n BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE» b u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SÇAVANS DE LA GRANDE-BRETAGNE: Pour les Mois D'AVRIL, MAI ET JUIN. ivi DCC XXXIX. TOME TREIZIEME, PREMIERE PARTIE, A LA HATE, Chez PIERRE DE HONDT. M. DCC. XXXIX, *»Ç%.»C •% *■> *> ♦!* -O.* «-jj ♦ * */» ♦A ♦>» *Vt *.* ♦> V-V ^ ^ V:?i Y«?> yCÎ-J yiS V^i -T^ T^ Y^ -T^ ^r^ T^ y^i -T^ yi^ TABLE DES ARTICLES. ArvT#I. T^iÇR. Thomas SHAw;yêj i.V .1 P^oyages en divers lieux de la Barbarie £5* du Levant , £f c. Troifième Ei^crair. pag. i. 1 1. Mad. Elisabeth R o w e ; fes Oeuvres mêlées en Profe ^ en l^ers-^ avec des Foè'Jîes de Mr. Thomas Rowe. 28. III. Mr. W A T T s ; Traité qu'on lui at- tribue de la Force ^ de la Fciblefi Je de la Rai/on humaine i ou Impor- tanîê quejtîonftir la Suffifance de lez Maifon pour condtiire les Hommes à la Coyincijjarice de la Religion ^ ait. Bonheur d'une autre Vie : Seconde Edition. 6y, iW Le Dr. Henri IIammond; Dix-neuf de fes Lettres mi/es en Re- cueil par Mr. François Peck. 92. V. Differtation fur la Feinme-SoEUR ; vn Saeur - F ê m m e de S. Paul ; ti- rés TABLE DES ARTICLES. rée à'une Lettre du Dr. Hammond j, à Mr. Pierre Staninough. 122. Art. VLJean Milton; Recueil corn" pu î de fes Oeuvres Hijioriques , Po- litiques c5* mêlées , avec un nouveau Récit biftorique & critique' de la Vie ^ des Ecrits de V Auteur y conte- fiant plujîeurs Pièces originales qui . n^avoient jamais paru , par Mr. Tho- mas Birch. , 135^ VIL Relation Hijlorique de Voyages faits dans tous les Comtez de la Grande- Bretagne , oit Von donne une def" cripîion détaillée ^ amufante de tout ce qu'il y a de curieux éf de remar" quable: Seccnde Edition. 167. VIII. Mr. Jean Selden; fon Dif^ cours Hijlorique £5* Politique fur les Loix & le Gouvernement d A7igle' terre, depuis les premiers tems juf- qu'au Règne ûJ'Elifabeth ; avec une Apologie de Vancienne Conjiitution des Parlemens d'Angleterre ; lo tout rédigé en ordre par Mr. Na- thanaël Bacon. 178. IX, Lettre de Mr. S**, aux Auteurs de la Bibliothèque Britannique. 206i BI- BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, O U HISTOIRE DES OUIHAGES DES SAVANS DE LA GRANDE BRETAGNE. Pour les Mois d A v r i l , Mai ET Juin. MDCCXXXIX. ARTICLE PREMIER. Travels , or Obfervations relating to feveral Parts of Barbary and thc Lî:- vant. Cefl-à-dire: Voyages en divers Lieux de la Barbarie fc? du Levant , avec des Obfervations : Par Thomas Sh?L\y , Doreur en Théolo- gi£ , &f Membre du Collège de la Reine à Tome XÎIL Fart, L A ' Ox- i Bibliothèque Britannique^ Oxford &f de la Société Royale, &c. [Troifième Extrait] f, T Es Arts & les Sciences ont été de- „ L/ P^is plufiears fiécles , &font enco- „ re très-negligez en Barbarie. La Philo- 5, fophie , la Médecine & les Mathéma- „ tiques , qui y fieuriflbient dans le tems 39 qu'ailleurs on en connoifïbit à peine le ,ynom, y font prefque entièrement ignô-^ 39 rées aujourd'hui. Les courfes perpé- 5, tu^Ues des Arabes , & les vexations que ,, les Maures éprouvent de la part des ,y Turcs y ne leur laiflent, ni la liberté ,ni ,3 la tranquillité nécellaires pour cultiver ,, les Sciences , ou pour y faire de nouvel- ,f les découvertes. Et *par rapport aux P9 Turcs , ils font naturellement il inquiets „ & û turbuîens, ou bien ils s'engagent ,, fi fort dans le commerce par l'avidité 99 du gain , qu'ils n'ont pas le moindre goût 5, pour les Lettres , paroifFant extrême- 5, ment furpris que les Chrétiens puiflent 5, prendre tant de plaifir à l'étude, & y ,, employer tant de tems & d'argent. Dès que IMr. Sha'U) fut arrivé à Alger, il tâcha de faire connoifTance avec \gs perfonnes qui paiToient pour avoir le plus de fçavoir (Sç de ledlure ; & quoique l'é- loignement que les peuples de Barbarie ont en général pour les Etrangers, & fur- tout pour les €hiécien«, lui rendit la cho- fe Avril, Mai et Juin. 1739. ^ fe très -difficile, il en vinc pourtant à bout. Il découvrit bientôt, que Je pre- mier Aftronome qui a le foin de régler les heures de la Prière , n'entendoit pas alTez de Irigonometrie pour defimer un Q^uadran, & que tout l'art de la Naviga- tion en ufage à Alger & à Tunis , ne con- fiftoit que dans une légère connoiiHinca de Pufage de la Bouflble. La Chymie el- le-même , qui étoit autrefois la Science favorite de ces peuples, fe réduit à pré- fent tout au plus, à fçavoir diftiller quel- ques Simples. Leurs Médecins ne con- noiflent ni Rafis , ni A'verroè's, ni aucun autre de ces anciens Auteurs Arabes qui fe font rendus fi célèbres dans leur Art. Diofcoride , de l'édition Efpagnole, eflpref- que le feul Livre qu'ils étudient & qu'ils confultent. UEmim, ou Chef des Méde- cins, demanda un jour à l'Auteur, files Chrétiens avoient l'Ouvrage acBoo-Kraît? car c'eft ainfi qu'ils appellent Hippocraîê^ par ignorance, ou par vanité '♦^ j. ajoutanr que c'a été le premier Médecin Arah^ & qu'il vivoit un peu avant Avicenne. Mr. Shaix) décrit à cette occafîon la manière dont .on pratique la Médecine en Barbarie y laquelle confirme de relie ce qu'il a avancé de l'ignorance de ceux qui l'exercent. Rien n'efi: plus rare par- mi * Boo-Kratt c'cfl le Père de Kra'.t , qu'on futj^ pofe avoir été Àrale. A 2 ^ Bibliothèque Britanniqt?e, mi eux que les remèdes compofez. La feule Ordonnance dans ce genre qu'il aie vûë pendant tout le tems qu'il a demeu- ré dans ce Pais, eft celle d'un de leurs fameux Marabous ^ ou Saints, que voici mot à mot: ,, La vie de nous tous efl ,, dans la main de Dieu , & lorfque cela „ eft écrit ( c. à. d. ré/olu dans /on Con- yifeil) il faut que nous mourions. Ce- 5, pendant il a pIû à Dieu de préferver „ plufieurs perfonnes de la Pelle par ce 5, moyen: Prenez chaque matin, pendant ,, que' la contagion règne, une pillule ou „ deux de la compofition fuivante , fça- ,5 voir de la Myrrhe 2. parts, du Saffran ,, K part , de l'Aloës 2. parts, & du Sirop ,, de bayes de Myrte. Q. S. ". Quoique l'inoculation de la petite Vcrole foit en ufage dans ces Pais, la pratique n'en elt cependant pas aulli générale qu'on fe l'i- magine en Europe; la plupart des gens croyent, que c'eft tenter la Providence & faire violence à la nature ; & ils ne man- quent pas, non plus que nous , de faits à alléguer pour la décréditer. Ces Peuples font fi ignorans, Qu'ils ne fçavent pas même fe fervir des Inftrumens de Mathématiques de leurs Ancêtres , comme Quadrans, Aftrolabes, 6:c. lef- quels ont échapé aux malheurs des tems. Ils les regardent plutôt comme des curio- fitez, que comme des inventions utiles. Ils ont aufîi d'anciens Calendriers fore exacts y Avril, Mai et Juin. 1739. ^ cxadts, OQ font marquez en différentes coloranes le lever & le coucher du Soleil, Jes jours du Mois & les heures de la Prière pour chaque jour , &c. Mais , foit pa- refle^ foit incapacité, ils n'en font aucun ufage. L'Arithmétique , dont il eft très- probable que leurs Pères ont été les pre- miers Inventeurs, & l'Algèbre, dont ils nous ont au moins fourni les caractères , leur font 11 inconnues, qu'il n'y a peut- être pas un homme en vingt-mille qui [en ait quelque iéée. Cependant il faut leur rendre cette jufrice, que les Marchands fur-tout font forr experts à faire de tête des calculs , & à fupputer fur le cham.p toute forte de fommes , en mettant leurs mains dans les manches les uns des autres , (Se fe touchant certains doigts, ou certai- nes jointures des doigts , dont chacun marque un nombre fixe, de forte que fans fe parler, & fans que les affiflans puifTenc fçavoir dequoi il s'agit , ils contraêtenc cnfemble pour des fommes confiderables. La,Mufique des Arabes efl: d'une {im- plicite égale à celle des premiers tems; celle des Maures eft plus compofée & plus harmonieure,& celle des Turcs l'em.- porte de beaucoup fur l'une & fur l'autre. Mr. Shaw décrit ici au long leurs Inftru- mens,& donne un échantillon de leurMu- fique, pour mettre les curieux en état d'en juger. Mais de tous les Arts , celui que ces peuples ont le mieux cultivé, c'efl ,. • A3 l'Ar- e Bibliothèque Britannique, rArchitedlure ; quoique l'Auteur remar- quée, qu'elle cit encore telle qu'elle étoit dans les tems les plus reculez , & qu'elle n'a point été peifedionnée. Comme leurs | Maifons font fort femblables à celles dont * il çjfl parlé dans l'Ecriture Sainte , il a cru devoir en faire une defcription particu- lière. Elles ont toutes de grandes por- tes , des chambres fpacieufes , des pavez de marbre, des Cours en forme de cloî- tres, c'eft-à-dire que les portes & les fenêtres des chambres donnent fur ces cours ; car il n'y a jamais du cô:é de la rue qu'une fenêtre grillée, ou un balcon griilé , ou les femmes peuvent aller fe Fnettve pour voir les paffins. On entre dans ces Maifons par un long porche ou vedibule , garni des deux cotez de bancs, &-c'eû:-là que le Maître de la Maifon reçoit fes vifites, & parle aux perfonnes avec qui il a à faire. Ce porche conduit à une .grande Cour qui eît au milieu de la Maifon , & ou les Etrangers, non pas même les plus proches Parens, ne font admis que dans les occafions extraordi- naires , comme Mariages , Circoncirons , -^vC- Cette Cour, autour de laquelle font les apartemens , eft toute découverte; mais lorfqu'on y reçoit compagnie, ou dans les grandes chaleurs de l'été , on étend pardefTus une efpece de voile, ou fie courtine, qui eft attachée à l'un des eôtC du haut de la muraille , & qui , par le Avril, Mai et Juin. 1739. 7- le moyen de quelques cordes , s'ouvre ou fe ferme comme l'on veut. C'efl-là l'im- phivium, ou le Cava JEdium des Romains *, & le To afVcv de St. Luc f. Le haut de ces Maifons eft en platte- forme fer- mée d'une baluftrade, ou d'une muraille, par-deflus laquelle on peut voir ce qui fe pafle dans la rue ou dans la Cour. Ces plattes - formes fervent à fécher le linge & les fruits, comme figues & rai- fms ; à prendre le frais au foir , & à fai- re les dévotions ordinaires. L'Auteur, a- près avoir décrit la manière dont les Mai- fons de Barbarie font bâties , fe fert de cette defcription pour éclaircir l'Hilloire du Paraîi tique de l'Evangile. Voici ce qu'il dit fur ce fujet. „ Entre les difficultez & les abfurditez ,i qu'on a prétendu trouver dans cette „ Hifloire , on a particulièrement infiflé ,, fur celle-ci §, que les expreffîons des E- ,, vangélilies , Icaxoir qu'on DË'COUVRIT ^, LE TOIT DE LA MALSON où étoit „ Jefus, qu'on LE PERÇA (Marc. IL 4.) „ quon DESCExNDIT LE PARALYTl- „ QUE AU TRAVERS DU TOIT (Luc. y, V. * Vid. Varro de Ling. Jat. 1. 4. §. 33. y^- con. Fedaii. Not. in Cicer. Orat. i. in Vcjrreni. ^lex. ah Alex. 6zc. t V, 19. § C'cft le fameux Woolflon dans fon iv. Difc, contre ksjMiracles de N. S, A 4 ff Bibliothèque Britannique, „ V. 19 ) fuppofanî qu'Hun rompit les tuiles ^ ,, les lates , les J olive aux ^ &:c. ce fut un ,, grand bonheur , continue l'Auteur d'un ,, ton profane,^ Je/us ^ fes Difciples n'eu- „ rtnt pas la tête cajfée , ^ fi les ajfijlans ,, ne furent pas étouffez de la pouffiere. Mais a pour faire voir qu'il n'y eut rien de „ iemblable, il faut remarquer, par rap- „ port à l'expreiïion de St. Marc , Us dé- ,5 couvrirent U toit de la Mai f on , ^ l'ayant ,, percé yO^c i que le mot de l'Original çiyv) }■> (un toit) peut défigner, de même que 5, celui de la Verfion Syriaque (tatlibo') „ qui y répond * , toute foite de cou- „ vertures, le voile ou la courtine donc 93 on a parlé ci -devant, auffi-bien que le 5, toit ou le lambris, proprement ainll i, nommé. Par confequent Ton peut fup- î, pofer que le verbe àzzqâys.v^ découvrir, ,3 ne fignifie autre chofe dans cet endroit ,, que tirer, écarter ce voile, ouvrir cette „ courtine. Pour ce qui ei\ de l'autre 5, mot é'iopviu'jTeç ^ que nous avons rendu ,, par ayant percé, il ne fe trouve poinc ,3 dans le Manufcrit de Cambridge, àc les î. Auteurs de la Verfion Syriaque & de j, quelques autres Verfions n'y -ont eu au- ,, cun égard, foit qu'ils ne l'entendilTcnt ,, pas bien , ou qu'ils trouvaient le fens ,3 àflèz clair fans cela; ce qui eft beau- f9 coup * Vid. Car. Schaf. Lcjç, Syriac. p. 214-15. & l'on peut dire qu'el- * Matth* XXIII. 57. 29. t C'étoient dv-^s feflins qu'on avoic Goùcume ^e faire anciennement à la mort de fcs proches Parens, Vid. yilex. ab j^lex. ut fuprà , & Lex. Fitijc. § Qualia Maurus amat 'ciifperfa Mapalia Pajlor, SU. Ital. Lib. 17. Et folltus vaciiis errars Mapalibus y}fer r^natùr, Lucan. L- 4. Avril, Mai et Juîn. 173$. rj qu'elles n'onc point changé. On en voit quelquefois jufqu'à deux -ou trois- cens enfemble. Ces Peuples ne s'arrêtent dans un lieu qu'autant qu'il leur convient, fur- tout pour le bétail, dont ils ont une gran- de quantité. Les Kabyles, ou Arabes des montagnes , ne changent point ainfi de de- meure, & leurs habitations font plus lem- blables à des Maifons qu'à des tentes , étant généralement bâties de bois , ou de terre grafle & de pierres, & couvertes àe chaume. Comme ces Huttes (car c'eft le véritable nom qui leur convient ) font fixes , ou faites pour demeurer dans la même place, on ne fçauroit douter qu'el- les ne foient les Magalia des Anciens *. Cartbage même, s'il faut en croire Firgi- le f , n'étoit autre chofe , avant le tems de Diâûfiy qu'un amas de ces fortes de Hut- tes , Famîlia qliquot (Numidafum) cum Mapaiibus , pecoribufque fuis (ca pâcnnià illis ejî) perfscuti J'unt Regem, Tit. Liv. L. 29. Numidas pofitii Mapaiibus confedijfe. Tac. Ann. L. 4. §. 25. * Magalia di^a , quafi Magaria , qnod Magar Punici novam vilhm dicunt. llid. Orig. L. 15, Cap. 12. Xïà. Boch. Chan. L. i. Cap. 24, Magalia qiuB à vallo Cafiroriim Magar "ud Magul , inftar viUarum fixœ erant , ^c. Vid. Cl. VifTsJ Not. in Sali. Bell. Jug. p. 285. t Mirât ur molsm Mnsas , Magalia quor/hm, Mn. I. 425. ■T6 B IB L I 0 T H E Q U E BRITANNIQUE, tes, OU qu'un vi liage de Â'a^^'/w, tels qu'on les voie aujourd'hui. A en juger par la fituation des Kabyles, à. par leur langage , qui leur eflauffi parti- culier que leur fituation, ce font les lèuls peuples de Barbarie qui puilTenc defcendre des 'anciens Africains. Car quoique ce Pais ait été fuccelUvement conquis par les Romains, les Arabes, les Vandales, les Maures & les Turcs, il eil plus que probable que les habitans des montagnes n'ont point fubi le joug des Vain- queurs , & par confequent ne fe font point mêlez & n'ont eu aucun commerce iivec ces diverfes Nations. Aujourd'hui même ils ne reconnoiflent point f autori- té du Grand-Seigneur , & ne lui payent aucun tribut, comme le font les autres A- rabes. Et ce qui prouve qu'ils forment un peuple particulier, & plus ancien que tous les autres peuples qui habitent la Barbarie , c'eft que leur Langue, qu'ils ap- pellent Sboimab , na pas la moindre affini- té , ni avec les différentes Langues de ces peuples , ni même avec aucune Langue Orientale ancienne ou moderne: L'Auteur en a mis un Vocabulaire à la fin de fon Ouvrage pour la fatisfadtion des Cu- rieux. La principale Manufadlure des Arabes, tant Bédouins que Kabyles , eft celle des 'Hykss, ou Couvertures de laine, &. des toiles Avril, Mai et Juin. 1730. 17 toiles faites de poil de chèvres pour leurs tentes. Les femmes feules y travaillenc, & au lieu de navettes, elles fe fervent de leurs doigts pour conduire tous les fils de la trame. Les Hykes ont ordinairement 18. pieds de long, & cinq ou fix de lar^ ge; c'eft l'habillement de ces peuples du- rant le jour, & leur lit pour la nuit. Ils en jettent un bout fur l'une de leurs" é- paules , (Se s'enveloppent du refte ; & lorfqu'ils veulent fe mettre en chemin , ou à l'ouvrage, ils l'attachent avec une cein- ture. Ils portent aufîî louvent par def- fus une efpece de manteau to^ut d'une pièce 5 que l'Auteur croit être femblable à la tunique de Jefus-Chrift , qui étoitjans couture , ou d'un feul tilTu depuis le haut juf- qu'au bas (Jean. XIX. 23. )^Ce marteau a un capuchon dont ils fe fervent lorf- qu'il pleut , ou qu'il fait bien froid ; car hors de - là ils vont tête nuë , n'ayant qu'une bandelette qui leur defcendle long des temples , & qu'ils attachent derrière la tête pour alTajettir leurs cheveux» Nous ne dirons rien des habits particuliers des Maures & des Turcs, qui font en tout femblables , parce que cela eft alTez con- nu; quoique Mr. Shaw s'y étende beau- coup. Toutes fortes de provifions de bouché font à grand marché en Barbarie. On peut Y avoir des poulets pour moins de deux fols pièce , un mouton nour trois chel- Tomç XIII. Fart. L U lings ï8 BibliothequeBritannique, lings fix fols 5 un bœuf pour une Gui- née , & le boifleau du meilleur froment pour 15. ou 18. fols. Le pain, le lait & le fruic, font toute la nourriture des A- rabes ; mais les Turcs & les Maures man- gent outre cela de la chair , des légu^ mes , du poiiïbn, &c. Et ceux d'entre eux qui ibnt à leur aife, fe traitent aufli délicatement qu'on peut le faire en Eu-* rope. Les Arabes font naturellement fort pa- relTeux; ils ne s'attachent à aucune pro- fefllon , ni à rien de tout ce qui fent le travail; ils paflent les journées entieresà fumer, étendus fous quelque arbre; & ce qu'il y a de plusfmgulierjC'efl que, quoi- qu'ilsn'ayent rien à faire, ils nefçauroient demeurer dans leurs maifons, ni prendre aucun plaifîr dans leur domeftique. Ils font plus de cas de leurs chevaux que de toute autre chofe, & ne font jamais plus contens que quand ils courent à toute bri- de , & qu'ils vont en partis pour détrouf- fer les pafTans , ou à la chafTe , qui eft leur occupation favorite. Ils y font fi experts , qu'ils ne craignent point d'attaquer les bêtes même les plus féroces. Quand ils veulent chafler le Lion, ils s'alîemblenc au nombre de trois-ou quatre-cens, & forment un aulTi grand cercle qu'ils peu- vent, en fe tenant à quelque diflance les uns des autres; ils ont quelques gens de pied , armez de javelines , & des chiens , qui Avril, Mai et Juin. 1739. 19 qui marchent les premiers pour battre le lieu. A mefure qu'ils avancent, ils fe fer- rent , de peur que l'animal ne leur écha- pe ; & dès qu'il paroît^ ils fondent fur lui , ou l'attendent de pied ferme, & lui lancent leurs Sagayes ou dards fi à propos , qu'il tombe, en un inftant percé de coups. Seulement il arrive quelquefois , que fe fentant prelTé , ou même au moment qu'on l'a lancé , il fe jette fur le pre- mier Piéton , & plutôt que de lâcher prife il fe laiiïe mettre en' pièces. Ce font les Femmes, parmi les Arabes, qui exercent les profefiions méchaniques, & qui avec cela ont tout le foin du ména- ge , pendant que les Maris fe divertiffenc ou font les fainéans , & que les Garçons , & les Filles gardent les troupeaux. Les Maris font de vrais Tirans , quife moquent des égards qu'on a pour le fexe chez les Nations polies de l'Europe, comme étant contraires à la Loi primdtive, qui, félon eux> donne à l'Homme un empire abfolu fur la Femme. Quoique l'hofpitalité règne parmi les Arabes , c'eft plutôt chez eux une coutu- me qu'une vertu. Ils n'en font ni moins traîtres , ni moins voleurs ; & il arrive fou- vent qu'ils vont le matin dépouiller fur la route, ceux qu'ils ont logez la nuit & re- çus avec toutes les marques apparentes de cordialité. Ce n'eft pas même feulement les Etrangers qu'ils attaquent , niais en- j B 2 core so Bibliothèque Britannique, core tous ceux qu'ils trouvent fans ar- mes & fans défenfe; ils n'épargnent pas ceux de leur propre Nation, fur-tout lorf- qu'ils font d'une différente Tribu, car il règne entre ces Tribus des divifions éter- nelles & une haine implacable. Et c'eil ainfi , dit Mr. Shaw, qu'ils accompliflent jufqu'à ce jour la prédiélion de l'Ange ( Gen. XVI. 12. ) touchant Jf77iael , de qui ils font defcendus : // fera Jemblable à un Ane fauvage , // lèvera fa main contre tous , ^ tous lèveront la main contre lui. Cependant il faut rendre cette juflice à ceux qui ha- bitent la partie Occidentale de l'Afrique, qu'ils font depuis long-tems un grand commerce avec les Nègres qui font le long du Niger , de la meilleure foi du monde, & même fans voir les perfonnes avec qui ils négocient. On fçait comment cela fe pratique. Il n'y a point de peuple plus fuperfU- tieux que les Arabes. Ils pendent au col de leurs enfans la figure d'une main ou- verte, qu'ils peignent aufTi fur leurs tentes ou maifons,& fur leur bétail , comme un amulète contre toute forte de maléfices'; car chez eux le nombre de Cinq eft un nombre myftérieux. Les perfonnes de tout âge portent lufii dans la même vue quelque paflage de l'Alcoran fur leur poi- trine oa dans leurs bonnets. Ils ont tous une grande foi aux Enchanteurs & aux Sorciers. Ils attribuent leurs maladies à un Avril, Mai et Juin. 1739. 21 un ordre particulier de Génies, qu'ils fup- pofent tenir le milieu entre les Anges & les Démons, & qui ne reflemblentpasmal aux Fées du tems jadis, fréquentant les fontaines , les cavernes & les bocages , & fe transformant en toute forte d'ani- maux. Comme ces Génies fe rencontrent à chaque pas que Ton fait, il eft toujours à craindre qu'on ne les aitoffenfez ;ainfi> pour les appaifer, on leur facrifie un coq, une brebis, ou une chèvre, avec des cé- rémonies toutes particulières , comme celles de faire fumer de l'encens, d'enter- rer la vidime , d'en boire le fang, den brûler ou d'en difperfer les plumes 6ic. tout cela fuivant le fexe ou la quali- té du malade , & la nature de fa ma- ladie. Ces Peuples ont encore une extrême vénération pour leurs Marabous , qui fonc des efpeces de Prédicateurs & de faints tout enfemble. Ils mènent généralement une vie fort auflère , & ne s'occupent qu'à dire leurs chapelets , à méditer & à prier. Leur fainteté eft héréditaire, pour- vu que leurs fils fçachent affeéler la mê- me gravité & la même aufterité. Il y en a qui prétendent à l'infpiration , & quel- ques-uns même au pouvoir de faire des miracles , dont Mahomet pourtant n'ofa jamais fe vanter. Les Arabes font au fu- jet de ces faux Prophètes les r.écits les plus incroyables. Mr. Shaw en vit un B 3 » jour fi- Bibliothèque Britannique, jour un qui jettoic du feu par la bouche, à. dont la vûë le furprit d'abord , mais il s'apperçut bientôt que ce n'étoit qu'un habile joueur de tours de pafle-pafle, & il le fit même remarquer à quelquCvS Turcs , qui en convinrent; mais pour les Arabes, \{ n'y auroit pas eu moyen de les défa- bufer. Les Marabous comptent fi fort fur la fuperdition de ce Peuple, qu'ils fe mêlent même de prédire l'avenir; 6l quoi- qu'ils y réûfiinent très -mal, ils ne laidenc pas d'être regardez comme des Oracles. r^4ais de toutes les Prophéties qui ont cours parmi les Mahometans, de quelque endroit qu'elles viennent , il n'y en a point de plus univerfelle & de plus re- marquable que celle qui porte, qu'un jour les Chrétiens recouvreront tous les païs que les Turcs & les Sarrafins leur ont en- levez. Et c'eft en confeqaence de cela , que dans tous les lieux où le Mahomié- tifme efl établi, on ferme avec foin les portes des villes tous les Vendredis de- puis dix heures du matin jufqu'à midi; parce que c'eft, à ce qu'ils difenr,le jour & le tems marquez pour cette grande ré- vol u*- ion. Quoique les Arabes, pour la plupart, re- connoiftent l'autorité du Grand-Seigneur, & lui payent tribut, cela n'empêche pas qu'ils ne foyent en quelque façon libres, & qu'ils ne fe gouvernent par eux-mê- mes comme ils le jugent à propos. Cha- que Avril, Mai et Juin. 1730. «^ que village eft une efpece de pecite Ré- publique, qui afon Chef, pris de :a famil* le la plus diftinguée par ion opulence, par fes exploits , ou par fon ancienneté. Cet- te charge e(l héréditaire, mais non pas en ligne directe; car quand le fils eft, ou trop jeune ou imbécil!e,on choific le frè- re ou quelque autre des plus proches pa- ïens du défunt , félon la coutume des Nu- mides,leurs ancêtres. Outre ce Mag ftrat particulier , chaque Tribu a fon Prince fou- verain, qu'on appelle Emir, & dont la di- gnité eitaufli héréditaire, de la même ma- nière que la précédente. C'eft lui qui dé- clare la paix ou la guerre , qui affemble, quand il le juge à propos , toutes les for- ces de la Tribu , & qui fe met à leur tê- te pour quelque expédition que ce foit. Al^er , comme Tunis , eft gouverné par un De};, qui eft une efpece de Capitaine- général , & par un Confeil de Régence, com- pote de trente Bâchas y auquel le Mufti, le Cadis & cous les Officiers de l'armée, adiltenc quelquefois. Fvlais depuis quel- que tems le jQe}/ s'eft fi bien emparé de tout€ l'autorité , que le Confeil ne s'afTem- ble prefque plus que pour la forme. Ce pofte n'eft point héréditaire ; celui qui le remplit , eft toujours pris de l'arrriée , qui pour l'ordinaire décide de l'éledtion; & cela va li loin, que depuis le premier Of- ficier jufqu'au fimple foldat , il n'y en a aucun qui ne puifTe parvenir à cette di- B 4 gnité* 44 Bibliothèque Britannique, gnicé. Un homme entreprenant & cou .rageux , avec beaucoup d.e fouplefle & de dextérité pour fe faire un parti, & peu de probité & de confcience , a tout ce qu'il faut pour caufer une révolution & fe mettre à la fête du Gouvernement. Aulli depuis que les Turcs fe font rendus maî- tres d'Aller, n'y a-t-il pas eu un Dey en dix, qui (oit mort tranquillement dans fon lit. A la vérité cette humeur turbulente & cruelle femble avoir beaucoup dimi- nué parmi les foldats, par la vigilance & la politique du préftnt Dey ^ qui^a fçu faire échouer jufqu'ici toutes ies confpirations formées contre fa perfonne, & en punir févèrement les auteurs. Les Algériens n'ont pas cinq-mille hom- mes de troupes en état de fervir; dont ils employent une partie dans leurs gar- nifcnsj une autre partie à aller en cour- fe , & le refle à former trois camps vo- lans fous la conduite des trois Vicerois, lorfqu'ils vont faire le tour "du Royaume pour lever le tribut annuel. Ils ont bien outre cela environ deux- mille Maures, tant Cavalerie qu'Infanterie; mais comme ils ne s'y fient point, ils ne s'en fervent prefque que pour la parade. Tous les cinq ou (ix ans ils envoyent dans le Levant faire des recrues , qui ne font compofées que de la plus vile canaiPe & de prof- crits. Cependant, à peine ces malheureux font-ils enrégimentez, & à peine ont -ils des Avril, Mai et Juin. 173p. 25 des fouliers aux pieds , un turban fur la tête & un cimeterre à la ceinture, qu'ils deviennent les plus infolens de tous les hommes , voulant qu'on leur donne le ti- tre d'EffendiSf ou de F'oîre Grandeur, & regardant les Citoyens, même les plusdif- tinguez, comme leurs efclaves , & les Con- fuls des Nations étrangères 'comme leurs valets. Ce qu'il y a de Imgulier , c'eft que , malgré toute leur arrogance, les foldats Turcs ne fe font point de peine d'avouer la baflelTe de leur extraftion lorfqu'ils font parvenus aux Charges de l'Etat. Mr. Sbaiv cite à cette occafion , ce que le Dey qui regnoit à Alger quand il y arriva , dit un }our au Député -Conful d'une Nation voifine , dans une difpute qu'il eut avec lui : Ma Mère vendoit des pieds de mouton , 6f mon Père des langues de bœuf ; mais ils aiiroient eu honte d'expofer en vente une aujji mauvaife langue que la votre. Les revenus de cette République ne montent pas à plus de trois -cens mille écus par an; mais Ton compte que la huitième partie des prifes faites en mer , laquelle apartient à l'Etat , les contri- butions des ^û^3f/ej indépendans , les biens de ceux qui meurent fans enfans , & les vexations qu'on met en œuvre pour ar- racher de l'argent des fujets , peuvent produire encore une pareille fomme ; ce qui eft pourtant bien peu pour un Royau- me ^ufli étendu que celui-ci. La marine B j des 25 Bibliothèque Britannique, des Algériens , qui autrefois étoit fi for- midable aux Puiirances maricimes de l'Eu- rope , n'eil prefque plus rien aujourd'hui, comme on l'a déjà remarqué; & l'on peuc dire que c'eft une efpece de miracle, qu'un Gouvernement fi foible en tout fens , fe foucienne dans un fi vaite païs , malgré les divifions qui le déchirent & le peu de bonne-foi 6l de vertu qui y régnent. Il y a pourtant une chofe digne de louan- ge: c'eft que la juftice y elt aflez bien adrainiftree par un Cad:s , qui pour l'ordi- naire a été élevé à Conjiantinopie ou au Grand-Caire ^ oii dit l'x^uteur ) l'on ex- plique le Code & les PandeBes , comme dans les Univerficez de l'Europe. Mais on peut appeller des décifions de ce Ju- ge , ou même s'addrefier en droiture au Dey, ou à quelques-uns des principaux Officiers de la Régence, qui , à l'exemple des anciens Ju2:es d'Ifraël , font tous les jours affis à la porte du Palais pour ren- dre la juftice. Là toutes fortes de caufes civiles ou criminelles, fans en excepter les plus importantes, font décidées fur le champ en dernier reflbrt , & la fen- tence efb exécutée en moins d'une heure. Le débiteur eft envoyé en prifon jufqu'à ce qu'on ait vendu Tes effets pour payer fon créancier, & s'il y a du furplus , on le lui rend. S'il n'y a pas allez , on ne laiflTe pas de le relâcher , & il eft dès ce moment à couvert de toute nouvelle pour- fuite. Avril, Mai et Juin. 1739. 27 fuite. La baftonnade eft le châtiment or-, dinaire pour les criifres qui ne font pas capi' aux , à fégard de ceux-ci, fi le cou- pable efl un Juif, ou un Chrétien fujetde la République, on le brûle vif hors de la ville; fi c'eft un Arabe ou un Maure, on l'empale , ou on le pend aux créneaux des murailles de la ville, ou bien on le jette fur des crochets fichez au bas de ces murailles , oii il demeure quelquefois pen- du des trente , ou quarante heures dans les tourmens les plus terribles avant que d'expirer. Mais fi c'efi: un Turc, il n'eft: point exécuté en public, par refpeét pour là Nation ; on l'envoyé à la maifon de VAga, qui le fait étrangler. Les Femmes , par un principe de modefi:ie fort extraor- dinaire parmi des gens de cette trempe, ne font pas non plus expofées à la vûë du Public en pareil cas ; on les met dans un fac, qu'on a foin de bien lier, &; on les jette- dans la mer. Les Maures qui habitent la partie Occidentale de l'Afrique, ont confervé jufqu'à ce jour la barbare coûcume de fcier en deux les criminels du premier ordre. Ils les mettent pour cet effet entre deux ais de longueur & de largeur égales à leur taille, & après les avoir liez^ fortement enfemble , ils fcient le tout à la fois, en commençant par la tête. En général, on peut dire que dans ce Pai's on n'a point d'égard à la qualité des coupables. Une fomme d'ar- gent 25 Bibliothèque Britannique, genc peut bien quelquefois arrêter le cours de la juftice, mais quand il s'agit de cri- mes capitaux, il n'y a point d'impunité ni de grâce à attendre,- il faut fubir la peine portée par la Loi. L'AJteur finit cette partie de Ton Li- vre, en dîTant deux mots des alliances des Algériens avec les Princes Chrétiens, aux- quelles ils ne fe tiennent qu'autant qu'ils y trouvent leur compte. Il afTure qu'ils font naturellement plus amis des Anglois que d'aucune autre Nation, & il dit ce qu'il faudroit faire pour cultiver leur a- mitié , mais en fe fouvenant toujours de ce qu'un de leurs Deys avoua ingénument à Mr. le Conful Coie , qui fe plaignoit à lui des infultes que les vaifTeaux Anglois avoient reçu de fes Corfaires ; Les Algé- riens, lui dit-il, font une troupe de voleurs ^ (f fen fuis le Capitaine, ARTICLE IL The Mifcellaneous Works in Profe and Verfe of Mrs. Elizabeth Ro we. The greater part now firft publif- hed, by her order, from her origi- nal Manufcripts. By Mr. Theo- PHiLus Rowe. To which are ad- ded , Poems on feveral occafions , by Mx. Thomas Rowe. And to the whole Avril, Mat et Juin. 1739. 2^ whole is prefixed , an Account of the Lives and Writings of the A u- T H o R s. C'eil- à-dire : Oeuvres Mêlées de Madame Elizabeth Rowe, en Profe ^ en Fers ; dont la plus gran- de partie fe publie maintenant pour la première fois , fuïvant fe s ordres ^ iS fur fes propres Manufcrits^ par Mr. Théo- phile Rowe *. On y a ajouté des Poëmes compofez par Mr. Thomas Ro WE f. Le Tout eft précédé de fHif toire de la Vie âf des Ecrits des deux Auteurs, Deux Voll. in 8. pp> 264. pour le I. , fans l'Hiftoire de fa Vie &c. qui en contient 128.; & 322, pour le II. A Londres > chez R. Hett, à la Bible Couronne'e, dans k Poultryy 1739. CE n*e(l pas ici la première fois que le nom de Madame Rowe paroîc dans notre Journal. Il y a deux ans que nous donnâmes un Extrait de fon Poëme intitulé Hijloire de Jofepb §. Nous avons auHi * Beau-frere de Mad. Rowe. t Epoux de Mad. Rowe. §. Voyez La IL Partie du TomeVlll. de cet-- te Biblioth. p, 250. ^ fuiv. 3qB I B L iothequeBritannique, aufli rendu compte de fon Livre qui a pour Titre VAmitié après la mort. Comme cette Dame s'eft diîlinguée par fon méri- te autant que par Tes Ouvrages , nous croyons qu'on ne fera pas fâché de trou- ver'ici quelques particularitez de fa Vie. Elizabeth Singer , car c'ell: ainfi qu'elle s'appelloit avant fon mariage, naquit à Ilcbejter dans la Province de Somerfet le II. Septembre 1674. Elle étoit l'aînée de trois filles de Mr. Gaultier Singer, Gentil- homme d'une bonne famille, S de Madlle. Elizabeth Portnell. Mr. Singer , quoique Non-Conformifle , étoit fi eftimé à caufe de la pureté de fes mœurs , de fa pieté & de fa charité univerfelle, que; les per- fonnes de la première qualité, & même de zèlez Anglicans , comme entre autres le pieux Evêque Keuyïç. faifoient unplai- lîr d'aller fouvent lui rendre vifite. Voi- ci le Portrait que fa Fille fait de lui dans une de fcs Lettres familières. ,, Je vis à „ mon aife, dit -elle, & dans toute l'a- ,j bondance que je puis fouhaiter. Je ne^ „ fçaurois former de défirs, que mon Pe- „ re, par un effet de fa bonté, ne foit- „ prêt à fatisfaire. Je n'ai d'autre chofe- „ à demander à Dieu, (î ce n'efl qu'il con- ferve les jours de ce bon Vieillard. La parfaite faintçté de fa vie , & la géné- rofité de fon cœur, font qu'il efl le re- fuge de tous ceux qui font en détrelTe, is de la Veuve & de l'Orpheiiû. Le peu- » pie Avril, Mai et Juin. 1739. 3t fy pie le comble de bénédiâ:ions & de „ vœux toutes les fois qu'il fort; ce qu'il „ ne fait jamais que pour remettre la iy paix parmi fes voifins , ou pour faire 9f rendre jullice à ceux qu'on opprime.' ' „ Le refle de Ton tems eft entieremenc y, confacré à des ades de dévotion, & à „ fes Livres , qui font fon unique di- „ vertiflement. Mademoifelle Singer étant élevée par un Père de ce caractère, on ne doit pas être furpris qu'elle ait fait paroîcre de bonne-heure un grand fonds de pieté, & beaucoup d'amour pour l'étude. C'étoic aulTi-làle caraftère d'une de fes fœurs*, qui s'attacha particulièrement à la lectu- re des Livres de Médecine , & on nous aflure qu'elle fie de grands progrès dans la connoiflance de cet Art : & fi on ne pouvoit pas dire à la lettre de ces deux fceurs, ce que le Sage dit de la Femme forte t , que leur Lampe ne s'éteignoit point la nuit , il eft fur au moins qu'elles en paflbient une bonne partie à la ledure, tant elles avoient d'ardeur pour l'étude, & tant elles prenoient de plaifir à fuivre cette noble inclination. Il paroît que Madlle. Singer commença d'avoir des fentimens de pieté dès fa plus tendre jeunefTe ; car voici comment elle s'ad' * L'autre mourut en bas âge. * PlOV. XXXI, iS, 32 Bibliothèque Britannique s'addrefle à Dieu dans un de Tes ouvra- ges *. Dès mon enfance fui élevé mes mains vers toi , &* fai appris de bonne-beure à con* noîîre ^ à adorer le Dieu de mes Pères. Ce- pendant, 11 l'on en juge par un Conte que l'Auteur de fa Vie rapporte , il femble que dan.s fa jeunefle elle ait appréhendé de mourir : voici ce que c'eft. „ Madlle. 99 Singer étant dangereufement malade , „ & troublée par la crainte de ce terri- „ ble changement qu'elle voyoit appro- „ cher , fa fœur , qui s'apperçût de fon „ trouble , lui demanda (i elle étoic fâ- ,y chée de mourir ? & comme elle Ta- „ voua franchement, fa fœur, qui étoit „ aufli difpofée à quitter le monde, qu'el- „ le paroiflbit l'être peu, lui dit: Je vais „ donc prier Dieu qu'il me retire de ,f ce monde au lieu de vous. La prière „ fut exaucée; Madlle Singer fe rétablit, ,, & fa fœur tomba malade & mourut ". Quand même ce Conte feroit vrai , on E*en pourroit pas conclure que Madlle. Sin- ger n'a point eu de pieté dans fa jeunef- fe. La Pieté n'eft pas incompatible avec l'amour de la Vie, fur-tout dans une jeu- ne & belle perfonne, qui a du bien , qui eft aimée & eftimée de tous ceux qui la connoiflent,& qui fe voit une réputation naifiante. Madlle. Singer s'attacha de bonne-heure au * Intitulé, Devoîit Exer&^Ces, Avril, Mai ET JyiN. 1739. 33 au DelFein ; à peine avoit-elle la majQ aflez ferme pour tenir le crayon, qu'elle témoigna combien elle aimoic à deflmer. Mais la Poufie écoic fa paffion favorite ; fon génie étoic li fort tourné de ce côté- ]à 5 que même fa Profe à tous les charmes de la Poëfîe : on y voit le môme feu , la même imiagination que dans les Vers ; des images vives , des figures hardies, un lli- Ic nerveux & coulant: à peine pouvoic- elle écrire une limple lettre familière , fans y mêler quelques traits Poétiques. Elle comimença à faire des vers dès Tâge de douze ans ;& elle n'en avoit que 22. lorf- qu'en 1096. elle publia un Recueil de fes Poëfies , à la prière de deux illuftres amis : mais fa modeftie ne lui permît pas d'y mettre fon nom , de forte qu'elles furenc publiées fous le nom poétique de Philc- mêle y que fes amis lui avoient apparem- ment donné dans les pièces en vers qu'ils lui addreilerent, ou qu'ils firent à fon occafion. Quoique la plupart de fes Poëfies rou- lent fur des fujcts de pieté, & que mêmiO. parmi celles qui font les moins religieu- fes , il n'y en ait aucune , qui ne foit; conforme aux règles les plus étroites de la Vertu, cependant ces dernières lui cau- ferent quelque inquiétude dans fa vieil- lefle. MaîtrelTe alors de toutes fes paf- fions , & confacrée toute entière au (er^ Joins XJII. Farî.L C vice .â^î 34 Bibliothèque Britannique, vice de Ton Créateur, tour ce qu'elle ne pouvoitpas approuver abfolument, lui pa- ToifToit impardonnable; non contente de n'avoir rien écrit qui pût porter le moin- dre préjudice à la pieté, elle fe vouloit du mal d'avoir écrit quelque chofe qui ne tendit pas diredtement à favorifer la Vertu. Elle avoit appris le François & l'Ita- lien; Un homme de qualité, je veux di- re Mr. Thynne,fils du Vicomte deWey- mouth , voulut bien prendre la peine de lui enfeigner ces deux Langues. Il eut le plaifir de voir fes foins réuflîr au-delà de fes efpérances ; car au bout de quelques mois Madlle. 5/ n^^r entendit l'Italien aflez bien pour prendre du plaifir à la leâ:u- re de la Jerufalem délivrée du TafTe. Son mérite diftingué, les charmes de fa perfonne, & les agrémens de fa con- verfation , lui attirèrent un grand nombre de foupirans , du nombre defquels fut le célèbre Prior: il fouhaitoit palllonné- ment de l'époufer ,• mais ce bonheur étoit réfervé à Mr. Thomas Rowe , Gentil- homme diftingué par fon efprit & parfon fç avoir ""il naquit à Londres le 25. d'Avril 1687 '*'. Son Père , qui étoit fçavanc , & bon Pré- dica- * Il étoit donc de 12. ans & quelques mois plus jeune que Madlle. Singer. Avril, Mai et Juin. 1739. 35 dicateur,lui fît faire fes clafTes, première- ment à Epfom , & enfuite dans la Char- treufe à Londres , fous le fameux Doélcur Walker. Le jeune Rowe ayant appris le Latin, le Grec & l'Hébreu, fut envoyé à rUniverfité de Leyde, oli il étudia les An- tiquitez Judaïques fous Mr. Witfius, le Droit Civil fous Mr. Vitriarius, les Bel- les Lettres fous Mr. Perifonius,& la Phi- lofophie expérimentale fous Mr. Sengaard. Il fe fit eltimer dans cette célèbre Univer- Cté par fon application à Tétude, par les connoifTances qu'il acquit, & par fes ma- nières polies & obligeantes envers tout le monde. Et quoiqu'il fût abandonné à lui-même, fans autre furveillant que fa propre vertu & fa prudence, il conferva fes mœurs pures, dans cet âge où la cor- ruption efl le plus à craindre. L'amour de la Liberté, qu'il avoit pui- fé dans les anciens Auteurs Grecs & La- tins, fe fortifia confiderablement par le féjour qu'il fit dans une République, où de continuels exemples lui faîfoient con- noître le prix ineflimable de la Liberté, qui efl la mère de l'InduftrJe, la nourrice des Arts & des Sciences , & la fource in- tariffable du bonheur de la Socieré. De retour à Londres, il remarqua vers l'an 1708. qu'on commençoit à répandre dans le public des principes pernicieux, qui tendoient à détruire entièrement la Liberté de la Nation. Il combattit ces C 2 pria- 3(5BrBLIOTHEQUE B R I T ANNI QU F;, principes avec un zèle qui auroit peut- être eu plus de luccès , fi Mr. Rowe eue pofledé quelque Charge dans l'Etat, mais qui ne pouvoit être,ni plus vif , ni plus jufte, ni plus lincere. Il haïfToit toute forte de Tyrannie , mais principalement la Tyrannie Eccléjiajli que , perfuadé que, comme le plus vil & le plus honteux ef- clavage efl celui de l'efprit, c'ell auill celui dont les confequences font le plus pernicieufes. Cet amour de la Liberté éclate dans les Vies des Hommes liluftres qu'il a compofées. Il avoit deflein d'écrire toutes celles que. Plutarque a omifes. Il en a achevé huit, qu'on a publiées après fa mort. Monfieur TAbhé Bellenger les a traduites en Fran- çois, & y a ajouté la Vie d'Hannibal , pour fervir de fupplément aux huit Vo- lumes des Vies de Plutarque traduites par Mr. Dacier. „ Il y a lieu de croire, „ nous dit-on ici, que Mr. l'Abbé Bellen- ,5 ger n'eil point éloigné des fentimens ,) de Mr. Rowe fur le droit inaliénable „ que tous les hommes ont d'écre libres, „ puifque rilluilre Tradu6leur fuit fon j. Original fidèlement , fans omettre les ,, pafTages les plus libres , ni \ts traits „ les plus hardis contre la Tyrannie, fans „ les altérer, fans y ajouter le moindre „ correctif , & fans témoigner qu'il les ,, défapprouve. J'avoue que le plaifirque „ cela m'a caufé , a reçu un nouvel ac- ,, croif- AvRTL, Mai et Juin. ly^O- 37 „ croilîement , lorfque j'ai vu la traduc- „ don accompagnée d'une approbation en „ bonne forme, fignée par celui à qui ,5 le Garde des Sceaux avoic ordonné d'exa- „ rainer l'ouvrage. Il femble qu'on puif- ,, fe conclure de là , qu'il y a encore quel- 5, ques bons François, qui, comme s'ex- „ prime Mr. Rowe , font les rcftes d'un ,, peuple généreux , qui ne s'ejl point la[l]'é ,, corrompre par de faujjes Jubtilltez y quino- ,^ béijjûit point en efctave, ^ qui ignor(Jit ,, toute autre puiffance, que celle qnii étoit di- ,, rigée ^ limitée par les Loix. Puifle Mr. ,» Rowe, qu'on a fait parler François, ,, devenir par-là un inOirument qui ferve 9, à augmenter le nombre , & à ranimer „ le zèle de ceux qui s'intérefTenc encore j, pour une caufe fi glorieufe ! En 1709. Mr. Rowe étant à Bath , fut conduit par un Gentilhomme de fes amis chez Madlle. Singer, Il avait déjà conçii beaucoup d'eftime pour eUe par la lectu- re de fes Ouvrages , & par la réputation qu'aile avoitacquife. Mais lorfqu'il la vit, il fut charmé de fa beauté , de fon efprit & de fa vertu , & conçût pour elle la paflTion la plus vive & la plus tendre , (Se l'époufa l'année luivante. On nous avertit ici dans une Note, que cette partie de la Vie de Madlle. Singer & de Mr. Rowe a été écrite par Mr. Grove, qui eil more avant que d'avoir achevé C 3 cet- 3S Bibliothèque Britannique, cette pièce: le refle a été compofé par Mr. Théophile Rowe, frère de Mr. Tho- mas Rowe, & Editeur de ce Recueil. Madlle. Singer , que nous appelleront déformais, Mad. Rowe,n*eut pas le bon- heur de vivre long-tems avec un époux qu'elle chériflbit , & donc elle étoit tendre- ment aimée. Mr. 'Rowe n'étoit pas d'un tempérament robufte , & comme il s'at- tachoit peut-être trop à l'étude, il ne jouit que d'une fanté affez foible durant tout le tems de fon m.ariage. En 17 14. il parut être en confomption; on crue que l'air de Hampftead , charmant village, fitué fur une colline à une petite lieuë de Londres, lui feroic du bien; mais il y mourut le 13. de Mai 17 15. dans fa 29, année. I^Iad. Rowe fut inconfolable ; & comme elle avoit toujours aimé la retraite, n'ayant demeuré à Londres, ou dans le voifmage, que par déférence pour fon époux, elle quitta le monde, & fut fe confiner à Fro- rue, dans la Province de Sommerfet, oli elle avoit la plus grande partie de fon bien ; & ce n'étoit que par complaifance pour des Dames de qualité , & particuliè- rement de la Comtefle de Hertford , qu'el- le quittoit quelquefois, m.ais rarement, fa folitude. Ce fut dans fa retraite qu'elle compo- fa les plus célèbres de fes Ouvrages , je veux Avril, Mai et Juin. 1739. 3^ veux dire , V Amitié après la Mort , qui pa- rut pour la première fois en 1728, & Tes Lettres Morales^ Aviufantes , mêlées de Profe ^ de Vers , dont la première Partie fut imprimée en 1729, la féconde en 1731», & Ja troifième en 1733. Le but de ce dernier Ouvrage eft, de mettre devant les yeux des Lecteurs des exemples de la bienveillance la plus généreufe, & de la vertu la plus héroïque ; afin de les porter par -là à la pratique de tout ce qui eft digne de l'homme , & de tout ce qui tend au bien du genre humain : dans ce même Ouvrage elle repréfente vivement les cruels remords & les grands malheurs à quoi on s'expofe en s'abandonnant au vice, & en le livrant à fes paffions; afin d'aver- tir par-là les jeunes gens, peu accoutu- mez à refléchir , qu'ils ne fe îaiflent point féduire aux charmes trompeurs du vice, qui les perdroient infailliblement. En 1736. les Amis de Mad. Rov^e l'en- gagèrent à publier fon Hiftcire de Jofeph , qu'elle avoit compofée dans fa jeunefle. Dans la première édition de ce Poème , qui eft celle dont nous avons rendu comp- te, elle ne l'avoit conduit que jufqu'au Mariage de Jofeph. Mais à la perfuafion de fes Amies , & particulièrement de l'il- luftre Comterîe de Hertford , elle y ajou- ta deux Livres , afin de conduire l'Ouvra- ge jufqu'à l'époque ou Jofeph fe fait con- lioîcre à fes Frères ; ce qui ne lui coûta , C 4 dit» 40 Bibliothèque Brîtankique, dit -on, que trois ou quatre jours de tra- vail. Ces deux Livres furent fon dernier Ouvrage , & ont été publiez peu de mois avant fa mort. Elle avoit toujours fouhairé de mourir dans fa retraite , & même d'une m.anière fubite, de peur que fon elprit, étant af- foibli par les maladies ou par les infir- mitez de l'âge, ne fût faifi de défiances & de craintes , trop naturelles, il eft vrai, mais peu dignes d'une ame Chrétienne qui a lieu d'efpérer en la mifericorde de Dieu. Ses fouhaits furent accomplis; elle mourut fubitement un Dimanche matin 20. de Février 1736. *, V. S. On trouva dans fon cabine,t quatre Let- tres , l'une à la Comteflé de Hertford , l'autre au Comte d'Orrery, la troifième à îvlr. Théobald, & la quatrième à fa bel- le-mère, Mad. Sara Rowe. Ces Let- tres font rem.plies de fenumens de Pieté, & font voir que Mad. Rowe fe confioic entièrement en la mjifericorde de Dieu, ù. etoit pleinement perfuadée qu'ellejoui- roit bientôt du Bonheur célefle. Elle a- voit ordonné qu'on ne remit ces Lettres à ceux à qui elles étoient addrelTées , qu'a- près fa mort. Comme Mad. Rowe a pafTé la plus grande * C'eil-i^^iire , à ne commencer l'Année qu'ain 25. Mars; autrement il faudroit dire 1757. li l'on commence l'année au premier de Janvier, Avril, Mai et Juin. 1739. 41 grande partie de fa vie dans la retraite , on ne doit pas être furpris que Ton Hif- toire ne fourniiïe pas un grand nom- bre de faits intérefians. Cependant en nous donnant, dans la fuite de cette Vie, la defcription des qualitez de fon efpric ^ de fon cœur, on nous apprend quel- ques particularitez, que nos Lecteurs ne feront peut-être pas fâchez de voir ici. On a coû:jme de dire des Dévots qui vivent d'une manière retirée , que s'ils ne fe livrent pas aux plaifirs desfens, contre lefquels ils déclament avec la der- nière févérité, il n'arrive que trop fou- vent qu'ils s'abandonnent à l'orgueil , à une humeur chagrine, à un efprit de cri- tique & de cenfure, La pieté de Mad. Rovve n'a point été ternie par de pareils défauts. Elle n'a pas été moins en exem- ple par fa générofité, par toutes les ver- tus qui one du rapport à la Société, que par fa grande dé\'Ocion : & elle croyoit que les péchez auxquels l'ame efl entraî- née par le corps , font moins atroces que ces vices de Tefprit qui avililTent la na- ture humaine , & rendent l'homme fem- blable cà l'efprit malin & malfaifant, qui, félon l'Ecriture , efl dans une oppofition parfaite avec l'Etre fupréme , dont la bon- té fait le caractère eiTenticl. Ajoutons, que quoique Mad. Rov^e fk beaucoup de cas desaftes de Dévotion ,elle ne croyoic pas que ce fût -là rellcntiel ; elle étoic C j per» 42B1BLIOTHEQUE Britannique, perfuadée que les devoirs de la Juftice, de rtquicé, de la Charité & de la Bien- veillance font d'une néceiTité abfoluë , & que c'eft envain qu'on a, ou qu'on pré- tend avoir de la Dévotion, û on ne s'ac- quitre pas de ces devoirs. Quoiqu'elle eût beaucoup d'efprit, el- le ne s'en eft jamais fervie aux dépens des autres: on a pu dire d'elle, ce qu'on a dit du fameux Poëte Cowley; elle n'a jam.ais donné lieu à perfonne de fouhai- ter qu'elle eût moins d'efprit. Auiïi ne trouve- 1- on aucun trait Satyrique dans fes Ouvrages ; & afin de ne pas tomber dans la tentation de médire, ou de tour- ner quelqu'un en ridicule , elle avoit com- pofé une Prière exprès, dans laquelle elle demandoit à Dieu, qu'il ne permîc pas que jamais elle oifenfàt perfonne par fes paroles ou par fes jugemens téméraires. On nous donne ici cette Prière, qui eft certainement trcs-belle , mais qu'il n'eft pas néceffaire de traduire. La Réputation qu'elle avoit acquife ne la rendoit point vaine; elle avoit trop de pieté pour fe glorifier des louanges qu'on lui donnoit, & difoit quelquefois à cette occaficn : Dieu n'a qu'à faire un léger chan- gement dans mon cerveau, &' me voilà folle. Elle avoit un mépris marqué pour les RicheîTes. Contente du Bien que la Pro- vidence lui avoit accordé, elle n'a pas feulement foxigé qu*il écoit polnble d'aug- menter Avril, Mai et Juin. 1739. 45 jnenter fon revenu. „ Jamais on n'a pu „ l'engager à accepter les conditions a- „ vantageufes qu'un Libraire lui offroic, „ pour avoir la liberté de publier un Re- „ cueil de fes Ouvrages. Jamais elle ne „ fit de Dédicace, & on ne trouve le nom „ d'aucun Miniflre d'Etat dans fes écrits. „ Elle ne fut jamais à la Cour , & û el- „ le a parlé avec éloge de quelques Prin- „ ces fous la domination defquels elle „ a vécu , ce n'a été que par un effet de ,, la haute vénération qu'elle avoit pour 5, ces défenfeurs de la Liberté ; mais fans „ en attendre aucune rccompenfe , fi ce „ n'efl le plaiflr de témoigner fa recon- „ noiflance à ceux qu'elle regardoit com- „ me les bienfaiteurs de la Patrie. L'ef- „ time particulière qu'elle a témoignée „ pour quelques Amis d'un rang diflingué, ,, étoit également dcfmtéreiTée : comme f, elle n'attendoit rien de leur amitié, ou- „ tre le plaifir de converfer avec eux , & „ de connoître leurs bonnes qualif?:^ 6z ,, leurs vertus , on ne doit rejiarder les „ louanges qu'elle leur a données, que „ comme un hommage qu'elle rendoit à „ leur mérite. L'amour de l'argent lui „ paroifibit la paflion la plus baffe & la „ plus honteufe,& fouvent elle plaignoir. „ le fort des hommes, lorfqu'el'e confî- „ deroit combien cette pafîion les domi- „ ne. Elle n'avoit point diflineué fes Ter- f) res de celles de fes voifms , jufques à f} ce 44 Bibliothèque Britanniq TE, ,, ce Que quelques raifons de prudence „ l'eullent obligée à s'informer ce qui Jui t9 apartenoic ,* ce qu'elle ne fie même , ,5 que lorfqu'elle compric qu'elle n'avoit> „ plus long-tems à vivre. Bien loin d'cxi- 5, ger avec rigueur ce qui lui étoic dû , „ elle éroit à cet égard d'une negligen- ,, ce qui alloin jufques à un excès "biâ- i, mable. Elle afFermoic Tes Terres à un j, prix fort au -defib us de leur jufle va- i, leur ; on ne fçauroit en douter , puif- „ qu'après fa mort la rente de fes Ter- ,, res a été augmentée conliderablement. „ Elle traitoit les Fermiers avec tant de „ douceur, que non feulement elle n'eue ,, jamais de procès avec aucun, mais el- ,, le ne vouloit pas même permettre qu'on ,, les menaçât de faifir leurs effets, lorf- ,, qu'ils negligeoient de lui payer fes ren- ., tes. Un de fes Fermiers , qui lui de- ,, voit cent Livres Sterling, s'étoit éva- ,, dé pendant la nuit, & ayant emporté ,, avec lui tous fes effets, on ne put ja- ;, mais lui perfuader de fe faifir d'une oc- ;, cafion qui fe préfentoit pour recouvrer ,, h dette: & fi le Fermier n'avoit pas 5, abandonné fa Terre fur les menaces ,, qu'on lui fît à l'infçû de Mad. Ro- „ we , il y a beaucoup d'apparence qu'un ,, excès de bonté Tauroit toujours cmpé- ,, chée d'employer des voyes rigoureufes If pour le chafler de fa Terre, & l'obli- „ ger à lui rendre juflice. Il fer oit aifé .. ^*^ Avril, Mai et Juin. 1739. 4^ „ de rapporter plufîeurs autres exemples „ de fa générofité ; elle a fouvenc cédé 5, les droits volontairement, îorfqu'elle „ auroit pu y infifler félon toutes les re- „ gles de l'équité & de la jultice. Tel étant fon caradère, on ne doit pas être furpris que fa charité envers les pau- vres ait été très-grande. Il fuffifoit d'ê- tre malheureux, ou dans la nécenité,pour exciter fa compalTion :mais elle fe faifoic un plaifir particulier de foulager les per- fonncs de mérite. Jamais ces perfonnes 31e s'addrefToient à elle fans fuccès , lorf- qu'il étoit en fon pouvoir de les fecourir. La première fois qu'elle voulut bien re- cevoir une gratification d'un Libraire pour quelque Ouvrage de fa façon, elle em- ploya toute la fomme au foulagement d'une famille qui étoit dans la né'ceflité: & il y a de fortes préfomptions , qu'elle a fait le même ufage de toutes les fommcs qu'elle a reçues pour fes Ouvrages; & une Fois qu'elle ne fe crouvoit point d'ar- gexic pour fubvenir aux prefllins befoims d'une pauvre famille , elle ne lit aucune difficulté de vendre quelque pièce d'ar- genterie, afin de ne point laiiler languie cette famille. Sa chariïé ne. fe bornoit pas à ceux de fa Religion, ou de fa Se(n:e : elle contri* bua généreufement à Tétabliflèment & à l'entretien d'une Lcole à Frome , quoi- qu'on 45 Bibliothèque Britannique, qu'on y élevât les enfans félon le rie An- gijcan, auquel elle prenoit la liberté de ne fe point conformer. Sa générolîté alloit plus loin encore ; ceux qu'on appelle proprement pauvres n'en étoienc pas les feuls objets: Elle avoit pour maxime , qu.'u7î des plus grands biens qu'on puijje faire aux hommes^ c'eji de les délivrer des foucis ^ des inquiétudes qui ac- compagnent une fortune au deffous de la mé- diocre. On fçait qu'elle a fait quelquefois des préfens confiderables à d'honnêtes gens , qui n'étoient pas réduits à une ex- trême indigence. L'efprit de perfécution ne fçauroit s'ac- corder avec des fentimens de générofité, quoiqu'il ne foit pas incompatible avec le caradère des Dévots. Auffî, bien que Mad. Rowc eût beaucoup de dévotion , comme elle avoit un cœur généreux, fa dévotion ne lui infpiroit point de haine pour ceux qui penfoient autrement qu'el- le. Sa mioderation a même été fi grande à cet égard, que vers la fin de fa vie el- le a communié conftamment avec desper- fcnnes qui avoient des fentimens très- différens des liens , fur des fujets qui lui paroilîbient être de la dernière impor- tance. A la fin de cette Vie , on trouve pîufieurs Pièces en Vers , compofées à l'honneur de Mad. Rowe, Le Avril, Mai et Juin. 1739. 47 Le premier Volume des Oeuvres Mêlées de cette Dame , contient fes Poëfies , & n'eft pas fufceptible d'Extrait. Nous nous contenterons de remarquer , qu'on y trou- ve quelques Tradudions de l'Italien & du François , un petit nombre de Pièces fur l'Amour & fur l'Amitié , « rieux. Lettre V. à Madame ***. 1697. ,, Eh bien, Madame, puifque vous îe i^ voulez abfolumenc , j'ai des vapeurs ; ,, il faut bien que cela foie: car autre- ,, ment qu'cft-ce qui m'auroic pu mettre 5, dans la tête ces bizarres fantaifies .que 5, je fuis mortelle , que le jour de ma ., mort efl: incertain, que peut-être je ne ,, verrai plus lever le foîeil; ou qu'avant ,, que le foir vienne , 7non ame quittera en ,, domicile terrejtre , ^ s'envolera dans queU 5, que lieu qui mejl inconnu *. C'eil, en ,, effet, un fouci bien ridicule que celui ,, de l'avenir, & une boëte de pillules ed ,, fans doute un remède excellent contre ., des imaginations auin mélancoliques ,v que les miennes. ,, Mais pour parler férieufement, Ma- ,, dame, fi ma fanté fe rétablit, &: que ,, je ibis délivrée de ces dangereux f^;mp- ,, tomes, vous ne fçauriez m^e taxer de ,, fuperftition, pour avoir fongé à moi dans ,, une affaire d'une fi grande importance. « Il faudroit avoir perdu feiprit pour ê- j> tre * Ce qui cfl en Itilique eiî la TradupLion ce deux Vers de Mi'. Norris , que Midlle. S n* c^r cite ïoï. Avril, Mai et Juin, 1739. 49 .»j tre indiiTérent lorfqu'il s'agit d'être heu- „ reux ou malheureux pour coûte récer- „ nité. „ Ce n'eft pas que je croye qu'il faille „ renoncer à tous les plaifirs innocensde ,, cette vie pour arriver au bonheur du 5, Ciel ; ce n'eit pas non plus , que j'aye ,, contracté une habitude li intime avec 4, les habitans de l'autre monde , qu'elle 5, m'ait infpiré de l'indificrence pour mes „ amis de celui-ci. Non, je n'ai pas 3, enco;'e mortifié mes paiTions au poinc 5, que vous vous l'imaginez. Il y a dans „ mon ame un penchant infarmoncable „ pour la bienveillance & l'amitié : ce 5? principe généreux m'a été infpiré avec „ la vie; il eft infeparable de mon exif- 99 tence;le tems ni l'éloignemiCnt ne fçau- 99 roient effacer de ma mémoire ces mo- „ mens deplaiOr que j'ai goûtez dans vO' 99 tre compagnie. ,9 Mais je n'ai plus rien à dire à votre „ Grandeur fur ce fujet, & je n'ai aucu- 99 ne envie d'entrer en difpute avec vous. ,5 C'ed pourquoi vous me permettrez de „ dire le rcfte ci Mr. ***, maintenant que 99 j'ai recueilli m.es cfprits. ,, Monfieur , je ne veux pas perdre l'oç- ,9 cafion de vous dire, que mon amour ,, pour la folitude n'efl reifet , ni de la ,9 mélancolie , ni d'une mauvaife hu- ,, meur, ni d'un principe intérelTé , com- 9, me fi j'étois née uniquement. pour moi TmeXlII.Part L D „ feu- 50 Bibliothèque Britannique, „ feule: moins encore vient • il d'une déli- ., catefle afFeclée , ou de la vanité de paf- „ fer pour plus vertueufe & plus fage que ,^ les autres, je n'afpire point à une plus ,, haute réputation qu'à celle de Créatu- „ re raifonnable. Mais vous fçavez , IMon- „ iieur j qu'il y, a des motifs *à la retraite ,y plus nobles que ceux dont je viens de ,^ parler. Et li je vous dis que j'ai choi- i^ li la retraite , comme le moyen le plus ,) fur de perfectionner ma raifon & de ,9 puriiier mon cœur, & que c'efl lafeu- 5, le voye que j'aye trouvée pour être j^heurcufe, j'cfpcre que vous convien- j5 drez, que je vous aurai donné de bon- 99 nés raifons de ma réfolution, qui vous 99 paroiiToit 11 bizarre & fi déraifonnable. 99 )'avoue , IMonileur , qu'on peut pen- 99 ïer , quoiqu'on foit dans le grand mon- 5, de, qu'on peut y faire quelques re- 99 flexions fuperficielles :mais pour raifon- ^, ner fans partialité, & fe former des 9, idées jufles des chofes,il. faut étrefeuL ,, C'efl alors qu'on peut examiner les pré- 5, jugez vulgaires ; c'eft alors qu'on rejet- 99 te les principes bas & intéreflez des 99 bigots & des fuperflitieux ; c'eft alors ,, qu'on fe fortifie contre la tyrannie de 5, la Coutume, vjc contre l'autorité impo- 99 fantede quantité de perfonnes, qui font 9, elles-mêmes une inanité de choies dé- 9, raifonnables , & qui vous difent grave- 9f ment, que c'eft ne fçavoir pas vivre , Avril, Mat et Juin. T739. 51 „ & vouloir fc fingularifer 5 que de ne les „ pas imiter. „ Mais, rae dires -vous, on peut nufil „ penfer trop. Cet avertifTement me far- ,, prend , venant de vous. Quoi qu'il en foie, je crains auiïï peu de penfer trop, que de devenir ou trop éclairée, ou trop vertueufe. Je fuis perfuadée que plus nous exerçons les facultezde notre ame, & plus nos idées devien- nent claires & fublimes. Et au pis al- „ 1er, quand même nous épuiferions nos efprits par cette profonde application, ce ne feroit que nous hâter de remplir là tâche qui nous eft impofée ; & lorf- que notre Rôle fera joué, nous ferons „ prêts à quitter la Scène. Après tout, ,, ce n'eft point une longue vie, mais une ,, vie heureufe que je fouhaite; & je fuis ,, perfuadée que la retraite eft le plus fur „ moyen de la rendre telle. O vous ^ les ,, plus grands ^ les plus doux de tous les ,, biens , Mafes ^ Livres , LWerîé , Repos, 5, Prez , Fontaines ^ Riiiffeaux , jamais je ne ,) vous abandonrierai , laîît que je refpire- 99 rai *. ,, Ici mon tems eft abfolument à moi, „ ce tems qu'on ne fçauroit aflez eftimer, ,, qui fuit, & ne revient jamais: je ne „ fuis point obligée d'en facrifier une „ par- * F'srs de Cowley. D 2 52 Bibliothèque Britannique, „ partie à des bagatelles, & à des céré- „ monies inutiles. Ici je ne fuis poinc ,i dans la nécefficé de flatter la vanité des 5, uns, ni de m'ennuyer à entendre lesim- „ pertinens difcours des autres ;je ne fuis „ point réduite à ne parler que fur cer- ^y tain nombre de fujets fades & infipi- ^, des , qui ont été épuifez mille fois. Ici „ mes propres penfées m'offrent une va- „ ricté infinie de fujets : & lorfque je „ fuis lafle de refléchir fur le ridicule „ empreffement avec lequel les mortels „ courent au fépulcre , fur les deflTeins ,, bas & intérefiez des uns , fur les ma- „ gnifiques folies des autres ; je dis adieu 5, au genre humain avec le dernier mé- >, pris , & m'élançant dans un autre mon- 5, de, je m'occupe de réflexions beaucoup ,, plus intéreifantes , & qui font fur moi -,, des impreffions bien plus fenfibles. Je ,, contemple les merveilles qui brillent dans le ,, Firmament: j'en oh/en-e avec admiration les ,, mouvemens , la grandeur y Vinfluence. En ,, promenant mon imagination dans la mfte ,. étendue des Cieux^ il me femble entendre ,, Vbarr.ionie des Sphères célejles ; je décou- ,, 'ure une infinité de nouveaux Mondes^ je 5, fixe ma vûë fur les Aflres qui brillent dans ,, la F'oye laàée. Enfuite j'erre à plaifir dans ,, le Ciel emp'.rée ; je fixe mes 'yeux fur le ,, TrJne de Dieu même ; je contemple ces t) çlciiieures éternelles , oiï les Bienheureux goû- ii tenî .Avril, Mai et Juin, 1739. 53 „ tent un raviffement uie joye que rien ns jyfçauroit exprimer *♦ „ Je finis ici , Monlieur , ce qui fera ,f fans doute une bonne nouvelle pour „ vous. Je fuis y &c. Nous avons choifi cette Lettre , non pas tant à caufe des Réflexions qu'elle contient, que parce qu'elle fait voir que Madlle. Singer commença de bonne -heu- re à aimer la retraite. Car li on a fait attention à la date de cette Lettre, on aura vu 'que l'Auteur n'avoit, tout au plus , que 23. ans lorfqu'elle l'écrivit. Voici une Lettre dans un autre goût, A Madame la Comîeje de *** f. ,9 Madame, „ Je compte que vous me croyez mor- „ te-, je devrois l'être en effet pour ma „ propre juftification , puifque ce feroic „ une excufe de mon filence , à laquelle „ il n'y auroit rien à répliquer. Il efl „ vrai que lorfque je ferai morte , j'au- „ rai des chofes bien plus importantes à f, vous *• Ce que nous avons mis ici en Italiq^iis ell en Vers dans l'Original. t Te crois que c'ell la ComtefTe de Hart- ford." D3 54 Bibliothèque Britannique, }9 vous apprendre du monde immucériel^ »y & je fuis perfuadée qae j'aurai confhm- „ ment rinclination o'entretenir corref- }) pondance avec vous. Si je conierve ^, quelque fentiment de mes plaifirs paf- 5, lez 5 ce fera fans doute le concente- 5, ment que vos Réflexions m'ont caufé. j5 Pour le préfent je ne conçois pas d'oc- 5, cupation plus agréable pour moi dans ,, l'autre vie, que le plaifir de facisfaire ,> cette jufle & nobîe curiofité que vous témoignez fifouvent touchant î'étâtdes $} 9) ames après la mort. ,, Je lis les Sermons de Mr. Watts a- 5, vec un vrai plaifr; mais je ne vous en 5, ai pas fait l'éîoge , de peur que vous ,, ne m.e crûfnez plus prévenue en fa- ,, veur des Non-Conformilles , que je ne 3J, le fuis en eiiet. j, De ces Sermions je viens aux Chan- fons à^ Mr. Rolli , qui font extrêmem.ent belles. La Tranfition eft naturelle ; car une de ces Cbanfons efl une très- bonne paraphrafc dé ce que S. Paul die aux Corinthiens : ,, Beviam' , o Dori , godiam* , che il giorno ,, Prcjlo h al ritcrno , prejlo al partir, f) Di gioviîiezza godiamo il ficre , :, Voi l'ulùim'ore lafciam 'cenir. i) ^Jangecns ^ buvons , car demain nms nicurrons. i Cor. XV, 32. ;^ J'ai Avril, Mai et Juin. t739. 55 „ J'ai cotte le Chapitre & le VerlcCjpar- ,, ce que Mr. Rolli ne Içaura peut-êtrr „ pas de qui emprunter une Concordan- ,i ce; & jefpère qu'il lira tout le Chapi- « tre, ce qui ne lui fera pas le moindre „ tore. „ J'obéirai exadement à Mylord*** „ en vous renvoyant, en forme de Let- „ très, le papier qu'il m'a envoyé : à ,, condition pourtant, qu'il me îqi^ per- „ mis de fuivre le talent que j'ai pourdi- j, re des folies , & que je ne fois pas obli- „ gée de me renfermer toujours dans les ,, bornes étroites du fens-commun. „ S'il y a des Fées (& je ne fuis pas „ fi incrédule que de le nier ) ce font cer- „ tainement des Etres bienheureux, & „ qui jouifient d'un grand nombre de pri- ,, vileges, dont nous autres pauvres mor- 3, telsfommes privez. Si vous pouviez vous j, tranfporter chez mioi dans une Lettre , V je la recevrois avec une joye inexpri- 9, mable ; car l'impatience où je fiiis de „ vous voir, efl beaucoup plus grande & „ plus julte , que celle où vous pouvez „ être de me voir moi. Mais il n'y a ,, point en ce monde de bonheur fans „ mélange ; je tâcherai d'attendre avec sy toute la tranquillité dont je fuis capa- ,, ble , que la mort vienne tirer le ri- „ deau , 6c me découvre le féjour d'un jj plajfir immortels D4 ^^.VovTS 56BlBLIOTHEqUE BRITANNIQUE, ,, Vous me donnerez congé ici , mô ?, permettanc de me dire, votre, to. /î la même. Le 9. Octobre 1732. ,) Madame , ,, ]'ai mis vos Lettres & vos Papiers en „ ordre ; quand je mourrai , je les lailTe- 5, rai entre les mains de *=^=^, comme un „ dépôt confacré à Tamitié oc à la vertu» 5, Cei. Papiers ô: mes Defîeins font lesfeu- ,9 les choies que je fouhaiterois d'emporter -, avec miOi. Vous ne fçauriez croire com- 5, bien mon imagination tiX fîatée par les ?5 foins que j'ai pris de régler ceci 6cquel- ^, ques autres aftaires. Perlbnne n'a jamais 5, pris tant de plaiilr à fe préparer pour 9) un voyage , que j'en prens à me pré- ,, parer pour le grand voyage de tout le ?, monde, afin de partir avec décence. Je ., fens pourtant encore, qu'aucune pré- ,, voyance ne fçauroit détourner bien des ,, frayeurs naturelles, (S: des évenemens j, acc'idenrels,qui font capables d'accabler l'amc dans cette importante affaire. Il efl: impofiible de fçavoir, avant que d'en avoir fait l'expérience, quelles douleurs du Corps, ou quelles angoifles de l'a- me , peuvent augmenter l'horreur de cet- „ te fatale obfcurité qui environne notre Si dernier moment. Mais puifqu'il faut ;5 ab- Avril, Mai et Juin. 1739- 57 „ abfolumenc en pafTer pav-là, il eft de „ la dernière importance pour nous, de „ prévenir toute furprife , en nous ren-^ „ dant familière l'idée de la mort, &; de „ toutes les terreurs qui l'accompagnent. f9 On a quelquefois été à la renconire du „ Roi desEpouvantemens, non feulemenc ,y avec un efpric tranquille & avec dé- ,) cence , mais même avec une efpece „ d'infulte pieufe & avec triomphe. J'en „ ai vu depuis peu un exemple qui eît „ toujours préfènt à mon eiprit. Un hom- ,, me * dans la fleur de fon âge , & qui „ jouilToic. d'un bien conliderable, quitta „ le monde avec la même tranquillité & ,5 la m.ême aifance, avec laquelle un An- „ ge,qui viendroit d'exécuter fa cornmif- „ fion 5 étendroit fes aîles & s'cnvole- „ roit vers fa demeure célefte. Je ne veux „ point parler plus long-tems de la mort, ,, de peur que vous ne me falTiez des re- ,, proches de ce que je ne meurs pas ac^ ,, tuellement. Je fuis, &c» * Ou une femme, car l'Original efc équivc^ rue ici. D 5 Voici 58 B I B L I 0 T H E Q rj E B R I T ANNI Q U E , Voici une Lettre moins grave (5: moins fcricufe. A la même. Le 2. Août 1732. „ Madame, „ Si quelque chofe pouvoit exciter mon „ envie, ce feroit le bonheur dont Mad. ,, **^ jouit dans votre converfation & ), dans votre amitié. Cependant, loin que „ cela me caufe la m.cindre penfée cha- ,, grine, j'ai le plus grand plaifirdu mon- ,, de, de voir que vousfçavez fibien ren- „ dre jaftice au vrai mérite. Vous poiir- j, riez avec raifon me faire des repro- ,, ches de ce que je ne jouis pas moi -mê- ,, me d'une Société * dans laquelle j'avoue. „ qu'il y a tant de charmes. Il y a en ef- fet quelque chofe de bizarre dans la fi- tuation de mon cfprit: il y a quelque chofe de méchanique dans ma faculté de raifonner , auiîi - bien que dans ma dévo- tion; l'une & l'autre femblent dépen- dre précifement d'un certain lieu , & 9) d'une certaine fuite d'objets. Je m fçau- f, rois * La Comteffe d'Hertford avoit fouvent in- vité M2.de. Rowe d'aller paflcr quelque tems chez elle; mais Tamour de la folitude l'avoit empêchée de ie rendre à ces invitations. I Avril, ÎvIa I ET Juin. 1739- 5^ j, rois me vanter d'avoir beaucoup de „ bon-fens 5 ou -de pieté, loiique je fuis „ liors de nia chambre. Il y a dans vo- „ tre manière de vivre quelque chofe de ,, trop brillance de trop tumultueux pour 5, la trcnquiliité naturelle de mon tempé- „ rament. Si Mad. "î'** , au lieu de faire le „ portrait de Sce. Geneviève, vouloit fe ,5 transformer elle-même en cette Sainte, 5, & s'afleoir fous un arbre , ayant un bon ,, livre fur fes genoux, à. gardant fon 3, troupeau dans une prairie émaillée de ,:, fieurs,que je fçauroisbien lui trouver; ,, j'irois la voir au lever de l'aurore , & „ dans le filence d'une belle foirée. Je ,, ne trouvcrois pas même mauvais que „ ce fût à *** , pourvu que vous,Mada- ,, me , fuHiez aufli métamorpliofee en uue îj bonne Campagnarde , fans autres domef- 5, tiques que votre fille de chambre & vo- „ tre laquais , transformez auOi en Colet- jj te & Colin. Je n'ofc pas pouffer la mé- 99 tamorphofe fi loin que de changer My- 5, lord '^** en un révérend Eccléfiaitique , „ quoiqu'un pareil changement ne lui fe- „ roit peut-être pas inutile par rapporc ty à l'autre monde , ûcc. A la mme, „ Madame, ti J'ai lu avec un extrême plaifir les A- 6o Bibliothèque Britannique, ,, vis de Madame Lambert à fin fils ^ à fa ^ffAle, Des Raifonnemens fi juftés, & de ,, il nobles Réflexions, ne pouvoienc que ,, me plaire infiniment , quand même je ,, n'aurois pas été prévenue d'avance par ,, la bonne opinion que vous avez de l'Àu- „ teur: mais votre jugement a rendu ma „ fansfaclion plus complette. J'admire „ fans réferve & fans défiance tout ce qui „ a le fceau de votre approbation. Je „ deviens décifive & infaillible ; & fans *„ avoir de l'inclination pour les princi- „ pes du Papifme en aucun autre point, „ j'ai une foi implicite pour toutes vos ,y décifions. Voici une Sentence qui me ,, piaît, parce qu'elle eft entièrement con- ,, forme à votre manière de penfer; & 55 c'eft-là le plus grand éloge que je puil- j, fe faire de l'Auteur. Le Bonheur ejidans ,, Li Paix de VAme; tjOUs ne pourrez jouir 5, des Plaifirs de VEfprit fans la fanîé de l'Ef- ., prit. Tout eftprefque Plai/ir pour un Efprit 5, fdin. Je fuis particulièrement charmée ,, de la penfée que voici. La plus grande ,, marque qu'on ejt né avec de grandes quali- ,, îez, eft de 'vivre fins envie. C'efl l'heu- 5, reuie & conilante (ituation d'un efpric ,, formé comme le vôtre. Veuille le Ciel ,, vous continuer cette Paix facrée, qui 5, eil l'effet d'une vertu fmcere ! je fuis, Mous H'i donnerons plus que quelques V-alTugcs détachez 5 qui nous ont paru pro- pres Avril, Mai et Juin. 1739. 61 près à faire mieux connoître le Caradlè- re de Mad. Rowe. Lorfque fon Livre , in- titulé V Amitié après la Mort , parue , la Com- tefle de Hertford, qui ne fçavoit pas que Mad. Rowe en fut l'Auteur, le lui envoya , & lui en demanda Ton fentiment. Voici ce que Mad. Rowe lui répondit. „ J'ai lu „ les Lettres que vous m'avez recomman- „ dé de lire , & fur votre approbation , je „ les agrée fans exception. Cela même „ me feroit fouhaicer de les avoir écri- „ tes , il j'avois la moindre ambition d'é- „ tre Auteur. Mais je n'ai nul befoin de „ me défendre fi férieufement fur ce fu- „ jet '^ Il n'y a pas proprement de men- fonge dans ces Darolcs, mais il y a une efpece de déguilement ; & Mad. Rowe a- voit la confcience trop délicate pour n'en pas fentir de remord. Elle repara bien- tôt fa faute par l'aveu fincere qu'elle en fit. Voici ce qu'elle écrivit peu de tems après à la même Dame. ,, Dans l'autre mon^ „ de je fuivrai toujours exatlement les „ règles de la droite Rai fon. Mais auHî ,, long-tems que je ferai mortelle, je com- „ mettrai toujours mille fautes. C'eft le „ privilège, de la nature humaine , & je ,, veux ufer de mes droits ; mes préten- ,, tions font claires & inconteftabies ; (St ,, vous ne fçauriez en confcience exiger ,, que je fois infaillible, que je ne tombe ,, dans aucune erreur , & que je ne com- „ mette aucune faute, j'avoue pourtant , j} H eu; 5 5 que 62 Bibliothèque Britannique, ,f que de toutes mes fautes il n'y en a „ point qui me caufc une plus grande in- ,, quiétude , que celle que je commis dans ,, ma dernière Lettre, en vous parlant „ d'une manière artificieufe, & en ufant d'une efpece de déguifement. Cela m'a chagrinée plus que je croyois pouvoir l'être par quelque accident que ce ibit; & fi je me connois bien ,je ne voudrois pas être coupable "d'une autre équivo- _ que, dûfTai-je gagner Tempire du mon- î, de. Je devois cette confeffion auxLoix ,5 de la vertu & de Tamicié. Et mainte- „ nant que j'ai rétabli par-là la tranquilli- „ té dans mon ame, je vous dirai, que je jj trouve que rien n'échape à la pené- „ tration de votre efpric. J'avoue que ,, j'aurois été bien aife de fçavoir v^otre „ lentiment fur cet Ouvrage, au cas que f, vous n'en euffiez pas connu l'Auteur : je „ me flatte que le rcfte du monde l'igno- „ rera toujours: excepté deux ou trois ,, perfonnes qui connoifTent ma folle ma- „ nière de penfer. Quoi qu'il en foit, 5, c'eft une folie innocente ; & comme tous „ les évenem.ens & tous les caraélères en 5, font purement imaginaires, j'efpère que „ fi l'Ouvrage n'ell point utile, au m.oins ,, il ne fçauroit nuire. Je crois que défor- i, mais je me contenterai de jetter far le ,, papier les vanitez de mon imagination 5, uniquement pour votre ufage: je dois ?> feulement vous avertir , de ne les point 55 lire Avril, Mai et Juin. 1739. 6;^ ^> lire lorfque vous aurez quelque difpo- j,^ Ikion au fomrneil, de peur qu'elles ne „ vous plongent dans une léthargie mor- ,y telle .... Dans une de fes Lettres * Mad. Rowe cixe un paflage des Sermons de feu Mr. Saurin;& voici ce qu'elle dit à cette oc- cafion. ,, je viens de citer un des Ser- i) nîon.s de Mr. Saurin ; je ne ferai point „ contente que vous ne les ayez lus. Tout „ ce qu'on a dit de la force ù. de la beau- ,) té de l'Eloquence Romaine, vous le trou- 1, verez réuni dans ces Difcours ". On jugera par- là que Mad. Rowe devoit bien entendre le François , & qu'elle avoit le goût bon. Voici ce qu'elle penfoit de la Provi- dence (d.ins une lettre qu'elle écrivit à fa belle-Mere après la mort de fonMari) ,, Nos voyes font en la main de Dieu, „ .qui fait réuffir ou échouer nos deffeins , ,, félon fa valonté. Le fliccès de chaque „ chofe efl déterminé, de forte qu'il efl ,) impolTible à l'homme de l'empêcher. 5, Cette Réflexion m'empêche d'être fore 9) inquiète far l'avenir. Encore un pe- „ tit nombre d'années, & tout fera bien. Mad. Rowe fçavoit railler quelquefois , témoin ce qu'elle écrivit à une jeune De- moifelle, nommée Arabelle Marrov/ ;, qui l'a- * La CVLp. 1S3. à h ComteiredeHcrtford. 99 ?5 9} }} 55 }> 3 5? 64 Bibliothèque Britannique, l'avoit fort louée. „ Soyez perfuadée, „ dit -elle, que je foufcris de bon cœur „ à toutes les belles chofes que vous dî- „ tes de mon efprit & de mon mérite. ,, Je conviens de tout cela, & de tout 5, ce qu'on pourroit dire encore à mon 5, avantage, je fens vivement quelle per- „ te c'eit pour le monde, que je m'en fois retirée, (5c combien on doit être Bché de l'abfence d'une perfonne de ma confequence. J'ai peur que le Cer- cle à Hyde-park ne foit bientôt cou- vert d'herbe , ii je n'y parois plus : & fi un tendre défefpoir ne m'avoit pas , rendue fauvage, j'aurois certainement , trop de compalTion pour le genre hu- ,-, main, pour cacher tant de mérite dans „ le fond d'une fombre retraite. En voilà aifez pour donner au Public une idée des Lettres de Mad, Rowe. On trouve enfuite les Poëfies de fon Mari, qui confident en quelques Imitations d'Ho- race & de Tibulle, & en quelques Epî- trcs, dont il y en a deux qui font imi- tées ÔQ la Climéne , & du Caprice de Mad. des Kouliercs. On y trouve auffi 1 Ode Pindarique à Profernine , traduite du Fran- çois de Mr. de la Motte; une Ode fur la ],iherté , & quelques autres Pièces facrées éc profanes. ARTI- Avril, Mai et Juipt. 1739. (ig ARTICLE III. The Strengrh and Weaknefs of humaa Reafon: or the important Queflion about the Sufficiency of Reafon to conduél Mankind to Religion and future Happincfs , Argued between an Inquiring Deift and a Chriilian Divine : And the Debate compromis'd and dctermin d to the fatisfa6lion of both , By an Impartial Modcrator, C'efl- à-dire ; De la Force à? de la Foi- hlejje de la Raifon humaine : ou Ympor- tante Ouejîïonfur la Suffifance de la Rai' fon pour conduire les hommes à la Con^ noijfance de la Religion &f au Bonheur d'une autre Vie , Dijcutée entre un Déïf" te qui aime la vérité , &f un Théologien Chrétien ; Ê? la difpute qui s'ékve entre eux à ce fujet , terminée à la fatisf action de l'un ^ de Vautre , par un Modérateur Impartial. Seconde Edition corrigée. Chez Rivington, à ÏEnfeigne de la Bible Couronnée, dans le Cimetière de St. Paul. A Londres 1737. pp. 302. fans la Préface & la Table des Ma- tières. TQmeXIIL Part. I, E Cet 66 Bibliothèque Britannique, CEt Ouvrage, qu'on attribue à Mr. Watts , Dodeur en Théologie & Mi- niflre Presbytérien, eft divifé en quatre Conférences ou Dialogues. Dans le pre- mier de ces Dialogues, on pofe d'abord l'état de la Queftion avec beaucoup de pré- cifion & de netteté. ,, Par la Rai/on, dit le Déifie * . j'en- „ tens cette Faculté de l'ame qui nous „ met en état de difcerner le jufte & Tin- „ jufte, le bien & le mal, l'erreur & la „ vérité, & autres chofes femblables, & „ d'en juger. Par la Religion je n'en tens „ pas feulement les devoirs de la Pieté ,, envers Dieu, mais encore ceux de la ,, yiiflice envers le Prochain , Payens (dans les Syflêmes de Religion ,i qu'ils nous ont laifîez ) il eft aife de j, 5'appercevoir, que c'eft à la Révélation t, qu'ils font redevables de la première 3, découverte des véritezdont ils ont en- „ richi la Morale Et en ,5 effet , chacun peut remarquer un grand fi nombre de véritez , qu'il apprend pre- „ mièrement de quelque autre , & qu'il 5> reçoit d'abord comme des chofes tout- „ à-fait raifonnables, lefquelles il n'au- 5, roit pourtant trouvées qu'avec peine , & ,:, qu'il n'auroit peut- ên-e pas pu décou- 9i vrir lui -même. La Vérité primicive & ,> originale n'eft pas fi aifée à tirer de la 5, mine ou elle eft cachée, que nous pour- ,, rions bien nous l'imaginer , nous à qui >, l'on a montré cette mine déjà toute j^ creufée , & prête à nous fournir le pré- „ cieux métal qu'elle renferme. En troifième lieu, il ne s'agit pas de fçavoir, quel degré de connoijjance un Philo- Jopbe Payen qui auroit été élevé aux Belles- Lettres ^pourroity à force de méditation âf d'é^ tude, acquérir en matière de Religion; mais quelles lumières peut Je procurer à est égard par lui-'même le gros du peuple parmi les Payens , dont la plupart manquent d'édu- cation & de génie, dont les vues font bornées & grofîieres , & dont la Raifon eft extrêmement foible? Ce n'eit pas qu'en s'ex' Avril, Mai ET Juin. 1739. 71 s'cxprimant ainfi , on veuille accorder , que même les plus fages & les plus f(^avan$ Philofophes du Paganifme ayent jamais découvert, ou puiflenc jamais découvrir, par les feules lumières de la Raifon , un Syftême de Religion capable de reformer les hommes , & de les conduire à une é- tcrncUe Félicicé» Le contraire e(t mani- fefte par l'expérience; «Se l'on renvoyé ]à-deflus à l'excellent Traité de la Vérité de la Religion Révélée de Mr. Clarke ^o\i ce- la e(l clau'ement prouvé. Enfin, quand il feroit vrai que le commun des hom- mes ,aufri- bien que les Philofophes, par- mi les Payens , auroit été ou feroit en état de fe former par lui-même de jufles idées de la Religion Naturelle dans les grandes Villes, comme Athènes , Rome, Ephefe, oii il fe trouvoit toujours un grand nom- bre de gens fçavans , des lumières de qui l'on pouvoit profiter; il s'agiroit encore de fçavoir , fi la Raifon des Sauvages de l'A- frique (Se de l'Amérique, qui font une par- tie très-confiderable du genre humain, peut aller jufques- là? Car il faut confide- rer la Raifon hum^iincnon pas telle qu'el- le eft chez un petit nombre d'hommes , mais telle qu'elle efl chez le plus grand nom.bre, &chezceux-là même qui l'oriC le moins cultivée. Et c'eil: de quoi le DéVde lui-même convient, foutenant qu'il n'ell point d'homme fi groffier & fi bar- bare qu'on veuille le fuppofer , qui ne piiif- E 4 fe. 72BITÎLIOTHEQUE BRItANNIQÛE, ^e ,par le feul moyen de Tes Facultez na- turelles , acquérir une aflez grande connoif- fance de la Religion , pour fe rendre a- gréable à Dieu, & fe procurer fa faveur éternelle. Voilà le véritable état de la Queflion fur laquelle les Difputans s'exer- cent, en reprenant chacun des Articles particuliers de la Religion Naturelle que nous avons indiquez. Nous ne fçaurion* les fuivre dans tout ce détail , quelque intérelTant qu'il foit, fans charger trop- cet Extrait ; nous nous bornerons à un ou deux Articles. Le dogme de l'Unité de Dieu peut être prouvé, il eft vrai , par les feules lumiè- res de la Raifon. Le Déifie allègue là- delTus deux argum^s , qu'il croit être très- fimples & à la portée de tout le monde: le^ premier employé par leDodlr. Clarke, dans fon Sermon pofthumê fur ce fujet, fçavoir que la grande liaifon qu'il y a entre tous les Etres qui compofent' le monde matériel, & la dépendance dans la- quelle ils font les uns à l'égard des au^ très , montrent clairement qu'ils font fous la direétion d'un feul Dieu fuprêmc à qui tout rCJnivcrs eft fournis. Mais il i'en faut beaucoup , fuivant le Théologien Chrétien, que cet argument foit aufTi (im- pie & aufli facile qu'on le prétend; & il paroît furpris , qu'un homme delà réputa- tion du DoO:.ClQrke, n'en ait pas aJlcgué de plus forts, dans un Sermon fait exprès pour Avril, Mai et Juin. 1739. 73 pour établir ce dogme. D'ailleurs , un Sau- vage d'Amérique eft-il bien en état de former en lui - môme un pareil raifonne- ment , qui demande un grand degré de ré- flexion & d'application? „ Il dira fans dou- „ ce, comme Ton fçait que d'autres l'ont „ dit , que les. Européens qui vivent au- m delà de la grande mer, c'eft-à-dire 5, de l'Océan , habitent un autre Monde „ qu'eux , & peuvent avoir un Dieu parti- ,y culier & toute autre chofe différem- „ ment de ce qu'ils ont; mais que les „ Américains ont une toute autre origi- „ ne, & viennent d'un autre homme (Se „ d'une autre femme , qui étoient jadis „ defcendus du Ciel. Car quoique ces „ Peuples ayent quelque idée qu'il y 'a „ des Etres au-deflus d'eux, cependant 19 ils n'ont pas même dans leur langue „ un feul terme pour exprimer Dieu. „ Ainfi il concluroit plutôt de fa fuppo- M rition,que l'Europe & l'Amérique font „ deux Mondes différens & fort éloignez „ l'un de l'autre; qu'il y a des Etres fu- „ périeurs ou des Dieux différens, tout „ comme les anciens Grecs croyoient que >, trois Dieux s'étoient partagez entr'eux „ l'Empire de l'Univers ; Japi^^ravoitfous „ lui les Cieux& la Terre, ^^/?/)^M?2^ la Mer, ,, & Pluton l'Enfer, ou le lejour des Ames ,, fcparces des corps. L'autre argument que le Déîfte avance en faveur de l'Unité d'un Dieu, c'efl que E 5 s'il 74B1BL10THEQUE Britannique, s'il y en avoic pluiieurs , ils feroient tous parfaitement inutiles, à l'exception d'un feul , puifqu'un feul auroit en lui toute la puiflance, toute la fagelTe & toute la bon- té néceiTaires pour créer & conduire cet Univers, & qu'il n'en faut pas davanta- ge. Mais outre que cet argument n'eft gueres plus fimple que le précèdent, il y a tout lieu de douter, que 11 on le propo- foit à un Hottentot^ ou à un Iroquois,'û en fût fort touché, beaucoup moins peut-on fuppofer qu'il le trouvât de lui-même (Se par' fa feule réflexion. Le Poîythéifmc a été univerfellement établi parmi les Payens ; 6i fi quelques Philofophes ont pa- ru croire l'Unité de Dieu, ce n'a é:é que dans la fpéculation, car dans la prati- que ils fe font toujours conformez à la Religion de leur païs. Il eil même à re- marquer contre l'argument de Mr. Clar- ke, que bien loin que l'harmonie qui rè- gne entre les diverfes parties de cet Uni- vers, ait fait conclure aux hommes qu'il n'y avoit qu'un Dieu, la variété qu'ils y ont obfervée les a conduits à croire qu'il y en avoit plufieurs, dont chacun avoic le gouvernement d'une partie des Cieux, de la Terre, de l'Eau, de l'Air, &c. Ec il n'eft pas moins certain , que c'ePc enco- re aujourd'hui la manière de raifonner & la croyance des peuples qui ne connoif- fent po"int l'Evangi'e. L'opmicn des deux Principes ne doit-elle pas fon origine aux eiforts Avril, Mai et Juin. 1730. 75 efforts que les Philofophes ont fait pour rendre raifon du Mal phyfique & moral ; & n'a-t-elle pas régné durant plu(ieurs fié- cles dans tout l'Orient ? La plupart des Sauvages dejrAfrique & de TAmérique , qui facrifient au Diable plutôt qu'à Dieu, ou qui redoutent davantage le pouvoir des Etres malins, qu'ils regardent comme la première caufe de tous leurs malheurs , & qui font plus attentifs à appaifer leur colère qu'à fe procurer la faveur de l'E- tre, ou des Etres bons, auxquels ils attri- buent leurs heureux fuccès , ne font-ils pas dans un fentiment fort approchant? Et ne paroît-il pas vifiblement par -là, que leur Raifon ne fçauroit s'élever d'el- le-même à la connoiflance de l'Unité de Dieu? L'autre Article que nous avons deffein de toucher , regarde le devoir de la Re- pentance néceflaire pour appaifer Dieu, & la perfuafion que Dieu veut bien par- donner aux hommes, moyennant cette Re- pentance. Comment les peuples donc nous venons de parler, pourroient-iîs fe convaincre qu'ils ont péché contre Dieu? eux qui n'ont pas d'idée de l'Unité de Dieu & de fa Providence, & qui font (i mal inftruits de leurs devoirs, qu'ils ne fçavent ce que c'eft que le péché. Mais quand ils feroient capables de parvenir à ce degré de connoiflance , ou à cette con- vie- 76 Bibliothèque Britannique, vidtion intérieure , qu'ils ontoffenfé Dieu ; comment fçauront-ils que le feul moyen de l'appaifer, efb de fe repentir, c'eft-à- dire d'être pénétré de douleur à la \ù'é de fes fautes , & de s'en corriger ? Si quel- ques Philofophes Payens ont parlé de la RepentancejCOmme d'un devoir impofé à l'homme, -ce devoir n'en a pas été plus connu ni ijiieux pratiqué , & on ne l'a ja- mais enviîagé comme un moyen de fe ren- dre la Divinité favorable, pîiifque les Na- tions les plus polies & les Philofophes €ux-mêmes,ont conftamment employé dans cette vûë des Sacrifices de toute efpece. Les Hiftoriens Efpagnols nous appren- nent, que lorfqu'on fit la découverte du Mexique , les habitans qui avoient con- fervé quelque fentiment de Religion, a- voient coutume d'offrir à leurs Idoles la plus belle fille qu'ils pouvoient trouver , quand ils croyoîent que leurs Dieux é- toient irritez contre eux ; ils penfoient fort peu à les appaifer par la Repentan- ce & par la reformation de leurs mœurs. Si parmi les Chrétiens mêmes il fe trou- ve des î^ns iem.ent , Dieu ne doit-il pas punir les coupables? Et fi l'on conçoit qu'il peut quelquefois pardonner fans châ- timent, ne conçoit -on pas aufTi^ que le bon ordre exige qu'il fafle de tems en tems des exemples de févérité, afin d'in- timider les pécheurs & de les retenir dans leur devoir? N'eft-ce pas ce qui fe pra- tique tous les jours dans les Gouverne- mens humains ; & ne font -ce pas-là les premières idées qui fe préfentent à Tef- prit , quand on refléchit fur ce fujet ? L*o- béilfance qui fuit la faute , peut - elle la ré- parer? N'eft-elle pas duc tout comme û l'on n'avoit jamais péché ? & le Pécheur n'a-t-il pas toujours également fujet de craindre qu'il ne pon€ la peine de fon crime ? 78 Bibliothèque Britanniquf, A la vérité quand il refléchit fur la bon- té de Dieu , il peut concevoir quelque efpérance de pardon, ou en tout, ou en partie, ou dans ce monde, ou dans l'au- tre ; mais cela efl: encore fort incertain. Car comme le dit très -bien le Dodteur Clarke dans un de Tes Sermons pofthumes , qu'on cite à cette occafion *: Nous def- cendons d'un Père coupable , ^ nous fnmmes nous-mêmes aàuellement Pécheurs ; ainjî nous ne fçaurions être tout au plus que des Péni^ tens-très imparfaits , âf qui méritent très-peu de cboj'e , ô' les plus grands efforts de Repen- tance dont nous /oyons capables , ne peuvent tout nu plus que nous donner lieu d'efpérer que Dieu nous remettra une partie de la pei- ne que nous avions encourue^ mais non pas qu'il nous accordera quelque recompenje. Sup- pofé qu'un Payen pût venir à bout de fe perfuader que Dieu lui pardonnera Tes péchez précedens fous la condition d'une lincere Repentance, fa Raifon lui appren- dra-t-elle, qu'il lui pardonnera encore s'il retombe dans les mêmes fautes ; qu'il lui pardonnera tous les jours , quoiqu'il pè- che contre fes lumières & malgré les vœux les plus formels ; qu'il lui pardonnera juf- qj*à la fin de fa vie, & qu*il ne le fera point paffer, après fa mort, par des fouf- frances delbnees à expier fes crimes & à le purifier tout enfemble ? Sa Raifon l'af- furc- Si vous ne croyez * Aa. IV. 12. t ^larc. XVI. 15. Avril, Mai et Juin. 1739. St croyez que c'ejl moi, c.-k-d, que je fuis véricablemenc le MelTie , vcus mourrez dam vos péchez *. 1 1 1. Quoique l'EvangUe & la nature même de la chofe, ne nous permettent: pas de croire qu'aucun homme puifle être iauvé qu'en vertu de la mort de Jefus- Chrid, & que ceux qui rejettent volon- tairement C\ finalement fa dodtrine, lorf- qu'elle leur eft clairement annoncée, puif- fent avoir part à la faveur de Dieu; ce- pendant l'on ne fçauroit douter qu'il n'y ait eu plufieurs perfonnes actuellement fauvées fans avoir cru en Jefus- Chrift, parce qu'elles n'en avoient jamais ouV parler , de qu'elles ne pouvoient par con- fequent avoir aucune idée de fa mort, comme d'un facrifice expiatoire. Tels étoient les premiers defcendans de Noé , un Abimeîecb Roi des PbiliJtiîUi un Mil- chifedec Roi de Salem; un Job & fes qua- tre Amis , &c. Il faut porter le même jugement charitable de plufieurs Payens qui ont vécu avant & après la maniféfla- tion de l'Evangile. Car Ton ne fçauroit , fans faire injure à Dieu , fuppofer qu'ils ayent été exclus du falut , uniquem.ent pour n'avoir pas ajouté foi h une doctrine donc ils n'ont point ouï parler, & dont il é^oic rnême moralement impcffible qu'ils fùC- fent inftruits. IV. S*il * Jean VIIL 24. TomeXIIL Part.L F 82 Bibliothèque Britannique, IV. S'il y a des Payens qui foienc fau- v^ez fans la connoiOance adluelle de Je- fus-Chrift-, oufans une Révélation divine, on peut aûurer , que ce n'eft qu'autant qu'ils croyexit les grands principes de la Religion Naturelle, & qu'ils en obfervent l.^s devoirs. V. Mais coniîT.e tous les Articles de cette Religion qu'on a décrics ci -devant, fe déduilent de !a fimpîe confiderationde la nature de Dieu, de celle de l'homme dans l'état ou il 'eft aujourd'hui , & des relations oii il e{t,foit avec Dieu, foit a- vec Tes femblables ; & comme ces Arti- cles ont entre eux une telle liaifon, qu'ils peuvent être, & qu'ils ont efFeQivemenc été réduits en fyPiême par la force de la raifon de quelques Chrétiens , ce n'eft pas une chofe abfolument impolTible de fa nature, que des gens qui n'ont jamais ouï parler de l'Evangile, les découvrent & les réduifent aufii en fyftéme, en faifant ufage de leur Raifon , quoiqu'il faille re- con'noîcre qu'il eft beaucoup plus facile pour unChrcLienque pour un Payen, d'en venir à bout. VI. Si même i! y a des peuples entiers, comme les Sauva^^es de l'Afrique & de l'Amérique, qui n'ont prefque aucune idée de Religion, & s'il s'eil à peine trouvé un feul Philofophe Payen qui ait eu une connoiffance claire d'un fyftême de Reli- gion Naturelle, tel que celui qu'on a d'a- bord Avril, Mai et jaiN. 1739. 83 bord expofé en peu de mots; il ne s'en- fuit nullement, que la Raifon ne foit pas fuffifante pour y conduire les hommes. Une perfonne endormie ou yvre ne laifle pas d'être une créature raifonnable, quoi- qu'elle ne fafle pas aéluellement ufage de fa Raifon. Elle a au dedans d'elle le prin- cipe de la réflexion , ou la faculté de rai- fonner, & dès qu'elle fera reveillée ou délivrée de fonyvrelTe, elle fe fervira de cette faculté , elle agira confequemmenr. Les Sauvages de l'Afrique & de l'Améri- que font comme des gens endormis ou yvres;maisfi, par quelque heureufe ren- contre, ils pouvoient être reveillez , rap- peliez à la Raifon , guéris de leurs préju- gez ,de leurs palTions & de leui's mauvai- fes coutumes, il e(l très-poffîble qu'ils vînlTent à bout de fe faire un fyftéme rai- fonnable de Religion. VII. Cepeadant , puifqu'une trille expé- rience prouve qu'il n'y a eu qu'un très- petit nombre de perfo'nnes , même par- mi les Payens les plus civilifez & les plus fages , dont la Raifon foit allée jufques-ià par fes feules forces, & qu'il fe trouve des peuples entiers qui ont à peine quel- que idée de Religion ; il s'enfuit manî- fertement, que là Suffifance de la Raifort pour y conduire les hommes, eft une Suf- fifance de pure fpécuîation y qui n'a point ou très -peu d'influence dans la pratique: de forte qu'il n'y a peut-être pas chez ce?î F 2 mi- g4 Bibliothèque Britannique, miferables peuples un homme en dix-mil- le , qui en fente l'efficace , au point d'ap- percevoir les principes même les plus na- turels. Ainfi , quoique la Raifon foit de Ja nature fuffifante pour cela, elle ne rell point réellement 6f de fait; enforte qu'il faut nécelTairement quelque autre moyen , qui ne peut être qu'une Révélation célef- te, pour fuppléer à ce défaut. Dans le fécond de ces Dialogues Ton difcute l'autre partie de la (^ueltion pro- pofée, qui eft, de fçavoir lî la Raifon tou- te feule peut fournir à l'homme des mo- tifs fuffifans pour le porter à la pratique de fes devoirs, & le conduire par ce moyen à la félicité. L'excellence natu- relle de la Vertu , les Peines & les Re- compenfes d'une autre Vie, fourniffent fans doute des motifs capables de nous déter- miner au bien: mais la Raifon découvre- t-elle ces motifs à tous les hommes ? Ou du moins les leur découvre -c- elle avec cefte évidence néceflaire pour les tou- cher? On a fait voir auparavant que non, fur-tout par rapport aux Sauvages de l'A- frique & de TAmérique. En particulier le dogme des Peines èc des Recompenfes à venir , e(t-il fi bien établi par les feules lumières de la Raifon, qu'on ne puiiTe pas en douter? Tout ce à quoi l'efprit hu- main, abandonné à lui-même , peut s'éle- ver fur ce fujet, fe réduit à une grande probabilité. Car après tout, Dieu ne pour- roit* Avril, Mai et Juin. 1759. S^ roit-il pas anéantir nos âmes? Et quelle proportion y a-t-il entre une vertu aulîi imparfaite que la nôtre, & une éternité de bonheur après la mort? Cependant ce font -là tous les motifs que la Raifon mê- me la mieux cultivée peut fournir , au lieu que la Révélation y en ajoute plu- fleurs autres très - efficaces , & propofe ceux-ci même avec une clarté & une évidence qui perfuadent. Cefl l'Evangi- le qui met dans tout fon jour la beauté de la Vertu, la laideur du Vice, les heu- reufes fuites de Tune , & les funeftes ef- fets de l'autre ; qui nous donne une plei- ne certitude de l'immortalité de l'ame , de la Réfurredlion du corps , du Jugement à venir , des Peines 5c des Recompenfe» éternelles; qui tire du myitère de notre Rédemption les motifs les plus forts pour nous porter à bien vivre ; qui nous expo- fe , dans la même vûë, l'exemple des Saints , des Martyrs, & fur -tout celui de Jefus- Chrift , l'Auteur de cet Evangile & le mo- dèle de vertu le plus parfait qu'il foie polTible de concevoir; & qui enfin, pour nous y déterminer plus efficacement en- core, nous promet un fecours furnaturel, une grâce fanftifiante qui fuppléera à no- tre fcibleffe naturelle. La Raifon ne fait rien de femblable ; & fi , malgré des mo- tifs fi puiflans & en fi grand nombre , on voit tous les jours une infinité de Chré- tiens s'abandonner au Vice , efi:-il croya- F 3 ble S6 Bibliothèque Britannique, ble qu'elle ait aflez de force pour porter ceux qui n'ont point d'autre guide, & fur- tout les Sauvages de l'Afrique & 'de l'A- mérique, à fuivre les règles de Vertu qu'el- le préfcrit ? Cette dernière réflexion donne lieu à uiie objedtion ; c*eft qu'on peut tout aufli- bien conclure de la mauvaife conduite des Chrétiens, que la Révélation efl in- Juffifanté , que de conclure des défordres affreux des Payens , que la Raifon eft in- Juffi farde. Mais on répond : i. Que cela îl'empéche pas que la Révélation ne l'em- porte de beaucoup fur la Raifon , puifque, comme on vient de le voir , les motifs qu'elle propofe font incomparablement plus puiflans & en plus grand nombre ; enforte que fi ceux que la Raifon bien cultivée peut fournir, peuvent être regar- dez commQ fuffifans pour furmonter tou- tes les tentations au mal , ceux que la Révélation nous offre, doivent être d'au- îant plus fiiffi/ans qn'ih l'emportent davan- tage , & en nombre & en force. D'un au- tre côté, il ces derniers motifs, malgré leur nombre & leur force, fe trouvent inefficaces par rapport à la plupart de ceux qui en font inftruits, n'efl-il pas mani- fefle que les motifs de la Raifon , aban- donnée à elle-même, lefquels font, & beaucoup plus foibles, &en beaucoup plus petit nombre , doivent être fort injufifans en comparaifon ? En fécond lieu , il y a eu Avril, Mai ft Juin. 1739. 557 eu dars tous les ficcics de l'Eglife une multitude de Chrétiens, que les motifs ti- rez de TEvangile ont porté à renoncer au Vice ù. d. s'attacher à la Vertu, fur- tout lorfque la lumière de cet Evangile a brillé dans toute fa pureté. Mais a-c-on jamais vu parmi les Nations Payennes, même les plus civihlees, un nombre tant foit peu confiderable de véritables gens de bien? S'il faut en croire Diogene Laer- ce (Se d'autres anciens Auteurs, la plupart desPhiloibphes les pi us renommez étoienc efclaves des vices les plus honteux. Et quand il fe feroit bien trouvé de tems en tems quelque homm.e réellement vertueux , cela pourroit-il être mis en comparaifon avec le nombre des vrais Chrétiens dans tous les tems & dans tous les lieux? L'Au- teur croit qu'aujourd'hui même, dans la Grande-Bretagne , il y en a cinquante, con- tre un honnête Payen dans le iiécle d'Au- guO:e;en quoi il f^iit beaucoup d'honneur «î fa Nation. Et que fera- ce , fi Ton fe tranfporte parmi les Hottentots ou les Iro- quois? S'y trouvera -t-il bien un homme de probité, contre plufieurs milliers qu'il s'en rencontrera dans cette Tfle? Mais, dit le Déifte , il fuit de ce cal- cul , que les motifs de la Raifon ne font pas abfolument infuffijans , puifqu'on ac- corde qu'ils ont eu allez de force pour engager quelques Payons à bien vivre; <3c s'ils ont été fuffifans par rapport à un F 4 petit ^^8 Bibliothèque Britannique, petit nombre d'hommes , quelque petit qu'on le fuppofe, pourquoi ne le feroient- ils pas par rapport à tous les hommes, vu qu'ils ont tous les mêmes facultez na- turelles ? Rien n'efl moins jufte que cette confequence, répond le Théologien; c'elt tout comme fi Ion difoit, la Ra^ifon a été Juffifante dans un Euclide pour inventer un beau fyftême de Propojitions Géométriques , dans un Locke pour écrire un excellent Effai fur r Entendement Humain, & dans un Virgile pour compofer un admirable Poè- me Héroïque : donc elle eft fiiffifante chez tous les hommes pour les mectre en état de publier de pareils Ouvrages. Q^ui ne voie le ridicule de cette conclufion? Tous les hommes peuvent-ils être des EucUdes , des Lockes , ou des VirgiUsl II s'agit ici, comme on l'a établi dès le comimcnce- ment , d'une Siiffifance qui regarde , non un petit nomibre d'hommes privilégiez ^ mais tous les hommes indifféremment ; & de ce qu'il s'efl trouvé , ou qu'il fe trouve peut-être encore, parmi lesPayens quel- ques perfonnes qui vivent conform^ément à la Raifonjilne s'enfuit pas, que laRai- fon ait afiez de force par elle-même , pour les porter tous , fans diltinêlion , à la prati- que de la vertu. D'ailleurs, il y a bien de l'apparence, que ceux d'entre les Payens qui en ont fuivi les règles , ont eu quel- que commerce directement ou indireête- ment avec les Juifs ou avecles Chrétiens , ou Avril, Mai et Juin. 1739. 89 ou quelques idées de la Révélation par le moyen de la Tradition. Car l'on peuc juftement douter , fi , fans un fecours exté- rieur de cette nature , il y a jamais eu dhomme véritablement pieux , & fi l'on examine les exemples des perfonnes de ce caractère dans le Paganifme dont l'Hif- toire fainte ou profane fait mention, l'on verra qu'ils ont en effet plus ou moins joui de ce fecours. Il paroît par tout ce qu'on vient de di- re, que la Q^aeftion propofée doit fe dé- cider de la même manière que la précé- dente ; c'eft-à dire que la Raifon eft bien Juffifante de fa nature , âf abfohimenî parlant , pour porter , du moins jufques à un cer- tain point , les hommes à la Vertu ; mais ce n'efl qu'une Suffifance idéale ^ de pure fpéculation , car dans la pratique elle eft réellement infujfifanie : l'expérience prouve, qu'il n'y a que les motifs tirez de la Ré- vélation qui puifient nous déterminer ef- ficacement à bien vivre. Je ne fçais fi cet- te diftinQion plaira également a tous les Théologiens ,• mais l'Auteur fe flatte de pouvoir terminer par ce moyen toutes les difputes qui fe font élevées fur cette matière, s'imaginant que ceux qui, com- me Mr. l'Evêque de Londres * ôc le feu Dr, * Dans fes Lettres Pajlorale^ 90 Bibliothèque Britannique, Dr. Clarke *^ ont foutenu que la Raifon n'étoic pas fuffifante pour conduire les hommes à la Religion , & par la Religion au Bonheur d'une autre Wïq , ont voulu parler d'une Sufîfance actuelle ^ de prati- que-^ & que ceux au contraire qui ont prétendu qu'elle étoit fuffifante pour cette fin, ont voulu parler d'une Suffifance na- turelle ^ éloignée èf abjlraite. Seulement il auroit été à fouhaiter qu'ils fe fulTent ex- pliquez comme on vient de le faire , & cela auroit prévenu toutes les contefla- tions. Dans la fuite de ce Dialogue , Sophro- niuSi le Modérateur de la Difpute, jufti- fie par PHiftoire ancienne & moderne ce que l'on a établi touchant l'Infuffifancede la Raifon dans la pratique. Il décrit au long les Idées & les Coutumes de plufieurs Nations Payennes en matière de Religion, & il fait vo'ir que rien n'eft plus oppofé à la faine Raifon, rien plus extravagant 6i plus abominable. Il commence par les Sauvages de l'Amérique feptentriona- le, & ce qu'il en dit eft tiré d'Hennepifi & d'autres Miiïionaires qui ont écé long- tems fur les lieux. Il parle enfuite des Hottentoîs, à. rapporte ce qu'on trouve fur * Dans fon Traité de la Vérité de la Religion Chrétienne. Avril, Mai et Juin. 1739. 91 fur ce fujec dans VHiJtoire du Cap de Bon- ne-EJpérance de Mr. Kolben , donc nous a- vons donné un Extrait dans cette Biblio- thèque *. Les Relations que nous avons de la Nova-Zembla , de la Nouvelle Hollan- de & de rifle de Java , ne nous donnent pas une meilleure idée des habitans de ces Païs. En Europe même, les Laponois, & les Rujftens au Nord de la Mofcovie , ne font -ils pas plongez dans l'Idolâtrie & dans les fuperltitions les plus honteufes ? Ils ont quelque teinture de Chrifl:ianirme , mais leur Religion eil toute Payenne , & bien éloignée de les porter à l'a vertu ; car ce font peut-être de tous les peuples du monde les plus vicieux & les plus bru- taux. De -là l'Auteur fe tranfporte dans le Pérou & le Mexique)^ n'y trouve rien de plus édifiant. La Chine , toute civilifée qu'elle efl:, n'offre à fon examen qu'Ido- lâtrie & qu'erreurs groflieres & monilrueu- fes. Il finit par VcinciQnnt Bretagne, l'an- cienne Grèce & l'ancienne Rome , & iî fait voir que les plus grands Philofophes même du Paganirme,onc été dans l'igno- rance en matière de Religion , adonnez à la fupcrflition &: fujets à des défordres honteux. * Voyez les Tom. IV. V. & Vî. ARTI- p2 Bibliothèque Britannique, A R T I C L E I V. NÎNETEEN LETTERS of the truly Révérend and Learned Henry HAM- MOND , D. D. {Author ofîbe Anno- talions on tke Ne-vo Tejlament , ^c. ) ÎVriîîen to Mr. Peter Staninough and Dr. Nathanael Ingelo : many of them on 'very curlous fubjcàs. Now firjî pu- hlisbed from the Originals communicaîed by the very Révérend Mr. Robert Marf- den,B. D. Arcbdeacon nf Nottwgham\ and ibe late pious Mr. Jobn Worthing- ton , M. A. and iUiiftrated 'ujiîb Azo- tes , By Francis PECK, M. A. ^vvayaiyiri tx Trep/crguV livrât yj.xc-^oi» rcc^l'vcc y.>) t/ cIttÔKy^-çoli, Joanil. VI. 12. London. Printed for T. Cûoper , at the Globe in Pater-nofter-Roiv. 1739. C'effc- à-dire : DiX-NhUF LETTRES du Doreur Henry HAMMOND ( Au^ îenr des Notes Jur le Nouveau Tejla- ment) publiées po'îr la première fois ^ accompagnées de Remarques, par Fran- çois P ÈCK, MaÙre-èS' Arts, A Lon- dres. C/;c2; T. Cooper , ^ l' En feigne du Globe dans Pater -nofîer-Reiv, 1739. Oflavo. Pazcs. 8i. SI f^ Avril, Mai et Juin. 1739. 93 SI NOUS avions donné en François le Ticre de cette Brochure dans Ion entier, on auroic remarqué que le Col- lecteur dCvS Lettres de Hammond y a mis, en forme de Sentence ou de Devife, ces paroles de l'Evangile : RamaJJtz les mor- ceaux qui rejicnt , afin que rien ne fe perde '■'» Les Anglois font fort dans le goût des Sentences à la tête de leurs Livres; (SceU les y font quelquefois appliquées fortheu- reulèment. Nous ne doutons pas qu'on ne mette celle-ci au nombre de celles dont l'application a quelque chofe d'heu- reux, par cela même qu'elle eit détournée & tout- à- fait inattendue. Nous ne dou- tons pas même que nosLefteurs ne trou- vent l'applicarion Julie &; raifonnable. Les Lettres d'un homme du mérite de HAM- MOND , & d'une réputation aulîi bien établie que la Tienne , doivent être regar- dées commue de précieux reftes, dignes d'être recueillis <5c donnez au Public. En quoique dans ces fortes de Collections tout ne puifTe pas être également inté- reflant , ni intérelTer également tout le inonde, il nous femble q'u'il faudroit tou- jours encourager, & ceux qui les publient, & ceux qui y contribuent par la commu- nication des Pièces qu'ils ont entre les mams. Des * Jean VI. 12. 94BrBLioTHEQUE Britannique, Des dix -neuf Lettres annoncées dans le titre , il y en a dix- huit à Mr. Pierre Staninough, qui ont été communi- quées à l'Editeur par Mr. Robert M A r s- DEN, Archidiacre de Nottingham, dont le Père avoit époufé la Veuve de celui à qui elles font iddreirées. La dix -neuviè- me a été communiquée par Mr. Jean WoRTHiNGTON, Maîtrc-ès-Arts, qui eft mort depuis ce tems-là, au mois de Février ou de Mars 1738. Il avoit été pendant quelque tems Membre du Collè- ge de St. Pierre à Cambridge , après avoir fait fes études dans la même Univerfité au Collège du Roi, où il avoit été placé comme un des Ecoliers du Collège d'E- tofi, nommez à cet effet par le Fice-PreDùt de ce derni-er Collège. Le Vice -Prévôt, par qui il avoit été nommé, & avec qui il paroi'c avoir été lié d'amitié, étoit le Doc- teur Ncdhanaél I ngel o. Or c'eft à ce même Dofteur Ingelo que s'addrelTe la dix- neuvième Lettre de Hammond;& il y efl par'é d'un Docteur JVorthington en termes avantageux, à l'occafion d'un Livre qu'il a- voit publié. Ce Worthington étoit appa- remment le Père , ou quelque proche Pa- rent de celui qui a communiqué la Let- tre à l'Editeur. Cette Lettre eft une des dernières cho- fcs que Hammond ait écrites ; car elle efl: datée du vingt -fept de Alars , mil fix- cens foixante , ù. il mourut au mois d'A- vril Avril, Mai et Juin. 1735)^. 95 vril de la même année, foit le vingt- cinq, comme le dit Wood dans VA- thenœ Oxonienfes\ foit le vingt-fept, com- me le marque Richard Smith dans fon Obituaire. Le Doâeur Ingelo avoit pu- blié des Sermons de fa façon ; il en avoit envoyé un Exemplaire au Dodeur Ham- mond , & il avoit accompagné fon pré- fent d'une Lettre. Celle de Hammond contient un Remercîment , précédé de quelques politefles très -obligeantes, & fuivi de deux Obfervations Critiques , dont la féconde , fondée fur un paflage d'KNE'E de Gaza, dans fon Dialogue in- titulé Tbéopbrafte,ét3b\ït , comme une cho- fe fort probable , que le Hie'rocles, Commentateur ÛQSf^ers dorez de Pytbagore , doit être diftingué duHiE'ROCLES contre qui Eufebe a écrit, & qui s'eft ren- du fameux par fa comparaifon d^ Apollo- nius de Thyane avec Jefus- Chrift. On ne fera pas fâché de trouver ici les princi- pales paroles d'Enée , qui ont fait naître la conjedlure de Hammond. 'IfpoMXvjç ^i > bk y.ÛTlCi , âT/ÇOV 'ACtî T8TO TrpOfTc'^.VlVtfV* La première des dix -huit Lettres ad- drclTées à Mr. Pierre Staninough, elt datée du dix-feptième jour de Juil- let. Cela ne nous apprend, ni en quelle année , ni de quel lieu elle fut écrite. Mais on fçait d'un côté ,par le témoigna- or» p6BlBLI0THEQUE BRITANNIQUE, ge de îVood , que le Docteur Hammond, Sous -Doyen de rEglife de Chrift à Ox- ford en mil lix- cens quarante -fepc, paila au moins une partie de cette année dans cette même Ville, ou il fut détenu prifonnier pendant plufieurs femaines, a- près avoir été dépoiledé de fon Sous- Doyenné par les Vifiteurs du Parlement : & l'on voit aflez clairement d'un autre côté , par la confrontation de la premiè- re Lettre avec les deux fuivantes , qu'il faut qu'elle ait été écrite cette même année 1647. Il fut transféré de fa priibn d'Oxford , dans une autre prifon plus dou- ce à Clapham, près de Bedford, chez Mr. Philippe Warwick, qui dans la fuite fut fait Chevalier par Charles II. Ham- mond annonce ce changement dans fa troifième Lettre, cornm^ une chofe arri- vée depuis la féconde, qui eft datée du vingt-quatre de Juillet, 6c qui paroît ma- niféTtement n'avoir été écrite qu'après celle qui eft placée la première. Celle-ci ne peut donc pas être poftérieure à l'an 1617.: & elle ne peut pas non plus y être antérieure. Hammond y parle en termes qui fuppofenc que Thomas F a r- ^• AKi B , Maître d'une fameufe Ecole de Sennok ou Se-'cenoak, dans le Comté de Kent , homme connu dans les Pais étran- gers fous fon nom latinifé depAKNA- B I u s , étoic déjà mort lors de cette pre- mière Avril, Mai et Juin. 1739. 91 filière Lettre : Et nous apprenons de IVood, que Farnabius ne mourut que le douze de Juin mil fix-cens quarante -fept. Nos Ledeurs nous pardonneront cette petite difcufîîon , en faveur du plaifir qu'il y a à fçavoir, dans quel tems & dans quel lieu il faut fe tranfporter, foit pour être au fait de ce qu'on lit, ou pour en tirer quel- que lumière hiHorique. On entrevoit dans cette première Lettre , que Mr. Sta- ninougli avoit été employé par Farnabius pour enfeigner les Humanitczdans Ton E- cole , & qu'il s'y étoit acquis une ré- putation de capacité qui lui faifoic hon- neur. Il paroît par la féconde Lettre, datée du vingt-quatre de Juillet de la même an- née, que la Veuve de Farnabius conti- nuoit à tenir l'Ecole du Défunt, & qu'elle fouhaitoit d'y avoir Mn Staninough* La troifième prouve , qu'il y alla bientôt après , ^ parle des progrès & de la fa- gefle de deux de fes Elèves, dont l'un étoit François Farnabius , fils de Thomas. Cette Lettre nous apprend auiîi , que le deux d'Odlobre, jour qu'elle fut écrite, il y avoit déjà quelque tems que Hammond étoit à Clapham chez Mr. Warijoick , & qu'il v étoit aflez en liberté , quoique pri- fonnièr: In a Kind of LIBERA CUSTO- DIA. Dans la quatrième Lettre (qui indique en termes vagues une interruption de Cor- TomeXIII. Part, L G leP 98 BlIîLIOTHEQUK BRITANNIQUE, refpondance) le Doéleur Hammond féli* cite Mr. Staninough , au fujet des agrémens qu'il trouvoic dans une nouvelle fituation» ]l étoit entré chez le Chevalier Robert Pye à Faringdon, & l'on voit par une des Lettres fuivantes, que c'étoit pour avoic foin de l'éducation de fon Fils , ou peut- être de quelque autre jeune Gentilhom- me ; car cela n'efl: pas bien déterminé. La cinquième Lettre le complimente 'fur fon Ordination, & fuppofe qu'il con- tinuoit à être agréablement dans la mai- fon de fon Chevalier. Elle ell datée du deux -de Juillet, & renferme un mot, qui infmue qu'elle fut écrite de chez NÎr. Wari-o'ch Si l'on peut inférer de -là, que le Docteur Hammond y étoit encore, il faudra qu'elle ait été écrite en mil fix , cens quarante -huit; car il n'y fut pas un an: c'eft-là au moins ce que fignifient naturellement les expreffions de Wood ^ qui dit que Hammond, après avoir de- meuré dans cette maifon plufieurs mois (feveraî Months ) fut à la fin relâché. Ain- û la date de cette Lettre peut faire ju- ger à -peu -près en quel tems & de quel lieu fut écrite la précédente , qui n'a ab- folument aucune date. La lixième félicite encore une fois Mr. Staninough fur fa fituation, & contient de plus , quelques avis fur la méthode qu'il doit fuivre avec fon Elève. Cette Lettre e(t vraifemblablement de la même année que Avril, Mai et Juin. i73y. s>ù que Ja précédente. Elle eft datée du vingtième d'Août. Et depuis ce tems-là on ne voit plus ce qu'efl. devenu l'Ami du Dod^eur Ham- mond, julqu'au trente-&-un de Mars mil lix-cens cinquante -fept, qui eft la date ■de la feptième Lettre ,dont l'addrefie por- te, ainli que celle des fuivantes :A Augh- îon près d'Ormkirk dans le Comté de Lancaf- tre. Cette Lettre confifte en quelques par- ticularitez littéraires. La plus remarquable regarde ïHiftoire du Pélagianifme par V o s- sius. Hammonddit, que Richard Mon- taigu y Evêque de Ncr'wich f^\ oit fouvenc &cnnfidemment alîuré^que cette Hiftoire avoit été compilée à l'aide des Recueils de TEvêque Overall. „ Thac „ VoJJlus' Pel. Hift. was compiled out of 5, Biftiop OveraWs Collerions , was fre- ■„ quently and confidently affirmed by the „ late Bifhop [Richard'] Montagne of AV- „ wicb , a great admirer of that Bifliop. La Lettre VII L en date du douze de Juin mil fix-cens cinquante -fept, of- fre d'abord quelques par ticularitez aflez détaillées qui tendent à prouver, que le célèbre Ufher , ouL[/7èn'z/j,pîurieurs années avant fa mort, avoit reconnu une Grâce Univerfelle, quoiqu'il ne la reconnût pas égale pour tous: non ex ^quo pro om- nibus. A propos de quoi Hammond fe rappelle ces paroles de St. Maxime ( -/.-C). 'xs^t clyccjvjç } Xpi:;o; viçsp tt.'^^twv ES ISOï, G 2 „ Ces 100 Bibliothèque Britannique, „ Ces derniers mots, dit- il enfuice, „ m'ont long-tems embaralTé, & je n'ai „ pu deviner pourquoi ils écoienc-là, ), que lorfque j'ai vu qu'il y avoit quel- „ qu'un qui, en convenant de Vâzé^avev uT^p i9 TTxvTui-j , ne vouloit pourtant pas con- „ venir de IVJ fjs '^ UlTerius ayant prê- ché fur rUnivcrfalité de la Grâce, un Sermon qu'il nommoit un Sermon fau- veur des âmes ( a Souk-faving Sermon ) (Se qui avoit pour Texte ces paroles de l'E- pître aux Romains VIII. 29. Ceux qu'il a appeliez , il les a aujji jujlifiez ; un fçavant Théologien vint lui faire cetce queftion: „ Peuvent-ils tous vouloir? Dieu donne- „ t-il à tous ceux qu'il appelle par faPa- „ rôle , la Grâce intérieure qu'il leurfauc „ pour fe repentir s'ils le veulent, & ,, pour être certainement en état de le ,, vouloir ''? A quoi UlTerius répondit; Oui, ils peuvent tous vouloir: Et s'il y en a tant qui ne veuUnt pas , c'ejl que , comme je rai dit dans mon Sermon, ils réfijient à la Grâce de Dieu^ & font dans le cas de ceux à qui V Ecriture dit : ,, Gens de col roide (f in^ „ circoncis de cœur ^ d'oreille , vous ne cef- ,/fez de réfijler au Saint-Efprit ". Adl. VII. 51.... Enfin l'Evêque O v E r A L L avoit r ai/un , 6* je fuis de fon avis. Nous lai fie- rons à nos Lecteurs le plaifir tout entier de faire là-defTus des réflexions. ■■ La plus grande partie de certe Lettre rou* ie fur un autre fujet. Il s'agit de la Fsm^ Avril, Mai etJuin. 1739. loi me-So EUR, ou Sœur -F h m m f. de Se. Paul, I Cor. IX. 5. On croie aflez com- munément que l'Apôtre parle de la liber- té qu'il auroit de mener avec lui une E- poule Chrétienne, laquelle, ou il avoit, ou il pouvoit avoir. Himmond prétendoic avec quelques Anciens , qu'il parle de quel- qu'une de ces Femmes pieufes & charita- bles qui pourvoyoient de leur bien à la ^fubfiftance des Apôtres : fur quoi Ton peut Toir fa Paraphrafe du Nouveau Te(ta- ment. Mr. Staninough lui avoit écrit en . faveur du fentiment ordinaire , 6c lui a- voit allégué , à ce qu'on voit , ou du moins à ce qu'on entrevoit, le Livre de C A L I X T E de Conjupo Clericorum. Ham- mond lui répondit dans cette Lettre,- & cela fait une petite Diflertation , que nous traduirons d'autant plus volontiers, qu'elle pourra fervir de réponfe en même tems , & aux Argumens deCALiXTE, qui y eii critiqué, & à la Critique de Mr. le Clerc, qui dans fes Motes Latines fur le Nouveau Teflament,a tâché de réfu- ter la Paraphrafe de notre Auteur. Nous donnerons la tradudlion de ce morceau dans un Article à part. La Lettre IX. datée du huit de Sep- tembre , mil fix-cens cinquante -fepc, commence par ces paroles; ,, Je puisa „ préfent vous aiiurer , que le Livre de if Mr. Pcirce contre Reynolds a été publié ^' 3 « il I02 Bibliothèque Britannique, ,i il y a environ un mois. Et j'ai appris „ depuis ce tems-là,que Ton premier Ad- f, verfaire faifoit imprimer de nouveau M quelque choie contre lui *'. Voilà des parcicularitez qu'on trouvera peut-être Dien peu intéreOantes aujourd'hui . & qui en effet ne ferviront peut-être jamais à rien. Mais quoi qu'il en foit de celles-là nommément, nous avons été bien aifes de les rapporter , pour en prendre occa- fion de faire une remarque dont les bons Efprits nous feauront gré , û les beaux Efprits ne la goûtent pas : c'eft que ces fortes de particularitez , quelque indiffé- rences qu'elles paro'ffent, ne fçauroienc être confervées avec trop de foin par quiconque donne au Public les Lettres d'un Sçavant. Il n'eft pas toujours indif- férent fans doute , de fçavoir en quelle année une Lettre a été écrite, & il ar- rive quelquefois qu'une Lettre n'a point de date, ou que la date ne marque point Tannée. Cette même Lettre annonce-t- elle un Livre nouveau ?0n apprend d'ail- leuris l'année du Livre , & Ton a ainfi cel- le de la Lettre. Ce n'eft pas non plus une chofe toujours indifférente que de s'afTurer en quel tems de l'année un Li- .vre a vu le jour; & le Livre cependant vous indique firaplement Tannée : fouvenc même il n'indique pas Tannée véritable. Jl y a long-tems que les Imprimeurs ont perdu I Avril, M AIE T Juin. 1739. 103 ! perdu l'ufage de marquer le mois &: le jour où l'imprefTion a été achevée : ajou- tez qu'il y a des Livres qui ne fe pu- blient pas 'd'abord après rimpreffion. U- il ne Lettre qui fera datée exaftement, ou dont on pourra découvrir la date précife moyennant une certaine confrontation , vous tirera de votre incertitude , ou de votre embaras, au fujet du tems de la pu- blication d'un Livre, toutes les fois qu'el- le vous dira, comme ici Ta Lettre de Kammond. Il y a u?i mois qu'un tel Livre paroît. Nous avons rapporté le commencement de cette Lettre, nous en rapporterons la fin ; & remarquerons que Hammond y parle d'un Ouvrage de fa façon qui n'a jamais été imprimé que -nous fçachions , & qui pourroit bien ce- pendant n'être pas tout -à- fait perdu. Il s'agit d'un Ouvrage fur le Purgatoire ^ fur la Prière pour les Morts. „ J'ai écrit, 99 ( dit -il) j'ai écrit aflez amplement fur „ ces deux fujets; mais je n'ai pas mes „ Papiers entre les mains. Je me con- ,, tente de vous envoyer quelques cour- 99 tes Obfervations que des Livres m'onc" 9, fournies. Vous les lirez, fi vous pou- „ vez : & quand vous aurez vu ce que „ c'ell: , vous me les rendrez. La Lettre X. pourroit nous fervir d'exemple, fi nous voulions développer & prouver la Réflexion que nous avons faite à l'occafion de la précédente. Car G 4 l'E- ïO-}.BlBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, l'Editeur; n'avoit trouvé d'autre date dans l'Original de cette dixième Lettre^ que k 2 1. de Décembre: (Se il n'a pourtant pas craint, ni n'a dû craindre d'ajouter en- tre deux crochets les chiffres qui mar- quent Tannée mil fix-cens cinquante- Sept : pourquoi? Parce que, d'un côté, dans cette Lettre du vingt-&-un de Dé- cembre , Jeaai Bramhall , Evêque de Ber- ry , paroit avoir deux Ouvrages prêts à être publiez ; & que l'Editeur fçait d'un autre côté, par Pinfpeclion d'un de ces Ouvrages , qu'il fut publié en mil Cx- cens cinquante-HuiT. C'eft ainii enco- re que ^Ir. Peck s'eft mis en état de marquer Tannée de quelques-unes des Lettres fui van tes, qui n'avoient, comme celle-ci , que la date du mois &: du jour, quoiqu'il ait négligé d'en avertir le Lec- teur. Cette Lettre au refte eft écrite d'une mianière un peu énigmatique. Peut- être cela vient -il de ce qu'elle roule fur les affaires du tems, au fujet defquelles Li prudence pouvoit exiger qu'on s'ex- primât quelquefois en termes couverts. Elle commence par une Rembarque vague fur quelques pafTages de St. Bafile & de St. Jérôme que Mr. Staninough avoit al- léguez: cela eft fuivi d'une Explication fur le Re,2;ne fpirituel ou temporel deje- fus-Chrift. Et puis il eft parlé tout-à- coup de quelqu'un dont on ne dit poine le nom5<5w qu'on défjgne néanmoins com- mç ■ Avril, Mai et Juin. 1739. icj tne s'il avoit été nommé auparavant , qui ^prétendoit que Grotius & tous les Parti- fans de l'Epifcopat, avoientdcs vues pour établir le Papifme , fi-rxon à rEfpagnole , au moins à la Françoife -, bien que ce mê- me Anonyme avouât , que le Cardinal de Richelieu avoit trempé dans tout ce qui s'étoit fait en Angleterre pour y abolir TEpifcopac, - pofe la Prédication quand elle damne ceux qui n'auront pas cru : donc elle n'exclut point du falut, ceux à qui la Prédication n'aura pas été addre(rée;à moins quelon ne v^euille, ou damner auHî les Enfans &lcs Idiots d'entre nous , qui ne croyenc point, faute d'avoir la faculté de croire; G ^ 914 io6 Bibliothèque Britannique, ou dire qu'il eft plus poflTible de voir- fans lumière que de voir fans yeux. Je- fus-Chrift eft mort pour tous ceux à qui il feroit prêché ; donc il eft mort pour des gens parmi lefquels il y en a qui le renient : donc il eft mort 'à plus forte raifon, ce femble, pour ceux dont tout le crime confifte à né le pas cônnoître. La nouvelle Alliance que Jefus-Chrift a établie par fon fang , n'exige rien au-de- là du poiïible. Or il eft impofTible de croire en lui, fi préalablement on n'en- tend parler de lui. Dieu nous eft repré- fenté dans l'Evangile , fous l'image d'un Maître également prêt , & à recompenfer le ferviteur qui n'a reçu qu'un talent, & à punir celui qui en aura enfoui" plufieurs. Les Chrétiens font dans le cas de l'un, les Payens font donc dans le cas de l'autre : car ils ont reçu un talent pour le moins. jefus-Chrift ne leur eft point prêché: il ne s'enfuit nullement de- là, qu'il ne foit pas mort pour eux. Ceux qui connoiflent le mérite de fa Mort, ne font pas tous fau- vez; donc ceux qui l'ignorent ne font pas tous damnez : & s'il n'eft pas more pro fingulis , il eft mort au moins , comme tout le monde en convient, pro gêner ihus fingulorum. Perfonne n'eft exclus du droit d'écre appelle par la Prédication, à jouïr des fruits de la Mort de jefus-Chrift; car il eft dit; Prccbcz à toute Créature: donc perfonne n'eft exclus du droit de partici- per Avril, Mai et Juin. 1739. 107 per aux fruits de cette Mort. Si Dieu venoit à châtier la Nation Angloile, com- me il eft probable qu'il a châtié d'autres Nations, en leur ôtant un fiambeau dont elles ont méprifé la lumière , s'enfuivroit- il de-là que Jefus-Chrift ne feroit point mort pour la Nation Angloife? Les fruits de la Mort de Jefus-Chrjfl doivent na- turellement être aulîi anciens que fa More elle-même. Or la Mort de JelUs-Chrift, dans le décret de Dieu, eit auiîi ancien- ne que le monde; Jefus-Chrift, félon l'Ecriture, eil l'Agneau de Dieu qui a été immolé dès la fondation des ficelés : donc les fruits de la Mort de jefus-Chrifl font antérieurs à la vocation du Peuple Hébreu: donc les fruits de cette More ne font pas pour un certain Peuple à l'exclulion des autres: donc ils font pour tous les Individus qui ne fe rendront pas indignes d'y avoir part. — Iclles font(li-non.mot-à-m.ot , au moins pour le fens 3 les Réflexions par lefquelles le Doc- teur Hammond tâche de Huisfaire Mr. Staninough ; & nous les avons expo- fées avec confiance, perfuadez qu'elles plairoient & aux Ignorans &; aux Sçavans. Aux Ignorans y \i2i\QQ qu'elles pourront leur apprendre quelque chofe, & qu'il y a du plaifir à s'inflruire. Aux Sçavans, parce que vraifemblablement ils enjugeront feion leurs divers préjugez , & qu'ainii ils au- ront ïo8 Bibliothèque Britannique, ront tous du plaifir. Les uns auront le plaifir de les trouver excellentes ; les autres auront celui de les trouver pi- toyables. La Lettre XIL fait mention d'un Mr. Sherlock. Cela ne mérite pas extrême- ment d'être obfervé : ,mais à cette occa- fion l'Editeur cite unpaflage de Wood, oîi nous trouvons un fait qui eft aflez re- marquable, au moins par fa fmgularité. Mr. Peck a fuppofé avec beaucoup de vraifem- blance (quoique fans en expliquer larai- fon ) que le Sherlock dont il eft parlé dans cette L«tre,étoit le même que celui qui écrivit en 1654. contre les Quakres : & dans cette fuppofition il a cru pouvoir placer ici ce que Wood nous apprend au fujet de cet Auteur. Nous croyons qu'à notre tour nous pouvons en tranf- crire une partie. Ce fera fon Epitaphe, telle qu'elle fe lit dans l'Eglife de Win- lixck , dont il avoit été Refteur , & oli il cil q?terré. Exwoiœ Ricardi Sherlock, S. T. P. indigniPîmi bujus Ecclejiœ Recloris ; v'nit 20. die Junii Çanno œtatii 76. } A. D. 1689. Sal infaîuum conculcate. Il eft bon de dire , que c'eft fon Epitaphe faite par jui-même. L'Editeur au refte cite ÎVood d'une manière qui n*cft pas bien exafte. îl eft vrai cependant , qu'à l'égard du mot infaîuum ^h citation eft très-exa6le. Un endroit de cette Lettre prouve , que quand Avril, M AI ET Juin. 173p. 105 quand elle fut écrite , il y avoit déjà quel- que tems que Mr. Staninough s'étoit ma- rié , & qu^Adam Littleton venoit d'en faire autant : fur quoi Hammond dit , qu'il ne les en eftime pas moins» Ce Littleton \ eft le même qui efl fi connu en Angle- terre par fon Diétionaire Latin. La Let- tre qui annonce fon mariage , eft datée du fix de Juillet. Si avec cela nous fçavions l'année de la Lettre, nous fçaurions cel^ le du mariage. Mais bien que Mr. Peck ait placé c^tte Lettre, ainfi que la trei- zième, parmi celles de 1658. nous n'ofe- rions alîiirer que ce fût-là leur véritable place. La XIIL Lettre paroît relative & pof- térieure à la douzième. Hammond ycon^ tinue à parler du Mariage de Mr. Stani- nough , & elle eft datée du vingt-troifiè- me d'Août. Mais il y dit à l'oGcafion de ce Mariage, qu'il a lu depuis peu Calixte de Conjugio ClmcoTum ^ & il le recomman- de en même tems à fon Ami , comme un Livre très-digne d'être lu , & qui lui four*- nira de nouvelles raifons en faveur de la compatibilité du Mariage avec la Prêtrife, Il femble, en un mot, lui parler de Calix- te & du Mariage des Prêtres pour la pre- mière fois. Comment cela fe peut- il, fi cette Lettre a été écrite en mil fix- / cens cinquante-ijMÙ? Le Dofteur Ham- ( mond & Mr. Staninough ne s'étoient-ils ^ pas déjà entretenus de Calixte (Se du Ma- riage 1 1 10 3 I B L I b T H E Q U E B R I T A N N I q U E , liage des Prêtres , dans des Lettres qui font incontellablement de mil fix-cens .cinquante-/6;)C ? Ou je n'y comprens rien, ou les Lettres douze de treizième dé- voient être rangées devant celle qui trai- te de la Femme - Sœur de St. Paul ; & qui plus eli: , devant toutes celles de MDCLVn Car celle qui traite de la Femme -Sœur étant du mois dit Juin , & les deux en queftion étant du mois de Juillet & du mois d'Août, il n'y a pas moyen de placer celle du mois de Juin a- près les deux autres, ou de leur confer- ver à foutes trois leur véritable rang, dans une feule & même année. Quoique ces Obfervations tiennent un peu de la minutie, il faut que nos Ledeurs nous en paiTent de tems en tems quelques-unes de cette efpece. Il eft de leur intérêt que les Auteurs, & particulièrement les Éditeurs ou Colledeurs de Pièces Anec- dotes ou fugitives , s'accoutument à avoir une exactitude fcrupuleufe & fur-tout à é- viter les Anachronifmes. La Lettre XI V. a pour date le dix de . Septembre , d' annonce , comme nouvel- ) lement publié, un Livre que l'onfçait être de l'an MDCLVIII. Un palTage de Wood, cité par l'Editeur, nous apprend, que Hammond finit fes jours à la campa- gne, chez fon Ami le Chevalier JeanPac- kingto?iy à WeftnjQood dans le Comté de Worcefler. Cette Lettre nous apprencj de Avril, Mai et Juin. 1739. m de plus, qu'il arriva dans cette retraite le dix de Septembre de la fufdite année, & qu'il écoit à Londres quelque tems au- paravant. Ce qu'il y a de plus remarqua- ble dans le relie de la Lettre , ed une Obfervation fur l'EtabliiTement du Sabbat, laquelle il fe fouvenoit d'avoir lue dans un Auteur qu'il déOgne fimplement par fon nom de M e a d. L'Obfervation re- vient à ce qui fuit. Si d'une part le Sixiè- me Jour d'Exode XV, 22. eft réellement, comme il femble l'être , non le fixième d'une Semaine , mais le fixième de h Man- ne, Et û d'autre part, le jour dont il eft parlé au verfct premier , jour employé à faire un nouveau campement , jour de travail & non de repos, eft réellement, comme il femble l'être , le dernier jour avant les fix de la Manne; il s'enfuivra nécclTairement, ou que la Loi du Sabbac fut violée ce jour -là par Moïfe & par tout le Peuple , ce qui n'a aucune vrai- femblance , ou que la Loi du Sabbat ne leur fut donnée que depuis ce même jour, ce qui ne peut être combattu que très -foiblement par Genefelî. 3. oli rien ne nous empêche dereconnoîtrequel'Hif- t'oire parle du Sabbat par anticipation. L'Editeur ne nous apprend point, qui efl le Meao, Auteur de cette Obfervation. Mais nous pouvons alîurer que c'eft le même qui eft nommé Jo/eph M e d e à la tête 'îîsBîbLiotheque Britannique^ tête du Recueil de Tes Oeuvres imprimé à Londres en M D C L X I V. L'Obfervation qu'on vient de lire , eft la même dans le fond que celle qui fe trouve dans fes Diatribœ, au Difcours XV. p. 75. [de fes Oeuvres. La Lettre XV. fans autre date que le vingt d'Oftobre, a un rapport (i fenfible avec la neuvième, qu'on eft fortement tenté de croire, qu'elle auroit dû la fui- vre immédiatement. Elle parle des Ob- fervations manufcrites fur le Purgatoire, envoyées avec la Lettre I X. & contient quelques nouvelles Obfervations fur le même fujet. La Letcre XVL eft du trentième de Dé- cembre , & pourroit fe rapporter alTez naturellement , aufîi-bien que îa précé- dente, à l'an MDCLVri. Elle répond à <îeux Queftions , qui toutes deux regardent le Mariage , & dont il y en a une qui regarde le Mariage des Prêtres. C'eft la dernière. La première roule fur le Mariage entre deux Partis , dont l'un fe- roit Proteftant & Pautre Catholique-Ro- main. ,9 Le feul Texte [dit Hammond] ,, que j'aye ouï citer contre ce Mariage, ), eft certainement étrano^er à la queftion. „ C'eft celui de 2 Cor. VL 14. Ne portez ,, point un joug inégal avec les Infidèles ,'ôcc. ,, Le mot Grec ( Jr^po^uy/^) fîgnifiequel- ,, que chofe qui n'a nul rapport au Ma- ^> riage : Avril, Mai et Juin. 1759. 113 .,, riage : & quant au titre d'Infidèle „ \a.%ic;c<; )\\ n'y auroit m raifon, ni cha- „ rjté à l'appliquer à un CathoUc^ue Ro- „ main Je ne crois pas , par conlequent, i) qu'un iviiniltrcqui bénit un Mariage oii „ l'un des Partis efl Catholique Romain & ,, l'autre Proteftant , fafle en cela r^en „ d'iliégitime. L'objedlion tirée de la Ru.- }} brique n'eft ici d aucune force. La Ru- „ brique porte , que les Nouveaux Mantz „ communieront: c'eil un Commandement „ de l'Eglile lequel ne peut être obliga- ,^ toire que pour eux. enlbrte que s'ils ne ,, communient pas 5 c'efl leur faute à eux, ,:, & non la faute du Miniilre, dont l'o- „ bligation fe borne à les avertir de leur „ devoir, & à être prêt de leur adminif- „ trer la Communion, s ils veulent la re- „ ce voir. En voilà afiez pour prouver „ que la chofe eft permife: mais je ne „ puis m'empêchcr de dire en mémetems, „ que tout ce qui ejl ptrmis n'eji pas expê- 9, (lient Les inconvéniens de ces ,5 fortes de Mariages . . ♦ font faciles à „ prévoir ; & la prudence ne veut pas „ qu'on en coure le rifque, à moins que 5, l'on n'ait de grandes efpérances d'y reme- „ dier , ou qu'il n'y ait quelque chofe (que „ je ne prévois pas )qui puifle erre pris en „ échange des avantages que l'onhazardc. La Lettre XV IL en date du premier de May , parle d'un Livre nouveau, inti- tulé 'lepà .^.' MptK, que l'Editeur croit être Tome nu. Part. L H le 114B1BL10THEQUE Britannique^ le même que celui qui a pour titre, EccU- fiŒ Anglicanœ Sujpiria , & qui parut en MDCLIX., Ouvrage du Dodeur Gau- DEN, & Ouvrage in /o/îo, comme celui que Hammond défigne fous un titre Grec : à propos de quoi il ne fera peut-être pas inutile d'obierver , que dans un autre en- droit *, oii il s'agit d'un Livre mtitulé Self-Coiidemnaîion ,^Q, yYi'àmmond le défi- gne en Grec auill , fous le titre d'A-^rc- y.u^ûL-A^.iG.ç\ foit que ces deux Livres ayenc effeCtivemenc un titre Grec, outre le'Lc- tin ou l'Anglois , ce que l'Editeur n'éckir- cit pas, faute d'avoir eu les Livres mê- mes entre les mains ; foit que Hammond fe plût à donner ainfi des titres Grecs aux Livres, lorfqu'il trouvoit une manière heureufe de le faire. Cette Let- tre roule fur la dignité de l'Ordre Epif- copal, & fur la validité des Ordinations Presbytériennes. Hammond paroît ne le« croire excufables que par la Nécefllté ; , ce ne fera pas avec des retranchemens capables d'arracher des larmes à ceux: „ qui compareront la féconde Mai/on avec Ha "^ « la J5 it5Bibliotheque Britannique^ i, la première ; c'efl: ce que je ne fçaurois ,5 deviner. Et c'eft aulîi ce qui me per- „ fuade que votre penfée touchant les „ Eleélions eft tout- à -fait de faifon , & f, méritera d'ctre bien pefée dans Tocca- 9) lion. Mais il me relie toujours quel- „ que penchant à croire , que ce même ,> Parlement qui a voté pour fa propre „ callation , n'aura pas ea la cruauté de „ l'exécuter ''. Hammond fuppofoit ap- paremment que la chofe étoit fur le ta- pis , & qu'elle pourroit être décidée quand la Lettre fcroit reçue. Elle eft du feize de Mars , & le Parlement fe cafla lui-mê- me le dix-Jept. Nous avons averti que cette Lettre faifoit mention de di- vers Livres nouveaux. Il y en a deux à l'égard defquels nous avons un mot à di- re. Le premier eft celui da célèbre Jean Pearson fur le Credo, Le nom de l'Au- teur s'écrit conftamment comme on vienc de le lire ; & nous trouvons cependant que Hammond écrivoit P e i r s o n. Cela revient au m.ême pour la prononciation. Il eft cependant à propos de remarquer, dans un tems oli l'on fe pique avec rai- fon d'une grande exadtitude en ces for- tes de chofes , que foit négligence de la parc de Hammond, foit diverfité réelle dans la manière dont quelques Auteurs ©nt écrit leurs propres noms , la ledturc de ces Lettres nous a fourni plufieurs exemples d'une pareille négligence ou di- verlicé. Avril, Mai et Juin. 1739. 117 verficé. Le fécond Livre que nous avons en vue, eit celui qui a pour titre dans la Tradudlion Françoife , la Pratique de la Pieté, & en Anglois THE WHOLE DUTY OF MAN: Ouvrage extrêmement eftimé , & dont on a toujours été d'autant plus curieux de connoître PAuteur, qu'il avoit pris des précautions peu communes pour demeurer Anonyme. L'Epître qui le trouve au devant de la première Edi- tion de ce Livre, eft de la façon du Doc- teur LIammond. Il ne paroît pourtant pas avoir été du fecret. Il recommande le Livre comme un Ouvrage excellent, mais qui vient d'une main inconnue: ce qui occafionne une Note de l'Editeur. „ J'ai „ cru pendant un certain tems (dit -il) „ que ce Livre avoit été écrit par le „ Dofteur Guillawne Chapêl, Evêque „ de Cork & de Rofs. J'ai cru enfuite „ qu'il étoit du célèbre Ahdias W a l k e R. „ Mais le fçavant Dodeur Robert Cla- „ VF.RiNG, actuellement [1738.] Evêque ,, de Peterborough , a eu la bonté de „ m'apprendre, il y a quelque tems, que „ c'étoit rOuvrag'e d'un Eccléfiaflique „ du Comté de Worcefler, nommé BAS- „ KET, Ce petit volume de Lettres au refte n'eft pas le premier Livre dont Mr. PECK ait enrichi le Public ;(Sc il y a quelque ap- parence que ce ne fera pas non plus le dernier. H 3 11 îi8 Bibliothèque Britannique, Il publia en MDCCXVI. un petic Ou- vrage in o^îavo, qu'il intitula le Sublime de V Ecriture Sainte: ou Exercice fur la Créa- tion 5 avec un Hymne au Créateur du Mon^ de, &c. Cet Ouvrage efl de fa façon. Il s y exprime dans les propres termes du Texte facré, & le propofe comme un Effai pour montrer le Beau & le Sublime de l'Ecriture fainte. TCr4'OL*'AriON. Or 5 an Exercife on tbe Création and an Hymn to tbe Creator of tbe PVorld : Written in îhe expre/s 'uoords of the facred Text , as an at- îempt to p?ovj tbe Beaiiîy and Sublimity of Holy Scripîure. ,, There are hid yet greater :, thJngs than thefe , and we hâve {"ecn 9f but afew of his Works ''. Eccli, XLIII, 35. London 17 16. Odtavo. En MDCCXX VII. il publia un autre Ouvrage de fa façon fur les Antiquités de la Ville de Stamfofd. Il y donne l'Hif- toire de l'Univerlitc de cette Ville, & par cette raifon il a cru pouvoir intituler tout l-î Livre, Academia Tertia Anglicana , quoi- qu'on y trouve, outre l'Hiitoire de TUni- verfité', celle des Monaflères, des Corn- munautcz , des Egiifes , des Chapelles, des Hôpitaux & des Ecoles du lieu. L*Au- tcur a eu pour la compolltion de cec Ouvran;ele fccours de divers Manufcrits , & celui de tous les Regiftres qui pou- vaient intéreffer fon deflein. L'Ouvrage au rede ed in folio , ^:i orné de figures. ,, ACADEMIA TERTIA ANGLICANA: ,.0r. ?J Avril, Mai ET Juin. 1739. iî9 -, Or , the Anciquarian Annals of the \y Town of Stamford. Containing theHif- „ tory of the Univerfity, Monaflenes , „ Gilds, Churches^ Chappels , Hoipicals „ and Schools there,&c. Exfumo dure lu- 9, cem. Hor. En M D C C X X X 1 1 il publia le pre- mier Volume de la Collection in folio, qui a pour tirre DESIDERATA CÛRiOSA. Ce font diverfes Pièces, la plupart hiftc- Tiques , qui étoient devenues fort rares. Ce premier Volume contient I. Le Aii- niflre accompli, ou la Vie du Chevalier Guillaume Cécile ou Lord BurgbUy , fi ci- lèbre par les fervices qu'il rendit à TAr- gleterre fous le règne d'Elifabeth. II. Vingt -deux Lettres du Lord Burgbîey h fon Fils Robert. IIL Les dix Préceptes*du Lord Burghley à fon Fils Robert. IV. U- ne Lettre des Seigneurs du Confeil, fous Elifabeth , en faveur de Robert Comte de Leicefter , contre les imputations dû Livre intitulé, la République de Leicef- ter , Leicejter''s Common'voealtb. V. Les Mémoires de Guillaum.e Chadcrîon , Evê- que de Lincoln , & depuis Evêque de Chefter. VL Une Relation étendue de la Maladie & de la Mort du Chevalier Robert Cecil y Comte de Salisbury. VII. Une Re- lation étendue de la Maladie & de la îvlort du Prince Henri. VIII. Une Lettre de Thomas Hobbes fur la queftion. Pour- quoi un homme fe fouvient moins de foa H 4 pro- 120 Bibliothèque Britannique, propre vifage, lequel il voie fouvent dans un miroir , que du vifage d'un Ami qu'il n'aura vu de \oug tems? I X. LJn Mémoi- re au fujetdu Seigneur Saxon , connu fous le nom de LGngr.eville , qui fut tué par les Danois, 6c de fon Tombeau à Overton- LwigueviUe. X. Un Mémoire au fujet d'un ancien Cadavre trouvé fous terre à South- ^vcell, qu'on croit être de quelque hom- me de diftindlion. XL L'Epitaphe du Che- valier Thomas Fowis , par le célèbre Mat- thieu Prior, XII Un Difcours fur les an- ciennes Divifions de la Nuit & du Jour , & fur les anciennes Heures de la Priè- re, &c. XIII. Une Defcription de la îvlaifon de Burghky près de Staviford, & des Peintures & autres Raretez qui s'y voyent actuellement En M D C C X X X V. parut un fécond Volumes des DESIDERATA CURÎOSA , contenant,!. L'Hifloire & les Antiquitez de r£glife de Lincoln, par PEvéque San- derfon. IL L'Hifloire & les Antiquitez de riile de Man , par Jaques Comte deD^r- ^3;, qui fut décapité à Bolton. II I. Les Mémoires de Richard Pla72îagenet,¥ï\s na- turel de Richard I IL IV. La Vie du fçavant Jean Bois, plus connu fous fon nom latinifé de Boîji'is. V. La Vie de Guillaume Chapel , Evéque de Cork & de Rofs. VI. La Vie a' Arthur JVilfon, l'Hif- torien. V^I. La Réception faite à la Rqï- gne Elifaheîh à Camlriâge en IJP4. , & à AvRTL, Mat et Juin. 1739. 121- Oxford en 1596. VIII. L'Apologie de Thomas ComtQ(ïArnndel, fur ce qu'il avoic accepté !e ticre de Comte de l'Empire lans le congé de la Reine. IX. Le Plan dune nouvelle Univerfîté, qui devoit êcre éta- blie à Rippon , fous Japues l. X. Un Mémoire étendu au fujct du plan de Charles premier pour échaper aux Ecof- fois à Newcaltle, & des mefures qui en prévinrent l'exécution. XI. Un Narré de rEvafion de Charles I. à Hampton- court, par le Colonel M^alley XIL Di-* vers Mémoires du Docteur Michel Hnd-^ fon. Chapelain favori de Charles I. XIIL Un Journal du Traité de Newport , par Mr. Oudart. X I V. Des Relations par- ticulières du MairacreduDodteurDorf/Jaj, & d'Antoine Afbam , & du deflein de maf- facrer de même l'Agent Bradfloaw. X V. Un long Extrait de VOhituaire du Protono- taire Smith. XVI. Un Ecrit touchant la Médaille qui fut frapée en 1702. en mé- moire de l'Arche^^éque Latid En MDCCXXXV. encore, Mr. Peck donna au Public un Catalogue des Livres écrits pour & contre le Pa'piime dans le tems de Jaques 1 1. , plus complet que trois autres Catalogues qui avoient déjà paru. Il y eft parlé de quatre-cens cin- quantc-fept Livres ou Brochures ; & cha- que article ell accompagné de renvois aux Ecrivains , dans lefquels on pourra trouver de quoi s'inftruire plus exactement, foie H j au 122 Bibliothèque Britannique, au Tujet des Livres en queflion , Ibit au lujet de leurs Auteurs. A complète Cata- logue of ail îbe Di/coiirfes ijûrittenfor and againt Pom-y , &c. zA.o. hjCpvuxIaç nui evCpyr yi. c 1 Cor. VI. 8. En MDCCXXXIX. Mr. Peck nous a donné les Lettres de Hammond, & nous a promis ae Nouveaux Mémoires fur lal^io & Jur les Ouvrages Poétiques de M i l x o N , avec Jon Poème Jur la. Liberté , ^ des Notes de VEdneur. ARTICLE V. DiJJevtation Jur la Femme- Soeur ou bœur -Femme de Saint Paul : i Cor. I X. 5. Tirée ^ traduite d'une des Let- tres du Docteur Henri Hammond,^ Mr. Pierre Staninough; Et accompa' gnée de quelques Remarques du Traduc- teur^ renfermées entre des crochets. 'Ai lu ce que dit Calixte tou- pj ch:im Id. Femme - Sœur de St. Paul; &. il s'en faut beaucoup qu'il ne m'ait per- fuadé. Ma principale raifon eft celle „ qui a été touchée par Tertullien, ., que St. Paul ne fait mention de la ,, Femme -Sœur que relativement aux ., moyens de pourvoir à fa fabliftance. }, Ainû cela regarde proprement ces Fem ?^ mes Avril, Ma*i ET Juin. 1739. 122 mes qui affiftoienc les Apôtres de leurs biens, sa râvuxap-c'vTa.'v. Calixte a beau dire 5 p. 122- quafi mrh ojiendere junàir.i non pojjeî. 11 eft évident que le défin- téreilement de rApôcre> qui ne tiroit aucun lucre de Ton Mmiftère , ou la li- berté qu'il avoit d'en ufer moins no- blement , fait le lujet unique de tout le Chapitre , fans le moindre rapport à cette autre liberté qu'avoient les Apô- tres de mener avec eux leurs Femmes & leurs Familles , & de les faire en- tretenir aufli bien qu'eux-mêmes. Q^uand je prens enfemble [avec le verîet de la Femme - Sœur J le verfet qui précè- de & celui qui luit , il me femble y voir clairement, que Paul & Barnabe étoient réduits à travailler de leurs mains pour vivre, à moins qu'ils ne voulurent faire, ainfi que les autres, ce qui dans le Texte ell appelle Peria- gein. Or cela conclut , félon moi , que ce Periagein doit fignifier ce qui ne peut faire un fens véritable que dans mon explication , c'efl- à-dire le moyen d'avoir de quoi vivre fans travailler: &> non pas , comme il faut le fuppofer dans l'explication de Calixte , un moyen d'augmenter les fraix des Voyages' A- poftoliqucs. [L'endroit de Tertiillîen que Hammoiîd 'oit en vûë,fe trouve au huitième Châ- tre du Livre de la Monogamie ; Petrim /olum 12.^ Bibliothèque Britannique, folum invsnio maritwn . . . Cœteros . cùm ma- ritos non inienio , aut fpadones intelligam ne- ce[[e eft , aut continentes, Nec . » . . Paulum fie interpretabimur quafi demonftret uxores Apojîolos babuijje. Si enïm de matrimmiis difputaret , quocL in fequentibus facit , ubi ma- gis Apojiolus al'.quod exemplum nominare po- îuiffet , recîè vider ctur dicere: Non enim ba^ bernus potejlatem uxores circumnucendi , ficut ccBteri ApojloU & Cepbas ? At ubi ea fubjun- glt quœ de victuariâ exbibiiione abftinentiam ejus ojtendunt , dicenîis : Non enim habemus poteftatern manducandi & bibendi? non uxo- res demonjîrat ab Apojlolîs circumdu£las , quas &' qui non babent , potejlatem tamen manducandi ^ bibendi babent ; jed fimpliciter mulieres , qucs illis , eodem inftituto qiw (j' Do- minum coiiiitantes , minijlrabant. ] „ Tous les argamens que vous m'op- „ pofez , ne font d'aucune force. Vous „ me citez d'abord un pafTage de VEpitre „ de Saint -Ignace aux Philadelphiens, Mais dans plufieurs exemplaires, & mê- me de ceux qui font interpolez , vous n'avez point le mot de Paul, Tlxvï.û, le feul mot qui puiiTe faire quelque chofe pour votre fentiment. Et puis toute cette Epitre n'ed point une desfept Epîtresgénuines , recueillies par St. Polycarpe» Les meilleurs exemplaires 'enfin, quoiqu'ils la rangent parmi les Epîtres fuppofées , omettent tout ce padage, ave« plufieurs lignes ?^ de- 99 5) ^9 99 99 99 99 99 99 »i Avril, Mai et Juin. 1739. 125 „ devant & après. Ainfi voila un témoi- „ gnage qui ne fçauroic être de la moin- ,, dre aucoriré. [ Il y a ici quelque chofe d'embarafTé & d'obfcur. L'Epîcre de St. Ignace aux Phitadelpbiens elc inconteftablement une des fepc Ëpîcres génuines , recueillies par Se. Poîycarpe. Hammond lui-même pa- roîc l'avoir reconnu dans deux Ouvra- ges citez par îttîgms , au Paragraphe LXXXVII. p. 285. de fa Diflertation fur les Pères Apofloliques. Et fi par les Epî- tr es fuppofées , on entend celles qui ont été fiiuffement attribuées à St. Ignace, il efl faux que l'Epître aux Philadelphiens fe trouve dans les meilleurs Exemplaires au nombre des Epîtres ruppofées. Lors donc que notre Auteur dît à fon Ami , que tou- te cette Epître fe trouve au nombre de celles qui font fuppofées , cela doit s'en- tendre comme s'il avoit dit; que cette Epitre, à la prendre toute e?uiere , ou t^Wo que Ton Amila lui avoit alléguée, fe trou- ve dans les meilleures Editions fous le titre d'Epîtres interpolées. Et lorfqu'il ajou- te que les meilleurs Exemplaires des E- pîtres fuppofées omettent le paflage en queftion, cela doit s'entendre comme s'il avoit dit , que parmi les Exemiplaires qui ne font point autentiques , ceux qui ont le plus d'autorité, omettent le paiTage : ce qui fera vrai au raoms de l'Exemplaire La- I26BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, Latin , connu fous le titre de Fétus Verfioc On peut voir au rede, touchant le mon de Paul , omis dans les Exemplaires Grecs interpolez , les Prolégomènes d'Uflerius , dont le Chapitre XV^K. roule tout entier fur l'omiliion de ce mot. Le palTage mc- me ayant été cité par plus d'un Commen- tateur fur Philip, IV. 3, ou i Cor. IX. 5. il feroit affez inutile de le tranfcrire ici. îvir. le Chrc entr'autres l'a rapporté dans fes Notes fur le Nouveau Teftament de Hammond : & pour le dire en palTant, il l'a cité par un lapfus calami , comme fai- fant partie de l'Spître aux Pbilippiens, L'elTentiel du paUage eit renfermé dans ces paroles ù: Ilirpax^/ UaChs. . . ut Pétri ^ Pauli & aliorwn Apoftolorum qui in nup- tîis /cnfati funt. De forte que l'on peut ajouter aux raifons de Hammond, que ce paflage,fût-il de S. Ignace, y compris le nom de Paul , cela prouvero'it tout au plus que St. Paul avoit été marié , & ne prouveroit nullement, ni qu'il le fut en- core lorfqu'il écrivoit aux Corinthiens , ni qu'il pariât de fa Femme en parlant d'une Femme -Sœur. Au fujet du Veuva- ge de St. Paul & de fa difpofition actuel- le à demeurer veuf, voyez les Notes de Grotius y ou celles de Mrs. de Beaufobre ^ Lenfant fur i Cor. VIL 7. 8. ] ,, Q u A N T à V A s Q u E z , qui recon- .5 noît l'autorité de l'Epître de St. Igna- ,^ ce », Avril, Mai et Juin, 1739.127 ^> ce , cela ne Tempêche pourtant pas ,^ d'excepter St. Paul bien pofîtivement» ,y Aliquos Apojîolos prœîer Pauluui. [Je n'ai point P'a/qm-z pour le conful- ter. Mais à vûë de pais je foupçonnc un peu Hammond de s'être trompé fur cet article. Au moins me femble-t-il que les paroles de Vafquez , Aliquos Apojîolos prœîer Paulum , fignifient naturellement, Quelques Apôtres outre Saint Paul; quoi- qu'il foit très vrai , que prceter fe peut ren- dre par Excepté y 6c qu'il devroit fe rendre de la force s'il y avoit : Omnes prêter Pau- lum. Mais cela n'eft pas afTez important pour nous arrêter davantage. ] „ J E VIENS à T E R T U L L I E N. Cc „ qu'il dit dans le Chapitre VIII. de Ton „ Exhortation à la Cbajieîé ^ n'efl point du j, tout un Commentaire du pafiage de St. }f Paul; c'elt tout au plus une alTertioa ff de la légitimité du Mariage des Apô- 99 très: légitimité que je fuis fort éloigné ,, de conteller. Ajoutez qu'il y a beau- ,> coup de vraifemblance dans la conjec- 5j ture de Pamelius ,qui conçoit que Ter- „ tullien ne nous donne point ici fonpro- 9, pre fentiment, mais repréfente fimple- „ ment celui des autres. Car dans fon ,, Livre de la Monogamie il favorife ma- ,, nifeftement mon Explication: & fi Ca- ,, lixte élude ce témoignage, en dilanr 7., qu'on le tire d'un Ouvrage compofépar »? Ter- 128 Bibliothèque Britannique, 9, Tertuliien devenu Moncanifte, on peuc 99 éluder de même le témoignage tire de 5, l'Exhortation à la Chafteté, puifqu'il „ eft reconnu que Tertuliien ctoit iSlon- 9, tanifte quand ]1 écrivit cette Exhoj^ta- 5, tien. Auili eft elle pk.cée dans l'Edi- i, tion de Pamelius à la tête des Ouvra- ,, ges écrits in Harefi ^ five contra Eccle- „ fiam. Le Livre de la Monogamie vient ,y après rExhortation à la Chafteté. Il ,y n'eft nullement pr fat Î44 Bibliothèque Britannique, „ fut publié , le Parlement en fut dans une „ extrême colère, &pHtdes mefurespour 5, en découvrir l'Auteur. On trouva le „ Manufcrit que Gauden avoit envoyé 99 à Charles I. & on vit qu'il n'étoit point „ écrit de la main de ce Prince: on nom- 3, ma des CommifTaires pour examiner „ cette aiFaire. Gauden fe croyant en „ danger, s'enfuit chez le Chevalier Jean „ Wentworth proche de Yarmouth, dans „ le deflein de pafler la mer. Mais Mr» „ Simmons étant tombé malade, & étanc „ mort peu detems après, fans avoir été „ examiné , on ne découvrit point que „ Gauden étoit mêlé là -dedans, car fa ,, lettre , qui avoit été faifie , n'étoit j, point fignée. Ne fe croyant donc plus „ en danger, il retourna chez lui. „ On s'étoit d'abord propofé de met- „ tre une Epître à la tête de l'Ouvrage j „ qui avoit premièrement pour titre Suf- 9, pirïa Regia, les Soupirs Royaux. On „ changea enfuite ce titre en celui d'/con „ Bajîlikè ; & au lieu d'une Epître , on „ ajouta deux Chapitres dans le Corps de „ rOuvrage. Le Marquis de Hertford, „ le Lord Capei, l'Evêque Duppa * & le „ Dofteur Morley , furent d'abord les feuls „ qui euflent connoiflance du fecret. A- „ près la Reflauration le DoQeur Mor- „ ley dit' à Gauden, qu'il avoit fi bien „ mérité du Roi , qu'il en obtiendroit tout „ ce qu'il voudroit. Duppa Evêque de ,} Win- Avril, Mai ET Juin. 1739* i45 „ Winahefler étant fort mal, Gauden fuc „ trouver le Roi , & lui déclara qu'il é- „ toit l'Auteur de cet Ouvrage , en ap- „ pellant au témoignage même de l'Evê- „ que Duppa , qui avoit été Précepteur „ de Sa Majefté , 6: qui vivoit encore. „ Il s'excufa de l'avoir publié fans l'or- „ dre de Sa Majefté, fur lescirconftances j, du tems, 6c fur le danger oii étoit le „ Roi. Charles II. dit à Gauden, que „jufques-là il n'avoit point fçû que ce ,y fût lui qui avoit compofé ce Livre, ,, qu'il avoit cru que le Roi fon Père en „ étoit l'Auteur , mais qu'il s'étoit étonné „ comment il avoit pu trouver du tems 5, pour compofer cet Ouvrage: il ajouta, „ que l'Auteur l'avoit écrit en homme „ fçavant, & en Roi; & que s'il eût été „ publié plutôt, il auroit peut-être fauve ,5 la vie de fon Père. Il promit en mê- ,, me tems l'Evêché de Wincheiter à „ Gauden. ,, Ce Dodeur apprit enfuite au Duc „ d'York que c'étoit lui qui étoit l'Auteur „ du Livre qui avoit paru fous le nom „ de Charles I. ; le Duc répondit , qu'il ii avoit cru que fon Père l'avoit coropo- „ fé. Gauden dit à Son Altefle, que le „ Roi lui avoit promis l'Evêché de Win- „ chefler , & le Duc l'aflura aufli de fa „ proteélion. Quand l'Evêque Duppa fuc „ mort , Gauden demanda au Roi l'ac- ,, complilTement de fa promefTe ; mais TomeXHL Part. L K „ INIor-- ï4(5 Bibliothèque Britannique, ,, Morley, qui avoic dit à Gauden qu*iî ,, obtien'droic tout ce qu'il voudroit, fut ,, pourvu de i'Evêché de Winchefler , & f, Gauden n'eut que celui de Worceder , f, dont il ne jouit que fix mois. Après fa 5> mort, fa Veuve repr&fenta au Roi, dans „ une Requête au Roi , qu'elle étoit reftée s, Veuve avec quatre garçons & une fille, ., qu'il en avoit coûté 200. Livres flerling „ à Ton Mari pour fe tranfporter d'Exce- ,, ter à Worcefler, & pria le Roi de lui „ accorder les revenus de TEvêché pen- „ danc fix mois 5 mais il le refufa, & les ff donna à un autre. Telles font les Raifons qu'on allègue, pour prouver que Charles I. n'eft point l'Auteur de VIcm Bafilikè ^ & qu'il a été compofé par le Dr. Gauden. Toland,qui â rapporté ces raifons dans la Vie de Milcon , n'a pas jugé à propos de parler des Réponfes qu'on y a faites *; & c'eft pourquoi, fans doute, on ne trouve rien de ces Réponfes dans l'Article de Milton que Mr. Bayle a donné dans fon D.ction- naire. Cependant la plupart de ces Ré- ponfes font aflez fol ides , pour nous en- gager à fufpendre au moins notre Juge- ment. Pre- * Il cil vrai qu'il a répliqué à quelques-unes dans fon Amynîor ^ où il rapporte auiïi le Nar- ré de Mad. Gauden, & s'efforce de le conci- lier avec 1* Récit du Dr. Walker. Avril, Mai et Juin. 1759. 14;^ Premièrement, à l'égard de ce qu'on prétend que Mylord Anglefey avoit écrie dans un Exemplaire de VIco?î Bafîlikè , on remarque: i. Que Charles II. & Jaques II. ont tous deux déclaré le contraire de ce qu'on leur fait dire-là, comme il paroîc par les Lettres patentes qu'ils ont données à rimprimeurdes Ouvrages de Charles I. ; ils y attribuent poiitivement à leur Père le Livre en queflion. 2. La Note de Mylord Anglefey ne mar- que que d'une manière très-vague, le tems auquel on prétend que le Roi & le Duc lui découvrirent ce fecret. La dernière féance du Parlemeiiî , 1675, peut fignifier, ou la féance dans laquelle le Parlemenc fut prorogé ; ou la féance qui précéda im^- médiatement le tems où la Note fut écrite. Si la date eût été marquée d'une manière précife, peut-être auroit-elle fourni de quoi réfuter entièrement la Note , on au- roit pu prouver , que le Roi ou le Duc ne furent point au Parlement ce jour-là^ ou que du moins ils n'y furent pas tous deux ; ce qui en effet leur arrivoic rare- ment. 3. Outre plufieurs autres objedlions qu'on fait contre cette Note , com.me d'être in- férée dans -un feuillet blanc d'un Livre, où elle ne pouvoit être découverte que par le plus grand hazard du mondç , àc. on nous fait remarquer, qu'il y a beau- coup d'apparence que le Manufcric donc K 2. il 148 Bibliothèque Britannique, il y eft fait mention , n'a jamais exiflé. Car Millington, qui avoit fouvent pré- tendu qu'il l'avoit entre fes mains, & qui avoit promis de le montrer à Mr. Wâg- flafFe, a toujours rcFufé de le produire lorfque Mr. WagflafFe a été chez lui dans le deiTein de voir ce Manufcrit. 4. Le Lord Altham ,fils du Comte d'An- glefey, a écrit à Mr. WagflafFe, ,, Qu'il 9f a envoyé chez Mr. Millington, pourle i, prier de lui montrer cette Note écrite 99 de la main de Ton Père ;que Millington 99 a refufé de l'envoyer , promettant de 99 l'apporter lui-même ce jour-là ou lelen- „ demain ; mais qu'il n'en a rien fait , de „ forte que Mylord Altham ne fçauroit 9} dire (1 la Noce efl écrite de la propre 99 main defonPere, ou non; mais à en 99 juger par la manière confufe dont elleefh 99 couchée, embarraflee de Parenthèfes, 99 il doute que fon Père l'ait écrite; car 99 on fçait qu'il avoit le talent de s'expri- ^, mer d'une manière nette & aifée. Il ,5 croit donc que cette Note eft une pié- ,, ce fuppofée ... ; car ni lui , ni aucun ,, de fa famille qu'il fçache , n'ont jamais ;, vu fon Père douter que le Roifûtl'Au- ,, teur du Livre en queflion,& ne lui ont 5, jamais ouï dire un mot touchant cette ,, Note. Et pour ce qui elt du Manufcrit M dont il y eft fait mention, Mylord Alt- 5, ham dit, qu'il a fouvent eu la clef j> de la Bibliothèque de fcn Père, à. la „ liberté Avril, Mat et Juin. 1739. 14^ 5, liberté d'y confulter les Livres qu'il lui „ plaifoit; mais qu'il n'a jamais vu ceMa- „ nurcric, & qu'il n'a jamais fçû ni ouï „ dire à Ion Père qu'il eût un pareil Ma- „ nufcrit*'. Dans une autre Lettre il dit, qu'i7 a examiné les Papiers de fon Père, par- mi le/quels il a trouvé un Journal de ce qui fe pallbit au Parlement , écrit de la propre main du Comte d'Angkfey , âf contenant des tbofes qui le regardoient perfonnellement ; ce Journal étoit de l'année rnème dont il ejl par- lé dans la Note , mais il ny étoit pas dit un mot de ce qui ejl contenu dans cette Note , quoi- que ce Journal contienne des cbofes bien moins importantes , 6f quelques particularittz que le Roi dit au Comte dans la Chambre. 5. Ceux qui prétendent que Charles I. n'cfh point l'Auteur de ce Livre, regardert comme un efFet particulier de la Provi- dence, la manière dont la fraude a été dé- couverte. Le Dodteur Walker dit, que Millington ouvrant le Livre par hazard, y trouva la Note, & Toland, que Mil- lington eut le tems de feuilleter le Livre , par- ce que les EncheriJJeurs étoient fort froids ; ^ fut extrêmement fur pris dy trouver cette Noie. Mais c'efl-là un grand menfonge : car long- tems avant la vente de la Bibliothèque de Mylord Arglefey, Millington avoit por- té ce Livre dans fa' poche ,& l'avoit mon- tré à diverfes perfonnesiôc lorfque le Li- vre fut vendu, il en arracha le feuillet fur lequel la Note écoit écrite ; afin que per- K 1 fonnc îjo Bibliothèque Britannique, ionne ne pût la voir fans (a permiiîion , 6c qu'en iu préfence. Voilà un fait auquel ioiand ne répond rien dans fon Amyn- tor ; à. qui méritoit pourtant quelque'ré- ponie, puifqu'il donne lieu de foupçon- iier quelque fraude de la part de Mil- iington. 6. Le Douleur Jaques Canaries , dans une Lettre datée d'Abingdondans le Com- té de Berk, le 17. Juillet 1693., dit, que Mr. Jaques Wood, un des Ivliniltres de St. André en Ecofle, Principal du vieux Collège de cette Univerfifé, & un des CoînmilTaires envoyez d'Ecofle au Roi Charles 'IL à Breda l'an 1650., a afluré fon Père, ,, Oue ce Prince lui dit en pré- 9, fence de pluùeurs perfonnes de quali- 99 té ; fapprens que certaines gens foutien- f, nent que mon Père n'ejt point l'Auteur ds j> ricôn îjafilikè ; .... c'efl une infigne ca- ,9 lomiîie , comme je vais vous en convaincre. 39 Sur quoi Sa Majefté fit entrer Mr. Wood 55 dans fon cabinet, & lui montra le Li- ,9 vre écrit d'un bout à l'autre de la main f, de fon Père, avec une Lettre du même 9 9 Prince concernant cet Ouvrage. Ecpour^ 99 convaincre Mr. Wood, que c'étoit vé- î, ritablement l'écriture de Charles L , il 99 lui fit voir plufieurs autres Lettres, tou- 99 tes écrites de la main du même Prin- 5, ce: Mr. Wood ayant comparé les é- j, cricures , convint qu'el'es éroient tou- »^ tçs de la même main; fur quoi le Roi 9) lui Avril, Mai et Juin. 1739. 15^ ,, lui die : Jugez vous-fnême fi mon PereaU" „ roit voulu prendre la peine de copier un Li^ „ vre dont il n'auroit point été V Auteur , 9f & s'il auroiî écrit une pareille Lettre tou- i, cbant ce Livre *'. Mr. Wood étant de retour en Ecofle , raconta toutes ces par- ticularitez au Père du Docteur Cana- ries. Après quelques réflexions contre le témoignage du Dodeur Gauden , qui , ayant intérêt à foutenir qu'il étoit l'Au- teur du Livre en queftion, ne doit être cru qu'à bonnes enfeignes , Mr. Birch com- pare le Récit du Doâ:eur\Valker avec le Narré de la Veuve de TEvêque Gauden , & fait voir en quoi ces deux témoigna- ges Te contredirent. Suivant le récit du premier , ni lui ni Gauden ne fçavoienc fi Charles I. avnt vu leL'vre , ou non. Mais luivant le Narré de Madame Gauden , le Marqus de Hertfurt d t , quil avoit donné le Livre au Roi. Suivant le Dodleur Walker, Gauden n'a jamais fçû ce que le Roi penfoiî de cet Ouvrage. Mais fuivant l'autre Nar- ré , G mden Içut que Sa Majejlé en étoit con- tente , cf foubaitoit qu'on le publiât , mais fous le nom d'un autre. Suivant le témoi- gnage du Dr. Walker, Gnuden ne pd^voit pas dire certainemsfït , que Charles II. fçùt qu'il étoic l'Auteur du Livre. Au lieu que fa Veuve dit , qu'// le déclara lui-même au Roi , en en appellant au témoignage de l'Eve- K 4 que- T52B1BL10THEQUE Britannique, que Duppa. Suivant le Dodteur Walkcr, Gauden juge que le Roi fçait qu'il a corn- pofé cet Ouvrage, parce qu'il eft fur que le Duc d'Yorck le fçait, & qu'il l'aura fans doute dit au Roi. Mais fuivant Mad. Gau- den, ce fut lui-même qui ledit au Roi, avant que d'en informer le Duc. Ces con- trarietez , & quelques autres que nous omettons , ne peuvent que rendre fufpeft l*un ou l'autre de ces Récits, & peut-être Ct)us les deux. Mr. Birch allègue après cela plufiturs Preuves pofitives pour revendiquer au Roi Charles I. le Livre en queftion. Ce font les témoignages de diverfes perfonnes, qui ont vu le Livre en manufcrit dans le cabinet du Roi, écrit de fa propre main; qui lui en ont même vu écrire plulieurs pages à diverfes renrifes ; ou qui le lui attribuent daas leurs Ouvrages. Il feroic trop long de rapporter tous ces témoi- gnagesrnous remarquerons feulement, qu'on y tiOTive quelques variations qui les in- valident un peu, ce que Toland n'a pas manqué de rélever dans fon Amyntor. Jl y a audi quelques-uns de ces témoignages, qui ne viennent pas de perfonnes fort confidcrables & d'un grand poids. Mr. Birch finit cette première Diiïerta- tion , en rapportant ce qui a été dit pour & contre , au fujet de la fameufe Prière at- tribuée à Chailes I. , & tirée prefque mot à Avril, Mai et Juin. 1739. 15^ à moc de la Prière de Pamela , dans TAr- cadJe du Chevalier Philippe Sidney * • J'ai été furpris de ne point trouver dans cette DiiTertation un Pallage de TEvêque Burnet, dans l'Hiftoire de Ion Tems, où il eft parlé de Vlcôn\Bafilikè. Comme je n'ai ni l'une ni l'autre des deux Traduc- tions Françoifes de cette Hiitoire fous !a main, je traduirai ici ce pafliige fur l'O- riginal. LEvêque, parlant de la Haine que l'on conçût contre les Auteurs de la mort de Charles I., continue de cet- te manière. ,, Cette haine f fut enco- „ re confiderablement augmentée par la „ publication de fon Livre intitulé Icîn i, Bafîlikè , qu'on lai attribuoic généraîe- 5, ment. Cet Ouvrage, qui parut immé- „ diatement nprès la mort du Roi, fuc „ réimprimé plufieurs fois , & eue un auf- ;, fi grand débit qu'aucun Ouvrage publié „ de notre tems. On y découvre tantd'é- „ levation & tant de juftefle dans lespen- „ fées , & tant de nobleife dans le ftile , „ qu'on peut dire que c'eft le meilleur „ Livre qui ait été écrit en Anglois. Et ,, la pieté qui règne dans les Prières qu'il 5, renferme, fut caufe que tout le monde „ fe recria contre le meurtre d'un Prin- „ ce , qui dans fes dévotions les plus fe- ,, crêtes * Voyez le Dift-onaire Critique ^uhi fut'rà. t Burnet, Hillcire de fon Tems, Tome i. PS' 5^' ')i. de l'j^nglois. K 5 Î54 Bibliothèque Britannique, „ crêtes, jugeoit fi fainement de toutes les fi affaires qui le regardaient. J'ai été élevé 5, dans une très -grande vénération pour „ cet Ouvrage. Et je me fouviens, qu'ayant i, enter.du quelqu'un nier que le Roi en fût î, l'Auteur, je demandai ce qui en étoic ,j au Comte de Lotliian , qui nvoit très-bien „ connu Charles I., (^'i: qui l'avoit aimé ,, très-peu. Il me parut être fur que ce 5, Prince l'avoit comporé ; car il me dît, 5, qu'il l'avoit fouvent entendu employer „ plufieurs traits qui fe trouvent dans cet ,, Ouvrage. Etant ainfi confirmé dans mon ,, fentiment , je fus fort furpris lorfqu'en ., l'année 1673. quej'étois bien avant dans ,, la faveur du Duc d'York, qui fut enfui- ;, te Jaques II. , & par] inc familièrement ,, avec lui (car il me perm.ettoit de l'en- ,, tretenir librement fur des matières de ,, Religion) comme je lui cbjcftois quel- „ ques paifages du Livre de Icii Père , il ,, me dit que fon Père n'en étoit point „ l'Auteur, & que la Lettre au Prince de ,, Galles ne lui avoit jamais été renJuë : il ,, ajouta, que le Docteur Gauden l'avoit ,, compote. AprèslaKeflaurationjCe Doc- ,, teur mena le Duc de Sommerfet e fuis obligé de la iaifler dans la même incertitude oii je l'ai trou- vée, je dirai feulement ceci; c'eft qu'il eft certain que Gauden n'a jamais rien )9 99 >> 99 99 J5 99 >> i, écrit avec tant de force: &. qu'à en ju- „ ger par le ftile de fes autres Cuvra- ?> 99 ges , on ne l'auroic jamais cru capable de compofer un fi excellent Livre. Si on prend la peine de comparer ce Ré- cit du Dodeur Burnet, avec celui de la Veuve du Dr. Gauden, on trouvera qu'ils ne s'accordent gueres. Et en général cette Difpute fait voir, qu'il nelï pas toujours aud:- * The Covrnant. 15*5 Bibliothèque Britannique, aulfiaifé que certaines gens fe l'imaginenc, de prouver que les Ouvrages foienceffec- tivemencde ceux donc ils portent le nom. Dans la féconde Diflertation de Mr. BirchjOn trouve d'abord la Commiffïo?! qu'on prétend que Charles I. donna aux Papilles d'Irlande en 1641. pour prendre les Armes contre les Procellans de ce Païs-là. Mil- con a cru que cette Commiffionétoit véri- tablement du Roi,- & Toland dit *, que „ ceux qui feront bien aife de voir d'au- ,5 cres raifons , outre la confefîion même ,, des Rebelles , de croire que Charles I. ,5 a réellement donné cette CommilTion, ,, (car je ne décide rien fur cefujet)pour- 5, ront confulter la Remontrance des Irlan- dois , 6c le Livre du Dr. Jones , l'une 6c l'autre publiez par l'autorité du Parle- ,, ment, & une Pièce imprimée en i0'43, „ fous ce Titre , Le Myftèred^ Iniquité, pag. ,, 35. & 36. ; comme auilî la Chronique de ,5 Vicar , lîl. Part. p. 70 ,011 cette Com- ,5 miffion efl inférée tout au long. Mr. Richard Baxter, dans VHijîoire de fa ^î>t,fait beaucoup de fond fur l'affai- re du Marquis d'Ancrim , ,, qui fut un „ dcî» Rebelles d'Irlande au commencement * Dans VRdititn des Oeuvres de Milton , î/«- primés en 1698. in fol. rag. 528. t Part. III. p. 83. t'oyez aiijjl l'Abrcgé de îa Vie rie Mr. B;:xter , par le Dr, Calainy,^. 43. Kdiî. 171 3. ^y Avril, Mai et Juin. 1739. 15? ;, de la guerre, lorfqu'on commit cet af- „ freux mairacre, dans lequel ceux-ccns- î, mille Proteilans furent égorgez. Ses „ biens ayant été fequedrez , il en deman» ,y da la reilicution au rétabliffement de „ Charles II. Le Duc d'Ormond ( Viceroi fy d'Irlande) & le Confcil , prononcèrent „ fëntence contre lui. Il en appella au ,, Roi , & foutint qu'il n'avoic rien fait „ que du coufentemenr & fous l'autorité „ de Charles I. Le Roi renvoya cette af- „ faire à quelques Membres di* fon Con- 5, feil privé, qui, après avoir examiné ce „ que le Marquis avoit à dire pour fa juf- „ tifîcation, rapportèrent qu'il avoit agi „ du confentement du Roi , ayant pour cet ^, effet une Lettre contenant les Inllruc- „ tions de Sa Majeflé ; ce qui furprit bien 5, des gens. Sur quoi Charles IL écrivic 5, au Duc d'Ormond & au Confeil d'Irlan- j5 de, de le rétablir dans fes biens, parce a, qu'il paroiObità ceux qui avoient exami- ,5 né fon affaire , qu'il n'avoit rien fait ), que par ordre ou avec le confentement ,, du Roi. Là-deffus les anciens Adhérans „ du Parlement * fe perfuaderent de plus „ en plus , que la guerre avoit été jufte ; & „ ceux même qui avoient fait mourir le ,, Roi , prétendirent juftifîer cette adtion, „ en foutenant que le Droit Naturel l'au- „ tori- t C'ç{l-à-dirc ic Parti contraire à Cït3S- !>% I. 158 Bibliothèque Britannique, „ torifoic. La chofe n'en demeura pas-là. yy Le Lord Mazarine, à. pluiieurs autres Irlandois, pourfuivirenc cette affaire a- vec tant de chaleur , que le Marquis d'Anrrim fut forcé , pour fa propre juf- tification,de produire devant la Cham- bre des Communes du Parlement d'An- _ gleterre , une Lettre du Roi Charles L , „ par laquelle il lui ordonnoit de prendre „ les armes ; cette Lettre ayant été lûë „ dans la Chambre, impofa îilenceàtous „ les Membres» Ils n'en témoignèrent „ pas moins de vénération pour la mé- ,, moire du Roi. Mais cela fit une toute 5, autre imprelnon fur l'efprit du peuple. „ l^ûus avez 'voulu nous ptrfuader ^ di\\QÏi-on 55 aux Partifans du Roi , qiiil s'émt déclaré ,, contre les Rebelles d'Irlande , £5* que ceux-ci le calomnioienî , en prétendant avoir des ordres , & une commijfion de fa part. Et ne voyons-nous pas nous - 7nêmes à préfent , da?is quel efprit il aiiroit voulu aller en Ir- lande Je mettre à la tête d'une Armée ? Onfe- ma plufieurs autres réflexions féditieufes parmi le peuple , dont on peut voir le précis dans une Brochure qu'on im- _ prima alors fous ce Titre \Le Meurtre fe „ découvre un jour * , & dans laquelle on ,5 inféra la Lettre du Roi avec des Re- ,, marques. Ceux qui avoient encore quel- „ que vénération pour la mémoire de J5 En Angloï!: , Murther v/ill out. Avril, Mat et Juin. 1739. T59 99 ce Prince, auroient fouhaité que Char- „ les II. eue déclaré, que Ton Père n'a- „ voie donné commiffion au Marquis d'An- 99 trim de lever une Armée en Irlande, „ que dans le deflein de la faire ferv.r ,, contre les Ecofibis , & que ce fut mal- „ gré lui qu'elle lé tourna contre lesPro- ,, teftans Anglois qui étoient en Irlande, ,, & en malTacra tant de milliers : mais »9 quod fcripium erat, fcriptum erat ; ce qui ,9 étoit écrit, étoit écrit. Mr. Birch nous donne enfuite la Lettre de Charles I L au Duc ri'Ormond & au Confeil d'Irlande ; elle renferme un détail de l'affaire du Marquis d'Antrim. On y voit qu'il avoit agi en effet fuivant les ordres de Charles I. Mais comme Mr. Birch le fait remarquer dans la fuite , il. ne paroît pas par cette Lettre , que les ordres que le Marquis avoit reçus du Roi , foient antérieurs à l'an 1644. au lieu que le Maflacre d'Irlande arriva l'an 1641. On ne fçauroit donc prouver par cette Lettre, que la Commiflion donnée aux Papilles d'Irlande ,ibit véritablem.ert du Roi , ni même qu'il leur en ait donné aucune. A l'égard de la Commifïion même don: il s'agit ici, Mr. Birch y remarque, après Mr. de Rapin * , une preuve de fuppo- f- ^Hift. d'Anglct. Tome, viii, Liv, xx, fou^ Van 1^41, l60 BiRLÎOTHEqUE BRITANNIQUE;, fition , c'eft qu'on y faic dire au Roi dts choies qui ne font arrivées qu'après lada- te de cette CommilTion , qui eft du i. Octobre 1641. Mr. Tindal, dans fa Tra- dudion, ajoute une autre raifon, qui dé- montre que c'eft une impodure. La Com- miOion eft donnée fous le fceau d'EcolIe , & cependant l'Angleterre y eft nommée la première ; ce qui ne fe faifoit jamais dans les Actes publics d'Ecoffe. Ajoutez à cela qu'elle eft durée d'Edimbourg , au lieu que tous les acles que Charles I. a lignez durant fon féjour en Ecofle , font datez de Holyrood-Houfe ^ qui étoit le lieu de fa réfidence. D'ailleurs l'EvêqueBur- iiet dit dans fes Mémoires des Ducs de Hamilton *,que le Garde du grand fceau d'Ecofte déclara, qu'il l'avoit toujours eu entre les mains, plufieurs mois avant (Se après le i. d'Ocîobre 1(541. & que ce fceau n'avoit jamais été appofé à une pa- reille Commiiiion. Mais ce qu'il y a de plus fort , & qui va directement au but, c'eft qu'on prou- ve ici , par le témoignage de Mr. Jean Ker, Doyen d'Ardach , écrit & ligné de fa propre main, que ce fut Phelim O-Nei- le, Chevalier Irlandois , qui forgea cette Commiftlon. C'étoic un Chef des Rebel- les 5 qui fut mis en procès & jugé à Du- blin, en Février i(5jl. I\Ir. Ker fut pré- fent t P^g- 183. âf 250. Avril, Mai et Juin. 1739. làt fent à Ton Procès. On prouva qu'il a- voit commis plufieurs meurcres ; & com« me il n'avoic ri'en à dire pour fa juftifica- tion, un des Juges 1 interrogea touchant une commifllon qu'il devoit avoir reçue de Charles Stuart pour faire la guerre. On prouva que Phelim 0-Neale avoit eu une commilTion , qu'il avoit montrée 4 plufieurs perfonnes , au commencement âe la Rébellion d'Irlande. 11 avoua , que lorfqu'il eût furpris le Château de Char- lemont, & le Lord Caulfield, il ordonna à Mr. Hamilton , & à un autre Gentil- homme dont Mr. Ker ne fe rappelloic pas le nom, de détacher le grand fceau du Roi d'une Patente qui apartenoit au Lord Caulfield , & laquelle - ils avoienc trouvée dans le Château , & de l'attacher à une Commiflion que lui ( Phelim 0-Nea^ le ) avoit fait drelïer. C'eft ce que Mr. Hamilton lui-même déclara aufli en plei- ne audience. On fit tout ce que l'on put pour engager 0-Neale à confelfer qu'il a«= voit eu une Commiflion du Roi : On lui dit, qu'une pareille Commiflion juftifieroic pleinement fa conduite & le feroit ab- foudre ; & même lorfqu'on fut fur le point de l'exécuter, le Lieutenant-Géné- ral * lui fit encore offrir fa grâce, s'il vouloit avouer qu'il eût agi par ordre du Roi ; il déclara conftamment, ù. même à * Ludlovf. Toim XllL Paru L t I(52BlBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, la potence , en préfence d'une foule de peuple, le plus folemnellement. du mon- de, prenant Dieu & fes faints Anges à témoin, qu'il n'avoit jamais eu de Com- milTion du Roi pour faire la guerre» C'efl ce que Mr. Ker dit avoir entendu de fes oreilles, étant prêt à confirmer par fer- ment tout ce récit, qui eft figné de fa main^ le 28. Février 168 1. Ce Récit efl confirmé par le témoigna- ge de plufieurs perfonnes,& particulière- ment au Dr. Guillaume Sheridan , qui a été Evéque de Kilmore en Irlande, &de iSli'. Lock , un des Membres de la Cham- bre-bafle de ce Royaume, qui afilfterent l'un & l'autre au fupplice de Phelim O- Neale. Et ce qu'il y a de remarquable, c'efl: que la Patente même dont on avoit détaché le grand Sceau , & qui contenoic tm octroi de certaines terres fituées dans le Comté de Tyrone en Irlande, fut pro- duite , iî y a cinq ou fîx * ans , dans un pro- cès que le Lord Charlemont eut touchant ces Terres. Il paroifToit clairement que le Sceau avoit été détaché de cette Pa- tente , 6l on l'avoit même marqué ex- prefTement au dos. De forte qu'elle fuc admife par les Juges comme un acle au- tenti- ' * La Vie du Duc d'Ormond ,par Mr. Carte» d'où cette particularité eft tirée , fiit imprimée à Londres en 1736. en 3. Vol. in folio, en i\n- glois. Voyez y le L V^ol. Liv. III. p. iSi, Avril, Mai et Juin. 1739. 153 tentique. Mr. Birch allègue encore quel- ques autres raifons , pour prouver eue Charles 1. n'a poinc donne de Commin.on pareille à celle qu'on lui accribue. Mais comme ces raifons nous paroifTent beau- coup plus foibles que celles que nous a- vons rapportées, nous ne nous y arrête- rons pas. Nous remarquerons feulement , que dans prelque tous les procès qu'on a fait: aux Papilles d'Irlande après la mort de Charles I. on a taché, par toutes fortes de moyens , de les obliger à confeiTer , qu'ils avoient une Commiinon de ce Prince» dans le defiein fans doute de rendre fa mémoire plus odieufe. Notre Auteur vient enfuite à l'affaire du Marquis d'Antrim. Nous avons déjà remarqué, qu'il paroît par les procédures de cette affaire, que les Lettres du Roi, que le Marquis allégua pour fa juftifica- tion , fontpoftérieuresau Maffacre d'Irlan- de. De forte que, quoique Mr. Birch nous donne un long détail fur tout ceci , nous ne l'y fuivrons point : nous nous contenterons de renvoyer le Ledeur à Mr. Burnet *. Il faut voir pourtant ce que l'on répond au fujet de la Lettre du Roi Charles L, que le Marquis d'Antrim produifit devanc la Chambre des Communes du Parlemenc d'An- - *• /îii I. Tome de l'Hilloire de fon tems , pag^ Jio, ^ ^i. de l'Anglois. L 2 i6\ Bibliothèque Britannique, d'An,a;leterre, & qui impofa filence à tous les Membres , comme on l'a vu ci-defTus , dans le paiïage tiré de la Vie de Mr. Bax- ter. S'il ne s'agit, nous dit -on, que d'u- ne de ces Lettres par lefquelles Je Roi lui commando] t de lever des Troupes en Irlande pour le fecours de l'Ecofle , on n'en peut rien conclure par rapport à la Commiiîion dont il s'agit, tous ces or- dres étant poftérieurs au Maflacre d'Ir- lanJe. vS'il ne s'agit d'aucune de ces Let- tres , mais de quelqu'autre ou il lui foie com'Tipndé d'armer les Papiftes contre les Proteftans ; on ne voie pas pourquoi il n'uu'-oit pas produit cette Lettre plutôt, & lorfque des Commiflaires nommez par Charles IL examinoient fcn affaire. De plus , Nîr. Carte dit dans fa Préface fur la Vie du Duc d'Ormond *, qu'il a exa- m né tous les Journaux de la Chamibre des Communes, depuis la Reftauration , jufqu'à l'année 1670 f» ^^^s v trouver rien touchant cette Lettre de Charles L, ni rien qui fafle voir que le Marquis d'An- trim ait paru devant la Chambre, ou que le Lord MafTareene ait préfenté Requête au Parlement d'Angleterre. S'il y eut eu quelque cbofe de femblable ^ ajoute Mr. Car- te, * Pag. II. * Le Lord Maffareene , ou Mazarîne (car nous trouvons fon nom écrit de ces dcu.^ ma- nières) mourut en Septembre 1665.. Avril, MaietJuin. 1739 j6y te ,il en feroiî certainement fait mention dans les iMtres du Lord Aungier , au Duc d'Or* mond; car ce Lord écoit Membre delà Cham- bre-baffe en Angleterre, ajfijloit à toutes les fiances , (f ne laijfoit guerts paffer de pojies fans écrire au Duc d^Ormond , alors l^ieeroi d'Irlande^ (f lui parloit pre/que t.ïljmrs de la conduite du Lord Maffaretne, durant fon fêjour en Angleterre. Le Douleur Calamy * dit, qu'on Ta aiïuré que cette Lettre a été pendant quelque tems dans ce qu'on appelle ici îhe Paper-Office. Sur quoi Mr. Carte remarque , que cet Office efl un Bu- reau où l'on dépofe les papiers préfentez aux Secrétaires d'Etat , & non pas ceux qu'on préfente au Parlement. Cependant il a vifité cet Office, mais il n'y a point trouvé la Lettre en queftion , quoiqu'il y aie vu pluûeurs Requêtes au Roi, & divers Papiers touchant le Marquis d'An- trim. Pour ce qui efl: de la Brochure que Mr. Baxter cite, & qui eft intitulée, Le Meurtre fe découvre un jour\Mx. Birch nous apprend , qu'il paroît par les Lettres du Comte d'Arlington auDucd'Ormond ,que cette Brochure fut imprimée peu de tems après la Lettre de Charles 1 1. à ce Duc, dont nous avons parlé ci deflus ; & qu'el- le ne contient que cette Lettre même, précédée d'un Avertiflement , oli il efl dit que * Abridgment of Mr. Baxter's Life, p. 43. L 3 I6<5 BlULTOTHEQUE BRÏTANIflQUE, que le Roi a accu/é fon Père .afin de juftifier le Marquis d'Antrim . Mais il ne paroîc pas par les Lettres du Comte d'Arlington ou ileil parlé de cette Brochure , qu'il y foie tlit un feul mot de la Lettre que le 'Mar- quis d'Antrim produific devant la Cham- bre des Communes. Si Mr. fjirch eût pu découvrir la Brochure même, il auroit été en état de nous apprendre quelque chofe de plus pofitif. Mais c'eil le fort des Libel- les, de fc perdre fans reffource, dès que les difputes qui les onc font naître font; aiTo unies. ARTICLE VIL A Tour thro' the -cchok ISLAXD of GREAT BRITAIN D'roided into Cir- cuits orjoumies , giving a ParticuJar and enterîainïng Account of 'vjbatcjer is cu- rmis and idorth obfervation. Viz. I. A Defcriptîon of the Principal Cities and Towns , their Situation , Government and Commerce. 2. The Cuftums y Man- fiers ^ Exercises ^ Diverfions ^ and Em- ployment of the People. 3. Tfje Produce and împrovement of the Lands , the Tra- de and ManufaSiures, 4. The Sea-Ports and Fortifications , the Cour;e of Rivcrs and the Inlaud' Navigation. 5. The Pu- blic Avril, Mai et Juin. 1739. la-^ Me Edifices , Seat s and Palaces êftbe Nobilîty and Gentry. In Three Volumes, London ; Printed for J. Gsborn , S. Birt, D. Browne, A Millar, F. Co- gan , J. Whiflon and J. Robinfoni738. in H°. Cejl'à-dire : Relation Hifto- rique de Voyages faits dans tous les Comtez de la Grande-Bretagne , où l'on donne une defcription détaille'e & amufante de tout ce qu'il y a de curieux & de remarquable. I. Des prin- cipales Villes & Bourgs, de leur Si- tuation, Gouvernement & Commer- ce. 2. Des Coutumes , Mœurs , Exerci- ces, DivertifTemens & Emplois du Peuple. 3. Des Produ6lions 6c de la Culture des Terres, du Négoce & des Manufa6lures. 4. Des Ports de Mer, des Fortifications, du Cours des Rivières , & de la Navigation dans l'intérieur du Royaume. 5. Des Edifices publics , des Maifons & des Palais de la NoblefTe, &c. En trois Volumes : A Londres , imprimé pour J. Osborn , S. Birt, D. Browne, A. Miilar, F. Cogan, J. Whiflon & J. Robinfon. A^ 1738. en 8^ Le Pre- mier Volume contient^ outre Ja Pré- L 4 face i6g Bibliothèque Britannique, face àf la Table des Matières,^ 360. pages. LA première Edition de ce Livre parut en 1722. & fat afîez bien reçue du public ; mais comme depuis ce tems là il eft arrivé des changemens confiderables , pn a été obligé de faire un fi grand nom- bre d'additions & de corredions dans ce jjvre, que cette Seconde Edition peut pafTer pour un Ouvrage nouveau. L'Au- teur nous y donne, en forme de Lettres , 3a defcription des différentes Comtez de TAngleterre. Sa première Lettre roule fur ce qu'il y a de curieux dans les Comtez à'EJfex, de Suffolk, de Norfolk & de Cam- bridge. Il remarque, par rapport à la Com- té d'EJJex , que dans le Village de Stratford, le nombre des maifons eft le double de ce qu'il étoit il y a quelques années ; qu'on compte que dans les autres Villages qui font prè« de Londres , comme Lo'w- Layton , Layton-Sione , WaUhamlîow , îVood- ford, ÎVanfted, &c. on a bâti depuis la Révolution mille maifons, outre celles qu'on a reparées, ou agrandies ; qu'on paye de chacune de ces maifons depuis âo. jufqu'à 60. livres fterling de rente; qu'il y a dans ces Villages 200. caroiTes de Gentilshommes , & qu'on y trouve tout ce qui peut contribuer aux agrémens de U Société, Ce qn'il attribue à l'opulence des Avril, Mai et Juin. 1739. 16g des Marchands de Londres ,dont les uns , s'étant enrichis par le Commerce, fe font retirez dans ces endroits, pour y pafTer le relie de leurs jours ; & les aucres gagnent aflez confiderablemenc pour tenir mailbn en ville , & à la campagne. [Cette Remarque femble détruire les plaintes générales des Marchands d'An- gleterre, qui prétendent que le Commer- ce n'ellplus fi floriflant dans ce Royaume qu*il étoit autrefois. On peut dire , qu'a- vant la Révolution il y avoit des Mar- chands puifTamment riches, mais le nom- bre n'en étoit pas fort grand , (Se la dépen- ie qu'ils faifoient étoit médiocre; au lieu qu'il y a aujourd'hui un nombre confide- Table de Marchands, & que le luxe qui s'eft introduit parmi eux, les engage à de« dépenfes excelTlves. ] La découverte qu'on vient de faire d'un Chemin Romain qui alloit de Londres dans k Comté à*EffeXy fournit à notre Auteur une féconde Remarque. Il nous apprend, que ce Chemin étoit pavé de larges pier- res , avec des chauffées & des ponts fur les rivières qui le coupoient; qu'il com- mençoit dans les marais de Hakney , pro- che de Londres, à un endroit nommé JVyck, qu'il paffoitpar Temple-Mills^p^r Ruckolls , par Layton-Stone , a côté de la maifon ma- gnifique du Comte de Tilney,appellée/^^ûn- fiedboufe & la forêt de Henault; qu'en çreufant la terre, on trouva fur ce Chemin L j un 170B1BLIOTHEQUE Britannique; un grand nombre de Médailles & d'autres Antiquicez Romaines, qui étoient entre les mains defeuMr. Strype, Miniftrede Loiju- Layton, La troifième Remarque de notre Auteur, roule fur l'air mal-fain qui règne dans les endroits humides & marécageux do la Com- té à'EJfex qui font le long de la Tamife , & fur les côtes de la mer. Il dit que ce pais cft peu peuplé , que la plupart des habitans font des étrangers , qui vien- nent s'y établir, parce que les terres font affermées à un prix très-modique, que les maladies fréquentes caufées par cet air é- pais & les brouillards continuels, empor- tent fur-tout les femmes , de forte qu'il n'eft pas rare de voir des Fermiers qui ont eu fuccellivement jufqu'à quinze fem- mes. Kous ne nous arrêterons pas à ce que notre Auteur dit des Villes de Colchefter & de Harwicb ; mais nous parlerons d'un fait qui peut fervir à illuflrer l'Hiftoire Naturelle. Les habitans dei^arTOfc/?fe van- tent que les murailles de leur ville & Iç pavé de leurs rues font d'argile , & que ce- pendant leurs murailles font auHl fortes & leurs pavez auffi nets , que s'ils étoient de pierres. En effet il y a dans le roc qui efl entre la Ville & le Promontoire ap- l^eWé Beacons-Hill une efpece d'argile, qui , îorfqu'elle efl tombée dans la mer, & a été battue des vagues & de la tempête ; fc Avril, Mai et Juin. 1739. 171 fê change par dégrez en pierre. Car l'eau qui coule d'une fource qui eft dans ce roc, tombant dans la mer fur ces morceaux d'argile , les pétrifie , & la force dos va- gues & de la tempête, en les remuant 6c en les faifant changer de fituation, fait qu^ilsfont pétrifiez égaleirent par-tout Si on amalTe ces morceaux d'argiie avanc qu'ils foient entièrement pétrifiez , la fur- face eit dure comme la pierre, mais en les caflant avec un marteau, on trouve que le milieu eft mol comme l'argile. La Charfe du Roi Edouard, lurnom- mé le Cnnfejfëur , par laquelle il accorda à Rodolphe Hept-rkin^ la Garde de la Forêt d' Epping ,mér\{Q que nous l'infevions ici:- elle eft courte, elle eft en Vers,&: le renvoya à l'Ecriture Sainte, Eour y puifer les véritables maximes d'un on Gouvernement. Notre Auteur regar- de ce refus de I'Evêque de Rome comme un grand bonheur pour l'Angleterre. Car, dit-il , fi ce Pais eût été une fois fournis aux Loix Romaines, il y a beaucoup d'ap- parence qu'il feroit tom'bé fous le joug de îa Lête (c'eft-à-dire du Papifme) de ma- nière à ne pouvoir jamais le fecouer, com- me cela paraît par l'exemple des autres Nar Avril, Mai et Juin. 1739. 187 Nations qui jufqu'à préfent gémiffent en- core fous ce joug. Au lieu que le peuple d'Angleterre ayant , par le refus de l'E- vêque de Rome , confervé le droit de fai- re fes propres Loix, il s'eft toujours op- pofé aux entreprifes des Papes, dont l'au- torité n'a jamais été bien établie dans ce Pais, comme notre Auteur le fait voir dans la fuite. L'Entrée des Saxons dans la Bre- tagne, & la Nature de leur Gouverne- ment , font le fujet du Quatrièrr^ Chapitre, Les Bretons ayant appelle les Saxons à leur fecours contre les Picles , éprouvè- rent bientôt que leurs Libérateurs étoienc devenus leurs Maîtres. On en peut voir l'Hilloire au long dans Mr. deRapin : no- tre Auteur n'en parle que d'une manière très-abregée. Il s'attache plus particuliè- rement à faire voir , que les Coutumes & le Gouvernement des anciens Saxons étoit 11 femblable à celai des Bretons, qu'il y a beaucoup d'apparence que les derniers étoient originaires du même Pais que les premiers. Dans le Cinquième Chapitre , l'Auteur par- le de l'arrivée du IMoine Auguflin en An- gleterre, de la manière dont il y fut re- çu, & de ce qu'il y fit. Sur quoi nous renvoyons encore leLedeur à î\îr. de Ra- pin *. Nous remarquerons feulement que cet * T^}n. I. ja^. 221-233. ISS Bibliothèque Britannique, cet Hiflorien paroît avoir une aflez bonne opinion du JMoine Auguftin , & croire mê- me qu'il a eu le don des Miracles: au lieu que notre Auteur ne le regarde que com- me un Moine ambitieux , dévoué à la Cour de Rome, & qui ne cherchoit qu'à éten- dre l'autorité duPape, Tom. III. p. 5c6. Avril, Mai et Juin. 1739. T89 le faire de lui-même. Une lui reftoic donc que.deux partis à prendre; ou de s'addref- feraux Bretons, pour emprunter Jeur Dif- cipline Ecciéfiaftique ; ou de fuivre lemc^ dèle qu'on leur envoyeroit de Rome. C'au- roit été un déshonneur pour eux que de s'addrefTer à un Peuple qu'ils avoient vain- cu, & réduit à fe retirer aux extrcrnitez du Païs. Ils prennent donc le fécond parti , & s'abandonnent entièrement à la difcrétion de Rome : Ils en reçoivent la Dilcipline & les Canons. La chofe ne fe fit pourtant pas fans difficulté. La liberté du Peuple étoit le fondement du Gouver- nement Saxon. Il s'agiiïbit de concilier l'intérêt du Peuple avec celui du Clergé. Il étoit contre le bien de l'Etat, que Les Eccléfiaftiques fûflent entièrement dévouez à Rome; & les Canons de PEglife Ro- maine ne leur permettoient pas de fuivre toujours les principes de liberté fur lefqueîs TEtat étoit fondé. On trouva donc une ef- pece de milieu; ce fut d'admettre les E- vêques & les Principaux du Clergé au Gou- vernement de l'Etat , en leur donnant féance aux AlTemblées générales de la Na- tion. Les Saxons y étoient aflez difpofez d'eux-mêmes ; car c'étoit leur Coutume d'admettre leurs Prêtres dans Iqs Con- feils Nationaux. C'eft ainlî que le Gou- vernement Epifcopal fut incorporé avec le Gouvernement Civil; ce qui ne fut pas fort avantageux au Peuple , lî nous en croyons ipo Bibliothèque Britannique, croyons notre Auteur ,* car fi les Prélatj travailloient au bien de l'Etat, ce n'étoic que très -rarement: la plupart du tems ils ne fongeoient qu'à rendre fervice à Rome. Le Chapitre Septième traite des Métropo- litains du tems des Saxons. Le Pouvoir du Métropolitain étoit prefque illimité. Car l'Angleterre étant partagée en plufieurs Royaumes, l'autorité de chaque Roi nes'é- tendoit pas au-delà d'un certain dillridl \2i\i lieu que , comme il n'y avoit qu'un feul Mé- tropolitain , Ton Pouvoir s'étendoit fur tout le Païs : de forte qu'il étoit, pour ainfi di- re , alterius orbis Papa , le Pape d'un nou- veau Monde. Dans le Chapitre fuivant , oii l'Auteur parle des Evêques fçavans, il remarque en- tre autres chofes, qu'au commencement le Clergé gouvernoit TEglife Saxonne en commun, avec une autorité également par- tagée entre tous ceux qui le compofoient; mais environ foixante ans après le Moine Augudin , leur ambition & leur orgueil leur firent méprifer cette égalité: dépendant d'un feul Métropolitain plus orgueilleux enco- re , ils voulurent avoir chacun une autori- té particulière & indépendance. C'eft pour- quoi Théodore, Archevêque de Cantor- bery,divifa fa Province en cinq Diocèfes , fur chacun defquels il établit un Evéque, mais avec le confentement du Roi & du Peuple. Les Avril, Mai et Juin. 1739. ipr Les Chapitres IX. & X. traitent des Prê- tres & des autres Miniftres Eccléfiaftiques parmi les Saxons. Ayant reçu leur Dif- cipline de Rome , ils avoient aufli les mê- mes charges & les mêmes offices dans le Miniflère Fccléfialtique. Dans le Cbupnre Onzième on traire des Fonds deftinezà Tentretien du Clergé par- mi les vSaxons L.'Auceur y parle entre au- tres chofes du Denier de Se Pierre, & fou- tient que ce nétoit rien moins qu'un Tri- but. Mr de Rapin * nou^ renvoyé fur ce fujet à notre Auteur, qu'il nomme Na- than Bacon; pour parler exadlement il fa- loit dire Jean ^'elden , Hacon n'étanr pro- prement que le Compilateur & l'Editeur de l'Ouvrage. Le Lcdteur fera fans douce bien aife de fçavoir fur quelles raifons Sq\- den appuyé fon fentiment: c'eft pourquoi nous les rapporterons ici. Il remarque , que le Denier de St Pierre n était d'abord qu'u- ne fim.ple aumône, qu'on appelîoit même ainfi. Ina fut le premier qui accorda à Rome un Denier Sterling.ou un fol par mai- fon. Offa l'étendit fur toute demeure à laquelle éioit annexé un morceau de Ter- re, qui rapportoit trente fols par an. Edouard le Confefleur voulut qu'il fùc payé pour chaque PoUelTion qui payoic trente fols de rente, vivœ pecwiics , c'eiVà- dirc * Tem. I. pag. 183. note i. / îpl Bibliothèque Britannique, dire en Denrées, comme l'Auteur l'expli- que. Si donc on convienc que les Saxons ayenc été propriétaires des Terres & des PoiTeiTions qu'ils occupoient, comme on n'en fçauroit douter , il faut convenir auflj , que cette Taxe n'a pas pu être levée fans Ifj contentement du Peuple, fuppofé qu'elle ait été payée par tout le Peuple en géné- rai. Mais' Mr. Selden remarque , i. Que ce n'étoit qu'une aumône , que le zèle dont le Roi * fut animé tout d'un coup étant à Rome, l'engagea à promettre. 2. Ce Denier fut accordé ex re^ali munificen- tid , par la pure libéralité du Roi ; c'étoit donc un Don gratuit, & non pas un Tri- but. 3. L'Auteur fait voir, qu'il n'y avoit du tems d'Etiieîwolph que quarante-huit- mille & quatre-vingt mailbns ou fermes qui payaflent cette Taxe f; au lieu que le nom- bre des Paroifles feules doit avoir été plus confiderable ; puifqu'on compte que du tems de Guillaume le Conquérant , c'eft-à-dire environ deux fiécles après E- theIwolph,il y avoit cinquante-mille Pa- roiiTes en Angleterre ; & il ne paroît pas qu'on en ait érigé de nouvelles depuis Ethehvûlph, qui a régné après la difTolu- tion de l'Heptarchie. Si donc tout le Peu- ple * Ina. t La fomme livrée pat cette Taxe, fe montoiÉ s 200. livres , 6. Chelings & huit fols. Avril, Mai et Juin. 1739. 193 pie eût été obligé de payer la Taxe en quedion, elle auroit produit une fomme au moins cinquante fois plus grande que celle qu'elle produifoit: d'où l'on conclut, que ce n'étoit pas tout le peuple , mais feulement les Tenanciers ou Fermiers du Roi , qui payoient le Denier deSt.Pierre,qiii n'étoit par confequent qu'un pur don du Koi 5 & non pas un Tribut impofé fur tou- te la Nation. Dans le Douzième Chapitre on parle des différens reflbrts de la Jurisdidlion des Gouverneurs Ecclélîaftiques parmi les Sa- xons. On y prouve que la Primatie fuc conférée à l'Archevêque de Cantorbery par le Confeil des Sages ; & que les Diocèfes ont été étendus ou referrez par l'autori- té du Roi , ou par les Archevêques à la tête de leurs Synodes , fans qu'il fût né- ceflaire d'avoir là-delTus le confentemenc du Pape. Dans le Chapitre Treizième on fait voir , de quelle manière les Prélats ont gouver* né l'Eglife Saxonne. On y parle des Sy- nodes , qui étoient compofez , ou du Clergé d'un feul Diocèfe , ou de celui de toute une Province, ou de celui de toute la Nation. Les Synodes Provinciaux ou Nationaux étoient convoquez , ou par le Roi , ou par le Pape , ou par l'Archevêque : ceux du Clergé d'un feul Diocèfe n'étoient alTem» blezque parl'Evêque. C'étoit quelquefois le Roi feul qui préfidoit dans les Synodes Tom, MIL Fart. L N Pro^ Î94 Bibliothèque: Britannique;. Provinciaux ou Nationaux : quelquefois c'étoit l'Archevêque , & quelquefois aufli tous deux enfemble. Ces Synodes étoienc compofez d'Eccléfiaftiques & de Laïques : les femmes même n'en écoient pas tou- jours exclues. On y traitoit non feule- ment d'affaires Eccléfiafliques , mais auiîi d'affaires Civiles , des Loix & du Gou- vernement. D'où il femble qu'on puiffe conclure , que ces Synodes Nationaux ne différoient point du VVittenagemole , ou Parlement. Aufîi Mr. Selden dit-il ailleurs , en parlant du grand Confeil des Saxons , ^u'il lui a été impolTible de découvrir, en quoi confiftoit la différence qu'il y avoic entre les Synodes Nationaux , & ce Con- feil, ou le'Parlement, à moins que ce ne fût dans la caufe qui lesfaifoit alfembler: fi c'étoit pour régler des affaires Ecclé- fiafliques, c'étoient des Synodes : fi c'é- toit pour traiter d'affaires Civiles , c'étoienc des \VittenagemoleS;,ou Parlemens. ° " Le Qjiaîorz'ème Chapitre roule fur les Cau- fes Eccléfiafliques , c'efl-à-dire fur les af- faires dont l'Eglife, les Synodes, ou les Conciles prenoient connoifTance parmi les Saxons. On remarque ici , que ce peuple n'avoic pas beaucoup de goût pour la pom- pe du Culte extérieur: les Saxons fe con- tentoient de prier Dieu & d'aflifler à la Prédication de fa Parole; mais ils ne fe foucioient pas d'entendre la Meffe, & ce ne fut qu'avec beaucoup de peine qu'ils pu- AvRiL> Mai et Juin. 173g. ip^ purent fe réfoudre à adorer les Images k ]es Saints. C'efl: pourquoi on fit un Ca- non pour les obliger à s'acquitter plus exademenc des devoirs du Culte exté- rieur; mais ce Canon n'eut pas beaucoup de force fur Tefprit fauvage & grofller des Saxons. Le Chapitre Quinzième contient la Criti- que du Gouvernement des Prélats Saxons. On remarque, que foutenus par l'Ignoran- ce du peuple, ils devinrent fi puifîans^ qu'ils excitèrent la jaloufie des Grands ; on fe plaignit même publiquement dans les Synodes, que les Prélats Tiaimoient point les Prince^ y ^ vouloîent paroitre avec plus d'éclat queux ; quils envioient leur grandeur ^ 6f répandeient des calomnies contre eux. L'I- gnorance du Clergé étoit fi grande , que le Roi Alfred ayant traduit quelques Au- teurs Latins en langue Saxone, dit qu'il l'avoit fait , afin qu'ils pûiTent être utiles à quelques-uns de fes Evêques qui n'enr tendoient pas le Latin: il dit dans une Let- tre à Wolfegus , qu'il n'y a prefque pas un feul Eccléfiafi:ique qui foie capable de tra- duire les Prières de l'Eglife en Saxon. Ce qui fut caufe qu'un Synode ordonna, que ceux qui nefçauroient'pas dire, Dstwî/î?, mi" Jerere, en Latin, diroient en Anglois ; 5eî- gneur , aye pitié de nous. Sur quoi notre Au- teur remarque, que le Clergé avoit grand tort de vouloir fonder fon autorité fur le N 2 Dr oie ÎÇôBlT^LIOTHEQUE BRITANNIQUE, Droit divin. Elle étoit bien plus fondée fur la faveur des Princes & des Grands, & fur la pompe des cérémonies: voilà ce qui leur gagnoit l'admiration , ou plutôt l'a- doration du peuple ignorant. Après avoir parlé de la Religion & du Gouvernement Èccléfiaftique , l'Auteur en vient au Gouvernement Civil , & parle dans le Chapitre Seizième des Rois Saxons. An- ■ciennement le Roi n'étoit proprement qu'un Général, choifi pour commander entems de guerre , & dont l'autorité finilToitavec elle. Mais lorfque les Saxons eurent en- vahi la Bretagne , les longues guerres qu'il» «curent à y foutenir, les obligèrent à con- tinuer le Cjénéral dans fa charge, qui par cetteraifonfucà vie, au lieu qu'auparavant elle n'étoit qu'à tera;?. Cependant le Général, ou fî Ton veut le Roi, dépendoit toujours du bon plaifir du peuple , qui voulut fe montrer libre , en confervant le droit, foit d'élire leurs Prin- ces, foit de leur conferver leur autorité. Ils n'excluoient de la Couronne , ni les Fem- mes, ni même les Enfans,à moins qu'une nécelTité preflance ne les obligeât à choi- lir un Roi qui pût les défendre contre leurs ennemis. Les Saxons Occidentaux dépo- ferent leur Reine Seburg, ne voulant pas combattre fous une femme. Les Merciens ne furent pas fi fcrupuleux, ils combatti- rent vaillamment & avec fuccès contre les Danois fous leur Reine Eifled. Le3 Avril, Mai et Juin. 1739. ipjr Les Saxons admirent les Bâtards même à la Couronne, jufques à ce que le Cler- gé, qui, comme on l'a vu ci-dcflus , s'é- toic intrus dans le Confeil de la Nation , fît faire une Loi qui excluoit les Bâ- tards. Leur coutume éroit, de choifir pour Roi la perfonne la plus diflinguéedans la prin- cipale famille de lals^ation: didinguée , non pas proprement par fon rang j'ornais par fon mérite. Cependant le refped qu'on avoit pour la mémoire d'un Prince qui avoit bien gouverné, étoit caufe qu'on lui choifilfoit un SuccefTeur dans fa famille : c'étoit prefque toujours l'aîné de {"es enfans. De cette manière la Couronne devint hé- réditaire, (5c l'Eledtion ne fut plus qu'une cérémonie: excepté lorfquc le peuple ju- geoit à propos de s'oppofer à cette fuc- ceflion. Les Rois Saxons n'étoient rien moins qu'arbitraires. Leur Eleétion fuppofoit une convention réciproque entre eux & le peuple. LeRoi promettoit folemnelle- ment & avec ferment , de gouverner félon les Loix, & le peuple promettoit de lui être fidèle, & de le défendre contre fes ennemis. Mais cette promelTe du peuple n'étoit obligatoire qu'autant que le Roi s'acquittoit de la fienne. Son autorité étoit d'ailleurs fi limitée, que non feulement il n'avoit pas le pou- voir de faire des Loix, ayant uniquemenc N 3 celui ipH Bibliothèque Britannique, celui de les faire exécuter, mais qu'il ne pouvoit pas même donner les Terres de la Couronne à qui il vouloit, fans le con- fentement des Grands , qui , lorfqu'une pa- reille donation ne leur piaifoit pas, la fai- foient révoquer. Les trois Chapitres fuivans , traitent delà NoblefTe, des Hommes -Libres *, & des Villains parmi les Saxons. Dans le Fingtième Chapitre on parle du Grand-Confeil de la Nation , appelle Mic- klemote , ou îVittenagemoîe. Comme Mr. de Rapin a traité au long cefujet,à la fin du premier Tome de fon Hiftoire d'Angle- terre, nous ne nous y arriérerons pas. Nous nous contenterons de remarquer , que no- tre Auteur foutient , que ce Confeil étoic compofé non feulement des Grands , on de la Noblefle , mais aufli des Hommes- Libres , ou des Free-men. Et dans la Dif- fertation qui eft à la tête de la féconde Partie de cet Ouvrage, il répond aux Ob- jedlions que l'on fait contre fon fentiment. Mais , ni dans cette Diflertation, ni dans ce Chapitre XX. nous n'avons rien trou- vé qu'on ne puiiTe voir plus au long dans la DifTertation de Mr. de Rapin. Si quelque chofe peut décider la Quef- tion , c'efl; ce que TÂuceur remarque dan<î le Chapitre fuivant, où il parle du Confeil 4€S Seigneurs , qui regloit les affaires moins iiïl' * Free-mcn. Avril, Mai et Juin. 1739. 199 importantes , minora Reipubliccs , au lieu que les aifaires les plus importantes * ne pouvoient fe déterminer que dans le Con- feil général. Mais peut-être aulTi , que ce Confeil des Seigneurs n'étoit compofé que d'un petit nombre des Députez choifispar le Corps entier de la Noblefle , pour veiller au bien de l'Etat dans les inter- valles des Parlemens , ou Wittenagemo- les. Quoi qu'il en foit , fous prétexte de ne traiter que des affaires moins importantes, ce Confeil empiéta peu-à-peu fur l'autori- té du Parlement, principalement lorfque les Prélats eurent été admis dans ce Con- feil : car pour peu qu'une affaire eût de rapport à la Religion, les Evêques en pre- «oient connoilfance, & la déterminoient dans ce Confeil, comme étant inter minora Ecclejîœ, Ce fut par ce moyen que le Légat du Pape & l'Archevêque de Canrorbery forcèrent les Saxons à recevoir la MefTé & le Culte des Images. Ce même Con- feil ordonna, qu'aucun Laïque ne pofTe- deroic des Biens Eccléfiafliques ; que les Evêques feuls auroient droit de nommer à tous les Bénéiices , à & toutes les dignirez de l'Eglife ; que les biens apartenans au Clergé feroient déchargez de toute taxe & de tout fervice. En un mot , ce Confeil s'ar- *■ Ma^nalia Regni. N4 SOoBiBLlOtHEQUE BRITANNIQUE, s'arrogea le droit de régler tout ce qui ne regardoit pas le Corps entier des Hom- mes-Libres: de forte que le Wittenagemo- le fut obligé enfin de mettre des bornes à l'autorité de ce Confeil. Le Chapitre Vingt- ^-deuxième traite du Gouvernement des Saxons en tems de guerre. Nous n'en extrairons que cette Remarque. C'eft que la Difcipline mili- taire ne dépendoit pas du bon plaifir du Chef, ou du Roi, mais étoit réglée par le Parlement. Dans les Chapitres XXIII , XXIV , XXV. & XXVI on cxp'ique la nature du Gouver- nement des Saxons en tems de paix ; la di- vifion du Pais en Shires ou Coratez ; en Cen- taines , & en Dixaines\ & des Cours des Com- tez ou Provinces. Sur quoi onpeutcon- fulter Mr. de Rapin *. Rapportons feu- lement une particularité dont il ne dit rien. C'eft que le Shérif, ou Gouverneur de chaque Comté ou Province , étoit choifi par les Free-bolders , ou PofrelTeurs de Franc- Alleu, dans PAUemblée delà Comté, ap- pellée anciennement Folk-mole, & enfuite County-Court j ou I? Cour de la Comté. Chapitre XXVII. Des Immunitez Ecclé- fjafliques. On entend par-là ce Privilège des gens d'Eglife, par lequeileurs Perfonnes Ù, leurs biens étoient à divers égards hors du * Tom. L pag. 486-489. Avril, Mai et Juin. 1739. 201 du pouvoir du Magiflrat Civil. Ce Pri- vilège s'étendit plus loin avec le tems, L'Auteur rapporte un Canon , qui défend à ceux qui tiennent quelques Terres de PEglife , ou qui demeurent fur ces Terres , de plaider ailleurs que dans la Cour Ec- cléfiaftique. Chapitre XXVIII. Dqs Franchi/es , appel- lées auflî des Marches. Ce font certains diftrids dans lefquels on établit un Gou- vernement particulier pour l'adminiflration de la Juftice. Ce font principalement les limites du Pai's qu'habicoient les anciens Bretons , & qu'on nomme aujourd'hui les Marches du Païs de Galles *. Lorfque les Bretons firent la paix avec les Saxons , dont les Loix n'étoient pas les mêmes que les leurs, ils établirent certaines Loix par- ticulières pour le Gouvernement du Païs qu'ils habitoient, élevé AvRit, Mai et Juin. 1755. 209 „ élevé jufqu'au Ciel ce Grand - Prêtre „ dévoré par l'ambition, ce perfécuteur, ,y cet opprefTeur, cet inflrument ôciniliga- „ teur de la Tyrannie *^ Ainfi , félon lui , tous les Ecciéfiafliques font des ambi- tieux , des jnfolens , des Tyrans ; com- ment accorder cela avec la manière dou- ce & honnête dont plufieurs Evêques trai- tent ceux-là même qui ne fe conforment point aux rites de PEglife Anglicane? Pour prouver que le Clergé d'Angle- terre a du penchant pour le Papifme, on allègue l'exemple ùtParhr ^ Evêque d'Ox- ford, (S: de Ward^ Evêque de Salisbury ; maisrfi ces deux Prélats ont cédé au tor- rent, les autres Evêques n'ont-ils pas mar- qué beaucoup de fermeté ? Et pourquoi ne dit -on rien des Tillotfons , des Sprats, des Steîiingfleets & de tant d'autres qui ont défendu fi folidement la Religion Pro- cédante. Je ne dirai rien fur le Supplément : comme l'Auteur y prend hautement la dé- fenfe des Efprits forts , & qu'il nous repré- fente les Orthodoxes comme des fcelérats» il n'efl pas fort furprenant qu'il lance des traits fatiriques contre un Prélat qui , fé- lon lui , s'eit rendu recomimandable par fan zèle contre les Efprits forts. Qu'il faic beau voir reprocher aux Ecciéfiafliques des termes injurieux, pareils au langage brutal des Harans:eres à des Crocheteuj's , TomQ XIII Part, /. O & 2IO Bibliothèque Britannique, &c. & leur recommander la douceur, à un Auteur qui ne peut parler du Clergé <5c des Prélats dans les termes que la bien- féance & la civilité demandent, & qui ne cherche qu'à diffamer ceux qu'il devroic îcrpefter. P. DE C A T Aâ. O G U s. r P. DE HoNDT a Imprimé. i LE Supplément au Corps Univerfel Diplomatique du Droit des Gens , avec le Cérémonial Diplomatique des Cours de l'Europe , & l'Hiftoire des Anciens Traitez , répandus dans les Auteurs Grecs & Latins , & autres mo- numens de l'Antiquité , par Mr. Bar- beyrac. 5 vol. foL ■ ■ Le même en grand Papier. ■ L'Ouvrage de Mr. Barbeyrac fe vend feparement. 2 vol. fol. Hiftoire du fameux Syllêmie des Finan- ces, pendant la Minorité de Louis XV. précédée d'un abrégé de la Vie du Duc Régent, & du Sr. Law. 6vol. 12. Le Tome fixième & dernier des Difcours Hiftoriques, Critiques, Théologiques & Moraux, fur les Evenemens les plus mémorables du Vieux & du Nouveau Teftament, par Mrs. Saurin , Roques, & Beaufobre ; avec les belles Figures de Mrs. Hoet, Houbraken , & Plcart, folio; fur du Papier Médian, Royal, Superroyal, & Impérial. NB. On avertie les Curieux, qu'il ne refte au Libraire qu'un îrès-pe» lit nombre d'Exemplaires com- plets de ce magnifique Ou- vrage. G 2 Les C A T A L O G U s. Les Tomes VIL & VIIL des Taf- dits Difcours in odtavo. Le Tome Neuvième & dernier du Grand Diélionaire Géographique 6c des belles Cartes Géographiques. Hifloire de la Vie du Vicomce de Turen- ne, Paris 1736. 2 vol. avec des belles figures. 4. Diftionaire Botanique & Pharmaceutique, contenant les principales Proprietez des Minéraux , des Végétaux , & des Ani- maux d'Ufage, &c. Paris 1738. 8. L'Architedture Moderne, ou l'Art de bien bâtir pour toutes fortes de Perfbnnes ,, Paris 1728. 2 vol. 4. avec 150. Planches. la Suite , ou , de la Décoration extérieure & intérieure des Edifices Modernes , & de la Diftribution des Maifons de Plaifance, & ce qui a rap- port aux Parcs & Jardins de propreté ; O 3 aa CATALOGUE âu Jardinage, à la Sculpcure, à la Ser^ rurerie, à la Menuiferie, & à la Déco- ration des Apartemens de Parade , par Blondel , Paris 1738. 2 vol. avec 155. Flanches. 4. Nouveau Cours de Mathématique, appli- qué à l'ufage de la Guerre , par Mr. Belidor, Paris 1725. 4. lig» La Science des Ingénieurs dans la Con- duite des Travaux de Fortification «Se d'x^rchiteclure Civile , par Mr. Belidor^ Paris 1729. fig. 4^ L'Architecture Hydraulique, ou TArt de conduire, d'élever, & de ménager les Eaux pour tous les Befoins de la Vie, par Mr. Belidor, Paris 1737. & 1739. 2 vol. fig. 4. Recueil des Pièces qui ont remporté les Prix de l'Académie Royale des Scien- ces, depuis leur fondation en 1720. juf- qu'en 1732. , Paris 2 vol. 4. fig. Le Parfait ingénieur François, ou la For- tification régulière & irréguliere fui- - vant les trois Syftêmes de M. de Vau- ban, & ceux de Mr, Coehprn , de Vil- le, Pagan , &c. Paris 173<5. fig. 4. Recueil Hiflorique , Chronologique & Topographique 5 ou Pouillé des Arché- vêchez , Evéchez , Abbayes & Prieurez de France, tant d'Hommes que de Fil- les , Paris 2 vol. 4. avec des Cartes Géographiques. Hiftoire des deux Afpafies, Femmes lî- luftre? •DELIVRES. luftres de la Grèce, avec des Remar« ques Hilloriques & Critiques, Paris 12. Nouvelle Méthode pour apprendre toutes Jes Ecritures ufitées dans le Royaume, démontrée par des principes clairs & certains, pour parvenir à la Perfection des Ecritures , Ronde , Bâtarde & Cou- lée, fans Maître, contenant près de jo Planches gravées» fol. Les Elemens des Finances , contenant des Inftrudlions néceflaires pour les Per- fonnes qui font dans les' Emplois, avec des Modèles de Comptes, Etats & Bor- dereaux gravez , 6: un Ditlionaire des Finances, fol., Paris. Le Traité du Récitatif dans la Ledure » dans TAdion Publique , dans la Décla- mation & dans le Chant, avec un Traité des Accens, de la quantité, & de la Pondluation ; Paris 12. La Follette, ou le Rhume, Paris 12. L'Heureux Infortuné , Hifloire tirée de PArabe, par Mr. l'Abbé de Court , Pa- ris 12. Les Avantures de Léonidas & de Sophro- nie, Paris 12. Mémoires de la Comteiïe Linska, Plif- toire Polonoife , Paris 1735. 12. Recueil de divers Ecrits , pour fervir d'é- clairciflemens à THiftoire de France, &de Supplément à la Notice des Gau- les, par Mr. l'Abbé le Beuf, Paris 1738. 2 vol. 12, O 4 Let- CATALOGUE Lettre amiable d'un Napolitain, fur la Géographie de Mr. l'Abbé Lenglec , Paris 12. Recueil de Pièces , mifes au Théâtre Fran- çois pax M. le Sage, Paris 2 vol. 12. Hiitoirc du Socinianifine, avec la Vie & le Catalogue des Ouvrages des Auteurs Sociniensj Paris 4. Hiiloire de l'Ille Efpagnole , ou de S. Domingue , par le P. Charlevoix, Pa» ris 2 vol. fig, 4. Hifloire du Miniîtère du Card. Ximenez, par l'Abbé Marfolier, Paris 2 vol. 12. Remarques de Mr. de Vaugelas fur la Langue Françnife , avec les Notes de Mr. Patru Ôl T. Corneille, Nouvelle Edition, Paris 1739. 3 vol. 12. Entretiens de Ciceron lur les Vrais Biens & les Vrais Maux, traduits par Mr. l'Abbé Régnier des Marais, Paris 12. Les Tufculanes de Ciceron , Paris 1739. 3 vol. 12. Di'dionaîre Italien & François, par Mr. l'Abbé Antonini, Paris 4. Grammaire Italienne, par le même, Pa- ris 12. Eflais de Montagne, Paris 1739.6 vol. 12. Oeuvres de Monf. l'Abbé de Pons, Paris 1738. 12. Lettres de Madame du Noyer , Paris 1738. 6 vol. 12. Entretiens Littéraires & Galans, Paris 2 vol. 12. ThécT- DELIVRES. Théâtre François, Paris 12 vol. 12. — Efpagnol , Paris 1 2. Oeuvres de Molière , Paris 8 vol. 124 • de Racine, Paris 2 voL 11. — de Corneille, Paris 10 vol. 12. • de Salufte , Paris 12. de Lucrèce, Paris 2 vol. 12. , • de Regnard, Paris 5 vol. 12. • de Crebillon, Paris 2 vol. 12. . de Q_uinaulE, Paris 5 vol. 12. . — ■ de Montfleury , Paris 3 vol. 12. de Nadal , Paris 3 vol. 12. — ■ de Campirtron, Paris 2 vol. 12. — ^ de Mr. Rivière du Frefny , Pa- ris 6 vol. 12. Hilloire de Thucydide , Paris 3 vol. 12. liilloire des Plantes par Baution , Lyon 2- vol. 12. L'Anti-Baillet, Paris 2 vol. 4. Science de la Jeune Nobleffe, Paris 3 vol. 12. JHiftoire de Jean de Brienne , Roi de Jc- rufalem , Paris 12, I/Arc de nager, Paris fîg. 12. Analyfe des Infiniment Petits , avec le Commentaire de Mr. de Croufaz, & les Eclairciflemens de Mr. Varignon , 3 vol. 4. Tables Aftronomiques , par Mr. de la Hi- re, Paris 4. Principes de l'Kiflioire, par Mr. l'Abbé O 5 Lcn? CATALOGUE Lenglec du Frefnoy , Paris 1735. 6 vol. 12. Lettres d'Abélard & d'Héloïfe , Paris 2 vol. 12. Conflrudlion d'un Nouveau Telefcope, Paris 1738. fig. 4- Trai:é de rAbflinence de la Viande par- mi les Juifs, les Payens & les Chré- tiens, Paris 1737. 4. Hiftoire & Mémoires de l'Académie Roya- le des Infcriptions & Belles Lettres ^ Paris 10 vol. fig. 4. Commentaire fur la Géométrie de Def- cartes , par Rabuel, Lyon fig. 4. Hiftoire du Japon, par le' P. Charlevoix, Paris 2 vol. fig. 4. — le même 9 vol. 12. Traité des Accouchemens par Mr. van Deventer, Paris 2 vol. fig. 4. Oeuvres de Mr. de Mauriceau, fur les Maladies des Femmes Grofies, Paris^2 vol. fig. 12. Voyage de la Mer du Sud par Frezier, Paris 2 voJ. fig. 12. Hiftoire de Portugal, par Lvir. la Clede, Paris 8 vol. 12. Cours des Sciences, par le P. Buffier, Paris fol. Généalogies Hifloriques des Rois , Em- pereurs, &c. , Paris 1735. & 1738. 4 vol. 4. La Vie du Duc d'Epernon , Paris 4. . Ser- DE LIVRES. Sermons de TAbbé Anfelme , Paris (5 voL 12. Avantures de D. Ramire de Roxas , Pa- ris 12. Mémoires de Pologne, Paris 1738. 12. Avantures de Perfiles & Sigirmonde , Pa- ris 1738. 12. Traité des Maladies de Poitrine, Paris 1739. 12. Hiftoire de Louis XIV. par Larrey , Pa- ris 1739. 9 vol. fig. 12. Hiftoire des Ducs de Bretagne, Paris 1739, 6 vol. 12. Oeuvres diverfcs de Corneille , Paris 1738. 12. La Géométrie de Mr. Rivart , Paris 1739. 4- Hiftoire du Peuple de Dieu, Paris 1739. 8 vol. 4. Proprietezde la Médecine, Paris 1738. 12. Médecine raifonnée par Hofman, Paris 17^8. 2 vol. 12. La Géographie Phyfique, ou Eiïai fur l'Hiftoire Naturelle de la Terre , par Woodvvard, Paris 1735. 4. Le Nouveau Théâtre Italien, avec les Parodies, Paris 12 vol. 12. Entretiens de Cleon & d'Eudoxe fur la Préféance des Médecins fur les Chi- rurgiens, par Mr Andry, Paris 1739. 2 vol. 12. Avantures des Thuilleries , Paris 12. Oeu- CATx^LOGUS DE LIVRES. Oeuvres de Brantôme , Paris 1739. 10 vol. 12. Le Bachelier de Salamanque , par Mr. le Sage, Paris 3 voL 12. No'va Bibliotbeca Bibliothecarum Manufcrip- îorum, Auî. Bern, de Morafaucon ^ Pari^ fiis 1738. 2 vol.foL Gallia Chrijiiana, in Provincias Ecclefiaftù cas diftribuîa , opsrâ Dion. SammârîharÂ, Parijîis 17 15. 6 vol fol. ^ ■ Tomus Sextus feparatim , Parif. 1739. fol Werenfelfii Opufcula Tbeologica , Philofo- ■^bîcci éf Pbiîologica. Genevcs 1739. 2 vol. 4, BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, O U HISTOIRE DES OUVRAGES DES SÇAFANS DE LA GRANDE-BRETAGNE: Pour Jes Mois DE JUILLET , AOUT et SEPTEMBRE. M DCC XXXIX. TOME TREIZIEME^ SECONDE PARTIE. A LA HATE, Chez PIERRE DE HONDT. M. DCC. XXXIX. TABLE DES ARTICLES. Art, I. jn XpUcatîon raifomiahle de la JOj^ manière dont le Soleil s'ar- rêta du teins Je Jofué, par A. O. Pag. 211. IL Mr. Archieald Campbell; fon Ouvrage fier la NéceJJité de la Révélation ; ou Examen de rétendue des facultez de V Hom- me en matière de Religion , é? particulièrement par rapport à rExiftence de Dieu , 6^ l'Im- mortalité de l'Ame. 222. II L Le Philo fopbe Honnête -Homme ; TTT 7.;rP°^^^^"^^ Extrait. 261. IV. Mémoires ou Tranfa^ions Philo- fopbiques de la Société Royale de \T J^^-^'''.' ^^ 43^» &437. 354. V, Hifloire du Droit Eceléjîajîique Fraii^ TABLE DES ARTICLES. François , où il eft traité de fd Nature , de fon EtdbliJJement , de fes variations ^ des caufes de fa Décadence ; avec des Dif- fertations particulières fur les Articles les plus importans £^ les plus contejiez. 357. VL Mr. Thomas Shaw;/wKo- yages en divers lieux de la Bar- barie ^ du Levant ; avec des Obfervations. Quatrième & dernier Extrait. 38(5. Y II. Nouvelles Littéraires^ 420. BIBLIO- BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, O U HISTOIRE DES OUFRAGES DES SAVANS DE LA GRANDE BRETAGNE. Pour les Mois de Juillet, Août et Septembre. MDCCXXXIX. ^^^^^•.^$$^^^^: :^^$^^^^:^^_§^?^(^ ARTICLE PREMIER. The Sun flanding flill in the Days of JOSHUA, Rationally accounted for By A. O. LL. D. Ceft-à-dire: Explication raifonnable de la manière dont le Soleil s'arrêta du tems de Jo- fué , par A. O. Do6leur en Droit, imprimé à Londres pour J, Noon à Tome XIIL Part. IL P Ten- 212 Bibliothèque Britannique, l'enfeigne du Cerf blanc en Cheapfr de. A". 1739. in 8. L'Auteur de cette Rrocb'jre déclare d'abord, qu'il eft fermement perfuadé de la vérité & de la Divinité de la Révé- lation ; de forte que fi l'Hifloire facrée a- voitafluré en termes exprès, que Dieu, par un miracle, arrêta du temsdejofué le So- leil & la Lune dans leur courfe, il le croiroit fans héfiter: mais il fe croit en état de prouver par le but des miracles, par le filence des Hiftoriens anciens, par les paroles même du Texte, par le livre d'oti elles ont été tirées, & par les cir- conftances de ce prétendu Prodige, que les exprelTions du Livre de Jofué ne doi- vent pas être prifes à la lettre, mais qu'el- les font figurées & Poétiques. Si du tems de Jofué le Soleil & la Lu- ne ont été arrêtez, de forte que le jour auquel ce Général remporta la vidoire furies cinq Rois Cananéens, fut beaucoup plus long que ne font les jours ordinai- res, c'étoit non feulement un miracle, mais le plus grand de tous les miracles, fî Ton excepte la Création de l'univers ; puif- qu'il faut fuppofer , ou que tous les autres Corps célefles ayent été arrêtez en miême tems , ou que l'harmonie des Cieux ait été troublée : mais à quoi bon un tel mi- racle? Dieu n'en fait que pour confirmer la Juillet, Août et Septemb. 1739. 213 la vérité de quelque Dogme, & pour prou' ver la milTion divine de celui qui l'en* feigne de la part; un Dogme qui ell: évi- demment contraire à larairon,ne fçauroit être confirmé par aucun miracle; un Dog- me qui s'accorde avec la raifon , mais que nos lumières naturelles peuvent découvrir fans le fecours de la Révélation , n'a pas befoin d'être prouvé par des miracles; mais un Dogme qui eft au deflus de la raifon, fans pourtant lui être contraire, ne peut nous être enfeigné que par une Révélation divine, & celui qui nous l'an- nonce de la part de Dieu , doit prouver par des miracles qu'il efl envoyé de Dieu t tel étôit le but des miracles de Moïfe ,de ceux des Prophètes , & de ceux de Jefus^ Chrifl; mais du tems de Jofué, il ne s'a- gifToit, ni de confirmer quelque point de Doctrine , ni de prouver la miflion divi» ne de quelqu'un; quelle apparence donc qu® Dieu ait fait un miracle fi éclatant fans neceffité? [Cet Argument de notre Auteur paroîc fpécieux; mais luiaccordera-t-onque Dieu n'a jamais fait des miracles que pour prou^ ver la million divine de quelqu'un ? Les Dé' livrances de l'Eglife n'entrent -elles pas dans le but de Dieu lorfqu'il fait des mer- veilles éclatantes? Et le PalTage de la mer Rouge, les Philiflins frappez de maladie,& leur Idole Dagon renverfé devant PArche , n'en font -ce pas des exemples?] ? Z La 2Ï4BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, Le filence des Hifloriens anciens four- nit à notre Auteur une féconde preuve. Le miracle accordé aux prières de Jofué, d'arrêter le cours du Soleil, étoit un mira- cle, opéré , non dans un coin de la Palefli- ne , mais à la face de tout l'univers ,* un miracle non momentanée, mais de longue durée: il devoit donc exciter la curiofité de tous les Sçavans parmi les différentes Nations, & les engager à examiner ce Phé- nomène, à en marquer la caufe & les ef- fets , & à le mettre par écrit, pour en inflruire la pofterité : les Egyptiens fur- tout, qui étoient voifins de la Judée, qui cultivoient les Sciences, qui faifoient des Obfervations Agronomiques , qui avoient un refpect fuperftitieux pour les Corps cé- leltes , & qui adoroient le Soleil fous la fi- gure d'un Bœuf, ne pouvoient manquer d'en parler. Cependant on ne trouve ni trace ni veftige de ce prétendu miracle dans aucune autre Hiftoire ancienne, foie fainte , foit profane. On allègue à la vé- rité Hérodote & Stace. Le premier rappor- te , que les Egyptiens difoient , que dans Tefpace d'onze - mille trois - cens ans , qui s'étoient écoulez depuis leur premier Roi, jufquôs au Prêtre VulcaiUyXt Soleil s'é- toit levé deux fois dans TOccident, & cou- ché dans rOrient; que ce prodige n'avoic pourtant apporté aucun changement en Egypte, foit à la terre pour la production de fes fruits, foit au Nil pour le débor- dement Juillet, Août et Septemb. 1739. 215 dément de fes eaux; que les maladies n*a- voienc pas été plus fréquentes , ni la vie des hommes moins longue. Et l'autre allu- re que les Cieux avoient rougi, & que le Soleil avoit fufpendu fon cours , à caufe de l'horreur que leur caufoit le crime d'v^- trée, enlanglanté du meurtre des fils de Thyejle y qu'il fit manger à ce malheur-eux Père. Notre Critique remarque fort bien, que Stace fe fert d'une fidlion Poétique , pour exprimer l'horreur que doit caufer une adtion fi barbare; mais fa réponfe au palTage d'Hérodote ne nous paroît pas auf- îi folide. Il dit, que ces deux Phénomènes , le lever du Soleil dans l'Occident, & le cours du Soleil arrêté, font fort différens, que l'un fuppofe le mouvement , & l'au- tre le repos ;& que fiîcette Tradition des Egyptiens n'efl pas une pure fable, elle fe rapporte à la rétrogradation du Soleil du tems à'Ezéchias^ plutôt qu'à ce qui fe paflfa du tems de ]ofué. Si les Traditions des Payens , qui doivent leur origine aux faits rapportez dans l'Hifiioire famte, les confervoient toujours fans altération , la remarque de notre Auteur paroîtroit bien fondée ; mais on fçait que le plus fouvent elles les déguifoient & les falfifioient : ainfi de ce que le récit d'Hérodote dif- fère de celui de Jofué, il ne s'enfuit pas qu'ils ne parlent pas d'un même événe- ment. Le troifième Argument de notre Auteur P 3 eft il5BlBLI0THEqÛE BRITANNIQUE, eft tiré des expreflTions même du Texte facré. Il remarque i. Qu'il y a dans le Texte Hébreu : Soleil, îai-îoi ; le Soleil fe tut j & non pas, Soleil, arrête-toi, &c.''2. C^ue l'Hiftorien facré dit, le Soleil ne fe bâta point défi coucher environ un jour entier, 6c non pas , le Soleil ne fe coucha pas environ un jour entier. 3. Qu'il e(t dit que le So- leil & la Lune s'arrêtèrent , jtt/qu'à ce que le peuple fe fût lengé de fis enntmis , & non pas, afin que le peuple pût fe venger de fes ennemis. 4. Qu'il efl rapporté que jo- fué parla à l'Eternel , au jour auquel il a- Voit livré les Amorrhéens entre les mains des Enfans d'Ifraël ; mais que ce qu'il dit à l'Eternel dans cette occafion-Ià n'eft pas marqué: d'où il conclut, que les Héros de l'Antiquité ayant accoutumé , après avoir remporté quelque grande victoire, de cé- lébrer l'Eternel à la tête de leurs armées par des Cantiques, comme il paroît par l'exemple de Moïfe & des Ifraëlites après la défaite de Pharaon & des Egyptiens, & par celui de Debora après la viftoire rem- portée fur Jabin Roi des Cananéens; jo- fué de même, ayant défait les cinq Rois d'une manière (î furprenante, chanta à l'Eternel un Cantique de louantes & d'ac- tions de grâces ; quedans ce Cantique il parle par une figure hardie au Soleil & à 3a Lune, & les exhorte à s'arrêter, non 'pour lui donner le rems de fe venger de fes ennemis, car ils étoient déjà défaits, mais Juillet, Août et Septemr. 1739. 217 mais pour erre les fpedtateurs d'une û grande vidoire, & pour admirer la bon- té ineffable de Dieu envers fon peuple; ce qui a été imité par David, quand il dit au Pr.CXLVII. Louez le Seigneur, Soleil ^ Lu- ne. Louez-le., toutes les Etoiles : Louez-le^ Cieux des deux : Que toutes les Eaux qui font au àejjus des deux louent le Nom du Seigneur. Que l'Hiflorien facré ajoute , que le Soleil & la Lune s'arrêtèrent , pour nous lesre- préfenter comme faifis d'admiration & d'é- tonnement: que cette exprefîion eft figu- rée & Poétique, à-peu-près femblable à celle de Debora, qui dit : On a combattu con- tre eux du haut du Ciel ; les Etoiles ont com- battu contre Sifera\ ce qui, de l'aveu des meilleurs Commentateurs, ne fignifie autre chofe , fi-non Que la bataille qu'elle livra à Sifera dur^jùiques dans la nuit,& que la clarté des Etoiles favorifa fa victoire ,• ou à celle de Callimaque, qui repréfente le Soleil comme*arrétant fon chariot, pour entendre la mélodie d'un chœur de Nym- phes. H\Si Ttdf HAc/(5f KotKov ;^c^ov. oihhà^iy,icLi Al> Dieu nous a fait des Créatures raifon- „ nables , & puifque la Raifon nous ap- ,, prend qu'il veut que nous vivions con- formément à la dignité de notre natu- re, il faut aufll que la Raifon puifle fj nous ?j -j Jdillet, Août et Septemb. 1730. aay « nous faire connoîcre, (î nous vivon» 99 aftuellement de cette manière, ou non. „ Ce que Dieu veut que nous connoil^ 99 fions, croyions , profeflions & prâti- „ quions ,doit être par cela même un fer* „ vice raifonnable ; mais c'efl à la Raifon „ à juger, fi ce qu'on nous propofe pour M tel , Teft effedtivement. Comme l'œil „ eft le feul juge de ce qui efl vifible, fie ,, Toreille de ce qui fe peut ouïr, ainfî la j, Raifon l'eft de ce qui eft raifonnable. >, Si donc la Raifon a été donnée à Thom- 9, me pour lui faire connoître la Volonté „ de Dieu, il faut qu'elle foit fuffifante „ pour produire l'effet auquel elle eftdef- „ tinée; & elle ne fçauroit tromper les „ hommes jufqu'à leur faire prendre pour 9, la volonté de Dieu , ce qu^il vouloic 99 qu'ils évitaflent comme contraire à fa „ volonté. „ S'il eft donc abfurde de fuppofer ,que „ quand même les hommes vivroient de „ la manière du monde la plus déréglée „ iSc la plus impie, ils ne commettroienc „ pourtant rien que Dieu leur ait défen- „ du , ou que , quand même ils vivroient „ de la manière la plus vertueufe & la „ plus religieufe, ils ne feroient pourtant „ rien qu'il leur eût commandé ;ne doit- ,, il pas y avoir eu toujours une Loi „ univerfelle , notifiée au Genre humain 9, d'une manière fi claire , que perfonne TomeXIIL Fart. IL Q „ &e 228 Bibliothèque Britannique, f, ne put prétexter fon ignorance pour é- f, viter d'être jugé par cette Loi?D*oti il „ fuit , qu'il eft impoffible qu'elle ait été ,5 notifiée d'une manière fi univerfelle, à „ moins qu'elle ne fût fondée fur la na- „ ture même dos chofes , fur le rapport 99 qu'il y a entre Dieu & les hommes, & „ fur les diverfes relations que les hom- ,5 mes ont les uns avec les autres ; rap- 99 port (Se relations qui font viiibles en 99 tout tems atout le Genre humain. Mais, ,> pour éclaircir encore plus ce fujet, peut- ,i on concevoir que- Dieu, qui a témoigné ,9 tant de bonté pour tous les animaux, „ qu'il leur a fourni à tous, non feule- „ ment dans un feul pais , mais par toute 99 la terre, les moyens nécefTaires pour ,9 travailler à leur propre confervation , 99 ait eu moins de bonté pour les âmes de „ ceux qu'il a formez à fon image; qu'il 99 ne leur ait pas donné à tous, en tous „ tems & en tous lieux, les moyens nécef- ,, faires pour fe procurer le bonheur éter- ,9 nel? Ou peut-on fuppofer, qu'un Etre 99 infiniment bon, qui a donné aux hom- 99 mes des fens qui les avertifi!ent de ce „ qui eft utile ou nuifible au corps, ait 99 eu moins d'égard pour cette partie de „ l'homme qui efl immortelle, & ne lui „ ait pas donné , par la lumière de l'en- ,, tendement, des moyens fuffifans pour I, connoîcre ce qui contribue au bien de ,9 l'ame ? Juillet, Août et Septemb. 1739. 229 „ l'ame? Peut -on fappofer qu'il ait mis >, tous les hommes, ou feulement quel- „ ques-uns d'entre eux, dans la nécelTité ,, de demeurer d'âge en âge dans une igno- „ rance ou dans une erreur qui leur fût t, pernicieufe? ,, Voilà , dit là-deflus Mr. Campbell , ,, des fpeculations qui ont quelque chofe ,, d'éblouillant. Et lorfqu'un homme d'ef- ,, prit qui les propofe , décrit en mêm.e ,j tems la bigotterie &■ la Tuperfrition » ,, qui, dans tous les fiécles, n'ont que trop „ régné parmi les Chrétiens ; lorfqu'il re- }) préi'ente les controverfes qui ont trou- 99 blé l'Eglife, tantôt au fujet des Myfle- „ res jtantôtfur de limples minuties ;'lorr- ,9 qu'il dépeint la violence & l'aigreur a- ,9 vec lefquelles on a traité ces controver- 99 fes ; lorfqu'il nvarque les funeftes effets », de Fefprit de perfecution , qui a pion- ,, gé le Genre humain dans le trouble , dans „ la mifere, & prefque dans une deftruc- ,, tion totale, contre toutes les Loix de „ la Juftice. & de cette Charité univerfel- 5,1e, qui font infiniment plus utiles au „ Genre humain que tous les Myjières * y ,, quels qu'ils foient ; on ne doit pas s'é- „ tonner, que des gens qui fe laiileni ,, aifénient entraîner par de belles appa- ,, rences , conçoivent un préjugé contre la V Religion Chrétienne, é. fe déclarent en „ favear * I Cor. xm. 2. 230B1BL10THEQUE Britannique, „ faveur des Lumières naturelles ; fou- „ tenanc que le Monde n'a pas beibin de i, Révélation. Mr. Campbell exhorte ici fes Ledteurs à renoncer à tout préjugé, à n'avoir au- cun égard pour l'autorité de qui que cefoif, mais de le fuivre fans partialité dans l'exa- men de ce iujec. 11 remarque , qu'il eflim- poflTibie que l'Auteur qu'il a cité ait pré- tendu qu'on fe rangeât aveuglement à fon opinion : on "avoue , que c'efl une belle fpéculacion ; c'efl une hypothè- fe capable de flatter la vanité de l'Hom- me: mais eft-elle conforme à l'expérien- ce? Voit-on qu'en effet la Raifon feule aye conduit les hommes à la connoiflan- \ ce du vrai Dieu , de fes Perfedlions , & de la véritable Religion FC'eft ce que Mr. Campbell fe propofe d'examiner,- ou plutôt il veut faire voir , que les hommes n'ont point connu Dieu par la Raifon ; d'où il ell aifé de conclure, que la Raifon feule n'eft pas fuffifante, & qu'il faut par confe- quent une Révélation. L'Ouvrage de notre Auteur eft divifé en huit Sections. Dans la première il exa- mine en quoi confifle la Religion Naturel- le. ,, C'efl, félon lui, un fyftême, ou un „ Corps de Devoirs quinaiffent de la na- P, ture même des chofes , que nous de- 99 vons rendre à Dieu, (Se que nous fom- 99 mes obligez de pratiquer envers nos » femblables, à caufe de Dieu, & dans le ;> def- Juillet, Août et Septemb. 1739. 231 „ deflein de nous procurer fa bienveillan- „ ce. Il efl: clair que nous ne fçaurions „ jamais parvenir à la connoiflance des „ devoirs particuliers , que la nature des 9t chofes, & le rapport qu'elles ont encre „ elles, nous préfcrivent , à moins que nous M ne connoiirions fuffifamment les diffé- „ rentes proprietez & les perfections de }, ces chofes, i'jnfiuence qu'elles ontréel- „ Icment les unes fur les autres, & les 9, effets qu'elles produiront certainement, „ lorfqu'elles feront, pour ainfl dire, ap- ,9 pliquées les unes aux autres. Puis donc i, que Dieu & l'Homme font deux Etres , t, dont les différentes natures, proprie- i9 lez & perfections , comparées les unes ,,aux autres, fervent de fondement aux j> devoirs de la Religion Naturelle ; avant 19 qu'on puifTe connoîcre ces Devoirs , il 3i faut néceffairement que l'on connoifTe „ la nature de Dieu & celle de l'Homme, i, & les relations morales qui refultent „ du rapport naturel qu'elles ont entre 9, elles. De fçavoir fi l'Homme efl de lui-même en état d'acquérir cette connoiflance, c'efl ce qu'on examinera dans la fuite ; mais il efl certain qu'il connoît à préfent la nature de Dieu,& la fienne propre jfufHfammenc pour comprendre tous les points de la Religion Naturelle. Notre Auteur par^ court ici les principaux Articles de cettô ReUgion ; à. en conclut , que fi un Ange du Q 3 Ciel ^5^ Bibliothèque Britannique, Ciel vouloit nous propofer une Doctri- ne qui dérogeât: le moins du monde à la Religion JNacurelie, il ne faudroic point récouter ; il faudroic môme le regarder comme un Ennemi qui viendroit nous ravir notre bien, le feul moyen que nous ayons de nous procurer un bonheur du- rable. Sur quoi Mr. Campbell fait cette retiéxion : ,, Ceci ne prouve-t-il pas bien iy clan'cment la vanicé de toutes les Doc- ,, trines myjiérieujes , & de toutes les In- ,, {l:ituticns pofiUves , qui dépendent de ♦, r Autorité humaine , & qui , à la vérité , S) ne ruinent peut-être pas toujours l'ef- tf fct de la Religion Naturelle, mais qui ,, ne tendent point à en faire obferver ,, les Loix lactées On ne doit fe faire au- ,, cun fcrupule de lbutenir,que ceux qui, ,, pour de pareils Myftères, & pour de y, femblables Inflitutions , ou feulement ,, à l'occaiion de quelque point que ce i) foit d'une Révélation furnatureîle, vio- ,, lent les Devoirs de la Religion Naturel- 5, le , calomnient , oppriment & perle- ,5 cutent les autres, ôc rendent par-tout ,, les Hommes malheureux: on ne doit , ,, dis-je, fe faire aucun fcrupule de fou- )f tenir, que ces gens -là, malgré toutes 5, les apparences de pieté & de bonté fous „ lefquelles ils fe cachent , font impies j, envers Dieu, traîtres envers eux-mê- 5, mes, & ennemis du Genre humain. En ,j un mot, il ell impoiTîble qu'une Inditu- >3 tiou Juillet, Août et Septemb. 1739. 233 „ tion religieufe , quoique propofée de ,, la manière du monde la plus plaufible, 9, mérite la moindre attention, 11 elle ne if nous enfeigne pas avant toute chofe , ff de renoncer à l'Impiété £5* aux Convoitifes 99 mondaines , 6f de vivre fobrement , iiifte- 99 ment (f religieufement. Voilà jufqu'OLi notre Auteur croit pou- voir fuivre- tous les Déiftes qui ont du bon-fens & du fçavoir. Mais il les aban- donnera bientôt, comme on le verra tput à l'heure. Jl examine dans la féconde Sedlion, ce qu'il faut entendre par la Raifon , ou les Lumières naturelles. Il remarque d'abord, que comme nous avons la faculté de re- cevoir des idées des chofes qui font hors de nous , de les comparer entre elles , & d'en appercevoir l'ordre, les rapports, ou les difconvenances,on donne fouvent le nom de Raifon , ou de Lumière naturel- le à cet Ordre yhces Rapports , ou à ces Pro~ portions des chofes; lequel Ordre ou lefquels rapports font fixes & permanens, entière- ment indépendans de nos idées & de nos perceptions, & toujours les mêmes, foit que nous y faffions attention ou non. De forte que lorfqu'on dit , que la Raifon ou la Lumière naturelle nous enfeigne quel- que point de Dodtrine, le fens eft, que Tordre naturel & la Conftitution des cho- fes, leurs rapports & leurs proportions, Q 4 nous t34BlBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, nous inflruifent de cette Dodbrine. Ce Paflage du Pfeaume XIX. par exemple ; Les deux racontent la Gloire du Dieu Fort , is* l'Etendue donne à connoître Vowurage de fes mains. Un jour dégorge propos à Vauire jour , £5* une nuit montre fcience à Vautre nuit ; il n'y a point en- eux de langage , il n'y a point de paroles ; toutefois leur voix ejl ouïe. ,, Ce paflage, dis -je, fignifie , que 5, Tordre & la conlticution des Corps cé^ „ leftes, les rapports & les proportions ff qu'il y a entre eux, & qu'ils ont avec „ la Terre , enfeignent ù. publient par „ eux-mêmes l'Exifience &: les Perfeclions 5, de Dieu, indépendemment de nos pen- 5, fées & de Fattention que nous y fai- j, fons. " Surquoi notre Auteur fait cette Remarque: ,, On ne fçauroit penfer rai- ii fonnablement , que ces exprefllons mé- „ taphoriques du Pfalmifte fignifient, que ,, dans tous les fiécles , &f par toute la Ter- 9) re , toutes les Nations , £5* chaque individu ,y du Genre humain , ayenî connu , ou connoî^ a iront dans la fuite y VExifience 6f les Per- ff fixions d'un Entendement infini , par la i, fîmple confideration des deux. Ceci eft é^ 5, videmment contraire àl'expérience , qui, s^ comme Mr. Campbell le montre dans 3, la fuite,prouve'inconteflablement , que 9, les Homm.es ne font point parvenus à ,, la connoiflance du Créateur par la f3 confideration de fes Ouvrages. De for- jj te II Juillet, Août et Septemh. 173g. 235 „ te que le paOage en queflion ne fçau- 9> roic avoir d'autre fens que celui qu'on f, lui a donné. Quelque inflrudtion que la nature des choies & les rapports qu'elles ont entre elles puiflent nous donner par elles-mê- mes ; cependant nous ne fçaurions rece- voir cette inftrudlion , que lorfque nous comprenons la nature de ces choTes .que nous les avons comparées enfemble, 6ç que nous en appercevons les rapports. Un Livre contient d'excellentes Leçons , il enfeigne les véritez les plus importan- tes; mais il m'ell inutile, fi je ne fçais pas lire , ou fi je n'encens pas la langue dans laquelle il eft écrit. La Raifon ou la Lumière naturelle fî- gnifie aufli quelquefois la perception de VoT" dre , des rapports ^ des proportions des chO' fes. En ce fens on peut très-bien dire que la Raifon nous injiruit. C'efl ainfî qu'elle nous apprend que \qs trois Angles d'un Triangle font égaux à deux droits; c'efl- à-dire qu'une fuite de perceptions dans laquelle nous appercevons les rapports & la connexion qu'il y a entre diverfes cho- fes, nous montre évidemment que les trois Jongles, &c. On peut foutenir de même, que la Raifon nous enfeigne qu7/ y a un Dieu: c'eft-à-dire qu'une fuite de percep- tions, dans laquelle nous appercevons l'ordre , les rapports , les convenances des dioll's , nous fâic voir clairement l'Exif- Q^ 5 teace 23<5 Bibliothèque Britannique, tence & lesPerfe(ftions d'un Entendement infini. Mais iî faut bien remarquer qu'on n'ar- rivera jamais à cette conclufion , à moins qu'on n'ait adtuellement dans l'efprit cet- ce fuite de perceptions. En troifième lieu, la Raifon fignifie fou- vent ce pouvoir ou cette faculté de l'en- tendement , par laquelle nous fommes ca- pables de confiderer diverfes chofes, de les comparer entre elles , d'en apperce- voir l'ordre , les rapports , les propor- tions, &c. Il efl clair que ce pouvoir doit être pius ou moins étendu, à proportion du nombre d'idées dont fentendemenc eft fourni. Un homme qui n'a aucune idée de ce qu'on appelle Angle, Angle droit, aigu, ou obtus, ne fçauroit comparer ces idées entre elles, ni par confequent par- venir à cette conclufion. Les trots Angles d'un Triangle font égaux à deux droits. D^ même un homme qui n'a point d'idées de la nature & des proprietez du Soleil, ni des autres Corps céleftes, ni de ceux qui font fur la terre, animez ou inanimez, ne fçauroit jamais comparer ces idées , ni par confequent en conclure l'exiftence d'un Entendement infini , qui foit le Créateur & le premier Moteur de toutes chofes. La Queflion efl donc, non de fçavoir fi la Raifon, prife au premier fens que noHS Juillet, Août et Septemb. 1739. 237 nous avons marqué, c'efl-à-dire la natu- re , l'ordre , les rapports des chofes qu'on n'apperçoit point; ou la Raifon prile au fécond lens , c'eft-à-dire la perception de cet ordre & de ces rapports , telle que les Hommes l'ont à préfent , découvre à: enfeigne rKxitlence de Dieu, & les autres points fondamentaux delà Religion Natu- relle; la chofe ell inconteftable : mais la queftion eit de fçavoir , ,, fi le Genre hu- main , abandonné à lui-même, & fans aucune inllrudion étrangère , eil ca- pable, par le feul exercice de la raifon, c'eft-à-dire du pouvoir ou de la facul- té qu'il a de comparer enfembîe diver- fes chofes, (Se d'en appercevoir les rap- ports, ( pouvoir qui ne s'écend pas plus loin que nos idées;) s'il ed capable, dis-je, de découvrir par le feul exerci- ce de ce pouvoir , l'Exiftence & les Perfedlions de Dieu , l'Immortalité de l'Ame , & les autres articles- de la Re- ligion Naturelle? Voilà l'état de la queftion pofé bien nettement. Mr. Campbell foutient, que pour la décider, il faut confidererde quoi elt capable le gros du Genre humain, & non pas ce que peuvent avoir penfé quel- ques particuliers. De forte que, quand il feroit vrai qu'un petit nombre de perfon- nes, en faifant ufage de leurs facultez, ontfçû découvrir pardégrezlExillence de pieu, l'Immortalité de l'Ame; il ne fuît pas r 233 Bibliothèque Britannique, pas de-là , que tous les individus du Gen- re humain , tel qu'il efl: , foient capables de parvenir par eux-mêmes à cette con- noiflance. ,, Si donc il paroîc par plufieurs conjec- „ tures très-plaufibles touchant la nature „ humaine , conjectures qui font fondées ,^ fur la conltitution préfenre des chofes, ,, & confirmées par l'expérience; s'il pa-^ „ roît, dis -je, par-là, que les Hommes „ deftituez de Révélation , font naturel- „ lement bien éloignez de pouvoir dé- „ couvrir par eux-mêmes TExiftence & „ les Perfections de Dieu , & les autres „ articles importans de la Religion Na- fy turelle: s'il paroît de plus, par des faits „ inconteftables, que le Genre humain, a- „ bandonné à lui -même, n'a jamais eu la connoifiance de Dieu ; que tous les Philofophes qui fe font attachez parti- culièrement h chercher la Caufe pre- mière, l'Auteur de l'Univers, & qui ont étudié la Nature, n'ont jamais fait cet- „ te découverte ; & que le petit nombre ,, d'anciens Philofophes , qui par leurs 3, récherches ont été conduits à admettre „ TExiflence d'un Entendement infini , „ n'ont jama's été capables de donner au- ,, cune preuve raifonnable de leur croyan- „ ce à cet égard; s'il paroît, dis -je, par 5, des faitSj^que tous ces différens arti- ,, des font vrais à la lettre , je demande : >, Ne peut '011 pas conclura de-là, qu'il eji 93 im- Juillet, Août et Septemb. 1739. 23g „ impojjible que le Genre-humain, abandonné à ,5 lui-même ^ dejïitué de Révélation^ par- 5, vienne à connoftre VExiftence ^ les Pàr/tc- „ lions d'un Entendement infini ? On voit dans ce paiïage touc ce que Mr. Campbell entreprend de prouver; le refte de {"on Ouvrage contient les preuves de fait par lefquelles il établit fa Thèfe. Il étale ici beaucoup defçavoir & de lec- ture. Les Anciens & les Modernes, les Philofophes & les Poètes, les Auteurs An- gîois &les Etrangers, font citez à chaque page, mais citez à propos & avec choix. Et il faut avouer que la plupart de ces citations, principalement celles qui con- cernent les fentimens des anciens Philo- fophes , font bien capables d'humilier la Raifon , lorfqu'on voit que ces Sag:es fi van- tez ont eu les idées les /plus faulTes & les plus abfurdes fur les Articles les plus im- portans de la Religion. Jufques ici notre Auteur n'a fait qu'ex- pofer fon fujet, & expliquer le véritable état de la queftion. Il commence à en- trer en matière dans la troifième Seftion. On convient, dit -il, que le Genre hu- main a eu un commencement ; & foit qu'Oxi fuppofe que Dieu ne créa d'abord qu'un Homme à: une Femme, fui vant le récit de Moïfe , ou qu'il en créa plufieurs 3 on ne fçauroit s'imagjiner qu'il les ait créez dans l'état de l'enfance, & qu'il les ait laiflez fans fecours» Il faut nécefTairement fup- pofer 240 Bibliothèque Britannique, pofer que les premiers Hommes, dès le premier momencde leur exiftence ,furenc en état de pourvoir eux-mêmes à tous leurs befoins. Confiderons-les deltituez de toute Pe- vélation. Leur entendement vuide d'i- dées * avoit feulement la faculté d'en re- cevoir par l'imprelTion des objets exté- rieurs , de les comparer enfemble , & d'en appercevoir les rapports. Ces pre- mières idées ne pouvoient être reçues que par les fens. Les Hommes ont dû fans doute en recevoir un grand nombre par l'ouïe, Tattouchement, l'odorat (St la vue. Mais les idées qu'ils reçoivent par ces fens , feront-elles capables de leur faire conce- voir qu'il y a quelque autre Etre dans l'Univers, ou qu'il y exiile des chofes d'u- ne autre efpece que celles qu'ils apper- çoivcnt par les fens? Pour nous, qui a- vons été inftruits avec foin , nous pouvons être alTiirez qu'il y a des Efprits, ou des Etres qui ne tombent point fous les fens. ?vlais je ne conçois pas comment les hom- mes , abandonnez à eux-mêmes, & fans aucune inftruQion , auroient pu fe perfua- der qu*il y a dans le monde des Etres irama- * Notre Auteur decîarr dans une Note mar- ginale, qu'il ne fçaujoit admettre le Syfténie des Idé^ innées. Juillet, Août et Septemb. 1739. 241 immatériels , qui de leur nature font dif- férens de tout ce qui frappe les fens , & que les corps humains ne font que de fimples machines, animées par de pareils Etres, qui ne font point fujets à la mort, mais qui furvivcnt à la diflblution du Corps, & continuent d'exifter éternelle- ment dans un état de féparation. Un Philofophe qui détourne fon attention de toute idée^ fenfible, pour ne confiderer que les opérations intérieures de fon a- me, qui par fes récherches fur la Natu- re du Corps ou de la Matière a compris, que la penfée & le fentiment de fa pro- pre exiftence ne fçauroit naître de la ma- tière, peut parvenir à conclure de -là, qu'il y a des Etres fpirituels , qui n'é- tant point compofez de parties divifi- blés , doivent par confequent exifter é-^ ternellement. Mais peut-on concevoir que le gros du Genre humain arrive à cette connoiflance par la même manière de raifonner ? Le commun des hommes fçait-il détourner en- tièrement fon attention de tout objet fenfible, pour la fixer toute entière fur les opérations de l'entendement. L'expé- rience fait voir au contraire , que la plu- part des hommes ibntfi remplis de« idées fenfibles, qu'ils ne fçauroient en détour- ner leur eiprit pour confiderer des idées abftraites & métaphyfiques : d'autant plus qu^, comme ils font obligez de fonger jour- nelle- 242 Bibliothèque Britannique^ nellement à pourvoir à leurs befoinsjils n'ont ni le loifir ni l'inclinadon de pen- fer à d'autres chofes. D'où il faut con- clure, que des hommes abandonnez à eux- mêmes , 6" fans aucun Jecours eDctérieur , i- gnorent parfait tment VexijUnce^ la nature ^ V immortalité des Efprits fepjrez de la ma-^ tière. On dira peut-être, que le Dogme de l'Immortalité de l'Ame , & d'une Vie à ve- nir , a été univerfellement reçu dans tous les fiécles: mais comm.ent cette opinion s'eft-elle établie dans le monde ? Elle n'a pas pu naître du témoignage des fens : elle ne doit pas Ton origine à l'expérien- ce ; elle n'efi pas gravée immédiatement dans l'entendement de l'homme par le doigt de Dieu, puifque la doctrine des Jdéos innées n'a aucun fondement dans la nature , dit Mr. Campbell. Pour moi , 2joute-t-il , je crois qu'elle vient d'une Révélation furnaturelle. Mais puifque les Déifres ne veulent pas reconnoître qu'il y ait jamais eu une pareille Révélation, Jl faut que les récherches & les rai- fonnemens des hommes les ayent con- duits à conclure, que VAme efi immor- telle. S'il efl ainfi , il femble que les moyens, par lefquels le Genre humain elt arrivé à cette concîufion dans les fiécles pafTez, devroientêtre encore aujourd'hui à la por- tée de tout homme qui fçaic penfcr, & le Juillet, AotJT et Septemb. 1739. 243 le conduire à la même confequence. De quel côté nous- tournerons-nous pour con- noitre ces moyens par lefquels le Genre humain eît parvenu à connoître que l'A- me eu immorcelle P Si nous examinons les hommes de notre riécle,nous trouve- rons qu'à la vérité ils font profeffion de croire ce Dogme : mais 11 nous efpérons qu'ils nous faflent connoître par quelle ènchaînure de raifonnemens ils font par- venus à l'admettre , nous ferons bien trom- pez dans notre attenté. Il y a même des Philofophesmodernes,qui bien qu'ils foient afiurez de l'Immortalité de l'Am.e, ne fe fondent que fur une Révélation furnatu- relie, & foutiennent qu'on ne fçauroit la prouver par la Rai Ton» Les plus anciens Philofophes font certainement ceux de qui on devroit attendre quelques lumiè- res fur ce fujet : mais , fi nous nous en rapportons à Ciceron , on ne fçauroit ai- rs que ces Sages, qui ont fait profejjion de cmre V Immortalité de VArne , aynt allégué aucune preuve en faveur de leur opinion. * Ceci conduit notre Auteur à examiner comment Platon, ou Socrate , a établi le Dor^me en queftion. Le Raifonnemenn de Platon dans fon Phèdre f revient à ce- ci. Ce qui fe meut par foi -même doit toû- * Cic. Tufcul. Lîh. .1. Cap. xvii, t Pfl/r. 245. Vs. 3. TmneXin.Part^JL R 244B1BL10THEQUE Britannique, toujours continuer à fe mouvoir, & eften effec la Caufe première, ou le reflbrt qui met en mouvement toutes les autres cho- fes qui fe meuvent. Or la première Cau- fe ne fçauroit avoir de commencement , ni par confequent de fin. D'oii il fuit que ce qui fe meut par foi -même eft immor- tel. Et puifqu'il n'y a abfolument que l*Ame qui fe meuve par elle-même , il faut néceflairement qu'elle n'ait ni com- mencement, ni fin. Mr. Campbell remarque là-deflus, que ce raifonnement de Platon prouve , non l'Immortalité de lAme, mais VÈxifttnce né- cejjaire ^ éternelle de cet Etre que nous ap- pelions Dieu. Auflî Platon employe-t-il ail- leurs * le même argument, pour prouver l'Exiftence du Père, ou de la première Cau- fe de l'Univers. Il fe fert d'un autre Argument dans fes Livres de la République f pour établir l'Immortalité de l'Ame. Selon lui ,rien ne fçauroit périr que par une maladie inté- Tieure & inhérente : or la feule maladie à laquelle l'Ame puifle être fujette c'efl le Vice. Mais on ne fçauroit concevoir qu'une maladie de cette efpece foit capa- ble de détruire l'Ame; & puifqu'elle n'ef: fujette à aucun mal extérieur, il faut né- ce f- * l7i Timzo, p. 27. D. VoL lïT. t Lib. X, p. 608. D. Fol, II. Juillet, Août et Septemb. 1739. 24^ ceflairement qu'elle exifte toujours , & par confequenc qu'elle foie immortelle. Is^otre Auteur a trop bonne opinion de fes Ledeurs , pour croire qu'il foit nécef- faire de montrer que cet Argument ne prouve rien. Il fe contente donc de nous faire remarquer que, fuivant la manière dont Platon fait raifonner Socrate , cet an- cien Sage doit avoir cru , que toutes les A- mes font des Etres exiftans par eux-mê- mes & indépendans , dont le nombre ne fçauroitêtre ni augmenté, ni diminué *. Les autres preuves de Platon ne font pas plus concluantes: celle qui auroit été la plus forte, fi elle eût été bien poul^ fée, eft tirée de ce que TAme n'eft point compofée de parties ; d'où il fuit qu'elle ne fçauroit périr, comme le corps, par la dilïolution. Mais fuit-il de- là qu'il efl impoflible qu'elle périfle de quelque au- tre manière ? Et d'ailleurs, comment Pla- ton prouve-t-il que l'Ame n'eft point com- pofée de parties? C'eft , dit -il, qu'elle efl inviûblc : Argument que Lucrèce a très-bien tourné en ridicule *. Il paroîe par tout cela, dit Mr. Campbell, que fi Socrate ou Platon ont véritablement cru l'Immortalité de l'Ame , 'ils n'y ont point éid cojiduits. par une fuite de raifonne- mens * Ibid. p. 611. A. t Lib l. Verf. 268. R 2 >24^BlBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, mens fondez fur la nature des chofes: & de plus, Topinion de la Métempfycofe , ou Tranfmigration des Ames, que Platon a- voic empruntée de Pythagore, étoit in- compatible avec le Dogme des Peines & •des Recompenfesà venir, proprement ainfi nommées. On peut voir ce que nous a- "vons remarqué là-delTus après Mr. War- burton, dans le dernier Extrait que nous avons donné de fon Ouvrage *. Dans la quatrième Seftion on fait voir que les opinions des anciens Philofophes , qui, avant & après Socrate , ont foutenu l'Immortalité de l'Ame , font telles , qu'il ■e(t impofiible qu'ils foient parvenus d'eux- mêmes à la connoiflance de cet Article ■fondamental de la Religion Naturelle ; à: -qu'à, plus forte rai fon le gros du Genre humain eft incapable de découvrir par lui- même cette Vérité. Il y a des gens qui foutiennent que Tha- ïes a cru l'Immortalité de l'Ame. Mais, •fuivant notre Auteur , il y a beaucoup plus d'apparence que ni lui, ni aucun de ceux à qui on a donné le titre ds Sages, n'onr eu la moindre idic de ce Dogme. On ne fçauroit marquer précifement ce que Tha- ïes penfoit de la nature de l'Ame; mais ilfemble qu'il ne l'ait regardée que com- me * Foyez le Tom. Wl.de cette BiMioth. Bri> tann. Secondée Part, p. 220-227. Juillet, Août et Septemb. 1739. 247 me une qualité inhérente dans la matiè- re, ou dans tout corps capable d'agir ou de fe mouvoir. Car, fuivant Ariftote *, Thaïes donnoit une Ame à l'Aiman, parce qu'il attire le fer: auiïî foutenoit-il po- utivement , que tout eji plein de Dieux , ou d'Âmes t- Varron a cru de même , que ; V^tber , rAir , l'Eau & la Terre, font rem- ^ plis d'Ames, & que û celles qui font dans. les Régions fupérieures font immortelles, celles qui réfident ici bas font fujettes à la mort. Pherecydès le Syrien, contemporain de Thaïes, eft le premier qui ait foutenu l'Immortalité de l'Ame. On ne fçait pas bien quelle idée il avoit de l'Ame, ni par quelle fuite de raifonnemens il étoit par-, venu à la croire immortelle. Mais fi l'on. peut conjecturer ce qu'il penfoit fur ce. fujet, par le fyftême de Pythagore fon" difciple; il faut avouer que fon opinion étoit bien faulTe & bien abfurde. Car Py- thagore a cru que l'Ame de l'Homme efl. un compofé d'^Aber froid & dVEther. chaud, c'eft- à-dire , félon qu'il l'expli- que lui-même, d'Air & d'Eau; en quoi elle diffère de TAme des Plantes & des Bru- * Ariil. de Anima. Lîb. I. Cap. IL p. 620,. D. Vol. I. Diog. Laër. in Thaïe, pag. 6. C. t Arift, iJpid. Çap. VIII. p, 628. Diog. Laërt:" R3 248BiBLiotHî:QUE Britannique, Brutes * , qui n'étant formée que d'uEtber chaud, eft par cela même mortelle; au lieu que l'Ame humaine, compofée en par- tie d'^tber , froid participe , à cauîe de cela , à l'Immortalité naturelle de cet M- îber. Pythagore foutenoit outre cela , que cet Mîber froid eft animé par une parti- cule de cette Lumière , qui , félon lui , pé- nètre toutes chofes , & leur donne la vie. A l'égard de la Mécempfycofe que Py- thagore a enfeignée, notre Auteur remar- que très bien, qu'elle eft incompatible avec le Dogme des Peines & des Recompen- fes avenir, proprement ainfî nommées f. Que l'on juge donc, fi c'ell la confide- ration de la nature des chofes, & une fui- te de raifonnemicns bien liez 5qui ont con- duit ce Chef de la Sefte Italique au Dog- me de l'Immortalité de l'Ame, en-tant que ce * Il eH étrange, dit là-deiïiis notre Auteur dans une Note marginale , que Pythagore ait donné une Ame mortelle aux Plantes & aux A- nimaux, lui qui foutenoit que l'Ame de THom- me pafle dans le corps des Animaux &des Plan- tes; Mais, ajoute Mr. Campbell, Pythagore a cru peut-être qu'il y a des Ames propres aux Pliantes & aux Animaux , lefquelles ne fçau- loient animer le corps de l'Hom.me, . quoique TAme de l'Homme puifle trcs-biéh animer le corps des Plantes ou des Animaux. t V. BiMloth.Britan. Tom, XII. 2. Pàrt.p.iÈo. Juillet, Août et Septemb. 1739. 249^ ce Dogme efl un Article fondamental de la Religion Naturelle. On a vu que Thaïes n'a point cru l'A- me immatérielle. Anaximandre & Anaxi- mènes , fes fuccefleurs , n'ont pas été plus raifonnables lur ce fujet. II femble qu'on devioit attendre quelque chofe de mieux fondé d'Anaxagore , le premier Philofo- phe qui ait foutenu l'Exiflence d'un En- tendement infini. Cependant il a cru que l'Ame ell un corps d'une efpece aérien- ne, & il ne paroît pas qu'il Tait cru im- mortelle ;car il foutenoit qu'elle n'eftpas plus ancienne que le Corps: au lieu que tous les Anciens qui ont enfeigné l'Im- mortalité de l'Ame , ont aufli préten- du qu'elle exifte avant le Corps qu'elle anime. Archeîaiis , difciple & fuccefTeur d'Anaxa- gore, a rejette l'opinion de Ton maître fur rExiftenee d'un Entendement infini ; de forte qu'il n'y a pas la moindre apparen- ce qu'il ait cru l'Ame immortelle. Voilà donc tous les Philofophes anté- rieurs à Socrate * qui ont eu de très-fauf- fes idées fur la nature & l'Immortalité de l'Ame: & Socrate lui-même & ^es Difci- ples , qui ont cru l'Ame immortelle, ne font point parvenus à la connoiflance de ce * 11 fat le Difciple d'Archekûs. R4 250B1BL10THEQUE Britannique, ce Dogme, par une fuite de raifonnemens fondez fur la na:ture des chofes. De quel côté nous tournerons -nous donc pour trouver des Philofophes , qui faifant ufage de leur raifon^ayent établi le Dogme de l'Immortalité de l'Ame fur des preuves folides ? Notre Auteur avoue qu'il n'en con- noît aucun. Ciceron, qui avoit une pro^ fonde connoilTance des fyflêmes de tous les anciens Phi]o(ophes/& qui étoitbien aife de pouvoir croire que rAm.eefl: immor- telle, ne paroît pas avoir eu la moindre idée de ce que nous appelions l'Immatéria- lité ou la Spiritualité de l'Am.e. C'eft ce que Mr. Lock a fait voir dans fes Lettres à l'Evêque de Worcelter. Mr. Campbell en rapporte un long pairage,par lequel il paroît que Ciceron a cru l'Ame matériel- le, mais d'une fubflance extrêmement dé- liée &fubtile. Puis donc que 1rs plus grands Philofo- phes n'ont point été capables de décou- vrir ce Dogme par les lumieresdela Rai- fon, ni de l'établir fur des preuves foli- des , peut-on s'imaginer que le gros du Genre liumain , fans étude 6c prefque fans éducation, puifîe arriver à la connoifTance d'une vérité qui a échapé à tous les anciens Sages? Ce n'eft qu'à la Révélation feule que nous fommes redevables de ce Dogme , dit notre Auteur , & il con- ^riîie fon fentiment à cet égard par l'au- tori- Juillet, Août et Septemb. 1739. 251 torité de Mr. Lock *, & par celle du célè- bre Mr. d'Ablancourc f- Si les Hommes n'ont pas pu connoître Je Dogme d'une Vie à venir par leurs ré- flexions fur la nature de l'Ame , peut-être feront -ils parvenus à cette connoiflancc en confiderant les Perfections morales de la Divinité, & en refléchilfanc fur fa Pro- vidence. Il faut donc qu'ils ayentfçû qu'il y a un Dieu, qu'ils ayent eu de juites idées de fes Attributs , (Sc'qu'ils ayent été perfua- dez qu'il s'intérefie aux chofes de ce mon- de. Mais les Hommes ont -ils eu réelle- ment ces connoiflances ? G'efl-ce qu'il fauc examiner. Notre Auteur fait donc voir dans la cinquième Seftion, que les Hommes ont été fi peu capables de découvrir par eux- mêmes l'Exillence & les Perfections de Dieu, que les idées qu'ils avoient des chofes de cet Univers, les conduifoient na- turellement à prendre les Corps Céleftes pour ttijtont deDivinitez,& à les regarder comme des objets dignes d'un Culte reli- gieux. Ce qu'il confirme par les Syftômes de tous les anciens Philofophes Tbéïjies , à l'exception d'Anaxagore. Ua * ECTai fur l'Entend, humain. Z.ru. IV. Cbap. III. f V. Le Diftionaire de Mr. Bayie. Ar^. Perrqte (Nicolas) Rem. (L). 252 BibLIOTHEQUEBrIT AN NIQUE, Un PalTage de Mr. Bayle , que Mr. Campbell cice ici, expofe très-bien l'état de la Queflion. „ Il n*y a rien de plus faci- „ le , dit Mr. Bayle *, que de connoître „ qu'il y a un Dieu , fi vous n'entendez „ par ce mot qu'une Caufe première & „ univerfelle. Le plus grolTier & le plus „ ftupide Païfan eft convaincu que tout „ effet a une caufe , & qu'un très-grand 5, effet Tuppcfe une caufe dont la vertu eft „ très-grande. Pour peu qu'il refîéchifle , „ ou de foi-même , ou par ravertilTement fy de quelqu'un , il voit clairement cette vé- „ rite. Le confentement général ne fouf- „ fre aucune exception à cet égard; on ne 5, trouve ni aucun peuple , ni aucun particu- „ lier , qui ne reconnoide une Caufe de tou- „ tes chofes. Les Athées, fans en excepter ,, un feul , figneront linceremenc avec tous j5 les Orthodoxes cette Thèfe: Il y a une ,> Caufe première ., univerfelle, éternelle , qui „ exifte nécejjairement , & qui doit être ap~ ,, pellée Dieu Tout eft de plam-picd juf- ,, ques-là ; perfonne ne fera un incident 5, fur les mots: & il n'y a point de Phiîo- „ fophcs qui faflent entrer plus fouvenc ,y le Nom de Dieu dans leurs fyftêmes , que „ les Spinofiftes. Mais de-là vous devez „ conclure , que ce n'eft point dans cet- >y te * Continuât, des Penfées diverfes. Cbap, xx. XXI. LXIV. LXXXV. ^ CIV. Juillet, Août et Septemb. 1739. 253 ^y te Thèfe û évidente que confîfte le vrai „ état de la Qaeftion. Un formulaire que „ les Sénateurs de la faufleté peuvent 11- 5, gner conjointement avec ceux de la „ Vérité, elt une chofe captieufe , & nécef- „ fairement défedueule. Il ne fuffit donc 9, point de connoître qu'il y a un Dieu , „ il faut de plus déterminer le fens de ce 99 mot, & y attacher une idée; il faut , 99 dis-je, réchercher quelle eft la nature 5, de Dieu , & c'eft-ià où commence la „ difficulté, Ceft un fujet que les plus „ grands Philofophes ont trouvé obfcur , & fur lequel ils ont été partagez en plu- lîeurs fortes de fentimens fort contrai- res Il y a de grands Philofophes dont les meilleures idées font ridicules „ fur cela. Ceux qui , en certains endroits , „ parlent le plus nolDlement de D'eu , en 5, parlent ailleurs d'une manière qui fait 99 voir qu'ils le confondent avec la Na- „ ture. On a donné des Recueils des A- „ théïfmes d'Ariflote ; & vous n'oferiez ,9 nier que le peuple parmi les Chrétiens ,9 ne fe forme des notions fi bafies & lî ,9 groffieres de Dieu, que rien plus. Ne 9, dites donc point que le fujet en queflion 99 efl fi aifé, qu'il ne faut qu'ouvrir les 99 yeux pour le connoître C*e(l „ une quefiiion qui apartient à lapluspro- 99 fonde & à la plus abftrufe Philofo- 9i phie 9 & par confequent elle deman- ,i de 254 Bibliothèque Britannique, i, de beaucoup de méditation & de dif- „ cuflion, Eft-il donc concevable que les Hommes> abandonnez à eux-mêmes, deflituez de toute idée , & pourvus feulement de la capacité d'en recevoir, ayent pu, fans le fecours d'aucune Révélation, parvenir à connoître qu'il y a un Etre intelligent , infmi , immatériel, tout-puiflant, tout fage, tout jufte, tout bon, qui a produit cet Univers, qui continuée le gouverner par fa Providence , qui connoît toutes les ac^ tions «Si toutes Ici» penfées des Créatures in- telligentes , & qui les recompenfera ou les punira après cette vie , félon qu'elles au- ront bien ou mal vécu en ce monde. Voilà l'état de la Queftion. Mr. Camp- bell foutient que l'Homme, tel qu'on vient de le repréfenter , connoiflant par fa pro- pre expérience , qu'il y a en lui un princi- pe de vie , & qu'il eft lui-même l'auteur de fes mouvemens, jugera de même que toutes les chôfes dans lefquelles il apper- çoit du mouvement , qui n'eft point pro- duit par une caufe ou impulfion extérieu- re , font vivantes auiTi-bien que lui ,* il s'imaginera fur-tout quelles Corps céleftes font animez, & fe meuvent par un pou- voir inhérent qui leur eft propre ; & il les regardera comme autant de Divini- tez. Ce n'eft point ici une vaine imagination de Juillet, Août et Septemb. 1739. 2^5 de notre Auteur , il fait voir par un grand nombre de paflages des Anciens , que la plupart des Philofophes ont cru que les Corps céleftes font des Dieux ; & Platon fcu tient expreffément , qu'il ne fçaiiroit y avoir dé Religion, à moins que le Feupk ne croye que les Corps célejles font ^véritablement animez *. On continue le mêmefujet dans lafixiè- me Sedlion: on y parcourt les fyftêmes des anciens Philofophes fur l'Origine des cho- fes. On y fait voir que, malgré tous leurs raifonnemens phyfiques ou n\étaphyfiques , non feulement ils ne font point parvenus à la connoiflance d'une première Caufe in- telligente &fage, mais qu'ils ont pofédes hypothèfes , toutes plus abfurdes les unes que les autres. Et ce qu'il y a de remar- quable, c'eft qu'aucun de ces anciens Sa- ges ne s'eft avifé d'examiner cette Quef- tion ; Qui efi V Auteur du mouvement ? Quef- tion qui vient, ce femble, naturellement dans l'efprit, & qui auroit pii les condui- re à la connoiflance d'un premier Moteur intelligent. Il y a eu pourtant quelques Philofoplies qui ont admis l'Exiftence d'un Entende- ment infini. Mais eft-ce par une enchaî- nure de raifonnemens bien fuivis qu'ils font * Plat, m Apol. Socrat. p. 26. C. Fol. II. ^de Legib. Lib. X. ^ 886. B. Uh, XII. p. o6->. !C, V9l. H. 25<5 Bibliothèque Britanniqus, font parvenus à cette ct-nnoiflance ? C'eft ce que Mr. Campbell examine dans la Sep- tième Seftjon. Ciceron lemble dire que Thaïes efl le premier qui aie admis une Intelligence qui a formé I Univers. Tbales Miltjius , qui pri" inus de talibus rébus quœfimt , aquam dixit efj- initiumrerwn : Dewnautem, eam mentem^ quîB ex aqud cun6ta fingertt *. C'ell-à-dire : ,"3 Thaïes de Milet, qui eft le premier qui f, fe ibit attaché à cette étude, a fou tenu ,, que l'Eau efl le principe de toutes cho- ,, fes ; 6i Dieu , cette Intelligence qui a ,, tout formé par le moyen de l'eau *'. Si ces expreffions font véritablement de Thaïes, & il elles ont le même fens qu'el- le,^ ont parmi nous , il faut avouer que Thaïes a foutenu bien clairement l'Exillen- ce de D-eu. Mais fi cela elt, que Cgnifie- Tont les paroles que Ciceron ajoute im- médiatement après , & qui renferment une objeclion contre l'opinion de Thaïes? Si DU pojjunî ejje finefenlii &' mente ^ cur aquct adjinixiî , fi îp/a mens conjlare poîeft vacant corporel C'eft-à-dire : ,, Si les Dieux peu- „ vent exifuer fans fentiment & fans en- „ tendement , pourquoi les ajoute-t-il à ,, l'Eau, fi TEntendemert peut fubfifter é- ,^ tant deititué de Corps f '' ? Il y a mil- le * Cic. de Nat. Deor. Lih. I. f Comme le p.iflagc paroîc très - défcAflueux dans Juillet, Août et Septemb. 1739. 257 le exemples , dit notre Auteur par lefquels il paroît que les anciens Philoiophes n'at- tachoient pas aux termes de Dieu , d*En- rendement, &c. les mêmes idées quen(3us: ils entendoient par-là TAir, l'Eau , ou quel- qu'autre Etre corporel, qu'ils regardoienc comme la première Caufe ou le Principe de toutes chofes : & l'on peut juger par l'objedion de Ciceron , toute obfcure qu'elle efl, que par les noms de Dieu & d'Entendement , Thaïes entendoit quelque choie qui étoit uni avec rEau,& formoit avec e'ie un feul tout; de forte que Tha- ïes n'avoit aucune idée d'un Entendement infini, diftingué de l'Univers, & Auteur de toutes chofes. Aufli Ciceron dit-il expref- fément un peu plus bas, qu'Anaxagore efi î& premier qui ait foutenu qu'un Entende' ment infini a préjîdé à la formation de VU- nivers. Si l'on fuppofe donc qu'il a découvert cette vérité de lui-même & fans aucune indrudion, il faut qu'il y ait été conduit par des raifonnemens métaphyfiques fur in nature des chofes, ou que,connoinanc les effets , il foit remonté à la caufe. Voyons donc quel a été fon Syftême. Il ne paroît pas qu'il ait fait intervenir la Divinité dans la formation de l'Homme & dans l'Original , nous avons cru devoir ît traduire prcfqxie mot-à-mot. . ^j-gBlBLIÔtHEQUE BrÏTANNIQUÉ, & des Animaux: il a foutenu qu'ils fonc nez naturellement d'une fubdance humi- de , chaude Ce terreftre , & que dans l'a fuite ils ont perpétué leur efpece par la propagation : d& forte qu'à cet égard il n'y a aucune différence entre le Syftême d'Anaxagore & celui des Athées *, ou des Philofophes purement Matérialises: il n\i point reconnu de but, de delTein, de fagefTe dans l'organifation du corps de rHomme, ou des Animaux. Et pour ce qui efl des Corps célefles , il n'a point at- tribué leur formation, leur arrangement, l'ordre admirable de leurs révolutions, à l'Entendement infini dont il admettoit rExiftence: il ibutenoit que r7Ether,qui e(l d'une nature ignée & qui environne la Terre, tournant avec rapidité autour d'elle, en détacha des pierres d'une grof- feur prodigieufe, qui étant enlevées dans les Régions fupérieurcs , y furent allu- mées ,& devinrent ainfi autant d'Etoiles; le même mouvement rapide de l'^Ether , qui les détacha de la Terre & les en- leva dans les Cieux, les empêcha encore de tomber. Voilà le Syftême d'Anaxagore: àc puifqu'il ne fait point intervenir la Di- vinité dans la formation de l'Univers, on doit en conclure, que ce n'eft point par la contemplation de la Nature , ni en re- mon- ^ V. Ovid. Metam. Lih. I. Ferf. 416. Juillet, Août et SepteMb. 1739. 259 montant des eiFets à la calife qu'il eft par- venu à admettre Texiftence d'un Entende- ment infini : de forte qu'il y a beaucoup d'apparence qu'il n'a connu cette vérité que par la Tradition. Platon païTe pour un des Philofophes les plus i-aifonnables & les plus éclairez; il y a môme des gens qui croyent qu'il avoit lu les Livres de Moife , ou qu'il avoit au moins converfé avec les Juifs, & que c'efl d'eux qu'il a emprunté quclcjues- uns de fes Dogmes Mais outre qu'il ne paroît pas lui - même bien perfuadé de ce qu'il enfeigne , fon fyllême eft à plu- fieurs égards très-erroné', & la plupart de fes preuves font ablurdes. Il eft vrai qu'il a cru l'exiftence d'un Entendement infini, qui eft l'Auteur & le premier Moteur de toutes chofes. Mais lorfqu'il a entrepris de prouver cette Théfe , il a raifonné pi- toyablement : d'oLi on peut conclure que ce n'eft que par la Tradition qu'il feft ar- rivée à la connoiiTance de Dieu. Mr. Camp- bel rapporte à cette occafion ces paroles de Mr. Bayle * : „ On vous citera d'ex- „ cellens paiTages , ou Platon a parlé de „ Dieu très-fenfement : mais cherchez lés „ Livres oli il en a parlé en Phyficien, & „ non pas en Moralifte ou en Politique ; „ vous trouverez un galimatias & des im- „ pie- * Continuât, des Penfées diverfes Ch. LXVIIL TDm XIII Part. IL S 26o Bibliothèque Britannique, „ pietez épouvantables dans fa Théologie .,j plvxlorophique , û vous la pouvez anaco- j, mifer ; & vous n'y trouverez l'unité „ réelle d'aucune chofe. Souvenez-vous, „ je vous prie, que Juftin Martyr, s'étanc „ engagé à prouver que les opinions des ,> Philofophes fur la nature de Dieu, étoiènt „ encore plus ridicules que celles des Poë- ^, tes , ne cite pas moins en exemple les ,j Tentimens de Platon, que ceux de Tha- 9, lès, d'Anaximandre, &c. Puis donc que les plus grands Efprits de l'Antiquité , qui ont fait une étude par- ticulière des points les plus importans de la Religion , n'ont pas fçû les établir fur des preuves foiides , puifqu'ils font même tombez dans des erreurs très - groffieres ; peut -on concevoir que les Artifans , les Soldats , les Païfans , les Laboureurs , les Femmes , ayent été capables de dé- couvrir par eux-mêmes, & fans aucun fe- cours extérieur, qu'il y a un Dieu Créateur & Confervateur des hommes , jufte Juge de leurs Adions , Vengeur du Crime , & Rému- nérateur de la Vertu ? Il fuit de- là , dit notre Auteur , que pour établir même la Religion naturelle dans le monde, il faut une Révélation fur- naturelle. Et puifque les hommes con- noiflent à préfent Pcxiitence & les attributs de *V. Mr. Arnauld, Secon. Denonciat. du Pé- cht Piiiiof. ^rt. XII, p. po , 91 . 95. Juillet, Août et Septemb. 1739. 26t de Dieu , Tlmmortalité de VAme , & le dogme des Peines & des Recompenfes d'une autre Vie, c'efl: une preuve inconteftable, que le Genre humain a été efFeftivemenc honoré d'une pareille Révélation, laquelle ne peut fe trouver que dans la Religion Chrétienne. C'eft ce que Mr. Campbell établit dans la huitième & dernière Sedtion de Ton ouvrage. Nous n'entrerons dans aucun détail fur ce fujet^ nous remarque- rons feulement que par la Religion Chré- tienne , il ne faut pas entendre ici la Re« ligion , uniquement en-tant qu'elle efl en- feignée dans le Nouveau Teftament , mais en-tant qu'elle eft contenue dans toute TE- cnture Sainte ; l'Ancien Teftament ren^ fermant les Principes de l'Evangile. C'eft la Révélation donnée à Adam , à Abraham , à Moïfe , &c. qui a confervé dans le Mon« de le peu de connoifTance qu'on a eu de l'Exiftence de Dieu, & d'une Vie à venir; quoique la Tradition de ces dogmes ait été fort altérée & corrompue dans la fuite des tems. ARTICLE I I L The Moral Philosopher , &c, C'eft-à-dire : Le Philo/ophe honnête homme &c. \_Troifiême Extrait.'] D A N S le premier Article dediné à faire connoître ce Livre y .oa en a S 2 parlé 2<52 Bibliothèque Britannique, parlé comme d'un Cahos à débrouiller On a commencé à débrouiller ce Cahos dans un fécond Article : Et l'on en a pro- mis un troifiéme , où l'on achèverait ce qui n'efl que commencé dans le fécond. Il s'agit de s'acquiter de la promefTe qu'on a faite. Mais on efpère que les Ledteurs fe contenteront d'un Equivalent : & l'on compte qu^ils le trouveront dans la Dif- fertation fuivante , dont l'Auteur ( qui ne ie nomme point ) a fouhaité qu'elle fût publiée dans ce Journal. Le Cahos y eft débrouillé. Les idées du Philofophe hon- nête homme y font rédigées en ordre, -elles y font comparées , expliquées , difcu- tées: Et foit qu'on approuve en tout, ou feulement en partie, les réflexions de l'Au- teur de la Diflertation , on conviendra au moins qu'elles peuvent fervir à l'éclaircif- fement de la Vérité. Nous fommes fâchez feulement qu'elle foit trop longue pour être inférée toute entière dans ce Volume. DISSERTATION Sur le Livre intitulé: Le Philofophe honnête homme ; ou Dialogue d'un Chrétien Déïfte avec un Juif Chrétien. LE DESORDRE dans le Difcours efb quelquefois on effet de PAt t. Quel- que- Juillet, Août et Septemb. 1739, z(S^ quefois aufli c*efl un artifice pour jetter ceux dont on attaque les fentimens dans un embarras dont on puifle tirer avantage contre eux : Car il y a des gens qui ne fa- vent pécher qu'en eau trouble, & les Dé- fenfeurs du Menfonge ont toujours intérêt à embrouiller les matières. Quelquefois enfin ce Défordre n'eft qu'une Tuite natu- relle de la confufion des idées mêmes de celui qui parle ou qui écrit : Soie qu'il n'ait jamais eu une connoifTance claire <5c nette- des différentes parties de fon fujet & de leurs différens rapports : foit qu'il ait manqué de tems , de diligence, d'habile- té , pour arranger tout ce qu'il avoit dans fa tête Je ne décide point par le quel de ces principes il faut expliquer le Défor- dre qui règne dans le Livre du Philofophe honnête homme. ]e me contente de dé- clarer que je me propofe de mettre de l'or- dre ou je n'en trouve pas: de diftinguer, autant qu'il dépend de moi , ce qui faute de diftindlion pourroit faire prendre le change : de féparer ou de raprocher les objets , félon l'exigence du cas , afin que chaque chofe ait fon rang & paroifle dans fon vrai jour. QUICONQUE a lu le Livre en quef-^ tion, peut avoir obfervé que l'Auteur a deux caradlères diftindls à foutenir. Fbilofopbe Honnete-homme, par S 3 op^ ^^Bibliothèque Britannique, oppofition aux Philofophes libertins : ou en autres termes , Déïjte Chuê'til w , par oppofition aux Deïfles irreligieux , dont le Déïfme, par rapport à la Religion, ne diffère point de rAchéïfme : Voila fon premier Caratlère. Honnête homme Philosophe , par oppofition à quantité d'honnêtes gens donc la Religion félon lui n'eft point philofo- phique : ou en autres termes , Chrétien Déiste, par oppofition à tout Chrétien donc le Chriflianifme ne revient pas au fimple Déifme: Voila le fécond Caractère qu'il doit foutenir. Le premier Caradère ell indiqué dans le titre : Mais le iecond domine dans le Livre. On feroic rente de dire que c'ed une Mafquarade. Le Mafque paroît d'a- bord : Le Vifage ne fe montre que lorf- qu'on s'eft un peu fainiliariféavec le Maf- que. Ne jugeons pourtant pas fi févère- menc: Et repréfentons eous plutôt notre Auteur fous Timage d'une efpèce de Ja- nus qui a deux Vifages & de qui les deux Vifages font véritables , mais différens en beauté; & qui montre tant qu il peut , ce- lui des deux dont il fait que la phyfiono- înie ell la plus prévenante. Le Vifage d'un Philofophe qui fait profefllon de refpec- ter la Morale & d'être honnête Hommie, ou dun Déïfte qui cherche à fe rappro- çheç du ChrifliaBifme & à mériter U t^tre de Juillet, Aoar et Septemb. 1739. 265 de Chrétien, fera naturellement regardé de meilleur œil , aumoins parmi les hon- nêtes gens & parmi les Chrétiens, que le vifage d'un honnête homme ou d'un Chré- tien" qui cherchant à fe diftinguer de la foule de fes femblables s'annonce à eu^ ibus le titre fuperbe de PhilofoDhe , ou fous le titre choquant de Déïfte. Quoi- qu'il en Toit, c'efl: une chofe de fait , que notre Auteur fe charge des deux Caraélc- res diflindls dont j'ai parlé ; 6: qu'il a par cela même deux tâches diftinctes à rem- plir. En qualité de Philofophe bonnîte homme ou de Déifie Chrétien , il eft obligé d'éta- bhr , fur les feuls fondemens de la Philo- fophie & du Déifme, quelque chofe d'é- quivalent à la Religion Chrétienne: il effc obligé de maintenir la Vérité d'une Reli- gion purement naturelle. En qualité d'honnête homme Philofophe ou de Chrétien Déifie^ il s'engage à prou- ver que cette même Religion elt la feule véritable, ou que le Chriftianifme n'efl véritable lui même (aumoins avec certi- tude) qu'autant qu'il fe confond avec le Déïfme & ne renferme rien de plus. Le Philofophe honnête homme & PHon- nêre homme philofophe (ou le Déïfte Chr^ tien & le Chrétien Déïfîe) ne font pas dans le fonds deux Caradtères différens ni fé- parez; Ils fe réuniflent dans la défenfe de cette Thèfe , commune à l'un & à l'autre : S 4 Que &66 Bibliothèque Britannique, Que le jufle milieu entre le Libertinage & la Superftition , c'eft la Religion Natu- relle: Mais fi ce ne font pas deux Caraclè- Tes réparez ou différens, ils ne laiflent pas d'être , comme on l'a dit , deux Caractères diflinds. Le Philofophe honnête homme de même que l'Honnête homme philofo- phe, le Déifte Chrétien de même que le Chrétien Déifie , efb un Défenfeur de la Religion naturelle : Mais l'un ne la défend proprement que contre les Athées , ou contre ceux qui fans être du nombre des Athées penfent avec eux qu une Religion purement naturelle efl une Religion chi- mérique: L'autre la défend contre le gros des Chrétiens, ou contre quiconque penfe avec eux que s'il y a une Religion pure- ment naturelle qui foit folide , aumoins n'ert- elle pas la feule qui le foit. L'un édifie , l'autre détruit. L'un établit la Re- ligion où elle n'efl pas : l'autre la reforme où elle eft. Tous deux travaillent à la converfion du Genre -humain: Mais cha- cun a fon département : Le premier con- vertit les Athées, le fécond convertit les Chrétiens & tous ceux dont la Religion fe fonde fur l'autorité de quelque Révélation proprement ainfi nommée. C'efl un feul & même homme qui entreprend de réu- nir tout le Monde dans le Déïfme: Mais il s'agit pour cet effet d'y ramener les uns, d'y réduire les ?LÙtr es. Ce font là deux tâches affez diftindes pour n'être point con - Juillet, x^out et Septemb. 1739. 257 confondues. Faut il embrajjer la Religion naturelle? C'eft une Queflion; Faut il ïy l)orner'^ C'en eft une aûçre. Kt quoique l'Auteur ne dife pas que ces deux Quef- tions ainfi diftinguées font la divifion gé- nérale de fon Livre ; quoiqu'il nous y don- ne pêle-mêle les diverfes matières diltiiac- ;ement relatives à ces deux Queftions : on ne fauroit pourtant douter que ce ne foient là les deux Chefs principaux auxquels tou- tes les matières traitées dans fon Livre fe raportent naturellement. Je ne (luirois donc mieux faire que de divifer cette DilTertatlon en deux Parties , dont la pre- mière foit uniquement deftinée à l'examen de ce que le Phiîofophe honnête homme penfe , ou paroît penfer, fur la première des deux Q^ueltions propofées. PREMIERE PARTIE, Delà Religion Naturelle. ON SUPPOSE ici un Athée qu on entreprend de rendre religieux, mais qui ne veut point entendre parler de Rciio^iori révélée, & à qui Ton ne prétend point non plus en parler. FAUT IL E M- BRASSER LA RELIGION NA- TURELLE? C'eft là l'unique queftioa que l'on ait à difcuter avec lui : Ou ce qui revient au même , il s'agit de lavoir , S % Si 2<Î8 Bibliothèque Britannique, Si une Religion purement naturelle a des Ca- ractères de ^é filé aux quels la Raifon doive je rendre ? Telle eli; la preiTiière (^ueltion propolee : & il n'eO: rien moins que Tuper- fla de !a bien examiner. Notre Adceur a grand foin de le montrer zélé l'oui- l'a (il r- mative. Ce n'ell pas fans dcdcin qu'il preni cette précaution ; à. il l'infinue lui même allez viliblemenc. Il y a une infinité de perfonnes que fbn zèle marqué pour une Religion naturelle doit prévenir en l*a faveur. Tels font tous _ ^. — - -_ .. _ font tous ceux qui ont appris à dire, que la Religion Chrétienne aboutit àrécablir, à confirmer, à illuitrer la Religion natu- relle: Tels font tous ces Prédicateurs phi- lofophes qui dans leurs exercices Acadé- miques ont été drefTez à répéter: Cela Je prouve P K E M I E R E M E N T par la Raifon , 6* en fécond lieu par la Révélation ; Tels Ibnc tous ces Défenfeurs du Chriftianifme qui inflruits à confefler, avec le Théophane de notre Auteur, que la Religion révélée pré- fuppofe 7iécejfairemenî la naturelle^ [p. ij.] agillent en conféquence de cet aveu, & s'attachent principalement à faire voir que l'EfTentiel du Chridianifme peut s'établir par la Raifon toute feule. Il eft parlé de ces Meilleurs dans la Préface du Livre. Aumoins y cfl il parlé en général de ceux qui Juillet, Août et Sfetemb. 1739. 2^)9 qui fe font Cgnalez dans la Défenfe du Chriftianiime, parles e/brrj quils oncfaics pour en établir tous les Dogmes (^ toutes les Loix ^ llir la l^ériîé morale, Raifon 6* Convenance des cbofes; \t feul fundtme'nt "véritable £^ foUde qu'ils pùjjmt donner , Ibit à ces Loi\' , Ibic à ces Dogmes : Et ils font en même tems complimentez fur leurs exploits d'une fa- çon qui pourra fort bien paroîire flateufe à plufieurs d'encr'eux, quoiqu'elle foie allez ironique & même un peu inful tante. Il y en a d'autres au contraire pour qui de pareils Défenfeurs , dignes de pareilles féli- citations, fontautant de Traîtres ou autant deDuppes; & à qui il femble qu'entrepren- dre la défenfe de la Religion par la Raifon toute feule , c'eft fuppofer la fuffifance de la Raifon ^ nier par cela même la nécelfité d'u- ne Révélation , la quelle cependant ils regar- dent toujours comme néceffaire. Un Deïfle qui vient leur étaler (;les idées & des fen- timens de Religion, efl à leurs yeux un homme fufpedt à qui l'on pourroit appli- quer le mot du Poète : Timeo Danaos âf donaferentes. Ils conçoivent, en un mot, que de droit ou de fait le Deifme Te con- fond avec rAtheifme. Or ces gens - là , non plus que les précédens, ne font ni incon- nus , ni indiiFérens à notre Auteur. On ne fauroit avoir le moindre doute îà-deflus, fi feulement on a lu fa Dillertation fur la Prière. [ï^oy. ci-dejjus ^ pp. 367, 3'18. du -T. XII. ^ conter, pp. 335-337-] Voila 270B1BL10THEQUE Britannique, Voila donc , parmi tous ces Chrétiens qu'il voudroit réduire à la Religion natu- relle , deux forces d'Efprits qu'il lui im- porte infinimenc de ménager: les uns, par- cequ'ils ont déjà pour cette Religion un préjugé favorable dont il eil à craindre qu'ils ne reviennent : les autres , parce- qu'ils ont contre elle un violent foupçon. Fortifier le préjugé des uns , difTiper le foupçon des autres , c'eft ce que notre Philofophe efl nécelfairement obligé de faire , s'il veut parvenir à Ton but : Et c'eft là aufli ce qu'il fait lorfque déployant fon zèle & fa philofophie contre les Athées , il va jufqu'à prendre fait & caufe en main pour les Chrétiens & en leur nom. Par là il travaille à nous remplir de cette idée : Q^ue la Religion purement naturelle à la quelle il prétend nous réduire a û bien des caradtères refpectables de vérité , ou que le Déïfme ( fondement de cette Re- ligion) doit fi peu être cenfé avoir rien de commun avec l'Irréligion des Athées, que fa Religion naturelle étant la même chofe au fonds que la Chrétienne , le vrai Déïfme par conféquent ne difl^ère point efifentiellement du vrai Chrifl:ianifme. Voyons ce qui en efi: : ne fût-ce qu'afin de favoir d'avance à quel degré de perfec- fion nous nous trouverons fixez , lorfque notre Auteur (s'il réuffitdans fon deflein) nous aura réduits à fa Religion purement naturelle; Et pour procéder méthodique- JtJitLET, Août Et Septei^. 1739. if ment dans cet Examen, recherchons. I*. Comment fa Religion naturelle doit être prouvée , en cas qu'elle puiiïe Tê- tre. II*. Comment il l'a prouvée , ou s'il a fait à cet égard ce qu'il auroit du faire. C'eft à ces deux Chefs que je raporte tout ce que j'ai à dire dans la première Par- tie de ce Difcours* CHAPITRE!. Où l'on examine comment le Fbilofophe hon-^ nête homme doit prouver fa Religion na- turelle , en cas quelle pidjje être prou- Section I. TOUT le monde fait, ou doit favoir, que quand on dit Religion Naturelle parop- pofition à Religion révélée , on parle d'une manière fort impropre , ou aumoins fore équivoque. Le terme de Religion lignifie : ou un cer- tain Commerce avec Dieu : ou certains Sentimens requis pour entrer dans ce Com- merce & pour l'entretenir : ou certains Adles qui réfultent de ces Sentimens , & qui les expriment. Il feroit abfurde de parler de ce Commerce , de ces Sentimens ^ â72BlBLIOTHEQUE BRITANNIQUE^ de ces Ââes , comme de chofes naturel- les par oppofidon à des chofes révé- lées. Il feroit même abfurde de parler ainû de la Religiun entant que ce terme dé- figne notre Foi ou notre Cioyance: Car la Croyance efl une dirpofition ou fondlion de notre Efprit : & il feroit fort ridicule de demander fi une fonction de notre Efprit eft révélée ou naturelle. Il faut donc entendre ici par la Religion l'objet de la Croyance : c'eft-à-dire la Théo- logie , ce Corps de Doctrine , cet Aflem- blage de Propofitions , qui eft l'Objet de la Croyance , & le fondement de tout le refte en fait de Religion. On conçoit dans ce fens particulier, & Tonne conçoit dans nul autre fens, comment la Religion peut être ou naturelle ou révélée. Ainfî nous nous en tiendrons à ce fens-là: & l'Auteur voudra bien que pour mieux éviter toute équivoque, on mette déformais le terme de Théologie , ou la définition de ce ter- me , à la place de celui de Religion, dans tous les endroits ou Religion fignifieroic Théologie. La Queftion fur la quelle il prend avec tant de chaleur le parti de Taffirmative , fera donc de lavoir: ,, Si après avoir ex- „ dus toute Révélation proprement ainfî „ nommée, la Raifon humaine peut re- 9, trouver dans la Contemplation de la „ feule Nature^ dequoi fojmer une Théo- ff logie. Juillet, Août et Septemb. 1730. 273 „ logie , un Corps de Doflrine , un Af- „ femblage de Propolitions , un Syrtême 9, ou tout foit alTez bien prouvé pour de- » voir être admis comme l'Objet d'une ,, Croyance raifonnable , & où nous „ rencontrions en même tems tout ce „ qu'il faut propofer à la Croyance des ,y hommes pour bien établir la Reli- „ gion ? " Ln Religion , dis - je : (Se je m'explique. Section II. Il efl évident quiVd le terme de Religion ne déiigne ni laThéoIogie, ni la Croyance de ce que la Théologie enféigne, mais quelque» chofe à quoi la Théologie ou la Croyance de ce qu'elle enféigne , puifle fervir de fonde* mène : Et ce terme en effet fignifie û bien quelque chofe de diftindl: de l'un & de Faûtre , qu'avec toute la Théologie & tou- te la Croyance du Monde , on pourroic être généralement reconnu pour très in- digne du titre d homme religieux , ou qui a véritablement & proprement de la Re- ligion. Ce terme doit donc fe prendre ici dans quelcun des autres fens que j'ai in- diquez. 11 fignifie, comme je l'ai dit, foit un certain Commerce avec Dieu , foit cer; tains Scntimens requis pour entrer dans ce Commerce & pour Tentrecenir, foit cer- tains Aàes qui réfultent de ces Sentimens ou qui les expriment: Et notre Auteur pa- roîc ^74 Bibliothèque Britannique^ roît admettre la Religion dans chacun de ces trois fens. Il l'admet comme un Commerce avec Dieu, dans tous les endroits de fon Livre OLi il la repréfente ( conformément â fa Diflertation fur la Prière ) fous l'idée d'une Relation morale entre Dieu & THom- me. Il l'admet aufîî comme conCftant de la part de l'Homme en certains Senti- M E N s : foie dans la même Diflertation , lorfqu'il y parle des fentimens de Confian- ce , d'Efpéraîïce & de Crainte , qu'exige de nous notre Relation avec Dieu : foit en divers autres endroits , & particulière- ment dans ceux oii il nomme la Religion une chofe interne ou une Difpofition intérieure'^ une Sagejje , un Sentiment Jpiriîuel , com - me on le peut voir aux pages 416, 41 8 ^ & 4'^9- Il l'admet enfin comme confîflant en cer- tains A CT K s : foif lorfqu'il la défigne fous le nom d'Adoration ou de Culte , comme à la page 230: foit lorfqu'il reconnoîc le devoir même d'un Culte public ou au- moins d'un Culte domejîique , comme aux pages 106, 114 , & 436: foit lorfqu'il in- ïifte en général fur la Pratique de tous les devoirs naturels delà Piété, de la Jufticc, (&de la Tempérance, comme il le fait à la page 25 , & en plufieurs autres endroits. Mais ces trois fens du terme de Re- ligion peuvent fe réduire à un , qui eft ici l'eflen- Juillet, Août et Septemb. 17:^9. 275 l'eflenciel. C'efl le fécond. Car les S e n- TiMhNS une fois établis , Je Covimercs & les Actes fuivent. Mais les Sentimens exclus, il n'y a ni Acles ni Commerce, il n'y a de Religion dans aucun fens : Ec là-deflus encore nous pouvons nous pro- mettre que nous aurons l'aveu de notre Philofophe honnête homme : Car non- content d'appuyer à diverfes reprifes fur la néceffité des Difpofitions intérieures _, fur la pureté des Motifs , en fait de Religion ; il die en termes exprès, à la page 41^5, que la Religion eft uniquement une affaire du dedans ; Religion is purely a?î inîer- nal Tblng. 11 y a des Déi'lles , ou foi difans tels, qui fous le nom de Religion, n'admettent autre chofe que la Pratique des devoirs de la Société civile ou de ce qu'ils apel- Icnt autrement la Loi de Nature gravée dans le cœur de tous les hommes. Notre Au- teur penfe mieux : Et s'il" accorde le nom de Religion à la pratique de la Loi na- turelle, c'eft feulement lorfque cette Loi cjî pratiquée £jf respectl'e comme étant la ^volonté 6" la, Loi de Dieu *. Ces paroles prou- venc * IVhen this univerfal immutahle Wijdom [ the Law of Nature oiiginally written upon the HeartJ is fûlloiv'd and c o m p l i e d w i t h , as the Will and Law 0/ God . . . «t then confiitiius ^bat 1VS call the Religion of Nature. Page 2^, Tome XIIL Part, IL T 27(5BlIîLIOTHEQUE BRITANNIQUE, vent à fois : & que fans relation à Dieu il n'y a de l'aveu de notre Auteur aucune Religion : & que de fon aveu encore, cet- te Relation à Dieu ne lauroitconfifterdans la Pratique de fa V^olonté , qu'autant que cette même Volonté eit pratiquée comme telle ^ qu'autant qu'elle eft refpeàée commQ fa Volonté à lui : De forte que ce Refpeft , & par cela même les Sentimens qui le con- ftituent (quels qu'ils puiilent être) font reconnus ici pour l'elTentiel de {^Religion. Il ne s'agit donc plus , pour expliquer ce terme , que de déterminer ce qu'on entendra ici par les S E N TI M E N S. Ce font, ai- je dit, les fentimens requis pouf avoir un certain Commerce avec Dieu: Et il ell préfupporé , fans doute , que ce Com'mérce doit tendre à la fatisfadlion ré- ciproque des deux Parties. Il efl préfup- pôfé, par conféquent, que ce qui fera re- quis de notre part dans ce Commerce , (fauf l'inégalité de Condition & de Mé- rite entre les deux Parties) doit corref- pbndre à ce que nous y attendrons de la part de Dieu : Et il efl: clair de plus , que tout ce qùe^ nous pcùvCins attendre de fa part dans ce même Commerce , condfle elTeritiellement en un feul point : c'ed qu'il nous foit toujours favorable : c'ed que nous confervant toujours une bonne Voionté détcrm.ince en notre faveur, il periiile daps le defleih de nous rendre heu- reux: c*eu: en un moÈqUjliîous aime. Or- ^ '• ramôar Juillet , Août et Septemr. 1739. 27^ l'amour veut de TAmour. Donc il fauc que de notre part nous l'aimions : Et per- fonne n'ignore ce que ce mot emporte. Le Défir de plaire à Dieu > ,^ la Crainte de lui déplaire; Voila certainement TAmour de Dieu : Voila les fentimens requis pour lier & pour entretenir avec lui un com- merce religieux : Et voila ce que notre Auteur exige lui même lorfqu'il demande une Religion intérieure comme la feule véritable , comme la feule elTentielle à l'Homme : Car dans un endroit oui! avoue que cette Religion n'étoit point abfolu- ment inconnue aux Juifs , il fonde fon aveu fur les paiTages qui réduifent toute la Loi Mofaïque â aimer Dieu : touchant quoi l'on peut confulter les pages 33-39. Ivlais que lera-ce qu'aimer Dieu , quand il s'agit de Religion intérieure^ fi ce n'eil: être animé du defir de plaire à Dieu & de la crainte de lui déplaire ? On a vu , d'ail- leurs, que notre Auteur fait conlifter cette même Religion dans le Refpc£i de la Vo- hnté de Dieu. Mais que peut on enten- dre par cette Volonté', finon ce que Dieu veut ou ne veut pas , c'eil-à-dire ^ ce qu'il aprouve ou qu'il condamne , c^ qui lui plaît ou qui lui déplaît? Et par le Refpedt intérieur de ce qui plaît ou dé- plaît à Dieu, qu'entendrons nous encore, fi ce n'efi: le Defir de lui plaire accom- pagné de la crainte de lui déplaire? .1 2 Tou- 278 Bibliothèque Britannique, Toutes ces explications m'ont paru im- portances, foie pour débrouiller en pafTanc une matière importante en elle même, & moins entendue que bien des gens ne pen- fent: foit pour defabufer ceux qui s'ima- ginent qu'un Déïde ne fauroit jamais avoir de fi faines idées de la Religion: ioit pour éclaircir la Queftion principale de ce Cha- pitre. Ces explications nous font voir au moins de m.anière à n'en pouvoir plus douter, que Jorfqu'on demande s'il y a une Théologie purement nacurelle donc la Croyance puifle bien établir la Religion , cette Queflion revient à celle-ci : T a-t- il une Théologie purement naturelle dont h Croyance puiffe bien étaolir dans le cœur des hommes les Sentimens de l'amour de Dieu , QU le defir de plaire à Dieu ^ la crainte de lui déplaire ? Section III. ]E DIS aurefle bien établir ^ parce qu'au- tant vaudroit il ne point fonger du tout à établir ces fentimens , que de fonger à les établir mal. Car de deux chofes l'u- ne. Ou l'on a de bonnes raifons pour exi- ger de pareils fentimens , ou l'on n'en a point» Or dans ce fécond cas , qui ne lauroit être fuppoféici, il ne faudroit pas même propofer aux hommes de concevoir des fentimens de Religion : Ec dans Je pre- Juillet, Août et SEPTEMn. 173p. s^^^ premier cas , qui eft celui que l'on fup- pofe , toutes les raiforls en vertu defquel- les on aura entrepris de faire naître ces fentimens, prouveront qu'on doit les faire naître de façon à les faire durer: ce qu'on n'obtiendra jamais (i on ne les établit , ou fi on les établit mal. Continuons à nous expliquer. Il n*y a aucune Théologie , foit naturelle, foit ré- vélée, dont la Croyance puifle bien éta- blir les fentimens de la Religion , fi elle n'enfeign-e, comme autant de Véritez ca- pitales , certaines Propofitions naturelle- ment propres à faire naître ou durer ces Sentimens, &; nécelTairement requifes pour cet effet. Il y a un Dieu : Et ce DUu eft un Etre aimabls: Voila deux Propofitions dont la Croyance efi: incontefiablement requifa pour faire naître les Sentimens de l'Amour de Dieu : & voilà en même tems deux Pro- pofitions dont la Croynnce efi: naturelle- ment fuffifante pour faire naître ces Sen- timens dans le cœur de quiconque en eft fufceptible. 11 faut quelque chofe de plus pour les faire durer. Ils font tous les jours combattus avec tant de force par d'autr^ fentimens, qu'ils feroient dans un danger éminent d'être bientôt aifoiblis & à la un. étouffez, s'ils n'étoient entretenus & fou^» tenus par la Croyance de cette troifiè- me Propofition ; Ùite ce même Dieu qui ejh aimable v e v T être aimé : ou en autres ter- mes : Qiie les mêmes jeniinnns d'muour pour T 3 Diaih 280 Bibliothèque Britannique, Dieu , qui fo7it pojjibles , raifonabks & juf- tes , font encore nécessaires ou effenîieb à notre bonheur : Que Dieu nous en fait un D L V o I R , par une loi, munie de promef- fes ^ de menaces fouverainement refpcàables , âf que fur cette Loi il prétend nous Juge r. Mais fi pour foutcnir les fentimens de l'a- mour de Dieu , cette croyance efl: indif- pcnfabiement requîfe , elle n'efl pourtant pas ruffifantc. Il n'y a point d'homme en Ibn bon lens qui aie le front de dire que fcs fentimens d'amour pour Dieu , dans le combat perpétuel ou ils font cxpofez, ne foyenc lujets à avoir quelquefois du deflbus. Il n'y a point d'homme , par confequent, qui ne dût fe defefpérer s'il croyoit que fur ces fentimens Dieu vou- lût le juger avec la deiTiière rigueur. Or le defefpoir eil certainement ce qu'il y a de moins propre à fou:enir l'amour ou à le renouveler : Et fi notre perfévérance dans l'amour de Dieu dépend de notre icfpecb pour fa Volonté , elle ne dépend certainem.ent pas moijjs de notre Confian- ce en fa Mifcricord-è'r' Elle dépend donc auln de la croyance de cette quatrième PropoiiLion : Que ce même Dieu qui zcuî nous juger y le 'veut faire a^vec e'quitiî.' ^ avtc In. DU LGENCK. -.^tvï'el doit être naturellement & nécefrai- "'^ï'Êment le Plan général de toute Théolo- gie dcftinée à bien établir des Sentimens vé- iitables de Religioa. Anfu norre Phiiolb- T-îhc Juillet, Août et Septemh. 1739. 2j?r phc n'a - 1 - il garcje d'en difconvenir. Car ■ quoiqu'il n'articule pas nos quatre Propo- mions dans les propres termes qui vien- nent d'être employez, il paroît manifeflc- ment les reconnoître pour les Véritez fon- damentales de toute Religion : Témoin cet endroit de fon Livre [pag. 344, 345. ] où parlant des Véritez qui fervent de fonde- ment au Salut du Genre humain, il en fait occafionellement une petite énumération qu'on. pcurroit prefque prendre pour le Précis ou#pour Je Canevas de celle que j'ai donnée. îl y fpécifie d'abord VExiften- ce de Dieu. Il indique enfuitc fes Perfec- tions îiioraUs , fans lerouelles aPiUrémcnt nous n'aurions jamais fidée d'un Dieu ai- mable. Il paffe de là à nos Relations avec Dieu, ccnfi'déré comme un Maître qui ex- erce fur les hommes une Jurifdiction mo- rale : ce qui revient à ce que j'ai dit de Dieu confidéré comme notre Juge. Et lî dans cette même Enumération il ne fait pas mention exprefTede la Miféricorde avec laquelle Dieu doit être cenfé exercer fa Juiifdiction pour conferver la qualité d'E- tre aimable , ceft indubitablement parce- que cette Miféricorde cft comprife car.s ce qu'il a dit en termes généraux àt$ Pcr- ftclions morales de Dieu , au nombre des quelles il la met fi bien en d'autres en- droits , qu'on ne fauroit foupçoner qu'il ne la fuppofe ici comjme une des Véritez T _L fonda- 2^2 BiBLÏOTHF.QUE BRITANNIQUE^ fondamentales qui fonc néceiraireraenc la matière de toute Théologie deftinéeabien établir les fentimcns de la Religion. Ne pas leconnoître la Miférkorde pour imcPer/aàion effentielle en Dicti , ceji éier tout fonde. nmt rai- fonnable à VEj'pérance ^ àla Confiance que nous devons avoir en lui. Ce font les propres cer- nics de i'Auceur à la; page 212. Section IV. ON EST donc d'accord avec lifi touchant ce qui doit être la matière de fli Théologie naturelle: Réglons en peu de mots quelle en doit être la forme. Enfeigner (imple- ment les quatre Véritez qui ont été énon- cées, et neferoit que les offrir à la Croyan- ce de ceux qui ne les croyent pas. Ce ne fcroit pa:; alTcz. Il ne s'agit point ici d'une Croyance qui fuit reflet d'une Opération phyfique par la quelle le St. Efprit difpoferoit un homme à croire les Véritez falutaires en le difpofant à jes aimer allez vivement pour les recevoir fans exsmen &. fans conviciion : Car Ibit que notre Théologien Philofophe admette ou n'admette pas !a polîibilité d'une pareille opération , il ne doit jamais en qualité de Douleur fe repofer fur la feule poiTibilité d'un fecours qui ne dépend pas de la fonc- tion de Dofteur. Le St. Efprit pourra in- ^irer l'amour des Véritez falutaires à un Caté- Juillet, Août et Septei\tp. 1739. 283 CatcchuiTène: 11 pourra auiTi ne le pas in- l'pireràun autre, à qui cependant il faudra tâclier de les taire embraffer. il ne s'agir pas non plus ici d'une Croyance d Endioufiafte, qui foie tout au plus l'Ou- vrage dun heureux FanatTme. Un hom- me qui fur la fimple parole de quelque Avanturier croiroit les Véritez fondamen- tales de la Religion, & qui f.ir une innp'e propoficion de ce n^.ême Avanturier ft:nti- roit naître en lui le defir de plaire à Dieu , la crainre de lui dép'aire : un tel homir.e auroit fans douce un'e Croyance &. une He- ligion très-réelles : Enthoufiafme tant qu'on voudroit : l'effet de l'Enrhoufiafme feroit toujours très -réel, & rEnth.cufiafme au- roit même fon mérite : J'en conviens : Mais outre qu'il feroit abfurde à un Théo- logien, quel qu'il fût , de compter fur un Enthouflafme inconnu d'une infinité de gens , fujct à fe dilTrper de lui-même , & perpétuellement attaqué par des Athées Philofophes qui demandent de la Logique; cela feroit abfurde furtout dans notre Au- teur , qui déclare hautement la Guerre à ces Philofophes & qui fe vante de les com- battre par leurs propres armes ; qui fe pi- que plus que perfonne dcphiîofophie: qui du titre de Plnlofophe a fait en quelque forte fon nom propre ; qui veut que les autres foient Philofophes comme lui ; 6c qui parle fou\cnc de l'Enthoufiafine avec mep ns. T T II 284 Bibliothèque Britannique, Il faut de toute uéceflité après cela , ou qu'il n'exige aucune Croyance de Véritez fondamentales de la Religion: (ce qui n'efl pas y puifqu'il prétend être honnête hom- me & mêine Chrétien : ) ou que fous peine de faire retomber fur lui même toute la honte & tout le ridicule dont il tâche de couvrir les Enthoufiafles , il n'exige de fes Difciplcs qu'une Croyance raifonable & philofophique, il ne donne pour objet à leur Croyance qu'une Théologie bien prou- vée , dont jcs preuves folides & concluan- tes ayent droit de convaincre des Logi- ciens'rigides , bien réfolus à ne fc payer que de Démcnftraîions : bien entendu au reile qu'ils ne pouderonr pas la rigidité jafqu à ne reconnoître des Démonilrations que d'une efpèce. Section V. I'AFELLE Dénionflr allons y en géné- ral, toutes les Preuves qui conduifenc rÈfprit aune Certitude fuffi faute ^ pourvu- qu'elles le trouvent attentif, & que leur imprelTion ne foit point amortie par une Stupidité naiurelle qui eft aflez rare , ou par une Stupidité affeélée qui cil un peu plus commune. Or comme entre gens qui ne chicanent pas on reconnoît plus d'une ef- pèce de Certitude fuffifante à laquelle on peut conduire PEfprit par le Raifonnement , il faut reconnoître auiTî de bonne ioi qu'il V Juillet, Août et Septemb. 1739- 285 y a plus d'une efpèce de Raifonnement dé- monftratif ou de Démondration. Etre tellement affuré d'une chofe , que Ton ne puifle pas même concevoir le contraire : Voila une Certitude qui elt faf- fifante au fouverain degré , puifqu'en fait de Certitude l'on ne lauroit rien ibuhaiter au delà. Cette efpèce de Certitude , dans plu- fieurs cas, ne dépend point des Preuves: Et dans ceux ou elle en dépend, les Preu- ves ne font abfolument de mife qu'autant qu'elles font de l'Ordre de celles qu'on nomme DEMONSTRATIONS par excel- lence, Démonjiraîions PARFAITES » com- me celles qu'on demande dans la Géomé- trie pure & fimpie & dans les autres Scien- ces abftraites ou métaphyfiques. De là vient que cette forte de Certitude eil a- pelée géométrique , mathématique , ou ME- TAPHYSlQ^uE, entant que Métaphyfiqus veut dire abjirait ou idéal : Et de ià vient encore que ces mêmes dénominations s'em- ployenc auiîi lorfqu'on veut défigner ûei Preuves ou des Démonftrations relatives à une pareille Certitude. Tout le Monde convient que pour établir une Certitude métaphyCque , il n'y a de fonds à faire que .fur des Démonftrations métaphyfi- ques, ou équivalentes à celles de la Géo- métrie. Et comme les Théologiens Déïlles , fu- ets i585BlELlOTHE QUE BrITANNI QUE, jets à tous les défauts qu'ils reprennent quelquefois avec tant de hauteur dans les autres Théologiens, paroiflentfouvent ne leur concéder leurs preuves que parce- qu'ils n'y voyent pas des Démonftrations mécaphyfiqucs ♦ ilfemble, je l'avoue, que l'on pourroit allez innocemment ufer de re- prélailles avec ces Meflieurs , 6i leur nier toute leur Théologie naturelle, les main- tenir Athées de droit , jufqu'à ce qu'ils • euflent prouvé toutes leurs propofidons fhéologiqueiS par des Démonflrations mé- taphyTiques , auxquelles on ne put pas ré- pliquer, conforaiémenr à leur propre Lo- gique , que quoiqu'ils établiiient on con- çoit toujours la polTibilité du contraire. J'avouerai même que de fcmblables re- préfailies , dans le cours de la difpute , peuvent ^voir leur utilité. îvîais après- tout il feroit ridicule de s'y borner. Que les Deïîles s'obfdnent tant qu'ils voudront à exiger de nous des Démonftrations mé- taphyliques , leur exemple à cet égard ne méritera jamais d'être imité. Q^uiconque exige en tout des Démomlrations méta- phyiiques comme le fondement unique d'une Certitude fufRfanre , doit fuppofer que la feule Cirtitude fullifante c'efh la Cer- titude métapbyfique : Et rien n'eft plus faux que cette Suppofition. SL€' Juillet, Ajjut et SErTEMc. 173p. 287 Section VI. Etre tellement allure d'une chofe, qu'à-, moins d'être aduellerr.cnt fou, ou ûiTez fantaique pour faire féricufemenc le fou aux dépens de la Vérité , l'on ne puifie révoquer cette chofe en doute, quoiqu'à toute rigueur , ù. métaphyfiqueinent par- lant , on puiffe imaginer \c contraire ians abfurdité: Voila manifeflement une Certi- tude qui n'eft point métaphyfique, & qui par cela même n'eft point futiifante au fou- verain degré , qui n'eft point la plus fuf- iifante donr on ait l'idée: mais qui malgré cela efl fuffifante & très-fuiîîfante fans con- tredit y puifque tout ce qu'elle requiert pour fubfifter ( condition également re- quife par la Certitude métapliyfique elle même ) c'efl: qu'on ne foie aftuellement ni fou , ni afùz fantafque pour faire férieufè- ment le fou aux dépens de la Vérité. Mes Lettcurs voudront bien, fans doute, que je nomme fufiifant , tout ce qui eit tel parmi les gens fages , tant qu'ils n'onc pas le malheur de s'oubb'er : Et notre Auteur le voudra bien à fon tour, lui qui s'efl érigé en Sage & en Philofophe à titre d'office. Aumoin'^ y confentira-t-il volontiers en cas qu'il fe trouve obligé d^avouer qu'il n'a pas , au fujet de fa Théo- logie naturelle , une Certitude métaphyfi- que. Il y en a une autre, pourra-t-il cîire alors ^ 283 BiELioTHE QUE Britannique j alors, qui fans être métaphyfique eft fuf- filante. Or cette féconde efpèce de Certitude , ainfi que la première, n'a pas toujours be- foin d'être^ appuyée fur des Démonflra- tions: JMais dans les cas ou elle en a be- foin, il eil: évident qu'elle ne demande que d€s Démonftrations qui lui convien- nent , ou qui foient d'une nature corref- pondante à la fienne. Un bon Efprit , fans fortir de fon caractère , pourra bien dire, Je veux des Démonflrations inêtapbyji- ques ^ lorfqu'on^'lui aura propofé pour but de fon attention la Certitude la plus fuf- fifante qu'il lui foie poffible d'imaginer : Mais il ne le dira jamais îorfqu'on lui aura limplement propofé pour but une Certi- tude fufîîfante du fécond ordre. Les moyetis doivent être proportionez à la fin: Et s'il y a réellement une Certitude qui ne foit que phyfique , ou qui fans être métaphyfique foit îuffifante , il faudra né- ceilairement que les Démonftrations qui lui font propres , foient fuffifantes comme elle. La Certitude rnétapbyjîque confiile à con- noitre certainement les chofes entant que pofîîbles ou impoflibles , (Se entant qu el- les font ou doivent être néceflai rement;, d'une nécefî^té intrinfèque gé Juillet, Août et Septemb. 1739. 303 99 gé d'y regarder de li près lorfqa'il s'a- „ gic des intérêts d'autrui : Il ne faut „ point tant de façons pour un Enfant : 9, Il ne faut jamais rifquer de fâcher une „ Femme par fes refus ''. Toutes Maxi- mes faulTes , que la véritable Morale n'enfeigne point , & qu'elle condamne. Le Tuteur B , au contraire, ne fe fonde que fur des Maximes vrayes » telles que celles-ci : „ H y a des cas où il faut ,' à 9y quelque prix que ce foit , prendre une „ réfolution : Quand on a fait tout ce 99 qu'on pouvoic pour parvenir à la plus 99 grande évidence poiTible touchant ce qui 99 convient le mieux dans ces fortes de 99 cas , il ne faut plus balancer , il faut fe 99 mettre l'efprit en repos, bannir le dou- 99 te y fe livrer aux fentimens que le cas 99 exige, arrêter ce qu'on fera, & agir en „ conféquence: Il ne faut pas qu'un Enfant ,, confié à nos foins foit abandoné fous pré- „ texte que pour lui ailurer fa vie nous 99 courons après une Evidence parfaite à „ la quelle il efl impofllble que nous arri- 99 vions : Il faut faire pour un Enfant con-« 99 fié à nos foins ce que nous pourrions Ibu- „ haiter qu'il ei)t fait pour nous j fi nous „ eufilons été à fa place (Se lui à la nôrre: „ Il faut avoir des égards pour une Mère „ qui n'en paroîc pas indigne: Il faut fa- „ voir fe fier k autrui , avoir de la foi , ,, croire 6l efpéier, n'être point foupço- 99 neux , &c *^ (Quelle différence entre 304 Bibliothèque Britannique, les maximes de ces deux hommes ! mais quelle différence auiïi en:re la Certitude de l'un & celle de l'autre. Leur Certitude dépendant ici de leur Volonté, elle ne peut être ferme c: inébranlable qu'autant que leur Volonté à cet égard le fera elle même: Cela eft évident. Leur Volonté à cet é^ard ne peut être inébranlable en vertu de certaines maximes ou raifons de vouloir, qu'autant que ces Maximes feront elles mêmes inébranlables: Cela eft évident encore. Ces KLnxiraes enfin ne peuvent être inébranlables qu'autant qu'elles feront vrayc; : Cela n'eft pas moins évident que ce qui ^précède. Or dans rexem.ple des deux Tuteurs qu'a- vons nous? D'un côté , des maxim^es fi fauffcS que par la m.oindre reflexion ou par la moindre contradiftion elles feront ébranlées , pour ne pas dire renverfécs : Et de l'autre , des Maximes fi vrayes que plus elles feront mifes à l'épreuve de la Réflexion ou de la Contradiélion , & plus elles fe trouveront inébranlables. Mais en voila alTez, ce .me fem.ble, pour faire voir , & qu'il y a une Certitu- de iuriifante qui n'eil ni phyfiquc ni mé- taphvfique; & que ce qui diftincfue cette troiiieme cfpèce de Certitude, c'eîl qu'au lieu de réfulter néceflairement , & fans- plus , de la Férité évidente de la chofe propofée , elle refaite conditioneTlement de la combinaifon libre que nous femmes m or a- Juillet, Août et Sêptemb. 173c. 305 moralement obligez de faire , de la Frai- femblance évidente de la chofe même avec la Vérité évidente de quelques Maximes de Morale relatives à l'importance morale de la chofe, ou à la néceffité morale d'y adhérer. C'eft par cette raifon que toute Certitude qui n'efl point purement fpé- culative ou qui ne vient pas de pure fpé- culation , s'apelle Certitude 7ncral2 : Et c'eft par la même raifon, pour le dire en paiTant, qu'on l'apelle auffi quelquefois Certitude d'adhéjion. On peut juger à préfent par la nature de la Certitude morale , de quelle nature doivent être les preuves deitinées à la faire naître, & quels font les Lieux ou Topiques propres de ce qu'on apcl^e une DémonJb'Qtion MORALE. La Certitude réfultant ici d'une combinaifon moralement néceflaire de la Vraifemblance évidente de la chofe avec la Vérité évidente de fon importance morale, la Démon llration fera parfaite dans fon genre, fî elle prouve. En premier lieu; Qjie la chofe propo- fée eft évidemment vraifcmblable: En fécond lieu: Qu'elle ell évidemment importance: En troiûème lieu : Que la Combinai- fon de ces deux Evidences eft moralement néceiTaire. Et une pareille Démonftration , encore une fois, fera toujours fufîiiante entre honnêtes gens, fait qu'il s'agilTe d'une Th'io- 305 BlBLIOTHEQfJEBRITANNIQUE, Théologie révélée , foie qu'il s'agifTe d'u- ne Théologie purement naturelle, comme le doit être celle de notre Auteur. On aura beau dire qu'il difpute quelquefois en homme qui ne fait pas grand cas des Démonftrations de cette efpèce: J'avoue- rai bien, fi l'on veut, que cela femble pouvoir s'inférer de divers endroits de Ion Livre, & particulièrement de tout ce qu'il dit depuis la page quatre-vingt juf- qu'à la page cent: Mais je nierai qu'en cela il doive nous fervir de Modelle. Les Démonftiations morales ne font pas, à la véricé , les Démonftrations du Philofo- phe pur Phyficien ou Métaphyficien : mais ce font celles du Philofophe moral ou du Philofophe honnête homme. Si no- tre Auteur , après s'être chargé du ca- raQère d'honnête homme , méprife réel- Jemient ces Démonftrations, f chofe que j'ai peine à croire,) c'elt qu'il a mépri- fe & démenti fon caraQère. Ce caractè- re n'en méritoit pas moins d'être refpec- tc & foutenu jufqu'au bout: Et fuppofé qu'il ne nous en ait pas donné l'exemple, c'efl à nous à le lui donner, 6c à recon- noître franchement, fans de malhonnê- tes chicanes, que de bonnes Démonftra- tions morales font de bonnes Démonftra- tions : dût cet aveu en entraîner un au- tre en faveur de fa Théologie purement naturelle. Qu'il choififie entre les trois efpèces de Démonftrations fuffifantes: Quil I Juillet, Août et Septemb. 173p. 30;^ Qu'il fe borne à une : Qu'il les réunifTc tou- tes : Qu'il ]es mêle à fon gré. Hanc veniam petimiijqiie damufque viciffim, Démonftra' tions métaphyfiques , Démonftrations phy- fîques , Démonllrations morales , tout fera bon,pourvuque ce foie véritablement des Démonltrations , & les Démonftrations d'u- ne Théologie purement naturelle. C'efl ce qui demande encore deux mots d'ex- plication. Section VIII. ON PEUT entendre par Ti&eo^e NA- TURELLE, ou une Théologie fimple^ ment diftindle de celle qu'on nomme REVELE'E, ou une Théologie qui en foit différente, féparée, & tout-à-fait in- dépendante. II y a une Théologie naturelle que peu- vent admettre fans peine, & que doivent même admettre avec plaifir, les Partifans les plus zèlez de la Néceflité d'une Ré- vélation. C'efl: celle qui fe borne à prou- ver par le moyen d'une Science naturel- le ou non-révélee , la Poflibilité & la Pro- babilité des Faits ou des Propofi- tions dont la Croyance e(t le fondement commun de toute Religion: Leur Pojffîbi- litéy en faifant voir par la nature des cho- fes propofées qu'elles n'ont rien d'abfur- de, de contradiftoire, d'impolTible : Leur Frobabilité ^ en leur donnant cette premiè- Toms XUl Fart. IL X re goSBiBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, re lueur de Vraifemblance, qui naît de tout ce qu'on apelle Images , Comparai- fons , Conjedlures , Hypothèfes. Mais comme une pareille Théologie ne déci- de contre les Athées que fous l'autorité de la Révélation , ou ne décide point contre eux entant que PUREMENT naturelle, il eft manifefte que ce n'efl: point d'elle qu'il s'agit ici, puifqu'il s'a- git ( ainli qu'on l'a vu ) de bien prouver ou de prouver d'une manière déinonjlrative & propre à produire une Certitude fuffifante , non pas la limple poffibilité ni la fimple probabilité des chofes , mais leur Vérité ou tout au moins leur grande Vraifem- blance. Cette même Théologie étant toujours attachée à la Révélation , foit pour lui prêter du fecours , foit pour lui en demander, le titre de Théologie PU- REMENT naturelle ne fauroit jamais bien lui convenir. Celle qui mérite ce titre ( s'il y en a une ) c'eft celle que les Partifans de la Né- ceffité d'une Révélation ne fauroient ad- mettre fans renoncer à leurs principes. C'eft celle qui indépendamment de toute Révélation ou Infiruclion divine , prouve- ra les quatre Propofitions fondamentale- ment néceilaires à la Religion, par des Démonflratîons où il n'entre rien qui ne foit tiré d'une fcience purem.ent humaine: Tien qui ne foit évident ou démontré pour d^s Philofophes qui n'auroient au- cune Juillet, Août et Septemb. i?39. 30^ cune idée d'une Révélation : rien qui pour être admis , exige la moindre déférence pour l'autorité de qui que ce foit: rien par conféquent qui ne puifTe être nié en bonne Logique & fans fcandale par un Chrétien même > û on ne le confîdère que comme Juge de la Difpute, & s'il trouve que la Connoiflance ou la Certi- tude de ce que le Déïile voudra faire ad- mettre à TAthée , dépende diredemenc ou indiredlement d'une Révélation, c'eft- à-dire d'une Parole de Dieu, ou de quel- que Déclaration verbale de fa part , tranf- mife jufqu'à nous par la Tradition , foie orale, foit écrite. Une Théologie qui fe fonde fur la Ré- vélation, peut fort bien, fans fe contre- dire , exiger à certains égards une Croyan- ce implicite, un acquiefcement ou obéif- fance de foi, & cela de la part des Savans non moins que de la part du Peuple. Une Théologie qui veut être indépendante de toute Révélation proprement ainfi nom- mée, ne peut exiger une Croyance im- plicite en rien ni de la part de qui que ce foit. La première a droit de montrer les chofes dans leur Repréfentation telle que nous l'offre un Témoignage plus qu'hu- main , & dans la Copie de cette re- préfentation, telle que nous roflTc lai Tradition orale ou écrite. La féconde efl obligée de nous montrer les chofes , non dans une repréienratlon quelconque , % 2 mais 310 Bibliothèque Britannique, mais en elles mêmes. C'efl là propre- ment ce qui la caradiérife , ce qui déter- mine quelle doit être la forme d'une Théologie purement naturelle. Enco- re pourroit on dire que ce n'eft pas tout. SectionIX. LES Théologiens penfent généralement que pour être bien prouvées les Véritez théologiques n'ont pas befoin de l'être par des Démonftrations fi faciles ou tellement à la portée de tout le Monde,. que la Perfonne la moins lettrée, la moins faite à l'étude, foit capable de les aprofondir fans peine, ou de faifir d'abord, moyen- nant quelque attention, tout ce qu'elles ont de folide & de concluant. Ils pen- fent qu'un fentiment confus de la force des démonftrations peut fuffire en cas de néceiïité : (Se que la Croyance aumoins du Peuple ou de la Multitude, qui eft communément dans ce cas, peut paffer pour très-raifonable quoiqu'elle admette bien des chofes implicitement fur la foi des Savans qui ont approfondi les matiè- res. Si les Théologiens Chrétiens ne s'en tiennent pas tous aux mêmes termes fur la nécefllté de fe contenter d'une Croyan- ce implicite, ils ne laiflent pas de s'ac- corder dans le fonds, ou la différence entr'eux à cet égard n'eft que du plus au Juillet, Août et Septemb. 1739. 311 au moins. Mais toute Croyance implici- te, fi j'ai bien compris mon Auteur, efl précifément ce qu'il nomme une Croyan- ce méchanique o\x artificielle : Sur quoi l'on peut confulter fon Livre aux pages 432 , 433, & conférer les pages 416, 417, 41B. Or cette exprefllon que dit elle? Si nous ne la confidérions qu'en elle même , elle feroit fufceptible, fans doute, d'un fens très-favorable. Une Croyance natu- relle , qui embrafTe naturellement tout le détail des Preuves de la Théologie , en vertu d'une connoiflance claire*& diftinc- te de tout ce détail , ou en vertu de la néceffité naturelle qu'il y a à admettre comme vrai tout ce que l'on connoît clai- rement &diflin6tement; une telle Croyan- ce eil préférable , fans contredit, à une Croyance artificielle, qui ne pouvant pas embralTer tout ce détail naturellement, en embraflTe une partie par une efpèce diArtow de Méchanifme, le quel ne vienE au fecours de la Nature que lorfque la Nature n'efl: pas alTez parfaite. Mais de ce que la Croyance naturelle efl préféra- ble à l'artificieile, il ne s'enfuit nullement que la première doive exclure toujours la féconde, ni que celle ci foit toujours vicieufe ou déraifonable. Car en fait de Religion, comme de toute autre chô- fe , la Nature elle même nous fournit des raifons en faveur de l'Art: la Nature X 3 elle 3Î2 Bibliothèque Britannique, elle même nous Tenfeigne & nous invite à le mettre en ufage : la Nature elle mê- me nous en préfente les matériaux: Et qu'eft ce que l'Art, ap^-ès-tout, fi-non la Nature elle même habilement employée? Ne nous imaginons donc pas que Croyan- ce artificielle (bit abfolument une injure: Mais remarquons bien que c'en efl une dans le ûile de notre Auteur. Il ne par- le d'une Croyance artificielle que comme d'une Difpofition ridicule, mcprifable & pernicieufè. Il ne l'attribue aux Difciples des Théologiens ordinaires que pour leur en faire îionte , & comme pour nous infpirer des fentimens de révolte contre îios Dccleurs , contre nos Prêtres, Arti- fans artificieux de cette Croyance arti- ficielle ou implicite qui nous fera toujours cécellaire tant que nous recevrons d'eux des Syftêmes de Théologie pleins de Preuves qu'il faut favoir prendre pour bonnes fans en connoître le fonds. Si aprts cela il s'avifoit de ne nous donner à fon tour qu'une Théologie dont les preuves, trop compliquées ou trop diffi- ciles pour le commun des Efprits, les réduififlent de nouveau, ou à n'avoir au- cune Croyance, ou à croire quelque cho- fe implicitement, la contradiction feroic fi grofTière qu'il n'y auroit perfone qui ne dût être tenté de lui dire : Ou vous vous oubliez bien étrangement mus même, ou 'VOUS z'ous mcquez du Monde bien hardiment, II Juillet , Août et Septemb. 1739. 313 Il a trop d'efprit pour n'avoir pas preflenti cela. Aufîî a-t-il tâché de le prévenir. Aumoins nous donne-t-il afîez a entendre que les preuves de fa Théolo- gie feront exemptes de toute difficulté: que ce fera la clarté & la fimplicité mê- me. Les Principes de cette divine SageJJe ou Science y dit-il, ne font point de nature à de- voir être cherchez loin de nous, ils ne font point abjîrus, ils ne font point du tout DIFFICILES, ils font diL niveau de ce de- gré d'intelligence qui ejt le partage du Genre humain en général : âf réîude de cette Scien- ce n^exige aifolument autre chofe des hommes qu'une attention defint^rejjée à ce qui leur fe- ra diàé par leur propre Raifon. C*eft ainli que l'Auteur lui même s'en explique, à la page 418. A quoi l'on peut raporter ce qu'il avance aux pages 94, & 442: d'OLi il fera impoffible de ne pas conclur- re, que de fon aveu, fa Théologie doit être toute fondée fur des preuves iî faci- les & fi proportionées à la capacité de tout le Monde , que perfonne ne puiffe entre- prendre de la corrompre ou de V altérer , fans que Vimpojiure fe découTjre d'abord par le Sens-commun, par cette Raifon qui eft commu- ne à tous les hommes, 11 faut en un mot que fa Théologie foit naturelle , entant que Naturel fignifîe ce qui eft aifé, (impie, dégagé de tout embarras. Le Théolo- gien chargé des armes ordinaires de la Théologie, eft un Soldat armé péfam- X 4 mène» 314 Bibliothèque Britannique, ment. Le Théologien écjuippé par notre Philofophe fera un Soldat armé à la lé- gère. Lèvis armaturœ Miles. J'avoue qu'il infinue quelquefois le contran-e, puifqu'à la page 417, & à la page 433, il repré- fence la Croyance implicite ou la Théo- logie ordinaire comme la plus commode, & fa Croyance ou fa Théologie naturel- le comme celle qui donne le plus d'exer- cice à TEfprit: Mais foit qu'alors il par- le tout de bon ou prétende feulement faire le Railleur, & foit qu'il ait voulu dire ce que fes paroles femblent lignifier ou qu'il ait eu quelque autre chofe en vue; fes infinuations dans ces deux en- droits ne fauroient renverfer ce que dans les autres paflages citez il écablit en ter- mes fi forts, au fujet de l'extrême fim- plicité ou facilité qui doit erre un des ca- ladères difi;inftifs de fa Théologie; Et en vérité il auroit mauvaife grâce de s'en dédire. Quand les Partifans de la Révélation nous difent : Un Dieu a parlé ^ Von a en- tendu les Jons articulez de fci 'voix : // a opé- ré des miracles (j" on les a 'vus ce feul énoncé a quelque chofe de fi engageant & de fi refpeftable, que quelques efforts d'attention qu'il puifiTe m'en coûter peur approfondir un fait de cette Nature, pour en connoître le détail, & pour m'en afiTurer , je ne m'imaginerai jamais pou- voir acheter ce plaifir par de trop grands ef- Juillet, Août et Sf.pte^td, 1739. 315 efforts d'attention , ne fufTé-je qu'un pau- vre Laboureur. Mais quand un homme qui fe moque de toute Révélation pro- prement ainfi nommée , ou qui du moins fait profeflion de ne s'en point embaraf^ fer, viendra dire à un Peuple que je fup- pofe fans Religion: Ecoutez: J^ai deviné qu'il y a un Dieu : J^ai déxiné ce qu'il penfe de nous: jf^ai deviné que ce Dieu^ qui na jamais rien dit aux bovimes , qui n'a jamais daigné fe montrer à eux , quoique ce fût pour lui la chofe du Monde la plus facile , a cepen- dant de grands dcffeins Jur eux : J'ai deviné que malgré l'infinie di/proportion que je dois I Joupçonner entre fa Nature ^ la nôtre , il sHntéreffe à nos penfées , à nos aSlions , à nos fentimens , comme fi nous étions prefque fes Egaux : J'ai deviné exaàejnent ce qu'il exi- ge de nous 6f ce qu'il nous deJUne: J'ai de- viné tout cela , àf 7^ veux vous prouver que j'ai bien deviné , infailliblement deviné Quelque attention que ce difcours méri- te, j] n'y aura perîonne qui ne foit en droit de dire au Difcoureur: ,, Que vos ,, raifonnemens foient donc bien courts, ,, que tout y foit bien clair & bien net, „ bien limple & bien familier. Nous „ avons nos affaires. Nous ne femmes i9 point obligez de nous fatiguer à vous „ fuivre, fur votre parole, dans un Dif- „ cours dont le fujet femble annoncer des „ Méditations trop valies & trop fubli- o mes pour l'Efprit humain. S'il y a X 5 ,, réel- 3I(5BlBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, „ réellement un Dieu , &: que comme „ vous le fuppofez , il n'ait jamais rien ,5 dit aux hommes de tout ce que vous „ prétendez avoir deviné , c'efl aflurément, „ ou parcequ'il nous difpenfe bien vo- 5^ lontiers de le favoir, ou parceque nous ,, fommes capables de nous en inftruire „ nous mêmes très-facilement. Ou dif- „ penfez nous à votre tour de Taprendre : ,, ou montrez nous en peu de paroles par „ la Simplicité de vos preuves , par leur ,, FACILITE', que c'eft uniquement „ notre faute fi nous n'avons pas deviné s, comme vous. ^< J'avoue au refte que cette condition n'eil véritablement néceflaire que d'une néceffîté relative à la Multitude , ou rela- tive pour le plus à ceux d'entre les Savans comme d'entre le Peuple , qui veulent fe prévaloir de la liberté qu'ils ont très légitimement de ne fe point embarafler de^s méditations abftrufes des Philofophes : & que cette même condition n'étant point néceflaire pour les Efprits qui fe plaifent à de femblables Méditations & qui en font capables, il y aura aumoins par ra- port à eux une jThéologie purement na- turelle, fi de quelque manière que cefoit, il y en a une parmi les hommes qui ait été démontrée. Mais une pareille Théo- logie oli eft elle ? Efl elle dans le Livre de notre Auteur ? C'eft là la grande Quef- eion. Tout ce que j'ai dit jufqu'à pré- fent Juillet, Août et Septemb, 1739. 317 fent n'a été que pour l'éclaircir. Ce qui fuit fervira peut-être à la décider-, 6c pourra fervir du moins à en préparer en- • core mieux la décilîon. Section X, NOTRE Auteur a eu Téquité C car je ne veux- pas dire l'inadvertence ) de met- tre dans la bouche de Tlnterlocuteur Théo- pbane , Partifan de la Théologie révélée , une Réflexion à la quelle il efl vrai que •ni Théophane lui même, ni fon Antago- nifte Philalètbe , ne paroiflent pas fa'ire grande attention; mais qui mérftoit bien cependant de n'être point négligée, & qui efl efTentielle , ce me femble , dans l'exa- men de la (^ueflion qui nous occupe. Cette Réflexion eft, qu'il y a deux fortes de Véritez: des Véritez naturelles & des Véritez pofitives: ou en autres termes des Véritez de Droit & des Véritez de Fait : * ou en autres termes encore , qui feront peut-être mieux comprendre la penfée de Théophane, des Véritez fpé- culaîives & des Véritez bijloriques: Deux fortes de Véritez qui ne doivent point être confondues, & dont la Croyance ou la Perfuafion s'acquiert de deux ma- nières différentes : la Croyance ou la per- fua- * Natural and pofitii'e Trutb ^ or Tmîh in Renjon , and Trutb in Fa^. p. 344. 3r8BinLioTHEQUE Britannique, fuafion des premières ne dépendant né- cefTairement que de l'atrenrion de notre Efprit à l'évidence ou à la démonflracion des chofes mêmes: (Se celle des fécondes dépendant nécefîairement du Témoigna- ge, foit dired ou indiredt, de quelcun qui nous les annonce , qui nous les dé- clare , qui nous les révèle, qui nous les communique di »eâ:ement ou indirectement par le moyen de la Parole. Les premiè- res peuvent bien nous être communiquées par le même moyen, mais elles n'en dé- pendent pas, ce elies ont toujours ceci de propre qu'elle^^ font de nature à pouvoir être connues fans ce fecours , à pouvoir être devinées, à pouvoir être découver- tes par le moyen de la Spéculation : & c'eft pourquoi je les apelle des Véri- tez Spéculatives: Au lieu que les fécondes nous demeureroient éternellement incon- nues , ou ne nous feroient jamais con- nues avec certitude, fi perfonne ne nous en difoit jamais rien, tellement qu'elles font de la même nature que toutes les Véritez de fait que l'on ç:?i réduit à apren- dre par l'hidoire: & c'eft pourquoi je les apelle des Véritez biflcriques. Telles font , par exemple, toures les Véritez qui ré- pondent à certaines queftions perfonel- les, comme lorfque je demande à quel- cun ce qu'il penfe? quels font fes pro- jets? quel intérêt il prend en ce qui me regarde? quel cft fon fecret? Tout ce qu'il Juillet, Août et Séptemb. 1739. 319 qu'il répondra de vrai à ces queflions fera une Vérité de fait, une Vérité hiftorique. Ses réponfes feront Phiftoire de ce qui fe palTe dans fon âme , ^ une hiiloire que perfonne n'auroit jamais fçue, que per- fonne aumoins n'auroit jamais été fur de favoir , s'il ne l'eût jamais faite à per- fonne. Telles font encore toutes les Véritez qui répondent à certaines quef- tions , foit fur i'exiftence des chofes que je conçois qui peuvent être & que je con- çois auffi qui peuvent n'être pas , comme lorfque je demande à un Voyageur fi dans une Nation qu'il vient de découvrir, il y a un Roi : Soit fur Torigine des chofes dont il me paroft que Forigine peut être également bien expliquée par des hypo- thèfes différentes , comme lorfque je de- mande à ce même Voyageur û certaines curiofitez qu'il a aporteés de fon Voyage & qui font toutes nouvelles pour moi , font une production de la Nature ou un effet de l'Art de quelque Ouvrier. La Diftindion de Théopbane , comme on voit, eft très philofophiaue : & aulTi ell elle aprouvée par PhUalètbe. Aplicons la donc avec confiance au Sujet que nous avons en main. Si les quatre Proportions fans les quelles il n'y a point de Religion, font autant de Véritez , comme on a vu que notre Philofophe doit le prouver, ces quatre Véritez de quel ordre font elles ? Sont 320 Bibliothèque Britannique, Sont ce des Véritez naturelles ou des Vé- ritez p'>/îtives ? Sont -ce des Véritez de Droit ou des Véritez de Fait ? Sont -ce des Véritez fpéculatives ou des Véritez bift(h riques ? I. Il y a un Dieu, C'eft la première des quatre Propoûtions fondamentales. II. Dieu efl un Etre aimable : C'efl la fé- conde Propofition. IPI. Dieu veut nous juger fur une Loi qui fait dépendre de notre amour pour lui tout le Syjiême de notre bonheur. C'elt la troifième Propofition. IV. Il 'veut fîéanmoins nous juger en Juge' équitable^ indulgent & miféricor dieux, C'efl la quatrième. Si ces quatre Propofitions étoient re- connues pour des Véritez bijloriques dont la croyance dépendît d'un Témoignage , qui dans le cas préfent ne pourroit certaine- inent venir que de Dieu; comme par cela m^me on ne reconoîtroit la néceffité de la Révélation , il faudroit aflurément re- connoître aulîî que la Théologie de notre Auteur , que cette Théologie purement naturelle où il voudroit nous réduire , eft un SyPiême en l 'air , un vain Météore , toujours prêt à fe diiïbudre- & à faire re- tomber avec lui fur la Terre les Dupes qui pour aller au Ciel fe feront fiez à un tel Véhicule. Mais comme on pouroit con- clure delà que le Philofophe honnête hom- me Juillet, Août et Septeivib. 1739. 321 me donne lui même dans un Enthoufiafme & dans un Charlatanifme qu'il méprife en autrui, n'en venons làj qu'après mûre dé- libération , & n'y venons point du tout s'il eft pofTible. Outre les Véritez hifloriques & les fpé- culatives , il y en a d'une troifième éfpè- ce , qui ne font ni fpéculatwes , ni hiflori- ques : Ce font les Véritez de fentiment : ces véritez que l'Efprit connoît fans aucun effort , & qu'aucun effort ne fauroit lui rendre douteufes. Je penfe. Je vois ^ J'en- tends , J'aperçois , Je fens , Je doute , vkc. : Voilà des Véritez qui par raport à moi ne dépendent ni d'aucune Spéculation , ni d'aucun témoignage hiftorique : Et tout homme connoît des Véritez qui par ra- port à lui font précifément de la même nature que celles-là par rapport à moi. Notre Philofophe, par hazard, voudroit il foutenir que de cet ordre font aufîi les Véritez fondamentales qu'il doit prouver? Mais les véritez de cet ordre ne fe prou- vent point du tout» D'ailleurs elles n'ont jamais befoin d'êtres prouvées. Perfonne ne les a jamais férieufement ou véritable- ment révoquées en doute , ni ne fauroit le faire. Il en eft tout autrement des Vé- ritez fondamentales de la Religion. L'Au- teur aura beau dire , que de pareilles Véri- tez doivent être faciles à prouver. Car fans examiner à préfent s'il ne s'eft point dé- m.enti 522 Bibliothèque Britannique, menti lui même là deflus, dans fa Diflercation fur la Prière , par Fétalage des diffiçnltez des Athées, & par Tembaras de fes Réponfes; il y aura toujours une différence fpécifi- que encre des Véritez qui fe prouvent fa- cilement 5 6c des Véritez qui ne fe prou- vent point. Il fera donc obligé d'en re- venir à l'alternative propofée indirefte- ment par fon Théophane. Ou il avoûra que les Véritez fondamentales de la Re- ligion font des Véritez hiftoriques dont la preuve doit fe tirer de Vautorité d'une Ré- vélation divine: Ou il les prouvera com- me Véritez fpéculatives par voye de Dé- monftrations. Le premier Parti ne lui convient pas. Il prendra donc le fécond: Et il a eu foin de nous en avertir lui mê- me aflez clairement; Ce qu'il y a de certain félon moi , dit il , c^eft qiie VExiftence de Dieu , c'eft que fes 'Perfections morales , c^efi que les Relations naturelles de V Homme à Dieu en qualité de Créature raifonnable fur la quelle Dieu exerce une Jurifdiàion morale , ne fau- ro'ent dépendre , ni de la Férité ou de la fauf fêté d'aucun Fait bijlorique , «i de la vérité ou de II faujfeté de nos jugemens fur aucun fait de cette nature : Car ces jugemens eux mêmes continue-t-il , dépendroient de tant de circon^ Jiances incertaines ^ de tant de confîdérations propres à nous induire en erreur , qu'il fau- droit dans ce cas - là fuppofer Dieu capable d'a- voir voulu établir le falut du Genre humain fur Juillet, Août et Sêptemb. 1739. 323 fur un fondement très ruineux. Quoique cela ne foit pas parfaitement bien expri- mé, cela s'entend aflez dans la liaifon du difcours, & fignifie indubitablement que Ja Vérité de l'^xiftence de Dieu , & les autres Véritez fondamentales qui font ad- m]fes parle Philofopbe honnête homme, font des Véritez fpcculacives qui doivent être prouvées par des moyens toiit-àfaic indépendans de la Révélation proprement: ainfi dite ; foit parceque nous n'avons qu'u- ne Hiiloire très incertaine de cette Révé- lation ; foie parceque pofé même le cas d'une Révélation immédiate & permette ^ c'eft à dire actuellement accordée à un certain Homme 5 elle ne pourroic que pro- pofer les Véritez à l'examen de la Raifon , conformément à une des Règles que no- tre Auteur a prefcrites dans fa Préface -'^ Tenons aous en à fes idées. Soumettons nous à fa règle. Oublions pour quelque^s momens tout ce que nous devons à ïau- îorité de la Révélation. Faifons abdrac- tion , Il l'on veut , des Véritez qu'elle nous a apprifes , ou ne les regardons que comme des Problêmes ci réfoudre. Eflayons n.ous fur ceux qui ont été indiquez fous l.e nom de Véritez fondamentales de la Re- ligion: \ * Voyez ci-deffiis, pages i5 & i*^. du Tome X. A quoi Ton peut ajouter ce que l'Auteur 'l\" ■j. la page 93. Tome XIII Part. IL Y 324 Bibliothèque Britannique^ ligion : Et fi ce n'eft pas ici le lieu d'exa- miner toutes les folutions qu'on en a don- nées ou qu'on pourroit encore en don- ner , examinons aumoins les folutions que nous en fournit notre honnête hom- me de Philofophe. A quoi cela va-t-il nous mener? C'efl ce qu'on verra dans le Chapitre fuivant. [ On eft obligé , faute de place , de renvo^^er le fécond Chapitre à un autre Juurmd, ] ARTICLE IV. Philofophical Tranfa étions, &c. C'eft- à - dire : Mémoires Philojophiqiies de la Société Royale de Londres, Tom. XXXIX , pour les Années i73f, 1736 m 4^". A Londres 1738, chez T. Wood ivard , à l'Enfeignedu CroifTant , entre les deux portes du Temple dans Fleetftreet ; & Ch. Da- vis, au coin de Pater -Nofter Row, proche de Warwick-Lane , Impri- meurs de la Société Royale. MR. Mortimer, Membre du Collège des Médecins à Londres 6l un des Secrétaires de la Société Roy aie, a dé- dié ce Volume au célèbre Profefleur Boerhaave, fous lequel il a étudiée II rc- mar- Juillet, Août et Septemb. 1739. gçj» marque dans fa Dédicace" , que lî ces Mé^ moires fe publioienc au nom de la Société Royale, la réputation de cet illuftre Corps fuffiioit pour leur concilier Teftime du pu- blic. Mais comme ils ne contiennent que quelques-uns des Ecrits qui ont été lus dans les AfTembiées de la Société ;, & que le choix en e(t laifTé à la difcrétion des deux Secrétaires , l'Editeur devient par- la rérponfable de ce qu'il publie. Cette particularité nous a paru digne d'être com- muniquée à nos Ledeurs; afin que fi cer- tains Ecrits qu'on fçauroit avoir été com- muniquez à la Société ne paroiiTent pas» dans ces rvlémoires , ou fi quelques-uns de ceux qu'on y trouve ne font pas jugez tout-à-faic dignes dt lacuriofité du PùbliCg on n'en rende pas rérponfable le Corps en- tier de ta Société Royale. 7?'^-hri* Le premier Cahier de ce Volume, qui e(tle436. de.tout l'Ouvrage, pour les Mois do Janvier, Février & Mars 1735, con- tient les Articles fuivans. Art. I. Catalogue des cinquante Plantes du Jardin deCheHéa, préfenté à la Société Royale par le Corps des Apothicaires pour l'Année 1735, fiiivant l'établiiTement de Mr. le Chevalier Sloane, Dodleur en Mé- decine , Préfident du Collège des Médecins avec les Tables de Flamftead, corrigées „ par moi-même, fur lefquelles Tables les ,5 Catalogues'donnez dans les deux Articles •5, précedens ont été formez, je trouve qu'il „ y en a 74, qui font près du tiers de tout •„ le nombre , qui ne diffèrent pas d'une mi- ,f nute du tems marqué dans les Tables ; „ 127, qui font plus delà moitié, qui n'en „ diffèrent pas de deux minutes ; 181 , qui ,f font ks deux tiers de tout le nombre, qui p> ne 39 Juillet, Août et Septemb. 1739. 327 5, ne diffèrent pas de trois minutes du tems „ marqué dans les Tables ; 214 , qui font ,, les fept huitièmes de tout le nombre, 9, n'en diffèrent pas de quatre minutes ; le 99 refte n'en diffère pas plus de cinq mi- ,, nutes , ou de cinq & demi : ce qui eil: 99 un degré d'exaftitude , qui, félon mon 99 opinion , fuffit pour engager nos Mari- ,9 niers à fe fervir de ces EclipTes pour 99 déterminer les différences de longitude, 99 principalement puifqu'on peut les obfer- „ ver avec un Telefcope de trois pieds, „ comme on l'afllire à la page 169 de la 99 Connoijjance des Tems pour cette Année 99 (1735). Si cela eft vrai , j'ofe aflurer „ qu^une Immerfion ou Emeriion , obfer- „ vée avec un pareil Telefcope, ne différera „ pas d'une demi minute du tems qu'on trou- „ veroit .en l'obfervant avec un des plus ,, grands Telefcopes. En tout cas, ilfuffira ,9 de comparer enfemble les Obfervations de ^9 la même Ecliple faites avec ces deux difté- „ rens Telefcopes ; ce qui découvrira la dif- „ férencedu tems, & cette différence une „ fois découverte, fervira enfuite dérègle „ confiante pour ajufler les Obfervations. Art, V. Expériences & Obfcrvntions fur la Lumière qui efl: produite lorfqu'on communique une Attraction Eleàrique à quelques Corps animez ou inanimez, avec le récit de quelques-uns de fes effets les plus furprenans. Communiqué à la S. R. par une Lettre deMonfieur Etienne Gr?ay, Y '^ M, 528 Bihliotheq\je Britannique, 3M. de la S. R. à Mr. Morîimer ^ Mem- bre de la S. R. & Doâeur en Médecine. Cette Lettre efl datée de la Chartreufe à Londres le 28 de Janvier 1734. Mr. Gray ayant vu la Lettre de Mr. !Dufay au Duc de Richmond , inférée dans 3e 43. Cahier de ces Mémoires , a été charmé, dit -il, non feulement d*appren- dre que fes découvertes fur l'Eledlricité é- toient confirmées par le fuffrage d'un Phi- lofophe fi judi(^ieux ; mais aufli des nou- velles découvertes de Mr. Dufay, & par- ticulièrement de celles qu'il a faites fur la Lumière produite par les Corps Electriques. C'e(t-ce qui a engagé Mr. Gray à repé cr les expériences de Mr. DuFay , & à en faire de nouvelles , dont on nous donné ici le détail : nous en rapporterons quel- ques-unes. En Septembre 1734. Mr. Gray fit faire trois Verges de Fer , l'une longue de quatre pieds , les deux autres de trois pieds chacu- ne : Tune de ces dernières étoit en forme de Cône vers fes extrêmitez , & finifiToit en pointe , comme celle de quatre pieds : Tcu- tre étoit pointue à un bout, & non pas à l'autre. Toutes ces Verges avoient envi- ron un demi pouce de diamètre : elles avoient été premièrement forgées, ai en- fuite polies avec la lim^e & brunies. Ayant fufpendu quelqu'une de ces Verges fur des cordons de foye , à. appliqué un bout du Tube Eleûrique à l'extrémicé d'une de ce's ' ' ■ • Ver- Juillet, Août et Septemb» 1739. 329 Verges , non feulement on appercevoit de la lumière à cette extrémité ; maisonvoyoit aufli en même tems à Tautre extrémité une lumière qui s*étendoit en forme de Cône, dont la pointe étoit tournée vers cette ex- trémité : il paroilToit diftindtement que cette lumière étoit compofée de rayons , qui al- loient en divergeant; au moment qu'on la voit, on entend un petit fifïlement. Si , au lieu de fufpendre ces Verges fur des cordons de foye , on les met fur le bord d'un Cylindre de verre creux & bien échauffé , ou fur des gâteaux de Poix- refme, & de Cire jaune, ou de Soufre, on apperçoit les mêmes phénomènes que lorf- que ces Verges fontfufpenduës fur des cor- dons de foye. Mais Mr. Gray apperçut un autre phé- nomène qui lui parut bien furprenant. Ôelt qu'après que la lumière eût difparu , & qu'il fe fût placé à l'extrémité de la Verge oppofée à celle à laquelle le Tube Eleélri- que avoit été appliqué, en tenant la main a quelque diilance de la pointe de la Ver- ge, & la remuant vers cette pointe aflez rapidement, il en fortit un Cône de lumiè- re , de même que lorfqu'on appliquoit le Tube à l'extrémité oppofée. En repé- tant ce mouvement de fa main , le même phénomène parut cinq ou fix fois de fuite, mais les Rayons de lumière devenoient à chaque fois plus courts: cette lumière eft aufli accompagnée d'un petit fifflement. Y I Lorf- 33Û BrELIOTHEQUEBRITANNîQUF, Lorfqu^on met deux ou trois de ces Verges à la fuite les unes des autres , foit en Jigne droite , foit qu'elles forment un angle quelconque, qu'elles fc touchent ou qu'elles foient à une petite diftance les unes des autres ; 11 on applique le Tube Elec- trique à l'extrémité de l'une de ces Ver- ges , on appcrçoit à l'autre bout de la plus éloignée , les mêmes phénomènes qu'on appercevroit fi l'expérience fe faifoit avec une feule Verge. En approchai t la main ou la joue de rextrêmité qui produit la lumière , on fenc une douleur, comme celle que cauferoient des étincelles de feu. Mr. Gray fit forger une Boule de fer de deux pouces de diamètre , qu'il fie enfaire façonner au tour & polir : il la pofd fur un foutien de bois , & ce foutien fur un verre cylindrique. Le Tube Elec- trique étant appliqué proche de la Boule, on en vit forcir des rayons de lumière ac- compagnez d'un fifflemenc : en mettant la joué ou le doigt proche delà Boule, on ne léntit aucune douleur, quoique la lumière fût fort vive. Ayant poié la Verge qui avoit quatre pieds de long fur un foutien de bois fait en form.e de T, dont la barre fupérieure avoit une rainure pour tenir la Verge en état, & ayant mis le tout fur le verre cy- lindrique , de manière qu'une des pointes de ia barre touchoic la boule vis-à-vis de fon cen» Juillet, Août et Septemb. 1739. 331 centre , & appliqué enfuite le Tube Elec- trique à l'autre extrémité de la barre, on entendit proche de la Boule un plus grand bruit que de coutume, & lorfqu^on en approchoit la main ou la joue , la douleur qu'on fentoit , étoit plus forte qu'à l'ordinaire , la lumière étoit auffî plus vive & plus concentrée. Lorfque la pointe de la Verge étoit éloignée d'un pouce de la Boule , non feulement on appercevoit de la lumière fur la Eoule , mais on voyoic auffî fortir des Rayons de la pointe de la barre, comme lorfque l'expérience avoit été faite avec la barre feule. Mr. Gray fit une autre expérience avec une Plaque de cuivre de quatre pieds en quarré , qu'il mit perpendiculairement fur tm foutien , lequel il pofa fur le verre cy- lindrique: enfuite ayant placé la Barre de fer de manière qu'une de fes pointes étoic éloignée du centre de la Plaque de cui- vre environ d'un pouce, il appliqua lel'ube Eledtrique à l'autre extrémité de la Barre; puis donnant un petit coup avec le doigc au dos de la Plaque , on vit de la lu- mière de l'autre côté; il fortit en même tems des rayons de la pointe de la Barre ; iSc en approchant la main ou la joue d'un des angles de la Plaque de cuivre , il en •fortit de la lumière , accompagnée d'un pe- tit fifflement , & onfentit lelnôrae picot- tement que dans les expériences faites avec les Verges pointues. Y 5 Avant 332 Bibliothèque Britannique, Ayant mis une Afliéte d'étain fur un fou- tien, pofé fur le verre cylindrique, & appliqué premièrement le Tube Electrique, & enfuice le doigt , à cette Affiéte , on y ap- perçût de la lumière , & on fentit fon doigt repouiïë. En approchant la joue du bord deTAfliéte, on entendit un petit bruit ou éclat *, mais non pas û grand que lorf- qu'on faifoit l'expérience avec les Verges de fer. Ayant rempli d'eau l'AfTiéte d'é- tain , on apperçut précifément les mêmes phénomènes. Lorsqu'on fait cette expé- rience en plein jour, & qu'on approche le doigt de la furface de l'eau , elle forme en cet endroit-là une petite élévation , & s'applanit de nouveau, au moment qu'on entend le petit bruit ou éclat. Si on fait la même expérience avec une Affiéte de bois qui foit vuide, on apper- çoit bien de la lumière, mais on ne fent point que le doigt foit repoufle , & on n'en- tend point de bruit. Mais lorfque l'Affiéte efl remplie d'eau, & qu'on tient le Tube Electrique audelTus de la furface de l'eau, on apperçoit une lumière plus vive, miais on n'entend point encore de bruit , juf- Ques' à ce qu'après avoir bien frotté le Tube, on le mette à deux ou trois pou- ces du doigt qu'on tient proche de la fur- face de l'eau ; alors on fent que le doigt efl repouITé, & on entend le même bruit que *■ A Snapping. ir Juillet, Août et Septemc. 1739. 333 que lorfqu'on fait rexpérience avec une Affiéce d'étain. . Il paroîc par ces Expériences, dit Mr. Gray^ que par le moyen de i'hleftricité communicative on peut produire une flam- me réelle , accompagnée û'explojîon , & d'u- ne ébuliition dans de l'eau froide; & quoi- qu'on n'aye encore que très-peu d'expérien- ces fur ce fujec, il efl: probable qu'avec le tems on en fera un plus grand nombre, & qu'on trouvera moyen d'augmenter la force de ce Feu éledrrque, qui (s'il efl permis de comparer les petites chofes aux grandes) femble, par plufieurs expérien- ces , être de la même nature que celui des Eclairs & de la Foudre. On trouve encore dans le Cahier 439, yirt. VI une autre Lettre de Mr. G; tion qu'on les mît, ils y demeuroient: Elle ,, avoit la refpiracion libre, mais le pouls. ,, foible & irreguiier. Elle n'avoit aucun „ mouvement convulfif , mais on ne pou- s, voit pas la. faire revenir à elle. On la ,, faigna au bras, & on lui tira douze on- „ ces de fang, qui coula aifement; cela 5, la fit un peu revenir, mais elle nepou- ,f voit pas encore parler. Je lui ordon- „ nai la potion fuivante. p\ Aq. Menlb, 3^ Rutœ. Eryon. Co.a 5vi. Sal volât. Corn, 5, C. ?(i Saccbar. Albiff. ?ij. /. Haujf, ^, j'ordonnai aufli qu'elle prît de tems à 5, autre cinq cuillerées de ce Julep. Aq^. 3, Pideg. Rutœ. Merab. à ^ij. Aq. Bryon, ,y Co. Nepbrit. a Ji 3. Tin6t. Cajîor. £,ij. ,•> Saccbar. AlbijJ. q. f. f. Jalapiuvi. En. „ peu d'heures de tems elle revint à elle; „ je lui demandai alors , fi elle fçavoic „ comment elle avoit été prife de ce mal. ,, Elle répondit qu'elle avoit été fort in- ,r quiéte & fort agitée jufques à environ ,, quatre heures du matin , & qu'elle 55 croyoit que ce fut alors qu'elle tomba ,, dans l'état où on l'avoit trouvée; mais „ que c'étoit-là tout ce dont elle fe fou- 5, venoît. Elle fe plaignoit d'une efpece i, de vertige , (jc d'une violente douleur fur 9> le Juillet, Aovt et Septemb. 1739. n^j fi le devant de la tête; elle avoic aiifli 99 mal à i'cPtomac d: un peu de lièvre. 99 J'ordonnai qu'elle prît à quatre heures 9) après midi le vomitif fuivant. r-, j^q. ,9 Cardui bened. gi. Pulv. Ipecacuanb. 5J6. lA- 99 triol. alb. depurat.gr. vi. Oxjni. Scilliî. pi,5. 99 f. Haujt. Ce vomitif opéra très-bien, j> à tous égards. Elle continua de pren- 9, dre la potion toutes les (ix heures , & „ quelques cuillerées du Julep, lorfqu'el- „ le fe fentoit foible. Le matin du 13. a, de Juillet je trouvai que fon mal de tê- ,) te étoit entièrement pafle, & que fon y, urine étoit plus colorée. Je lui permis „ de prendre du bouillon, & quelque y, nourriture légère , dont elle fe trou- „ va bien. Elle fe leva l'après-midi, „ mais elle fe trouva foible, & avoitdes y, tournoyemens de tête ; au lit elle fe yy fentoit beaucoup mieux. Je lui ordon- „ nai de prendre la potion avec le Sel vo- 5, latil, &c. & cette purgation le lende- „ main matin, f^'. Tin6t. Hier, cum Vino 9yfa£t. Ji3. 5}T. è Spinâ Cerv. Aq. Puleg. ,, à^v'].Spir. Lavand. Co. 51. /. Hauji. cum „ regimine cap. Le quatorzième de Juillet „ la purgation lui donna cinq felles; elle „ mangea un peu à dîner, 6c fe trouva „ tranquille : mais lorfqu'elle marchoit „ par la chambre, la tête lui tournoit, & », elle trembloit beaucoup. Je lui ordon- 51, nai de prendre le foir cette potion. Juillet, Août et Septemh. 1739. 343 „ ï^. Aq. Ruîœ^ Puleg. Bryon. Co. a 55 vi. 99 Spir. Corn. C. opt. gutt. 40. Tin6t . Cajior. f, 5i. Saccbar. AlbiJJ. paululum, f. Haufl. „ Le quinzième de Juillet, étant levée, elle „ fe plaignit d'un engourdiflement dans „ les jambes, & d'un picottement, fem- „ blable à celui que Ton fent lorfque les „ jambes font ce qu'on appelle endormies. „ Elle avoit meilleur appétit , (k étok „ beaucoup mieux à tous égards. Je lui „ ordonnai les Médecines fuivantes. çi. „ Pulv. Rad. VaUrian. fylv, Bij. P. Cajior^ „ Rujf. 9i. Aj[[(B fœtid. 3!. Tin6î. Caftor. „ q. s. /. viàffa Pillular. cujus. formentiir 5) Pilull. No. 40. Elle prit quatre de ces „ Pillules, deux fois par jour, avec une „ petite potion de ce Julep. ç:. Aq. Ceraf» j^ Ni^r. jvi. Aq. Rutcs. Pœon. Co. â fij. „ Spir. Lavand. Co. 5vj. Syrup. Caryoph. q, „ s. fiât Julap. Elle prenoit auiîî cinq^ „ cuillerées de ce Julep , lorfqu'eJle le ,5 trouvoit à propos. Nous lailTames cou- „ 1er les vefîcatoires auffi long-tems que „ nous pûmes i&lorfqu'ils furent féchez, „ je lui ordonnai le 19. de Juillet la mê- „ me purgation qu'auparavant. Elle fut „ alTez bien , & n'eut aucune attaque juf- „ ques au 22. de Juillet , lorfqu'en fe fai- „ Tant appliquer un cautère au bras ,elle „ tomba dans une troifième convulfion, „ qui dura près de deux heures : cepen- „ dant elle fut aflez bien le foir. Le 29. ,9 de Juillet on la purgea encore. Le Z 3 f9 fixiè- 344 Bibliothèque Britannique, ,, fixième d'Août elle fc plaignit d'une „ douleur dans la tête , & d'an mal d'ef- 99 tomac : (Quelques jours auparavant {^es „ règles avoient commencé de paroître; „ elle avoit vomi prefqu'une pinte de ,, rang, & étoit rerferrée: Je lui confeil- ,) lai alors de prendre deux cuillerées de j. Teinture facrée tous les foirs, ou tous ,y les deux foirs , en allant fe coucher; je 99 lui ordonnai aulîi le remède fui vante , 5> ç-^ Spir. C. C. opî. 5iij. Tin£t. Helleb. Nigr. 99 -v. dont elle prit quarante goures, deux 99 fois par jour, dans une décoction de 99 Camomille. Elle continua de prendre 99 Ces remèdes pendant trois femaines ; 9, ils répondirent à mon attente , ô: je la 99 laiflai en bonne fanté. Je la vis envi- 99 ron un an après, & elle me dit, qu'el- 99 le s'étoit toujours bien portée depuis. 5, Caîalepjis tam rarus nffeàus eji , ut cre- 99 dant inier centum , imb Jexcentos , vix 99 unum Medicum reperiri , qui Catalepticum 99 aliquem viderit : ideoque Hijioriœ Catalep- 99 ticorum, fi occurrant, diligenter annotan- 99 d(2. S E N N E R T u s. Ivïed. Prud;» Lib. i» 99 C. 30. Art. F'. Penfées fur l'Opération de la Fijiiik Lacrymale. Par Mr. François- Jofepb RuNAULD , Docteur en Médecine, Mem- bre de la S. R. ProfefTeur Royal d'Ana- tomie & de Chirurgie,- (S: Membre de l'Académie Royale des Sciences ta Paris. Communiquées à la Société Royale par une Juillet, Août et Septemb. 1739. 345» une Lettre à Mr. Tho, Stack , Dodleur en Médecine. jirt. f^f. De la Caufe des Vents Âlifez ; par Mr. George H ad le y. Membre de Ja Société Royale. ,, Il me iemble, die Mr. Hadley , que „ ies Caufes des Vents Alifez n'ont po;nc „ été plainement expliquées par ceux qui „ ont traité ce fujet, parce qu'ils n'ont pas „ confideré avec afrez d'exadlituie com- „ bien le mouvement diurne de la Ter- „ re contribue à la production de ces „ Vents „ Tout le monde convient, je penfe, ,9 que l'Aclion du Soleil eft la caufe ori- „ ginale des Vents Alifez; & qu'il les ,, produit en caufant une plus grande „ raréfaction de l'Air dans les lieux où 55 fes rayons tombant perpendicuîaire- ,, ment , ou prefque perpendiculairement, „ excitent un plus grand degré de cha- ,9 leur, qu'ils ne font dans d'autres cn- „ droits. De forte que dans ces lieux ,, où les rayons tombent perpendiculai^ j, rement , l'Air devenu fpecifiauemenc ,, plus léger que celui qui l'environne, ,f doit être chaiTé de fa place par cet Air ,, plus frais qui eft plus denfe & plus pé- „ faut. . . Mais il femble que le feul effet ,, de cette rarefadion doive être , de 9, faire venir avec force l'Air de routes ,, parts dans l'endroit où il efc le pius ra- „ réfié , particulièrement du Nord (5: du Z 4 ■ ., Sud^ 34<5BlBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, ,) Sud, oii l'Air eft le plus frais; & non „ pas principalement de l'Eft <5c de rOueit, ,, comme on le fuppofe communément. 99 De forte que mettant à quartier le „ mouvement diurne de la Terre, l'Air 99 viendra de tout côté vers Tendroit ou 99 l'aftion du Soleil eltadtuellement la plus ,9 forte: d'où il fuit qu'il y aura fucceffi- „ vement un vent de Nord-Oueit le ma- 99 tin , & un Vent de Nord-Ed l'après- „ midi, de ce côté ici du Parallèle de la „ declinaifon du Soleil ; & un Vent de „ Sud-Oueft , & de Sud-Ell de l'autre 99 côté. „ Ce mouvement perpétuel de TAir „ vers rOueft ne fçauroit être caufé par „ la feule action du Soleil fur TAtmofphè- „ re; comme il paroîtra plus évidemment „ encore par le raifonnement fuivant. Si 99 l'on fuppofe que la Terre foit en re- ,^ pos, ce mouvement de l'Air fera com- 99 muniqué d'abord aux parties fuperficiel- 99 les , & produira peu-à-peu une Révo- ,9 lution de tout l'Air vers le même cô- „ té, à moins que la même quantité de 99 mouvement ne foit communiquée en -, même tems à l'Air, dans d'autres en- 99 droits , mais dans une diredion contrai- 99 Te; ce qu'on ne fçauroit fuppofer. Mais 99 fi le Globe de la Terre avoit aupara- 99 vant un mouvement à l'Eft, ce mou- „ vement de l'Air doit être par cela mê- 99 me continuellement retardé: Et fi l'on :>9 fup- Juillet , Août et Septemtî. 1739. 347 „ Tuppcfe que ce mouvement de l'Air naît „ d'une aftion quelconque de Tes parties „ l'une fur l'autre, la confequence fera Ja „ même. Ceit pourquoi il femble qu'il „ foitnéceflairede montrer , comment ce ,, phénom.ène des Vents Alifez peut être „ caufé, fans qu'il y ait réellement un „ mouvement général produit dans TAir „ vers rOuelt. C'eft ce qu'on montrera „ facilement , fi l'on confidere en même 9, tems le mouvement diurne de la Terre. ,, Car fuppofons que l'Air ait par-tout 99 un mouvement égal au mouvement o diurne de la Terre ; en ce cas il n'y „ aura point de mouvement relatif de là „ furface de la Terre & de l'Air , & par „ confequent point de Vent. Mainte- „ nant que par l'aftion du Soleil fur les 99 parties qui environnent l'Equateur, & „ par la raréfaction de l'Air produite par „ cette adlion , l'Air foit attiré-là des „ parties Septentrionales & Méridiona- „ les ; les Parallèles deviennent toujours „ plus grands , à proportion qu'ils font „ plus proches de l'Equateur ; & l'E- „ quateur efl: plus grand que les Tro- f, piques , à -peu -près dans la raifou ,, de lOGO. à 9171. & par confequenc ,, la différence de leur circonférence efl ,, à-peu-près de 2083. milles, (5c la fur- „ face de la Terre fe meut d'autant plus 99 vîce fous l'Equateur , que la furface de Z j M la 348 Bibliothèque Britannique, „ la Terre avec l'Air fous les Tropiques, y. D'où il fuit , que 1 Air qui fe meut des ,, Tropiques vers l'Equateur, ayant moins ,, de vélocité que les parties de la Ter- ;, re auxquelles il arrive, aura un mouve- „ ment relatif, contraire au m.ouvement i, diurne de la Terre dans ces endroits „ là; lequel mouvement relatif étant com- j, biné avec le mouvement de l'Air vers ,, l'Rquateur, produira un Vent deNord- ,, E(l de ce côté ici de l'Equateur, & un „ Vent de Sud-Ed: de l'autre côté. ,, A mefure que l'Air approche de TE- ,, quateur, ces Vents deviennent toujours „ plus fort»; , & de plus en plus à TEft , ,, iufques à ce Gu'ils deviennent tout-à- j, fait EU fous l'Equateur ( comm.e on le ,, trouve aufTi par expérience ) à caufe du ,, concours des deux Courans de l'Air du ,^ Nord & du Sud ; & la vîtelTe du Vent ,, fera à raifon de 2083. niilîes dans l'ef- ,, pace d'une révolution de la Terre, ou ,, d'un jour naturel, oc de plus d'un mille ., & un tiers dans une minute; ce qui efl ,, une plus grande vîtefTe que celle du ,, Vent dans les plu^ grandes Tem.pêtes ; ,, Car , fuivant les Obfervations du Doc- teur Derham , l'Air ne parcourt pas alors plu«i d un mille dans une minute. Mais il faut rem.nrquer, qu'avant que l'Air puifTe être arrivé <]cs Tropiques à ,, l'Equateur, il faut que la furface de la „ Ter- Juillet 5 Août et Septf.mb. 1739. 349 5, Terre ou de la Mer lui aie communi- „ que un peu de mouvement vers l'Eft, „ par où Ion mouvemenc relatif eft di- ,, minuc; & dans plufieurs Circulations ,, fucccljives il fera réduit à la force que i, l'on trouve qu'il a efredivement. L'Auteur fe fert des mêmes principes pour rendre raifon des Vents Alifez hors des Tropiques; & il finit par ces deux confequences : Premièrement, fans le fe- cours du mouvemicnt diurne de la Ter- re, la Navigation feroit prodigieufement longue, principalement vers l'Efl àjOueft, & il feroit peut-être impoiTible de faire tout le tour de la Terre. En fécond lieu , il faut que les Vents de N. E. & de S. E. qui foufflent entre les Tropiques, foient compenfez par des Vents de Nord- Oued &; de Sud-Ouefl: qui fouitîent ail- leurs ; & en général il faut que tous les Vents qui foufflent de qiielque point que ce foit, foient compenfez par des Vents contraires qui foufflent en quelque autre endroit : fans quoi il faudroit qu'il y eût quelque changement produit dans le mouvem.ent de la Terre fur fon Axe. Art. VL. Relation de pluficurs Trem- blemens (^e Terre arrivez dans la Nou- velle Angleterre, depuis que les Angiois s'y font établis; particulièrement du der- nier qui s'y fit fentir le l'ç. d'Odlobre 1.727. Communiquée à la Société Roya- le E 350 Bibliothèque Britannique, le par Mr. Paul D u o l e y , Membre de la Société Royale *. Après avoir marqué en peu de mots les Tremblemens de Terre, qui font ar- rivez dans la Nouvelle Angleterre depuis l'an 1638, Mr. Dudley vient à celui da 29 d'OiLtobre 1727. Il commence par marquer quel tcms il fit avant que ce Tremblement arrivât. L'Hyver avoit été aiïez modéré durant les mois de Janvier & Février, fans aucune forte gelée: en Mars il y eut beaucoup de Neige , & un peu de tems froid , mais cela ne dura Das: le onze il y eut une Eclipfe de So- _eil d'environ cinq doigts, quinze minutes, après quatre heures du foir, autant que Mr. Dudley en put juger fans le fecours d'aucun inflrument. Le tems fut affez beau le refte du mois ; il y eut de la pluye quelquefois , & une feule fois du Tonnerre ôc des Eclairs. ' En Avril il fit un beau tems de printems ,• il y eut beaucoup de pluye au commencement & à la fin du mois. Le commencement de Mai fut affez beau; le 9> le 10, & le 13. il plut beaucoup: le 18. il y eut une gelée blan- che ; le 24. & le 25. il fit fort froid; en- fuite il fit un tems fort fec jufqu'à la fin du * On peut voir ure autre Rél.-.tion du mê- me Tremblement de Terre dans le Cahier 40^. ées Mem, de la S. R. p, 124. Juillet, Août et Septemb. 1739. 351 du mois ; de même qu'au commencemenc de juin: durant tout ce mois il y eut beaucoup de Tonnerre & d'Ecîairs , aufll- bien qu'au mois de Juillet : & quoiqu'il y eût quelques ondées dans certains en- droits , cependant le tems fut générale- ment parlant fort fec: dans les trois der- niers jours de Juillet il fit fi chaud, qu'il n'y eut pas moyen de travailler, ni de voyager de jour» ni de dormir la nuit. Le commencement d'Août fut aufii excef- fivement chaud ; & le premier jour il fit des Eclairs continuels , le tout autour de l'horifon , depuis le foir jufqu'à minuit, quoiqu'il n'y eût pas beaucoup de Ton- nerre. La fécherefle continua jufqu'au 10, enfuite il y eut beaucoup de pluye par toute la Province ; mais la chaleur fe fit fentir fortement jufqu'à la çii-Sep- tembre; de forte qu'à tout prendre, je ne me fouviens pas, dit Mr« Dudley , d'a- voir vu tant de chaleur dans un feul été. Le 16. de Septembre il y eut une Tempête des plus violentes; le vent étoic au Nord-Efi: ; il y eut aufii beaucoup de pluye. En Odtobre le teras fut fort froid avant le Tremblement de Terre,* le 23. il plut bien fort, le vent étant au Sud: la nuit du 25. il y eut une forte gelée; le 26. un peu de Neige,* le 28. il fit froid , le vent étoit au "Is^ord-Oueft , ^ continua de même le 29. jour de Diman- che; le teras étoic froid, quoique le vent. ne 352 Bibliothèque Britannique, ne fCic pas fore : le foir il y eut un cal- me, & le Ciel étoic fort ciair& ferein. Par ce Journal abrégé, die Mr. Dudley ^ les Sv^avans pourront juger 11 la Terre n'a- voic pas étcdirpofée ou préparée au Trem- blement dont il s'agit ici, par cette lon- gue féchereile & par la chaleur extrême dont elle fut accompagnée, qui rendirent la terre plus poreufe , 6c la remplirent d'ex- halaifons ou de vapeurs enflammées , qui étant après cela renfermées dans la Terre par les grandes pluyes 6c par la gelée qui iuivirent, & ne trouvant par coniequent aucun pafTage pour forcir & s'évaporer, agirent les unes fur les autres au dedans de la Terre avec une violence terrible. Mr. Diidlsy examine enfuite de quelle^ efpeceécoitlè Tremblement de Terre dont j il s'agit ici. Gilbërùiis Jacchœus^ dans fes In- i Jlitutiones Pbjfïcœ, cap. Terrœ Motus , diflin- i gue quatre efpeces de Tremblemens de i Terre, en quoi il s'accorde avec Ariftote I & Pline, qui comptent pour la première | efpece la iimple iccoufle, qu'ils compa- | rent au Tremblement caufé par un accès 1 de fièvre. Notre Auteur n'a point ouï y dire que la Terre fe foit ouverte en au- -^ cun des endroits où le Tremblement s'eft -} fait fentir. Il e(l vrai que quelques per- ibnnes ont dit, qu'on avoit vu la Terre s*èiever fenfiblement , & s'abaifler enfuite. Mais notre Auteur doute de la vérité de ce fait ; parce que de pareilles fecoufles auroient Juillet, Août et Septemb. 1739, 353 auroient certainement renverfé quelques édifices, ou bien les exhalaifonsTeferoienc fait jour par quelque ouverture. Remar- quons pourtant:, que dans une Apoftille à cette Lettre Mr. Dudhy reconnoît, que des per onnes dignes de foi Tonc afruré , que ce Trem.blemenc de Terre av^oîc ren- du puante l'eau de quelques fources ; que quelques puits s'ér.oienc enfoncez confi- derablement dans la Terre, & que d'au- tres avoient môme entièrement difparu. Il ajoute, qu'un Gentilhomme deNbury , ville fituée à trente ou quarante milles de Boilon, au Nord -Nord- Eit, lui a c- crit , qu'à la diilance d'environ quarante Verges * de fa maifon , la Terre s'étoit fen- due, & qu'il étoit forti par cette fente près de trente charetées de fable fin: ce qui eft d'autant plus remarquable, que, comme Mr. Dudley l'a appris depuis, il n'y a dans ce quartier-là, à. dans les en- virons , qu'une forte glaife jufqu'à vingc ou trente pieds de profondeur, & qu'on n'y trouve jamais aucun fable; de forte qu'il faut que les exhalaifons ayent chaffé cette grande quantité de fable 'au travers d'un lie de Glaife d'une épailleur prodi- gieufe. Nous ne nous arrêterons pas à cç que notre Auteur dit du bruit qui précéda ou qui accompagna le Tremblement de Ter- re, * La Vierge ell de trois pieds. 354 Bibliothèque Britannique, re , ni à la defcription qu'il nous donne des efforts qu'il produific, parce qu'il n'y a rien dans tout cela de fort remarqua- ble. Mais il ne fera pas inutile de rappor- ter ce que Mr. Dudky dit de l'étendue de ce Tremblement de Terre. Bofton, Ca- pitale de la Nouvelle Angleterre, elt (î- tuée au 42. degré, & 25. min. de lati- tude Septentrionale, 4. heures & 43. min. à rOueft de Londres, fuivant que fafitua- • tion a été déterminée il y a long-tems par Mr.ThomasBrattle,de ce pais -là, & par Mr. Hodgfon , de Londres. Prenant donc Bofton pour centre, nous avons, dit Mr. Dudley , des Relations certaines, qui nous aflurent que le Tremblement de Terre dont il s'agit ici, a été fenti fur la Riviè- re de Quennebeck du côté de l'Efl, & à Philadelphie du côté de l'Oueft, deux en- droits éloignez de ijo. lieues l'un de l'autre, de rOuelt-Sud-Oueft, à rEft Nord- Efl, & il a été apperçu plus ou moins dans tous les endroits fituez entre ces deux termes. Et prenant une ligne trans- verfale, on a fenti ce Tremblement d'un côté jufqu'à i'Jlle appellée Nantucket , & de l'autre jufqu'à l'Ille nommée la Vigne de Marthe * , l'une & l'autre éloignée de Bofton de près de quatre-vingt dix mille.^: & la première à plus de dix lieutis de ■ Ter- " * Marth-a's Vi^eyard. ^ Juillet, Août et Septemb. 1739. 35-5' Terre -ferme. Il paroît par -là que ce Tremblement s'efl fait fentir dans une plus grande étendue de Païs , qu'aucun dont il Ibit fait mention dans l'Hiitoire. On ne fçauroit déterminer oh il a com- mencé. Dans les endroits fituez vers l'Oued on l'a fenti entre dix à. onze heu- res du foir : on l'a apperçu dans le mê- me tems aux endroits fituez vers l'Eft: d'où Mr. Dudley conclut, qu'il doit être arrivé à - peu - près au même tems dans tou- te l'étendue du Païs où on l'a fenti. Quel- ques-uns de nos voifms , ajoute l'Auteur , foutienncnt qu'il eit venu du Sud: d'autres afTurent qu'il venoit du Nord. Mais cet- te différence ne doit pas nous furprendre ; puifqu'il y a lieu de fuppcfer que les ca- vernes foûterreines par ou les exhalai- fons paflentj ne font pas fituées en ligne droite, mais qu'elles fe divifent enplufie'urs branches, félon tous les points de la Bouf- foie, principalement dans un^ fi grande éten- due de Pais. Art. VIII. & IX. Ces deux Articles con- tiennent une Relation d'un eifet extraor- dinaire de la Foudre, qui a communique une vertu Magnétique à des Couteaux, &c. A Walrefîeld, dans la Comté d'York. Par le DofteurCooKSON, & communiquée à la Société Royale par Mr. Pierre Dod, Docteur en Médecine & Membre de la S. R. Vers la fin de Juillet 1731. il y eut un Tome XII L Part, IL A a grand 35<5 Bibliothèque Britannique, frand orage de Tonnerre & d'Eclairs. La oudre entrant dans une chambre, fendit une grande cailTe de Sapin oii il y avoic plufieurs douzaines de couteaux &de four- chettes, qui furent difperfez par toute la chambre. Lorfqu'on vint pour les ra- raafler , on trouva qu'il y en avoit plu- lieurs de fondus , d'autres caiTez en deux, quelques-uns avoient le manche brûlé, &c. Mais ce qu'il y eut de plus remarquable, c'ed qu'après les avoir mis fur une table , fur laquelle il y avoit des doux , des an- neaux &c. de fer , on apperçut qu'en prenant quelques-uns de ces couteaux, ils enle voient avec eux des anneaux5des doux, &c. On les efTaya prefque tous, & Ton trou- va qu'ils avoient tous acquis la vertu de l'Aimant ; vertu qu'ils ont confervée , même après avoir été rougis dans le feu. Mr. Cookfon nous donne ici dans une figure? la fituation de la chambre dans la- quelle la Foudre entra , celle où étoienc les couteaux , & la ligne que fuivit la Foudre. Puis il propofe ces Queftions : Ne peut -on pas attribuer cette Vertu Magnétique que ces couteaux & ces four- chettes ont reçue, à ce qu'ils étoient pla- cez dans une direâion qui coincidoit, ou qui ne faifoit qu'un très -petit angle avec la Ligne Magnétique ; puifqu'une barre de fer, placée dans une pareille fituation , re- çoit en peu de tems une vertu attractive, qui û'ert que paflagere , il çlt vrai ; mais qui Juillet, Août et Septemb. i^Sp» 357 qui devient permanente, lorfque la barre demeure long-tems dans cette fituation? Ne peut-il pas être arrivé, que ces cou- teaux étant dans cette fituation , & ayant été prodigieufement échauffez par la Fou- dre , ont été fortement imprégnez de cet- te Vertu Magnétique; puifqu'une barre de fer échauffée, & placée enfuite dans une certaine diredion pour fe refroidir, ac- quiert cette Vertu plutôt , que lorfqu'on la met toute froide dans la même direc- tion ? Les Pôles de la Bouffole ont été quel- quefois changez par la Foudre ; comment donc la Foudre a- 1- elle pu communiquer une pareille Vertu dans le cas dont il s'a- git ici , puifqu'elle l'a fait évanouir dans une autre occafion? Nous donnerons la fuite dans un autre Journal. ARTICLE V. Hîjlo'ire du Droit Public EccUfiaftique Fran" fois ; oîi l'on traite de fa Nature , de fon EtabliJJement ^ de [es Variations £? des Caufes de fa Décadence: On y a joint quelques DiJJertaîionsJur les articles les plus importans ^ les plus contejîez. Par Monfieur D. B. J Londres Chez Sa- muel Harding^ 1737. 2. vol. in 8^. p-p. 472. pour le premier Tome, ôc 340. Aa 2 pour 358 Bibliothèque BRiTANNiQtrE, pour le fccond , fans compter les Vies des Papes Alexandre VI. & Léon X. qu'on y a ajoutées, 6c qui en con- tiennent. 138. Uoique le titre de ce Livre porte J qu'il a été imprimé à Londres , il efl: vilible, à en juger par le papier & par les caractères , que c'eftune imprefîion d'Hol- Jande. Nous nous Ibmmes cependant crus autorifez fur le fimple titre à en rendre compte, comme d'un Ouvrage qui nous a paru mériter par plus d'un endroit la ca- riofité du Public. V^oici le plan , tel que l'Auteur nous le donne lui-même. ,, J'expofe d'abord, dit-il*, les Droits ,, des trois Puiflances, c'eft-à-dire du ,, vSouverain , du Pape & des Evêques; ,, car c'efl du concours de ces trois Jurif- „ dictions que fe forme le Droit Public „ Eccléfiailique François; & je regarde ,, les idées dillinctes que j'en donne ,com~ „ me une Introduction néceflaire à l'Hif- 9, toire que j'écris. Je me fuis- attaché „ dans cette Introduction à établir les „ Droits du Souverain , parce que c'eft 5, à les détruire & à les affoiblir que les ,9 deux autres Puiffances fe font attachées. „ Je fais enfuîtc l'Hiftoire de Texercice i) de ces Droits, de l'abus qu'on en a fait, fi de * Préf. p. 4. Juillet, Août et Septemb. 1739. 359 „ de la foiblefle qu'on a eu à les défen- „ dre, deTadrefleàles attaquer, des pré- „ tentions, des entreprifes qu'ils ont don- 9, né occafion de former, & des divifîons „ dont ces entreprifes ont été fuivies. „ Comme parmi ces prétentions il y en „ a de fort embarafTées , à caufe du * rap- „ port eflentiel qu'elles paroiflent avoir au „ fond de la Religion, & que par- là elles „ demandent d'altez grandes difcuifions; „ j'en ai fait le fujet de quelques Difler- „ tations, fans leur donner d'autre ordre „ que celui des évenemens qui ont don- „ né naiffance aux difficultez qu'elles dé- „ veloppent, & aux conteftations qu'elles „ décident. Pour THiftoire même, je la ,y divife en quatre Parties; la première, „ depuis l'établifTement de la Monarchie „ jufqu'au tems de Grégoire VU; la fe- 5, conde, depuis Louis VI. jufqu*aux démê- „ lez de Philippe le Bel avec Eoniface „ VIII; la troiiièrae, depuis la mort de ce „ Pape jufqu'au Schifme; enfin la dernie- „ re , depuis ce Schifme jufqu'à la Confli- „ tution Unigenittis *«. Du relie, l'Auteur fait profeiïion d'une aufli grande impartia- lité que s'il écrivoit fur les Droits du Muphti & du Grand-Seigneur; il n'attend ni penfion ni Bénéfice, & il dit librement ce qu'il penfe. Il pofc d'abord pour principe incontef- table, que la Religion Chrétienne n'a rien changé aux Droits des Souverains , & que , Aa 3 4^^^" 35oBlBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, quelque éminent , quelque facré que foit le caradère de fes Miniftres, ceux qui le reçoivent ne ceflenc point d'être fujets. D'où il fuit évidemment , qu'on ne doit te- nir aucune AlTemblée Eccléfiaftique, ni pu- blier aucun Règlement en matière de Re- ligion, dans les Etats d'un Prince , qu'avec fa permiffion & fous fon autorité; que tous les Membres de l'Etat, tant Écclé- "Galtiques que Laïques , doivent également contribuer de leurs biens & de leurs fer- vices perfonnels à fa confervation & à fa défenfe , & que , pour les y contraindre , le Souverain n'a beîbin de l'autorité de qui que ce foit; que c'eft à lui feul qu'il a- partient de difpofer des Poftes émincns dans l'Eglife, aufTi-bien que dans l'Etat, & qu'aucune Puiflance étrangère n'a droit de s'en mêler. Pour juftifier ce principe , l'Auteur allègue THiftoire de l'Eglife. A- près que par fa patience & par fes tra- vaux infinis elle fe fat peu- à -peu écablie fur les ruines de l'Idolâtrie, fon Gouver- nem.ent parut aux Souverains digne de leur attention» Ils y intervinrent; & au- tant que la nouvelle' Religion pouvoit le permettre, ils firent, par rapport à elle, ce qu'ils avoîent fait par rapport à l'ancien- ne. Ils ne s'en, déclarèrent pas les Chefs, mais les Protecteurs, Ô: ils regardèrent ce titre comme une partie elfentielle de leur Souveraineté. Ils ne décidèrent point les difputes qui s'élevoienc dans l'Eglife , . mais Juillet, Août et Septemb. 1739. ^6i mais ce fut par leurs ordres que les Evo- ques alTemblez les décidèrent ; & ce fut par leurs Edits que ces Loix Eccléfiafli- ques devinrent des Loix d'Etat. Le Grand Conftantin , après fa converfion au Chriftia- niflne, entra fort avant dans les affaires de l'Eglife. Les Evêques eux-mêmes s'addreffe- rent à lui , &. implorèrent ion autorité fou- veraine pour Pextindion des fchifmes tiens apartenoit au Prince feul, le Pape ., ne s'en mêloit en aucune manière ,• on ,, lui écrivoit feulement fa profelîîon de ,, foi,6L on lui demandoit fa communion^ 55 Certainement alors il ne tiroit aucun „ Tribut des autres Eglifes ; au contraire, „ comme la fienne étoit la plus riche , il ,> les aifilloit dans leurs befoins. Dans ces „ premiers tems n'étoit-il point le Chef de r, l'Eglife? N'a-t-il commencé de l'être que ,^ lorf. Juillet, Août et Septemb. 1739» 3(^7 „ lorfqu'il s'ell: attribué des Droits qu'il „ n'avoit point ? Lorfqu'il a établi des „ contributions fur fes frères & fur fes en- „ fans , & que contre la fentence de Jefus- ji Chri(l,dont il fe dit le Vicaire, il a fait „ de fon Sacerdoce un Royaume tempo- ,y rel , une Domination toute profane & 9, toute féculiere, jufqu'à entreprendre de „ commander aux Rois même , jufqu'à „ prétendre que les Princes de leur fang „ le cedalTent à ceux qu'il honoroit des ,> dignitez de fa Cour; égalant par -là ,> l'orgueil infupportable de Rome Idolâtre, „ qui préféroit ridiculement fes Bourgeois ,9 à tous les Rois du monde ? Pour prévenir ces abus , l'Auteur décla- re librement ce qu'il juge qu'il faudroit faire. ,, Peu- à -peu, dit-il (*), on a n aboli l'ufage des Expedlatives fi onéreux „ aux vrais Collateurs & fi fructueux à la „ Cour Romaine : Ne pourroit-on pas em« „ pêcher les François d'aller à Rome m.an- ,9 dier, ou ii l'on veut, difputerun Béne- „ fice , leur défendre d'y aller fans une ,9 permiflionexprelTe, qu'on n'accorderoic „ qu'à ceux qui ne pourroient prétendre à „ aucun Bénéfice ? Ne pourroit-on pas, „ par des délais réi'terez ,iaîTerla patience „ de ceux que le Pape auroit nommez, „ par des prétextes fpécieux infirmer leur „ nomination , faire de leur ^ie un exa- 93 meu •^ * ) Pag. 77- 3(T8 Bibliothèque Britannique, „ men exadt & rigoureux , les engager à „ fe défifter de leur droit, déclarer que le ^, confentement du Patron naturel eft né- 5> ceiTaire , & dans la concurrence préfé- » rer la nomination de l'Ordinaire à celle „ de Rome? tn un mot, le Souverain ne ,, pourroit - il pas par un Edit folemnel „ annuller toute Nomination faite par „ tout autre que par lui, ou par quelqu'un „ de fes fujets , du moin«5 par quiconque j, ne poiTederoic pas les Terres, les Béné- ,5 fices à quoi plufieurs de ces Nominations ,) font attachées P Outre que par-là il ren- „ treroit dans les droits , il conferveroic „ les groflesTommes d'or â d'argent qu'on î, tranfporte à Rome ". Ce langage paroîtra peuc-ê:re furprenant dans la bouche d'un Catholique, mais il n'en eft pas moins jufte ; la feuie difficulté confifte dans l'exécution , qui ne pourroit avoir lieu fans rompre tout -à -fait avec le Pape , & qui par cetce raifon a bien l'air de ne réiiffir de long-tems. Après avoir ainfi établi fa thèfe, l'Au- teur a recours à l'Hiftoire depuis TEta- bliiTemenc de la Monarchie Françoife, pour faire fentir la folidité de i'^s, réflexions, & pour découvrir la fource & les progrès des abus dont il fouhaite la reformation. C'eft là-deffus que roule la plus gran- de partie de fon Ouvrage. Nous ne fçaurions le fuivre dans ce détail qui , quoique très-curieux, n'efl gueres i^\x^cQ\)' cible Juillet, Août et Septemb. 173p. 35^ tible d'Extrait. Mais nous dirons quelque chofe des Diflertations particulières qu'il y a entremêlées. La première traite de la Supériorité des Evêques de Rome, que l'Auteur explique de cette manière. Le Pape eft au delTus de chaque Evêque en particulier: mais il eft inférieur à tous les Evêques en géné- ral, qui peuvent faire des Loix auxquelles il foit obligé d'obéir. Et voici fes preu- ves (*) Les Apôtres ont tous également reçu de Jefus-Chrift le pouvoir de prêcher l'Evangile , de lier & de délier les pé- cheurs, de remettre & de retenir les pé- chez. A cet égard Se. Pierre n'eut aucune fupériorité fur fes Collègues. Cependant on ne peut nier qu'il n'eut fur eux quelque Primauté , qui confîfloit en ce qu'il étoit le premier entre eux, & comme leur Préfident & leur Chef. C'eft ce que l'Auteur cro t pouvoir conclure de ce que J. C. Pavoit appelle le premier à le fuivre, de ce qu'il eft ordinairement nommé le premier dans l'IIiftoire de l'Evangile, de ce qu'il a prêché le premier cet Evangile, de ce qu'il paroît avoir préfidé au Concile de Jerufalem , & fur-tout de ces paroles que*^notre Sauveur lui addrefTe après fa Ré- furredion. Pais mes Brebis, quoiqu'afluré- ment il n'y foit queftion de rien de fem- blable. Il eft vifible par toute la fuite du dif- (*) Pj2. 1.23. & fuiv. 370 Bibliothèque Britannique, difcours, que c*eft une efpece de formule dont J. C. fe ferc pour rétablir cec Apô- tre dans fon Miniflère, duquel il étoit dé- chu par fa triple abnégation. Mais quand le contraire feroic vrai , quand St. Pjerre auroit été primiis inter pares , ce que l'on peut accorder fans aucun danger pour la foi, que s'enfuivroit-il ? Q^ae le Pape efl aulTi le premier , le Cher des Evêques , comme l'Auteur le prétend ? Mais pour que la confequence fût juile , il faudroit avoir prouvé auparavant qu'il ed le fuc- ceiTeur de St Pierre, & qu'il a hérité de fa Prééminence ; ce que l'Auteur ne s'eft point mis en peine de prouver, fans doute parce qu'il en abienfentila difficulté, ou plutôt fimipoiTibilité. Cependant nous lui ferons d'autant moins querelle là-delTus , qu'il n'eft aucun Pro- teftant qui, pour le gain de la paix, ne lui pafTàt volontiers cette fuppofltion, toute précaire qu'elle eft , pourvu que fon fyf- tême fur la Supériorité du Pape pût avoir lieu. ,, Le Pape , dit-il (*) , n'eft pas „ plus fupérieur des Evêques , que St, Pier- „ re l'étoit des Apôtres. Il eft le premier „ des Evêques , leur Chef; il a fur eux droit „ d'infpcdion , d'admonition , de repréhen- „ fion même. S'ils s'alTemblent pour quel- „ que caufe concernant toute TEglife , ^, c'eil à lui à les convoquer, fauf le droit „ de5 (*) Pag. 138. * Juillet, Août et Septemb. ly^ç). 37^ M des Princes , & à les préfider ; mais il 9, n'eft point Jeur Souverain i Ton fentiment „ n'crt point leur règle; il n'a pas lui feul 99 plus d'autorité qu'eux tous; il efljComr „ n>e chacun d'eux en particulier , infé- ,9 rieur à rAflemblée qu'il a convoquée , ,9 & ne peut fans crime refufer de s'y „ foûraettre. Si les Evêques-ont perdu 99 leurs droits, (1 le Pouvoir que jefus- „ Chrift a attaché à leur facré caraclère „ eft borné, fi on les domine, fi on rcgne „ fur eux fi on ks tienc „ dans la fervitude, ce ne peut écre que ,9 par la coupable ignorance de leursDroits, „ & par leur indigne foiblefTe à les défcn- 99 dre. L'Auteur montre cnfuite par l'Hifloire de la primitive Eglife , que c'ell-là l'idée qu'on doit fc faire de la Supériorité du Pape. 11 eft feulement fâcheux qu'elle ne lui ait fourni aucun trait de la Préémi- nence des Evêques de Rome fur tous les autres Evoques , en qualité de Succcf- feur de St. Pierre ; ce qui étoit pour- tant le point efTentiel à juftifîer. Tour, ce qu'il en a tiré, tend même plutôt à ren- verfer cette Prééminence qu'à l'établir. Que les Ledeurs en jugent par le précis que nous en allons donner. Tous les Evéques étoient originaire- ment égaux; ils avoient chacun leur Dif- tri6l, ou leur Diocèfe particulier, qu'ils gou- vernoient avec un plein pouvoir & une Tome XIII. Pan. IL Bb en-- 372 Bibliothèque Britannique, entière indépendance. Aucun d'entre eux ne s'ingéroit dans les affaires des autres, & n'exerçoic aucune efpece d'autorité ou de jurifdidlion fur les autres. Lorfqu'il y avoit quelque point important à régler, ou quelques abus à reformer, ce n'étoit jamais aucun d'eux en particulier qui en décidoit ; mais ils formoient, ou des Sy- nodes Provinciaux, ou des vSynodes Natio- naux ,dans lefquels.on regloit l'affaire à la pluralité des fuffrages. Cependant leurs décifions ne lioient les Evêques des autres Provinces, ou des autres Nations, qu'autant qu'ils le vouloient bien , & qu'ils trou- voient la chofe raifonnable. Les Evêques des Métropoles, des Capitales, & quel- quefois même du lieu où l'on s'aflembloit, préfidoient à ces Synodes , & n'y avoienc que leur voix comme les autres. Aucun d'eux ne s'attribuoit le droit de convo- quer ces fortes d'Aflemblées , & d'y préfl- (^er, en quelque lieu qu'elles Te tînlTent. Dans ces heureux tems , donc , les Evê- ques de -Rome avoient leur Diftrict com- me les autres Evêques-; leur Jurifdiclion ne s'étendoit point au-delà du Territoire •qui leur avoit été attribué : Mais leur Sié^e étant le plus ancien de l'Occident , c'eii d'eux que le refte de l'Italie, les Gaules, les Efpagnes, reçurent la lumière de l'Ev^angile ; ils furent en quelque forte les Fondateurs des Eglifes qui s'y formè- rent, ils leur donnèrent leurs premiers Eve- Juillet, Août Ef Septerib. 1739. 273 Evêqiies ; d'oîi naquit le rcfpefl: & Ja re- connoiirancc que ces Eglifes conferverene toujours depuis pour l'Eglife de Rome, comme pour leur Mcre & la fource de leur faluc. 99 C'efl de cette efpece de Filiation , j^ die l'Auteur *, qu'eft venu le grand >i rapport des Eglifes particulières d'Oc- 99 cident avec Rome , 6c la refpedlueufe ff déférence qu'elles avoient pour elle. 99 Les Eglifcs d'Orient, qui n'étoient point 99 Tes filles, fi je puis ufer de cette expref- »j fion, ne la confultoient gueres, & n'a- 99 voient avec elle aucun rapport particu- ?» lier ^*. [Ces Eglifes ne reconnoifToicnc donc pas la Primauté des Papes en qualité de SuccefTeurs de St. Pierre , autrement elles auroient confervé avec eux , comme avec leurs Chefs, une étroite relation. > 99 je dois l'obferver ici; ce ne peut être »? que fur cette filiation des Eglifes d'Oc- 99 cident que l'Eglife Romaine s'appuye ,, pour prendre, comme elle fait, le titre „ pompeux de Mère ^ de MaîtreJJe des au ,5 très E^ifes\ & ce n'cft atTurémenc qu'eu j, ce fens que les Pères du Concile de Tren» ,9 te ont adopté cette exprefîion: Quei^ 9, que exceffive que foit la déférence qu'ils ,, ont eue pour Rome, ils ne pouvoient ,, ignorer qu'ils avoient droit de fufFrage, i, 6: par une fuite néceflaire , que ces pa- 9j rôles > Pa7. T44. Bb 2 374B1BL10THE QUE Britannique, „ rôles ne pouvoient être prifes dans ua „ lens rigoureux. Les chofes demeurèrent dans cet état, jarqu'à ce que les Empereurs d'Occident crurent beaucoup honorer le Siège de leur Empire, en élevant celui qui en étoit Evo- que au délias des autres Métropolitains, par la liberté qu'ils donnèrent indifférem- raeut à tous les Particuliers d'appelîer à fon Tribunal. Ces Appellations furent par-tout regardées comme une Innova- tion; & u l'on s'y fournit, ce ne fut qu'à la longue & avec beaucoup de peine; com- me il paroît par une Lettre des Evêques d'Afrique au Pape Céleftin, que l'Auteur cite, mais qui eft trop longue pour l'in- férer ici. Voilà, fuivant lui, de quelle manière les Evêques de Rome ont acquis fur les autres Evoques, une Supériorité qu'ils n'avoient point originairement. Mais, li cela efl vrai , comme on ne peut leçon- tefter , que deviendra la Primauté qu'il leur attribue en qualité de Succefleurs de St. Pierre ? iN'efl-ce pas un titre en l'air, dont il a voulu leur faire honneur, ap- paremment pour ne pas effaroucher les bons Catholiques qui font accoutumez à ce langage? ,, Cejiainfi ^ dit-il en finifTant cette Dif- „ fertation , que l'élévation d'un feulEvê- „ que a dégradé tout l'Epifcopat ; elle „ a changé la forme primitive du Gou- ,, vernsment de VEgUfe\ d'Ariftocratique i, qu'il Juillet, Août et S^ptemb. 17^,9. 375 5, qu'ilécoic, il eO: devenu Monarchique. i, C'efl fur-tout à ceux qui font lézez , „ dont la Dignité a été avilie , à voir fi iy l'honneur & la confcience ne les obli- „ gent pas à prendre toutes les mcfares i) poflibles pour lui rendre fon premier a éclat & fa première indépendance. Quoi ,i qu'il en foit, il cfl: certain qu'il n'eitni ,9 ceflion ni poiTefliion , quelque longue a qu'elle foit, qui puifTe rendre légitime „ une pareille ufurpation. On ne préfcrit 99 point contre la volonté de Dieu , ou 99 contre les Etabliflemens deJefus-Chrift, 9, fon fils , qu'il a fait Maître abfolu de fon „ Eglife. La féconde Diflertation a pour objet l'Autorité des Papes fur le Temporel des Rois & des Eglifes. Elle fe réduit donc à deux queftions ; la première , en quoi les Princes dépendent des Papes par rapport au gouvernement & à la polTeiTion de leurs Etats? La féconde, fi le Pape eft le Maître de tous les Biens Eccléfiafi:iques ? „ La première , dit l'Auteur *, n'a pas „ befoin d'être traitée, & c'efl: en quel- „ que forte faire injure aux Souverains 5, que de l'examiner; car il eft évident „ que les Rois ne dépendent, ni médiate- „ ment, ni immédiatement, d'aucune Puif- 5, fan ce créée, & que leur Autorité n'a „ point d'autres bornes que celles que j, leur * Pag. 19^. Bb3 37^ Bibliothèque Britannique, ,, leur préfcrivent les I»oix fondamentales „ de leur Etat, & les fermens par lefquels .. ils fe font obligez à les obferver. Sur „ quoi donc peuvent être appuyées les ,, prétentions des Papes? Sur quoi fondé n eft-il dit dans l'Office de St, Pierre , ,., que Dieu lui adonné tous les Royaumes ,, du monde ? Eil-ce parce que Jefus- „ Chnffc a été établi le Maître du monde, ,y que les Papes s'imaginent l'être auffi ? ,5 Seroit-il rien de plus bizarre que cette M confequence? Quel rapport de puiflan- 5, cepcut-iî y avoir entre le Très-Haut & ., de foib'cs' Créatures? Le pouvoir qu'il ,, areçUjiirexerceinvifibiement, ôcTexer- 5> cera à la iin desfiécles de la manière la ,, plus éclatante. Il a établi les Apô- ,, très & leurs rucceflcurs pour gouverner ,, î'Eglile ; tous les pouvoirs qu'il leur a ., donnez le bornent à ce gouvernement; ,, les Clefs qu'il leur a données, font les -, Clefs du Royctame du Ciel, & non des j, Royaumes de la terre. Leur puilTance ., délier, de délier, d'ouvrir , de fermer, ne regarde que le Royaume dont les Clefs leur ont été confiées ; tout autre ufciîre qu'ils en font, doit être regardé co'.nme une injufte ufurpation. La Paix , ,vla Guerre, ne font point de ieurreflbrt; „ fis peuvent bien , pour engager à la Paix, ,, pour faire ceiTer la Guerre, employer ,, les prières , les exhortations , les re- !^ montrances , mais on efl: libre de s'y 3, ren- Juillet, Août et Septemb. 1739. 377 9i rendre ou de leur refifter ; & ils ne „ méritent plus d'être écoutez, dès qu'ils „ s'oublient jufqu'à commander [auxPrin- 99 ces s*entend,]jurqu'à joindre les mena- 99 ces à leurs commandemens. Pour ce qui eft de l'Autorité des Papes furie Temporel de l'Eglife, ce qu'on a dit auparavant au fujet des Bénéfices & des revenus Eccléfiaitiques, fait aflez voir qu'ils n'en ont aucune, ou que ce ne peut être tout au plus qu'une Autorité d'infpec- tion 5 comme l'Auteur le foutient. Sui- vant lui , la qualité de Chef de l'Eglife, donne à l'Evéque de Rome le droit , ou plutôt lui impofe l'obligation de veiller à la confervation des Biens Eccîéiiafliques , d'animer le zèle de fes Confrères dans l'Epifcopat, pour en empêcher l'aliénation , la dilTipation, pour en régler la divilîon ou la réunion: Droit, obligation qui lui font communs avec tous les Evéques, & qui ne lui deviennent particuliers que lorfque les Evêques les négligent parfoi- blefle,par timidité ou par complaifance. Ce n'eft qu'à leur défaut qu'il peut& qu'il doit intervenir dans ces fortes d'affaires. Chaque Eglife , par rapport à la pofleliion des Biens qu'elle a acquis , ou qui lui onc été donnez, eft indépendante des autres. Elle feule en a le domaine & l'ufage , fauf pourtant les droits des Princes & des Seigneurs particuliers de qui les Terres -données ou acquifes peuvent rélever, Ain- Bb 4 fi 378 BlBLTOTHEQtTR BniTANNiqUE, ii les Biens deTEglife de Paris, par exem- ple, font audl indépendans de TEglife de Kome,que ceuxde 1 ÎLg'ife de Rome peu- -vcnt l'être de i'E^hfe de Paris. Cette indépendance eit fondée de parc (Se d'au- tre Ibr les mêmes raifons ; fi^avoir la vo- lonté des Donateurs , & la capacité à re- cevfùr, à acquérir & à poUeder , de forte qu'il ne fçauroit y avoir de différence. D'ailleurs, fi le Pape étoiG- maître des Biens d'Eglife, qu'il en eût le domaine , qu'il pût s'en approprier l'ufage, quel tort cela ne feroic-ii pouuaux Souverains 6c à leurs fujets, & quelles fâcheufes fuites ne pourroicuC point avoir ces richefies im- menfes? L'x'^uteur dit avoir lu dans des Mémoires manufcrits de Mr. du Gué- Bajrnols, qui a été fort long-tems Inten- dant de Lille en Flandre, que l'Eglife , depuis la fource de la Scarpe jufqu'à ce que cette rivière fe jette dans PEfcaut , pouede en terres pour un million fcpt-cens mille livres de rente ; cependant à peine y s-t-il dix-&-huit lieues. L'excès efl en- core plus fenfible dans Je Camibrens ; car en fuppofant , comme le fait cet Intendant , que'cette Province contient environ dix- &-rept milie Acres de terre , la NobleHe & îe Peuple n'en ont que troif^-mille , tout le rede étant entre les mains du Clergé. En France même, les Eccléfiaftiques fé- cuiiers & réguliers ont, fuivant l'Anteur , Il y a déjà du tems,dic- „ il * , qu'on a commencé en France à 99 ouvrir les yeux ,& àrevenir des piéju- „ gez trop favorables à la Puifiance Ec- j, cléfiafcique ; il s'en faut pourtant enco- „ re beaucoup qu'on ne penfe jufte à „ cet égard , & qu'on ait regagné le ter- „ rein qu'on a perdu. On délibère , on ,, craint même, on héfite & on tremble, j> comme fi l'on n'avoit pas des principes j9 fûrs pour borner les prétentions de l'E- „ pifcopat en général , & de quelque Evé- ,, que en particulier. On croit avoir trou- „ vé un expédient admirable,quand,afind'é- „ viterunTribunal qui embarafle, on a ima- „ ginéd'en appellera un autre qui n'exifle ,, point, & qu'on ne doit pas plus recon- ,> noître que celui qu'on décline, à moins qu'il ne s'agilTe de la Foi. Ignore-t-on que les Conciles ont fouvent entrepris fur la Puiffance Temporelle , & qu'ils ont fait desdécifions qu'elle feule avoit droit de faire ? Pourquoi ne pas décla- rer hautement ce qu'on a droit de pen- f9 Je le fçais , on cramt les noms odieux ,,d'Hé-. . * Psg. s 46. & fuiVi >{ d Juillet, Août et Sf.ptemb* 1739. 385 99 d'Hérétiques & de Schifmatiques, que 9) les Eccléfiaftiques prodiguent à ceux qui 99 s'oppofent à leurs prétentions. Maia 99 ces cris injuftes doivent-ils empêcher 99 qu'on fecouë le joug dont on n'auroit 5, jamais dû fe laifier charger? Scroit-on ,> Schirmatique,fi on n'avoit avec Rome ,9 que les rapports néceffairespour lacon- 99 fervation de la Foi & des mœurs ? Le 99 feroit-on,!! l'on ne payoit plus d'Anne- 99 tes pour les grands Bénéfices? Les E- j^ vêques feroient-ils hérétiques , rchifma- M tiques , s'ils fe rétablilToient dans les 99 droits & dans l'exercice de la Puiflan- „ ce que Jefus-Chi^ift leur a donnée ? 99 Ceux qui les aideroient, le feroient-ils ? 99 Mais fur-tout , le feroit-on pour ne pas » reconnoître, pour ne pas recevoir ces $9 Excommunications, ces Interdits , qui ,*, ont pour but de foulever les Peuples ,5 contre les Chefs de la Société Civile ; „ ces Excommunications, ces Interdits que „ la Politique a mis en œuvre , pour le î, moins aulTi fouvent que le zèle de la ), Religion; ces Excommunications, ces 99 Interdits qui fuppofent une Souveraine- ., té injuftement prétendue , judement con- „ teftée ? Craignons donc le Schifme , „ mais ne craignons pas fon ombre; du 99 moins que cette crainte ne nous trou- „ ble & ne nous aveugle pas jufqu'à nous „ le faire voir ou il n'efl point. Dès >• qu'il y a de Tabus & de l'injuSice dans }9 le$ 5^ 86 Bibliothèque Britannique, _ les Prétentions, le SchiflTis , ou plutôt ,, le crime, Fodieux du Sclufme, ne peut i, être du côté des Oppofans. N'->us renvoyons le refis de cet Extrait à un Journal fuivant, ARTICLE VI. Travels, or Obfèrvations Reiating to Several Parts of Barbary and the Le- vant, &c. Ce/l-à-dire: Vo'ya^es en ai- "oers Lieux de la Barbarie fcf du Le- ijTnt'^ avec des Ol/fervatious. Par Tho- mas Shaw , Dûiîeureu Théologie , Mem- bre du Collège de la Reine à Ox- ford, &f de la Société Roya- le. [ Quatrième & dernier Extrait]. Obfèrvations Géographiques fur la Sy- rie, la Phénicie ôc la T^erre- Sainte. COmme entre les Anglois IMr. Maun- drell, cd celui qui a donné la Def- cription la plus exadle de ces Pai's, l'Au- teur déclare d'abord, que fes Remarques ne rouleront que fur ce qu'il a omis , ou mal rapporté. Laîicée ^ ou Laodicê8,Qil la première vil- le maritime de la Syrie du côté du Nord. Elle eiT: fituée fur une colline , en am- phithéâtre; ce qui en rend la vûë très- bel- Juillet, Août et Septemb. 1739. 387 belle. On y voit encore les reftes de quelques Monumens antiques , entre au- tres plufieurs rangs de Colomnes de Por- phyre & de Granité, avec les ruines d'un grand Aqueduc, probablement le même q\ïHérode fit bâtir, au rapport de Jofe- phe *. Mais le morceau le plus curieux en ce genre & le mieux confervé , efl un magnifique Arc de triomphe d'une gran- de étendue, qu'on a converti en Mof- quée. Les Colomnes font de l'ordre Co- rinthien,l'Architrave cfl ornée de trophées, boucliers , haches d'armes & autres infiiru- mens de guerre ; & le refie de l'enta- bîature efi: fiiperbe 6c d'une grande har- diefle. On trouve parmi ces ruines quan- tité d'Infcriptions Grecques & Latines; mais elles font fi effacées , qu'on ne ftj^au- roit en tirer aucun ufage. A une petite diftance de la ville, tirant à rOuefl:, il y a un Port afiez grand, dit l'Auteur , pour contenir autant de VaiiTeaux de guerre, ou marchands, que l'Angleterre en a; quoiqu'il foit aujour- d'hui tellement comblé , qu'à peine en peut-il recevoir une demi- douzaine. A un quart de mille de Laodicée ^ du côté du Nord , on trouve plufieurs Cercueils de pierre ( Sarcopbagi) dont quelques- uns ont encore leur couvercles; ils ref- femblent aflez à ceux qu'on voit en Ita- lie, * de Bell. Jud. I. i. Cap. 16. TomeXIII. Fart, IL Ce V'k 38BB1BL10THEQUE Britannique, lie , feulement ils font plus grands. Dans le rocher où ces Cercueils font placez, on a pratiqué des chambres fépulchrales , de dix, de vingt , & même de trente pieds en quarré;, tout autour defquellcs il y a des niches ou des cellules , où l'on peut mettre jufqu'à trois Cercueils Tun contre l'autre. L'Efcalier qui con- duit à ces chambres , eft très-artiftemenc conftruit, 6c orné de toutes fortes de fi- gures en bas -relief, comme le font les Cercueils mêmes. Il y en a une qui por- te le nom de Ste. Thécle, &que les Grecs ont en grande vénération , non feuiement à caufc des actes de pénitence & de mor- tification qu'on dit que cejte Sainte a fa't dans cet endroit, mais fur-tout à caufe d'une fontaine qui eft dans le milieu de cette chambre, & à laquelle ils attribuent la vertu de procurer des vifions ck des guérifons miraculeufes. On y apporte de toutes parts les malades & les infirmes, qu'on lave ou qu'un plonge dans cette eau falutaire ,avec des cérémonies toutes fuperflitieufes. Les Vieillards y viennent apprendre l'heure de leur mort; & les Jeunes -gens tout ce qui doit leur arri- ver. Le Mont Liban feparoit anciennement la Syrie de la Fbéîiicie , comme il paroîc par un pafTage de Pîoiomée. Le Nahar- Eî-Berd^ ou la Rivière Froide qui tire fa fource de ce Mont, eft, à ce que l'Au- teur Juillet, Août et Septemb. 1739. ^p,^ teur conjedure, VEleuîberu^ des Anciens, qui eft fi mal placé dans Tancienne Géographie. Il fe fonde fur l'auto^ rite de Ptolomée, qui donne à cette Riviè- re à -peu -près la même fituation^ & fur une Médaille d'Antomn le P/fwx , frappée à Or^/;/)7?a, aujourd'hui Or-tofa, fur les bords de ce fleuve. Car au revers de cette Mé- daille on voit la Déefle -^J^arf^, marchant fur une Rivière, qui ne peut être que cel- le-ci. A deux lieuL\s de -là on trouvé les ruines de l'ancienne Tripoli s y fondée par les Araàims y les Sydoiiiens & les Tyriens conjointement, & ficuée fur un C!ap , que Scylax appelle Prelqu'ine. Elle avoit autrefois un excellent Port, qui n'eftpref- que rien aujourd'hui, par la négligence des Peuples de ce Païs, qui l'ont laifTé com- bler. Au rede, Mr. Shaw a eu occafîon de fe convaincre par fes propres yeux de Terreur de quelques anciens Géographes, qui ont prétendu que cette Ville étoit cri- ginairemenc compcfée de trois villes dif- férentes, bâties à une petite diftance les unes des autres, &que c'étoic de-là qu*ellë tii'oit fon nom * ; car il n'a pu décou- vrir aucune trace de murailles particuliè- res pour chacune de ces villes, celles dont on voit encore les ruines, formant une feule & même enceinte. Le nouveau Tripoli eft Ctué à une demi- lieuë * Dioi, Sic. Pomp. Mêla. Ce 2 390 Bibliothèque Britannique, lieuë de Pancien , fur le penchanc d'une colline qui fait face à la mer. Le Com- merce de cette Ville eft très-confiderable, foit par les Manufactures de Soye & de Cotton qui y font établies, foit par les marchandifes qu'on y apporte fans ceiTe à'Alep & de Damas. A en juger par les murailles & la citadelle , qui font bâties à la Gothique, elle n'eil pas fort ancienne. On n'y voit rien de remarquable qu'un Aqueduc avec des Néfervoirs d'efpace en efpace , qui ont jufqu'à trente pieds de hau- teur, & qui fournirent de l'eau à toute la Ville. Sur la principale Arche de cet A- queduCj qu'on appelle le Pont du Prince^ il y a un EcufTon chargé d'une Croix recroi- feîée^ qui font les armes de la maifon de Lorraine \ ce qui pourroit juflifier la tra- dition qui porte, que cette Ville fut bâtie piY Godefroi de Bouillon^ dutemsdes Croi- fades. Les Obferv'ationsGéographiques de l'Au- teur fur la Pbéîiicie, fe bornent à la Ville de Tyr. Tous les Levantins rappellent Sour^ qui eft fon ancien nom, auquel on don- ne une double étymologie; car on le fait venir à. de -nv qui en Phénicien, de mê- me qu'en Hébreu, fignifie un Rocher ^ ce qui convient parfaitement à fa fituation; & de 5ar 5 qui eft le nom du Poilfon donc Ton tiroit autrefois la Pourpre pour la- quelle cette Ville étoit fi fameufe. Il y a déjà plufîeurs Siècles qu'on a perdu la ma- nière Juillet, Août et Septemb. 173g. 591 nière d'extraire cette couleur, quoique le PoilToii qui la donnoit fubfifle encore , co.Tme on en peut juger par la quantité de coquilles colorées en dedans de Pour- pre, qu'on trouve fur les bords de la mer aux environs de cette Ville. Mr. Sbc^w die, qu'il vifira avec foin tous ces environs, & qu'il ne put jamais y découvrir la moin- dre trare d'un Port capable de contenir les VaifFeaux qui y abordoient de toutes parts, & oii i]s p-'ident être en ffircré; de forte qu'il faut qu il foit arrivé de grands chaniiemens à cette côte de la mer. Cette Ville autrefois fi renommée pour fon commerce, cil aujourd'hui entière- ment ruinée, & l'on n'y voit plus que quel- ques cabrines de Pêcheurs. L/Aureur décrit enfuite la fituation des Tribus d'Ifraél & des Lieux les plus re- marquables de la Terre Sainte. Les mon- tagnes ou coteaux qui environnent la Vil- le de Jenifalem, ou fur lefquel? elle e(l fl- tuée, la font paroître comme fi elle é^oic bâtie en amphithéâtre, & empêchent qv"oa ne la puiffe voir de loin. Le Mont ''es Oliviers, qui eli peut-être l'endroit le plus éloigné d'où il foit poflible de la découvrir, en cil pourtant fi proche, que les Evsngé- lifles ont pu dire dans un fens presque littéral , que Jefiis-Chrift pleura fur elle , lorf- que de deflus ce Monr il lui dénonça fa ruine prochaine. Il y refle, très -peu de traces de cç; qu'elle étoit du tems de Notre- Cc 3 Sd- 392 BibLIOTHEQUEBrITAN NIQUE, Seigneur , & même après que l'Empereur Adrien l'eut rebâtie. Il n'y a pas julqua fa fituation qui n'ait changé ; car le mont Sion , qui écoit la partie la plus élevée de Tancienne Jerufalem , en ell à préfent ex- clus , & fes folTez font comblez ; tandis que le Calvaire, qui étoit hors de la Ville, fuivant cette exprelTion d'un Apôtre, que yefus-CbriJl a fouffert hors de la porte -•' , en fait aujourd'hui prefque le centre. Cependant, quelques grands que foient les changemens qui font arrivez à cette Ville 3 cela ne doit pas faire révoquer en doute la tradition qui s'y efu coniervée , touchant la fituation des Lieux faints,ou confacrez par quelque événement remar- quable arrivé kJefus-CbriJî ou à fes Apôcrcs. Le Calvaire, par exemple, & le tombeau oti ce divin Sauveur fut mis, ne pouvoient être ignorez de fes Dilciples & de fes Ad- hérans; & il efl plus que probable qu'ils y attachèrent une vénération pp.nicuîiere, qui en fit conreivcr avec foin la mémoire. Ces lieux étoient fi bien connus du tems à'Jdriefi, que par haine & par mépris pour le nom Chrétien, cet Empereur fit ériger une Statue à Jupiter far le Saint Sépulchre, une autre à Venus fur le Calvaire, & une troifième à Adonis à Retlehém , leiquelles fubfiuerent jufqu'au tems de Cojtjlantiii^ qui les fit ôter , & fit bâtir à leur place ces magni- * Hebr. XIII. 12. Juillet, Août et Septemb. 1739. 393 magnifiques Temples qu'on voit encore au- jourd'hui, & qu'on peut par confequent regarder comme des Monumens autenti- ques de îa vérité de la Tradition. L'Au- teur cite là-delTus des paflages formels d'Eufebe & de St. Jérôme *; & fans s'arrê- ter à décrire ces divers lieux que d'autres Voyageurs ont déjà fait allez connoître, il fe contente d'en donner fort exadlement la fituation dans une Carte faite exprès pour cela. Le Chapitre fuivant renferme des Obfer- vations Géographiques fur V Egypte, V Arabie Petrée & les Campemens des Ifraëlites, de- puis leur fortie d'Egypte iu^qu'k leur entrée dans la Palejtine. Ce que l'Auteur dit au fujet du premier de ces Païs, n'a rien de fort particulier, & qu*on ne puilTe voir plus en détail dans la belle Defcription de lEgypte de Mr. de Mail- let ^ avec lequel du relie il ef]: ordinaire- ment d'accord pour le fond des choies. Seulement il prouve au long, par divers paflages du Texte Hébreu, des Septante & de Jo/epbe , que la Terre de Gofçen, que les Ifraëlites habitèrent, comprenoit tout ce pais qui eO: aux environs de îa Matarée ( l'ancienne He//OjDo'zj ) & qui s'étend le longduNil, du côté de l'Arabie, jufqu'au Grand *■ Hieron. Ep. XIII. ad Paulin. Ep. XVII. ad Mircell. Eufeb. de Vità Coiiftantini. L. III. Cap. 25' Ce 4 3Q4BibliothequeBritanniquEj Grand Caire , qui eft au Midi de cette Ville » & à Biflobeflo ( l'ancienne Bubafiis , ) qui eft au Nord. Il marque enfuite avec la der- nière exadtitude les divers Campemens de ce Peuple en quittant l'Egypte, & jufqu'à ce qu'il entrât dans la Terre promife. Mais ce détail , quelque curieux, quelque fçavanc même qu'il Ibitj n'eft pas fufceptible d'Ex- trait. Dans le Chapitre troifième qui traite de l'Hiftoire naturelle de la Syle, de la Phé- nicii & de la Terre fa';nîe ^ Mr. Shaw com- mence par une efpece de DifTertation far le^ Vents qui régnent dans ces Païs-là, &. en particulier lur VEuroclydon dont il eft parlé dans le Livre des Aftes ( XXVII. 14. ) Il foutient la leçon ordinaire contre Gro- tius , Cdmer & d'autres, qui, fondez fur l'au- torité du Manufcric d'Alexandrie & de la Vulgate, ont prétendu qu'il falloit lire Euroaquilon\ & il croit que St. Luc n'a fait que rapporter le terme même dont les Matelots, qui étoient Grecs félon toutes les apparences, s'étoient fervis pour dé- figner'le V^ent tempétueux d'Eu-Nord- Efl- qui fe fait fouvent fentir dans le Levant avec tant de violence, que s'il continue quelque tems , l'eau fe retire des côtes de Syrie & de Pbénicie, & laifle voir à dé- couvert plufieurs rangs de rochers qui font naturellement fort enfoncez dans la mer. L'Aureur dit qu'il a obfervé, que dans le porc de Laodicée il y avoic deux pieds d"cau moins Juillet , Août et Septemr. 1739. 395 moins lorfque ce Vent fouffloit, quelorf- que le tems écoit calme; Ct c'eil à une pa- reille caufe qu'il croit qu'on peut attribuer ie phénomène que Jofephe allègue pour in- valider le miracle du paflage des Ifraëlites au travers de la mer Rouge , fçavoir que la mer dePar»p/jz7/f s'étoit retirée pour lailTer un libre paflage à l'armée d'Alexandre le Gra72^ *; phénomène, aurefle, qui, com- me il a prouvé auparavant, ne mérite en aucune manière d'être rais en comparai- fon avec ce Miracle. Dans les tempêtes caufées par ce Vent impétueux, les Aiaho- niétans ont coutume d'attacher à quelqu'un des mats de leurs Vaiileaux:, un palTiigede l'Alcoran , qui a rapport à l'état oh ils lo trouvent; après quoi ils égorgent une bre- bis & la jettent fur ie champ dans la mer, pour appaifcr rimpétuofité de fes vagues. Arîjlopbane &i V^ir^ile nous apprennent, que les Grecs offroicnt auliien pareille occa- iion une brebis à Neptune en couroux f . Plufieurs Auteurs ont repréfenté la Ter- re Sainte comme un Païs naturellement ftérile. Mais Mr. Shaw foutient, que lî elle étoit aufTî peuplée & auffi-bien cul- tivée qu'autrefois , elje feroit encore plus fertile que les meilleurs endroits de la cô- te de Syr^e & de Phénicien car elle l'em- porte généralement par la bonté du terroir & * Jof. Ant. 1. 2. c. 7. 1 Arifl in Ran. Au. 3. Se. 2. Virg. ."En. 3. ii8< Ce j 39<^ Bibliothèque Britannique, & de fes produdlions. Le Cotton , par exem- ple , qu'on cueille dans les plaines de Ra- inah , à'Efdraelon & de Zahulon, elt beau- coup plus ellimé que celui des environs de Sidon & de Tripoli; & il eft impoffible d'avoir de meilleur blé ni de meilleures légumes qu'on en trouve conftamment à Jerufalem. La Palejïine^ il efh vrai, ne produit pas autant aujourd'hui que les Pais voiOns ; mais c'eft au petit nombre & à la parefTe de les habitans , & non à la natu- re du terroir, qu'il faut l'attribuer. D'ail- leurs les ravages continuels auxquels elle elt expofée, par les divifîons qui régnent entre les petits Princes qui la polledenc, font qu'on fe met généralement peu en peine de la cultiver. A la vue des envi- rons de yerufalem^ç\m font pleins de ro- chers ai de montagnes fans culture, îa plupart des Voyageurs fe font imaginez que c'étoit un pais naturellement ilériic; mais , outre qu'on ne doit pas conclure d'u- ne partie au tout, ces rochers & ces moii- tagnes ont été autrefois très-fertiles , cou- verts de Vignes , d'Oliviers , ou d'excellens pâturages, fuivant la bénédiction donnée par Jacob à Juda » que fes yeux feroUnt ver- meils de vin ^ fes dents blanches de lait *. On y voit encore des traces de la maniè- re dont on y plantoit la Vigne; il y a même quelques Vignes, & il y en auroic bien * Gcn. XLIX. 12. Juillet, Août et Septehb. 1739. 39^ bien davantage, files Mahomécans qui pof- fedent ce Pais ne s'abftenoienc pas du vin. On y trouve auflî des Oliviers 6c du Miel fauvage en fi grande quantité , que d'Hebron feul on en envoyé tous les ans en Egypte la charge de trois -cens Chameaux, c'eft- à -dire près de deux-mille Quintaux. En un mot , fi ce Pais étoit cuhivé avec foin, il feroit aufiî fertile qu'il le fut jamais ; ôc tout ce qu'on dit de fa prétendue ftériii- té naturelle 5 n'eft que pure chimère. Le Jourdain eil après le Nil la plus con- fiderable rivière de tout le Levant. Mr. Sba^uo lui donne environ quatre-vingt dix pieds de largeur, <5c dix de profondeur lur les bords. Suivant ce calcul , &. faifant attention à la rapidité de ce fleuve, il fup- pofe qu'il décharge chaque jour dans la mer Noire près de 6ogoooo. tonnes d'eau. Cependant on ne voit pas que les bornes de cette mer s'étendent; ce qui a donné lieu à quelques Auteurs de conjecturer, que cette grande quantité d'eau eil: abforbée par les fables brûlans , ou par des cavitez foûterreines , ou qu'il y a une communi- cation entre cette mer & le Lac Sirbon^ Mais ceux qui ont donné dans ces con- jeQurcs, n'ont pas fait attention que la mer Noire perd chaque jour en vapeurs près d'un tiers plus qu'elle ne reçoit d'eau du Jourdain. Car en fuppofant, d'un cô- té, comme on le fait généralement, que cette mer a fcptante-&-deux milles de Ion- 398BIELIOTHEQUE BRITANNIQUE, longueur& dix-&-huit de largeur.&en allou- ant de l'autre, 6914. tonnes de vapeurs pour chaque mille quarré d'eau, feion l'obferva- tion du Dodtr. Halley^ il s'enfuivra qu'il s'élève chaque jour en vapeurs de la mer Noire plus de 8960000. tonnes d'eau ; fur- tout fi l'on fait attencion que la chaleur du Soleil eft beaucoup plus grande dans cet endroit , que dans la mer Méditerra- née, pour laquelle cette obfervation a é:é faite. Au refte , Mr. Sha'Ui remarque , que ■ e bitume dont le Lac Afphaîtice, ou la mer Noire, efr rempli s'élève dans de cer- tains tems du fond de la mer en grofies malTcs en forme d'hémifphère, lefquelles ne font pas plurôt parvenues à la lurface de leau, que Tair extérieur agiflant fur el- les, elles fe brifent en mille miOrceaux avec un grand éclat & beaucoup de fu- mée, comme la poudre fulminante des Chymiftes. Mais cela n'arrive que près des bords; car par -tout ai leurs les érup- tions ne font pas fenfibles, 6: ne fe décou- vrent que par des colomnes de fumée qui s'é'event de tems en tems du Lac. Il y A a toute apparence que c'eft le bitume , * qui en fe détachant du fond, entraîne avec lui le foufre qu'on trouve aufli en grande quantité fur le bord de ce Lac, & qui ne diffère en rien du foufre commun. Pour le bitume, il efl friable , plus péfant que l'eau ; & lorfqu on le frotte ou qu'on le brûle 3 il rend une odeur nuance. L'eau ce Juillet, Août et Septemb. 1739. 399 de ce Lac n'eft point, comme l'a décrite Diofcoride^ de couleur de Pourpre, mais d'un noir de jais & luifance comme le jais. Le Chapitre quatrième contient un com-t ElTai fur l'Hiftoire naturelle de V Arabie Petrée. Nous ne nous y arrêterons pas , parce que nous n'y avons rien trouvé de Fort remarquable 5 l'Auteur lui-même s'ex- cufant fur le peu de tems ou de liberté qu'il a eu pour faire les obfervations né- ceflaires , & fur la flérilité du fujet, qui n'offre prefque à l'exam.en que de varies deferts incultes & inhabitez. Il n'en eft pas de même du Chapitre fuivant , qui elt le dernier de tout cet Ou- vrage , à. qui renferme bien des obferva- tions curieufes fur l'Egypte. Mr. Sbnw commence par les Arts û: les Sciences des anciens Egyptiens , qui ont infenfiblement palTé chez les Grecs, à la réferve de leur Science Symbolique , qui n'y fut jam.ais in- troduite , & qu'il eit très-difficile , pour ne pas dire impoiriblejdebien entendre. Ce- pendant il nous en donne un long Expo- fé , tiré des anciens Auteurs Grecs & La- tins qui en ont fait mention , & par lequel il paroît que cette Science fe bornoit tou- te entière à la Religion. Pour cet effet il parcourt tous les Hiéroglyphes connus qu'on y employoit, & leurs différentes fignifications ; comme Reptiles , Quadrupè- des, Oifcaux , Poiiîbns, ou quelque par- tie 4*00 BibliothequeBritanniqùEi tie de ces animaux, la tête, les cornes, les yeux, les mains » les ailes, 6:c. les corps de différentes bêtes, ou d*un hom- me 6c d'une bôce joints enfemble , diver- fes fortes de plantes, de fleurs, ou d'inf- truraens , certaines lettres ou Ajoures par- ticulières, &€. On connoît la Tabled'JJîs y & un petit nombre d'autres Monumens antiques de l'Egypte fur lefquels on trou- ve de ces Hiéroglyphes ; mais on en trou- ve principalement fur les Obélifques , qui même paroiiTent avoir été dellinez à cet ufage. îl n'y en a que deu:: qui foient encore debout & dans leur entier;. l'un à la Matarée , & l'autre à Alexandrie. Ce font des Aiguilles à quatre faces , toutes garnies de Caraftères Symboliques , d'un marbre graiiite rougeàtre, & parfaitement polies ; quoique les Caradères qui ont jufqu'à deux doigts de profondeur , foient inégaux & rudes au toucher, parce qu'on s'eft fcrvi pour les graver du Poinçon, & non pas du Cifeau. Ces Aiguilles font corapofées de quatre pièces; le piedellal qui eft à préfent enlev^eîi fous les fables, & qui, félon le calcul de Mr. le Conful le Maire ^ peut avoir huit pieds de hauteur ; la bafe qui eft ronde & encbalTée dans le piededal par une pointe qui en fait le centre; le flùt qui eft tout d'une pièce, qui va en s'apetiiTant, & dont la hauteur eft décuple de fa plus grande largeur, c*q^- à-dire d'environ ^o. ou 70. pieds , & le cha- Juillet, Août et Seîtemb. 1730, 401 chapiteau, qui eft en forme de Pyramide, & qu'on a appelle à caufe de cela même Pyramidion, Comme ces Obélifques re- préfencent par leur figure les rayons du Soleil, auiïï écoient-ils dédiez au' Soleil 3 fuivant les plus anciens Auteurs qui en ont fait mention. Les Pyramides qui ne font autre chofe que des Obélifques à angles plus obtus, paroiflent auiïi avoir été des emblèmes du Feu ou du Soleil, & avoir été coniacrées à la même Divinité : , Porphyre le ditexpreflement *. Au refte, TAuteur a fait graver une Planche qui repréfente la figure & les dimenfions de rObélifque de la Matarée , avec les Carac- tères qui font fur l'un de fes cotez, &donE il donne la fignification, renvoyant ceux qui fouhaiteront d'en fçavoir davantage à Kircber, de qui il a tiré le peu qu'il en dit. Il n'y a rien fur quoi les Auteurs foienc plus partagez que fur les dimenlions des Pyramides d'Egypte, & fur leur ufage. Hérodote donnt huit -cens pieds de lon- gueur à la bafe de la plus grande qui eft aux environs du Grand Caire; Diodorei'ept- cens, & S'ira/^on feulement fix- cens. Par- mi les Modernes, Sandys affure, qu'elle a trois-cens pas de longueur; Bellonhu trois- cens vingt- &- quatre ; Greaves fix -cens nonante-trois pieds, écîe Brun fept-cens * Vid. Euf. Prsp. Ev. pag, 60. qua- 402 Bibliothèque Britannique, quatre pieds de France, qui en fontfepE- cens feptante d'Angleterre. Cette diver- ûté ne doit cependant pat. être imputée , félon Mr. Shaw^ à ignorance ou à mau- vaife foi, mais à des caufes fort naturel- les. Car 5 outre que cette Pyramide eft bâtie far un terrein fort inégal, qui en rend le mefurage difficile , les vents de Nord y ont amafTé une grande quantité de fable, qui auj^mente chaque jour, iiz qui fait que les dimenfions de la bafe ont dû nécefîairement varier ,fuivant les diffé- rens tems ou on les a prifes. L'Auteur ne croit pas que cette Pyrami- de, non plus que les deux autres grandes Pyramides qui font tout auprès, ait ja- mais été finie; & voici fur quoi il fe fon- de. Les pierres qui font à l'entrée, for- ment un Arc beaucoup plus haut qu'il ne paroît néceiïaire pour un fi petit pafTage , & de chaque côté ii y a un grand efpace vuide ; c'eft-à-direque les dégrez qui tour- nent tout autour de la Pyramide , font dans cet endroit-là difcontinucz à une cer- taine hauteur. Or l'une & l'autre de ces chofes indiquent manifeftement undefTein plus étendu que ce qu'on en voit , & il y a bien de l'apparence que l'Architeéle fe propofoit de bâtir-là un grand & ma- gnifique Portique. A en juger par la fé- conde des Pyramides , qui eilplus achevée que les autres, les dégrez, depuis le haut jufqu'au bas, ne dévoient pas demeurer dans Juillet, Août et Septeimb. 1739. 403 dans l'état où ils font ; mais le vuide qu'ils laillenc entre eux devoit être rempli de manière que chaque côté de la Pyramide fût parfaitement uni, ou formât une fur- face plane, comme on le voit dans celle de Cirftius à Rome. Enfin le fommec de cette Pyramide quijde même que les autres, devoit le terminer & fe fermer en pointe , n'eft pas à beaucoup près fini : il y a une grande ouverture ; (k ce qui prouve que l'ouvrage a été interrompu dans cet en- droit-là , c'ell que les pierres y font iné- gales , les unes furpalîant confiderable- ment les autres. Les Lefteurs curieux pourront comparer ces Obfcrvations,qui paroilTent allez concluantes, avec celles de Mr. dfe Maillet , qu\ employé plufleurs pages à prouver direécement le contrai- re ; c'eft-à-dire que la grande Pyramide a été achevée , fermée &: revêtue comme les autres * ; & nous leur lailTons h déci- der lequel de Mr. Shaw ou de lui a le mieux rencontré. Ces deux Auteurs ne s'accordent pas non plus fur la defb'nation des Pyrami- des. Mr. de Maillet prétend, avec bien d'autres , qu'elles ne furent bâties que pour fervir de tombeaux à quelques anciens Rois d'Egypte, & Mr. Sbaw s'efforce de ren- * Voyez fa Dcfcription de l' Egypte <, pag. 226, Se fuiv. Tome XIII Part. IL Dd 404 BiBLIOTHEQUEBrITAN NIQUE, renverfer ce fentiment. Il lui paroîcque c'étoit une chofe ridicule d'élever dans ce deflein une mafTe auffi énorme que l'eft en particulier la grande Pyramide, & d'y faire ce palTage étroit & fmueux par le- quel on y entre. Il demande de quel ufa- ge pouvbient être pour un tel but, le puits qui eft au bout de ce paflage , la chambre inférieure, la grande ouverture qu'on y a pratiquée dans la muraille du côté de rOrient, les ouvertures beaucoup plus petites qui font dans la chambre fu- périeure , les deux antichambres & la grande & belle galerie, avec des bancs de chaque côté, qui y conduit? Et com- me il n'enapperçoit a'ucun, il conclut que cette Pyramide re fut jamais bâtie dans cette vûë. La Théologie des Egyptiens étant route myrrérieufe & emblématique, il croie qu'il eîl beaucoup plus raifonnable de fuppofer , que les Pyramides étoienc particulièrement confacrées au culte de la Divinité qu'elles repréfentoient par leur figure extérieure ; au moins ne peut-on nier, fuivant lui, qu'elles ne fuflent très- propres à fervir aux Prêtres de Lieux fe- crets , ou d' Jdyta, qui avoient tant départ dans les myflères de leur Religion. Ce qui le confirme dans la penfée, que ce ne font pas des tombeaux, c'efi: que les Catacombes qu'on trouve toHt autour, ne font que de fimples chambres voûtées & creufées dans le roc, & que les deux plus pc- Juillet, Août et Septemd. 1739 4oj' petites des trois grandes Pyramides n'ont point d'entrée, de forte qu'il auroit falla les démolir en partie pour y introduire les corps des Princes qui dévoient y être dépofez, & les rebâtir enfuite : ce qui eft abiurde. Enfin la caifTe de marbre grani- té qui fe voie dans la chambre fupérieu- re de la grande Pyramide, (Se que l'on croie communément avoir fervi à renfermer le corps du Monarque qui fit ériger ce fuper- be monument , lui fournit des preuves du contraire. A la vérité, fa longueur, qui n'ell que de fix pieds & quelqt^es pou- ces, pourrolt convenir à un Cercueil ; mais fa hauteur & fa largeur» qui font d'envi- ron quatre pieds chacune , excédent de beaucoup les dimenfions ordinaire?» d*un Cercueil. L'Auteur en a vft plulieurs de pierre en Egypte , qui étoient très-an- ciens , & par iefquels on peut fans doute juger des autres ; mais ils étoient tous faits autrement que la Caille dont il s'a- git, &précifément comme les coffres des Momies, c'eft-à-dire pas plus grands qu'il ne les fidloit pour renfermer un feul corps, & outre cela ornez de Hiérogly- phes , fe terminant en pointe fur une ef- . pece de piedellal^pour être placez debout , & conilamment dans cette fituation,à moins qu'ils n'eulTent été renverfez par quelque accident; toutes chofes qui ne fe rencon- trent point dans cette Caille , dont la figu- re forme un quarré oblong parfait, qui Dd2 efl 40(5 Bibliothèque Britannique, eft couchée fur fon fond, &même fi for- tement a' tachée au plancher,qu'on ne fçau- roit douter que ce n'aie été-là fa premiè- re poûtion. Ainû Mr. Shaw croit plu- tôt, que c'étoit un coffre deftjné à renfer- mer l'image de la Divinité que l'on ado- roit dans ce lieu , ou les vêtemens facrez de Tes Prêtres, ou bien une Citerne qui contenoit Teau facrée dont ils fefervoient dans leurs cérémonies religieufes. Quel- que iDgénieux que foit tout cela, il nous feiT.bie que ce que Mr. de Maillet dit pour établir la thèfe, & en particulier pour montrer Tufage desdiverfes parties de l'in- térieur de la grande Pyramide , efl plus ingénieux encore. Il n'y a que l'article de la Caille fur lequel il ne dit rien quipuiffe fervir à lever les difficultez de Mr. Sbaw, Notre Auteur parle enfuite des Momies , & des Urnes , des Boëtes, des Images , (Slc. qu'on trouve aux pieds ou aucour de ces Momies, & il nous donne une liile des petites Figures ou Statues de cette ef- pece qu'il a apportées d'Egypte , avec leur explication , & avec des Planches cîi elles font repréfentées ; après quoi il dé- crit en peu de mots les Plantes & les Ani- maux les plus remarquables de ce Païs. Nous ne nous arrêterons point à ces di- vers Articles, & nous nous bornerons à celui du Nil , qui nous a paru beaucoup plus curieux, & par lequel Mr. 5/jaau finit les Ohfervaîions, II Juillet, Aovt et Septemb. 173g. 407 Jl y a déjà long-tems que l'on fçait que les fources du Nil font dans TEthiopie , 6c que c'eft aux pluyes abondances qui y tombent durant l'été, qu'il faut attribuer fon accroiflement prodigieux , qui le met en état d'arrofer & de fercilifer toute l'E- gypce. La gloire de cette découverte eft dûë aux Portugais, quoiqu'il fe trouve des anciens Auteurs Grecs & Arabes qui ont dit à-peu-près la même chofe *. La quantité de limon que le Nil charie , & dont il enrichit chaque année l'Egypte, n'eft pas moins furprenance que le dé- bordement de Tes eaux. Il faut alTuré- j ment que les terres que ce fleuve parcourt, ayent une grande profondeur , ou qu'elles foient remplacées d'une manière que nous ne fçavons point, pour fournir régulière- ment , comme elles font depuis tant de milliers d'années, à ce Royaume une û grande quantité de limon, que celui-là leul que le Nil décharge par fes embou- chures .s'avance aujourd'hui plus de vingt lieues dans la mer. Ce limon , à force d'être menuifé par le mouvement rapide des eaux qui le charient à la diilance de plus de (ix-cens lieues , acquiert une ex- trême légèreté , & il cède au toucher comme de la fine pouiïiere. La couleur n'en eft point noire , comme le«s Anciens l'ont cru, elle eft même moins brune que celle * Diod. Sic. Plut. Ahulfeda, ^s. Dd3 4o8 Bibliothèque Britannique, celle de notre terre ordinaire; & s'il rend les eaux du Nil troubles, il ne les rend pas pour cela plus noires que celles de toute autre rivière qui coule avec la même rapidité au travers d'une aulTi grande éien- duë de païs. Pour mefurer raccroiflemcnt du Nil , on a élevé fur la pointe d'une ine,quien: entre le vieux &: le nouveau Caire , un Bâ- timent fouteriu par des arcades , au travers defquelles ce fleuve coule librement. Au devant de cette cliambre eit le Mikias , ou la colomne qui , plantée au milieu du courant , fert à mefurer la hauteur de l'eau , & eft divifée en coudées, qu'on appelle Pics. Les Auteurs modernes ne font gue- res mieux d'accord que les anciens fur la longueur de cette coudée. Il paroît par ce que Mr. Sbaw en dit . qu'elle a beau- coup varié ; & comme il n'a pu entrer dans le Mikias pour y faire fes Obferva- tions , il ne fçauroit dire précifément en quoi elle confiile aujourd'hui- Les infor- mations même que lui ont donné là- def- fus des perfonnes qui ont eu la liberté d'y entrer, ne s'aCcordent pas. Un Gen- tilhomme de Venife lui dit, que le Pic étoit de 28. pouces ,• & un Anglois fore curieux , qui avoit été plufîeurs années dans la Factorie du Grand- Caire , laiTura que la Colomne en queflion avoit de hauteur 58. pieds d'Angleterre, divifez en trois Pics Géométriques, qui font en tout 24. Pics, Juillet, Août et Septemiî. 1739. 405 Pics , de 32. pouces chacun. Tbevenot don- ne à la coudée ou au Pic Géométrique 24, pouces, 6l en cela il a le fuffrage de Mr. àe Maillet , qui dit , que la mefure dont on fe fert au Caire pour connoître l'éléva- tion de l'eau , contient 24. pouces , ou deux pieds de Roi. Cependant notre Au- teur fuppofeque la coudée dont on fe fert aujourd'hui , eft celle de Conftantincple , qui a environ 25. pouces de longueur ; & c'eft cette mefure qu'il fuit dans fes Ob- fervations , & en particulier dans une Table qu'il nous donne du plus grand accrdifle- ment du Nil pendant 30 ans, laquelle lui a été communiquée par le même Gen- tilhomme Vénitien dont nous avons parlé. Dans le mois de Décembre le Livre cité ci-defTus , que le Nil agit 99 dans les Salines du Nitron, comme la 99 Mer dans celles du Sel , c'eit-à-dire 99 que la produdion du Nitron dépend de „ l'eau douce qui inonde ces Lacs : poinc 5, du tout , les deux Lacs font inacceUi- 99 blés, par leur fituation haute ù. fupé- „ rieure , aux inondations du Fleuve. Il 5, eft fur pourtant, que la pluye, la rofée, j, la bruine & les brouillards font les vé- „ ritables Pères du Nitron, qu'ils en hù- 99 tent la formation dans le fein de la 99 terre, qu'ils le multiplient & le ren- „ dent rouge. Cette couleur eft la meiî- 99 leure de toutes ; on en voit auffi du ,9 blanc , du jaune & du noir Enfuite vient la manière dont on fait le fel Armoniac en Egypte ; puis uu Journal du tems qu'il fit à Alexandrie dans les mois de Janvier & Février 1639, tiré du Livre de poche de Mr. le Profefieur Greavesy qui eft dans la Bibliothèque Sa- *Dilienne à Oxford ; un long pallage de Kalkafendas ^ AutQUY Arabe, touchant le Nil & le Nilometre, de la traduction de Mn ToiM XIIL Part, IL Ec Gagnïer; 420 Bibliothèque Britannique, Gagnier ; Traité pratique y> des Maladies aiguës, avec la manière de les ^> guérir, juftifiée par un grand nombre de cas :» particuliers ^<'. Chez jaques Biickland, dans Pater-Jiojîer Ro%v , grand in 8. Ceft un Livre très-propre pour les Familles & pour les per- fonnes qui n'ont pas le moyen de payer un Médecin j TAuteur ne voudroit pourtant pas qu'on fe fervît des remèdes qu'il indique , fans la direftion d'un Médecin , & cela pour des rai-* fons qu'il elt aifé de deviner. Mr. Oldmixon , qui publia il y a quelques an- nées VHiJîoire des Stuarts , & depuis , celle de la Reine Aîine, & du Roi George I, vient de nous donner en un Vol. in fol. l'Hiitoire d'An- gleterre fous les règnes de Henri VIJI , à'E" douard VI-, de Marie y & à'EUJahsib. Les prin- cipes de l'Auteur & fa manière d'écrire font fuffifamment cofinus par fes précedens Ouvra* ges , & fur -tout par les longs Extraits qu'on en a donnez dans la Bibliothèque Raifonnée. Mr. Cbuhb continue d'être vivement attaqué fur fon prétendu Véritable Cbrijîianifme y &c, dont nous avons rendu compte dans cette BibliO' tbèque. Voici quelques Pièces qui ont paru de» puis peu contre lui. An Apology for tbe Minifiers of Jefus-Cbrifi ^ ^c. c'eil-à-dire : .» Apologie des Minillres de }, Jefas-Chrift & des Prédicateurs de fon Evan- }) gile î Avec une Défenfe de cet Evangile con- }f tre les faux expofez de Mr. Tbomas Chubb , y) dans un Livre publié fous fon nom,& inti- y? tulé ; Défenfe du Véritable Evcmgih de Jt^fusr Ee J ^ Cbfifi. 422 Bibliothèque Britannique, . }> Cbrift. Par Jofcph Horler , Bachelier es Arts , :>, Maître de l'Ecole de IVilton, & Prêtre de ,? l'Eglife Anglicane ''. Chez les Knapton, &c. A Letter to Mr. Thomas Cbiibb , ^c. „ Let- }i tre à Mr. Thomas Chubb , au fujet de fon ^p Livre intitulé : Défenje du Véritable Evangile ,y de JeJus-Cbri/î y ^c '^ Par R. P. chez Ro- bert:. 'Remarks on Mr. Chubb* s Vindication of bis triis Gofpsly ^c. y, Remarques fur l'Apologie que }y Mr. Cbubb a publiée en faveur de fon Véri- ;,, tnbU E-va?igile , ç^c '<^. Par C. Fleming. Chez Fariner & Cox. The Injpiration of tbe Nevo Tejlameiit ajjertedy ^c. yy Défenfe de ITnfpiration des Ecrivains :>, facrez du Nouveau Tellament} pour fervir :,y de Réponfe au Livre de Mr. Chubb , intitulé : yy Le Véritable Evangile de Jejus-Chrift , ^c. yy Par ' Phileleutherus Cbrijîianus ^, Chez T, Jftle^. Mais la Réfutation la plus complète qui ait paru de ce Livre , efl la fuivante : An Examina- tionof a Book intitled, ^c. yy Examen d'un Ou- yy vrage qui a pour titre , Le Véritable Evangi- yy le de Jr'jus-Cbrift y Par Mr. Thomas Cbubb-, yy comme auffi de la DilTertation fur la Provi- f, dence qu'il y a ajoutée. A quoi Ton a joint ,y une DilTertation fur l'Epifcopat , dans la- yy quelle on fait voir en peu de mots, qu'il ell yy fondé fur les déclarations de l'Ecriture fain- ^^ te , & fur la pratique de l'Antiquité. Par yy Laurent Jnckfon , Bachelier en Théologie & yy ci-devant Membre aggregé du Collège de yy Sidney à Cambridge. 8. chez y. Clarke. La Difpute fur les Démoniaques continue auffi toujours avec chaleur^ Mr. Hutcbinfon s déjà Juillet, Août et Septemb. 1739. 423 déjà connu par d'autres Ouvrages , a publié , Remarks on tbe Bevieiv of tbe Demoniacks Con- troverfy , ^c. y> Remarques fur le Nouvel Exa- 39 men de la Difpute qui s'eft élevée au fujet des yy Démoniaques dont il ejl parlé dans l'Evangile. ^c ^f. Petite Brochure , chez les Inn-js & Man-' by. Un Anonyme a publié une autre Brochure contre ces Remarques -, & un Ami de Mr. Ifut- chinfon , a refuté cette Brochure dans un petit Ecrit qui a pour titre : An Anfiver to an Exa- mination,Szc. ,) Réponfe à un Examen des Re- f} marques de Mr. Hutchinjon^ publié depuis y} peu. ]?3.r David Gzîf/nj", Bachelier es Loix '^. Chez Roherts. Mr. Savmel Pi?^^-^ , Maître es Arts, & Minif- tre de Godmersham dans la Province de Kent y s'eft aufiî mis fur les rangs pour défendre le Sens Littéral de l'Hiftoire de l'Evangile , au fujet des Démoniaques ; mais il a pris un tour différent de ceux qui l'ont devancé dans cette carrière, & fon Ouvrage a pour titre: An Exa^ minaîion of tbe Enquiry into tbe Meaning of De- moniacks, ^c. c. à. d. J.J Examen d'une Dif- 3> fertation intitulée , Récbercbes fur les Démo-^ 3j Iliaques dont il eft parlé dans le Nouveau 3, Teilament : en forme de Lettre , addreiTée à 3? l'Auteur de ces Récbercbes ^ dans laquelle on 3, prouve que le mot de Démon ne fignifie , ni 3f dans les Auteurs clafîîques , ni dans l'Ecritu- y} re fainte , une Ame feparée du Corps ; & par 3f confequent que tout le Syllême de cet Au= 3, teur eft fans aucun fondement ^^. Petit in 8. chez Fletcber Gyles , dans Holhourn. Quoique la chaleur avec laquelle on a atta- qué Mr. Wcn-bunon , au fujet du Ijvre dont Ee 3 -'^ous 4-24 Bibliothèque Britannique, nous avons parlé au long dans le Journal précè- dent , foit beaucoup ralentie > il ne laifie pas de parokre de tems en tems de petites Pièces con- tre lui. En voici une toute nouvelle qui méri- te bien l'attention de cet Auteur: The Divins Légation of Mo/es àemonjîrated , ^c. C'efk-à-dire : y, La Million divine de Moïfe prouvée par la yf mention exprelTe qu'il a faite du dogme d'u- yf ne Vie à venir, & par la manière dont il a in- yy fillé fur ce dogme , comme far un article fon= ^ damental : Difcours où l'on fait voir que yf l'hypothefe contraire de Mr. Warlurton elt yj abfurde & deflruftive de toute Révélation. aj Sermon prêché devant i'Univerfité d'Oxford, }) dans l'Eglife de Su. Marie, le 4. Mars 1739. yy Par Guillaume Romaine, Maître es Arts, & y) Membre du Collège de Chriji <(. Chez Cooper, Mr. Grey, Dofteur en Droit , vient de publier une Réfutation du quatrième Volume de VHif- toire des Puritains de Mr. Neal , fur le même plan qu'il a refuté les trois premiers. On a réimprimé ici un Ouvrage fort ellimé , & publié depuis peu à Dublin , fous ce titre : -4 Courfe of Levures in Natural PbiUfopby , ^c, 3) Cours de Leçons fur la Phyfique Expérimen- 3} taie. Par feu Mr. Richard Helshavi , Profefleur 3) en Médecine & en Phyfique dans l'Univer- a> fité de Dublin, in 8. Chez J. Nourfe. Le même Libraire a imprimé & débite in 8. Jtemarks on Mr. Euler's Treaîife of Motion , ^c. 3? Remarques fur le Traité du Mouvement de 3? Mr. Eulèr,f[iT le Syflême complet d'Optique 3) du Doéleur Smith , & fur l'Elfai de Mr. Ju- 3> rin fur la Vifion diUinfte 6c confufe. Par s? Benjamin RobinSj Membre de la Société a; Royale, II Juillet, Août et Septemb. 1739. 425 Il a auflî nouvellement imprimé , avec quel- ques autres Libraires , Jus Parliamenta* R I u M : Or tbe Anc'.ent Power , Rîgbîs , and LiUnies of tbe moft Higb CoiLrt of Farliament Rmvtd and Ajjerted ^ ^c. C'eft à-dire : }, Trai- y> té où Ton tâche de faire revivre & Ton dé- j> fend avec force l'ancien Pouvoir , les anciens fj Droits & Privilèges du Parlement : On y ^f a joint une Hifloire abrégée des infradions yy faites à ces Privilèges, fur-tout par rapport y) à la liberté de parler pour le redreflement y> des Griefs. Par Guillaume Petyt ^ Ecuyer, ci- yy devant Avocat au Temple , & Garde des Ar- yj chives qui font dans la Tour de Londres ^^» C'eft un Volume in fol. qu'on a publié par foufcription , conformément au Projet que nous en donnâmes dans nos Nouvelles Littéraires de Juillet, Août & Septembre, 1737. Mr. Haies , Dofteur en Théologie, & Membre de la Société Royale , duquel nous avons eu fouvent occailon de parler dans cette Biblio- thèque , vient de nous donner un nouvel Ou- vrage fort intérelTant, fous ce titre : Philofopbical Experimeîits y ^c. C'ell-à dire: y, Expériences yj Pijyfiques qui ont été lues en difFérens tems y> à la Société Royale -, Contenant des Inltruc- y^ tions utiles & nécelTaires pour les perfonnes ^> qui entreprennent des Voyages de long cours, }) comme la manière de rendre l'eau de mer y) douce & faine , de conferver l'eau douce, le yf bifcuit , le bled , & même la viande , dans les y> climats les plus chauds , &c. A quoi l'on à y> jûiiit diverfes Expériences & Obfervatiolis fur yf les Eaux Minérales , & les moyens de confer- y> ver leur vertu beaucoup mieux qu'on ne Ta 7; fçu faire jufqu'à préfent, quelque loin qu'on E e 4 ;^ les 425BIBLIOTHEQXJE BRITANNIQUE, „ les tranfporte : Comme aulîî un Projet pour }, nettoyer les Rivières , les Réfervoirs , les Ports ^, de mer . &c ^^ Chez les Inn-^s & AîarJb'^. Un petit Volume in 8. On propofe de faire imprimer par foufcription les Vies des Profclfeurs du Collège de Gresfjam à Londres , à la tête riefqueiles on mettra celle du Chevalier Thomas Gresham , Fondateur de ce Collège : On y joindra leurs Harangues , Leçons , Lettres & autres Pièces curieufes , dont la plu- part n'ont point' encore été publiées , & quel- ques Tailles-douces. L'Editeur eit Mr. IVard, profefieur en Rhétorique du même Collège, & Membre de la Société Royale. Un Gentilhomme, nonîmé Mr. Lookup , a publié Tbe Erroiieous Trar.Jl, nions in tbe Fulgar Vtrfions cf tbe Scriptures deteBed, ^c. C'ell-à- dire : ^j Traité où l'on fait voir que les Ver- j;, lions de la Bible en langue vulgaire font fau- j»> tivcs en plufieurs endroits. On a mis au-de- jf van t un Effai fur le dogme de la Trinité, où j} l'on prouve que ce dogme s'accorde avec la jj> Raifon , & eit fondé fur des principes évidens : jfp A l'occafion d'une Brochure publiée depuis y, peu fous ce tirre : Expojition claire cf ftwpie 3i du dogme de la Trinité y fondte fur i'Ecritwe yf j'aime ^ fur la Raijon^ dont l'Auteur, quoi- 3, qu'accufé d'avoir emprunté tous les argumens y, dont il le fert contre l'égalité du Fils , & d'en jf avoir par-là impofé à fes Ledeurs , ne s'efl y, pourtant point mis en peine de fe jullifier ^^, Chez Rcberts , j\ïil!an , & autres, in S°. hes l7inys Se Manly viennent de publier, Tbe SacramentalFartofihe Eucbarift, ^c. CVil-à-dire: ^3 Ej;p]ication de la Partie Sacramentelle de ^ l'Euthariftie, 6?iïLZ un Difcciirs addrelTé au Clcr- Juillet, Août et Sèptemb. 1739. 427 gé de la Comté de Midlefex à k vifite de Pâ- ques 1739. Par Daniel IVaterland ^Dodtui en Théologie, Archidiacre de cette Comté, de Chapelain du Roi '•'. Grande Brochure in 8°. A peine V Examen de l'êssai de Mr. Pope sur l'Ho'jme, par Mr. Decroujaz , a-t-ilparu dans cette Ville , que deux Libraires en ont imprimé , l'un une Traduftion complète , & l'autre une Traduftion imparfaite Quelque médiocre que Ibit la meilleure de ces Traductions, elle n'a pas laiiïe d'avoir un prompt & furprenart débit. Le nom de Mr. Pope, & celui de Ion habile Critique, ont excité la curiofité du Public, qui s'eil aulll- tôc partagé îà-delTus. LesPartiùns zeîez du pre- mier ontje:té feu &. flamme contre le fécond; & les autres ont donné gain de caufe au fécond con- tre le premier, quoiqu'ils ne l'ayent pas abfoL- ment approuvé en tout. Un Anonyme, qui, par la chaleur peu mefurée avec laquelle il écrit, p:.- rok être un des intimes Amis de Mr. Pope , a publié à diverfes reprifcs une dcfcnle de cet il- iuilre Poëte dans le Journal Anglois qui a pour titre : Tbe Biftory of the IVorks of tbe Learned , 3, L'Hiiloire des Ouvrages des Sçàvans '^^lltrou- ve fort mauvais que Mr. Decroujaz fe foie avifé de critiquer un Ouvrage écrit dans une Langue qu'il n'entend point, & fur une fimple Traduction qui, quelque bonne cu'elie foit, n'eil pas, tou- jours parfaitement fidèle. D'ailleurs, s'agilfant d'un Poëme , il auroit fallu, pour en bien juger, être Poëte foi -même, ou tout au moins fe fouvenir que dans ces fortes d'Ouvrages on ne doit pas chercher la même précifion & la même juItelTe de raifonnementque dans des Traitez rie Philofophie; ce que l'Anonyme prétend que le Cenfeur die Mr. Pope n'a pas fut. Il l'accufe encore d'avoir Ee 5 le 428 Bibliothèque Britannique, le plus fouvent mal pris la pejilee de ce fameux Poète , & ilir-tout, ce lui avoir iiijuilement impu- té d'être Fataliile , & de fuivre dans fon EU'ai le byi'téme pernicieux de Mr. Leibniiz fur l'Harmoî- nie préétablie ; c'efl - à- dire qae l'on fait à Mr. JDècroiijaz ions les reproches qu'il a pris foin de prévenir dans fon Examen, comme le fçavent tous ceux qui l'ont lu. Il s'eil élevé dans ce Païs une efpece de Pié- tifteSj fous le nom de Méthodiftes ^ à la tête def- quels elt Mr. IVbitefield avec quelques autres Miniltres de l'Eglife Anglicane, qui prêchent leur nouvelle doftrine dans les champs & dans les places publiques, ne pouvant la prêcher dans les Eglifes : c'elt ce qui a engagé Mr. i'Evêque de Londres à publier l'Ecrit fuivant : )) Tki Jiisbop }) of London's Paftoral Letter To tbe People of bis' 3) Dioceje , (j'c. C'ell - à - dire : j, Lettre Paicora- 3, le de Mr. l'Evêque de Londres aux Fidèles de 3, fon Diocéfe , & particulièrement à ceux des 3, deux grandes Villes de Londres & de Weftmin-^ ,} fier : Pour les prémunir , d'un côté , contre la yy Tiédeur, & de Tautre, contre rEnthoufiafme ^^, in 8^. pp. 55. Cfiez Buckley. Cette Lettre a été û bien reçue du Public , qu'en moins d'un mois il s'en eil fait trois Eaitions. Ce n'efl cependant pas le feul Ouvrage qui ait paru fur ce fujet. Nous avons é:é depuis quelque tv'*ms comme inondez de Brochures pour ou contre ces nouveaux Piétiftes. Voici celles qui nous font tombées entre les mains. I. Tbe Nature , Folly , Sin , and Danger of heing Rîgbteous over-mucb, ^c. C'efl- à- dire : ^^ La 33 nature d'une P'î^té outrée , & la folie , le péché >j & le danger qu'il y a à vouloir être trop jufte. }p Traité où Ton a particulieremeiit en vûë la ;, do^tri- Juillet, Août et Septemb. 1739. 429 3, dodrine & la conduite de certains Enthoulial- 3, tes modernes, & qui contient la fubltance de 3i quatre Sermons prononcez dans quelques Egli- }) les Paroiffiales de Londres , fur ces paroles de }) VEccleJiaJîe,Yll. i6. Ncjois point tropjujlcy ^ y) ne te fais point plus fage qu'il ne faut -, pourquoi 3, mourrois-tu avant ton tems , ou te rendrois-iu 3) toi - même fîupide ? Par Jojepb Trappe Dofteur en y> Théologie *<". in %^. pp. 6(). Chez .S. Auften , & autres. A en juger par le prompt débit de cet Ouvrage, dont la quatrième Edition paroit déjà, ii doit être excellent. Mais cela n'a pas empêché qu'il n'ait été très - vivement attaqué par ceux contre lefquels il eil écrit. 2. Mr. Seagr ave ^Minikxe Anglican, qui n'eil pourtant pas aans toutes les idées de ces gens-là, eil le premier qui ait pris leur défenfe dans une Brochure, 'mx.it\ûéQ: An Answer to Dr.Trapp'sfciir Sermons , ^c. j, Réponfe aux quatre Sermons du ,, Dofteur Trapp contre Mr. Whitefield *<'. Chez Ofwald & Hett. 3.11a auiTi paru quelques Brochures Anonimes fur le même fujet. A Proper Reply to tbe Anti-over- Righteous Dr. Trapp' s Sermons againji Mr. Wbite- Jield , ^c. C'ell-à- dire : y, Juile Réponfe aux: y> Sermons de VAnti-trop'Jufte Dotlr. Trapp j3 contre Mr. Wbitefield; ou la Dodrine & U }f Conduite de Mr. IVùitefield juflifiée contre les yf fauffes Imputations & les malicieufes Invedi- yy ves de fcs Ennemis ; le tout humblement foù- 3i mis a l'examen du Public *''. Seconde Edition. Chez Dodd. 4. A Prefervative againfî unfettled Notions, ^c. C'ell - à - dire : ^y Préfervatif contre les idées peu yy fixes & le défaut de principes où Ton tombe ^^ par rapport à la Sainteté 6c à la Perfection /> Chré- 430 Bibliothèque Britannique, 3, Chrétienne : Sermon où l'on explique ce Texte ^> mal entendu : Ne fois point trdpj'iifie , ^ 7ie te }) fais point plusjage qu'il 72e faut , ^c. Pour fer- jp virdeRéponfe aux quatre Sermons du Dofteur j) Trapp furie même Texte, dont il a abufé pour j, comb3.ttre les Métbodijîes. On a mis à la tête }) une férieufe Exhortation à tous les vrais Mem- 3i bres de FEgliie de Jefus - Chriil ^', in 8°. Chez Cooper. 5. Dodior TrappVindicated from the Imputation . ûf bciiig a Cbrijîian^ ^c. C'efl-à- dire : 3> Le y, Docteur Trapp juilifié de l'imputation d'être 3) Chrétien , à l'occafion d'une Brochure que ce ^) Révérend Auteur a publiée contre les Metbo- 3, dijîes , fous ce titre : Lz Nature d'une Pieté ou- }i tne , ^ la folie , le pecbé ^ le danger qu'il y a à }y vouloir ê:re plus jufle qu'il ne faut y ^c. Par un ,M Amateur de la Vérité '^. in 8°. Chez Caoper. C'cll une violente Satyre, où l'on s'efforce de faire voir que Mr. Trapp a combattu dans fes Sermons les vrais principes du Chriltianifme , & donné par confequent des preuves qu'il n'eft rien moins que Chrétien. 6. Mt irhitefield lui-même di répondu à ce Doc- teur , dans un Sermon où il a pris , mais expliqué dans un tout autre fens que lui, le même Texte. 7. Mr, le Doftr. Sùebling a auflî publié un Ser- mon de fa façon contre lesMétbodJjîes^Çous ce titre: ^ Caution againft Religious Delufwn , &€. j, Pré- 9i fervatif contre Tlllufion que l'on fefait enma- ^) tière de Religion : Sermon fur la Regénération, yy occafionné par les prétentions des Méthodif- 3) tes '■'. Quatrième Edition, iw S<^. chez F. Gyïes. 8. The Nature, aud proper Evidence of Régéné- ration . ^c. C'ell- à - dire : j, La Nature de la Re- ^^ génération & les marques auxquelles on peut f Juillet j Août et Septemb. 1739. 431 » la reconnoître y où le dogme de la nowuelle ^ y, féconde NaiJJance^ examiné dans un Sermon lur f> Jean 111. 5. En 'vérité , en vérité , je vous dis , ft yy quelqu'un Ji'ejî né d'eau ^ d'efprit, Ù ne peut entrer y, dans le Royaume de Dieu. Par Raoul Skernet Do fleur en Théologie , & Chapelain du Comte de Granîbam. Chez Davis. 9. Tbe True CharaUer ofthe Révérend Mr. Whi- tefield; ^c. C'eil-à-dire: J.J Le véritable Por- » trait de Mr. Wbitefield. Dans une Lettre écri- y) te par un Déïfle de Londres à fon Ami à la y, campagne , avec quelques Remarques fur la y> Difpute qui s'ell élevée entre leDoûeur Trapp y) & Mr. Wbito.field., & fur la conduite du Cler- y) gé. Comme aufiî un Expofé des Sentiment & yy des Mœurs des Déïlles , fondé fur des faits ce r- y, tains <<^. in 80. Chez Dodd & autres. C'ell un Panégyrique de Mr. Wbitefield des plus outrez , & des plus infultans pour le refte du Clergé. 10. The Ind^velling ofthe Spirity tbe Common Tri- viledge of ail Believers , (ifc. y, L'Habitation du yy St. Efprit dans les cœurs , privilège de tous yy les Croyans : Sermon prononcé le jour de \j. yy Pentecôte 1739, dans l'Eglife Paroifllale de ,., Bexley , dans la Province de Ke?it. Par George y, IVbitefield , Bachelier es Arts , du Collège de yy Pemhroke à Oxford <^. Chez J, Hutton 11. The Life and particiUar l^roceediiigs of tbe Révérend Mr. George Wbitefkeld , £ffc. C'eil - à - di- re : ,, La Vie & les Aftions particulières de Mr. yj Wbitefield., depuis le tems qu'il fut admis X yy l'Ecole Latine de G/oï/ce/?gr,jufqu'à fon déparc y) pour la Penfûvanie : A Tufage des perfonnes q\ii yy fouhaitent de fe faire de julles idées de ce Mi- y, niftre. Par un Auteur impartial (<^. in 8°. pp. 9<5. Chez Reherts, Cette Fie n'efl autre chofe qu'a- 43^ Bibliothèque Britannique, qu'une Compilation mal digérée (Scfort défcdueu-» fe , quoiqu'elle foit en effet allez impartiale. 12. A Falthfidl Narrative of tbe Life and Cba^ radier oftbe Révérend Mr. IVbitefieidy çj'c. Cefl-à- dir ? : ^ Hiftoire fidèle de la Vie de Mr. IVbite- y,fieldj depuis fa naifTance jufques à préfent: yp Contenant un Expofé de fa Doctrine, de fa y? Conduite, de fon Caraftère particulier, des ^j Motifs qui l'ont porté à aller à la Géorgie, Se y> de les Voyages en divers lieux de l'Angleter- yj re ^''. Chez JVatJon. Ce titre promet beaucoup plus que rOuvrage ne contient , l'Auteur y fai- fant la fonction de zélé Panegyrifle, plutôt que d'Hiflorien. 13. Remarks upon tbe Bisbopof London''s Pajïoral Letter , ^c. C'efl-à-dire : y> Remarques fur la Let- yf trc Pallorale de l'Evêque de Londres : En fa- y} veur de Mr. Wbitefield & de fa Do£trine par- .V ticuliere. Par i^oèertS^fl^rû'ye, Maître es Arts '^ Chez OfivM. 80. 14. Obfervations and Remarks on Mr. Seagrave's ConduB and Writings , ^c. ^ Réflexions fur la yy Conduite & les Ecrits de Mr. Seagrave : Où . yy l'on examine particulièrement fa Réponfe aux j>j quatre Sermons du Dodeur Trapp '^. in 8°. Chez Auften, 15. Tbe Révérend Mr. Wbitefield' s AnJ'voer to tbe Bisbop &f London's lafl Pafîoral Letter. C'eil- à-dire: ;» Réponfe de Mr. Wbitefield à la der- ^f niere Lettre Pailora.le de l'Evêque de Lon- j, dres <'. Chez J. Ofivald. 16. An Earnefi Appeal to tbe Puhlick,o?i Occa* Jion of Mr. Wbitefield' s Extraor dinar j Anfiver to tbe Paftoral Letter , ^c. C'eft-à-dire: ^^ Appel ^j férieux au Public, au fujet delà Réponfe fin- ^ guUere de Mr. Wbitefisld à la Lettre Pa/torale Juillet, Août et Septemb. 1739, 43 yy de Mr. l'Evêque de Londres : Où l'on fe prc- ,p pofe de défenare ce Prélat contre les extrava- ,, gmtes accufations & les indignes évafians de ,, rAuteur de cette prétendue Répoiife-, comme ^ auilî de faire voir par les contradictions grof- ^ fieres dans lefque'lescet Auteur eil tombé, par ^, le peu d'égard qu'il témoigne pour l'Eglile ^> qui lui a conné l'autorité de prêcher, & par y, la manière dont il traite ceux que cette Eglife y, a établis fes Supérieurs? quel eil ion véritable y, efprit, & quels fort Ces dcllèins : Le tout addref- y, fé à Mr. Jean Wtfl:^. en l'ùbfcnce de Mr. JVbU j, Xtfidd <<, Chez Ro'.:èrts. Nous rendrons compte dans un Journal fuivant, non pas de toutes ces Brochures, car cela feroic infini , mais de la Lettre Paftorale de Mr. l'Evê- que de Londres, & de ce qui y a donné lieu. Voici quelques autres Livres nouveaux. Tbe Généalogies of our Lord and Saviour Jefiu- Cbrift y ^c, Cell-àdire: ;,, Traité où l'on exa- y, mine en Critique , Ton explique , Ton défend y, &ron concilie les deux Généalogies de Notre y. Seigneur oc Sauveur Jefus - Chriil , rapportées , y, l'une par 5t. M'itîhieu , c% l'autre par St. Luc. Si Par Edouard Tardlsy, Bachelier en Théologie f*". Chez Mechell. Gros in 8^. The Travels and Aàventures of Edward Brown •S/i»*. . àf*^- C'eft-à-dire: ^, Voyages & Avan- ^ turea d'Edouard Broian, Ecuyer, ci -devant yy Marchai»d à Londres : Contenant fes Obferva- y, tions fur la France , l'Italie , l'Ifle de Malthe , y} le Levant, la haute & balTe Egypte ; avec une yy Defcription de l'Abyninie. Le tout mêlé de yy Traits hiiloriques, de Réflexions morales, & de y, Récherches critiques <^, Chez Hitcb & autres. 4 34BlBLIOTHEQUEBRITANNÎQUE,(S:(:r. A Difcourfe on ancient and modem Lsarning. ^y DifTertation fur la Littériture ancienne ik „ moderne, par feu Mr. yiddijfon ^< . Ceux qui douteront que cette Pièce foit effective ment ne Mr. Addijjon , peuvent voir le Manufcrit Origi- r^l écrit de fa propre main chez le Libraire T. Oshorne. Le quatrième Volume de YHiftoire Unî-verjelle^ ^c. paroît depuis peu de jours avec privilège ^u Roi. O TABLE TABLE DES MATIERES D U TOME TREIZIEME. A ADdisson ( Mr. ) j fa Diflertation fur k Littérature ancienne & iTioderne. 434, Air mortel pour \qs Femmes dans la Comté à'EJfex. 170. Alger; fon gouvernement. 25. Ses forces de terre. 24. Ses revenus. 25. Bonne juflice qu'on y fait. 26. Aninîs Trojanus des Anciens. 410. Anaxagore 3 fon fyilême fur le Monde & fa création. 257. Angleterre; par qui probablement l'Epifcopaty a été introduit. i85. Arabes; leur principale manufa£lure. 16. Leur parelfe. iS. Leurs Femmes feules chargées du travail. 19. Ils font voleurs, quoiqu'ils exercent l'Hofpitalité. ibid. Extrêmement fu= perftitieux. 20. Vénération qu'ils ont pour leurs prétendus Saints. 21. Leur gouverne^ ment. 22. Arcbite&îire ; de tous les Arts le mieux cultivé en Barbarie. $.6* Anguftin ( Le Moine ) -, fon ambition & hs four- l?enes, .188; Ff B. Ba^ T A B L •• E B. BAcoN (Mr. Nathanael) fa nouvelle Edi^ tion du Difcours de Selden fur les Loix & le Gouvernement d'Angleterre. 178-205. Barbarie} les Vivres y font à grandmarché. 17. Bajket-, Auteur d'un Ouvrage de Pieté extrême- ment eilimé. 117. Bédouins, forte d'Arabes 3 leur manière de vi- vre. 14. Bentley (Mr. le Dr.); fa nouvelle Edition de VAftrommicon de Manilius. 420. Bircb (Mr. Thomas); Auteur d'une nouvelle Vie de Milton. 136. Bretons ( Anciens ) j leur Religion & Gouverne- ment. 182. Leur converfion à l'Evangile. 183. En quoi l'invafion des Romains Iqvlt ïnt âvantageufe. 184. Leur premier Roi Chrétien. 185. Appellent les Saxons & les PiSles à leur fecours. 187. Les derniers à fubir le joug du Pape, & les premiers à le fecouer. 188. Brown (Mr. Edouard)-, fes Voyages & Avan- tures. 434' Bruikenridge { Mr. ) ; fa nouvelle méthode de dé- crire les Lignes courbes. 337. La gloire de l'invention lui ell conteftée. ibid, Burnet ; ce qu'il dit de r"E»x*v Bat^/x/x». 153. Bury S. Edmond; remarques fur cette Ville. 176. C. C^Alvaire (Le) fait prefque le centre de y la jferujalem moderne. 392. Cambridge; remarques fur la Comté de ce nom, 177. Campbell (Mr. Archibald) ; fon Traité fur la Né- ceflité d'une Révélation. 222 -261. Ca. DES MATIERES. CatdUpfie ; hifloire détaillée d'une maladie, de cette efpece. 339, Certitude géométrique , mathématique ^ métapbyji-^ que ; ce que c'efl. 285. 288. Certitude morale. 294. Exemple d'une Certitude de cette efpece. 297, Charles I. Roi d'Angleterre-, preuves qu'il n'eft point l'Auteur de r"'f./x4,v &a.], 138. 152, Preuves du contraire. 147. Avoit ordonné le maflacre des Proteitans en Irlande. 156. Sans en avoir donné une Commilîîon dans les for- mes. 159. Chemin Romain- découvert en Angleterre. i6g, Chiihb (Mr.)} Lifte de plulîeurs Ouvrages pu^ bliez contre lui. 421, Clément d'Alexandrie-, ce qu'il dit des Femmes- Sœurs ûes Apôtres. 133, Clerc ( Mr. Le ) ; fon fentiment fur la Femme- Sœur de S. Faut. J31, Comtez Palatines ; lent origine en A?2gleterre. 202^ Conjlantin le Grand (L'Empereur) a probables ment introduit l'Epifcopat en Angleterre. 186, Cookfon (Mr. le Dr. ) ; fa relation d'un effet ex^ traordinaire de la Foudre. 355. D. DE NIER de S. Pierre ; ce que c'étoit origi? nairement, 191, Vemonjî ration -, ce qui doit être appelle de ce nom. 284. Ce que c'efl qu'une Demonjîratioii phyftque. 293. Topiques propres d'une De-!- monjlration morale. 305, Dejaguliers ( Mr ) j Inventeur d'une machine pour changer l'air dans une chambre. 338, SaLet? tre fur l'ufage de cette machine. ibid, J)ieu; fon Unité prouvée par les feules lumiè- res de la Raifon. 72. Quelles idées les anciens ffa Phi- TABLE Pliilofophes attachoient à ce terme. 257. J)udlcy {Mi.Paul); fa relacion de plufieur s Trem.- blemens de Terre dans la Nowo. Angleterre. 349- E. f;* D o u A R D le ConfeJJeur -, Chartre en vers que Ton conlerve de ce Roi. 171. Eglife ; les Souverains prenoient autrefois part à fon gouverneinent. 360. Egypte-, combien le terrein de ce païs s'eft accru par les inondations du N'il, depuis le Déluge. 414. Egyptiens (Anciens) 3 leur Science fymbolique. 399- EtKfv Bit7*?.i;i;', ; dilTertation fur le véritable Au- teur de ce Livre. 137. EleUricîté; expériences & obfervations fur cette matière. 327. l^? fiiîv. Eleutberus ; quel étoit ce fleuve des Anciens. 389. Effex ; combien l'air y efl mal fain. 170. Euroclydon-, difcuflion fur ce vent, 394. Excommunication; fes bornes légitimes. 380. F. FArxabius ( Thomas ) ; époque de fa mort. 97. Femme-Sœur de S. Paul; difTertationlà-deflus. 122. Fleming ( Mr. C. ) ; fon Ouvrage contre Mr. Chubb. 422. Foudre; relation d'un de fes effets extraordinai- • res. 355. G. CA u D E N ( Le Dr. }; Auteur de 1' ^^i>-c7 t.avûjx^» _■ 1 38. Preuves qui le confirment. 140. Geoffroy {Mr:) i fa Lettre fur quelques Sels chy- miques. 337- DES MATIERES, Gittîns ( Mr. David ) ; fa réfutation d*une Bro* chure anonyme publiée contre Mr. Huîcbinfon» 423. Cofçen ; à quel canton de VEgypte on -donnoic anciennement ce nom. 393, Grâce univerfelle -, Lettre de Mr. Hammond fur ce fujet. 105. Grande-Bretagne-yfa. defcription détaillée. 166-177. Gray ( Mr. Etienne ) ; fes expériences & obferva- tions fur la lumière produite par l'Eledricité communicative. 327. Sa Lettre fur le même fujet. ibid. Nouvelles expériences que la mort Ta empêché de communiquer. 334. Grey (Mr.); fa réfutation deïHiJîoire des Fiiri- tains. 424. H. HA D L E Y ( Mr. George ) ; fa dilFertation fur la caufe des P^'ents alijez. 345. Haies (Mr. le Dr.); fon recueil d'expériences phyfiques. 425. Hammond (Mr. le Tit. Henri) ; fes Lettres. 92-1 3 4. A qui addrelTées. 94. Sa mort. iio. Harwich ; argile propre à fe pétrifier qu'on y trouve. 170. Heîfbam (Mr. Richard) ; foîi cours de Phyfique expérimentale. 424» Herbert ( Guillaume ) transféra le liège épifcopal de Thetford à N'orwicb , oc fit des fondations confiderables dans fon dlocefe. 176. Hermopolis parva des Anciens. 41 8. Hirondelles ; dans quel canton de l'Angleterre el- les arrivent au Printems. 173. Hodgfon ( Mr. Jaques ) -, fon Catalogue 8c fes oblervatiotis fur les éclipfes des Satellites de JiLpitex, 326. Ff3 Hov' TABLE Horler (Mr. j^ofepb)-, fon apologie des Prédica- teurs de l'Evangile. 421. Hunauld (Mr. François- Jofsph) ; fes penfées fur l'opération de la Fijlule lacrymale. 344- Huîchinfon ( Mr. ) > fes remarques fur les Dtmo- Iliaques de TEvangile. 422. Brochure contre ces Remarques. 423. î. JAcKSON (Mr. Laurent) ; h réfutation du Vé- ritable Cbrijîianifme de Mr. Cbubb. 422. Jerufalem -, observations fur fon état préfent. 391. Immunitez Ec cléfîajîi que s y combien frivoles . 362. lîifcription pour conierver la mémoire delap/tt>'ff de la Manne. 417. Interdit; ce que c'eft , & fon illégitimité. 382. 'Jourdain; ce que Mr. 5/;aar dit de ce fleuve. 397. Ipfvuicb ; caufes de fa décadence. 175. K. KAbyles, forte d'Arabes > leur manière de vivre. 15. Mr. Sba^ju a compilé un Voca- bulaire de leur Langue. 416. L. L An GUE (Ancienne) Anglnije; fa confor- mité avec la Langue Allemande. 171. Laodicée-, obfervations fur cette ville. 38<5. Lèze-Majefté; à quelle forte de crime on donnoit anciennement ce nom en Angleterre. 204. Lion-, comment les -^ra&fj en font la chafle. 18. Lobb ( Mr. ) ; fon Traité pratique des maladies aiguës. 421. Lookup (Mr. )j fon Ouvrage fur les fautes des Verfions de la Bible. 426. Lucius ,, premier Roi Chrétien des Bretons. 185. Demande les Loix Romaines à l'Evéque de Rome ^ qui les lui refufe. 186. DES MATIERES. Lumières naturelles ^ ce qu'il fiut cnLendr? d:^ !:, M, MAc-Laurin (Mr.) prétend contre Mr. Bruikenridge , d'avoir inventé lepremirr la nouvelle méthode de décrire des Lignes courbes. 337. Mariages entre Perfonnes de différentes Religions, 112, Majfacre d'Irlande -, preuves qu'il s'étoit fait par ordre de Charles I. 156. Mathématiques fort négligées en Barbarie. 4. Médecine combien déchue en Barbarie. 3. Mer Noire i prodigieufe quantité de vapeurs qui s'en exhale chaque jour. 398, Méthodijles ; nouvelle fefte Qn Angleterre. 428. Mikiasti colomne qui fert à mefurer l'accroilTe- ment des eaux du Nil. 40S. Milton ( Jean ) ; Recueil complet de fes Oeuvres. i35--i<56. Mifericorde ', un des attributs eflentiels de Dieu. N. 282, NA T R 0 N- , ou Nitre d'Egypte. 417.. Nil-, difcufîlon fur ce fleuve. 407. Nomination aux £t'^c/jf2contefléeauPape. 366. Norfolk i richelTe de cette Comté. 176. O. OBELISQUES (Les) étoient particuliè- rement deftinez aux Hiéroglyphes. 400. Oldmixon ( Mr. ) ; fon Hifloire d'Angleterre fous Henri VIII, Edouard Vl,Marie & Elifabetb. 42 1., Ordinations Prefbyteriennes ; ce que Mr. Ham' mond en dit. 1 14. P. PApes; leur autorité fur le Temporel des Rois & des Eglifes conteftéc, 375 F f 4 pa- TABLE Paraîytîius de l' Evangile ', explication de cette hiftoire. 7. ^ fuiv. Peck ( Mr. François ) ; Lifte des Ouvragés qu'il a publiez. 118. Pegge ( Mr. Samuel ) ; fes Récherches fur les Démoniaques de l'Evangile. 423. JPellet (. Mr. le Dr. ) -, Préûdent du Collège des Médecins de Londres, à la place du Chev. Sloane. 325. w. Tet'jt (Mr. Guillaume); fon Traité fur l'ancien Pouvoir, les Droits & Privilèges du Parle- ment. 425. JPbilofopbe Honnête-Homme (Le)î Extrait de cet Ouvrage. 261-324. Deux caractères diilincts que l'Auteur a à foutenir. 263. Piétijîes en Angleterre. 428. Platon-, comnnent il a établi le dogme âe l'Im- mortalité de l'ame. 243. A fort mal prouvé l'cxiftence d'un Entendement infini. 259. Pratique de la Pieté ; qui ell TAuteur de cet ■ Ouvrr.ge extrêmement eflimé. 117. Pyramides d'Egypte ; détail fur leurs dimenfions, 401, Sur leur dellination. 403. R. RA I s o N humaine ; Traité de fa force & de fâ fcibleffe. 65-91. Définie par un Déïile. 66. Si la Eaifon toute feule peut nous con- duire à la félicité. 84. Ce qu'il faut entendre par le mot de RoJjon. 233. Comment on peut dire qu'elle nous inllruit. 235. Rand ( Mr. JJaac ) ; fon Catalogue de Plantes du jardin de Cbelfea. 325. Religion; comment: définie par un Déifie. 66, Quelle étoit celle des anciens Bretons. 182. En quoi confille îa Religion naturelle. 230. Si elle a dçs caraftères de vérité auxquels la Rai- DES MATIERES. Raifon doit fe rendre. 268. Signification clu mot de Rtiigîon. 271. En quel fens employé par le k*biloJophe Honnête- Homme. 272. ^ fiiiv. Propofidons indifpenfablement nécefTai- res pour bien établir les fentimens de Religion. 279. La Religion Chrétienne n'a rien changé aux droits des Souverains. 359. JRépentance (La) efb nécelTaire pour appaifer Dieu. 75. Révélation ; Traité fur fa néceflité. 222 - 261. Reynel ( Mr. Richard ) ; fon hiiloire d'une Cata- lepfie. 339, Rohins ( Mr. Benjamin ) ; fes remarques fur diver- fes matières mathématiques, 424. Romaine (Mr. Guillaume) y fon Ouvrage contre Mr. IVarhiirton. 424. Rome-, Supériorité de fes Evêques comment ex- pliquée. 369. Origine de la déférence des autres Eglifes pour celle de Rome. 372. Rowe (Made. Elijabetb) ; fes Oeuvres mêlées. 28-64. Sa naiffance. 30. Portrait qu'elle fait de fon Père. ibid. Sa pieté & fon amour pour l'étude. 31. Son goût pour le deflein. 33. Sa paiïion pour la Poëfie. ibid» Son ma- riage. 37. Devenue Veuve , elle fe retire à la campagne. 38. Hiiloire de fes Ouvrages. 39. Sa mort. 40. Son éloge. 41. Echantillons de fon llile épiltolaire. 48. ^ fuiv. Roive (Mr. Thomas)-, fa naiffance. 34. Ses étu- des. 35' Son amour pour la Liberté, ibid. Au- teur de plufieurs Vies d'Hommes Illujîres. 36. E- poufeMadlle. Elijabetb Singer. 37. Samort. 38. o. SAbbat; obfcrvation fur fon établilTement. III. Religieufement obfervé par les anciens Saxons» 202. Ff 5 Sa- TABLE Saxons-, leur entrée dans la Bretagne. 187. lis ont recours à la Cour de Rome pour la difci- pline eccléliaitique. 189. Grand pouvoir du Métropolitain chez eux. 190. Différens rei- lorts de leur jurifdiftion eccléfiaflique. 193. Gouvernement de leur Eglife. ibid. Leur peu de goût pour le Culte extérieur. 194. Am- bition & ignorance de leur Clergé. 195. Ori- gine de leurs Rois. 196. Qui étoient' fort bornez dans leur pouvoir, ibid. Leur gouver- nement civil. 200. Leurs Franchi/es ou Alar- cbes. 201. Leurs loix pénales. 202. Ils ren- doient prompte juiticc. 205, Seagra'ue (Aîr. ); fon Ecrit en faveur des nou- veaux Pià//?ej- rf'^.'io-/frfrr^. 429. 432. Selden (Jean)-, nouv^elle Edition de fon £)//cûz^>y Jur les Loix ^ le Gouvernement d'Angleterre, 178-205, Pourquoi on ne fit pas grand cas de cet Ouvrage lorfqu'il parut pour la pre- • niière fois. 179, Perfécution contre les Edi- tions fuivantes, iSo. Sentimens; en quel fens ce terme ell emplové par le Philojophe Honnête-Homme. 276. Shaw (Mr. Thomas); fes Voyages en Barbarie & dans le Levant. 1-28. 396-420. Sherlock (Richard); fon épitaphe. ic8. Skernet (Mr. Raoul); fon Sermon fur la Régéné- ration. 431. Sloane ( Mr. le Chev. Haiis ) a refigné la plac;;^ de Préfident du Collège des Médecins de Londres. 325. n. Smith (Mr. Guillaume); fa nouvelle traduftion du Traité du Sublime de Longin. 4.20. SûisU ; comment il s'ar:éta du tems de JoJJi^' 211-222. Sqîut DES MATIERES. Sour ; etymologies de cet ancien nom de la ville de Tyr. 390* Souverains', leur droit pour l'Invelliture des Evéchez & Abbayes. 379. Stebbing (Mr. leDr. ); Ton Sermon contre les Mttbodiftes. 431. Stratford-, accroilTetnent dé ce village en peu d'années. 168. Suffifance (Prétendue) de la Raljon pour arriver à la Religion & au Bonheur. 66. Suffolk ; dans cette Comté arrivent , & de-là partent les Hirondelles en Angleterre. 173. Nombre prodigieux de volaille que ce païs fournit à la ville de Londres. 174. T. TERRE-Saint-e ; ce que Mr. Sbaio en dit. 395. Tertullien ; fon fentiment fur la Femme-Sœiir ce S. Paul. 128. Thaïes -, s'il a cru l'Immortalité de l'Ame. 246. Tbéologis naturelle ', ce qu'on doit entendre par- là. 307. Trapp (Mr. Jofepb); fon Ouvrage fur la Pieté outrée. 429. Tremblement (Grand) de terre dans la Kouv. Angleterre en 1727; fon hifloire. 350. Tripoli ( Le nouveau ) -, obfervations fur cette ville. 390, Tripolis (L'ancienne) 5 remarques fur fes ruines. 389. T-jr ; obfervations fur cette ville. 390. V. VApeurs qui s'élèvent chaque jour de la Aler Noire, 398. Fenti TABLE DES MATIERES. yents alifez-, leur caufe. 345. Véritez fpéculatives. 318. Autres , appcl- lées hîjîoriques. ibid. Troifieme efpece, dites defentiment. 321. Vertu magnétique communiquée par la foudre. 356. Villa Fauftina ; à quelle ville à'Angleter- rs les Romains avoient donné ce nom. 176. Villages -, accroiiïement de ceux qui font près de Londres , depuis la résolution. 168. Volonté (La) peut agir fans la morale. 300. VoJJlus; particularité touchant fon Hijloire dit Pélagianîjme. ç(), Vraifemb lance morale ; fa définition. 2^5, Quelle eft la VraiJtmUance phyfique. ibid. UlTerius; fes fentimens fur la Grâce. 99. •^ W. WAteiiland ( Mr. Daniel ) ; fon Traité fur la partie facramentelle de TEucha- riilie. 427- Watts ( Mr. ) > fon Ouvrage de la force & de la foiblelTe de la Raifon humaine. 65- 91. Whitefield (Mr.), Chef des Méthodifies. 42g. Son Ouvrage en leur faveur. 431. Y. YA R D L E Y ( Mr. Edouard ) ; fon Traité fur les Généalogies de Jejus -Cbrift, Fin de la Table des Matieresé