: | LS" L - , PE r i È n 6 Q » d à HOUR. fau . < « LA $ Pa 1 7 L É LI AEUTS PF AP CE 118 3 \ #40 . + L. « ñ ns NT ME L PH 4 : nn: Mo.) Lei CPE " ALT BIBLIOTHEQUE UNIVERSELLE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES , ET ARTS h FAISANT SUITE À LA BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE. Rédigée à Genève PAR LES AUTEURS DE CE DERNIER RECUEIÏL. TOME SIXIÈME. SCIENCES ET ARTS. ER À GENÈVE, De l'Imprim. de la BIBLIOTHÉQUE UNIVERSELLE. 1817. sg : x 22.84 kr pit PACE Fr MATHÉMATIQUES PURES. ExERCICES DE CALCUL INTÉGRAL SUR DIVERS ORDRES DE TRANSCENDANTES ET SUR LES QUADRATURES , par À. M. Le Genpre, Membre de l'Académie Roy. des Sciences et du Bureau des longitudes, de la Société Royale de Londres, etc. 3 vol. in-4.° ; Paris, 1811—1817, de l'Imprimerie de Mad. Courcier. RAS A RE TS Te Maui annoncons avec plaisir à céux de nos lecteurs qui prennent quelque intérêt aux progrès de l'analyse mathématique, la publication de la dérnière partie de l'ouvrage très - remarquable dont le titre vient d'être transcrit. Sous ce titre modeste d'Exercices (1), Mr. Le Gendre présente plusieurs théories très-importantes aux progrès réels du calcul intégral, et un grand nombre d'applications également neuves et utiles. Aussi pensons- nous qu'aucune production plus distinguée n’a enrichi le domaine de la science analytique , depuis les trois principaux traités qui forment le vaste corps de doctrine dû au génie d'Euler. La nature de notre Recueil ne nous permet guère de faire connoître avec quelque détail tout ce que ces ouvrage , où brille un grand talent de rédaction, ren- ferme d'inventions et d'idées fécondes. Les premières parties sont , d'ailleurs, publiées depuis un temps assez _ (x) Ce mot , dont la signification n’est peut-être pas très- précise dans ce cas-ci, se rendroit en latin par Exercitationes, expression qui a parmi les géomètres une acception reçue et mieux définie. À 2 À MATHÉMATIQUES PURES. long pour que les géomètres aient eu celui de les ap- précier. Nous nous bornerons par conséquent à rap- peler en peu de mots ce qu’elles contiennent, et à in- diquer les sujets traités dans celles qui viennent de com- pléter ce grand travail, en empruntant le plus souvent les termes des préambules qui s'y rencontrent. Le premier volume, composé de trois parties, parut en 1811. L'auteur, réunissant dans la première , ses anciennes recherches sur les intégrations par arcs d’el- lipse (1) à son Mémoire sur les transcendantes ellipti- ques (2), y a singulièrement perfectionné toute la théorie de ces dernières transcendantes, Il fait voir que toutes les fonctions différentielles ayant pour dénominateur un radical sous lequel la variable s'élève jusqu’au quatrième degré, et pour numérateur une fonction rationelle quel- conque de cette variable , peuvent être ramenées à trois espèces principales ; il réduit chacune d'elles à la valeur la plus simple qu'elle puisse avoir; donne pour les évaluer les approximations les plus promptes et les plus faciles , et forme sur-tout de l'ensemble de cette théorie, une sorte d'algorithme qui contribuera puissamment à reculer les bornes de l’analyse, Cette partie se termine par de belles applications à la détermination de la sur- face du cône oblique, de la ligne la plus courte sur le sphéroïde , et de l'aire de l'ellipsoïde ; et par la réduc- tion de plusieurs formules très-compliquées, à ces mêmes fonctions elliptiques dont l’exacte et rapide évaluation a été enseignée plus haut avec tant de succès. La seconde partie traite des intégrales Eulériennes. L'auteur a cru pouvoir donner ce nom à deux sortes. de transcendantes dont les propriétés ont fait le sujet de plusieurs beaux Mémoires d'Euler , et forment la théorie la plus complète que l'on connoïisse jusqu'à pré- (1) Mém. de l'Acad. des Se. pour 1786. (a) Imprimé en 1793. ExERCICES DE CALCUL INTÉCRAL. 5 sent sur les intégrales définies. En reproduisant sous une forme régulière , précise et vraiment systématique les travaux de cet illustre géomètre, Mr. Le Gendre y à beaucoup ajouté. Il à donné l'expression générale des fonctions qui naissent de la considération de ces trans- cendantes, et des moyens de les évaluer par de promptes approximations ; il en a déduit des sommations de suites curieuses et utiles; enfin il a fait remarquer une nou- velle espèce de fonctions formées du produit contiauel de quantités dont les différences sont constantes: ces fonctions que , pour abréger , l'on pourroit nommer Gamma, du nom du caractère grecque l'auteur leur assigne, ont des propriétés très -singulières qui les appellent à jouer un grand rôle dans la haute analyse. Diverses méthodes relatives aux guadratures sont l'objet de la troisième partie. Elles complètent naturellement la théorie des transcendantes : en effet quand celles-ci sont trop compliquées, ou ne peuvent se réduire à celles qui sont données par les tables, il faut nécessai- rement pour les évaluer dans les cas particuliers, avoir recours aux quadratures. La méthode proposée par Mr. L. comme la plus générale et la plus sûre, consiste à exprimer l'intégrale cherchée aux différences infini- ment petites, par une intégrale aux différences finies, à laquelle on ajoute les corrections que l'analyse indi- que, et qui servent à diriger l’approximation, On peut parvenir de cette manière à des résultats dont l'exac- ütude s'étend Jusqu'à tel ordre de décimales qu'on voudra. La même méthode considérée sous ut point de vue, peut’servir à construire une courbe dont les coor- données dépendent chacune d'une quadrature particu- lière. L'auteur donne pour exemple en ce genre, le calcul de la trajectoire d'un projectile dans un milieu résistant, en poussant par ce moyen l'approximation plus loin qu'il ne l'avoit fait dans sa pièce couronnée en 1782 par l'Académie de Berlin. On trouve dans les 6 MATRÉMATIQUES PURES. Mémoires de celle de Paris pour 1778 et 1982, une méthode fort ingénieuse pour avoir la väleur d'une in- tégrale qui se rapporte aux quadratures, dans le cas où le coëfficient de la différentielle est nul aux deux li- mites de l'intégrale : Mr. L. expose cette méthode, avec les développemens qu'elle exige, dans quelques exemples, et sur-iout dans son application au cas où les limites sont supposées imaginaires. Enfin, il profite de la liberté que lui donne le titre de son ouvrage, pour traiter de diverses sortes d'intégrales définies qui appartiennent à la théorie des transcendantes. — Ces divers objets, réunis sous un même point de vue, ont été d'ailleurs choisis de manière que chacun d'eux puisse offrir de nouvelles formules ou de nonvelles démonstrations. Un Supplement , donné en 1813, fait connoître un nouveau genre assez étendu d'intégrales définies , qui peuvent ètre expmiaées en partie par les fonctions ellip- tiques, en partie par les arcs de cercle et les logarithmes. Ces applications, jointes à toutes celles qui se trouvent déjà dans la première partie, démontrent de plus en plus l'utilité, et même la nécessité, d'admettre les fonc- tions elliptiques dans le calcul intégral, au même titre que les arcs de cercle et les logarithmes; mais on ne pourra jouir pleinement des avantages de cette innova- tion , que lorsqu'il existera des tables assez étendues des fonctions de la première et dela seconde espèce. L'auteur, en rappelant qu'il avoit déjà tracé le plan d'après lequel ces tables pourroient être construites , annoncoit dès lors qu'il donneroit de nouvelles formules propres à sim- plifier ce travail et à fournir des moyens nouveaux d'exécution : nous verrons bientôt qu'il a déjà entière- ment rempli sa promesse. Le second volume se compose des quatrième, cinquième, et sixième parties, publiées successivement en 1814, 1819 et 1817. La quatrième partie est divisée en deux sections. Dans ExERCICES DE CALCUL INTÉGRAL. 7 la première l'auteur complète la théorie exposée dans la seconde partie de l'ouvrage, et s'attache sur-tout à développer avec toute l'étendue nécessaire les propriétés de la fonction Gamma, qui est le lien mutuel d'une multitude de transcendantes , et la source de toutes les formules qui concernent leur comparaison, leur réduc- tion, et leur évaluation. H énonce l'espoir que la nou- veauté du point de vue et d'un grand nombre de for- mules qui en dépendent, fixera l’attention des géomètres, et leur fera voir là une nouvelle branche d'analyse amenée à-peu-près au point de perfection dont elle est susceptible, Et comme, pour en étendre davantage les ap- plications , il étoit utile de calculer de nouveau avec un plus grand nombre de décimales une table donnée à la fin de la seconde partie, qui contient les logarithmes de la fonction Gamma dans des limites d'une étendue suf- fisante, cette table se retrouve ici calculée avec tout le soin nécessaire , en portant la précision jusqu’à douze décimales. Plusieurs géomètres en ont déjà fait usage avec succès dans le calcul de formules compliquées dont les applications rendaient nécessaire l'évaluation numé- rique. — La seconde section contient diverses recherches qui peuvent être regardées comme faisant suite à la troi- sième partie. On y trouve la démonstration d'un assez grand nombre d'intégrales définies récemment découvertes par l'auteur ou par d’autres géomètres ; ainsi que des vues nouvelles sur la sommation de différentes suites et sur les formules qui servent à trouver la somme d’une suite dont le terme général est donné. Des recherches de nature diverse sont l'objet de la cinquième partie; elles sont, pour la plupart, une con- tinuation de celles que contiennent les deux précédentes. Les unes sont relatives au développement des fonctions en séries ; les autres roulent en général sur tes moyens de faciliter et d'étendre les applications du calcul inté- gral, par l'évaluation exacte ou approchée de diverses 8 x MaATMÉMATIQUES PURES. sortes d'intégrales définies. On y trouve signalées cer taines erreurs auxquelles peut conduire l'emploi des fractions continues dans le calcul intégral. Enfin cette païtie se termine par des théorèmes remarquables sur deux espèces particulières de fonctions algébriques dont l'auteur avoit fait autrefois le plus heureux usage dans ses belles recherches sur les attractions des sphéroïdes et la figures des planètes (1); et par desremarques importantes et très-détaillées sur les moyens de faciliter le plus pos- sible lé calcul des coéfficiens de la suite qui naît du développement d'un trinôme élevé à une puissance né- gative et fractionnaire, Ces coëfficiens et ceux qui résul : tent de leurs différentielles successives , prises par rapport à la variable principale du trinôme , forment pour chaque valeur fractionnaire de l'exposant de celui-ci, une espècce paruculière de transcendantes qui jouissent de plusieurs belles propriétés , et qui méritent d'autant plus d'être examinées avec soin qu'elles ont de nombreuses et d'utiles applications dans le calcul des perturbations des planètes. Pour faire encore mieux sentir l'utilité de la théorie des fonctions elliptiques, Mr. L. l'applique, dans sa 6€. parue, à quelques-uns des problèmes les plus intéressans de la mécanique ; tels que le mouvement de rotation d’un corps solide qui n'est sollicité par aucune force accélératrice, et le mouvement d’un corps attiré vers deux centres fixes. Par les méthodes connues , on est parvenu depuis long-temps à réduire leur solution aux quadratures, et c'est beaucoup sans doute. Mais le dé- veloppement ultérieur de la solution , l'énumération et la division des différens cas, la réduction des formules au dernier terme de simplicité dont elles sont suscep- übles; enfin la possibilité de déterminer, avec tout le degré d'exactitude qu'on peut desirer, la position du DÉS ETURNET er ee Du io D nn Ses ee Sr ce (x) Sav. Etr. T. X, Mém. de l'Acad. des Sc. pour 1784 , et 1789. ExERCICES DE CALCUL INTÉGRAL. 9 Sorps et toutes les circonstances du mouvement , an bout d’un temps quelconque , sont autant de choses que la simple réduction aux quadratures ne donne point, ou ne donne que d'une manière imparfaite ; attendu que les formules , qui s'adaptent assez facilement à la pre- mière révolution, n'offrent plus rien de déterminé, lors- qu'il s'agit d'embrasser dans un même calcul un temps quelconque et un nombre indéfini de révolutions. Sur tout cela, l'auteur ne laisse rien à desirer , et met dans tout leur jour les avantages nombreux qu'on peut retirer en pareil cas de l'usage des fonctions elliptiques. « On remarquera sans doute , dit Mr. L., que la seconde section, qui traite du mouvement d’un corps attiré vers deux centres fixes est fort étendue. Cependant nous n'a- vons considéré , outre les cas généraux , que quelques- uns des cas particuliers que le problème renferme, lors- que la courbe décrite est située dans un même plan et nous n'avons indiqué que très-sommairement les points principaux de la solution , lorsque la courbe décrite est à double courbure; d'ailleurs nous avons toujours sup- posé que la courbe ne s'étend pas à l'infini, afin de ne considérer que des mouvemens permanens. On voit par là que cette matière auroit été susceptible d'une beau- coup plus grande extension ; mais, dans le cadre étroit où nous l'avons renfermée, nous osons croire que les géomètres trouveront quelques résultats dignes de leur attention , peut-être mème des vues nouvelles pour traiter le fameux problème des trois corps, dans d'autres hypothèses que celles qui servent de base aux méthodes ordinaires d'approximation, » Cette seconde section se termine par la détermination du mouvement recéligne d'un corps attiré vers deux centres ‘fixes, problème qui offre encore une assez belle application du calcul des fonctions elliptiques ; et la troisième présente, entr'autres, une théorie eom- plète des attractions des ellipsoïdes homogènes. On sait 16 MATHÉMATIQUES PURES. que Mr. Ivory l’a considérablement simplifiée; mais l'au- teur ,en profitant de la très-heureuse idée du géomètre anglais, traite le sujet à sa manière , avec une élégance et une précision qui ne laissent vraiment rien à desirer. Ce travail avoit déjà paru dans les Mémoires de l'Institut pour 1810 : on y voit que les formules de l'attraction qui, dans les cas ordinaires, sont développées en séries infinies, s'expriment toujours exactement par des fonc- üons elliptiques de la première et de la seconde espèce ; et elles offrent ainsi une application importante de ces fonctions, soit pour conduire à des théorèmes nouveaux sur l'attraction des ellipsoïdes, soit pour faire connoître avec tel degré d'exactitude qu'on voudra, les valeurs des forces dans les cas , rares à la vérité , où elles ne peu- vent être exprimées par des séries suffisamment conver- gentes. Enfin , dans le 3e. volume qui a été publié en 1816 ; Mr. L. revenant à la théorie des fonctions elliptiques , qui est l'objet principal de son ouvrage , a donné , avec tout. le détail nécessaire, des méthodes propres à cons- truire les Tables elliptiques, et il en a pris occasion de traiter quelques points de la théorie de ces fonctions, et de simplifier sur-tout les formules relatives aux ap- proximations. Il y a joint même quelques tables utiles dans la pratique, et particulièrement celle qui donne, avec douze décimales, ou plus, les logarithmes des fonc- tions complètes des deux premières espèces : Table qui lui a coûté beaucoup de peine et de temps, malgré toutes les réssources qu'il a pu tirer de l'analyse , et qui sera d'une très-crande utilité; mais il reste à cons- irure une suite de tables, par le moyen cesquelles on puisse trouver , sans un calcul trop pénible, la valeur de chacune des fonctions de la première et de la seconde espèce, correspondante à des valeurs données du mo- duie et de l'amplitude : ce travail complèteroit le 3e. volume ; et l’on doit vivement desirer que l'auteur trouve le loisir nécessaire pour l’exécuter. Nouverzes Cartes pu Crer. IT « Je me croirai suffisamment récompensé , dit Mr. Le Gendre ( en terminant la courte préface de son 2°. volume ) , si lon juge que j'ai atteint le but principal que je me suis proposé, celui de mettre dans tout son jour la théorie des fonctions elliptiques, et de faire voir qu'un nouvel algorithme , fondé sur cette théorie, peut servir à étendre les applications du calcul intégral, en soumettant à un calcul régulier et uniforme , sem- blable à celui des fonctions circulaires et logarithmiques, toutes les formules que les géomètres avoient ramences jusqu'ici à la rectification des sections coniques , et une infinité d'autres encore plus composées. » — Selon nous, tous ceux qui peuvent sy connoître jugeront que ce but a été atteint pleinement par l'auteur de ces savans Exer- cices ; et ce ne sera pas la moindre des nombreuses obli- gations que lui auront les sciences mathématiques: qu'il a depuis long-temps enrichies par tant de travaux impor- tans et des ouvrages si remarquables. —————— ASTRONOMIE. Himmer's KARTEN, etc. Cartes du Ciel; par le Prof. Harnixe. Gottinguen, chez Vandeghoeck et Ruprecht. 1817. hrs beau travail dont nous annoncons la continuation est commencé depuis long-temps. Quelques parties en sont achevées ; cette livraison est la cinquième ; mais comme nous navons pas eu l'occasion d'en parler jus- qu'à présent dans notre Recueil, nous allons retracer briévement l'origine de cet ouvrage , et le plan adopté par l'auteur pour lui procurer toute l'utilité dont il est susceptible. 12 ÂASTRONOMIE. Depuis la découverte des planètes Cérès et Pallas, qui ne paroissent jamais plus brillantes, dans les lunettes, que des étoiles de huitième grandeur, ( et souvent beau- coup plus peutes ) les astronomes éprouvoient le besoin de se procurer des cartes beaucoup plus détaillées qu'on n'en avoit eu jusqu'à présent, des zônes du ciel où ces planètes se trouvent, afin de n'être pas obligés d'en cons- truire chaque année de particulières. Il falloit donc que ces cartes comprissent le Zodiaque entier, élargi de toute la quantité nécessaire pour que les trajectoires apparentes de ces nouvelles planètes n'en sortissent jamais. Mr. Har- ding s'est déterminé à entreprendre ce long et pénible travail. S'il n’eût été question que d'assortir ce Zodiaque aux deux nouvelles planètes qu’on vient de nommer, dix à onze feuilles y auroient sufhi ; mais , tandis que l'auteur étoit occupé de son entreprise, la découverte de deux nouvelles planètes , ou astéroïdes du même genre, le forca à étendre son plan en élargissant au degré né- cessaire son Zodiaque. A mesure que le travail se prolongeoit, le sentiment de son utilité astronomique , sous d'autres rapports que celui de l'objet spécial qui l'avoit fait entreprendre, engagea l'auteur à étendre son atlas ( dont quelques feuilles étoient déja achevées), à tout le ciel septentrio- nal et à toute la ‘partie de l'hémisphère austral qu’on peut observer en Europe, c'est-à-dire, jusqnes un peu au-delà du 3ot. degré de déclinaison méridionale , ou du 120€, de distance polaire, des étoiles. Cette portion méridionale devoit occuper neuf feuilles , comprenant chacune 40 degrés d’ascension droite , soit la neuvième partie du tour entier. La zône parallèle , boréale, depuis l'Equateur jusqu’au 32e, degré de déclinaison bor. occu- poit aussi neuf feuilles, d'étendue pareille. Ces dix-huit feuilles sont maintenant terminées. La portion du ciel qu'elles embrassent est la plus in téressante pour les astronomes, parce que toutes les pla Nouvezzes CARTES Du Cxer. 13 nètes, et la lune en particulier (la plus importante pour nous } n'en sortent jamais ; ce fut donc avec beaucoup de convenance , que l'auteur crut devoir l’achever la première. Mais la calotte septentrionale, comprise depuis le 32e. degré de déclin. bor. jusqu'au pôle , avoit aussi son degré d'importance, ne fût-ce qu’à raison des comètes qui se montrent plus fréquemment dans cette région que dans les autres, parce qu'elle mème est toujours visible dans la sphère oblique; ces comètes sont souvent téles- copiques, et celles même qui ont paru les plus brillantes à la vue simple, finissent par devenir telles lorsqu'on les poursuit long-temps après leur passage au périhélie, Dans ces cas l’observateur , à défaut de cartes gravées , des petites étoiles dans le voisinage desquelles paroît passer la comète , et auxquelles on la rapporte par les diffé- rences d’asc. droite et de décl. est obligé de s’en faire à lui-même des manuscrites , pour toute la trajectoire de la comète. Les feuilles XVIII à XXV de l’atlas lui offrent déjà des secours qui l'en dispensent, si la comète se trouve dans l'espace qu’elles embrassent. Dans sa répartition de l'hémisphère boréal , l’auteur a adopté la marche suivante. Comme les degrés des pa- rallèles à l'Equateur deviennent de plus en plus petits , à mesure que ces cercles sont plus voisins du pôle , une feuille de même dimension que les Zodiacales pouvoit comprendre une plus grande étendue en ascension dr, En conséquence , il publie en huit feuilles, qui ont cha- cune , vers le bas un peu plus de 45° de largeur en asc. dr. et qui s'étendent de 30° au-delà de 65, en déclinai- son, la zône concentrique au pôle comprise dans ces limites. Ensuite la calotte polaire qui s'étend depuis le 64°. degré de déclin. jusqu'au pôle sera représentée, sur une échelle un peu diminuée, en deux feuilles. Partout où les angles des feuilles répondront à des espaces déjà représentés sur d'autres et qu'il seroit inutile de donner à double , l’auteur a placé des groupes d'étoiles plus \ 14 ASTRONOMIE. où moins intéressans , tels que les Pleiades, etc. Les huit grande partie dessinées , paroîtront probablement dans peu. feuilles non encore publiées, mais qui sont en L'atlas entier comprendra vingt-huit feuilles. Pour les dix-huit premières, il auroit été superflu d'adopter une projection compliquée. Le rézeau formé de simples carrés, non-seulement facilitoit le dessin , mais présentoit aussi dans l’usage plusieurs avantages , devant lesquels la différence de l’asc. dr. et de la décl. réelles, à celles indiquées vers les limites de la carte, ( eñt-ellé été sensible ), disparoiïssoit tout-à-fait; mais cette projec- tion n’était plus applicable à de plus grandes décli- nalsons. L'auteur a donc admis pour les huit feuilles, de XIX à XX VI inclusivement , une projection que Mr. Gauss lui a proposée, dans laquelle les cercles de déclinaison (ou horaires ) sont des lignes droites , et les parallèles sont des cercles concentriques dont les rayons décroissent selon une loi très-exactement déterminée, de manière que les degrés d’ascension droite se trouvent partout dans leur véritable rapport avec ceux de déclinaison. Par cette projection, la figure du ciel n'est nullement déformée , l’une des conditions les plus essentielles à ob- tenir. Il est vrai que dans cette projection les degrés de déclinaison ne sont pas, à toute rigueur, égaux entr'eux; mais cet effet, inévitable dans le système adopté , de- vient indifférent pour le résultat; la différence est pres+ que inappréciable ; car, vers les limites de la feuille, qui répondent au 30€. et au 64€. degré de déclinaison , l'é- tendue d'un degré est de 13,07 millimètres , et vers le milieu , qui répond au 47°. degré, elle est de 12,58 mil- limètres. PAR Le papier de cet atlas céleste est fort beau, et la gra- vure est très-soignée. PHYSIQUE. REMARQUES SUR CE QUI EST DIT DANS L'EXTRAIT DU TRAITÉ de Physique expérimentale et mathématique , à propos de l'ébullition , de la vaporisation, et de l'évaporation. Bibl. univ. T. II. p. 6 et 7 et de 15 à 18. Par Bénedict Prevosr, Prof. dans l’Académie de Montauban. Remarques générales. Li savant rédacteur de cet article distingue l'évapora- tion de l’ébullition , et regarde celle-ci et la vaporisation comme un seul et même phénomène. Il me semble qu’il conviendroit , 1.” De distinguer encore l'ébullition proprement dite, toujours accompagnée de vapérisation ( ou produite par elle ) de la simple vaporisation, qui peut, je crois, avoir lieu sans ébullition, quoique différente de l'evaporation. 2.° De montrer ce que ces trois phénomènes ont de commun , nonobstant les différences qui les distinguent; et de les réunir sous une même dénomination. L’ébullition a lieu lorsque la vapeur est produite à la surface interne du liquide, c’est-à-dire, seulement dans les points où cette surface est contigue aux parois du vase. La vaporisation qui produit l'ébullition dans un vase placé sur le feu ( ou en partie dans le feu ) comme à l'ordinaire , ne peut avoir lieu que là ; car le calorique qui traverse le vase doit, au premier contact de l’eau, ou se combiner avec elle et former de la vapeur bouil- lante , ou élever sa température. Si donc cette tempéra- ture ne peut plus être élevée, il se forme nécessaire- 16 PHysiQque. ment de la vapeur; et tout le calorique qui traverse est employé à cet usage. Sil en arrivoit dans le sein du liquide qui ne fût pas combiné , il éléveroit nécessaire- ment sa température , c’est-à-dire , qu'un thermomètre qui y seroit plongé , sans toucher aux parois, recevroit ce calorique et moateroit, ce qui implique contradiction, puisqu'il est de fait, que la température d’un liquide bouillant ne sauroit s'élever. Une fiole à médecine pesant six gros et trois quarts et contenant environ trois onces et demie d’eau , sus= pendue dans un chaudron où il y en avoit environ trente: cinq livres, de manière à y être submergée, n’a pu bouil: lir au milieu de cette masse, maintenue très-long-temps en pleine ébullition. Je l'ai retirée quelquefois , de ma- nière que le haut du col seulement se trouvoit hors de l’eau; ellé n'a point bouilli non plus dans cette si- tuation. Cette expérience n'est autre chose que celle du bain- marie, faite seulement avec un peu plus de précision. Quoiqu'il en soit, on peut concevoir dans l'eau du chaudron une masse d'eau du même volume et de la même forme que la fiole, qui ne bouillira pas plus qu'elle. Ces bulles de vapeur bouillante qui se forment à la surface du liquide contigue aux parois du vase, s'élan- çant vers le haut en conséquence de leur légéreté spé- cifique , forment des vésicules qui crèvent à la surface extérieure et constituent le phénomène , que l'on nomme vulgairement , ébullition. L'aspect du phénomène est différent selon le degré de viscosité du liquide à la température où il bout, et selon sa nature ; l'eau de savon et l’huile d'olive , par exemple, bouillent d'une manière bien différente , si toutefois cette huile est susceptible d’une vraie ébul- lition. La vapeur bouillante a donc cela de pariiculier, qu'elle se CoxsiDÉRATIONS SUR L'ÉBULLITION , etc. 17 se forme à la surface interne du liquide qui la produit, mais elle a de plus ( ainsi que Mr. Pictet l'explique très- clairement p.16 ) et en conséquence, la propriété de de- placer en masse les gaz, ou les autres vapeurs qui se trouvent au-dessus du liquide , et de s'emparer de l'espace qu'ils occupent. La vapeur bouillante , ou provenant d'un liquide bouillant , diffère donc de celle qui pourroit se former dans une température égale et une pression un peu plus forte , à la surface extérieure du liquide, par évaporation , en ce que celle-ci ne pourroit déplacer les gaz ou les vapeurs gisant sur le liquide, et que pour se répandre elles seroient forcées de s’y insinuer, en quel- que sorte, molécule à molécule. Mais si, ce qui je crois est très-possible , on échauffe assez la surface extérieure et supérieure du liquide pour que Ja vapeur soit capable de chasser en masse, et sans être obligée de le pénétrer par parcelles, le fluide aëri- forme qui repose dessus , et de se substituer en entier à sa place , il y aura vaporisation proprement dite, ou va- porisation sans ébullition, et ce phénomène sera différent de l'évaporation, même à température égale , si la pres- sion est, dans ce dernier cas, plus considérable. Dans un vide parfait et illimité , l’évaporation et la vaporisation se coufondroient en un seul et même phé- nomène , mais il n'y auroit jamais d'ébullition propre- ment dite. . Voyons maintenant si ces trois phénomènes , si diffé. rens en apparence , ne se ressemblent pas néanmoins essentiellement à divers égards, et ne constituent pas dans le fond un seul et même phénomène, que certaines circonstances, ou certains accidens, modifient dans ce que leur aspect ou leur apparence présente de plus frap- pant. 1.° Il se forme toujours de la vapeur, et cette vapeur est une combinaison réciproque en proportion déter- Sc.et Arts. Nouv. série. Vol. 6. N°. 1. Sept. x817. B 18 PHysique. minée et toujours la même (1) d'un liquide ou d’un sos lide et du ealorique. j; 2.° Cette combinaison se fait toujours à la surface du liquide. J'ai dit que la vapeur, de quelque manière qu'elle se forme , est une combinaison en proportion déterminée et toujours la même, d'un liquide ou d'un solide , et du calorique: en effet, la vapeur produite par l'évapo- ration de la glace, par exemple , ne diffère de celle de l'eau bouillante qu'en ce que la température de celle-ci est plus élevée; or, le calorique qui élève la tempéra- ture de la vapeur bouillante n'est pas plus celui qui a transformé l'eau ou la glace en vapeur, que le calori- que de Ja partie de l'eau bouillante encore liquide qui constitue sa température n'est celui qui a transformé en liquide le solide dont elle provient. Je proposerois donc le mot élastification (2) pour l'ex- pression du phénomène général, ou la transformation d'un liquide ou d'un solide en fluide élastique par sa combi- paison en proportion déterminée avec le calorique. Ainsi l'ébullition, la vaporisation, et l'évaporation se- roient toutes des élastifications. Remarques de detail. p. 6. « L'ébullition est, selon nous, une élastification » interne , pour ainsi dire, de la masse liquide dans la- Le (x) Au moins pour l’eau ou la glace. En général toutes mes remarques sont. principalcmerit relatives à l’eau , je les crois cependant applicables à un grand nombre d’autres substances. (2) Mr. Pictet fait implicitement la même proposition lors- qu'il dit, p. 6., «l'ébullition est, selon nous , une é/astification interne, etc. »..... et p. 16, que « l'évaporation . . . est l’union successive des molécules terminales du liquide avec le calori- que contigu qui les élastfie ; etc. » CoxsiDÉRATIONS SUR L'ÉBÉLLITION , etc. r@: ».quelle , et plus, jparticulivrement au Hs it Su » et se succèdent ces grosses, bulles, etc.»..,, . On voit par çe qui précède; que (selon, nous, du moins ) au lieu de plus; particulièrement au, fond ; il faudroit : tou. Jours au fond ou contre les parois intérieures du vase. et Jamais dans le sein du liquide. «x perso «+ « « L'évaporation proprement dite,a sufburs lie ».sous la.simple pression atmosphérique. ; . cette.pres- ».sion seule modifie l'évaporation.», & | IL nous semble cependant ; que Mu es propres _ ment dite .est absolument indépendante dela pression ; atmosphérique , et. que c'est en, cela, ptincipalement quelle diffère de la vaporisation, ;A la vérité, l'évapoz ration ,se..fait plus vite dans le ville ,;:maïs lorsque dé l'eau sévapore à l'air. libre;, si l'on ranéfie jou qu'on dis, late. l'air au-dessus , l'évaporation , se. fera. plus, promp- teriert, quoique la pressidn.. derneuré, sensiblement la MÊME. 4 > 5 : olla-Jtéseibienes lai nn ces P: 15 et .suiv.c Dans son chapitre, sur l'évaporation, - ».Kauteur, :.. confond presque constamment: deux iphés » nomènes qui nous paroissent essentiellement. distincts! ».dans leur seriginé 'et-dans. leurs, conséquences : celui » de l’ébullition .... avec ceux de A a re spon- ». lanéez:»f, 1: ‘# j " : L'ofigine, qe ces Teens sandales n rat OS ‘Pas: toujours l'action réciproque : du. calorique et. du] liquide : om.du, solidé,? les ;dernières conséquences. Ja :transfor- mation-dé ce Jiquide où de ce.solide en un,fluide:élas- tique, perles MP qui se fait, tonjdurs à; surfane, de. ceux-ci ? A réaos nf : souonurib el « Frise ; par exemple : depui lan a vaporisapion : » de l'eau par ébullition de celle de cette même eau à » l'état sokide ou de glace ? etc, » - . Siès Les considérations qui précèdent, rare peut-être la. chose assez facile. ere - « Enfin, comment assimiler une vaperisation ignifères) B 2 50 PaysrQque. Y ‘qui amène au degré de l’ébullition la température de » l'espace contigu à la surface du liquide , à cette éva- » poration qui produit du froid dans ce même espace, » c'est-à-dire’, qui absorbe du calorique libre, bien loin » d'en fournir , etc.» | Il nous paroît que la vaporisation n’est pas plus igni- fère que l'évaporation ; toutes les deux sont au contraire frigifères ( si l'of peut dire ainsi } maïs la première en- lève le calorique à la source, et l'empèche par-là de ré- chauffer le ‘liquide qui bout; l’autre l'enlève au liquide à mesure que la source lui en fournit de nouveau. La vapeur bouillante réchauffe l'espace au-dessus du liquide, parce qu'il est ordinairement plus froid qu’elle; elle le refroidiroit sil étoit plus chaud. La vapeur pro- duite par l'évaporation refroïdit en se formant, le liquide, l'espace, où les corps environnans ; mais n'arrive-t-il pas souvent aussi qu'elle réchauffe l'espace dans lequel elle se répand en se refroidissant elle-même et se résolvant en liquide, lorsque la source du calorique est assez abondante sans être cependant suffisante pour produire l'ébulhtion. 24 Ne sont-ce pas là des combinaisons toutes dif- » férentes ? » Il nous semble , au contraire , que ce sout des com- binaisons rigoureusement identiques, et qui ne diffèrent l'une de l’autre que par leur température. On peut donc lés comprendre sous une même théorie, mais d'un autre côté , il est essentiel ; ainsi que le rémar- que le savant rédacteur avec sa ‘sagacité ordinaire, de les distinguer soigneusement , ce qui ne me paroît pas incompatible (x). (x) Nous nous sommes fait un devoir de publier les remar- ques qui précèdent , n'ayant rien tant à cœur que d'éclaircir , s'il est possible , même par la contradiction , les théories physi- ques dont nous sommes appelés à occuper de temps en temps ( 21 ) OPTIQUE. Neue evroeckoncex : Nouvelles découvertes sur la nature particulière et différente de la lumière terrestre, de’ la lumière électrique , de celle du soleil, et de celle des étoiles ; par Mr. Fraunmorer, Opticien , à Bénédicthauern près Munich. ( Journ. de Tschokke à Arau , août 1817 ). ( Traduction ), L'iverr Er de MM. Utrschneider ét Fraunhofer à Benedictbauern en Bavière , est devenu célèbre par les instrumens optiques , qu’il a fourni aux principaux astro- nos lecteurs. Nous désirons que ce but soit atteint dans le cas présent , sans étre en tout de l'avis du savant Professeur , sur- tout lorsqu'il dit que , « lorsque l’eau s’évapore à l'air libre, si lon raréfie ou qu’on dilate l'air au-dessus, l'évaporation se fera plus promptement . quoique la pression demeure la méme », nous ne comprenons pas comment lorsqu'on raréfiera ou dila- tera sous un récipient { car cela ne peu s’exécuter autrement } l'air qui repose sur un liquide , la pression demeurera la même. Toutefois nous lui accordons volontiers la suppression des mots plus particulièrement, dans notre définition de l’ébullition ; et nous croyons , dans l'intérêt de nos lecteurs , ne devoir pas prolonger une discussion qui se trouveroit peut-être en der- nière analyse n’être qu’une dispute de mots. Nous n’avons point entendu établir une théorie , mais seulement classer des faits d'origine commune, et de conséquences visibles , très-différentes, que présentent les combinaisons passagères du calorique avec les molécules intégrantes des liquides , selon les circonstan- ces. [R] ho Orrrousz. nomes de l'Europe : on ÿ fabrique da Crownglass et du Flintglass, d'une perfection rare , et que l'industrie , presque toujours victorieuse des Anglais, n’a pas at- teinte. Le crownglass et le flintglass anglais ne sont jamais parfaitement. dégagés dans leur intérieur de certaines ondes ou stries , que l'œil ne découvre pas toujours, et qui rendent ces verres impropres aux observations très- délicates sur la lumière : mais dans l’atelier de Béné- dictbauern, on a réussi à fäbriquer avec sureté et cons- tance du verre absolument exempt de ces imperfections, à uu degré tel que deux morceaux de flintglass pris dans ün même creuset, de 400 livres de matière, l’un du fond et l’autre de la surface , possèdent exactement la même force réfractive. Ce degré éminent de perfection, soit dans la composition du milieu réfringent, soit dans la construction très-habilement combinée des instrumens optiques, nous promet des décowvertes dans le domaine de l’astronomie , au-delà des régions que le grand télescope catoptrique d'Herschel pouvoit atteindre. Mr. Schrœter le fils, qui continue à l'observatoire de Lilien- thal les travaux qui ont immortalisé son père, obtiendra des succès plus importans pour la science par ces nou- veaux moyens, en substituant au télescope de son père, une lunette achromatique d'Utzschneïider et Fraunhofer de six pieds de foyer , munie d’un objectif achromati- que, de cinquante-deux lignes de Paris de diamètre. L'habile artiste Fraunhofer, tout en avancant par son art les connoïissances cosmographiques, parvient de temps en temps, dans la série de ses expériences innombra- bles, à faire des découvertes de la plus haute impor- tance pour la science, mais dont il ne s'occupe qu'ac- cessoirement dans ses recherches, qui ont pour objet principal et constant le perfectionnement des insirumens optiques. Nous comptons au nombre de ces découvertes l'observation qu'il vient de faire, que la lumière propre de divers corps n’est pas semblable à elle-même en gé- NouvELLES PROPRIÉTÉS DE LA LUMIÈRE. 23 néral, mais qu’elle possède des caractères divers, sous plusieurs rapports, et sans doute aussi sous ceux de la réfraction. Occupé d'expériences sur la faculté réfractive et dis- persive des couleurs, que possèdent les différentes espè- ces de verre, et cherchant à obtenir, au moyen du prisme, une lumière simple de chaque couleur , il remarque, que: les flammes colorées , produites par la combustion de l'alcool, du soufre, etc. ne fournissent point de lumière simple, répondant à leur couleur. Mais il observe en même temps, que cette lumière, ainsi que celle de l'huile et du suif brûlans, et la lumière du feu en général, présentent dans le spectre prismatique , entre la couleur rouge et la jaune, une strie ou bande claire , à bornes tranchées , qui constamment et dans toutes ces lumières occupoit la même place. Cette bande claire doit, à ce qu'il paroît, sa formation à des rayons de lumière simples , et qui par conséquent ne peuvent plus être décomposés par le prisme. Il observa une bande analogue , aussi dansla couleur verte, mais moins dis- tinctement limitée , et souvent si foible quon ne pou- voit presque pas la reconnoître. Lorsqu'il voulut examiner le spectre coloré de la lu- mière solaire, pour voir s'il présentoit une bande claire, pareille à celle que donnoit le spectre de la lumière d'une lampe , il trouva à sa place un nombre surprenant de lignes verticales , fortes et foibles, toutes plus obscures que le reste du spectre , et dont plusieurs paroissoient même presque tout-à-fait noires. De quelque matière réfringente que fût composé le prisme, toujours ces lignes se montroient dans les diverses couleurs , de la même manière et dans les mêmes rapports entrelles. Les lignes plus fortes ne forment pus les limites:des tons de couleurs, qui se confondent insensiblement , tandis que des deux côtés de la même ligne on voit la même couleur. 24 OPTIQUE. Mr. F. se convainquit par nombre d'expériences et de modifications dans son appareil ingénieux, que ces lignes et ces stries constantes devoient leür existence à la nature même de la lumière solaire, et nullement à quelque inflexion, ni illusion. Il découvrit encore ces mêmes lignes et stries dans le spectre de la Inmière de la planète Vénus, mais beaucoup plus foibles , la lumière: de la planète étant beaucoup moins dense aussi que celle du soleil. Mais les rapports des stries et des lignes se trouvèrent toujours les mêmes , et prouvèrent que la lumière de Vénus est de la même nature que celle du soleil. Avec le même appareil Mr. F. entreprit aussi des expériences sur la lumière de quelques étoiles fixes de première grandeur. Mais la lumière de ces astres étant beaucoup plus foible que'celle de Vénus, la clarté de leur spectre prismatique étoit naturellement aussi beau- coup moins forte. Cependant l’observateur , après s'être bien assuré qu'il n’y avoit point d'illusion , distingua bien nettement dans le spectre de la lumière de Sirius trois bandes larges, qui n’avoient nulle ressemblance avec les stries de la lumière solaire. L'une de ces bandes se trouve dans le vert, et les deux autres dans le bleu. On distingue aussi dans les spectres de la lumière d'au- tres étoiles fixes de première grandeur , des bandes; mais il paroît, du moins autant qu'on en peut juger par la différence de ces bandes, que la lumière de ces diver- ses étoiles est d'une nature différente, de l’une à l'autre. Mr. Fraunhofer a rédigé , d'après l’invitation de plu- sieurs Physiciens, un petit traité sur ses observations (1}, (x) Cet ouvrage a pour titre : Détermination de la force réfringente et dispersive des diverses espèces de verres , sous le rapport du perfectionnement des lunettes achromatiques , par Joseph Fraunmorer. Ce traité a été inséré dans les Mé- NouveLLESs PROPRIÉTÉS DE LA LUMIÈRE. 55 où il s'exprime de la manière suivante. « La lumière » électrique, dit-il, diffère d’une manière frappante , de » la lumière solaire et de celle du feu , sous le rapport » des lignes et bandes-du spectre coloré. On distingue » dans le spectre de cette lumière, plusieurs lignes, en » partie très-claires , dont une, qui se trouve dans le » vert, est d'une clarté presque brillante en comparaison » du reste du spectre. Une autre ligne un peu moins » lumineuse se trouve dans l’orangé. Elle paroît avoir » la même couleur , que la ligne claire du spectre de » la lumière de la lampe : mais, si l'on mesure son angle » de réfraction , on trouve que cette lumière est beau- » coup plus réfractée , et à-peu-près autant que les » rayons jaunes de la lumière de la lampe. Vers l'ex- » trèmité du spectre on remarque dans le rouge une » ligne qui n'est pas très-claire ; sa lumière , autant » que j'ai pu m'en assurer, est aussi fortement réfractée, » que celle de la ligne claire de la lumière de la lampe. » Dans le reste du spectre on peut encore distinguer » très-facilement quatre lignes bien claires. » A ces observations remarquables de Mr. F. sur la na- ture différente de la lumière du feu terrestre , de la lumière électrique, ainsi que de celle du soleil et de celle des étoiles fixes, se lient les essais sur la polarisation de la lumière , faits par le savant naturaliste Schweigger, à Munich, dont nous avons encore à attendre des dé- veloppemens importans; de même les expériences nou- vellement constatées concernant la faculté que possède la lumière violette du spectre prismatique , d’aimanter une aiguille d'acier, faculté sur laquelle Mr. Cosimo Ridolfi continue ses recherches à Florence. Enfin la simultaneité de découvertes si nom breuses et si importantes sur cer- moires de l'Académie Royale des Sciences de Munich; il contient tous les détails relatifs aux observations de l’auteur et à lap- pareil dont il a fait usage, 26 MÉTÉOROLOGIS. taines propriétés de la lumière, dont n’aguères on n'a- voit nulle idée, nous ouvrent une route nouvelle pour pénétrer dans les secrets de la nature, qui semble se plaire à les dérober aux regards profanes de la euriosité humaine, en les éblouissant quelquefois par sa splen- deur. MÉTÉOROLOGIE. Des LIGNES 1S0THERMES , et de la distribution de la cha- leur sur le globe. Par Alexandre De Humsozpr. Tiré des Mémoires de physique et de chimie de la Société d'Arcueil. FT, IT. Paris 1917. (Second extrait ). Lx savant auteur du Mémoire dont nous continuons l'extrait, après avoir discuté la manière d’estimer les moyennes, discussion à laquelle nous avons osé prendre quelque part; Mr. de Humboldt, disons-nous, donne: les élémens du tracé d'une courbe isotherme, ou d’égale température, à Ja surface du globe, au niveau des mers. Ces courbes sont fort éloignées de marcher parallèlement à l'équateur, ni parallèlement à elles-mêmes ; les régions d'égale température moyenne annuelle ne répondent point aux mêmes latitudes, en Europe, en Asie, et en Amé- rique. En essayant de les tracer de 5° en 5° du thermo- métre centigrade, et commencant à zéro, ou au terme de la glace , il trouve les résultats suivans : La ligne, ou bande isotherme de zéro, (c'est-à-dire où la température moyenne de l’année est au terme de la glace) passe entre Uleo et Enontekies en Laponie, (lat, 66° 38’ long. 17° 20’ or.) et Tablebaie, dans le - DisTRIBUTION DE LA CHALEUR SUR LE GLOBE. 27 Labrador (lat. 54°. long. 60° occ.) Voilà donc un même climat, par le 66.° deg. de lat. en Europe , et par le 54.° dans l'Amérique septentrionale, malgré 12 degrés de dif- férence en latitude. La bande isotherme de 5° passe près de Stockholm, ( lat. Go°, long. 15° or.) et la baie de St. Georges, en Terre-Neuve. (lat. 48°, long. 61° oce.) Voilà encore le même climat, c’est-à-dire, la même température moyenne annuelle, dans des lieux qui, en Europe , et en Améri- que, diffèrent de 12 degrés en latitude. La bande isotherme de 10° passe par la Belgique, (lat. 51°, long. 3°) et près de Boston, (lat. 42° 30’, long. 73° Jo’ occ.) même climat, avec une différence de 8° 30'en latitude, en Europe et en Amérique. La bande isotherme de 15° passe entre Rome et Florence, (lat. 43° o', long. 9° 20°) et près de Raleigh , en Caroline (lat, 36°, long. 78° 50’ occ.) Différ. lat. 7° et même température moyenne. De ces faits que l'auteur a tirés des observations, il passe à des comparaisons assez remarquables entre les systèmes de température appartenant respectivement à l'Europe moyenne et occidentale, et à l'Amérique orientale. En voici le tableau. Tempér. moy. Tempér. moy. Latitude. ouest de l'anc. est du nouveau Différence. Continent. Continent. 30° 21°, 19°,4 2°,0 40 17°,3 12°,5 4°,8 5o 10°,) : Fe 7°,2 60 42,8 4°,6 9°, 4 Si l’on recherche la marche du décroissement des températures moyennes annuelles, de dix en dix degrés de latitude, comparativemént dans l’ancien continent et dans celui d'Amérique, on la trouve dans le tableau suivant. 28 MsEsTéoroLzLocir. Les températures moyennes décroissent Latitude. Dans l'ancien Dans le nouveau Continent. Continent. Therm. centig. Therm. centig. de o à 20 2° 2 20 à 30 4° 6 30 à 40 4° 7 40 à 5o 3 9 : (u< 5o à 60 5°,p 7,4 s Le] de o à 60. 22°,5 31,4 Ici l’auteur fait une remarque frappante : c'est que « dans les deux mondes, la zône dans laquelle le décrois- sement de la température est le plus rapide se trouve comprise entre les parallèles de 40° et de 45. L'observa- tion est ici tout-àa-fait d'accord avec la théorie, car la variation du quarré du cosinus, qui exprime la loi de la température, est la plus grande possible vers les 45° de latit. Cette circonstance doit influer favorablement sur la civilisation et l'industrie des peuples qui habi- tent les pays voisins du parallèle moyen. C'est le point où les régions des vignes touchent à celles des oliviers et des citronniers ; nulle part les productions végétales et les objets variés de l'agriculture ne se succèdent avec plus de rapidité. Or, une grande différence dans les productions des pays limitrophes vivifie le commerce et augmente l’industrie des peuples agriculteurs. » De tels rapprochemens ne sont ni d’un voyageur ni d'un physi- cien ordinaires. L'auteur, poursuivant vers l’ouest ses courbes 1so- thermes, dans le continent de l'Amérique septentrionale, trouve que là elles demeurent presque parallèles entr’elles et à l'équateur terrestre depuis la côte orientale jusqu à l'est du Mississipi et du Missouri; mais plus loin à l’ouest elles se relèvent, jusques vers les 60° de lat. N. : DisTRIBUTION DE LA CHALEUR SUR LE GLOBE. 29 En avancant de l'Europe vers l'est, les lignes isother- mes se raprochent de nouveau de l'équateur; mais on possède trop peu de bonnes observations en Asie pour pouvoir y tracer ces courbes en nombre. L'auteur a eu des données pour trouver tout autour du globe les nœuds de celle qui répond à la température de 13°. Elle passe au nord de Bordeaux ( latit. 45° 46", long. 2° 57' O.); près de Pekin (lat. 39° 54', long. 1 14° 7! E.) et le cap Fowlweather sur la côte N. O. de l'A- mérique au sud de l'embouchure du fleuve Columbia (lat. 44° 40', long. 106° 20' O. ); ses nœuds sont éloi- gnés'au moins de 162° en longitude. _ Les grandes courbes isothermes éprouvent des inflexions locales quelquefois bisarres ; par exemple sur les côtes de la Méditerranée, entre Marseille , Gènes, Lucques et Rome. Comme aussi sur les côtes occidentales et dans l'intérieur de la France; mais, à mesure qu’on se rapproche de l'équateur , et sur-tout au-dessous du pa- rallèle de 30° ; les courbes isothermes deviennent peu- à-peu parallèles entre elles et à ce cercle. L'auteur ne croit point (contre une opinion mal à propos accrédi- tée) qu'entre les tropiques, l’ancien continent soit plus chaud que. le nouveau. Il établit la température moyenne sous. l'équateur à 27°,5 centigrades. : L'auteur considère ensuite le mode de répartition de la chaleur, dans, les différentes parties de l'année, sur une même ligne isotherme ; car, de ce que la tempé- rature moyenne annuelle sera la même dans deux lieux différeus , il ne s'ensuit point que celle des saisons soit respectivement identique. Il se fait à cet égard des par- tages inégaux, qui caractérisent les deux systèmes de cli- mats de l’Europe, et de l'Amérique atlantique. Pour faire ressortir les effets , l'auteur présente plusieurs tableaux curieux. Dans un premier, il montre qu'à mesurée qu'on s'avance de l'équateur vers le pôle, la différencé des tem- pératures moyennes de l'hiver, et de l'été, s'accroît con- 30 MÉérTEeoRoLOGIE. sidérablement; elle est de 12 deg. sur la ligne isotherme de 20°. de chaleur; et de 22°, sur la ligne de o, en Europe. En Amérique, cette différence est , pour les mêmes lignes isothermes ( de 20° et de o) respectivement de 15°. et de 30°. Ces régions sont comprises entre lés parallèles de 28 à 30, et ceux de 55° à 65° Si, au lieu de mettre ainsi en comparaison les tempé- ratures moyennes des deux saisons extrèmes, composées chacune de trois mois , on examine la différence du mois le plus chaud au mois le plus froid, l'accroisse- ment des différences , à mesure qu'on s'éloigne de l'équa- teur , devient encore plus sensible. On voit darisle tableau que présente l’auteur, qu'à Cumana, par exemple, ( lat. 10° 27) la différence des températures moyennes du mois le plus froid , au plus chaud, n'est que de 2°, 4 sb qu'à la Havane, (Hat. 287 et elle est'de: 7° ,%7; Natchez ( lat. 31°: 38") de:19° , 7 ; à New = York ( Jat. 40°: 40' bande transatlantique, côtes orientales ) de 30°,8; à Paris ( lat. 486. 5o bande cisatlantique }) 19°,3, à Que-' bec ( lat. 46°.47" bande transatlantique } de 33° ; à Péters- bourg ( lat. 59°.56' | Europe orientale } de 31,7 ; enfin au Gap-nord (lat: 71°, climat des côtes et dés'isles ) de 13°,6 seulement. Ainsi, ces différences , dont l'étendue absolue constitue ces climats que Buffon appeloit excessifs, non - seulement dépendent des latitudes ,'mais ‘d’âutres élémens , tels que la situation ou insulaire, ou méditer- ranée , etc. et elles ont une influence RéSArQUEe sur la constitution physique des habitans. ‘Après avoir comparé les différences des saisons ‘extrè- mes dans le: sens de la'latitude , l'auteur poursuit”cet examen dans le sens de la longitude? I'remiarque que les étés deviennent plus chatds etiles hivers’ plus froids, à mesure qu'en partant du méridien du Mont-Blanc , sous lequel la différence de ces saisons est la moindre , ôn avance à l'est, ou à l'ouest. Il regarde l’Europe comme: le prolongement occidental :de l’ancien continent , et il DisTRIBUTION DE LA CHALEUR SUR LE GLOBE. 3x remarque que , sous la même latitude , non - seulement les parties occidentales de tous les grands continens sont plus chaudes que les parties orientales ; mais que dans les zûnes isothermes, les hivers sont plus froids et les étés plus chauds sur les côtes orientales que sur les côtes occidentales des deux continens. Le nord de la Chine comme le nord de l'Amérique offrent des climats exces- g/s, et des saisons fortement contrastées , tandis que les côtes de la nouvelle Californie et l'embouchure du Co- lombia ont des hivers et des étés presque également tempérés. « On trouve, dit l'auteur , à New - Yorck l'éte de Rome , et l'hiver de Coppenhague ; à Quebec, l'été de Paris, et l'hiver de Pétersbourg ; à Pekin, où la teme pérature moyenne de l'année est celle des côtes: de Bre- tagne , les chaleurs de l'été sont plus fortes qu'au Caire, et les hivers , aussi rigoureux qu'à Upsal. » fs Quoique sur chaque ligne isotherme le partagé de la chaleur annuelle entre l'hiver et l'été suive un type dé- terminé , les températures moyennes de ces deux saisons éprouvent des déviations, où font autour de ce type ‘des oscillations , renfermées dans certaines limites, ou sou- mises à uné même loi sur les bandes qui passent par ces sommets Concaves ou convexes dés courbes isother- mes. Les écarts autour de la moyenne , c'est-à-dire, l'iné- galité des hivers sur une même ligne isotherme, aug- mentent à mesure que la chaleur annuelle diminue, de- pu Alger jusqu’en ae et Vire la Floride j Jjus- qu’en Pensylvanie. 00 L'Ateus a ingénieusement imaginé, d'après ces consi- dérations , de tracer entre les courbes isothermes , (ou d'égale chaleur: moyenne annuelle ) des courbes d’ égale chaleur d'hiver, et d égale chaleur d'été ; il appelle les premières, isochinieztes ; et les: secondes. ;: vsothères; ; elles suivent des inflexions exacterent contraires. :La courbe isothère de Moscou, au centre de la Russié + passe-vers 35 MÉéTÉOROLOCGItE. lembouchure de la Loire , quoiqu'il y aît 11 degrés de différence de latitude entre ces deux régions. L'auteur a porté son attention vers les rapports des saisons qui ont lieu dans l'intérieur, et sur les côtes ; ces différences avoient été remarquées sans qu'on eût tenté de ramener les résultats à des expressions numé- riques. Il a pour cet effet choisi huit lieux ,: dont les uns sont placés sur le même paralièle géographique, les autres sur une même courbe isotherme; les uns pris sur la côte, depuis St. Malo jusqu’à l'embouchure de la Garonne ; les autres dans l'intérieur et correspondant respectivement aux mêmes parallèles, depuis Châlons sur Marne jusques à Montauban. Les résultats moyens quil a obtenus sont tirés de cent vingt-sept mille ob- servations thermométriques ; et en admettant que les er- reurs d'instrumens et d'observation se soient à-peu-près compensées , il a établi, soit pour un même parallèle soit pour une même ligne isotherme , l’hiver et l’été moyen de la côte, et ceux de l'intérieur. Le tableau suivant présente ces résultats. | Différence. Tr 119,5 côtes hiv. 49,8; été 18°,4 13.6 #0 d intér. 3,0 209,0 16,4 isoth. de 12,°6 côtes 5°,2 19°,6 14,4 intér. 49,0 20°,2 16,2 Temp. ans. « 47° à 49 côtes 5°,0 100,3 rr°,8 Latit. ( intér. 3°,2 19°,2 10°,9 | 45° à 46 côtes 5°,7 19°,9 199,2 intér, 4°,0 20°, 2 1220 Toutefois, après ces recherches , dont nous ne don- nons ici que l'abrégé très-succinct , l'auteur ne: prétend point avoir résolu le problème, dans ses rapports avec la vé- gétation. « En faisant connoitre, dit-il, les lois empyriques de la répartition de la chaleur. sur le globe; telles qu'on peut les déduire des variations thermométriques de l'air nous DisTRIBUTION DE LA CHALEUR SUR LE GLOËE. 33 #ous sommes loin de considérer ces lois comme les seules propres à résoudre l'ensemble des problèmes climatéri- ques. La plupart des phénomènes de la nature offrent deux parties distinctes ; l’une , qu'on peut soumettre à un calcul exact; l'autre, qu'on ne peut attendre que de la voie de l'induction et de l’analogie. » Après avoir indiqué le partage de la chaleur entre l’hi: ver et l'été sur une même ligne isotherme, l’auteur s’oc- cupe à rechercher les rapports numériques entre les tem- pératures moyennes de l'hiver, et du printems ; entre celles de l’année entière et du mois le plus chaud. Il remarque ; que de tous les mois qui se succèdent im- médiatement dans la période croissante de la tempéra- ture, pendant la première partie de l'année , ceux d'a: vril et de mai sont ceux qui présentent cet accroisse- ment le plus rapide, cest-à-dire , de 6 à 7 degrés. IL trouve un rapport marqué entre l'éténdué de cet accrois- sement de la température vernale, et l'inégalité du pär- tage de la chaleur annuelle entre les saisons, comme elle a lieu dans le nord de l’Europe et dans les Etats- Unis. Cet accroissement vernal est grand, ( aux environs de 5 à 6 deg.) mais peu prolongé, dans l'Europe tem pérée ; il est peu considérable , ( à peine de 4°) et éga- lement prolongé partout où règne le climat des isles, Lorsqu'on représente la température annuelle par une courbe , le printems et l’automne sont les saisons du passage du minimum au maximum, e vice versé ; et les accroissemens, comme les décroissemens, sont bien plus lents près des sommets que dans la partie inter- médiaire de la courbe. L'auteur trouve que le décrois- sement autumnal de la température annuelle est moins rapide que l'accroissement vernal ; nous verrons tout-à- heure que la règle n'est pas générale, et qu'elle peut être modifiée par les localités. Dans le système des climats européens, depuis Rome Sc. et arts, Nouv, série. Vol. 6. N°, 1. Sept. 1817. e 34 MéréoroLocir. jusqu'à Upsal , entre les lignes isothermes de 15° et 5°, la température du mois le plus chaud est plus élevée de 9 à 10 degrés que la température moyenne de l’année. L'auteur remarque aussi , que « de mème que deux heu- res du jôur indiquent,Ja température de la journée entière, il y a nécessairement aussi deux jours de l'année, ou deux décades , dont la température moyenne égale celle de l’année entière. D'après les moyennes de dix années d'ob- servations, cette température de l'année se trouve, à Bude en Hongrie, du 15 au 20 avril, et du 15 au 25 octobre; à Milan, du 10 au 15 avril, et du 18 au 23 octobre... En considérant les températures des mois entiers, on trouve que, jusques à la bande isotherme de deux deg., (c’est-à-dire , dans toute la partie tempérée de l'Europe), la température du mois d'octobre représente générale- ment ( à moins d’un degré), la température moyenne de l'année. » Dans un tableau que présente l'auteur, des tem- pératures annuelles comparées à celle d'octobre; danstrente lieux différens, depuis le Caire jusqu'au cap Nord, cette remarque se trouve vérifiée, à un petit nombre d'excep- tions près, qui ont lieu dans la zône glaciale. Il est done commode pour les voyageurs, de pouvoir établir, jusqu'à un certain point, la température moyenne d'un climat, par l'observation de celle du mois d'octobre; comme il l'est aussi pour les physiciens de se faire une idée assez juste de la température moyenne d'une journée par l'ob- servation du thermomètre vers huit heures du matin, ou huit heures du soir (1). « Quant 'à la quantité de chaleur, dit l'auteur, que recoit un même point du globe, elle est beaucoup plus ésale pendant une longue suite d’années, qu’on ne se- roit tenté de le croire d’après le témoignage de nos sen- sations, et la variabilité des récoltes.... C'est moins sou- + —_ —— 2 (1) Voyez p. 303, du volume précédent de ce Recueil. DisTRIBUTION DE LA CHALEUR SUR LE GLOBE. 35 vent une diminution dans la température moyenne de l'année entière, qu’un changement extraordinaire dans la répartition de la chaleur entre les différens mois, qui cause les mauvaises récoltes. En examinant, par les pa- rallèles de 47° et 49° des séries de bonnes observations météorologiques faites pendant dix ou douze années , on trouve que les températures annuelles ne varient gé- néralement que de 1° à 1°,5. Celles des hivers et des étés, de 2° à 3°; celle des nois d'hiver, de 5° à 6°. À Genève les températures moyennes de vingt années ( 1796 à 1816) ont été comme suit ; exprimées en degrés centigrades : » 9.6 10,8 10,3 9,6 10,0 6,3 9,3 9.4 j Moyenne des 20 années. 10,3 10,6 — 9,8 centig. 10,6 109 | — 7,8 octog. k0,7 "4; : 10,2 9,2 10,6 9,0 8,8 10,0 » Si, dans nos climats , les oscillations thermométriques sont un sixième de la température annuelle, sous les tropiques , elles ne sont pas d’un vingt-cinquième. . . . A Genève, les températures moyennes des étés ont été, dans les sept années comprises de 1803 a 1809, comme suit : 19°,6 20,1 SPA ne moyenne 18°,3 18,7 Mr. Arago a trouvé que dans les deux années 1815 et 1816, dont la dernière a été si funeste aux récoltes dans une grande partie de la France, la différence de la température moyenne annuelle n’a été que de 10,1; C 2 30 MétTrondLoc:rr. celle des étés, de 1,8. L'été de 1816 a été à Paris de 15,5, c'est-à-dire inférieur de 29,8 à la moyenne de onze années. De 1803 à 18r3 , les oscillations autour de la moyenne n'avoient pas dépassé — 1,6 et + 1,9. L'auteur a eu la curiosité de comparer les tempéra- tures moyennes annuelles, et les moyennes des saisons d'hiver et d'été observées pendant onze ans , de 1803 à 1813 inclusivement, dans deux endroits appartenant à un même système de climats mais éloignés entr'eux de plus de 80 lieues. Il a choisi Paris et Genève; et le tableau suivant , extrait de son ouvrage, montre qu’à cette distance les variations suivent à-peu-près la même marche , en plus et en moins, tant dans la température de l’année entière, que dans celle des saisons , sans offrir cependant les mêmes quantités thermométriques. 37 DisTRIBUTION DE LA CHALEUR SUR LE GLOBE. 9 1—] ç‘ 91 ee RC een EE EM r O MCE ge o—| ç‘ Li c‘o+| c‘y lo‘i—| 88 L'o—! 66 Æ crgt ç‘ o+| p' g1 go] otÿ Evir+hotzr |6to+| ç'rr | x1g1 NA E Ls o—| ÿ° Lx cti—| cc hg°o<+| 9:01 1°o—| cor À o1gt ç‘£r | ct 1—| 6‘ 91 Dr 0+ Lx lotr+| £ÿ lco—|çc 6 |r‘o—| cor | bogr r € Le o—| 9° Lx | 6° 0+| 0° 61 90 — rl ra] 9° F9 15 8 -|£ 0—| € ar | g081 Lex+| 1°où | g° 2 +- 6 61 co+| 1°e |ofc+ Lg [zo— 9° 6 & o+| g° or À Logr ce o—| gr [Yo] ct gr lotc+| 9°ç |11+| 8°} lo i+ g° 01 ve 6 11 À gog1 arc £r gt o—| ébr lo o—| 0x gr ve por gg |6‘o— L:6 À cogr [4 (2 L'o+| 0° 61 |go+|ggr JG r+| Se | cr + oc lg'o+| 9°or | o+| 1" 11 | ÿog—r N € \ æ e € co1+l 861 | Li +] goût LOT HT 1 00 660—| 9,8 1ÿ0 +] T° 01 09 | 9,07 À çogr = a CI Bd |w & 5 3 ol 89 s0| 89) Eng 89) gul ESfsie) es |ÈLe) £c nt -< S à = SE << EE =.< D Sid 4e 2 5 a ES n'< E-ER Ce nent ss [Sem m ins a |Ec we ln ars LS le LR IS e le ST œ k 4 co se © CAPE) Een @ “4 B-0 | m4 #5 | à @- LH hRISS cos + CE SIL E ARR ARE se | KO + : CR RL ES . =D “È 5 % | 5 ñ. 5 Îo 0 » à | eo 68 nn | 8 [Sas | © E |. msn T8 sr fa ss RS ÉRSE MS Son de ENS p E D'APUY TSé a £Æ |-8$ e € 6 2 A 6 à mé lin 2 54) SR 5 Le] ®© « ® © =] ® © 5 © © © 1 7 D 1 ee, mt Lu mm” Le, nt a, mnt ee, tt Le, rat ‘HAHNA) ‘SIUVd ‘HANTT) SIUVd ‘HATNAHL) SIXVd "2PDABIUII 21701 -1071 np æn09 quos sonbipur solÿop S27 ‘SUD 27U0 quypuod oouur anboyo 4nod ‘aaaNar) ? 19 SIAVA ? PI2P 10 401YP SUOSIDS S0p S9/799 0p 12 *Sa//2nuuv souuolowu seimoiodue sop uoswivdiuo 2p Nv9]QUE 38 MérTéoroLzoctier. La confiance qu'accorde l’auteur aux observations faites à Genève,nous encourage à sortir du porte-feuille (ainsi que nous l’avons fait dans l'extrait précédent) un travail qui date de quelques années, et dont les résultats non-seulement s'accordent assez bien avec ce qui précède, mais peu- vent jeter quelque jour sur toutes ces recherches de tem- pératurés moyennes, parce que nous les montrons aux yeux sous la forme de lignes courbes. Occupés, il y a environ trois ans, de recherches ana- Jogues à celles que notre auteur a poursuivies avec tant d'avantage pour la science, nous invitames un ama- teur de la inême étude, qui nous est attaché de fort près par alliance, et par les liens de l'amitié (x) à se donner la peine de ealculer pour chaque jour de l'année la température moyenne de dix ans, pour le zzinimum et le maximum diurne , tirés des tableaux que nous publions tous les mois dans ce Recueil depuis vingt-deux ans. Il exécuta ce travail de patience. Il en conclut en- suite pour ‘chaque mois, la température moyenne au lever du soleil, et au moment le plus chaud du jour; la différence entre ce minimum et ce maximum, et la moyenne entre ces deux extrêmes, représentent assez - bien la température moyenne du mois. Il représente ensuite toutes ces moyennes diurnes par deux lignes courbes, dont les inflexions plus ou moins parallèles en général, vont en s'écartant l'une de l’autre à mesure que les deux températures extrêmes de la journée s’'éloignent davantage; les moyennes de chaque mois sont représen- tées par des lignes droites parallèles à l'axe; et le canevas entier de ces courbes, qui a plus de cinq pieds de long, présente la valeur moyenne du maximum et du minimum calculée pour chaque jour sur dix années d'observations. En voici le tableau abrégé. (x) Mr. PrEvOsST - Picrer. DisTRIBUTION DE-LA CHALEUR SUR LE GLOBE. 39 “Tasreau des températures moyennes de chaque mois , au lever du soleil et à 2'h. après midi, au jardin bo- tanique de Genève, 203 toises au-dessus de la mer. Calculées sur dix années d'observations de 1803 à 1812 inclusivement. Therm. en 80 parties. Au LEVER j À DEUX | MoYEenNNE du heures |nrrrérence| entre les Soleil. après midi. extrêmes. Janvier. . . | —1°,54| + 1,48 3,02 | — 0,03 Février... | —0 ,57 | + 3,82 4,39 + 1,62 Mars. . . . | +1 .,34 7:02 5,68 4,18 Avril . .. 3 ,24| 10,12 6,83 6,68 SM 8 ,09| 15,28 7:19 11,69 EM. | 10 ,06 | 17,14 7,08 13,60 Vuillet.. . 11 ,62| 18,60 6,98 ID, IE |: Août. . . . 11,32] 18,58 | 7,26 14.95 Septembre. -9:00| 15,32 6,32 12,16 : Octobre. . 5 ,92|. 10,79 4:87 8,35 Novembre, 2 ,82 6,43 3,66 4,65 Décembre. | —0o ,51 | +2,48 3,00 0,98 Un tableau, qui ne présente que des chiffres, demande à être étudié plus ou moins long-temps avant qu'on en voie ressortir certains résultats, qui se montrent au premier aspect lors qu'on présente les données sous la forme de lignes courbes. C'est ce que nous avons cher- ‘ché à faire PI. r de ce volume, Nous invitons nos lecteurs à y jeter les yeux. Dans le chassis de ces courbes, les lignes horizontales représentent les degrés du thermomètre en 80 parties, convenäblement exposé. Les colonnes verticales répon- dent à chaque mois. La courbe supérieure représente, par un point placé au milieu de la largeur de la colonne, la température moyenne des maxima de chaque mois; chaque point, dans la courbe inférieure, indique de même la température moyenne des r#7inima du mois. Les deux courbes s’écartent l'une de l'autre de plus en plus, à mesure qu'on passe de l'hiver au printems, selon ce 40 MéréoroLoG1s. qu'indique la colonne. des différences da tableau. Leur distance est la plus grande dans les trois mois de mai, juin , et Juillet. La forme de ces courbes indique, que dans notre pays, le décroissement autumnal de la chaleur est au moins aussi rapide que son accroissement vernal : on a vu qu'il n'en est pas toujours ainsi ailleurs. Dans la seconde colonne de la même planche, intitu- lée Moyennes de chaque mois, calculees sur dix ans , on retrouve représentées ‘respectivement , par de petites lignes horizontales. les températures moyennes de cha- que mois, telles que les indiquent les nombres de la dernière colonne du tableau. On peut y faire la remar- que, déjà signalée par l'auteur , sur l'accroissement con- sidérable de température qui a lieu dans notre pays, comme ailleurs, dans les latitudes moyennes d'Europe, entre la moyenne d'avril et celle de mai ; on voit que les moyennes de juillet et d'août sont bien rapprochées lune de l'autre; et que l'époque du décroissement le plus rapide , a lieu de septembre à octobre. Enfin, dans la troisième colonne de la même plan- che on: voit la moyenne de dix ans se rapprocher beau- coup de la moyenne du mois d'octobre, ainsi que l'a remarqué l'auteur dans les moyennes des observations de Paris. — Revenons à son ouvrage. _ El discute en passant ( l'ayant traitée ailleurs ) la ques- tion de la température de l’hëmisphere austral, qui pa- roît inférieure à celle de l'hémisphère boréal. Il : croit qu'on a exagéré la différence , et il attribue ce qui en réste, à l'émission de la chaleur rayonnante pendant un hiver astronomiquement plus long ; et au peu d'étendue comparative des terres dans cet hémisphère. Il remarque d’ailleurs qu'il existe une grande égalité dans la répar- tition de la chaleur annuelle , par les 34° de lat. nord et sud, d’après des observations qu'il compare ; et il me croit pas que la ligne isotherme de zéro soit plus voisine du pôle nord que du pôle sud. Passant à la température comparative des diverses pla- DisTRIBUTION DE LA CHALEUR SUR LE GLOBE. 4x ges de l'océan , l’auteur y distingue quatre phénomènes très-différens : 1.° la température de l'eau à sa surface, correspondante à différentes latitudes : 2.° le décroisse- ment du calorique dans l'eau de haut en bas : 3.° l'effet des bas-fonds sur la température des eaux de la surface : 4° la température des courans qui charrient les eaux d’une zône à travers celles d’une autre qui demeurent immobiles. La bande aqueuse la plus chaude, ( et plus chaude que l'air contigu ) se trouve dans les six degrés de la- titude, de part et d'autre de l’équateur ; elle est de 28 à 29 centig, — Dans l'océan atlantique qui avoisine l'Eu- rope , les extrèmes de température à la surface sont 20° , et >°,5 centig. selon les saisons. De la température des mers l'auteur passe à celle de l'atmosphère dans ses diverses couches verticalement su- perposées. IL attribue le décroissement de la tempéra- ture de bas en haut r.° à la distance verticale plus ou moins grande des couches d'air à la surface des plaines et de l’océan : 2.° à l’extinction de la lumière , qui di- minue avec la densité des couches d'air superposées : - 3.9 à l'émission du calorique rayonnant, favorisée par un air très-sec , très-froid et très-serein Il donne un ta- bleau d'observations faites dans trente-deux stations ap- partenant à une zône comprise entre les parallèles de 10°. nord et 10°. sud, et à diverses hauteurs et docalités; il en donne aussi, faites dans la zône tempérée ; l'abrégé de tous les résultats est présenté dans la Table suivante. On y voit au premier aspect que dans l'état moyen de l’at- mosphère , la chaleur ne décroit pas en progression arithmétique. 42 Méréorozocirz. Table du décroissement de la température moyenne an- Haureur |de 0° à 10° lat. ® # # en toises. |Tempér. Différ. Tempér. boo 1000 1500 2000 2500 ZÔNE ÉQuaToR.® nuelle de 500 en 5oo toises de hauteur verticale, dans Æ là . A id al à du zône équatoriale, et dans la zône tempérée. ZÔNE TEMPÉRÉE de 450 à 45. , Différ. moy. Ù 18 dé 3,4 —0,2 9,2 14 ,3 4,1 4.8 4,6 7,9 721 5,5 1:55 < Enfin , l'auteur présente dans son Mémoire un résumé des faits que lui-même, et MM. De Buch et Wahlenberg ont recueillis sur la distribution de la chaleur dans l'in- térieurde la terre , depuis l’équateur jusqu'à 70° de lat. nord, et depuis les plaines jusqu'à 1800 toises d'élevation. Le tableau suivant présente ces résultats dans deux zônes distinctes; celle de 30° à 55° et celle de 55° à 70°. Tableau des temperatures moyennes de l'air et de l'inte- rieur de la terre dans divers lieux entre les parallèles ‘de 30° et de 70° therm. centig. Lreux. Caire. Natchez. Charlestown . Philadelphie £ Genève . Dublin . Kendal . . Keswick. Carlscrone. Upsal. . Umeo. Vadsoc . TEMPÉRAT. | TEMPÉRAT. de l'intér. de la terre. LATITUDE. moyenne. Air. 30° 2/| 526. 31 28 18,2 33 o 17,3 39 »6 11,9 46 r2 9,6 53 2x 8,5 54 17 | 79 54 33 8,9 Zône de 55° à 7o. 56 6 7,8 59 Dr 5,5 63 50 0,7 70 — 1,3 Les MALADIES DU CORPS HUMAIN. 43 L'auteur termine le beau travail, auquel nous n'a- vons pu rendre en deux Extraits qu’une foible justice , par un Tableau très-grand et très-détaillé de la distri- bution de la chaleur sur le globe , sur six bandes iso- thermes de cinq en cinq degrés de température moyenne, depuis celle de la glace, jusqu'à 25°. Ce Tableau mé- riteroit d'être réimprimé à part, encadré, et mis en évidence par tout où l'on s'occupe de météorologie , sous tous les points de vue que peut présenter cette branche des sciences physiques dans ses rapports avec la végétation , l'animalité, et la plupart des phénomènes atmosphériques. - A MÉDECINE. NosoLociEe NATURELLE OU LES MALADIES DV CORPS HUMAIN, distribuées par familles, par J. L. AvrserT, Chevalier de plusieurs Ordres, Médecin consultant du Rot, etc. Imprimerie de Crapelet. Paris chez Caille et Ravier 1817. 4%. figures coloriées. ———— 2 —— Mn. le Dr. Alibert, placé à la tête de l'hospice de St. Louis, à Paris; médecin déjà connu par un magnifique ouvrage sur les maladies de la peau (1), nous donne au- jourd’hui dans sa Nosologie naturelle, un traité complet de médecine , riche de faits, plein de vues grandes, ju- dicieuses , déduites d’une vaste et longue expérience, et écrit avec cette élégance qui distingue son style. Cet ouvrage est orné de gravures, remarquables par la belle exécution, et l'effrayante vérité des infirmités qu’elles représentent. (x) Voyez Bibl. Brit. T. XLIX , p. 354. 44 MéDEcIN=s. Le Dr. Alibert classe les maladies d’après les organes qui en sont le siège principal ; il expose , dans un aver- tissement, les motifs qui l’y ont déterminé, « I} n'y a rien d'arbitraire , dit-il, dans la méthode que je propose, les caractères que l'on tire de la situation des instrumens de la vie, sont certainement inamovibles; une telle méthode nous montre non-seulement tout ce que les symptômes ont de commun , mais elle a sur-tout l'avantage de ne rassembler que des assertions remarquables par des phé- nomènes analogues. C’est ainsi que la famille des An- gioses , réunit toutes les hémorrhagies ; celle des Leuco- ses, toutes les hydropisies, etc. La vérité première ( dit-il plus bas) de l’art de guérir , est incontestablement celle qui consiste à regarder les forces vitales comme régu- latrices de toutes les fonctions de l’économie animale. » » On ne sauroit pas plus nier l'existence de la sensi- bilité, et de l'irritabilité, qu'on ne sauroit s'empêcher de reconnoître les forces d'attraction, pour expliquer les lois harmoniques qui régissent ce vaste univers. Pour peu qu'on étudie ces deux facultés suprèmes de l’animalité, on s'aperçoit même , que la nature les a départies en sens inverse l’une de l'autre. C’est ainsi que dans l'é- chelle de l'organisation , la sensibilité a été distribuée dans une proportion toujours ascendante jusqu'à l'hom- me ; tandis que l’irritabilité s'accroît, au contraire, à me- sure quelle descend de l’homme jusqu'aux dernières classes des êtres vivans. » » Le monde animé se conserve, se meut, et se repro- duit, par le concours de trois sortes de phénomènes , qui établissent trois grandes divisions principales : L La première est relative à la transformation des alis mens en matière nutritive. La seconde forme le cercle de ses relations, qui en- tretient ses rapports nombreux avec les objets qui l’ens vironnent , elles perçoivent, et rapportent hors de lui les impressions qui l'agitent. Les MaraDres DU coRPS HUMAIN. 45 - La troisième tient aux fonctions de cette puissance gé- nératrice , qui doit être regardée comme l'attribut ca- ractéristique de la nature vivante. » -C’est ainsi que l'auteur expose les principes fondamen- taux de son système ; qu'il les développe , et qu'il en pose les bases. Depuis que Sauvages, ce savant médecin de l’école de Montpellier , eut publié en 1772 sa Nosologie mé- thodique:, ou distribution des maladies divisées en classes, en genres, et en espèces, selon les rapports qu'elles pa- roissent avoir entrelles , on compte près de cinquante auteurs, dont chacun a publié sa méthode particulière de classification ; et, comme on devoit le prévoir, à peine deux ou trois de ces ouvrages sont-ils devenus classiques. L'idée neuve que présente Mr. A., de grouper les ma- ladies , d’après les organes qui en sont le siège princi- pal , quoique sujette à de fortes objections , offre, sous certain point de vne, un rapprochement utile entre le physiologiste et le physicien ; et, sous ce rapport, elle doit occuper une place distinguée parmi les nosologistes. Avant que de faire connoître plus en détail cet ou- vrage, qui sera médité avec fruit par tous ceux qui cul- tivent les sciences médicales , nous croyons devoir émettre notre opinion sur ce genre de travail en général, et nous permettre quelques remarques critiques. Il est difficile de traiter dans un seul ouvrage toutes les parties d’une science aussi vaste que l'est la médecine, sans que le praticien n'aperçoive bientôt de l’inégalité dans quelques-uns des chapitres ; soit parce que des ma- ladies communes ou endémiques dans certains pays, ne paroiïssent jamais dans d’autres , soit parce que les cir- constances dans lesquelles un médecin se sera trouvé dans la pratique de son art, l'auront empêché d'observer telle maladie , et de l’étudier autant que telle autre ; soit enfin parce que son propre çaractère, et comme son 46 MépDecirnez. instinct, le portera à saisir le génie de celle-ci, plus fa- cilement que celui de telle autre, et par-là à la signaler, : et à la guérir plus sûrement. Ces remarques font sentir toute l'importance des no- sographies médicales, c'est-à-dire, de la description isolée. des maladies; on sait combien ces traités spéciaux ont puissamment contribué de nos jours, à faire connoître plus exactement les maladies qui en étoient l’objet; et ils seront probablement long-temps encore le moyen le plus utile de perfectionner Fart de guérir. Une autre remarque sur laquelle nous ne saurions trop. insister , est cette disposition des auteurs modernes à changer la nomenclature des maladies usitée dès la plus grande antiquité. On ne devroit, ce semble , changer ces noms que lorsqu'une dénomination nouvelle ,plus juste ,ou. plus exacte, détruit quelque fausse notion que faisoit naître l’ancienne ; c'est rendre la science diffuse , c’est charger la mémoire de noms inutiles, souvent ridicules, ou barbares. La synonimie quil fautétablir et avoir tou- jours présente , entrave plus les études qu'elle ne les fa- cilite ; et nuit même souvent au succès d’un ouvrage didactique. On ne sauroit voir, sans une sorte de regret, notre savant auteur substituer la dénomination de b/ennenterie à celle de dyssenterie; — de blennurie à celle de dysurie ; — celle de porotoncie à celle d'oreillon , etc. etc. Il y a cependant , il faut en convenir , quelques noms heureux parmi ceux qu'il propose; ils seront probablement adop« tés par les auteurs. Dans ses Considérations pa ar IDR sur les progres de la médecine depuis Hippocrate jusqu'à nos jours, l'auteur trace un des tableaux de la science, les plus élégans et les plus exacts qu'on aît publiés. Il établit de la manière suivante le parallèle entre Hippocrate et Galien , ces génies immortels, dont on parle le plus souvent sur rap-: port, et de confiance ; et dont aujourd’hui peu de gens. lisent et méditent les ouvrages, Lzs MaLaptes DU CORPS HUMAIN. 47 a Galien, dit-il, est entré dans la science comme un conquérant audacieux. Hippocrate , au contraire , n’est devenu le maître de la nature que parce qu'il en avoit été le disciple. IL brille par sa modération qui est tou- jours l'apanage de la supériorité, et jamais il ne lui échappe aucune expression offensante pour personne ; mais le philosophe de Pergame combat avec une véhé- mence condammable ses émules , et tous ceux qui sont d'une secte opposée à la sienne; il traite avec humeur les disciples d'Erasistrate et d’Asclépiade, et lance contre eux les satyres les plus amères. Hippocrate est d'une modestie rare; il rapporte tout aux Dieux; il est admi- rable par la manière dont il avoue ses revers ; s’il parle de ses succès, c'est pour l'instruction dela postérité , jamais iln'exagère ses récits. Galien ne cesse de remplir ses ouvra- ges des éloges qu'il se prodigue à lui-même; il va jusqu'à dire qu'il montra le premier la vraie méthode de guérir, et qu'il est à la médecine ce que Trajan est à l’Empire Romain. Hippocrate est grave et austère ; son style est toujours au niveau de ses pensées; laconisme , clarté , précision , simplicité , élégance , force, grandeur , tels sont les attributs de ce langage digne des plus beaux siècles d'Athènes, et dont la perfection désespérante n’a jamais été égalée par personne. Galien est prolixe dans ses discours , diffus dans ses explications ; il cherche à s'emparer de ses lecteurs par les ornemens d’une élo- quence ambitieuse. Hippocrate fonde son empire sur l'ob- servation, et Galien sur le raisonnement. Le premier pos- sède la philosophie de l'expérience , le second la philoso- phie des systémes. La médecine d'Hippocrate est éternelle comme les lois de la nature qu'il a su découvrir; celle de Galien s'évanouira , parce que ses bases sont mouvan- tes et hypothétiques. » Dans un antre article, il cite ce que la science dut aux médecins arabes; il plaira même à ceux qui connoissent le discours célèbre du D£, Prunelle de Mont- 48 | Mépecinvr. pellier, sur l'influence exercée par la médecine sur la renaissance des lettres. « Tels furent, dit-il, les hommes’ les plus illustres qui gouvernèrent pendant près de sept siècles le vaste empire des arts et de la littérature. On pourroit maintenant demander ce qu'ils ont fait de vrai- ment utile pour les progrès de la médecine, Quoiqu'ils aient beaucoup puisé chez les Grecs, nul doute qu'ils n'ayent introduit dans l'art une chimie plus universelle, qu'on à su appliquer à des opérations infiniment avanta- geuses pour les progrès de la thérapeutique. On leur doit la distinction des eaux minérales, et une multitude de préparations médicamenteuses dont leurs prédéces- seurs n'avoient aucune connoissance. La botanique ne s’est pas moins accrue par leurs travaux; ils sont les in« venteurs d'une foule de moyens et de procédés curatifs auparavant ignorés. Ce furent les Arabes qui mirent en vigueur l'application de l'eau froide pour la guérison de la peste et de plusieurs autres maladies. Enfin, je pour- rois ajouter qu'ils ont décrit en peintres fidèles la lèpre, l'éléphantiasie , le feu persique, la variole , et une mul- titude d’accidens morbifiques dont on n'avoit encore acquis que des idées confuses et imparfaites. Le chapitre douxième rappelle Boerhaave et son éton- nante réputation. Nous en citerons le fragment suivant. « Il fut néanmoins grand partisan de l'observation : ses aphorismes prouveront à tous les siècles combien il chérissoit l'expérience. Il a été le vrai fondateur de la médecine clinique. On diroit par fois qu'Hippocrate l'ins= pire lorsqu'il dicte ses préceptes de traitement. Il est sur-tout une circonstance par laquelle il se distingue de tous ceux qui l'ont précédé. Il a été préconisé et porté pour ainsi dire en iriomphe par ses disciples, qui eux- mêmes ont pris place parmi les grands bommes du dix- huitième siècle. C’est par eux qu'il s'est reproduit, et en quelque sorte multiplié , dans toutes les écoles savantes. Mais je dois le redire, on ne lui doit aucune descrip- tion, Les MarcaDiEs DU coRPs HUMAIN. 49 tion , aucune découverte nouvelle. Il fut seulement l'hom- me le plus éloquent et le critique le plus judicieux. Le temps a vu s’évanouir le prestige des théories brillantes qu'il avoit établies sur la révulsion, sur la dérivation ; ses hypothèses futiles sur l’inflammation et sur l’obstruc- tion ; ses assertions imaginaires sur les qualités acides , alcalins muriatiques des humeurs, etc. La chûte rapide de cet échaffaudage systématique est une lecon pour l'esprit humain ; on y voit que quelque enchainement que l'on donne à des idées mensongères, avec quelque talent qu’on les préconise, le règne de l'erreur n'est que passager dans les sciences, et que la vérité y re- prend tôt ou tard son empire. Boerhaave d'ailleurs s’est distingué par les plus rares vertus qui puissent honorer notre profession. « Les pauvres, disoit-il , sont mes meilleurs malades ; car c'est Dieu qui doit me payer pour eux. » Paroles admirables , qni peignent à ia fois l’homme vertueux et l'homme sensible. Lorsqu'on pro- nonca son oraison funèbre, tout l'auditoire fondit en larmes. Sa mort plongea dans la consternation la ville de Leyde, dont il avoit été si long-temps la gloire et l'orgueil. » Le Dr. A. rapporte aussi ce que la médecine dut in- directement aux travaux du plus célèbre des naturalistes Francais. « Les travaux de Buffon ( dit-il) ont influé sur les progrès de notre art, parce qu'il s’est occupé des pro- blèmes les plus importans de la physiologie humaine. Ses profondes recherches sur la nature de l'homme, et sa belle Théorie des sens , dont il étudie la prééminence dans les diverses classes des animaux ; ses observations sur la mort, et ses calculs sur la durée de la vie ; ses grands tableaux de l’espèce humaine , qui voyage et se porte impunément dans tous les lieux , qui résiste à tous les agens, à toutes les températures ; les idées mo- Sc. et Arts. Nouv. série. Vol.6. N°. 1. Sept. 1817. D bo MéDpectv er. rales qu'il déduit à chaque instant des vérités physiques appartiennent à la philosophie médicale. Buffon s’est montré savant physiologiste, lorsqu'il a déerit les révo- lutions de la puberté, de l’âge viril, et de la vieillesse; il a été enfin le peintre des sentimens et des passions. Lorsqu'il retrace et assigne les époques de la formation du monde , lorsqu'il passe en revue les plus étonnans phénomènes de l'univers , il rappelle à la fois Platon, Aristote , et Pline. Son style est magnifique et impo- sant, comme le spectacle de la nature. » L'auteur passe successivement en revue avec une im= partialité rare , et digne d’éloges , les écoles de médecine qui ont fleuri dans la seconde moitié du sièele dernier, telles que celles d'Edimbourg , de Montpellier, de Vienne, de Paris, etc. ; ainsi que les systèmes, et les opinions des savans professeurs qui s'y distinguèrent. On aime, on se plait , à relever le portrait qu'il trace des progrès de la chirurgie francaise. « Par un admirable concert, à l'époque dont je fais mention , (celle des Vicq d’Azir , des Bouvard, des Geof- froy, des Fourcroy, des Thouret, etc. ), les progrès de la chirurgie s’'unissoient à ceux de la médecine ; l’illustre Sabatier excelloit par la clarté et la précision de sa doc- irine , ses ouvrages devenoient classiques. L'école de l’immortel Desault dictoit des préceptes à toute l'Europe, J'ai entendu moi-même les dernières lecons de ce démons- trateur incomparable, que le zèle de sa profession dévo- roit, et qui n’en parloit jamais qu'avec l’accent de la passion. Personne ne savoit mieux que lui prouver à son auditoire que l’art qui répare tant de désordres n'est point un art mécanique et grossier , et qu'il devoit né- cessairement sortir de l'espèce d’avilissement où l’avoient plongé des temps barbares. Toute son éloquence étoit en action et sa dextérité tenoit du prodige. Rien en lui ne sentoit ni. limitation ni la routine ; ses procédés va- rioient sans cesse , comme les individus, et les circons- Les Maraptes pu CORPS HUMAIN. 5t tances ; et ses doigts ne sembloient se mouvoir que pour répondre aux combinaisons bienfaisantes de son génie. Il na point écrit, mais sa doctrine se retrouve entière dans les ouvrages de ses nombreux élèves. Ceux qui entrent dans la science sont dans l'admiration devant les inven- tions brillantes de ce grand chirurgien. Que seroit-ce si, comme nous, 1ls avoient pù le contempler sur le théâtre de ses succès. Les malades , alarmés , reprenoient leur sécurité dès qu'il arrivoit au point du jour dans les salles de l'Hôtel-Dieu : Aucun fait, aucun accident , R'étoient stériles pour ceux qui l'accompagnoient dans ses visites. Desault ne fut pas moins digne d’éloges par sa philan- tropie et son désintéressement. Les riches avoient beau le réclamer il se tournoit toujours du côté des pauvres, » L’autenr termine cette partie de son Ouvrage en indi- quant de la manière suivante le but qu’il s'est proposé. « En rassemblant ( dit-il ) ces matériaux épars ; en dé- crivant toutes les circonstances qui ont dirigé en divers sens les mouvemens de la pensée chez les hommes qui ont consacré leur vie à adoucir les souffrances de leurs semblables ; en offrant cette multitude de tableaux indi- viduels et cet ensemble de faits historiques ; en impri- mant une sorte de vie à cette grande masse d'événemens et de travaux scientifiques, j'ai voulu jeter dans l'ame de mes élèves les germes d'une ambition louable et d’une émulation généreuse ; j'ai voulu » qu’encouragés par tant de nobles exemples ils pussent, à leur tour, exercer avec gloire une profession qui est la plus digne d'être honorée parce qu’elle est la plus bienfaisante, » ( La suîte à un autre Cahier ). ARTS ÉCONOMIQUES. NoricE SUR LES RESSOURCES ALIMENTAIRES que fournissent LES Os par divers procédés, après qu'ils ont #34 la coction ordinaire ; Extrait renfermant les détails et les résultats de ce qui a été pratiqué à Genève , tant par une Commission de ia Société pour l'avancement des arts que par d'autres personnes, pour le soulagement des classes souffrantes par l'effet de la disette. A — — Novs annoncames ( p. 63 du volume précédent de ce Recueil } à l'occasion de ce qui se pratiquoit à Munich pour l'extraction de la gelée des os par la cuisson, dans des chaudières construites en facon de grandes marmites de Papin , que deux ateliers étoient en pleine activité à Genève pour l'extraction de la partie nutritive des os : ils ne l'étoient pas depuis bien long-temps , et on s'apercevoit que ces procédés étoient susceptibles des perfectionnemens que l'expérience a suggérés peu-à-peu. Nous nous abstinmes , par cette raison, d'entrer alors dans les détails ; mais aujourd'hui , que l'expérience de plusieurs mois a constaté les grands avantages que pro- cure l'extraction de la partie alimentaire des os, nous ne croyons pas pouvoir rendre notre Recueil plus utile qu'en y consignant tout ce que nous a appris cette expé- rience , et ses heureux résultats. Les deux classes de procédés qui procurent la partie nutritive des os sont absolument distinctes l’une de l’au- tre, et il importe de ne point les confondre ; la première est lasimple ébullition ou décoction, opération de cuisine ordinaire, qui n'exige point d'appareil particulier , et qui SUR LES PRODUITS ALIMENTAIRES DES O8. 53 fournitle bour//on , ou la gelée ; V'autre opération est en partie chimique, et plus compliquée que la précédente ; elle procure la gélatine proprement dite. Nous traiterons chacune à part. La première a été pratiquée en grand à Genève pen- dant les trois mois de besoin, par une Société de Dames bienfaisantes ; la seconde, parune Commission du Co- mité de chimie de la Société pour l'avancement des arts ; celle-ci est encore en pleine activité au moment où nous écrivons. Ces opérations ontun préliminaire commun, c'est l’acte de recueillir les os résidus de la consommation ordinaire de viande dans la ville. On y avoit établi dans ce but une quinzaine de caisses de dépôt fort à portée du public, dans lesquelles les particuliers étoient invités à faire porter ces os par leurs domestiques ; mais ceux-ci se lassèrent bientôt d’un assujetissement sans profit, et on s'est mieux trouvé d'employer à cette opération un ou deux jour- naliers, qui vont dans toutes les maisons recueillir les os, et qui recoivent, en sus du payement de leur jour- née, une prime proportionnée à la quantité qu'ils ap- portent au dépôt général. Ce dépôt est situé au bord du Rhône; et les os, en y arrivant, sont mis dans des paniers et plongés dans l'eau courante du fleuve. Ils y restent 24 heures, pour un lavage bien complet. De-là on les porte à l’un ou à l'autre des ateliers , celui de la gelée, ou celui de la gélatine, , Préparation du bouillon , ou de la gelee d'os, Les os destinés au bouillon ou à la gelée n’exigent que peu ou point de choix; plus ii y en a de veau dans le nombre, plus le bouillon se prend aisément en gelée, mais il n'en est pas meilleur ni plus nourrissant. La 54 ARTS ÉCONOMIQUES. seule préparation à faire est de les casser au marteau, ou sous un mouton , sur un gros billot de bois creusé ‘en gouttière, de manière que l'os porte à faux ; on les réduit ainsi en fragmens de trois à quatre pouces de longueur. Pour l'ébullition, on employe une chaudière ordi- maire , bien étamée, ou maintenue propre avec grand soin , et établie sûr un fourneau à la Rumford, dans lequel la graduation ‘du feu et l’économie du combus- tible (1) sont éminemment facilitées. Il faut que la chau- dière soit munie d'un couvercle qui laisse une issue naturelle, ou artificielle, à la vapeur ; car, loin qu'il faille chercher à imiter l'effet de la marmite de Papin, il faut au contraire , ne point chercher à dépasser la tem- pérature ordinaire de l'ébullition; et même on doit con- duire fort doucement le feu, lorsqu'on l'a atteinte ; une cuisson trop violente dénature la gelée. On met dans la chaudière l'eau qu'elle peut contenir, à l'ordinaire , et on ajoute la sixième partie de ce poids d'os concassés. On aniène à l'ébullition , on écume, on met le couvercle ; et on le soulève de temps en temps pour remuer les os avec une grande spatule ou pêle de bois. Lorsqu'on voit une certaine quantité de graisse surnager , on lenlève avec une cuiller plate, pour éviter que la longue ébullition ne la détériore. Cette graisse, qui se fige bientôt dans le vase où on l’a mise, est déjà un des produits alimentaires , et n'est point à négliger, soit qu'on l'employe seule, ou qu'on la remette ensuite dans le bouillon. Après trois heures d'ébullition, on arrête le feu; on enlève les os avec une forte passoire en fer, emmanchée (x) Voy. Bibl. Brit. Tome V. les détails de ces constructions, adoptées, avec grand avantage dans toutes les cuissons écono- miques. [R] SUR LES PRODUITS ALIMENTAIRES DES OS. ; 55 comme une pêle; et on les met à part dans une cor- beille suspendue , dans laquelle ils s'égouttent. Si le bouillon est destiné à être transporté à de grandes distances , il convient qu'il soit à l'état de gelée. On en essaie une cuillerée dans une assiette, pour voir sil se prend par le réfroidissement; si cet effet a lieu, on vide le liquide de la chaudière dans des vases de terre portatifs, qui en contiennent de dix à quinze livres, et on les met au frais. Si le bouillon a été trouvé trop liquide, on continue la coction et l’évaporation, jus- qu'à-ce qu'il aît atteint le degré convenable; on le verse ensuite dans les vases de transport. Les os fournissent un poids égal à eux-mêmes , de forte gelée, par cette première opération. Le procédé se simplifie dans les endroits où la soupe peut , et doit , se faire dans la même chaudière où l'on a mis cuire les os; alors, après les avoir enlevés, comme on l'a dit ci-dessus, on leur substitue les matières fari- neuses ou légumineuses qui doivent eutrer dans la soupe ; on ajoute l'eau nécessaire , on fait cuire, et on assaisonne suffisamment; puis, si la soupe est trop épaisse et suc- culente , ainsi que cela arrive d’ordinaire par ce pro- cédé , on l’étend d'une dose suffisante d'eau chaude, quelque temps avant la distribution. Il est bon d'avertir que la soupe bouillante paroît toujours beaucoup plus claire que lorsqu'elle est réfroidie au degré où l’on peut la manger. Dans tous les cas, on remet sur les vases de gelée, ou dans la soupe, la graisse qu'on avoit en- levée au commencement de l’ébullition. Les os qui ont subi la première ébullition, et fourni une première dose de gelée, peuvent être soumis en- core trois fois au même procédé, et fournir des doses de bouillon et de gelée à-peu-près égales. Il paroît que l'eau ne peut dissoudre qu'en proportion limitée la ma- tière extractive, et que ce liquide une fois saturé, doit être renouvelé ‘pour que l’extraction continue. En été, 56 ARTS ÉCONOMIQUES. pour que les os se conservent sans inconvénient du jour au lendemain , il faut les mettre dans un vase de bois, et les recouvrir d'eau. Ainsi, une livre d’os peut fournir par quatre ébulli- tions successives, de trois à quatre heures chacune , quatre livres de gelée, contenant autant de matière nu- tritive qu'un bouillon ordinaire fait avec six livres de viande. Si le bouillon d'os est destiné aux malades, il doit être moins rapproché que celui qu'on vient d'indiquer; une livre d'os doit, dans ce cas, fournir, par les quatre ébullitions, dix-huit à vingt livres de bouillon. Remarques sur la maniere de conserver les os, et sur la nature du bouillon quon en retire. Dans le cas, très-fréquent en été, et dans une ville peuplée, où la quantité d'os qu'on recueille est plus considérable que l’emploi qu’on en fait dans la consom- mation journalière pour le bouillon ou la gelée, il faut pourvoir à leur conservation. On s'est très-bien trouvé à Genève du procédé suivant. Après les avoir lavés et concassés, ainsi qu’on l'a dit, on leur fait subir une ébullition d'une heure ou une heure et demie, pour en extraire la graisse et la moëlle , produits qui s'élèvent de 8 à ro p=£ du poids des os, et dont la valeur paie largement les frais d’ex- traction. Après les avoir ainsi dégraissés en partie, on les soumet à une ébullition de demi - heure dans une lessive alkaline caustique , préparée comme on va l'in- diquer :. on les en sort; on les lave à l'eau courante, et on les met sécher sur des toiles grossières tendues dans des hangards bien aërés, et en les remuant de temps en temps. Alors ils peuvent être conservés indé- finiment dans un lieu sec, où la matière nutritive ani- male peut ainsi être gardée en magasin pendant beau- SUR LES PRODUITS ALIMENTAIRES DES OS. 57 coup d'années, comme le grain dans les greniers; avan- tage dont l'extrême importance vient d'être démontrée. L'expérience a aussi appris que cette forme étoit fort commode pour envoyer au loin, peudant les chaleurs, la matière animale nutritive qui, à l’état de gelée, ne résistoit pas à quelques heures de route. En envoyant les os préparés par la lessive et la dessication , et même grossièrement pulvérisés sous la meule roulante, on mettoit les individus qui les recevoient , en état de faire eux-mêmes, et à la fois , l'extraction de la gelée ou du bouillon , et la soupe, avec les légumes qu'ils ajoutoient dans la chaudière , après en avoir retiré les os. Pour préparer la lessive alkaline dont il vient d'être question , on prend, pour 100 livres d'os, 1 < livre de potasse du commerce , et autant de chaux vive, con- cassée; on les met dans un grand vase de bois, capable de contenir 50 livres d’eau bouillante ; on agite le tout, on place dessus un couvercle de bois ; et au bout d'une heure , on soutire, par un robinet établi près du fond, le liquide clair; c'est la lessive qui sert à dégraisser les os, ainsi qu’on vient de le dire. Il y a de l'économie lorsqu'on a décanté cette lessive de dessus les os, à les laver dans la moitié moins d’eau pure , et à se servir ensuite de cette eau pour la préparation de la lessive suivante. Le bouillon d’os est toujours louche et blanchître ; ce qui provient principalement d'une portion de graisse extrêmement divisée, que ni le refroidissement ni la clarification ne peuvent en séparer. On a remarqué que quoique le bouillon, retiré des os de bœuf et de mouton , ne donne pas de gelée , cependant le produit en matière animale sèche est plus abondant , toutes choses égales dans le bouillon des os de bœuf et de mouton , que dans celui des os de veau. On à trouvé aussi, que les os de la tête, des côtes, et des hanches , donnoient plus de produit nutritif, à poids égal , que les autres. 58 ARTS ÉCONOMIQUES. Preparation de la gélatine seche tirée des os. La gélatine proprement dite est autre chose que la gelée. Celle-ci peut s'extraire des os par la simple ébul- lition , au moyen des procédés dont on vient de parler, et elle est mêlée de graisse, et peut-être d'autres ingré- diens étrangers à la gélatine proprement dite; celle-là est unie par affinité chimique avec la terre calcaire et l'acide phosphorique des os; et l’union est tellement intime qu'elle résiste à la coction prolongée ; tellement que ces mêmes os dont on a extrait la gelée et d’autres parties nutritives solubles, par ce procédé, contiennent encore leur gélatine à-peu-près entière. Cependant, ce ne sont pas ceux-là qu'on préfère pour l'extraction , parce qu'ils ne doivent pas être autant ame- nuisés, et parce qu'il y a un choix à faire; ainsi les os de veau qui donnent le plus de gelée, procurent le moins de gélatine ; et même, dans les os de bœuf et de mouton, qui sont préférables pour ce dernier objet, toutes les parties ne sont pas également bonnes : il faut dans ceux de mouton, ne prendre que les #bhia, soit canons; et dans ceux de bœuf rejeter les vertèbres, et tous ceux qui contiennent plus où moins de matière spongieuse,. Le choix étant fait, les mêmes opérations préliminaires qu'on a indiquées pour l'extraction de la gelée, jusques et y comprise la lessive alkaline, sont indispensables pour se procurer ensuite la gélatine pure ; la présence de la graisse, de la moëlle, et des parties extractives en général, s'opposant plus ou moins directement à l'action de l'acide ; ainsi, les os qu’on peut recueillir au bord des rivières et qui sont restés plus ou moins long-temps dans l'eau, sont très-propres à la fabrication de la gélatine. La préparation mécanique des os, après la lessive préa- SUR LES PRODUITS ALIMENTAIRES DES OS. 59 lable , consiste à fendre longitudinalement ceux qui sont de forme cylindrique , pour faciliter l'accès de l'a- cide dans leur intérieur. On y parvient aisément, à l’aide du marteau. On vient ensuite au procédé chimique, dont l'effet est de dissoudre la terre des os par un acide, qui n'attaque point leur gélatine, et laisse l'os avec sa forme, mais ayant perdu sa consistance, et devenn sou- ple comme du cuir. On obtient ce résultat en mettant dans de grands vases de bois, soit cuves, les os dans un bain d'acide muriatique étendu de trois parties d'eau; sur cent liv. d'os on verse cinquante liv. d'acide muria- tique du commerce , et cent cinquante liv. d'eau. (On peut se procurer à Dijon et à Lyon, cet acide, au degré de concentration convenable ). Les os, plongés dans ce bain, doivent être remués fréquemment avec des pelles de bois; l'immersion dure environ trois se- maines, moins ou plus selon que la saison est chaude ; la température du local où sont les cuves ne doit pas être au-dessous de 15° R., si lon ne veut pas que l'opé- ration soit trop prolongée ; on maintient cetie tempé- rature par le secours des poëles dans la ‘saison froide. Si, au bout de quinze jours on trouve les os suffisam- ment ramollis par le premier bain, on le soutire et on verse sur ces os un second mélange de vingt liv. d'acide ‘et de soixante liv. d'eau qui emporte tous les sels cal- caires qui auroient échappé au premier. Six à huit jours de ce second bain dans lequel on remue souvent les os, ‘suffisent d'ordinaire pour les ramollir au degré conve- nable; on les sort alors de la cuve et on les expose pendant vingt-quatre heures dans des paniers d'osier , à un bain, soit lavage d'eau courante , qui emporte ce qui pourroit être resté d'acide ou de matière saline. Après ce lavage, des éplucheuses enlèvent au couteau ha croûte ou pellicule extérieure des os, qui donne une gélatine de moindre qualité qu'on employe à la fa- brication de la colle forte, Ensuite, on porte les os aux Ge ARTS ÉCONOMIQUES, séchoirs, formés de clayes, ou de filets, tendus dans un lieu bien aëré ; la dessication est très-prompte; et ces os sont alors, la gélatine elle-même. Dans cet état elle ressemble à des rapures de corne plus ou moins minces et demi transparentes ; souvent elle retient la forme tubulaire des os. À cet état, elle se conserve indéfiniment dans un lieu sec. Quatre à cinq cuves sont en travail continu dans l’a- telier de Genève, situé sur le bord du Rhône dans un Jocal très-convenable , non loin de la machine hydrau- lique. Un seul ouvrier intelligent , et sa fille, âgée de 12 à 13 ans, suffisent à toutes les manipulations dont on vient de rendre compte. Leur résultat moyen est le suivant. Cent liv. d'os (principalement de bœuf) donnent 25 livres de gélatine sèche, dont la qualité nutritive, en la comparant à la viande, peut être estimée eomme suit. L'expérience a prouvé qu’une livre de viande produit deux livres de bouillon. Il résulte de l'analyse publiée à Munich , qu'on trouve dans cent liv. de chair de bœuf, 74 liv. d’eau, 6 livres gélatine sèche , et 20 livres filamans secs , qui ne ser- vent à l'estomac que comme lest, et point comme aliment ; en sorte qu’on ne peut regarder comme par- ties vraiment nutritives que les six pour cent de géla- tine sèche. L’Instruction publiée ajoute, que huit onces de chair de bœuf, par jour , suffisent à la nourriture ordinaire d’un homme; ces huit onces équivalent à peine à demi once de gélatine sèche. Si on double la dose de viande, c'est-à-dire qu'on la suppose d'une livre , pour faire le bouillon d'une bonne ration de soupe, une once de gélatine sèche produira le même effet. La gélatine sèche est parfaitement insipide, et ne se fond pas très-aisément dans l'eau. Il convient de mettre ramollir la veille dans l’eau et dans un lieu chaud, celle SUR LES PRODUITS ALIMENTAIRES DES OS. (op: qu'on veut employer le lendemain. On la fait cuire en- suite à petit feu pendant quatre à einq heures; elle est alors convertie en entier en un bouillon nutritif mais insipide , qu'on assaisonne à volonté, et avec le- quel on mêle les légumes destinés à la soupe. Si on veut lui redonner le goût de viande qu'elle a perdu, on peut, au lieu de quatre onces de gélatine n'en mettre que trois , plus une livre de viande , et seize livres d’eau. On fait bouillir jusqu'a réduction de moitié , et on a pour résultat huit livres de bouillon, semblable à celui fait de pure viande ; et une demi livre de bouilli. Conversion de la gélatine en tablettes de bouillon. La longue ébullition nécessaire pour convertir en bouillon la gélatine extraite des os par l'acide muria- tique la rend d’un emploi difficile dans beaucoup de ménages et en restreint considérablement l’utilité pour la classe peu aisée. Pour faire disparoître cet inconvé- mient on a établi dans le même atelier où l’on extrait la gélatine une fabrication de tablettes de bouillon faites avec cette substance, et dont la dissolution ayant lieu en peu de minutes dans l'eau bouillante, rend leur emploi extrêmement prompt, économique et commode. Voici le procédé qu'on suit dans cette fabrication. On met infuser pendant douze heures dans une chau- dière étamée, munie d'un couvercle, une livre de géla- tine sèche, dans cinquante liv. d’eau froide. On entre- tient ensuite sous la chaudière une douce ébullition jus- qu'à-ce que la dissolution soit parfaite. On passe alors le bouillon au chassis de flanelle, pour séparer l’albu- men insoluble, et quelques osselets qui auroient échappé à l’action de l’acide; une livre de gélatine sèche laisse environ trois gros de matière insoluble. On rapproche le bouillon par une évaporation ména- gée ; et lorsqu'il est réduit de moitié, on le clarifie 62 ARTS ÉCONOMIQUES. avec un peu de blanc d'œufs battus qu'on y jette de temps en temps. On met à part l'écume qu'on enlève. On continue l’évaporation après avoir transvasé dans un vase plus petit. Il est important de ne point détacher n1 enlever l'écume qui vient à la surface vers la fin de l'opération ; lorsque le liquide à atteint la consistance d'un sirop très-épais fon le coule dans des formes de fer- blanc légérement huilées , et on avance la dessication en les mettant pendant quatre à cinq jours dans une étuve ; puis on enlève les tablettes de leurs formes, et on achève la dessication à l'air. L'écume enlevée avec les blancs d'œufs , est ensuite jetée dans l’eau chaude, où la gélatine qui lui étoit attachée se dissout, et le blanc d'œuf surnageant est enlevé avec l’écumoire, ou reste sur le chassis de fla- nelle avec lequel on filtre: le liquide, clarifié sil est besoin, est ensuite concentré et coulé dans des formes, comme le précédent. Pour rendre très-prompte la dissolution de ces ta- blettes il suffit de les briser et de les jeter dans l'eau bouillante. Comme cette solution est insipide, on lui donne le degré de salure, et le goût qu'on veut, en y faisant cuire des légumes, ou un peu de viande; le bouillon devient très-tonique et très-nutritif. Une livre de ces tablettes peut fournir quarante liv. de très-bon bouillon. Si on le veut plus léger on peut y ajouter jus- qu'à une moitié d'eau en sus. Une once de cette même gélatine en tablettes, dissoute dans vingt onces d'eau fournit une gelée d’entremets , qu'on assaisonne à vo- lonté. Les pharmaciens préparent avec celte gélatine en ta- blettes, du sucre, et de l'eau de fleurs d'orange , un composé béchique , très-ressemblant à la pâte de jujubes, fort agréable au goût et très-nutriti f. La gélatine en tablettes remplace avec avantage la colle de poisson (qui est d'un prix beaucoup plus élevé) dans SUR LES PRODUITS ALIMENTAIRES DES O8. 63 tous les usages auxquels on employée celle-ci; comme collage des vins, etc. On peut , avec deux ingrédiens secs, se procurer, en peu de minutes, un bouillon, qui aura toutes les pro- priétés et la saveur du meilleur bouillon de viande, en ajoutant à la tablette, dont la dissolution fournit le bouillon sapide , une petite dose de la matière sapide de la viande , à laquelle Mr. Thénard a donné le nom d'osmazome , et qu’on extrait de la viande fraîche par le lavage répété à l'eau tiède. Cette eau, évaporée à siccité, laisse à l'état solide la matière qui donne la saveur à la viande, et qu'on peut conserver sèche dans un flacon bien bouché (1). Resultats obtenus. Les chimistes avoient eu connoissances des curieuses et utiles recherches de Mr. Cadet de Vaux sur la ma- tière nutritive que renferment les os ; les découvertes plus récentes de Mr. Darcet avoient appris que les os contenoient une grande proportion de gélatine, qui s'y trouvoit chimiquement combinée avec la matière ter- reuse , et quon pouvoit en séparer , avec avantage; une fabrique de cette gélatine , s'étoit établie à Paris; ces faits et les ressources alimentaires qu'ils pouvoient offrir existoient dans les laboratoires, où dans un atelier éloi- gné , et ces ressources n'étoient guères que facultatives à Genève, lorsque des circonstances extraordinaires et des besoins impérieux portèrent vers cet objet l’atten- tion publique et l'activité de quelques particuliers. (x) On trouve la gélatine sèche, et la gélatine en tablettes, au prix de 8 fl. 6s. (4fr.) la premiere, et 14f.(6 fr. 5oc.) la seconde , par livre de 18 onces; ou en détail, en s'adressant à l'atelier de la fabrication, maison Pattey en l'Isle , au fond de la ruelle, près la machine hydraulique. 64 ARTS ÉCONOMIQUES. Les récoltes de l’année dernière avoient été très-mé- diocres dans Ja plaine, et presque nulles dans les mon- tagnes de nos environs. Il étoit facile de prévoir pour celte année une rareté de subsistances; le Gouvernement, et les citoyens prirent de concert, des mesures, tant publiques qu’individuelles , pour procurer à temps à Genève des quantités de blé suffisantes ; et quoique ve- nant des bords de la mer Noire , elles sont arrivées à. temps pour fournir abondamment à tous les besoins de la ville et du Canton, jusques à la récolte. Mais ces mesures de précaution, praticables dans un petit Etat, ne le sont pas toujours dans un vaste pays ; aussi , dès les premiers jours du printems, époque à la- quelle les foibles ressources de nos voisins des monta- gnes de Savoie approchoient d'être consommées, on les vit arriver à Genève en nombre toujours croissant , et montrer aux portes de nos maisons leurs figures pâles et décharnées, et tous les signes d'une détresse , que chaque jour voyoit augmenter. On essaya de soulager les premiers arrivans, par des charités individuelles ; mais le malheur fut bientôt hors de toute proportion avec les moyens de l'alléger; et on eut à s'alarmer pour la ville même, de l'accroissement considérable de consommation intérieure qui résultoit de l'affluence de ces affamés. Quelques personnes pensèrent à régulariser ces secours ; et, en les envoyant à domicile, à faire refluer vers ses foyers cette population , qui devenoit inquiétante sous beaucoup de rapports, et sur-tout par l'habitude qu’elle prenoit de la mendicité ; un comité peu nombreux, composé de personnes actives , des deux sexes, ouvrit une souscription pour le soulagement de ces malheu- reux ; l'aspect seul, de ces êtres souffrans , et la con- fiance du publie aux personnes qui se dévouoient à l'œuvre ingrate et pénible qu'elles alloiert entreprendre, rendirent cette souscription plus abondante qu’on n'au- roit osé l'espérer, en faveur d'étrangers, et à la suite de SUR LES PRODUITS ALIMENTAIRES DES OS, 65 de beaucoup d'autres sacrifices du même genre qui avoient eu, et avoient encore , les habitans de la ville et du Canton de Genève, et ceux des Cantons de Glaris et d'Appenzell, pour objets (1). L'emploi le plus utile à faire de ce secours étoit l'un des problèmes les plus intéressans et les plus difficiles à résoudre dans les circonstances données. Il falloit pour- voir au présent , et penser à l'avenir; donner à manger aux affamés , chez eux , et procurer des semences en grains de printems et en pommes de terre à ceux qui, n'ayant rien recueilli, ou tout consommé, n'avoient rien à semer, et étoient menacés d’une seconde famine après la récolte. Il falloit tout acheter aux prix les plus élevés, et risquer de les faire monter encore par ces achats ; il falloit enfin, mener de front l'économie et la bienfai= sance, de manière qu'on pût atteindre la moisson , avec des moyens , de beaucoup inférieurs aux besoins, Pour pourvoir à l'équitable distribution des secours , et se mettre, autant qu'il seroit possible ; à l'abri des surprises, le comité établit, de suite, des rapports de “correspondance avec MM. les curés des paroisses les plus souffrantes ; ils entrèrent avec empressement dans ses vues d'ordre ; et leur loyal concours ; et le dévoue- ment de la plupart d'entr’eux ont éminemment contri- bué à la réussite des mesures successivement adoptées. Trois idées principales ont sur-tout contribué à l'heu< - reuse solution de ce problème , qui se présente si sou vent en économie politique, et auquel la circonstance ajoutoit tant d'intérêt :« employer une somme limitée de ro ns | (x) Le montant de cette souscription; tant en argent qu'ef 4 denrées, s'est élevée à 50000 florins (environ 23000 fr.) Les * Anglais s'y sont distingués et ont fourni à-peu-près le tiers de cette somme. On recevoit les plus petites offrandes, et biew souvent le denier de la veuve: Sc. çt arts, Nouv. série. Vel. 6. N°, 1. Sept. 1817. x 66 ARTS ÉCONOMIQUES. secours au plus grand avantage des administrés, et avec le plus d'économie possible. » Ces trois mesures ont été ; l'établissement des soupes à la Rumford ; l'emploi de la gelée d'os dans ces soupes; et l’invitation faite aux par- ticuliers de la ville d'envoyer les germes de pommes de terre, ( séparés à mesure de la consommation } à un dépôt, d'où ils entroient dans la distribution générale, et ont procuré , comme semences , un secours très-pré- cieux aux habitans des paroisses soulagées. On dut à un gentilhomme Anglais (1) l'idée d'établir une chaudière d'essai des soupes Rumford dans une pa- roisse éloignée, qui lui avoit paru être l'un des princi- paux foyers de misère (2). Il offrit 1200 franes pour établir et alimenter cette chaudière aussi long-temps que cette somme pourroit y fournir. C’étoit beaucoup sans doute ; mais ce n'étoit pas assez, même pour l'essai ; il falloit encore trouver, une personne, capable, et dé- vouée, qui consentit à aller organiser et diriger sur place une tentative , hérissée de difficultés de détail. Il étoit essentiel de bien commencer; il falloit aussi de la per- sévérance; toutes les conditions du succès se trouvèrent réunies chez une Dame de Genève, qui fut s’établir chez le digne Curé du lieu, et qui y a présidé à la dis- tribution des soupes jusques à leur terme, c'est-à-dire, pendant deux mois et demi. L'impulsion fut alors don- née ; l'évidence du succès, la facilité de limitation après une première expérience bien faite, multiplièrent à l'envi les chaudières jusques sur douze points différens(3) ; les (1) Mr. Poyntz. (2) À Lamuraz à environ quatre lieues de Genève derrière la montagne dite de Saleve. (3) Les villages de Lamuraz , Andilly , le Chable , Copponex, Cruseilles , Jonzier , Marlioz, Neydens , Valeiry Vulbens, Mar- saz, et Veretle. Ils sont disséminés sur une étendue de cinq SUR LES PRODUITS ALIMENTAIRES DES OS. 6 ünés dirigées par les Curés et les notables du lieu, d'au- tres par une association , exemplaire et touchante , de jeunes gens de la ville; une autre, de six cents soupes par jour, fut fondée et entretenue par un seigneur An- glais (1) , sous la condition qu'elle fût dirigée par une Dame de la ville; cette condition ne tarda pas à être remplie; et ces actes de bienfaisance, qui se propageoient avec une rapidité comme électrique , ont procuré, pen- dant la durée du bésoin, cent cinquante mille rations de soupe , que les malheureux venoient chercher quel- quefois à la distance d'une ou deux lieues, et dont ils doubloient souvent le volume par une addition d’eau, que permettoit la saveur et la consistance de ce mets. Cette qualité étoit le résultat de l'emploi du bouillon ou de la gelée d'os, comme ingrédient animal, dans la composition dé ces soupes. C’est aussi, à la grande économie que procuroit cette gelée, qui ne coûtoit que deux sols de Genève (“ de franc ) la livre de dix-huit onces, et dont on a employé dix mille livres pesant, qu'on a dû , de pouvoir, malgré la cherté ex- trême des ingrédiens farineux, dont le prix étoit plus que triplé, obtenir ces soupes , très-savoureuses et nour- rissantes, au prix moyen de deux sols de Genève la ra- tion de vingt-deux onces. On doit ce grand et précieux résultat au zèle et à la persévérance de quelques Dames qui, par des expériences suivies et bien dirigées, mirent en évidenee au moment du besoin, tout le parti qu'on pouvoit tirer des os par la simple ébullition, et qui ont lieues , du NE au SO autour du Canton de Genève. Dix au- tres villages de la même contrée ont recu des secours en pain, en semences pour leurs terres, et en argent ; avec le, produit de la souscription. (1) Lord Carrington. Elle lui a coùté 56 fr. par jour, d’en- iretien pendant six semaines. E 2 68 ARTS ÉCONOMIQUES, continué avec la persévérance la plus méritoire à don- ner tous leurs soins à l'établissement en grand, qui fut le fruit de leurs premières recherches et qui a si émi- nemment contribué à étendre les secours et à les ren- dre plus efficaces. Nous terminions cette notice , lorsque nous avons lû dans le Moniteur universel du 17 de ce mois, un Rapport sur l'institution du bouillon d'os, par Mr. le Maire du premier arrondissement de Paris , présenté au Roi par de- libération du Bureau de charite. Cette pièce intéressante nous apprend « que Mr. Cadet de Vaux, cet ami de l'é- conomie, et de l'humanité souffrante, auxquelles est con- sacrée sa longue carrière, a surmonté les obstacles qui s'opposoient depuis si long-temps à l'adoption du bouillon d'os ; il l'a pù, en intéressant la bienfaisance de S. M. et de son auguste famille , dont le vœu s'est prononcé sur cette ressource si salutaire, et sur l'extension à y donner en faveur des classes nombreuses destinées à y participer. » Les préventions contre cet aliment étoient si pronon- cées en France, que pour les vaincre il a fallu que Mr. Cadet de Vaux obtint une audience particulière du Roi et qu'il plaidât à cet auguste tribunal la cause de lhu- imanité souffrante ; il ne pouvoit que la gagner; et S. M. et la famille royale se sont concertés pour réaliser le vœu de la philanthropie. La première distribution du bouillon d'os a eu lieu en présence d'une assemblée très-respectable , « composée ( dit le Rapport ) de Dames, recommandables par cette charité active, vertu de tous les jours et de tous les momens ; de Pasteurs honorés de leur troupeau ; de Sœurs de la charité, de Membres des bureaux de charité, respectables dispensateurs des secours publics; enfin de médecins qui, à ce titre, ne pouvoient que partager l'opinion des Sociétés savantes de VEurope sur les propriétés hygiéniques de ce bouillon.» On espère que , de la capitale, l'institution s’étendra SUR LES PRODUITS ALIMENTAIRE DES OS. 89 rapidement dans toute la France, ( Moulins et Luneville avoient déjà pris l'initiative ) «car ( ajoute le Rapporteur) le bouillon d'os n’est pas borné à un secours momen- tané , il est destiné à devenir permanent , parce que, dans tous les temps , il y aura plus ou moins d'indi- gens malades à domicile, de mères nourrices , d'enfans en sevrage et de vieillards valétudinaires ; toutes classes auxquelles ce genre de nourriture est particulièrement adapté. » Nous portons plus loin cette espérance: il nous sem- ble que nulle part, dans les pays civilisés, les Gouver- nemens ni les particuliers ne peuvent demeurer indiffé- rens à l’apparition d’une ressource alimentaire également riche et salubre, à l'ouverture d'une espèce de mine au profit de la population et dont le produit est de nature à s'accroitre avec elle; et que partout où les hommes sont réunis en assez grand nombre pour que leur consommation en matières animales procure en os un résidu de quelque volume , on peut et on doit en tirer parti, par les procédés , ét pour les usages indi- qués par l’expérience , et qu'elle pourra encore étendre et perfectionner. { 70 ) MÉLANGES. Norice nes SÉANCES DE L'ACADÉMIE RovALE DES SCIENCES DE PARIS, PENDANT LE MOIS DE Mar. RAR SAR RARE BD ARR RD 5 Mai. Mn. Cauchy lit un Rapport , rédigé conjointe- ment avec MM. Arago et Ampère , sur un Mémoire de Mr. Ch. Dupin intitulé : « Routes suivies par la lumière dans les phénomènes de la réflexion. » Le Rapporteur , après avoir énoncé les principes mis en avant par l’au- teur , remarque qu’on en retrouve une partie dans les ouvrages de Malus, mais que Mr. Dupin en tire des conséquences plus étendues. Le principal but de l'auteur a été de rechercher les propriétés des.différentes cour- bes géométriques , telles que l'éllipse , la parabole, etc. dans leurs rapports avec les phénomènes de la réflexion de la lumière ; et les applications qu'il fait des principes qu'il a posés d'entrée en prouvent la justesse. La Com- mission trouve ce Mémoire digne d'être inséré dans la collection des savans étrangers. L'Académie adopte Île Rapport et ses conclusions. — Mr. Poisson demande que le Rapport soit imprimé dans l'histoire de l'Académie.— Adopté. Mr. Thénard lit un Rapport qui lui est commun avec Mr. Gay-Lussac, sur un Mémoire de MM. Chevillot et Edouard sur le caméléon minéral (1). Le Rapport con clut à l'impression dans la collection des savans étran- gers. — Adopté. (1) Voyez p. 330 du volume précédent. Mr. Chevillot y est nommé Triau ; nous ignorons lequel des deux noms est le vé- ritable. Norice pes Séances pe L'Ac. R. pes Screxc. pe Paris. 91 . Mr. Deschamps lit un Rapport rédigé avec Mr. Percy sur un soldat présenté par Mr. Larrey, et à qui les chirurgiens anglais avoient amputé la cuisse dans l’ar- ticulation ilio-femorale , après la bataille de Waterloo. Mr. Larrey a réclamé la priorité de cette opération , qu'il pratiqua à l’armée du Rhin en 1793, et depuis en Russie en 1812, et dont on ne cite pas d'exemples antérieurs. Les Rapporteurs ayant préparé sur cet objet un travail particulier qu'ils se proposent de mettre sous les yeux de l'Académie , ils sont dispensés d’entrer dans beaucoup de détails. L'Académie se forme en Comité pour entendre le Rapport de la section de physique sur les candidats à. Ja place vacante. 12 Mai. Les candidats présentés par la section sont MM. Fourier, Dulong , Petit, Thilliaye , Fresnel, Pouil- let, et Tremery. Une lettre de S. E. le Ministre de l’Intérieur est ré- servée pour être lue en comité secret. On passe au scrutin pour la nomination d'un membre dans la section de physique. Sur 5o votans Mr. Fourier réunit 47 suf- frages. Ce choix sera soumis à l'approbation de S. M. La section d'astronomie présentera dans la séance pro- chaine les candidats pour la place vacante par la mort de Mr. Messier. À Mr. Pelletan fils lit une note sur une application par- tüiculière de l'appareil appelé camera lucida. Dans son séjour à Londres il vit une lunette qu’on employoit pour dessiner des objets inaccessibles ; il pensa qu'on pourroit obtenir le même avantage en adaptant la ca- mera lucida à une lunette ordinaire (1). Mr. Lerebours (x) « On peut disposer de la même manière ( c'est-à-dire avec un prisme de camera lucida devant l’oculaire) un télescope, où une lunette ordinaire , en appliquant son oculaire contre la face antérieure du prisme. On obtient aiusi sur son papien 72 MÉLANGEes. aexécuté cet appareil, et il est mis sous les yeux de l'Académie. On pourra s'en servir pour dessiner les ob- jets éloignés, tels que les peintures à fresque, etc. Mr. Lerebours croit qu'en l'adaptant à une grande lunette, on pourra dessiner immédiatement la carte de la lune. MM. de Prony , Arago , et Charles sont nommés Com- missaires. Mr. Teissier lit un Mémoire intitulé « Recherches sur la durée de la gestation des femelles de plusieurs ani- maux domestiques. » L'auteur a eu pour objet principal de déterminer , par un grand nombre d'observations, quelles sont les limites extrêmes de la durée de la gestation , et quelle est sa durée moyenne dans diverses espèces d'animaux domestiques. Il s’est aidé dans ses recherches, de per- sonnes sûres et intelligentes , comme aussi des reyistres des haras , tenus avec une parfaite exactitude. Voici l’a- brégé des résultats. Sur 575 vaches, 21 ont mis bas du 240.° au 270€ jour. Terme moyen 2592. 544 du 270 au 299 Terme moyen 282. 10 du 299 au 32x Terme moyen 303. Il y a donc, de la plus courte gestation à la plus longue, une différence de 81 jours, c’est-à-dire, plus d’un quart de la durée moyenne. l’image d’un objet distant, et on peut en tracer les contours d’une manière également nouvelle, agréable , et correcte. » ( Bibl. Brit. T. XLUL. p. 82, année 1810.) (R) Norice pes Séances pe L'Ac.R.nesScrenc.pe Paris. 93 Sur 277 jumens 23 ont mis bas du 322€ au 330€ jour. Terme moyen 326. 227 du 330 au 359 Terme moyen 344: 28 du 361 au 419 Terme moyen 390. Il ya eu, de la plus courte gestation à la plus longue un intervervalle de 97 jours; de même plus d'un quart de la durée moyenne. On n'a observé que deux ânesses. L’une a mis bas au 380€, l’autre au 391° jour. Sur 912 brebis 140 ont mis bas du 146€ au 150€ jour. Terme moyen 148. 676 du 150 au 154 Terme moyen 152. 96 du 154 au 161 Terme moyen 157. Ici l'intervalle extrême n’est que de 15 jours, sur une durée moyenne de 152 ; c'est-à-dire seulement une di- xième d'intervalle. Sur 7 bufles , le terme moyen a été de 308 jours , et les différences extrêmes , de 27 jours. Sur 25 truies, les gestations extrêmes ont été de 109, et 143 jours. Sur 172 lapines , les termes extrêmes de gestation ont été 27, et 35 jours; différence 8 jours. Quant à la durée de l'incubation des œufs des oiseaux domestiques , on y observe des différences de 5 à 16 jours. On ne peut pas les attribuer à des différences acci- dentelles de température ; car, d'après les observations de Mr. Geoffroi St. Hilaire on retrouve les mêmes diffé- rences dans la durée du développement des poulets que les Egyptiens font éclore dans des fours. L'auteur conctt de l'ensemble de ses observations, 7 MéLANGESs. que la durée de la gestation est très-variablé dans cha- que espèce. Sa prolongation ne paroît dépendre , ni de l’âge de lindividu femelle, ni de la constitution plus ou moins robuste , ni du régime , ni de la race, ni de la saison , ni du volume du fœtus ; enfin , encore moins des phases de la lune. Mr. Delambre lit un Mémoire de Mr. De France sur les trombes atmosphériques. L'auteur en a observé un grand nombre aux environs de Paris; il n'en a jamais vu avant dix heures du matin et après cinq heures du soir, quoique certains ravages nocturnes puissent faire présumer qu’elles ont quelquefois lieu la nuit. Il n'en a point vu en hiver. Elles sont toujours au moins pré- cédées par la présence du soleil; jamais par un vent impétueux , quelquefois par un vent léger. On les re- marque Sur-tout au printems , et elles enlèvent souvent et emportent très - loin, dans cette saison , les feuilles sèches ; cette action peut expliquer les prétendues pluies de sable et d'insectes. L'auteur attribue ce phénomène en général à un déplacement local d'air échauffé , qui s'élève en spirale au travers des couches supérieures. On pourroit peut-être rendre l'explication plausible , si on parvenoit à produire ce mouvement d'air en spirale, dans des expériences faites en petit sur un courant as- cendant. Mr. Delamarck observe, qu'indépendamment de ces trombes, on en voit à la mer de toutes différentes, qui paroissent descendre des nuages , qui se terminent en entonnoir , et versent beaucoup d’eau. — MM. Charles et Lamarck sont nommés pour l'examen de ce Mé- moire. Mr. Roux achève la lecture de son Mémoire sur la cataracte. Sur 75 opérations faites en 1816, tant à l'hos- pice de la Charité que dans la ville, 49 ont réussi; et 8 individus sur 40 resteront aveugles. Dans une des guérison , l'individu ,- qui étoit myope avant la cata- Norrce pes Séances pe L'Ac. R. nes Screnc. De Paris. 75 racte , perdit ce défaut après l'opération. L'auteur ter- mine son écrit par quelques observations détachées, que sa pratique lui a fournies. Pour prévenir ou diminuer inflammation , qui survient quelquefois , il a coutume d'appliquer un vésicatoire sur la nuque. MM. Deschamps et Percy sont nommés Commissaires. L'Académie se forme en eomité secret, 19 Mai. Mr. Portal lit des « Considérations sur les causes du vomissement». Boyle , en 1696, crut voir que le vo- missement n'étoit pas l'effet d’une action de l’estomac ? mais de celle des muscles de l'abdomen. Littre crut au contraire que l'estomac étoit le seul organe actif dans le vomissement. Lientaut trouva par l’examen de l'estomac d’un malade chez lequel un violent émétique avoit été sans effet , que l'organe étoit énormement distendu et avoit perdu la faculté de se contracter. Dans un Cours de Physiologie donné en 1771 au Collège de France, l'auteur montra que des chiens , dont on avoit coupé les muscles abdominaux n’en continuoient pas moins à vomir, lorsque l'estomac étoit irrité par la présence d'un poison. Mr. Magendie ayant voulu ramener les physiologistes à l'opinion de l’action exclusive des muscles abdominaux dans l’acte du vomissement, l'auteur a répété en pré- sence de deux de ses confrères, ses expériences, des- quelles il a résulté que la section des nerfs du diaphragme et des muscles abdominaux n'empêche point le vomis- sement. Toutefois il ne nie pas que dans l'état naturel ces diverses puissances ne sentr'aident et ne concourent à l'effen On sait qu'une compression brusque exercée sur l'estomac plein d'un liquide, fait sortir celui-ci par l'œ- sophage et non pénétrer dans le duodenum. Mais selon l'auteur ce sont les contractions de l'eltomac qui pro- voquent celles des muscles. Mr. Meziere lit une notice sur la théorie de l'effet dÿnamique d'une machine hydraulique, dont la force motrice est l'impulsion des vagues dans une cavité au 76 MÉLANGESs. bord de la mer. Ce phénomène naturel se voit dans une grotte de l'isle de Ténériffe; le propriétaire d'une saline voisine voulut limiter par artifice, mais il n'obtint qu'un eourant d’air assez rapide , sans jet d’eau. L'auteur croit cependant qu'on pourroit tirer grand parti de cette action des vagues comme principe moteur, et estime qu'elle pourroit équivaloir à 323 hommes , ou 40 chevaux. Il demande les conditions suivantes: 1.0 Une cavité cylindrique pratiquée dans le roc ou dans une forte maconnerie. 2,9 Un piston, sans grands frottemens. 3.° Un réservoir d'eau salée entretenue à hauteur égale. 4° Un tuyau d'ascension. 5.° Un régulateur qui ouvrit et fermât les robinets. Le moteur de l'appareil seroit la pression de l'air sur l'eau produite par le refoulement des vagues; la machine pourroit manœuvrer très-long-temps sans réparations ni surveillance, et elle pourroit s’éta- blir par tout où la mer est assez profonde ; elle offriroit, selon l’auteur , de grands avantages au commerce et à l'industrie. MM. de Prony, Poisson et Girard sont nom- més Commissaires. Mr. Savigni lit un premier Mémoire sur les Annelides. — Il reconnoît dans ces animaux trois espèces de sotes ou filamens durs, opaques , brillans, d’éclat métallique » disposées en paquets mobiles. Les unes se terminent en pointe solide ; l’auteur les nomme soies subulées ; d’autres ont des crochets à leur extrémité ; l'auteur les appelle & crochets ; d'autres sont longues et arrondies au bout. L'auteur les nomme soies à palettes. Les , pre- mières paroissent être les organes de la locomotion, les deux autres ne servent guères que dans les cas parti= culiers. L'auteur forme cinq ordres d’annelides. 1.° Sans pieds ni soies. 2.° Sans pieds; avec soies non retractiles. 3.° Avec pieds, 14. 4.° Avec pieds et soies retractiles subulées. 5° Pieds, soies retractiles subulées, soies à crochets, Norice pes Séances pe L'Ac.R. nes Screnc. ne Parts. 77 Ces caractères lui servent à former cinq genres. Serpula, Sabella, Terebella, Amphytrite et Anemone. Les Serpula sans branchies forment un genre unique nommé C/imene. Le genre Arenicole pourroit constituer une troisième famille. Ceux-ci se creusent des cavités dans le sable, — MM. Lamarck et Cuvier sont nommés Commissaires. L'Académie se forme en Comité secret pour s'occu- per des candidats présentés par la section d'astronomie, 26 mai. Le Ministre de l'Intérieur annonce par une lettre , que S. M. a confirmé l'élection de Mr. Fourier comme Membre de l'Académie. Il est invité à prendre séance. L'Académie procède au scrutin pour le choix d'un Membre dans la section d’astronomie en remplacement de Mr. Messier. Les candidats présentés sont MM. Mathieu, Puissant, et Dancy. Le nombre des votans est quarante- huit. Mr. Mathieu est nommé à l’unanimité. Mr. Girard lit un Rapport qu'il a rédigé conjointement avec MM. de Prony et Biot sur une machine présentée par Mr. Dartigues sous le nom de Balancier hydraulique; après l'avoir décrite , le Rapporteur examine si l'effet de cette machine comparé à celui d'une roue qui auroit même charge seroit plus considérable; mais le résultat de la recherche est imparfait tant qu'on n'a pas vu la machine fonctionner en grand. Dans tous les cas, elle produit directement le mouvement de va et vient, et lorsqu'on a besoin de ce mouvement > elle économise la perte de force qui résulte de la conversion du mou- vement circulaire en rectiligne alternatif, On trouve dans le Recueil des machines approuvées par l'Académie, des inventions qui ont quelques rapports avec celles dont il est question , mais le Rapporteur n'en conclut pas moins que le balancier hydraulique est plus parfait dans plusieurs points, et que l'invention mérite l'approbation de l’Académie. — Adopté. Mr, La Place remarque qu'il seroit bien à propos que #6 MÉLANGES. l'Académig continuât la publication du Recueil des machines qu'elle approuve ; il invite ce corps à prendre la chose en considération. Mr. de Humboldt lit la première partie d’un Mémoire sur la distribution de la chaleur sur le globe et sur des lignes qui passent par les mêmes degrés de température moyenne, et qu'il appelle ésothermes. Ayant donné dans ce cahier et dans le précédent l'extrait de ce Mémoire ; les détails que nous placerions ici seroient superflus. Norice Des SÉANCES DE LA Sociéré Royate Df LONDRES PENDANT LE Mois DE Mar, rer mai. Sir Everard Home lit un Mémoire sur le passage de l’œuf de l'ovaire dans l'uterus observé acci- dentellement après huit jours de gestation présumée, Il a fallu toute la perspicacité de Mr. Bauer, et le plus fort microscope, pour découvrir l'atôme de fœtus, dans lequel toutefois on distinguoit la tête et le cœur, malgré une macération préalable dans l'alcool, après l'ouverture du cadavre qui avoit fourni cette observation. 8& mai. On lit un Mémoire de Sir E. Home sur une manière de rendre l’infusion du colchicum autumnale un remède moins violent pour la goutte que lorsqu'on l'employe sous le nom d'eau médicinale , préparation quil.croit n'être autre chose qu'une décoction de colchis que. laquelle a sur les animaux précisément les mêmes effets. Lorsqu'on laisse reposer pendant quelque temps l'infusion vineuse de colchique , elle fournit un sédi- ment, auquel l'auteur a reconnu une propriété violem- ment purgative. Lorsqu'on sépare ce sédiment , la décoc- tion pure agit également comme remède contre la goutte, mais sans affecter ,à beaucoup près autant, le canal in- testinal, D 4 Norice pes Séances DE La Soc. Roy. ne Lonpres. 9 On lit dans la même séance un Mémoire de Th, Knight, Esqr. sur l'expansion et la contraction du bois dans différentes directions. Il a fait diverses sections de différentes espèces de bois pour tâcher de décou- vrir dans quelle direction il se contractoit le plus; et il a toujours remarqué que c’étoit dans le voisinage de la moëlle. Si on scie dans la direction de l'écorce au centre ,un troncon d'arbre fraichement coupé, les deux faces séparées se dilatent si promptement qu'elles serrent la scie de manière à arrêter son mouvement. Si on les éloigne par l'action d'un coin, au momens où on l’en- lève , les faces se rejoignent avec violence. Si l’on fait un autre trait de scie dans toute autre direction, de ma- nière à couper en travers les fibres du grain argenté, au lieu de les séparer seulement, alors il n'y a point d'expansion dans le bois, et la scie continue à agir li- brement. La moëlle, dans les arbres a un plus grand diamètre lorsqu'ils sont remplis de sève que lorsqu'ils sont secs. L'auteur, après avoir fait bien sécher des branches d’arbres enfonca à coups de marteau dans leur moëlle des cylindres de métal, de manière à remplir exactement l'espace occupé par la moëlle ; il renferma ensuite ces branches dans de la terre humide , et à mesure qu'elles furent pénétrées d'humidité, les cylindres furent moins serrés, jusqu'à-ce qu'enfin ils se détachè- rent d'eux-mêmes. 15 mai. On lit une lettre du Dr. John Davy à Sir H. Davy qui renferme les détails de plusieurs expériences curieuses et nouvelles faites pendant un voyage à Ceylan, sur la température et la pesanteur spécifique de l'eau de mer, et sur la température de l'air entre les tropi- ques. Il observoit celle-ci de deux en deux heures, tant de jour que de nuit. On observoit la température de l'eau de la mer au moment où on venoit de la puiser, ensuite on la pesoit, toujours dans le même flacon, qui en contenoit environ trois cents grains ; dans la der- 80 MÉLANGESs. nière portion du voyage on en remplissoit des bouteilles bien bouchées et numérotées, et on en examina ensuite la pesanteur spécifique à Ceylan. On la prit à la tem- pérature de 80 (215R.) qui est à-peu-près sa tempéra- ture moyenne dans la zône torride. Le résultat général quant à la pesanteur spécifique des eaux de l'Océan, est, que cette densité est à-peu-près la même par tout. Il n'en est pas ainsi de la température; elle est en: gé- néral à son maximum vers midi; et pendant une tem- pête; l'auteur fait une observation très-importante pour la sûreté des navigateurs , c'est qu'en général l'eau est plus froide sur les bas fonds que là où elle est pro- fonde; en sorte que le thermomètre peut être employé en. supplément de la sonde, Le Dr. D. a toujours trouvé que l'eau étoit plus froide de deux degrés lorsqu'on s’approchoit de la côte qu’en pleine mer. Quant à la température de l’air, son minimum répondoit au lever du soleil, et son maximum vers l'heure de midi; mais dans un calme parfait le maximum avoit lieu comme à terre, c’est-à-dire plus tard, parce que la chaleur s'ac- cumuloit sur le vaisseau comme elle le fait à terre. Mr. Sewell, du collège vétérinaire, annonce dans une lettre adressée au Président de la Société qu'il a dé- couvert une manière de guérir les chevaux qui boîtent des pieds de devant. Il observe que.de très-beaux che- vaux, soit par excès de fatigue, ou excès d'ardeur , de- viennent boîteux d'un pied de devant, et sont condamnés comme incurables. Il imagina que cet accident pouvoit provenir des nerfs du pied , voisins de la fourchette. En conséquence il essaya l'amputation du nerf attaqué, sur la longueur d'environ un pouce, en prenant les précau- tions ordinaires contre les lesions d’arières , etc. L'a- nimal fut à l'instant soulagé, et parfaitement guéri en- suite. Trois chevaux ont été entièrement rétablis par ce procédé, — La Société s'ajourne au 5 de Juin. CONFIRMATION CONFIRMATION DES EXPÉRIENCES DE Mr. MorICCHINI sur LA PROPRIÉTÉ DES RAYONS VIOLETS de rendre magnéti- ques des aiguilles de boussole. RAS RS A/S Ms. Prayrair, oncle et neveu , ayant été témoins pendant leur séjour à Rome , au printems dernier, de l'expérience sur la magnétisation des aiguilles de bous- sole par l'action des rayons violets , ont bien voulu à leur passage à Genève, et d’après notre demande, nous donner par écrit les détails du procédé , tel qu'ils l'ont vu pratiquer avec un entier succès. Voici la traduction exacte de cette note. « Après avoir recu dans une chambre un rayon solaire par une ouverture circulaire faite au volet, on fit tom- ber ce rayon sur un prisme , tel que ceux qu’on em- ploie d'ordinaire dans les expériences sur les couleurs primitives. On reçut sur un écran le spectre qui résulta de la réfraction ; on placa ensuite sur le passage des rayons, un livre, mis debout , qui interceptoit tout le spectre, sauf les rayons violets, dans le prolongement desquels on établit un support pour l'aiguille à magnétiser, qui étoit une lame d’acier mince, choisie sur un nombre d'autres , et qui, à l'épreuve, ne montroit ni polarité ni aucune force d'attraction pour la limaille de fer. On la fixa avec de la cire, horizontalement sur le support, et dans une direction qui coupoit à-peu-près à angles droits le méridien magnétique.» »On recueillit par une lentille suffisamment grande tout le rayon violet en un foyer, qu’on promenoit lentement le long de l'aiguille, en partant du milieu, vers une Sc. et arts. Nouv. série. Vol. 6. N°. 1. Sept. 1817. E 82 MÉLANGESs. de ses extrémités , et toujours vers la même; en faisant bien attention ( ainsi qu'on l’observe dans l'aimantation ordinaire ) de ne jamais revenir dans le sens opposé. Au bout d'une demi heure de ce genre d'opération , on examina l’aiguille, et on ne trouva pas qu'elle eût acquis ni polarité, ni force d’attraction sensible , pour la limaille. On continua le procédé pendant vingt-cinq minutes de plus (cinquante-cinq en tout ); et au bout de ce terme, on trouva l'aiguille fortement aimantée; c’est-à-dire, qu'elle agissoit énergiquement sur la boussole , le côté de Faiguille sur lequel on avoit promené le rayon violet, repoussant le pôle nord ; et la lame entière attirant, et maintenant suspendue, une frange de limaille de fer.» » Le Dr. Carpi, qui faisoit l'expérience devant nous, à la place du Dr. Moricchini absent , nous dit que la clarté et la sécheresse de l'air étoient essentielles à la réussite du procédé ; mais que la température, chaude ou froide, étoit indifférente. Celle qu'on éprouvoit alors (vers fa fin d'avril ) étoit fort tempérée , et plus froide que chaude. » ( Signé James G. Pravrarr. ( 83 ) SR EFFETS DE LA LAVE ARDENTE SUR DIFFÉRENTES SUBSTANCES QU'ELLE A ENVELOPPÉES. Communiqués à la Société géologique de Londres ; par Mr. Anraur Atkix , un de ses membres, dans sa séance du 2x fév. Ann, of philos, Juin 1817). P 7 (Extrait ). Le 15 juin 1794, une partie de la ville de Torre del Grec® fut ensevelie sous un courant de lave descendant du Vé- suve. Environ une année après, la lave s’étoit beaucoup re- froidie ; le thermomètre introduit dans les crevasses ne s'é- levoit plus qu’à 178 F. (65 R.) et on commencoit à bâtir dessus. En creusant les fondations, on trouva cà et là les restes des anciens édifices, et on pouvoit en retirer diverses substances , qui avoient subi pendant une année la cha leur de la lave dont elles avoient été recouvertes. Mr. H. G. Bennet en recueillit un certain nombre d'échantillons curieux, qu'il a présentés à la Société géologique , et sur lesquels Mr. Aikin a fourni quelques observations. On y voit plusieurs morceaux de verre qui paroissent avoir été diversement affectés par la chaleur, et ont subi des changemens lents, analogues à ceux qu'on produit artificiellement en exposant , le verre recouvert de sable, à une chaleur rouge; il n’y a de différence que la struc- ture cristalline plus régulière produite dans les échan- tüllons modifiés par la lave, à raison de-la lenteur com- parative du procédé. Les morceaux qui ont éprouvé une fusion plus ou moins complète, ont formé des masses plus ou moins éelluleuses , qui ressemblent beaucoup au verre ordinaire. Tous ces changemens se rapprochent 84 Métances. des résultats obtenus par Réaumur dans ses expériences. Des morceaux de fer ont été convertis en oxide noir, gris, et magnétique. On voit, dans les cavités et les interstices , des cristaux d'oxide de fer transparent, brun rougeâtre , et de mine de fer spéculaire. D'après les changemens que les différens morceaux de fer ont subi l’auteur conclut qu'il y avoit peu ou point de soufre libre dans la lave, car on n'aperçoit aucun indice dé sulfure de fer. Et, comme les formes générales des ob- jets ont été peu changées , et les cristaux , en général, produits par sublimation, on peut en conclure que le fer, ou son oxide, devient volatil, à une température fort inférieure à celle qu'on a cru jusqu'à présent né- cessaire à cette opération. Des morceaux de cuivre se trouvent changés en oxide rouge cristallisé, et en ce même oxide mêlé avec les carbonates bleu , et vert , de cuivre. Le plomb s'est oxidé , et quelques petits échantillons de ce métal se trouvent entreméêlés dans une masse, qui paroïit être de la galène. L'auteur croit que dans ce cas le soufre provient de la dépuration du plomb opé- rée par sa longue exposition à la chaleur ; et la sou- plesse peu commune du plomb ainsi obtenu à l'état de régule le plus parfait, appuie cette conjecture. On voit aussi, dans cette collection , des échantillons de minium compacte provenant de l’oxidation de la gre- naille de plomb. RS AR AS AR LOGIQUES Faites au dis du niveau de Ja Mer : Latitude urs du Mois. Phases de la Lune “dt | D GI Qu BU D » {| Moyennes. Bat ciel. Lev. du S| Pouc.lig.sd nn nn 26.11.10, fatoire de PARIS. E 1817. ——_—_—— OBSERVATIONS DIVERSES. RE A RRESRE à, Malgré la chaleur soutenue de ce mois, les raisins ne sont pas encore à leur maturité , et on n'’espère pas faire de bon vin. Les pommes de terre rendent une récolte médiocre, et dans les terres légères elles ont été fort en- dommagées des vers de hannetons. Les regains et les pâturages sont beaux, ainsi que les trèfles de l'année. Les pre- miers blés noirs ne rendent pas beau- coup de grain, mais ceux qui succè- dent au froment promettent davantage, s'ils peuvent échapper aux gelées. —__—— Errata à l& Boussole du mois d' Août, 210, Lisez, 200. EE SES Déclinaison de l'aiguille aimantée , à l'Observatoire de Genève le 30 Sept. s00: 7 Température d'un Puits de 34 pieds le 30 ‘Sept. + 10, 5. hases de Jours du la Lune. Moie. ie Le) LI f O © or mu Bu b + | | LS = ——— — —— Moyennes. —— Lev. du Sol. e = OO eu A AY Un 0 vtr bb bb a CM = Cr RETA| ë 9 © , 26.1110,97 Baromètre. TABLEAU DES OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES Faites au JARDIN BOTANIQUE de GENÈVE: 395,6 mètres ( 203 toises) au-dessus du niveau de la Mer : Latitude 46°. 19. Longitude 15°. 14”. ( de Tems ) à l'Orient de l'Observatoire de PARIS. Var mer ve RRTRELCTE OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES. SEPTEMBRE 18 7 me à 2 heures. En LL. ONE Op Av o C1 LE] Lex Co] = — LL. NE © ue Le] Li LI O es n DO pb PB HI BR 00 = 02 pb O UNI & Co R 0 &œ bb © 26.11.7:66 Therm. à l’om- bre à 4 pieds de terre,divisé en 80 parties. L.du S. | à 2h. Dix. d | Dis. d = —,— DAS 6 NI 07 LOS SAT ENS 10+ £| 19. © 10e. ©| 78. o 10: 5| 18. 2 10+ 1} 16: 2 11. 676.10 D ton) 17» © 10. ©| 19+ S 9+ Of 18e Z 11: 5 19, © 10. 2| 20. 2 MOMENT TO OT SE CHOSES SON) CES 9, 4! 21. © 1z. © 15: 6 12-19) Mn8tu0 IT OI TS, O x RO PET 705 10. S| 16. 7 LT OT S. 02 2/07 6. O0! 16. © 10, o| 17. 8 2, 7|ME 9: 0 13. Ol 21. 4 14-10) 21,2 10. OÏ 19. 6 #10,661118,14 Hygromètre a cheveu. L.dus.| à2h. Degr. | Deg. | 20 80 Y6 86 99 | 80 99 | 82 7 71 79.| 83 91 3 88 36 94 74 86 82 88 79 94 29 98 86 91 81 96 80 82 78 98 74 98 90 99 81 100 83 99 82 94 90 97 98 100 97 98 94 97 89 86 76 84 68 79 2 80 79 Yy1,90| 82,10 Pluie ou neige en 24 heures. { } Lig. douz. ae” LITPITITN] 1. 3 HG I. 6 Fo 6 LÉO Gelée TE |nua., cou. Ncl. , id. Drouil. , cl. brou. , cl. Acl. , id. cou. , cl, cou. , cl, eou:, Cl. juua,, cl, à cl. 10 jnua., cl. Ncl., nua,. { cou. , nua. icl., nua. cl. ,cou. A bro. , cl. | bro. , nua. ipl.,cl. A cou, , nua. 5 bro. , nua. Lun : c Ébr., cl. na. , Cou. cou. , id. { cou. , nua. lbro., cl. nua. , COU. f cou. , cl. lcl. ,id, { cou. , cl. cl. ,id. Etat du ciel. À Lame, man mn OBSERVATIONS DIVERSES. Malgré la chaleur soutenue de ce mois, les raisins ne sont pas encore à leur maturité , et on n’espère pas faire de bon vin. Les pommes de terre rendent une récolte médiocre, et dans les terres légères elles ont été fort en- dommagées des vers de hannetons. Les regains et les pâturages sont beaux, ainsi que les trèfles de l’année. Les pre- miers blés noirs ne rendent pas beau- coup de grain, mais ceux qui succè- dent au froment promettent davantage, s'ils peuvent échapper aux gelées. Errata à la Boussole du mots d' Août, 210, Lisez y; 200. Déclinaison de l'aiguille aimantée , à l'Observatoire de Genève le 30 Sept. 2OP. 7). Température d'un Puits de 34 pieds le 30 ‘Sept. + ro. b. La EE EXTRAIT DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES d Faites au Couvent du Sr. BERNARD, élevé de 1246 toises au-dessus de la mer ; aux mêmes heures que celles de Grxève U . . à ] rapportées ci - derrière ; pendant les quinze derniers Jours de SgpTEMBRE (1). Jours oh. pouc.lig. dix. Différence. “ Plus grande hauteur du Baromètre le 28 à 2. 21. 1, 6 lg. Baron Moindre hauteur + + + + + + + -le 18 mat. + » 20. 9, 1f (1) On remarquera que les observations du Hauteur moy. Barom. au lever du Sol. + » + + + + 21. 0,12 St. Bernard seront nécessairement toujours an- Idem, + + + + + à 2h. après midi. + « + + + «21. 0,19 f + 0:07 ap. midi. térieures d’un mois à celles de Genève , consi- gnées au revers de la même feuille. (Voyez sur . Différence. PSSTUES la notice T. VI, Plus grande hauteur du Thermomèt. le 30à2h. + 102,0 ie p. 112 de ce Recueil. ) Moindre hauteur, = cc 0 a _ 1, O À TRERN. le 26 mat. > N.-B. Les observations du Baromètre sont Haut. moyenne du Thermom. au lever du Soleil. FL fe) 30,48 ramenées à la température constante de + 10 R: à Re s É 5 Idem, + + + + + + + + + à 2 h. après midi. + 6,31 et l'échelle du Thermomètre à l'air est octogé- a simale. . Haut. moyenne de l'hygrom. au lever du Soleil, + + + 929, 0 À Hycrom. Id Ca à di 79,7 Il ems + + + ++ + ‘à 2h après midi - + +84, 3 | PLuye. Jours de pluie «+ + 4. Quantité ,.8 lig. x VENT. Huit jours il a soufflé du Nord ,et huit jours du SO ; toujours au premier des quatre degrés de force qu'on est convenu d'indiquer , par estime. Seu- lement le 18e, après midi, le S O souffle au ad degré. OBSERVATIONS DIVERSES, Accidens, Evenemens dont on désire conserver quelque souvenir. Quoique la température de ce mois ait été charmante , les montagnes prennent déjà cette couleur fauve que leur donne la surprise du froid et l'approche de l'hiver. Néanmoins la beauté de la saison n’a pu re- tenir en Suisse de nombreuses caravanes d’alouettes, qui depuis le 15 jusques au 2/4 n'ont cessé de passer par le col du Grand St. Bernard. En 1811, l'on vit des nuées de petites mouches allongées , obscurcir l'air comme un léger nuage et se rendre en Italie. Mais s’il est rare de voir des mouches émigrer, 1l est encore moins fréquent de rencontrer des caravanes de demoiselles d'étangs, qui s’expatrient pour aller jouir d'un climat plus favorable à leur singulière métamorphose, ainsi que les Beligieux de l’hospice le remarquèrent le 19 de ce mois. Le 28 à cinq heures après midi, on entendit à l'hospice une VOIX ; après quelques momens de surprise , on apeércut un point blanc qui paroissoit se mouvoir dans un rocher presqu'inacessible. Un Religieux monta précipitamment jusqu'au sommet de la montagne au nord de > lhospice, qu'on appelle Id pointe de la Chenalettaz, et trouva au bord d'un précipice un Anglais, qui voulant tenter de gâgner le sommet, avoit pris une fausse direction et s’étoit enfilé au milieu d’un rocher, d'où il ne pouvoit plus ni monter, ni descendre. Le Religieux se fit bientôt entendre de ses confrères , qui grimpèrent promptement , portant une lanterne et des cordes; ce ne fut qu'à la nuit qu'on parvint au som- met et qu'on retira cet homme du danger imminent auquel il s'étoit exposé. Les rochers, la neige durcie, et la nuit, ralentirent la marche; et on narriva que bien tard à Fhospice (*). Les rations en repas individuels distribués aux passagers pendant les mois d'août et septembre montent à 12324. (*) Nous avons vu à Genève , huit jours après cet événement , le gentilhomme Anglais qui faillit à en être victime ; il nous en confirma les détails, en insistant sur le dé. vouement, l’activité et l’adresse de ces bons Pères auxquels il a dû la vie. (R) TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites au JARDIN BOTANIQUE de GENÈVE : 395,6 mètres ( 203 toises) au-dessus du niveau de la Mer : A0 Ta Longitude 190 . ( de Tems ) à l'Orient de l'Observatoire de PARIS. Latitoq LENTES " CISRISEE SUEZ OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES. OCTOBRE 1:87 m. ! Therm. a l'om- 3 E ; “+ B é RUES Hype ue = É ÿ Vents Etat d iel sl ao = ar ; erre.divisé À . | 5 = © e u ciel. Bel 5 SOU ee ul Ace Li heures. | 2 à OBSERVATIONS DIVERSES. EE = — À Lev. duSol.| à = heures. | Lau Sa|hà ch: | Lau s.| à 2 h. À = 2 PRE el ds pPouc.lig.seiz. |pouc.lig.seiz. nié d Dix.; d: | Deegr. ] Lig. one or 5 e = 1 À 26. 11. al26. 10. étui. 7|+18. SÛ 82 AN Om SE) cal. °0 nua. , id. 2 | CE) Ch) M7) ENIG TAN EC) 86 ms : de plu. , cou. 31 Cl air Si 11. 5 SR ONATEERO NEC 99 4 e mn TE BORDER La température froide qui a régné 4 À 2) I 09 Al 07 92 3-10 plu , cou. 2 D 5 — ji 2 vn 2h y ol 8: 11 92 89 ——| NE NE cou. , id. pendant la plus grande partie du mois, 6 | a UC RNTO ONE" 0|E7 a On 84 53 NE NE F'COU., nu. a détruit la récolte des blés noirs se- 7 — 10. 11k— 10. 7 2, 3l S. ol 92 86 = REXUNE AE nuäa., Cou. més après les fromens. Les premiers 8 GC Û 6. 1|. 8° sh on 87 UE "e A cou. , id. semés avoient peu rendu à cause des 5 1 @ |— s _ d à É És : : 2 ee =—ftcal: so he chaleurs qui avoient DEN les fleurs, 11 ne) ROUE) AO 0) CE 88 2. 3 —| so “50 cou. , id. La vendange est extrêmement foible 12 | MCD C0) CP ONTORNE 4. 6| 7. al 9: 73 1 O NE NE nua. , 1d. pour les blancs , et a-peu-prés null, 15 D LIST EN 2.061006 31187 77 —— R NE NE nua, , id. pour les rouges , que le froid a sur-| 14 | CS RONS Er T7 A NOT 81 D Eee Se jaua,.ch pris encore verts. Les pâturages sont 15 26. 11: 3|— 10. 14 QG 2 85 — R QE sn DUASACOUS ] illes de l'automne 16 nn M0) ENT ENT Gi 7. 4 92 8o sr c.B.l cal. NE bro. el., cl. beaux , et les SET e A Dee con Sp 4. 4 4. 71 89 88 5 6 R. | NE NE cou. , plu. ont une apparence très-favorable. 18 | ON PC EEN) PPTAAAE ECE) DCE 93 o. 3 —— || cal cal. Jcou., plu. 19 À HOMO, U6 NC) NGC] CSS 80 ON = | F0) SC) nua. , Cl. SON. RS eo 4 77 GIE. 00 87 R. NE NE cou., cl. 21 At (COCA Sn EPA) 89 86 — ——} NE NE cou. , nua. 22 À salle, (O2RTES 3. ol] 6. sh go 85 —— El GIE NE cou. , nua. 23 | FR PRE 03 1, 7 6. 9! 89 82 — R. cal. NE cou. , nua. SSP PCR A4 É FO ET 4 9 7. 6 ss 85 ILE NE NE cou. , nua. HUE io 4 10 87 3 0] 6. 4f 90! 87) —— fm fol |so cou, id. Déclinaison de l'aiguille aimantée ; à 2e HRueo e EU TOME 45 OS ne 29 Fa MES ap #0 +9 HER »id. l'Observatoire de Genève le 31 d'Octo- 27 | a CE 5 Dee ES 2 91 GE & so so plu. , id. Us 2, men LOnele 0:,9/5680s 1] 488 cs.) NE cal. el, cou. LE CSS) 29 À NON TA TO 6 F0 sm 82 s . so N el. br. , cl. : : 30 ! — II, 3 ER 0. 3 . à " 83 sas sl cal. so bro. ae ire Pempéra re d'un Puits de 34 pied| 31 LOT) 27-00 En 6 Tr. 0 | Ur ol Cor 81 eo. 6 cal. | so cou. vap., nua.Ï le 31 d'Octobre + 8. 7. | | im = er LPS # ES = — — FOSSES Moyennes. Î26.1013,23[26.10.1,26 Î+ 4,831+ 8:57 Î00,26 | 85,03 25. 3 ARR RRATES OISE AD SEE SRI LD RE 1 CE AE 1 2 28 at 2 AR ATIUS ANT LIUOO SEE SPAM CPE 1 ASTRONOMIE PHYSIQUE. ExTRACT OF A LETTER FROM COLONEL Mupce, etc. Extrait d’une lettre du Colonel Muncer à W. Brackwoon Esq. relative aux mesures géodésiques ‘ et aux expériences du pendule , propres à déterminer la figure de la terre. ( Edimb. Monthly Mag: Juin 181 7). ( Traduction ). RAR A Te I TT I RE Jar l'honneur de vous informer qu'en conséquence de la mesure trigonométrique exécutée sous ma direction, et conduite assez avant dans le nord de l'Ecosse pour déterminer la plus grande longueur du méridien qui traverse la Grande-Bretagne du sud au nord, Mr. Biot, sous l’autorité des Gouvernemens francais et anglais est arrivé en Angleterre pour répéter sur divers points de tet arc les mêmes séries d'expériences que ce savant et une commission du Bureau des longitudes , avoient faites ci-devant à Formentera , l'une des isles Baléares , dans la Méditerranée , comme aussi sur d’autres points de la méridienne qui traverse la France depuis Formenh- iéra jusquà Dunkerque. + Le but de ces expériences est, de déterminer bien exactement la force de pesanteur dans certains points de notre méridien , et de lier ces résultats avec ceux obtez us en France et en Espagne. On établit actuellement “lé pendule d'expérience dans le fort de Leith, où l'on “trouve toutes les commodités qu'on peut desirer pour ce “genre de travail, et où tout a été préparé par l'Ingénieur en chef sir Howard Elphinstone. Lorsque les opéra- Sc. et arts. Nouv. série, Vol. 6. N°. 2. Octob. 1817. G 86 ASPRONOMIE PHYSIQUE. tions seront terminées , nous nous proposons de procé- der plus au nord jusqu'à Kirkvall dans les Orcades ; de répéter, ou là, ou dans quelque lieu plus convenable, s'il s'en trouve, les expériences du pendule, et d'y éta- blir le secteur astronomique du célèbre artiste feu Mr. Ramsden. Ainsi, tandis quon travaillera d’un côté aux expériences propres à déterminer la force de pesanteur sous cette latitude , de l’autre, on observera la distance au zénith d’un certain nombre d'étoiles choisies, qui, observées de même à l'extrémité méridionale de l'arc, donneront son amplitude totale. La base, choisie dans le voisinage d’Aberdeen, et dont la mesure sera bientôt terminée par le capitaine Colby, ( du corps royal des In- génieurs } vérifiera les côtés des triangles, qui, dans la partie septentrionale de notre arc, joignent les isles Or- cades avec l'Écosse, Il est probable que Mr. Biot et moi, partirons pour Inverness ( où le secteur est actuellement établi ) vers la fin de ce mois; et nous ‘espérons, si le temps nous: favorise, avoir terminé dans les premiers jours d'août nos opérations dans les Orcades. Nous nous rendrons alors à Yarmouth, sur la côte de Norfolk, lieu qui se trouve à-peu-près sur le prolongement du méri- dien de Formentera , et nous espérons que Mr. Arago, membre de l’Institut de France et du Bureau des Lon- gitudes , viendra nous y joindre. Lorsque par sa coopé- ration nous aurons bien ‘exactement déterminé la lati- tude du lieu, nous nous procurerons ainsi une addition notable à l'arc du méridien déjà obtenu entre Formen- tera et Dunkerque, indépendamment du grand arc qui va du midi de l'Angleterre jusqu'aux Orcades ; car nous espérons que la différence de longitude entre ces deux arcs n'étant que d'un petit nombre de degrés, n'influera pas sensiblement sur les résultats que peut fournir leur comparaison en latitude. Nous répéterons à Yarmouth les expériences du pendule ; et de [à nous nous ren- drons à Blackdown près de Weymouth, à la limite mé- Re — Li a 3 mu MESURES GÉODÉSIQUES. 87 ridionale de l'arc mesuré en Angleterre , où, après avoir de nouveau fait l'expérience du pendule , et observé avec ie secteur les mêmes étoiles qu’on aura observées aux Orcades , nous terminerons nos opérations par l'é- tablissement que nous ferons pour quelque temps à l'observatoire de Greenwich, de l’horloge à pendule de MM. Biot et Arago. On avoit toujours eu lieu d'espérer, qu’à, l’époque de la paix les savans de France et d'Angleterre se réu- niroient pour déterminer par un travail commun , de la manière la plus exacte et par des opérations fai- tes sur une plus grande échelle que toutes les précé- dentes , la grandeur et la figure de la terre. L’arc total du méridien compris entre ‘le parallèle de Formentera et celui des Orcades, contiendra à-peu-près 22 de- grés , aliquote assez considérable de la distance de l'é- quateur au pôle, pour en procurer la détermination exacte , laquelle , à son tour, fournira le meilleur des étalons possibles pour les mesures de longueur, et pour celles de capacité , à l’époque quelconque à laquelle il conviendra à la législature des deux pays de prendre cet étalon pour base d'unités communes aux deux nations. On remarquera que le grand arc, dont ces opérations donnent la mesure, passe sur une partie de l'Espagne, et sur toute la France et la Grande-Bretagne. La Belgi- que a déjà suivi l'exemple de la France , et a puisé l'é- talon de sa mesure de longueur dans la même source naturelle. Si donc, ces trois nations sur lesquelles passe un même méridien s’accordoient à puiser dans une même aliquote de cet arc une unité commune de me- sures de longueur , il y a peu de raisons de douter que le monde entier ne suivit, bientôt et sans difficulté, leur exemple (r). W. Mupez. (1) On a lù à l'Académie des sciences de Paris, dans sa G > 88 ASTRONOMIE PHYSIQUE. séance du 28 juillet, une lettre de Mr. Biot annonçant , en substance , qu'il a déjà fait vingt-cinq séries d'observations du pendule dans une station à quatre lieues d'Edimbourg , de concert avec MM. Mudge , père et fils. Il annonce aussi que le lieu des observations du nord ne sera plus les Orcades mais l’une des isles Shetland (*). 11 demande qu'on lui fasse parvenir la boussole qui appartient à l'Académie, et les deux grands aimans de l'Observatoire, dans l'intention où il est de vérifier l’opinion assez établie qu'il existe des attractions magné- tiques particulières sur les côtes d'Ecosse. 11 se loue beaucoup des prévenances «et dés secours en tout genre qu'il a trouvés en Angleterre. [R] On lit ce qui suit dans le cahier de septembre du PAëo- sophical Magazine , que nous venons de recevoir (p.232 ). « Le Dr. Olinthus Gregory et le Colonel Mudge qui faisoieut partie de l'association scientifique qui a visité les Isles Shetland , sont de retour depuis peu de jours. Le Capit. Colby, et Mr. Biot , resteront encore quelques semaines dans ces mêmes Isles; le premier pour y terminer ses observations astronomiques : avec le secteur zénithal de Ramsden et pour joindre cette sta- tion aux principaux points de la chaîne des triangles ; le dernier, pour étudier les phénomènes de l'aurore boréale dans ces hau- tes latitudes. Le Dr. Gregory après avoir établi ce qu'on ap: pelle en termes techniques «la marche de l'horloge astronomi- que de Pennington à Balta , par les 60° 45' de lat. nord, se propose de séjourner quelque temps à Aberdeen pour y exa- miner la marche de la mème horloge, au moyen des cbser- vations astronomiques , faites avec les excellens instrumens que renferme l'observatoire du Collège de Marshall dans cette Uni- wersité. » {*) Ges Isles sont au-delà du 60. degré de latituce. ( 89 ) MÉTROLOGIE. Parere DELLA REALE Acapemra , etc. Opinion de l’A- cadémie Royale des sciences de Turin , sur les me- sures et sur les poids. ( Turin 1816 ). ( Extrait ). sors que deux grandes nations s'occupent , ainsi qu'on vient de le voir, de la détermination exacte des dimensions de la terre, pour en déduire une unité des mesures de longueur et des poids, dans une troisième contrée , on s'occupe du même objet, dans le mème but. Nous avons sous les yeux le résultat de ce travail, qui a été l'occasion d’une découverte métrologique assez piquante , et nous en offrons l’extrait à nos lecteurs , per- suadés que nous sommes, que le rapprochement de ces recherches du même genre , faites presque simultané- ment, offrira quelque intérêt à ceux qui s'occupent de ces matières. La Royale chambre des Comptes de Turin a demandé à l'Académie de la même ville, 1.° d'indiquer les BASES ANVARIABLES auxquelles on pourroit rattacher les MESURES et les roins du Piemont. 2.9 D’examiner les Instructions proposées pour leur fa- brication et leur verification. Les deux questions ont pro- voqué en réponse , le Mémoire qui va nous occuper. « Quant aux mesures ( dit l’Académie ) le problème se réduit à trouver un archetype invariable des mesures &- néaires ; parce que de celles-ci dérivent immédiatement celles des surfaces et des solides. » » Quant aux poids , le problème consiste à trouver Rra LA # » go MéTRrozOoGIE. MR . 0] / ’ EN . M poids d'un volume donné , de mativre telle, qu'on puisse toujours lui attribuer la même pesanteur spécifique. C'est- à-dire , qui, sous un même volume , aît toujours le même poids. » » Nous ayons deux sortes de quantités linéaires qui peuvent servir d’aRGHETYPE ; /es dimensions de la terre, et la lohgueur d'un pendule, qui, dans un lieu donné, fasse un nombre déterminé de vibrations dans un temps également donné.» » On connoît Zes dimensions de la terre avec une pré- cision plus que suffisante à tous les besoins, pour en déduire la longueur exacte de telle petite aliquote qu'on voudra prendre pour ARCHETYPE de LA MESURE LINÉAIRE.» _ » Entre les diverses dimensions de la terre, la plus convenable à choisir pour cet objet est celle d’un mé- ridien.» ‘ »La plus longue portion du méridien qui aît été me- surée jusquà présent , est celle qui , partant de Dun- kerque va jusqu'à Formentera , la plus australe des Ba- léares. L'opération a été dirigée par des hommes très- savans , munis d'instrumens excellens , et en suivant de très-bonnes méthodes géodésiques , trigonométriques et astronomiques ; on a obtenu de ce travail la determina- tion certaine du quart entier du méridien , c'est-à-dire , de l'arc compris entre l'équateur et le pôle nord passant , comme on l'a dit, par Formentera et Dunkerque(x). Les doutes qui peuvent rester, ou les erreurs qu'on pour- roit découvrir dans cette détermination ne peuvent in- fluer d'une manière sensible sur le résultat cherché, c'est- à-dire, l'archetype de la mesure linéaire.» » Il se pourroit que tous les méridiens ne fussent pas (1) Ce n’est pas précisément cet arc, car Formentera et Dunkerque ne sont pas sous le même méridien; c’est, plus exactement, la distance de leurs parallèles qu’on a mesurée. [R] SUR LES MESURES EF SUR LES POIDS. 91 rigoureusement égaux , tant considérés dans un même hémisphère que comparés respectivement du boréal à l'austral ; cette considération montre qu'il sera toujours utile de mesurer divers arcs du méridien, pour mieux connoître la vraie figure de la terre; mais pour l'objet qui nous occupe. un seul quart du méridien bien connu suffit à la détermination exacte de toutes les mesures linéaires qui existent et qu'on voudra lui comparer.» » La longueur du pendule qui dans un temps donné Jait un nombre donne de vibrations, est une quantité in- -variable dans un même lieu , en tant qu'on suppose que la force de pesanteur est elle-même invariable dans ce - lieu, car c’est elle qui détermine la longueur du pen- dule. À mesure qu'on descend de haut en bas, ou qu'on marche de l'équateur vers le pôle , l'intensité de cette force s'accroît, et le pendule devient plus long. La me- sure de cette longueur, exécutée avec la précision ex- trême qu'exige cette détermination , est une expérience diffcile, à cause des précautions très-subtiles qu'il faut prendre , mais elle a été faite en plusieurs lieux par de très-bons observateurs, munis d'excellens appareils ; de manière que la loi de son allongement est actuellement assez bien déterminée pour qu'on puisse établir dans chaque lieu sa longueur exacte avec une précision suf- fisante pour la pratique. Ainsi, tant d'après les observa- tions qu’on peut faire immédiatement dans chaque lieu, que d'après celles déja obtenues par d’autres, modifiées par l'influence de la figure de la terre sur la force de pesanteur , on peut établir avec sureté qu'une unité linéaire constante peut être trouvée dans la longueur d’un pendule qui fait un nombre donné de vibrations par minute. » Il n'y a d'objection à cette théorie que celle que les auteurs même du Mémoire indiquoient tout-àl'heure , c'est la difficulté de mesurer exactement la longueur mathématique d’un pendule donné, En traitant, ily a 92 MérTROLOGIE. trois ans, dans la Bibliothèque Britannique le même sujet, à l'occasion d’un Rapport fait au Parlement d’Angle- terre sur les poids et mesures, nous indiquames, dans une note , le moyen mécanique d’éluder cette difficulté, imaginé par Mr. Whitehurst. Nous allons transcrire cette note, en faveur des lecteurs qui ne possèdent pas notre Recueil dès son origine, où qui n'auroient pas sous la main le volume 57 de cette collection où elle se trouve ( page 304 ) (1). « Quant à l'arche- (x) Ce n’est point une chose facile que de mesurer la lon- gueur d’un pendule simple qui bat les secondes : on est toujours obligé de réduire par le calcul, et d'après des mesures suscep- dibles d'erreur, le pendule composé qu'on observe, au pen- dule simple qui seroit isochrône avec lui. On évite ces causes d’imexactitude en employant l'appareil ingénieux imaginé par Mr. Whitehurst, qui consiste à déterminer , non Ia longueur absolue , mais la différence de longueur de deux pendules , formés d’un même fil métallique bien fin et homogène, por- tant une boule de plomb, adapté à un horloge, et qui bat tantôt 42, tantôt 84 fois dans une minute, suivant qu'on allonge ou qu'on l'accourcit, en faisant monter ou descendre Thorloge elle-même dans une coulisse, le fil suspenseur glissant en même temps dans la pince qui le contient, et dont le bord inférieur est le centre des ares de vibration. Il se trouve par un hasard assez singulier, que la différence entre ces deux longueurs de pendule , ou la quantité dont il faut faire monter ou descendre Fhorloge pour obtenir les deux conditions de 42 et 84 vibrations dans la minute, (ou plutôt, 60480 et 120960 dans 24 heures ) que cette différence, disons-nous , est égale à cinq pieds anglais, à une très-petite fraction près. L'auteur de cette invention ingénieuse {qui est exécutée dans notre cabinet) proposoit qu’on changeät le pied anglais, de la très- petite quantité nécessaire pour le rendre rigoureusement égal au cinquième d'une longueur ainsi donnée par la nature. Cette innovation n'a pas été adoptée ; elle nous sembloit mériter beaucoup d'attention, dans une période de la science où l'on réprenoit sous œuvre la partie technique des mesures li- néaires. [R] SUR LES MESURES ET SUR LES POIDS. 93 ‘type ou étalon de poids, il n'est pas de matière qu’on puisse obtenir plus homogène et qui s'adapte mieux aux conditions requises que l’eau; car lorsqu'elle est dis- tillée et à la même température, elle a toujours la nrènre pesanteur spécifique. On peut donc prendre pour étalon de poids, celui de l'eau distillée qui remplit une capa- cité donnée. Cette expérience est très-difficile ; mais elle a été faite et répétée avec le plus grand soin , ensorte qu'on peut en déduire une détermination exacte de l’u- nité de poids. » À, Nous avons traduit textuellement jusqu'ici le Mémoire, es principes qu'il expose étant applicables à tous les pays; leur application aux mesures et aux poids du Pié- ‘mont étant seulement d'un intérêt local, nous nous con- tenterons d'en extraire les idées principales , et sur-tout un rapprochement singulier , qui ressemble à une dé- couverte. Les auteurs du Mémoire rappellent la mesure d'un degré du méridien tentée aux environs de Turin par le P. Beccaria , mais en convenant que l’imperfection des instrumens et celle des méthodes usitées à cette époque n'ont laissé à ce travail d'autre mérite que celui d'avoir établi le premier canevas d'une bonne topographie du Piémont. L'Académie propose à cet égard que l'avenue de Rivoli, que Beccaria avoit prise pour base de sa triangulation, soit mesurée de nouveau avec tous les moyens de précision que le perfectionnement des arts a procurés ; on pourroit rectifier ainsi le système entier des triangles , et l’employer comme élément fondamen- tal d'une carte ( qui n’existe pas encore ) de tous les Etats de S. M. Revenant à l'objet, l'étalon d'une mesure ou unité linéaire, les auteurs observent que celle en usage dans le pays depuis temps immémorial, sous le nom de pied diprando , se trouve en rapport plus simple peut - être ‘qu'aucune autre avec les dimensions de la terre ; telle- 94 MéTROLOGrEr. ment que si ne la connoissant pas, on en cherchoit une qui ne fût pas le mètre, on ne pourroit pas faire -un choix plus raisonnable , ou une découverte plus oppor- tune. » « Notre pied est égal à la terce ( la 6ot. de la minute} du degré du méridien , c'est-à-dire, que si l'on divise la distance de l'équateur au pôle en 90 parties égales , ou en degrés ordinaires ; que chacune soit. subdivisée en 60 minutes , et chacune de celles-ci en 60 secondes, et ces dernières encore en 60, qui seront des #rerces ; une de celles-ci sera le pied de Piémont. » Cette aliquote , ainsi établie , représente la véritable tierce du degré de Piémont, comme celle du degré moyen de la terre, considérée comme un sphéroïde ; car ce degré se trouve à très-peu-près dans la latitude de Turin; ce raprochement est encore remarquable. Ainsi, le mètre étant la dix millionième de la distance de l'équateur au pôle, le pied de Turin scra la 19440000. partie de ce même quart du méridien. Ce nombre n'est pas si rond que l'autre ; mais en revanche il est bien facile de se rappeler que le pied est égal à la tierce, c'est-à-dire, la soixantième de la seconde du degré ter- restre moyen. _ L'étalon de ce pied Pere conservé à la chambre des comptes de Turin , est, il est vrai, pis court d’une millième , ou plus exactement de + que la tierce en question ; mais les auteurs du Mémoire paroissent tentés d'attribuer cette légère différence à l’effet ordinaire et connu du temps et des frottemens sur tous les étalons des mesures de longueur. Ils se confirment dans l'opi- nion que le pied Zprando est bien réellement la &erce, dans l’intention de ceux qui ont déterminé cette unité linéaire, en considérant que ses multiples sont des frac- tions du degré en nombres ronds ; ainsi, le degré est de 45 milles; le mille, de 800 trabucs de 6 pieds ; d'où résulte le degré de 36000 trabucs, la minute, de six Téoo SUR LES MESURES ET SUR LES POIDS. 9 cents ; la seconde, de dix, et enfin la tierce de = de trabue, ou d'un pied liprando. Ce rapport a d'autres avantages , que les auteurs du Mémoire font ressortir. « La mesure la mieux déterminée ( disent-ils ), la plus universellement connue , et qui le sera toujours plus dans l'avenir ,est , sans doute , le mètre ; c'est à ce module que se comparent et se compareront dorénavant toutes les mesures antiques et modernes. Or , la propriété du pied liprando d'être égal à la #erce du méridien donne son rapport avec le mètre en nombre entier et facile à retenir ou à retrouver aisément si on l’établit ; car les nombres 10,000,000 , et 19,440,000 sont entr'eux comme 125 à 244 ; c'est-à-dire, que 125 mètres valent exacte- ment 244 pieds; or, +24 est le cube de 5; et 244, la cinquième puissance de 3 (r). Ainsi , le mètre est au pied piémontois comme 3° : 5°.; ainsi encore, 9 milles de Piémont font exactement cinq lieues de France de 25 au degré, ou quatre lieues marines de 20 au degré ; et trois milles de Piémont valent juste quatre milles ma- rins ou italiens ordinaires, de 60 au degré. » (2) Quoique la petite différence , remarquée entre l’étalon du pied liprando et la tierce du degré du méridien soit insensible dans l'usage ordinaire du pied , comme elle se multiplie par 6 dans le trabuc ou toise, les au- teurs proposent de rectifier l’étalon légal de celle-ci, en l'allongeant de la quantité nécessaire , pour que sa sixième partie soit bien exactement le pied de Piémont, qu'on rectifiera aussi, à mesure que les artistes seront appelés à en établir de nouveaux pour les mettre dans le com- merce. (1) À ,4.° près, car 3x 3x 3 x 3 x 3 = 243. [R] (2) Le mille anglais étant de 69 au degré , est au mille italien comme 20 à 21. [R] ’ 96 MÉéÉTROLOGIE. Pour surcroit de sûreté, les auteurs indiquent aussi le meyen de rapporter le pied à la longueur du pen- dule à secondes dans la latitude de Turin, sans qu'il soit nécessaire d’y faire l'expérience, mais en partant de celles déjà faites et des formules connues; ainsi ils trou- vent que la longueur de ce pendule simple (c’est-à-dire dont tout le poids est considéré comme réuni à son centre d'oscillation } est (d’après leurs dénominations } d'un pied, onze onces, deux points, un atome, et d'atome, mesure de Piémont. La petite différence dont on vient de parler ne pro- duit qu’une différence de moins de —— dans l’unité des mesures agraires, appelée Zavo/a; et le journal composé de cent Zavole en est augmenté d’un peu moins d’un trabuc ou toise quarrée; c’est-à-dire de 4 pour cent, quan- tité dont on pourroit tenir compte dans les cas de ri- gueur, mais qui disparoît dans les plans terriers. Cette même différence dans l'unité linéraire augmen- teroit de —7=— les mesures des solides ; mais on ne vend à mesures cubes que des marchandises de peu de valéur relativement au volume, telles que des bois ou du foin; cependant, les mesures de capacité des grains ou des liquides méritent une attention plus particulière; c'est l'émine pour les grains, et la brenta pour les li- quides. Les Membres du Parlement d'Angleterre chargés d'un travail sur les poids et mesures, ont judicieusement re- marqué que la capacité se détermine beaucoup plus exactement par le poids du liquide contenu que par les dimensions du vase. Il faut donc commencer par fixer une unité de poids. Or les auteurs du Mémoire établis- sent entre l'once (soit pouce) cube piémontais , et l'once de marc (-= de livre) le rapportsuivant , savoir : 64 onces cubes contiennent 164 onces, de marc, d’eau distillée (x) : RARE RE DT (1) Parmi les résultats du travail du Comité anglais don SUR LES MESURES ET SUR LES POIDS. 97 v’ést-à-dire, qu'un cube de quatre onces (pouces) de côté, contient 20+ marcs d’eau pure {r). L'émine, pour les grains est un cylindre de 8 onces, 2 points, 11 atomes du pied liprando , et dont la hau- teur est —{de son diamètre. Ces dimensions donnent pour sa capacité 2937 onces cubes liprande ou 2g2 —* 100. onces piémontaises. Le poids de l’eau distillée [ue ren- ferme eette capacité est de 2 rups , 12 liv., 4 2°Z d'once. Les auteurs proposent de la porter en nombre ronds à 750 onces de poidsÿsoit exactement 22 rups. L'augmen- tation ne seroit que de 1-2 once en poids d'eau ; et 72000 en capacité, de 0 d'once ou pouce cube. Pour ob- tenir cette capacité il ne faudroit augmenter le diamètre du cylindre que de ? d'atome. La brenta, qui mesure les liquides contient actuelle- ment 628 onces (pouces cubes liprande ; si on vou- loit lui donner le même nombre d'onces cubes pié- montaises, sa capacité seroit augmentée d'un peu plus de = onces cubes liprande. Si on la détermine (ce qui seroit mieux) par le poids d'eau distillée, elle devra en contenir 5 rups, 8 livres, 8 onces; ou 2002 marcs; ow 1604 onces de marc. Pour arriver à cette D nation de la brenta, l'augmentation seroit de moins de 2 d'once en poids, ou un peu plus d'un quart d'once (pouce } cube , en capacité. On ne détermineroit par les poids d'eau que les étalons de comparaison, et à conserver ; ceux d’usage se vérifieroient comme à l'ordinaire par la mesure à l'eau. Les auteurs résument leur travail dans les quatre ar= ticles suivans. ——————————— —— — — on a parlé, il se trouve aussi un Rapport simple assez remar= quable, que voici : le pied cube (anglais) d’eau pure, à la température de 5601F, ( 105R.) pèse 1000 onces avoirdu- pois.[R] (+) On ne dit pas à quelle température ? [R] - 98 MéTRrOLOGIE. I. »La distance de l’Equateur au Pôle, déterminée par la mesure d'un arc du méridien , de Formentera à Dunkerque, étant divisée en 19,440,000 parties égales, une de ces parties est le P1EeD Prémonrars. » IT. » Le CUBE, D'UN TIERS DE PIED PIÉMONTAIS DE GÔTÉ contient 164 onces PorDs DE PIÉMONT, d'eau distillée , à la température de quatre degrés centigrades. » IIL. » L'Émive contient 750 onces POIDS PIÉMONTAIS , d'eau distillée. » IV. » La BRENTA contient 1604 onces porps DE Prémonr d'eau distillée. » Délibéré à Turin, le 30 avril 1816. Signe ProsPero Barro. Approuvé unanimement le 15 mai 1816 par les Aca- démiciens députés soussignés. Ignazio Micæezorri. Mich. Saverio Provana. Giorgio Binoxe. Giovanni Prana. Gazean: Narrowe di Cocconato. Giuseppe Verwazza di Freney. Approuvé unanimement à l'Académie en corps le 19 mai 1816. CarENA, vice-secrétaire. ( 99 ) RE EE ee eee mean mure À PHYSIQUE. Lerrne pe Mr. Mac Currocr , Président de la Société géologique de Londres à Mr. le Prof. Jurrve à Genève, sur les observations barométriques communiquées aux Rédacteurs de ce Recueil. ( Traduction). nt) D Londres , 28 mar 1817. Mr. PP remarqué dans la Bibliotheque universelle ( sep- tembre 1816 ) un extrait imparfait d’ un Mémoire sur le baromètre , que j'avois présenté à la Société géologique de Londres au mois de mai de la même année (1), je prends la liberté de vous offrir l'exposition exacte de son objet, qui, je le vois, a été mal connu de mes amis de Genève. J'avois trouvé des différences considérables en com- parant quelques observations faites à jours différens , avec deux baromètres bien réglés, placés à une dis- tance considérable l’un de l'autre, et destinés à établir la hauteur relative de ces deux stations. Cette remarque me conduisit à recueillir toutes les observations exactes faites jusqu’à présent en divers lieux d'Angleterre, dans le but de les comparer entr’elles. Je les disposai en tables pour rendre la comparaison plus facile (1); et, après (x) L’extrait en question est la traduction littérale de celui inséré dans les Annals of philosophy du Dr. Thomson, cahier d'août 1816. [R] (2) Cette comparaison auroit été encore plus aisée si l’au- tenr eût représenté ces observations par des lignes courbes. [R] 100 PHxsrques. avoir tenu compte de certaines causes d'erreur qui au- roient pu conduire à de fausses conclusions , comme, par exemple , l’omission de la correction pour la tem- pérature, je trouvai encore beaucoup d'irrégularités dans les marches comparées ; ces anomalies étoient de nature à jeter des doutes sur l'utilité de l'instrument dans cer- tains cas de son application à la mesure des hauteurs. Les lieux d'observation étant indiqués dans lExtrait dont je parle , il est superflu de les répéter. Leur choix étoit forcé , car ces stations étoient les seules où l’on tint des registres réguliers d'observations. On les rap- procha dans les tableaux originaux qui accompagnoient le Mémoire , de manière qu'ils pussent donner l'idée de l'étendue de l'erreur dans des séries données d’observa- tions faites simultanément à diverses distances. On dé- couvrit immédiatement, ainsi qu'on le soupconnoit, que l'erreur provenoit d'un défaut de simultanéité dans les fluctuations de la colonne mercurielle dans deux sta- tions plus ou moins distantes l’une de l'autre. On va donner l'extrait de quelques-unes de ces obser- vations , qui suffiront à l’objet proposé. Dans la comparaison des baromètres d'Islington et de Buckhingham-house , les différences de hauteur des co- lonnes mercurielles mesurées au même instant se sont élevées quelquefois jusques à Z de pouce ; d'autres fois, les hauteurs étoient égales. La äistance horizontale de ces deux stations n'est pas tout-à-fait de trois milles. Si l'on compare les observations du baromètre faites par Mr. Carey, dans le Strand, à Londres , avec celles de l'Observatoire royal à Greenwich, la différence de hau- teur des colonnes est, dans certains jours telle , qu’on pourroit en conclure une différence de niveau de deux cents pieds, et davantage, entre les deux stations, tandis que d’autres fois on pourroit les croire à la même hau- teur. La distance horizontale, dans ce cas, est d'environ cinq milles. 1 Ce SUR LES OBSERVATIONS BAROMÉTRIQUES. tot Ces distances sont les moindres dans lesquelles on aît pu obtenir des observations faites et enregistrées avec assez de régularité pour qu’on les fit servir à la com- paraison en question ; et cet éloignement des stations dans le sens horizontal est tel qu'on le rencontre le plus souvent dans la mesure des montagnes de hauteur moyenne, par des observations comparées. On peut en inférer à quelles erreurs on peut être exposé, même dans des observations faites simultanément à d'assez petites dis- tances. Si nous poussons plus loin la comparaison , c’est-à-dire , à la distance d'Edimbourg à Perth, ou d’Edimbourg à Greënwich , les différences seront encore plus nombreuses et plus remarquables. Dans la comparaison des observa- tions du baromètre faites simultanément à Perth et à Edimbourg pendant deux mois , on trouve les différen- ces suivantes de hauteur des colonnes mercurielles, entre plusieurs autres moins considérables. Edimbourg de pouce, ++++++) Dans d'aussi grandes distances, on prend d'ordinaire la moyenne entre un certain nombre d'observations pour en conclure la hauteur relative des stations. Mais, même dans ce cas, les irrégularités paroissent telles , qu’elles Ôtent la confiance à la méthode elle-même , au moins dans certaines limites. Les nombres suivans représentent quelques-unes des différences moyennes prises mois par mois entre Greenwich et Edimbourg ; ils pourront faire juger du degré d'incertitude qui demeure attaché aux Sc.et Arts. Nouv. série. Vo), 6, N°. 2. Octob.1817. H 102 Prysiquez. résultats. La station à Greenwich, déterminée par le ni- vellement jusqu'à la mer, est plus élevée de vingt-un pieds que celle d'Edimbourg. Greenwich + ,20 ,20 + ,41 de pouce. — ,06 “— ,02 Dans Îles stations de Perth et d’Edimbourg, la dis- tance en latitude est de vingi-six minutes de degré, et de treize en longitude. La différence moyenne des ob- servations du mois dans la colonne barométrique ; est pour septembre, de 0,22 de pouce plus grande à Perth qu'à Edimbourg ; et en octobre , moindre, de 0,64. Si Ton compare les moyennes des autres mois, on trouve des différences semblables, mais moins considérables. Il est vrai que ces différences sont affectées d’une in- certitude provenant de ce que les observations des co- lonnes barométriques n'ont pas été réduites à une même température ; mais comme les baromètres étoient établis dans des appartemens non habités, et qu'en conséquence ils n’ont dù éprouver que des variations peu étendues, et jusqu'à un certain point analogues , dans leur tem- pérature respective , il est évident que cette omission ne suffit pas à expliquer l'irrégularité des résultats. Il se- roit superflu d'indiquer d'autres causes d'erreur possible tant parce que les unes agissent constamment dans la même direction , que parce que les autres sont trop foi- bles pour détruire les conclusions que j'ai cherché à établir; et comme on ne peut en connoître les détails on est forcé de les prendre avec toutes leurs chances d'erreurs ; mais en leur laissant toute l'influence qu’on voudra , il demeure constant que la différence de hau- leur de deux baromètres placés à une certaine distance horizontale l'un de l’autre , est variable , indépendams SUR LES OBSERVATIONS BAROMÉTRIQUES. 103 ment des sources connues d’irrégularité. C’est là ce que je me suis proposé d'établir dans le Mémoire. Les conclusions que j'en tire, et qui auroient dû être énoncées dans l'Extrait publié dans la Bibliothèque uni- verselle , sont les suivantes. 1.0 Que les différences entre des baromètres placés à deux stations plus ou moins distantes l’une de l’autre sont plus remarquables dans les temps où la colonne mercurielle éprouve des fluctuations rapides, ou consi- dérables. ; . 2.° Que le défaut d'élévation ou de dépression simul- tanée dans deux stations distantes est la cause immédiate des différences observées. 3.° Que ces différences seront, en général , d'autant plus grandes que les instrumens observés seront plus éloignés l'un de l'autre; en supposant les observations simultanées. 4° Que, dans tous les cas, des observations qui ne sont pas simultanées méritent peu de confiance, lors même que dans l’une des deux stations le baromètre seroit demeuré fixe pendant long-temps ; puisque, dans le même intervalle , l'autre peut avoir éprouvé des fluc- tuations. Il est évident que, dans tous les cas, les chances d’er- reur sont moindres dans les basses latitudes , et en été, que dans les hautes latitudes et dans la saison des grandes variations du baromètre. On n'a point essayé dans le Mémoire, d'expliquer ces anomalies ; elles proviennent sans doute des inégalités locales dans la pression atmosphérique ; et il n’est pas improbable que ces changemens dans l’atmosphère ne Soient progressifs, de leur nature, et qu’ils n’arrivent plus tôt ou plus tard dans un lieu que dans un autre; d'où résulteroit naturellement l’irrégularité observée dans les observations simultanées. L'influence des vents sur ces variations , ne peut être découverte et établie que H 2 104 Puvsiqut. par une série d'observations , renfermant tous les élé- mens requis, et faites simultanément aux différentes sta- tions. Ces considérations peuvent mériter l'attention des physiciens qui s'occupent d’observations météorologiques, La conclusion pratique qu’on peut retirer de tout ce que je viens d'exposer est, que la moindre distance ho- rizontale des stations donne la meilleure chance d’un résultat exact dans des observations barométriques com- parées ; et quà mesure que cette distance horizontale augmente , le danger de l'erreur s'accroît à proportion. Mac Curzocx. Remarque des Rédacteurs. Nous avons lieu de regretter que le savant auteur de la lettre qui précède n'ait pas eu connoissance de ce que nous avons publié sur le même sujet il y a sept ans dans la Bibliothèque Britannique (1) ; 11 auroit peut- être cherché à expliquer la différence qui existe entre ses résultats, et ceux que nous avons exposés dans un article intitulé ,« Examen des resultats de la methode ba- rométrique dans le cas des observations simultanées voi- sines. En voici le sommaire. Dans le but d'étudier, au plus près, la méthode barométrique , en comparant ses résultats avec ceux four- nis par un nivellement exact, Mr. Ramond ( de l’Aca: démie des sciences ) établit six baromètres dans des stations choisies aux environs de Clermont, et à des distances variées ; les instrumens étoient construits par Fortin; les observateurs exercés ; et toutes les correc- tions furent appliquées. Les observations étoient simul- tanées , et furent au nombre de cinquante - trois; la distance horizontale des stations varioit, entre 3000 mètr. (x) Vol. XLIV, Sc. et arts. Mai 1810 , p. 5 et suiv. SUR LES OBSERVATIONS BAROMÉTRIQUES. 105 et un myriamètre ; et quelques - unes étoient élevées de 5 à 600 mètres au-dessus de Clermont. Voici le ta- bleau des résultats. Loin de jeter de l'incertitude sur la méthode barométrique, il semble de nature à lui attirer la confiance des physiciens. Noms Nombre Hauteur Hauteur des des par le parle Différence. Stations. observat. baromètre. nivellem. — — — — —— — — —— — ee me mètres, mètres. mètres. La baraque. . . 8 380,36 380,30 + 0,06 Crête de Pradelle. 5 293,76 294,30 — 0,54 (Sans nom) . . 10 287,78 287,02 “+ 0,76 Pont duberger. : 6 493,30 493,75 — 0,45 Chevassou, . .. 1 420,76 420,80 — 0,04 Col des gourdes. 18 597,93 597,84 — 0,09 Dans le même article nous avons cité les résultats d'observations du baromètre faites simultanément à Ge- nève, et à six lieues au nord de cette ville, non loin du lac, dans un lieu appelé Viney, et assez élevé au- dessus de la station de Genève pour que la différence moyenne des colonnes barométriques füt de 5,332 lig., dont celui de Vincy se tenoit plus bas. Les observa- tions faites simultanément à l'Observatoire de Genève et à Vincy, au lever et au coucher du soleil et à deux heures après midi ; furent au nombre de soixante-six ; et comparées entrelles, présentèrent les résultats sui- vans. 14 furent d'accord avec la différence moyenne. 9 en différèrent de 1 seizième de ligne. 10 de 2 12 de 3 8 de 4 8 de 5 5 de 6 ee i 66 106 | MérTéoroLzocirr. On voit d'après ce tableau , qu’en observant au même instant deux baromètres à six lieues de distance hori- zontale , et 74 toises de distance verticale l'un de Fautre, et voisins d'un même lac, c’est-à-dire , sans obstacles intermédiaires , il y à environ 1 contre 3 à parier, que Ja différence des hauteurs mercurielles sera précisément celle qui répond à leur différence de niveau; environ 1 contre 2 que le résultat ne différera que de + de ligne ou moins du résultat moyen; qu’on peut parier au pair qu'il n'en différera pas de plus de + de ligne, etc. Sans essayer d'expliquer la différence des résultats que nous venons de rappeler, avec ceux que l'auteur expose, nous nous contentons de les mettre en paral- lèle; et nous disons, avec tous les amis de la science , Fiat lux ! MÉTÉOROLOGIE. Norice SUR UN ÉTABLISSEMENT MÉTÉOROLOGIQUE RÉCEM- MENT FORMÉ AU COUVENT DU GRAND ST. BERNARD , par le Prof. Picrer , l'un des Rédacteurs de ce Recueil. LL RS 2 sujet traité dans l'article qui précède nous con- duit bien naturellement à celui dont nous allons en- tretenir quelques moinens nos lecteurs. On convient assez généralement que la météorologie est, et sera encore long-temps, une science toute em- pyrique. On ne peut l’avancer qu'en recueillant beau- coup de faits, duement examinés et critiqués ; et en les combinant de manière à faire découvrir les circons- tances qui peuvent influer sur les modifications de l'at- mosphère ; tellement que l'effet individuel de chacun OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQ. AU Gr. ST. BERNARD. 107 des coëéfficiens du résultat compliqué qu'on observe , puisse se manifester et devenir apréciable, La partie technique , ou instrumentale des observations n'a été perfectionnée que de nos jours, mais on peut aujourd'hui entreprendre ces recherches , avec quelque chance de réussir , si l’on suit d'entrée et de concert, une marche convenable; c’est là le point véritablement essentiel; car le temps est l'une des données principales en météoro- logie, et la vie de l'homme est tellement courte , que _ si (comme on l'a vu jusqu’à présent) les observations d'un siècle sont presque perdues pour le suivant, les progrès de cette branche de physique seront, ou nuls, ou d’une lenteur extrême. On se perdra dans les détails, si on prétend em- brasser à la fois le vaste champ des observations qui ont rapport à la météorologie ; nous croyons qu'il faut (sur-tout dans l'origine) se borner à étudier les grandes modifications de l'atmosphère; c’est-à-dire, les change- mens qui ont lieu dans la pression de l'air, dans sa température , dans son humidité, dans son état électrique, et les mouvemens de translation qui sont l'effet de ces changemens. Deux périodes astronomiques , la rotation diurne de la terre, et son mouvement annuel autour du soleil, produisent deux maxima et minima de tem- pérature, l’un journalier, l’autre annuel. Ces effets gé- néraux sont modifiés par la latitude des lieux, par leur hauteur au-dessus du niveau des mers, et même, ainsi, que l'a démontré Mr, de Humboldt, par la situation relative des méridiens, ou par les longitudes moyennes.des diverses contrées. Rien ne doit plus encourager à mul- tiplier les bonnes observations que l'exemple donné par l'illustre voyageur que nous venons de nommer, du parti qu'on peut en tirer en établissant entr'elles de judicieuses comparaisons (1). Il seroit à désirer que dans (1) Voyez dans les deux précédens cahiers de ce Recueil les extraits de son Mémoire sur les lignes isothermes. 108 MéTÉOROLOGIE. toute l'Europe , à chaque intersection d'un méridien et d'un parallèle, de degré en degré, il y eñt un obser- vatoire météorologique ; que tous fussent munis d'ins- trumens semblables ; que dans tous on observät aux mêmes périodes de la journée, et sur-tout à celles du minimum et du maximum de température diurne, cette température, et la pression atmosphérique correspon- dante ; on auroït ainsi, pour chacune de ces intersec- tons, les modifications atmosphériques dépendantes des trois coordonnées rectangulaires (de latitude, de lon- gitude, et de hauteur) qui appartiendroient à chaque Observatoire. Les résultats, présentés ensuite sous la forme de lignes courbes , seroient facilement et immé- diatement comparables, et leurs conséquences, qui pour- roient être saisies d'un coup d'œil, conduiroient peut- être à de grands résultats. Nous abservons à Genève, ou dans ses environs , les instrumens ordinaires de météorologie depuis l'année 1774; et les observations du baromètre de cette année même, réduites en ligne courbe et comparées ainsi à celles qu'un ami faisoit à Bordeaux aux mêmes époques de la journée, nous donnèrent un premier éveil sur l'intérêt qu'offrent ces comparaisons, par la correspon- dance remarquable, et le presque parallélisme des deux courbes dans toutes leurs grandes inflexions. Nous pu- bliames en 1778 dans la seconde partie des Memotres de la Societé des arts de Genève, la courbe barométrique de J'année , afin que les observateurs à qui ce type parviendroit pussent lui comparer leurs propres observa- tions, C'est dans le même but que, dès l'origine de ce Recueil (il y aura bientôt vingt - deux ans) nous pu- blious chaque mois les observations diurnes; elles ont servi de base à la curieuse comparaison des courbes barométriques de l'année 1806—1807 exécutée par un de nos amis, et insérée dans le volume XLVI de ce OBSERVATIONS MÉTÉOROLOG1IQ. AU Gr. Sr. BERNARD. 109 Recueil (1 ) et nous avons ainsi cherché à procurer aux amateurs de la météorologie des données exactes, qui n'étoient pas sans utilité relativement à une autre bran- che usuelle de la physique, la mesure des hauteurs par le baromètre. Mais ces observations journalières n'ont lieu pour l'ordinaire que dans les couches inférieures de l'atmos- phère qui reposent sur les lieux habités ; elles ne se rap- portent guères qu’au deux coordonnées horizontales de latitude et de longitude, et l'influence de la troisième, de la coordonnée verticale, ne peut être exactement apréciée dans les petites différences de hauteur. Aussi, . n’est-on pas encore bien d'accord sur la loi du décrois- sement de la chaleur de bas en haut. Mais où trouver, dans notre Europe, une habitation de toute l’année, voisine de la limite des neiges per- pertuelles? où trouver des hommes assez dévoués pour y vivre, et assez instruits pour aprécier l'utilité de ces observations et pour les faire avec la régularité et la précision requises. Toutes ces conditions sont heureuse- ment réunies dans l’hospice célèbre connu sous le nom de couvent du Grand St. Bernard, Déjà à deux reprises, la convenance d'y entreprendre une suite d'observations météorologiques avoit engagé, d'abord l’Académie de Turin , ensuité une Société sié- geante à Arau , à envoyer au Couvent les instrumens nécessaires ; des observations y ont été faites; mais £: par des causes à nous inconnues , ces observations ont été sans résultat, et les instrumens eux-mêmes sont devenus hors d'usage. L'importance de cette station nous a semblé mériter (1) Comparaison ‘graphique des mouvemens journaliers du baromètre sédentaire pendant une année , à Londres , à Paris, et à Genève , Bibl. Brit, Tom. XLVI, p. 33, avec fig. 110 MéTéorozocte. une troisième tentative, et nous avons lieu d'espérer quelle sera plus fructueuse. Nous avons fait construire à Genève par un artiste physicien trés-intelligent et habile (1) un baromètre sé- dentaire à réservoir; le diamètre de la cuvette est dé- cuple de celui du tube, de manière que la correction pour les changemens de hauteur du mercure dans le réservoir n'est que de —— de la variation dans le tube; c'est-à-dire , négligeable dans la plupart des cas; on y a eu égard dans la fixation de échelle, la colonne mercurielle étant de six pouces plus courte au St. Ber- nard qu'à Genève. La monture est percée à jour à l'endroit des varia- tions, et on observe par transparence au moyen d'un anneau, dont on amène la section inférieure, tangente à la convexité du mercure. Cet anneau porte un ver- nier, qui divise la ligne (du pied de France ) en dixiè- mes. Au baromètre est attaché un thermomètre à mer- cure portant deux divisions, l'une octogésimale, l'autre, telle qu'un degré de l’échelle répond à — de ligne de changement dans la hauteur de la colonne barométrique. Le zéro correspond au 10. degré de l’échelle en 80 par- tes; et on réduit chaque observation du baromètre à cette température constante, au moyen de la correction que fournit le thermomètre, correction très-commode à appliquer, puisque chaque degré au dessus, ou au dessous de zéro, représente autant de dixièmes de ligne à re- trancher ou à ajouter à l’observation barométrique. Le même artiste nous a fourni, pour les observations de la température de l'air, un thermomètre à mercure à boule isolée, à monture métallique , et dans lequel, par une configuration particulière ét nouvelle de l'inté- rieur du tube, la colonne mercurielle est aplatie, de manière à présenter à l’œil une surface large et très pe (r) Mr. Gourdon , rue des Corps-Saints. Re TT OST Je OS OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQ. AU Gr. ST. BERNARD. Y14 visible quoique la colonne soit en réalité très-mince , et que cette ténuité procure au thermomètre de grandes divisions qu'on lit fort bien à distance; précaution né- cessaire, comme on le verra tout à l'heure. L'hygromètre, construit et perfectionné par le même artiste , est celui à cheveu, inventé par de Saussure , et dont une longue expérience nous a démontré l'excellence. Mr.Gourdon , en fixant le cheveu au même côté de la poulie qui porte l'aiguille , a rendu le rnouvement de celle « ci plus conforme aux indications cles instrumens dont la marche influe sur la sienne; ainsi, quand le thermomètre descend ou monte , l’hygromètre descend ou monte aussi; tandis que dans l’ancienne construction les deux instrumens suivoient une marche inverse ; l'ai- guille descendoit vers la sécheresse , et montoit vers l’humidité. De plus, dans les hygromètres destinés au transport , l’artiste a rendu l'arc divisé , mobile sur une de ses extrémités, de manière que l'instrument et sa boëte occupent fort peu de volume ; enfin , le cheveu, logé entre deux montans métalliques , sans en être trop voisin , y est beaucoup plus à l'abri des accidens que dans l'ancienne construction. Celui porté au couvent est de plus renfermé dans une cage de gaze métallique , qui laisse tout accès à l'air et permet d'observer au tra- vers, tandis qu’elle met l'instrument à l'abri des acci- dens , et du travail des araignées , qui aiment beaucoup attacher leurs fils au cheveu lorsqu'elles peuvent l'at- teindre. | Munis de ces appareils, nous partimes pour le St. Bernard le 13 du mois dernier en poste , accompagnés de trois amis. Arrivés à Martigny, à l'entrée de la nuit, nous nous procurames des montures pour le lendemain. Cette seconde journée fut aussi beile que la première ; nous partimes de Martigny à 6 heures du matin, et arri- vames vers midi à Lida d’où, après une halte d'une heure et demie, nous atteisnimes l’hospice à cinq et ue quart DES vf} Méréorozocte. du soir. Nous y fumes accueillis avec l'hospitalité qui distingue si éminemment les Religieux , et à laquelle le but de notre visite sembloit donner une teinte plus particulière de bienveillance. Nous trouvames le Prieur du couvent, et quelques-uns des frères , non-seulement disposés à entrer dans nos vues, mais ayant déjà l'habi- tude des observations | et voyant avec plaisir la carrière s'en rouvrir pour eux. Le reste de la journée se passa en promenades aux environs du couvent , et en examen et préparatifs pour l'emplacement des instrumens. Le lendemain matin de bonne heure ils furent établis ; et ce jour-là même (14) les observations ont commencé. Nous aurions fort desiré pouvoir établir le thermo- mètre et l'hygromètre d’une manière isolée , et à quel- que distance du bâtiment ; comme aussi d'y placer un appareil propre à mesurer les quantités de pluie et de neige. En souriant à cette idée, les bons Religieux nous apprirent que , bientôt ,tont seroit enseveli autour d'eux sous la neige à une grande profondeur , et qu'il falloit que les instrumens fussent établis au moins au second étage du couvent, pour qu’on püt les observer en tout temps. En conséquence, le thermomètre fut suspendu à demeure en dehors d'une fenêtre au nord, à quelque distance du vitrage extérieur, au travers duquel on peut aisément l'observer; l'hygromètre fut placé entre les deux vitrages , dont on ouvre l’extérieur avant l'observation, pendant un temps suffisant, pour que l'état hygromé- trique du cheveu soit devenu stationnaire , ce qui n'exige que cinq à six minutes. Le baromètre est établi tout auprès ; il est suspendu à la paroi par deux charnières, et on le fait tourner comme une porte, de manière à voir -le jour à travers la monture pour observer par transparence. Tout à côté est un registre à colonnes, ouvert pour huit années, d’après le système adopté dans les tableaux du mois de notre Recueil, c'est-à-dire, pour deux observations par jour, l'une au lever du soleil , : À ms Guen à COmeCS De dé S.à DU L'EST à I, dd" fe on etes EEE OsERVATIONS MÉTÉOROLOGIQ. AU Gr. Sr. Bervarp. 113 l'autre à deux heures après midi. L'heure de midi auroit été sans doute convenable, sous le rapport des compa- raisons à établir avec les baromètres ambulans, pour la mesure des hauteurs ; mais deux motifs nous ont décidés à préférer 2 h.; l'un , parce que c'est à-peu-près l'époque du maximum de la chaleur diurne ; l'autre , parce que possédant déjà 22 ans d'observations faites,et publiées dans notre Recueil d’après ce système, tout l’avantage qu’on pourra retirer des comparaisons auroit été perdu, si on eut choisi, pour l'avenir, une autre heure. D'ailleurs il faut remarquer, que la petite chance d’une plus grande précision , que l'on recherche en préférant l'heure de midi pour les observations destinées à déterminer les hauteurs, disparoît dans les chances d'erreur auxquelles on s'expose nécessairement lorsqu'on est forcé de choisir ses observations correspondantes , à des distances hori- zontales plus ou moins grandes. À cette considération près , les stations de Genève et du grand St. Bernard, se présentent avec quelques avan- tages comme foyers d'observations météorologiques. Ge- nève est placée au terme inférieur, et le plus méridional de la grande vallée comprise entre les Alpes et le Jura, qui constitue la Suisse occidentale ; elle occupe done la portion de cette zône qu'on peut considérer comme étant le plus à l'abri de l'influence de ces deux grandes chaines , sous le point de vue de la température. D’au- tre part, élevée de 200 toises au-dessus de la mer, cette région éprouve déjà, très - sensiblement, la dim:- nution de la température moyenne, qui a lieu à mesure qu’on s'élève dans l'atmosphère ; et les moyennes, obser- vées à Genève , comparées à celles obtenues au niveau de la mer sous la même latitude, pourront servir à dé- terminer exactement le refroidissement correspondant aux 200 premières toises d'ascension. Sous un parallèle peu distant ; sous un méridien d’un degré seulement plus à l'est; au centre de la haute chaîne 114 MÉéÉTÉOROLOGIE. des Alpes; et à mille quarante-six toises au-dessus de la station de Genève , se présente le site du St. Bernard. Nous saurons donc deux fois chaque jour , quelle pres- sion de l'air, quelle température, quel degré d'humidité, quel vent, quels événemens météorologiques , ont eu lieu dans cette région si élevée de l'atmosphère. D'après la promesse de ces bons Pères (et nous devons y compter) nous recevrons chagne mois la copie fidèle du registre original . lequel , d'après notre vœu , ne doit jamais quit- ter le couvent. Nous nous proposons d'enrichir notre Feuille météorologique du mois, de l'extrait des obser- vations faites au St. Bernard ; mais comme le temps né- cessaire pour qu'elles nous parviennent retarderoit de plusieurs jours la publication du Cahier, cet extrait sera toujours en arrière d'un mois, comparé aux observa- tions de Genève que portera la même feuille. Ainsi, on trouvera au revers du Tablean de ce mois ( octobre) l'abrégé des résultats de septembre, observés au St. Ber- mard; et ainsi de la suite. La feuille que nous avons déjà recue renferme, @utre la série des observations. météo- rologiques de la dernière moitié de septembre, des re- marques d'histoire naturelle, et une petite chronique , qui pourront faire aprécier le degré d'intérêt que mé- ritera cette correspondance. Indépendamment des secours de tout genre que recoi- vent les voyageurs dans cet établissement, en tous points si admirable , les minéralogistes, et les amateurs d'an- tiquités y visitent, avec un véritable plaisir, deux col- lections, principalement formées par feu le Père Murith, l’une de minéraux , l’autre de bronzes et de médailles trouvés en quantité, non loin du couvent, dans un lieu jadis occupé par un temple dédié Jovr PexxrNo ; c'est la léyende que portent la plupart des ex voto qu'on voit dans cette collection. On y trouve des médailles Cartha- ginoises très-bien conservées. Le Prieur actuel du cou- vent, homme très-instruit, et amateur d'antiquités, nous PROCÉDÉ POUR DÉPOUILLER LE PÉTROLE DE TRAVERS, 115 fit part de l'intention où il étoit de travailler à un cata- logue raisonné de cette collection ; les amateurs doivent desirer qu'il y donne suite et qu'il le publie. Pressés par le temps, nous ne pumes jeter qu'un coup-d'œil sur des objets qui auroient mérité des journées d'examen. Nous primes congé de nos respectables hôtes à huit heures du matin ; nous n’arrivames qû'à la nuit à Mar- tigny , et le lendemain soir à Genève , après une absence de quatre jours seulement , graces à la célérité de la poste, fort bien servie sur la rive méridionale du Léman et sur une fort belle route. CHIMIE. . PROCÉDÉ POUR DÉPOUILLER LE PÉTROLE DE TRAVERS, ET quelques autres huiles minérales, de leur mauvaise odeur. Par Mr. Taéop. pe Saussure. Lù à la Société de physique et d'Histoire naturelle de Genève , le 24 octobre 1817. Lens ss ss | Msitorrmirion de la belle mine d'asphalte qui se trouve près de Travers dans le Canton de Neuchâtel, n'a eu jusqu’à présent d'autre objet que de soumettre ce bitume à la distillation pour en extraire (1) une pâte (1) Cette extraction se fait à Travers par deux distillations successives; la première, qui est poussée jusqu’à siccité, dé- gage de la pierre calcaire imprégnée d’asphalte , de l’eau, du gaz hydrogène carboné , et sulfuré, et un liquide huileux composé de matière poisseuse, d’un principe odorant très-fétide, et d’une petite quantité de naphte. Tout le liquide huileux est “116 Crivit. liquide et poissense , qui sert à enduire les aissieux des voitures , et qui se débite en Suisse sous le nom de graisse de char. Cette distillation fournit en même temps du pétrole chargé d’une odeur trop infecte pour qu'il puisse être d’aucun usage dans les arts. Cette huile ne sert à Travers qu'à en arroser les déblais de la mine pour les jeter ensuite dans le foyer des fourneaux dis- üllatoires , comme un combustible propre à en animer momentanément le feu. Le pétrole, qui a sur les huiles végétales l'avantage de ne point se rancir, pourroit, s'il étoit dépouillé de sa mauvaise odeur, les remplacer dans les vernis et dans plusieurs préparations pharmaceu- tiques. Je suis parvenu à enlever le principe fétide de cette huile bitumineuse, en la traitant avec de l'acide sulfu- rique, de la potasse , et de l’eau, par un procédé peu différent de celui qui ôte à l’huile de colza, l'incon- vénient de se charbonner et de répandre de la fumée dans les lampes à courant d'air. La dose d’acide et de solution alkaline doit être seulement plus forte quand il s’agit d'enlever le principe odorant du pétrole ; il con- vient encore de faciliter, pour ce dernier, l'effet des réactifs par une plus vive et plus longue agitation. Voici le détail du procédé que J'ai employé. 1.° J'ai ajouté au pétrole renfermé dans une bouteille dont il occupoit environ le tiers , une quantité d'acide sulfurique du commerce , équivalente à la dixième ou à soumis à une seconde distillation qui en dégage du pétrole in- fect, très-liquide, en laissant pour résidu dans la cornue la matière poisseuse ou la graisse de char, qui est presque*sans odeur. Le naphte s'échappe en grande partie par l’imperfec- tion des luts et des appareils distillatoires. Si on le recueil- loit, il pourroit, lorsqu'il seroit dépouillé de sa mauvaise odeur , par le procédé que j'indiquerai plus bas, être em- ployé à la plupart des usages de l'essence de térébenthine. RO RCERRE = CRE 7 PRocÉDÉ POUR DÉPOUILLER LE PÉTROLE DE TRAVERS. 1 15 à la neuvième partie du poids de l'huile ,.et j'ai mêlé les liquides pendant sept ou huit minutes en seécouant fortement le vase, après l'avoir fermé. Il ne convient pas d'opérer sur de trop grandes doses de pétrole, parce que le mélange se fait alors trop difficilement, La pro: portion d'acide peut être augmentée ; et plus elle l'est, plus on est sûr du succès de l’opération. Un quinzième d'acide suffiroit à trois ou quatre onces d'huile; mais non pas à deux livres de ce bitume. 2.° J'ai laissé les substances en contact pendant une semaine , en les agitant chaque jour, excepté le dernier, où j'ai séparé avec soin par décantation l'huile, d’un dépôt noir, épais, très-fétide, qui paroît être une com> binaison d'une portion de l'acide sulfurique avec le prin- cipe odorant modifié. La liqueur, décantée , avoit une légère odeur d'acide sulfureux , qui à disparu par son exposition à l'air. Si, à cette époque, le pétrole conser= voit encore son odeur bitumineuse , elle indiqueroit qu'on n'a pas assez vivement agité le mélange dans la première opération ; et il conviendroit de les recommen: cer , en ajoutant du nouvel acide. 3.° Le pétrole, séparé du dépôt précédent, a été mêlé avéc une solution de potasse caustique composée d’une partie de cet alkali séché au feu et de vingt parties d'eau ; lorsque l'huile s’est séparée par lé repos, ellé a été dé: cantée , puis agitée fortement dans une grande bouteillé fermée , pleine d'air, et dont l'huile n'occupoit que la dixième partie; elle a été mélée ensuite avec quatre ou cinq fois son volume d'eau, qui y a formé une émulsion laiteuse permanente, composée d’eau et d'une combinai- son particulière d’acide et de pétrole, et sur laquelle le pétrole presque pur surnageoit. Ce dernier a été de nouveau agité avec de l’air, puis lavé avec de l'eau. En répétant ainsi ces opérations (1), jusquà-ce que l'huile, (1) On pourroit supprimer ce traitement successif avec l'eau Sc. et arts. Nouv. série, Vol, 6. N°. 2, Octob. 1817. I 118 CHTMrE. après avoir été agitée dans l'air n’aît plus formé d'émul- sion permanente avec l’eau, j'ai obtenu du pétrole moins odorant qu'aucune huile fixe végétale ; il ne retenoit qu’une quantité insignifiante d'acide sulfurique. Cette huile étoit d’abord trouble, mais elle s’est clarifiée com- plétement par la filtration au travers du papier et par un repos de quelques heures. Ce procédé appliqué au pétrole de Gabian et à eelui d’Amiano , les a également privés de leur odeur, en rendant leur couleur moins foncée (1). et l'air; et abréger ainsi beaucoup Fopération, en employant une solution deux fois plus chargée de potasse, mais la grande quantité de cet alkali rendroit le procédé trop dispendieux. Je dois observer que lalkali qui a servi dans les proportions que j'ai présentées pour la purification du pétrole est bien éloigné d’être saturé d’acide sulfurique, et qu'on peut em- ployer le même sel à plusieurs purifications en faisant éva- _porer sa solution , et rougir le résidu. (1) L'auteur a accompagné son Mémoire de deux échantil- lons de pétrole; l'un, tel qu’on l'extrait de la distillation de lasphalte , et dont l'odeur est très-désagréable; l'autre, pu- rifié par son procédé ; l'odeur foible de celui-ci est plutôt agréa- ble, et a quelque analogie avec celle des éthers. [R] " ( 119.) Fac ribs di be BOTANIQUE. CoONSECTURES SUR LE NOMBRE TOTAL DES ESPÈCES QUI x VÉGÈTENT SUR LE GLOBE. Lues à la Societé Helvetiqué des sciences naturelles siégeant à Zurich; par le Prof, DE Caxbozze. L: nombre total des espèces de végétaux connus sut la surface entière du globe est assez difficile à déter- miner d’une manière précise, soit parce qu'il n'existe en ce moment aucun catalogue général des espèces dé« crites dans les livres, soit parce que dans les livres mêmes il se trouve des espèces très-inégalement connues, soit parce que les espèces conservées dans les collections mé- ritent, jusqu'à un certain point, d'être considérées com- me connues, quoiqu'elles ne soient pas encore décrites, soit enfin parce que d'un jour à l’autre la marche pro- gressive de la science rend erronés les calculs les plus réguliers. Le catalogue le plus complet du règne végé- tal que nous possédions aujourd'hui , l Enchiridion de Mr. Persoon , contient vingt-un mille espèces , sans compter la cryptogamie, qui n'a pas encore paru, On compte en- viron six mille espèces de cryptogames décrites dans les livres généraux relatifs à cet objet; on peut donc esti- mer que nos catalogues généraux du règne végétal ren- ferment aujourd'hui vingt-sept mille espèces ; mais ces catalogues sont très-incomplets. Les auteurs étoient bien loin d’avoir relaté toutes les plantes connues de leurs devanciers; depuis l'année 1806 , époque de leur publi- cation , il a paru plusieurs ouvrages qui contiennent la description d'un grand nombre de plantes, tels, par exem - ple, que le Prodromus des ‘plantes de la Nouvelle Hol- À leg 120 BoTANnNtrQuE#. lande où Mr. Brown en a indiqué plus de deux mille, les ouvrages de MM. de Humboldt , Pursh , etc. et en outre divers voyageurs ont rapporté d'autres plantes en- core inédites et déposées dans les herbiers des botanistes. D'après ces motifs, Mr. Rob. Brown estime que le nom- bre total des végétaux connus est de trente-sept mille, ( Gen. rem. p. 4 ); Mr. de Humboldt. en supputant le nombre des végétaux de divers pays séparément, le porte à quarante-quatre mille: ( Proleg. nov. gen. p.11) J'avois moi-même , en 1813, avancé (Th. elem. p. 23 ) que ce nombre passoit quarante mille , et je crois aujourd’hui avoir acquis la preuve que le nombre des espèces dé- crites dans les livres, ou conservées dans les herbiers, ne peut pas être moindre de cinquante mille. En effet, j'ai eu occasion de faire, depuis deux ans, des recher- ches très-exactes dans les livres et les collections des principales villes de l'Europe sur certaines familles choi- sies absolument au hasard, et d'en faire la monographie; Jai vu que toutes ces familles, soit indigènes , soit exo- tiques , se trouvoient accrues dans une proportion ex- de nt traordinaire , si on les compare à l'ouvrage de Persoon. Ainsi, par exemple , les familles déjà travaillées m'ont offert les résultats suivans : Dans Persoor Dans les monographies. Renonculacées 268 5og Dilleniacées 21 90 Magnoliacées 21 37 Anonacées 44 103 | Menispermées 37 80 : Chlenacées 0 8 nl 391 827 ; Si toutes les familles du règne végétal étoient donc si- multanément travaillées par divers botanistes de la même manière, les vingt-sept mille plantes indiquées par Per- NomMBrE DES ESPÈCES VÉGÉTALES. 191 soon se trouveroient portées à cinquante-sept mille ; il n’est en effet nullement probable qu'il y aît dans les livres et dans les collections plus d'espèces de ces six familles oubliées par les descripteurs que dans toutes les autres. La plus grande portion de ce calcul repose sur une famille qu’on croyoit une des mieux connues, celle des Fenonculacées. En me bornant donc à dire que le nom- bre des espèces décrites, ou conservées dans les collections passe cinquante mille, il est très-probable que je suis au-dessous de la vérité. Mais quelle portion du nombre réel des végétaux du globe représentent ces cinquante mille déjà acquises pour Ja science ? Trois hypothèses différentes vont, par leur accord , nous prouver que ce n'en doit pas être la moitié, 1.0 Si nous examinons la marche progressive de la science , nous verrons, qu'en 1763, époque de la seconde édition du Species de Linné, ce célèbre naturaliste n'y Aronvé! que.) 7. Jo Lot, Mr KE D00 espèees: enmay env1704ct RO, CET AO MS Fgoue D donxen 1806-10 MEN ETF ET 'asoon Les monographies en 1816 donnent pour résultat total probable, . . . . 57000 La première période de vingt ans offre à peine cent plantes découvertes par année , la seconde en indique près de mille par an, décrites , et plus de mille autres emmagasinées dans les herbiers sans qu'on ait eu le temps de les décrire, Or, est-il probable qu'une marche qui a crû avec une telle rapidité soit prête à s'arrêter ? Est-il probable que si l'on a découvert deux mille plantes par année , pendant l’époque où les communications entre les peuples étoient si souvent interrompues par la guerre, on en découvre moins, actuellement qu’elles viennent de se rouvrir? Or, il suffiroit de vingt-cinq années d'un tra- vail analogue aux vingt-cinq dernières, pour que la science se composät de plus de cent mille espèces. 122 BOTANIQUE. 2.° Nous arriverons à un résultat analogue par une seconde considération: il n'est pas douteux que l'Europe est la partie du monde dont les végétaux sont le mieux connus ; si sur les six familles étdiées en détail et ci- tées plus haut, nous distinguons les plantes européennes et exotiques , nous trouverons que dans l’ouvrage de Persoon en 1806 il y avoit, sur trois cent quatre-vingt onze espèces, eent quarante-quatre européennes et deux cent quarante-sept exotiques ; et dans les monographies faites en 1816, sur huit cent vingt-sept espèces, cent quatre- vingt-sept européennes et six cent quarante exotiques ; la proportion des découvertes a donc été de 10 à 13 pour les plantes européennes, et de 10 à 5r pour les plantes exo- tiques. Ce doit être là une approximation au minimum, du point auquel ces deux classes de plantes sont connues ; or , sur les vingt-sept mille plantes décrites par Persoon il y en a dix mille européennes, et dix-sept mille exo- tiques ; les européennes seront done, d’après la proba- bilité , portées à treize mille , les exotiques à quatre- vingt-huit mille, total cent un mille: on voit donc, que lorsque le monde entiersera connu comme nous eonnoiïssons l'Europe aujourd'hui , il est probable qu'on aura recueilli cent et un mille espèces de plantes. Or, comme nous ne .connoïissons certainement pas toutes les plantes d'Europe, il est évident que le nombre total des plantes du globe doit dépasser cent mille. Un troisième calcul me con- duit au même résultat. Nous avons divisé le globe en dix- sept régions , toutes remarquables, parce que la masse des végétaux qui les peuplent est entièrement différente : de ces dix-sept régions l'Europe en occupe une et demie, savoir , la totalité de la région européenne et la moitié de la région méditerranéenne ; si donc nous supposons les dix-sept régions peuplées d’un nombre égal de plantes, nous pouvons penser ne pas nous écarter beaucoup de la vérité, en établissant que 12 est à 17 comme le noms bre des plantes connues en Europe, c'est-à-dire, 10000, Ù \ | . : DUO PE CU TO NUS RS TES SE EP NomMBrE DES ESPÈCES VÉGÉTALES. 123 est au nômbre des plantes qu'on connoîtra sur le globe ? lorique celui-ci sera entièrement connu , au point où l'Europe l'est aujourd’hui ; ce qui donne pour résultat cent treize mille espèces sur le globe. Or, cette hypo- thèse est au-dessous de la vérité sous deux rapports. 1.° La région européenne est une des plus petites du globe. 2.” Elle est loin d'être encore entièrement con- _ nue. De vastes pays, tels que l'Espagne , la Dalmatie, la Russie, et sur-tout la Turquie d'Europe n'ont été en- core visités que d’une manière très-imparfaite. Cette probabilité qu'il existe sur le globe plus de cent mille, et peut-être plus de cent dix mille espèces de végétaux différens , étonnera moins si l'on calcule le nombre des pays qui restent entièrement inconnus aux botanistes. 1° Le Brésil tout entier, qui par son éten- due et sa position doit renfermer au moins huit ou dix mille espèces , n’est pas compté pour plus de deux cents ‘dans les catalogues actuels. 2.° Tout le centre de l'A- frique est encore complétement inconnu. 3.° Tout le centre de la Nouvelle Hollande reste encore à découvrir et à étudier, 4.2 La flore du Mexique est encore bien loin , même après les grands travaux de MM. Sessé et Mocino, d'être bien connue. 5.° Le Thibet est presque inconnu , aussi bien que l'intérieur de la Chine et de la Cochinchine. 5.° La côte nord-ouest de l'Amérique sep- tentrionale est si peu connue, que nous ignorons si elle fait partie de la végétation des Etats-Unis. Si enfin à ces pays presqu’entièrement inconnus nous ajoutons ceux qu'on croit connoître et où tous les jours se découvrent de nouveaux êtres ; si nous réfléchissons à la manière dont le microscope a étendu le champ de l'histoire na- turelle , si nous pensons que la flore de la France, l'un des pays les mieux connus du monde, ne comptoit que deux mille sept cents espèces en 1778, et qu'elle en compte aujourd'hui six mille , nous serons sans doute portés à penser que nous sommes fort éloignés de con- MÉDECIN S%. noître tous les végétaux existans , et qu'il pourroit bien en effet y en avoir sur le globe plus de cent dix mille espèces > armée immense , où l'ordre le plus méthodique et le plus naturel peut seul éviter la confusion! merveilleuse fé- ‘condité , qui pourroit bien abattre le courage du bota- niste, si le premier sentiment n'’étoit pas celui de l'ad- miration pour la Cause de cette innombrable variété ! Puissions-nous aussi voir les botanistes conclure de ces calculs, qu'il reste beaucoup à faire, qu'il y a de la gloire à acquérir pour tout le monde, et qu'il ne faut par conséquent ni s'endormir comme si toul étoit fait, ni se jalouser comme si rien ne restoit à faire. MÉDECINE. NosoLoGiE NATURELLE, OÙ LES MALADIES DU CORPS HUMAIN, distribuées par familles, par J. L. Ar:8ær®, Chevalier de plusieurs Ordres, Médecin consultant du R or, etc. Imprimerie de Crapelet. Paris chez Caille et Ravier 1817. 410 figures coloriées. (Dernier extrait. Voy. page 48 de ce vol.) La première classe de la nosologie naturelle, reu- ferme les trophopathies , ou les maladies qui attaquent les fonctions d'assimilation , auxquelles le Dr. Alibert rapporte aussi celles de la digestion, de la respiration, de la circulation, etc, à cause de leur enchaînement réciproque. Cette classe se divise en dix familles, les Gastroses, Enteroses, Choloses, Uroses | Pneumonoses , Angioses , Leucoses, Adenoses, Ethmoplecoses et les Blennoses. — Celles-ci se subdivisent en plusieurs genres. On cms ln 20 minmé" mi Les MaxaADIEs DU CORFS HUMAIN, 125 On trouve dans plusieurs de ces familles des faits nouveaux , quelques-uns appartiennent à des maladies décrites pour la première fois : Toutes sont précédées de considérations générales, dont la plupart seront lues avec intérêt, même par ceux qui ne font pas de la médecine leur unique occupation. Les Angioses , ou les maladies du système vasculaire sanguin, et les Ethmoplecoses, ou celles du tissu cellu- laire, renferment quelques genres qui méritent d'être dis- tingués. On trouve dans l’hematoncie, ou (fongus he- matode), dixième genre de la famille des Angioses , une espèce peu connue, que l'auteur appelle hermatoncie tubereuse. Sa description est accompagnée d'ung gra- vure. L Elle présente d’abord une tumeur ronde, circons- crite, de couleur amaranthe, qui offre dans son prin- cipe l'aspect et la consistance d’une pomme de terre aplatie ; elle n'est souvent même qu'une espèce d’é- chymose; mais à mesure qu'elle se développe elle s'arrondit , et se multiplie, c’est alors un assemblage de gâteaux spongieux, disséminés cà et là à la surface des tégumens. Ces tumeurs sont dures, renittentes au toucher; elles peuvent se développer indifféremment sur toutes les parties du corps. Indépendamment de ces tumeurs, la peau est tâchée d'échymoses, d’une couleur brunitre ou bleuitre, ou jaune , avec tuméfaction du tissu cel- “lulaire. Une piqüre en fait jaillir le sang, sans occasionner de douleur; ce sang est veineux, il n'a presque pas de sérosité et il se coagule aisément. £ Il y a quelques cas d'hématoncie tubéreuse, native, et congéniale. La Cyanopathie , ou maladie bleue , est encore parmi les Angioses , une des maladies qui mé- rite le plus d'attention. — Les anGens ne l'ont pas connues; les modernes sont loin de pouvoir en expli- quer tous les phénomènes, ainsi que ceux des espèces 126 MÉéÉDECiINs=. symptomatiques, ces dernières n'ont peut-être de com. mun entre elles que la teinte bleue de la peau, plus ou moins passagère. La maladie idiopathie est rare, elle paroit être due en partie à ce qu’au moment de la naissance, la com- muuication des oreillettes du cœur, connue sous le nom de trou ovale, ou botal, et sur-tout la commu- nication de l'artère pulmonaire avec l'aorte, par le moyen du canal artériel , ne s'oblitèrent pas ; alors une partie du sang veineux se mêle directement avec le sang artériel , sans passer dans les poumons , pour y subir les changemens que la respiration lui apporte. C’est à cette cause que l’on attribue la teinte bleue de la peau (1); de là aussi le nom de la maladie. Cependant comme cette communication directe des oreillettes, entre elles, se rencontre assez fréquemment, sans que les individus sujets à ce vice de conformation, aient éprouvé pendant leur vie, aucun symptôme de la maladie bleue, on doit croire que cette maladie n'en est pas toujours une conséquence nécessaire, et qu'elle se lie à d’autres causes peu connues. Le plus léger mouvement, même celui que fait l’en- fant pour prendre le sein, ou celui de la mastication,. suffisent pour donner à la peau, une teinte bleue plus foncée : au reste cette couleur varie d'intensité chez les différens individus; elle n'a lieu chez quelques-uns, qu'aux extrémités des mains, des pieds, des oreilles, A ————— ———————— (1) On ne doit pas confondre cette teinte bleue de la peau avec celle que produit dans certain cas, l'emploi interne du nitrate d'argent long-temps continué , effet qui paroît être düù a l’oxidation du métal par l’action de la lumière. Car les par- ties du corps qui sont habituellement couvertes, conservent presque leur couleur naturelle, tandis que les autres prennent une teinte bleuâtre d'autant plus foncée qu'elle sont plus ex- posées à la lumière, [ C......t, M.D.} Les MALADIES DU CORPS HUMAIN. 127 ou du nez. Flle disparoit à mesure qu'ils se guérissent : dans les cas contraires il y a de fortes palpitations, et de l'oppression. Le pouls varie également beaucoup, et s’altère en raison des mouvemens, ou de la gène de la circulation. Cet ensemble de symptômes d'une maladie organique du cœur produit à la longue quelques accidens de ra- chitisme , soit parce que les enfans ne pouvant pas pren- dre d'exercice s'affoiblissent, soit plutôt parce que le sang ne subissant pas les changemens nécessaires dans les poumons, il s'établit une foiblesse permanente. Cepen- dant on a vu de ces enfans atteindre leur vingtième année. L'auteur cite l'observation d’un individu âgé de vingt-trois ans, et que l'on appeloit l'enfant bleu, à cause de la teinte de son visage, il n'avoit pas de barbe (1). Les considérations préliminaires sur la famille des Ethmoplecoses, présentent de belles idées sur le tissu (1) Le Dr. À. ne parle pas de la maladie bleue survenant dans un âge plus avancé, par la communication rétablie en- tre les oreillettes, à la suite d’une maladie, ou de quelque acci- dent, maladie extrémement rare dont le Dr. Polinière a rap- porté dans la Bibl. méd. une bonne observation , faite sur un sujet de treize ans et demi. La Cyanopathie sc développa à la suite d’une affection catarrhale. Il cite, à cette occasion, quatre observations , probablement les seules connues; lune est de Sandifort, ( Observat. anatomico pathologicæ). La colo- ration bleue parut tout-à-coup chez un enfant âgé d’une année. L'autre se trouve dans les Mémoires de l'Académie de Pologne, la troisième est de Mr. Caillot. Les efforts de la toux dans une coqueluche développèrent la maladie chez un enfant âgé de deux mois. La dernière est de Mr. Ribes; un enfant âgé de trois ans éprouva des convulsions à la suite d’une peur. Il poussa des cris aigus, et la couleur bleue ne tarda pas à se manifester. [C......t, M. D.] 128 MéDEcIins. cellulaire , sur ses importantes fonctions, ainsi que sur les maladies dont il est le siège. Le chapitre qui traite du cancer est un des plus ri- ches de cet*ouvrage. L'auteur fait observer que l’on a trop généralisé, jusqu'à ce jour, les faits relatifs à cette affection incompréhensible, dont le tissu cellulaire lui paroit être le siège primitif, et pour ainsi dire, le terrain où germe la première semence de cette maladie; de là il s'étend sur les parties qui n'ont entre elles aueun rapport , ni aucune analogie de structure. Après avoir rapidement tracé le tableau du cancer fongoïde qui semble être le prototype de tous les autres, « Heureusement (dit-il) que ce fléau de l'es- » pèce humaine n'a pas toujours besoin de parcourir »en entier ses diverses périodes, pour terminer l'exis- > tence de ceux qu'il attaque. La célèbre Mile. Contat, » à laquelle je donnois mes soins, fut suffoquée par la » seule tuméfaction du tissu cellulaire qui s'étoit étendue » jusqu'au col, à la suite d’un énorme cancer fongoiïde, > qu’elle avoit au sein. Lorsqu'elle mourut, elle étoit > belle encore de ses anciens attraits, et ses vives souf- » frances n'avoient point altéré l'éclat de son teint, » Les différentes formes du cancer, lui ont fait donner des noms différens; mais, comme la plupart sont cons- tantes , l'auteur en a distingué six espèces, parmi les- quelles nous indiquerons les suivantes, qui nous pa- roissent peu connues. Le Cancer globuleux , observé dans lhôpital St Louis; espèce singulière qui n’a pas encore été décrite. Elle offre le plus souvent des tumeurs en globule, d'une couleur rougeitre ou violette , assez semblable aux bois du génévrier ou du cassis. Ces tumeurs , blessées ou 1rritées , laissent souvent échapper un sang rouge et très-fluide. L'auteur en rapporte trois observations. Une autre espèce très - remarquable est le cancer anthracineum, ( cancer anthracine } c'est le nom que lui TT OT TE Les Marapies DU corPs HuMAIx. 129 a donné Mr. le Prof. Jurine , notre célèbre compatriote, qui le premier l'a reconnu et l'a décrit. Son nom est dû à sa couleur noire ; c'est son caractère distinctif le plus apparent. Jusqu'à présent on ne l'a observé dans aucun autre système que dans le tissu cellulaire. — IL débute par une tache noirâtre sur la peau, accompagné quelquefois d'un prurit incommode ; bientôt la tache s'étend, se colore davantage dans son centre; alors l’é- piderme se soulève légérement, et offre l’apparence granulée d’une mûre. L’anthracine fait des progrès, les granulations ou les tubercules augmentent insensi= blement de volume, la couleur noire primitive s’efface, leur base prend une teinte bistrée, et leur sommet une teinte olivâtre. Lorsqu'ils approchent de la grosseur d'une fraise , les tégumens se déchirent avec de vives douleurs lancinantes ; il s'établit une ulcération à bord fougueux , et frangés, qui donne issue à une sanie ichoreuse , aussi opiniâtre que celle du cancer fongoïde. Qu'on l'attaque par des escharrotiques, ou par l'instrument tranchant ; qu'on le détruise en tout ou en partie, presque toujours il végète de nouveau avec des symp- tômes pires que les premiers, malgré les précautions que l’on a prises d'en détruire jusqu'aux moindres traces. Les cicatrices ne sont jamais parfaites, elles se rouvrent bientôt, leurs bords noircissent, et l’anthracine recom- mence. Le Dr. Alibert rapporte plusieurs cas qui tous lui ont été communiqués par Mr. le Prof. Jurine, avec cette libéralité qui distingue les hommes d'un talent supérieur, nous n'en citerons qu'un seul, — parce que le malade fut guéri, et qu'après un si triste tableau , on est réjoui de voir que les ressources de l’art sont inépuisables entre les mains d'un homme de génie. Un homme ägé de cinquante ans, s'apercut un jour que sa lèvre inférieure noircissoit dans un point. Il crut d'abord que cet accident étoit le résultat d'une bles- 130 Mébecivrt. sure qu'il s'étoit faite lui-même avec les dents, Il l'at: tribua à du sang extravasé. Cependant comme la tache ne diminuoit pas, qu’elle augmentoit au contraire, le malade consulta Mr. le Prof. Jurine qui conseilla d'em- porter la peau, et de brüler ensuite. Le malade se re- fusa d'abord à cette proposition , il hésita pendant six semaines, mais il ne tarda pas à s’effrayer, dès qu'il vit un tubercule rougeâtre de la grosseur d'un pois, s'é- lever au centre de la tache. Ce tubercule laissoit échap- per une grande quantité de sang toutes les fois qu'il remuoit les lèvres avec une certaine force. Il consentit à se faire opérer. Le Prof. Jurine incisa toute la peau tachée , il appliqua ensuite le feu, et obtint une. gué- rison radicale. La dernière espèce est le cancer melaneum (cancer melané) que l'on peut ‘appeler aussi cancer tubereux. L'auteur en attribue une connoissance plus exacte aux anatomistes de l'école de Paris. La description de ces dernières espèces est accom- pagnée de gravures coloriées, d’une exactitude, et d’une vérité qui les rend aussi précieuses pour les médecins qui ont peu d'occasion d’observer ces cruellés maladies, heureusement fort rares, que ces images sont pénibles pour ceux que leur état n'appelle pas à les contempler. { 1 un) EIRE Salt tr mis ele : WA ARTS THERAPEUTIQUES. DescrIPTION ET USAGE D'UN APPAREIL DESTINÉ AUX BAINS de vapeurs sulfureuses établi à Zurich par Mr. IrmINGER, pharmacien de cette ville ; et d'une marmite de Papin destinée à l'extraction du bouillon d'os pour les malades. Par le Prof. Prerer l'un des Rédacteurs de ce Recueil. PL PR Te ST Psxpaxr notre séjour à Zurich, à l'occasion de la réunion de cette année de la Socicté Helvétique des sciences na- turelles (1) Vun des objets d'art les plus intéressans que nous ayions visités est un établissement qui y a été récemment formé par Mr. Irminger, jeune pharmacien, à limitation de celui dont le Dr, Galès à Paris, a été inventeur , et que le Dr. Decarro a fait imiter à Vienne avec beaucoup de succès (2). Cet appareil est destiné à administrer les bains de vapeurs sulfureuses aux per- sonnes attaquées de dartres, où d’autres maladies cu- tanées plus ou moins opiniâtres. Un de ces malades étoit dans le bain à l’époque même de notre visite, ce qui uous procura l’avantage d'apprendre de sa bouche les sensa- tions qu'il éprouvoit, et qui nétoient, à ce qu'il nous dit, nullemement désagréables. Nous remarquames d’abord avec quelque surprise, que malgré la faculté pénétrante de l'odeur de l'acide sulfureux on ne l'éprouvoit pas sensiblement dans la chambre, dont le milieu étoit occupé par la machine (1) On en trouvera une notice sommaire dans ce cahier. (2) Voyez Bibl. Univ. Tome V.pag. 248 et suiv. 132 ÀÂRTS THÉRAPEUTIQUES. fumigatoire. Nous avons fait graver le croquis que nos eu dessinames sur place; il fera plus äisément com= prendre la description qui va suivre, ( Voy. PL IL fig. 1.) L'appareil est une caisse rectangulaire de bois de sapin, dont l'assemblage joint très-bien partout , de manière à ne point laisser échapper de vapeur. Elle a environ six pieds de long sur cinq de haut et trois de largeur. La figure la représente ouverte par un de ses grands côtés afin qu'on puisse voir la disposition de l'intérieur. Le malade y est assis sur un siège S et ses pieds re- posent sur un tabouret, dont on fait varier la hauteur selon les statures. Il a la ceinture entourée d’un linge, dont il s’enveloppe lorsqu'il sort du bain pour entrer dans un lit chaud où il passe une demi heure , plus ou moins. Pour qu'il puisse entrer dans la caisse, le petit côté F D s'enlève en entier, et la portion FC du dessus se soulève en tournant sur des charnières en C. La tête du malade est seule au-dessus du couvercle, et l'intervalle entre son col et l'ouverture par laquelle passe la tête est garni de linges mouillés qui intercep= tent toutes les vapeurs sulfureuses. On met, au besoin, un autre linge sur les charnières en C s'il s'échappe par là un peu de vapeur. En face du malade est un ther- momètre, dont la boule est en dedans de la caisse et la division en dehors. Le malade juge ainsi lui-mème la température qui lui convient le mieux entre 46 et 52 R. qui sont les deux extrêmes dans l'usage ordinaire. Le bain dure de demi heure à trois quarts d'heure. On voit en P un petit poële de briques ou de grès, couvert d’une plaque de fonte sous laquelle passe le: courant d'air chaud produit par la combustion, et qu'il chauffe au degré convenable pour que le soufre qu'on projette par petites doses par le tuyau T s'allume sur la plaque et produise la vapeur sulfureuse qui doit remplir la caisse. Le tuyau T est fermé par un couvercle qui joint très - bien. Le conduit Ÿ emmène au dehors de la chambre ÀÂpParErLs PoUR LES BAINS SULFUREUX. 133 chambre l'air qui a servi à la combustion dans l'mté- rieur du poële et qui y est entré par la porte du cen- drier, La quantité de soufre qu’on projette sur la plaque chaude pendant la durée du bain varie depuis deux jusqu'à six gros en tout, quantité dont la valeur vénale est trés-peu considérable. Le propriétaire nous dit que cet appareil lui avoit coûté environ 360 francs d'établis- sement; mais qu'il étoit persuadé qu’un second ne dé- passeroit guères 240. Il en a fait sur lui-même le pre- mier essai; il étoit tourmenté d'une dartre qui avoit jé- sisté aux bains sulfureux naturels les plus renommés. Soixante bains de vapeur sulfureuse l'en ont très-com- plètement débarrassé. Nous visitames dans la même matinée dans l'hospice de Zurich un autre appareil thérapeutique et écono- mique en même temps, quon y met en activité trois fois par semaine. C'est une marmite de Papin pour l’ex- traction du bouillon d'os, à lusage des malades. La chaudière a exactement la forme des chaudières ou cucurbites ordinaires d’alambic. Elle est en cui- vre, de deux lignes d'épaisseur ; son col, qui à en- viron huit pouces de diamètre intérieur, est à rebord large et parfaitement aplani; il porte en dedans un bizeau conique, sur lequel repose le couvercle de même forme, en métal épais, et qu'on serre sur le rebord par six forts étriers, à vis, de manière que la vapeur ne puisse pas s'échapper par les joints. Au milieu du couvercle est un trou conique fermé par un obturateur qui fait fonction de soupape de sûreté; cet obturateur est pressé par un levier horizontal, du second genre, à l’extrêmité duquel on suspend un peson qui exerce sur la soupape une pression d'environ trente-six livres, sur une surface circulaire d'environ huit lignes de dia- mètre formant la section inférieure de l’obturateur co- nique. Se. et arts. Nouv. série. Vol. 6. N°.2 Octob. 1817. k 134 ARTS CHIMIQUES On met dans la chaudière trente livres pesant d'os frais concassés, et cent livres d'eau. On fait cuire à petit feu pendant quatre heures; on obtient ainsi cent vingt rations d’excellent bouillon pour le même nombre de malades. L'établissement de cette machine a coûté quinze louis; et c'est un bon marché, si l’on considère l'épargne de combustible et de viande quelle procure à lhospice. ARTS CHIMIQUES ET MÉCANIQUES. Norrce SUR UNE MANUFACTURE D ACIDES ET DE PRODUITS CHIMIQUES ÉTABLIE À WiNTERTHUR ; ET SUR UNE FABRIQUE D’ACIER FONDU, PRÈS DE SCHAFFHOUSE, Par le même, Lis siisssss ss) \ Exras les nombreux avantages que procure l’établisse- ment de la Société Helvétique, on peut mettre en pre- mière ligne celui de fournir à°ses Membres, dans les réunions annuelles, l'occasion de former des relations personnelles entre des individus qui se connoissent de nom, ou de réputation , que des goûts ou des études communes tendent à rapprocher , mais qui ne se se- roient jamais rencontrés ensemble , sans la circonstance qui les conduit dans une même ville. La réunion de cette année a offert de nombreux exemples de ces agréa- bles et utiles entrevues. Ainsi, Mr. Ziegler fils, chef d'un grand attelier de produits chimiques à Winterthur , et Mr. Fischer , en- trepreneur d'une fabrique d’acier fondu à Schaffhouse (1), (x) Mr. Fischer est l’auteur d’un Voyage er Angleterre publié en allemand et dont nous avons annoncé la traduction à Genève ET MÉCANIQUES. | 133 nous ayant invités l’un et l'autre à Zurich, à profiter du voisinage pour visiter leurs établissemens , nous n'hé- sitames point à nous prévaloir de cette offre obligeante, et à changer en conséquence le plan du retour ; nous nous en sommes fort applaudis. A une petite demi journée N E de Zurich , on trouve la jolie ville de Winterthur dans une plaine bien cul- tivée , bordée de beaux vignobles. Le hasard nous fit rencontrer Mr. Ziegler à la porte de la ville, et il nous condnisit de suite à sa manufacture, qui en est à quel- que distance, et entièrement isolée. Les circonstances lo- cales ont favorisé cet établissement; le propriétaire pos- sède une mine d'excellente houille à peu de distance ; il trouve aussi dans ses environs une glaise presqu'entière- ment composée d'alumine , et qui sert de base à son alun. _ On sait que l'acide sulfurique est, directement ou in- directement , l'agent principal dans presque toutes les compositions salines qu'on fabrique en grand pour l’u- sage de la teinture ou pour d’autres arts. On le produit depuis long-temps par la combustion lente d'un mélange de soufre et de nitre, opérée dans des chambres, garnies de plomb laminé, contre lesquelles la vapeur du soufre oxigèné, c’est-à-dire, de l'acide , se condense , à l'aide de la vapeur aqueuse donton remplit constamment cet espace, et coule dans un réservoir en dehors. où on prend ce liquide mélangé , pour le concentrer par la distillation au degré où il entre dans le commerce. On plaçoit (et on met peut-être encore ailleurs ) le mélange combus- tible de soufre et de nitre dans un petit chariot qu'on poussoit dans la chambre de plomb, où il restoit enfermé pendant toute la durée de la combustion. Mr. Z. à subs- _titué à cette manipulation un procédé plus simple , par lequel la combustion s'opère hors de la chambre , et son chez J. J. Paschoud. Elle n’a pas encore paru. Cet ouvrage est le seul à nous connu , où l’on trouve des détails techuiques, sur l'industrie anglaise. [R] K 3 136 ARTS CHIMIQUES produit vaporeux est amené en dedans par un cou- rant d’air. Ces chambres sont très-vastes. L'une d'elles étoit vide; Mr. Z. nous invita à profiter de cette circonstance pour une expérience assez curieuse que nous ne nous lassions point de répéter. La voici : lorsqu'après avoir introduit sa tête dans l’intérieur de la chambre par une fenêtre latérale qui s'y trouve, à hauteur d'appui, on entonne successivement les notes ut mi sol, elles produisent l'ac- cord parfait, en un son continu , semblable à celui des instrumens à corde et à archet; cet accord se soutient pendant une dixaine de secondes , d'une manière très- agréable à l'oreille, qui peut même y distinguer des octaves supérieures à celles qui ont été entonnées. Il nous semble qu'on peut attribuer ce fait, qui ne nous étoit point connu , aux réflexions réciproques et parfai- tement régulières, de toutes les faces du parallélépipède dans lequel ces réflexions s'opèrent par des vibrations d’air respectivement isochrones à celles qui appartien= nent aux notes entonnées, mais qui se prolongeant tou- tes à la fois, pendant un temps plus ou moins long, produisent l'accord filé qu'on entend. Nous vimes dans les diverses parties de l'atelier , les sul- fates de fer, de cuivre, et d’alumine en cristallisation ; et nous en àvons rapporté de beaux échantillons. On remar- que dans les bâtimens de la fabrique cette sage économie dans les constructions, qui tourne au profit du capital circulant et productif dans toutes les entreprises de ce genre; entreprises qu'une disposition contraire a souvent arrêtées faute de fonds , avant qu'on eût réalisé aucune espérance. Un autre objet d'intérêt nous ramena à Winterthur, Nous desirions visiter Mr. Ziegler le père , qui, après avoir publié, il y a près d'un demi siècle , un excellent Traité sur la marmite de Papin (1), a perfectionné ré- (1) Specimen de digestore Papini, avec fig. ET MÉCANIQUES. 137 cemment cet appareil, pour le rendre aussi usuel qu'il quil est économique. Il l'a disposé de manière que la vapeur qui s'échappe par la soupape de sureté employe son calorique à chauffer de l’eau pour l’usage de la cuisine. Nous vimes encore chez lui un poële - four, de son invention, dans lequel on cuit tout le pain de sa maison. Ïl a la forme d'un poële ordinaire , et est divisé en trois étages, ou loges , superposées , fermées sur le devant chacune par une porte , et sous lesquelles circule Ja flamme ou l'air chauffé par la combustion , de manière à réchauffer le fond ( qui est en fer de fonte) de chacune de ces loges , assez pour que le pain se cuise très-bien dans les deux inférieures, et pour que la supé- rieure soit encore assez chaude pour dessécher des fruits, etc. L'air chaud circule encore dans un côuronnement qui renferme une grande case où l’on peut mettre sécher du linge ; la circulation est si artistement établie, que le courant de la combustion sort presque froid du laby- rinthe qu’il a à parcourir. et dont on ne peut donner une idée sens figures. Mr. Ziegler qui, à son âge (ila plus de 80 ans) jouit encore de la santé et de toutes ses facultés, amuse ses loisirs à faire des ouvrages en carton, dont l'exécution est surprenante. L’un de ces ‘ouvrages étoit le modèle du poële-four que nous venons de désigner. Mr. Z. lisant dans nos regards notre desir d'en posséder un semblable , eut l’extrème bonté de nous offrir celui-là même que nous admirions; et parut avoir autant de plaisir à nous le donner que nous en eumes à le recevoir de sa main vénérable, Cette maison si hospi- talière renferme encore une collection curieuse que nous visitames avec plaisir ; elle est le fruit des loisirs et de l’adresse de Mr. Ziegler le fils. Ce sont les oiseaux de la : Suisse , et quelques exotiques , non empaillés , mais mo- delés en carton avec beaucoup de vérité, et recouverts, chacun de ses propres plumes, avec un art infini. Ils sont mis ainsi à l'abri des ravages du temps et des insectes ; 138 ARTS CHIMIQUES mais, le naturaliste qui y cherchera les caractères de rigueur qui servent à fixer les espèces , ne sera jamais sûr que la copie soit identique avec l'original ; et la collection perd peut-être plus de son prix par eette eon- sidération , qu’elle n'en gagne par son inaltérabilité et par le mérite de la difficulté vaincue. Nous arrivames tard à Schaffhouse , et nous devions en repartir le lendemain de bonne heure. Cette circonstance ne nous permit pas de visiter la manufacture d'acier de Mr. Fischer, qui est à quelque distance de la ville, mais il y suppléa de son mieux , en nous recevant à déjeûner à la pointe du jour, et en mettant sous nôs yeux des échantillons de ses divers produits, qu'il nous permit d’emporter. Il est parvenu , à force de tentatives, et de persévé- rance , à fabriquer l'acier fondu, de manière, non-seule- ment à égaler l'acier anglais de même espèce, mais à le surpasser dans une propriété, celle de pouvoir se sou- der avec lui-même, qualité, que l'acier fondu anglais ne possède pas, car il éclate sous le marteau lorsqu'on lui donne la chaude suante. Le grain de l'acier de Mr. Fischer est d'ailleurs très-fin et homogène ; le métal est propre à tout, depuis la coutellerie jusqu'aux coins des monnoies. Îl acquiert beaucoup de cohésion et de té- nacité lorsqu'il est forgé, et demeure doux et malléable. Mr. Fischer nous montra une carabine, dont le canon, d'acier, avoit été fondu plein, puis forgé, et enfin percé; et nous vimes un canon qui n’étoit encore que forgé, et qui étoit destiné à une arme semblable. Deux moyens puissans et dont Mr. F. se réserve le secret , ont décidé ses succès ; l’un, l’intensité du feu qu'il se procure; et l'autre , la composition des creusets capables de résister à ce feu et de contenir l'acier en fu- sion pendant qu'il se pénètre de carbone , effet que l'état liquide du fer rend bien complet et plus uniforme, qu'on ne peut l'obtenir dans la cémentation ordinaire ET MÉCANIQUES. 139 dans laquelle les barreaux de fer ne sont pas toujours aciérés jusqu'au centre. Cette intensité de feu , que Mr.F. peut se procurer, lui à facilité diverses expériences , dont nous vimes les résultats, Il a rénssi , par exemple , à obtenir de l'alliage du fer, et du cuivre en assez petite proportion, un fer jaune , qui possède certains avantages. Il est parvenu, sans beaucoup de difficulté , à tirer le régule du manga- nèse. La dureté de ce métal est telle, qu’elle approche de celle du diamant ; et qu'on raie facilement avec un de ses angles vifs , les rasoirs anglais les plus durs. Il a aussi retiré de la plombagine une ‘espèce de bouton métallique à cassure écailleuse, qui n’est ni la plomba- gine elle-même , ni le fer, dont la plombagine est cen- sée le carbure. L'acier dont nous venons de parler est devenu l’objet d'un commerce déjà très-étendu; on le trouve sous di- verses formes et dimensions dont on verra les sections PI. IT, tant en cylindres qu'en barreaux, sous divers numéros de 1 à 24 (1). 2 —— ————— (x) Les prix sont les suivans, pour la livre, poids de marc, prise à Schaffhouse en barreaux. Cylindr. En barreaux. , ER | Ne x 4fr. No 7 3f.795 N.013 3f.50 Norg 4fr. 23 8 2 80 14 2 75 20. 3 Ds 2786 9 2 15 2 21 2 & ta 20,2 75 af, x: 60 28 En 50 Bsre nd ‘oxe ‘1. ba ‘1 Hp 21:40 23 1 4o 6 x 65o 12 5 4o 18 x 30 24 x 30 NB. Les verges ou barres de dimensions, plus fortes que les plus grosses du tableau coûtent également x fr. 5o c. la livre. L’acier fondu soudable coûte 20 centimes de plus par livre. Un envoi de deux quintaux au moins est rendu franco à Bâle. 140 M'Ær'a0 0e R°s. On en fabrique cent cinquante livres par jour dans quatre creusets ; et on en fait deux fontes par jour lors- que la demande l'exige. : Mr. Fischer, qui eut la complaisance de nous accom- pagner à pied jusqu’à la célèbre chute du Rhin, nous montra en passant un lieu de récréation soit Casino des- tiné à la société de la ville, et dont la situation est charmante et tout-à-fait pittoresque. Un objet de manu- facture assez curieux nous attendoit au Rhën-fall. Il ya là une grande usine, où on fond et rafine la mine de fer, et où , entr'autres objets de fabrication de détail , on forge mécaniquement, et sans que la main de l'homme y contribue, des eloux de diverses grandeurs , très-bien formés , et d’une qualité de fer supérieure, par sa flexi- bilité extraordinaire qui égale presque celle du plomb. On les vend à meilleur marché que ceux faits à la main. CREER ER NE EEE RES SECRE ARRETE PPS QE EU DIEPPE LITE EEE TAN PPT ET ONEE APIMECE, MÉLANGES. à Norice Des SÉANCES DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE PARIS, PENDANT LE MOIS DE Juin. 2 Juin. M. Bessel astronome à fKænigsberg, remercie l’Académie du prix qu'elle lui a décerné (celui fondé par feu Mr. Delalande ). Mr. Schumaker de Coppenhague envoye une brochure sur quelques objets d'astronomie et de géodésie. Il fixe la latitude de Manheim à 49° 29' 14". Il s'annonce comme chargé par le Roi de Dannemarck de mesurer un arc de quatre degrés et demi du méridien; il demande un mètre et une toise bien étalonnés. Son frère a imaginé d'employer pour signaux propres à déterminer les dif- Norrer nes Séances ne L'Ac.R.prs Screxc. pr Paris. 141 férences de longitude, des fusées à la Congrève ; on peut les appercevoir à la distance de 17: milles ( dont quinze font un degré) quoique le pays où l'essai en a été fait, soit presque tout en plaine. Les sections de chimie et d'histoire naturelle sont chargées (à la demande du Ministre de l'Intérieur ) de nommer des candidats pour la place de Professeur à l'école de pharmacie de Montpellier. Mr. Moreau de Jonnès annonce que Mr. Desfour- neaux, chasseur à la Martinique a tué une vipère fer de lance, de 72 pieds de longueur et 4 pouces 4 lignes de diamètre, Ce chasseur a aussi vérifié une observa- tion de Mr. Moreau, savoir que ces reptiles peuvent vivre également sur le bord de la mer et sur les hautes mon- tagnes, malgré une différence de 12° dans la température, Le chasseur en a tué à 1600 mètres d’élévation au-dessus de la mer. MM. Vauquelin et Thénard font un Rapport sur un Mémoire de Mr. Laugier, sur la composition du fer natif de Sibérie, dans lequel ce chimiste a trouvé du soufre et du chrome, ce qui tend à confirmer la con- jecture de l'identité d’origine de cette masse avec les pierres météoriques, L'auteur est invité à faire les mêmes recherches sur le fer natif d'Amérique. Son travail est jugé digne d'entrer dans la collection des savans étran- gers. Ce Rapport est adopté, Mr. De Humboldt continue la lecture de son Mé- moire sur les lignes isothermes ; les deux extraits que nous avons donnés de ce beau travail rendroient ici des détails ultérieurs superflus. On ajourne la fin de ce Mémoire à la séance suivante, Mr. Goudret lit un Mémoire sur l'emploi du feu en médecine. Hippocrate avoit dit que «les maladies que les remèdes ne guérissent pas sont guérissables par le fer; que celles qui résistent au fer sont guéries par le feu; enfin que celles qui ne cèdent pas au feu ne peu- 142 MézLANces. vent être guéries. » D'après ces principes l’auteur a em- ployé le feu au traitement d’un grand nombre de ma- ladies, et il le considère comme le tonique par excel- lence. Il cite le cas d'une jeune fille idiote et épilep- tique attaquée de blénorrhagie qu'il a guérie par ce moyen. Mais comme la répugnance à ces procédés est quelquefois grande de la part des malades, l'auteur s'est attaché aux moyens de cautériser sans feu; et le hasard l'a mis sur la voye par l'accident d'une malade à qui il avoit prescrit un liniment volatil ( plus ou moins caustique) à employer à l'extérieur, et qui crut devoir l’avaler ; elle fut guérie, et vint remercier le médecin, d’une guérison à laquelle il ne se seroit guères attendu, Après beaucoup d'essais il s'arrête aux compositions suivantes. Prenez beurre de cacao une once ; ammoniaque liquide 6 à 8 gros. On peut substituer au beurre de cacao la même quantité de graisse de mouton. On fond le beurre et on y mêle l’ammoniaque, en remuant jusqu’au refroidis- sement. On forme un savon assez solide, Ce caustique sert, selon les cas,de rubéfiant et de cautère. Employéen frictions il est tonique ; mis en emplâtre sur la peau pendant douze minutes il la rubéfie; s’il y reste deux heures il agit comme cautère. L'auteur a souvent prévenu par ce topi- que des inflammations aigues, le croup, des angines ; et il lui a trouvé tous les avantages des mouches can- tharides sans qu'il en eût les inconvéniens; enfin ce: cautère peut, dans beaucoup de cas, remplacer l'action du feu. — MM. Percy, Portal et Thénard sont nommés commissaires pour examiner et rapporter. On décide à l'unanimité qu'il y a lieu au choix d’un associé étranger pour remplacer Mr. Klaproth. 9 Juin. Mr. Le Fevre, Ingénieur des ponts et chaussées présente à l'Académie des Tables chimiques accompagnées d'un Mémoire explicatif. On les renvoye à l’examen d'une Commission. Mr. Geoffroy St. Hilaire lit un Rapport sur un ouvrage Norrer nes Séancers pe r'Ac. R. pes Screnc. ne Parts. 143 manuscrit remis il y a trente ans par Mr. l'abbé Manesse; sous le titre d’Oologie ou Description des nids et des œufs d'un très - grand nombre d'oiseaux d'Europe , avec l'histoire de leurs mœurs et de leurs habitudes. Cet au- teur, avec une patience admirable, a formé une collec- tion de 216 espèces d'œufs d'oiseaux; il en a déjà fait graver 40 planches, et il demande que l'Académie s'in- téresse en sa faveur auprès du Gouvernement pour qu'il favorise de quelques secours la publication de cet ou- vrage. L'Académie , en approuvant le travail de l'auteur, observe qu'elle n’a jamais exercé ce genre de patronage , qui auroit de graves inconvéniens. — Le Rapport est adopté. Mr. de Humboldt continue la lecture de son Mémoire sur les lignes isothermes. Mr. Ripault, un des savans de l'expédition d'Egypte, expose verbalement quelques résultats de ses recherches sur les hiéroglyphes et les nombres ég gyptiens. L’Aca- démie l'invite à les présenter par écrit. On nomme au scrutin la Commission qui doit pré- senter une liste de candidats pour la place d'associé, vacante par la mort de Mr. Klaproth. Elle est composée de MM. La Place, Legendre , Gay-Lussac, Berthollet , Hallé, et Thénard. 16 Juin. S. E. le Ministre de l'Intérieur transmet l’ap- probation du Roi à la nomination de Mr. Mathieu, comme membre dans la section d'astronomie. ‘Mr. Pinel lit un Rapport sur un Mémoire du Dr. Esquirol sur les hallucinations, ou illusions, dont les sens sont quelquefois atteints (1). Il y est dit en subs- tance, que le jugement est sujet à une sorte d’aber- ration appelée hallucination , qui suit la marche des autres maladies, aigues ou chroniques ; qu'elle a ses oo (x) Voyez le cahier de Juillet de ce Recueil où nous avons donné une notice de ce travail. [R] 144 MÉéÉLANnNGceEes. " signes précurseurs , son développement , son déclin; que dans bien des cas elle peut être guérie; qu’elle est très-fréquente depuis quelques années dans les établisse- mens publics des aliénés ; qu'elle peut être jointe avec des apparences de merveilleux , le prétendu don des prophéties , les révélations , les visions propres à flatter la vanité de certains esprits foibles ; et qu’ainsi, des circonstances accidentelles peuvent contribuer à leur donner une sorte de caractère surnaturel; que les rela- tion des voyageurs les plus instruits, et l’histoire de tous les peuples attestent qu'il en est de même dans toutes les sectes répandues sur la terre, mais que ce n'est que dans les établissemens d'aliénés tenus avec ordre et un grand soin qu'on peut les étudier, les comparer , et en approfondir les variétés.— On invite le Dr. Esquirol à profiter des circonstances favorables où il se trouve, à raison de l'établissement qu'il dirige avec habileté et succès, pour continuer ses curieuses observations. Mr. de Humboldt continue la lecture de son Mémoire sur les lignes isothermes. Mr. Girard commence la lecture d'un Mémoire con- tenant la description hydrographique et hydrologique du Nil, et sur l'exhaussement séculaire que la vallée où coule ce fleuve a subi. { Le comité présente les candidats suivans pour la place d'associé que la mort de Mr. Klaproth a laissée vacante. MM. Scarpa, Davy, Piazzi, Gauss, Wollaston, Jaquin, et L. De Buch. 23 juin. Mr. Dupin , correspondant de l'Académie , lui adresse un manuscrit intitulé , Voyage en Angleterre» renfermant un Essai sur les progrès de l'artillerie. Il est accompagné de dessins. MM. le Duc de Raguse et De Prony sont nommés Commissaires. ! Mr. Langlès présente l'histoire de Java accompagnée de beaucoup de détails sur la géographie de cette isle, les éruptions de ses volcans , ornée de beaucoup de dessins+ Norice pes Séances DE 1 Ac. R. pes Screxc. DE Pants. 145 L'auteur est Mr. Raffels. — Renvoyé à Mr. Cuvier pour l'examen et rapport verbal. Mr. de Humboldt présente quatre cartes, qui repré« sentent : 1° Le volcan de Jorullo , qui s'est soulevé dans une seule nuit. 2.” Le Cap Ténériffe, avec l'indication des tempéra- tures et des hauteurs où se trouvent diverses plan- tes," elc. 3°. La carte du bassin de l'Orénoque, du Rio meta, et d'une partie des Cordillères. Cette carte est tirée des journaux des Moines Espagnols et des détails fournis par l’un d’eux, qui a descendu l’Orénoque très-rapi- dement. 4° La carte du Rio-Caura, qui se jette dans l'Oré- noque. Les P. P. de St. Francois, qui ont là une rési= dence , ont remonté ce fleuve. Mr. Gay-Lussac annonce que Mr. Sertuerner, pharma- cien allemand (1) a découvert dans l'opium deux subs- tances qui paroissent nouvelles. La première, qu'il nom- me morphine , possède les propriétés de l'opium , et celles des alkalis. On l'obtient en dissolvant l’opium dans l'eau, en précipitant par l’ammoniaque, et en chauffant légé- rement. La morphine se rassemble en grains cristallins, qu'on peut recueillir et faire cristalliser de nouveau. Mr. Robiquet a simplifié ce procédé, en substituant la magnésie à l'ammonjiaque , et traitant par l'alcool bouil- lant , qui dissout toute la morphine, laquelle se préci- pite en cristaux par le refroidissement. MM. Magendie et Orfila s'occupent de ses effets. Mr. Robiquet a aussi isolé l'acide , que l’auteur nomme meconique , qui, com- biné à la morphine , formoit, selon lui, le sel de De- rosnes. La morphine se combine avec les acides. Elle (x) Etabli à Eimbeck. 146 M ee mie de est composée d'oxigène , d'hydrogène , de carbone, et d’azote (1). ; _ Mr. Girard continue la lecture de son Mémoire sur le Delta du Nil. Cette plaine est arrosée de plusieurs canaux. Les crues du Nil commencent au mois de juin et durent jusqu'à la fin de septembre, où leur maximum a lieu, Le fleuve décroît peu-à-peu jusqu'au 0 mai. Les eaux. rougeâtres, au moment de la crue, rentrent claires dans leur lit. On a représenté graphiquement les diverses bhau- teurs du Nil, et la courbe est assez régulière. Les ha- bitans ont soin de diriger ces eaux fertilisantes sur leurs diverses propriétés. L'auteur a fait quelques tentatives pour estimer le volume des eaux qui passent par la secs * (1) Nous ajouterons à ces détails sur cette substance nou- velle, les particularités suivantes, extraites d’un travail de Mr. Pescarer, habile pharmacien de Genève , et qu'il a commu- niquées à la Société de Physique et d'Histoire naturelle, dont il est Membre. Les sels obtenus par la combinaison de cette substance avec les acides offrent les caractères suivans : Le muriate se montre sous deux états différens ; 1.° sous apparence soyeuse et rayon- nante , comme certaines zéolithes. 2.0 Sous la forme de petits mammelons surmontés de petits cristaux difficiles à décrire, L’acide nitrique, soit pur, soit étendu de quatre parties d'eau, convertit la morphine en un liquide d’abord pourpre, puis jaune au bout de quelques heures, et dans lequel il ne se forme pas de cristaux , parce que la morphine y est proba- blement décomposée. Le nitrate obtenu par la double décomposition du muriate de morphine et du nitrate d’argent, forme un sel déliquescent dans lequel la morphine n’a pas éprouvé de décomposition. Les acides sulfurique, et oxalique n’ont fourni avec la morphine que des liquides visqueux, quoique lévaporation eût été fort ménagée, et que la morphine ne parut avoir subi aucune décomposition. [R] | | |: | ; Norrce pes Séances pe L'Ac.R.pes Screnc. pe Paris. 147 ‘ tion du fleuve dans une seconde. Dans une première ob servation , la vitesse étant de 75 centimètres par ” et la largeur de la section — 678 m, on calcula qu'il ‘s'écotiloit 679 mètres cubes par seconde.— Une seconde section, dont la largeur n'étoit que de 240 mètres donna un résultat analogue. Le volume du fleuve, à son maximum , est vingt fois plus considérable que dans les basses eaux. L'auteur ayant fait faire plusieurs sondes dans le terrain, trouva toujours l'eau à une profondeur qui varioi , de deux à six mètres. Ce sol est composé de limon noi- xâtre , reposant sur un sable gris quartzeux, contenant du mica , et du fer attirable. La suite du Mémoire est ajournée, Mr. Geoffroi St. Hilaire commence la lecture d’un Mémoire intitulé , Du squelette des poissons, ramené dans toutes ses parties à la charpente osseuse des autres animaux wertcbres. On a méconnu , selon l’auteur, dans les poissons plusieurs os, les branchiostèges , les os qui forment les nageoires , etc. Après avoir défini les vertèbres , l’auteur remarque que le tronc n’est pas immuablement attaché à une même vertèbre. L'Académie se forme en comité secret pour discuter le mérite des candidats présentés pour remplacer Mr. Klaproth. 30 juin. Mr, Bourdilleau présente à l’Académie un ins- trument nouveau auquel il doune le nom de trigono- mètre. Mr. Arago présente pour Mr. Reboul, correspondant de l'Académie, un Mémoire sur le nivellement des prin- cipaux sommets de la chaîne des Pyrénées. On charge MM. Arago et Prony de l'examiner, On procède au scrutin pour la nomination d'un asso- cié étranger entre les cinq candidats présentés : au troi- sième tour Mr, Scarpa l'emporte de six suffrages sur Mr. Davy, et est définitivement nommé, . Mr. Geoffroi St. Hilaire continue la lecture de son Mé- moire sur le squeleite des poissons. 148 MÉLANGESs. : Mr. de Humboldt lit un Mémoire sur les fondemerñé de sa grande carte de l'Orénoque et de sa bifurcation. Les points principaux ont éié déterminés par des obser= vations astronomiques ; les autres , par les chronomètres; ces dernières observations ont été corrigées en les com parant à elles-mêmes , au retour. L'auteur a employé, outre ses propres observations, sept cents points , déter- minés par Mr. Hoffmann. Les colonies espagnoles n’ont ni points observés ni cartes, : D'après la carte de Mr. de Humboldt , la longitude de Quito est différente de celle adoptée jusqu'à pré- sent. Les erreurs relevées en plusieurs lieux sont de # à 2 degrés en longitude : l'auteur a constaté la bifurca- tion de l'Orénoque , indiquée par Danville ; mais contes- tée depuis. Le nombre des observations faites le long de l'Orénoque fut de 28. Le chronomètre montra 28” de retard au bout d’un mois; et deux mois après, 27". Mr. Cauchy lit un Mémoire sur une loi de récipro- cité qui existe entre certaines fonctions algébriques. Norice DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES PENDANT LE MOIS DE JUIN. 5 Juin. On lit un Mémoire du Dr. Leach ( du Musée britannique ) renfermant quelques observations sur un nouveau genre d'animaux marins du genre Ocythoæ, de Rafanesque , qui habite souvent la coquille du nautile. Sir J. Banks avoit observé , il y a long-temps, que cet animal étoit un parasite; mais cette opinion na été bien décidément établie qu'au retour de l'expédition du Congo : on y a pris plusieurs coquillages de nautiles avec l’é- ranger dedans. Lorsqu'on les mettoit dans l’eau, il sor- toit de la coquille et cheminant, à la manière d'un po- lype , il S'attachoit aux parois du vase et ne rentroit plus Norice pks Séances De La Soc.Rovy.pr Lowbres. +49 Plus dans sa demeure d'emprunt. Ainsi, le véritable has bitant du nautile papyracé ést encore inconnu. Sir E. Home lit un Mémoire sur un sujet analogué au précédent: ce sont des remarques sur le mode et la période de reproduction de l'animal, qu'on trouve dans la coquille du nautile et de l'argonaute ; il est ovipare , et se nourrit à-peuprès comme le colimacon. L'auteur donne l'histoire naturelle de ce dernier reptile , et trouve que ses changemens de forme sont analogues à ceux dé l'animal en question: Il remarque que les œufs des. co< limacons, qui sont de la grosseur d’une tête d’épinglé et qu'’oh trouve en petits paquets blanes , bien connus des jardiniers , emploient vingt-quatre jours environ , à changer d'état et à devenir dé petiis colimacons qui com2 mencent à ramper. L'auteur établit un parallèle presqué parfait entre les œufs des deux classés d'animaux et leurs transformations. 12 Juin. On lit la premièré partie d'un Mémoire de Sir W. Herschel sur le mode de distribution des étoiles fixes dans l’espace. On sait que les astronomes en ont formé sept classes , à raison de leurs divers degrés de splendeur , différence qui doit probablement provenir de celle de leurs distances. L'auteur propose une nouvellé distribution en quatre orüres seulément. 19 Juin. On termine la lecture du Mémoire de Sir W, Herscliel. Il regarde comme probable la conjecture que l'in: tensité de la lumière émise par chaque étoile est inverse: ment comme le quarré de la distance. Il tire de ce principé un moyen de comparer la lumière émanée de différentes étoiles, et il décrit le procédé. Il s'ensuit que la distance de la plus petite étoile visible à l'œil nud est douze fois aussi grande’ que celle d’une étoile de première gran- deur. 11 donne des détails sur la forme de la voie lactée et la distribution des étoiles qu'elle renferme. Il trouve que la plupart des étoiles qui la composent sont 900 Sc.et Arts, Nouv. serie, V ol. 6, N°. 2. Octob.1819. L 156 Mérancess. fois plus éloignées de nous que les étoiles de première grandeur. Il conclut de ses observations , que le soleil et toutes les étoiles visibles pour nous , constituent une portion de la voie lactée. Ee Président et le Conseil ont adjugé les médailles d’or et d'argent, de la donation du C. de Rumford à Sir H. Davy pour ses Mémoires sur la combustion et la flam- me, publiés dans le dernier volume des Transactions philosoph iques. 26 Juin. Sir KE. Home lit un Mémoire sur les nids d'hi- rondelles de Java, et sur les glandes qui préparent le mueus dont ils sont formés. Le même communique des observations du Dr. J. R. Johnson sur deux espèces de sangsues, l'hirudo compla- nata et l'hirudo stagnalis ; 11 en forme un genre distinct sous le nom de glossiphonia. Le Président communique des détails envoyés par W. Servell: Bart, sur la guérison d’un pied, dans lequel l’un des os avoit souffert d’un accident. Mr. Pond , astronome Royal, communique le résultat de ses recherches sur la parallaxe des étoiles fixes. Il a trouvé que lorsqu'on appliquoit aux observations toutes les précautions qu’il a indiquées dans un Mémoire pré- cédent, il ne reste rien à attribuer à la parallaxe , et qu'elle est tout-à-fait insensible. Sir E. Home communique des observations sur les glandes gastriques de l'estomac humain, et sur la con- traction qui a lieu dans ce viscère (1). La Société prend sa vacance d'été. (x) Ces contractions sont quelquefois provoqués par des causes sans rapport apparent avec l'effet. Nous en citerons un exemple dont nous avons été récemment témoins. Une dame de notre connoissance, de constilution nerveuse, et qui a l’o- reille très-juste en musique, entendant exécuter très-faux un =, ;- [ :51 ] A A AT AAA AT RAS ARS A RAR RAR ARR ARR SR ARR ART RE Re PROGRAMME Du Prix PROPOSÉ PAR LA SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES, siégeant cette année à Zuricm(r) A Mctuns savans ont affirmé, et d'autres personnes ont répété d’après eux , que le climat des contrées élevées de notre patrie est devenu insensiblement plus âpre et plus froid. A défaut d'observations thermométriques assez multipliées pour qu'elles puissent servir de preuves di- rectes , on a cherché à appuyer cette opinion par les quatre circonstances suivantes, que l'on a adoptées com- me des faits. 1,° Des témoignages historiques prouvent que beau- coup d'endroits dans les Alpes, qui servoient autrefois de pâturages , sont devenus stériles 2.° Des tèmoignages historiques et même des vestiges encore subsistans , démontrent qu'il existoit jadis des forèts à une élévation qui se trouve au-dessus de la ligne actuelle de la végétation des arbres. morceau d'ensemble, dans un lieu public, sentit qu’elle alloit se trouver mal; elle sortit précipitamment, et n’ent que le temps d'arriver à la porte , où elle éprouva la contraction de l'estomac qui fait vomir , quoiqu’elle fût à jeun depuis la veille. I1 étoit dix heures du matin. Ainsi, l'expression « chanter à faire mal au cœur, » peut n'être pas figurée. [R] (x) Le défaut d'espace nous force à renvoyer au cahier prochain la notice détaillée de cette session, qui a été nom- -breuse et animée. Elle est devenue pour quelques-uns de nous occasion d’une tournée qui a offert des objets d'intérêt dont nous continuerons le compte sommaire. {R] 152 MéLANGESs. 3.9 L’abaissement progressif de la ligne des neiges permanentes. 4° Les progrès que font les glaciers dans plusieurs parties de la Suisce. L'importance de ce sujet a déterminé la Société à proposer la question suivante : « Est-il vrai que les hautes Alpes de la Suisse soient devenues plus äpres et plus froides, depuis une série d'annees ? » ; Une question semblable ne pouvant être décidée que par des faits, la Société demande à ceux qui voudront y répondre | 1.” De rassembler les témoignages anciens et moder- nes, qui pourront prouver la détérioration et l'abandon des anciens pâturages dans les hautes Alpes. — 2.° Qu'on soumette l'authenticité de ces témoignages à un examen critique. — 3.° De distinguer les cas où d'anciens pâtu- rages ont éié rendus stériles par d'autres causes que par les effets du froid ; telles que, par la décomposition des rochers qui les dominent, par des écroulemens de mon- tagnes , des chûtes d'avalanches , etc. — 4.° D'examiner les témoignages historiques.et les vestiges naturels qui prouvent quil a existé une végétation d'arbres à une élévation plus grande que celle qu'on observe aujour- d'hui. — 5.° De réunir le plus grand nombre possible d'observations relatives à la hauteur de la ligne des neiges , et à l'époque où , dans différentes années , les bestiaux descendent des hautes Alpes. — 6.° De rassem- bler les observations d'une série d'années sur les aug- mentations et diminutions partielles des glaciers des val- lées transversales, sur leur formation et disparition dans les endroits élevés. — 7.° Enfin, de rechercher les an- ciennes limites de certains glaciers, indiqués par les dé- bris de roches qu'ils poussent devant eux. Si, à toutes ces recherches, il étoit possible d'ajouter des détails authentiques sur les montagnes voisines de la “hit dla NET ES à L EXPÉRIENCES NOUVELLES SUR LE CHLORE. 153 Savoye et du Tyrol , il en résulteroit un grand avantage pour la solution de la question principale. Les Mémoires , écrits en allemand , en latin , ou en français , seront adressés au Président de la Société avant le 1er, de janvier 1820. Dans l'assemblée générale de la même année , deux prix seront décernés à leurs auteurs , s'il ya lieu : savoir, le premier , de 600 L. de Suisse (900 fr. de France ) ; le second , de moitié de cette somme. —_— TT © —— Norice DE QUELQUES EXPÉRIENCES NOUVELLES SUR LE cHLore. (Phil. Mag. Sept. 1817). TT PT PP Le Dr. Ure, de Glasgow , vient de terminer uue série très-complète d'expériences sur le sujet si long - temps débattu , du chlore (chlorine des Anglais ). Son but prin- cipal étoit de déterminer si l’eau, ou ses élémens exis- toient dans le muriate d'ammoniaque , et si on pouvoit l'en extraire. Il a parfaitement réussi à obtenir de l’eau de ce sel, récemment sublimé, en employant des pro- cédés auxquels il est difficile de rien objecter. Il a fait passer dans des tubes de verre chanffés au rouge, et qui renfermoient des lames d'argent pur, de cuivre et de fer, la vapeur de ce muriate d’ammoniaque, et il a obtenu en abondance, de l'eau et du gaz hydrogène, tandis que les métaux purs passoient à l’état de muriates métalliques. Ce fait est décisif dans l'opinion du Docteur, sur la grande controverse chimique sur le chlore et l'acide muriatique ; er il paroît rétablir nettement l’an- tienne théorie de Berthollet et de Lavoisier, en oppo- sition à celle que Sir H. Davy a mis en avant avec des argumens si plausibles que presque tous les chimistes d'Europe ont embrassé son opinion. Les détails des ex- 154 MEÉLANGESs. périences ont été communiqués, il y a quelque temps, à un Membre distingué de la Société Royale, et ils ne tarderont pas à paroître. Cette décomposition du muriate par les métaux à une température élevée, est analogue à la décomposition de la potasse dans des canons de fusil chanffés au rouge, par Gay-lussac et Thénard. PERFECTIONNEMENT A LA LAMPE DE SURETÉ. ( /bid.) L.22,:252355 un H. Davy a fait encore une découverte sur la combustion, qui contribuera beaucoup à perfectionner la lampe de sûreté. Voici comment il la décrit dans une lettre au Rév. J. Hodgson de Hervorth. » J'ai réussi à produire une lumière économique et qui n’expose pas au moindre danger ; elle est la plus brillante dans-les atmosphères où la lampe de sûreté s'éteint, et elle brûle dans tous les mélanges de gaz hydrogène earburé qui sont respirables. C'est un tissu léger de platine qu'on suspend dans l'intérieur de la lampe ordinaire à gaze métallique ; il coûte de six pences à un shelling (de 12 à 24 sous de France) et il ne se détruit point par l'usage. Ce tissu, lorsqu'on introduit la lampe de sûreté dans une atmosphère explosive , de- vient rouge ,et continue à brüler le gaz en contact avec lui, pendant aussi long-temps que l'air est respirable ; et lorsque l'atmosphère redevient explosive , la flamme se rallume. Je puis actuellement, brûler une vapeur inflam- mable avec, ou sans flamme, à volonté, et faire que le Bl la consume , avec la chaleur de l'ignition simple, ou avec celle de l’incandescence. J'ai été conduit à ce ré- sultat en découvrant des combustions lentes sans flam- me; et jai enfin découvert un métal, qui rendoit vi- ibles ces combustions, maintenant sans conséquence. » Découvrrre D'UN coMPosÉ CURIEUX DE PLATINE. ( Tbid.) M. Davy (ce n'est pas Sir Humphry) Prof. de chi. mie dans l'institution de Cork, occupé de quelques recherches sur le platine , a découvert un composé par- üculier de ce métal, qui a quelques propriétés fort re- marquables. Lorsqu'on le met en contact avec la vapeur de l'alcool dans La température ordinaire de Pair, il s'exerce une action chimique subite et réciproque; le platine repasse à l'état de régule; et la chaleur qui se dégage suffit à faire rougir le métal et à le maintenir à l'état d'ignition. On ne peut prévoir encore tous les usages auxquels ce nouveau composé pourra être appliqué; mais d’a- près les propriétés qui appartiennent, soit au métal , soit au composé , il y a lieu de croire que cette dé- couverte aura des suites importantes. Mr. Davy l’a déjà employée comme moyen simple et facile de se procu- rer de la chaleur et de la lumière. Pour produire de la chaleur, il suffit d'humecter une substance poreuse quel- conque, animale, végétale, on minérale , telles que de l'éponge, du coton, de l'asbeste, de la limaille de fer, du’sable , etc. d’alcool, ou de whiskey (eau-de-vie de grain) et de laisser tomber sur cette matière huümectée un petit fragment de cette composition; elle devient rouge à l'instant, et demeure tee pendant aussi long- temps qu'il reste du liquide spiritueux dans le corps qui en a été imbibé. Cette combustion ne s'éteint point par le contact de l'air, ou lorsqu'on souffle dessus, Au contraire, des courans d'air partiels ne font que rendre plus brillant le rouge du métal, On peut augmenter beaucoup la chaleur produite de cette manière, en fai- 156 MéLaNcEs sant le mélange en plus grande dose, Mr. Davÿ d’après ces expériences, a fait exécuter une sorte de briquet chi- mique avec lequel on se procure promptement et faci- lement de la lumière; c'est une boîte qui contient deux petites phioles, et quelques allumettes soufrées et à la pointe desquelles on a mis un atôme de phosphore. Une des phioles renferme le composé ; l'autre, un peu d'alcool. Les phioles peuvent à volonté avoir des bou- chons de verre ou de liège. Le bouchon de la phiole qui contient l'alcool est percé au bas,et on y a inséré un petit morceau d'éponge; on la maintient humectée; mais non tout à fait impreonée d'alcool: Lorsqu'on a besoin de lumière, il suffit d'enlever le bouchon et de mettre un morceau de la composition , gros comme la iête d’une épingle, sur l'éponge pénétrée de vapeur alcoolique ; ce fragment devient rouge à l'instant, et suffit pour enflammer l'allumette avec laquelle on le touche. Ù Cette manière de faire rougir un métal et de le main= tenir rouge est. un fait absolument nouveau dans lhiss toire de la chimie , et il éclaircit d’une manière heu< reuse les faits annoncés par Sir H. Davy dans ses der- nières recherches; faits qui ont jeté tant de jour sur les modifications de la flamme qui ont conduit à de si beaux et de si importans résultats, et qui nous feront probablement découvrir quelques autres secrets de la nature. RÉ RARRARRAI AA | EXTRAIT DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites au Couvent du St. BERNARD, élevé de 1246 toises au-dessus de la mer ; aux mêmes heures que cell dé On | rapportées ci - derrière ; pendant le mois d'Ocropre. É Vo E nbs : Jours h. pouc.lig. dix. Différence. Plus grande hauteur du Baromètre le 3r à 2. 21. 0, b lig, Moindre hauteur + « + + + + + + le 229 ideme + 20. b, a 6,6 PAR OM À Hanteur moy. Barom. au lever du Sol. + + + + + + 20. 8,45 Idem. + + + + + à 2 h. après midi. + + + + + +20. 8,54 f +0,09 ap. midi. OBSERVATIONS DIVERSES. | Différence, | Plus grande hauteur du Thermom. le 1 à 2 h. + 70,8 ar D. Moindre hauteur * + + « « + «le 13 lev. du Sol. — 9; 2 750 Le froid subit du 6 a fait geler, de l'épais- ERM. : | FRS Haut. moyenne du Thermom. au lever du Soleil. - 4:47 À 30 seur de 10 lignes ; la surface du petit lac , voisin | Idem s de Se à a Dame dr 0 | - de AGREE Le 10 on remarqua un vol de perdrix qui manner anses passoient en Italie. Haut. moyenne de l'hygrom. au lever du Soleil. + + + 950, 3 79,2 Idem. + + : + + + + + + à 2h. après midi.» + +88, 1 Maximnm de sécheresse 820; le 15, le 19 et le 28 à 2 h, Pruysz. Jours de pluie 2; de neige 13. 1 Quantité + + + 7 lig. + + + 13 Ponc. 8 lig. NN VenT. Aux 62 époques d'observation dans le mois, le N a souffié 20 fois, dont 12 au premier degré. 3 au second, et 5 au troisième, | SO. To 9e + 19% eee ee De ee © ee Je ee + + S + + + « 8; toutes au premier degré. INF... ERA Q'u ‘e 2 ef * e +1 os D'eter er) een Te ee. dit: O en ee 3e . + ee 2 oo eg; où ee » ei » ‘Tee evB o: e Î NOM ET ET Ti à E ee ee Le ee + + ee 9 + + + ++ + - au premier degré. Le calme a été observé onze fois. N.B. Il est arrivé trois fois que deux vents opposés souffloient alternativement pendant l'observation. On les a inscrits l'un et l’autre. On ser appellera que c’est au Cahier précédent que sé trouve le Tableau dés Observations faites à Genève dans le méme mots. TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites an JARDIN BOTANIQUE de GENÈVE: 395,6 mêtres ( 203 toises) au-dessus du nive : au de la Mer : Latitn 46°. 19. Longitude 15°. 14°. ( de Tems ) à l'Orient de l'Observatoire de PAR ACER IS: OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES. NOVEMBRE 1817 mi ne Therm. a l’om- d | . È — | 2 bre à 4 pieds £ Hygromètre | Pluie ou ÊT | g ee YS Ë Si0. 7 : | RE F ë Barometre. de terre,divisé} à cheveu. | neige en Ÿ sg Vents Etat du ciel. - | | “A É 2] en 80 parties. 2/4, heures. À Ge $ OBSERVATIONS DIVERSES. JPA 12 ee . | A En = À Levy. du Sol.! à = heures. DL.du S. | à 2h. IL.dus.| à2h. 3 zjLdus|à sh Pouc.lig.seiz, pouc.lig.seiz. À Dix. d | Dix. d. £ Deor, | Deg, Lig. douz. | | LE ST, ne, me) | ee Te ET — cie ee k À 27. 22 10/27+ 3. 3 io. 5|+12. 8Ë 89 85 — —-{ cal. SO Ecou. br., cou. atCT— à 9Ù— a 12/;;9,drur 6/9: 88 — ——fca | cal |cou., id. SET EUS 3 ns ( Ne cal : ! ; D LE 3 —, 4 61— 311) 7.3] 7. 8} 93 90 5 [eou., id. Les derniers blés semés qui d'abord En | ut SE GoaC) nr) 97 95 —— N brou. , cou. ee d'infériorité Al 4 ES one SET du glemr 2 97 95 =", Dia NE bro., cou. oient un Re infériorite , sont main | ; = Non no JD 6x 7-08 94 2 ES È cal. J'cou. , id. tenant aussi beaux que les antres. 14 7 — I il— 1 1 $. ©] 6. 6 96 94 =, hol NE cou. , id. semailles promettent beaucoup. Lesbois” Ml L . A x 4 | 8 CO OSLOSES QC ARS RES Roc so. plu. , id. de la vigne ne paroît pas très-bon à 9 ® |— :. : 27 nl Se 3 OZ 97 97 CIN) à so jnua. Not provigner. Te montagnes sont peu | 10 — 2. 11[— 2 1 115) 8. 98 ro0 90 = G.B.f cal bro. , cl. EE k E Li | 11 pm Tir) MTS) 0. 1 6. 5 Ï 100 95 — os. cal. Ébro., id. leg. garnies de neige. Les Due «4 vu 12 — 1 4l— oo 71 4.2] 8.51 100 88 —_—} cal. : Fbro., cou. pâturé presque tont le mois. 13 Po D TSI o Te, OS 4 OI NON 97 Bo de] so fplu., cou. 14 26. 11. 12126. 11° 11 5. 6] 6.38 99 98 —; cal. Fbro., cou. | 15 D = 9. 5127. ©. o s. 2| s. 48 100 98 ne 1640 so Fbro. , plu. | 16 2 2. 4— 2. 7-0. $| 8. 9h 100 87 1 6 G.P NE bro. , cl. | 17 — 4 2|— 3: 141€ 2. 8| 10. ol 99 80 — ——| cal nua. , cl, 18 — 314 =murge..ÿ $- c| lo. 2 95 84 Se D — cal. Énua,, cl. | 19 EEE) NE 2 SI ALI NO 94 84 —_—_—_ | — cal. fnua. , id, 20 EC) EC) NC) CCS)! Tr 2 = = nl OL, l 21 D HOME NT) OMC 87 77 ——— CB. cal. Fc, id. FF 2 ER OISE NN QNAIE 0.7 6. o 90 2 En ne c.B.| cal: $ cou. , el. CEE TERRAEN PEINE NEO CREME ENS AE EPA ONE SE" re 7| Leo 08 97 — c.B.À cal. Écou., id. : 7420 Ê 4 L 2 — 0. 11/26. 11. 11Ï+ 2. 0) #». oÙ or 2 es Lee cal. cou... cl, Déclinaison. de l'aiguille aimantée , uk i 25 ACIER ANA Si 04, 5 93 84 —— |— so cou. , id. l'Observatoire de Genève le 30 de ; 26 Dr. 7127, 2 Oo. $ 5 83 72 Eee 2208 cal. À cou. , id, Novembre 20°. 14°. 27 RE 2 A3 ON SO ON ER 76 —— cal. Kcou.,cl. 28 on OC) EE | MIE Or 97 9! se G.B cal. Écl., id. Température d'un Puits de 34 pieds} al 2 = 2. 14)—— 2. 8 CJONE)) IN ASET 96 CR = G.B cal. fbro...el. le 3a de Novembre + 9. k, Un 39 NC QUE) NON SCOR ENS 3 81 er G.E cal. Ébro., cl, | à Moyennes. Î27. 1.15590/27. 142,10 M 3,32{+ 7,71 | 94,03 87,73 3 3 { 257 ] MATHÉMATIQUES PURES. APPLICATION DE L'ALGÈBRE A LA GÉOMÉTRIE, CONTENANT en particulier es deux trigonométries et les sections coniques, par Em. Deverey, professeur dé mathéma= : tiques dans l’Académie de Lausanne , Membre corres- pondant de l'Académie Impériale de St. Pétersbourg, etc. etc. Lausanne 1816, ( Article communiqué. ). a ————— uELQUEs géomètres, tels que Régiomontanus , Tar- taglia, Bombilli , avoient résolu plusieurs problèmes de gfoméinie par le moyen de l'algèbre, vers la fin, du quinzième siècle ou au commencement du. seizième. Mais ces solutions étoient isolées, et on employoit dans chaque cas particulier, des nombres pour exprimer des . lignes connues. Viète est le premier qui aît donné une méthode ré- gulière et générale pour appliquer l'algèbre à la géo- métrie. Mais alors on ne s'occupoit encore que des équations déterminées. Descartes et Ferimat firent faire à la géométrie un pas immense , en traitant des problèmes indétermi- més, et en sélevant à la méthode générale par laquélle en représente la nature des lignes courbes par des équa- tions, et par laquelle on les distribue en différentes classes. Dès lors la haute géométrie changea de face; À la marche ingénieuse et savante , mais longue et pé- _nible; des-anciens , succéda une marche er 1 qui, du principe arrive aux dernières conséquences , sans passer par cette longue suite d'intermédiaires que les anciens Sc. et arts. Nouv. série. Vol. 6. N°. 3. Now. 1817. N 158 MATRÉMANIQUES PURES. géomètres ne pouvoient éviter. Aussi le grand Euler com- paroit-il le géomètre ancien à un cheval qui fait des mouvemens beaux et gracieux, mais sans changer sensi- blement de place, et le géomètre moderne à un coursier impétueux, qui dans un clin d'œil franchit des espaces immenses. Cependant, malgré la supériorité de l’analyse moderne sur l'ancienne , sur-tout dans ses applications si nom- breuses à diverses branches de la physique, à toutes les parties de la mécanique , et de l'astronomie, il est à desirer que les méthodes anciennes ne soient pas abandonnées ; elles donnent l'habitude de la clarté et de la justesse dans le raisonnement, et sont d'une très- grande utilité dans les arts qui exigent des opérations graphiques. Les auteurs, qui depuis Descartes jusques dans le siècle dernier ont traité ce sujet, sont en très -grand nombre ; leurs méthodes se ressemblent beaucoup ; ils se trompent quelquefois en généralisant des résultats trouvés pour des cas particuliers ; leurs calculs et leurs formules sont surchargés de lettres différentes qui ne produisent que de la confusion dans l'esprit. Cette impor- tante partie des mathématiques demandoit une réforme ; Evzer la commenca, La GRaxce , La Prace et Moxes l'achevèrent. Ces grands géomètres ont démontré l'avantage de traiter d’abord dans toute leur généralité les diverses questions dans lesquelles on applique l'algèbre à la géo- métrie, pour déterminer ensuite d'une manière sûre tous les cas particuliers ; ils jont représenté les quan- tités semblables ou qui jouent le même rôle par les mêmes lettres différemment accentuées ; ils ont donné aux formules fondamentales et aux calculs dans lesquels on les emploie, une forme élégante et symétrique , de manière qu'on peut, sans le secours des figures, com- prendre et lire ces formules et ces calculs, comme l'on comprend et on lit la langue la plus claire et la plus précise. APPLICATION DE L'ALGÈBRE, etc. 15 , - Mr. Develey, dans l'ouvrage que nous annoncons , a suivi les méthodes de ces géomètres illustres. Il'a di- visé cet ouvrage en deux parties. Dans la première, il traite des équations déterminées; le chapitre premier contient plusieurs questions géométriques résolues en nombres par l'algèbre ; le chapitre second renferme des principes généraux pour construire géométriquement les formules algébriques. On trouve dans le chapitre troisième l'application de ces principes à plusieurs ques- tions particulières. Cette première partie est suivie de la trigonométrie analytique rectiligne. Dans la seconde partie , l'auteur traite des équations indéterminées ; il commence par les principes relatifs à cette partie ; il enseigne ensuite à trouver l’équation d'une ligne droite d'après deux conditions données, et à construire la droite d'après son équation : il résout plusieurs problèmes généraux et particuliers relatifs à cette ligne. Il s'agit, dans les cinq chapitres suivans, de la trans- formation des coordonnées , de la ligne circulaire, des propriétés et des équations de cette courbe, de la cons. truction de ces équations, des propriétés des sécantes, des tangentes, des normales , des cordes supplémentai- res, de divers problèmes et théorèmes relatifs au cercle. L'auteur discute ensuite d’une manière courte et très= claire, quel sens on doit donner au signe 7#roins dans quelques formules. Les propriétés des sections coniques ont été décou- vertes par les géomètres de l’école de Platon ; ils ont fait sur ce sujet important, des travaux considérables. Les ouvrages qui nous restent des Grecs sur cés courbes sont une preuve certaine des profondes méditations et du génie étonnant des créateurs de cêtte théorie. Qu'on me permette de faire une remarque qui m'a toujours frappé , c'est que ces anciens géomètres considéroient les sections coniques sous un rapport purement abstrait; N 2 160 MATHÉMATIQUES PURES. ils ne pouvoient appliquer leurs propriétés ni à la phy- sique , ni à la mécanique générale, qu'ils ne connois- soient pas et qui sont entièrement modernes , si l’on excepte la statique ; ils se vouoient donc à des recher- ches simplement curieuses et en apparence inutiles. Et cependant, qui ne sait que ces recherches et ces mé- ditations des anciens ont fourni les instrumens admira- bles par le moyen desquels Kerrer, Gauirée, et le su- blime Newron ont démontré les véritables lois de la nature. Il seroit facile aussi de citer un grand nombre d'exemples de théories abstraites de l'analyse moderne, qui ont trouvé ensuite leurs applications dans la physi- que. Comme cette vaste science ne présente que nombre, étendue, mouvement , on ne peut pas dire que les re- cherches et les découvertes dans la science infinie de la quantité, soient inutiles ; elles ont donc pour le géo- mètre un double attrait, le plaisir si vif qu’elles pro- eurent par elles-mêmes et la persuasion qu’un jour on les appliquera avec avantage à des parties actuellement peu connues de la philosophie naturelle. C'est par le développement des propriétés des sections coniques, qu'on peut déjà se convaincre de la grande supériorité de l’analyse moderne sur les méthodes an- ciennes. Mr. Develey conduit le lecteur d'une manière très-ingénieuse à la connoissance des équations et des propriétés de ces courbes par la solution d'un problème, qui démontre la liaison , pour ainsi dire intime, qui existe entr'elles. Voici l'énoncé de ce problème : supposons deux axes de coordonnées indéfinis et rectangulaires ; que lon mène par un point pris sur l'axe des abscisses à une cer- taine distance de l’origine , une droite indéfinie , faisant avec cet axe un angle moindre qu'un droit; que l’on prenne depuis l'origine , et de l’autre côté sur l'axe des abscisses, une partie égale à l'ordonnée de la droite à l'origine ; regardons l'extrémité de cette partie comme APPLICATION DE L'ALGÈBRE, etc. 161 un ceutre de description ; supposons de plus, que l'axe des abscisses se meuvè autour de ce centre , et qu'un point, placé d'abord à l'origine ; se meuve sur la ligne tournante, de manière que ce point soit toujours à une distance du centre égale à l'ordonnée correspondante de la droite ; il s’agit de déterminer l'équation de la courbe décrite par ce point. Cette équation est du second degré: si l'angle que fait la première droite avec l'axe des ahs- cisses est égal à la moitié d’un angle droit, l'équation devient celle de la parabole ; si cet angle est plus petit, celle de l'ellipse ; s'il est plus grand , celle de l’hy- perbole. L'auteur détermine ensuite, dans le sixième chapitre, d'une manière très-claire et très-élégante , les diverses propriétés des sections coniques. Les deux chapitres sui- vans traitent des sections coniques considérées dans le cône et dans le cylindre , et de la discussion de l'équa- tion générale du second degré à deux indéterminées. L'ouvrage est terminé par la trigonométrie sphérique. Je ne pourrois trop recommander cet excellent ouvrage aux jeunes gens qui veulent faire des progrès sûrs et rapides dans l'application de l'analyse moderne à la géo- métrie, et qui se proposent le noble but de pouvoir lire et méditer les grands et beaux ouvrages d'Evrer, de La Grace, de La Prace » elC.; ceux qui se desti- nent aux différens travaux de l’école polytechnique ne trouveront pas pour l'application de l'algèbre à la géo- ‘métrie, un meilleur guide que Mr. le Prof. Develey. Tran Jaques Scnaus, Prof, OPTIQUE. Descriprion n'ux Proromèrre ; communiqué au Prof, Picrer l’un des Rédacteurs de ce Recueil, par Mr: Horxer{t), de Zurich. ( avec fig. ) RE RAS ARR ARR RAD 11e les Mémoires relatifs à l'atmosphérologie (Bey- träge zur atmosphærologie , etc.) Mr. Lampadius dé- ent un photomètre , composé d'un assemblage de plusieurs pièces de corne transparente, au travers des- quelles on regarde l’objet, dont on veut déterminer la clarté. Le nombre des disques nécessaires pour inter- cepter tous les rayons lumineux , exprime l'intensité relative de la lumière. La difficulté qu’on éprouve à mieitre et Ôter ces disques pendant les expériences, jusqu'a ce qu'on aît trouvé le nombre suffisant, ma engagé à chercher une autre disposition que je vais dé- crire. CD GH (PI. TL fig. 3.) est un tuyau de carton d'un pouce ci demi de diamètre, sur quatre pouces de longueur. (x) Mr, Honner , qui a accompagné en qualité d’astronome Texpédition russe autour du monde, est l’un des hommes les plus intéressans que la réunion de la Société Helvétique nous ait mis à portée de connoître à Zurich. Nous avions vu dans son cabinet, outre un grand nombre d'objets curieux rap- portés de son voyage, un photomètre qu'il a perfectionné , ei qui semble d'une construction simple et heureuse. Nous le priames de nous en donner la description; il a bien voulu céder à notre vœu et nous permettre d'en enrichir notre Recueil. [R} x matin PHOTOMÈTRE NOUVEAU. 163 La fig. 2 représente sa face antérieure. Ce tuyau porte un anneau plat EF (1) destiné à recevoir la lame AB fig. z percée de dix trous ronds. Le premier de ces trous est onvert; les autres portent des diaphragmes faits d'un papier fort transparent (2), numérotés à mesure qu'ils sont entassés les uns sur les autres de un jusqu'à neuf, Ces diaphragmes constituent les unités de l'échelle du photomètre. Les dixaines se forment aisément en pliant ensemble dix, ou vingt, ou trente doubles de ce papier, que l'on comprime et colle entre deux anneaux plats de carton mince. Le tuyau GH porte une lentille convexe, de deux pouces de foyer, pour rendre la vue distincte sans qu'on aît besoin d'un long tube ; le bord du tuyau est dé- coupé de manière à entourer complétement l'œil de l'observateur , pour le garantir de toute lumière latérale. Pour faire l’observation avec cet instrument, on com- mence par mettre un ou plusieurs de ces disques mnop fig. 2 qui contiennent les dixaines des diaphragmes, dans l'onifice antérieur C D du tube, selon que la clarté de l’objet le demande, et on les presse contre la partie intérieure de l'anneau EF, par le moyen du tuyau "en ; puis on fait glisser la lame A B, jusqu'à faire disparoitre toute lumière. C’est ce qu’on apprend, lorsque les in- terstices circulaires sur la coulisse AB cessent d'être visibles. Le nombre des unités qu’on yoit à côté de l'anneau E F (en tenant compte de celles que cache Ja largeur de l'anneau) ajouté.au nombre des dixaines mises dans le tube, donne la clarté relative de l'objet. Pour rendre le photomètre plus sensible et pour ex- (x) On a ajouté cet anneau pour empêcher la lumière qui pourroit entrer par l'ouverture latérale. (2) J'ai pris pour cela du papier chinois très-délié , que Jenduis d’un vernis gras sur les deux côtés , mais tout autre papier blanç bien transparent peut servir également à ce but là. 164 OrTiQques. clure mieux toute lumière accidentelle, on peut le garnir d'un verre objectif de quelques pouces de foyer, de sorte que le tout forme une petite lunette astro- nomique , dans le double foyer de laquelle se trouvent les diapbragmes , qui mesurent l'intensité de la lumière. Le terme extrême du photomètre sera, d'après le principe de Mr. Lampadius, la lumière du phosphore brûlant dans le gaz oxigène. ‘On peut reprocher à cet instrument que Île temps peut altérer la transparence du papier; cependant, on pourra toujours s'en assurer par l'expérience préalable du phosphore. © Je’m PERLE en ce moment de construire sur le même principe un photomètre avec des lames de mica ( verre de Moscovie ) qui sera beaucoup plus sensible et inal- térable que celui de papier. En attendant je me permets, d'ajouter ici quelques observations, qui feront voir du moins , que le photomètre décrit, ne le cède pas beaucoup en transparence à celui de Mr. Lampadius. Clarté du saleil à f 26 fév. 1817. 74 couches de papier 30 degrés de hau: I MAS 79 ou degrés du pho- teur et au-delà, Ciel} 2. . . . 75 tomètre. pur. DST 3avril.. . 74 Le soleilà-peu-près à la même hauteur. Ciel blanchâtre. 1 mars, .. 73° photomètre. ne NE RL: Soleil près de pe PLTINE rizon. Tempsserein. 9 avril. . +. 657 7 mai . . 69 © 26 fév. . . 54° photom. x nat D7 Clarté du ciel bleu} * * * ” a à 45° de hauteur. wa à L 3 LE Sue meet br ET ae E » CE 55 ' “ Re PHOTOMÈTRE NOUVEAU. 165 1 mars. , 4° photon. . 46 Ciel bleu au zénith. et ere | ND hi Or © D OO m sn ER 4 Le | ns Qt [e}) 2 mars. . 63° photom. Ciel à l’horizonau) 11. . . . 73 au-dessous du soleil méridien. a,avril.:4.., 29 PART 26 fév. . . 59° photom. 4 STMEURGE 28. . .« . D4—pluie. | 4 mars... 52—avant la pluie. Ciel couvert. 24. . . . 49:— pluie et neige. a PP TE 10 avril.. « 49 { 5o LE ai lis ortect : à * Clarté du jour pendant une forte neige le 22 mars; k1° photomètre. 1 mars... 35° photom. . 533 Ia pleine lune. L HO So. #26 27080 La lune 5 jours après sa conjonction le 21 mars 20° phot. Lumière réfléchie de la neige. 10 mars... 60° ph. } Eclairés par ri st 05Bn aff lersoleil. 10. . . «+ 47 — al'onibre. Clarté du ciel { 14 mars... 7° photom. étoilé. Bavril..:. 1216 Clarté du ciel dans une région vide d'étoiles, le 14 anars; 4°: photomètre. Clarté de la re 14 mars... 7=ph.près del'horiz. Venus. Bavril 1%. #g à 30° de haut. La constellation d'Orion le 14 mars. 7° photomètre. | La Grande Ourse. ... . . . . 8 plus proche du zénith. 166 PaysiQue économique. Clarté d'une chandelle ordinaire à 2 pieds de distance, le 1 mars. 48° photom. Une autre le 2r avril. . . . . . 44 REP STE AT NEED ET TO OENDEE TETE 2 PRIE PNES NISAENR DEP TION PSALEEES TAN PHYSIQUE ÉCONOMIQUE. CONSIDÉRATIONS SUR LES APPAREILS CALORIFÈRES EN général, et description d’un poële à tuyaux de chaleur , qui réchauffe six ateliers dans autant d’étages apparte- nant à une grande manufacture, Par le Prof. Prcrer , l'un des Rédacteurs de ce Recueil. RS TR TR TR ST Exraz toutes les parties de la physique , la plus riche en applications utileset journalières est , sans contredit , celle qui a pour objet le dégagement et la transmission du calorique. Dans la plupart des opérations de la chi- mie , dans les procédés des arts, dans l'économie do- mestique, dans l'hygiène , on a presque toujours à em- ployer cet élément , ou à s'en défendre; et la connois- sance de ses modifications, de ses affinités , des résul- tats de ses combinaisons , permanentes ou passagères, avec l'air, avec l'eau, et dans les solides, constitue à elle seule l’une des branches les plus importantes de la phy- sique usuelle, On entre actuellement dans la saison où les appareils calorifères acquièrent un degré particulier d'intérêt ; et l’objet de cet article est de faire connoître l'une de leurs constructions les plus remarquables; mais, pour qu’elle soit bien saisie , quelques notions prélimi- naires de théorie ne seront pas hors de propos. Les principes physico-chimiques communs à la presque tota- dité des appareils calorifères, principes qu'il ne faut ja“ DescrtPTION D'UN GRAND APPAREIL CALORIFÈRF. 167 mais perdre de vue dans les constructions qui ont le dégagement et l’emploi du calorique pour objet, ne sont pas en grand nombre , ni d’une physique subtile, si on laisse de côté les systèmes ; nous croyons qu'on peut les réduire à l'exposé suivant des résultats de l’ex- périence. 1.° La source la plus commune et la plus riche de calorique libre est la combustion, opération chimique dans laquelle le gaz oxigene ( qui constitue environ : de J'air commun ) d’une part, et d'autre part une matière dite combustible , mis en contact, se décomposent mu- tuellement, et donnent lieu à un dégagement simultané de lumière , qui frappe les yeux, et de calorique qui se manifeste au tact, sous la forme de chaleur sensible. 2.° A partir du foyer d'où ces deux émanations s'é- chappent , elles rayonnent en ligne droite et avec une vitesse prodigieuse ; mais l'une et l’autre sont suscepti- bles d’être plus ou moins retenues par les corps qu’elles rencontrent; la lumière par ceux dits opaques , et qui l'absorbent ou la réfléchissent selon la nature et le poli de leurs surfaces; le calorique est aussi absorbé par certains corps, et réfléchi en partie par les surfaces polies , selon les mêmes lois que la lumière. 3.” La portion de calorique qui pénètre dans les corps augmente leur volume. Cet effet, peu visible dans les solides , l'est beaucoup plus dans les liquides, et émi- nemment dans l'air et les fluides aëriformes. C’est sur eette dilatabilité que reposent tous les appareils destinés à indiquer les variations de la température; c'est-à-dire, les thermoscopes et les thermomètres. 4° Les corps pénétrés de calorique , ( et tous le sont plus ou moins ) en laissent toujours échapper une partie qui rayonne autour d'eux : cet effet est. réciproque, Lorsque les échanges qui en résultent sont égaux, la température du système est stationnaire; si l'un des corps recoit plus de calorique qu'il n'en donne, sa tem- 168 PHysiIQUE ÉCONOMIQUE. pérature s'élève ; et dans le cas contraire elle s’abaisses Tous ces effets sont relatifs ; et les deux termes de l’é- chelle totale de la chaleur sont inconnus. | 5.° La propagation du calorique a lieu de deux ma- nières ; Savoir, par rayonnement (direct ou réfléchi ) ; ou par communication. Le rayonnement est pour l’ordi- paire , le moins efficace des procédés calorifères; r.° parce qu'il ne donne que la portion de calorique qui n'a pas été interceptée par les corps solides ou fluides qu'il a pu rencontrer dans sa route ; 2.° parce que son effet diminue comme le quarré de la distance au foyer d'é- manation augmente. 6.2 La propagation du calorique par communication, a lieu de deux manières différentes dans les corps , selon qu'ils sont à l'état solide, ou fluide. Dans les solides, le feu s'insinue entre les molécules, sans produire d’autre effet que de les séparer un peu davantage ; cette péné- tration est plus où moins facile, et rapide, selon une qualité particulière au solide, et qui est sans rapport avec sa dureté , sa densité, ou telle autre de ses pro- priétés physiques : c'est sa faculté conductrice ; les métaux la possèdent éminemment parmi les solides, et l’argent, entre les métaux. Bes bois , le verre , les résines, sont au contraire de très-mauvais conducteurs, ainsi que tous les solides d'un tissu spongieux, ou qui sont à l'état pulvérulent; parce qu’ils contiennent beaucoup d'air fixé par adhésion ; et que ce fluide, lorsqu'il est ainsi con- tenu et rendu immobile, est un cohibant de chaleur très-énergique , malgré son peu de densité. 7. Dans les fluides ( liquides, ou élastiques } chaque molécule qui recoit du calorique et se dilate d'autant, devenant ainsi plus légère que ses voisines, est déplacée par elles, et sélève; une suivante éprouve la même impulsion , etc. et il s'établit ainsi, dans les fluides qu’on réchauffe , un courant ascendant des molécules réchaut- fées; mouvement d'autant plus rapide que la différence DEscRIPTION D'UN GRAND.APPAREIL CALORIFÈRE. 169 des températures de la colonne réchauffée, et de la co- lonne froide qui la soulève, est plus considérable. Ainsi, les fluides se réchauffent dans leur masse par l'effet du déplacement individuel de leurs molécules, qui em- portent chacune leur dose de calorique adhérent , d’où résulte un mouvement intestin plus ou moins rapide. 8.” Les fluides peuvent communiquer aux solides le calorique dont ils sont pénétrés; mais ils ne le donnent que comme ils l'ont recu, c'est-à-dire, par le contact individuel et successif des molécules fluides contre les surfaces solides qu'on veut réchauffer par ce genre de communication. C'est donc à procurer ce contact au degré le plus complet, dans le moindre temps possi- ble, qu’on doit viser dans la disposition des appareils calorifères. \ 9° Lorsqu'on réchauffe des liquides dans des vases ouverts , ils passent à l'état de vapeur élastique ; d'abord à leur surface, ensuite au fond; cette conversion ab- sorbe une quantité considérable de calorique, et pro- duit, lorsqu'elle a atteint son maximum, le phénomène de l'ébullition , remarquable par l'équilibre exact qui s'établit entre la dissipation du calorique par la vaporisa- tion, et son entrée par le procédé calorifique ; tellement que la température du liquide demeure constante à ce ter- me. On peut retrouver tout ce calorique enlevé par la vaporisation , en faisant arriver la vapeur dans un liquide qu'on voudra réchauffer ; elle y repasse instantanément à l'état liquide, et rend tout le calorique qui la constituoit vapeur, et qui, à même poids et même température , est environ sept fois plus considérable dans l'eau bouillante en vapeur que dans l'eau liquide, également bouillante, 10.° Si le liquide est chauffé dans un vase herméti- quement fermé , alors on ne connoît de terme , ni à la température qu'il peut acquérir, mi à la force élastique continuellement croissante qu'il exerce, que la cohésion des parois du vase ; elles cèdent toujours à la fin, avec 70 PHYSIQUE ÉCONOMIQUE. explosion plus ou moins dangereuse , à la violence de eet agent, jusquà présent incoércible. En essayant de comprendre, et de condenser , pour ainsi dire, dans les dix espèces d'aphorismes qui pré- cèdent, les conséquences des principaux faits connus sur les modifications du calorique, notre but à été d'a- bréger pour la suite les explications de détail , en les rapportant, dans l'occasion, à celui de ces chefs qui les concernera plus particulièrement. Il est temps d'arriver à la belle construction qui nous a fait prendre la plume; ses plans sont sous nos yeux, et ses effets ont été constatés par des expériences dont nous avons été témoins et dont on va connoître les détails. Il existe dans la ville de Carouge près de Genève une filature de coton , établie dans un vaste édifice, de six étages. Il falloit résoudre le problème difficile, de la réchauffer dans toutes ses parties , par un procédé qui réunit les trois conditions essentielles , de l'efficacité , de la salubrité , et de la sureté contre les dangers du feu. Les frères Mellerio, fumistes par état, mais qui mériteroient qu'on inventàt pour eux la dénomination de caloristes, y sont parvenus de la manière la plus complète et la plus heureuse, en réunissant dans un même appareil les trois moyens de propagation du calo- rique indiqués tout à l’heure ,(€ 5, 6,et 8 ) cet appareil est un poële, qui est en même temps unique et sexlu- ple; c'est-à-dire, que chacune des immenses salles de travail qu'il s’agissoit de réchauffer , a son poële, cons- truit en fayance , et d’une dimension convenable. Tous ces poëles sont disposés les uns au - dessus des autres dans les six étages successifs, et communiquent ensem- ble par deux systèmes de tuyaux ; dans l’un de ces sys- têmes se meut le courant d'air chauffé directement par la combustion, et qui est flammifère à son origine , et en partie fumifère lorsque toute la fumée n’est pas brû- DE6CRIPTION D'UN GRAND APPAREIL CALORIFÈRE. 171 lée, à raison de trop de lenteur dans ce qu'on appelle le tirage , et qu'on appelleroit avec plus de justesse , l'impulsion de Yair extérieur, qui vient pousser de bas en haut l'air chaud plus léger que lui. Le second sys- tème est celui des tuyaux de chaleur, dont nous par- lerons tout à l'heure. De ces six poëles, il ny en a qu'un qui soit poële- foyer; les cinq autres sont poëles-réservoirs ; et quoiqu'on ‘n’y brûle rien, non-seulement ils sont , à très-peu-près, aussi chauds que le poële-foyer ; mais lorsqu'on le veut, et rien quen fermant une bascule , les cinq poëles-ré- servoirs sont chauffés seuls ; et le poële-foyer, dans le- quel tout le calorique se développe par la combustion la plus active, demeure presque froid, tandis que les autres sont brûlans. Et pour compléter le paradoxe, nous ajouterons que, dans le bâtiment de Carouge , un obstacle particulier ne permettant pas d'établir au rez-de-chaussée , ou plus bas , ainsi qu’on le fait d'ordinaire , le poële-foyer, on la placé au premier étage ; ensorte que le courant ca- lorifère immédiat , c'est-à-dire, celui résultant de la combustion , commence par descendre dans le poële du rez-de-chaussée , puis s'élève à celui du second étage, puis au troisième , etc. et les chauffe tous en même temps. On devine bien que, le courant flammifère ne pour- roit pas produire un aussi grand effet si on ne le for- coit, par un artifice particulier, à ralentir son cours dans chaque poële de passage , et à ÿ parcourir un la- byrinthe qui, multipliant indéfiniment les surfaces de contact entre le fluide chaud ét le solide, qui ne se réchauffe ( aph. 8 ) que par le contact individuel des molécules chaudes , fournit au plus érand nombre pos- sible d'entr'elles l’occasion de heurtér les paroïs des ca- maux de circulation et de leur communiquer ainsi le calorique , qui s'emmagasine dans la masse solide, et 192 PHysiQUE ÉCONOMIQUE. arrive à sa surface , d'où il rayonne dans l’apparte= ment. Le labyrinthe calorifique est composé d'allées et de venues qu'on peut disposer dans deux sens; c’est-à- dire , où horizontalement , ou verticalement. On a adopté la première disposition dans l'appareil de Carouge, la seconde, dans nn semblable dont nous parlerons bientôt, et qui est établi à Genève. Les peuples du nord, nos maîtres dans l'art d'employer utilement le calorique, ont adopté exclusivement cette dernière dans la cons- truction de leurs poëles ; c’est une présomption en sa faveur. On concevra aisément cette disposition en se figurant, et même en traçant au crayon , un carré long représentant la section horizontale du poële, vers le milieu de sa hau- teur; et comme il a cinq pieds de long sur quatre de largeur, on donnera la proportion de cinq, parties sur quatre, aux deux côtés du parallélogramme ; on mar- quera cinq divisions égales sur les deux grands côtés opposés, et quatre sur les deux petits; puis, par les points de division opposés, on ménera des lignes droites, qui, par leurs intersections , traceront dans le pourtour intérieur de la figure quatorze carrés, qui renferment autant de conduits calorifères, alternativement ascendans et descendans ; et pour se faire une idée nette du mode de circulation du courant calorifique , il sera bon de numé- roter ces carrés, en meitant le n.° 1 au second, à partir de l'angle le plus éloigné à droite; le n° 2 à cet angle même; le n.° 3 au carré suivant à gauche; et ainsi de suite, en continuant tout autour; le n.° 14 et dernier se trouvera au milieu du côté du poële, à droite, et contiou au n.° 1. C'est ce n.° 14 qui est le conduit final de l'air ardent; sa section est un carré de huit pouces de côté; celle des conduits de circulation calorifique est un carré de six pouces. L'air ardent, sortant du foyer, monte par le conduit 14; et si l'on ne veut pas quil DescriPr1ON D'UN GRAND APPAREIL CALORIFÈRE. 173 qu'il réchauffe le poëlé même où son calorique s'est développé , on le laisse monter tout droit dans le poële shpérieur, en laissant ouverte la bascule avec laquelle on le ferme dans le cas contraire. Lorsqu'elle est fermée, l'air ardent, après être monté par le conduit 14, enfile en descendant , le conduit contigu 1, remonte par le n.° 2, redescend par le n.° 3, remonte par le n.° 4, etc. et ainsi de suite jusqu'au n.° 13, où arrivant au-dessus de la bascule fermée, il remonte par le tuyau direct 14, et va réchauffer de la même manière, ou ne pas ré- chauffer, le poële de l'étage au-dessus, selon qu'on aura fermé , ou ouvert la bascule de celui-ci; et ainsi de suite jusqu'au dernier étage. Chacun de ces poëles se réchauffe ainsi dans toute sa masse , jusqu’au degré où l'on ne peut pas y appuyer la main; et cela, par la com- bustion opérée dans un seul d'entr'eux. On objectera au système de circulation que nous ve- nons d'indiquer, que l’air chaud doit descendre dans la moitié des tuyaux qui en font partie, tandis que nous avions posé en principe ( aph. 6 ) que l'air chauffé montoit toujours. On résout la difficulté en considérant le conduit entier comme un canal unique, dont les circonvolutions intérieures peuvent bien gèner la mar- che du fluide qui le parcourt, et rendre son ascension moins rapide que celle qui auroit lieu par un canal rectiligne de même hauteur, mais elles n'empêchent pas que ce canal ne renferme une colonne d'air chaud, plus légère que la colonne extérieure d'air froid , de même hauteur verticale, et quelle ne soit poussée de bas en haut par celle-ci, qui se réchauffant à son tour à son entrée dans le foyer, devient ascendante, et ainsi de suite; ce qui produit l'effet appelé rage; et comme le système entier des poëles superposés ne forme au fond qu'un seul conduit ascendant du bas au haut de l'édifice , il y a une grande différence de poids relatif Scet Arts, Nouv. série, N ol. 6, N°. 3. Nov. 1817. A 154 PHYSIQUE ÉCONOMIQUE. entre les colonnes , chaude et froide , qui forment l'es- péec de syphon renversé que l'appareil dans sa totalité représente ; et il en résulte un tirage considérable, qui surmonte aisément les résistances partielles de l’air chaud force à descendre dans quelques-uns des conduits de la circulation ; d’ailleurs ces résistances , le ralentissement qui en résulte dans l'ascension de l'air ardent, les chocs de cet air contre toutes les parois des conduits dans leurs nombreuses inflexions , sont précisément l'effet qu'on veut produire dans ces constructions , où l'on cherche expressément à retenir et emmagasiner le calo- rique. | Tel est l’un des objets du système entier de l'appareil qui vient d'être décrit; et, par les dispositions indiquées, ce but est atteint de la manière la plus complète , avec une économie extraordinaire de combustible ; économie qu'on peut déjà deviner, puisqu’un seul poële peut en chauffer six; mais dont on aura tout-à-l'heure une idée plus exacte, Il semble qu'on devroit être satisfait de ce résultat : c’est pourtant le moindre de ceux que procure cette construction ingénieuse ; il nous reste à décrire son ef- fet le plus énergique comme calorifère , et le plus utile sous d'autres rapports. La chaleur du poële le mieux chauffé n'est que rayon- nante , et elle n'atteint, que bien diminuée, l'extrémité d'une grande pièce. D'ailleurs, l'espèce de chaleur qu'elle procure, est étouffée, et ne contribue point au renou- vellement de l'air, condition très-essevtielle dans un grand atelier rempli d'ouvriers, dont la respiration et les exhalaisons deviennent très-nuisibles dans un leu renfermé. Faire arriver du dehors dans ces salles de aravail un torrent d'air pur, et d'une température très- élevée, puisé dans ce magasin de chaleur que la com- bustion a rempli dans la masse du poële principal, c'est là certainement l'un des, plus beaux et des plus utiles DESCRIPTION D'UN GRAND APPAREIL CALORIFÈRE. 179 présens que la physique pût faire aux arts industriels. Voici comment les frères Mellerio ont résolu ce pro- blême. Le foyer du poële principal, ou à combustion , est une cavité , de forme rectangulaire, de trois pieds et demi de profondeur sur un et demi de largeur, et autant de hauteur. Ce foyer est composé de trente-six tuyaux de fer de fonte de deux pieds de long , deux pouces de de diamètre intérieur, et trois lignes d'épaisseur. Douze de ces tuyaux placés horizontalement avec les intervalles nécessaires , forment la grille; douze sont placés verti- calement au fond ; et douze transversalement au-dessus, forment comme un plafond au foyer ; sur le devant est la porte ordinaire, avec son petit regître, et au-dessous, l’ouverture du cendrier, qu'une porte ferme aussi, quand la combustion est terminée. Ces trente-six tuyaux , réunis trois à trois, par leurs extrémités , dans des conduits qui forment , de leur en- semble, un canai continu , constituent un système mé- tallique , assez considérable , excellent conducteur de chaleur, qui la recoit immédiatement et au plus près, de la combustion opérée dans son intérieur et en contact avec lui; ces tuyaux deviennent bientôt rouges ; et l'air qu'ils renferment se réchauffe fortement ; il monte ; et comme le canal qui contient cet air, commence à l'ex- térieur du poële, l'air pur et froid du dehors y entre avec rapidité , s'y réchauffe , sans perdre de sa pureté, en circulant dans les tubes métalliques ; et conduit en- suite par un canal ascendant , il sort en torrent calo- rifère par des bouches circulaires de quatre ponces et “demi de diamètre, qu'on ouvre à volonté par des bas- êules à chacun des étages qu'il s'agit de réchauffer, où séparément , ou tous à la fois; ces bouches y procurent très - promptement autant de chaleur qu'on en peut de- sirer, et un renouvellement continuel d'air pur et res- ‘pirable. 0 2 176 PnysiQuUE ÉCONOMIQUE£. Ici on objectera que pour que cet air puisse affluer dans une pièce fermée , il faut que celui qu'elle con- tient puisse en sortir par quelque issue. Aussi est-il convenable , dans un atelier dont la porte s'ouvriroit rare- ment , d'établir, ou un tuyau de sortie, ou un moulinet ventilateur, qui procure cette expulsion; mais, dans la plupart des salles de travail , la porte s’ouvre si souvent que cette issue suffit; et on remarque qu’à l'instant où elle est ouverte, le tuyau de chaleur redouble d’ac- tivité. Ces tuyaux sont un procédé véritablement calorifère ; car le calorique qu’ils possèdent et qu’ils communiquent par contact au courant d'air qui les parcourt, est charrié avec rapidité , et on peut dire avec violence, dans le local à réchauffer; et il ne tarde pas à en élever unifor- mément la température, en concurrence avec le rayon- nement du poële, mais avec bien plus d'efficacité, et avec l'avantage particulier et essentiel d'assainir le local en même temps quil le réchauffe. Le principe des tuyaux de chaleur, n’est pas nouveau; il fait le mérite principal des cheminées en fonte ima- ginées depuis long-temps , et successivement perfection- nées, par Mr. Desarnod à Paris; il est susceptible d'une infinité d'applications et de modifications différentes selon les localités et partout où un procédé calorifique est mis en activité plus ou moins régulière et durable; il le seroit éminemment dans nos cuisines, où, par la moins économique de toutes les constructions imaginables, la coction des mèts , le rôtissage des viandes, qui devroient être là l’objet unique et exclusif de la consommation du combustible , semblent n’y être qu'un accessoire, qu'une sorte d’accident autour du feu, dont la principale parte, rayonne en pure perte contre les murs , réchauffe inu- tilement le foyer et sa plaque verticale, monte enfin inutilement et en abondance par le tuyau de la chemi- née ; sans que ce courant , qui nous dérobe continuel- DESCRIPTION D'UN GRAND APPAREIL CALORIFÈRE. 177 lement le calorique , ce courant qui fait toujours arriver de l’air froid en échange, nous débarrasse toujours de la fumée , ce fléau si commun dans nos demeures. En opposition à ce scandale économique, auquel nos compatriotes dans presque toute la Suisse ont mis ordre depuis long-temps dans leurs cuisines par leurs ingé- nieuses et élégantes constructions , nous allons rapporter les résultats d'une expérience que nous avons faite le 28 du mois dernier sur les pouvoirs calorifères d’un poële Mellerio, à tuyaux de chaleur et à quatre étages, destiné à chauffer la presque totalité d'un vaste bâti- ment où s'établit actuellement une fabrique de draps, dont les propriétaires (MM. Amorous, Borne et Comp.t) ont désiré connoître avec précision ce qu'ils pourroient attendre de cet appareil, nouveau pour eux, et dont l'établissement étoit à peine achevé. Des quatre poëles superposés les uns aux autres dans autant d'étages successifs, celui du rez-de-chaussée seul possède le foyer de combustion ; les trois autres ne sont chauffés que par la circulation de l'air ardent et flam- mifère que nous avons décrite; ce sont des poëles- réservoirs. Chacun des quatre poëles présente à l’extérieur un massif de faiance verte, des dimensions indiquées tout- à-lheure , faisant saillie en - dedans et à l'extrêmité d’une salle de travail, de 66 pieds de long sur 25 + de large et 8: de haut, c'est-à-dire, du volume de. 14305 pieds cubes. Chaque poële a deux tuyaux de chaleur, qu'on ouvre à volonté par une bascule ; l’un répond à la salle même où est le poële, l'autre, à des pièces dépendantes de la fabrique , où le poële ne rayonne pas, mais que le courant calorifère va réchauffer. La section circulaire de ce courant présente fort près de quinze pouces quarrés de surface. Le feu avoit été allumé à huit heures du matin ; nous arrivames à onze heures, et fumes frappés en 178 PHysiqus ÉCONOMIQUE. entrant dans les salles de travail, de leur haute tem- pérature ( de 15 à 16° R. ) presque incommode. L'air exté- rieur étoit à + ». On ne pouvoit pas toucher les poëles sans éprouver la sensation de la brûlure. En ouvrant Ja porte du poële-foyer, nous n’y vimes plus que quel+ ques restes de charbons à peine lumineux ; on avoit consommé cent livres de bois, c'est-à-dire, pour une valeur d'environ deux francs, pendant trois heures de combustion. Nous procédames à l'épreuve successive des tuyaux de chaleur , pour laguelle nous avions apporté un thermomètre à merriwe dont l'échelle, commen- cant au degré de l'eau: bouillante (80) s'étend jusqu’à 280, terme voisin du mercure bouwillant. Ce thermomètre, placé à l'issue du tuyau de chaleur du poële inférieur, ou poëéle-foyer, s'éleva, en très-peu de minutes, jusques à 171° de ceite échelle (c'est-à- dire de la division octogésimale continuée } le courant de cet air étoit fort rapide , et on ne pouvoit y tenir Ja main un seul instant, même assez loin de l’embou- chure. Nous fimes le même essai au tuyau de chaleur du poële n.° 2,{ poële-réservoir du premier étage). Le ther- momètre monta à 156°, à la bouche du tuyau. À la bouche de chaleur du poële n.° 3 à l'étage au- dessus, le thermomètre monta à 150. Ici nous eumes la curiosité d'essayer la température du courant chaud à quelque distance de la bouche du tuyau. À neuf pouces en avant dans la chambre, nous trouvames la température indiquée, par le thermomètre encore à 120, c'est-à-dire de 40 degrés au-dessus de l'eau bouillante. La vitesse du courant nous parut d'en- viron trois pieds par seconde. Enfin, à l’orifice da tuyau de chaleur du quatrième poële-réservoir, le thermomètre s'éleva à 120. Ici nous répétames une expérience déjà faite par les proprié- taires, ce {ut de placer quelques pommes de terre crues, DEscrIPrION D'UN GRAND APPAREIL CALORIFÈRE. 179 à l'entrée du tuyau , et dans le courant calorifère. Au bout d'une demi heure elles se trouvèrent cuites à fond, et d'une saveur excellente. Ces résultats nous semblent de nature à porter lat- tention vers les grands avantages économiques et l'ac- croissement de bien être dans la saison froide qu'on peut obtenir en appliquant avec art et intelligence le fertile principe de cette circulation calorifère et salubre que présentent des dispositions analogues à celles qu'on vient de décrire et qui peuvent être indéfiniment va- riées selon les besoins. L’étude approfondie que les frères Mellerio ont faite de ces appareils, et l'expérience qu'ils ont acquise par une pratique déjà longue ; les mét en état d'exécuter toutes les entreprises de ce genre, à la satisfaction des propriétaires. L'aïné des frères est actuel- lement à Neuchâtel occupé à multiplier des construt- tions calorifères qu'il y a déjà appliquées avec plein succès à de grandes fabriques de toiles peintes établies dans ce pays. ( 180 } : L HYDRAULIQUE. Norice ; SUR UN GRAND NIVELLEMENT EXÉCUTÉ DANS UNE PARTIE DU BASSIN DE LA SUISSE OCCIDENTALE, sous Ja direction de Mr. Trecnsec, Prof. de physique et de mathématiques à Berne : et sur les données prépara- toires à un projet d'abaissement du niveau des lacs de.Morat, de Neuchâtel et: de Bienne, au moyen d'une rectification de l'Aar et de quelques rivières adjacentes. : S1 la structure géologique de la Suisse la met à l'abri du fléau des sécheresses en Ini procurant, dans la chaîne de glaciers qui la traverse. des réservoirs inépuisables, d'où l'eau sort plus abondante à mesure que les cha- leurs sont plus fortes; cette même structure l'expose à de grands inconvéniens à l'époque de la fonte rapide des neiges. On peut remarquer que l'arrête principale des Alpes suisses a son versant presqu'entier dans les seuls bassins du Rhône et du Rhin, car ce dernier fleuve , coulant à l'est depuis sa source jusqu'au lac de Constance, reçoit les eaux du versant méridioral d'une grande partie de la haute chaîne; il l'entoure, presque dans son entier ; et si les crues de cette bran- che orientale du Rhin ne s'amortissoient pas dans le vaste réservoir que leur présente ce lac, le fleuve éprouve- roit sur la fin deson trajet en Suisse, vers le pont de Bâle, par exemple, des oscillations énormes, qui rendroient son voisinage inhabitable , à une distance plus ou moins grande de ses rives, selon l'encaissement de son lit. Le lac de Genève fait de même la fonction de régula- teur des crues du Rhône, au grand avantage des rive- rains de ce dernier fleuve. NiIVELLEMENT DANS LA SUISSE OCCIDENTALE. 18r - Mais si, dans les deux bassins généraux du Rhin et du Rhône, les eaux accidentelles trouvent leur issue sans trop d'inconvéniens et sans ravages, il n'en est pas de même dans les bassins partiels des rivières affluentes. Dans la Suisse oriertale, la Linth a désolé pendant des siècles une vallée entière ; mais par l'effet des travaux dirigés avec autant d'habileté que de persévérance par Mr. le Conseiller Escher de Zurich (r) et défrayés par une contribution confédérale, ce torrent indompté est actuellement converti en un canal navigable; et une grande étendue de marais mal sains, en un sol arable et cultivé (2). Dans la Suisse occidentale, le fond du bassin de l'Aar et de ses affluens , sur une longueur de vingt lieues , depuis Entreroches , au-dessus d'Yverdun jusques au+ delà de Soleure , offre trois lacs, (ceux de Morat, de Neuchâtel et de Bienne ) bordés de plaies presque à ‘leur niveau , condamnées à des inondations fréquentes, à une insalubrité constante ; et perdues pour l'agricul- ture, sur une surface d’environ trente-six ligues quarrées. “Les labyrinthes que forment ces marécages ont encore T'inconvénient d’entraver beaucoup les communications dans la partie habitée d’une contrée d'ailleurs fertile et florissante , et dont Ja surface se ramifie sur cinq cantons (3). Les trois lacs sont si rapprochés par leur ni- -veau , qu'ils n’en forment en quelque sorte qu'un seul (1) Nous l'avons toujours entendu désigner , dans sa ville na- tale, par le surnom de /4 Linth; et ce titre honorable et si bien mérité, demeurera attaché à son nom et à sa mémoire. (2) Le niveau de l’eau, au point le plus important de l’écoule- ment des marais est actuellement de 14 pieds au-dessous du terme des plus basses eaux, avant l'entreprise. Cet heureux et admirable résultat est dû en partie à l'action de la rivière elle-même qui, bien dirigée et encaissée, approfondit son lit à Tépoque des crues. [R] (3) Les cantons de Vaud, de Fribourg , de Berne, de Neuchatel , et de Soleure, 182 | HyYyDRAULIQUE. dans les grandes crues. À l'ordinaire, celui de Morat se verse pourtant dans celui de Neuchätel par un canal; (plutôt qu'une rivière) nommé la Broye inférieure, le lac de Neuchatel descend , aussi lentement , dans celui de Bienne par la Thielle, dite supérieure; et toutes ces eaux sortant ensemble du lac de Bienne à Nidau, vont, par la T'hielle inférieure, tomber dans l’Aar, un peu au-dessus de Buren, gros bourg du canton de Berne , et mêler ainsi les produits du versant méri- dional du Jura, avec ceux du versant septentrional des Alpes Fribourgeoises et Bernoises, produits que l’Aar charrie tous ensemble au Rhin. Il y amène , dans ses crues, une quantité considéra- ble de fragmens de roches , et des galets de toutes gros- -seurs qu'il reçoit dé la Sarine et d’autres rivières, qu’il dépose én route, et qui ont élevé et changé plus d'une fois son lit, dans des temps antérieurs : il erre encore sur uné grande surface dans une certaine portion de son cours ; et c'est dans ce lit vague , allongé par beau- coup de détours, qu'il faut que les eaux supérieures , tant les siennes propres venant des Alpes, que celles qui viennent des lacs du Jura, s'écoulent ; elles ne peu- vent y acquérir la vitesse suffisante , faute de pente et au travers de mille obstacles; leur niveau s'élève done, et toute la plaine au-dessus devient un lac. Ce n’est pas d'aujourd'hui qu'on a dû chercher à re- médier à un mal aussi grave et aussi ancien, Nous avons sous les yeux , dans un Rapport officiel publié vers la fiu de l'année dernière, l'exposé de ces tentatives, qui ont commencé vers le milieu du 17e. siècle. Les pre- miers plans êt nivellemeut n’ont cépéndant eu lieu qu'en 1707; On y est revenu en 1749, en 1760, 1770, 1779, 1781, 1793 , 1311-13 ; et enfin en 1816, le Gouver- nement de Berne fit reprendre sons œuvre tous les pro- jets , et chargea une Commission , composée d'hommes NivELLEMENT DANS LA SUISSE OCCIDENTALE. 183 très-instruits (1), de visiter toutes les localitéset de donner son opinion en conségnence. Le travail fut commencé le 10 septembre , et la Commission fit son Rapport le 23 novembre, il a été traduit en français et publié dans les deux langues (2). On y signale comme causes prin- cipales du mal, les défauts du lit actuel de la Thielle, et ceux, encore plus essentiels, du lit de l'Aar. On propose des rectifications considérables dans le cours des deux rivières, comme aussi dans les embranchemens trop perpendiculaires de quelques affluentes; les détails de tous les changemens proposés sont indiqués dans le Rapport, et on y annonce l'espérance de faire baisser de trois à quatre pieds le niveau moyen des lacs , ce qui suffiroit à dessécher et assainir toute la région per- due pour la culture , et pernicieuse à la population. Mais d’assez grands travaux préalables étoient encore nécessaires avant qu'on püt asseoir un plan et un devis définitifs, d'après les idées de Mr. Tulla. Les Rappor- teurs remarquent quon na encore aucun plan exact de la contrée en question; c'étoit encore pis pour les nivel- lemens; ceux qui avoient été faits à huit époques diffé- rentes présentoient entr'eux des différences extraordinai- res , dont le tableau est annexé au Rapport ; il y avoit donc urgence à reprendre tout ce travail préparatoire , et à le confier à des hommes très-capables, très-actifs, et munis de tous les moyens nouveaux que les perfec- tionnemens de la partie technique de la science ont procurés aux ingénieurs.Aussi , dès le milieu d'octobre, c'est-à-dire, avant l'époque du Rapport de l'année der- nière, Mr. le Prof. Trechsel partit, avec un nombre (1) MM. Talla , Directeur-général des ponts et chaussées du grand-duché de Baden ; Kock , lieutenant-colonel, et de Bons- tetten, capitaine du génie à Berne. Mr. Trechsel, Prof. de physique et de mathématiques ; Osterricth, architecte ; Muller et de Wattenwyl, lieutenans d'artillerie. (2) C'est une brochure de 62 pag. accompagnée de plusieurs tableaux. 184 HyprAULIQUE. suffisant de coopérateurs, pour entreprendre la triangu- lation de la contrée depuis Aarberg et Nidau , en des- cendant la rivière jusqu’à Arwangen, et la levée des plans de tout le terrain sur lequel il y aura à travailler ; le même savant mathématicien se chargea du nivellement de l'Aaret de la Thielle inférieure , en remontant depuis Morgenthal jusqu'à Aarberg et Nidau. Quinze jours après, Mr. de Bonstetten partit pour établir , en suivant les di- rections données par Mr. Tulla, un système complet de pieux d'observation de la hauteur simultanée des eaux à différentes époques ( opération importante qui n’avoit jamais été bien faite ), depuis Morgenthal en remontant sur les deux rivières , la Broye inférieure, et les trois lacs; il devoit s'occuper aussi, de même que Mr. Tre- chsel, d’une autre détermination très-essentielle dans ce genre de recherche , c’est celle des sections des rivières, sur un grand nombre de points, et de la vitesse moyenne de leurs courans. Tous ces travaux ont été exécutés dans la fin de l'année dernière et dans la première moitié de celle-ci ; et c’est avec un étonnement très-voisin de l’admiration que nous avons vu, à notre passage à Berne, les résultats obtenus. Le travail géodésique et d'arpentage , a produit une carte représentant (sur l'échelle de -—— ) tout l'intervalle entre l'extrémité orientale des lacs de Neuchîtel et de Morat, et Morgenthal ; cette carte a plus de dix pieds de longueur , sur deux de largeur, et est exécutée avec beaucoup de netteté et d'élégance. On y voit tracés les projets de diverses rectifications proposées , et des con- tours à donner aux embouchures des rivières qui se jettent dans l’Aar, afin qu’elles ne gènent point son cours , et qu'elles ny forment pas des barres par l’en- tassement des pierres qu’elles charrient. Cette carte gé- nérale est accompagnée de beaucoup de plans de détail pour les parties dans lesquelles devront s'exécuter le plus probablement les canaux de rectification. NiVELLEMENT DANS LA SUISSE OCCIDENTALE. 189 Le second objet, le nivellement, a exigé une attention plus particulière, et il présente dans son ensemble un exemple encourageant de patience couronnée par le suc- cès. Il fut commencé le 27 octobre, et il a été terminé le 9 mai de cette année ; la série des stations comprend un développement de quinze lieues. Il faut ici quelques détails. On avoit destiné à cette opération un niveau à bulle d’air et à lunette, de la construction du célèbre Schenk de Berne ( 1); mais cet instrument n'étant pas achevé à l’époque où il falloit agir, la saison étant déjà fort avan- cée , on employa un niveau construit par Diebolt de Stras- bourg, à-peu-près sur le principe de celui de Mr. de Chezy, et susceptible de toutes les vérifications et rectifications requises dans la pratique, et dont il ne faut négliger aucune ; au bout de quelque temps l'instrument de Schenk arriva, et on l’employa dans la suite des opéra- tions; il étoit plus facile à manier, et ses rectifications étoient plus commodes. Les stations des mires étoient choisies à -peu -près à distances égales en avant et en arrière de l'instrument, et ces distances étoient d'environ 5oo pieds. La station étoit déterminée par un poteau de chène équarri por- tant un numéro, et fortement enfoncé au marteau ; et en a relevé le plan géométrique de leur série entière. Le n.° r , placé au terme le plus bas du nivellement , est planté au bord de l'Aar sur la rive droite, et à gauche de l'embouchure de la petite rivière Murgen ; il fait saillie d’un pied hors de terre, On a suivi, autant qu’on Va pu , la même rive de l’Aar ( c'étoit sa rive droite ). Les mires de nivellement étoient de sept pieds de long, et à coulisse de même longueur ; elles sont divisées de deux en deux lignes ; deux personnes lisoient et enre- (x) Voyez sur cet artisté le Rapport fait à la Société des axts de Genève, Bibl. Brit. T. LIX, p. 77. 186 HyprAuLrIqQUuE#. gistroient séparément les hauteurs observées ; et on com- paroit les regitres chaque soir ; on n'y a trouvé , dans tout le cours des opérations, que deux légères différen- ces, qui furent l’objet d’un nouvel examen. Chaque observation se faisoit deux fois, toujours en répétant les vérifications de l'instrument et en changeant les mires, ce qui produisoit un contrôle continuel : une portion du circuit a été nivellée trois fois. Toutes les hauteurs sont rapportées à un horizon fictif plus bas de dix pieds que le point de départ marqué par le poteau n.° 1 dont on vient de parler : c’est le minimum présumé , de niveau des basses eaux dans la section de l’Aar prise à Morgenthal. L'opération terminée , il se présentoit une de ces vérifications qui font palpiter de crainte ou d’espérance , le cœur des géomètres, après de longs travaux auxquels il ne manque que ce complément , et comme ce sceau d’exactitude.On concevra cette vérification en assimilant le circuit du nivellement à un grand Y ; le pointde départ (Morgenthal ) seroit à l'extrémité inférieure ; Meyenried,a la bifurcation ; la branche gauche se termineroit à Aar- berg , lieu d'arrivée du nivellement direct ; la branche droite iroit jusqu'aux lacs de Neuchâtel et de Morat, et auroit pu se terminer là ; mais on a joint les extré- mités des deux branches par un nivellement particulier qui, partant des lacs, est arrivé aussi à Aarberg , lieu que le nivellement ( à partir du point de départ ) a ainsi atteint de deux manières ; l’une directe, par la branche gauclie de L'Y ; l'autre indirecte , par un long circuit, c'est-à-dire , par la branche droite , plus la jonction de la droite à la gauche par le haut; or, voici le résultat, tel que nous l'avons compulsé nous-mêmes sur le regitre où cette vérification est indiquée par l'expression assez juste de cf ( schlussel ) de toute l'opération. NiVELLEMENT DANS LA SUISSE OCCIDENTALE. 187 Pieds de Berne. Hauteur d'Aarberg sur Morgenthal, par le nivellement direct . . . . . . . 159,96 : La même, par nivellement de Meyevried à Aarberg, en passant par la Thielle, -_ les lacs, et revenant parle grand marais. 160,12 Différence . . . . . 0,16 Une différence de -< de pied, c'est-à-dire moins de deux pouces, sur un circuit de quinze lieues, peut être considérée comme nulle; et l'opération , dans, sa totalité comme dans ses détails, recoit de cette comparaison une cerlitude à-peu-près géométrique. - Le système d'observation des crues simultanées sur un nombre de pieux de repère disposés sur les bords des rivières, et nivellés d'ailleurs régulièrement, a montré en même temps combien le prétendu nivellement des terrains par la pente des rivières étoit un procédé inexact de sa nature : toutes celles qui communiquent ensemble par des embranchemens ont une influence ré- ciproque qui fait osciller leur niveau relatif, d’une ma- nière très-variable , et très-propre à induire en erreur ; il y a tel cas où la pente seroit trouvée négative, c'est- à-dire où la rivière, refoulée par une affluence infé: rieure, remonte vers sa source (1). On peut attribuer à cette cause, méconnue jadis , mais aujourd'hui bien constatée , les grandes différences qu’on avoit remar- quées dans les résultats des nivellemens antérieurs à (1) Cet effet a eu lieu jadis à Genève par de grandes crues de l'Arve qui, arrivant presque perpendiculairement sur le Rhône à son confluent, arrëtoit son cours, et même faisoient remonter le Rhône vers le lac; cet effet n’arrivera plus, d’après la nou- velle direction donnée à l'Arve vers son embouchure , par les conseils et sous la direction de notre savant compatriqte Mr: Dufour , capitaine du Génie de la Confédération. 183 HyDRAULIQUE. celui dont on vient de rendre un compte sommaire. Il a été accompagné d’un grand nombre de sondes prises pour déterminer les sections des rivières dans beaucoup d'endroits , et d'expériences sur la vitesse moyenne du courant dans ces sections, pour découvrir la quantité d'eau qui les traversoit par seconde. Les ex- périences ont été faites avec un appareil simple , ingé- nieux , et exact, qui mesure la vitesse du courant à toute profondeur; la description de cet instrument qui nous fut aussi montré par Mr. Trechsel , et dont il a bien voulu nous faire parvenir plus tard un dessin que nous avons fait graver, sera , ainsi que le mode de calcul des écoulemens adopté par ce savant Professeur, l'objet d'un prochain article. En attendant, on peut se con- vaincre par ce qui précède, que le but de ces travaux préparatoires a été atteint de la manière la plus com- plète , graces à cette heureuse alliance de la physique et des sciences exactes, dont ces résultats sont un des exemples les plus frappans. L’ingénieur renommé, de qui on attend actuellement la solution du grand problème de l’'abaissement des trois lacs, a en main des donnéés sûres pour l'entreprendre; et on ne peut guères douter du succès, si par une coopération fraternelle et libé- rale , les cantons intéressés s'unissent pour fournir à l'exécution les secours nécessaires. Procurer à l'agricul- ture un vaste sol; favoriser les communications com- merciales par un Canal navigable; assainir une contrée insalubre, sont trois avantages si grands et si évidens que leur considération doit l'emporter sur tous les obstacles. "+ &ÉOLOGIE. L 489 ] A CAHID'ELO CTE: DEscriPTION D'UNE FORMATION CALCAIRE DES ENVIRONS D'Azais, par L, À. »'Homwgres - Frrmas , Chevalier de l'Ordre Royal de la Légion d'honneur, Docteur ès- sciences, Membre de plusieurs Sociétés savantes. Adres- sée au Prof. Prcerer, l’un des Rédacteurs de ce Recueil. 1» La montagne, ou pour mieux dire la colline, sur le penchant de laquelle est situé St. Hypolité de Caton, arrondissement d'Alais, est comme celles qui l’avoisi- nent formée de différens bancs d’un calcaire blanchâtre, séparés par des couches argileuses, ou d'une sorte de marne pierreuse. Quelques-uns de ces bancs s'exfolient à l'air, d'autres plus compactes fournissent des pierres propres à paver et à bâtir, mais qui ont presque toutes le défaut de se déliter ou de se fendre en tran- ches parallèles plus ou moins épaisses et de se casser en rhombes. En suivant les ravins et les coupures de cette colline, on remarque trois bancs coquillers bien distincts; le plus bas composé de tellines ou de donaces comprimées dans une couche mince de marne ; dans le second qui est assez large, il ny a que des /ymnées, ou quelque genre voisin, difficile à déterminer sur:les' fragmens , la pierre qui les renferme est fort dure et il est impos- sible de les en tirer entières. Vers le haut de la colline, dans un intervalle assez considérable , on trouve des donax , des venus et quelques autres petites coquilles, ou pour mieux dire leurs moules intérieurs et leurs Sc.et arts. Nouv. série, Vol.6.N°.3. Nov.:817e B 190 GÉOLOGIE. empreintes. Les couches de marne dont j'ai parlé, sont de différentes couleurs, blanches, jaunes , bleues. Cette dernière est la plus basse couche que j'aie pû découvrir dans les ravins. Vers le milieu on observe des veines de silex pyromaque. en rognons bien noirs, d’autres grises, ou jaunâtres; dans quelques endroits c'est un mélange, une sorte de pénétration de la terre siliceuse et de la matière calcaire. Au-dessus de la colline est un banc de grès. J'ai mesuré la hauteur absolue et l'épaisseur de ces diverses couches, j'ai tracé leur inclinaison et leur cor- respondance avec celles des collines voisines; ces dessins et quelques autres du même genre font partie des re- cherches que je fais pour étudier les Cevennes. Les géologues qui ont parcouru nos montagnes peuvent seuls apprécier les difficultés que présente mon projet! Aussi je ne me flatte pas de les surmonter toutes et de faire pour ce pays ce que les De Saussure et les De Luc ont fait dans les Alpes, les Ramond dans les Pyrénées et les Monts-Dômes, les Breislack dans la Cam- panie , les Faujas dans l’Auvergne, les Cuvier et les Brongniart autour de Paris, etc. Mais, en m'efforcant de suivre leurs traces , mes essais quoiqu'imparfaits pour- ront peut-être dans la suite servir à quelqu'un de plus habile; je ne me propose en attendant que de faire con- noître une formation qui me paroît intéressante et peu connue. Dans l'une des couches supérieures de la montagne de St. Hypolite on trouve des petites pierres blanches, applaties, à bords arrondis, qui, pour la plupart , res- semblent à des dragées (1). Quelques - unes sont plus grandes ; plus longues ou plus larges; il sen trouve D © (x) Elles n’ont rien de commun avec les dragées de Tivoli, formées de couches concentriques. FORMATION CALGAIRE PARTICULIÈRE, rot äussi d’une forme irrégulière, mais toujours plates et arrondies sur les bords. Ces petites pierres sont peu adhérentes à la roche, elles y laissent leurs empreintes en creux, lorsqu'on les en détache ; quoique de même nature , elles ont plus de dureté puisqu'on les trouve entières isolées sur le terrain, lorsque la roche qui les contenoit s'exfolie ét se brise à l'air. Elles n'offrent pas assez de régularité pour qu'on puusse les regarder comme les moules de quelque corps pétrifie. Leur surface est plus blanche que leur intérieur; on diroit qu’elles ont été peintes, je crois que cela pro- vient de l’eau chargée de molécules crayeuses dans la quelle elles ont roulé, comme je le dirai plus bas, ou plutôt de ce qu’elles ont subi une sorte de décom: position par le contact de l'air et le lavage des eaux pluviales. Leur intérieur est homogène; on n'y remarque ni rayons, n1 prismes comme dans les /udus helmonti à on ny voit point de cloison, point de cavités, point de cristaux , pas dé couches concentriques , pas de noyaux, comme en présentent les géodes et les diver- ses espèces de concrétions. Quelques-unes de ces petites pierres contiennent des coquilles pétrifiées, elles paroiïssent et ressortent à leur surface, ce qui prouveroit qu'elles sont un peu plus dures puisqu'elles ont résisté davantage au frottement, Ce sont en général des donaces et des venus, jy ai trouvé aussi de très-petits bulimes et d’autres petites univalves fracturées. L'intérieur de ces petites pierres p'en est pas moins homogène , on n'y apercoïit pas de traces du test de ces coquilles. - Après avoir décrit ces petites pierres qui me paroise sent différer des autres corps connus du règrie miné= P 2 192 GÉOLOGI:IE. ral (r); je vais soumettre aux naturalistes mon opinion sur leur origine. Je ne saurois concevoir leur forma- tion dans des eaux tournantes, ni par une végétation pierreuse , ou par un principe organisateur. ..... Je suppose tout simplement que ce sont des galets ou des fragmens détachés d’une autre montagne, roulés par les eaux et déposés ici avec une couche de la même ma- tière, bien délayée, qui forma le ciment d’une espèce de poudingue, si l’on peut se servir de ce mot, lorsqu’au lieu de nombreux cailloux agglutinés par un suc lapi- difique, c'est au contraire une pâte qui domine, dans laquelle sont lardés quelques galets. Les coquilles fossiles, soit qu’elles ayent vécu dans le pays où elles se trouvent, pendant qu'il étoit submergé, soit qu'elles y ayent été transportées par des courans diluviens , furent déposées avec une couche de matière terreuse suspendue dans les eaux, qui se solidifia lors- qu'elles se retirèrent. Je suppose qu'une autre catastrophe inonda de nouveau cette partie du globe, souleva, brisa la roche coquillère dont les débris entraînés plus loin se déposèrent à leur tour , je ne dirai pas sur la montagne de St. Hypolite, c'étoit peut-être alors une plaine que les torrens couvrirent plus tard de grès et sillonnèrent pour en former nos collines; les vallées qui les séparent et la correspondance des couches qui les composent semblent l'indiquer. (x) Mr. Patriu parle de diverses concrétions qui au premier abord paroissent avoir quelque ressemblance avec les petites pierres que je décris. Les ammites, par exemple, sont cal- caires, globuleux , il y en a de toutes les grosseurs , elles sont d'un volume à-peu-près égal dans le même gite; elles ont plus de solidité, plus de densité que la matière calcaire qui les renferme. Mais elles diffèrent des petites pierres de St, Hypolite, en ce que, de mème que toutes les espèces de con- crétions, elles présentent une sorte d'organisation intérieure. SUBSTANCES VOLCANIQUES NOUVELLES. 193 On m'objectera que ces terrains sont de ceux dont les géologues regardent la: formation comme récente , que la montagne ou la roche d'où sont provenus les galets et la pâte calcaire qui les renferme , devroit être de la mème époque ! Cela n'empêche pas ce me semble, que le poudingue ou le dépôt qui fait le sujet de ce Mémoire, ne soit d'une formation de beaucoup posté- rieure; qu'importent quelques siècles, avec la nature qui dispose du temps? MINÉRALOGIE. Lerrre de Mr. Srermaxo Moricanp à Mr. F.Sorer Duvar, secrétaire de la Société des naturalistes de Genève(1) sur quelques substances volcaniques nouvelles ; com- muniquée aux Rédacteurs de ce Recueil. Re TT TT TE Bologne le 18 oct. 1817. 7 ., La RE Vous n'ignorez pas que la grande variété de substances que le Vésuve a offertes jusqu'à présent aux recherches dés minéralogistes a de quoi surprendre , et (x) Cette Société, dont les Membres s'occupent exclusive- ment de l'étudé de l'Histoire naturelle, n’est pas la même que telle qui existe à Genève depuis trente ans sous la dénomi- nation de Société de Physique et d'Histoire naturelle, et où notre Recueil a souvent puisé des communications intéressantes. La Société qui nous fournit l'écrit qu'on va lire n'existe que de- puis peu d'années et les naturalistes qui la composent, pour la plupart jeunes encore, mais remplis de zèle, concourent de tous leurs moyens, et avec succès, à l'avancement de la science. [R] 194 .:.. Mrnématoerx “que les découvertes s’y multiplient à mesure que la science fait desrprogrès. L'onry à fait connoître derniè- rement la sodalite (1); et, pendant mon séjour à Naples, jai découvert deux autres substances à ajouter aux pro- duits de.ce volcan. La première est le #itane silicéo-calcarie d'Haüy: titane aigrine de Brongniart. Je lai trouvé dans l'intérieur d'un gros bloc:de chaux carbonatée grenue , de couleur jaune ; ce bloc offroit une géode qui contenoïit une substance verte , qui paroît être de l'épidote, de l’idocrase, du mica et de la sodalite , sur les cristaux de laquelle le ditane étoit implanté ; il sy présentoit en petits cristaux transparens , d'un jaune isabelle et parfaitement sembla- bles , quant à la forme, à ceux que l’on trouve au St, Gothard et que les marchands d’Airolo vendent aux étrangers sous le nom d'axinite ; c'est même leur rap- port avec cette dernière substance qui me la fit recon- noître à l'instant. Depuis que Mr. Cordier a reconnu le titane dans tous les sables volcaniques, on devoit s'attendre à le re- trouver dans quelque volcan sous un autre état. Mais il paroît qu'il y est fort rare, puisque je ne l'ai trouvé au Vésuxe qu’en très-petite quantité (2). La seconde substance est le Zircon. Mr. le Prof. Gismondi observa dernièrement, dans la collection de Mr. le chev. Monticelli, un petit cristal octaëdre bleuâtre , implanté sur un cristal d'essspath, et le même jour, par un singulier hasard , j'en trouvai un semblable dans un morceau d’eis- spath,que j'achetai d'un marchand; nous ne savions à quelle substance les rapporter, ne voulant pas les sacrifier pour (1) Le comte Dunin Borkowski la décrite dans un Mé- moire présenté à l’Académie le 28 octobre 1816. (2) On a déerit sous le nom de semeline un titane silicea calcaire trouvé dans les productions volcaniques d’Andernach SUBSTANCES VOLCANIQUES NOUVELLES. 195 les soumettre à des essais qui, d'ailleurs, vù leur peti- tesse , auroient été insuffisans. Dès lors, j'observai avec soin dans mes courses du Vésuve tous les échantillons d'eisspath dans lesquels je pouvois espérer de retrouver ces octaëdres. Je fus assez heureux pour en découvrir plusieurs ; et sur-tout deux, qui étoient prismés et dans lesquels je reconnus alors une cristallisation du zircon sargon , dont les octaëdres étoient la forme primitive. Par la suite jen trouvai assez pour en donner une cinquan- taine à Mr. Monticelli, qui s'est chargé de prier Mr. Se- mentini d'en vouloir bien faire l'analyse pour dever tous les doutes sur l'identité de l'espèce. Mon départ de Naples ne mayant pas permis d'en attendre le résultat, je le ferai connoître aussitôt que je le recevrai. | Lawoche qui les contient est composée d’eisspath d'un beau blanc en cristaux entrecroisés , et qui , par leur peu d'adhérence entr'eux s'égrènent facilement sous les doigts; elle est mouchetée de mica noir cristallisé en prismes hexaëdres ( mica prismatique d'Haüy ) de plus d’une ligne de hauteur, dont le noir éclatant contraste agréa- blement avec le fond de la roche. Les zircons sont dis- séminés dans l'eisspath en petite quantité et seroient dif- ficiles à reconnoître si leur couleur bleuâtre ou plutôt gris de lin ne les faisoit apercevoir ; les plus gros ne dépassent pas : de ligne ‘de diamètre , leur forme est, comme je l'ai dit, l'octaëdre surbaissé du zircon pri- mitif, : dE Les cristaux prismés que je possède présentent la forme ordinaire du jargon de Ceylan, savoir, un prisme à quatre pans , terminé de chaque côté par une pyramide tétraëdre dont les faces correspondent à celles du prisme ( zircon prismé d'Haüy ). Il paroît que cette forme est extrême- ment rare dans les zircons du Vésuve , puisque je n'en ai trouvé qu'un seul échantillon qui présente deux cristaux, Quand je me suis servi plus baut de l'expression de 196 MiIrNÉRALOGIE. produits du Vésuve, je n'ai pas voulu indiquer par-là que toutes les substances qu'on y rencontre sont des produits volcaniques. Il est même bon de faire une dis- tinction dans le gisement de ces différentes substances , qui, faute d’avoir été convenablement indiquées par les naturalistes, ont induit en erreur plusieurs auteurs qui ont écrit, d’après eux. ; L'ancien Vésuyve ou le mont Somma, dont la Lase s'é- tend au-dessous du Vésuve actuel, présente des coupures æt des ravins dont les escarpemens , lorsqu'ils ne sont pas de laves en masse, sont formés par des cendres plus ou moins tassées et dans lesquelles sont disséminés des fragmens de roches de toute espèce. C’est un mélange confus , qui paroit évidemment le résultat d'éruptions qui ont vomi pêle-mêle les cendres et les pierress; par- tout où l'on creuse les bases du Vésuve on retrouve ce même terrain. C’est dans ces fragmens isolés, et jamais dans au- cune roche en place ni-lave coulée, que lon trouve les minéraux les plus rares et les roches les plus in- téressantes , tels que des mélanges d’eisspath ; de néphé- line; d'idocrase ; d'épidote, d'amphibole , de. sodalite, de grenats. On y trouve, de plus le spinelle pleonaste, Ja meionite, constamment renfermée dans de la chaux carbonatée grise , et. une variété de miea en lamés cristallisées assez grandes , attachées par une face aux parois de quelque géode ; il varie, quant à la couleur, il y en a de doré , d’argentin, de LE dé vert, de jaune , de noir, etc. J'en dois citer une jolie variété que j'y ai trouvée der- nièrement , ce sont dés-cristeux d’un jaune de miel trans- parens et; formés par la réunion base à base de deux py- ramides hexaëdres tronquées, au sommet (1). Au pre- (1) On peut donner à cette variété nouvelle le nom de rucæ L1p 2. trapesien À B ou celui de mica binomirte. (S) æxP SUÉSTANCES VOLCANIQUES NOUVELLES. 197 mier coup-d'œil l'on ne peut se défendre de les pren- dre pour des idocrases, mais la facilité avec laquelle, ils se séparent en lames minces parallèles aux bases des pyrâmides, les fait bien vite reconnoître pour du mica. Toutes ces roches ne présentent aucun caractère vol- canique ; quelques-unes , notamment celles qui contien- nent beaucoup de pyroxène , font voir des signes de fusion, mais quoique cette circonstance , jointe à la sin- gulière réunion de substances qu'on n'a jamais trouvées ailleurs ainsi mélangées , puissent nous engager à ne pas précipiter le jugement qui les déclareroit roches primitives , il reste toujours certain que l'on ne peut, quelle que soit leur origine , les regarder comme étant des laves et les confondre avec elles. On trouve aussi quelquefois parmi les déjections , des morceaux de véritable granit et d'un marbre sacchar- roïde qui a beaucoup de rapport avec le marbre grec; mais Jai quelques raisons de croire que ces fragmens sont les débris des édifices qui probablement existoient sur le Vésuve avant l'éruption de 17979; du moins j'en ai rencontré qui paroissoient avoir été taillés et sciés, par conséquent ils n'auroient aucun rapport avec les autres roches pré-citées qui ont été certainement lan- cées par le volcan, et qu'il paroît assez naturel de sup- poser avoir fait partie des couches inférieures bristies par la sortie de la lave. Parmi ces débris, on trouve aussi beaucoup de fragmens de véritables laves, toutes appartenant à des coulées qui sont perdues ; celles-ci renferment des amphygènes, des pyroxènes , du péridot, du mica, quelquefois dans leurs gavités la stilbite, l'arragonite, d'anitbiid , ét d’autres subs- tances que nous sommes accoutumés à voir dans les laves mais jamais ni néphéline, ni idocrase, ni meionite, ni so- dalite, ni grenats. Viennent ensuite les laves que l'on re- trouve en coulées ; celles-ci, bien moins anciennes que. les précédentes, ne contiennent ordinairement que l'am- 198 MirNÉRALOGIE. phygène, le pyroxèdre, le péridot , la psudo-néphéline, mais Jamais non plus les substances nommées plus haut. Mon intention n'est point ici de donner une notice étendue des divers produits du Vésuve, mais de faire comprendre que puisqu'on y trouve des laves en cou- lées , d'autres erratiques beaucoup plus anciennes, et enfin des roches qui n’ont aucun caractère volcanique ; il est essentiel, lorsqu'on indique une substance du Vé- suve, de spécifier dans quelles circonstances elle se trouve, d'autant plus que chacune de ces trois classes offre des minéraux qui lui sont particuliers. Le zircon et le titane , dont je viens de parler, appar- tennent l'un et l’autre à ces fragmens isolés qui n'ont aucun caractère volcanique et qui, pour être trouvés enchassés dans des cendres durcies ne peuvent pas plus s'appeler en place que les cailloux roulés des rivières et des terrains de transport. C'est à quoi l’au+ teur du Mémoire sur la sodalite n’a pas pris garde lorsqu'il dit en avoir trouvé un échantillon er place à Fosso Grande, cette expression pouvant induire en erreur ceux qui ne connoissent pas les localités. Vous me ferez plaisir, monsieur et cher collègue, de publier cette lettre conjointement à celle que je viens de recevoir de Mr. Monticelli sur la découverte d’une autre substance au Vésuve et dont je vous envoie là copie ; espérant que Mr. le Prof. Pictet voudra bien ac- cueillir l'un et l'autre dans l'un des prochains cahiers de son estimable Recueil. | STEPHANO Morrcanp. SUBSTANCES VOLCANIQUES NOUVELLES. 199 TrapuctTion D'UNE LETTRE DE MR. 1E CHEVALIER Mowrricezxr à Mr. Srrpñano Moricann. Vous savez qu'il existe dans ma collection du Vésuve quelques substances nouvelles , et d'autres déja connues, mais offrant des formes ou des variétés non décrites encore. Comme je ne m'occupe pas de chimie , et que je me borne à de simples essais, au lieu d'analyses , il m'arrive souvent de conserver des doutes, quoique les caractères extérieurs me permettent de rapporter ces substances à l’espèce dont elles se rapprochent, attendant pour fixer définitivement mon opinion, qu’elles ayent été soumi- ses par quelque chimiste habile à une analyse exacte. Parmi ces substances , vous vous rappellerez que je possède de beaux prismes comprimés, radiés et très- brillans, que vous crutes, avec moi, pouvoir appartenir à la‘ grammatite ( Amphibole blanc comprime d'Haüy ) ; et quelques autres cristaux laminaires, blanchätres , exaë- dres, que nous pensions, d'après quelques essais , devoir s'y rapporter aussi; mais nous étions tous les deux dans l'erreur, c’étoit le Tafelspath ( spath en tables d'Haüy ) qui se masquoit sous ces différentes formes , et dont nous’ possédons plusieurs variétés jusqu'à présent inconnues. Mr. Cernazay m’avoit envoyé d'Udine , il y a quel- ques mois, un échantillon de Tafelspath sur une. chaux carbonatée bleuâtre : le Prof, Gismondi , qui avoit dé- couvert le Tafelspath laminaire dans une lave d'Albano, crut le reconnoitre dans un groupe tendre et spongieux, composé de petites lames et de grains blanchâtres , dans une roche du Vésuve que je tenois parmi les substan- ces indéterminées ; et d'après ce soupcon , passant aux essais, il nous fut facile d'y reconnoître décidément le Tafelspath, par la phosphorescence qu'il montroit en le grattant dans l'obscurité avec une pointe de fer, par 200 MiINÉRALOGIE. sa propriété de faire dans l'acide nitrique une courte effervescence, et de s'y résoudre en petits grains lors- 5 qu’on l’y laissoit quelque temps en &igestion , et enfin par les lames elles - mêmes , qui mues à une lumière très-vive , découvroient leurs joints naturels , parallèles aux pans d’un prisme rhomboïdal. J'étendis ces observations à ces tables exaëdres dont je vous ai parlé plus haut, à ces cristaux que nous avions pris pour de la grammatite radiée, à quelques cristaux circulaires blanchâtres , et entrelacés à d'autres d'un éclat perlé implantés sur la meionite, et enfin à des aiguilles d'un blanc mat et d'un blanc jaunâtre , groupées en faisceaux radiés également sur la meionite; j'ai obtenu les mêmes résultats qui ne peuvent appartenir qu'au Tafelspath. J'ai observé en outre que ces cristaux aci- culaires très-fins se réunissoient quelquefois de manière à former un prisme hexaëdre allongé et strié dans sa longueur ; les lames hexaëdres se réunissent aussi d'une manière singulière, elles forment des prismes comprimés. vers les extrémités et relevés vers le centre : le pointe- ment présente une pyramide à six faces, dont deux plus grandes et opposées lui donnent une apparence cunéi- forme ; elles présentent aussi des prismes périhexaëdres entièrement vides dans le centre, et des prismes hexaë- dres annulaires , d’où il résulte que le Tafelspath se montre au Vésuve sous des formes qui jusqu’à présent étoient inconnues. J'ai prié Mr. le Chev. Sementini de vouloir bien en faire l'analyse pour dissiper tous les doutes sur l'existence de ce minéral dans notre volcan; quand j'aurai cette analyse , je publierai un Mémoire , dans lequel je décrirai toutes les formes qu’il y revet, et les différe ntes sabstances qui lui servent de gangue. Je dois rendre justice à notre ami le Chev. de Rug- gino, qui avoit déjà reconnu que ces lames hexaëdres devoient appartenir au Tafelspath , et qui m'en prévint aussitôt que je lui parlai de cette découverte ; si elle Suu LES FUMIGATIONS SULFUREUSES. 201 vous paroît intéressante comme à moi, je vous prie de publier cette lettre, non pas tant pour m'assurer le peu d'honneur qua j'en puis retirer, que pour qu'il ne m'ar- rive pas encore ce qui m'est arrivé avec la sodalite dont vous savez l'histoire , d'autant plus que divers minéra- logistes étrangers ont recueilli ici beaucoup de produits du Vésuve ; que j'ai donnés moi-même à plusieurs des échantillons de Tafelspath , et n'en ai fait mystère à personne, Taéonore Moxricezrr. Naples , 1er, octobre 1817. P.S. J'ai mis à part des échantillons de toutes ces variétés , pour les ajouter à celles que vous possédez déjà dans votre collection. — ————. MÉDECINE. Lerrre pu Dr. De Carro AUXEDtTEURS DE LA Brecroraéque Universezce, sur l'effet des fumigations sulfureuses. Re Vienne, 94 octobre 181 7. MM. À rnis la peine que vous avez prise de faire con- noître à vos lecteurs, les diverses pièces que je vous ai adressées sur l'emploi des Jumigations sulfureuses , je me fais un plaisir et un devoir de vous communiquer le résultat abrégé de mes trois Premiers mois de pratique. J'ai guéri plusieurs éruptions herpétiques ( dartres ) des plus opiniâtres, qui faisoient le tourment des ma- Jades depuis nombre d'années. Les dartres sèches et 202 MéDzrcivrt#. écailleuses me paroissent moins tenaces que les dartrés humides. Deux de celles-ci ont résisté, l'une à trente huit, l'autre à vingt-huit fumigations. Mais , ayant ob- servé que dans tous les cas de guérison , l'amélioration a commencé après un très-petit nombre de séances, et que dans ceux où elles n'ont pas réussi, je n'ai jamais vu le moindre changement favorable pendant tout le traitement , je me propose dorénavant de n'insister sur leur longue continuation que lorsque j'observerai au moins un commencement de guérison. Dans le compte détaillé que je rendrai, quand il en sera temps, de ma pratique fumigatoire, je décrirai les symptômes des éruptions herpétiques que j'ai guéries, et de celles qui, ayant résisté aux fumigations, exigent peut-être un autre traitement, ou sont incurables. J'ai trouvé la proportion des cas rebelles petite en comparaison dés guérisons, dont plusieurs ont été accomplies en 12 à 25 fumi- gations. Une variété d’autres éruptions, moins graves, ont disparu dans moins de dix séances. Je n’ai eu jusqu'à présent que trois galeux à traiter, et un très-petit nombre de fumigations a suffi pour les délivrer de cette dégoûtante et contagieuse maladie. Je laisse aux médecins d'hôpitaux et d'autres établissemens publics, le soin de faire en grand des expériences comparatives d'efficacité , de promptitude , et d'économie entre les méthodes déjà connues et celle des fumiga- tions. Mais, en attendant ces importans résultats, je puis affirmer qu'il n'existe pas de moyen plus aisé et moins dégoûtant de guérir la gale. Quiconque a subi une cure d'onguent soufré, saura aprécier l'avantage des fumiga- tions, qui ne laissent aucune odeur ni au corps ni au linge du malade. Les ordres suprêmes donnés pour l’é- tablissement de boîtes fumigatoires dans l'hôpital mili- taire de Vienne, et dont la construction est confiée au méme maître-macon de l'artillerie impériale, Mr. George - SUR LES FUMIGATIONS SULFUREUSES. 203 Biegler , à qui je dois la perfection de mes appareils, mettront dans peu les chirurgiens d’armées à même de vérifier toutes les assertions du Dr. Galès, concernant les grands établissemens publics. Quant aux succès de sa méthode en pratique particulière, je me fais un vrai plaisir de reconnoître publiquement qu'ils surpassent mes espérances, que ce médecin est du nombre de ceux auxquels l'humanité a les plus grandes obligations, et que je m'estime heureux de marcher sur ses traces. Un habile oculiste de cette ville, Mr. le Dr. Friede- rich, ayant reconnu que la cause de la maladie des yeux un de ses malades étoit une gale répercutée , et celle d’un autre, une éruption dartreuse, les fumi- gations en détruisant ces deux causes, en ont détruit l'effet, et les malades ont vu beaucoup mieux. Quelque admirable que soit l'effet de ce remède, dans diverses maladies de la peau, il l’est peut-être encore plus dans les rhumatismes chroniques ; dans une variété de douleurs des articulations, dans le lombago, Ja sciatique et autres maux semblables dont le siège est profond. On peut dire en général que, dans tous les cas qui en sont susceptibles , les fumigations assou- plissent les membres. Sept, par exemple, ont suffi à guérir un militaire, âgé de 52 ans, qui depuis vingt ans souffroit de maux arthritiques dans toutes les arti- culations , provenant des fatigues de la guerre. Les eaux de Baden , près de Vienne, lui procuroient quelque soulagement, mais jamais de guérison, Il y a précisé- ment un mois qu'il a cessé les fumigations; sa dé- marche est libre et aisée, il monte à cheval par tous les temps, se porte bien, et se propose de recourir de nouveau à la boîte, au plus léger retour de ses maux. Je pourrois citer quelques autres guérisons moins promptes , que celle-ci, mais également en faveur des fumigations. Un des points les plus délicats, et qui occupe par- 204 MéDpecine. ticulièrement mon attention, c'est de savoir dans quels cas , et jusqu'à quel deoré on peut y soumettre des malades arthritiques et cutanés, lorsqu'on soupconne une complication syphilitique. Partant du principe de théorie , confirmé par l'expérience des eaux thermales de Baden, que les bains sulfureux agravent, plutôt que de soulager, les maux syphilitiques, j'ai refusé les malades qui se sont présentés, lorsque l'existence de ce virus étoit manifeste; mais tout médecin expéri- menté avouera sans peine que dans certains cas com- pliqués , elle est souvent équivoque. J'en ai eu deux semblables , où j'ai administré les fumigations comme moyen exploratoire et préparatoire. Dans le premier, cinq ont suffi pour dissiper de violentes douleurs du tibia , causées par une exostose , que le traitement mercu- riel subséquent a fait disparoître plus promptement qu'à l'ordinaire. Dans le second , les fumigations ont dissipé les douleurs , dont la cause, également syphilitique, étoit compliquée avec plusieurs autres , fatigues mili- taires , fièvres intermittentes, et typhus, précédens ; mais ces douleurs ayant reparu , après l'usage de six fumi- gations , le malade, qui est lui-même médecin, s'admi- nistre maintenant des frictions mercurielies. Ces deux cas, quoique très-intéressans , ne suffisent pas pour dé- cider un point de pratique aussi délicat, et je me ré- serve d'en parler plus tard, lorsque mes observations seront plus nombreuses , ainsi que de ce même mé- lange syphilitique dans diverses maladies cutanées. Le Dr. Galès administre avec succès les fumigations dans la paralysie. Je ne doute nullement de l'avantage qu’on peut en retirer; mais je n'ai eu qu'un seul ma- lade à traiter des suites d’une hémiplégie superfcielle, dont la peau étoit presque insensible, et sur laquelle trente degrés de Réaumur ne produisoient aucune sueur. Quinze fumigations ne lui ont fait ni bien ni mal, pro- bäblement par cette raison. Il avoit auparavant essayé sans SUR LES FUMIGATIONS SULFUREUSES. 205 sans succès tous les remèdes connus. C'est aux malades, et non à moi, à dire le bien-être qu'ils éprouvent dans la boîte, et pendant cette demi heure de repos à la- quelle je les soumets après les fumigations. Malgré les abondantes sueurs qu'elles occasionnent , aucun ne s’em est trouvé affoibli. Avec quelques précautions, très - faciles à prendre , lemploi des fumigations étant possible en toute saison, je ne les interromprai pas pendant l'hiver. La confiance des malades , en ce nouveau moyen ; est telle, que j'en refuse tous les jours , dont les maux ne me paroissent pas exiger ce traitement. Je ne puis que rendre justice aux médecins de la: capitale et des provinces, qui sentent , en général, très- bien la haute importance de cette méthode, et qui en recommandent l’usage. Déjà quelques médecins hongrois, à qui j'ai expédié des appareils, faits sous mes yeux, ont suivi mon exem- ple; à Presbourg, quatre médecins, MM. les Docteurs Marsowsky , Schônbauer , Endlicher et Würzler , se sont associés pour un fumigatoire, dont j'ai été ins- pecter le local, qui est excellent. Leur début est très- heureux. Mr. le Dr. Csokenlau , à Temeswar est aussi occupé à ériger un appareil. De tels succès, et l'entière satisfaction des malades, diffèrent prodigieusement des expériences faites à Berlin, à l'hôpital de la Charité, avec uu appareil si mal cons- truit , que la vapeur en sortoit par tous les joints, suffoquoit les malheureux malades , chirurgiens et garde- malades , et enflammoit la peau, d'une manière insup- portable. Mais, ce qu'on croiroit à peine , si Mr. le Dr. Horn , médecin célèbre et Directeur de cet hôpital, n'eût lui-même publié ses expériences , (Voyez Archiv Jür medecinische Erfahrung. Berlin 1817. Cahier de mai Sc. et Arts. Nouv. série. Vol.6. N°.3. Nov. 1817. Q 306 MéÉéÉDeeines. et juin, p. 53} c'est qu’elles ont été faites sur trente- quatre individus femelles, attaqués de gale, enfans, femmes enceintes ; et femmes en couches, qui, suffo- quées par la vapeur sulfureuse, en ont éprouvé, ainsi qu'on devoit s’y attendre, des vertiges , des défaillances, de l'oppression, et même des crachemens de sang. Je me fais un plaisir d'annoncer à ceux pour qui l'usage de mes fnmigations est trop coûteux, qu’au printems prochain (ne pouvant le faire plus tôt), j’aug- menterai mon établissement actuel, de quelques appa- reils, au rez-de-chaussée de la même maison , et à moi- tié prix, pour être également utile à ceux, qui, ne cher- chant que leur guérison , la trouveront aussi dans un local moins élégant que celui où sont mes trois pre- miers appareils. Agréez, Messieurs, etc. Jran De Carro, D. M. 2 ———— Lerrre pu Dr. De Carnro à Mr. GALES, Docteur en médecine à Paris, sur la différence des résultats obtenus à Berlin et à Vienne (1). Vienne 25 septembre 1817. Je vous ai-déjà parlé, mon cher Coliègue, de la grande … différence du résultat des fumigations sulfureuses faites à Berlin, à l'hôpital de la Charité , et de celui des miennes (1) Nous avons éru devoir joindre cette lettre à la précé- dente quoiqu’elle ne nous füt point adressée. On trouvera qu'elle contient des renseignemens importans. [R] SUR LES FUMIGATIONS SULFUREUSES. 207 dans le fumigatoire de trois appareils que j'ai érigés chez moi, et que je me propose d'augmenter au printems prochain. Je vous ai aussi mandé la visite que me fit, il y a quelques semaines, Mr. le Dr. Horn , Directeur du susdit hôpital, qui, quoique très-prévenu , par ses pro- pres expériences , contre la méthode des fumigations sulfureuses, admira la perfection de mes appareils, qui, en effet, je vous le répète, ne laissent rien à desirer. Son Rapport sur les esais faits à Berlin, se trouve dans le journal, dont il est un des Rédacteurs, intitulé Archives d'Expérience médicale, Berlin 1817, cahier de mai et juin , page 553. L'ayant sous les yeux, il ne m'est pas difficile d'expliquer cette différence de résultat. Le Dr. Horn dit que l'appareil dont on s'est servi , fait pour deux malades à la fois, a été construit à Berlin, d'après les planches et l'explication que contient votre Mémoire ; que malgré tous les soins donnés à sa cons- truction , la vapeur sulfureuse s'échappoit par tous les joints; que plusieurs malades ont été affectés ( ou affec- tées, car on n'a fumigé que des femmes ) de vertiges , de défaillance , d'oppression et même de erachement de sang; que la chaleur de l'appareil étoit insupportable aux malades, dont la peau de, quelques - uns devenait érésipélateuse; que tous ces accidens ont obligé souvent d'interrompre les fumigations et de réparer l'appareil 5 enfin, que la cure des galeux, c'est-à-dire, des galeuses, (parmi lesquelles, chose incroyable ! se trouvoient des femmes enceintes et des femmes en couche ) a été plus longue , plus coûteuse, que par les autres méthodes , ét que souvent même elle n'a eu aucun succès, Ces expériences ont été faites sur trente - quatre individus femelles , dont il donne le tableau, qui confirme son assertion. * Des expériences avec un appareil aussi imparfait , loin de prouver l'inefficacié et les inconvéniens de voire Q 2 208 MÉDECINE. méthode, ne me paroissent prouver que la maladressé des ouvriers qu'on a employés à Berlin. Est-il étonnant que des malades suffoqués par l'acide sulfureux , ayent éprouvé tous les symptômes désagréables dont parle le Dr. Horn? Tant qu'on n'aura pas à Berlin et ailleurs des appareils aussi bien faits que les miens , au travers desquels il ne passe pas la moindre vapeur , soit pen- dant la fumigation , soit au moment où le malade sort de l’appareil, on ne sauroit mieux faire que de s’en tenir aux autres méthodes de guérir la gale; il est cer- tain du moins que les femmes enceintes, et sur - tout les femmes en couches s’en trouveroient infiniment mieux. Le Dr. Horn, à son passage à Vienne , vit deux de mes appareils en activité ; il entra dans une des cham- bres , au moment où un malade sortoit de l'appareil , découlant de sueur, et ilavoua , quoique la porte et les fenêtres fussent fermées , qu'il n'y avoit aucune odeur. Il vit aussi, avec étonnement, que l'intérieur des parois de mes appareils, précaution de la plus haute importance et négligée à Berlin , étoit garni de joucs et crépi de gypse : il vit aussi la manière soigneuse dont le capu- chon s'applique sur la tête du malade, après qu'on l'a enveloppée d’un bonnet de nuit et de deux serviettes, du haut en bas et de bas en haut, qui empêchent le passage des vapeurs , tandis qu'à Berlin, suivant son rapport, le cuir du couvercle est serré autour du col. Enfin , il seroit inutile de pousser plus loin la com- paraison d'expériences faites avec des appareils si diffé- xens, dont les uns sont aussi remarquables par leurs défauts que les autres par leur perfection. Je puis, au contraire , assurer que le résultat de mes fumigations surpasse mes espérances; que j'ai déjà guéri beaucoup de maladies cutanées et arthritiques des plus graves et des plus invétérées, avec promptitude et sans aucun accident désagréable quelconque, et que lors même que SUR LES FUMIGATIONS SOLFUREUSES, 209 ces fumigations n'ont pas fait de bien ; aucun malade n'en a éprouvé le moindre mauvais effet, Qu'on ne s'ima- gine cependant pas qu'elles réussissent dans tous les maux désespérés qui se présentent dans ma pratique; mais sans avoir , comme à Berlin , le courage de les appliquer à des femmes enceintes ou en couches , je ne concois pas la possibilité d'aucun mauvais effet lorsqu'on les admi- nistre avec cette prudence et ce discernement qu'exige tout remède puissant et héroïque. Il est vrai que je refuse souvent des malades qui en espèrent leur guéri- son ; mais comment y soumettre des pulmoniques , des personnes attaquées de rhumatisme aigu , de fièvre, de violens maux de tête et souvent d'affections syphiliti- ques , et autres qui demandent un autre traitement ? Quant à la gale, je n’en ai eu, jusqu'a présent, que deux cas à soigner ( depuis le 24 juillet )}; ce qu’on concevra aisément en considérant que cette maladie si contagieuse , est plutôt l'appanage des pauvres, des sol- dats, des prisonniers , etc. que de la classe des gens qui ont recours à mon fumigatoire. Quelque peu concluantes que soient deux guérisons , elles ont été très-promptes , c’est-à-dire , l'une dans six, l’autre dans huit fumigations. D'après la nature et le but de mon établissement, qui est d'offrir un moyen de guérison agréable et prompt à ceux qui ne sont pas faits pour aller à l'hôpital , je suis peu à même de résoudre les grandes et importantes questions d'efficacité, de promptitude, et d'économie comparative des diverses méthodes employées jusqu'à présent pour le traitement de la gale dans de grands établissemens publics. C'est un travail que je laisse aux médecins d'hôpitaux ; mais ce que je puis garantir, cest qu'il n’existe pas de moyen plus facile et moins dégoutant de traiter les maladies de la peau que des fumi- gations sulfureuses. Quoique mes observations soient déjà nombreuses et intéressantes , sous tous les rapports , il n’est pas encore 210 MépDnztvcins. temps de les publier en détail, parce qu'il ne s'agit pas seulement de guérir les malades, mais de s'assurer qu'ils m'ont pas de rechñütes , et d'observer les effets subséquens du traitement fumigatoire. En attendant, je puis affirmer qu'il répond à tout ce que j'en attendois, que j'en éprouve les plus heureux effets dans des maux très-variés; que si je suffoquois mes malades, comme on le fait à Berlin, l'affluence des miens ne seroit pas si grande, et qu'ilsne payeroient pas, de gaieté de cœur , 10 {1. courants de Vienne par fumigation, pour avoir des vertiges, des défaillances, des crachemens de sans , et qu'on peut produire à meilleur marché , en leur brülant une alumette sous le nez. Agréez, mon cher Collègue , l'assurance de ma consi- dération très-distinguée, et de ma reconnoissance du bien que vous me mettez en état de faire par votre belle et utile invention. J. De Carro, M. D. ARTS ÉCONOMIQUES. NoTiCE ABRÉGÉE DE LA MANIÈRE DE PRÉPARER LES OS comme aliment dans la Suisse orientale, et à St. Gall en particulier; rédigée à l'occasion de celle commu- niquée par le Prof. Prcrzr à la Société Helvétique sur les ressources alimentaires que fournissent les os, etc.; par Mr. D. Mayer, Pharmacien à St. Gall. ES Te A A s CES CELLENT Traité, que nous avons entendu hier, sur les matières nutritives tirées des os et sur la ma- nière dont on en a profité à Genève, m'a engagé à dire quelques mots sur le même objet, dont je me suis oc- cupé l'hiver passé ; mais je dois réclamer l'indulgence, pour un simple apercu, qui ne porte que trop le carac- tère de la rapidité avec laquelle il a été rédigé. Tandis que des hommes distingués s'occupoient dans la Suisse occidentale à remédier à la misère affreuse du temps, et à adoucir le malheur des récoltes man- quées et de l'extrême cherté des vivres, des personnes bienveillantes se réunissoient de même dans la partie orientale de notre patrie et consultoient entr'elles pour trouver des moyens de soulagement à cette calamité, Nulle part l'urgence de ces moyens n’a dû être plus grande que dans ces Cantons, où une population considérable et la chute totale des fabriques avoient porté la misère au plus haut degré. Ces figures blèmes, ces squelettes sem- blables à des ombres, devoient émouvoir tous ceux dont le cœur n'étoit pas entièrement endurci. Long-temps en- core, €t lors même que la bonne nature et Le temps 212 ARTS ÉCONOMIQUES. en auront effacé presque toutes les traces , j'aurai de- vant les yeux ces tristes images de la mort. Les expériences importantes de Proust, Cadet de Vaux, Verat, ete. conduisoient, ici comme ailleurs, à l’idée de mettre à profit les matières nutritives que renferment les Os ; mais on étoit forcé de procéder d'une autre ma- nière, parce que la cherté du combustible dans nos contrées ne nous permeltoit pas d'employer des chau- dières ouvertes , d'autant plus que par ce procédé le succès reste toujours imparfait, parce qu'on ne parvient qu’à extraire toute la graisse , mais jamais toute la gé- latine. On pouvoit encore moins employer le procédé de l'acide muriatique, soit à cause de la cherté de l'a- cide , soit parce que le procédé est trop lent. L'appli- cation des vapeurs , et l’angmentation de la température dans l’eau en ébullition, sous une pression extérieure, nous montra la seule voie convenable. Mr. le Pasteur Cappeler à Frauenfeld , a en le mérite d’avoir renouvelé dans nos contrées cette méthode de mettre les os à profit. Papin l'avoit indiquée il y a plus de cent vingt ans, Mr. Ziegler, Conseiller de Winter- thur, l'avoit démontrée de même en 1799 par des ex- périences importantes ; et Van Marum et Hermbstaedt, dans le commencement de ce siècle, l’ont étendue par l'agrandissement et le perfectionnement des appareils. Cap- peler négligea seulement une chose, ce fut les précau- tions suffisantes contre le danger d’une explosion, en donnant au métal une plus grande solidité. Un membre distingué de notre Société, Mr. Ziegler Steiner, de Win- terthur, qui a su réunir d'une manière si heureuse la mécanique à la chimie, évita ce défaut, et construisit des chaudières à vapeur, qui ne laissent presque rien à desirer pour l'extraction de la matière nutritive des os. La Société de secours de St. Gall se procura un de ces appareils , et je me bornerai à rapporter en abrégé les résultats de cette manière de procéder; je la soumets UsAGE ÉCONOMIQUE DE L'APPAREIL DE PAPIN. 213 au jugement des personnes qui ont des connoissances dans ce genre et qui décideront s'il existe aucune autre méthode qui réunisse , pour nos contrées, les mêmes avantages, et qui soit aussi économique sous le rapport du combustible, On met dans la chaudière environ soi- xante livres d'os, qui ayant déjà subi une première coc- tion dans les cuisines ordinaires , ne coûtent plus rien que le soin de les recueillir. On y ajoute environ cent vingt livres d’eau, et on fixe solidement le couvercle (r). Si le fourneau est construit comme il doit l’être, on a besoin d'environ seize livres seulement, de bois de sa- pin , pour produire le degré nécessaire de chaleur au- quel l’élasticité des vapeurs soulève la soupape , et par lequel on extrait complètement toutes les matières nu- tritives des os, auxquels il ne reste rien que la terre calcaire unie à l'acide phosphorique. Il s’écoule une pe- tite heure environ , depuis le commencement du feu jus- qu'à-ce que la soupape se soulève ; et environ trois heures après on sort du fourneau la chaudière , qui se trouve assez refroidie pour quon puisse l'ouvrir sans danger. On ne doit cependant le faire que lorsqu'il ne s'échappe plus de vapeur quand on soulève la soupape. Le produit de ce procédé est, 1° environ cent dix livres de bouillon, qui à o de Réaumur se trouve formé bien- tôt en gélatine. 2.° Trois livres et demie d'une excellente graisse; les os les plus durs se trouvent si ramollis qu'on peut les briser facilement dans la main; et ils ont perdu toute saveur. Cette opération a lieu encore actuellement deux fois par jour à St. Gall. Tous les frais se bornent à faire re- cueillir les os, à faire chauffer et remplir la chaudière et à trente-deux livres de bois. Si on veut convertir ce (1) Voyez p. 133 de ce vol. une description plus détaillée de cette partie de l'appareil. [R] 214 ÂRTS ÉCONOMIQUES. bouillon d'os en gélatine sèche (ce qui ne se fait pas à St. Gall, parce qu’on l'emploie de suite pour la soupe ) 1l faut le faire évaporer après avoir enlevé la graisse ; mais, d'après mon expérience , cela ne seroit pas prati- cable chez nous, à cause des frais, à moins qu'on ne découvrit quelque moyen d’épargner considérablement les combustibles. C'est ainsi que, dans la Suisse orientale , on extrait la matière nutritive des os, avec beaucoup d'économie de bois et de temps, seulement en employant la pression qu'exerce la force puissante de la vapeur renfermée , et la température plus élevée qu'acquiert l'eau par cette pression. Des essais comparatifs sur les trois manières de traiter les os pourront décider les avantages des unes sur les autres. L'unique but et l’unique desir de l'auteur, dans la présente notice, a été de donner lieu à ces recher- ches, qui peuvent contribuer au bien de l'humanité souffrante. D. Meyer. Addition des Redacteurs. En remerciant l'auteur philanthrope de la communi- cation intéressante qu’on vient de lire et qui, conjoin- tement à ce que nous avons vu à Zurich et à Winter- thur sur l’emploi de l’appareil de Papin , nous donne lieu de revenir d'une sorte de prévention dont nous étions imbus contre ce procédé considéré comme usuel et économique , nous ajouterons aux trois modes d’ex- traction de la matière nutritive des os, maintenant bien connus, un quatrième , le plus simple de tous et le plus à la portée de la classe pour qui l'économie est une nécessité ; il vient d’être découvert à Genève par les mêmes Dames dont les premières recherches et la per- sévérante activité ont procuré le précieux secours dont Norrcs pes SÉANCES DE L'Ac.R.nes Screnc. DE Paris. 215 nous avons rendu compte (1). Ce procédé consiste à mettre les os dans un vase de terre cuite , verni en-dedans, et muni d'un couvercle; de les recouvrir du double de leur poids d'eau ; d'étendre sur le vase un papier atta- ché autour par une ficelle , et sur lequel on place le couvercle. On porte le vase au four d'un boulanger, après que le pain a été retiré, et on l'y laisse jusqu'a l'é- poque où on l'ouvre pour rallumer le feu. On trouve alors dans le vase un excellent bouillon, auquel on a pu donner de la saveur en y ajoutant quelques légumes. Les mêmes os peuvent servir jusques à trois fois, au moins. Il n'en coûte que l'achat du vase, fait de la po- terie la plus commune , et qui peut servir long-temps ; la peine de recueillir les os; et la petite rétribution que peut exiger le boulanger pour l'usage de son four pendant les heures du repos. RS | MÉLANGES. Norce pes SÉANCES DE L'ACADÉMIE ROYALE Des ScrENCES DE PARIS, PENDANT LE MOIS DE JUILLET. 7 Juillet. Mn. Giranp lit la troisième section de son Mémoire intitulée « Connoissances et opinion des anciens et des modernes sur le sol de l'Egypte. » Hérodote apporte en preuve de la formation du sol de l'Egypte par les alluvions du Nil, que ce sol est formé de limon, bordé de sables partout où il est élevé. Il ajoute que ce sol s’élève insensiblement, d’où il con- clut que le Nil cessera de l'inonder. Aristote , Strabon, (1) Cahier de septembre de ce Recueil. 216 MEëzLANGEzESs. Pline , et Plutarque , ont la même opinion; et les géo- graphes du moyen âge n'ont fait que copier les anciens. Le Dr. Schot à cherché à déterminer par expérience de combien l'Egypte s'élevoit par siècle. Il laissa dépo- ser dans un tube l’eau trouble du Nil, et en conclut, que depuis Mœris jusques en 1721, l'élévation totale du sol devoit avoir été de neuf pieds. MM. Freret, Bailly, Romé de l'Isle, ont soutenu le contraire. En 1793, Dolo- mieu prouva que le Delta étoit formé par les alluvions du Nil; que le sol doit s'élever de quatorze pouces en cent vingt ans ; et que le Delta s'est prolongé si avant dans la Méditerranée, que Damiette, qui, du temps de St. Louis étoit au bord de la mer, en est actuellement à une lieue. Il admet, pour l'élévation totale du sol trois mètres soixante-un centimètres. Mr. Girard ayant retrouvé le nilomètre de Syène, que son inscription prouve être antérieur au règne de Sep- tüme-Sévère, en a conclu que le fond du Nil s'est élevé de deux mètres quatre centimètres depuis l'établissement de cette mesure. Le nilomètre Medias est divisé en seize coudées, dont la dernière indique sans doute les plus grandes élévations présumées du Nil; or, maintenant, l'inondation s’élève à dix-huit, vingt coudées , et davantage. D'après des fouilles faites par l'auteur au pied des statues de Memnon et du Sphiux, il trouva l'exhausse- ment du sol, d’un mètre et demi environ ; mais ces monumens étant établis sur un remblai, que l'auteur à mesuré , il en conclut que l'exhaussement de la plaine pourroit bien être de six mètres. 14 Juillet. Mr. Edward lit un Mémoire sur l'asphyxie considérée dans la famille des Batraciens : on sait que le cœur est moins essentiel aux reptiles qu'à d’autres animaux qui possèdent cet organe; Mr. E. ayant enlevé le cœur et le bulbe de l'aorte à huit salamandres en mit quatre dans l'air, et autant dans de l’eau privée Norice pes Séancts DE L'Ac. R. Des SGrENC. DE PARIS. 217 d'air. Ces dernières moururent au bout de huit à neuf heures, et les premières vécurent vingt-quatre à vingt- huit heures. L'auteur en conclut que l'air entretient, mieux que l'eau, les systèmes nerveux et musculaire de ces animaux, indépendamment de son influence sur la respiration. Des grenouilles sans cœur, mises dans de l’eau non aërée , jusqu'à-ce qu'elles parussent mortes et sans mouvement, retirées ensuite et placées dans l'air, y reprenoient vie, et sembloient la reperdre lorsqu'on les plongeoit dans l'eau , aërée ou non. Pour étudier l'influence du sang veineux, ou non oxi- géné , sur les systèmes nerveux et musculaire , l'auteur, après avoir Ôté le cœur à un certain nombre de gre- nouilles, les mit dans l’air, et sous l'eau, avec des gre- nouilles non mutilées. Les premières vécurent vingt heures de plus que les secondes. Il en fut de même des crapauds et des salamandres ; celles-ci étranglées dans d'air y vécurent onze jours , et elles mouroient en dix heures dans l’eau. L'auteur à vu par expérience que la peau des salamandres et des grenouilles, mise en contact avec l’air, donne de l'acide carbonique; ainsi, dans ces animaux étranglés il doit se faire une sorte de respira- tion par la peau. I restoit à répéter ou varier l'expérience de Herissant ; l'auteur enferma dans du plâtre quinze crapauds , et il en mit d'autres comparativement dans l'eau. Les derniers y moururent au bout de huit heures, et les premiers furent trouvés vivans après dix-neuf jours passés dans le plâtre. Des grenouilles mises comparativement dans l'air et dans le sable, moururent plus tôt dans le premier milieu que dans le second. L'auteur soupconnant que le plâtre pourroit bien être perméable à l’air, s'en assura en fermant avec du ‘plâtre l'extrémité d'un tube de verre, qu’il remplit de mercure et redressa comme un tube de Torricelli. Le mercure déscen- dit peu-à-peu à mesure que l'air traversoit le plâtre, Pour 218 MÉLANGESs. éprouver l'influence de cette cause sur la vie des cra- pauds renfermés dans le plâtre , il répéta l'essai, en me- tant le crapaud ec son enveloppe de plâtre sous le mer- curé , alors il ne vécut pas plus long-temps que si on l'eût mis dans l’eau. L'auteur attribue la différence de vie des animaux cités, dans le plâtre et dans l'air, à ce que le dessé- chement causé par la transpiration étant la seule, ou la principale cause de leur mort; il est moins prompt lorsque l'animal est renfermé dans un corps solide que dans l'air. On vit en effet que la perte de poids qu'ils éprouvoient dans le plâtre étoit beaucoup moindre qu'à l'air; et que mis dans le vide, ils y mouroient beau- coup plus tôt que dans l'air. MM. Thénard et Dumeril sont nommés Commissaires. Mr. Jomard lit un Mémoire sur les mesures des an- ciens Egyptiens , qui n'est pas susceptible d'extrait. 21 Juillet. On lit une lettre du Ministre de l'Intérieur, qui annonce l'approbation donnée par le Roi à l’élec- on de Mr. Scarpa comme associé étranger. Mr. Orfila envoie une note sur les effets de la mor- phine ( substance tirée de l’opium )} dans l’économie animale. 1° Introduite dans l'estomac, en nature, à la dose de douze grains, elle n’a pas d'action, parce qu'elle est peu soluble. 2.° Les sels solubles de morphine agissent comme l'extrait aqueux d'opium. 3.° L'extrait aqueux d'opium, privé de morphine, n’est pas un poison , même à grande dose. 4° Six grains de morphine dissous dans l'eau font le même effet que douze grains d'extrait aqueux d'opium. 5.® Les effets de la morphine sont beaucoup plus éner- giques lorsqu'elle est injectée dans les veines. 6° L’empoisonnement par la morphine se guérit par les mêmes remèdes que celui d'opium; c'est-à-dire, les émétiques , le café , les acides , etc. Norrce pes Séances DE L'Ac.R. pes Screnc. pe Paris. 21 9 7. La dissolution alcoolique de morphine a peu d’effet sur les chiens, parce que l'alcool assez étendu pour être donné aux chiens, dissout peu de morphine. Mr. Moreau de Jonnès lit des observations sur l'araignée aviculaire. On la nomme aux Antilles araignée crabe ; elle est longue d’un pouce et demi; elle fuit les lieux habités, et se cache dans les recoins sans filer de toile. Sa force musculaire est très-grande , ainsi que son ardeur pour le combat; elle se nourrit principalement de coli- bris qu’elle tue en enfoncant entre le crâne, et la pre- mière vertèbre , ses tenailles, d'où sort une liqueur ve- nimeuse, Elle porte ses œufs dans une coque de soie sous le corselet , et ses petits, au nombre de plus de deux cents , naissent d'abord blancs. Mr. Girard achève la lecture de son Mémoire sur YEgypte. Il attribne aux vents une influence qui con- court avec celle du Nil pour modifier le sol de ce pays. La différence de température de la Méditerranée et des déserts occasionne un vent de nord presque continu. Ce vent, rencontrant les montagnes de l'Abyssinie, change un peu de dirction , et devient N. O. en Egypte. Il chasse devant lui les sables de la Libye, qui envahiroient l'E- gypte, s'ils n'étoient arrêtés et forcés de s'amonceler en dunes par les arbrisseaux qui bordent les canaux. * Quant au Nil, il forma d’abord des bancs de sable, qui divisèrent son cours en plusieurs branches , et-sur lesquels le limon se déposa : on remarque qu'à raison des aterrissemens continuels , le fleuve oscille, pour se rendre à la mer par la plus grande pente. MM. Bosc, Cuvier et Lamarck font un Rapport sur Phistoire des Mollusqnes par Mr. le baron de Fergusset : cet ouvrage , dont la préface et les tableaux sont seuls terminés, mais dont les Rapporteurs ont vu les matériaux leur paroît très-utile et très-digne de l'impression, Le Rapport est adopté. Mr. Poisson fait un Rapport verbal sur l'Essai sur le 220 MÉLANGES. problème des trois corps , par Mr. Alfred Gautier ( de Genève ): cet ouvrage suppose beaucoup d'instruction chez son auteur , et il présente dans la première partie des idées originales dignes de remarque. Dans les deux premières divisions de son travail, l’auteur a suivi une marche historique ; mais dans la dernière il a donné un véritable Traité de la théorie de la lune, en employant l'analyse convenable ; c'est en tous points un ouvrage très-bien fait, d'après l'avis de tous les géomètres qui Font lu (x). Mr. La Place prend la parole pour donner au même ouvrage son approbation motivée. Mr. Jomard continue la lecture de son Mémoire sur les mesures des Esyptiens. MM. Arago et Fourrier sont nommés Commissaires pour l’examen et le Rapport. 28 Juillet. Un anonyme offre un prix de 3000 francs pour l'auteur de la machine qui extraira le plus, de fil du lin et du chanvre. MM. Yvart, Sylvestre, Bosc, Huzard et Thénard sont nommés pour l'examen de cette proposition. Mr. Biot écrivant d’Ecosse , communique à l'Académie les détails sur ses opérations, que nous avons déjà pu- bliés, p. 88 de ce volume. Mr. Thénard fait un Rapport sur un Mémoire de Mr. Robiquet, intitulé « Observations sur l'analyse de l’opium par Mr. Sertuerner. » — Mr. R. a répété toutes les expé- riences sur le nouvel acide et le nouvel alkali trouvés dans l'opium, et en a ajouté beaucoup d’autres. Il sépare Ja morphine ( V’alkali) en faisant bouillir une dissolu- tion concentrée d'opium avec de la magnésie, filtrant , et traitant à froid par l'alcool , qui enlève la matière colo- rante ; puis à chaud , par le même réactif qui dissout la morphine. Pour à (1) Voyez l'extrait de cet ouvrage, Tome V, page 253 de ce Recueil. [R] ANOTICE DES SÉANCES DE L'Ac.R. pes Scr£nc. pe Pants. 591 Pour obtenir l'acide méconique , il dissout le méco+ nate de morphine dans l'acide sulfurique étendu; il précipite par la baryte , et décompose le méconate de baryte soluble, par l'acide sulfurique ; il sublime ensuite l'acide méconique à une douce chaleur. Il en a déduit toutes les propriétés ; il a montré que le sel de Derosnes, loin d'être du méconate de morphine, comme le croit Mr. Sertuerner , ne contient ni l’un ni l’autre de ces ingrédiens, et quil est une matière particulière. Le Rap- porteur trouve l'ouvrage digne d'être inséré dans la cols léction des savans étrangers. — Adopté. Mr. Huzard ( fils ) lit une notice sur les chevaux an glais, et leurs courses, en Angleterre, Les bas-reliefs et les anciennes peintures montrent que les chevaux anciens étoient fort différens dans les for: mes , de ceux d'aujourd'hui. C’est à l'époque de l'intro- duction des chevaux espagnols et arabes en Angleterre que les améliorations y commencèrent, par le croisement des races. Bientôt on vit naître la rivalité dans les cours ses; et comme les chevaux vainqueurs y acquéroient des prix très-élevés, le desir d’en élever s'accrut. Ils rappors toient aussi de grandes sommes à leurs maîtres. On dit que le cheval l'Eclair gagna 1 250 000 francs au sien, durant sa vie. >: On distingue actuellement en Angleterre trois races de chevaux. 1.° Ceux de montagne, ils ont de 4 pieds à 4 p. 4 p. au garrot; leur encolure est forte ; les jambes sèches et nettes ; on les élève sur les montagnes. 2° Les chevaux de trait. Leur taille est haute; ils sont musculeux, leur tête est forte, les jambes velues : ils sont probablement originaires de Flandres, mais la race s'est perfcctionnée (x). (x) On pourroit considérer comme une väriété de cette race ces chevaux gigantesques dans toutes leurs proportions, qui font les transports des produits des brasseries dans Londres. [R} Sc.et arts. Nouv. série. Vol.6.N°.3, Nov.x817. R 222 MEÉELANGES. 3.9 Les chevaux de course. Les plus renommés d'en- tr'eux offrent les plus belles proportions du cheval ; mais le plus grand nombre , qui provient du croisement avec les jumens du pays, est éloigné de ce degré de per- fection. Les chevaux de chasse ( bons ) sont rares et chers. Ils proviennent d'une forte jument du pays avec un cheval de course ; ainsi ils réunissent la vitesse, la force ét la solidité. La plupart des chevaux de trait sont attelés trop tôt, ce qui les ruine promptement ; alors ils prennent la dénomination de chevaux d'York, et passent au ser- vice des diligences. Les courses de chevaux ont lieu une fois l’an, au moins, dans divers lieux plus ou moins renommés. Chaque pro- priétaire d’un cheval, qui veut le faire courir contre d'autres, donne une certaine somme ( quelquefois jus- qu’à 100 guinées ). Le gagnant retire tous les enjeux; mais indépendamment de cette lutte directe, il se fait des gageures pour tel ou tel cheval pour des sommes considérables. Le Gouvernement contribue par des pri- mes en faveur du gagnant. C’est ordinairement une coupe d'or. Les prix sont décernés par un Jury composé de propriétaires de chevaux , et qui est sans rapport avec le Gouvernement. MM. Sylvestre et Teissier sont nommés Commissaires, É +" Session pe LA Soc. HezveïIO. DES SCIENCES NATUR. 223 Notrcé DE LA SESSION DE La SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES LL ap et * Scrences NATURELLES réunie à Zurich les 6,7, et 8 octobre de cette année. Crrre session étoit la troisième depuis l'époque de la fondation de la Société en 1815. Êlle a été plus norm- breuse que celle de l'année dernière ; quatorze Cantons y ont fourni des associés, en nombres divers: Arau, cinq ; Appenzell, un ; Bâle , un; Berne, neuf; St. Gall, dix; Genève, six ; les Grisons, deux; Schatfhouse , deux ; la Thurgovie, un; Uri, un ; Vallais, un; Vaud, cingÿ Zug, un; Zurich, trente-huit, Si on joint à ce nombre quatre savans étrangers , qui ont assisté à cette réunion, la totalité des MENT présens , étoit de quatre-vingt- sept. « La rencontre de tant d'anciens amis ( dit le Bulle- ün allemand qui en a rendu compte ) tant de liaisons nouvelles qui se formoient, la satisfaction réciproque des savans en convérsation suivie ; enfin, la réception amicale de nos alliés les Zuricois ; toutes ces circons- tances ont contribué à rendre ce séjour agréable à tous, ét à laisser dans les cœurs des souvenirs qui ne s'effa- ceront jamais. » La députation genevoise avoit pris ses mesurés pour arriver à Zurich deux jours avant l'époque fixée , dans l'intention de les employer à aller visiter les célèbres tra< Yäux de la Linth ; maïs, leur distance étoit grande , le temps affreux , et les jours trop courts pour que deux pussent suffire à cette excursion ; il fallut y renoncer, Mais ces deux journées furent aussi utilement qu'agréa- bléement employées à visiter divers établissemens publics et particuliers, des collections , des savans, que ren- R 2 224 MÉéLANeEzrSs.. ferme, en grand nombre , la capitale du premier em rang des Cantons suisses. Dans la soirée qui précéda l’ouverture, la plupart des membres arrivés se réunirent dans un sallon particulier, où on prit le thé en causant familièrement ensemble. Le lendemain 6, à dix heures du matin , la première séance régulière eut lieu , dans le sallon d’assemblée de la Société de physique, institution déjà ancienne à Zurich. Le Bourguemestre et quelques-uns des premiers magistrats étoient présens. Le Président, Mr. Usteri, Conseiller d'Etat, fit l'inauguration de la session par un discours qui dura plus de deux heures, et fut écouté avec le plus grand intérêt par tous ceux des membres présens qui entendoient plus ou moins bien l'allemand ; les autres furent tenus au courant des objets traités, à aide d’un extrait préparé d’avance, et dont on leur avoit distribué des copies. Nous regrettons de ne pouvoir en rendre qu’un compté très-sommaire, và le peu d'espace qui nous reste. L'orateur distingua deux époques dans l'association ; dans la première ( actuelle ) on Jloit principalement cher- cher à acquérir la connoissance des hommes, et des choses qu'elle embrasse; et sous ce rapport, le système d'ambu. lance annuelle est très-convenable. Dans une seconde époque , qui provoquera sans doute, des travaux com- muns , il faudra peut-être un peu plus de fixité dans le centre ; en attendant, Zurich ayant été celui de cette année , c'est au Comité central, composé du Président, du vice-Président et du Secrétaire, à rendre compte des objets d'intérêt commun venus à leur connoissance. — Berne a contribué pour sa bonne part à entretenir le feu sacré dont le foyer étoit dans ses murs l'année dernière : lorateur ajoute à l'énoncé des travaux des naturalistes, ure mention honorable de ceux de Mr. Fellenberg à Hofwyÿl. — Au Canton de Vaud, l'esprit public , après avoir été long-temps , et exclusivement, occupé de poli- tique , s'est tourné vers les sciences et vers les institutions Session pe LA Soc. HetvériQ. nes Sciences Narur. 225 qui en favorisent la culture; on y a formé une Société d'économie ; on trouve à Lausanne des collections d'his- toire naturelle ; l'impulsion est donnée ; et elle se pro- pagera. — Pour le Vallais, on est encore réduit à des vœux et des espérances ; — « Genève, dit l'orateur, « cé- Jèbre par son amour. pour les sciences et pour les arts, a fait mieux que des discours. » Suit un apercu de la contribution genevoise aux travaux de la Société, ter- miné par une félicitation sur le retour et l’établissement dans sa patrie , du célèbre botaniste De Candolle.— Neu- chatel à travaillé sans doute; sa Societe Economique a été utilement occupée, mais rien n’est entré dans le fonds commun. — Soleure n’a rien fourni non plus. — Bâle, semble oublier dans sa prospérité actuelle, que celle qui l'avoit précédée et qui fut accompagnée d'un grand lustre fut due aux sciences, et que « i//is artibus conservatur quibus parata fuit.» — L'Argovie est auimée d’un excel- lent esprit, porté vers tout ce qui est bon et utile; plu- sieurs Sociétés s’y sont formées , et l'orateur y signale quelques individus hors du pair.— Lucerne vient d'éle- ver aux sciences un temple à grandes proportions; le Gouvernement a fondé des prix; on marche.— Les trois Cantons fondateurs de la Suisse, joints à celui de Zug ont établi deux Sociétés de médecine vétérinaire.—{Glaris s'attache à la Société par ses colonies de laLinthetles progrès que l'agriculture va faire dans un sol neuf, conquis par l'industrie. — Le T'esin , affranchi de sa tutèle, vérifie la prédiction du grand Haller (r).— Les Grisous ont établi à Coire une Société Economique.— A St, Gall, les tra- vaux botaniques du Dr. Zollikofer méritent une mention distinguée ; ainsi qu’en Thurgovie, ceux du Conseiller Freyenmuth.— A Schaffhouse , il faut, à tout prix, con server le riche cabinet du Dr, Amman.— Enfin, revenant (x) Ailpibus ad Italiam spectantibus, ego quidem plurimuma boni spero. 296 M ÉLAN,GE 5. : : pe à Zurich , le Président, rappelle sommairement les ser. vices rendus au Canton et aux sciences par la Societe de Physique, dont la fondation remonte à quatre-vingts ans. Il adresse ensuite, au nom de la Société Helvétique, une invitation à plusieurs de ses membres Zuricois qui, par.excès de modestie, gardent en porte-feuille des produc- üons dont la publication est desirée depuis long-temps, à les mettre enfin au jour; il désigne MM. Escher de la Linth , Horner, et le Dr. Ebel, comme étant dans ce cas. On espère Ja prochaine continuation de l'ouvrage botanique du Dr. Roëmer; les feuilles météorologiques publiées par Mr. Escher, donnent à l'orateur l’occasion de présenter quelques vues générales sur la météorologie. Après avoir payé un juste tribut de regrets à la perte de deux membres que la mort a enlevés à la Société: dans le cours de cette année , le Dr. Odier de Genève , et Mr. Hirzel de Zurich, le Présidént termine son diseours par des félicitations sur l'état actuel des sciences" natu- relles en Suisse, état qui procure des fruits, et en pro- met (lavantage ; on a conservé religieusement les bonnes méthoces ; les hommes instruits ont été assez sages pour demeurer étrangers aux combats, anciens et récens , entre les systèmes de la spéculation , et de l'expérience ; ils les ont admis tous deux, mais en partant de l’un, pour lui appliquer l’autre. — Une salutation cordiale adressée par l'organe du Président, de la part des associés de Zurich à leurs collègues des autres Cantons, dont ils réclament l'indulgence, termine la séance. D'après le vœu unanime de la Société, ce discours sera imprimé dans les deux langues, et envoyé à chacun des membres. Ils étoient en 1816 au nombre de 138 , on en a reçu cette année 122 nouveaux, et 1l n'y a au- jourd'hui pas un canton où l'on n’en compte quel- ques-uns. La Société a de même augmenté le nombre de ses associés honoraires étrangers ; ceux nommés dans la $es- SESSION DE LA Soc. HELVÉTIQ. DES SCIENCES NATUR. 227 sion de 1817 ont été, Sir Joseph Banks, Cuvier, de Humboldt , de Buch, Kielmayer , Wahlenberg , Fuss, Cadet de Vaux, Beudant, Gilet Laumont , et Martin, ministre du St, Evangile dans le Grand - Duché de Baden. Ces derniers étoient présens à la séance. A l'exemple du Gouvernement de Berne , qui avoit honoré l’année dernière la Société d’un don de 600 francs de France, celui de Zurich a ajouté cette année une somme pareille au fonds destiné à proposer des prix. Nous avons publié ( p. 151 de ce volume ) le programme dont la discussion occupa la Societé dans la seconde séance. On procéda aussi à la rédaction finale du régle- ment d'organisation. On décida que la session de 1818 auroit lieu à Lausanne , sous la présidence de Mr. Chavannes, membre du Grand Conseil et de l'Académie de cette même ville; et dans une saison bien plus favorable aux voyages que celle dont on éprouvoit les inconvéniens ( il neigeoit pendant la séance ), c'est- àa-dire, dans la dernière semaine de juillet. Une proposition de Mr. de Candolle fut accueillie et adoptée après discussion ; celle de profiter des Mémoires qui seront envoyés au Comité central , et qui auront son aprobation , pour continuer le Recueil qui, jadis , sous le titre d'Acta Helvetica avoit acquis une réputation bien méritée dans le monde savant. On le reprendra par cahiers ou fascicules , dont la réunion formera des vo- lumes. Les Mémoires devront être envoyés au président de la Société , au moins deux mois avant l'époque de la réunion, écrits en Latin, en Allemand , en Français, ou en Jtalien. Ceux dont la Société entendit la lecture dans le reste de la session , furent les suivans : Mr. le Prof. Studer de Berne communiqua ses observa- tions et ses conjectures sur certains débris de roches cal- caires qu'on trouve aux environs de la Gemmi, et dont il produisit des échantillons. Il penchoit à attribuer celte 228 MEéLANGESs. singulière formation à quelque origine organique. Mr. Escher ( de la Linth ), qui a , plus que personne parcouru et étudié les montagnes de la Suisse, attribue les sillons parallèles observés sur ces échantillons, à l’ac- tion de l’eau provenant de la fonte des neiges , et qui tombe goutie à goutte sur la pierre. Ce phénomène , selon lui, a lieu dans toutes les montagnes calcaires d'une certaine élévation. Le Prof. Pictet, de Genève, lut une « notice sur les ressources alimentaires que fournissent les os par divers procédés, après qu'ils ont subi la coction ordinaire » (1). Mr. Mayer , pharmacien à St. Gall, lut le lendemain un Rapport sur les établissemens fondés à St. Gall, à Frauenfeld , et à Zurich pour l'extraction du bouillon d'os par la marmite de Papin (2). Le Prof. De Candolle, de Genève, lut un Mémoire sur la distribution géographique des végétaux sur la sur- face du globe; et une note sur le nombre approximatif des espèces végétales (3). On lut ensuite un Mémoire de Mr. De Euc de Ge- nève ( absent ), sur l'influence des rivières et des torrens sur la forme des roches dans les montagnes primitives. L'auteur fondé sur un grand nombre d'observations , pe croit point que cette influence soit aussi la trop souvent imaginée. grande qu'on Mr. Lardy de Lausanne lut un Mémoire renfermant de nombreuses observations sur les gissemens du gypse dans la vallée du Rhône, en la remontant depuis Mar- ügny ; formation qu'il a suivie jusques sur la face mé- ridionale du St. Gothard , dans le val Canaria , et qui présente plusieurs faits intéressans. (1) Elle a paru dans le cahier de septembre de ce Recueil. (2) Voyez page 211 de ce vol. (3) Voyez page 119 de ce val. SESS'ON DE LA SOC. HELVÉTIQ. DES SCIENCES NATUR. 229 © Mr. Meissner de Berne (1) communiqua ses obser- vations sur quelques os et dents fossiles trouvés en Suisse, et quil mit sous les yeux de la Société. Il montra une dent trouvée dans une carrière de grès près d'Aarberg , à une assez grande profondeur , et qui paroît avoir appar- tenu à un animal de la race éteinte des anoplotherium, dont le savant Cuvier a révélé l'existence , et dont on trouve de nombreux vestiges dans les carrières de gypse près de Paris. Un fragment de mâchoire trouvé dans le même lieu, et comparé à la mâchoire du Babirosse des Indes , semble avoir appartenu à un animal de même race. Les plus remarquables de ces débris furent des dents trouvées dans la mine de houille de Käapfnach près du lac de Zurich, et dont les plus grosses ont évidem- ment appartenu à un animal de la race , aussi éteinte des mastodontes. Enfin on vit un crâne fossile trouvé près de La Tour , au bord du lac de Genève, et qui a appartenu à un animal de la famille des cerfs, mais qu'on ne peut rapporter à aucune des espèces existantes. Le Prof. Pictet communiqua à la Société les mesures qu'il vient de prendre pour se procurer des observations météorologiques sûres et régulières , faites dans l’habi- tation la plus élevée de l'Europe , c'est-à-dire, au conu- vent du grand St, Bernard (2). Il a trouvé chez les respec- tables Religieux qui l'habitent tout le zèle et les con- poissances desirables pour cet objet ; il les a munis de bons instrumens , et il se propose de publier tous les (1) Mr. Meissner naturaliste distingué, est Rédacteur du bulletin de la Société , qui paroïît chaque mois à Berne , sous le titre de MVaturiwissenschaflicher anzeiger der allgemeiner Schweizerischen gesellschaft für die gesammten Naturwissens- chaften.. Le prix de l'abonnement est de 6 fr. de France par année. (2) Voyez sur les détails de ces dispositions l'article inséré | page 106 de ce val. 230 MÉéLaAnces. mois les résultats sommaires de ces observations dans la feuille météorologique qui accompagne chaque cahier de la Bibliothèque Universelle , et qui contient les observa- tions faites à Genève aux mêmes époques de la journée où elles ont lieu au St. Bernard. Plusieurs Mémoires n’ont pu être lus, faute de temps. De ce nombre sont les suivans : Une monographie des cyrophores , écrite en latin et ac- compagnée de très - beaux dessins , par Mr. Schärer de Berne; les principaux botanistes de l'assemblée , MM. De Candolle', Roëmer, Vaucher, Seringe , etc. considè- rent ce travail comme très - précieux pour l'avancement de la science. Il en a paru un extrait dans le bulletin de la Société. Un Mémoire de Mr. le Prof. Mayer de Berne, sur un fœtus de lapin devenu bleu par communication d’une teinture de bleu de Prusse passé de la mère au fœtus. Un travaii de Mr. Pagenstæker , pharmacien de Berne, sur deux Mémoires de Mr. Cadet de Vaux, relatifs à la panification de la pomme de terre mêlée à la farine de froment. L'auteur trouve que les résultats de Mr. C. de V.: ne sont pas applicables à la Suisse où le sol et les pom- mes de terre sont à un prix beaucoup plus élevé qu'en France. | Indépendamment de la réunion officielle qui occu- poit toute la soirée pendant les trois jours qu'a duré la session , on dinoit ensemble , et la matinée se passoit à visiter les collections , les cabinets, les établissemens publics, qui sont en grand nombre à Zurich , et qui tous annoncent le patriotisme le plus libéral ; et le goût le plus éclairé dans la culture des sciences et des arts. —= Peut-être trouverons-nous l’occasion de revenir aux di- vers objets d'intérêt que nous a offert ce voyage. Ir x À DEesCRIPTION DE L’ADDITION FAITE A LA LAMPE DE SURETÉ, par Sir H. Davy. ( Voy. p. 154 de- ce vol. ) avec fig. Diss l'article que nous avons inséré au cahier pré- cédent sur l'addition faite à la lampe de sûreté, le prin- cipe seul étoit indiqué , sans que son application pût être aisément devinée. Le même journal d’où nous avions tiré l’article en question renferme une description de ce nouveau mécanisme , donnée par Mr. Murray et ac- compagnée d'une figure que nous avons fait graver, PI, III. de ce vol. ; elle en rendra la construction très- intelligible. La fig. représente seulement la partie inférieure de la lampe , séparée de son cylindre de gaze métallique. C’est le réservoir d'huile, muni de deux mêches séparées. À; représente l'une de ces mêches, entourée d'une cage de fil de platine ; c’est celle ‘qui brèle ordinairement et fournit la lumière. B, est la mèche de reserve; elle est munie d’un appendice qui sert à-la-fois, à élever le petit bonnet et à abaisser le fil de platine roulé en spirale , pour allumer la mêche. a est le bonnet, attaché à l'axe f par le fil de métal 2; c est un ressort qui lorsqu'il est libre, réagit sur le fil qui porte le bonnet; celui-ci s'abaisse alors et protège la mêche lorsqu'elle n'est pas en activité; d est un fil spiral de platine, at- taché par e à l'axe f, qui se meut par un bouton sor- tant à l'extérieur. La mêche de réserve est imbibée de soufre. Voici le jeu de l'appareil. Lorsque la mêche A vient à s'éteindre par l'excès du gaz explosif dans la mine, la combustion singulière et sans flamme, du fil de platine commence , et elle se 232 MELANGES. continue jusqu’à-ce qu'il n'y aît plus d'hydro-carbonate autour de ce fil; cette circonstance s'annonce par la couleur rouge-foncé que prend'le fil de platine, elle indique l'arrivée très-prochaine d'un état ordinaire dans l'atmosphère ambiante; alors, par un mouvement demi- rotatoire du bouton, on soulève le bonnet, et le haut du platine est amené en contact avec la mèche garnie de soufre, qu'il allume. < QUELQUES DÉTAILS SUR LE RÉGULE DE Mancanèse. RS A Nous avions dit, en passant, (p. 139 de ce vol.) que Mr. Fischer de Schaffouse étoit parvenu par ses moyens caloriques puissans, à retirer assez facilement le régule du manganèse. Il a eu la bonté de nous en envoyer quelques échantillons , pesant énsemble 9 den. 11 gr. L'un d'eux, qui pèse seul plus de cinq deniers, étoit cassé en deux, ce qui permettoit d’examiner sa fracture. Elle n'est ni conchoïde, ni cristallisée, mais inégale, raboteuse , et jaunissante en quelques endroits; elle ressemble beaucoup à celle de la variété de sulfure de fer qu'on désigne vulgairement sous le nom de mar- cassite. Ce métal, de couleur blanchâtre, est plus dur que l'acier trempé; il coupe le verre à-peu-près comme le diamant, et il raye le cristal de roche; il prend au la- pidaire, un assez beau poli, mais nous doutons que ce poli soit durable, à raison de la grande affinité du mé- tal pour l'oxigène. Mis dans l'eau pendant vingt-quatre heures, il s'est recouvert d'un oxide brun. Il attire sen- siblement l'aiguille aimantée ; peut-être nest-1l pas exempt de fer. PHÉNOMÈNE EXTRAORDINAIRE. 233 La pesanteur spécifique moyenne, c’est-à-dire de tous les grains de ce régule réunis est de 7,467; celle du plus gros , qui pèse dans l'air 67,8 grains, est de 7,457. Mr. F. nous a adressé , avec ce métal, un fragment de la scorie vitreuse qui le couvre à la fonte. C'est une subs- tance opaque, de couleur verte terne. Mr. F. croit qu'elle pourroit servir à la peinture, si elle étoit suffisamment porphyrisée. PHÉNOMÈNE EXTRAORDINAIRE. Lis: la nuit du 11 au 12 de ce mois, vers trois heures et demie du matin, on a entendu un bruit semblable à l’explosion d'une pièce d'artillerie à distance ; ce coup a réveillé au moins la moitié de la ville, et chacun l'a presque par tout , attribué à la chute d’un corps très- lourd à l'étage au-dessus du sien, chute qui auroit mis les planchers en vibration, car on a éprouvé en même temps une secousse , qui a fait penser d'abord à un tremblement de terre. Mais, d'après les informations prises, il ne paroit pas que cet effet se soit étendu , ni que l'explosion aît été entendue beaucoup au-delà d’un rayon de demi lieue autour de la ville. La cause en est encore inconnue : on étoit tenté de l'attribuer * à la chute de quelque aërolithe ; ntais les personnes qui se trouvoient réveillées dans ce moment, telles que les factionnaires des divers postes, n'ont pas aperçu de lu- mière; et on sait qu'elle accompagne d'ordinaire ceux des bolides qui font explosion. Nous invitons les per- sonnes qui d'après leurs propres observations , ou celles dont elles auroient connoissance certaine, pourroient 134 MéLANxczes. procurer quelques détails qui conduisissent à la décou- verte de la cause de ces effets extraordinaires, à vouloir bien en faire part aux Rédacteurs de ce Recueil. A TA TR AR RS RS É- dore NÉCROLOGIE. Lx 7 de ce mois à dix heures du soir, le Doyen des physiciens et des géologues de l'Europe, le célèbre J. À. De Luc, de Genève, a passé de cette vie à une meilleure. La carrière des infirmités , qui avoit com- mencé pour lui bien plus tard que pour beaucoup d'autres, (il est mort à 9r ans presqu'accomplis) le retenoit au lit depuis quatorze mois, lorsque sa délivrance est ar- rivée; ila conservé jusqu'aux huit derniers jours sa présence d'esprit, et sa voix non altérée; mais, à cette époque la décadence a été rapide; son agonie a duré deux jours. Il a été enseveli au village de Clewer (près de Windsor) qu'il habitoit depuis l’époque , déjà ancienne, à laquelle il fut nommé Lecteur de S. M. la Reine d’Angleterre. Il est le dernier de cetie période où l'on vit naître et sillustrer en même temps, les Bonnet, les Trembley, les Le Sage , les De Saussure, les Senebier , dans cette ville classique , où les exemples ne manqueront pas à ceux qui voudront et qui sauront les imiter; nous espérons que l'homme qui a si bien mérité de la science trouvera parmi ceux de ses com< patriotes qui la cultivent, un historien de ses travaux et un juste apréciateur de ses services. ANNONCES D'OUVRAGES NOUVEAUX, FRANCAIS, ANGLAIS, ALLEMANDS ET ITALIENS. OvuvrAGESs FRANCAIS. secs des caractères physiques des pierres précieuses ; pour servir à leur détermination lorsqu'elles ont été taillées. Par l'abbé Haüy. 1 vol. 8.0 Paris, 1817. Exposition physiologique des phénomènes du magnétisme ani- mal et du somnambulisme , contenant des observations pra- tiques sur les avantages et l'emploi de l'un et de l'autre dans le traitement des maladies aigues et chroniques. Par Roullier, D.M. à Montpellier. 1 vol. in-8.0 Paris, 1817. Elémens d’Algèbre. Par Bourdon , Prof. de Mathématiques. 1 vol. in-8.0 Paris, 1817. ÆEditio Ephemeridum Meteorologicarum et magneticarum ; conscriptarum primum Ultrajecti | deinde continuatarum Leydæ ; per Petrum Var Musschenbroek , ab anro 1729 ad finem anni 1558. 2 vol. 4.0 16 floreni Hollandici. Amstelodami apud P. Den. Hengst et fil. Muller et Socios. OvuvrAGESs ANGLAIS. Algebra of Hindus, etc. L'algèbre des Indous , avec leur arith- métique et leur système de mesures, traduit du Sanscrit, par H. T. Colebrooke Esq:r 1 vol. in-4.° Londres, Murray. ‘A system of mechanical Philosophy, etc. Système de physique mécanique , par feu J. Robison, Prof. de physique dans l'Université d'Edimbourg , avec des notes et éclaircissemens comprenant les découvertes les plus récentes dans les sciences physiques, par D. Brewster. 4 vol. 8.0 (sous presse). Outlines of Geology. Esquisse de la géologie, ou syllabus d’un . Cours de lecons données à l'Institution Royale de Londres sur cette science , par W. T. Brande, Prof. de chimie dans cet établissement. 1 vol. 8.° À descriptive catalogue of diumonds , etc. Catalogue descriptif 236 ÂANNONcESs des diamans du cabinet de Sir Abrakam Hume Baront, Par le comte de Bouruon, in-4.° avec fig. Le même en francais;-in-4® Londres , Murray. Chemical amusements , etc, }Amusemens chimiques , rénfermant une suite d'expériences de chimie curieuses et instructives , faciles à faire , et sans danger , par F. Accum, chimiste- manipulateur , Membre de lAcadémie Royale d'Irlande. 1 vol. Zondres, 1817. OuvRAGES ALLEMANDS. Wollstandiger handbuch , etc. Manuel complet de géométrie appliquée , pour les Ingénieurs-géographes , les arpenteurs , etc. Par le Dr. J.J. Benzenberg , avec fig. 1 vol. in-8.0 Dusseldorff , Schreiner. Neue Erfahrungen in Gebiete der chemie , etc. Nouvelles expé- riences de chimie et de métallurgie faites dans le labora- toire de Freyberg, par Lampadius, Prof. de chimie. In-8,° Jig. Weimar. Die chemischen reagentien , etc. Dés réactifs chimiques ; et de leurs applications aux analyses ; manuel pour les pharma- ciens, les chimistes, les fabricans ét les négocians ; par le Dr. Auguste Schultzer-Montanus, In-8.0 Berlin ; Soc. typogr. Beyträge zur anatomie und Physiologie , etc. Essais sur lana- tomie et la physiologie des yes , avec une Introduction, dans laquelle on a cherché à recueillir les connoissances des anciens naturalistes sur ces animaux. Par H; M. Gäde. 1 vol. in-8.0 avec fig. Berlin , Maurer. Beschreibung einer holtzsparkeiche, etc. Description d’une cui- sine économique , sur-tout destinée à cuire à Ja vapeur. Par J. Sältzer, Inspect. de bâtimens; avec fig. 1 vol. Leipzick, Baumgartner. OuùuvRAGES ITALIENS. Corso di Geometria elementare e sublime, etc. Cours de géomé- trie élémentaire et sublime, à l'usage des écoles publiques et de la marine. Nouv. édit. 4 vol. grand in-8.v Naples, Sangiacomo. Dei combustibili fossilé esistenti nella provincir Veronese, etc. Des combustibles fossiles qui existent dans la province de Vérone , aux environs de Vicence et dans le Tyrol , et de leur usage comme substituts des combustibles végétaux, par le Comte Bevilaqua Lazize. 1 vol. in-8.9 Verone, Mariñardr. Descrizione e uso di una nuova scala, etc. Description et usage d’une nouvelle échelle pour le baromètre à mesurer w les hauteurs , dispensant de tout calcul; précédée d’un abrégé M théorico-pratique du nivellement batométrique. 1 vol. in-8.® sa avec fig. Verone , Mainardi. À PR RE EXTRAIT DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites au Couvent du Sr. Brrvanrp, élevé de 1246 toises au-dessus de la mtr ; aux mêmes heures que celles de Gexèv rapportées ci- derrière ; pendant le mois de Novrwne, } Jours h. pouc.lig. dix. Différence. Plus grande hauteur du Baromètre le 2 à 8. 21. 3, 3 Ag Moindre hauteur + + + + + «+ . . le 2b à 2 - .« 20. 7, 3 2 -BaroM. Hauteur moy. Barom. au lever du Sol. + + + + + + 20.11,86} Idem. + + « + + à 2 h. après midi. 1 + - +. 4 20.11,68 f 018 ap. midi. SSL AT TE AT TT AT AT A Différence. Plus grande hauteur du Thermom., le 4 à 2 h. +5,51 1b0kr 4 > T Moindre hauteur + «+ . .« ._…. . le 26, lev. du Sol. — 10, o J HERM. Haut. moyenne du Thermom. au lever du Soleil. - 3,04 | 20,54 Idem. + + ++ + + + + + à 2 h. après midi. — 0,0 D Haut. moyenne de l'hygrom. au lever du Soleil. + « « 540, 8 1 3 x x 4 0,8 Hycron. Idem. + «+ + + + + + + «+ à 2 h. après midi + » - 72, o 2 Maximum de sécheresse ; le 23, à 8 h.eta2 h. 55 , o PLruyr. Jours de pluie o; de neige 7. Quantité + + eolig.+ + + 1 pied 3 pouc. 4 lig. MENT. Aux 6o époques d'observation dans le mois, le N a soufflé 3 fois, dont 2 au premier degré, + x au second. SO « «+ »+ + 19, toutes au premier degré. S + + + + 1,au premier degré. NE+ + + - 28, dont. : 20 au premier degré. 3 au 24 +. 3 au 3e, et 2 au fe. On n'a pas observé de vent dans les autres rhumbs. Le calme a été observé huit fois. ; On se rappellera que c'est au Cahier précédent que se trouve le Tableau des observations faites à Genève dans le méme mois , aur Inémes heures. Accidens, Evénemens, dont on desire conserver LE OBSERVATIONS DIVERSES, quelque souvenir. Le mois d'octobre par sa température froide, qui avoit paralisé au commencement, et anéanti à la fin, toute la végétation de nos montagnes , annonçoit un hiver aussi précoce que rigoureux. Le mois de novembre, bien loin de réaliser ces présages fâcheux , a presque ramené le printems dans nos sommités ; car on a cueilli, à qua- rante toises au-dessus de l'Hospice , le 23, des violettes; le 24 , le 30 même, le Geum monta- num etla Gentiana acaulis , aussi fraiches qu'en été. Ce dernier jour le! soleil se coucha de la manière la plus surprenante : le ciel étoit en- flammé ; les nuages , couleur de fen alloient se fondre avec les vapeurs, telles qu'on les voit dans les beaux jours d'été au coucher du so- leil en Italie. À cinq heures trois quarts, le sommet du Mont Velan paroissoit encore doré des derniers rayons que réfléchissoient les nuages. Le 24, on vit passer beaucoup de canards; on remarqua aussi beaucoup d'insectes morts sur la neige au sommet du col Fénétra, à 120 toises environ, au-dessus de l'Hospice. On voit passer beaucoup de vin d'Italie en Suisse. adatt ie sante. D TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites au JARDIN BOTANIQUE de GENÈVE: 395,6 mètres (203 toises) au-dessus du niveau ET 46°. 19. Longitude 156 LT de Tems ) à l'Orient de l'Observatoire de PARIS. Jours du © 00 Cost RESTE) COS CUT | ui be b = O0 C1 u2 RD On Os pi den et O © ot an BR ve nm Ùù > +1 © On vi ER 02 L LE] w u) © pb © Moyennes. Phases de la Lune (a) Le OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES. Therm. à l’om- k bre à 4 pieds | Hygromètre deterre,divisé | à cheveu. en 80 parties. IL.du S. | à Pluie ou Barometre. } neige en Lev. du Sol. à = heures. 2h. ——— Pont Set PONS Dix. d Dix. d. À Der Deg. À Lig. douz. } SE 19 lag 2. o-.0.8l+ 5. 9F 100 864 —— ! NO: SZ Dr 10: 12 dsl 8. Sh 1co 92 Sax 2er Ar vo SAR 4-00), 35 90 100 2. 6 — 7 12|— 7, 10 2e 81" 5, 71/82 73 —— — 10. 5[— 10. 6 1. © 1. 7 91 89 —_—— = 9e 15] — 7. 14h- 1. © 2. 11 4 85 ——— — 8. 11f— 8. of+ 2. 5| 3. 8 07 95 — 4. 8|— 3. © 1.6 4 5 lo 94 À 1. o Et) CO FAUE) 2. # 99 Guns, = Role) at 08 (0) Oo. 5 2. SR: 93 8 2 CT NS NO REP re 08 MONS NO E 90 —— 19.6 9 ru 26 to: 2 hu 87 — cn LOIS ED ETO; Ar 4« 5]- 0. 3 94 91 ——— ARLON OI O2 3. 21+ 0. S 97 93 OZ) AE 2603 4. OÙ 100 100 fs © AT 1127 IR 07. 01 2. 31 100 94 26. 11. .6|26. 10. 6 1. 6|[ 4. 61 100 90 — CON UE EU) LANCER) DIET LT 83 ro & où Sole in4h diet 19) w3: 7] 970788 F7, 0 es Or) 03) 007 95 o. 9 Re le, 76. 714 TSI ST 97 88 mn Al Rs 6) o. 6 3+ 41 100 95 0. 9 Ré ogiC) et bi 1e) 12 2. 21 100 100 1 o Ro SE EMA ET UN ETNO | T0 "0 6 92 — D OC) TO) CPC OT CE 94 LR EG EST SE IE oo) |: Yo) 87 _— 27° ©. 12127. Oo. 8 À 0. 3} 90 89 | RE. 26. 11. 7126, 10, 1r + o. S|+ 1. 8 90 89 cage 27e AOuwmTI27e 1:06 0: 31: ©. 71 96 #1 Tp.n nr Aile 1 91," 2 tar 6007 | 94 ee nn NA ER OR 3: 8] o. 5{ 96 95 LR fe 9: 0558126. 8 10,97 f— o,22|4 2:31 095 801 93,90 15.9 P 1 2/, heures, Gelée De ou rosée. DECEMBRE 18 Vents. L, so à 2h. Etat du ciel. med cl,, id. nua, , Cou. plu. , cou. cléruar cou. , id. nua. , id. cou. , id. cou. , plu. plu. , id. nua. , el. chui cou., id. nua, , COU. cou. , 1d. plu. , cou. él end, nua. , COU. nua. , COU. plu. , id. pl. , id. cl. , cou. nel. , HiUA, cou. , id. cou. , id. cou. , id. cou. , id. cou., cl. nua., COU. nel. , NUA, cl. , id: cou. , id. : la saison comporte. Mer : Latitn I 7. OBSERVATIONS DIVERSES. | | | | | Les blés continuoient à avoir botnt apparence , lorsque la neige survenue dans les derniers jours du moissei quantité suffisante pour les. couyrin les a mis à l'abri du froid brusque quia suivi. Le mois a été favorable aux trans ports des terres , des engrais ; et"aux | autres ouvrages de la campagne , quil | | | | | | | | DRE ARR NE IEEE NE SEP TES Déclinaison de l'aiguille aimantée , l'Observatoire de Genève le 314 | Décembre 20°. 6°. FE { | "| | | {| Température d'un Puits de 34 pied le 3x de Décembre + 10. 3. | | | RS À ASTRONOMIE ANCIENNE. Révorurions TRÈS-EXACTES DU SOLEIL ET DE LA LUNE, déduites des grandes périodes des anciens Egyptiens ; par le Dr. Marcoz, ex-professeur de mathématiques. Paims les différens titres de gloiré des anciens Egyp- tiens, celui de leur grande habileté en astronomie a été le plus généralement reconnu par les peuples qui fu- rent leurs voisins et leurs contemporains. Mais leurs observations des astres, fruits d'une longue constance nous ont été enlevées par les ravages du temps. Leurs tables astronomiques, qui devoient contenir .les résultats de tous les progrès qu'une grande suite de siècles avoit dû leur permettre de faire dans cette science, ont dis- paru par la même cause destructive. Il ne nous reste qu'un petit nombre de leurs principes et de leurs élé- mens, qui font beaucoup regretter la perte de tant de travaux si long-temps continués sous le ciel le plus propice. Ne pourrions-nous pas soupconner que nous possé- dons quelques résultats importans de ces longs travaux, mais qu'ils sont ignorés parce que le génie des Egyp- tiens les portoit à cacher un grand nombre de connois- sances sous le voile de l'allégorie et du mystère? Ce déguisement de la science par les Egyÿptiens est trop connu d'après le témoignage des auteurs anciens pour qu'il soit nécessaire d'en exposer ici les preuves mul- tipliées, On peut voir ce que disent Lalande ( Astr. 3.e édit. N.05 264 , 572 et 280) et Bailly (Astr. Anc. p.18r, x72 et 219) de d'esprit mystérieux des prêtres astrono- "Sc.et arts. Nous. serie. N ol. 6. N°, 4. Déc.1817. : S 538 ASTRONOMIE ANCIENNE. mes de l'Egypte. Ce dernier même (p- 171 et suiv.) tâche, sinon de justifier, du moins d'excuser cette mé- thode si contraire aux progrès de l'Astronomie, mais $i conforme au génie d'une caste qui s'étoit réservé toutes les sciences. Ce. qui peut nous donner quelque espérance de dé- couvrir des résultats importans et inattendus, c’est l'assertion de l’auteur du Zvre sacre attribué à Mercure (dans Stobée Eclog. phys. in-fol. 1619, p. 117) que « Mercure a tout connu, tout écrit, et a caché un très- » grand nombre de choses, les exprimant d’une manière » sûre, et les taisant tout à-la-fois, afin que tous les âges » subséquens en fissent la recherche. » On sait que sous le nom du Mercure égyptien il faut entendre les collèges des prêtres de Thèbes, de Mem- phis, d'Héliopolis, etc.; puisque ces prêtres inscrivoient leurs découvertes sous le nom de Mercure (Jamblich de Myst. Ægyp. initio ). Mercure étant l'inventeur de l'Astronomie, et l’auteur dé toutes les découvertes faites en Egypte dans cette science ; à la faveur de la connoissance exacte du ciel à laquelle les astronomes modernes sont parvenus, il nous sera’ peut-être permis d'obtenir ce que le ciel a appris aux anciens Egyptiens, et qu'ils nous décla- rent susceptible d'être découvert. Pour parvenir à cette connoissance cachée efforcons- nous de découvrir quelques principes ou quelques règles en usage parmi les astronomes anciens des autres na- tions, que l’analogie puisse nous faire soupconner ap- plicables à l'astronomie égyptienne, Le plus ancien traité d'astronomie indienne connu sous le nom de Souria Siddhanta , nous présente la grande période de 4,320,000 ans, non -seulement comme le: fondement de toute l'astronomie solaire, lunaire et planétaire, mais encore comme le cadre de toute la chronologie indienue distribuée en quatre âges très-res- GRANDES PÉRIODES DES Ecxprrexs. 239 semblans aux âges d'or, d'argent, d'airain et de fer de l'histoire mythologique des Grecs et des Romains {Davis Asiatick Researches, Tome II, N.° 15 ). L'ancienne chronique égyptienne citée par Manéthon ( dans George le Syncelle, page 5r et suiv.) nous offre une durée prodigieuse de 36,525 ans qu'aucune histoire suivie ne peut remplir, ni justifier, et qui n’est point d'accord pour la durée totale, ni pour la durée et la succession des dynasties , avec ce que nous a transmis Manéthon, qui cependant avoit Puisé dans les sources les plus certaines de l'histoire de l'Egypte. Ne pourroit- On pas conjecturer que cette durée de 36,525 qui pré- sente tant d’invraisemblances en chronologie | seroit plutôt une période astronomique , comme celle des Indiens dont on vient de parler, et cacheroit des vé- rités importantes destinées à justifier la célébrité des Égyptiens en astronomie? Les livres de Mercure cités par le Syncelle (page 35 et 52 }avoient appris aux Egyp- tiens et aux Grecs que ces 36,525 ans étoient formés par le produit de deux périodes astronomiques , celle de 25 ans et celle de 1461 ans, et qu'ils étoient la durée de la grande année des étoiles fixes, ou du re- tour du point équinoxial à la première étoile du bélier dont il étoit paru. Proclus, dans ses hypothyposes astro- nomiques, nous dit aussi que la période de 36,525 ans est celle de la précession des équinoxes, ou dé la grande année des fixes. Manéthon lui-même , Qui nous à donné le nombre de 36,525 ans pour celui de Ja durée des dynasties assignée par la chronique égyptienne, nous apprend dans Jamblique (de Myster. Æoypt. sect. 8. c. 1) que ce même nombre est celui des livres de Mercure (divinité toute astronomique } Parmi les modernes, je ne citerai que l'Histoire uni- verselle, par une Société de gens de lettres, traduite de l'anglais (tome I, page 426, in-4.° ) où il est dit tex- tuellement : «la somme totale des trente dynasties de S 2 +40 ASTRONOMIE ANCIENNE. ancienne chronique égyptienne forme non-seulement un nombre immense qui remonte beaucoup plus haut que la naissance du monde, mais paroît être un calcul as- tronomique par lequel les Egyptiens semblent avoir voulu égaler la durée de leurs dynasties à celle d'une révolution périodique du zodiaque : aussi il ne nous est pas possible d'en faire usage.» Voilà donc une période exilée pour ainsi dire de la chronologie des Egyptiens, et ramenée à leur astronomie tant par les anciens que par les modernes. N’en seroit- il point de mème d'une autre période chronologique égyptienne, celle de 11340 ans, rap- portée par Hérodote (L.2, $. 142 et suiv.) ? Je ne dé- velopperai pas ici l'invraisemblance historique, soit de la pére totale, soit des détails dans lesquels les prêtres égyptiens sont entrés pour fétablir, ce seroit répéter ce qu'ont écrit plusieurs célèbres littérateurs, dans l'his- toire et les Mémoires de l’Académie des inscriptions (tome 29, in-4.° ) et ailleurs. Si cette période est sus- ceptible d'offrir quelque vérité , ce sera vraisemblable- ment lorsqu'elle aura été ramenée à l'astronomie. C'est ce qu'ont pensé plusieurs savans. C'est en particulier le sentiment d'un célèbre voyageur qui, après avoir observé et décrit l'Egypte moderne avec une exactitude et une véracité unaniment reconnues par les savans Francais de l'expédition d'Egypte, a voulu complèter ses travaux sur ceité contrée intéressante en jetant une vive lumière sur les ténèbres qui couvrent l’ancienne chronologie de cette nation. Il dit (Recherches nouvelles sur l'his- toire ancienne, part 3, page 222):4«les 11340 ans al- légués par Tiérodote n'ont donc aucune autorité raison- malle (en chronolosie) et sont une pure hypothèse imaginee peut-être pour mesurer un espace de temps dont le point de départ auroit été quelqu'observation astronomique marquante. » Nous sonames donc conduits à prendre pour principe GRANDES PÉRIODES DES EGYPTIENS. 241 que les périodes des Egyptiens qui sont invraisembla- bles ou absurdes en chronologie peuvent être revendi- quées par l'astronomie; à moins qu’on ne veuille les considérer tout à-la-fois comme chronologiques et comme astronomiques , en faisant des réductions à la durée chronologique , ainsi que l’a fait Bailly (Astr. anc. p. 298 et suiv.) et comme l’a fait Mr. Bentley (Asiatick Resear- ches , tome 8) pour la période de 4320000 ans des In- diens; réductions qui seront toujours très-arbitraires. Un autre principe d’un usage universel dans l'astro- nomie ancienne , c'est que les longues périodes devoient contenir des jours entiers , des lunaisons entières, et des années entières ; en un mot des révolutions complètes en un nombre complet de jours. | En effet l'Astronomie du Souria Siddhanta des Indiens renferme dans la grande période de 4320000 ans, des grandes années complètes des fixes , des révolutions complètes du soleil, de la lune , de son apogée et de son nœud, des révolutions complètes des cinq planètes autour du soleil, et toutes ces révolutions complètes se faisant pendant 1577917828 jours entiers sans aucune fraction de jour. Voyez Asiat. Research. tome 2, n.° 15, et les notes de Mr. Davis à qui nous devons la pre- mière connoissance d’une partie du texte du Souria Siddhanta. Plusieurs autres traités d'astronomie indienne ont suivi la même méthode, ainsi qu’on peut le voir dans Cassini (Règles de l’Astronomie indienne }), Bailly {Astronomie indienne) et Mr. Bentley {Asitick Researc. tom. Get8 ). Géminus, en exposant les tentatives des Grecs pour trouver des périodes qui pussent concilier les révolu- tions du soleil avec celles de la lune dit formellement { C. 6, pag. 32 et 34, Uranol. petav. ed. paris.) que le temps que les Astronomes cherchoient pour y parvenir devoit contenir des jours entiers, des lunaisons entières et des années entières. 242 ASTRONOMIE ANCIÉNNE. Le mème anteur {dans le c. 15, p. Gr et suiv.) rap- porte que les Chaldéens triplèrent leur période luniso- laire de 6585 jours, 8 heures, pour faire évanouir la fraction du tiers de jour ,et celle du mouvement du soleil et de la lune, et n'avoir que des jours entiers et des degrés entiers. Ptolémée dans le ch. 3 de ses hypothèses astronomi- ques publiées par Bainbridge à la suite de la Sphère de Proclus, assigne une année complète des fixes, des révolutions complètes du soleil, de la lune , des cinq planètes, de leur anomalie respective, et des nœuds lu- naires dans des années solaires complètes. Les Egyptiens eux-mêmes nous font voir qu'ils se sont conformés à cet usage ainsi que Strabon nous l'apprend des prêtres de Thèbes les plus célèbres astronomes de l'Egypte. «Ces prètres , dit-il, (1. 17) pour complèter l'année, dont quelques parties du jour excèdent la durée, composent une période de jours entiers et d'années entières, de manière que toutes les parties du jour qui excédent l'année entière forment un jour. Ils rappor- tent en particulier toute cette sagesse au Dieu Mer- cure.» C’est ce que répète Gaza de Mensibus , c.9. En effet les prètres égyptiens cherchoient d'abord dans leur période de quatre ans le moyen de faire dis- paroitre le quart de jour de l'année de 365 j.:; en- suite pour former leur période caniculaire (de rebe ans de 365j.:, ou de 1461 ans de 365 jours } ils combi- noient des années entières de 365 j. et des périodes quadriennales de 365 j. O O © O WA» O ON" O » æ@ O©O O © O3 © D OO = 025 + mm D I 02 rs le ES Bar Cou 2e Ne MS de La] RÉM lus haut lus bas 31 DÉCEMBRE ES 27: $° 26, I. +23. 8. — 8, 3- le 26 Janvier. és g. 10.— 9 Décemb. — 13 Septemb. — 30 Décemb, 18 17. € Dirence 1. 3. 11 ê Différence 32. 1. MOYENNES DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES pu 1%. JANVIER av 31 D ÉCEMBRE TO 177 a — ——— — Baromètre. Thermom. à l'air. Hygromètre. Eau de | Therm. Moyennes Moyennes Moyennes pluieet | dans et, ms, |, de neige | le puits. aux 2 époq. aux 2 époq. é par mois du jour. du mois. Haine du mois. annee du mois. Moy. lig. douz. | du mois ce, pouc.li.sei.c. pouc. li. sei.c. | deg.cent. deg.cent. Lev. du So 27. O- 8,35 L \+ 134 90,81 à . Las Ve heures. À:7. 0. . ai 036 # 407 + 2200 el. 88,10 14: 9 |T 97 EXTREMES D'E L'ANNÉE. 4 Lev. du Sol. 27. 1. 6,937. + 1,79 8s,14 | Févr. Here se nd 27. 1:4,80 Me ge h+ 436 ni 82,14 2% 6] 9,0 | Lev. du Sol. $26.11. 6,551 , + 1,73 81,61 | Mars { PUENES + A CR ss le 4 + 4,60 Re 79:08 | 36. o |+ 8,8 Peas os B plus haut ë : 26 Janvier. < ev. du 50 27. o. 8,80 : + 2,08 + 82,66 | ; aromètres e D'firence Avril 2 heures 6. 356$ 7 HP AE RACE 720$ 7793 GO | TE plus bas 26. 1. 10. 9 Décemb. dd Lev.duSol. (2 1,06 + 6,98 81,58 : plus haut +25 — 19 Septemb Tai Sn F 26. 8.9,26 + 9,90 Ps II ASSOCIÉ Thermomètre GORE 3 Septemp. s Mai 2 heures 2 1,46 10 Er 2,82 » 7464 ) 9,0 ses ; DR: Lev. du Sol. plus bas = 8. — go Décemb. : ev. du 00 6.11. 6,60 , +11,13 82,77 j Juin hevres s. Gta sa 26.11. 4,96 H17,83 +14,48 79:07 37° 6 |+10,0 | ; Lev.du Sol. 26.11: 9,61 +11,44 86,5 | Juillet { 2 lieures es 1. ses 26112996 iri49 +1436 0 82,14 33. 9 |+10,0 | | Lev. du Sol. $26.1:. ue Aa 10,58 PRIE . Re ; | ; ‘1fe 82 6 Août 2 heures Ü26:10.15,96 735 417,22 ci 81,48 3 ox Eee Lev. du Sol. $26.11.10,97 410,66 : | Sept. : heures 26.11: 2266 26938 | EE F1449 PS ee 6700 15: 9 |-+r0,S Lev. du Sol. $26.10.13;23Ù :6.1012 HAN 60 Fe De à 22 25: 8 \E 2 heures 26.10.11,26 244 6,57 7 COS se 3 |+ 87 |: | Lev. du Sol. $:7. 115,901 ,», 1.46 + 3,32 h+ ss1 di 88 6 Nov. 2 heures 27. 1:1210 QUE PES Are 4 CPE SL ° HUE : Lev. du Sol, $26. 9. 0,58 , - 0,22 è De 953! à : | Déc 2 heures 26. 8.10,97 26x37) EEE, 5 | CEE Hg LECFE) A Eu 1817. | 26:11. 5,93 HO ET 84, 09 |28. 6. 6|+ 9, 1816. | 26.10. 6,44 + 7,09 85,35 |36. 7. 5|+ 8,0 L 815. 26.11. 2,49 +8,05 85,25 |22, 2. 2 + 8,86 MoyEnNNES : à © ÿ - 6 : 1814. 26.10.15,14 + 7,04 78 86 |27:10. 3|+ 9,07 me 1.8 13. 1 20 11: 0,45 + 7,48 79 » 29 26. 9. 5 |+ 9; p1x ANNÉES 5812, | 26.10.15,98 + 7,10 80,64 30: 8. 8|+ 9,25 IN PUIe 1811 | 2641. 1,63 + 8,89 79 16 30. 5.10 [+ 9:1 1810. | 26:11. 7,09 + 8,57 79,43 |39: 8. 7|+ 8,6 1809. | 26.11. 0,00 + 7,54 82,86 33. 9. 2/+ 8,70 1808. | 26.11. o,14 + 6,68 82,37 fo 1. 3[t 8,9 Bibl. Univ. Sc. et arts.T.VL PLT. Alleaux des Hrtleur catrémes et moyens des observations Hermomitrrques 74 à Genève, au L parden éotanique , atrats des lala méeorobgiques 24 dant le Bélothique Britannique , el caduli ur 10 an 1803. à 18/2. inéhsirement, 208. bide au dans de nireat de la mer, Lat! 46 2 Long. 15 lt lEst de Pr. se ‘é * » : \ NRC AV Tete 130€ a Jul £ | + LL 2 “ q . wŸ ; À - ra Ve. M varier arf: SOU : tépmigee D ouf toôn : sn MER PETER \ À + v k « 2e À nb toburie M à une und sat MDN MC RN \ ex L 2 "1 ‘ | L s. ‘a + * r Aus Ce. nes es M É CR Dum A s wolon 0 ane Ê Rue "ZA à se + p “ Sn. où Dh, Sr Vas AN gmes, En 11e + SOIN à r PS AS ER UE EU * i Ne - ne 1 home SES SC ue > Die _… Le PME PESÉES SSSR ES PER PRE Er Es OT Eee | : ñ 14 ont omdetee de: où, abus nf ie En AR auibs ge M OUT 08 ans 2 PET » " LE à) ": 1 vis col . Ÿ ? 2h DL ne UT - Æ A7 AS 20m El one: À "71: SHOT dd dé M Se Var s TC is OÙ nut: dvdanlrs ba oh née les te ï . CE ESS AIR Cr DL one: er mracess Den: vi” Part) 4, 478 Y (4 L e à , : ù gp « * : À "% : : 1 | s. à" d Un Ye el are LA à è À name: homme oies: momnd, cm cod | cobode| roue nt fie PR es ï, Î À = { \ L” \ | j À. LGu! | { » Î f um ' i d 1 #4] | “wi L \ avi d' « pme ï n { pl ‘ 14 k 7 \ GT ) n { \ ue JL. f \ F. 4 \ Fe = nm 0 2 pli LERhQ || émise : rire k ] j bin, | À 4 f pa | Tr. sure : mA ESS f \ ( tn M L vbs : $E mn \ rue | \ f TE | uen i s1à ' dt à LL e LME nés È x : ‘ | ] * L % ti Î QE re-Dotqume e EE dE ENS ,TTR 2T d d ‘ : - + a-dfune Aie cité Lr F ll St ù pe. AC k Pill Urus. Se ters. TT HI Apparel de Zurich pour Les furmrgatrons d'acrde Sulfureux. Dimensrons de l'acier Et fabri de M° Fischer à Schaffouse . ra. CN EME « : : 3 # ir il à LH L + 71 f = = 72 Eu me | & < FRS } + ü « 2 # LÉ RR ER + * ‘ L RENE LOTS 22 “ pet qe + Pré Un. Nc. ct arts. T° PI PI. Photometre de M: Horner. 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