cimenté un tube de deux pouces de diamètre , qui s'élè- ve plus de douze pieds au defFus de la fur- face de la terre. Il fort continuellement de ce tube , & avec îa même force , un air char- gé de Vapeurs inflammables, quoiqu'il y ait près de trois ans qu'on -lui a donné unpaffage. Si l'on remplit une veffiê de cet air, & qu'on la bouche bien enfuite , on peut le garder longr Janvier, Février et Mars. 1738. 377 long-tems; & fi on preffe la veflie, & qu'on fafie pafler cet air par la flame d'une chandel- le , il prend feu , & continue de brûler en far- tant de la,vefîie, tant qu il y en rente. L'ex- périence en a été faite à la 'Société Royale; & il y avoit un mois que la Vapeur *étoit dans la Veflie. Il eit à remarquer , qu'il n'y a que la flamme qui allume cette Vapeur ; les étincelles ne produifent aucun effet fur elle. Art. IV. Obfervation d'une Eclipfe de fo- leil, faite l'après midi du 2. Mai 1733. dans Fleet-ftreet à Londres, par Mr. GrahamsM. de la S. R. Art. V. Lettre de Mr. Etienne Gray, M. de la S. R. touchant la même Eclipfe de So- leil, obfervée par lui-même à Norton-Court en Kent, & par Mr. GramM Wheler , M. de la S. R. à Otterden-Place, auffi en Kent, Art. VI. Obfervation de la même Eclip- fe, faite par Mr. J.Milner, à Yeovil,dans la Province de Somerfet , communiquée par Lettre à Mr. Jean Allen , Docteur en Méde- cine, &M. de la S. R. Art. VIL Lettre de Mr. Richard Lewis , à Mr. Collinfon, Membre de la S. R. . fur une génération linguliere d'Infectes, un Tremble- ment de terre , & une Explofion dans l'air, écrite d'Annapolis en la Virginie le 27. Oc- tobre 1732. Les Infectes dont parle Mr. Lewis, font des Moucherons qui fartent des eXcrefcen- ces des feuilles d'un arbre qui refiemble Bb4 à 373 B II! L 1 0 T H E Q U E B R l T A N N I q U£ , à un Meuriermâle. Ces excrefcences croif- fent avec la feuille , & ne font prefque pas vifibles lorfqu'elle eft petite; elles font rem- plies d'une pulpe bleuâtre , qui fert de nid a ces Moucherons, Art. VII. Lettre de Mr. Evan Davis à Mr. Eames, Membre de la S. R. touchant quelques Enfans à qui l'on avoit don- né la petite Verolle par inoculation , à Haverford-welt, dans la Province dePem- brokc. Art. IX. Obfervations fur les Variations de la Bouiîblé, & fur le teins, faites dans un Voyage à la Baye de Hudfon en Tannée 1731. par le Capitaine Cbriftopble Middle- ton, communiquées à la Société Royale, par Mr. Benjamin Robins , M. de la S. R. avec une Lettre au même Mr. Robins. C'eft une Table où les Variations de la BoufTole , les hauteurs du Baromètre & du Thermomètre, la Latitude , la Longitude, les vents & le tems qu'il faifoit, font mar- quez jour par jour. ' Art. X. Qbfervation d'une Eclipfe totale du Soleil, arrivée le 2. de Mai 1733, V. Stile, à Gottenbourg en Suéde: par Mr. Birgerm Vassenius, Lecteur de Mathé- matiques au Collège Royal de Gotten- bourg. Art. XI. Projet pour perfectionner l'Hif- toire de Rufiie , en publiant de tems à au- tre des pièces feparées, pour fervir à une Collection eje toute forte de Mémoires, con- Janvier, Février et Mars. 1738. 379 concernant l'Etat de la Rutfïe, & ce qui s'eft pafle dans ce païs-là. Imprimé à Petersbourg , pour l'Académie Impériale des Sciences. Par Ger. Fred. Muller, ProfefTeur en Hiftôi- re à Petersbourg, & Membre de la S. R. de Londres : traduit de l'Allemand par Mr. Zolman. Art. XII. Expérience faite par Mr. G. y. ^'sGravesande, ProfefTeur en Ma- thématiques &c. à Leide, & Membre de la S. R. concernant la Force des Corps en mouvement ; répétée devant la Société Royale par Mr. J. T. Defaguliers , Docteur en Droit, & M. de la S. R. No. 430. Pour les Mois de Novembre & Décembre 1733. Art. I. "C Xpériences fur le Mercure, Yz; Ht M. Boerhave, ProfefTeur en Médecine à Leide , Membre delà S. R. & de l'Académie des Sciences de Paris. Nous avons déjà dit quelque chofe de ces Expériences *; mais nous croyons devoir au Public un détail plus circonltancié du tra- vail 6c des réflexions de l'illuftre Auteur dé cet Article. Avant d'expofer Tes Expérien- ces, il rend compte du motif qui l'a engagé à * Bibliothèque Britan. T. VI. Première Partie p. 162. Bb 5 33o Bibliothèque Britannique, à les faire , & du but qu'il s'efl propofé en les entreprenant. Perfuadé que la Philofo- phie expérimentale a de grandes obligations à la Chymie, & que les premiers Alchymiites l'emportent fur tous les autres par rapport à la connoiflance de la nature des corps ; témoin Geber & ceux qui l'ont fuivi im- médiatement ; il n'a pas cru devoir rejetter fans examen ce qu'il y a d'obfcur dans leurs Ecrits , & qu'il femble qu'ils ont eu defTein d'enveloper fous des figures & des allégo- ries , pour le cacher aux profanes , & pour en éloigner le vulgaire. C'eft le langage qu'ils tiennent tous unanimement ; & pour- quoi fe défier absolument de la véracité de ces Auteurs, puifqu'on ne les trouve point trompeurs dans les chofes qu'ils ont bien voulu expofer d'une manière fîmple & claire? Ils conviennent tous d'un même Syfîême fur la génération des Métaux. Mr. Boerha- ve expofe ce Syftême d'une manière 11 net- te, & en fi peu de mots, que nous croyons faire plaifir à nos Le&eurs de leur traduire ce morceau en entier. „ Les Métaux s'engendrent naturellement „ dans leurs veines, ycroifTent, s'y nourrif- „ fent, s'y multiplient, comme lès autres „ chofes naturelles, chacun dans leur lieu. ,, Les alrmens des Métaux, difFérens des „ Métaux eux-mêmes, fe changent vérita- „ blement en une nature métallique par la ,, force génitale de la femence métallique ; ,, enforte que par cette feule puillance fe- » mi- Janvier, Février et Mars. 1738. 381 >, minale , ils perdent leur ancienne pro- , prieté* & reçoiv.np cette nouvelle pro- „ prieté , dans un degré de chaleur très- „ modéré. Ils * veulent que cela fe falîe „ de la même manière, que les femences des „ Animaux & des Plantes changent en leur „ propre iubftance les alimens qu'ils reçoi- „ vent C'eft ainfi que la femence vivifian- „ te de l'Or qui végète , trouvant une nour- „ riture convenable, dans une matrice pro- ,, pre, aidée d'un certain degré de chaleur, ,, changeroit cette nourriture en fa propre ,, nature. Et de cette manière il naît con- ,, tinuellement , félon eux , de vrai Or „ d'une matière différente de l'Or, à la lon- ,, gue & fuivant les loix préfcrites aux Mi- ,, néraux. Ainfi il croît, en changeant en ,, fa propre nature fes alimens , par la force „ qu'il a en lui-même, pourvu que ces qua- „ tre conditions concourent enfemble. Mais „ en les examinant avec plus de foin , ils „ ont découvert, que les Métaux naiflans, ,, & fur-tout FOr, font renfermez étroite- ,, ment dans des pierres folides & pures, » qui font fermées de tous cotez, & l'on ne ,, voit point qu'elles puiflenc rien admettre ,, ni rien rejetter. La Matrice d'un Métal „ naiffant efl denfe , dure , impénétrable , „ fans mélange, fermée de toutes parts, & 3, reflemble à du verre. Rien ne paroît plus » difficile à comprendre , que la manière dont „ les * Les Alchymiftes, 382 Bibliothèque Britannique, „ les parties folides du Métal ont pu pené- „ trer au travers de la fubftance dente de la „ pierre , jufques dans les veines qui en „ font remplies. Et quand même on fuppofe- „ roit, comme il eft aflez vraiiemblable, „ qu'il a été liquide dans fa première origi- „ ne , il n'efl pas moins mal- aifé de deviner, „ par ou il s'eft inlînué dans des lieux d'un „ û difficile accès. Telle eft la Matrice „ des Métaux; on ne connoît pas moins „ bien la chaleur des Mines ; elle égale ra- „ rement celle d'un homme fain ; mais com- „ munement mefurée par le Thermomètre „ de Fareinheit , elle eft au dedbus du „ foixantième degré. Ceft pourquoi les „ Adeptes veulent que la matière qui doit „ produire le Suret, foit renfermée dans un „ verre pur , & expofée à une chaleur tel- i9 le que celle du mois de Mai, qui eft or- „ dinairement de cinquante dégrez : & les „ exactes Obfervations de Mr. Cruquius „ font voir que ce degré eft le degré moyen „ par rapport à toute l'année. Mais "on „ ignore quel eft l'aliment du Métal , & ,, quelle eft cette matière feminale, proli- „ fique & mère ? La plupart difent que le „ Vif- argent eft la matière commune de tous „ les Métaux ; & qu'étant changé par le „ pouvoir naturel delà femence, il fe trans- „ forme en un Métal particulier , fuivant la 5, propriété finguliere de l'efficace de la fe- » mence: qu'ainïl tous les Métaux parvien- ?, nent à l'efpece parfaite de tel ou tel Mé- „ tal, Janvier, Février et Mars. 1738. 383 >, tal, après que le Mercure & cette vertu ?, métallifique (qu'ils appellent Souphre ) „ ont été fuffifamment digérez , & que c'eit „ pourquoi chaque Métal fe réfoud en ces ,, deux chofes. Cependant le Vif- argent a j> dès Ton origine un défaut naturel qui croît .. avec lui, qui lui eft intimement uni; ce ,, qui fait qu'il eft très-difficile de l'en iepa- „ rer. Suivant cette idée le Vif-argent ne „ feroit ni très-fimple ni libre, mais d'une ,, efpece particulière, déterminée par ce „ qu'il a d'étranger qui lui eft attaché; ainfi .. c'eit un obftacle qui l'empêche d'obéir à ,, la vertu particulière d'une femence métal- „ lique, & d'être change en un Métal dé- ,, terminé. Mais fi, par un art très - diffici- ., le, on le purifie entièrement de cette ta- ,, clic étrangère, alors on a un Vif- argent „ liquide, métallique, très-pefant, tres- ,, fimple , que ni Fart ni la nature ne peu- ,, vent c'ecompofer; dans lequel la femen- ,, ce d'un Métal diffous , revivifiée, fe mul- ,, tiplieroit parfaitement;, dans l'Or même „ dilfous , digéré, meuri , feroit enfin le ,, prix infini du travail , fi cherché , fi ,, va ,9 V< le les maîtres de Fart conve- ,, noient dans ce point, j'ai long-tems tra- ,, vaille pour découvrir par l'expérience , „ comment enfin on peut préparer du Mer ,, cure pur? Si l'on peut le tirer des Mc- ,, taux? Quelle eft cette autre partie du „ Métal qui a le pouvoir de ranger fous fon „ joug 384 Bibliothèque Britannique, „ joug le Vif- argent , libre de fa nature? ?, J'ai deffein de vous communiquer mesde- „ couvertes .... afin d'épargner aux au- j, très la peine de répeter ces expériences , „ fur lefquelles on peut compter, & dont on „ peut fe fervir pour pénétrer plus avant „. Les Expériences de TAuteur fuivent im- médiatement ce préambule, nous nous con- tenterons d'en donner les titres & les con- fequences , fans rapporter les moyens qu'il a employez pour y réuffir; c'eft-ce qu'il faut chercher dans* le Mémoire même, ou on les trouvera expofez de la manière la plus précife. i. Expérience. Le Mercure pur, renfer- mé dans un vaifleau de verre , & agité par un (impie mouvement méchanique, donne une Poudre noire, très -fine & douce au tou- cher. Cette Poudre a un goût acre , mé- tallique , & approchant de celui du Cuivre. 2. Expérience. Le Mercure le plus pur donne une plus grande quantité de cette Poudre que le commun; celui qui a été em- ployé pour cette Expérience, avoit étédiftil- lé foixante & une fois , ainfi cette Poudre ne provient pas de quelque chofe d'étranger joint au Mercure & que le feu en puifTe lé- parer. 3. Expérience. Cette Poudre noire fe re- vivifie en Vif- argent pur, fi on le poufle avec un grand feu hors du vaifleau de verre qui le contenoit. Le Mercure expofé dans un vafe de verre bien Janvier, Février et Mars. 1738. 385 bien fermé , à un feu de cent quatrevingt dégrez *, pendant plufieurs mois, donne une Poudre noire , toute femblable à celle de la première Expérience; ainli le feu, dans ce degré , & le mouvement , produifent le même effet fur le Mercure. 4. Expérience. Par la fimple diflillation le Mercure fe change & une Poudre rouge, brillante, qui purge violemment par haut & par bas, d'un goût très -âpre, métalli- que, dégoûtant, pénétrant, qui refte long- tems dans la bouche , plus fixe que le Mer- cure. Le refte du Mercure devient plus fluide : du refte il n'eft changé en rien. 5. Expérience. Le Mercure diflillé jufques à cinq -cens fois, donne toujours dans cha- que diflillation un peu de cette Poudre rouge ; le refte demeure le même : feule- ment il devient plus pur & plus fluide. 6. Expérience. Lesdiftillations n'ôtent pref- que pas au Mercure cette propriété de fe changer en Poudre rouge; puifqu'à la 510. diflillation il en produîfoit autant qu'à la première , quoique la huitième partie du Mer- cure fût déjà changée en cette Poudre, & qu'on n'en eût point ajouté de nouveau au refte: ainfi on ne peut pas regarder cette Poudre comme un corps étranger que le feu fepare du Mercure. 7. Expérience. La Poudre rouge fe change en * Mr. Boerhave ne fe fert que du Thermo* mètre de Fareinheit. *$6 Bibliothèque Britannique, en Mercure par un très -grand feu, & le Mercure ainfi revivifié a les mêmes proprie- tez qu'il avoit avant cette transformation; 8. Expérience. Il refle cependant un peu de Poudre obfcure , fubtile & fixe dans le fond de la Retorte , que toute la violence du feu ne peut élever , ni changer en Mer- cure coulant. Mais fur dix -huit onces de Mercure, il n'en relia que quinze grains. D'où Ton peut conclure, que la nature du Mercure confiante & fimple , ne peut fe fepa- rer par la diflillation en des principes d'ef- peces différentes , ni en une partie fixe & une partie volatile, ni en pur & en impur, ni en différens élemens. 9 Expérience. La Poudre fixe de la derniè- re Expérience , expofée dans un creufet à un feu ouvert, jufques à ce que le creufet fût entièrement rouge, & retenue dans ce degré de feu pendant un quart d'heure , eft demeurée fixe , & s'efl enflée comme une éponge. 10. Expérience. En ajoutant un peu de Bo- rax à cette même poudre, le même degré de feu l'a changée en une mafle friable, vi- trifiée ce fixe. ti. & 12. Expériences. La Poudre de l'Ex- périence huitième, & celle de l'Expérience dixième, mifes à la coupelle par un EfTayeur très -habile, n'ont rien laiffé de fixe; ce qui prouve que ni l'une ni l'autre ne contient ni Or ni Argent; & il ne paroît pas par ces Expériences , que de l'union du feu & du Mer- Janvier, Février et Mars. 1738. 337 Mercure il naifle aucun Métal : le feu n'eft donc pas le fouphre fixant du Mercure qui le change en Métal. Ce qui fait évanouir les proniefTes magnifiques des Alchymiftes. 13. Expérience. Le Mercure retenu fous l'eau bouillante.ne s'élève pas du fond du vafe. 14. Expérience. Le Mercure peut être chan- gé de manière, qu'il s'élève du fond du vafe par un degré de chaleur qui ne fait pas mê- me bouillir le Vinaigre. Il n'y a pour cela qu'à amalgamer une livre & demi de Mer- cure avec une demi livre de Plomb: L'A- malgame fe change en une Poudre noire, en l'agitant fortement dans une bouteille bien fermée. Si l'on verfe de bon Vinaigre dis- tillé fur cette Poudre, le Mercure s'élèvera & parfera dans le Récipient avant que le Vin- aigre bouille. Mr. Boerhave nous affure, qu'il a rendu du Mercure fi volatil, qu'il s'é- levoit même à un degré de chaleur moindre que celui d'un homme fain. 15 Expérience. Geber a écrit, que le Mer- cure pur étoit plus pefant que l'Or. Notre Auteur a examiné hydroftatiquement le Mer- cure purifié de différentes manières , & il a trouvé qu'en l'amalgamant avec l'Or & le Plomb, il devient plus léger, & qu'en l'a- malgamant avec l'Argent il devient plus pe- fant. Mais fur-tout fa gravité fpécifique aug- mente par les diftillations , lorfqu'après avoir été changé en Poudre rouge par ce moyen, i) eft revivifié par un plus grand feu. Art. II. Defcrintion d'un Niveau fait avec TomeX. Part. IL Ce de 388 Bib"liothequeBritannique5 de TEfprit de Vin, & fixé à un Quadran pour prendre la hauteur méridionale en mer lorfque l'Horifon n'eft pas vifible : par Mr. Jean Hadley, Vice - Préfident de la S. R. Art. III. Difleclion d'un Caftor femelle; où Ton décrit le Cajtoreum qu'on trouva dans cet Animal. Par Mr. Mortimer , Membre de la S. R. Secret. La plus grande partie de ce Mémoire n'eft qu'un Extrait de ce que les Auteurs ont dit de PAnatomie duCaflor. L'Auteur s'étend, & avec raifon , fur ce qu'on trouve dans les Mémoires de l'Académie des Sciences & dans les Mémoires pour fervir à VHiftoire naturelle des Animaux, imprimez à Paris en 167 1. con- cernant cet Animal. Il nous fuffira de rap- porter les Obfervations que Mr. Mortimer a ajoutées à celles de ceux qui l'ont précédé dans le même travail. Nous en trouvons deux confiderables : la première regarde deux Glandes fituées environ un pouce plus bas que les poches qui renferment le Caf- toreum ; ces Glandes font regardées par les au- tres AnatoïTnites comme des poches qui con- tiennent, aufîi le Cajtoreum, ainfî ils donnent quatre de ces poches à chaque Animal. Mais notre Auteur les regarde comme des organes dans lefquels le Cajtoreum fe forme, & d'où il eft dépofé dans les deux poches fupérieures,où il acquiert par fon fejour la confidence, l'odeur forte & l'acreté qui lui font propres , à-peu- près comme la Bile devient dans la Véficule du fiel fi différente de ce qu'elle étoit dans le Foye. Janvier, Février et Mars. 1738. 3^ Foye. La féconde Obfervacion particulière à notre Auteur, roule fur l'ufage du Caftoreum par rapport au Caflor. Il eft certain , dit Mr. Mortimer, que tous les Oifeaux aqua- tiques ont une glande dans le croupion, de laquelle ils expriment avec leur bec une ma- tière huileufe , dont ils oignent leurs plu- mes pour empêcher qu'elles ne foient mouil- lées par l'eau dans laquelle ils nagent : pour- quoi le Caftor, qui fréquente les eaux au- tant que les Oifeaux aquatiques, n'auroit- il pas été pourvu par la nature d'une matiè- re propre à oindre fon poil , afin que Peau ne puifle le pénétrer & toucher immédiate- ment la peau ? Peut-être auffi que le Cafto- reum contribue, par fon acreté, à garantir 1? Animal de la trop grande fraîcheur des eaux. Art. IV. Hifloire phyfique de l'Air & de la Terre de Tannée 1732". par Mr. N. Cyrïl- lus , premier Profefleur en Médecine en l'Académie de Naplcs, & Membre de la S. R. Cette Hifloire- de la température de l'Air, èc des phénomènes de la Terre, eft fi abrégée , qu'il faut la lire en entier pour en avoir une jui- te idée. Il feroit à fouhaiter , que des Obferva- teurs auiTi fidèles,aufii attentifs & auffi habiles que "f Auteur de ce Mémoire , publiaient cha- que année de femblables Obfervations. Celles- ci ont toute l'exactitude des Journaux que Ton a dans ce genre,fans en avoir l'ennui 6: la fé- cherefTe. Art- V. Extrait d'un Livre intitulé, Jo. Pb. Brejjnii, M.D. 6r>. DiJJatûtio Ptyfica de Ce 2 P> 3po Bibliothèque Britannique, Polytbalamiis , nova Tejiaceorum clajje &c. G*- dani, 1732. 4. C'eft-à-dire : Differtationpbyfi' que fur une nouvelle claffe de Coquillages , que l Auteur nomme Polyihal/ mium's; par Mr. Breynius. Par Mr. Richard Middleton Massey, M. D. T. R S. &c. Art. VI. Extrait d'un Livre intitulé Os- teograi'HIA , ou Anatomie des Os , par Mr. Chefetden , Chirurgien de la Reine , Membre de la S. R. & de l'Académie de Chirurgie à Paris. Par Mr. J. Belchier, Chirurgien, & Mem- bre de la S. R. ARTICLE VI. The Hifîory of Lonclon by Mr. Maitland. C'eft-à-dire: L'r Moire de la Ville de Londres par Mr. Maitland. NOus avons annoncé dans cette Biblio- thèque, que Mr. Maitland fe propo- foit de faire imprimer par foufeription une Hiftoire complète de la Ville de Londres ; Comme il a publié 19: Nombres ou brochu- res de cet Ouvrage , nous avons cru faire plaifir à nos Lecteurs de leur en donner quel- que idée. Pour cet effet nous nous borne- rons à ce qu'il dit fur l'origine de cette fa- meufe Ville. Geoffroi de Monmoutb dans fon Hiftoire de Bretagne , rapporte que Brutus , petit-fils d\E- née> après avoir conquis Tille d'Albion fur des Géans, bâ:ic fur les bords de laTamife une Vil- Janvier, Fev-ier et Mars. 1738. 319 Ville., & la nomma la Nouvelle Troye; que plufieurs fiécles après , ce nom fut changé en celui de Trinovantum ; que / ud , frère de Cajjibellan , environna cette Ville d'une for- te muraille , ornée d'un grand nombre de Tours d'une ftruclure curieufe , & l'appella Caer-Lud, c'eft-à-dire en Anglois Ludstown, la Ville de Lud , que de Caer-i.ud on fit Car- London, & qu'enfin les Etrangers qui con- quirent le Royaume , donnèrent à cette Ville le nom de Londres. Mr. Maitland prouve: 1. Que le récit de Geoffroi eft fabuleux : 2 Que du tems des Bretons il n'y a point eu de Vil- les en Angleterre : 3. Que la Ville de Lon- dres fut bàrie par les Romains, après que l'Empereur Claude eût conquis la Bretagne, environ l'an 49. de jefus Chrift. Les Bretons dit notre Auteur, n'ont laif- fé ni monumens ni Mémoires pour appren- dre à la poftérité THiftoire de leurs établif- femens & de leurs actions ; leurs Bardes chan- toient bien les louanges des Héros défunts, mais ils n'écrivoient point leurs vers* Les plus anciens Hiftoriens d'Angleterre, Gildas, Neniiius , Bede,Giti!lau?ne de Malmsburj,zvGûéat% que pour écrire l'Hiftoire de leur Païs , ils ont été obligez d'avoir recours à des Auteurs étrangers, (bit Grecs, foit Latins; les Bre- tons "n'ayant point eu d'Ecrivain qui ait eu foin de faiiïer à la poftérité des monumens de leur Hiftoire. Ils ignorent entièrement la » CxC de Bell- Gall. L. rrîée ayant pafle plus haut fur un pont , ,, les Bretons fe trouvèrent environnez de ,, tous cotez " &c. Mr. Tindal, dans fes No- tes fur l'Hifloire de Rapin, dit que ,, Mal- „ gré l'autorité de Dion Caffius, il eft très-dif- „ facile de comprendre qu'il y eût un gué „ vers l'embouchure de la Tamife , & un » pont un peu plus haut ; il faut qu'on ait „ con- Janvier, Fev mer et Mars. 1733. 395* „ confondu une rivière qui fe jette dans la -, Tamife avec la Tamife même. Mais Mr. ÎMaitland remarque, que les Bretons, félon Dion , fe retirèrent rcers l'embouchure & non à l'embouchure de la Tamife. Il exa- mine enfuite ou étoient ces marais dans les- quels les Romains s'étoient engagez & le gué qu'ils palferent. Il dit qu avant qu'on eût reîTerrc la Tamife dans fon lit , elle inondoit fouvent le pais qui s'étend du cô- té du Sud de cette rivière depuis Wanàs- vj rr'o jufqu'à Wol-vcico , & y formoit de grands marais. Il ajoute , qu'ayant fondé la rivière en plufîeurs endroits, il découvrit enfin le 18. Septembre 1732. un gué, à la dis- tance de (jo. pieds de l'angle Sud-Ouelt du jardin de l'Hôpital de Cbel/ea , ou, paflànt en droite ligne du Nord-Eft au Sud-Oued, il trouva que la profondeur de l'eau n'était que de 4. pieds & 7. pouces. 11 croit que ce fut dans cet endroit, & non pas à Çowy- Stakes , comme Camden prétend, que l'ar- mée de Céfar & celle de Claude paflerent la Tamife à gué. 11 allègue, pour le prou- ver, deux raifons: 1. Qu'à Cowey - Stakes la rivière ed beaucoup plus profonde. 2. Les Etats de CaJJibelan , félon Céfar, étoient éloignez de la mer de 80. milles Romains ; mais depuis le port de Ritupis en Kent, ou Céfar mit fes troupes cà terre , jufqu'à Lon- dres, on comptoit 77. milles Romains: aux- quels fi on ajoute 3. milles depuis le Miilia- rium y eu London-Sione en Canon ■ Street Ce j juS- 395 Bibliothèque Britannique, jufqu'à Cbelfea, on a exactement les 80. mil- les de Céfar, au lieu que Cowey-Stakes eft éloigné de Londres de 17. milles, ce qui fe- roit"94- milles. Il paroîc par tout ce qui vient d'être al- légué , que le fiége de la guerre entre les Romains & les Bretons croit aux envi- rons de la Tamife ; mais s'il y avoit alors fur les bords de cette rivière une Ville fa- meufe, appellée Car-London, ou Londonie, comme Geoifroi le prétend, d'où vient qu'aucun Auteur n'en fait mention? D'où vient que les Bretons , après avoir perdu la bataille , ne fe retirèrent pas dans cette Ville environnée d'une muraille flanquée de tours? D'oii vient que les Romains ne l'af- fiégerent pas? L'Empereur Claude avoit en- trepris la conquête de la Bretagne par vani- té. Après avoir remporté fur. les Bretons une grande victoire, il marcha droit à Camci- îodunum, la réfidenec de Cunobelin\ mais ne dévoie -il pas plutôt tacher de s'emparer de la fameufe Ville de Londres , afin que la re- préfentation de cette Ville contribuât à la pompe de fon triomphe à Rome? Le' filence de tous les Hifloriens fur la fondation de la Ville de Londres par les Bretons, & la conduite de Claude & de fes Généraux , réfutent affez le récit fabuleux de Geoffroi. Il relie à prouver que Lon- dres étoit une Ville & une Colonie Romai- ne, & à déterminer en quel tems à-peu-près elle a été bâtie. Tacite eft le premier qui faiTe Janvier, Février et Mars. 1738. 39^ faite mention de la Ville de Londres. Il rapporte dans fes Annales L. 14. que Sueto- nius Paulinus , Général Romain, étant oc- cupé à faire la conquête de rifle de Mona, y reçut la nouvelle d'un foulevement géné- ral des Bretons ; qu'il marcha à grandes jour- nées à Londres , & fe renferma dans cette Ville avec fon armée; qu'enfuite il prit la réfolution de marcher contre les Ennemis, & quitta la Ville de Londres , malgré les cris & les larmes des habitans, qui le fup- plioient de ne les abandonner point a la fu- reur des rebelles; que les Bretons là-deflus s'emparèrent de la Ville, paflerent les habi- tans au fil de l'épée, & mirent tout à feu & à fang. >votre Auteur conclut de -là: I. Que du tems de Paulin Londres étoit déjà une Ville célèbre, puifque Tacite dit Sueto- nius perrexit Londimum, cognomento quidem colo- nies non injigne^fed copia negotiatorum ac corn- meatu maxime célèbre. C'eft-à-dire : >, Sue- u tone marcha à Londres, Ville très-célè- „ bre à caufe du grand nombre de mar- „ chands qui y demeuroient. 2. Que les habitans de la Ville étoient Romains ; parce que s'ils a voient é:é Bretons, ils fe feroient vraifemblablemene joints à leurs compatrio- tes , & n'auroient pas été traitez fi cruelle- ment par eux. 3. Que les Bretons maffacre- rent dans cette révolte , tant à Camalodu- num & Ferulamium qu'à Londres , jocco. Ro- mains, félon Tacite , ou félon Dion 8cooc, dont la moitié étoient vraifemblablement ha- 308 Bibliothèque Britannique, habitans de Londres, vu le grand commer- ce qui s'y faifoit. Mr. Maitland conjecture enfin , que la Ville de Londres fut bâtie environ Tan 49. de l'Ere Chrétienne par Oftorius Scapula , Général Romain. 11 fe fonde fur ce que Tacite dans fes Annales L. 12. rapporte q\i'Ojiorius , pour afiurer les conquêtes que ion Prédecefteur Plautius avoit faites en Bretagne , établit une Colonie Romaine à Camalodunum: il croit qu'il fonda en même tems les deux Villes de Londres & de Peru* lamium; la première pour être une Ville marchande , & la féconde une Ville Municipale. Il remarque , qu'il n*eft pas furprenant que dans le court efpace de quatorze ans, qui fe font écoulez depuis la fondation de Lon- dres jufqu'à la révolte des Bretons du tems de Paulin, cette Ville foit devenue fi florif- fante . parce qu'elle étoit fituée très-avan- tageufement pour le commerce, & que les Romains avoient accordé de grands privi- lèges à ceux qui venoient s'y établir. Il paroît par ce récit, que ce fut Oftorius qui donna à la Ville qu'il bâtit fur les bords de la Tamife, le nom de Londinium. Geoffroi dérive ce nom de Caer- Lud, c'eft - à - dire la Ville de Lud ; Erafme de Lindum , une Vil- le fituée dans rifle de Rhodes ; Vitus de Lug- dus, un Prince Celtique; Setden de Llann- Dyn, le Temple de Diane; Somneràé Uawnf rempli, & Dyn, homme, parce que c'é- toit une Ville très -peuplée; Camden de Lbong, Janvier, Février et Mars. 1733. 390 Lbong, un Vaifleau, & Dinas, une Ville , parce que c'étoit un porc de mer ,• Lewis de Lundain ou Llandain, une Ville fur les bords de la Tamife. Notre Auteur , pour réfuter toutes ces Etymologies, fe contente de remarquer , que Londres ayant été bâtie par les Romains , fon nom doit être dérivé de la langue Latine, & non pas de la lan- gue Bretonne ou Celtique; Le Nom de Londinium fut changé enfuite en celui à'Augujla. Quelques-uns préten- dent que ce fut en honneur de Helène-Au- gujle y mère de Conftantin le Grand; mais cette PrincefTe étoit morte près de trente ans avant qu'on donna à la Ville de Lon- dres le nom à'Augujla. D'autres croyent que ce fut parce que la féconde Légion , furnommée Augujie, y avoit fait pendant quelque temsflation, ce qu'on peut prou- ver par une Infcription trouvée l'an 1666. après l'incendie de Londres , proche d'une des portes appellée Ludgate , & qu'on conferve dans le Théâtre deTUniverûté d'Oxford D. M. VI VIO MARC* ANO ML LEG. IL AVG. IANVARIA MATUNA CNIUNX PIENTISSIMA POSV JT MK MORS M. No- 4CO BI13LI OTHEQUE BRITANNIQUE, Notre Auteur convient, que la Légion fur- nommée Augufte a fait ftation à Londres;" mais il croit que cette Ville a été appellée Augufta , parce qu'elle étoit la Capitale du païs que les Romains pofledoient dans la Bretagne. Les Saxons, après s'être rendus maîtres de la Bretagne, appellerent la Ville de Londres tantôt Lunden- Byig, tantôt Lunden- ceafter ,. tantôt Lunàen-Wye -, Lundenne, Lunden-Berb, Lunden- Burg. Enfin les Normans , après la conquête, lui donnèrent le nom de Londres, ARTICLE VII. An Introduction of the Ancient Grec and Latin Meafures into Britifch Poetry. Attempted in the following Pie- ces, viz. A Tranflation of Virgil's fîrft Eclogue ; a Tranflation of Virgil's fourth Eclogue ; Jacob and Rachel , a Pafto- ral. With a Préface in Vindication of the Attempt. C'eil-à-dire: EJJlii pour introduire la mefure des anciens Vers Grecs £5* Latins dans . la Poè'fie Ângloife ; avec une Préface où l'on juftifie ce dejjein. A Londres, chez T. Cooper , au Globe dansPaternofler-Row, 1737. .8. pœg-59- N-a cru jufques ici, qu'il étoit impof- fible de faire des Vers palTables en An- o Janvier, Few.ier et Mars. 1738. 401 Anglois iuivant la mefure des Vers Grecs & Latins. Sous le règne d'Elifabeth le Che- valier Philippe Sidney fe hazarda décrire des Vers Hexamètres & Pentamètres, &des Odes Saphiques en Anglois , comme on peut le voir dans Ton Arcadie; mais il y réuflit af- iez mal, & c'eft-ce qui a fans doute empê- ché d'autres Poètes d'entrer dans une car- rière, 011 ils n'avoient garde d'efpérer quel- que fuccès , après qu'un fi grand Génie y eut échoué. Cependant , quoiqu'en général les Vers de Sidney foient allez mauvais, notre Auteur croit qu'il y en a quelques-uns qui ne man~ quent pas de douceur & d'harmonie : Ceux-ci par exemple fonnent allez bien Of Pbœbus Vi 0 lence in febade offijoeet Cy- pari/fus; fipe Of glitteriiig miferies "of Man ! "if tbis be îhe Fortune, &c. Witb moneful Mélodies for enougb our Griefs berevealed, £fr. „ 11 y a bien des Vers dans Virgile , die „ notre Poète, qui ne fonnent pas mieux „ à mon oreille que ceux-là ; & fi tous les „ autres Vers de Sidney euflent été aufii „ coulans , & que les Poètes qui l'ont fui- „ vi euflent fécondé fon entreprife, & tra- » vaille 402 Bibliothèque Britannique* 5> vaille continuellement à perfectionner fon „ invention jufques à nos jours , je dou- „ te fort qu'on eut jamais dit, que notre s, Langue (AngloifeJ eft incapable de plai- ,, re par la mefure des Vers Grecs & La- „ tins. -, Ajoutez à cela que la Langue a été con- „ iiderablement perfectionnée depuis le rems ,, de Sidney: de forte que quand même il ,, auroit été impoffible de faire alors dans „ cette Langue des Vers de cette efpece, „ qui fu fient capables déplaire , on ne fçau- 3, roit rien conclure de-là par rapport à fé- „ tat ou la Langue eft à préfent. ,, Il y a lieu de croire que les premiers „ Vers Latins que Ton fit fuivant la mefu- „ re des Vers Grecs, n'étoient gueres plus „ coulans , que les premiers Vers Anglois ,, qu'on a efiayé de faire fuivant la même ,, mefure. Cependant les Poètes Latins ont- „ ils été découragez pour cela ? Ont-ils ,, renoncé à leur defleïn ? L'ont-ils abandon- „ né comme une entreprife difficile ? Non ; „ malgré la difficulté qu'ils ont trouvé d'a- „ bord à réufïïr, ils ont continué de cuîti- „ ver & de perfectionner leur Poëfie d'âge „ en âge, tellement qu'enfin elle eft parve- ,, nue à ce degré de perfection qu'on admi- ,, re dans Virgile & dans Horace .... Les ,, Vers d'Ennius étoient . je penfe, bien ,, moins harmonieux que ceux de Lucrèce, „ & ceux de Lucrèce moins que ceux de „ Virgile. On peut dire la même chofe „ par JANVIER, FEVRIER ET MARS. I738. 40J >, par rapport aux Vers de Chancer, de >, Spencer & de Dryden : car je m'imagine ,, que du tems de Chancer il y avoit allez „ peu d'apparence que notre roéfie arrive- ,, roit jamais à ce point de douceur & d'har- „ monie, auquel elle eft parvenue du tems ,, de Dryden; que l'on compare les Hexa- ,, mètres de Spencer avec les Vers de Chan- r, cer, & l'on verra aifément lefquels font ,, les plus harmonieux. Pourquoi ne pour- ,, rions -nous donc pas efpérer que la pre- „ mière efpecede Vers arrivera avec le tems » au même degré de perfection auquel la m féconde eft arrivée , & approchera peut- ,9 être autant des Vers Latins , que ceux- ,, ci ont approché des Vers Grecs? ,, Mais, dira- 1- on , aucun Auteur de re- „ putation ne s'eft hazardé à faire de pareils j, Vers depuis Spencer , fans doute parce ,, qu'on a deiefpéré d'en faire de fupporta- „ blés ; N'eft-ce donc pas un excès d'extrava- ,, gance , & une très - grande préfomption à m un moderne, de s'engager dans une entre- „ prife, que les plus grands Génies de laNa- „ tion , depuis plus d'un fiécle , ont pru- ,, demment évitée, parce qu'ils defefpéroienc ,, d'y réuffir ? ,, Mais quel mal y a-t-il à e frayer de ren- „ dre nos Vers plus harmonieux que nos >, pères n'ont taché de les rendre, de polir ,, un Diamant qu'ils ont négligé , quand ,, même on ne feroit pas aflez heureux pour; ,, v réufllr? Le pis qui en peut arriver, T$me X. Part. IL D d „ c'eft 404 Bibliothèque Britannique, , c'eft que nous demeurions précifément , où nous en étions: il eu pofiible que nous , manquions le but entachant d'y atteindre; 9 mais il eft impoinble que nous'y arrivions y jamais fi nous n'y tendons pas.* „ Dire que le génie de notre Langue , eft incompatible avec la melure des Vers y Grecs , c'eft, félon moi , fuppofer ce qui eft , en queftion. Car pourquoi notre Langue y n'admettroit-elle pas cette efpece de Vers ? , Eft -ce parce qu'ils ne fonnent pas fi bien y que les Vers qui font maintenant en ufa- , ge? Comparez les Vers les plus coulans y de Miiton ou de Dryden avec un de ceux y que nous avons rapportez ci-defîus, & y demandez à votre oreille, quel eft celui , qui lui plaît le plus. Eft -ce parce qu'il y eft plus difficile de faire des Vers félon y fa mefure ancienne , que félon la moder- y ne ? Mais il fuivroit de-là que toute efpece , de Vers eft contraire au génie de notre , Langue, puifqu'il eft plus difficile d'é- y crire en Vers ; qu'en profe. Eft - ce parce , qu'ils n'approchent pas de l'Harmonie des y Vers Latins ? Mais il fuivroit de-là que y cette même efpece de vers eft contraire y au génie de la Langue Latine , puifque , les Vers Latins n'approchent pas de la , douceur des Vers Grecs . . » . „ Je doute que perfonne puifle dire qu'il , eft iupolïible de faire un feul bon Hexa- , mètre &c. en notre Langue. Et fi on en , peut faire un, pourquoi pas deux? Et fi „ on Janvier, Février et Mars. 173g. 405 M on en peut faire deux, pourquoi n'en ,, feroir-on pas deux- mille? On dira peut-être, que quand même il ferait poiîïblc de faire en Anglois des Vers Hexamètres &c. tant ioïc peu fupportables , cependant on efl généralement li prévenu contre cette efpece de Vers, & fi accoutumé à la mefure ufitée , qu'il n'y a pas lieu d'ef- perer que le Public puille jamais goûter ces nouveaux Vers. ,, Mais, répond notre Auteur, pourquoi ?, une nouvelle mode, fur-tout fi elle a quel- ,, que chofe d'agréable , ne s'établiroit-elle „ pas dans la Poëfie auffi-bien que dans ce a,, qui regarde les ajuflemens? Et fi, malgré ,, le goût barbare & gothique, qui a régné m fi long-cems parmi nous en matière de ?, Bâtimcns, de Statues, &c. l'ancien goût „ des Grecs & des Romains a bien pu revi- ,, vre; pourquoi l'introduction de leur me- „ fure dans nos Vers ne feroit-elle pas aufli ,, bien reçue? ,, A l'égard de la prévention où l'on efl ,, contre cette efpece de Vers, li ce n'efl ,, qu'une Ample prévention, on en convien- „ dra bientôt, pourvu qu'on puifTe fe réfou- ,, dre à examiner la chofe en elle-même „ mûrement & avec impartialité. „ J'avoue qu'il efl très-poflîble qu'un Lec- ,, reur( fur-tout s'il n'entend ni le Grec ni le „ Latin) ne goûte pas d'abord cette efpece de ,, Vers,par la raifon qu'il n'y efl point accoûtu- » nié ; de forte qu'il ne fçaura pas d'abord D d 2 „ quel- 4o5 Bibliothèque Britannique, « quelle eft la véritable manière de les lire: „ Il s'imaginera toujours qu'il lit des Vers „ ordinaires, & fon oreille ne trouvant pas „ la cadence qu'elle attendoit , cela même 5, le pourra dégoûter de ces Vers. C'eft-ce 9, qui arrive à ceux qui ayant été toute „ leur vie accoutumez à lire des Vers rimez, ,, viennent à en lire qui ne riment point. „ Il fe pafle quelque tems avant qu'ils ,, puiflent trouver de l'harmonie dans les „ Vers non-rimez. Mais plus ils s'y accoû- ,, tument & plus ils les goûtent , de „ forte qu'enfin ils viennent à les prefé- ,, rer aux Vers rimez. En un mot, c'eft à l'oreille à décider la queftion dont il s'agit; & c'eft à l'oreille des Ançlois que notre Auteur en appelle en fi- niflant fa Préface. Il y a ajouté une Apoftille , dans laquelle il nous communique les principales règles de Profodie qu'il a cru devoir ïuivre. Il s'efc conformé, dit-il, aux règles de la Vérification des Grecs & des Latins, au- tant qu'il l'a jugé nécelTaire. Car comme les Poètes Latins fe font éloignez à plufieurs égards des règles des Grecs ; il a cru aufii pouvoir s'éloigner des uns & des autres, lorfque l'Harmonie du Vers l'exigeoit. Par exemple , dans les Vers Latins , lorfqu'un mot finit par une voyelle, & que le moc fuivant commence aufTi par une voyelle, la première fe retranche par élifion. L'a raifon de cela, fuivant notre Poëte , eft que la Lan- Janvier, Février et Mars. 1738.' 407. LangueLatine abonde en voyelles. Mais com- me Ja Langue Angloife elt furchargée de Confonnes, il n'a pas cru devoir fuivreen ce cas -ci la Rede de la Verfification La- tine. Cependant s'il eft permis à des Etrangers de juger de l'Harmonie des Vers Anglois, nous remarquerons que ces Hiatus , que no- tre Auteur n'a pas cru devoir éviter , rendent quelquefois fes Vers un peu durs. 11 remarque encore , que les Poètes Grecs , & même les Poètes Latins, n'ont eu aucun égard aux accens , mais qu'ils les ont trans- portez d'une fillabe à l'autre , félon que ïe Vers le demandoit. C'eiï une liberté, que notre Auteur dit qu'il n'a prife que rare- ment , & cela feulement dans deux ou trois mots dérivez du Latin : comme , par exem- ple, dans le mot folemnize , oh il a mis l'ac- cent fur la féconde fillabe, comme il eft dans le mot Latin folémnis , quoiqu'en pro- nonçant ce mot Anglois , on appuyé fur la troilième fillabe , Ye qui la termine étant muet. Pour ce qui eft de la quantité des fillabes , comme elle n'a jamais encore été réglée en Anglois, notre Auteur a fait, dit-il, les fil- labes longues ou brèves félon que le Vers le demandoit, excepté cependant dans cer- taines occafions ; par- exemple : Il n'a jamais fait une fillabe brève, îorf- qu'une voyelle éepit fuivie de deux confon- nes, excepté dans Jes cas où la Profodie Ddi La- 4o8 Bibliothèque Britannique, Latine le permet ; & auili dans les cas fui- vans : i. Lorfqu'une feule confonne eft fuivie d'un T, comme dans fev en Tears, &c. 2. Lorfqu'une s eft fuivie d'une b, com- me dans lavifloes , ou d'un t au commen- cement d'une fïllabe , comme dans m in ijte r. 3. Lorfque la même confonne fc trouve deux fois entre deux voyelles, comme dans approaching. 4. Lorfqu'une confonne eft fuivie d'une autre qui a beaucoup d'affinité avec elle , comme b fuivi d'un p. c d'un g , d d'un t. &c. Car dans ces cas les deux confonnes peuvent être confiderées comme une feu- le ; la différence d'une feule ou de deux enfemble étant prefque imperceptible dans la Prononciation. Pour ce qui eft des Diphtongues ou Triphtongues, oiile fon de deux ou de plu- fieurs Voyelles fe fait entendre , notre Poè- te les a "fait conftamment longues : telles font au , ou , 03? , &c. dans Augur , Houfe , Joy, &c, mais lorfqu'on ne les prononce que comme une Ample ^'oy elle, ainli que eau, ie9 eo, &c. dans beautiful , grief , door , &c. on ne les a confiderées, par rapport à la quantité, que comme les voyelles ' z/, e 9 0; toute la dif- férence, confiftant uniquement dans l'orto- graphe , & nullement dans la prononciation. Corn- Janvier, Février et Mars. 1738, 409 Comme cet Article eft principalement pour ceux de nos Lecteurs , qui non feule- ment entendent PAnglois , mais qui fçavent auflî le prononcer , nous croyons devoir leur donner un Exemple de la Verfification de notre Poète ; & nous choifirons pour ce- la fa Traduction de la quatrième Eclogue de Virgile , & nous marquerons la quantité des illlabes & les pieds des trois premiers Vers. u 0 u 5 i ci'.i I an Mu \ ses to a \ Strain more ] m- Bebolding mingled ; bimjelf by them too bebolden : The paciffd Univerfe ruling with Firtue patemal. To tbee afirft Offering ,fweet Babe, lo Art-unaJJijled , Eartb lavijbes Ivies roving with Baccar on alljîdeu And Colocafe interwoven with cbearfid Acanthus. Homewards , fpontaneous , the Goats Jball carry tbeir Udders , Milk-fwell'd : buge Savage s (hall Herds no longer af- frigbten. Soft Janvier, Février et Mars. 1739. 411 Soft flow'rs tby Croate fbail pour profujely aroicid tbee. Die /bail tbe ferpent ; tbe deceufulvenomous berlage Die: Syrian Spikenard f!>all fpring in every Climc.te But , wben you now capable to perufe tbe Glories of Heroes , And ail tbofe Godlike Atcbievements ivrougbt by tby Fatber , groiv , andable to form an Idea of Firtue : Plains withfoft Harvejl ftall wax infenfibly golden ; Spontaneous Clujlers hang purple on every Bramhle; And bard Oaksfweaiing run down ivitb lufcious Honey. Still (bail afew Traces ofpreftine Guile le remaming ; Still Veffels Océan :pt > fiill Towns be fur- rowuled voitb Plougb JbaresftiU Eartb btfurrovjcd Anotber Tiphys , in anotber Argo to carry Seleiled Heroes jhall arrije ; new Wars too be waged; And to a nevj Ilion be fent anotber Achiiles. But, wben tbe firm Manbood tby ysars fbaîi bave fully aiîained, Dd f Fines 412 Bibliothèque Britannique, Fines Jbal y no longer travelling wide Océan over , Barter Commodities-, eacb Thing eacb Countryproducing. No Harrow fiall violate a Field , no Pruner a Vineyard, Tbeftrong-limVd Plowman unyoke for ever bis Oxen. Wool fiall in Hues borrowed no longer learn todijfemble; But Ravis , wbile grazing 3 fiall cbange to gratefully glowing Purple 5 to yeUow-hu'd Stffron , îbe Fleeceï upon tbem ; In natural Scarlet tbe Lamb depafture adomed. 'IV barmonious Parère bavebidfucb beautiful Ages Runfrom tbeir Spinales 9 by tbe Fate's uncbangeable Order. O ! to tby vajî Glcries advance (tbefeafon approaches ) Ileav'ris darling Progeny, cfjove thou tnîgbty Produtl ! Bsbold tbe Univerfe ftupendous awfully nodding , Ail Eartb, ail Océan , ail Heav'n's Profundhy boundlefs: Bebold bow ail tbir.gs exuk at tby Mra approacbing. O may tbe lafi Period o' my Life fi longbeprotra&ed, WitbSpirit adœquate,to rebearfe tbyglorious Actions l Me neitber in Nwnbers fiall vanquifb Thracian Or- pheus , Kor Janvier, Février et Mars. 173g. ^Tj Nor Linus ,* bis Motber tbat , tbis bis Fatberajfifting : Orpheus Calliope, Linus ail graceful Apollo. Sbould very Pan vritb me coniendy Arcadia judging , Pan, even Ar cadia judging y Jbould oivn me tbs ViUor, Begin yfweet Infant y by a fmile to remark ber wbo bore ibee\ Her witb long agonies tenfrowning Moo-ns bave afflic* ted. Begin yfweet Infant; wbo récrives not a fmile from a Parent y jVor any God bonouretb bisBoard, nor Coucb my God- defs. ARTICLE VIII. The Ufefulnes of the Stage to Religion and to Government: Ceft-à-dire: Uti- lité du Théâtre par rapport à la Religion &? au Gouvernement. Londres. 8. 1738. pag. 52. TEs plus grands Défenfeurs du Théâtre fe . j font contencez d'ordinaire de combattre Fauftérité des Dévots, qui regardent la Co- rné- 414 Bibliothèque Britannique, médie comme un divertiflement dangereux & contraire aux bonnes mœurs. L'Auteur de cette Brochure va bien plus loin. Non feulement il repréfente la Comédie comme un divertiflement innocent : il prétend en- core prouver qu'elle eft extrêmement utile Î>our avancer la Religion & le bonheur de a Société. Voyons comment il prouve ce Paradoxe. I. Le Théâtre eft utile par rapport à la Religion. La Religion en général, ou la Re- ligion naturelle, ielon l'Auteur, confifte en deux parties. La première comprend ce que nous devons croire , la féconde contient ce que nous devons faire. Les chofes que nous devons croire , font i. L'Exiftence de Dieu ; 2. La Providence ; 3.L?Immortalité del'ame;4. Les Recompen- fes & les Peines de l'autre vie. Le Poëte, & fur-tout le Pocte Tragique, fuppofe ou éta- blit toutes ces véritez. L'Auteur voulant s'épargner la peine de le prouver , fe con- tente de le fuppofer, la chofe fans doute étant claire. La féconde partie de la Religion naturel- le renferme nos devoirs envers Dieu, en- vers notre Prochain & envers nous -mêmes. C'eft proprement à la Tragédie qu'il apar- tient d'enfeigner ces devoirs. Auflî voit- on dans la plupart des Tragédies, que ceux qui ont négligé quelqu'un de ces Devoirs fe trouvent malheureux à la Cataftrophe. Ainfi Don Juan eft puni pour fon Liber- tina- Janvier , Février et Mars. 1738. 417 tinagc & fon impieté : Timon pour fes profu- sions & fon intempérance ; Macbeth pour fon ambition & pour fa cruauté; * CaftalionipouY fa perfidie envers fon frère & envers fon fon ami. f Jaffier pour fon mariage clandeftin avec la fille de fon Bienfaiteur ; & f ifeZ- *>; que ceux qui fréquentent les Spectacles ne font pas û aifément émus. Il faut bien de l'art pour les toucher vivement. Si on infifte que la Tragédie nourit l'a- mour dans ceux qui le refïentent, & le fait naître dans ceux qui ne le connoiiTent pas : L'Auteur obferve , que Pamour que la Tragé- die repréfente efl dans l'ordre , ou il ne l'eflfc pas. S'il ne i'eft pas , alors il fe trouvera malheureux à la Cataftrophe ; ce qui fuffic pour que le Spectateur conçoive pour lui de i'averfion. Mais s'il efl dans l'ordre, rien n'efl plus innocent & ne rend Phomme plus heureux que cette paflion. Non feulement elle le rend heureux pour le préfent; fouvent même elle contribue à fon bonheur à venir. On a vu plus d'une fois un Amant , pour fe rendre digne de Pobjet de fon Amour , s'efforcer de faire des progrès en Science & en Vertu , & re- noncer à des plaifirs greffiers, dont il é- toit auparavant cfclave. Bien loin que le Théâtre favorife les Vi- ces du genre humain, il rend plutôt les hom- mes vertueux , quand il ne palTe pas les bor- nes de la bienféance. 11 adoucit & modère leurs paiTions, dont l'excès efl la fource de leurs Vices : Il leur apprend leurs devoirs par les fentences , &c. Pour prouver que la corruption des mœurs ne tire pas fa fource de l'abus du Théâtre , l'Auteur cite la France , où il y a moins de licea-i Janvier, Février et Mars. 1738. 4I0 licence à cet égard, & où cependant il n'y a pas moins de vices qu'ici ( excepté l'yvro- gnerie. L'Auteur prétend enfin prouver que le Théâtre eft utile au Gouvernement ; mais comme les railbnncmens fur cet article ne font pas plus concluans que ceux dont nous avons parlés nous croirions abufer de la pa- tience du Lecteur fi nous y infligions davan- tage. ARTICLE IX. NOUVELLES LITTERAIRES. DE DUBLIN. MR. Lelaiid, Miniftre Anglican de cette Ville, a publié depuis peu une Réponfe au Livre de Tindal qui a pour titre , te Cbrifîianijme aujjï ancien que le Monde. Quoiqu'on ait beaucoup écrit & bien écrit contre ce fameux Déïfte, cet- te nouvelle Réponfe ne le cèd< point en folidité à celles qui l'ont précédée. Elle eft divifée en deux Parties , qui font deux vol. in 8. d'environ joo. pag. chacun. Dans la première, l'AuteuE examine l'idée que Tindal donne de la Religion naturelle, & prouve que ce qu'il en dit eft: con- traire à la raifon , à la vertu , à l'intérêt du genre humain, & même contradictoire de fa na- ture. Dans la féconde , Mr. Lelmid établit & Tome X. Part, IL E e d* 420 Bibliothèque Britannique, défend contre les objections & les faux expofea de cet Ecrivain l'autorité & l'utilité de ia Révé- lation contenue dans les Livres du V. & du N. Teftament. Cet Ouvrage a été fi bien reçu du Public, qu'on Ta réimprimé à Londres, chez^. Hett, DE LONDRES. Mr. le Docteur Grey , Auteur de la Réponfe aux deux derniers Tomes de VHiftoire des Puri- tains de Mr. Neal , dont nous avons rendu comp- te dans cet:e Bibliothèque Britannique , vient de publier un gros in 8. fous ce titre, A new and eafy Metbod of learning Hebreiv wîtbout Pointsy &c. C'eft-à-dire : ,, Nouvelle Méthode pour ap- ,, prendre facilement l'Hébreu fans points. A quoi l'on a joint , pour rendre cette Méthode plus fenfibie , le Livre des Proverbes , divife félon la mefure des vers , avec la Leçon des Majorâ- tes en caractères Romains , la Yeriîon interli- néaire de Pagninus , une Analife grammatica- le , & de courtes Notes critiques chez J. Stag. Les KiuQtqn ont imprimé en deux petits volu- mes 8. un Recueil de Lettres , ou Commerce Epiftolaire entre Mr. Jack/on, Miniftre Anglican , très -connu par diverfes Pièces qu'il a publiées, & par fon attachement pour feu Mr. le Docteur Clarke, & Mr. Guil. Dudgeon , Gentilhomme de beaucoup de mérite , de la Comté de Berth. Ces Lettres roulent fur les Matières les plus abftrufes, içavoir l'immenfité & l'unité de Dieu ; l'exiitence d'une fubftance matérielle & d'une fubftance Cpiri' tuclle j entièrement diûinctes ; la conduite de Dieu , ou l'exercice de fes perfections morale* dans le gouvernement du monde,' la nécetflté & la liberté , U fondement , là distinction & les fuites Janvier j Février et Mars. 173S. 421 faites de la vertu & du vice , du bien & du mal. Ce qui a donné lieu à cette difpute , ce font deux Livres que Mr. Jackfon publia il n'y a pas long-tems ; le premier intitulé, VExlftthct tf i'u- nite de Dieu 9 prouvées par la confia-ration de fa na- ture & de f es attributs ; & le fécond qui n'eft qu'u- ne Défenfe de celui-là. Dans ces deux Ouvra- ges, l'Auteur, qui s'étoit principalement propofé de juftifier les principes de feu Mr. Ciarke fur ces divers fujets, contre les attaques de quelques Per- fonnes , avoit avancé p!ufieurs choies que Mr. Dudgeon ne crut pas foutenables, & fur lesquelles il lui écrivit aufli-tôt librement la penfée. Cette conteftation eft maintenant finie , & paroit être toute à l'avantage de Mr. Jackfon. Voici quelques autres Livres tout nouveaux. Tbe Hiflory of y Englifb Baptijh ffc. „ Hif- ,, toire des Analàtijits d'Angleterre , depuis la ,, Reformation jufqu'au commencement du Re- j, gne de George I. ". Il n'en paroît encore qu'un volume in 8. qui finit au Rétablifiement de Char- les IL L'Auteur, Mr. Thomas Crosby , eft Miniftrc Anabàtifte , & a fait imprimer à fes propres fraix cette Hiftoire, qu'on peut regarder comme une Apologie de fa Secte. GofpetêfJ . &c. ,, Le ,, véritable Evangile de Jefus Chrift maintenu ; ,, Ou l'on fait voir ce qui eft & ce qui n'eft pas ,, Evangile, quel a été le grand but de fa mani- 5, feftation, comment il remplit parfaitement. c« ,, but , & par quels moyens cependant ce but a „ été manqué en grande partie. Le tout humble» ,, ment offert à l'examen du Public , & particu- ,, liérement de tous ceux qui s'eftiment eux-mê- „ mes, ou qui fonteltimez par les autres.de véri- „ tables Miniftres de Jefus-Chrift & Prédicat B Z 422BibliothequeBritannique5&c. ,, de Ton Evangile , mais plus particulièrement ,j encore de tous ceux qui ont acquis la réputa- 5, tion d'être les grands Défenfeurs du CriftianiTme. 33 On y a joint une courte Diflertation fur la Provi- 31 dence. w Par Thomas Chubb , un vol. in 8. chez Tho- mas Cox. Ceux qui connoiflent les principes de Mr Chubb) n'auront pas de peine à deviner ce que peut contenir ce nouvel Ouvrage de fa façon. The divine Légation of Mo/es demonjîrated , &c. 33 C'eft à-dire : La Miflion divine de Moïfe prouvée > 3, en fuivant les principes d'un Déïfte qui a de la Re- ,3 ligion ; par cette confédération , c'eft que dans ,3 toute l'économie Judaïque il n'eft fait aucune ,, mention du dogme des peines & des recompen- ,, fes de la vie à venir. En fix Livres V* Boerbave; (Mr.) Tes Expériences fur le Mercure. $79' & fui'v* Motifs qui l'y ont engagé , & but qu'il s'y eft propofé. 380. Son fyftême fur ]% génération des Métaux. ibici. Bonheur du genre humain ,• comment le Théâtre y contribue. +16 Bons & Méchans,* différence effentielle entre eux. S°- & fuiv. Sont quelquefois tres-difnciles a dif- tinguer. 5"+ Borrari (Mr.) fon Obfervation d'une éclipfe de laLuneàRome. 375 Boujfole; obfervations faites fur cet infïrument & i'es variations. 370. 378. Botb-ivell-, (Le Comte de) fon mariage difTous par l'Archevêque de Saint André. 189. Le Miniftre qui avoit publié fes bans avec la Reine eft obli- gél de fe juftifîer. ibid. & fuiv, Boyle ; ( Mr. ) ce qu'il dit du différend entre les Calviniftes & les Arminiens. S$ ms\ leurs négligence par rapport à î'Hiftoire de leur Païs. 391. De leur tems il n'y avoit point de Villes en Angleterre. 393 Brown ; ( Mr. André ) fa relation d'une Pierre de Verne extraordinaire. 86 CAmprell,- ( Alexandre) claufe remarquable inférée dans fes provifions pour TEvêché de Brechin. 182. Ufage qu'il en fit. Cantorbery ; (L'Archevêque de) s'oppofe aux repréfen- tations de la Chambre des Communes contre le Clergé, & les fait fupprimer fous Henri IV. 21 ». Ee 4. De- TABLE DES Démarches de ce Prélat qui rabattent beau- coup de la bonne opinion qu'on a de lui. 21a Caftor femelle ; fa difleétion. 388 Caftoreum ; nouvelles Obfervations à ce fujet. 388 Cartilage ( Partie du ) de la jointure du genou ofliâée & feparée. 88 Cave; ( Mr. ) Critique de fa Traduction de l'Hiftoi- re de la Chine. 20. & fuiv. Sa réponfe. 24 Charité y ( Défaut de ) fymptome funefte de la cor- ruption des Hommes. 38 Chile (Si le nouveau) peut être la caufe du Som- meil? 3^7 Chine ( Tradu&ion de l'Hiftoire delà) critiquée. 20. £f fuiv. Chrétiens (Les) ne donnent pas aflez aux fenti- mens & à la pratique. 74.. Mais trop à la fpécu- lation. 76 Chrifiianifme ( L'activité du ) peut contribuer à la . reformation du genre humain. 4P CirconciÇion omife pendant quelque tems par les anciens Ifraëlites, & pourquoi. 161 Clergé; examen de la conduite de celui d'Angle- terre par rapport aux affaires d'Etat. 202. £f fuiv. Il a été la principale caufe des fautes du Gouvernement & des malheurs de l'Etat* ibid. Méprifé par le Roi Guillaume le Pvoux. 204.. Sa conduite après la mort de Henri I. 205-. But qu'il s'y propofoit. ilid. Motifs qui le faifoient agir fous Richard I. 206. Sa conduite à l'égard de la Reformation. 21? Colon ; obftruction totale de la valvule de cet în- teftin. 98 Communions ( Lifte des ) dans les Villes de Drelde & d' Augsbourg. Voyez Mariages. Conffcation ( La ) des biens des Criminels ; quand elle M A T I E R E S. elle a Heu en Angleterre. 310. n. CenverJ'atio?is (Les) pieufes , font un moyen de re« medier a la décadence de la Pieté. 42. & fuiv. Cranmer. (L'Archevêque) Voyez Cainorbery. Culte de Famille eft propre à remédier à la corrup- tion du fiécle. 46. fi? /ttrô. Quel il doit être. ibid. Cyrilîus (Mr. Nicolas) Ton Hiftoire du tremble- ment de terre qui s'eft fait fentir en 1731. à Nap'es. 373. Son Hiftoire phyfique de V&it & de la Terre. 389 DAle; (Mr.) remarquer fur fa Pharmacolo^ gie. 262. & fui% Dame (Une) anonyme,* Tes Réflexions & Maxi- mes nouvelles. 26. Motifs qui l'ont portée a les publier. tituL Davis; (Mr. Evan) Sa Lettre fur l'inoculation de la petite Verolle. 378 Défenfe du Pbilofopbe honnête - Homme. 1 3 Délateurs ; on ne fcauroit dortner ce nom odieux a ceux qui veillent à l'exécution des Loix. 6ç (Le) qui eft caufé par la Semence de Juf- quiame, diffère du Délire ordinaire. 377 ; ( Mr. ) tourné en ridicule par Mr. Pope fous le nom de Norris. 2-3 b. Derbam ; (Mr. Guillaume) Tes obfervations agro- nomiques fur les Etoiles nébuleufes. 367. Sa conjecture a ce fujet. 369 Duv. n'a pas été vu proprement par Igs Anciens d'Ifraël. 14.1 Dimanche ( La profanation du ) autorifée en An- gleterre. 39. cf n. Eft la caufe probable ces Ee 7 ju- TABLE DES jugemens de Dieu contre les Proteftans de Fran- ce, 4+ Difcipîim eccléfiaftique ; comment on forma le plan de fa reformation en Eco/Te. 171 EAux ameres rendues douces par Moïfe; réfu- tation de l'explication que Jofephe donne de ce miracle. 137 Ecriture Sainte; méthode pour la lire. 47 Ecureuil volant. 361 Edouard III. entreprend de délivrer l'Angleterre de l'opprefîïon papale. 208. Loix qu'il fait pour cet effet. ïbii» Eglife ( V ) & l'Etat font deux Societez différen- tes, iof. Accord libre qu'il y a entre elles. 108. L'Eglife n'a aucun pouvoir coërcitif. 107 Eglife d'Ecoffe ; réfolutions prifes dans fa premiè- re Affemblée générale depuis la Reformation, 176. Sa Requête fînguliere. 178. Réfolutions de fa cinquième Aflemblée générale. 183. De la fixieme. 184. Sa Requête à la Reine, ibid. Ré- ponfe de cette Princeffe. 186. Réplique de l'A f- femblée. 187. Elle craint avec raifon le réta- bliifement de l'Idolâtrie & de l'autorité desEvê- ques. 18S Enterrcmens (Lifte des) dans les Villes de Drefde & d'Augsbourg. Voyez Mariages. Eiiiepfîe provenant d'une caufe extraordinaire. 97 Ejjai pour introduire la mefure des Vers Grecs & Latins dans la Poèiie Angloife. 4-°° Etat. Voyez Alliance & Eglife. Etoiles nébuleufes ; ce que c'efl. 368. Conjecture fînguliere à cet égard. 3<%> Evim MATIERES. Evêques (Les) Anglois favorifent la Conquête du Duc de Normandie. 203. Attentat qu'ils com- mettent contre la juftice. 208 Explication finguliere d'un paflage de l'Ecriture. ISO F, FAussete' ( La) eft la marque cara&ériftique d'un Libelle. 323. & fuiv. Fièvres intermittentes; remarques fur leur traite- ment: 93. Tremblemens irréguliers qui fui vi- rent la guérifon d'une Fièvre intermittente. 9? Fièvres nerveufes ( Eflai fur les) 93 Frobenius; (Mr.) Tes Expériences faites avec l'Ef- prit de Vin étheré & le Phoiphore d'Urine. 36.4. C>Ens de bien; comparaifon fur le mépris que J le monde en fait. ^4. Gilcbrijï; (Mr. Ebenezer) fon Eu"ai (ur les Fie'vres nerveufes. 93 Graham (Mr. George) fon obftrvation d'une éclip- fe de la Lune à Londres. 373. D'une éclipfe de Soleil. 377 Grands- Jurez dans les Colonies Angloifes en A- merique ; ce que c'eft. 299. Comment on les oblige à s'accorder promptement dans leurs ju- gemens. 373. n, ysGraveJande\ (Mr. G. J. de) {es Expériences concernant la force des Corps en mouvement. . 379 Grey; TABLE DES (>8 Mr. le Chevalier) fa relation fur les ef- fets de la femence de Jufquiams. 374 Smitb (Mr.) attaque le Philofophe honnête Hom- me f» pour la re formation d^s Mœurs a Londres. 61. Ce que c'efr. 6z. Réfutation d'un reproche qu'on leur fait. C\. Leur fucces. 67 Sociétés civiles ; leur origine, ico. Leur but & leur nature. 102. iof tez religieufes ; leur origine. 1C3. Leur but. io->. 107. Relation entre elles & les Societez civiles. iof Soleil (Le) & la Lune arrêtez par Tofue; difcuflîon F f 2 " fur TABLE DES fur ce miracle. 164.. Conjecture fur ce fujet. 166 Sommeil ; quelle eft fa caufe prochaine. 3 $"9. Ses caufes éloignées. ibid. Stuart; (Mr.) Tes éclairciflemens fur l'ufage de la Bile dans l'économie animale, 35*5' T. TE s t ( Loi du ) néceflaire dans tous les E- tats. in. Théâtre; fon utilité par rapport à la Religion & au Gouvernement. 413. £p fuiv. Sa licence n'eft pas caufe de la corruption du fîécle. 416 , 418. Tbomfon (Mr. Alexandre) fes remarques fur le trai- tement des Fièvres intermittentes. 93 & fuiv. Tremblemens irreguliers après la guérifon d'une Fiè- vre intermittente. of Trompe; fa defcrfption. 370 Tryal upon indi&ment; ce que c'eft. 300 Tryal upon Information ; ce que c'eft. 300 Tumeur extraordinaire du genou. 88. Opération pour la guérir. 89 Tyndall ; réfutation de fon Chriftianifme aufil an- cien que le Monde, par Mr. Atkinfon, 83 V. VA peur inflammable qui fort d'une Mine de Charbon. 376". VaJJenius (Mr. Birgerus ) fon obfervation d'une éciipfe totale du Soleil. 378 Veau d'or des Ifraëlites; difeuflion hiftorique à ce fujet. 147. &fuiv Verfification (Nouvelle) Angloife. 400, Exemple. 409 Vef- MATIERES. Teffte (Pierre de) dont le noyau étoit une aigui!- 86 Vçmitifie moutarde; ce que c'eft. p(S „# ttr. ^arburton (Mr.) fon Alliance entre l'Eglffe & **il}*.*mi fe. remarques crftq^/tr une Traduétion de l'Hiftoire de la Chine, 20 & "«lie" 8^ "Sa"?"' «"f* S"e ^ ^ m"" telle. 85. Sa Lettre fur des tremblemens qui fu.v.rent la guér.fon d'une Ftévre intermittent! Wnlfton attaqué par Mr. Atkinfon. ;,. Par $ ches qu.I leur fan dans fa réponfé. ,,. Mr 4°. kinfon y réplique. 7?ia. gj, ZZ TnSi1 ' J"n' P.''erreJ fon Proc«^ fujet d'un raf rn'J f'- 2S'8- A«"fi"<>» du Procureur géné- nocen? , UV';- Sa d^nfe. 3 ' f • Déclare in- velN Y„V V r"' ^ Ie Magiftrat de la Nou- ■•elk-lork fait a fon Avocat. au Ff3 CATA. CATALOGUS LIBRORUM, Qui profiant H A G JE-CO MIT U M, Apud PETRUM de II ON D T. A CTA quidam Ecclefijs Ultrajettinae , exhibka in Defenlionem Jurium illuf- trifîîmi Archiepifcopi & Capituli ejuf- dem Ecclefise , adverfus Scripta Emi- rentifllmi Cardinalis Archiepifcopi Mech- linieofis , cum Pfjefàtïoûe ad ÎTluftrif? fimos omnes inclytae Germanise Archiepif- copos, Hagœ Comit. 1737. 4. Allatius de Graecia Orchodoxa , Romce i6>2. 2 vol. 4. — De Ucriufque EecleOos Occidentalis atque Oriencalis pçipetti'o in dogmate de Purojacorio Confenfu Gr. Lac. Romœ 1655. 8. - De iEtate & Interflitiis , Romœ 1638. 8. De O&ava Synodo Photiana, Romœ -7- de Vindice Synodi Ephefinae & S. Çyrillij Romœ 1661. S> Amorï CATALOGUS LIBROR. Amort, Philofophia Pollingana ad normam BurgunJicîE , Vtwt. 1734. 5 vol. 12. Andriolli , Enchyridium Medicum , Venet. 1700. 4. Domcftica Auxilia , VeneU 1698. 4. D'Aquino , Nomenclator Agi* fculturse , Romce 1736. 4. Arcudius , in Purgatorium per Ignem , Romce 17*7- 4- de Purgatono igné, AdverfusBarlaam, Gr. Lac Romcs 1637. 4. Arcana Lazari Riverii , cum llnftitutionibus Medicis & Regulis Confultationum & Obfervationibus, Venet. 1696. 4. AiTemani, BibliQtheca Orientalis démenti- no-Vaticana, Romce 1729. 4 Vol. fol. ■ Rudimcnta Lfftguaè Arabicas , Romce i732- 4- :gé de VHijioire d'Angleterre de Monfieur de Rapin Tboiras , Haye 1730. 3 vol. 4. VA & VIndfcrete9parMr. de Touches y Pans 1737. 12. Architecture de Pincent Scamozzi . contente dans fin Idée V 'Architecture Univ^r!e"-, avec lis Flanches Qriginales; on y a jointplufieurs F f 4 mit CATALOGUS nouveaux Deffeins des plus beaux Edifices d§ Rome dont l'Auteur parle dans f on Ouvrage. Haye 1736. fig. foL Art de montera Cheval, ou Defcription du Ma- nège Moderne dans fa perfection , par Mr. Le Baron d'Eifemberg, Haye 1737. avec 60 belles Planches , gravées par Picart. foi. de V Attaque & de la Defenfe des Places , par Monfr. le Maréchal de f^auban, Haye 1737» avec 3<5 belles Planches 4. Avantures de Don Ramire de Roxas & de Donna Leonora de Mendoza 1737. 2 vol. 12. Abecedario Pittorico, dalV Autore diMotti, edi Atti fpettanti alla Pittura , par Mura, Firenze 173 j. 4. Amînta , Favola Bofcareggia di Torquato Taffo con le Annotazioni di Gidio Menagio, Venez ia I73<5- 8. Aprile , Chronologia Univerfale délia Sicilia , Pa- lermo 1725. fol. Archetittura di Barrazzio da Fignola > 4 fig. Baccii de Termis Libri Septem , opus locu- cupletifîîmum , Patavii 1711./0/. Baglivi Opéra omnia Medico-Practica & Anatonyica , Venet 1722. 4. Baro- L I B R O R U M. Baronii Annales Ecclefiaft. , Venetiis 1705.12 vol. fol. Barrius de Antîquitate & Situ Calabria? , Romx 1737- fol. Barroloccii , Bibliotheca Magna Rabbinica, Romœ 1675. 5 vol. fol. BazzicalunsB, Novum Syftema Medico Me- chanicum & Nova Tumorum Methodus , Pannes 1704. 4. Biblia Graxa Septuaginta Interpretum , cu- rante Grabe, cum nocis Cricicis Brdtin- geri, 1730. 4 vol. 4 Bie CJacobi de) Numifmata Aurea Impe- ratorum Romanorum , cum addirionibus & Notis Havercampii , accedit Lud. Smirs Pinacotheca XII. Imperatorum, ylmji. 1738. fig. 4. Bouget, Lexicon Hebraicum & Chaldaico- Biblicum , ad Ufum Colleg'i Urbani de propaganda fide, Romœ 1737. 2 vol. fol. Boyvip, Philofophia & Theologia Scoti a ' prolixitate & obfcuritate vindicatas, Ven+ tiis 1735. 8 vol. 12. Brious de Spiricibus Animalibus , PatavH 1720. 4- Ff5 Bur- CATALOGUS Burlaci , de phyfica Aufcukatione îucidif- >- iîma Commentaria, cura Nova Veteri- que Incerpretacione j Ventt 1609. fol. Burnet Thefaurus Médecins Pra&icas , Venet. i?33- 4- la Bibliothèque Britannique , ou Hifloire des Ou- vrages des Sçavans de la Grande Bretagne , par une Société de Gens de Lettres à Lon- dres y Haye 1734. 20. parties 8. Bibliothèque des Théâtres , contenant le Catalogue Alphabétique des Pièces Dramatiques , Opéra, Parodies , & Opéra - Comiques , c? le teins de leurs Repréf entoilons ; avec des Anecdotes fur la plupart des Pièces contenues en ce Recueil , & fur la Vie des Auteurs , Muficiens . £f Acteurs , Paris 1733. 8. Bertoldo con Bertoldino e Cocafenno é Argo- menîù Allégorie^ Annotazioniy Boiog. 1736. 4 fig-' BibienUy Direzzionç a Giovani ftuàenti nel de- Jigno deW Arcbitettura Civile , Bologoa 1731. 2 vol. 12. ftg. Catalogus Librorum qui in Thèfâûris Roma- Do,Grœco & Siculo continental* , Leydx 1725. 8. Ciprio , Vêtus Grœela de San&a Romana Sede prsecîare fentîèos y Cime. Lac. Venet. 1713. 4. L I B R O R U M. Les Cent Nouvelles Nouvelles par Mad. de Go- niez, Haye 173J. 18. voi. 12 le Chevalier des EJJars , &? h Comteffe de Ferez , Paris 1735. 12. la Comédie Anonyme de Mr. de Boiffy , Paris 1737- 8. Commentaire Literal , Hiftorique , £f Moral , fur la Règle de S. Benoit , avec des Remar- ques fur les différens Ordres Religieux qui fuivent la Règle de S. Benoit , par Dom Cal- met) Paris 1734. 2 vol. 4. la Conformité des Deftinées ; & Axiamire ou la Princeffe Infortunée , Paris 1736. 12* Contes de la Fontaine , Amft. 1737. Nouvelle Edition augmentée , 3vo!.fig. 12. Coutumes £f Ordonnances du Pais & Comté d Naviur : avec la Manière de procéder aue Confeil Provincial, & aux Cours Subalter- nes du Braband, de Malines . & d'Anvers , Haye 1736. 4. Ceneri VUfo dello Strumento Geometrico délia Ta- voleta Preterianay Bologna 1728. 4. 6g. Clementis délia Pittura , fol. Concerto Lirico fu le note di Orazio , Ttiad lo da Borgianelli > Venezia 1717. 12. Ce» CATALOGUS Coronelli, Bibliotbeca Univcrfale , Sacro- Profana Antico-Moderna , Lat. & haï. , Venezia 1701. 7 vol. fol. Dckkeri Exercitationes Pra&ics circa Me- dendi Mechodum , Neap. 1726. 4. Dittionarium Univerfale LatiDo-Gallicum , HagœCom. 1730. tï Apparat Royal,ou Diç- tionaire Latin £f François , 2 vol. 8. les Deux Nièces, par Air. de Boijfy, Paris 1737. 8. ie Diable Boiteux y Paris 1738. 2 vol. 12. Diclionaire François-Celtique ou François-Breton, par le S.RoJtrenen, Rennes 1736. 4. Difcours Hiftoriques , Critiques , Tbéologiques , £? Moraux , /wr tel Evenemens les plus mé- morables de l Ancien & du Nouveau Ttfla- ment , avec de très-belles Figures , Lettres grifes , Vignettes &? Cm/j" de Lampe , gravez fur les Deffeins de Mr. Hoet , Houbraken > &f Pïcart le Romain , à la Haye ï 727-1736. 5 vol. fol. fur du Pap. Médian. Difcours Hifloriques &c. fur du Papier Royal Sur du Papier Superroyal. Sur du Papier Impérial. Les mêmes Difcours en 6 vol. 8. Difcours fur l'Harmonie, Paris 1737. 8. L I B R O R U M. DiJJcrtations du P. E. Souciet , contenant IHif- îoire Chronologique de Pytbodoris , ou fur les Médailles de Pytbodoris , Reine du Pont 6f du Bofpbore: itern , IHiJîoire Chronolo- gique des Rois du Bofpbore Cimmerien , Paris 1736. 4. les Dons des Enfans de Latone , avec la Mufi- que & la Chajje du Cerf \ Poèmes. Paris 1734. 8. fig. Difcorfo in Onore di S. Ignazio Lojola , fondato- re délia Compagnia di Giefu del Padre Mœflr$ Giofefo Maria Plattina, Padova 4. Diflirtazioni degli Anticbi riti e délia difciplina di Santa Cbiefa , recitate in publico per O- norato , Luca 1737. 4. Engel Jus Canonicum, cum Supplemento , Vtnel 1733. foi Ettmulleri Opéra omnia , Venetiis 1734. 5 vol. fol. EJJai Hijiorique & Pbilo/opbique fur le Goût , Haye 1737.8. V Etna de Publius Cornélius Severus, & les Senten- ces de Publius Syrus , avec des Remarques, 6f le Texte Latin à coté , Paris 1736. 12. Examen du Pyrrbonifme ancien & moderne par Mr. deCroufaz. Haye 1733. Cet Ouvrage eft CATALOGUS ' eft imprimé fur le même format du Diiïtio- naire £p des Oeuvres de Bayle* dont V Au- teur fait une Critique perpétuelle, fol. — Le même , en grand Papier. FardeMa, Difputariories Phyficse de Anima, Venetiïs i6(j'S.fol. T. F. le Fevre Opéra ; de ufu Mifïïonis fan- guinis ac aliarum artificialium fanguinis evacuationum ; & cautiones in abufum; ejufdem tradlatus de natura , ufu , & abu- fu Carié, Thé, Chocolats, & Tabaci ; ejufdem Phyfiologia Medica, in qua ven- tilantur fententias veterum ac recentio rum Anatomico-Phyfîologorum , circa omnes Mentis & Corporis fanctiones , 1737. 2 vol 4. Freind Opéra Medica, Neapoli 1730.4. Fuller , Pharmacopœ'"a extemporanea , five Prasfcriptorum Chiîias, Venetiis 1722» la Faujfe Clelie, Hijloire Françoife Galante &? Comique , Paris 171 3. 2 vol. 12. Filofofia del Sigr , Enrico Pemberton , Venez. 1733.4. fig; Galani Conciliationes Ecclefise Arment cum Roniana , Romœ 1690. 3 voîifél. Gallise Antiquitaces quaedam feleclœ, Verona 1734. jfc 4- Ge- LIBRORUM. Gemerfii Triennium Philofophicum , Fenet. 1723, 3vol. 12. Georgii Infpeftiones Anti-critics in Naufra- gium D. Pauli, Fenetiis 1730. 4 fig. Ghiflerii Ephemerides Bononienfes,ab Anno 1721. ad Annum 1756, Bononiœ 1720. 2 vol. 4. Goar Rituale Grsecorum , Gr. Lat. Vemt 1730. fol. Guidas Sinîoris , de Mineralibus, Ven. 1726. 4. Jo. Hnrduini Opéra varia, in quibus cocti- nencur I. Undecim Athei Hodierni, fci- licet Janiïenius , Martin , Thomaflin , Malebranche , Quenel , Arnaud , Nicole , Pafcal , Defcanes, Le Grand, & Ré- gis. IL Platon expliqué. III. Pfeudo - Vir- gilius. IV. Pfeudo- Moratius. V. Numif- mara faeculi Juftinianei. VI. Antiqua Nu- mi fmaca Regum Frnncorum. VII. Nu- mifrnata f^culi Theodofiani, Hagœ Com* 1 7 33. cwn LVll. Tabulis Numifmaîum :fol. Idem liber: cbarta major:. Hebediefu, Catalosrus Librorum Chaldsec- rum, tam Ecc'efinftieorum, quam prc- fanorum, Rojnœ 1653. &. Ikc- CÀTALOGUS Hecquet , Hippocratis Aphorifmi ad meDtem ipfius , Artis ufum & Corporis Mecha- Difmi rationem, Neap. 1731. 4. Hofpitalii, Galliarum Cancellarii, Carmina. Amftelod. 1732. 8. Hottinçerus fraudis & Impoïïurs mani. feftce convi&us , Romœ 1661. 8. Hiftoire de Celenie , Paris 1738. 12. de VEglife de M? aux , avec des Notes & des DiJJertations , Paris 1731. 2 vol. 4. ■ de Jean de Bourbon, Prince de Caren- ùy3 par Mad. d'Aulnoy , Paris 1729. 2 vol. 12. — de Moncade, dont les principales Avan- îures Je font pajjées au Mexique, Paris 173(5. 2 vol. 12. (TEftevanille Genzalez , furnommê le Gar- çon de bonne humeur, tirée de VEfpagnol , par Mr. Le Sage , Paris 1734. 2 vol. 12. Hiftoire des Découvertes & Conquêtes des Portu- gais dans le Nouveau Monde, avec des fi- gures, par le P.Laffiteau, Paris 1734. 4 vol. 12. des Plantes qui naiffent aux environs de Paris avec leur ufage dans la Médecine , pat par Tournefort , £f augmentée par Juffieu , Paris 172$. 2 vol. 12. m L I B R O R U M. iftoire des Rats pour fervir à rHiftoireUniver* /elle, à Ratopolis 1737. 8. avec des fig. d'Ofman premier du nom , XIX. Empe- reur des Turcs , £f de l Impératrice Aphen* dîna Asbada , par Mad. de Gomez , Paris I734. 2 VOl. 12. du Prince Adoniflus , Paris 1738. 12. du Prince Titi ; contenant des Allégories fur la Cour d'Angleterre , 1736. 3 vol. 12* du Seizième fiecle , par Monfr. Durand, H ye 1735*4 vol. 12. juftifiée contre les Romans , par Mr. T^« bé Lenglet du Frej'noy , Amft. 1735. 12. Hallandois* ou Lettres fur la Hollande, par Mr. de Beaumarchais 1737. 2 voJ. 8. ; Hommes illuflres , gui ont paru en France , /wr Mr. Perrault , Haye 1736. 2 vol. 8- Ufloria délie Guerre Ckili di Francia, del Davila, Venec 1733. 2 vol. fol. icobatii Do&rina dogmatica de Sacramen- tis, Veneî. 17 14. fol. idex Librorum Prohibicorum, Romce 1734. g. loria Diplomatica , cfo /erue d' Introduzzione aU. Arte Critica , MaDto va 1727. 4. fig. ancifius de Mortibus fubitaneis , VeneU 1708. 4. G? de CATALOGUS de Laurea Epitomc omnium Canonum 3 Venet. 1 706» fol. LeiTius de Juflitia & Jure, Venet. 1734» fol. Leurenii , Forum Eccleflafticum in quo Jus Canonicum univerfum, Venet. 1729. 5. vol. fol. Limborch TheologiaChriftiana: adjurj&a eft- RelatioHiftorica de Origine & Progreflu Controverfiajum in Fœderato Belgio de Prasdeftinatione. Hagce Corn. 1736. fol. Leffîco Farmaceutico - Chimico , contenente li re- medi piu ufati d'oggcdi , di Batijta Capello 9 Venezia. 8- Mabillon de Studiis Monafticis, Venet. 1729. 3 vol. 4. Marchectus de Reîlftentia Solidorum , Flo* rentiœ 1669. 4. Maris, Synodicon Diocefarum S.Beneven- tance Ëcclefias, compleclens Conflitu- tiones,& Appendices éditas in XXXVIIL Synodis ah anno 1686. ufque ad annum 1723. Beneventi. 1723. 2 vol. fol. ■ vSynodicon S. Beneventnnenfis Ec- clefe, continens Concilia XXI. Roma 1724. fol. Fvîaftrius de Meduîla Théologie Moraiis, Venetiis 1723. fol. Ma- L I B R O R U M. Mazini Mechanica Mcdicamentorum , Brixh 1 734. 4. Caria Imp. Merilli Opéra varia, Neap. 1720» 2 vol. 4» Molinctti DifTertationes Anatomico-Patho- logicœ, Venetiis 1675. 4. Morton (Rich.) Opéra Medica , VentU 1733- 4- la Mafcarade du Parnajje, précédée d'un Pro- logue, & fuivie d'un Divertijjemenl. Paris 1737- 8. Mémoires Hiftoriques du Comte Betîem Niklos , contenant en particulier les Troubles de Tranjiivanie. Haye 1736. 12. Mémoires pour fervir à VHifloire Univerfelle de l'Europe, depuis 1600. jufqu'à 17 16. avec des Reflexions & des remarques. Paris 1725. 4. vol. 12. Méthode pour étudier la Géographie, par Monf. ïAbbé Lenglet du Fresnoy. Paris 1736. 5. vol. 12. Monumens de la Monarchie Françoife , qui corn- prennent VHifloire de France , avec les Figu- res de chaque Règne , que Vinjure des tems a épargnées, par ^ Dom Bern. de Montfau- con. Paris 1729. 5. vol fol. — — ■ Le mime livre en grand pap. G g 2 My CATALOGUA Mythologie , ou , VHifloire des Dieux , des Dé- ni !- Dieux , Ô* */« p/uj illuftres Héros de l'An- tiquité, par duPuy. Paris 1731. 2. vol. 12. Maffei , 7>flîro Itàljano , 0 y?a /ce /fa di Tragédie per ufo délia Scena , Ver un a 172J. 3» vol. 8. Marinelli la fe cola Moderna nel Maneggio de Cavalli , Boiogna 1733. 4- te Nouveau Théâtre du Monde, ou% la Géogra- phie Royale , compofée de 51. Nouvelles car- tes très- exactes y avec nue Defcription Géo- graphique c? Hi [torique de l'Univers, par Mrs. Gueudeville & Ferrarius. Leyde 1713. grand Folio. Nuvella ( délia) Poefia>cioè , del vero Génère e particolari Belîezze délia Poefia Itaiiana , Verona 1732. 4. O^noromi in qu3tuor Inflitutionum ïmperi.i- lium Libros Commentarii , Venet. 1735, fol Orfi, Dificrtatio Apoîogctica, Florent. 172'?. 4. . DifTertationes duce de Bapcifmate ni Nomioe Jcfu Chnfti & de Chrismàté çonfirmatorio , Mediolani 1733. 4. Oeuvres c'C 'Architecture ., contenant les Dejjeim . tanî ^72 Plein qii en Elévation des principaux £f des plus nouveaux Bdtimens , dans le der- nkr L I B R O R U M. mer agrandijjement de la Ville d'Ain fier dam , fc? autres endroits de ces Provinces , ordon- nez par Pb. Fingboons , Haye 1736. avec 80. figures ; fol. Oeuvres Mêlées de Madame Durand , Paris 1737- 12- Or ai/on funèbre du Card. de Biffy. Paris 1738. 4. O/we di Giovani délia Cafa9 Venezia 172:';. 5 vol. 4. « di Redi , Venezia 17 12. 7 vol. 8 ■ diGabr. Chiàbiera , Venezia 1730.4. vol. 8. rfi Martello, Bpîogna 1729. 5 vol. 8. rfi Benedetto XIII. Ravenna 1728.3 vol. fol. OJervnzv.mi , Storiche , Medicbe , £ Naturali del D»ttor Girolamo Gajpari , Venezia 1731. 8. Pachichèlli, Traclatus de Diftantiis, Parma. U2S'fd Pafcoli de Homine, fànettis 1735. 4. . de Homine, five de Corpore Huma- no &c. JRo^te 1723. 3 to/. 4. Favini Di&ionarium Latini Italique Sermo- oïs ex Nummis ce optimis Scriptoribua coliectum. Fcnet. 1735. 2 vol. 4. G S 3 Pfo- CATALOGUS Pifonis Methodus medendi , Patavii 1726. 4. ■ de Regimine raagnorum Auxiliorum, in Curacionibus Morborum , Patav. 1735- 4. Placentinii, Epitome Greecœ Palacographis , & de retta Graeci Sermonis pronuncia- tione Difiertacio , Romœ 1735. 4. Piazza, DifTertatio Biblico- Phyfîca de lit- téral! & proprio Sacrae Scripturse fenfu, Punormi 1734. 4. Panégyriques £f ûwïrfj Sermons par Mr. Fie- cbier , Pam 171 1. 4 «uo/. 12. Z£ Païfan Gentilhomme , ou Avantures de Mr. Ranfau & fon Voyage aux JJles Jumelles, Haye 1735. 12. Pbarfamon , ûzj les nouvelles Folies Romanefques, par Mr. de Marivaux , Haye 1736. 2 vol. 12. laPrincejfe des Plaifirs. Paris. 1738. 12. Pafcoli Vite de Pîttori , Scultori ed Arcbiietti Moderni, Roma 1730. 4. Pinella , Nuovo Sijlema delV Origine 0 princi- pe délia Podagra efuo Remedio ; opéra Fifico- Medico-Cbimica. Roma 1734. 4. Profe Florentine* Raccolte dalla Sm.arrito,Aca- demico délia Crufca, Venez.a 1735. 5. vol. 4. Qaa- L I B R O R U M. Quadros Lexicon Hebraico-Latinum, Romce 1733. 2 vol. 8. Ouadri, Tavole Gnomoniche per delineare Oro- logi, Bologna 1733. 4 fig. Rofetti Novum Syftema Medicum , Venetiis 1734. fol. deRubiis, de una Sententia Damnationis in Acacium , Epifcopum .Conftantinopolita- num, Fènet. 1729. Rumphii Thefaurus Pifcium Teftaceorum uc & Cochlearum, quibus & accedunt Con- chylia , Conchœ , Mineralia, Metalla, Lapides , &c. variis in locis reperta , Lugd. Bat. 17 11. fol. fig. Recherches fur les Théâtres de France , depuis Van 1161. jufques à préfenî , par Mr. de Beauchamps , Paris 1735. 4» avec de belles Vignettes. . le même livre en 3 vol. 8. Recueil complet d'Efîampes , qui repréfentent les Evenemens les plus Mémorables de V Ancien fj du Nouveau Teftament ( Sans Difcours) gravées fur les DeJJeins de Hoet , Houbra- ken , & Picart le Romain , fur du Papier Médian. idem fur du Papier Royal. ■ ■ idem fur du Papier Superroyal. « idem fur du Papier Impérial. G g 4 Re- CATALOGUS Recueil de différent Traitez de Pbyfique fcf d'Hijloire Naturelle , propres à perfection- ner les deux Sciences > par Dejhndes , Bruff. 1736. 12. Rhetima , ow /# 2?e/te Géorgienne, Hijioire Vé- ritable , contenant les Avantwes les plus remarquables qui fe font pajjées à Pa- ris du tenu des Actions, Paris 1736. 6 vol. 12. le Roman de la Rofe , par Guil. de Lorris & J. de de Mebun, dit Clopinel , Paris 173?- 3. vol. 12. accompagné de plufieurs Ou- vrages , d'une Préface Hijlorique , de No- tes , & d'un Gloffaire. Raccolta d'Opufculi Scientificiè Fïlologiri, Vcne- zia 1728. 15. vol. 12. Sajanello , Hiftoria Monumentorum Ordinis B. Pétri de Pifis, Venet. 1728. 4. Salengre Thefaurus Novus Antiquiratum Ro- manarum, Hagœ Corn. 3 vol. fil. ~ ■ idem ; cbarta maj. Saîviani Concordantiœ Operibus ejus adnexa:, cura Demetrii Barbulii , Pifauri T729. 4. Scheliïrate , Antiquitates Ecclefia^ DifTerta- tionibus, Monumcntis , ?c Notis illuflra- ts , Roma 1692. 2 vol. foi To. L I B R O R U M. Jo. Jac. Scheuchzeri Herbarium Diluvianum, Lugd. Bat. 1723 fig. fol. idem liber cbarîa majori. • Ejufdem Scheuchzeri ItineraperHel- vetiae Alpinas Regiones fadta , plurimis Tabuliis /Eneis illuftrata , Lugd. Bat. 1723. 4 vol. 4. ebarta majori. Silvii de le Boe , Opéra Medica , Venet. 1736. fol. Stanleji, Hiftoria Philofophiae, Venet. 1731. 3 vol les Saturnales Françoifes , Roman Comique fiP interejjant , Paris 1736. 2 vol. 12. Semelion , Hijloire Véritable; imprimée à Con- opte, cette année. 12. Sermons du Père Anjelme , Paris 1731. 6. vol. 12. -.'2 rfw Végétaux, & Analyfe de l'Air , par Mr. Haies, Paris 1735. 4. le Su' des Trophées Sacrez 6? Profanes du Duché' de Brabani, par Mr. But l avec des figures; Folio. - le ïïi'.me en grand Papier. Syftê- CATALOGUS Syftême de Mr. Boerhaven , fur les Maladie: Vénériennes , Paris 1734.. 13» tiré de l'Ecriture Sainte fur la durée du Monde , depuis le premier Avènement de Jefus-Cbrijt , jufqu'à la fin des fiecles , Paris 1736. S. i Sermoni di Orazio , tradotti dal Dottore Bor- giano. Afcoli 1736. 8. Tebaldi , Aurora Legalis feu prseledbiones Quatuor Librorurnlnftitutionum Juris Ci- vilis , Patavii 1734. 4. Terentii Comœdis nunc primum Italiens Verfibus redditse , cum perfonarum fîguris asri accurate incifis ex Mf. Co- dice Bibliothecae Vaticanse , Urbinii 1736. folfig- Thefaurus Antiquitatum Sacro-Profanarum , in quo ex Antiquis Grascis ac Latinis Scriptoribus quidquidad nomina , ufum, & abufum Oleorum & Unguentorum ex facris habetur Literis dilucideexplicatur, Hagœ C. 1725. fol. Torti Opéra Medica, Venet. 1732. 4. Tableaux du Vieux 6f du Nouveau Tejîament , où font repréfentées en cent cinquante Figu- res , les Hiftoires les plus remarquables de la S. Ecriture , gravées par les plus habiles Mai- L I B R O R U M. Maîtres, avec la Defcription en Anglais & en François : A m (t. 4. Théâtre d'Agriculture £f ménage des champs, par de Serres , Sr. du Pradel. fig. 4. Teatro ( il gran ) di Venezia , overo Raccolta délie principali vedute è Pitture che in ef- fa fi contengono , 2 vol. fol. Charta At- lantica. Verheyen Corporis Humain Anatomia , Neap. 17 17. 2 vol. 4. Veslingii Syntagma Aiiatoraicum , Patavii 1718. 4. Virgilii Maronis Opéra , cum Interpreta- tionibas & Notis , ad UfumDeliphini, Venet. 1735. 2 vol. 4. La Vérité rendue Triomphante 5 Paris 1738» 12. Voiage Hijîorique d'Italie , Ouvrage femé de Pièces fugitives de Poe fie , de Pafquinades ingenieufes qui ont raport à VHijhoire du Tems , Haye 1729. 2 vol. 12. Ufage des Romans , cù Von fait voir leur utilité £f leurs différons Caractères , avec une Bi- bliothèque des Romans y £? des Remarques, Amft. 1734. 2 vol. 12. Vocabulario Tofcano del Ane del Defigno. Fio- renze 1681. 4. Willis Opéra omnia. Venetiis 1720. 2 vol. foL F I N.