SEE LT ET nr A HS HG He) pe \ LU von AC" FM | } MUR (UN ( . ï Î l « Un 1 nm bre bCy' HE AE RS At MAR NITIErT air à CG x] mir AL En CT mnte de) = EE - UTC LUTTE POne RATER ” + BU es vor dis ge ct © en LS - ARR I AT AUX n) | tard à “ TE, \ ner K}, vs (GR NCA, ur ta EE aisé BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE, SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS, FAISANT SUITE BIBLIOTHÈQUE BRITANNIQUE, Rédigée à Genève. RS TR Re RS RU R RSA RAR ARR Ne nn XIEL. ANNÉE. -— TOME XXXIX."° RAR A Te TE A TE A TR ARR RE LR RER DS SCIENCES ET ARTS. \4# Urai, 2) x GENEVE, IMPRIMERIE DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE, PARIS, BOSSANGE PÈRE ; LIBRAIRE DES. A. R. MONSEIGNEUR LE DUC D'ORLÉANS, RUE DE RICHELIEU , N.° 60. 1828. £:. 39 ef SALE PAF : | Saleh PME dj Hdi: #7 FT d PPT CEA Age La | ‘ RÉOTTE LEA 74 à K:, naar rester ERP ARTE < DMAUME TT ra (30) A OP A ES GÉODÉSIE. OPÉRATIONS GÉODÉSIQUES ET ASTRONOMIQUES POUR L4 MESURE D'UN: ARC DU PARALLÈLE MOYEN, exécutées en Piémont et en Savoie, par une Commission de J'Etat-Major-Général et d’Astronomes, Piémontais et Autrichiens , en 1821, 1822 et 1823. 2 vol. in-4.° 237 et 412 p. avec un atlas de 14 planch. ou‘cart. Milan 1825 et 1827. es ON ( Premier extrait. ) FT avoir long-temps employé la seule mesure des arcs de divers méridiens à déterminer la figure de la terre, on a senti au commencement de ce siècle la con- venance.de suivre pour cette même recherche une route nouvelle , en mesurant des arcs de parallèles. De même qu’on avoit comparé le développement des arcs de mé- ridiens mesurés géodésiquement, avec l'amplitude as- tronomique de ces arcs déduite de lobservation de là latitude de quelques-uns de leurs points; de même ïei on a comparé l'étendue géodésique des arcs de pa- rallèles, avec celle qui résultoit de l'observation de fa longitude de leurs priacipales stations. Dans l’un et l’autre cas on a pour but de conclure de cette comparaison, où la longueur du degré du méridien, ou celle du degré À 2 4 GÉODÉSIE. du parallèle sous une latitude donnée, et d’appli- quer ces données à la recherche de l'applatissement du sphéroïde terrestre. Déjà à plusieurs reprises nous avons fait connoître à nos lecteurs les progrès des grandes et intéressantes opérations relatives à la me- sure des arcs de deux parallèles (1), l’un situé entre 48 et 49° et ayant pour points extrêmes Brest et Czer- nowilz, ville située au point de jonction des territoires Autrichien, Russe et Turc ; l’autre situé presqu’exac- tement à la latitude moyenne de 45° et ayant pour ex- trémité occidentale la tour de Cordouan près de Bor- deaux, et pour extrémité orientale Padoue, ou Fivme, ou même Orsowa ( sur le Danube à la jonction des ter- ritoires de l'Autriche, de la Servie et de la Valachie), si l’on réunit les travaux exécutés par les Autrichiens jusqu'aux confins de leur empire. Le bel ouvrage dont on vient de lire le titre, est re- Jatif à la mesure d’une petite portion de ce dernier arc ; puisqu'elle ne renferme que trois degrés de longitude sur vingt-quatre qui forment l'amplitude de Parc entier : mais celle portion étoit hérissée de difficultés, par la nature du pays sur lequel elle devoit s’exécuter. (1) T. XXE, p. 306. Aperçu général des opérations trigonomé- triques effectuées en 1821 et 1822 , par les Officiers de l'E tat-Major Austro-Sarde et les Astronomes de Turin et de Milan. PF, XXVE,, p. 7- Extrait d'un Mémoire sur la détermination de la longitude de Genève , etc.; par Mr. Gautier, T. XXXILL , p. 181 et 272. Wémotre sur la mesure d'un arc du parallele moÿen entre le pôle et l Équateur 3 par MM. Brousseaud et Nicollet. T. XX XVII, p. 3. Sur les mesures ‘d'arcs perpendiculaires au méridien qui s'exécutent actuellement ‘en Europe ; par FE.S. MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN. 5 Au moment où les opérations géodésiques et astro- nomiques de cette mesure venoient de s'achever (oc- tobre 1822), nous en avons donné un premier aperçu, et nous avons fait connoître le hasard singulier par lequel l'Observatoire de Genève, a pu être rattaché à cette grande chaîne. Plus tard (1826), le Mémoire de MM, Brousseaud et Nicollet a développé len- semble de la mesure exécutée sur les territoires Fran- ‘çais, Sarde et Autrichien, ainsi que les résultats gé- néraux que l'on pouvoit en tirer pour la détermina- tion de l’applatissement du globe. Maintenant l'ou- vrage publié par la Commission Austro-Sarde , ouvrage qui, dans toutes ses parties porte l'empreinte d’une grande perfection, met sous nos yeux tons les détails des opérations exécutées sur les territoires Savoyard et Piémontais. Il ne nous sera pas possible de descendre dans ces détails, et nous nous bornerons à indiquer ici à nos lecteurs les matériaux précieux que renferment ces deux volumes. Mais auparavant, nous extrairons de l'in- troduction la marche et la description générale des opéra ions. On verra mieux par là quelles étoient les difficultés à vaincre , et quels soins on a apportés dans l'exécution. On sait que c'est à l'instigation du gouvernement français que celui de Piémont, entreprit une trian- gulation qui devoit remplir la lacune qui existoit en- îre l’arc mesuré en France ; et l'arc mesuré en Lom- bardie, et que le gouvernement autrichien se décida à concourir à une opération qui s'exécutoit , il ést vrai, hors de son territoire, mais qui rattachoit à la trian- gulation de France l'arc de Lombardie, et par suite 6 GÉODÉSIE. celai qui traversoit la Croatie et l’'Esclavonie. En vertu d'une convention entre les gouvernemens Sarde et Au- trichien , il se forma une commission mixte , composée d'officiers de l’Etat-Major-Général et d’Astronomes Au- trichiens et Piémontais, laquelle fut chargée de déve- lopper le projet et de l’exécuter de manière à rendre le travail aussi complet que possible. «Après ces dispositions préliminaires,» est-il dit dans l'Introduction, «il faloit, avant tout, reconnoître la pos-* sibilité de faire passer à travers les Alpes un réseau de irianglés : ce qui, jusqu'alors, avoit été regardé comme presqu'impossible. Les officiers de l’Etat-Major-Général se sont en conséquence rendus sans délai sur le terrain, afin de parconriren différens sens cette partie des Alpes, et tâcher de reconnoître les points qu'il convenoit de "choisir pour les sommets des triangles. Les différentes tentatives faites au sujet de cette reconnoissance, ont servi à mettre dans lé plus grand jour les difficultés dans lesquelles on se seroit engagé , si l’on s’étoit obstiné à vouloir opérer par de grands triangles, conformément au principe général. Il étoit évident , que l'obstacle le plus difficile à franchir étoit la crête des Alpes, qui sé- pare le Piémont de la Savoie, laquelle est tellement escarpée et couverte de glaces, qu'on ne sauroit ren- contrer que très-difficilement des points de station ac- cessibles pour des hommes, même les plus robustes et les plus habitués à parcourir ces hautes régions. Sans comp- ter les dangers auxquels on se seroit exposé, il falloit en outre ne point perdre de vue, que l’on couroit les risques de compromettre l'exactitude de l'opération en MESURE D'UN ARC-DU PARALLÈLE MOYEN. 7 choisissant des stations qui, par la rigueur excessive da froid et l’impétuosité des vents , auroient altéré sen- siblement la bonté reconnue des instramens, et rendu vains tous les efforts que l’on auroit faits pour avoir des séries multipliées d'observations, capables d'offrir cet accord, qui constitue la preuve la plus certaine que l'on a atteint le plus haut degré d’exactitade possible.» » En examinant le projet , tel qu'il a été exécuté, l'on pourroit peut-être penser que l’on auroit trouvé un terrain plus aisé, en se tenant plus vers le sud des Alpes; mais on ne tarda pas à reconnoître tout ce qu'il y a d'illusoire dans les avantages que l’on croirait y trouver, en considérant , et surtout en voyant de près les immenses glaciers qui couvrent les montagnes du Dauphiné, » | «Les choses étant dans cet état, les officiers chargés de la reconnoissance des stations ont vu, qu’il falloit ici se plier aux circonstances impérieuses du terrain, et composer le réseau de triangles de moyenne gran- deur. Par-là, on se procaroit le grand avantage de les former tous avec des angles bien conditionnés, et disposés de manière à pouvoir servir dans la suite comme bases pour d’autres triangulations , que l'on voudroit entreprendre sur le territoire de S. M. le Roi de Sar- daigne. D'après cela, on vit disparoître les doutes sur la possibilité de la triangulation en question’, et l’on s’at- tacha à la construction des signaux qui devoient être érigés sur chaque point de station dans les Alpes. Cette construction a été uniquement dirigée par les officiers de L'Etat-Major piémontais, S.M. le Roi de Sardaigne 8 GÉODÉSIE ayant voulu en faire entièrement les frais , en considérant que tous les points de station mentionnés se trouvoient sur son territoire, En construisant ces signaux, il a fallu renoncer à l'idée de les faire simplement en bois: l'on étoit fort loin en général d’avoir ce matériel sous la main et les difficultés du transport étoient imposantes, et en- core plus la présomption presque certaine de les voir emporter par les vents. Au surplus, les difficultés que l'on auroit rencontrées pour enfoncer convenablement les poutres dans le roc, ont fait prendre le parti de construire des signaux en pierre sèche, en leur don- pant depuis la base, la forme d’une pyramide tron- quée à quatre faces. Mais pour en rendre l'extrémité, c'est-à-dire, le point de mire, plus prononcé, on les traversoit d’une poutre verticale, qui, conformément à l'usage reçu , étoit surmontée d'une petite pyramide quadrangulaire. » «Le signal érigé sur la pointe de la montagne Roche- Melon, élevée de plus de 3500 mètres au-dessus du niveau de Ja mer, a été construit en maçonnerie,avec un soin parliculier,» «Après avoir fixé en Savoie la position de tous Îles signaux , en parlant des deux points Granier et Colom- bier, les derniers de la triangulation française, les Offi- ciers, de retour en Piémont, s'occupèrent de la recon- noissance des points propres à rejoindre le côté Su- perga-Massé, qui devoit être, du côté de l’ftalie, celui auquel la Commission mixte avoit décidé que l’on ap- puieroit la triangulation des Alpes. » «Avant Ja fin de l’année 1821, les sommets des MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN. 9 triangles étoient tous fixés, et l'on avoit même achevé la construction de plusieurs. signaux ; mais saison étoit trop avancée, et l'on fut forcé de remettre à l’année suivante l’accomplissement de cette opération. On la reprit effectivement au printems de l’année 1822 , et avant la fin de l’été tous les signaux étoient ache- vés. » « La Commission mixte, dans les articles addition- gnés à Milan le 31 mars 1822, et approuvés par les deux gouverne- nels à la convention du 27 juillet 182r, si mens, a d'abord arrêté, que, pour donner à cette trian- gulation le plus grand degré de confiance , il falloit profiter de la circonstance du concours des deux gou- vernemens et faire en double les observations des angles, savoir, que les Officiers autrichiens auroient observé la totalité des angles avec leurs instrumens ;, et que les Officiers piémontais en auroient fait autant avec les leurs. On dira dans la suite comment on a formé le résultat définitif à l'aide de ces deux mesures. » «Les deux sections d'Officiers chargés des observations trigonométriques s’étoient rendues sur les lieux dès la fin du mois de mai, pour entreprendre les travaux qui, con- formément aux dispositions concertées, devoient com- mencer du côté du Piémont. Les instrumens destinés à la mesure des angles ne laissoient rien à désirer ni d'un côté ni de l’autre , ils sortoient tous des mains des plus célèbres artistes de notre temps, et ils avoient subi des épreuves réitérées propres à soutenir le zèle des Officiers , et à les rassurer sur le degré de préci- sion , qu'ils avoient motif d'en attendre dans celte cir- 70 GEÉODESIE. constance. Mais, ce n’est pas seulement de la perfec- tion des machines et de l'habitude des opérateurs à s’en servir, que dépend l'exactitude de l'opération. Plus on multiplie les observations, en les répétant à des intervalles considérables , et dans des circonstances différentes de l'atmosphère , plus on a mouf d'espérer de se rapprocher de ce dernier terme d’exactitude , qu'il n’est jamais possible d'atteindre. » . CEn partant de ce principe , les Officiers ont fait tous leurs efforts pour rassembler un nombre considé- rable de séries : les Piémontais, qui ont pu prolonger leur travail pendant le cours de trois années consécu- tives, en ont fait un plus grand nombre. Mais sans adopter aucun des résultats ‘partiels, la Commission a besé ses calculs sur la totalité des observations faites par les Officiers des deux nations. On voit par-là quel plus grand degré de certitude ont dû acquérir les résultats définitifs de cette triangulation. Les peines endurées par les Officiers qui ont mesuré les angles ontété telles, que leur récit seroit aussi long que déplacé dans cette introduction. Il leur à fallu le plus grand zèle pour séjourner, par uu froid très-rigoureux , au milieu des glaciers, et pour braver les vents impétueux auxquels ils se trouvoient souvent exposés, et dont la violence présentoit le plus puissant obstacle à l'exactitude de leurs observations. Enfin ; à force de patience , toute difficulté fut surmontée , et cette opération, qui, par la grandeur de son objet se recommande à la postérité, a eu un succès que nous oserions appeler complet. » & Après avoir achevé les travaux sur le terrain, et pré- MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN: 11 paré les calculs préliminaires les plus indispensables ; la Commission mixte s’est réunie à Milan au mois de mai de l'année 1824 pour y examiner, conformément aux articles de la convention , les résultats des observations faites par les deux sections d'Officiers. On a d’abord reconnu, d’a4 près un rapport exact et fidèle, qu'en général les ob=. servations des angles offroient, des deux côtés, un ac- cord très-satisfaisant et un même degré de confiance. En conséquence , la Commission , en suivant la méthode généralement employée et appuyée par la théorie des probabilités , a résolu d'adopter, comme angles défi- nitifs, ceux qui résultoient de la moyenne prise, en ayant égard au nombre respectif des observations faites avec des instrameus divers, et dans des circonstances atmosphériques différentes.» « Les angles étant fixés conformément aux principes que l’on vient d’énoncer, on procéda au caleul des triangles, en partant du dernier côte Granier-Colom- hier, déduit de la base mesurée en France, dont le Dépôt général de la guerre de Paris a communiqué la longueur à la Commission , ainsi que les latitudes, Îles longitudes et les azimuts réciproques des deux extré- mités de ce côté, en faisant observer que ces élémens avoient été conclus des formules ordinaires ,Mondées sur la supposition que la terre est un ellipsoïde de révolution dont l’applatissement est'de ;,5 «La Commission a décidé que lon fonderoit, sur ces mêmés élémens ainsi déduits, le calcul des posi- tions géographiques des seize points compris dans cette triangulation des Alpes, Ainsi ces positions doivent être | 72 GÉODÉSIE. regardées comme une continuation exacte du calcul du réseau qui commence à la Tour de Cordouan. L'écart entre ces positions déduites , et celles directement ob- servées par les astronomes, est précisément celle qui dé- voile l'erreur de l'hypothèse faite sur la figure de la terre. C'est de là que résulte la nécessité raisonnée d'associer aux mesures trigonométriques de cette espèce les mesures astronomiques , qui seules offrent le moyen d’avoir les valeurs absolues des latitudes, des longitudes et des azimuts de points très-éloignés sur la surface de la terre. Cette nécessité diminue à mesure que l’on avance vers la connoissance de la véritable figure de cette sur- face, et il est permis d'espérer que l’époque n’est pas fort éloignée, où l'Europe saura du moins les dimen- sions de l’ellipsoïde osculateur , qui convient aux dif- férentes portions de sa surface. Cet espoir est d'autant plus fondé , que les Souverains favorisent par des actes mulüpliés de munificence , les entreprises de ce genre : entreprises qui sont une preuve frappante de la noble impulsion imprimée aux esprits par l'étude des sciences exactes. » « Les observations astronomiques qu'il falloit faire étoient naturellement désignées. La difficulté consistoit dans le choix des méthodes à suivre pour l'exécution, eu égard aux circonstances locales; mais ces obstacles ont ,été heureusement surmontés. » «La détermination des longitudes a été la plus dif- ficile de toutes les opérations des astronomes. La mé- thode des signaux à feu méritoit ici la préférence : mais pour l’employer avec avantage, il falloit franchir MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN, 13 d'un coup des distances assez considérables , et joindre l'observatoire de Milan avec un des points de la chaîne des triangles mesurés en France, L'on a atteint ce but, en faisant allumer de la poudre à canon sur deux montagnes des Alpes fort élevées : Ja Roche-Melon , située près de Suze, en face de Turin, visible de Milan, et le Mont-Tabor, situé vers le centre des Alpes dans la Maurienne. Par un heureux hazard , la haute som- mité de cette dernière montagne se trouve visible du Mont-Colombier, situé près de Seyssel au-delà du Rhône dans le Bugey; l’on a choisi ce dernier point pour une des stations des astronomes , avec d'autant moins d’hésitation, qu'il offroit le moyen de rattacher à cette opération l'Observatoire de la ville de Genève.» «Mais on n'a pas borné là le parti qne l'on pou- voit tirer de ce concours de circonstances. Le Bureau des Longitudes de France , auquel on avoit commu- niqué ce projet, accueillit la proposition d’envoyer de son côté des astronomes munis des instrumens néces- saires , pour prendre part à cette opération relative aux longitudes ; et en effet, les deux Commissaires (1) enyoyés par le Gouvernement français se trouvèrent à Chambéry au point convenu , de même que les astro- nomes de Genève (2).» «C’est là qu’on a discuté les moyens les plus propres pour prolonger en France la mesure de l'amplitude de (1) MM. le colonel Brousseand du corps des Ingénieurs-géographes, et Nicollet astronome adjoint de l'Observatoire de Paris. (2) MM les Professeurs Pictet et Gautier. 14 GÉODÉSIE. arc du parallèle en partant du Mont-Colombier; et après des détails qui ne sauroient avoir place dans cette introduction, il fat arrêté, que l’on auroit donné des signaux à feu sur une montagne non loin du Puy-de-Dôme, nommée dans le pays Pierre-sur-Autre. Cette montagne , visible par un temps clair du Mont- Colombier, l'étoit encore plus aisément de Solignat, point choisi par les astronomes français pour y observer les signaux à feu allumés au sommet de Pierre-sur-Autre: de cette manière, on a pu déterminer dans une même nuit la différence de longitude , entre l'hospice du Mont- Cenis , et un point placé au centre de la France: ce qui est digne de remarque. La hauteur des montagnes en a sans doute favorisé l’exécution ; mais il est inté- ressant de voir comment l’on peut, en pareil cas, tirer parti des obstacles mêmes, qui sont inhérens à la na- ture du terrain. » «On pense bien que tous ces efforts n’auroient à la fin présenté rien d’utile, si les astronomes n’avoient pas pris tout le soin d'assurer, par un grand nombre d’observa- tions des principales étoiles, la marche de leurs pendules et de leurs chronomètres ; mais les doutes que l’on pourroit élever sur ce point disparoîtront, en exami- nant les nombreuses observations faites avec les lunettes méridiennes qu'ils avoient eu la précaution de trans- porter, et de placer dans leurs stations sur des piliers en pierre: » « Les astronomes ont déterminé trois latitudes, celle de l'hospice du Mont-Cenis a été observée en 1821 avec deux cercles répétiteurs de dix-huit pouces de diamètre, MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN. 15 dont un construit par Tronghton, étoit assez bon pour fournir cette latitude avec une exactitude suffisante, et en effet, le résultat trouvé au moyen de cet instru- ment fut mis hors de doute l’année 1822, à l’aide d’un excellent cercle de dix-huit pouces de diamètre, cons- truit à Munich par Ertel et Reichenbach. » « La latitude du Mont-Colombier a élé déterminée au moyen d'un cercle répéliteur de douze pouces, de Reichenbach, en mettant à profit le nombre d’obser- vations tendant à ce but secondaire , qu'il a été per- mis de recueillir dans cette station par un temps sou- vent contraire aux observations astronomiques. » «Enfin la latitude de Turin a été nouvellement déter- minée au moyen d'un cercle méridien de trois pieds de diamètre, un des plus beaux ouvrages de ce dernier artiste. Les astronomes , pour compléter leur tâche, de- voient aussi observer les azimuths de quelques côtés du réseau mesuré, En conséquence, ils en ont déterminé trois, un vers le centre , et deux aux extrémités de la chaîne des triangles. Il suffit de dire que l’on a em- ployé pour cet objet la plus exacte des méthodes, c’est- à-dire celle qui ramène la question à l'observation d’un angle terrestre formé avec une mire méridienne, et un point de la chaîne des triangles. » L'un des volumes de l'ouvrage est consacré à la partie géodésique, Y'autre à la partie astronomique. Nous nous bornerons dans cet extrait à l'examen des matériaux que nous offre le premier. Le chapitre premier contient une exposition des opé- rations géodésiques et des procédés de calcul employés 56 GÉODÉS IE. dans leur réduction. On y trouve une description -gé- nérale du réseau trigonométrique avec l’énumération des sommets des triangles. Une carte qui accompagne ce chapitre, montre que la ligne idéale qui‘joint les points extrêmes des deux triangulations de France et d'Italie qu'il s'agissoit de réunir, coupe sous un angle assez considérable le parallèle moyen. En effet, la cou- pole de Superga est à 45°,5" de latitude, tandis que le Mont-Colombier, dernier point de la triangulation fran- çaise se trouve à 45,53". Il est facile de voir, soit sur celte carte, soit sur toute autre carte de la Savoie, que c’est à peu près dans cette direction que les montagnes s'ouvrent, pour ainsi dire, et présentent la possibilité de choisir des points de station sur des hauteurs acces- sibles. Si l’on eût voulu suivre, ou le parallèle de Superga, ou. celui de Colombier, on auroit rencontré, d'un côté les hauts glaciers du Dauphiné, et de l’autre les glaciers encore plus élevés, du Mont-Blanc, qui se prolongent jusqu'à la Roche-Melon. On a évité ces deux obstacles insurmontables en suivant la route in- clinée. Dans cette direction, après des reconnoissances fatiguantes et périlleuses, on à pu enfin, trouver des points, dont la hauteur n'excède pas 3550 mètres, et qui se trouvent en partie vers la droite, et en partie vers la gauche des vallées de la Doire, de l'Arc, de l'Isère, et du bassin du lac du Bourget. Le plus petit angle de tout le réseau excède 37°, et le plus grand n'arrive pas à 98°. On passe d’un triangle plus petit, à un autre plus grand par une gradation progressive ét sans rencontrer des élévations ou des dépressions MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN. 17 dépressions bien considérables entre les différens points par rapport à leurs horizons réciproques. Ces condi- tions concourent à constituer une bonne triangulation du premier ordre. Les instrumens destinés à lamesure des angles étoient, pour les Officiers Piémontais, un théodolite répétiteur de 8 pouces de Reichenbach, et un autre de même dia- mètre, doublement répétiteur construit par Gambey ; pour les Officiers Autrichiens un théodolite astronomique de 8 pouces, de Reichenbach, et un théodolite répé- titeur de 12 pouces, construit à l'Ecole Polytechnique de Vienne. Ce dernier ayant éprouvé un dérangement considérable dès le commencement de l'opération n’a pu servir qu'à mesurer quelques angles ; ainsi l’on peut dire que la totalité de l'opération a été exécutée avec des théodolites de 8 pouces. Du reste, la grande difficulté de transporter des instrumens de plus forte dimension sur des endroits si élevés, justifie assez le choix de ceux que l’on a employés. D'ailleurs, afin de suppléer à la petitesse des instrumens, on n’a épargné aucune peine pour réunir dans chaque station un nom- bre considérable de séries. La triangulation , comme on l’a vu plus haut, s'appuie d’une part sur le côté Granier-Colombier ; et de l’autre, sur le côté Superga-Massé. On avoit donc un moyen de vérification en partant de lun de ces deux côtés, et en arrivant à l’autre. La Commission a choisi pour point de départ le premier de ces côtés. De cette manière, ce _Caleul devenoit une continuation du réseau mesuré en France. La comparaison de la longueur de læ base du Sc.et Arts. Now. série. No. 39.N.°1.Septem.1828. B 18 CGÉO DÉSIE, Tésin (Superga-Massé}), calculée d’après ces données, avec celle immédiatement mesurée, a présenté la diffé- rence d’un mètre , qui ne paroît pas s’écarter des li- mites des différences qu'on peut s'attendre à rencon- trer, lorsqu'il s’agit de lier; par un grand nombre de triangles, des bases très-éloignées les unes des autres. L'opération auroit été en quelque sorte incomplète, si l’on avoit négligé de déterminer les hauteurs des si- gnaux au-dessus du niveau de la mer. Cette détermina- tion étoit d'autant plus précieuse, qu'il s’agissoit d’une région, qui, par les difücultés qu'elle présente, ne peut être souvent visitée par les physiciens et les géo- métres. La méthode qui a été employée pour atteindre ce but, est celle d'observer les distances zénitales réciproques des signaux. Les officiers s’en sont occupés toutes les fois que les circonstances l'ont permis, en préférant pour ce genre d'observations les heures les plus favo- rables. Les hauteurs qu'il a été possible de déduire de plusieurs stations à Ja fois, présentent un accord assez satisfaisant, pour qu'il soit permis de compter sur l'exactitude de celles, qui n’ont pas cette espèce de vérification. Ces observations peuvent, en général, con- tribuer à l'avancement de la science, en offrant le moyen de déterminer le coëfficiant de la réfraction terrestre qui convient à ces hautes régions, où Ja loi du décroisse- ment de la chaleur, est peu connue. Un autre genre d'observations a été mis en usage pour ce même but, c’est celui des observations baro- métriques et thermométriques. Mais pour pouvoir at- MESURE-D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN. 15 tendre de cette méthode des résultats dignes de con- fiance, il faudroit avoir une série d'observations faites à différentes heures de Ja journée, et correspondantes avec d’autres faites dans un lieu déterminé. Dans le cas actuel, il falloit se contenter d’un nombre limité d'observations qui, pour la plupart, tombent vers le milieu du jour, Néanmoins on les trouve consignées dans l'ouvrage, à côté de celles des angles, elles pour= ront servir à comparer Îles hauteurs déduites des for- mules barométriques connues, avec celles déterminées géométriquement, et à faire reconnoître si les élémens de ces mêmes formules ont encore besoin de quelque modification. Il y a peu d’espoir que tous les signaux élevés sur les sommets des montagnes puissent avoir une longue durée. L'action violente du vent, la foudre qui a déja exercé ses ravages sur quelques signaux, et surtout les forces qui se développent dans le passage subit de Feau à l'état de glace, contribuent sans césse à détruire dans ces régions l'ouvrage de l’homme. Il étoit donc essen- tel de rattacher le réseau trigonométrique à des points : remarquables, choisis dans des lieux habités et moins sujets aux vicissitudes destructives de la nature. La Tour du Château-Royal de Chambéry , l'Hospice du Mont-Cenis, et l'Observatoire de l’Académie Royate * de Turin, sont les points fixes que l'on à jugés les plus -convenables pour remplir ce but. Le choix des deux + n + ' derniers points étoit aussi suggéré par une circonstance non moins essentielle, cellé de lier la triangulation à des points dont la position géographique a été dé- B 2 20 GÉODÉSIE. terminée par des observations astronomiques. Cette même détermination ne manque pas à l'égard du pre- mier point du réseau (le Mont-Colombier }; ainsi les deux extrémités, et un point vers le milieu de l’arc me- suré, offrent la comparaison entre les positions déduites des distances terrestres et celles directement observées. La mesure de ces triangles de jonction a été entièrement exécutée par les Officiers Piémontais. Après l'exposé que nous venons d'extraire, on trouve dans le premier volume, la description de chacune des dix-huit stations géodésiques, comprenant la dis- tance qui les sépare des points les plus remarquables qui les entourent, et accompagnée d'un petit plan, de leurs environs, gravé avec beaucoup de soin. L’atlas contient de plus six panoramas, formés chacun de deux grandes planches, et représentant la vue qui se pré- sente aux yeux de l'observateur, placé au sommet des six principales stations. Le troisième chapitre renferme les tables des obser- vationé originales des angles du réseau, des distances au zénith, et des hauteurs barométriques et thermomeé- triques, sous deux séries exécutées, l’une par les Offi- ciers Autrichiens, l’autre par les Officiers Piémontais. Enfin, le quatrième chapitre, dernier du volume, pré- sente les calculs exécutés au moyen des données con- tenues dans le précédent, et les résultats définitifs de ces calculs, savoir: les angles adoptés par la Commis- sion, les côtés des triangles du réseau, et ceux des triangles de jonction, les positions géographiques et hauteurs sur la mer des stations principales et des points MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MUYEN. 21 secondaires, et les inclinaisons des côtés sur le méri- dien respectif de chaque sommet des triangles. L'ordre et la netteté de l'impression du texte, et le luxe remarquable des planches qui l’accompagnent, sont tout-à-fait dignes de l'importance des opérations consignées dans ce grand ouvrage. (La suite au cahier prochain.) PHYSIQUE DU GLOBE. SUR LES PHÉNOMÈNES DES VOLCANS; par Sir Humphry Davy. (Philos. Trans. 1828. Partie L.) Quaxn je découvris, dans les années 1807 et 1808, que les alcalis et les terres étoient composés d’une ma- tière combustible unie à de l’oxigène, un grand nom- bre de recherches se présentèrent d’elles-mêmes, con- cernant les différentes branches de la science chimique ; quelques-unes de ces recherches étoient susceptibles d’être approfondies par des expériences directes; d’au- tres demandoïent pour leur solution une longue série d'observations , et des circonstances qu'on ne pouvoit obtenir qu'avec difficulté. Dans cette dernière calégorie se trouvoient les phénomènes géologiques liés à ma découverte. 22 PHYSIQUE DU GLOBE, Lés métaux dés aleälis et les métaux des terres que javois décomposées , combustibles à un haut degré, étoient altérés par l'air et par l’eau, même aux tempé- ratüres ordinaires de l'atmosphère ; conséquemment il n'étoit pas possible de les rencontrer à la surface du globe, mais il étoit probable qu'ils existoient dans l’in- térieur : d'après cette hypothèse, il devenoit facile de rendre compte des feux volcaniques par l'exposition des métaux des terres et des alcalis à l'air et à l’eau, et d'expliquer, non seulement la formation des laves, mais encore celle des basaltes et de beaucoup d’autres roches cristallines,, par le refroidissement-lent des pro- duits de la combustion au de l'oxidation des substances nouvellement découvertes. Je développai cette: apimion dans une Note sur la décomposition des terres, publiée en 1808; et depuis 1812, je me suis efforcé d’en prouver la vérité en exa- minant les phénomènes volcaniques, tant anciens que modernes, dans les diverses parties de l’Europe. Dans ce mémoire, j'aurai l'honneur de développer devant la Société Royale quelques résultats de mes re- cherches. S'ils ne résolvent pas le problème touchant a, cause dés feux volcaniques, J'espère qu'ils jetteront quelque lumière sur cette question , et pourront servir comme de fondement aux travaux à venir, . Le volcan actif sur lequel j'ai fait mes expériences est le Vésuve. Probableinent il n’en existe aucun autre qui soit aussi admirablement situé pour des recherches : son voisinage d'une grande cité, la facilité avec laquelle 7 . L LA on peut y monter dans toutes les saisons de l'année, et SUR LES PHÉNOMÈNES DES VOLCANS. 23 la nature de son activité, offrent aux physiciens des avantages tout particuliers. Aux printemps de 1814 et de 1815, je fis sur le Vé- suve plusieurs observations dont je parlerai plus bas dans cet écrit; mais ce fut en décembre 1819, janvier et février 1820, que le volcan se présenta dans des conditions les plus favorables pour des recherches. A mon arrivée à Naples, le 4 décembre, je trouvai qu'il y avoit eu une petite éruption peu de jours auparavant, et qu'un ruisseau de lave couloit avec une grande activité par une ouverture de la montagne située un peu au- dessous du sommet, J'y montai le 5; jJ'examinai le cra- tère et le ruisseau de lave. Le cratère jetoit une si grande quantité de fumée , mêlée à des vapeurs d’acides muria- tique et sulfurique, qu'il étoit impossible d’en appro- cher, si ce n’est dans la direction du vent; il tomboit aussi, toules les deux ou trois minutes, une pluie abon- dante, de pierres incandescentes. La lave couloit par une ouverture située à environ cent yards au-dessous , et paroissoit expulsée par des fluides élastiques, avec un bruit semblable à celui que produit la vapeur qui s'échappe d’une machine à haute pression. Elle avoit une fluidité parfaite, formoit un courant de cinq à six pixds dé diamètre, et tomboit brusquement, comme une cataracte, dans un gouffre d'environ quarante pieds ; là, elle se perdoit sous une sorte de pont de lave re- froidie, pour reparoître soixante ou soixante-dix yards plus bas. A l’endroit où la lave sortoit de la montagne, elle etoit presque d'un rouge blanc et offroit aux yeux de, ispectacle dont on est témoin quand une perche 24 PHYSIQUE DU GLOBE. de bois est introduite dans du cuivre fondu : sa surface paroiïssoit dans une grande agitation, de forts bouillon- nemens jaillissoient, et en éclatant, produisoient une fumée blanche ; mais la lave n’étoit plus que rouge, quoique toujours visible à la clarté du soleil, à l'endroit où elle sortoit de dessous le pont. La violeñce du cou- rant étoit si grande, que mon guide, quoique très-vigou- reux, N'y pouvoit pas maintenir une longue baguette de fer. L’étendue de la course de la lave, en comptant deux ou trois interruptions pendant lesquelles elle couloit sous une surface froide, étoit de près de trois quarts de mille , et de son sein s’échappoient des nuages de fumée blanche qui diminuoient à mesure que la lave se refroi- dissoit, et devenoit pâteuse; mais à l’endroit même où le courant s’arrêtoit en poussant devant elle des masses de scories, la fumée étoit toujours visible : elle devenoit encore plus apparente toutes les fois que l’on remuoit la scorie, ou que l’on mettoit à découvert la lave chaude contenue dans l’intérieur. M'étant assuré qu’il étoit possible d’approcher du courant jusqu'a la distance de 4 à 5 pieds, et d'examiner la vapeur qui sortoit immédiatement par l'ouverture , je revins le lendemain, pourvu des moyens de faire un certain nombre d’expériences sur la nature de la lave et sur les fluides élastiques qui l'accompagnoient. Je trouvai l'ouverture à peu près dans le même état que la veille, mais la lave couvroit une plus large surface, et formoit un remoux dans le creux du rocher sur lequel elle tomboit; on pouvoit, dans ce lieu, la recueillir à l'aide d’une cuillère de fer, avec plus de facilité qu'au SUR LES PHÉNOMÈNES DES VOLCANS. à 25 milieu du courant; là aussi, 1l étoit beaucoup plus aisé de poser et de retirer les substances que j'avois l’inten- tion de soumettre à l’action de Ja lave. Un des points les plus importans à constater, étoit de savoir s’il s’opéroit des phénomènes de combustion au moment où la lave sortoit de la montagne. L'incan- descence ne paroissoit certainement pas plus vive lors- que la lave étoit exposée à l'air, et elle ne brüloit pas avec plus d'intensité quand on l’élevoit dans l'air, au moyen de la cuillère de fer. Je mis cependant ce fait à l'abri de toute contestation en jetant une petite quan- tité de lave fondue dans une bouteille de verre , pourvue d'un bouchon usé à l’émeri, et contenant au fond du sable siliceux; je la fermai sur-le-champ, et j'examinai l'air à mon retour : une mesure de cet air, mêlé avec une mesure de gas nitreux, donna exactement le même degré de diminution qu'une mesure d'air commun, qui sur la montagne avoit été renfermé dans une autre bou- teille. Je jetai sur la surface de la lave du nitre en masse et en poudre. Quand ce sel fat fondu , il y eut une petite augmentation d'intensité dans l’incandescence de la lave; mais cette augmentation étoit trop légère pour qu'on pôt l'attribuer à une quantité notable d’une substance combustible pure. En faisant cette expérience sur une portion de lave ramassée dans la cuillère, il me parut que le dégagement de chaleur étoit en partie le résultat de la péroxidation du protoxide de fer, et de la com- binaison de l’alcali du nitre avec la base terreuse de la lave ; car, à l’endroit où le nitre s’étoit fondu, la cou- 26 a PHYSIQUE DU GLOBE. leur avoit passé de l’olive au brun. La vérité de cette conclusion étoit encore établie par cette circonstance , que le chlorate de potasse répandu sur la lave n'aug- Mmentoit pas son degré d'incandescence autant que le faisoit le nitre. Lorsqu'une baguette de bois étoit intro- duite dans une portion de la lave, de manière qu'elle y Jaissât un peu de matière charbonneuse à la surface, on voyoit le nitre ou le chlorate de potasse répandu sur cette matière, lui faire jeter un grand éclat : de la lave fondue fut versée dans de l’eau, et une bouteille remplie d'eau placée au-dessus pour recevoir les gaz qui se dégageoient. On n’en obtint ainsi qu'une très- petite quantité, et l'analyse que j'en fis à mon retour me prouva que c’étoit de l'air commun, un peu moins pur que Pair qui se dégage de l’eau par l'ébullition. Un fil de cuivre de -£ de pouce de diamètre et un fil d'argent de ©, introduits dans la lave, près de sa source, se fondirent instantanément. Une baguette de fer de + de pouce avec un fil de fer d'environ -£ de pouce de dia- mètre, ayant été tenus pendant cinq minutes dans le remoux du courant de lave, ne fondirent pas. Ils ne déanèrent aucune odeur perceptible d'hydrogène sul- furé lorsqu'ils furent soumis à l’action de l'acide muria- tique. Un entonnoir de fer-blanc , rempli d’eau froide, fut tenu dans la fumée qui s’échappoit avec tant d'impé- tuosité de la bouche du cratère à travers laquelle la lave couloit. Un fluide s’y condensa immédiatement; il'avoit un goût acide et subastringent; il ne précipitoit pas le muriate de baryte, mais très-abondamment , au contraire le nitrate d'argent; il rendoit enfin le prussiate triple de SUR LES PHÉNOMÈNES DES VOLCANS. 27 potasse d’un bleu intense. Quand le même entonmoir fut tenu dans les vapeurs blanches, au-dessus de la lave, à l'endroit où elle s’introduisoit sous le pont, aucun fluide ne s’y précipita ; mais il fut enduit d’une poudre blan- che qui avoit le goût et les qualités chimiques de sel commun , et c’étoit en effet cette substance! absolument pure. Une bouteille d’eau contenant environ trois quarts de pinte , ayant un col long et étroit, fut vidée préci- Sément dans l'ouverture où les vapeurs pressant. la lave la faisoient sortir. La bouteille fut bouchée immé- distement après. L'air, examiné à mon retour, ne me donna aucune absorption avec la solution de potasse ; il né contenoit donc aucune proportion appréciable d'acide carbonique. Je trouvai, du reste, qu'il étoit composé de g parties d’oxigène et de gr d'azote. La _vapéur qui s'échappoit de l’ouverture n’exhaloit pas la moindre odeur d’acide sulfureux ; les vapeurs d'acide muriatique n'étoient pas assez fortes pour être désa- gréables. IL y avoit trois quarts d'heure que j'étois oc- cupé de ces expériences, quand tout-à-coup le vent changea et chassa la fumée du cratère vers.le lieu où j'étois. Le gaz acide sulfureux contenu dans cette fumée irritoit à un haut degré les organes de la respiration ; et je souffris tellement de son action que je me vis forcé de ‘descendre. Cet effet ne fut point passager ; il s'en suivit une violente affection catarrhale qui m’empêcha ‘pendant un mois entier de visiter la montagne: Le 6 janvier, je montai de nouveau sur le Vésuve. L'aspect de la lave avoit considérablement changé; la bouche d'où elle sortoit le 5 décembre étoit fermée, et 28 PHYSIQUE NU GLOBE. le courant couloit maintenant avec tranquillité et sans bruit par une brèche de la lave refroidie, située en- viron 300 pieds plus bas. La chaleur étoit évidemment moins intense. Je répétai mes expériences par le nitre, et J'obtins les mêmes résultats. De l'argent pur et du platine ayant été exposés à l’action de la lave fondue, ne changèrent nullement de couleur. Je recueillis des sublimations dans diverses parties de la lave supérieure refroidie. Les roches voisines de l’ancienne bouche étoient entièrement couvertes de substances salines blan- -ches, jaunes et rougeâtres. Je trouvai dans une cavité un grand cristal qui avoit une légère teinte de pourpre : l'analyse montra que c’étoit du sel commun mêlé à une ärès-petite portion de muriate de cobalt. Les autres su- blimations étoient composées de sel commun en grand excès, de beaucoup de chlorure de fer et d’un peu de sulfate de soude ; l'emploi du muriate de platine y faisoit aussi découvrir l'existence d’une petite quantité de sulfate et de muriate de potasse : une solution d’ammo- niaque y décéloit la présence d’une foible quantité d'oxide de cuivre. Dans les mois de janvier et de février, je fis plusieurs visites au sommet du Vésuve; je ne les mentionnerai pas toutes; il ne sera question que de celles qui me fournirent de nouvelles observations. Le 26 janvier, la lave pâroissoit presque d’un rouge blanc quand on la regardoit à travers une crevasse peu éloignée de l’ouver- ture par laquelle elle couloit de la montagne. A travers la crevasse, je jetai une grande quantité de nitre sur celle lave, en présence de S. A. R. le prince de Dane- SUR LES PHÉNOMÈNES DES VOLCANS, 29 marck, que j'avois l'honneur d'accompagner dans cette excursion au Vésuve, et de mon ami le chevalier Mon- ticelli. L'incandescence ne fut pas plus augmentée que lorsque l'expérience étoit faite sur de la lave exposée à l'air libre. Les apparences des sublimations se trouvoient maintenant considérablement changées. Les sublima tions situées près de la bouche du cratère étoient co= lorées en vert et en bleu par les sels de cuivre; mais ik s’y trouvoit toujours une grande quantité de muriate de. fer. J'ai dit que, le 5, la sublimation de la lave étoit . du chlorure de sodium pur. Dans les sublimations du 6 janvier, on trouvoit du sulfate de soude et des indi= cations de sulfate de potasse. Dans les sublimations que je recueillis le 26, le sulfate de soude s’y trouvoit en plus grande quantité, et il y avoit beaucoup plus de seb de potasse. Du 5 décembre jusqu’au 20 février , la lave coula avec plus où moins d'abondance, de manière que, la nuit, un ruisseau de matière incandescente étoit constam- ment visible, plus ou moins interrompu par la lave refroidie. Ce ruisseau de lave changeoïit de direction , selon les obstacles qu'il rencontroit sur son passage , et jamais, autant que j'en pus juger, il ne eoula jus- qu'à un mille de sa source. Pendant tout ce temps les cratères (il y en avoit deux ) furent en activité. Le plus grand des deux jetoit des pluies de cendres et de pierres enflammées, à des hauteurs comprises entre 200 et 5oo pieds; le plus petit étoit situé à la droite &u grand , du côté de Naples; il en jailiissoit de la va- peur d’eau avec beaucoup d'impétuosité. Toutes les fois 30 PHYSIQUE DU GLOBE. qu’on pouvoit approcher du cratère, on le trouvoit re- vêtu d’incrustations salines. Dans une promenade que nous fimes au bord du petit cratère, le 6 janvier, nous marchions sur une masse non aggrégée de matière sà- line, notamment du sel commun, colorée par le mü- riate de fer, et dans laquelle le pied s’enfonçoit à quel- qe profondeur. Il étoit facile, même à une grande dis- tance, de distinguer la vapeur d’eau dégagée de l’un des cratères, de la matière terreuse rejetée par l’autre. La vapeur paroissoit blanche le jour, et formoit des nuages d’une blancheur parfaite, qui réfléchissoient les lumières du matin et du soir avec les teintes de rouge et d'orangé les plus pures; la matière terreuse parois- soit toujours comme une fumée noire, formant des: nuages très-sombres, la nuit étoit tres-lumineuse au moment de l'explosion. Le 20 février, le petit cratère qui, jusque-là, avoit jeté de la vapeur et des matières élastiques, commença à lancer une pluie de pierres. Du 20 au 25, le petitet le grand cratère furent plus actifs que de coutume. La nuit du 25, à onze heures et demie, j'étois dans ma chambre, à Chiatimone ( Naples), quand j'entendis les meubles craquer ; je courus aussitôt à la fenêtre , et je vis sortir du Vésuve une colonne de matière en- flammée qui s’élevoit à une hauteur au moins égale à celle de la montagne, comptée à partir de sa base. Tout l'horizon étoit éclairé, nonobstant la clarté de la lune, par des rayons lumineux venant directement du volcan, et par ceux que réfléchissoient les nuages placés au- dessus de la colonne de matière enflammiée. Plusieurs SUR LES PHÉNOMÈNES DES VOLCANS. 35 “ruptions du même genre, mais plus petites, suivirent à des intervalles d’une minute et demie ou de deux mi- nutes ; mais il n’y eut plus de symptômes de tremble- ment de terre, et je n'entendis plus aucun bruit. La lave, que j'observai, me parut, à son origine, beau- coup plus abondante et plus vive, et il étoit évident qu'un nouveau courant s’étoil ouvert un passage à la droite du premier. Le 24, au matin, je visitai la mon- tagne ; il n’étoit pas possible de monter jusqu'au som- met qui étoit enveloppé de nuages, ni d'examiner la crevasse d’où la lave sortoit, Le nouveau courant de lave, près du lieu où il s’arrêtoit , avoit de 50 à 100 pieds de large. Il offroit les mêmes apparences que le vieux courant ; je recueillis des matières salines condensées sur quelques masses de scories, qui avoient été char= riées par le courant et déposées sur le bord. Leur com- position étoit la même que celle des matières formées par la lave du 26 janvier; mais il y avoit une plus grande proportion de soude et une moindre proportion de muriate de fer. Je ne doute pas que la fumée blan- che et épaisse qui s’échappoit de la lave en immenses colonnes pendant toute l'étendue de son cours, ne füt produite par les mêmes substances. Maintenant je vais faire connoître l’état du volcan à quelques autres époques. Quand j'étois à Naples, en mai 1814, le cratère présentoit l'aspect d'un immense tuyau fermé au fond, et ayant plusieurs trous d’où il sortoit de la fumée; sur le côté regardant Torre del Greco, s’ouvroit une large crevasse d’où la flamme s’élevoit à la hauteur de soixante 32 PHYSIQUE DU GLOBE, yards au moins, en produisant un sifflement très-vio< lent. Ce phénomène dura pendant Îles trois semaines que je passai à Naples. Il étoit impossible d'approcher assez de la flamme pour déterminer quels étoient les produits de la combustion ; mais il est certain qu'il s’é- levoit une abondante quantité de vapeur d’eau. Lors- que le vent nous envoyoit des vapeurs, on sentait dis- tinctement l'odeur de l’acide sulfureux et celle de l’a- cide muriatique. La couleur de la fumée n'indiquoit nullement l'existence de matières charbonneuses ; on ne les trouvoit pas davantage sur la matière saline jaune et blanche qui enveloppoit le cratère, et qui étoit prin- cipalement du sulfate et du muriate de fer ; dans quel- ques échantillons il y avoit une quantité considérable de muriate d'ammoniaque. En mars 1815, les apparences que présentoit le cra- tère étoient tout-à-fait différentes. On n’y remarquoit pas d'ouverture ; il étoit souvent en repos quelques minutes, ensuite il y avoit des explosions prodigieusement vio- lentes, qui lançoient dans les airs, à plusieurs centaines de pieds de hauteur, de la lave liquide, des pierres in- candescentes et des cendres. Ces éruptions étoient précédées par des coups de tonnerre souterrains , qui pareissoient fort éloignés et se prolongeoïent quelquefois une minute. Dans quatre voyages que. je fis sur le cratère au mois de mars, j'a- vois appris à estimer la violence de l’éruption d’après la nature de la détonation : un tonnerre souterrain très- sonore et long-temps continué annonçoit une explo- sion considérable. Avant l'éruption , le cratère parois- soit SUR LES PHÉNOMÈNES DES VOLCANS, 33 ” soit parfaitement tranquille, et son fond, sans aucune ouverture apparente, éloit couvert de cendres. Bientôt des bruits sourds et confus se faisoient entendre, comme s'ils venoient d’une grande distance, peu à peu le son approchoit et ressembloit bientôt à celui d’une artil- lerie qui auroit été sous nos pieds. Alors des cendres et de la fumée commençoient à s'échapper du fond du cratère ; enfin la lave et les matières incandescentes étoient projetées avec les plus violentes explosions. Je n'ai pas besoin de dire que quand j'étois sur lé bord du cratère, étudiant le phénomène , le vent venoit de mon côté et souffloit avec force. Sans cette circons- tance, il y auroit eu da danger à y rester. Toutes les fois que l'intensité du tonnerre m'annonçoit une ex- plosion violente, je m'éloignois toujours, en courant aussi vite que possible, du siége du danger. Aussitôt que l'érupiion avoit eu lien, les cendres et les pierres qui retomboient dans le cratère paroissoient en combler l'ouverture, de sorte qu'on auroïit dit que les matières enflammées et élastiques étoient déchargées latéralement. L'intérieur du cratère reprenoit bientôt son ancien aspect: Je vais maintenant présenter quelques observations sur la théorie de ces phénomènes. Il semble d’abord possible de démontrer qu'aucune des causes chimiques auxquelles on attribuoit anciennement les feux volea- aiques m'est soutenable. Parmi ees causes, la combus- tion du charbon minéral est une de celles qu’on a be plus généralement adoptéés ; mais il est complétement impossible d'expliquer par là les faits connus. Quelque Sc.et Arts. Nous.série. Vol, 39, N.° s. Septern. 1828, CG 34 PHYSIQUE DU GLOBE. considérable qu’une couche de houille puisse être , la combustion sous terre ne sauroit jamais produire une chaleur violente ; car la formation de l’acide carbonique; quand une libre circulation de l'air n'existe pas, doit tendre constamment à empêcher la combustion. Si une telle cause avoit quelque réalité, il est à peine possible de supposer que la matière charbonneuse n’auroit pas été trouvée , soit dans la lave , soit dans les produits aqueux ou salins qui s'échappent par la bouche du cra- ière. Il est arrivé souvent en Angleterre que des couches de houille ont brûlé long-temps ; mais les produits ont été de l'argile et des schistes cuits, et jamais rien de semblable à la lave. Si l'idée de Lémery étoit vraie, c'est-à-dire , si les feux volcaniques venoient de l'action du soufre sur le fer, le sulfate de fer devroit être le principal produit des volcans, ce qui n’est pas; la chaleur produite par J'action du soufre sur les métaux communs est d’ailleurs trop foible pour rendre cortpte de ce que nous voyons. Quand on considère que les feux des volcans se pré- sentent et cessent avec tous les phénomènes qui in- diquent une action chimique intense, il paroît naturel de les rapporter à des causes chimiques. Mais des phé- nomènes d'une telle grandeur exigent l’action d’une masse immense de matière, et les produits du volcan doivent donner une idée des substances qui jouent le principal rôle. Maintenant quels sont ces produits? Des mélanges de terres dans un état d'oxidation, de fusion et de vive incandescence ; de l'eau et des substances salines telles que la mer et l'air pourroient en fournir, SUR LES PHÉNOMÈNES DES VOLCANS. 35 altérées, comme on pourrait l’aitendre de la formation d'une matière fixe oxidée. Mais, dira-t-on peut-être, si l’oxidation des métaux des terres est la cause des phénomènes, quelques-uns de ces métaux devroient se trouver quelquefois dans la lave, ou bien la combus- tion devroit s’augmenter au moment où les matériaux passent dans l'atmosphère. Je répouds à cette objection, en remarquant que les changemens qui produisent les feux volcaniques ont lieu dans d'immenses cavités sou- terraines , et ‘que l'air pénètre jusqu'aux substances ac- tives long-temps avant que celles-ci atteignent la sur face extérieure. ; Il est évident que le sol sous la Solfatare est creux, ét il n’y a pas de raison de douter qu’il existe une com- munication souterraine entre ce cratère et celui du Vésuve ; car toutes les fois que le Vésuve est en érup- tion, la Solfatare est calme comparativement. J'exa- minai la bouche de la Solfatare le 21 février 1820 , deux jours avant que l’activité du Vésuve füt à son maximum ; les colonnes de fumée, qui habituellement s’'échappent enbondance lorsque le Vésuve est calme, étoient à peine visibles alors, et un morceau de papier jeté dans le soupirail ne fût point rejeté, de sorte qu'il y avoit toute raison d'admettre qu'il y avoit un courant d'air descendant (x). de (1) En 1814, 1815 et en janvier 1819, lorsque le Vésuve étoit comparativement tranquille, j'observai la Solfatare dans un état de grande activité ; elle vomissoit des colonnes de fumée et de lhydro+ gène sulfuré. C z 36 | PHYSIQUE DU GLOBE. Le tonnerre souterrain, entendu à de si grandes dis- tances sous le Vésuve , est presque une démonstration de l'existence de grandes cavités souterraines , remplies de substances aériformes ; et les mêmes excavations, qui . dans l’état actif du volcan , vomissent pendant si long-temps des volumes immenses de vapeur d’eau, doivent , tout porte à le croire, se remplir d’air atmos- phérique quand le volcan est tranquille (1). L’étendue que peuvent avoir les cavités souterraines, même dans les roches communes, se voit dans-les ca- vernes calcaires de la Carniole ; quelques-unes de ces cavernes contiennent un grand nombre de centaines de mille pieds cubes d'air; or, plus la profondeur de l’ex- cavation est considérable, plus l'air qu’elle renferme est propre à la combustion. La même circonstance qui donneroit aux alliages des métaux des terres, le pouvoir de produire les phéno- mènes yolcaniques , savoir, leur extrême facilité d’oxi- dation, doit aussi les empêcher qu'on ne les trouve à l'état purement combustible dans les produits des érup- tions volcaniques ; avant d'atteindre la surface exlé- rieure, ces métaux, en effet, doivent être exposés dans les cavités souterraines , non-seulement à l'air, 'mais encore à la vapeur d’eau, qui, dans de telles circons- —— (1) Le Vésuve est une montagne admirablement propre, à cause de sa forme et de sa situation , à des expériences relatives à l'effet de- son attraction sur le pendule ; par ce moyen , il seroit aisé de résoudre le problème de ses cavités. Sur FEtna , le problème pourroit être ré- solu sur une plus grande échelle. . SUR LES PHÉNOMÈNES DES VOLCANS. 37 tances , doit avoir une puissance d’oxidation au moins aussi considérable que l'air lui-même. ‘Si l'on admet que les métaux des terres sont transformés en lave par leur combustion dans l’intérieur du globe, le phénomène tout entier peut être aisément expliqué par l'action de l’eau de la mer et de l'air sur ces métaux : il n'y a aucun fait, aucune circonstance mentionnée dans la première partie de ce Mémoire, dont onu ne puisse aisément rendre compte à l’aide de cette hypothèse. orands volcans du monde sont peu 8 éloignés de la mer. En admettant que leurs premières Presque tous les éruptions ont été produites par l’action de l’eau de la mer sur les métaux des terres , et que les métaux OxI- dés , rejetés par le cratère à l’état de lave, ont donné naissance à d'énormes cavités, les oxidations destinées à produire les éruptions suivantes s’opéreront dans ces cavernes, sous la surface. Lorsque la mer est un peu éloignée du volcan , comme dans ceux de l’Amérique du Sud , l’eau peut venir de grands lacs souterrains ; car Mr. de Humboldt rapporte que quelques-uns de ces volcans lancent des poissons. L'hypothèse étant une fois admise , que les feux vol- caniques sont le résultat d’une action chimique , si l’on raisonne d’après des faits connus , je ne pense pas qu'on découvre aucune cause suffisante pour ce phéno- mène , si ce n’est l’oxidation des métaux qui forment les bases des terres et des alcalis. Je ne nierai pas ce- pendant que les considérations tirées des expériences thermométriques faites dans les mines et aux sources thermales, montrent, avec quelque probabilité, que l'in: lé 38 PHYSIQUE DU GLOBE. térieur du globe possède une très-haute température : or, si l’on admet que le noyau du globe est fluide, l’ex- plication des feux volcaniques sera encore plus simple que celle qui vient d’être développée. Quelle que soit l'opinion qu'on se forme ou qu’on adopte en définitive sur celte question , j'espère que les recherches auxquelles je me suis livré, sur les produits actuels d’un volcan en éruption , ne seront point sans intérêt pour la Société Royale, MÉTÉOROLOGIE. LETTRE DE M. HUBER-BURNAND AU PROF. G. MAURICE , SUR UN NOUVEAU SYSTÈME DE MÉTÉOROGRAPHIE SYM- BOLIQUE. "© Yverdun, 12 Septembre 1828. Me. Dax la séance du 28 juillet dernier, de la Socicté Helvé- tique des Sciences Naturelles, j'ai présenté un projet qui tendroit à faire établir dans toutes les vallées et sur la plupart des montagnes de la Suisse, des centres d’obser- vauons météorologiques. Bien persuadé que nous sommes mieux placés qu'aucun autre peuple pour étudier dans tous leurs détails les phénomènes atmosphériques, à cause de cette infinie variété de positions que la direc- MÉTÉOROGRAPHIE SYMBOLIQUE. 39 tion, et la hauteur des montagnes nous présentent, je me suis pas moins intimément convaincu de l'insuf- fisance des observations isolées, précisément parce qu'elles ne sauroïent être dégagées de l'influence des causes accessoires. Mais au moyen d'ua nombre d'ob- servateurs dispersés en diverses localités, on pourra isoler à la fin chacune de ces causes accessoires et con- noître les effets qu'on doit leur attribuer en particulier. Ainsi le voisinage d'un lac aura sur les circonstances d'une vallée une certaine influence qui n’a point en- core été déterminée : en comparant son climat à celui d'une autre vallée située de même sous tous les rapports, le lac exceplé, on saura ce qui doit être attribué à la présence d’un immense réservoir d’eau, sur l’état atmos- phérique de ces vallées, etc. Jusqu'ici, je ne doute pas, Monsieur, que nous ne soyons parfaitement d'accord ; mais peut-être varierons- nous sur le mode à suivre pour les observations. Je remar- querai d'abord que pour rendre cette étude presque po- pulaire, (ce qui seul lui feroit faire des pas de géant), il faudroit la réduire au plus strict nécessaire, et la rendre facile en n’exigeant des observateurs que les données les plus simples et celles qui , d’après l’expérience des phy- siciens, sont les plus importantes. Je croirois que celles du thermomètre > du baromètre et de la quantité d’eau tombée, sont les plus essentielles ; et l'heure du lever du soleil, trois heures après midi et huit heures et demie du matin, les heures dont on peut tirer les conséquenses les plus justes pour la tempeéra- ture et le poids de l'air. 4o MÉTEOROZLOGIE. L'époque de huit heures du matin a été reconnue comme l'heure qui présente la moyenne thermométrique appro- ximative de la journée, et neuf heures celle du baromètre, En s’écartant d’une demi -heure de l’un et l’autre moment on ne tombera pas dans une bien grande er- reur; c’est pourquoi j'ai choisi l’heure de huit heures et demie, afin d'éviter une perte de temps inutile aux per- sonnes chargées de ces observations. Je reviendrai plus tard sur le choix de ces personnes et sur celui des locali- tés les plus intéressantes; mais je désire auparavant vous faire part d’une idée dont je me suis occupé depuis quel- ques mois avec une sorte d'entraînement, et qui a été favorablement accueillie de la Société générale des Sciences Naturelles. Peut-être , d’après votre grande expérience des tables météorologiques avez-vous éprouvé quelquefois, Mon- sieur, le désir de pouvoir donner une idée des gradations, j'allois dire des modulations du temps : je me contenterai cependant du mot de modifications, quoiqu'il n’exprime qu'imparfaitement l’ensemble harmonique de ces appa- rences qui annoncent les dispositions du temps et Îles transitions variées qui trompent si souvent notre attente. L'œil est l'organe qui juge le mieux de ces accords et de ces dissonanees atmosphériques, parce que le jeu des nuages qui en est le résultat le plus immédiat pré- sente à Ja vue un sujet d'observations perpétuelles. C’est d’après ce genre d'observations que les habitans de la campagne cet les gens de mer parviennent à prévoir le temps avec une précision suffisante pour leur besoin ou leur sûreté. Les citadins ne sont pas placés aussi fa- MÉTÉOROGRAPHIE SYMBOLIQUE. 4E vorablement : le physicien même peut à peine, à l’aide du baromètre, parier deux contre un pour tel ou tel ré- sultat : tous les autres instrumens réunis ne donnent pas beaucoup plus de certitude à leurs prédictions; rien n’a pu jusqu'ici remplacer ces associations de souvenirs, celte intuition des pronostics du temps qui se forme in- sensiblement dans la mémoire des pâtres et des pé- cheurs. Frappé de cette singulière conclusion , j'ai cher- ché sil n’y auroit pas moyen de remplacer l'expérience de cette classe d'hommes simples et plus ou moins bor- nés, par quelque procédé qui rendit plus stables nos observations sur les apparences du temps, qui parlit aux yeux, et füt susceptible de se coordonner avec les an- notations ordinaires des instrumens employés en météo- rologie; j'appellerai ce procédé meéléorographie. Après plusieurs essais, d’abord très-imparfaits, mais successi- vement plus développés à mesure que l'insuffisance des premiers se faisoit sentir, je suis parvenu, je crois, à rendre par des signes moitié imitatifs et moitié artificiels, à peu près toutes les apparences du ciel aérien : mais je doïs avouer, et je le fais avec le sentiment de la plus vive reconnoissance, que mes essais éloient presque informes avant qu’ils eussent reçu de la main de Mr. le Colonel Courrant l'extension et la netteté dont ils étoient suscep- tibles, et qu'ils doivent à l'esprit d'ordre et aux talens de cet habile agronome la dernière forme qu'ils ont reçue. Pour réaliser mon projet, il a suffi d'analyser les ap- parences du ciel et les évènemens atmosphériques, en petit nombre, qui les accompagnent; ensuite, d'inventer pour chacun de ces élémens un signe particulier; et 42 MÉTEOROLOGIE. enfin de trouver le moyen le plus avantageux de les «coordonner. | Ces élémens sont tout simplement , la présence ou l’ab- sence du soleil, des étoiles et de la lune; l’interposition des nuages entre ces astres et la terre ; la nature de ces nuages et leur forme qui présentent différentes combi- naisons, comme nuages séparés ou nuages en grande masse, archipels ou continens de vapeurs ambulantes, vapeurs répandues sur le ciel comme un voile, nuages rasant la sommité des montagnes ou rampant le long de leur flanc, ou s’élevant en tours majestueuses, ou s’accumulant en couches parallèles, ou retombant en pluie ou s’interposant entre tous les objets sous la forme de brouillards ; les vents, leur direction, leur force, leurs effets sur les nuées; la foudre, résultat probable de leur frottement, et ses brillantes lueurs entre les huages, ses redoutables éclats entre les nuages et la terre ; enfin la grêle, la neige, les trombes, les aurores boréales, les comètes, les étoiles coulantes, les aëro- lithes, les tremblemens de terre ; les éruptions volcani- ques , les innondations, etc. Tels sont les phénomènes que l'alphabet symbolique devoit représenter. Dans l’une des feuilles qui accompagne cette lettre vous trouverez un système alphabétique, au moyen du- quel tous ces élémens sont coordonnés avec quelque méthode, Ainsi , la représentation des nuages est un fes- ton ; tantôt horizontal, tantôt incliné , ét dont les franges se dirigent du côté où le vent les pousse ; la pluie s'ex- prime par quelques petites lignes verticales, le veut par une flèche armée de plusieurs fers selon sa violence, L ’ MÉTÉOROGRAFHIE SYMBOLIQUE. 43 la foudre , par un zigzag, le soleil, par un disque rayon- né, la lune, par un croissant, la grêle, la brume, par des traits analogues à leur nature , les montagnes par une li- gne sinueuse, un peu irrégulière , etc. Quant à la manière de coordonner ces signes, elle n’a rien de difficile. Un petit encadrement de trois pouces en largeur, et de six lignes en hauteur, suffit pour renfermer la représentation de toutes les varia= tions qui peuvent avoir lieu dans un jour. Ce parallé- Jogramme représente dans sa plüs longue dimension, Ja longueur du jour, la durée et la succession des phé- nomènes; les vingt-quatre heures, à commencer de mi- nuit, et finir de même. Midi se trouve au milieu de la ligne , les heures y sont indiquées de trois en trois, Le petit côté du chassis indique la hauteur verticale de l'atmosphère aérienne; il est alors supposé un vé- ritable tableau représentant les moulagnes , le lointain en plaine, le soleil au plus haut de sa course; les nuages, les vents, la pluie et la foudre, au-dessous des heures auxquelles ces météores auront eu lieu. Ce tableau ne représente pas l'endroit où l’on observe , mais les phé- nomènes qui s'y passent heure par heure. A gauche du tableau d’une journée, vous trouvez sur la même feuille plüsieurs colonnes eccupées par Îles vbservations instrumentales thermomètre, baromètre , udomètre, hygromètre, etc., ad hbitum. Les heures des observations sont indiquées dans une colonne à part. On a réuni les trois observations de chaque instrument ilans la même case, de manière à tenir le moins de place possible et à pouvoir les additionner toutes eu- semble p'ur avoir les moyennes. 44 MÉTÉOROLOGIE. Tel est, Monsieur, le plan d'observations que je pro- pose. En queiques heures, on peut se familiariser avec le procédé symbolique, et l’on en sentira la facilité quand on voudra Île mettre à l'épreuve. Chaque observateur doit avoir un cahier de sept feuilles, qui suffira pour l’année ; elles seront lithographiées, de manière qu'il n'y ait qu'a remplir les cases ‘our par jour. La première page portera, outre la date de l’année et du lieu, un dessin topographique da lieu des ob- servations, où l’on verra la direction des montagnes voisines, la hauteur de la station, les principales cir- constances locales, comme marais, forêts, terres en cul- ture, elc. , Les feuilles suivantes feront voir, à chaque ou- verture du livre, l'état de l'atmosphère pendant un mois , quinze jours, d'une part, et quinze à seize de l'autre. Enfin, dans ces registres, plusieurs colonnes seront Jaissées au choix de l'observateur. On joindra aux don- nées instrumentales, dans certaines localités, l’indica- tion - À la hauteur des rivières et des lacs, et celle des neiges perpétuelles: deux élémens fort importans pour Ja Suisse. Ces régistres seront ouverts à tous et présenteront une image fidèle de l’état atmosphérique de chaque localité. L'agriculieur en les feuilletant y verra les causes de sa prospérité ou celles des avaries qu'il aura éprouvées: il y trouvera, mieux que dans sa mémoire , des rapports entre les apparences du ciel et leurs résultats; il étu- MÉTÉOROGRAPHIE SYMBOLIQUE. 45 diera l’art des pronostics plus sûrement et plus com- modément que ne faisoient ses pères, et son intuition naturelle sera fortifiée et éclairée par des aperçus moins vagues. Le navigateur de nos lacs ÿ trouvera des docu- mens uliles à son art; il jouira en voyant inscrit sur ce mémorial, le jour où il eut à lutter contre Ja tempête ; et en parcourant les pages de ce livre de la nature, il passera en revue avec intérêt les jours heureux et malheureux de ses expéditons lointaines. Il verra comme ge7 reuses pour la navigation, et son sort en sera plus au doigt et à l'œil les époques favorables ou dan assuré. Tous les arts qui font usage du soleil, de l'air, ou de la pluie trouveront matière à réflexion dans le mé- morial. Mais c'est surtout au physicien voyageur, qui étudie l'influence des climats sur les productions de la nature, leurs rapports avec la température moyenne, avec la quantité de beaux jours ou de pluie et d'hu- midité; c'est, dis-je, pour lui qui, d’un coup-d’æil, peut décider de quelle culture le sol ést susceptible, pour lui l'ami de toutes les nations et de tous les arts, que ces régistres seront d'un prix inestimable, et une mine inépuisable de faits importans pour la physique. En parcourant ces'contrées il trouvera partout des do- cumens précieux; au lieu d'inscrire les observations d'un jour passager , il trouvera l'aspect du ciel et toutes ses conséquences gravées pendant des années entières. Ce sera sur des moyennes, enfin, qu’il pourra calculer ; et la science avancera d’un siècle en un jour. L’ingé- nieur trouvera aussi dans ce mémorial les données né- cessaires pour l'abaissement des lacs et le redressement 46 MÉTÉOROLOGIE. des rivières: données qui ont manqué dans des occa- sions importantes; car nulle contrée n’auroit autant à _ gagner que la Suisse à la connoissance parfaite de sa géographie physique. Enfin, ce n'est pas à vous, Monsieur, que j'aurai besoin de faire sentir tout ce que l'histoire naturefle gagne à la connvissance parfaite des climats particuliers à chaque station. La géographie physique de nos montagnes rapproche toutes les la- titudes : au nord, de telle sommité, vous retrouvez les plantes de la Suède; au sud, celles de PTalie ; ici, vont peut-être se rencontrer des insectes qui vivent à quatre ou cinq cents lieues l’un de l'autre dans les pays de plaine; les oiseaux des tropiques et ceux des cercles polaires: le naturaliste voyageur , trouvera dans nos ré- gistres, les causes de ces curieux rapprochemens, etc. Je suppose que ces idées ne trouveront pas beau- coup de contradicteurs ; mais, dira-ton , à quelles mains confier ces. régistres ? Qui voudra s’astreindre à. mar- quer chaque jour les observations, et à tracer chaque soir le tableau de la journée ? D'abord, ce petit travail, qui prend chaque jour peu de minutes, offre un véritable attrait : entourés de la nature, nous la sentons qui nous presse de toutes parts; tirer tout Île parti possible de ses bien- faits et parer ses coups, telle est en somme Îa condi- tion de l’homme civilisé ; pour cela il faut, jusqu’à un - certain point , prévoir sa marche. ! Ce qui est organisé a uue marche certaine : il n’en est pas ainsi des élé- mens libres de l'atmosphère ; leurs combinaisons sont si variées et dépendent de tant de circonslances , que MÉTÉOROGRAPHIE SYMBOLIQUE. 47 tout ce que nous pouvons espérer à cet égard , c’est de connoître l’enchaînement d’un certain nombre de phé- nomènes liés ensemble, qui s’annoncent mutuelle- ment , et de discerner les cas où ces combinaisons sont dérangées. Il est, par conséquent, d’un intérêt général d'étudier ces séries de faits atmosphériques afin de parvenir à.les prévoir. D'ailleurs, il est une sorte de satisfaction à pou- voir se rendre compte de ses sensations et à retrouver leur trace dans des régistres. Celle de prédire le temps a toujours été une des jouissances des campagnards de toutes classes. Or, notre méthode tend certaine- ment à donner plus de certitude à leurs conjectures. Les agriculteurs seroient donc les hommes les plus dis- posés, par nalure , à ces observations ; viendroient en- suite les pasteurs de village et les régens qui, par leurs lumières , leur vie sédentaire et l'absence de distrac- tion, à laquelle leur genre de vie les condamne, s'en feroient une agréable, de l'étude à laquelle on les prieroit de vouloir s'associer. Les naturalistes et les physiciens dans les villes, se prêteroient sans doute avec chaleur à un plan dont ils sentiroient l'utilité, et qu’on a rendu le moins assujettissant qu’il a été pos- sible ; enfin, pour lever une des plus graudes diffi- cultés, je dirai que je ne craindrois point de confier ces observations aux gens du peuple en l'absence des obser- vateurs en titre : j'en ai fait souvent l'épreuve et sans aucune offre de récompense: flattés de cette confiance et s'exagérant peut-être l'importance de la chose, ils mont point trompé mon altente; jamais mes notes 48 MÉTÉOROLOGIE. n'ont été plus exactes et plus suivies. Les marguilliers, les guets seroient, en particulier , une classe d'hommes dont les habitudes régulières se prêteroient à mer- veille au plan que je propose. Le don des instrumens nécessaires, à condition d'inscrire chaque jour leurs observations , seroït un gage assuré de Fintérêt qu'ils prendroient à notre entreprise. Eufin, Monsieur, l'exemple admirable que nous donnent ces Religieux, amis des sciences et dévoués à une charité active , ces dignes et respectables Pères, qui chaque jour, bravent les frimats de leur station élevée pour observer tous les instremens que la météorologie a pu inventer, cet exem- ple, dis-je, ne trouvera-t-il pas en Suisse de zélés imi- tateurs? N’en doutons point; au nom de l’avance- ment des sciences et de l'utilité publique , on trouvera toujours en Suisse et dans toute la Suisse, des hommes favorablement disposés. L'association météorologique pourra s'étendre dans tous les pays voisins et plus loin encore; et lorsque son utilité sera démontrée elle acquerra de jour en jour plus d'extension et d’in- térêt. Le prix des instrumens est, à la vérité, un obstacle difficile à surmonter dans le premier moment; j'ob- serverai cependant que, comme il ne s’agit pas ici d'observations très-minutieuses, on pourra déjà se contenter des baromètres existans , en ayant soin de les vérifier par la comparaison avec un bon baro- mètre servant d’étalon général; ensuite de substituer ou d’ajouter l'indication par pouces et lignes à celle de variable et de tempête. Quant aux thermomètres ils MÉTÉOROGRAPHIE SYMBOLIQUE. y 4ÿ ils exigent une plus grande précision ; mais on peut se contenter de leur donner une graduation de 30° R. au-dessus de glace, ce qui en réduit un peu lé prix. L'instrument destiné à mesürer la quantité de pluie tombée , peut être fourni pour deux livres d£ Suisse ; mais il n'est pas encore temps de nous occuper des moyeus de parer à ces difficultés. Si mon projet obtient votre approbation et.s’il peut entrer dans vos Convenances de le publier dans votre Journal, j'en serai on ne peut pius flatté , et je ne doute pas que ce ne soit lun des titres les plus favorables à son adoption. Agréez, etc. P. Huper-BURNAND. P.S. Voici quelques explications que j'ai omises dans ma lettre, et qui me paroissent nécessaires pour faire comprendre les figures. +. La manière dont les pôints cardinaux sont notés -paroîtra d’abord une méprise ; mais elle a été calculée pour rendre l'effet du tableau plus naturel. On est supposé en face du soleil au milieu de jour, c’est- à-dire tourné au midi : dans ce cas les nuages venant ‘du sud paroïssent monter sur l'horizon ; ceux du nord, au contraire, après avoir passé par desstis nos têtes ait zénith, paroïssent descendre; le levart est à gauche et le couchant à droïte ; et comme:ltes heures marchent “dans le tableau de gauche à droite, il règne un parfait accord entre l'aiguille et l'esprit; ce qui rend très-facile …Sc.et Arts. Nou!sèée NoE 39 N°1 Seplem.1828., D 50 à MÉTÉOROLOGIE. l'inscription et la traduction des phénomènes journa- liers du ciel atmosphérique. 2. Le but de la météorographie étant de faire saisir d’un coup-d’æil l'ensemble des circonstances qui peu- vent inflüer sur les instrumens de météorologie , il eût été à désirer de pouvoir faire entrer dans le tableau la longueur des jours et des nuits; ce qui eut été très- facile sans la crainte d’entraver le dessin. On s’est donc borné à représenter le soleil dans le haut de sa course diurne pour les heures les plus importantes sous le rapport de la température. Mais afin de faire concevoir le rapport des phénomènes avec le trajet de l’astre du jour, j'ai imaginé de tracer à part sur un papier transpa- rent ou en découpare, une courbe, ou feston, qui placée, selon l’époque de l’année, plus où moins en avant sur le cadre du tableau de chaque jour successivement , coupe sa base dans la proportion des jours aux nuits, et repré- sente (en quelque sorte) l’arc que décrit le soleil au- dessus de l'horizon. Cette courbe qui porte les indices de solstices et d’é- quinoxes , doit être placée au-dessous des heures aux- quelles le soleil se lève et se couche ce jour-là. Elle peut satisfaire l'esprit sur l’étendue des influences solaires ; mais elle n’est d’ailleurs point essentielle au tableau, puisqu'on peut par la pensée ÿ substituer les mesures communes; elle n’a pour but que de rendre plus pal- pable l'influence du principal agent de la nature. Cette courbe se place comme dans la figure 2, à l'époque du solstice d’été : la portion de l'arc inférieure à la base du tableau, représente le séjour du soleil au-dessous de l'horizon. à MÉTÉOROGRAPHIE SYMBOLIQUES, 5# Selon la latitude, on devra employer des courbes plus ou moins convexes. Sous la zone torride on don- nera un demi-cercle complet au trajet diurne du soleil, mais le tableau devra avoir plus d’élévation : sous le cercle polaire cette courbe seroit une ligne serpentine à peine sensible, comme AB dans la figure 4; enfin au pôle même le trajet de l’astre ne seroit plus qu’une ligne droite. nant (5 (M Len monemnenr mm OBSERVATIONS SUR LA GRÈËLE, DU 21 MAI 1828. Le 21 du mois de mai , vers six heures du soir, une grêle extraordinaire ravagea plusieurs communes du de- partement du Gard. Je parlerai principalement dans ce Mémoire des observations que j'ai faites dans St. Hy- polite de Caton près d’Alais. D'après les renseignemens que j'ai pris, la grêle commença près de Sauve et se dirigea vers le nord-est jusqu'à Lussan. La largeur de la surface grélée varie de 800 à 900 mètres; sa longueur est de 41,75 kilomètres. Ce furent les vignes et les terres à blés qui souffri- rent le plus; l'éducation des vers à soie étoit près d’être terminée ; les dommages causés aux müriers et aux oli- viers dans les jardins et les vergers, sont notables sans contredit, mais ils ne peuvent être mis en parallëte avec les premiers; on avoit fait rentrer les troupeaux ; D 2 52 VWMÉTÉOROLOGIE: , les hommes et les animaux qui étoient aux champs et sur les routes, cherchèrent des abris et nous n’avons pas entendu dire qu'il en ait péri. Depuis quelques jours le temps étoit orageux, il fai- soit très-beau le matin , et au milieu du jour des nuages d’un gris cendré, arrondis, paroissoient à l'horizon , s’é- levoient peu à peu, s’amonceloient dans quelque point du ciel; de deux à trois heures , quelquefois plus tard, des éclairs et des tonnerres achevoient de le rendre tout-à-fait couvert; des coups de vent et quelques on- dées rafraichissoient l'air et la terre d'autant plus sen- siblement qu'ils succédoient à une chaleur élouffante. Le 21 mai, nous espérions en êlre quittes ainsi, comme les jours précédens. Après une forte averse, vers les quatre heures, les nuages s'élevoient, le soleil reparoissoit par intervalles ; mais bientôt le ciel s’obs- curcit de nouveau , un vent violentdu sud-ouest charioit de gros nuages très-bas, qui rouloient les uns sur les autres sans se fondre ensemble, sembloient se gonfler et se presser; bientôt il s’en échappa par torrens une grêle que tous ceux qui en furent témoins trouvèrent des plus extraordinaires ; beaucoup de grélons étoient sans exagérer de la grosseur du poing fermé; j'en frs. peser deux pris au hasard; on trouva l’un de 153 grammes .( 5 onces } l’autre de 130 (4 onces£); ils étoient re- couverts de tubercules ou pointes mousses de la gros- seur du bout du petit doigt, et ressembloient à ces _cristallisations calcaires, dites à dents de cochons. Us étoient transparens vers les bords, et leur milieu of- froit un noyau blanchätre de deux centimètres de dia- OBSERV. SUR LA GRÈLE DU 21 MAI 1828. 53 mètre. Mais soit qu'il se fût gelé depuis sa formation ; il étoit dur et non neigeux dans les grélons que je cassai. Ceux qui étoient restés quelques instans sur là terre échauffée, s’étoient fondus sur deux surfaces opposées et comme applatis, et l’on voyoit parfaitement leur noyau et deux ou trois zones concentriques alternati- vement diaphanes et opaques. _ Ces grélons étoient durs et élastiques ; ceux qui tom- boient sur des pierres plates bondissoient, souvent sans se briser, à plusieurs mètres: il s’en cassoit cependant, etil en tomboit de moins volumineux qui étoient irré- guliers et anguleux et pouvoient être des débris de plus gros qui se heurtoient en l’air; quelques autres, comme des noix, paroissoient avoir leur noyau particulier ; et il y en avoitune grande quantité de la grosseur d'une petite noisette qui avoient vraisemblablement une origine dif- férente, si, comme on l’a dit, tous ceux qui partent d'une même nuée sont à peu près des mêmes formes et volumes. Leur vitesse sembloit proportionnée à leur masse , et la direction des gros paroissoit plus inclinée, soit qu'ils arrivassent de plus haut, soit qu ils présen- tassent plus de prise au vent. Nous vimes arriver la grêle, et nous entendimes d’a- vance une sorte de bruissement qui l'accompagna pen- dant quelque temps, lorsqu'elle eut cessé de tomber, ou pour mieux dire qu'elle tomboit plus loin. Elle dura environ sept minutes sur la commune de St. Hypolite de Caton, et ne mit BURES qu'un quart d'heure à tra- verser l'étendue que j'ai fait connoître (environ dix lieues de poste en ligne droite ). LEE 4 MÉTÉOROLOGIE - J'ai recherché inutilement si la configuration des pays grêlés, le plus ou le moins d'arbres, les montagnes, les cours d’eau, avoient eu quelqu'influence sur ce mé- téore. La montagne de Coutach où il a commencé, a 396 mètres de hauteur ; celle de Bouquet derrière la- quelle il a cessé en a 633 (1). Les collinés qui sont entre ces montagnes sont peu élevées : le Gardon , les rivières de Droude, de Seynes, etc., coulent presqu’en travers de la direction qu'ont suivie les nuées orageuses, sur lesquelles je n'ai reconnu d'autre action que celle du vent. Il a grélé sur les hauteurs comme dans les plaines et au bord des rivières; dans des champs assez élendus et sans arbres, comme sur des bois de haute futaye et des cyprès pyramidaux isolés : mais ce fléau est tellement local, que les pays voisins ne s’en ressentent nullement; et non-seulement la grêle n’a pas dépassé certaines limites, mais dans plusieurs. com- inunes entre des terres ravagées, il y en a d'autres qui ont été épargnées, ou n’ont pas été endommagées. Lorsque la culture est différente , quand, par exem- ple, nous voyons une avoine qui n’a presque pas souf- fert, entre deux champs de froment qui ont été hâchés, il est facile de s’en rendre raison : le vent qui étoit im- pétueux couchoit les tiges de blé fort élevées, et un seul grélon en coupoit plusieurs en Îles traversant; l’a- voine, au contraire, qui avoit craint la sécheresse étoit courte et clair-semée; elle restoit plus droite et le gré- (1) Nivellement barométrique du département du Gard. — Notices des travaux de l'Académie de Nimes pour 1610. OBSERV. SUR LA GRÊLE DU 21 MAI 1828. 55 lon n’en coupoit que peu de brins et quelquefois pas- soit entre deux. ” Mais quand dans une plaine assez étendue, semée en blé, plantée en vignes, il y a des portions intermé- diaires plus ménagées , il est hors de doute qu'il grê- loit en même temps de deux nuées séparées que le vent poussoit parallélement: La grêle tomba sans pluie, qui auroit un peu dimi- nué ses mauvais effets (1). Les tiges des arbres qui y ont été exposées sont meurtries, les jeunes branches, les sarmens cassés ; nous avons des blés qui semblent foulés par des animaux, on les fauche comme fourrage ! On taille, on coupe net les vignes mutilées! et il y a des communes encore plus malheureuses que la nôtre, dans lesquelles tout est emporté ! Les explications qu'ont données les physiciens, de la formation de la grêle, ne sont pas satisfaisantes, sur- tout quaud on la voit de près. Il y en a, selon toute apparence , de plusieurs espèces ; elles peuvent être (1) Toaldo prétend qu'elle contient des esprits acides qui sont une espèce de poison pour les végétaux qui en sont frappés , et qu’elle est moins nuisible pour eux lorsqu'elle est accompagnée de pluie qui lave cette peste. Les paysans conservent ce préjugé et nos magnaniers ont préféré aller acheter de la feuille de mürier dans le voisinage, plutôt que de donner à leurs vers celle de nos arbres grèlés qui étoit, . disoient-ils, empoisonnée. Comment accorder cette opinion avee la, propriété fertilisante que le même physicien et l'abbé Bertholon at- tribuent à la grêle? Ce dernier enthousiaste de l'électricité dit : « Que les arbres grèlés sont plus féconds , que des blés épiés hachés ont re- ponssé du pied et donné une bonne récolte, etc. » 56 \: M É TZ: É(O:R0;L O,G IE, formées de différentes manières. On peut admettre dans quelques cas la coagulation d’une vésicule et même d'unergoutteleite d'eau; je me figure bien la formation d'un noyau neigeux et de sa première enveloppe dia- phane , ou celle du gresil, qui est au contraire transpa- rent-avec une; enveloppe neigeuse ; mais nous savons que ces météores, ainsi que le tonnerre qui ordinai- rement.les. accompagne , partent d’une médiocre hau- teur, que c'est le plus souvent de jour, et dans la saison Ja plus chaude qu'ils se manifestent. Comment peuvent- ‘ils'se recouvrir d’enveloppes successives jusqu'à acqué- rir:quatre à huit centimètres de diamètre ? Pour dire que des grélons se:rencontrant dans leur chute, se collent pouren faire de plus gros, il faut n'avoir jamais vu grêler. On voit, il est vrai, des grélons adhérer ensemble lors- qu'ils se trouvent téunis au fond d’un creux ou dans un-sillon ; mais personne ne supposera que ces masses de glace soient tombées ainsi d'une seule pièce. L'idée de faire, balloter les grêlons plusieurs heures entre des nuages doués d'électricité différente , comme les bou- ‘lettes de sureau dans l'expérience appelée gréle élec- trique , est très-ingénieuse. Mais je ne penserois pas que Volta l’eût proposée sérieusement, si des physi- ciens séduits par sa réputation bien méritée, n’avoient adopté son sysième , tandis que d’autres prenoient la peine de le réfuter, On lui objecte que dans la danse des pantins , ces figures et les corps légers mis entre deux plaques, dont l’une est électrisée, s’écartent, si elles ne sont pas parallèles, qu’en substituant à la plaque inférieure une nappe d’eau, les halles du sureau OBSERV. SUR LA GRÊLE DU 21 MAI 1828. 57 y plongent et ne sont plus attirées ; que les nuées élec- trisées pourroient soulever dans certains cas le gravier et les pierres et les fairé osciller sur la terre; que des voyageurs auroient pu se rencontrer sur ges montagnes dans l'intervalle où J'oscillation de la grêle avoit lieu; et qu'aucun n'en avoit parlé (1). EL est très-probable que’ l'électricité joue un grand rôlé dans la formation de la 'grêle, maïs, c'est encore un phénomène que nous ne pouvons expliquer com- plétement; qu’on prétende l’empêcher de tomber ou de se former en soutirant un de ses élémens , te n’est peut-être pas impossible ,.et à cet égard une longue expérience nous en apprendroit plus que tous les rai- sonnemens, si elle étoit faite assez en grand avec plus de soins. Jusqu'à ce jour, convenons-en , il faut être enthousiaste pour ajouter foi aux paragrèles. 15 Juir 1828. Lébarom EX D: (1) J'ai traversé moi-même une nuée orageuse dans les Alpes , j'ai vu les éclairs et entendu tonner sous mes pieds , il faisoit très-beau ‘sur le sommet où je parvins tandis qu'il gréloit dans le vallon. (58) CDR D LE PHYSIQUE. OBSERVATIONS QUI TENDENT À PROUVER QUE LA CRIS- TALLISATION DE TOUS LES CORPS EST UN PHÉNOMÈNE ÉLECTRIQUE ; par Mr. l'abbé RENDU, Prof. de phy- sique au Collége-Royal de Chambéry : Mémoire lu à la Soc. Royale de Savoie , le 22 mars 1828. (Extrait du 'T. III des Mémoires de celte Socrelé.) (Sec. et dern. article. F”. p. 304 du vol. préc.) ARTICLE IIL De la simultaneite qui se rencontre dans les deux phénomènes. Daxs un grand nombre de circonstances, l’action de l’'affinité est accompagnée du développement des phé- nomènes électriques. « Il se développe de l'électricité quand on comprime «les substances, quand on les dilate, ou même quand «on les exfolie. On observe encore qu'il se dégage de « l'électricité dans la fusion de certains corps, etc. (Bot, « Vol. IE, p.483) plusieurs substances minérales cristal- «lisées, de nature vitreuse , ont aussi la propriété de « devenir électriques quand on les chauffe à un certain a degré. s OBSER VATIONS SUR LA CRISTALLISATION. 5g «Enfin, il se développè aussi de l'électricité dans « plusieurs combinaisons chimiques et même dans le « seul contact de toutes les substances hétérogènes. On sait encore que, dans l’évaporation, il se déve- loppe de l'électricité. Ainsi, toutes les fois qu'il ya un changement de rapport d'affinité entre les différentes molécules qui composent un corps solide, la force élec- trique devient sensible et se montre , pour ainsi dire, à découvert. Cette manifestation des puissances élec- triques à lieu, soit quand la distance des molécules augmente , soit quand elle diminue. Par exemple, la tourmaline donne des signes d'électricité dans les di- latations produites par une certaine quantité de calo- rique , et dans les contractions produites par un certain degré de froid. Il seroit intéressant de déterminer d’où peut prove- nir le fluide électrique dans deux circonstances si oppo- sées. En attendant que quelque physicien s’en occupe, voici mon idée, en supposant toujours l'électricité comme cause de l’affinité. Dans l’état le plus habituel du cristal que je prends pour exemple, le fluide électrique , qui jouit de la pro- priété de se mettre en équilibre dans tous les corps, n’est demeuré dans celui-ci qu’autant qu'il le falloit pour satisfaire à la capacité que ce corps a pour lui ; de sorte que tout le fluide est paralysé par l'emploi de ses forces sur les molécules qu’il tient en état d’a- grégation. Mais supposons premièrement que le calo- rique, qui est capable de dilater les molécules par une force à laquelle rien ne peut résister, vienne à éloi- 6o PHYSIQUE. guer les. molécules unies par le fluide, dès-lors une partie du fluide entrera, pour ainsi dire, en état de liberté, et s’accumulera , par des causes qui nous sont inconnues, vers les deux extrémités opposées du cristal, comme cela arrive dans tous les corps électrisés. C'est précisément ce qui a lieu. Mais si le calorique se con- dense et élève le cristal à une température plus consi- dérable , il arrive alors que les parties étant trop écar- ices les unes des autres, chaque élément de cette piie naturelle devient indépendant, et les forces cessant d’a- gir par ensemble , ne se manifestent plus vers un seul point. Ji est bien clair que dans ce système , il doit y avoir électricité partout où il y a aglomération de parties. Comment se fait-il donc que tous les corps solides n'en manifestent pas la présence ? Je ferai d'abord remarquer que nos moyens d’obser- vations sont nuls, et entièrement nuls, toutes les fois qu'il s’agit d'apprécier les petites choses dans quelque genre que ce soit. Dans l'échelle merveilleuse des êtres, nous sommes placés à une certaine élévation qui ne nous permet de voir ni les premiers ni les derniers échelons ; nous les voyons de trop loin , et nous les jugeons infinis, parce qu'ils échappent à nos regards. Par habitude, autant que par nécessité, nous rap- portons tout à nous : nous jugeons petit ce qui est en dessous, et grand ce qui est en dessus ; nous jJugeons rapides les mouvemens qui dépassent ceux que nous pouvons exécuter, et lents ceux qui sont moindres. La force de nos nerfs ou celle de nos moyens mécaniques OBSERVATIONS SUR LA CRISTALLISATION. 6x est encore une espèce de mesure à laquelle nous rap- portons toutes les forces que nous conuoissons. Pour- tant il n'y a rien de grand ni de petit dans la nature, et ces mots, qué nous prenons lrop absolument, de vroient n’indiquer que des rapports. Je ne citerai qu'un exemple pris dans la durée. Nous n'avons qu'une idée vague de l'éternité ou de la durée contioue , et nous n'avons aucune idée de la durée infiniment petite, parce que, dans l’état actuel des choses, nous sommes placés aussi loin de l’une que de l’autre. Le calcul cependant peut démontrer que des durées qui ne sont pas appré- ciables pour nous , le deviendroient pour des êtres à qui le Créateur auroit donné des facultés propres à les me- surer. Je prends la seconde de temps pour la dernière des durées appréciables pour nous, puisque la moindre de nos actions dure , à peu de chose près, une seconde. Eh bien, cette seconde est encore une durée qui contient un nombre infini de parties. La lumière parcourt soixante- dix mille lieues par seconde ; je puis donc diviser ure seconde en autant de parties qu'il ya de points diffe- rens dans une Jongueur de soixante-dix mille lieues ; car l'instant où la lumière parcourt le premier point, n'est pas le même que celui où elle parcourt le second, et ainsi de suite, Or, en réduisant soixante-dix mille licues seulement en lignes, douzième partie du pouce, on en trouve plus de cent quatre-vingt-trois milliards ; il y a donc dans une seconde, plus de cent quatre- vinot-trois milliards de momens appréciables , tandis que dans la vie d’un homme qui a vécu cent ans, il n'y a guère plus de trois milliards de secondes, Ainsi, sup- 62 PHYSIQUE. posons qu'il existe un insecte qui puisse faire, pendant l’un des instans que nous avons distingués dans la %e- conde, ce que nous faisons nous-mêmes dans l’espace d'environ une seconde, par exemple , respirer: il s'en- suivroit qu'après avoir vécu pendant une seconde , il auroit vécu soixante fois plus qu’un homme de cent ans , puisque sa vie auroit Compris cent quatre-vingt- trois milliards de momens appréciables, tandis que la vie d’un homme de cent ans n’en compte réellement que trois milliards. [| me seroit facile de pousser bien plus loin ces considérations philosophiques, en portant cette espèce d'analyse sur les mouvemens et sur les forces motrices; mais je pense que c'en est assez pour prouver que dans l'examen de la nature, il ne faut marcher qu'avec précaution , et surtout se garantir des préjugés que nous laisse l'impuissance où nous sommes d'atteindre ses limites. | Je Gis donc premièrement que, quoique nous ne puissions pas rendre sensibles les quantités d'électricité qui se trouvent dans tous les corps solides, on ne doit point tirer la conséquence qu'il n’y en a pas. La pré- sence de l'électricité se manifeste par les mouvemens im- . primés à des corps; mais ces corps, quelque petits qu'ils soient, peuvent avoir encore trop de masse pour la force motrice à laquelle ils sont offerts; et pour être une force morte, elle n'en existe pas moins, comme la force d'une molécule qui appuie sur la surface du globe ct tend à en déplacer une partie sans produire son effet. Le corps que l’on voudra mettre en expérience sera toujours, quelque petit qu'il soit, composé d’un assez OBSERVATIONS SUR LA CRISTALLISATION. 63 grand nombre de molécules primitives, puisque l’ex- périence prouve que la dernière quantité de matière vi- sible peut encore se diviser en un nombre étonnant de parties. Il est tout simple que la quantité de fluide qui se trouve développé par deux molécules unies entr’elles, ne soit pas assez puissant pour en mettre en mouvement un grand nombre; or, on peut démontrer que dans une masse quelconque, dont les molécules sont aglomérées sans ordre, l'action totale du fluide répandu dans toute la masse ne peut qu'être égale à l'action du fluide de deux seules molécules, parce que, dans ce cas, les ac- tions agissant en sens contraire se paralysent mutuelle- ment, ou du moins ne s’entr'aident aucunement, de sorte que l’on ne pourra trouver, vers chaque point, que l’action trop foible du fluide de deux molécules ; en voici la démonstration : ï Si l'on forme une pile électrique d’un grand nom- bre d'élémens rangés en ligne droite, les forces élec- triques développées, agissant toutes dans le même sens, offriront vers deux points opposés des résuliantes capa- bles de produire de grands effets, parce que toutes les forces particulières seront ajoutées les unes aux autres ; et en effet, la densité du fluide vers les extrémités de la pile, et par conséquent la puissance de son action, croissent comme le nombre des élémens qui la compo- sent. Mais si, au lieu de construire la pile de la ma- nière que je viens d'indiquer, on place les divers élé- mens en cercle, de manière que le dernier vienne s'unir au premier, en les séparant toutefois par un corps con= ducteur, et qu'alors on interroge successivement les - 6, PHYSIQUE. divers points de la pile, on pourra s'assurer qu'il n’y a dans chacun d’eux que la quantité de fluide égalesà celle que peut développer un seul élément. Voici com- ment j'ai pu construire la pile circulaire : j’ai pris une quarantaine de disques de cuivre, soudés à autant de disques de zinc, formant en tout quarante élémens. J'ai pris une grande vitre d'environ deux pieds carrés, sur laquelle j'ai placé les élémens, en les faisant chevau- cher les uns sur les autres, seulement par une extré- milé, à peu près comme dans la fig. 35, après avoir mis sur chaque élément un conducteur humide, comme cela se pratique ordinairement. Quand le cercle est éta- bli, les manifestations électriques cessent dans tous les points; mais elles se montrent aussitôt avec énergie quand, en soulevant un élément, on rompt le cercle dans un point quelconque. La pile circulaire me pa- roit devoir être utile à la démonstration des théories déjà connues. En représentant donc par un élément l’u- nion de deux molécules, il est facile de voir que quand tous les couples seront unis de manière à former un cristal ou ensemble régulier, il se manifestera vers les extrémités une résultante de forces appréciables ; c’est ce qui arrive pour un grand nombre de cristaux, et bien probablement pour tous. Je crois qu’en multi- pliant les essais sur les cristaux, on parviendroit à montrer que Îles forces magnétiques se trouvent dans tous ceux qui auront une dimension convenable et un genre de cristallisation propre à porter, dans une même direction, les forces particulières de chaque élément primitif. Peut-être, OBSERVATIONS SUR LA CRLSTALLISATION. 65 Peut-être, à la seule inspection du clivage, de la position relative des tranches et de la forme du noyau, parviendroit-on à déterminer d'avance quels sont les cristaux électriques. Ce seroit là l’objet d’un beau tra- vail pour qui en auroit le temps et les moyens. Si, au contraire, ces couples formés de deux molécules chacun, sont aglomérés sans ordre, on ne devra trou- ver nulle part une résultante de plusieurs forces. C’est ce qui a lieu pour tous les corps dont les parties ont élé agrégées sans ordre, J'ajoute, en second lieu, qu'il ÿ à réellement de l'électricité dans tous les corps, puisque nous avons vu qu'elle se manifeste dans les moindres changemens qui ont lieu entre leurs molécules. D'ailleurs, dans toutes les théories qui ont été faites sur l'électricité, les physiciens sont d'accord en ce point que le fluide électrique est répandu dans tous les corps, et que les phénomènes électriques ne sont qu'un résultat de la destruction de l’équilibre qui règne souvent entre ses parlies. Il est certains mouvemens qui paroissent entr’aider . la tendance que les élémens divers d’an corps ont à se ranger d'une manière propre à produire des pôles magnétiques. Si l’on frappe une barre de fer dans une position verticale ou même horizontale , et qu’on la batte ensuite plus fort, on l’aimante. On produit Îe même effet en la limant et en la polissant. Ce qu’il y a de plus remarquable, e’est qu’en frottant toujours - dans le même sens pour polir l'acier, on détermine p : « des pôles, qui sont toujours les mêmes pour différentes Sc.et Arts. Nouv. série. Vol. 39. N° 1. Seplem. 1828. KE 66 PHYSIQUE. lames que l’on aura polies par la même espèce de frot- tement. Cette observation est essentielle pour ceux qui cons- truisent des balances pour toutes les latitudes qui sont en dehors de l’équateur magnétique. Un balancier dans lequel on auroit déterminé des pôles magnétiques, ne sauroit garder l’équilibre, à cause de la force du ma- gnétisme terrestre qui produit l'inclinaison. Il seroit donc utile de ne construire les balanciers qu'avec un métal qui fût moins susceptible de s'aimanter, du cui- vre, par exemple. Il paroît tout naturel de conclure que les mouve- mens que l’on a produits dans les diverses opérations dont j'ai parlé ‘out à l'heure, n'ont fait que favoriser une espèce d’arrangement régulier entre les diverses parties du fer, à peu près comme des mouvemens ana- logues produisent la congélation subite de l’eau au- dessous de zéro. Ce qui semble le prouver plus évi- demment encore, c’est que, si l’on veut produire le même effet sur de l'acier trempé, on ne peut y par- venir, parce qu'alors les molécules fortement attachées les unes aux autres par l'action de la trempe, ne peu- vent être déplacées par les vibrations que l’on imprime à la masse, et par conséquent ne peuvent se ranger en pile électrique pour montrer des pôles. Si.pourtant où parvient à les déterminer, il est évident qu’alors cet arrangement sera difficile à détruire, et le ma- gnétisme deviendra presque inaltérable. C'est ce qui arrive. OBSERVATIONS SUR LA CRISTALLISATION. 67 ARTICLE IV. Application de la présente. théorie à quelques cas parti- culièrs. Si l’on fait parvenir les deux extrémités d’une pile dans un mélange d’eau et d’acétate de plomb ou de sulfate de potasse, l’oxigène qui est en combinaison avec le plomb ou avec le potassium , abandonne la base et se porte sur le pôle vitré, tandis que la base elle- même se porte sur le pôle résineux, où elle forme de petits cristaux de divers genres. Deux mystères se pré- sentent à la pensée qui veut pénétrer, la cause de ces opérations; et tandis qu'ils restent inexplicables pour celui qui ne reconnoît que l’affinité pour cause de la solidité de la matière, on en trouve une raison en ayant recours à l’action connue de l'électricité. Prenons, dans le fluide mis en expérience, une mo- lécule formée d’un atome d’oxigène et d’un atome de potassium ; ces deux atomes unis ensemble forment un élément dont les deux parties sont unies entr’elles par l'électricité, à peu près comme deux disques d’une pile, qui, agissant l’un sur l’autre par attraction, finissent par adhérer assez fortement l’un à l’autre. Il est probable que ces deux atomes sont dans des états électriques différens : que l’un est électrisé vitreu- sement, et l’autre résineusement, comme les deux dis- ques d'un élément; le fait de leur transport vers les pôles opposés de la pile semble le démontrer assez. Représentons donc par 1 la force électrique qui les £ 2 68 PHYSIQUE. excite. Tant qu'aucune force supérieure ne viendra les solliciter dans un sens opposé, elles demeureront unies, mais dans le cas contraire elles céderont à une combi- naison nouvelle. Nous avons vu que l'intensité de l’ac- tion électrique étoit proportionnelle à la quantité du- fluide; ainsi, en présentant ces deux atomes diverse- ment électrisés aux deux pôles d’une pile plus fortement électrisée, et dont l’action pourra sans inconvénient être représentée par 2, il devient évident que les deux molécules, dont l’une sera sollicitée vers le pôle vi- treux et l’autre vers le pôle résineux, seront obligées de se séparer en cédant à une force qui sera égale à l’excédant de l'électricité de la pile sur celle des deux molécules. La molécule de plomb se portera donc sur le pôle résineux, et Ja molécule d’oxigène se portera sur le pôle vitré, Les molécules de plomb se poseront les unes sur les autres, dans le sens le plus propre à cette union, et formeront des cristaux qui ne se- ront qu'une espèce de prolongation de la pile, et à l'extrémité desquels se montreront les forces magné- tiques. L’impulsion que chacune de ces molécules re- çoit pour se porter vers les pôles de la pile est si grande, que, quand même ces molécules rencontre- roient des corps avec lesquels elles auroient une grande tendance à s’unir, elles passeroient x côté sans céder à cette attraction, qui seroit toujours moindre que celle de la pile, à cause de la grande différence des quan- tités de fluide magnétique. C’est ce qui arrive dans l'expérience suivante, rapportée par Mr. Biot,' Traité de Physique élémentaire, Tom. 1 pag. 645. « « OBSERVATIONS SUR LA CRISTALLISATION. 6) « Une particularité extrêmement remarquable de ce phénomène, c’est que les substances qui l’éprouvent se trouvent quelquefois amenées à traverser des mi- lieux pour lesquels, daus l’état ordinaire, elles ont une affinité très-énergique , sans toutefois que , dans leur passage, elles se combinent d’une manière per- manente avec eux. En voici un exemple parmi beaus coup d’autres. | « On emploie trois coupes communiquantes : la pre- mière , dans laquelle plonge le fil résineux, contient une dissolution de sulfate de potasse ; dans la seconde, celle du milieu, on met une solution d’ammoniaque , substance qui a une très-grande affinité pour l'acide sulfurique ; enfin, dans la troisième, où plonge le fil vitré, on ne met que de l’eau pure ; dès que la pile commence à agir, le courant électrique décom- pose le sulfate, maintient la potasse dans la première coupe , et transporte l'acide dans la troisième , où on le trouve libre, quoique, pour y parvenir , il ait été obligé de traverser l’ammoniaque en dissolution. Si à l’ammeniaque on substitue un acide et qu’on fasse plonger le fil vitré dans la dissolution de sulfate de potasse, c’est la potasse qui est transportée et qui vient se rendre dans la coupe où plonge le fil rési- neux; ce qu'elle fait en traversant l'acide intermé- diaire, sans que l’affinité de celui-ci pour elle puisse la retenir, Et, non-seulement les produits transpor- tés échappent ainsi à des affinités très-énergiques mais les réactifs les plus sensibles ne semblent pas affectés par leur passage et ne peuvent aucunement l'indiquer, etc. » 70 ; PHYSIQUE. Parmi les diverses expériences où l’on produit des affinités , je n’en vois aucune qui se refuse à cette théorie ; je n'ai cité que les plus remarquables, mais j'en pourrois citer bien d’autres auxquelles elle semble s'adapter d'elle-même. Les petites congélations qui se forment avec une admirable régularité sur les vitraux, Ja congélation de l’eau, la formation de la neige, et surtout la formation de la grêle, paroissent bien évi- demment des phénomènes électriques et qui n’ont be- soin que d'être examinés pour être rangés dans cette catégorie. En observant attentivement les grélons , il est facile d'y retrouver un cristal d'eau régulièrement formé comme tous les autres cristaux. Par une opération de clivage, on peut enlever plusieurs tranches circulaires, dont la forme a été determinée, ainsi que dans les autres cris- taux, par la forme du noyau qui se rencontre dans les grélons, comme il se trouve dans tous les genres de cristallisations. Les charmantes cristallisations que l’on produit sous les noms d'arbre de Diane et d'arbre de Saturne, ne sont, à coup sûr, qu'un phénomène électrique dans lequel tout se passe comme dans la pile, et l’on peut même dire que les feuilles métalliques cristallisées ne sont que la prolongation d’une véritable pile élec- trique. D'un autre côté, si l’on observe que la formation de la grêle est toujours accompagnée de tous les phéno- mènes électriques , que les grèlons sont électrisés , que l'air lui-même l'est continuellement, on ne pourra s’em- Le: . OBSERVATIONS SUR LA CRISTALLISATION. 7i pécher de conclure que les affinités s'y établissent au milieu de ces circonstances, ne soient elles-mêmes des phénoménes électriques. ARTICLE V, Conclusion. La devise de la nature , comme ie dit le savant abbé Haüy, est : économie el simplicité dans les moyens , ri- chesse et variété inépuisable dans les effets, Vo). Y, p. 64. Partout on découvre des preuves de cette vérité, et plus les sciences font de progrès, plus elles démontrent que , quand un moyen-lui suffit , elle n’en emploie pas deux. Or, d’après l'exposition et le rapprochement des faits que nous venons de voir, il paroît assez démontré que non-seulement les phénomènes de l’affinité et ceux de l'électricité peuvent être les effets d'une même cause, mais encore qu'ils ne sont que la répétition d’un même phénomène , avec des accidens qui, pour la plupart, trouvent leur explication dans les théories connues sur l'électricité. Si, dès le premier pas qu'ont fait les sciences , on eût désigné ces deux signes par le même nom , il ne füt venu dans l'idée de personne de les ranger dans des classes différentes. D'un côté, on voit les parties de la matière s'unir et former des corps solides ; de l’autre, on voit les partiés de la matière s’attirer et se rapprocher : comment ne pas conclure que leur union s’est opérée en vertu de ce rapprochement , et que la force qui a opéré ce rap- 72 PHYSIQUE, prochement est encore la même force qui maintient les parties rapprochées ou en état de solidité, ce qui revient au même ? INB. Je dois dire ici que, dans les diverses expériences indiquées ci-dessus, j'ai été parfaitement secondé par Mr. Saluces, jeune pharmacien distingué dans l’exer- cice de son art et par l'étendue de ses connaissances chimiques, PHYSIOLOGIE ANIMALE. NOTE SUR LA CIRCULATION DU FOETUS CHEZ LES RUMI- NANS, par Mr. le Doct. PREVOST. (Mém. de la Soc, de Phys. et d'H.-N, de Genève, T, IV, Part. I.) La différence de diamètre qui existe entre les globules du sang du fœtus et ceux du sang de la mère, me permit, il y a deux ans, d’en inférer que, chez les mammifères, il n’existoit aucune communication directe entre les systèmes sanguins de l'embryon et de sa mère (1). Une observation que j'ai faite il y a peu de temps, viendroit confirmer ma première assertion. Au moment où l’on venoit de tuer, l’on m'apporta l'utérus d'une brebis peu avancée dans sa gestation; je l’ouvris dans l'eau chaude; j'en retirai le fœtus avec ses membranes intactes ; cela étoit d'autant plus facile, qu'à cette épa- (x) Brbl, Univ. T. XXIX ; p. 139. CIRCULATION DU FOETUS. 73 “que Je chorion ne présente aucune adhérence avec l'utérus. Je m'aperçus que le cœur du fœtus battoit en- core, et désirant en profiter pour examiner la circula- tion, je plaçai l’ovum avec précaution sur un carreau de verre réchauffé et exposé aux rayons d’un soleil d’été : la chaleur et le contact de l'air animèrent rapidement les mouvemens du cœur; je pris alors le microscope, et suivis avec attention la marche du sang dans les vais- seaux : ceux-ci se ramifioient en un lascis très-délié sur certains points du chorion, destinés à former plus tard. la portion fœtale du cotylédon ou placenta des rumi- nans. Après s'être ainsi subdivisés, ces vaisseaux se réu- nissoient entr'eux par d'innombrables anastomoses, et formoient enfin une ou deux veines qüi ramenoient au fœtus le sang qui avoit circulé dans le lascis dont nous parlons. Cette portion fœtale du cotylédon, dans l’état rudimentaire que nous déerivons, n’offroit à la vue au- cun de ces prolongemens en papilles, qui, plus tard, plongent dans des dépressions correspondantes du pla- centa maternel. La transparence des objets permettoit d'apercevoir distinctement que les artérioles se prolon- geoïent sans interruption du tissu intermédiaire dans les veinules de retour. Aucune hémorragie nulle part n’an- nonçoit qu'il se fût fait quelque déchirure en séparant l’'ovum de l'utérus où il étoit renfermé : si l’on pressoit le cotylédon, Von voyoit suiuter des petites cavités, dont il commençoit à se cribler, quelques gouttes d’un liquide blanc , sur lequel nous reviendrons aïlleurs; ce liquide ici ne faisoit que paroître à une époque plus avan- cée de la gestation : il est en grande quantité; sa desti- 74 PHYSIOLOGIE ANIMALE. nation est indubitablement d'alimenter le fœtus ; il est sécrélé par la surface du cotylédon; il est repris par les vaisseaux de la membrane du chorion : celle-ci se prolonge sous forme de papilles dans les cavités du cotylédon, ainsi que nous l'avons dit plus haut. La conséquence nécessaire des observations précé- denies est donc que l’ovum forme un tout isolé de l’uté- rus, que ce dernier sécrète une substance qui est absor- bée par les vaisseaux du fœtus, et l’emploie à l’acerois- sement de celui-ci. Nous voyons encore combien les modes de développement de l'embryon sont plus sem- blables chez les mammifères et les oiseaux, que jusqu’à présent on ne l’avoit cru : il ne sera peut-être pas sans intérêt de faire sentir cette analogie. Chez les oiseaux, l'ovaire se présente comme une membrane repliée en tous sens sur elle-même, et à la- quelle seroient liés des globules de diverses grosseurs, Si l’on examine attentivement sa contexture, l’on verra qu'il est formé d’un parenchyme celluleux très-mince et comprimé entre deux lames de la membrane séreuse abdominale, dont il forme le moyen d’adhérence l’une à l’autre; dans ce tissu cellulaire sont enchassés d’in- nombrables globules, variant de diamètre depuis 0,005", peut-être moins, jusqu'à celui d'un jaune prêt à être pondu, Lorsqu'ils ont atteint quelque volume, l’on trouve sous l’enveloppe qui les forme, en contact par sa face postérieure avec le fluide qu'ils contiennent; l’on trouve dis-je, un corps circulaire aplati, formé d’une mem- brane transparente entourée par un cercle d’albumine coagulée, d'un blanc mat, et qui en grossissant devient CIRCULATION DU FOETUS, 75 une glèbe, sur laquelle repose la membrane transpa- rente qui nous occupe; celte lame membraneuse a été désignée, par M. Pander , sous le nom de blastoderme : c’est la cicatricule des anciens auteurs. Le jaune parvenu à sa mâturité, se sépare de l'ovaire , et passe dans l’oviducte, où sa cicatricule est fécondée ; il rencontre là d’abord de l’albu- mine dont il s’enveloppe, puis un enduit qui forme la coquille en se durcissant; ce tout, bien connu sous le nom d'œuf, est pondu aussitôt que la co- quille a acquis quelque solidité. Dès que l’incuba- tion à lieu, l'on voit paroître dans le blastoderme les premiers rudimens du fœtus ; cette membrane , dans l'épaisseur de laquelle il paroît se former, s'étend et lapisse tout l'intérieur du jaune ; un système de vais- seaux s’y établit, le sang y circule en abondance, et la membrane devient le siége d’une absorption très-active, destinée à nourrir le jeune animal. Le jaune augmente en volume et en poids ; son contenu semble délayé par un sérum albumineux analogue à celui du sang, Je suis tenté -de croire que l’albumine répandue autour du jaune , perd sa viscosité durant l'incuba- tion , et passe à l'état de sérum à l’intérieur du jaune. Chez les mammifères, l'ovaire , organisé d’ailleurs d'une manière assez semblable à celui des oiseaux, est beaucoup moins volumineux ; les globules qui s’y développent sont toujours d’un liquide jauuâtre trans- parent, sans viscosité ? une membrane séreuse en forme l'enveloppe ; celle-ci, par sa surface externe , adhère à lun: kyste appartenant à l'ovaire ; le tissu cellulaire, où 76 PHYSIOLOGIE ANIMALE. se ramifient beaucoup de vaisseaux sanguins, forme le moyen d'union entre Île kyste et la vésicule. Arrivée à sa maturité, celle-ci ne se sépare point de l'ovaire comme le jaune , dont elle est l’analogue : elle s’en dé- tache chez les oiseaux , et se rompt: le liquide qu’elle tontenoit s'écoule dans la trompe de l'utérus, sa cavité s'efface peu à peu; elle est comprimée par une substance qui se sécrète alors à la surface interne du kyste de l’o- vaire, et le remplit bientôt; la collection de matière forme une masse du volume d’une pelite noix, très-résistante , et d’un beau jaune chez la vache , où l’on en suit très- bien le développement. Arrivé à son maximum, le corps jaune est peu à peu résorbé, et il n’en persiste à la fin qu'un filet blanc sale , veiné de jaune , pénétrant de la surface à l’intérieur de l'ovaire; cette trace blanche est vraisemblablement une dernière portion des kystes entre lesquels le corps jaune étoit déposé, Maintenant revenons en arrière. Au moment où la vésicule de l'ovaire se rompt, il s’en écoule un liquide qui entraîne avec lui dans la trompe de Fallope, et de Ja dans lutérus, un globule, qui est l’analogue de la cicatricule des oiseaux, mais entièrement dégagé de toute appendice nutritive ; nous avons déjà parlé de ce globule dans notre Mémoire avec Mr. Dumas, in- séré au troisième volume des Anuales des Sciences Na- turelles , page 113. J'ai désiré l'étudier sur les ovaires des vaches ; en conséquence, j'en ai pris un certain ñombre , j'ai ouvert les vésicules qu'ils portoient, re cueilli le liquide contenu sur un porte-objet : l'on y voyoit flotter de petits débris membraneux, que j'ai CIRCULATION DU FOŒTUS. g7 exammés un à un au microscope ; dans plusieurs cas, cette investigation minulieuse m'a réussi; j ai retrouvé un globule bien dessiné, analogue à ceux que j'avois auparavant observés : il étoit fixé dans une portion de membrane plus ou moins considérable ; il s’est tou- jours trouvé unique dans chaque vésicule de l'ovaire; quant à sa grosseur, elle varioit suivant les cas, entre 0,16" et 0,30" de diamètre ; il étoit régulièrement sphé- rique ; il offroit à sa surface une portion circulaire plus transparente : c'est le lieu ou plus tard se montrent les pre- miers rudimens du fœtus. Le globule passe dans l’utérus, la fécondation s'opère ; le fœtus paroît ; les membranes d'enveloppe s'étendent ; elles se forment aux dépens d’un mucus épais, mêlé d’albumine , que sécrète la surface de l'utérus au moment où la gestation va com- mencer; ces membranes, qui forment des sacs sans ouvertures, se remplissent, comme le sac du jaune chez les oiseaux, d’un sérum qui les distend ; elles vien- nent ainsi en contact avec les parois de la matrite ; à cette époque, le chorion se couvre de vaisseaux sanguins ; les cotylédons chez les ruminans, le -pla- centa unique chez les autres mammifères, se déve- loppent ; et cet organe temporaire sécrète, comme nous l'avons dit, ce liquide blanc, épais, légèrement alcalin , qu’on retrouve mêlé au sérum du sang vers les derniers temps de la gestation : ce liquide remplace l’appendice nutritive que l'ovaire et l’oviduete fournis- sent à la cicatricèle chez les oiseaux ; il seroit bien né- cessaire d’en étudier les propriétés chimiques d'une ma- nière soignée :je ne sache pas que ce travail ait été fait. Nous sommes maintenant à même de préciser mieux qu'on ne le pouvoit, la différence qui existe entre les modes de nutrition du fœtus chez les mammi- fères et les oiseaux. Elle consiste seulement en ce que, 1.° l'ovaire ne participe en aucune manière à cette alimentation chez les mammifères; 2.° en ce que l'utérus se charge en entier de cette fonction , et l’ac- gomplit non pas en une fois, mais peu à peu par l'in- ) 78 PHYSIOLOGIE ANIMALE. termédiaire du placenta maternel, Adoptant celte ma- nière de voir, on seroit peut-être conduit à regarder les corps jaunes de l'ovaire chez les mammifères, comme l’analogue des jaunes chez les oiseaux : ces corps de- meurent inutiles dans le cas que nous observons; ils ne font que paroître pour être resorbés de nouveau. Deux observations semblent être favorables à notre opinion : : 1.” le corps ] jaune est sécrété par le même lascis de vaisseaux qui sécrète Île jaune chez les ovi- ares: 2.° la matière colorante qui teint le corps jaune dans les vaches, se comporte avec les réactifs précisé- ment comme Ja matiére du jaune d'œuf. Toutefois nous ne regardons point comme preuves, mais Comme indices, les raisons que nous mettons en avant ici. EEE 2 SERRE PER AT EDP VON SP LOUE POSE PSN EEE SE PNR NP ENT CT AS CEE ER UE RP CC SENS ARR h CORRESPONDANCE. LETTRE DE MONSIÈUR DE V*** AUX RÉDACTEURS DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE. ie À me 26 Août 1828. MM. L Us article que j'ai lu dans votre journal relativement à l'anneau de Saturne (1), m'a rappelé une remarque de feu Georges-Louis Le Sage. qui me paroit mériter de n'être pas perdue, Un journal aussi répandu que le vôtre, et qui fait autorité dans le monde savant, pourroit, si vous l'agréez, être le dépôt où cette idée seroit conservée. Voici ce que c est : 1) Voyez page 148 du vol. précédent. À Voyez pag P LETT, AUX RÉDACT. SUR UNEREMARQ. DE LE SAGE. 7q Soit une circonférence de cercle du rayon CB, sup- posée ayant quelque masse ; soit une particule de-ma tière M, placée quelque part dans l’intérieur de cette not: soit le rayon CD passant par le cen- tre de cette particule; et soit À B une ligne passant par celte particule et perpendiculaire sur ce rayon, laquelle par conséquent partagera Ja circonférence en deux seg- mens inégaux. Cela posé, je dis : qu’en admettant l'at- traction newtonienne, la particule sera attirée par le petit segment , plus Ébriodsient que par le grand ; ; et que par conséquent , elle avancera toujours dans le petit seg- ment, jusqu'à ce qu'elle vienne en contact avec la cir- Conférence (x). En effet: soient divisés l’un et l’autre des segmens, par des lignes qui se croisent sur la particule, en petits ares PO,p3g, que ) appellerai i ici, respectivement antago- nistes. Il est aisé de voir que la grandeur (c’est-à-dire la masse ) de ces petits arcs est simplement proportion nelle à leur distance de la particule, tandis que leue force attractive sur la particule est inversement propor- tionnelle au carré de cette distance , d’où il résulte que leur action sur la particule sera inversement proportion- nelle a cette distance. Ce que je dis des deux petits arcs antagonistes, je peux le dire de tous les autres arcs an- tagonistes, et par conséquent des sommes de ces arcs ;: (1) IL est aisé de voir que ce cas n’est point celui d’une particule placée excentriquement dans l'intérieur d'une sphére creuse. 80 CORRESP ONDANC E. savoir les segmens circulaires AEB, ADB; donc le petit segment exercera une force attractive sur la par- ticule qui sera constamment plus grande que celle qu’exerce sur elle le grand segment. Je ne cherche pas à exprimer ici Je rapport de ces deux actions, qui sera nécessairement variable ; il suffit pour ma conclusion de reconnoître, que l’une sera constamment plus grande que l’autre. | Or, disoit Mr. Le Sage, si au moment de la création Saturne a été placée concentriquement dans son anneau, un évènement fortuit quelconque survenu à la planète a du altérer cette concentricité. Mais , si une fois elle est altérée, pour peu qu'elle le soit, lexcentricité nais+ sante doit ailer en augmententant, par la force de la démonstration mathématique ci-dessus: elle doit donc devenir avec le temps, sensible, considérable, jusqu’à ce qu’enfin Saturne vienne en contact avec la partie intérieure de son anneau, Cependant cela n'a point lieu. Quelle est donc la cause qui, malgré cette cause perturbatrice, maintient la concentricité, telle que nous l’observons ? C’est ici que s’arrétoit Mr. Le Sage. En réfléchissant sur la question qu'il adressoit aux physico-mathémati- ciens, 1l m'a semblé que la cause demandée pouvoit se trouver dans une rotation de l’anneau autour de son axe laquelle procuroit une force tangentielle, et par con- séquent en partie centrifuge, à la portion de l'anneau qui seroit portée par une force centripète vers le corps de Saturne. Il doit en résulter une certaine orbite, dé- crite par le cenire de Saturne et celui de l'anneau autour de leur centre commun de gravité, Si ce concept mathé- matique étoit reconnu juste par des géomètres juges compétens, il seroit assez remarquable de trouver là une confirmation des observations faites en dernier lieu sur la rotation de l’anneau de Saturne, Agréez, etc. De VÉFE Fer Parasite: | Fig 2. Fig. 2. Bibl. Univ. Seret Arts. Vol XXXIX. PL. de Le nr Là Jane Lx 1 + iderd Clair, Sereir Vend Leger & | Zerdenéle jour du Nord B laff ard Frais de L'Est Soleil voile Wait claire || Ë Violent du Sud À À À € Düuut Weccé étoilé Ouragan aoeo céoiles coudanée | DT RS | Ê Ye AMACONS +. VF Lorsle. Arr osphere cl heures. Leocr du Soleil hauteur du lac 77774 Midi =— 7274 2r0mÉ A z ? € Me DER f F7 774 Here CH CH épi é 1828 04. VA7A 34 6 PA Yinuu CE , , —, ï 2 = FER SN Si : LS NORD AN (à “> % : = Proullard pluvien $ _ va 7e) qnes cndéquant d Nord 4 , r le cotede lhort ==E Ouest e_ #0 OWSC Passe % ; ‘ > e ph 2272772 3 — Est = | cm À dud #5 à 7 Signes tadegquare N d m - Lous C0 les di ccople _ —+- S EI a l'observatorre ti T si re] 2 = = Fox + m Come « nr] C à = “4 Q° - Boldes os non, p. = \ 2 2 = > 4 ” e Lremblement de a 3 è, è * lerre Po & CT a Ÿ a, = Le = Debordement = 3 ” < Le) = Ÿ Ré. | = Li Vend dger du «Word Fraus de L'Est Vobné du Sud À R - À Par raff üude Ouragan É À KE de l'Ouest Ven dep de Lyt Vent ES > SN OT ON caf: N. 0. Violent 1 GR = Orage binteun sur A $ Les montagnes de Re lous coter ar Ve Orage sur le É premuer plan Cat Oragesurlewecond E plan a l'ouest —. = Eclucrs de chaleur ee . «ie Sud à Zromébe d'eatt y ARÈNES lurore Boreate 77 1772 Cercle à lune Cercle autour du Soleil Grandes laches au Soleil. (81) | ASTRONOMIE. OBSERVATIONS MICROMÉTRIQUES CONSTATANT UNE EX“ CENTRICITÉ DE L'ANNEAU DE SATURNE (1), faites à Dorpat , avec la grande lunette de Fraunhofer ; par Mr. le Prof. STRUVE (1), (Astronomische Nachrichten N.°:139). A6 ice de mars de cette année, je recus du ré- dacteur des Astronomische Nachrichten (Mr. Schuma- cher), une lettre dans laquelle 1! m ‘annonçoit que. Mr. Schwabe à Dessau , et- Mr, le Prof. Hardiog, avoient Sy 5 ip Saturne n 'étoit pas concenirique. avec son anneau, mais qu'il étoit placé légèrement ? al ouest. Ses propres observations Jui paroissojent confirmer cette nouvelle ; mais comme des nesures exactes pouvoient seules décider la question s il m'invitoit à les exéculer avec le micromètre de notre grande lunette, Bientôt après je reçus la même communication du Prof. Har- ding, auquel Mr. Schwabe avoit ‘fait part directement (x) Nous nous emtpressons de communiquer à nos lecieurs les ob- servations de Mr. Struve que nous avions annoncées dans notre Fome XXXVIT, p. 148 (Cahier de Juin), et que nous venons de recevoir. Is tronvetont dans le même article une correction apportée par Mr. Struve aux mesüres micrométriques de Saturne, Jupiter et sés sa4 “tellites, que nous avions publiées dans notre T XX XIII ;, p. g7. (R:) Sc. et Aris. Now. série. Vol. 39. N.° 2. Octobre 1828. F 82 ASTRONOMIE. de sa découverte. Tels sont les motifs qui m’ont amené à faire les observations que je vais rapporter. Peu après la réception de la lettre de Mr. Schuma- cher, je profitai de la première nuit sereine pour ob- server Saturne : avec la lunette, et sans user du micro- mètre , 11 me parut que l'intervalle qui se voit entre le corps de la planète et l’anneau étoit plus grand à la droite qu'à là gauche. Il s’agissoit de savoir si ce jugement estimatif des apparences , étoit juste, les cir- constances n'étant pas les mêmes des deux côtés, vü que. sur la droite l’ombre du globe se projetoit sur l'anneau, et pouvoit ainsi produire on illusion. J'étois disposé : à croire qu'en effet il n° y avoit rien là de réel , et que les mesures exactes confirmeroient cette opinion. Ge n’est donc pas sans surprise que j'ai vu le résultat des observations suivantes démontrer d'une ma- nière décisive l'excentricité de la planète dans l’anneau. J'ai choisi pour observer, quelques soirées dans les- quelles, peu après le coucher du soleil, l’état de l'at: mosphère étoit très- favorable ; au moyen d'un grossisse- ment de 480 ou Goo fois, j'obtenois une image d'une grande netteté. Les mesures sont effectuées au moyen du micromètre filaire à fils simples. Comme le bord in- terne de l’anneau est moins nettement terminé que le bord externe, j'ai mesuré, dans la direction du grand axe de l'anneau, la distance de ce dernier bord à celui du disque de la planète. J'ai pu me servir du micromètre à fils simples, sans craindre une erreur constante, puis- qu'il s’agissoit de déterminer la distance de deux cour- bures situées d’ün'même côté. Si une très-pelite erreur EXCENTRICITÉ DE L'ANNEAU DE SATURNE. 83 constante éloit encore possible, à cause de la diversité des deux rayons de courbure du disque et de l'anneau elliptique aux deux points de la mesure, cette erreur devroit affecter également les deux côtés de la planète, et la différence des deux distances mesurées demeureroit par conséquent la même. Voici maintenant quelles ont été mes observations. D DT OR 0 nan. g NS" et Ne cs ide) Du nf Sen 5% Gr. res 45 0 “") 0922 1 Distance du bord extérieur de l'anneau de Saturrie au bord de la planète. 1Nom-| Côté gauche | Côté droit . Dates des obser- |bredes| dans la lu- | dans la lu- | Grossisse- = vations. 1828: |obser-| nette, soit | nette, soit ment. vat."s | côté ouest. côté.est. . Mars 29..:.... 12'',07 121,29 480 fois. 11,58 11,90 480 11,54 11,91 Goo CIE AS 11,47 11,85 480 11:77 13,08 : 600 11,36 11,59 6oo Si l’on réduit ces nombres à ce qu'ils seroient pour là moyenné distance de Saturne, 9,53877, au moyen du logarithme des distances géocentriques d’après Îles Ephémérides des planètes , de Schumacher, pour 6 h., temps de Greenwich, et si , pour tenir compte de la phase , l’on diminué les mesures du côté droit de 0050 ; 0”,050 ; 0”,050: 0”,050: 0”,04g : 0,45 ; on obtiendra le tableau suivant, pour la moyenne distance de ha planète. | F 2. 84 ASTRONOMIE. Nom- bre des| Distance Distance obser-| à gauche. | à droite. ‘| Différence. valions. Dates des obser- vations. 1828. —————— Mars29........| 1 11,272 11,390 + o/',118 Ayribugosase de 10,996 11,200 + 0,254 pe side 55 Dei 43 11,148 11,260 + 0,112 — Yes. A 10,931 11,243 + 0,312. TUE. c a cts sis el 12 11,238 11,485 + 0,247 11,060 11,238 — 21....: + 0,178 Moyennes... ed 11,073 11,288 + 0,215 L'erreur probable qui peut affecter la différence est, pour une seule observation, de 6” ,095; pour la moyenne des quinze observations, elle n’est donc que de 0”,024; ensorte que la valeur de la différence moyenne 0”,215 . est égale à neuf fois celle de l’erreur probable : on ne peut donc pas douter de la réalité d’une différence entre les distances qui séparent la planète de son anneau à la droite et à la gauche. D'après mes observations , rectifiées comme je vais le rapporter, le diamètre ex- terne de l'anneau dans la plus grande dimension est de 40,95, et le diamètre équatorial de la planète, de 17,991; d’où résulte pour la distance moyenne du bord externe de l'anneau et de celui du globe de Saturne une valeur de 11”,052. Les observations ci-dessus donnent celle de 11”,180, qui dépasse la précédente de 0”,128. Ce léger écart de {est dû peut-être à cette erreur cons- tante que nous avions mentionnée et qui peut affecter LI EXCENTRICITÉ DE L'ANNEAU DE SATURNE. 85" les mesures en question, sans que la différence qui fait l’objet de ces recherches ÿ participe elle-même. Je profite de cette occasion pour apporter une légère correction aux résultats de quelques mesures que j'ai con- signés} antérieurement (1). Cette correction est néces- saire, parce que dans le calcul des grandeurs je suis parti de la supposition qu’un tour de la vis de mon instru- ment correspondoit à un écartement de 14,995; tandis qu’un examen ultérieur m'a fait reconnoître , que cet écartement correspondant étoit seulement de 14”,950. Les valeurs rectifiées sont les suivantes. SATURNE. 1 Diamètre extérieur de l’anneau externe. 40”,095 2 omliérienr ., 2... 2, das 512 30 3209 3 —— extérieur de l'anneau interne. 34 ,475 4 /=——" 11 intérieurs. 41... 4000. 26 ,668 5 Diamètre équatorial de la planète... % 17 ;991 6 Largeur de l’anneau externe. ..... fo DER PACS 7 —— del'intervalledes deuxanneaux o ,408 8 —— de l'anneau intérieur....... 3 ,903 9 Distance de l'anneau à la planète.... 4 ,359 ro Rayon équatorial de la planète.....: 8 ,995 JUPITER. Diamètre équatorial ............. «048327 Diamètre polaire .......... Hi lot. 944358 Aplatissement :........,.::4. +. 10/0728 UE (1) Voyez T. XXXIIT, p. 98 et suiv. 6b ASTRONOMIE. SATELLITES DE JUPITER. Diamètre du premier.......,.,....:... 1,015 st duisenomdixl ous 2. 6x hs... H00,9gi —— du troisième ....... LRU TNT T4 88 —— du quatrième ...,............ 1,273 Ces dimensions conviennent à la distance moyenne de 9,53877 pour Saturne , et de 5,20279 pour Jupiter. GÉODÉSIE, OPÉRATIONS GÉODÉSIQUES ET ASTRONOMIQUES POUR LA MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN, exécutées en Piémont et en Savoie, par une Commission com- posée d'Officiers de l’Etat-Major-Général et d’Astro- nomes, Piémontais et Autrichiens , en 1821, 1822 1823. 2 vol. in-4.° 237 et 412 p. avec un atlas de 14 planches ou cartes, Milan 1825 et 1827. (Sec. et dern. extrait. F. p.3 de ce vol..) — ——— TZ En détermination astronomique de la position des principaux points du réseau géodésique , cette partie si importante pour le but que l'on se propose dans la mesure d'un arc terrestre , avoit été confiée , dans l'opération dont il s’agit ici, à MM. Carlini et Plana. MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MUYEN. 87 C'est à rendre compte de leurs travaux et de leurs calculs, qu'est consacré le second volume de l’ouvrage que nous analysons. Ces travaux n’ont Labs été au- dessous de ce que promettoit la haute réputation de ces deux savans astronomes, et l’Institut de France les a jugés dignes du prix fondé par Lalande (1). } L'introduction a déjà fait connoître les traits princi- paux des opérations qu'avoient à exécuter MM. Carlini et Plana. Ici nous trouvons tous les détails, et les ré- sultats importans auxquels conduit la comparaison des déterminations astronomiques avec les données de la géodésie ; détails et résultats que nous ne pourrons indiquer que d’une manière sommaire. Trois opérations principales ont donné les diflécencés de longitude dont on avoit besoin; la première exécutée en 1821, a établi celle qui existe entre Milan et le Mont- Cenis; la seconde exécutée en 1822 et 1823,celle qui existe entre Turin et Milan ; la troisième exécutée en 1822, celle qui existe, d’abord entre le Mont-Cenis et le Mont- Colombier, puis entre le Mont-Colombier et le Puy-d'Us- son,point central de la triangulation française; cette der- nière opération permeltoit, comme on l'a déjà dit, d'obtenir la différence de longitude entre le Mont- Cenis et Genève. L'observation: simultanée des signaux de feu, vus des points à comparer, a été la méthode employée pour toutes ces déterminations. Le signal placé sur la Roche-Melon près de Suze, — —— ——————————————————————— ————_—_—_—_—, — | (1) Dans la séance de l'Académie des Sciences , du }9 mai 1828. 88. suonr GÉNONDIÉLSUE E, et observé de Milan et du Mont-Cenis, a donné la dif- férence de longitude entre ces deux stations. Milan est à une distance de 170 000 mètres de cette montagne,et le Mont-Cenis à 11000. Un observatoire muni d’une lunette méridienne ‘solidement fondée, avoit été établi au Mont-Cenis. L'heure y étoit observée sur un excel- lent chronomètre de Earnshaw, réglé au moyen de l’ob- servation des passages du soleil et d’un certain nombre d'étoiles. Les observations se faisoient à l’observatoire de Brera à Milan avec une pendule de Le Paute, ré- glée sur les passages du soleil au méridien observés avec une lunetle méridienne de Reichenbach, La différence de longitude entre Turin et Milan a été obtenue par l’observation des signaux donnés sur une montagne de la hauteur de g00 mètres, située près de Borgo Sesia, et nommée S. Bernardo di Fenera. Les observatoires de ces deux villes ne manquoient pas d’instrumens propres à donner à cette détermina- tion toute la sûreté désirable. Pour fixer astronomiquement les positions relatives du Mont-Cenis et du Mont-Colombier, on a choisi la station du Mont-Tabor situé au centre de la Savoie, au sud-est de St. Jean de Maurienne , et visible à la fois des deux autres sommités. Ici il a fallu encore éta- blir à grand'peine sur le Mont-Colombier un obser- valoire en maçonnerie , pourvû de sa lunette méri- dienne , d’un cercle répétiteur de douze pouces , et d’une pendule, De cet observatoire, on devoit aperce- voir encore les signaux allumés sur la montagne de Pierre- sur-Autre placée entre la Loire et l'Allier à MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN. 89 150 000 mètres du Mont-Colombier, signaux qui de voient liér cette station avec eelle du Puy-d'Usson. Enfin les signaux donnés sur le Mont-Colombier, et observés à la fois du Mont-Cenis et de Genève , ont permis d'établir la différence de longitude entre ces denx stations, En réunissant sous un même point de vue les dif- férences de longitudes obtenues par cette combinaison d'opérations , on a obtenu les’résultats suivans. Difference de longitude, Entre l'Observatoire de Milan et celui du Mont-Cenis ..... a RAA oh.9' o' — ‘du Mont-Cenis et de Genève.... o — de Genève et le signal d'Usson.. o — de Milan et de Genève......... Oo — de Milan et le signal d'Usson ..: o 24 6 ,78 — de Milan et-de Turin (nouv. obs.) o — de Genève et du Mont-Colombier. o — de Milan et du Mont-Colombier . o L'introduction a fait suffisamment connoître les moyens. employés par les astronomes pour la déter- mination des latitudes de trois stations principales, savoir, celle de l’hospice du Mont-Cenis et celle du Mont-Colombier en 1821 et 1822, puis celle du nouvel observatoire de Turin en 1824 et 1825. Les résultats moyens obtenus de plusieurs séries d'observations des hauteurs méridiennes du soleil et de quelques étoiles sont les suivans, n ENETENT go GÉODÉSIE Latitudes. Hospice du Mont-Cenis.:... 45°14"7",90 | Mont-Colombier. .......... 45 52 49,8 Nouvel Observatoire de Turin 45 4 8,15 Les déterminations de longitudes et latitudes que nous venons de mentionner, occupent les trois premiers cha- pitres du Vol. II de l'ouvrage. Les chapitres IV,Vet VI, sont consacrés à celle des azimuths de trois des côtés du réseau géodésique, savoir, les côtés Mont-Cenis et Bellecombe , à l’ouést de la chaîne , Colombier et Granier, au centre, Turin et Superga, à l’est. Le pre- mier de ces azimuths a été mesuré en deux séries d'o- pérations exécutées dans deux années consécutives, la première avec un cercle de Troughton, la seconde âvec un cercle de Reichenbach de douze pouces. Le second a été mesuré avec ce dernier cercle, et avec un théodolite d'Utzschneider; le troisième uniquement avec le cercle de Reichenbach. Mr. Oriani a de plus déterminé l’azimuth du côté Milan-Busto, appartenant à la triangulation autrichienne, en transportaut les angles mesurés dans l'observatoire , au Dôme de Milan, par une réduction au centre. Voici maintenant quels ont été les résultats de ces déterminations , comparés à ceux que fournissoient, pour les mêmes élémens géographiques, les calculs dé- duits du réseau géodésique. | Pour la station du Mont-Cenis, la comparaison s’é- tend à la latitude et à la longitude, celle-ci comptée en temps à l’orient du méridien de Paris. MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN. 91 Par l’observation | Par déduction Diffé- astronomique. du réseau. rences. Longitude. [— 0° 18/24/,30 |- o° 18/25",36| 1/!,06 Latitude. . 45 14 7,90 45 14 17,02 9,12 Azimuth de j Bellecombe | 7? 55 7,00 72 55 56,50 | 49,70 M Observat.re du ont-Cenis Mont-Colombh.rA zi- muth de Granier. | 344 11 40,30 344 12 4,00 | 23,70 Observ.re de Turin. Azim.de Superga.| 260 33 0,00 260 33 4,00 4,00 D CERN CHE PE LAS RE EL EE Les écarts qui ressortent de la comparaison de plu- sieurs de ces données surpassant de beaucoup les er- reurs probables des observations, MM. Carlini et Plana pensent qu'ils doivent être attribués en grande partie aux irrégularités de la surface de la terre. Le chapitre VII, contient en quelque sorte le ré- sumé et le fruit des travaux exposés dans tout ce qui précède, savoir le calcul de la longueur des arcs du parallèle moyen compris entre les méridiens de Milan, Turin, le Mont-Cenis, le Colombier et Usson, dans la supposition d’un aplatissement de 0,00324, soit de 4,55, en la déduisant d’abord du réseau trigono- métrique , et ensuite de l’observation de l'instant sidéral des signaux de feu, dans l'hypothèse de la figure cir- culaire des parallèles. Il comprend aussi la comparaison des résultats de ces calculs, et les conséquences que Jon en peut déduire relativement à la figure de la terre. Ces calculs sont effectués en suivant les formules ex- … 92 GÉODÉSIE. posées dans le dixième et dernier chapitre de l'ouvrage, Voici les deux séries de résultats en regard. Par le réseau | Par les si-. géodésique. |gnauxdefeu. ee ns Différences. mt m.t m.t de Turin. ....| 118428,7 117743,4 | — 685,3 du Mont-Cenis.| 177017,3 177248,4 + 231,1 © E © = La > du Colombier..| 270317,3 270444,4 + 127,1 © ! = 8 Sa La © 22 © os £ © 9 a 2 = << \d'Usson......! 476i21,r 474712,0 - 409,1 Le plus grand écart tombe sur l'arc compris entre les observations de Milan et de Turin , aux extrémités duquel les observations ont été faites avec les meilleurs instrumens, et répétées un plus grand nombre de fois. MM. Carlini et Plana trouvent encore ici la preuve d’une irrégularité assez considérable dans la figure de Ja terre. En intervestissant l’ordre de la comparaison, on peut déterminer les écarts des arcs du parallèle en comparant les différences de longitude calculées par la triangulation avec celles observées immédiatement : les différences doivent être à peu près identiques, seu- lement elles seront exprimées en arcs au lieu d’être exprimées en mètres, Voici le résultat de cette nouvelle comparaison. 1 MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN. 93 LONGITUDE GÉODÉSIQUE. oo Comptée de | Comptée de [géodésiq.| astrono= l'Observat.rc l’Observat.re tft de Paris. de Milan. d a Lonsit. | Longit. Milan. . ....1605:/12/,82E, | o° 0'0/,00 0. 5 10 58,83 | 1 30 13,99 5! 5185 Mont-Cenis..{ 4 36 20,43 8 59,49! q 0,20 Colombier... 3 25 15,24 Usson 0 49 12,55 La longueur de l'arc d’un degré sur le parallèle moyen, qui résulte de l'arc total compris entre Milan et Usson, 600” est, 475121,: se —=,78815,7. 21701,7 . En combinant la longueur de l’arc du parallèle moyen avec celle de l’arc du méridien, on obtient l’aplatisse- ment par le moyen de l’une des formules exposées dans l'ouvrage. Si l’on emploie pour cette combinaison l’arc du méridien de Greenwich à Formentera, qui est de I 1423638", on trouve l'aplatissement égal à ï 241,1 Enfin, ayant établi d'après les formules de Laplace la relation qui existe entre dans les différences de lon- gitude et les azimuths, MM. C.'et P. examiuent si l’on rencontre quelqu’accord entre les écarts des longitudes, et ceux des azimuths calculés dans l'hypothèse adoptée pour la figure de la terre et comparés avec les résul- tats de l'observation. A da vérité, les stations de Milan, Turin, Mont-Cénis, et Mont-Colombier, sont loin 94 GÉODÉSIE. de se trouver sur une ligne géodésique perpendiculaire à l’un des méridiens de ces points; mais comme les différences de latitude ne passent pas un degré, et comme les erreurs de l’hypothèse sont toutes d’un pe- tit nombre de secondes, une formule très-simple per- met de déduire de la correction à faire à l’un des azi- muths calculés, Ja correction correspondante de la dif- férence de longitude. On obtient ainsi , le tableau sui- vant :: £ r Cor rec- orrec- | Correc- |tion de la AZI ME UT: tion cor- | distance A L tion de |... | COTÉ ver airs TOME CN 3 respon- | de long. * H'azimuth| dante de| par les ObEvE. Cale. l'élos, la différ. | signaux de long. |: de feu. Turin-Superga4260° 33! 0'',0[2600 53! 5',5} — 5'',5 |+-0//,52 | — 2/',08 T.t-Cenis-Bclle- 7,0 | 7a 55 58,2 À — 51,2 | + 4,81 | + 0,71 Mont - Granier- M:t-Colomb.erh344 11 40,3 [344 12 5,5] — 25,2 | + 2,34 | + 0,39 Les différences entre les nombres donnés dans les deux dernières colonnes sont trop considérables en- core pour être rejetées sur l'accumulation des erreurs commises dans la mesure des angles du réseau trigo- nométrique. ù | Le chapitre VIIT traite un sujet, qui, quoiqu’en de- hors de la série des opérations indiquées par le titre de l'ouvrage, n’en est pas moins d’un haut intérêt: c’est une nouvelle détermination astronomique et géo- désique de l'arc du méridien de Turin mesuré en 1762 et 1763 par le P.Beccaria, entreprise par les astro- MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN. 95 nomes, et officiers qui ont travaillé à la mesure da parallèle. « Les degrés du méridien , » est-il dit dans l'ouvrage, « mesurés dans différentes parties de la terre; sont assez loin de s'accorder avec la figure d’un ellip+ soïde. de révolution, quoique cette figure: puisse satis= faire avec une grande précision à presque tous les phé- nomènes astronomiques qui doivent leur existence à la non-sphéricité de notre globe. Cependant aucune des mesures de degrés ne présente , comparée à l'ensem- ble des observations, un écart aussi considérable que celui résultant des opérations publiées par le P. Bec- caria, vers Ja moitié du siècle passé (1). » « Cette singularité a suffi pour déterminer Mr. de La: place et d’autres géomètres à ne faire aucun cas de cette mesure dans leurs recherches théoriques sur la terre. IL étoit néanmoins assez important d'examiner de plus près , si l'écart en question, qui s'élève à près de 1200 mètres, pouvoit être attribué à l’inexactitude des procédés et des observations faites par le P. Beccaria, ou bien s’il avoit une existence réelle dépendant d’ane irrégularité locale, soit dans la figure, soit dans la densité des couches terrestres. » « Dans le premier cas, il ne devroit pas être ‘diffi- cile de rectifier les erreurs au moyen d’instrumens beau æoup plus parfaits qu'on peut se procurer de nos jours, en s'adressant aux artistes les plus renommés dans ce genre de travail. Dans le. second cas, il étoit encore plus important de connoître incontestablemént cette (1) Dans l'ouvrage intitulé, Gradus Taurinensis. Augustæ Tauri- uorum 1774. 96 + GÉODÉSIE. irrégularité de la terre, et de la mettre dans le plus grand jour possible. C’étoit un fait physique. très-cu- rieux par lui-même , et capable d'expliquer d’autres irré- gularités analogues (à la vérité beaucoup moins consi- dérables );, qui ont été remarquées dans ces derniers temps à l’occasion d’autres opérations géodésiques exé- cutés avec des instrumens dont la perfection ne pouvoit pas être révoquée en doute.» « Cet arc du méridien, une fois rectifié, étant coupé par l'arc du parallèle, dont la mesure étoit le but de nos travaux, offroit en outre, le moyen de déterminer les dimensions du sphéroïde osculateur, qui convient à cette partie de la terre: C’est ainsi que le Major Lambton a déterminé l’aplatissement de la terre, d’a- près les opérations géodésiques qu'il avoit exécutées dans l'Inde. Une.simple réflexion sur l'intersection des deux lignes de courbure rend sensible cette application, de la théorie générale des surfaces courbes. « Le Baron de Zach avoit entrepris en 1809 de vérifier quelques parties de la mesure du P. Beccaria; on à profité de son travail. Les points extrêmes de l'arc en question sont, du côté du sud la ville de Mondovi, et du côté du nord un village situé près de la ville d'Ivrée, nommé ÆAndrate. Les observations astronomiques faites dans ces deux stations ont donné les latitudes suivantes : 112 Clocher d’Andrate....:....,: 45° 31° 12°”,36 Tour de Mondovi.........,. 44 23 45, 38 a Amplitude de l’are........... : 1. 7:26, 98 Ces MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN. 97 Ces mêmes latitudes calculées en supposant à la terre la figure d’un ellipsoïde de révolution, dont le cd à l'équateur est de 6376 986" et l'applatissement =, et en prenant la latitude astronomique de Paris pour point de départ, sont : Clocher d’Andrate........... 45° 31° 40°,45 Tour de Mondowi.......,... 44 23 25, 63 Amplitude géodésique de l'arc 1. 8 14, 82 Il suit de là, que l'amplitude géodésique surpasse l'amplitude astronomique de 47,84; ce qui constitue un fait très-remarquable. Si, considérant le problème inverse, on suppose que l’on ait observé seulement l'amplitude astronomique , et’ que l’on cherche dans l'ellipsoïde la longueur de l'arc correspondant, on trouve pour cet arc une longueur de.... 124907,1*. Mais la nouvelle mesure effective FH pour cette même longueur .......:..... 126394,6. La différence entre ces deux nombres s’é- RE EME OR CAC RER EE sde ribéirans et exprime l'erreur que l’on auroit commise ; en voulant déduire la distance entre Andrate et Mondovi, d’après la seule observation des latitudes astronomiques. … «Cette énorme différence , » disent MM. C.et P., « met dans une évidence complète l'erreur de l'hypothèse ap- pliquée à cette partie de la terre. Si les causes exté- rieures pouvoient suffire pour expliquer cette espèce de perturbation dans la direction du fil à-plomb, il faudroit l’attribuer , du côté du sud à la chaîne des Alpes- Maritimes, et du côté du nord à la chaîne des Alpes- Sc.et Arts. Nouv. série. Vol. 39. N.°2 Octobre:828. G 98 GÉODÉSILE. ; Graïennes. Mais il est possible aussi que ce singulier phénomène soit produit en grande partie par une irré- gularité dans la densité des couches terrestres. Les don- nées nécessaires pour séparer ces deux effets manquent. Si l’on étoit disposé à vouloir considérer la masse des montagnes comme cause prépondérante, on seroit aussi- tôt arrêté eu comparant la latitude géodésique de Parme, déduite en partant de Milan, avec la latitude astrono- mique qui y fut observée. Ici l’on trouve une diffé- rence de 20”,4; et, cependant, ces deux villes sont situées au milieu d’une plaine, et à une distance telle des montagnes, qui ne permet guères de regarder l’at- traction de leur masse extérieure comme eapable de produire un effet aussi considérable. » Ici les auteurs s'engagent dans une digression qui offre trop d'intérêt pour que nous n’en présentions pas l'essentiel à nos lecteurs. « Le principe de l’analogie, » disent-ils, « et le ré- sultat de plusieurs autres observations concourent à faire croire que les anomalies que l’on vient de citer ne sont pas purement locales. El est probable que la cause qui les produit s'étend à toute la péninsule (Ita- lique) et même à toute l'Europe en se modifiant diffé- remment. Les travaux géodésiques exécutés dans ces derniers temps seroient très-propres à faire connoître la marche de ce phénomène; mais ces travaux n'étant pas tous publiés, on n’a pu profiter que de quelques morceaux détachés (1). » (1) Ces morceaux se trouvent dans les ouvrages suivans : Wonat- liche Correspondenz. T. XXVAT, p. 135 , et Correspondance astrono- MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN. 0 - « Ces données, combinées avec les résultats consignés dans cet ouvrage, sont les bases d’après lesquelles on a formé le tableau ci-après. Il a l'avantage de présenter sous un même point de vue les différences qu'il y à entre les latitudes astronomiques et géodésiques dans les différentes parties de l'Europe. Le point de départ, c'est-à-dire, la latitude astronomique primitive, qui a servi au calcul de ces positions géographiques, étant tout-à-fait arbitraire, on l’a placé à l’ Obsers atoire Royal de Paris. » + Suit l'exposé des formules qui conduisent aux déter- minations voulues. « Il faut, » est-il dit ensuite, « se représenter les différens réseaux qui couvrent l’Europe, réunis et cal- culés sur un même système; et afin d'indiquer avec plus de précision les parties comprises dans le tableau sui- vant, on fait observer. 1.° Que la triangulation d'An- gleterre se réunit à celle de France par la jonction des deux observatoires de Greenwich et de Paris : 2,° Que la triangulaiion de France, vient d’être rattachée à celle de Lombardie : 3.° Que cette dernière est déjà liée, d’un côté avec les triangulations faites dans l'Itälie méridio- nale, et de l’autre côté avec celles d'Autriche et. de Hongrie : 4° Que les travaux géodésiques, exécutés en Autriche , ont: été réunis avec ceux qui ont été exécutés en Bavière, » mique par le baron de Zach. T. V, p: 39 et T. IN , p. 135. Transac4 tions Philosophiques , 1819; Méridienne de France , et Connoëssancé des Tems pour 1827, p. 385 ; Aphénérieine de Mian pone 1823 eë D 2 | uR +, 1827. 400 CG: EL 0, DE SA EE. Tableau comparatif des latitudes astronomiques et géo- désiques de 34 stations principales en Europe. ! NOMS DES LIEUX. Latitude as-| Latitude Diffé- tronomique. | géodésique. | rence. :b3° 27131",6 53° 27" 33,0 152 13 28,2 [52 1: 36 5o 27:9 [ds 28 40,0 |5x Dunnose 8,6 |5o Dunkerqne 8,5 151 | Paris. RARES 4954 }48 4 ) 2,5 46 54,3 43 Mol Tous | 46,6 Formentera.... E g 61 | Vienne. (Saint-Etienne)... . | 320 7] ss +++++T FhHOFb an: 004 R RFF S Ss % ++ =: SORTE co 3 LD 1e HR ok two bei Commorn Inspruck Genève. (Observatoire)... . Colombier. (Signal) Andrate. (Clocher) | Milan. (Observatoire)... ... s + + | Venise. (Cloc. de St:Marc). Padoue. (Observatoire)... . Mont-Cenis Turin. (Observ.nonveau).. Parme, (Cloc. de St.-Jean).. Modène. (Tour) Gênes:(Fanal) | Mondovi. (Tour) 1 Florence. (Cloc. du Dôme). 73 46 Pise, (Observatoire)... .... 43 Rimini. (Maison Garampn.. 44 3 455144 : 3] —12,2 as 1,9 ; (+1 La coïncidence yue ce tableau indique entre les valeurs astronomique et £é0- désique de la latitude de l'Observatoire de Genève a encore besoin de confirmation, et doit être établie sur des données un peu différentes. En efFet, il résulte d’un grand MESURE D'UN ARC DU PARALLÈLE MOYEN: IOI x Quant à la vérification des mesures astronomiques et géodésiques du P. Beccaria , la différence entre l'amplitude de l'arc Andrate et Mondovi mesurée par Jui et celle de ce même arc d’après les nouvelles ob- servations, est de 13”,47. Elle est sans doute consi- dérable, eu égard à la petitesse de l'arc ; mais elle est fort au-dessous de la quantité 47”,84, qui, comme on l'a vu plus haut, mesure l’écart entre l'amplitude astro- nomique et l'amplitude géodésique, et elle n'excède pas les limites de la précision que l’on pouvoit at- tendre de l'instrument dont se servoit le P. Beccaria. La différence entre les longueurs de l'arc données géodésiquement par l’ancienne mesure et par la nou- velle, est de 38%, 19; nombre qui peut être réduit à 17,45 en faisant une correction nécessaire au calcul des parties de la méridienne effectué par Beccaria. D'où l'on peut conclure que sa mesure géodésique n’est pas aussi erronée qu’on le croyoit généralement. L'espace nous manque pour rendre compte du Chapitre IX, qui sous le titre de Phénomènes atmos- phériques observés , contient des matériaux intéres- sans , relatifs à la mesure de quelques hauteurs par le baromètre et par le degré de l’eau bouillante, et des nombre d'observations astronomiques faites dernièrement par le Prof. Gautier , du côté du nord et du côté du sud, avec un cercle répétiteur de Gambey. de vingt pouces de diamètre , que la latitude astronomique de l'Observatoire deGenève doit être très-voisine de 46® 11! 59!//,5. . D'un autre côté , les observations géodésiques faites avec le plus grand soin cette année et la précédente, par Mr. le Capit. Filhon et Mr. le Lieutenant Olivier, du Corps des Ingénieurs-Géographes Français, avec un théodolite répériteur de Gam- bey de 13 pouces, pour rattacher Genève aux opérations de la nouvelle Carte de France, paroissent indiquer une latitude à tres-peu près identique avec la précé. dente. Mais cette valeur géodésique n’est encore que provisoire; et le résultat des calculs définitifs de MM. les fngénieurs, dont ils ont bien voulu nuus promettre uñe prompte communication, pourra seul décider ce point intéressant, (R.) 102 GÉODÉSIE. recherches sur le coëfficient de la réfraction terrestre, Nous nous bornerons à signaler ce complément du grand ouvrage que nous venons d'analyser, comme une preuve du soin qu'ont mis les divers membres de la Commission à ne rien négliger de ce qui pou- voit se rattacher aux travaux importans dont ils étoient chargés. PHYSIQUE. DESCRIPTION DU THÉRMO-BAROMÈTRE inventé par Mr. A. BELLANI et couronné dans la distribution des prix d'industrie faite par le Gouvernement I. et R. de Venise le 4 octobre. 1827. (Giornale di Fisica. Bim. VI. 1827). (Extrait). Ox sait que dans l'application du baromètre à la me- sure des hauteurs, l'une des corrections les plus impor- tantes est celle qui résulte de la température du mer- ‘cure de l'instrument : cette température est indiquée à l'ordinaire par un thermomètre incrusté dans la monture du baromètre et que l’on suppose marquer le même degré que le mercure lui-même. Toutefois si l'on ré- THERMO-BAROMÈTRE DE BELLANI. 103 fléchit à la lenteur avec laquelle une masse quelconque homogène ou hétérogène acquiert une température uni- forme dans toutes ses parties, on concevra quelques doutes sur la vérité de l'hypothèse sur laquelle repose ce procédé, et par conséquent sur la justesse de la cor- rection ainsi appliquée. Frappé de cette considération, Mr. Angelo Bellani, déjà connu par plusieurs iostru- mens ingénieux, a imaginé de faire servir le mercure même du baromètre , à l'indication de sa propre tempé- ralure : il y est parvenu, au moyen de la construction ‘suivante , qui, comme on le verra, est une modifica- tion , légère mais heureuse, du baromètre de Mr. Gay- Lussac, et à laquelle il a donné le nom de fhermo- baromètre. Nous empruntons au Mémoire de Mr. Bellani sa propre description. «AB (PI. II, fig. 1) est un baromètre à syphon composé ‘de deux portions de tube à peu près du même calibre, réunies par une autre plus étroite et presque capillaire €, L'axe du tube À n’est pas dans le prolongement de celui du tube C, afin que le centre de gravité de Pinstru- "ment se trouve sur cet axe lorsqu'il sera suspendu Hibre- ment. On observe la hauteur de la colonne supérieure “et celle de la colonne inférieure, et l'on soustrait l’une de l’autre. La pression atmosphérique se communique au mercure à travers une peau très-fine tendue et liée par un fil à l'extrémité ouverte en D, qui permet le ‘passage de l'air, qui‘empêche la poussière et les autres “corps étrangers d'entrer, et qui émpêcheroit aussi le mercure de sortir, si par hasard il en restoit dans la petite branche lorsqu'on le renverse. Jusqu'ici le 104 PHYSIQUE. baromètre , comme on peut le voir, ressembleroit tous les. autres, c’est-à-dire , qu'il seroit sujet à tous les changemens tant de pression que de température, qu'il est cependant nécessaire de bien séparer ; mais mon instrument a ceci de remarquable qu'il porte en lui-même la correction de la température d’une ma- nière aussi simple qu’exacte. En effet, lorsqu'on le ren- verse lentement (fig. 2), le mercure qui se trouvoit dans la branche inférieure passe dans le tube capillaire de communication, lequel porte aussi une échelle distincte en C, qui n’est autre chose qu'une échelle thermomé- trique ordinaire ; et ainsi le baromètre une fois ren- versé devient un véritable thermomètre , c’est-à-dire, que toute la dilatation du mercure est rendue très- sensible dans ce tube capillaire, comme elle l’est dans le tube d'un thermomètre, » «Que l’on ne pense pas,» ajoute Mr. B., «que, parce qu'on est en général dans l'usage de vider les ther- momètres en les fermant hermétiquement , on ne puisse obtenir des indications exactes de ceux qui demeurent en communication avec l'air. Si un vide parfait est né- cessaire dans le baromètre , il ne l’est pas dans le ther- momètre, J'ai déjà démontré, dans un Mémoire pré- cédent, que le vide ne peut s’altérer par le mercure en conlact avec l'air, parce que le mercure n’absorbe ni air ni humidité.»..... PR RUN PEUR és tt dluten «On fera l'échelle de, ce thermomètre comme on Ja fait pour ceux qui n’ont pas besoin du degré de V'ébullition , ou en général des hautes températures, c'est-à-dire, qu'on le transportera avec un autre ther- THERMO-BAROMÈTRE DE BELLANI. 10 momètre de comparaison dans des milieux de différentes températures ; ou, pour faire mieux et plus prompte- ment , on plongera tout l'instrument dans dé l'eau à différentes températures, dans la situation où il est re- présenté (fig.2), jusqu'au coude X, en marquant de 10 en 10 degrés , par exemple, au-dessus du point dè congélation jusqu'à 40 ou 50 degrés, et prolongeant l'échelle au-dessous , de 15 ou 20 autres degrés.» « Lorsqu'on veut faire avec cet instrument une ob- servation barométrique , on commence par observer la température en tenant le baromètre renversé : ensuite on le redresse et l’on note les hauteurs respectives de la colonne dé mercure : puis on le renverse de nouveau en notant encore la température ; si par hasard dans ce court espace de temps, il y avoit eu quelque légère variation , on prendra là moyenne des deux observa- tions. On voit ainsi que l'instrument ne peut être , ni plus simple , ni plus exact, et qu’il ne demande que très-peu de précautions dans la manière de s’en servir.» «Comme le mercure n'est en contact avec aucune surface métallique , il se maintiendra pur. Il sera bien cependant , lorsqu'on ne voudra pas faire d’observa- tions barométriques , de conserver l'instrument en ac- tivité comme thermomètre, parce qu’alors le mercure ne présente à l'air qu’une très-petite superficie, qui se renouvelle graduellement par l’intérieur; par-là on pré- viendra encore mieux l’oxidation du métal, et cette légère poussière qui, avec le temps, pourroit pénétrer même à travers la peau. Cette position a encore l'avan- tage de diminuer les dangers qu'une curiosité ignorante 106 PHYSIQUE. pourroit faire courir à l'instrument. Le tube capillaire thermoméirique. servira aussi d’indicateur pour savoir si le baromètre a été bien purgé d'air dans l'origine, ou si cet air est rentré dans la partie qui doit être vide ; en effet, lorsque l'instrument seroit tenu vertical eomme thermomètre, cet air seroit pressé par le, poids. de toute la colonne de mercure ; mais lorsqu'on le placeroit dans une situation horizontale, l'air se dila- iwroit, et ses plus petits changemens de volume se- roient indiqués par le mouvement du mercure dans Je tube thermométrique. » «Le tube intermédiaire entre les deux branches graduées peut être capillaire dans toute sa longueur, ou bien, comme dans la figure , présenter une portion de tube de deux à trois millimètres de diamètre entre la branche supérieure qui porte l'échelle et qui sera large de six à huit millimètres, ét la partie capillaire qui sert de ther- momiètre ; ou bien encore on peut prolonger la branche supérieure directement jusqu’au coude À. Qu'on ne craigne pas que la capillarité du tube thermométrique empêche le libre: cours du mercure d’un bras à l'autre; elle ne fera que le retarder un peu, car le diamètre in- iérieur de ce tube, que j'appelle capillaire, sera-ordinai- rement d'un millimètre, de manière que dans la chute du mercure: la colonne ne puisse pas être divisée par l'air qui occupoit le reste du tube, et qui en est expulsé dans ce mouvement. En général, la capacité de ce tube sera en proportion de sa longueur, et de la quantité de mercure contenu dans tout l'instrument, quantité qui doit être accommodée aux changemens de volume THERMO-BAROMÈTRE DE BELLANI. 107 qui peuvent avoir lieu avec les changemens de tempé- rature. Le tube dit capillaire sera plus large que le plus gros tube d’un thermomètre à mercute; ainsi l'échelle sera plus distincte et les degrés pourront aussi se subdi- viser chacun en dix autres parties.v.,..,,,,,,....; Dans la figure, l'instrument est, pourva de deux por- tions d'échelle barométrique divisées en pouces et lignes, et fixées aux deux portions de tube d’égal calibre , dans lesquelles le mercure se balance avec la pression atmos- phérique. On pourroit également y appliquer l'échelle mobile employée ordinairement pour les bairomètres à éyphon, et dont on amène.le zéro au niveau du mer- cure de la branche inférieure, pour lire la hauteur cher- chée au niveau du mercure dans la branche supérieure. Dans ce cas, Mr. B. pense qu'on doit prendre le niveau inférieur au sommet de la convexité de la colonne mer- curielle , au moyen d’un anneau tangentiel, mais que, quant au niveau supéfieur, il convient mieux de le me- surer latéralement au tube, au point où le mercure se détache de la paroi pour former une convexité ou une concavité , en appliquant toujours à la mesure ainsi effectuée la correction convenable. Cette opinion, dé- veloppée par Mr. Delcross dans le T. VIII (p.9) de notre Recueil, s’appuie sur la différence qui existe à égard de l'effet de capillarité, entre les deux branches du tube ; la branche supérieure dans un baromètre soi- gné se conservant à un état de sécheresse qui permet au métal de mouiller, pour ainsi dire , le verre, et souvent de transformer la convexité du ménisque en concavilé ; tandis que la dépression demeure constante 108 PHYSIQUE. dans la branche inférieure , où la surface du verre est toujours couverte d’une couche aqueuse dont l'épaisseur est plus grande que la distance limite de l'attraction mo: léculaire. MM. Eckhardt et Schleyermacher avoient cons- truit une table qui donnoit la correction à faire pour cette erreur, d’après le rayon du tube barométrique et la flèche du ménisque terminateur de la colonne. 0 CR "ee OBSERYATIONS SUR LA CONDENSATION DE L'EAU DE MER ENTRE 8° ET — 3° KR; par G. A. ERMANN, junt ( Annalen der Physik und Chemie N° 3. 1828). Qusrques observations qui ont été faites dans Îes régions polaires sur la densité et la température rela- tives de l’eau de mer, à sa surface et à de grandes pro- fondeurs, paroïissent être en faveur de l'hypothèse de deux courans, l’un inférieur qui va du pôle à l'équa- teur, l’autre supérieur qui va de l'équateur au pôle. Il est évident que cette hypothèse, ou toute autre qu’on lui substitueroit, relative au mouvement des eaux de la mer, doit dépendre nécessairement et exclusivement de la solution de la question de savoir, si l'eau de mer, comme l'eau douce, alleint son maximum de densité ovant le degré de congélation. De Luc, Rumford et Marcet, s'en sont occupés les premiers. Le doute que laissent encore subsister leurs A MAXIM. DE DENSITÉ DE L'EAU DE MER. 10g expériences (1), sera facilement éclairci, si l’on écarte une cause d'incertitude à laquelle donnoit lieu leur mode de procéder. Ils mesuroient la dilatation de l’eau de mer dans des tubes thermométriques. Aussitôt que la formation de la glace commençoit dans le récipient de leur appareil, la dilatation de cette glace, et la condensation de la partie encore liquide, agissoient en sens contraire, et comme il en résultoit une com- pensation, on en concluoit que, pour l’eau de mer, il y avoit un maximum immédiatement au-dessous de 0°. En conséquence , on a fait, en physique, quelques ap- plications de cette idée. ' Il est plus convenable de choisir pour cette recherche des méthodes dans lesquelles il ne se présente pas une semblable complication d’effets : complication qui n'existe point réellement dans la mer libre, en vue de laquelle les expériences sont dirigées. L'exposition faite à part et en détail, de chacune des méthodes employées, montrera qu’elles sont à l'abri des reproches que l’on peut faire à la méthode thermomé- trique. Ces expériences ayant été entreprises sur la de- mande de Mr. Alexandre de Humboldt, seront sans doute accueillies avec intérêt. Si l’on néglige quelques légères irrégularités, quatre méthodes ont donné le même résultat, savoir : gu’entre +8e13 R., la condensation de l'eau de mer ne souffre aucune anomalie. Ce résultat a été obtenu ; E- - (1) V. l'extrait du Mémoire du Dr. Marcet : Sur la pesanteur spéri- Jique et la tempér. des eaux de l'Océan , etc. Bibl. Univ. T. XIT, D 110 PHYSIQUE. 1.0 Par des pesées faites au moyen d'une excellente balance hydrostatique. Le liquide à éprouver étoit con- iénu dans un vase de la capacité d'environ quatre pouces cubes, et entouré d’un mélange réfrigérant; en le remuant fréquemment on le maintenoit, dans toutes ses parties, à une température parfaitement uniforme, ) 2.° Au moyen d’un aréomètre de Nicholson, qui ser voit de contrôle aux pesées avec la balance. 3° Selon la méthode de Hope, par l’observation des courans ascendans. 4° Par une méthode, qui à ma connoiïssance n’avoit jamais été employée à ce genre d'expériences, et qui me paroît réunir une grande exactitude à Ja plus élé- gante simplicité. Elle n’exige que l'observation du ré- froidissement graduel d’un thermomètre plongé dans de l’eau pure, ou dans la solution à éprouver. I. Déterminations par la balance hydrostatique. Le corps immergé étoit une boule de verre du poids absolu des ms ni 8, ypriue ... 672,424 gram: Son poids dans l’eau distil. à +12°R. (1)de 400,200 dans une solution de sel com- — mun à +12°. NUM € 302,940 Il en résulte pour la pesanteur spécifique de la so- lation à éprouver une valeur de 1,0270, celie de l’eau étant prise pour unité, Comme d’après Berzélius celle de l’eau de la mer est entre 1,028 et 1026, notre so- (1) Dans tout le Mémoire les températures sont indiqiées en degrés de Réaumur. MAXIM. DE DENSITÉ DE L'EAU DE MER. rit lution représente une eau de mer de moyenne densité. La table suivante présente dans la seconde colonve, les pertes de poids de la boule de verre, correspondant aux températures indiquées dans la première colonne. La troisième contient les densités déduites de ces ob- servations et corrigées de l'influence de la dilatation du verre , telle que la donnent MM. Dulong et Petit, celle du liquide à 0° étant r: 1" Degrés de| Perte | Pesanteur fDegrés de| Perte | Pesanteur À téaumur. | de poids. spécifique SRéaumur.| de poids. | spécifique. À t— 3,50 | 284,36 | 1,00002 284,16 | 0,99930 | 2,30 | 284,36 | 1,00002 284,16 0,99926 < 0,20 | 284,34 | 1,00000 a 284,16 | 0,99926 À 0,00 _. 1,00000 4: 284,16 | 0,99922 088 | 284,28 | o, ) 284,16 | o,99917 ! 0,88 | 284,28 AR ) 284,06 090880 1,50 | 284,26 | o,999bo 284,04 | 0,99870 2,00 | 284,26 : 0,99g6o 283,95 | 0,99844 ! 2,20 | 284,24 | 0,99956 ) 283,96 | 0,998/2 # 2,40. | 284,18 | 0,99928, 283,90 | 0,99818 À Si l’on applique ici la méthode des moindre carrés, on * trouve pour les densités l’équation, d—1—0,0001474.4— 0,000006026./:, où d exprime la densité qui correspond à une tempé- rature { en degrés de Réaumur. En différenciant cette | équation, on se convaincra que, daus les limites de l'observation ( +-8° et — 3°), la densité ne peut pas atteindre un maximum, L’équation donne, il est vrai, | un maximum pour — 12°; mais il est évident que pour des températures qui s'écartent autant de l'observation! 112 PHYSIQUE. l'expression analytique ne peut plus être suffisamment exacte. Les poids rapportés ci-dessus et les densités qui en sont déduites, résultent de plusieurs séries d’observa- tions, qui ont été réunies sans aucune distinction ni exception, et coordonnées selon les températures. L’ac- cord qui existoit entre les observations qui correspon- dent à des températures égales, prouve à la fois l’excel- lence de la méthode et la confiance que méritent les résultats. Il importe de remarquer que dans l’observation faite à la température de —5°,00, il n'y a pas eu la moindre quantité de glace formée; ce qui n'a pu avoir lieu que par le soin que l’on a mis à maintenir Je liquide dans un repos parfait. Si à — 2°,3 ou — 2°,5 la formation de la glace a commencé sur les parois du vase, et si alors on co“tinue l’action du mélange réfrigérant sur la solution, la glace s'étend vers le fond, sans que les pesées en souffrent aucune altération; mais la partie qui demeure liquide et qui se trouve au-dessus de la glace n'atteint pas un maximum, de densité : elle se condense toujours d’avantage, et les accroissemens de cette condensation sont très-différens de ceux que l’on observe entre 8° et — 2°. Voici une observation faite dans ces circonstances : Perte de poids de la Therm. boule de verre. Pesant. spécifiq. — 92°,22. 285,06 gram. 1,00380. la pesanteur spécifique de la solution à 0°, étant tou- jours prise pour unité. Cette condensation , anomale en MAXIM. DE DENSITÉ DE L'EAU DE MER. 113 en apparence, s'explique d’une manière très-satisfaisante par la formation de la glace, qui alors concentre le reste de la solution. IT, Determinations au moyen de l'aréomètre de Nicholson. L'aréomètre dont on a fait usage se composoit d’un cylindre de fer-blanc que l’on avoit verni, afin d’em- pêcher l’action chimique de la solution. Son poids ab- solu étoit de 2150 grains (113,134 grammes). D'après Lavoisier et Laplace ; à o° la dilatation de fer-blanc pour . un degré est de 0,000045 du volume total. Partant de ces données, les pesanteurs spécifiques de la solution de sel commun, calculées d’après les poids additionnels de l’aréomètre , sont les suivantes. | Tempé- | poide ad-| Densités. À Tempé- |Poids ad- | Densités. rature. |ditionnels. rature. [ditionnels. — 30 631,90 | 1,00010 + 60 629,25 | 0,99875 (e 632,00 | 1,00000 7 628,90 0,99857 un: G31,43 0:99976 8 628,25 | 0,99830 2 630,75 | 0,99946 9 62727 0,99789 3 630,55 | 0,99936 10 626,89 | 0,99773 4 650,40 | 0,99924 11 626,62 | 0,99758 5 629,80 | 0,99g00 12 bab,r5 0,997 16 à PNR NE SUR 67 SR SP PTE RE GET 2 27 SA OT TOP AE SERRES APR SUP SR 2 “os UP AR PRE Si l’on emploie encore ici Ja méthode des moindres, » carrés pour Ja détermination des coëfficiens constans, “on trouve pour les densités l’équation d=:1— 0,0001841. {— 0,000004099 /: qui donneroit une dilatation un peu plus cousidéelle Se. et Arts. Nouv. série. Vol. 39. N° 2. Octobre 1828. H 114 PHYSIQUE. que la méthode des pesées. Il est toutefois très-vrai- semblable, que cette différence entre les deux résultats ne dépend que des températures que l'on a supposées au corps aréométrique. En effet, lorsque nous avons appliqué la correction qui résulte de Ja dilatation de l’aréomètre, nous avons supposé qu'il avoit la même température que le liquide, bien qu'il ne soit pas très- probable que les accroissemens de température que l’on communiquoit au liquide , fussent immédiatement: partagés par l’aréomètre, Si l’on préfère supposer que pendant | toute la durée de l'expérience laréomètre conserve une no 2731 uniforme , on trouve l'équation : d= 1 — 0,0001391. / — 0,000004 109. 42 qui comparée avec le résultat des pesées hydrostatiques, incline du côté opposé : on voit par-là que, si l’on sup- pose que Îa température de l’aréomètre soit demeurée un peu en arrière de Ja température croissante du li- quide, les résultats des deux méthodes arriveront à être parfaitement d’ accord. UT. Déterminations par la méthode de Hope. Quoique à l’époque où les expériences ont été faites, l'atmosphère ne fût pas assez froide, pour qu'on pût y mettre toute la variété ingénieuse que Hope feur avoit donnée, cependant on à lieu d’espérer que les consé- s CEP P q quences qui découlent des expériences qui ont pu être faites, suffiront pour constater les faits encore en ques- tion. Première expérience. — Un vase cylindrique de 2# MAXIM. DE DENSITÉ DE L'EAU DE MEË. 115 pouces de haut et de 5,1 de diamètre, fut rempli d’une solution de sel commun, qui avoit une pesanteur.spé- cifique de 1,027 et une température de 6°,0. On plaça trois thermomètres dans ce vase ; le n°. 1 au fond, le n.° 2 à 10 pouces au-dessus du fond, et le n.° 3 à 20 pouces: puis on l’exposa à l’action réfrigérante de l'atmosphère, dont la température étoit 4- 1°. Les trois thermomètres avoient élé comparés entr'eux auparavant, de manière que Îles nombres du tableau suivant sont exempts de toule erreur due aux instrumens. THERMOMÈTRES. Epoques des observations. | No sr. N° 2. N.9 3. 50,25 50,11 5,75 5,33 4570 à,8o 4,25 VAR 4,20 4,30 3,60 3/60 3,10 3,40 2,99 3,11 2,60 3411 2,25 2,84 2,00 2,75 1,70 2,22 = 2 —_— = = E= re Malgré les erreurs d'observation qui peuvent pro- tenir de lectures faites dans des circonstances assez défavorables , on voit que à 2h. 5’ une couche à 3°,70 se trouvoit au-dessus d’une autre à 3,10, et à sh. :5'une couche à 3°,45 au-dessus d’une à 3°,10, en- sorte que l'existence d’un maximum de densité dans le voisinage de 3°,50 devient très-improbable. Mais ce ; P H 2 116 PHYSIQUE. “qui est plus frappant encore, c'est que le refroi- dissement de 3°,6 à 1°,7 au foud du vase, a marché aussi promptement que celui de 5°,6 à 3°,7. C’est prin- cipalement sous ce dernier rapport que se recom- mandent les deux séries d'expériences que nous allons rapporter, dans lesquelles on peut comparer la ma- nière dont se comportent, d’une part l'eau douce ;, et de l’autre l’eau salée. Le cylindre décrit ci-dessus et pourvu des trois thermomètres placés comme il a été dit, fut mis dans une chambre à 12°,0, et entouré par le bas d’un mélange réfrigérant à —15°,0. Seconde exper.— Le cylindre étant plein d’eau douce: THERMOMÈTRES. Epoques des RE PI ; É AT L: 4 observations. | N° 5. N.0 =, | N.0 5. ‘E DT i h. 20/ 6°,00 ? ( 1 19,80 28 3,50 11,80 VAR EP 11,90 46 R: 12,00 49 59 12,00 12 12,00 29) D 18 12,00 22 30 A Ja vérité, dans cette expérience, la température de la couche supérieure ( 12°,0) étoit trop élevée, pour que celle couche at pu descendre au-dessous vers de l’eau condensée par un refroidissement prolonc aussi, le degré du thermomètre supérieur n'a-t-il été inodifié par anCuu courant ascendant, Mais l’abaisse- \ -MAXIM. DE DENSITÉ DE L'EAU DE MER. 117 ment de température à dix pouces de hauteur, et l’im- mobilité du thermomètre inférieur, qui au milieu d’an mélange à — 15°,5 s’est maintenu long-temps à +-1°,10, démontrent si clairement l'existence d’un maximum de densité, que l’on ne peut conserver de doute sur la sensibilité de l'appareil. Troisième expérience. ge cylindre étant rempli d’une solution de sel commun d’une pesanteur spéci- fique de 1,027. THERMOMÈTRES. Epoques des TS observations. No r. N.0 2. N° 3. »'h. #07 + 6°,5 Hri,ir | +110,30 — 45 5,0 XI,TE 11,40 — 48 4,0 II,IL 11,40 — b2 3,0 11,16 11,40 — 55. 2,0 11,16 11,40 3 2 1,0 11,21 11,0 — 8 0,0 11,16 11,50 PE: | — 1,5 11,16 11,50 — 24 2,0 11,16 11,70 ] On ne peut désirer de preuves plus complètes de ce que nous voulons démenirer, que l’immobilité du ther- momètre moyen, et l’abaissement rapide de celui du fond. Dans des circonstances parfaitement semblables, la température du fond de l'eau salée est tombée de + 2°,0 à — 2°,0 en 29’; tandis que le thermomètre au fond de l’eau douce est demeuré plus d'une heure entre + 1°,5 et + 1°,r. Quatrième expér.— On pouvoit néanmoins demander à la méthode des courans, des preuves plus directes de la non-existence d’un maximum de densité, que celles 118 PHYSIQUE, qui avoient été obtenues jusqu'alors. Il falloit dans ce but amener un concours de circonstances, tel, que dans l’eau douce, les couches plus froides se main- tinssent plus long-temps en équilibre au-dessus deg couches plus chaudes et que dans l’eau salée il ne füt pas possible de reconnoître rien de semblable. Au défaut d’une atmosphère suffisamment froide , on ob- tint dans l’expérience suivante une température conve- nable, par un moyen artificiel, Un vase cylindrique d'un pouce de diamètre et de dix pouces de haut, pourvu de deux thermomètres, l’un au fond, et l’autre à neuf pouces du fond , fut entouré de tous les côtés d’un mélange réfrigérant. L'eau salée à 1,027 de pes, spéc, et l’eau douce ayant été successivement intro- duites dans ce vase, ont manifesté dans leur refroi- dissement la marche indiquée dans le tableau suivant. EAU DOUCE. EAU SALÉE. ‘ QT — 0 & Epoques THERMOMÈTRE. THERMOMÈTRE. oo, Epoques a . hdes observ.linférieur.| Supér. des observ.| Inférieur.| Supér. gh.25’ | + 2°,70 | + 2,10 À 10h56 | — 1,040 6 2,60 1,50 À 17 1,69 2,50 1,25 à - 1,60 2,30 0,80 1,60 2,20 0,60 1,60 1,80 0,25 1,60 1,60 0,00 1,6a 1,4 0,25 - 1,60 1,18 0,50 - 1,60 0,80 0,75 0,0 1,00 1,2) 1,20 _— — — —— — — e— — œe — == MAXIM. DE DENSITÉ DE L'EAU DE MER. X19 Pendant toute la durée de l'expérience , on voit à la surface de l’eau douce, des couches qui ‘sont d'en- viron 1°,6 plus froides que celles du fond, tandis qu’on n’aperçoit pas trace d’une semblable anomalie dans l’eau salée : au contraire, dans celle-ci l'expérience montre qu'entre Æ 5° et — 1°,5 il ne se trouve aucune température à laquelle cette solution ait plus de den- sité qu'a celle de —1°,60. Avant de quitter les expériences par les courans, nous devons faire remarquer que nous n'avons pas fait usage de températures. inférieures à — 2°,0, parce qu'a- lors la glace qui commence à se former et à s'élever vers la surface, auroit nécessairement troublé l’équi- libre normal des températures. M IV. Déterminations par la méthode du temps de re- | froidissement. Un jour d'hiver, par une température de — 15°,5, je plongeai la boule d’un thermomètre dans un vase de verre plein d’eau douce, de 1,3 pouce de haut, et d’un pouce de diamètre , de manière que cette boule füt à une ligne au-dessus du fond. Le thermomètre et Je petit vase qui lui étoit attaché furent exposés à l'air extérieur, et j'observai le refroidissement sraduel de l’eau, dont la température initiale étoit d'environ + 7°, J'obtins avec surprise les résultats suivans. 120 PHYSIQUE. Epoques des Intervalles Température. observations. de temps. +66.....,... Gb. 5 5" RS RARE EP © D Cle En 1 Her. PORE xs mate RNMrianer 2Hiaten à . de. : ; pt vs" ins — 7h IUT Re po. — 845 I 6 Fu SONNE …..... ES Fi u sx COCA CPL ON 110 198 : ARR AE a en 66 2,5.,,,..... — 14 55. è ss LE PAU RARES: ee L'influence d’un maximum de densité se montre avec la plus grande évidence dans ce genre d'expérience. Le retardement subit de refroidissement entre 4°et 3°, et particulièrement entre 3°,5 et 3°,0, seroit une énigme inexplicable sans la connoissance préalable de la dila- tation anomale de l'eau. On pourroit très-aisément dé- duire de cette expérience par le moyen du calcul, la température de la plus grande densité, puisque la seule inspection des nombres de la 3.° colonne met déjà hors de doute , que le maximum doit se trouver entre 4° et 3°, ou même plus exactement entre 3°,5 et 3°,0. L'application de cette méthode à l’objet de la re- cherche qui nous occupe, se présentoit très-naturelle- ment, Au défaut d'une température atmosphérique très- basse , on entoure d’un mélange réfrigérant, la solu- tion saline à éprouver dans laquelle plonge un ther- momètre. L'eflet du mélange remplace celui de lat- mosphère , avec celte seule différence, que la faculté | En) 1 j MAXIM. DE DENSITÉ DE L'EAU DE MER. 121 conductrice du mélange , est substituée au rayonne- ment qui a lieu dans l'air, et que par conséquent le refroidissement est beaucoup plus rapide. La série des expériences sur l’eau salée, est pré- cédée d’une série d'expériences semblables sur l’eau douce, pour qu'on ait ainsi un point de comparaison immédiate. EAU DOUCE. Epoques des Intervalles Température. observations. de temps. RE ne GP due Ta PCR TE - | a RES Pat UP UE 1 NAS 6" VE TINRE, OP Ré 24 CRAVIT ROBE D on — bts shlewese mplo DRE NOR [eo] dde: 38300 UN ee ta) Cette série prouve que le mélange réfrigérant rem- place très-bien l'atmosphère. Il est bon de dire que les temps du refroidissement ont été comptés sur un excellent chronomètre de Kessel, qui bat 0”,4 ; ensorte que sous cé rapport au moins. les expériences sont à l’abri de tout reproche. La série suivante se compose des observations faites sur une eau saline de 1,027 de pesanteur spécifique, et contient ainsi le résultat de la quatrième méthode relativement a la question qui nous occupe. 122 PHYS#YQ UE. EAU SALÉE. ‘Epoques des Intervalles Température. observations. de temps. —————— ee + 07.248000) 0h. 15 2670 il HOTTES ee en Etre | À) à. AT dit 608 Une DR) ar Vue Es 100 0 D'ART NE 18,8 2 CE) Em LEE en 23,2 Er ed — 7% 62,8: En Us és OT AO Arena Re PM: RIRE 22 FOIRE RE NA PCT CN EP + ORNE RTE 46,8 dire dE ee Teese ee 2 90 LOUE Ici les intervalles marchent sans aucune irrégularité, et les seules erreurs fortuites d'observation occasionnent quelque déviation de la loi qui préside au refroidisse- ment des corps solides. La quatrième méthode vient donc ajouter une preuve nouvelle et certaine de /a régularité de la condensation de l’eau salee entre +- 6° ét — 4°, Il me parut important pour la théorie du phéno- mène, de rechercher à quel degré de salure l’eadper- doit la propriété d'atteindre un maximum de conden- sation. Dans ce but, la quatrième méthode fut appli- quée à deux solutions ayant pour pesanteur spécifique, l'une 1,020 et l’autre 1,010. Voici quels furent les ré- sultats de ces expériences. MAXIM. DE DENSITÉ DE L'EAU DE MER. : 123 SOLUTION DE 1,020. Epoques des Intervalles Température. observations. de temps. : PJ 41 + y MÉPCCIPEEE ES 6h.35 26 LL RÉOOEEErS 7,0 L 8 SORA LEE, SP 8.5 5 Sn laine sp afèls D RE 4 9,5 RUE De aie 13,0 sie) ts me rate — 36 LU IE PAIE 15,5 ES del ae ele — — { ol Ace AR ENN HE D 20,5 RS PT AN EE ner Ho \ 24,0 OMR ARS TE — ; ; Pt. Pa 39,0 Dee — — /3,0 Le thermomètre demeura ensuite long-temps immo- bile à — 1°,25, et le fond du vase se couvrit de glace. Une expérience faite ad hoc montra que — 1°,25 est la température de la congélation dans la solution que l'on observoit. Il résulte de ce qui précède, qu’une solution à 1,020 n’a pas son maximum de densité au- dessus de — 1°,0, et que si elle en a un, il se trouve si près du degré de congélation de la solution , que les effets de la chaleur de liquidité et du maximum de densité se confondent dans l'observation. 124 P'HAMS AU UE SOLUTION DE 1,010. Epoques des Intervalles Température. observations. de temps. ER. 7e. 16h.32"#9 | or SON 13" Dig ersee.e —— SD 66 Relier: = GO OTO 16 ; AP AC EE 4 CE PSN ru di 0 PE 30.5 _. , Bhprimnr.ee, — 28470 Be PORN He) 98,0 nt. 10 et MORE 77 Le thermomètre tomba ensuite à — 2°,0, sans que Ja solution se congelât : bientôt après la glace se forma, et le thermomètre remonta subitement à — 0°,5. C’est là en effet le degré de congélation de la solution, et la len- teur du thermomètre à descendre de 1°,5 à — 2°, ne peut être attribuée qu’à un mâximum de densité, qui se trouve à cette température. Les résultats de ces diverses séries d'expériences, sont les suivans: 1. L'eau salée à 3,027 de pes. spec: n'a aucun maxi- mum de densité, tant qu'elle demeure liquide ; et même lorsque la glace à commencé à s’y former, la partie qui demeure liquide, augmente constamment et considéra- blermént de densité. 2° L'eau salée à 1,020 n'atleint aucun maximum de densité; aucun du moins qui soit sensiblement distant du degré de congélation de la solution (—1°,25). 3° L'eau salée à 1,010 atteint un maximum de den: MAXIM. DE DENSITÉ DE L'EAU DE MER. 125 silé, mais à une température inférieure à celle de la plus grande quantité de l'eau douce, savoir + 1°,5. Il paroit de là que le mélange du sel marin, ou chlorure de sodium, fait baisser le point du maximum, à mesure qu'il est plus fort, et qu'enfin il le fait dis- paroître. On pourroit regarder comme probable que la ‘non-existence apparente d'un maximum, n’est auire chose qu'un maximum repoussé au point de la soli- dification. Cette circonstance qui est démontrée pour le mélange métallique de Rose, se rencontreroit peut- être dans plusieurs autres corps, si l’on étudioit leurs changemens de volume dans le voisinage du point de fusion. HISTOIRE NATURELLE. MÉMOIRE SUR LA COLORATION AUTOMNALE DES FEUILLES par Mr. MACaAIRE-PRinsep. (Mémoires de la Soc. de Phys. et d'Hist. Nat. de Genève. T.IV. Part. I.) LL n'est personne qui n'ait été frappé de surprise, et souvent d'admiration, par le nouveau spectacle qu'offrent en automne les couleurs variées et éclatantes dont la N sr Eu. 10 nalure pare tout-à-coup les végétaux. Il semble qu'après avoir, par une teinte douce et à peu près uniforme, n ménagé les yeux de l’homme pendant que le, soleil est J 126 HISTOIRE NATURELLE, dans tout son éclat, elle profite des derniers momens qui lui restent pour déployer toute sa puissance en donnant au paysage les teintes les plus riches et les plus variées, et terminer par ce brillant coup-d'œil l’en- “semble des phénomènes annuels de la végétation. Ce changement si remarquable a naturellement attiré l’at- tention des physiologistes ; mais presque tous, ne l’ont envisagé qu’en passant, et comme Îié à un autre fait, la chute des feuilles, dont l'explication leur sembloit bien plus importante. Aussi plusieurs, tels que Mr. de Lamark, n’ont vu dans cette coloration automnale dés feuilles qu'un état morbifique ; Mr. Senebier, une al- tération ou diminution dans leurs sucs nourriciers , qui ne fait que préparer leur chute en paralysant Île réseau supérieur de la feuille. Il m'a paru que ces deux phénomènes étoient assez indépendans l’un de l'autre pour demander à être examinés séparément , et quoi- qu'en général on ne puisse nier que la chute des feuilles: ne soit souvent précédée de leur chang:ment de cou- leur, il exisie un grand nombre de cas où les feuilles tombent vertes, et d’autres où elles changent de couleur sans tomber. Cette distinction a quelque importance, puisque si ce changement de couleur de la feuille ne doit qu'amener sa chute , il doit être considéré comme un commencement de mort, comme l'ont fait la plu- part des physiologistes, tandis que je crois qu’on doit J’envisager comme un phénomène de la vie du végétal, une suite de l’action continuelle des mêmes agens qui président aux autres fonctions de la plante, opinion que le peu de faits rapportés dans ce Mémoire pour- ront peut-être servir à confirmer. . COLORATION AUTOMNALE DES FEUILLES. 127 C'est, comme chacun sait, à la fin de l’été ou ‘dans le courant de l’automne que s'opère dans les feuilles Je changement de couleur qui fait le sujet de notre examen. Quelque variées que soient les teintes qu’elles présentent, on peat dire qu’à un petit nombre d'ex# ceptions près , elles arrivent à des nuances -du jaune ou du rouge, qui sont à cette époque les couleurs dominantes dans le paysage. Ce n'est point tout-à- coup que le changement devient visible ; pour l'ordi- naire ; la couleur verte disparoît par degrés dans la feuille ; beaucoup de feuilles, comme celles de l’acacia, de l’abricotier, commencent à jaunir çà et là et par taches. Dans d’autres, comme le poirier, etc., il per- siste long-temps des points d’un beau vert sur le fond orange ou, jaune des feuilles. Quelques-unes , comme. celles du Rhus Coriaria, commencent à changer dans leurs bords, et surtout à la pointe. Les nervures et les parties du parenchyme qui les touchent, semblent conserver leur couleur verte le plus long-temps. J'ai cru remarquer que les feuilles dont le vert est foncé prennent la couleur rouge, et celles dont le vert est clair, la teinte jaune où jaunâtre. La plupart cepen- dant des feuilles qui deviennent rouges, passent par le jaune comme intermédiaire : on peut le remarquer dans le sumac. (Rhus Coriaria). Influence de la lumière. — W étoit facile de voir que l'action de la lumière exerçoit une grande influence sur Je changement aulomnal de la couleur des feuilles ; dans les feuilles qui se recouvrent naturellement en partie, la portion découverte étant toujours plus promp- 128 HISTOIRE NATURELLE. tement et plus fortement colorée. Il s’agissoit de s'assurer si le phénomène pourroit avoir lieu dans l'obscurité, et en mettant entièrement à l'abri de l’action de la lumière, soit les braaches entières, soit des parties de feuilles: j'ai toujours vu que celte privation empêchoit tout chan- gement de coloration. Si la feuille entière étoit abritée, elle tomboit verte; si seulement une partie, le reste du parenchyme , se coloroit, et la portion couverte gardoit sa couleur primitive. Je me suis assuré de plus que la lumière étoit nécessaire dans toutes les phases du phé- nomène , et si J'abritois des feuilles ou portions de feuilles qui étoient jaunes avant de rougir, comme le sumac (fihus Coriaria), la feuille tomboit jaune, ou la partie couverte conservoit cette couleur , tandis que le reste rougissoit ; ce qui démontre la nécessité de l’action de la lumière dans tous les degrés de coloration. Action de l'atmosphère. — Chacun sait, et c'est sur- tout aux belles expériences de notre célèbre collègue le Prof. Th. De Saussure qu'est due la démonstration de ce fait important, chacun sait , dis-je, que les parties vertes des plantes absorbent pendant la nuit une quan- tité d’oxigène variable , selon les espèces de végétaux, et qu'elles expirent une cerlaine proportion de ce gaz lorsqu’onles expose au soleil dans de l’eau de source. Curieux de connoître les modifications que la colora- tion automnale des feuilles pourroit apporter à ce phénomène , j'ai fait plusieurs séries d'expériences, en suivant le plus scrupuleusement qu'il m'a été possible les indications de Mr. De Saussure. Je me suis d’abord assuré que les feuiiles déjà colorées ne dégagent point de PCR Rs CSS M SE et . COLORATION AUTOMNALE DES FEUILLES. 121) dé gaz oxigène par leur exposition à la lumière du soleil , et j'ai appris depuis que ce fait avoit été re- connu par Mr. Senebier. En poussant plus loin mes recherches, j'ai trouvé que , dès que les feuilles étoient, soit colorées en partie, soit sur le point de changer de couleur, lors même qu'à l’œil elles paroissoient en- core vertes , elles cessoient dès-lors de dégager l’oxi- gène au soleil. J'ai également trouvé, par un grand nombre d'essais dont je crois devoir épargner les dé- tails, que les feuilles, arrivées au même point de tendance à la coloration automnale, continuoient à inspirer du gaz oxigène pendant la nuit, et en quantité toujours décroissante à mesure que la coloration avançoit ; ce qui permettoit de conclure que c’étoit à la fixation de cet oxigène dans la matière colorante de la feuille que le changement de teinte étoit dü. Du principe colorant des feuilles.—X\ y a quelques an- nées, MM. Pelletier et Cavantou reconnurent à la subs- tance verte des feuilles des propriétés spéciales, et 1a rangèrent sous le nom de chlorophyle parmi les produits immédiats du règne végétal. Cette substance paroïssant être le siége des modifications de couleur des feuilles, devoit être le sujet de mon examen. Après en avoir étudié de nouveau les propriétés que je rappellerai bien- tôt, je m'attachaï à examiner la substance correspon= dante des feuilles colorées en jaune et rouge par l'in- fluence automnale. Pour obtenir la chlorophyle, MM. Pelleteir et Cavantou emploient l'alcool agissant sur \ le marc des plantes; mais j'ai trouvé que lorsqu'on RP . - . : 4 opéroit sur des feuilles, il falloit atparavant les faire Sc. et Arts. Nouv. série. Vol, 39. N° 2. Octobre 1828. 1 130 HISTOIRE NATURELLE. bouillir dans l’éther, pour enlever la cire et les ma- tières grasses qu'ellés contiennent presque toujours. En traitant des feuilles jaunies du peuplier ( Populus fastigiata) par l’éther sulphurique bouillant, il se co- lore légèrement en jaune, et laisse déposer par le re- froidissement une substance pulvérulente ayant toutes les propriétés de la cire. Par l’évaporation, on obtient une matière grasse, solide, blanche, fusible à douce chaleur, d’une forte odeur de peuplier, et laissant exhaler lorsqu'on la chauffe une vapeur âcre et piquante, Cette substance se retrouve de même dans les feuilles vertes. Le résidu des feuilles jaunies a été bouilli dans une suffisante quantité d'alcool à 40°, qui s’est teint d’une belle nuante jaune, et les feuilles ont perdu leur couleur. Cette dissolution alcoolique, mélangée avec l’eau, ne se trouble pas d’abord ; mais bientôt il s’en sépare des flocons jaunâtres d'apparence résineuse. Si, après l’avoir mélangée avec un peu de dissolution d’alun, on y ajoute de la potasse pure, il se préci- pite une belle laque d’un jaune orangé. Evaporée à douce chaleur, la dissolution alcoolique des feuilles jaunes laisse déposer une substance solide d'un jaune orangé, d'une saveur comme herbacée , translucide, s'agglutinant lorsqu'elle est chaude, soluble dans l'é- ther et l'alcool qu’elle colore en jaune, insoluble dans l'eau froide, et se dissolvaut un peu à l’aide de la cha- leur dans les acides étendus; au feu, elle se fond et bouillonne, puis dégage une odeur agréable comme d'une matière végétale brûlée. Chauffée dans l'acide ni- trique étendu, la matière jaune se boursouffle, puis COLORATION AUTOMNALE DES FEUILLES. 131 se dissout, laissant un résidu d’un blanc jaunâtre, qui, traité par l’eau, ne donne point d'indices de la pré- sence de l'acide oxalique. Toutes ces propriétés lui sont communes avec la substance verte retirée par les mêmes procédés des feuilles encore vertes du même arbre , avec les seules modifications de couleur. Les différences que présentent ces deux matières sont, la solubilité dans les huiles grasses et essentielles de la résine verte et l’insolubilité de la résine jaune dans ces mêmes menstrues, et l’action des acides et des alcalis. En effet, un séjour prolongé, même à froid, de la ré- sine jaune dans les alcaliè, la ramène à une belle cou- Jeur verte, et l’action de la chaleur accélère cet effet. Elle est alors en tout semblable à la chlorophyle, et devient comme elle soluble dans les huiles. D'un autre côté, tous les corps susceptibles de céder leur oxigène, comme les acides, ou l'emploi des moyens qui faci- litent la combinaison de ce gaz, comme l'exposition à l'air de la dissolution alcoolique, la chaleur, etc., font passer la chlorophyle à la couleur jaune ou rouge, de.sorte que la résine des feuilles qui ont subi Ja co- Joration automnale , semble n'être que de la résine verte oxigénée, où ayant subi une sorte d'acidification. Si on laisse séjourner quelque temps dans la potasse une feuille jaune d’un arbre quelconque, elle redevient d'un beau vert, sans éprouver d'altération sensible ; 'ammoniaque et tous les alcalis ont le même effet ; au contraire, le séjour d'une feuille verte dans un acide Ja jaunit ou rougit bientôt, et la potasse rétablit la couleur verte , etc. Il étoit impossible de conserver le I 2 132 HISTOIRE NATURELLE. nom de chlorophyle à une substance qui non-seule- ment n’étoit pas toujours verte, mais qui, comme je le dirai bientôt, existe ailleurs que dans Îles feuilles, et j'avois imaginé le mot phytochrome, lorsque Mr. le professeur De Candolle, qui avoit bien voulu me per- mettre de lui commuhiquer ces résultats, m'a dit avoir également senti la convenance d'adopter un nouveau mot et avoir fait choix de celui de chromule, que j em- ploierai dans Ja suite de ce Mémoire. Si l’on traite par l'alcool à 40° bouillant, des feuilles rougies de sumac (Rhus coriaria), ou de poirier, la liqueur se colore d'un beau rouge de sang, et par l’é- vaporation dépose une substance résinoïde et redeve- pant d’un beau vert par l’action des alcalis. Un acide, dans ce cas, rétablit la couleur rouge. Comme l’on voit la chromule verte passer souvent par la nuance jaune avant que d’arriver au rouge, l’on doit naturel- lement en conclure que cette dernière cst à un degré un peu plus élevé d’oxigénation. Il résultoit de ces faits que l’on pouvoit expliquer aisément le change- ment automnal dans la couleur de la chromule des feuilles, par la fixation de nouvelles doses d’oxigène, qui continuoit à être absorbé sans être exhalé Cette addition produisoit des altérations successives de cou- leur, sans changer notablement les autres propriétés de la chromule, On expliquoit aussi aisément par là les phénomènes offerts par certaines feuilles, comme celles de l’ÆArum bicolor ; qui présentent les trois cou- leurs rouge, jaune et verte à la fois; celles du Z7a- descanlia discolor qui offrent une belle couleur rouge COLORATION AUTOMNALE DES FEUILLES, 133 à leur surface inférieure, tandis que la supérieure-est verte, et l’on peut en effet retirer de ces diverses par- ties des chromules différemment colorées, les chro- mules jaune et rouge passant au vert par l'action de la potasse, etc. | Ayant trouvé que la partie colorante des feuilles pou- voit avec de très-légères modifications, présenter les teintes variées du vert, du rouge , du jaune et de leurs mélanges, il devenoit intéressant de rechercher si, d'a- près l’analogie que les observations des botanistes ont démontrée entre les divers organes des plantes, telles que les feuilles, les calices, les coroles et leurs dépen- dances, on pourroit retrouver dans les fleurs le même principe colorant qui se rencontroit dans les feuilles. Il fut d’abord facile de retrouver dans les calices la chromule verte, telle qu’elle se présentoit dans les feuilles; et en prenant pour intermédiaire les calices colorés de la Salvia Splendens , ÿ'en ai retiré, au moyen de l'alcool, uue substance d’un beau rouge, résinoïde, ayant tous les caractères que m'avoit présentés la chromule des feuilles oies ; comme celles-ci, elle étoit ramenée au vert par 5 les alcalis, redevenoit rouge par l'addition d’un acide, rou éloit insoluble dans les huiles, etc. En passant aux pétales des fleurs de la Sakia Splendens, à la portion de la tige qui soutient les fleurs et qui est rouge comme elle, j'ai retrouvé le même produit. Les pétales des géraniums rouges, des roses de Bengale, d'Aster, etc., traités par les mêmes moyens, ont lous donné pour principe colorant la chromule rouge, et les fleurs res- toient demi-transpareutes et saus couleur. Toutes les. 134 HISTOIRE NATURELLE. {leurs jaunes que j'ai pu examiner m'ont aussi présenté une chromule de cette couleur, ramenée au vert par les alcalis, etc. Les fleurs blanches , le petit nombre du moins que la saison avancée m'a permis de me procurer, paroissent contenir une chromule légèrement jaunâtre , modifiée dans sa couleur par quelque procédé naturel qu’il fau- dra examiner plus tard. Les fleurs bleues rougeûtres, telles que celles du viollier (Cheiranthus) donnèrent une teinture rosée d’abord, puis pourprée, et laissant un résidu d’une belle couleur violette. Les fleurs d’un beau bleu (e:o/a odorata) donnent de la même ma- nière une substance d’un beau bleu, assez semblable: au précédent. Cette substance verdit par les alcalis, rougit avec les acides , est soluble dans l’eau froide, et pourroit être conservée à l’état pulvérulent lorsqu'on voudroit garder la couleur des violettes. Comme on pouvoit supposer qu’elle étoit le résultat de la combi- naison de la chromule rouge et d’un alcali végétai , j'ai 5 essayé de limiter par une combinaison factice du même genre, J'ai trituré avec une petite quantité d’alcali vé- gétal, comme la quinine , la strychnine, etc., la chro- rule rouge retirée des feuilles de cette couleur, et j'ai irouvé que ce mélange étoit devenu soluble dans l’eau froide, n’avoit plus l’apparence résinoïde de la chro- mule rouge, et prenoit une teinte verte bleuâtre, aussi varquée que j'aurois osé l'attendre d’une expérience imitant de si loin les procédés naturels. Ce mélange rougit avec les acides, redevient bleuätre par le moyen des alcalis, absolument comme Île feroit la teinture COLORATION AUTOMNALE DES FEUILLES. 135 bleue végétale. L'ammoniaque en vapeur donne éga- lement une teinte bleuâtre à la chromule rouge ; mais, par la chaleur et l'exposition à l'air, le gaz s’évapore et la couleur rouge reparoiît. Il me semble, d’après ces faits, pouvoir conclure que les fleurs bleues et violettes ont pour principe colorant Ja chromule rouge unie à un alcali végétal, conclu- sion que je chercherai à appuyer par l'analyse dès que la saison me le permettra. J'avois eu l’occasion au printems passé d’examiner différentes variétés d’ancholie (Aguilegia vulgaris), mal- heureusement avant que de m'occuper des expériences qui font le sujet de ce Mémoire. Cette fleur naturelle- ment bleue varie aisément au rouge en passant par les intermédiaires. Les fleurs bleues et rouges traitées sé- parément , soit par l’eau, soit par l'alcool , ont pré- senté des teintures sûrement neutres, et peut-être même alcalines dans le premier cas, et décidément acides dans le second ; j'avois même reconnu que c’étoit de l’acide acétique que les fleurs rouges avoient cédé aux fluides employés. En résumant les faits mentionnés dans ce court tra- vail , je crois pouvoir y trouver les conclusions sui- vantes : 1° Toutes les parties colorées des végétaux paroissent contenir une substance particulière (/a chromule) sus- ceptible de changement de couleur par de légères mo- difications. 2.9 C'est à la fixation de l’oxigène et à une sorte d’a- cidification de Ja chromule qu'est dû le changement automnal de la couleur des feuilles. ( 136 }) bin: £ 5) GE 5 BELATION ABRÉGÉE DE QUELQUES OBSERVATIONS MI- CROSCOPIQUES FAITES, pendant les mois de juin , juillet et août 1827, sur les particules contenues dans Île pollen des plantes, et sur l'existence générale de molécules en mouvement dans les corps organiques et inorganiques; par Mr. Robert BROWN. ——— nn — 51 0 2 + RS) Les observations, dont je vais donner un aperçu dans les pages suivantes, ont toutes été faites avec un microscope simple, et avec une seule et même lentille, dont la distance focale est d'environ + de pouce (r). | L'examen de l’ovule végétal non-imprégné, dont le (x) Cette lentille duplo-convexe, que j'ai eue pendant plusieurs années, étoit de Mr. Banks, oplicien dans le Strand. Après avoir fait des progrès considérables dans mes recherches , j'expliquai la na- ture de mon sujet à Mr. Dollond , qui eut la bonté de me faire un microscope simple de poche, monté très-délicatement, et pourvu d'excellentes lentilles, dont deux sont beaucoup plus fortes que celle mentionnée ci-dessus, J'ai eu souvent recours à celles-là, et avec un grand avantage, pour quelques observations difficiles. Mais pour donner plus d'ensemble à mes recherches , et pour mettre le sujet, autant que possible , à la portée d’une observation générale, j'ai con- tinué à me servir, pendant tout mon travail , de la même lentille avee Jaquelle je l'avois commencé, OBSERV. MICROSCOP. SUR LE POLLEN, elc. 137 résultat a été déjà publié en 1826 (1) me conduisit à considérer plus attentivement que je ne l’avois fait précédemment , la structure du pollen, et à étudier son mode d’action sur le pistil dans les plantes phanéro- games. | | Dans l'essai auquel je renvoie , il est démontré que le sommet du noyau de l’ovule, le point qui est com- munément le siège du futur embryon, étoit très-généra- lement mis en contact avec les extrémités des canaux probables de la fécondation ; ceux-ci étant, ou la sur- face du placenta, l'extrémité des procès descendans du style, ou plus rarement une partie de la surfare du cordon ombilical. Il paroissoit, ‘toutefois, d’après quelques-uns des faits rapportés dans ce même essai, qu'il y avoit des cas dans lesquels les particules con- tenues dans les grains du pollen ne pouvoient que difficilement être transportées à ce point de l’ovule, au travers des vaisseaux ou du tissu cellulaire de l’o- raire. La connoiïssance de ces faits, aussi bien que celle de la structure et de l’économie des anthères des asclé- piades, m'avait amené à douter de la justesse des ob- servations faites par Stiles et Gleichen, il y a plus de six ans, et de quelques assertions très-récentes rela- tives au mode d'action du pollen dans l'acte d’impré- gnalion. = Ce n’est que dans l'automne de 1826 que j'ai pu (1) Dans le Botanical Appendix 10 Captain King's voyages ta Australia , vol. 1, p. 534 et suiv.; ou Phrosophical Magazine , T.LXVIT, p. 356. 0 150 HISTOIRE NATURELLE. m'occuper de ce sujet; et la saison étoit trop avancée pour qu'il me füt possible de poursuivre cette recherche. Frouvant, cependant, dans une des plantes, en petit nombre, que jexaminai alors, la forme des particules contenues dans les graines du pollen, très-nettement dessinée, et remarquant que cette forme n'’étoit pas sphé- rique mais oblongue, je m’attendois, avec quelque con- fiance , à rencontrer des plantes sous d'autres rapports plus favorables à mes recherches, dans lesquelles ces particules, à cause de la singularité de leur forme, pour- roient être suivies dans tout leur déplacement, et j'es- pérois parvenir ainsi à résoudre la question de savoir si elles atteignent dans aucun cas le sommet de l’ovule, ou si leur action directe est bornée à d’autres parties de l’organe femelle. Ma recherche sur ce point a été commencée en juin 1827, et la première plante que j'examinai étoit, sous quelques rapports, remarquablement bien adaptée à l'objet en vue. Cette plante étoit la Clarckia pulchella, dont les grains de pollen, pris sur des anthères complètement déve- loppées , mais avant leur épanouissement , étoient rem- plis de particules ou granules d'une grosseur extraor- dinaire, variant depuis à peu près 5 jusqu'à envi- ron 4 de pouce en longueur, d’une forme qui tenoit le milieu entre la forme cylindrique et la forme oblon- gue, peut être légèrement aplaties, et avec des extré- mités arrondies et égales. Pendant que j'examinai la forme de ces particules plongées dans l’eau, j'en ob- servai plusieurs qui étoient évidemment en mouvement; OBSERV. MICROSCOP. SUR LE POLLEN, elc. 139 ee mouvement consistoit non-seulement en un chan- gement de place, manifesté par des modifications dans leurs positions relatives, mais aussi quelquefois par des variations de formes de la particule elle-même ; une contraction ou courbure rentrante se montrant à plusieurs reprises à peu près sur le milieu d’un côté, tandis qu'un renflement ou une courbure convexe paroïssoit sur le côté opposé. Dans quelques cas on voyoit la particule tourner sur son plus grand axe. Ces mouvemens étoient de nature à me convaincre après des observations répétées, qu'ils ne provenoient ni de courans dans le liquide, ni de son évaporation gra- duelle, mais qu'ils appartenoient bien à la particule elle-même. Des grains de pollen de la même plante pris sur les anthères, immédiatement après leur rupture, conte- noient de semblables particules demi-cylindriques, en plus petit nombre cependant, et mêlées avec d’autres particules, au moins aussi nombreuses, beaucoup plus petites, sphériques en apparence, et animées d’un mou- vement osrillatoire très-rapide. Lorsque je vis pour la première fois ces particules plus petites, ou molécules comme je les nommerai, je les pris pour des particules cylindriques flottant ver- ticalement dans le liquide. Mais un examen attentif et répété affoiblit ma confiance dans cette supposition ; eten continuant à les observer jusqu'à ce que l’eau se füt entièrement évaporée, je vis bientôt les particules cylindriques et les molécules sphériques se trouver en- semble sur le chap du microscope. 140 HISTOIRE NAŸURELLE. Ayant étendu mes observations à plusieurs autres plantes de la même famille naturelle, particulièrement aux Onagraires, je m’assurai que la même forme géné- rale et les mêmes mouvemens des particules existoient spécialement dans les nombreuses espèces d’OŒEnothera que j'examinai ; je trouvai aussi dans leurs graines de pollen prises sur les anthères, immédiatement après leur épanouissement, une réduction manifeste dans le nombre des particules cylindriques ou oblongues, et un accroissement correspondant dans celui des molé- cules, à un degré moins remarquable , cependant, que daus la Clarckia. Ce grand accroissement du nombre des molécules et cetie réduction de celui des particules cylindriques; avant que la graine du pollen pût avoir été en contact avec le stigmate , étoient des circonstances embarras- santes dans le champ de mes recherches, et certaine- ment peu favorables à la supposition d’une action di- recte des particules cylindriques sur l’ovule ; opinion que je fus d’abord porté à embrasser lorsque pour la pre- mière fois je les vis en mouvement. Ces circonstances, cependant, me conduisirent à multiplier mes observa- tions , et j'examinai en conséquence de nombreuses es- pèces de plusieurs des familles les plus importantes et les plus remarquables dans Îles deux grandes divisions primaires des plantes phanérogames. Je trouvai dans toutes ces plantes des particules, qui dans Îles différentes familles ou genres, varioient de la forme oblongue à la forme sphérique, et qui 5 avoient des mouvemens semblables à ceux que j'ai déjà OBSERV. MICROSCOP. SUR LE POLLEN, etc. 145 décrits ; excepté que le changement de forme dés par- ticules ovales et oblongues étoit généralement moins visible que dans les Onagraires , et que celui des par- ticules sphériques étoit inappréciable (1). J'ai remarqué aussi chez un grand nombre de ces plantes la même réduction dans le nombre des plus grandes particules, et un accroissement correspondant de celui des mo- lécules après l'ouverture des anthères, Les molécules, toutes de même forme et de dimensions égales, s’y trouvoient toujours alors ; et même dans quelques cas on n’apercevoit aucune autre particule, ni à cette épo- que, ni à un âge moins avancé de l'organe sécrétoire, Dans plusieurs plantes qui appartiennent à diverses familles, et spécialement à celle des Graminées, la membrane de la graine de pollen est si transparente que le mouvement des plus grandes particules se voit distinctement dans l’intérieur : il se voyoit aussi dans la graine du pollen des Onagraires, surtout aux points les plus transparens de l'enveloppe. Dans les Asclépiades proprement dites, la masse du pollen qui remplit chaqæ cellule de l’anthère, n'est point séparable en grains distincts ; mais au- dedans, la membrane cellulaire est pleine de par- ticules sphériques , ordinairement de deux grosseurs. LD 01 (x) Cependant dans le Lolium perenne, que j'ai examiné récem- ment , quoique la particule fût ovale et plus petite que dans les Ona- graires , ce changement de forme étoit au moins aussi remarquable ; il consistoit en une contraction égale dans le milien de chaque côté : de manière à diviser la particule en deux parties à pen près orbicu- laires. - 142 HISTOIRE NATURELLE, Ces deux espèces de particales plongées dans l’eau , paroissoient en général animées d’un mouvement très- vif: mais celui des particules les plus grandes pourroit bien être dû, dans ce cas, aux oscillations rapides des molécules plus nombreuses. Dans ce groupe de plantes, Ja masse du pollen n’éclate jamais, mais elle se lie simplement par un point déterminé, qui est souvent demi -transparent , à un procès d'une consistance à peu près ‘semblable , qui tient à la glande de l'angle correspondant du stigmate. | Dans les Périplocées et dans un petit nombre d’A- pocinées, le pollen qui dans ces plantes est séparable en grains composés, remplis de particules sphériques en mouvement , s'applique à des procès du stigmate , analogues à ceux des Asclépiades. Une semblable dis- position s’observe dans les Orchidees où les masses de pollen sont toujours granulées, au moins à une époque peu avancée : les grains, simples ou composés, con- tiennent des particâles très-menues et presque sphé- riques ; mais à peu d’exceptions près , l’ensemble de la masse est lié par un point déterminé de sa surface avec le stigmate, ou avec un procès glandulaire de cet organc. Ayant reconnu le mouvement dans les particules du. pollen de toutes les plantes vivantes que j'ai examinées, | .) j'ai été conduit à rechercher, si cette propriété se con- servoit après la mort de la plante , et pour combien de temps. Dans des plantes séchées , ou plongées dans l'esprit de vin depuis quelques jours seulement, les particules OBSERV. MICROSCOP. SUR LE POLLEN, etc. 143 de pollen des deux espèces , ont été vues animées d’un mouvement aussi évident que celui qui s’observe dans les plantes vivantes. Des échantillons de quelques plantes, dont quelques-unes avoient été séchées et conservées dans un herbier pendant plus de vingt ans, et d’autres jusqu'à un siècle, ont toujours présenté des molécules, ou petites particules sphériques , en grande quantité , et animées d’un mouvement évident, en même temps qu'un moindre nombre de particules plus grosses, dont les mouvemens étoient beaucoup moins distincts, et dans quelques cas inappréciables (1). Comme dans le cours de mes recherches, j'avois re- connu , à ce que je pensois, un caractère particulier au mouvement des particules du pollen, placées dans l'eau, j'eus l’idée de recourir à re caractère, comme à un critère pour certaines familles de plantes crypto- games , telles que les mousses et le genre Equisetum, dans lesquelles l'existence des organes sexuels n’a pas été généralement admise. (1) Pendant que ce Mémoire s'imprimoit , j'ai examiné le pollen de quelques fleurs , qui ont été plongées dans unesolution d’alcoel foible, pendant environ onze mois , en particulier celui de la Viola tricolor, de la Zizania aquatica , et de la Zea Mais; dans toutes ces plantes les particules du pollen, qui sont ovales, ou légèrement oblongues, quoiqu'en nombre moins considérable, conservent exactement leur forme , et présentent des mouvemens, mais à mon avis moins rapides que dans les plantes vivantes. Dans la Fiola tricolor, dans laquelle, aussi bien que dans d'autres espèces de la même section, le pollen a une forme très remarquable , la graine plongée dans l'acide nitrique décharge son contenu Îpar ses quatre angles, quoiqu'avec moins de force que dans les plantes encore fraiches. 144 HISTOIRE NATURELLE. Ayant examiné ce que l'on suppose être les éta- mines de ces deux familles, savoir, les anthères cy- lindriques ou le pollen des mousses, et la surface des quatre corps spatulés qui entourent ce que l’on peut regarder comme l’ovule de l’Æquisetum , j'y trou- vai de petites particules sphériques , en apparence de mêmes dimensions que la molécule des Onagraires, et animées comme celle-ci d’un mouvement rapide lors- qu'on les plongeoïit dans l’eau. Ce mouvement s’obser- voit toujours dans des échantillons de mousses et d’Æ- guisetum, qui avoient été séchés plus de cent ans. Le fait très-inattendu d'une vitalité apparente. con- servée dans ces petites particules après la mort de la plante, n’auroit peut-être pas affoibli ma confiance dans le caractère particulier auquel je recourois comme critère : mais j observai dans le même temps, qu’en broyant les ovules ou semences de l'Equiselum (ce qui d’abord eut lieu accidentellement), j'accroissois telle- ment le nombre des particules mobiles, que l’on ne pouvoit conserver aucun doute sur la source de cet accroissement. Je trouvai également qu’en broyant d’a- bord les feuilles florales des mousses , et ensuite toutes les autres parties de ces plantes, j'obtenois des parti: cules semblables, non pas en nombre égal, mais ani- mées d’un mouvement analogue. Je renonçai donc à chercher dans cette circonstance un critère de l'organe mâle. En réfléchissant sur tous les faits que j'avois appris à connoître , je fus disposé à croire, que les petites particules sphériques , ou molécules de grandeur uni- forme , OBSERV. MICROSCOP. SUR LE POLLEN , etc. 14h e forme , vues d'abord à une époque avancée dans | pollen des Onagraires et de plusieurs autres plantes phanérogames, ensuite dans les anthères des mousses, et à la surface des corps que l’on considère comme les étamines des Æquiselum, eufin dans des fragmens broyés d’autres parties des mêmes plantes , étoient réellement les molécules constituantes ou élémentaires, d’abord, considérées par Buffon et Needham, observées ensuite par Wrisberg avec une grande précision, plus tard et plus particulièrement par Müller, et tout ré- cemment par le Dr. Milne Edwards ,-qui a fait revivre cette doctrine et qui l’a appuyée de beaucoup de dé- tails intéressans. Je m'’attendis en conséquence à trou- ver ces molécules dans tous les corps organiques : en effet, l'examen des! divers tissus animaux et végétaux, à l’état de vie ou de mort, me les fit retrouver par- tout. En broyant ces substances dans l’eau, je ne man- quai jamais de dégager les molécules en nombre suf- fisant pour constaterileur identité apparente , quant à la grandeur, à la forme et au mouvement , avec les plus petites particules de la graine de pollen. : J'examinai aussi divers produits des corps organiques, particulièrement les gommes-résines, d’autres subs-, tances d'origine végétale , et même la houille, et dans tous ces corps les molécules parurent en abondance, Je fais remarquer ici, en partie pour avertir ceux qui seroientengagés dans es mêmes recherches, que la pous+ sière, ou la suie, qui se dépose en-assez grande quantité sur tous les objets, surtout à Londres, est entièrement - composée de molecules, Sc. et Aris. Nouv. série. Vol, 39. N°2. Octobre1828. K 146 HISTOIRE NATURELLE. L'une des substances examinées étoit un échantillon de bois fossile trouvé dans une oolithe du Wiltshire, susceptible de brüler avec flamme. Ÿ ayant trouvé les molécules en abondance et en mouvement, je sup- posai que leur existence, peut-être en moindre quan- tité, pourroit être constatée dans des débris végétaux minéralisés. Dans cette hypothèse, je broyai un petit morceau de bois converti en silice, qui présentoit la structure des conifères, et j'obtins aussitôt des parti- cules sphériques, ou molécules, semblables à tous égards à celles que j'ai si souvent mentionnées, en telle quan- üté que toute la masse de la pétrification paroissoit en être formée. J'en conclus que l'existence de ces molécules n’étoit pas bornée aux corps organiques, ni même à leurs produits. Vérifier cette induction . et reconnoître jusqu’ où s’é- tendoit l'existence de ces molécules dans les minéraux, devint l’objet de mes recherches. La première subs- tance que j'examinai fut un petit fragment de verre à vitre ; l'ayant simplement broyé sur le champ du mi- croscope, j'obtins immédiatement et en abondance, des molécules semblables pour la forme , la grosseur et le mouvement, à celles que j'avois déjà vues. Je procédai alors à l’examen des minéraux que j'avois sous la mäin, ou que je pouvois aisément me procurer, savoir, de quelques terres ou métaux, et de plusieurs de leurs combinaisons. J'obtins toujours le même ré- sultat. Des roches de tous les âges et dans lesquelles il ne s’étoit jamais trouvé de débris organiques, four- nirent des molécules eu grande quantité. Je conslatai OBSERV. MICROSCOP. SUR LE POLLEN , elc. 147 leur existence dans chacun des élémens qui constituent le granit : un des échantillons que j’examinai étoit un fragment du Sphinx. Il seroit superflu de mentionner ici toutes les substances minérales dans lesquelles j'ai trouvé ces molécules; je me bornerai à un petit nombre des plus remarquables. Il ÿ en avoit d'origine aqueuse et ignée, telles que travertine, stalactites, laves, obsi- diennes, pierres ponces, cendres volcaniques, et mé- téorites de diverses localités (1). Parmi les métaux, je nommerai le manganèse, le nickel, Ja plombagine , le bismuth, l’antimoine et l’arsenic. En un mot, dans tout minéral que je pus réduire en une poudre assez fine pour qu’elle demeurât momentanément suspendue dans l’eau, je trouvai ces molécules en plus ou moins grand nombre. Dans quelques cas, et plus particulit- rement dans les cristaux siliceux, le corps soumis à l'examen en paroissoit en entier composé. Dans plusieurs de ces substances, et spécialement dans celles qui étoient de structure fibreuse, telles que l’asbeste, l’actinolite, la trémolite, la zéolite, et même la stéatite, je trouvai outre les molécules sphériques, d’autres corpuseules semblables à des fibres courtes mo- niliformes, dont le diamètre transverse ne paroissoit pas excéder celui des molécules, et qui sembloient être une combinaison primaire de celles-ci. Ces fibrilles, lorsqu'elles étoient assez courtes pour n'être composées ue de quatre ou cinq molécules, et surtout lorsqu'elles q q q (1) J'ai trouvé des-lors des molécules dans les tubes de sable formés par la foudre à Drig en Cumberland. KE 2 148 HISTOIRE NATURELLE. n’en contenoient que deux ou trois, étoient en général animées d’un mouvement au moins aussi rapide que celui d’une molécule simple; mais en raison de ce que la fibrille changeoït souvent de position et se replioit momentanément dans le liquide, ce mouvement avoit quelque chose de vermiculaire. Dans d’autres corps qui ne présentoient pas ces fibrilles, je rencontrai quel- quefois des particules ovales d’une longueur égale à celle de deux molécules; je présumai qu'elles en étoient une combinaison primaire; leur mouvement étoit en général plus rapide que celui d’une molécule simple ; il consistoit en un tournoiement habituel autour du plus grand axe; souveut aussi elles paroissoient s’a- platir. Ces particules ovales étoient en grand nombre et extrêmement agilées dans l’arsenic blanc. Comme les substances minérales qui avoient été fon- dues, contenoient des molécules mobiles, en aussi grande abondance que celles qui provenoïient des dé- pôts d’alluvion, je désirai vérifier, si la mobilité des particules qui se trouvoient dans les corps organiques, étoit affectée en quelque manière, par l'application d’une chaleur intense à Ja substance qui les conte- noit. Dans ce but j’exposai à la flamme d’une chan- delle’, ou à l’action du chalumeau, en les tenant avec une pince de platine, de petits morceaux de bois vivant ou mort, de linge, de papier, de coton, de laine, de soie, de cheveu et de fibres musculaires : tous ces corps ainsi chauffés, puis éteints dans l’eau et immédiate- ment soumis à l'examen , m'ont présenté des mole- cules auimécs d’un mouvement aussi évident que celui OBSERV. MICROSCOP. SUR LE POLLEN, etc: 149 qu’elles avoient dans ces mêmes substänces avant qu'on les brülât. Dans quelques-unes des substances végétales brülées de cette manière, j'observai outre les molécules sim- ples, des combinaisons primaires de celles-ci, formant des fibrilles qui présentoient des contractions trans- verses, en nombre correspondant, comme je l'ima- ginai, à celui des molécules qui les composoient. Lors- que ces fibrilles ne réunissoient pas plus de quatre ou cinq molécules, elles avoient un mouvement analogue, pour son espèce et sa vivacité, à celui des fibrilles minérales déjà décrites ; mais les fibrilles qui avoient plus de longueur en conservant le même diamètre ap- parent, demeuroient en repos. La substance qui four- nissoit ces fibrilles mobiles en plus grande proporlion, et avec le mouvement le plus rapide, étoit le corps muqueux placé entre la peau et les muscles de la mo- rue, surtout après sa coagulation par la chaleur. La fine poudre qui recouvre la surface inférieure des feuilles de quelques fougères, particulièrement de l’Acrostichum calomelanos et des espèces voisines, étoit entièrement formée de molécules simples et de leurs composés fibreux primaires, les uns et les autres dans un mouve- ment très-marqué. Il y avoit trois choses d’une grande importance que je tenois à vérifier à l'égard de ces molécules, savoir leur forme, le degré d'égalité de leurs dimensions, et leur grandeur absolue. Je n’ai pas eu pleine satis- faction dans l’examen que j'ai entrepris de ces différens points, ’ 150 HISTOIRE NATURELLE. Quant à la forme, j'ai bien reconnu que les nrolé- cules sont sphériques, et j'ai quelque confiauce dans cette observation; les exceptions apparentes à cette règle s'expliquent, à ce qu'il me semble, en sup- posant que les particules qui s’écartent de la forme normale, sont composées. Il est vrai que dans quel- ques cas celte supposilion se concilie dificilement avec leur grandeur apparente, et qu’elle exige qu’on admette que, dans la combinaison , la figure de la mo- lécule a pu être altérée. Dans les combinaisons que nous avons appelées primaires, il faut admettre également quelque modification de forme ; et les molécules sim- ples, elles-mêmes, m'ont quelquefois paru, lorsqu'elles étoient en mouvement, avoir subi quelque altération sous ce rapport. La méthode que j'ai employée pour estimer la gran- deur absolue et pour vérifier l'égalité de dimensions des molécules, consistoit à les placer sur un micro- mètre dont la division étoit poussée jusqu'aux cinq mil- Jièmes de pouces et dout les lignes étoient très-dis- tinctes. Plus rarement, j'en employois un autre dont la division alloit jusqu'aux dix-millièmes ; mais les lignes étoient si déliées qu'elles ne se voyoient pas aisément sans l'application de la plombagine, telle que l’a employée le Dr. Wollaston; et ce moyen étoit inadmissible pour mes observations. Les résultats ainsi obtenus ne peuvent être regardés que comme approximatifs, et on ne peut y avoir beau- coup de confiance, Cependant, d’après le nombre et le degré de conéordance de mes observations, je suis bis Ébeanant. ous OBSERV. MICROSCOP. SUR LE POLLEN , etc. 14 disposé à coire que les molécules simples sont toutes égales en grosseur; mais prises dans des substances diverses et examinées dans des circonstances plus ou moins favorables, leur diamètre paroît varier entre 5 et 55655 de pouce (1). " Je n'entrerai pas actuellement dans plus de détails, et je ne hasarderai pas de conjectures sur ces molé- cules qui paroïissent se trouver si généralement dans les corps inorganiques. Il convient seulement de nom- mer les principales substances dans lesquelles il ne m'a pas été possible de les obtenir. Ce sont l'huile , la résine, la cire et le soufre, quelques métaux que je ne pus réduire à l’état de division nécessaire pour la séparation des molécules, et enfin les corps solubles dans l’eau. Pour revenir au sujet par lequel mes recherches avoient commencé, et qui en étoient le premier but, il me res- toit toujours à examiner quel étoit le mode probable d'action des particules caractéristiques du pollen. Ces particules étoient, il est vrai, réduites en nombre avant que la graine pût s'appliquer au stigmate, dans quel- ques cas et spécialement dans la Clarckia que j'exa- minai la première; mais dans plusieurs autres plantes, elles l’étoient beaucoup moins et pouvoient presque — = ———_—_—_—_—_— Le ms (1) Au moment même de l'impression de ce Mémoire, Mr. Dollond, sur ma demande , a bien voulu examiner le pollen supposé de l’Equ.= seturn virgatum avec un microscope achromatique composé, pourvu à son foyer d’un verre divisé en dix-millièmes de pouce, sur lequel se place l'objet. Le plus grand nombre des particules ou molécules qu'il observa avoient environ 0000 de pouce de diamètre, el les plus petites n'excédoient pas 34 600: \ LA 152 HISTOIRE NATURELLE. toujours être supposées en quantité suffisante pour former l'agent essentiel dans lé procédé de la fécon- dation. Je recherchai donc si leur action étoit bor- née à l'organe extérieur, ou sil étoit possible de les suivre jusqu'au noyau de l’ovule lui-même. Mais ce fut en vain que j'essayai de suivre leur trace au travers du tissu du style, bien que j'observasse des plantes adaptées à ce genre de recherches, soit à cause de la forme et de la grandeur de leurs parti- cules, soit à cause du développement de leurs parties femelles, les Onagraires, par exemple. Ni chez cette tribu, ni chez aucune autre, il ne m'a été possible de trouver les molécules dans toute autre partie de lor- gane femelle que dans le stigmate. Dans les familles même où jai supposé l’ovule nu, telles que les Cyca- dées et les Contfères, je suis porté à croire que l’ac- tion directe de ces particules ou du pollen qui les ren- ferme, s'exerce plutôt sur l’orifice de la membrane que sur le sommet du noyau qui y est renfermé; cette opinion est fondée sur le desséchement partiel de ceite membrane dans le mélèse, desséchement qui se borne à un côté de son orifice, et que J'ai observé déjà depuis’ plusieurs années, Les observateurs qui ne seroient pas prévenus de l’exisience de ces molécules élémentaires mobiles, que la pression dégage si aisément de tous les tissus vegé- taux et qui deviennent plus où moins distinctes lors- que les parties demi-transparentes commencent à se flétrir, ces ebservateurs , dis-je, n’auroient pas de peine à distinguer des granules dans toute la longueur OBSERV. MICROSCOP. SUR LE POLLEN , etc. 193 du style; et comme ces granules ne sont pas toujours visibles dans l’état frais et entier de l’organe, ils sup- poseroient naturellement qu'ils dérivent du pollen, au moins dans les cas où ils ne diffèrent pas notablement des molécules quant à la grandeur et à la forme. Il est nécessaire de remarquer encore, que dans la plupart, je devrois peut-être dire dans toutes Îles plantes, outre les molécules séparables du stigmate et du style avant l’application du pollen, on obtient par la pression d’autres granules, qui dans quelques cas sont exactement semblables aux particules du pollen dans les mêmes plantes et quelquefois les surpassent en grandeur, Ces granules peuvent être considérés comme des combinaisons primaires des molécules, semblables à celles que j'ai trouvées dans les minéraux et dans les divers tissus organiques. | D’après ce que nous avons dit, en commençant, des Périplocées, des Orchidées, et surtout des Asclépiades, il est difficile d'imaginer qu'au moins dans cette der- nière famille, il puisse y avoir une transmission actuelle de particules, de la masse de pollen qui ne s'épanouit pas, au travers des procès du stigmate. Il ne m'a jamais été possible de les apercevoir dans ces procès, quoique ceux-ci soient en général assez transparens pour les lais- ser voir, si elles y éloient. Mais sila structure des organes sexuels dans les Asclépiades, est bien telle que nous l'avons indiquée, la question relative à cette famille ne seroit plus de savoir si les particules de pollen sont transmises aux ovules, au travers du stigmate et du style , mais plutôt si le contact même de ces parti- ” 154 HISTOIRE NATURELLE. cules avec la surface du stigmate est nécessaire à l’im- préguation. | Finalement on peut remarquer que les cas indiqués, dans lesquels le sommet du noyau de l’ovale, point supposé de l’imprégnation, n’est jamais en contact avec les canaux probables de la fécondation, sont plus dé- favorables à l'opinion de la transmission du pollen à l'ovule, qu'à celle qui considère l’action directe de ces particules comme bornée aux parties externes de l'organe femelle. Les observations dont je viens de donner une courte relation , ont été faites dans les mois de juin, juillet et août, 1827. Celles qui étoieut relatives uniquement à la forme et au mouvement des particules caractéris- tiques du pollen, ont été soumises à plusieurs de mes amis, particulièrement à MM. Bauer et Bicheno, Dr. Bostock, Dr. Filton, E. Forster, Dr. Henderson, Everard Home, Cap. Home, Dr. Horsfield, Kænig , Lagasca, Lindley, Dr. Maion , Menzies , Dr. Prout , Renouard , Dr. Roget, Stokes et Dr. Wollaston. L'existence gé- nérale des molécules actives dans les corps inorga- niques comme dans les corps organiques, leur indes- tructibilité par l’action de la chaleur, et quelques-uns des faits relatifs aux combinaisons primaires des mo- lécules furent communiqués au Dr. Wollaston et à Mir. Stokes dans la dernière semaine d’août. Je n’en appelle point à ces Messieurs pour garan- tir la justesse d'aucune de mes assertions : mon seul but en citant leurs noms est de prouver que mes ob- servations ont bien été faites aux époques indiquées dans le titre de ce Mémoire. ___ I + 0 dl OBSERV. MICROSCUP. SUR LE POLLEN, etc. 155 Je ne donne point les observations relatives au mou- vement des particules de pollen, comme m'apparte= nant : ce mouvement, aulant que je puis le savoir, avoit été aperçu confusément par Needham, et distinctement par Greichen , qui l'avoit remarqué non-seulement dans l’eau après l'épanouissement du pollen, mais qnelque- fois dans l'intérieàr du grain lui-même. Toutefois il n'a donné aucune relation satisfaisante sur les formes et les mouvemens de ces particules, et dans quelques cas, il paroit les avoir confondues avec les molécules élementaires, dont il ignoroit l'existence. Avant de commencer mes recherches en 1827, j'avois eu connoissance uniquement de l'extrait communiqué par Mr. Adolphe Brongniart lui-même, d'un excellent et savant Mémoire , intitulé, Recherches sur la généra- lion et le développement de l'embryon dans les végétaux phanérogames, qu’il avoit alors lu devant l’Académie des Sciences de Paris, et qu'il a publié depuis daus les Annales des Sciences Naturelles. Ni l'extrait, ni le Mémoire lui-même que Mr. Bron- gniart a publié dans sa rédaction primitive, ne ren- ferment d'observations de quelque importance , même aux yeux de l'auteur, sur le mouvement et la forme des, particules : et la tentative de les suivre jusqu’à l’o- vule , avec une connoiïssance aussi imparfaite de leurs caractères distinctifs, ne pouvoit guère avoir de résultat satisfaisant. Cependant, vers la fin de l'automne 1827, Mr. Brongniart ayant à sa disposition un microscope d'Amici le célèbre professeur de Modène , fut en état de constater plusieurs faits importans relatifs aux deux 156 HISTOIRE NATURELLE, points en question : le résultat de ces dernières obser- vations est consigné dans des notes annexées au Mé- moire. J'ai une grande confiance dans le soin avec lequel il a examiné les mouvemens , la forme et les dimensions des granules ; c’est le nom que Mr. B. donne aux particules. Mais en essayant de les suivre dans tout leur déplacement , il a omis deux points d'une grande importance dans cette recherche. En premier liea, Mr. B. ignoroit évidemment que les molécules sphériques mobiles se trouvent généra- lement dans la graine de pollen, aussi bien que les parüicules propres au pollen : ef même il ne paroît pas qu'il ait soupçonné l'existence de ces molécules, bien qu'il les ait vues, et que, dans quelques cas, à ce qu'il me semble, il les ait décrites comme étant des particules du pollen. ; En second Heu, Mr.B. s’est contenté de l’examen extérieur du style ou du stigmate , lorsqu'il a conclu qu'il n'y avoit dans ces organes aucune particule sus- ceptible de mouvement. Il est facile de s'assurer que chez plusieurs des plantes qu'il a examinées, on trouve dans ces organes à la fois des molécules simples et des particules plus grandes, de formes diverses, les unes et les autres susceptibles de mouvement, avant que l'application du pollen aa stigmate ait pa avoir lieu. Cela peut se reconnoître sur- tout dans LAntérrhinum majus , dont Mr.B. a donné une figure représentant la plante à une époque avancée, avec ces molécules ou particules, qu'il suppose déri- vées des grains du pollen, adhérentes au sligmate, OBSERV. MICROSCOP. SUR LE POLLEN, etc. 157 Il est encore d’autres points relatifs aux graines du pollen, et aux particules qu’elles renferment, sur les» quels je diffère d'opinion avec Mr. Brongniart ; par exemple , la supposition que les particules se forment, non dans le grain même, mais dans la cavité de l’an- thère : l’assertion qu'il existe à la surface de la graine, à une époque peu avancée, des pores par lesquels les particules formées dans l’anthère passent dans sa cavités enfin la mention d’une membrane formant l'enveloppe de ce qu'il nomme le boyau, ou d'une masse de forme cylindrique rejetée hors de la graine de pollen. Mais je réserve mes observations sur ces points et quelques autres liés avec le sujet de mes recherches, pour le Mémoire plus détaillé que j'ai l'intention d'y consacrer. 30 Juillet 1828. MÉLANGES. OBSERVATIONS SUR LE TREMBLEMENT DE TERRE QUI A EU LIEU DANS L'ÎLE D'ISCHIA, LE 2 FÉVRIER 1828 ; par Nicolas COVELLI de l’Académie des Sciences de Naples (1). © L'exrrémiTé méridionale de l'Italie est toujours le théâtre des grandes révolutions de la nature : les volcans (x) Les gens de lettres les plus distingués de Naples, viennent de publier un journal scientifique, littéraire et technologique sous le L 158 MÉLANGES. qui ont dévasté anciennement toute l'Europe se sont éteints ; ils ont abandonné ces terres brülées, à la main de l’homme industrieux, qui les a changées en cam- pagnes fertiles et en villes florissantes; mais ici les volcans conservant la même force, ont prolongé ces terribles catastrophes. Le Vésuve, l'Etna, le Stromboli, renouvellent de temps en temps leurs éruptions, comme pour expulser des entrailles du globe les immenses ma- tériaux qui y sont accumulés; ainsi en 1301, un cou- rant de lave se répandit dans l’île d’'Ischia, et en 1603, une éruption violente et instantanée forma une mon- tagne en vingt-quatre heures dans la terre encore fu- manie de Pozzuole, En 1805, époque duterrible trémblementdeterre qui causa la ruine de beaucoup de villes, et s’étendit jusqu'aux extrémités du Foyaume de Naples, de fréquentes se- cousses se firent sentir en plusieurs endroits; elles se sont renouvelées dans ces dernières années ; on en a compté jusqu'à quatorze en 1827 dans l'ile d’Ischia; la plus forte eut lieu le 11 avril, pendant que Mr. Lancellotti et moi, nous nous trouvions dans celte île, pour l'analyse des eaux thermales. Ces fréquentes secousses paroïissent être arrivées par le concours de celles qui ont eu lieu à des distances plus ou moins grandes; telle fut celle ütre de 77 Pontano ; nous avons traduit du N° 2, de ce journal, les observations sur le tremblement de terre d’'ischia que nous communi- quons ici, et qui , plus scientifiques que les nouvelles que nous avons déja données sur le même sujet dans notre T. XX X VIH (p. 236), peu- vent leur servir de supplément. L'adresse des rédacteurs du Pontano est à Naples, nella Strada Saliia St. Anna di Palazzo, N° 18. (R.) TREMBLEMENT DE TERRE D'ISCHIA. 159 du 11 avril qui parut provenir de l'ile de Ponza où la secousse fut plus énergique qu'ailleurs ; elles furent les avant-coureurs du terrible événement qui ne tarda pas à arriver. Le 2 février 1828, à dix heures etun quart du matin, un violent tremblement de terre ébranla si fortement l'ile d'Ischia qu’elle parut prête à s’ensevelir dans la mer. La secousse s’annonça par trois coups très-forts qui sembloient venir de bas en haut : ils se succédè= rent dans l'intervalle de trois secondes, et paroiïssoient provenir d’un choc violent dans une des ‘grandes ca- vernes de l’île; ils retentirent comme des coups de canon qui seroient partis de l’intérieur de l’'Epomeo (1), mais qui ressembloient plulôt à un profond gémisse- ment qu'à la détonation de la poudre. Ce bruit sou- terrain fut très-sensible le long des côtes de Casamic- ciola, de Lacco et de Forio, mais presque nul dans l'intérieur de l'île, même dans les lieux les plus ébranlés par la secousse. Nous n’entendimes qu'un seul coup comme s'il eût été donné par un gros marteau sous Ja voûte de la maison: à ce premier signal, nous nous pré- cipitames dans le jardin pour nous mettre en sûreté (2). DRE 0e ete ee dre d'ele € à © »« o A'ieveFere rene ete le ele eve ne y nv pe 4 Le terrain le plus maliraité ne fut pas précisément celui de Casamicciola, mais celui qui est entre Fango et Casamennella situé à l’occident de Casamicciola, et NN 0 TR Pi cs EU (1) Volcan éteint dans l'ile d'Ischia. (2) [ci l'autenr dépeint le désastre que nQus avons déjà rapporté au T. XXXVIL (R.) 160 MÉLANGE S. qui en est très-près. Dans cet endroit tous les édifices furent très-endommagés, et plusieurs d’entr’eux s’écrou- lèrent. Toutes les digues et tous les murs secs que les naturels appellent paracina, et qui servent à soutenir les terres furent complétement renversés, à l'exception de ceux qui n’avoient que quatre ou cinq palmes de haut! Les premières relations des paysans avoient fait croire que la terre s’étoit ouverte à Fango, et qu'il en sor- toit des vapeurs de soufre et de bitume; mais cela étoit sans fondement. Les crevasses n’étoient que des petites fentes ; elles se montroient seulement sur les bords des terres soutenues par des murs qui avoient perdu leur aplomb ; ces fissures ne se voyoient pas dans les terres compactes et bien liées; elles avoient au plus vingt pieds en longueur et un pouce en largeur. La secousse entre Fango et Casamennella vint diree- tement de l'intérieur de l'Epomeo, par üne ligne oblique à peine inclinée de l'ouest à l’est entre Paseo et Casa- micciola ; elle s | étendit au nord de Fango vers Lacco, et vint de là se réfléchir en sens opposé de l’est à l’ouest vers Forio ; ainsi la région de Fango, Casamennella, et Casamicciola, qui reçut immédiatement le coup, fut dé- truite ; les maisons de Lacco, ont été seulement endom- magées, tandis que la contrée de Forio n’a presque pas souffert, Outre ce centre de mouvement dans la eontrée de Fango, un autre moins énergique se montra à Fou- tana , où la secousse, quoique moins forte qu'à Casa- micciola, se fi sentir plus fortement par des circons- tances locales. Ce TREMBLEMENT DE TERRE D'ISCHIA. 161 Ce tremblement de terre, qui à renversé un village entier avec tant de maisons de campagne, qui ména- çoit de faire sauter en l'air l'Epomeo, et qui agitoit fortement quoique inégalement cette île, n’a pu ce- pendant en franchir les limites, car son ébranlement ne s’est pas communiqué à l’île de Procida et au con- tivent qui en sont très-voisins. Dans cette même matinée du 2 février , une secousse très-marquée se fit sentir à St. Sévéro dans la Pouille ; pendant la nuit du 2 au 3 du même mois, Imola, dans l'Etat Romain, éprouva une légère comotion ; mais dans les pays intermédiaires, on ne s’est aperçu d'aucune oscillation ; ce qui prouve que ces trois différentes se- cousses ne proviennent pas de la même cause. Il ré- sulte de ce qui vient d’être exposé, que les effets de cet épouvantable tremblement de terre se sont bornés à l’île d'Ischia. Il à fait périr trente personnes et en a blessé environ cinquante. Aucun phénomène digne d'observation n’a eu lieu antérieurement ou postérieurement au tremblement de terre: la mer étoit parfaitement calme avant l’événe- ment ; elle conserva la même tranquillité pendant tout le jour. [1 en fut de même de l’air dont le calme ne fut pas interrompu dans la journée, et qui n’offrit au- cun phénomène digne de remarque, ni avant ni-après Févénement, Si l’on compare la table des observations météorolo- giques faîtes par Mr. Nobili dans l'Observatoire Royal de Naples,pendant les mois de janvier et de février, aveé les observations que j'ai faites dans l'ile depuis le 25 jan- Sc.et Arts. Nouv.série. Vol. 39 N°2 Octobre i82& TL 62 MÉLANGE S. vier jusqu’au 14 février, c'est-à-dire , sept jours avant Îe tremblement de terre, et onze jours après, l’on‘verra que l’état de l’atmosphère a suivi son cours ordinaire soit à Naples, soit à l’île d'Ischia, excepté qu'au milieu de janvier le baromètre s’est élevé à une hauteur ex- traordinaire et plus grande que celle des six dernières années. Une commotion si violente dirigée contre un flanc de l’Epomeo auroit pu l'entr'ouvrir, et causer beaucoup de ravage dans cette montagne que ses nombreuses éruptions font présumer vide, et dont les vastes sou- terrains conservent encore assez de chaleur pour ré- chauffer les eaux et les fumerolles qui se trouvent à la surface du sol, Les observations -sur l’état des eaux thermales après l'événement, étoieni de la plus grande importance, pour découvrir à quelle profondeur le choc avoit eu lieu, et faire évaluer à peu près les catastrophes qui pourront arriver dans la suite. - Pour déterminer la différence entre l’état antérieur des eaux thermales et des fumerolles, et celui où nous les trouvames après l'événement , il est néces- saire de comparer les observations thermométriques que j'ai faites à ce sujet avec MM. Monticelli et Lancellotti. La région des eaux thermales ne paroît pas, au pre- mier aspect , très-étendue : on peut dire qu'elle occupe exclusivement la partie septentrionale de l’île, et qu'elle est resserrée dans une zone dont la limite, de l’est à l'ouest, se termine , à la rive septentrionale, précisé- ment enire la ville d’Ischia et Forio. La contrée de L4 TREMBLEMENT DE TERRE D'ISCHIA : 163 Citara est la seule qui soit hors de cette zone où les eaux et la terre ont une température plus élevée. Le réservoir universel de la chaleur des sources ther- males, se trouve dans l’intérieur de l'Epomeo : autour de ce centre de chaleur, à une certaine hauteur , la température est beaucoup plus élevée que dans les par- ties basses, ou au bord de la mer. Dans la région supérieure de la montagne, qui est circonscrite entre 468 et 500 pieds au-dessus du niveau de la mer, la température de l'eau bouillante, soit 80° Réaumur, se montre dans les boues de Bobo, et celle de 78° dans la fumerolle de Monticeto. La chaleur va en diminuant dans les régions inférieures, puis qu'à la hauteur de 163 pieds la température de l’eau de Rita s’abaisse à 50°: elle est à 58° à la hauteur de 120 pieds dans l’eau de Cotto ou Fontanielle , et à 55° à 108 pieds dans l’eau de Gurgitelle: Le maximum de la température au bord de la mer ne dépasse pas 54°, à l'exception de l’eau de Capitello et du sable de Castiglione ; tandis que dans les autres sources, telles que Citara, St. Montano, Ste. Restituta ; elle est entre 40° et 50°. Il paroît que les eaux thermales viennent se réchauf- fer dans l’'Epomeo, à peu près à 500 pieds au-dessus de la mer, et que de ce réservoir elles se répandent dans les parties basses de la région septentrionale, où elles subissent un abaissement de température plus ou moins grand, Je me hâtai de comparer l’état actuel des eaux ther- males avec la table des mêmes observations que j'avois faites sept jours avant la secousse , dans les localités que j'ai indiquées ; je remarquai seulement alors les” { 164 MÉLANGE S$. légères différences qui dépendent de l’état thermomé- trique de la saison. Les eaux thermales et les. fume- rolles ne donnèrent aucun signe qui püût faire prévoir les grandes convulsions du terrain. Mais après la ter- rible secousse, nous ne doutions pas qu'il n'y eût quelque grand changement , soit dans la température, soit dans l’abaissement des eaux et des vapeurs. Nos soupçons se sont vérifiés pour la source de Rita, Ja plus voisine du centre de mouvement ; mais à notre grande surprise , les étuves de St. Laurént visitées huit heures après le tremblement de terre , ne montrèrent aucun changement sensible, ni dans leur température, ni dans la quantité de leurs vapeurs. L'eau à Rita se trouva le lendemain à 48°,5R. (l'air libre étant à 10°), précisément comme elle étoit deux jours avant la se- cousse : dans l’automne dernière, cette eau éloit à 48°,9, l'air libre étant à 18, et dans l'été précédent à 49°,9, l'air libre étant à 22°. La quantité d’eau, avant et après le tremblement de terre, n’a pas varié. La température de la région supérieure de la mon- tagne , dans les lieux voisins du centre de mouvement, tels que Monticeto, Frassitelli, s’est trouvée comme en automne ; celle de la région moyenne à Gurgitello, à Tamburo, à Cotto , etc., n’a pas offert de variations sensibles ; tandis que la température au bord de la mer, aux bains de St. Montano, Ste. Restituta, Lapitetto, elc., ne présente pas d’autres variations que celles qui proviennent de l'état thermométrique de l'air. L'effet de ce violent tremblement de terre, qui a ruiné tant d'habitations et répandu tant d'alarme dans cette ile, a donc été nul pour les vastes réservoirs qui ré- chauffent les eaux et alimentent les fumerolles', ce fait est d'autant plus singulier, que c’est la région des eaux thermales , qui a été particulièrement ébranlee, comme s'il y avoit eu une liaison intime entre la cause du tremblement de terre et la cause: qui produit la cha- Jeur. Mais le siège de la chaleur qui se conserve depuis tant de siècles dans l'Epomeo, sans refroidis- TREMBLEMENT DE TERRE D'ISCHIA. 165 sement sensible , est beaucoup plus élevé que le lieu d’où provient la secousse actuelle ; car pour peu que ces Jocalités eussent été voisines l’une de l’autre , les réservoirs des eaux et des fumerolles auroient éprouvé de grands changemens. Il paroît que l'explosion à eu lieu à une telle profondeur que les vibrations sont arz rivées très-affoiblies dans l’intérieur de l'Epomeo, qui n'a souffert aucune altération sensible. . Douze jours après ce tremblement de terre, dans la matinée du 14 février, plusieurs édifices dans les cam- pagnes de Casamicciola ont été renversés par une vio- lente secousse. Le Vésuve, qui avoit été en repos depuis six ans, a recommencé ses éruptions le 14 mars 1828, à deux heures après midi, en faisant une ouverture dans le centre du cratère ; les habitans du voisinge de ce volcan ont été effrayés dans la nuit par le bruit de. ses détonations ; cette nouvelle bouche se borne jus- qu'à présent à lancer en l'air des scories et des petits morceaux d’une lave tellement molle que les guides du Vésuve y font des empreintes avec des pièces de mon- noie. Cette légère éruption a été annoncée par des se- cousses répétées ; l'expérience nous a appris qu'elles ont toutes une origine volcanique. + (© ASCENSION DU PIC DE LA JUNGFRAU DANS LE CANTON DE BERNE. Les deux chaînes colossales du Mont-Blanc en Sa- voie , et du Mont-Rosa en Valais, quoique compre- nant Îles plus hautes sommités des Alpes, sont plus abordables aux chasseurs que celle des Alpes de l'Ober- Jand bernois. Celle-ci est plutôt un groupe qu'une chaîne : sur un espace de quelques lieues se pressent un grand nombre de pics peu inférieurs à ceux des 166 MÉLANGES. deux autres chaînes ; es principaux sont les suivans : toises, mit: toisgs. mt. ! Le Finsteraarhon. 2204 4295. _ Lé Grand-Eiger. 2044 3984: La Jungfrau.... 2145 4180. Le Wetterhorn.. 1909 3719. Le Mônch...,.. 2110 4114. La Blumlisalp... 1899 37o1. Le Schreckhorn.. 2093 4o7g. Les flancs de ces aiguilles gigantesques rerouvertes de neiges éternelles, présentent de toute part d'affreux précipices, et leurs bases sont séparées par de vastes mers de glace, qui sembleut en défendre à jamais l’ac- cès. Aussi fort-peu d’entr'elles ont-elles pu être esca- ladées. Les périlleuses tentatives faites pour gravir les plus hautes n'avoient jamais eu de succès. Nous apprenons maintenant que. le 10 septembre, le sommet de fa Jungfrau à été atteint: par sept chasseurs ou bergers du village de Griudelwald, nommés Pierre et Christian Roth, Pierre et Christian Baumann, Ulrich Widmer, Pierre Moser et Hidbrand Bürguer. Le 8, munis de piques, de cordages , d’échelles et d'un drapeau rouge et blanc , ils commencèrent à gravir le glacier qui est situé entre le Grand-Eïiger et le Met- tenberg ; tournant ensuite à droite, ils vinrent coucher sous une voute de rochers au revers méridional du Grand-Eiger. Le 9 ils traversèrent les sommités du Viescherhorn, puis ils redescendirent sur le glacier d’Aletsch, et vinrent coucher derrière quelques rochers tombés du Fins- teraarhorn , ayant le Münch à droite. Le 10, tournant encore à droite, ils escaladèrent et suivirent la crête qui descend de la Jungfrau vers le Breïthorn. Là ils trouvèrent plusieurs larges crevasses qu'ils franchirent avec le secours d’une échelle, en se rapprochant de leur but. La pente de la glace étoit si rapide dans cetendroit, qu'ils furent obligés de tailler pendant deux heures des degrés dans la glace. Enfin vers quatre heures ils arrivèrent sur le plan de la plus baute cime, et demi-heure après ils avoient gravi le pelit imamelon de rocher qui la couronne. C’est là qu'ils ‘ _ ASCENSION DU PIC DE LA JUNGFRAU, | 167 plantèrent, à la profondeur de deux pieds dans la glace, le drapeau que, plusieurs jours après, on voyoit encore du village d'Interlaken. Le même soir ils revinrent coucher aux rochers du Finsteraarhorn , sur le glacier d’Aletsch , et le 11 à midi, ils étoient de retour à Grindelvald. La température du sommet étoit assez douce ; la vue en est très-étendue, puisque la Jungfrau n'est dépassée que par le Finsteraarhorn auprès d'elle, et par quelques- unes des cimes des Alpes du Vallais et de la Savoie. C'est à Mr. Rohrdorf, Zuricois établi depuis plu- sieurs années à Berne, qu’on doit l'exécution de ce projet, souvent entrepris et toujours abandonné, vu les difficultés extrêmes qu’il présente. Un rapport détaiilé doit être remis au Gouvernement. BULLETIN D'ANNONCES. L ENCYCLOPÉDIE POPULAIRE, ou LES SCIENCES ,-LES ARTS ET LES MÉTIERS MIS A LA PORTÉE DE TOUTES LES CLASSES. Livraisons nouvelles. Voy. pag. 163 du vol. précédent, 1) Trailé de Mécanique pratique. Traduit de l'anglais, par Mr. Boquillon. Premire partie. Des agens méca- niques où premiers moteurs ; 157 p. et 3 plauch.— Seconde partie. Elémens de la science des machines, 278 p. et 11 pl. — Troisième partie. Des frottemens et de la rigidité des cordages. 160 p. et une pl. — Quatrième partie. Mécanique animale. 137 p. et une planche. | 2) Art du menuisier en bâlimens et meubles , suivi de l'Art de lebeniste, etc. : par Mr. A. Paulin. — Troisième partie. Menuiserie en bâtimens. 25e p. 168 BULLETIN D'ANNONCES. 3) Le Toisé des bätimens, où l'art de se rendre compte, et de mettre à prix toute espèce de travaux; ouvrage utile aux architectes, consiruteurs et propriétaires ; par L. R. Pernot, architecte, expert près les tribu- naux. — Première partie. Maçonuerie, 59 p. et une planch. — Seconde partie. Charpente. 39: p. — T'roi- sieme partie. — Serrurerie. 88 p.— Quatrième partie. Couverture , carrelage. 78 p. IL. ASTRONOMIE SOLAIRE D'HIPPARQUE , soumise à une cri- tique rigoureuse et ensuite rendue à sa vérité primor- diale ; par J. B. P. Marcoz. 1 vol. in-8.° 352 p. Paris, chez De Bure, frères, rue Serpente, n.° 7. 1828. NB. Nous nous proposons de faire connoître cet ouvrage par un ou plusieurs extraits. III. TRAITÉ PRATIQUE DE CHIMIE APPLIQUÉE AUX ARTS ET MA- NUFACTURES, À L'HYGIÈNE ET À L'ÉCONOMIE DOMESTI- QUE, par S. F. GRAY ; traduit de l'anglais, et considé- rablement augmenté et mis en harmonie avec nos be- soins, nos usages, ou les matières que nous pouvons employer ; par T. RICHARD. Première et seconde li- vraisons, 208 p. in-8.° et 18 pl. Paris 1828, chez Anselin, successeur de Magimel , rue Dauphine n.° 9. Cet ouvrage formera 3 vol. in-8.°, et un atlas com- posé de 100 planches, représentant 379 figures en taille-douce : il sera publié en treize livraisons de 112 pag. el de 8 planches, qui paroïîtront exactement tous les vingt jours. Prix de chaque livraison 2fr. 50 c. NB. Cet ouvrage nous fournira quelques articles utiles. ERRATA POUR LE CAHIER PRÉCÉDENT. Page 42 lig. 8 d’en bas, ajoutez {Voy. le Vocabulaire symbolique PI. I). &3 Sdubhaut, (Voyez PI. I, fig. 2). 16. 9 d'en bas, (Voyez la fig. 1). bo 4d’en-bas, fig. 2, lisez His. 3. haine ts". :- ( 169 ) ER GÉODÉSIE. SUR LA JONCTION DE DEUX MESURES DE DEGRÉS EXÉCU- TÉES EN RUSSIE ; par Mr. W. STRUVE. ( Aséronomische Nachrichten. N° 139). Les mesures de deux degrés de latitude , indépendantes l'une de l’autre, ont été exécutées en Russie pendant l'année 1827. Dès 1816 de grandes opérations trigo- nométriques ont été confiées aux Officiers de l’Etat- Major-Impérial, sous la direction de S. E. le Général- Major Chey. de Tenner. L'année dernière le couts de ces opérations a amené Mr. de Tenner à profiter de la chaine de triangles qui unit Bristen en Courlande avec Belin dans le Gouvernement de Grodno, pour mesurer l'étendue du degré entre 52° 5'et 56°35”, en faisant aux extrémités et au milieu de cet arc les observations astronomiques nécessaires. L'autre mesure a été entre- prise par l'Université de Dorpat, entre Jacobstadt en Courlande , et l’île de Hochland, de 56° 30" à 6o° 5’, sous le méridien de l'Observatoire de Dorpat. L’extré- mité sud de la dernière de ces mesures ne s’écarte de l'extrémité nord de la première que de quatre milles géographiques à l’est. Elles peuvent donc être réunies , et donner ainsi la mesure d’un arc de méridien assez considérable sur le territoire russe. Sc. et Arts. Now. série. Vol, 39. N.° 3. Novem. 1828. M 170 GÉODÉSIE. Belin et Bristen sont liés par une chaîne de cinquante: sept triangles de la meilleure forme. Les angles de ces triangles ont été mesurés au moyen d'un cercle ré- pétiteur de Troughton, de seize pouces de diamètre. La foiblesse des erreurs que font connoître les sommes des trois angles de chaque triangle, atteste, dans ce travail , une exactitude qui surpasse tout ce qu'ont of- fert les mesures de degrés exécutées jusqu'a présent : et cependant la mesure des angles a rencontré de grandes difhcultés dans certaines parties boisées ; en plusieurs endroits on a dù élever, pour cette opération, des échaffaudages de neuf à dix-huit brasses de haut. Mr. de Tenner affirme , à cette occasion, qu'aucune contrée n'offre d’obstacle insurmontable à un ingénieur entreprenant , et à la disposition duquel'se trouvent tous les moyens de secours. La chaîne des triangles est rat- tachée à deux bases, situées, l’une à son extrémité sud , et l’autre dans le voisinage de l'extrémité nord. L’une et l’autre ont été mesurées avec un appareil de Borda, toujours prolégé par un abri contre les rayons du so- leil. Une série d'expériences fort exactés avoit été faite pour déterminer la dilatation des verges de mesure par la chaleur. La direction du méridien a été fixée au moyen d’une lunette des passages, placée dans un petit observa= toire à Nemesch, sur le milieu de l'arc ; de semblables observalions ont élé faites à Belin à l'extrémité ‘sud!”” | Les amplitudes ont été déterminées par l’extellente méthode de Bessel , au moyen de la lunette des passages employée comme secteur zénithal, pendant les années MESURES D'ARCS DE MÉRIDIENS EN RUSSIE. 171 1826 et 1857: Pour cet objet, la lunette de Ramsden, de,six pieds, qui appartient à l'observatoire de Wilna, a été transportée successivement à Belin et à Bristen. Quant aux observätions de Nemesch, elles ont été faites _avec un instrument de Dollond , appartenant à l'obser- vatoire. de. Mittau ,.et' avec. un iastsument de Canevet. Ces.observations ont élé réparties entre Mr. le Gén. de Tenner , Mr. de Slavinski, astronome de Wilna, et Mr. le lieutenant de Chodsko. Le nombre des passages «6bservés.est 8 considérable, que. les erreurs acciden- telles peuvent être corisidérées comme annulléés dans le résultat général ; par là , lesamplitudes acquièrent au- tant d'exactitude que le permettent les sources de petites erreurs constantes, qui dépendent ; soit de la nature particulière de l'instrument, soit de sa position et du mode desrectification employé. Quant à la mesure exécütée par moi, je renvoie à la relation )abrégée que j'ai proviséirement publiée (1). Je me ‘suis réuni, à Mr. le Général de Ténner pour la jonc- tion des deux opérations. Il s’est chargé pour cela des mesures géodésiques; et de mon côté je.me suis chargé d'observer à Dorpat les étoiles observées à Belin, Ne- mesch.et,Bristen, avec la lunette des passages de Dollond , de huit pieds, employée comme secteur zé- nithal , et de comparer la mesure dont s’est servi Mr. de Tenner , qui.est d'une brasse russe , soit sept pieds an- F glais (2,133 mètres), avec la toise de Fortin que pos- 7 rte ri x (x) Mr. Struve ne dit pas dans quel journal sa relation a été pu- bliée. (R). | M 2 172 GÉODÉSIE. sède cet observatoire. Après cette comparaison des me- sures employées, et lorsqu'on aura mesuré les trois triangles de jonction , on procédera à la détermination indépendante, des deux côtés Kreutzbourg-Daborskaln, et Daborskaln-Sestukaln. Les déux mesures de dégrés doivent donner , de plus, les hauteurs de'ces points au- dessus de la surface de la Mer Baltique par le moÿen‘des distances au zénith, puisque les autres triangles du Gé- néral de Tenner s'étendent jusqu’à cette mer et'au golfe de Riga, tandis que mes opérätions partent du niveau du golfe de Finlande. Afin de trouver dans la jonction des deux ‘opérations une preuve certaine de leur exactitüde , nous sommes convenus de “ne point nous communiquer immédiatement les valeurs des côtés communs à l’une et à l’autre, non plus que les hauteurs au-dessus de la mer. Un tiers reçoit sous'cachet les ré- suliats des deux parts, et les ouvre en même temps ; pour prononcer sur leur accord. Mr. le Chev. de Schubert, chef du dépôt des cartes de VEtat-Major Impérial, à Saint-Pétersbourg , et Mr. le Prof. Bessel à Kænigsberg, ont bien voulu se prêter à cet arran- gement. | Les deux mesures réunies comprennent quatre-vingt treize triangles , qui s'étendent entre 52° 5” et 60° 5”, et embrassent ainsi un peu plus de huit degrés de lati- tude. Il est vrai que les deux parties ne sont pas entière- ment sous le même méridien , puisque le méridien de Nemesch, dans le voisinage de Jacobsiadt, se trouve environ douze milles géographiques à l’ouest de Dorpat. Mais il ne peut en résulter aucun inconvénient notable MESURES D’ARCS DE MÉRIDIENS EN RUSSIE. 173 pour la sûreté de la mesure des distances qui séparent les parallèles , parce que précisément au point où la direction des triangles s’écarte le plus du méridien, auprès de Jacobstadt, j'ai déterminé un azimuth avec beaucoup. d’exactitude. Dans l'automne je reprendrai à Dorpat l'observation des étoiles zénithales employées par Mr. de Tenner. Par là je déterminerai, directement l'amplitude entre les stations de Mr. de Tenner et Dorpat, et indirectement celle de l’arc entier compris entre Belin et Hochland. Alors deviendront compa- rables les observations faites par divers observateurs à Bristen et à Jacobstadt, où la hauteur du pôle ne diffère que de 5°. L'arc total de 8 compris entre Belin et Hochland , sera divisé en quatre portions de 2° 34, 1°53", 1° 51° et 1° 42", par les points intermédiaires de Nemesch, Bristen ou Jacobstadt , et Dorpat. 16 4 Dorpat, —— mai 1828. 4 OPTIQUE. FABRICATION DU FLINT-GLASS EN FRANCE, D'APRÈS UN PROCÉDE RÉGULIER. Ox lit dans le Globe (N.°107) que dans la séance de l’Académie des Sciences de Paris du 20 octobre dernier, MM.Thibeaudeau et Bontemps, gérans de la 174 OPTIQUE. verrerie et cristallerie de Choisy-le-Roy, ont lu an Mémoire sur la fabrication du flint et du crown-glass. La lecture de ce Mémoire a été accompagnée de la présentation de morceaux de flint-glass et de crown- glass, propres à la fabrication d'objectifs achromatiques de grandes dimensions. « Ces disques, » disent les au- teurs, « sont sortis des ateliers de notre établissement; nous pouvons même dire qu’ils sont fabriqués de nos mains, n'ayant voulu confier qu'à nous-mêmes le soin d’une fabrication aussi importante et le secret des moyens qui en ont assuré le succès. » Parmi les disques qu'ils ont produits, Mr. Thibeau- deau et Bontemps ont choisi pour les soumettre à l'examen de l’Académie, quatre disques de flint-glass, des diamètres suivans : | 13 centim., soit15po.1o li. 33 centim., soit 12po. 155 ——— 6 8 38 2% 14 «Nous n’entreprendrons pas, » ajoutent-ils,« de fixer votre attention sur la supériorité de ces disques, sous le rapport de leur pureté, de leur densité, et de leurs dimensions. Qu'il nous suffise de vous faire observer que la découverte d’une méthode sûre et régulière pour la fabrication du flint-glass, d’un procédé dont nous pouvous décrire tous les développemens, n’est pas le moindre résultat de nos efforts. » Les auteurs du Mémoire, malgré une opinion contraire jadis adoptée, ont pensé que la fabrication du crown- glass n’étoit pas moins importante et qu'elle n'étoit guère plus facile que celle du flint-glass. Ils en ont donc aussi fabriqué; mais s’en étant occupés trop tard, FABRICATION DU FELINT-GLASS EN FRANCE. 175 ils n’ont pu, dans leur empressement à mettre sous les yeux de l’Académie le résultat de leurs travaux, se procurer qu’une seule fonte, Ils espèrent pourtant que les échantillons qu'ils présentent suflront pour faire conuoître que leur crown-glass auroit aussi toutes les qualités exigées pour l'optique. Ils annoncent qu'ils mèneront désormais de front les deux fabrications. Note des Rédacteurs. On sait que les objectifs de flint-glass à grande ou- verture, qui garnissent les plus fortés lunettes connues, sont dus aux recherches et à la persévérance de feu Mr, Guinand, des Brenets (Canton de Neuchatel, en Suisse). L'objectif de neuf pouces de la lunette qui appartient à l'observatoire #le Dorpat , celui de 12 po.6 li. de la lunette de Mr. Cauchoix qui parut à l’exposition de France en 1823 et qui est actuellement à l’observa- toire de Paris, enfin celui de 12 po.1 li, de la lunette de Mr. Lerebours appartenant au même observatoire, sortent des creusets de Mr. Guinand. A l’époque même de la mort de cetintéressant artiste (février 1824), nousavons fait connoître dans une notice (x), la longue série des tra- vaux par lesquels il étoit parvenu à ses beaux résultats. L'extrait du Globe auquel nous empruntons la nouvelle que l’on vient de lire, montre que MM. Thibeaudeau et _Bontemps ont rendu à la mémoire de feu Mr. Guinand la ———— —]_—_—_— (1) T. XXV, p. 142 et 227. Voyez aussi le rapport fait à la Société Astronomique de Londres, sur le flint-glass de Mr. Guinand. T. XXXII , p. 244. 176 OPTIQUE. justice qui lui étoit due. Ils ajoutent que leurs premiers travaux ont été faits de concert avec Mr. Lerebours et avec Mr. Guinand fils, «lequel, après plusieurs mois « d'essais infructueux, dut reconnoître que Îles indica- «tions qu'il avoit données étoient incompiètes, et que « ce qu’il connoissoit des procédés de son père ne suf- « fisoit pas pour composer du flint-glass bon pour l’op- «tique.» Nous nous empressons de faire savoir que Mr. Guinand a eu plus d’un fils, et que celui dont il est ici question n’avoit pas suivi les recherches de son père. Celui qui a, dès son jeune âge, constamment tra- vallé avec lui, est Mr. Aimé Guinand, actuellement éta- bli aux Brenets , qui continue la fabrication du flint- glass. Il en a déjà fourni à Vienne, à Paris et à Londres, des échantillons qui ont prouvé qu’il possédoit les pro- cédés de son père, et il a dans ce moment des com- mandes pour ces trois villes. Nous garantissons l’au- thenticité de ces renseignemens, qui nous paroissent es- sentiels, pour qu'on sache que l’importante fabrication de flint-glass n’est pas perdue pour le pays’ où elle avoit pris un si grand développement. C177) meme NOTE SUR LES CAUSES DE LA MOBILITÉ APPARENTE DU REGARD DANS LES YEUX D'UN PORTRAIT ; par Mr. G. M. Raymoxp. (T. III des Mémoires de la Société Royale Académique de Savoie. ) (Extrait), Nos lecteurs n’ont peut-être pas oublié l’extrait que nous avons donné en février 1826 (1) d’un Mémoire du Dr. Wollaston sur le sujet de cet article, Mémoire qu'accompagnoiïent deux figures déraoutrant d’une ma- nière frappante ce qu’avançoit le savant auteur. C'est cet extrait même qui a donné lieu à la présente note de Mr. Raymond. On se souvient que le Dr. Wollaston , recherchant d’abord par quel critère nous jugeons ins- tantanément de la direction des yeux d’une personne qui nous regarde, écartoit successivement les diverses hy- pothèses auxquelles on avoit coutume de recourir, pour montrer que ce jugement résultoit de la disposi- tion de toutes les parties de la face relativement aux yeux. Les deux figures représentoient deux têtes, dont le regard changeoit sensiblement de direction apparente, lorsqu'on superposoit sur leur partie inférieure , des traits correspondans tracés sur une feuille détachée, — (1) T. XXXI, p. 168. 178 OPTIQUE. mais disposés d'une manière différente. Appuyé sur cette observation, le Dr. Woliaston faisoit remar- quer , que dans un portrait représentant une personne qui auroit regardé le peintre, le rapport de situation des yeux et du reste des traits ne variant point lorsque le spectateur change de place , ces yeux devoient cons- tamment paroître dirigés sur le spectateur, où qu'il se plaçât. Il renforçoit son raisonnement de quelques considérations de perspective. Mr. Raymond reprenant le sujet, Je met, à notre avis, dans une évidence plus grande encorg et il y 5 a ajouté quelques considérations neuves et intéressantes sur le point lumineux des yeux d’un portrait, que les peintres appellent quelquefois le point de vice. «Je suppose, » dit l'auteur, «un cube placé sur leterrain, et à côté de ce cube, un tableau vertical qui le représente dessiné selon les règles de la perspective linéaire , en sorte que lune des faces latérales, la face droite, par exemple, se présente obliquement et en raccourci. Que le spectateur se place d’abord devant le cube réel, de ma- mière à ce qu'il le voie dans la même situation où il est représenté sur le tableau. S'il fait quelques pas sur sa droite, 1l continuera à voir la face antérieure , maïs de plus en plus oblique et raccourcie, tandis que la droite se développera davantage. Qu'il se transporte ensuite à gauche de sa première position : la face droite s’effacera peu à peu, finira par disparoître , et la face gauche’ se découvrira à ses regards. Ces circonstances témoigneront au spectateur que le cube est resté im- mobile; car, pour que le cube eût pu continuer à offrir MOBILITÉ APPAR. DES YEUX D'UN PORTRAIT, 179 au spectateur ainsi déplacé la même face droite sans augmentation ni diminution apparente, il faudroit que ce cube eût tourné sur lui-même ; d’abord de gauche à droite, et ensuite de droite à gauche. Que le spectateur se place maintenant devant le tableau, à la distance et au point de vue indiqués par la perspective du cube, l'image de celui-ci fera sur ses yeux le même effet qu’il éprouvoit à l'aspect du cube réel, forsqu'il étoit dans sa première station en présence de ce dernier. Qu'il se déplace ensuite sur sa droite, leffet restera à peu près le même, puisque la face droite n'aura pas acquis un plus grand développement, et le cube peint paroiîtra avoir tourné vers Île spectateur , :detelle sorte que sa partie postérieure semblera avoir tourné de droite à gauche, et.sa partie antérieure -de gauche à droite. Lorsque le spectateur passera sur sa gauche , la face droite du cube, au lieu de s’effacer , comme dans la réalité, continuera de se présenter à peu près avec Ja même étendue , ‘tandis que la face gauche ne se mon- trera point aux regards du spectateur. Et ainsi le cube paroîtra tourner de nouveau! versile spectateur; c'est-à- dire , que sa partie postérieure paroîtra se reculer vers la droite , et la partie antérieure semblera s'avancer vers la gauche. Le cube paroîtra donc se mouvoir en même temps que le spectateur, de telle manière ga il semblera constamment se diriger vers lui. » « On sait que le même ne se manifeste dans la ‘perspective de l’aflée d'arbres, dans celle d'une co- lonnade non parallèle au plan du tableau , et généra- lement dans la représentation de tous les objets dont 180 OPTIQUE. les dimensions et les contours sont tracés selon les rè- gles de la perspective linéaire. L'application de ceci au phénomène que présente le regard d’un portrait est facile. » | « Lorsqu'une tête n’est pas dessinée de profil , la di- rection de la face et du relief de la tête entière vers le devant du tableau, direction indiquée en général par Ja saillie du nez, se trouve perpendiculaire ou eblique au plan du tableau. Dès-lors cette direction doit paroi- tre se mouvoir avec le spectateur de la même manière que nous avons vu tourner en apparence celle du cube. Car la tête vivante ayant du relief, ne pourroit présen- ter constamment les mêmes parties du visage dans les mêmes développemens ou sous les mêmes raccourcis, sans tourner sur elle-même à mesure que le spectateur se déplace. Mais, dans un portrait, la tête n'ayant pas un relief matériel , le côté de la face opposé au spec- tateur ne peut être dérobé à ses regards par une saillie qui n'existe pas; et ce côté continue à se montrer dans toute l'étendue que le peintre lui a donnée, tandis que le côté tourné vers le spectateur n’acquiert point un plus grand développement. Par conséquent, la tête peinte lui offrant, dans toutes les stations, les mêmes pro- portions dans chacune des parties de sa face , cette tête paroîtra tourner à mesure que le spectateur changera de place. » « Cela seul suffiroit déjà pour faire entrevoir que la direction du regard dans un portrait étant coordonnée à une direction déterminée de la face, celle-ci ne peut paroître changer avec le spectateur, sans que l'autre MOBILITÉ APPAR. DES YEUX D'UN PORTRAIT. 18r! ne semble marcher avec elle. Cette conséquence est d’ailleurs fortifiée par les premières observations que j'ai rapportées du Dr. Wollaston. » «Mais, pour ajouter le dernier trait d’évidence à l'explication du phénomène qui nous occupe, il faut tenir compte du relief dé l'œil vivant, qui, envisagé sous le rapport des effets de la perspective, donne lieu à des considérations analogues aux précédentes. » « Lorsque nous regardons une personne en face, le blanc des yeux se montre également réparti par la po- sition centrale de l'iris. Mais si cette personne conserve Ja tête immobile et que nous fassions quelques pas de côté, la partie du; blanc de l’œil située du côté opposé s’efface. successivement, par l'effet de la convexité du globe de l'œil, tandis que la partie du blanc située de notre côté Se montre! tout entière. Et pour que les deux parties: restassént égales, il faudroit que la personne que nous regardons tournât la tête proportionnellement de notre côté ; à mesure que nous nous déplaçons. Or, dans un portrait, les deux parties du blanc de l'œil conservant invariablèment leur étendue primitive, l'œil -paroïîtra tourner à mésure” que nous changerons de place. Une cause semblable à ne autre entraine néces- sairement un même effet Siidone le portrait paroît nous regarder une fois, il continuera de nous regar- der dans toutes les-autres situations que nous pourrons prendre: » j; qu « Ajoutons, que la position du. point lumineux con- tribue à cette illusion. Car, sur un œil vivant, le point lumineux change de place à chaque-mouvement du spec- 182 O P T/I QU E. tateur, attendu Île poli ét la grande convexité de la cornée transparente, tandis que , sur le portrait, ce point garde constamment la place où le peintre l’a mise; ce qui conduit aux mêmes conséquences que les observa- tions qui précèdent. » « Je crois devoir prévenir ici, au sujet de cette der- nière remarque, des objections qui pourroient offrir quelque chose de spécieux. » « Et d'abord , lorsqu'un spectateur est en présence d’une personne qui le regarde, la position du point lumineux de l'œil dirigé sur le spectateur est déterminée par la situation de cet œil relativement aux rayons de lumière qui le frappent, et par la place qu'occupe le spectateur, Si celui-ci reste immobile et que la personne qui le regarde tourne un peu la tête sans cesser de le re- garder, le point lumineux ne seraplas à la même distance de la prunelle , ni dans la même:situation relative par rapport aux autres parties de l’œil:iet cependant le spec- tateur continuera à juger que le regard est dirige sur lui. Si le spectateur se déplace et que la personne quia les yeux sur lui, continue à le ‘regarder , en tournant pro- portionnellement la face: vers-lur, le point lumineux changera encore de:position ; attendu la convexité et le poli de la cornée transparente. » « Mais sur un porifaitz le me lumineux est inva- riablement fixé; et , quoique’la tête paroisse tourner à mesure que le spectateur se déplace, le point lamineux garde la même situation relativement aux diverses par- tes de l'œil, quelque position que prenne le spectateur, Ainsi Ja peinture ne: présentant point les mêmes cir- MOBILITÉ APPAR., DES YEUX D'UN PORTRAIT. 183 constances que la réalité, ne devroit pas produire les mêmes effets. Il semble donc que le portrait devroit ces- ser de, regarder le spectateur dès que celui-ci change de position, ou, que le phénomène de la constance appa- rente du regard ne/dépend nullement de la position du point Jumineux. Cette difficulté disparoît facilement au moyen des remarques suivantes. » «+ « Lorsqu'une personne nous regarde , la position du point lumineux de son œil est en rapport avec la distri- bution de la lumière et des ombres sur toutes les par- ties de sa face , ainsi que sur les objets environnans ; et, en vertu des expériences fréquentes avec lesquelles l'habitude nous a familiarisés, l'effet de l'impression que nous fait éprouver le jeu de la lumière ne peut ja- mais être incertain, Si cette personne continue à nous regarder, soit que seule elle aît tourné la tête, soit que nous ayons changé de place nous-mêmes , dans les deux cas la distribution de la lumière et des ombres sur les diverses parties, de: la face aura changé en même temps que le point lumineux aura pris une autre position par rapport aux différentes parties de l'œil; et il y aura tou- jours dans le jeu total de la lumière, cette harmonie que l’inshinct naturel et l'habitude nous font apprécier sur-le-champ! etquine peut nous permettre aucune mé- prise: Dans l’une ou l’autre circonstance, tant que Îles choses resteront danse même état, l'effet restera le même ; et:nous-jugerons.que Je regard continue à ,se diriger sur mous, », | s'TTAS « Supposons maintenant un portrait où le peintre ait placé le point lumineux de l'œil d'une manière conve- 184 OPTIQUE. nable, c’est-à-dire, dans une position assortie à la di- rection qu'il a doñnée à la lumière par la disposition des jours et des ombres, et qu'il aît dirigé le regard sur lui. Lorsque le spectateur changera de place, la tête péinie paroïtra tourner sans que le point lumineux change de position relative : cela est vrai; maïs c’est précisément parce que cette position ne change pas, que l'effet reste le même, par la raison que le clair+ obscur de la face ne sübit aucune variation, et qu’ainsi la position da point lumineux reste coordonnée comme auparavant à la distribution générale de la lumière arti- ficielle sur les diverses parties de la face. » « Ici l’on fera peut-être une autre objection, à la- quelle je viens toutefois d'indiquer la réponse. On dira que le rayon qui part du point lumineux d’un œil vivant regardaut le spectateur, et qui arrive à l'œil de celui- ci, fait sur la cornée transparente du premier, un an- gle de réflexion égal à l’angle d'incidence, quelle que soit la position respective de l’un‘'et de l’autre, mais qu'il n’en ést pas dé même d’un portrait. Et en effet, supposons que, pour une situation déterminée du spec- tateur en présence du tableau, le rayon dirigé du point lumineux de l’œil du portrait à l'œil du spectateur!, puisse être considéré comme faisant sur le premier un angle de réflexion égal à l'angle d'incidence de la: lu- mière dirigée sur le tableau; au moindre mouvement du spectateur à droite ou à gauche de sa première posi- tion, le rayon qui, du point lumineux de l'œil du portrait arrive à l’œil du spectateur, déviendra plus ou moins oblique MOBILITÉ APPAR, DES YEUX D'UN PORTRAIT, 185 oblique à la surface du tableau, et l'égalité des deux angles dont il s’agit sera rompue. » «Je crois qu'il faut distinguer la lumière réelle et extérieure qui éclaire la surface du tableau, de la lumière artificielle que le peintre répand sur les objets créés par la magie de son art. Ce qui me fournit l'occasion de placer ici une observation que je crois fondée, quoi: que peu conforme à l'opinion commune. » «Lorsqu'on veut placer un tableau de manière à ce qu'il produise tout son effet, on a grand soin de le mettre dans une position où il reçoive le jour extérieur qui doit Péclairer, du même côté que les objets peints reçoivent la lumière artificielle dont le peintre les a frappés : c’est ce qu'on appelle placer le tableau dans son jour. Je pense qu’en cela l’on fait bien, et le peintre surtout est bien avisé de prendre tous ses avantages. Mais je crois qu'en général on donne à ce soin plus d'importance peut-être qu'il n’en mérite. Un ta- bleau appliqué contre un mur est comme une ouver- ture pratiquée dans ce mur, comme une fenêtre qui Jaïisse voir des objets extérieurs placés au-delà. Or, il est telle circonstance de ce genre où une scène ex- térieure peut se trouver éclairée en sens inverse des objets antérieurs qui environnent ia fenêtre, et dans ce cas, celte scène ne produira pas moins son effet, par la raison surtout que si l'attention est uniquement di- rigée sur elle, l'impression causée par la présence des objets antérieurs devient à peu près nulle, ou du moins tellement foible et vague, qu’elle ne contrarie en au- cune façon la sensation produite par les objets du de- Se et Arts. Nouv. série. Vo}, 39.N°3. Novern. 1828, N 186 OPTIQUE. hors. Li en est de même d’un tableau. Tant que Île spec- tateur sera occupé de le considérer attentivement et ex- clusivenrent, il oubliera tout ce, qui l'environne et ne recevra d'autre impression que celle qui doit résulter soit de l’ensemble et des détails de la scène qu'il a sous les yeux, soit des effets du clair-obscur auquel elle est subordonnée. De quelque côté que vienne la lumière réelle et extérieure, peu importe alors; car les jours frappés par le pinceau de l'artiste sont encore des jours, et les ombres ne sont pas moins des, ombres: les relations mutuelles des uns aux autres, les propor- tions des teintes diverses et l'harmonie totale restent les mêmes dans tous les cas: l’effet doit par conséquent demeurer à peu près le même. J'avoue que cet effet est plus complet lorsque la direction des deux lumières coïncide dans le même sens, à cause des fréquentes distractions qui laissent intervenir de temps. à autre l’im- pression des objets environnans étrangers, au tableau. Mais il me suffit d'iudiquer un fait incontestable, dans le cas où l'attention n’est nullement détournée du su- jet représenté. Un tableau, quant à son effet, ne doit pas être assimilé à un fragment de décoration, qui doit être envisagé par rapport à l’ensemble dont il fait partie, et par conséquent assujetti à la disposition gé- nérale des jours et des ombres qui y règne, Le sujet d’un tableau est totalement indépendant des objets pla- cés hors de son cadre et n’a pas la moindre liaison avec ce qui l'entoure, On y voit sans incertitude de quel côté le peintre a supposé l'origine de la lumière, et l'on se prête naturellement à l'illusion qui nait de cette supposition. » MOBILITÉ APPAR. DES YEUX D'UN PORTRAI®. 1 87 « Si donc l'effet d'une peinture, sous le point de vue que nous considérons ici, dépend presque totalement. de la direction de la lumière que le peintre y à distri: buée, et que la direction de la lumière extérieure puisse devenir sans influence sur l'impression que reçoit le spectateur, on voit que les variations qui surwiendront dans l'inclinaison des rayons extérieurs sur la surface du tableau, ne pourront détruire Pilusion produite par la distribution de la lumière artificielle, et que l'effet devra en rester le même , quelque situation que prenne le spectateur. » « Enfin, l’on dira peut-être que les expériences du Dr. Wollasion que j'ai citées, contredisent l'in- fluence que j'attribue à la position du point lumineux pour concourir à déterminer la direction du regard, puisque , dans une figure dessinée, cette direction pa- roît changer par le seul changement de la partie in- férieure du visage, le point lumineux des yeux restant placé de la même manière. « À cela je réponds en rs grade comme un fait certain, que si le dessin primitif est d’une par- faite correction, c’est-à-dire, si les yeux et le regard sont exactement en harmonie avec l’ensemble des traits de la face, la superposition d’ane autre partie infé- rieure du visage dirigée dans un autre sens, tout en donnant au regard l'apparence d'une nouvelle direc= - tion, fera paroître dans les yeux quelque chose d'irré- . gulier et d'incertain, ce qui prive ce nouveau regard - de Ja netteté qu'il avoit auparavant. Cet effet inévitable “et que l'expérience ne permet pas de contester , est N 2 188 OPTIQUE. facile à concevoir, puisque le dessin des yeux n’est plus coordonné au nouvel ensemble de la face. Ainsi l’on peut dire que Fillusion, quoique très-remarquable ; n’est pas complète. » « J'ajoute , en second lieu, que je n’ai pas prétendu que la position du point lumineux füt le seul élément qui détermine la direction apparente du regard, mais qu’elle y contribue pour beaucoup, en faisant dispa- roître toute irrégularité dans l’ensemble, et qu'elle sert ainsi à compléter l'effet, surtout dans un portrait, où se trouvant assortie, dans le principe, à la direction de la lumière artificielle du tableau, elle y reste en harmonie avec cette direction, quel que soit le lieu où se place le spectateur. » tr, SUR LA CONSTRUC#HION DE GRANDS TÉLESCOPES ACHRO- MATIQUES; extrait d'un Mémoire lu par Mr. A. ROGERS à la Société Astronomique de Londres le 1." avril 1828. (Edinburgh Journ. of Science, N.° XVII). À ——— Daxs ce Mémoire, l'auteur décrit une nouvelle cons- truction de lunettes achromatiques , qui a pour but de rendre un petit disque de flint-glass propre à la com- pensation d’un grand disque de crown-glass, et de permettre ainsi que l’on donne aux télescopes des di- mensions et une ouverture beaucoup plus considérables CONSTRUCT. DE GRANDS TÉLESC. ACHROM. 189 qu'on ne le peut faire actuellement , sans être arrêté par la difficulté de se procurer de grands disques de ce verre précieux. On sait que dans la construction or- dinaire d’un objectif chromatique où une simple len- tille de crown-glass est compensée par une simple lentille de flint-glass, l'intervalle qui sépare les deux lentilles ne sauroit être assez grand pour qu'on acquière l'avantage de pouvoir diminuer le diamètre de celle de flint-glass, en la plaçant dans la région plus étroite du cône des rayons: la différence de leurs pouvoirs dis- persifs est de nature à rendre impossible la correction de l’aberration de coloration, quand leur distance mu- tuelle excède une certaine limite. Mr. Rogers s'est proposé de remédier à cet incon- vénient , et il y est parvenu en employant pour lentille de correction, non une lentille simple de flint-glass ; mais une lentille composée d’un verre convexe de erown-glass et d’un verre concave de flint-glass, dont les foyers sont tels que ces deux verres réunis agissent sur les rayons de moyenne réfrangibilité, comme le feroit un verre plane. Alors le pouvoir dispersif du flint étant plus considérable que celui du crown-glass, il est évident, que cette lentille agira comme un verre concave sur les rayons violets, et comme un verre convexe sur les rayons rouges ; et cela avec d’autant plus d’inten- sité, que les lentilles séparées ont de plus fortes cour- bures (1). Si une semblable lentille est placée entre (1) Une lentille composée de cette espèce fut proposée pour le même but par le Dr. Brewrster, il y a quelques années. La construc- . 190 OPTIQUE. Fobjectif d’un télescope, que l’on suppose être une lentille simple de crown-glass, et le foyer de cet ob- jectif, elle ne produira aucune altération dans le foyer des rayons moyens, tandis qu’elle allongera celui des rayons violets , et qu'elle accourcira celui des rayons rouges, Or c'est précisément [à ce dont on a besoin pour produire le mélange achromatique de tous les rayons dans le foyer: et comme rien dans cette construction ne limite l’influence de chacun des élémens qui com- posent les. lentilles de correction, elle peut être em- ployée avec succès dans tous les cas. Ainsi donc, théo- riquement parlant, un disque de flint-glass, quoique petit, peut être rendu propre à corriger la coloration d'un disque de crown de grande dimension. : Mais cette construction possède d’autres ‘avantages irès-remarquables. En premier lieu , lorsque la lentille de correction a été construite approximativement , en raison de l'ouverture que l'on se propose de lui don- ner, et du pouvoir dispersif des matières dont elle est formée, on peut achever de détruire toute aberration 1 tion de cette lentille est décrite soit dans les Transactions , soit dans Encyclopédie d'Edimbourg. Le Dr. B. en exposa l'application aux télescopes achromatiques à un homme distingué qui est actuellement dans un pays éloigné ; mais comme il n’a jamais rien publié sur cette application , Mr. Rogers a tout-le mérite de l'invention. Le Dr. B. coustruisit plusieurs lentilles chromatiques , comme il les appeloit , avec de l'huile de casse , etc. et des lames de verre, et il s’en servit souvent pour corriger la coloration dans l'œil ainsi que pour ajouter à la force des verres, (Note de l'éditeur de l'Edinburg Journal of Science. } CONSTRUCT. DE GRANDS TÉLESC. ACHROM. 191 de coloration, non en travaillant de nouveau les sur- faces , mais simplement en rapprochant ou éloignant , selon les cas, la lentille composée , de l'objectif, le long du tube de la lunette, par le moyen d’une vis tangen- tielle, jusqu'à ce que la condition d’achromatisme soit remplie de la manière la plus satisfaisante. En second lieu , on peut remédier de la même manière à l’aberra- tion de sphéricité en séparant légèrement les deux verres de la lentille de correction, pourvu que les courbures de Jeurs surfaces aient été préalablement calculées de ma- mière à admettre ce mode dé correction ; condition à laquelle l’auteur trouve qu’il est toujours possible de satisfaire. Mr. Rogers éclaircit sa construction par une figure , et établit la règle à suivre pour la détermination des foyers des verres de la lentille de correction, au moyen d’une formule, qui peut être interprétée en disant :« La « distance focale de chacun des verres de la lentille « de correction, est avec celle de l'objectif de crown- « glass, dans un rapport composé de celui du carré de « l'ouverture de la lentille de correction à l'ouverture « de l'objectif, et de celui de la différence du pouvoir = - « dispersif du crown et du flint- -glass, au pouvoir dis- « persif du crown-glass.» Ainsi, par exemple, pour cor- riger la coloration d’une lentille de crown-glass ou de verre ordinaire, de neuf pouces d'ouverture (c'est celle de la célèbre lunette de Dorpat}), par le: noÿen d’un disque de flint-glass de trois poucesde diamètre, le foyer de chacun des verres de la lentille de correc- tion , doit être d’environ neuf pouces. Pour obtenir la 492 OPTIQUE. correction dans le même cas, par le moyen d’un disque de quatre pouces , le foyer doit être d'environ seize pouces pour chacun des verres. * | L'auteur remarque aussi qu'il n’est pas indispensable que la lentille de correction agisse comme un verre plan. Il suffit qu'elle soit ajustée de manière à avoir un foyer plus court pour les rayons rouges que pour les rayons violets, Si en conservant cette propriété, on la fait de manière qu’elle agisse comme une lentille concave, on s'assure l'avantage qu'obtient Mr. Barlow par la construction qu’il a proposée (1), celui de réduire la longueur du télescope avec une même distance focale. Enfin Mr. Rogers pense que, par une combinaison conve- pable des distances, des foyers, etc., des lentilles, on peut espérer de réunir à tous ces avantages, celui de détruire le spectre secondaire, et d'obtenir ainsi un télescope parfait. PHYSIQUE. EXPÉRIENCES SUR LE FER CHAUD, RELATIVEMENT À L’É- LECTRICITÉ ET AU MAGNÉTISME; par Mr. W. RITCHIE. (Quarterly Journal of science ; N° 6.) Dh e ? À L4 Es répétant quelques-unes des intéressantes expé- viences du prof. Barlow sur le magnétisme du fer (x) Voyez sur la construction du télescope à objectif liquide de Mr. Barlow, Bibl, Univ. , T, XXX VII, p. 315, EXPÉR. ÉLECTR. ETMAGNÉT. SUR LE FER CHAUD, 193 chaud, j'ai été conduit à quelques résultats curieux, qui, autant que je puis me le rappeler, n'avoient pas été observés auparavant. L’aiguille magnétique dont je me suis servi, étoit un morceau de fil d'acier suspendu par un simple fil de-soie; elle offroit ainsi une extrême délicatesse. Je repliai un morceau de fort fil de fer dans la forme ACB , de manière que les portions en À A eten B fussent exactement symétriques, et qu'ainsi leur action à froid sur la pointe de l’aiguille S, fût exac- tement égale. | Expérience 1.) Chauffez deux ou trois pouces de la branche B jusqu’au blanc, et placez les pointes A et B à égale distance de S : l’aiguille sera attirée vers A. Lorsque la partie B sera réfroidie jusqu’au rouge, l’ai- guille sera plus fortément attirée vers B ; conformément aux expériences du Prof. Barlow. 2.) Chauffez B au blanc et appliquez en C le pôle nord d’un aimant un peu fort; l'aiguille sera fortement attirée vers À. Lorsque B est revenu au rouge, il de- vient un pôle nord plus énergique que À , et l'aiguille est fortement attirée vers B. 3.) Chauffez B au blanc comme auparavant, et ap- pliquez en C le pôle sud de l’aimant ; l'aiguille sera for- tement repoussée par À. Lorsque B est refroidi jusqu’au rouge, il devient un pôle sud plus énergique que À , et l'aiguille en conséquence est repoussée par B. 194 PAR Y S°R1Q U E. Il est résulté clairement des deux dernières, expé- riences, que Île réchauffement du fer jusqu’au blane, empêche en grande partie la décomposition du fluide magnétique, de C jusqu'à l'extrémité du fil en B ; mais lorsque la température du fer est au rouge, la décom- position marche plus promptement de C en B, qu'à la température ordinaire de l'atmosphère. J’étois cu- riesx, après cela, d'essayer si le réchauffement à diffé- rens degrés, avoit de semblables rapports avec le fluide électrique. Pour le reconnoitre , j'ai recouru aux expé- riences suivanles : 4.) Je chauffai au blanc le bouton d’une pêle à feu (r), et je fixai l’extrémité opposée au conducteur d’une forte machine électrique ; je ne pus alors tirer une seule étin- celle du bouton avec une boule de cuivre poli. Lors- ge, une succession rapide de 5 petites étincelles parat entre les deux corps; et à me- que Île fer revint au rou sure que le fer se refroidissoit d'avantage les étincelles devenoient plus rares et plus grandes. J'étois alors sur le point de conclure que le fer chauffé jusqu’au blanc , est un conducteur très-imparfait des fluides magnétique et électrique, lorsque l'expé- rence que je vais rapporter, me démontra la fausseté de cette conclusion. 5.) Je chauffai au blanc le milieu de la pêle, et (1) Nous employons ici le mot péle pour abréger : le mot anglais est poñer , qui désigne l'instrument dont on se sert en Angleterre pour remuer la houille en combustion et qui n’est guères qu'une péle réduite à son manche. (R.) EXPÉR. ÉLECT. ET MAGNÉT. SUR LE FERCHAUD. 195 l'ayant mise en communication avec Île conducteur , je vis que je pouvois alors tirer des étincelles du bou- ton froid, exactement comme si l'instrument en- tier avoit été à la température de l'atmosphère. J'es- sayai de promener la boule de cuivre sur toute la lon- gueur de la pêle. Les étincelles étoient fortes vers le bouton; elles diminuoient de grandeur en approchant du milieu de la longueur, où elles cessoient compléte- ment, et croissoient de nouveau vers l'extrémité appli- quée au conducteur. . Je m'efforçai en vain de découvrir la cause de cette différence entre le fer chaud et le fer froid, lorsque je m’aperçus que je cherchois la cause d’un effet qui n’exis- toit pas, et que le fluide électrique étoit soutiré sans bruit par la boule de cuivre poli, précisément comme il l’auroit été par une pointe aïgüe. C’est ce qui est clairement démontré par les expériences suivantes. 6.) Présentez une boule de cuivre bien polie de- vant la partie de la pêle chauffée au blanc ; et aucune étincelle ne pourra être tirée du bouton froid de cette pêle , bien qu'il n’en paroisse non plus aucune entre la partie chauffée et la boule de cuivre. 7.) Chauffez au blanc le bouton de la pêle, et il soutirera en silence le fluide électrique da conducteur de la machine, sans qu’il paroisse aucune étincelle. À mesure que le bouton se refroidit , les étincelles com- mencent à se succéder rapidement, comme on l’a vu plus haut. Les mêmes effets se manifestent, si l’on in- troduit dans l'expérience un conducteur négatif. 8.) Chargez une bouteille de Leyde ; chauffez au 96 PHYSIQUE. blanc le bouton de la pêle, et servez-vous en pour décharger la bouteille : vous obtiendrez une forte étin- celle, précisément comme si le bouton eût été froid. Cette expérience montre que, lorsque la tension du fluide électrique est tres-forte, l'influence de la cha- leur, observée dans les expériences précédentes dispa- roit complétement. Enfin, je fus curieux de rechercher par des expé- riences plus soignées, s’il existoit quelque différence entre Ja faculté conductrice du fer froid, et celle du fer chauffé au rouge. C’est à quoi je procédai, par l'ex- périence suivante. 9. ) Je disposai un conducteur composé d’un fort fil de fer de la forme BAC, terminé en B et C, par deux B à Ce. boules de cuivre. Je chauffai au blanc une portion de ce conducteur entre À et C, et j'approchai nn petit bouton de cuivre dans l'intervalle de B et C, jusqu’à ce que le fluide passât également de B et de C à ce bouton. Je laissai refroidir le conducteur; le fluide passa des deux boules au bouton exactement comme auparavant. Ainsi je n'ai pu aperçevoir la moindre dif- férence entre la faculté conductrice du fer froid et celle du fer chauffé au blanc : résultat fort éloigné des con- clusions que je m'étois trop hâté de déduire de mes premières expériences. (197) EXPÉRIENCES QUI DÉMONTRENT UNE INFLUENCE ATTRAC- TIVE ET RÉPULSIVE DANS LES RAYONS LUMINEUX ;, extrait d’un Mémoire là à la Société Wernérienne, par Mr. M. War (1). (Edinburgh Philos. Journal. N.°XVII). Les diverses formes d'appareil employées pour l'ob- servation du pouvoir attractif et répulsif des différens degrés de lumière, avoient toutes pour objet de procu- rer la plus grande légèreté et le moindre frottement possibles, afin que le mouvement fût déterminé par J'impulsion la plus délicate des rayons lumineux. Environ six pouces de la partie opaque d’une plume quelconque, servit de balancier oscillant sur une fine pointe d'acier, au moyen d’une petite chape d’agathe incrustée, environ à un tiers de la longueur, dans la matière medullaire de la plume dont l’élasticité la fixoit suffisamment. Des disques de diverses substances furent attachés à l’extrémité du balancier la plus voisine de la chape, et équilibrés au besoin par un léger contre- poids à l’autre extrémité, (1) Ces expériences peuvent être considérées comme faisant une suite et un complément de celles mentionnées dans un précédent mémoire de Mr. M. Watt, intitulé, Description d'un nouvel instru- ment magnétique , dont nous avons inséré l'extrait dans notre Cahier de Juillet, T. XXXVIIL, p. 195.(R.) 198 PH Ÿ Sr QU E. Les substances suivantes furent essayées. Un mor- ceau circulaire de velours foncé, de quatre à cinq pouces de diamètre, maintenu par des petits brins de plumes, et saupoudré à sa surface de limaille d'acier aimantée pesant vingt-cinq grains ; deux où quatre des plaques irisées qui terminent les petites plumes caudales du paon (pavo cristalus), réunies et ébarbées de manière à former un disque implanté à l'extrémité du levier et placé dans un plan vertical; un disque fait d’une feuille d’or, et un autre d’une feuille d'argent. Pour fabriquer ces deux derniers disques, on replioit en un cercle de trois ou quatre pouces de diamètre, un fil d'argent de la grosseur d'un cheveu , et on le fixoit au balancier de plume : on humectoit ce fil avec un peu d’eau gommée, et on le posoit sur la feuille d’or ou d’argent, qui y adhéroit aussitôt. On employa en- core la peau des batteurs d’or, du papier très-mince, enduit: de noir de fumée , et des lames minces de mica. Les disques de toutes ces substances furent succes- sivement adaptés au balancier, qui étoit placé sur une table de marbre, sous un récipient de verre hémisphé- rique lutté au marbre avec de la cire ou de la potée d'étain , et par conséquent préservé de toute action de l'air. L'influence de ia lumière sur ces corps a été aussi observée tandis qu'ils étoient dans le vide d’une pompe pueumatique. Effet de la lumière d'une chandelle. Les premières expériences pour reconnoître jusqu'à quel point ces substances étoient affectées par l’influence attractive ou Des N ATTRACT. ET RÉPULS. DES RAYONS LUMINEUX. J10g répulsive de la lumière, furent faites avec la flamme d’une chandelle ; toute autre source de lumière ou de chaleur étant soigneusement interceptée. Le disque de velours recouvert de limaille aimantée, se tourna vers la chandelle placée à un pied du réci- pient ; et son plan se plaça parallélement à la direction des rayons lumineux. Les disques de plumes de paon se mirent en mou- vement, la flamme de la chandelle étant à trois et quatre pieds du point de suspension du balancier. Une large plume caudale d'un gallinacée quelconque, suspendue horizontalement au sommet du récipient par un fil de soie délié, avec ses barbes dans le sens vertical, ressent l'influence attractive de la lumière à une distance de quatre à six pieds. Cette même plume étoit déviée de 5° par l'influence d’un fort aimant à fer à cheval, que l'on plaçoit contre le récipient, en retirant aussitôt la main. Eu général, les plumes commencent par se mouvoir lentement : au bout de quelques secondes, elles tournent toujours les pointes de leurs barbes vers la source de lumière , et se placent ainsi dans un plan parallèle à la direction des rayons lumineux. Une fois qu'elles ont atteint cette position , elles y restent, Si la flamme est placée du côté opposé aux barbes de la plume, celle-ci se déplace peu , et quelquefois point du tout, Siles rayons Jumineux la frappent sous un angle de 40°, 90° ou 50°, la plume se déplace d’un nombre égal de degrés, et demeure ensuite stationnaire. La feuille d’or montre une sensibilité extraordinaire 200 PHYSIQUE. à l'influence de la lumière, pendant la première, ou les deux premières heures après la formation et le place- ment de l'appareil. Elle indique alors l’action de la lu- mière de la chandelle, à une distance de quinze ou vingt pieds de la flamme. Si on ne la tient pas dans l’obscurité et dans le vide, elle perd bientôt sa susceptibilité , et au bout de six ou huit heures, elle ne se meut plus lorsque la flamme en est éloignée de plus de deux pieds. Du reste, elle tourne ses bords vers la lumière , dans quelque po- sition que la chandelle soit placée par rapport à elle. La feuille d'argent est également sensible à l’impul- sion de la lumière et elle ne perd jamais cette pro- priété au même point que la feuille d’or. Lorsqu'elle est parfaitement sèche et placée dans le vide, elle se meut sous l'influence de la lumière, à une distance de vingt où vingt-cinq pieds. Plusieurs des feuilles mises en expérience, placées ou non dans Île vide, pourvu qu’elles eussent été préservées de la lumière , se met- toient en mouvement lorsqu'on les exposait à celle d’une chandelle éloignée de huit ou dix pieds. La feuille d'argent à un mouvement qui lui est particulier. Elle présente d’abord la face du disque et ensuite ses bords; et ce mouvement se prolonge quelquefois de manière que Île balancier oscille pendant plusieurs heures, dans un arc de g0°. Lorsqu'elle a perdu une partie de sa sus- ceptibilité, elle se meut jusqu'à ce que le disque pré- sente sa face à la source de lumière ; alors elle perd son mouvement oscillatoire, et demeure une ou deux minutes à parcourir l'arc de 45°. La feuille du batteur d’or se meut à une distance de ATTRACT. ET RÉPULS. DES RAYONS LUMINEUX. ‘20x de six pieds de la flamme. Elle tourne son bord vers le foyer de lumière, et demeure fixe dans celte po- sition. Du papier mince, enduit de noir de fumée, ou recou- vert d’une feuille d’or ou d'argent et verni avec de l’es- prit de térébenthine, se meut par l'influence de la flamme d’une chandelle placée à trois ou quatre pieds, quand le disque a environ cinq pouces de diamètre. Comme les rayons lumineux traversent le récipient de verre qui intercepte tout rayon calorifique, et que d’ailleurs le mouvement commence au bout de quelques secondes , il n'y a aucune raison de croire-que ce mou- vement puisse être attribué à un accroissement de tem- pérature. Nous devons dire cependant, que tous ces corps se meuvent par l'influence de la chaleur, lors- qu’elle émane d’un point donné placé à diverses dis- tances. Mais l'effet de la chaleur est fort inférieur en énergie , à celui de la lumière. Ainsi, par exemple, si l’on présente au disque de velours recouvert de limaille, un morceau de charbon de deux pouces carrés chauffé au rouge , le disque se meut de ce côté, bien que le récipient le couvre hermétiquement. Si l'on expose ce même disque aux rayons du soleil pendant l'été, aussi- tôt: qu'il a absorbé une certaine quantité de ces rayons, il est fortement repoussé, et une fois qu’il a fait un tour, il continue à tourner pendant plusieurs heures sans in- terruption, employant environ 5" à chaque révolution. Toutes les substances tournent leurs bords vers la source de chaleur. Effets des rayons de la lune. Comme la chandelle Sc.et Arts. Nouv. série. Vol. 39. N°3. Novem. 1828. O 202 PHYSIQUE. employée dans les expériences précédentes étoit de moyenne grosseur, et que son pouvoir éclairant, à la distance de quinze ou vingt pieds, différoit peu de celui de la lune à peu près pleine , il parut probable à l’au- teur que les rayons lunaires affecteroient les disques de 14 même manière. En conséquence, il en fit l'expérience en plein air, sous le récipient, et dans une chambre dont Îles fenêtres étoient fermées. Dans la chambre, on interceptoit toute autre lumière que celle du faisceau de rayons introduit, et on placoit l'appareil de manière que le faisceau tombât sur les disques à peu près à angles droïts de leur plan. Alors les disques tournoient leurs bords vers l’astre, et leur plan devenoit à peu près parallèle aux rayons incidens ; souvent ils conservoient cetle position relative pendant plusieurs heures , et sui- voient le mouvement de la lune par un déplacement L | L lént et régulier, comme le feroit l'ombre d'un guo- mon, La feuille d'argent continuoit un mouvement oscilla- toire, dont les arcs étoient évidemment réglés par la position de lastre. Ce sont les plumes et les disques des feuilles d’or et d'argent qui montrent les mouvemens les plus pro- noncés et les plus soutenus. Les plumes commencent souvent leur mouvement peu de secondes après l'ins- tant où le rayon lunaire les a frappées , et sous quelque angle que ce rayon tombe sur leur plan : elles ont souvent cheminé de 170° dans une minute, et lorsque “les barbes de la pfume se trouvoient exactement dans la direction de l'astre , elles s’arrétoient. Celles des plumes ATTRACT. ET RÉPULS. DES RAYONS LUMINEUX. 209 de paon qui paroïssent le plus sensibles, sont celles qui ont un reflet grisètre quand on regarde leur surface obliquement. L'effet est plus douteux avec celles où la teinte pourprée domine. L'appareil peut, du reste, de= meurer parfaitement en repos dans une chambre, s’il est placé hors de l'atteinte des rayons. Ces expériences ont été fréquemment répélées, pen- dant les six derniers mois, et avec toutes les précau- tions possibles. La plus forte action attractive et ré- pulsive des rayons de la lune, paroît avoir lieu depuis la fin de son premier octant, jusqu'à ce qu'elle ait dé- passé sa quadrature. Il sembleroit que son action est moindre quand elle est pleine. Peut-être cela tient-il à ce qu'alors la lune ést opposition, et que sa lumière est réfléchie presque directement contre celle du soleil; tandis que lorsqu'elle est dans ses autres phases, sa ou lamière croise les rayons solaires, sous un angle aig ou droîït, ! - En faisant ces expériences, on doit porter son atten- tion sur les circonstances suivantes. Le récipient dont on se sert doit être d’un verre mince et très-transpa- rent. On place au centre un carton blanc divisé cir- culairement en degrés, pour mesurer les angles de ré- volution parcourus par le balancier. L'appareil doit être de la plus grande légèreté, et lés disques parfaitement secé. La chape doit être placée délicatement sur ie pivot, qui lui-même doit être très-fin. Il faut intércep_ ter toute Source de lumière oa de chaleur, autre que celle dont on observe l’effet. L'appareil doit être mis à l'abri de la lumière quelques heures avant que l’on s’en serve ; Q 2 204 PHYSIQUE. car il ne sera pas sensible à une foible lumière , si au= paravant il a été exposé à une plus forte. Sa sensibi- lité est considérablement diminuée pour un temps, s’il ä été exposé à une lumière intense. On doit se tenir à quelque distance de l'instrument lorsqu'on fait une expérience , car le calorique et l'électricité dégagés par notre corps, ont une influence attractive. Toutes les substances dont nous avons parlé reçoivent une im- pression très-énergique des rayons du soleil. Mais au- cune ne se meut par leur action , d'une manière aussi régulière qu'une aiguille d'acier aimantée de même poids: son mouvement a quelque chose de tout-à-fait spécial. En résumé, tous les corps suffisamment légers, de forme aplatie, et libres de se mouvoir, tournent leurs bords vers une source de lumière’ et disposent leurs faces planes parallélement à la direction. des rayons incidens. De plus, tous ces corps, après avoir été mis, à l'abri de la lumière, sont attirés par elle au mo- ment où on les y expose : puis lorsque leur, couleur: et leur opacité leur ont permis d'en absorber une cer- taine quantité, ils en sont repoussés, Les rayons so- laires repoussent évidemment aussitôt toutes ces subs- , tauces,; et en présentant leurs bords à ces rayons, elles se placent de manière à leur offrir le moins de prise possible : c’est la position que prend une girouette sous l'effort du vent. Les corps tout-à-fait transparens,. ne se comportent plus ainsi. La feuille d'argent fait: une demi-exception aux lois générales que nous venons! d’énoncer ; sa blancheur et son poli sont sans doute ATTRACT, ET RÉPULS. DES RAYONS LUMINEUX, 20h causes qu’elle absorbe peu de lumière et qu'elle la dégage promptement. Plusieurs de ces phénomènes semblent pouvoir être attribués à une sorte d’affinité élective que la lumière, comme l'électricité”, a pour les pointes ou les angles des corps. Le mouvement des plumes est dû sans doute au grand nombre de pointes qu’elles présentent. Chaque barbe porte environ 4000 poils ; ensorte que par un cal- cul modéré, un disque de plumes présente à la lumière environ un million de pointes. Ces faits s'accordent avec quelques principes généralement admis , et éta- blissent une grande ressemblance entre les phénomènes de la lumière et de l'électricité. Quelques autres observations ont été faites sur des corps de formes diverses. Ceux qui, au lieu d’être apla- tis, comme dans les cas précédens, présentent une forme concave, oscillent continuellement dans des arcs de 5° à 45° selon l'intensité des rayons lumineux. Des lentilles transparentes (d’ambre, par exemple) placent leur axe parallélement aux rayons incidens. Les corps sphériques opaques, suspendus très-délicatement, ont une tendance à tourner continuellement , quand les rayons solaires tombent d’aplomb sur eux. L On n’a pas observé qu'aucun de ces corps indiquât les changemens électriques de l'atmosphère ; probable- ment parce que ces changemens affectent également toutes les parties de ces corps. ( 206 ) CR ————— — NOTE SUR LA CONDUCTIBILITE RELATIVE, POUR LE CALO- RIQUE , DES DIFFÉRENS BOIS, dans le sens de leurs fibres et dans le sens contraire ; par MM. Auguste De LA Rive et Alphonse DE CANDOLLE. ( Memoire de la Soc. de Phys. et d'Hist Nat. de Genève, T.IV. Part. L.) La conductibilité des métaux et de quelques autres substances a été depuis long-temps un sujet de recher- ches, à cause des importans résultats qu’on en tiroit pour les arts et pour la science. Il n’en est pas de même de certaines substances moins utiles à connoîütre sous ce rapport, telles que le verre, la porcelaine et autres produits des arts, ainsi que les bois de diverses espèces. Un Mémoire de Mr. Despretz, inséré dans les Annales de Chimie, a fait connoître les conductibilités relatives de quelques-unes de ces substances. Nous avons pensé qu’il ne seroit pas sans intérêt de compléter les connoissances que l’on a sur ce sujet, en comparant les facultés conductrices de quelques espèces de bois. Cette comparaison peut d’ailleurs conduire à quelques considérations de physiologie végétale. Nous nous sommes servis dans ce but de {morceaux de bois bien secs, équarris, longs de 13 centimètres (4 pouces 10 lig.), larges de 4 centim. (18 lig.), et. épais de 27 millim. ( 1 pouce ). Pour connoître les dif- D DT SP NE ré nhbtns :- j CONDUCTIB. EOUR LA CHALEUR DES DIVERS BOIS. 207 férences qui pouvoient résulter du sens dés couches ligneuses, nous avons fait scier des morceaux dans le sens contraire à celui selon lequel on travaille ordi- nairement le bois, c’est-à-dire les fibres étant trans- versales au lieu d’être dans le sens de la longueur du morceau de bois C’est cette direction contraire aux fibres ligneuses que suit le calorique lorsqu'il passe de l'atmosphère dans l’intérieur d’un arbre ou vice versd. Sur l’une des faces de la largeur de ces morceaux de bois, à partir de 3 centim. de l’une des extrémités, étoient percés, à des distances égales de 2 centim.(9 lig.), des trous au nombre de cinq, larges de 7 millim., qui n'atteignoient que le milieu de l’épaisseur de la baguette. Dans chaque trou nous versions un peu de mercure, dans lequel plongeoit un thermomètre. L'une des extrémités du morceau de bois étoit enfoncée dans un étui en fer-blanc, long d’environ 2; centim., de manière à ne recouvrir aucun des trous. Cet appa- reil étoit suspendu librement en Pair, et une lampe à esprit-de-vin étoit placée au-dessous de l’extrémité armée de fer-blanc. La flamme ne pouvoit frapper que celte parlie, à cause de la cheminée de la lampe et des lames de verre que nous placions verticalement entr'elle et le morceau de bois, en ayant soin de les renouveler dès que la chaleur commençeit à les traverser. De cette manière, la source de chaleur étoit unique, sans cependant frapper directement le bois de manière à le brüler. Afin que les thermomètres eussent bien la tem- pérature de l’intérieur de la baguette, nous jetions sur les orifices des trous un peu de poudre de lÿcopode, 208 PHYSIQUE. qui empêchoit tout rayonnement extérieur des boules des thermomètres et du mercure qui les entouroit. Au bout d’une à deux heures, chaque thermomètre avoit alteint le maximum de température que sa dis- tance de la source de chaleur et la conductibilité du bois, combinés avec le rayonnement, lui permet- ioient de prendre. Nous ne regardions l'expérience comme terminée, que lorque les thermomètres avoient atteint leur point fixe depuis dix minutes ou un quart d'heure. Nous avons retranché de toutes les hauteurs thermoméiriques la température de l'air ambiant, qui, pour le dire en passant, n’a varié que de 6° à 10° centi- grades, Les espèces de bois que nous avons essayées sont au nombre de six, dont trois l’ont été dans les deux sens des fibres. Rangés dans l’ordre de leur conauctibilité, à commencer par les meilleurs conducteurs, ce sont l'allier ( Cratægus aria ), le noyer, le chêne, le sapin, le peuplier, tous dans le sens des fibres ligneuses ; puis le noyer, le chêne et le sapin, dans le sens con- traire, et enfin le liége. En comparant les deux extrêmes, on trouve que , dans l’allier, bois très-dur et pesant, le premier ther- momètre étant à 83°, le second étoit à 45°, un peu plus de la moitié; tandis que, dans le liége, le premier étant à 78°, le second se irouvyoit seulement à 14°, un peu plus du cinquième, Les bois les plus denses étoient en général les meilleurs conducteurs. Cependant le noyer est un peu meilleur conducteur que le chêne, quoiqu'il soit plus léger, On voit d’ailleurs, d’après le CONDUCTIB. POUR LA CHALEUR DES DIVERS BOIS. 20g tableau qui suit, qu'il ÿ a peu de différence entre les bois coupés dans le même sens, et que leur peu d’ho= mogénéité rend les résultats moins réguliers que dans les expériences qui ont été faites sur d’autres substances; mais il y a une différence considérable suivant la di- reclion du calorique, relativement aux couches ligneuses, Les bois sont beaucoup plus mauvais conducteurs dans le sens contraire aux fibres dont ils sont composés, que dans celui de leur longueur. La différence qui ré- sulte de ces directions du calorique est d’autant plus grande, que le bois dont il s’agit est plus mauvais con- ducteur, Ainsi, en considérant les seconds thermo- mètres, et en prenant dans chaque bois les différences résultant de la direction des fibres, on trouve 16° dans le noyer, 22° dans le chêne, et 28° dans le sapin. Dans le chêne , la conductibilité dans le sens des fibres est à celle en sens contraire comme 5 est à 3. La courbe formée par les hauteurs des thermomètres, qui est une logarihmique dans les corps très-bons con- ducteurs , n’est pas aussi régulière dans les substances qui conduisent mal. Elle décroit d’abord très-vite, puis elle devient presque parallèle à la ligne des abscisses. Ainsi, dans le liége, le second thermomètre étant à une hauteur six fois plus petite que le premier, le der- nier est fort peu différent de l'avant-dernier ; il est à 1°, et l’avant-dernier à 1°,56, tandis que dans l’allier les quotiens sont presque égaux. Au reste, ces nom- bres donnés immédiatement par l'expérience, n'expri- ment pas les pouvoirs conducteurs d’une manière ab- solue, car ils sont le résultat de la combinaison de 210 PHYSIQUE. plusieurs élémens , tels que les dimensions des corps F leur faculté de rayonner , etc., élémens qui devroient être calculés, si l’on vouloit comparer la conductibilité des bois avec celle des autres substances. La grande différence qui résulte du sens suivant le- quel les couches ligneuses se présentent au calorique , peut expliquer en partie comment les arbres conser- vent si bien dans l'intérieur de leur tronc la tempéra- ture du sol d’où ils pompent leur nourriture. D'un côté, celte température se transmet par l'ascension des li- quides et par sa propagation dans le tissu solide du bois, tandis que le peu de conductibilité dans le sens transversal, met un grand obstacle à ce que l'équilibre avec la température extérieure puisse s'établir. 211 R DES DIVERS BOIS. EU + POUR LA CHAL CONDUCTIB g'£ 967 Lotgc o‘€ Ye | g'e | cé gützc | ç'6L Ggt£c E og: ov‘& yg‘z 99° Gotc | oto Gafgr cytle | ç‘66 164 À crée gta y'a gE'‘c ge | v‘g | etyr| «ty | gtGL c9‘Ly DA Gtr c'e 1‘c Lte G'e | g‘oc |Gc 6€ | otre G‘oc À vGtr çt'e (TL g6‘1 Le el | qébr| atry |"Lerg LG À GLtr çitz Gi‘z 9g‘t gitg [616 ç9(6x open |gr‘og gc'yc LÉ ce 1‘T per y | &6 | zic] og | otcg DUDEL CRIE CL LOSELOR EXT IEITA ENT ddea ss) pt FE o'G 3h | € | pt s0°T soade p Es ee moe ee, een” ne on Sr mr nn (soprasuoo s9480 ) ‘ ‘UMA T] [POUR ‘912 fo°f AG ATIIO Ya p'& 14819 39 1 adatra fp°@ AG ATIAD UYA “KUIHL ULV ao aUnLvE POULE Lx na uAxÈNVE VI LNVSIAIG NA MARAL YT Molvussr Oo zvoS p'T np : ‘ { È 3 MASLAVH SANAHLIO SNALLOND dIVLANONMAHL SUNALAOVH « uid ps 6: AU) 77 ‘‘Saiqy X0B a11P11U09 no IPSIASUEA SUIS 9[ sup 42407 esse ep ‘uordnoy EE 77 ados se 6es Da 90f 777 ‘eurpanguo su2s 9j suep {24017 "S91qUY S2P SU9S 2] SUEP no [eu -1purduo] (ouv sn$in1)) 401797 SKON tt i(Gsxon) en CHIMIE. EXTRAIT D'UN MÉMOIRE SUR LE GAZ ACIDE CARBONIQUE ATMOSPHÉRIQUE, lu à la Société Helvétique des Sciences Naturelles, par Mr. Ta. De SAUSSURE, le 29 juillet 1828 (1). (Annales de Chim. et de Phys. août 1828.) Le gaz acide carbonique a été évalué dans la plupart des expériences dont il s’agit ici, par le poids du car- bonate formé avec de l’eau de baryte dans des ballons de verre, dont chacun contenoit un volume d'air com- pris entre trente et quarante-cinq litres. La quantité du gaz acide carbonique de l'air libre dans un même lieu, éprouve, ainsi que la température, les vents, la pluie, la pression atmosphérique, des changemens presque continuels. Les observations que j'ai faites depuis 1816 jusqu’au mois de juin de cette année, dans une prairie de Chambeisy , à trois quarts de Jieue de Genève, indiquent que la quantité moyenne d'acide carbonique en volume que 10000 parties d'air contiennent au milieu du jour, est égale à 5, ou plus ——. (x) Cet extrait contient les résultats de quelques expériences faites depuis celte époque, GAZ ACIDE CARBONIQUE ATMOSPHÉRIQUE. 213 exactement à 4,9. Le maximum de cé gaz est 6,2; le minimum est 3,7. Les observations publiées ( Bibliothèque Univ.,T.1,) indiquoient pour maximum dans le même lieu, une plus grande proportion d'acide; mais il est probable que cet excès dépendoit, de l’imperfection du procédé. L’augmentatien de la quantité moyenne du gaz acide carbonique en été, et sa diminution en hiver, se sont manifestées dans des stations différentes , dans les champs comme à la ville, sur le lac de Genève et sur une col- line, par un air calme et par un air agité, D’après un terme moyen entre trente observations faites à Cham- beisy, pendant sept ans, avec l’eau de baryte, la quan- tité d'acide carbonique des mois de décembre, janvier et février, au milieu du jour, est à celle de juin, juillet et août, dans le rapport de 100 à 77. Ce rapport n’est pas constant pour toutes les années; on trouve en été et en hiver, des momens qui font ex- ception , et dans lesquels la quantité d'acide carbonique de l’été est inférieure à celle de l'hiver, ou vrce versé : ainsi, d’après plusieurs années d'observations, la quan- tité moyenne du gaz acide carbonique du mais de jan- vier dans 10000 d'air en volume , est de 4,23 ; mais la. quantité du gaz acide carbonique du mois de janvier 1 828 qui étoit extraordinaire pour la douceur de sa tem- pérature , s’est'élevée à 5,1. La quantité moyénne d’acide carbonique du mois d'août, prise sur des années diffé- rentes, est 5,68; mais, d'après une moyenne prise entre quatre observations (dont les résultats sont très- rapprochés ), dans le mois d'août 1828, qui a été sin- ! 214 CHIMIE. gulièrement froid et pluvieux (1), la quantité de l’acide carbonique, au milieu du jour, n’a été que 4,45. La différence des quantités de gaz acide carbonique contenu dans l'air par un temps calme , pendant Je jour et pendant la nuit, est un des résultats les plus remar- quables de mes dernières observations. Voici le tableau des expériences que j'ai faites, les mêmes jours , en rase campagne, à midi et à onze heures du soir. GAZ ACIDE CARBUNIQUE GAZ ACIDE CARBONIQUE DANS 10 000 PARTIES D'AIR ; DANS 10 000 PARTIES D’AIR À MIDI. A IE HEURES DU SOIR. MAL KO 2 7ejeee cle» 2e 6,23: TE DER. F En 0e EE . MONDE Septembre... ....... .… ... 6,01. novembre. ss... ! 4,86. mai 1828... L 5,65. JUIN... :! 4687 TR sel snûmess meçec do 20 its 5,22. AQUES RASE TE. LE ; 6,06. ar. 10.2 NE , 5,82. Il résulte de ces observations, que l'air contient, par un temps Calme, plus d'acide carbonique pendant la nuit que pendant le jour. La seule exception à ce ré- sultat à eu lieu le 26 juin 1828, par un vent d'une ex- (1) La comparaison de quelques observations faites à des époques très-éloignées , m’a porté à admettre, dans le Mémoire lu en juin à la Socicté Helvétique , que la pluie augmentoit la proportion de l’a- cide carbonique atmosphérique ; mais les expériences nombreuses que j'ai faites dérnièrement à ce sujet, contredisent , du moins pour l'été celle opinion. GAZ ACIDE CARBONIQUE ATMOSPHÉRIQUE. 213 trème violence ; tandis que toutes les autres obserya- tions ont été faites par un temps calme ou un air foible- ment agité. J'ai acquis assez d'habitude dans ce genre d'expériences pour pouvoir affirmer que la différence générale qui se trouve dans ce tableau, ne sauroit dé- pendre des erreurs d'observation. Il me reste à recher- cher si cette différence se maintient au milieu de l’hi- ver, ou quand la végétation n’a aucune activité. L'air pris au milieu du lac Léman, vis-à-vis de Cham- beisy, contient en moyenne un peu moins d'acide car- bonique que l'air pris à cent toises du rivage. D'après huit observations faites les mêmes jours à midi, à des. époques différentes , les quantités d’acide dans les deux stations, sont entr'elles dans le rapport de 100 à 98.5; mais les deux airs suivent, relativement aux saisons, les mêmes variations. L'air de Genève contient plus d'acide carbonique que l'air d’une prairie de Chambeisy, à peu près dans le rapport de 100 à 92, par six observations faites en même temps dans les deux stations. Une plus grande pureté dans l’air de la campagne pouvoit être prévue ; je ne cite ce résultat que parce que les autres moyennes eudiométriques n’indiquent aucune différence entre ces deux airs, et qu'il montre l'utilité du procédé dont il s'agit ici. Comme on n'a pas encore démontré des variations dans le gaz oxigène atmosphérique, on pourroit croire que ce dernier et l’azote sont en rapport constant , tan- dis que l'acide carbonique est variable. Cette opinion ne s'appuie sur aucun résultat; on a observé des variations 21@ CHIMIE. dans l'acide carbonique plutôt que dans l’oxigène , parce que nous avons un prôcédé beaucoup plus précis pour les déterminer dans le premier gaz relativement au vo- Jüume de l’air, qu'aucun des moyens eudiométriques em- ployés pour le gaz oxigène. Ces derniers ne sont pas assez exacts pour démontrer dans ce gaz, des variations qui seroient égales à la millième partie du volume de l'air. Celles que nous observons dans l’acide carbonique sont très-inférieures à cette proportion. Je publierai dans quelques mois, avec des additions, le tableau circonstancié de toutes les observations dont J'ai parlé. Je donnerai en même temps le détail du pro- cédé que de nombreux essais m'ont suggéré pour ces recherches qui exigent des manipulations uniformes et une ‘extrême exactitude, GÉOLOGIE. (21%) * CE LE ÉLO'L OCTE MÉMOIRE SUR L'ORIGINE DES PIERRES ÉPARSES DANS LES CONTRÉES SABLONNEUSES DE L’ALLEMAGNE SEPTEN« TRIONALE, par Mr. le conseiller HAUSMANN, Profes- seur de minéralogie et de géologie à l'Université de Gottingue ; traduit librement, avec des notes et des remarques critiques par J, À. De Luc. ( Gôttingische gelehrte Anzeigen Stück, 151 et 152.) Un des phénomènes géologiques les plus curieux que présentent diverses contrées de l'Europe, c’est la dis= persion d'une multitude de pierres étrangères au sol sur lequel elles reposent. Ce phénomène occupe une éten- due prodigieuse dans tout le nord de l'Allemagne, de- puis les confins de la Pologne à l'Orient, jusqu'a ceux des Pays-Bas à l'Occident; il pénètre vers le midi jus- u’à la distance de soixante-dix à quatre-vingts lieues q q 5 4 ‘des bords de la Mer Baltique. Le nombre de ces pier= res est immense; elles atteignent de très-grandes di- mensions. Pour découvrir l'origine de ces pierres, non-seulement il falloit connoître les roches dont les montagnes des parties moyennes de l'Allemagne sont * composées , mais il falloit aussi traverser la Mer Bal- “tique, et aller étudier les roches de la Suède et des - îles voisines. Sc. et Arts. Nouv. série. Vol. 39.N.°3. Novem. 1828. V 218 GÉOLOGIE. Le Prof. Hausmann s'est occupé de cette étude. Il à d’abord remarqué que ces pierres ne ressemblent ni aux roches du Hartz, ni à celles de la Saxe ou de la Silé- sie. Par ses recherches, il s’est assuré que la pente septeniriônale des montagnes et des collines des par- ties moyennes de l'Allemagne , sert de limites vers le sud , à la dispersion des pierres étrangères, que dans les endroits où ces pierres ont dépassé ces limites en pénétrant dans les vallées , elles ne se sont avancées que jusqu’à une certaine distance, etque nulle part on né les suit jusqu'aux sources des fleuves. Ce n’étoit donc pas la qu'il falloit chercher leur origine ,’et, depuis long-temps , divers naturalistes avoient avancé que c’étoit au-delà de la Mer Baltique qu'elle se trouveroit, et même ils avoient déjà remarqué une ressemblance frappante entr'elles et quelques-unes des roches de la Suède. Parmi les pierres que l’on trouve éparses dans les plaines de sable du nord de l'Allemagne, on remarque deux classes qui ont évidemment une origine diffé- rente, quoique liées entr’elles. On trouve 1° des pierres à feu en quantité extraor- dinaire et répandues presque partout. Elles ont en- core souvent leur forme originelle ; plusieurs sont revé- tues d’une croûte crayeuse, El n’est pas rare d'y trouver des pétrifications , les mêmes qu'on rencontre dans la … craie. #1 | On pourroit demander si ces silex viennent du midi : ou du nord; mais les craies de la Basse-Saxe et de la Westphalie ne renferment des silex qu'en très-peu PIERRES ÉPARSES EN ALLEMAGNE. 219 d'endroits, au lieu que les craies de Lunebourg, de l'île de Rügen, de Wollin au nord de Stettin, des iles du Danemarck- et de la Suède méridionale, renferment des silex en abondance de la même manière que la craie d'Angleterre. Les silex épars proviennent donc de couches de craie détruites qui faisoient une fois partie de celles qui subsistent encore dans le voisinage de la Mer Bal- tique. Une autre preuve de cette origine, est que ces silex accompagnent d’autres pierres éparses qui vien- nent évidemment des pays seplentrionaux. On trouve 2.° des fragmens de roches mélangées et . simples de plusieurs espèces, qui viennent des monta- gnes primitives et secondaires les plus anciennes. Le plus grand nombre de beaucoup , sont des roches cris- tallines grenues, des roches cristallines schisteuses, des porphyres et des conglomérats. Il est rare qu'on rencontre des pierres calcaires et marneuses, et d’au- tres pierres. Certaines espèces sont fort répandues, tandis que d’autres sont bornées à une seule contrée. Les plus répandues sont plusieurs variétés de Gneiss, de Granile, de Syénile, de Grünstein, de Porphyre. Quelquelois de la pierre de Corne, ‘du Schiste siliceur , da Petrosilex , du Grünstein porphyre, du Conglo- mérat siliceux , de la Roche de quartz et du Grès quar- {zeux. Parmi celles qui sont bornées à certaines ré- gions , sont les pierres calcaires et les marneuses , qni renferment des Orthocératiles, des Trilobites, et d’aatres pétrifications , et qui ne se rencontrent que dans le Mecklenbourg et la Poméranie. Nous allons maintenant prouver, par les remarques F'a 220 GE OL O0 G I EF. suivantes, que toutes ces pierres sont d’origine seplen< trionales, et qu’elles viennent, en particulier, de la Suède. Première remarque. Les roches dont elles sont com- posées, s'accordent si parfaitement avec les roches de la Suède , qu'on peut désigner pour plusieurs, les con- trées d’où elles ont été probablement détachées. Les mêmes espèces de granite et de gneïss qu'on trouve dans ces contrées , reparoïissent dans nos bruyères. Le con- glomérat siliceux ; la roche de quartz et le grès quarlzeux, qui sont fort répandus, et qui forment des montagnes élevées sur les frontières de la Suède et de la Norwège,. se retrouvent avec les mêmes variétés. Le #rapp des montagnes de la Westgothie, le grünslein compacte, qui forme si souvent des filons dans le gneiss de la Suède, se trouvent dans nos plaines de sable. Le beau porphyre d’Æ/fdal peut se reconnoître dans les pierres éparses aussi sûrement que la syénite remarquable de Bjursäs (1) en Dalécurlie, et la pierre calcaire à Orthocératites et à Trilobites , qui appartient aux îles de Gotiland et d'Oeland. Dans les roches dont les pierres éparses sont com- posées, il n’est pas rare de voir des minéraux sim- ples qui sont propres aux roches et aux couches scan- dinaves, comme, par exemple, le Grenat, le Thallit, le Scapolithe, \e Malacolithe, Va mine de fer magné- tique et titanique. (1) Etfdal est sous le 61° latit. N., Byursäs sous le 60° #, , au nord de Falun , l'un et l’autre dans la Dalécarlie. (D.) \ PIERRES ÉPARSES EN ALLEMAGNE. 224 -. El faut surtout remarquer que les roches qui sont les plus répandues en Suède, sont précisément celles qué l'on rencontre en plus grand nombre disséminées dans les bruyères sablonneuses. Le gneiss granitique est la roche qui domine dans la plupart des provinces de la Suède , et c’est précisément de cette même roche que sont composées les pierres dans la plupart des plaines de l'Allemagne septentrionale. 2.° Les pierres étrangères vont en général en augmen- tant de fréquence et de grosseur, à mesure qu’on s’é- loigne des montagnes de l'Allemagne et qu’on s’avance vers le nord dans les plaines de sable ; on trouvera la confirmation de cette remarque, si l’on parcourt les plaines de Lunebonrg, de Bremen, de l'Ostfrise, ou la Marche de Brandebourg , la Poméranie, le Mecklen- bourg, le Holstein, et les autres provinces du Da- nemarck. 3.° Les limites vers le sud , de la dispersion des pier- res étrangères , sont en général fixées par la pente sep- tentrionale des montagnes et des chaînes de montagnes. Le Prof. Hausmann se borne à donner les limites sud des pierres étrangères dans les cercles de Basse-Saxe et de Westphalie. Ces limites commencent sur le rang septentrional du Hartz, aux environs de Blankenbourg et de Werningerode ; elles remontent au nord-ouest vers Hildesheim, se dirigent vers l’ouest en traversant Je Calenberg, les principautés de Minden, d’Osna- bruck ; elles tournent vers le sud-ouest, en suivant la lisière nord des montagnes du duché de Westphalie, du comté de Mark et du duché de Berg , en allant vers Je Rhio. 222 G:É O L O'G.I E. 4. Là où les chaines de montagnes sus-mentionnées sont interrompues par des coupures qui servent de pas- sages aux rivières, les’ pierres étrangères s'avancent et se répandent en plusieurs ramifications, souvent beau- coup au-delà des limites que nous venons de tracer. Les pays montagneux du bassin de Weser offrent les exemples les plus remarquables, d’où l’on tire les preuves les plus sûres que la dispersion des pierres étrangères s’est opérée dans la direction principale du nord au sud. Les pierres ont pénétré dans la vallée in- téricure et dans ses ramificalions ou vallées latérales. Dans la vallée du Weser, on les suit jusque dans le pays de Holzminden. Dans celle de la Leine, elles s'é- tendent jusqu'au-dessus de FV'ispenstein. Vans une val- Ice latérale, elles ont pénétré au travers de l'étroit passage près de Brunkensen jusqu'au Rcuberge. Tout près de la Porta FF’estphalica , au-dessus de Hausberge, y a un assemblage considérable de plu- sieurs espèces de pierres étrangères qui s'élèvent jusqu'à une hauteur d'environ cent cinquante pieds au-dessus de la surface du Weser, mêlées avec le gravier et Île limon sablonneux du Weser. Ces pierres se sont sur- tout élevées au-dessus de 7/lotho, de Rinteln au midi de Minden et sur la rive gauche du Weser (1). Sur les (1) Mr, Schutze, dans son histoire des terrains de transport de Poméranie , a fait remarquer que les blocs étoient généralement plus abondans sur les hauteurs que dans les vallées. Les blocs sont d'autant plus gros qu'ils son! plus près, ou de la surface des terrains de trans- port, ou du sommet des collines. (D.) PIERRES ÉPARSES EN ALLEMAGNE. 223 montagnes secondaires qui, en s’abaissant , s’avan- cent depuis Minden jusqu’au pays d'Osnabruck, les pierres étrangères se sont avancées vers le midi en plu- sieurs endroits. Dans le béssin de l'Elbe, les pierres étrangères s'a- vaucent encore plus loin vers le sud que dans Île bassin du Weser, puisqu'elles se montrent jusque vers Lei- pzig. Elles paroissent avoir été aussi fort loin dans la plaine de l’'Oder; mais les observations exactes man- quent sur celte contrée, Quand on suit la dispersion des pierres étrangères dans les plaines du nord de l'Allemagne, on remarque qu'elles ne sont point disséminées également , Mais qu'elles sont placées dans une direction principale du nord au sud, inclinant quelquefois vers l’est, que c’est surtout dans cette direction qu'elles se trouvent en abondance (1). Souvent, dans les endroits où elles sont en grand nombre, on peut les suivre tantôt se liant entr'elles, tantôt avec des interruptions, et leur di- rection nous conduit vers la Suède, tout comme la comparaison des roches. La direction principale du transport des pierres du nord-nord-est au sud-sud-ouest, résulte de ce que le por- phyre d'Elfdal, et les autres roches qui sont en place dans la Dalecarlie et dans les montagnes frontières voi- (1) On en trouve un exemple dans un Mémoire sur les formations du Mecklenbourg , par le Dr. Bruckner de Neu-Strelitz ; l’auteur fait mention d’une trainte de blocs qui est sitnée entre la rivière Peene et les limites nord du Mecklenbourg Strelitz, et qui court de l'O, N. O0. à l'E.S.E. (D.) -224 GÉOLOGIE. sines , se rencontrent dans les pays de Brunswick, du Hanovre, dans la vallée du Weser, etc., et de ce que les pierres venant des îles de Gottland’et d'Ocland, gis- sent dans le Mecklenbourg et la Poméranie, 5.° Ou suit la dispersion des pierres du nord de l’AI- jemague, non-seulement au travers de tout le Dane- fuarck, mais aussi jusqu'à leur source, c’est-à-dire, jusque fort avant en Suède. Dans les plaines sablon- neucie de la Scanie, il y a des pierres éparses qui tirent leur origine des rochers plus au nord. Dans le Smaland, on trouve des accumulations prodipieuses de blocs dé- tzchés arrondis qui, pour la plupart, ne paroissent pas avoir éprouvé un changement de piace bien considéra- ble ; parmi eux, on en rencontre çà et là d’autres qui sont venus d’une distance beaucoup plus grande, com- me, par exemple, du porphyre d’F|fdal. Aux montagnes de la Westgothie, des galets de gra- vite isolés reposent sur la pierre calcaire, et des dos ou collines allongtes, remarquables , de gruss (gravier ou sable) et de blocs, parmi lesquels on trouve aussi beaucoup de fragmens du porphyre qui vient d’Elfdal, se prolongent du nord au sud sur les plaines dans le voi- sinage des lacs de Mälar et de Hjelmar, à l'occident de Stockholm, sur des étendues considérables (1). (1) Mr, Alexandre Brongniart, dans sa Notice sur les blocs de la Suède, publiée en 1828, décrit avec soin ces dos ou collines allongées que les Suédois nomment ôse; il les a observées dans les provinces de Sranie, de Smaland, de Sudermanie et d'Upland , jusqu'au soixan- tième degré et demi de latitude N. Ces collines atteignent rarement æent mètres de hauteur ; elles ont une forme longue et étroite. Dans PIERRES ÉPARSES EN ALLEMAGNE. 225 Il est digne de remarque que la direction dans la- quelle ces débris de montagnes ont été transportés, s'accorde avec celle du cours des eaux, tant des lacs que desrivières qui en dépendent, dans les parties méri- dionales de la Scandinavie, aussi bien qu'avec celle des grands golfes, tels que le golfe de Bothuie et celui qui aboutit à Christiania, et enfin, avec la direction principale de la stratification des montagnes primitives en Suède. Afin de découvrir d’une manière approximative le niveau dans lequel les débris de montagnes du nord les provinces méridionales elle sont composées de sable ou de gravier, soit granitique , soit simplement quartzeux , et de blocs de roches gra- nitoïdes d’un volume généralement peponaire. Dans les provinces septentrionales, notamment au nord d'Upsal où ces collines sont plus abondantes , elles paroissent plus sableuses. Ce qui frappe , c’est leur constante direction du N. N. E. au S.S. O., sur une étendue très- considérable et avec un parallélisme très-remarquable; ce sont de véritables traînées de matériaux de transport dont la crête conserve le mème niveau. Leur direction nous donne celle de la force qui les a transportées. * Dans une petite carte des environs d’Upsal, qui comprend le pays qui est au nord du lac Hälar jusqu’à la petite ville de Hed à l’ouest, Mr. Brongniart a tracé sept de ces trainées , dont la direction géné- rale est du nord au sud avec quelques courbures. « On peut regarder le plateau de gneiss et de granite de la Scandi- navie ,» dit Mr. Brongniart , « comme un des points de départ des blocs. Les montagnes basses et arrondies de granite, de syénite et de calcaire compacte de la partie moyenne et méridionale de la Suède, semblent donc avoir été comme démantelées par une cause violente, C'est en partant de là qu'on peut suivre la série et comme la marche de ces blocs , jusqu’à Jeur arrivée dans le Mecklenbourg. » (D.) 226 CYETO L'ONLE. ont été amenés au midi de la mer Baltique, àl falloit obtenir une comparaison du point le plus élevé auquel on Îles rencontre dans l'Allemagne septentrionale, avec la hauteur des rochers d’où ils viennent probablement. Cetie comparaison montre que le transport a eu lieu à une hauteur considérable au-dessus du niveau actuel de la mer. Il suit de là, que le gisement général du gra- vier et des blocs du nord dans les plaines de sable du nord de l'Allemagne, est plus bas de plus de cent pieds que le niveau de leur transport. Il suit encore de là, que les couches de craie dans les contrées de la Mer Baltique, avoient vraisemblablement, avant leur des- truction , une hauteur plus considérable que les masses restantes n'en ont actuellement. Il peut en être de même en parlie de plusieurs roches primitives de la Suëde, qui s'élèvent actuellement à une hauteur à peine égale à celle du gisement le plus élevé des pierres épar- ses dans l'Allemagne septentrionale. Enfin, il paroît résulter. de là que les débris de montagnes qui vien- nent des parties plus élevées de Ja Dalecarlie et des K6len, n'ont pas été transportés immédiatement dans l'Allemagne du nord, mais premièrement dans les par- ties plus abaissées de la Suède , et de là, ont été trans- mis plus loin avec d’autres débris de montagnes. La manière dont les pierres du nord paroissent dans la grande formation sablonueuse, et dans les couches d'argile et de marne qui lui sont subordonnées, prouve que leur transport est intimément lié avec la formation de ces couches superficielles de la terre, et qu’à l’égard de l’époque, il leur est contemporain. Tous les caraca \ 1 | | PIERRES ÉPARSES EN ALLEMAGNE. 227 tères de cette formation prouvent qu’elle appartient à Ja formation tertiaire la plus ancienne , celle que les géo- logues français ont nommée argile plastique (x). Nous avons ainsi une donnée qui nous sert à distinguer ce grand dépôt de débris de montagnes, des dispersions de pierres plus récentes et plus limitées. Le transport des pierres du nord paroît empiéter en partie dans la formation du calcaire grossier, car on en voit paroître dans quelques endroits dans des couches qui appartien- nent à celte formation, : Quand on voit les pierres du nord pénétrer dans quelques vallées de l'Allemagne septentrionale, con- server dans ces vallées un certain niveau au-dessus des eaux actuelles, et ne point paroître dans les endroits les plus profonds des vallées et des coupures, on con- çoit que leur transport appartient à une époque dans laquelle nos vallées, ainsi que plusieurs coupures dans les rangs secondaires du nord de l'Allemagne, n'avoient pas encore acquis leur profondeur actuelle. Quelques géologues, continue le Prof. Hausmann, ont énoncé l'opinion que la catastrophe qui a causé le transport des débris innombrables des montagnes du nord, est la même que celle qui a détruit les éléphans et les autres grands quadrupèdes dont on trouve Îles restes dans les couches superficielles de la terre; mais si, d’un côté, on peut regarder comme prouvé que ces restes ne se trouvent que dans les couches tertiaires (x) Nous ne partageons point cette opinion du Prof. Hausmann, et nous l’examinerons à la fin de cet article, (D.) 228 GÉOLOGIE plus récentes que la formation du calcaire grossier, et qu'on admette que le transport des pierres du nord est contemporain des couches tertiaires les plus anciennes, celte opinion de quelques géologues sera réfutée. Quoique dans quelques endroits, comme, par exem- ple, à Tiede, on ait trouvé des pierres du nord mê- lées avec les restes de ces animaux, on peut expliquer ce mélange par l'effet plus récent d'inondations partiel- les, aussi facilement que celui assez fréquent de gra- vicr de fleuve avec les pierres étrangères (1). Le phénomène géologique que nous venons de dé- crire excite l’étonnement, même lorsqu'on ne connoît que son étendue en Danemarck et dans les plaines du nord de l’Allemagne. Mais combien l’étonnement ne s'ac- croit-il pas, ainsi que l'intérêt que sa contemplation pro-. duit, quand de plus amples recherches prouvent qu’il s’é- tend sur la plus grande partie du nord de laterre, et cela, avec des rapports tout-à-fait semblables. Depuis l’Alle- magne , la dispersion de fragmens transportés du nord costinue au travers de la Pologne et de la Russie jusque vers Twer, où il paroît que sa limite méridionale est le 57. degré de latitude. À l’ouest, le dépôt des pierres du nord s'étend au tra- vers des Pays-Bas, où leur limite méridionale se trouve: à peu près au 51° degré de latitude. De même, dans’ les parties orientales de l'Angleterre, on trouve des (1) Le mélange des ossemens fossiles avec les graviers vraiment di- luviens est très-fréquent , ensorte que l'explication que donne ici l'au- teur , n'est pas admissible. (D) PIERRES ÉPARSES EN ALLEMAGNE. 229 blocs étrangers qui viennent, très-probablement, de la Norwège; ce qui donne pour la direction de leur transport, celle du N. E. ou du N. N.E. vers le S. O. ou le S. S. O. Le même phénomène se présente dans l'Amérique septentrionale dans une très-grande étendue ,tet, d'après les recherches qui ont été faites par Hayden, la direction dans laquelle le transport des pierres a eu lieu, ° est du nord-est au sud-ouest. Le dépôt de grands blocs sur le rang extérieur des Alpes, sur le Jura et sur les collines de l'Italie supé- rieure , paroît avoir une grande analogie avec le trans- port des débris des montagnes du nord; mais tandis que ce dernier phénomène s'étend sur une grande par- tie des contrées du nord, celui-là, au contraire, se présente comme fort limité. Tandis que les blocs des Alpes ont été transportés et déposés dans des directions très-différentes et à de petites disiances, mais à des hauteurs considérables, les pierres du nord, au con- traire, ne se présentent que dans une direction princi- pale ; mais elles ont été chariées à une très-grande distance et à des hauteurs beaucoup moindres. Eufin, quant à l'époque du transport, les fragmens des Alpes ont été placés dans leur situation actuelle plus tard que ceux qui sont venus du nord. Il paroîtroïit hasardé de vouloir, dès à présent, son- der la cause de ce grand phénomène géologique. Quoique tout paroisse tendre à montrer que ces blocs et ces galets ont été chariés dans leur situation actuelle par de puissans courans, cependant on peut regarder comine 230 Fo ho Loic te insuffisantes les connoissances rassemblées jusqu’à pré- sent, pour découvrir avec certitude quelle cause a im- primé à ces courans une force assez grande pour en- trainer des masses d’une telle grosseur à des distances aussi considérables. Quoique l'hypothèse présentée par quelques géolo- gues que le transport des blocs à été effectué par des glaçons mérite quelque attention, il ne faut pas né- lizger les objections imfmortantes qu’on a apportées : gs" ) q PP contr'elles. On peut opposer des difficultés beaucoup plus grandes à l'admission de chocs ou de forces ex- plosives que l’on a réclamées pour l'explication de ce phénomène. Il faudra de plus amples recherches pour répandre sur ce sujet plus de lumière. Le but de celles que nous venons de communiquer est pleinement at- teint, si nous avons contribué par-là à ouvrir le che- min pour arriver dans l'avenir à une théorie satisfaisante. Remarques. Le Prof. Hausmann paroît considérer les pierres du nord renfermées dans les lits de marne et d'argile, comme contemporaines de celles qui sont à la surface da sol, parce qu'il regarde ces différens dépôts comme appartenant à la même formation, et, en cou- séquence , il la rapporte à la formation tertiaire la plus ancienne, à celle de l'argile plastique qui repose im- médiatement sur la craie; et il croit que les débris des - Alpes ont élé transportés dans leur situation actuelle plus tard que ceux qui sont venus de la Suède, et qu: l’on trouve dans le uord de l'Allemagne. | PIERRES ÉPARSES EN ALLEMAGNE. 23r Mais, premièrement, je demande si l’on peut consi- dérer comme appartenant à une même époque , le trans- port des pierres qui sont à la surface du sol, et la for- mation des lits de marne et d'argile : ne doit-on pas croire plutôt que ces deux dépôts ne sont point con- temporains ? Je me fonde, en partie, sur un mémoire du Dr. Bruckner de Neu-Strelitz, qui traite des forma- tions du Mecklenbourg, où l’on voit que cet auteur dis- tingue la formation qui renferme les blocs et les cailloux, de celle qui est composée de marne recouverte de sable et d'argile; il ajoute que, dans le sable qui est mêlé à la marne, il y a des fossiles crayeux, des cailloux pri- mitifs, des ossemens ; que c'est encore un dépôt qui est venu du nord. Je crois donc qu'il faut admettre deux transports de pierres étrangères dans le nord de l'Allema- gne, qui auroient eu lieu à deux époques différentes; au premier, appartiendroient Îles blocs et les galets qui sont renfermés dans la marne ; au second, ceux qui sont à la surface du sol, et qui sont de beaucoup les plus nombreux. Je puis citer deux autres exemples de pierres étran- gères au sol, renfermées dans deux dépôts d’époques différentes. Le premier se trouve dans les terrains ter- tiaires du midi de la France, décrits par Mr. Marcel de Serres. Il divise ces terrains en neuf dépôts diffé- rens. Le troisième comprend les terrains de transport antédiluviens et supérieurs, composés de limon avec des galets calcaires et des galets quarzteux; c’est le ter- raio à ossemens des cavernes et des brèches. Le sixième comprend les terrains de transport inférieurs composés ES 4 : 232 G:E:0.Æ:0)G IE. de blocs roulés de roches primitives disséminés dans un sol graveleux. Le troisième exemple est celui que nous présente la montagne de ŒÆurin, où l’on voit des lits de détritus et de graviers serpentineux mêlés avec des coquilles marines, el même des {rochus agglutinans, qui se sont agglutinés des petits cailloux de serpentine sur le bord des tours de spire; ces lits de graviers se sont donc formés dans le sein de la mer, et doivent être antérieurs à la grande révolution qui a transporté les blocs des Alpes des deux côtés de la chaîne. Je vais maintenant donner des preuves que les blocs qui sont venus de la Suède et que l’on trouve épars en nombre si prodigieux dans le nord de l'Allemagne , appartiennent à la dernière grande révolution, en sorte qu'on n’a pas des raisons suffisantes pour les rap- porter à une époque différente de celle qui.a trans- porté les débris des Alpes. Je tirerai mes preuves des voyages gtologiques dans le nord de l'Europe, par De Luc, publiés à Londres en 1810. Cet auteur, parti de Berlin en juillet 1804, se dirigea vers la Mer Baltique et en suivit les côtes depuis Rostock jusqu'à X%el et Sleswish. Son attention se porta prin- cipalement sur les pierres primitives éparses à la sur- face de ces contrées et sur les côtes de la mer; ses observations sur ce phénomène furent très-nombreuses, et la quantité qu'il vit de ces grandes pierres sur toute sa route, est immense, Elles étoient toutes à la surface du sol, sur le sommet des collines comme dans les plaines. Je vais en citer quelques exemples, Entre PIERRES ÉPARSES EN ALLEMAGNE. 233 Entre Sfrelitz et le village de Liepen au nord-ouest et en particulier autour du petit lac de Züerke-see, 11 y a plusieurs collines dont le sommet et les pentes sont jonchées de blocs de granite. Près du village de Liepen on rencontre un groupe de blocs qui occupe un es- pace de demi-lieue ; la route serpente entre ces blocs, . trop nombreux pour permettre qu'on cultive le terrain. À l’ouest de Rostock il ÿy a des espaces tellement cou- verts de blocs qu’on ne peut pas mettre le terrain en culture. Les environs de Ja ville d'Eutin, du village de Gremsmühl et de la ville de Kïel, dans le Holstein, et surtout les collines, sont remarquables par le nombre prodigieux de blocs de roches primitives qui reposent sur le sol et dont on se sert pour toutes sortes de cons- tructions ; il y en a d'énormes, dont on profite pour faire des colonnes et des piliers d’une seule pièce. De Luc s’appliqua surtout à visiter les côtes de la Mer Baltique là où les collines sont attaquées par les vagues et forment des falaises. Il vit partout que les blocs de roches primitives étoient dans la partie supérieure, que c'étoit de là qu'ils se détachoiïent et tomboient dans la mer. On voyoit ces blocs reposer sur le fond de l’eau jusqu'à une assez grande distance en avant des côtes escarpées, parce que celles-ci, ayant été dégradées par les vagues dans la suite des siècles, la mer a empiété sur les terres en les délayant, et les grandes pierres sont restées, Avant d'être sur le fond de la mer, ces pierres avoient été sur le sommet des collines ; jamais De Luc ne les Sc. et Arts. Nouv. série. Vol, 39. N°3. Novem. 1828. Q LL 234 GÉOLOGIE. a vues sortir du pied ou du milieu de la falaise, ce qui seroit arrivé si elles avoient été renfermées dans les lits inférieurs de sable entremélés de marne. Ainsi à l’ouest de Dobberan près de Rostock, puis sur la côte occidentale de l'ile de Poël au nord de Wismar, et à l'entrée du golfe de Kiel près du village de Laboe, il y a des collines jonchées de blocs et de pierres plus petites. Ces collines sont coupées par des falaises au sommet desquelles on voyoit des blocs qui se projetoient et qui étoient prêts à tomber ; d’aulres étoient au pied encore entourés de la terre et des pierres plus petites tombées avec eux; on en voyoit d’autres s’avancer dans la mer sur une largeur égale à celle de la colline. Il paroît que des naturalistes allemands, ne com- prenant pas la véritable origine de ces pierres dans l'eau , avoient cru qu’elles avoient été amenées de la côte opposée de Suède , sur des glaçons, et déposées sur le fond de la mer près du rivage à mesure que la glace se fondoit. Ils n’auroient pas imaginé cette hypo- thèse s’ils avoient compris que ces grandes pierres avoient été une fois au sommet des collines qui bordent la mer. De Sleswick De Luc traversa à Husum, et sur sa route il vit encore une quantité de blocs de granite. Il fait ici la remarque qu'au-dessous de la surface, il ya des couches tendres de sable, de marne et d'argile ; que ces couches sont presque pures jusqu’à la surface ; que les superficielles seules contiennent des fragmens ar- rondis de pierres étrangères entremélées de gravier si- liceux; que les blocs de granite se trouvent quelque- fois à la profondeur de dix pieds dans ces lits super- « { PIERRES ÉPARSES EN ALLEMAGNE. 235 ficiels. En deux autres endroits de son voyage il parie de blocs enterrés. Les nombreuses observations de De Luc nous mon= trent que le phénomène des pierres étrangères , dans le nord de l'Allemagne et dans les provinces conti- nentales du Danemarck , est en grande partie borné à la surface du sol, et que c’est là qu’il se présente dans toute sa grandeur; dans cette situation ce n’est qu’à la dernière révolution terrestre qu’on peut attribuer leur transport, et par conséquent à la même qui a opéré le transport des blocs des Alpes. Mr. Hausmann pense que nous n'avons pas encore rassemblé assez de connoissances pour découvrir avec certitude quelle cause a imprimé aux eaux de l'océan, une force capable de transporter des masses d’une telle grosseur à des distances aussi considérables, Je remar- querai là-dessus, que l’on voit cependant que la cause qui, en brisant les rochers, a produit une si prodi- gieuse quantilé de fragmens, doit être la même qui a - imprimé aux eaux de locéan des mouvemens assez violens et assez étendus pour les transporter à de si grandes distances, qui peuvent aller à cent cinquante et même deux cents lieues pour les pierres du nord. Cette cause ne pouvoit venir que de l'intérieur de la terre, c'est là que nous trouvons des agens puissans pour secouer et bouleverser la surface (1); il n’a pu exister, ce me semble, aucune cause extérieure ca- pable de briser les montagnes et les rochers au point | (1) Dans la province de Nylard faisant partie de la Finlande , et | aux environs de la nouvelle ville de Louisa, le voyageur anglais 1 236 GÉOLOGIE. de les réduire en myriades de fragmens ; des courans d’eau, quelque vélocité qu’on leur suppose , ne peuvent produire de tels effets , et je ne saurois voir aucun autre agent à l’extérieur. Des courans d’eau ont cer- tainement transporté les pierres, mais ce n’est pas eux qui ont brisé les rochers. On parviendroit peut-être à déterminer la manière dont cette cause puissante a agi, si l’on étudioit en détail la structure intérieure et extérieure des collines, des montagnes et même des plaines de la Suède, qui sont composées des mêmes roches dont on trouve les débris épars à de si grandes distances ; on verroit si ces collines, ces montagnes ont été bouleversées, tour- mentées, soulevées ou affaissées ; si le grand désordre qui règne dans leurs masses ne peut s'expliquer que par une force venant de l’intérieur. Wraxall traversa un espace de trois lieues où l’on pourroit presque dire que la terre avoit disparu à la vue, tant elle étoit couverte de pierres , ou plutôt de rochers, car plusieurs d’entr'elles méritent bien ce nom à cause de leur grandeur. La route, forcée de respecter ces obstacles formidables , fait mille détours tortueux , et serpente majes- tueusement pendant plusieurs milles. Un autre voyageur a fait aussi la remarque que la route en Finlande tournoit quelquefois entre des blocs de granite tellement rapprochés que l’on étoit fatigué des tours et détours que ces innombrables roches disséminées , forcoient de prendre. Dans la péninsule de l'Inde, le pays d'Hyderabad (latit. 17° N.) est entierement composé de granite; des blocs énormes de cette roche sont partout épars à la surface, et quelquefois amoncelés. A la pre- mière vue on croiroit que ce pays a été exposé à l’action de quelque grande force destructive qui a fracturé et déchiré les collines et qui en a précipté les fragmens dans ies plaines voisines. (D.) » PIERRES ÉPARSES EN ALLEMAGNE. 297 Les collines granitiques descendent depuis le Sma- land jusqu’à Carlscrona. Les îles de Carlscrona et toutes les autres qui bordent la côte de la province de Bleking, les-îles de Bornholme, de Christiansoe, paroissent être des fragmens d’une vaste contrée granitique qui auroit été bouleversée et rompue en mille endroits. C’est là aussi qu'il faudroit porter son attention pour décou- vrir de quélle manière la cause qui a détaché tant de fragmens, a exercé son action. ELU PHYSIOLOGIE ANIMALE. MÉMOIRE PHYSIOLOGIQUE SUR LE CERVEAU ; par Mr. MA- GENDIE , lu dans la séance publique de l’Académie des Sciences de Paris, le 16 juin 1828. (Mémoires de l'Institut Royal de France) D 00 nn, (Extrait. ) Drvuis long-temps on avoit aperçu et même sigualé dans plusieurs ouvrages , l'existence d’un fluide , quel- quefois fort abondant , au milieu duquel sont plongés le cerveau , la moëlle épinière, et l’origine de tous les nerfs ; mais on en avoit attribué la présence , soit à un état maladif, soit aux changemens physiques que la mort produit dans nos organes. Mr. Magendie a re- 238 PHYSIOLOGIE ANIMALE. connu que ce liquide existe constamment, aussi bien pendant la vie qu'après la mort , aussi bien pendant l'état de santé que pendant la maladie. Il lui a donné le nom de liquide céphalo-rachidien où eéphalo-spinal. 1. Quantité. — Un homme adulte, de taille moyenne, jouissant de toutes ses facultés physiques et morales, en offre environ trois onces ; les femmes, toutes choses égales d’ailleurs , en ont une plus grande quantité. Dans les vieillards on en trouve jusqu’à six ou sept onces; mais alors les facultés de l'esprit et du corps sont pour l'ordinaire fort affoiblies. 2. Siluation. — Ce liquide forme autour du cerveau, et de la moëlle épinière, une couche diversement épaisse suivant les points; au cou elle a quatre ou cinq lignes, aux Jlombes plus d’un pouce (1), autour du cerveau gé- néralement une ou deux lignes, mais dans certains cas et à certaines places, près d'un pouce. L'existence de celte couche, quelquefois assez épaisse, qui entoure le cerveau, est une puissante objection contre un sys- ième faneux, où l’on ne prétend à rien moins qu'à reconnoitre les plus petites circonstances du volume et de la conformation du cerveau , par les dimensions et la conformation du crâne. 3.2 Usages physiques. — Mr. Magendie s’est assuré que’, contre l'opinion généralement admise, le volume de notre cerveau suit les autres organes relativement aux changemens que différentes causes peuvent leur faire subir; ainsi dans les maladies d'une certaine (:) Cette donnée nous paroît difficile à admettre (R.) MÉMOIRE PHYSIOL. SUR LE CERVEAU. 239 durée, où le corps maigrit beaucoup , le cerveau éprouve une diminution analogue, et Ja quantité du liquide céphalo-rachidien augmente alors pour remplir l’espace qui existe entre le cerveau et sa boîte osseuse. Quand le corps reprend ses premières dimensions, le cerveau regagne aussi ce quil avoit perdu. Dans les cas de diminution partielle du cerveau, le liquide céphalo- rachidien remplit encore le même office. Ainsi, quand un quart ou un cinquième d’un lobe cérébral disparoît , comme on le remarque sur des individus qui ont eu pendant plusieurs années un bras et une jambe contrac- turés et immobiles, il se forme un grand creux à la surface de l'organe , et ce creux est occupé par le li- quide céphalo-rachidien , en sorte que le crâne est tou- jours plein. 4° Influence sur la vie. — Une ponction fut faite à la nuque d’un vieux renard très-farouche , en sorte qu'il perdit en un instant tout son liquide céphalo-rachidien, De féroce qu’il éloit un instant auparavant, l'animal de- vint calme tout-à-coup ; il ne cherchoit point à mordre et ne faisoit aucun mouvement. Puis il revint par, de- grés à son élat naturel, et au bout de trente-six heures il cherchoit de nouveau à mordre et à s'échapper. Une nouvelle ponction fut faite ; et l’on put se con- vaincre que le liquide céphalo-spinal étoit compléte- ment réparé. Ajnsi il ‘est constant que ce liquide exerce une grande influence sur les mouvemens et l'instinct des animaux, et de plus, qu'il peut se re- produire assez promptement. Mr. Magendie a reconnu que cette poche remplie 240 PHYSIOLOGIE ANIMALE. d’eau , qui se forme quelquefois au bas de l'épine des très-jeunes enfans et qui constitue une maladie si dan- gereuse , n’est autre chose que le liquide naturel qui a distendu ses enveloppes et qui fait hernie au-dehors; Quand cette poche se rompt, le liquide s'écoule et la mort s’en suit bientôt, probablement parce que la position de louverture fait que le liquide qui se re- formeroit ne peut plus séjourner dans le canal verté- bral, et protéger le cerveau et la moëlle épinière. 5. Nature chimique, — Mr. Magendie après avoir ex- trait le liquide céphalo-rachidien d'un animal , le rem- plaéa par une quantité d’eau égale et à la même tem- péräture. L'animal tomba dans une agitation extrême, ous! ses mouvemens , tous ses instincts furent pervertis ; mais ces accidens cessèrent dès qu'il eut permis à l’eau de s'échapper. 6° Température du liquide. —W fit, dans une autre expérience, réfroidir le liquide naturel qu’il avoit préa- lablement extrait ; il le réintroduisit ensuite dans la cavité qu’il avoit occupée. Aussitôt l'animal fut saisi d’un tremblement général, analogue à celui qui pré- cède les fièvres intermittentes. De tous ces faits on peut conclure que le liquide céphalo-rachidien influe sur les fonctions du système nerveux; 1.° par son contact avec la surface du cerveau et de la moëlle épinière ; 2.° par sa nature chimique ; 3.° par sa température. Réfléchissant sur le liquide qu’on trouve presque tou- jours dans les ventricules du cerveau après la mort, et qu'il est de doctrine d'envisager comme le produit de MÉMOIRE PHYSIOL. SUR LE CERVEAU. 241 la maladie qui a causé la mort, Mr. Magendie soupçonna que ce liquide pourroit bien n'être que le même qu’on rencontre à la surface du cerveau, et qu'ainsi sa pré- sence dans ces ventricules, pourroit aussi être un état \ parfaitement naturel, et non point un état maladif, comme on le professe maintenant. Pour confirmer cette conjecture il s’agissoit de trouver une communication entre l'extérieur du cerveau et ses cavités internes. Après quelques recherches, il décou- vrit une ouverture de deux ou trois lignes de diamètre, cachée complétement par un lobe du cervelet, et for- mant une véritable entrée des cavités du cerveau. Ce fait une fois établi, il devenoit mécaniquement nécessaire que le liquide céphalo-spinal entrât dans les cavités du cerveau et qu'il les remplit, car ces cavités communi- quent les unes avec les autres. Ainsi tous les noms de val- ule, d'aqueduc , d’entonnorr, de pont, etc., donnés par les anciens aux différentes parties de l’encéphale, sont une désignation figurée, mais juste, d’un ensemble d’or- ganes en pleine activité. Le liquide qui remplit les cavités du cerveau n’y est point en repos; il éprouve une agitation continuelle, une sorte de flux et de reflux qui a lieu sous l'influence de la respiration. Ainsi, quand nous attirons l’air dans notre poitrine , le liquide sort en partie des cavités céré- brales, et passe dans le canal de l’épine, l'inverse a lieu dans la circonstance contraire. La cause mécanique de ce flux et reflux est très-simple ; elle tient au gon- flement alternatif des veines de l’épine par le sang, sous l'influence de la respiration. 242 PHYSIOLOGIE ANIMALE. \ Ev examinant le mouvement du liquide à travers l’a- queduc, Mr. Magendie croit avoir découvert un usage probable de la glande pinéale, dans laquelle Descartes plaçoit le siège de l’imagination et du sens commun. Il regarde cette glande comme un tampon destiné à ouvrir et à fermer l'aqueduc du cerveau, et à modi- fier ainsi le mouvement du liquide céphalo-rachidien. Cette glande est en effet placée au-dessus de l’ouver- ture antérieure de l’aqueduc. Deux veines volumineuses sont elles-mêmes placées et fixées sur la glande. Ces veines tantôt se gonflent beaucoup, tantôt sont presque vides. Or, il est inévitable, d’après la position relative de ces parties, que dans le moment où ces veines se gon- flent, elles ne pressent et n’abaissent la glande pinéale ; et celle-ci ne peut céder, ni descendre, sans fermer plus ou moins l'entrée de l’aqueduc du cerveau. Un des effets constans des efforts, des cris, de la colère, etc., est de gonfler fortement les veines de la têt:; donc, dans ces circonstances, l'entrée du liquide céphalo- rachidien dans les ventricules, doit être interceptée . ou au moins rendue plus difficile. Une question intéressante et délicate étoit de recher- cher quelle influence cette humeur a sur l'exercice des facultés de l'intelligence. Mr. Magendie s’est attaché à fixer d’abord les points extrêmes. 1. Les idiotes qui le sout devenues par accident, pré- sentent une quantité considérable de liquide; il occupe la surface du cerveau et y forme une couche épaisse ; il distend les cavités cérébrales, et déplace particuliè- rement la glande pinéale qui ne peut plus remplir ses MÉMOIRE PHYSIOL. SUR LE CERVEAU. 243 fonctions. Aussi l’aqueduc présente -t-il souvent un élargissement considérable. Dans ce cas, on trouve jus- qu'à six ou sept onces de liquide. 2° Les folles présentent aussi une grande quantité de liquide; mais il ne s’accumule point à la surface du cerveau; les ventricules sont toujours très-distendus et agrandis ; ils contiennent quelquefois jusqu'à trois onces de liquide. 3° Le cerveau des gens doués de raison, présente le plus souvent moins d’une once de sérosité. Il semble donc établi que le développement des fa- cultés de l'esprit, est en raison inverse de la quantité du fluide céphalo-rachidien; et cela se comprend jusqu’à un certain point, puisque ce liquide n'augmente qu'au dépend de la masse du cerveau, et qu’en général les intelligences supérieures se trouvent placées dans les cerveaux volumineux et bien conformés. Non-seule- ment il faut que le liquide ne soit pas trop abondant, mais il faut que son mouvement soit libre. Mr. Magendie a trouvé sur le cerveau d’une idiote une oblitération de l'ouverture par laquelle le liquide entre dans les ventricules. Le cerveau de cette femme n'’offroit d’ail- leurs rien qui pût expliquer son état mental. » C244) ET | MÉLANGES. PARHÉLIES OBSERVÉES EN SIBÉRIE, LE 4 FÉVRIER 1828. (Journal des Débats, du g septemhre 1828.) Ox lit dans un journal de Moscou : « Le 4 février , on a observé à Kiaihta en Sibérie un phénomène aussi extraordinaire que magnifique. Le froid étoit très-rigou- reux ; au lever du soleil, on aperçut aux deux côtés de cet astre des rayons lumineux, que l’on nomme en Sibérie oreilles du soleil. À dix heures du matin, ces rayons se transformèrent en brillans parhélies. Une immense colonne blanchâtre, semblable à la queue d’une co- mèle, partoit du soleil, déjà parvenu à une assez grande élévation, et se dirigeoit vers l’ouest: il se forma dans toute l’étendue du ciel un cercle régulier, à la circon- férence duquel on voyoit sept images du soleil , pâles et sans rayons, situées à une égale distance entr’elles et du soleil véritable. Ce dernier reéfléchissoit en outre dans l'atmosphère quatre grands cercles blancs, dis- posés de manière à former une pyramide, et dont deux se trouvoient circonscrits dans le cercle ci-dessus men- tionné, tandis que les deux autres étoient dans la partie de l’horizon opposée au soleil ; on a remarqué qu'il devoit y avoir quatre cercles dans le grand, mais l’un d'eux étoit effacé par la lumière du soleil, et l’on n’a- percevoit qu’une moitié de l’autre, brillant des vives PARHÉLIES OBSERVÉES EN SIBÉRIE. 245 couleurs de l'iris. Il est à regretter que ce phénomène, qui a duré jusqu’à près de midi, n'ait pas été observé par des savans. » BULLETIN D'ANNONCES. — 22 6 60 I. Teorica e pratica del probabile. THÉORIE ET PRATIQUE DES PROBABILITÉS ; par l’abbé G. BRAVI. 1 vol. in-8.° Milan. 1827. IL est difficile, après les travaux de Laplace, de rien ajouter aux principes du calcul des probabilités; mais il est peut-être plus difficile encore de les mettre à la portée de toutes les intelligences et d’ÿ familiariser en particulier la jeunesse vouée à l'étude des sciences phi- losophiques. Il ne suffit pas, en effet, pour atteindre ce but, de simplifier les expressions mathématiques , en y introduisant des procédés de calcul plus élémentaires ; il faut surtout rattacher ces expressions et les consé- quences qu’on en déduit, aux données que fournit le simple bon sens, montrant ainsi que l'usage de l’ins- trument algébrique n’a d’autre but que de déterminer ces données d'une manière plus précise et plus exacte. Déjà Laplace avoit senti la nécessité d’un tel travail et en avoit tracé le plan dans son Essai élémentaire sur le 246 BULLETIN D'ANNONCES. calcul des probabilités. Après lui, divers auteurs ont cru pouvoir et devoir introduire dans l'exposition des prin- cipes de ce calcul, plus de simplicité encore, en don- pant de plus considérables développemens aux démons- trations purement rationelles et non mathématiques de ces principes. Mr. l’abbé Bravi est au nombre de ces auteurs; il a écrit pour la jeunesse italienne, et avec l'intention d’analyser attentivement les bases des théo- ries admises, afin d'arriver plus facilement à d’utiles applications pratiques. Dans une partie de son ouvrage il établit les principes; dans une seconde, il les ap- plique, soit aux vérités physiques, soit aux vérités mo- rales. Peut-être est-il à regretter que l’auteur ait né- gligé certaines distinctions qui paroissent indispensables, et quelquefois aussi détourné les mots du sens qui leur est généralement attribué : ainsi il ne fait point men- tion de la différence entre la probabilité à priori et la probabilité a posteriori; ainsi, encore il étend la signiz fication du terme probabilité composée au-delà des li- mites qui lui sont habituellement assignées. Peut-être aussi est-il fâcheux que le principal sujet envisagé par Mr. Bravi dans ses applications , soit précisément ce- lui qui se prète le moins au calcul, et sur lequel les mathématiciens ont plutôt jeté de l'obscurité que des lumières ; savoir, le témoignage et la tradition. Il eût été, suivant nous, plus utile de bien scinder ce qui peut être soumis à des formules, de ce qui est trop compliqué de circonstances morales pour pouvoir se prêter à une appréciation rigoureuse. Cependant, nous ne pouvons qu'applaudir à des travaux qui ont pour ‘ BULLETIN D'ANNONCES. 247 bat principal d'ouvrir à tous les avenues de la science et d’écarter les difficultés qui pourroient embarrasser les premiers pas. IT. ESSAI SUR LA VACCINE, ouvrage écrit sur la fin de l’é- pidémie de petite-vérole qui a régné à Lausanne dans l'été de 1827 et mis à la portée de toutes les personnes qui, sans être médecin, veulent connoître la vaccine. Par Mr. Zik, chirurgien de première classe du Canton de Vaud. Lausanne 1827 in-12 de 150 pages. Ce petit ouvrage mérite l'attention de nos lecteurs; il est d’un praticien bon observateur et de bonne foi. Mr. Zink y établit que, malgré les attaques de petite- vérole secondaire à la vaccine , observées en si grand nombre et en tant de lieux divers depuis dix ans, l’on ne doit pas perdre de la confiance au pouvoir préser- vatif du virus vaccin, parce que l’inoculatien de la petite-vérole ne met pas mieux à l’abri d’une attaque de petite-vérole naturelle , que ne le fait l’inoculation du virus vaccin , dont la transmission possède en outre des avantages immenses et spéciaux, par exemple, son innocuité pour l'individu qui l’a reçue et pour les masses de population qui l'entourent. Nous ferons à Mr. Z. un très-petit reproche, c'est d’avoir beaucoup négligé son style ; à cela près la lecture de cet ouvrage est pleine d'intérêt, et, nous 248 BULLETIN D'ANNONCES. en sommes convaincus, elle atteindra le but que son auteur avoit en vue en l’écrivant. Cu. C. TITI. ESSAIS DE GÉOGRAPHIE MÉTHODIQUE ET COMPARATIVE, accompagnés de tableaux historiques , faisant con- noître la succession des différens états du monde, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, et suivis d’une théorie du terrain, appliquée aux reconnoissances militaires, par Mr. DENAIX, ancien élève de l'Ecole Polytechnique , chef de bataillon au Corps Royal d'Etat-Major, etc. Cet ouvrage se composera d'au moins six volumes in-8.° de texte, de plus de 55 cartes et d’un assez grand nombre de tableaux. Il sera publié en treize livraisons. La se- conde livraison a déjà paru ; elle contient un cahier de texte, une carte d'Europe en quatre feuilles et quatre tableaux (1). Dans chacune des parties de son ouvrage, Mr.Denaix (1) L'ouvrage entier coûtera 260 fr. aux souscripteurs , qui ont dü payer en recevant la première publication, une somme de 60 fr., dont 4o à valoir sur les deux dernières publications. La seconde li- vraison, qui a paru, se vend b9 fr. On souscrit à Paris , chez l'auteur, rue d’Assas n.° 5 , chez Picquet, quai Conti n° 157, chez Kilian , rue de Choiseul n.° 3, et chez Denuix , libr. rue du Faubourg-St.-Honoré n.° 62. doit BULLETIN D'ANNONCES, 249 doit faire précéder l'étude de la géographie politique et historique , de celle de la géographie naturelle. Ainsi dans celle des livraisons qui a paru, et où il est ques- tion de l'Europe, il montre ce continent divisé en deux versans généraux par une ligne de partage qui s'étend en diagonale du détroit de Gibraltar, aux sources de la Pet- chora et de la Cowa dans les monts Oural. Ces deux vet- sans sont inclinës, l’un vers le nord-ouest et l’autre vers le sud-est, le premier amenant les eaux dans les Mers Glaciale et Occidentale, le second dans la Mer Médi= terrance, Il établit ensuite huit divisions secondaires for- mant les bassins; —1.° de l'Océan Glacial Arctique ; — 2.° de la Baltique ; — 3° de la Mer du Nord, qu'il nomme mer Brilanno-Scandinave;— 4.° du Pas de Calais, de la Manche et de l'Atlantique, qu'il réunit sous le nom d'Océan Hispano- Britannique ; — 5° de la Mer Caspienne ; — 6° de la Mer Noire, — 7° de ce qu'il nomme la Méditerranée australe, composée de la mer Adriatique , de la Mer Jonienne, de l’Archipel et de la Mer de Marmara ; — 8° de la Médilerranee inférieure qu'il étend de l'Espagne et de Ftalie. De ces bassins les quatre premiers appartiennent au versant nord-ouest, les quatre derniers au versant sud-est. Ces bassins se- condaires sont eux-mêmes divisés naturellement en plu- sieurs autres par les ligues de partage , qui $éparent _entr'elles les eaux des différens fleuves qui coulent vers la même mer. Mr. D. passant en revue toutes les côtes du continent, reconnoît vingt-quatre bassins d’un ordre inférieur, qui forment les subdivisions des huit dont nous avons rapporté les noms. Sc et Arts. Nouv. serie. Vol. 39. N.°5. Novem.1828. FR ‘ 250 BULLETIN D'ANNONCES. Ayant ainsi déterminé les limites naturelles de l’Eu- rope par son hydrographie, l’auteur en donne l’orolo- gie en rattachaut toutes les montagnes à cette même ligne de partage des eaux qui traverse l'Europe du nord-est au sud-est, mais sans prétendre que cette ligne soit formée par des lignes de montagnes. Souvent une chaîne ne se rattache à une autre que par une suite de plateaux élevés que Mr. D. appelle dos de pays, et dont la hauteur ne se révèle que par la séparation qui s'opère sur leurs flancs entre les eaux de bassins op- posés. Cet exemple suffira pour donner une idée du plan très-judicieux sur lequel est distribuée l’exposition géo- graphique de Mr. Denaix. Le principe dirigeant, quant aux cartes , est d’en faire pour un même pays, un assez grand nombre qui présentent ce pays sous divers points de vue. Ainsi, par exemple , trente cartes d'Europe dressées sur la même échelle présenteront successivement tous les dé- tails de la géographie naturelle, politique et historique de cette partie du monde. Les six premières offriront la géographie naturelle : six autres, la géographie civile et militaire; et les dix-huit dernières la géographie his- tiorique. Les tableaux seront destinés à présenter d’une ma- nière claire tous les détails de géographie naturelle, politique et historique » qui ne pourroient être expri- més sur les cartes que d’une manière confuse. Deux de ces tableaux accompagnent Ja seconde livraison ; le premier ayant pour titre, Tableau orographique de l'Eu- BULLETIN D'ANNONCES. 254 rope , peut être considéré comme un complément de la carte des montagnes ; le second a pourtitre, Ta- bleau synoptique et comparatif de la distribution des peuples et des religions dans les différens Etats du globe. HSM OREre | Wear ME vi y sn ACT CNES \ h pe STE NT 2 Era Lg | PRE LR en V | , ae € Ti ‘ b à F2 as EURE 1e “ p #1 Et, NN à 1 à *: de F lg TA Le \ AT ne TE #Y À { : vos ti ENS % sers u # IAE À f L'AR à, hr a È has Re lère, 7-4 sé FA da | (als a 27 D D 2 I ASTRONOMIE. SUR L'OCCULTATION PAR LA LUNE DE ‘L'ÉTOILE Ô DES POISSONS ; Mémoire lu à la Société Astronomique de Londres , en 1828, par Mr. Souru. ( Philosophical Magazine. Octobre 1828.) (Extrait. ) Ma. Soura fait remarquer dans ce Mémoire, que parmi tous les phénomènes qui occupent les astronomes, au- £un n’est susceptible en général d’une observation aussi exacte; que l'occultation des étoiles fixes par la lune. Cependant il se présente par fois, dans ce phénomène, une circonstance qui mérite une attention particulière ; c’est la projection apparente de l'étoile sur le disque lunaire. Les éas où l’on à cru observer cette anomalie dans ce pays, sont rares, il est vrai; et c’est ce qui a en- gagé plusieurs personnes à penser que ceux qui les rapportoient avoiïent été trompés par leur imagination. Mais si nous examinons avec impartialité, dit Mr. South, les observations des asttonomes les plus réputés du Continent, nous ne pouvous guères révoquer en doute le fait de cette projection apparente , bien qu’ensuite | nous puissions trouver une grande difficulté à en ex- pliquer la cause. Le seul cas dans lequel Mr. South ait vu Le phénos Sc.et Arts. Nouv. série. Vol. 39.N.°4. Décem.182% S 254 ASTRONOMI E. inde en question , est celui de l'occultation de l’é- toile à des Poissons le 6 février 1824. (Latitude de l'observatoire 51° 30'2”,97 N.; longitude 21°,56 O.) La nuit éloit parfaitement belle ; la partie obscure du disque lunaire très-nettement terminée : l'atmosphère étoit re- marquablement sereine, et en conséquence aucune os- cillation apparente n'affectoit ni l'étoile, ni les bords de la lune. L'observation fut faite avec l'équatorial de Mr. South, de cinq pieds, muni d’un-grossissement de 127 fois; l'observateur étoit au télescope quatre ou cinq minutes avant que l’immersion püt arriver. Tout se passa comme de coutume, jusqu'à ce que le bord de la lune arrivêt au contact de l'étoile ; mais alors l’occultation attendue n’eut pas lieu. Le moment où le contact appa- rent eut lieu, étoit 3k 20" 54°,0 à la pendule. L'étoile ; sans rien perdre de son éclat, demeura visible, sur la partie obscure du disque lunaire, jusqu'à 3" 21" 2,9 ; alors elle disparut subitement. On n'observa pas la moindre déviation sensible dans la place de l'étoile, ‘entre l'instant du contact apparent , et celui de la dis- parition ; et son disque parut aussi nettemeut terminé, pendant qu'il se détachoit sur la partie obscure de Ja lune, qu'avant le contact. Les corrections pour l'erreur de la pendule étant ap= pliquées, on a lès époques suivantes de l'observation ; Contact apparent......... Bars à 20"29°,87 Immersion instantanée. ......... 3 20 38,77 Emersion:. ." ." 21.2, 17, 4 4 LAS 4 14"92 408 Les seules RTE correspondantes de cette oc- cultation, qui soient parvenues à la connoissance de + 2 PROJECTION APPAR. DES ÉTOILES SUR LA LUNE. 255 Mr. S., ont été faites par Mr. Littrow et Mr. Baily; les résultats en sont consignés dans les Mémoires de la Société Astronomique. Mr. Littrow n'ayant signalé au- cune particularité , il est probable qu'il ne s’en est pré- senté aucune à son observation ; et Mr. Baily a auto- risé Mr, S. à affirmer que dans cette occasion il n’a- voit aperçu aucune anomalie : circonstance bien sin- gulière, si l'on remarque que l'observation de Mr. S. dans laquelle la projection apparente sur le disque Junaire continua pendant près de neuf secondes, se fai- soit à peu de distance de celle de Mr. Baily. Le même soir et au même lieu, on observa l’occultätion d’une étoile de 8. à 9.° grandeur, qui entra derrière le disque à peu près au même point du bord où avoit été vue la projection de à des Poissons ; cette étoile disparut ins: tantauément à 5" 2" 6,0 par la pendule de Mr. S. : aucune apparence de projection ne précéda l’occulta- tion : mais le peu d’élévation de la lane rendoit l’ob- servation moins satisfaisante que ne l'avoit été celle de 0 des Poissons * | Mr. South cite plusicurs observations analogues d’autres astronomes, dans les termes mêmes dans les- quels elles sont rapportées , ou dans les termes d’ex- traits authentiques. Ces citalions sont principalement tirées, des Mémoires de l’Académie Royale de Paris, de l'Histoire et des Mémoires de l’Académie Royale des : Sciences de Toulouse , de l'Histoire céleste française, de la Connoissance des Tems , et des Observations as- tronomiques faites à l'observatoire royal de Paris. Les observations citées sont rangées dans un tableau sy= S 2 256 ASTRONOMIE. noptique , qui présente le nom de l’ohservateur, Île lieu de l’observation, la nature de l’occultation , l’âge de la lune , et son mouvement nord ou sud à cette époque ; tableau trop étendu pour trouver place dans cet extrait. | En l’examinant , où voit que plus de vingt étoiles ont offert des particularités près du bord, ou sur le bord même de la lune, à leur immersion ou à leur émer- sion ; que ces anomalies ne sont pas restreintes aux étoiles d’une certaine grandeur ou d’une certaine eou- “leur, et qu’elles ne dépendent pas de l’âge de la lune. Plusieurs de ces étoiles n’ont offert chacune qu’un seul exemple d'anomalie ; telles sont l'Epi de la Vierge, y de la Balance , y et 132 du Taureau, «! et d de l’Ecrevisse, 1 et 249 du Verseau,187 du Sagittaire , p du Lion, p des Gémeaux, et 9 des Poissons : Regulus en a offert trois exemples et Aldebaran jusqu’à vingt. On voit par le tableau, que les anomalies en ques- tion sont fréquemment attestées, non par une seule personne, mais encore par une seconde, et quel- quefois par une troisième : ici ce sont des observa- teurs réunis à une même station ; là, ils se trouvent dans les différens quartiers d’une même ville ; dans quelques cas ils sont séparés par des distances très- considérables. D'un autre côté, la divergence des rap- ports, là où on ne devroit en trouver aucune, rend l’exa- men de cetle question fort embarrassant. Cette diver- gence, la manière vague dont les observations sont rap- portées, l'habitude qui a prévalu dans plusieurs eas, d'observer avec des télescopes différens l'immersion et à om De er |: 2. ÉD 7 ou PROJECTION APPAR. DES ÉTOILES SUR LA LUNE. 257 l’'émersion d’une même étoile, dans une même occul- tation , enfin la considération que les registres omettent presque constamment de dire si le bord obscur de la June étoit visible ou non, toutes ces circonstances, dit Mr. South, ne nous permettent guère de faire plus que d'établir avec quelqu'apparence de probabilité, quelles sont les causes de ce phénomène qu'il faut exclure. Les hypothèses avancées pour l’expliquer sont : l’i< magination un peu vive, de l'observateur; une fausse image de la lune formée par l'instrument employé ; une atmosphère lunaire ; l’irradiation ; et enfin la di- verse réfrangibilité des divers rayons colorés de la lune” et de l'étoile. Mr. S. oppose à la première de ces hypothèses ; celle qui attribue le fait à l'imagination de l’observa- teur, plus de soixante exemples d'anomalies attestés par des hommes tels que Messier, Troughton, Mr. Arago , Mr. Mathieu et Mr. Bouvard ; il est impossible de sup- poser tous ces observateurs sujets aux mêmes écarts. Le seconde hypothèse, celle d’une fausse image de la lune, auroit quelque valeur, si l’on avoit exelusive- ment employé aux observations, des télescopes. de ré- fraction non-achromatiques. Mais il devient bien difficile de l’admettre , si l’on considère que l’anomalie en ques- tion a été observée avec des lunettes longues et courtes, achromatiques et non-achromatiques ; avec des: réflec- teurs newtoniens et grégoriens, dont la plupart occu- poient une place très-élevée dans l'échelle des bons instrumens , et dont quelques-uns peuvent être consi- dérés comme les produits les plus parfaits de l’art de D 0 ASTRONOMIE. l’opticien : à moins qu’on ue veuille accorder qu'un effet constant peut être dû à une cause variable. L'hypothèse suivante attribue à une atmosphère de la lune le fait de la projection apparente d’une étoile sur le disque de cet astre. Si c’étoit là la cause, ses effets de- yroient être les mêmes sur toutes les étoiles de même couleur, D'ailleurs, ne deyrions-nous pas retrouver la preuve de l'existence d’une atmosphère, à chaque occul- tation, sous une forme ou sous une autre ? Et cependant combien sont rares les cas dans lesquels il y a à signaler quelqu’altération de l'étoile, à l’approche”du disque lunaire, quant à sa position, à la diminution de son éclat, ou au changement de sa couleur. Dans les cas inême où ces modifications sont consignées , elles le sont d’une manière trop vague , ou bien elles se rap- portent trop évidemment à d’autres causes, pour que nous puissions les considérer comme des indices suf- fisans de l'existence d’une atmosphère lunaire. L'irradiation ne paroît pas à Mr. South, pouvoir suf- fire à l'explication du phénomène en question, si l’on considère que des projections de l'étoile sur le bord obscur de la lune , ont été observées par Messier, par Maskelyne, par Mr. Arago et par lui. La dernière hypothèse, célle qui attribue la projec- tion apparente aux diverses réfrangibilités des rayons émanés de l'étoile et de la lune, ne lui paroît pas plus soutenable, Il remarque que les étoiles rouges, telles qu'Aldebaran , ne sont pas les seules qui soient sujettes à cette anomalie ; mais que le phénomène a été observé sur des étoiles aussi remarquables par leur blancheur, PROJECTION APPAR. DES ÉTOILES SUR LA LUNE. 25g qu'Aldebaran l'est par sa couleur rouge. Il ajoute qu'à Sa Connoissance aucune projection apparente de la pla- nète Mars, n'a été jusqu'à présent observée dans les occultations de cette planète par la lune; et cependant Mars est plus décidément rouge qu'Aldebaran et que toute autre étoile, parmi celles qui ont donné lieu à l'observation du phénomène. Ayant ainsi démontré , à son avis, qu'aucune des hypothèses avancées ne satisfait à l'explication deman- dée, Mr. South déclare qu'il ne sauroit, pour le mo- ment , en présenter une qui lui inspiràt plus de con- fiance. Il termine en annonçant , d’après la Connais- sance des Tems, que le cours de la lune amènera en 1829 et en 1830 plusieurs occultations d’Aldebaran, et en témoignant l'espoir que les astronomes ses com- patriotes saisiront cette occasion d'observer un phéno- mène, qui jusqu’à ce jour avoit été si peu remarqué par eux, que si l’on s’en étoit remis à leur autorité seule , il auroit été à peine mentionné, k LR . ( 260 ) MÉTÉOROLOGIE. SUR LES COURANS PÉRIODIQUES QUI RÉGNENT DANS L’AT- MOSPHÈRE EN EUROPE, ( Jahrbuch der Chemnre. und Physik, 1828, B. 1. H. 3). GES T, Comparaison entre les changemens de la pression de l'air à Stut- gardt, à Paris et à Vienne, déduite des observations faites dans ces trois villes, par Mr. le Prof. Schübler de Tübingen. De nombreuses observations ont démontré que, lors- qu'il s’agit de lieux éloignés les uns des autres seule- ment de 10 ou 12 lieues, la marche mensuelle du baromètre dans chaque saison diffère peu d’un lieu à J’autre, et que les oscillations de part et d'autre de la moyenne hauteur du mois , Se montrent exactement les mêmes dans toutes ces stations. Il nous a paru plus intéressant encore de comparer entr’elles, sous ce même rapport de la pression de l'air, des stations séparées par des distances considérables, Nous avons choisi dans. .ce but les observations faites en 1826 à Paris , à Stutt- gardt et à Vienne. Stutigardt est à peu près sous le même parallèle géographique que Paris et Vienne : sa latitude n’est que de 34” plus septentrionale que celle de Vienne, et de 2° plus méridionale que celle de Paris. Sa longitude est à peu près moyenne entre celles de ces deux capitales; Paris est à 6° 5o' ouest, soit en ligne droite 67 milles géographiques, de Stuttgardt ; Vienne | J COURANS D’AIR PÉRIODIQUES EN EUROPE. 26% ên est à 7° 11” est, soit 74 milles. Pour les observations de Paris, nous nous sommes servis de celles qui sont consignées dans les Annales de Chimie et de Physique ; pour celles de Vienne, nous avons employé celles qui se font à l’observatoire de cette ville et dont les ré- sultats se trouvent dans les N.° 8 et 9 du Journal de Vienne pour 1827. Afin de faciliter la comparaison des observations faites dans.ces trois stations, elles ont toutes été réduites en lignes de Paris. Dans la colonne des vents dominans, celui qui est indiqué le premier est celui dont la direction a le plus généralement régné; celui qui est indiqué ensuite est celui qui a soufflé le plus fréquemment après l’autre. (Voyez le tableau ci-derrière.) TE 0 RCQ L 0. G LE: M E a ” Compataison de la marche moyenne du baromètre, par mois, en 1826, à Paris, à ï MOIS. Janvier ... Février. .. Mars... Avril. .... INEATS ee oo Jui. 1 e.. Juillet .... Août, .... Septembre. Octobre. .. Novembre. Décembre. Hauteur ou abaissem. moy. du ba- romètre au dessus ou au dessous Re oo om STUTTIGARDT ef à VIENNE. de la moyenne annuelle. à Paris. + + lig. 0,80 1,62 aStuttgard.| à Vienne. PRETEE lig. 0, 25 0,04. 0,03 1,26 1,34 0,24 0,37 PEAR ERAREr Pression relative de l'air. la plus forte. | la plus foible. Vienne. Stuttgardt. Vienne. Paris. Id. Id, Stuttgardt. Vienne. Id, Id. Stuttgardt. Vienne, à Paris. | à Stuttg. | à Vienne. Paris. Na 2 fe E. N. [SEE N.N.0. Id. $ 8.0. | E.O, S. E.S.E. S.E. Stuttgard. : AN. €. Et UN ÎS.E. -N.N:0. Vienne. N.0. 0. 0, NN. |0.N.0. FR N. N.O.| 0. ON. Î|\. O.N.0. Id. 2-18: O. N. ÎN.0. NN. Id, 0. Ss.0. | O N. |o.N.0. Paris. 0. s.0. [oO N. lo. Id, s. 0: O. N. lo. 0.N.0. Id. O5 28, O.E. N. Î|S.E, Id. N. oO: O.E. N 0. S.E, Stuttgard. so. s. |o.e. N. |o. (*) L'indication du vent dominant dans cette colonne, est faite sur un principe antérieurement exposé par l'auteur , mais. que nous ne CONNO;SSONS pas Direction dominante du vent. A COURANS D’AIR PÉRIODIQUES EN EUROPE. 263 * Ce tableau montre que, malgré l'éloignement des trois stations, la marche du baromètre y a été assez unie forme. C’est dans les mois de mai et de novembre que le baromètre à été le plus bas, et dans ceux de février et de juin qu'il a été le plus haut. Il est surprenant que dans les quatre mois d'avril, mai, juin et juillet, où les vents d'ouest régnoient dans les trois stations , la pression de l'air ait atteint ‘son maximum à Paris, tandis qu’elle atteignoit ‘son minimum à Vienne : et que le contraire ait eu lieu dans les autres mois, c’est-à-dire principalement pen- dant la saison froide , où les vents d’est étoient les ‘plus fréquens. La hauteur du baromètre à Stutigardt oscille entre les deux autres stations: peudant six mois, janvier, mars, juin, juillet, octobre et décembre, elle ‘se rapproche davantage de celle de Paris ; et pendant les quatre autres mois , février , mai, août et septembre ‘elle se rapproche plus de celle de Vienne (1). La pré- dominauce des vents d'ouest pendant les mois d’avril à août, avec une plus grande élévation du baromètre ‘dans les contrées occidentales et une moindre éléva- tion dans les contrées orientales, indique une expan- sion de l'air relativement plus forte dans ces dernières régions. Le contraire paroît avoir eu.lieu pendant les autres mois ; et surtout pendant la saison froide; car « (2) Il s’agit toujours ici de la pression de l'air, considérée relative- ment à l'état moyen du baromètre dans les trois stations. Comme Paris est élevé de 212 pieds au-dessus de la mer , et Vienne de 480, ‘la hauteur moyenne du baromètre dans ces deux villes est toujours “plus forte qu'à Stuttgardt. 264 MÉTÉOROLOGIE. alcrs on remarque une direction plus fréquente des vents de l’est à l’ouest , accompagnée d'une, dépres- sion relative du baromètre dans les contrées occiden- tales. Ces faits s'expliqueroient peut-être par l'existence périodique annuelle de courans d'air régnant d’une région à l’autre de l'Europe ; courans que des obser- valions comparalives soutenues pourroient mettre plus clairement en évidence. Cette hypothèse acquiert quel- que vraisemblance , si l’on fait attention qu'à l’ouest l'Europe est bordée dans toute son étendue par l'Océan atlantique , duquel doivent s'élever pendant la saison chaude une masse de vapeurs aqueuses beaucoup plus considérable que du continent qui s'étend à l’est. Le rapport variable de réchauffement et de refroidisse- ment, qui règne entre la mer et la terre ferme aux différentes époques de l’année, motive les changemens périodiques dont nous venons de parler. Une diffé- rence remarquable existe déjà entre Vienne et Paris ; les hivers sont notablement plus froids dans la pre- mière de ces capitales que dans la seconde , et les étés sont plus chauds sur la côte ouest de l’Europe. II. Observations de Mr. Kämtz sur le même sujet, L'existence de ces courans périodiques, que Mr. le prof. Schübler déduit de. la comparaison des hauteurs barométriques, a été démontrée par Mr. le prof. Schouw au moyen de l'observation de la direction réelle des vents. Ayant calculé moi-même la direction moyenne des vents par la formule de Lambert, j'étois arrivé en 1825 au même résultat, Mais comme Mr. Schouw a fait COURANS D’AIR PÉRIODIQUES EN EUROPE. 2063 usage d’un plus grand nombre d'observations que mor, les résultats de ses recherches méritent la préférence: Je vais en conséquence reproduire ici les lois qu'il a établies pour la direction des vents dans le nord de l'Europe (1). « 1) Les vents d'ouest l’emportent sur les vents d'est ; celte règle est partout sans exception. » « 2) Le vent d'ouest est plus fréquent que le vent d'est: » « 3) La prépondérance des vents ones sur ceux de V'est, décroit à partir de l'Atlantique, à mesure qu'on avance vers l'intérieur du continent. Elle est plus forte en Angleterre , en Hollande et en France, qu’en Dane- marck et dans la plupart des pays de l'Allemagne; elle est plus forte dans ces dernières contrées qu’en Russie et en Suède. Ainsi, le rapport des vents d’est (N.E., E., S.E.) aux vents d'ouest (N.0., O., S.O.)est, à Lon- dres celui de 1 à 1,6; à Copenhague, celui de 5 à 1,5; à Stockholm, celui de 1 à 1,4; à Fr celui de à 1,3. » rs . mesure qu'on approche de l'Atlantique les vents d'ouest se rapprochent d'avantage de la direction méridionale ; à mesure qu’où pénètre plus avant dans les terres la direction est plus exactement ouest, ou se, rapproche du nord-ouest; et vers l’est les vents du nord paroissent prendre le dessus. Dans la plus grande partie des Iles Britanniques, en Hollande, et en France, (1) Beiträge, etc. Documens pour la Climatologie comparative. Premier Cahier, p. 52. 266 MÉTÉOROLOGIE. le vent le plus fréquent est le sud-ouest; en Dane- marck et dans la plus grande. partie de l'Allemagne c'est le vent d'ouest ; à Moscou , c’est le nord-ouest qui domine ; à Pétersbourg et à Stockholm le vent du nord est beanconp plus fréquent que dans les parties occi- dentales de l'Europe. » « D) Dans les régions occidentales et centrales du nord de l'Europe (les Iles Britanniques, la France, le Danemarck , la Norwège) la prépondérance des vents d'ouest sur les vents d'est est beaucoup plus marquée en été, qu'en hiver et en automne. Il ne paroît pas qu'il en soit amsi dans l’est (en Russie, en Suède. ) » » 6) En hiver, les vents d'ouest sont plus. méridio- naux; en été, ils sont plus septentrionaux ou plus exac- tement occidentaux. Cependant cette remarque ne paroîït pas s'appliquer à la partie est de l'Europe. » Mr. Schouw attribue ces phénomènes au vent du sud- ouest qui, aux environs de l'équateur, règne daus les régions supérieures de l'atmosphère, et qui tombe ensuite. sous des latitudes plus élevées ; c’est cette cause qui dé- termine sur l'Atlantique dans la zône tempérée ces vents d'ouest prédominans, que les marins désignent par le nom de moussons d'ouest. « Si ce vent n’est pas permanent comme l’est la mousson d'est, cela tient à ce que dans les parties mé- ridionales de l'Europe, l’air s'élève et occasionne ainsi un courant venant du nord. Les vents du sud prédo- mineroient sans doute en Europe , si le retour de la mousson ne les contenoit. Sur le continent même, la prépondérance des vents d'ouest, et surtout celle du | COURANS D’AIR PÉRIODIQUES EN EUROPE. 267 sud-ouest, va en diminuant à mesure qu'on avance dans l'intérieur, comme aussi la permanence de la mousson d'est diminue à mesure qu'on s'éloigne de la mer, pro- bablement parce que la nature diverse et accidentée dé la surface des terres trouble les rapports réguliers qui s’établissent sur la mer: cependant les vents d'ouest prédominent encore à Pétersbourg. Dans les parties orientales de l'Europe, les vents du nord prennent le dessus , précisément parce que la mousson de retour s'affoiblit. » . La circonstance suivante, sur laquelle Mr. le Prof. Schübler a attiré l'attention, exerce une assez grande influence sur la direction des vents. « En été, » dit-il, « l'atmosphère se réchauffe beaucoup plus au-dessus des continens , qu'au-dessus de la mer : de là naît un courant d'air des régions les plus froides vers les plus chaudes, c’est-à-dire de la mer vers l’intérieur du continent; selon la position des pays la direction de ce courant est ouest ou sud-ouest, mais non pas sud-est comme celle de la | mousson de retour. Il y a donc en été deux causes de l’existence des vents d'ouest ; la mousson de retour sud-ouest, et.le réchauffement du continent, qui amène des courans de l’ouest et du nord-ouest ; c’est. pour- quoi dans cette saison de l’année la prépondérancé des vents d'ouest est si considérable. En hiver, au contraire, l'atmosphère est beaucoup plus chaude ‘sur la mer que sur le continent; de la naît un courant d'air venant de l’est, et les vents d’est prendroient le dessus.dans - cette saison, si la mousson de retour ne s'y opposrit; » mais cependant, la prépondérance des vents d’ouest en est très-afloiblie, » °( 268 ) TP PL mm PHYSIQUE. EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS SUR LE THERMO-MA- GNÉTISME ; par le Dr. TRAILL, de Liverpool ; Mé« moire communiqué par l’auteur à la Société de Phy- sique et d'Hist.-Natur. de Genève , en 1827 (1). (Mém. de la Soc. de Phys. et d'H.-N. de Genève. T. IV. Part. IL.) D (0 0 nn PREMIÈRE PARTIE. Recherches expérimentales. Daxs cette portion de travail, le Dr. Traill s'occupe des déviations que peut produire sur une aiguille ai- mantée un circuit thermo-élecirique , et de l'étude des: (x) Le Mémoire du Dr. Traill avoit été achevé en décembre 1823, et lu à la Société Royale d'Edimbourg les 2 et 17 février 1824 ; des circonstances indépendantes de la volonté de l’auteur en avoient dif- féré la publication jusqu’à ce jour® Il est résulté dé ce retard que quelques parties du travail du physicien anglais ne présentent plus le méme intérêt de nouveauté qu’elles auroient offert, il y a quatre ou cinq ans ; la première partie de ses recherches se trouve surtout dans ce cas, la seconde , qui renferme des vues nouvelles d'application , ne . paroit pas avoir souffert de ce délai. Ce sont ces motifs qui ont engagé la Société de Physique et d'Histoire-Naturelle à n’insérer dans ses Mé- moires qu’un simple extrait de la première partie des recherches du Dr. Traill, et à imprimer textuellement la traduction entière de la sé- conde partie de son manuscrit, circonstances EXP. ET OBSERV. SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. 26q circonstances qui peuvent faire varier le sens et l'in- tensité de cette déviation. | L'appareil dont il se sert dans ses premières expé= riences, consiste en une barre d’antimoine , aux deux bouts de laquelle sont fixées les deux extrémités d’une lame qui, courbée deux fois à angle droit, forme les trois autres côtés d’un rectangle dont la barre d'anti- moine est la base. La chaleur est appliquée au moyen d'une lampe, tantôt à l’un, tantôt à l’autre des points de jonction du cuivre et de l’antimoine, ct l'aiguille aimantée est placée , soit au dedans, soit au dehors du rectangle. L'auteur étudie avec beaucoup de soin l'influence qu'exercent sur le sens et l'intensité de la déviation de l’aiguiile aimentée , 1.° [a manière dont on place l'aiguille , par rapport aux deux lames de cuivre et d’antimoine, 2.° l'application de la cha- leur à l’un ou l’autre des points de jonction, 3.° enfin, les positions diverses que l'on peut donner à l’ appareil en le mettant, tantôt dans le méridien magnétique ; tantôt dans une situation perpendiculaire à à ce méridien; | tantôt daus une direction intermédiaire, tantôt dans une position plus ou moins inclinée à l'horizon. Tous Îles résultats auxquels conduit l'examen suc- cessif de ces différentes circonstances, indiquent qu'il + ÿ a un courant électrique qui, partant du point de » jonction auquel la chaleur est appliquée, entre dans le cuivre, le traverse, puis passe dans l’antimoine pour - revenir au point de départ. L'analyse complète, qu’à faite en 1820 Mr. Ampère, du mode d'action d’un cir- cuit électrique sur une aiguille aimantée , s'accorde Sc.et Arts. Nouv. série. Vol. 39. N°4 Décem. 1828. T La 270 PHYSIQUE. pleinement avec tous les résultats qu'a obtenus le Dr. Traill, et nous permet de conclure que l'appareil ther- - mo-électrique dont ce savant a fait usage, agit exac- tement comme un cireuit électrique fermé dont le cou- rant suivroit une direction semblable à celle que nous venons d'indiquer. Il nous paroît donc inutile d’é- numérer chacune des expériences qui toutes rentrent dans le fait général que nous avons énoncé; nous n’in- sisterons pas non plus pour la même raison sur quel- ques détails relatifs à des différences de formes don- nées à l'appareil. Les recherches qui suivent celles dont il vient d’être question, ont pour objet l'emploi de substances di- verses pour former l'appareil thermo-magnétique. Les diverses combinaisons soumises à l'expérience sont les suivantes (non compris celle d’antimoine et de cuivre, dont il a été question ) cuivre et bismuth, platine et cui- vre, platine et argent, argent el cuivre, cuivre et plomb , cuivre et laïlon, cuivre et porcelaine, cuivre e zinc, cuivre et fer. Quant au sens de la déviation de l'aiguille, ces combinaisons agissent comme celle d’antimoine ct de cuivre; seulement on a eu soin d'indiquer les subs- tances dans un ordre tel, que la première nommée dans chaque arrangement, est celle qui joue le rôle de l’antimoine, et la seconde le rôle du cuivre. E'in- tensité du courant n’est pas la même dans toutes Îles combinaisons, et dépend de la nature des substances employées. Deux métaux parfaitement homogènes for- ment un appareil qui ne proûuit point d'effet : 1l est possible que cela soit dû à un défaut de sensibilité dans r + “plier EXP. ET OBSERV. SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. 274 l'appareil ; c'est à la même cause que le Dr. Traill at- tribue l'impossibilité qu'il a éprouvée de produire au- cune déviation de l'aiguille en interposant un conduc: teur humide daûs le circuit thermo-électrique (1). Les formes diverses que l'auteur a données à quel- ques portions de son appareil n’exercent une influence “qu’en tant que la position da courant, par rapport à l'aiguille aimaniée, doit déterminer une déviation ou inclinaison de cette. aiguille dans un sens ou dans un autre , comme (Ærsted et Ampère l’on fait voir. C’est ce qui arrivera, par exemple, si le fil qui réanit les deux extrémités de la barre d’antimoine est tourné en hélice au lieu d’être rectiligne, et le sens dans lequel cette hélice sera tournée déterminera , d’un côté ou d’un autre, la déviation d’une aïguille aimantée placée in- térieurement ; au dehors, Fhélice agira comme un fil rectiligne: seulement l'intensité de son action sera plus considérable. Si l'hélice est verticale , l’inclinaison qu'éprouve une aiguille suspeñdue verticalement dans son intérieur, s'accorde aussi parfaitement avec les lois déterminées par Mr. Ampère. L'auteur a obtenu des résultats analogues à ceux qui précèdent, et qui ont été exposés plus haut, en ren= dant mobile le circuit thermo-électrique , et en le sou- (1) Les résultats positifs obtenus dans le premier cas par Mr. Bec< quere! , et dans le second par Mr. Nobili, montrent bien que c'est en grande partie à un défaut de sensibilité dans son appareil, el peut-être aussi en partie à la manière de faire l'expérience, que le Dr. Trail} doit attribuer Ja nullité d'action qu'il a observée. LE 272 PHYSIQUE. mettant à l’action d’un aimant fixe, comme l’avoit fait le professeur Cumming: dans ce but , il s’est servi plus particulièrement de deux combinaisons, celle d'argent et de platine, et celle de bismuth et de platine. Ces appareils mobiles avoient la forme d'un rectangle, comme celui qui a été décrit le premier; mais ils éloient ‘beaucoup plus légers, et suspendus à un fil très-flexi- ble de manière à pouvoir obéir à la plus petite force d'attraction et de répulsion; la chaleur étoit toujours appliquée au moyen d’une lampe à l’un des points de jonction des métaux hétérogènes. Enfin, la dernière série d’expériences a pour objet l'application du froid aux points de contact des subs- tances qui forment le circuit thermo-électrique , et l’exa- men des effets qui en résultent, lesquels sont exactement inverses de ceux auxquels donne naissance l'application de la chaleur, du moins quant au sens de la déviation . qu'éprouve l'aiguille. Une autre différence importante est que l'intensité du phénomène est beaucoup moindre, et que même la déviation ne peut être obtenue d'une manière bien distincte qu'avec les combinaisons du cuivre , soit avec l’antimoine, soit avec le bismuth. L'ap- plication simultanée du froid etde la chaleur fait aussi l’objet de quelques recherches, qui toutes s'accordent avec les résultats inverses auxquels l'emploi successif des deux procédés a donné naissance. Le Dr. Traill termine cette première partie de son travail par une exposition très-abrégée de quelques vues théoriques, d’après lesquelles il seroit tenté d'admettre l'existence autour des pièces métalliques qui composent EXP, ET OBSERV. SUR LE THERMO-MAGNÉTISME, 273 appareil thermo-magnétique , de courans magnétiques qui suivroient une direction en hélice. Il nous semble que depuis les recherches de plusieurs physiciens, pos- térieures à celles dont il est ici question , il ne reste plus aucun doute que l'influence que l'élévation ou l’abaissement de température détermine dans un circuit tout métallique , est de donner naissance à un véritable courant électrique , dont toutes les propriétés, à l'in- tensité près, sont les mêmes que celles des courans que produit un couple ou une pile voltaïque. C’est ce qui fait que nous n'insisterons point sur cette partie du Mémoire du physicien anglais, à laquelle lui-même ne paroît pas attacher une grande importance, et que nous passerons immédiatement à la seconde partie de son Mémoire , que nous iraduisons textuellement d’a- près le manuscrit qui nous a été communiqué. SECONDE PARTIE: Application des experiences thermo-magnéliques à. l'ex- plication de quelques-uns des phénomènes du magné- tisme terrestre, Depuis la publication dutraité du Dr. Gilbert, en 1600, jusqu’à ces dernières années, le magnétisme paroît avoir beaucoup moins occupé l'attention des savans qu’on n'auroit pu le croire, vu l'importance de son applica- tion pratique. Aucun progrès marquant ne fut fait dans celte partie de la science , si l’on en excepte le per- 274 PHYSIQUE. fectionnement de quelques. instrumens depuis 1600 ; jusqu’à la découverte faite par Wales, de la déclinai- son qu'éprouve l'aiguille aimantée sur un vaisseau qui parcourt différens parages , et la confirmation de ce fait par le capitaine Flinders, Dans ces dernières années cependant, l'attention s’est de nouveau reportée sur le magnétisme ; les observa- tions de Scoresby, de Bain, de Beaufoy, de Hansteen, et d'autres, ont beaucoup ajouté à nos connoiïissances sur ce sujet, et la découverte de l’électro-magnétisme due à OErsted, a donné une impulsion à une étude plus approfondie de ce singulier et mystérieux agent. La curiosité ainsi réveillée a été récompensée de ses recherches par plusieurs intéressantes découvertes, et en particulier. par celle de Seebeck , qui a fait voir que l’on peut développer une forte action. magnétique en chauffant inégalement certaines combinaisons de métaux. Ces derniers effets sont tellement frappans qu'ils cap- tivent l'attention de tous les physiciens ; et les sources de l'inégalité de la température de notre globe lui-même sont si évidentes, qu'elles suggèrent forcément l'idée que c'est à cetle cause que nous pouvons attribuer plusieurs des plénomènes du magnétisme terrestre, La tentation de se livrer à quelques spéculations sur la nature de cet agent est assez forte pour engager l’au- teur à hasarder les observations suivantes sur ce sujet ; quoiqu'il sache que les faits sont peut-être encore trop peu certains pour que l'on puisse actuellement faire une théorie complète du magnétisme ; il soumet en EXP. ET OBSERV.SUR LE THEBMO-MAGNÉTISME. 279 conséquence ses idées au jugement de la Société avec la plus complète déférence. Avant les découvertes de Seebeck, il y avoit plusieurs circonstances qui sembloient indiquer quelque rapport eutre le magnétisme terrestre et l'influence de la tem- pérature sur notre globe. L'augmentation dans la varia- tion diurne de l'aiguille au moment où le soleil est au- dessus de l’horizon, ainsi que celle de la variation men- suelle pendant la période la plus chaude de l’année, la coïncidence des lignes isothermales avec les courbes d’égale variation magnétique , sont des circonstances qui semblent toutes indiquer l'influence du soleil sur les phénomènes magnétiques. Il y a plusieurs années que le célèbre Troughton observa aussi que l'intensité du magnétisme paroissoit être plus grande dans une chambre qui étoit éclairée par la lumière du jour, que lorsque cette lumière en étoit exclue ; mais toutes ces variations étoient probablement trop minimes pour qu’on püût en déduire quelque vue théorique. Cependant les expériencesthermo- magnétiques, en montrant que des effets magnétiques très-puissans peuvent être produits par la rupture de l’é- quilibre de température dans certains corps, indiquent qu'il doit exister une source abondante de magnétisme dans la terre, et peuvent ainsi, si je ne me trompe, don- ner une explication, plus satisfaisante que les anciennes, de quelques-uns des phénomènes du magnétisme ter- restre, et principalement de la déclinaison variable de l'aiguille aimantée, Le philosophe de Colchester, le Dr. Gilbert: est le premier qui ait dit que /a lerre éloit un grand. aimant , 276 PHYSIQUE. duquel tous les autres tiroient leurs propriétés. Le magnétisme terrestre à élé généralement attribué à des masses ferrugineuses ou à des couches distribuées irrégulièrement dans le globe, et les pôles magné- tiques ont été considérés comme « les centres d’ac- tion de toutes ces substances magnétiques ferrugi- neuses (1). » La première conséquence importante qne l’on peut déduire des découvertes thermo-magnétiques, c'est que nous ne sommes plus obligés de nous renfermer dans la supposition de l'existence de masses ferrugineuses pour expliquer le développement du magnétisme. Des combinaisons de métaux quelconques sont capables d'agir sur l'aiguille aimantée en vertu d’une simple rupture d'équilibre de température, Le fait intéressant découvert par Hansteen, concer- nant la polarité acquise par tout corps placé perpendi- culairement dans nos latitudes, montre que la seule position est capable d’exciter le magnétisme dans des substances peu magnétiques, et il ne semble pas ex- iravagant de supposer que, de la même manière, de grôsses masses des substances les moins magnétiques peuvent devenir capables d’affecter l'aiguille quand elles présentent des inégalités dans leur température. . Al n’est pas improbable que nous pourrons dans la suite trouver de légers effets magnétiques dans des com- binaisons de larges masses de corps pierreux chauffés inégalement : ce sera au moyen d'expériences très-dé- (1) Cavallo, sur le Magnétisme. EXP. ET OBSERV. SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. 277 licates, faites avec l’aiguille presque neutralisée du galvanoscope, ou, peut-être mieux encore, en mesu- rant l'intensité de la force magnétique, par le nombre des oscillations d’une aiguille suspendue à la manière d'Hansteen. Quel que soit le résultat de semblables ex- périences, la découverte de Seebeck a montré une source abondante d'influence magnétique. L'une des expériences rapportées dans la première partie montre que la simple juxta-position, soit con- tact de deux métaux, suffit pour produire des cffets magnétiques, et que, pour le développement du thermo- mäsgnétisme, un arrangement régulier ét compliqué de 5 divers matériaux n’est pas nécessaire, mais qu'il ne faut pas autre chose que ce que l’on peut supposer exister dans les couthes de la terre, s. | Il ’est plus possible de douter que la direction gé- nérale qu'affecte en tous lieux l'aiguille aimantée pro- vient de l’action des matériaux qui composent’ notre globe. La plupart des irrégularités locales dépendent évidemment d’accumulations partielles de mines de fer. Tels sont les effets extraordinaires exércés sur l'aiguille’ dans le voisinage de Tarbey en Suède, celui qui a été observé par le Capit. Hall dans V Archipel orierital, celui qu'a signalé Mr. Oxley dans les régions nouvellement découvertes de l'Austrasie, et enfin les déviations re- marquables qu’a observées le lieutenant Frauklin dans les lacs Point et Knee de VAmérique septentrionale, Plusieurs rochers que l’on ne regarde pas comme con- tenant du fer, tels que le basalte, Îe gneiss, etc. sont souvent capables d’affecter l'aiguille; le thermo-ma- 278 PH, Y:S 1 QU E. x À sai gnetisme nous montre aussi que les métaux en génëé- ral, sous certaines circonstances, peuvent produire des effets semblables. Des faits nombreux de cette nature, et la coïncidence parfaite qui existe entre les lois du magnétisme terrestre et celles qui régissent l’action d’un aimant artificiel, laissent peu de doute que nous de- vons chercher la source du premier de ces magnétismes dans les matériaux solides qui composent notre globe. Considérant la terre comme un vaste aimant, nous pou- vons regarder le phénomène général comme dépendant des matériaux eux-mêmes et de Ja position de ces masses, et cette influence peut être nommée le magnétisme de composition. Mais il y a d’autres circonstances qui, je crois, mo- difient cette influence. Il paroît donc raisonnable de considérer en outre la terre comme un vaste appareil {hermo-magnetique. ..L'actiou perpétuelle des rayons solaires dans les ré- &ions situées entre les tropiques, leur donne une tem- pérature plus élevée que celle d'aucune autre portion de la surface de la terre ; l’effet de cette élévation de température , considérée sous le point de vue thermo- magnétique, seroit d'accroître le magnétisine des ma- tériaux solides’, effet qui seroit encore augmenté par les deux énormes capuchons de glace qui entourent les ré- gions polaires. L'on pourroit peut-être objecter. que la différence de température qui en résulte est petite ; mais si nous. prenons en considération la foible intensité re- lative du magnétisme terrestre, qui est si peu considé- rable qu’elle est susceptible d’une influence par la plus EXP. ET OBSER V. SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. 279 petite particule de fer; et d’un autre côté, si nous fai< sons attention aux énormes masses sur lesquelles agis- sent sans cesse. les causes qui détruisent l'équilibre de température , nous hésiterons moins à recounoître une action thermo-magnétique sur la terre. L'on sait fort bien que les pôles magnétiques ne coïn- cident pas avec ceux de la rotation du globe ; et l'exis- tence de deux axes magnétiques ; dirigés suivant quatre pôles également magnétiques, paroît être parfaitement établie par les recherches d'Hansteen. Le Dr. Halley avoit déjà conjecturé l'existence d’un double axe , qu'il imaginoit être nécessaire à la solu- tion des phénomènes magnétiques alors connus, et ce que ce physicien déduisit de pures hypothèses, se trouve établi par une comparaison attentive d’unigrand nombre d'observations réunies , analysées et combinées pèr Hans- teen. Une inspection des cartes d” Hansteen montre que la direction générale des lignes de non variation est celle du nord et sud: mais elles sont soumises à di- verses inflexions, et présentent quelques sinuosités re- marquables qui proviennent probablement de la dis- tribution et de la profondeur inégale des couches les plus fortement magnétiques qui composent la croûte dé la terre, et des modifications diverses que peut y produire le thermo-maguétisme qui provient de l’action du soleil et de celle des glaces polaires. Il me semble donc que les forces qui produisent le magnétisme terrestre peuvent être réduites à deux, ° L'une qui provient de la composition et de la 280 PHYSIQUE. position diverse des matériaux solides du globe, et que nous pouvons nommer magnétisme de Composition; 2° L'autre qui est due à l’inégale distribution de la température , et que nous appellerons T'hermo-magné- lisme. Ces forces ne paroissent pas avoir Ja même direction. Dans toutes nos expériences avec l'appareil métallique, la tendance de l'influence thermo-maguétique étoit évi- demment de placer l'aiguille dans toutes les situations et sur toutes les surfaces de l’appareil à angles droits avec son axe, ou à angles droits avec la direction dans laquelle l'inégalité de température avoit lieu. Si nous considérons la terre comme un appareil thermo-ma- gnétique, chauffé dans ses parties équatoriales, et re- froïdi vers les pôles, il est clair d’après le même prin- cipe que son effet seroit de placer l'aiguille de l’est à l'ouest, perpendiculairement à la direction de la pro- pagation des inégalités de température. Peut-être alors nous ne nous tromperons pas beau- coup en considérant ces deux forces comme agissant dans des directions opposées, le magnétisme de com- | position comme donnant à l'aiguille une direction gé- nérale du nord au sud, et le thermo-magnétisme comme tendant à dévier l’aiguille à angles droits, par rapport! à cette direction. En d’autres termes, nous pouvons considérer la direction actuelle de l'aiguille magnétique « comme le résultat de la force du magnétisme de com- position, et de l'énergie déviatrice du thermo-magné- üsme. | n' Ÿ Que le magnétisme terrestre soit modifié par des chan-# EXP. FT OBSERV. SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. 281 gemens de température , c’est ce qui résulte de l’examen de plusieurs phénomènes curieux, quoique minutieux, que nous meulionnerons sans trop nous y arrêter. 1. Des expériences répétées nous ont montré que l'aiguille, magnétique est soumise à certaines déviations de peu d’étendue , mais d'une régularité extrême , qui ont lieu plusieurs fois par jour, et dont la grandeur va- rie avec les différentes saisons de l'année. a. Le résultat général des expériences de Canton, Cotte, Hansteen et autres, prouve qu’en Europe la dé- clinaison de l'aiguille est plus ou moins à l’est à huit heures du matin , puis ensuite qu’elle augmente vers l'ouest jusqu'à deux heures après midi. Depuis ce mo- ment elle diminue jusqu'à huit ou neuf heures, qu’elle est pendant quelque temps stationnaire; mais l'aiguille retourne à l’est pendant la nuit , de manière à être huit heures plutôt moins à l'ouest que le soir précédent. Ceci montre une coïncidence frappante avec la tempé- rature de la terre’. qui est généralement à son maximunt à deux heures après midi, et à son minimum à huit heu- res. Les expériences de Canton ont été refaites par Ca- vallo pour prouver que les changemens de température et de déclinaison ne correspondent pas; mais elle me paroïssent prouver le contraire, en tant du moins que l'on peut mettre quelque confiance dans une simple sé- rie d'expériences , quand il.s’agit d’un cas où tant de circonstances imprévues peuvent avoir influé sur les ré- sultats en accélérant ou retardant le rayonnement de la terre ; il ne faut pas oublier que les températures don- » nées sont celles de l'air ambiant, qui sont beaucoup 282 : PHYSIQUE. moins stables que celles qui seroieut prises très-près de la terre (1). b. La variation ou déclinaison journalière de l’ai- guille est, d’après les observations d'Hansteen , à peu près deux fois aussi forte au solstice d’été, qu’à l’époque correspondante en hiver, étant à la première de 15”, ét à la seconde seulement de 3" 30”. Cela montre évi- demment que la déclinaison est augmentée par l’accrois- sement de température. ce. L’aiguille à aussi un léger changement déclina- toire qui s'accroît pendant plusieurs mois , et ensuite dé- croi. D'après Hansteen, elle va graduellement vers l’ouest, c’est-à-dire, sa déclinaison s’augmente du sols- tice d'été à léquinoxe du printems, et elle chemine \ vers l’est depuis l’équinoxe du printems au solstice d’été. L’extrême lenteur avec laquelle la croûte du globe transmet la chaleur absorbée descendante est bien, con- nue : d’après Mir. De Saussure la plus grande chaleur d'été à Genève met six mois à parvenir à la profondeur (1) Les expériences de Canton ont été faites le 27 juin 1789 , et ont donné les résultats suivans : MATIN. APRÈS MIDI. QE —— —————— z É Heures. |Déclinais. [Tempér. £ Heures. |Déclinais. {Tempér. o 18” |}:xgn 2” 620 @ bo, |::199 :.09/ | 70° 6:41 19 99 62 172560. l'UE 70 8 :30.| 16145 65 nan To Russe: 68 Ù 9 2/18 54 67 7 20 | 18 bo 6t Lio 20 | 18 57 ) 9 18.) 19 1 1 io FE 19 EXP. ET OBSERV. SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. 283 de 31 pieds ; d’après cela, si nous considérons que la couche magnétique est à une profondeur incommen= surable , nous comprendrons comment eîle n’est pas promptement affectée par les extrêmes de température de la surface de la terre. La plus grande durée de la déviation mensuelle du côté de l’ouest, peut être attribuée à la position et aux forces des deux axes magnétiques, dont plusieurs autres phénomènes montrent que l'énergie est inégale. IL. L'inclinaison de l’aiguille varie comme on le sait avec la latitude , et elle augmente à mesure qu'on ap- proche des pôles magnétiques. Elle est sujette aussi à de légères irrégularités locales qui paroïssent dépendre du voisinage ou de l'éloignement des couches magnétiques. Des recherches récentes ont démontré que l'inclinaison de l'aiguille est soumise à de légers changemens pério- diques qui semblent provenir des variations de tempé- rature. Hansteen rapporte qu'avec une aiguille magné- _ tique très-délicate, construite par Dollond, il trouva que l’inciinaison étoit de 15° plus grande en été qu’en hiver. LI. L'intensité magnétique , ou la détermination du degré de force avec laquelle la propriété directrice de l'aiguille s'exerce, est très-bien déterminée par la du- rée d’un certain nombre d’oscillations d’une aiguille suspendue par un simple fil de soie, et cette méthode a fourni à Hansteen quelques résultats curieux, quoi- que les expériences soient encore trop peu nombreuses pour assigner une date précise à laquelle on puisse rapporter les périodes du maximum et minimum d’in- tensilé, S84 + : P H.Y S 1 Q Ù É- L'intensité magnétique augmente depuis l'équateur au pôle, ce qui peut êire attribué principalement à la proximité des pôles magnétiques. L'opinion d'Hansieen, d’après une série d'observations faites avec soin en 1820, est que l’intensité magnétique est sujelte a des fluctua- tions périodiques : suivant lui, l'intensité journalière augmente depuis dix heures du matin à peu près jusqu’à cinq heures de l'après midi, c’est-à-dire, au moment où la surface de la terre commence à dégager rapidement le calorique accumulé pendant la partie la plus chaude du Jour. Tant de circonstances efhicaces ont continuel- lement lieu pour changer la température de la surface du globe en favorisant ou en empêchant son rayonnement, qu'ici la coïncidence est aussi grande que l’on peut rai- sonnablement l’attendre. Ces faits peu nombreux, maïs intéressans, me sém- blent démontrer suffisamment l'influence de la tempéra- ture sur la modification du magnétisme terrestre, et nous pouvons en déduire la conclusion que la terre agit non-seulement comme un aimant, mais aussi comme un appareil thermo-magnétique. | Il reste encore à appliquer ces principes à l’un des phénomènes les plus intéressans du magnétisme , c’est- àa-dire, la variation ou déchnaison de l'aiguille. Il est impossible que l’observateur le moins attentif ne voie pas le rapport général qu’il y a entre les lignes isothermales de Humboldt et la direction des lignes iso- magnétiques de Hansteen , et il n’y a probablement de même en météorologie aucun point mieux établi que la nor D * L EXP, ET OBSERV, SUR LE THEBMO-MAGNÉTISME. 285 hon coïncidence des lieux où la température est la moins élevée et des pôles de rotation de la terre. Les observations de plusieurs savans, et particu<. Jièrement de Pallas et de ses collaborateurs, de Scoresby, Sabine, Parry et Humboldt, amenèrent le Dr. Brewster à la conclusion, qu'il existoit deux pôles d'extrême froid dans l'hémisphère boréal, et c’est une chose assez remarquable que la coïncidence des positions de ces deux pôles tels qu’ils sont, déduite par ce même savant, d’après une comparaison tirée de nombreuses observations avec les deux points de convergence des lignes de variation sur la carte ma- gnétique d'Hansteen. Cette circonstance suggère na= turellement quelque rapprochement entre les points d'extrême froid, et la propriété directrice de l’aiguille magnétique ; et cela dans un temps où cette propriété a du paroître le résultat d’un agent aussi obscur que mystérieux : mais aujourd’hui que les expériences ther- mo-magnétiques ont démontré l'inflaence évidente de l'application de la glace à une partie de Fappateil ; nous pouvons Comprendre pourquoi les déviations dans le magnétisme terrestre dérivent d’accumulations loca- les de glace , où de ce qu’une grande intensité de froid prévaut sur un point plutôt que sur un autre. D'après les principes que nous venons d’énoncer, la conséquence générale du thermo-rmagnétisme de la terre devroit être une déviation de l'aiguille par rapport à la direction du nord au sud, quand même le point d’ex- trême froid correspondroit avec les pôles de rotation mais, dans la position actuelle des glaces polaires; Sc. et Arts. Nouv. série. Vol 39. N° 4. Décem. 1828. V 286 PHYSIQUE nous voyons de quelle manière cette déviation peut être augmentée où diminuée , Suivant Île rapprochement où l'éloignement des méridiens du froid, Aucun des phénomènes du magnétisme ne paroit plus surprenant que la déclinaison toujours variable de l'aiguille. Lors de la découverte de cette variation par Colomb , pendant son voyage en 1402, la déclinaison de l'aiguille étoit considérablement à l’est da méridien véritable ; et suivant les observations plus récentes, des savans , elle a continué à suivre cette direction rc 1580, moment où elle devint stationnaire à 11° 30°, d’où elle rétrograda jusqu’en 1657 à o°. Depuis lors, l'aigaillè s’est mue graduellement à l'ouest jusqu'en 1818 , où les nombreuses recherches de Beaufoy prouvent qu’elle atteignit chez nous un maximum de 24° 45" 58". Il sem- ble à présent qu’elle rétrograde vers le pôle de la rota- tion de la terre. Le Dr. Halley, pour expliquer cette déclinaison varia- ble , avoit proposé une hypothèse nullement satisfai- sante , et qui n’étoit appuyée sur aucune probabilité quelconque , savoir l'existence d'un noyau mobile dans la terre, supposition qui avoit été imagiuée uni- quement pour expliquer le phénomène du magnétisme. D'autres savans ont voulu baser leurs hypothèses sur les changemens que produisent sur les couches magné- tiques le feu volcanique , l’oxidation, ou d’autres causes agissant dans l'intérieur de la terre; mais la régularité observée dans les variations de l'aiguille, nous empè- chent d'adopter la première supposition , et les alter- nalives d’approximation et d’éloignement de Ja ligne se YA : sas ce: EXP. ET OBSERV. SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. 287 inéridienne, sont également coutraires à la seconde. Il | est toutefois évident que, si nous pouvons supposer un changement dans la position des pôles d'extrême froid ; un changement correspondant devra avoir lieu dans la déclinaison de l'aiguille magnétique; les pôles thermo- iagnétiques de la terre devront subir dans ce cas un dérangement dans leur position. Le Dr. Brewster a allégué de bonnes raisons en fa- veur de la non-fixité des pôles isothermaux (1), et Hansteen a rendu très-probable la révolution des pôles magnétiques autour des pôles de la terre. Les phéno- mènes du magnétisme montrent la position variable des pôles magnétiques, et les différences de climats s’ac- cordent asec une semblable révolution des pôles iso- thermaux, qui semble être confirmée par la tradition et les recherches géologiques. Il seroit difficile de concilier les récits qui nous sont parvenus des anciens sur Île climat des environs du Pont: Euxin, de l'Italie, de la France et da centré de l'Allemagne, avec ce que nous voyons dans un temps plus moderne, si nous considérions les pôles isother- maux comme fixes ; sans le témoignage positif d'anciens auteurs dignes de foi, nous croirions à peine que, vers le commencement de l'ère chrétienne , le vaste Pont-Euxin étoit quelquefois gelé (2); que les Sarmates (x) Trans. Phil. d' Edimbourg. Vol. 1X: (2) Videmus ingentem glacie consistere Pontum Lubricaque immotas testa premebat aquas Nec vidisse sat est ; durum calcavimus æquor; Undaque non udo sub pede summa fuit. Gvin. , Trist. r1r. Eleg, x. V 2. 288 PHYSIQUE. ayant leur barbe et leurs cheveux hérissés de glaçons, faisoient chaque année passer sur la glace solide du Bosphore Cimmérien et sur la partie basse du Danube, leurs lourds chariots attelés de bœufs (1); que le P6, et même quelques-unes des autres rivières de l’Etalie, étoient gelées en hiver (2); que la navigation du Tibre étoit de temps à autre interrompue par les frimas (3), et que les grappes de la vigne ne mürissoient pas, ainsi que la figue et l’olive, sur les confins du nord de la Gaule Narbonnaise (4). De si grands changemens s'expliquent mieux en supposant une révolution dans les pôles isothermaux, qu’en attribuant l'amélioration actuelle aux efforts de l'industrie humaine , qui ne sauroit suffire à tout ex- pliquer, puisque le pays autour du Pont-Euxin est resté à peu près dans le même état où l’avoit laissé Strabon ; et que l'Italie est probablement à tout prendre, moins bien cultivée qu'elle ne l’étoit dans les premiers temps de l'empire romain, Cette migration des pôles cheri peut aussi être considérée comme la cause de quelques-uns des changemens qui ont été observés dans l’état des glaces arctiques, sur les ‘côtes du Groënland. Au commen- cement du quinzième siècle, la côte est de cette con- tirée, qui étoit devenue une espèce de colonie qu'a- voient formée les Norwégiens et les Islandais, se trouva (x) Strab. Kb. VIT ; Ovid. Loc. cit. Virgil. Georg. IT. (2) Ælian. de Animalibus, Gb. XIV, cap. 29. (3) Livius, lib. V, cap. 135. (4) Strab, Lib. IIT. EXP. ET OBSERV. SUR LE THERMO-MAGNÉTISME. 289 tellement encombrée par d'énormes amas de glaces, qu'elle devint inaccessible pendant quatre cents aus, jusqu’à la séparation très-éténdue qui s’opéra dans cette barrière, et qui fut remarquée en 1817 par le capi- taine Scoresby, lorsque plus de deux mille lieues car- rées de glace disparurent , ce qui permit à ce navigateur de côtoyer long-temps cette plage perdue jusqu'alors. La coïncidence de l'accumulation et disparition de la glace dans ces mers, avec les changemens daus la direction de la variation maguétique , est très-curieuse, et paroît être en faveur de la théorie thermo-magné- tique. Le moment où le Groënland commença à être en- touré par une barrière impénétrable de glaces, arriva à peu près lors de la déclinaison de l'aiguille à l'est, et l'ouverture de cette barrière eut lieu près de la pé- riode où l'aiguille avoit atteint son maximum de décli- naison vers l’ouest, Il est remarquable que si nous pre- nons la période d'à peu près 400 ans qui , écoulés entre la fermeture et l'ouverture de ces glaces, comme le temps périodique des positions opposées du méridien du froid et que nous nous reportios en arrière depuis 1406 , moment où la glace rendit inaccessibles les côtes du Groënland, nous arriverons au commencement du on- zième siècle, c’est-à-dire justement au temps où les Islandais découvrirent le Groëland et furent s’y établir, Malheureusement nous n’avons aucune date certaine pour assurer l’état de la variation magnétique à cette époque ; mais si nous adoptons la conclusion d'Hansteen concernant Ja révolution du pôle magnélique Est dans AD 7 PHYSIQUE. l'hémisphère boréal, révolution à laquelle, par unrré, sultat obtenu d’après des observations fondées sur la progression supposée uniforme de ce pôle, il a assigné une période de 860 aus, la situation du pôle doit avoir été à peu près la même que dans le moment actuel, où nous voyons la côte du Groënland encore dégagée de glaces, comparativement à ce qu'elle a été, C'HIMTE, ANALYSE DE LA NEIGE ROUGE DU POLE; par MM, MACAIRE-PRINSEP et MARCET, ( Mém. de la Soc. de Phys. et d'H.-N. de Genève. T. IV. Part, IT.) Os a déjà fréquemment appelé l'attention de la So- ciété sur le phénomène remarquable de la neige rouge qui a été rapportée des régions polaires par les offi- ciers de l'expédition du Capit. Parry. Cette apparence, moins nouvelle qu’elle ne leur paroissoit être , avoit déjà été observée par De Saussure dans les Alpes, en 1760, et plus récemment en 1806, dans plusieurs lieux d'Italie, par Sementini. | Après la fonte de la neige qui offroit la couleur rouge, l'eau qui en provient paroît claire et pure, ét il se dé- pose au fond du flacon uue matière d’un rouge obscur, qui, vue au microscope , s’est loujours montrée sous: 12 ANALYSE DE LA NEIGE ROUGE DU POLE. 291 forme de globules arrondis fort petits, de couleur rouge, entremèêlés de filamens blanchâtres et rameux. La na- ture de ces globules a donné naissance à un grand nombre d'hypothèses diverses. Mr. Bauer, qui en a donné une bonne figure, les. regarde comine une espèce particulière de champignons, à laquelle il a donné le nom d’Uredo nivalis. , MAT. Wollaston et De Candolle croient probable qu'ils appartiennent à la classe des algues, et non à celle des champignons; et ce dernier savant fonde son opinion à ce sujet, 1. sur ce que l'intérieur des glo- bules n'est pas pulvérulent comme les wredo et tri- chia ; 2.° sur ce qu'ils manquent de pédicelles ; 3 ° sur ce qu'ils sont inégaux; 4.° sur ce que leur localité les rap- proche des algues; 5.° sur la non-réussite des essais de Sir J. Banks, pour les faire végéter en les semant sur des matières fermentescibles. Fries les place auprès des oscillatoires, sous le nom de Protococcus mvalis. Le baron Wrangel les considère comme une des plantes confondues par Linné sous le nom de Byssus Jolithus , et propose pour celle-ci le nom de Lepraria kermesina. à Agardh les regarde comme une algue animalisée, et les appelle Protococcus kermesinus. Ayant en notre possession une petite quantité de celte substance, rapportée par Franklin, nous avons été curieux de l’examiner sous le point de vue chimique qui nous paroissoit pouvoir jeter quelque jour sur la ques- tion de savoir s'il falloit en faire des plantes ou des, animaux, Les globules, vus au microscope, ne nous ont 292 CHIMIE. rien présenté de différent de ce qui avoit observé, Leur volume est très-petit : Bauer l'estime re vo de pouce anglais, Wollaston et De Candolle de à 55 : de sorte que, d’après Bauer, 2560000 pourroient tenir dans un pouce carré. En débouchant le flacon qui les contenoit, nous fumes frappés de l’odeur fétide qui s’en exhaloit , et qui sembloit annoncer un commencement de putréfaction, En chauffant fortement cette matière rouge dans un pelit tube de verre, où l’on avoit placé des papiers réactifs jaune et bleu, le produit de la dis- tillation fut un liquide huileux, empyreumatique , et suffisamment chargé de S$. carbonate ammoniacal pour rougir fortement Je papier de curcama. Un peu de po- tasse en dégage l’ammoniaque. Incinérée à l'air libre, Ja matière rouge brüle avec unc flamme blanche et une odeur animale ; les cendres, traitées par un acide, laissent dissoudre un peu de fer. Traitée par l’éther bouillant, la matière s'est déco- lorée , et a donné à ce fluide une teinte d’un rouge orangé ; elle s’est alors montrée d’une couleur ver- dâtre ; par l’évaporation de l’éther, on a recueilli la matière colorante, qui est soluble dans l'alcool, l’é- ther, les huiles essentielles, la potasse pure, et pré- sente tous les caractères d’une matière de nature ré- sinoïde. La matière, épuisée par l'alcool, est restée blan- châtre ; l’eau surnageant la matière rouge donnoit, comme nous l'avons dit, une odeur fétide ; l’évapora- tion lente en a laissé déposer une substance jaunâtre ayant une forte odeur de colle animale, donnant avec TE SR ANALYSE DE LA NEIGE ROUGE DU POLE. 293 Vinfusion de noix de galle un précipité gélatineux , et ayant tous les caractères de la gélatine animale, L’é- bullition dans l’eau de la matière rouge donne éga- lement une nouvelle dissolution de gélatine, L’un de nous , qui avoit eu l'occasion d'analyser la matière rouge du lac de Morat, ne put s'empêcher d'être frappé de la remarquable analogie que présentoient ces deux corps, que l'analyse chimique pourroit faire regarder comme identiques s'ils n’étoient d’ailleurs complétement distincts par la différence de leur orga- nisation. Il nous semble pourtant que cette analogie doit tendre à fortifier l’opinion de ceux des natura- listes qui ont vu dans la matière rouge des neiges polaires des êtres organisés voisins des oscillatoires ; et leur assignent un rang dans la série de la création animale, Nous sommes loin d'accorder à l'analyse chi- mique le droit de décider définitivement la question du règne naturel auquel un corps douteux peut appar- tenir, puisqu'il est certain que beaucoup de véritables végétaux ont donné des produits de nature animale, Mais peut-être trouveroit-on que certains des produits immédiats d'animaux ne se sont jamais rencontrés dans le règne végétal ; et si, comme nous le croyons, il en étoit ainsi de la gélatine (qu'il faut bien distinguer de la gelée qui ne contient pas d'azote), l'analyse que nous rapportons de la neige rouge auroit quelque in- térêt de plus. ( 294 ) ARTS MÉCANIQUES. NOUVEAU PROCÉDÉ POUR PRÉVENIR LE DÉPOT QUI SE FORME , DANS L'ÉBUELITION DE L'EAU , SUR LE FOND DES CHAUDIÈRES DES MACHINES A VAPEUR OU DE TOUTE AUTRE CHAUDIÈRE ; par Mr. A. SCOTT. (Re- pertory of Patent Inventions, etc. Nov. 1828). Je me sers de plats ou vases, de grandeur, de forme et de matière quelconques, les plus propres à être placés dans une chaudière ; ces vases peuvent être fixés à la chaudière ou indépendans ; leurs bords peuvent être bas ou relevés ; ils peuvent être portés sur des pieds ou immédiatement posés sur le fond de la chau- dière : toutes ces circonstances sont indifférentes. Je place un certain nombre de ces plats ou vases dans la partie la plus basse de la chaudière, ou plus haut si cela convient; leur nombre, ou leur capacité doit être proportionnée à la quantité présumée du dépôt qui peat se former entre deux époques consécutives du nettoyement de Ja chaudière, L'eau , pendant l'ébal-. Bition, étant plus tranquille au-dessus des plats, que, partout ailleurs, y déposera de préférence les malières | terreuses qu'elle tient en suspension. Les plats doivent êire remplis d’eau quand on les place dans la chau-" dière, ou bien ils doivent être assujettis par des poids 4 DÉPOT TERREUX DES CHAUDIÈRES. 295 ou de toute manière ; autrement ils se déplaceroient ‘ et ne conserveroient pas leur position horizontale quand on verseroit l’eau dans la chaudière. Observations du 'Redacteur anglais. — L'objet qu'a eu en vue Mr. Scott, est important ; l'inconvénient auquel il s’est proposé de remédier est très-fâcheux ; et cause souvent de la dépense et une grande perte de temps, puisqu'il amène la destruction prématurée des chau- dières de machines à vapeur. Savoir jusqu'à quel point la méthode de Mr. S. atteint son but, est une autre question ; nous pensons qu'il vaut tout au moins la peine d’en faire l'expérience , et s’il a fait lui-même quelques essais nous espérons qu’il les fera connoîire au public , car l'efficacité de ses moyens n'est pas évidente d'elle-même. Parmi les diverses dispositions qu'il indique, la meilleure nous paroît être celle dans laquelle un plat, à peu près de la grandeur du fond de la chaudiere , seroit supporté par des pieds ou autrement à une petite distance au-dessus de ce fond ; la moins heu- reuse seroit celle où l’on employeroit un vase intérieur à la chaudière et un peu plus petit que cette chau- dière, parce que ce vase seroit un obstacle considé- rable à la communication dé là chaleur entre le foyer et l’eau ; l'appareil représenteroit alors assez bien un vase chauffé au bain-marie dans un autre vase plus grand ; or dans cette disposition, les chimistes du temps de Boerhave estimoient que la moitié seulement du calo- rique de l’eau extérieure étoit transmise à l’eau inté- * rieure. Dans le, premier mode, que nous préférons, 296 ARTS MÉCANIQUES. on devroit ménager au-travers du plat des vides suffi- sans pour le passage de la vapeur ; sans cela la com- municalion de la chaleur seroit également entravée. Peut-être encore seroit-il plus convenable de suspendre le plat dans la chaudière , de manière qu'on püt le remonter à sa surface au moment où l’on vient la remplir d’eau froide , et le faire descendre à sa place auprès du fond , seulement lorsque l’eaa seroit à l’état d’éballition. Le principal effet du plat, ou du vase intérieur employé, est de déterminer au dessus de Jui un état de l’eau comparativement plus tranquille, à la faveur duquel les matières tenues en suspension dans cette eau, se déposeroient sur ce vase, au lieu de se déposer sur le fond de la chaudière même, où l’ébullition entretient un mouvement assez violent. Dans cet état de choses , il nous semble qu’un prolongement un peu prononcé de la chaudière de part et d’autre du foyer, pourroit avoir les mêmes avantages; les matières en suspension se déposeroient de préférence sur le fond de ce prolongement où l’eau seroit beaucoup plus tranquille ; le feu n’agissant pas sur cette partie, le dépôt n’y adhéreroit pas, ensorte qu'il seroit en- levé sans difficulté, et qu’on ne courroit pas le dan- ger de voir le fond brülé par le fait même de cette adhérence. ( 297 ) MS ARTS ÉCONOMIQUES. TRAITÉ PRATIQUE DE CHIMIE, APPLIQUÉE AUX ARTS ET MANUFACTURES , A L'HYGIÈNE ET À L'ÉCONOMIE DO- MESTIQUE; par S. F. GRAY, traduit de l'anglais, par T. RicHaRp. 005 nm. (Extrait). . Czr ouvrage dont nous avons annoncé les premières livraisons dans notre Cahier d'octobre sera sans doute favorablement accueilli. Rien n’est plus rare qu'un livre où les notions pratiques de la science soient claire- ment exposées et où les deux écueils, d'insuffisance, ou de minutie, soient également évités. Le traité de Mr. Gray, traduit et accommodé aux usages du Continent par Mr. Richard, nous paroît jusqu'à présent remplir ces conditions difliciles, Nous en détacherons ici un morceau relauf à la valeur relative du combustible, qui renferme une foule de données précieuses emprun- tées aux meilleures autorités, sur ce sujet si important pour une foule de fabrications. « Quelque espèce de combustible que l’on juge con- venable d'employer,» dit Mr. Gray, «il est très-im- portant qu'il soit le plus sec possible. S'il n'en est pas ainsi, une graude partie de la chaleur qu’il produit - ue sert à rien autre chose qu'à convertir en vapeur l’eau 298 ARTS ÉCONOMIQUES. qu'il contient, vapeur qui s'échappe ensuite par la che- minée sans aucun profit. Il est d'autant plus nécessaire d'appeler sur ce point l'attention du lecteur, qu'il ar- rive souvent que l’on place sans nécessité le combus: tible dans des lieux humides, ou qu'on l’expose aux injures du temps. » orande différence 5 entre’ les diverses espèces de houilles, à laquelle les « Je la houiile. — 1 existe upe très- principaux consommateurs de ce combustible n’ont peut: être point fait assez d'attention. Le sujet lui même n’a pas été jusqu'ici étudié avec beaucoup de soin, à l'ex- ception toutefois de ce qui tient à la production du gaz; mais les faits établis par les recherches qui ont eu lieu pour ce cas particulier, n’offrent pas une bien grande utilité pour les autres usages de ce combustible. » « Le caking-coal, c’est-à-dire la houille qui s’agglu- tine, que nous appellerons houille liante, se tire en grande abondance des mines immenses du Norihum- berland et de Durham. C’est celle qu’on vend à Londres sous le nom de charbon de Newcastle. Quand on échauffe celte houille, elle se brise en petits morceaux; et si l'on élève la température à un certain degré, les mor- ceaux s’agolutinent, et forment bientôt une masse so- lide , un gâteau, d’où lui est venu le nom de caking- coal. » « Elle s'allume facilement, et jette en brûlant une flamme d’un jaune vif. Elle exige d'être souvent remuée et brisée, surtout lorsqu'elle s’agglutine avec force : mais ses diverses variétés diffèrent beaucoup quant à cette propriété. Parmi celles qu'on tire de Newcastle, : RSS VALEUR RELATIVE DU COMBUSTIBLE. 269 celle dite de Wall’s-End, première qualité, donne un feu brillant et agréable, brûle vite , et s’agolutine moins fortement. On la préfère avec raison pour le chauffage des appartemens. Celle de Tanfeld Moor , au contraire, brüle lentement, acquiert beaucoup de cohésion; et comme d’ailleurs elle donne une chaleur forte et con- tinué, on la préfère pour les forges et les fourneaux. Les autres variétés tiennent le milieu entre celles-ci. » « Le caking-coal développe beaucoup de chaleur, et, si on le soigne , il brûle long-temps. On le préfère donc avec raison, lorsqu'on peut se le procurer à un prix raisonnable. » « Il résulte des expériences de Wait, qu’un boisseau de houille de Newcastle, dont le poids moyen est d’e:- viron 84 livres (avoir du poids), peut réduire en valeur de 8 à 12 pieds cubes d’eau prise à la température moyenne de l'atmosphère, et qu’un boisseau de houille de Swansea produit un effet égal. » « Le Dr. Black établit que 7,91 livres de la meilleure houille de Newcastle peuvent convertir un pied cube d’eau en vapeur capable de supporter la pression moyenne de l'atmosphère. » « D'après les essais de MM. Parkes , il paroît qu'au moyen de leurs chaudières perfectionnées ils ont &b- tenu, avec 7,45 livres de houille, la conversion en vapeur d’un pied cube d'eau prise à la température moyenne, dans le cas où ils ont pu produire le plus grand effet: mais généralement ils n'ont obtenu de ré- sultat qu'avec 8,15 livres, ce qui fait seulement un quart de livre de moins que le poids moyen des expériences 300 ARTS ÉCONOMIQUES. de Watt. Smeaton, en prenant un terme moyen entre plusieurs expériences, a trouvé que, pour produire le même effet, 1] falloit 11,4 livres de houille. Malheureu- sement il n'indique point les espèces dont il a fait usage. » « Mr. Tredgold a trouvé que, lorsque la construction en briques dans laquelle est placée la chaudière d’une machine à vapeur est déjà échauffée , un peu moins d’une livre de Wall's-End porte à l’ébullition un pied cube d’eau prise à la température de 52 degrés de Fahrenheit ; mais que, pour produire le même effet avec du char- bon d’une qualité inférieure, il falloit plus de com- bustible, plus de temps et plus de soin. » - Houille dure (splint-coal, hard-coal).— « La houille dure n’est pas moins estimée, pour un grand nombre d'usages, que la houille liante. On la tire des environs de Glasgow, du comte d’Ayr, et de différentes mines d'Angleterre et du pays de Galles. » « Elle exige plus de chaleur que le caking-coal pour s’enflammer, et convient moins, par conséquent, pour de petits feux; mais une grande quantité de cette houiile donne un feu ardent et soutenu. Elle produit moins de flimme et moins de fumée que cette dernière, et ne s’agglutine point comme elle. » à « Smeaton pensoit que le splint-coal d'Ecosse ne le cédoit en rien à la houille de Newcastle pour le service des machines à vapeur. » Houille douce (cherry-coal ).— « Suivant Thompson, cette houille forme la plus grande partie des couches supérieures des mines de Glasgow. On la trouve aussi | ex ET VALEUR RELATIVE DU COMBUSTIBLE. 304 en abondance dans le comté de Fyfe. Le même auteur regarde la houille da comté de Stafford comme étant de méme espèce, et celle d'Edimbourg comme inter médiaire entre la houille douce et la houille dure, ou splint-coal. » « Cette houille s'allume promptement, brûle en don- nant une flamme jaune et claire qui se soutient jusqu’à ce que presque tout le charbon soit consumé ; elle dé gage beaucoup de chaleur, sa cendre est blanche et sa combustion beaucoup plus rapide que celle de la houille dure ou de la houille liante ; mais, en général , son usage présente moins d'économie que le leur. On la distingue aisément du caking-coal, en ce qu’elle n’a point, comme celui-ci, la propriété de s’agglutiner et de s’ammollir quand on la brûle, Elle fait aussi un feu plus agréable, en ce qu’elle n’a pas besoin d’être re- muée. Elle exige beaucoup d'attention pour, la faire brûler dans un foyer découvert , même pour consumer les petits morceaux, qu’on obtient en cassant les grosses pièces qui ne pourroient se placer sur la grille du foyer. Voilà pourquoi on mêle souvent ces petits fragmens avec de la glaise, pour en faire des balles ou Crete qui, lorsqu’ elle sont bien sèches et qu’on les emploie avec d’autres combustibles, produisent sur an foyer décou- vert une chaleur très-durable. » . «Mr. Watt a remarqué que cent livres de bonne houille de Wednesbury produisoient un effet égal à un boisseau de houille de Newcastle, » Sc. et Arts, Nowv. série. Vo]. 39. N.° 4. Décem. 1828. X 302 ARTS ÉCONOMIQUES, Historique. — « On rapporte que l’usage de la houille étoit déjà si répandu en 1306 à Londres , que le Parle- ment porta plainte au roi, de ce que l’air étoit infecté par les exhalaisons qu’elle répandoit. Par suite de ces plaintes, il parut deux proclamations par lesquelles 07 : en défendit l'usage. Mais bientôt la nécessité et l’expé- rience l’emportèrent sur l'ignorance et le préjugé, et on revint à l'usage de ce combustible précieux. » « On connoît, en France, quarante départemens qui renferment des gites appartenant à la houille, savoir. V'Allier, les Hautes et les Basses-Alpes, l'Aude , l’At- dèche, l'Aveyron, le Bas-Rhin, les Bouches-du-Rhône, le Calvados, le Cantal, la Corrèze, la Creuse, les Deux- Sèvres, la Dordogne, le Finistère , le Gard, le Haut- Rhin, la Haute-Loire, la Haute-Marne, la Haute- ‘Säône, l'Hérault, Ffsère, la Loire, la Loire-Inférieure, le Lot, le Maine-et-Loire , la Manche, la Moselle, la Nièvre, le Nord, le Pas-de-Calais, le Puy-de-Dôme, les Pyrénées-Orientales, le Rhône, le Tarn, le Var, le Vaucluse. » « L'on n'en extrait annuellement que dix millions de quintaux métriques , tandis que la consommation an- nuelle de l'Angleterre s'élève à 75 millions de quin- taux métriques. » F ; -.«Ilest difficile d'établir une correspondance entre les variétés susnommées , et celles qui existent en France. Cependant nous pensons que le caking-coal peut être remplacé par les houilles grasses. Elles se rencontrent dans les terrains schisteux qui alternent avec des grès, VALEUR RELATIVE DU COMBUSTIBLE. 308 Les mines de Rive-de-Giez, de Saint-Etienne et de Givors, en Forez; celle de Fenil , en Bourbonnais ; celles de Valenciennes, de Mons, du Creusot, celles de Litry, en Normandie, présentent cette variété. » « La houille connue, en France, sous le nom de houille sèche , houille maigre , houille non collante, qui se rencontre presque toujours dans les pays cal- caires , et qu'on exploite surtout en Provence , aux environs de Marseille, de Toulon et d’Aix, n'offre point les mêmes caractères que le splint-coal. Elle dif- fère aussi du cherry-coal. » « Voici, au surplus, l'analyse des trois espèces de houille dont il est question dans l’ouvrage. C’est au mañufacturier à choisir les houilles de France dont la composition se rapprochera le plus de la leur. » T'ableau des parties eonstliluantes de la houille. ESPÈCES. CAR- HxpRO- | AZOTE, | Ox1- | D'APRÈS. | PESANT." | | GÈNE. SPÉCIFIQ. — | —— ————— | ——— — 75,28 |: 4,18 | 4,58 [Thomson,! 1,269 {Splint-coal...| 75,10 | 6,25 12,20 |Thomson,| 1,240 Splint-coal...| 70,90! 4,30 |. 24,80 |Ure, Cherry-coal.| 74,45 | 12,40 | 10,22 2,93 |Thomson,| 1,265 M « Le Dr. Thompson fuit, à l’occasion de ces essais, la remarque suivante : « Ces expériences, quelqu’ imparfaites qu ’elles saieñt, guider les X 2 * peuvent être d’une utilité très - réelle pour 304 ARTS ÉCONOMIQUES. manufacturiers dans le choix de la houille, d’après l'objet particulier qu'ils se proposent. Elles prouvent que la bonté d'une espèce de houille ne dépend pas autant de la quantité de carbone qu’elle contient, que de la proportion qui y existe entre le carbone et l’hy- drogène, » | « Si l’on a pour objet Ja conversion de la houille en coke , ou si l’on a besoin de se procurer un feu ardent de longue durée, il faut choisir les espèces qui con- tiennent la plus grande proportion de carbone , et la plus petite d'hydrogène. » « Si, au contraire, on veut se procurer du gaz, il faut choisir les espèces qui contiennent la plus grande pro portion d'hydrogène comparée à celle du carbone. » « L'azote étant incombustible , l’effet du combustible sera d'autant plus grand qu'il entrera moins d'azote dans sa composition. » « Quand un combustible contient de l’oxigène, cet oxigène entraîne autant de chaleur qu’il en faut pour donner une forme gazeuse aux combinaisons dans les- quelles il entre, à moins qu'il n’arrive que cette com- binaison forme un gaz qui se condense; car, dans ce dernier cas , son effet seroit neutralisé. Il paroît donc qu'il n’est pas avantageux qu'un combustible contienne de l’oxigène. » « Ces remarques donneront au lecteur une idée assez exacte de l’avantage qu'offrent les diverses espèces de houille par lesquelles il pourra remplacer celles que ! nous avons indiquées. » Du bois.—« Le bois est souvent employé comme com- DR CT VALEUR RELATIVE DU COMBUSTIBLE. 305 bustible. Son effet utile dépend en grande partie de sa sé- cheresse. Le Comie de Rumford a démontré, par plu- sieurs expériences, que l'effet du bois sec est de beaucoup supérieur à celui du bois vert, qui contient ordinaire- ment un tiers environ de son poids d’eau. L'espèce de bois est aussi une cause de différence, et le inême auteur a remarqué que le tilleul étoit, de tous les bois, celui qui dégageoit le plus de chaleur, » « Au moyen de ses chaudières perfectionnées, le même Rumford a porté à l’ébullition 20,10 livres d’eau prise à la température de la glace fondante , avec une livre de bois de pin bien sec. La même quantité de pin vert produisoit un effet d’un septième moins considérable. Le hêtre donne beaucoup moins de chaleur que le pin: une livre de hêtre n’a pu porter à l’ébullition que 14,33 livres d’eau prise au point de congélation. Le pied cube de hêtre pèse environ 44 livres. » « D’après Fossombroni, le bois produit assez de cha- leur par sa combustion pour vaporiser le double de son poids d’eau, ou pour préparer les deux tiers de son poids de sel. Rumford a obtenu, dans ses expériences, environ un tiers d'effet de plus; ce qui doit sans doute être attribué à son habileté comme expérimentateur. » De la tourbe, — « Considérée comme combustible, la tourbe peut se diviser en deux classes. La première est compacte et pesante , d’une couleur noire tirant sur Je brun, et n’offrant presque plus de vestiges de son origine végétale : c'est la meilleure espèce. Une fois allu- mée, elle conserve le feu très-long-temps. » « La seconde est légère c1spongieuse, de couleur brune, 306 ARTS ECONOMIQUES. et ressemble à une masse de plantes mortes et de racines qui n'ont éprouvé que peu d’altération. Elle s’enflamme vite et se consume promptement, » « La tourbe répand , en brülant , une odeur désa- gréable pour ceux qui n°y sont point accoutumés. Elle donne toutefois une chaleur douce et agréable ; mais elle n’est point propre au service des chaudières à va- peur ; elle convient beaucoup mieux aux conduits de chaleur. » « Ses qualités varient. Quelques espèces brüûlent vive- ment, et donnent une flamme brillante ; tandis que d’autres ne brûlent que lentement, et, suivant Clément- Desormes, ne dégagent que la cinquième partie de la chaleur qu'on obtiendroit d’un poids égal de char- bon dé bois. Ce rapport est, à peu de chose près, celui donné par Blavier et Miché, » « Le poids de la tourbe varie de 44 livres à 70 livres le pied cube. Les variétés compactes donnent environ 40 pour cent de charbon: les autres variétés en don- nent à peu près en raison de leur densité. » « Les principales tourbières de la France se trouvent dans la vallée de Ja Somme , entre Amiens et Abbe- ville , dans les environs de Beauvais, à Terredonne, Bresle, Savigny, Villers-Saint-Paul ; sur la rivière d'Essonne , entre Corbeil ét Villeroi; dans les environs de Dieuze , département de la Meurthe. » Du charbon de bois. —« Mr. Dalton, en échauffant de l'eau , a obtenu un résuliat équivalent à 4o livres de glace, fondues par une seule livre de charbon. Les ex- périences de Crawford donnent 69 livres fondues par VALEUR RELATIVE DU COMBUSTIBLE. 307. la même quantité de charbon ; celles de Lavoisier, 95,5 livres ; celles de Clément - Desormes, 95 livres. Has- senfratz, qui a fait aussi un grand nombre d'expériences, a trouvé pour résultat moyen 92 livres : son plus fort ré- sultat a éte 96 livres, et le plus foible , 74. Mr.Tredgold pense que la fusion de 47 livres peut être regardée comme la mesure moyenne de l'effet produit par une livre de charbon. » De la houille carbonisée, ou coke.—«Suivant Lavoisier, la quantité de houille est à la quantité de houille car- bouisée, ou coke, pour produire le même effet, comme 6o5 est à 552. Le coke a de plus cet avantage, qu’il pe doane point de fumée , et qu’on peut l'employer pour les fourneaux situés dans des villes, sans crainte de causer aucun désagrément dans le voisinage de la manufacture. » « L'emploi du gaz pour l'éclairage des villes et même des habitations, a jeté sur le marché une quantité consi- dérable de coke , obtenu , comme on le sait sans doute, par la distillation. On a toujours raison d’employer celte espèce pour le chauffage ; mais sa puissance ca- lorifique est bien inférieure à celle du coke ou de la houille carbonisée qu’on obtient par étouffement. Aussi les forgerons et tous ceux qui travaillent le fer, se ser- vent-ils toujours de la dernière espèce ; le chimiste fera bien d'imiter leur exemple quand un bon coup de feu sera nécessaire. » à On a fait un essai comparatif du chauffage par le bois et par le coke, au foyer de l'Opéra de Paris; on a trouvé que : 308 ‘ARTS ÉCONOMIQUES. « 1 fr. 80 cent. de coke ont donné une chaleur presque double de celle qui a été produite au moyen de 3 fr. 50 cent. de bois.» « Il faut donc conclure que, tant sous le rapport de l’économie que sous celui de la production de chaleur, le coke.est fort préférable au bois; mais si, dans une grande cheminée, où l'on a besoin d’un feu violent destiné à échauffer une vaste pièce , il peut facilement être employé seul, il n’en est pas tout-à-fait ainsi dans une cheminée de petite dimension. Dans ce dernier cas, le concours d’un peu de bois semble nécessaire ; mais, malgré ce concours, il y a lieu encore à une très- grande diminution de dépense. Son usage , d’ailleurs, n’entraîne presque aucun changement dans les che- minées ; tout au plus demande-t-il que l’on se serve: d’une légère grille en fer. 11 n’a ni fumée ni odeur. » De la tourbe carbonisée. — « {1 fant, selon Blavier et Miché, 1666 parties de tourbe carbonisée pour pro-: duire le même effet que 740 parties de charbon de bois. » « La tourbe carbonisée par étouffement est très-supé- rieure à celle qu'on obtient par la distillation. Malheu- reusement celle première espèce est une sorte de pyro- phore qui prend feu lorsqu'elle shumecte, ou même quand l'atmosphère est chargée d'humidité, Il ÿ a un grand nombre d'exemples d’accidens causés par les infiltrations de la pluie dans les lieux où l’on dépose cette tourbe, et les lois de quelques pays en prohibent l'usage dans les villes. » « Les Hollandois, qui non-seulement emploient ce combustible dans leurs maisons, mais qu’on voit sou- VALEUR RELATIVE DU COMBUSTIBLE. 309 vent alter à l’église avec des chaufferettes remplies de cette substance, ont le soin de la carboniser chez eux, et seulement à mesure de leurs besoins. On la brüle d’abord à la cuisine ; puis, quand elle est bien enflam- mée et rouge jusqu'au centre de la masse, on la trans- porte dans un vaisseau de terre ou de cuivre, qu'on bouche hermetiquement au moyen d’un torchon humide de laine ou de toile. L'air ne pouvant plus pénétrer daus le vase, la tourbe s'éteint, se refroidit ; on la re-, - trouve couverte de cendres blanches, et assez semblable à du charbon de bois. C’est dans ce nouvel état qu'on l'emploie ; si elle a été bien carbonisée, elle brûle pres- que sans fumée, et le gaz qui s’en échappe est infini- ment moins délétère que celui que produit la combus- tion da charbon de bois. On la préfère pour le chauf- fage des serres; les plantes qu'on y entretient et les personnes qui les soignent s’en trouvent beaucoup mieux. » « On brüle cette tourbe ordinairement dans des pots de fer fondu qui ne sont ouverts que par le haut. Cette méthode permet de suspendre les vases qu’on veut échauf- fer ; et comme il n'y a presque point de déperdition par les côtés da vase en fer, on épargne près de la moitié du combustible qu'on emploieroit sur une grille ou foyer ouvert. » « Dans les environs des grandes villes, il ÿ a une* quantité innombrable de petits jardins qui ont presque tous des serres chaudes bâties en bois; on voit plus de mille serres chaudes de ce genre auprë de Rotterdam , qui sont remplies d’orangers. Cette tourbe carbonisée, 310 ARTS ECONOMIQUES. ainsi allumée dans les vases de fer dont nous avons pärlé, suffit pour les préserver de la gelée, ie , dans ce pays, dure quelquefois trois mois. » « Nous présenterons , d’après Freldgold, un tableau comparalif des différentes données que nous avons pu acquérir jusqu'ici sur la puissance du combustible. » Quantité de À combustible .exprimée en À liv. anglaises, livre qui élé- |qui pourront à COMB USTIBLES. | veront d'un | SOuvertir en 4 À À vapeur un À degré de F. |hjed cube an un pied cube| glais d’eau prise à la température À moyenne. Fractions de anglais d’eau. N Houille de Newcastle, dite houille liante 1 (eaking-coal). ...................4 7 Houille dure (splint-coal)..............| 0,007 5 8,40 5 8,40 4 Honille de Strafford, houille douce cherry- RACE EE ee te eme dette es | UC OTOD 11,20 RSC mt Ut dre dits Val eine 19,25 RSC. te EU. sn pebe pee pex dent ODA 27 POUCES REC ER STE LR 2 0,020 30 4 Tonrbe (bonne qualité). ..............| 0,0475 53,60 L Ghäirbon de bois. . siens. «of Lie ados 0,009 10,60 Houille carbonisée (coke)..............| 0,0069 757 à Tourhe carbonisée... ........,....,..| 0,0205 23 « On a, comme on Île voit, réuni dans cette table le résultat des expériences précédentes, afin d'offrir le moyen Île plus prompt de les consulter dans la pratique, et de les comparer lorsqu'il s'agira de s'assurer de la dépense relative de différentes sortes de combustibles. Mais il faut ajouter que le plus grand effet qu'on puisse espérer, en employant un combustible, sera toujours | VALEUR RELATIVE DU COMBUSTIBLE. 3rx beaucoup moindre que celui qu’on pourroit déduire de ces expériences, pour lesquelles on a pris toutes les précautions que la science exige ; ce qui est imprati- cable en grand, et tout-à-fait incompatible avec Îles appareils simples qu'on emploie et le peu d'attention qu’on est dans le cas de donner à cet objet. Il n’est point rare cependant de trouver des personnes qui an- nonceront des effets quatre, six, et même dix fois plus considérables. » Mélanges calorifiques. — « est surprenant qu’il n'ait pas été fait plus d'essais pour améliorer le chauffage des appartemens, tant sous le rapport de l'élégance que sous celui de l’économie. Le comte de Rumford avoit coutume de dire qu’il n’avoit rien vu d'aussi dégoûtant qu'un foyer ordinaire pour brüler la houille, tels que ceux qu'on voit dans presque toutes les maisons en An- gleterre. » « Des balles à feu ou briquettes, chacune de la gros- seur d’un œuf, formées de houille et de charbon de bois pulvérisés, et mêlées ensuite à une certaine quantité de terre glaise humide , puis bien séchées, seroient un com- bustible plus propre et plus agréable que la houille non préparée. Il est même probable que la dépense de ce combustible ne surpasseroit point celle du dernier. On suit cette méthode en Flandre et dans quiques parties de l’Aliemagne, particulièrement dans les duchés de Ju- liers et de Berg, où l’on emploie la houille. On la pile pour l'ordinaire, et on y ajoute un poids égal de ierre glaise et une quantité d’eau suffisante pour en faire une espèce de pâte, qu’on forme ensuite en gâteaux qui, 312 ARTS ÉCONOMIQUES. Jorsqu'ils sont bien séchés, sont préservés avec soin de toute humidité. » « On a remarqué que la dépense qu’entraîne cette pré- paralion est largement compensée par l’économie qu’elle procure dans Île combustible; car, ainsi préparé, le charbon , uni à la glaise, non - seulement brûle plus Jong-temps, mais développe plus de chaleur que dans son état naturel. Sans doute il pourra paroîïtre extraor- dinaire que la quantité de chaleur résultant de la com- bustion d’une certaine quantité de charbon, soit aug- inenlée par l'addition de la terre glaise, qui est un corps incombustible. Qu'on explique ce fait, s’il est possible : il n’en est pas moins certain.» « De la paille hachée très-fin, ou même de la sciure de bois, entreroient sans doute avec avantage dans la composition de ces briquettes. C’est à ceux qui en ont le loisir, à tourner leurs idées vers cet objet, qui promet et réclame de grandes améliorations. » « On pourroit encore employer , pour allumer le feu, des balles flambantes (Æindling balls), formées de par- ties égales de houille, de charbon de bois et de glaise. On réduiroit les deux premiers ingrédiens en poudre irès-fine, qu’on mélangeroit bien ensuite avec de la terre glaise humide. On formeroit avec ce mélange des balles de la grosseur d’un œuf, qui une fois bien sèches, rem- placeroient avec avantage le bois dont on se sert pour allumer la houille. Il seroit même facile de les rendre assez inflammables pour qu’une seule étincelle en dé- ierminât la combustion totale; il suffiroit de les bien tremper dans une solution de nitre ( mitrate de potasse } VALEUR RELATIVE DU COMBUSTIBLE. 313 et de les laisser sécher. Elles conserveroient très-long- temps leur propriété de s’enflammer immédiatement, et coûteroient fort peu de plus, » « Peut-être que du charbon de bois pilé, mis en balles trempées, comme les dernières, dans une so- lution de nitrate de potasse, seroit encore plus faci- lement enflammé. » « Les briquettes , dites économiques, que l’on fabri- que à Paris, ne contiennent point ordinairement de charbon de bois. Le procédé qu’on suit consiste à dé- layer dans l’eau de la terre glaise (argile alumineuse ) en quantité suffisante pour former une bouillie claire. On verse cette bouillie terreuse au milieu d’un tas de houille en poudre et en menus morceaux ; puis l’on mêle à la pelle ces deux matières, et de manière que le mé- ange soit très-épais. Dans cet état, on fait des boulet- tes avec les mains, ou au moyen d'un moule. Il entre environ parties égales de charbon et de glaise, comme dans les briquettes d'Allemagne. » CS14) MÉLANGES. SUR LE FLINT ET LE CROWN-GLASS DE MM. THIBEAUDEAU ET BONTEMPS. EP NP © “0 000 Dans la séance de l'Académie des Sciences de Paris du 1.” décembre, Mr. Arago a pris la parole relati- vement au rapport qu'il étoit chargé de faire sur les échantillons de flint-glass et de crown-glass présentés par MM.Thibaudeau et Bontemps (1). La commission chargée de faire le rapport sur un objet aussi important, n’auroit pas tardé à faire con- noître son avis à l’Académie , si elle n’avoit été arré- iée par des incidens qu'elle croit à propos de faire connoître. Les échantillons de flint-plass, si remarquables par les grandes dimensions que les auteurs sont parvenus à leur donner, offrent toute la perfection nécessaire pour l'usage auquel ils sont destinés, et les sciences pourront retirer de grands avantages de leur emploi. Cependant leur densité, qui d’ailleurs est supérieure à celle du flint-glass anglais, n'égale pas tout-à-fait celle du flint-glass de Mr. Guinand. MM. Thibaudeau et Bontemps ont annoncé aux commissaires qu'il étoit en leur pouvoir d'augmenter la densité des produits (1) Voy. notre Cahier de novembre, p. 173 de ce vol. FLINT ET CROWN-GLASS FRANÇAIS. 315 de leur fabrication , tout en conservant les autres avan- tages si précieux qu'ils présentent. La commission attend les nouveaux échantillons qui doivent lui être présentés. Relativement au crown-glass obtenu par le nouveau procédé , il est d’une qualité parfaite ; mais les échan- tillons mis sous les yeux de la commission étoient bien loin d’avoir les dimensions des plaques de flint-glass. Les inventeurs ont assuré que cette différence ne devoit être attribuée qu'à des circonstances fortuites , et ou’ils seront, sous peu, en mesure de présenter des échantillons de crown-glass aussi grands que ceux de flint-glass. La commission , ne voulant rien admettre légèrement dans un objet de cette importance, a pris Ja résolution d’ajourner son rapport jusqu’à l’époque où elle aura les nouveaux échantillons. « elles sont, » dit Mr. Arago, « les raisons de l’ajournement de notre rap- port. Il éloit important de les faire connoître et de montrer qu’on ne doit rien en induire de défavorable à une invention que tout annonce jusqu'ici devoir être du plus haut intérêt pour les sciences. » Mr. Arago, pour montrer de plus en plus combien est peu fondée l'opinion assez généralement admise sur la facilité que présente la fabrication. du crown-glass, informe l’Académie, qu’il est à sa connoissance qu'un opticien de Paris est arrêté dans la fabrication d’un instrument important par l'impossibilité de s'en pro- curer des morceaux de dimensions assez considérables. Css D nm COMMERCE DU FER DANS LA GRANDE-BRETAGNE. (Reper- tory of Patent Invention etc. Nov. 1828). Îz n'est aucune branche du commerce de la Grande- Bretagne, qui fasse aussi bien connoître le rapide et solide développement de ses manufactures, que le com- merce du fer. Ce pays lui doit en grande partie les nombreux perfectionnemens qui conservent à ses mé- canismes une supériorité marquée ; tandis que l'abon- dance qui s'y trouve , du meilleur combustible, lui donne l'avantage sous d’autres rapports, Tout le fer fabriqué dans la Grande-Bretagne se montoit : En 1740 à 17 000 tonnes (1) élaborées par 59 fourneaux. 1788 68 000 85 1796 125000 121 1806 250000 ° — 1820 400 000 _— 1827 690000 284 Ces 690000 tonnes sont fournies en 1827 par les différens Comités dans les proportions suivantes : — (x) La tonne est de vingt quintaux anglais , chaque quintal de cent douze livres avoir du poids , et chacune de ces livres vaut 0,913 de de livre poids de marc, ou 676,496 grammes. La tonne équivaut donc à 2045,06 livres de marc, soit 1001,36 kilogrammes. (R.) Staffordshire | COMMERCE DU FER DANS LAGRANDE-BRETAGNE. 31 7 Staffordshire. . . . .. 216 000 tonnes élaborées par 95 fourneaux. Shropshire..,.... 78000 3x Galles méridionale. 272 000 90 Galles septentrion. 24 000 12 Yorkshire. ..... . 43000 24 Derbyshire....... 20600 14 Ecosse. ....... «+. 36500 18 Total.... 600000 284 Environ de cette quantité de fer sont d’une qua- lité propre à la fonte, et sont consommés en entier dans la Grande-Bretagne et en Irlande, à l'exception d'une petite partie qui s'exporte en France et en Amé- 10 en feuilles, etc., dont une grande quantité est exportée rique. Les autres Z sont convertis en barres, en fils q , dans toutes les parties du monde. Pour donner quelqu'idée de la valeur de ce commerce pour le pays, nous pouvons estimer à 12 livres sterling la tonne, le prix moyen du fer fondu ou travaillé; ce qui, en déduisant cinq pour cent de perte dans la fonte, donne pour les & de fer de fonte, L. st. 2239 800 soit Fr, 57114go00 eten déduisant trente pour cent de perte pour le fer travaillé, donne pour les 75 de celui-ci L. st. {053 200 soit Fr. 103 458600 ——— —— Total . L.st.6 297 000 soit Fr. 160 533000 La somme deviendroit beaucoup plus considérable si l’on faisoit entrer en ligne de compte les belles ma- nufactures de Birmingham et de Sheffield. is Ce qui ajouté à l’importance de la fabrication du Sc.et Arts. Nouv. série. Vol. 39. N.°4. Décem. 1828. Y 318 MÉLANGE S fer dans la Grande-Bretagne, c’est que ce fer sort en entier des mines du pays, et qu’il n'entre dans sa ma- putention aucun ingrédient étranger : en conséquence 5 8 q 11 ? presque tout l'argent qu elle procure va dans la bourse des artisans et manufacturiers anglais. ————— “TT {OR NOTICE SUR UN NOUVEAU PYROMÈTRE POUR MESURER LES HAUTES TEMPÉRATURES; par Mr. James PRINSEP à Bénarès. (Edimb. Journ. of Science, N° XVIL) ApRës avoir essayé divers genres de pyromètres, Mr. Prinsep donne la préférence à celui qui est fondé sur les principes suivans; — 1° Les points de fusion des métaux purs sont fixes et déterminés ; — 2° Ceux de l'argent, de l'or et du platine, comprennent une échelle de température très-étendue ; — 3.° Entre ces trois points fixes dans cette échelle, les alliages de ces trois mé- taux en diverses proportions fournissent autant de points de fusion intermédiaires que l'on en peut désirer. Une fois qu'une semblable série d’alliages a été pré parée, la chaleur d’un fourneau quelconque peut être exprimée par celui de ces alliages le plus réfractaire, qu’elle est capable de fondre. Lés déterminations ob- tenues au moyen d'un pyromètre de cette espèce, in- dépendamment de leur précision , ont l'avantagé d’être \ NOUV. PYROM. POUR MES. LES HAUTES TEMPÉR. 319 les mêmes en tout temps et en tout pays. La petitesse de l'appareil est pour luiline nouvelle recommandation; il se compose simplement d’une petite coupelle , divisée en un certain nombre de cellulles conte- nant le nombre requis d’alliages pyrométriques, cha- can formant un grain de la grosseur d'une tête d’é- pingle. Les échantillons fondus dans une expérience, n'ont besoim que d’être applatis sous le marteau pour être mis en usage de nouveau. Pour consigner briève- ment les résultats, l’auteur emploie une notation déci- male très-simple , qui exprime à la fois la nature de l'alliage fondu et le degré correspondant de l'échelle des températures. Comme la distance qui sépare les points de fusion de l'argent et de l'or n’est pas consi- dérable:, il la divise seulement en 10°, dont il obtient la mesure par l'addition successive de 10 pour cent d'or à l'argent; ensorte que, dans cette échelle, le zéro est marqué à la fusion de l'argent pur, et 10° à celle de l'or pur. L'espace compris entre la fusion du pla- tine et celle de l'orest divisé en’100 degrés ; que l’auteur obtient pareillement en ajoutant successivement à l'or un pour cent de platine. L'auteur entre ensuite dans de grands détails pour exposer la méthode par laquelle il s'assure de la justesse des alliages requis ; et les ex- périences variées qui lui ont démontré la convenance de ce mode pyrométrique. Le reste du mémoire Coû= tient la relation des essais qu’il a faits; pour déterminer, par le moyen d'un appareil combiné avec un thermo- mètre à air, le rapport qui existe entre le point de fusion ‘de l'argent pur et l'échelle thermométrique ordinaire. LE 320 MÉLANGES. ‘Ce Mémoire a été lu à la Société Royale de Londres, et paroïtra probablement dans le prochain volume des Transactions de cette Societé. USAGE DE LA STEATITE , POUR DIMINUER LE FROTTE- MENT DES MACHINES; par Mr. E. BaiLey de Boston. (American Journal of Science. N° XXVIT). Cr minéral a été long-temps mis en usage sous ce rapport dans les grandes manufactures de Lowell , dans l'Amérique du nord. Pour cela, elle est soigneuse- ment pulvérisée ; puis mêlée avec de l'huile, du suif, ou du goudron, selon que l’une ou l’autre de ces ma- tières convient mieux au but que l’on a en vue. On comprend qu'il importe que la steatite employée soit parfaitement exempte de fragmens pierreux : on peut la purifier convenablement, en délayant la poudre dans de l'huile, et en décantant le mélange au bout de quelques minutes. Les particules les plus pesantes forment au fond du vase un dépôt, que l’on extrait aisément. Ainsi préparée, la steatite est appliquée avec succès à toute espèce de machine , où une substance onctueuse est nécessaire pour adoucir les frottemens. On dit aussi qu’elle peut être: substituée avec avantage , aux COMpPO- siious employées ordinairement pour engraisser les roues des voitures, DIMIN. DU FROTTEM. DES MACH. PAR LASTEATITE. 3214 On peut se faire une rdée de la valeur de la stea- üte pour l'usage en question, par le fait suivant com- muniqué par Mr. Moody, sur-intendant d'une manu- facture. de Boston, Une machine à rouler, qui travaille dans cet établissement, porte üuh balancier horizontal pesant qualorze tonnes (de vingt quintaux), qui tourne sur une cheville de cinq pouces de diamètre, et fait de 95 à 125 révolutions par minute. Environ cent tonnes de fer sont passées au rouleau de cette ma- chine dans un mois; cependant le balancier a quel- quefois cheminé de trois à sept semaines, sans qu'il füt nécessaire de renouveler la steatite. Mr. Moody pense toutefois qu’il ne convient pas d'attendre aussi long-temps sans la changer. Cet emploi de la steatite a été ner ae à Lowell, par un accident dont il est inutile de rappeler ici les circonstances. Il suffit de dire que cette découverte est considérée comme extrêmement précieuse par ceux qui l'ont mise à profit. On assure que jamais elle n’a màn- qué de donner le résultat désiré, lorsqu'on a eu soin de commencer par chauffer un peu Ja machine elle réussit même dans certains cas où aucune autre subs- tance ne sauroit être employée avec succès. | | gp BULLETIN D'ANNONCES. L. ELEMENTI DI CONCHICLOGIA LINNEANA, etc. C'est-à- dire , ÉLÉMENS DE CONCHYLIOLOGIE LINNÉENNE ac- 322 BULLETIN D'ANNONCES. compaognés de 20! planclies en: cuivre ; par Mr. E. I. BurroWw, A. M, etc:; traduits en italien sur la se- conde édition anglaise, et enrichiside: notes nom- breuses , par Mr. le: Marquis F.: BALDASSINI DA PEsaRo : 1 vol, 8. Milan 1828, chez les héritiers de J. P. Giegler, LI. TRAITÉE PRATIQUE DE CHIMIE APPLIQUÉE AUX ARTS ET MANUFACTURES, À L'HYGIÈNE ET A L'ÉCONOMIE DO- MESTIQUE ; par S. F. GAY ; traduit de l'anglais, par T. Rica. (V. l'annonce p. 168 de ce vol.) 4° et 5° livraisons : 224 p. et 16 planches ; contenant la description des appareils relatifs à l'éclairage, à l'électricité, aux pesanteurs spécifiques , des appa- reils à filtrer, à presser, à calçiner, à fondre , etc. IT, ENCYCLOPÉDIE POPULAIRE, Où LES SCIENCES, LES ARTS, ET LES MÉTIERS, MIS A LA PORTÉE DE TOUTES LES CLASSES. Livraisons nouvelles. Voy. p.167 de ce vol. Paris 1828, chez Audot. 1) Géométrie des ouvriers, où application de la règle, de l’équerre , et du compas, à là solution des pro- blèmes de la géométrie; par E. Martin, professeur des sciences physiques. 117 p. et 2 planches. , 2) Notions élémentaires. de perspective linéaire et théorie des ombres ; par M. G. T. Richard. 80 p. et 2 pl, , 3) Art du eihier; par Doublette-Desbois , peintre vitrier, ‘et rédigé par M.**#* 108 p. et pl. BULLETIN D'ANNONCES. | 323 4) Art de l'ornemanisle, du stucateur, du carreleur en pavés de mosaïque et du décorateur de divers genres; par M.*** 120 p. et 1 pl. 5) Art de la peinture en bâtimens et des décors , y compris le badigeon et la teinture des papiers , à l’u- sage des ouvriers et des propriétaires ; par Doublette- Desbois , peintre-vitrier, et rédigé par M.*** 212 p. et 2 pl. IIT. LE GUIDE LA MÉNAGÈRE. (V. p. 326 du T. XXXVIII) — N°2. La, laiterie; art de traiter le laitage, de faire le beurre , et de fabriquer diverses sortes de fromages ; par Mr. J.-L. R.; seconde édition revue et corrigée par M*** 160.— N°3. Art du blanchis- sage domestique, d’après les procédés anglais et fran- “çais, etc., par Mad. Pelouze, 122 p. et 2 pl. IV. LE GUIDE DES DAMES ET DES DEMOISELLES, — N° 1. Ârt de la couturière en robes; par Mad. Burtel ; 80 p. et pl.— N°2. Art de faire les corsets, les guèêtres et les gants ; par Mad. Burtel , 72 p. et 2 pl. V. LA CUISINIÈRE DE LA CAMPAGNE ET DE LA VILLE, elc. par M. L.-E. A. Septième édition , revue, corrigée et augmentée par M. S. Barué. 1 vol. in-12 540 p. avec 9 pl. chez Audot, 1828. (524) TABLE DES ARTICLES DU XXXIX." VOLUME de la division intitulée : Sc. ET ARTS. ASTRONOMIE. Pages. : Observations micrométriques constatant une “excentricité de l'anneau de Saturne , etc. ; par Mr. le Prof. Struve...... 81 Sur l’occultation par la lurie; de l'étoile à des Poissons ; par Mr, South,...,..,..,..rscsrnrs eee ju) 202 GÉODÉSIE. Opérations géodésiques et astronümiqués pour la mesure d’un arc du parallèle moyen, etc. (Premier extrait)... uw... 3, 3 Idem. (Second EL dérpn CHIPOLÉ a prop es gate.» le PES ss 06 Sur la jonction de deux mesures de MR exécutées en Russie; par Mr. W: Struveuse st he de sait o ss bléte » 1209 OPTIQUE. Fabrication du flint-glass en France , d'après un pros ré- guliers . dia FRET A Eee etre À 175 Notesnr les causes de be nil apparente du regard, du les | yeux d’un portrait; par Mr. G. M. Raymond......... ÿe 377 Sur la construction de grands télescopes aclromatiques ; Sr Mrs ASRogenss rate rater pee à 8 6e anus de 4888 MÉTÉOROLOGIE. Lettre de Mr. Huber-Burnand au Prof. G. Maurice, sur un nouveau système de météorographie symbolique........ 38 Observations sur la grêle du 21 mai 1828 à Alais......... DE Sur les courans périodiques qui règnent dans l'atmosphère en Burope.. 4.1. Au acc ic Ah AA OR nr tn AT ÉE ES | 260 >» Tableaux des observations météorologiques faites au Saint. Bernard en août et à Genève en septembre. Après la page. 80 Idem septemb. Zdem DCIDD TE SA ee sietete Tele 168 Idem octobre. Zdern novembre,..…...…..... 252 Idem novemb. dem décembre......... sos TDR PHYSIQUE DU GLOBE. Sur les phénomènes des volcans; par Sir Humphry Davy.... 21 TABLE DES ARTICLES. 325 PHYSIQUE. Pages. Observations qui tendent à prouver que la cristallisation de tous les corps est un phénomène électrique ; Re Mr. l'abbé Rendu. (Second et dernier article). . Parts n'ose fe DU Description du Thermo-Barom. invénté paf Mr, A. Bellant, etc. 102 Observations sur la condensation de l’eau de mer entre + 8° et 30 R.; par GA ErMmaANN.. see ee de e à mé Expériences sur le fer chand , relativement à l'électricité et au magnétisme ; par Mr. W. Ritchie...............,.... 192 Expériences qui démontrent une influence attractive et ré- pulsive dans les rayons lumineux ; par Mr. M.Watt..,.. 197 Note sur la conductibilité relative , pour le calorique , des dif- férens bois , etc. ; par MM. Auguste De La Rive et Alphonse De Candolle........ ds est des nosee Sa fre 206 Expériences et observations sur le thermo-magnétisme; par le Dr. Trail... . RTS R M RE... ss 309 CHIMIE; Extrait d'un Mémoire sur le gaz ape éarpoñiqué atmosphé- rique; par Mr. I De Saussure. eh ce ce TOURS Analyse de la neige rouge du PUR par MM. Macire- Prinsep et Marcet..... sfoo te loto root de rnrars ts re to she de se de sislstiele 1290 PHYSIOLOGIE ANIMALE. Note sur la circulation du fœtus chez les ruminans; par Min ler Prevnati 5 «mgree eme e de HR: Ho dE Mémoire physiologique sur le cerveau ; par Mr. Magendie 0( Emérast }$ Ji LE he ee on RÉ de. TIRE. 297 HISTOIRE NATURELLE. Mémoire sur la coloration automnale des feuilles; par Mr. Ma- caire-Prinsep..... AR CROP ERERNRNEER Si LEE 122 Relation abrégée de quelques observations microscopiques, faites sur les particules contenues dans le pollen des plantes ; par Mr. Robert Brown...... séniesnipomenheipesee 136 GÉOLOGIE. Mémoire sur l’origine des pierres éparses dans les contrées sa- blonneuses de l'Allemagne septentrionale ; par Mr. le Con- seiller Hausmann, avec des remarques de Mr. J. A. De Luc. 217 ARTS MÉCANIQUES. Nouveau procédé pour prévenir le dépôt qui se forme , dans l’ébullition de l’eau, sur le fond des chaudières des ma- chines à vapeur ou de toute autre chaudière ; par Mr. A... OUR de armtaie «00 © ss Sens sas Hg ét Ve cet st ARTS ÉCONOMIQUES. Traité pratique de chimie, appliquée aux arts et manufac- tures, etc.; S. F. Gray (Extrait,.....,,....,...,... 297 326 TABLE DES ARTICLES. MÉLANGES. Pages. Observations sur le tremblement de terre qui a eu lieu dans l'ile d’Ischia, ke 2 février 1828 ; par Nicolas Covelli. . :.. 157 Ascension du pic de la Jungfrau dans le Canton de Berne.... 165 Parhélies observées en Sibérie, le 4 février 1828.......... 244 Sur le le flint et le crown- glass de MM. Thibeaudeau et Bon- temps. ..... : en Ms PA 0 PA < ni & RE RENE a pue 314 Commerce du se di la Grande- Bree TE ir = D © 316 Notice sur un nouveau pyromètre pour mesurer les hautes températures ; par Mr. James Prinsep , à Bénarès....... 318 Usage de la stéatite pour diminuer le frottement des ma- chines; par Mr. E. Bailey de Boston.......... ses spee + 320 CORRESPONDANCE. Lettre de Mr. de V*** aux Rédacteurs de la Bibl. Univ. sur une remarque de fen Georges-Louis Le Sage...,........ 78 BULLETIN D'ANNONCES. ÆnBonEes dé )EIRG OUVrAEES. LUS ET QD ee sen osen nantes ED Annonces/de, trois ouvrages... ue dt mere eos oiera A ects 5:430 Annonces de dix ouvrages................ PS, ERP A D Percus paanieT XX AIX. nos ss 21000000 00 TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LES VOLUMES XXXVII, XXXVIII ET XXXIX de la division intitulée : Se. et Arts, QUI ONT PARU EN 1828. SR the nn te 0 0 06 D 0.) N.B. Les chiffres romains indiquent les volumes , et les chiffres arabes les pages. LL SLR AR LIBRE ARR LR RAR RER LR LL RL RL LUE LUE LL UE LULUÉ LIL IRL LE LES MATHÉMATIQUES. Recherches polyédrométriques; par le Prof. Lhuillier, XXXVII. 249 La TABLE DE L'ANNÉE 1828. ASTRONOMIE. Notice sur le retour de la comète de Biéla en 1832, par le Dr. Olbers; précédée d’une réclamation de cet astrOnOMe.. ss seressesssse see Lettre sur une carte céleste représentant la route de la comète d'Encke en 1828 , adressée à Mr. le Prof, Gautier; par Mr. Wartmañn.........,... Sur la possibilité de la rencontre d’une comète avec la terre ; par le Dr. Olbers. (Premier article). .. Idem. (Second et dern. article). ...,. .......,,. Détermination des élémens des deux dernières co- mètes; extrait d’une lettre de Mr. B. Walz à Mr. Arago , communiquée à l'Académie des Sciences He Parigu.. sh ste te EME el Mel de e o1e » Mémoire sur un nouveau calcul deslatitudes de Mont- Jouy et de Barcelonne ; par Mr. J. N. Nicolet. (Premier article)... seems nefee see = Idem. (Second et dern. article). .....,......s...e Observations micrométriques constatant une excen- tricité de l'anneau de Saturne, etc.; par Mr, le. BrofiSira ve: 42 Emi iale ait eousid ia cire Sur l’occultation par la lune , de l'étoile à des Pois- Mans; par Mr: Sont Re sn ie de GEODESIE. Opérations géodésiques et astronomiques pour la me- sure d’un arc du parallele moyen, etc. ( Premier CRNTOLO ANS ee uns ee à nie o dleis esse e0piio ie es bin ne Idem. (Second et dern. extrait}. ...............s Sur la jonction de deux mesures de degrés exécutées en'Husde: par Nr. Struve... elite su e » » HYPSOMÉTRIE. Elévation du Mont-Blanc sur le lac de Genève, et de ce lac sur la mer ; par Mr. Roger, de Nion, Major du Génie dans l'Etat-Major de la Confédération PSE ee Ne an ae DU ie, sous: XX VELL Détermination barométrique de la hauteur d’une , centaine de stations en Suisse, en Piémont et en Halie; par Mr. Bæyer.......... seems Lettre adressée aux Rédacteurs de la B101. Univ. au sujet dela hauteur du lac de Genève au-dessus du HIVEAU dé l4 mere. reiars vlan btouss eléie » meiete: ne 6 MÉCANIQUE. ‘Sur l’inexactitude de la réduction employée jusqu’à présent pour ramener au cas du vide les expé- XXXVIT. LA 327 265 XXXVIIL 3: Id. Id. Id. Id. Id. XXXIX. Id. Id. Id. Id. Id. Id. 9 85 20 165 250 81 253 24 286 292 riences du pendule ; par Mr. Bessel,...:....... XXXVIL 274 328 VABLE DE L'ANNÉE 1828. ! | OPTIQUE. Opinion de feu Bénédict Prevost sur la blancheur ; extrait de ses manuscrits par Mr. le Prof. P. Pre- VORÉ DER ES des de re De Pt i e nn à « #9 XXXVII. Sur les téléscopes achromatliques construits avec des objectifs liquides; par MM. Blair et Barlow..... Id. Cas rare d’anomalie de la vision ; par Mr. Godmann. Id. Sur la permanence des télescopes achromatiques construits avec des objectifs liquides ; par Archi- hald BBD... De haomenmappemé ses: ts sn XXXVIIL Fabrication du flint-glass en France, d'après des pro- cédés réguliers... .--sssesmenseterere XXXIX. Note sur les causes de la mobilité apparente du re- gard dans les yeux d'un portrait; par Mr. G. M. Davy Jo SP pren EN Ar 14. Sur la constrnction dé grands télescopes achroma- tiques; par Mr. A. Rogers....-..-+--e--t: Id. * MÉTÉOROLOGIE. À | Observations météorologiques faites à Joyeuse, par Mr. Tardy de la Brossy, dans l’année 1827..... XXXVIL. Note sur les denx tableaux météorologiques annuels de 1827, annexés au Cahier de février... ..... Id, Errata pour les Tomes XXXVI et XXXVIL...... Id. Notice sur la grêle et sur les paragrèles; par Mr. ATAgO. ....ssssesserse nee ile se PIcin Id. Notice sur les orages et les tremblemens de terre qui ont coïncidé avec la baisse du baromètre du 21 fé- to ue EE SON ER TOO CODEN Le Id. Résumé des observations météorologiques faites à Ge- nève depuis trente-deux ans et au St.-Bernard de- His diS'Ans. 21e te Rem MES ere nre Id. Fragmens de lettres de Van Swinden à Senebier sur les variations diurnes du baromètre et quelques autres observations barométriques...:.:-+°: Id. Résultats des observations météorologiques faites à Alais; par Mr. le baron d'Hombres (Firmas).. .".". Id. Des climats européens par rapport aux pluies; par Mr. de Gasparin. (Premier article)... XXXVIIL. Idem. (Second article): ........-sesrerreretet Id. Idem. (Troisième article), semer IE Idem. (Quatrième et dern. article)... Id. Lettre de Mr. Huber-Burnand au Prof. G. Maurice, sur un nouveau système dé météorographie sym- Bobiquet à se 220 M6 Ar Aus ego ste Te Re se LE ‘XXXIX. Observations sur la grêle du 21 mai 1828.-...-..: Id. Sur les courans périodiques quirègnent dans latmos- phère en Europe......sssses seresreseretet Id. 209 216. 283 290 54 113 180 192 36: 5x 260 TABLE DE L'ANNÉE 1828, Tableau des observations météorologiques faites à Genève et au St. Bernard pendant l'année 1827. 324 XXX VII. Ap. la page 168 Tableau des moyennes mensuelles des observ. barom., therm., ethygr., faites au St. Bernard pendant les dix dernières années... Re SOC AT E . Tableau des moyennes LE nnelles des Faber 3er faites à Genéve pendant les trente-deux , et au St.- Bernard pendant les dix dernières PH À Nef Tableau des observations météorologiques faites à Genève en janvier 1828. Id. au St.-Bernard en janvier et à Genève en février. Id. février mars.. Id. mars avril... {d. avril mai... Id. mai juin... Id. juin juillet... Id. juillet août... 14. août septem. Id. septemb. octobre. Ja. octobre. novem. Id. novemb. décemb. J PHYSIQUE DU GLOBE. Essai sur la température de l’intérieur de la terre; par Mr, L. Cordier (Extrait). . 2... c….. Sur la forme et la nature des aurores boréales ; par Mr. Hansicen....…...... NE rc iE cÉe se... Sur les phénomènes des voléans: par sir H. Davy . PHYSIQUE. Comparaison entre les deux galvanomètres les plus sensibles , la grenouille et le multiplicateur à deux aiguilles ; par Mr. L. Nobili de Reggio........ Note sur les apparences électriques de Priestley; _ Mr. L. Nobili de Reggio.......... 3 MUR de Recherches sur les variations de la durée moyenne des oscillations horizontales de l'aiguille aimantée, etc.; par Mr. A. J. Kupfer, Prof. à Kasan...... Sur la nature des courans électriques; par Mr. L. Nobil de Reggio Al sets db. déc us dtors ia Notice sur l'influence. du contact des métaux hété- rogènes ; par A..-Van-Beek. ss see o aire Notes diverses, communiquées. par Mr. L. Nobili de Heu ci. late sn Bipto loose e sensor. Notice sur le magnétisme des fils du glavanomètre ; ; par Mr: L.-Nobili..ë ee stole à je à to. s sie à otu store Ia. 248 Id. 248 Id, 84 Id, 168 Id. 248 Id. 328 XXXVIII 83 Id. 164 Id. 244 Id. 332 XXXIX. 8o Ia. 168 Id. 252 14. 332 XXXVII 85 Id. 27 . XXXIX. 2 XXXVII 10 Id, 3r 14. 35 Id. 118 Zd. 169 Id. 174 XXXVII. 59 330 TABLE DE L'ANNÉE 1828. Nouveau galvanomètre multiplicateur, décrit et pro- posé par Mr. le Prôf. Marianini.....,.....:.. Pescription d'un nouvel instrument magnétique, etc.; par Mr. Watt, membre de la Société Wernérienrie Observation d’un affolement de l'aiguille aimantée, pendant le tremblement de terre qui s’est fait sentir sur les bords du Rhin le 23 février 1828 Extrait d'un Mémoire sur la constitution mécanique des fluides élastiques ; par le Prof. P. Prevost de CénEVE ge SEM CRI SJEDEPR TIR Observations qui tendent à prouver que la cristalli- sation Ge tous les corps est un phénomène élec- trique ; par Mr. l'abbé Rendu (Premier article). . Idem. (Second'et' dernier articleY,.......... Description du thermo-baromètre inventé par Mr. APPUI MECS a mets deieleu eee lines HER. Observations sur la condensation de l’eau de mer entre + 89et— 30R.; par G..A. Ermann ..... Expériences sur le fer chaud , relativement à l’élec- tricité et au magnétisme ; par Mr.W. Ritchie... Experiences qui démontrent une influence attractive et répulsive dans les rayons Jumineux ; par Mr. Note sur la conductibilité relative, pour le calorique, des différens bois , etc.; par MM. Auguste De La Rive et Alphonse De Candolle......,,,,,.... Expériences et observations sur le thermo-magné- tisme; par le Dr.Traill............,........ CHIMIF.. Mémoire sur l’essai du chlorure de chaux par le muriale de manganèse ; par Mr. A. Morin, phar- XXX VIII. Id. Id: Id: Id, XXXIX, Id. Id. Id. Id. Id, Id. maclere Les te DICO TT LT REX NE Extrait d’un Mémoire sur le cal acide carbonique atmosphérique; par Mr. T. De Saussure........ XXXIX. Analyse de la neige rouge du pôle ; par MM. Ma- cairé-Prinsep et Marcetii.. ananas. HISTOIRE NATURELLE, Considérations sur les divers états des animaux dans lesquels il nous est possible d'étudier leurs ac- tions ; par Mr. Frédéric Cuvier .............. XXXVIIE Mémoire sur la coloration. automnale des feuilles ; par Mr. Macaire-Prinsep..….....:......,..,.. - Relation abrégée de quelques observations micros- copiques faites sur les particules contenues dans le pollen des plantes. ; par Mr. Robert Brown.... Id. XXXIX. TId. 197 195 205 295 304 58 102 108 192 197 206 TABLE DE L'ANNÉE 1828. PHYSIOLOGIE ANIMALE. Observations microscopiques sur le sang et les tissus animaux; par le Dr. Hodgkin et Mr. J. J. Lister. XX XVII. Notice sur la circulation du fœtus chez les ruminans; par le Dr. Prevosth.s.. 44... XXXIX. Mémoire physiologique sur le cerveau; par Mr. Magendie. (Extrait)................sssssss Id. BOTANIQUE. Addition à la Notice sur la botanique du Brésil in- MrécanT XX XVIe RS Rec. ces oebese ses: XAOOVIT GÉOLOGIE. Notice sur les ossemens fossiles des environs d’Alais, Départ. du Gard ; par le baron d'Hombres(Firmas). XXXVII. Mémoire sur l’origine des pierres éparses dans les contrées sablonneuses de l'Allemagne septentrio- nale; par Mr. le conseiller Hausmann , avec des remarques de Mr. J. A. De Luc............... XXXIX. ARTS MÉCANIQUES. Moyen de préserver les pompiers de l’action des flammes pendant un temps donné, et nouvelles ap- plications de la lampe de Davy; parle chev.J.Aldini, XX XVII. Extrait d'un rapport sur l'explosion qui a eu lieu à Lyon le 4 mars 1827, sur le batean à vapeur Le Rhône , adressé à Mr. le Préfet du département du Rhône .. 4.551100 otétée ailes euh at de Id. Nouveau procédé pour prévenir le dépôt qui se forme dans l’ébullition de l’eau , sur le fond des chau- dières des machines à vapeur ou de toute autre ‘à ongle par Mr. A. Scott :........,....:, XXXIX. ARTS ÉCONOMIQUES. Traité péitique de chimie appliquée aux arts et ma- nufactures, etc.; par S. F. Gray. (Ærtrait)....... Id. TOPOGRAPHIE MILITAIRE. Instruction sur le dessin desreconuoissaaces militaires, tc.; par G. H. Dufour, Colonel du Génie dans Etat, -Major de la Confédération Suisse (Extrait). XXXVIII BIOGRAPHIE. Notice sur Chrétien Smith , communiqnée à Mr. De Candolle par Mr. le baron Léopold de Buch.... XXXVIL. MÉLANGES. Extrait d’une lettre sur le tremblement de terre qui a eu lieu dans l'île d'Ischia, le 2 février 1828 .... Z. Note sur le passage sous la l'amise..,......... Id, Sur les brouillards qui se forment après le coucher du soleil, quand le temps est calme et serein, au bord des lacs et des rivières; par Mr, Arago. . Td. 33x 147 72 237 82 52, 217 22E «122 32e 332 TABLE DE L'ANNÉE 1828, Excentricité de l'anneau de Saturne; extrait d'une» lettre du Prof. Schumacher au Prof. G. Maurice. XXX VIII. 148 Expériences sur le degré de chaleur que supporte le corps humain............... as soit XX EMILE S Combustions humaines spontanées; par Mr..Julia— Fontenelle ....., On PIECE Su eat Id. 3 # ÿ De la congélation des rivières; par Mr. Arago .... Ia, 158 Comment la neige empèche la gelée de descendre profondément dans. la terre qu'elle recouvre; par LPS 4 SU Ce 57 AMAR APE ANR SRENPE ER PE cs Id. 161 Sur la conservation des os et l'emploi de la gélatine. Zd. 239 Ÿ Extrait du procès-verbal des séances de la Société Helvétique des Sciences naturelles, pendant la session de 1828 , qui a eu lieu à Lausanne..... Id. 308 Electricité métallique; par Mr. Aug. De La Rive ..… Id. 326 Observations sur le tremblement de terre qui a eu lieu dans l'ile d'Ischia. le 2 février 1828; par Ni- colis Covelh : 242.07 rame tot 5. XXXIXS 207 Ascension du pic de la Jungfrau dans le Canton de Bérne ..-qrum ones bredls satire le © Id. 165 ÿ Parhélies observées en Sibérie, le 4 février 1828... Id. 244 Sur le flint-glass et le crowu-glass de MM. Thibeau- deau et Bontemps........ ideal étdt #4 Pots ia Id. 314 Commerce du fer dans la Grande-Bretagne ....... Id. 316 Notice sur un nouveau pyromètre pour mesurer les hautes par Mr. James Prinsep à Benarés :: = Cesnpias Saba. nne , went à Id... 318 Usage de 1 Fisvue , pour diminuer le Fiotiemehe des machines; par Mr. E. Bailey de Boston.... Id. 320 CORRESPONDANCE. Lettre de Mr. de V‘** aux Rédacteurs de la BL. Univ. sur une remarque de feu Georges Louis Le Sage... ue edge SE HOTEL Ms 5 . Id. 78 : BULLETIN D'ANNONCES. Annonces de deux ouvrages .:........... .... XXXVIL 9245 huit ouvrages ................... Id. 324 Na douze-ouvragessniacsrit « «aise + XXXVIIL 163 Fu quatre OUVrAges . ss... Jd: 240 FE CING.OUVFAGES. . « sue eu plele ee »'e oil . XXXIX 1:67 | trois ouvrages ......... sue dte.s ui Id, 245 x/ dix ouvrages ....... ssh sh us ol Id. 321 Ærrata pour les T. XXXVI et XXXVII....... XXXVIT. 168 pour leT. XXXVIT........ ess... XXXVIIT. , 835 pour les T. XXXVII et XXXVIII..... Id. 184 DOUX Ie TX DA er en e ce mere M 7 168 DIR PAL YANN DANONE EN ES TROT RER AT a Ab ms h f L A AL) n ae Rep th Ê dt IL Dh DUT San ni: M Tee NE Pre Du. APT APT ON ’ x N » L ',fE 4 ": Wu À J 'L CNT à sad AUS EUX ER | | | Ne ME ' , EE | l UN TT Ca HE ANITSHIES L'AAIUTAUN TRUITE »$ \#- FT à F_