BIBLIOTHEOUE BRITANNIQUE, 0 u HISTOIRE DES OUVRAGES DES SCAVANS DE LA GRANDE-BRETAGNE: Pour les Mois D'OCTOB^RE,NO VEMBRE etDECEMBRE. M. D C C. X L I I I. TOME FINGT'DEUXIEME, PREMIERE PARTIE. A LA HATE. Chez PIERRE DE HONDT, M, DCC XLIII. TABLE DES ARTICLES. Art. L VI ES des Amiraux Anglois 6? des autres gramis Hommes de Mer de cette Natiun, Par Jean Camp- EELL. Pag. I. IL Examen Succint d'un Ouvrage de Mr. Warhurton y ir.îitidé , La Di- vinité de la Million de Moïfe dé- montrée : Adre[!é à l'Auteur mi- me par une Société de Gens de Let- tres. 39- i I L Defcripîion de TOrient ^ de quelques autre! Pats. I. Volume , cùj'ont co?:- tenues des Obfervaticms fur l'Egyp- tQ y par Mr. Richard Pococke. 92. i V. Lettre fur la Conduite de Pilate J l'égard de Jésus - Christ. 123. V. Chronique de la Rtine de ILngrie -, enfemble les hauts Faits de George TABLE DES ARTICLES. Roi rf'Angle terre cl la Bataille Dettingen ; âf le Cantique d'Act de Grâces du Roi George , pour Vi^oire remportée fur fes Ennem Le tout écrit à la manière des /. ciens Hijlorkns Juifs ^ par AbRj Ben-Saddi, Frère de Nathan Juif, Seconde Edition. Pag. il Art.VL Tranfaàio7is Pbilofophiqiies de la t Société Royale de Londres , N°. 3(. 3685 369. ij VIL Afiche pour imprimer par Soufcripti le Livre de Job en Caraàére h hreu , qu'on a décbifré pour la p'i miére fois dans une l^erjion Anglo de nowcelle ini:ention. 18 VIII. Plngt c? quatre Serinons prêches 1739, 1740, 1741. pour la Fond tion de Mr. Boyle. Huit Sernio prêches en 1798, & 1739- pour Fondation de Aîilady Moyer. Av trois autres Sermons. Far feu M Léonard Twells. 19 IX. Nouvelles Littéraires, 19 BIBLK BIBLIOTHEQUE BRITANNIQJJE, o ù HISTOIRE DES OUVRAGES DES SÇAVANS DE LA GRANDE-BRETAGNE. Pour les Mois d'Octobre , Novembre ET Décembre, MDCCXLIIl. ARTICLE PREMIER. Lives of the Admirais, and orher emi- nent Britifh Seamen : containing their perfonal Hiftories , and a détail of ail their Public Services : Including a new and accurate Naval Hidory from the earlieft account of Time; iind clearjy proving, by a continued Séries of Fa6ls, oiir uninterrupted claim to , and Enjoyment of the Do- Tome XXIL Part. L A rnïnhn â BlBLIOTHEQ^UE BRITANNIQUE, minion of our Seas : Interfperfed with many curious PafTages relating to our Difcoveries, Plantations, and Com- înerce. The whoie fupported through- out by proper Authorities. By J o h ^' Campbell, Efq: Vol. L London, printed by John Applebee, for J. and H. Pemberton in Fleet - Street , and T. Waller in the Temple. 1742. Celt-à-dire: Vies des Amiraux Anglois £? des autres grands Hommes de Mer de cette Nation , contenant leurs Hijîoires perfonnelles £f k détail des Services qu'ils o?it rendus à leur Patrie, Ouvrage , qui renferme une nouvelle iS exacte Hijloire Navale de la Grande Bretagne , depuis les plus anciens tems connus par rHiftoire ; oii F on prouve clairement, par une fuite continuelle défaits^ nos prétenfions non - interrompues à la Sei- gneurie de nos Mers ^ ^ la jouiffance que nous en avons eue ; ^ ou l'on a entre- mêlé diverfes Relations curieufes touchant nos Découvertes , nos Plantations , £? no- tre Commerce. Le tout appuyé fur des Autorités dignes de foi. Par Jean Camp- bell, Ecuyer. A Londres, chez J. §c U. Pemberton daos le Fleec - Street , Octobre, Novemb. et Decemb. 1743. 3 & chez T. Waller au Temple. VoL I. LOrfque Ton confidére le rang conGdéra- ble que tient aujourd'hui rAnglecerre entre les plus grandes Puiflances de l'Eu- rope, & qu'elle eft, pour ainfi dire, le contre -poids qui cOnferve l'équilibre entre elles, à. qui les empêche de s'opprimer les unes les autres , on ne peut qu'étie touché du defîr de connoitre par quels moyens elle s'eft élevée à ce haut Point de gloire 6c de grandeur. L'im.menfe étendue de fon Com- merce 6c fes puiflantes Flotes, capables de donner des Loix fur TOcéan , y ont fans dou- te beaucoup contribué. Il eli aifé de juger de -là que les Recherches de Mr. Camp- bell fur ces matières doivent être également curieufes & intérefîantes, & que fon Hiiloi- re doit contenir tout à la fois l'agréable & l'utile : ce qui eft le plus haut Point de per- feûion, oh, félon Horace, l'on puifle por- ter les Ouvrages d'efprit. Le but que s'efl propofé l'Auteur en écri- vant cet Ouvrage , comme il nous l'ap- prend lui - même dans fa Préface , eft de fa- ciliter l'étude 6c l'intelligence de l'Hiftoire générale d'Angleterre , par raport à la Na- vigation ce au Commerce. Il reconnoit vo- lontiers l'utilité 6c le m^érite de plufieurs Hiftoires ou Relations Navales, par raporc aux vues particulières dans lefquelles elles ont été compofées; mais, ayant été con- vaincu par fa propre expérience qu'elles A 2 font 4 BIBLIOTHEQ.UE B R ITANNIQ.UE , font infuffifantes pour un deflein pareil au fien, c'eft ce qui l'a déterminé à fuivre une autre Méthode. II fe plaint que les Hifto- riens Anglois ont placé trop bas l'époque de la Puiflance Navale de leur Patrie, ou du moins qu'ils fe font expliqués là -deflus à peu prc:> comme les Anciens ont fait à l'é- gard de la Source du Nil, c'eft • à - dire qu'ils en ont parié comme d'un fujet abfo- lument inconnu & inexplicable. A la vé- rité, le profond & le judicieux Selden a examiné cette matière avec beaucoup d'ap- plication, 6c a fourni aux Savans des éclair- ciflemens coniîdérables fur le fujet dont il s'agit, de même que fur tous les autres qui lui ont paflë par les mains ^ mais, ayant re- jette hautement l'Autorité de l'Hiftoire Bri- tannique de Geoifroi de Monmouth, il n'a ofé s'appuyer fur le feul Monument que nous ayons de ce qui s'efl. pafTé dans ces tems re- culés. S'il avoit dûment confidéré le Peuple nombreux que contenoit cette Ifle, lorfque Céfiir y aborda , félon le récit que ce Général Romain en fait lui -môme, il aurcic infailli- blement conclu de -là, que, quelque fabu- leufe & erronée , que puifle être l'Hiftoire de Geoifroi quant aux circonftances parti- culières, le fond du moins en eft très -pro- bable, 6c que cet Iliftorien n'a point placé trop haut la plantation de cette Jûe. De plus, quand il n'y auroit rien que de vrai dans cette Hiftôire, robfcurité qu'on y trouve, auroit toujours eu lieu. Il femble donc que ce foit proprement l'affaire d'un Hifto- Octobre, Novemb. et Decemb. 1743. 5 Hiftorien exad d'éclaircir, autant qu'il lui elt poffibie, les Hiltoires romanciques, ôc les Récits mêles de fixions , qui nous relient fur ces anciens tcms; àc c'eit néanmoins ce qui a été fort négligé. On ne s'efl pas ap- pliqué avec plus de foin à montrer la liai- fon des Expéditions Royales avec l'exten- fion du Commerce de la Nation , & de fai- re voir que cette augmentation du Commer- ce étoit un effet du Pouvoir Maritime des Anglois. C'efl pour remédier à ces défauts , que l'Auteur de la préfente Hiftoire Nava- le a pris la plume en main, auffi bien que pour diiîlper la prévention ,011 font bien des gens , que le Commerce de l'Angleterre efl né d'hier, pour ainfi parler, 6l qu'il n'efl pas plus ancien que le Règne d'Elizabeth. On ne peut difconvenir, que l'Hiftoire des Bretons, avant l'arrivée de Jules Céfar en leur Iile, ne foit fort obfcure & très- incertaine, tant par raport à leurs Exploits par Mer, qu'à l'égard de la SucceiTion de leurs Princes & de leur Gouvernement Ci- vil. Mais c'od poulTer trop loin les cbofes , félon Mr. Campbell, que' de précendre que les Hiltoires, qui nous reftenr, de ces tems- là, ne racritciît pas decre lues, & qu'elles ne font remplies que de fables. On fait bien que c'efl-là le fhile ordinaire des Cri- tiques, qui ont coutume de rejetter avec beaucoup de dédain & de fierté ce qu'ils ne peuvent comprendre, ou ce qui ne leur pa- roit point probable, mais leur cenfure à cet égard eLllbuvenc trop précipitée. Camden A 3 n'eili- 6 BIBLIOTHEQ.UE BrITANNIQ,UE, n'eftimoic point du tout THiftoire de GcofFroj de Monmouth, fon Autorité feule en a en- gagé pîufîeurs à la traiter avec mépris. Ce- pendant plufieurs Savans ont depuis publié, d'autres anciens Auteurs , qui montrent clairement qu'il fe trouve plufieurs Faits véritaÎDles dans le Livre de Monmouth , quoiqu'il y ait fans doute des fables mêlées parmi. D'ailleurs, tout le monde convient aujourd'hui que Monmouth n'efl pas l'in- venteur de fon Hiiloire, mais qu'il l'a réel- lement traduite ou extraite, de Livres plus anciens, écrits en Langue Bretonne, & qui exiftent encore à préfent. Or l'on trou» ve en cette Hiiloire plufieurs endroits qui concernent le Pouvoir Naval des Bretons; & il paroit , tant par la nature des chofes dont il fait mention, que par les témoi- gnages d'autres Ecrivains dont l'Autorité eft plus refpedlée, que les Faits, que cet Hiftorien raporte, ne font pas tous égale- ment fabuleux & incroyables. Mr. Campbell produit enfuite deux Rai- fons en faveur de la vérité, ou du moins de ]a probabilité , des Faits raportés dans FHif- toire de Geofrroi de Monmouth. i. Les Peu- ples, qui ont les premiers habité cette Con- trée , foit qu'ils fufientTroyens ou Gaulois , ne peuvent y être venus que parMer;6(:,par conféquent,'il falojt qu'ils eufi^entdéjà quel- que connoiffance de laMarine, même avant leur EtablifTement dans la Bretagne. 2. Les Mers dont ils étoicnt environnés, les Ports commodes au'ils ayoieat dans leur Ille, la ^'"•- \ -^ • vue Octobre, NovET^fe. et Decemb. 1743. 7 ▼ûë des Côtes oppofées^tout cela, duit les avoir encouragé=^ à continuer de cultiver la Navigation, 6c à tâcher d'étendre l'expé- rience & le fa voir qu'ils avoient déjà ac- quis à cet égard. D'oli nous nous croyons en droit de conclure, ajoute l'Auteur, que le Pouvoir des Bretons étoit confidérable fur Mer , & qu'ils s'y étoient déjà fignalés par des Exploits, même avant l'invafîon des Romains dans la Bretagne, quoiqu'il ne nous reite aucun Mémoire de leurs Expé- ditions. Polybe & Lucrèce, deux Auteurs qui font plus anciens que Céfar, ont fait men- tion de la Bretagne & de fes commodités. L'Auteur du Livre de Mimdo , qui porte or- dinairement le Nom d'Ariltote, parle aufli des Ifles Britanniques , & diflingue entre Albion & Hierna , c'eft - à - dire , entre l'An- gleterre & l'Irlande. Athénée nous apprend, fur l'Autorité de Mofchus, que le principal Mât du grand VailTeau du Roi Hieron fur trouvé par un Porcher dans les montagnes de la Bretagne, & qu'il fut conduit en Si- cile par Phileas Tauromenites. Solin ra- porte qu'Ulifles trouva dans la Caledonie un Autel, fur lequel il y avoit une Infcrip- tion Grecque. Or il n'eft pas aifé de con- cevoir, dit Mr. Campbell, comment une Contrée, fi éloignée de la Grèce & de l'A- fie, pouvoit être fi connue en ces tems-là, fi l'on fuppofe que les Bretons n'avoienc point de commerce hors de leur Me avec les Nations étrangères. Mais , ce qui met A4 'le s Bibliothèque Britannique, le Point en queftion hors de doute, félon le même Auteur, eil que le favant Selden avoue lui-même, qu'il eft convaincu, raê- .me par les Commentaires de Cé(ar,que les .Bretons avaient des forces eonfidetables par Mer; mais il conjeélure qu'ayant en- voyé leur Fiote au fecours des Venetes, elle avoic été défaite en cette occafion par les R.omains. 11 ed certain de plus , ajoute notre Au- teur, que le Commerce des Bretons devoit ê:re conudérable , même des ces premiers tems; car, outre celui qu'ils avoient avec les Phéniciens & les Carthaginois dans la Partie Occidentale de rllie, ils trafiquaient encore avec les Nations du Nord , çomm.e il paroit par la fuite de Brennus, qui, s'é- tant brouillé avec fon frère, fe réfugia à la Cour du Roi de Norvège, d'où il revint bientôt après avec une puillante Flote. Il n'y a pas lieu de douter qu'ils n'euflentnufiî de grandes corrcfpondances avec les Pro- vinces Mai'itimes des Gaules , qui en- voyoient leur Jeunefiè en cette Ifle , pour y être inftruite ; marque que les Bretons étoient dûment verfés dans les Sciences & les Arts alors connus. Mais rien ne dé- montre plus clairement , au jugement de Mr. Campbell, la Domination abfoluë qu'ils avoient fur les Alers qui environnoient leur Ifie, que ce que dit Céfar lui-même, fa- yoir, qu'il ne put être exaclement informé des Ports de la Bretagne, ni de l'état de la Contrée ,• parce que les habitans ne pcr- mettoienc Octobre, Novemb. et Decemb. 1743. 9 inettoienc qu'aux feuls Marchands d'abor- der fur leurs Côtes, encore ne fouffroieni:- ils pas qu'ils allaflent plus avant, ni qu'ils pénécrafenc dans l'intérieur du Pai's. Ces Régies, qu'ils impofoient aux étrangers, montrent aflez , dit notre Auteur, le Pou- voir dont ils écoient en poilefiion. Mr. Campbell fe fait enfuite une objec- tion, qui paroit afiez force, qui efl , que Céfar èi d'autres anciens Auteurs ne nous donnent pas grande idée des Vaifleaux Bre- tons, ce qu'ils racontent que ces Navires ou Éateaux n'étoient faits que d ofier , qu'ils coLivroient de cuir ; de forte que de pareils Vaifleaux n'étoient point du tout propres à être oppofés à laFlote PvOmaine; ôc que c'efl la raifon pourquoi les Bretons n'tMureprirent pas de les combatre fur Mer. Cependant , Mr. Campbell ne trouve rien de ici de en cette objection ; car une des Raifons , dit-il, qui engagea Céfar à atta- quer la Bretagne , étoit à caufe que ces In- fulaires fecouroient les Gaules , tant par mer que par terre. Ainfi les Flotcs, donc ils fe fervoient pour cela étoitnt fans doute compofées de gros Vaifleaux, Ôc non pas de ces Bateaux revécus de cuir , dont ils fe fervoient pour pécher fur leurs Côtes, fe- Ion l'ufage que les Romains en iirenc enfui- te eux-mêmes. La véritable Caufe, félon lui , pourquoi ils ne s'oppoférent pas au:c Rom.ains par Mer, cfc qu'ils avoienc perdu la meilleure Partie de la Flote , qu'ils a- voicnt cnvovcc au foc; urs des Venercs. A 5 ' Four lO BlBLIOTHEQ^UE B RIT A NNIQ^U E, Pour les Ecoflbis, ils étoient alors occu- pés à réduire les liles qui avoient fecoué le joug de leur domination peu de tems aupa- ravant ^ comme nous l'apprenons de leurs propres Auteurs. Cependant Gildas les cenfure vivement les uns & les autres , de ce qu'ils ne joignirent pas leurs Hoces en- femble en cette occafion pour repoufTer celle des Romains. Mais 3 quoique Mr. Campbell puiiTe dire, il n'y a pas d'apparence que les Bretons euf- fent de gros Vaifieaux en ces tems-là, ni qu'ils poiTédaflent l'Art de les bâtir, fi l'on confidéreque c'étoit alors un Peuple à demi- fauvage , à qui l'ufage des habits étoit prefque inconnu, hormis à ceux qui habitoientfurles Côtes Méridionales, qui s'habilloient de peaux, à caufe des Etrangers qui venoient trafiquer avec eux. Pour les autres qui de- meuroient dansl'intér'earduPaïs, ils ièdé- chiquetoient la peau d'une certaine façon, qui repréfentoit des fleurs , des arbres, ou des animaux. Ils verfoient enfuite dans ces dé- coupures du jus de Pafiiel , qui donnoit à ces figures une couleur bleue qui ne s'efFaçoit jamais ; & c'étoit-là toute leur parure. Pour ce qui regarde leurs habitations, ce n'étoient que des huttes couvertes de peaux, de branches, ou de gazons. Ils les bcidiibient au milieu des Bois, dans quelques endroits défrichés, fans autre dé- fenfe que quelque mauvais rampart de ter-^ re, ou quelques arbres abatus tout autour, T'Our en fermer les avenues. Leurs Villes, ou Octobre, Noveme. etDecemb. 1743. 11 pu plutôt leurs Hameaux, n'écoient qu'un Aflemblage confus de ces huttes,- fans au- cun ordre , ni fimétrie. Amfi je laifTe à juger s'il elt vraifemblable , que des Peu- ples , qui n*avoient pas Tindaflrie, ni peut- être les inftrumens néceflaires, pour bâtir des Maifons un peu commodes d^ réguliè- res , fuffenc capables de conftruire des Vaif- feaux de guerre. A l'égard du Commerce que les Bretons avoient avec les Etrangers , il ne prouve point du tout leur habileté dans la Marine; car ce n'étoient pas eux qui tranfporcoienn leurs Marchandifes chez les autres Nations: Au contraire , c'étoient les Marchands é- trangers qui venoient acheter leur étain, pour le vendre enfuite dans leur propre Pais, ou aux Peuples voifms. La précau- tion qu'ils prenoient , de ne permettre qu'aux feuls Marchands de defcendre fur leurs Côtes, étoit à la vérité un allez bon trait de Politique, & confirme ce que dit Tacite , favoir , que les Bretons avoient i'efprit plus vif & plus pénétrant que les Gaulois ; mais ce n*elt pas une marque de leur Puiflance, foit fur terre, ou fur mer; c'en eft plutôt une, qu'ils craignoient les in valions, & par conféquent qu'ils connoif- Ibient leur propre foibleflTe. Quant au reproche , que Gildas fait tant aux Bretons qu'aux Ecoflbis de n'avoir pas je^nt leurs Fiotes enfemble , pour empêcher les Romains d'approcher de leurs Côtes ; ÇQ reproche^ dis-je, nemeparoit point du tOub Il BlBLIOTHEQ^UE BrITANNIQ^UÊ, tout fondé. Cet Auteur , qui vivoit du moins 6co. ans après la première invafion jdes Romains dans la Bretagne, s'iraaginoit fans doute, que la Science de la Marine & l'Art de bâtir des VailTeaux étoient fur le même pied chez les Bretons & chez les E- coiîbis du tems de CéJar , qu'ils (e trou- voicnt dans le tems où il écrivoit. En quoi il Çc trompoif; du tout au tout; car les cho- fesavoienc bien changé de face pendant un fi long intervalle , comme il efl facile de s'en convaincre , û Ton confidére les di- verlés Colonies qui étoient venues s'établir dans cette lile pendant cet efpace de tems. Pour ce qui ell; des Pidtes & des Ecoflbis , ils n'avoient pas non plus en ce tcms-là de Vaifleaux capables de tenir tête aux Flotes Romaines, comme il paroit aflez par ce qui arriva du tems d'AgricoIa, Gou- verneur de la Bretagne fous Tite & Domi- tien; car, ce Général Rom.ain ayant fait faire à fa Flotele tour de leurs Côtes, pour en reconnoitre les Ports, nous ne voyons pas que ces Peuples fe foient mis en poftu- re, je ne dirai pas de la combatre, mais même de la harceler le moins du monde. Quoiqu'il en foit. Depuis la première invafion tentée par Jules Céfar pour conquérir la Bretagne, les Romains firent encore diverfcs autres expé- ditions en cette Ifle^ jufqu'à ce qu'ils vin- rent enlin à bout de foumetti-e entièrement les Bretons & de réduire leur Pais en Pro- vince Romaine. Ainû les Bretons perdirent leur Octobre, Noveime. et Decemb. 1743. 13 leur Liberté ; mais en échange ils civiliférenc leurs mœurs & leurs coutumes. Les Arts & les Sciences fleurirent bientôt chez eux autant que chez leurs Vainqueurs. 11 y en eut pour- tant plufieurs qui aimèrent mieux tout per- dre que defubir ie joug des Romains. C'ell: pourquoi ils fe retirèrent chez lesEcoirois(i$c les Pietés , qui occupoient la Partie Septen- trionale de VlÛQ. Dans la fuite, ces Fugitifs , joints aux Peuples qui les avoient reçus, don- nèrent beaucoup de peine aux Romains, qui furent continuellement occupés à réprimer les courfes & les pillages de ces Peuples bar- bares , tandis qu'ils reflérent en pofîeQion de la Partie Méridionale de l'Ille. Mais enfin, les Affaires de l'Empire étant tombées dans tme entière décadence fous Honorius , cet Empereur fut contraint de rapeller les Trou- pes qu'il avoit dans la Bretagne & de ren- dre aux Bretons leur première Liberté. Après cet abandon des Romains, les E- coflbis & les Pidles recommencèrent leurs holhlités avec plus de fureur que jamais contre les Bretons , qui , fs fentanc trop foibîes pour rèfifter à leui s Ennemis, leur abandonnèrent une partie de leur Pais , pour fe retirer plus au iMidi. Les Picles & les Ecoflbis , devenus plus fiers par ces avantages, rèfolurent de fe rendre maftres du relie de l'Ifle, & d'en chailer entière- ment les Bretons. Dans une fi terrible ex- trémité , ces derniers ne fe virent d'autre reffource, pour éviter leur entière ruine, que d'implorer le fecQurs des Anglo-Saxons, Peuples 14 Bibliothèque Britannique, Peuples originairement fortis de la Cherfo- tièfe Cimbrique , & qui occupoient alors ce qu'on apelle aujourd'hui la Saxe, la Weft- phalie, la Friie Orientale & Occidentale^, la Hollande, & la Zélande. Les Saxons accordèrent volontiers aux Bretons le fecours qu'ils leur demandoient^ & les aidèrent d'abord à repoufler leurs En- Demis ; mais ils leur firent enfuite payer bien cher les fervices qu'ils leur avoient rendus, comme il arrive ordinairement en pareilles rencontres: Car, s'étant bientôt brouillés avec ceux qui les avoient fait venir, ils fe rendirent peu à peu maîtres de la plus grande partie du Pais , & con- traignirent les anciens Habitans de fe retirer dans la Cambrie, apellée aujourd'hui le Pais de Galles. Les Saxons & les Anglois, Peuples incorporés enfemble dès l'Allema- gne, partagèrent enfuite entre eux le Païs qu'ils avoient conquis fur les Bretons, & en formèrent fcpt Royaumes, qui, après de longues & cruelles guerres, furent enfin réduits'à un fcul. On ne peut douter que les Forces Nava- les des Saxons ne fulfent très - confidéra- bles, fur -tout après que l'Heptarchie eût €té changée en Monarchie , fi l'on en juge par le grand nombre de VailTeaux, que plufieurs de leurs Rois , entre autres Al- fred, Adelftan, & Edgar, mirent en mer, pour défendre les Côtes de leur Royaume contre les incurfions des Pirates 6c prin- cinalement conrre les invafl.ons des Danois. Ces Octobre 5 Noveme. et Decemb. 1743. '5 Ces Princes le rendirent par-là très-redou- tables au dehors , de forte que les Pirates Danois n'oférent plus approcher des Côtes d'Angleterre ; & par le moyen de leurs Ar- mées de terre, ils devinrent C puiiïans au dedans , que les Danois , qui s'é- toient déjà emparés de plufieurs Provin- ces en Angleterre , n'eurent d'autre parti à prendre 5 que de fe foumettre à l'Autorité des Rois Saxons dont «nous venons de par- ler, & de les reconnoitre pour leurs Sou- verains. Ils contraignirent pareillement plu- fieurs petits Rois des Mes voifines de leur payer tribut. Les Anglois prétendent mê- me que les Rois d'EcolTe furent obligés de leur faire hommage de leur Couronne. A la vérité, les Ecoffois le nient, & foutien- nent que les Rois d'Angleterre n'ont jamais eu aucun Droit de Souveraineté fur l'Ecof- fe avant le douzième Siècle. Cependant on peut leur faire une Objedlion aflèz for- te , prife du préambule d'un Décret fait l'An quatorzième du Règne d'Edgar. Nous le raporcerons ici d'autant plus volontiers que notre Auteur remarque qu'aucun E- crivain moderne n'en a fait mention. Voici donc en quels termes ce préambule efl con- çu: Eso Edgarus, toîius Albionis Bafiieuy^ nec non maritimorum feu infulanorum Regum circiLmbahîtantium , &c. C'efl-à-dire , Moz Edgar, Mmarqiie de toute rAlbio?i, ^ Sou- verain des Rois des lUes adjacentes , (Sec. Les Anglois racontent de plus, que plu- fieurs de ces Princes ou Roisfeudatâiress'é- tant l6 BlBLIOTHEQ^UE BrITANNIQ^UE, tant rendus à Chefter , où Edgar tenoic alors fa Cour, pour lui rendre Hommage, il les fie tous entrer dans un Yach, préparé pour ce fujet, où s'écant affis quatre d'un côie & quatre de l'autre, ils fe mirent à ramer , pendant que le Roi d'Angleterre étoit affis au Gouvernail ; à. ils allèrent amfi depuis le Palais jufqu'àl'Eglife du Monafté- re de S. Jean, où étant entrés ils y prêtè- rent au Roi Edgar leur Serment de fidélité en qualité de fes Vailàux. Puis ils s'en re- tournèrent au Palais dans le même ordre & de la même manière qu'ils enétoient partis. Ces Rois V'aflaux étoicnt , félon les mê- mes Hiftoriens, KeiiiiethRol d'Ecoffe, Ma- colm Roi de Cumberland , Maccufius Roi des liles, à cinq petits Rois Bretons. Par malheur pour l'Angleterre, Edgar ne laiila. en mourant que des Enfans en bas âge, fous la minorité defquels les Moines & les femmes s'emparèrent de toute l'Au- torité, de forte que la grande puilîance des Anglois vint bientôt à déchoir. Sous un Gouvernement fi foible , les Danois, qui avoient laiffé l'Angleterre tranquille pen- dant plus de foixante ans, ôl qui n'avoient ofé approcher des Côtes pendant la vie des Rois dont on vient de parler , recommen- cèrent leurs courfes 6l leurs brigandages. Ceux de cette Nation qui étoient établis en Angleterre , fe joignirent bientôt à leurs Compatriotes , par l'ancien defir qu'ils a- voient de fecouër le joug des Anglois, au- quel ils ne s'éroient fournis que par force. Swenoti, Octobre, Novemb. et Decemb. 1743. 17 'Swenou, Roi de Dannemarc, voyant une fi belle occafion , réfoluc d'en profiter. Aïanc ailemblé une puillance Floce , il paf- ia en An^iecerre, &: bacic Tx-^rmée d'Echei- red II':, tils d'Edgar, qui fuc concraint de fe réfugier en Normandie. Après quoi Swe- nou fe tic proclamer Roi d'Angleterre. Ce- •pendinc fes SuccelTeurs ne confervérentpas iong-tems cette Couronne. Après la more de Hardi -Canut, quatrième Roi de cette Race, les Seigneurs Anglois fecouerenc le •joug des Danois , 6: élurent un Roi de leur iSlation, lavoir, Edouard iurnommé /s Co7Z- feffeur^ fils d'Echelred IL Mais, Edouard étant mort fans enfans, après un Règne de ■24. ans , l'Angleterre fut encore expofée pendant quelque tems à de grands trou- bles, parce qu'il fe trouva plufieurs Préten- dans à la Couronne, qui tâchèrent de faire valoir leurs Droits à la pointe de l'épée. Guillaume le Bâtard, Duc de Normandie, furnommé depuis le Conquérant ^ l'emporta enfin fur fes Compétiteurs, & fe rendit mai» tre de l'Angleterre après la Bataille de Haf- rings , ou il défit & tua Harald que les An- -giois avoient éiû pour leur Roi. Depuis cette Conquête des Normands , les Rois de cette Race qui régnèrent en Angle- terre, auifi-bien que les Angevins ou Plan- tagenetes, qui leur luccédérenc, eurent de fréquentes guerres dans le Continent, & furent fuuvenc obligés d'équiper de gran- des Flores, foit pour défendre les Provin- ci^ qu'ils pofTédoient en France , Dour fe- Tome XXIL Part. L B ^ çouri? i8 Bibliothèque Britannic^ue, courir leurs Alliés, ou pour maintenir leurs autres préceûfions. Mais , comme ces Ex- péditions, auffi-bien que les autres princi- paux événemens de leurs Règnes, font af- fez connus & raportés par tous les Hifto- riens, nous les palTerons fous fîlence; la briévecé d'un Extrait ne nous permettant pas de fuivre Mr. Campbell dans le détail OLi il entre fur tout cela. C'eft pourquoi nous nous bornerons à parler des Voïages, des Découvertes, & d'autres Entreprifes de pareille nature , utiles au Commerce 6c à l'avancement des autres Arts, faites fous ces Règnes, ou même en des tems fupé- rieurs , & par lefquelles certains Particu- liers ont illuftré leurs noms & immortalifé leurs m.émoires. Dès le tems du grand Alfred , on entre- prit en Angleterre de ces fortes de Voïages. Mr. Campbell fait mention de deux célèbres Navigateurs , qui furent envoyés par ce Monarque , pour vifiter les Côtes de la Norvège & de la Laponie. Le premier des deux s'apelloit Oàherou Obîber, natif d'Al- goland , homme très-entendu dans la Mari- ne & dans le Commerce du Nord. L'Autre ctoit un Anglois de Nation , nonimé JFulf- flan. Ils ont fait l'un ai l'autre des Rela- tions de leurs Voïages. Ces Relations, au raport de Mr. Campbell, font écrites avec tant de clarté h d'exadlitude, & entremê- lées d'obfervations fijulles & fi prudentes, qu'on ne peut les lire fans admiration , 6l fans être obligé de convenir que le Siècle d'Alfred bcrOBRE, NOVEMB. ET DecEMB. I745. I9 d'Alfred étoic un Siècle de bon-fens, & bien fupérieur du côté des Lettres aux Siè- cles fuivans; car on ne trouve ni contes ni fables dans les deux Ecrits en queition ; au contraire, ils font parfaitement conformes à ce que les Découvertes modernes nous apprennent touchant ces Pais là. Le miéme Alfred, ayant appris l'extrême mifére, fous laquelle gemiflbient les Chré- tiens de S. Thomas , qui habitoient La Fé- ninfule de l'Inde, réfolut de les foulnger. Il leur envoya pour cet effet un Précre , âpellé Suitbelm, en L^itm Sigelmus , qui s'ac- quitta très -bien de fa Commiffion. Après quoi cet Ecclèfiaftique revint heureufemenc en Angleterre, chargé de grandes richeiTes qu'il raporta des Indes , entre autres de Pierres précieufes, de Parfums, & d'autres femblables raretés, dont Alfred fit des pré- fens aux Princes étrangers. Suitbelm en récompenfe de ce fervice, fut fait Evêque de Sherburn. Guillaume de Malmefbury fait un récit très-circonftancié de ce Voïa- ge dans Ion Hiitoire des Papes: A quoi il ajoute que Sigelmiis lailTa à fon Egliie plu- fieurs de ces curiofités, qu'il avoit rapor- tées des Indes , comme autant de preuves & de m.onum.ens autentiques de fon Voïa- ge, qui étoit une chofe tout-à-fait extraor- dinaire en ces tems-là & fort admirée d'un chacun. Au refte ces fortes de curiofités De pouvoient mieux tomber, vu le tems^ qu.'entre les mains du Roi Alfred , lui qui prenôit plaifir d'avoir à fa Cour les Hommes B a les ^0 BibLIotheq^ue Britanniq^ue^ les plus habiles qu'il y eût alors, non feu- lement dans les Sciences, mais auffi en tou- tes fortes d'Arts. 11 fublifle encore aujour- d'hui un témoignage autentique, & pour ainfi dire , une preuve parlante de cette Vérité. C'eft un joyau admirablement bien travaillé, qui a été trouvé dans l'Ifle d'A- thelney , où ce Prince fe cacha pendant quelque tems vers le commencement de ion Règne, parce qu'une Arm^ce formida- ble de Danois avoit fait une irruption fubi- te dans fes Etats. On trouve fur cette cu- rieule Relique une Infcription Saxonne, qui figmtie : yE l F r e d u s m e j u s s i t f a- iî R 1 c^A R I. Atfred m' a fait fabriquer. A fhmc- le en a confervé la mémoire à la Poftérité dans fa Cciledion. Alured , Evéque de Worcefler , fit le VoVage de Jérufalem en lOj'S,' «^Ingulphe, Abbe~de Croyland, entreprit le même Voïa- ge par terre en 1064; comme on le voit par les Relations qu'ils en ont îaifTées par écrit. Baie nous apprend qu'Athelard , jMoine de Bath , Voïagea dans TEgipte 2t l'Arabie pour converfer avec les Savans de ces Païs-là , & dans le delfein d'acheter les meilleurs A[anufcritsj:]u'il pourroic décou- vrir; bi qu'à fon retour en Angleterre, qui fut vers la fin du Règne d'Henri I, il pu- blia piufieurs Ouvrages favans. EeUnd , qui eft un Ecrivain très-exaél, parle de' cet Athelard comme d'un grand Voïageur, fans rien dire néanmoins de l'Egipte ni de l'Ara- bie; quoiqu'il raporte qu'Athelard avoit tra- duit:- Octobre, Noveme. etDecemb. 1743. 2t duit de l'Arabe en Latin les Elémens d'Eu- clide, & qu'il avoir vu lui-même un autre Ouvrage, que ce Moine avoit auîîi traduit de l'Arabe, & qui écoit intitulé dans cette Langue , Eritb Elcharn'i ; ce qui mérite d'être remarqué, parce qu'il y a beaucoup d'apparence que ces Livres parurent alors au jour pour la première fois en Angleter- re: De forte que l'on peut dire que les Voïages d'Athelard fe raportoient à l'avan- tage duPubl-ic, & que c'étoit le but qu'il fe propofoit dans fes travaux'. Baie &HakIuyt font aufTi mention cje Guillaume de Tyr ik. de Robert de Keth, comme de deux' Sa- vans qui s'étoicnt dillingués pir leurs VoVa- ges. Le premier fleurillbit fous Henri I, & le fécond fous le Règne d'Etienne. C'eft tout ce que Mr. Campbell a pu découvrir fur leur Chapitre. Il paroit par les Chartres des Cinq-Ports, renouveliées fous les Rois Norm:ands , qu'ils avoient d'abord été incorporés par Edouard le Confefleur, qu'ils écoient fort utiles à tout le refte du Royaume , & qu'ils ren- doient de grands fervices à la Couronne en toutes fortes d'occafions : Ce qui prouve que le Commerce étoit alors fleuriflant fur cette Côte. Quant au Commerce de la Ta- mife & de la Ville de Londres , Guillaume de Malmefbury, qui écrivoit fous le Règne d'Etienne, nous aitûre que cette Ville étoit fréquentée par des Marchands de toutes les Nations, & que toutes les chofes néceflai- Xts à la vie s'y trouvoient en fi grande abon- B 3 dance. 12 BîBLIOTHEQ,UE BRITANNIQUE, dance, qu'elle en pou voie aifément fournir à tout le Royaume en tems de difette & de cherté. Le même Hillorien remarque, par raport à la Ville de Brillol, que Tes Habi- tans s'étoient extrêmement enrichis par leur Commerce avec la Norvège & l'iflande. On prétend que fous les RoisPlantagene- tes il s'eii: fait des Découvertes extraor- dinaires. Il y en a qui veul-ent, par exem- ple, que Jes Gallois aient découvert l'Amé- rique en l'An 1170. Voici comme l'on ra- conte cette Hifloire. On dit qu'après la reort d'Ovven Guyneth, il s'éle.a de gran- des difputes entre fes fils ,• & que l'un d'eux, qui s'apelîoit Madock, aima mieux con- fier fa vie à la m.erci des Flots , qu'à Î']fiui3 incertaine d'une Guerre civile. C'ell; pour- quoi il s'embarqua avec ceux qui voulurent bien être fes Compagnons de fortune , fur un petit nombre de Vaiifeaux, bien pour- vus de Vivre^î. Il fit voile droit à l'Cuëfl:, jufqu'à ce qu'il eût laifTc l'Irlande au Nord; puis il continua toujours fa route fur la mê- me ligne , tant qu'il rencontra enfin une contrée fpatieufe, fertile, & très- agréa- ble, ou il prit terre. Apres y avoir 'pafTé quelque tems, il revint dans fa Patrie, oii il fit raport de l'heureux fuccès de fon Voïa- ge, tant de Tes fatigues, que d'une ma- ladie qu'elle avoit contractée en mer. il bâtit une petite Chapelle ou il l'cntcrra, ^ dédia cette Chapelle à l'Enfant Jéfas. En- fiiite , aïant tenu confeil avec Tes Gens fur les moyens qu'ils pourroient employer pour s'échaper de cette Ifle déferte, ils s'avile- rent enfin d'abatrc &; de creufer un gros arbre, dont ils firent une efpèce de Canot. Apres quoi, s'étant embarqués là-dcfïïis, ils firent tant qu'ils gagnèrent laCôre oppo- fée d'Afrique, où ils furent faits prifunniers par les Mores, & envoyés enfuite en forme de préfent au Roi de Caftille. Il y a des Ecrivains qui placent cet événement en 1344, àc d'autres un peu plus tard. Quoi qu'il en foit, il ed à remarquer, que ce font des Etrangers eux-mêmes, qui rapor- tent cette Hiftoire; or il n'y a point d'.-^p- parence qu'ils euiTent voulu inventer une Fa- ble en faveur des Anglois. Tandis que les Princes de la Maifon de Lancaftre occupèrent le Trône, ils eurent des égards tout particuh'ers pour les Villes Anféatiques, (Sç leur accordèrent de grands Privilèges, qui les mirent en état de s'em- parer de la meilleure partie du Commerce de l'Angleterre. Le refte étoit entre les mains des Florentins & d'autres Italiens. Ce qu'il faut attribuer en partie au befoin d'ar{2;ent où fe trouva Henri V , pendant fesÇ^erres de France, & en partie à la mau- vaife adminifi;ration desAfi-aires fous le Rè- gne de fon Fils, & fur -tout vers la fin, B 5 oii 26 BlP,LlOTHEQ.UE BRITANNIQUE, OÙ la Reine favorifa toujours les intérêts des Etrangers au préjudice de ceux de la Na- tion. Cette Partialité de la Cour pour les Etrangers mécontenta fort les Habitans de Londres, & caufa de fréquens tumultes en cette grande Ville. On peut dire même que ce fut -là une des principales caufes de cette furprenante Révolution, qui arriva peu de tems après en faveur de la Maifon d'York. Les Princes de cette Maifon ne furent pas plutôt fur le Trône, qu'ils prirent le con- trepied de ceux de la Maifon de Lancaftre. Ils témoignèrent beaucoup d'averfion pour les Etrangers, & firent de grandes careflés aux hommes de Mer de la Nation. Il fub- fifte encore aujourd'hui diverfes Loix, qui furent alors publiée: en faveur des Mar- chands Anglois & pour l'avancement du Comm.erce;&;Hakluyt nous a confervé une longue Chartre, par laquelle Edouard IV. accorde de grands Privilèges aux Marchands Anglois, qui étoient établis dans les PaVs- Bas^. Il eft vrai qu'il y a quelques Hiftoriens qui blâment ce Prince d'avoir fouffert que l'on tranfportât fous fon Règne en Efpagne certains troupeaux de brebis de la Provin- ce d'Hercford ; d'où ils font entendre qu'eft provenuë cette abondance de fine Laine, pour laquelle TEfpagne a été fi renommée depuis. Mais il n'y a que la vanité qui puifTe faire ainfi parler les Anglois, comme Mr. Campbell l'obferve lui-même, car il eft certain que la Laine d'Efpagnc ctoit dé- jà OcTOr.RE, NOVEMIÎ. ET DeCEMB. 1743. 27 jà fort recherchée dès long - tcms avant cet- te Epoque. L'An 31. du Rè^ne d'Henri II, il fut fait un Statut, à la Requête des Ou- vriers en Drap de Londres, par lequel ils étoienc autorités, par -tout ou il trouve- roient du Drap fabriqué avec de la Laine d'Efpagne en tout ou en partie, de le failir & de le conduire devant le Maire de Lon- dres, qui devoit le faire brûler. Ce Fait eft raporté dans un petit Traité, intitulé de Politiâ ccnfervati-i'â Maris , qui fe trouve dans h ColletVion de Hakluyt. Il eft écrit en vers, &il paroit par la Préface qu'il n'avoic jamais été imprimé auparavant, quoique les Copies en fufient fort com.munes. Mr. Campbell a trouvé ce petit Traité fi cu- rieux & fi intérelTant, qu'il a fait rAnalyfe des Chapitres qui y font contenus; par 011 il paroit, que fon 'Auteur étoit un IJomm.e très- verlé dans le Commerce & la Marine. Ce petit Ouvrage, au ju,;emient du même Mr. Campbell, mériteroit bien d'écre pu- blié une féconde fois avec des Notes. Henri VIL a palTé généralement pour îe plus fage Prince de fon Siècle; ce qui Ta fait furnommer le Salomon de l'Angleterre. En eifet, on ne peut nier que ce ne fût un Politique confommié ; h quoi les grands dan- gers, qu'il avoit courus pendant fa Jcu':ef- îe, n'avoient fans doute pas peu contribué. Il eut même beaucoup de traverfes &d'obf- tacles à furmonter, après qu'il fut parven.u à la Couronne. Le comjTiun Peuple étoit extrêmement porté pour la Maifon d'York, ôi 28 BlBLlOTHEQ^UE BrITANNIQ^UE, & la Duchefie de Bourgogne avoit grand foin de leur fournir des Prétendans, qui fe difoient être de cette Maifon. Mais le Roi prit fi bien fes précautions, & pourvût f; jagement à la fureté des Côtes, que Ces En- nemis ne purent jamais mettre direftement le pied en Angleterre. Ce fut ce qui obli- gea Slmler d'aller en Irlande, & PerkinlVar- heck de fe rendre en Ecofle, afin de fe met- tre en état , par les fecours qu'ils efpé- roient tirer de ces Païs-là, d'envahir l'An- gleterre. Le foin particulier que prenoit Henri Vlî, pour mettre les Affaires de la Marine fur un bon pied en fon Royaume, rengagea, l'on- zième année de fon Règne, à faire un Trai- té avec le Roi de Dannemarc, par lequel il affûra à fes Sujets, particulièrement aux Hibitans de Briltol, le Commerce de VK- lande, dont ils ont joui long-tcms, mais dans la pofleffion duquel ils ont été trou- blés depuis peu. Par les Articles flipulés dans cette Allinnce, on étoit convenu que les Angîois dévoient fournir, aux Habi- tans de cette Ifle, toutes fortes de denrées & de provifions de bouche, des gros Draps pour leur habillem.ent,& autres femblables commodités. C'étoit un Privilège fpécial, auquel aucune autre Nation ne pouvoit prétendre, &qui n'auroit pas été même ac- cordé aux Anglois.fi le Commerce deDan- îiemarc n'avoit pas été alors fur fon déclin, ainfi que nous l'aprenons d'un ancien Au- teur. Ce Octobre 5 NovEME. et Decemb. 1743. 29 Ce Roi ne fut pas moins accencif à favo> rifer ceux qui entreprenoienc de faire des Découvertes, & d'établir de nouvelles bran- ches du Commerce, comme on le voie par les Lettres Patentes accordées à Jean Ca- bot, célèbre Pilote Vénitien établi en An- gleterre, ti à fes trois Fils, Louis, Sébaf- tien , à. Sandlius, en vertu defquelles Ca- bot partit de Briftol fous le Pavillon An- glois, dirigeant fa courfe au Nord-OuBll;, dans le defléin de découvrir de nouveaux Pais. En quoi il réuflic félon fes delirs & fon attenie; car il eut le bonheur en ce Voïage de découvrirriilede^flra//ao,ou de Terre-Neuve, qui a été depuis une fource de richelles pour l'Angleterre. Nous au- rons dans la fuite occaiion de parler deSè- baftien Cabot, iîls de celui dont nous ve- nons de faire mention. Sous le Règne d'Henri VIII, le Commer- ce des Anglois s'étendit beaucoup, parti- culièrement dans les Pai's nouvellement dé- couverts vers le Nord , auin-bien que dans ]e Levant, par la grande correfpondance que ce Prince cntretenoit avec les deux E- tats Maritimes de l'Italie, Venife & Gènes. En témoignage de quoi nous raporterons le Titre d'une Patente, accordée par ce Monarque à un Génois pour remplir l'Offi- ce de Conful de la Nation Angloife en l'ifîe de Scio. Voici comm.ent ce Titre eft con- çu : Exemplar Litîeranim Pat. Henrici Régis '0&^."ji , m quitus concsjjlt Benedith JuJUnia- no Mercp.îori Gmusn^ft Off.çhim Ji^s Locum Ma- gîjflri. 20 BlBLIOTHEQ^UE B R I T A N N î (^U E ^ g^Jlriy Proîectoris^ Jïve Confulls Intra înjulam Jïve Civlîatem de Scio. Tefie Rege apiid Cbd- Jebïùb, quinto die Oàohris , Reg. XXIII. On conierve l'Original de cette Patente dans la Bibliothèque de ]a Société pour la Propa- gation de la Foi Chrétienne. Autant qu'on en peut juger par les Papiers & Mémoires, concernant les Affaires d'E- tat, qui nous relient de ce Règne, laMaxi- me confiante de ce Roi femble avoir été de faire fervir fes Négociations avec les PuilTances étrangères à l'avanceiTient du Commerce de fes Sujets. Ley ôc Péicey qui étoient fes Agens , Tun en Eipagne & l'au- tre à Venife 6: dans les Cantons SuifTcs , avoient un grand zélé pour le fervir à cet égard félon fon inclination. Le dernier a- voit même fornié un projet pour étendre le Commerce des Anglois dans les Etats du Grand Seigneur; mais le Cardinal Volfcy empêcha, par fes artifices, que ce projet ne vint à la connoilîance du Roi, traitant Face de villonnaire & d'infenfé ; comme en cifcc, ce Cardinal lui fit enfuite tourner la tête par les chagrins qu'il lui fit efluyer. A la fin du Chapitre, qui contient l'Hif- toire Navale de ce Règne, l'Auteur, fui- vant la ^>léchode qu'il s'efl prefcrite, don- ne un abrégé de la Vie de trois Amiraux d'Angleterre , qui fe font particulièrement difdngués par leur courage fous Henri VIII; fa voir, d'Edouard Howard, Grand Amiral ^ Chevalier de la Jarretière, de Thomas Howard, Frère du précédeûc, Comte de Surrey Octobre, NovEMB. et Decemb. 1743. 31 Surrey & puis Duc de Norfolk; & enfin de Guillaume Fitz - Williams , connu depuis fous le titre de Comte de Southarapcon. Mr. Campbell parle encore de quelques Marchands & Particuliers illuflres, qui le fignalcrent, foie par des Découvertes, ou par d'autres entreprifes, où ils fe propo- foient le bien public & l'avancemenc du Commerce ; com.mc de Mr. Thornc , qui fut depuis Maire de Briflol; de Mr. Guil- laume Hawkins, Père du Chevalier Jean Hawkins, fi connu fous le Rcgne d'Eîiza- beth; ô: de Mr. Hore, Marchand de Lon- dres, qui fe rendit célèbre en ce tems-là par un Voyage à l'Amérique Septentriona- le, ou il fut accompagné de pluHeurs jeu- ces -hommes de condition. Edouard VI, Fils d'Henri VIÎI, n'avoic que neuf ans & quelques mois , lorfqu'il fuccéda à fon Père ; d: cependant il enten- doit déjà fort bien les Langues Latine & Françoife, & il avoit quelque teinture de la Grecque, de l'Italienne , & de l'Efpagnoîe. On dit même que dès l'âge de huit ans il écrivoic en Latin au Roi fon Père. A l'âge de quatorze ans, il avoit fait de û grands progrès dans les Sciences, que Cardan ,qui le vit alors , en parle comiTie d'un prodige. Il s'appîiquoit fur- tout à fe mettre en état de bien gouverner; de forte qu'à l'âge dont nous venons de parler, il favoit déjà par- faitement les Intérêts de fon Royaume. Il étoit d'un Naturel doux , ôc rie vouloit point qu'on fît mourir perionne pour fa Re- ligion. ^2 Bibliotheq^ue Britanniq^ue, ligion, quoiqu'il fût d'ailleurs très-zélé pôut la Proceilance, en laquelle il avoic été éle- vé par lés Gouverneurs. Il prenoit des me- fûtes pour aifermir la Réforniation en An- i^leterre, lorfqu'jl mourut d'une fluxion fur îa poitrjne le 6. juillet 1553. II n'étoit âgé que de feize ans , dont ji eh avoit palTé lix fur le Trône. Dans uii efpace û coure 6: non-obflant les troubles qui agitèrent cette i^Jinorite, comme il arrive ordinairement, on ne lailTa pas de faire pliilieurs chofes avantageufes au Commerce & à la Navigation. Le Gou- Verr.eraenc accorda de grands Privilèges aux îvîarchands de la Nation, qui leur'furenc confirmés fous les Règnes de iNlarie ôc d'E- lizabetn. En i5-i.S, on pafla un Ade pour lever certains Obltacles, qui avoient em- pêché jufque- là la liberté du Commerce à llle de Terre-Neuve. Environ dans le Inèm.e tenis , les Marchands Anglois, éta- blis à Anvers, s'étant plaints de certaines chicanes ck vexations qu'on leur faifoit ef- fuycr, les Agens du Roi interpoféren: l'Au- torité de leur Maître en leur faveur. Sur quoi la Régence de cette Ville aïant ré- pondu , qu'ils étoîcnc étonnés que le Roi û'Angieterre eût plus d'égard aux plaintes d'une'Compagnic de Marchands qu'à l'ami- tié d'un grand Empereur, un des Agens du Roi, nommé Snntb^ repliaua tout ronde- ment, que le Roi fon Maître étoit réfolu de protéger le Commerce de fes Sujets , au rïfque de perdre l'amitié de quelque Mo- narque F Octobre 5 Novemb. et Decemb. 1743. 33 riarque que ce fût. L'Ambafladeur d'An- gleterre en France ne fie pas moins de dili- gence pour obtenir la réparation des Dom- mages caufés auxAnglois qui trafiquoient en ce Royaume. Ce jeune Prince reçut lui- même très-gracieufement un Mémoire qui lui fut prélencé fur les moyens d'animer le courage & d'augmenter le nombre des Gens, de Mer en fes Etats, & d'empêcher que le Profit du Commerce n'allât aux Etrangers. Il efi: môme fait mention de quelques autres Projets de pareille nature dans fon jour- nal, qui a été publié par Mr. Burnet: Ce qui fait voir, que, fi ce jeune Monarque nvoit vécu plus long-tems , il auroit pris un foin particulier des Affaires de la Mari- ne , & qu'il fe feroit porté d'inclination à procurer le bien de fes Sujets. Les Anglois commencèrent pareillement fous ce Règne à trafiquer fur les Côtes de la Guinée & d'autres Parties de l'Afrique. Ils font obligés à Mr. Thomas Wyndham d'avoir le premier découvert & établi cette branche du Commerce. La Compagnie des Marchands Avanturiers fit auili une tenta- rive vers la fin du même Règne, avec l'a- grément & le Sauf-conduit du Roi , pour trouver un paflage par le Nord aux Indes Orientales. Ce qui conduit naturellement l'Auteur à parler de Sébaflien Cabot, fils du célèbre Jean Cabot dont nous avons faic mention pjus haut ; parce.que Séballien étoic alors Diredeur de cette Compagnie , & que ce fut lui qui fit goûter cette Entreprife à la Tom? XXIL Pan, L G Cour, 34 BlBLIOTHEQ^UE BRITANNIQUE, Cour. C'étoit fans concredit l'Homme de Mer le plus habile & le plus expérimenté qu'il y eût alors en Angleterre & peut être dans l'Europe. Mr. Campbell donne ici le détail de fcs Voïages en diverfes Parties de l'Amérique, & des Découvertes importantes qu'il y fit. Mais Pour revenir au Projet formé de chercher un pafTage aux Indes Onentale.s par le Nord, le Chevalier Hugues Willoughby fut char- gé de cette Commiffion , ^ il partit de Rat- clifFle 10. de Mai, ijj^,- avec trois Vaif- feaux. Ce Commandant avoit toutes les qualités néceflaires pour réuilir dans une telle Entreprife, fi l'exécution en eût été polîi- ble. Mais ceVoiage lui fut fatal, aufli-bien qu'à ceux qui l'accompagnoient. Après être parvenus julqu'au 72. Degré de Latitude du Nord, ils ne purent pouflèr plus avant à caufe de la rigueur excefllve du froid. C'efl pourquoi ils furent contraints de fe retirer dans le Havre d'Arzina en Laplande le 18. de Septembre; & ils firent leurs Proviiions jc mieux qu'ils purent , à deflein de pafler l'hiver en cet endroit. Il paroi t par un Tef- tament, trouvé dans le Vaifléau du Cheva- lier Willoughby, que lui & plufieurs de fes Gens vivoient encore en Janvier 1554; mais, bientôt après, ils périrent tous par le froid. Un Pêcheur Ruffien, qui aborda fur cette Côte l'été fuivant, trouva leurs Corps , de même qu'un Journal écrit de la. main ou par l'ordre du Chevalier Willough- bv ; & c'eit par le moyen de ce Papier qu'on a OcTOBRî;, NovEMB. ET Decemc. 174^. 3J a fû les particularités, qu'on vient de ra- porter. Sous le Règne de Marie j Etienne Bur- roughs fut choifi pour pourfuivre l'Enire- prife tentée par le Chevalier Willoughby,* mais , fi fonVoiage ne lui fut pas aufli funefte , fes efforts ne furent pas moins inutiles. A- près avoir pénétré julqu'au Détroit de Wey- gatz , il fut obligé de revenir fur fes pas; En 1557, ^^ Compagnie de RulTie envoya le Capitaine Antoine Jenkinfon en Mofco- vie. L'année fuivante ce Capitaine traver- fa, avec une infinité de peines & de dan- gers, les Contrées qui bordent la Mer Caf- pienne , & paiTa jufque dans la Bucharie ; de forte qu'il fut le premier qui découvrit Une route pour trafiquer avec la Perfc par la Mofcovie. Le mariage de la Reine Marie avec Phi- lippe 11, Roi d'EfpagnCjfut aufîi très-avan- tageux au Coînmerce des Anglois,du moins pendant ce Règne, à caufe de la grande eorrêfpondance qui s'eniliivit de-là entre l'Angleterre & les Provinces dépendantes de la Monarchie Elpagaole, & par la fa- veur que Philippe affectoit de monrrer en toute occafion aux Marchands Anglois: Ce qu'il faifoit fans doute par polî':ique & en vue de gagner leur affeélion. Mais, que cette bonne d:fpofition de Philippe à leur égard fût fmcére ou fimulée, n'importe; les Particuliers en profitoicnt toujours. Il faut avouer cependant que ces légers avantages n'étoient pas capabies de contrebalancer C -y Ip.ç <^6 BIBLIOTHEQUE BRITANNTQiUE, les inconvéniens qui pouvoient réfulter d*a- ne telle Alliance. Car il eft certain que les Ânglois étoient alors dans un grand dan- ger de tomber fous le joug de rEfpagne , & que ce Prince entreprenant méditoit dès- lors les moyens d'ajouter l'Angleterre & l'Ir- lande aux autresPaïs de fa domination; mais la guerre qu'il eut alors avec la France , & la mort précipitée de la Reine après un court Règne de cinq ans , ne lui donnèrent pas le tems d'exécuter fes projets. Ce qui fut fans doute un grand coup de bonheur pour l'Angleterre; car^aïant entrepris dans ia fuite d'emporter par la force ce qu'il n'a- voit pu acquérir par la fraude, bien loin de réufiir^ il ruina fes Forces Navales, & fournit âux Anglois des occafions favora- bles d'augmenter les leurs, au de-là de ce qu'ils auroient jamais pu faire par leur pro- pre induflrie. Chacun fait les heureux fuccès dont le Règne d-Elizabeth fut couronné. Cette ha- bile PrinceUe trouva le moyen par fa fage Politique , non feulement de maintenir la paix (Se la tranquillité dans fon Royaume, mais encore d'y faire fleurir les Sciences & les Arts, dy faire régner l'abondance &-les richt-^ffes , malgré les difféientes factions dont il étoit déchiré , & noiï-obftant la trifle ficuation où elle trouva les Affaires, lorf- Gjii''el'le monta iur le Trône. Pour mettre fes Etats à l'abri des invafions étrangères, elle fit réparer & fortifier fes Ports ; elle fie radouber les anciens VaijUeaux qui pouvoient encore Octobre, Novemb. et Decemb. 1743. 37 encore fervir & en fitconftruire quantité de nouveaux. Elle eut de même un foin par- ticulier que {es nrcenaux fuflent bien pour- vus de toutes fortes de Munitions de Guer- re, & que toute la Jeunefle d'Angleterre fût exaftement dreffée aux Exercices Militai- res. Par de fi fages précautions, elle fe mit en état de prévenir ouderepoufler avec fuccès les attaques de dehors. AulTi vint- elle à bout de ruiner entièrement cette fa- meufe Flote des Efpagnols , furnommée l'Invincible, par le moyen de laquelle Phi- lippe IL ne fe promectoit pas moins que de fubjuguer toute l'Angleterre. Les années fuivantes, comme elle étoit dûment infor- mée que les Efpagnols perfiftoient dans leur réfolution d'envahir l'Angleterre, & qu'ils faifoient encore de nouveaux préparatifs pour cela, elle envoya fouvent des Efca- dres, ou même des Flotes entières, qui leur caufércnt de fi grandes pertes, tantôt fur les Côtes d'Efpagne, & tantôt aux Indes Occidentales , que cette Monarchie en a été afFoiblie confidérablement , & qu'elle n'a ja- mais pu s'en relever; au lieu que l'Angle- terre s'eft enrichie aux dépens de l'Efpagne par ces Expéditions. Il faut avouer qu'Eli- sabeth fut admirablement bien fervie & fé- condée dans ces grandes Entreprifes par fes Amiraux, & par les autres grands Hommes de Mer , qui fleuriffoient fous fon Règne, Il y en eut même plufieurs d'entre eux , qui , dans ces occafion^ , firent conftruire des C 3 Vaif- 38 BlBLIOTHEQ^UE B RÎTANNIQ_UE , Vaifleâux , & qui les équipèrent à leurs pro- pres dépens. ' '" A la lin du Chapitre qui contient l'Hlf- toire Navale du Règne d'Elizabeth/ Mr. Campbell, fuivant fa Méthode, décrit en abrégé la Vie & les Adions les plus écla- tantes des principaux d'entre ces Héros, qui fe font immortalifés par leur br.avoure éc leurs Exploits dans les glorieiifes Expé- ditions dont on vient de faire mention, ou par d'autres entreprifes, & par des Décou- vertes très importantes ; & c'eft par-ià qu'il finie fon premier Volume. Comme cet Ar- ticle nous paroît déjà afiez long, nous nous contenterons de raporter les noms de fes Héros, fuivant l'ordre, oli l'Auteur les a placés en faifant leur Eloge. Les voici donc : Charles Howard , ^Earon d'Effin- gham , & puis Gom.te de Nottingham , Grand Amiral d'Angleterre; le Chev. Huraphroi Gilbert; Le Chev. Jean Hawkins, Contre» Am.iral de la Flote Angloife en 1588; Fran- çois Drake, Vice- Amiral de la même Flo- te, & le premier qui a fait le tour du Mon- de ; Martin Frobif her , Thomas Caven- difh, Edouard Fenton , George Cliiford, Robert Dudley, Richard Hawkins, le Ca- pitaine Jean Lancaller, ^Guillaume Par- ker de Plimouth. On s'étonnera fans doute de ne pas trou- yer datis eette Lille le nom du fameux Che« valier Waîter Raleigh , fans contredit un des plus grands Héros -de ces tems^ià ; mais Octobre, Novemb. et Decemb. 1743. 39 il faut ravoir que l'Auteur a différé l'Abré- gé de fa Vie jafqu'au Règne de Jaques I ; parce que ce fut fous ce Règne qu'il fit fa dernière Expédition , & qu'il fut injuite- ment immolé à la haine 6c à la vengeance des Efpagijûls; comme l'Auteur le prouve clairement dan? Ton fécond Volume, donc nous nous propofons de donner l'Extraie dans le Journal prochain. ARTICLE II. A Brief Examination of the Rev. M»*. Warburcon's Didne légation of Mo- fes: in which the Mofaic Théocracv, the Nature and Charafter of the Sa- cred Writings , the Antiquity of Hero- Gods, and a future feparate State of Animal Life , and A6lion for Souis af- ter Death ; with orher Principles and Poritions of thac Learned Writer, are occaiionaîly coniidered and difcuUed : Addrefled to the Author. By a Suckty if Gentlemen, Cefl-à-cir:;: Emmen Succînt d'un Oinrage de Air, fFar- burtun, intitulé^ La Divinité de laMif- fion de Moïfe démontrée ; dans kcnieî C 4 'rcn 4P EIibliptheq.ueBritanniq.ue, ron confidsre &? l'on difcute la Théocratie. Mof Clique , la Nature £f le Caractère des 'Ecrits Sacrés y r Antiquité de la Déifica- tion &? au Culte des Héros ^ l'Etat des Ames après la Mort àf leur Action , de même que plu fleurs autres Principes &? AJJertions de ce Savant Auteur : Adrejfé a V Auteur même par une Société de Gens de Lettres. A Londres chez Th. Cox. 1742. Pag. 259, la Préface comprife. L Es Auteurs de cet Examen déclarent d'a- bord dans une aflez longue Préface de 84. pages , que leur principale vîië, en pu- bliant leurs Remarques & Obfervations fur le Traité de Mr. JVarburton^ qui a pour ti- tre, La Divinité de la Mijfion de Moïfe dé- montrée 5 a été d'établir (Si de montrer clairement la différence effentielle qui fe, trouve entre la véritable Religion univer- felle de Dieu & de la Nature, & la Super- Hition Sacerdotale, ou les faufTes Religions qui ont été introduites & ajoutées à celle- là par les Prêtres en différens âges & païs du Monde, fous le nom impofant de Ré- vélation extraordinaire, d'Infpiration furna- turclle, & d'Infliturion polKive, émanée, de Dieu môme & fort élevée au deilus de la Raifon humaine. ,, Car, ajoutent-ils^ c'efl: le foible com- „ mun des hommes, (S: qui leur eft comme ,, naturel, de révérer les objets de leur ad- „ miration. Octobre, Novemb. etDecemb. ita^- 4J P, miration, & d'attribuer à des caufes fur- 5, naturelles les chofes dont ils ne connoif- ,5 fent pas les raifons. Tout ce qui eft mif- ,5 térieux & inintelligible pour eux leur pa- 3, roit porter un caradlére de Divinité. Et ^, c'eft ce qui a donné occafion à des Im- 3, pofteurs de toute efpèce de faire acroire 5, à la Populace & au Vulgaire ignorant les 5, erreurs & les opinions bizarres & extra- ,, vagantes, qu'ils ont crû les plus propres py à leur attirer la vénérati n de leurs Au- 3, diteurs, & à les faire palier pour les dé- „ poficaires des Oracles du Ciel; 6c c'eft de- 5, là qu'ont pris leur origine l'Autoriié Sa- 5, crée & le Caradlére miftique des Prêtres, ,3 aufTi-bien que toutes les trpmperies & „ impoftures, dont ils ont pipé le' Genre 5, humaùî en différens tems; car, étant ve- ,, nus à bout de décrier laRaifon humaine, „ 6i d'engager les hommes à renoncer ^ ,, l'ufage de leur bon - fcns , il ne leur fut „ pas difficile de perfuader à la multitude ,, qu'ils étoient les Interprètes autorifés des ■„ Oracles divins, & que la difpeniation ,, des Grâces du Ciel leur avoit été confiée. ,, Lorfqu'ils fe furent une fois emparé de. 5, TEmpire fur les Confciences, en qualité ,, de Médiateurs & d'Intercefleurs préten- 5, dus du Peuple auprès de Dieu , ils fe vi- 5, rent à. même de fatiffaire leur cupidité & ,, leur ambition; les occafions d'acquérir ,, de grands Revenus &: d'exercer une Do- 5, mination abfolué, tant fur les Corps que. „ fur les Ames., ne pouvoient plus leur. C ^ 5> manquer: 42 Bibliothèque Britanniq^ue, „ manquer: Ce qui étoic la grande fin oii fe ,, raportoient toutes leurs démarches arti- ^/ficieufes. " Ce début fait aflez connoître quel eft le Siftème religieux des Auteurs de l'Ouvrage dont il s'agit en cet Article, 6c quels font les Adverfaires qu'ils fe propofent^de com- batre ; & l'on verra dans la fuite de cet Extrait qu'on n'a pas lieu de les accufer d'a- voir perdu de vue ce deflein général. Le refle de leur Préface contient une efpèce deDifcours préiinnnaire ou de DiiTertadon , fur l'origine &les progrès de l'Ordre Sacer- dotal parmi les Nations 'es plus connues, comme parmi les Egyptiens, les Juifs, les Grecs (Se les Romains, & ils finifTent par le Sacerdoce Chrétien. Leur but en cette Dif- fertaribn eft de prouver que la Superftition & ridolatrie fe font introduites & accrues dans le Monde en même tems que cet Or- dre de Gens , qui en ont toujours été les grands Fauteurs & promoteurs, s'il faut s'en tenir à l'opinion des Examinateurs du. Livre de Mr. IVarburton. Dans le corps de l'Ouvrage, qui a pour titre , Les Rttfes ou les Artifices au Sacerdoce découverts^ ces Meilleurs déclarent ingcnue- ment dès la première ligne qu'ils font du nombre des Dévftes, ou des Efprits Forts d'Angleterre; à. en cette qualité ils remer- cient fort poliment Mr. Warhurton^^w nom de leur Corps, de l'honneur qu'il leur a fait de leur adrelTer Ton Traire fur la Divi- nité de la Miffion de Moïfe, & l'aU'ûrenc qu'ils OCTOTîRE 5 NOVEMB. ET DfeCEMB. Î743. 43 qu'ils ont été choifis & députés par leur S. Ordre pour lui en témoigner publiquement leur très-humble reconnoiffance. Après quoi ils avouent que cet Auteur a très -bien prouvé les trois Proportions qu'il avoit entrepris de démontrer; favoir, I. qu'il ejl née ejjaire pour le bien-être de la So- ciété^ qu'on prejlje le Dogme des récompenfes ^ des peines d'une vie à venir. 2. Que tout le Genre bimiain ^ particulié- renient les Nations les plus Jàges c^ les plus éclairées de l'Antiquité ont crû &' enjéigné unèt- nimement la nécejjïté ae ce Dogme, 3. Cependant que ce Dogme êe s peines âf des récompenfes d'une autre vie ne Je trouve point exprimé dans la Loi Mo/aïque ^ 6f q_a'il n'en fit jamais partie. Mais, quant à la Conduflon, que Mr. Warhurton a prétendu tirer de-là, favoir, celle-ci , Donc la Loi de Moïji €fi d InftitiUion divine; ils foutiennent que cet Auteur n'a produit là-deflus aucune preuve valable ni latiffaifante : Ce qu'il étoit néanmoins d'au- tant plus obligé de faire, que cette Con- clulîon, comme il efr aifé de le remarquer, n'a d'elle-m.ême aucune connexion avec les trois Propofitions dont il s'agit, & qu'il fem- ble au contraire qu'il foit bien plus naturel de tirer de ces Prémidés une Conciufion toute oppofée. Il eft bien vrai, que Mr. Warhurton.^ pour tâcher de mettre quelque iiaifon entre la Conciufion dont on vient de parler , & les trois PropoQtions raportées plus haut, a eu recours 44 BrBLIOTHËQ^UE Britanniq^ue, recours à une Providence particulière & ex- traordinaire qui avoit lieu fous l'Economie de l'ancienne Loi. II a donc avancé que cette Difpenfation Mofaïque était une Théo- cratie dans laquelle Dieu voulut bien fe fai- re la Divinité Locale & Tutelaire des Ilraë- lites & fe comporter envers eux comme leur Roi & leur Souverain particulier; que, depuis Moife jufqu'à JéfusChrift, cette Na- tion fut gouvernée par une Providence fur- naturelle à, miraculeufe, jufque-là que cha- que Membre particulier de cette Société étoit récompenfé par des biens temporels , ou puni par des maux de la même efpèce, juftement à proportion du degré de fa bon- té ou de fa méchanceté morale , de fon obéïflance ou de fa dcfobéïfTance à cette Loi politique: De forte que félon ce nou- veau Siftème les Bons étoient alors vifible- ment diitingués desMéchans par la condui- te que Dieu tenoit à leur égard, & que l'on pouvoit furement juger des mœurs d'une Perfonne par Tétat de profpérité, ou d'ad- verfité temporelle , dans lequel elle fe trouvoit. Mais les Examinateurs du Livre de Mr. Warhurîoii fe plaignent que cet Auteur, au lieu de s'attacher à prouver ce Point d'une manière claire (Se folide, comme le requé- roit fon importance, fe contente de le fup- pofer comme unePropofition qui ne lui fau- roit être raifonnablement niée, ou de l'a- vancer limplement comme une Hipothcfc propre à réfoudre certaines difficultés > qui lui Octobre, NovEMB. et Decemb. 1743. 45 lui paroiflent autrement infolubles. 11 dit, par exemple , que ,, fi l'on fuppofe que 3, Dieu 3 fous cette miraculeufe Difpenfa- ,, tion, a bien voulu devenir le Roi ou le 5, Souveram Civil des Juifs & leur Dieu Ti^ „ telaire , il efl manifefte que l'Idolâtrie 5, étoit en ce cas un Adle de haute Trahi- 5, fon, & que par conféquent elle pouvoit 5, être jultement punie de mort; au lieu „ qu'en toute autre hipothèfe^ l'aftion ou 5, le précepte de punir les hommes de mort ,5 pour une fimple erreur de Jugement, ou 55 pour des opinions faufles & erronées, „ feroit contraire à la droite Raifon , à la >, Loi de la Nature & aux Perfeftions de 5, Dieu. Mr. Bayîe, ajoiUe-t-il , qui félon „ toute apparence a'avoit aucune idée de „ cette Théocratie, n'a jamais pu fe tirer „ de la difficulté enquellion; mais, félon „ fa Méthode Sceptique, il a lailTé à fesLec- 5, teurs le foin de tirer la conféquence pour „ eux-mêmes." Sur quoi fes Cenfeurs lui ré- pliquent qu'entre les Ledleurs de Mr. Bay- le, il n'y a jamais eu que lui, (Mr. War- burton,) qui ait pu douter du fens des pa- roles de cet habile Philofophe, auffi-bien que de la conféquence qu'il a prétendu qu'on devoit tirer de cette pratique ordonnée par la Loi Mofaïque,- car, lî l'aftion de punir de mort Iqs opinions ou les fentimens dilFé- rens fur les matières de Religion , elt natu- rellement & eflentiellement injufle, il s'en- fuit nécelTairement de-là que tout Etat, ou toute Police , qui ordonne, une femblable peine 4^5 BlBLiOTHEQ^UE B R ITANNIQ.UE ,. peine contre de fimples opinions, ne peut jamais être une Tiiéocratie , ni même un Couvérnemenc fage & raifonnable. C'efl la feule conféquence qu'on puilTe tirer de ce Principe en pareil cas. Ils remarquent enfui te que ce que Mr. Warhurton fuppofe en cet endroit; favoir, que le vrai Dieu , que le Dieu très-haut a bien voulu s'abaifTer en cette rencontre jufqu'à devenir le Dieu Local & Tutelaire d'un Peuple particulier, eft une abfurdicé fi palpable, qu'on ne devroic jamais faire de fuppofitions de cette nature fans être en état de les mieux prouver: Qu'il feroit bien plus raifonnable de fuppofer , que , fous cette prétendue Théocratie , le Grand» Prêtre étoit en effet le Dieu Tutelaire & le Roi d'Ifraël , & que tout ce qu'on débitoit d'une Divinité Locale & qui avoit choifi pour fon Domicile fpécial un certain endroit du Temple, ou elle rendoit fes Oracles, étoic une pure fourberie des Prêtres & une im- poitureEgiptienne. Que cette dernière fup- pofition paroit bien plus naturelle & plus propre à réfoudre toutes les difficultés , que celle de Mr. JVarhurton, qui eft fi bizarre, fi abfurde , & fi contraire aux idées que nous devons avoir de la Nature & des Per- fections de l'Etre fuprème, & à ce Culte fpirituel que nous devons lui rendre: Culte qui efl le feul qu'il puifle commander & ré- eompenfer. „ En effet, ajoiitent-ih ^ qui pourroit ja- jj mais s'imaginer, que Dieu ait voulu def- ^, cendre Octobre , Novemb. etDeceme. 1743. 47 5, cendre de fon Trône , pour jouL-r un rôle 3," auffi bas 5 & auffi peu digne de lui, que ^, celui de fe faire lui-même une Divinité „ Locale & Nationale & de le rendre ainfi „ le Rival des Idoles Payennes dans fa ma- y, niére de réfider &. dans le Culte qu'il exi- 5, geoit de les Adorateurs? Que les Pi êtres 5, de toutes les Religions fuient innnimenc 35 jaloux & pafllonnés pour un pareil Eta- 3, bliflement 5 & qu'ils en foutiennent laDi- „ vinité avec un zélé extrême, il n'y a rien 5, là d'étonnant; mais que le Dieu Tuprème 35 dcfcende du Ciel en terre pour habiter 5, dans une Contrée particulière, & qu'il 3, trace par ce moyen un plan tout-à-faic pro- 3, pre à perpétuer & à répandre la Superfti- 3, tionEgiptienne parmi toutes les Nations, 33 c'efl ce qui n'eft pas comp^-éhenlible. " Mais ne pourroit-on pas dire que Dieu en a ufé de la forte par ccndefcendcince pour ces Siècles groiïîers , pour ces tems d'igno- rahce , oli les homm.es étoient 11 peu capa- bles de fpirituaiifer leur« idée?, que la Re- ligion n'auroi: fait aucune impreffîon fur eux,fî fa Divinité n'eût été mire3pour ainfi dire, au niveau de leur fens? Mr. WarhurtGu prétend que- le delTein d'u- ne pai-eiile Infticution éroit de conferver la .Connoiffance & la Foi de V Unité divine par- mi un Monde co^-rompu & idolâtre. Mais les Ceîifeurs de fon Livre lui demandent, comment une telle Infhrution étoit propre à conferver la Notion de l'Unité de Dieu; puifque ce Peuple fép^ré devoit avoir un Dieu 48 BlELIOTHEQ^UE B R IT ANNI (^U E^ DieuTutelaire & National de la même Na- ture & du même Caractère que les Dieux des aucres Nations? Après quoi ces Mef- lieurs tâchent de prouver, que ce Dieu que Moïfe ordonria au Peuple d'iiraël d'adorer, que ce Dieu qui efl apellé VAnge ou le Prin- ce de l'Alliance, don: il eft dit qu' JJraè'l étoit la portion ^ Jacob le Lot de J'on héritage , qui avoit d'abord apparu à Abraham, & à qui ce Patriarche avoit bâti un Autel: ils s'ef- forcent, dis-je, de prouver que ce Dieu De pouvoit être le Dieu fuprème qu'aucun homme n'a l'ïl, ni ne peut voir; mais que c'é- coit tout au plus un Archange du premier Ordre que les Patriarches Hébreux s'imagi- noicnt ê:re leur Gardien & leur Protecteur fpécial. Mais, comme nous devons enco- re revenir à cette matière en parlant du Cul- te des Héros, nous ne nous y arrêterons pas ici davantage. Mr. IVarburton a eu recours , dans fon V. Livre, à une autre hipothèfe, mais qui ne va pas plus au fait que l'autre contre les Délites , félon nos Examinateurs, Il fait bien mine à la vérité d'abord d'en vouloir venir aux mains avec eux ; car il pofe pour Principe dans l'endroit qu'on vient de citer, qu'il eft ablblument néceiïaire & cflentiel à une Théocratie d'être conduite par une Pro- vidence extraordinaire, qui aille même juf- qu'à dill.inguer vifiblementà d'une manière fenfiblc les Bons d'avec les Méchans parles circonftances extérieures où les uns & les autres fe trouvent, favoir, par un état de profpé- Octobre, NovEMB. et Decemb. 1743. 49 profpéricé pour les premiers & d'adverlîté pour les autres. Mais , après avoir ainû clairement établi Tétat de la Queftion , com- me s'il vouloit combatre tout de bon les Déifies, il ajoute immédiatement après ces paroles à la p. 419: Notre Âffairs pour, le préjhit n'efipas de montrer que cette Providencis extraordinaire a été réellement adminiflrée \mais ■ feulement de prou-ver qu'elle efi repréfentée dans i' Ecriture comme l'aya?it été réellement. Par oh il eft vifible qu'il fuit lecom.bat avec les. Déifies, & qu'il abandonne la défenfe de i'hipothèfe qu'il faifoit d'abord femblant de vouloir maintenir contre ces Meflieurs; puifqu'il déclare qu'il ne s'engage à la prou- ver que contre ceux, qui, admettant d'ail- leurs la Divinité de l'Ecriture & de la Mif- lion de Moïfe, ne feroient pourtant pas de fon opinion fur ce Point. Quoique les Auteurs de V Examen fuccint jîe foient point intérefies dans la difputei iorfqu'on la tourne de cette façon, ils ne laifTent pourcanc pas de prendre ici parti contre Mr. Warhurton^ & ils fe chargent de lui prouver que fon hipothèfe efl faufTe, même à en ju^^er par l'Ecriture, & qu'il ne peut la défendre par l'Autorité des Livres Sacrés, quand même on en admettroit l'in- faJllibilité 3) >y un Octobre, Novemb. et Decemb. 1743. jr ,5 un paflage & s'établir l'épée à la main, „ ne doivent-ils pas avoir fouffert tous in- „ différemment & fans diftinftion les maux „ & les funeftes accidens que traine après „ foi une Guerre prefque continuelle ? Dans 3, ie tems des Juges, ils furent tres-fré- „ quemment Tubjugués & aflervis par l'une 5, ou l'autre des plus puiflantes Nations ,5 qui les environnoient: Or, pendant ces „ opprefTions générales, y a-t-il quelque „ apparence que les Bons ne fe rclTentilTenc y, pas auffi - bien que les Méchans des cala- „ mités publiques &des malheurs du tems? „ Suppofer le contraire ,c'c(l mettre à quar- „ tier toutes Loix générales de la Nature „ & de la Providence, pour maintenir une 5, hipothèfe abfurde, contraire à laRaifon, „ & deftituée de tout fondement dans ,, l'Hiftoire. „ LorCqu'enfuite , fous les Règnes deDa- 5, vid & de Salomon,ils fubjuguérent leurs „ Ennemis, qu'ils les foumirent à leur do- ,3 mination , & que par ce moyen non feu- „ lement ils vécurent dans une profonde „ paix, mais qu'ils fe virent dans la plus „ grande abondance de toutes chofes, il „ eft hors de doute que les Méchans par- ,, ticipérent de même que les Bons, à ce 5, bonheur public & national. D'oii il pa- 55 roit que cette fuppolîtion d'une Provi- 3, dence extraordinaire, qui alloit jufqu'à 5, dillinguer les Ferfonnes particulières les ,y unes des autres par une exacte rétribu- 3, tion de biens ou de maux temporels, D 2 „ feloa 52 BIBLIOTHEQ.UE B RIT AN NI Q^UE ^ 5, félon la raefure ou le degré de leurs ver- 5, tus ou de leurs vices; il paroic de-là, if dis-je, qu'une telle fuppofition eft con- 55 traire à la Nature , à la Raifon , & à l'Ex- 5, périence. En effet , l'on ne peut lire „ THiitoire des Juifs fans s'apercevoir qu'u- 55 ne pareille hipothèfe efl abfolument fauf- j5 fe & ridicule. '' Ce qui a fait tomber Mr. Warbiirîon dans l'erreur fur ce fujet, félon nos Melfieurs, eft qu'il n'a pas fait une jufle diftindtion, & telle qu'il l'auroit dû faire, entre le bon- heur public d'une Société & celui des Par- ticuliers. Quant à eux, ils prétendent re- marquer clairement que les Promefles & les Menaces de la Loi Mofaïque ne regardoienc que la Société entière des Ifraëlites, mais qu'elles ne s'érendoient pas jufqu'à la fortu- ne & aux Perfonnes des Particuliers. En effet, dijent-ils, tout homme qui lit avec quelque difcernement les fix derniers Cha- pitres du Deuteronome, ne peut manquer de s'apercevoir que ce grand Légiflateur des Hébreux adrelTe la parole à tout le Corps de cette Nation comme à une Société poli- tique, unie par les mêmes Loix, & qu'il n'a pas intention de parler de la fortune parti- culière de chaque Membre de cette Socié- té,* il y expofe à tout le Coi-ps de ce Peu- ple fous quels termes & condftions ils peu- vent s'élever à l'état le plus fioriiïant & à la condition la plus heureufe où une Na- tion puifle afpirer, leur déclarant au con- traire que s'ils méprifcnt ou négligent l'ob- fcrvanç« Octobre, Nove^îb. etDecemb. 1743. 53 fervance de ces Loix politiques qu'il leur avoit prefcrites, <5cqui écoient lî néccflaircs au bien & au repos public, ils deviendronc le Peuple le plus malheureux, le plus mé- prifable & le plus méprifé, qui foit fur la face de la Terre. Ils remarquent de plus, qu'en ce Livre (qui leur paroit être le Monument le plus autentique qui nous relie de cet ancien Lé- giflateur) Moi'fe ne fait aucune mention de ces Sacrifices d'Animaux, ni des autre? Cé- rémonies de Religion , ni de cet Oi dre de Prêtres, qu'il avoit lui-mê-ine infttués, & qui écoient apparemmi^nt nécelTaires pour contenir un Peuple tel que celui qu'il avoit à conduire, dans que'qae efpèce de fujé- tion , vu la grolTiéreté > 1 ignorance , l'opi- niâtreté , la ftperflition . 6. la férocité , qu'ils avoient contradlées en Égipte. Au contrai- re, l'on voit que ce Léginaceur,dans le Li- vre en queflion, fait encié'ern'cnt dépendre le bonheur temporel de ce Peuple de leur Vertu & de leur Juftice publique & natio- nale, & de leur union politique. Mais, comme ce Peuple E^iptianlfé ne pouvoic ab- folument être gouverné & dompté que par les Loix pénales les plus févéres, par une crainte fervile, & par une foumiflion aveu- gle aux ordres de (es Supérieurs , cet habi- le Politique fongea à placer le Pouvoir Sou- verain en fa Tribu 6c en fa propre Famille: Or, pour l'y établir fur un fondement plus ferme & plus durable , il étoit abfolument néceflaire qu'il leur fit accroire qu'il avoit D 3 une 54 BîBLIOTHFQ,UE B RIT Al^NlQUE , une commanicadon intime avec Dieu & avec les Anges > qui rinflruifoient de touc ce qu'il dévoie faire; & qu'il ne publioic aucune Loi ni aucun Statut, que par leur ordre & leur dircftion. Comme les lîraë- lites ne faifoient alors que fortil* de l'Egip- te., & qu'ils écojent accoutumés depuis long-tems aux ufages de ce Païs - là , il n'y avoit pas moyen de les gagner autremênc que par cette forte de Politique, en laquel- le Moife étoic bien inflruit & vcrfé, aulîi- bien que fon Frère Aaron , fon perpétuel Affiflant & fon Com.pagnon afRdé dans tous les Miracles opérés enEgipte. ,, Mais rien 5, n'eft plus abfurde, ajoutent-ils , que de „ s'imaginer, que Dieu, que le vrai Dieu, „ ait voulu établir parm.i ce Peuple une for- „ me de Culte groffiére, fuperftitieufe & 35 toute charnelle , fans fe faire connoitre ,, à eux comme le julle & impartial Gou- „ verneur de cet Univers , & comme un 5, Juge fouverainement équitable qui rcn- ,, droit à chacun félon fes Oeuvres dans une ,, autre vie. '* Mr. IVarhurton répond am- plement lui-même à cette Objcftion , com- me on le peut voir dans les divers Extraits de fon Ouvrage qu'on trouve en cette Bi- bliothèque. Quoique Mr. Warhurton fou tien ne dans tout fon Livre que Moïfe n'a jam.ais enfcigné le Dogme d'une vie à venir, & qu'il n'en a point fait la moindre mention en fes Ecrit? , il ne laide pourj:ant pas de fuppofer en mê- me tems que ce Législateur n'ignofoit pas une OCTORRE, NOVEMB. ET DECEMR. I749. 55* une Dodrinefi importance ,& qu'il la croyoic aufii explicitement que nous. Sur quoi nos Meflîeurs lui demandent comment il lait que Moife écoit inftruit de cet Article à, qu'il le croyoit aulîi fermement que nous ; puif- que, de fon propre aveu, cet ancien Lé- giflateur n'en a point dit un feul mot dans les Ecrits? Ce n'eft pas allez d'affirm.er que cette Doctrine étoit connue & reçue du tcms de Moife, il faudroit en aporter des Preuves. ,, Pourriez-vous nous montrer, „ dijhit-ils en s'adreffant à Mr. Warhurton ^ „ qu'x^braham ait connu à. embrafle cette „ Dodrine ? Pourriez vous nous prouver „ *qu'aucun des Prophètes qui font venus „ depuis iVloïle , mais qui ont vécu avant ,, l'origine de l'Empire des Perfes & avant ,, la dilperfion des Juifs dans les Provinces „ de cet Empire; pourriez-vous nous prou- ,, ver, continuent-ils , qu'aucun de cesPro- „ phctes aie jamais parlé le moins du mon- ,, de d'un état futur depeinesou de récom- j, penfes après cette vie? Si vous ne pou- ,, vez rien prouver de tout cela, pourquoi ,, deflionorez-vous la mémoire de MoiTe , ,, en lui imiputant d'avoir fupprim.é i'fi ^ l'Etat font deux Sociétés parfaitemml 3, dijlinàes , formées Jur des j\[aximes toutes 3, différentes, çj entièrement indépendantes Vu- 3, ne de Vautre, Cette façon de parler de 3, TEglife & de l'Etat, comme de deux So- 3, ciétés indépendantes, qui ne peuvent ce- 3, pendant lubfiiter que par une étroite AI- 33 liance entre elles & qu'en fe prêtant un 33 fecours réciproque, a quelque chofe de 3, fort confus ; & la néceflité d'une pareille 3, Alliance entre deux Sociétés parfaite^ 3, ment diftindes & indépendantes a toù- 3, jours paru très-miftique à la partie la plus 33 éclairée de vos Ledleurs : Car ne pour- 3, riez-vous pas auffi bien parler de la né- 3, ceflité d'une Alliance entre le Ciel & la 3, Terre, entre les Anges & les Hommes? 3, Si la Religion ne peut être comm.andée 3, parlesLoix humaines, & fi le Magillrac 3, n'a rien à voir dans cette Affaire qui n'eft .3 pas de fa compétence, que devient vo- ,,-tre 7^ BlBLIOTHEQ^UE B R ITAN NIQ^UE , 5, tre Alliance néceflaire? Mais il eft mani- 3, fefte que vous confondez ici deux cho- 3, Tes très-dillinftes l'une de l'autre 6c eflen- 3, tiellemenc différentes, {av o\r la. Religio7î •„ à. VEgliJe. Une Eglife établie par les 35 Loix eit certainement une Créature de 3, l'Etat & une Inflitution purement politi- 5j que ; mais une Religion établie par les 35 Loix eft une abfurdité & une contradic- 3, tion 5 félon vos propres principes (Se de 3, votre propre aveu l'Autorité des Loix 3, Civiles ne peut jamais s'étendre jufqu'à 3, la Religion , que fa nature proprement 35 fpirituelle met hors des Limites de tou- 3, te Jurifdiftion humaine. La crainte des 55 peines portées par les Loix humaines 35 peut bien faire des hipocrites & obliger 35 les hommes à prodituer leur confcience 35 à leur intérêt préfcnt 5 mais elle ne peut 35 jamais éclairer l'efprit 5 purifier les affec- 35 tions du cœur 5 ni rendre les hommes 55 agréables à Dieu; Voilà pourtant en quoi 3, confifte proprement la Religion-. Vous en 35 convenez, pourquoi parlez -vous donc 35 de la nécelTité à' une Religion établie par les 55 Loix? Une Eglife établie par les Loix 55 elt fans doute quelque chofe de fort uti- 3, le au Clergé, qui en perçoit les Fruits; 35 c'eft pourquoi les Gens d'Eglife affedent 55 toujours de fpiritualifer leurs intérêts tem- 35 porels5 & de confondre deux chofes 35 toutes différentes, favoir, V Eglife & la 35 Religion. Mais nous efpérons de faire „ voir Octobre, No VEMB. ET Dëcemc. 1745. 77 „ voir qu'une Eglife établie par les Loix 5, n'eft point du tout nécelTaire au falut ni „ au bien de la Société. " Ils ajoutent enfuite que l'abus continuel que fait Mr. Warhurton de ces niots, VE- glife & la Religion, en les plaçant indiffé- remment l'un pour l'autre , fauta aux yeux d'un chacun; & que la différence de ces deux chofes eft aufli évidente que le foin affecté que prend Mr. Warhurton de les con- fondre,* vu que la Religion eft une chofe purement fpirituelle & intérieure, & qu'un homme confidéré fous fa Capacité Religieufe y ou entant que capable deReligion,eit pro- prement fous une Théocratie , en laquelle il n'eft refponfable qu'à Dieu & à fa propre confcience 5 de forte qu'il n'apartient, ni ne peut apartenir, au Magiftrat de connoi- tre de cette affaire. Au lieu qu'un homme confidéré entant que memibre de l'Eglife, eft aufli membre de l'Etat oc doit écre né- ceffairement foûmis à la Jurifdiction Civile & aux Loix de la Police. Une Eglife éta- blie par les Loix n'eft pas moins néceffai- rement une partie de l'Etat, que toutes les autres Sociétés particulières aprouvées par le Gouvernement, & ne doit pas être moins foumife aux Loix Civiles,* car il n'y a point d'apparence, que Mr. Warhurton, par fon Eglife établie par les Loix, entende V Egli- fe invifible de Cor ifl. Cependant, comme il prétend que l'Eglife eft une Société parfai- tement diftinfte de l'Etat, on ne fait pas trop en quel fens il prend le mot à' Eglife en 78 Bibliothèque Britanniq^up , en cette occafîon. Il efl: clair d'abord qu'il ne peut pas entendre ici par ce mot le Peu- ple Chrétien, ou la Congrégation des Fi- dèles, ni par VEtat déligner le Corps de la Nation; car, lorfque les termes en queftion font pr]s dans ce fens ordinaire & naairel, il efl évident que i'Eglifc & l'Etat font une feule 6i même Société, puifqu'ils font com- pofés des mêmes perfonnes individuelles: Toute la diiférence qui s'y trouve, eft que l'on confidére alors ces perfonnes fous di- vers raports , entant qu'elles agiflent par des vues & pour des fins différentes, favoir, pour leur intérêt temporel , ou pour leur falut éternel. Il efl très-probable, du moins au jugement de nos Auteurs, que, dans le Siltcmc de Mr. WarburtoUy les Evêques & le Clergé font VEgliJe , & que le Roi & i'es IVÎiniftrcs font VEtat; car autrement il ne pourroit pas ériger I'Eglifc & l'Etat en deux Socié:és réellement diflindles. Mais , fuppofé que par VEglife Mr. TFar- hurton entendît le Clergé & par VEtat le Corps de la Nation , on auroit en ce cas tout lieu de douter, fi une Eglife indépen- dan:e, & qui jouît d'un Pouvoir & d'un Re- venu beaucoup plus amples que la Vertu &: la vra'e Piété n'exigent pour leur entretien , efl utile à l'intérêt de l'Etat ou au bien de la Nation. ,, On peut en apeller là-dcfTusj 5, d^'lent nos Auteurs ^ à l'état préfent de la „ Chrétienté & à l'Hifloire de l'Eglife de- „ puis quatorze cens ans, c'eft-à-dire, de- 5, puis le tcms de Conflantin. Quoi que ,, puifTent Octoerî:, Noveme. etDecemb. 1743. ^9 „ puiflent dire Meffieurs de la Hiérarchie j, dans ]a Théorie , c'eft un Fait certain & „ inconteftable, que chaque Etat dans la 5, Chrétienté s'efl afFoibli & eft tombé en „ décadence, à proportion du nombre, des 5, richeiTes, & du pouvoir, de fon Clergé „ indépendant. La chofe eft fi notoire , que „ toute la fubtilité à, les chicanes des plus 5, habiles Sophiftes ne peuvent empêcher 5, le Peuple de s'en apercevoir, malgré tou- „ tes les couleurs & tous les artifices donc „ ils fe fervent, pour la cacher, ou la pal- 5, lier. Il n'eft pas moins notoire que l'Ara- 5, bition, l'Avarice, le Luxe, la Mollefle, „ la Négligence & laFainéantife fpirituelle „ des Eccléfiaftiques, ont toujours été les „ fuites inféparables de leur Pouvoir tem= „ porel , de leurs Richefles , & de leur Indé- „ pendance. En un mot, l'on n'a befoin „ que de confulter l'Hiftoire du Chriftianif- ,, me depuis quatorze cens ans, pour dé- „ couvrir pleinement quels font les avan- „ tages, tant Civils que Religieux, qui font „ revenus au Monde Chrétien de cette fa- ,, meufe Alliance entre l'Eglife & l'Etat, 5, dont les Gens d'Eglife prônent tant la „ nécefïlté. Ce que le Clergé a gagné par- „ là, eft aflez vifible,- mais il n'en eft pas „ de même du profit qu'en ont retiré les „ Etats Chrétiens , ou les Communautés ,, Civiles; on ne peut le découvrir eue par le moyen des Lunettes Spirituelles dcG Gens d'EghTe. Lunettes qui ont cette „ propri- 3) 80 BlBLIOTHEQ^UE BRITANNIQUE^ „ propriété admirable, qu'elles font voir „ ce qui n'eft point, comme s'il étoit. " Dans la Sedion 21 , où ils traitent encore Ja même matière, ils foutiennent que rien n'efl plus abfurde, ni plus oppofé au bon fens, que de parler d'établir par les Loix une lincére perfliallou de l'efprit & une pie^- fe dirpofition du cœur, qui portent les hom- mes à Te conduire en toutes leurs actions Ear un principe d'amour pour Dieu, & de ienveiliance pour leur Prochain ; que néan- moins c'eft en cela feul que confifle propre- ment la Religion'^ & qu'il efl aifé de voir par cônféquent combien les Prêtres abufent du nom vénérable de la Religion, en l'em- ployant, coinme ils font, pour autorifer l'établiflement de leur Hiérarchie comme néceflaire au bien de la Société ; car ils n'auroicnt pas le moindre mot à dire en fa- veur de leur prétcnfion fans ce tour de Cbar- latanerie Jpiritudle imnÇi tout l'édifice de leur Religion établie par les Loix tomberoit né- ceflairemcnt par terre, n'étant point foute- nu d'ailleurs par aucune bonne raifon. Ce qui donne avec juflice , félon ces MefTieurs , mauvaife opinion de pareils EtablilTemens & de cette Alliance prétendue néceflaire entre l'Etat 6l l'Eglifc, efj- que l'on voie par riiilloire qu'ils n'ont jamais abouti qu'à rendre la Puiflance temporelle efclavc de la fpirituelle, & qu'à enrichir celle-ci. Ils prétendent, que, û Mr. Warburt on ponv oit fe réfoudre à parler franchement, il avoue- roit OcroÊRE, NôvEMB. etDégiîMb. 1743. ^ï roic fans ftçàn que la Religim établie par ks Lûix n'eft autre 'chofe darïs le fond^^^ue les Terres oc les Revenus du Clergé, où que l'Autôrfcé & les Richefles temporelles de la fliérarchie Sacerdotale; que c'a toujours été- i;à le véritable fondement de HgBorance, de la fuperflition «Se de Tefclavage, oà roa a tenu les Laïques , de même c^é ^*â co'â- foiiîs été îa fource & la caufe origineHe de •l'orgueil, de la tirannie, du luxe, de la WiMléfTe & de la fainéantife fpirkufelle âa Clergé. ,, M2iïs ^ contmueîît-ils ,comt{\Q ton- ,j te cette InflitutTon Hiérarchique nous eft 5, venue âe VE-gipte & de la Mer Ro^e , nous y, efpérons que le tems viendra, qu*on la j, dépouillera des Châteaux, des Terres, àQs „ Revenus, & des autres Privilèges, dont „ eîle jouît à préfent , & qu'on la reléguera 5, bôur jamais dans le Pais de fa naifTance.** Ils ajoutent tout de fuite, que „ c'efl ,V de cette fource empoifonnée (de l'Inlti- ^, tutioh de la Hiérarchie) que font foî^ties- ^', toutes les Révélations & les Inspirations, à'V & tous lés Mrftéres d'une Rel-igion fur- I', naturelle & inintelligible. De-là'font vé- y, iiuës toutes les Opérations raéchaniqUès ,-, de r-Efprit, les Prophéties, le's Songes ,, & les ViOons , l'Autorité facrée dés Prê- „ très & leur Commiflion divine de cônfé- ,, rer la Grâce par des Signes & desSimbo- les extérieurs. En un mot , c'eft de-là qu'ont pris naiflance toutes ces Cérémo- nies fignificatives , <;ette Pompe & ce magntlique aopareil du Cnlt*" extérieur , Toms XXÎL Fart. L F ., ces » 82 BIBLIOTHEQ.UE BrITANNIQ_UE, „ .ces Miftéres de Foi, & ces Méthodes ar- „ tificielles du Salut, qui ont toujours été 35 la Religion du Saint Ordre,* parce qu'ils „ n'avoient point d'autres moyens que ceux- 5, là pour le rendre néceflaires. " Mais ce ne font -là que des Déclamations vagues. Comme les Déifies ne peuvent fe difpenfer de reconnoitre la poflibilité d'une Révéla- tion Divine & même la grande utilité dont elleferoit au Genre humain, avant que d'en nier la réalité, il faudroit qu'ils fuflent en état de montrer le foible des raifons, par lefquelles leurs Antagoniftes prétendent prouver que Dieu s'eft effedlivement fervi de cette voye, pour instruire plus particu- lièrement les hommes de fa volonté. Dans la Scftion 22, nos Auteurs obfer- yent que les Grecs (Se les Romains, inftruits par l'expérience, furent plus fages que lés Egiptiens & que les Juifs, & qu'ils fe pfé- cautionnérent contre les inconvéniens que traine après foi l'établilTement d'une Prétrî- fe nombreufe, puiflantc, riche & indépen- dante. Parmi les Grecs & les Romains , les Prêtres ou les Miniftres de la Religion é- , toient en fort petit nombre, du moins en comparaifon de ceux d'Egipte & de Judée; àc ils étoient choifis des plus riches & des plus -nobles Familles , afin qu'ils puQent s'ap- pliquer à leurs faintes fonélions fans être à charge à l'Etat. Ils ne recevoient point de falaires fixes duTréfor public, & n'avoient d'HUre Revenu que celui de leur Patrimoi- ne, à l'exception des profits qui pouvoient leur Octobre, Novemb. et Decemb. 1745. S5 leur revenir des Offrandes volontaires ^ du zélé fuperftitieux du Peuple : Fonds qu'ils ne manquoient pas fans doute de cultiver. Mais ils n'avoient point de Dîmes à préten- dre , ni de Penfions annuelles à efpérer de l'Etat. Dans leurs Augures «Se leurs Déci- lions Oraculaires , ils étoient entiéremenc fournis à la Direction de l'Ecat, & le Gou- vernement les employoit à exciter le Peu- ple aux Entreprifes qui avoient été déjà ré- foluës auparavant. De cette façon iis de- vinrent une partie néceiraire de la Police Civile, & ils ne prétendirent jamais à aucu- ne Autorité ou ]unTdi6lion fur la Foi & fur les Confciences des hommes.- Ils ne drefle- rent point deSimboles ou de Confe fiions de Foi 5 en vue de contraindre un chacun à les figner, & pour avoir occafion par ce moyen de perfécuter les Hétérodoxes & les Incré- dules. Ils n'avoient aucune idée de ce qu'on a depuis apellé Foi nécejjaire à Salut & Or- thodoxie ^ & jamais ils ne tourmentèrent le Genre humain avec une Théologie fpécula^ tivc & dogmatique. „ Mais les chofes changèrent bien de fa- 55 ce , & empirèrent infiniment , à ce quépré- 55 tendent nos Auteurs ^ par Fétabliflement du 5, Chriilianifme , qui foumit le Monde Chré-- 5, tien au Clergé le plus dogmatique, le plus 5, tirannique & le plus infuportable qu'on 5, ait jamais vu: Ordre de gens que laPuif- „ fance Civile n'a jamais pu contenir dan'? ,, les bornes de la Modeflie m de la Rai- F 2 „ fou. §4 Bibliothèque Britânniq^ûè; 3, fon. Dès qu'ils n*eurent plus rien à crain« 5, dre de la part du Paganifme, & cju*ils fe ,, virent bien établis dans le Royaume de ,5 Chrifl, ils fe firent la guerre entre eux, ,5 & exercèrent les uns contre les autres une 5, perfécution plus cruelle & plus barbare ^ 5, que celle qu'ils avoient foufferte fous les 5, Empereurs Payens. Tous ceux qui refu- ,y foient d'obéïr aux Décrets des Evêques 5, en ce qui conceraoit la Foi, ou la Difci- 55 pline , étoient condamnés comm.e Héré- 5, tiques & livrés en cette qualité au Bras ,5 Séculier 5 qui les exterminoit fans mifé- 5, ricorde, en vei'tu du refpeft & de la fou- 55 milTion qu'il croyoic devoir aux Sacrés 5, Arrêts de ces Seigneurs fpiricuels & de ces ,, Maîtres de la Foi & des Confciences. 5, Voilà fur quel pied les chofes étoient ,, dans le quatrième Siècle de l'Eglife, qui ,5 fut le premier du Chriilianifme établi par 55 les Loix Civiles; & depuis ce tems-là, Tex- 55 périence a fait voir que de toutes les ,5 Hiérarchies qui ont été établies dans le 55 Monde 5 il n'y en eut jamais de fi fatale 5, au bien & au repos du Genre humain que 3, le fut la Chrétienne. C'efl une Vérité, 55 qui ne peut être ignorée par aucun de 55 ceux qui font tant foit peu verfés dans 5, l'Hiitoire Eccîéfiaflique. " Mais à quoi aboutit tout ce Difcours? Les Eccléfiafli- ques Chrétiens ne fe font pas toujours con- duits d'une manière conforme à 1 efprit de rEvangilc & à la Sainteté de fes Frëcepies > on Octobre, Novemb. et Decpîb. 1743. ^5 on l'avoue; mais s'enfuit -il de -là que le Chriftianifme eft faux & qu'il n'eft pas d'inf- titution Divine? Nos Exami7iateurs font encore une autre Remarque dans la même Sedion ; favôir que, quand on prendroit le mot de Reli- gion dans le Sens vulgaire & groffier, que lui donnent ordinairement les Gens d'Egli- fe, & qu'on encendroic par-là telle ou telle Profeffion de Foi particulière, telle ou telle Forme de Culte extérieur, il eil néanmoins toujours évident, que la Religion, enten- due en ce Sens , ne peut avoir aucun raporc ni aucune liaifon avec la Vertu, la Piété, ni la bonne Vie.,* puifqu'un homme peur profefier extérieurement la Foi, & prati- quer toutes les Cérémonies de cette Reli- gion, fans en rien croire dans le cœur, & fans avoir aucun amour pour la vérité ni pour la vertu; <5c les Loix humaines ne peu- vent empêcher un pareil inconvénient. Ils examinent enfuite de quel ufage (Se de quelle utilité une femblable Religion a tou- jours été & peut être à l'avenir au Genre humain, & voici leurs Réflexions là-deflus. Si le Magidrat eft obligé d établir quelque Religion comme une chofe abrolument né- ceiTaire au bien de l'Etat, il lui apartient de juger quelle eft la Religion qu'il doit éta- blir, & il doit fans doute" choilir celle qu'il juge la meilleure & la plus véritable; ainfi il ne manquera pas en chaque Contrée d'é- tablir la fienne, c'eft-à-dire, celle qu'il fuit lui-même. Cela pofé., il eft évident que ^ 2 tous S6 BlBLIOTHEQ^UE BRITANNIQUE, tous ces Etabliflemens doivent être mis ai; même rang, puifque la convenance morale des choies, de même que le Droit & le Pou- voir du Magiflrat , font les mêmes par-tout. Oeû pourquoi, ou toutes ces Religions éta- blies par les Loix, en quelque Pais que ce foit, foit en France^ en EJ pagne ^ en Tur- quie^ à Ici Chine ^ ou ailleurs, font égale- ment bonnes & nécefîaires au bien de la So- ciété (Se doivent être reçjùes & pratiquées comme telles en chacun de cesPaïs; ou au- cune d'elles ne peut être regardée comme bonne \ii néceflaire, & ne doit être main- tenue comme telle nulle part. Faire une autre ruppofition , c'efl vouloir de propos, délibéré jetter le Genre humain dans une in- certitude & une confufion dont il leur feroit jmpoUible de jamais fortir; vu qu'après tou- tes leurs çontroverles, & tous leurs débats, ils ne pourroient jamais déterm.incr laquelle de ces fauiTes Religions ell la véritable. Cette dernière Raifon eft une preuve dé- monltrative, félon eux, que la /Mérité ne peut point entrer dans l'idée d'une Religion établie par les Loix. ^, Mais, ajoutent nos Auteurs, à qui ces ,, fortes d'EcabliiTcmens font ils utiles, ou ,, nécefîaires ? Ce n'efi: pas fûrement au Pcu- 3, pie qui efl obligé de les foutenir à grands ,, fraix &; de mettre à part une partie conli- dérable du Revenu de la Nation, pour nourrir je ne faicom.bien de bouches inu- tiles au fervicc & à la défcnfe de la Pa- trie. Ils ne font pas plus utiles au Gou- vernement Octobre, NovEMc. et Decemb. 1743. 87 5, vernement Civil, ni à la Conflicucion, „ aux Droits 6c aux Libertés des. Etats & „ des Royaumes , qui ont fouvent été ébran- ,y lés, (Se même renverfés, par le Pouvoir „ exorbitant de la Hiérarchie. Mais les „ Etabliiremens en quellion font fort né- „ ceflaires, ou du moins fort avantageux, „ au Clergé même, dont les Intérêts à cet „ égard ont toujours été diredtement oppo- „ fés à ceax du Public. Ainfi tous leurs ,, Difcours ampoulés & les vaines figures „ de leur faufle Réthorique doivent être „ très-fufpeds aux Laïques fur une matière „ fi délicate. Au relie, nous ne prétendons „ pas, dijènî-ils, rien appliquer de tout ce „ qu'on vient de dire , au Clergé établi par- ,, mi nous, qui eft fans contredit le plus ,5 franc & le plus net, qu'il y ait au mon- „ de , de toute tache d'avarice & d'ambi- ,, tion. Aflurément! l'on auroit grand tore „ de foupçonner nos Révérends Eccléfiaf- ,, tiques d'agir, en quelque occafion que ce „ foit, par des vues particulières & inté- „ refleeSjOude s'im.agincrque Tamour d'un 5, gain fordide fût capable de les porter à „ profeiler & à Ibufcrire ce qu'il necroyenc „ pas, ou à pratiquer aucune cérémonie de „ Religion, qu'ils n'aprouvent pas dans le ,, fond de lame. Ces fortes de cas, à la „ vérité, arrivent allez fouvcntdans lesau- 5, très Pcii's, mais on ne voit jamais rien de ,, femblable ici , notre excellente Confli- 5, tution prévient egicaccment de pareils ,, defordres,. " F 4 Revenant 2^ BiBLïOTHiQUE Britannique,. Revenant enfuite à Mr. W^arhurtm^ ï[% le complimentent fur ce qu'ila choiû unû jufte milieu en traitant cette matière, qu'en fui- vant fon Siftème, quelle que foiç la. Reli- gion établie par les Loix , il n'en peut ja- mais arriver grand mal à la Société ,- parce, que, s'il foutient d'un côté à cor 6c à cri la, nécelîjté d'un Etabliflement légal au fujet de Ja Religion , il Te déclare en même tems pour la tolérance, prétendant qu'il eftjufle & rai- fonnable d'accorder une honnête liberté de Confcience à chaque Particulier. Cepen- dant, nos Auteurs ont de la peine à conce- voir comment Mr. Warhurton peut accoi'der enfemble ces deux thèfes , qui leur paroif- fent s'entre -détruire & fe contredire l'une l'autre. En effet, difent-ils ^ s'il efl: nécef- iaire au Bien public & au maintien de la Société qu'il y ait une Religion établie par les Loix, il r/efl pas fans doute moins né- ceflaire pour la même fin que cette Reli- gion, lorfqu'elle eft une fois établie, foit obfervée é. refpeftés par les vSujets de TE- tat. D'OU il s*enfuit manifefccment que le Magiftrat efl obligé de veiller & de tenir la main à ce que chacun s'y conforme du moins extérieuremenf: & de ne pas fouffrir que perfonne la defaprouve publiquement & s'en fépare,- vu que ce fcroit permettre ou tolérer une choie contraire au Bien de l'Etat & tout-à-fait pernicieufe au repos de la Société. Le Magidrat ne peut donc ufer de tolérance félon cette hipothèfe , fans pé- çhçr contre le devoir de fa Charge. 11 faut par Octobre, Novemb. bt Deoemb. 1743. 89 par coçréquent que Mr. Warhurton renonce à l'un ou à l'autre de ces Principes, cleft- à-dire, qu'il ccfle de défendre la néceflité d'un Etabliflemeni; Civil ou Politique par raport à la Religion, ou qu'il abandonne fa Thèfe fur la Tolérance. Ou du moins , s'il veut perfîfter dans fon fentiment à l'égard de la liberté de Confcience qu'il efl julte ^ félon lui, d'accorder à tous les Particuliers, il faut nécelTairement qu'il avoue, que, par fa Religion établie par lesLoix, il n'entend autre chofe que les Terres & les Revenus de l'Eglifc , entant qu'ils font annexés & afTûrés par lesLoix aune certaine Profeiïîon & Pratique extérieure , qu'on apelle Reli- gion, quoique cette Forme de Culte ne mé- rite peut-être rien moins qu'un Nom fi ref- pedlable: Mais il eft évident que l'Etablif- fement Civil d'une Religion , entendu en ce Sens, n'eft néceiTaire qu'au bien-être du Clergé, en faveur duquel il eft fait. „ Il n'y avoit, difent-ils encore dans un au- „ tre endroit y il n'y avoit qu'une ignorance „ très - groffiére & que des ténèbres auf^ „ épaiffes que celles de l'E^ipte, qui puf- „ fent faire croire au Monde, pendant une „ Il longue fuite de Siècles, la nécefiité & „ l'Autorité ficrée d'une Prêtrife politique, „ ou établie par les Loix Civiles ; car il eft „ vifible , même aux yeux du Vulgaire , que „ plus les connoiflances naturelles ont été „ cultivées avec fuccès& que plus les vrais „ Principes de la Morale ont été connus par- « mi les Laïques, plus le Crédit du Saine F 5 „ Ordre 90 BlELTOTHEQ^UE BrITANNIQ^UE, ,, Ordre a décliné, & plus leurs Mifléres fa- ,, crés, leurs Impoftures fpirituelles , & leurs „ Méthodes artificielles de conférer JaGra- „ ce 5 font tombés dans le mépris rCataftro- „ phe fatale pour la Religion Sacerdotale, „ s'r en fut jamais! Hi?.c illœ lachrimœ. La ,, Foi Hiftoriquc, l'Autorité humaine, les ,, Pouvoirs prétendus divins , les Rites & „ les Cérémonies, & tout l'attirail du Culte „ extérieur , ne peuvent plus paiîer pour ,, Religion en ces tems lumineux". Les ar- 5, tifices& les fourberies des Prêtres devien- „ nent alors fi manifeftes, qu'il n'y a pref- ,, que point d'Artifan qui ne puille décou- ,, vrir les pieules Fraudes. Or, quand les 3, Laïques voyent fi clair dans les Mifléres „ Sacerdotaux, il n'y a point d'Héréfie plus „ damnable que celle-là: C'eft Infidélité, ,, c'eftDéïfme, c'eft Athéïfme; enfin, c'eft „ le Diable même, déchaîné contre laHié- ,, rarchie. " Mais en voilà aftez & même plus qu'il n'en faut fur cette matière. Il y a de l'é- quivoque de part & d'autre en toute cette Difpute, de même qu'en beaucoup d'autres de ce genre. 11 ne feroit pas mal-aifé de convenir de Principes fur plufieurs Points, fi Ton vouloit s'entendre; mais le mal eft qu'on ne le veut point, & on ne le veut point parce que les Pafiions s'y oppofent. Quand Mr. Warhurton ^ par exemple, & les autres Théologiens affirment la néceflité d'une Religion établie par les Loix, il eft vifible qu'il s'agit -là du Culte extérieur, qu'on Octobre', Novémtî. et Decemb. 1743." 9^ ■ qu'on doit rendre, félon eu:^., publique- ment à Dieu dans chaque Société; au lieu que les Auteurs de V Examen juccinî affec- tent de ne parler que de la néceffité du Culte intérieur : Ce qui n'eft pas aller au fait. Il nous refleroit encore à parier de I'^tz^î- quité du Culte des Héros & des diverfes Opi- nions des Anciens fur l'Etat des Ames après la Mort, qui font du nombre de ces Arti- cles que les Auteurs de V Examen Juccint promettent fpécialement de difcuteren leur Ouvrage ; ainfi que Ton a pu voir dans le l'itre même. Les Obfervâcions de cesMef- fieurs far les matières dont il s'agit, font intéreflantes &; fort curieufes; mais, com- me il eft néceflaire, pour les mettre dans leur véritable jour , d'encrer en certaines difcufîicms fur l'Hiftoire tant Sacrée que Profane, nous nous trouvons obligés d'en renvoyer l'Analife à la première occaiion , c'cft- à- dire , au premier Volume de cet- te Bibliothèque , qui paroicra immédiate- ment après celui - ci ; vu que nous ne pour- rions en donner ici l'extrait , fans éten- dre cet Article beaucoup au de -là des bornes ordinaires. ARTL ça Bibliothèque Britanniq^ue^ ARTICLE 1 1 L A Description of the East and Jome Gtker Cmntrks, Volume the Firfl. Ohjervations ew E g y p T , Z^j R i- GHARD POCOCKE LL. D. F. R, S. London. Printed for the Author by W. Bowyer , and fold by J. and P. Knapton , W. Innys , W. Meadows , G. Hawkins, S. Birc, T. Longman. C. Hitch , Q. Dodfley. J. Nourfe , and], Rivington. MDCCXLÎIL Cefl-à-dire: Defcription de /'Orient tf de quelques au- tres Pais, I. Volume, oii font contenues des Obfervations fur /'Egypte , par Mr. Richard Pococke Doreur es Loix , 6f Membre la Société Royale. A Londres. Imprimé pour /'Auteur par Guillaume Bowyer, ^fcjcndchez]. ^ Pierre Knapton èfc. 1743. Grand folio, pagg. ^10. fans compter /'Epitre Dédi- la Préface , les Tables (j'c. 01 Uoique l'Auteur ne le dife pas , on voit afiez que c'efl: ici la première partie d'un grand Ouvrage; & fi les Volumes OCTôBRB > Novemb. et Decemè. Î743, !P| Volumes qui fe fuccéderont valent autanc la peine d'être lus que celui-ci, le Public aura tout lieu de fe féliciter de ce qu'un homme aulîi favant & aulîî judicieux que Mr, PococKE, a préféré les fatigués d'un long voyage à celle du Barreau oii fa Profeflîon Tappelloit. Son but ëtoit dabordj comme il nous l'apprend lui-même dans fa Préface^ de donner Amplement les defleins des Edifices qu'il avoit tirés fur les origi- naux 5 & d'y ajouter les éclaircilTemens né- ceflaires, pour faire mieux connoitre les diférens ordres de l'Architefture parmi les Egyptiens. Mais à la prière de quelques amis 5 il a compofé la Defcripîion que nous atmohçons. Elle accompagne 75 Planches, qui font autant de Plans de Villes, de Tem- ples, de Terrains, ou de Pcrfpeftives de divers Lieux, ou de Figures d'Animaux, de Plantés, de Divinités, d'Habits & d'au- tres chofes femblables. A deux ou trois defleins près . tout cela eft nouveau. Mr. PococKE s'efl donné fur tout beaucoup de foins pour redtiiier les Cartes que nou^ avons eues jufqu'à préfent de la Haute & de la BaJJe Egypte, 11 en a lui-même drefl'é une tant fur fes propres obfervations, que fur trois autres Cartes qu'on lui a commu- niquées, l'une du P. Sicard , l'autre Çho- rographique des environs du Couvent de St. Antoine, & la troifième compofée en 1722 pour Chryfanthe alors Patriarche de Jérufalem. Il fend compte dans une Dif- "fertation Latine qui fe n'ouve à la fin de ce Volume Ç4 BîBLlOTHEQ^UE B RIT A^'NI<^UE 3 Volume de Ja pofition ces Lieux les plus confidérabies fur cette Carte nouvelle ; & les remarques qu'il fait à cecçe occafion nous ont paru également doftes & curieu- fes. La Carte elle-même elt très-bien exé- cutée C'eft dom/mage que Mr. P o c o g k E ne lui ait pas donné un plus grand champ. Elle en feroit plus diftincle, & les Noms des Villes y feroient gravés dans un carac- tère plus liiible. . Tout l'Ouvrage efl divifé en 5 Livres, Le l. traite de la Baffe Egypte & contient 7 Chapitres, i. De l'Egypte en général, d'Alexandrie & des Lieux ,voifins. 2. Route d'Alexandrie à Rofette & au Grand Caire. 3. De Damiette au Grand Caire. 4. Du Grand Caire. 5. De Memphis & des Py- ramides qui font près du Caire. 6. Des Ca- tacombes (5c des Pyramides de Saccara. 7. DeFaiume, de l'ancienne Arfmoë, duLa- birinthe, & du Lac Mœris. Le IL Livre contient la route du Grand Caire jufqu'à l'ancienne Ethiopie au deffus des Ca'taraétes du Nil, & de ces Cataradles au Caire & à Damiette. Il a fix Chapitres. 1. D'Archemounain, de Gava, & de quel- ques autres endroits qui mènent à Akmim. 2. D'Akmim & des Lieux voifins ; enfuite de la route d'Akmin àMenfheeh, Girge , Furfhout, Tentyra, Kena, Kept, Cous, & Thèbes. 3. De Thèbes. 4. De Thcbes à Erment , Efne , Etfou , Ombus , & Xllbuan , qui efl l'ancienne Syene près des Catai-aftes. 5. D'AlTouan ou Syenc fous le Tropique, dElephantine^ Octobre, Novemb. et Decemb. 1745. 95 d'Elephancine , des Carrières de Granité, des Cataradtes , dePhilac, & des Frontières de TEchiopie. 6. Retour depuis les Cata- radles en defcendant au Grand Caire & à Damiette. Le III. Livre expofe la route du Grand Caire en traverlant la Mer Rouge pour al- ler dans l'Arabie Pécrée au Munt Sinaï & pour revenir de là au Caire, à Rofecte, & à Alexandrie. Cette Relation contient cinq Chapitres, i. Du Grand Caire à Suez (S: à la mer Rouge. ,2. De l'Arabie Fétrée, depuis Suez jufqu'à Tor & au Mont Sinaï. 3. Du Mont Sinaï àc des environs. 4. Du Che- min que les Enfans d'Ifraël tinrent dans cette route. 5-. Retour de Sinaï à Suez, au Grand Caire , à Rofette, 7 Voilà le Plan général de l'Ouvrage. En parcourant toute TEgypte depuis les Bou- ches du Nil jufques aux Catarades de ce grand Fleuve , l'Auteur compare prefque toujours ce qu'il a vu^ aux defcriptions qu'on en trouve dans les Anciens. Hérodote 3 Stra- bon 5 Diodore de Sicile, Paufanias, Ptole- mée & Pline, lui fourniÛent perpétuelle- ment des remarques, auxquelles il ajoute les Tiennes pleines de goût ou d'érudition. Nous ne faurions fuivre pas à pas Mr. Po- cocKE dans cette carrière. Contens de le faire en gros , & d^ loin à loin, nous choilirons dans chaque Livre un endroit ou deux qui puiffent donner au Lecteur quel- que idée, du caraQère de cette Delcrip- tion paremment que Strabon appelle Ariinoë. Un peu plus au Nord-EitétoitiVlig- doi , la même qu'Heroopolis fi Heroopoiis n'elt pas Âdjeroute, car tout cela n'efl pas fort fur. Notre Auteur ne donne aufli les conjedures que pour des conjectures , & après avoir ajouté, qu'il préfume que Piha- hiroth pourroic bien avoir été la Cleopatris de Strabon, il entre dans une afiez longue defcription de Suez & de fon commerce ; après quoi il reprend la lui te de fon Voyage. Dans toute l'Arabie Pétrée il n'y a point de Ville. Tout s'y réduit à trois ou qua- tre Villages, favoir Tor, Jcbe^é, Gede- heieh,& Sharmé, auxquels on ajoute Da- hab iur leGolphe Oriental , que quelques- uns prennent pour Hetfjonguéber. Ce font les Arabes qui pofledent ce mauvais Pai's. Toutes leurs richelTes confiitent dans leurs chameaux, quelques chèvres, & quelques moutons. Ils vivent fous des Tentes , & paflent d'un endroit à un autre qu'ils ne quittent que quand l'eau , les builTons 6i les feuilles d'arbres leur manquent, car pour des parturages, il ne faut pas s'attendre. à en trouver dans ces foîitudes arides. Les Arabes s'y nourriflent de dattes & du lait de leurs chèvres. Le peu de bled qui leur parvient, ils le tirent d'un endroit qui eft é- loisné de huit à dix journées du Caire. La pluf. OcroERE^NovEMB. ET Deceivîb. 174^, 113 plLifparc font encore plus raéchansque pau- vres. Malheureux les Voyageurs quinefonc pas aiTez forts pour leur réiifter. A trois ou quatre heures au. Midi de Suez on trouve les Fontaines de Moïfs. Ce font des puits d'oii il coule de l'eau. Il n'y en avoit que quatre ou cinq qui fulTent décou- verts , mais Mr. Pococke vit diflin^te- ment qu'il y en avoit eu une douzaine. Par- tout où Ton creufe dans cet endroit là, il y a de l'eau, mais elle eil chaude, fauma- che 5 un peu fulphureufe. Dans un des puits cependant elle étoit buvable. Vis à vis de ces Fontaines eft un petit endroit fur la Mer Rouge qu'on nommoic Cîyfma. C'eft là que notre Auteur croit que les If- raëlites abordèrent après l'avoir traverfèe. Etant encré dans le Défert de Shur il vint à Jebele-Marah où ils trouvèrent les eaux a° mères. Il y a adluellement une fource d'où il en coule qui font faamaches. Près de là la Mer ferme une Baye qu'on appelle Co- rondeî ; la vallée voifîne porte le même nom. Tout près eft une petite montagne ap- pellée la Montagne du Bain de Pharaon. Il y a une fource d'eaux chaudes & plus chaudes que les Bains d'Abano près de Pa- doue. On a fait au Caire l'analyfe de ces eaux minérales. Le fel y domine. Il y a aufli beaucoup de fouffre, peu d'alun,' & moins encore de vitriol. Elles ne font pas potables, mais le bain en eft excellent pour les maladies cutanées , pour toutes celles qui affedent les nerfs & à ce qu'on prétend Tome XXIL Part. L H peur ÏI4BlBLI0THEQ^UE BRITANNIQUE, pour rendre les femmes fécondes , ou pour aider leurs maris à empêcher qu'elles ne foient ftériles. Le huitième d'Avril notre Voyageur arriva à Tor. Ce Village eft fur la Mer; c'eft tout fon mérite à cela près qu'on place Elim dans fes environs. Jebele n'en ell aufli qu'à trois ou quatre milles du coté du Midi. Tout auprès eft une Baye OLi les batimens qui vont à Suez fe mettent à l'abri des vents. La Mer peut y avoir près de dix lieues de large. N'oubHons pas avant de quitter Tor une remarque de Mr. P0C0CKE& rapportons la dans les termes de l'Auteur. Ceft un fait que je ne me rappelle pas d'avoir lû. ,, Il y a , dit-il, à Tor 5, une Sefte d'Arabes Ma'hométans qu'on 5, appelle Seleminites à caufe de la véné- 5, ration fingulière qu'ils portent à la mé- „ moire de Salomon. Ils refpedlent auf- „ fi beaucoup celle d'Abraham. On a 3, lieu de croire qu'ils font les refies des 3, anciens Habitans de cet endroit là. 11^ ,5 en ont la principale Mofquée où tous 5, les autres Mufulmans fe rendent le Vcn- „ drcdi. Dans leurs prières ils font men- „ tion de Salomon aulïi bien que de Maho- ,5 met. Qui fait fî ces Arabes ne defcen- 3, dent point de quelques familles qui a- j, voient pris une teinture de la Religion 5, des Hébreux, oumêmequiappartenoient 3, à Jethro le beaupère de Moi'fe ? " Quoi qu'il en foit à cet égard, de Tor au Mont Sinaï il n'y auroit guère qu'une journée fi l'on pouvoit y aller en droite ligne. Le Défert Octobre, Novewib. et Decemb. 1743. 115 Défert de Sin qui effc entre deux n'a pas plus de neuf à dix lieues de largeur , mais après l'avoir pafle on n'arrive à Si- naï que par de longs détours. Mr. Po- cocKE qui avoit lailTé Tor, le neuf, ne fut que le onze au Couvent de Ste. Cathe- rine qu'on trouve au pied de cette -Vionca- gne. Les Religieux l'y reçurent par la fe- nêtre. C'eft Tufage. La porte de ce Mo- naflère ne s'ouvre que quand l'Archevêque y efl inftallé. On fait monter les étran- gers j par un Vindas à trente pieds de haut, où eft la fenêtre à laquelle on les reçoit. Notre Voyageur y fut accueilli de la manière la plus gracieufe par les Pa- pas ou Kaloiers. Ils lui firent voir en dé- tail tout ce qui mérite l'attention des cu~ rieuxfur le Mont Sacré & dans les environs. Mr. PococKE en donne une defcriptioa fort circonftanciée. Cependant aux Infcrip- tions près nous n'y avons rien trouvé de nouveau. Mais c'efl beaucoup qu'un Voya- geur ne démente point ceux qui ont écrit avant lui. Le notre ajoute à ce qu'il dit du MontSinaï, un efiai fur les Campemensdes Ifraëlites depuis la Mer Rouge jufqu'au Monc Seïr,ou à la Montagne de Hor. Cen'eflpas un morceau à abréger. Il faudroit le tra- duire , & peut-être ne perdroit on pas fa peine en le comparant avec la relation que Mr. Shaw a donnée de cette même route dans fes favans & curieux Voyages de la Barbarie & du Levant. Nous' apprenons qu'un habile homme en a donné depuis IT 2 peu Il6BlBLIOTHEQ,UE BRITANNIQUE^ peu une Tradadlion Françoife (a). Il efl facile de la corfuker iï l'on n'entend pas l'Original. Quant à Mr. Pococke après avoir donné une douzaine de jours à vifi- ter les curiofités de Sinaï il en partit le 23 d'Avril pour retourner en Egypte & le 12 du mois fuivant ii Qut le plailir de coucher au Caire. C'étoit le moins qu'il pût faire que d'y confacrer quelques femaines aux foins néceflaires pour fe remettre un peu des fatigues d'un voyage û pénible. Cela fait il prit congé de fes amis & quitta le Caire le 4 de Juin pour fe rendre à Ro- fette OLi il pafla de même quelques femai- nes ; enfuite il gagna Alexandrie , oh il s'embarqua le 9 de Juillet fur uil VaifTeau Anglois qui mettoit à la voile pour la Candie. Liv. IV. Aprèsavoirfuivi notre Auteur, dans toute l'Egypte àc à travers les folitu- des de l'Arabie Pétrée, nous fommes tout dirpenfcs de continuer avec la même exac- titude l'anaîyfe des difcufllons oti il entre maintenant fur le Gouvernement, les Cou- tumes à. l'flifloire Naturelle de ce grand Pais. Il faut ménager nos Ledleurs. Nous nous contenterons donc de toucher à un feul endroit de ce Livre; c'efl le Chapitre IV. OLi il s'agit de l'Etat de la Religion & des Habitans de l'Egypte. Ce que Mr. Po- CO CKE (a) Elle a été imprwée é* rnife m -u-nte cette an- rJeàh Haye chez |. N^?.uline en 1 voL in j^ro» Octobre 5 NovEMB. et Decemb. 1743. ^'7 cocKE nous en apprend efl curieux par plus d'un endroit. iNous tacherons pourtant de l'abréger. „ Quant à l'Etat de la Religion en E- 3) gypce , dit-il , ce font les Coptes qui font 35 les Chrétiens naturels du Païs. Il y a 55 beaucoup de Grecs au Caire & à Damiet- 55 te , mais il y en a fort peu à Rofette & 35 à Alexandrie. " Dans les autres Villes à ,, peine s'y en trouvet-il, excepté quelques 3, Marchands. Les Arméniens font aulîi en 3, très-petit nombre au Caire. Ils y ont 3, pourtant une Eglife; ce font les Coptes ,, qui la leur ont cédée en échange d'une ,.j -^Tî^.pellequeles .\rméniens leurontdon- 5, née dans l'Eglife du St. Sépulchrc à Jéru- 3, faler^>. ^1 générai la Religion Chrétien- 3, ne fcroit en Egypte fur un pied des plus ,3 miférablesjfiies Egyptiens ne trouvaient ,3 leur avantage à remettre le manimentde 33 leurs biens à: de leurs terres aux Coptes, 55 qui s'y entendent , & qui poOcdent à 35 fond la foi en ce des comptes, ayant mê- me pour cela un caraclère particulier au- quel perfonne ne comprend rien qu'eux. D'ailleurs les Egyptiens ont plus d'autc- rité fur les Coptes qu'ils n'en auroientfur des Egyptiens , & en cas d'infidélité il leur eït plus facile d'en avoir raifon. Il y a peu de Villages où l'on ne trouve un Copte Intendant du Lieu, & Proteclieur des Chrétiens qui y habitent. 3, Les Coptes font de tous les Chrétiens Orientaux ceux qui font paroitre le moins H 3 „ de II§ BlBLIOTHEQ^UE BRITANNIQUE, 3, de décence & de régularité dans leurs 55 dévocions. ... Ils fcmblent faire con- ,5 fifler toute la Religion à répéter fans re- 3, cueillement leurs longs offices & à obfer- 55 ver aflidument leurs nombreufes fêtes. A 55 la referve des Monaftéres desDéferts de 35 St. Antoine, de St. Macaire, & d'Efne, 5, on ne trouve dans leurs Couvents qu'un 55 ou deux Prêtres qui font ordinairement 55 mariés. Leur Patriarche cependant doit 5, obferver le célibat , & c'efl pour cela 55 qu'ils. le tirent d'un des Monaftères que je ,5 viens de nommer (a). Mais & les Pré- 55 très & le peuple, tous font de la plus 5, grofficre ignorance. Les premiers font 55 le fervice en langue Coptique où la pluf- 5, part n'entendent prefque rien ; mais ils 5, ont leurs Liturgies traduites en Arabe. 5, 11 faudroit écrire un gros volum.e, lî on 55 vouloit donner une relation exacte, de 5, toutes les cérémonies qu'ils pratiquent 55 dans l'Eglife qu'ils ont à Alexandrie. 5, Strabo'n fait mention de deux coutumes 3, extraordinaires parmi les Egyptiens (h) 35 que les Coptes obfcrvent encore dans la ^, perfonne de leurs enfans avant qu'ilsayent „ atteint (a) Cêci ne s'accorde guère avec ce o.ue V Auteur a dit pl'As haut qu'a Sr. Antoine les Prêtres font tous fnAr'iés. Voyez ci defluspag. 104. (^) C'c(i L% Circoncifion tant des GarfO'^s quf des Tilles qui le:ir r>aijfc?jt. Voyez Strab. Lib.XVII» pag. 814. Octobre, Novemb. etDecemr. 1743. 119 „ atteint l'âge de dix ans; mais ni l'une ni „ l'autre de ces coutumes ne font entr'eux „ des cérémonies religieufes , ils en ren- 3, dent des raifons ou la Religion n'entre ^, pour rien. Les Mahomctans de laHau- 5? te Egypte ont les mêmes ufages . ce qui' donne lieu de croire qu'ils font originairement naturels du Pais, & par là on peut les diftinguer de ceux qui ne font pas véritablement Egyptiens. Les Coptes ont une haine implacable contre les Grecs . . Ils font en général très- peu de cas des Européens, ce qui vient en tirande partie du mécontentement qu2 leur caufent Iqs entreprilés des Million- naires de l'Eglife Romaine pour faire des profélytes parmi eux. Rarement néanmoins dillinguent ils les perfonnes de diférentes Religions. Dans leur idée tous les Chrétiens qui ne font pas Cop- tes font des Francs. ,, Les Juifs d'Egypte ont une coutume ,. qui leur eft particulière. La crainte de ,, boire du vin confacré aux Idoles , les obligeoit pendant le règne du Paganif- me à ne faire ufage que de celui qui étoit de la façon de leurs frères, qui le leur envoyoient fous leur fceau. Ils ont retenu' cette pratique. Ils ne boi- „ vent pas d'autre vin dans les Régions de 55 l'Orient. Leurs Synagogues font nom- „ brcufes au Caire. Ils y en ont trente lix , 33 fans parler d'une autre qui eft au- Vieux 32 Caire & où ils prétendent que le Prophè- H 4 te 120 BlBLîOTHEQ^UE ErITANNIQ^UE, 5, tejérémiea enièigné. Il faut ajoutera ce- ., la qu'OxT trouve parmi eux une Sefte qui s, a fa Synagogue à part. Les juifs de cette 3, StCœ , fe font remarquer par la grolTeur j, de leurs nez, comme les Juifs ordinaires ,, par l'air de leurs yeux. C'efî un refle des 3, ElTéniens. On les'nommeCaraïtesdumot ,y Nékra par lequel ils défignent les cinq 3, Livres de Moïfe auxquels ils s'en tien- 3, nent religieufement & qu'ils expliquent 5, à la Lettre fans avoir recours aux Tradi- 3, tions. Les autres Juifs ibuhaiteroient vo- ' y^ lontiers de pouvoir fe les réunir; mais 35 comme ces Caraïtes efliment qu'ils n'ont 3, pas obfcrvc la Loi dans leurs mariages 3, ils les tiennent pour ùcs: adultères. 35 Les Mahométans d'Egypte font ou na- 3, turels du Païs . . ou de race Arabe. Ces 5, derniers font de deux fortes. Les uns 3, viennent des Régions lltuées à l'Orient 3, du Nil . . . les autres du coté de TOc- 3, cident . . oc pour la pîufpart de la Barbarie. 35 Ceux-ci ont des manières fort diférentes 3, des premiers & font plus méchans. Il y 35 a quantité d'Arabes ^;ans les Villages. Ils j, font honnêtes gens fur tout dans la Hau- 3, te Egypte. D'autres vivent fous des 55 rentes & portent le nom de Bedoui ,, Les Habitans naturels d'Egypte font à 3, préfeVit un peuple des plu? pareOcux. Ils 3, paflént les journées entières afiis à ne ^, rien faire, \\ ce n'cft à entendre C\ à ra- 3, conter des fables ... Il fe peut que la ^5 chaleur du climat les énerve ^: les rende ,, inca- Octobre, Ngvemp. et Decemh. 1743. ^21 incapables d'une vie laborieufe. Je ne fai néanmoins s'ils ne font pas encore plus malins & envieux qu'ils ne font lâ- ches & fainéans . . . Malgré toute leur ignorance, ils font d'une adrcfle extrême à forger des menfonges & à imaginer des moyens d'en impofer. De là leurs foup- çons perpétuels contre les Voyageurs. On ne peut pas leur ôter de l'crpric qu'ils viennent chercher des thréfors . . . Les Arabes leur ont pourtant appris l'hofpi- taîiré, & à garder leur parole à ceux à qui ils ont une fois accordé leur protec- tion .... ,, 11 faut diuinguer les Turcs propre- ment dits des Egyptiens ôc des Arabes. On appelle ainfî 'ceux qui viennent en Egypte de la part du Grand Seigneur , comme les Minillres ce les Olîiciers, les efclaves, ceux d'entr'eux qui font parla fuite avancés dans le Gouvernement , leurs defcendans, & en général tous les Mufulmans étrangers d'extraction. L'a- varice 6c l'ambirion font leurs paiTions favorites. Aufli lavent ils ménager les afraires les plus délicates (Se les plus di- llciles avec un fecret & une dextérité in- finies, pour exécuter leurs deilcins. On les reconnoit à leur habillem.ent, qui eft parfaitement à la Turque . . . Leur grand arc ell d'entretenir les nombreufes fac- tions qui divifenc les Egyptiens &; de les mettre aux prifes pour dominer plus ai- fément .îefîieurs s'aflemblérent l'un d'eux fouhaita que l'on examinât la Conduite de Pilate , quand il abandonna J. C. à la fureur des juifs. 3, Ce fujet , dit-il, n'elt rien moins „ que nouveau. On l'a traité mille fois, „ mais c'elt prefque toujours dans la Chai- 3, re. On fait que dans ce Tribunal les 3, coupables font traitez avec beaucoup de „ févérité. Pilate y efl peint des plus noi- 35 res couleurs. Là ce mauvais Juge e(l 3', jugé fans miféricorde. Il feroit peut-être 33 bon de raifonner une fois un peu plus 3, tranquilemenc fur la foiblefTe de ce Gou- 3, verneur Romain. On ne prend pas les .5 chofes fur un ton fi haut dans une Con- „ férence. Volons donc de fens raflls le 33 pour ù. le contre de cette affaire. " Il efr ï24 Biblîotheq^ue BrITANNI(1UE, cil bon, Monsieur, que je vous aver- tifle d'avance que quoique la Queflion fût propofcc de cette manière, le but de celui qui la mit fur le tapis éroit moins de difcul- per Pilate^ que de tâcher de réfoudre quel- ques dificukez qui nailTent de la narration des Evangélifres, telle qu'on la conçoit or- dinairement. Voici doncleréluîtat dccequi fut dit là deflus. On commença par établir ce qu'auroit du faire Pilate pour fauver la vie à j. C. acu- fé injuflement par les Juifs , & dont il re- connoiflbit l'innocence. Tout le monde con- vient qu'il devoit fe déclarer le Protecteur dcjéj'us, le défendre avec fermeté, ufer de Ton autorité abfolae pour réfifter à la violence de ces furieux. L'emploi d'in Juge eft de pourfuivre le crime , & de dé- fendre l'innocence oprimée. Le peuple Juif avoit beau le menacer de la colère de l'Em- pereur, s'il épargnoit un homme ac-ufé de fcdition. Ce Gouverneur Romain devoit mortrer dans cette ocafion une vertu Ro- maine , une .(grandeur d'ame digne de fa Na- tion. Il devoit rapeler alors cette belle Ode d'Horace , Juflum , ac tenacem propofiti virum Non Ci-viwn ardor prava jubeutium , Non vulîus mftantis Tyranni Mente quaîit Jclidâ (a). Un (a) L'.v. ly. Cje 6. Octobre, NoveMe. et DeceivTti. 1745, 125 „ Un Homme plein de droiture & de fer- 5, meté , ne s'étonne ni des clameurs d'une 5, populace injuile , ni des menaces d'un „ fier Tiran. Rien ne peut l'ébranler. " Je compte que les Romains favoientpref- que par cœur leur Horace , & que c'étoit leur Bejprémx. L'aplication le fait tout na- turellement. Si Pilaîe avoit eu de la probi- té & de la fermeté, il ne devoir point crain- dre ce Peuple mutiné, qui le meriaçoit de le citer devant le Tribunal de Tibère , quel- que tirannique que fût Ion règne. Il paroit allez que Pz7a?^ ne ti'ouvoit point que les acufations intentées contre j. C. fulTent fondées. Devant le Confeil des Juifs on avoit voulu le faire pafïèr pour cri- minel en matière de Religion. Devant le Gouverneur Romain , on change de bate- rie; on veut le faire paffer pour criminel d'état. Ilétoitacufé d'avoir voulu fe faire Roi, d'être un fédufteur du Peuple, & d'a- voir voulu empêcher qu'on ne paiât le tri- but à l'Empereur. Il étoit fort aifé au Gou- verneur de voir que tout cela étoit frivo- le. Un Homme tel que ^?/7ij, c'efl à dire pauvre & fans onui , n'étoit guère un objet a donner de la jàloulle aux Romains. Pilate découvrit aifément le piège qu'on vculoic lui tendre. Il comprit d'abord que les prin- cipaux des Juifs ne recouroient à fon Tri- bunal que par un efprit de jaloufie & pour fatiffaire leur Paillon. On l'acufe d'avoir foulevé le peuple (a\ Cela {a) Luc XXIIL y. 126 BlBLIOTHEQ^UE BRITANNIQUE, Cela paroit un peu plus plaulible que la Roiauté qu'on prétend qu'il avoit voulu u- furper. J. C. écoit acompagné par tout par une foule dépeuple, qui acouroit5 0upour entendre fes difcours, ou pour être guéri de leurs maladies. Les Juifs favent donner à cela un air de foulévement & d'émotion populaire, mais qui n'impofe point au Gou- verneur. Il eft bientôt informé que Jéfiis avoit évité avec beaucoup de fageOe, tout ce qui pouvoit donner de l'ombrage aux Romains. Auffi ce juge Païen reconnoit l'innocence du prétendu Criminel, &:la vé- ritable caufe de la haine des Juifs. Tou- tes leurs acufations tombent. Le Gouver- neur déclare publiquement qu'il ne les trou- ve point du tout fondées. Les Evangéliftes nous aprennent quePf- late^ après avoir interrogé Jéfits , que les Juifs lui avoient amené , & qu'ils acufoient d'avoir \'ouIu fe faire Roi, fortitpour leur repréfenter qu'il n'y trouvoit point de fondement. Ce jugement favorable paroit d'abord un 'peu précipité. Il femble que c'eft aler bien vite que de déclarer fur un petit Interrogatoire fait à JéJuSy qu'il ne le trouve point coupable. Mais il efl: na- turel de fupofer qu'il avoit des preuves d'ailleui's, de la faufleté de cette acufation. Ce Gouverneur ne manquoit pas d'Emiilai- resqui répandus par toute la Judée, avoient foin de l'avertir de tout ce qui fe paHoit. Si un Homme avoit voulu ulurper la Roiau* té, Filate ne pouvoit pas manquer d'en être bientôt Octobre, NoveMb. et Dëcemb. 1743. ï^?" bientôt informé. N'aiant rien aperçu de femblable , il étoit fondé par cela feul , à regarder cette acufation comme chiméri- que. Il s'agit préfentement de voir ce que fie Pilate en conféquence de cette perfualion , que Jéfus étoit innocent. Il emploia di- vers moicns pour le tirer des mains des Juifs. On peut mettre dans ce rang ce qui efl: raporté dans l'Evangile, qu'aiant apris que yéfus étoit Galiléen , il l'envoia fur le champ à Hérode Antipas , comme fon fu- jet. Il e(t vrai que î'Evangélifte inlinue qu'ils étoient brouillez, & que ce Juge po- litique voulut par là le racommoder avec ce Prince. Mais il efl: tfcs naturel de lui prêter une féconde vue, C'ed celle de fe difpenfer de condanner un innocent , ou plutôt celle d'eflaier de le fauver. La Ga- lilée devoit être bien difpofée pour J. C. Il parcouroit continuellement cette Pro- vince en y faifant du bien. La procédure naturelle ctoit de renvoier l'acufé fur les lieux, pour faire les informations néceifai- res. Les Galiléens , chez qui le Sauveur avoit guéri un il grand nombre de malades, ne pouvoient que lui rendre un témoignage favorable. Il étoit donc à préfumer que le Tétrarque de Galilée, devoit être bien dif- pofé pour J. C. Un autre expédient à quoi Pilate eut re* cours, ce fut de tâcher défaire tomber fur jéfus la grâce que l'on acordoit à un Crimi- nel , ï2S Bibliothèque Britanniq^ue, nel, à toutes les Fêtes de Pâquè. Le Peu- ple étant venu demander cette faveur ^ fé- lon la coutume , le Gouverneur Romain regarda cette demande comme une ouver- ture favorable à Jéfus. Ne pouvant pas engager les Juifs à le relâcher comme in- nocent, il fe retranche à leur demander de lui faire grâce. 11 efl vrai que cet expé- dient fut inutile. La pofture de fuph'ant où s'écoit m\s Pilate , ne lui réuffir point. Bar- rabas encore tout langîant d'un meurtre qu'il avoic commis dans une émeute popu- laire, a le fufrai^e & la faveur des Juifs. Ces prétendus zélateurs contre les féditieux fauvenc dans cette ocafion , celui qui l'é- toit véritablement, & ils en fubflituent un irriaginaire à fa place. Ces voies de douceur ne lui aiant pas réufli, Pilate crut qu'il faloitnéceOairement en venir à quelque rigueur pour apaifer les Juifs. 11 prend un m'ilieu & condanne j^é~ Jïisciu fouet. 11 veut calmer les efprits par le fang de l'Acufé. Par là il donne quelque chofe & à l'innocence de J. G. en lui fau- vant la vie, ôi à la fureur de fes énemis en lui infligeant quelque châtiment pour les contenter. Il le montra enfuite aux Juifs dans le trifle état où les Soldats l'avoient mis. Mais tout ce qu'il put leur dire pour les fléchir par un fpedacle fi touchant , ne fervit de rien; ils en vouloient à fa vie, & ils menacèrent le Gouverneur lui-même de la colère de fon Maitre , s'il laiflbit au, monde Octobre, Novemb. etDecemb. 1743. 129 monde un homme qui avoit voulu ufurper la Roiauré. Par là ils lui arrachèrent i'ar- ret de more contre cet Innocent. Cependant pour marquer qu'on lui faifoit violence, & que cétoit malgré lui qu'il en venoit-là, Pilate fe fit aporter de l'eau dans un baffin, & il fe lava les mains devant couc. le Peuple , proteflant qu'il ne trempoit en- àiicune manière dans la mort de Jrjus. Il Toulut marquer encore par là l'horreur qu'il avoit de leur injufte haine. Cette aftioh prouve bien que le Sauveur étoit oprimé injuflement, mais elle ne fufit point pour difculper le Gouverneur Romain. C't^ftune Cérémonie aflez vaine, à l'envifager de ce coté-là. Ces faits font fi connus que je ne dois pas m'y arrêter davantage. "Tout le monde convient que Pilate fit quelques dé- marches en faveur de J. C. Mais on le blâme avec raifon de ce qu'il fe rendit trop tôt & qu'il ne fit pas aflez. Il s'agit donc de voir préfentemént ce qu'il devoit faire de plus. Dans les infiances des énemis de yéju^ pour le faire mourir, ils infiflent principa- lement fur ce qu'il fe difoit Roi des ]mfs; & qu'il infpiroit au Peuple l'efprit de révol- te. On s'atendroit que Pilate feroit nne Réflexion fort naturelle fur le caradlère des Aculateurs,& qui devoit empêcher de regarder cette acufation comme bien fé- rieufe. On fait que les Juifs foufroient im- patiemment la domination Romaine , c^ qu'ils écoient toujours prêts àfavonTerceux: Tome XXIL Part, L I qui 130 Bibliothèque Britannique, qui auroienc voulu les aider à fecouer ce joug. Quelle nouveauté de les voir donc venir eux-ixémes dénoncer au Gouverneur Romain un Homme qui feroit entré préci- fément dans leurs vues! Qids tulerit Graccbos defediîione querentes ? Filate avoit beau champ pour leur faire fentir qu'il n'étoit pas leur dupe. 11 dévoie leur faire voir qu'il n'avoit pas un aflez grand fond de crédulité pour donner dans le piège. Quand les clameurs des Juifs redoublè- rent fur ce qu'il n'entroit pas aflez dans leurs idées , 6c qu'il ne déféroit point à leurraport, il devoit alors le prendre fur un ton plus haut, Ôc leur faire fentir qu'en s'échaufant aînd contre une fédition imagi- Bsire, eux-mêmes le rendoient coupables d'une fédition très réelle* Je ne poufle pas plus loin cette Remarque, parce que quel- ques Interprètes ont cru entrevoir qu'il lie quelque chofe de femblable, quand il leur dit , Prenez-le vous-mêmes , ^le crucifiez (a). Selon eux, c'efl comme s'il leur eût dit. Puis que vos clameurs vont jufqu'à la fé- dition , ne faires pas les chofcs à demi. Emmenez Jéi'us ^ crucifîez-le vous-mê- mes , quoi i^ue vous n'en aiez pas le droit. J'aime mieux qu'on le fafle mou- rir ainfi tumultuairement que de m'ar/a- cher par violence fa condannation. " Il fauc (/») J9M XIX. 6, OCTORRE, NOVEMB. ET DeCEMB. I743. ^S^ faut remarquer que quoi que Pilate leur eue déjà dit dans le Chap. précédent, Jugez-le ^ous-mêmes y il n'étoit pas aie jufqu'à leur dire de fe charger de l'exécution. Supofé qu'il leur ajt fait éfeftivement ce petit reproche de fédition, il nedevoit pas s'en tenir-là. Il devoit les preiler d'aporter des preuves claires 6c précifes contre l'Acu- le. 5, Vous dites qu'il a voulu ufurper la 55 Roiauté , volons donc les démarches 55 qu'il a faites pour cela. Il a eu deflein, 55 dites -vous 5 de changer le Gouverne- 5, ment. Où font donc les Soldats qu'il a 55 levet dans cette vue? Faites moi voir 55 qu'il a amalle des Ibmmes d'argent pour 55 foutcnir une guerre. Indiquez où font 55 les provjTions qu'il a faites. Il s'agit de, 55 voir quels ont été les préparatifs d'une 5, femblable entreprife. " Vous parlez bien à votre aife , me dira- t-on,mais il faut fe mettre dans la fituation où le trouvoit Pilate. Obfédé par une trou- pe d'efprits échaufezqui ne vouloient point entendre railbn, il ne put pas faire ce qui fe pratique dans une information tranquile , & où l'on fuit les formalitez de la Juftice, Peut-être auilî a-t-il fait une partie de ce que nous exigeons ici de lui ; mais les E* vangélifles ne l'ont pas raporté, Let:r récit çfl fort abrégé , & l'on comprend aifémcnt qu'ils doivent avoir omis bien des circonf- tances de cette afaire. C'efi: donc mal rai- foncer que de conclure que PilaU n'em- I 2 pl©ia l32BfBLIOTHE(^UE BrITANNIQ^UE, ploia pas telle & telle raifon parce qu'el- le n'cfî: pas marquée dans l'Evangile. Cette Remarque efl jufte; je ne parlerai donc plus de ce qu'il auroit du dire, puis qu'on ne nous a raporté qu'une partie de fa conteftation avec le Peuple. Je m'arrê- terai feulement à ce qu'il auroit du faire, & qu'il paroit bien clairement qu'il ne fit pas. Sr. Jean nous aprend dans le Chap. XIX. deYon Evangile qu'après la conver- fation de J. C. avec Pilate ^ qu'il venoit de raporter , ce Juge cberchoit à relâcher Jejus (a) , mais que les Juifs demandèrent , par plu- fieurs cris redoublez , qu'il fut crucifié. Ce- pendant quelques vives que fulTent leur.s clameurs , faloit-il le faire mourir fur le champ, éc prévGîalement , comme l'on par- le ? Il y avoit un milieu à prendre entre le relâcher, & l'exécuter fi précipitamment; c'étoit de Tenvoier en prifon fous une fure garde, pour informer plus mûrement fur î'acufation intentée contre lui. Cet expé- dient fi fage efh tout naturel , 6c fe préfen- te comme de lui-même. Outre qu'il efi: tout a fait conforme à la Juftice, ce Juge au- roit pu efpérer quelque choie de ce renvoi. C'efl: beaucoup de gagner du tems dans ces ocafions délicates. Quelques femaines de prifon auroient pu donner lieu auxpaf- fions de fe ralentir. Après tout perfonne ne pouvoit blâmer ce fage tempérament. Je (a) Jîfin XIX, 12. Octobre, Novemb. etDecemr. 1743. 133 Je vous avoue, M o NSI EUR, que je fuis également furpris de ce que Pilate ne s'en aviia pas , & de ce qu'il n'elt pas venu dans refpric de tous ceux qui ont traité ce lii- jet. Je ne fâche pas qu'aucun Auteur aie reproché au Gouverneur Romain une irré- gularité aulli frapante que celle-là. Ne me dites pas , je vous prie, que peut- être Pilate voulut emploier cet expédient, mais qu'aparemment il n'agréa pas aux Juifs, & que le bruit que faifoit cette populace étourdit le Gouverneur. Il e(t bon de j-emarquer une fois ce que c'étoit que ces cris des Juifs. Il ne faut pas s'imaginer, comme il femble qu'on le fait ordinairement, que ce fut la totalité du Peuple de Jérufalem qui avoit ainfî confpi- re la perte de J. C. Ces clameurs viennent d'"une Troupe de gens apoftez par les Sa- criticateurs, & qu'il ne faut point regarder comme le gros de la Nation. On fait allez que le Peuple, à parler en général, efti- moit le Sauveur, & lui étoit favorable. On n'a qu'à fe rapeler l'entrée triomfante qu'ils lui avoient faite quelques jours auparavant. Permettez moi, Monsieur, déplacer ici une petite digreiTion fur une Réflexion de la plupart dcs'^Prédicatcurs. Ils apuient beaucoup, à cette ocafion, furrinconftance du Peuple. Rien n'eil: plus variable difent- ils. Il n'y avoit que quatre jours que J. G. avoit été 'reçu dans Jérufalem , comme un Roi, comm/eun Prophète, commic le Mef- i\c y au milieu des aclamations & des chants 1"3 ^^^ 154 BlBLIOTHEQ^UE BRITANNIQ.UE, de joie. Ici il eft traité comme un brouil- lon, comme un fédufteur; on Tacable d'in jures, & on iblicite la mort. Telle eft, dit- •on , l'inconltancc du Peuple , il change com- me les flots de la Mer. Je ne croi pas que cette Remarque foit bien dans fa place, parce qu'il y a tout lieu de douter que ceux qui avoient^alTifté à l'entrée triomfante du Sauveur, foient lesmêm.esqui ontfolicité fà mort. Il en faut proprement charger une petite troupe gagnée par \qs énemis de Je C. St. Jean le marque èxpreirémcnt. Il nous aprend que c'étoicnt les principaux Sacrifi- cateurs , & leurs Créatures, qui s'écrièrent qu'ilfaloit le crucifier (fij). Je reviens à notre llijet, & je dis que quand même on Tuporeroit que le nombre de ces ei]M'its échaufez qui folicitoient la mort de j. C. auroitété fort confidérable, ils ne pouvoient pas refufer l'expédient d'une prifon provifionnelle, fi le Gouverneur le leur eût propofé. S'ils y avoient réfifté, il n'avoit qu'à leur faire ce raifonnement fi fnnple & fi preflant en même tems. Ou J^é- fus eft coupable du crime dont vous l'a- cuicz, ou il efl: innocent. Lequel que ce foit des deux, je dois faire des informa- tions exaftcs, & ne rien précipiter. S'il ed innocent, je ne dois pas permettre qu'on l'opriri-e , ni avoir à me reprocher de l'avoir fait mourir injuflement. S'il efl coupable, il mérite bien la mort ; mais je dois aupa- •avant ( a ) Jean XI^\ 6, Octobre, No vEMc. et Decrmb. 1743. 135 ravantlui faire avouer f.\s Complices. Il y en a toujours beaucoup dès qu'il s'agit de fédition. Le cas deniarido donc abfolument qu'il foit envoie en prifon pour découvrir ceux qui pourroiencétre entrez dans ce com/lot, éc ne les pas lailTer impunis. Si quelcun avoic eu l'audace de s^opofer à une raifon fi forte, le Gouverneur n'avoii qu'à décla- rer que ceuK qui après cela demanderoienc la promte exécution du prévenu, feroient regardez par cela-mêmt:; comme des Com^ plices quicraignoient d'être décelez, (î on l'interrogeoit à ioifir dans I4 prifon. Mais je m'aperçois que je ne tiens pas la promefle que j'avois faite de ne pas inlîf- ter fur les raifons qu'auroit du enriploier Pi- îate pour ne fe pas rendre aux clameurs des ]uifs. Je vous avoue. Monsieur, que je me fuis engagé un peu trop légèrement. Ce dernier raifonnemcnt me paroit fi capi- tal que je ne dcvois pas le fuprimer, fbn importance doit l'excepter de la Règle que je m'étois impofée. On pourroit m'objecler qu'il n'étoit pas néceflaire d'cnvoier J. C. en prifon pour découvrir fes Complices, parce que peut* être cette recherch^^ fe fit fur le chamJD, c'eft à dire quand P//flî^ ordonna que ^éfus fut battu de verges. On fait que c'étoic-là une efpéce de Queftion parmi les Romains. On cite pour apuier cette Conjedure , un pafïcige de Ciceron où il cil dit "que la fia- gellacion étoic pluiôc une torture qu'un fu- plicc. Mais on ne trouve daas l'Évangile ï 4 aucune I3^> ÇlBLIOTHn Q.UE B. RIT A N NÏQ^UE, aucune çirconfcance qui nous donne lieu de la regarder de ce côté-là. Il parole que quand J. C'fubic cette peine. Ion arrêt de mort n'étoit pas encore pfononcé. Lachofe eft claire dans le Chap. XIX. de l'Evangile de* SU Jean. Ce raême Evangélifte nous ex- plique aUiTi clairement le but de cette fla- gellation. Elle fut ordonnée pour donner quelque fatiffaflion aux Juifs, & pour les apaifer , le, dellcin de Pilate étant de re- lâcher j^/'î/j- après ce châtiment. Mais 5 Monsieur, la grande dificulté fubfifte toujour.s. On demande encore , & on le. demande avec beaucoup de fondement, pourquoi Pilate , au lieu de ces voies de ri- gueur, qui même ne lui réuffirent point, n'empîoioitpasunmoienplusdoux,&en mê- me tems plus fur, qui étoit l'envoi dans une prifon pour éclaircir j'acufation. Il y a lontems que je cherche la raifon de ce qu'il ne le £t pas, fans avoir bien pu me-fatif- faire là deflus. Le feul Auteur qui ait ef- faîé d'expliquer la chofe, eft un AnonimiC qui n'en a même parlé qu'incidemment dans un Journal. J'ai donc lieu de croire que vous n'aurez pas remarqué fon Explication. C'efl dans la, Bibliotéque Germanique qu'elle fe trouve (a). Son principal but étoit de dé- vc!op?r le fens de cette Réponfe de j. C. à Pilate^ Vous n'aurier.aucun.pou'-jr.r furmoi ^ s'il ns vous a'voit été donné d'enbauî Çb). A cet- te (a) BihViot. Germin. Tom. XX7I. p, loS. {b ) Jean XÏX, lo . Octobre , Novemb. et Decemc. 17-43. ^57 te oçafion, il i^ous fait envifager la Paf- fiôn du Sauveur fous un point de vue tout nouveau. Vous y trouverez la Queflion qui nous embarafle , je veux dire, Puurqiioi Pilate n'en- vcda pas Je fus en pvij on \ pourquoi^ au lieu de prono7icer fi tôt Ja condannatïon , il ne s'en tint pas à Un plus amplement enquis? Voici Je fiftèrae nouveau pour répondre à cette diâculté, & à quelques autres. L'exécution que fit faire Pihte doit ê:re conçue autre-, ment que l'on ne le fait ordinairement. A- près avoir fupofé que les deux Malfaiteurs, qui furent crucifiez avec J. C. étoient des fédicieux, complices de la révolte de Bit' rahas ^ il croit que ces trois Criminels, in- dépendamment delà condannation du Sau- veur, dévoient être mis en croix le jour de Fâque ; que Pilate avoit donné les ordres né- cellaires pour cette exécution ; que Jéjïis fut fimplement fubftitué à Barrabas, qui fut délivré de la manière raporcée dans l'E- vangile. Voilà pourquoi le Sauveur fut mis au milieu , qui étoit la place deflinée au Chef de la fédition. Dans la manière ordinaire de concevoir cette exécution , il femble qu'elle s'efl faite toute tumultuairement, & que J. C. aiant été condanné avec une pré- cipitation extrême, on lui joignit brufque- ment deux autres Criminels, comme s'ils tivoientété fupliciez fans aucune forme de procès. On lève par là cette dinculté, & bien d'autres encore. Si l'on demande , par ^excmiple^ comment il eft poliible que les '• I 5 Sacri- I3S BlBLIOTHEQ^UE BrITANNIQ^UE, Sacrificaceurs aient folicité la mort du Sau- veur, pour le jour même de Pâque, puis qu'ils dévoient regarder une exécution pu- blique cûiiiTie une profanation de cette auguile Fête, notre Auteur répond qu'in- depeadammcntde leurs lblicitations,îcjour du fuplice étoit marqué par le Gouverneur Romain. Enlin pour venir préciféraent à notre Qu-iftion, il Ton demande pourquoi Filate n'envoia pas proviuonneilement J. C. ea prifon, pour avoir le tems de mieux éclair- cir cette afaire, voici la Réponfe. Il y a aparence, dit notre Auteur, que les Juifs lui repréfenrérent que puis qu'il avoit con- danné à mort des féditieux, pour ce jour- là même, il devoit néceflairement y join- dre Jéf'-t'S , qui étoit aulîi dans le cas, à qui devoit être regardé comme leur Chef, s'é- tant dit Ro^ des Juifs ; que le procès n'a- voit pas befoin d'une plus ample inllruc- tion 5 qu'étant Officier de l'Empereur pour connoitre de ces Crimes , un renvoi le rendroit fufpaâ: à fonMaitre, que par ces délais il fe feroit foupçonner d'avoir voulu fauver le Coupable , lui donner lieu de s'évader en diférann Ion fuplice. C'étoit doTic proprement le::écution pro- chaine qui rendoit fi prenantes les inilan- ces des juifs contre J. C. Figurons nous au- jourd'hui que des éncmis acharnez contre quelque particulier, veuillent le faire en- voicr aux Galères , fous le prétexte de quel- que calomnie inventée pour le perdre; fu- pofons Octobre, Novemb. etDecemb. 1743. 159 pofons encore que dans un jour ou deux, la Chaine des Galériens doive pafler dans cec- te Ville 5 il eft clair qu'ils faifiront cette cir- conftance pour accélérer leur pourfuice.Tout le monde fent que la conjondure les ren- dra plus preffans pour hâter la condanna- tion de celui dont ils ont confpiré la perte. Pilate dut donc fe trouver plus gêné & plus embarafle par l'exécution qui aloit fe faire. Voici encore une dificiilté que vous avez ouï faire plus d'une fois, qui s'aplanit par ce nouveau point de vue. Quand on lit , avec quelque ateniion , Thiitoire de la Paf- fion,on ne comprend pas, dit on, com- ment tant de chofes ont pu R^ palier en fi peu de teras. Dumoment qiiQyéius fut pris dans le Jardin de Getbfémané , jafqu'à celui qu'il fat ataché à la Croix , on ne peut guère compter que dix ou douze heures. Cependant combien d'événemens dans cet intervalcl Voiez ce qui fe paOë àjérufalem dès qu'on Ty £ut conduit. Combien de procédures, combien de Tribunaux diférens où il pa- roit? Dès qu'il fut jour, les Sacrificateurs s'aflerablent dans le Temple, où ils tien- nent conleil centre Jéjhs. De là il eil con- duit chez Pilate , qui l'envoie cnTuitc àHc- rode. Les contcftations entre ie Gouverneur Romain & les Juifs durent prendre du tems. Après la condannàtion , il falut pré- parer une Croix , oc difpofer bien de? cho- fes pour l'exécution. La marche de Jérufa- lem au Calvaire dut être longue, puis que I4oBibliotheq^ue Britannïq^ue, les condannez dévoient porter eux-mêmes l'inflrument de leur fuplice. On avance peu fous une (1 lourde charge. Dès qu'on fut parvenu, on atacha au haut de la Croix, un Ecriteau qui donna lieu à un incident. Les Sacrificateurs trouvèrent à redire à la manière dont on exprimoit le fujet de la condannation de Jéjus. On renvoie à Pi- laîe, qui ne trouva pas à propos d'y rien changer. Tout cela a du fe pafler 'depuis les neuf ou dix heures du foir, jufqu'aux neuf ou dix heures du matin. L'intervale eft court pour tant d'événemens que les E- vangélifles raportent , & peut-être pour quel- ques autres qu'ils ont fuprimez, car on con- vient que leur narration eft fort abrégée. Mais notre Anonime trouve aifément du tems pour tout, avec fa fupofition que tout étoit réglé à l'avance pour l'exécution pro- chaine. 11 rend raifon par là de la précipi- tation avec laquelle toute cette afaire fut conduite. Si les principaux des Juifs furent ocupez toute la nuit à des procédures, c'eft qu'ils vouloient faire palier J. C. avec'les Criminels qui dévoient être exécutez. Re- marquez, s'il vous plait, Monsieur, que leurs Rabins condannent les Interro- gatoires de nuit comme fort irréguliers. Mais les momens étoient trop précieux pour s'arrêter à cette irrégularité. Il ne faut plus parler du tems pour avoir une Croix, ou pour d'autres préparatifs femblables. Tout étoit prêt dès la veille , parce que le lendenjiain on devoit exécuter Barrabas , Octobre, Novemb. etDecemb. 1743. ^4^ & fes deux Complices. Barrabas fut relâ- ché, il fut acordé aux Juifs, & ils parvin- rent par leurs clameurs, à faire mettre Je- fus à fa place. Le Sauveur fut ataché à la même Croix que l'on avoit deilinée au Chef de la fédition. Après avoir gagné du tems de cette ma- nière, TAnonime s'atache enfuite à rendre fort vraifemblable fa fupofition,quele jour de Pàque avoit éié marqué pK)ur l'exécu- tion de Barrabas & de fes Complices. Il remarque d'abord que l'on fait mourir en public les Criminels , afin de miénager cet exemple pour donner au peuple de l'hor- reur du crime ; & pour rendre l'exemple plus éficace, on afefte. de choifir pour les fupli- ces les lieux les plus fréquentez,aufli bien que les jours qui font d'une plus grande afluen- ce. Il fuit de là afTez naturellement que c'é- toit à la Fête de Pâque , qui atiroit un monde infini à Jérufalem, que les Romains faifoient faire la principale exécution des Criminels, c'eft à dire celle des Séditieux. Quelque forte que fût la haine des Sacrificateurs juifs contre J. C. il efl dilicile de le perfuader que de leur propre mouvement, ils euffenc folicité une exécution le jour même d'une Fête fi folennelle. La joie publique qui devoit Tacompagner, ne pouvoit pas fou- frir un fi funefi:e fpeftacle. C'étoit , félon eux , une efpéce de facrilè^e que d'inftrui- re feulement le procès de quelcunce jour- là. A plus force raifon un fuplice infligé dans cette circonflance, leur devoit paroi- T42BiBLioTnEquE Britanniq^ue, tre tout à fait contraire à la majeflé ù, à k' fainceté de cette augufte Féce. On n'a pour, s'en convaincre, qu'à faire atention à Jeui' fcrupule d'entrer feulement le jour de Pa- que , dans la maifon du Gouverneur Païen. Il femble que Ton peut encore inférer que c'étoic cet Officier Romain qui avoit marqué alors le fuplice des Séditieux , de la coutu- tne établie de relâcher aux juifs un prifo- nier le jour de cette Solennité. Mais voici une objedtion de Dom Calmet que je ne dois pas dilTimuler. ,5 On pré- 5, tend , dit-il , qu'on atendoit des jours ,, de Fêce pour faire mourir les Criminels, „ afin qu'il y eût plus de témoins de leur ^, fuplice , ^ que l'exemple fût utile à la „ populace. Mais il paroit par hMifudy 3, que tou: ce qui étoit défendu le jour du j, Sabat , i'étoic aufll le jour de la Fêce fo- 3, iennelle, à l'excepuon de la nouriture 3, que l'on pouvoit cuire le jour de la Fête. „ Cependant, ajoute-t-il , voiez les mou- ,j vemcns que fe donnent les Prêtres 6c le „ Peuple ... le travail de porter la Croix 3, dont on charge Simon le Cyrenéen, celui ^, de détacher Jéfiis de la Croix &c. Tout „ cela eli: trop incompatible avec le repos ,, & la joie de ce grand jour. " Vous voiez bien , Monsieur, qu'il eft fort aifé de répondre. La dificulté feroit embarallante fi c'ctoient les Sacrificateurs , qui de leur propre mouvement , avoient choi- fi ce jour pour faire mourir jéfus. Mais en fupofant que c'écoicnt les Gouverneurs Ro- raain> Octobre 5 NovEMB. et Decemb. 1743. 143 mains qui avoient déterminé l'exécution des Séditieux à cette Fête, toutes ces iiii- cultez sevaîîouiflenc , ou plutôt elles ;e tournent en preuves. Rien de plus mince que lobjcdtion tirée du travail de porter la Croix mcompatible avec l'oofcrvation du jour du repos. Ce fu.-cnt apiremiTient xes Soldats Romains qui contraignirent Simon àfe charger de la Croix. La defcentedela Croix doit faire encore moins de peine. J C. aiant été exécuté, fon Corps en'devoitérre détaché. Il y avoit une Loi exprcfTe pour cela. La Loi ne vouiot pas que je Cada- vre des fupliciez demeura: expofé (ù). A- près tout, quand Dom Calmet nous auroic prouvé que cette fupofition fait violer aux Sacrificateurs la Loi Cérémonie île fur plu- fieurs articles, il ne feroic pas fore avancé , puis que tout le monde convient qu'ils com- mirent bien d'autres irrégularitez plus elîèn- cielles. Ce Commentateur ne s'en tient pas là. Il revient encore à la chor^e d.^ns les Nores fur le XI! Chap. d.^s Aclcs des Ai=ô-es. Il eft dit qu'Hérode At;rippa aia.n!: fait arrêter St. Pierre , avoit deftem J.e lefi^re Mv-:rir de- *va7iî tout h Peuple ^ après la Fcte de Pdque. „ Ce Fr rce , dit D'n: Czlihtt , vcuiUC 5, diférerc :ite exécution jiifqu'après Pâque, 5, aparemmenr parce que pendant îes jours 5, de cette Solmnité, li n'étoit pas permis „ de faire mourir un homme de mort vio- „ lente. (/») Dtmtr, XXL II, Î44B IBL lÔTHEQUE BrITANNIQ^UE, 3, lente. On remettoit après les Fêtes le" 5^ îliplice des Criminels. Ceux qui précen- 35 dent que notre Sauveur fut crucifié le 35 jour même de Pâque, ajoute-t-il, fetrou- 3, vent embaraflez par cet exemple , &; cher- 35 chent divers moiens d'expliquer ce délai „ d'Hérode. " Pas le moindre embaras là dedans , fi l'on veut bien fe rapeîer qu'Agrippa étoit Juif ^ & qu'il avoit à Jérufiilem le droit de vie ce de mort, dont fes Prédecellcurs il'avoient pas joui. Tant que ce furent les Gouver- neurs Romains qui condannoient à mort les Criminels , & qui les faifoient exécuter, ils cherchèrent les jours du plus grand con- cours du Peuple , afin que l'exemple fit plus d'imprcfiion , & ils fe mirent peu en peine de l'idée qu'avcient les Juifs delà fain- teté de leurs Fêtes. Mais Agrippa, qui fai- foit mourir les Apôtres précifément pour faire plaifir aux Juifs y comme le remarque St. Luc, n'avoit garde de heurter ainfi les préjugez de la Nation fur la fainteté du jour de Pâque. Par cette raifon il voulut difé- rerle fuplice de St. Pierre de quelques jours. II l'avoit marqué à la fin de la Fête qu'il y 'devoit encore avoir beaucoup d'Etrangers à Jérufalem. Par ce petit délai il trouvoit le m-oien de refpedterles idées des Juifs, & de rendre cependant la mort de cet Apôtre afiez éclatante. J'oubliois une autre dificuké que notre Anonimc s'efh faite, & qu'il a bien prévu qu'on ne pouvoit pas inanquér de lui fah-e , c'ert Octobre, NovEMB. et Decemb. 1743. 145' c'eft que les Evangélifles nous repréfentenc la monde ]. C. tout autrement que lui. Dans la defcription qu'ils nous font de cette exé- cution le Sauveur ell le fujet principal , (Se les Qfux Malfiùteurs femblent n'y venir qu'incidemment. Il répond que cette ob- jedlion ne fera aucune peine, dès que l'on voudra bien faire réflexion que c'efl l'hifloi- re de j. C. & non celle de ces féditieux que les Evangéliftes nous donnent. Le Sau- veur eft le grand objet qu'ils ont voulu nous mettre devant les yeux. Il rend la chofe fenfible par une comparaifon tirée de la Peinture. Dans un Tableau, le Héros cd mis fur le devant & dans le jour le plus propre à atirer nos regards. Pour les autres Figures, le Peintre les arrange d'une ma- nière à fraper moins le fpeftateur. Sans prêter trop d'art aux Ecrivains facrez, ils doivent avoir fuivi cette métode , en nous peignant la mort de J. C. Après tout, die notre Auteur, ie Sauveur aiant été fubfticué à Barrabas, le plus coupable des féditieux, il ne faut pas être furpris s'il ocupe dans cette Peinture l'endroit le plus aparent, quoi qu'originairement l'exécution eût du fe fai- re fans lui. Le grand principe de notre Auteur poiii' rendre raifon de la conduite de Pllate , elt donc qu'il fe trouva extrémem.ent gêné par l'exécution prochaine des Séditieux. C'eft là, félon lui, ce qui donnoit le plus de for- ce aux folicitacions des Juifs. La perplexité du Gouverneur Roraaindut être encore plus Te purent refifler à la valeur de leurs Ennemis; de forte que l'E- ternel en livra une grande multitude entre les mains de George Roi d'Angleterre. XIX. Les François furent donc obligés de fai- re une Retraite précipitée & de fuir devant les Octobre, Novemb. etDecemb. 1743. 15J les Anglois^- & il en tomba plulîeurs dans les Bois de Dettingen. XX. Et la Bataille fé renforça contre Noailles, Chef de TArmée de France, car les Anglois le ferroient de fort près; 6c fon Fils reçut une bleiTure au ventre. XXI. Or il arriva , que , dans le fort du com- bat , un boulet de canon , tiré à l'aventure du Camp des François, frappa Clayton qui en mourut ;& le Roi &; toute l'Armée d'An- gleterre en menèrent deuil, & le pleurè- rent pendant plufieurs jours. XXII. Et le Roi George & le Prince Guillaume fe comportèrent vaillamment durant la Ba- taille, animant les Soldats, & combattant Tun & l'autre dans les premiers Rangs. XXIII. Et les Anglois pourfuivirent les François, & en firent un grand carnage, depuis le Vil- lage de Dettingen jufqu'aux gués de la Ri- vière ; favoir , pendant l'efpace d'environ quarante-huit Stades. XXIV. Et il y eut plufieurs Princes de France qui furent tués , 6l d'autres qui furent faits prifouniers; Zl il tomba environ cinq mille hommes du Peuple ce jour-là. XXV. ^ Il y eut auffi plufieurs Anglois , qui s'en- richirent, ce jour-là, du grand butin qu'ils firent fur leurs Ennemis ; favoir, jufqu'à la valeur 156 BlULIOTHEQ^UE B R IT AJ^Nl QUE, valeur de mille Sicles & plus, fuivanc le Sicle du Sanctuaire. XXVI. Et les Anglois firent de gi'andes réjoui'f- fances de ce que le Roi & le Prince étoienc échapés heureufement de ce danger , & aufîj pour la Victoire que Dieu leur avoit donnée fur leurs Ennemis,* & ils entonne- ret't des Cantiques d'aîégreire,diranç : . XXVII. „ La gloire de l'Angleterre efl exaltée, „ l'honneur de la Bretagne eft hautement ,^ élevé; & la frayeur elt tombée fur nos „ Ennemis. XXVIII. I* „ Divulguez ceci dans Londres, & pu- „ bliez le dans les Places de Weftminfter: 5, Que les Filles d'Angleterre fe réjouïiTent,* 5, que les Filles de la Bretagne treflaillent "'^^"^" XXIX. 3, Car lafiéche de l'arc deGuillaumen'efl „ pas retournée en arriére fans être teintç 3, du fang des Morts & de la graille des 5, Forts; 6c l'épée de George n'eft pas re- „ tournée fans eifet. XXX. 5, George & Guillaume, fi aimables (Se „ fi agréables pendant la Paix, n'ont point 3, été féparés durant la Guerre : Ils ont été 5, plus légers que desAigles,plus vigilans que „ des Faucons, & plus forts que des Lions. XXXL 5, Filles de la Grande-Bretagne, réjouiif- fez- OCTORRE 5 NOVEÎ^ÏB. ET DfGEMB. I743. I57 5, fez-vous fous l'heureux Règne de Geor- 3> gG, qui vous revêt d'écarlate, qui vous 5, raie vivre dans les délices, & qui vous „ fait porter des ornemens d*or fur voà j, vécemens. " XXXII. Le Roi ajouta de plus, & dit: „ L*Eter- 3, ne! effc ma roche &; ma forterelTe, il eft moa 5, bouclier & ma force : C'eft lui qui dreÛe 5, tellement mes mains au combat , que „ mes bras ont rompu un arc d'airain. XXXIII. 5, J'ai pourfuivi mes Ennemis, & je le^ „ ai exterminés ;& je ne m'en fuis point re- 5, tourné jufqu'à ce que je les euIPe con- „ fumés. XXXIV. 55 Te les ai confumés , & je les ai tranf- 55 percés,- & ils ne fe font point relevés, 5, mais ils font tombés fous mes pieds. XXXV. 55 Car tu m'as revêtu de force pour le 5, combat; tu as fait plier fous moi ceux 5, qui s'élevoient contre moi. XXXVI. „ Tu as fait aufli que mes Ennemis & j», ceux qui me haïiïbient ont tourné le dos „ devant moi, & je les ai détruits. XXXVII. ,, Ils regardoient çà & là , mais il n'y 5, ayoit point de libérateur: & je les ai bri- „ fés comme la poulTiére de la terre; je les 5, ai foulés & écrafés comme la boue des ,. ruës^ & je les ai poufles dans la Rivière. XXXVIIL ijS Bibliothèque Britannique, XXXVIII. 3, C'efl le Dieu Fort qui m'a vangé , & 3, qui a confondu mes Ennemis : Ceft pour-. 5, quoi, ô Eternel, je te rendrai mes ac- „ tions de grâces, je chanterai tes loiian- „ 2;es & je pfalmodierai à ton Nom. XXXIX. „ Le Dieu Fort eft mon rocher & la ,, corne de mon falut, il eiï ma haute re- 5, traite & Ja tour des délivrances pour „#fon Roi; c'eft lui qui fait miféricorde à 5, George fon Oint & à fa Poftérité à ja- ,, mais. " XL. Quant aux autres Particularités de cette Bataille, comme le nombre desPrifonniers, les Trophées érigés après la Vidloire, les Exploits les plus fignalés de nos vaillans Hommes de Guerre, voilà, ne font-ils pas écrits dans les Regîtres de Newcaftle le Se- crétaire ? ARTICLE VL Philosophical Transactions &c, Cefl-à-dire: Tranfa6lions Philofophiques de Ja Société Royale de Londres , N°. 467, 468 , 469. ^ J Londres. Chez T. Woodward ^ C. Davis Imprimeurs de la Société , 1114. MDCCXLUL Octobre, Novemb. et Decemb. 1743, '5f N^ 467. TranfaStions Pbilofopbiques pour les Jexiàis 13 6^20 de Janvier ^ 1742-3. LEs propriétés merveilleufcs du Nouveau Polype ^ dont dous avons fait mention plus d'une fois dans les Parties précéden- tes de ce Journal 5 font tellement devenues l'objet de la curiofité & des recherches de quelques-uns des Membres de la Société Royale, que Mr. Cromwell Mortimer Secrétaire de cette illuftre Aflemblée , n'a donné dans ce N^ 467 des Tranfactions que des pièces qui s'y rapportent. Ces pièces au nombre de trois occupèrent les Acadé- miciens dans les deux premières Séances de Tannée 1743. En voici les Titres. I. Extrait d'une Lettre de Mr, Gujllau- TsîE Bentinck Eciiyer^ Membre de la Société Royale à Mr. Martin Folkes Ecuyer ^ Pré- fident de cette Société , en lui envoyant de la Haye le Mémoire fuivant de Mr. TREi^rELEY. Dans cette Lettre écrite de la Haye le 15 de Janvier 1743. N. S. Mr. le Comte de Ben- tinck , almre Air. Folkes , que le MémiOire qu'il lui envoyé en François, parce qu'il :;'a pas le loiiir de le traduire, efl un ex- trait lidèle des obfervations de Mr. Trern- hley, & qu'il répond lui-même de la vérité des faits que l'Auteur y avance , parce qu'il n'y en a pas un , qui n'ait repafle plus tle vingt fois fous fcs yeux. Ce Seigneur ajoute , Uk) Bibliothèque Eritanniq^ue, ajoute, qu'ii ne doute pas qu'on ne trouve les nouveaux: Infeétes en Angleterre ; qu'en tout cas il fera facile d'en envoyer à Mr. Folkes , & que Mr. Trembley lui donnera toi!- tes les direclions nécelîaires pour les con- ferver, & pour les nourrir, le faifant un Foint d'honneur d'être communicatif , & de ne rien cacher de ce qu'il a découvert fur ces Infcdes; enfin que s'il a quelques dou- tes, ou s'ji lui faut.de nouveaux cclaircif- femens, il n'a qu'à écrire à Mr. Trembley ou à lui-même, bien perfuadé, que répon- fe lui fera faite à la première occaficn cjc, II. Obfer'cations oj^ Expériences Jur le Po- lype d'eau douce, par Mr. Trembley à la jHaye {ff traduites en Anglois par P. H. Z. XvUmhre de la Société Royale. C'ell là le Mé- moire dont nous venons de parler. Nous nous ferions un plaifir de lui rendre fa pre- niiére forme, en le donnant ici en Fran- çois ; mais comme nous apprenons que l'Au- teur va inceflamment publier, dans cette langue , fes curieufes découvertes fur le Folype, qui lui doit aélucllement toute fa réputation, nous ne nous bazarderons point à le prévenir. Perfonne n'ell aufli capable que ^Ir. Trembley, de bien décrire ce qu'il a lui-même obfervé avec tant de dextérité & de patience. III. Extrait de ce que dit Mr. de Reau- MUR dans la Préface de 7072 Sixième Volume ^5 /'Pliftoire des Infeèles, touchant les Ex- périences cf les ohfervations précédentes ; lu à la Société Royak immédiatement après le Mémoi- OcrOERE^NovEMD. ET DeCEMB. I743. iCl je dont on 'vient de faire mciUion, Ici nous 'pouvons marcher à pas allure en laifîant parler Mr. de Réaumur , & en empruncanC de lui-même les exprelTions donc il s'eil fervi. Le public accoutumé à admirer tout ce qui part de la plum.e de cet imcompa- rable Naturalise, feroic juftement indigné fi nous ofions lubflituer à l'original , des ternies qui n'en rendroient jamais afiez la noble élégance. Voici donc les propres paroles de cet homme iiluftre. „ Après nous avoir fait connoitre des ,, Animaux qui deviennent féconds fans ac- 5, couplement, après nous en avoir mon- 5, tré d'autres qui dès le moment de leur j, naiiïance, égalent en toute dimenfion le 5, Père ou la Mère h. qui ils la doivent, 3, THifloire des Inlèdtes, pourroit elle en- 5, core nous offrir des prodiges capables ,, de nous étonner? Elle en a néanmoios 5, un autre à nous apprendre auquel nous 5, n'avons pas encore été afiez préparés par 5, ceux dont il vient d'être fait mention, 5, 11 faut porter la foi humaine plus loin j, qu'il n'eft permis à des hommes éclairés, ^j pour le croire fur le premier témoignage 5, de celui qui le raconte, & afiure l'avoir 5, vu. Peut on fe réfoudre à croire qu'il ,^ y ait dans la Nature des Animaux, qu'on ,5 multiplie en les hachant, pourainfi dire, 5, par morceaux .'Que d'un Animal on puifie „ en^ avoir deux complets après un tem.s 5, afiez court en le coupant en deux par- j, tics! Que fi on le coupe en trois, on aura Tome XXII Pan, l L ,, noii î62 BlBLIOTHEQ^UE ErITAîTNIQ^UE, 5, trois Animaux femblables & égaux à ce- ^} lui qu'on aura divifél Qu'enfin ii y a cel ^y Animai^ qui étant civifé en 8, lo, 20, 5, 30, 6c 40 parties, eir multiplié autant de fois; chaque huitième, chaque dixiè- me, chaque virigcième, chaque quaran- tième devient un Animal, fembiabic à celui dont il a été une petite portion. II ell cependant certain que des InleCTtes peuvent nous faire voir un phénomène Il peu concevable. Ils ont la propriété très-admirable mcm.e dans Iqs Plantes, de pouvoir être pour ainû dire mul- tipliés par boutures. Ceux à qui elle eil accordée ne font pas aHujettis à paf- fer par diférentes métamorphofes. Ils ne. font donc pas de ceux dont il s'agit dans ce Volume ni dans les p''écédens. . . Ce ne fera que dans le d-rnier Volume que . nous parlerons des Animaux qui conler- vent pendant toute leur vie la forme qu'ils avoient en naillant; 6l c'eit à dc^ efpéces de ces derniers qu'on a décou» vert la propriété de pouvoir être multi- pliés, par une voye qu'on ne croyoit efficace que pour lés ftirc périr. Nous n'avons ras ju^^é néanmoins devoir diffé- rer jufqu'à ce que la iiii":e de nôrre Ou- vrage, nous t'it- conduits à donner rhil-. toîrc de ces Irifecles, à attefler la vérité. d'un tait qui a intérciiè. la curiofité de tous ccuT qui en ont entendu pai'ler. La nécefiité de le faire plufirot m'a été mon- trée, par. Ic.Ti'and nor/ibic de queltjons, „ qui" Octobre, Novemb. et Decemb. 1743. 16^ 5, qui m'ont été faites foit verbalement foie 35 par écrit fur fa réalité. Autrefois c'étoic ,, peut-être un titre à un fait pour être crii 5, que d'être merveilleux, mais ce qui m'a „ paru prouver à l'honneur de notre Sié- „ cle que généralei-nent parlant on eft par- 5, venu à favoir douter, c'eft que quoique „ la découverte des Infedles qu'on mu.lti- 35 plie en les coupant par morceaux, aie 5, fait une nouvelle dont on s'cfl beaucoup „ entretenu à la Cour 6c à la Ville, cepen- 55 dant je n'ai vu aucune perfonnc qui l'ak „ crue fur le premier récit quelle en a- ,5 voit ouï. „ D'ailleurs on ne fauroit trop tôt ren- „ dre très-publique une découverte, qui à ,, la vérité déroute nos anciennes idées & „ nous jette dsns de nouveaux embarras y, flir la rature des Animaux & fur leur con- 5, formation la plus intim?, mais qui étend ,:, nos vues & peut nous en faire naître de 5, nouvelles. Au m'oins nous ap; rend elle 5> que touces les merveilles que nous avoas 5, apperçues dans l'org-amiation de certains y, Animaux ne font rien en comparaiibn de ^, celles qui y exiflenc réellement. Au 5, reile ce n'efi pas affez d'attefter la véri- 3, té d'un fait fi étrange, il e(t nécefaîre ,, & julte de mettre en état de le voi^ & „ revoir ceux qu'on veut convc.mcre de ,5 fa réalité. „ Un hazard a pu feul donner occafion „ de faire une découverte, que la raifoa ,, permet à peine de croire après qu'on ia L '> vue-. 164 BlBLIOTIIEQ^UE BrITANNIQ^UE, 3, vue ; mais c'a été un de ces hazards qui 5, ne s'offrent qu'à ceux qui font dignes de „ les avoir, ou pluilotqu'à ceux qui lavent 3, fe les procurer. IMr. Trembley originaire 3, de Geîiève 6c qui fait adlueilement la ré- 33 fidence à la Haye en Hollande, inflruic 3, que dans difcrentes eaux on trouve difé- 3, rentes fortes d'infeéles qui méritent d'é- 3, tre étudiés, voulut connoitre celles qui 33 fe tenoient dans l'eau d'un foflequi étoit ,3 couverte de lentilles; il en remplit un 3, vafe de verre . . & ne fut pas long - teras 33 fans ïippercevoh- de petits corps d'un 3, beau verd dont plufieurs s'attachèrent 3, contre les parois tranfparentes du vafe . . . 3, Ils étoient mois, & fans changer de pla- 33 ce ils pouv oient prendre fucceffivement 33 de nouvelles formes. Sous celle qui étoit 33 la mieux terminée 6i la plus allongée cha- ^3 que petit corps relîembloit aflez à uncy- 3, lindre , dont un des bouts étoit appliqué 3, contre les parois du vafe & dont l'autre 33 jettoit des efpéces de branches, ou pluf- 33 tôt de cornes 5 tantôt plus& tantôt moins 3, longues dont le nombre n'étoit pas tou- 3, jours égal. Quelques fois fept à huit fe 33 montroient dans le miême temps; quel- 3, ques fois il n'en paroifibit que deux ou 33 trois; & quelques fois toutes étoient ca- 3, chées. . . Mr. Tremhley découvrit qu'ils ,3 avoient un mouvement progrcffifà lavé- 3, rite très-lent ; il s'alTura même qu'ils cher- 3, choient la lumière. . . cependant il douta ., s']l dévoie les prendre pour des Animaux, 33 eu OCTOT-RE, NOVEMR. ET DecEMB. I743. ^^5 „ OU s'il ne dcvoic pas pluftot les regarder 5, comme des Plantes d'un genre de SenOci- ves. . il coupa en deux tranfveiTalemcnc quelques-uns de ces petits corp^ efpérant que S'ils écoient des Plantes, chaque moi- tié étant remife dans l'eau, continueroic d'y végéter. . il fe fit auiîî dans chaqu'une une reproduciion à. plus promptemenc qu'on ne s'y iéroit attendu. Les cornes manquoient à l'une ; après un jour ou deux des cornes repoulierent fur le bout de celle-ci fait par la reâ:ion... & le bout de l'autre partie fut refaçonné en moins de vingt &. quatre heures. ,, îvlr. Trembley . . dans une fage défian- ce, . . n'ofa pas encore décider . . il dé- fira que je l'aidafie à prononcer. Après m'avoir fait part dans le mois de Décem- bre 1740. de fes Obfervations, il me fit: parvenir par la pQfi:e plufieurs de ces pe- tits corps finguiiers dans une boureille pleine ^d'eau; je les reçus pleins de vie. Malgré ce qu'il m/avoit écrit du prodige qu'ils luiavoicnt fait voir, je ne pus leur refufer une place parmi lesinfeftes aqua- tiques. . . De concert avec Mr. Bernard de Jdjfim^ qui en avoit obfervé aux cn- viror.s de Paris, & fait deffiner une cf- péce du même genre mais plus jurande &: d'une autre couleur, je leur impoTai la nom de Polypes parce que leurs cornes „ nous parurent analogues', au bras de l'A- ,, nimal de mer, qui efl en polTefiion de j, ce nom.. Mr. Trembley l'adopta d'au:ant L 3 » plus i66 Bibliothèque Britanniq^ue, 5, plus volontiers que fes obier vations afli- 5, ducs lui firent bientôt découvrir, que „ ce?.. Polypes d'eau douce étoicnc vo- 5, races, que leurs cornes écoient de vrois ,, bras avec Iciquels ]ls fiivoienc atcraper 5, des infedtcs, qui fou vent n'étoient guc- „ res plus petits qu'eux ù, qu'ils avaloient 5, cependant tout entiers .... 5, j'avoue .. que lorique je vis pour la 3, première fois deux Polypes fe former peu 5, à peu de celui que j'avoJs coupé en deux , 5, j'eus peine à en croire mes yeux, &c'eft 5, un fait que je ne m'accoutume point à ^, voir, après l'avoir vu (k revu cent & cent j, fois. Non feulement d'un Polype cou- 5, pé en deux ou en trois tranfverfalement, 5, on a fouvent au bout de peu de jours 3, deux ou trois Polypes , mais les mor- 5, ceaux d'un de ces Infeétes coupé longi- 5, tudinalement, deviennent de même des 3, complets, &plus vice encore: en moins 5, de vingt -quatre heures chaque moitié 3, fe trouve en état d'attraper d'autres petits 3, animaux, de les avaler & de les digérer. 5, Cette dernière façon de les couper a même 3, fait imaginer des'Monflres beaucoup plus 5, compofés que ceux dont la Nature nous ^, a donné jufqu'ici des exemples . . . Mai^ 5, je. n'ai garde d'entrer actuellement dans 3, le détail de ces fmgularités ... on en fera inflruit par l'Hiftoire complette de ces Polypes à laquelle Mr. Trembley met ac- tuellement la dernière main : le public raiiciîdroit avec une extrême impatience ,, s'il Oc^OBRE5^.'OvEMB. ET DECEî.rB. 1743. ^^7 ,, s'il favoic comme je le fais, combien elle 5, doit lui apprendre de faits curieux , & „ avec quel plaifir, il lira les oblervations ;j, iines au moyen derqueiles Mr. Trembley 5, efl parvenu à voir tant de finîrularités. 5, Dès que la découverte de Mr. Irenzbley ,, fut connue des Savans qui fe plaifent 55 à étudier les Infectes, ils juG;crent que 5, les Polypes ne dévoient pas être les feuls 3, auxquels il eût été accordé de pouvoir 5, être multipliés d'une façon fi ét-ange.. . „ Mr. Bonnet (a) ne fut pas long-tems ,, fans découvrir une efpéce de Ver? longs 3, quelques fois de plus de 15a 16 lignes, „ mais rrès-deliés qui fe tiennent au fond 5, de l'eau dans h boue , . .. Ci dont let ,, plus petites parties peuvent devenir des ,, Vers parfaits. Des expériences fembla- „ bies réulîjrent à Mr. Lyoïmst {b) fur des 3, trentièmes 5i même fur'des quarantièmes 3, parties de Vers d'une efpéce plus gran- „ de , que celle dont il vient d'être parlé . . . „ . . Le Père Mazonnelli Prêtre de l'Ora- „ coire, grand amateur de l'HiftoireNatu- „ relie, qui demeure à Rome, méritoit de „ favoir des premiers la fingularité nouvel - ,, lement découverte. Il n'eut pas pluflot 5j été inftruitpar une de mes Lettres. . qu'il 3, coupa en trois des Vers aquatiques un peu 3, moins grands que les Vers de terre ordi- ,3 naires..6c il eut le plaifir de voir^ la re- (tf) A Genève. (^) A La Haye. production l6^ BrsLIOTHEQ^UE B P I T A N N I (^UE,v 55 production qui commençoit à fe faire dans 35 chaque porcion. . . ;,, La propriété de devenir un Animal 55 complet rende dans chaque porcion du corps de certains Animaux.. ]'ai trouvé cette fécondiré û fingulicre dans trois d;- férentes efpéces de Polypes. . en difé- rentes efpéces de Vers fans jambes, dont les uns ont une forme telle précifément que celle des Vers de terre, & donc les 35 autres . . . reffemblent plus à de petites 35 Anguilles. . . dans des S2ng-fiLesLim2ces. . . 35 dans des Mille-pieds aquatiques, .que j'ai coupés plufieursfois en deux, &fouvent en moins de dix jours chaque moitié efl: devenue un Infccte complet... Les ex- périences que j'ai fait faire fur des Mille- pieds de mer d'une tout autre longueur. . n'ont pas eu le m.éme fuccès5 mais les cf- fais n'ont peut-être pas été encore' alTez répétés ni allez luivis. 55 J'ai pourtant penfé qu'il y avoit des efpéces d'Animaux de mer beaucoup plus grandes que toutes celles d'eau dou- ce fur lefquelles on a fait des épreuves,, qui pouvoient ê:re multipliées par les fections . . comme les Orties , à. les Etoiîjs de mer. . Mon projet avoit été . . défaire cet exav.ien pendant les vacances de 1741. .. mais les affaires qui m.e retinrent chez 33 moi à Réaumur ne me permirent pa- de 35 l'exécuter. .. l\lr.Bernardce J'iffirdÇ<^rQn' 5, dit furies Côtes de Normai:die. . ^ Mr. «5 Guttard fur les Côrcs de Poitou... Ils ,, virent OcTOBRSj NOVEMR. ET DeCEMB. I743. lôf j, virent des Etoiles , & m'en apportèrent 5, qui n'avoient que quatre grands rayons ^, égaux & un cinquième encore nailîant, ,5 ils en trouvèrent d'autres à qui il n'étoit 5, refté que trois grands rayons & qui en avoient deux extrêmement petits. . Enfin ils virent plus d'une fois un feul & grand rayon duquel quatre petits commençoient à Ibrtir. Des pêcheurs qui remarquèrent que Mr. de J'-uficu les coup oit & les dé- 33 3> 5» 3> 3Î „ chiroit , lui dirent qu'il auroit beau 5, faire , qu'il ne parviendroit pas à leur 5, ôter la vie. Ils étoient accoutumés à ,5 voir une reproduction , dont les Phyfi- 5J cicns n'avoient pas même foupçonnc la ponibilité. Les parties en lerquelles Mrs, ,, de Jitjfieu & Gueiard avoient divile cha- 3, que Etoile leur parurent fe porter bien: ,, ils virent leur playc fe cicatrifcr & fe ,5 confolider, mais il ne leur fut permis de 5, rcder fur la Côte qu'environ une quin- „ zainc de jours , temps trop court pour ,5 fuivre les progrès d'une reprodudion qui ,,' n'eft complette qu'après plufieurs mois, ,, ou peut-être après plus d'une année; elle 5, fe fait moins lentement dans les Orties ., quoique quinze jours ou trois femaines 5, ne fumlent pas pour la rendre complette.... 3, Mr. Gérard de Fillars Docteur en Ivlc- 35 decine.. a^\anr quitté le Poitou & repris „ la Rochelle pour le lieu de fi réfidcnce. . 3, m'a écrie qu'il étoit parvenu à avoir des ., mxoitiés d'Orties dont les cicatrices s'é- 3j toient parfaitement rebouchées k qui é- L 5 toient 17^ BlBLIOTHEQ^UE BRITANNIQUE^ 3, toient de^-ppues des Orties parfaites . . „ lia vu aufn à des Etoiles des rayons iiaif- ^5 fans, en la place de ceux qu'il avoitcm- 3, portés. „ L'eau qui huiTiCdle continuellement 3, lesplay^s dcc portions dej'iniecle qui a 3, été coiùpé en deux, en trois, ou en un ,, plus grand nombre de parties, conferve „ ces plaies dans un état favorable à la for- „ jnation de la cicatrice & à l'efpéce de 33 végétation qui doit s'y faire.. Comme 3, don: il y a des înfedles terreilres qui vi- 3, vent dans des iieux où leurs pîayes peu- „ vent être tenues contii .tellement humi- „ des . . ainfi que diférentes efpéces des 3, Vers de terre, il étoit naturel de foup- 3, çonner que ces Vers pourroient être de 3, ceux que l'on multiplie en les coupant . . 35 Mr. Bonnet & moi avons rais chaqu'un 3, de nôtre coté de ces Vers à l'épreuve . . » 3, J'ai commencé par en couper en deux. 3, -La partie antérieure quoique je ne lui eufic pas laiiïe la moitié de la longueur de la partie poflérieurc a pam avoir peu fouffcrt . . fouvent en moins de deux jours elle a été un nouvel Animal beaucoup plus court cà la vérité que celui dont elle 3, avoit fait partie, mais en état de remplir 3, toutes Tes fondions. L'anus s'étoit bien ., fonné au bout produit par la fedion , & ,, étoit rebordé comme il l'efl dans l'état ,, ordinaire. Jl ne manquoit plus à cenou- ., veau Ver que de croître en longueur, 3, d'acquérir celle qu'avoit eue l'ancien , c'eft Octobre , Noveme. et Decemb. 1743. '7^ ^, c eft ce qui s'eil: fait peu à peu & qui a* 5, demandé plufieurs mois. Mais la repro- 5, dudion qui fe doic faire dans la playe de ^, la partie poftérieure d'un pareil Ver eft ,, bien un autre ouvrap'e , que celle d'un ,, anus , & que celle d'une fuite d'anneaux ,, aflez uniformes. Une tête s'y doit for- „ mer ou développer; à peu de diftance „ de cette tête , doivent fe reproduire tant „ dans l'intérieur qu'à l'extérieur, les par- „ ties propres au fexe du mâle , & d'au- ,, très propres à celui de la femelle,* les ,, unes &; les autres doivent non feulement fe trouver dans !e même Ver, elles doi- „ vent y être doubles, auffi n'eft ce qu'au ,, bout de trois ou quatre mois ou environ ,, que la partie poftérieure des Versdeter- ,, re les pius communs devient un Verpar- „ fait. Plufieurs de ces parties poflérieu- 5, rcs périffent avant que d'y parvenir fur ,, tout 11 on ne fait pas les mettre à l'abri ,, des dangers dont nous parlerons ailleurs 39 mais le tems que demande cette repro- duction & les attentions nécelTaires pour ,, la faire réuffir ne diminuent en rien le prix de la merveille. , Les Vers de "terre ne font pas appa- remment les fculs Infeftes terrcftres qui puiOent être multiplié? par une voyc qu'on ne dcvoit pas foupçonner propre „ à être employée pour cette fin ; mais les ,, efpéces que nous avons indiquées tant ,, des Infe6ics d'eau douce que de ceux de 5, mer fuffiroient pour nows prouver qu'une ,, propriété ITaBiBLIGTHEqUE Br IT A NNI Q^UE, 5, propriété fi inconcevable a été accordés ^, à bien des efpéces d'Animaux; peut-être 3, s'étonnera-t-cn par la fuite , du moins 33 ne fauroic oo s'empêcher de regretter, 35 qu'elle n'ait pas été accordée générale- 33 ment aux Animaux de toutes les efpéces. 35 Mais il fcmble qu'elle étoit due par pré- 35 férencc à ceux dont le corps fragile eft ,,. fouvent en rifque de fe cafler . ..^Appa- 35 remmène, qu'elle aura encore été accor- ,3 dée aux ïniedles à qui il arrive fouvent, 33 de n'être m.angé qu'en partie par d'autres 35 Infeûes ou par de plus grands Animaux 35 pour la pâture defquels ils font deftinés. 35 Les Vers de^terre 5 par exemple, font 35 fouvent expofés , à avoir l'un eu l'autre 35 bout de leur corps mangé par les Tau- 3, pes. " Voilà le précis & la fubftance de ce que la belle Préflice de Mr. de Réaiimur con- tient 5 de relatif au nouveau Polype d'eau douce. C'eft à regret que nous n'avons pas entièrement copié cet admirable morceau, fi digne de la miain du grand Maitre à qui ie public en eli: redevable. N^ 4^8. . Buio de jan-cïer au 3 de Février 174^.-3. T. JoHANNis Marchionis Pôle ni R. S. S. Di no^is qidlmfdam cogita tionibus ad exploravJîim ^ mnn Pcndula i:ï alïqiid centri- fiigd pcrturuenîur , Cotmientariolum lihiftrif- fïmœ Octobre, Novemb. et Decemb. T743. ^73 fimœ SociKTATi Regali Londincnfi oblaîiim. C'eft-à-dire , Mémoire abrégé de J[lr. le Marquis Pôle ni contenant quelques conjectures Jiouvelles fur cette quefîion , fi la gravité des Pendules ejl affoiblie par quelque force C07itrîfuge. II. Obfervatio7ies Aftronomicas babitœ in Collegio Pekinenli à Patribus Societatis Jesu à Menfe Novembri 1 740. à D""'. Jacobo Hodg- fon R. S. S. cuvi Regia Societate comvmnicatœ. C'eft-à-dire, Objèrvations As- tronomiques faites par les Pères Refaites à la Chiue dans leur Collège de Pékin, deptùis le mois de Novembre 1 740. ^ communiquées à la Société Royale par Mr, Jaq^ues Hodg- SON. &C. II î. Extrait du fécond^ du troifième Traité de i\lr. G. K e r s s E b o o M oïc ^ Von trouve les preuves CQnfrmatives de la Méthode dont il fe Jert pour évaluer le nombre des Habitans dans la Province de Hollande ^ de Weft- frife, les raifons de celle qu'* il fuit pour déterminer laprobabilite de la vie ^ié-j- Veuves, cf u?ie règle pour fixer la durée des mariages , par Mr. Jean Rixtel, Membre de la Société Roya- le, Nous nous refervons de parler ample- ment des Traités de Mr. Kersseboqm , îorfque l'Extrait d'une nouvelle Pièce de fa façon qui regarde la Ville Je Londres & qui eft attendu impatiemment , paroitra dans les Tranfadcions. Ces T'-ai:és iont (i cu- rieux. Il pleins de recherches utiles, tani pour les particuliers que pour le public , qu'on De fauroic trop les faire connoitre. IV, r74Î^IBLIOTHEQ^UE BRITANNIQUE;^ IV. Lettre de Mr, Joseph Hobson d Mr, Pierre Collinson Membre de la SûciétéRoyale concernant la prodigieuje multiplie atio7i des Se- mences (k quelques Plantes , par exemple de la iv^lauvc. Selon les calculs de l'Auteur de cette Lettre, -un grain de femence de Mauve peut facilement en donner plus dé deux cens mille» V. Excerpta ex Eplftola CL Viri Joh. Ambrosii Beureri cid Petr. Collijnson R. S. S. de natura Succini. C'eji-à-dire , Extrait d'une Lettre de Mr. Jean Âmbroise Beurer à Mr. PitRRE Collinson de lu. S. R. fur la nature de /'Ambre. Cette Let- tre eft dattée de Nuremberg le 20 d'Odlo- bre 1742. Mr. Beurer s'y déclare contre le ientiment de ceux qui croyent que l'Ambre de Prufle cft une Gomme ou Refîne qui coule de certains arbres & elt portée dans la mer où elle fe durcit. C'eft à Ton avis un Minéral, compofé d'une madère bitumineufe à peu près comme l'huile de Naphte & mêlée avec un acide, vitrioli- que 6l fulphureux. Son grand argument, fe tire de ce qu'on trouve de l'Ambre fof- file dans la terre, en divers endroits, 6c ordinairement couché parmi des matières vitrioliques & bitumineufes. Il y a long- tcms qu'on a dit la même chofe dans les Tranfadions Philofophiques bailleurs Ça), Li (4) r' -k vingt- neuf grains. Depuis ce rcms-Ià, c'cll-à- dire depuis environ un tr.ois , cetce femjne BC fouilTe plus, mais elle ne ceiTe de ran- dru de tenis en tems malgré elle, du fang & des urines. VIII. Dejcrlptîon d'une Machine ci l'ufage des Cbîrurglens pour pan fer commodément les malutle: les plus pejans krjqîi'lls font athielle- I'76 BlELIOTHEQ^UE ERITANrïIQ^UE, ' meut attaqués de quelque iricommoàiîé au dos ^ à l'os facrum ^c. ou menacés de l'être. Par Mr. LE Cat de la S. R. Chirurgien de /'Hô- tel-Dieu à Roiien , of Démonftrateur Royal en Aîiatomie çj Chirurgie. Tirée du François par P. H. Z. de h S. R. IX. Abrégé d'un Traité intitulé /)"-'• Alefr- Ti Haller"! Archiatri Regii cfc Cefl-à-dire^^ Dénombremenr Méthodique desPlàntes qui crciiTent natureliemenc enSuiflec?<:. AGot- tiîîgue 1742. fui. extrait du Latin par Mr. Guillaume Watson de la S.R. Cet ex- cellent Ouvrage de Mr. le ProfeiTeur Hal- ler efl déjà ii connu dans toute l'Europe , que ce fcroit un foin fuperfiu d'en donner ici rAnalyfe. Du 3 de Février au 21 d'Avril 1743. I. Defcripîion de quelques particularités tou- chant un Phoca ou Veau Marin vu à Cha- ring - Crolî' f 7z Ft-vrier 1742-3. par Mr. Ja- ques Parsons Doàeur en Médecine & de Li S, R. Les Obfervations de Mr. Parjons^ ferviront à redlifier quelques fautes où font tombés Aldovraudi , John [ion , & d'autres Au- teurs en décrivant l'Animal qui en fait le fujet. II. L'Ambe rriTippocrate /^cz/r réduire les Luxations dn Bras ^ de /'Epaule reàifié par Mr. LE Cat (Sec. III. Octobre , Novemb. et Decemb. 1745. 177 III. Continuation de VÂnaly/e du Traité des Fluxions de Mr. Mac-Laurin E€EMb. 1743. Tpi ARTICLE VIII. TwENTY-FoUR Sermons preach'd at îhe FariJh'Chiirch of St. Mary le Bow, London , in îhe Jears 1739, 1740 7 1741. at the Lcàiue foimded by îhe Honourable Robert Boyle, Efq. And EiGHT Sermons preach'd at îhe Ca- îhedral Church of St. Paul in îhe Jears 1738 ^wJ 1739. at îhe Leéture /pzm- ded h)' the honoured Lady JMoyer. To '■Mch are added, a Vifitation Sermon , a Sermon hefore îhe Religions Socie- ties j and a Charity Sermon. In î'ujo Fo- hunes, By Léonard Twells , D. D, Laîe Reâor of St. Matthew's Friday- Strèéç , Prebendary cf St. Paul's , and one of îhe L^diavers NoveMb. ET Decemb. 1743. y^)^ nous nous contenterons de dire, que Mr. TwELLs Refteur des ParoilTes réunies de St. Matthieu friday - Strceî & de St. Pierre Cbeap , étoit Prébendier de l'Eglife de St. Paul (Se Tun des Prédicateurs de St. Bunflcm dans le ÎVe/î ^âinû qu'on le voit au Titre de ces Sermons. Il paflbit pour un des plus habiles Théologiens de Londres , verfé dans la connoiflance des Langues ancien- nes, bon Critique , & d'un jugement excel- lent. Ses Dillertacions fur i'Aurenticicé de l'Evangile félon St. Mrahieu , & fur les Dé- moniaques, Ton Examen Critique de la der- nière Vcriion Anuloife du N. T. , faDéfen- fe de rApocalypfc, & la belle Édition des Oeuvres de Pococke, qu'il a donnée avec la Vie de ce Savant, tous ces Ouvrages^ dis-je, lui ont fait infiniment d'honneur & tranfmetcront furement la mémoire de fon nom à la poftérité. Peut-être ne trouvera-t-on pas que les Sermons de Mr. Twells répondent tous également à l'idée que fes autres produc- tions avoient donnée de fon habileté. Mais on doit penfer que c'efl un Ouvrage pof- thume, que l'Auteur y auroit fans doute fait des additions con{îdérables,foit en for- me de Noces, foit dans le Texte, fi la mort ne l'avoit prévenu, & qu'après tout les ma- lières qui en font le fujet ont tellement été rebatues depuis quelques années par les Théologiens qui ont fourni la même car- rière que notre Auteur, qu'il ell déformais comme impoffible d'y être original , fous qijelque point de vue qu'on les envifage & Tome XXIL Part. L N qu^on 1P4 B1RL10ÏHEQ.UE Britanniq^ue, qu'on les préfente. Après tout quand bien quelques-uns de ces Sermons ne feroient regardés que comme de limples Analyfes, on doit convenir que ces Analyfes font très- clafres, qu'il y règne un ordre admirable, qu'on y trouve les meilleures Réponfes aux Objeftions des Incrédules, & que quelques fois même elles y font poufTées avec une force d'autant plus vitlorieufe qu'il n'y a jamais rien d'obfcur ni d'embarrafle, A R T I C L E IX. NOUVELLES LITTERAIRES. DE LONDRES. ^^Ous oubliâmes d'annoncer dans la Partie pré-» •*-^ cédcnte de cette Bibliothèque, cjue le fccond & dernier Tome du Livre du feu Doétcur Cave qui a pour ti:re Scriptorum Eccle(iiftkorum Hi/ïoria Litttrar'tAy fc débitoit açtueiicmcii!: aux Soufcrip- teurs , foi: à Londres, foit à Oxford , où i! a ^tc'liiu- prime* L'Ouvrage eft connu Ju Public 3 il a gé- néralement été applaudi des Gens de Lettres dan« fon premier ctat; ain/i il n'y a point de doure, que cem feconJe Edition, ne foit reçue auflfi f:iv, & Tom. xH. p3g. 407. Ô£ lulv. Octobre, Novelib. et Dece^îr. 1^43. içj des Obiervations du cclèbre Archevêque Temjifon, <:]ui rf Far Guillaume Worthington Maître es Arts » €^ Vicaire de lè\o({v7c par foîifcription/ A Sow General Collethion êcfitiûnt^r,: de di" VirsCASJiiiguUers , cndsde7. fW^f&fcveni chez T. Cooper. On a pubhé depuis peu i'ver'evautresBrochuresThé- N 3 ©logiques ip8 BlBLIOTHEQ^UE BRTTANNiqUE, lo<'iqucs dont nous nous contentèrent lî'indiquer les titres. An Ejfay toillttjirAtcfome oftht more nece^ary Arti' des ofiheChriJîian FAish. G'eil à -dire, Ejjftï d' éclair - cii[emensfurles ArticleiUsfus èjerniels Js U ToiChré- tienne. Chez. Coop^r. Jhe enîh:if*fticinfideUhî£Red. Ctft-d-dire, Ven- ihpu/îafie incrédule iièccuxicrt . Chez. Noon . A ViniicMion ofChrijiiAnity occafiOP.ed hy the Apofta' fyofhiiOwn Ckrgy. G'eft-i-cirr, DéfertfsduChrifîiiinif'- me, o:c.:JiOi-.néeparl'AfoJtafie de fou f'TOpye CUrgé. The Religions Man Lî»rar y. C'eà u-Sirc BiiliotkéqHe d'un Hommt Pieux. Four F. Cogan. Ihous^hton the Création. Ou Penfées fur la Créaùnn. C'cft une Pièce de Poèlie> impuimte pour le compte ci;; Brackfîone, A Letter to . . coricernmg the ahtife of Scripture ierms. C'eit-i-dire, Lettre à.» tOHchunt l*ai^us des termes âi l Ecriture. Four Roberts. Some Accoaut ofthe Frinciples ofthe Moravi^ns Sec. Oeft une Brochure de 4S' pages , in 8- écrite pnr Mr. Tf««««r Miniftredansl;] Nouvelle Jerfey en Amérique, cins le nouveauMonde. Peut- être parlerons nousplus amplement de cet Ecrit dans la fuite. Les Brochures qui roulent fur la Politique & fur 1 s marieras du temsfjnc encore plus nombrcuf:s quR c-'l- îcsq*^i inréreirrnt la Relii^ioa. L'on doit s'yattendie ; & on fu' auiîî fans qi-'e nous le difions que dans cc^ for- tes d'ccrifs fur tout , rien n'eft plus rare qu'une fage inipamaliré. Parmi ces Broch-jrcs, voicique'qucs-unes de celles qui ont !e plus attiré Jacurioiué du iUiblic. A Dsfenfiofike Ffûj^leof England, crthe DeteSlovdete- Ciid hyfaci <ï??r/r^^;ô>?.G eft-à-dirc, Défenfe delaN.'ttien Anglùifs OCTOERE 5 NOVEMB. ET DeCEMB. 1743. WQ AnglosJ» , ou le Découvreur dé cou vert pur des preuvfide faiiCP' de raifonnement . ChezKo'jin(on. A RevU-nofîhe vohole Folitical ConduB if a laie emi- mnt Patriotand his Friendsfor 20 leurs paji. C'eft-à- (lire, Kevue de toute U Conduite Politique , t^u'un illufirt Patriote &fes Amisont tenue endernier lieu pendant 20 ans' CÂciCoopcr. A LettertotheEarî o^S.», C'eft-à-diiei Littrea» Comte de Stnir. Pour G. Lion. Theprefent hieafure prov'd io ht the only meunsoffc^ curing the Balance of Pc-mer in Europe. C'eft-à-dire, Preuves que les Mefures préfentes/onî l'unique mo'jen it maintenir l' Equilibre du Pouvoir en Europe. ChezRoDQrts. A true Dialogue betwcen à Trooper andaSerjeant,oii véritable Dialogue entre unCavalier ù^ un SergenuCiez, Cowfe. The ConJuB of the Allies and the Management ofthe Warim^artiiilly examined- C'efl-à-dirc, Examen im- partial de liConduite des Alliés 1^ de toute UDireùïjcnde la préfe?it£ Guerre, Chez Coopcr, CATx\LOGUE D E LIVRES qui Je trouvent A LA HA r E chez PIERRE DE H O N D T. L'Hi/iotre Naturelle edatràe dam dsux du fis prhcipahs Parties^ h LfTHOLO- C I E 6* A? C O N C H Y L I O I. 0<: I E , diJKi ^.r N 4 r:e aoo CATALOGUE netralte des Pierres ,^ l^ autre des Cocfuilla^ ges.V^ins 1742. Avec de très-belles F]g. 4. Mémoires pour Jervir à l' Hijhire des L.feéies^ par Mr. de RÉ AU MUR. Paris «743. Tome Sixième , avec des Figures. 4. - Le Guide des Accoucheurs ^ ou ^ le Maître dans l'Art d'accoucher les Femmes ^ i^ de les fou- lager dans les Maladies çjf Acctdens dont el' les font tres'fouvent attaquées ; par J A C Q^. M ESNARD. Paris 1743- fig- B. Méthode pdur étudier la Géographie ^ où l'on donne une Defcrtption exaSte de r Univers , formée fur les Obferv avions de f Académie Roiale des Sciences y i^Jur les Auteurs Ori- ginaux; avec un Difcours Préliminaire fur l'Etude de cette Science , ^ un Catalogue des Cartes Géographiques . Relations , Voya- ges ^ ^ Defcript'tons nécessaires pour la Géo- graphie , par Ah. L'Abbé LeNGLET DU Fresnoy Paris 1742. 7 vol. avec des Cartes Géogr. 12. Bijfertation pratique en forme de Lettres fur les maux Vénériens^ par Mr. Gu ISARD. Paris 1743- ^i» Lettres Philofopbiques ^ Critiques par Made- moifelle Co ** avec les Réponfes de Mcn- jieurLE Marq^uis d'Argens. A La Haye 1744. 12. C A V EScriptorumEcclefîadicorufîi Hiftoria Litcraria. Oxon, iy<;o. ^ 1743. 2xio/. // /0/.8. Armellini Bibliotheca Aucorum Bene- didinorum , cum Notis locupletiffimis. Komœ 2 vol. fol^ W A D D I n G H r Annales Minorum Ordinis S. Francifci Romœ 1738. 18 vol. joL Opufcula omnia 3ACTIS Eruditorum Lipfienfibus inferta , quss adMathefin, Phyficam , Medicinam , Anatomianv , Chirurgiam , & i:'hilologiam pjrcincnt,: Venet. 1738. - I742.. 3 vol fig. 4. Planci de Conchis minus notis Liber, cui accefîit Spécimen ^Eftus reciproçi Maris. Veytet^ ^739- fig- 4- Z>tf CROSTACtl ^ di gli alteri MARlNf Corpi^ chejitrovano fu Menti. VQV\Qt. 1 740. fig, 4. PoLENi Supplementum Thefaurorum An- tiquitatumRomanarum & Grœcarum GrzE- vii & Gronovii. Fenet. 5 ijol. fig. fol. AntiquaNumifmata Mufei Theupoli Fe- net. 163Ô. cum quamplu- imis Fig. 2 vol fol. Numifmata Maximi Moduli è Mufaeo Pi- sang, fol. cum fig. ViRGiLiiCodexAntiquiffimusLiterisMajur-. culisnitidiffimeexaracus.H'îre'wr/^iyqQ 4. Mercati Mecallotlieca Vaticana , cum. Appendice. Rom^e 1719 curyt fig. PedruCCI I Cefari in Oro , Argento , ^ aï- tri a04 CATALOGUE tri Metalli , ttel Mufeo del Duca di Parma. lo vol. fig. fol. Orlandi Orbis Sacer & Prophanus F/o- rentiCB 1728. jeqq. 4 vol. foi Manni Oflervazioni fopra i Sigilli Anti- chi. Florent 10 vol. 4. Mappamondo IJîorico. Venet. 14 vol. 4. RoccHi Pyrrhi Sicilia Sacra. Venet, 2 vol. fol. MicHELii Nova Plantarum Gênera. Flo- rent, fig. fol. FoNTANiNiHiftoria Aquilejenfis. / Novus Thefaurus veterura Infcriptionum. Mediolani 1739, 3 vol. Idem , Charta Majori. Prosperi Fagnani CommentariainLi- brosDecretalium. Vefuntione ij^o. ^voLfol, Epiftolae Romanoram Pontificum, & quœ ad eus fcripcae funt , à S. Clémente I. ufqueadlnnocentiumlIL Paris, i-^zi, fol. G o D 01 1 Opeia Theoiogica in Divum Tho- mam. Venet. 1695. 7 -vol. foi. Leurenii Forum EccIefiaiticunTi , Au- gufi. Vindel 1737. > -jol. fol. Palm^ Allegationes Pofthumce. I^uccœ. 1736. 2 vol. foi Lu PI Opéra omnia. Vettet. 1724. 12vol. foL C o N ciN A Dodlrina Juris Nacuralis à. Gen- tium. Venet. ï-jiô. 8. Philippi Diflertationes Rerum Fifcalium. Neapoii 1673. fol. Trilleri Obrcrvaticaes Cri tics in varios GrsECOsiTicLatmosAutores Fra'icof 1743. g. FIN. BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, O U HISTOIRE DES OUVRAGES ÛES SÇAVAN-S DE LA GRANDE-BRETAGNE: Pour les Mois DE JANVIER, FEVRIER et MARS. M. D C C. X L I V. TOME VINGT'DEUXIEMEy SECONDE PARTIE. A LA HATE, Chez PIERRE DE HONDT M. Dec. XLIV. TABLE DES ARTICLES. Art. I. Essai fur Us- Principes de Reli- gion , que fuit la SeÙe des Frères de Moravie : ou Extrait de diverfes Cortverfations avec le Comte de Zin- zendorf j ^ de quelques - uns defes Sermons , prononcés â Berliu , ^ publiés enfuîte à Londres. Par Mr. Gilbert ïemient, Pag. 205. IL P^ies des Amiraux Anglois âf des autres grands Honnnes de Mer de cette JVation. Par J e a n C A m p- B EL L. Extrait duVolume IL 217. IIL Lettre à un Etudiant ^'Oxford; où Ton fait voir , que le Chriltia- nifnie n'eft pas fondé fur des preuves du reflbrt de la Raifon; 6? où l'on découvre, en même tems y Je vrai prindpe de la Foi aux Vérités de l'Evangile. 249. I V. Le Cbrijlianifme Raifonnable ; pour fervir de Réponfe à un Traité , où Ton fait voir , que le Cbrijîia- nifm$ n'ejl pas fondé fur des preu- * 2 '^9$ TABLE DES ARTICLES. ves du rejjort de la Rai/on, Par Mr. George Benson. Pag. 263. Art. V. Remarques fur rHiJloire d'Angle- terre 5 tirées des Papiers de Humfroi Oldcaftle. Second Extrait. 28 1. VL Traité Pbilof optique des Loix Na- turelles. Par le Dr. CumherlaruL Traduit du Latin , par Mr. B A r- B E I R A c. Avec des Notes du Tra- ducteur , qui y a joint celles de la Traduction Angloijè, ' .325. Vn. L L' Anti-Pamela^ ou la faujfe In- nocence, découverte da^is les Avan- tures de Syrene. Traduit de VAn- glois. 358. IL Anti-Pamela, ou Mémoires de M. \.' . D, * * 'f^, traduits de VAnglois. 366. VIII. Examen Succint du Livre de Mr. Warhurton, qui a pour 'Titre, La. Divinité de la MilFion de Moife démontrée , &c. Adreffé à cet Au^ îeur par une Société de Gens de Lettres. 369, JX. Etrennes pour un Aprenti , ou Gui- de fû're pour Je faire eftimer dans le Monde cf pour y acquérir du him : Avec des Régies fur la manière dont il doit fe conduire y tant envers f on ■ Maître quà Végard des autres Per- funnes. Par un Ex - Lord - Maire de Londres. 404. X. Nouvelles Littcraircs. 415. BIBLIO- mM^^ ^\^^ ikM"^^ i>'-^ -^^ "i*^lt BIBLIOTHEQUE BRITANNIQJJE, o u HISTOIRE DES OWRAGÉS DES SÇAVANS DE LA GRANDE-BRETAGNE. Pour les Mois de Janvier , Fevrîer ET Mars, xMDCCXLlV. ARTICLE PREMIER. Some Account of the Principles of thd Mcravians: chîefiy coUecled from fève- rai Coirjerfat'.ons ijuith Count Zinzendorf ; andfrom fome Sermons preached by hlm at Berlin and pubUfhed in London. By Gilbert Tennent, M. A. Mi- nifter of the Gofpel in Neiv - Jerfey^ Touii XXIL Pan. IL O Cd^ 206 BlELIOTHEQ^UE B RIT ANNIQ^UE, Cefl-à-dire: EJfci'î fur les Principes de Religion y que fuît la Seule des Frères de Moravie : ou Ex- trait de diverfes Converfations avec le Comte de Zinzendo?f; & de quel- ques-uns de fes Sermons , prononcés à Berlin, & publiés enfuite à Londres. Far Mr. Gilbert Tennent , Paftcur dans la Nouvelle - Jerfey. A Londres chez S. Mafon , "ois à vis Love-Lane dans le Woodllreet. 1743. Ceft une Brochure de^.^. pag, m^°, LE s Frères de Moravie , animés d'un grand zèle pour la propagation de leur vSedte , ont envoyé des Miflîonnai- rcs dans prefque toutes les Parties du Monde , afin d'y faire des Profélytes. Le Comte de Zinzendorf , Patriarche de cetce Nouvelle Société de Chrétiens , s'efl tranfporté lui même en Amérique , pour y fonder des Eglifes de fa dépendan- ce dans les Colonies Angloifes de ce Païs. La qualité du Miffionnaire , & Ja Nouveauté de fa Do^lrine , attirèrent la curiofité des habitans, & engagèrent les A'Iiniflrcs à en prendre connoiflance. Le réfultat de leurs recherches fut, que les Opinions de ces Nouveaux Réformateurs étoient très dangereufes; (Se qu'il étoit de leur Janvier, Février et Mars. 1744. 207 leur Devoir de prémunir leurs Troupeaux contre le funefle poifon de TErreur. Dans ce pieux delTein, Mr. Tennent publia à Bof- ton en 1742. un Volume de Sermons fur Ici Nécejjité de retenir ferme la J^érité. Il y ajouta, par voye à' Appendice ^ ^Effai que nous annonçons, qu'on a enfuite réimprimé à Londres. Tout l'Ouvrage eft précédé d'une Préfa- ce^ fignée de fix Pafteurs de Bofton. C'efl comme une Approbation des Sermons de leur Collègue. Ils y témoignent que l'arri- vée des Frères de Moravie en /Amérique y a caufé divers troubles; que Mr. Tennent tâ- che d'appaifer dans Ton Ouvrage. Pour cet effet , il propofe la Doftrine de l'Evangi- le, telle qu'on la voit établie dans lesCon- feflions de Foi des Eglifes réformées de li Grande-Bretagne ^ de France à. de Hollande; & montre combien les Frères de Moravie s'en éloignent. ,, Nous fouhaiterions de 5, tout nôtre cœur, ajouîent-ils , que le ^, Comte de Zinzendorf^ & ceux de Tes frè- 3, res qui l'ont accompagné ici , eufTent faic ,, attention,^ com.me ils le dévoient, à là 3, Lumière Evangélique qui brille dans ces „ Confeflions réunies: Mais s'ils fément^ 3, foit en fecret, foit à découvert, des Er- 3, reurs dangereufes; & s'ils pervertifTenc 3, nos Troupeaux; ils ne doivent point 3, trouver étrange, que 720wj^ leur réfiflions 3, en face ^ q\io\(\\i' Etrangers parmii nous, 3, & femblaac 7ie refpirer que douceur âf ,3 charité. '' O 2 dette" «08 BIELTOTHEQ.UE BrITANNIQ^UE, Cette Préface des Fadeurs de Bojlon efi précédée d'an Âiis au Lecteur; qui vient, fans doute, de la main de l'Editeur de cet EiTai. Il mérite que nous nous y arrêtions un peu; puifqa'il répand un grand jour fur l'Origine, la Doftrine & la Difcipline de cette nouvelle Seéle. Il remarque d'abord une Chofe qui rend les Frères de Morpscie extrêmement fufpefts : C'eft qu'ils font tous leurs efforts pour ca- cher leurs fentimens; qu'ils refufent de les expofer avec la clarté & la fimplicité re- quifcs; (5c qu'ils ne veulent pas permettre qu'on les examine ni par l'Ecriture ni par la Raifon. Cet Artifice a fouvent été mis en ufage par des Séduéteurs, qui fe propo- foient d'introduire des Opinions dangereu- fes, dont l'cxpofition fimple auroit rebuté toute perfonne raifonnable. Des gens , qui croyent tous les autres Chrétiens dans l'er- reur, devroient fe faire un plaifir de les éclairer; au lieu de s'infinuer dans rEfprit des foibles, en sHntroduifant dans les Mai- fins , pour fe rendre captives des femmelettes chargées de péchés. D'ailleurs, ajoute l'Au- teur, ,, il me paroit tout à fait contraire à 5, la fincérité qu'exige l'Evangile, que ces 5, gens, dont'rOrigine efl tout à fait Mo- „ derne , fe donnent pour être les Succef- 5, feurs immédiats des Anciens Frères de Bo- „ hènie &" de Mora^vie. En effet, l'on peut 5, prouver que le Plan & le Svfthème de „ leur Dodtrine ont été formes dans la „ Maifon du Comte de Zînzendorf^ en l'an- ,, née 1725. " Après jANvfER, Février et Mars. 1744. 209 Après avoir dit que, quoiqu'ils reçoivent aifémenf tout le Monde dans leur Commu- nion, ils n'initient cependant perfonne dans les Myitères fecrets qu'il ne foit intime- ment periuadé qu'il n'ofFenfe plus Dieu, ni en penfées, ni en paroles, ni en adions; il ajoute qu'on exige d'eux qu'ils croyent V Infaillibilité dei'Eglife à laquelle ils fe font unis. „ En vertu de cette Foi , ils font obli- ., gés dans le tems de leur admifTion de re- ,, mettre leurs Perfonnes, leurs Familles & y, leursBiens à la difpofitionde l'Eglife. Ils „ doivent croire ce que l'Egliie croit; Ôc 35 faire ce qu'elle commande, non feule- „ ment pour ce qui regarde le fpirituel , y, mais encore dans les affaires temporel- 5, les ; deibrce qu'ils ne peuvent entrer dans 5, ar-cun engagement civil de quelqu'impor- 5, tance fans fon confentement. C'eft la 5, Communauté qui les marie , fans rien don- „ ner à l'inclination dans une chofe oii elle 5, doit avoir tant de part. En conféquen- 3, ce de cela, les Enfans n'appartiennent ,, pas aux Parens, mais à l'Eglife. „ Je pourroisj continue V Auteur ^ ajouter „ diverfes autres particularicés concernant ,, les Principes de cette Société: Telles „ font la Suppreffion totale des Paflions, 3, & le flupide Silence qu'ils exigent; leur Négligence à s'acquitter du Devoir de la Prière :& la Coutume , quand ils en font, de les addrefler prefque toujours au Fils, fans invoquer le Père'; l'Artifice avec le- quel leurs Communautés font réglées; & O 3 „ le? 2ïo Bibliotheq^ue Britanniq^uê, 3, les divers Devoirs de Religion qifils ont 3j prefcrits aux deux Sexes, fans être auto- 35 rifés à cela par la Parole de Dieu : Te pour- 3, rois parler encore de l'Ufage qu'ils font 5, du Sort ; de leurs Confeffions; &: de leur 55 Manière de fe purger des foupçons , for- 55 inés contre leur fîncérité 5 en buvant dans 35 leurs Agapes un verre de quelque liqueur, 35 après avoir fouhaitéque, s'ils font cou- 35 pables , elle produife fur eux le même 3 5 effet que les Eaux de jaloufie fous la Loi: 35 Mais ce que j'ai dit fuffit pour engaj^er 33 tout vrai Chrétien à fe tenir en garde 33 contre les dangereufes entrcprifes que 35 cette Sedte forme contre la Religion & 35 la Liberté. " Je viens préfenteraent à l'Ouvrage même de Mr. Tennent. Son but eft de faire con- noitre les Sentin>ens des frères de Moravie, Comme il accufc fréquemment ces Nou- veaux Docteurs d'Obfcurité & de Contra- didions, il eft à préfumer que c'eft la cau- fe du peu d'ordre & de netteté qui règne dans cette Brochure. Il a été obligé de don- ner les Extraits de plufieurs Converfationsj que diverfes perfonnes ont eues avec lé Comte de Zinzendorf, ou avec quelques- uns des principaux de la Communauté: Il ne fe peut du moins, par conféquent, qu'il n'y ait bien des répétitions inutiles &;ennuy- eufes. Elles augmentent par le moyen d'u- ne Lettre de Mr. Jean Stackers ^ Marchand à Amfterdam , à Mr. George Brinkerhoff^ Mar- chand à la Nouvelle - Tort Enfin 3 ce qui y met Janvier, Février et Mars. 1744. 211 met le comble, c'eft un examen circonftan- tié des Sermons que le Comte a prononcés à Berlin. Tout cela cependant eft plus fup- portable que la dureté des expreffions qu'il employé en parlant de les Adverfaires. Cela n'a pas échappé à l'Editeur. „ Il auroit été „ à fouhaiter , dit - il , que cet honnête hom- „ me eût un peu adouci ce qu'il y a de trop „ rude dans fon Ouvrage: Mais iCsLecleurs 5, équitables voudront bien lui pardonner ,, cela, (k l'imputer au zè!e, que lui infpi- „ roient les juftes apréhenfions du danger 3, OLi écoit fon Troupeau. " Il n'efl pas aifé de donner un Syflhème complet du Corps de Doélrine de cette Nou- velle Société de Chrétiens. Nous avons déjà remarqué qu'ils ne s'ouvroient pas vo- lontiers là deflus : Ajoutons préfentement que, durant le féjour du Comte de Zinzen- dorf à la Nouvelle- Brufis^voick^ il ne permet- toit pas , quand on s'entretenoit de matiè- res de Religion , qu'il y eût dans la cham- bre deux perfonnes dans des Sentimens dif- férens des liens. Cette précaution augmen- toit, d'un côté, la difficulté de fe rappeller la Converfation; &, d'un autre, lui laiflbit la liberté de nier dans la fuite ce qu'il avoit avancé. Malgré tout cela voici ce que l'Au- teur a recueilli. D'abord, ils n'adhèrent à aucune Com- munion de Chrétiens,- & ne font aucune difficulté d'appeller toutes les Eglifes Pro- teftantes du nom de Babylone M^'ftique (a). («) p. ij, 37. Ils O 4 2Ï2 BiBT.IOTHEQUE B RIT A N NlQ^r E , Ils déclament fans cefle C(/ncre laRaiibn, qu'ils prétendent être un guide aveugle dans ce qui concerne la Religion. Quand dans leurs Difcours ils avancent des Propofitions contradiftoires, ce qui leur arrive fréquem- ment, toute la rcponfe qu'ils donnent;c'efl que, quoique cela paroiHe tel à la Raifon,- ii n'en efl: pas de même aux yeux de laFoi^ La première nous trompe ;& jamais la der- nière : Il faut donc croire fimplement. ■ En conféquence de ce principe, ils méprifent toutes les connoilTances humaines, & dé- crient les bons livres, qui pourroient cul- tiver la RaJfon (a). Leur Opinion fur l'Ecriture Sainte n'eft pas rnoins dangereufe. Ils font aOez peu de cas du Vieux Teftament; qu'ils croyent ne re- garder proprement que les Juifs.' Aufli font ils dans l'idée, qu'on ne peut pas en allé- p:uer des Palfages pour prouver les vérités du Chriftianifme. Ils ne peuvent fervir que d'Eclairciflemens,* & jamais de Preuves: Ce qui fait qu'ils le lifent rarement dans leurs Aiïemblées (/;). j'ajouterai à cela une cho- fe dont je fuis allez bien informé : C'eft qu'ils l'cjertent l'Epitre de St. Jaques. Le Comte de Z/;2:^.f72f/or/ dit dans une Lettre, que cet- te Epitre eft bien de cet Apôtre; mais qu'il n'étoit point infpiré lorfqu'il l'écrivit. Il ajoute qu'il reconnut enfuite fon erreur; parcourut les Eglifes oti fa Lettre était par- venue, afin de prévenir les maux qu'elle pourroié («) p. 38. & 44. (O P- 13- ^ 14. Janvier, Février et Mars. 1744. -^T pourroit caufer; & en demanda pardon à l'Apôtre St. Paul fon Collègue. Cette Epi- tre, qui avoit été ignorée depuis ce tems là 5 reparut il y a cinq ou fix tiécles; & la plupart des Chrétiens ont eu la ftupidité de la regarder comme Canonique. Le Comte n'auroit pas mal fait d'apprendre dans quel Auteur il a puifé cette Hiitoire. Aux Eléraens pauvres (j^ foihles de l'Ecritu- re, les Frères de Moravie fubfi:i(uent l'Ac- tion immédiate du St. Efprit qui les guide intérieurement. C'eft aux mouvemens de cet Efprit qu'ils fe laiflént diriger ,- & qu'ils attribuent toutes leurs Adb'ons, quelque bi- zarres qu'elles paroiflenc aux yeux des au-^ très hommes (a). .' ' -^ j'ai obfervé ci dcflus qu'ils ne s'addreP foient jamais à Dieu le Père dans leurs Priè- res (b). Cela -s'accorde éxadement avec' les Principes, que le Comte de Zinzendorf- établit dans la Lettre, dont je -viens de par- ler; de même que dans' une autre. Il ré-- pond dans celle ci à un de fes Amis, qui' lui avoic demandé, d'où vient qu'ils néglî- geoient fi fort le Culte de Dieu le Pèt-e?" que cela ne doit furprendre perfonne, puif- que les Chrétiens ont des relations plus in- times avec J^e Fils: Ce qu'il fait compren- dre par un Proverbe, dont il auroit bien pû- fe palier dans une matière aufli grave; c'eft que la Chcmife eft plus proche que le- Pourpoint'.^ Dans l'autre Lettre, Doftérieure à celle ci, 'il (a) p. 14. 18. 20. {è) p. 6, 05 ÊI4 EiBLIOTHEqUE BrITANNIQ^UE, il déclare en termes pofîtifs , qu'il ne con- noit d'autre Dieu que le fils; à. que c'efl le même qu'où t adoré les Juifs fous le nom de Jebo'va. S'il fe trompe à cet égard , il eft coût difpofé à changer de fencimens dans l'autre vie,- & à adorer le Père quand il lui fera connu y 6c qu'il faura le Culte qu'on doit lui rendre. Pour ce qui efl de l'Homme, ils le regar- dent comme une Portion de la Di'uimté (a). Ils foutiennent auiîî la Doctrine du Franc Arbitre Çb). Sa Converfion ne s'opère ce- pendant pas par des moyens ordinaires. Dans un moment , le pécheur pafle mira- culeufement de l'état ou il étoit à un état de Grâce (c). La Loi ne regarde plus ce Converti : Il n'a befoin pour être fauve , que de la Foi, qui confifte dans la perfuafion que Chrifl elt mort pour lui, & que fes pé- chés lui font pardonnes (rf). Dès lors, il ne pèche plus. La Femme de l'Evéque iV/îj- vian difoit n'avoir point péché, ni été une feule fois dans le doute, dans l'efpace de IS. ans: La Fille du Comte étoit dans le même cas depuis quatre ans Çe^. Ils ajou- tent même qu'il eft impolTible à un vrai Con- verti de pécher; &que fi cela lui arrivoit, ce feroit par ignorance, dans la penfée que l'Action qu'il fait eft bonne (/). Voici ce qu'ils pcnfent fur la Rédemp- tion. Ceux qui font juftifiés l'ont été de toute (/ï) p. 14. (^) p. 18. 20. 28. Se 55-. (::) p. 42. W p. li- W P- 37. (/) P- iJ' Janvier, Fcvrter et Mars. 1744. 215 toute Eternité dans les Décrets de Dieu; & dans le tems par la Crucifixion du Sau- veur : Deforte que la Foi n'eit pas le moyen de nôtre Jufliiication, ne fervanc qu'à exci- ter des fentimens de joye dans le cœur des Fidèles. Ils admettent un Décret d'Elecîion\ mais ils nient qu'il y en ait un de Réproba- tion; ]. C. étant mort pour toute laPoitérité d'Adam: La Croix du Sauveur délivre tous les hommes du Péché Originel; & le momenÈ de fa Crucifixion efl celui de leur délivran- ce à cet égard (a) Ils font dans l'idée des Catholiques Romains fur TEfficacc du Batême (b). Ils reconnoifiéni: une efpéce de Purgatoire après laMcrt (c); par lequel les Hommes, de quelque Religion qu'ils foyent, ayant pafie , feront enfin fauves par le Sacrifice de J. C. {d}. Ils n'excluent pas mémxe les Démons du Salut (e). Mr. Tenneiit rapporte encore plufieurs des Sentimens de cette Nouvelle Seète de Chrétiens. Nous ne croyons pas devoir nous y arrêter; parce que nous en avons dit autant qu'il en faut pour la faire con- noitre. Nous ne voudrions cependant pas foutenir qu'on profeiTe dans cette Société tous les Dogmes que cet Auteur leur at- tribue. La manière dont il en a été inftruit peut aifément conduire à l'erreur. On xn'ap- porte jamais dans \qs Converlations toute la précilion qu'exigent les Matières Dogmati- ques. (^.) P.12.&I,'. (3) U.Î6.&3T. (Op.17. i^d) p. 14- i8. 19 24.. &: z6. {e) {>. 14. 21(5 BlBLIOTHEQ^UE B RIT ANNIQ^UE, ques. D'ailleurs, Mr. Tennent n'a pas tout ouï lui même. 11 fait fond fur le rapport de diveries Perfonnes^ qui peuvent avoir mal pris la penfée de ces Nouveaux Doc- teurs. Ajoutons à cela que la diverlicc du langage d^-s Interlocuteurs peut donner lieu à de grandes méprifes: Les Apôtres de Mo- ravie parlent A^llemand, (îk ceux avec qui ils fe font entretenus, Anglois; ils n'ont donc pu converfer enfemble que par la Média- tion de quelques Interprètes, ou en Latin, langue , vraifembîablement peu connue à ces Millionnaires 5 qui méprifent fouverainemenc toutes les connoiiiances humaines. Enfin, il nous a paru qu'on pouvoit fouvent don- ner un bon lens aux choies que le Comte de Zinzendorf dit dans les Sermons, dont Mr. Tennent nous donne l'Extrait; & que les conféquences qu'il en tire ne font pas toujours juftes. Ces réflexions n'ont point pour but de juftitler ces Seélaires. Le Plan feul de leur Société les rend , à notre avis , très condamnables. La Perfonne & les Biens de ceux qui en font Membres font à la difpofition de l'Eglife. Mais qu'en- tend on par cette Egliie? Efl ce l'Aflem- blée générale de tous les Membres de la Communauté? Le croire, ce feroit vifible- ment s'abuiér. Il y a une Eglife repréfen- tative , compofée de perfonnes choiiies qui ont en main Tadminidration de toutes les affaires temporelles. Les Membres de ce Confeil ont, fans doute, été choifis par le Fondateur de la Sectes qui, par confé- quent. Janvier, Février et Mar?. 1744. 217 quenti à une grande inflaence fur leurs ré* folutions. Qui ne voit à quoi tout cela tend? Terminons cet Extrait par ces bel- les paroles de l'Apôtre St. Paul (a): Si quelqu'un s'écarte de notre Doctrine , &^ n'ac- quiefce pas aux faines Injlrucîions de N. S. J. C. , &' à la Doctrine qui eji conforme à la piété ^ c'efi un homme enflé d'Orgueil^ ^ qui ne fait rien\ qui a la maladie des quejlions Cîf des difputes de mots : de là 7iaiJJent l'envie , les conteftations , les médijdnces , les mauvaifes opî^ nions, ^ les difcours pernicieux que titmient des gens qui ont VEfprit corrompu , cP qui y deftitués de la vérité , regardent h piété comme un moyen de s'enrichir , Jéparez vous de ces gens là» ARTICLE IL Fies des Amiraux Angloïs & des autreî grands Hommes de Mer de cette Nation , ok l'on trouve leurs Hiftoires perfonnelles & le détail des Services quils ont rendus à leur Patrie: Ouvrage qui contient une nouvel^ le ^ exacte Hijtoire Nava.e de la Grande- Bretagne i$c. Par Jean Campbell, Ecuyer, Extrait du Volume II. 8°. p. 480. [On a vûTExtrait dul. dans lai. Partie de ce Tome XXII. Art. I. ] o N a déjà vu, par l'Extrait du I. Volu- me de cet Ouvrage , qui fe trouve dans (a) I. Tim. VI. vf. 3-^ î2i8 Bibliothèque Britanniq^ue, dans la Partie immédiatement précédente de la préfente Bibliothèque , quel elt le plan & le deiïein de l'Auteur; ainfi nous ne nous y arrêterons pas ici davantage. Ce fécond Volume contient l'Hiftoire Navale de la Grande-Bretagne depuis le Règne de Jaques I. jufqu'à celui de Jaques IL inclu- livement. L'Auteur l'a divifé en cinq Cha- pitres félon le nombre des Règnes, ou des Gouvernemens, qui eurent lieu en Angle- terre pendant ce Période de tems , en y comprenant celui de la République. Pour ce iqui eft de l'ordre & de l'arrangement des matières, il fuit la même Méthode que dans fon premier Volume. Mr. Campbell remar- que dans fa Préface que la plupart des Hif- toires générales, qui rapportent les événe- mens de ces Règnes, font écrites avec un efprit fi vifiblc départi, qu'il eft très-diffi- eile de s'éclaircir, par leur moyen, de la vérité même des Faits. C'eft ce qui a obli- gé l'Auteur à examiner avec foin les Jour- naux, les Relations particulières, & les au- tres petits Mémoires hiftoriques , qui ont été écrits dans le tems même où les chofes font arrivées; parce qu'il y a beaucoup d'apparence que ces petites Pièces font plus exemptes d'erreui' & de partialité que les Corps d'Hifloire qui ont été publiés depuis. Il a confulté, dans la même vue, les Hiflo- riens étrangers, particulièrement les Hol- ïacdois & les François ; il les a fuivis conf- tarament, toutes les fois qu'il a jugé que leur iccic étoit exa6l ù, conforme à la véri- té { Janvier, Février et Mars. 1744. 219 lé de THiftoire; &, lorfqu'il effc d'un avis différent du leur, & qu'il raconte les cho- fcs autrement qu'ils n'ont fait, il explique, généralement parlant, les raifons qui Tonc déterminé à prendre ce parti. Le Règne de Jaques 1. ne fournit que très-peu de matière pour THilloire de Mr. Campbell , parce que ce Prince fut peu guer- rier , à. qu'il ne fe fit prefque aucune expé- dition confidérable par mer de fon temsi Si Jaques avoit été un Particulier,^ il ne fe feroit rendu remarquable, ni par les ver- tus , ni par fes vices. Il étoit certainement fobre & religieux ; il ne manquoit ni d'ef- prit, ni de favoir, s'il avoit fù en faire un meilleur ufage. Ses plus grands défauts é- toient un grand fond de timidité naturel- le, une diffimulation affectée, une haute opinion de fon mérite & de fa capacité, une foiblefle extrême pour fes Favoris , une ré- pugnance infurmontable pour la guerre. Il ne fe vit pas plutôt fur le Trône d'Angle- terre qu'il fongea à faire la paix avec VEC- pagne. La Maifon d'Autriche profita d'u- ne occafîon fi favorable pour mettre fin à la querelle qui avoit fubfifté fi long-tems en- tre elle & la Reine Elizabeth. Le Roi d'Efpagne & l'Archiduc Albert envoyèrent des Ambafladeurs, à la Cour d'Angle'terre, en apparence pour complimenter le nou- veau Monarque des Anglois, mais en effet pour fonder fes difpofitions à l'égard de la paix. Ils y trouvèrent ce Prince fi bien difpofé, qu*il avoit déjà révoqué, de lui- même , 220 Bibliothèque Britannique*,- môme, & fans en être requis, les Lettres de repréîaiiles, quj la Reine Elizabeth a- voic accordées à des Particuliers. Après une telle démarche on peut juger que les Ambalîadeurs d'iilpagne n'eurent pas beau-^ coup de peine à conclure un Traité ce Paix. 11 fut ligné l'année fuivante par le Connétable de .aflille, qui palla exprès en Angleterre pour ce fujet. Une Paix li précipitée fut defaprouvée par beaucoup d'Anglois, 6c elle déplut Ibu- verainement aux HoUandois , qui fe voyoient privés par-là du fccours de l'Angleterre, dont ils avoient retiré de (î grands avanta- ges fous le Règne précédent. Mais^ heu- reufement pour eux (Se pour la Caufe Pro- tellante 5 ils étoicnt alors allez puillans, pour fe pafler de tout fecours étranger, & pour tenir fculs tête à la Monarchie Efpa- gnolc. Les dirputes,qui furvinrent peu de tems après entre la Cour d'Angleterre & cette République , tant au fujet de la Pê- che , que touchant le Salut du Pavillon, augmentèrent encore le refroidilTement, & firent naître même de l'animoiité entre les deux Nations. Lorfque , fous le Règne d'Elizaberh, les HoUandois avoient joint leurs Vaifleaux aux Flotes Angloifes pour agir de concert contre TEnnenfi commun , on en avoit ufé envers eux avec beaucoup de civilité, & ils avoient été traités, prcf- que à tous égards, comme les vSujets mêmes de la Reine. Or ils prétendoient, dit Mr. Campbell ^ que ces marques de faveur , qu'ils avoient Janvier, Février et Mars. 1744. 221 avoient alors reçues , étoient des prérogati- ves _, qui leur écoicnt dôës, en qualité d'E- kat indépendant. D'ailleurs, comme ils é- toient alors en état de faire une plus gran- de figure fur Mer, que beaucoup d'autre» Nations, ils s'attribuoient une efpéce d'é' gaîité avec les Anglois , même fur les Mers Britanniques, & ils faifoient difficulté de rendre au Pavillon Anglois tous les hon- neurs que ces derniers prétendoient lui être dûs. On repréfenta fi fortement au Roi d'An- gleterre qu'il ne devoit pasfouffrir un pareil affront fait à fa Couronne, qu'il réfolut d'é- quiper une Flote, dont il donna le Com- mandement à Guillaume Monfon, avec des inftruftions pour maintenir l'honneur du Pa- villon Anglois , auffî bien que cette Sou- veraineté que les Rois d'Angleterre préten- dent fur les Mers qu'ils apeilent Britanni- ques. Cette Flote fe mit en Mer au Printems de l'An 1604, & elle continua tous les ans de mettre à la voile environ dans la même faifon & fous les Ordres du même Amiral , qui étoit un homme d'efprit & d'expérien- ce, comme il paroit par les Mémoires. Ce- pendant il eut beaucoup de peine à exécu- ter fa Commifiion. Les Officiers Hollan- dois, toutes les fois qu'il avoit occafion de conférer avec eux , lui donnoient toujours de belles paroles; mais , bien loin de les exécuter, ils continuoient de faifir les Vaif- feaux Anglois fur des prétextes frivoles, & ils traitoient fore rudement ceux qu'ils Tjini XXJL Paru IL P trouvoicnt 222^ ^I.R-LIOTHEqUE B RIT A-N NI(^U-E , tvouvoient à bord. De forte que l'Amiral . Monfon, pour faire cefler ces Hoflilitcs, fut obligé d'ufer de repréfaillcs , mena- çant de "faire pendre comme Pirates tous ceux oui uferoient à l'avenir de pareilles violence^. Les difputes continuèrent du- rant plufieurs années; mais l'Amiral Mon- fon maintint avec tant de vigilance & de fermeté cette Souveraineté dont les An- glois fe glorifient d'avoir jouï de tems im- iTiémoriai fur leurs Mers, que les Hollan- dois à la fin, dit notre Auteur, furent obli- gés de fe défifler de leurs prétendons. En 1608, le Roi Jaques fit publier une Proclamation, portant défenfe aux Etran- gers de venir pêcher proche des Côtes de la Grande-Bretagne, de l'Irlande & des Iflcs adjacentes, fans fi permiffion , & par laquelle il déclaroit qu'il s'oppoferoit vi- gcurcufement à tous ceux qui entrepren- droient d'ufurper le Droit de Pèche, qui étoit un Droit de fa Couronne en vertu de la Souveraineté qui lui apartenoit fur ces Mers. Il établit en conlequence des Commiiflaires à Londres & à Edimbourg, pour accorder aux Etrangers, moyenna"nc une certaine taxe , la liberté de pécher furies Côtes de la Grande-Bretagne. Quoi- que cette défenfe fut générale en apparen- ce, elle regardoit néanmoins particuliére- mcRt les Hollandois qui avoient coutume devenir à la Pêche du hareng fur ces Côtes. Aufi] en furent-ils vivement piqués; cepen- daHt ils diiïimulérent pour un tcms, & fe fournirent , jAîfviER, Fevjîtepx r.T Mars. 1744. 223 oumirent , quoiqu'à concre-cœur , à ces Réglemens au iujct de la Pêche ; parce qu'ils avoicnc alors des Affaires de plus grande importance à régler avec la Cour d'Angleterre. Leur deflein étoit de con- clure deux Traités entre cette Couronne & les Etats Généraux, l'un d'Alliance, 6c l'autre touchant le payement de la Somme qu'ils dévoient au Roi Jaques, l^^ais, auf- fi-tôt que ces deux Anaires eurent été ter- minées à leur fatiffaction , ils refuférent de payer la taxe pour la Pêche du hareng, & ils firent efcorter leurs Pêcheurs par des Vaifiéaux de Guerre pour les mettre à Tabri des infultes qu'on voudroit leur faire. ■5, Comme ces Faits font inconteftables, a- „ joute ici Mr. Campbell , je me crois obli- „ gé de les raporter: ce que je f^us fans la ,, moindre haine ou préoccupation contre ,, les Hollandois , qui font certainement à ,, louer pour ces exemples qu'ils ont don- „ nés de leur zélé à maintenir ou à procu- ,, rer les intérêts & le bien commun de „ leur Patrie, autant qu'ih jugent qu'une 5, telle conduite n'eil pas inconipatible a- „ vec le Droit des Gens. " Car il remarque lui-miême dans un autre endroit, que la Pêche du hareng, quelque peu im,portante qu'elle paroiiTe en elle-mê- me, ne laMTe pas d'être de conféquence pour les Hollandois, parce qu'elle fert de fondement à une branche conlîdérable de - leur Commerce. En 1623. arriva la malheureufe Affaire P 2 d'Amboine, aî4 BlBtîOTHEQ^UE BrIT ANNIQ.UE , d'Amboine, dont les Anglois confervérent un vif & long reflentiment contre les Hol- landois. Un Ecrit, qui fut imprimé vers ce tems-là en Angleterre, fous ce titre. Relation l'éritable des Procédures iîijiiftes , cruelles cf barbares, faites contre les Â7iglois à Amboine i publiée par Autorité , 1624. 4'°; cet Kcritj dis-je, aura beaucoup contribué, félon toute apparence, à fomenter parmi les Anglois cet efprit d'anim.ofité , qui a eu des fuites fi fatales. Quoi qu'il en foit, notre Auteur, pour ne pas fe rendre fufped de partialité contre les HoIlandois,fe con- tente de citer un Paflage aflez long, tiré des Annales des Provinces Unies , compo- fées par Mr. Bafnage, & dédiées par le mê- me Auteur aux Etats d'Hollande. Le Pafla- ge cité fe trouve dans le Vol. I. de ces Annales, p. 129, & contient le récit du Fait dont il s'agit. Notre Auteur conclut de ce Récit, (quoique, pour dire la vérité, la conféqucnce ne me paroifTe pasaufTi clai- re qu'à lui ,) qu'il paroit aOez que le crime des Anglois étoit purement imaginaire & de l'inv'ention du Gouverneur Hollandois, qui vouloit fe fervir de ce prétexte pour chaiJér les Arglois de cette Ifle , & pour mettre fa Nation en pofléiîion de tout le Commerce des épices: en quoi il réuflit effectivement, fi telle fut fon intention. Il eft allez étonnant, «t/'owî^ Mr. Campbell^ que les Anglois n'ayent pas alors tiré raifon de cette infulte, eux qu'on n'a jamais eu guéres fujet d'accufer de s'être montrés trop peu Janvier, Février et Mars. 1744. 225 pveu fenfibles aux affronts ; mais l'admiration diminuera de beaucoup à cet égard , (i Ton confidére l'état oh fe trouvoiencen ce tems- là les Affaires du Royaume. Le Roi Ja- ques avoit été engagé pendant plulieurs an- nées dans une ennuyeufe à. deshonorable Négotiation avec TEfpagne , au fujet du Mariage de fon Fils avec l'Infante. Quoi- qu'un iemblable projet fût contraire à tou- tes les Loix de la bonne Politique, Jaques fe promettoit de fi grands avantages de cet- te Alliance, qu'il facrifia l'intérêt de fa Fa- mille, la gloire de fon Gouvernement, 6c l'affedion de fes Sujets, à la paffion extrê- me qu'il avoit de fafre réiiffir ce Mariage. Cependant il ne put jamais venir à bout de le conclure ; au contraire il fe vit con- traint dans la fuite de rompre fubitement une Négociation qui avoit duré fi long-tems , & de penfer férieufement d'entrer en guerre avec l'Efpagne , pour obtenir la reflitution du Palatinat en faveur de fon Gendie, mal- gré l'averfion naturelle qu'il avoit pour des entreprifcs de certe nature. Telle étoit la fituation des Aff^aires en la Cour d'Angle- terre lorfque l'accident d'Amboinc arriva. Les Anglois en murmurèrent beaucoup 6: form.érent de grandes plaintes contre le pro- cédé des Hollandois en cette occanon ; mais la nécelTi' é , où fe trouvoit la Cour de ménager cette République dans une conjonc- ture fi critique, fut caufe qu'on n'employa que lavoyede remonrrance pour obtenir fa- tiffaétion : ce qui ne produifit pas grand effet. P 3 Mais 225 BiBLIO TH E Q^U E B RIT A NNIf^ÙE, Mais la plus grande tache du Règne de Jaques I, eu. d'avoir eu la lâcheté de lacri- iicr la vie du Chevalier JValter Raleigb au rellentiment des Efpagnols, ou plûtôc à la palHon qu'il avoit pour conclure le Maria- ge de Ion Fils avec l'Infante. Chacun fait que ce grand Homme s'étoit extrême- ment diftingué par fa prudence & fon cou- rage, en diverfes Expéditions contre l'Ef- pagt)e fous le Règne d'EIizabcth; ce qui etoit caufe qu'il étoit aaiTi haï que redouté des Efpagnols. Mr. Campbell décrit fort au loTig la vie ce ce Héros, à la fin du pre- mier Chapitre de ce fécond Volume. Ceux oui font un peu verfés dans l'Hiftoire d'An- gleterre, n'ignorent pas que le Chevalier Ralcigh fut arrêté au commencement du Rè' gne de Jaques I, fur lefoupçon qu'on eut qu'il avoic trempé dans une Conjuration, qu'on décoiivrit alors, & qui avoit pour but, à ce qu'on prétend, de micttre fur le Trône ArbcUe Stuarc, Coufine Germaine de Jaques. Raleigh fut condamné à m.ort de même que tous ceux qui avoicntété arrêtés pour le même fujct. Mr. Campbell alTûre riéanmioins qu'il n'y eut aucune Preuve ju- ridique qu'il ait eu part à ce Complot. L'unique témoignage, produit contre lui, fut celui de George Brooke, Frère du Lord Ccbbam, qui dcpofa, dans fon interroga- toire, avoir ouï dire à fon Frérc, que les ckofes n'ir oient bien, que quand on Je fer oit dé- fait du Renard c? de Jes Petits; èf qu'il n'y avoit que lui CCobham), 6f le Chevalier Ra- leigh , Janvier, Février et Mar?. 1744. 2tf îeigb , quifaffent bien an fait du projet formé là - dejjus. Cependant Brookc , fur le point d'être exécuté pour cette même Confpira- tion, fe recracla de ce qu'il avoit avancé, confeiîant n'avoir jamais ouï dire à fon Frè- re ce qu'on vient de raporter touchant le Renard ^ jes Petits. # Le Chevalier Ruieigh ne fut foupçonné d'avoir eu part à cette Confpiration, qu'à caufe de la grande liaifon qu'il avoit alors avec le Lord Cobham qui étoit accufé d'ê- tre un des Complices. Raleigh avoua bien devant les Juges, que ce Lord lui avoit pro-. pofé, de la part du Duc d'Aremberg, Am- balladeur de TArchidac Albert à la Cour d'Angleterre, une Ibmme d'argent, en cas qu'il voulût fe déclarer pour la paix avec VEfpagne, à laquelle il s'ctoit oppofé juf- qu'alors; mais il nia toujours d'avoir eu aucune connoiflance delà Conjuration con- tre le Roi & la Famille Royale. Jaques parut lui-même fi peu perruadé* que Raleigh fut coupable à ce dernier égard qu'il nefigna jamais aucun ordre pour l'exécution de la Sentence portée contre lui. Au contraire pour s'éclaircir de Tes doutes fur ce fujet, il imagina l'étrange tragicomédie de faire conduire fur l'échafaut les Lords Gray & Cobbwi & le Chevalier Griffin Alarkharn^, quoiqu'il eût réfolu de leur faire grâce, uni- quement pour voir fi la crainte de la more ne les obligeroit pas de rien déclarer con- tre le Chevalier Raleigh ; mais n'ayant pu P 4 tirer ÎS8 BlBLlOTHEQ^UE B RIT ANNIQ_U E , tirer aucun éclairciflement par cette voye , il quitta toute penfée de le faire mourir. Raleigh fut remis enfuite dans la Tour, oîi il refîa douze ans , dont il employa une partie à compofer fon Hifloire du Monde y Ouvrage fort eftimé parmi les Anglois. En 1617, il fut relâché de prifon ; il obtint même une Gommiffion du Roi pour aller à la Guiana chercher certaines Mines, qu'il avoit découvertes dans un voyage qu'il avoit fait autrefois en ce Païs-là. Cepen- dant il ne recueillit point le fruit qu'il efpé- roit de fon entreprife, & ce dernier voya- ge ne lui réulTit point, tant à caufe d'une maladie qui luifurvint immédiatement après fon arrivée en cette Ifle,que parce que les Efpagnols, qui avoient éeé avertis de fon deflein, avoient pris leurs précautions pour empêcher fes Gens de pénétrer dans le Fais. Ils les attaquèrent même en diverfes ren- contres, & en tuèrent plufieurs, du nom- bre defquels fut le Fils même de Raleigh. Ces bofiilicés des Efpagnols irritèrent fi fort les Anglois, qu'ils fe jettérent fur la Ville de S. Thomas & la pillèrent. Après quoi ils remirent à la voile pour s'en revenir en Angleterre. Le Chevalier Raleigh, à fon retour, fut arrêté par ordre du Roi , & mis derechef à la Tour , fur les plaintes du Comte Gondomar, AmbaiTadcur d'Efpagne auprès de Jaques. Comme on vouloit le faire périr à quelque prix que ce fût , on fit examiner en toute rigueur fa conduite dans fa dernière Expédition à la Guiana \ cependant Janvier, Février et Mars. 1744. 1229 cependant les Jurés n'y trouvèrent point de matière fuffifanteà lui faire Ton procès. C'eft pourquoi on prit le parti de renouveller con- tre lui fa première Sentence, fous prétexte qu'il n'en avoit pas obtenu le pardon en for- me en fortant de prifon, & le Roi en or- donna l'exécution. Ce qui montre que fa perte étoit abfolument rèfoluë; car il eft évident que la Commiffion , qu'il avoit ob- tenue du Roi, équivaloit à un pardon; & même un fimple pardon n'auroitpas été une preuve aufll forte de la faveur royale, que rétoit la confiance que le Roi lui avoit té- moignée, en lui donnant, par fa Commif- fion, le pouvoir d'exécuter la Loi Martiale fur fes Officiers , aux yeux de nos Voirms,ri nos Gens de 5, Mer, par leurs Exploits furprenants, n*a- ,, voient maintenu la réputation & l'hon- 3, neur de leur Patrie, & n'avoient rendu ,, Tes Armes formidables. " L'autre Re- marque eft, que, quand les defordres & les miiércs , qui fuivirent la ruine de l'ancien- ne forme de Gouvernement, eurent fait - ccnnoitre aux Anglois que le plus court moyen, pour remédiera ces maux, étoit de rétablir ce qu'ils avoient détruit, les Gens de Mer furent ceux qui témoignèrent le plus d'empreflement & d'ardeur pour exécuter un deflein fi Hdutaire: car, fans attendre d'autres ordres que ceux de leurs Officiers ;, ils conduifircnt avec joye leur Flote fur les Côtes d'Hollande, pour y recevoir SaMa- jefté. Dans le Chapitre IV, qui regarde le Rè- gne de Charles II , l'Auteur donne une am- ple defcriprion des deux Guerres que ce Prince eut avec les Provinces-Unies,* mais, comme ces événemens font très -connus, nous les paiïerons fous filence, d'autant plu« Janvier, Février et isIârs. 1744. 241 plus que nous ne pourrions entrer dans au- cun détail ià-dcilusj fans étendre cet Ex- trait au de -là de ies jufles bornes. C'eft pourquoi nous nous bornerons ici à faire mention des Amiraux & autres Grands Offi- ciers de Marine, dont Mr. Campbell fait l'Eloge hiltorique à la fin de ce Chapitre , parce qu'ils fe font le plus diftingués dans les Expéditions Navales fous le Règne de Charles II. Le premier, dont notre Auteur parle, eft le Général Monk, û connu pou- avoir été le Reflaurateur de la Monarchie parmi les Anglois; il fut depuis créé Duc d'Albemarle par Charles II. en reconnoilTan- ce d'un fervice de fi haute importance. L'Auteur décrit ici la vie de ce Général, parce qu'il ne fe Cgnala pas moins fur mer que far terre. Il le juftifie amplement de tout ce que Milord Clarendon & Mr. l'E- vêque Burnet ont dit à fon defavanta- ge , &; il prouve fort au long que ce Général fe montra un grand Capitaine en Irlande , un fsge Gouverneur en Ecofle , un profond Politique en Angleterre ,& un bra- ve & intrépide Amiral en plufieurs Baîail- les Navales contre les Hollandois. Le fécond, dont Mr. Campbell fait l'E- loge, ed l'Am.iral Montaigu', que Charles II, ^près fon RétablilTement, fit Comte de Sandwich, Chevalier de la Jarretière, & Vice -Amiral d'Angleterre. L^'illuflre Com- te de Sandwich périt dans un Combat Na- val , donné entre les Anglois & les Hollan- dois le 28. Mai de l'An 1672. L'Auteur Q 3 raporte 242 BlBLIOTHEQ^UE BRITANNIQUE-, raporte ici les témoignages honorables ren- dus aux grandes qualités de cet Amiral par divers HÏiloriens. Nous ne raporteions que celui de Gérard Brajidt^ célèbre Ecrivain Hoîlandois^qui n'eft guércs partial qu'en- vers les propres Compatriotes, dit î\lr. Camp- bell ; quoique , li ce penchant à favorifer fes Compatriotes eft un défaut digne de blâ- me, je ne fâi pas trop comment Mr. Camp- bell iui-mêm>e pourra echaper à la cenfure. Mais 3 pour revenir ta Gérard Brandi , cet Hif- Torien, après avoir raconté dans la P^ie de Riiyter îivcc cruelle valeur le Comte de Sand- wich fe défendit, jufqu'à ce qu'enfin ion Vailleau fauta en l'air, ajoute: ,, Telle fut 5, la fin de ce noble Pair, qui étoit Vice- 5, Amiiral d'Angleterre ; vSeigneur égalemiCnt ^5 recommandable pour fa bravoure , pour „ fon favoir & fa politefTc; Homme qui a- 5, voit rendu les plus grands fer vices à fon 3, Souverain , non feult^mcnt dans les Com- ,, bats, m.ais auili dans le Cabinet oc en „ qualité d'AmbaHadeur dans les Cours 3, étrangères. " Knfin notre Auccur fiy^nalc lui-même fon zélé pour la mémoiie de ce Héros , en confacrant à fes Mânes un bel Epitaphe en vers ; & je ne crois pas que ce zélé doive être fufpcêt de flatterie à cau- fe que Mr. Campbell dédie ce fécond Vo- lume à un des defcendans de cet illuftre Défunt. Les autres grands Hommes de Mer, dont on trouve encore les Vies en ce Chapitre, font /e Prince Robert ^ Jean Laijofon^ Jean Kemp- Janvier, Février et Mars. 1744. 243 Keînptborne, George Ayfhie, [j^ Edouard Sprag- ge, A la fin l'Auceur ajoure: ,, Voilà quels „ fonc les Héros, à la valeur defquels nous „ fommes redevables de nos principales ,» victoires, qui ont porté fi haut la gloire „ des Armes Angloifes , qui ont tant con- „ tribué à l'extenfion de notre Commerce, 3, & dont nous aurions pu retirer beaucoup 5, d'autres avantages, fi nos Divifions Do- y^ mefriques ne nous avoient empêchés de „ profiter des travaux de ces grands Hom- y, mes, qui ont tous expcfé leur vie, & „ donc plufieurs l'ont lacrifiée effeélive- „ ment, pour la gloire &; le bien de leur 3, Patrie. " Enfuite l'Auteur explique la raifon pour- quoi les Anglois n'ont pas toujours rendu k juilice qu'ils dévoient aux belles Adions de ces illuftres Guerriers. Les deux Guer- res, entreprifes fous ce Règne contre les Provinces-Unies, déplaifoient à une gran- de partie de la Nation , & fur - tout la der- nière , qu'on regardoit , & avec raifon , com- me abfolument contraire à l'intérêt de la Religion Proteftante en général & à celui de l'Angleterre en particulier, & comme très-dangereufe à l'équilibre dePuiflance en Europe. ,, C'eft pourquoi, dit Mr. Canip^ „ k//, les grands Exploits de nos braves „ Gens de Mer, & les avantages que nous 5, avions remportés par la dernière Paix „ avec la Hollande, n'éroient pas confi- ,, dérés dans le jour qu'ils méritoient: au „ contraire on defaprouvoit la conduite de Q 4 :» ceux S44 BlBLIOTHEQ^UE BRITANNIQUE, 3, ceux qui avoit fait coui-ageufement: leur 3, devoir en ces occafions importantes ; on „ les regardoit comme de fen'iles créatu- 5, res de la Cour, & comme des Gens prêt^ 3, à exécuter fans diftindion tous les ordres 3, qu'ils en recevroient. Traitement for: 35 injurieux, ajoute Mr. Campbell, & qui é- „ toit capable d'abatre le courage de plu- 3, fieurs. Le vrai mérite d'un Soldat, ou 5, d'un Homme de Mer, confifle à exécu- 3, ter courageufement ce qui lui eft ordon- „ né ; mais on poufle trop loin les chofes , 3, lorfque l'on veut les rendre refponfables ^, de la juftice des ordres qu'ils reçoivent; 5, parce que, fi cette Maxime étoit une fois 3, établie, il s'en enfuivroit des conféquen- 3, ces qui pourroicnt être très-préjudicia- 3, blés à la Société Civile." Mais, en po- fant pour Principe que les Sujets ou les In- férieurs, doivent une obéïlTance aveugle & abfoluc aux commandemens de leurs Supé- rieurs, ne pourroit-il pas s'enfuivre de -là des conlequences pour le moins aufîi pcrni- cieufes au bien & au repos de la Société? Mais fSaivons Mr. Campbell. Après avoir mis au jour cette erreur , oii il prétend que font tombés lesPartifans des Libertés du Peuple, il cenfure avec la mê- me liberté une bévue de plus grande con- féquence encore, commife du côté des Mi» niflres & de la Cour; par ou il entend les trop grands égards que la Cour d'Angleter- re témoigna pour la France pendant la der- :aié.fe partie du Règne de Charles II, après que Janvier, Février et Mars. 1744. 245 que ce Prince fe fut livré aux confeils per- nicieux de ces indignes Minières connus fous le nom de la Cabale. „ C'efl une chofe „ monftrueufe à dire, ajoute Mr, Campbell^ )y & cependant nous avons des Preuves fi 3, fortes de cette vérité, que je ne puis la ,, diflimuler, favoir, que notre Couverne- ,, ment, vers la fin de ce Règne, favorifa ,, les defTeinsà les projets ambitieux de la ,, France, au préjudice des vrais intérêts j, de l'Angleterre. Cette étroite liaifon du 5, Roi & de Tes Minifires avec la Cour de „ France, dans un tems où ils auroient dû 5, s'oppofer le plus vigoureufement à Taug- „ mentation de fon Pouvoir, ne pouvoir ,, manquer de choquer le Parlement & le „ Peuple , & de les prévenir étrangement „ contre le Miniilére,- car cette conduite „ faifoit voir que la Cour avoit toute autre ^, chofe en vûë que l'intérêt de la Nation: „ Au lieu que , fi la Cour avoit agi par le 3, motif du Bien public , & que la Nation „ eût été bien unie, nous aurions pu don- 5, ner la Loi à l'Europe entière, & nous fe- ,, rions devenus la plus grande Puiflance 3, Maritime qu'oc eût jamais vûë jufque-là ^, dans le Monde. " Le cinquième & dernier Chapitre de ce Volume roule fur le Règne court &: peu heu- reux de Jaques IL Ce Prince étoit fort ap- pliqué aux affaires & bon Econome; mais fon grand foible étoit de fe laifier conduire par des Confeils étrangers, chofe abfolu- ment infuportable aux Anglais: Jaques le Q 5 favoit 24.6 Bibliothèque Britanniq^ue, favoit très - bien ; cependant , fon attache- ment extrèîTie auPapifme l'engagea àfe jet- tcr entre Icb bras de la France, à. à n'agir que comme le Lieutenant, ou le Viceroi de Louis XIV; au lieu que s'il eût été de la Religion de Tes Pérès, & qu'il fe fût con- formé aux delirs de fes Sujets, il auroit pu faire aifément la Loi à ce fier Monarque : Ce qui l'auroit fait regarder comme le Li- bérateur de l'Europe. Mais fa bigoterie l'a- veugla, 6i Tes Miniftres. abufant de fa con- fiance, lepoullérent à des entrepriiés, qui lui firent bientÔL perdre l'aflédlion de fes Sujets & peu de tems après fa Couronne. Quelques bévues néanmoins, où il foit tombé contre les Régies de la bonne Poli- tique, pendant le peu de tems qu'il gou- verna, on ne peut que louer la diligence avec laquelle il s'appliqua, dès qu'il le vit furleTiône, à remettre la Flote en bon état. Comme il avoit exercé long-tems, fo^is le Règne de fon Frère, la charge de Grand Amiral , il avoit acquis beaucoup d'expérience dans les Affaires de la Mari- ne, & il connoiflbit parfaitement les defor- dres qui s'étoient gliffés dans toute l'Eco- nomie de la Flote , pendant les cinq ou fix dernières années du Règne précédent. C'effc pourquoi , peu de tems après qu'il fut mon- té fur le Trône, il nomma des Commillai- rcs habiles 6: expérimentés, auxquels il don- na ordre d'examiner les caufes de ces defor- dres, & de rechercher le.-^ moyens les plus propres pour v remédier efficacement. Ceux qu'il Janvier, Fe\tiiî:r et Mars. i744- 247 qu'il avoic chargés de cetce Coramiflion s'en acquittèrent parfaitement bien, à. le Roi n'épargna ni foins, ni dépenfes, pour re- mettre tou!:es choies en ordre félon leurs Avis : De forte que la Flote fe trouvoit en fort bon état , lorfqu'on apprit à la Cour d'Angleterre le defiéin qu'avoit formé le Prince d'Orange de pafler en Angleterre, avec une Fiote que lui prêtoien: les Etats, pour aider les Anglois à maintenir leur Re- ligion & leurs Libertés. Sur cette Nouvelle, qui alarma fort le Roi & ion Confeil , Jaques donna le Com- mandenient de fa Flote au Lord Dirtmoutb. Ce nouvel Amiral fe rendit aulTi-tôr fur la Flote, oïl il aflembla un Confeil de Guer- re, pour délibérer fur les moyens de préve- nir rînvafion dont on étoit menacé. Q'Jel- ques-uns propoférent de mettre à la voile & d'aller croifer fur les Côtes d'Hollande ; mais cet Avis fut rejette à la pluralité des \'oix, parce que la plupart des Capitaines n'avoient aucune envie de combattre les Hollandois, ni de s'oppofer à leur defcente. Tant il eft difficile , dit l'Auteur, d'engager les Anglois, à rendre leur Patrie efclave! Ainfi le Prin- ce embarqua fon Monde fans aucune oppo- fition «Se fans courir le moindre danger; ion paflage fut heureux 6: mieux réglé par les vents, qu'il ne l'auroit été par la pruden- ce hum.aine. Car ayant réfolu de faire fa defcente à Plym.outh, ce qui auroit pu lui être fatal, le vent changea tout d'un coup, e cœur? Nôtre Auteur répond à cette ques- tion 5 qu'elle eft TeiTetde l'Action immédia- te du St. Efpric j qui, en un moment, pro- duit dans l'ame du Fidèle une convidion plus parfaite , que ne pourvoient le faire tous les Raifonnemens humains. II s'atta- che enfuite à proiiver que cette opération du St. Efprit eft le vrai principe de la Foi. D'abord, il allègue divers Palfages de TE- criture, qui, félon lui, écablilTent cette Vérité. Tels font ceux qui fuivent: Perjm- rie ne peut dire que yéjus eji le Seigneur ; fi ce rCtJt par le St. Ejprit : C'eft là Je Para- clety qui doit être avec les Fidèles jufquW la, fin du Monde; qui rend témoignage de J. C; & qui conduit en toute Férité : C'efh ce qui fait dire que les Fidèles font le Temple du St, Ejprit; que ï Ejprit de Dieu habite en eux ; qu'ils ont le témoignage de Dieu ; que le St. Ejprit rend témoignage à leur Eprit ; & d'autres chofes pareilles: Enfin, c'eft à caufe de cela que la Foi ejl appellée un don àe Dieu. Après cela l'Auteur montre que cette Ac- tion du St. Efprit eft le moyen le plus pro- pre , pour produire tous les effets que l'E- criture attribue à la Foi. Son influence eft la même fur tous les Fidèles : Elle illumine tout R 4 homme 2^0 BIBLIOTHEQ.UE BrIT A NNIQ.UE , bomme venant au Monde ; & les fait tous en-? trer dans les mêmes fentimens: Elle naic dans un inftant; & agit d'une manière irré- fiftible, comme on le voit dans l'exemple de St. Paul: Son évidence afFedlant le cœur & toutes les facultés de l'ame, elle a la for- ce de furmonter les plus violentes tenta- tions: Devenant une affaire de fentiment, elle efl d'une certitude indubitable; & eft pour le Fidèle un guide plus alTûré que ne peut être la Loi écrite, difficile à entendre, fujette à de fauffes explications, & fufcep- tible d'altérations parla fuite des tems: En- fin , l'on comprend fort bien pourquoi l'in- crédulité eft criminelle ; parce qu'on ré- jQfte alors à l'Aftion de Dieu, qui agit en nous,* au lieu qu'il n'en eft pas de même quand on ne faifit pas la force d'un Raifon- nement (a). Le refte de l'Ouvrage eft employé à faire diverfcs réflexions, pour fortifier le Syfthè- me de l'Auteur. 11 fait un grand ufage de la manière dont l'Ecriture parle des fciences mondaines ; & du mépris , qu'il prétend qu'el- le témoigne , pour tout ce qu'on nomme Raifonnemens humains. Elle exige des Chrétiens qu'ils croyent les Vérités de la Religion comme des Enfans , fans aucun éxâ- mer;. (4) L'Auteur fe contrelir évi !cmm''nt. II dit que l'Action du St. Efpri ef^ îrréfif>ib!e j e^ un mo- ment après il dit que rincrélu'ité efl criminelle i parce qu'elle confifte en ce que l'incrédule refifte â cette Action. Note du JourndiJU, Janvier, Février et Mars. 1744. 26i men. Rien n'efl plus fenfé, félon lui, que cette conduite. Les Raifonnemens ne font naitre que des Difputes, des Divifions & des Schifmes : Au lieu que cette docilité enfantine conjer'ce la paix dans V unité d'Ef- prit. En général , il remarque que l'igno- rance eft la Mère de la Dévotion. Sur quoi il obferve que la Religion a beaucoup fouf- fert dans ce llécle éclairé, 011 l'on a voulu tout examiner. Les Ledures de Boyle en particulier on fait un très grand mal ; en ce qu'elles font connoitre les difficultés , & que la millième partie de ceux qui les lifent p'ell pas en état de faiiir la force des râl- ions qu'on leur oppofe. En prouvant ain- fi par le Raifonnement les objets de la Foi, l'on rend douteufes des Ventés, dont les Auditeurs, ou les Ledleurs, avoient conf- tamment été perfuadés dès leur enfance. En les exhortant à examiner les fûndemens de leur Foi, on leur laifle entrevoir, qu'ils peuvent, fans crime, tomber dans l'incré- dulitë; parce que les raifons pour ne pas croire, failant quelques-fois plus d'impref- fion fur leur Efprit, ils font alors néceiïhi- rement obligés à renier la Foi, fans qu'il y ait aucune faute de leur part. L'Ecriture cil fi éloignée de permettre un examen li dangereux, qu'elle nous fait envifagcr l'Hé- réiie, le SchiTme à: l'Incrédulité, qui en font les conféquences, comme des chofes extrêmement criminelles. Conformément à cela , les Magiflrats ont grand foin de pré- venir ces maux, en prenant toutes les pré- R 5 cautions 2(52 ËTTîLro'THEQUE BrITANNIQ^UE, cautions imaginables , pour empêcher cet examen & faire perfévérer tous les Mem- bres de l'Etat dans riinité de la Foi, Il en eft de même des Univerfîrés, où les Pro- felTeu'-s en Théologie repriment autantqu'ils pravcnt cet Efprit de CurioOté, qui porte à tout examiner. Difons en autant des Pè- res & des Mères par rapport à leurs Enfans. Enfin 5 à toutes ces raifons l'Auteur ajoute l'Autorité de l'Evêque Beveridge , qui ^ dans fes penfées Jecretîes fur la Religion, pofe en fait que, fans le fecours de Dieu, il eft im- polTible à l'homme de faifîr les objets fpiri- tuels & d'en concevoir l'Excellence ; qu'il feroit auiTi facile de lire fans les yeux, que de comprendre les Myflères de l'Evangile fans la Grâce; qu'il eît mille fois plus aifé à un inlcfle de rai Tonner fur ce qui concer- ne les hommes, qu'il ne l'eft au plus habi- le de tout le genre humain de comprendre, tandis qu'il refle dans fon état naturel, les chofes qui lont de Dieu ; qu'il faut être doué d'une 'vue Jpirituellc, pour comprendre les cho- fes fpirit'uelles : De forte que le premier Adte, par lequel Dieu opère notre Con- verûon , confifle à éclairer notre Efprit , pour lui faire faifir les objets fpirituels. Tel eft en fubftance le Syfthème de l'Au- teur de ce:te Lettre ; & telles font aufîî les raifons qui lui fervent de fondement. Nous avons fupprimé toutes les réflexions qu'on pourroit faire , pour détruire les principes fur Icfqucls il fe fonde; parce qu'elles font exprimées avec beaucoup d'étendue Janvier, Février et Mars. 1744. ^^3 d'étendue & de netteté dans l'Ouvrage , qui va faire le fujet de l'Article fuivant. ARTICLE IV. The Reasonablesse of the Christian Religion , as delivered in the Scriptiires, Being an Anfwer to a late Treatise , intitled Chrijlîanity not founded on Ar^ gument, Cefl-à-dire: Le Christianisme Raisonnable ; pour fervir de Réponfe à un Traité y où Ton fait voir , que le Cbrijîiamfme n'efi pas fondé fur des preuves du reffort de la Ra'ifon. Par Mr. George Benson. A Londres , chez J. N&on , at the oôhite Hart in Cheapfide ; R.. King y at the Bi- hle and Crown in Fore - Street ; M. Feu- lier y at the Tiirk's Head in Grâce Chiirch- Street ; and M. Cooper , at the Globe in Tater-NùfierRo^jd. 1743. C'eft un in 8"". de 276. pag. fans la Préface, qui en contient. 18. L'Auteur de cette Réponfe efl déjà con- nu en Angleterre par divers Ouvrages, qu'il a publié en faveur de la Rehgion. H a fait l'Apologie de la Prière contre les Délites a64 BlBLIOTHEQ^UE BrITANNIQ^UE, Déifies modernes, qui fe moquent de cet A6le de Dévotion: Dans le même Ouvra- ge , il a examiné la Doctrine de la Prédef- tmation; & expofé l'origine & l'occafion des expreflions de l'Ecriture fur ce fujet. Il nous a auffi donné l'Hiftoire de la fonda- tion des premières Sociétés Chrétiennes, tel- le qu'on peut la recueillir des Actes des Apô- tres & de leurs Epitres. L'on trouve ralTemblés dans ce Livre les Morceaux de PHilloire des Juifs & des Romains, qui ont rapport à celle des Chrétiens de ce tems là. L'Au- teur y a joint une DilTertation , en forme d'Appendice, ou il s'attache à prouver que St. Luc à écrit les Actes des Apôtres ; & que, fi Ton Hifloire eft véritable, il s'enfuit que le Chriflianifme efl une Religion qui vient de Djeu. Le Traité, dont nous devons préfente- ment rendre compte, n'efl pas une moindre preuve de l'attachement de Mr. Ben son pour la Religion ,* & de fon zèle à la défen- dre. Il eft écrit en forme de Dialogue: Pyrrhon, Théophile & Criton en font les Interlocuteurs. On fuppofe qu'ils s'entretiennent en préfence de plufieurs A- mis communs. Le fujet de leur converfa- tion eft la Lettre où Ton prétend faire voir que le Chriflianifme n'efl pas fo?idé Jiir des preu- nd6 270 BlIîLIOTHEQ^UE B RIT A N NIQ^UÊ , 55 fondé à y trouver à redire en elles mê- 5, îTjes, quoiqu'on n'ait que trop de raifons 3, de blâmer les abus qu'on y a introduits , 3, & la manière donc on a altéré leur (im- 5, plicité originale- Car enfin, y a-t il un 5, ieul homme de bon fens qui ofe foute- 55 nir, qu'il eft déraifonnable ou luperfli'. <,, tieux d'employer, lorfqu'on admet fo- 3, lemnellement un nouveau Membre dans ^, quelque Société que ce foit, une Céré- yy monie fimpîe & expreffive, par laquelle 3, on lui donne droit aux privilèges du Corps 3, dans lequel il entre , &; il s'engage à rem- 5, plir tous les Devoirs de ceux qui en font ^, Membres? Ce qui eft le but du premier 3, Sacrement de VEgliJe Chrétienne'^ Qu'y a- :,, t - il encore de déraifonnable & de fuper^ 3, flitieux à célébrer fréquemment & avec 5, reconnoiflance l'immenfité de TAmour j, du Rédempteur des liomm.es, qui a fa- 3, crifié fa vie pour eux; & à fe rappellcr j,, dans cette folemnité les Obligations, que „ ce grand bien -fait leur impofe; ce qui j, eil aulîi le but du fécond Sacrement (a) '^ '* Cette preuve, tirée de l'Excellence mê- pie de la Religion, n'étant fenOblequ'à ceux qui l'ont examinée avec foin. Dieu a jugé à propos d'en donner d'autres, qui fuflent a la portée de ceux là mêmes qui n'ont, ni ic tems, ni les Talens nécefiaires, pour faire cet examen. Ces preuves font îesPro- pbéîies & les Miracles. Mr. B£NSûn s'attache à faire (4) p. i). zC Janvier, Février et Mars. 1744, lyz faire fentir la force de l'une & de l'autre ; mais commeii ne nous paroitpas avoir rien dit de Douveau fur ce fujet, nous ne croyons pas devoir nous y arrêter. Tout ce quc'nous en extrairons fe borne aux réponies de Th e o- p H I L E à une objeâ:ion que P y i< k h o n' àvoit empruntée de ion Auteur. La voici. La preuve tirée des Miracles acquiert toute fa force de la fuppoficion- que les Livres du Nouveau Tellament font vrais; mais l'Au- teur de la Lettre inûnue que hur contenu ejl douteux ; (]\iQ ce ?i'eft qu'un témoignage humain^ de fa nature Juj et à r erreur \ que ce fi'ejl plus- pour nous qu'une tradition incertaine^ un ouï dire; enfin, que ces Livres, ayant été copiée par des hommes ^nefauroient avoir l-autenticiti requife^ {f ne font y à tout prendre , que Von* vrage des hommes. , . Pour répondre à cette difficulté, Théo-» PH ILE remarque d'abord, qu'elle porte fur tout ce que l'on croit fur le témoignage d'au-^ trui, auffi bien que fur la Religion. S'il ne faut ajouter foi qu'aux chofes qu'on a vûcs,^ il n'y aura rien de certain dans l'Hiftoire; les Tribunaux de judicature ne pourront plu$ prononcer fur la dépofition de témoins ; (Se c'en efl fait de coût commerce dans les païs 011 l'on n'a pas été, & avec des perfonnes. qu'on ne connoit point. Mais comme une pareille propôfîtion , (1 elle étoit reçue , bou^ leverferoit la Société, il s'enfuit que touie perfonne fage ajoutera conftamment foi aux vérités qui lui feront atteftées pj^ des té- moins d'une probité reconnue. ■ ,. S a L'oiQ tyi BibLIOTHEQ^UÉ BRITANNIQ.UE, L'on die que Matthieu y Marc^ Luc, &c. ont écrit les Livres du Nouveau Teftament, il y a environ dix-fept llécles; il eft quef- tion d'en alléguer des preuves, & de pro- duire des témoins qu'on ne puifle recufer. Il eft bien aifé de s'apperc'evoir que ces Livres ont étécompofés dans letems qu'on leur alîigne. Ce que leurs Auteurs difcnc de la Géographie, des Coutumes, des Mœur:. & des Affaires de ce tems, démontre qu'ils n'ont pas été écrits plus tard. En effet , il efl: prefque impoffible qu'il n'échappe à l'Ecrivain le plus attentif diverfes chofes, qui découvrent toujours l'Age dans lequel il a vécu. Si des Auteurs plus modernes que Matthieu^ Marc, Luc, &c. avoient fappofé les Livres qu'on leur attribue, ja- mais ils n'auroient pu écrire d'une maniè- re qui répondit fi éxaclemcnt aux ufages du tcms où ont vécu ceux dont ils ern- pruntoient le nom ; & ils fe feroient né- ceiTairement trahis eux mêmes , en met- tant dans leur Ouvrage des chofes qui ne pouvoient convenir qu'au fiécle dans lequel ils ont écrit. Mais, puifque la Critique la plus exacte n'a rien pu découvrir de pa- reil jufques à préfent , 6: que toutes les re- cherches, qu'on a faites, confirment- qu'ils ont été écrits dans le tems que nous leur affignons, il en faut conclure qu'on ne fc trompe point à cet égard. L'Age de ces Livres étant ainfi fixé, il fefle à voir s'ils font des Auteurs dont ils portent le nom. Nous avons pour celi'' Jai^ieR) Février et Inîars. 1744 ^73 les mômes preuves, que Ton allègue en faveur des Ecrits des Anciens; favoir le témoignage des Ecrivains de leur tems, & des fiécles poilérieurs. 11 ne faut pas s'imaginer que ces rémoins s'en foyent laif- fé impoler. Plufieurs d'entr'eux connoif- foient perfonnellcmenc les Auteurs de ces Livres, &, fans doute, leur Ecriture; ils étoient envoyés à des Eglifes entières, avec ordre , quelques-fois , de les communiquer à d'autres; ils les lilbient publiquement dans leurs Aflémblées; & plufieurs de ceux qui les avoient lus, ou entendu lire, en ont vu les Auteurs après cette ledlure. En- fin, ce qui met la chofe hors de tout dou- te; c'eft que les Ennemis mêmes du Chrif- tianifme ont reconnu qu'ils écoient de ceux dont ils portent le nom. , La queftion fe réduit donc préfentement à favoir fi Matthieu, Marc ^ Luc ^ &c. ont écrit la Vérité? L'on ne fauroit s'empêcher. de prendre l'afîirm.ative fur cette propofi- tion, dès qu'on f;it les réflexions fuivantes. Ils ont été reçus volontairement par un grand, nombre de perfonnes, à portée de connoi- tre fi les Auteurs rappoiroient fidèlement les Faits: Ils n'ont point été contredits par ceux qui avoient un fi grand intérêt à le, faire: Ils étoient écrits dans la langue la plus en ufage de ce tems; traduits de bonne heure en plufieurs autres ;& répandus parmi les Ennemis de la Religion, qui ont été forcés d'admettre la Vérité des principales chofes qu'ils renferment. Enfin, il s'agit $3 ' dani £74 BlBLIOTHEQ^UE BRITANNIQUE, dans "c€s Livres de la chofe du monde la plus importance , & qu'un homme fage ne recevra jamais fur de légers fondemens; (i donc diverfes perfonnes , diflinguées par îeurs Lumières 5 parles bonnes qualités de ieurCœur& par leurrang, les ont reçus dès qu'ils ont paru, il en faut néceilaircment conclure, qu'ils ne l'ont fait qu'après un iTiûr examen & par de bonnes raifons. ■ L'on ne peut pas dire que ces Livres, vrais dans leur Origine , ont teUemenc é:é altérés & corrompus, qu'on ne peut plus dîllingucr aujourd'hui la Vérité du Menibn- ge. En eflet, les Verfions, qui en ont été faites; ies fréquentes Citations d'un grand nombre d'Auteurs; la Mwkitude des Copies ïîja'onen a trouvées en Europe^ en JJîc ly. en j-lfy-que, s'accordent tout'^s entr'e Iles pour ]e gros des faits oc les chofcs efTcntiel les. D'ailleurs, ces altérations étoient impolTi- feles, puifque les Copies de ces Livres é- toicnt en très grand nombre, entre les iTiains de tout le m.onde, & lues afTidu- Tnent. A quoi on peut ajou«^er que , les Chrétiens étant divifcs en plufieurs Seétes , èjui toutes s'accordojent à en appelîcr au témoignage de ces Livres, aucune n'au- îbit pu y faire le moindre changement fans faire Crier les autres. Les différences , qu'il y a entre les Ver- fions, les Citations & les ÇoDics Manuf- Crires de nos Livres facrés,- ne prouvent àbfolument point qu'ils ayent éré corrom- pus. C'ell le fort de tous les Livres co- piés Janvier, Février et Mars. 1744. 275 pies fréquemment d'avoir des diverfués de leçons; 6l comme le N. Teftament l'a été piïis qu'aucun autre , il n'cil pas étonnant il toutes les Copies né fereffemblent pas. Cette Variété de leçons, qu'on objecte, bien loin d'afroiblir TAutorité de l'î^^critu- re,Iui donne une nouvelle force. Si nous n'en avions qu'une feule Copie, il n'y au- roic aucune l^arianîe ; mais alors on ne manqueroit pas de dire; qu'on n'eft pas fiir d'avoir le véritable Texte; que cette Copie eft, peut être, fautive; ik qu'on ne peut s'aiiUrer de fon Autenticité qu'en la comparant avec d'autres. Cette compa- raifon, que nous fommcs en -état de fai- re, Ôc qu'occafîonne les diverfités de le- çons, nous allure donc parfarteraent de l'Autenticité du Texte. Cela ed (i vrai, que, parmi toutes les Invariantes qu'on a recueillies avec beaucoup de foin, il n'y en a aucune qui apporte quelque chan- gement à ce qu'il y a d'edentiel dans la Foi. Elles ne font', d'ailleurs, pas en fi grand nombre qu'on le dit. On prétend que le Dr. Mill les a fait monter à trente milles; mais fi l'on retranche de ce nom- bre celles qu'il a tirées, des Citations de divers PafTages, que les Pères ont faites. de miémoire ; de quatre Verfions Orienta- les, dont il n'entendoit pas la Lann;ue <5c qu'il n'a confultées qu'en Latin; d'un mê- me Manufcrit , qu'il a fouvent cité fous deux nom.s différens; & des fautes d'Or- thographe ou des tranfpolitions de mots Sl 4 des njô BlPLIûTHKQ^UE BRITANNlQ^Ulfi dès Copitles, elles Te réùuironc à un beau» coup p!us pecic nombre. Donnons une idée de celles qui viennent de la feule tranfpo- fiLion des mots. ,, La Ph^afe, nôtre Sei- „ gvcnr jéj'us-CbîiJî ^til exprimée dans di- 5^ vers Manufcrits, tantôt par le mot Jé^ 5, fus y taniôt par celui de Cbrijl^ & quel- ;, "ques-fois par tous les deux, Jéfus-Cbrift\ ,„ dans quelques uns on lit, Jéjus-Cbrïji le 5, Sef^s^neur^ tandis que d'aucrès portent, ,, nôtre Seigneur , le Sei^^neiir Jéfus-Cbr^jl , „ nôtre Seigneur Jéfus-Cbrift'^ ou d'autres ys cspreiTions fcmblables. Si Fon confidère 5, préfentement combien de fois cette phra- 3, fe le trouve dans le N. T. , & en com- ,, bien de dfîférentes manières les mots, .s, qui la compofent, peuvent être combla 5, nés, il fera aifé de comprendre la multi- 5, rude de difrértrites leçons qui en peut jj réfulter ; fans que cependant elles chan- „ gent en rien le fens, qui fera toujours le ,'y même de quelque man:cre qu'on life Qa). " j/avantage, qu'on peut retirer de la Colla- tion de plufieurs Manufcrits, cft û grand, que Mr. Be nso n fouhaiteroit , que tous ceux qui, après les avoir confultés , ont- e}uelque chofe de nouveau à nous appren- dre, le publiallent. Je jerois cbarmé , dit- il, que le Dr. Bentley publiât fon Nouveau Teftament Grec, tout imparfait qu'il Jôit% ^ que Mr. Wetftein vécût a[fâz long-tems^ pur donner celai qu'il nous a promis Çb}. Sur quoi (il) p; 124.. (5) p. I2T. 'Janvier, Février et Mars; 1744. 177 quoi je remarquerai , que le.Dr. Bentley eft dirpoîé à iatjffaire rempréiTemenc de notre Auteur, «Se que nous ne tarderons pas à voir le fruit d'un travail de tant d'années. Je fuis aulTi d'aflez bonne part , que l'Ouvrage de Mr. Weîftein eft tout prêt pour la prefTe; & qu'il l'auroit publié il y a long-tems, ti* le zélé de quelques perfonnes, qui ont pris l'allarme mal à propos, n'y avoit apporté des obftacles. La féconde Partie de l'Ouvrage de Mr. Benson eft, fans contredit, la plus im- portante; puifqu'elle renferme une réponfe direfte aux difficultés de fon Antagoniftei Sa Méthode eft de propofer d'abord l'Ob- jedlion dans les termes mêmes de l'Auteur de la Lettre, & fans lui faire rien perdre de fa force; après quoi il en montre claiie- ment le peu de folidité. Donnons eii quel- ques exemples. Son Adverfaire parle par tout avec beau- coup de mépris de la Raifon humaine ; qui, fé- lon lui , eft un guide peu fur , qui n'a rien de fixe dans fes principes , çeau de la Juftice par la Foi; mais elle ne pouvoir pa5 être ce Sceau pour les Defccn- dans , circoncis le huitième jour. Il en eft de même du Batôme. Adminiflré à des Adultes, il aune fignification différente de celle qu'il a quand on l'adminiftre a des En- fans. A ce dernier égard , c'cft une Céré- monie par laquelle les Pères & les Parreins olfrent un Enfant à Dieu, en le priant de îé i-ecevoir dans Ton Alliance; 6: afin qu'il ait part aux avantages de ceux qui y en- trent , ils s'engagent à l'élever chrétienne- ment. Scion cette idée le Batême n'a rien de pareil à ce que les Catholiques Romains s'imaginent, & que l'Auteur de la Lettre f.niiblc avoir adopté. Cette Education Ch-c- tienne 2Sç> Bibliothèque BRirANNiQ^uç, tienne, recommandée dans l'Ecriture, ne confifte pas, comme on rinfinue,à remplir de Préjugés rEfpric encore tendre de la jcunellé. Des Pères raifonnables enfeigne- ronc à leurs Enfans les \'érités de la Reli- gion à mefure qu'ils en font capables. Ils éclaireront leur Foi , en leur propofant les railbns qui lui fervent de fondement. De cette manière , bien loin de prévenir leur Eiprit , capable de toute forte d'impref- fions, ils n'y graveront rien , qui ne foie clair (3c au (Ti bien démontré, que la nature de la chofe le permet. Qu'eft-il néceOâire, continue l'Auteur de la Lettre , de demander à Dieu la Foi , s'il dépend de nous de la faire nait're dans nos coeurs parle mo\cn du Raifonnement? Mais cft-il déraifonnîble, dit Mr. Benson, de prier Dieu, qu'il nous conferve l'ufagc des facultés néceiTaires pour bien examiner une chofe de cette importance; & pour en juger fainemenc? Ya-t-il quelque chofe de ridicule de lui demander de préûder à cet examen, & de n^us diriger par fa Provi- dence de manière que nous arrivions à la Vérité ? Ce que nous venons, d'extraire de la fé- conde Partie de cet Ouvrage eft fuffifant pour en donner une idée. Nous devrions préfentement pafler à la troillème, ou Mr, Ben SON donne le vrai fens des PalTagcs, dont fon Adverfaire a abufé. Ils font au nom- bre de cent& un; dont plufièurs font tron- qués & malicieufement corrompus ; la plu- part Janvier, Février et Mars. 1744. 281 parc appliqués dans des vues toutes diffé- rences de celles des Ecrivains iacrés; & prcfque cous rapportés , pour établir des opinions directement oppofées à la nature de la Religion , & aux Vérités contenues dans d'autres Paflages clairs. Comme tout cela faute aux yeux en lifant la Let- tre à laquelle cet' Ouvrage lerc de répon- Icjilferoit luperfiude nous y arrêter. Nous n'ajouterons donc plus qu'un mot: C'eftque Mr. BENsoNne s'eft point écarté des rè- gles de la politefTe dans cet Ouvrage Polé- mique. Il traite fon Adverfaire avec beau- coup d'honnêteté; (Se s'ell abflenu de pro- noncer fur le but qu'il s'eft propofé dans fa Lettre. Quoiqu'il foit aifé d'apperce- voir qu'il n'cfl pas des meilleurs, il n'a rieîï voulu décider fur ce fujet. ARTICLE V. Remcrrques fur THiJlolre (^ Angleterre ^ îh^es des Papiers de Humfroi Oldcaftle , Ecuyery 6fi7. Second Extrait. [On a vu le Pre- mier dans la IL Partie du Tome XXL Art. IL] DAns le premier E?vtra1c de cet Ouvra- ge, nous avons luivi l'Aureur dans fc-5 Remarques jufqu'au Rè.^zne d'Elizabeth ex- clufivement;ainfi nous allons reprendre no- tre Analifeà l'endroit où nous en étions ref- tés. Le Règne d'Elizabçch efl très-rem.ar- ayablc, &L mérite les réfl-^xioQs eie tou^' les 2S2 Bibliothèque Britannique,. les Policiques, à caufe de ^.'habileté avec laquelle elle fuc maintenir îa paix & la tranquiilicé dans ion Royaume, malgré tous les efforts de Tes Ennemis, tant du dedans, que du dehors, & malgré toutes les Encre- prifcs, lecretes ou publiques, qu'ils formè- rent contre elle. Mais, fi Ton Gcfuverne- iTiCnt fut heureux , ce ne fut que parce qu'elle rétablit fur des Maximes conformes à refprit de la CcnftitutionAngloife. iSotre Auteur, pour faire mieux remarquer , que les grands & glorieux fuccès du Règne de cette PrincclTe, doivent principalement être attribués à fa prudence & à fa bonne con- duite, expofe d'abord les circonitances def- avantageufes, ou elle le trouvoit, fur- tout â fon avènement à la Couronne; aufli bien que les grandes difficultés qu'elle eut à fur- monter pendant la plus grande partie de fon Règne. Lorfqu'Elizabeth parvint à la Couronne, la diviûon (ScTanimofité des différens Partis,, au fujet de la Religion, étoient montées à leur comble. La cruelle perfécution , exer- cée fous le Règne de Islarie, pendant la- quelle on avoir rép::ndu une fi grande quan- tité de fing Procédant, avoit rendu le zélé des Perfécuteurs plus furieux , de même qu'elle avoit aigri au dernier point le Parti oppofé. En général , les Proteftans deQ- roient, & les Catholiques apréhendoient ,^ la SucceUion d'Elizabeth à îa Couronne. Mais les premiers gémiffoient alors fous jfoprelîioDj & même fous uiie efpéce de. profcrip- Janvier, Février et Mars. 1744. 2g3 profcripcion; au lieu que les autres avoicnc touce rAacoricé, tant Civile qu'Ecclclia'ui- que, enere leurs mains. Déplus, lesPro- teRans etoient divil'és entre eux,- quoiqu'en général ils defiralTenc tous égalerrvenc la Ré- îorir.acion, ils avoieot néanmoins des dif- putes très- animées encre eux llir plufieurs Ariicles particuliers, tant Ipéculatifs, que pratiques. Les uns vouloienc abfolument qu'on réformât certaines choies, qui avoienc été crues ou pratiquées avant la Réforma- tion, & les autres s'opiniàtroient à les re- tenir, foit dans la Confeffion de Foi, ou dans le Culte public. Telle étoic la difpo- ficion, où ElifabeLh trouva les Efprics p^ar raport à la Religion , lorfqu elle monta fur le Trône. Il eil diiScile certainement de s'imaginer une circonllance plus critique à<. plus dangereufe, particuliérem.enc pour el- le, qui étoit portée par inclination, & par des raifons d'intérêt , à établir la Reforraa- tion. Les Finances fe crouvoienc pareillement en très -mauvais é:at. Les moyens qu'a- voit pris Henri VIL pour amaûer des tré- forsjétoient à la vérité fort propres à ren- dre un Roi riche , miais non pas à enrichir la Couronne. Henri VIII. avoic eu de très- belles occafions de faire l'un &: l'autre ,* mais, bien loin d'en profiter, non feulement il s'étoit apauvri lui-même, miais il avoic encore apauvri la Couronne 6: le Peuple, par toutes les Méthodes que peut inventer une eitrèmç profuHoa, 11 âYOic Mi plus; il 2S4 BinLlÔTHEC^UE Britanniq^uEj . il avoit altéré la Monnoye en y mêianc da cuivre, 6l avoic chargé iâ Nation de dettes. Elles s'étoien: encore augmentées fous le Règne d'Edouard VI; 6c , bien loin qu'el- fes fullènt diminuées ibus celui de Marie , au contraire la principale plainte que l'on fit contre Ton Gouvernement, après celle qui regardoit la cruauté qu'elle avoit exer- cée, rouloit llir la grande difîipation qu'élu le avoit faite des biens (S: des revenus de la Couronne , par tes rcftitutions ati Clergé & par Tes fondations de nouveaux Monaitéres- Les AHaires du dehors ér.oient dans une Ctuation plus trifte encore que celles du de- dans. Calais 6: les autres Places que les Anglois pofledoicnt dans la Picardie, avoiend été perdus dans une Guerre entreprire,non pour l'intérêt dcTAngleterre, mais pour ce- jui de l'Elpagne. La Guerre avec l'Ecofie continuoit encore, & Elifabeth n'avoit au- cun Allié, fur qui elle pût compter. 11 eft rare qu'un Etat le trouve réduit dans des circonf utncés aufîî facheufes ; ou du moins, fi le cas eft quelquefois arrivé, il s^eft rencontré le plus fouvent d'autres cir- conftances , qui diminuoicnt réellement le danger. Mais aucune de ces circonftances favorables n'exiltoit en faveur d'Elizabeth au commencement de ion Règne; au con- traire elles fembloient toutes .concourir à aggraver le péril qui la menaçoir, Les Trô- nes de France à d'Efpagne n'écoient pas occupés par des Vieillards cafles par l'âge, f\\ par des Enfans fous la tutellti de Régens.^ Hcnr Janvier, Février et Mars. 1744. -85 Henri IL règnoit en France & Philippe IL en Efpagne , Princes qui étoient alors , l'un & l'autre, dans la vigueur de leur âge 5 qui avoient de grands talents & encore plus d'ambition, & qui d'ailleurs étoient fécon- dés par les plus habiles Miniftres & Géné- raux qu'il y eût alors en Europe. Ces deux Rois, tant par bigoterie que par Politique, étoient fortement*" attachés à la Gourde Ro- me, & par conféquent Ennemis jurés de la Réformation aufTi bien que de la Reine E- Jizabeth. De plus, Henri IL avoit uneRai- fon particulière d'en vouloir à cette Prin- celTe. Ge Monarque, qui avoit formé l'am- bitieux projet d'unir les Couronnes d'An- gleterre & d'Ecofle à celle de France, re- gardoit Elizabeth comme l'ufurpatrice d'un Droit qui apartenoit à fa Bru. Philippe, h la vérité, affeda pendant quelque tems d'a- voir de grands égards pour les intérêts de cette Princefle& de vouloir vivre en bonne intelligence avec elle, parce qu'il apréhen- doit l'union de tant de Couronnes dans la Maifon de Valois. Mais fa crainte à ce der- nier égard fut bientôt diflipée, & tous ce? dehors d'amitié difparurenc en même tems, Henri IL & François IL étant morts en l'ef- pace de deux ans , la mort de ces deux Prin- ces diminuoit à la vérité le danger auquel Elizabeth fe trouvoit expofée d'un côté, mais elle augmentoit celui qui la menaçoit de l'autre ; vu que ces événemens levoienc les obftacles qui pouvoient empêcher Phi- lippe de rien, entreprendre contre la Reine Tome XXIL Part. IL T d'Ansle^ 2S(5 BlELIOTHEQ^UE B RIT A N NIQ^U E , d'Angleterre. Il vécue prefqu'auiTi long- tems qu'elle, & la haine invétérée qu'il lu perçoit ne finit qu'avec fa vie. Une autre fource de dangers & de diffi- cultés pour Elizabeth, confilloit dans l'ob- jection , que les Papilles , fondés fur un irincfpe de Religion, faifoienc contre fon Droit à la Couronne. En effet, ce Droit lui fut toujours difputé, à. les Catholiques en étoienc fi peu perfuadés qu'ils crûrent toujours pouvoir en bonne confcience tra- vailler â l'arracher du Trône, prétendant qu'elle n'avoit d'autre titre pour lepoileder, que la PofTeffion même. Il efl vrai qu'elle pouvoit appuyer fon droit fur un A(fte du Parlement, qui donnoic à Henri VIII. le Pouvoir de régler fa SuccefTîon. Cela étoit bon pour le dedans du Royaume, & tous les Sujets étoient obligés de s'y foumettre,* mais il éroit queftion de favoir', fi les Prin- ces étrangers étoienc également tenus d'ac- quiefcer à un Afte, qui leur portoit un Pré- judice vifible, & qui paroiffoit manifefle- menc injufle. Or Marie, Reine d'Ecoffe, fe plaignoit égalemicnt de l'Acte du Parle- ment & du l'eilament d'Henri VIII ; & , perfuadée qu'Elizabech étoit bâtarde, elle regardoit la Couronne d'Angleterre comme une SuccefTion de la défunte Reine, dont elle étoit la plus proche héritière, & qui par conféquent lui étoit dévolue. Ces fortes d'attaques étoient les plus fen- llbles à Elizabeth, parce que ron feulem.ent elles réuniffoienc toutes les PuilTances Ca- tholiques Janvier, Février et Mars. 1744. 287 tholiques contre elle, mais encore parce qu'elles fomentoienc les Divifions dans l'in- térieur du Royaume, ou elle faifoit coniiiier toute la force & la fûrecé de fon Gouver- nement;. Il efl donc vifiblc que la Reine d'EcofTe étoit pourElizabeth une Rivale très -redou- table. Souveraine d'une partie de l'Ifle, elle avoit encore un puififant Parti dans Tau- tre. D'ailleurs elle étoit encouragée & Ibu- tenuë dans Tes prétenfions par les Princes Lorrains fes Oncles, qui étoient tout-puif- fans en France, par le Pape, par le Roi d'Efpagne, en un mot par tout le Parti Ca- tholique. Ainfi Elizabeth eut toujours un grand fujet de craindre & d'être fur le qui -vive de ce côte -là, tandis que fa Con- currente vécut; d'autant plus que les grands fuccès de la Réformation fcmbloient avoir augmenté le zélé de ceux qui étoient refiés dans la Communion de Rome; de forte qu'ils étoient prêts à tout entreprendre pour remettre leur Religion fur le Trône, & plus dîfpofés que jamais à fuivre les imprelTions qu'il piairoit auxEmiffaires du Pape de leur donner. Cette circonftance fut encore forti- fiée p.^'^- une autre, favoir, par l'établifle- mcnc ci:.- i'"Or:ire des jéfuires, qui ont eu le prircipal honneur (quoique les autres Or- dres Monaftiques, du moins pour la plu- part , ayent tâché de le partager avec eux,) d'aroir attribué au Pape une ^Autorité fem- blable à celle qu'avoit autrefois exercée le Roi des Aflalfins, ou le Vieux de la Mmta- T % gr.ç. 28§ BlBLIOTHEQ^UE B RITANNIQ^UE , fné^ ainli que Tapellent quelques Hiitoriens 'rançois. Cette pernicieufe & abominable Doctrine fut très -fatale aux Rois de Fran- ce , .Henri III. & Henri IV, & faillit de l'ê- tre à Eîizabeth, aufïï bien qu'à fon Suc- ceUeur. Tels étoient les difficultés & les dangers , dont la Reine Elizabeth fe trouvoit envi- ronnée de toute part. L'Angleterre, fous fon Règne, reûTembloit à une Ville puif- famment alîiégée au dehors & cxpofée au dedans à la trahifon & à la révolte des Ci- toyens. Qu'une Ville, en pareil cas, puif- feYe défendre par fes propres Forces, & contraindre même l'Ennemi de lever le Siè- ge, c'eft ce qui ne paroit guéres probable: Mais, que les Habitans de cette Ville n*é- prouvent aucun des inconvéniens d'un long 7 tel Prince les bourfes de fes Sujets font tou- jours ouvertes. Quelque grandes que fuiïent les Dépen- fes qu'elle fe vit obligée de faire , dès qu'el- le fut montée fur le Trône, elle ne leva pourtant aucune taxe fur fes Sujets jufqu'à la fixième année de fon Règne ;& celles qui furent alors impofées, lui furent payées par voye de Rétribution : Méthode qui fut gé- Déralement obfervée de fon tems. Tant il eft vrai que les Princes qui méritent le plus la confiance de leurs Sujets, font ceux qui requièrent le moins que l'on s'en fie à eux. Sous les Règnes préccdens, lorfqu'on de- mandoit des Subfides au Peuple, on leur communiquoit du moins en général à quel ufage l'argent, qui en proviendroit, dévoie être employé ; mais le Parlement ^toit fou- vent la dupe de la Cour en ces occafions, & l'argent qu'on levoit étoit employé à des ufages tout difi'érens de ce que la Cour a- voit promis ou fait entendre. Ces abus n'eurent pas lieu fous Elizaberh ; car cette Reine, comme nous l'avons déjà dit, fuivit une méthode toute contraire. Les Subfides, accordés fous fon Règne, n'écoient pas tant des Odlrois, à proprem.ent parler, que des Rembourfemens qu'on lui faifolt des Som- mes, qu'elle avoit avancées pour l'utilité à, l'intérêt de la Nation & pour lui rendre les Services les plus importans^ car en quoi c©nfifi:oient ces Services? A mettre l'An- gleterre à couvert des invafionsdedehors,-à délivrer l'Ecofie du joug qu'on vouloit lui impofer i 2ÇS BlELIOTHEQ^UE B RIT A N NKl U E , impofcr; à foutenir glorieufemenc la Guer- re contre un riche 6: puilTant Ennemi,* à fecourir les Proceftans é. même les Rois de France; à aider les Peuples opprimés des Païs- Bas à défendre leur Liberté concre un Ti- lan inexorable; à raliner la monoye & à lui rendre fa valeur intrinféque; à payer les dettes de la Couronne 6: à rétablir ion cré- dit,* à faire fleurir le Commerce de les Su- jets , tant au dedans , qu'au dehors du Royau- me; à radouber fes \'aiireaux de Guerre, & à en faire conflruire de nouveaux. Car elle exécuta tant de grandes chofes, fans lever des impôts extraordinaires , ainû que le Parlement l'a reconnu plus d'une fois. C'étoit fi bien la Maxime d'Eîizabech, à ce qu'obferve encore notre Auteur, d'épar- gner pour le Public 6: non pour elle-même ^ de micfurer fcs richelTcs par celles de ^cs Sujets & non par les tréfors qu'elle avoit en fes coffres, qu'elle réfuta les Subfides qui lui étoienc offerts, & qu'elle remit le pavement de ceux qui lui avoient é:é ac- cordés , lorfqu'elle fe voyoit en état d'exé- cuter fes defteins pour lé Bien public fans de pareils fecours. Elle pratiqua principa- lement deux chofes, qui la m.irent en état de foutenir ces grandes entreprifes poiir la gloire 6: l'utilité de la Nation, fans char- ger le Peuple de taxes fort onéreufes. i. Elle s'appliqua à faire valoir fes Revenus, & elle en tira tout ce qu'elle pût, non en tourmentant & en fuçant {qs Sujets, com- me avoit fait Henri VII i mais en veillant de Janvier, Février et Mars. 1744. 299 (le près fur fes Officiers pour les empêcher de faire leur main. 2. Elle ménagea tou- jours la dépenfe, autant qu'il lui fut polfi- ble, dans les occafions particulières; tou- tes les Affaires qu'elle pouvoit terminer par fon adreûe ou par fon courage, elle n'y employa jamais d'argent , 35 35 35 33 55 35 35 35 33 35 35 35 35 35 35 33 35 35 Janvier, Février et Mars* 1744. 3^3 25 & nous il'en tirerons d'autres conféquen- 35 ces que celles qui en découlent naturel- 5, Icment (5c fans aucune violence. " Jacque VI. Roi d'Ecolîè, à fon avène- ment à la Couronne avoit de grands avan» cages; toutes les circonflances lui étoienC favorables & fembloient promettre un Rè» gne glorieux pour lui-même & heureux pour les Sujets. Cependant il arriva tout le contraire ; bien loin d'être aimé au de- dans & craint au dehors , il fut haï par fcs Sujets & méprifé par les Etrangers. A quoi doit-on attribuer la grande différence qu'on remarque ici entre le Règne de Jacque de celui d'Elizabeth^quifut couronné des plus heureux fuccès , comme nous l'avons vu , malgré tous les dangers & toutes les diffi- cultés dont elle étoit environnée? La cau- fe de cette différence n'efc pas difficile à affigner. Elizabeth avoit gouverné d'une manière conforme à l'efprit de la Conftitution Acgloife. Elle avoit fagement remarqué, que, dans une Monarchie limitée, telle que celle d'Angleterre, la profpérité & même la fureté du Gouvernement dépendoit d'une union d'intérêt & d'affeftion entre le Prince & le Peuple. C'étoit fur ce Principe qu'el- le avoit réglé toute fa conduite, & voilà ce qui rendit fon Règne heureux & triom- phant. Il étoit facile à Jacque de profiter de fon exemple. L'expérience , aulTi bien que la Raifon, lui montroit le feul Principe fur lequel il pouvoit avec gloire U avec fureté établir fon Gouvernement. Chaque année du Règne d'Elizabeth pouvoit lui fournir Y 2 4t 304 BlBLIOTHÈQ^UE BRITANNIQUE^ de nouvelles preuves de cette Vérité; mais Jacque avoit aufli peu d'égard à fon exem- ple qu'il portoit peu de refped à fa mémoi- re. C'auroit été néanmoins un bonheur pour lui, pour fa Famille, & pour toute la fs' ation, s'il avoit réglé fa conduite fur l'exem- ple qu'elle lui avoit tracé; ou du moins, (i l'exemple Qi les maximes de Jacque avoienc eu moins de pouvoir 'Si d'influence fur la conduite de fon SuccefTcur. Jacque I. ne manquoit ni d'efprit, ni de bon-fens, ni de talens natirels & acquis ; il éroit très-capable de former un bon plan de Gouvernement; Mais fa répugnance in° furmontable pour la Guerre , fa foibleflc pour fes Favoris, fon entêtement pour le Pouvoir defpotique, qu'il croyoit pouvoir légitimement exercer en vertu cie fon Droit héréditaire à la Couronne d'Angleterre , corrompirent tout ce qu'il avoit d'ailleurs de bonnes qualités. Il avoit, outre cela, conçu une fi haute opinion de fon mérite & de fa capacité que fes Courtifans ne furent pas long - tems à découvrir fon foi- ble. C'étoit à qui exagéreroit le plus fon favoir , fon habileté, &c à qui poufTeroit le plus loin les Droits de la Royauté ; parce que c'étoient des moyens fûrs de gagner les bonnes Grâces. Ce Prince pa- roilToit exiger l'amour & l'obéïfTance de îes Sujets uniquement à caufe que la Cou- ronne étoit placée fur fa tête; au lieu que la Reine Elizaberh avoit déclaré, tant par fes paroles que par fes actions , qu'elle ne croyoic avoir droit à Tunôià l'autre, que parct Janvier, Février et Mars, 1744. 305 parce qu'elle ne faifoit ufage du Pouvoir qui lui étoit confié , qu'en vue de procurer le bien & l'avantage commun de ion Peu- ple. Son Bon-Sens lui avoit fait découvrir ce que Jacque n'avoit pas trouvé dans fes Livres, favoir, que les Liens, qui unifient le Prince & le Peuple entre eux, ne font pas les mêmes que ceux qui unifient les Per- sonnes particulières dans la Vie privée. Comme ceux-ci vivent & converfent tous les jours familièrement enfemble, la Sim- pathie naturelle, accompagnée des Devoirs communs de la Vie civile, fuffit pour for- mer & entretenir ces forces d'amitiés ; m^is il n'en eft pas de même de l'union politii- que, qui doit régner entre le Prince & fon Peuple: Celle-ci dépend entièrement de la conduite que tient le Prince à l'égard de fes Sujets, & ne peut être fondée que fur des motifs de reconnoilTance pour le pafie ou d'efpérance pour l'avenir. Si les Sujets étoient attachés à leur Prince par une efpé- ce d'infiiind, ainfi qu'on le remarque en certains Animaux , dont les Rois font même difi:ingués des autres par des marques exté- rieures & vifibles , ceux qui maintiennent le Droit divin des Princes, auroient eu un Argument bien plus plaufible , en faveur de leur Doctrine , que tous ceux qu'ils ont produits jufqu'ici. Ils fe feroient trouves en état de fermer la bouche à tous les con- tredifans , même à celui qui leur demandoic un miracle pour devenir leur Profèlice , ôc qui déclaroic qu'il ne pour r oit jamais fe réfou- V 3 dre 305 BlBLlOTHEQ^UE B RlT AN NIQ^U E , dre à croire que VEfclavage fût dHnJîitution divine, à moins quHI ne vît naître les Sujets avec des bojjes fur le dos , comme les Chameaux , ^ les Rois avec des crêtes fur la tête à la fa- çon des Coqs. D'où l'on pourroit conclure avec fondement que les uns ont été deftinés par la Providence pour fervir & porter les fardeaux , tandis que les autres font nés pour dominera pour vivre dans lefafte & l'olten- tarion. Mais, jufqu'à ce qu'il fe fallé quel- que miracle de cette nature , nous nous croirons en droit, ajoute notre Auteur, d'af- firmer que l'union Ôc la bonne intelligence entre le Prince ÔL le Peuple ne peut fe main- tenir que par les moyens dont on vient de faire mention. Or Jacque, pendant tout fon Règne, n*eut aucun égard à ce Principe , & il ne fongea qu'à établir fon Gouvernement fur des maxi- mes tout oppofées. Quoiqu'il n'eût aucu- ne qualité propre à fe faire craindre & ref- pcQer, il ne s'appliqua cependant jamais à le concilier la bonne volonté de les Su- jets; il femble au contraire qu'il ait choifi exprès les moyens les plus propres pour exciter leur défiance & leur jaloufie. Ce Prince , qui avoit un véritable efprit de jMilr.onnaire , fe figura qu'en prêchant une nouvelle Dod"rine, il viendroit à bout d'in- troduire une nouvelle forme de Gouverne- ment. C'eft pourquoi il entreprit de per- fuader à des hommes , qui fe voyoicnt en pof- fefUon d'une grande portion' du Pouvoir Souverain , à, qui avoient en main des for-, ces Janvier, Février et Mars. 1744. 307 ces fuffifantes pour le maintenir, qu'ils n'a- voient pourtant aucun Droit à ce Pouvoir, qu'ils n'en jouïflbient que par. pure grâce, è. qu'il ne tenoit qu'à lui de les en dépouil- ler quand il lui plairoit: Ce qui étoic un delTein tout à fait chimérique. Elizabeth s'é^oit toujours montrée jaloufe de fa Pré- rogative, comme nous l'avons obfervé ci- delïïis ,- mais elle prit foin que l'exercice en fut modéré, jacque au contraire s'ima- gina quf" plus il porteroit loin fa Prérogati- ve, & que plus il l'exerceroit avec vigueur, plus il leroit fermement affis fur le irone. 11 confundoit la force avec la pefanteur du ièptre , fans confidérer que plus il eft pé- fant, plus il y a de danger qu'il n'échape des mains d'un Prince, & fans faire ré- flexion que la Prérogative efl de la nature d'un reftort, qui fe relâche, ou qui caiTe, quand on le bande trop fort. Le Point fondamental fur lequel ce Prin- ce aff?d:oit d'établir l'Autorité indépendante & âbfoluë, à laquelle il afpiroit , étoit fon Droit héréditaire à la Couronne d'Angleter» re : Droit Sacré, dont il n'éroit pas permis de douter, du moins félon le Simbole po- litique qu'il avoit introduit à la Cour, & qu'il faloit hautement profclTer pour être bien venu auprès de lui. Car il prétendoic ne tirer fon Droit à cette Couronne , ni du Teflament d'Henri VIII, ni d'aucun Ade du Parlement, mais il la regardoit comme un bien qui lui venoit de SuccclTion , com- me au feul légitime & plus proche Héritier. V 4 D'où 3g8 Bibliotheq^ue Britanniq,ue, X)'oli il concluoit qu'il en pouvoit dirpofeï à fa volonté, & ne fuivre, dans fon Ad' Biiniflration, d'autre Loi que fon bon-plai^ fir. Cette prévention, & les conféquen^ ces qu'il en tiroit, fe trouvant direftement oppofces aux maximes fur lefquelles efl fon- dé le Gouvernement Anglois , furent la four^ ce & Torigine des funefles divlfions qu'on a vues entre le Roi & le Parlement , tant fous ce Règne, que fous les trois fuivans. Cependant, ce Droit héréditaire n'étoit pas aufli bien fondé que Jacque le prétendoit; puifqu'on ne peut produire aucune Loi qui l'établifTe; que d'ailleurs on trouve dans THifloire d'Angleterre un grand nombre d'exemples , qui prouvent que le Parle- ment s'efl attribué le Droit de difpofer de la Couronne & de régler la Succef- lion , fans aucun égard au plus proche héritier; enfin, que l'ufage y eit plutôt contraire que favorable. Déplus, il efl clair que Jacque ne pou- voit tout au plus faire dériver fon Droit que d'Henri VII. Or, fi jamais Prince fut la Créature du Peuple, on peut dire que ce fut ce dernier, comme nous l'avons re- marqué fur fon Article. On le plaça fur le Trône pour rendre le repos au Royaume, déchiré depuis long-tems parles Guerres ci- viles. Pour arrivera cette fin , on ne trouva point de meilleur expédient que d'unir en- femble les deux Rofes par le Mariage du Comte de Richemont avec la Fille aînée 4'Edouard IV. Henri VII étant ainfi par- venu Janvier, Février et Mars. 1744. 309 venu à la Couronne , il la conferva par la confirmation du Parlement & par fa propre habileté. Henri VIII, & Edouard VI» qui auroient pu fe glorifier de ce Droit hérédi- taire , avec meilleure grâce que Jacquel, ne firent pourtant point grand fond fur ce titre. Le premier eut recours au Parlement dans toutes lesoccafions, où il s'agiflbit de régler la Succeflion à la Couronne ; & le fécond eut fi peu d'égard pour le Droit en queftion, qu'il ne fe fit point de fcrupule de nommer fa Coufine pour lui fuccédcr au préjudice de fes Sœurs. Elizabeth, comme nous avons dit, ne fe mit pas en peine d'ap- puyer fon Droit à la Couronne far d'autre titre que fur un Adle de Parlement, Il femble que de pareils exemples au- roient dû être de quelque poids auprès de Jacque. Ce Prince, qui n'avoit été recon- nu Roi d'Ecofle que fous tant de reftridlions & avec un Pouvoir fi limité, auroit bien dû, à ce qu'il femble, fe contenter de te- nir la Couronne d'Angleterre, dont il avoic été penfionnaire , fur le même pied & au même titre, que l'avoient pofledée les plus illufi:res & les plus grands de fes Prédécef- feurs. Mais fes deffeins , à ce que prétend notre Auteur, n'étoient pas meilleurs, que ne l'avoient été ceux des plus méchans Princes qui l'avoient précédé. ,, Heureufe- 3, m.ent pour la Grande-Bretagne, ajouîe-t- „ il , Jacque manquoit de l'adrefie d'un Hen- 5, ri VII , & de Ja réfolution d'un Henri 53 VIII ; & il n'eut pas des occafîons auflî V 5 5, favQ. 3lO BiBLIOTHEqUE B RÎT A NNIQ^U E, 53 favorables qu'eux, d'amaflèr des richelles, s, & d'étendre Ton Pouvoir ; ou plutôt il c'eut 55 pas la même habileté qu'eux,pour faire naî- 55 tre ces occafions & pour les mettreà profit." Nous avons obfervé , en parlant d'Hen- ri VII 5 que ce Roi trouva le moyen de s'arroger un Pouvoir prefque defpoti- que , avant que la Nation fe fût aperçue du but 011 tendoient fes entrepri!e«;. Jacque au contraire découvrit d'abord tout fon jeu, & donna clairement à conno-cre à un chacun oii il en vouloit venir. Outre le plaifir que fa ranité lui faifoit trouver à fe vanter d'un Droit Héréditaire à la Couron- ne , d'un Droit indépendant (3c inhérent à fa Pcrfonne , il s'imagina que , s'il pouvoic une fois venir à bout d'établir cette Doftri- ne, il lui feroit aifé de perfuader au Peu- ple les conféquences, fî favorables au def- potilme, qu'il tiroit de ce Principe; car, de fon Droit indépendant à la Couronne il concluoit qu'il étoit en Droit de gouver- ner à fa fantaifie, & qu'il ne devoit rendre compte de fon Adminiflration qu'à Dieu, & non pas aux Hommes. Si cet excellent Syftème de Politique avoit une fois été généralement reçu, il eft vifible qu'il n'auroit pas été difficHe à faVla- jeflé de remettre en poiTelfion du Pouvoir ar- bitraire. Sa vanité , auiïî bien que les flatteries de fes Courtifans, lui faifoienc efpérer qu'il pourroit réûifir en ce grand deflein; mais il fe trompa dans fon calcul. Bien loin de faire palier Çqs opinions parmi le Peuple, il Janvier, Février et Mars. 1744. 3^' il ne lit qu'exciter leur jaloufie. Ses idées ifur le Pouvoir & le Gouvernement monar- chique leur cauferent de l'horreur , & ils réfolurenc de s'oppofer vigoureufement k l'établillement d'une Doctrine li pernic u- fe, du moins quant à la pratique. Cependant, jacque étoit fi fort prévenu qu'il devoit gouverner defpotiquement, & que fa volonté devoit fervir de Loi , qu'il ne laiflbit pafler aucune occafion de faire connoitre fon intention à cet égard. Dans la Proclamation qu'il lit publier pour con- voquer fon premier Parlement, il entreprit de fixer les qualités que dévoient avoir les Députés des Communes , non par voye d'exhortation , comme fes PrédéceiTeurs a- voientfait, mais par voye de Commande- ment, & comme des conditions fanslefquel- les ils ne feroicnt point admis à la Chambre. Ce qui étoit vifiblement empiéter fur lesPrivi- léges des Communes , à qui Ton n'avoit jamais dilputé le Droit de décider de la validité des Eledlions des Membres qui dévoient la çompofer. Lorfque le Parlement fut afTem- blé, le Roi voulut mettre en exécution la nouvelle Prérogative qu'il s'étoit attribuée dans fa Proclamation , & fe rendre le Juge des Eledlions contellées. Droit qui avoic toujours inconteftablement apartenu à la Chambre; mais les Communes défendirent courageufement leurs Privilèges. Sans pa- roitre trop fe roidir contre la volonté du Roi , elles éludèrent les Conférences qu'on leur propofa d'abord avec la Chambre des Sei- 3ie BlBLIOTHEQ^UE B RIT A NNIQ^UE, Seigneurs, & enfuite avec les Juges du Royaume, en mettant par écrit leurs Rai- fons qu'elles préfenterent au Confeil. Elles étoient pourtant bien réfoluës de mainte- nir l'Eledlion qu'elles avoient jugé valable, au rifque de ce quipourroit en arriver, mais elles prirent ce biais pour éviter de fe brouil- ler trop légèrement avec le Roi. Heureu- fement , le Membre , dont TEIedlion faifoit le fujet de la Difpute, tira d'affaire le Roi & la Chambre, en fe défiflant de fonDroit. Il confentit que la Province de Buckin- gham, qui l'avoit député, procédât à une nouvelle Election,* & cet expédient fut a- prouvé des deux Partis. Cette première tentative ayant fait comprendre aux Com- munes quels étoient les defleins du Roi, elles crurent devoir prendre des précau- tions pour l'avenir. C'efh pourquoi, fe dou- tant bien que le Monarque ne s'en tiendroic point -là, & qu'il reviendroit encore à la charge pour fapper peu à peu leurs Privilè- ges, elles profitèrent de l'occafion qu'elles avoient de lui prefenter une AdreOe fur d'autres Griefs, pour lui expofer les Droits, dont elles jouïiîbient par une coutume im- mémoriale , & qu'elles ne croyoient pas qu'il fût au pouvoir du Roi de leurôter, parce qu'elles prétendoient que ces Privi- légies étoient aulTî anciens que la Monarchie même, & qu'ih étoient une partie elTentiel- le de la Conflitution Angloifc. Une pa- reille AdreOé ne pouvoit manquer de dé- plaire fouverainement à Jacque qui étoit dans JaNvïïr, Février tr Mars. 1744. 313 dans des Principes tout oppofés. C'eft pour- quoi il prorogea le Parlement, afin d'avoir le tems d'avifer aux moyens d'abaifler la fierté des Communes , dont il regardoit les prétenfions comme autant d'atteintes don- nées à fa Prérogative Royale. Il efl vrai que ce Prince ne s'expliquoit pas fi ouvertement au commencement de fon Règne iur les Droits qu'il croyoit apartenir à fa Couronne, comme il fit dans la fuite; & que les efforts qu'il faifoit alors, pour établir le Pouvoir arbitraire, n'étoient pas û direfts, ni fi violens, quMls le devinrent: peu de tems après. Si l'on confidére néan- moins la multitude de fes Proclamations, ie fi:ile dans lequel elles étoient conçues, i'obéVflance qu'il exigeoit qu'on leur rendît, les Adtes d'Autorité qu'il exerça ou qu'il tâcha d'exercer, on ne pourra fe difpenfer de convenir qu'il avoit dès - lors en vûë de jetter les fondemens de ce Pouvoir abfolu, auquel il afpiroit, & auquel il fe flattoit de parvenir. Mais ce fut en vain ; l'efprit de Liberté, qui n'étoit pas encore énervé dans ce tems -là par le Luxe & la mollelTe con- fondit & renverfa tous fes projets. Si ce Prince avoit réuffi dans la tentative qu'il fit pour fe rendre le Juge de la vali- dité des Eledtions des Députés à la Cham- bre Bafle , de même qu'en l'entreprife qu'il forma quelque tems après, d'emprifonner & de punir les Membres de cette Chambre, il auroit intimidé par l'une de ces Préroga- tives ceux qu'il n'auroit pu exclure par l'autre. 3ï4 BlBLIOTHEQ_UE BRITANNIQUE/ l'autre. Ainfi il y a toute apparence qu*en ce cas il feroit venu à bout de mettre la Chambre BaiTe dans une auffi grande dépen- dance, de la Cour, que celle où la Cham- bre Haute paroiflbit être pour lors. Orj dans cette hipothèfe , ce Monarque fe fe- roit trouvé virtuellement en pofleffion du Pouvoir arbitraire; car toutes les fois que la volonté du Prince a force de Loi, foie que cela fe falTe avec ou fans l'agrément du Parlement, le Dcfpotifme eft toujours éga- lement établi. Mais la Nation ne pût être foumife à l'efclavage, parce que le Parle- ment conferva fon indépendance, & qu'il maintint courageufement fes Privilèges & ceux du Peuple. Cette oppolition vigoureufe caufa fans dou- te beaucoup de chagrin à Jacque, mais elle ne fut pas capable de le rebuter, ni de lui fai- re abandonner fes projets. Il fit des efforts continuels pendant tout le cours de fon Rè- gne , pour étendre fa Prérogative , non feule- ment dans de certaines occafions , & fur certains articles, mais en général fur tout; & cela en établiflant certains Principes , qui étant une fois reçus, il s'enfuivoit néceffai» rement que le Souverain avoit & devoit avoir un Pouvoir fans bornes. Sans exami- ner Il ces Principes s'accordoient , ou non, avec la nature du Gouvernement Anglois , il prétendoit qu'ils étoient de tous les tems & de tous les lieux. Or c'étoit-là jufte- ment fuppofer le Point en difpute. Tant que ces Principes demeurèrent dans la ûm- ple fpécula;ion; le Parlciûeût le laiiTa di- re,* Janvier, Février et Mars. 1744. 515 fe ,* mais quand il voulut en venir à la pra- tique, il trouva une réfiftance, qui l'obli- gea à cafler plufieu.rs Parlemens, & qui le §t réfoudre à n'en plus convoquer malgré le befoin d'argent, où il fe trouvoit ordi- nairement à caufe de la prodigalité. 11 pré- tendoit qu'ils n'avoient pas droit de fe mê- ler des Affaires d'Etat, que leur feule af- faire étoit de donner de l'argent, lorfqu'ort leur en demandoit, fans fe mettre en pei- ne du refle , ni de l'ufagc qu'on en voudroit faire. Il s'imaginoit que cet illuftre Corps tenoit tous fes Privilèges de la concefTioQ libre & gratuite des Rois fes Prédécefleun^ & qu'il étoit en Droit de les révoquer, lorfqu'il le jugeroit à propos. Au lieu que le Parlement étoit dans une opinion toute contraire. Ils étoient perfuadés que leurs Privilèges n'étoient pas une branche moins facrée de la Conflitution , que tout ce qui concerne la Prérogative des Rois. La quef- tion étoit très- délicate. Il n'avoit jamais été bien décidé jufqu'où s'étendoient la Pré- rogative Royale , & les Droits du Parle- ment, ni fur quoi ils étoient fondés. Ce» pendant, aucun Roi fage n'avoit ofé la re- muer, & il en coûta cher à Richard II, pour avoir voulu entrer dans cet examen. Chacun étoit demeuré dans la jouïflance paifible d'un Droit ancien, fans fonger à en examiner les Fondemens. Il n'en fut pas de même fous le Règne de Jacque I, ces queftions furent alors perpe* tueliement fur le tapis. Le Peuple fe divi- fi 516 Bibliothèque Britanni^ui, fa à leur fujet : Les uns fe déclarèrent pouf le Roi, à, les autres pour le Parlement; & on vit naitre de -là, à peu de chofe près, ce qu'on a depuis nommé les Torys & les JVJjiggs, Le Parti du Roi accufoit les Com- munes & leurs Partifans de vouloir ériger l'Angleterre en pure République ,& les Dé- fenfeurs des Privilèges du Peuple accufoient le Roi & fes Miniftres de vouloir établir le Pouvoir arbitraire. Chacun faifoit princi- palement confifler fon adrefle à noircir le Parti oppofé, en lui imputant tout ce qui étoit le plus capable de faire imprefllon à fon defavantage. Depuis ce tems-là, ils n'ont prefque pas cefle un moment de s'en- tre-déchirer, & de faire tout leur pofliblc pour fe rendre odieux l'un l'autre, à même pour fe détruire. Les Puritains , tant d'E- tat que de Religion, animés par la haine effedtive que le Roi leur avoit toujours té- moignée, fe joignirent au Parti du Peuple, & le groffircnt extrêmement. Jacque fut pourtant aflez heureux pour ne pas voir ces difputes poufTées trop loin de fon vivant. La rupture du Mariage du Prince de Galles avec l'Infante d'Efpagne fervit même à le reconcilier un peu avec fon Parlement, & à calmer les grands ombrages du Peuple. Mais ces conteftations s'étant rallumées avec plus de violence que jamais fous fon Succefleur, elles occafionnerent enfin le renverfement de la Hiérarchie & de la Mo- narchie même. Charles L étoit un pieux & religieux Prince , Janvier, Février et Mars. 1744. 517 Prince , comme l'avoue notre Auteur, îvîais , ayant eu le malheur d'avoir été éle? vé dans ces Maximes de Gouvernemenc que Ton Père avoit tâché d'étabhr & de ré- pandre pendant tout Ion Règne, {(^s préju- gés, confirmés par l'habitude & par les flat- teries de Tes Court] fan s, l'engagèrent à fui- vre le plan que fon Père lui avoit tracé, & à continuer d'envahir les Droits du Peu- ple, pendant qu'il ne penfoit défendre que les fiens propres. Il voyoit ces Principes de Politique, qu'il avoit llicés avec le lait, embralTés & foutenus par un Parti entier dans la Nation, qu'il confidéroit comme les vrais Amis de l'Eglife & de la Monarchie; il voyoit d'un autre côté ces mêmes Princi- pes contredits par un autre Parti , qu'il re- gardoit comme les Ennemis jurés du Gou- vernement. Ainfi doit - on être (urpris qu'il fût devenu zélé pour la défenfe d'une Cau- fe, qui le touchoit de iî près, pendant qu'il voyoit je ne fai combien d'autres Cens, qui n'y avoient pas le même intérêt que lui, 6; que l'on pouvoit fuppofer par conféquenc agir par un Principe de confcience, témoi- gner néanmoins autant d'ardeur que lui pour le maintien delà même Caufc?!! fautaOli- rément peu connoitre la force des Préjugés pour être éconné de la conduite de ce Prince. A ce premier malheur il s'^ joignit un autre. Charles avoit donné toute fa con- fiance à un Miniftre fier, arrogant, & peu capable de fon Emploi. Celui-ci, bien Tome XXIL Part. IL X loin 3i8 BiBLiotHEQ^uÉ Britanniq_ûe, loin de détourner fonlMaître de Tes projets, aulTi dangereux qu'injuiles, le confirma dans la réfolucion, où il étoit déjà, d*en pour- fuivre l'exécution, à quelque prix que ce fût,* & le Caradlërc du Miniftre devint ce- lui du Gouvernement. Il arriva de plus en cette occafion ce qu'on a vu arriver en plu- fieurs autres. Le Miniftre étoit univerfelle- ment haï ; mais le Roi ne l'étoit pas. Pour pro- téger le Miniftre contre l'animofité publi- que, il faloit étendie la Prérogative au de- là de fes bornes ordinaires, & employer des moyens violens 6c defagréables au Peu- ple. Pour défendre le Gouvernement, rien de tout cela n'ctoit néceilaire. 11 auroit falu même prendre des mefures toutes con- traires, pour réconcilier le Roi avec fon Peuple, & pour arrêter cette aliénation des Efprits, qui commençoit dès -lors à fe ma- nifefter. Mais la Cour choiiit le plus mau- vais parti ; les intérêts de la Couronne fu- rent lacrifiés à ceux du Miniftre. Charles, qui avoit favorifé les pourfuites du Parle- ment du vivant de fon Père, ne voulut pas les fouifrir, lorfqu'il fut fur le Trône. Il pouila même les chofes jufqu'à cafler fes Parlemensj&jafqu'à rompre ainfi le peu de liens qui le retenoient uni avec fon Peuple; & cela pour fouftraire à la jufte rigueur des Loix un petit nombre de Perfonnes, indi- gnes de fa protection, & qui deshonoroicnt fa Cour. Milord Clarendon nous apprend, que, dès avant la more de Buckingham, le mé- content Janvier, Février et Mars. 1744. 319 contentement de la Nation étoit fi univerfel ^que tous les Gens f âge s le regardoient comme un pré' fage de ce bouleverfement de l'Etat , qui s'enfui- vit bientôt après. Ce trille préfage ne fut que trop rôt vérifié. Le Roi exécuta la me- nace, qu'il avoit fouvenc faite, de fe paf- fer de Parlement; il gouverna pendant dou- ze ans fans en convoquer aucun. Durane cet intervalle les murmures redoublèrent. On difoit hautement qu'il vouloit détruire les Privilèges du Parlement & les Libertés du Peuple. La manière dont il traita en- fuite les Membres des Communes, qu'il a- voit fait emprifonner pour avoir refufé de payer le Tonnage & le Pondage, ne fervit point du tout à détromper le Peuple. Oa cria plus que jamais que le Commerce étoit ruiné, que la Religion étoit en danger, & ' que le Royaume alloit tomber dans l'efcla- vage, à moins qu'un Parlement nouveau ne remédiât à tous ces maux:. La véritable caufe de ces défiances & de ces mécontentemens n'étoit pas difficile à deviner; c'étoit la crainte, où le Peuple é" toit de fe voir foumis à un Gouvernement arbitraire, qui les produifoit. Charles n'é- toit pas moins entêté du Defpotifme , que ne l'avoit été fon Père; &, comme il étoic plus hardi & plus entreprenant, il s*étoit mis en tête de poulTer fa Prérogative plus loin qu'aucua de fes PrédéccHeurs, Tout ce qui Tenvironnoit étoit dans les mêmes Principes. Le Confeil Privé s'érigeoit peu à peu en Cour abfoluë , & précendoit n'é» X 2 tre 320 BlBLlOTHE Q^UE E RIT A NKIQ^U JE , tre pas fournis aux Loix. La Chambre E- toiiée, Tribunal exrrémcînentfévére s'exer-^ •çoit principalement contre ceux qui vou- loienc mettre des bornes à l'Autorité Royale. La Haute Commiffion , fous prétexte le (•) P- 17. ^32 BlBLIOTHEQ^UE BrITANNIQ^UE, j, le champ , & en rapporter les diver- ,, Tes explications 3 fans confulter aucun ,, livre (a). " Les Ouvrages , que nôtre favant Evêque .'a publiés, fe réduiient à deux. Le premier eft le Traité Pbilojopbique des Loix Naturel- les 5 dont nous annonçons la Traduiftion. Le fecond eft un Effa} fur les Poids &" les Mefures des Anciens Juifs, Il eft écrit en Anglois, & fut publié à Londres en i686, in octavo. Cet Ouvrage ayant été critiqué par le Dr Bernard^ nôtre' Auteur mit d'a- tord la main à la plume pour juftifier Tes Calculs : Mais comme il avoit beaucoup d'averfion pour tout ce qui fentoit la difpu- te, il fupprima cet Ecrit. Vers le tems de la Révolution, il acheva de compofer VHifioire Phénicienne de San- choniaton, telle qu'on peut la recueillir d'un Fragment de cet Auteur, qui nous acte confervépar Eufèbe au L Livre de fa Pré- paration E-vangélique. Cet Ouvrage forme une Suite de l'Hiftoire Profane, conforme à FEcricure Sainte, depuis le premier Hom- me jufqu'à la première Olympiade. Il propofa à fon Libraire de l'imprimer ; mais, fur le refus qu'il en ne, il perdit de vue ce def- fein. Cependant, comme la matière lui plaifoit, il pouiTa plus loin fes recherches des Anciens Tems. Ce travail produifit une féconde Partis.^ qu'il intitula, les Origines les plus Anciennes des Nations. En mourant, il laiOa (/») p. 19. 20. JÂNviES-, Février et Mars. 1744. 333 laliFa ce^ deux Manufcrits à Mr. Payjie^fQn Chapelain; qui publia le premier k Londres en 1720, éc le fécond en 1724. Ils font tous deux iîî octavo. ,, Il avoir eu quelques pènfées de compo- 5, fer un Commentaire fur les Epitres aux Ro- y, mains ôl aux Galates. C'efl: grand dom- 35 mage que le deOr d'aquérir de la Gloire, 3^ aiguillon fi néceifaire pour porter les y, Hommes à agir, n'ait eu aucun pouvoir ,5 fur lui. S'il eût exécuté ce projet , il „ auroit, à mon avis, éclairci la Difpute „ fur la yujîification , avec toutes fes dépen- ,5 dances, mieux qu'on n'a encore fait. II ,, m'a fouvent expliqué en convcrfation ,ce 5, qu'il jugeoir être la Clé des PalTages les 5, plus difficiles de ces Epitres; Clé fi ai- ,5 fée, que je ne puis- que la regarder corn* ,, me la feule vévicjble. S'il avoit bien ,, rencontré , les Tnéologiens Polémiques ,. n'ont point entendu St. Paul; & ^out ce ,, qu'ils ont écrit fur la Jiiftification, eflnè* „ peu fondé." C'eH: ainfi que s'exprime Mr. Payne C-^^, qui auroit bien dû nous donner cette Cîé. ^ Pour en revenir à l'Ouvrage, dont Mr. P;ARBEiRAC vlcnt de nous donner la Traduftion, il parut en 1672 ; la même année qite Piiff'endorff publia fon Traité du Droit de la Mature àf des Gens. Quand le jurif- confulte Allemand eut v\^ le Livre du Théo-^ îogien Anglois, il le jugeg également dode» ingé- ( * ) p. 20. Tome XXIL Pc^t. IL Y 354 BlBLIOTHEQ^UE BrITANNIQ^UE, ingénieux & folide ; & fe félicita de s'être rencontré avec lui fur le fond eflcntiel des chofes Ça}. Cependant i'obrcaricc qui y régnoit, & la néglisjence avec laquelle on l'avoit imprimé, faifoient qu'il étoit peu lu. En vain l'Auteur fut follicité à revoir fon Ouvrage, pour le publier plus corred, <5l le rendre plus intelligible & plus agréa- ble à bre. 11 ne pût fe rélbudre à repren- dre un travail qu'il avoit abandonné depuis longtems. Il fe contenta de communiquer à fon Chapelain un Exemplaire, relié avec du Papier blanc entre les feuilles, où il a- voit écrit par ci par là quelques additions,* avec permiiHon d'en faire tel ufage qu'il jugeroit à propos. Ce Chapelain nous ap- prend, qu'il avoitdeffcin de s'enfervir pour donner une meilleure Edition de ce Trai- té. Son but ctoit de le faire rimprimer cor- redlement, de donner une Analyfe des Rai- fonnemens, dedivifer les Paragraphes en un plus grand nombre d'Article?, (Se d'y join- dc des Sommaires de chacun. C'eft ce qu'il difoit en 1720 (Z?); mais jufqu'ici ce projet n'a point ère exécuté, & l'on s'en efl tenu en Angleterre à la première Edition de cet Ouvrage. Il n'en a pas été de même en Allemagne y où il en a paru, pour le miOins, deux in oàa^io. Ivir. B A r r, e i r a c le conjecture de ce qu'il a une Edition de 1694 , im- primée, ( « ) V<^ye2 Eris Scandica Franc. 1 68^» i à ) Vie de CimhrUnJ, p. 24. jAN^viEa, FevaiER et Mars. 1744. 33^' primée à Lujjcck «S: à Francfort , fur le Ti- tre de laquelle on lit EdUio terîia. Mais, bien loin qu'on ait eu foin de corriger les fau:es de l'Edition Originale, on n'a fait que les augmenier. Par là ce Livre écoit pref- que en:]èrenient tombé dans Toubli. Mr. Maxwell, Prébendaire de Con- nor y (^ Chapelain de S. E. Mylord Car- TERET, alors Vice -Roi A' Irlande y entre- prit de l'en tirer. Pour cet effet, il en fit une Tradudlion Angloife , qui fat impri- mée à Londres au commencement de 1727 m quarto. 11 l'accompagna de Notes donc quelques unes font fort longues. En 1734 Mr. Çumberland y petit fils de norre Evéque, fit offrir à GuUlaurne Smith ^ Libraire à /imjhrdam , la Copie d'une Nou- velle Edition du Livre de Legihus Natu- ralihus , s'il vouloit le rimpnmer magnifi- quement, & lui en donner quelques Exem- plaires. Cette Copie éroit celle-là même, que l'Evêque avoit donnée à fon Chape- lain, revue d'un bout à l'autre par le Dr.- Bentley^ qui devoit y mettre une Préface. Après bien des démarches, elle fut confiée à Mr. Cafpar TVetJlrceillance , que chaque Â^ent Raifonnable témoigne envers tous , conjîitue fê- tait le plus heureux de tous en général cjf 'àe chacun en particulier^ autant quH ejî en leur pmL'doir de Je le prQCiCrer ; âf elle eji abjolu- "■ . ' men\j Janvier, Février et Mars. 1744. 341 mejit nécejjaire pour parveii'r à Vétat le plus beur eux ^^ auquel ils peuvent ajplrer. Par coho féquent' LE Bien Commun detous est la SOUVERAINE Loi (a), Sans nous arrêter aux réflexions de nôtre Auteur, pour éclair- cir cette Maxime générale, & en faire con- noirre l'étendue &la liaifon des parties , rap- portons feulement les preuves, par lefquel- les il établit que cette Loi vienr de Dieu, &. que, par conféquent, tout Agent Rai- fonnable cft dans l'obligation de i'ob- fer ver. 11 faut d'abord remarquer que cette Pro- pofuion eft fondée fur la Nature viênw des Cbofes. Car il eO: clair , que les Hommes n'ont pas de plus grand Pouvoir, pour fe procurer & pour procurer aux autres l'af- îemblage de tous les Biens, qu'une Volonté coriilante de chercher, en même tems, leuf •propre Bonheur, & celui des autres. D'ail- leurs, le Tout ne différant point des Par- ties prifes enfemble , il efl: manifefte quô le Bonheur de chacun en particulier ne fauroic être féparé & regardé comme' diflincl da Bonheur de tous. Enfin, fi un ou quelque peu d'individus, cherchent à fe rendre heureux en agilTant contre le Bonheur de tous les autres Etres Raifonnables, ou fans en te- nir aucun compte ; bien loin de parvenir à leur but, ils négligent parla le fuin de leur bonheur préfeht , ce n'ont aucune ef- ncrance raifonnable de fc le procurer pour l'avenir» ( ^ ) p. 4i . Y 5 34^ BlBLîOTHEQ^UE B RIT A NNIQ^UE , ]'âvenir. Ils font alors dcflicué- de cette j)aix intérieure, qui vient d'une lagefTe uni- forme & toujours d'accord avec elle mê- r.ie: Car ils fe contredirent en ce qu'ils ju- gent qu'il leur efc permis d'agir d'une ma- nière différente , lelon qu'il eft queftioa d'eux mêmes, ou d'autres, qui font néant- moins de même nature, qu'eux, lis fe pri- vent encore de cette grande joye, que le fentiment du Bonheur d'eutrui produit dans un cœur plein de Bieirceillance. Ils devien- nent la proye de V Envie ^ de V Orgueil & de divers autres vices, qui font les jMaladies de l'Ame les plus fàcheufes. En un mot, ils ne fiiuroient être heureux en négligeant, &, à plus forte raifon , en irritant contre eux les autres Etres Raifonnables, qui font autant de Caufes Externes de leur Bonheur, je veux dire Dieu ^ les Hommes. Ces vérités Q\Mr q?x né ceff ai rement dans TEf- prit de toute pcrfonne qui fait ufage de fa Raifon, en partie p:iY une fenfation interne^ & en pai-tie par une fcnfatioii externe. C'efl en réfléchi ifint fur foi même, que l'on com- prend ce que c'eft que B-enveillance ^ quels en font les Degrés , & par conféqucnt quelle eft la plus grande Bienveillance de chacun. Mais, c'eft aux fens externes que nous fom- mes redevables delaconnoiffance des Biens Extérieurs, que la Bienveillance répand fur j:ous. C'eft par un fentiment intérieur que nous connoilTons la Raifon & les /Jgens Rai- fonnables'^ & c'eft nar \qs fens externes que sous fommcs alTùrez qu'il y a aéluellcment de Janvier, Fëvrtër et Mars. 1744.- â43 de tels Etres. Il en eft de même des autres chofes qui encrent dans les termes de cette Loi générale. Ces Principes étant pcfés,!! eft bien nlfé de faire voir que D;>ju ell l'Auteur dé cette Loi. Car tout Mouvement, qui frappe les Organes dé nos fens, & pr.r lequel notre Ef- prit e(t porté à concevoir les chofes, & à en juger, eft un Effet entièrement naturel, & par conféqucnt il doit être originairement î-apporté à la Caufe Première , comme pro- duit par l'intervention desCaufcs fécondes, qui Y font toutes fubordonnée^. Or I'hii- prcffion des termes de nôtre Maxime géné- rale, du moins entant qu'elle provient du mouvement de la m.atiére, eft un Effet na- turel : &; la Perception de Videiiîité ou de la liâifon de ces termes, entant qu'ils font dans nôtre imcgination , n'eft autre chofe que l'Afte d'appercevoir que les deux termes {ox\t une impreifjon faite fur nous par la même caufe. Or la Perception par laquelle nôtre Am.e comprend les termes, lorfqu'ils fe pré- fentent à fon imagination , & par laquelle elle voit en mém.e temiS leur liaifon, àL elle fent {qs propres forces & fes allions,- fuit fi naturellement & fi néccftairement de la préfence de ces termes dans fon imagina- tion, & du panchant intérieur, naturel & innocent, qui la porte à obferver ce qui fe préfente à elle, que tout cela ne peut' être attribué qu'à la Caufe eflcienU de V Ame , lî l'on reconnoitun Dieu, Créateur de toutes chofes, ou Premier Moteur. Nôtre ^^ BlBLIOTHEQ^UE BRÎTA NNîQ^UE, Nôtre Auieur s'attache à prouver toujt cela fort au long, par divcrlès réflexions fur la Nature des Cbujes en général,; fur la Na- îure Hu'naine , ^ la droite Rai/on; & fur le Bien Naturel. Dans un quatrième Chapitre , il montre que les Idées Pratiques y didées par îa Rai/on^ font certaines Propofitions, qui marquent la liaifon des Adions Humaines avec leurs Effets,* & que ces Propoiitions , en montrant la Caufe propre ou néceflaire de l'Effet qu'on fe propofe, préfcrivent, en même tems^ un Moyen fuffifant, ou ne- ceffaire, pour parvenir* à la Fin. De tout cela il réfuîte, comme Mr. Maxwell le dit dans une Note (û), „ Que la Bienveil- 55 Lnce contribue au Bien Commun ; & que, 5, de la confidération de la Nature des Chofes 5, en général, & de celle de la Nature Hu- r,y maine en particulier, il paroit que l'Au- ,, teur de la Nature veut que les Hommes „ en général s'aident les uns les autres ;par- „ ce qu'il a fait les Hommes de telle ma- 55 nière, & tellement ajuflé la Nature des „ Chofes à la conftitution de la Nature Hu- 3, maine, que les Hommes, en partie par „ rinftinéî: de îa Bîeuveillance ^ en partie, & j, principalement, par V Amour d'eux rnêmes ^ 3, pendant qu'ils cherchent leur propre A- ,, vantage, agiOent en plufieurs occafions 5, pour le Bien des autres. // s'enfuit encore^ 3, Que Dieu eft un Etre très hien-veilla-nt^ 53 que, dans la plupart des cas \qs plus con- „ fidérable^, (a) p. 285, Note (2) . : Janvier, Février et îiIars. 1744. 34^ 5, fidérables , il a mis une liailbn r^anifefte „ entre le Bien Particulier à. le Bien Pu- 5, blic; & qu'ainli nous avons jufte fujec de 5, croire , en faifant attention à Tonifor- 5, mité de la Nature , que le Bien Particu- 5, lier eft toujours parfaitement lié avec le „ Bien Public, même dans cette Vie; quoi- „ que fouvent nos Lumières courtes n'apper- l^ çoivcnt pas tout à fait cette liaifon: ou „ que 5 fi, dans cette Vie, le Bonheur Par- ,, ticulier ne fe trouve pas toujours parfai- 5, temcnt d'accord avec le Bien Public, „ cela efl compenfé par les Récompenfcs 55 & les Punitions d'une autre Vie. " Ce n'eft pas aflez d'avoir établi, que la 'Bîefiveillaîicg Univerfelle eft une Loi qui a Dieu pour Auteur , il faut faire voir de plus que les Hommes font dans VOblîgation de s'y foumettre : c'eft ce que notre favant £vê- que met dans tout fon jour dans le cinquiè- me Chapitre de fon Traité. Voici à quoi ivir, Barbeirac réduit les Raifonnemens de fon Auteur fur ce fujet (j). „ Selon le Dr, 3, C D M B E R L A N D , dit - U , V autorité de „ Dieu, ou ]e Droit que cet Etre fupréme 3, a de nous commander, ejl: le grand & le s, premier fondement de V Obl:gation; la rai- 3, Ibn principale pourquoi nous devons „ nous conformer à is. Volonté, dès qu'elle „ nous efl connue. Les Récompenjes^ài les „ Pfwfj, attachées naturellement à nos Ac- „ tions, par un effet de l'ordre, qu'il a ., 'érabH {.i^ p. XJl* NctÇ ( ; ) ^6 BlliLIOTHEqUE BRtTANNIQ^UE, ,, érabli dans l'Uni vçrs, font îiucanç d'indices „ certains qu'il veut que nous regardions & ^, que nous pratiquions, comnne jutant de 5, Loix^ les Devoirs renfermes dans la B^en- 5, Véilldnce Univerjelk , donc robfervation „ ofç accompagnée de ces Réçompenres,<5c „ la violation luivie de ces Peines nacu- 3, relies,- qui, les unes Ô^ les autres , font, ,, en même tems, de puifians motifs, pour 3, nous porter à faire, par la vue de nô- 3, tre propre intérêt , ce à quoi nous 3, voyons d'ailleurs que nous fommes tenus 5, indirpenfablement 6c principalement par 5, la confidération de l'Autorité de Dieu, 3, comme nÔLieMaitre Souverain. On peut „ voir, aJGute-t-ily ce que j'ai dit à ma ma- 5, nière, ai aflez au long, pour étabiir de v,, fcmbiables Principes, dans mes ^^.vfe/c/zj 3, fur le jugement d'un Anonyme , ou de Mr. „ L^ibwtZy jointes aux dernières Editions ,, de ma Traduction de l'Abrégé de Piiffên- 5 5 ^-^^'ffy des De-oGirs de VH-jmme cf du Ci- „ tf)i:eii (Sec. " Comme la Méthode de Mr. Cumber- LAND cfl la même que celle des Géomè- tres, il ne fera pas inutile, pour en donner ici un Echantillon , & pour éclaircir d'au- tant mieux ce qu'il dit fur la Loi générale de la Bienxeillance Urîi\:erfeUe , & fur l'Obli- ji;ation cli les Hommes fon: de l'obferver; de montrer comment ii s'y prend pour prou- ver tout cela d'une manière Géométrique. „ Pofé, dit-il (a) y qu'il y ait dans la Na- 5j cure {a) [>. ii6. Janvier, Février et Mars. 1744. 347 3, ture des Chofes , par un effet de la Vo- 35 Jonté de la Caufe Première, des indice^ ,, manifelles, que le Bien Commun de tous ,5 les Etres Raifonnables eit le plus grand ,, de tous les Biens qu'il eil au pouvoir des 3, Hommes de procurer, & que, 11 on le 3, recherche avec le plus grand foin, oa 3, fera naturellement récompenfé du plus ., grand Bonheur auquel chacun puiOe par- 3, venir, au lieu que, fi on néglige la re- „ cherche de ce Bien, on s'attirera pour 5, punition la plu$ grande Mifère,- il ell ,, clair, que la Caufe Première a voulu obli- 5, ger les Homm-es à rechercher ce Bien 3, Com.mun avec le plus grand foin ; ou , 5, ce qui revient au même, qu'il y a une Pu- ,, blication très réelle de la première ù. la ,, plus générale des Loix Naturelles." La preuve de la vérité de cette Propofîtion efl: contenue en abrégé dans ce Lemme fon- damental. ,, Celui qui, aurant qu'il dépend „ de lui , contribue le plus au Bien de tout le Corps des Etres Raifonnables, contri- bue auiïî le plus à l'avantage des Paities du même Tout qui lui font eflcntielles, & qui n'ont rien qu'elles ne tiennent de fon influence, par conféquent il travaille aufii le plus efficacémicnt à fon intérêt' particulier; parce que pour l'ordinaire chacun peut, plus qu'aucun autre, con- tribuer au meilleur état de fon Ame&de 5, fon Corps, fans nuire à qui que ce foit: Et cela même fert à augm.enter la perfec- tieii de tout le Corps. " Après 34B BlELIOTHEQ^UE BrITANNIQ^TTE, Après avoir établi , dans les cinq premier: Chapitres de ce Traité, la vérité de la Loi générale d'une Beinveillarice Uîiiverfelle ^V Au- teur employé les quatre derniers à dévelop- per les Loix particulières qui en dérivent, & à en tirer des conféquences qui renver- sent le Sylthème d'Hobbes. Dans cette vue, il remarque d'abord , que D:eu , à. les Hom- mes ^ étant les Parties duSyilhème, dont le Bien iPait ici le principal objet, il s'enfuit qu'on doit rapporter à l'idée du Bien Corn- mim^ tout ce qui cil renfermé dans V Hon- neur ^ ou la Gloire de Dieu, & dans le Bon- heur complet des Hommes, ou tout ce qui contribue à la perfection de leurs Ames ou de leurs Corps. L'aflemblage des Hom- mes peut être diviféen crois manières diffé- rentes. I. En différentes Nations, qui ont entr'elles quelque commerce. 2. En cha- que Etat Civil particulier. 3. En petites So- ciétés , comme celles des Familles 6c des  mis. Sur quoi il faut remarquer^ que les Avantages & les Droits des moindres Socié- tés, font toujours limités par ceux des plus ^s^randes ; parce que la recherche du Bien Commun exige néceflairemcnt, qu'on préfè- re le Bien du Tout à celui des Parties. Ce que nous fommes obligés de faire ^ pour avancer le Bien Commun de cous les Etres Raifonnables, confifle d'abord à dé- ployer les forces naturelles de nôtre En- tendement, pour former en nous cette ha- bitude de l'ame qu'on appelle Prudence ; ë'où naiflèni la Confiance de VAme , & Ïqs différentes Janvier 5 Février et Mars. 1744. 349 différentes forces ;& la véritable Modération y qui renferme Vlntégrité ii 5, peut aux autres , ou du moins en forte 3, qu'il n'y ait rien d'incompatible avec leur ,, Avantage Commun Ça). " Tel efl, en gros, le Plan général de ce Traité. Finiflbns par quelques réflexions propres à faire connoitre ôi la Traduction 'ù, les Notes qui l'accompagnent. Les Mor- ceaux de cet Ouvrage, que nous avons eu occafion de tranfcrire dans le Corps de cet Extrait 5 nous difpenfent d'entrer dans au- cun détail au premier égard. L'on peut ai- fément appercevoir que Mr. Barbeirac a donné à fa Traduction autant de netteté & (^) p. j6f. Z% ;52 Brr>LioTH EQ^UE Brit ANNIQ^U E ^ & de clarté, que le fujet en écoic fufcepti- ble. Parfaitement Maître de la Matière, jl a été en état d'exprimer les Raifonnemens de Ton Auteur dans les termes les plus pro- pres. Tous ceux qui connoiflént l'Original , & qui liront cette Tradudion, n'auront au- cune peine à croire ce que nôtre favant Tra- ducteur dit dans fa Préface^ que ce travail lui a plus coûté qu'aucun autre de ce genre. Les Notes, comme nous l'avons dit, font de Mr. Maxwell, le Traducteur An- glois; & de Mr. Barbeirac. Les pre- mières fervent à donner plus de jour aux Raifonnemens de Mr. Cu mp.erl an d, en exprimant fi penfée avec plus de clar- té , & en d'autres termes. Quelques -fois auiîî l'Auteur prend à tâche de le contre- dire , ou de fubftituer d'autres principes aux fiens. A celle, que nous avons rapportée ci- deflus, nous joindrons celle-ci. A l'occa* lion de ce que Mr. Cumberland avoic avancé , que tout le Genre Humain eft V2' nu cVune Tige (a), Mr. Maxwell ajou- te dans une Note: ,, Il eft à remarquer, que les Peuples qui ont le plus beau teint, font ceux qui vivent près des Pôles, & que généralement parlant le teint devient plus brun , à micfure que les Habitans d'un Païs s'approchent plus de la Ligne Equinodtiale. Les Suédois, les Anglois ^ les François, le^ Efpagnols, les Natifs de Barbarie, ont par degrés la couleur plus (a) p. 12^4 „ bafanée Janvier, Février et Mars. 1744. 35*3 55 bafanée les uns que les autres , à propor- 5, don de cette ciiltance; ce qui vient ma- „ nifeftement du plus grand degré de Cha- „ leur de leurs Climats. Les ^îacifs d'A- 3, frique, qui iiabiteiit entre les Tropiques, 3, font du brun le plus foncé, & pius que 3, celui des Natifs d'Amérique ou d'/ifis à 3, la même Latitude: de quoi il y a proba- 3, blement une de ces deux caufes , ou l'u- 3, ne & l'autre enfemble. i. Certaines Ex- 35 haiaifons fourerraines , ou de Minéraux, 3, ou d'autres chofes particulières à ces En- 3> 35 >5 33 33 3) 35 35 35 ?- droits d'Afrique. 2. Un plus grand degré de Chaleur, que dans les Fais d\1 fie 6l d\^inériqiiè k la même Latitude. Les Con- trées de l'intérieur de l'Afrique font les plus mal arrofées que nous connoilTions. Car les Vapeurs , qui , en forme de Ro- fée ou de Fluye &c. humedlentla Terre, tombent la plupart avant que de pouvoir rriver jufqu'à ces Endroits -là, qui font à une grande diflance de l'Océan, d'oix elles s'exhalent. Le Terroir auffi y eft 3, généralement plus fablonneux, que dans 3, les quartiers des autres Païs qui y répon- 3, dent; ce qui y augmente beaucoup la 3, réflexion de la Chaleur: réflexion , d'oii 3, le degré de Chaleur que nous fentons 5, vient'plus qu'on ne s'imagine communé- 3, ment , comme il paroit de ce que la Nei- 3, ge demeure longtems à fe fondre fur le 3, fommet des hautes Montagnes, même 3, fous la Ligne 'Equino6tiale, ou tout au- près ; la Chaleur direéle du Soleil n'y Z 3 5, étant 33 554 BiBLlO T HEQ^UE B R IT A N NIQ^U E , 35 étant pas fouvent allez forte pour fon- 3J dre la Neige. Ceft pourquoi dans les En- ,, droits CiAfie ou (ï Aînérique qui font en^ ,5 tre les Tropiques, le Ciimat eft plus tem- ^5 péré , que dans ceux d'j^frique à la même ,, Latitude , parce qu'il n'y a pas tant de 35 Sables, & qu'ils reçoivent plus de Pluye, 5, (Sec. ayant d'ailleurs plus de Rivières, 5, dont V Amérique Méridionale ell très bien 3, Fournie. Outre que la Ligne coupe VÂfie ,, entre des Ifles , & des Parties du Conti- 5, nent, qui étant près de la Mer, font plus ,, rafraîchies paries Vents de ce côté -là. 5, Par ces raifons, il me paroit fort vraifem- 3, blable, que la Couleur des Nègres, qui 3, vient immédiatement d'une humeur pi- t uïc eu fc "entre ia peau intérieure & exré- „ rieure, doit fa prém.ière origine au Cli- 5, mat qu'ils habitent , & que les Hommes 3, Blancs & Noirs cefcendcnt tous d'une „ môme Tige. " Il faut ùiYG des Notes de Mr. Bar- r, E I R A c la même chofe, que de celles de Mr. Maxwell. Elles fervent à déve- lopper & à éclaircîr les Raifonnemens de rAut.-ur. D'autres-fois, maisaiTez rarement, elles font deftinécs à le rélever dans les En- droits oîi il ^'ell trom.pé. 11 y a dans les Notes de ce. genre une chofe qui m.e paroit fort utile. Ce font des renvois à celles que notre favant Traducteur a eu occaiion de mettre d^ns la Traduftion qu'il nous a don- rce de POuvragc de Grotirts , & de ceu\' de fuffcrulo-t'ff, C'cil une efpéce de Concordan- ce, JANVIER 5 Février et Mars. 1744. 355 ce, qui fera d'une très grande utilité. Ou- tre bs Notes de cet ordre, l'on trouve en- core au bas des pages les PafTages d'Hobks , & des autres Ecrivains Grecs & Latins , ci- tés cans le Corps de l'Ouvrage; ceux mê- mes auxquels l'Auteur le contente de faire aUufion 5 n'y font pas omis. Dans les autres , il rend railbn des changcmens qu'il a faits au Texte Original. Ce qui lui donne allez fouvent occalion de critiquer le Traduftcur Anglois & le Dr. Bentley. Enfin, il y en a quelques unes pour approuver ou coivJam- ner les remarques de Mr. M a x w e l l. L'on s'attend bien à ne pas trouver ici un exemple de chacune de ces différentes cfpéces de Notes : la chofe n*eil pas pofTible. Bornons nous donc à celle-ci où Mr. Bar- nriRAc donne une idée claire de la diffé- rence qu'il y a entre les J^œiix & les Ser- mens. Quoique un peu longue , é\\Q ne dé- plaira pas à ceux qui favenc donnera chaque chofe leur prix. 55 Tout Serment y proprement ainfi nom- mé, dit 'H (^Oî ^^ rapporte principale- ment & diredlement à quelque Hom.me , auquel on le fait. C'efl à l'Homme qu'on s'engage par là : on prend feulement Dieu à témoin de ce à quoi l'on s'engage , & l'on fe foumet aux effets de fa Vengean- ce, fi l'on vient à violer la PromeiTe ,, qu'on a faite,* fuppofé que l'engagement „ par lui-même n'ait rien qiai le rendît illi- „ cite, (^) p. 402, Note (3 ) Z4 350 BIBLIOTHEQ.UE Br I T A N N I Q.U E , cite , ou nul , s'il eût été contrafté fans l'interpofition du Serment. Mais leFœii eft un engagement oli l'on entre diredce- ment envers Dieu , & un engagement vo- lontaire, par lequel on s'impofe à foi même de fon pur mouvement la nécefTi- té de faire certaines chofes, auxquelles fans cela on n'auroit pas été tenu, au moins précifément & déterminémenr. Car, fi l'on y étoitdéjàindifpenfabiement obli- gé,, il n'eft pas bcfoin de s'y engager: le i^œu ne fait alors que rendre l'obliga- tion plus forte, & la violation du De- voir plus criminelle, comme le Manque de Foi , accompagné du Parjure , en de- vient plusodieux èc plus digne de punition, même de la part des Hom.mes. Le •S'^r- me7it étant un lien acceflbire, qui fuppo- fe toujours la validité du Padle principal, ou de l'engagement auquel on l'ajoute, pour rendre les Hommes envers qui l'on s'engage , plus certains de nôtre fincérité & de nôtre bonne -foi; dès là qu'il ne s'y trouve aucun vice qui rende cet en- gagement nul, ou illicite, cela fuffit pour être afluré que Dieu veut bien être pris à témoin , & fe rendre garant de l'nccom- pliflement de la PromeOe , parce qu'on fait certainement que l'Obligation de te- nir fa Parole efi: fondée fur une des Maximes les plus évidentes de la Loi Na- turelle , dont il cfl: l'Auteur. Mais, quand il s'agit d'un yœu^ par lequel on s'engage directement envers Dieu à cer- 55 taines Janvier, Février et Mars. 1744. 3^7 3, taines chofes auxquelles on n'étoit poinc „ obligé d'ailleurs, la nature de ces ciio- 5, fes n'ayant rien par elle même qui nous 3, rende certains qu'il veut bien accepter „ l'engagement, il faut ou qu'il nous don- „ ne à connoitre fa volonté par quelque „ voie extraordinaire , ou que l'on ait la „ deflus des préemptions raifonnables , ,, fondées fur ce qui convient aux Perfcc- „ tions connues de cet Etre Souverain, ou „ à ce que l'on fait d'ailleurs lui être agréa- 3, ble. On ne peut s'imaginer, fans lui fai- „ outrage, qu'il veuille Te prêter à nos de- „ firs, toutes les fois qu'il nous prendra ,, envie de contrafler avec lui, & de gêner ., par là inutilement nôtre liberté. Ce fe- „ roit fuppofer, qu'il retire quelque avan- „ tage de ces engagemens volontaires , ou „ qu'on peut en quelque manière le con- ,, traindre de les accepter. Ainli , pour „ avoir lieu de croire qu'il les acjepte, il „ faut non feulement qu'il n'y ait rien d'il- 3, licite dans ce à quoi l'on veut s'engager, 3, mais encore que Je Vœu ibit fait avec 3, connoifTance & m.ûre délibération ;& que 3, l'on fe propofc quelque bonne Fin,c'eil- 3, à-dire, que l'on croie pouvoir & que l'on 3, puifle effeclivement , par la pratique des 5, chofes dont on s'impofe foi môme la né- 5, ccfTîté, fe mettre plus en état de prati- 33 quer quelque Devoir indifpenfable. " 1S ARTICL 35^ BlBLIOTHEQ^UE B itiT A N NIQU E, ARTICLE VIL L L'Anti-Pamela , ou la faulTe Innocence, découverte dans les Avantures de Syrene: Hifloire véritable;, & attef- tee par l'Expérience de tous les Jours , écrite pour fervir de Préfer- vatif aux Jeunes-Gens contre les Ru- fts dQS Coquettes, & traduite de l'An- glois par Mr. de M * * *. Jmjler- dam y jJrkjlée £f Merkus , 1743, in 12, 445 pages y fans IVherîiJJe nient» CET Jnti cfl un Roman Moral, fait pour CH réfuter un autre de même E(- pece , compofé par un Mr. Richard- son, intitulé Painela^ ou la Vertu récom- pcnfée , & dans lequel , félon V A'VertijJement qui précède celui-ci, les Règles de la Vrai- Jewihlincc font afiéz mal obfer-vées. En effet, y dic-on, l*û?i cjî ftirpris, en lifant cet Cuvra'ge^ d'y "coir une Fille ^ qu'on 7ioiis donne pour une Niaife , raifonner , tantôt en Philû/ophe , tantôt en Théologienne ; une Fil- le^ qui a un Attachement prej'que inouï poiur la Vertu; c? qui ^ néanmoins ^eft la plus gran- de Grimacière^ ^ la plus ambitieufe du Mon- de. Elle veut , cf ne 'veut pas : elle femhle tl aimer la Vertu , a^ue p^tr jetter de la Poudre aux Teux ^ [j pour mieux par-cemr à fes Fins. En un mot y c'efi un Caractère fi compliqué ^ quà Janvier, Février et Mars. 1744. 359 qu'à chaque FeuilU du Lrcre on croit voir une autre Héroïne..., Et Von pour r oit peut-être ajouter bien d'autres Chojes fur/es Défauts y & ceux de Ton Panégyrique : ne fuilent, par Exemple a que la Groffiéreté, & même la Brucalicé des premières Propolîtions & Démarches du Héros de la Pièce , qui ne peuvent que rebuter d'abord tout Le6leur tant foit peu délicat & fenfé; & que la ri- dicule Envie de devenir les MaitreiTes & les Epoufes de leurs Maîtres, que lâRéiif- fite des Minauderies de P a mêla peut aufli abuûvement que naturellement faire naitre dans la petite Cervelle de quantité de fottes & imbécilîes Créatures que Ton Avanture aura féduites. O N n'aura pas lieu , continue VA'uertiJfe' ment déjà cité , d'appliquer ces Reproches généraux à S y r e n e. /d , le Caractère eft Joutenu du Comviencemenî jufqu'à la Fin. C'eji toujours une Coquette , qui ignore tout, excepté V Art de tromper, dans leqicel elle excelle. On orte. Le m.éme Hérodote alïïî"e que les Perfes n'avoient de Ton tem:S, ni Tem.ples, ni Au- tels , ni Feux Sacrés ,* ù, qu'ils offroient leurs Janvier, Février et Mars. 1744. 391 leurs Sacrifices fur des montagnes & d'au- tres lieux élevés, ainfi qu'avoient fait les Patriarches Hébreux avant l'ércdlion des Temples. Mais il paroit par les témoigna- ges de Xéncphon , de Plutarquc , 6i d'au- tres Auteurs, qu'environ cinquante ans a- près le tems d'Hérodote, les Pcrfes avoienc des Temples fuperbes ; car il ne s'écoula guéres qu'une cinquantaine d'années entre Hérodote & Xénophon. Il arriva donc pen» dant cet intervalle de tems une grande ré- volution dans la 'Religion des Perfes par raport à la forme extérieure du Culte, quoiqu'elle reliât toujours la m.ême quant aux Articles efTentiels & fondamentaux. Ainli l'on eft obligé d'admettre , que ce fut durant cet efpace de tems, que Zoroaf- tre parut, & qu'il vint à bout de faire re- cevoir dans ce vafte Empire fon nouveau Siftème fur le Culte religieux: car tous les Ecrivains, tant Perfans qu'Arabes, que cite le Docleur Hyde , conviennent que c'eft vers ce tems - là que Zoradush , ou Zoroaftre , introduifit chez les Perfes la nouvelle forme de Culte, qui a été depuis en ufage parmi eux , & qu'il inftitua leurs difierens Ordres de; Prêtres ou de Mages , fuivant le plan à peu près de laHiérarchie Eccléfiafliquc des juifs. On dit que ce Zoroaflre avoit d'abord été Serviteur du Prophète Efdras , & qu'il é- toit dcfcendu de ces Cuchéens , que le Grand Aflarhaddon avoit établis dans le Pais de Samarie, à la place des dix Tribus qui a- voient 392 BïBLlOTHEQ^UE BrIT ANNIQ.UEj voient été emmenées captives. Quoi qu'il en Ibit, Les Guébres, qui , comme nous avons dit, font un reite de l'ancienne Sedle des Ma- ges dans la Perle , & qui font demeurés jufqu'aujourd'hui très --fermement attachés à leur Religion, déclarent unanimement qu'ils la tiennent originairement de Zoradush, ou de Zoroaftre, qui fîeuriflbit environ dans le tcms que nous avons marqué ci - defius ; & ils produifent encore le Livre Sacré qu'il Jeur a lailTé dans la Langue & le Caractère qui étoicnt en ufage de Ion tems parmi les Perfe5 ; &, quoiqu'ils n'entendent plus Tan- cien Langage Perfan dans lequel il eft é- crit , ils en ont des Tradu(ftions en leur Langue vulgaire. Ils appellent ce Livre le Zerdujl , 6: c'efl proprement la Bible des Mages. Ainfi l'on ne peut raifonnable- ment douter de l'Autenticité de ce Livre; & il n'eft pas moins certain qu'il a été corn- pofé par Zoroaflre, qu'il l'eft que les Li- vres les plus autentiques, qui nous reftent des anciens Ecrivains , foit Juifs, Grecs, ou Romains, ont été écrits par ceux dont ils portent aujourd'hui les Noms. Le fa- vant Docteur Hyde auroit traduit entière- ment ce Livre, s'il avoit eu les fecours nc- ceflaires pour une entreprife de cette natu- re, qui étoit d'une trop grande dépenfc pour un Particulier ; mais il a fait voir par di- vers Eflais que îe Zerdujl étoit écrit dans h Langue des anciens Pcrfcs^ qu'il entendoic fort bien. A Janvier, Février et Mars. 1744. 393 A l'aide de touc ce qu'on vient de remar- quer, il n'eit pas difficile de fixer le tems où a vécu Zoradufb , ou Zoroaftre , Fonda- teur de la Religion des Mages en Perle. Tous les anciens Auteurs Juifs, Arabes, ou Perfans, dont il nous refte quelques Ecrits fur ce fujet, s'accordent à dire que la Re- ligion de ce Zoroaftre fut reçue en Perfe la trentième année de Zorafp ^ Roi des Perfes: mais ils fe font trompés en fuppofant que- ce Zorafp étoit Darius Hiftafpes,- car, lorf- que Hérodote finit fon Hiftoire , favoir en l'An 20. di Artaxerxès I , ou Longuemain , les Perfes n'avoient encore, ni Temples, ni Autels, ni Feux Sacrés; mais, deux Règnes après, favoir, fous Artaxerxès Muemon, il y avoit en Perfe des Temples fomptucux , à ce que témoigne Xénophon. Qr il n'y a point eu de Roi qui ait régné trente ans pendant l'intervalle dont il s'agit , qu'Ar- taxerxès Longuemain : d'où l'on doit con- clure que ce fut fous ce Prince que le nou- veau Siftème de Zoroailre fur le Culte Re- ligieux fut reçu dans fon Empire. Mais, comme cette Révolution dans la Religion des Perfes n'ed arrivé qu'en l'An 30. d'Ar- taxerxès I , & qu'Hérodote , comme on a déjà remarqué , avoit fini fon Hiftoire en l'An 20. du même Roi, cet Hiftorien n'a pu nous rien dire de cec Evénement. ^ De cette façon, on concilie aifément les diver- fes Relations des Auteurs, tant Sacrés qu-r^ Profanes, par vaporc à la forme extérieur 4u Culte dt;s Perfes. Mr. 394 BlCLlOTHEQ^UE BRITANNIQUE, Mr. WarhiLrîon rejette néanmoins tout ce qu'on dit de ce Zoroaitre , Fondateur de ]a Religion des Mages dans la Perfe, com- me une pure fable; parce que divers Au- teurs, fur-tout parmi les Grecs, nous par- lent de plufieurs Zoroaftres, qu'ils fuppo- fent avoir vécu en différens âges & en di- verfes Parties du Monde: Or aucun de ces Zoroaftres ne peut être le Zoroaitre, qui a fondé la Sede des Mages en Perfe,- d'où il conclut que le Zoroaftre en queftion n'a ja- mais exiilé. Mais les Examinateurs de fon Livre lui répliquent, que, fi fa Théologie n'eft pas meilleure que fa Logique, il y a tout lieu de craindre qu'il ne vienne jamais à bout de prouver la Mijjion DMne d(^ iVloïfé : car, de ce que les Zoroaftres, mentionné.*? par les Grecs , font fabuleux , s'enfuic-il que le Zoroaftre des Pcr'es le foit auiïi? Tous les Ecrivains Orientaux, cités par le Dodcur Hyde, & dont le Doyen Prideaux n'a pu s'empêcher d'admettre l'Autorité , s'accordent unanimement fur le tems oii a vécu ce Prophète des Perles, & fur les au- tres principales circonftances de fon Hiftoi- re. Ils fe méprennent feulement à l'égard du Règne fous lequel il introduifit fa nouvelle forme de Culte , pré:endant que cette grande Révolution dans la Religion Perfan- ne étoit arrivée fous Darius Hiftafpes , au lieu que ce fut fou^ Artaxerxès I; mais ou a déjà corrigé ci-delTus cette légère erreur, en combinant enfemble les différens témoi- gnages d'Hérodote & de Xénophon. De plus. Les Janvier, Février et Mars. 1744. 395 LesGuébres, dont nous avons déjà faic mention plus d'une fois, produifent encore aujourd'hui ie Livre Sacré de leur Prophète dans la Langue Originale en laquelle il a été écrit,* c'elt-à-dire, dans la Langue & le Caractère qui étoient en ufage parmi les Per- fes dans le tenis qu'il écrivoit. Et, quoi- que c^s Defcendans des anciens Mages foienc aujourd'hui daas une condition pauvre & obfcure, & qu'ils n'ayent guéres de com- merce avec les Gens d'une! autre Religion ^ (ce qui fait qu'on ne parle pas beaucoup d'eux, & qu'ils font peu connus des Etran- gers,) il s'en trouve néanmoins un plus grand nombre dans la Perfe & dans les Indes qu'il n'y a de Juifs en Europe: De forte qu'il femblc , dijènt nos Auteurs , que la Pro- vidence Divine les aye coniervés julqu'à prélent dans le Monde , pour être un té- moignage vivant & perpétuel dans tous les Siècles contre l'Idolâtrie Sabéenne. Quoi qu'il en foit, il faut convenir que cette ef- péce d'Idolâtrie, qui confiftoit à adorer les Aftres, ou plutôt les Anges qui dirigeoienc leurs mouvemens, s'eft: établie de très-bon- ne heure en Afie. Nos Auteurs reconnoif- fent, comme on a déjà vu, que cette Su» perflition eft prefque aufïï ancienne que le Monde , ou du moins qu'il eft impoifible d'afligner au jufte le tems de fon origine. Mais, pour ce qui regarde le Culte des Hé- ros, ils perfiftent toujours à foutenir mor- dicus contre Mr. IVarburton , que cette Idolâtrie groffiére ne fut connue , ou du 39<î BlBLIOTHEQ,UE B R I T A N NI Q^tJ E, moins qu'elle ne fut pratiquée , dans l'E- gipte & en Aûe, qu'après Ja Conquêce des Grecs. Nous ne croyons pouvoir mieux finir cet Extrait, qu'en raportant la récapitulation, que les Auteurs de VExamefi Juccinî font eux-mêmes de leur Ouvrage vers la fin* Vous avouez vous-même , difent-ils à Mr. Wcirburton, que le Judaïfme eft le fonde- ment du Chriftianifme; & nous pouvons prefque fuppofcr comme une concefllon qui nous eft faite de vôtre part que la Religion Judaïque avoit été formée fur celle" de l'ancienne Egipte. On ne peuc nrer du moins, que, tandis que ce Peuple a fubfifté en Corps de Nation fous Tes Ju- ges & fous fes Rois , il ne fut jamais pof* fible de leur faire abandonner entière- ment le Siftème de Religion, dont leurs Ancêtres avoient été imbus en Egipte. Il eft vrai qu'il y eut de tems en tems quelques Rois de Juda qui travaillèrent avec zélé pour les détacher des Supcr- ftitions Egiptiennes ; mais il parut par Texpérience que c'étoit tenter l'impoffi- ble , ou du moins ces Réformations paf- fagéres ne furent jamais de longuedurée.' Comme les Ifraëiites avoient un Dieu Local & Tutélaire , à la manière des autres Peuples qui les environnoient , lorfqu'ils voyoient ces Nations voifines profpérer, ôc être plus nombreufes, plus opulentes , & plus heurcufes qu'eux en leurs Entre- prifes, ils en coucluoient que les Dieux „ de Janvier, Février et Mars. 1744. 307 5^ de ces Nacions éroient plus puiflans que j, le leur. Ainfi il n'eCt pas étonnant qu'ils >, fe revoltalTent perpétuellement contre y, lui, & qu'ils abandonnafiént Ton Culte, j, pour fervir les Dieux des Nations étran- 5, gères. Cela étant, avec quel fondement, ,, ou avec quelle apparence de vérité, ^, pouvez - vous fuppofer , que le grand ,, deQèin de l'InftituLion MofaVque, & la ,, fin pour laquelle le Peuple d'Ifraël avoic 3, été réparé de tous les autres, écoit de ,, conferver la Doftrine de VUnité Diviiie^ 3, au milieu d'un Monde Idolâtre & cor- „ rompu? Déplus, il faut que vous fup- ,, poûez encore ici que l'idée de l'Unité de 5, Dieu, ou que la Notion d'une Divinité 5, Suprême s'étoit perdue parmi les Gen- 5, tiis, & qu'elle étoit entièrement effacée „ de leurs efprics; mais vous êtes trop ver- 5, fé dans rHiltoire pour ne pas favoir que ,, cette fuppofition eft abfolument faulTe. „ Les Payens ont toujours reconnu un E- 5, tre éternel & indépendant, qui étoit le 3, Dieu des Dieux, le Créateur & le fou- 3, verain Seigneur de toutes chofes. Il n'eft ,, pas befoin de raporter ici les Paflages des „ Anciens, qui prouvent le Fait en quef- „ tion ; nous efpérons que la feule Autori- ,, té de S. Paul fera d'un affez grand poids j, auprès de vous, pour fuppléer en cette 5, occafion à toutes les autres. Les chofes 3, invifîhles de Dieu, dit ce grand Apôtre 3, des Gentils, /a'uo/r 5 tant fa puijjance éter-, 3, nelle que fa divinité , fe voyent comme à Vœil T9VIS XXIL Part. IL Ce ,, dfpu:^ 398 BlBLIOTHEQ^UE B RIT A N NIQ^UE , ,, depuis la Création du Monde , étant conjidé- ,5 rées en fes Ouvrages, afin qu'ils Joient ren- 5, dus inexcufables ; parce qu'avant connu 3, Dieu, ils ne l'ont pas gkrifié comme Dieu ^ ^y & ne lui ont pas rendu grâces : . . . Mais ils „ 07ît coan%é la Gloire du Dieu incorruptible, 5, à la refjembhnce ^ à l'image de Vhomnie ,, corruptible, cf des oljeaux , (j* des bétes à j, quatre pieds, ^ des reptiles. Rom. 1.20, ,, Ce PafTage montre clairement que Dieu ne s'ell jamais laiflë fans témoigna- ge au milieu même de Ja plus ténébreufe (Se de la plus groOlére Idolâtrie, & que fes œuvres ont iuffifamment manifefté aux bommes dans tous les tems fa fuprè- 5> )> 3> 5, me Divinité, Ton cxiftence nécefliiire & „ indépendante, fa puilTance éteriTelie, Tes autres perfections infinies: De forte 3, que rien n'efl capable dexcufer les Payens ,, de ne lui avoir pas rendu le Culte & l'A- ,, doration , que la raifon leur enfeignoit 3, lui être dûs. On voit encore par là que ,, Dieu a toujours donné aux hommes des 5, moyens fuffifans pour connoitre la Diffé- ), rence eiïenrielle qui fe trouve entre le „ Bien & le Mal moral, entre la Vertu & 5, le Vice, & pour difcerner, chacun dans ,, fon état, quels font les devoirs que leur „ impofe la Nature raisonnable qu'ils ont 5, reçue en partage. Tout le pouvoir Janvier, Février et Mars. 1744. 407, „ s'apercevoir de la folie qu'il y a de paf- „ fer la meilleure partie du jour à dormir, ,, puifque c'cd autant de nems rabatu de ,, notre vie, k que c'eft retourner dans un ,, état femblable à celui où nous étions ,. dans le fein de nos Mères , ou anticiper „ celui OLi nous ferons réduits dans le tom- „ beau. En un mot > le Dormir eft un ra- 5, fraichilTemcnt , & non une occupation; „ & lorfque nous nous abandonnons trop à ,, cette agréable Lètargie , nous lui facri- „ fions les devoirs, auffi-bien que lajouïf- „ fance, de notre Etre. ,. Mais ce n'efl pas allez d'éviter rOifîve-' „ tè, il faut de plus fuir les excès en tout ,, ce qu'on apelle Plaifirs. Lorfqu'on les j, recherche & qu'on s'y livre avec trop d'em- „ pre(rem:ent & d'ardeur, les autres occu- „ pations & les devoirs que nous impofe „ notre Etat, nous deviennent un tourment; „ & il eft aufll impoffible de vaquer à l'un „ & à l'autre , que de fervir Dieu Ôc Mam- 5, mon. Cette Leçon vous paroitra peut- „ être trop iévére;je puis vousalTurer néan- „ moins que c'eft tout le revers du Rouleau „ du Prophète, (^ que 11 vous la trouve^ „ amé:'e à la bouche , vous éprouverez qia*el-* ^, le eft douce au cœur. ,^ Pour m'expliquer un peu plus diftinfté- 5, ment fur ce fujet , ne Vous figurez pas , ,, qu'en vous prefcrivant cette Régie , je 3, veuille dire que vous ne devez pas re- ,5 cueillir le fruit de vos travaux 3 quoi- ,, que vous foyez obligé de gagner votre ,» via 4oS BîBLïoTnEQ,UR Britanniq^ue, ,^ vie à la fueur de votre front. Ce n'eft 5, point-là du tout mon incention. Dieu, „ ni les hommes, n'exigent de vous rien 5, de femblable; &,^ s'ils Tcxigeoient , la 3, Nature ne pourvoit fe foumcttre à un 5, ordre fi dur &C (i choquant. Je ne pré- ,j tens ici parler que des plaifirs pernicieux ,, (Se illicites, que l'on range communément ,, Ibus 'e nom général d'intem.pérance ... 5, Ce font ces fortes de plaifirs, que vous 5, devez regarder comme des poifons a- 5, gréables , qui tuent le Corps & l'Ame „ tout à la fois, & qui font également fu- „ nèfles à l'honneur, à la confcience, à ,, la vie, & à la bourfe. " Dans la fuite ce l'Ouvrage , ce tendre Fcre exhorte fon Fils de cette façon à TE» pargne&àlaDiligencc. -,, Une autre chofe,- ,, que je vous recommande encore avec beaucoup d'inn:ance , eft l'Economie , dont la pratique convient à un chacun à proportion de fon Etat, mais elle elt fur-tout néceflaire à une Perfonne com- me vous, qui, femblable au Ver àfoye, devez tirer toutes vos richefles de vo^ tre propre fein, pour ainfi dire. Vous n'avez d'autres biens à efpérer que ceux que je vous laificrai: Or il ne feroit, ni. bienféant, ni prudent à vous, de vous repofer entièrement fur cette efpérance; vûî que vous ne pouvez jouir de ces biens qu'après ma mort; & que d'ici à ce tems^ là, votre propre conduite doit décider,, s'ils feront à vous, ou non. C cfl pour-, „ quo; 3> Janvier, Février et Mars. 1744. 400 55 quoi je dis qu'il eft de votre devoir ce de 5, votre intérêt d'être bon ménager; car, 5, fi vous faites de folles dépenles , votre 3, première avanture fera peut-être la der- 53 niére; & je n'aurai peut-être, ni le pou- „ voir, ni la volonté de rétablir votre cré- „ dit. Mais, quand on fuppoferoit que j'au- 3, rois l'un-à l'autre, vous devez conlidé- rer qu'il vous feroit alors bien plus diffi- 5, cile de recouvrer votre fortune, qu'il ne ,, vous l'eft à préfent de la faire ; puifqu'en 5, pareil cas vous auriez non feulement les 5, mêmes difficultés à combatre, que cel- ,, les que vous avez maintenant , mais il ,, pourroit arriver que vos fautes paflees „ form.alTent de û fâcheux préjugés contre ,, vous, que vous ne viendriez peut-être ja- „ mais à bout de les furmonter ,, Mais il ne fuffit pas d'être Econome," „ il faut de plus être induftrieux, aQif, cc „ vigilant. C'eil: à la Diligence à multiplier „ ce que vous aurez amafTe & confcrvé par ., par votre Economie. L'application & la ,, perfévéranceontfouventréùni &c furmon- ,, té des obilacles, qu'on auroit en vain ef- „ fayé de vaincre par toute autre voye, ,„ Cônfidérez les Bâtimens les plus valles „ àc les plus fuperbes, & fongez qu'on les „ a commencés par la pofition d'une feule „ pierre, & qu'on ne les a élevés que peu „ à peu, avec beaucoup de tems, de pei- „ nés, & de travaux. On a fouvent remar- „ que qu'un petit Vaiiïeau, qui revient toa- ,. jours chargé à la maifon , rapone plus de ,jprofic 4Î0 BlELIOTHEQ^UE B RlT N N IQ^UE^ ,, profit à fon Maitre , qu'un autre beau- ,5 coup plus grand, qui revient à la vérité ,, toujours plein , mais qui ne fait que ra^- ,, remenc des voyages. Va à lafcurmi^ pa- „ refjeux ^ dit Sa'lomon , &' apren par fon -, exemple à être Sage; comme fi le pouvoir I, & l'efficace de l'indullrie fe manifeftoic ,, plus clairement en ce petit Animal qu'en ,, tout autre. Rien n'efl plus fot , ni plus ridicule , que d'abandonner - là tout , & de „ ne pas faire ce quicft en notre pouvoir 3 ,, parce que nous ne pouvons pas arriver ,, tout d'un coup par nos eftorts au teint „ que nous fouhaiterions. Le fou , qui fe „ promet de grands fuccès fans mettre la „ main à l'Oeuvre , ou qui fe décourage à „ la vue des difficultés, eft toujours trom- „ pé dans fcs efperances ; au lieu que celui .. qui eft infatigable au travail, & que rien n'eft capable de rebuter, réûffit aflez fou- ,, vent au delà de fon attente. Il n'y a point , de (îgne plus certain d'un efprit mol & fans ', vigueur , que de fe laifler va^!ncre par les „ m.'oindres oppofitions ; au contraire , ce- »» 5» lui qui fe roidit contre les difficultés, àc & qui n'abandonne pas fon entrcprife, qu'il ne foit parvenu à la fin qu'il fe prc- polbit, donne des m.arcues non équivo- ^,' ques de force & de courage. Auffî n'y y, a-t-il prefque rien d'imipoffible à des „ eiprits de .cette trempe. L'Hiftorien de „ Florence , parlant dé Cofm.e , premier ,, Duc de Tolcane, conclut par cette Rc- „ m.arque judicicufe : Ce Dilc 'vint à houl; „ par Janvier, Février et Mars. 1744. 411 ,, par fa. patience àf fon adreffe^ de fur monter 5, i:-:s difficultés^ qu'il rCauroit pas été pojfihle ^, ...'? vaincre par toute autre wye. , Celui qui avoit pris pour fa Devife uii „ Compas, dont l'une des pointes étoit fixe „ fur un plan, & l'autre en mouvement, „ avec ces mots fur le contour , Labore ,, &-' Conjtantid ; c'eft-à-dire , par le Tra- ,5 vail âf la Cohflance\ cet homme ^ dis -je, ,, a fuffiiamment marqué, par cette inven- „ tien , & la pénétration de fon efprit & la „ foiidité de fon jugement. Je vous exhor* „ te , mon Fils, d'adopter aufîî cette De- „ vifc , ■& d'en faire la Régie de votre con- „ duke. Si vous la mettez courageufement „ en pratique, vous ferez bientôt convain- ,, eu par votre propre expérience qu'il n'y 3, a point de chemin plus fur pour arriver „ enfin à la fortune." Mon deflem étoit de finir ici cet Ex- trait ; mais , en parcourant le refle de ce petit Ouvrage , je n'ai pu réfîfter à la ten- tation d'inférer encore ici les Régies qu'il prefcrir , ou les Avis qu'il donne , par ra- povc à la fréquentation des Dames. „ Je ,, viens préfeotement, dit-il^ au plaifir de 5, convorfer avec les Dames. Il n'eft guéres „ poflible d'éviter tout- à- fait leur compa- ,, gnie. Il feroit inutile par conféquent de ,, vous confeiîler de la fuir entièrement. ,, Ainfi je me borne far ce Point h vous a- „ vertir de vous conduire à cet égard avec ,, prudence & difcrétion. Si on leur don^ ,, noit une éducation plus férieufe, qu'on ,, ne 4^^ BlBLlOTHEQ^UE BrITANNIQ^UE^ ,, ne fait pour l'ordinaire , & lî la Corné- ^, lie Romaine écoit le Modèle fur lequel ,, on s'attachât à les former , je ferois le y, premier à vous confeiller de confacrer tou- ^, tes vos heures de loifir aux charmes de „ leur converfation. Ce feroit la meilleu- „ re Ecole, que je pude vous indiquer pouf „ vous former en peu de tems à la poli- „ tefle, à la douceur, à l'humanité, & au- „ très Vertus de la vie civile. Vous en a- 5, prendriez plus en une heure auprès d'elles 5, que vous ne feriez pendant un an dans „ les Ecoles ordinaires; tant les attraits de ,, leur beauté communique de force &d'effi- „ cace à leurs exemples & à leurs paroles , „ au lieu que la Méthode Cynique & pé- 5, dantefque des Ecoles rebute la jeuneilc. „ C'eft ce que vouloit dire fans doute cet ,5 ancien Philofophe , lorfqu'il confeilia à ,^ un jeune-homme incivil & grolTicr de fa- „ crifier aux Grâces. ,, Mais , quand on parle ainfî du Sexcj ■j, on le repréfente du plus beau côté. On „ les forme ordinairement de fi bonne heu- ,, re à la vanité & à s'admirer elles-mêmes, „ qu'elles font pour la plupart toutes con- ,, centrées en amour propre, & qu'elles ne 5, peuvent guéres eftimer que les charman- ,, tes qualités de leurs petites Perfonnes; „ Ce qui fait qu'il efl très- difficile de s'in- „ finuerdans leurs bonnes grâces autremen: „ que par les complimens les plus flatteurs. „ D'ailleurs elles ont, pour la plus gran- „ départie, l'imaginacion fi vive & fî va- 5, riablcy Janvier, Février et Mars. 1744. 413; ,, riable, que vous réiilîîriez aulTi-tôt à im- „ primer votre cachet fur une bouteille ,, d'eau, que de fixer cecErprit de Mercu- 5, re, qui fe difllpe tout en vapeur. Si vous „ ne prétendez les vifiter que pour vous a- „ mufer & par manière de palTe-tems, c'efi: „ ce qu'elles ne voudront jamais fouffrir. 3, Elles fe feront une étude de vous ten- ,, dre des pièges , 6i une gloire de vous ,, faire tomber dans leurs filets. Si vous y „ donnez une fois , le moins à quoi vous „ puiflîez vous attendre , eft la perte ds ,, votre tems &i de votre argent. Vous de- „ vez de plus compter que vous devenez ., efclave dès ce m.oment, & qu'il vous fau- j, dra vivre à leur entière dévotion. Vous ,, ne ferez plus à vous-même , ni à vos ,, Amis. Votre bourfe même ne fera plus ,, à votre difpofition. Il vous faudra chan- ,, ger de génie, d'humeur, & de caraclé- „ re, & vous conformer en tout à leurs „ inclinations. Vous ferez pbligéd'aifeder „ dans votre extérieur toutes les modes 6: 5, tous les airs qu'elles voudront eue vous „ preniez. Il n'y a point d'affaire fi fa- „ crée, qu'il ne faille remettre, ou inter- „ rompre, fi tel eft leur bon-plaifir; point ,, de dépenfe fi grande , à laquelle il ne ,, faille fe refondre pour leur complaire; „ point d'amitié fi chère, qu'il ne faille fa- ,, crifier, fi elle leur porte ombrage, & fi „ elles s'imaginent que cette amitié ne s'ac- ^, corde pas avec leurs intérêts. ,, Lors donc qu'ilvous arrive, foie par ac- „ cident ou de propos délibéré , de vou«^ TovwXXII.ParUlL Dd „ trouver 414 BlBLIOTHEQ^UE B RIT AN NIQ^U F. , ,, trouver en leur compagnie , confidérez ,, les toutes comme des Sirènes, capables ,5 de vous enchanter par leurs rega^'ds ôc par leur chant, & de vous faire donner dans les plus affreux écueils. N'ayez de cor- refpondance avec elles, que pour apren- dre leurs rufes &L leurs artifices, & pour »» ,, vous précautionncr contre leurs pièges. „ Ou , fi votre tcinpérament & votre inclina- tion vous rendoient leur Société néceflaire, que ce foienc votre rai fi^n 6c votre pru- „ dence, & non pas vos yeux ni votre paf- „ fion, qui f^ifient ce choix. Préférez les ,, qualités folides & durables à celles qui ,, font brillantes & agréables à la vérité , „ mais qui pour l'ordinaire s'éclipfent en ,, peu de tems. Ayez plus d'égard , dans „ un choix fi important, à ce qui peut af- ,, fermir votre repos domefi:iquc,que non pas „ à ces agrémens pafiagers, qui participent „ également à l'éclat &. à la fragilité du verre. „ Mais , comme j'ai defiein de m'éten- ,, dre davantage fur ce fujct vers la fin de „ cet Ouvrage , j'ajouterai feulement ici , „ pour conclure cet Article , que , lorf- „ qu'après une mûre délibération vous au- ,, rez fixé votre choix, vous devez alors 3, faire une convention avec vos yeux , pour ,, me fervir des termes de l'Ecriture, pour „ ne plus leur permettre de s'égarer fur des- „ Objets, capables d'allumer en votre cœur „ des defirs criminels. Celui qui abandonne „ une fois l'Ancre facrée de la Confiance, ,, deviendra le jouet des vagues & des flots 5 5 différens, qu'exciteront en fon Ame les „ vents Janvier, Fevrifr et Mars. 1744. 4T5 „ vencs tumulcueux de les diverfes pciTions. Si vous vous lailTez jamais aller à conce- voir du dégoût j ou même de l'indiffé- rence pour votre Epoufe, comptez que,- depuis ce fatal inflanc, vos jours perdront leur agrément, & vos nuits leur tranquil- ,1 lité. Les dirpu:e> & les reproches trou- „ bleront vos repas ; la Mythe o^ie , Çp* des ^rniqut' iés, avec des Réflexions fur le Goût, far la Pcéjî^t fut l'HiJhire NA:ure'.le y fur la Morale iaF.lsainé eut le même f)rt aufli à Edinbourg le 30. Juin 168^. fous le Roi jnqics. Deux têtes iiluftrcs que la famille dts St«arc a abitues avec bien d'autres Enfin le troifièineOu- vrri'je fur l'Education, n'eft qu'aine Traduâu-n d'une Brachure d*>^ la f-çon du célèbre Bojfuet. A Letter to Pope Ô(c. Hifioire de l'Eduration du Dauphin dans une Lettre nu Pape Innocent XI., par Bénigne Boffuet Evêquede Mea:ix &:. A quoi l'on a ajouté la Méthode qa'oi a fmvie dans i'Educaio» des Dacs ie Bourgo- gne , d' Anjou Qr» de Berry , petits fils de Louis XlV. , éle- 'u:s far k Duc de BeauvilUers o' par M, de Fénelon Dd 3 Archtm 4t8 BtBLIOTHEQ^UE BrIT A NNIQ.UE j Archevéïiue deC^mhruy in ii.païg. 58. chizFo'.i* \\s uGlagow, & chez Humilton 8c Bahour â Edin- bourg 5743. LeTiadui^teur ie ce pecitOuvrai?eeft Mr. y. 1: phUiips Précepteur les ^ieftiom yrincipH' les du E irrejtu. On y a zjouié di^t-rfes O.-fervattcns r»ngéss métho. iqu.ment fur le Droit Canon ^ fur les StaiHis, les Cou:um,s, 0> les Droits *ant del'EcoJJe, que des autres p.H'. «u le Drott i\omnin efî enore d'u- ne çranJe Autorité &c. Cet Ouvrage uèS'e!>imé cics connofl'urj fera d'environ ^o. feuiiles in Si 6c pour peu qu'on en':our;3ge le Libraire, i; pap itra avant la fin de la prefrtj annce 1744. Chaque S'-'ufcripteur d >it payer lo. fche iings,cin:| e 1 f 'Ulcrivant , 6c cinq en recevant fm tx^raplaire; &: ceux qui auront fouf- ciit pour iix auront 1? repiième grais. Les Kuddimans viennent de donner lai. partie du V. Tome de;» Ejas^ de Médecine piibltés par une So- ciété à E.iinkourg, Ceft un Volume de 1041. pages, qui contient quîp.iite d'obf rvations^de découvertes , de projtts d Ouvrages &de nouv«auti's avec un bon Indic- pour l'S V. l't-mes entiers. Le Dr. George Marti/fjl'un des Auteurs de ces Ef- Janvier, Février et Mars. 1744. 419 fais, a fini Tes Commentaires Hiîlori^u. s & Crit qi.es fur lesTab'ts AnatoPïii»jUcs cl'hufticlK-. Us font ac- tuclleincm entre les mains de Mr. l: rrof;fi'eur \'.rn- ro. Ce û ant Anatoaiicien s'eit chirgé ce les nirc imprim«îr pour 1 Auteur qui ile|)u:s 1 année paiîce efl en Amérique Le Dr. Koôen D^hymph Médecin desTroupe^ c\\~ wcryé'.s enAraéritjue publiera dans peu une Hifto^rc de h Mala-iic quf le^ An^lois appellent the ys.x'.ovo fe- ver, Se qui efi: communément a;>pei!ce fiévie bileu- fe. On afTure que cet habile homme a fait desdéco'J- vei tes coriliîcrab^es fur la Nature 6c fur ia CiTe de cette Ma"adie fi tatak ai-j Ei;rupéens dans les Li.îes Occidentales. Un Libraire de cette Ville j affifté de quelques p:r- fonnes q'«-ii «nt du gouf p^url'Anatomie, a entrepris de donner de^ Figures ex.; Piaii- ches ce qui en occupe trois ':^ans les Pla; ches du Pro- fefleur de Leyne. Aufiî ne coûtent el'es que la dixiè- me partie de celles de Mr. Aîbinus iur kfpjU^llcs tllcs font copiées, fans s'y aihcir.dre toutefois fi fervile- mcnt qu'on n'ait emprunté diverfes choies de^ Tabl.s Anatomiqucs dsChcfelden, deCowper,dc Ruyl'h, de Morgagni> &c. En général la Médecine 8c la Chirurgie flsurif- fent ici plus <)i:e jamais. Il manquoit à Edinbourg un hôpital digne de cette capitale . mais enfin la gcnérofiic de diverfes perfonncs d'un rarg émi- ncnt & d'ime piété diftinguéc y a p'.;urvu. On a bâ:i u ie magnifique Maifon de Charité à limita- tion de l'HotêUDicu de Paris dans le plus bel en- droit dî la Ville, fur une émincnce doù Ton dé- Dd 4 couviç 410 BlBLIOTHEQ^UE B RIT A NNIQ^UE, couvre la Mer. On ï reçoit nombre de pauvres ruala-ies q'ji s'y rendent de toutes les parties de TEcoiT-. Les Médecin-: & Chirurgiens, qui y affif- tent par tour, e;i prennent le plus grand foin. Rien ne leur manque d'ai leurs , bon air, excellente nounitLire , fîtuatioS riante, belles promenades, ils ont tout à fouhait pour leur guériion autant crus les caufcs fécondes peuvent y contribuer. En- fin l'AcadéfMe eft pourvue de Profefleurs d'un fa- voir diftingué. Plufieurs ont été difciples du Grand Boerhaave j on fe fcnt formes f jus les yeux de no- ire incompar.ib'.e Docteur AUnrâ , àont les Leçons de plus en plus fréquentées attirent quantité d'An- giois dans cette cap.tale S< multiplient chaque jour le nombre des Etudians. Ce cé'èbre Anaiomicicn compte fouvent au delà de cent cinquante Auùi- tejrs dans les Colèg^s. Un dti autres ^ran-:s orneraens de notre Aca- démie , c'efl le fameux Mr. Mac-Lnnrin Profefleur en Mathémntiq-:es. On attend de lui une Vie très- détailléc: de ril.ultre & immortel Ktwton. Ce fera véritablement Appelles c]ui fera le portrait d'A- lexandre. Glasgow. R, Foulis Imprimeur & Libraire de l'Univerfirc vient d'imprimer les Caracfères de Jhéophrafle t'n Grec ^ en Latin de U tradti^ion de Cafaubon, le tcutrevH par Mr. Pierre Nccdham. in t2. pagg. lof . Stalher & Barry vont réimprimer par fojfcrip- tion le SpeBatcur en 8 vol. in 12. Cette foufciip- tion reviendra à onze fchellings. Londres. Il paroit ici depuis quelques Jours un Livre ex- trêmement curieux & intcreflantj intitulé Mémoi- res du Comte de Giitcht , concernant les Trovinces- Unies des Faù-B.is , (^ ferva/tî deSuppUment cr <^^ CorM." Janvier, Février et Mars. 1744. 421 Confirmation a ceux â^Aulery du Maurter ^ du Comte d'EjîradeSy & imprimé, ajoure ce Ture , à Londres, chez, Philippe ChAnguicn^ en 1744. Ccft un grfind in 12. de 414. pages, fans un Avertijfe- ment de 4. autres, diîns lequel on nous apprend, que cet Ouvrage fort de la Bibliothéqu ede Mr. d' A NGERviLLiERs, Miniftre d'Etat de la Guer- re en France, vendue publiquement à Paris en 1740. Quoiqu'il ne foit nullement parlé là de l'Anglc- rcrre, nous y femmes néamnoins des plus intcref- ii% ; puilque le Fond de l'Ouvrage concerne par- ticulièrement notre Guerre de i6^f ,1^5^ & 16^7. avec la Holbnîei & que n^s Intérêts, nos Def- feins , ncs Eatreprifes , nos Expéditions, en ua mot tout notre Gouvernement d'alors , n'y font pis moins curieufement représentés 8c examines, que ceux des Provinces-Unies mêmes: & c'cft prin- cipalement ce qui nous a détermines à annoncer ce nouvel Ouvrage 5 en attendant que nous puiflions en donner "^n'Extrait dans les Formes. Pour le prefent, nous nous cor. tenterons d'ajou- ter, que *lcs Portraits & Caradèies qu'y donne r \ureur des piincipaux Perfonnages , qu'il a tous très-familièrement connus, méritent une Afention particulière, étant tous très-bien touchas, & avec ce Difcemement, cette Variété d:ftinâ:ivc, & ct% Nuances imperceptibles aux Yeux vulgaires, qu'y demandoit le fameux Saint -Evresnont; que ceux , des Minilires dEtnt, & des Généraux d'Armée , y font particulièrement remarquables s fur-tout celui iz RuYTER, qui fait d'abord aimer, admirer, & icfpc(îler, la Droiture^ la Candeur, & la Probité de cet Honnête-Horamej & celui du Penfîonnaire DE WiTT, qui, par une Raifon to.ite oppofée, produit un Effet tout contraire: que, quelque Mé- nagement qu'ait obfarvé l'Auteur pour Çà propre Nation, l'Ouvrage efl néanmoins écrit avec affez de Defin^érdrcmcnt pour qu'il foie fort aifé de Dd j s'ap-cr- 412 BlELIOTHEQ^UE E RIT A NNIQ^UE, s'appercevuir, qu'il n'approuvoi. nu lement, .li cet- te Ambition déméfurée qui portoit k Mini.ièrc de fa Cour à vouloir s'emparer ii hautement de teuf ce quelle trouvoit être à fa B-enf-ance, ni ces Ad >ucifl*eniens /rompeurs £c ces Proreftations auflî fréquentes que fîrnuiee , à l'Aide defquelles on ufc.iption Ôc dé- bite par cahiers, A Ntiv Gt»eral Hilhry of E»- gland Ô^c. C'-ft-a-rdr- . Hijtoirt Souvd'.e de l An- gieitrr» depuis l'inv.i/i.n d^ Jnlei-^CéJjir jttfqHx l* mort de Ce^r^e L Le priiKipal Auteur de cli Uu- vra^c, (i< nt o.i parlo ci\antageuf.ment, at te-^ Mr. GtéUUume Guthra Eci.yer. Il aroii condui' TOa- yrag" juiqu'au tems de la Ré-oluti-^n , & en l'a fait ach ver par une ajtr- m3i.i. Otte h.fîfre contiendra environ 500. kujlies in folio. Fie f.ra enrichie des Buftcs de xHos Rois, de i.artcs, o.:Me- dniKvS, & de tour ce qui convient à l'ornement d'un Livre à^ ce genre. Cha^jue Cabi. - c mpoft àc trois feuilles, broché, & corne t dv. pai^ier ohu9 reviendra a fix Cls. Le premier contient, des re- marques fur le gouvernement des Anciens Bre- tons, fur les vu' s de C' far en tai'ant une dcf «rnte dans la Grande Bretagne . fijr Je mauvais fuccès v'es dw-x tentatives qu'il y fit, avec clts remar^'.e^ fur la manière dont Céiar a lui même décrit ces cve- nemens dans fes Comm.^ntairf-S & u r les fautes que tju.l'^ues Modernes cnt faites en tratar t ce f-,,et. Mr. George Smuh a txcité li curio''t' & i''n»pa- ticncc du pnhlic en lui prome-tant un Traire de fa façon fur la Comé;e qui a fixé les regards -^c ti'Ute l'Europe d-puis quelques moi". Ce Traité, ■:lit-on, fera compofcf de t. ois i)arties, I a I. conticndja l'explication dçiS Apparitions «S: des i h no'.ncne^de iapréfcnre Comète. La H. tracera l'H.îlone d rou- tes les Comètes qu'on a obftrvécs jufcuVi. Et la ÏIL cxpoG.ra une nouv.°[:e Th'^oric de ces Cori'S cél-ftes.f: remarquabesparrar td'en hoits. Ct Oa- vraçe li dcfiré cÙ, à ce qu'on alltfre, aut'^nt q'« fini , & va faire rouler U Pieiic iàns rieiai- On 424 B-IBLIOTHEQ^UE B RIT A NNIQ^UE, On débite a6laei)ement chez Ofbo n^, Millar, Chapclegc Dodflti , les Ej[*isde Litéraiure ^ ae Mo- rale de Mr. VAt/bé Trubkt, traduits cnAnglois,& dignes de l'être dais toutes les Langues. Vingénieux Mr. W^rburton vient de faire impri- mer des Coinmenraires de fa façon lur \'Ejjai fa- meux de Pope. Voici le Titre e'itier >ie l'Ouvrage. Jhe Ejf.ty on M^n , and Ejjai on Critictfm , zvith the Comm-ntAry and Notes o; Mr, ÎVnr urton. C'eft ch z Coo^jer qu'il fe débite. Nous en parlerons pi ;s a.np e nent dans h fuite. No irie a mis en v- nte u i autre Livre que nous ne man puerons pas aufll de taire m eux connoitre. Il efl intitulé Cor.'ttltAttonei MtdiCA, ftve Sylloge E' piJîoUrum cum rejpon/is Herm. Boerhaave C'cft-d- dire. CofjfuUa'ions sit Méde'tne ^ ou Rtcueit de Let' très avec les réponfe^ de HermAn Boerhaave, Au nom {eu! de et grand homme, l'Elcula! e de n 'tre fiécl- j il n'y aperlbnne qui ne fente /on attention fe r veiller. V ici une nouvelle pro iiétion de Mr. Samuel Ch^niler, The IVtinejj'es §f the Refurreciio?} ofChrifi reex^mined, and thsir ie,hinony fhewn to be entirely con[i,tenty c'cll-à-dirc , Les Jemsms de la Réfurrec- t'ton de Chrifî entendus de nouveau , (^ U vérité de leur témoi7na:,e entièrement conflaién C ei un 8. du prix de d.ux Shellings. Il fe vend chez Noon, & Helt. Ui> Anonyme a publié chez P mberton un Trai- te' de m-^me volume, £c fur un fujet qui a beau- coup d'affi .ité avec le précéJent. Nous eii donne- rons auffi le Titre, Le voici. The Evidence nf the Refurreclton cleared from the exceptions of the Moral Thtlo/opher. C'eft-à-d!re, L'Eijidencs de ix Réfurrec- ùon éclaircie ^ ùil ndue contre les objections de l'Auteur du Phtlofophe Moral. Mr, George Edouard a faitparoitrc chez Manby A Natural Uijlcry cf Btrds, ou ^?-'^<^* Naturelle dts Qiftaux O.T Janvier, Février et Mars. 1744. 4^5 On débite ch.z Couper Jhe Ht, ory 6cc. VHtf- toire de l Ancien ïMganifms. The GoUen Calf &c. Le eau d'Or, ou Ktchir.hes fur U nature ^ l'effi- cace de l'Or. Ftve httmired foina cf Hufhandry &c. Ctncj ans toints d Agriculture Suture ihe Great Thtjtctan &c, ^«e la Naiure eft le meiiUur Médecin, Et quelques autr sj-et tes Pièces. Noon vend A Irtf Acccum of Calvin'i Surning Serzetus ôcc. Rel tion (uccihte du fupplice que Calvin fitfoujfrir h Serxet fonamrié aufeu ccmr»e hé é!tqi*e. On trouve à j^réfenf (h zRobinf-n Ike Ljmy's Aftronomy 8cc. L' Ajironcmie des D^mes. Et chez D-^-id Som- briefCohjheri^.ions &c Courtes Rtmar- ques fur l'Hypot^èfe de Mr. Lccke touchant la Cott" noijjiinte de Dteu. Parmi qi'anrité de Brochur s extrêmement v\\& fur les affairc^s politiques, on yo r au Tire feil ce qu'on peut aten r;, de ceKe ci. Trench ferfirj illu!:ated, parttculariy tn the frefent intended iKvajien. C'eil-à- ire, La petpdie Françoiie dévoilée ^ fpé- cialmfnt dans l in-vaj'ion projet lée defu s peu. Knapton debi e une Traduâ'ion Ang^oife du la- vant Comme taire l'e Mr. van Svite D âeur eu Mélicinea Leyde (ur les Aphorisme s Je Boerhatt've. en 2 vol. 4. Noiirfe débite i^e même une Traduc- tion aifiTi An^loifl dts Elémens de Pkyfique du cé- jèbrc Mr. de MufTchcnbroek , par ^ T.Colfon Maître es Arts. D.'uf. autre co:c nous apprenons avec plai(îr q'^e les Trad' dions Frai ç( ifcs de- bon» Li- vres Ant^lois e muit'plitnt , te'mo'n la T.adufi;îGn tîe 1 Hifîoire Univerflle, celle de CumherUnd-, cel!e de la Vie de Cuercn, celle de nos mei leu^s Com- mentateurs d rtcriue Sainte, compihs & tradu ts dans le Nouveau Commentaire Litéral ^ ont oq a déjà donné quelques VoU>m.çs en Hollande. TA EL F, »iM TABLE DES MATIERES. XxCtes (lej uitotres 'jDïï^cïtithn pour prouver que St. Luc ev. 'U i'Àuieui & que fi f ; n Hilloitc eu véri kb.ç» K Chrlilianiime vient c'e Dieu. 264. ^i^ricultures Cinq cens fotnts d'jîgricutture, 425. alitez j Examen tmtart'ial du U Condu-.te dei Alliez 0> de toute ii Lireclion df U f ré/ente Guerre, i^p, jjm^^^tne y Affarc A'An.hotne entre ies HoUandcii & les Anqlaii. iz^. RcUtton de ccae Aftaire, pu- bliée. ZÎ4. jimhrt i Exrrait -^'une Lettre de Mr. ^. A. Beuter fu la nature de l'Ambre. 174. ^fn^rtque ; Il y en a t]ui veulent que les Gallois l'ayent t^écouvertc en 17 10. fous la conduite de Mnàock îx. Jimraux Avjots', Vies des Amiraux Anglois (^ Je^ Autres grands Hommts de Mer de cette Nation. Par Mr. 7 afuiV.\'o\. U. 217. (^ ftiiv. But de cet Ouvrage 3-^. Amir ux & autre^ grands Hoinmes de Mer Anglots. 18. 29. 30. 53, 34' 3^ 5^^- 3^i»' ^i^- ^?4. i:"^» -39. 241. 242.247. D'UX Remarques à la louange des Gens de M'.r AnHeis. 1^9 Pourquoi les Anglais BC leur ont pas toujours rendu juliice. 243. AnafO' TABLE DES MATIERES. jinaiomiques (Tahles) d'EuJiachei Commentaires Cuti CCS Tablev. Par Mr. G. Martin, 418,419. uîngts ; Voyez Dieu & Dieux. Angleterre j Hifioiro Nouvelle de l'Angleterre Sec. 42 j, Angioife ( Nanon } Defnjt de U N.iiton Aa-Uijet ou le Découvreur découvert ôcc- 1^8. Anti-P.smeU', Livres .mitulcz Antt-Famela, ^fS* 166. 368. Arnieii Ceux qui habite:'t l'Arabie Pe'trce. 112. Sefte à^Arabei Mabométms appeliez Seîtminites, 114. Arabie Vé'.rée é^ fes Hahitans. 11 2. A^res', de IcUr Culte, & de fon Antiquité. 370, Agronomie (L*) des Dames. 425". B. B AcALLAo OU Terri' Neuve j Cette Ifls dicou^ verre par /. Cahot. 29. B^iin de Pharaon-> Montagne en E^ipte ani)cl!ée' /» MnritAgne du Bain de'^ Pharaon» cù il y a unc Sou' ce d'Eax Chaudes. 113. Batéme', Réflexions fur le Batênie. 270. 279. Bcnfon\ Ouvrages tie Mr. G. Bsnfon. 263. Bentley (Le Dr.); Voyex Tefian.tnt. Beurer (Mr. j^. ^. i; Voyez Ambre. Bibliothèque ; La Biblioihéqne Germanique ciéc. i^. Voyez P/>«a;. £i«Jtf, il'uftre Amiral Anglois. 237. Elogï qu'en fait M. lord Clarendon 2j8. Elogs qu'en fait le Dr Bite. 239. ^ocr^/i^îve ( Mr. ) ; Traduction Angloife d'J Cùm- mentaire de Mr. V;in ^votten fur ks Aihitrif' mes. 425". Bretagne {Grande) -^ Hifîoire NAv.'jJe de ce Pais. Par Mr. J. Camùôell. i. ^. fuiv 217. Qr /iûv. Woytz Amiraux Anglûii y Ôi Bretons. Bretons; TABLE DES Sretons ', Pouvoir fur Mer & Commerce des anciens Bretons, 6. (^ fuiv. Qaels étoient leurs Vaifîcaux. 9» 10. Quel Peuple ils étoient. lo. G. ^ A B o T ( 7- ) ' Voyez B.icalUo, Cabot (S.), habile Homme de Mçr d* Angleterre. 33 y 34- Cuire ', Il n'eft paç permis aux Chrétiens d'y entrer à cheval à ni: ins qit'ils n'y viennent en qualité de Minidrcs de leurs Nations. 98. Calmet (Dom) combattu. 141-144. Campbell ( iMr. J. ) ; Voyez Ar/iraux , & Bretagne. Cantique mis dans la Bouche des Anghis pour U Viâoire remportée à la [bataille àt Dettingcn. ij6. Cantique mis dans la bouche gu Roi. 1^7. Captivité des Juifs fojs l'Empire des Afliricns 8c ce- lui dvsPcrA'Sj Durée qui lui cil attribuée. 61. CaraïteSi S: (fie de Jtùfs. 120. Cè«^; RéHcxion fur la Ste. Cène. 270. Chrétienne (Foi)', Efti à'écUirciifrmns fur Us Ar- ticles les plus ejfentids de la Fjï Chrétienne. 19S. Chrijîinûifmc; Dèfenfc du Chrifiianifme ^ occafionnée par lApoJi^lie de jcn propre Clergé. icjS. Voy- ez Cirètienn?. Chroniqui'^ Voyez Hongrie. Ciccron ( La Vie de ) en Anglois\ Traifu^lion Fran- /:oi/é de ceLivrc. 42Ç'. Voyez D:mofihene. Circonciiion tant tics Garçons que des Filles parmi les Egiptiensy obfervce encore par les Coptes & par \':s Mahométans de la Haute E^ipte. i ;8> 119 > Réflexion fur la Circoncifion. 279. Clef de conmtffAnce, Luc. XI. ^-2. j. Sens attribua à «"crte exprcfllon. 187. Clergé', Le Clergé Ch'étien blâmé. 79 Sj. Voy- ez C'jrifiianifme , & Eglife, Comètes i MATIERES. fiitesy Traite fur les Comètes promis par Mr» j. Sm'îth. 42 j. uroverfe'y Ce qui arrive dans lesControverfes.éo, tes y Ils font les Chrétiens naturels d'Egipte. 117, )rigine de ce Nom. 106, 107. Condition des Joptes en Egipte, 117. Leurs DeTOtions. 118. Ils ont ignoraos. ièid. Deux Coutumes quils ohfer- ent dans la perfonne de leurs enfans. tèid. Ils aïlfent les Grecs. 119. luettes 'y Roman Moral, intitulé Artii-VameU, 'gue ', Véritable Dialogue entre un CavxUer G^ un Sergent. Ti?9. eu i Le Dieu que Mbïfê ordonna au Peuple d'îf' 'ael d'adorer, prétendu être tout au plus un Ar- :hange du premier Ordre que les Patriarches Ht- breux s'imaginoicnt être leur Protecteur fpécial. 48.372.387. Courtes Remarqtu s fur l* Ht- Terne XXI l. PHrt. lî. E ç ^othèfe TABLE DES fothefe de Mr. Locke touchant la Connoijjance de Dieu. 425-. Djeuxj Du Culte des Dieux TUtelaires t Dieux In- férieurs > oj. Anges ou Démons}, & de Ton Anâ- liquité- 369. Abruham &c la Famille, prétendu avoircuun Dieu Tutelaiie, ou un AngeGarJ;en, dt\>\xs le t(.ms f'e leur arrivée en Canaan. 48. 372. .J^icïie &: le Peuple d'ifraël, prérendus avoir ca le racine Dieu Tetelaire. 48.387. Par qui la Théo- gî)nic ou la Mith logic des Dieux du Paganifme a été inventée, 6c quand die a été reçue en £5//»- te 5c en Ai^e. :§z. D/m Héréditaire ; Du Droit Héréditaire à la Cou- ronne o'Ançleierre. ?o8. :oo. E. -t--»Aux Chattes en Egipte. ir^, Eccléfîaji':quis ( Ecrivains) j Le St;cond Volume de ia Seconde Edition de Ja Scr'iptorum Ecclefùftico- Yum Hiftoria, Liittraria du feu Dr. Cave. îÇ^. Ecrits Scierez, des Jutfsi La Colledion de ces E- crifs , prétendue être très défcétucufe. 61. Les Maflbrétcs & les Rabins accufez de les avoir corrompus. 61. L'Original de la Eible Hébraï- que, prct::?ndu n'avoir probablement jamais été écrit dans une LnniiUw vivante, ni dans un Caraéicre connu. (Voyez y<7iij 63. Confcquence tirée r'e là touchant rinfelligence ôc iesTradixRions des Li- vres de Mûïfr. 67. De la Trndudtion des Sep- tante. 68. Co'iclnfloD générale fur lesEcriis Si- . crez des Jiârs. 6S. l5es Points Voyelles. 6(), CesEcîits, dits ère les Mimoins les plus auten- iiques que nsus ayons de l'anrienne Hijioire de l'A/ie' 71. ^7yi79. D!ftin. 382. Hifioire Univtrfelie en Angkis; Traduclion rr*i«- ^oife de ce Livre. 425. Bù9hei iTh.) refuté. y-^. 358, 33p. Hobfon ( Mr. y. ) j Voyez Mauve. H9mmA?j } Particularité rapportée par Its Hiûoricnâ Anglois touchant un H'jmmage rendu à Edg^ir Roi à' Angleterre par huit Kois. 15-, 16. Hongrie \ O^ronique de U Reine de Hongrit ; S(c, cai- t£ À U marner e des Anciens Hi^oriem Juifs, par Aétam Ben-Saddi. 150. cr futv. Mhdfen ; Defcrtptton des Contrées adjacentes à U Baye de hudfon. 422. j I. Aques I. , Roi (\' Aniletefre i Son Portrait. 2 rp. 304, Jaunes IL, Roi d'Angleterre'^ Son Portrait. 245-. Idolâtrie 'i Quelle 1 été la première Idolâtrie qui a règne dans le Monde. 370. De l'Idolâtrie qui con- Cftoit dans le Culte des Dieux Tutclaircsî du Culte des Planètes £c desSioiies,ou plutôt des^«^^^ ou JDsmons , qu'on s'imaginoit faire leur demeure dans ces Aftres , & à qui on croyoit qiie l'Etre Suprême en avoic confié la dircdion, aufli bien, ^uc des Affaires de ce bas Moade » du Culte des Ec 3 Dieu# TABLEDES Dieux Tutela'res qui réfidoient parmi les Hom- mes (3875388.): & du Culte ees Héros. Et de !'AHti-]ui:é de ces Idolâtries. 5^9 - 3^9. En quoi conflftoit ridolacrie des Egiptiens 6c des autres Nati'-'ins du tcms de Mc'tfe. 372. Jean XIX. 6. Sens attribué par quelques Inter- prètes à CCS paroles de ce PaiTage, Frmez.le vous n.émes e^ le crucifiez, i-o. Indes Qr'tentahs'i Tfntative faite en Angleterre pour y chercher un partage par le Nord. 35. LcChev. H. Vf^ilUuihby tft -h.'.rgé de cette CommifTion, 8c il périt parle froid Hais Ton voyage. 54. La mê- me Entreprife pourfuivie fans fuccès par E. Bur- rùughs. ;<). yoh'y Affiche pmr imprimer par Soufcription le Livre de 'Jcb en Caraclère Hébreu j qu'on a ^échi^répour la première fois dans une Ve/fion Ar.^loife. i8j. Le Caradère H:'i^r^« pre':endu ê re un Chiffre, qu'on peut enttndre par les Règlfs du déchift"remenc,& qu'il n'y a pas moyen, par l'addition des Voyel- les , de faire quadrer avec aucun Langage ufite parmi quelque Nation. ( Voyez Ecrits à'acrez des ''Juifs.) 186. Hérodote^ Dér/jocrite , DioJcre , ClS- tnen: Alexandrin y Théodoret» St. Jérôme j & Its Pro/;/:è/^i, cirez là deflus. 186, 187. Voy- ez Rédemption. Infeciej VoytZ Polyp*. Invtnt'io fortunatai Livre intitule' ainfi. 23. jfraëiitesy Cette Propolîtion, ciae Dieu fe f.t la Di- vinité LocKÏe (^ Tuttlaire des Ifraèlites O" que cette ii:iîion a été gouvernée par une Providence furnaiurelle ^ miracuUtife qui s'étenàoit aux Far- iiculiers, combattue. 44-54. Voyez Dieu Se Dieux. Juifs i Coutume qui eft particulière aux Juifs d'£- gipte. 119 QucL ctoient les 7«//jr qui demandè- rent à PiU:e la mort de J.C. 133, Remarque, à cette MATIERES. cette occafion , fur une Pvcflexion de la plupart des Prédicateurs, ièid. Juifs {Anciens HiJîoriens)i Voyez Hongrie. L. JLjSçons {Les Diverfas) du N. T.; Elles ne prouvent pas qu'il ait été corrompu. 174. Re- marque lur U nombre auquel le Dr. MiU les fait monter. 275. Leprott (Wt. A'}', ^Voj cz pifrre. Littérature '<, Efjais de Littérature ô> de Morale, par Mr.CAûU Trubict, traduits en Anglois. 424. Loix; Choix ihéorétique ©» Pratique des Lcix ti' rées du Diyfte (^ du Cojsy Sec 41 S. Luc (Si.); Voyez A^es des Apôtres. M M. Adereî De'couverte de cette Ifle attribuée a un Anglêts n'^'mraé Macham. 24. M-^g€S î Voyez Guébres , & Zitadujh, Mdhoméîans i Ceux d Egipte. \ 20. Voyez Arabes. Matarée Bourg d'Egipte ; Tralition des Chrétiens d'Egipte touchant ce Lieu. 101. I^auve', Lettre de Mr. J. Hoùfcn concernant la prodigitufe multiplication des Semences de quel- ques l'iantcs, par ex. de la Mauve. 174. Médecin ry Ejfais de Médecine. 418. Confult nions de Médecine y 5cc. 424. Meri Hommes de Mer d* Angleterre. Voyez Ami- raux Anglos. Petit Traité intitule de Polit td confervarivÀ Mjris. 27. Mtll (Le Dr.); Voyez Levons. Modération Politique', En quoi elk confiile. 32?. Mot e\ Examen SACcint d un Ouvrage de Mr.iV.\r~ hurîony intitulé, La I^ivinitc de la Mi/Tion de Ee 4 MoiTe TABLE DES Moife iUuftre Amiral Anglùiu m. 2J4. MoHtfiigH, Comte de Sa/rdwich , illnftre Amiral An- glois. 241. SoH Eloge par Mr. G. Brandt. 241. N. N At u r< E ; Traité pour prouver que la, Nature ejt le meilleur Médecin. 4if« Newton-, On aitcn i de Mr. Mac-Laurin une Vie de Mr. NcWion. 420. Nitt Les Cataraàcs de ce Fleuve. 109. O. o, 1 s E A u X5 Hifloire Naturelle des Oifeaux. 424; Orien:\ Voyez Egipte. Or ; Le Veau d*Or , ou Recherches Jitr la nature ^ l'efficace de l'Or. 41^. P. ^ AganIsme, l'Hi,^oirede V Ancien Va^ani^ne.'^i). Pamela tu la Vertu réccmpenfee , Roman Moral , par Mr. Richard/on^ Ce Livre critique. 3(8. Li- vres intJcuUz Ami-S^imla, 358. 306. 368. ^arfons MATIERES. Tarfons (Mr. T.)i Voyez PUoca. Fatriote j Revue de U Conduite Pel'dique d'an ïllufirt Patriote ^ Hc fes Amis 199. Ver(e\ Le Capic. A. Jenkinfon fut le premier qui découvrit u-^e ronfc pour trafiquer amcc hPerfe par la Mofcovie, 5s. Pejîei Deux Brochures, l'une imituléc LMPiJie Sec. l'autre Relation hijîoriojMe des Pejies fSr antres maU^ dies eontA^ieufes Uc. Par Mr. R.Goodwm. 197. Phi/ique j Tiadudion AngloKe des Elémens de Phiji- ^«? il y aura des RéflcxioHS Meta- phyfiques, des Diffl-rrations P'iyfiqucî; des Lettres Criti- tinuesj des Romans écrits dans le goût des Nouvelles j enfin chacun pourra rrouvei de quoi s'y aniufcr. Il paroi- tra tous les trois mois un Volume de ces Métnoires. Dans le premier il y aura des Reflexions fur les Paflions, ua petit Roman, une Diflertation fur les Douceurs de la Bonne Société j cela appartient au Coeur. Dan? ce même Volume on placera un Difcours fur la Nature & la Pro- pagation du Feu ; on l'on examinera les fix Ouvrages qu'a fait imprimer fut ce fujet en dernier licu l'Académie des Sciences de P^ris. Ce morceau, ainfi (Qu'une Lettre Cri- tique lur les Pedans, appartient^ l'Efprit. Dans les trois Tomes Suivans, on trouvera trois DiCTertations, une iat l'Air, l'ai tie fur l'Eau, la troineme fur la Terre. Ce qui, joint à la première lur le Feu, fera un* elpece de Cours de Phyfiquc Expérimentale. Lettres Ciitiques & Philolophiques parMADEMOiSExtR Co **. avec les Reponies de Monfieui le Marq.uis D'A R G E N s ,• r 2. Mémoires du Comte de Guiche, concernant les Pro- vinces-Unies dcsPais-Bas , depuis r 65$ . jufqu'au 1 5 . de juin 167Z , Ouvfage qui lertde preuve ôcaeconfirmation aux Lettres ôc Négociations dcMonlr.LeCourEtD'£*TRAi>ES, & aux Mémoires de Mr. Au e e r Y. iz. La Contblation Philofophique de Bocce, Nouvelle Tri- duftion , avec la Vie de l'Autear , des Remarques Hifto- riques & Critiques-, uneDED.cACF MAssoNiQ^uBpaïun Frere-Masson, Membre de l'Academic Roiale des Sau- ces Se des Bdks Leuics de Bcilin, z vol. i. «•#