1A.10.72 S 1206 nu | BIBLIOTHEQUE UNIVERSELLE »DE $ SCIENCES, BELLES-LETTRES , ET ARTS, FAISANT SUITE A LA BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE, Rédigée à Genève PAR LES AUTEURS DE CE DERNIER RECUEIL, 225 6 4 2 TOME TREIZIÈME. Cinquième année. SCIENCES ET. ARTS. A GENÈVE, âe l'Imprim. de la Bisriorméque UNIvVERSsELLx, 1820. r. dJinen a: És + EAU PA «ei ITA LIT fi PmAË: La D & ns à abat ho Ë SAFUI Hi 4q 39 HI en DAT tx GER At Ÿ £ La ÉRILÉRSLES ELLES n AR \ INEHAT. ET A w # HAN Eu sp VU AVAMAD A 1 RS as 8 à (3) * PHYSICO-MATHÉMATIQUES. AN ACCOUNT OF EXPERIMENTS, etc. Détail d'expériences pour déterminer les variations dans lalongueur du pendule qui bat les secondes, aux stations principales de la mesure trigonométrique exécutée dans la Grande-Bretagne. Par le Capit. H. Karen, Membre de la Société Royale de Londres. ( Trans. Phil. 1819 ). (Extrait. ) Li 15 mars 1816 le Parlement d'Angleterre vota une “adresse à S. A. R, le Prince Régent cafin qu'il lui plût »donner des directions pour qu'on déterminät la longueur’ du pendule qui bat les secondes dans la latitude Yi Lon- . dres, en le comparant à l'étalon authentique du Parle- ment; comme aussi les variations dans la longueur du dit pendule observée aux: principales stations de la mesure trigonométrique exécutée dans la Grande-Bretagne; enfin, pour comparer cet étalon des mesures anglaises avec la dix millionième partie du quart du méridien, aliquote actuellement employée comme base des mesures linéaires dans une ‘partie du Continent d'Europe.» En conséquence de cette Adresse, les Ministres in- vitèrent la Société Royale de Londres, à concourir de tous ses moyens à l'exécution de ces mesures ; on nomma un Comité à cet effet, et le Capit. Kater, membre de -ce Comité, fut chargé des opérations. Ce savant avoit fait ses preuves dans la première partie de ce travail, la Détermination de la longueur exacte du pendule à secondes. Nos lectenrs ont pù se former une - A 2 # PHys1Co-MATHÉMATIQUES. idée, dans les extraits que nous avons donnés de son Mémoire sur cet objet (1), de sa sagacité et de son adresse dans ces recherches. Il fut naturellement désigné pour les continuer, et il eut tout lieu d'être satisfait de l'empressement qu'on mit à lui en fournir les moyens. 11 se pourvut; 1.° d'une lunette des passages, de trois pieds et demi, faite par Dollond, 2.° d’un cercle répétiteur d’un pied de diamètre, par Troughton , 3.° d'une pen- | .dule et d’un chronomètre (à boîte) d'Arnold, que .Mr. Browne, son ami, lui prêta, 4.° d’un. pendule, in- variable, avec son support, 5.° enfin d'une caisse d'outils, Un petit char léger, construit exprès au chantier de Woolwich, contenoit tout l'attirail, ainsi qu'une tente, qui fut d'un grand secours. Quatre bons chevaux du train d'artillerie lui furent attelés; et un officier, deux soldats d'artillerie et deux domestiques furent mis sous les ordres du Capitaine. Il devoit trouver à Leith (port d'Edimbourg) une chaloupe de guerre deS. M. pour le conduire aux îles Shetland et l’en ramener. Il quitta - Londres le 24 juin de l’année dernière : arrivé à Leith il n’y trouva pas le bâtiment annoncé (le Cherokee ), mais, muni d'ordres éventuels , il en fit frêter de suite un autre (le Nimrod) et il partit pour l'île d'Unst, la plus septentrionale des îles Shetland, le 1.2 juillet ; il y arriva le 9; il fut joint en route par le Cherokee , et renvoya le Nimrod. Le brave Th. Edmonstone qui avoit accueilli Mr. Biot avec tant d'hospitalité l’année précédente, et qui étoit prévenu de l'arrivée du Capit. Kater, vint sur la plage lui souhaiter la bien venue , et lui offrir sa maison pour y établir ses appareils. Le Capit. K. choisit une chaumière toute voisine du local où Mr. Biot, envoyé l'été précédent par Mnstitut de France , avoit ob- servé son pendule. L'un des murs étoit ancien et pro- mettoit une solidité suffisante. (1) Bibl, Univ. T. IX. p. 16: , et T. X.p.r. EXPÉRIENCES SUR LA LONGUEUR DU PENDULE, etc. À Le pendule invariable qui devoit servir à toutes les expériences comparatives, étoit composé d'une verge de laiton, large de 1,6 pouce (anglais) et épaisse d'un peu moins de : de pouce. Un thermomètre ‘placé tout ‘au- près indiquoit toujours sa température. Sa lentille étoit: un disque circulaire que la verge traversoit diamétrale-: ment, et qui étoit soudé à demeure, à une distance de- l'axe de suspension , telle, que le pendule faisoit deux: vibrations de moins, en huit à neuf minutes , que celui de l'horloge astronomique qui battoit les secondes. La: portion de la verge qui dépassoit la lentille étoit réduite à la largeur de 0,7 de pouce, et peinte en noir pour la plus facile observation des coëncidences, d'après le pro- cédé décrit dans le Mémoire cité (r). L'axe de suspension étoit de Wootz, espèce d'acier de l'Inde, préférable à l'acier ordinaire pour cet emploi; il étoit taillé en couteau, dont les faces formoient entr’elles un angle final de cent vingt degrés. On avoit pris'toutes Jes précautions imaginables pour assurer sa parfaite im- mobilité, ainsi que celle de son support, dont la massé considérable détruisoit l'influence latérale qu’auroient pu exercer sur lui les vibrations du pendule. Ce support étoit en fer de fonte; sa partie horizontale avoit dix-neuf pouces de long, dix-sept de large, et demi-pouce d'é- paisseur. Son dos, descendant en équerre, et large de trois pouces, étoit percé de trois trous qui recevoient de fortes vis longues de cinq pouces, par lesquelles ce support étoit fixé à des grosses chevilles ou pienx plan- tés dans le mur; ce support pesoit quatre-vingt -sept livres. L'axe à couteaux reposoit sur des plans d'agate par- faitement nivelés ; et un arc divisé au bas du pendule indiquoit l'étendue angulaire des vibrations. oo nm (1) Voyez Bibl, Univ, ibid. 6. PHysiCO-MATRHÉMATIQUES. Expansion du pendule. Avant de souder la lentille à la verge du pendule on fit sur la dilatabilité de celle-ci, avec le pyromètre comparateur employé dans les expériences antérieures , des essais dans diverses limites de température comprises entre 125°, et 63° F. (37 et 14 R.) Expériences qui donnèrent pour sa dilatabilité moyenne exprimée en; cent millionièmes de sa longueur, 0,00000932 par degré, de Fahrenheit ; d'où résultoit la correction à appliquer, au nombre de vibrations en vingt-quatre heures, de 0,423, c'est-à-dire, un peu moins d’une demi vibration par degré de Fabrenheit, ou 1,057 par degré de l'échelle octogésimale. Operations faites à Unst. Le support du pendulé invariable faisoit, en avant du mur contre lequel il étoit solidement établi, une saillie en facon de potence, suffisante pour laisser entre ce pen- dule et le mur place à l'horloge astronomique , qu'on y établissoit à une hauteur telle que l'extrémité inférieure ‘ dû pendule invariable descendit un peu plus bas que le centre de la lentille de l'horloge ; position la meilleure pour l'observation des coïncidences, qu’on observoit (ainsi qu'on l'avoit fait dans le travail cité sur le pendule à secondes) avec une lunette d'approche établie en face de l'appareil à une certaine distance. ‘Tout fut prêt lé ro juillet, au soir. Un thermomètre étoit suspendu dans la caisse de l'horloge vers le milieu de la longueur du pendule. La lunette des passages, destinée à établir la marche de l’horloge, fut fixée sur une grosse masse de pierre qui reposoit sur une grande caisse remplie de sable. Le tout étoit recouvert d'une tente qui s'ouvroit au ExPÉRIENCES SUR LA LONGUEUR DU PExDuLE, etc. 7. midi, afin qu’on pût observer les passages d'étoiles, sinon au méridien exact (ce qui étoit peu important) au moins dans un vertical peu éloigné de ce cercle. Lorsqu'on vouloit mettre la lunette précisément dans le méridien, on le pouvoit toujours, au moyen des a7y- muts de l'étoile polaire, que la force de la lunette don- noit le moyen de voir à toute heure de la journée. La lunette une fois établie, on plaçoit à la plus grande distance possible, une mire, à laquelle on ramenoit son fil du milieu avant chaque observation, si l'on trouvoit qu'il s'en fût écarté. Les mêmes précautions qu'on vient d'indiquer en abrégé furent prises à toutes les stations. On observoit le temps des passages d'étoiles, au chro- nomètre, plus commode que l'horloge, parce qu'il battoit les demi-secondes ; on le comparoit à celle-ci d'abord après l’observation. On trouve dans FAppendix toutes ces observations en très-grand détail. Le climat d'Unst étoit peu favorable; des brouillards épais et des pluies fréquentes se succédèrent pendant le séjour de l'observateur , de manière à lui laisser rare- ment le ciel libre. On a vu que les appareils étoient en place dès le 10; et les premiers passages d'étoiles furent observés seulement le 22. Il est yrai que dès ce jour jusqu'au 28 on put contrôler chaque jour (excepté le 23) la marche de la pendule par les passages de quel- ques étoiles, ou par celui du soleil ; le: pendule invariable, qu'on lui comparoit souvent , offroit aussi ( après cor- rection pour les variations de la température ) un ex- cellent contrôle. Voici le nombre des vibrations du pendule invariable, résultant de l'observation , et toutés ‘corrections faites , pendant: vingt-quatre heures , temps solaire moyen. 8 .. Puaysrco-mATRÉMATIQUES, Vibrations en 2h heures. Du 23 au 28 Juillet. - + 86090,74 23 — 28 après midi. 86090,89 par les observations 23— 25 av. m. - + 86090,64 des étoiles. 26 av. m. au 28 ap. m.86090,88 | 24 au2$av.m. + - 86090,82 24 ap. m. au 26 av. m.86090,53 26 ap. m. au 28 av. m. 86091,02 par les observations du soleil, Ces résultats exigent encore une modification ; il faut , avant d'en chercher la moyenne, donner à chacun d'eux son degré d'autorité, résultant, soit du nombre des observations sur lequel il repose, soit de l'intervalle plus ou moins grand écoulé entre les observations, in- tervalle qui aténue d’autant plus les petites erreurs in- séparables des observations , que la durée a été plus grande. Ainsi , pour obtenir la moyenne véritable, l'au- teur à multiplié chaque résultat par le produit fait du nombre d'étoiles observées et de l'intervalle entre les; observations, et il a divisé la somme des derniers pro- duits par celle des facteurs. En procédant ainsi, la: moyenne des observations d’étoiles lui donne 86090,77 vibrations du pendule en vingt-quatre heures, T. M.; et celle des observations du soleil, 86090,79 dans le mème intervalle. Mais, la confiance due à ‘ces résultats est proportionnelle à la somme respective des facteurs , (d'après la méthode indiquée ); c'est-à-dire , dans le rapport des nombres 5o et 16. Ainsi , la moyenne finale est 8609077 vibrations, dans vingt-quatre heures so- laires moyennes. Une recherche délicate se présente : les observations n'ont pas été faites au niveau de la mer; il y a une réduction à introduire.La force de gravité étant représentée par le quarré du nombre des vibrations du pendule, on exprime la hauteur de la station en décimales de ExPÉRIENCES SUR LA LONGUEUR Du PENDUIE,6Ic. , 9 milles anglais ; on la divise par le rayon de la terre (3954,583 )milles; et le quotient devient un facteur, par lequel multipliant lenombre de vibrations en vingt-quatre heures, le produit est la corréction requise. Mais, dans ce procédé de calcul on suppose implici- tement que la station est isolée, c'est-à-dire, comme en l'air, sans matière attractive entr’elle et le niveau de la mer. Or, le Dr. Young a remarqué (1) que si le pen- dule étoit placé sur une sphère de terre, d'un mille de GA TERE l'attraction quil en A seroit en- de celle du globe entier; et qu'au lieu d'une réduction de —— dans la force de pesanteur, on n'ob- tiendroit qu'environ -2—, ou les trois quarts de cette quantité : l'attraction exercée par une colline hémisphé- rique seroit de plus d'une moitié en sus de celle de la sphère, ou dans la proportion dé 1,586 à 1. «On peut aisément montrer (ajoute le Dr. Y.) que l’attraction d’une ‘grande surface, de forme plane, épaisse d'un mille, seroit trois fois plus grande que celle d'une sphère d’un mille de diamètre; ou environ denx fois aussi grande que celle d'une sphère de cette diménsion, et dont la densité seroit la moyenne de celle de la terre ; ce qui dans ce cas, réduiroit à la moitié la correction à intro- duire pour la hanteur; et dans presque toutes les situa- tions éligibles, elle seroit au-dessous des trois quarts de la correction entière déduite immédiatement de l’in- verse des quarrés des distances. » Viron —— Il résulte de cette manière neuve de considérer l'objet, que la correction pour la hauteur de la station au-dessus de la mer doit varier selon la forme de la saillie et selon (x) « Lettre du Dr. Young 'au Cap. Kater » sur les probabilités “d'érreur dans les observations Physiques , et sur la densité de la terre, considérée Sur-tout dans ses rapports avec les expc- riences du pendule. Trans. Phil. 1819. 10 PHYSICO-MATHÉMATIQUES. sa densité, entre les extrêmes de une demie, et les trois quarts, de la correction absolue déduite de l'inverse des quarrés des distances au centre de la terre ; et le Dr. Young est persuadé que , si l'on représente la den- sité moyenne de la terre par le nombre 5,5, et celle de la matière sur laquelle repose la station par le nombre 2,9; la quantité déduite de la raison doublée inverse des distances doit être multipliée par <<, pour fournir la correction correspondante à une station en plaine , et par Z pour le cas d'une colline de hauteur modérée. La hauteur de la station d'Unst étoit de vingt-huit pieds sur la mer; la correction déduite de l'inverse des quarres des distances au centre de la terre auroit été de 0,12 ; et à raison des roches de serpentine sur lesquels elle étoit assise , l’auteur multiplie cette correction par =, c’est- à-dire , la réduit à 0,06 pour obtenir exactement le nom- bre de vibrations qui auroit eu lieu au niveau de la mer. Enfin, il falloit aux observations une dernière correc- tion, celle de l’allégement du pendule , à raison du vo- lume de l'air déplacé; l'auteur, d'après les données ba- rométriques et thermométriques que fournit l’observa- tion, trouve que la pesanteur spécifique du pendule étoit à celle de l'air comme 7099 à 1; et qu'il faut ajouter au carré du nombre de vibrations observé -—=— partie de ce nombre, ou 6,07 pour avoir le nombre des vibra- tions du pendule dans le vide, en vingt-quatre heures, T. M. Cette correction , additive, Po finalement ce nombre à 86096,90. L'auteur considère ce résultat comme certain, au dixième près d'une seule vibration. Après avoir déterminé la latitude de la station par une série d'observations circomméridiennes du soleil, faites au cercle répétiteur le 23 juillet , l’auteur partit d'Unst le 29 pour Portsoy, non loin duquel est Cowhythe, la seconde des stations du rézeau trigonométrique auxquelles il se proposoit d'observer le pendule. Les obseryations ExPÉRIENCES SUR LA LONGUEURODU PENDULE , etc. ‘11 y furent commencées le 5 août et epntinuées jusqu'au 12. Il se manifesta dans cet intervalle une accélération dans la marche de l'horloge; elle s'élevoit à 1”,5 dans les vingt - quatre heures; on en tint compte, comme de toutes les autres corrections , et d’après les principes ex- posés tout-à-l'henre ; et le nombre final des vibrations du pendule invariable , supposé dans le vide et au ni- veau de la mer, fut ici de 86086,o7 dans les vingt- quatre heures dé temps solaire moyen. | Cette singulière accélération de l'horloge engagea l'au- teur à la démonter et nettoyer le 13, et à la remettre en expérience , et en observation par les passages du soleil et des étoiles jusqu’au 19, intervalle pendant le- quel on répéta à plusieurs reprises les expériences du pendule. Le résultat de cette nouvelle série ne différa que de 0:09 d’une vibration, de celui de la précédente. Les opérations suivantes du même genre eurent lieu au fort de Leith ( port d'Edimbourg ); les observations y furent commencées le 3r août; elles indiquèrent aussi dans la marche de l'horloge, une accélération, dont on tint compte (elle étoit de 0”,85 en vingt-quatre heures) et on trouva, toutes corrections appliquées comme ci- devant , le nombre des vibrations du pendule dans Île vide et au niveau de la mer, — 86079,37 en risgrqumre heures , T. M. Des anomalies observées dans la marche de l'horloge J'auteur tire cette conséquence importante, savoir, qu'on ne peut point compter sur les résultats fournis par un pendule attaché à une horloge; et que, jusqu'à-ce qu'on soit parvenu à bannir l'huile des chronomètres et à ren- dre uniforme la portion de forée motrice qui entretient les vibrations, on peut s'épargner la peine de chercher ailleurs des sources d'erreur dans ce genre de re- cherche. Une seconde série d'observations donnâ pour résultat ‘un nombre qui ne différoit de celui obtenu par la pre- \ 12 PHysicO-MATRHÉMATIQUES. mière , que de 0,05: d'une. vibration en excès ; sur 86079,37. L'auteur adopte une moyenne. entre les deux, savoir, 86079.39. | De Leith l’auteur, se rendit à Clifton, dans le Comté d'York, la quatrième des stations importantes du rézeau trigonométrique. Procédant. comme dans les premières , et appliquant aux observations immédiates du pendule les mêmes corrections, il trouva qu'il faisoit 86068.90 vibrations ( dans le vide et au niveau de la mer ) en vingt-quatre heures , T. M. L'auteur profita de son sé- jour à Clifton pour y faire quelques observations pro- pres à déterminer la latitude; nous en parlerons tout- à - l'heure. Il quitta Clifton le 13 octobre , et s'établit le 15 à Arbury-hill, station dans laquelle il se proposoit une vé- sification astronomique très-importante, tendant à recher- cher la cause de l’anomalie singulière qu'ont présenté les résultats de la mesure des arcs partiels du méridien en Angleterre; ces arcs ont paru plutôt diminuer que croître en allant du sud au nord, Nous reviendrons à ce sujet. En attendant, nous nous bornerons à donner, comme pour les stations précédentes, le nombre des vibrations du pendule dans le vide et au niveau de la mer, en vingt-quatre heures , T. M. Il fait, à Arbury- hill , — 86065,05 oscillations. Avant de partir. pour son intéressante expédition, ( en juin ) l'auteur avoit éprouvé à Londres le pendule in- variable, l'un des appareils principaux à employer dans sa recherche. Il avoit trouvé ( toujours avec les pré- cautions et réductions indiquées } qu'il faisoit 86061,49 vibrations en vingt-quatre heures. La température, étoit alors assez élevée , et on tint compte de son effet py- rométrique. Il répéta l’expérience avec les mèmes soins, au retour, et par une température de 18°,7 (F.) plus basse, et pour l'effet de laquelle on fit la correction requise. Le ExPÉRIENCES SUR LA LONGUEUR DU PFNDULE,etC. 13 pendule fit 86061,52 vibrations en vingt-quatre heures T. M. L'accord des résultats peut être considéré comme parfait; car <- d'une vibration sont une différence abso- Jlument insensible. Donc les corrections pyrométriques étoient exactes. La saison étant trop avancée pour faire, en 1818, les observations à l'île de Wight, la plus- méridionalé des stations de la grande triangulation , l'auteur s'y transporta seulement au milieu de mai de l'année dernière; il eut là pour résultat 86058.07 vibrations en vingt-quatre heures ‘"T. M. toutes corrections et réductions faites. Et à propos de réductions , le scrupule extrême de l'äuteur l'engage à soumettre, d'après une remarque sug- gérée par l’habile artiste Troughton , la détermination Érale de la longueur du pendule qui bat les secondes à Ldndres ( obtenue de son précédent travail déjà cité ) à une épreuve nouvelle, dont le résultat est, que la cor- rection omise n’auroit produit sur la longueur du pen- dule qu'une différence ,.de la cinquante millième d'un pouce. Le tableau suivant présente les résultats observés aux diverses stations mentionnées. * Lieux des | Latitudes. |Vibrat.en|Long.du pen- observations. 242.T.M.\ dule à sec. ‘ à NT PRET pouc, angl. HLRETFET- Unst + + + + !600.45’. 28" |86096,90 SVT SSSserS Portsoy + + + |[57. 40. 59 |86086,05/39,16159 HES Tu Leïth : + + - 155. 58. 41 |86079,40|39,55554 [2=S2 -422 Clifton, + + +153, 27. 43 |86068,90|39,14600 |[535838£22À Axbury-hill +52. 12. 55 |86065,05/39,14250 [22 :22282 ‘Londres + . 151. 31. 8 |86061,52|39,1 3929 DR RESSE Shanklin Farm.|5o. 37. 24 |86058,07|39,13614 1 £5 2032 La partie astronomique de l'expédition de l’auteur n’étoit pas la moins importante. Muni d’un excellent chronomètre et d'un cercle répétiteur d'un pied de dia- mètre , il se proposoit ( et il l'a exécuté } de répéter 14 PHyYsiCcO-MATRÉMATIQUES. les observations qui avoient donné la position géogra- phique, c'est-à-dire, les longitudes et latitudes de toutes -ses stations, les mêmes que celles du grand rézeau trigo- nométrique. Cette vérification étoit sur-tout importante, pour les stations de Clifton, Arbury-hill, et Dunnose, entre lesquelles les arcs du méridien interceptés avoient paru diminuer, du sud au nord. On étoit disposé à attri- buer cette anomalie à une erreur de 5’'sur la détermi- nation astronomique de la latitude d'Arbury-hill; suppo- sition très-difficile à admettre par ceux qui connoiïssoient l'habileté du colonel Mudge, et la bonté du secteur as- tronomique dont il s’étoit servi. La latitude de Clifion , déterminée par l'auteur, ne diffère que de o',29 en excès, de celle obtenue des opérations trigonométriques. Celle d’Arbury-hill, diffère de 0"”,48 seulement, (en défaut } de celle qu'on présumoit fautive de 5'’. L'auteur -ne croit pas que l'incertitude admissible sur ses résultats puisse dépasser # de seconde. , Enfin, la latitude de Dunnose, donnée par L cercle répétiteur, ne diffère que de 0",5 de celle de la même station , déduite de la triangulation géodésique, à partür de Greenwich. Ces accords sont des gages de la confiance que méritent les observateurs et les instrumens. L'auteur termine son Mémoire par des Considérations sur la figure de la Terre; nous regrettons que l’espace ne nous permette pas de les transcrire dans toute leur étendue, Partant de la forme sphéroïdale venfléé sous-l Equateur, résultant de la force centrifuge qui naît de la rotation, l'auteur remarque, qu'indépendaminent de la diminution graduelle de la pesanteur qui doit résulter de cette ro- tation, à mesure qu'on va du. pôle à l'Équateur, la saillie du sphéroïde augmente encore cette, influence de la force centrifuge; et que cette augmentation a deux coëf- ficiens; l'un, la figure même de la terre, qui détermine ExPÉRIENCES SUR LA LONGUEUR DU PENDULE ,etc,. 19 la longueur des rayons de rotation, et l'autre, ( dont on ne s’étoit douté que récemment ) certaines différences dans la densité des couches du sol sur lequel reposent les instrumens qu'on observe. Newton a démontré que, pour qu'il y aît équilibre de pression résultant de la combinaison de la gravita- tion et de Ja force centrifuge , entre les colonnes équa- toriales et polaires, la diminution de pesanteur, du pôle à l'Equateur, doit être de ——; le sphéroïde étant sup- posé homogène. Mais, si l'on suppose quelque accrois- sement de densité dans la matière voisine du centre, l'équilibre ne pourra se rétablir qu'en allongeant la co- lonne polaire, et diminuant le rayon de l’Equateur. Aïnsi, d'une part, l'ellipticité du sphéroïde sera moin- dre, et d'autre part, la différence de la gravitation , au pôle et à l'Equateur, deviendra plus grande, .Huyghens, en considérant la terre non comme homo- gène , mais comme infiniment dense au centre, trouvoit l'ellipticité, de —— seulément, Les expériences du pendule. ont montré que la terre n'étoit ni homogène, comme Newton l’avoit supposée ; ni, selon Huyghens , infiniment dense au centre ; mais que sa densité croissoit probablement, de Ja surface au centre; ce qui plaçoit l'ellipticité quelque, part entre les deux fractions indiquées par les deux yéomètres, - Et, puisque cette ellipticité varie avec les différences dâns la diminution de la pesanteur, du pôle à l'Equa- teur, et, qu’à son tour, cette variation dépend de l’el- liptcité, les géomètres sembloient condamnés à demeurer sans résultats dans ce cercle de raisonnement. » Mais, (dit loyalement l'auteur) il étoit réservé à Crarmaur d'écarter cette difficulté ; il trouva que, de quelque manièré qu'on fit varier la densité du sphé- roïde, la fraction qui exprime son ellipticité augmente, comme la fraction qui exprime la diminution de gravité du pôle à l'équateur diminue; et 2ice versä. Et, dans … 16 Pnysrco-MATRÉMATIQUES. son admirable ouvrage sur la figure de la Terre il a démontré ce beat et important théorème, savoir: que «la somme des deux fractions qui expriment l’ellipticité, » et la diminution de pesanteur du pôle à l'équateur, est » toujours une quantité constante , et égale à © de la /» fraction qui exprime le rapport de la force centrifuge » à la pesanteur à l'équateur. » » Si donc, on découvre la diminution de la pesanteur : du pôle à l'équateur, et qu'on la soustraie de cette quantité constante, le reste sera la fraction qui exprime l'ellipticité du ‘sphéroïde. » » On peut connoître la diminution de la gravité, en déterminant les différences de longueur de deux pen- dules qui font un égal nombre de vibrations en vingt- quatre heures, au pôle et à l’équateur ; car on peut ai- sément démontrer que les longueurs de ces pendules sont entr'elles directement comme la force de gravitation ; ou que si on employe un pendule de longueur cons- tante , comme je l'ai fait, les quarrés des vibrations ob- servées en vingt-quatre heures dans ües latitudes diverses, seront entreux, comme les forces de gravitation dans ces mêmes latitudes. » : Ici l'auteur entre dans des considérations purement géométriques, pour montrer que l'accroissement de la gravitation, de l'équateur au pôle, suit le rapport des quarrés des sinus des latitudes. Il continue comme suit : : « La force centrifuge à l'équateur est exprimée par l'écart entre un point de sa surface et la tangente, en une seconde de temps solaire moyen. Cette quantité est le sinus verse d’un arc de 15”,0418 ; ce sinus verse,en supposant le rayon de la terre à l'équateur — 3967,5 milles, est égal à 0,055696 de pied, » : » Soit g l’espace parcouru par un grave en 1” à l'é- quateur; L, la longueur du pendule qui bat les se- condes, c la circonférence d’un cercle dont le diamètre est — 1; 0n a,» ÉLEUR. 4% | » Cette Expériences sun LA LONGUEUR Du PENDULE , etc. 17 » Cette formule donne, pour la longueur du pendule à secondes équatôrial, déduite des observations anglaiseg extrêmes (Unst, et Dunnose ( 39,00734 pouces; et g, ou la gravitation à l'équateur — 16,0412 RERO L. An la force centrifuge , à l'équateur est ——— de la gravitation , OÙ ———, j'- la pesanteur; cette dernière étant multipliée par & on a 0,0086501 pour la somme des fractions qui expriment l'ellipticité de la terre , et la diminution de la pesanteur, du pôle à l'équateur.» Le tableau suivant indique eette diminution, et l'a- platissement qui en résulte, déduits par le AR dé- crit; C'est-à-dire, en comparant les observations à chaque station successivement, avec celles faites à toutes les autres. Diminution de pesant. Aplatis- Station comparées, : du pole à l'équateur. sement. Unst et Pogtsoy + + 0,0053639 3503 Le fort de Leith + - 0,0054840 3756 Plon le. à +: 0,0056340 CET Arbury-hill + + + « 0,0054282 3755 Londres + + + + + . 0,0055510 3327 Dunnose + + + » + « 0,0055262 3757 Portsoy et Leith + . 0,0056920 rs Clifton + : HE 0,0058194 33 Arbury-hill + + . . 0,0054620 3755 Londres + + « - + » 0,0056382 rest Dunnose - Ses + 0,0055920 376$ Leith et Chifton + « + 0,0059033 3603 Arbury-hill + + «+ +, 0,00)3615 DT Londres +. + + + > « 0,0056186 556 Dimnose =, 0e audi 0,005561 4 545$ Axrbury-hill et Londres 0,0069767 DE Dunnose » + « + + 0,00602 12 ETES Londres et Dunnosé - 1,0052837 DS St. et Arts. Nouv. série. VGl, 13, N°. 1, Janv.1820. B 18 PnysiCo-MATHÉMATIQUES. Si Phi on gravifique n’étoit sujette à aucune irré- gularité locale, les diminutions de la pesanteur déduites des observations calculées d'après des arcs différens d’un même méridien devroient être identiques; mais, on voit, à l'inspection du tableau qui précède, que le nombre qui exprime la diminution de la pesanteur, du pôle à l'équateur, conclu des observations faites à Unst et à Portsoy est plus grand que celui tiré de l'arc compris entre Unst et Leith; que ce nombre s'accroit jusqu'à Clifion; qu'il diminue à Arbury-hill ; et croît de nou- veau à Londres, On peut aussi-remarquer que, la dimi- nution de pesanteur tirée de Unst comparé à Dunnose (l'arc entier) est moindre que celle déduite de Portsoy et Dunnose. D'où il paroît qu’à mesure qu'on avance vers le sud (en Angleterre) la pesanteur décroit plus que la théorie ne l'indique; ce qui feroit présumer qu'il existe sous Portsoy une masse, d'une densité particu- lière ; que la densité des couches du sol diminue de plus en plus en allant au midi, et qu'elle atteint son minimum à Clifton. : On aperçoit à Arbury-hill un accroissement brusque dans la gravitation, effet qui disparoît à Londres ; il est probable que la masse attractive. est là d'une densité considérable et qu'elle n'y est pas bien éoignée de la surface. ) Ces irrégularités empêchent qu'on puisse conclure quelque chose de décisif des expériences citées relative- ment à l’ellipticité générale du méridien. fl faudroit pour cet effet ne comparer que des stations assez dis- tantes pour rendre insensible l'effet des attractions loca- les; ou bien choisir des stations dont le caractère géo- logique füt le mème, ainsi que leur hauteur au-dessus du niveau des mers! L'auteur considère , sous ce point de vue, .le résultat fourni 4 Unst et Portsoy, qui donne pour Faphetissemrertos 7, Comme peu. éloigné:de la vérié ; celui de == donné par Unst.et te: -hil ExPÉRIENCES SUR LA LONGUEUR DU PENDULE , etc. 19 s’en rapproche beaucoup ; d'où l'on pourroit raisonna- blement attribuer l'accroissement soudain de gravitation observé à Arbury-hill à l'existence de quelque masse de roches primitives ensevelie à peu de profondeur au- dessous de cette station. Le mont Sorrel (masse gra- nitique) en est à trente milles au nord. « Ces faits (dit l'auteur ) paroïssent suffire à expliquer Jes anomalies observées dans la grande triangulation de l'Angleterre; ét en particulier celle trouvée à Arbury-hill (il explique comment), Mr: Biot, par la comparaison de ses nombreuses expériences à Unst avec celle qu'il a faites conjointement avec Mr. Arago x Formentera et à Dunkerque, trouve l'aplatissement —-=, Mais si on modifie sa correction pour la hauteur dei la station sur la mer d’après les idées du Dr. Young, dâns ce cas, l'ellipticité ne seroit plus que de -+ environ. Les détails des expériences de Mr. Biot n’ont pas encore été publiés, mais j'ai appris, avec beaucoup de satisfaction , que l'accélération du pendule entre Londres et Unst, calculée d'après ses observations à Unst et à Formentera , ne diffère que de < de seconde du résultat de mes expé- riences ; différence qu'on -peut légitimement attribuer à la densité supérieure du sol de Unst comparé à res de Londres. » Quoiqu'il en soit, ce qui reste d'incertitude dans les déterminations cherchées ne peut pas être attribué à V'obsérvation; car, dit l’auteur, l'erreur sur le nombre des vibrations du pendule dans l’une quelconque des stations , ne s'élève pas à -— de vibration, ce qui répond à-peu-près à un, quatre cent millième sur la longueur du pendule, C'est là le degré de précision que comportoit l'appareil employé par l'auteur , et on ne doit point s'étonner quil aît pu annoncer d'urie manière sensible des différences notables dans la’ densité souterraine du’ sobsur lequel ostilloit ce pendule dans les diverses sta- lions .eù il a été observé, B 2 # 20: 4 CHIMIE. Un Appendix de quatre-vingts pages grand in:4° qui accompagne le Mémoire, renferme tous les détails d'ob- servation que pourreient désirer les géomètres qui vou- droient vérifier les calculs, ou lés reprendre sous quel- qu'autre forme. L'auteur n'a rien négligé pour donner à son travail tous les caractères qui pouvoient inspirer et justifier la confiance ; et il nous semble y avoir réussi. Nous regrettons que l'étendue de ce travail ne nous aît pas permis de lui donner dans un Extrait tout le développement qui en auroit accru l'intérêt. STARS D VER ONE EAP TAC ICE SUP ORNE ET ANSE CHIMIE, ‘ OBSERVATIONS SUR LA COMBINAISON DE L'ESSENCE DE CITRON avec l'acide muriatique, et sur quelques substances huileuses ; par Mr. Th. De Saussure, $. I. Lzs huiles volatiles ont une composition trop sujette à varier par des circonstances accidentelles pour que je puisse assigner avec précision les caractères essentiels à chacune «#4 ces substances. On sait qu’elles varient sui- vant le mode de leur extraction , leur exposition à l’air, la eulture des végétaux d’où elles proviennent, etenfn suivant le climat, La lavande, la sauge, la marjolaine qui croissent en Murcie, fournissent des essences bèau- coup plus chargées d’un composé cristallisable analogue au camphre, que celles de nos contrées. Ce que nous disons ici du camphre, doit s'appliquer à d'autres ma- tières_ volatiles que ces huiles tiennent en dissolution, et que nous ne pouvons pas séparer exactement. tm mot st ComMBINAISON+ DES HUILES ESSENTIELLES. 21 On ne sauroit done s'attendre à une grande conformité entre les ânalyses que différens chimistes pourront faire de ces, essences, aussi long-temps qu'ils w'isoleront pas leurs matériaux immédiats. Une combustion plus ou moins modifiée est un pro- cédé, quant à présent , nécessaire pour la détermination des élémens des composés organiques. Il donne pour les huiles volatiles des résultats moins exacts que pour les huiles fixes , parce que les premières soumises à la combustion, échappent en partie à la décomposition par leur volatilité; elles présentent aussi plus d'incertitude que des composés qui les surpassent en volatilité , parce qu’elles ne se volatilisent pas assez à la température at- mosphérique pour qu'on puisse peser et brûler, ou faire détoner instantanément leur vapeur, comme celle du naphie et de l’éther sulfurique. Ces sources d'erreur m'engagent à ne considérer mon travail, que comme un premier pas destiné à contioître les résultats de la combustion des huiles essentielles daus un état adapté aux caractères que. j'ai déterminés. On.ne peut d'ailleurs se dissimuler que ces résultats donnent seulement les quantités de gaz oxigène con- sumé , et de gaz acide carbonique produit par le com- bustible ; et que les conséquences qu’on en tire pour sa composition, sont jusqu’à un certain point hypothétiques, et ne seront prouvées que lorsque nous pourrons analyser le liquide aqueux qu'elles forment dans cette opération. Comme les résultats des combustions faites au moyen du chlorate de potasse, soit par MM. Gay - Lussac et'Thé- nard (1), soit par Mr. Berzélins (2), sont très-voisins de ceux que j'ai obtenus dans le gaz oxigène pur (3), sur- igut pour la proportion du carbone: qui est dans Îles (rx) Mémoires Physico-chimiques , Tome II. (2) Annales de chimie, Tome XCII. ' (3) Bibl. Brit. Sc. et Arts , Tome LVL 22 CHIMIE. ‘composés organiques dont je m'occupe ici, l'élément le plus rebelle à Ja combustion, or doit croire qu'avec les précautions que j'ai employées , ce dernier procédé n'est pas inférieur au premier. Pour brûler les huiles essentielles, j'en aï trituré un gramme, pendant une ou deux minutes, avec soixante grammes de sable siliceux très-fin , et récemment dessé- ché par l'incandescence ; j'ai séparé deux grammes et demi de ce mélange, pour les exposer à l'ignition dans un tube de verre, qui contenoit 250 centim. c. de ga? oxigène. Ce procédé est à-peu-près conforme à celui qui a été décrit Bibl. Brit. vol. 56, et auquel j'ai fait d'ail- leurs quelques changemens. La quantité d'huile contenue dans le sable après la triturätiun, a été connue dès lors avec plus de précision en déterminant la perte de poids que les 58: grammes du mélange superflu pour la combustion, subissoient par une longue incandescence. Ces résultats ont indiqué le rapport du gaz oxigène consumé aû gaz acide produit dans la combustion des essences ; mais je n'en ai pu déduire que par approxima- tion, les poids absolus de leurs élémens , lorsqu'elles avoient une grande volatilité, parce qu'elles échappoient en petite quantité à la combustion. J'ai déterminé alors la quantité absolue de leur car- bone, en les distillant sous le poids d'environ vingt grammes, dans un tube de porcelaine chauffé au rouge. Ce produit est quant à la proportion, lé résultat le plus sûr de cette opération, lorsqu'elle est conduite avec assez de lenteur pour qu'on n’en obtienne point d'huile liquide; et il se trouve très-approché de celui que four- nissent d’autres procédés qui pourroient paroître beau- coup plus exacts. Ce charbon réduit par le calcul en gaz acide carbonique, a donné, au moyen du rapport trouvé précédemment entre le gaz oxigène consumé et le gaz acide produit, les quantités absolues de l’oxigène et de l'hydrogène. COMBINAISON DES HUILES ESSENTIELLES. 23 | L'opération du tube rouge, a l'avantage d'indiquer par l'analyse du gaz inflammable qui s'y forme , la présence ou l'absence d'une très-petite quantité d'oxigène dans l'essence , plus sûrement que par une combustion quel- conque de l'essence elle-même, parce que cet oxigène se trouve en plus grande proportion dans le gaz inflam- mable que dans l'huile analysée. Les données qui servent de base au calcul de mes ana- lyses, sont les déterminations de MM. Biot et Arago r les densités des gaz , le poids du décimètre cube d'air atmosphérique étant 1,293 gramme. Lorsque leurs volumes sont donnés sans indication ultérieure, ils sont réduits à, 0° du therm. , à 0,76 mèt. du barom. et à la sécheresse extrême. J'ai admis que 100 d'eau contiennent en poids 88,3 d’oxigène et 11,7 d'hydrogène (1). Le mot atôme se rapporte aux nombres donnés par les équivalens chimiques de Mr. Wollaston , en faisant l’oxigène == 1. { 6. 2. De l'essence de Citron. Cette huile à été extraite par la rapure et l'expression des écorces de citron (2). Sa densité étoit alors 0,8517. Je l'ai soumise à une distillation qui en a extrait les - (1) Ces. analyses que je me proposois' de multiplier , sont faites depuis plusieurs années , et elles n'ont pas été corri- gées pour la nouvelle densité que MM. Berzélius et Dulong ont trouvée aw gaz hydrogène, et qui ne sera probablement pas la dernière. Au moyen des produits fondamentaux de chaque combustion , mes résultats analytiques seront facilement modifiés suivant les changemens qu'on introduira dans le poids du gaz. | (2) Mr. Lichtenstein qui fait à Montpellier le commerce des huiles essentielles avec le succès dû à un mérite distingué, m'a donné cette essence et plusieurs autres , pour les analyser. 24 AA np TARA OCR © 2 A 26 six dixièmes. L'huile destillée que j'ai analgsée est sans couleur; sa densité est 0,847 à 22° centig. ; sa force élastique à 15° du therm. équivaut à neuf millimètres de mercure. . Cette huile absorbe: huit fois et demi son volume de gaz ammoniaque à 16° du therm. Elle se dissout en toute proportion dans l'alcool absolu; mais 100 d'alcool { den- sité 6,837 ) n’en ont pu dissoudre que quatorze parties, à la température précédente. ** Décomposition de l'essence de citron par un tube de por celaine chauffe: au rouge. Jai fait distiller pendant sept heures, dans un tube incandescent , attenant à un long tube de verre éntouré d'eau froide, à un petit ballon, et à la cuve pneumatique, 2r,r8 grammes d'essence : j'en ai obtenu - 10,08 grammes de charbon. 6,395 —— de gaz inflammable. 1,7 ———— de goudron (r). 18,175 (1x) Je désigne sous ce nom, une huile noïfe, empyreu- matique, concrète, qui enduit comme un vernis, le tube entouré d’eau froide, et le ballon. Ce produit est mélé avec : de l'huile volatile, cristallisée en lames brillantes, minces, transparentes, et qui se trouve dans toutes les décomposi- tions de ce genre. Je n'ai pas analysé ces cristaux, parce qu'ils ont échappé par leur volatilité à une combustion lente, et qu'ils ont rompu par une inflammation brusque les tubes de verre où ils étoient enfermés. Ils pourroient, suivant Fo- pinion que Mr. Berzélius m'a suggérée , étre identiques au produit nacré très-remarquable que Mr. Bérard a obtenu en faisant passer dans un tube rouge, un mélange des gaz olé- fiant, hydrogène et acide carbonique. J'ai trouvé ces cristaux dépodés à la surface intérieure d'un grand ballon de verre fermé par un robinet qui contenoit depuis plusicurs années le ComM2INAISON DES HUILES ESSENTILLILES. 29 Ces produit indiquent une perte de trois grammes d'huile, entrainée par le gaz dans l’eau de la cuve poeumatique. Le décimètre cube da gaz inflammable pesoit vingt- quatre heures après son extraction, 0,42176 gramme. 100 en volume consumoient 126 de gaz oxigène en produisant 54,1 de gaz acide carbonique. Le gaz: in- flammable étoit due formé en poids, de 68,985 de carbone et de 32,27 d'hydrogène. Il ne contenoit point Er qui ne paroît pas exister par conséquent , dans ‘essence de citron. En assimilant à celle-ci, soit l'huile perdue dans la distillation , soit l'huile empyrenmatique, on trouve que j'ai décomposé en charbon et en gaz, 16,435 grammes d'essence , et que 100 de cette der- nière contiennent en poids , par approximation , 7:97 de carbone. Combustion de l'essence de citron. En brûlant 35,808 milligrammes d'essence dans un tube de verre qui con- tenoit 250 centim. c. de gaz oxigène, jai trouvé que Je rapport en volume du gaz oxigène consumé au gaz acide produit, étoit 100:71,28, et qu'il se formoit de l'ammoniaque, qui représentoit 0,2 centim,,c. de gaz azote, dans le poids d'essence ci-dessus désigné. Il suit le ce rapport , et de l'absence de l'oxigène . dans, l'es- sence de citron , que 100 en, paids. de cette dernière contiennent : + : * à - tr | | gaz inflammable retiré de l'essence de lavande par un. tube rouge. Le gaz n'avoit été introduit pour sa pesée dans le ballon , que vingt-quatre heures après sa formation, el il pa- roissoit entièrement dépourvu de vapeur an moment de -cette introduction. Aussi j'ai observé souvent, que pour que l'ana- lyse eudiométrique de ces sortes de gaz, se rapporte à leur poids ; on doit les. bréler, immédiatement #près leur pesée, parce qu'avec des délais, 1ils-donnent des proportions: de car- bone successivement décroissantes. 26 é CHIMIE. Caspone.: 0,10... 446,309 Eydrosene. 4." |. . 990 Me SNS 7) 0,775 100 _ Un gramme d'essence .consume donc 2266,8 centim. c. d'oxigène, en produisant 1615,8 d'acide carbonique , et une petite dose d'azote. Pour admettre que l'essence de citron et celle de térébenthine soient des hydrogènes carburés, il faudroit® prouver que l'azote que ces huiles contiennent peut être en plus grande proportion que la combustion ne l'in- dique , ne leur est pas essentiel. : “A à Combinaison de l'essence de citron avec l'acide mu- riatique. J'ai introduit cette essence rectifiée, dans du gaz acide muriatique, sur la cuve pneumatique à mercure. L'huile s’est échauffée , a jauni , et s'est saturée en absorbant Latrge trente heures , 286 fois son volume de gaz à 20° centig. et à 0,724 mètre du barom. Le volume du liquide s'est augmenté d'un sixième, et son poids a dû s’accroitre dans le rapport de 100 : 149. Le mélange a présenté, à la température précédente , et seulement après la saturation, une {pâte formée de cristaux lamel- leux , nacrés, blancs, et d'huile liquide , jaune , fumante à l'air, 100 en poids d'essence rectifiée ont fourni ainsi 44 = de cristaux purs, séparés du liquide huileux par de fortes expressions dans du papier , à la température de 12°; car ils se dissolvoient entièrement dans ce li- quide , entre 25° et 30°, et je ne serois pas surpris que le poids des cristaux ne püût être doublé, lorsque la séparation se feroit à o°. EE S COMBINAISON DES HUILES ESSENTIELLES. 27 Pour obtenir ce sel en plus grande quahtité, j'ai sa- turé 100 d'essence dans l'appareil de Woulfe ; en lui adap- tant une cornue qui contenoit un mélange de 100 de muriate de soude avec 5o d'acide sulfurique, et en re- nouvelant le mélange six fois, où en conduisant l'opé- ration de manière à dégager le gaz, au moins pendant trente heures, Comme la formation du sel dépend beau- coup du temps pendant lequel l'essence reste en contact avec l'acide muriitique ; il est inutile d’accélérer la for- mation de ce dernier. Il ne conviendroit pas de refroidi les flacons de Woulfe au-dessous de 15°, parce que la concrétion prématurée de quelques parties du liquide empêcheroit la saturation des autres. 100 d'essence rec- tifiée m'ont fourni 142 d'essence muriatée ; mais le der- nier terme de saturation est moins exactement détérminé par ce procédé que par le premier; d’ailleurs, une partie de l'acide du composé liquide n'y est retenue que par une affinité subordonnée à la température et à la pres- sion. On “obtient plus de sel cristallisé, d'une partie d’es- sence rectifiée que de deux parties d'essénce non recti- fiée (1): cette dernière se coloré beaucoup plus, et ne commence à se fiver qu'à ro deg. cent. après sa satu- ration; elle donne des produits que je n'ai pas exami- més , et qui n’appartiennent pas à l'essence rectifiée , savoir, une substance noire trèstépaisse , une matière jaune, qui paroît à sa belle couleur, être la partie co- lorarte du iéitron, et enfin quelques gouttes d’un li- (1) Dans l'examen que Mr. Thénard a fait de la combinaison des acides avec les substances végétales et animales , il dit que vingt-six grammes d'essence de citron non rectifiée ont absorbé vingt-deux grammes d'acide muriatique en se colorant en brun, et en se prenant en masse. ( Mémoires d'Arcueil, Vol. IT, page 32). Il wa pas poussé plus loin ses observations sur cetie combinaison. | 28 CURE CN EE. quide brun et pesant, immiscible aux substances pré- cédentes. Comme il s'en faut beaucoup que po rectifiée ne puisse dans les différens degrés de sa combinaison avec l'acide muriatique , se changer en totalité en sel concret, et que celui-ci ne se convertit pas en huile muriatée liquide, par une sursaturation d'acide, il paroît que ce n’est qu’une partie de l'essence , et non pas l'essence elle-même telle que nous la connoissons, qui se com- bine avec l'acide dans le sel cristallisé, Je désignerai ce dernier sous le nom de muriate citre. Il cristallise en prismes droits quadrangulaires qui sont souvent très-aplatis. Les cristaux lamelleux formés dans les opérations précédentes , présentent au micros- cope cette dernière forme. Ils ont une odeur foible, qni approche de celle du thym. L'huile muriatée liquide a une odeur aromatique très-forte , du même genre: Ils sont plus pesans que l’eau. Ils ne peuvent s'enflammer que lorsque leur support est fortement échauffé. Ils ne se décomposent pas à la température atmosphé- rique, et ny ont qu'une foible volatilité. Ils se snbliment cependant à cette température , en prismes quadrangulaires sur les parois des flacons où ils sont long-temps renfermés. Ils entrent en fusion à 41° centig. La masse fondue cristallise toujours sous un aspect très- brillant, par le refroidissément. j Lorsqu'on soumet le muriate citré à une distillation brusque par une température supérieure à l'eau bouil- lante , et inférieure à l'ignition , il se fond, distille et cristallise sans subir de décomposition bien marquée: le. sel distillé se trouve seulement humecté d'une légère trace d'huile; mais lorsqu'on fait la distillation à la cha- leur douce ét long-temps continuée, de 5o° à 60°, le \ COMBINAISON DES MUILES ESSENTIELLES, 29 mutiate citré commence à former, d'une part une su- blimation de grandes lames irisées , et finit par produire d'autre part, une huile volatile, liquide, blanche , trans- parente , qui est imprégnée d'acide muriatique , et qui tient du muridte citré en dissolution. On obtient une plus grande quantité de la même huile liquide, en soumettant à la distillation , à la température précédente, un mélange de muriate citré avec quatre ou cinq fois son poids de chaux vive ; cette terre re- tient en partie l'acide muriatique; mais la décomposition n'est qu'imparfaite. L'huile distillée , qui est sans couleur, se noircit lorsqu'on la sature de gaz acide muriatique, qu'elle n'absorbe qu'en petite quantité , et sans repro-. duire lé muriate citré concret. Ce sel est insoluble dans l'ean, et n’a pas de saveur. L'alcool (densité 0,806 ) dissout à froid, ou à 14° centig. un sixième de son poids de muriate citré; l’eau l'en pré- eipité en lames minces, irrégulières. L'évaporation spon- tanée et partielle de la solution alcoolique , fournit le muriate citré , cristallisé en. prismes quadrangulaires. La potasse caustique en liqueur n'attaqüe pas à froid le muriate citré. | L’acide sulfurique ‘concentré mêlé avec ce sel, en dégage de l'acide muriatique, sans former d'acide sulfu- reux , et dissout lentement l'huile qui sert de base au muriate citré, en se colorant en jaune. Cette dissolu- tion forme avec l'eau une émulsion qui sé détruit par repos, en offrant à la surface du liquide une hyRe fé- tide, épaisse, d'un jaune verdtre. Le gaz acide muriatique n'a aucune action sur le mu- riate, citré qui ne l’absorbe point. L'acide nitrique fumant ( densité 1,39 ) n’attaque à froid que très-lentement ce sel en faisant une efferves- cence à peine sensible, Une partie de muriate citré a employé quinze jours pour se dissoudre en vase clos dans 42 parties d'acide nitrique densité (1,235 ). Le ni- ’ 30 CHIMIE. trate d'argent mélé en excès avec cette dissolution, y a: fair un abondant précipité de muriate d'argent ; et quoi- que la précipitation ait paru d'abord être achevée, elle a continué à s'opérer pendant plusieurs jours, parce que le muriate citré premièrement dissous , n’a pas été dé- composé en même temps. En achevant cette précipita- tion à l'aide de la! chaleur , de l'évaporation , et de nou- velles additions d'acide , il s'est formé 1,087 partie de muriate d'argent qui pourroit indiquer, d’après les don- nées de Mr. Berzélius, que 100 de muriate citré con- üennent au moins 20,76 d’acide muriatique. Comme 100 parties d'essence de citron donnent entre 142 et 149 parties d'essence saturée d'acide, il paroît que le muriate citré concret contient moins d'acide que l'huile muriatée liquide qui ne peut pas cristalliser. HD à Comparaison des essences de citron et de terébenthine et de leurs muriaies. On ‘sait que l'essence de térébenthine a fourni à Mr. Kind,par un procédé analogue à celui que j'ai suivi pour l'essence de citron, une matière confusément cristallisée, volatile, que son odeur camphrée a fait appeler camphre artificiel. L'analyse de Mr. Houtton Labillardière (x) in- - (x) Journal de pharmacie , T. IV. L'huile de térébenthine comme celle de citron , donne en se combinant avec l'acide muriatique deux produits , l'un liquide et l’autre concret. Mr. Houtton Labillardière a admis qu'ils ne différoient entr’'eux que parce que l'essence elle-mème étoit combinée avec plus d'acide , dans le composé liquide que dans le composé concret. L'objection qui se présente contre ce résultat, est qu'on ne eut par aucun degré de saturation, converlir toute l'essence en sel concret , ni rédwre par une sursaturation . d'acide le sel’ concret en composé liquide, ainsi que Mr. Boullay l’avoit déjà) observé dans le rapport lu à la Société de Pharmacie ;. sur le, camphre artificiel , Anrnales de chimie , T. LI. ComgiNAISON DES HUILES ESSENTIELLES. 31 dique que cette substance que je désignerai sous le nom dè muriate térebenthiné , est une combinaison d’acide muriatique avec l'essence de térébenthine ; et l'on de- vroit croire, que ce muriate est identique au muriate citré, par les caractères qui rapprochent les deux essen- ces, en exceptant cependant l'odeur qui peut dépendre d'un principe trop peu abondant , pour qu'il soit apré- cié dans nos analyses. Les densités de ces essences sont 0,847 pour celle de citron, et 0,86 pour celle de térébenthine à 22° centig. elles se trouvent dans la classe des huiles volatiles les plus légères. Les forces élastiques de ces deux huiles sont pres- qu'égales. 100 d'alcool ( densité 0,84 ) dissolvent 13,5 d'huile de térébenthine à 22° centig.; la solubilité de l'huile de ci- tron est ä-peu-près semblable. L'essence de citron absorbe huit fois et demie son volume de gaz ammoniaque , et l’essence de térébenthine en absorbe sept fois et un quart son volume, à la même température de 16°. Elles se rapprochent également par les proportions de leurs élémens, Mr. Houtton Labillardière a trouvé , par le procédé de l’oxide de cuivre, que 100 d'essence de térébenthine contiennent en poids, SATRONE à ee de GR D Hycrogene:.. 1.0 2. 42.3 | 99:9 D'après ces nombres le gaz oxigène consumé est au gaz acide produit dans la combustion de cette huile, comme 100 : 71,48; et j'ai trouvé que cè rapport éloit de 100 : 71,28 dans la combustion de l'essence de citron. Jedirai cependant qu'én faisant la combustion de l’es- sence de térébenthine dans du gaz oxigène, j'ai obtenu 32 Ci 1 E. le rapport de 100 : 72,63. Il est si approché du pre- mier qu'on peut attribuer la différence aux erreurs iné- yitables des observations. J'ai vu de plus qu'il se forme dans cette opération, un peu d'ammoniaque. Par mon résultat, 100 d'essence de térébenthine rectifiée sur du muriate de chaux, contiennent en poids , en y supposani d'après Mr. Houtton l'absence de l’oxigène. Carbone. niet soso, 21071708 Hydrogène - . ... +, «25,645 Azole::..t 534% 4280. clés OO 100 Un gramme d'huile de térébenthine consume done 2247,5 centim.c, d’oxigène, en formant 1632,4 d'acide carbonique et une très-petite quantité d'azote. ! Les combinaisons des deux essences avec l'acide mu- riatique ont présenté, contre mon attente, des résultats très-différers. L'essence de térébenthine n'a pu absorber que cent soi- xante-trois fois son volume de gaz acide muriatique à 29° du therm. et à o%,724 du barom., tandis que l'essence de citron en a absorbé 286 fois son volume dans les mêmes circonstances. Le muriate citré-ést plus pesant que l’eau, tandis que le müriate térébenthiné est plus léger que ce liquide. Le muriate térébenthiné, exposé à l'extrémité d'une pince à la flamme d'une bougie, s'allume au même instant, tandis que le muriate citré ne s'enflamme point par ce procédé. Le muriate citré se fond à 41° centig. tandis que le muriate térébenthiné n'entre pas en fusion à la tempé- rature de l'eau bouillante. La masse fondue de ce der- nier ne cristallise pas en se figeant, tandis que celle du muriate citré cristallise. Le L COMBINAISON DES HUILES ESSENTIELLES. 33 Le muriate térébenthiné exposé long-temps, soit seul, soit avec son poids de chaux vive, à la température de 60° ; se sublime en flocons blancs, ramifiés, sans produire aucun liquide ; tandis que le muriate citré se décompose en partie en huile liquide, et en acide mu- riatique, et forme d'autre part une sublimation de grandes lames transparentes , irisées. Les cristallisations des deux sels paroissent différentes, en ce que celle du muriate térébenthiné est confuse daus les circonstances où celle du muriate citré est dé- terminée. Cent parties d'alcool ( densité 0,806), ne peuvent dis: soudre que dix-sept de muriate citré, à 14° centig. tandis qu’elles dissolvent trente-trois de muriate térébenthiné. Ces distinctions suffisent pour montrer que ces deux sels, ainsi que les essences de citron et de térébenthine sont des composés différens, malgré les rapports appa- rens qui se trouvent d'ailleurs entre ces dernières . 5, Essence de Lavande. Cette huile après son extraction de la lavande, avoit une densité égale à 0,898, à 20° centig. Cette densité s'est réduite à 0,877 par une distillation qui a extrait les six dixièmes de la liqueur. L'huile rectifiée s’est dissoute en toute proportion dans l'alcool ( densité 0,83) ; 100 d'alcool ( densité 0,887) n'en ont pu dissoudre que qua- rante parties , à la température de 20°. La force élastique de l'huile de lavande à 13°,75 cenüis. est égale à 7,3 millimètres de mercure. Ceue huile récemment rectifiée condense le gaz oxi- gène avec une grande facilité ; elle a absorbé à l'ombre, sur le mercure, pendant quatre mois d'hiver, à une température inférieure à 12°, cinguante-deux fois son volume de ce gaz, en formant deux fois son volume Sc. et Arts, Nouv. série. Vol. 13.N0. x. Janv. 1820. C 34 CnrMI:re. de gaz acide carbonique ; et cependant, il s'en falloët beaucoup qu’elle ne fût saturée d'oxigène. . Elle absorbe en se troublant, quarante-sept fois son volume de gaz ammoniaque à 20° centig. Cette absorp- tion est quatre ou cinq fois plus grande que celle qui est produite par les autres huiles essentielles que j'ai examinées. Elle noircit avec le gaz acide muriatique, et en ab- sorbe un peu moins que l’essence de citron, mais sans perdre l'état fluide , ou sans former de matière cristal-’ lisée par cette combinaison, 16,44 grammes d'essence de lavande distillée dans un tübe chauffé au rouge, ont produit 4,88 grammes de charbon. 7,941 ———— de gaz inflammable. 0,329 —— de gaz acide carbonique. 2,4 ———— de goudron. |! 14,85 Le décimètre cube du gaz inflammable pesoit 0,64027 gramme. Cent en volume de ce gaz ont consumé 142,5 de gaz oxigène en formant 74,38 de gaz acide carbo- nique; 100 en poids du gaz inflammable contenoient donc 61,61 de carbone , 16,46 d'oxigène et 21.03 d'hy- drogène. La quantité de carbone déduite de ces produits, indique 55,5 de cet élément dans 100 d'essence de la- yande. En brûlant cette huile mêlée de sable , dans un tube plein de gaz oxigène, Jai trouvé que le rapport du gaz oxigène consumé , au gaz acide produit, étoit 100 : 74 en volume, et quil se formoit de l’'ammo- niaque qui indiquoit 2,84 centim. c. d'azote dans un gramme d'huile. Cette combustion n'a indiqué se 70+ de carbone dans 100 d'essence. En adoptant l'évaluation du carbone donnée par le tube rouge, et le rapport du gaz oxigène consumé au COMBINAISON DES HUILES ESSENTIELLES. 35 gaz acide carbonique produit dans la combustion de l'essence , elle contient en poids Sabonet ei et 2 sé Hydrogène . . . . . . 11,07 9.34 d'hydrogène en ‘exeès, sur 24,8 d'eau Oxipèneé . ….… . Nue 019507 rl à . Azote US L DHTML PPEEON ‘ _— 00 Un gramme de cette essence consume donc 1897;,t centim, €. d'oxigène, en formant 1403,4 d'acide carbonique, et une petite quantité d'azote. $. 6. Du Camphre. Je place ici le camphre à cause des rapports qu'il a dans la proportion de ses élémens avec l'essence de la- vande, quoique ses propriétés soient d' ailleurs différentes. Ce rapprochement pourroit se lier avec lé camphre trouvé par Mr. Proust (1) dans l'huile de lavande de Murcie; elle lui en a fourni le quart de son poids, et” beaucoup plus que les autres essences du méme pays. Celle que j'ai analysée, et qui venoit de France, n'a pas déposé une quantité notable de ce produit, par les procédés que cet auteur a décrits. Le camphre n'absorbe environ qu'une fois son volume de yaz ammoniaque. Un gramme de camphre absorbe 144 centim. ©. de gaz acide muriatique à 10° du therm. et à 0,726 mètre du barom. Cette absorption peut se rapporter aussi «ut volume de ce combustible pris pour unité, puisque sa densité est, suivant Brisson, 0,988. Le camphre mu- riaté offre une liqueur blanche et twansparente qui pa- roît se solidifier subitement au contact dé l'air atmos- D TT RER Re (1) Annales de chimie , T. IV. C 2 36 | CHIMIE. phérique libre, parce que l’eau qu'il contient, suffit pour précipiter promptement le camphre sans altéra- tion. La stabilité de ce dernier dans la combinaison muriatique , le distingue éminemment des huiles essen- tielles que j'ai examinées ; elles s'y sont décomposées. , Cent d'alcool ( densité 0,806) dissolvent 120 de cam- phre, à la température de 12° centis. La force élastique du camphre à 15+° du therm. équi- vaut à quatre millimètres de mercure. Cette foible vo- latilité peut donner de la confiance dans l'analyse de cette substance par le seul procédé de la combustion; je l'ai faite trois fois en n'obtenant que de légères différences. Dans l'opération où il m’a donné le plus de carbone, 44 milligrammes de camphre ont consumé 81,14 centim. cubes de gaz oxigène, en formant 60,86 de gaz acide carbonique et 0,12 d'azote contenu dans de l'ammo- niaque(1). Donc 100 de camphre contiennent en poids Carbone... . … . « . : 74,38 | à 8,73 d'hydrogèneen : OU | l mA excès,sur 16,55 d'eau | élé ire. LU ie Set Os VO M EC . 100 Le gaz oxigène consumé et le gaz acide produit, sont entr'eux comme 100 : 95. Je ne m'éloigne pas sen- siblement du résultai moyen de mes analyses, en disant que le camphre peut être représenté par un atôme de gaz oxide de carbone et cinq atômes de gaz oléfant. __ J'ai soumis à la distillation dans un tube de porce- laine chauffé au rouge, vingt-deux grammes de camphre ; il a obstrué le col de la cornue , en s'y condensant, et il s'est lancé tout à-la-fois dans le tube. Cette projec- tion n’a duré que quelques secondes, pendant lesquelles il s’est dégagé six litres de gaz inflammable, une huile - tt ie tt te ne. (x) La présence de l'azote est douteuse dans cette analyse. ComMBiNAISON DES HUILES ESSENTIELLES. 37 volatile liquide , soluble en toute proportion dans l'alcool ( densité 0,83); elle contenoit du camphre en dissolu- tion, et elle formoit plus de la moitié de la matière soumise à l'analyse. Il ne s'est presque pas déposé de charbon dans le tube. Le décimètre cube du gaz in- flimmable pesoit 0,8397 gramme. Cent en volume ont consumé pour leur combustion , 145,54 de gaz oxigène, en formant 95,5 de gaz acide carbonique. Donc 100 en poids de gaz inflammable contenoient 61,01 de carbone, 14,952 d'hydrogène , 24,47 d'oxigène. Cette distillation, beaucoup trop brusque pour servie à constater la proportion du carbone dans le camphre, confirme cependant par l'analyse du gaz inflammable, la forte dose d'oxigène que le camphre contient, par les résultats de sa combution immédiate. S. 7. | 1 Essence de Romarin. Cette huile après son extraction du végétal, avoit une densité égale à o.9109 à 15° centig. Cette densité s'est réduite à 0,8886 par une distillation qui en a ex- trait environ la moitié, et qui l'a décolorée en pro- duisant quelques traces d'eau , ainsi que cela a lieu en général dans la rectification des huiles essentielles (r). _ La force élastique de cette essence à 16° du therm. étoit égale à 9 millimètres de mercure (2). . Elle a absorbé neuf fois et trois quarts son volume (1) L'observation de Foureroy sur de l’eau qui se sépareroit des huiles essentielles à la température atmosphérique , quand on les garde dans des vaisseaux mal fermés , ne me paroit pas fondée , au moins pour des essences dont l'extraction date de près de cinquante ans. . (2) Ce résultat ne s’est pas accordé avec celui de l’ébullition qui n'avoit lieu pour cette huile qu'au 165° centig. e 38 . CHIMIE. de gaz ammoniaque à 10° centig. avant et après sa rec- tifcation. L’essence rectifiée a absorbé en noircissant et en se troublant, 218 fois son volume de gaz acide muriatique pour 6a saturation à la température de 22°, Cette com: binaison ne peut point se figer ou eristalliser. L'alcool (densité 0,83) dissout en toute proportion Yessence rectifiée; mais 100 d'alcool (densité 6,887) n'en ont pu dissoudre que deux parties et demie à la tem: pérature de 18° ; elle est donc moins soluble dans: l’al: cool que Vhuile de lavande, propriété qui peut faire présumer que l'huile de romarin contient moins d’oxi- gène (x). 31,24 milligrammes de cette essence ont consumé dans un tube de verre 61,151 centim.e. de gaz oxigène en formant 46,625 de gaz acide, et 0,16 de gaz azote con- tenu®dans de l’ammoniaque. Le premier gaz est au se- cond comme 100 : 57,83. Cette combustion paroîtroit indiquer que 100 d'essence contiennent en poids 80,266 de carbone. 30,6 grammes d'essence ont produit par leur distilla- tion dans un tube de porcelaine chauffé au rouge. 12 — grammes de charbon. 12,214 . . . . de gaz inflammable. 0,256 . . . de gaz acide carbonique. +3 — . . . dé goudron. 27,470 (1) Les huiles volatiles qui contiennent beaucoup d'oxigène , sont en général plus solubles dans l'alcool que celles qui n’en contiennent que peu ou point. Cette règle s’observe aussi dans la solubilité relative des huiles fixes , mais encore avec quel- qnes variations. D'ailleurs cette solubilité est d'autant plus grande dans les deux genres d’huiles qu'elles sont plus anciennes, ow qu'elles ont plus absorbé d'oxigène. COMBINAISON DES HUILES ESSENTIELLES. 39 Le décimètre cube du gaz inflammable pesoit 0,715 gramme. 100 en volume de ce gaz ont consumé 138 d’oxigène , en formant 70 d'acide carbonique. 100 en poids du gaz inflammable contenoient donc 65,87 de carbone, 23,89 d'hydrogène, 10,24 d'oxigène. Cette dis- tillation indique 82,21 de carbone dans 100 parties d'es- sence ; en appliquant ce dernier résultat à celui de sa combustion directe , elles contiennent en poids : Carbone 82,21 Hydrogène 9.42{ 8,395 d'hydro. en excès sur Oxigène 7.73( 8,758 d'eau élémentaire. ÂAzote 0,64 100 GS. 8: Essence d'anis. L'huile essentielle d'anis, telle qu'on l'obtient des se- mences de cette plante, présente, dans l'état concret, une masse cristallisée jaunâtre, un peu molle, qui tache le papier comme une huile volatile liquide. Cette essence figée et récente, soumise à l’action de la presse dans du papier jusqu’a-ce quelle ne le tache plus, se réduit en une masse dure , grenue , parfaites ment blancheï, et susceptible d'être, réduite en poudre ; incohérente comme du sucre en pain. L'huile a perdu par ce procédé à o° du thermomètre le quart de son poids. Cette perte a été plus grande à une température plus élevée. Je désignerai le mélange naturel des deux huiles, sous le nom d'huile d'anis commune , et sous celui d’huile concrète, celle qui à été séparée de la partie liquide. L'huile commune figée se liquéfie à 17° centig. et l'huile concrète à 20°. La densité de la première à 25°, est 0,9857; celle de Ja seconde, également dans l'état li 40 Cnimurr. quide (1), et à la même température , est 0,9849 , re- ltivement à l'eau prise pour unité à 12° centig. La force CHADE de l'huile concrète à 15°: centig. n'est égale qu’à un millimètre de mercure, et celle de l'huile commune, à un millimètre et demi au plus. L'état de fluidité ou de solidité de l'essence ne change pas sen- siblement ces résultats , à la même !température: on sait que l'essence d’anis, mieux encore que d'autres liquides, peut rester fluide à une température où elle pourroit ètre figée. 100 d'alcool ( densité 0,84 ) dissolvent 42 d'essence commune à 25° centig., elle se dissout en toute pro- portion à 15° centig. dans l'alcool ( densité 0,806). 100 de cet alcool dissolvent 165 d'essence concrète, à la tem- pérature précédente. Le degré de chaleur a une prodi- gieuse influence sur cette solubilité, car la même quan- tité d'alcool ne dissout que 25 d'essence, à la tempéra- ture de 10°, L'absorption du gaz ammoniaque à 25° centig. est égale à environ dix fois le volume de l'huile com- mune, à Un gram. d'huile concrète absorbe 171 cent. c. de gaz acide muriatique à 12° du thermomètre et à 0,73 mètre du ba- romètre. Cette combinaison, qui est liquide, transparente et sans couleur, commence à se décomposer spontanément au bout de quelques heures, en prenant une belle couleur rouge rubis et en dégageant dans l’espace de plusieurs jours le tiers du gaz qu'elle avoit absorbé. Le contact de l'air libre, ou de l’eau fait disparoître la couleur rouge de (x) L'huile d’anis concrète est dans l’état solide , plus pesante que l’eau. Sa densité à 12° centigr. est 1,04 au moins; ,car elle retient des bulles d'air à sa surface , lorsqu'elle est. ex- posée sous l'eau dans le vide de la pompe pneumatique. La densité de cette essence fondue à 50° est 0,9669. : à 94° est 0,9296. ComBINAISON DES HUILES ESSENTIELLES. 4ï ce composé, et le réduit en un liquide épais, blanc et opaque. CS L'huile commune se colore immédiatement par le contact de l'acide muriatique, et se brunit ensuite beau- coup plus que l’huile concrète,maisen présentant d'ailleurs à très-peu près les mêmes résuhats. L'huile concrète n’absorbe pas le gaz oxigène tant qu'elle reste figée ; maïs lorsqu'elle se liquéfie par la chaleur de l'été, et qu'elle est en couche mince, elle fait disparoïître dans deux ans 156 fois son volume de ce gaz, en formant 26 fois son volume de gaz acide carbonique ; elle ne change plus alors le volume de son atmosphère , elle ne se concréfie plus par le froid, et elle est beaucoup plus soluble dans l'alcool qu'avant son oxigénation. Hi E 4#Mmilligrammes d'huile commune ont consumé pour leur combustion 79,658 cent. c. d'oxigène , en formant 62,578 d'acide carbonique, et 0,119 d'azote engagé dans de l’ammoniaque : donc 100 d'huile commune contien- nent en poids , Carbone 76,487 Hydrogène: 9.352 ( 5:52 d'hydrog. en excès sur Oxigèné 13,821 [116,53 d'eau élémentaire. Azote 0,34 - C2 100,000 Le gaz oxigène consumé et le gaz acide produit sont entreux comme 100 : 78,56. 21,4 grammes d'huile concrète distillée dans un tube rouge ont produit 9:28 gram. de charbon. 6,508 —— de gaz inflammable. 0,103 —— de gaz acide carbonique. 2,59 —— de goudron. 18,441 42 CHimier. Le décimètre eube du gaz inflammable pesoit 05864 gramme. 100 en volume consumoient 114.4 de gaz oxigène, en formant 66.046 de gaz acide em 100 en poids de ce gaz inflammable contenoient donc 60,58 de carbone, 18,40 d'hydrogène , 21,02 d'oxigène. Cette distillation indique que 100 d'huile contiennent 83,468 de carbone. 49,5 milligrammes d'huile d'anis concrète, ont consumé pour leur combustion, 92,6 centimètres cubes de gaz oxi- gène , en formant 76,04 de gaz acide carbonique et o,18 centim. c. d'azote engagé dans de l’ammoniaque. Cette combustion indique que 100 d'huile contiennent 82 614 de carbone , et que le gaz oxigène consumé et le gaz acide produit sont entr'eux comme 100 : 82,1. 100 d'huile d'anis concrète contiennent donc: Carbone 83,463 Hydrogène 7.531 6,4 d'hydrog. en excès sur Oxigène 8,941( 9,673 d’eau élémentaire. : Azote 0,46 100 On voit que l'huile concrète contient moins d'oxi- gène que l'huile liquide, et que celle-ci doit être for- mée , au moins en partie, par lquetien de la pre- mière. L (La suite au Cahier prochain }, LRLRAAMAIRSAR III LL ILAS | ( 43) mm een HISTOIRE NATURELLE. Mémoire POUR SERVIR A L'HISTOIRE NATURELLE DES Cévennes; Essai sur les pétrifications , et en parti- culier sur celles qui se trouvent à Sauvages près d'Alais, Départ. du Gard; par L. A. D Homsres Firmas. Chevalier de la Légion d'Honneur, Membre de plusieurs Sociétés savantes. ( Li à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève le 8° juillet 1819 ). L»ss coquilles fossiles regardées d'abord comme des jeux de la nature, puis, à cause de leur régularité, comme dés productions de la terre , furent enfin reconnues pour des dépôts de la mer. | La ressemblance de plusieurs d'entr'elles avec des co- quillages vivans , et l'organisation qu’on remarque dans toutes, ne laissent de doute à personne; la pétrification et l'existence des coquilles marines sur de hautes mon- tagnes , n'étonnent plus aujourd'hui le vulgaire, qui les attribue au déluge, Les savans, au contraire , trouvent l'explication de ces phénomènes très-embarrassante ; les hypothèses qui paroissent le plus naturelles sont sujettes à des objections insolubles , et nous serons long-temps incertains et divisés d'opinion sur l'origine et la forma- tion des fossiles. La terre qui a rempli quelques coquilles en a pris la forme , comme celles qui les entouroit en a conservé l'empreinte. Dans quelques fossiles on ne rencontre que ces moules, le test a disparu, tandis qu'il est conservé dans quelques autres. Parmi ces derniers, il y en à qui 44 HisTOIRE NAŸURELLF. sé détachent facilement de la matière friable qui les ren- ferme , conservent une couleur propre ; leur éclat , €t sont si peu altérées qu'elles semblent sortir de la mer; d'autres coquilles tiennent fortement à leur gangue, elles ont changé de nature,sont décomposées chimiquement ou détruites et remplacées par des molécules quartzeuses , ou pénétrées par des sucs lapidifiques. Les manières dont on expliqne ces différentes sortes de ‘pétrifications, ne sont pas très-satisfaisantes, et leur position au milieu des terres est encore plus difficile à comprendre. Le dépôt des fossiles dans différentes couches paral- Jèles superposées les unes aux autres, la nature de ces couches et de celles qui les séparent paroissent nous indiquer plusieurs déluges, ou que les eaux ont recou- vert nos continens à diverses époques (r). Est-ce un de ces déluges, une catastrophe, une inondation extraor- dinaire qui a transporté les coquilles sur nos montagnes? Comment dans ce cas les plus fragiles ne se sont-elles pas brisées, comment les pointes, les tubercules, les stries qu'offrent plusieurs d’entr'elles ne:se sont-elles pas émoussées ,; comment les charnières des bivalves ne se sont-elles pas séparées; tandis que nous voyons les pierres les plus dures s'arrondir en roulant dans nos rivières après avoir fait peu de chemin? Les coquilles, les plantes, les animaux pétrifiés vivoient- ils dans les régions où nous les-trouvons? La mer se dé- place-t-elle peu-à-peu, les eaux se retirent-elles d'un côté pour envahir d’autres contrées ; vont-elles successivement tantôt vers le pôle, tantôt à l'équateur, ou bien ont-elles diminué à la surface du globe? Dans ces différentes sup- positions il resteroit encore à expliquer pourquoi nous : (1) On trouve des formations d’eau douce recouvertes par des formations marines, des bancs alternatifs de lave et de calcaire coquillier des couches dé coquilles fluviatiles qui supportent de la marne, de l'argile et des dépôts de la mer, etc. Mém.pouRr SERVIR À L'HIST, NAT. DES CÉVENNES. 45 trouvons dans nos climats des empreintes de plantes exotiques, des coquilles pétrifiées qui ne vivent plus dans nos mers ; comment des animaux d’Afrique sont enfouis en Sibérie, etc. On a voulu faire varier l’obliquité de l’écliptique, renverser l'axe de rotation de la terre, pour nous donner un printems perpétuel et faire vivre au nord les ani- maux des tropiques! il eût été plus simple de convenir de notre ignorance , et plus utile de se borner à ob- server, et d'abandonner les systèmes, jusqu'à-ce que nous eussions une masse de faits bien constatés. Les fossilles, en excitant notre curiosité, en réveillant notre imagination, firent prendre à la géologie une mar- che trop rapide, et changèrent, dit Mr. Cuvier, une science de faits et d'observations en un tissu d'hypothèses et de conjectures vaines. Mieux étudiés, les corps organisés fossiles nous aideront à connoître l'ordre des formations diverses dans le même lieu, et les formations semblables dans les pays différens. Je désire que les détails dans lesquels je vais entrer puissent offrir quelqu'intérêt aux savans qui recueillent des matériaux pour faire de cette branche de la miné- ralogie une science exacte, À trois kilom. au NO d'Alais près de Sauvages à l'extrémité de la chaîne schisteuse des Cévennes, est une montagne d'un calcaire compacte grisàtre , sur la- quelle on trouve différentes pétrifications. Environ trois cent vingt mètres au-dessus de la Mé- diterranée et du côté du N et du NO est un banc de gryphites siliceuses, de quatre à cinq décimètres d'épais- seur ; 1l est incliné du midi vers le nord et penche u un peu vers l’ouest. Les gryphites nombreux que contient ce banc sont remar- quables par la manière singulière dont les molécules de silex: qui ont remplacé les dhaiilles sont arrangées; il semble que des points disséminés sans ordre sur’ leur surface, 46 HISTOIRE NATURELLE. TS ER ont attiré d'autres molécules de silice qui ont formé autour d'eux comme des cercles concentriques plus ou moins nombreux, quelquefois confluens. Je sens l'insuf- fisance de cette description , j'y supplée par les échan- tillons ci-joints (N° 1.) (1) ë Quelques-unes de ces gryphées offrent une particula- rité fort curieuse, elles sont percées , et semblent ron- gées des vers! (N.°2.) On ne peut pas supposer que ces trous, pleins à présent de terre végétale , ayent été faits après leur transformation en silex ; par quoi donc étoient-ils remplis lorsque ces coquilles furent déposées dans la pâte calcaire qui les environne et lorsque la matière quartzeuse les pénétra ? Un habile naturaliste nous apprend que les coquilles ensevelies dans la terre, tandis que l'animal vivoit en- core, ou du moins n’étoit pas détruit, sont converties en silex par une opération chimique de la nature (2). Dans ce cas les trous par lesquels des vers marins auroient tué ou sucé l'animal qui habitoit nos gryphées, seroient restés ouverts. Mais ceux qui partagent cette opinion sur; les coquilles siliceuses, se fondent sur ce qu'on n'a- percoit pas la moindre trace de silice dans la matière calcaire qui les environne; et c'est sans doute ainsi dans . la plupart des lieux, puisque Mr. Patrin l'annonce. Mais ce que l’on voit dans ce pays est bien différent, le banc de nos graphées est pénétré dans certaines par- ties par la matière siliceuse , tellement qu'il ne fait pres- que pas effervescence avec l'acide nitrique (N°3). Et cette matière infiltrée dans d’autres couches calcaires sans. pétrifications y. forme des veines et des rognons plus ou moins purs de silex pyromaque. { N.05 4. 5.) (1) Les numéros notés sont ceux des échantillons dont je parle, je les offre aux amateurs qui pourroient les désirer. (2) Suite de Buffon , minéralogie de Mr. Patrin , Dictionnaire # Histoire naturelle. Mén. POUR SERVIR À L'WIST. NAT. DES CÉVENNES. A7 * Les gryphites de Sauvages sont remplies de la même pierre qui les entoure, et Mr. Patrin parle, il est vrai, des coquilles dont le noyau et siliceux. Nous en trou- vons de cette sorte d' un autre côté aux environs d'Alais, dans une formation calcaire d’eau douce ; et la couche qui les renferme est également pénétrée de silice (1). Ainsi en admettant que l'animal et son test ayent éprouvé un changement chimique , ce que je suis bien loin de contester , il ne faudroit pas moins admettre dans d’au- tres cas la pénétration d’un liquide silicé dans la pierre calcaire. ( N.° 6.) Dans le banc de gryphites de Sauvages on trouve quel- ques asteries et des bélemnites aussi siliceuses, (N.05 7. 8.) Elles y sont beaucoup plus rares, mais un peu plus bas on en trouve fréquemment séparées de la roche , de dif- férente longueur et de différens diamètres. Les bélem- nites n’ont point de goutière latérale, elles ont un trou conique à leur hase qui pénètre jusqu’au tiers, quelque- fois plus qu'à moitié de leur longueur; leur pointe est compacte intérieurement , elles diffèrent donc essentiel- lement des autres bélemnites calcaires et spathiques dont la cassure est radiée (2). Dans quelques-unes la silice présente extérieurement le même arrangement qu’on re- marque sur les griphées N.° 8 &is. (N° 9.) Il y a dans le même lieu des ammonites et des pec- tinites des moules de lymnées pétrifiés, mais ces fossiles (1) Les échantillons ci-joints, pris l'un contre l'autre, le premier est de silex pur , le second blanc mat fait feu au briquet, le troisième est plus tendre puisqu'on peut le rayer avec le couteau , mais il contient de la silice. Le quatrième est argileux calcaire. (2) En 1801 j'en apportai à Mr. Sage qui venoit d'écrire sur les bélemnites et n'en connoissoit pas de siliceuses. Mr. Brongniart à qui j'en envoyai il y a deux ans ,me dit que c'étoit la pre- mière fois qu'il en voyoit de telles. 48. . HisTorrx NATURELLE. sont rares, et comme je n'en ai rencontré que sur des pierres détachées, je ne sais rien de la hauteur et de, la position du banc d’où ils proviennent ; ils sont tous d'un calcaire gris foncé. (N.9 10. 11.) Environ vingt mètres nn des gryphées, dans un banc calcaire grisätre on trouve des noyaux qui paroissent des donax. Je me sers de ce mot pour me conformer à l’usage et sans prétendre que ce soyent les noyaux modelés dans les valves des coquilles. Je suis au contraire persuadé que les donaces sont ici changées en pierre de la même nature que celle du dépôt ter- reux dans lequel elles furent ensevelies et qui les rem- plit; on n’aperçoit pas la moindre trace de leur test, elles sont très-adhérentes à la pierre qui est assez dure, il est par conséquent fort rare d'en trouver de bien conservées, mais j'ai remarqué sur leur surface, comme sur les creux qu'elles laissent en se détachant, les stries et les raies que la coquille portoitextérieurement. (N.”'x4 J'avois depuis long-temps reconnu ce fait sur d'autres espèces de pétrifications. Les donaces et les vénus dont on trouve des bancs considérables à l'est d'Alais, dif- fèrent de celles de Sauvages en ce qu'elles sont toujours ouvertes et les autres, sans exception toutes fermées; que les premières sont dans une formation d'un cal- caire blanc et tendre de beaucoup plus récente, mais elles ont cela de commun que le test est pénétré ou remplacé totalement par la matière calcaire de la couche et qu’elles offrent toujours soit en creux soit en relief l'empreinte extérieure des coquilles et jamais celle dé leur intérieur. (Nos 13. 14.) Les naturalistes avoient déjà observé un fait analogue sur les empreintes des fougères qu'on trouve près de nos mines de houille; Bruguiére avoit expliqué le fait et prouvé « que l'empreinte en relief doit être considérée » comme la feuille même de la fougère dans l’état fos- » sile pénétrée par les parties les fu attenuées de la » matière Mém. POUR SERVIR A L'HIST. NAT. DES CÉVENNES. 48 » matière $chisteuse, et qu'il n'y à véritablement qu'une » empreinte, celle en creux.» (1). J'ignore si quelqu'un avoit fait avant moi la même observation sur les co- quilles pétrifiées , observation que j'ai vérifiée sur d'au, tres genres, quoique du reste elle ne s'applique pas à toutes, puisque nous en avons dans lesquelles le test est conservé, d'autres dans lesquelles il a disparu, et Jaissé vide la place qu'il occupoit. J'ai des wis pétrifiées qui sont bien évidemment la terre moulée et durciè dans l'intérieur de leurs spires. Je traiterai plus tard des autres espèces de fossiles et de la structure des Cévennes; je ne m'étois proposé dans ce premier essai que de décrire un point de ce pays qui n’est pas assez connu des naturalistes. Qu'il me soit permis d'ajouter encore quelques mots sur un fait qui paroît des plus extraordinaires au premier abord, et qu’on peut ce me semblé, expliquer d’une manière probable. C'est la position et l'état de pétrification des deux bancs co- quillers que j'ai décrits. : Sans décider s'il faut plus de temps à la nature pour convértir une coquille en silex que pour en faire une pétrification calcaire, ce qui est pourtant probable ; il est reconnu que les gryphites sont des plus anciennes coquilles, puisqu'on ne retrouve plus leurs analogues vivabs (2), tandis que les donaces sont communs sur nos côtes et leurs pétrifications calcaires regardées comme récentes. Comment se trouvent-elles donc au-dessous de celles-là ? On pourroit supposer que les coquilles pélagiennes qui sont vers le haut de la montagne furent déposées effectivement les premières, et que long-temps après la (1) Journal d'Histoire naturelle , Tome I.er , page 128. (2) On ne connoît qu'un individu de cette famille, trouvé dans la mer des Indes. Sc. et arts, Nouv, serie, Vol, 13, N°, 1, Janv, 1820. D bo Hi1STOIRE NATURELLE. mer submergea de nouveau le pays et y laissa les donaces, que les hauteurs où se trouvent les unes et les autres étoient alors celle du fond de l'eau dans laquelle elles vivoient; que les pluies et les torrens creusérent en- suite des ravins et laissèrent comme une zône de ces coquilles autour de la montagne; mais ce n’est point ad- missible. Quoiqu'on ne puisse pas vérifier si la couche dans laquelle se trouvent les donaces, traverse la mon- tagne, ou si elles y sont appliquées , il est évident que toute sa formation, au banc des gryphées près, est de la même époque. Alors ce sont celles-ci qu'une se= conde inondation nous apporta ; admettons qu'elles étoient péuifées auparavant, et qu’une catastrophe les détacha d'une couche très-ancienne: de cette manière tout seroit expliqué. | On ne peut pas assurer que tous les animaux pétrifiés vivoient dans les lieux où se trouvent leurs restes; sans doute des coquillages délicats, des squelettes entiers, des tiges avec leurs feuilles n’ont pû être roulés par des courans, ni même être transportés par de grandes eaux comme le disent quelques géologues , et se conserver intacts; mais rien n'empêche de croire que des gryphites, des bélemnites, des astéries en pierre très-dure n'ayent été chariés de loin par les eaux. Lorsque ces coquilles se pétrifièrent elles furent con- verties chimiquement en silex, comme le veut Mr. Patrin. ‘Alors les trous des vers qu'on y remarque ne nous em- barassent plus. J'ai observé dans le banc de gryphites beaucoup de coquilles altérées, il y en a peu qui ayent conservé léur valve supérieure, les astéries et les bé- lemnites ne sont que des fragmens ; je n'ai pas vu une de ces dernières avec ses alvéoles qni sont si communes dans les bélemnites calcaires de Frossac (à 1,5 myriam. au S.O. d'Alais) ; ainsi tout annonce que ces coquilles déjà pétrifiées furent en partie brisées par les chocs qu'elles éprouvérent ; le sable, les débris siliceux déposés ayec Descrrer. pzs Sources cHaupes pires Gexsers. Pt elles, expliquent la nature du banc qui les renferme, les veines, les rognons de silex qu'on trouve dans les autres couches de la montagne. Les maitres dont je tâche de suivre les traces convien- nent que l'étude de la geognoste conduit presque irrésis- tiblement à la propension aux hypothèses (x); et je l’ai éprouvé !..,. Mais en soumettant aux savans cette ex- plication d'un fait particulier, je n'ai d'autres vues que de m'éclairer par leursobservations; s'ils daignent m'aider dans rmes recherches je les pousserai plus loin ; jamais je né m'aviserai d'augmenter Le nombre des systèmes généraux déjà beaucoup trop considérable. | BrscHrereune, etc. Description des Sources chaudes dites Geysers en Islande. Extrait d'une lettre du Prof, Mexce de Hanau. ( Morgenblatt 1819.) ( Traduction ). Lr 8 juillet 1819, à huit heutes du soir, j'arrivai au Geyser. Je fis établir une tente, de manière à pouvoir dominer des yeux tout le terrain des sources chaudes, J'étois à environ soixante pas du Strack, à cent pas du grand Geyser , et à la mème distance du petit Geyser. Je descendis de cheval et je me hâtai d’aller vers le grand Geyser d'où je voyois s'élever des nuages d'une fumée épaisse, [l étoit tranquille et l'entonnoir étoit rempli d’eau. Au bout de cinq minutes, environ, j'entendis dans (1) Géographie minéralogie des environs de Paris, page 247. D 2 bo Hi1$TOI1RE NATURELLE. le fond trois coups très-forts ; ils furent suivis de quél- que ébullition, qui cessa bientôt. Un quart d'heure après on entendit de nouveau deux coups semblables accom-, pagnés d’ébullition. Un vent du nord très-froid me porta à me rapprocher du bord du bassin où je me réchauffar à la chaleur de l'eau. On ne tarda pas à entendre de nouveaux coups qui se rapprochèrent graduellement, de manière que le bruit finit par ressembler à une canonade ; alors la masse d'eau commença à se mouvoir et bientôt on vit s'élever coup sur coup environ une douzaine de colonnes d'eau d'une hauteur colossale. Ce phénomène ressembloit tout-à-fait par la forme à un bouquet de fusées dans un feu d'ar- tifice. Au bout de dix minutes tout se calma ; j'entrai dans le bassin jusques près du puits dans lequel l'eau étoit descendue environ de trois pieds au-dessous du sol. | Le 9 juillet, à six heures du matin , je sortis de ma tente pour aller au Geyser après avoir eutendu à mon réveil plusieurs coups très-forts. Tout l'entonnoir étoit rempli d'eau, mais il n’y avoit point d'éruption. Après avoir attendu en vain toute la matinée une grande érup- tion du Geyser ( car presqu’à chaque demi heure il y avoitun bruit,) l’eau fit un jet de deux à huit pieds et le bassin déborda de tout côté. Je commencai à chercher des minéraux et à examiner les collines envi- ronnantes. Vers deux heures j'entendis un bruit sou- tenu dans Île lointain, je me hâtai de monter sur une élévation, et je vis le Strock qui lancçoit de l'eau vers le ciel. Je descendis vite et j'arrivai près de l'éruption au moment de sa plus grande force. Au commencement l'eau s'élevoit par jets séparés qui se suivoient de fort près. Ensuite il séleva une grande colonne verticale accompagnée d'un bruit semblable au tonnerre, et cette aolonne conserva sa hauteur pendant une demi heure. Vers son sommet elle se séparoit en un nombre de Descrier. pEs SOURCES CHAUDES DITES GEeysEns. 33 petites pyramides de hauteurs inégales, Toute la masse d'eau se changeoit en un nuage de vapeur qui , poussé horizontalement par le vent du nord, formoit un angle droit avec la colonne. De ce nuage l'eau tomboit comme une pluie épaisse, en sorte que la pluie jointe au bruit qu'on entendoit dans le puits du Strock offroit l'appa- rence d'un orage accompagné d'un gros vent. Au bout d'une demi heure l’eau commença à jaillir par secousses. La colonne disparut peu-à-peu, et les pyramides seules continuèrent à jaillir. L'éruption du Strock n'étoit pas achevée lorsque le Geyser recommenca à tonner (on l'entend de nouveau au moment où jécris) et dans le même instant l’eau s'éleva. Alors je le vis tout-à-fait tel que Mr. Henderson l'a dessiné dans sa description de l'Islande. La masse d'eau se divisa et s'éleva en forme de bou- quet; et comme justement il régnoit un calme parfait, la vapeur monta jusqu'aux nues. C'étoit un coup-d'œil magnifique. Au bout de dix minutes tout fut calme. J’en- trai alors avec mon marteau dans l'entonnoir et j'eus le - plaisir de casser les plus beaux morceaux d'agglomérations siliceuses dans les petites cavités; je fus sur-tout frappé des formations en entonnoir qui avoient la plus parfaite ressemblance avec l'entonnoir du Geyser. Je trouvai quelques morceaux qui avoient la blancheur et la forme en zig-zag du Æos-ferri de Styrie. Pendant cette occupation je jetai sans dessein plu- sieurs pierres qui m'étoient inutiles, dans le puits où l'eau étoit à quatre pieds au-dessous da sol et parfaite- ment tranquille. Ces pierres provoquèrent sur-le-champ quelques jets d'eau qui s'élevèrent sans avoir été précé- dés de tonnerres, et me chassèrent du dehors de l'enton- noir qui se remplit très-rapidement. Une éruption eut lieu à quatre heures et demie, et une seconde à six heures, mais très-foibles l'une et l’autre. Une troisième s'opéra dans toute sa plénitude entre sept et huit heures: 54 HisTOiRE NATURELLE. Jusqu'à ce moment le bassin se remplissoit tonjours davantage et il y eut souvent une ébullition avec fracas daus l'intérieur. Après la dernière le bassin se vida et le puits resta rempli. Je mesurai alors ce puits. Sa cir- conférence est de cinquante pieds, le bord du bassin en a deux cents, et le pourtour extérieur de tout l'en- tonnoir est de sept cents pieds. La masse du terrain est un rocher spongieux d'agglomérations de silex déposé peu-à-peu par l'eau. Le bord du puits du Strock avoit vingt-cinq pieds de circonférence. Vers une heure après minuit je fus réveillé par des coups de tonnerre terribles. Fout le sol trembloit sous moi. Je mélançai hors de ma tente et le plus beau spectacie que la nature peut présenter à un mortel s'offrit à mes regards. Sous un ciel serein et dans un calme parfait s'élevèrent perpendiculairement de la terre vingt-quatre colonnes de vapeurs; et dans l'air transparent de la nuit la fumée de toutes ces sources se distinguoit admira- blement; au milieu de ces colonnes, on voyoit jaillir les eaux du Strock avec un fracas terrible , et elles s'éle- voient à une telle hauteur que la fumée de la colonne d'eau bouillante sembloit atteindre les étoiles. Le grand Geyser étaloit magnifiquement sa eolonne de vapeur colossale. La lune dans son plein paroissoit dans ee même instant sur une chaîne de collines derrière la colonne du Strock, et l'aurore commencant à briller sur l'horizon le plus pur, éelairoit de chaque côté la fumée du Geyser. Cette scène, dont la beauté est au-dessus de toute description, dura pendant trois quarts d'heure. J'attendis avec impatience une nouvelle éruption du Geyser. Comme je me rappellai l'effet produit la veille par les pierres que j'y avois jetées , j'allai au Geyser avant que l'éruption du Strock fut finie, et je jetai dans le puits un gros morceau de tuf siliceux. La cannonade commença sur-le-champ et j'eus le bonheur de voir l'éruption dans toute sa magnificence, L'énorme colonne Descripr. DES SOURCES CHAUDES DITES GEYSERS. DD de vapeur qui, à cause des exhalaisons de l'eau bouillante voiloit tout l'entonnoir, s’étoit concentrée à ‘une hau- teur de quarante pieds et s’étendit ensuite plus haut. Au milieu de ce nuagé de fumée s'élevoient les pyramides d'eau qui concentroient la fumée de manière qu’elle formoit six à huit bandes. La matinée du 10 juillet se passa sans qu'il y eut au- cune éruption des sources. Cependant le Gegser tonnoit à chaque demi heure ; il faisoit très-chaud ; et vers midi un vent du sud troubla l'horizon. À une Mas le Geyser commença une éruption et lança ses eaux à la même hauteur que le Strock; comme la pluie survint les érup- tions du Geyser se répétèrent le 10 et le 11 toutes les trois heures, et le Strock resta tranquille. Le petit Geyser et le petit Strock lancèrent leurs eaux à toutes les heures de ces mêmes jours ; mais, malgré tout leur fracas , qui me fit plusieurs fois sortir de mon lit pendant la nuit, ces eaux n’arrivèrent qu'à la hauteur de quatre pieds. Dans l'espace de trois jours je vis vingt-quatre explo- sions du grand Geyser , et seulement deux du Strock. Lorsque le temps est couvert et pluvieux c'est le Geyser qui travaille; et si, au contraire, il est clair et serein, c'est le Strock qui fait ses explosions. Le mode d'érup- tion du petit et du grand Strock est tout-à-fait diffé- rent de celui des deux Geysers. Les deux Strocks sont en ébullition continuelle, au lieu que les Geysers de- meurent presque toujours tranquilles, et lancent leurs eaux par coups qui se suivent lentement. Dans un ter- rain d'environ neuf cents pas de circonférence , le grand Geyser se trouve au N.E. et l'on voit tout auprès sur les collines de l'ouest six petites sources d’eau bouil- jante. À quatre-vingts én arrière vers le S.O. se trouve le grand Strock; à la même distance et dans la même direction est le petit Geyser, puis aussi le petit Strock avec une suite de douze à quatorze sources bouillantes. Dans tout ce terrain la terre siliceuse est agglomérée ‘ pr 56 MÉDECINE. comme de la glace et craque lorsqu'on passe dessus, Quand on se trouve entre le petit Geyser et le petit Strock pendant qu'ils jettent leurs eaux, on remarque au-dessous de soi une ébullition comme un lac bouil- lant qui ébranle souvent le terrain entier. Il est proba- ble qu'une fois tout ce sol s’enflammera. Je pars pour les terres du nord et je prends congé du .+ Geyser. (Ecrit dans ma tente au pied du Geyser le 11 juillet 1810, ) J. Mexce. MÉDECINE. MérnonE DE GUÉRIR LES MALADIES SIPHILITIQUES invétérées qui ont résisté aux traitemens ordinai- res, par E. Sainte Marre, D. M. Paris, chez Gibon, Libraire. 1818. Q: a reconnu depuis long-temps que les meilleurs ou- vrages sur cette maladie , sont sortis des hôpitaux qui Jui sont spécialement affectés, ou des grandes villes dans lesquelles beaucoup d'élémens divers, semblent plus particulièrement les produire et les concentrer. C'est dans ces vastes réceptacles, que le Dr. Sainte Marie de Lyon (x) a pu acquérir une grande expérience. « Mais je dois, » dit-il, à quelque chose de plus qu'a l'habitude de voir » ces maladies, les succès qui ont plusieurs fois couronné (rx) Ce Médecin , membre de plusieurs Sociétés savantes , est auteur de plusieurs ouvrages originaux et de traductions utiles. {R) MÉTHODE DE GUÉRIR LES MALADIES SIPHILITIQUES. 7 » mes traitemens ; succès sans gloire, obtenus aussi par » d'autres, plus heureusement peut-être, et dont j'ose- » rois à peine parler si le soulagement de l'humanité, » dans une de ses plus déplorables misères , n’étoit pas » le premier bien qui en, fait aimer le souvenir. » Ce quelque chose de plus , qui rend la pratique de ce savant médecin si heureuse , est dû à ce qu’il né se borne exclusivement à aucune méthode curative; il les appelle toutes les unes après les autres, au secours de Ja nature souffrante , selon l'ordre de leur emploi, déterminé par la nature de la maladie qu'il doit traiter, et par les conditions physiologiques de l'individu. Le problème thérapeutique consiste, dans cette ma- Jadie , à trouver , relativement à une forme donnée, la meilleure méthode curative; problème que l'empirisme seul peut rarement résoudre , parce qu'il exige un concours heureux des connoïissances physiologiques et de l'expérience pratique , « car, ( comme le dit très-bien » l'auteur ) les faits-principes, qui sont toujours l'expres- » sion la plus générale des notions diverses dont se com- » pose une science, ne conduisent pas directement aux » faits-pratiques, c'est-à-dire, aux règles dont l'ensemble constitue l’art.» La logique doit combler l'intervalle qui semble interrompre la chaîne de leurs rapports. Aidé du double appui de l’expérience et du raison- nement, le Dr. S. M. soumit chaque donnée de l'une à l'examen de l'autre. Il découvrit par-là , que la mé- thode exposée dans sa Dissertation est la plus efficace de toutes, lorsque le virus siphilitique affecte plus par- ticulièrement les os, la peau, le cuir chevelu et Le sys- tême nerveux ; c'est-à-dire , dans les cas les plus graves et Srdinatnist les plus rebelles. Il a déterminé, d'après les mêmes principes, la préférence que mérite telle mé- hode sur telle autre ; par exemple , dans quel cas on doit employer celle de Desault de Bordeaux, les pillules de Bélloste, ou le rob de Laffecteur, dont il vante 8 Mépecine. l'efficacité dans les maladies anciennes: sur-tout si l'em: ploi du mercure a précédé, et si le cerps est encore saturé de ce médicament. Il a tenté les méthodes les plus inusitées , même celles que d'injustes préventions ont vouées à l'oubli. Il indique successivement d'une manière succincte et très-claire ces divers moyens , et “expose les résultats qu'il en a obtenus. Il discute le traitement par salivation , et rappelle les grands succès ainsi obtenus en Angleterre pour d'autres maladies , sur-tout pour les nervalgies faciales. Du reste, il fait observer que cette méthode par salivation peut être assimilée à celles qui guérissent les affections si- philitiques en produisant une évacuation. Ces méthodes , rapprochées et comparées les unes aux autres, forment, dans la thérapeutique de cette maladie, un geure distinct de moyens euratifs qui comprennent sous lui, comme autant d'espèces, la salivation mercurielle; la méthode purgative de Desault; et plus particulière- ment celle qui, comme diuretique , fait l'objet de la dis- sertation de notre auteur. Ce n'est pas assez de trouver une méthode curative, 31 faut encore, pour qu'elle soit le. plus efficace possible, que l'on réduise la maladie à sa plus simple expression ; c’est-à-dire, qu'il faut la débarrasser de toutes les com- plications susceptibles d'être simplibées, et qu'elle a ren- contrées dans un corps déjà malade ou mal disposé au moment où cellé a pris naissance. Ainsi, dans le cas où la maladie se présente avec une apparence inflammatoire, ce qui arrive le plus souvent dans son début , il faut faire précéder l'emploi du remède spécifique par des sai- gnées générales ou locales, la diète, ou le régime qu'on appelle antiphlogistique. Si ce sont des symptômes ner- veux, ce qui arrive le plus souvent dans Îles maladies chroniques , c’est l'opium et les bains encore dont on doit se servir. Il est mème arrivé plus d'une fois au Dr, Sainte Marie MÉTHODE DE GUÉRIR LES MALADIES SIPHILITIQUES. 59 après de longues préparations motivées par l'insuffisance des traitemens antérieurs, de ne plus retrouver les symp- tômes qu’il se proposoit de détruire par le moyen du mercure. Il est évident que plus la maladie sera sim- plifiée, plus l’effet de ce remède sera prompt et assuré. Il décrit ses formes insidieuses et obscures, ses nom- breuses anomalies, propres à en imposer aux praticiens peu attentifs ou pas assez versés dans cette partie de la science, Îl signale une éruption qui n'a pas encore été décrite et qu’on a souvent prise pour une véritable si- philis, quoiqu'elle soit d'une nature bien différente, il indique des moyens particuliers de la guérir. Il termine son Introduction par l'examen des diffé- rens médicamens les plus vantés , et cherche à déter- miner la préférence que dans certains cas , les uns mé- ritent sur les autres. Cette partie de son ouvrage, ré-. sultat de trente années d'une pratique savante et réflé- chie, mérite d’être méditée par les gens de l’art. La méthode curative proposée par l'auteur est en partie, connue depuis long-temps ; mais elle est tombée dans un oubli si profond, qu'en la reproduisant perfection- née comme il la présente , il a en quelque sorte le mérite de l'offrir comme nouvelle. Elle ne s'applique qu'à certains cas, à certaines formes, seulement à une certaine période de la maladie, comme nous l'avons déjà dit; mais alors elle a une action héroïque ; et dans ces cas-là aucune méthode n'est peut-être plus simple, plus efficace, et plus sûre. Cette méthode curative consiste à boire le matin à jeun , en doses très-rapprochées, une quantité considé- rable d'une forte décoction de salsepareille. L'idée de cette méthode. est due. à la manière dont on prend les eaux minérales; c'est cette grande quantité d'une boisson médicamenteuse prise coup sur coup, combinée. avec l’action bien connue de la salsepareille, qui cons- litue précisément cette méthode , et lui donne un ca- ragiére curalif particulier. 60 MÉDECINE. Formulaire. Prenez salsepareille fendue . . . . 4 onces. Faites cuire cette racine dans six pintes d’eau jusqu'a réduction de quatre pintes. En retirant le vase du feu ajoutez : Racine de reglisse écrasée. . . . . 4 gros. Laissez infuser; coulez, après refroidissement. Cette quantité de ptisane doit être bue le matin à jeun , en seize verrées tièdes. On boit une verrée tous les quarts d'heure ,ou toutes les demi heures, ou seule- ment tous les trois quarts d'heure. On se promène dans la chambre, ou même en plein air en prenant cette boisson. On peut diner une heure après le dernier verre, et le repas se compose de pain bien cuit et de bœuf ou mouton rôti ou grillé. Après cette grande quantité de boisson, ce régime convient mieux à l’estomac que l'u- sage de nourritures plus légères, comme potages , œufs frais, poisson, volailles, végétaux. Les malades peuvent satisfaire leur appétit, on ne leur impuse à cet égard d'autre règle que celle qui leur est indiquée à eux-mêmes par la portée de leurs forces digestives. La boisson aux repas est ordinairement du vin rouge ou blanc, coupé d'eau dans les proportions auxquelles on étoit accou- tumé auparavant, ou une ptisane nitrée, ou de la bière mêlée d'eau. Quelques verres de vin pur ne sauroient nuire , sur-tout si on le prenoit tel avant la maladie, Le reste du jour, on peut librement vaquer à ses affaires et sortir, quelque temps qu'il fasse. — Dans la première partie de l'ouvrage, le Dr. S. M. rapporte treize observations plus ou moins détaillées , qui confirment entièrement la supériorité de sa mé- thode dans les cas particuliers où elle est applicable. MérHODE DE GUÉRIR LES MALADIES SIPHILITIQUES. 61 De la meédication attachée à cette methode curative. Par médication , on entend le changement opéré dans l'état de nos organes par l'action d'un médicament; on détermine dans le corps une série de mouvemens par- ticuliers, où l’on expose à la maladie que l'on combat une autre maladie réputée salutaire, qui est l'effet du médicament administré. Il faut bien observer cette der- nière maladie; c’est dans son caractère et dans la suc- cession des mouvemens internes qu’elle produit , que consiste la médication. La ptisane de salsepareille, bue à la manière des eaux minérales, cause, les premiers jours où l’on en fait usage , une sorte de trouble dans les voies diges- tives ; elle excite des vomissemens , des nausées, quel- quefois des selles, de légères sueurs plus ou moins continues. Ces accidens cessent au bout de quelques jours. Mais l'effet diurétique est le plus remarquable et subsiste pendant tout le traitement. a Cependant cette médication est dérangée chez quel- ques-uns par des circonstances particulières et inapré- ciables, du tempérament ou de la coustitution. Quel- ques malades vomissent constamment cette boisson ; on est forcé pour ceux-là de renoncer au traitement. D'au- tres en éprouvent un effet curatif continu ; d'autres en- core , uue légère sueur plus ou moins constante. Mal- gré ces différences , le remède agit avec un égal succès. Dans le plus grand nombre des cas, c’est l’activité vitale des réins qui est augmentée et entretenue ; et l’abon- dance d'évacuation qui en est le résultat, est presque toujours suivie de la guérison du malade. Pour entretenir, ou même pour augmenter, s’il est nécessaire, cette action des reins, on fait boire les ver- rées de ptisane à un quart d'heure de distance les uns des autres , si le malade peut le supporter ; il faut aux plus foibles un intervalle d’une demi heure ou même 62 MépeEcine. de trois quarts d'heure. Cette ptisane , prise chaude , provoque la sueur plutôt que les urines ; froide, elle se digère mal; on doit donc la prescrire tiède. L'auteur fait prendre , à ceux qui sont incommodés de flatuosités, de l'extrait de genièvre anisé, remède à la fois tonique et diurétique. Histoire de cette methode curative. Déjà au douzième ou treizième siècle , les médecins européens apprirent des Arabes l'usage d’un onguent mercuriel , connu sous le nom d'onguent sarrasin, nom- mé depuis napolitain, que l'on employoit alors contre diverses maladies de la peau. Raisonnant par analogie sur certaines éruptions siphilitiques, peu après que celte maladie fut connue, on imagina de la guérir par le mer- cure ; mais ce remède étant mal administré, il fut pres- que abandonné, comme produisant les accidens les plus graves, On lui substitua les bois sudorifiques, et sur- tout le gayac. … L'auteur fait de grandes recherches sur cette méthode, qui fut abandonnée et reprise à différentes époques par des médecins Italiens. Il suffit de citer les noms de Va- salva et de Morgagni pour faire juger de son mérite. Plus récemment , la salsepareille , prise en grandes doses , fut indiquée comme un puissant remède par Fordyce, et de Haën, qui regardoient ceite racine comme un remède du premier ordre. Ils indiquent cha- cun une méthode qui nous paroît bien inférieure à celle du Dr. S. M. Une difficulté, qu'on ne fes pas se déguiser, est le prix élevé du traitement, car le succès dépend essen- tiellement de la qualité de la salsepareille. Nous avons vu un traitement échouer pour s'être servi d'une qualité médiocre de salsepareille, et réussir aussitôt qu'on lui eut substitué la meilleure que l'on pût trouver. On a MÉTHODE DE GUÉRIR LES MALADIES SIPHILITIQUES. 63 proposé de lui substituer la racine du carex arnearia , d'après les recherches de Gieditch; c'est à l'expérience à prononcer. | Cette méthode curative du Dr. S. M. ne réussit essen_ tiellement que dans la maladie ancienne, lorsqu'elle offre des symptômes qu'on peut appeler géuéralisés, comme ceux qui se présentent sous une forme de la maladie de la peau, où qui ont attaqué le système osseux, tels que carie, exostoses ou des douleurs dites vsteocopes; ou enfin, dans celles plus rares ét plus obscures, où le cervean, les nerfs, les organes des sens et le cuir chevelu , sont devenus le sièse principal des symp- us » ee P pat Jr Nous n'avons différé de rendre compte de cette nou- velle méthode si intéressante et si précieuse, que pour avoir le temps de l'essayer nous-mêmes, et de chercher à détérminer par notré pratique le degré de confiance qu'élle méritoit. Le succès a surpassé de beaucoup notre attente ; lorsque nous avons employé ce traitement dans la maladie ancienne, négligée où mal traitée. Parmi un nombre de cas, nous citerons uné carie des cornets du nez arrêtée et guérie dans l'espace d’un mois; et dans un autre malade , des douleurs atroces avec gonflement dans le périoste sur le tibia, céder à l'action seule de ce rémède dans trois semaines, sans que le premier, depuis dix mois ; le second, depuis six, aient éprouvé de rechute. Cover, D. M. lg Las 02 I CE PRE AE PT VO T ‘ HYDROTECHNIQUE. ; +, User DEN Harewgau, etc. Sur la construction du Port . de Plymouth. Par A. J. Keusensrern , Commandant dans la marine Russe. ( Annales de Gilbert | 1818.) { Avec fig.) { Second extrait. Voyez p. 301 du vol. preced. ) ExÉcurTron. Le môle ou l'île artificielle ne fut pas entièrement achevé pendant mon séjour à Plymouth , mais cependant assez avancé pour pouvoir le considérer dans ma description comme achevé. Il a 850 brasses de long ; la partie du milieu a une direction droite dans une longueur de boo brasses, chacune de deux extrémités du môle est in- clinée sur une longueur de 196 brasses vers l'intérieur ou le nord, sous un angle de 10 f° avec la partie moyenne ; le but de cette inclinaison est de garantir une plus grande partie de, la rade et de briser avec plus d’effet les vagues qui y entrent. Du côté de l’ouest de l'ile on construit un fanal afin de pouvoir entrer dans la rade, aussi de nuit. Du côté oriental l’île est à la distance de 250 brasses de la terre ferme. Comme cet espace est tont à fait exposé aux vents du Sud E. MM. Rennies et “Whidbey proposèrent d’y établir un môle de 400 brasses de long , depuis une pointe qui porte le nom d'Andurn- Point; cependant on ne paroît pas disposé à exécuter cette idée, parce que les vents du S.E. n'ont que peu d'influence sur la tranquillité de l'eau dans la rade. La situation d’un tel mûle auroit cependant l'avantage de garantir Descrietion Du PORT DE PLymourn. 65 garantir parfaitement contre tous les vents une baye nommée Cawsand-Bay qui se trouve immédiatement der- rière Andurn-Point et dans laquelle il y a place pour plusieurs petits vaisseaux de guerre , frégatés ,; cor- vettes, etc. outre cela un ruisseau à son embouchure dans cette baye et elle offriroit aux flottes qui sont dans la rade un endroit sûr pour y faire de l’eau ; de sorte qu’il conviendra de construire ici un petit môle. Du côté occidental du Breakwater est un espace d'environ un demi mille anglais. C’est l’entrée princi- pale de la rade, qui est, malgré cette grande distance, parfaitement garantie par Tenlee - Point, la pointe la plus orientale: de Cawsand-Bay. Outre cela les Eddys- Rocks qui sont distans de deux cents brasses de cette pointe brisent les vagues quand il ÿ a une tempête du S. O. Comme tout l'ouvrage devoit être formé d'énormes masses de rocs'il étoit nécessaire de les trouver de. la grosseur, convenable dans le voisinage de Plymouth. Une grande partie de l'endroit est entourée de rochers d'une espèce de pierre calcaire(r), et c'est sur-tout le cas de la baye Catwater où ces rochers s'élèvent à une hauteur de cent pieds. D'après un calcul approximatif, la masse des rochers s'y élève à vingt millions de tonnes. Il n'en falloit que deux millions pour la construction du Breakwater; \a baye de Catwater étoit, à la vérité éloignée de trois milles de l'endroit de la construction, et à cause de l'entrée étroite, le grand nombre-de bäti- mens nécessaires ne pouyoit en sortir en même temps que par un vent favorable, toutes fois on choisit les pierres de, cette baye, quoiqu'on eût pà les trouver beaucoup plus près; parce qu'on crut rencontrer ici les plus grandes masses; mais principalement parce que la baye (x) Ces rochers appartiennent au Duc de Bedford. Sc, et Arts. Nouv. série. Vol. 13. N°0. 1. Janv.1820. £ 66 HYxDROTECHNIQUE. est touté renfermée et que par conséquent les bâtimens peuvent charger très-commodément et attendre un vent favorable pour sortir. Jusqu'à présent on n’avoit pas déterminé de combien de pieds le Bréakiwater devoit s'élever au-dessus de l'eau et si l'ouvrage äu- dessus dé l'eau devoit être construit de la même manière qu'au dessous , c'est-à-dire, irrégulièrement avec des masses de roc, ou si on le ferait en pierres de taille. Cette ques- tion ne devoit se décider que quand on en seroit venu à ce point de l'ouvrage. | Selon le plan Mr. Whidbey, le Breakwatér' doit s'é- lever quatre pieds au-dessus du niveau de l’eau dans les plus hautes marées. Le premier travaïl fut de placer deux chaînés dans la direction du Breakwater, l'une le long de la limite intérieure et l'autre-à la limite extérieure du terrain qui devoit répondre à la base; elles sont affermies par deux ancres. Chacune de ces chaïnes est de la longueur de douze cents yards, et chacun des chainons a deux pouces dé diamètre. Des répères sûrs servent à faire connoître qu’elles n'ont pas chängé de position. A ces chaînes sont adaptés, outre les deux grandes bouées, en- core cinquante petits tonneaux vides attachés par des chaînes de fer, de sept à dix brasses dé long. Les bâ- timens les prennent à bord pendant qu'ils font leur charge. Le double rang que ces petits tonneaux forment dans la direction extérieure et intérieure de la base facilite beaucoup aux bâtimens qui doivent amener les pierres, les moyens de trouver leur place, ce qui est de la plus grande importance pour que ces roches ne sé placent que dans l'espace destiné à Ja base. Sans’ cétte précaution elles pourroient tomber au-dehors, ce qui oc- casionneroit une grande perte de témps pour les re- placer. Aussi cette partie de l'ouvrage est-elle faite avec une si grande régularité, que la partie de Tile par laquelle on avoit commencé est sortie de l'eau en pré- sentant une ligne très-droite, On a loué pour le trans- ‘ N ee DescriPTioN DU PORT DE PLymourx. 67 port dés pierres cinquante bâtimens, de construction or- dinäire, dé septanté à cent tonneaux. Les grosses pierres dont quelques-unes pèsent jusqu'à huit tonnes et qui devoient former la base exigevient des bâtimens parti- ticuliers construits pour ces transports. Nous allons dé- criré là mécanique de ces bâtimens. La capacité dû vaisseau est divisée en eut parties doût chaéute peut. êtré abaissée et qui forment alors ün. plan avec Île illâc. Tout le long. de l'éoile et du tillac ‘infériéur ét LSUpERIEUE oh a adapté des ornières de fer. Le pont où les bâtimens chargent est également sua d'ornières dé fer qui sont mises en communitation avec éëlles Üu vaisseau, de même qu'avec d'autres qui com- meñcent à la cattièré où l'on prend les pierres. Des chats qui réposènt sur quatre petites roues de fer de grändeur êgale, exictément adaptées aux ornières, sont chargés dé pierres , qu'ils transportent immédiatement sur le pont du vaisseau, Cétte manœuvre s'exécute avec fatiliré. ‘On né charge les bâtimens qu'à mer basse , mais au befoin dn pourroit également le faire quand. elle est haute , parce que l'e pont de communication est construit de imavièré que la partie la plus voisine du wavire peut être soulevée jusqu’à la hauteur du tillac. Eës bâtiméns chargent ‘ordinairement sept à huit pierres ; dôünt quatré sur le pont supérieur et quatre sur l’inférieur. Les lpièrres qui se trouvent sur le pout inférieur sont évalenrént transportées par des chars sur des ornières de fer ; mais comme ces dernières vont en montant, on à fait à fond de cale du bâtiment un double pont, eton place des pierres sûr le supérieur qui n'a que justement la hau- têur nécessaire pour lés recevoir. Quand on veut dé- charger tes pierres on abaisse les deux parties mobiles de l'étoile et elles forment les extrémités du pont du quel on précipite ces pierres dans la mer. Sur le tillac eët placé un tabestän(Windlass) au moyen duquel les cinq NY -# 2 63 HYxDROTECHNIQUE. hommes qui forment tout l'équipage peuvent faire arriver les pierres sur l'étoile. Une petite corde attachée à la partie inférieure du char le retient quand la pierre tombe. Les bâtimens de transport partent presque toujours ensemble de la baye de Catwater pour se rendre au môle, Quand ils y arrivent les deux officiers du Génie qui sont toujours présens les placent à la distance né- cessaire et les font attacher aux bouées; et on com- mence à les décharger. Aussitôt qu'un vaisseau est dé- barrassé de son fardeau, il retourne à Catwater, sans attendre d'ordre. Actuellement qu'à mer basse la plus grande partie du Breakwater se trouve déjà hors de l’eau, il devient plus difficile de décharger les pierres, sur-tout quand la marée est très-basse ; et il arrive souvent que les bâtimens avant que d'être entièrement déchargés heur- tent contre des pierres et s’en trouvent fort endommagés. Le travail deviendra encore plus difficile quand ces pierres s'éléveront au-dessus de l'eau, même à haute mer. Pour remédier à cette difficulté Mr, Whidbey avoit ima- giné de construire des bâtimens pourvus de grues; le succès a parfaitement répondu à son attente. On a adapté sur l'avant des bâtimens de fortes mâchoires, ou tenailles, ‘au moyen desquelles on place les pierres à volonté. Quoique ces grues flottantes aient le grand avantage de pouvoir être employées , par tout , et de faire l'ou- vrage nécessaire tout le long du môle , elles ne suffisent cependant pas, et il y a certains endroits où on ne peut pas porter les pierres par leur moyen. On a par cette raison établi sur plusieurs points du Breakwater des grues mobiles, qui tournent circulairement et avec les- quelles on peut par conséquent soulever toutes les pier- res qui se trouvent dans leur circuit ayant que de dé- placer ces grues. Le commencement du travail se fait à pierres perdues. On les soulève ensuite de nouveau à l’aide des grues flottantes et mobiles, et on les place dans ie plus grand ordre à l'endroit où la construction doit s'élever. Dsscriprion pu PorT DE PLymourx. 69 Il est à peine besoin d'observer que les bâtimens ne se placent que du côté septentrional du môle , où l'eau est plus calme, et le Breakwater lui-même beaucoup plus escarpé que du côté intérieur, ou du midi. Par la figure ci -jointe on voit que l'angle du talus du côté du nord est de 27 degrés, et celui du midi, ou de l'intérieur, seulement de 17 (1). Pour commencer l’ou- vrage on a enfoncé des pierres exactement au milieu du môle sur le bas fond nommé le Shovel, et d'abord seulement sur une longueur de cinquante brasses ; les pierres, quand elles tombent au fond forment elles-mêmes une base qui est en proportion avec la profondeur de l'eau, car plus celle-ci est profonde, plus la base gagne en largeur; et là, par exemple, où la hauteur du Break- water est de quarante-trois pieds, à partir du fond , la largeur de la base est de trois cent un pieds; par con- séquent son rapport à la hauteur est comme sept à un. On continue , à cette hauteur, à enfoncer les pierres jusqu'à-ce qu’elles commencent à paroître au-dessus de la surface, à basse mer. Alors on place les bâtimens en- viron cinquante pieds plus au sud, c'est-à-dire, du côté de la mer, et on enfonce de nouveau des pierres jnsqu’à-ce que là aussi on puisse les voir. On continue de même la construction du Breakwater vers l’est et l'ouest, à partir du milieu. Trois cents ouvriers sont constamment occupés à tra- vailler le rocher et à le faire sauter à la poudre, dont on employe quatre cents livres par jour. On commence les explosions à midi, et ponr prévenir tout accident on annonce cette époque par un signal. Tout autour de la cärrière sont placées vingt-quatre grues, à quatre-vingts pieds de distance les unes des autres et qui, de même que celles établies sur le Breakwater, peuvent faire une ré- volution circulaire. * 4 On entoure de chaînes de fer le morceau de roc (1) Voyez la figure dans le cahier précédent. \ 70 HYPROTEGHNIQUE. qu'on a fait sauter, et ces! chaines l’'amènent jusqu'a la grue la plus voisine; cet ouvrage est beaucoup facilité par la grue qu’on tourne du côté de la pierre; elle l'en- lève «et la pose sur des petits chars en fer, qui roulent dans des ornières du même métal ; ces chars sont trai- nés par des, chevaux. jusqu'au pont qui communique avec le «bâtiment, et qui est aussi muni d'ornières. Les pierres sembarquent ainsi avec beaucoup de facilité jus- ques sur le pont du navire. Comme il y a trente-cinq lieux d’abordage, et que de chacune des vingt-quatre grues il y a des ornières de fer jusqu'à ces dépôts , il arrive souvent quil faut changer la direction des or- nières; on le fait, dans certains cas, par un mécanisme particulièr ; plusieurs ornières de fer arrivent à un pla- teau circulaire du même métal, qui porte sur des rou- lettes et qui peut faire un: tour entier en demeurant horizontal ; quand le char arrive sur ce plateau tour- pant, on fait mouvoir ce support du côté où les or- nières $ur lesquelles le char doit continuer sa route commencent. Mais on n'emploie ce: procédé que ‘quand la nouyelle direction du char doit faire un angle con- sidérable: avec l’ancienne ; si sa direction ne ‘doit être shangée que de quelques degrés, le passage d'une.or- nière à l'autre, s'effectue en tant quelques pièers des deux ornières voisines. La simplicité qui règne dans le mode d'administration de ces: trayaux immenses , ma paru presque encore plus remarquable que les ressauroes mécaniques elles-mêmes; Mr: Whidbey est: chargé de la ‘direction suprême ;.deux employés indiquent les places d'où les bâtimens doivent Jaisser-tomber les pierres sur la, digne, et ils signent un récépissé aux -bateliers pour chaque. voyage ; deux autres sont. /présens lorsqu'on, charge les. pientes ;'als examinent si les bâtimens qui revieunent de «la; rade nent ‘point souffert ; 81 s'il n'y a point. d'eau. à fond de cale (on verra tout-à-l'heure pourquoi }- Lnbes ils calculent quand les bâtimens sont chargés le poids de Descriprion pu rOBT DE Prymourx. 7L Ja charge ; ils ont sous leurs ordres deux charpentiers de vaisseau et plusieurs ouvriers. Huit commis sont chargés de faire les paiemens, de tenir les livres , et de soigner le mobilier. Un entrepreneur fait sauter les pierres, et un autre est chargé du transport. Lun et l’autre, ainsi que le propriétaire du sol, sont payés d'après le poids des pierres transportées. 11 faut donc en tenir un sompte très-exact, ce qui seroit difficile, si on n'y avoit pourvi de la manière suivante. On charge un bâtiment de cinq tonneaux de lest , en fer, et on marque de combien sa nouvelle Due de floitaison est au-dessus de la précédente ( light water _ mark ). On ajoute cinq tonneaux de lest. On fait une seconde marque, et ainsi de cinq en cinq tonneaux, jusquä-ce que le bâtiment ait toute sa charge. Alors ‘ on dresse pour chaque navire ainsi toisé, une table du poids correspondant à chaque degré d’enfoncement , de pouce en, pouce, et cette table sert à indiquer la charge de chaque voyage. Les résultats de ce calcul s'appliquent également aux entrepreneurs et au propriétaire des pierres- Aussitôt que le bätiment est chargé, le calcul se fait par un des officiers de Mr. Whidbey, et le nombre des, pierres chargées,avec leur numéro et leur poids,est porté en compte, mais toujours contrôlé par des employés des contractans et.du propriétaire des pierres; et jamais , à ce que m'a affirmé Mr. Whidbey, il n’y a.eu d'erreur notable dans ces calculs faits à double. Aussi, la confiance. dans les employés du Gouvernement est si grande qu'on s'en rap- porte presque toujours pour les calculs à Mr. Whidbey lui:même. Quand le bâtiment est chargé, le maître-pilote recoit un connoissement signé et daté. par les employés de,Mr.Whidbey; arrivé au Breakwater, le connoissement esi contresigné par un des officiers qui s'y trouvent,.et 0n.,y ajoute la date de l'arrivée. Le,déblui des rochers, de leurs. Lecotsbéi, ss V'objet d'un ,contrat particulier ;, il. est. caleulé selon l'étendue de Ja-surface à, déblayer. Dès qu'un ,des:contractans a 72 HyDROTECHNIQUE. , pour une valeur de L. 10 000 st. à demander, il recoit de Mr. Whidbey une assignation sur le Vavy-board {un des bureaux de la marine appartenant à l'Amirauté } qui paie sur-le-champ. Mr. Williams et un Quaker { Mr. Fox ) que j'ai counu en 1813 à Falmouth, et dont j'ai fait mention dans mon voyage, ont contracté pour cette grande entreprise. [ls sont aussi propriétaires de mines considérables de cuivre ‘en Cornouailles , et leurs entreprises sont d’une telle étendue, que leurs paiemens journaliers s'élèvent à environ 1000 liv. st. Le premier contrat pour la construction du port fut passé avec une autre personne à 16 pences 32 sols de France) le tonneau. Mais il ne put pas se sou- tenir à ce prix, et il fut obligé de renoncer à l'ouvrage; après avoir éprouvé une perte considérable, La nature de l’entreprise ne permettant aucune interruption , sur- tout dans les premiers temps, Mr. Whidbey représenta à l'Amirauté qu'il falloit, pour les conditions nouvelles, n'avoir égard qu'à la solidité de l'entrepreneur, et à sa propre sureté. Le contrat fut donc passé avec MM.William et Fox, sur le pied de 34 pences le tonneau, quoique plusieurs en- trepreneurs fissent des soumissions moindres; il est sûr que ceux-ci faisoient, à ce prix, un gain considérable ; maïs aussi l’ouvrage se fit-il rapidement et sans interruption. Après qu'il fut assez avancé pour qu’une interruption n'eût pas des conséquences nuisibles, Mr. Whidbey pro- posa aux entrepreneurs de se charger du reste, à un prix inférieur; et depuis cette époque ils ont d’eux- mêmes diminué deux fois le prix accordé ; ils trans- portent actuellement les pierres sur le pied de 20 pences ; et ‘ils les font sauter pour 32 pences le ton- neau. On ne peut décharger les pierres que lorsque la mer est très-calme ; les mois de juin, juillet et août sont les plus favorables pour cet ouvrage ; on a pu y pro- céder pendant dix-huit à vingt jours dans chacun de Descriprion pu port DE Prymouru. 73 ces mois ; et dans ceux d'hiver, seulement pendant six à dix jours dans le mois. Mr. Whidbey me manda , au mois de septembre 1816, que 150 verges ( 450 pieds ) du Breakwater étoient entièrement âchevés, et qu’on y avoit employé 955000 toneaux de pierres. On voit, à l'inspection du plan, où en étoit l'ouvrage dans le cou rant de juillet 1815. Mr. Whidbey ajoute dans la letire dont je viens de parler, que quoique durant l'automne de r815 et dans l'hiver suivant, les tempêtes du S 0 eussent été , à quelques exceptions près, plus violentes que de‘coutume, cepéndant aucune des pierres du môle n'avoit été ébranlée; et il m'apprend, par une lettre du 10 juillet 1817, que les tempêtes de l'hiver de cette même année ont encore été plus fortes , et que toutefois le môle avoit résisté à toute la fureur des vagues jusqu'au 19 et 20 Juin; mais pendant ces deux jours on éprouva ouragan du SO le plus violent dont on aît eu le sou- venir; et l'eau s'éleva jusqu'à cinq pieds au-dessus des marées de l'équinoxe. Cette tempête déplaca, il est vrai, vers le milieu du môle les pierres supérieures , sur un espace de six eents pieds, mais elles ne furent éloi- gnées que de quelques pieds de leur position, et au- cune ne fut jetée en bas. D'après une pareille épreuve, on peut croire que ce grand ouvrage sera indestruc- tible.. Comme il peut arriver que des: pierres tombent dans l'eau pendant le transport , et comme il est très- important que la rade reste balayée, Mr.Whidbey a com- mencé dernièrement à faire examiner le fond autour du môle, et il y a parfaitement réussi par le moyen de la cloche de plongeur de Smeaton. J'ai vu un de ces ap- pareils à Ramsgate, et je vais en donner une descrip- ton abrégée. Cette cloche est en fer fondu ; et par conséquent assez pesante pour s'enfoncer dans la mer sans addition de lest. Elle n’a pas la forme: des cloches ordinaires, mais celle d'une caisse carrée renversée, de six pieds de long, sur quatre pieds de large et quatre à cinq pieds de hauteur; 74 HYDROTECHNIQUE. le dessus est percé d'ouvertures dites yeux de bœuf(x) pour faire entrer la lumière. Au milieu de la cloche s'a- dapte un tuyau de cuir destiné à faire entrer l'air. Un bateau muni d’une pompe pneumatique aspirante et foulante est établi près de l'endroit où la cloche est plongée ; et non-seulement il est attaché à la cloche, mais, pour qu'il ne puisse pas en être séparé par un coup de vent, par des courans ou par tout autre acci- dent, il est amarré au fond. A l'extrémité inférieure du tuyau est une soupape de cuir qui empêche l'air de re- monter, mais, qui le laisse arriver lorsqu'on le refoule d'én haut par la pompe , jusqu'au terme où sa sortie par le bas de la cloche, annoncée par l'arrivée de bulles en haut, indique qu'elle’est complétement remplie. De part et d'autre du trou par lequel on introduit l'air, sont deux anneaux auxquels sont attachées les chaînes de fer qui servent à faire descendre la cloche, comme aussi à attacher les pierres qu'on veut poser pour bases dans les constructions sous l’eau: Il y a plusieurs moyens de donner à la cloche la direction qu'on désire. Les signaux sont des coups de marteau , qu'on peut entendre très- distinctement là où la profondeur n'est pas très-erande. Îlya, dans l'intérieur de la cloche, des sièges pour les plongeurs. On a employé plus récemment ces cloches avec grand succès dans le beau travail de la jetée de Ramsgate vers l'embouchure de Ja Tamise. Cette jetée est formée sous l'eau autour du môle, pour (1) Ces yeux de bœuf sont dés verres len‘iculaires de 3 à 4 pouces de diarhètre et si épais qu'il peuvent supporter une forte charge sans se casser. On s’en sert depuis quelques ‘an- nées sur ‘tous les vaisseaux anglais, tant pour garnir le tillac, parceque on peut sans-risqne faire passer de petits canons par dessus, que pour.les: cabines inférieures, qui sont pres- qu'au niveau de l’eau ,et où on ne peut par. conséquent pas pratiquer! des fenêtres, (A) : us cup NET POSTER PRE ET Descriprion pu rorT DE PLymourrr. 79 renforcer sa face intérieure contre l'effet des vagues. On lui a donné le nom de tablier ( apron ) et les pierres sont taillées d'avance, de manière à s'enchasser les unes dans les autres quand elles sont posées ; on n’y met. pas de ciment ; seulement. on coule du. sable dans les joints. On commence par aplanir (en travaillant sous la cloche ) ‘le fond où doivent reposer les premières; on enlève les déblais dans des paniers. On fait marcher latéralement la cloche à mesure que le sol est aplani en dedans; et quand ce travail préparatoire est achevé, on pose les pierres à l'aide d’une grue mobile ; on les suspend à la grue au moyen d’un coin renversé qui entre dans un trou fait à la surface de la pierre, dans la verticale de son centre de gravité ; ce coin étant plus large en bas qu'en haut, et assujetti latéralement par des éclisses én fer, ne peut pas ressortir, et suspend la pierre à la grue, avec laquelle on la fait descendre jusqu'au fond ; là, après avoir décroché l'anneau qui la suspendoit à la grue, on met la cloche par dessus la pierre, on accroche celle-ci à un anneau au plafond de la cloche, qu'on soulève ensuite doucement d'en hant, avec la pierre ,: pour faciliter aux ouvriers qui sont sous la cloche tous les mouvemens nécessaires à l'assiette régulière de la pierre , après quoi on la détache pour toujours. En 1813 une pierre, du poids de quatre tonneaux, étoit tombée par accident au fond de la mer dans le transport. On descendit la cloche sur la pierre ; avec trois ouvriers ; ils y creusèrent le trou nécessaire à l'in- troduction du coin; et en deux heures et demie , la Pierre, 4 qui étoit à trente-trois pieds sous l'eau, fut ra- menée à la surface et rembarquée pour sa destination (1 ). (1) On a vu à Genève, pendant le cours de l'été dernier, s'élever comme ‘par ‘enchantement un édifice d’une ; archi- tecture! noble ct ‘élégante, dont toutes les pierres. ont été posées à laide d’une grue; et par un procédé exactement semblable (à la (cloche près) à celui indiqué: par -l'anteur, Ce mm MÉLANGES. ExPÉRIENCES SUR LA CONGÉLATION DE L'EAU ET DE L'HUILE superposées. Par H.T. DE La BécuHe, Membre de la Société de Phys. et d'Histoire naturelle de Genève. ( Communique dans la séance du 20 Janvier 1820 ). J'ar profité du froid sévère que nous avons éprouvé dernièrement pour faire les expériences suivantes , qui paroissent montrer, par un procédé très-simple , le dé- gagement de la chaleur latente, ou de liquidité , qui a lieu pendaut que l'eau se convertit en glace. Jai mis de l'eau et de l'huile d'olives dans une phiole, dans la proportion de deux parties d'eau sur une d'huile: celle-ci surnageoil comme à l'ordinaire. La phiole fut exposée à une température égale à — 9 de Réaumur. J'avois placé un petit thermomètre dans l’eau sous l'huile ; je regrettai de ne pouvoir en mettre un dans l'huile même , mais tous mes petits thermomètres , à un seul près , ont été cassés dans mes voyages. Peu de temps après l'exposition dé la bouteille à la température in- diquée, le thermomètre dans l’eau ‘descendit un peu au- dessous de zéro ; mais il ne tarda pas à remonter à ce terme au moment où la congélation commenca. Pendant Ces pierres énormes , dont quelques-unes pesoient jnsqu’à soi- xante et dix quintaux , étoient élevées par la machine, en vingt-cinq minutes, jusqu'au haut de l'édifice, et là, mises er place par un seul poseur qui commandoit là manœuvre au moyen de läquelle on ne laissoit à la pierre que le poids de quelques livres; ce qui permettoit à l’ouvrier: de ‘la diriger à son gré; on a élevé de même: les colonnes qui-entourent l'édifice, monument de goût et de, génie. On n'a eu besoin d'aucun échaffaudage , ce ‘qui a procuré une, épargne consi- dérable de temps, de bois, et d'argent. (R) SUR LA CONGÉLAT. DE L'EAU ET DE L'HUILE SUPERPOSÉES. 97 sa durée , l'huile demeura liquide, quoiqu'exposée à une température extérieure de beaucoup plus froide. que celle à laquelle elle se congèle ordinairement; et, dans © cette expérience , l'huile ne se congela que deux ou trois. heures. après que. l’eau parut être entièrement gelée. Je dis parut gelée, parce que le dégagement de la chaleur latente de l'eau étant la cause qui maintient l'huile liquide, la congélation de celle-ci auroit dû suc- céder immédiatement à celle de l’eau au-dessous d'elle, Pour ètre bien sûr qu'il n’y avoit rien, dans l'huile d'olives employée qui empêchât sa congélation , je mis une portion de cette même’huile dans un verre à boire toutrauprès de la phiole :’elle.ne tarda pas à se.congeler: Je répétai la même expérience, avec cette seule dit- férence, qu'au lieu de mettre le thermomètre dans l’eau, je mis sa boule dans l'huile au-dessus de l'eau. Celle-ci se, congela sous l'huile comme dans la première expé- rience, et l’huile demeura de même liquide. Peu. après le commencement. de la congélation de l’eau, le ther- momètre dans l'huile marquoit — 0,6 de Réaumur: Ce ne fut qu'après la congélation en apparence complète de l'eau, que ‘le ‘thermomètre: descendit à 2% dans l'huile, qui’ consérva néanmoins sa liquidité. EHe: là perdit enfin ; et alors le thermomètre descendit à —’9, température très-voisine de celle de l'air ambiant, L'huile congelée , dans cette dernière expérience , avoit à-peu- près la consistance du sa von. Jai répété plusieurs fois ces expériences pendant la durée du froid, et j'ai toujours obtenu les mêmes ré- sultats. Je mis ensuite une phiole .qui contenoit de l'huile et Teau , dans les proportions déjà indiquées, dans une tem- pérature de +- 0,6 de Réaumur. L'huile ne tarda pas à se congeler, et l'eau conserva sa liquidité sous cette même huile ; ce qui montroit avec évidence que dans les expériences antérieures, l'huile étoit demeurée liquide, parce que l'eau se congeloit au-dessous d'elle: ve ui MÉLANGE s! Après que l'huile fut devenué solide, je mis la phiole dans une température de — 8 R. L'eau ne tarda pas à se congeler sous l'huile ÿ ét én même témps la Surfatè de l'huile, c'est-à-dire, $a portion la plus voisiné de l'air éxtérieut se liquéfia jusqu'à une profondeur égalé à en- viron —- de la profondeur totale de l'huile. Elle demeura dans get état, dvéc une augrmétitation très-légère dâns 5a portion Îlquide pendant tout lé témps que l'éau mit à se gelér ; ‘et bientôt après sa congélation apparente totale l'huile reprit’ l'état sblide: ; Noricé PES séances DE L’AcAD/Roôv. DES SCrENCES DE PARIS pendant lé mois d'Aout. (1) 2 Août. M4. Lérebours, opticien , demande des Commissaires pour l’examen d’une lünétte ächromatique ‘dé sept pouces quatre ‘lignes d'ouverture qu’il a déposée à l'Observatoire. Mr. Dumeril fait un Rapport sur les apparéils galvaniques de Mr.Aïldini et sur le Mémoire dont îls étoient accompagnés. L'auteur croyoit que le, galvanisme peut être: employé! avec avantage pour rappeler à. la vie, des, asphyxiés. Les: Commis- saires ;! sans nier le fait, croyent, que, la, médecine a encore besoin d'expériences positives sur cet objet, ,, . 42 & Mr. Brongniart Lt un Rapport sur le moule d'une éribolite envoyé d'Amérique par Mr. Hosack. ru. 44 Mr. Biot lit un Rapport sur un nouvel instrament a; cordes et à archet, présenté par Mr. Savard. (Nous le publierons. Mr. Cauchy lit une Note sur un météore lumineux observé à Paris et Jusqu'à cinq lieues de distance , et qui a disparu au zénith. Les conclusions que Mr. Cauchy a déduites relativé ment à la hauteur du météüre, des réñséignemens qui lüi'ont été fournis ne nous paroissént pas mériter une énfière con fiance. Nous connoissons en effét un observateur expérimenté (1) L'abséncé de notre correspondant ordinaire continue à nous obliger. d'emprunter des Ærnales. dé Chimie les notices suivantes. (R) Norice pes Séances 5e L'Ac. R.nesScrexc. pe Paris. 79 qui a vu à Paris disparoître le météore à une fort grande distance angulaire du zénith. 9 Août. Mr. Girodon annonce avoir construit une nouvelle pompe. Des Commissaires sont chargés de l'examiner. Mr. Morlet adresse un Mémoire sur le magnétisme terrestre. Une Commission rendra compte de ce travail. Mr. Cauchy , au nom d’une Commission , litun Rapport sur le Mémoire de. Mr. Dulau , relatif à la résistance du fer. Ce travail a paru très-digne de l'approbation de l’Académie, L'auteur ayant eu la complaisance de notis le communiquer , nous en donnerons prochainement un extrait détaillé. Au nom d’une Commission , Mr. Biot lit un Rapport sur Le nouveau télégraphe présenté par Mr. Veillon. Les conclusions sont que ce nouveau système ne mérite pas l'approbation de l'Académie. Les Commissaires chargés d'examiner la nouvelle lunette de Mr. Lerebours rendent compte, par l'organe de Mr. Mathieu, du résultat de leurs épreuves. La lunette a' deux décimètres ( sept pouces quatre lig.) de diamètre, et, ‘près de six mètres de foyer. Elle porte toute son ouverture. Les images sont nettes et ne présentent pas de couleurs sensibles , même près des bords du champ. ,On apercexoit avec. cette lunette, sur le disque de Jupiter,| une foule de. détails, qu'on pouvoit à peine soupconner avec d’autres instrüumetis. L'Académie arrête qu'il sera donné des éloges ét' des en- couragemens à l'habile artiste que nous venons de nommer. Mr..Geoffroi St. Hilaire,commence la. lecture d’un, Mémoire sur le tissu érectile, sa structure ‘et ses fonctions; comme. or: gane électrique. «9 Mr. Sarlaudière présente un Mémoire sur la circulation éclairée, par la physiologie et. la pathologie. Une Commission rendra compte de ce travail. Ê 16 Août. Un Mémoire adressé par Mr: Martin sur ur nouveau fait er hygrométrie ; le Traité logico-mathématique de Mr. Boillot, et un Mémoire de Mr. Desagneaux sont renvoyés à l'examen de diverses Commissions. On recoit une lettre de Mr. Mirbel qui annonce 18 vacance d’une chaire au Jardin des Plantes par la mort de Mr. Faujas de St. Fond. 80 MELANGESs. La section de minéralogie, qui doit faire la présentation d'u candidat, étant momentanément, incomplète, on lui adjoint trois nouveaux membres par la voie du scrutin, ce sont MM. Lacépède, Bosc, ét Lamarck. D Un anonyme propose de fonder un prix de 5oo fr/ qui sera. annuellement, décerné à celui qui, au jugement de l'A- cadémie s'en sera rendu le plus digne en inventant ou en perfectionnant des instrumens utiles aux progrès de l’agricul- ture, des arts mécaniques, et des sciences pratiques et spé- culatives. L'Académie, en approuvant le projet, arrête qu'on fera les démarches nécessaires pour obtenir l’agrément de Sa Maÿ. Mr, Biot lit son opinion sur les expériences présentées par Mr. Dutrochet au sujet d’une prétendue action que le corps humain auroil exercée sur des aiguilles aimantées. Il résulte dés expériences de Mr. Biot que les mouvemers chservés par Mr. Dutrochet dans les aiguilles ne dépendent point de la cause à laquelle cet habile médecin les avoit attribuées. Mr. Clément commence la lecture d’un grand Mémoire ; qu’il a fait sur les machines à vapeur. Mr. Bonnard lit un Mémoire sur la classification des terrains. Une Commission est chargée d’en rendre compte à l’Académie. 23 Août. Mr. Moreau de Jonnes continue la lecture! de son Mémoire sur les poissons, toxieoféres. Mr. Clément achève la lecture de celui qu L avoit présenté dans la dernière séance. (Nous en rendrons compte. après le Rapport des Commissaires. ) La section de minéralogie présenté la liste suivante de can- didats pour la place de Prof. vacante au, Jardin des Plantes , MM. Cordier, Brongniart,et Brochant. 30 Août. Mr. Chevreul demande à déposer au secrétariat un paquet cacheté contenant des expériences sur le zircon et la zircone. Une lettre de Mr. le baron de! Synn-Strom sur les moyens d'arrêter les mauvais éffets de divers météorés est renvoyée à l'examen d’une Commission. Mr. Girard lit des observations sur les phénomènes de quibre des* liquides dans les tubes capillaires. - Mr. Ameline Prof. à Caen lit un Mémoire intitulé : Nouveau procédé pour l'étude de l'anatomie. Les modè’es dont se: sert Mr. Ameline ont été mis sous les yeux de l'Académie: On procède an scrutin pour Ja nomination d'un candidat à Ja place de Prof. de Géologie au Jardin des Plantes. Mr. Cor- dier réunit la majorité des suffrages. On lit un Mémoire de Mr. D'Hombres Firmas pour servér à l'Histoire Naturelle des pétrifications des Cévennes. : Une Commission est nommée pour examiner ce travail. CSSS SES ES ST TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉ ÉOROLOGIQUES L Faites au Couvent pu Sr. BervarD , élevée de 1246 toises au - dessus de la Mer : JampDin BoraniQue à GEenive. ; aux mêmes heures GE celles qu'on fait au A ee mnere OBSERVATIONS ATMOSPHERIQUES. JANVIER 1820. SCENE 7 = TE = DLEONETES À TrerMomÊTRE je = | ASE $| —— D A AUS a l'ombre THycroMÈTRE Pluie ou = 2! iHdid FRS =} réduit à o de Deluc. en 80 parties. | à cheveu. neige en |% à er srelacifs À Erar pu Crer. £ = à = = de Force. $ ne. 24 heures MS ARS OBSERVATIONS DIVERSES. À Lev. du Sol. | à 2 heures. Îf du S | à -ÎL.dus.| à2h. ee ; gi — _- : nn — | ne Re Pouc.lig. dix. |Pouc. lig.dix ID: dix. | D. dix. g. | Dress Lig. douz. | Loc] ne, 1 j ; re Ê MR rm 4 Jen , > Q 1 3 |20. 10,1 l20. 8 8 f— 9,3 _ 7,9 95 95 În. po. li. | ——Ù NE | NE ; sol. nua. id. - SO |SO.NE serein, cou. 2 . 7:8 . 7:59 À 10,9 41 91 96 : 2 2 NE.SO| s0 { brou., id. 5 , 75 . 753 $ ,0 2.2 2 95 34. o fl ! > 4 . 8,9 | + 9,2 3,9 255 96 95 = 50. | "50, couv; sal nu Dans la soirée du 19 au 00 Janvier , à 9h., s . 88 . 9.0 4.4 4,0 2 95 = GI, MA l-NE japon > Fe il y a eu de très-fortes détonations de tonnerre = a u 2 0 = ea —, ——+ NE NE serein , 14. 6 Cr MO: (or) . 9,9 3.8 2,0 66 85 : " rue à dans la vallée orientale du St. Bernard ; on les 2 0. 87 AR 8,2 3:3 | 45 86 89 a mel AISNE NRSeL TUE d RTE à : ù : ee Fe es ie ne |. ne Îser, ,bbr. La entendues jusqu’au bourg St. Pierre. . 55 . 5 3 14) — | — 9 . Gr , ca 16.001416, 93 91 a SO.NE| NE { brou., ser. 10 : 4,1 . 4,1 20,8 177 96 97 11%6 SO.XE| s0 21 brou., cou. Ji nE . a 15,8 133 96 94 LS pe À (OCT so sol. nua., sol. “ 12 . 4,3 ° SSL 16,0 12,6 94 92 — ——} NE NE {ser., id, : 15 . S,7 : S.3 À'u4 6 10.$ 94 89 eus ——| s0 so sol. nua , id. 3 57 14 - éte . 7:0 À 12,4 9,4 82 70 Les NE SO ser. ; sol, k 15 6 9 e 6 10.0 7.9 62 69 —— À——| so | so2} soleil nua , br. " ° ? à < 3 VE 21 5 1 16 . 355 : 3,7 7,8 52 93 88 Aué NE | NES) brou., id. 17 Q 63 . De 9,0 76 77 6: Lee ——} s02| s0215ser. , sol. nua. À il 2 ra [a fl = y NE.S0|NE.SO! sol, nua. , id. 18 ° 8,0 © 8.9 435% 1T 1,2 96 89 MO NEO : 31 oui ‘ anna ans sa 19 . 3.0 « 9.1 10 0,3 160 90 20. 7 = |7s0 s0 brouil. , 1d. 20 C 8,2 C 8,8 2,1 1 $ 93 93 104 3 |} soA\ NE hbro. sol. nua:} 2 2 ; ; 21 . 7,7 | © 732 1881 02,0 97 92 13. 8 | —_Ù so | NE |bro. , ohsc. 22 . 7.4 . 7,7 8,1 7,0 82 79 15.10 | ve NE À sol. nua. ,br. 25 d 9.6 . 1167 [0.9 7:7 8 : 6> —— —— Ne 50! s0 sol. nua., ser. À 2 | ë si ; e. i 4 . 24 11,7 ‘ 11,6 8,9 3.8 au 54 eee 2150 so RE Le ë 25 . 11,7 . 11,4 $ 7 0,7 75 46 a 1150 so fsol., sol. nua. | 26 10, 3 10.6 552 Fa 68 68 —— || cal) ve |couv., sol. nua. $ z . E] 2 . 27 Poule 10.8 5 30100, 87 8; —— |} ve | NE |sol. nua. , id. : 2 ,2 N ; : 28 = 6,4 | 59 $:5 |- 4,6 95 85 11.9 ———) NE | NE |bron:, S EE ED (SN IC 7,5 7:3 3,8 94 80 14. 8 D ——Ù\ NE | NE2 Done Ê 30 . 8,8 . 9,0 758 2.6 86 69 a op] NE | NE ser. ,1 ; 31 Q goMIue 9,0 9:7 47 87 79 SEE. PSS PSE — — a: me 2) CRE RTE LE En es —$ — Et , jee | Moy.i 2 7:73 |20. 7,78 Le 8,40|- 5914 86,4 | 83.0 (HAS: 1 le : O2 PE LAS . Essen SO EE! SN ES RE TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faîtes au JARDIN Boranique de GENÈVE: 395,6 mètres (203 toises) au-dessus du nivean de la Mer : Latitugs 46°. 19 Longitude 15. 14. ( de Tems ) à j'Orient de l'Observatoire de PARIS. ES CE OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES. FEVRIER 1820. | s Tazra à l’om-& Ë BAROMÈTRE bre à 4 pieds ÉHYGROMÈTRE | Pluie ou | neige en | 24 heures. VENrs. Erar pu C1EL.i réduit à la température À de terre,divisé} à cheveu. de 10° R. en $o parties. À Lev. du Sol,! à z heures ÉLdus.|à = h. Jours du Mois. Phases de la Lune. ou rosée. Gelée blanche — =) Pouc.lig.seiz.|pouc.lig. seiz£ Dix. d | Dix.d. Deg. | Degr. ig. douz leve” — |, er — mt oi ot a —— 1 27. O. 4126. 11. 11h 2. O|+ 4. oO 97 66 2 2,0710:, 06 11. 3 dent7 1. $ 96 CS 3 26 Te 10) 277 2 10 0. 5 CR EAN US S= 9 7 | : 4 D Lee] ONMEr DC 1.0! 0.0] 95 87 Les blés des terres argileuses sont $ 01 07) RAT 0 10/5 | O2 EUX 87 très-foibles et jaunes : il paroïît qu'un 8 Ë 9 7 | J q e 6 c j 13): 2; À 1, 5] 2:02) 93 87 partie des plantes a péri: On ne sa- 7 pu SCENE AR. FrértO RSS El EC 78 i t | à x bercoit pas que les fortes gelé 3 CS Le LP AE er, 0310762007 87 : j PErc pa: 4 2 pe’çes ayent F , k 7 Q 9 05. Celui et. c|. 0.47 07 96 al. : F brou. , id. tué des souches dans les vignes. Le 10 Mine IE MAINS 0) : 87 cal cal. ERA , ua. À beau temps de ce mois à permi de 11 CN Le COS CAS) , } cale re D Dre à k : ; ; ; £ . Et + 4.4 46 val, LPO ; Cou. \ labourer à la charrue et à la bècke, 2 à . cl . 1: 7 a, Si pu: b x : : 13 26 Tue 15200 T1e 0 2e à à 7 | RENE fet mème de provigner. On a déj 8 , . 74 COU. , NUAs« ü ; , : M ein, she is Lolo. 2180.66 EE 4 " £semé des blés de printems, 15 Dr NO 227 10407 2 à à Lx à $ 7 7 ROSE cou. , 14. 16 005 Heu MO ONE 0: 018 3 oil i ' ne cou. , id: 17 e o. 4126. 114 13È= 4. $| 4. 0 à : Q C E s s cl. 3 id. 18 PACS QU: (2) INIOEN C 2. | ES E : 2: f cl. » id, 19 ° 14, 4] + 10. 14 0. | A4 20 Or Lu rer. bn. 3ln to JR 21 ET D EEE D OURS: IS Tr CONS 2 | cou. , id. 22 26. 11, 11] + ‘11. 4 3. o| 13. où et 23 Or Me CET O 2. 01 j cou. , br. 24 10. ane no rt de: CRI Acl., cou. 25 D Ale, 6 RS he «light | pluie, cl. & 26 . 9. qi « 6: 165 Ris 8. A cou. , id. « { 3: 7 . 2 À ; À Déclinai de Tatans « ; | 27 ON) EE EN D lnu. , id. * Déclinaison de laïguille aimantee; à | 28 © TO 1210 06 DU p « cou. , 1d. lObservatoire/de Genève , le 29 Févr: \R 29 DEA SON A ER à : nua., id. 206. 8? | Fnua. , 1d. a —— — —— Moyennes. Ê:= de ù 27. 0: 1,48/26.11,10,310+ 0,61 + 4.4 © Ç 61°Q - GÉODÉSIE. Méworre SUR LE NIVELLEMENT GÉOMÉTRIQUE DE LA chaîne du Jura comprise entre le Fort de l'Ecluse et Yverdon, (Communiqué aux Rédacteurs par Mr, Roczn); officier du génie, de la Confédération Helvétique. ) Drrvrs quelques années l'on a beaucoup perfectionné Ja géographie mathématique. On a déterminé avec précision sur une surface courbe régulière , concentrique au globe terrestre prise à un niveau quelconque , la projection de divers points de la terre. Ensuite allant plus loin, on a entrepris de fixer en- core la différence de niveau de ces mêmes points. Déjà l’on possède beaucoup de matériaux à cet égard. Deux méthodes ont été employées communément pour obtenir ces résultats. L'une puise ses moyens dans la géométrie, et l'autre la puise dans la physique. La méthode géométrique consiste à observer, avec des instrumens convenables , l'angle que fait avec l'horizon la ligne qui réunit les deux points dont on cherche la différence de niveau ; cet angle, combiné avec la dis- tance, donne par le calcul le résultat désiré. La méthode physique consiste à aprécier, par des ins. trumens adaptés à cet usage , la différence que le plus ou moins d'élévation dans l'atmosphère apporte au poids de la colonne d'air; différence de poids, dont on pare Sc. et 4rts, Nouv, série, Vol, 13. N°. x. Févr.1820. F 82 GÉONDÉSIE. vient à déduire, par une théorie fort ingénieuse, la dif- férence de hauteur de la colonne, qui'n'est autre chose que la différence de niveau. L'invention du cercle répétiteur en 1787, a valu un progrès notable à la méthode géométrique , en permet- tant d'obtenir des mesures angulaires plus approchées du vrai. Un homme de génie, Genevois de naissance , Mr. De Luc, en apportant un haut degré de perfectionne- ment au thermomètre , au baromètre, et à la théorie, a fait faire des pas de géant à la méthode physique. L'inexactitunde des données dont il est parti, et sur-tout le défaut de précision des hauteurs connues & priori { c'est dans ce temps là que Fatio de Duillier, avec un quart de cercle de trois pieds, détermina l'élévation du rocher de la Dole à quatre-vingt-treize pieds au-dessous du vrai) ont sans doute empêché que la formule qu'il a créée n'atteignit à la justesse qu'elle a acquise depuis. Cependant, l'on verra par la suite de ce Mémoire, que si la formule de De Luc a fourni des valeurs foibles, du moins en général ces ‘valeurs ont été proportion- nelles. Naturellement l'on a dû être conduit à mettre en dis- cussion le mérite respectif des deux voies de parvenir à la connoissance de la vérité. Dans l’état actuel de la science et des instrumens, le débat ne peut guères rouler qu'entre l'emploi du cercle répétiteur et celui du baromètre. Occupé comime je l'ai été pendant douze années consé- cutives de travaux géodésiques , j'ai fait souvent des ré- flexions sur ces matières, et voici quel en est le précis: Par la méthode géométrique l'exactitude de deux seuls élémens se trouve en rapport avee l'exactitude du ré- sultat à obtenir. C’est celle de la distance horizontale et celle de l'angle vertical. L'erreur sur la distance n'influant que pour une petite = lan: él NiIVELLEMENT GÉOMÉTRIQUE DE LA CHAINE pu JurA. 83 partie sur la différence de niveau , il n'est pas difficile de l'obtenir assez approchée pour que l'influence de l'erreur dont elle peut être affectée demeure dans les Jimites de quelques décimètres. L'angle vertical est beaucoup plus important, puisque la valeur à déterminer est la tangente de cet angle. Mais la puissance du cercle répétiteur est si décisive que même construit ayec un soin médiocre, il procure les angles verticaux avec toute la justesse que l’on peut désirer. .. Cependant, objecte-t-on , l'angle vertical est sujet à être altéré plus ou moins par l'effet optique connu sous le nom de réfraction. Il faut en convenir, la réfraction présente une dif- ficalté à surmontér, mais c’est aussi la seule de quel- que force. On l'affoiblit en évitant de faire usage de distances de plus de vingt mille mètres; et l'on achève de la ré- duire à néant par des observations réciproques faites avec discernement, Je sais que l'on a contesté l'entière compensation que procure ce procédé , employé même avec le plus d’a- vantage , c’est-à-dire, simultanément ; mais, malgré ces scrupules excessifs, il n'en demeure pas moins établi par l'expérience , que les observations réciproques conduisent à un degré de précision suffisant à tous les besoins de l’art. | Si les observations sont simultanées, elles n'en valent sans doute que mieux, mais l'on peut les suppléer avec succès en usant de la méthode que j'ai exposée au long d'après l’avis de Biot dans le Moniteur du 12 septembre 1811, La vois barométrique offre un avantage précieux en dispensant de tout l'appareil de triangulation et de tous les travaux préparatoires que la voie géométrique en- traîne , et en admeltant en conséquence une grande célérité. F 2 84 GÉODÉSIE. Mais éependant elle n’est pas eutièérement exempte d'embarras. | D'abord , cette méthode exige un correspondant , et les observateurs sont rares ; et lorsqu'on les trouve, ils ne sont guères placés où l’on voudroit les employer. Cette correspondance d'observations fait naître le besoin d'établir la simultanéité. De là l'emploi de chronomètres ou de montres à bons échappemens , tels que ceux à cylindre en pierre, ou à ancré. Ces instrumens ne sont pas entre les mains de tout le monde, Mais supposons toutes ces conditions remplies , l'ama- teur pourra-t-il sans hésitation nouvelle suivre à ses des” seins de messuration Ÿ * Je crains, hélas! que non. Queile forme de baromètre employera-t:il ? Sera-ce un baromèlre à syphon ou à cuvette ? Naguères de très-habiles gens, à la tête desquels je placerai volontiers MM. De Luc et Pictet de Genève, dennoient la préférence au baromètre à syphon. Au- jourd’hui la vogue paroit favoriser le baromètre à de son volume par degré de froid arriveroit au froid absolu quand il auroit descendu 266 de ces degrés, ou. 266 2, c’est-à-dire, Ja totalité de sun volume. Or 266,66, est une quantité bien rap- prochée de 267,5 donné par le second procédé. Cette concordance nous sembie très-remarquable. Ce que les auteurs y ajoutent, en arrivant au même résultat par la considération de la marche thermoscopique de laic dilaté, ne nous paroît pas rendre plus spécieux le ra- prochement, parce que leur conclusion repose sur une que l'air auroit perdu les donnée identique, c’est-à-dire , la fidèle représentation des accroissemens de la chaleur, par des division égales dans le thermoscope d'air. Voici le résumé de la recherche qui précède, extrait textuellement du Mémoire qu'il termine. « 1.° Les changemens de teripérature , qui résultent de la compression ou de la dilatation de l'air et de sa ren- trée dans le vide, sont uniquement dus au calorique de l’espace. » 2.° Le calorique absolu de l'espace, à la tempéra- ture de 12°,50, peut élever de 1r4° un volume d'air at- | 4 . DÉT£ERMINATION EXPÉRIM. DU ZÉRO DE CHALEUR. TIL mosphérique égal à lui, sous la pression ms VE et d’abord à la même température de 12°,50. » » 3.° Le calorique spécifique de l'espace étant 1000, on peut exprimer celui des gaz à volume égal par les nombres suivans : Babes 0e g 758mm de pression . . 2587°,5 fdem.… … ::. 4 1020970 MT AC ARR ‘0047 Mme se 5,2 512 8009. MER 1 EN 0 ee + MES: dire QU Se MORE Larethéré :. 1 ,2139810. 5 4 AR 6). Ta5673s PROROLE Li ANG 41 ANS 2, 6 202 0e AVES Lhydrogèneige :.: 2 40e KE St Go. L'acide carbonique . . .°. . . .:. . 3917,5 Enfin l'oxigène (par analogie). . . . . ., 2587°,5 On peut ajouter à ces nombres la chaleur spécifique de l'eau de .:. . . . . . . , 8,278,000 et celle du mercure, de : . . . . . . . 3,400,000 » 4.° Le calorique spécifique de l'air atmosphérique à 7o8mm de pression , et dans une variation de tempéra- ture de 0° à 60° est de 250, celui de l’eau à poids égal étant exprimé par 1000. » » 5.0 Enfin, le zéro absolu de la température se trouve à 266°,66 au-dessous de la glace fondante. » Nota. «Ici se termine le Mémoire présenté à l’Institut en 1812, ‘Nous continuerons à soutenir notre opinion dans une seconde partie.» (20e 15) CHIMIE. SUITE DES OBSERVATIONS SUR LES SUBSTANCES HUILEUSES, par Mr. Tu. DE Savussure. { Voy. p. 20 de ce vol. ) $. 9. Combustion de l'essence de rose, Crrrs essence figée que je désignerai sous le nom d'essence commune de rose, est un mélange de deux huiles, l'une concrète, et l'autre fluide à la température moyenne : on peut les séparer , ou en les lavant avecde l'alcool qui ne dissout presque pas l'huile concrète à une basse température, ou en-les exprimant dans du papier qui se charge de l'huile fluide. Par ce dernier procédé, j'ai extrait de trois parties d'essence commune, une partie d’essence concrète : mais l'huile fluide qui peut di dissoudre plus ou moins la précédente en a retenu une define quantité. L’essence commune se fond entre le 29° et le 30° centig., et l'essence concrète , entre le 33° et le 34° Cette dernière cristallise par le refroidissement en lames brillantes, blanches, transparentes, qui ont la consis- tance de la cire d’abeilles. La densité de l'essence apnure fondue au 32° est 0.332 relativement à l’eau à 15°. Ce résultat donne à cette huile une plus grande lédéreté qu’à toutes les huiles essentielles que j'ai examinées. Je n'ai Pas calculé la densité de l'essence concrète en fusion, j'ai vu seu- lement qu’elle est plus légère que la précédente, La force élastique de l'essence commune à 14° centiv. est ' OBSERVATIONS SUR LES HUILES. 113 est égale à deux millimètres de mercure. Celle de l'es- sence concrète dans les mêmes circonstances n’est pas sensible, ou du moins elle n'excède pas un demi mil- Jlimètre. Mille parties d'alcool ( densité 0,806 ) ne dissolvent que deux parties d’essence concrète à la température de 14°. La même quantité d’alcuol dissout dans cé cas, sept parties et demie d'essence commune, ou trente de cette dernière à 22° centig. L'essence fluide seule, paroît être beaucoup plus soluble que la précédente, 46 milligrammes d'essence commune (1) ont consumé pour leur combustion , 100,792 centim. c. de gaz oxi- gène, en formant 70,174 d'acide carbonique, et 0,321 d'a- zote contenu dans de l'ammoniaque: donc 100 d'essence commune contiennent en poids, Carbone 82,053 | Hydrogène 13,124| 12.601 d'hydrog. en excès sur Oxigène 3.949( 4,472 d'eau élémentaire, Azote 0,874 100 Le gaz oxigène consumé, et le gaz acide produit, sont. entr'eux comme 100 : 69,62. 53,5 milligrammes d’essence concrète ont consumé … 128,866 centim. c. de gaz oxigène, en formant 86,291 d'acide carbonique : donc elle contient en poids, Carbone | 86.743 Hydrogène 14,889 101,632 Le gaz oxigène consumé , et le gaz acide produit, sons entreux comme 100 : 67,07. RE 7" (1) Cette essence, et sur-tout celle qui est concrète , brûle _ dans le gaz oxigène avec une sorte d'explosion que je n’ai observée à un si haut degré dans aucune autre huile. Sc. et Arts. Nouv. série. Vol. 13. N°. 2. Févr. 1820. EH at4 Cr M TE! Le résultat le plus remarquable qu'offre cette analyse, est de la rapprocher beaucoup de celle du gaz oléfant ; car il consume , sans contenir d'oxigène , 100 parties vo- lume de ce gaz, en formant 66,67 de gaz acide carbo- nique. Comme la différence se confond avec les erreurs d'observation , il conviendroit de rechercher si l'essence concrète elle-même ne contient pas une autre espèce d'huile. $! 10 Combustion de la cire d’abeilles purifiée, fusible à 63° centis, La densité de cette cire figée est 0, 966 | fondue (1) à 81° o, 834 - 94° 0,8247 Relativement à l’eau à 15°. | Pour comparer les produits de l'essence concrète de rose avec ceux de la cire d’abeilles, par le même pro- cédé , je donne les résultats que m'a fournis cette der- nière, sans croire qu'ils doivent être préférés à ceux que MM. Gay-Lussac et Thénard (2) ont obtenus en la brû- lant par le chlorate de potasse. Leur analyse se rappro- che beaucoup de la mienne. Jai trouvé que 44,5 milli- grammes de cire blanche consument pour leur combus- tion 98.69 centim, c. de gaz oxigène, en formant 67,525 de gaz acide carbonique : donc 100 de cette cire con- tiennent : (1) La densité peut être en rapport jusqu'à un certain peint avec la composition. : L'état solide ou la cristallisation modifie d'une manière trop irrégulière cette densité pour qu'on puisse laprécier sous cette forme : c'est pour l’éviter que j'ai réduit quelques substances concrètes à l’état liquide, en ayant égard à la dilatation du verre, (2) Suivant ces chimistes, 100 de cire d'abeïlles contiennent 81,79 de carbone; 12,67 d'hydrogène, 5,54 d’oxigène. DÉS RS Enr OBSERVATIONS SUR LES HUILES. 15 Carbone :_ 81,607 Hydrogène 13,859 Oxigène 4,534 100 Le gaz oxigène consumé et le gaz acide produit, sont entreux, comme 100 :68,42 (x). S.- ETS Combustion du blanc de baleine, fusible à 47° centig. Densité du blanc de baleine à 15° o, 943 fondu à 50° 0,843r 81° 0,8238 94° 0,8133 Relativement à l'eau à 15° / 42, milligrammes de blanc de baleine ont consumé 82 centim, c. de gaz oxigène, en formant 59,66 d'acide carbonique , et 0,12 d'azote contenu dans de l’ammo- niaque ; donc 100 de blanc de baleine contiennent : Carbone :! 79,474 Hydrogène 12,799 (11,288 d'hydrog. en excès sur Oxigène 11,977( 12,884 d'eau élémentaire. Azote 0,35 100 (2) end () La cire pourroit être représentée par de l'oxigène et du gaz oléfiant; mais on peut se faire illusion sur ce mode _ de composition, parce que Mr. John dit qu’elle est formée de deux composés, différemment solubles dans l'alcool : ils m'ont paru très-difficiles à séparer. La cire subit par la distillation une beaucoup plus grande décomposition que le blanc de baleine et l'acide margarique. (2) Mr. Bérard a analysé cetté substance par le péroxide de cuivre , Annales de Chimie et de Physique , Tome V. ) Lors- H 2 116. CHIMIE." Le gaz oxigène consumé jlet le gaz acide produit, sont entreux Comme 100 : 70,18. (He 0 Combustion de l'acide margarique, fusible. à 56° centig. } Cette substance cristallisée qui ressemble extérieure- ment au blanc de baleine, et que je dois à la com- plaisance de Mr. Chevreul, a été découverte , comme l'on sait, par ce chimiste, en décomposant par l'acide muriatique , la matière savonneuse nacrée qui se sépare du savon d'axonge lorsqu'on le fait dissoudre dans l’eau. L'acide margarique paroît plus léger que l'eau, par l'air qui est interposé entre ses cristaux ; mais il tombe au fond de ce liquide, lorsqu'il y a été placé dans le vide de la: pompe pneumatique. Sa densité dans l’état solide , est au moins 1,01; mais quand il est fondu à ha température de 94°, sa densité est 0,854 relativement à l'eau à 15°. 44,5 milligrammes d’acide margarique ont consumé pour leur combustion , 83,296 centim. c. de gaz oxi- gène, en formant 58,71 centim. c. d'acide carbonique, et une trace d'azote : donc 100 en poids d'acide mar- garique contiennent , Carbone 70.95 Jo 46 d'hyd x ER - ; yarog. en exces sur ot sn dE 18,59 d’eau élémentaire, 100 Le gaz oxigène consumé, et le gaz acide produit, sont entr'eux Comme 100: 70,48. qu'on applique à ses résultats mes données pour le poids des gaz, 100 de blanc de baleine doivent contenir suivant ce chi- aiste 80,79 de carbone, 11,8 d'hydrogène ; 6,77 d'oxigène. OBSERVATIONS SUR LES HUILES. *17 - S. 13. Combustion de la poix résine purifiee. La poix résine du commerce n'est pas une substance homogène , puisqu'elle n’est que partiellement soluble dans l'alcool (1) ou dans-le naphte; ce n'est qu'à la pare tie la plus soluble qu'on peut supposer quelque homo- généité, Après avoir fait macérer à froid de la poix ré- sine du commerce dans une petite quantité de naphte pur, j'ai décanté la partie transparente de la solution: Elle a fourni, par son évaporation spontanée, un résidu d'un jaune pâle coufusément cristallisé à sa surface. Il a conservé pendant plusieurs mois de la mollesse et de la viscosité; mais par une longue exposition à l’air, il est devenu parfaitement sec, et susceptible d'être réduit en poudre.@Il étoit un peu plus pesant que l’eau, et il se dissolvoit à froid en toute proportion dans l’alcool { densité 0,84 ). 44 milligrammes de poix résine purifiée ont consumé pour leur combustion 8r,506 centim. c. de gaz oxigène, en formant 63,326 d'acide carbonique et une trace d'a- zote contenu dans de l’ammoniaque. Donc 100 de poix résine contiennent , ‘rar rer 7:322 d’hydrog. en excès sur D 25,049 14,776 d'eau élémentaire. 100 (2) Le gaz oxigèue consumé , et le gaz acide produit sont entreux comme 100 : 77,7. Nes I (1) Tingry, Traité sur les vernis, Vol. I.p. 138. (2) MM. Gay-Lussac et Thénard ont trouvé que la résine de térébenthine du Commerce contient 75,94 de carbone , 10,72 d'hydrogène , 13,34 d'oxigène. 118 CHimire. Combustion des cristaux de calcul biliaire ( fusibles à 137° centig. suivant Chevreul ). Ces cristaux ont été obtenus par le refroidissement de la solution du calcul dans l'alcool bouillant: ils sont plus pesans que l'eau. "br milligrammes de cette matière lamelleuse et nacrée, ont consumé pour leur combustion 110,7 centim. c. de gaz oxigène, en formant 79,722 de gaz acide carbonique : donc 100 de la matière nacrée des calculs biliaires con- tiennent, arbon , . 5 HA UE 11,5 d'hydrog. en excès sur 2: 15 3 4,432. d'eau élémentaire. Jxigène 914 100 (1). Le gaz oxigène consumé , et le gaz acide produit, sont entreux comme 100 : 72,02. (CAE LR Combustion de la graisse de porc purifiee, fusible à 26° + centig. Cette graisse a été purifiée suivant le procédé de Mr. Chevreul, en la triturant dans de l'eau froide ; en la filtrant au travers du papier, pendant qu’elle étoit en (1) Mr. Bérard a analysé cette substance par le péroxide de cuivre. Annales de Chimie et de Physique , Tome V. En appliquant à ses résultats mes données pour le poids des gaz, 100 de matière nacrée contiendroient 71,78 de carbone, 19,15 d’Aydrogène ; 8,31 d'oxigène. J'observe que tous les composés où jai trouvé une pareille Quantité d'hydrogène, étoient dans l'état de gaz, à la température atmosphérique. OgBsERVATIONS SUR LES HUILES. 119 fusion , et en la mettant en contact sous une grande surface , avec de l'eau chaude, La densité de cette graisse figée à 13° est o, 938 fondue à 50° o,8918 69° o,88rr 94° : 0,8628 49.5 milligrammes de cette substance ont consumé pour leur combustion, 101,467 centim. c. de gaz oxi- gene en formant 72,568 d'acide carbonique ,et 0,187 d'a- zote contenu dans de l'ammoniaque: donc 100 d'axonge contiennent, Carbone 78.843 Hydrogene 12,182{ 11,055 d'hydrog. en excèssur Oxigène 8,502{ 9,629 d’eau élémentaire, Azote 0,473 , 100 (1) Le gaz oxigène consumé , et le gaz acide produit, sont entr'eux comme 100:91,)91. Graisse de porc saponifiée, fusible & 4o° centig. Elle a été obtenue en précipitant avec l'acide muria- tique , le savon d'axonge préparé par l'union de l'axonge précédente et de la potasse. La densité de cette substance figée à 15° est o, 056 fondue à 50° o, 885 69° o,8732 94° 0,8518 Relativement à l’eau à 15° nom (1) L'axongé analysée par Mr. Bérard avec |: péroxide de cuivre, contient , suivant ce chimiste, en caleula :t,ses résultats comme les miens, 68,86 de carbone , 19,226. d'Aydrogéne , 11,09 d’oxigé :120 é CHIMIE. 48 milligrammes d'axonge saponifiée ont consumé pour leur combustion, 92,914 centim. c. de gaz oxigène, en for- mant 67,606 d'acide carbonique , et 0,12 d'azote contenu dans de l'ammoniaque : donc 100 de. graisse saponifiée contiennent , Carbone 75,547 Hydrogène 11,6:$( 9.982 d'hydrog. en excès sur Oxigène 12,325( 13,958 d’eau élémentaire, Azote 0,313 100 Le gaz oxigène consumé et le gaz acide produit sont entr'eux comme 100 : 72,762. Mes analyses comparées aux expériences de Mr. Che- vreul (1) sur la saponification de différentes graisses, montrent que celles qui contiennent le plus d'oxigène, ont le plus de disposition à se saponifier, et que lors- qu’elles n'en ont pas une quantité suffisante, et qu'elles peuvent fixer les élémens de l'eau, elles prennent dans la solution aqueuse alkaline , l’oxigène qui leur manque pour devenir saponifables. Elaine de graisse de porc. On sait que Mr. Chevreul a trouvé que la graisse de porc contient deux substances grasses , savoir, l'élaine, qui est liquide entre 8° et 10°, et la stéarine, qui ést con- fusément cristallisée , et qui se fond à environ 35°; elles ont été séparées par l'alcool bouillant qui retient l'élaine en dissolution après le refroidissement, en abandonnant la stéarine. L’élaine que j'ai extraite de la solution al- coolique, par son évaporation partielle, et son mélange (1) Annales de Chimie," Tome 88. 94,95 et Annales de Chimie et de Physique, Tome 2. Mr. Chevreul a déterminé les solu- bilités dans Palcool des graisses que j'ai analysées sans faire mention de ce-caractère. FORD D 22. 2 D OBSERVATIONS SUR LES MUILES. 21 avec l'eau , Commencoit à se figer à 9°; mais elle ne se concréfioit entièrement qu'à une température un pet inférieure; ce qui indique qu'elle retenoit dela stéarine, D'un autre côté celle-ci, même après avoir été long-temps fondue , donnoit en brûlant des indices d'alcool. Je ne présente, par cette raison, que l'analyse de l'élaine ( den- sité 0,913 à 15°). 44193 milligrammes de cette substance, ont consumé 84,466 centim. c. de gaz oxigène , en formant 61,456 d'acide carbonique : donc 1e0 d’élaine d’axonge con- tiennent , Carbone rÂ,7 ‘ $ Hd oi 74792 10,032 d'hydrog. en excès sur se SA à eee 13,04 d’eau élémentaire Oxigène 20910) ; 100 Le gaz oxigène consumé et le gaz acide produit sont entr'eux comme 100 : 72,76. Cette analyse, comparée, soit avec celle de l'axonge, soit avec celle moins précise de sa stéarine , montre que cette dernière contient moins d'oxigène et plus de carbone que l’élaine. Sue De l'huile d'olive (x). J'ai soumis à l'action de la presse par le procédé de Mr. Braconnot, à une température de — 3°, de l'huile d'olive figée, jusqu'à-ce qu'elle ne tachât plus le papier; elle m'a fourni ainsi, au plus le quart de son poids de stéarine qui se liquéfioit à + 22°, et de l'élaine qui + . (x) Les huiles d'olive peuvent varier suivant la proportion d'élaine et de stéarine appropriées à ces huiles. D'après MM. Gay-Lussac et Thénard, 100 d'huile d'olive contiennent 77,21 de carbone, 13,36 d'hydrogène, 9,43 d'oxigène. * 122 Chiuies. se liquéfioit à — 4°; mais celle-ci contenoit encore de la stéarine qui ne peut pas en être exactement séparée. La densité de cette élaine est 0.915 1 à 15° centig. 100 d'alcool ( densité 0,806 ) en dissolvent 1,06 à la tem- pérature de 12°. 42,602 milligrammes d'élaine ont consumé pour leur combustion, 82,613 centim. c. de gaz oxigène,en for- mant 60,232 d'acide carbonique, et 0,12 d'azote contenu dans de l'ammoniaque: donc 100 d’elaine d'huile d'olive. contiennent , Carbone 76,034 Hydrogène 11.545 9,946 d'hydrog. en excès sur Oxigène 12,068( 12,068 d'eau élémentaire. Azote 0,353 100 Le gaz oxigène consumé, et le gaz acide produit, sont entr'eux comme 100 : 72,91. Stearine d'huile d'olive. Cette espèce de graisse peut être concrète à 22° centig. et cependànt rester liquide à 10°, lorsqu'on ne l’agite pas trop fortement. Sa densité dans l’état concrêt à 15°,est . . 0,9680 Dans l'état liquide à la même tempér. de 15° . 0,9187 à bo° . . 0.,8966 à 94°. . 0,9708 relativement à l’eau à 150. 100 d’alcool ( densité 0,806 ) dissolvent 0,82 de stéarine 12° 50, 05 milligrammes de cette substance consument 104,898 centim. c. de gaz oxigène, en formant 77,159 d'acide carbonique, et 119 d'azote contenu dans de J'ammoniaque : donc 100 de stéarine d'huile d'olive contiennent, TS SRE O2SERVATIONS SUR LES HUILES. 195 PORN EONS ... : . de ina mydrogené . . . 41: . Ur 10.395 d'hydrog. Oxigéneg .::: 109 2% M6 305 É STE ne 7:37 Apple, + Ne ag6) RU SRE aire. 100 Le gaz oxigène consumé et Le gaz acide proûuit sont entreux comme 100 : 73,5. On peut remarquer que les élaines précédentes con- tiennent plus d'oxigène que leurs stéarines respectives. Ce résultat et plusieurs autres, sont contraires à l'opi- nion qui fait admettre que les graisses concrètes, ou les moins fusibles contiennent plus d'oxigène que Îles huiles liquides. Il n'y a aucune règle à établir à cet égard. L'état concret dépend sunvent de la plus grande disposition à la cristallisation : elle peut suivant les composés, tout aussi bien être détruite par la combi- naison de l'oxigène, que produite par elle; ainsi l'état concret de l'huile d’anis est détruit par cette influence. J'observerai à cette occasion, que les huiles fixes et les huiles volatiles que j'ai examinées, ne suivent pas la même progression dans l'absorption du gaz oxigène atmosphérique. Les huiles volatiles liquides et récentes, mises en contact avec ce gaz, l'absorbent immédiate- ment d'une manière sensible et presque régulière, où pendant les premiers mois, à-peu-près proportionnelle- ment au temps, à température égale. Les huiles fixes récentes n'exercent sur ce gaz pendant long-temps qu'une action à peine sensible; mais tont-à-coup, elles subis- sent un changement d'état qui leur en fait absorber au moins cent fois plus qu'aux huiles volatiles dans le même temps. Une couche d'huile de noix de trois lignes d'épaisseur sur deux pouces de diamètre, placée sur du mercure à l'ombre, dans du gaz oxigène pur, n'en à absorbé qu'un volume égal au plus à trois fois celui de 124 CHIM:1eE. l'huile, pendant huit mois, entre décembre 1817, et le 1.7 août 1818; mais dans les dix jours suivans, elle en a absorbé soixante fois son volume. Cette ab- sorption s'est faite successivement avec plus de lenteur jusqu’à la fin d'octobre , époque où la diminution du volume du gaz ne s'opéroit plus d'une manière bien marquée, L’huile avoit absorbé alors cent quarante-cinq fois son volume de gaz oxigène en formant vingt et une fois son volume de gaz acide carbonique : elle n'avoit point produit d'eau, et elle étoit réduite en état de gelée transparente, qui ne tachoit pas le papier. Ce changement subit dans l’état des huiles fixes particulièrement des siccatives, expliquent les inflam- mations spontanées qu'elles ont produites, et dont on n'a pas d'exemple avec les huiles volatiles. . OBSERVATIONS SUR LES HUILES. 125 Se 17: Combustions de differentes huiles réduites chacune au poids d'un gramme. RER CG Gaz | Gaz Gaz | Rapport du \|oxigéné| acide | azote |zaz oxigène Nom des huiles. consu- |carbon.\dans d(| au gas mé. |produit|l’ammor| acide carbo. litre. litre. centim. € , Huile de noix 139778 |1,4833 |19,63 [100 : 75 Huile d'amande douce |1,9699 |1,4392 6,571 100 : 73,06 Huile de lin 1,9247 |1,4134 100 : 73,44 Huile de Ricin 1,8586 | 1,3792 | unetracel 100 : 74,2 100 en poids de ces huiles contiennent , Carbo-| Hydro- Nom des huiles. . ne. | gene. | Origène| Azote. Huile de noix 79,774] 19,570! 9,122 0,534 Huile d'amande douce | 77,403] 11,481] 10,828| 0,258 Huile de lin 76,014| 11,351] 12,635 Huile de Ricin 74178] 11,034] 14,788 Dilatations ou densités à différentes températures relativement. à l'eau = x à 15° centig. Degrés du thermom., centig. 120 250 boo 94° [Huile de noix 0,9283| 0,9194 0,8710 FHuile d'amande [0.9201 0,8632 Huile de lin 0,9395| 0,9300| 0,9125 0,8815 Huile de Ricin 0,9699! 0 9575 0,9081 Huile d'olive À 0,9192| 0,9109| 0,8932 0,8625 Huile d’anis concrète 6,9849 0,926 Essence de romarin 0,89o1| 0,8805| 0,8604 0,8208 Naphterectif.d'’Amiano| 0,7688! 0,7574| 0,7337 ES CE EC CE AE ET CETTE RP SE PURE CE Ve = 226 CRrIMirrx. | S, 18. Considerations sur les résultats precédens. Composition des huiles. La vaporisation des huiles vola- tiles à une basse température, est la principale cause de leur grande inflammabilité. Car mes résultats montrent que l'opinion qui a pu attribuer aux huiles fixes plus d’oxigène ou moins de carbone qu'aux précédentes, n'est pas fondée, et que la différence qui caractérise ces deux genres de composés ne pent être déduite d'aucun de leurs élémens considérés isolément : c'est donc par les associations de ces derniers ;. que la distinction doit être analytiquement établie. Quoique le nombre des substances hydrogénées bien spécifiées, ou par la cris- tallisation, ou par des propriétés constantes, soit encore trop borné pour conduire à des conséquences générales, je signalerai les résultats que mes analyses offrent à cet égard. Les substances hydrogénées éminemment volatiles sont formées de matériaux qui ne se _décomposent pas à la distillation, et qui contiennent leurs élémens dans des rapports simples en volume. Ainsi, l'éther et l’alcoo! sont représentés par de l'eau et du gaz oléfiant. Le camphre est représenté par du gaz olébant et du gaz oxide de carbone. L’essence concrète d'anis est représentée par de l'oxide de carbone et un hydrogène carboné, encore inconuu dans l’état isolé ; mais où les atomes de carbone et d'hydrogène sont entr'eux dans le rapport de 2 : 1. Les huiles de romarin et de lavande ne peuvent être prises en considération, parce qu’elles sont probable- ment formées de différentes espèces d'huiles. Nous avons vu par la cristallisation partielle des essences de rose et d'avis, après leur séparation immédiate du végétal, OBSERVATIONS. SUR LES HUILES. | 127 qu'elles en contiennent chacune au moins deux espèces. Il doit en ètre de même pour les essences qui ne cris- tallisent pas : celles de citron et de térébenthine sont dans ce cas ; elles restent liquides, et n’éprouvent au- cune altération d'après mes expériences, à une tem- pérature de 20° au-dessous de o; et cependant les cris- tallisations partielles qu'elles forment avec l'acide mu- riatique , sont un indice qu'elles contiennent chacune différentes espèces d'huiles. Le blanc de baleine et l’acide margarique ne subis- sent qu'un foible changement à la distillation , ils sont représentés par de l'oxigène et du gaz oléfiant, et ils pourroient être considérés comme des huiles volati- les, si la chaleur élevée nécéssaire pour les vapori- ser ne les modifioit pas, soit par l'effet qu'elle exerce sur le gaz oléfiant, soit en le disposant à se décomposer par leur oxigène. Les huiles fixes les mieux déterminées, que j'ai exa- minées , et qui subissent un grand changement à la dis- tillation, ont une composition absolue dans laquelle les élémens ne peuvent pas se combiner en rapports simples en volume (1). Quant à la composition relative de ces huiles , elle est trop variable , probablement à cause de leur impureté, pour qu'on puisse y distinguer des pro- portions déterminées. Les huiles fixes pourroient être représentées par de l'oxigène uni à une grande pro- portion de gaz oléfiant et à un excès de carbone qui feroit en volume dans l'une, le +, dans l’autre, le +, etc. du gaz oléfiant, ou par du gaz oxigène et un hydro- gène carboné dans lequel les atomes de carbone et d'hy- drogène seroient entr'eux, pour l’une , comme 3 : 2; (1) Je n’en infère pas qu'il n’y aît des huiles fixes dont les élémens se combinent en rapports simples en.volume, mais elles doivent avoir alors des principes qui different beau- coup par leur volatilité , ou qui se décomposent par la chaleur. 128 Cnimr:rs. pour l'autre comme 4 : 3, et pour une troisième telle que la matière nacrée des calculs biliaires, comme 5 : 4, etc. mais ces déterminations m'ont paru trop in- certaines pour que j'aie pu m'y arrêter. S. 19. Densité des huiles. Je ne m'occuperai ici que des différentes approxima- tions entre la composition et la densité , car je suis loin de prétendre que ces deux caractères puissent être proportionnels. Les huiles volatiles présentent entr’elles de beaucoup plus grandes différences dans leur composition que les huiles fixes. Les premières ont par cette raison une densité beaucoup moins uniforme ; les unes sont plus légères, les autres sont aussi pesantes qu'aucune huile fixe; mais il y a entre ces deux genres de composés cette différence ; la densité à température égale, suit dans les huiles volatiles, une marche beaucoup plus conforme à la proportion de leurs élémens, que dans les huiles fixes. L'oxigène et le carbone augmentent beaucoup la den- sité des huiles volatiles relativement à l'effet contraire de l'hydrogène qui la diminue. Le carbone paroiît la diminuer un peu relativement à l'oxigène dans les com- binaisons binaires volatiles (1); mais comme la différence 002000 (1) Si l'on peut comparer deux composés binaires qui ‘ne différent que par l’un de leurs élémens, l'on jugera de la densité ‘du carbone et de l’oxigène par la composition de l'eau et de l'essence de térébenthine : elles bouillent suivant Dalton, à-peu-près au même degré; elles ont les mêmes quantités d'hydrogène ; l’eau contient en oxigène ce que l'essence con- tient en carbone ; mais la densité de la première est 1, et de OBSERVATIONS SUR LES HUILES. 129 de densité entre l’oxigène et le carbone ne se laisse pas apercevoir le plus souvent, dans les composés ternaires, les approximftions auxquelles je dois me borner, m’en- gagent à ne pas mettre de différence , quant à présent, entre les influences de l'oxigène et du carbone pour augmenter la densité des composés triples. Toutes les huiles augmentent en densité par l'absorp- tion du gaz oxigène atmosphérique ; mais il fait perdre aux huiles essentielles le caractère volatil ou de l'inal- térabilité par la distillation ; il ne doit donc pas être pris en considération sous ce rapport, pour ce genre d'huile, Les huiles volatiles telles que les essences de rose, de citron et de térébenthine, paroissent être des com- posés de carbone et d'hydrogène où les proportions d'hydrogène vont successivement en diminuant ; les densités de ces huiles vont par conséquent en croissant ; elles sont dans la classe des huiles volatiles légères, parce qu'elles sont pourvues d'une grande proportion * d'hydrogène.et de peu ou point d'oxigène. Quoique l’éther et l'alcool contiennent beaucoup d'oxigène , et une quan- * tité d'hydrogène à peu près semblable à celle des huiles précédentes, ils sont dans la classe des substances hy- drogénées légères , parce que l'additien de l'oxigène com- pense ce qu'ils ont de moins en carbone. L'éther est plus léger que l'alcool, parce que celui-ci contient moins d'hydrogène. Il en est «le même pour le poids de l’es- sence de lavande , moindre que celui de l'essence de romarin. L'essence d'anis est plus pesante que tous les composés volatils précédens , parce qu'elle contient » beaucoup moins d'hydrogène. Ces exemples nombreux jé EL La _ celle de la seconde est 0,86. L'intervention de l'oxigène dans . le composé d'hydrogène et de carbone peut changer suivant le mode d'association le résultat quon doit tirer de ce rapport. Sc.et Arts, Nouv. série. Vol. 13. N°. 2, Jévr. 1820. I 130 C:x ir Ex que je pourrois muluüplier, ne sont pas assujettis à un calcul très-précis. L'incertitude seule des procédés eu- diométriques ne le permettroit pas; mais ils suffisent pour montrer que la densité des substances hydrogé- nées volatiles formées des mêmes élémens, suit une marche à-peu-près conforme à leur proportion. Lorsque nous examinons les substances huileuses qui ne se volatilisent point à la température atmosphérique, nous trouvons que les exemples qui sont contraires à l'observation précédente, sont presque aussi nombreux que ceux qui la confirment, Ainsi, quand on compare l'essence de romarin, avec la matière concrète de l'huile d'olive, qui contient la même dose d'oxigène, la pre- miére, en raison d’une moindre proportion d'hydrogène sembleroit devoir être plus pesante; maïs elle est au contraire plus légère. La même opposition entre Ja composition et la densité se montre entre l'huile de noix et l'huile de ricin , — entre la graisse de porc et la même graisse saponifiée, — entre la cire et le blanc de baleine ; mais il est très-prohable que ces oppositions ou ces exceptions disparoitroient , lorsqu’au lieu de com- parer comme je l'ai fait, les densités à une température égale, on les évalueroit. au terme de l’ébulliion de cha- que substance (1), ou à des degrés qui en seroient voisins et également distans. L'exception dont j'ai parlé entre l’essence de romarin et l'huile d'olive concrète disparoïit lorsqu'on considère leurs densités sous ce point de vue; car l'huile fixe bout environ au 315° centig., et l’huile volatile au 165°, et enr RE RUE DT RSR. 7 Tu Ut RER i (x) Mr. Gay-Lussac a observé avec justesse qu'on évalue mieux la marche de la dilatation des liquides, en partant du terme de leur ébullition respective que d’une température égale , parce que dans le premier cas, la force répulsive des molécules est la méme. (Annales de Chimie et de Noé : Tome IL, p.130.) DS IN PTS OBSERVATIONS SUR LES HUILES. 131 quoique la marche de leurs dilatotions ne soit pas pro- portionnelle, elle indique que lhuile fixe doit être beaucoup plus légère que l'huile volatile quand on com- pare leurs densités aux termes de leur ébullition res- pective, é L'huile de noix quoique un peu moins hydrogénée que l'huile de ricin, est cépendant plus légère qu’elle, à température égale, parce que l'huile de ricin entre en ébullition vers 265° centig., tandis que la première ne bout qu'au dessus du 300°. Le blanc de baleine, moins hydrogéné et plus léger que la cire, m'a paru bouillir à 20° environ au-dessous lu terme propre à celle-ci. Cette considération ne seroit peut être pas suffisante pour expliquer la grande dif. -férenée qui se trouve entre les compositions et les. densités de ces deux substances, si le résultat de Mr. "Gay-Lussac, qui accorde à la cire un peau moins d'hy- drogène que mon analyse, ne lui étoit préférable, Ainsi, quand deux analyses de matières huileuses formées des mêmes élémens, sont en contraste frappant avec leurs densités respectives à température égale, on peut pré- sumer que la substance qui contient le plus d’hydro- gène bout à une température beaucoup plus élevée, ou (si les deux termes d'ébullition sont très-voisins) que l'une des analyses est inexacte. La plupart des huiles volatiles n'ont pas besoin, à la rigueur, de Ja considération de leur ébullition , parce qu’elles en sont assez voisines, à la température atmos- phérique pour qu'elles y aient un degré d'élasticité ou de densité, relatif à Icur composition; mais il n'en est pas de même pour les huiles fixes. $, 20. Dilatation des huiles par la. chaleur. Le terme de l'ébullition des huiles fixes n’est point E 2 132 CRIME. exactement déterminé, parce qu'elles commencent à s'al- térer par la chaleur avant de bouillir; on peut confondre le mouvement produit par la décomposition avec celui de l'ébullition; cette dernière s'opère à un degré d'autant plus élevé que l’altération est plus avancée , ou qu ‘elles ont été plus long-temps sur le feu: il en résulte qu ‘elles ne produisent pas, comme l'eau, un degré constant dans lequel la chaleur acquise est égale à celle qui se perd par l'évaporation : il est donc important d'avoir un ca- ractère qui indique, à une température moins élevée , les termes relatifs de leur ébullition. Je n’ai peut-être pas besoin de rappeler que les dila- tations des liquides ne suivent pas toujours une marche relative à celle de leur ébullition. Toutes les huiles que j'ai éprouvées et qui bouillent soit à une température voisine de celle de l'eau, soit à une température beau- coup plus élevée, se dilatent plus que l’eau par des in- tervalles de chaleur égaux. Mr. Gay-Lussac a montré que le sulfure de carbone qui bout à 46°,6 et l'alcool qui bout à 78°,4 se dilatent également: mais des oppo- sitions aussi frappantes entre la marche de la dilatation et du terme de l’ébullition , ne se montrent que pour des liquides qui diffèrent beaucoup par leur composi- tion, Ces contrastes paroissent être peu sensibles, et très- rares entre les substances hydrogénées , composées de carbone, d'hydrogène et d'oxigène: leur dilatation suit en général d'assez près, une marche inverse du degré de chaleur requise pour les faire bouillir. Tous les ré- sultats que j'ai pu comparer, mont indiqué qu'on dé- termine mieux l'ordre des ébullitions des huiles fixes par leur dilatation (1) que par l'observation du degré où elles commencent à bouillir. a ————— (1) Pour mesurer les dilatations des huiles, j'ai placé le flacon qui en étoit plein , dans l’eau chauffée par une lampe ; _äl contenoit un thermomètre gradué sur le tube mème, pour \ OBSERVATIONS SUR LES HUILYS. 133 _ La graisse de porc saponifiée se dilate plus que l'huile de ricin — celle-ci plus que l'huile de lin — cette der- nière plus que la graisse de porc naturelle — celle-ci plus que la stéarine d'huile d'olive — et cette stéarine beaucoup moins que son élaine. Les degrés d’ébullition confirment d'une manière confuse et douteuse ces ré- sultats, parce que la même huile peut bouillir à des températures inégales. Les dilatations des différens li. quides ne sont pas proportionnelles entr'elles à toutes les températures; mais des deux procédés, je choisis celui qui donne le moins d'incertitude , et où l'observation directe et absolue donne un résultat constant. GURORS Solubilite des huiles dans l'alcool. La plus ou moins grande solubilité des huiles dans. l'alcool , dérive de l'espèce , de l'arrangement et de la condensation des élémens. Leur arrangement nous est inconnu ; quant à leur espèce , j'observe que plus les qu'il occupât moins de volume. L'huile a été portée à un degré de chaleur supérieur à celui que je voulois atteindre; pendant qu'elle y parvenoit en se refroidissant, je l’agitois avec le thermomètre pour répandre une température uniforme. L’en- lèvement de cet instrument, son remplacement par quelques gouttes d'huile, chauffée au même bain que la précédente, et la clôture du flacon (dans ce bain) par un plan de verre ;, ont été faits dans quelques secondes. La bouteille a dès lors été pesée avec la correction pour l'expansion du verre. Les différentes dilatations d’un même liquide par des intervalles égaux de température devroient servir d'appui aux observa- tions précédentes; mais j'ai négligé cette considération qui auroit exigé beaucoup de temps, et des résultats plus précis pour les huiles fixes. Voyez, sur ces recherches ; le Traité: de Physique de Mr. Biot, Tome I, p. 210 et 399. 134 D ÉCRIT EE huiles contiennent d'oxigène , plus elles sont solubles : toutes celles que j'ai examinées acquièrent une plus grande solubilité par l'absorption du gaz oxigène atmos- phérique, soit en se rancissant, soit en se résinifiant; je n'en excepte pas même le pétrole”, qui forme, par cette combinaison , un composé presque solide ; mais qui n’est pas de l'asphalte. Les proportions d’oxigène vont successivement en croissant dans la cire, le blane de baleine et l'acide margariqnue : leurs solnbilités aug- mentent dans le même sens. La graisse saponifiée est beaucoup plus soluble que la graisse non saponifiée. Les élaines des huiles et des graisses que j'ai analysées, sont plus solubles que leurs stéarines respectives, et celles-ci contiennent moins d’oxigène. Les degrés de solubilité ne sont pas proportionnels aux quantités Ge cet élément, mais je ne considère ici que le plus.et le moins. Il y a une cause en quelque sorte physique qui peut contrarier l'influence précédente ; mais qui contribue beaucoup à la différente solubilité des huiles; c'est le degré de condensation de leurs élémens. Plus ils y sont dans un état élastique, plus elles sont solubles, On peut estimer cette condensation par leur dilatation relative et établir en général que les huiles formées des mèmes élémens et qui contiennent ies mêmes doses d'oxigène sont d'autant plus solubles que leur dilatation est plus grande; sur-tout en la considérant entre les tempéra- tures voisines de celles où les solutions ont été faites. La différence de solubilité entre les huiles fixés, et les huiles volatiles, dépend en cipe. grande partie de ce prin- L'huile de ricin fait une exception très-rare dans les huiles fixes, par sa solubilité en toute proportion dans l'alcool; mais si l'on considère d'une part, qu'elle con- tient plus d'oxigène que les autres huiles fixes , et d'ail- leurs, que sa dilatation est en même temps plus grande, + OBSERVATIONS SUR LES HUILES. \199 Von trouve que sa solubilité est gonfarme,. aux princi- pes que je viens d'exposer. Ces exemples suffisent pour montrer que la densité, la dilatation par la chaleur, et la solubilité dans l'alcool sont des caractères d'une grande utilité pour la con- noissance, et de la composition , et des propriétés des huiles. Les substances hydrogénées, composées de carbone; d'hydrogène et d’oxigène , telles que la cire, la graisse, l'huile fixe, l’éther sulfurique et l'alcool, produisent (à consommation égale ) d'autant plus de lumière et de chaleur dans la combustion, qu'elles contiennent moins d'oxigène. Leur lumière paroit être d’ailleurs d'autant plus grande , que la proportion en poids du carbone à l’hydrogène, s'approche plus de celle de 100 : 17,6, soit de la composition du gaz oléfiant. Je tire en grande partie ces résultats de la comparaison de mes analyses avec les quantités de lumière et de chaleur que Rum- ford a obtenues de ces combustibles. SLR RER NN A NOR 256.1) ARTE ATP ESC EPP TEEN CEE TEE EP PRE" LT RC TE TETE I PET PARTITION EN PE DIRENESENRNLT ES VEN VEINES © — —————— MÉDECINE. Lerrre pu Dr. De Carro Aux EDITEURS DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE. Vienne, le 5 fév. 1820. MM. ve Véras Recueil est depuis viket-un ans un précieux dépôt des faits qui constatent dans le monde entier la faculté anti-variolique de la vaccine. Il est à désirer qu'il continue à l'être, puisqu'on sonne l'alarme en divers pays, sur-tout dans celui auquel nous devons ce préservatif, et que la terreur se propage hors des Isles Britanniques. On y prétend maintenant que la vaccine ne garantit pas toujours de la petite-vérole , en reconnoissant toutefois que dans le grand nombre de cas elle la mitige au point de la réduire à une maladie sans danger. L'extrait de l'ouvrage de Mr. le Prof. Alex. Monro d'E- dimbourg, les lettres de nos compatriotes , Mr. le Prof. Puérari de Copenhague , et de Mr. le Dr. Alex. Marcet, (la première insérée dans votre cahier de mars dernier, p. 185 — 221; la seconde , dans celui de novembre, p. 206 — 216), qui nous donnent des détails intéres- sans , mais bien différens , sur l’état de la vaccination en Augleterre et en Danemark, m'engagent à vous dire où nous en sommes à cet égard à Vienne et dans l'Em- pire d'Autriche. N'ayant pas d'emploi public, je ne puis vous faire aucune communication offcielle, mais il suffira de vous assurér ; > PAG PTE , Sur La VaAccirns. 137 1.0 Que depuis le ro mai 1799, date de ma première vaccination (Voy. Bibl. Brit. Vol. XL, Sc. et Arts, p.337) jusqu’à ce jour, malgré mes peines continuelles pour vérifier et éclaircir tout ce qui me paroissoit douteux » je n'ai gu connoissance que de trois cas avérés de petite- vérole après la vaccination: Les deux premiers ( que je n'ai pas vus) m'ont été attestés par un médecin de cette ville, sur l'exactitude et la véracité duquel il ne sauroit exister aucun doute. La petite-vérole fut bénigne, mais très-caractérisée , et abondante. Le troisième, dont jai été témoin tout récemment, est si remarquable, qu'il mérite une relation plus détaillée. Mr. le Dr. de Portenschleg , père , l’un de nos plus respectables praticiens , dont le zèle égale l'exactitude ; avoit vacciné successivement , depuis 1803, neuf enfans de la même famille, dont la santé s'étoit maintenue d'une manière qui faisoit honneur à la méthode. Il y a près de deux mois que ce médecin me pria de voir avec lui ces neuf enfans , dont quatre avoient de légères éruptions passagères, bénignes et de courte durée, qu'il étoit impossible de ne pas reconnoître pour celles de la petite-vérole, volante ; quatre autres étoient restés absolument intacts ; mais un d'eux , une jeune personne de dix-huit ans, vaccinée dans son enfance, avoit la petite-vérole la mieux prononcée, tant par son cours que par sa forme , aussi abondante que possible sans être confluente, terminée heureusement, quoiqu'on n'eût pas pu la qualifier de variole mitigée. D'autres médecins, dont la curiosité avoit été excitée par un phénomène aussi excessivement rare dans ce pays, virent cette malade, sur laquelle il n’y eut qu’une opinion. Si l’on consi- dère que ces neuf individus demeuroient tous dans trois chambres contigues , et dont les deux portes qui com- muniquoient de l’une à l’autre, étoient constamment ouvertes , on avouera que l’histoire de la vaccination offre peu ou point d'exemple aussi singulier et un ré- 138 .Ménecixe. sultat aussi différent sur neuf enfans réunis et placés précisément dans les mêmes circonstances. Et puisqu'on ne sauroit nier les exceptions à la faculté préservatrice . de la vaccine , celle-ci, sans doute bien remarquable , me paroît une de celles qui prouvent le Lu eux la FèBles ° Que les médecins du Gouvernement, que j'ai fré- a. questionnés sur ce sujet, mont assuré mainte fois que tout alloit bien; que partout où la petite-vérole s'étoit manifestée en dépit des sages mesures de notre police médicale, les vaccinés étoient restés intacts ; que les divers exanthèmes que des ignorans avoient pris pour la petite-vérole, n’étoient autre chose que des va- ricelles ( petite-vérole volante ) dont la marche suffisoit pour faire connoître leur nature, lorsque la simple ins- pection pouvoit inspirer des doutes ;.et qu’en un mot, cet admirable préservatif se maintenoit parmi nous dans tout son lustre et dans tous ses droits. Les trois exceptions que j'ai citées, ont fait si [pe de sensation dans le public, quoique nous ayions plutôt cherché à les lui faire connoître qu'à les lui cacher, que les parens des neuf enfans dont je viens de parler, nous prièrent (dès qu'ils virent la petite-vérole attaquer e d'un d'entr'eux ) de vacciner une seconde fois les quatre qui étoient restés intacts de l'une et de l’autre irruption, lesquelles vaccinations ne produisirent d'autre effet qu'une Irritation locale; et qu'ils prièrent l’un de nous de vacci- ner au plus tôt trois enfans d'une autre famille, qui ne l'étoient pas encore , afin de les préserver de la conta- gion de la petite-vérole naturelle, dont il y avoit en ville quelques exemples parmi des non-vaccinés. Nos journaux de médecine ont rendu compte d’une enquête légale, faite en 1812, et renouvelée en 1819, à l'occasion des rapports d'un médecin de cette capitale, dont le nom et l’emploi pouvoient influer essentielle- ment sur l'opinion générale. Le résultat de ces deux CR de LE à Éd ot 0 do à SA D Sur La Vaccinxe. 159 enquêtes prouva l'impardonnable légéreté de ses asser- tions. Les mesures de police médicale auxquelles je fais allu- sion sont ä-peu-près les mêmes que celles que Mr. le Prof. Puérari dit être adoptées en Danemarc, c’ést-à- dire, qu’en Autriche on oblige les parens à fournir un certilicat de vaccination, sans lequel leurs enfans ne sont pas admis aux écoles, et par conséquent à la confir- mation , qui suppose déjà cette admission ; on place au-dessus de la porte de la maïson où la petite-vérole se manifeste, un grand écriteau , qui en avertit les voi- sins et les passans; un enfant qui y succombe, ne pêûe (sans toutefois être privé de la bénédiction sacerdotale ) être enterré publiquement, c'est-à-dire, accompagné au cimetière par ses parens ou par la jeunesse de l’école de sa paroisse ; la liste nominale de tous ceux qui meu- rent de la petite-vérole est publiée à certaines époques dans la Gazette de Vienne, pour faire conuoître les pa- rens coupables de cette négligence, et pour ainsi dire, meurtriers de leurs enfans; enfin , des listes, semblables à celles de la conscription militaire, sont portées une fois par année de maison, en maison, et chaque locataire doit nommer les individus de sa famille qui n'ont pas eu la petite-vérole , ou qui n’ont pas été vaccinés ; et le propriétaire doit remettre ces listes au bureau de police, munies de sa propre signature. Connoissant ainsi le nombre et la demeure des non-vaccinés, les commis- saires , assistés des médecins de police du quartier, s'in- forment des raisons qui ont empèché la vaccination!, et cherchent, par des voies de douceur et de persuasion, à y engager les parens , lesquels s'y trouvent bientôt forcés par leur propre intérêt et celui de leur famille, à l'époque où commence l'éducation. Cependant, comme il est absolument impossible d'é- witer des fausses déclarations ou des négligences, en un mot, de faire exécuter partout et dans tous ses détails 140 M ÉDECINE | des mesures semblables , quelques enfans y échappent ; or, ce sont ceux-là qui accidentellement prennent la petite-vérole, dont néanmoins il ne résulte plus d’épi- démies , parce que la vaccine lui a arraché sa pèture. Je lis habituellement la liste des morts, qui paroît ici tous les jours, et je ne me souviens pas d'y avoir jamais trouvé, depuis que la vaccination est généralement adop- tée, un seul enfant mort de petite-vérole, appartenant à d'autres familles qu'à celles de la plus basse classe, qui, par ignorance ou par misère, est toujours moins soigneuse , ou plus indifférente à la conservation de ses eñfans. Nous ne pouvons pas nous vanter d’avoir extirpé la petite -vérole aussi complétement qu'à Copenhague, où , suivant le rapport déjà cité, ce fléau n'a enlevé pendant seize ans, c'est-à-dire, depuis l'introduction de la vaccine en 1802, que cent cinquante-huit individus, et pas un seul de 181r à 1818 inclusivement; mais ce que je crois pouvoir affirmer, c'est que depuis qu'elle est généralement pratiquée, la mortalité annuelle, causée par la petite-vérole , est à Vienne toujours au-dessous d'une centaine , et quelquefois même au-dessous de dix individus , ce qui est trop sans doute, mais fort peu de chose sur une population de deux cent quatre-vingt mille ames. FFE Quelques médecins ont cependant répandu dans le public que, « le vaccin dégénéroit, qu'il falloit le re- nouveler en en faisant venir d'Angleterre, et que les affections scrofuleuses étoient maintenant plus fréquentes qu'auparavant. » Quant à cette prétendue dégénération , je déclare que je n’observe pas la plus légère différence entre mes vaccines de 1799 et celles de 1820, et que j'ignore ab- solument sur quoi repose une pareille assertion. Et pour ne point citer mes propres observations, je prie ceux qui croyent à Vienne à cette dégénération , de vouloir bien examiner les pustules vaccines des Enfans-trouves, de eee de Lie ? * lis As à * 7. Sur LA VAGCcIneE. 141 (Findel-haus.) où ce préservatif fut introduit en 1802, et où il s’est constanunent renouvelé par lui- -même, da bras à bras, jusqu'a ce jour avec tous ses signes carac- téristiques. Quoiqu'on imagine à peine comment un médecin peut maintenant ne pas savoir distinguer la vraie de la fausse vaccine, (tant à la vue qu'au toucher) je citerai un fait qui prouve avec quelle méfiance on doit ad- mettre ces sortes d’assertions. Un de mes confrères, très-respectable , et très-versé dans cette pratique, avoit vacciné un enfant et reconnu la régularité de la pus- tule. Vers le huitième jour, un autre médecin, fort en vogue, demanda permission de se servir de ce vaccin. En découvrant le bras de l'enfant, il s'écria que la vaccine étoit fausse, partit sans en prendre, et laissa les parens dans la plus grande consternation. Le mé- decin qui avoit vacciné arrivant peu après, on lui ra- conta la sentence prononcée par son collègue. Son éton- pement fut égal à son indignation; mais ne voulant entrer dans aucune discussion avec les parens , il leur déclara qu'il ne quitteroit pas la maison avant qu'un juge compétent eût décidé la question. Je fus appelé sans être prévenu de ce dont il s'agissoit, et trouvai. une vaccine parfaite. Je ne devine pas le motif d'une telle conduite, dans un praticien qu'on ne sauroit taxer d'ignorance. De pareilles différences d'opinion sur un point de diagnostic aussi précisément fixé que celui-là sont impardonnables, parce qu'elles ébranlent l'opinion publique , accréditeni l'idée de la dégénération du vaccin, répandent le doute , la méfiance et la crainte. Quant à la nécessité de renouveler le vaccin , en en faisant venir d'Angleterre , je ne l'entrevois pas, mais si, comme on le prétend dans ce pays-la, et comme nous le confirme notre savant compatriote, Mr. le Dr. Marcet, qui a exercé à Londres la médecine pendant vingt ans, c'est-à-dire, pendant presque toute l'époque qui a suivi 142 te NVÉ DE CrX Er. | la découverte de Jenner, la petite-vérole attaque beau: coup plus souvent les individus vaccinés que partout ailleurs, je pense qu’il faut soigneusement se garder du vaccin anglais, à moins d’être bien sûr qu'il a été pris immédiatement du ro de la vache, occasion, comme on sait, fort rare, même dans les comtés à laiteries. Il y a un an qu'un voyageur d’un lrès-haut rang , qui avoit probablement entendu parler de ce prétendu besoin de renouveler le vaccin en Autriche , en rapporta d'An- gleiterre. Son médecin me l’offrit, mais je le refusai, en lui disant que nous avions trop de raison d'être satisfait du nôtre, pour hasarder d'en substituer un venant du pays qui semble fournir le plus d'exemples de l’inef- ficacité de ce préservatif. Je consefllai même de détruire ce vaccin anglais, que nous ne devons point greffer sur le nôtre, qui, quoique de la même source, se paient depuis vingt-un ans , tel que je le recus. Le vaccin que jintroduisis en Auiridié: et qui s’y est constamment propagé depuis le 10 mai 1799 jusqu’à ce jour, provient de deux sources très-différentes , et qui dans le cours d'innombrables générations s'y sont complétement mélangées, parce qu'elles n’offroient au- cun caractère qui püt les distinguer l’une de l’autre. Le premier vaccin me fut envoyé par le Dr. George Pearson, de Londres, et ne produisit jamais à Vienne ces érup- tions qu'on observa pendant si long-temps en Angle- terre et ailleurs, et sur lesquelles on écrivit des volimes; pour expliquer la cause de ces différences. Le second vaccin (qu'à plus juste titre on auroit dû appeler équin , si l'on n'eût pas eu à redouter que cette double dénomination ne jetât de la confusion dans l’es- prit des personnes à qui la source primitive de ce pré- servatif n'est pas exactement connue), ce second vaccin, dis-je, que je recus en 1802, et d'où je pris cette goutte salutaire qui a servi à la vaccination de l'orient, me fut envoyé par le Dr. Sacco, de Milan, qui l'avoit tiré, Sur LA ViAcütnxeE. 143 en présence de plusieurs témoins respectabies, du talon d'un. cheval attaqué de la maladie que les Italiens ap- pellent giardoni, le grease des Anglais, à laquelle les vétérinaires Français et Allemands n'ont pas encore su assigner le mot qui dans leurs deux langues conviendroit à ce mal, qu'ils ne connoissent pas précisément. Pen- dant une série d'equinations ; je suivis la marche de cette matière milanaise ; mais bientôt après, ne trou- vant aucune différence entre elle et celie que j'avois reçue quatre ans auparavant d'Angleterre , j'en distribuæ à mes collègues, et en perdis le fil, que je n'avois plus motif de tenir séparément. Quant à l'augmentation des affections scrofuleuses de- puis l'introduction de la vaccine, j'ignore sur quoi est fondée cette imputation , mais cette remarque me paroît plutôt une opinion du vulgaire que celle des gens de l'art, D'innombrables écrits, antérieurs à la découverte de Jenner, et l'opinion des plus vieux médecins de ce pays nous prouvent assez que ce mal a toujours dominé _en Autriche, et qu’il est une des principales causes de la fréquence des pulmonies tuberculaires qui de tout temps y ont fait les plus grands ravages. Mais, se demande-t-on, pourquoi l'efficacité et la pureté de la vaccine se soutiennènt-elles mieux partout ailleurs quen Augleterre, dont ( à l'exception du vaccin ou de l'equin de la Lombardie) proviennent toutes les vacci- nations de l'ancien et du nouveau monde? Cette ques- tion, fort délicate, et du plus grand intérêt, mérite bien toute l'attention qu’on lui donne, principalement en Allemagne, quoique jusqu'a présent toutes les en- quêtes officielles faites dans les Etats germaniques ayent eu le résultat le plus favorable à la vaccination. D’après diverses annonces publiées par Mr. le Dr. Bremer, de ” Berlin, Directeur de l'établissement royal de vaccination, il Pâroit que les mesures prises par le gouvernement . prussien pour obliger les parens à faire vacciner leurs 144 MÉDECINE. enfans, sont loin d'être aussi positives qu'en Autriche et en Danemarck; mais si, en proportion de sa population, un beaucoup plus grand nombre d’enfans périt annuel- lement en Prusse de la petite-vérole, ce ne sont que les non-vaccinés ; tandis que ceux qui l'ont été restent intacts au milieu de la contagion dont ils sont souvent entourés. A l'occasion de l'analyse de divers ouvrages anglais, qui tendent à prouver la fréquente inefficacité de la vaccine dans la Grande-Bretagne, d'innombrables preu- ves du contraire ont été données dans divers journaux de médecine d'Allemagne. Rien de plus important sans doute que de rechercher les causes de cette différence, dont dépend maintenant la sécurité de la plus grande partie du genre humain civilisé; et comment compren- dre pourquoi la lymphe vaccine, sortie des îles Britan- niques, y auroit dégénéré, tandis qu'au dehors elle auroit conservé sa force et sa pureté primitive ? Cette différence, si en effet elle existe, doit donc tenir à des causes accidentelles et particulières au pays, que l’Angleterre, plus que tout autre est intéressée à approfondir ; mais, sans pouvoir les assigner d'une manière positive, on ne-sauroit se dissimuler que nulle autre part, malgré les récompenses nationales , accor- dées à son immortel auteur, cette admirable découverte, ce vrai don du ciel, n'a rencontré plus d'opposition , et n'a produit contre elle autant d'écrits pleins d’ani- mosité, de virulence et de personnalités; que pendant que tous les médecins des autres pays ont abandonné d'un commun accord l'usage de l’inoculation , un grand nombre d'Anglais nont pas cessé de la pratiquer et la pratiquent encore , suivant que leur opinion, ou celle des parens , les porte à donner la préférence à l'une ou à l'autre méthode ; que nulle part il n'existe au- jourd’hui , ainsi qu'à Londres, un hôpital de petitef#ve- role et d'inoculation; et qu'aucune loi anglaise ne dé- fend Sur La Vaccixe. 145 fend l'inoculation , ni ne commande la vaccination. Qu'on se rappellé aussi que dans les commencemens , feu le Dr. Woodville, l'ami zélé de cette méthode, mélangea à dessein les deux virus (variolique et vaccin) dans l'hôpital même de petite-vérole, dont il étoit médecin, et fit une série d'expériences, très-intéressantes sans doute, comme objet de théorie, mais qui compromirent la pureté du préservatif; qu'il en résulta des éruptions mixtes et anomales , dont on eut long - temps peine à se débarrasser, même sur le continent (1). Qu'on n'ou- blie pas le goût décidé des Anglais pour l'opposition en tout genre , et l'imperfection de leurs mesures de : (x) C’est à l’occasion de ces expériences du Dr. Woodville { dont la Zcb1. Brit. a rendu compte , dans le Vol. XII, Sc. et Arts, et dont je fis sentir le danger dans trois lettres que j'eus l'honneur de vous adresser le 11 , le 18 septembre , et le 2 octobre 1799, et qui se trouvent dans le même volume , p- 163—1:75 ), que le Dr. Jenner m'écrivoit de Londres, le 23 janvier 1801, ce qui suit : « Les difficultés que j'ai rencontrées dans ce pays, prove- » nant de la manière imprudente avec laquelle les premières » expériences ont été faites par quelques-uns des médecins de « » la capitale, et les fautes commises par quelques ignorans praticiens des provinces , sont actuellement à-peu près sur- montées. Jamais l’ancienne maxime Æumanum est errare, ne s’est mieux vérifiée que dans cette occasion, et c’est avec peine que je le dis, par ceux mêmes qui furent les plus | actifs à mettre mes assertions à l'épreuve de l'expérience. Le vaisseau de la vaccine étoit déjà sur les écuéils, mais le ciel en soit loué ! il s’est dégagé sans faire naufrage. Un de ses capitaines l’avoit presque coulé à fond, en le surchargeant » de pustules, et en apportant la contagion à son bord. Un autre (c'est aux déclamations extravagantes du Dr. Moseley re qu'il fait allusion ) l’avoit tellement défiguré qu'on le pre- _ | noit partout pour un pirate, et qu'on lui tiroit dessus de FA tous les ports où il essayoit d'entrer. » … Sc.ct Arts. Nouv. série, Vol. 13. N°, 2, Févr.1820. K 146 MÉDECINE. police, peu compatibles avec leur constitution et leurs idées de liberté individuelle, sans lesquelles mesures la vaccination ne peut être sagement pratiquée, ni géné- ralement surveillée, comme elle l'est dans les pays où l'on sait, et où l’on peut, forcer directement et indi- rectement les peuples à se soumettre aux lois qu’exige la santé publique, et commander le bien , sans trop consulter l’opinion , les caprices ou les préjugés des individus, Enfin , dans quel autre pays que la Grande- Bretagne, dont personne n'honore plus que moi ces grands médecins qui en font l'ornement, qui ont ré- paudu et répandent encore une lumière éclatante sur toutes les branches de l’art de guérir, et à -qui je dois moi-même mon éducalion médicale; dans quel autre pays, dis-je, aurions-nous vu un praticien (Mr. John Birch, chirurgien extraordinaire du prince de Galles ) exiger dans ses dernières volontés, qu'une pierre sépul- crale, érigée dans l'église de St. Margaret Pattens, at- testât à la postérité, que pendant toute sa carrière, il n'a jamais eu à se reprocher d’avoir vacciné un seul enfant ! Dans tout autre pays, où la liberté est moins ilHmi. tée , il est probable qu'un pareil manifeste eût été tout simplement considéré comme une marque d'aliénation d'esprit, et que les autorités, se trouvant en contradic- tion avec les mesures prises pour la propagation de la vaccine , se seroient opposées à l'exécution d’un sem- blable testament; mais en Angleterre, où l'art de guérir a ses Hunt, comme la politique, une pareille défense ne peut avoir lieu, et l'épitaphe subsiste. en LA Ces observations sur le manque de police médicale dans le pays où la vaccine a pris naissance et que les relations que jy ai conservées me confirment pleine- ment, coïncident d'une manière frappante avec celles de l’élégant historien de la vaccination, Mr. James Moore, Directeur de l'établissement national de vaccine, etc. Sur LA Vaccine. 147 qui dans l'ouvrage aussi intéressant qu'instructif , inti- tuié History and practice of vaccination, s'exprime ainsi , page ru5. «Il est remarquable que l'opposition à M vaccine aît » été beancoup plus violente en Angleterre, où elle a » été découverte , que dans les’ autres pays. Personne » néanmoins n'imaginera pour cela que les Anglais » soyent moins instruits ou plus avides de gain que les » autres nations. Ce phénomène est certainement dû à » la liberté politique de la Grande-Bretagne, qui laisse » un libre cours à l'empirisme et aux impostures mé- » dicales de tout genre, que les lois plus rigides des » autres pays ont en ‘eur pouvoir de restreindre ou »” d'empêcher. La facilité de s'opposer au mal et de # punir les imposteurs dans les gouvernemens arbi- » itraires, compense en quelque sorte la privation des » bienfaits de la liberté. » Ces observations me paroissent suffisantes pour sus- pendre notre jugement sur le plus grand nombre des récits qui nous viennent d'Angleterre, aussi long-temps du moius qu'ils ne nous seront pas attestés par une réunion de médecins, comme le résultat d'enquêtes | légales et officielles. Mais, quelles que soyent les causes et le nombre des cas de petite-vérole après la vaccine, en Angletérre et » silleurs , je répète que ces accidens sont d'une extrême } ) rareté à Vienne et dans la monarchie autrichienne; que je n'ai jamais vu un seul de mes vaccinés prendre la F: « petite-vérole, et que le résultat de _més recherches (sans ' toutefois nier la possibilité d'un plus grand nombre ) se “borne à trois exemples semblables. Quelle est donc, “me demandera-t-on , Ja proportion des cas où dans ce “pays la vaccine se montre inefficace contre la petite- wérole sur ceux qu'elle en préserve complétement? Ce nombre est impossible à fixer ; mais vu que, par les. admirables mesures et la vigilance de notre gouverne- K 32 148 … MÉDECINE. ment , fort peu d'enfans sont soustraits à la vaccination, je dirai que le nombre des vaccinés est presque égal à celui des enfans nés depuis 1799; que par consé- quent cette proportion de trois exceptions à la règle gé- nérale est infiniment petite parmi nous, et que tout doit nous porter à redoubler de zèle, d’attention et de vigilance, pour extirper le fléau qui pendant des siècles a désolé l'univers. Agréez, Messieurs, etc. 198 Jean De Carro, M.D. —————— NorTicE SUR LES BAINS DE VAPEURS D'EAU MINÉRALE , A Sr. Gervais, EN Savoie. (Lue dans la séance du 28 Décembre 1819 de la Société médico-chirurgicale de Genève); par le Dr. À. Marruey. À ta tête des additions et des améliorations importantes, faites cette année à l'établissement thermal de St. Gervais, nous devons placer le bain de vapeurs. Nous pouvons affirmer déjà, d'après notre expérience et nos observa- tions particulières, que l'eau minérale saline, élevée par l’art au-dessus de sa température naturelle, et ré- duite en vapeur, acquiert sous cette forme des pro- priétés médicinales bien supérieures à celles que la na- ture seule lui avoit assignées (1). C'est ce que nous allons tâcher de faire connoître par l'exposé bref de nos expériences et de nos observations à ce snjet. : (x) Voyez pour l'analyse et les propriétés de cette eau mi- nérale Île Tom. XXXIV de la Bibliot. Brit. et mon Essai sur les Lains-de St. Gervais, chez J.J. Paschoud , 1817. SUR LES BAINS DE ST. GERVAIS. 149 Un pavillon en maconnerie, adossé au bâtiment des douches, du côté de la tour de l'Est , est destiné à ce nouvel emploi de l’eau thermale. La partie inférieure de ce petit bâtiment est disposée de manière à recevoir une chaudière, longue de dix pieds environ, et large de trois : l’eau minérale y arrive directement des trois sources principales, par le moyen d’un conduit particulier. Elle est chauffée par un four- neau profond pratiqué au-dessous de la chaudière. La partie supérieure est divisée en deux cabinets d'en- trée, l'un pour les hommes, l'autre pour les dames, et deux chambres, de neuf à dix pieds de long, sur quatre à cinq de large, qui occupent le centre.et sont disposées pour l'étuve. A cette fin, le parquet est com- posé de petites poutres qui sont ajustées et séparées , de telle sorte qu'elles se coupent à angle droit, laissant entr'elles des espaces vides d'un pouce quarré : c'est par là que s'échappe et s'élève la vapeur de l’eau chauffée. Le plafond ou plancher supérieur est élevé de cinq pieds au-dessus du parquet ; il est en planches solides ; mais On y a pratiqué quatre ouvertures circulaires assez spacieuses pour laisser passage à la tête: une coulisse placée en dessous et en avant de ces ouvertures, ‘re- coit une planchette mobile, échancrée, de manière que l'échancrure vient s'adapter, à volonté, de part et d'au- tre du col du malade et fermer ainsi tout passage à la vapeur, Dans l'intérieur de l'éiuve se trouvent des ban- quettes qu'on peut élever ou abaisser à la hauteur con- venable, Au-dessus du plancher capital (qu’on me passe cette épithète , elle désigne bien sa destination ) est une espace vide, ou chambre, de la hauteur de trois pieds; éclairée par deux fenêtres pratiquées dans le mur extérieur, du côté de la montagne : par ce moyen, on donne, à 150 MÉLANGESs. volonté, accès à l'air frais du dehors et l’on facilite ainsi la respiration de la personne qui prend le bain (x). MÉLANGES. NacmRICHTEN DEmM Am 27 Déc. 1819 ERFOLGTEN Ensrurz, etc. Relation de l'éboulement du glacier du Weisshorn, arrivé le 27 Décembre 1819, et de la destruction du village de Randa, dans la vallée de Vispach, Tirée du Rapport officiel de l'Ingénieur J. Venerz au Conseil d'Etat du Valais. (Naturwissenschaflicher Anzeigen.) ( Traduction. ) Lx village de Randa est situé à six lieues au-dessus de Vispach sur la branche méridionale ou à droite de la vallée de Vispach, connue sous le nom de Val St. Nicolas. Le village est à environ 2400 pieds de la rive droite de la Visp, sur la pente assez rapide d'une col- line de débris, dont le fond pierreux a été entièrement (1) Au sortir du bain, les personnes qui le désirent sont portées en chaise jusqnes dans leur chambre. Je dois dire en passant, que le charpentier employé à la cons- truction de ce bain (Jean Milleret, de Samoëns ) est chargé du service particulier de l’étuve et qu'il s'en acquitte avec une grande activité et une rare intelligence. C'est lui qui me ser- voit de notateur dans les observations que j'ai faites sur les mouvemens du pouls, pendant la durée du bain. _ Ze défaut d'espace nous oblige à remettre au cahier pro- chain ces observations intéressantes. (R) EsouLemenTt pDunN GLACIER. 151 converti en prairies par l’industrie des habitans de Randa. Vis-à-vis de celle-ci on en voit une autre sem- blable , au-dessus de laquelle se trouvent des rochers que domine le glacier de Randa, dont la plus haute cime, nommée Weisshorn est élevée d'environ neuf mille pieds au-dessus du village ; la largeur du vallon à la hauteur du village (à-peu-près deux cent cinquante pieds au-dessus de la rivière ) est d'environ une demi lieue. Le 27 décembre à six heures du matin, vers le côte oriental et très-escarpé du picle plus élevé du Weisshorn use partie du glacier qui le domine se détacha , se pré- cipita avec le fracas du tonnerre sur la masse des glaces inférieures , et annonça par le craquement le plus effroya- ble, les ravages dont la vallée étoit menacée. Au mo- ment où la neige et la glace frappèrent la masse infé- rieure du glacier, le Pasteur du lieu, le Sacristain et quelques autres personnes remarquèrent une lueur (r) qui cependant disparut aussitôt , les laissant de nouveau dans la nuit la plus sombre. Un affreux ouragan occa- sionné par la pression de l'air succèda immédiatement et opéra en un clin d'œil la dévastation la plus épou- vantable; les glaces n'ont pas atteint le village, mais l'ouragan produit par leur chôûte étoit si violent, qu'il a fait mouvoir et remonter de plusieurs toises des pier- res de moulin; il a déraciné à de grandes distances les plus forts mélèzes , et lancé des blocs de glace de quatre pieds cubes jusqu'au delà du village , c'est-à-dire, à une demi lieue; il a enlevé la flèche du clocher, renversé des maisons de fond en comble , et porté la (x) Il seroit bien à désirer que l'on nous expliquät d'une manière satisfaisante ce phénomène , qui autant que nous pou- vons le savoir, n’a point encore été observé dans des cas semblables ; et qui au milieu des ténèbres de la nuit étoit beau- coup trop frappant pour qu’on puisse l’attribuer à une illusion. (A} 152 MEÉELANGES. charpente de plusieurs édifices à plus d'un auste de Jlieue au-delà du village dans le bois qui est au-dessus. Huit chèvres qui étoient dans une étable en ont été enlevées et jetées à plusieurs centaines de toises ; et l'une d'elles, chose étrange, a été retrouvée vivante. À plus d'un quart de lieue au-dessus du village on voit les granges vis-à-vis du glacier dépouillées de SE toits. En résumé, neuf maisons du village sont totalement détruites; et les treize autres, toutes plus ou moins endommagées ; dix-huit greniers, huit petites maisons . d'habitation, deux moulins, soixante et douze granges sont entièrement renversés ou tellement maltraités qu’elles demeurent hors d'usage. Ainsi les récoltes et les subsis- tances sont presque absolument perdues pour les hom- mes comme pour le bétail. De douze personnes enve- loppées dans cette catastrophe dix sont encore vivantes ; la onzième a été retirée morte, et l'on n’a pas encore retrouvé la douzième. L'avalanche formée d'un mélange de neige, de glace(1) et de pierres, couvre les champs et les prairies au-des- sous du village, sur une longueur moyenne de 2400 pieds au moins , et sur une largeur de 1000. La masse tombée, a, l'un dans l'autre, à-peu-près 150 pieds de haut; ainsi tout l'éboulis content 360,000,000 pieds cubes. Le dommage est estimé à environ 20,000 francs. Une circonstance extrêmement singulière de cet évé- nement, c'est que quelques granges qui étoient de l’autre côté , au-dessous du glacier et que l’avalanche a pres- que couvertes sont restées intactes , et n'ont point été atteintes par l'ouragan. Mais ce qui est bien plus dif- (1) Mr. Venetz a remarqué que les blocs précipités étoient composés en grande partie d’un mélange. de glace en grains et de vieille neige. Il paroît donc que le glacier étoit à une élévation où la neige ne fond que rarement. (A) % L L 4 . È EsouLzemenT D'un GLAcrEr. 153 ficile à concevoir, c'est que deux personnes seulement ont perdu la vie dans ce bouleversement, quoique ce- pendant quelques familles ayent été enlevées avec leurs maisons , et ensevelies dans leurs décombres et dans des toarbillons de neige. Les prompts secours du Pasteur, (qui n’a point souffert personnellement) et ceux des deux Sacristains, échappés au danger, ont contribué à sauver plusieurs individus. Ce n'est pas la première fois que le village de Randa essuye un pareil désastre. En 1636, il fut détruit par une semblable avalanche, et trente-six personnes y pé- rirent, On dit qu’alors le glacier de Weisshorn s’éboula tout entier. Deux autres éboulemens , moins considéra- bles, en 1736 et 1786, n'eurent pas lieu au même endroit. Cette fois-ci, il n’est tombé qu'une petite partie du glacier, et l’on ne comprend pas comment le reste, privé de son appui, peut se soutenir encore. On y aperçoit, avec de fortes lunettes, des crevasses énormes; déjà avant l'éboulement, des chasseurs de chamois les avoient aperçues avec effroi, et la partie du glacier qui vient de s'écrouler, étoit, à ce qu'on assure, séparée de la masse par de semblables solutions de continuité. Il est donc fort à craindre que le glacier ne puisse plus se soutenir long-temps sur une cime aussi escarpée, et que le reste de Randa ne soft complétement anéanti par l’éboulement qui le menace. Aucune force humaine ne peut prévenir cet événement, il ne reste donc d'autre ressource à cette malheureuse commune que de se for- tifier contre le danger, ou de quitter la place. On ose à peine conseiller le premier moyen, qui seroit la cons- truction d'un haut et fort rempart qui pût résister à des coups de vent; mais ce rempart en nuisant à la circulation de l'air rendroit le village de Randa encore plus iusalubre et plus sujet au crétinisme qu'il ne l’est actuellement; et il est douteux que ce mur mit à l'abri 154 1: Mé L'ANGE 6. du danger. Le meilleur parti seroit done d'abandonner la place, et pour ne pas trop éloigner les habitans de leurs prairies, il faudroit rebâtir le village à environ une demi lieue plus haut, du côté de T'esch. Mais les pauvres habitans ne peuvent adopter l'un ou l’autre moyen de salut si le gouvernement et les autres communes du canton ne viennent à leur secours comme on doit l'espérer. ES CONSIDÉRATIONS SUR LA GRÊLE FT DESCRIPTION DE L'UN: des grêlons tombés à la Bacconière, Départèment de la Mayenne (France ) pendant l'orage du 4 juillet 1819 à huit heures du soir , adressées au Prof. Picrer par Mr. Dercross, Capitaine au Corps royal des Ingé- nieurs-géographes ( avec fig.) (1) Drvvis long-temps j'avois observé la figure et la struc- ture des grêlons tombés dans divers orages; et j'avois constamment remarqué qu'elles étoient telles que les re- présentent les figures & et +. J'ignore si cela a déjà été remarqué. Dans l'incertitude où je suis à cet egard, je juge à propos de faire connoître mes observations, Tous les grêlons que j'avois observés, m'avoient offert des pyramides sphériques de toutes dimensions. Leur sommet z souvent aigu, et souvent arrondi # par la fu- (x) A l'occasion d’une précédente communication de notre savant correspondant, nous le désignames, par erreur, sous le titre de Chcf de bataillon 3 nous saisissons la première oc- casion de signaler cette inadvertance qu'il nous a invités à redresser. (R) - Déson. DE L'UN DES GRÊLONS TOMBÉS À LA BaccoNIÈRE. 195 sion, correspondoit à un noyau où l'on voyoit des traces de couches concentriques à la pyramide, La par- tie » du solide, paroissoit rayonnée du centre à la cir- conférence , et la surface sphérique p et p' étoit drasique. Je fus frappé de cette contexture. Je fis la même obser- vation sur toutes les grêles tombées depuis dix ans. J'en conclus que toutes ces pyramides sphériques n'étoient que les débris de sphères, qui devoient constituer la grêle primitive. Je retrouvois encore ici la formation orbiculaire , qui joue un si grand rôle dans la nature, et sur laquelle on à encore si peu réfléchi. En outre, il me paroissoit évident , que la force qui avoit brisé ces sphères, devoit avoir été une explosion. Car, comment expliquer ces plans de rupture passant tous par le centre ? JFaurois pu l'attribuer à la contexture rayonnée ; mais je n'ai jamais remarqué qu’elle s'étendît jusqu'au centre, autour duquel se trouvoit toujours un noyau plns dur et à couches concentriques , sans rayons apparens. Ces faits, bien établis, me paroissoient prouver, 1.” une première formation orbiculaire à couches concentriques. 2.9 Une formation secondaire superposée à ce noyau et rayonnante, 3.° Une rupturé ou explosion générale de tons ces orbicules, suivie immédiatement de La chute de leurs débris pyramidaux sur la surface terrestre. ‘Je désirois depuis long-temps observer des orbicules: entiers. Mais, soit que leur chute sur la terre soit rare, ou que les circonstances ne m'aient pas servi , mes re- cherches furent vaines. Je rendois souvent grâces à la main inconnue, qui brisoit ces sphères énormes avant leur arrivée sur la terre, et nous garantissoit de tant de ravages épouvantables. Mais l'orage qui a désolé l'ouest le 4 juillet 1819 est venu détruire cette belle illusion. Je ne décrirai point cet orage, qui n’a différé des autres que par son intensité et par la fréquence des éclairs, qui se succédoient sans intervalle, de manière à produire une lumière continue, au milieu des ténèbres les plus épaisses. 156 MELANGESs. Quel fut mon étonnement, lorsqu'au milieu de cet ? affreux bouleversement de la nature, j'entendis, et bientôt je vis, bondir sur le sol ces énormes sphères que j'avois devinées et que j'avois tant désiré d'observer, Je frémis- sois en les voyant, des ravages qu'elles alloient faire. Elles produisoient sur les toits, couverts de fortes ar- doises d'Angers ( schiste régulaire } l'effet des biscayens. Elles percoient ces ardoises très-tenaces, avec une net- teté, qui indiquoit une force redoutable. En effet, des animaux furent tués ou blessés, des villages eurent leurs toitures et leurs fenêtres dévastées. Les arbres furent ébranchés, et les récoltes abimées. Heureusement elle arrivoit de nuit. Je me hâtai d'observer ces épouvantables grêlons. J'en cassai plusieurs par le centre pour étudier leur contex- ture intérieure sur leur coupe principale. Je priai Mr. le Lieutenant Pondia, adjoint aux opérations dont je suis chargé, de dessiner cette coupe. On y voit la répé- tition des fragmens fig. 8 et >. Cette figure est de gran- deur naturelle. L’on m’a assuré avoir mesuré de ces grè- lons de quinze pouces de circonférence. Dans la figure, o est le petit noyau. Z est un second noyau d'un blanc plus opaque que le reste et offrant des traces de couches concentriques. Ce noyau # cor- respond à celui » et »' des fig. 8 et y. La masse enve- loppante c c c correspond à celle #2 m' des fig. 8 et Elle paroît , comme celle-ci, rayonuée du centre à la circonférence de la sphère. Elle étoit moins opaque que le noyau À et paroissoit à la lumière moins blanche et d’une teinte bleuâtre , comme de la glace compacte. Cest cette différence de teinte qu'on a tâché de rendre dans le dessin. | | Mais ce qui m'a le plus étonné, c’est la surface 24 d de ce grêlon. Cette surface qui, dans les fragmens 8 et , ne m'avoit présenté qu'un aspect drusique, m'offroit , sar celui-là, une sphère hérissée d'énormes pyramides, dont Norice pes Séances pe L'Ac. R. Es Scrrwc. DE Paris157 des sommets primitifs, d'aigus , étoient devenus obtus, par l'effet d'un commencement de fusion. Les petites choses conduisent souvent aux grandes. J'abandonne le tout aux physiciens. Je me tais, dans la crainte de me tromper. Mais j'ai beaucoup pensé. Mon imagination a erré depuis ce froid glacon jusqu'aux temps de la condensa- tion de notre globe; et, suivant cette folle de la maison, jai cru voir se développer devant moi tout le vaste sys- tème de la formation orbiculaire, 0 mm, NorTice DEs SÉANCES DE L’Acap.Roy. DES SCIENCES DE PaRIs pendant le mois de septembre (à). 6 Sept. Ox lit un Mémoire de Mr. Vallot, secrétaire de l’Académie de Dijon , sur es maladies des feuilles. I €st renvoyé à l'examen d’une Commission de botanistes. Mr. Edwards lit un Mémoire sur La respiration des Ba- traciens. On nomme des Commissaires pour l'examiner et rapporter, Mr. Jomard lit un Mémoire sur Les caractères numériques des Egyptiens. , 13 Sept. Mr. Monin, peintre, adresse un paquet cacheté, L'Académie ordonne qu’il sera déposé au secrétariat. Mr. Vincent Chevallier présente un nouvel appareil de chambre noire horizortale sans miroir ni objectif. Il sera fait un Rapport à ce sujet, On renvoie à l'examen d'une Commission deux petits tableaux de végétations métalliques adressées à l’Acadé- mie par Mr. Goldschmidt, L'Académie recoit des Recherches statistiques adressées D (x) Extraïte des Annales de Chimie et de Physique. 158 MÉLANGEeESs. par Mr. Benoiton de Châteauneuf sur la mortalité causée dans Paris et dans les Communes rurales du Départe- ment de la Seine par quelques affections de l’organe pulmonaire pendant les années 1816, 1819 et 1818. Mr. de Rossel, au nom d'une Commission, fait un Rapport sur Ze bateau à vapeur de Mr. lernstédt qui, depuis plus d’un an est'stationné à Paris sur la rive gauche de la Seine, devant l'hôtel de Labriffe. Dans ce bateau , la’ roue est placée dans l’intérieur, à l'abri du choc des vagues , et peut agir en pleine mer avec autant d'effet que dans une eau tranquille. Les rames élant ainsi garanties de tous côtés, il n’y aura à craindre, ni de raser de trop près les bords des canaux ni de heurter contre les bateaux qui passeront dans le voisinage. Les Commissaires ont jugé que les moyens employés par l’auteur pour prévenir les explosions ne peuvent manquer d'avoir leur effet. Mr. de La Place lit un Memoire intitulé, Considérations sur les phénomènes capillaires (1). Mr. Tessier lit un Mémoire sur l'importation en France des chèvres à duvet, de Cachemire. L'auteur apprit à Âstracan qu'il existoit en Boukarie , sur les bords de l'Oural, une espèce de chèvres, portant 1ous les ans au mois de juin une toison remarquable par sa blancheur et sa ‘finesse. Cette découverte, qui épargnoit le voyage du Thibet, le conduisit entre Astracan et Orenbourg vers deux hordes de Kirguis, desquelles il acheta 1289 de ces chèvres, et sur ce nombre il en est arrivé quatre cents en France, qui ne tarderont pas à y être acclima- ‘tées. Mr. Jaubert a appris de bonne source , dans son voyage, 1° que l'animal dont le poil sert aux tissus de Cachemire est une chèvre du Thibet. 2.° Qu'elle ressemble à la chèvre ordinaire à cornes droites, et blanche , où RERO Rs LEE cc PORT 20 (x) Ce Mémoire est inséré dans les Annales de Chimie et de Physique ; pour séptémbre, Norier pes Séances De L'Ac.R.pgsSctexc. pe Paris. 159 brun clair, portant un duvet laineux fin, sous son poil grossier. 3.° Que les manipulations préparatoires se font par de jeunes filles, et que le métier sur lequel on tra- vaille les shalls est simple, et: horizontal ; un enfaut placé dessous et ayant le dessin sous les yeux indique à l'ouvrier , qui travaille à l'envers , les couleurs quil doit employer à chaque coup de navette. Le plus beau shall coûte de 12 à 1500 francs. 20 Sept. Mr. Watt fils, fait part à l'Académie de la mort de son père , l'un des huit associés étrangers. Il _ avoit 84 ans. Mr. de Humboldt a lû un Memoire intitulé, Conside- rations générales sur Les signes numériques des peuples. {L compare dans cet écrit les hiéroglyphes numériques des Mexicains aux hiéroglyphes égyptiens des nombres x, 10,100, et 1000, que le Dr. Th. Young a fait connoître dans son savant et ingénieux J’ocabulaire hieroglyphique. Mr. de H. a examiné en mème temps la question de savoir si l’artifice des multiplicateurs placés comme ex- posans au-dessus des signes des groupes , et l'usage du Suanpan chinois (l’Abacus des Grecs et des Romains ) ont pu conduire à la méthode indienne , faussement appelée arabe, d'assigner une valeur de position aux signes des unités. Les recherches historiques de l'auteur sur le système de numération des peuples des deux continens ajoutent beaucoup aux matériaux précieux que renferme la Philosophie de l'arithmétique publiée par Mr. Leslie. Un Mémoire de Mr. Godefroi sur les carrières de pierre noire et de tripoli de Poligné près de Rennes, est ren- voyé à une Commission. Mr. Moreau de Jonnès lit des Ofservations sur Les Ba- traciens des Antilles. On lit un Mémoire sur la HAE dans le Departe- ment de la Seine , causée par l'asthme, la fluxion de poitrine, le catharre , et la phtisie pulmonaire. 27 Sept, Mr. Viard adresse deux Mémoires ; l’un sur 160 MÉéLANGESs. la manière de classer les fils dans les filatures , l’autre sur une méthode nouvelle de compter les tours d’une roue ; ils sont renvoyés à l'examen d’une Commission. Mr. Berthollet fait un Rapport sur le Mémoire pré- senté par MM. Pelletier et Caventou et dans lequel ils décrivent les propriétés du nouvel alkali découvert dans Ja fausse Angustura.« Il mérite ( disent les Rapporteurs ) les mêmes éloges que les précédens ; nous les invitons à suivre la carrière qu'ils se sont ouverte, et nous pensons que ce Mémoire mérite d'être inséré dans le Recueil des savans Ctrangers. » Mr. Beudant lit un Mémoire sur la pierre d'alun ; on nomme des Commissaires pour l’examiner et rapporter. Mr. Sanchez adresse un Mémoire pour être déposé au secrétariat. Mr. St. Aubin lit un Mémoire sur l'économie politique. Mr. Brongniart, au nom d’une Commission , fait un Fapport sur la distribution géognostique des terrains, que Mr. de Bonnard a présentée à l'Académie, Le Rap- porteur y a trouvé « dans beaucoup de parties, un ordre » de classification propre à l'auteur, des rapprochemens » nouveaux , des observations judicieuses, des discus- » sions savantes , et une saine critique. RER RE RD ! + 4 | | ( 161 ) PHYSIQUE. On a New nycroMETER, etc. Sur un nouvel hygromètre, qui. mesure la force et le poids de læ vapeur aqueuse ° dans l'atmosphère, et le degré correspondant d’éva- _poration, par T. F. Daviezz, Esq.', de la Société : Royale de Londres. 1820. (Avec fig.) ( Extrait. ) D: en 1812 l'auteur ayant remarqué la rosée qui ternit certains corps lors qu'on les exposé à une tem- pérature plus élevée que la leur, entreprit une recher- che sur les rapports qui pouvoient exister entre le degré d'humidité de l'air et les différences de température qui occasionnent ces dépôts. Après s'être uccupé de ce tra- vail avec quelque suite, il apprit que l'excellent physi- cien Mr, Dalton en avoit publié un fort analogue, dans le cinquième vol, des Mémoires de la Société de Man- chester , sous le titre.: « d'Essai sur la force de la va: peur de l’eau et d’autres liquides à différentes tempé- ratures. » Cette découverte le confirma dans l'opinion que la science retireroit de l'avantage de la publication d'un procédé qui établiroit d'une manière prompte et précise la température à laquelle la vapeur aqueuse de l'atmosphère se précipite en rosée sur un solide refroidi. _Ce sujet s'offrit de nouveau à son esprit lorsqu'il eut connoissance de l'ingénieux appareil auquel le Dr. Wol- laston (son inventeur) a donné le nom de cryophoré (1) Li (x) Le cryophore est un tube de verre recourbé en syphon Sc. et arts. Nouv. serie. Vol,13. N°. 3. Mears1830, L 562 PRYSsIQUE. et cet instrument le mit sur la voie de celui qu'il publie aujourd'hui et dont il a fait un hygromètre. On voit, PI, II, fig. x ,; l'instrumént, de grandeur naturelle. a et & sont deux boules de verre mince, d'un pouce et quart de diamètre, jointes par un tube du calibre d’environ + de pouce. Ce tube est courbé à angle droit au-dessus de chaque boule, et le bras bc renferme un petit thermomètre d e dont le réservoir , de forme ovoide allongée descend dans la boule 8. Après avoir rempli cette boule à-peu-près aux deux tiers d'éther, on la chauffe sur une lampe jusqu'à-ce que l'éther soit en ébullition et sorte en vapeur par l'orifice capillaire ménagé en f au bas de la boule 4. Lorsque la vapeur a expulsé l'air de tout l’intérieur de l'appareil, on ferme hermétiquement l'extrémité f à la flamme d'une lampe. Ce procédé est fort connu des per- sonnes qui ont l'habitude de souffler le verre. On re- connoît qu'on a réussi, lorsque le tube-étant refroidi, on renverse l'appareil, et on prend en main une des boules; la chaleur de la main chasse bientôt tout l'éther dans l'autre et l'y met en forte ébullition. On garnit alors l'autre boule d'une enveloppe de mousseline. Le pied, ou support, g k est de laiton, et la gou- tière z recoit le tube horizontal , qu’elle presse en façon de ressort, tout en le laissant mobile et amovible. On voit un petit thermomètre # / logé contre le pied de l'appareil; la base est en laiton. Voici la manière de se servir de l'instrument : après ————————_——————— dont la courte branche porte une boule, à moitié pleine d'eau. Le tout a été vidé d’air par l’ébullition et scellé bermé- tiquement. Lorsqu'on expose la longue branche à un mélange frigorifique, ou à un froid produit par l'évaporation dans le vide, l’eau se gèle dans la boule, à distance. Nous l'avons que se geler ainsi à vingt-six pouces de distance du mélange frigorifique, dans un-salon dontla température étoit à + 15.(R) HYGROMÈTRE NOUVEAU. 163 avoir chassé tout l'éther dans la boule 4 par la chaleur de la main, on met l'appareil sur une fenêtre ou en plein air, de manière que la boule Z soit à la hauteur de l'œil. On verse alors quelques gouttes d’éther sur la boule garnie de mousseline. L'évaporation qui s'en suit, produisant du froid sur la boule à occasionne une con- densation rapide et continnelle de la vapeur éthérée dans l'intérieur de l'instrument; l'évaporation qui en est la conséquence dans l'éther renfermé, produit aussi dans la boule # un froid, dont le degré est mesuré par le thermomètre 4 c. Cet effet est presque instantané; le thermomètre commence à descendre deux secondes après Taffusion de l'éther. Ou produit facilement un refroi- dissement de 30 degrés F. (132R.) et l'auteur a vu l'éther bouillir, et le thermomètre descendre au-dessous du zéro de Fahrenheit, — 142(R.) Le froid artificiel ‘ainsi produit condense la vapeur aqueuse de l'atmos- phère sur la boule Z, sous l’apparence d’un anneau de rosée autour de la surface de l'éther. Il faut noter avec soin le de- gré du thermomètre auquel cette précipitation commence; on vient, avec un peu de pratique à saisir exactement le premier instant du dépôt; on découvre mieux l'état de la boule si elle se projette sur un objet de teinte obscure, que lorsqu'il n'y a rien derrière elle. La dépression de la température se manifeste d'abord à la surface du liquide, siège principal de l'évaporation ; et on décou- vre três-bien les courans qui tendent à ramener l'équi- libre. Le réservoir du thermomètre 4 e n’est pas tout- à-fait plongé dans le liquide, afin que la ligne du plus grand froid le traverse à peu près par son milieu, La plus grande différence que l'auteur aît observée dans des épreuves journalières répétées pendant quatre mois, entre le thermomètre extérieur À z et l'intérieur e Z au moment de la précipitation, dans l’état naturel de l'atmosphère , a été de 20 degrés F, (8R.) Lorsque le temps est fort à l'humide ‘il faut verser lentement L. à 164 PHxsiQUuE. l'éther sur la boule ; sinon , la descente du thermomètre est si rapide, qu'on ne peut observer le degré avec cer- titude. Au contraire, en temps sec, il faut bien mouiller la boule, et y revenir, à plus d’une fois pour produire le degré de froid requis. Il est presque superflu de re- marquer, quil faut prendre garde que l'haleine de l'observateur n'arrive au verre. Avec ces précautions , l'observation est simple, facile, et certaine, Quand on se sert de l'appareil en guise de baro- Le) mètre indiquant la probabilité plus ou moins grande qu’il p'euvra, tout ce qu il importe de savoir, est la différence qui existe entre la température constituante de la vapeur {1) et celle de l'air ; la probabilité de pluie ou de quelque précipitation aqueuse de l'air, est en raison inverse de cette différence. L'auteur cite à l'appui de son principe le journal qu'il a tenu de ses observations depuis qu'il est en possession de l'instru- ment; voici quelques faits qu'il y a puisés. On y voit, par exemple, que le 29 août le baro- mètre descendit tout le jour , ainsi que la veille. Ce- pendant l’hygromètre montroit la grande élasticité de la vapeur et son peu de disposition à se précipiter en rosée. La différence des températures varioit de 13 à 17 degrés (F.) et il n'y eut pas de pluie. Le lendemain le baromètre continua à descendre dans la matinée, qui fut encore belle; la différence avoit diminué jusqu'à 10° et dans l'après midi elle fut réduite à 2°. Il s'ensuivit de fortes averses, qui cependant ne FE SR pas. Le 5 de septembre le baromètre étant en hausse pendant tout le jour , l'hygromètre annonça la pluie, qui tomba en abondance dans la soirée. Le 29 et le.30o du même (x) L'expression de température constituante de la vapeur, gont se sert l’auteur , nous semble peu claire et prèter à l'é- quivoque; car Cest plutôt la température destructive de la vapeur, celle qui la cordense en liquide , qu'on observe dans le cas cité. (R) HYGROMÈTRE NOUVEAU. 165 mois, le baromètre et l’hygromètre parlèrent un lan- gage opposé , et celui de l'hygromètre fut conforme à l'événement. Le 30 et 31 octobre, pendant que le baro- mètre ne cessoit pas de monter, l'hygromètre atteignit le terme d'humidité extrême, et il tomba beaucoup de pluie dans cet inter*alle. Dans un temps pluvieux les indications de l'instru- ment varient rapidement de trois ou quatre degrés; et lorsqu'on l'observe à intervalles rapprochés on peut aisé- ment prédire l'approche d'une tempête. « J'eus ( dit l'au- teur) le 30 août dernier, l’occasion de faire un grand nombre d'expériences dans le cours de la journée dans laquelle il tomba plusieurs averses, La matinée fut belle, et la première observation donna le terme de précipi- tation de la vapeur 10° au-dessous de Ja température de l'air ; une demi heure après, la différence étoit ré- duite à 6°. Au bout d'une autre demi heure elle re- vint à 10°. Durant cette période un nuage fort épais passa au zénith, et il tomba une assez forte averse à mille pas de distance. Dans les observations suivantes on ne trouva que 2° de différence. On voit quelquefois en été de légères pluies qui n'agissent pas sur l'hygromètre mais elles durent peu , et tombent probablement de très- haut ; elles sont plutôt des signes de beau temps qu’elles n’annoncent le contraire, » Dans le brouillard, l'hygromètre indique l'humidité extrême; et quant à l'influence du vent, on. trouve dans le Journal des observations beaucoup de cas dans lesquels un changement de vent a affecté Fhygromètre avant que d'avoir fait mouvoir la girouette , ou incliné la colonne de fumée ; l'auteur en cite plusieurs exemples, et il annonce qu'il traitera plus particulièrement de ce phénomène dans un Mémoire dont il s'occupe. « Toutefois (dit-il) persuadé comme je le suis, que l'hygromètre que je viens de décrire l'emporte sur tous les autres en sensibilité &t par précision avec laquelle 166 | Paysrour. il indique les degrés comparatifs d'humidité et de sé- cheresse de l'air, et qu'en les montrant en degrés du thermomètre il parle un langage entendu de tout le monde , ce n'est pas seulement sur ces avantages que je fonde ses titres à la supériorité; si: mérite principal est d'indiquer avec facilité et exactitude le pouls absolu de la vapeur aqueuse répandue tlans une portion donnée de l'espace, et la force et l'élasticité de cette vapeur telle qu'elle est mesurée par la hauteur de la colonne de mercure qu'elle est capable de soulever.» (x) L'auteur donne une table dans laquelle sont indiqués de degrés en degrés de l'échelle de Fahreuheit, depuis son zéro (— 145 R.) jusqu'à g2° (262R.) 1.° La force élastique de la vapeur exprimée en millièmes de pouce de mercure, 2.° Le poids d'un pied cube de cette va- peur. 3° Son degré d'expansion , l'unité de volume à la température de zéro de Fahrenheit étant représentée par 1000. Nous extrairons de cette table seulement les quantités correspondantes à l’échelle en 80 parties, de (x)Ilest à présumer que l'auteur ne faisant mention nulle part dans son Mémoire de lhygromètre à cheveu de feu De Saussure , n’en avoit aucune connoissance; fait assez étrange, vu la réputation qu'a acquise et que mérite à fort juste titre, cet instrument pour toutes les’ recherches délicates. Il est pour le moins aussi sensible que celui de l'auteur; et pour la com- modité du transport, et de l'usage, soit à Flair libre , soit en vases clos, l’hygromètre à cheveu l'emporte de beaucoup. Il faut toujours faire une expérience avec celui de l’auteur lors- qu'on veut connoître l’état hygrométrique de l'air; il faut une provision d’éther, etc. Avec celui de De Sanssure, au contraire, il suffit de le regarder , en observant aussi le thermomètre , dont les indications doivent toujours marcher parallèlement à celles de l’hygromètre, ainsi que l'a prescrit soigneusement l'auteur dans son Æssai sur l’hygrométrie, Vun des fruits les plus remarquables de sa sagacité et de son génie. (R) ; > HYGROMETRE NOUVEAU. 207 5 en 5° depuis le zéro, ou la glace fondante, jusqu'au 25°, comme suit: | Tempér. | Force élastiq. | Poids du pied (R.) Pouc. de merc. cube. oi Grains. 0 0,200 2,317 1,066 b 0,297 3,357 1,090 10 0,436 4,840 1,115 15 0,629 6,829 1,137 20 0,910 9,688 1,160 25 1,292 13,465 1,184 L'auteur donne avee détail les élémens de cette table principalement fondée sur les expériences de Dalton. Nous allons transcrire l'exemple qu'il donne, de la manière de s'en servir. « Soit, dit-il, la température de l'air — 70 F., et le terme de condensation de la vapeur indiqué par lhy- gromètre — 55°. On trouve dans la table, vis-à-vis de ce nombre, 0,443; c'est la force élastique de la vapeur exprimée en millièmes de pouce de mercure. Pour trou- ver son poids, on procède comme suit. Supposons qu'un pied cube en contint le plus possible (à saturation) le poids se trouveroit indiqué sur la même ligne horizontale dans le tableau; on y verroit 4,910 grains; mais, som volume est augmenté par la température de l'air; il faut donc chercher dans la quatrième colonne le degré d'expansion à 55° — 1,114; et celui à 70° — 1,145 et dire st » Comme 1,145 (vol. à 70°) est à r,114 (vol. à 55°) ainsi, 4,910 grains sont à 4.777 grains. C'est le poids eherché, » » Non-seulement, dit l'auteur, l'hygromètre. peut me- surer la quantité et la force de la vapeur qui existe: dans l’air, mas il peut aussi indiquer la force er læ quantité de l'évaporation. Mr. Dalton a prouvé que LE quantité d'évaporation aqneuse qui a lieu dans un temps 168 Fr PHESrCUEx donné est en proportion exacte avec la force de la va- peur, à la mème température. L'air exerce sur ce pro- cédé de l’évaporation deux influences comme mécaniques. Par son inertie, ou plutôt peut-être par une sorte de viscosité, il s'oppose à une marche rapide de la vapeur dans son tissu; mais, s'il est en mouvement il augmente J'évaporation en emportant la vapeur à mesure qu’elle se forme. Mr. Dalton a déterminé les extrêmes qui peu- vent avoir lieu dans les circonstances ordinaires, entre 120 et 189 grains par minute hors d'un vase de six pou- ces de diamètre à la température de l’eau bouillante ; et il a donné une table que notre auteur transcrit et qui indique pour chaque degré de Fahrenheit entre 20 et 85, la force élastique de la vapeur, et la force évaporante totale, exprimée en grains d'eau qui s’éléve- roient par minute, d'un vase circulaire de six pouces de diamètre, en supposant l'air parfaitement sec. L'au- teur montre comment on peut employer cette table à l'usage de son hygromètre, pour trouver la force éva- porante qui a lieu à l'air dans un moment donné. Il explique ensuite un tableau qui accompagne son Mémoire, en forme de Journal, de ses observations mé- téorologiques. On y voit, dans les trois premières colon- nes, le jour et l'heure de l'observation , et l'âge de la lüne; la quatrième indique la pression de l'atmosphère ou la hauteur du baromètre ; la cinquième, les oscilla- tions totales de l'instrument en montée et descente. La sixièmé colonne montre la pression de l'atmosphère aqueuse seule; et en comparant cette colonne à la pré- cédente , on peut remarquer pour combien peu cette dernière contribue aux grandes variations, de- l'atmos- phère composée. Dans la septième colonne, on voit la tem- pérature de l'air pendant l'observation; et dans la huitième celle de la vapeur au terme où elle se condense sur la boule de l'instrument ; la nenvième est la différence des nombres des deux précédentes. La probabilité des — I TS NE HYxGROMÈTRE NOUVEAU. 169 précipitations aqueuses est en proportion inverse de ces nombres, La dixième colonne donne le poids de Ja vapeur actuellement existante dans un pied. cube d'air; la onzième , le maximum de vapeur possible, dans le cas où la températuré de l'air descendroit jus- qu'à celle de la vapeur; on voit dans la douzième Île maximum qui pourroit avoir lieu si la saturation s'o- péroit à la température de l'air. Ces trois conditions | coincident lorsque la précipitation à réellement lieu, La treizième et quatorzième colonne renferment des maxima et mninima dé température indiqués par un thermomètre qui les marque. La quinzième indique la plus basse température qui a passé la nuit sur la terre , sa boule couverte de laine de couleur fumée. L'auteur a pour but dans cette disposition ( d’après les principes et les expériences de feu Mr. Wells ) de déterminer la tempé- rature la plus basse à laquelle arrivent le matin les subs- tances qui garnissant la surface du sol laissent riyonner la chaleur plus facilement que d'autres. Il à trouvé que la vapeur du matin est d'environ un degré F. plus froide que celle de la nuit. La seizième colonne est le registre de la pluie tombée. La dix-septième présente la dartlé de l’hygromètre de De Luc; l’auteur le considère comme le meilleur des instrumens de cette espèce ; « toutefois ( dit-il) on verra | combien ses indications sont vagues et peu concluantes.» Nous ne summes pas très - éloignés dé cette opinion, sur-tout si l’on compare cet appareil à l'hygromètre à cheveu de De Saussure, que nous n'hésitons pas à pré- férer à celui de l'auteur lui-même ; opinion qu'il par- tageroil peut-être si l'instrument lui étoit connu. On voit, dans la dix-huitième colonne, la force de x l'évaporation, exprimée par le nombre de grains d'eau “qui s'éléveroient en une minute, d'un vase de six pouces de diamètre. La vingtième colonne montre la direction du vent, et la vingt-unième sa force. L'auteur a trouvé 170 PHysirQque, que les vents de NO, N, NE, E, contiennent { par une moyenne ) environ un grain et demi de moins de va- peur, par pied cube que les vents de SE, S, SO, et Q. On a essayé dans. la vingt-unième colonne d'indiquer les modifications des nuages, d'après la nomenclature de Mr. Howard. La vingt-deuxième colonne est destinée aux observations générales. Ce tableau , l’un des plus étendus sans doute qui existent dans ce genre, est pré- senté dans l'ouvrage depuis le 29 août au 2r novembre, à trois observations par jour, qui ont eu lieu en gé- néral à neuf heures du matin, à quatre heures après midi et à dix heures du soir; époques dont le choix ne nous semble assujetti à aucune considération par- ticulière. À ce tableau est jointe une représentation graphique des marches du baromètre, de l'hygromètre , et des tem- pératures de l’air et de la vapeur, observées le matin et le soir pendant le trimestre de septembre, octobre et novembre , que renferme le Journal. On y voit que la variation de la vapeur correspondante à un degré du thermomètre est beaucoup plus grande dans la partie supérieure de son échelle que dans la plus basse. On voit encore les deux courbes correspondantes , l'une à la température de l'atmosphère, l'autre à celle du terme de condensation de la vapeur; on peut remarquer que, par le beau temps, les deux courbes sont fort séparées l'une de l'autre; mais que lorsque la précipitation aqueuse a lieu , elles sont réunies. L'auteur a ‘essayé d'appliquer son hygromètre à ce qu'il appelle des atmosphères artificielles , c'est-à-dire , à de l'air renfermé dans un récipient. La fig. 2 repré- sente l'appareil. Le récipient est percé d'un trou assez grand pour laisser passer la moitié de l'instrument, qui doit se trouver en dedans, celle qui porte le thermo- mètre dans l'éther , et la boule sur laquelle se fait la condensation ; la boule frigorifique garnie de mousse- HYGROMÈTRE NOUVEAU. 151 line est en dehors. On peut mesurer ainsi les propriétés hygrométriques d’une substance donnée en la placant sous le récipient, et en éprouvant l'absorption de la vapeur, L'auteur a fait par ce procédé une suite d'ex- périences assez curieuses ef qui contribuent à éclaircir la théorie de son instrument. Celles qu'il a faites dans la galerie supérieure du dôme de l'église de St. Paul à Londres, comparées à celles faites au bas dans les mêmes circonstances , lui ont montré la température moyenne de la conche supérieure , plus chaude de 2°,9 F. que celle de la couche inférieure. Il croit qu'une suite d'observations régulières entreprise à ces deux sta- tions pourroit procurer des résultats curieux et instructifs. Comme dernière application, et peut-être la plus im- portante, de ses recherches hygrométriques, l'auteur in- dique les corrections qu'elles pourroient introduire dans la mesure des hauteurs par le baromètre. Jusqu'à présent, on na tenu compte, en déduisant la Zongueur de la colonue aërienne mesurée , d'après son poids , que de l'influence de la température sur sa densité ; mais la vapeur aqueuse dont l'air est plus ou moins imprégné, étant d'une densité différente de celle de ce fluide , et étant sujette à des variations brusques et considérables, il doit en résulter une influence que l'hygromètre aideroit à apprécier lorsqu'elle auroit été bien étudiée : l'auteur remarque que c'est sur-tout dans les basses latitudes et les climats chauds, que cette influence doit exister, parce que la quantité absolue de la vapeur répandue dans l'air y est bien plus considérable, On peut ne pas adopter toutes les théories de l'au- teur ; ni partager sa prédilection pour l'appareil qui fait l'objet principal de son Mémoire ; mais on ne peut disconvenir que cet appareil, tel qu'il est construit par Mr. Newman (1), fonctionne admirablement , et peut (x) Liste Strect, Soho ; à londres. Nous ne saurions trop recommander cet artiste habile et intelligent. (R) 172 MéTrÉoRoLoGir. fournir, au physicien qui le possède, le désir et les moyens de l'employer, tant à la démonstration des prin- cipaux phénomènes de l'évaporation, qu'à l'étude plus ap- profondie, des singulières et importantes modifications de la vapeur aqueuse , considérée dans l'air et dans le vide. MÉTÉOROLOGIE. SUITE DES EXTRAITS DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES faites à Joyeuse , par Mr. Tarpy DE La Brossy , aunée 1819. | RAP 2 PAL ADI EN DOS PTE ELA Tasreau du nombre des jours pluvieux , de la’ quan- tité d'eau et du nombre des jours de gelée à glace, dans le cours de l’année. Nombre des QUANTITÉ D'EAU. Nombre Mous. | jours de | ——.| des jours pluie ou | Mesures. | Mesures | e gelée à neige. | anciennes. nouvelles. glace. pouc. lig. | décimètres. Janvier 14 GAP VEN NES 60 12 Février 7 2, "0,21 10 Mars A 17,0; ANSE I Avril 12 9#6:5u le ES Mai II Fe RON FN NOR EROE Juin 6 20 RITES - Juillet 8 2,40, : A Aoùt 4 D 0 NN. NU Septembre 6 eV Er IL AE Octobre 9 MON AUS NES Novembre IL GRAN LUE 9 Décembre 8 D ADbER (he "STE 6 Toraux.| 100 RO PAR CA 38 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 173 ExrRèmes pu BAROMÈTRE ET Du THERMOMÈTRE. Baromitre. Plus haut le 10 Janvier. . . .28. 1. 7 Plus bas le 2 Mars . . . . . . 26, 10. 10 Différence . . , . . 1. 2. 29 Thermometre. Plus haut le 8 Juillet . . . . . 27°,5. Plus bas le 15 Décembre . . — 3 a ——— Différence . . . . . 30,5 Avant Ç Dernières gelées à glace, les 28 Févr. et 7 Mars. TEté. À Dernières gelées blanches , les 7 Mars et 29 Avril. : En Au- ç Première gelée blanche, le 27 Octobre. * tomne. À Première gelée à glace , le 16 Novembre. Première neige sur le Tatargue, le 17 Octobre, Les 28 Janvier , 22 et 24 Novembre, 5 et 29 Décemb. la terre a été blanchie par de la neige qui, chaque fois, a été fondue dans le courant de la journée , ou le lendemain au plus tard. RS A RAS J'ai fait connoïître en 1817 (1) les résultats de mes observations sur la quantité d'eau de pluie ou neige : tombée à Joyeuse dans le cours des douze années pré- 4 .cédentes , dont la moyenne annuelle s'élevoit à près de “ quarante-huit pouces. Cette moyenne , pour les quinze années que je compte à présent , est diminuée. d'en- viron six lignes, mais surpasse encore de beaucoup —————————_—_—_—_—— (x) Bibl. Univ. Tome IV, p. 183 et suiv. 174 MÉTÉOROLOGISz. tout ce qu'on a observé jusqu'ici en France. Je crois avoir expliqué cet excès d'une manière plausible (t}s en lui assignant pour cause des circonstances topogra- phiques locales. Le maximum d'eau de pluie appartenoit, et appar- tient encore à l'année 1811. Il en étoit tombé cette année là, près de soixante-quatre pouces. Le minimum est maintenant dévolu à l'année 1817, qui n'en a donné que trente-cinq ; et la différence entre le produit de ces deux années est de vingt-quatre pouces. L'année présente est, à cet égard , à- peu-près sur la même ligne que l’année 1810, et n’a été surpassée que par l'année 1811. Mais les eaux ayant été moins inéga- lement réparties dans le nombre des jours de pluie, nous n'avons pas eu d'inondations. La température , aux diverses époques de l'année, n'a pas été moins élevée qu'en 1818; il ny a même pas eu de jours aussi froids , et le nombre des jours de gélée à glace a été moindre : en janvier, mois le plus froïd de cette année, la moyenne à midi du thermomètre octogésimal , au nord et à l'ombre , a été de près de 7 degrés, quoiqu'il y aît eu dans ce mois douze jours de gelée à glace. Déjà le 16 mars, ce même thermo- mètre marquoit 16 degrés , et dans les quatre premiers jours d'avril , il s'éleva successivement de 18 à 21 degrés. Enfin , la moyenne à midi pendant les mois de juillet et d'août, s’est trouvée être de près de 22 degrés. Cette année, s'est encore confirmée la remarque que j'avois déjà faite, qu'à très-peu de jours près , les plus grandes déviations dn baromètre de sa hauteur moyenne, ont lieu en hiver: dans le cours de mes observations, je n'ai rencontré que deux exceptions considérables à cette remarque, l’une et l'autre relatives au minimum, qui a eu lieu en 1811, le 27 octobre ; et en 1813, le 2x juillet. Be nina: ile. pue ce RES (x) Zbid. CE AS fée ne te E OgBsERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 199 P.S. Du 10 fevrier 1820, Une particularité très-remarquable , que j'ai signalée en 1817(1), c'est que la neige que nous avons en vue tout l'hiver sur les hautes montagnes qui nous avoisi- nent de très-près, ne s'étend que rarement jusqu'à nous, et très-rarement d’une manière permanente. J'ajoutois , « ailleurs on s'attend à voir un jour de neige succéder à des jours très-froids. Ici c’est presque toujours de la pluie. » J'aurois pu citer, entr'autres preuves de cette assertion , le mois de janvier de l'année 1811, pendant lequel je notai quatorze jours de pluie sans la moindre portion de neige , entremèlés de dix-huit jours de gelée à glace, dont un de 8 degrés sous zéro ; et plusieurs fois , succession de gelée et de pluie dans le même jour. Le mois dernier vient de nous offrir un exemple non moins frappant de cette particularité de notre pays: il paroïît que l'intensité du froid qui s'est fait sentir par- tout en Europe à la même époque, a été proportion- nellement plus grande dans le midi de la France , que dans les parties plus septentrionales : les 11 et 12 de. ce mois , le thermomètre , à Joyeuse , est descendu à 12 degrés sous zéro. Les deux jours qui avoient pré- cédé , et les deux qui suivirent, le froid ne fut moin- dre que de deux degrés. Mais dans la nuit du 14 au 15, il diminua rapidement ; au point d® jour le thermomètre ne marquoit plus que 4 degrés sous zéro. En ce mo- ment, le temps se mit à la neige. Mais à peine la terre en étoit-elle recouverte d'un pouce, qu'il surviat une pluie si abondante, qu'avant la fin du jour, jeus vingt- une lignes d'eau à mesurer. La neige avoit disparu, mais le froid se ranima assez pendant la nuit suivante, pour convertir en une sorte de verglas l'eau qui venoit d'ar- roser la terre. 2 (1) Zbid. (Eee à CHIMIE. Essar SUR LA THÉORIE DES PROPORTIONS CHIMIQUES, ET sur l'influence chimique de l'électricité. Par BerzÉLIUS. Paris 1819. ( Extrait par le Prof. De La Rive.) (Second extrait. Voy. p. 174 du vol. préc. ) SALSA RLAR AL AAS Coup-d'œil sur la théorie des proportions chimiques et de leurs causes. Arrès s'être convaincu que les élémens, sur-tout dans la nature inorganique, se combinent dans des pro portions simples et déterminées , entre lesquelles il n'y a point -de degrés intermédiaires, il faut tâcher de se faire une idée de la cause de ce phénomène remarquable. Celle qui se présente à notre esprit comme la plus vraisemblable et la plus conforme à l'expérience géné- rale 1 c'est que Îles corps sont composés de particules qui; pour être toujours d'une même grandeur et d'un même poids, doivent être mécaniquement indivisibles, et qui s'unissent de {elle manière qu’une particule d'un élément se combine avec une, deux, trois, etc. particules d'un autre. Cette idée si simple et si aisée à concevoir, ex- plique tous les phénomènes des proportions chimiques, ceux plus particulièrement qu'on appelle les proportions multiples. Nous pouvons en effet considérer comme pro- bable que la division mécanique de la matière à une cer- taine limite qu'elle ne dépasse point, comme il en existe une pour la division chimique. Les corps étant formés d'élémens indécomposables , doivent l'être de particules dont la grandeur ne se laisse plus ultérieurement diviser, et FT TE , Essar sur LA THÉORIE DES PROPORTIONS CHIMIQUES. 177 et qu'on peut appeler particules, atômes , molécules, équi- valens chimiques , etc. Notre auteur suppose donc que lorsqu'un corps a été divisé jusqu'à un certain point, on obtient des particules dont la continuité ne peut être détruite par aucune force mécanique. Ges particules il les appelle atômes. Il est impossible de rien déterminer sur leur grandeur ni sur leur forme. Il se peut que les ‘atômes des divers corps élémentaires diffèrent de grandeur ; il se peut aussi qu'ils soient égaux. La pran- deur des atômes composés doit être au contraire très- différente , en raison du nombre d'atômes élémentaires dont ils sont composés, puisqu'il est évident que l'atôme composé de À + 2 B, doit occuper un plus grand espace que celui de A + B. L'idée d'atômes repousse celle d'une pénétration mu: tuelle des corps. Dans la manière de nous représenter les atômes , que nous appellerons la théorie corpuscu« laire, l'union consiste dans la juxta-position des atômes, laquelle dépend d'une force, qui entre des atèmes Aé- terogenes produit la combinaison chimique, et entre des atômes homogènes, la cohésion mécanique. Lorsque des atômes de deux corps élémentaires dif: férens sont combinés, il en résulte un atôme composé, et l'on suppose que la force qui produit la combinaison, surpasse infiniment l'effet de toutes les circonstances qui peuvent tendre à séparer mécaniquement des atômes unis. Cet atôme doit être considéré comme aussi méca: hiquement indivisible que l’atôme élémentaire, Ces atômes composés se combinent avec d'autres atôgnes eomposés, d'où il résulte des atômes plus composés en: core. Il est essentiel de distinguer ces divers atômes. On les divise en atômes du premier, du second, du troisième, et du quatrième ordre. Ceux du premier ordre sont simples et élémentaires, Sc. et Arts. Nouv. série. Yol, 13.0. 3, Mars 1820. M \ 178 | CHrnuiez. PE lis sont de deux espèces (1) organiques ou inorganiqués, ceux-ci ne contiennent jamais que deux élémers ; les autres en contiennent toujours trois au moins. Les atô- mes composés du second ordre naissent des atômes com-. posés du premier ordre , les atômes du troisième de ceux du second, etc. Par exemple , l'acide sulfurique, la potasse , l'alumine et l'eau , sont tous des atômes com- posés du premier ordre, puisqu'ils ne contiennent que le radical et l'oxigène. Le sulfate de potasse ct le sul- fate d'alumine,sont des atômes composés du second ordre ; l'aluo sec, qui est une combinaison de ces deux derniers sels, offre un exemple d’un atôme du troisième ordre ; et enfin l'alun cristallisé, contenant plusieurs atômes d’eau combinés avec un atôme de sulfate double de potasse et d'alumine, peut être cité comme un exemple d’atômes composés du quatrième ordre. Qnant aux atômes composés organiques , on ignore en combien d'ordres différens ils peuvent se combiner, soit entr'eux , soit avec les atômes composés inorganiques. Des proportions chimiques dans la nature inorganique. En supposant qu’on adopte l'hypothèse que les corps sont composés d'atômes indivisibles, pour expliquer les phénomènes que nous présentent les proportions chimi- ques, ii faut supposer l'existence de certaines lois qui règlent les combinaisons des atômes, qui leur assignent de certaines limites , et c’est principalement de ces lois que doivent dépendre les proportions chimiques. Notre auteur en comparant les résultats d'expériences £utes sur ce sujet, crut au premier abord découvrir deux principales lois, l'une réglant les combinaisons des atômes (1x) Ce sont ceux qui ne se trouvent que dans les corps organisés, où dans les substances que l'on obtient par la des- truction de ces corps. | L does L Essar SUR LA THÉORIE DES PROPORFIONS CHIMIQUES. 179 élémentaires , et l'autre celles des atômes composés. La première de ces lois lui parut être, que dans la conr- binaison des atômes de deux élémens, un seul atôme de l'un se combine avec un ou plusieurs atômes de l'autre pour produire un atôme composé du premier ordre. Une plus grande expérience lki indiqua ensuite, que les alômes élémentaires de la nature inorganique, peuvent se combiner dans d'autres rapports, bien que cela n'aît lieu que rarement, Parcourons maintenant les modes probables de com- binaison des atômes élémentaires, en prenant toujours l'expérience pour guide, 1.° Un atôme d'un élément se combine avec 1 »2, 3, etc. atônies d'un autre élément. C'est ce qui arrive le plus généralement, en sorte que dans la plupart des atômes com- posés , l’un des élémens n’y entre que pour un seul atôme. 2.0 Deux atômes d'un élément se combinent avec trois ütômes d'un attre élément. Cette combinaison peut avoir lieu dans tous les cis où, par exemple , la quantité d'oxigène absorbée par un radical, dans deux degrés voisins de loxidation , est dans le rapport de 1 à 1!; ainsi dans le fer le premier oxide est composé de 100 fer et 28,5 oxigène, et le péroxide 100 fer et 28,5 x 1: oxigène — 43. Si le premier oxide est compoÿé d'un atôme de radical combiné avec un atôme d'oxigène , le second doit contenir deux atômes de l'un sur trois atômes de l'autre; le rapport de 1 à r et demi étant le même que celui de 2 à 3, et la supposition d'un demi atôme étant impossible d'après nos définitions. On a essayé cependant de donner une autre explication à ce phénomène, en supposant que le fer et les subs- lances analogues ont un degré inférieur d'oxidation in- connu, composé d'un atôme de chaque élément, et qui seroit pour le fer, 100 fer et 14,3 oxigène; d'où il résulte que dans les degrés en question, un atôme ra- M » 180 à CHIMIE. dical doit être combiné avec 2 et 3 atômes d'oxigène (1). Cette conjecture acquiert un certain degré de probabi- lité par l’examen des combinaisons que forment avec d'autres corps les oxides à trois atômes d’oxigène comme, par exemple, le péroxide de fer, combinaison qui de- viendroit plus compliquée si le nombre des atômes du radical étoit double. Mais rien jusqu’à présent n'exclud la possibilité d’un atôme composé du premier ordre, dans lequel deux molécules d'un élément seroient com- binées avec trois d’un autre. Il n'y a aucune raison de présumer que deux atômes d'un élément puissent se combiner avec 4 , 5 , 6 ou un plus grand nombre d’atômes d’un autre élément, et aucune circonstance n'a indiqué jusqu'à présent de pareilles combinaisons. Dans celles que présente le règne minéral, formées par des affinités très - foibles qui ont agi avec lenteur et repos , l’on rencontre quel- quefois dans des atômes compesés du troisième et du quatrième ordre , trois atômes d'un. corps unis avec quatre atômes d'un autre, comme dans le. laumonite et l'amphigène. Voilà les seuls modes de combinaison qui nous soyent encore connus. La combinaison des atômes composés suit une autre loi qui les restreint dans des bornes encore plus étroites. Notre auteur observa cette loi dans ses premières ex- périences sur les proportions chimiques, il la crut générale, mais ensuite il y découvrit une exception que nous ferons connoître plus bas. Il avoit d'abord remar- qué que dans la combinaison de deux corps oxidés, le rapport entreux est toujours tel, que l'oxigène de l'un est un multiple par 1, 2, 3,-etc. c’est-à-dire par un (x) roo fer. 14,3 oxigène. Premier oxide supposé. 100 — 2 X 14,3 ox. = 28,6. Second oxide. 100 — 3 X 14,3 0x. = 43 Troisième oxide. / Essat SUR LA THÉORIE DES PAOPORTIONS CIIMIQUES. 181 nombre entier de l’oxigène de l'autre (r); et si la com- binaison a lieu entre deux sulfures , le soufre jouant le rôle de l’oxigène , le soufre de l’un est également un multiple par un nombre entier du soufre de l'autre. Or, comme Mr. Berzélius, nomme électro-négatifs les corps qui lorsque ces différentes combinaisons sont dé- composées par l'appareil voltaique se rendent au pôle positif, ainsi que l’oxigène, les acides, et le soufre lui- même lorsqu'il est combiné avec un métal; il conclud en général que les combinaisons entre deux corps com- posés, auxquels l'élément électro-négatif est commun, se font toujours dans un rapport tel, que l'élément électro- négatif de l'un, est un multiple par un nombre entier de celui de l’autre, Cette loi n’est cependant pas tellement générale qu'elle ne souffre une exception assez singulière ; les acides de phosphore , d’arsenic et d’azote, qui ont cela de commun que le radical donne deux acides, dans les- quels les différentes quantités d'oxigène sont entre elles dans le rapport de 3 : 5 ; ces trois acides, dis-je, sont les seuls qui ne soyent pas soumis à cette loi. Voici la loi particulière que suivent ces trois acides dans leurs combinaisons avec les bases ; le nombre des atômes de l'oxigène dans la base ou l'oxide, est d'un ou plusieurs cinquièmes , rarement d’un ou plusieurs dixièmes, du nombre des atômes de l'oxigène dans les acides ter- minés en igue, et d’un ou deux tiers de ce nombre dans les acides terminés en eux. Et c'est une circons- tance assez remarquable, que si l'on suppose que le radical de ces acides contienne le cinquième de l'oxi- gène qu'il en faut pour produire l'acide en igue, la plu- (x) Ainsi dans les sulfates neutres la quantité de Foxigène de loxide est à la quantité de l’oxigène de l'acide :: z : 3 et dans les sulfites comme :: 1:32. »“ 182 | Cnimte. part de ces anomalies disparoissent (r). Cette supposition pourroit offrir quelque probabilité dans les acides qni ont l'azote ponr radical , mais elle est inadmissible pour les deux autres. Il paroît donc établi que, les atômes composes du pre- mier ordre, auquel l'élemént électro-négatif est commun, se combinent toujours dans des proportions telles , que le nombre des atômes de l'élément électro-négatif de l'un , est un multiple par un nombre entier de ce même nombre dans l'autre. Nous ne connoissons jusques ici aucune autre exception à cette règle que celle des acides de phosphore. d’arsenic et d'azote.# Les rapports dans lesquels se combinent les atômes composés du second et du troisième ordre ne sont pas encore bien connus. Nous venons de parcourir les lois découvértes jus- ques ici, suivant lesquelles les combinaisons des atômes tant simples que composés sont limitées dans la nature inorganique, et c'est dans la connoissance de ces lois que consiste la théorie des proportions chimiques, L'expérience nous apprendra par la suite s'il existe d'au tres modifications de ces lois que celles que nous ve- nons de rapporter. Nous ne suivrons pas notre auteur daus ce qu'il dit des proportions chimiques dans la nature organique, nos connoissances sont si peu avan- cées à cet égard, que nous préférons passer avec lui à un sujet plus intéressant et mieux connu. Combinaisons des gaz. Théorie des volumes. Il a été démontré par Mr. Gay - Lussae que dé même que les élémens se combinent dans des propor- tious fixes et multiples relativement à leur poids, ils se (x) Ainsi dans le phosfate de potasse neutre l'oxigène de la potasse est à celui de l'acide ::2:5 ,et dans le phosphite : : 2 : 3, Af Re on Et à Es$at SUR LA TÉORIE DES PROPORTIONS CHIMIQUES. 183 combinent aussi d'une manière analogue relativement à leur volume lorsqu'ils sont à l’état de gaz ; ensorte qu'un) “volume d'un élément se combine avec un volume égal au sien, ou avec 2, 3, 4 et plus de fois son volume d'un autre élément à l'état de gaz. Nous découvrons donc dans les combinaisons des substances gazeuses les mêmes lois de proportions fixes que nous venons de dé- duire de leurs proportions en poids. Mr. Berzélius a donné le nom de Thcorie des volumes à cette manière de se représenter les corps à l’état de gaz, pour la dis- tinguer de la Théorie corpusculaire où les corps sont représentés à l'état solide. Les degrés sont les mêmes dans les deux théories , ce qui dans l’une est nommé atôme, est dans l’autre appelé volume. On a élevé des doutes sur l'identité des atômes et des volumes; mais observons que l'on m'a pas la prétention d'exposer ce qui se passe réellement dans la nature , et que les deux théories ne sont que des manières de se représenter les élémens qui se combinent, afin de mieux comprendre les phénomènes, et qu'elles sont bonnes si elles donnent les plus simples explications. Or, ce n’est pas le mérite de celle qui représente Jl'atôme et le volume comme des: fractions l'un de l'autre. Ainsi Dalion et plusieurs autres chimistes, ont admis que l'eau est composée d'un atôme d'hydrogène et d'un atôme d'oxigène; mais elle contient deux volumes du premier gaz sur un volume du dernier, d’où l'on en a conclu, que dans l'hydrogène le volume n'a que la moitié du poids de l'atôme, tandis que dans l'oxigène le volume et l’atôme ont le mème poids, Ceci n'étant qu'une supposition gratuite il paroît plus simple et plus conforme à la vraisemblance, d'admettre le même rap- port de poids entre le volume et l’atôme dans l'hydro- gène et dans l'oxigène. En. considérant l'eau comme composée de deux atômes de radical et d'un atôme d'oxigène , la théorie corpusculaire et celle des volumes 184 FMRNANGNEEME s'identifient, et leur différence ne consiste que dans l'état d'agrégation où elles représentent les corps. La théorie des volumes paroît au premier abord plus facile à prouver par les faits; mais ils sont rares et en petit nombre. Nous ne connoissons que deux substances élémentaires dont nous puissions mesurer le volume à l'état de gaz, l'hydrogène et l'oxigène. La simplicité de l'azote est devenue problématique depuis la décou- verte de la métallisaätion de l'ammoniaque par l'appareil voltaïique. Le volume de quelques substances peut être mesuré d'une manière indirecte, comme par exemple, celui du carbone. Le gaz oxigène se combinant avec le car- bone double son volume pour former le gaz oxide de carbone, d'où nous concluons que le volume ajouté est celui du carbone. Les volumes de la plupart des gaz ne peuvent pas être mesurés par des moyens directs ÿ il faut les calculer d'une manière hypothétique , le vo- lume de l’oxigène nous servant de point de comparai- son et de mesure pour tous les autres corps. Les lois des combinaisons gazeifores doivent être nécessairement les mêmes que celles des combinaisons des substances solides ou liquides; dans les volumes composés du premier ordre, un volume d'un élément doit être combiné avec 1, 2 , 3, etc. volumes d’un autre élément, et non avec des fractions de volumes. Il y a cependant des exceptions à cette règle, dans les com- binaisons du gaz azote avec le gaz oxigène; l'on trouve des fractions de 12 et de 2+(1), lesquels contribuent aux anomalies que l’on découvre dans les combinaisons de ces acides avec les oxides. La théorie corpusculaire a sur celle des volumes l'avantage d'être plus étendue. (x) Aïnsi 100 azote et 150 oxigène forment l'acide nitreux, 100 azote et 250 oxigène l'acide nitrique; si Pon suppose que l'azote conlienne la moitié de son volume d'oxigène l’'anomalje disparoitra. = nes EssA1 SUR LA THÉORIE DES PROPORTIONS CHIMIQUES. 195 Une grande partie des combinaisons inorganiques et la plupart des substances organiques, ne peuvent pas passer à l’état de gaz; elles se décomposent au-dessous de la température nécessaire pour les gaseifier. C'est pourquoi la théorie des volumes se borne principalement aux corps inorganiques composés du premier ordre. Nous n’entrerons pas ici dans quelques spéculations de l'auteur sur la nature des gaz, sur le nombre des atômes qu'ils contiennent, et sur la manière dont on peut expliquer la condensation qu'ils éprouvent lorsqu'ils se combinent entr'eux en certaines proportions. Nous passerons avec lui à l'étude des forces d'où dépendent les combinaisons mutuelles des éléméens, et comme la combustion est celle qui a le plus excité l'attention des chimistes et qui a été la plus étudiée, nous allons exa- miner les différentes théories qui ont été avancées pour son explication, nous ferons voir combien elles sont insuffisantes, puis nous finirons par exposer la rheorie électro-chimique que Mr. Berzélius propose de subsistuer . à celles qui out été reçues jusqu'à présent. ° ( La suite au Cahier prochain. ) GÉOLOGIE. Exsrrrurrons céorogrQues, par Scipion Bre 1sLar, membre de l’Institut Impérial et Royal de Lombardie, de l'A- cadémie Royale des sciences de Turin , de l'Académie ” Italienne ; de la Société géologique de Londres , et de celles de minéralogie d'Iéna, des Scrutateurs de Ja nature de Berlin, de la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. de Genève, de la Wetteravie, etc. Traduit du ma- nuscrit italien en français par P.J. L. Campmas. Trois vol, 8.° avec un atlas de 56 pl. Milan, à l'imprimerie Impériale et Royale, 1818. | ( Second extrait. Voy. p. 207 du vol. IX. ) À mesure que, dans notre carrière littéraire et scien- tifique nous voyons les années se succéder (1), nous éprouvons de plus en plus le sentiment pénible d’une disproportion toujours croissante entre l'étendue du champ qui se déploie devant nous, et l'étroite enceinte typographique dans laquelle nous devons le resserrer. Il existe en fait une opposition comme radicale entre la prétention de donner des extraits plus ou moins éten- dus des ouvrages qui nous semblent dignes de l'attention publique, et celle de parler de tous ceux qui paroïssent avec ce caractère : plus d'une fois, et celui auquel nous revenons aujourd'hui en offre un exemple, ces ouvrages nous sembloient si bien répondre au titre didactique qu'ils portoient, que nous nous disposions à donner à (x) Nous sommes actuellement dans la vingt-cinquième, à dater de l’origine de ce Recueil. IxSTITUTIONS GÉOLOGIQUES. 187 une suite d'extraits le même but et la même forme, et d'en faire comme l'abrégé ou le tableau , de l’état de la science à l’époque où l'auteur l’avoit prise, ou ame- née ; mais, celte espérance a toujours été vaine ; et le sphinx , ce papillon qui à peine à touché à une fleur qu'il semble forcé de voler à une autre, est l'image assez fidèle de l'écrivain placé, comme nous le sonimes , au milieu des fruits nombreux et variés que produit la culture des sciences et des arts dans l'époque actuelle. En consacrant exclusivement aux volcans et aux for- mations basaltiques le troisième volume de son cuvrage et la presque totalité des planches qui l'accompagnent au nombre de cinquante-six , l'auteur a montré, où sa prédilection pour une classe de faits qu'il a plus par- ticulièrement étudiés, ou la persuasion que la théorie nuxte , ou igneo-aqueuse , étant la plus probable entre les opinions extrêmes , des Neptuniens, ou des Vulca- nistes purs , il trouveroit dans l'exposition" détaillée des phénomènes volcaniques et basaltiques , des bases d'a- nalogie qui contribueroient à rendre plus spécieux le système géologique sur la formation primordiale , vers lequel il paroît pencher. Ce soupçon de notre part se change presque en cer- titude lorsqu'on lit ce qui suit ($. 620 ).« La considé- ration des phénomènes volcaniques intéresse beauconp la géologie, puisque ce sont les opérations les plus grandes et les plus surprenantes qui puissent être sou- mises à nos sens, et dont il nous est pourtant facile de déduire les conséquences les plus plausibles. Si lex- périence et l'observation doivent guider nos raisonne- mens, nous ne saurions certainement considérer des effets plus caractéristiques que ceux offerts par les volcans. A la vérité il ne nous est pas donné de pénétrer dans leur intérieur , de voir les combinaisons et les décomposi- tions qui sy opèrent; mais nous pouvons du moins en étudier les produits et observer les phénomènes qui 188 GÉozocrz. accompagnent la formation de ces productions diverses. Ajoutons, que plusieurs substances seroient restées éter- nellement ensevelies dans le sein de la terre, si les vol- caus ne les avoient arrachées de leur site natif et ne nous les avoieht présentées, tantôt altérées et tantôt intactes. En observant la diverse composition des laves, nous pouvons former des conjectures très-vraisemblables sur la nature de quelques roches qui par leur position échappoient à nos recherches. » Indépendamment de la riche collection des produits ignés qui fait partie du cabinet de l'auteur, celle des ouvrages anciens ou modernes, qui ont avec ce sujet des rapports plus ou moins directs doit être très-complète dans sa bibliothéque ; car, il n'existe, à notre connois- sance , aucun écrit sur cette partie de la géolagie, dans lequel l'auteur aît fait preuve d'autant d’érudition ; et (nous devons le dire à sa louange, et par opposition avec le genre polémique de certains antagonistes ) d'autant d'impartialité et d'urbanité dans la critique des opinions sur les objets contestés, que nous en rencontrons dans le volume sous nos yeux. Le chapitre sur les éruptions dites houeuses des vol- cans peut être cité tout entier en preuve de ce que nous venons d'avancer. y «Je ne dissimule pas (dit l’auteur) que toutes les fois que j'ai eu l’occasion de parler de ces éruptions boueuses , je me suis montré incrédule , parce quê toutes les observations que j'ai faites sur le Vésuve, volcan que j'ai eu sous les yeux pendant plusieurs an- nées, me démontroient le contraire , et parce que je ne voyois pas que cette opinion fût appuyée sur aucune observation directe. Je ne niois point la possibilité du ‘phénomène; je doutois seulement qu'il eût eu lieu dans les éruptions du Vésuve, comme on l'a prétendu plu- sieurs fois. Pendant l'éruption de 1794, je passar deux jours sur la montagne, et deux nuits à l'hermitage du INSTITUTIONS GÉOLOGIQUES. 189 Salvatore , m'approchant du sommet du volcan autant que le permettoit une épouvantable grêle de pierres, ‘qui, à chaque instant sortoient de la bouche , et en retombant se répandoient sur la superficie du cône. Pln- sieurs nuages se réunissoient souvent autour de la mon- tagne et produisoient de copieuses quantités d'eau qui, se mêlant avec les cendres, formoient de gros torrens de boue qui dévastoieut les campagnes vers la base du volcan et portoient partout le ravage et l'effroi. Cependant, on disoit à Naples, et même l'on imprimoit dans quelques relations, que des fleuves de boue étoient sortis de la bouche du volcan.» L'auteur montre ensuite, par de nombreuses citations, que toutes les grandes éruptions sont accompagnées de pluies abondantes autour du volcan , provoquées sans ‘doute par la grande quantité de vapeurs aqueuses que la chaleur élève de l'intérieur , et d’eau qui probable- ment se forme par la combinaison de l'hydrogène, avec l'oxigène de l'air, C'est à une pluie énorme de ce genre, mêlée de cendres et d'eau, qu’il croit qu'on doit attri- buer la catastrophe qui ensevelit Herculanum et Pompeïi, Il donne, d’après Humboldt, de curieux détails sur Jes éruptions des Cordilières, qui à différentes époques ont vomi une quantité énorme de poissons d'eau douce, non défigurés, À cette occasion il examine l'opinion des naturalistes , qui attribuent aux communications souter- _ «raines des volcans avec la mer Îles principaux phénomènes ‘des éruptions; et il lui oppose des argumens auxquels il nous semble difficile de répondre ; entr'antres celui tiré de ce que l’eau, qui en si grande abondance ac- tompagne la plupart des éruptions, est toujours de l'eau douce. Il va sans dire que certaines éruptions boueuses, froides et gazeuses, observées en Crimée par Pallas, en Sicile par Dolomieu , et au Mexique par Humboldt, ap- partiennent à un nuit de phénomènes différent de ceux dont il est question. 190 GÉozocre. L'une des questions les plus importantes qui se pré- sentent relativement aux volcans, est de savoir quel est le principe inflammable qui les produit et les alimente? L'auteur passe en revue les principales hypothèses des géologues ; il repousse celle qui cherche le combustible dans des amas de houille; celle qui le trouve dans le sou- fre, ou en nature, ou combiné au fer, à l'état de pyrite; celle de Davy, qui attribue ‘les phénomènes ignés des volcans à la combinaison des métaux, bases des terres, avec l'oxigène ; enfin celle de Patrin, qui fait concourir dans ces phénomènes l'acide muriatique oxigéné , : la présence des sulfures , et l'action électrique. L'uniformité des effets engage l'auteur à admettre une identité dans la cause ; et il trouve cette cause dans la présence des bitumes fluides, ou du pétrole , qui est répandu avec abondance presque dans toutes les parties du globe dont il présente l’énumération , et dont on trouve des traces dans beaucoup d'endroits jadis travaillés par les volcans, et qu'il désigne nominativement ; comme aussi dans les contrées actuellement ignivomes, fait dont il cite un grand nombre d'exemples , attestés par les observateurs les plus justement renommés, les Humboldt, les De Buch, les Gay-Lussac , etc. « De cette série de faits, dit-il, qui s'accroîtra avec le temps , il me semble qu'on peut déduire que le pétrole est le principal agent de l'embrasement des volcans; c'est ce qu’avoit déjà pensé Bergman , ensorte que je n’ai fait que reproduire son idée, la développer, et l'appuyer de plusieurs preuves.» Le combustible étant trouvé, il faut chercher la cir- constance qui peut procurer la température éuitiale né- cessaire à la combustion; la présence des gaz hydrogène et oxigène et une étincelle électrique peuvent y suffire; quelque principe phosphorique dissous dans le gaz hy- drogène , peut encore faciliter la première inflammauon; enfin, le manganèse à l'état d'oxide peut produire, par son mélange avec Le pétrole, comme il le fait avec l'huile de InsTiITUTIONS GÉOLOGIQUES. Tg1 lin, une chaleur capable de provoquer la combustion. Après avoir énoncé avec détail ces causes présumées , l’auteur en renforce la probabilité en les appliquant aux phénomènes du Vésuve, qu'il a plus particulièrement observés ; et il se résume en disant.« Je ne vois ancun principe de physique qui répugne à cette hypothèse, que! j'ose dire fondée dans toutes ses parties sur les ob- servations locales, et qui, selon moi, satisfait aussi aux phénomènes. »...« On pent encore concilier avec cette hypothèse les opinions des physiéiens qui veulent abso- Jument ‘faire agir l'eau dans les éruptions volcaniques.» Il faut enfin trouver à entretenir cette combustion, par une source d’oxigène suffisante. Un savant natura- liste Anglais (Thomson ) avoit cru qu'une décomposi- tion ( supposée ) de l'acide carbonique des pierres cal- caires travaillées par les volcans , pourroit fournir cet oxigène, L'auteur n’a pas beaucoup de peine à réfuter cette idée; et il trouve que la supposition fort simple. et naturelle , que l'air atmosphérique, qui peut pénétrer dans l’intérieur du volcan par les cavités voisines de sa base, et qui est continuellement äspiré par la colonne chaude ascendante saffit à la combustion; d’ailleurs, plusieurs substances solides ou liquidés contenant l'oxigène , telles que l'eau, les acides, les oxides de fer, de manganèse, etc. peuvent le fournir par leur décomposition à de hautes températures. Des considérations sur les causes des phénomènes vol- caniques l'auteur passe à l'exposition détaillée de leurs conséquences, et de leurs produits, en commençant par les gazeux ou vaporeux, et passant ensuite aux solides. Les premiers sont très-variés ; on y obserye l'acide sulfureux, l'acide muriatique, l’acide carbonique, mais sur-tout l'eau , à l'état de vapeur. Beaucoup de matières salines , après avoir été vaporisées, se subliment au con- tact des solides de la surface ; on y trouve du sulfate dé potasse , le carbonate de soude, le muriate d'am- 192 Géozuoëcre#. moniaque , le soufre en nature ; quelques-unes de ces vapeurs ont la propriété de dissoudre la terre siliceuse à l'aide de la chaleur , et elles forment ainsi des con: crétions de même nature; elles attaquent plusieurs ma- tières métalliques, le fer sur-tout , et le font passer par tous les degrés d'oxidation ; sans parler de la découverte ( trop ‘récente peut-être pour avoir trouvé place dans l'ouvrage ) de Mr. Gimbernat, qui a trouvé, au moyen d'un appareil distillatoire appliqué à la vapeur aqueuse qui sortoit de l'une des crevasses du Vésuve, une ma- tière qui donnoit à l'eau condensée l'odeur et la saveur du bouillon de viande. La seconde opération violente des lesor: est la pro- jection de matières solides incohérentes qui s’étalent en gerbes et retombent dans le cratère. Ces fragmens sont lumineux de nuit, ce qui a donné lieu à l'opinion vulgaire qu'il sort des flammes de ce même cratère ; le sable lancé forme un torrent de points lumineux que l'on confond aisément de loin avec une véritable flamme. Quoique le Vésuve soit parmi les volcans en activité, l'un des moindres, il vomit, dans l'éruption qui eut lieu l'an 59 de notre ère une si grande quantité de ces matières détachées qu'elles ensevelirent les deux villes dont nous avons parlé, et les couvrirent en quelques endroits d'une couche de plus de cent pieds de pro- fondeur. Ces fragmens, sont principalement composés d'anciennes laves rompues, de pierres ponces ( plus rares aujourd'hui que jadis), de scories, (/aprlli) enfin d'une matière terreuse , pulvérulente, dont MM. Menard de la Groye (1) et Moricand, de Genève (2) ont fait l’objet de quelques recherches. Ces matières lorsque l'eau de pluie survient produisent le phénomène des prétendues éruptions boueuses dont nous avons parlé. Mais (1) Journal de physique ; Tome LXXX ,; p. 400. (2) Bibl. Univ. Tome IL, p. 62. ie PEER CP INSTITUTIONS GÉOLOGIQUES. 193 Mais le produit le plas remarquable du volcan par son étendue, sa permanence , et ses conséquences est saus contredit cette matière demi- fluide qui sort ou par le cratère ou par les flancs, qui se dureit en pierre par le refroidissement , et prend alors le nom spécifique de lave; c'est au minéralogiste à en déter- . miner les espèces et les variétés; l'auteur, renvoyant aux Re classifications de Dolomieu, Thomson, Faujas, et Cordier, nenvisage que les questions géologiques concernant la formation des laves, leur nature, leur origine, et Îles substances qu'elles renferment. La rapidité avec laquelle les laves coulent dépend sur-tout de trois causes; de leur fluidité; de la pente du sol ; et de l’impulsion qu'elles recoivent de la nou- velle matière qui les pousse. Cette fluidité est très-variée; elle étoit éminente dans la lave vomie dans l'éruption du 13 août 1805 an Vésuve ; elle parcourut, dit l'auteur, (d’après Mellogrami) trois milles dans les quatre pre- mières minutes, quoique le sol fût pen incliné. De Buch, qui fut témoin de cette éruption en fit la description dans une lettre adressée à Mr. Pictet; et il assure que le feu s'élanca comme le vent, de la cime jusqu'à la base ; et que, sortir du sommet et arriver au pied de la montagne fut presque une même chose ; ensuite le courapt se dilata avec une vitesse incroyable (1). (1) La lave coulante conservant assez long-temps sa demi- fluidité tant qu’elle demeure rouge, feu Mr. Thomson, eu souvenir de Dolomieu, son ami et le nôtre , avoit fait graver dans l'intérieur d’un fer à gaufres, d’un côté Memoriæ Deodat. Dolomieu , Galli ; de l’autre, Thomson Anglus ; suum cuique. — Ces légendes, accompagnées d'un profil du Vésuve, se lisent sur un certain nombre de gaufres de lave , enlevées avec ce fer sur celle de l’éruption, et distribuées par Mr. Thomson, à ses amis. Nous possédons un de ces monumens d'amitié, Se. e4 Arts. Nouv. série. Vol. 13. N°. 3. Mars 1820. N / 194 Géorocte. Les matières vitrifiées peuvent se réduire à trois variétés, les verres, les émaux , et les pierres ponces : l’origine de cette dernière production n'est pas encore bien nettement établie ; l'auteur l’attribue avec Faujas à la fusion de certaines roches’ feldspathiques. Nous se- rions d'autant plus disposés à le croire que nous pos- sédons un échantillon de granit (donné par Dolomieu) dont le feldspath, à la première impression de la flamme du chalumeau , se boursoufle en une vraie pierre pouce. ‘ À L'auteur consacre un chapitre à la description de quelques variétés de laves qu'on n'a encore observées que dans l'Italie méridionale. Teiles sont celle que Mr. Brocchi à nommée nécrolite, mélange de feldspath de diverses teintes, avec du mica tantôt noir, tantôt mé- talloïide, quelquefois avec pyroxène en grains noirs, Fellé est la pierre connue à Naples sous le nom de pierre de Sorrente , dont le grair est égal et serré comme du sucre en pain, mélangé de cristaux brillans de feldspath ; ses carrières sont au bord de la mer ; la pierre présente souvent des cavités remplies d'une substance vitreuse et filamenteuse. Teke est encore la pierre nom- mée à Naples piperno, qu'il ne faut pas confondre avec le peperino espèce de tuf, aussi d'origine volcanique. Le piperno est rempli de cavités de forme allongée qui in- diquent une sorte d'étirement de la matière qui a eu lieu dans un sens lorsqu'elle étoit encore molle. Le sperone de Gmelin , ke nenfro de Brocchi sont encore des variétés italhiques de laves. On sait que Dolomieu croyoit que la fusion des laves ne dépendoit pas tant de l'intensité du ‘calorique dans le volcan que du concours d'un autre principe et de vénération pour la mémoire du savant géologue ; il en æxistoit une autre dans Ja magnifique collection de Mr. de Dréc. (R) Insrirurions GÉOLOGIQUES. 195 (étranger an feu et sur la, nature duquel il ne s’est jamais bien nettement expliqué ) aidé par l'action de quelques fondans tels que le soufre, par exemple (x). Mr. Ménard a reproduit quelques idées analogues mais fort modifiées en tant qu'il donne aux fondans la prin- cipale part. dans Ja demi - liquéfaction des laves; et en.tant quil admet que la matière première des laves dépourvue d'eau, est comme à l'état de chaux vive au Jond du volcan; si elle est baignée ou infiltrée ensuite par l'eau, le calorique se dégage, et ävec lui tous les effets productifs de la demi- fusion. L'auteur oppose plusieurs difficultés à cette hypothèse. Passant à la modibcation des laves dans leur passage de l’état de fusion à celui de pierre, l'auteur examine les diverses opinions émises à cet égard; depuis la porcelaine de Réaumur ; aux produits des fours à chaux, aux résultats des belles expériences de Sir J. Hall sur les effets de la chaleur réunie à la pression (2); aux expériences plus en grand de Gregory Watt (3); à celles de Mr. Dartigues, de Mr. Fleuriau de Bellevue et de Mr. de Drée ; il en tire cette conséquence principale , que la conversion du verre en pierre dépend d’un chan- gement qui a lieu dans la constitution physique du verre. à Quant aux substances cristallisées qu’on trouve dans Jes matières et dans les terres volcaniques | l'anteur les réduit à quatre classes; 1.° celles dans lesquelles le feu n'a agi que trés-foiblement et qui ont conservé leur état; 2.° celles qui, fondnes ; et mêlées avec la pâte de la lave se sont recristallisées par le refroidissement; 3.° celles formées dans la matière de la lave par de wou- velles combinaisons dans ses ingrédiens; 4.° celles for- (x) Lettre à Mr. Pictet. Journal des mines, n.° 22. (2) Bibl. Brit. Tome XIV. (3) Bibl. Brit. Tome XXX. N 2 196 GÉOLOGTE. mées dans le volcan, vomies par lui, et accidentelle- ment incrustées dans les laves, dont on les sépare fa- cilement, Le nombre de ces substances diverses que présentent les environs du Vésuve est très-considérable. Nous nous bornerons à leur nomenclature sèche. — Néphelines, maionites, idocrases, amphygènes, pyroxènes, grenats, mica , amphibole, spinelle, sodalite, titane siliceo-calcaire, {pictite) zircon , chaux carbonatée, fluatée et sulfatée , fer spéculaire, tremolite, épidote, peridot, melanite, haüine , tafelspath, zurlite , topaze , humite, etc. sans parler de beaucoup d'autres non encore examinées et que renferme la riche collection du Chev. Monticelli. Dans le huitième et dernier livre de ses Institutions, l'auteur traite des produits volcaniques contestes, à la tête desquels il place avec raison le basalte, Il discute d'en- trée la question de savoir si le basalte des modernes est bien la pierre à laquelle les anciens , et Pline entr’au- tres, donnoient ce nom; il montre qu'il y a eu à cet égard beaucoup d'équivoques , et que ce n’est guères que depuis Agricola qu’on s'accorde à donner ce nom à ces roches noirâtres, prismatiques, dont la meilleure description est due à Daubuisson dans son Memoire sur Les Lbasaltes de Saxe. Voici les caractères qu'il assigne au basalte , tels que les a transcrits l’auteur. « Sa couleur est le noir grisâtre, plus ou moins foncé; lorsqu'il est poli et mouillé il a un aspect bleuâtre. Dans quelques variétés Ja couleur prend une teinte de vert; dans d'autres, de brun ou de rouge. Il se trouve en masses et en couches recouvrant des montagnes dont il forme ordinairement la cime, Le plus souvent, ces masses ou couches sont divisées en prismes plus on moins réguliers et qui ont communé- ment plusieurs mètres de long; quelquefois elles sont divisées en plaques ou en boules , à couches concen- triques. Quelques variétés présentent des cavités bulbeuses en plus ou moins grand nombre. Sa cassure est matte Et 248 INSTITUTIONS GÉOLOGIQUES. 197 et presque terreuse, mais à grain fin; quelquefois elle passe à la conoïde évasée, d’autres fois à l'inégale, à gros grains. [Il présente souvent des pièces séparées gre- nues, Il est difficile à casser lorsqu'il n'est pas fendillé. Les prismes , sur-tott lorsqu'ils sont petits, résonnent sous'le marteau comme une enclume. Les fragmens ont les bords d’autant plus aigus que la cassure approche plus de la conchoïde; ce sont les plus durs et les plus compactes. Sa dureté varie ; les variétés dans lesquelles la cassure est conchoïde donnent quelques étincelles au briquet ; les autres se laissent entamer au couteau; celles qui sont criblées de cavités bulbeuses ont souvent quel- que chose de sec et d’aigre au toucher. » La question de l’origine aqueuse , ou ignée, des ba- saltes, a long-temps divisé les naturalistes ; mais « il semble aujourd'hui (dit l’auteur) que l'on se soit proposé une sorte de transaction, par laquelle on est convenu de re- connoître la possibilité de la formation des basaltes , tant par la voie du feu que par celle de l’eau. ».. .« L'au- torité de De Buch a fini par convaincre les géologues raisonnables, Ce célèbre minéralogiste, très-versé dans la lithologie allemande , après avoir bien examiné le courant de la lave de 1794 au Vésuve , la décrit ainsi dans une lettre insérée dans la Bib. Brit. T. XVE, p. 228. « Lorsqu'on détache des morceaux de son intérieur , àl est impossible d'y reconnoître un seul caractère qui distingue cette pierre de nos basaltes de la Bohème , de la Silésie, de la Hesse, et de la Saxe; la masse est compacte , sans éclat, grise noirâtre, privée de pores et de trous. Il semble donc que la question si le basalte peut être produit par les volcans est entièrement déci- dée ; en douter encore, ce seroit vouloir porter trop loin le scepticisme. Il y auroit cependant trop de har- diesse à conclure de là que tout basalte est une lave, » « Ainsi, dit l’auteur, les roches basaltiques dont nous pouvons avec certitude reconnoître l'origine , sont toutes 198 4 GÉoLoGtrez. À produites-par les volcans. Il semble done qué nous som: mes autorisés à former la mème conjecture relativement: à celles de l'origine desquelles, và leur ancienneté , nous ne pouvons pas découvrir des traces. » Un géologue frlandais, le Dr. Richardson ‘qui habite: Port-rush, tout auprès de la chaussée des Géans, et qui nous y accueillit avec l'hospitalité la plus aimable en 1801, a soutenu avec beaucoup de persévérance le: système de la formation aqueuse des basaltes, dans deux lettres que nous avons publiées Bibl, Brit. T. XVII, p.313 et 413. L'auteur discute avec beaucoup de détail ses argumens , et n'admet point ses conclusions. Il cite également le curieux phénomène des couches de'charbon fossile, ou lignite, placées sous des basaltes, commie on en voit dans de Meissner, le Westerwold, la principauté de Nassau, l’île de Sky en Ecosse , et enfin en Auvergne. Il attribue ce phénomène aux feux souterrains, dont on reconnoît encore l'action à la par- te supérieure du charbon fossile, la plus voisine du basalte, La présence de la zéolite, et quelquefois de l’eau dans les formations basaltiques , n'est pas une objection sans replique à leur origine iynée ; et l’auteur le prouve en rappelant qu'on trouve la zéolite dans certaines laves du Vésuve bien surement produites par le feu. On y voit auss: le carbonate de chaux cristallisé; on y trouve mêm® de l’eau, qui n'a pas pu y arriver par infiltration; l'auteur én cile p. 270 un exemple remarquable. Quant à l'objection du Dr. Richardson, qu’on ne trouve pas de basaltes basaltiques près des volcans actifs, l'auteur y répond victorieusement par une foule d'exem- ples du contraire tout autour des bases de l’Etna; par les fameux rochers des Cyclopes qui n'en sont pas ‘éloi- gnés , et dont son atlas renferme la représentation exacte; par les prismes de lave qne Spallanzani à vus et touchés dans le cratère même de Vulcano, l'une des îles Lipari; : A HU INSTITUTIONS GÉOLOGIQUES. 19% par la lave prismatique des bases du volcan de Téné- riffe ; par le même fait observé près du volcan actif de l'ile de Bourbon; enfin par les prismes basaltiques de la coulée de la Scala, sortie de la bouche du Vésuve en 2632 , et dont il donne un dessin PI, I. de l'atlas. D'ail- leurs l’auteur combat l'opinion , que Dolomieu avoit abandonnée après l'avoir avancée, que la formation prismatique seroit due au refroidissement subit de la lave au contact de l'eau ; plusieurs faits montrent que ce contact n’a eu aucune influence de ce genre sur des coulées, Les partisans de la formation neptunienne des basaltes prismatiques ont un argument en apparence foudroyant, que l'auteur expose avec beaucoup de détail et de can- deur, et auquel il répond d'une manière qui nous pa- roît satisfaisante. C'est l'alternance observée dans beau- coup d'endroits entre des conches calcaires coquillères et des laves basaltiques ; le Vulcaniste n’est point em- barrassé à expliquer ce fait par la simple supposition qu’il est Je résultat de volcans sou-marins qui avoient des périodes d'intermittence ; les couches calcaires se sont formées pendant le repos, et la lave a coulé dessus pendant la période ignivome. Dans sun chapitre sur les trapps, l'auteur relève avec raison le tort qu'ont eu plusieurs minéralogistes de don- ner ce nom à deux roches d’origine très- différbnis Les- unes sont véritablement primitives, et doivent figurer avec les gneiss, les schistes , ete. sous la dénomination de roches amphiboliques ( que nous caractériserions volontiers par l'épithète additionnelle de rhombiformes ); les autres, sous le nom spécifique de basalies , r renire- roient dans la formation ignée. A l’occasion des nets des , l’auteur fait une di- gression intéressante sur le diamant et sur sa gangue ; il consacre un chapitre à la masègne et au grauens : tein , roches qui paroissent appartenir exclusivement à Italie. 200 GÉozocre. A la suite de l'ouvrage sont introduits trois tableaux fort instructifs ; l'un, des analyses faites par divers chimistes, de plusieurs roches appartenant à la formation trap- péenne; le second, des formations des diverses roches, donné par MM. Leonhard , Kopp, et Gaertner; le troi- sième , de l’ordre des superpositions dans les Iles Britan- niques , publié par Mr. Conybeare. Dans un premier supplément, l’auteur présente une notice très-étendue des volcans actuellement enflammés ; en voici l'abrégé, tiré du Prospectus de la minéralogie de MM. Leonhard, Kopp, et Gaertner. ÆEurope.| Asie. | Afrique.| 4mériq.\ Austrasie.| . Total. Dans le continent x 13 TE” 8r — 95 Dans les îles 14 49 10 13 . 6 92 15 62 10 94 6 187 Dans le second supplément, l'auteur donne une curieuse notice sur les terrains ardens, phénomène beaucoup plus fréquent qu'on ne l'imagine, et qui se présente dans toutes les parties du globe. Enfin , l'explication des planches , qui remplit trente pages d’un très-petit caractère, présente au lecteur avec détail tous les phénomènes basaltiques observés et dé- crits en divers lieux par les naturalistes, et dont les dessins ont été publiés dans leurs ouvrages, dont l'au- teur les a tirés. Cette collection de cinquante-cingq tableaux, dont quelques-uns présentent les sites et les formations les plus extraordinaires et souvent les plus pittoresques, donne à l’ouvrage un mérite , étranger au fond , mais de nature à accroître beaucoup le nombre des'amateurs qui voudront en enrichir leurs bibliothéques. Une table des matières, fort détaillée, facilite la recherche de tous lés objets mentionnés dans les trois volumes. ( Aiôr' :) PHYSIOLOGIE ANIMALE. OBSERVATIONS SUR LA MARCHE DU POULS PENDANT LE BAIN à diverses températures; lues à la Société médico- chirurgicale de Genève par le Dr. A. Marrmey. : Poux déterminer avec précision quel est le degré de température le plus convenable, et celui qu'on ne peut pas outre passer sans danger, j'ai fait quelques expé- . riences : je me contenterai de rapporter en détail les deux suivantes. Première expérience ; le 9 septembre 1819, à 7 heures P ; 7 du matin, le thermomètre de Réaumur, à l'ombre, in- diquant le 12.° degré au-dessus de zéro, et le 30.° dans l'étuve, au moment où j'y entrai; mon pouls étoit à 80. ? Therm. Pouls. Observañons générales. Cinq minutes après être entré, la tête mise hors de la vapeur. . 35. . . 100 Sentiment de.chaleur brü- sé mio oc ced 362 lante aux pieds et aux mains, suenr ruisselante sur toute la ‘ surface du corps. Battement extréme du cœur et de toutes les artères, par- 1,83 ticulièrement des carotides ; respiration précipitée ; sen- timent de défaillance immi- nente, pouls petit, irrégulier. 202 PHYSIOLOGEE ANIMALE. Pouls. Observations générales. De retour au lit. . . 103 Sueur nulle, mais transpi- +: 95) ration vaporeuse abondante ; sentiment de chaleur sur toute la surface du corps. 5 min. après. . . Sentiment de foiblesse gé- 15 min. . . . . . 84 nérale: je pris un bouillon et du vin. 30 min. .. . . . . 80 Pouls souple, développé. Au hout de quelques secon- des de repos absolu il repre- noit son type habituel (80). : : À » À En plein air, à la promenade St LS bit NE maire et durant le reste ta jour ME nee , Jéprouvat un senti- ment d’allégement et de bien être de tout le corps; notam- ment de ma cuisse malade ( luxée il y a cinq ans.) + + 96 Seconde expérience, 11 septembre à 7 heures du matin. Therm. extér. 12. Therm. Pouls. Observations générales. Cinq minutes après être en- tré dans l’étuve, ayant latête! Respiration peu génée. dans la vapeur. 37. . . 103 15 min. la tête hors de Observations générales. la vapeur ... , 40. . . 147 Ut supra. Palpitation et battement ex- trême du cœur et des artères. Quatre inspirations et expi- rations dans lintervalle de 7 pulsations de lartère : pouls très-petit, très - irrégulier ; demi défaillance. f ( ..25 min. .:, 42, . . 166 Dix minutes après être : Respiration précipitée. FD SR La nc ei 24 OnsERV. sur LA MARCHE Du PouLs PEXDANT LE RAIN. 209 op + * Pouls. Observations générales. Toute la journée palpitation Une heure après. . 96 .du cœur au moindre mouve- ment ; abattement, mal-aise gén ral; perte d'appétit. Pouls 5 min. après être levé. jus | à 86, J'ai répété et varié ces expériences; mais je crois inutile d'en présenter ici le résultat détaillé. En résumé, je conclus 1.° que la température de l'étuve à 30 degr. est la plus basse limite de l'activité de la vapeur aqueuse , je crois qu'à ce degré, elle peut être néanmoins efficace dans certains cas d'affection catharrale chronique, chez les individus fort irritables et chez lesquels il existe encore une grande disposition à l'irritation pulmo- naire (1); mais elle doit être tout-à-fait inerte dans les autres Cas. 2.° Que le terme moyen est le trente-sixième degré ; c'est à cette température que l’étuve a été mise et maintenue pour le plus grand nombre des malades soumis à mon observation. Tous, sans exception, ont éprouvé, après le bain, ce bien-être remarquable dont j'ai parlé dans ma première expérience, et qui accom- pagne toujours une circulation facile , et une perspiration aisée, sans obstacle, dans un air vif et pur. | 3.° Enfin, je crois qu'on ne peut pas sans danger, au moins dans nos climats, donner à l'étuve humide une température au-dessus du quarante deuxième de- gré de Réaumur ; que cette température pourra con- venir dans un très-petit nombre de cas, et seulement aux individus d'un tempérament lymphatique , et doués d'ailleurs d'un foible degré de susceptibilité ner- veuse. : | Parmi les divers succès obtenus sous mes yeux de ce (1) Dans ces cas là même, je la crois plus nuisible qu'’utile, sur-tout chez les personnes d’un tempérament nerveux. 204 PHYSI10LOGIE ANIMALE£. nouveau, mode d'administrer l’eau thermale, je dois noter sur-tout la guérison d’une jeune fille atteinte depuis plusieurs mois de douleurs rhumatismales de la poitrine, qui avoient résisté à différens remèdes mé- thodiquement employés , entr'autres aux bains et aux douches d'eau thermale. Quelques bains de vapeurs l'ont entièrement rétablie. En général, je ne doute pas, d’après mes dernières observations, que ce bain ne soit très-efficace dans tous les cas d'affection rhumatismale, chronique, quel que soit le siège de la douleur; dans tous les cas d’engor- gemens lymphatiques, indolent ou avec douleur sourde, obtuse, comme cela s'observe à la suite d’entorses, de luxations, de forte contusion des membres; dans les affections catharrales; en un mot, dans la longue série des maux chroniques qui exigent, pour être classés, le rétablissement des fonctions de la peau , ou l'excita- tion augmentée de cet organe. Un des avantages du je dont nous parlons, et que je ne dois pas passer sous silence , c'est le peu de temps qu'il prend au malade pour produire tout son effet dé- sirable, et le peu de gêne et d’ennui qu'il impose; avantage qui ne paroîtra pas le moindre à quelques personnes , et qui demande, en effet, à être pris en considération dans certains cas (1). _ À. Marrmey, D. M. (x) Je dois renvoyer le lecteur qui veut connoître les effets généraux et l'utilité de l'étuve humide simple, aux ouvrages du Dr. Sanchés , premier médecin de l’Impératrice Catherine (Mémoires de la Société Royale de médecine , Paris, Tome III. }) de Martin, médecin suédois ( Mémoires de l’Académie des sciences de Suède.) de Marcquart, Delaroche, etc. Ce puis- sant moyen thérapeutique est trop négligé parmi nous. man ci Clé R + ( 205 ) MÉDECINE. De L'AusCULTATION MÉDIATE OU TRAITÉ DU DIAGNOSTIC des maladies des poumons et du cœur, fondé prin- cipalement sur ce nouveau moyen d'exploration. Par RT. H. Laënnec, 2 vol. in-8.° Paris 1819. Chez Brosson et Chaude. ( Extrait ),. Lilo htn ss teste Bbdsouuk homme sain parle ou chante, sa voix re- tentit dans l'intérieur de la poitrine, et produit dans toute l'étendue des parois de cette cavité, une sorte de frémissement facile à distinguer par l’application de la main. Ce phénomène n'existe plus lorsque, par l'effet d'une maladie quelconque, le poumon a cessé d’être perméable à l'air, ou se trouve séparé des parois tho- raciques par un liquide épanché. De même aussi , si l'on frappe de l'extrémité des doigts, la poitrine d’un homme sain, elle rend un bruit clair et sonore ; ‘si, au contraire , il existe certaines maladies dans cette ca- vité , le son qu'on obtient par cette percussion est mat et obscur. Avenbrugger, médecin de Vienne, avoit senti tout l'avantage que cette différence dans les sons pouvoit fournir comme signe, pour établir avec une sorte d'exac- titude certaines lésions des divers organes contenus dans la poitrine. La traduction de son ouvrage (1), et les commen- oo (1) Nouvelle méthode pour reconnoître les maladies internes de la poitrine par la percussion de cette cavité , par .Aven- brugger, ouvrage traduit du latin et commenté par J. N. Corvisart , etc. Paris 1808. In-8.0 506 MÉDECINE. taires du Dr. Corvisart, firent connoître un moyen dont on n'avoit pas apprécié tout le mérite, et dès lors la percussion de la poitrine, une des plus précieuses dé- couvertes du siècle dernier, est devenue, entre les mains de quelques n'édecins, un moyen puissant de détermi- ner l'étendue, et jusqu'à un certain point, le siège, des affections thoraciques. Mais cette méthode d'exploration laissoit encore beau- coup à désirer, Ainsi, souvent elle n'indique rien dans la phthisie pulmonaire ; elle ne peut pas faire distin- guer cette maladie de la péripneumonie chronique; elle est douteuse dans la péripneumonie aigue si l'inflamma- tion occuper le centre du poumon ; elle est nulle, si l'inflammation est légère, égale, superficielle, parce qu'elle ne donne pas de signes propres à la faire dis- tinguer d'avec la pleurésie, l'hydropisie de poitrine, ou tel autre épanchément dans la plèvre. Elle est inutile dans le. commencement des maladies du cœur, dont les symptômes généraux sont communs à plusieurs affec- tions organiques ou nerveuses. Enfin on ne peut pas l'employer Jorsque les tégumens sont infiltrés ou chargés d'une quantité considérable de graisse. Quelques médecins ont essayé, en appliquant l'oreille sur la poitrine , de chercher à reconnoître les signes de Yaltération des. organes qu ‘elle renferme. Cette méthède n'est décrite nulle part; l'idée première eg a peut-être été prise dans un passage d'Hippocrate ( Lib. IL. de morbis ). Elle fait reconnoître les battemens du cœur et des gros vaisseaux , tout. à la fois par les sens de l’ouie et du tact; mais elle. est loin de fournir tous les résultats qu'elle semble promettre, Elle est impraticable dans les hôpitaux et-chez plusieurs malades par le dégoût qu'elle inspire; on n’ose la proposer au plus grand nombre des femmes, L'application de: læ main et. la percussion réunies , ayant offert un résultat incertain, dans une maladie -du: s Dr L'AUSCULTATION MÉDIATE , etc. 207 cœur chez une jeune fille, pour laquelle Mr. le Dr. Laennec de Paris, médecin de l'hôpital Necker, fut con-. sulté en 1816, et n'osant pas proposer l'application de l'o- reïlle sur la poitrine, en raison de l'âge et du sexe de la malade , cet ingénieux praticien se rappela un phéno- mène d’acoustique connu , savoir, que si l'on applique l'oreille à l'extrémité d’une poutre, on entend distinc- tement un coup d'épingle donné à l'autre bout, et ima- gina de faire usage dans ce cas de cette propriété des corps solides. Il prit un, cahier de papier, dont il forma un rouleau fortement serré ; il en appliqua une extré- mité sur la région précordiale, et posant l'oreille à l'autre bout , il entendit les battemens du cœur d’une manière plus nette et plus distincte qu'il ne l’eût encore fait par l'application immédiate de l'oreille. IL présuma que ce moyen pourroit devenir un pro- cédé utile pour étudier non-seulement l'état de la cir- culation , mais encore celui des fonctions qui peuvent produire du bruit dans la cavité! de Ja poitrine , telles que la respiration, Ja voix, le râle,, et peut-être même aussi la fluctuation d'un fluide épanché dans là plèvre ou le péricarde. : | “AU $es nombreux essais , variés à linfini, ont confirmé ses soupcons, Le Dr. Laennec a obtenu , et fait .connoître dans son ouvrage ; des signes nouveaux, sûrs , saillans pour la plupart , faciles à saisir, et propres à rendre le diagnostic de presque toutes les maladies des pou- mons, des plèvres et du cœur, plus certains et plus » circonstanciés peut-être que les diagnosties chirurgi- » caux établis -à l’aide de la sonde , ou de l'introdue- » tion du doigt. » L'instrument dont il se sert a recule nom de prcto- riloque, ou plus généralement de stéthoscope (de oryfes poitrine et cxerrw, je vois). C’est un cylindre de bois, percé dans son centre, d'an tube de trois lignes de dia- _ mètre, brisé au, milieu à l'aide d’une vis, afin de le 208 . Mépecunes. rendre plus portatif; une des pièces est évasée à son extrémité, à une profondeur d'environ un pouce et demi, en forme d'entonnoir. Le cylindre ainsi disposé, est l'instrument qui con- vient pour l'exploration de la respiration et du râle. ‘On le convertit en un simple tube à parois épaisses , pour l’exploration de la voix et des battemens du cœur, en introduisant dans l'entonnoir un pavillon ou en-bout de même bois, qui le remplit exactement, et qui se fixe à l’aide d'un petit tube de cuivre qui le traverse, et entre dans la tubulure du cylindre jusqu'à une cer- taine profondeur. Peut-être un corps tout-à-fait plein auroit-il quelqu'avantage pour l'exploration des batte- mens du cœur. Mr. le Dr. Laennec indique, en parlant de chaque espèce d'exploration, les positions les plus favorables à l'observation , et les moins DE dés pour le mé- decin et le malade. Le cylindre doit être tenu très - légérement, comme une plume. à écrire, et la main être très- près de la poitrine du malade, pour s'assurer que l'instrument est bien appliqué. À Quelques-uns des signes que l’on obtient par l’aus- cultation médiate sont faciles à saisir, et se reconnoissent toujours lorsqu'on les a entendus une fois, tels sont ceux qui indiquent les ulcères des poumons, une grande- augmentation du volume du cœur, la communication fistuleuse entre la plèvre et les bronches. D'autres sont plus difficiles et requièrent plus d'étude et d'expérience, mais aussi les résultats en sont d’une plus grande utilité. L'auscultation médiate, proposée par le Dr. Laennec, n'exclut pas toujours la percussion d'Avenbrugger; il est même certains cas où l’on doit employer ces deux méthodes; c’est par la comparaison de leurs résultats qu'on obtient des signes certains et évidens de. l’em- physème DE L'AUSCULTATION MÉDIATE, etc. 209 physème du poumon, du pneumo-thorax, des épanche- mens dans la plèvre , etc. Ce cylindre, appliqué sur la poitrine d'un individu sain qui parle où qui chante, fait entendre un frémis- sement plus marqué, et qui varie d'intensité dans les diverses parties de la poitrine; mais s’il existe un uleère dans le poumon, et que le cylindre soit placé sur la partie de la poitrine qui lui correspond , /a voix du malade cesse alors de se faire entendre par l'oreille restée libre ; elle parvient toute entière a lobservateur par le canal pratiqué dans le cylindre. Cette” pectoriloquie, (c'est ainsi que l’auteur appelle ce phénomène} est d'autant plus prononcée, que la cavité ulcéreuse est plus grande, ou plus voisine de la surface du poumon, où quil existe une adhérence in- time entre ce viscère et da plèvre costale. Mr. le Dr. Laennec explique cette pectoriloquie par la résonnance plus forte et plus sensible de la voix dans des points qui la repercutent par-une surface plus so- lide et plus étendue, Un phénomène semblable à lieu en appliquant le cylindre sur le larynx ou la trachée artère d'un homme sain. Il indique même cette expé- rience comme un moyen de se faire une idée exacte de la pectoriloquie, lorsqu'on n'a pas de malade à sa dis- position. e Cette découverte mérite d’autant plus l'attention des médecins , qu'elle fait connoïître avec certitude Île ra+ mollissement des tubercules connus sous le nom d’ul- vères des poumons chez des sujets qui ne présentent encore que des symptômes douteux d'une maladie de poitrine. Les expériences, faites par l'auteur sur plusieurs cen- taines de malades dans sa clinique, en présence de nombreux élèves, ont confirmé cette découverte, sans qu’on en ait trouvé une seule exception, | Sc.et Arts. Nouv. série. Vol. 13, Ne. 3. Mars 1820. Q 210 MÉDECINE. Cette pectoriloquie présente un grand nombre de xariétés que l'auteur distribue en trois classes , sous le nom de parfaite, imparfaite et douteuse. Elles indi- quent la grandeur, l'état de vacuité , ou de plénitude des ulcères et la consistance de la matière qu'ils ren- ferment, Un autre résultat que donne le stéthoscope , et que l'on doit prendre garde de confondre avec la pecto- riloquie est l’Egophonie, ou pectorilequie chevrotarte , ( cuË yes. Chèvre, Qu Voix ) qui a avec la première, le plus grand rapport. L'Egophonie ressemble à la pectoriloquie , en ce qu'elle consiste aussi e: une forte résonnance de la voix sous le cylindre; mais ici il est rare que la voix semble s'introduire dans le tube , elle ne le traverse presque jamais évidemment comme dans la pectorilo- quie. Une voix en quelque sorte argentine, plus aigre que celle du malade, produit une-illusion telle qu'il semble que quelqu'un parle dans la poitrine du malade. Son caractère constant est d’être en quelque sorte cadencé, ou par saccades, comme celle d’une chèvre, d’où Mr. le Dr. Laennec lui a donné le nom de che- vrotante. Quelquefois le chevroiement et la voix se confondent; dans certains cas on les entend séparément, d’autres fois dans le même instant. Alors le chevrotement sem- ble se faire dans un point plus éloigné ou plus rappro- ché de l'creille de l'observateur que la résonnance de Ja voix; si le malade parle lentement et par mots en- trecoupés, le chevrotement se fait entendre immédia- tement après la voix comme un écho, et non pas avec elle. Pour bien entendre ce chevrotement, il faut appli- quer fortement le cylindre sur la poitrine du malade, ,et poser légérement l'oreille sur le cylindre. Si l'on appuie fortement cette dernière, le chevrotement di- Ds L’AUSGULTATION MÉDIATE , etc. 211 minue de moitié , et le phénomène se rapproche d’au- tant de la pectoriloquie ordinaire. Il est bon de ne pas presser le tube avec la main , il doit être maintenu par la poitrine et l'oreille. La cause de ce nouveau phénomène diffère nan bal. lement de celle du premier ; elle a lieu lorsqu'il y a un épanchement dans la poitrine , aussi se rencontre-t-il P 3 plus particulièrement dans la pleurésie , soit aigue , soit chronique, dans l’hydropisie de poitrine , et on le re- trouve dans les autres épanchemens liquides des plèvres, pourvu qu'ils soient légers, car, s'ils sont un peu consi- dérables , on ne l'entend plus. L'égophonie diffère encore de la pectoriloquie en ce quelle s'étend sur une grande surface de la poitrine, tandis que cette dernière ne se fait pas entendre au-delà de la place qui correspond à l’ulcère du poumon. On concoit que le siège des tubercules du poumon, et que celui des divers épanchemens n'étant pas les mêmes, ces deux phénomènes ont chacun certains points de la poitrine et certaines positions qui les rendent plus ou moins sensibles, ou plus ou moins obscurs. L'auteur les indique et en donne l'explication. Jusqu'ici les résultats obtenus par l'instrument de Mr. le Dr. Laennec, ont offert des signes propres à faire reconnaître des cavités morbides dans le poumon , ou l'épanchement d'un fluide quelconque. Il existe un troisième phénomène plus rare , et qui demande une oreille plus exercée pour le distinguer ; c'est celui qui a rapport à la présence de l'air dans ces cavités. Ce phénomène , auquel l'auteur a donné le nom de tintement métallique , consiste en un bruit d’une nature particulière , qui ressemble à celui que produiroit la chute de grains de sable sur une coupe de métal , de verre ou de porcelaine , ou à celui qu’on obtiendroit en frappant légèrement l'une de ces coupes avec une épingle. Ce tintement se fait entendre quand le malade res- O 2 212 MéDpecine. pire, parle ou tousse , il est plus distinct dans ces deux derniers cas. Il dépend de la résonnance de l’air agité par la respiration ; la toux, ou la voix, à la surface d'un liquide qui partage avec lui la capacité d'une ca- vité contre nature , formée dans la poitrine. Ce tintement est d'autant plus fort que la quantité de gaz est plus considérable ; l'auteur le regarde comme un signe pathognomonique de certaines lésions. Dans ce premier extrait, nous avons fait connoître un instrument qui exige , pour s’en servir des connois- sances pratiques variées , multipliées et qu'on ne peut ac- quérir ‘que dans les hôpitaux , comme l'observe Mr. Laennec , ce qui empêchera que le stéthoscope ne de- vienne d’un usage aussi commun que sa simplicité et les grands résultats qu'il donne entre des mains habiles et exercées auroient pu le faire présumer. Nous ferons connoître , dans l’extrait suivant, l'autre partie de cet ouvrage non moins intéressante par le jour que les immenses travaux d'anatomie pathologique de l'auteur ont jeté sur des lésions organiques et des ma- ladies peu connues ou mal comprises jusqu'à présent. (218 Se MINÉRALOGIE. Norice SUR LE CUIVRE BITUMINEUX pu PAYS DE Mansrenp, par J. Macarre , de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève. S: l'ancienneté et l'importance peuvent ajouter quelque chose à l'intérêt qu’excite une exploitation minérale , il en est peu, sans doute, plus digne de nous en ins- pirer , que celle du cuivre bitumineux de Mansfeld. Commencée dans le douzième siècle, elle a traversé les révolutions et les guerres, qui ont si souvent désolé le nord de l'Allemagne; et malgré la difficulté des travaux qu'elle exige, et le peu de valeur apparente de ses pro- duits, nous verrons, dans un court exposé de son his- toire , qu'on a peu tardé à recommencer l'entreprise, lorsque quelque désastre inattendu , avoit forcé de l'in- terrompre pendant un certain temps. Peut-être aussi la nature des fatigues qu'ont à supporter les hommes em- ployés à ce travail, attirera-t-elle quelque attention, et l'on ne verra sans doute, pas sans pitié, l’espèce de torture à laquelle les besoins de la société, ont con- damné œs malheureux. Avant de parler plus en détail de l'exploitation elle- même du cuivre bitumineux, je commencerai par un exposé succinct de la nature du sol du pays de Mans- feld et de la succession des roches qui le constituent. Le Mansfeld formoit autrefois une petite principauté située au midi et à l’est du Hartz, et sa constitution géologique est essentiellement la même que celle de ce 214 MinéÉRALOGrr. dernier pays. L'on n’y retrouve cependant point les granites et les grauwackes qui forment les sommités des hautes montagnes du Hartz; et ces terrains paroissent avoir été entièrement recouverts dans le Mansfeld, ses des dépot plus récens. 1.” La plus inférieure des roches que l'on rencontre dans le pays de Mansfeld , et qui, si l'on en excepte peut-être la houille, est en même temps , la plus an- cienne des terrains secondaires , est le grès rouge ( Rothe todte liegende . Cette roche est une espèce de grauwacke, dont les grains, d'une grosseur plus ou moins considérable , sont liés par un ciment argileux, pénétré d’oxide de fer , ce qui donne à toute la roche une couleur tirant plus ou moins sur le rouge. On ya trouvé des bois pétrifiés et de la houille, et en général très-pen de corps organisés du règne animal. On cite cependant quelques coquilles trouvées près de Kiffhauser. On n'y connoît point, dans le Mansfeld de filons métal- liques. ° La roche qui suit d'ordinaire le grès ronge, est un grès blanc, ( Weissliesende ) dont les couches le plus souvent de deux à trois pouces, mais quelquefois aussi plus puissantes, sont recouvertes par les schistes bitu- mineux, de la mauière suivante : 3.° Le schiste bitumineux cuprifère ( Mergelschiefer), roche d’une nature particulière et composée de calcaire, d'argile, de charbon, de bitume, de cuivre, d'argent et d'uue foule d'autres métaux. Il est brunätre ou noi- râtre , à cassure schisteuse, matte et quelquefois bril- lante; il est tendre, facile à casser et toute la couche se divise ordinairement en quatre lits, dont le second (nommé Kaamschale) est le plus riche en métaux. Le schiste bitumineux fait effervescence avec les acides ; et au chalumeau il s'enflamme un peu, répand une odeur bitamineuse et se fond ensuite en une scorie noire. Il est souvent très-mélangé de pyrites cuivreuses, de cui- Norrce sur Le CUIVRE BITUMIN. DU PAYS DE MansFezpb. 215 vre vitreux, et enfin’ de cuivre natif, sur-tout dans les couches inférieures. Outre le bitume et les substances métalliques, cette roche se distingue encore par des poissons changés en une substance charbonneuse cu- prifère, qu’elle contient en assez grande quantité, et plus rarement par des os fossiles d’animaux marins, des trilobites, des coraux et quelques coquilles. Emmerling a remarqué que les poissons et les plantes que contient le schiste bitumineux, ne sont pas disséminés sans ordre, mais au contraire qu’ils paroissent rangés, pour ainsi dire, par bandes suivant leur espèce. Leur position presque toujours forcée, semble annoncer qu'ils ont péri d’une mort violente, que le même auteur attribue au cuivre dont ce schiste est rempli, et dont ils sont eux-mêmes imprégnés. La puissance totale de la couche, n'est que de dix à vingt pouces. 4° Le Dachfloëtz espèce de schiste bitumineux, dis- tingué du précédent en ce qu'il contient moins de mé taux et de bitume et qu'il est moins schisteux. Il se di- vise en trois lits, et sa puissance totale est de deux à quatre toises. 5.° Le Zechstein calcaire un peu argileux, de couleur grise, contenant beaucoup de gryphites et n'étant point traversé par des fflons métalliques. Sa puissance, au pays de Mansfeld, est de trois toises. Ge calcaire qui constitue aïlleurs de grandes chaînes de montagues a été nommé calcaire des Alpes, 6.° Le Rauchwacke, calcaire caverneux , qui semble commencer un autre système de roches, caractérisées par l'absence des métaux, la présence de l'argile et de l'oxide de fer, Le calcaire caverneux est gris, compact, à grain fin il contient un peu de bitume; du quartz et de la chaux carbonatée spathique. Il renferme beau- coup de cavités et de cavernes et paroît être le calcaire du Jura , proprement dit. ? 216 ., ° MiINÉRALOGIE. 7. Le Stinckstein, calcaire puant , distingué, par l'o- deur désagréable qu'il répand quand on le frotte; tou- jours plus ou moins schisteux. . 8.° La cendre, asche, marne puante, pulvérulente, obscure , fine, mr à la loupe une mulitnde de petits cristaux, de demi à une et demi toise de puissance. 9.° Le Ranchstein , roche rude, marneuse, grise, se -divisant en morceaux arrondis et de puissance variable, 10.° Entre ces couches de six à dix, qui appartiennent à la formation du Jura, se trouvent de grandes masses de gypse. Il accompagne ordinairement le stinekstein et se présente quelquefois sous forme d’albâtre ou d’an- hydrite. Il ne contient point de pétrifications. Ce gypse renferme des cavernes très -étendues, qui occasionnent quelquefois, de fort dangereux éboulemens. | 1.” Une argile brun rougeâtre , très-puissante. ° Le Quader où Bunt Sandstein. Grès bigarré de blanc, de rouge ou de diverses couleurs. Cette roche . très-étendue est employée aux constructions. 13.° Le Roggenstein, pierre à œufs, oolithe, eu à grains plus ou moins gros, semblables à des œufs de paisspn. . 14° Une marne schisteuse. (Landschiefer. ) 15.09 Le Thongyps. Gypse aroileux , en grandes. masses de plusieurs toises de puissance; il ne contient pas d'albâtre comme le premier. 36.” Un calcaire coquiller, de couleur claire; em- ployé à bâtir et à faire de la chaux. Je vais maintenant reprendre le schiste bitumineux en le considérant comme minérai exploitable. La position de cette couche métallifère au-dessus du grès rouge lui sert de caractère géognostique certain et en rend la recherche très-facile. Partout , en effet, où , le grès rouge s'est enfoncé et a été recouvert par des terrains plus récens, l’exploitation du schiste bitumineux m'a point été permise, mais dans tout le Hartz et dans -Norice SUR LE CUIVRE BITUMIN. DU PAYS DE Mansrecn. 217 le pays de Mansteld, on a pu suivre cette couche. et la rendre utile aux arts, comme à Hettstaedt,. Mans- feld , Gisleben , Sangerhansen , etc. Depuis très - long temps cette exploitation est d’une grande importance-en Allemagne et quoiqu'elle me rende guères que deux pour cent de cuivre et un peu d'argent, l'abondance et sur-tout la continuité de la couche métallifère, l’ont toujours rendue d'un travail avantageux. (1) D'après l’ancienne chronique de Ciriacus, l’exploi- tation fut commencée à Hettstaëdt, en 1199. par les mineurs Necke et Nappian. Toujours continuée depuis ce temps-là, avec plus ou moins d'activité, elle a fourni dans quelques années , une masse considérable de cuivre. Souvent les malheurs de la guerre ont considérablement réduit le nombre des mineurs ; ainsi en 1668, de deux mille qu'ils étoient, il n’en resta plus que vingt; mais dès que la tranquillité étoit rétablie l'exploitation se ra- nimoit, de manière que jusqu’à ces derniers temps, elle a constamment nourri douze à quinze cents familles en Saxe et près de trois cents dans les Etats prussiens. L’ex- ploitation se divisoit autrefois en deux parties, celle de Saxe ou de Mansfeld et celle de Prusse ou de Rothem- burg. Le plus ancien document officiel, que l’on re- trouve au sujet. de ces mines, est de l'Empereur Char- les IV, qui en 1364, en donna l'investiture au Comte de Mansfeld et en fixa les limites. Ces limites qui s'é- tendoient du rivage de ‘la Saale jusqu’à Ramelburg, Wippra, etc. furent nommées limites impériales, et jusqu'en l'année 16r0, les Comtes de Mansfeld exploi- térent pour leur compte. Tout l’établissement fut dé- truit pendant la guerre de trente ans, et les seigneurs de Mansfeld manquant d'argent pour recommencer l'ex- (x) Tous ces détails sont tirés du Journal des Métiers, qui se publioit il y a quelques années en Allemagne, 218 MiNÉRALOGIE. ploitation, ils l'abandonnèrent et elle est restée libre jusqu’à présent. Quant à la partie de Rothemburs, elle fut successi- vement reprise et abandonnée jusqu'en 1699, époque de son établissement régulier ; et en 1753 le roi de Prusse s’en empara et l’a gardée depuis ce temps pour son compte. On divisoit toute l’exploitation en districts, que l'on désignoit par des lettres ou des noms parti- culiers , de manière qu'il s’en trouvoit trente-deux sur Mansfeld et six en Prusse. La plupart de ces districts ont été depuis abandonnés, et il n'y en a plus guères que dix ou l'on retrouve encore des usises. Il est au reste permis à chaque mineur d'exploiter un distsict libre, pourvu qu’il en demande et obtienne la permis- sion du gouvernement; mais il n'en est pas de même pour l'établissement d’une fonderie ; ce qui est l'objet d'un privilège particulier. En 1806, les parties saxon- nes et prussiennes furent réunies au royaume de West- phalie, et les mineurs saxons ayant acheté du gouver- nement en 1810 , les exploitations autrefois prussiennes de Rothemburg et de Friedeburg, tout fut entre les mains de la même société. Depuis 1814, la Prusse a été mise, à son tour, en possession de ce riche trésor souterrain, qui maintenant appartient au Roi et est placé sous la jurisdiction immédiate du gouvernement, de sorte que tous les travaux sont exécutés d'après les ordres des officiers royaux. La société des mineurs qui s'est chargée de l’exploi- tation, a, outre les frais ordinaires, plusieurs impôts de divers genres à payer, ainsi : 1° Le dix pour cent au Roi, ce qui fait à-peu-près 70 francs de France par quintal de cuivre, et rapporte annuellement de vingt à vingt-quatre mille écus ( l’écu de Prusse vaut à-peu-près 4 francs ). 2° Un tant pour cent à quelques ecclésiastiques , somme payable en or et qui varie beaucoup, puisqu'elle se règle d’après le gain. 4.0. rés Mopeg Norice sur LE CUIVRE BITUMIN. Du PAYS DE Mawsrecn. 219 3.° L'impôt du cuivre, qui se monte à un gros ( 4 sols de France ) par quintal. 4.° L'impôt de recette ou de quartier, soit deux gros pour chaque chantier, et un gros pour chaque ouvrage durable , comme appuis, roues à eau, etc. 5.° Quelques autres petits impôts. Ils ont de plus à supporter les frais de fusion, qui avec.les autres dépenses, font une somme annuelle très- forte. L'exploitation du schiste bitumineux se fait au moyen de puits, qui ont souvent quatre-vingts à cent toises' de profondeur et qui sont destinés à divers usages, comme puits de mine, à eau, pompes, ventilateurs , etc. Ils doivent avoir une toise à une toise et un quart de diamètre, et sont revêtus de planches, et plus rare- ment de pierres. Des galeries horizontales sont établies d'un puits à l'autre et entretiennent la circulation de l'air. La longueur de la principale de ces galeries est de plus de deux mille toises , et sur cette étendue il y a soixante puits venant à la surface et servant, soit à l'exploitation, soit à l'entretien des galeries. Cet en- tretien fait un sujet de dépenses considérable. Les roches sauvages, c'est-à-dire, celles qui ne con- tiennent pas de métaux , comme les calcaires , les gypses, les sables, sont enlevées par une tarière , mais le mi- nérai est détaché à la pioche. Le peu de puissance de la couche exploitable , qui n’a guères qu’un pied et demi de hauteur, rend ce travail des mineurs infini- ment plus pénible qu’à l'ordivaire. Ils sont, en effet, nuds de la ceinture en haut, couchés sur le côté gauche, dans cet étroit espace , appuyés sur une petite planchette; et dans cette gênante situation , ils conduisent de la main droite , la pesante pioche , avec laquelle ils dé- tachent le minérai. On a nommé ce genre de travail (krummhôzrer-arbeit) travail du bois courbe , d’après la planche sur laquelle le mineur est couché. Il ny a 220 MiNnNÉRALOGIE. que l'amour des mineurs pour leur vocation et l'habitude prise dès leur plus tendre jeunesse , qui puissent leur rendre tolérable un travail, qui à toute autre personne paroitroit peut-être au-dessus des forces de: l'humanité: Qu'on se représente, en effet, des hommes à demi nuds, sous une voûte qui n'a pas beaucoup plus d'un pied de hauteur, foiblement éclairés par la lumière qui pé. nètre par les puits , attachés snr deux planchettes, afin de nËtre pas déchirés par les aspérités des roches, cou- chés quelquefois dans l'eau , recouverts de soixante toises de terre ; qui pendant huit heures consécutives , font agir un instrument très-pesant et qui reçoivent par se- maine six à huit francs de France; et l'on avouera qu'il y a peu de métiers plus pénibles, plus mal récompensés et en même temps peut-être plus utiles, si l’on consi- dère les immenses avantages qui en résultent pour l'Etat. On conviendra aussi que le travail ordinaire des mines, tout difhcile qu'il est, n’est presque rien auprès de cette exploitation de la planchette, où les hommes sont privés, même de ce qui semble être leur caractère distinctif, la station debout. On prend, au reste, tous les soins pos- sibles pour assurer le bien-être physique et moral des mineurs. Îls sont sous l'inpection du Steiger et de quel- ques officiers en sous-ordre attachés aux diverses parties de l'établissement; et avant de monter aux échelles, l’un d'eux fait une courte prière , qu’ils écoutent avec res- pect. On a aussi établi de grands instituts d'économie à leur avantage , et on leur fournit, par exemple, le seigle, base principale de leur nourriture, à un prix toujours fixe et indépendant des variations des marchés. Il y a, de plus, des caisses pour les pauvres, les veuves et les malades ; aussi les mineurs sont-ils généralement gais, et leurs chants semblent prouver au voyageur qu'il est plus sensible qu'eux, aux peines qu'ils endurent. Ce que la pioche a détaché est mis dans des caisses, que l'on nomme chiens, et qui sont conduites par de jeunes garçons jusqu à PL Norrce sûr LE CUIVRE BITUMIN. DU p«YS De MANSFELD. 297 Ja bouche du puits. Ces jeunes gens sont aussi couchés et armés de planchettes, et ils se traînent péniblement sur le bras et la jambe gauche, tirant après eux les chiens, qui pèsent jusqu'à deux quintaux et qu'ils attachent par une chaîne au pied gauche. On appelle cela courir ( laufen À je ne sais pourquoi, car ces malheureux ne peuvent que ? ramper fort lentement. Le minérai arrivé au puits, est mis dans des paniers et tiré au jour par des grues. Les gangues sont en partie amoncelées dans les voûtes, et en partie amenées au jour, où l'on fait de la’ chaux de quelques portions. Le minérai séparé de sa gangue est ensuite conduit aux fonderies dans des chariots décou- verts. Les frais d'extraction pour un fuder ( 5520 livres) s'élèvent de dix-huit à vingt-cinq écus. Comme l'exploitation n'est point située sur des lieux élevés , elle a fort à souffrir de la présence des eaux que l'on est forcé de conduire par des galeries horizon- tales jusqu'au lieu le plus bas , d’où les pompes les amènent sur le sol, de soixante toises et plus de profondeur. Outre plusieurs machines hydrauliques qui servent à cet usage, les mineurs possèdent actuellement deux ma- chines à feu. L'une est à Hettstaëdt dans l'ancienne par- tie prussienne. C’est la première qu'on aît vue en Alle- magne ; et l'ingénieur Bukling la construisit aux dépens du Roi, d'après les principes de Wait. Cetre machine, qui a coûté des sommes énormes, consommoit dans vingt-quatre heures , de soixante à -cent mesures de houille, ce qui coûtoit de soixante à cent écus. Par une meilleure construction, l’ou a réduit la dépense de vingt à vingt-quatre écus par jour. Elle élève soixante- cinq pieds cubes d'eau par minute à la hauteur de vingt- trois toises. La seconde machine à feu fut établie en 1814 près de Wimmelburg par Grund, qui en fit d'abord un fort joli modèle, qui y est encore, et mérite l'attention des étrangers. On a chauffe seulemeut avec des lignites et 222 HyDRAULIQUE. la dépense n’est par jour que de sept à dix écus. Les quatorze coups de piston quelle donne par minute, élèvent de quarante à soixante pieds cubes d’eau. Elle a coûté environ 18000 écus. HYDRAULIQUE. ObSERVATIONS SUR L'ÉCOULEMENT DES FLUIDES , PAR C. J. Lenor, Ingénieur au Corps royal des ponts et chaussées. ( Paris 1819 , de l’Imprimerie de Hocquet ). ; (Extrait communique. ) L'avreur cite d'abord les faits suivans, que Mr. Dubuat a fait connoître dans ses Principes d'hydrau- dique. 1.” Les liquides s’écoulent, sous une même charge, plus lentement par un tube capillaire, que par une ouverture de même diamètre , pratiquée en mince paroi. 2.° 1l y a une certaine charge qui, pour un tube vertical donné, produit une vitesse qui reste constante, quoiqu'on augmente la longueur du tube, mais qui s'ac- célère si on diminue cette longueur. ._ 3.° Sous une même hauteur de fluide, à la même température , et par le même tube, un volume d'eau pure s'écoule plus promptement qu'un volume égal d'al- cool ou d'eau salée, mais moins vîte qu'un pareil volume de mercure. 4° Le temps nécessaire pour l'écoulement d'un vo- lume d'eau donné, par le même tube capillaire, et sous SuR L'ÉCOULEMENT DES lLUIDES. 223 uné même hauteur de fluide , est d'autant moindre que la température de ce liquide est plus élevée. L'auteur croit, que la diminution de dépense par les tubes capillaires additionnels , est due, ainsi que celle qui a lieu dans de longs tuyaux d’un grand diamètre , à la diminution de vitesse qu’éprouvent les molécules de la première couche par leur adhérence à la paroi du tube; et à celle qui résulte de l'adhérence des mo- lécules d’une couche quelconque , à la couche précé- derite. Parmi les faits qui lui paroissent prouver l’adhésion réciproque des molécules fluides, il cite les suivans: Si on approche, dit-il, contre la partie lisse d’un jet- d'eau vertical, la partie lisse d'un autre jet-d’eau in- cliné, au moment du contact , ils s'enrouleront l'un au- tour de l’autre, et si le jet vertical est d’un diamètre beaucoup plus grand que l’autre, ce dernier formera autour de lui une espèce d'hélice ; on peut aussi à l’aide \ , 2 ; : ‘E d’un tube capillaire , adapté verticalement au fond d'un réservoir entretenu constamment plein , produire un écoulement goutte à goutte , dont la vitesse soit telle, qu'en plongeant l'extrémité du tube dans l'eau, on puisse ensuite l’éloigner de la surface de ce liquide de quinze à vingt millimètres, sans que le jet perde de sa continuité ; tandis que s’il ne communiquoit pas à l’eau il n2 produiroit que des gouttes successives et isolées. Enfin , si l’on retire de l’eau un cylindre de verre, de trois à quatre millimètres de diamètre, il res- tera à son extrémité une goutte de ce liquide; si en- suite on laisse tomber le long de la surface du cylindre une goutte d'huile, elle viendra se fixer sous celle d'eau où alle sera retenue par son adhésion à ce liquide. On pourra même souvent parvenir à placer sous l'huile , une seconde portion d'eau , et alors la masse entière présen- tera une couche d'huile en équilibre entré deux cou- ches d'eau. 224 HyYDRAULIQUE. Quant à l'augmentation de l'écoulement par les tubes capillaires, lorsque la température augmente, l’auteur rejette l'explication dé ce phénomène, qui seroit fondée sur l'existence d'une couche adhérente à la paroi et dont l'épaisseur seroit d'autant moindre que la température seroit plus élevée. Mais il croit que cet accroissement de dépense, résulte de ce que l'adhésion des corps so- lides pour les liquides, diminue à mesure que la tem- pérature augmente, J'ai pris, dit-il, un syphon de verre d’un diamètre constant dans toute sa longueur; j'ai introduit succes- sivement dedans des colonnes de différens liquides, mais de même longueur; ensuite, en inclinant ce syphon, j'ai fait monter le liquide à un point déterminé et j'ai appliqué le doigt sur l'extrémité correspondante, ensorte qu'en remettant le syphon dans la position verticale, une des colonnes étoit plus haute que l'autre de seize centimètres. Alors , en ôtant le doigt la colonne totale faisoit un certain nombre d'oscillations, avant de par- venir à l’état d'équilibre, et il est résulté de ces expé- riences le tableau suivant : NOMBRE TEMPÉR. total ARR TARRE RENE d’oscillations'1 ."€.oscill. 2.e oscill. a — — Eau … « 17 d. 12 29 CD NT LI CS Alcool - + 17 d. 9 12 3. 9 c. 8 Mercure : #| 17 d. 16 15 13 Eau . 92 d. 16 14 12 Alcool + . 80 d. 16 14e, D |12 Eau : : 6 d. 8 TC... D'IVTO Alcool : 6 d. 7 11 c. 8 ! 9 c:1a La cause principale de la résistance qu'éprouvent ces différens fluides en se mouvant , est manifestement l'adhé- rence de la colonne totale à la paroi intérieure -du syphon ; en effet une couche stagnante adhérente au L : Sur L'ÉCOULEMENT Des FLuipes. 225 au tube, en diminuant son diamètre, n’influeroit pas sur la vitesse du liquide eu la seule adhésion des mo- lécules fluides entre elles ne peut modifier cette vitesse, qu’en supposant l’adhérence à la paroi. L'auteur conclut de ses expériences, qu'a lu tempé: rature de 17° la perte de vitesse d'une colonne d'eau en mouvement dans un tube de verre , est moindre que celle guéprouve une colonne d'alcool de même longueur et ani- mée de la même force accelérairice ; et plus grande que celle qu'éprouve une colonne de mercure ; enfin que l'adhé- sion de l'eau et de l'alcool pour Le verre, diminue à mesure que la température augmente. Ensuite, faisant remarquer l'analogie entre ces faits et ceux établis par Mr. Dabuat, relativement à l'écoulement des liquides par les tubes capiilaires, il établit comme probable que ces phénomènes sont dûs à une même cause , c'est-à-dire , à l'adhésion du liquide pour la paroi plus ou moins mouillée; et que l’accroissement de cet écoulement par l'augmentation du diamètre du jet, mais bien la plus grande vitesse des filets fluides; il ajoute comme une nouvelle preuve de cette assertion, ce fait assez remarquable , que sous une même hauteur de fluide, un jet d'eau qui s'échappe par un tube capillaire vertical, s'élève plus haut à mesure que la température augmente. RS RAS SR RAR D Se. et Arts. Nouv. série. Vol. 13. N°. 3. Mars 1820. P ( 226 ) TT HISTOIRE NATURELLE. On me sea serpent. Sur le Serpent de mer. (-4rticle extrait de la gazette de Boston , aux Etats-Unis, du 56 août dernier.) Een RS ( Traduction. ) Larranrrion récente de cet animal, à Nahant, à la vue de plusieurs centaines de personnes a fourni peut- être la preuve la plus indubitable de son existence qu'on aît encore publiée. Pour la satisfaction de nos lecteurs nous nous sommes procurés une copie de la lettre suivante qui donne une description très- claire et intelligible de son apparence et de ses mouvemens. Les descriptions verbales que nous avons entendues en grand nombre s'accordent toutes en substance sur les détails qui suivent. Copie d'une lettre de Jawes Prince , Marshal de ce district, à l'honorable Juge Davis, datée de Nahant le 16 aout 1919. M. Je crois avoir vu l’animal dont on a beaucoup parlé sous le non de Serpent de mer. On m'a cité à cette occasion dans le papier de Boston de samedi soir; en conséquence, autant pour satisfaire à votre curiosité , que pour qu'on ne me fasse pas dire plus que je n’ai réellement vu, je vais vous exposer ce dont j'ai été témoin sur la plage;appelée Long-beach samedi dernier 14, dans la matinée. ; SUR LE SERPENT DE MER. 227 Dans l'intention de passer quelques jours avec ma famille à Nahant, je quittai Boston samedi matin de bonne heure, En passant auprès de la maison qu'on trouve à mi-chemin de la barrière de Salem , Mr. Smith nous apprit que le serpent de mer avoit été vu dans la soirée précédente, en face de la plage de Nahant, et que les habitans de Eynn s'étoient rendus en grand nombre au bord de l'eau ce matin même, dans l'es- pérance qu'il se-montreroit de nouveau. On me dit la même chose à l'auberge. Je m'applaudis d’avoir pris avec moi ma bonne lunette, pour le distinguer mieux dans le cas où on pourroit l'apercevoir. En arrivant sur la plage nous y trouvames beaucoup de monde , les uns à pied , les autres dans leurs voitures; et bientôt après on vit paroître en mer, à quelque distance, un animal dont la tête s'élevoit d'environ trois pieds au-dessus de l'eau, et dont le corps formoit une série de courbes noirâtres dont je pus compter treize ; mes enfans comp- tèrent quinze de ces inflexions. H passa trois fois, avec une vitesse modérée au travers de la baie, dont il fai- soit écumer l'eau 6n nageant, Ma famille et moi, qui étions en voiture, et pouvions le voir d’autant mieux, nous .estimames que sa longueur n’étoit pas moindre de cinquante pieds , ni au dessus de soixante. Je ne dé- cide point si le sillage qu'il laissoit après lui ne le faisait point paroître plus long qu’il ne l'étoit en réalité , et si ses protubérantes apparentes n'étoient point l’eftet de sa manière de nager. La première apparition de l’animal produisit beaucoup d'agitation parmi les spectateurs , et la nouveauté de la chose puisit un peu à l'exactitude des premières observations. À mesure qu'il nageoit en remontant la baie, nous, et tous Îles autres curieux avancions à peu prés de la même vitesses il plongeoit quelquefois tout à fait; et l'idée me vint que lorsqu'il mettoit sa tête hors de l’eau cétoit pour respirer; car son immersion complète duroit bien huit minutes. P a 228 H1STOIRE NATURELLE. Lorsque nous fumes un peu accoutumés à le voir nous l’observames mieux et je pus en faire le dessin que je vous ai présenté(r). Mad. Prince, et mon cocher, qui ont de meilleurs yeux que les miens, m'aidèrent beaucoup à suivre la marche de l'animal; ils me signa- loient les inflexions de sa route , et à l’aide de ma lunette je le voyois distinctement dans son mouvement latéral. Il ne se tournoit pas sans occuper assez de place en travers, et je fis entrer dans l'estimation de son étendue en longueur le temps et l’espace qu’exigeoit ure de ces évolutions; je le vis sept fois très-distinctement de- puis la longue plage que nous parcourumes en le sui- vant comme à la piste; et dans quelques -uns des points d'où nous le vimes, il n'étoit pas à plus de cent verges (environ cinquante toises) de nous. Après que j'eus passé là environ une heure avec la foule des spectateurs , l’animal cessa de se montrer, et je me mis en route pour Nahant. Mais en passant par la seconde plage je rencontrai Mr. James Magee, de Boston, dans un équipage avec quelques dames, que la curiosité avoit aussi amenées , et nous eumes alors le plaisir de revoir le serpent mieux encore qu’il ne s'étoit laissé voir dans l'autre baye, qu'il avoit quittée, à ce que je présume , pour s'éloigner des bateaux qui le poursuivoient en grand nombre et l'inquiètoient par le bruit des rames, car il paroît timide et nullement dis- posé à attaquer. Nous le vimes plus de douze fois dans cette seconde apparition , et toujours sous le même as- pect. Il étoit une fois si près de nous que mon cocher s'écria : « je vois briller son œil.» Pensant que je pourrois estimer par aproximation sa longueur en observant grossiè- rement l’angle comprisentre sa tête et sa dernière protubé- rance, et estimant sa distance, je me persuadai de plus en plus (1) Ce dessin est grossièrement copié dans une gravure qui accompagne la notice. (R) Sur LE SERPENT DE MER. 229 que sa longueur ne s'écarte pas de soixante pieds, à moins que l'effet du sillage. ne m'’ait fort trompé. Je ne prétends point affirmer que cet animal appar- tienne à l'espèce des serpens ou à celle des anguilles, quoique cette idée nous aît tous frappés plus ou moins ; mais Cest là certainement un animal fort extraordinaire. J'ai vu à la. mer, des baleines , des requins, des grampus, des marsouins , et d'autres poissons d'un très-grôs vo- lume, mais il ne ressembloit à aucun de ceux-là. La baleine et le grampus auroient lancé de l’eau ;.le requin nè met jamais sa tête dehors et le marsouin saute et joue dans l’eau ; aucun de ces poissons n’a le dos andoyant, ni la tête faite comme celui-ci. Il est vrai que le requin a une nageoire sur. le dos, et qu'il met quelquefois le plat de sa queue hors de l’eau, mais ces appendices n'ont point la forme, et certainement ils sont fort éloi- gnés du nombre des protubérances qu'on voyoit claire- ment dans cet animal; et le requin ne fuit jamais de- vant un bateau. L'eau étoit très-calme , et le temps clair ; nous le vimes si souvent que nous finimes par l'obser- ver tranquillement et tout à notre aise. Son apparition dura depuis 8h. jusqu'à 11 h.=. Plus de deux cents spectateurs amenés là par la curiosité, furent tous éga- lement convaincus et d'accord sur les apparences et les dimensions aproximatives de l'animal ; s'il y a eu de l'illusion elle n'a pu provenir que de la difficulté de distinguer les saillies que pouvoient produire ses in- flexions en nageant, et de véritables protubérances per- manentes; comme aussi de bien voir où firissoit son corps et où commençoit le sillage qu'il formoit après lui. Je conclus de ce que j'ai vu , qu'il existe réellement un animal étrange sur notre côte ; et jai pensé qu'un exposé simple de ce qui a frappé mes yeux seroit ac- cueilli par an amateur des sciences naturelles aussi éclairé que vous l’êtes, et qu'il pourroit contribuer à jeter 230 UE ARTS. quelque jour sur une question long.temps disputée ,et à laquelle je sais que vous avez pris de l’intérèt. J'espère aussi que si vous m’entendiez accuser de donner trop ‘aisément créance au merveilleux vous me feriez rendre justice dans cette circonstance. Je suis, ete. r | J. Prince. Nahant, 16 août 1819. ARTS. Lerrre pu Da. Hawer, Coxsrixxer pe Cour pe S. M. L'Empereur pe Russie au Prof. Picrer, sur Ja Cloche des plongeurs. Mr. : Vorcr quelques détails que vous m'avez demandés sur les observations que j'ai faites lorsque j'ai: eu la curiosité de descendre dans une machine à plonger, “au fond de la mer. C'étoit à Howth près de Dublin en Irlande; on y construisoit une jetée en pierre destinée à former un nouveau port pour les paquebots et autres bâtiméns , qui font le trajet de l'Irlande en Angleterre. On se sert actuellement en Angleterre pour ce genre de construction, des machines, que le célèbre ingénieur Rennie a fait construire d'après les principes de feu Mr. Smealon, qui sen étoit le premier servi avec succès. Ces machines n'ont pas la forme des anciennes clo- ches de plongeurs, mais elles sont fabriquées d’une seule pièce en fer fondu ; elles ont la forme d'une caisse oblongue, Ciocnx pes PLoxceruns. 23: ouverte par le bas, ordiuairement longue de six pieds, large de quatre et haute d'environ cinq pieds. La partie inférieure est plus épaisse en métal, pour lester la machine, qui d’ailleurs est beaucoup plus lourde que l'eau qu’elle déplace, et en conséquence. descend sans addition de poids. Le plafond est percé de douze trous auxquels sont adaptés autant de verres plans con- vexes, qui peuvent soutenir. une -forte pression en même temps , qu'ils donnent passage à la lumière. Le plafond est encore percé d'un trou d'environ un pouce, qui reçoit un tuyau de cuir flexible, destiné à intro- duire dans la cloche l'air refoulé d'en haut par une pompe foulante. Ce trou est fermé dans l’intérieur de Ja cloche par une soupape en cuir qui empêche l'air de ressortir, Dans l’intérieur, des deux côtés sont établis de petits bancs à marche - pied sur chaqu'un desquels deux personnes peuvent s'asseoir ; et du milieu du pla- fond descend une chaîne, destinée à porter les pierres qu'on veut faire descendre au fond de leau, on en retirer. ; La cloche, dans laquelle je suis descendu étoit sus? pendue par le milieu à une forte chaîne, et manœuvrée au mogen d'un tour mobile sur un-échaffaudage; les pierres qu'on souloit descendre étoient accrochées à la chaîne fixée dans l'intérieur de la cloche de masière que la pierre se trouvoit un peu au-dessous de son bord inférieur; et les personnes qui devoient descendre arrivoient dans un bateau au-dessous de la cloche élevée suffisamment pour permetire l'entrée. C'est de cette manière que je m'y suis placé avec deux ouvriers : la cloche descend très-lentement. Lorsque nous fumes à environ quatre ou cinq pieds au-dessous de la surface de l'eau je commençai à sentir une douleur dans les oreilles , qui devint de plus en plus vive à mesure que nous descendions. Je craignois qu'elle ne devint tout-à- fait intolérable, je faisois des efforts pour introduire 232 2,2 547 413 SA (Res l'air par la trompe d’Eustache dans l'intérieur de lo: reiile pour faire équilibre à l'air qui pressoit l'extérieur du tympan. Je fus assez long-temps avant d'y réussir et je ne pus même obtenir cet effet que pour l'oreille droite. L'air entrant brusquement, la douleur cessa à l'instant , mais. elle devint de moment en moment plus pénible dans l’autre oreille. Quand nous fumes à la pro- fondeur de quinze ou seize pieds il me sembloit qu'on introduisoit avec force une baguette dans cette oreille. Evufin je parvins à faire passer l'air aussi de ce côté, et j'entendis comme une sorte d'explosion très-remarquable qui fit cesser tout-à-coup la douleur. J'ai passé près de trois quarts d'heures au fond de Ja mer, (profonde à cet endroit d’environ trente pieds) pour y examiner le travail. Je fus surpris de la quantité ‘ de lumière qui pénétroit encore dans la cloche; je lisois et je prenois des notes sans la moindre difficulté. FPad- mirois l'adresse des ouvriers pour poser les pierres avec autant de régularité qu'ils l’auroient fait en plein air, Les signaux pour les mouvemens à faire se donnoient ‘par des coups de marteau, en nombre convenu, contre les parois de: la cloche; et quoique les ouvriers qui manœuvrent en haut fassent beancoup de bruit, on ne manque jamais d'entendre ces signaux; mais dans la cloche aucun ‘des bruits qui se faisoient en haut ne parvint à nos oreilles. Je m'attendois à éprouver quelqu'effet Pénible pour la respiration résultant de la pression de l'air augmentée du poids d’une atmosphère presqu'entière ; cependant je n'ai pas ressenti la moindre ineommodité sous ce rapport ; et comme on envoyoit d'en haut continuelle- ment de l'air pur, en quantité telle, qu’une bonne partie de celui de la cloche sortoit par le bas, l'air étoit aussi respirable dans la cloche que dehors. Je conviens qu'en observant le morceau de cuir qui formant la soupape d'entrée, résistoit seul à la pression énorme de CLrocne Des PLonceurs. 233 l'eau , je n'étois pas sans quelque inquiétude, en réflé- chissant que si quelque corps étranger venoit à em- pêcher cette soupape de se fermer complétement, on seroit noyé presqu’à l'instant. En remontant j'éprouvai de nouveau dela douleur dans les oreilles, résultant de la dilatation de l'air dans leurs cavités intérieures ; mais sa sortie étant beaucoup plus facile que son entrée , à raison de la structure presque conique de la trompe d'Eustache, je sentois presqu'à * chaque pied d'ascension une bulle d'air qui se faisoit jour de l'oreille dans la bouche , et qui chaque fois faisoit cesser la douleur. Comme l'orifice de la trompe d’Eustache vers la bouche se ferme en facon de tuyau aplati, qui fait pour ainsi dire fonction de soupape, il est très-difhcile d'y faire entrer l'air sous la pression atmosphérique ordinaire; mais sous la cloche, la seule action de la déglutition y suffit; il paroît que le jeu des muscles des joues pendant cette action ouvre l’ex- trémité de l'orifice de la trompe, et qu'alors l'air con- densé force son passage. Chacun peut faire sur lui-même l'épreuve de cette introduction de l'air ; il faut d’abord fermer les narines, et faire ensuite une forte succion en ayant la bouche fermée; l'air vient alors de la ca- vité interne des oreilles dans la bouche, et on sent une légère douleur. Pour Ja faire cesser il suffit d'avaler la salive ; alors il rentre de l'air par la trompe d'Eus- tache, et l'équilibre se rétablit. Il faut convenir que cette pratique n'esi pas également facile pour tout le monde. D'après ces observations l'idée m'est venue que la cloche des plongeurs pourroit servir de remède dans les cas de surdité provenant de l’obstruction de la trompe d'Eustache. Dans la conversation avec les ou- vriers qui travailloient tons les jours sous l'eau, j'appris qu'ils éprouvoient des effets analogues dans les oreilles ; Jun d'eux me dit, que lorsque la douleur étoit deve- nue très-forte , il entendoit quelquefois un bruit comme 234 AR TS. d'un coup .de pistolet, qui la faisoit-disparoître.* A Plymouth où l'on se sert d’une cloche semblable pour déblayer le port un ouvrier, qui pendant plusieurs mois avoit travaillé sous la cloche, avoit tellement pris Thabitude de ce séjour ;: qu'il éprouvoit du mal-aise des qu'il respiroit à l'air libre. Je crois avoir été le premier qui soit descendu dans une de ces cloches , sans autre motif que la curiosité ; mais depuis, quelques autres personnes, même des dames, ont eu le courage de faire ce voyage sous-marin (1). 2 q (x) Une de ces dames est Lady Hardy, femme du célèbre ämiral dé ce nom. Nous n’aurions pas pris la liberté de la nommer si son nom n’eût paru dans les papiers anglais à Foccasion de cette excursion sous-marine. Cette dame, qui réside actuellement à Genève, nous à dit avoir éprouvé pré- cisément les mêmes effets de la pression de l'air, dont on vient de lire les détails. Trois personnes descendirent avec elle dans la cloche , et l'un de ces curieux, homme âgé et assez corpulent , en fut encore plus incommodé qu’elle. La tespiration étoit d’ailleurs libre et facile; et la lumière à trente-cinq pieds de profondeur , suffisoit pour qu'on püt ai- sément y lire une lettre. Cet essai eut lieu dans la rade de k piment, (R) MÉLANGES. Norice : ns SEANCES DE L’\can.Row. DES scrENCES pe Pants pendant ‘le mois d'octobre,  Oct. M». Vallot, de l’Académie de Dijon, ‘envoie un écrit en latin, faisant suite à un Mémoire, que l’Académie avoit déjà recu. Mr, Gay-Lussac fait, an nom d'une Commission , un Rapport sur un Mémoire dans lequel Mr. Vicat a décrit les moyens de fabriquer des pouzzolanes artificielles com- _parables aux meilleures d'Italie. Mr. Dupetit Thouars lit un exposé de ses efforts pour recueillir tous les produits de ses voyages. Mr. Duverger lit un Memoire sur une nouvelle lampe portative. Renvoyé à une Commission qui rapportera. Mr. Viard adresse des supplémens aux Mémoires qu'il avoit présentés dans l'une des dernières séances. 12 Oct. Mr. Marqué Victor adresse à l'Académie un Recueil d'observations météorologiques faites à Toulouse pendant plusieurs années consécutives. Mr. Molard, au nom d’une Commission , entretient l’Académie d’une machine inventée par MM. Porlier et Durieux pour fabriquer du papier de longueur indéfinie. Les auteurs désirant que cette invention ne fût pas rendue publique , Mr. Molard s'est contenté d'annoncer qu'elle fonctionne bien , et que les moyens par lesquels on a vaincu les difficultés sont très-ingénieux. Mr. Chomel litun Mémoire sur un fait singulier de me- decine pratique. On nomme des Commissaires pour l'exa- miner. Mr. Stephenson lit un Memoire sur une opération chi- 236 MÉLANGESs. rurgicale , tres-difficile, qu’il a subie lui-même. Renvoyé à une Commission. 18 Oct. On commence la lecture d’une lettre accom- pagnant un Memoire sur l’art de diriger les ballons , par Mr. Ferrand, L'auteur croit que l'air est: le seul. obstacle qui s'oppose à la possibilité de trouver des moyens de direction. La lecture de Ja lettre n'a pas été achevée. On lit un Rapport de Mr. Dupin , au nom d’une Commission, sur un Mémoire de Mr. Gilbert, intitulé Essai sur l'art de la navigation par la vapeur. Cet Essai commence par un exposé historique de la naissance et des progrès de cet art; et l'auteur passe ensuite aux moyens de le développer en France. La seconde partie est théorique et traite de l'application de ce genre de navigation à la marine militaire. Les Rapporteurs con- cluent à ce que le Mémoire recoive l’approbation de l'Académie. Mr. Dupin annonce que Mr. Watt vient de construire sur la Tamise un bateau à vapeur, dont la machine est de la force de soixante chevaux. Ce bateau conduit à la remorque, avec une vitesse de cinq milles et demi à l'heure , un vaisseau de 74. Mr. Percy fait, au nom d'une Commission, un Rapport sur une machine imaginée par Mr. Ameline, médecin à Caen, pour démontrer la structure anatomique du corps humain. Ce modèle, très-ingénieux et très-fidèle , peut être démonté pièce par pièce, et peut suffire pour don- ner aux commençans des notions générales d'anatomie ; mais on doute qu’elle puisse remplacer l'étude sur le cadavre. Les Rapporteurs concluent à l'approbation de l'Académie. Mr. St. Aubin continue la lecture d'un Memoire cri- tique sur l'ouvrage de Malthus sur la population. L'auteur croit qu'il est, en économie politique, des recherches aussi inutiles que celles de la pierre philosophale ; et il met de ce nombre celle de Mr. Malthus; on peut, Norrce pes Séances pe L'Ac.R.DEsScrenc. px Paris. 237 dit-il, toujours établir sur les faits mêmes qu'il avance, une théorie opposée à la sienne. Il regarde aussi comme oiseuses toutes les recherches sur la dette de l'Angleterre ; hi il que la population soit toujours en raison des moyens de subsistance. La Classe se forme en comité , et décide à l’unani- mité qu'il y a lieu de nommer un associé étranger en remplacement de Mr. Watt décédé, 25 Oct. Le Ministre de l'Intérieur envoie à l’Acadé- mie copie d'une Ordonnance de S. M., qui autorise l'ac- ceptation d’une rente annuelle de 500 francs, donnée -Par un anonyme pour la fondation d'un prix en faveur de celui qui aura inventé ou perfectionne les instrumens utiles à l'agriculture, aux arts mécaniques , et même aux sciences speculatives. On ajourne à une autre séance la nomination d’une Commission sur cet objet. L'Académie recoit un Mémoire de Mr. Faveret, hor- loger à Vesoul, sur Zes moyens de faire indiquer par la même pendule le temps sideral et le temps solaire moyen. Renvoyé à l'examen de MM. Breguet et Arago. Mr. Fournier continue la More: d’un Mémoire sur la parole. Il traite de l’éducation des organes de la pa- role, et des modifications que l’âge , le sexe , et les divers états de l'individu lui font éprouver. Cette lecture n'est pas achevée. Mr. le Comte de Thiville lit un Mémoire sur quel- ques erreurs en physique, produites par l'application mal entendue du calcul à des cas particuliers. L'auteur cite en exemple ceux qui ont eu pour objet l’estima- tion des forces musculaires. Mais l'erreur principale qu’il cherche à relever est celle par laquelle on a attri- bué des frottemens aux corps qui se meuvent dans un fluide incompressible , tel que l'eau. Il affirme que l'eau qui balaie une surface plane ne l'use jamais, et qu’elle nattaque que les aspérités , parce que contre celles-ci ya percussion; les expériences les plus délicates ne 538 1" OMÉéLrances. péuvent, selon l'auteur, montrer que le frottement existe dans les cas qu'il indique, et il en conclut que les cal- culs dans lesquels on l'a supposé ont conduit à des ré- sultats faux. Il avance un troisième exemple de ce genre d'erreur dans l'établissement du rapport des volumes de l'eau en vapeur, et liquide, variable selon la température. Ce Mémoire est renvoyé à des Commissaires pour l'exa- miner et rapporter. La Commission nommée au scrutin pour la présenta- tion des candidats pour la place vacante d'associé étran- ger, en remplacement de Mr. Watt, est composée de MM. Laplace, Delambre , et Arago , pour la section de mathématiques ; et de MM. Lacépède , et Gay- Lussac pour la section de physique, et finalement elle peut nous conduire à des notions sur leur formation. » Nous extrairons du premier chapitre les données sur les dimensions de la terre, en les considérant comme ce que l'on peut offrir de plus exact, puis qu'elles sont présentées par un géomètre, et comme résultat des tra- vaux les plus récens. L'arc du méridien mesuré par MM. Delambre, Méchain, Arago et Biot, pour déterminer le mètre, s'étend depuis Dunkerque, par Perpignan, jusqu'à la petite île de For- mentera dans la Méditerranée ; son amplitude est de 12° 48! 44", et son étendue géodésique ést de 705.089 toises; d'où l'on a conclu que le quart du méridien, depuis l'équateur jusqu'au pôle, étoit de 5,13r,111 toises ou 10,000.7923 mètres légaux, De cette donnée , et en admettant un aplatissement de 0,00324, on a pour les principales dimensions du sphéroïde terrestre : Rayon de l'équateur . . . . 636986 mètres. Demi axe terrestre . . . . 6356324 Différence, ou aplatissement . 20662 Sc. et Arts. Nour. série. Vol. 13.N0. 4, Avril 1820. R 258 GÉOGNOSIE. Rayon moyen, ou à 45° latit. . 6366745 Degré à cette même latit.(r) . 111119 Surface du globe, environ . 5100000 myr. carrés. Volume du sphéroïde . . . 10792358ao myr. cubes. Quant à la densité du globe, l'auteur penche à croire avec Mr. De Laplace , et d'après la théorie, qu’elle est de plus en plus grande à mesure quon s'enfonce dans l'intérieur. Les opérations de Maskelyne sur le mont Shehallien en Écosse, corrigées par les calculs de Hution et les recherches minéralogiques de Playfair, donnent au globe terrestre une densité moyenne de 4,7, l'eau étant représentée par l'unité. La belle expérience de Mr. Ca+ vendish élève cette densité jusqu’à 5,48. L'auteur en conclut que la densité moyenne est environ cinq fois plus grande que celle de l'eau, et par conséquent pres- que double de la densité de la portion de l'écorce solide qui nous est accessible. . Dans le second chapitre , l'auteur n’étend pas à plus de quatre à cinq milles mètres les plus grandes profon- deurs de l'océan. Il rappelle que Mr. De Laplace a dé- montré que la profondeur moyenne de la mer n'étoit qu'une petite fraction de la différence entre l'axe équa- torial et l’axe polaire de la terre, différence qui n'est pas de 21000 mètres. Le niveau de la mer se maintient sensiblement à la 0 (1) Le rayon du sphéroïde , à une latitude quelconque, Z. #4 ést donné en mètres par la formule R = 6366745 (1+0,001640 coss. 2. L. ); le degré de latitude l'est par D rirr19 — 541 coss. 2 Z., et le degré de longitude, D', par 1,001621 = Coss. Z. A 111299 1,001023 cos. 2. 2. pe D'= Tnarré ne. Géocxost£. 25g même: hauteur depuis des siècles, cependant l'évapora- tion lui enlève annuellement une couche, d’eau d'envi= ron un mètre d'épaisseur, Elle est remplacée par les eaux des pluies et des fleuves. | : Nous remarquons à propos des analyses de l'eau de la mer, faites par divers chimistes et cités par l'auteur. dans le mème: chapitre, qu'il est: à regretter que le tra- vail le plus complet sur, cette matière, et qu’on doit au Dr. Marcet, ne lui aît pas été connu à l'époque de la publication de son ouvrage. L'auteur donne, d'après’ Humboldt, un petit tableau de la quantité moyenne annuelle de pluie, et de la tem: pérature moyenne correspondante dans quatre latitudes très-différentes qui constiurent comme autant de climats. Nous le présentons à vos lecteurs. | | :4 Température ! Latitude. |correspondante.| Pluie en un ag. — ——_——— ————— ——— | — o® 299 go pouces: 19 26 75 | : : if 45 13 27 4 60 4 16 Le chapitre qui traite des inégalités de la surface du globe est divisé en: deux sections ; la première. consa- crée aux saillies , la seconde aux dépressions, relative ment.au niveaw-de la mer: L'auteur entre dans beau- coup de détails sur la distribution des montagnes en chaines ; plutôt qu’en pies isolés, et il en développeiles circonstances et les: conséquences: Nous rappellerons à cette occasiontune observation de De Saussure, qu'il cite , et qui se vérifie dans nos environs, c'est que les chaînes imérieures des Alpes tournent le dos à la partie R à 260 GÉéocvosrsz. extérieure et présentent leur escarpement à la chaîne centrale, Le même observateur a remarqué que dans les montagnes formées de couches inclinées , la pente la plus douce est ordinairement celle qui a lieu dans le sens de l’inclinaison. L'auteur a vu fréquemment la confirmation de cette remarque. A propos des vallées, l'auteur, après avoir remarqué que quelques-unes ( et il les cite ) présentent des ren- flemens et des étranglemens successifs qui en forment comme autant de bassins communiquans , ajoute cepen- dant que plus des trois quarte des vallées qu'il a obser- vées lui ont paru conformes à l'observation de Bourguet, c'est-à-dire, présenter une correspondance frappante entre les angles saillans d’un côté et rentrans de l'autre. Mais il ajoute que cette remarque, donnée par quelques sa- vans comme la clef de la théorie de la terre, a été peut- être trop généralisée. L'esquisse donnée par l'auteur, de la constitution physique des montagnes, doit intéresser le géognoste, le géographe, l'ingénieur civil, l'ingénieur militaire, et tous les amateurs d'histoire naturelle. En parlant de la direction générale des chaînes, l'auteur n'y voit qu'une seule loi; c'est qu'en général cette direc- tion est dans le sens de la plus grande dimension des îles, presqu'îles, ou continens, que renferment ces chaînes, Dans la seconde section , ( fort courte ) de son troi- sième chapitre, l’auteur montre fort bien qu’il existe au fond de la mer des groupes et des chaînes de mon- tagnes, et de plus, qu'il s'y en forme tous les jours par le travail lent, mais continuel , des zoophytes qui cons. truisent des. amas de coraux, madrepores, etc. dont plusieurs s'élèvent en forme d'îles dans divers parages- Le'quatrième chapitre, de beaucoup plus étendu que les autres, traite des ageos qui modifient la surface du globe et des dégradations on changemens produits par cette action. C'est une des parties de l'ouvrage où l'or- dre brille le plus. La première section traite des agens TRAITÉE DE Groexosrs. 261 -et de la nature de leur action; et la seconde, des chan- gemens et des-dégradations opérés à la surface de la terre. Il distingne les agens en extérieurs et intérieurs; les premiers sont l'atmosphère et l'eau ; les seconds, les volcans et les tremblemens de terre. L'eau a beaucoup plus d'influence que l'air pour mo- difier la surface du globe. Ce liquide presque toujours agité, et passant sur la terre ferme et sur les roches, les corrode, en détache les molécules et les transporte ailleurs, où elles forment de nouveaux terrains et de nouvelles masses minérales. Cette action est de deux espèces ; tantôt mécanique , tantôt chimique : elle se trouve à la surface du globe sous diverses apparences différentes ; 1.° à l’état d'eau sauvage, comme l'appelle l'auteur, immédiatement après qu'elle est tombée en pluie de l'atmosphère ; 2.° sous la forme de courant réglé, de ruisseau, rivière, ou flenve. L'auteur examine en dé- tail ces effets destructeurs dans les différentes manières d'être, et cite un grand nombre de faits classés sous cette division. | Quoique nous soyions en général très-disposés à adop- ter ces observations, nous ne pouvons nous empêcher : de voir autrement que lui dans l'influence qu'il attribue aux érosions des rivières. Il sembleroit en résulter qu'elles ont presque toujours crensé leur lit, même dans les tas où elles coulent entre deux murs verticaux, de pierres . très-dures. Nos propres observations nous ont conduit -à une conclusion toute contraire, c’est-à-dire , que les cas où la rivière a creusé son lit, sont les plus rares , et ceux où elle coule dans un lit antérieurement forme, sont de beaucoup les plus fréquens. Nous en,appelons à lui-même dans un cas qui doit lui être aussi bien . conuu qu'à nous ; c'est l’encaissement du Gave-entre deux énormes murs verticaux de pétrosilex , à environ une lieue au-dessus des bains de St. Sauveur dans les . Pyrénees. 262 : 4G #0 GE N'OSTE. L'action chimique de l'eau décompose ls pierres les plus dures. L'anteur a vu dans un chemin creux, ouvert ;par la poudre depuis six ans, des granites entièrement décomposés dans ‘une épaisseur de trois pouces. L'eau a aussi une action reproductive ; et, selon que ‘les matières qu'elle dépose étoient mécaniquement sus- “pendues , ou chimiquement dissoutes par elle , ses for- mations sont mécaniques ou chimiques. Le premier mode ‘d'action produit les alluvions ; les sédimens de toute ‘espèce: l'action chimique produit les concrétions de tous les genres et de toutes les formes, depuis les énor- mes (stalactites qu'on ‘voit dans certaines cavernes , jus- qu'aux pysolithes ou ‘dragées de Tivoli. Il paroît qrie ‘J'eau , mème à la température ordinaire, peut tenir en ‘dissolution la matière quartzeuse. « J'ai vu,» dit l'auteur, « sur des fragmens d'un bois fossile pen altéré brun noï- -râtre ; de jolies rosettes de cristaux de quartz bien pro- rmoncées ayant six ‘à sept lignes de long, et dont la -surface portoit comme un enduit de ‘calcédoine. Voilà incontestablement une formation de quartz cristallin bien -récente:, ‘car les bois qui portoient ces cristaux étoient plutôt à demi pourris qu’à l'état de vrais lignites. Je ci- “terai encore pour exemple des formations quartzeuses ‘récentes, quelque extraordinaire qu'il me paroisse, celui dun: silex d'environ neuf pouces de long et quatre de “large: (trouvé en 1812 en béchant un jardin) qui, etant cassé présentoit dans une cavité cylindrique, une vino- #taines: de petites pièces d'argent dont les plus anciennes im'étoient que du seizième siècle (r). Les eaux des Gey- .sersoien Islande, produisent des concrétions siliceuses “exactement semblables aux'éoncrétions calcaires dont rpous avons : parlé.” -Bes agens qui modifient l'intérieur dû globe et qui ge montrent de temps en temps à sa surface ne nous Re ————_——— (x) Journal des Mines, n° 23. Lu TRAITÉ DE GÉOGNOs1I&. 263 sont.connus que par les phénomènes des volcans et des tremblemens de terre. Après avoir fait le récensement rapide des volcans actuellement en activité dans les quatre parties du monde,et qui sont au nombre de deux cent cinq, l’auteur fait une description aussi juste qu'animée de la série de phénomènes qui accompagnent une éruption. Il examine ensuite avec détail ce que chacun des phénomènes signalés présente de plus re- marquable ; il parle successivement des déections ou des. matières lancées, et des éruptions, ou des laves versées au dehors des cratères. À propos des projections volcaniques, l'auteur a recherché quel étoit leur plus grande vitesse à la bouche du Vésuve ou de l’Etna , et il n'a pas trouvé. qu'elle füt.égale à celle des boulets au sortir des pièces d'artillerie, vitesse qui est de quatre à cinq cents mètres par seconde. Il donne, d'après Spal- lanzaoi, un détail curieux observé sur le Stromboli. Nous allons le transcrire. « La lave qui remplissoit le cratère ressembloit à du bronze fondu; elle s'abaissoit et s'élevoit par des oscil- lations continuelles , dont les plus grandes n'étoient pas de vingt pieds. Lorsqu'elle arrivoit à vingt-cinq ou trente pieds des bords supérieurs du cratère, sa surface se gonfloit ; il s'y formoit de grosses bulles qui avoient sou- vent quelques pieds de diamètre , et qui en éclatant, faisoient un bruit assez semblable à celui d’un coup de tonnerre qui.ne se répéteroit pas. Au moment de l'ex- plosion, une masse de lave, diviséeen mille mor ceaux, Sélançoit avec une vitesse inexprimable, en jetant beau- coup de fumée et d’étincelles. De suite après dla lave baissoit, puis elle remontoit; et produisoit une nou- velle explosion et un nouveau-jet, ainsi continuellement, Elle descendoit en silence ; mais lorsqu'elle remontoit et qu'elle commencoit.à se tuméfier , elle: faisoit-enten- dre un. bruissement pareil à celui d'un liquide sa s’extravase par l'effet d'une forte ébullition, » :; 264 - GÉocnosre. A l'occasion de la lenteur avec laquelle les laves se refroidissent , l’auteur cite des faits curieux. Spallanzani en traversant sur l'Etna une lave qui ne couloit plus depuis onze mois, vit à travers les gerçures de sa sur- face qu'elle étoit encore rouge; et un bâton quil y enfonça prit feu. Des morceaux de bois jetés par Hanñilton dans les crevasses d’une lave du Vésuve sortie depuis trois ans et demi, et éloignée de deux lieues du cratère s'enflammèrent de suite. Quant aux torrens d'eau et de boue vomis quelquefois par les volcans l'auteur adopte l’opinion de Mr. Breislak qui, dit-il, « remarque avec beaucoup de raison que la plupart de ces torrens, et en particulier ceux qu’on dit sortis du Vésuve ou de l'Etna, ne sont dûs qu'aux grandes averses qui ont souvent lieu dans les crises volcaniques. » Après avoir fait connoître les divers phénomènes des volcans l’auteur jette un coup-d'œil sur des phénomènes curieux météorologiques qui ont avec eux les plus grands rapports. Mais ce sont sur-tout les tremblemens de terre, qui paroissent intimément liés avec l2s phénomènes volca- niques. L'auteur en distingue avec Werner, deux sortes ; les uns paroiïssent tenir à un volcan particulier et avoir leur foyer dans la même région que lui; ils ne se font guères sentir qu'à quelques lieues ou dixaines de lieues de distance ; et presque toujours leurs paroxismes sont liés avec ceux du volcan. Les autres, qui paroissent avoir leur foyer à une bien plus grande profondeur, et dont les effets sont beaucoup plus grands, se propa- gent à des distances immenses avec une célérité in- -croyable ; ils se font ressentir presque en même temps sur des points éloignés de mille lieues. Les causes de tous ces phénomènes souterrains, vol- caniques et autres, sont encore bien peu connues. On ne peut y méconnoître la présence et l’action du calo- À | | TRAITÉ DE GEOGNOSIE. 265 rique. Mais, «quel est dans l'intérieur le eombustible qui lui sert d'aliment, la cause qui peut l'avoir allamé ? Quelle est la substance qui, fondue par lui, fournit la matière des laves? Quelle est la force qui a poussé au dehors cette matière fondue ? Où sont enfin ces foyers ? Ce sont (dit l’auteur) autant de questions anxquelles il est impossible , dans l'état actuel de nos connoiïssanees, de répondre d'une manière positive. » En résumant ce que l'observation indique de plus probable sur ces ques- tions, l'auteur exclut spécialement la prétendue inflam- mation des pyrites; et quant à la cause ‘des éruptions il J'attribue à la réduction de l'eau en vapeur et à la for- mation des fluides gazeux. En passant en revué dans la seconde section de ce chapitre les causes des changemens et des dégradations opérées à la surface de la terre, l’auteur indique l'ac- ‘tion de la pesanteur qui fait tomber et crouler’ce qui n'est pas assez soutenu; l'action érosive des élémens at- mosphériques , celle des volcans et celle des ‘tremble- mens de terre. Il entre , sur les effets de toutes ces causes, dans des détails dans lesquels nous regréttons de ne pouvoir le suivre; et, à propos de la formation des vallées, il attaque l'opinion de De Luc, que les couches, de part et d'autre de ces vallées, inclinent vers le thalweg, et qu'elles sont ainsi parallèles aux parois de ces mêmes vallées. Il cite un nombre d’exemples d'une stratification différente. ‘ Dans le dernier article de son quatrième chapitre l'auteur examine leseffets qu'on peut attribuer aux vol- cans et aux tremblemens de terre , d'après l'observation de ceux de ces effets qui, de mémoire d'homme, ont été réellement produits par ces déux classes d'agens. Après avoir exposé en détail les plus remarquables entre ces effets, il se persuadé qu'ils ont eu, et ont encore , bien moins d'influence qu’on n’est tenté de leur en attribuer pour modifier la surface du globe; et voici 265 GÉo&nwosrr. sa conclusion à eet égard. « Les feux souterrains (dit-il) sont locaux et ne manifestent leur action que par in- tervalles; les autres, comme les élémens atmosphériques et les eaux, agissent sur chaque point de cette surface, et ils y agissent sans interruption, De cette différence il en doit résulter une bien grande dans leurs effets : les premiers, par la manière violente et rapide avec la- quelle ils se développent sont quelquefois terribles pour l'homme , il est vrai, mais leur action sur l'écorce mi- nérale du globe n'est que partielle, et le. plus souvent même ce n'est qu'une crise passagère qui ne laisse point de suite: les autres, foibles en apparence, n’agissant que lentement et peu à peu ; mais, par l'universalité et la continuité de leur action ils produisent des effets généraux qui se répètent partout et qui deviennent immenses avec le temps. C'est un mal qui mine et ronge continuellement le corps qu'il attaque ,. et qui finit par en entrainer infailliblement la destructien. » L'auteur n'arrive que dans son cinquième chapitre à la géognosie proprement dite ; l'étendue de cet extrait, qui dépasse nos limites ordinaires , ne nous permet pas de l’y suivre aujourd'hui; ce sera, nous l'espérons , dans un prochain cahier. ( 267 ) HISTOIRE NATURELLE. ÆExTRAIT DE QUELQUES OBSERVATIONS FAITES EN SICILE, ‘ par Mr. Srérano Moricanp ; lues à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève. L, partie de la Sicile qui est la plus voisine de la Calabre est la-seule primitive ; les environs de Messine jusqu'au Gap Melazzo offrent le granite et le schiste micacé ; et quand ces roches sont masquées par des su» perpositions calcaires les galets du bord de la mer les indiquent toujours. En suivant depuis Messine la côte orientale l'on rencontre les montagnes de Taormina qui forment l'extrémité des anciens monts Nebrodes et de la chaîne de montagnes calcaires qui enveloppe.et borne de ce côté la formation primitive; cette chaîne s'étend derrière l’Etna qui, seul et isolé, forme un système à part. Quand on a dépassé ses bases, qui -n'offrent .que des produits volcaniques, l'on retrouve le calcaire :com- pacte qui constitue des collines et montagnes peu élevées, aux environs de Syracuse, et se prolonge jusqu'au Cap Passaro et dans une ‘partie du Val de Noto; dans tout cet espace l’on observe des traces d'anciens volcans; leurs laves en général très-noires , compactes, ou poreuses et dont on reconnoît des coulées bien apparentes re- ‘posent sur le calcaire et quelquefois en sont recou- vertes , quelques cratères sont encore très-distincis. Les deux autres côtés du triangle que forme l'île depuis le Cap Melazzo à Trapani et de Trapani au Cap Passaro sont en général bordés le long de la mer par une for- mation calcaire plus récente, c'est une espèce de pierre 268 HisToïRe NATURELLE. poreuse ayant l'apparence d'un tuf, entièrement com- posée de débris de coquilles et autres corps marins lâchement mais très-fortement liés par le ciment calcaire, l'on y voit aussi beaucoup de coquilles entières, des pétonètes, des peignes, etc. toutes celle que jai pu reconnoître appartiennent aux espèces actuellement vi- vantes dans la Méditerranée. Ce terrain coquillier forme une chaîne de collines et de montagnes assez élevées particulièrement près de Palerme. Cette pierre qui, au premier coup-d'œil paroït devoir offrir peu de solidité est employée dans les constructions , elle se prête même aux formes d'une architecture élégante et résiste par- faitement aux injures de l'air; témoins les beaux tem- ples d'Agrigente sur la côte méridionale, qui en sont entièrement construits, et dont une vingtaine de siècles n'ont altéré ni les colonnes ni les corniches, ni même les parties les plus délicates telles que les métopes, les triglyphes, les gouttes qui sont encore de la plus par- faite conservation. L'intérieur de l'île est presque tout gypseux ; ce sont ces collines et ces montagnes gypseuses qui récèlent les mines de sel gemme et celles de soufre, si connues des minéralogistes par les belles cristallisations de cette subs- tance et les superbes groupes de strontiane sulfatée qu’elles fournissent à nos collections : l'on voit d'après cette disposition générale qu'elles n'appartiennent nulle- ment aux terrains volcaniques. Le soufre y est à l'état natif disposé par lits et par petites couches interrom- pues dans une marne bleuâtre composée de chaux car- bonatée , de chaux sulfatée , d'alumine et de magnésie, en proportions variables, et généralement recouverte de chaux sulfatée lamelleuse. Les environs d'Arragona, de Girgenti, de la Cattolica, de St. Cataldo, etc. offrent par tout des mines en exploitation , dans quelques-unes comme à la Gattolica, à Ibiza, l'on trouve beaucoup de strontiane que les ouvriers nomment marmorine quand ExTRAIT DE QUELQ. OBSERVATIONS FA/TES EN SICILE. 269 elle est cristallisée ; dans d'autres, comme à St. Cataldo, à Arragona , l'on n'en trouve point; mais dans cette dernière j'ai observé des petits cristaux de baryte sul- fatée en tables minces quadrangulaires bizelées sur les bords, qui paroissent appartenir à la variété trapezienne, ils étoient mélangés avec du soufre cristallisé. La plus remarquable de ces soufrières est celle de la Stretta; près de Callanisetta au fond d'un souterrain où il fait une chaleur étouffante. Il y a un trou de six pouces de dia- mètre duquel le soufre coule fondu par petits jets un peu intermittens, c'est une véritable fontaine de soufre ; ilest recu dans un bassin où il se fige, on le casse pour l'emporter hors de la mine et le raffiner, car il est fort impur ; il perd les deux cinquièmes de son poids dans cette opération. Quelle est la cause de ce phénomène ? Je n'ai aucunes données pour l’expliquer autrement que par des suppositions, des hypothèses, plus ou moins plausibles, mais qui ne sont pas appuyées par des obiervalins. 1 An velus ce) + Ce que je viens de dire de la constitution géologique de la Sicile ne doit s'entendre que dans un sens géné- ral, car le calcaire qui sert de base à la formation gypseuse s'élève quelquefois au-dessus d’elle : la ceinture du .calcaire coquiller: que j'ai décrite et qui enveloppe l'île au nord et au midi est quelquefois interrompue ; les collines de gypse avancent alors jusqu'à la mer, etc. je n'entre point dans tous ces détails (1), il me suffit d'indiquer les grands traits et de faire remarquer que la seule partie volcanisée est la partie orientale depuis le Cap Passaro à l’Etna; que ces volcans éteints datent (r) Le savant Brocchi qui dans le même temps qne moi parcouroit la Sicile, publiera sans doute ses observations , qui seront bien plus étendues que les miennes et telles que.l'on doit les attendre d’un géologue aussi habile. (A) 270 HirsTOrRE NATURELLE, d'une antiquité fort reculée, puisque leurs prodnits alter: nent avec le calcaire compacte et coquiller et que l'Etna qui borne au nord cette région volcanique en est ce: pendant distinct etisolé, s’élevant majestueusement au- dessus de toutes les autres formations. . , . . , Je n'entreprendrai pas de décrire’ce formidable volcan, limmense étendue de sa base, la riche végétation qui l'embellit, la vue magnifique dont on jouit depuis sa cime qui s'élève dans la région des neiges, ses érup+ tions et tous les phénomènes qu'elles présentent; des plumes habiles se sont exercées sur ce sujet, et d'ailleurs l’on peut consulter la seconde édition de l'Histoire de l'Etna par l'abbé Ferrara, qui né sur l'Etna même a pu Pétudier à loisir’, ‘et qui joignant à ses propres obser« vations de savantes recherches sur les auteurs qui en ont parlé, a enrichi la science de l’ouvrage le plus com- plet que nous ayons sur cette matière; mais je m'arrê- terai à quelques observations géologiques. Il me semble que l'on doit considérer les laves de l'Etna comme ap- partenant à trois âges ou époques différentes. 1.° Les plus anciennes , celles qui sont recouvertes par toutes les autres, se montrent dans une partie de sa base du côté de, la mer, elles constituent particulièrement la Motta St. Anatasie , l'éminence du château d'Aci, l'île des Cyclopes, et les Fariglioni, qui n'en sont que des démembremens. 2.° Celles dé; la seconde, époque, qui sont intermé- diaires-entre les précédentes et les suivantes et paroissent appartenir. à des coulées détruites; on ne les trouve qu'en blocs isolés; elles se reconnoissent plutôt à leur. Jacies qu'à des caractères particuliers et prononcés. 3.° Troisièmement, viennent celles que l'on pourroit ap- peler des temps historiques , non qu’on connoisse les dates de la plupart d'elles, et que: plusieurs ne remon- tent peut-être fort au-delà de l’époque par laquelle je les désigne , mais parce qu'elles ont toutes les mêmes . ExrrAIT DE QUELQ. OBSERVATIONS FAITES EN SICILE. 271 caractères , la même physionomie , si j'ose m’exprimer ainsi; elles couvrent en coulées innombrables tous les flancs de l'Etna. Je vais reprerdre successivement ces trois classes. La Motta S. Anatasio , située à une lieue et demie à l'occident de Catania, est une élévation de quatre cent quatre-vingts pieds au-dessus du niveau de la mer, en- tourée de collines argileuses et qui présente d'un côté un escarpement d'environ cent cinquante pieds, tout composé de gros prismes qui convergent vers le centre ou l'in- térieur de la coulée , dont cet escarnement paroît être la tête , quoiqu’en partie détruite par l'effet du temps qui détache successivement ces prismes et les disperse au- tour de sa base. Ils sont composés d'une lave très-dure, sonore , compacte , d’un gris bleuâtre foncé, exhalant à l’insufflation l'odeur argileuse; elle renferme quelques grains de péridot, mais ni pyroxènes ni feldspaths, du moivs distincts de la base. Dans la partie supérieure de l’escarpement les prismes sont moins distincts et finissent par se réunir en masses amorphes, plus poreuses, et qui passent insensiblement à l'état de lave cellulaire, ce qui caractérise bien décidément ce basalte pour une véri- table lave. Ces cellules ne contiennent aucune substance étrangère. L'île des Cyclopes et les Fariglioni paroissent les restes d'une coulée en grande partie détruite ; cette lave est gris foncé, dure, partie amerphe, partie prismatique ; elle ne contient , comme la précédente, ni pyroxènes mi felspaths, mais elle est fort remarquable par la quan- tité d'analcime vitreux qui constitue plus de la moitié de sa pâte et se retrouve dans les cavités et boursouf- flures en cristaux parfaitement limpides, de la grosseur d'un pois jusqu’à celle d’une noisette. La partie supérieure de cette lave est recouverte d'une couche de marne argileuse ; les parois des fissures de cette marne sont tapissées de petits cristaux d'analcime. 272 * HisTOIRE NATURELLE. Cette circonstance est bien singulière , et l'explication de ce phénomène me paroït très - difficile ; car si l'on suppose que l'analcime y aie été infiltré par les eaux qui ont recouvert cette coulée , ce que la couche de marne paroit indiquer, pourquoi les cristaux qui se trouvent dans la marne, sont-ils d’un si petit volume et presque microscopiques , tandis que ceux qui sont dispersés dans la lave sont tous d'un volume bien supé- rieur; pourquoi ces vides qui sont en général d'une très- petite capacité, ne sont-ils pas entièrement remplis par la matière de l’analcime; mais il y a plus, si l’on en- lève par la pensée tout l'analcime qui forme une partie si considérable de la pâte de la lave, il ne resteroit qu'une masse cariée tellement poreuse , qu'elle ne pa- roitroit pas pouvoir se soutenir par elle-même, encore moins avoir pu prendre une forme prismatique ; et si elle eût été dans cet état lorsque la marne est venue la recouvrir, celle-ci, qui devoit être presque liquide, n'auroit-elle pas pénétré dans cette masse poreuse, n'au- roit-elle pas tout au moins rempli les vides, ou cellules les plus voisines du point de contact, ce que l'on n'ob- serve point; c'est toujours l’analcime qui les occupe. D'ailleurs , en admettant l'infiltration au travers de la marne qui dans ce cas auroit été nécessairement recou- verte par le liquide, et par conséquent dans un état de mollesse , les fissures qui sont actuellement tapissées d'analcime ne devoient pas exister, elles ne peuvent être l'effet du retrait causé par la dessication ; tandis qu’au contraire celles de la lave, c'est-à-dire, les fentes qui divisent les grandes masses , ainsi que Îles interstices qui séparent les prismes, devoient exister déjà ; et pourquoi ne se seroient-ils pas aussi tapissés d'analcime , tandis qu'ils n'en offrent aucune trace. Si l'on suppose l’analcime faisant partie constituante de la lave comme la mellilite et la peseudo - népheline dans celle de Capo di Bove près de Rome, l’on com- prend ExTRAIT DE QUELQ. OBSERVATIONS FAITES EN SICILE. 293 prend bien comment il aura pu cristalliser: au moment du refroidissement dans les vides qui auront présenté assez d'espace pour que la cristallisation s’opérât ; mais comment expliquer la présence de cette substance dans les fentes de la marne ? Peut-on présumer que la chaleur et le mouvement intestin de la lave aient duré assez long -temps après qu’elle a été recouverte par cette couche de marne pour que l’analcime aît été déposé par sublimation dans les fissures. de celle - ci, fissures causées par le retrait que la chaleur auroit accéléré! il ne seroit pas impossible que ce lit de marne fût l'effet d’une aïluvion presque contémporaine de la coulée, d'autant plus qu'il n'a que dix ou douze pieds d'épaise seur. J'avoue que cette explication ne me paroît pas trop satisfaisante ; mais je n'en vois pas de meilleures et qui ne soient sujettes à de plus graves objections, Je ne puis croire d'ailleurs que cette roche des Cycelopes soit une précipitation aqueuse , elle à trop tous les caractères des laves ; sa configuration en prismes ou en masses, divisées par des figures comme toutes les autres, laves, sa position géologique , tout annonce une formation analogue à celle de la Motta S. Anatasio et à celle des autres laves prismatiques du château d'Aci qui en est peu éloigné. Passons maintenant aux laves que je considère comme appartenant à une époque moins reculée que celles dont je viens de parler, Elles se trouvent, comme je l'ai dit, en blocs de toutes dimensions, détachés et roulés ; ils couvrent la plaine du côté de Mascali et des Giarre, et le rivage de la mer dans la partie nord-est de l'Etna; on en rencontre de grands fragmens dans les terrains bouleversés à Licatia et dans plusieurs autres endroits, mais point en coulées en place. Elles sont en général noires ou gris de fer, très-compactes; elles contiennent du péridot en petits grains , des écailles de feldspath Sc. et 4rts. Nouv. série. Vol. 13. N°0. 4. Avril 1820. s 274 . HiSTOIRE NATURELLE. peu distinctes de la base, du pyroxène , et dans les cellules, lorsqu'elles existent, quelques petits globules blancs zéolitiques qui paroissent appartenir au mésotype ou peut-être à la sulbite. Quelques-unes, qui sont alté- rées , tendent à se décomposer en petits fragmens glo- buleux, elles ont l'apparence de certaines psammites ; d'autres ont une texture schisteuse et ne présentent , sur une base en apparence homogène , que de rares écailles de feldspath ; elles répondent au phonolite et ont si peu les caractères des laves , que si je n’avois pas détaché mes échantillons de blocs en partie sco- rifiés , j'aurois douté moi-même qu’ils appartinssent à des roches volcaniques, Les laves modernes, et je comprends sous cette dé- nomination toutes celles qui sont en coulées, dont quel- ques-unes remontent au commencement des temps his- toriques , telles que celle de la première année de la 06€. olympiade, celle de l'an 631 de Rome suivant l'abbé Ferrara, et toutes les autres antérieures ou pos- térieures dont les époques sont connues ou inconnues, mais qui ont toutes la plus grande analogie entr’elles. Elles sont d'un gris plus ou moins foncé, leur texture est plus ou moins compacte ou poreuse, elles contien- nent, presque dans les mêmes proportions, des grains de péridot, des pyroxènes et des cristaux de feldspath ; ces trois substances y sont fort abondantes et très-dis- ünctes, la base est argilo-ferrugineuse, elles se trouvent, en place, elles prouvent par leur extrême analogie, que depuis bien des siècles l’Etna travaille la même roche , comme leur différence d’avec les précédentes prouve qu'il en a précédemment travaillé des espèces différentes. Maïs ces laves anciennes de la Motta St. Anatasio et des Cyclopes, appartiennent-elles au volcan actuel P Sont- elles sorties des mêmes foyers? La masse entière de l'Etna est-elle volcanique ou son noyau est-il d'une autre for- | | | ExTRAIT DE QUENQ. OBSERVATIONS FAITES EN SICILE. 299 mation ? [l nous manque des données précises pour ré- pondre à la première question ; et quant à la dernière l'on peut croire que tout y est volcauisé, pyisque parmi les anciennes déjections, dans Jes escarpemens de terrains bouleversés où les eaux ont creusé de profonds ravins, l'on ne rencontre aucun fragment de roches étrangères et non volcaniques, comme l'on en voit an Vésuve; de manière que nous nous ne pouvons nullement juger de la nature des couches au travers desquelles 1l sest fait jour. Mais si les feux souterrains ont seuls élevé cette masse énorme de plus de dix mille pieds de hauteur perpendiculaire et dont la base couvre une étendue 1e près de quarante lieues de tour: à quelle profondeur n'ont-ils pas dû creuser! Quelle force dans les fluides élastiques qui élèvent les torrens de lave à cette pro- digieuse hauteur ! Je n'entreprendrai pas de discuter la question de l'an- tiquité de lEtna, Mais en observant que malgré les in- nombrables éruptions dont les produits ont dû augmenter sa masse depuis l'époque où les auteurs les plus anciens en ont fait mention, son sommet ne sest probablement pas élevé ; puisque Pindare l’appeloit déjà une colonne du ciel et que la neige alors y étoit permaneute, l'on a quelque peine à croire que ses premières éruptions ne remontent pas à un très-grand nombre de siècles au-delà des temps historiques. .:. .:. Une observation qui n'a dû échapper à aucun voya- geur attentif, c'est que ce géant des volcans d'Europe -est bien pauvre en substances minéralogiques, sur-tout comparé au Vésuve , qui n'est qu'un pygmée à côté de l’Etna , mais qui est bien plus riche aue lui et plus intéressant pour l'écude. Comme l'on a élevé rrès-récem- ment quelques doutes à cet égard , je vais entrer dans quelques détails. [ndépendamment des laves proprement dites, qui sont infiniment plus variées, le Vésuve offre dans ses déjections une foule de roches partculicres , S 2 256 HISTOIRE NATURELLE. de combinaisons de différentes substances qui ne se trouvent point ailleurs et qui, si l’on ne peut pas les regarder décidément comme des produits volcaniques , ne doivent pas non plus être rangées trop légèrement dans la classe des roches primitives, ou de transition, comme on voudra les appeler. Voici un petit tableau comparatif des produits des deux volcans, qui rendra plus sensible ce que je viens d'annoncer. 1.° Substances renfermées dans la pâte des laves, et qui ne peuvent être considérées comme postérieures à leur refroidissement. Etna. Pyroxène. Vesuve. Pyroxène. Feldspath. Feldspath. Péridot. Péridot, Amphigène. Mica. Le péridot et le feldspath sont plus abondans à l'Etna qu'au Vésuve ; le pyroxène abonde dans l’un et l'autre, l'amphigène ne se trouve que dans le dernier. 2.° Substances qui se sont cristallisées dans les ca- vités, soit par infiltration , soit au moment du refroidis- sement. Etna. Analcime. Vesuve. Analcime. Chaux carbenatée, Stibite. Mésotype ? Mésotype. Suülbite ? Chabazie. Amphibole. Miea. Cuivre muriaté. 3.2 Les substances sublimées sont à-peu-près les mêmes, le fer olgiste , les différens sels, le soufre , etc. La ponce est fort rare à l’Etna; les auteurs ne la citent pas, mais j'en aï vu un morceau entre les mains de Mr. Gemellaro qui l’avoit ramassé lui-même près de 1 L ExTRAIT DE QUELQ. OBSERVATIONS FAITES EN SICILE. 277 Nicolosi où il habite. Elle est abondante au Vésuve, on à pratiqué à Fosso Grande plusieurs excavations pour son exploitation. L'avantage ect déjà en faveur du Vésuve ; combien ne s’accroit-il pas par la liste des substances que l'on ren- contre dans ses déjections et qui forment les roches dont j'ai parlé, si toutefois l’on peut donner le nom de roches à ces aggrégats que l'on n'a jamais vus en place et dont voici un apercu : Tdocrase. Amphibole, Titane Siliceo calcaire. Meïonite. Pleonaste, Fer oxidulé. Népheline. Epidote. Mica. Sodalite. Haüyne. Grenat. Eisspath. Zircon. Melanite , etc. Wollastonite. Chaux phosphatée. J'omets volontairement plusieurs autres substances. L'on trouve en outre des fragmens de chaux carbonatée assez variée, compacte, terreuse, spathique , etc. Je ne citerai pas avec Mr. De Luc ( Abrègé de géologie) des roches quartzeuses, des siénites, des granites, parce que leur existence au Vésuve est plus que problématique; celles citées par Mr. De Luc et conservées dans le cabinet de Mr. J. A. De Luc, où j'ai pu les examiner, sont loin de me convaincre; l’un de ces échantillons est un mélange de néphéline et de pyroxène assez commun au Vésuve ; l’autre est un véritable granite à petit grain rougeûtre » il n'a pas deux pouces de long, et sur l’une de ses faces il porte des traces d'une substance tendre qui rappelle tout-à-fait le ciment de pouzzolane tel qu’on l'employe encore dans les constructions, tellement que je n’hésite pas à le regarder comme ayant fait partie de quelque édifice ; j'en ai trouvé un semblable sur l'Epomes dans l'île d'Ischia au milieu des substances volcaniques, mais” qui porte très-évidemment les marques du travail de l'homme étant scié sur deux de ses faces ;= il est du reste ee. : 278 HISTOIRE NATURELLE. analogue à un granite d'Egypte dont on voit plusieurs montimens antiques à Rome. Je rappellerai à ce sujet ce que J'ai dit ailleurs; que l’on ne peut pas raisonna- blement tirer quelque conséquence de fragmens infini- ment rares soit de marbres, soit d'autres roches que l'on rencontre accidentellement sur le Vésuve. puisque ils peuvent fort bien avoir appartenu aux édifices qui sûre- ment y existoient avant la première éruption connue celle de l'an 79 de notre èré décrite par Pline; Jai trouvé moi-même des briques enterrées sous un amas de cendres et de substances volcaniques. de plus de cin- quante pieds d'épaisseur et recouvert par une coulée de live dont la date est inconnue, . , 4 . . . . . +... +. . Les mauvais gîtes, la difficulté des che- mins à peine tracés el rocailleux qui ne permettent de voyager qu'a cheval ou en litière (espèce de voiture fort incommodée portée par deux mulets et qui ne peut con-- venir à un observateur) rendent les courses dans l'in- térieur de la Sicile pénibles et fatigantes; mais elles ne sont unllement dangereuses comme la plupart des voyageurs se sont pli à les représenter en nous peignant les habitans sous les couleurs les plus défavorables ; selon eux l'on ne peut s'y hasarder sans une escorte et l’on ne trouve de sûreté qu'en se mettant sous la pro- tection de quelques-uns de ces mêmes brigands que l'on redoute, Ces imputations me paroissent absolument fausses et calomnieuses; j'ai parcouru presque toute la Sicile et je n'ai rien và qui ne servit à la jusufier de ces repro- ches : j'ai trouvé partout un peuple bon , honnête, hospitalier ; nos muletiers, nos guides, tous ceux chez qui nous avons logé nous ont donné mille preuves de bonne foi et de discrétion , ils n'ont jamais cherché à nous tromper, ni à profiter des circonstances pour nous faire payer trop cher, nous n'avons jamais eùû la plus légère altercation avec eux : pendant nos excursions noire bagage composé de valises, de sacs, de paniers NOTE SUR UN APPAREIL ÉLECTRO-CHIMIQUE. 278 tout ouverts restoit à l'écurie où dans notre chambre qui ne fermoit point à clef, souvent même il n’y avoit pas de porte et il ne nous a jamais manqué la moindre chose ; nous avons témoigné partout une entière con- fiance , elle n'a été trompée dans aucune occasion : les paysans que nous rencontrions sur la route nous sa- luoient avec cette simplicité et cette bonhomie qui rap- pelle les premiers âges; nous n'avons apercu nulle part de ces figures sinistres malheureusement trop fréquentes dans quelques contrées voisines, et ce qui nous a surpris davantage , sur-tout venant de quitter Rome et Naples, personne ne nous a jamais demandé l'aumône, Je me plais à rendre ici cette justice au caractère des Sicihiens, méconnu ou défiguré par tant d'écrivains , et j'ose affir- mer que l’on voyage en Sicile avec autant de sécurité que dans quelque autre pays que ce soit du continent; je désire que ce peu de lignes puisse contribuer à dé- truire les préventions défavorables avec lesquelles la plupart des étrangers abordent dans cette île et dont moi-même je n’étois pas exempt. CHIMIE. NoTE SUR UN APPAREIL ÉLECTRO- CHIMIQUE PROPRE A reconnoître la présence des métaux en dissolution dans un liquide. Par J. Macaire, Membre de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève. Daxs la précédente réunion de la Société de Physique, Mr. le Prof, Marcet annonça, d’après le Dr. Wollaston, qu'en plaçant une tige de zinc sur une pièce d'er, dans une dissolution de chlorure de mercure , il se produi- soit une décomposition du sel mercuriel, dont le métal % Cnimivr. étoit précipité sur l'or et y formoit un amalgame vi- sible. Mr. Peschier ayant bien voulu me montrer cette jolie expérience je la répétai; et en essayant de produire le même effet avec d'autres métaux , je reconnus bien- tôt que ceux employés par le célèbre chimiste anglais ne jouissoient pas seuls de cette propriété rémarquable. Ce sont les résultats de ces essais, tant sur le chlorure de mercure que sur quelques autres dissolutions métal- hiques, que j'ai l’intention d'exposer briévement. f ". Chlorure de Mercure. L'étain placé sur l'or donne dans les dissolntions mercuriellés des précipités abondans et promptement formés : peut-être même son effet l'emporterait-il en intensité sur celui que produit le zinc. Si le contact est prolongé quelque temps, la pièce d'or blanchit sur toute sa, face supérieure , sur-tout si l’on aide à l’effet par un léger frottement. Les bords de l’or sont aussi ternis, mais la face inférieure reste brillante. Le fer bien décapé, le cuivre et le métal de l'impri- merie produisent sur l’or le même phénomène. Le der- nier métal, (alliage, comme on sait, de plomb et d'an- timoine,) a une action décomposante remarquable; et lorsque l'opération est faite avec quelque soin, on peut obtenir la lettre dont on se sert pour lexpérience, ré- servée en jaune sur un fond blanchätre. Le cuivre et le zinc mis en contact dans la dissolution mercurielle la décomposent aussi, et la portion immer- gée du cuivre se recouvre d'une pellicule noirâtre qui blanchit ce métal par le frottement. Le laiton, alliage de zinc et de cuivre, produit à lui seul le même effet quoique plus foiblement ; il paroît que les deux métaux dont il est composé ont l’un sur l’autre dans cet état, une action galvanique suffisante pour produire ce phé- nomène. Le contact d'un autre métal comme l’étar, m'a paru augmenter l'intensité de l'effet. NOTE SUR UN APPAREIL ÉLECTRO-CNIMIQUE. nd * Le cuivre et l'étain ont la même propriété. Le platine n’a eu aucune action sur l’or.et le cuivre, Il sembleroit d'après ce petit nombre d'essais, que cette propriété que possèdent plusieurs métaux de décompo-. ser les dissolutions mercurielles par le simple contact, pourroit servir de preuve nouvelle de leur action gal- vanique les uns sur les autres et le peu d'appareil.que l'expérience exige peut la rendre commode pour la démonstration. Je dois remarquer aussi que lorsque. le point de contact est biea conservé durant l'expérience, il ne se dépose point de mercure sur la partie de la pièce d'or que recouvre la tige qu'on employe. Acètate de plomb cristallise. L'on sait que le zinc jouit de la propriété de préci- piter le plomb dans ses dissolutions , aussi en introdui- sant le métal dans la liqueur, se recouvre-t-il d'une couche légérement noirâtre, sans qu'il se fasse aucun précipité; mais peu après qu'on l'a mis en contact avec la pièce d’or, celle-ci se recouvre d’une teinte blan- châtre , qui devient légérement brillante par le frotte- ment et qui se dissout dans l'acide nitrique. Le point de contact seul des deux métaux est couvert d'une poudre noirâtre. L'étain , le fer , le laiton, le cuivre jouissent de la même propriété à des degrés d'intensité ne le platine n'a aucune action. Sulfate de Cuivre. L'on sait que tous les métaux facilement oxidables comme le fer, le zinc et l'étain jouissent de la propriété de précipiter le cuivre de ses dissolutions, à l'état métal- lique et se recouvrent d'une couche cuivreuse. Lors donc qu'ayant placé la pièce dor au fond du vase, j'in- LÀ ‘ CHIMIE. troduisois la tige d'étain dans la liqueur, en la tenant à quelque distance de l'or, l'étain se recouvroit de cuivre métallique , sans qu'il y eût aucun précipité , mais aussi- tôt que l’étain éroit en contact avec l'or, il se formoit au point de réunion une poudre noire, et toute la partie supérieure de l'or jusqu'aux bords inclusivement se recouvroit d’une couche cuivreuse ; la partie noire adhé- roit peu à l'or et se dissolvoit sans effervescence dans l'acide nitrique, ce qui me l’a fait regarder comme de Yoxide de cuivre , tandis que le cuivre métallique étoit fort tenace sur l’or et décomposoit l'acide employé avant que de s'y dissoudre, En substituant à l'or, une pièce d'argent , l'action est à peu près la même; seu- lement la production de la poudre noire est plus abon- dante et l’argent est moins cuivré. Si l'on vouloit essayer, au reste, de précipiter ainsi le cuivre en plaçant au fond du vase, du verre, du bois ou tout autre corps qu'un métal l’on n'obtiendroit aucun effet. Si l’on place la dissolution de sulfate de cuivre, dans un petit creuset de platine et qu'on mette en contact avec ce métal une tige d'étain, la précipitation cuivreuse a également lieu tout autour du point de contact, qui est noirci. J'ai cru devoir essayer l'effet de l'étain et de l'or dans un mélange de sulfate de cuivre et de chlorure de mercure ; et j'ai trouvé dans une première expérience que la partie de l'or touchée immédiatement par le barreau d'étain fut cuivrée et noircie, tandis que tout le reste de la pièce fut blanchi par le mercure, Dans un autre essai, l'effet contraire eut lieu et la pièce fut blanchie au point de contact, et cuivrée par tout ailleurs. Cette variation dans les effets paroît dépendre des pro- portions relatives des deux sels; ainsi, lorsqu'il y a un grand excès de chlorure de mercure, c'est le point de contact qui est blanchi; et il est au contraire cuivré , lorsque c'est le sulfate de cuivre qui domine. NorTx SUR UN APPAREIL ÉLECTRO-CHIMIQUE. 283 Nitrate d'argent. L'étain introduit dans la dissolution d'argent s'est re- couvert sur le champ d'une teinte noirätre ; mis en con- tact avec l'or, il s'est fait un précipité noirâtre au point de réunion et le reste de la pièce d'or a été argenté. Le fer, dont l'action sur la dissolution d'argent est beaucoup moindre , en a une très-vive sur l'or qui s'argente sur le champ. Le cuivre a le même effet, sans causer de précipité noir. Le métal de l'imprimerie réussit aussi très-bien, et la lettre reste réservée sur un fond blanc. | On peut remarquer en général , qu'a l'exception du précipité noir l'effet des métaux dans les dissolutions d'argent, peut être aisément confondu avec ce qui se passe dans les dissolutions mercurielles ; mais il se pré- senle un assez bon moyen de les distinguer, c'est de mettre la pièce d’or au feu, si cest le mercure qui la blanchit elle reprend sa teinte ordinaire, si c’est l'argent, il n’est point enlevé. Dans un mélange de nitrate d'argent et de sulfate de cuivre soumis à l'action de l'étain sur l'or, le précipité poir s'est fait au point de contact, au dessous étoit la couche cuivreuse, et le reste de la pièce fut argenté, * Sulfate de fer. Le zinc placé sur l'or dans une dissolution de sulfate de fer reconvre, après quelque temps, ce métal d'une teinte noirâtre et ce qu'il y a de remarquable dans cette action, c'est qu'elle paroît se propager sur les bords et au dessous de la pièce d'or. Cette couche brunätre se dissout dans l'acide nitriqne, et du reste adhère peu à la pièce d'or, L'étain et le fer ont un effet analogue mais foible. 284 CHIrIM:eEs. Sulfate de zinc. L'or placé sous l'étain dans une dissolution de zinc, se ternit et brunit légérement des deux côtés de la pièce. Le zinc a une action un peu plus énergique et sem- blable. Le même effet se reproduit sur le cuivre, mais en général l'action est très-foible. Muriate d'or et de soude. L'or est noirci et terni par l'étain dans cette disso- lution : l’étain se recouvre d'une poudre violâtre qui ne se dissout point dans l'acide nitrique. (Effet de l'étain. ) Le zinc placé sur le cuivre, ce dernier métal est doré au point de contact et il ne se forme point de poudre violette. L'’étain a de même la propriété de dorer le cuivre au point de contact, avec un abondant précipité de la poudre violette. Le tartrate d'antimoine et de potasse n'a point été dé- composé par le contact des métaux, non plus que le vin antimonié , (acétate et tartrate d'antimoine. ) Une dissolution d'oxide d'arsenic n'a de même laissé voir aucun effet. L'arséniate de soude a présenté par le contact de l'or ou de l'argent avec l'étain et le fer un léger précipité blanc floconneux. En essayant de décomposer ainsi l'acide arsénique, je n'ai point obtenu l'effet que j'attendois, mais j'ai vu avec quelque surprise, ma pièce d'or se recouvrir en entier de petites bulles de gaz, tandis qu'il se déga- geoit en même temps une forte odeur d'hydrogène. Le même effet se reproduit avec les acides phosphorique, muriatique et nitrique, les seuls que j'aie essayés. Il me paroît que l'action de l'acide sur le métal détermine NoTE SUR UN APPAREIL ÉLECTRO-CRIMIQUE. 285 la décomposition de l'eau, qui a lieu sur toute la pièce d'or, peut-être , par l’effet galvanique. Il est cer- tain que l'on voit à la coupe les bulles se former et grossir sur l'or lui-même, qu'il s'en forme même au- dessous de la pièce et que si l’on substitue à l'or un autre corps qu'un métal l'effet n'a plus lieu et ce corps ne se recouvre plus de bulles. Pensant que peut-être, les bulles de gaz se détachoient du ziuc ou de l’étain et rouloient sur la pièce d'or, jai soulevé un peu ma tige de manière à ce que le contact n'eût plus lieu ; et alors les bulles ont cessé de se produire sur l'or, IL semble que l'acide arsénique est celui qui réussit le mieux, et une quantité infiniment petite suffit à la pro- duction du phénomène, J'ai voulu essayer l'effet du cuivre et du zinc, et j'ai introduit dans la liqueur acide deux plaques de zinc et de cuivre pressées l’une contre l'autre de manière à ce que le cuivre débordât légérement le zinc. Aussitôt les bulles se sont produites aussi bien sur le cuivre et sa portion en saillie que sur le zinc. Elles étoient seule- ment plus nombreuses au point de contact. Le fer ne m'a pas paru jouir de la même propriété que l'étain et le zinc; et mis dans un acide, les bulles ne se forment point sur la pièce métallique inférieure. - Nota. L’ammoniure de cuivre a été décomposé comme le sulfate par le contact de l'or avec le zinc, l’étain, et le cuivre s'est précipité à l'état métallique et a recou- vert toute la pièce d'or, même la partie inférieure. ( 286 ) PYROTECHNIE. Des Fusées À LA ConN@eRÈève (1). BRALARAASIARII ALI LE SR Jr dois observer d'abord , que les Indiens ont les pre- miers employé ces fusées comme projectile destructifs Ils les font avec une enveloppe de fer, liée à une canne de bambou: leur poids excède rarement deux livres ; et n'est guères inférieur à une livre. Elles furent em-. ployées avec succès par Tippoo Saïb contre les Anglais, durant le siège de Seringapatam en 1799. Nous croyons devoir faire l'analyse d'une description: des fusées à la Congrève, que nous paroït avoir écrit: l'auteur lui-même, Nons sommes presque certains de reconnoitre sa manière au degré d'éloge qu'il donne à. ses inventions et à la répétion continue de ces éloges: cette description d'ailleurs nous paroît présenter une foule: de détails intéressans, Dans le mois de septembre 1805, le colonel Congrève, aujourdhui général , ayant démontré l'avantage de ses fusées, en présence de Pitt et de plusieurs autres mi- nistres , Sir Sydney Smith fut chargé de commander, contre Boulogne, une expédition où l'on fit en grand l'essai de ces projectiles incendiaires; mais ceite tenta-” (x) L'article que nous donnons sous ce titre est tiré, ( avec la permission de lauteur , Mr. Ch. Dupin, Membre de lIns- titut) de la première partie de son grand ouvrage sur l’An- gleterre, qui va paroître. Cette première partie , intitnlée : De la force militaire de la Grande-Bretagne , remplit 2 vol, in-4°. avec atlas. La seconde intitulée, De La force navale; et la troisième , intitulée , Force sociale de l'Angieterre , auront chacune 2 vol. in-/° avec atlas. Des Fusées À LA Concrève. 287 tive fut remise, parce que la saison. étoit trop avancée, L'année suivante, Congrève renoavela ses propositions; il fit ses expériences en présence de lord Moira, maître général de l'ordonnance, et de lord Howich, premier lord de l'Amirauté; on fut satisfait de leur succès ; et en conséquence , une seconde expédition commandée par le commodore Owen vint à la fin d'octobre 1806 recommencer l'attaque de Boulogne. Mais cette expé- dition , au lieu d’être faite en grand comme elle auroit dû l'être, ne sembla qu’un jeu dérisoire, et l'on ne lança pas plus de deux cents fusées. Les Anglais pré- tendent néanmoins, que dès la première décharge de cette artillerie la ville fut mise en feu et continua de brûler pendant deux jours. Les Français savent à quoi s’en tenir à cet égard. Depuis lors les fusées carcasses ( carcasses rockets ) ont été employées dans presque toutes les expéditions, ei toujours sous la direction immédiate de leur inventeur. Leur réputation fut complétement établie à Copenhague où elles produisirent un effet incroyable. Après le siège, lord Chatham, maître général de l'ordonnance , ordonna qu'une Commission composée d'officiers d’état major d'artillerie , témoins oculaires de leur effet, rendroit un compte officiel à leur égard, et elle prononcça qu'elles étoient un puissant auxiliaire au système actuel d'artil- lerie. : Enfin , disent les apologistes de ces fusées , les repré- sentations du gouverneur de Flessingue à lord Chatham lors du dernier siège de cette place, contre le mode de bombardement des fusées, est la meilleure preuve de l'efficacité d'un tel moyen. Si tel est l'effet reconnu des fusées, lorsqu'on n’en employoit que d'un foible calibre, ayant vingt ou trente hommes au plus pour les servir, que ne doit-on pas ea attendre lorsque leur service sera régulièrement organisé et combiné avec les autres moyens de bombardement. 288 ©" PrrotTEecnnres. Les fusées à la Congrève ont une enveloppe ou car: touche métallique : la cartouche de 32 ( pounders ou livres ) telle qu’elle est représentée fig. 2, à quatre pieds et demi de long. Une tète de fer BC, ou chapi- téau , dont le diamètre est de six pouces et demi à la base ; la cartouche a de diamètre quatre pouces et demi au petit bout. La carcasse est remplie d'une composition aussi dure et aussi solide que le fer même. La hampe FG a dix-huit pieds de long et est tellement disposée qu'elle est fixée fermement et instantanément, dans l’action, en la passant d'abord dans les deux douilles [K et vissant le bout dans l’anneau /, qui l'unit invariablement à la fusée. On dit que le colonel Congrève s'occupe actuel- lement, avec le plus grand espoir de succès, à supprimer cette hampe. L'avantage particulier et caractéristique des fusées à la Congrève, est la facilité avec laquelle tous les pro: jectiles de ce genre, peuvent être transportés et ma- nœuvrés ; ce qui les rend spécialement propres aux bombardemens opérés par des navires, c'est qu'il n’y a ni réaction ni recul lors du tir des plus pesantes fusées : toutes ces carcasses, égales en poids à celles lancées avec les plus forts mortiers, peuvent être lancées des moin- dres embarcations. L'avantage du même moyen pour le service de terre, est qu'il offre un système de projec- tile extrêmement puissant, sans bouches à feu pour les lancer: on est donc débarrassé du poids des mortiers et des canons, et tout ce qu'il faudroit dépenser pour le transport des équipages, peut maintenant être em- ployé en projectiles mêmes ; ayant la portée et produi- - sant les plus importans effets de la lourde artillerie. Cependant le nouveau système n'a pas été présenté pour renverser le système actuel de l'artillerie, mais simplement comme un auxiliaire, puissant dans tous les cas , et, dans quelques-uns, offrant une facilité d'application en des lieux où l'artillerie ne pourroit pas être portée pour agir. D'après Des Fusées À La Coxerëve. 28g D'après ces considérations, un corps de fuséeurs ( Rockets-corps ) a été récemment établi. Une partie de ce corps fut en 1813 joindre l'armée alliée ; elle y rendit des services essentiels, et particulièrement à la bataille de Leipzik. On a beaucoup exagéré la dépense des fusées à la Congrève. Le fait est qu'elles sont réellement les plus économiques des projectiles lancés avec la poudre. Ainsi la fusée de trente-deux, complète et prête à toute sorte de service, coûte seulement une liv. st. onze shellings et un demi penny; tandis que son équivalent, la carcasse sphérique de dix pouces avec la charge de poudre né« cessaire pour l'envoyer à trois mille mètres, (ce qui est la portée de la fusée) coûte une liv. st. deux sh. et sept pences ; indépendamment de la dépense du mortier, de la semelle et de la plate-forme de ce mortier, de la . différence du prix des transports, etc. qu'exige le sers vice des bombes, et non celui des fusées; aucun appa- reil pour l'employer aux bombardemens , et point de charge pour le lancer. Un navire de trois cents ton- neaux pourroit en porter cinq mille au moins, On a fait un calcul d’après lequel, pour chaque carcasse de «dix pouces à lancer on fait une économie de trois liv, sterling, Moyens d'employer les fusées à la Congrève dans les bombardemens. Premièrement. Par le moyen d'un talus, sans appareil, Congrève établit qu'il suffit d'un talus de quelques mètres de long pour tirer les fusées en quantités considérables "À parce qu'elles peuvent être posées contre ce talus dans des coches ou entailles destinées à les recevoir, en nombre quelconque préliminairement disposé pour une volée , suivant la longueur du banc incliné. Sc. et Arts. Nouv. série. Vol. 13. N0. 4. Avril 1820. T 290 PYROTECHNIE. Les fusées placées à dix-huit pouces l’une de l’autresont maintenues par des chevilles plantées dans le banc et les hampes placées dans des trous faits pour les recevoir au pied du talus, tandis que les fusées communiquent ensemble par des conducteurs ou peuvent être tirées séparément par des niches avec de longs bâtons. Il est évident par cette facilité du tir, sans aucun appareil , que les fusées possédent la plus grande facilité possible pour être employées en grande volées. Il faut observer seulement que pour donner la plus grande portée, la pente doit être disposée de manière à ce que la fusée puisse être pointée sous un angle au moins de 55°; et que dans les endroits où il y a des pentes naturelles ou des talus de fortifications , ce mode est le plus simple de tous. Secondement. Par le moyen d’un chassis portatif, Si l’on projette une opération rapide, où l'on ne peut trouver de talus préparé, où l’on ne doit point ouvrir de tranchées, alors on doit employer le chassis, Cet appareil est semblable au chevalet du peintre ou à l'é- chelle du jardinier, Séparé de ses jambes de devant, cet appareil peut être employé sur le moindre bateau; sa pente lui étant donnée” en levant ou baissant sa partie antérieure par les drisses æt le mât de misaine du bateau. Avec ses pieds; il de- vient bon pour le rivage , ilest pointé par le moyen d’un fil aplomb, et présente en haut un petitsceau d’eau pour éponger après chaque décharze. Un charriot d'artillerie ordinaire en peut porter deux, avec environ cent fusées de trente-deux livres. En moins de cinq minutes, ces chassis peuvent être installés et prêts à servir. Leur direction.et leur élévation peuvent être très-facilement va- riées. Ils sont faits pour tenir deux fusées à la fois ; et quatre servans suffisent à chacun d'eux. Les fusées sont placéés par un homme montant surles } Des Fusées À LA Conwérève. 297 échellons ; ,on en peut lancer quatre de chaque chassis par cinq minutes, sans presse ni confusion. Chaque fusée, quant à sa portée, est égale à la bouche de dix pouces et supérieure, quant à la quantité de combus- tible lancé. Exercice des chassis de Bombardement. Premier servant, Monter les échelons pour éponger les chambres de fer d'où les fusées sont lancées, ce qu'il faut faire après chaque tir avec une éponge très-mouillée. Ensuite, ayant amorcé les deux chambres avec un petit tube creux et de la poudre, placer la fusée dans cha- cune d'elles ; armer les deux platines après que tout le ,reste est préparé, prenant soin de disposer les ficelles quon tire pour faire partir la détente des platines. Second servant. Reçoit du troisième servant la fusée , la passe au premier servant après l'avoir soigneusement dépouillée de la toile qui couvre la lumière ; le même homme aide aussi le premier servant en tout ce dont celui-ci a besoin , et fait feu lorsque le commandement est donné parle premier servant qui doit donner le eommandement lorsqu'il s'est éloigné de quinze ou vingt pieds en arrière pour n'être. pas incommodé par la fumée. Troisième servant. À seulement à porter les fusées au pied du chassis, où: il les délivre au second servant. Il peut les porter une à une, ou deux à deux, mais jamais en prendre de nouvelles, avant que les deux précédentes ne soyent tirées. Quatrième servant. Est placé avec Îles fusées et leurs hampes à une distance suffisante en arrière, où il ouvre les boîtes où les fusées sont emballées six par six. Comme ce travail est celui d'un moment, il ne défera de nou- velle boîte, pour y prendre les fusées qu’à mesure qu'il T 2 292 PYyROTECHNIE. - aura fourni les fusées de la précédente au troisième servant. ” Cette distribution rend extrêmement simple le travail de chacun; et par là, il est évident qu'un feu très- puissant peut être fait avec quarante hommes et dix chassis. Un sous-officier peut aisément surveiller deux et même trois chassis; et un officier commander le tout. Quel que soït le nombre des chassis ,ils ne doivent pas être plus près de dix à vingt mètres l'un de l’autre, pour que la charge, le tir, etc. de chaque fusée puissent se faire indépendamment et sans se gêner ni s'interrompre. Usage des Fusees en Campagne. Îl'ya deux espèces de fusées applicables au service de campagne contre des troupes : la première est la fusée -obus de trente-deux, qui porte une bombe de neuf livres de Sharpnell à trois mille mètres, distance au moins double que celle obtenue par toute autre espèce d'artillerie. La seconde est une espèce de petite fusée mitraille égale à une cartouche à balles de six, portant à deux mille mètres, et dont l'infanterie peut se servir simplement avec la main. 1. Les fusées obus de trente-deux doivent être tirées avec un affut de campagne portant cinquante - quatre coups dans son coffret; et n'étant autre qu'un léger affut sur des roues sans canon, est à coup sûr le plus léger de tous, quoique les projectiles auxquels il sert ayent des portées bien plus étendues que les plus fortes pièces de campagne. Le même nombre d'hommes nécessaire pour manœuvrer les fusées lancées sur chassis dans les bombardemens est plus que suffisant pour ma- nœuvrer celles qu’on lance sur affut. 2, Les fusées-mitrailles portatives sont destinées à servir En Des Fusées À LA Conerëvr. 293 sur un léger chassis qu’un homme peut porter, et les fusées elles-mêmes peuvent également être lancées à la main; un homme en peut porter trois ou quatre, par conséquent une compagnie d'infanterie peut, sans le moindre embarras de chevaux de train, avoir la force projectile de deux ou trois cents coups de paquets de mitrailles de six, portant deux mille mètres, ce qui est presque le double de la portée ordinaire de l'ar- üllerie de campagne. Indépendamment du tir direct, on conçoit que les fusées donneront des ricochets d’une grande portée , sans employer de chassis ni d'affuts, mais simplement en les posant sur le terrain; ou au plus en leur pro- curant un support avec deux petits piquets plantés dans la terre et croisés à leur tête pour recevoir le bout de la fusée et lui donner un peu d'élévation. Instruction generale sur le tir des Fusees en ayant égard a l'état du vent. Une brise modérée n'affecte pas du tout la marche des grandes fusées; mais si un vent frais souffle en travers de la direction du feu, la fusée doit être pointée au vent de l'objet. Si le vent souffle précisément contre la direction de la fusée , il faut pointer un peu plus haut; ainsi, pour obtenir le maximum de portée on pointera à 60° au lieu de 55°. Si le vent souffle au contraire suivant la direction même de la fusée, il faudra diminuer l'élévation du pointage : ainsi, pour obtenir le maximum de portée on pointera à 5o° au lieu de 55°. On conçoit en effet que, dans le premier cas, la fusée tend à tomber sous le vent qui la pousse en travers : elle dérive. Il faut la pointer au vent, d'un angle égal à celui que représente celte dérive. 294 PyrROTECHNIE. Dans le second cas, la résistance de l’air augmente; et la fusée doit s'élever moins haut et porter moins loin. L'effet contraire arrive dans le troisième cas. Il faut donc pointer plus haut dans le premier cas, plus bas dans le second pour atteindre au même point. IL faut faire attention à visser la hampe aussi paral- lèlement que possible à l’axe de la fusée; et dans le cas où la justesse de la direction est essentielle rejeter les hampes qui pourroient être déjetées; la fusée doit avoir une position bien précise sur le chassis; les ham- pes placées exactement en dessus, et les chambres dans lesquelles reposent les fusées étant fixées bien parallèle- ment aux côtés du chassis, afin que ces hampes ne puissent pas être tordues. Et si l'on fait une attention convenable à toutes ces instructions, le Col. Congrève répond qu'on trouvera les fusées susceptibles d'autant de précision que les carcasses sphériques lancées à grande distance. | | 293 Fusées À La ConNcreve. Des cy 00ç‘& *p1 9ÿ sSa1n9q “arenrum op jonbez "AIT TI 9P "EAN 599$Nn 7 cy 000‘& ‘uIqeiU9 2p sorpeq TL sopuer “52987 Sa] 184 1978109 oavey v es aie cc 000‘€ e 00G& | azpnod 2p ‘Am t1 8 G op queuaquoo 497 op souoo suogf "127 ?P TENUE 50960; “od ej ap ‘dxa,jaed ossara oc 000€ *p1 001 sa1naq< 2P erqssod "S$101998 10] ? ‘AL TE 9P ‘JICAJIU 9960] cG 00G‘& "189 9P Se][eq 00% ‘yuoo ‘puero | 10591 1mb ay op jonbeq oc 000€ | *sonbuougds ‘a 6 ‘snqO | "AIT T£ 9P snqo s02sn GG 000‘€ “onod O1 9p ‘p1'p1 ‘pr @ Sa112q GG e og 00c‘c “dcr op 0180 xneeS9 c1 ou | LE Le) "AIL GC OP ‘SUOIP9 59960 09 000% | ‘quio9 ‘jeux 2p ‘AIT QI sopuear) ‘sanbriouds ‘au c1 , Dr } ‘snqO AIT cŸÿ 9p Snqo s99snJ °09 ‘s98194 00G‘€ 1 9 ‘P1 GI Sain2q4 z « ) “quo qu op ‘au g1 Ses Sasse21E") AI] GŸ 2p ‘Suoleo s29sn] “2p10d 2190 “2p110d ‘NOILINNN amod ST DHAV AAWUV el °P NOILYAATA à AUNOLVN EP TX ‘20948107 J9U0/07) 9 4od sagpf juaweyjemov uomumu op Se25n] souotsffip Sp ALSIT 296 PYyROTECNNIE. Des Fusées à ballon ou balles à feu. Congrève fait lancer par ses fusées un boulet léger qui après avoir atteint le plus haut point de la trajec- toire se détache de la fusée et reste suspendu dans l'air par un petit parachute auquel il est fixé par une chaîne, C’est ainsi qu'au lieu d'une lueur passagère pro- duite par la balle à feu ordinaire, on obtient une vive Jmmière suspendue dans l'air pendant au moins cinq minutes, temps suffisant pour observer de nuit les mouvemens d'un ennemi , soit à terre, soit à la mer, où ce moyen peut particulièrement être utile dans une chasse ou pour communiquer des signaux à de grandes distances, Il faut observer. qu'aucun effet de cette es- pèce ne peut être obtenu par la force projectile des canons ou des mortiers; parce que l'explosion détruiroit infailliblement l'appareil fait pour produire la suspension du corps lumineux dans l'air, Des Fusces carcasses flottantes. Ces nouvelles carcasses sont lancées comme le ballon lumineux par une fusée à laquelle on les fixe, et dont elle se détachent au point le plus haut de la trajectoire qu'elles parcourent; un parachute les soutient pareïlle- ment. Le vent les pousse devant lui, et par une brise modérée peut doubler leur portée ; on peut donc, en mer, avec un bon vent et une escadre bloquant un port, jeter un grand nombre de ces projectiles, sur un arsenal ou sur une flotte , sans le moindre danger ni des canons ni des mortiers de l’ennemi. C'est ainsi que lors du dernier blocus de la flotte russe dans Îles ports de la Baltique , ou auroit pu constamment l'em- ployer avec une grande probabilité de succès et cer- tainement quand aucun autre moyen d'attaque ne pou- PROMENADE PHILOSOPHIQUE AU Monr-BLranc. 2097 voit être mis en usage. La fusée qui contient cette car- casse n'est pas plus longue que la fusée carcasse de trente-deux livres; et toute la dépense additive nest pas de cinq shellings. L'approche ‘de la carcasse mème n'est pas nécessairement visible de nuit, parce quon peut la disposer de manière qu'elle ne s’enflamme que quelque temps après son établissement. Ce projectile est par conséquent capable de devenir une arme très-har- rassante, avec une grande chance de faire autant de mal qu'aucune autre carcasse, au milieu des flottes et flot- tilles, en se logeant invisiblement dans le grément, ou brûlant au milieu de vastes arsenaux et atteignant à des points où nul moyen de destruction ne pourroit être porté. RTE TE CRE DE PE SRE RME SES CE EEE PCCCRNE ESEUE SE DE TAC OCLSNNE EEE MÉLANGES. PROMENADES PHILOSOPHIQUES ET RELIGIEUSES AUX ENVIRONS pu Monr-Branc, nouvelle édition , augmentée d’une promenade au Jura, et d’une autre à l'Hospice du Grand St. Bernard ; par C. E. F. Mouinié, Pasteur de l'Eglise de Genève et membre dé l'Acad. de Besançon. Genève , chez Luc Sestie, 1820. Et se trouve à Paris chez Ferra , rue des Grands Augustins, n.° 23. Un vol. in-12. 625 pp. ( Extrait ). L, première édition du volume dont on vient de lire le titre parut l'année dernière et fat promptement épui- sée. La seconde , augmentée de deux chapitres intéres- sans , vient de paroître ; et quoique l'ouvrage ne soit pas précisément scientifique, il touche d'assez près aux 298 MÉLANGES. objets dont nous entretenons nos lecteurs dans la partie de ce Recueil destinée aux sciences, pour que nous puissions l'y introduire sans trop de scrupule. Son auteur, l’un des membres les plus instruits et les plus respectables du clergé de Genève , ayant eu l'occa- sion de séjourner aux bains de St. Gervais en Savoie, pour une incommodité grave dont ces eaux chaudes le guérirent, profita de ce séjour, et de son rétablissement qui en fut la suite, pour faire diverses excursions dans un rayon de quinze à vingt lieues autour du Mont-Blanc. Enclin à l'observation et à la méditation ; éminemment sensible aux beautés de la nature ; voué à la religion par état et plus encore par caractère, il eut l'idée de crayonner, à mesure, les impressions qu'il recevoit ,.les, sentimens qui s'élevoient dans son ame à l'aspect des grands traits que le Créateur a imprimés à ses œuvres dans ces hautes régions, et les réflexions que lui sug- géroient tous les petits incidens de la route; il a ainsi composé une sorte d'itinéraire sentimental et religieux, d'un genre nouveau , et dans lequel l'ame de l’auteur se peint toute entière. Ecrit en général avec la plus simple bonhommie et sans la moindre prétention, l'ou- vrage surprend souvent par la chaleur et la vérité @es tableaux , et quelquefois par la sublimité des pensées ; il est en même temps un véritable et utile Itinéraire pour les curieux qui visitent les glaciers de Chamouni, les environs du Mont-Blanc, et même quelques parties du Jura ; il renferme tous les détails topographiques qu'on peut désirer; et le voyageur qui l'aura pris pour guide et qui l'aura lu tout entier, reviendra , probable- ment plus instruit, et à coup sûr meilleur qu'il n'est parti. Cet ouvrage n'est guères susceptible d’Extrait. Il n’a d'autre division que celle des Promenades ; et dans celles-ci, on ne trouve d'ordre que celui des événemens et des observations de la route. Nous choisirons l’ex- PROMENADE PHILOSOPRIQUE AU Mont-BLANC. 299 cursion du St. Bernard, pour y trouver des citations qui donnent l'idée du style et de la manière de l'au- teur; cette visite nous paroît d'ailleurs offrir un objet particulier d’intérêt à ceux de nos lecteurs que nous avons mis en rapport avec cet Hospice, par les obser- vations météorologiques qu'on y fait, à notre demande, et dont nous leur communiquons tous les mois le tableau. L'auteur part de Martigny le 12 juillet pour monter au couvent, distant de huit lieues. Il cotoie la Drance sur les traces de la terrible inondation qui, peu aupa- ravant , avoit ravagé la vallée de Bagnes.—« Nous ren- controns ( dit-il } une pauvre femme qui allaitoit deux enfans: quelle tâche, quel assujettissement! que de peines et de sollicitudes! tout cela sera-t-il aprécié par les enfans ? On a raison de dire que l'amour descend et ne remonte pas. Aussi, comment aimons-nous la Pro- vidence, cette tendre mère, qui nous porte tous, nous nourrit, et nous garde? comment l'aimons-nous ?» (p-439) » Sur le milieu de notre chemin est une pierre que sa forme rend dangereuse pour les voyageurs pendant la nuit. Pas un habitant de ces lieux ne pense à l'ôter, pas même un homme à qui j'en fais l'observation et qui n’avoit qu'un mouvement à faire de son bras robuste pour écarter cette occasion de chute : il convient du mal que cette pierre peut causer, et passe outre. À quoi se réduit la vertu de bien des gens! O céleste charité, tu n'as donc pas un autel dans tous les cœurs! Combien il seroit à souhaiter que partout, et princi- palement dans les campagnes, où il règne plus d'apathie qu'ailleurs , les Ministres de la religion s'appliquassent à inspirer cette noble sensibilité qui élève l'ame et la perfectionne , tandis que le corps courbé vers la terré h cultive et l'arrose de ses sueurs. » ( p. 448) Le voyageur n'est plus qu'à une lieue de l'Hospice. « En montant, on trouve sur la droite deux petits bà- 300 . MÉLANGESs. timens, voütés qu'on appelle l'Hopital. L'un d'eux sert à déposer les corps des voyageurs qui ont péri sur la route ; gelés, ou accablés par les neiges. Comme, à cette hauteur ( r000 toises sur la mer) le froid est déjà si vif qu’un cadavre peut s'y conserver plusieurs années, on laisse les morts vêtus de leurs habits afin qu'ils soient plus faciles à reconnoître, Tout près est l'autre bâtiment, qui consiste en une voûte basse, où règne ‘une température plus douce et où l'on trouve un asyle dans les mauvais temps. C'est jusques-là que les domes- tiques de l'hospice descendent à la rencontre des voya- -geurs et pour y déposer quelques secours alimentaires.» » Encore quelques pas et nous voilà sur la neige. Peu à peu un épais brouillard nous enveloppe et le temps s’obscurcit comme si la nuit tomboit, quoiqu'il ne soit pas encore six heures; la grèle et la pluie nous assaillent, la foudre éclate , les éclairs percent les nuages ; au fracas du tonnerre se joint celui de la Drance qui se précipite d'une montagne et roule des blocs de rochers; à peine notre guide peut-il trouver sa route , discerner sur ces neiges épaisses les traces des voyageurs qui nous ont précédés et les endroits où nos mulets pourront poser le pied avec assurance.». . . « Cependant, je ne craignois que pour la personne que j'accompagnoiïis et à qui la foiblesse de son sexe rendoit cette situation plus dan- gereuse, Quant à moi, qui voyois ce que j'avois souvent désiré, j'éprouvois une sorte de plaisir; et malgré l'eau dont jétois trempé, une pensée m'occupoit fortemert, c'étoit la publication du Décalogue sur le mont Sinaï au milieu des éclats de la foudre. J'admirois la conve- pance et la sagesse de cette loi de rigueur, qui faisoit reposer sur une sanction redoutable les fondemens de l'ordre social ; et je sens que l'homme dégradé étant incapable de se laisser conduire par la seule loi de l'a- mour divin , a besoin de connoître Dieu dans sa sévé- rité aussi bien que dans ses compassions. » ( p. 453) PROMENADE PHILOSOPHIQUE AU Monr-Branc. 3ot Enfin , à sept heures on arrive à l'hospice.« Des Reli- gieux , prévenus de notre arrivée par un voyageur, nous attendoient sur la porte; en nous apercevant de loin ils se hâtèrent de venir au-devant de nous. Bientôt nous fumes en état de paroître dans la salle à manger, où étoient réunis ces Pèrés hospitaliers avec d’autres voya-: geurs qu'ils avoient également accueillis; et nous pumes déjà juger par nous-mêmes du prix de cette maison, trésor du Valais, de toute la Suisse, et on peut le dire, de toute l'humanité. » - »Qu'on se représente’ cet asyle, situé dans une gorge très-resserrée entre des monts escarpés et arides, à la hauteur de plus de 1250 toises au-dessus de la mer, dans la région des orages, des neiges et des frimats ;: où presque partout le pied ne repose que sur le roc, ou la neige ; où l’on cultive, pour les voir avorter, quelques misérables. plantes potagères ; où l'on n'a rien qui n'ait été transporté de plusiéurs lieues à dos de mulet, même le bois, dont la consommation est con- sidérable ; enfin où les rayons du soleil font à peine éprouver, au milieu de l'été, la température de quel- ques jours du printems ; et l'on aura quelque idée de la situation de cet hospice consacré à la bienfaisance , de cette maison la plus élevée de toutes celles de l'Eu- rope, et peut-être du continent entier, et à divers égards. la plus voisine du ciel.» » Auprès de ces braves Religieux, sont des animaux doués d'un admirable instinct, et associés en quelque sorte à leurs précieux travaux , comme le bœuf à ceux de l’agriculteur. Des chiens, d’une race particulière et de grande taille, servent à découvrir les malheureux qui se sont égarés, et à signaler, au milieu des neiges; les endroits les moins dangereux. Chaque jour, dans les mauvais temps, ils accompagnent les domestiques, qui, du côté de la Suisse et de l’Ltalie, vont à la rencontre des voyageurs, » 302 MELANGESs. » Qui a donné cet instinct à ces animaux ? qui les a assujettis à la volonté de l'homme ? C'est le Créateur, dans sa bonté; mais, qui a développé, perfectionné, cet instinct ? qui le fait servir à un si noble usage ? Ce sont des hommes. L'homme est donc supérieur aux animaux ; il l’est, quand même on supposeroit la brute douée de quelque intelligence et capable de quelque réflexion. » .» Le lendemain , à mon réveil, j'éprouvai une sin- gulière impression en me voyant au milieu des neiges et des brouillards, comme si j’eusse passé tout-à-conp de juillet en décembre. Mais, nne autre impression , plus agréable , fut d'entendre de mon lit, au point du jour, les Religieux qui réunis à l'église la faisoient déjà retentir des louanges du Seigneur.» » Ils venoient d'ouvrir la semaine comme ils ouvrent chaque jour, par se nourrir l'ame en puisant à la source des bénédictions et des forces ». . . .« il y a quelque chose de sublime dans le chant des hymnes du matin; quelque chose qui élève l'ame et la rapproche de Dieu, son principe, et du ciel sa demeure ; aussi l'imagination du chrétien , sanctifiée et agrandie par son culte, lui fait éprouver une sorte de ravissement lorsqu'il l'entend cé- lébter dans l'édifice le plus élevé du continent, comme vers le sommet de la voûte d'une majestueuse basilique bâtie de la main du Très-Haut. On diroit qu'il existe un secret rapport entre la hauteur physique et l'élévation morale ; à mesure que l’homme se rapproche des som- mités , qu'il se détache des vallées qui l'emprisonnoient, et que son horizon visuel s'agrandit, il est plus disposé aux sentimens religieux; il jouit dans ces régions élevées et solitaires, qui favorisent la liberté de la pensée , qui agrandissent le champ de la contemplation , et provo- quent les élans de la prière vers l’Auteur de tous les biens.» ( p. 458— 464 ) On pourroit dire que notre auteur voyage autant en dedans qu'en dehors de lui-même ; il nous représente PROMENADE PHILOSOPHIQUE AU MonrT-Branc. 303 ces harpes d'Eole, dont le plus léger souffle fait vibrer, comme au hasard, les cordes en sons toujours harmo- mieux et justes. ‘ Le matin, on se promène aux environs de l'hospice. e À la clarté d’un beau soleil, nous traversons sur la glace (1) un petit lac, et nous visitons les ruines du temple de Jupiter, recouvertes de belles plantes dés Alpes. Là , nous voyons tout à la fois, l’œuvre de l'homme détruite par le temps, et la main du Créateur glorifiée par ce même temps chargé de renouveler les œuvres de l'Eternel , et de donner, d’année en année, de nouveaux témoignages que Celui qui crée tout ne passe jamais. » ( p. 470) Ici l'auteur passe en revue, et avec détail, ces plantes alpines toujours jolies, quelquefois belles, qui fleurissent à la hâte dans le court intervalle que la neige leur laisse. Il termine sa petite lecon de botanique par la réflexion suivante. » Que de merveilles dans cette multitude innombra- ble de végétaux qui couvrent la terre et embellissent notre demeure ! que de trésors dans la moindre fleur que nous foulons aux pieds ! Et, dans Îles plantes les plus chétives, quelle image de ceux de nos frères qui voués à l'obscurité, et quelquefois à un mépris injuste, recèlent un mérite connu de Dieu seul, concourent au bien de l'ensemble, et prouvent que partout le ri- che et le pauvre sont appelés à se servir mutuellement. » ( p.475.) Une savante note sur l'utilité des mousses et des lichens, ces plantes plébéiennes et cryptogames auxquelles on accorde à peine un rang parmi les végétaux, vient ici à l'appui de la réflexion morale qui l'a précédée, Nous terminerons nos citations par celle d'une anec- dote relative à la fondation de l'Hospice. Elle est an- cienne , car elle remonte à l'époque où Jupiter (sous le ———————————@——— (1) Au milieu de Juillet! 304 MÉéÉLANGESs. surnom de Pænius) avoit un temple dont on voit en- core les vestiges non loin du Couvent. Bernard , gentilhomme savoyard , né dans le château de Menthon, près d'Annecy, l'an 923, se voua de bonne heure à l'état ecclésiastique; il quitta la maison paternelle , se retira à la Cité. d'Aost, et se mit au ser- vice de l’Archidiacre, à qui seul il se fit connoître. Il lui succéda, et devenu grand-vicaire , il profita de son influence pour fonder de petites écoles destinées à la jeunesse. + | Les montagnes étoient encore peuplées d'idolàtres. Bernard entreprit leur conversion au christianisme; il y réussit, il brisa l’idole et la colonne de Jupiter et posa en 962 les fondemens des deux hospices qui ont existé dès cette époque dans les deux passages connus sous le nom de Grand et de Petit St. Bernard , et il les fit desservir par des chanoines réguliers de St. Augustin, + La beauté du motif (dit l’auteur) la grandeur des sa- crifices, la multitude de ses travaux et de ses fatigues, et le bien qui en résulta, soit pour l’affermissement du christianisme dans ces lieux, soit pour le bien des voyageurs , le firent appeler, même de son vivant, l'a- pôtre des Alpes et le père des pauvres. » » Persévérant dans son œuvre qu’il vouloit consolider, Bernard refusa l'épiscopat, et résolut de finir ses jours là où sa présence étoit le plus nécessaire et où il me- noit une vie plus assortie à la simplicité de ses goûts, à l'austérité de ses mœurs, et à son amour pour la retraite. » Vingt-six ans se sont écoulés sans que ses parens ‘sachent ce qu'il est devenu. Des pélerins qui, revenant de Rome, avoient passé par le Mont de Joux, ar- rivent à Menthon, et y recoivent l'hospitalité. Ils par- lent de l’hospice et des vertus de son fondateur avec tant de chaleur et d'admiration, que le père et la mère de Bernard prennent la résolution de sy rendre, dans l'espérance PROMENADES PHILOSOPHIQUES AU Mowr-BrLavc. 303 l'espérance que cet homme extraordinaire, qu'ils sup- posoient avoir de grandes relations en Italie, pourra leur apprendre quelque chose de leur fils. : » Hs arrivent : le- premier personnage qui se présente c'est leur fils. Il les reconnoît; mais ils ne le reconnois- sent point ; c'est Joseph en Egypte. Bernard se contient, et accueille ses parens comme des étrangers distingués, sans leur faire de questions sur le but de leur voyage, Après le souper les chanoines se retirent dans leurs cellules , et les voyageurs dans les chambres de l'asylé, Bernard reste seul avec son père, sa me et un ami qui les avoit accompagnés. Quel moment ! Bientôt com- mence un épanchement de confiance et de douleur. Richard de Menthon et sa femme racontent l'histoire de leur fils depuis sa naissance jusqu’à son évasion , et découvrent la plaie qui saigne depuis si long - temps ; ils demandent au vénérable chef de lhospice sil n’a rien découvert , s’il ne peut rien leur apprendre; ils le conjurent de s'intéresser à eux, de prier le ciel en leur faveur. Bernard, ferme et calme dans son main- tien, les console par des pensées sur la nécessité des afflictions, et les ranime par l'espérance de retrouver dans le séjour de la paix ce fils qui ne les à peut-être quittés que pour s'attacher uniquement à servir Jésus- Christ. Il se rend avec eux à l'église, se prosterne au pied de l'autel, et y demeure long-temps en silence. Tandis qu'il prie du cœur, un secret pressentiment agiie son père et sa mère. Bernard se relève : votre fils est vivant, leur dit-il. . . . .. Je suis votre fils. Le père se jetant dans ses bras, répète ces paroles de Jacob : Je descendrai avec Joie dans le sépulcre puisque j'ai vu mon fils, » » Quelle œuvre de la Providence ‘ et bientôr, quel combat de la nature avec la foi ! [ls voudroieut ramener dans leurs foyers ce fils chéri, ils lui pP'omeltent, à Sc, et Arts, Nouv. série, Vol. 13. N°. 4. Avril 1890. v 306 MérLances. son choix, la mître ou la cellule; mais, ferme dans l'accomplissement de son vœu, et fort de l'expérience du bien que Dieu l'avoit appelé à faire, il aide ses parens à consommer leur sacrifice ;. il les accompagne pendant quelques heures; à leur départ, il leur donne. sa bénédiction, recoit la leur, et retourne auprès des enfans selon l'esprit, qu'il élève pour la charité et pour le ciel. » Ce grand homme, ce véritable chrétien termina sa carrière l'an 1008, âgé de 85 ans. Il mourut en adres- sant à ses religieux les plus touchantes exhortations à ja charité, à l'union, et à la compassion pour les affligés. « Recevez tout le monde, leur dit-il, mais particulière- » ment les pauvres, avec joie et libéralité, et partagez » de bon cœur avec eux ce qui est entre vos mains. » » Depuis St. Bernard, ses dignes disciples , animés de son zèle, n'ont point cessé d'honorer la religion par leurs vertus, et l'humanité par leur dévouement au service des malheureux. Les plus belles années de leur vie sont consacrées à s'offrir chaque jour à Dieu pour leurs frères. Fidèles à la règle de leur ordre, dévonés aux fatigues, bravant les rigueurs du froid et les dan- gers de tout genre qui attaquent de bonne heure leur constitution ; intelligens et actifs dans l'exercice de leur charité, passant, dès qu'il le faut, de l'autel de la louange, à celui du sacrifice d'eux-mêmes dans un lieu où tout devroit rendre leur caractère sauvage , leur donner un extérieur sombre et lugubre, et où cepen- dant règne la charité la plus tendre, où l’on recoit l'accueil le plus poli, où la sérénité de l'ame chré- tienne se peint sur le visage , où l'on trouve les char- mes de la société la plus douce avec des hommes dont l'esprit est aussi cultivé que le cœur est charitable, tels sont les religieux du Grand St. Bernard. Sils cultivent les sciences, c’est sans oublier la recommandation ex- presse que leur Fondateur, au lit de mort, adressa à PromEnaDes PmirôsopmiQues Au Moxr-Bcaxc. 307 tout son ordre de ne pas imiter «ceux qui ne s'adon- » nent à l'étude que par curiosité et qui cherchent dans » les sciences leur propre gloire plutôt que leür ins- » truction et la gloire de J. C.» Il ajouta : « Dieu vous » préserve toujours d’un tel malheur ! + Etils sont restés fidèles. » Encore une réflexion de notre Pasteur philanthrope : elle est frappante de justesse et d'a-propos. « Qui pourroit, dit-il, calculer tout-le bien qu'un seul homme est capable de faire, ou par lui-même ou par d'autres, pendant une longue suite de générations, quand il cède à ce mouvement du cœur qui l'appelle à une bonne œuvre, à un sacrifice courageux, à un trait de dévouement pour le bonheur de ses frères ? Et, n'est-ce pes ainsi qu'ont commencé toutes les fondations pieuses ? N'est-ce pas ainsi que la pite donnée par la -veuve de l'Evangile s'est multipliée pendant dix - huit siècles par les aumônes dont elle a inspiré la pensée ? : Bénis soient les bienfaiteurs de l'humanité ! Que du haut du ciel ils contemplent le fruit de leurs œuvres ! Que du sein de la nuce de témoins qui nous environnent , ils ‘éprouvent une nouvelle joie toutes les fois que par le bienfait de leurs charitables et pieuses fondations, un malheureux de plus est soulagé, consolé, délivré; ou qu’une ame égarée est remise dans le chemin dé la sa- gesse et du vrai bonheur ! » (p. 489.) 308 MÉéLANGES. Norice pes SÉANCES DE L’AcAD.ROY. DES SCIENCES DE Paris pendant le mois de Novembre. 3 Nov. Mx. Morel lit un Mémoire sur une nouvelle théorie de la musique déduite de l'organisation de l’o- reille; l’auteur croit que cette organisation, et celle en particulier de la membrane spirale, est le fondement de la vraie théorie musicale; les trois membranes de l'o- reille sont susceptibles de divers degrés de tension, et vibrent comme des instrumens à cordes ; mais les sons qui composent un même accord ne font pas varier la tension des membranes. L'expansion du nerf auditif sur la membrane spirale le rend susceptible de se modifier en arrêtes variables qui chacune, prise à part, sont les lieux de sons différens. On a trop négligé dans la théorie de la musique l'o- reille considérée comme instrument sonore. Une bonne théorie doit être fondée sur trois élémens ; l'audition, la composition et l'exécution. — MM, Lacépède et Fourier sont Chargés de l'examen de ce Mémoire. Mr. Bertin obtient de l'Académie la permission de relire une portion de son Mémoire sur les différentes lésions organiques du cœur, soumis à l'Institut le 5 août 1811, fondé sur ce qu'on a publié plusieurs de ses observations sans le citer. [l commence ensuite la lecture d'un second travail sur le même sujet. Une Commission présente la liste suivante de candidats pour la place d'associé étranger, vacante par la mort de Mr. Want. MM. Davy, à Londres; Gauss, à Gottingue ; Wollaston à Londres; Berzélius , à Stokcholm; Olbers, à Brême ; N Norice pes Séances DE L'Ac. R. pes Screnc. ne Paris.30g Th. Young, à Londres; De Buch, à Berlin ; Brown, à Londres. La section d'économie rurale présente la liste suivante de candidats pour la place de correspondant, vacante par la mort de Mr. Brugnon. MM. Buniva, à Turin ; Wolstein , à Altona ; Colmann, à Londres; Knoblach , à Vienne; Dalton, à Hambourg. 8 Nov. Mr. Desparbès adresse un Mémoire sur la fabrication de la potasse et les moyens de l'introduire en France. Mr. Cuvier communique un Mémoire de Mr. Rigollet sur des os fossiles trouves près d'Amiens. Le Mémoire de Mr, Bertin est renvoyé à l' examen d'une Commission. On procède à l'élection d'un associe étranger sur la liste de candidats proposée. MM. Davy, Berzélius, Wollaston et Gauss sont in- diqués au premier tour de scrutin ; au second tour Sir Humphry Davy a la majorité absolue. Dans le scrutin qui a lieu pour l'élection d'un cor- respondant de la section d’agriculture Mr. Buniva est élu à l'unanimité. Mr. Moreau de Jonnès lit un Mémoire sur le Scinque doré des Antilles. C'est un animal de la famille des Sauriens ; dont plusieurs naturalistes trompés par ses changemens de couleur relatifs à l'âge , ont fait un trop grand nombre d'espèces ; les cinq espèces de Daudin , sont selon l'auteur, un seul et même animal, auquel on doit conserver le nom donné par Daubenton et Lacépède, Mr. Rigollet lit un Mémoire sur la géologie des environs d'Amiens. C'est un sol plat, à fond de calcaire crayeux recouvert de terre végétale et en quelques endroits de galets. La craie ( quelquefois mêlée de couches de glaise } contient quelque fossiles, tels que des oursins, etc. à peu de profondeur et dans un état de conservation 310 re Me 29% ce ‘8 assez rémarquable, On y a trouvé les os de trois grands animaux ; d'une espèce de buffle, et des dents de rhinocéros et d'éléphants ; l'autre compare ces ossemens avec ceux des espèces connues, — MM. Cuvier et Brongniart sont nommés Rapporteurs. 15 Nov. Le Ministre de l'Intérieur adresse à l’Aca- démie un Mémoire sur les’ assurances qu'il l'invite à faire examiner par une Commission spéciale. On nomme à cet effet MM. De Laplace, La Croix, Poisson et Fourier. ‘ Mr. Chambon de Monteau annonce de nouvelles ob- servations sur les inconvéniens dont la pratique de la vaccine-est accompagnée. Mr. Dupin réclame contre une erreur qui s'est glissée dans un Rapport sur un Mémoire de Mr. Cochin sur la digue de Cherbourg; la note de Mr. Dupin à ce sujet est renvoyée aux Commissaires pour que l'erreur soit rectifiée. Mr. Percy fait un Rapport verbal sur des ouvrages de médecine légale; dont l'un en Italien, par Mr. Barto- lozzi. Mr. Fresnel lit un Mémoire sur les phénomenes de la réflexion de la lumiere. Entre les deux hypothèses dont l'une attribue la réflexion de la lumière à la conden- sation de l'éther dans ie milieu réfléchissant; l’autre à l'action directe des molécules limites de ce mème mi- lieu ; l’auteur , procédant par expérience , trouve que dans certains cas, on ne. peut admettre que la seconde; et qu’en général la supposition d'un éther réfléchissant est contraire aux faits. MM. Biot et Arago sont nommés Rapporteurs. Mr. Edwards lit un Mémoire sur l'influenee des agens physiques sur la respiration des Batraciens. I a vu que ces animaux exposés à l'air éprouvoient par la trans- piration une perte décroissante selon u:" progression dont äl'a établi la loi. La transpiration des grenouilles a ! ! ; Norrce nesSéances pe L'Ac.R. pxs Screnc. pe PaRis. 311 également lien dans l'eau , comme aussi dans de l'air, au degré d'humidité extrême; enfin la température mo- difie aussi cette excrétion. — MM. Thénard et Duméril sont nommés Rapporteurs. Mr. Magendie lit un Mémoire sur de nouveaux or- ganes qu'il a découvert dans quelques oiseaux. Le pre- mier est dans le col, à droite et à gauche de la trachée, et descend jusqu'au thorax ; il est composé de corps glanduleux , rougeûtres qui disparoissent avec l'âge. Quelques tortues, crocodiles, salamandres, etc. présen- tent un organe analogue. Le second est placé dans le thorax et se retrouve chez les Batraciens ; il est formé de petites glandes sphéroïdales. — Une Commission est chargée d’examiner et rapporter. Mr. Savart lit la suite de ses Recherches sur le mode de transmission des mouvemens vibratoires dans les ba- guettes sonores. 1l établit 1.° que le son se transmet par des ondes tantôt longitudinales, tantôt transversales , tantôt dans les deux sens à la fois. 2.° Que le nombre des vibrations d’un corps ébranlé est modifié par les corps avec lesquels il est en contact. 3.° L'auteur recher- che les rapports de vitesse dans la transmission du son dans un corps sonore. MM. Poisson et Biot sont nommés Rapporteurs. Mr. Moreau de Jonnès dépose des échantillons du Scincus auratus. 22 Nov. L'Académie recoit deux Mémoires à l'occasion du prix qu'elle a proposé sur le théorème de Fermat. Mr. Dutrochet lit un Mémoire sur un nouveau genre d’annélides , qu'on a confondu mal à propos avec les nayades. Ces animaux s’attachent aux corps voisins par des appendices charnus particuliers. L'auteur donne à ce genre le nom de Xanto, et il en distingue deux es- pèces, le Xanto decapoda, et hecapoda. Cet animal vit dans les eaux dormantes; lorsqu'on le coupe en deux parties il se reproduit en moins de quatre jours; mais 2 rt 312 MéLANGEzes. Si on multiplie la section il périt. — MM. Lamarck, ‘Latreille et Bose sont nommés Rapporteurs. Mr. Percy lit un Mémoire sur La phosphorescence qui se nanifeste dans certaines plaies. I rappelle les phéno- mènes connus, de matières animales qui reluisent dans l'obscurité; il rapporte ensuite ses propres chservations sur des plaies d'hommes vivans qu'il a vues par fois très- phosphorescentes. Ce phénomène est plus fréquent chez les individus qui ont peu perdu de leurs forces vitales ;. il est rare chez les malades atteints de la gangrène des bôpitaux. La phosplorescence a lieu également sur les plaies putrescentes comme sur celles qui ne le sont pas; la lueur est sur-iout sensible dans le tissu graisseux , et l’auteur la regarde plutôt comme un symptôme favo- rable que fâcheux. Ce phénomène est plus fréquent ehez les malades d'un tempérament sec et bilieux , qui ont fait un usage immodéré des liqueurs fortes. L'auteur rappelle que MM. Jurine, et Pictet, ont trouvé le phos- phore tout formé dans le corps humain. Mr. Cauchy lit un Mémoire sur la résolution analytique des équations de tous les degrés par le moyen des in- tégrales définies. Il démontre, qu'on peut ramener les équations dont tontes les racines sont ou réelles ou imaginaires, à des intégrales définies qui ont deux cons- tantes arbitraires. On présente un Mémoire de Mr. d'Hombres Firmas sr l'application de la météorologie à l'agriculture. \ sera là dans une des prochaines séances. L'Académie nomme aa scrutin la Commission qui doit adjuger le prix fondé par un anonyme en faveur de l’auteur de la meilleure machine inventée dans l'année. 29 Nov. Mr. 'Fombini , officier de marine , soumet à YAcadémie une machine uranographique de son inven- tion. MM. Arago et de Rossel sont nommés Commis- saires. Mr. Desprets lit un Mémoire sur les quantités de cha” Ë À | à 1 Norrce nus Séances ne L’Ac. R. nes Screne. ne Paris. 313 leur contenues dans diverses vapeurs , et des, pressions dif- férentes ; et sur les forces élastiques correspondantes. Les expériences ont porté sur les vapeurs de l'eau, de l'al- cool, de l'éther sulfurique , et de l'huile de térébenthine. Il a trouvé que l’eau, l’éther, l'alcool , et l’essence de térébenthine en vapeur, ont la même quantité de cha- leur sous toutes les pressions ; mais l'éther et l'alcool ont dévié, l'un de sept, l'autre de deux degrés et demi, de la loi de Dalton, ar-dessus et au-dessous de l'ébulli- tion. MM. Fourier, Arago, et Gay-Lussac sont nommés Commissaires. Mr. Serre lit un Mémoire qu'il présente au concours pour le prix de physiologie sur Zes lois de l'osteogencsie, c'est-à-dire, celles d’après lesquelles se développe le sys- tême osseux. Il trouve qu'elle s'opère de la circonférence au centre, soit de l'extérieur à l’intérieur. La formation du système osseux est soumise à une loi de symétrie que l'on découvre fort bien dans le fœtus, soit de l'homme, soit des animaux. L'auteur 3 remarqué une autre loi qu'il appelle de conjugaison, dans les cavités osseuses ; et une troisième, qu'il nomme des éminences, et qui produit les protubérances au moyen de pièces de rapport. Mr. Navier lit un Memoire sur la flexion des lames élastiques. Il compare les résultats de ses calculs aux ex- périences qu'il a faites, et il en déduit des applications aux constructions de charpente faites en cerceaux ou en ares , et sur lesquelles doivent s'exercer des pressions. MM. de Prony, Poisson et Dupin sont nommés Rap- porteurs, La section d’astronomie présente Ja liste suivante de candidats pour la place de correspondant vacante par la mort de Mr. Vidal. MM. Kater, à Londres; Bohnenberger, à Tubingue; Schubert , à Pétersbourg ; Groombridge , à Londres ; Carlini, à Milan; Brinkley, à Dublin; Struve, à Dorpat; Nicolai, à Manheim, 314 " M£éLANGESs. Norice Des Séances pe LA Soctéré Roy. pe Lonvrrs pendant le mois de novembre. La rentrée de la Société après les vacances a lieu le 4 novembre, On commence la lecture de la Lecon Croonienne par Sir E. Home, intitulée, Recherches ulté- rieures, sur les parties constituantes du sang. xx JVov. On termine cette lecture. L'auteur a essayé de prouver qu'il existoit dans le sang, des globules plus petits et d'une nature différente de ceux qu’on a admis jusqu'à présent. Mr. Baucr, est le premier qui les ait découvert dans l'examen d'une tumeur anévrismale ; ces globules n'étoient guères que le quart des plus grands. Il estime leur diamètre à -== de pouce. L'auteur a trouvé dans un autre sac anévrismal , des cristaux de muriate et de phosphate de soude, et du sulfate de chaux; Sir E. Home suppose que ces sels et ces globules existoient principalement, en solution dans le sérum, et qu’on n'aperçoit ces derniers qu'après la coagulation du sang ; l'auteur propose de les appeler globules de la lymphe, par opposition à ceux du sang. Il a trouvé que la quan- tité de gaz acide carbonique qui se dégageoit du sang inflammatoire coagulé, mis dans le vide, étoit beaucoup moindre que celle que donnoit le sang dans l’état de santé, sur-tout si celui-ci étoit tiré une heure après un bon repas. L'auteur a vu des globules de la lymphe, et du sang , dans la mucosité du pylore et du duo- denum. Leur grosseur dans le chyle est variée, Mr. Bauer suppose que Îles globules sont formés dans les glandes mésentériques, mais que leur matière colorante provient de leur exposition à l'air dans le circuit pulmonaire. On commence la lecture de la Lecon Bakérienne de Mr. Brande , sur « la composition et l'analyse des com- LA . LA LA Norrce pes Séances DE La Sociéré Loy. pr Lonwpres. 315 posés gazeux inflammables qui résultent de la distillation: décomposante de la houille , et des huiles, avec quelques remarques sur leurs forces calorifiques et lumineuses relatives. » . 18 Nov, On termine la lecture de.la Lecon Bakerienne. Mr. Brande essaie de montrer, dans la première partie, qu'on ne peut prouver l’existence d'aucun autre composé de carbone et d'hydrogène que celui qu'on appelle com- munément gaz oléfiant) et qui est «formé de parties égales de carbone et d'hydrogène ; et que le gaz qu'on nomme d'ordinaire hydrogène. carburé est, dans le fait, un mélange des gaz hyilrogène et oléfiant. L'auteur sou- tient cette opinion par diverses expériences sur les gaz tirés de la houille, de l’huile, et d'autres substances. Il suppose que la plupart de la distillation décomposante des combustibles végétanx sont de formation secondaire, et qu'ils résultent de l’action mutuelle des gaz qui se forment les premiers, Ainsi naît un composé particulier de carbone et d'hydrogène lorsqu'on fait passer du gaz oléfiant pur au travérs d'un tube qui renferme du char- bon incandescent ; ce composé ressemble au goudron; mais il a les propriétés d'une résine. L'auteur a obtenu du sulfure de carbone par l'action mutuelle de l'hydro- gèue sulfuré et carburé. IL indique aussi, dans la pres mière partie de son travail quelques nouveaux moyens d'analyser les mélanges gazeux. - Dans la seconde partie. l'auteur recherche les facultés éclairantes et calorifiques respectives des gaz tirés de la houille et de l'huile. Il établit que les forces éclairantes du gaz oléfiant, de celui tiré de l'huile, et de celui de la houille, sont entr’elles à-peu-près comme les nombres 3,2,et1; et que les rapports de leurs facultés calorifiques sont à- peu-près les mêmes; mais dans un ordre renversé; celle de, la houille étant la plus grande, et celle du gaz olé- fiant la moindre. Dans cette partie de son travail, il | 316 | MÉLANGES. montre par des expériences , l'avantage qu'il y a, lors- qu'on veut obtenir beaucoup de lumière, à employer plusieurs becs assez voisins pour que leurs différentes flammes puissent se réunir (1). Cette. Lecon se termine par des expériences compa- rées entre les lumières terrestres, ou artificielles, et celles du soleil. Les lumières gazeuses, même lorsqu'on les concentre par les moyens optiques, de manière à leur faire produire un degré sensible de chaleur, ne changent pas la couleur du muriate d'argent, ni le mélange des gaz chlore et hydrogène ; tandis que la lu- mière brillante du charbon soumis à l’action galvanique, lorsqu'on la concentre, non-seulement affecte le muriate, mais procure la combinaison des deux gaz, et quelque- fois avec explosion. La lumière de la lune concentrée ne produit aucun effet sur l’un ni sur l’autre de ces réactifs. On commence la lecture d'un Mémoire du Dr. Carson, sur l'élasticité des poumons. 25 Nov. On termine la lébtute: du Mémoire du Dr. Carson. (1) Le Comte de Rumford avoit déjà montré par des ex- périences fort curieuses , qu'en réunissant quatre flammes produites par des mèches placées parallélement à peu de dis- tance les unes des autres, on obtenoit une lumière égale à celle de cinquante-deux bougies. ( Voyez Bibl. Brit. p. 23 et suivantes. ) ÿ | ? . | À EE nn ( 312.) mem TABLE DES ARTICLES DU TREIZIÈME VOLUME, NOUVELLE SÉRIE, de la division , iutitulée : ScrENCES ET AnTS. TT A TT TT EXTRAITS. I A A TT ASTRONOMIE. Pages Ephémérides de Milan pour 1820. Connoissance des temps “on ie CE ARTE DE NE CSP RENE EE Er Te PHYSIQUE. Détermination expérimentale du zéro absolu de la chaleur. Par MM. Desormes et Clément, + + +. + + + » + « « 95 Sur un nouvel hygromètre qui mesure la force et le poids de la vapeur aqueuse dans l'atmosphère, etc. Par T.F. Daniell.164 Description d’unThermom. différentiel. ParMr.Howard. D.M.2,9 PHYSICO-MATHÉMATIQUE. Expériences sur la longueur du pendule qui bat les secondes, aux stations principales de la mesure trigonométrique , exécutée dans la Grande-Bretagne. Par le Cap. H. Kater. 3 _MÉTÉOROLOGIE. Suite des Extraits des observations météorologiques faites à Joyeuse , par Mr. Tardy de la Brossy, en 1819 + . . 172 Tableaux météorologiques de Genève et du St. Bernard. de Janvier , après la page 80 de Février, après la page 160 de Mars, après la page 240 d'Avril, après la page 320 318 TABLE DES ARTICLES. GÉODÉSIE. Pages Mémoire sur le nivellement géométrique de la chaîne du Jura. Par Mr. Roger , Officier du Génie de la Confédération Helvétique + «+ + ee 4 ee + ee + + 1. «+ Br GÉOLOGIS. Institutions géologiques , par Scipion Breislack, ( 2.€ extrait.)\166 GÉOGNOSIE. Traité de Géognosie , ou Exposé des connoissances actuelles sur Ja constitution physique et minérale du globe ter- restre. Par J. F. D’Aubuisson de Voisinse + + + + + 253 CHIMIE. Observations sur la combinaison de l'essence de citron avec l'acide muriatique , et sur quelques substances huileuses , par Mr. Th. De Saussure , ( première partie. ) + + + + 20 Idem. ( seconde partie. )- + + + + + + + + + + + + + 112 Essai sur la théorie des proportions chimiques , et sur l'in- fluence chimique de l'électricité. Par Berzélius , ( 2. extr.) 176 Note sur un appareil électro-chimique propre à reconnoître la présence des métaux en dissolution dans un liquide , par J. Macaire , de Genève. + + + « + + + + + + + 279 HISTOIRE NATURELLE. Mémoire pour servir à l'Histoire naturelle des Cévennes , par J. A. D'Hombres Firmas. + - + + » « « « . : + 43 Description des sources chaudes dites Geysers , en Islande, par le Prof. Menge de Hanau. + + + + + + + + + Br Extrait de quelques observations faites en Sicile ; par Mr. Stef. Moricand , de Genève. : + + + + + + « + + . 267. Sur le Serpent de mer. Extrait de la Gazette de Boston du 20 août 1819. « RER Os MR on ta Melle ef CORTE PHYSIOLOGIE. Observations sur la marche du pouls pendant le bain à diver- ses températures. Par le Dr. A. Maithey « + + + + + - 201 ah - né RL TABLE DES ARTICLES, 319 MÉDECINE. Pages ‘Méthode de guérir les maladies siphilitiques invétérées qui ont résisté aux traitemens ordinaires , par E. Sainte- Me bre «0 NIMES de Mer Die der mette «56 Lettre du Dr. Le Carro sur la Vaccine. + + + + + + + + 136 De l’auscultation médiate , ou Traité de diagnostic des ma- ladies du poumon et du cœur, etc. Par R. T. H. Laennec. 205 MINÉRALOGIE. Notice sur le cuivre bitumineux du pays de Mansfeld. Par J. Micdire «ls eo 00 eee Ne ele chefs lattes dX 3 HYDROTECHNIQUE. Sur la construction du port de Plymouth. Par A. J. Kru- senstern , Commandant dans la marine Russe , ( dernier extrait, ose see + + 64 = HYDRAULIQUE. Observations sur l'écoulement des fluides , par C. S. Lehot, Ingénieur 2. 0. 0 ee + « 222 PYROTECHNIE. Des fusées à la Congrève. + + + - + + + + + + + + «+ 286 ARTS. Lettre du Dr. Hamel sur la Cloche des plongeurs. + + + 230 MÉLANGES. Expériences sur la congélation de l’eau et et de l'huile su- perposée , par H.T. De la Bèche . + + + + + * + + + 76 Relation de l’éboulement du glacier du Weisshorn , dans le D. arrivé le am déc xd". AT NET Vale Considérations sur la grêle et description d’un grélon, par Dear Délcross, (amer fer}. 0 ex 084 Promenades philosophiques et religieuses aux environs du Mont-Blanc , par Mr. Moulinier , Past, . . . . 297 320 . TABLE DES ARTICLES, Pages Notice des séances de l’Acad. Royale des sciences de Paris, Août 1839. Le 45) 5804198 Septembre. . . . . 157 Octabre. tes Novembre. . . . . 308 Notice des séances de la Société Royale de Londres pen- dant le mois de ÂMovembre. . . . . 314 Lettre de la Société Roy. de Londres à Th. Edmonston de Buness dans les iles Shetland e + + + + + + + + + + 238 Fin de la Table du treizième Volume, nouvelle série , de la division , intitulée , ScxENCES ET ARTS. de MONTE CR ral. LL ON CR Crts. Vol. xur. P tr. HORS 0 TX Pur. [4 «Le. CL ttrite! e D sh cl ts Lxur. Pur . Ânopack. iculp UE + tte EL TABLE DES: ARTICLES DIVERS CONTENUS DANS LES VOLUMES DIX, ONZE ET DOUZE DE LA PARTIE INTITULÉE: SCIENCES ET ARTS, QUI ONT PARU EN 1810. RTS SE SR TS TT TT TA AA AA AA A A N.B. JZes chiffres romains indiquent le volume et les chiffres arabes les pages. Re A A A RE A A TR TR LR D RS AL 2 SCIENCES ET ARTS. PHILOSOPHIE DES MATHÉMATIQUES. S ur Papplication de lAlgorithme des fonctions à la démonstration des propositions fondamentales de la Géométrie. . - . . - XII, ASTRONOMIE. Histoire de lAstronomie ancienne. — Histoire de l'Astronomie du moyen âge , par Mr. Delambre. X. Notice abrégée de quelques observations faites à l'Ob- servatoire de Zurich. Par Mr. Febr X. Notice sur la continuation des travaux entrepris pour déterminer la figure de la terre, et sur les résultats des observations du pendule aux iles Shetland, par Mr. Biot - . . . À è à. À Notice sur la Comète. - : Û XI. Sur la position géographique de St. Gall, par le Lieutenant-Colonel Scherer. ALE Sur l’éclipse centrale du 7 septembre rage Lettre de Mr. De la Vigne + . « Ê XII. a 85 aL TABLE DES ARTICLES. Annonce d’une comète remarquable qui est revenue dans notre système en 1786 , 1795, 1801, 1805 et 1818—19. + . . . . XII. 237 ASTRONOMIE PHYSIQUE. Mémoire sur la figure de la Terre,par Mr. De La Place.XII. GÉODÉSIE. Notice sur la triangulation exécutée dans le Canton de Berne, avec carte, par le Prof. Trechsel. + * Mémoire sur la mesure des bases de Darmstadt, par Delcross, Capit. Iugénieur-géog. avec planche. ( premier extrait. ) À : . # XI. Idem. (second extrait. ) » . . . XL Notice sur la nouvelle carte de France, commencée en 1818 « . . - . : XI. PHYSIQUE. Détail d'expériences faites pour déterminer la longueur du pendule qui bat les secondes dans la latitude de Londres, par le Capit. Kater, ( second extrait. ) X. Recherches sur la mesure des températures et sur les lois de la communication de la chaleur, par MM. Dulong et Petit + ° . . X Idem. (second extrait.) « . . . x: Sur la déclinaison de la boussole et la déviation de l'aiguille aimantée , résultat des expériences faites dans le voyage de découvertes aux régions arctiques. Par J. Ross, Capit. de la Marine Roy. Britannique. XI. Expériences sur le magnétisme du rayon violet, par L. À. D'Hombres Firmas. . . . XI. Elémens de physique, par Ranieri Gerbi, Prof. de physique à Pise. . . . . XI. Hauteur baromét. du Mont Ventoux, par Mr. Belcross. XI. Conversations sur la physique, etc. par l’auteur. des Conversations sur la chimie. + - - XI. Sur la pesanteur spécifique et la température des eaux de la mer, etc. par le Dr. Marcet. XII. Leitre du Prof. Gerbi à l’occasion de l’'Extrait de ses Elémens de physique. XII. Sur léclairage par la lumière électrique, par le Prof. Meinecke, de Halle. . ee XIL. 153 77 165 18 29 IOT 165 239 22 99 241 SCIENCES ET ARTS, 11 MÉTÉOROLOGIE. Résumé des observations météorologiques du St. Ber- nard , par M. A. Pictet , avec planc. et tableau. X. 14 Notice d’une averse remarquable , et considérations sur la mesure de l’eau de pluie, par Mr. Tardy de la Brossy. : . : . : X. 92 Résumé des observations thermométriques faites chaque jour au lever du soleil et ä deux heures après midi à Genève et à l'Hospice du St. Bernard , pendant quinze mois, accompagné d’un Tableau des princi- paux résultats moyens obtenus de la comparaison des observations entr’elles, par M. A. Pictet. X: 170 Résumé des observations hygrométriques faites cha- ‘que jour au lever du soleil et à deux heures après midi, à Genève et à l’'Hospice du Grand St. Ber- nard, par le Prof. Pictet. + . . X. 260 Considérations sur les observations météorol. par Mr. Castellani. . . . . . XI. 168. Observ.météorol. sur le Mont Etna,par le Dr. Schouw. XII. 34 De l’atmosphère de Palerme, par Dom. Seina. : XII. 16% Considérations sur les variations de l'atmosphère. Par J. E. Bode , astronome : . . - XII. 246 Lettre de Mr. Castellani sur les observ. météorologiq.XIL. 249 Tableaux metéorologiques de Genève et du St. Bernard. X. après les p. 64, 144, 223 et 304. XI. après les p. 80, 160, 232 et 312. XII. après les p. 84 , 152, 236 et 320. CHIMIE. Sur le chalumeau à gaz explosif, par le Prof. Pfaft, à Kiel. (premier extrait). + . : X. 250 Idem. ( Second extrait. ) . « s': MOMEUMN AR Des proportions et des lois d’après lesquelles se com- binent les élémens des corps , par le Dr. S. L. Falckner, (premier extrait. ). - . XI. 109 Idem. ( second et dernier extrait.) L : XI. 249 Elémens de chimie expérimentale, par W. Henry, (premier extrait.) + . .. - XE 1:79 Analyse des eaux de différentes mers, par le Dr. Marcet.XIL. 1: IV TABLE DFS ARTICLES. - Essai sur la théorie des proportions chimiques, etc. par Berzélius, ( premier extrait.) + : XIL. PHYSICO-CHIMIE Sur les phénomènes aphlogistiques et le magnétisme des rayons violets du spectre solaire, par Mr.Murray XI. Recherche physico-chimique sur la neige rouge des environs du St. Bernard. + . . XI!. CHIMIE APPLIQUÉE. Note sur une fabrication d’acétate de plomb, en Suisse. X. GÉOLOGIE. De la fluidité originelle dés roches primitives. Lettre de J. A. De Luc, neveu - - . X2 Quelques faits remarquables pour servir à l’histoire des alluvions, par Sir G. S. Mackenzie, avec plan. XII. GÉOGNOSIE. Sur la constitution géognostique des environs de St. Pétersbourg, par Mr. F. Soret. - - XII. Essai sur un nouveau gissement du plomb phosphaté, par Mr. J. Macaire. : - a olrnae XIL. MINÉRALOGIE. De la Richesse minérale, considérations sur les mines, usines et salines des différens Etats, etc. par A. M. Héron de Villefosse, ( premier extrait.) . À Idem. ( second extrait. ) . . . X. HISTOIRE NATURELLE. Histoire naturelle dela Sicile, description de l’Etna ,'etc. par le Prof. Ferrara , ( premier extrait.) + XI. Idem. ( second extrait. ) . . . XI. Notice sur une éruption récente de l'Etna, par Mr. Steph. Moricand. . . 3 . XI. Notice sur l'Histoire naturelle du Mont St. Bernard, rédigée par le R. P. Biselx, Prieur de l'Hospice, (premier art.) . . . . XI. Idem. (second art. e . . . IT? Idem. ( troisième et dernier art. ) . . XII. Sur quelques phénomènes naturels en Carniole, et considérations sur les animaux de l'ancien monde. Lettre de l'abbé Bérini. e - À XII. 174 174 254 179 162 187 126 137 24 97 121 191 265 43 1h4 278 SCIENCES ET ARTS. v Sur la formation géologique d’un pont naturel en Virginie, par F. Walker Gilmer. . . XII. 28 PHYSIOLOGIE. Rapport sur les accouchemens qui ont eu lieu au Dispensaire général de Westminster à Londres en 1818, par le Dr. Granville. + : : XII. 152 PHESIOR COTE TÉGÉTALE Recherches sur les causes de l'ascension de la sève dans les plantes, par le Prof. Gelieu. . . 2L 97 , | BOTANIQUE. Monographie des céréales de la Suisse, par N. C. Seringe. : : . - . X. 42 Rose Decandolle , ou Description d'une espèce nou- velle du genre de la rose, par C. A. Thory, avec fig. À. ' 0 PHYSIOLOGIE ANIMALE. Observations physiologiques et pratiques lues à la Société littéraire de Glasgow à l’occasion des détails de quelques expériences faites avec une batterig voltaique surle cadavre d’un supplicié. Parle Dr.Ure. X. 177 Description anatomique des organes de la circula- tion des larves des Salamandres aquatiques. Par le Dr. Mauro Rusconi. . - : XIL 195 ZOOLOGTIE. Monographie du Proteus Anguinus de Laurenli, publiée par MM. Configliacchi, Prof. de physique, et Mauro Rusconi, D.M. (premier extrait. ) XII. 265 INSECTOLOGIE. Durée de la vie de la mère abeille,par le Prof. de Gelieu. XIL. 139 -MÉDECINE. Observations sur les différentes espèces de petite-vé- role, et particulièrement sur celle qui arrive quel- quefois après la vaccine , par A. Monro, (pr.er. )X. 185 Idem. (second extrait. ) - : . : X. 269 Des établissemens des aliénés en France , ct des moyens d'améliorer leur sort, par le Dr. Esquirol. RE "5 Lettre du Dr. Marcet sur la vaccination et sur ses effets préservatifs. . . : : XII 206 L'inoculation de la vaccine considérée sous le rapport . VI TABLE DES ARTICLES. de ses avantages pour l'Etat, les familles et les in- dividus, par le Dr. J.F. Krauss. . . XII 286 PATHOLOGIE-ANIMALE. Lithologie humaine, ou recherches chimiques et médi- cales sur les substances pierreuses qui se forment - dans diverses parties du corps humain, par Brugna- telli. + . . : : . XI." : 06 MECANIQUE. Observations sur l'automate joueur d'échecs qu’on montre actuellement à Londres. - . XI. 63 HYDROGRAPHIE. Sur la température ‘et la profondeur du lac de Ge- nève, par Mr. De La Béche, avec carte. . XII. 118 HYDRODYNAMIQUE. rite nouveau observé dans le choc de l’eau. Par le Chev. Jos. Morosi. ° . . XII. 217 HYDROTECHNIQUE. Sur la construction du port de Plymouth, par A. J. Krusenstern , Commandant dans la marine russe. avec fig. ( premier extr. ) . . . XII, 301 - ARTS. : Tableau des inventions et découvertes les plus impor- tantés, faites dans les derniers temps. - ALMI37 ARTS THÉRAPEUTIQUES. Description des appareils à fumigations, établis par Mr. Darcet, à l'hôpital de St. Louis, etc. - X. 52 Observations pratiques sur les fumigations sulfureuses, par J. De Carro, D: M. (premier extrait. ) : X. * 299 Idem. (second extrait.) - : C . X. 193 Mémoire sur l'art de dorer le bronze au moyen de l’amalgame d’or et de mercure, par Mr. Darcet, _ X. 206 ARTS INDUSTRIELS. Mémoire sur la marine et les ponts et chaussées de France et d'Angleterre , etc. par le Chev. Dupin, Capit. au Corps du génie maritime. . X.::0 128 Fonte de fer rendue malléable. . . Abo M ARTS ÉCONOMIQUES. Notice sur une exploitation entreprise au lieu dit Ze Parc, près de Seyssel, et sur un ciment très-propre us. SCIENCES ET ARTS. à recouvrir les constructions en plein air. Par les Rédacteurs de ce Recueil. + . . X. Notice sur les colonnes du temple de Sérapis, par Mr. de Gimbernat. . . . . X. Sur l'éclairage par le gaz combustible. Notice rédigée par Mr. H. Craighton , avec planche. - XI. MÉLANGES. Notice des séances de l'Académie Royale des Sciences de Paris, pendantla première quinzaine d’Aoùût 1818.%X. | Idem. Septembre. X. Idem. Octobre. + X. Idem. Novembre : X. Idem. Décembre + XI Idem. Janv. 1819. XI. Idem. Février. +. XI. Idem. Mars: + XI. Idem. Avril. . XII. Idem. Mai. +. XII Idem. Juin. . XII. Idem. Juillet. . XII. Notice des séances de la Société Royale de Londres, depuis la rentrée d'automne de 1818 . L Idem. Décembre XI. Idem. Janv. 1819. XL. Idem. Février. + bu L Idem. Mars. b XI. Idem. Avril. - XÉE Idem. Mai. : XII. Idem. Juin. : XII. Idem. Juillet. - XII. Notice de la session de la Société Helvétig. des Sciences naturelles; réunie à St. Gall, les 26, 27 et 28 juillet, (premier extrait.) : . . XI. Idem. ( second extrait.) : " . XII. Exposé de quelques expériences faites sur le corps d’un supplicié, immédiatement après son exécution. Par Ure D. M. - X. Observations magnétiq. faites sur la glace par de hautes latitudes, dans l'expédition anglaise vers le pôle arctiq. X. 137 - i VIII TABLE DES ARTICLES. Errata pour le N.0 des Sciences de Janvier. - X. Observations particulières du tableau météorologique du St. Bernard du mois de Janvier : - X. Expériences sur le produit de la distillation des va- peurs des Fumaroli du Vésuve. . . X. Chute de pierres météoriques. . . . XI. Fusion du Platine. : . . " XI. Notice sur une ascension récente du Vésuve, etc. XI. Explosion d’une machine à vapeur dans l'un des faubourgs de Londres. . . Ê XI. Notice sur la Comète. . . . XL. Remarques sur la fondre et les paratonnerres, par F. Trechsel, Prof. de physique , ( prem. ext. ) XI. Idem. (second extrait.) . . . . XIL. Sur la Comète. . . . . . XI. Notice sur l’école centrale militaire helvétique, ou- verte à Thoune en Août et Septembre 1819, par le Lieutenant-Colonel Dufour - . . XII. Lettre de Mr. De la Pierre sur l'ascension récente du Mont Rosa. , . . : . XII. Observations sur un Chat-marte,présenté à la Soc. Imp. des naturalistes de Moscou , par N. de Vsevolojeski. XII. CORRESPONDANCE. Æxtrait d’une lettre de Copenhague de Mr. le Prof. Puerari, sur le succès de la Vaccine en Danemarck, et sur la température de l'hiver de 1819. X. Avis à l’auteur d’une lettre anonyme adressée aux 135 142 227 223 Rédacteurs de la Bibliothéque Universelle. + X. Ibid. Errata. e . < . : : X-0Ybrd: Idem. e . . . . . X.. Laos Extrait d’une lettre du R.P. Bisselx sur une ascen- sion du Mont Rosa. - Y 1N . XL 308 Errata. . Û . . . . XI. 309 Sur la force végétative. Par le Prof. de Gélieu. XII. .« 8x NÉCROLOGIE. Lettre aux Rédact. sur la mort de Mr. Bén. Prevost.XL: : 160 Annonce de la mort du Prof. Jurine - - XII: 157 Notice sur Mr. Bourrit, chantre de la tic de . : XIL 233 Genève. . ta TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites au leve i Couvexr.u Sr: Beryarn , éleyé de 1246 toises au - dessus de la Mer ; aux mêmes heures que celles qu'on fait an JanDin, Boranique à GENÈVE. RS Se OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES. DECEMBRE 181 0. = Baromërer. THERMOMÈTRE S & VENTS. #34 réduit à o de Deluc. a l'ombre |Hycromèrre | Pluie on | & > La chiffres 2 É Ste en 80 parties. | à cheveu. neige en e È nl Erar pu Ce. Ée Lev. qu Sol. | à = heures. ÊL. du S{ à 2 h.|L. du S.| à2h. RS £ à Fes Sas h OBSERVATIONS, DIVERSES. Se Pouc.lig, dix. |Pouc. lig.dix.ÿ D. dix. | D. dix. Deg. | Dcg. À pig. dour. — À —— : 2 2e 10. 10,0 E— 4:8 |- 4,8 79 87 pou. li, ——} NE | ne À soleil nua., ser, ie ane DENTS DTA REG É or a 10,7 513 0,8 87 81 — —— (NE. .o| NE Éserein, id, : * . = 22