hi es 21. Te 2 : H k END Een ï au CIN D. FR RON AMOR 26 LT UE CP < ; , F { 4 À TT LT | 16 LEUR CARTE ENENR EE N a #. oh Fr 12 t reve Fe: rail F| CETE s ERA ‘ - PARLES Dr, MT FRET UE veu BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE, SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS, FAISANT SUITE À LA BIBLIOTHÈQUE BRITANNIQUE, Rédigée à Genève. A AT A A RIT A A A RS A AR D / 9 fol LP \ | AE | A Na , ; dE A à / STA HiS1Ë SCIENCES ET ARTS.— Tome XLII. &l GENEVE, IMPRIMERIE DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE. PARIS, LIBRAIRE DE S. 4. R. MONS.' LE DUC D'ORLÉANS, RUE DE RICHELIEU , N° 60. BOSSANGE PÈRE, M DCCC XXIX. Dirt Là cn Em 0 halo à à sgh Hs x agde rie À MAS POUR" PRIT MÉCANIQUE. MÉCANIQUE DES SOLIDES , renfermant un grand nombre de développemens neufs et d'applications usuelles et pratiques, à l’usage des personnes les moins versées dans les mathématiques, des gens de lettres, des médecins , et de tous ceux qui ne se sont pas livrés d'une manière spéciale à l'étude des sciences ; par Nez ARNOTT : traduit de l'anglais sur Ja troisième édition , augmentée de notes et d’additions mathé- matiques ; par T. RICHARD. Paris , 1829. Chez An- selin , successeur de Magimel. Rue Dauphine, n.° 9. Enseigner la science à ceux qui n'y ont pas été prépa- rés par des études préliminaires, est une chose d’une ex- trème difficulté. Cette difficulté augmente, lorsqu'il s’agit d'écrire un ouvrage dont la lecture puisse suppléer à cet enseignement. Les lecteurs auxquels un pareil ouvrage est destiné, sont ordinairement étrangers au langage mathématique , c’est-à-dire qu'ils n’ont aucune habitude de donner aux mots une acception exacte et bien dé- terminée, L'auteur n’est donc jamais sûr que le terme dont il se sert , sera entendu par son lecteur, comme il doit l'être pour que ses explications soient claires ; tous ses efforts doivent tendre à prévoir les difficultés À À 2 4 MÉCANIQUE. de cette espèce , et il est bien rare qu'il y réussisse de manière à être compris de tous ceux qui le lisent. Cela nous conduit à croire que la simple lecture d’un ouvrage de ce genre, quelque mérite qu'on lui suppose, ne suffit pas pour atteindre le but proposé, et qu'il est toujours nécessaire de recourir à une explication orale, à une con- versation , dans laquelle le maître cherche à déméler ce qui peut engendrer obscurité dans les idées de son élève. On doit cependant beaucoup de reconnoissance aux personnes qui, suffisamment instruites, prennent à tâche de se mettre , dans leurs rédactions, à la portée de celles qui ne le sont pas. Un ouvrage de ce genre est précieux, comme texte d'enseignement pour un maître; et d’ailleurs dans le nombre des per- sonnes des deux sexes qu’une première éducation n’a pas préparées aux études scientifiques, ou que leur vocation a éloignées de cet ordre d'idées , il se ren- contre quelquefois de ces têtes heureusement douées, auxquelles une pénétration et une force d’attention peu ordinaires permettent de surmonter par elles-mêmes les difficultés de la simple lecture. La convenance des publi- cations dont nous parlons ici, est au reste suffisamment démontrée par le succès des divers Traités publiés sous la forme et sous le titre de Conversations, par l’auteur du livre sur la botanique, dont l'extrait est contenu dans ce même cahier. Cet auteur, en écrivant, a eu spécialement en vue les personnes de son sexe, les femmes, pour l'en- seignement desquelles, les difficultés que nous avons signalées subsistent au plus haut degré ;et l’on ne peut ’ . “ qu admirer le talent avec lequel cet enseignement leur a été présenté. MÉCANIQUE DES SOLIDES. 5 Le Dr. Arnott en publiant sa Mécanique des solides , a voulu résoudre un problême moins épineux. Il paroît s'être adressé plutôt aux hommes que leur carrière a éloignés des sciences mathématiques et physiques, aux littérateurs , aux hommes du monde, et particu- lièrement aux médecins qui auroient négligé ces études importantes pour leur vocation. Toute cette classe de lecteurs qui a passé par l'instruction des collèges, n'est pas censée complétement dépourvue des notions qui servent d'acheminement à l'intelligence des vérités de la mécanique ; ce qui donne à l’auteur quelque liberté dans sa rédaction et dans son style. L'ouvrage est précédé d’une introduction dans la- quelle l’auteur développe d’une manière un peu pro- lixe , ses idées sur l'exposition de la science, et sur le plan d’un livre qui renfermeroit cette exposition dans toute son étendue, Sans s'occuper d’une aussi vaste entreprise , il s’en tient à celle d’un ouvrage qui, sous le nom d'Elémens de Philosophie Naturelle , ren- fermera la Mécanique .des solides, celle des fluides (li- quides et aëriformes)}, la Physique proprement dite et l’Astronomie, On voit par là que le livre que nous annonçons , n'est qu'une première partie d’un ouvrage beaucoup pius considérable; dont tout le développe- ment repose sur ces quatre idées fondamentales : — 1. La décomposition de tous les corps en alômes in- divisibles; — 2° L'attraction qui rapproche ces atômes et qui prend le nom de cohésion, lorsqu'elle en forme des masses , et de gravitation , lorsqu'elle précipite ces masses les uncs vers les autres : — 3.° La répulsion , en 6 MECANIQUE. vertu de laquelle les atômes, sous l'influence de cer- taines causes , comme la chaleur par exemple, tendent à se séparer ; — 4. L'inertie, en vertu de laquelle les atômes persistent dans leur état de repos ou de mou- vement , tant que des causes extérieures à eux , ne viennent pas modifier cet élat. : On comprend que les quatre principes que nous venons d’énoncer, ne sauroient être les chefs sous lesquels se range la division de l’ouvrage ; celle-ci ne diffère que peu , de la division ordinaire de tout traité de mécanique. On y trouve d'abord la constitution des masses matérielles, ou les propriétés générales des corps ; ensuite la théorie du mouveinent ; puis celle des diverses machines, et enfin l'application du tout au mécanisme du squelette humain. La théorie du mou- vement est ordinairement précédée de celle de l’équi- libre dans les ouvrages où le calcul ést mis en usage , mais lorsque l’on procède par le raisonnement dégagé des signes mathématiques, on reconnoît bientôt que la marche inverse est préférable. La distribution de louvrage est claire et métho- dique ; chaque division et subdivision est précédée d’un résume , dont elle n’est que le développement , et au- quel on renvoye souvent le lecteur. L'auteur, comme nous venons de Île dire , s’est abstenu de l'emploi des signes ; il a emprunté aux mathématiques leur mé- thode , en laissant de côté leur langage. Le traducteur a cru devoir consigner dans des notes les principales formules de la mécanique, et il à placé en têle du livre une instruction sur la manière de les inter- MÉCANIQUE DES SOLIDES. 7 préter. Enfin-ce qui distingue ce traité de mécanique de tout autre , c’est que Îles expériences ÿ sont rem- placées par l’examen des faits naturels qui se passent habituellement sous nos yeux. À cet égard l’auteur montre une fertilité vraiment remarquable , et son ou- vrage est une riche mine pour les professeurs qui désirent soutenir l'attention de leurs élèves en leur montrant autour d'eux des applications continuelles des principes qui leur sont enseignés. Nous avons regretté d'y rencontrer quelques expressions que nous pen- sions actuellement abandonnées , comme n'étant pas suffisamment claires, telles que celles d'une lute entre les forces centripèle et centrifuge dans le mouvement curviligne, celle de la réaction opposée à l'action dans des cas tout à fait étrangers au choc, et quelques autres. Néanmoins l'ouvrage du Dr. Arnott sera sans doute d'une grande utilité à plusieurs des personnes aux- quelles ii est destiné, ainsi qu'aux maîtres qui ont be- soin d'un texte, et on doit remercier le traducteur, qui le met entre les mains des lecteurs français. G.:M. PHYSIQUE. INFLUENCE DE L'ÉLECTRICITÉ TERRESTRE SUR LES PHÉ- NOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES, par Mr. CARLO MAT- TEUCI: Mr. Carlo Matteuci de Bologne, a réuni sous Île titre de fnfluenza dell Elettricità terrestre sù i temporal , quel- ques réflexions importantes sur la part que peut avoir dans la production des phénomènes météorologiques , l'électricité qui se trouve répandue sur la terre. Qu'il y ait en effet accumulation de l’un ou de l’autre des deux principes électriques à la surface de la terre, c'est un fait que l’auteur regarde comme prouvé, et qu'il attribue , soit à l’évaporation ou aux causés analogues que Mr. Pouillet a cru devoir substituer à celle-ci, soit aux actions chimiques qui ont lieu constamment dans l’intérieur du globe. Mais pour que cette élec- tricité en excès ne s'écoule pas immédiatement dans la masse du globe et ne disparoisse pas, par conséquent, aussitôt qu'elle a été développée , sl faut que les ter- rains où elle est accumulée ne soient pas conducteurs, soit par leur propre nature, soit par l'effet de l'éva- poration qui les dessèche. Aussi, c’est surtout dans les lieux élevés et isolés, plutôt que dans les plaines, au- dessus des rochers plutôt qu'au-dessus des forêts, en été plutôt qu'en hiver, au milieu du jour plutôt que INFL. DE L'ÉLECT. TERR. SUR LES PHÉN. MÉTÉOR. 9 dans la nuit, que se montrent les nuages orageux dont la formation ne peut bien souvent être expliquée que par l'influence de l'électricité que conserve le sol. A quelle autre cause pourroit-on attribuer, en effet, ces nuages que l’on voit quelquefois se former tout d’un coup sur les flancs des montagnes et s'élever en- suite dans les airs, sans qu’il y ait variation de tem- pérature, changement de pression , Ou aucune autre mo- dification apparente dans l’état de l’atmosphère ? Nous ne suivrons pas l’auteur dans les détails relatifs à l'influence que peut exercer l'électricité accumulée dans le sol, sur la forme, le mouvement et les effets explosifs de certains nuages et sur la chute de la pluie, qui en est souvent la conséquence. Mais nous passerons immédiatement à l'explication ingénieuse qu’il donne de ces phénomènes lumineux qui ont lieu dans l'at- mosphère pendant les soirées et les nuits d'été, et que nous comprenons sous le nom d’éclairs de chaleur. | les attribue à cette électricité qui, développée par l’ac- tion des causes que nous avons mentionnées ci-dessus, se maintient à la surface, à cause de sa dessiccation qui l'a rendue.isolante. Au moment du coucher du soleil et pendant la nuit, les vapeurs que le refroidissement condense alors près du sol, forment une couche conduc- trice qui sert à rétablir peu à peu l’équilibre électrique -entre l'atmosphère et la terre chargée d’électricités op- posées. C'est surtout dans les plaines qu'on devra ob- server ces lueurs et qu’elle devront durer plus long- temps, parce que sur les lieux élevés et isolés, l'écou- lement de l'électricité accumulée pendant le jour, sera 10 PHYSIQUE. beaucoup plus rapide, vu leur forme et leur position au milieu d’une atmosphère plus rare, plus froide , et par conséquent, beaucoup plus chargée de vapeurs. Enfin, suivant l’auteur, ces décharges électriques entre le sol et l'atmosphère, peuvent avoir lieu avec beau- coup de force et produire-ainsi des effets violens, sur- tout si le sol et l'atmosphère sont trop desséchés; ce seroit donc à une cause semblable que pourroient être attribués dans quelques cas les tremblemens de terre, et en particulier ceux qui ont lieu après de fortes sé- cheresses. Cette supposition rendroit raison d'une ma- nière salisfaisante, d’un procédé employé de toute an- cienneté , et souvent avec succès, pour préserver des tremblemens de terre, les lieux qui y sont sujets et qui sont particulièrement ceux où la nature du terrain rend facile accumulation de l'électricité et difficile sa déper- dition. Ce procédé consiste à enfoncer dans le sol jus- qu'à une profondeur assez considérable, de longues barres de fer qui, suivant l'explication qui vient d’être donnée, doivent faciliter le rétablissement de l'équilibre électrique, eu établissant une communication métal- lique entre l'intérieur du sol et sa surface qui, par sa faculté isolante retenoit l'électricité. On peut juger par les détails que nous venons d'en extraire, du travail de Mr. Matteuci. El est impossible de ne pas reconnoitre que la cause, quelle qu’elle soit, d’où provient celui des deux principes électriques qui est ré- pandu en abondance dans l’atmosphère, doit aussi né- cessairement développer l'autre principe et le laisser par conséquent dans le sol, et que là, tantôt dispa- INFL. DE LA LUM, SOL, SUR L'ÉLECTRICITÉ, io] : roissant , tantôt restant accumulé suivant les circons- lances qui rendent Île terrain plus ou moins conduc- teur, il doit produire des effets qui lui sont propres, el jouer aivsi un-rôle parmi les agens nombreux qui concourent à la production des phénomènes météoro- logiques. Il est à désirer maintenant, que des obser- vations variées et bien faites viennent confirmer les théo- ries ingénieuses de Mr. Matteuci , et démontrer par des preuves directes l'existence de cette électricité terrestre, à laquelle il attribue une influence si remarquable. A. D. RE) (7 DE L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SOLAIRE SUR LA PRO- DUCTION DES PHÉNOMÈNES ELECTRIQUES ET MAGNÉ< TIQUES ; par Mr. BaRLOCCI, prof. de physique expé- rimentale à Rome. ( Giornale Arcadico , ‘ET. XLT). 60 Depuis les expériences de Morichini sur l'influence magnétique de rayons solaires, il n’est sorte de tenta- lives qu'on n'ait faites pour y découvrir après lui des indices de magnétismeret d'électricité. Malheureusement pour le progrès de la science, il n'y a pas eu accord jusqu’à présent dans les résultats auxquels divers obser- Yaleurs sont parvenus sur ce point de recherche. Sui- vant les uns, les signes de magnétisme que manifes- 12 PHYSIQUE. tent sous des formes diverses les rayons du soleil, sont évidens , et ne peuvent laisser aucun doute à cet égard ; suivant d’autres, ces signes pourroient bien être dus à quelque cause étrangère et concomitante, telle que l'influence de la chaleur et celle du globe terrestre. Enfin, plusieurs physiciens (et le nombre en est plus grand qu'on ne pense, parce qu’on ne publie pas en général les résultats négatifs) n’ont pu apercevoir au- cune indice de magnétisme ou d'électricité dans la lu- mière solaire, lorsqu'ils ont eu soin de faire leurs ex- périences de manière à annuller autant que possible l'action des causes étrangères à celle dont ils vouloient étudier l'effet. Ce n’est donc qu'avec une extrême ré- serve que J’on doit accueillir les conséquences tirées d'expériences qui semblent prouver d’abord sans ré- plique la vertu magnétique de rayons du soleil; il faut auparavant examiner avec soin les circonstances diverses dans lesquelles ces phénomènes ont été produits, s’as- surer en particulier que le magnétisme terrestre dont l'influence est si difficile à éviter, n’a point de part dans la production de l'effet observé, et que sa faculté d’ai- iwantalion n’a point été provoquée par quelqu'action mé- canique ou physique , exercée sur le morceau de fer ou d'acier sur lequel on a opéré. Dans l’état actuel de la question, nous avons cru jusqu’à présent et nous croyons encore devoir donner connoissance de toutes les recherches faites sur ce su- jet, qui nous paroîtront dignes de quelque confiance , en nous bornant à l'exposition des faits, tels qu’ils sont présentés par les auteurs eux-mêmes , sans y ajouter au- INFL. DE LA LUM. SOL. SUR L’ÉLECTRICITÉ. 13 cune réflexion, laissant à ceux qui s'intéressent à ce sujet, le soin de discuter eux-mêmes les conséquences qu’on peut tirer des phénomènes observés. Le Mémoire de Mr. Barlow commence par quelques réflexions générales que nous ne transcrivons pas pour passer immédiatement à la description des faits que l’auteur a observés. Un aimant naturel armé, mais foible et capable de soutenir à peine le poids d’une livre et six onces romaines (1), acquit après une exposition de trois heures seulement à la lumière directe du soleil, une augmentation de force équivalente au poids de deux onces, et au bout de vingt-quatre heures, cette force s’accrut du double environ. Un aimant d’une force à peu près semblable, placé dans un lieu obscur et ex- posé à une température ambiante égale à celle des rayons solaires, n'éprouva pas d’accroissement sensible dans son énergie magnétique, Un autre aimant assez fort pour soutenir cinq livres, deux onces et six deniers, avoit été exposé à l’action de Ja lumière, un jour où le soleil étoit caché par des nuages et où l'atmosphère étoit chargée d'humidité et de neige , et il n’avoit éprouvé aucune augmentation de force appréciable, tandis qu'au bout des deux jours suivans, pendant lesquels le soleil pouvoit le frapper de ses rayons, sa puissance avoit doublé; une plus longue exposition aux rayons solaires, n’avoit rien ajouté à sa force. La puissance plus con- sidérable qu'acquièrent les aimans sous l'influence de (1) La livre romaine vaut 339,179 grammes , soit 0,692 de livre, poids de marc. Elle se partage en 12 onces. 14 PHYSIQUE. la lumière du soleil diminue pendant les jours humides et nébuleux, et tend à augmenter lorsque le temps est sec et serein. Nous ne nous arrêterons pas sur un rapprochement que fait ici l’auteur entre les phénomènes que nous venons de décrire et les variations, soit diurnes , soit mensuelles, qu'éprouvent et la direction de l'aiguille aimantée et l'intensité du magnétisme terrestre ; variations qu'il at- tribue aussi à l’influence qu'exerce sur notre globe la Jumière solaire, et qu'il croit difficiles à concilier avec toute autre explication. Nous passons immédiatement aux observations qui suivent cette digression. Mr. Barlocci avoit remarqué, il y a déjà quelque temps, qu'un appareil composé de deux aiguilles à coudre très- fines , insérées aux extrémités d’un brin de paille dé- licatement suspendu, étoit affectée par la lumière da soleil. Cette influence lui parut être due à un effet magné- tique, vu que lorsque les deux aiguilles d’acier étoient aimantées, de manière que les deux extrémités de l'ap- pareil présentassent des pôles opposés, le pôle nord étoit plutôt repoussé par la portion violette du spectre, tandis qu'il étoit attiré par les rayons rouges ; résultat qui sembloit indiquer que le spectre solaire possède une polarité différente à ses deux extrémités. L'auteur remarque que les faits qui précèdent et auxquels il n’a- voit donné que peu d'attention, reçoivent une confir- malion assez remarquable par les expériences de Mr. Watt, physicien écossais, qui est parvenu à démontrer le magnétisme de Fa lumière, au moyen d'un appareil INFL. DE LA LUM. SOL. SUR L'ÉLECTRICITÉ. 15 très-simple qu'on peut appeller boussole solaire, et dont Mr. Barlocci donne la description en indiquant quelques-uns des phénomènes qu’il présente ; détails que nous omeltons en entier, vu qu'ils se trouvent déjà consignés dans la Bibl. Unie. T. XXX VIII. Nous passons maintenant aux expériences faites pour démontrer le pouvoir électrique de la lumière. Les con- densateurs les plus délicats et les galvanomètres mul- tiplicateurs n'ayant donné que des signes équivoques , desquels il auroit été difficile de tirer quelque consé- quence un peu sûre, l’auteur eut recours à l'électros- cope le plus sensible, savoir les organes de la gre- nouille. Deux fils de cuivre , isolés au moyen d’un tube de verre, avoient été disposés, de manière à être en contact, l'un avec le tronc de la grenouille, l’autre avec les jambes; les extrémités de ces fils se prolon- geoient de part et d’autre de la grenouille, et étoient ter- minées d’un côté seulement par deux petits disques aussi de cuivre etteints en noir. En plaçant ces disques l’un dans le rayon violet, l’autre dans le rayon rouge du spectre solaire, on obtenoit des signes marqués de con- traction dans la grenouille , aussitôt que les deux autres extrémités des fils de cuivre étoient réunies. Ces con- tractions paroissoient dépendre, quant à leur énergie , de l’état plus ou moins vigoureux de l’animal, de l'éclat plus ou moins vif de la lumière , et enfin de la plus ou moins grande humidité de l'air atmosphé- rique , circonstance qui semble avoir une grande in- fluence sur le succès de ce genre d'expériences. Le phénomène n’avoit pas lieu quand l'appareil étoit placé 16 PHYSIQUE. dans un lieu obscur et hors de l’action du spectre so- laire; on ne le produisoit pas non plus en chauffant au moyen de la flamme l’un des disques ou une por- tion quelconque des deux fils de cuivre qui formoient l'arc de communication entre les nerfs et les muscles de la grenouille ; preuve que dans l'expérience précé- dente, le pouvoir électrique qui agissoit sur Îles organes de cet animal, résidoit effectivement dans la lumière du soleil. «Tels sont ,» dit l’auteur, «en terminant, les faits dont j'ai pu m'assurer dans les diverses expériences que j'ai faites sur l'électricité et le magnétisme de la lumière. Toutefois, loin de présumer que mes observations puissent dissiper tous les doutes que l’on conserve encore sur ce genre de résultats, j'espère seulement qu’elles pourront ajouter quelque degré de probabi- lité à l’existence de ces propriétés dans les rayons solaires, et qu’'enfin il arrivera un moment où, grâce aux travaux des savans physiciens de l’Europe , toute obscurité cessera à cet égard, et où l’on pourra re- connoître avec certitude, quelle espèce d'influence la lumière exerce sur les phénomènes électriques et ma- gnétiques. » AD: (ax) EE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. RÉSULTATS DES TRAVAUX GÉOGRAPHIQUES ET GÉOGNOS- TIQUES DE M. PENTLAND, dans le Pérou méridional; par Mr. Alexandre DE HumBoLpt. (Æertha'T, XHIT ; Cahier I.) J ( Extrait.) « LES résultats que je communique ici aux géographes et aux physiciens, » dit Mr. de Humboldt dans cet ar- ticle ,« peuvent être rangés parmi les plus remarquables dont la science du globe se soit enrichie depuis long- temps. Mr. Pentland , jeune voyageur dont les travaux, en petit nombre, mais pleins de mérite, ont été publiés dans les Mémoires de la Société Géologique de Londres, m'est connu personnellement depuis plusieurs années, ‘ et je le regarde comme un naturaliste distingué... . Il a étudié plusieurs années à Paris auprès de Mr. Cuvier, et y a puisé toute l’instraction que peut fournir cette excellente école. À des connoissances étendues en z00- loogie et en anatomie comparée , il a joint, peu avant mon départ pour l’Amérique, l'exercice des recher- ches de géognosie, qu'il a mis en pratique dans un voyage au midi de la France et en Italie. Il se pré- paroït à une expédition scientifique aux Indes orien- tales, lorsqu'il fut adjoint à l’ambassade anglaise au Pérou. Je prévis aussitôt les excellens résultats de cette mission, et je priai lillustre Ministre d'Etat, Mr. Can- Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 1. Septembre 1829. B F 9 18 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. ning, d'envoyer Mr. Pentland pourvu d'instrumens sur le plateau élevé et inconnu de Titicaca. Mr. Pentland obtint tout ce qu’il voulut en fait d’instrumens astro- nomiques et hypsométriques. Je ne sais s’il s’étoit déjà occupé en Europe de déterminations géographiques et. astronomiques, mais je puis attester qu'il avoit exécuté en Italie plusieurs mesures barométriques fort exactes, pour le tracé de ses profils géognostiques. Il lui a sans doute été facile , dans un long voyage autour du cap Horn, de s'exercer à l’emploi des chronomètres et des instrumens de réflexion. On pourra juger du degré d’exactitude de ses mesures, si, comme on à lieu de l’espérer, il en publie les détails. » « S'il est vrai, ainsi que l’assure Mr. Pentland , que la limite des neiges perpétuelles est plus élevée de 260 toises dans le plateau qu'il a exploré, que dans la chaîne des Andes de Quito, on comprend facilement pourquoi, par la simple estimation de la vue, les sommets qui s'y trouvent, l’Illimani et le Sorata, ne paroissent pas sur- passer le Chimborazo. À défaut de mesures directes, les seuls moyens de juger sont des moyens relatifs: ce sont, à la fois, la hauteur du sommet au-dessus de la limite des neiges, et la distance en plaine, à laquelle ce sommet demeure visible. Les montagnes au sud-ouest de La Paz et dans la province de Larecaja, ont toujours passé pour fort élevées ; mais comme elles n’avoient ja- mais été mesurées, Comme on n’avoit même aucune idée de la hauteur du plateau qui leur sert de base , il avoit été impossible jusqu'à présent d'établir une com- paraison entre le Chimborazo et le Sorata. Du reste, la TRAVAUX GÉOG. AU PEROU MÉRIDIONAL. 19 hauteur des montagnes n'est pas un phénomène géo- gnostique assez important, pour qu'il y ait lieu de s’é- tonner de ce qu’on découvre, daus une chaîne non ex- plorée , des points culminans plus élevés que ceux que l'on connoissoit antérieurement ; or le nombre des som- mets mesurés depuis le cap Horn, jusqu’au Pic de Tolima et à la Sierra Nevada de St. Marta, est bien restreint. » Cette introduction de Mr. de Humboldt suffit pour établir le degré de confiance que l’on peut accorder aux observations de Mr. Pentland , et indique déjà la région qu'il a explorée ; nous allons maintenant extraire les documens positifs, qu'il a communiqués à son il- lustre prédécesseur dans deux lettres, dont l’une étoit destinée à rectifier quelques inexactitudes qui s’étoient glissées dans la publication trop hâtive , par les jour- naux français, de ses principales observations. «Peu après mon arrivée à Lima (1826)» dit Mr. Pent- land ,«je reçus de mon gouvernement l’ordre d’explo- rer les provinces du Haut-Pérou. Je me rendis en consé- quence par Arequipa à Puno (1), en traversant la chaîne occidentale des Andes. Je parcourus les provinces de Lampa et de Puno,et les rives du célèbre lac de Titicaca, dont la surface renferme plus de 6ooo milles carrés an- glais(2). Je visitai les îles de Titicaca et de Coata, qui sont couvertes de ruines des édifices de l'aatique civi- (1) Les principaux noms de lieux, cités dans cet article, se trouvent sur toutes les cartes modernes un peu soignées , par exemple dans la feuille du Pérou, etc. , de l'Atlas de Brué. (R.) (2) Environ 15 540 kilomètres carrés, soit environ 786 lieues car- rées de 25 au degré. Le lac de Genève n’en contient guère que 30. (R.) B 2 20 : GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. lisation des Péruviens: je vis les restes plus récéns, mais plus étonnans encore , de Tia Huanaxo; je passai quel- ques semaines dans la riche ville de La Paz; de là je me rendis, par Oruro et la vallée du Desaguadero à Potosi , Tupisa et Tarija. Je revins ensuite vers le nord à Chuquisaca , siége du gouvernement bolivien. Après un séjour de deux mois à Chuquisaca , et après avoir parcouru les provinces de Chayantes , Yauriparaes, etc. je me rendis à Cochabamba , et de là en franchissant la Cordillère orientale, dans le voisinage de Paria, je revins dans la province de Pacajès et à La Paz. Je dé- sirois encore parcourir les districts d’Apolobamba et de Larecaja ; mais ayant reçu du Gouvernement anglais l’ordre de repartir pour l'Europe , je franchis une se- conde fois la branche ouest des Andes entre La Paz et Tacua: je quittai le Pérou en mai 1827, et j'abor- dai, à mon retour, à Rio-Janeiro. » Mr. Pentland a fait à Lima et à Callao , une série considérable d'observations pour déterminer la variation diurne et horaire du baromètre dans ces deux stations. Ces observations ont été envoyées à Mr. de Humboldit. La hauteur moyenne du mercure à Callao, réduite au niveau de la mer et à la température de o, et corrigée de l'effet de la capillarité, est de 761"". Celle qui a été observée à Lima est de 749"°,52, par une température de 15°,6 centis.; ce qui donne pour cette ville une hat- teur de 79,75 toises au-dessus de la mer du Sud. Les instrumens employés étoient deux excellens baromètres de Fortin. Mr. P. a eu le bonheur, pendant tous ses voyages dans les montagnes, de les conserver dans le + TRAVAUX GÉOGR. AU PÉROU MÉRIDIONAL. 21 meilleur état. Il a exécuté en conséquence, au moyen du baromètre , plusieurs centaines de mesures de hau- teurs, auxquelles on peut donner une grande confiance, Eofin il a effectué trigonométriquement la mesure de quelques pics, dont la hauteur surpasse de plusieurs centaines de toises celle du Chimborazo, qui jusqu’à pré- sent avoit élé considéré comme le sommet le plus élevé du nouveau continent. La grande chaîne des Andes péruviennes se partage, entre le 14.° et le 20.° degré de latitude sud , en deux branches longitudinales. Ces deux branches sont sépa- rées l’une de l'autre par une grande vallée, ou plutôt par un plateau, dont la surface est élevée de 2033 toises au-dessus de la mer, et dont l'extrémité nord com- prend le lac de Titicaca. Les rives et les îles de ce lac sont remarquables comme ayant été le siége de l’an- tique civilisation du Pérou, et le point central de l’em- pire des Incas. La chaîne occidentale sépare le lit du lac de Titicaca et la vallée du Desaguadero des côtes de la mer du Sud, et elle présente un grand nombre de volcans encore en activité. Sa constitution géognos- tique est essentiellement volcanique, tandis que la chaine orientale est formée en entier de montagnes secondaires et de transition , de schiste micacé , de syénite, de por- phyre, de grès rouge, de marne contenant du sel gemme, de gypse, et d'un peu de calcaire oolithe. 1) Chaîne orientale des Andes. — La chaîne orientale sépare le plateau élevé, ou la vallée, qui renferme le lac de Titicaca, des plaines immenses ou steppes de Chi- quitos et Moxos. Elle forme ainsi la ligne de sépara- 23% GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. tion entre les affluens du Rio-Beni, de la Madeira et du Paraguay, et les courans d’eau qui se rendent dans le lac de Titicaca et dans le Desaguadero. Un grand nombre des torrens qui se versent dans le Rio-Beni charrient du sable aurifère. L’un de ces ruisseaux déposoit une si grande quantité de cette gangue, qu'il a donné à la petite vallée de Tipiani, dans le district de Larecaÿja, le nom devenu si célèbre de ‘Dorado ou El Dorado. Du 14° au 17° degré de latitude, celte chaîne atteint, presque sans interruption, la limite inférieure des neiges perpétuelles. Plusieurs de ses pics surpassent une hau- teur de 20 000 pieds anglais (3127,5 toises), et elle ren- ferme les sommets les plus élevés que l’on aitencore tenté de mesurer dans les Cordillères. Ceux de l’{//maniet du Sorata , qui sont couverts de neiges éternelles, l’em- portent sur tous les pics giganiesques de la Colombie , sur le Chimborazo , l’Antisana et le Cayambé. EF” Ilimani est situé dans la province bolivienne de La Paz, à vingt lieues E. S.E, de la ville de ce nom (lat. S. 16°29"30"; long. O. 48° 32"). Comme le Chim- borazo dans une autre chaîne , il forme l'extrémité sud de la chaîne orientale des Andes à laquelle il appar- tient. D'après des observations astronomiques , il est entre 16°35" et 16°39'lat. S., et entre 67° et 68° long. O. de Greenwich. Son sommet est divisé en quatre pics, rangés à peu près dans la direction du nord au sud, ou dans celle de la chaîne entière. Mr. P. n’a pu me- surer que le plus septentrional de ces pics; il a trouvé sa hauteur de 24 200 pieds anglais, soit 3784,3 toises, au-dessus du niveau de la mer, ou de 12000 pieds, TRAVAUX GÉOGR, AU PÉROU MÉRIDIONAL. 23 soit 1876,5 toises, au-dessus de la plaine où est située la ville de La Paz. Mais un des pics plus au sud, parut à Mr. P. plus élevé encore de 250 pieds (39,1 toises), à en juger de la station qu’il occupoit. Le mauvais temps l'empêcha de constater cette différence de hauteur. La détermination de la hauteur de l'Ilimani repose sur une opération trigonométrique exécutée sur les bords d'un petit lac, au pied de Ja montagne. L'observation barométrique donne, pour l'élévation de la plaine où se trouvoit ce lac, 19991 pieds anglais, soit 2494,7toises oueur du lac fut d’abord dé- 5 terminée trigonométriquement au moyen d’un bon théo- au-dessus de la mer. La lon dolite ; puis l’angle de hauteur de la montagne, fut pris aux deux extrémités du lac avec un beau sextant de TFroughton et un horizon artificiel. L'opération fut fa- cile à exécuter, et les angles de hauteur mesurés aux ex- trémités de la base, comprenoient plus de 22°. Mr. P. a supposé, dans le calcul, que l'effet de la réfraction égaloit + de l’arc mesuré : cependant il a des raisons de croire que, dans une atmosphère aussi rare, avec une température de 6° cent. à midi et sous une pression ba- rométrique de 431"",75, cet élément a été estimé trop haut. Dans ce cas, la hauteur de la montagne seroit en- core plus considérable qu’on ne l’a indiquée. Le point le plus élevé auquel Mr. P. soit parvenu lui-même en gravissant l’Illimani, étoit à 19000 pieds, soit 2971,1 toises (1). Il lui fut impossible de s'élever davantage, (1) MM. de Humboldt et Bonpland se sont élevés sur le Chimbo- razo jusqu'à 3016 toises ; et Mr. Gay-Lussac a atteint dans un aëros- tat la hauteur de 3579 toises. (R.) 24 = GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. non pas lant à cause de la rareté de l'air, qu’à cause du grand nombre de crevasses, qui se rencontrent dans le glacier qu'il faut gravir; car il y a des glaciers dans cette partie des Andes, D'ailleurs il survint un violent orage, qui lui poussoit au visage des tourbillons de neige; ensorte qu'il dut renoncer à l'espoir qu'il avoit conçu , de porter son baromètre au sommet de l’Illi- mani. Le point du littoral de la mer du Sud, qui est sous le même parallèle que l’Illimani, se trouve entre Quilca (lat.16°41) et Morro (16°30"), et entre 72°41 "et 73° 20" long. O. de Greenwich, par une moyenne des obser- vations du Capit. Hall et d'Al. Malaspina. Or on a vu que le sommet de la montague en question est entre 67 et 68°. Il en résulte que le point du littoral qui est exactement à l’est de l’Illimani, en est à une dis- tance (horizontale) de 5°30'en arc , ou en nombre rond de 330 milles nautiques (1). Ce qui explique com- ment celte haute montagne est cachée aux yeux des na- vigaleurs par la chaîne occidentale des Cordillères qui est entr'elle et la mer. Quant à sa constitution géognostique, l’Illimani se compose de roches secondaires , de schistes de tran- silion , et de schistes micacés , tout-à-fait semblables à ceux des Alpes de la Maurienne et de la Tarentaise en Europe. Ces couches sont traversées par un grand nombre de filons quartzeux contenant des pyrites auri- fères et de l'or natif. Quelques-uns de ces filons, bien (1) 135 licues de 25 au degré. TRAVAUX GÉOGR. AU PÉROU MÉRIDIONAL. 25 que situés à une hauteur de 17000 pieds anglais (2658,3 toises), ont été exploités par les anciens Péruviens, long- temps avant l’arrivée des colons européens. Dans la région nord de la chaîne orientale des Cor- dillères, presque au milieu de la portion de sa crête qui est couverte de neiges et du centre d’un groupe de MNevados (1), s'élève le mont Sorata sous 15°30"'lat.S. Ce pic appartient, comme l'Illimani, à la province bo- livienne de La Paz; il est situé à l’est du village de So- rata, le lieu le plus remarquable du district de Larecaja. Sa hauteur est de 25 000 p. ang. (3940,6 t.). Elle résulte d’une mesure trigonométrique faite sur les bords du lac de Titicaca, à da hauteur de 12760 p. a., ou 1995,3t.; elle résulte encore de la détermination, obtenue à une moindre distance, de la portion de cette montagne, qui s'élève au-dessus de la limite des neiges. Entre le 19° et le 17° degré, Mr. P. a trouvé rarement cette li- mite plus basse que 17100 p. a. (2717,8t.), sur les flancs de la chaîne orientale des Andes péruviennes (2). Entre le parallèle de l’Illimani et celui de 21°, la Cordillère orientale n'offre pas un seul sommet qui at- teigne la limite, quoique plusieurs s’élèvent à 16000 p.a. (2502 t.), et même plus haut, puisque le Cerro de Po- tosi qui appartient à cette portion de la chaîne orientale, (1) On appelle ainsi dans le pays les sommets couverts de neiges perpétuelles. (2) Résultat singulier , puisqu’à Quito, sous l'équateur , la limite des neiges est à 2460 toises : probablement , comme dans l’intérieur de l'Asie, ily a là un rayonnement de calorique provenant des plaines élevées qui entourent les montagnes. {N. de Mr. de Humbotdr) 26 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. a 16080 p.a. (25k4,5t.), À 21° 15" se trouve la Nevado de Chosolque, à 12 lieues N. O. de Tupisa. Mais au sud de cette latitude , Mr. P. a trouvé plusieurs pics cou- verts de neiges perpétuelles. Les montagnes couvertes de neiges qui se voient au nord de Cochabamba sous la latitude de 17° 23”, n’ap- partiennent pas précisément à la chaîne orientale des Cordillères, mais bien à une chaîne transversale , qui se détache de la précédente et se prolonge à l'est au travers de la fertile province de Cochabamba , en s’a- baissant de plus en plus. La race indienne des Yura- caraes habite les parties basses de cette chaine , qui se termine aux immenses plaines de Chiquitos: les indi- gènes la désignent par le nom de Cordillère de Co- chabamba; elle sépare la vallée de’ Gupaï-el-Grande, des affluens du Beni et du Mamoré. Il) Chaine occidentale des Andes.— Quant à la chaîne occidentale des Andes, le sommet le plus élevé qu'elle présente, est un cône, ou plutôt un dôme de trachyte qui s'élève majestueusement au-dessus de la vallée de Chu- quibamba , au nord d’Arequipa et à peu près au point où celle chaîne commence à se séparer de la chaîne orien- tale. La hauteur de cette montagne atteint 22000 pi. a. (3440,2t.) (1). Sa forme et sa structure géognostique sont tout-à-fait analogues à celles du Cayambé; comme à cette montagne il paroît ne lui manquer qu'un cratère. A l’est et au nord-ouest de la ville d’Arequipa se (1) Mr. P. n'indique pas commentil a obtenu la mesure de cette hau- teur , il est probable que c’est par une opération trigonométrique. (R.) TRAVAUX GÉOGR. AU PÉROU MÉRIDIONAL. 27 trouve la vallée de même nom, qu'entourent des mon- ges éternelles. Le pic central de ce groupe de Neyados est le célèbre volcan d’Are- tagnes couvertes de nei quipa. Sa forme et ses proportions gigantesques per- mettent de le comparer au Cotopaxi des Andes de Quito. Sa hauteur excède 18000 p. a. (2814,7t.). Plus au sud, entre les parallèles d’Arica et du Rio de Loa, se trouvent plusieurs cônes volcaniques d’une grande hauteur. Les plus élevés, savoir les Nevados de Gualalieri et de Sahuma où Sehama, ne paroissent pas être inférieurs au Cerro de Chuquibamba. Le volcan de Gualalieri, dans la province bolivienve de Carangas, s'élève au-dessus d'un plateau de grès rouge qui contient beaucoup de minerai de cuivre. Le cône, qui atteint la région des neiges perpétuelles, offre, par sa forme régulière el on peut presque dire géomé- trique , l’aspect le plus imposant ; il n’est peut-être au- cune montagne qui lui soit comparable , sous ce rap- port, dans toute la chaîne des Andes péruviennes. Il est tronqué, et laisse présumer à son sommet un cra- tère vaste et très-profond. Il en sort en tout temps des vapeurs et de la fumée ; et d’après le récit des Indiens qui habitent le village de Turco , au pied du volcan, il s’en échappe quelquefois des flammes. Le Sahuma présente deux sommets coniques, qui ont la même régularité que celui du Gualatieri. Ils sont éga- lement formés de trachyte et d’agglomérations trachy- tiques. Entre le parallèle de Sahuma et celui de Tacora (13° 51") il s'élève encore plusieurs autres montagnes 28 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. volcaniques, dont quelques-unes atteignent une hau- teur de 20 000 p. a. (3125 t.) Le village de Tacora est le groupe d'habitations le plus élevé qui soit sur la terre (2232,2 1). Il est situé dans une petite vallée qui sé- pare deux de ces énormes cônes volcaniques. Au nord- ouest de Tacora, on voit le Nevado de Chipicani, sur le sommet duquel un cratère s’est ouvert du côté de l’est. Un peu plus loin un monticule moins élevé offre les restes d’un volcan éteint, une véritable solfatare , dont les vapeurs se condensent dans le Rio Azufrado. Les eaux de cette rivière, ou plutôt de ce torrent, sont fortement imprégnées de fer et d’alun sulfatés. On les voit sourdre de la solfatare même, et dans leur cours rapide jusqu'a la mer, elles attaquent partout l’organisation animale, comme le Rio-Vinagre près de Popayan. IT) Remarques générales.— Un fait géognostique si- gnalé par Mr. P. comme remarquable, c’est que dans aucune partie des régions volcaniques de la chaîne des Andes qu'il a parcourue , soit au Pérou, soit au Chili, il n’a trouvé de traces de basalte et de pyroxène. Des agglomérations trachytiques, et des trachytes mêlées de grains de quartz, telles sont les formes sous lesquelles se présentent le plus ordinairement Îles masses d’ori- gine volcanique. Les pechsteins trachytiques, les obsi- diennes , et les autres produits volcaniques vitrifiés , y sont extrêmement rares. Mr. P. cite comme un trait caractéristique de la cons- titution physique des anciens habitans de cette partie de l'Amérique du Sud, leur tendance à s'élever sur les parties les plus hautes de la chaine des Andes, et la PER TRAVAUX GÉOGR. AU PÉROU MÉRIDIONAL. 29 faculté qu'ils avoient , d'exécuter des travaux de mines dans ces régions. Le Cerro de Descuelga, qui est situé sur la pente nord de l'Illimani, se compose de schistes de transition, dans lesquels se rencontre une immense quantité de filons et de débris de quartz aurifère ; la partie nord-ouest est coupée presque à pic, et cepen- dant elle est toute parsemée de petites excavations, d’où les Péruviens ont retiré une grande quantité de terre aurifère , long-temps avant la conquête des Espagnols. Plusieurs de ces excavations artificielles (bocas minas) se trouvent à une hauteur de 16600 p. a. (2593,7tois.). Dans d’autres parties du Haut-Pérou, on est également frappé de l'immense élévation des travaux de mines. Tout le Cerro de Potosi a 16680 p. ang. (2514,5t.) d'élévation , et cependant cette montagne est comme criblée , jusqu'a son sommet, de puits et de galeries. L'entrée des galeries de Sau-Miguel et de Pomaré, dans la province péruvienne de Lampa, est encore plus élevée ; elle est tout près de la limite inférieure des neiges perpétuelles. Les plus hautes habitations des hommes entre le 14.° et le 18. degré de latitude sud , sont au-dessus de 15500 pieds (2423,8 t.). On trouve de petits villages et des maisons de poste jusqu'à 14400 p. (225r,84.). Mr. P. cite ici comme exemples, la maison de poste de Pati (lat. 16°5"30"), et celle d'Apo (lat. 16°r1'}, daus la Cordillère entre Arequipa et Puno. Plusieurs vil- Jages sont jusqu’à 14275 p.a. (2232,7):tel est, comme on l'a déjà vu, celui de Tacora, au pied du volcan de Chipicani, da côté du sud-ouest (lat. 17° 51),entre La Pazet Tacua.Les 30 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. villes les plus populeuses du Haut-Pérou , telles que Potosi, Puno , Chucuito , sont au-dessus de 12800 p. (2001,6t.) comme on le verra dans le tableau ci-des- sous. Les habitations les plus élevées de notre globe se trouvent donc dans ces contrées; on rencontre non- seulement des maisons isolées, mais des villages et des villes, à la hauteur de cette métairie d’Antisana, dans la province de Quito, où Mr. de Humboldit à fait ses expériences magnétiques (1). Les plantes phanérogames que Mr. P. a trouvées à la plus grande élévation, appartiennent aux graminées et aux composées. Sur les pentes de l’Illimani , elles alteignent jusqu’à 15500 p. a. (2423,8 t.), et sur celles du Cerro de Potosi, jusqu'à 15700 p. a. (1456,3t.). Les terrains cullivés s'élèvent jusqu’à 14000 p.a. (2189,3t.). Le seigle, la pomme de terre, le maïs, le haricot, et même le froment de l’ancien monde, croissent en abondance sur les rives et sur les îles du lac de Tiui- caca, à 12760 p. a. (1995,3 1). Le maïs de ces îles a beaucoup de réputation. Mr. P. a fait un grand nombre d'observations rela- tives aux variations horaires du baromètre, sur les plaines élevées entre 4000 et 14000 p. a. (1406 et 2127t.), qui forment les bases de cette partie des Andes. À ces grandes hauteurs et jusqu’à 20° de lat. sud, il a trouvé ces varia- tions d’une régularité élonnante et presque égale à (1) La métairie d’Antisana est à 2104 toises ; la petite ville de Mi- cuipampa , à 1857; la ville de Quito, à 1492 ; l'Hospice du Grand St. Bernard à 1278 (R.) TRAVAUX GÉOG. AU PÉROU MÉRIDIONAL. 3x celle qu'on observe sous l’équateur. Il à fait également un grand nombre d'observations astronomiques avec de bons instrumens, pour déterminer la position de plu- sieurs lieux de cette contrée, qui ne paroissent pas encore bien placés sur les cartes. Le tableau suivant renferme les hauteurs de quelques cols de cette région des Andes. CHAÎNE OCCIDENTALE. Pieds anglais. Toises. — — Col de Chullunquani sur la route de La Paz à DNA PR PP TE PE ET . 1560 2433,2 — entre Arequipa et Puno, connu sous le nom de los Altos de Toledo......... à sas SUR AA) — de Guatillas au pied du volcan de Tacora..... 14830 2319,0 CHAÎNE ORIENTALE. — entre la ville de La Paz et la province de las Yungas, nommé e/ Pachete de Pa- EL ARR M ES CE RE TA, — sur la route de Cochabamba à Oruro, entre Tapacari et Challa, nommé el Passo de Chalet Et or Or. de sa=es 14030 23100 Nous terminerons par un tableau général où sont ras- semblées par ordre de grandeurs, les principales me- sures obtenues par Mr. P. On se rappellera que les deux premières , et probablement la troisième, ont été effectuées trigonométriquement, et les autres par le moyen du baromètre. On y a joint les latitudes de la plupart des stations indiquées : latitudes sur lesquelles les auteurs sont loin de s’accorder. 32 GEOGRAPHIE PILYSIQUE. DU PÉROU ET DE BOLIVIA. en pieds en SUD. anglais. | toises. H Sorata, (Chaëne orientale) (*)...| 25200 | 3946,6 d Ilimani. (Zdem).. :| 24200 | 3784,3 | Cerro de Chuquibamba ( CA. oc- D'roceRr net : : 22000 | 3440,2 H Arequipa. (Volcan.) (Zdem)....| 17780 | 2780,3 & Potosi.(Mont. des mines.\(CA.07.)| 16080 | 2514,5 | Lac d'Illimani 1591 | 2494,3 “ Huttes près des sources du Rio { Ancomarca 15721 | 2458,3 Huayna Potosi. (Mont.) (CA. or.)| 14465 | 2264,0 À Ancomarca. (Maison de poste)..| 14410 | 2253,4 A Pati. (Mais. de poste) (Ch. occid.)| 14402 | 2252,1 H Tacora. (Village.) (Zdem)......| 14275 | 2232,7 à Métairie de Tuscopalca 14008 | 2190, É Potosi (Le faubourg).........,| 13502 | 2142,6 Ë Lagunillas. ess 13600 | 2120,7 f rc (dé) 0er. 23586 212/4,D H Potosi. (Le marché) 13350 | 2057,3 f Chucuito. Ro à sur le lac de Ti- À ticaca) Mac 13080 142007; { Puno. 12832 | 2006,6 N Tia Huanaxo. (Village) 12812 | 2003, R'Lacide Tiicac a PR PRE 12560 | 199,3 M Paria. (Village.)(CA. ortent.), ...| 12750 | 1993,8 4 Oruro. {Ville.) (Zderm) 1945,6 M La Paz. (Ville) 94 | 1906,8 h Tupisa. (Zd.)............. 164,5 h Chuquisaca (Zd.)..... PER AEES AT 1459,3 H'Cochabamba,,(22.).. 1.1. Jr 1319,8 P'Arequipa-(27.). 0.0... Pitacua, Cd}: , LOT ANA ARRET HAUTEURS AU-DES- k à SUS DE LA MER À NOMS DES LIEUX DANS LES ÉTATS | mg mu. | LATITUDES { (*) Le Chimborazo a 3351 toises ; le Mont-Blanc 2168. — Les deux sommets les plus élevés de l'Hiraalaya: le Dhawalagiri et le Javahir , dont le dernier seulement a été mesuré avec une exactitude complète , sont élevés, l’un de 4390, l’autre de 4026 toises. (Vote de Mr. de Humboldt.) CHIMIE. 2 (35) RS CHIMIE. NOTE SUR L'ACTION MUTUELLE DE L'AMMONIAQUE ET DU PHOSPHORE ; par MM. MACAIRE et MARCET ; lue à la Soc. de Phys. et d'I. NN. de Genève, le 18 dec. 1828. 1 (Mém. de la Soc. de Phys. et d'H.-N. de Genève. T. IV. Part. III.) LS he E) qe — —— Il n'est aucun physicien qui n'ait souvent eu occa- sion de regretter que les philosophes modernes aient cru devoir abandonner l'usage utile des anciens al- chimistes, de rendre compte du résultat des expériences de recherche qui n’atteignoient pas le but qu'ils s’é- toient proposé, On épargneroit sans doute bien des travaux inuliles si, parmi tant de journaux scientifiques, destinés à rendre compte des expériences qui réus- sissent , il y en avoit un qui parlât de celles qui ne réussissent pas. Îl est rare, en effet , que lors même que le succès ne couronne pas les efforts du philo- sophe , il ne se trouve dans le courant de recherches, qu'on pourroit regarder comme inutiles, quelque fait nouveau qui puisse mériter quelqu’attention. C’est ce qui nous engage à rendre un compte sommaire à la Société de quelques recherches entreprises dans le but de former une combinaison binaire, qui proba- blement aura été tentée précédemment sans plus de succès que nous n’en avons obtenu. El s’agit de Îa combinaison du phosphore et de l'azote. 1. Du gaz hydrogène perphosphoré a été passé à travers Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 1, Septembre 1829. © 34 CHIMIE. une dissolution d’ammoniaque. Beaucoup de gaz a été absorbé avec élévation considérable de température et dépôt de phosphore fondu en gouttelettes. Dans l’une des expériences il y a-eu détonation et projection du liquide hors du vase, sans que nous ayons pu en dé- terminer la cause. 22 On a introduit dans différentes cloches, conte- nant du gaz hydrogène phosphoré sec sur le mercure, du gaz ammoniacal également desséché , du sous-car- bonate d’ammoniaque et de l’ammoniaque liquide, sans qu'il se soit formé de nouveaux produits. 3° On a préparé une certaine quantité de proto- chlorure de phosphore , en faisant passer du phosphore sur du sublimé corrosif, chauffé au rouge, et l'on a saturé ce liquide par du gaz ammoniacal sec. Nous pensions que l'hydrogène de l’ammoniaque, s’unissant au chlore du chlorure, laisseroit l'azote libre de se combiner avec le phosphore. Bès que le gaz ammo- niaque agit sur le chlorure, il se produit d’épaisses famées blanches, et tout le liquide se convertit en une matière pulvérulente de la même couleur. Cette ma- tière a une forte odeur d'acide muriatique , et rougit le papier de tournesol. Exposée à l'air, elle laisse dé- gager des fumées d'acide muriatique , et se couvre çà et là de points rougeûtres ; effet qui est produit plus vite au soleil qu’à l'ombre. Cette substance, mise dans l’eau, laisse dégager len- tement des bulles d’un gaz qui a une odeur marquée d'hydrogène phosphoré. De même, laissée à l’air , elle donne bientôt une odeur semblable à celle du phos- ACT. MUTUELLE DE L'AMMON. ET DU PHOSPH. 35 phure de chaux ; faits qui tous deux semblent indi- quer la présence d'un phosphore qui, par ses pro- priélés, comme on le verra, se rapprocheroit des phos- phures alcalins , et n'auroit aucun rapport avec les combinaisoñs ordinairement si formidables de l’azote. Après avoir reconnu que notre poudre contenoit du muriate , et peut-être une très-petite quantité de phosphate d’ammoniaque , nous les avons séparés par l’ébullition de la matière, dans de l’eau distillée. Il nous est resté une petite quantité de résidu insoluble , for- mant à peu près le quart de la masse totale, qui a été recueilli sur un filtre , et desséché. C’étoit une poudre Jjaunâtre qui, chauffée, n’éprouve aucune action jusque près de la chaleur rouge. Alors elle détonne, où plu- tôt pétille avec éclat et lumière, à peu près comme nous. avons!:{rouvé, par Comparaison , qu'il arrivoit au phosphure de chaux. Il restoit un résidu salin qui se boursouffloit ; et dont la plus grande partie se dissi- poit au moyen d'une forte chaleur rouge , en laissant un pelil résidu vitreux, qu’on a reconnu être de l'acide phosphorique ; ce qui paroît indiquer qu'après l’explo- sion , la poudre s'est convertie en phosphate d'ammo- niaque. | Il semble résulter de ces faits, en particulier du dé- gagement du gaz hydrogène phosphoré par le contact de Ja matière jaunâtre avec l'eau, et de la manière dont elle se comporte au feu, qu'elle ne peut être qu'une combinaison de phosphore et d'ammoniaque , où un phosphure d'ammoniaque , combinaison qui , à nolre connoissance, n'a pas été annoncée jusqu'ici. RE (36) PHYSIOLOGIE ANIMALE. ANALYSE DES RECHERCHES EXPÉRIMENTALES DE M. FLou- RENS, sur les propriétés et les fonctions du système nerveux, dans les animaux vertébrés. LEs physiologistes ont cherché, de bonne heure, à constater, par des expériences directes, les propriétés vitales du système nerveux, et ce qu'il pouvoit ÿ avoir de spécial dans les fonctions des diverses parties dont ce système compliqué se compose. Les expériences de Haller et de son école sont connues de tout le monde; mais tout le monde sait aussi que , quelque nombreuses, quelque variées qu'aient été ces expériences , elles sont loin d’avoir conduit leurs auteurs à des résultats cons- tans et déterminés. Tous ces auteurs, Haller, Zinn, Lorry, Fontana, etc., se bornant à ouvrir le crâne par un trépan et à enfoncer un trois-quarts, ou un scalpel, dans Je cerveau par cette ouverture , ne savoient jamais réellement ni quelle par- tie ils blessoient, ni par conséquent à quelle partie ilifalloit rapporter ce qu'ils observoient. La cause de l'instabilité, la confusion et l’incohérence de leurs ré- sultats, est palpable: c'est qu’ils blessoient tantôt une partie et tantôt une autre : c’est qu'ils blessoient , pres- que toujours, l'une pour lauire; c'est que, presque DU SYST. NERV. DANS LES ANIM. VERTÉBRÉS. 37 toujours, quand ils croyoient n’en intéresser qu'une seule , ils en intéressoient plusieurs. Le premier soin, le soin le plus constant de Mr. Flou- rens, a été d'isoler avec rigueur les divers organes qu'il a soumis à ses diverses expériences. Cet isolement des organes est le caractère fondamental de sa méthode ; et l’on ne peut douter que les plus grands résultats qu'il a obtenus , ne soient dus à cette méthode. Il commence par bien mettre à nu les parties sur les- quelles il expérimente ; ces parties mises à nu, il les éprouve l’une après l’autre, l’une à l'exclusion de l’autre ; et, comme il peut toujours, en opérant ainsi, guider la main par l'œil, il est toujours maître de ne pousser l'opération que jusqu'où il veut, il est toujours sûr de ne jamais dépasser les limites qu'il s'est prescrites. L'un des premiers résultats des expériences de Mr. Flourens, est de montrer que la propriété d’exciter im- médiatement les contractions musculaires n’appartient qu'à certaines parties du système nerveux, la moëlle épinière , la moëlle alengée et les tubercules quadri- jumeaux, tandis que les autres parties, les lobes céré- braux et le cervelet, en sont totalement privées. De cette première distinction entre les parties qui ex- citent les contractions musculaires , et celles qui ne l'ex- citeut pas, Mr. Flourens déduit naturellement l’explica- tion de quelques méprises auxquelles , vu leur manière de procéder, n'avoient pu échapper ses prédécesseurs. Ainsi, par exemple, quand ils croyoient exciter des con- vulsions par les lobes cérébaux, c’est qu’ils touchoient, sans s’en apercevoir, les tubercules quadrijumeaux 38 PHYSIOLOGIE ANIMALE. placés au-dessous d'eux; quand ils croyoient en exciter par le fcervelet, c’est qu’ils touchoient la moëlle alon- gee, placée au-dessous de lui, etc. L'un des résultats les plus importans qu'offrent les expériences de Mr. Flourens, est sans contredit, la sin- gulière opposition qu’il a reconnue entre la manière d'agir des lobes cérébraux et celle du cervelet. Quand on enlève les lobes cérébraux à un animal, il tombe tout aussitôt dans un état d’assoupissement et de stupidité complète. Quelque temps qu'il survive à la perte de ces organes, il reste constamment assoupi ne voit, n'entend plus, ne mange plus de lui-même, enfin ne veut, ne se souvient et ne juge plus. Quand c’est, au contraire, le cervelet qu'on enlève, l'animal perd sur le champ la faculté de régler ses mou- vemens et de conserver son équilibre. C’est une chose surprenante de le voir, à mesure qu’il perd son cer- velet, perdre graduellement la faculté de courir ou de voler, puis celle de marcher, puis celle de se tenir debout, etc. En privant l'animal de ses lobes cérébraux, on le met dans un état de sommeil ; en le privant de cer- velet, on le met dans un état d'ivresse. En perdant ses lobes cérébraux , il perd la faculté de voir, d’en- tendre , de vouloir , de se souvenir , en un mot, ses facultés intellectuelles et sensitives; en perdant son cervelet, il perd la faculté de marcher, courir, de se tenir d'aplomb, en un mot, ses facultés locomotrices. Les facultés locomotrices et les facultés intellectuelles dérivent donc de deux organes essentiellement distincts ; PPS Ve 4 : DU SYST. NERV. DANS LES ANIM. VERTÉBRÉS. 99 ces deux ordres de facultés sont donc essentiellement distincts eux-mêmes, Un autre opposition non moins singulière, est celle qui se trouve entre le mode d'action des lobes cérébraux, et celui des tubercules quadrijumeaux, relativement à la vue. Quand on enlève les lobes cérébraux à un animal, il perd bien à l'instant la vue; mais l'iris de ses yeux reste mobile , leur rétine active , leur nerf optique excitable. Quand on enlève, au contraire , les tubercules quadri- jumeaux, l'iris, la rétine, le nerf optique, toutes ces parties sont aussitôt frappées de mort. « Il y a donc, » dit Mr. Flourens, « deux moyens = # tout-à-fait distincts, d’éteindre la vision par la masse = = cérébrale ; l’un, l’ablation des tubercules quadri- « jumeaux, abolit le sens (ou pluiôt exactement, le « principe d'action de ce sens) de la vue; l’autre, l'a- « blatiou des lobes cérébraux, abolit la sensation de « Ja vue. Le sens, c'est-à-dire, son action, réside donc « dans les tubercules quadrijumeaux , la sensation dans « les lobes cérébraux : il y a donc un siège distinct « pour le sens et pour la sensation; le sens et la sen- sation sont donc deux fonctions distinctes. » = EN Un seul point est commun aux tubercules quadri- jumeaax et aux lobes cérébraux, c’est que l’ablation de ces deux organes fait également perdre la vue et Ja fait également perdre en sens croisé. Ces divers points résolus, Mr. Flourens examine le rôle que jouent les diverses parties du système nerveux dans les mouvemens de locomotion. 40 PHYSIOLOGIE ANIMALE. Le nerf se borne à exciter immédiatement les con- tractions musculaires ; les moëlles épinière et alongée lient ces contractions éparses en mouvemens d’ensem- ble; le cervelet coordonne ces divers mouvemens réglés et déterminés (saut, vol, marche, course, station, etc.); par les lobes cérébraux, l’animal veut et sent. En résumé, il y a donc, dans le système nerveux, trois propriétés essentiellement distinctes : L'une, de vouloir et de percevoir ; c’est la sensibilite. L'autre, d’exciter immediatement la contraction mus- culaire; Mr. Flourens propose de l'appeler excitabilite. La troisième de coordonner les mouvemens; c’est ce qu'il appelle coordination, ou équilibration des mou- vemens. Tels sont les principaux résultats des expériences que Mr. Flourens soumit, en 1822, à l’Académie Royale des Sciences de Paris; voici ce qui nous a le plus frappés dans celles qu'il lui a soumises en 1823. Mr. Flourens avoit montré, comme on vient de voir, que l’ablation des lobes cérébraux est immédiatement suivie de la perte de la vision et de l'audition. Il ne lui restoit donc plus qu'à s'assurer aussi, par des expé- riences directes, si les autres sensations, le toucher, le goût, l’odorat, étoient également perdues. Dans cette vue , il s’est attaché à faire survivre, le plus qu'il a pu, lés animaux qu'il observoit , à la perte de leurs lobes cérébraux ; et il y en a qui ont effectivement survécu jus- qu'à six, huit et dix mois entiers. Durant tout ce temps, ces animaux n ont donné aucun signe d'aucune espèce de sensation, ni de volonté raisonnée; constamment toc st mms EE DU SYST. NERV. DANS LES ANIM, VERTÉBRÉS. 41 L stupides et hébètés, ils n’usoient plus activement d'aucun de leurs sens, ne godloient, ne flarroient plus ce qu'on leur faisoient manger, ne mangeoïent plus d'eux-mêmes, ne fouchoient, c’est-à-dire n’exploroient plus, enfin ne vouloient, ne se souvenoïent et ne jugeorent plus. Les animaux privés de leurs lobes cérébraux ont donc réel- lement perdu toutes leurs sensations, tous leurs ins- tincts, toutes leurs facultés intellectuelles ; toutes ces facultés, tous ces instincts, toutes ces sensations rési- dent donc exclusivement dans ces lobes. Cela posé , il s’agissoit de savoir si toutes les sen- sations occupoient conjointement le même siége dans ces organes, où s'il n'y avoit pas, au contraire, pour chacune d'elles, un siége différent de celui des autres. Il suit des expériences de Mr. Flourens , que, dans les lésions graduées des lobes cérébraux, tant qu’une sen- sation survit, toutes survivent ; que dès que l’une se perd, toutes se perdent, et conséquemment que la faculté de sentir ne constitue qu'une faculté essentiellement une et résidant essentiellement dans un seul organe. Un point, dans les recherches de Mr. Flourens, qui nous à paru surtout précieux pour la pathologie, c’est d'avoir constaté par l'expérience les conditions pré- cises sous lesquelles la guérison des diverses lésions des diversés parties de la masse cérébrale s'opère, et les circonstances qui la favorisent ou la contrarient. Enfin , c’est une question qui remonte à Hippocrate, el qui n'avoit pas été complétement résolue encore , de savoir quelles parties de la masse cérébrale déter- minent, par leurs lésions , un effet croisé soit de pa- 42 PHYSIOLOGIE ANIMALE. ralysie, soit de convulsion , et quelles , au contraire , déterminent un effet direct. Les expériences de Mr. Flou= rens établissent que les lobes cérébraux, les tubercules quadrijumeaux , et le cervelet, ont seuls un effet croisé, tandis que les moëlles épinière et alongée n’ont, au. contraire, qu'un effet direct. Jusqu'ici on n’avoit songé à examiner que l'effet de la lésion isolée de telle ou telle de ces parties. Mr. Flourens a eu l’heureuse idée d'examiner l'effet de la lésion simultanée de plusieurs d’entr'elles. 1] a réussi par là à reproduire et à expliquer , entr'autres phénomènes curieux, celui auquel se rapporte l’axiome célèbre d'Hippocrate, axiome tour à tour rejeté par les médecins, ou adopté par eux comme règle absolue dans le diagnostic des lésions cérébrales. Cet axiome consiste, comme on sait, à établir que: « dans les lésions du cerveau, la convulsion est tou- « jours du côté blessé, et la paralysie du côté opposé « à Ja blessure. » Mr. Flourens montre que ce cas ( qui assurément ne peut être le général } s'explique par la lésion si- multanée d'une partie à éffel croise et d’une partie à effet direct. En blessant, par exemple, tout à la fois, le cervelet et la moëlle alongée, on aura par le cer- velet, dont l’action est croisée, paralysie du côté op- posé à la blessure, par la moëlle alongée , dont l'ac- tion est directe , convulsion du côté de la lésion. Mr. Flourens passe ensuite à l’examen de l’action du système nerveux dans les mouvemens dits involon- taires , ou de conservation, DU SYST. NERV. DANS LES ANIM. VERTÉBRÉS. 43 On vient de voir qu'il avoit été conduit par ses premières expériences, à ce fait si curieux et si remar- quable , savoir que la coordination ou l’équilibration des mouvemens de locomotion dérive d’un organe particulier de la masse cérébrale (le cervelet ). On sent donc combien il importoit de voir si les mouve- mens, dits de conservation, n’avoient pas aussi, dans celte masse, quelque pareil centre d’action ou de co- ordination. Mr. Flourens, après avoir déterminé par des expériences très-variées, le rôle que jouent dans ces mouvemens les diverses parties de la moëlle épi- nière et de l’encéphale , a constaté que leur centre co- ordonnateur réside dans la moëlle alongée. Mais tous les mouvemens dits de conservation, ne tirent pas indistinctement de ce centre Jleur principe régulateur et leur premier mobile. Selon Mr. Flourens, le mouvement de la respiration et ses dérivés en pro- viennent seuls ; les mouvemens de la circulation et des intestins ne dépendent du système nerveux que d'une manière médiate et consécutive. Ainsi il a vu la circulation survivre un temps considérable chez des animaux qui venoient de naître, quoique tout le sys- tème nerveux fût déja détruit, et quoique par consé- quent tout leur sang füt devenu noir. Enfin, tout le monde sait que , malgré les expériences les plus multipliées on n’avoit point réussi à constater encore l'excitabililé si souvent présumée , plus souvent révoquée en doute , du grand sympathique, sous l'effet de lirritation mécanique. H suit des expériences de Mr. Flourens que le grand sympathique, du moins 44 PHYSIOLOGIE ANIMALE. dans le ganglion sémi-lunaire, jouit d’une excitabilité incontestable. La susceptibilité du réseau sémi-lunaire est même telle qu’il n’est point douteux , selon Mr. Flou- rens, qu'elle ne suffise à expliquer le rôle important, et si l'on peut ainsi dire , la puissance , que de célèbres observateurs ont attribuée à la région occupée par ce réseau; région ou puissance, tour à tour désignées par eux par les noms d’archée, de præses systematis nervost, de centre phrénique épigastrique, etc. Nous arrivons aux expériences par lesquelles Mr. Flou- rens à reconnu l'action déterminée, ou spécifique , de certaines substances sur certaines parties du cerveau. On sait que certaines substances, introduites dans les voies digestives ou circulatoires, dirigent principa- lement , ou, si l’on aime mieux, spécifiquement , leur action sur le cerveau ; mais on n’avoit pu réussir à s'expliquer encore comment ces substances, agissant toutes sur le même organe, n’en produisoient pas moins des phénomènes essentiellement divers. Mr. Flourens, dans les expériences que nous venons de voir, montre clairement que le cerveau se compose de plusieurs parties à fonctions essentiellement dis- unctes; de là il a eu le premier l'idée de rechercher , par des expériences directes, la cause de cette singulière diversité d’effets des substances dont il s’agit, dans l'action propre ou spécifique de chacune de ces subs- tances, sur chacune des parties diverses de l’encéphale. Il suit de ces expériences de Mr. Flourens : 1.” Que, à une dose déterminée, V'opium agit exclu- sivement sur les lobes cérébraux ; la bella-donna, sur DU SYST. NERV. DANS LES ANIM. VERTÉBRES. 45 les tubercules quadrijumeaux; l'alcool, sur le cervelet. 2° Que les résultats physiques de l’action de cha- cune de ces substances sur chacune de ces parties, sont absolument les mêmes que ceux de la lésion mé- canique de ces parties. Ainsi, par exemple, lorsque la substance n’agit que sur les lobes cérébraux, il n’y a que les fonctions des lobes cérébraux de perdues ; quand elle n’agit que sur le cervelet, que celles du cervelet ; quand elle n’agit que sur les tubercules qua- drijumeaux , que celles des tubercules quadrijumeaux. À une certaine dose Vopium ne trouble que les sens et l'intelligence; l'alcool , que les mouvemens;la bella- donna que la vue. 3.° Que l’action de chaque substance laisse toujours, après la mort, et dètermine même durant la vie des traces qui peuvent servir à faire distinguer l'organe affecté de ceux qui ne le sont pas. 4° Que ces races consistent surtout en un épanche- ment qui s'opère dans le diploé des os du crâne corres- pondant à la partie cérébrale affectée, partie dont il dénote ainsi à l'extérieur l’engorgement ou infiltration intime. 5.° Que le camphre, les éthers, etc. agissent d’une manière analogue à l'alcool ; les extraits aqueux de jusquiame , de laïtue vireuse , etc. d'une manière ana- logue à l'opium , etc. Nous terminerons ici cette analyse abrégée de l'ou- vrage que Mr. Flourens a publié en 1824, sous le titre de : Recherches expérimentales sur les propriétés et les fonc- lions du système nerveux , dans les animaux verlebres, 46 PHYSIOLOGIE ANIMALE. ouvrage dans lequel il a réuni Îles divers Mémoires qu'il avoit lus a l'Académie royale des Sciences de France , pendant les années 1822 et 1823, c’est-à- dire la première partie de ses expériences. Nous avons pensé qu’une analyse rapide de cet ou- vrage offriroit à nos lecteurs un tableau qui ne pour- roit manquer de les intéresser, puisque ce tableau de- voit être celui des progrès les plus brillans qu’ait fait de nos jours la physiologie. Ces résultats doivent être remarqués , surtout par le caracière de rigueur et de précision auquel leur au- teur a su les porter. Ce n’est pas seulement l'art des expériences , c'est l'esprit tout entier de la méthode ex- périmentale introduit enfin dans la physiologie ; cet esprit qui a renové les sciences physiques, c’est-à- dire qui les a rendues positives, et qui rendra telle Ja physiologie. Sous ce rapport, Mr. Flourens à, le premier, porté la lumière dans le cahos; et la rigueur de ses expériences est telle, que non-seulement elles con- duisent à des résultats constans et déterminés , mais qu'elles permettent de déméler et d’assigner les causes du vague , de la confusion, de l’incohérence des ré- sultats obtenus par ses prédécesseurs. Nous n'avons rendu compte ici que de la première partie des expériences de Mr. Flourens ; et même dans celte première partie, il ne nous a été possible que d'indiquer quelques résultats qui nous ont Île plus frappés, parmi une infinité d’autres tout aussi impor- tans peut-être. Ces travaux on! agrandi la science, et Sheet ttes DU SYST. NERV. DANS LES ANIM. VERTÉBRÉS. 47 plusieurs de leurs conséquences sont si nouvelles , si inouïes, si imprévues , si en avant du point où on en éloit encore, que leur simple énoncé passeroit pour un paradoxe , s’il ne reposoit sur des expériences di- rectes, et maintenant déjà répétées sur presque tous les points de l'Europe. Les expériences que Mr. Flourens a publiées depuis, ont beaucoup ajouté d’abord aux résultats importans que nous venons d'indiquer sur les fonctions du système nerveux, et elles ont de plus jeté un jour tout-à-fait inattendu, dans l’état actuel de la science , sur plu- sieurs autres fonctions , telles que l'audition , l’action des canaux semi-circulaires , etc. L'exposé de ces découvertes fera l'objet de la seconde partie de cette analyse. D. C A PE POP RENE EEE EE ARC ES LEPS RE E ET APE TEEN ET OMR EE LEP ENETECELP CRE EPA CEE NPECT ATP INENET IE TERCETS BOTANIQUE. CONVERSATIONS ON VEGETABLE, elc. DiIALOGUES SUR LA PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE comprenant les élémens de la botanique et leur application à l’agriculture; par l’auteur des Conversations sur la chimie, etc. Londres 1829. RÉ EPR TA A SE R EE R Voici le quatrième ouvrage élémentaire sur diverses sciences , dont les instituteurs et les parens sont rede- 48 BOTANIQUE. vables à l’auteur du livre que nous annonçons en tête de cet article. Le succès remarquable qui a accompa- gné, en Angleterre, la publication successive de ces ouvrages , succès tel, que l’un d'eux a atteint aujour- d’hui sa dixième édition, dans le cours à peu près d’au- tant d'années, cette réussite, disons-nous, prouve bien mieux que ne peuvent le faire nos éloges , à quel re- marquable degré, l’auteur a atteint son but, de mettre la science à la portée de toutes les intelligences , sans lui faire perdre en aucune manière son importance et sa gravité, La forme dialoguée , constamment adoptée par l’auteur, a été souvent blâmée et n’a jamais réussi en France où l’on s'accorde à y trouver un caractère enfantin ; mais quoique je fusse peu frappé de cette objection, puisque ce sont des enfans qu'il s’agit d’ins- iruire , il me semble que l’un des principaux mérites de l’auteur est d’avoir, en quelque sorte, relevé et en- nobli le dialogue par l'habile usage qu’elle en fait. Sans doute ceux qui proscrivent cette forme dans les livres d'enseignement élémentaire, ont présens à l'esprit, ces insipides successions de demandes et de réponses, qui n’offrent d’autre lien entr'elles que le numéro d'ordre qu’elles occupent dans le volume. Nous nous accor- derons volontiers dans un commun dégoût pour les fa- tigantes et nombreuses répétitions, pour les inutilités fastidieuses dont les livres de ce genre abondent et dont le résultat ordinaire est de rendre insupportable à l’é- lève ce qu'ils prétendent enseigner. Mais que l’on ouvre les Conversations sur la chimie, celles sur la botanique que nous annonçons , et l’on verra bientôt que telle n’est DIALOGUES SUR LA PHYSIOL. VÉGÉTALE. 49 n’est pas la marche qui y est suivie. L'on découvrira aisément qu’au milieu des apparentes interruptions qu'a- mènent les questions de deux élèves, l’enseignement n’a pas cessé un moment d'avancer et y a souvent gagné de se présenter sous une forme piquante et inattendue, propre à frapper l'esprit des lecteurs. Les remarques des deux jeunes filles qui, avec l'institutrice , com- prennent tous les personnages que l’auteur met en scène , quoique presque toujours de nature à se pré- senter naturellement à un esprit bien fait, sont habi- tuellement fines et empreintes d’une sagacité remar- quable, et leurs doutes spirituels m'ont bien souvent prouvé, plus encore que les leçons proprement dites, de J'institutrice , à quel point l’auteur avoit elle-même clairement compris les idées qu’elle veut enseigner à ses élèves (1). Indépendamment de ce genre de talent qui se re- trouve dans tous les ouvrages de l’auteur, les Conver- sations sur la Physiologie Végétale dont nous avons à présenter l’analyse, sont offertes aujourd’hui au public d'Angleterre dans un moment remarquablement oppor- tun. Comme nous aurons tout-à-l’heure l’occasion de le montrer plus en détail, ce livre contient un exposé clair, quoiqu'élémentaire, des nouvelles doctrines bo- taniques professées par le célèbre De Candolle et ces — (1) L'adoption du pronom féminin qui nous échappe, lève un pea le voile de incognito dont Fauteur s’enveloppe ; puisqu'elle réduit de moitié le champ des conjectures ; nous croyons devoir lui en de- mander pardon, Sciences et Arts. Nonv. série. Vol, 42. N.° x. Septembre 1829. D 5o BOTANIQUE. doctrines, fondées sur des observations précises et le judicieux emploi de l’analogie, commencent à se faire adopter en Angleterre par les savans mêmes chargés de l’enseignement botanique, quoiqu’elles soient re- poussées encore par ceux qui n'aiment pas voir ren- verser des opinions qu'ils ont depuis long-temps adop- tées. Les Conversations sur la Physiologie Végétale don- nant un moyen facile et agréable à ceux qui seroient effrayés de la lecture de livres où l’on approfondit ces théories , d’en prendre une connoissance suffisante , deviennent en quelque sorte un livre de circonstances, et tout semble promettre à l’auteur un succès au moins égal à ceux qu’elle a précédemment obtenus. Après une courte préface, dans laquelle l’auteur at- tribue modestement à son guide, Mr. De Candolle , le mérite que l’on pourra trouver dans son livre , et réclame comme sa part les erreurs ou inexactitudes qui s’y rencontreroieut , elle entre en matière par quel- ques idées générales sur les êtres organisés et les carac- tère$ qui les séparent de la nature minérale. Elle dis- tingue ensuite les végétaux des animaux, touche en pas- sant le sujet délicat de la sensibilité des plantes, et dé- critce que l’on est convenu d’appeler les organes éle-! mentaires du règne végétal , les systèmes cellulaire et vascuhire , les trachées et les vaisseaux en chapelet. Les conversations suivantes décrivent les racines, les feuilles, les tiges , leurs formes varices, leurs usages multipliés, et d’après la méthode. suivie généralement par Mr. De Candolle , l’auteur ne perd aucune occasion de faire dé- river de ses leçons quelque précepte utile à l'agriculture. OP EE DIALOGUES SUR LA PHYSIOL. VÉGÉTALE. br Ainsi la considération de l'extrême ténuité des pores absorbans des spongioles qui terminent les racines , l'engage à s'élever contre l’usage des eaux trop char- gées d'engrais, pour les arrosemens, méthode si com- mune et si nuisible de la plupart des jardiniers ; en dé- crivant les tiges et leur formation, l’auteur adopte les mots (nouveaux en anglais ) d'endogènes et d’exogènes, et ex- plique très-clairement la théorie assez difficile des dif: férens modes d’accroissement auxquels ‘se rapportent ces expressions ; en traitant des feuilles et de leur his- toire, l’auteur annonce le système qui les considère comme formant par leurs modifications tous les organes des plantes, à l'exception des tiges et des racines, mais elle. réserve avec raison les preuves pour une époque plus avancée de ses leçons. Jusqu'ici l'ouvrage ne contient que de la botanique pro- prément dite ; mais avec la cinquième conversation le lec- teurentre dans le champ que l’auteur s’est plus spéciale- ment proposé de parcourir, la physiologie végétale. Il examine avec elle la marche ascendante et les change- mens de la sèvé, sa nature première et les modifica- tions chimiques et physiques que lui font éprouver l’ac- cès de l'air dans les feuilles et Févaporation de l’eau sura- bondante. Il la suit ensuite dans sa marche descendante, et sous le nom de Cambium, lui voit porter l'aliment à toutes les parties de la plante et fournir à toutes les - sécrétions internes et extérieures du végétal. Les expé- riencés de’ Mr. Knight, qui montrent les inconvéniens _ des ligatures trop serrées pour les arbres fruitiers et l'accélération que ‘le mouvement apporte dans la cire D 2 52 BOTANIQUE. culation de Ja sève, sont incidemment rapportées , et l'on discute les effets et les avantages de la section annulaire, opération dangereuse , trop vantée dans ces derniers temps. L'auteur s'occupe ensuite de l’action de la lumière ét de la chaleur sur les plantes, et ce chapitre ren- ferme un grand nombre de faits curieux et d’applica- tions remarquables à l’horticulture. Il est suivi d’une conversation toute consacrée à la naturalisation des plantes et qui contient beaucoup de leçons utiles en agriculture. Examinant ensuite l’action de l'atmosphère et de l’eau sur les plantes, l'auteur est conduit à s'occuper des différens modes d’arrosemens , soit naturels, soit arti- ficiels, et entrant tout-à-fait dans le domaine de l'a- gricuhure, donne des détails intéressans sur les irri- gations en grand. Puis en prenant le sujet par une face opposée, ele parle des moyens connus et pratiqués de dessécher les marais et d’assainir les terres cultivées, et donne des descriptions curieuses de l’asséchement des marais de la Hollande et de la Toscane. Passant à l’action du sol, elle décrit les diverses natures de ter- rains, leurs propriétés, les ressources de l’art pour les utiliser et en tirer le meilleur parti possible, soit par le labourage, soit par les engrais, soit enfin par les asso- lemens, ou la méthode générale de culture. Ces dernières conversations forment une espèce de petit traité d’agri- culture théorique, où l’on remarque plus d’une fois la pro- fondeur des vues d'application, la sagacité ingénieuse du savant botaniste, dont l’auteur a suivi les leçons et DIALOGUES SUR LA PHYSIOL. VÉGÉTALE. 53 que nous hasarderions de louer davantage, si nous n'u- nissions au respect que ses talens méritent , l’attache- ment que l'avantage de le connoître personnellement ne peut manquér d'inspirer. Les remarques sur l’agri- culture terminent le premier volume. Dans le second, consacré à la maltiplication des plantes, l’auteur examine les différens modes de repro- duction des végétaux, par division ou par semences : les diverses variétés de la reproduction par division, les mar- cottes, les boutures, la greffe sont racontées avec détail, et la théorie de ces opérations et ieur divers usages dans l'horticulture, sont clairement exposés. Avant d'arriver à la germination de la graine, l’auteur décrit d’abord les organes chargés de la préparation et de la forma- tion de cet important produit du végétal, c’est-à-dire , la fleur et les parties qui la constituent. En les passant nécessairement en revue , elle s'attache à montrer qu’elles peuvent toutes être considérées comme des modifications des feuilles, et la même remarque s'applique aux diffé- rentes natures de fruits. Quelques planches, peut-être en trop petit nombre, donnent des exemples des di- verses espèces de fleurs et des fruits qu’elles produisent, et la théorie compliquée de la formation de ces derniers organes , fait l’objet de la conversation dix-neuvième, sûrement l’uve des plus importantes, si elle n’est pas de celles qui procureront le plus d’amusement aux jeunes lecteurs. La structure de la graine et son mode de germination sont traités dans la conversation sui- vante. Trois autres sont consacrées à la classification botanique et aux systèmes artificiels ou naturels d'ar- 54 BOTANIQUE. ranger les végétaux ; vient ensuite un sujet nouveau, du moins pour les livres élémentaires , puisque la ‘science elle-même n’est pas d'une bien ancienne date, je veux parler de la géographie botanique, dont l'intérêt et la nouveauté nous ont engagé à choisir l'exposé pour don- ner une idée de la manière de l’auteur ; le morceau n'est pas long, et nous l'espérons , ne le paroîtra pas trop à nos lecteurs. RS SA RS RAR CONVERSATION XXIV.e De la Géographie Botanique. Mad. B. Je vous ai promis, dans notre dernière entrevue, dé vous donner une idée générale des lois qui paroissent régler Ja distribution des plantes sur la surface du globe. CAROLINE. Oui, je m'en souviens : c’est l’étude que vous nom- mez géographie botanique. Mad. B. C’est une science bien nouvelle , evil n’y a que bien peu d'années qu'elle est cultivée avec quelque succès: eMe:-est entièrement fondée sur la distinction à faire entre l'habitation et la station des plantes. UT UT DIALOGUES SUR LA PHYSIOL. VÉGÉTALE. CAROLINE. Je ne comprends pas ce que veut dire cette distinc- tion. Enténdez-vous indiquer par-là le pays d’une plante et la place dans laquelle elle croit ? Mad. B. Précisément. Ainsi, par exemple, lorsque vous dites que le tulipier croit en Amérique , vous exprimez ce que l’on nomme en botanique, son habitation ; mais si vous ajoutez qu'il se trouve dans les lieux marécageux, vous faites connoître sa s/ation. De cette manière, le mot habitation a rapport à la distribution géographique des végétaux sur la surface du globe, tandis que la station indique les localités spéciales que chaque plante affectionne en général. EMILIE. Je comprends très-bien ce que vous voulez dire, mais je ne puis voir où.est l’importance que vous semblez at- tacher à cette distinction. Mad. B. Je vais vous l'expliquer. Vous comprendrez facile- ment que diverses circonstances, telles que, la nature du sol, l'exposition , le degré d'humidité , et d’autres sem- blables , soient suffisantes pour expliquer pourquoi cer- taines plan'-s se trouvent plutôt dans certains lieux que dans d’autres. Ainsi la s/ation des végétaux est un de ces faits dont les lois physiques nous rendent plus ou moins 56 BOTANIQUE. raison. Les causes de leur habitation, au contraire , nous sont inconnues. Supposons, en effet, qu'il puisse exis- ter, ce qui n'est point improbable, en Europe et en Amérique, deux terrains marécageux parfaitement sem- blables, pour la température, l'humidité et la nature du sol, les deux marais n’en seront pas moins peuplés de plantes très-différentes. Il semble donc que les causes de ce singulier phénomène existoient avant que le globe eût revêtu sa forme actuelle, et elles sont en consé- quence impossibles à expliquer. EMILIE. Il est pourtant vrai que le tulipier, dont vous venez de parler, se transpiante très-bien en Europe , et l’on n’a assuré que notre noyer réussit à merveille en Amé- rique : mais j avoue en même temps que ni l’un ni l'autre de ces arbres ne croissent naturellement, hors de leur pays natal, ou comme vous le dites, de leur habitation, Mad, B. Les botanistes, d’après ce fait, après avoir étudié sous ce rapport la surface de la terre, avec autant de soin que l’a permis notre connoissance imparfaite des pays barbares, ont divisé le globe en vingt districts qu'ils ont nommés régions botaniques. Chacune de ces ré- gions à sa végétation spéciale, des plantes de même espèce se trouvant très-rarement croître naturellement dans différentes régions. CAROLINF. Mais comment distinguer ces régions les unes des autres ? | DIALOGUES SUR LA PHYSIOL. VÉGÉTALE. 57 Mad. B. Celles dont les limites sont le plus exactement :tra- cées sont séparées les unes des autres, par une vaste étendue d’eau. CAROLINE. Pourquoi une vaste étendue? Il semble qu’une mer étroite, comme par exemple la Méditerranée, marque- roit les limites aussi bien que l'Océan? Mad. B. Non, des mers étroites ne peuvent servir de limites à une région botanique. Il ÿ a à peine quelque différence entre les plantes qui croissent en Angleterre et celles du nord de la France, ou entre les plantes des rivages opposés de la Méditerranée. De même des îles voisines des continens ont fréquemment la même végétation que ces derniers, et n’en présentent une ‘autre que lors- qu’elles se trouvent à de grandes: distances. Ainsi, par exemple, les plantes de îles Sandwich et celles de Sainte- Hélène sont presque toutes différentes de celles d’au- cun continent, EMILIE. Alors j'en conclus que de vastes continens doivent présenter aussi des différences dans la nature! de leur végélalion. Mad. B. Cela arrive, en général; mais comme l’ancien et le 58 |}: BOTANIQUE. nouveau monde s’approchent bien près l’an de l’autre, s'ils ne se touchent pas tout-à-fait , vers le pôle nord, il en résulte que les plantes des régions septentrionales sont à peu près les mêmes dans les trois continens, et plus vous vous éloignez du pôle, plus les régions vé- gétales tranchent et se distinguent les unes des autres. EMILE. YŸ a-t-il des limites naturelles qui séparent des régions différentes dans le même continent ? Mad. B. Oui, mais comme elles sont beaucoup moins bien dé- finies que celles qu'établit l'Océan, il y a un plus grand mélange de plantes dans ces régions. Leurs limites natu- relles dans les continens sont, par exemple, des dé- seris de sable très-étendus , comme ceux de Sahara qui séparent du Sénégal l'Afrique septentrionale, ou bien des chaînes de montagnes très-élevées , qui forment un obstacle invincible au transport naturel des semences, ou enfin de grandes plaines salées, qui ne permettent pas aux graines de germer. EMILIE. Mais n'y a-t-il pas un grand nombre de moyens par lesquels les plantes peuvent se transporter d’une ré- q P P P gion à l’autre ? Mad. B. Sans doute , et cela explique pourquoi des plantes de diverses régiôns se trouvent souvent confondues dans la Sable mn. nt :- 1m no 2-0 Qté DIALOGUES SUR LA PHYSIOL. VÉGÉTALE, 59 même. Les rivières, par exemple, et les vents violens char- rient les semences d'un pays à l’autre; les oiseaux de pas- sage transportent les graines dont ils se nourrissent, les animaux les portent dans leur fourrures, et enfin l’homme les fait partout voyager avec lui, quelquefois de dessein prémédité , comme pour le blé et les pommes de terre qu'il a répandus sur le monde entier, quelquefois aussi sans le vouloir ; c’est ainsi que plusieurs de nos plantes, et même de nos mauvaises herbes, sont parvenues à se naturaliser en Amérique. CAROLINE. À peu près comme Robinson Crusoé,, qui en secouant un sac pour en eulever la poussière, produisit une ré- colte de grains. Mad. B. Oui, mais l’homme a été plus loin encore, et a, bien contre son gré , transporté d’ un monde dans l’autre des semences nuisibles, comme celles de l’ivraie et du pavot sauvage que l'on peut si mulet séparer entièrement du blé. Il faut pourtant avouer qu’indépendamment de ces émigrations , il y a un petit nombre de plantes qui existent les mêmes dans plusieurs régions, sans qu'il soit possible d'expliquer leur passage de l’une à l'autre, CAROLINE. Ceci est tout-à-fait nouveau pour moi; j'ai toujours ., A cru qu'un grand nombré des mêmes plantes se trou- voient dans tous les pays ; j'ai entendu nommer l’or- 60 BOTANIQUE. meau d'Amérique, l’abricot de Saint-Domingue et beau- coup d’autres plantes, qu’on appeloit du même nom en Amérique-et en Europe. Mad. B. Cela est dû, en grande partie, aux premiers colons établis en Amérique, qui ne connoissant point la bota- nique , donnoient des noms d'Europe à des plantes en vérité fort différentes de celles qui les portoient originai- rement. EMILE. C’étoit une sorte de tribut payé à leur pays natal; à peu près comme l’on a nommé New-York et Nouvelle- Hollande des pays bien différens de ceux d'Europe. Mad. B. Il y a encore une autre raison. Il arrive souvent que différentes espèces du même genre habitent diverses ré- gions, Ainsi, le 7’accinium Macrocarpum, que l'on appelle Aïrelle de Canada, est une espèce différente du ’accinium Oxycoccos où Airelle d'Angleterre qui se mange de la même manière. Ainsi le chêne, le pin, l'érable des Etats-Unis, sont d'espèce différente des ar- bres de même nom en Europe. EMILIE. Il paroît donc qu'il n’y a aucun rapport entre la clas- sification des plantes et leur distribution géographique. . DIALOGUES SUR LA PHYSIOL, VÉGÉTALE. 6x Mad. B. Il y a bien quelque rapport, maïsil est si variable qu'il n’y faut pas trop compter. Ainsi, tandis que quelques familles et quelques genres sont dispersés sur toute la surface du globe, d’autres sont confinés dans une seule région, Toutes les Caclées , par exemple, viennent d'Amé- rique, les Aurantiacées de l'Inde et des pays voisins, les Epacridees de la Nouvelle-Hollande ; et parmi les genres, il en est plusieurs dont toutes les espèces habitent la même région. Ainsi les Cinchona viennent de l'Amé- rique du sud, les Gorteria, du cap de Bonne-Espé- rance,, etc. Il arrive souvent que des genres différens se ressem- blent tellement que les diverses espèces des mêmes genres ou familles sont en quelque sorte partagées entr’eux. Ainsi, par exemple, une partie des Pelarsonium croît au cap de Bonne-Espérance, et une autre portion de Ja famille vient dans Ja terre de Van-Diemen. Les botanistes ont dernièrement porté leur attention sur ce sujet; mais leurs recherches ne peuvent donner que des résultats provisoires, susceptibles d’être modifiés aussi long-temps qu'il restera des plantes inconnues à examiner. EMILIE. Pouvez-vous nous donner une idée de ces résultats? Mad. B. On à calculé, par exemple, que dans presque toutes les régions botaniques, un sixième des plantes étoit de 62 BOTANIQUE. monocotylédones, et quant aux deux autres classes, que le nombre des dicotylédones augmentoit lorsqu'on se rapprochoit de l'équateur, et, au contraire, que celui des dicotylédones devenoit plus grand en marchant vers le pôle. Cette règle ne s'applique point aux îles placées à une grande distance des continens ; dans celles-ci la proportion des monocotylédones est plus grande et celle des dicotylédones moindre que dans les régions conti- nentales à la même latitude. CAROLINE. Vous ne pensez ‘pas dire que la même proportion de monocotylédones existe en Europe et en Asie, dans les pays du nord et ceux des tropiques ? À juger par les vues de l'Inde que j'ai rencontrées, la plupart des arbres y sont de la famille des palmiers. Map. B. Un petit nombre de si beaux arbres fait un graud effet dans un paysage, mais rappelez-vous que toutes nos graminées sont des monocotylédones. La différence dans cette classe de plantes entre l’Europe et l'Inde consiste non dans le nombre, mais dans la taille des végétaux. La végétation vigoureuse des climats des tro- piques produit des monocotylédones d'énormes dimen- sions, tandis que leur croissance est arrêtée par la ri- gueur de notre température ; et si nous sortons de la famille des graminées, nous ne trouvons cliez nous que des lys, des tulipes, des hyacinthes et autres plantes bulbeuses imparfaitement développées. Ce n’est que tout- DIALOGUES SUR LA PHYSIOL. VÉGETALE. 63 à-fait au midi de l'Europe que quelques palmiers clair- semés annoncent le voisinage d’une région où la vé- gétation a plus de vigueur. CAROLINE. Mais on trouve dans les pays des tropiques, des gra- minées aussi bien que des palmiers. Map. B. Oui, mais en bien moins grand nombre ; les herbes demandent en général moins de chaleur et plus d’hu- midité que n’en présentent ces climats. Le nombre des plantes ligneuses, comparé à celui des herbes , aug- mente toujours lorsqu'on s'approche de l'équateur. EMILIE. Cette augmentation ou diminution a-t-elle lieu en pro- gression constante de l'équateur aux pôles. | Map. B. Non. Le nombre des plantes annuelles, par exemple, est beaucoup plus grand dans les climats tempérés que dans les zônes froides ou tropicales. Ces plantes, d’une structure délicate, ne peuvent supporter, ni la chaleur brûlante: et sèche de celles-ci, ni le froid rigoureux des régions polaires. EMILIE, Nous avons aussi l'avantage de couleurs plus belles et plus éclatantes lors du retour du printems; €ar j'ai 64 BOTANIQUE. entendu dire que dans les régions des tropiques et des pôles, les feuilles qui poussent au printems ont une cou- leur plus sombre et plus foncée. Mad. B: Maintenant vous avez une idée de ce que l’on nomme une région botanique ; et il nous reste à examiner com- ment les plantes se distribuent dans l’une quelconque de ces régions, et pourquoi diverses plantes affection- nent différentes localités. Il est facile de comprendre que chaque plante, d’après sa structure particulière , exige le concours de plusieurs circonstances pour ar- river à un complet développement. EMILE. Sans doute , il est clair que le même terrain, ou le même degré de chaleur, de lumière et d'humidité, ne peut pas convenir à toutes les plantes. Mad. B. Lorsque les plantes laissent échapper leurs graines, elles sont plus ou moins dispersées par le vent, la pluie et autres agens naturels, et se sèment à Ja fin sur un sol qui est favorable ou non à leur germination. Ainsi, dans chaque lieu il s'établit une sorte de lutte entre les divers végétaux qu’il produit ; les plantes les plus vigoureuses , ou celles qui conviennent le mieux à la pature du terrain , font le plus de progrès et finissent par exclure les autres. CAROLINE. DIALOGUES SUR LA PHYSIOL. VÉGÉTALE. 65 CAROLINE. * De sorte que dans le règne végétal, comme parmi les animaux, les forts oppriment les foibles, et la lutte et la violence règnent même parmi les fleurs, ce sym- bole de paix et d'harmonie ! Mad. B. Je suis fichée de déranger vos idées poétiques sur les végétaux, mais telle est la loi de la nature. Vous comprendrez ensuite que, plus le sol est riche, plus aussi sont grands le nombre et la variété des plantes qu'il peut nourrir. Ainsi dans les climats des tropi- ques, les forêts sant composées d’une bien plus grande diversité d'arbres, que dans les zônes tempérées, et plus vous approchez du pôle, plus le nombre des végétaux diminue graduellement. EMILIE. C'est peut-être pour cela, que sur les montagnes d'Ecosse l’on rencontre de vastes espaces de terrain, où l’on ne voit croître que des bruyères et des fougères. Mad. B. Précisément : ces espèces de plantes étant d’une na- ture forte, et capables de vivre dans un sol, duquel presque tous les autres végétaux sont exclus, n'ad- mettent aucun partage et vivent ainsi en colonies sé- parces des autres végétaux. Ce sont les plantes que les botanistes appellent sociales , d’après leurs habitudes de vivre en quelque sorte ensemble en sociétés. Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 1. Septembre 1829. ÆE SE BOTANIQUE. CAROLINE. Il vaudroit mieux, ce me semble , les nommer in- sociables, puisqu'elles excluent les végétaux d’une autre espèce que la leur. Mad. B. Du moins elles méritent le nom d'inhospitalières : les Potamogelon qui croissent dans les eaux sta- gnantes, les Salsola et Salicornia qui viennent däns les terrains salés, sont de cette nature. Il y a quel- ques plantes qui deviennent sociales par leur mode de propagation ; ainsi, par exemple, celles qui ont des racines traçantes, comme le Æieracium Pilosella. Au contraire, les plantes dont les graînes sont couronnées d'une aigrette de poils, qui permet au veut de les transporter au loin, sont celles qui se répandent le plus ; et il y a entre ces deux extrêmes un grand nombre de degrés intermédiaires. Il y a quelques plantes qui, loin d'exclure de leur société celles d’une espèce différente, semblent prendre plaisir au voisinage d’ar- bres auxquels elles ne ressemblent point. Ainsi la Sali- caire se plaît à croître au pied du saule, le Mono- troxa auprès du pin. EMILE. Quelle peut être la raison de cette singulière espèce d’attachement d’une espèce de plantes pour une autre x Mad. B. On en a donné plusieurs : d’abord que des plantes de diverses espèces exigent souvent le même sol; puis, DIALOGUES SUR LA PHYSIOL. VÉGÉTALE. 67 ce qui est plus douteux, que les exudations de quel- ques plantes peuvent être utiles à la végétation de quelques autres ; enfin, on a dit que certains végé- taux servent souvent à en garantir d’autres, comme les haies et les buissons protègent les plantes grim- pantes qui croissent entre leurs rameaux. EMILIE. - Il semble que nous pouvons, en quelque manière, expliquer ce prodigieux mélange des êtres du règne végétal , où je croyois d’abord , qu'aucune espèce d’ordre ne se faisoit apercevoir. Mad. B. Il y a toujours de l’ordre dans les œuvres de la nature, et ce qui nous paroît en manquer, est le ré- sultat de diverses lois qui agissent toutes ensemble, En suivant le mode de raisonnement que je vous ai in- diqué, et en comparant la structure et les habitudes des plantes avec la nature du sol dans lequel elles croissent, on peut expliquer un grand nombre de faits curieux. Je me réjouis d'avoir attiré votre attention sur ce sujet; ce sera une source d’amusement pour vos promenades , et plus vous augmenterez le nombre des plantes que vous connoîtrez assez pour les distinguer des autres, plus aussi vos observations gagneront en intérêt, * Après ces divers détails de botanique proprement dite, l’auteur dans les conversations suivantes, revient E 2 ,8 BOTANIQUE. aux applications, et traite successivement de l'influence de la culture sur la végétation , des maladies des plantes, et finit par des remarques tout-à-fait agricoles et spé- ciales, sur l'aménagement des forêts, la culture de la vigne et autres végélaux fournissant des liqueurs fer- mentées , celle des graminées et plantes servant de fourrage , et enfin des végétaux employés comme Îlé- gumes sur nos tables. Il nous seroit facile d’extraire des riches matériaux mis en œuvre par l’auteur, bien des faits peu connus encore, et des conséquences aussi ingénieuses que justes , qu'elle a su emprunter à l’habile maître dont elle nous rapporte les leçons; mais nous craignons d’avoir déja trop prolongé aux dépens de nos lecteurs, le plaisir que nous trouvions nous-mêmes à rendre compte de cet ouvrage. Nous nous sommes ce- pendant presque uniquement bornés à un exposé tout- à-fait sommaire des sujets qui y sont traités, et, à l’ex- ception du dialogue sur la Géographie Botanique, que nous avons cru devoir traduire en entier pour donner une idée plus claire de la méthode de l’auteur, nous ne présentons guère ici qu’une table des chapitres. Nous espérons qu’elle servira à donner au lecteur le désir de lire le livre lui-même, et nous croyons pou- voir l’assurer que jusqu’au moment où le savant pro- fesseur dont nous avons si souvent parlé, se décidera à publier lui-même le cours de botanique qu’il a déja plusieurs fois et toujours avec tant de succès, présenté au public, l'extrait qu'en a fait l’auteur anglais, mal- gré les grandes lacunes que son plan l'obligeoit à laisser, donnera une idée plus intéressante de la bo- DIALOGUES SUR LA PHYSIOL. VÉGÉTALE. 69 tanique, et peut-être plus d'instruction véritable , que bien des gros volumes sur cette science , sur laquelle on a tant écrit. TEL CROP ALES CCE TT LA TPE ACT PETER POSE EME CTI LIN SE POP CUITS ENT VRP MÉDECINE. REMARQUES SUR LA TENDANCE AU CALCUL DE LA VESSIE, avec des observations sur les concrétions urinaires, et une analyse de la plupart de ces concrétions qui existent dans l'hôpital de Norwich ; par le Dr. YEL- LOLY. ( Trans. Phul. 1829. Partie I, p. 55.) ré bé e LE Comté de Norfolk est signalé depuis long-temps comme une des parties de l’Angleterre , où les maux de la vessie sont fréquens, et où les chirurgiens sont le plus souvent appelés à faire l'opération de la litho- tomie. Celte opinion qui étoit fondée sur des données peu sûres , et surtout peu précises , a été examinée avec soin par le Dr. Yelloly;il s’est appuyé sur des rap- ports d’hôpitaux et des renseignemens auxquels on pouvoit avoir toute confiance. Il a comparé le nombre des malades affligés de ce mal , avec la population de la ville de Norwich et avec eclle du Comté de Nor- folk, et en a formé une espèce de statistique. Il a étendu cette statistique à Londres et à toutes les parties 70 MÉDECINE. de l'Angleterre, et a ainsi formé des tableaux qui sont d'un grand intérêt pour la science, et qui pourront un jour peut-être, surtout si les savans s’en occupent dans les autres pays, nous metire sur la voie de dé- couvrir les causes de ceite terrible maladie. Voici les principaux résumés de son travail: NOMBRE DES DANS UNE LIEUX. | POPULATION. CAS DE ANNÉE. | COMPARAISON. CALCUL. Norwich ... 5oooo (r28en 56Gans| 2,28 1 sur 21 000$ Norfolk à exclusion 301 000 |447 7:98 rsur 38 000$ de Norwich. Londres... | le 200 6090 1 0000052 "2x 1 sur 38 000$ Bristol... 87 000 f173en82ans| 2,1 1 sur 41 000 Le disurict de 5oooo [184 22 1 sur 340 000! . 7) 292 H Bristol. . ... / 1 | L’Angleterre et le pays deŸ 12 000 000 |..... NS Galles ,..,. L'Ecosse, , 2 600 000 |..... FA LE DRE TER LES Ne ÉCRITES Pa Ty EEE ER ue Nous ne donnons ici que quelques résultats, d’où Jon peut conclure que la tendance à produire ces calculs est plus grande à Norwich et à Londres que dans les campagnes qui environnent ces villes, La mème circonstance est plus frappante encore à Bristol, Ja campagne qui entoure cette ville, étant la plus saine -CALCULS DE LA VESSIE. 71 de toute l’Augleterre à l'égard de cette maladie. En général il paroît que cette tendance est plus grande dans les villes que dans les campagnes (1). Cela dépend- t-il de l'air , de l’eau , des habitudes de la vie ; c’est ce qu'il est difficile de déterminer. Il y a certainement dans quelques familles une prédisposition à ces ma- ladies : le Dr. Prout parle d'une tendance au calcul dans trois générations consécutives. Cette observation a été faite à plusieurs reprises, et sur plusieurs indi- vidus. L'usage d’une nourriture farineuse , mal fermentée, qui est fort commune dans le Norfolk, peut favoriser la production de cette maladie ; mais une nourriture de la même espèce et plutôt plus grossière , en riz, orge ;, avoine , et mélange de pois et de fèves avec le blé ,est encore plus en usage en Ecosse et dans le nord de l'Angleterre, sans qu’elle produise les mêmes effets. Les pays à cidre étoient supposés favoriser ce mal; mais il ne paroît pas que cette opinion soit fondée , puisque dans le Hereford et le Devonshire, les habitans sont peu sujets à la pierre. El faut con- venir, que relativement à la cause de cette maladie, nous sommes encore dans la plus profonde igno- rance. L'opération de la lithotomie est toujours plus ou moins dangereuse ; voici les résultats que donnent les régistres de l'hôpital de Norwich. (1) Les malades arrivant des campagnes dans les villes pour se faire opérer , augmentent beaucoup leur proportion dans ces dernières ; cette observation s'applique surlout à la ville de Londres. 72 MÉDECINE. OPÉRATIONS] GUÉRIS. MORTS. MORTALITÉ. MAS eue ssl VOrS 531 87 I Sur 7,1 Femmes..... 3% x sur 15,5 Au dessous de # L.6 Li cu 92 1 sur 14, De 14-50 ans. 196 171 25 rsur 7,84 - De 5o au-des-!. fe COR sus. 1 sur 3,26 ais sont Fit gros, le danger aug- 4 mente beaucg | preuve de ce fait. Dins 52 cas où les’calculs étoient plus pesans, que. 20 onces , 31 malades moururent ; ce qui fait 2 sur 3%: Dans les cas où les calculs pe- soient moins ‘de 20 onces , sur 282 cas, la mortalité fut de 37 ,ou.1 sur 7. La cause de ces-funestes acci- dens doit être attribuée au mal que la permanence d’un gros calcul dans la vessie doit produire, et aux déchi- remens qui sont les conséquences de son extraction. Aussi ne sauroit-t-on donner trop d’attention et de soin à l'étude des moyens mécaniques employés pour di- minuer les calculs, soit par Henri Earle (1), soit der- nièrement, avec tant de succès, parle Dr. Civiale, (1) Trans. Medico-Chirure, T. X1, p. 69. L£s- répistres de Norwich donnent une CALCULS DE LA VESSIE. 73 moyens qui dans quelques cas ont prévenu la nécessité d'une opération. ad Dans la seconde partie, le Dr. Yelloly s'occupe de l'analyse chimique de ces calculs. Il en a analysé 330 dont la composition étoit en général d'acide lithique “et de lithate d'ammoniaque , d'oxalate et de phosphate de chaux , quelquefois seuls, quelquefois mélangés les uns avec les autres. Nous ne le suivrons pas dans ce travail , dans lequel il avoit été précédé d’une manière si distinguée par notre compatriote le Dr. Marcet, ainsi que par les travaux de MM. Fourcroi, Wollaston, Heori, Prout, et autres. C’est à ces différens ouvrages ainsi qu'au Mémoire que nous annonços, que nous ren- voyons ceux de nos lecteurs. qui « le nt ne fondir ce sujet. L'p SN me SEE TS MÉLANGES.. ‘) Réclamation relative à l'objectif du télescope de Dorpat. — Nous recevons de Mr. le Prof. Schumacher d'Altona , en date du 30 août, la réclamation suivante , adressée à ce savant par Mr. le Cons. Utzschneïider, le 26 avril, et publiée par le premier dans le N.° 163 des As- tronomische Nachrichten. Nous l'insérons ici sur son iuvi- tation. 74 MÉLANGES. Nr. « Je m'adresse à vous, comme ami de la vérité, pour redresser des assertions défavorables à mon institut opti- que , par l'insertion de cette lettre dans votre journal. » « On lit dans la Bibliothèque Universelle , novembre 1828, que l'objectif de neuf pouces, de la lunette fournie à l'observatoire de Dorpat par l'institut optique d’ Uzzsch- neider et de Æraunhofer, est sorti des creusets de Mr. . Guinand. » «Plusieurs journaux ofit répété en même temps d’après le Globe (T. VE. N° 107, novembre 1828), que MM. T'hibeaudeau et Bontemps avoient, de concert avec Mr. Guinand fils, retrouvé le secret de produire le flintglass de toute grandeur et le plus favorable à l'optique, se- cret qu'on croyoit perdu depuis la mort de Fraunhofer et de Guinand père; qu’en outre, parmi les morceaux présentés par eux à l’Académie des Sciences, il s’en trouvoit de 14 pouces de diamètre. » « Je suis loin de vouloir entretenir le public de ce qui m'est particulier; je me crois néanmoins obligé, par lin- térêt même qu’on attache à cette précieuse découverte, de donner quelques renseignemens sur le séjour de Mr. Guinand dans ma fonderie de verre de Benedict- bauern. En 1826, j'en ai déjà fait mertion dans mon Abrégé de la vie de Fraunhofer; mais je crois devoir y revenir encore pour réfuter des bruits injurieux à mon établissement et à la mémoire de Fraunhofer. » « Avant que Mr. Pierre-Louis Guinand entrât à mon service, il fut obligé de me communiquer tout ce qu'il MELANGES,. 75 avoit fait à cette époque dans l’art de fondre le verre, J'obtins ainsi une description des petites fontes, faites par lui depuis 1805; et je pus me convaincre que ses ef- forts n’avoient eu d’heureux résultats, ni pour les sciences, ni pour ses propres intérêts. Mr. Guinand renouvela infructueusement ses essais, et n’en demeura pas moins bien accueilli par moi. Ses tentatives me guidèrent dans la route qu'il convenoit de suivre pour arriver au but ; je résolus donc de continuer à travailler avec lui d’après un plan réglé, et de profiter du loisir que me laissoient mes fonctions publiques pour assister à toutes les fontes. Nous obtinmes quelques morceaux de flintglass dont on fit des objectifs pour des instrumens construits dans l'institut de Reichenbach, Utzschneider et Liebherr. Nos travaux ne discontinuèrent que quand je fus rap- pelé à mes fonctions publiques: je chargeai alors Mr. Fraunhofer de la direction des fontes entreprises à mes frais: et cet habile opticien me fit toujours un rapport écrit des esssais et des fontes qui avoient été faits. » « Mr. Guinand m'annonça le 6 décembre 1813, que des affaires de famille le rappeloient chez lui aux Bre- nets; il partit en effet quelques temps après et ne re- tourna plus à Benedictbauern. » « La description des fontes de Mr.Guinand , éevite de sa propre main et que je possède encore, prouve qu'en 1805, il n’etoit pas encore parvenu au point de fournir un flintglass sans défaut, et qu'il n'avoit réussi que par les'essais faits à Benedictbauern, avec moi et à mes frais. Encore le verre de la dernière fonte qu'il fit au com- mencement de 1814, n'égaloit point en qualité celui que É’raunhofer ft plus tard. » 76 MÉLANGES. « Le flintglass pour l'objectif de la lunette de Dorpat, ne fut fondu que quatre ans après le départ de Mr. Guinand, dans la trente-troisième fonte, du 18 déc, 1817; comme on peut le voir par le journal teuu par Fraunhofer. Ce fut moi qui, tant pour cette fonte que pour la trente- deuxième, fournis les principaux matériaux. «Le 11 janvier 1816, Mr. P. L. Guinand m'écrivit qu'il avoit occasion de prendre la direction d’une verrerie importante ; je lui répondis qu'il devoit le faire et que j'étois d'avis qu’il enseignât en même temps à quelqu'un la fabrication du flint et crownglass. Peu de temps après, dans une lettre du 10 février 1816, il m'offrit de nouveau ses services, en me disant : « j'ai nouvellement acquis des connoissances sur la fonte du verre, je les ai mises en pratique dernièrement par deux petites fontes. » Or, Mr. Guinand à celte époque, n’étoit point encore en état de produire du verre à l'usage des opticiens. » «Après le départ de Mr. Guinand, mon ami Fraunhofer fit plusieurs grandes et précieases fontes qui réussirent à noire gré. Depuis sa mort, j'ai entrepris moi-même la continuation des fontes du verre destiné à mon ins- titut optique, et je crois pouvoir garantir leur bonté. Les objectifs nouvellement construits dans mes ateliers, prouvent suffisamment que le secret de fondre le flint- glass pur, de toute grandeur et propre à l’usage de l’op- tique, n’est pas encore perdu comme Île Globe l'assure. Da reste je serois heureux de voir nos voisins nous suivre et même nous surpasser dans un art qui se rat- tache si directement aux intérêts de la science ; j'aurai ’ soin de continuer, de mon côté, les recherches com- MÉLANGES. 77 mencées par F’raunhofer sur la théorie de la lumière, espérant que ceux qui y contribuent, recevront un jour du public l'accueil que méritent leur travaux. Suum cuique.. da 2 UTZSCHNEIDER. L'article de notre Recueil qui a donné lieu en partie à la réclamation que l'on vient de lire, est une note (1) dans laquelle nous informions nos lecteurs que Mr. Guinand fils, qui avoit travaillé sans succès, pour MM. Thibeaudeau et Bontemps, à la fabrication du flintglass, n’étoit pas le seul héritier de l’habile artiste des Bre- nets; mais que celui qui avoit réellement succédé à son père dans cette fabrication, étoit Mr. Aimé Guinand, établi au même lieu. La réclamation de Mr. Utzschneider n'a donc aucun rapport avec l’objet essentiel de notre note. Si dans ce même article, il nous est arrivé de citer parmi les produits du talent de Mr. Guinand, l'objectif du télescope de Dorpat, ce n’est que parce que cet objectif lui a été attribué par plusieurs journaux, en particulier, par le Journal of Science d'Edimbourg (T. I, p.305. 1825). Nous sommes disposés à nous en remettre sur ce point aux assertions de Mr. d'Utz- schneider; mais ni cette circonstance, ni le soin avec lequel Mr. U. paroît s’efforcer dans sa lettre, de ra- baisser-le mérite de notre compatriote, ne sauroient diminuer en rien la réputation de celui-ci; elle est suf- fisamment établie en France et en Angleterre, par des produits qui ont réuni tous les suffrages ; et même ce (1) T. XXXIX, p. 175. 78 MÉLANGES. qu'on vient de lire, suffit pour prouver que Mr. Guinand n'a pas été tout-à-fait étranger aux succès des premiers travaux des ateliers de Benedictbauern. Nous ne saurions mieux faire, que de renvoyer.ici nos lecteurs à la notice que nous avons publiée sur Mr. Guinand, dans notre T. XXV, (p. 142 et 227). Elle remettra sous leurs yeux les travaux de cet homme remarquable , et leur rappellera en particulier , la ma- nière dont il entra en relation avec Mr. Utzschneider. 2) Denkschriften der Allgemeinen Schveizerischen Ge- sellschaft, etc. Mémoire de la Societé Helvét. des Sciences Naturelles. 'T. 1. Part. L 1. vol. in-4.° 270. p. avec 9 pl. lithographiées. Zurich. 1829 , chez Orell, Füssli et C.° — Depuis l’année 1815, où quelques naturalistes suisses, réunis à Mornex près de Genève chez feu Mr. Gosse, jetèrent les fondemens de la Société Helvétique des Sciences Naturelles , cette Société s’est réunie chaque année , et chaque année elle a vu le nombre de ses membres s’accroître et son heureuse influence s’é- tendre sur un plus grand nombre de Cantons. Indé- pendamment du compte sommaire que les journaux suisses ont rendu de ses séances (1), les discours d'ouverture de ses présidens ont été imprimés annuel- lement, et depuis 1823 on y avoit joint un exposé succinct de ses travaux et des Mémoires qui y avoient été lus: De plus, pendant neuf années (de 1817 à (1) La Bibliothéque Universelle renferme l'extrait des procès- verbaux de ses quinze sessions. MÉLANGES. 79 1825) Mr. Meissner de Berne a publié un journal principalement destiné à publier plus au long les Mé- moires présentés à la Société par ses membres. Cepen- dant on sentoit généralement la convenance d’une pu- blication officielle et régulière de ceux de ces Mé- moires qui en seroient jugés dignes. La Société s’en occupa dès 1826 dans sa session de Coire;une com- mission prise dans la Société Cantonale de Zurich, proposa les mesures d'exécution, et un secrétariat gé- néral permanent, etabli en 1827 dans cette même ville sous la présidence de Mr. le Cons. Ustéri, fut chargé de l’accomplissement de ces mesures. La première partie du premier volume des Mémoires de la Société, a été présentée à la session du St. Bernard (1). Il doit paroître annuellement une livraison semblable dont la force sera déterminée par l'abondance des matériaux choisis par le secrétariat. Les Mémoires seront impri- més dans la langue où ils auront été lus à la Société, c'est-à-dire en allemand , en français ,en italien ou en latin. La seconde partie du premier volume est actuel- lement sous presse; elle contiendra les statuts de la” Société, un abrégé historique de ses travaux depuis son origine , et un aperçu aussi complet que possible de l'état des sciences naturelles dans les divers Cantons de la Confédération. , La livraison présente contient neuf Mémoires , savoir huit en allemand et un en francais-— I. Essai sur les espèces suisses de RUBUS avec des remarques sur la (1) Voyez notre Cahier de juillet. T. XL1 , p. 260. 80 MÉLANGES. formation des espèces en général; par le Dr. J. Hegel- schweiler de Stäfa (Canton de Zurich.) — IL Coupe géognostique du Jura, de Bäle à Kestenholz près d’'Aar- wangen , avec des remarques sur les couches qui forment de Jura en général; par le Prof. P. Mérian de Bäle. — IIL: Documens pour l'histoire naturelle du LAmmer- GEYER (Gypaetos barbatus); par le Capit. 7°, C. de Bal- denstein de Coire. — IV. Mémoire sur le FATIOA , genre nouveau de la famille des Lythraires ; par le Prof. De Condolle de Genève. — V. Correction du Rhin dans la vallée de Domleschg ; par Mr. R. La Nicca Capit. Fédéral. — VI. Observations sur la végélation des mousses , el revue du genre SPHAGNUM* par le Dr. J. Hegetschw eiler. de Rifferschweil (Canton de Zurich.) — VIL Représentation géognostique de la coupe des Alpes, du St. Gothard à Art sur le lac de Zug; par le Dr. Lusser d’Altorf. — VIII. Sur les limites de la formation du Jura, son extension dans les Alpes , el ses rapports avec la formation tertiaire; pour servir d'in- troduclion à une description du Jura argovien ; avec une coupe transverse de cette dernière chaîne ; par le Dr. A. Rengoer d'Arau. — IX. Analyse chimique des eaux de Louëch en Valais; par le Prof. Brunner et Mr. Pagenstecher pharm., de Berne. Ce dernier Mémoire est le résultat d’un travail entrepris sur un plan gé- néral dressé par la Société elle-même pour l'analyse de toutes les eaux minérales de la Suisse (1). La nature des divers Mémoires contenus dans cette li- (1) Voyez Bibl. Univ. T. XXX, p. 163, et XXXIII, p. 296. vraison , ’ MÉLANGES. 81 vraison, et le sol classique pour l'histoire naturelle , sur lequel les observations ont été faites, les recommandent fortement à l'attention des géologues et des naturalistes ; nous en ferons connoître quelques-uns par extraits. L’im- pression est très-belle , et la lithographie des planches d’une grande netteté. 3} Fabrication d'un verre propre à l'optique. — Dans la séance du r2 juin de l'Institution Royale, Mr. Faraday a exposé verbalement les résultats qu’il a obtenus sur cet objet intéressant. Il rappelle qu’un comité de la Société Royale composé de MM. Herschel, Dollond, et de lui-même, avoit été chargé de faire des recherches dans le but d'arriver à fabriquer, pour l'usage de l’op- tique , un verre sans bulles, sans taches et sans raies, et qui surtout ne présentât ni ondulations ni stries , de manière à exercer une action uniforme sur la lumière. La Société Royale obtint de l'Institution Royale la per- mission de faire élever dans son laboratoire les four- neaux nécessaires pour les nombreuses expériences qu’il falloit faire et qui se font déjà depuis vingt-un mois. Après avoir donné en peu de mots quelques détails sur la grande découverte des objectifs achromatiques par Dollond en 1758, et sur les résultats obtenus par Guinand , Fraunhofer, Bontemps et Lerebours dans la fabrication d’un verre convenable, Mr. Faraday ajoute qu’on a beaucoup plus de difficulté en Angleterre qu'en France à se procurer ce verre. Puis passant à la des- cription du.verre dont Ha fabrication l'a occupé depuis plus de neuf mois, il rappelle que le flint-glass ordi- Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42, N.° 1, Septembre 1829. F 82 MÉLANGES, naire peut être considéré comme un composé d’oxide de plomb, de silice et d’alcali, tandis que le sien est composé d’oxide de plomb, de silice et d'acide bora- cique ; il a trouvé que la présence de l’alcali est très- nuisible. Ce verre ainsi composé est facilement fusible à une chaleur rouge ; on commence, pour le faire, par mélanger les substances nécessaires, à l’état de grande pureté, dans des creusets de terre où elles forment un verre. grossier , dont on prend une certaine portion qu’on transporte dans un vase de platine : l’on com- plète alors l'opération que l’on continue jusqu’à ce que le verre soit devenu parfaitement transparent et uni, et qu'il se soit refroidi et radouci. Mr. Faraday ajoute qu'un mprceau de verre, au mo- ment où il sortoit du fourneau, avoit été mis entre les mains de Mr. Dollond qui en avoit fait l'objectif d'un télescope, et que cet instrament, d’après l'inspection qu’on avoit déjà pu en faire, avoit été jugé très-bon, mais qu'il falloit, pour prononcer un jugement parfai- tement sûr, un examen plus prolongé. Trois télescopes ont été faits avec ce même verre , et chaque instru- ment a paru être plus partait que le précédent : de même aussi, dans le cours des expériences , on est parveuu continuellement à un plus haut degré de per- fection. Mr. Faraday, tout en ne voulant pas exciter des espérances qui ne seroient pas pleinement justifiées, ne conserve plus cependant que des doutes bien légers sur le succès auquel on parviendra finalement dans cette entreprise. (Quarterly Journal of Science. Juin 1829). MÉLANGES. 83 4) De l'occultation des étoiles par la lune. — Nos lecteurs n’ont pas oublié le fait observé par Mr. South et quelques autres astronomes, qu'une étoile éclipsée par la lune, ne disparoît quelquefois que quelques secondes après l'instant précis de l’occultation. L'ex- trait du Mémoire de Mr. S. que nous avons inséré dans notre cahier de décembre 1828 (T. XXXIX, p. 253), a donné lieu à une explication proposée dans un journal français, et que nous avons reproduite dans notre cahier de juillet dernier (T. XLI, p. 241). Selon cette explication , assez plausible , le phénomène ré- sulteroit simplement de la perinanence pendant quel- ques secondes, de l'impression faite sur la rétine de l'ubservateur , par la vivacité de l’éclat de l'étoile qu'il vient de suivre avec attention pendant cinq ou six mi- nutes, L'auteur indiquoit un moyen de mettre cette idée à l'épreuve ; c’est que l’observateur, dans un cas semblable , changeât vivement d’œil à la lunette, à l'instant précis du contact. Si son œil gauche ne voit pas alors ce qu'a vu son œil droit, ajoute-t-il , il y aura probabilité pour l'erreur optique. Mais, comme il le remarque ensuite , la brièveté du phénomène est un grand obstacle à ce que cette manœuvre puisse “Sexécuter d'une manière satisfaisante. L'un de nos “bonnés du Canton de Vaud, disposé à admettre l’ex- plication en question, nous propose une épreuve plus Simple encore ; ce seroit, que l’observateur, à l'instant du contact , fermät l'œil, ou le portât hors du champ de la lunette : si l'impression de la lumière de l'étoile , est en effet de quelque durée , il s’en apercevra dans ce cas, en continuant à la voir encore pendant quelques secondes, 84 MÉLANGES. 5) Sur la respiration des oiseaux ; per MM. Allen et Pepys.— Ces deux savans ont continué leurs expériences sur la respiration ; ils avoient déjà examiné les phénomènes chimiques de cette fonction animale chez les hommes et chez les cochons d'Inde. Ils ont soumis ensuite les pi- geons aux mêmes expériences, et ce sont les résultats de ces expériences dont ils ont entretenu la Société Royale de Londres le 30 avril 1829. L'objet du premier essai étoit de constater les chan- gemens que subit l'air atmosphérique , lorsqu'il est res- piré par un oiseau de la manière la plus naturelle. A cet effet un pigeon fut plongé dans un vase de verre conte- nant 62 pouces cubes d’air et communiquant avec deux ,gazomètres , dont l’un fournissoit de temps à autre de l'air frais, tandis que l’autre recevoit l’air vicié par la res- piration. L'expérience dura soixante-neuf minutes et fut sans inconvénient pour l'oiseau ; de temps à autre seu- lement il montroit de l'inquiétude lorsque l'air frais n'étoit pas fourni avec assez de promptitude. En exa- minant l'air après l'expérience, on n’y trouvoit aucun changement dans le volume, ni dans la proportion de l'azote qu’il contenoit ; le seul changement qu’on aper- cevoit, étoit la substitution d’un certain volume d’acide carbonique pour un égal volume d’oxigène, montant à environ un demi-pouce cube par mivute et étant équi- ! valent à une addition de 96 grains dans les vingt-quatre heures. On fit deux expériences sur la respiration du gaz oxi- gène obtenu du chlorate de potasse et contenant, unes fois deux, et l’autre un pour cent d'azote ; le volume Bibl. Brit. Tr Z2. Appareu de M. M. Aen et Pepyr. PN © [À “ | mm mms MELANGES. 85 de ce gaz ne fut point changé ; une égale quantité de gaz oxigène avoit disparu, mais il y avoit eu moins d’a- cide carbonique produit que dans la première expé- rience ; l’autre portion étoit du gaz azote provenant des poumons de l'oiseau et qui étoit égal en quantité à l'oxigène absorbé. L'oiseau fut fort inquiet pendant qu'il étoit renfermé ; mais il se remit aussitôt qu'il fut rendu à la liberté. Dans la quatrième expérience, on fit respirer au pi- geon un mélange d’oxigène et d'hydrogène avec un peu d'azote (l’oxigène étant dans la même proportion que dans l’air atmosphérique). On trouva qu'il n’y avoit dans ce cas aucune perte d’oxigène , mais qu’une cer- taine quantité d'hydrogène avoit disparu et avoit été remplacée par un égal volume d’azote. Les auteurs de ce Mémoire observent que les oiseaux ont une circulation du sang plus prompte que les autres animaux, et qu'ils sont plus sensibles aux effets stimu- lans de l’oxigène. (Annals of Philosophy. Juillet 1829). 6) Sur l'emploi de l'iode pour la teinture.— Pelletier a trouvé que l’on employoit en Angleterre uue grande quantité de periodure de mercure pour la teinture , que l'on vendoit sous le nom de vermillon anglais. On se sert aussi, pour l'impression du calicot, d’un composé de hydriodate de potasse. 65 parties. : iodure de polasse..... 2 iodure de mercäre.... 35 ee — 100 86 MÉLANGES. Ce sel doit être appliqué sur l’étoffe avant qu’on la passe dans les solutions métalliques. Parmi ces der- nières, celles qui donnent les plus belles couleurs sont les solutions de plomb et de mercure. On peut aussi appliquer ce sel avec avantage aux étoffes, par l’aide d'une solution d’amidon qui devient d’un beau violet, L'amidon sert aussi à fixer ce sel sur les étoffes. Il y a aussi un autre sel employé à Glasgow dans l'impression du calicot et qui est fort peu employé en France. C’est un triple acétate de chaux et de cuivre, qui donne un fort beau bleu. Il cristallise en prismes droits avec des bases carrées. Quand ce sel est dé- composé par l’alcali fixe, l’oxide de cuivre et la chaux se précipitent en combinaisons, vu qu'ils se trouvent à l'état naissant et en proportions déterminées. Ce précipité ne devient pas facilement vert à l’air, même dans les tein- tures ; c'est une espèce de cendre bleue qui devient fixe sur l’étoffe, (Edimb. Journal of Science. Juillet 1829, p. 107). 7) Anomalie dans la crue du lac Léman et du Rhône en aoûl et septembre 1829. — La marche singulière de la saison qui vient de s’écouler, a donné lieu à une ano- malie remarquable, dans la crue des eaux du lac Léman et du Rhône à sa sortie de ce lac. Ces eaux étant ali- mentées essentiellement par la fonte des neiges et des glaces des montagnes du Valais, croissent et décrois- sent ordinairement d’une manière régulière , avec Ja tempéralure , ensorte que Jleur maximum de hauteur arrive presque toujours en août, et leur minimum en MÉLANGES. 87 février, sans que les pluies aient une influence notable sur cette marche. Cette année l'été a été peu chaud, et en même temps les mois d'août et surtout de septembre, ont offert une quantité de pluie telle qu’on n’en retrouve pas d’exeinple dans les vingt-trois années précédentes, Il en est résulté que les eaux, après avoir atteint, les 1, 2 et 3 août, leur maximum régulier, qui a été seulement de 11 5 pouc. au-dessus de la hauteur moyenne des vingt« trois années précédentes, sont descendues, selon leur mar- che régulière, jusqu’à 2 À p. au-dessous de cette hauteur, les 6 et 7 septembre; puis, qu’elles sont remontées jus- qu'à 14 pouces au-dessus de la moyenne le 29 septembre, offrant ainsi dans ce mois une oscillation de 16 5 pouces dans un sens opposé à celui de leur marche annuelle. Sur vingt-trois années d'observations faites par Mr. Messaz, directeur de la machine hydraulique de Genève, nous ne trouvons qu'un exemple de cette anomalie, et encore à un degré beaucoup moins prononcé. En 1822 Jes eaux atteignirent les 6 et 7 août leur maximum ré- gulier, qui fut de 23 pouces au-dessus de la moyenne; elles descendirent le 29 août jusqu’à 16 5 pouces au- dessus de cette même moyenne ; puis remontèrent ra- pidement jusqu’au 3 et 4 septembre où elles atteignirent 26 pouces. L’oscillation ne fut donc que de 9 £ pouces; il est vrai qu'elle fut très-brusque. Pour qu’on se fasse une idée plus juste de la valeur de ces quantités, nous dirons que sur Îles vingt-trois années d'observations, les moyennes des basses et hautes eaux s'écartent de 29 pouces de la moyenne générale ; que le maximum des hautes eaux, dans cet espace de 88 MÉLANGES. temps, a été de br pouces au-dessus de cette moyenne (ro juillet r817); et le minimum des basses eaux, de 26 pouces au-dessous (17 février 1827). ( 89 ) ASTRONOMIE. NOTE SUR L'OBSERVATION RÉCEMMENT FAITE À GENÈVE DE DEUX OCCULTATIONS D'ALDÉBARAN, par Mr. le Prof. GAUTIER. LEs occultations par la lune de la belle étoile, de couleur rouge ,« du Taureau ou Æ/débaran, ont acquis un nouvel intérêt depuis le Mémoire publié par Mr. South dans le troisième volume de ceux de la Société Astronomique de Londres, Mémoire dont il a été rendu compte dans le T. XXXIX de ce Journal. Cet astro- nome y ayant recueilli avec le plus grand soin toutes les observations parvenues à sa connoissance dans les- quelles une étoile avoit paru se projeter sur le disque de la lune, avant ou après son occultation, a montré que, quoique ce phénomène se soit présenté pour des étoibes d'éclat et de ‘couleur très-diverses, c’est cepen- dant sur Aldébaran qu'il a été observé le plus sou- vent jusqu'à présent , et que sur 6o exemples. d’obser- 1 valions de ce genre fournis par 23 étoiles ,il yen a 20 relatifs à Aldébaran. Aussi la Société Astronomique de Londres a-t-elle signalé à l'attention des astro- nomes les occultations d’Aldébaran qui devoient avoir lieu cette année ; et le N° 150 des Astronomische- Nachrichten contient l'annonce de l’époque de ce phé- Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 2. Octobre 1829. G 90 ASTRONOMIE. nomène pour neuf des principaux Observatoires de l’Eu- rope, Calculée par MM. Henderson et Maclear à la” demande du Conseil de cette Société, et accompagnée d’une instruction sur la manière de l’observer. L'occultation du 22 août a eu lieu en plein jour, par un temps parfaitement clair et calme à Genève; l'immersion de l'étoile s’est opérée sur le bord éclairé de la lune, vers six heures et demi du matin et une heure après le lever du soleil. Deux astronomes dis- tingués que nous avions l'avantage de posséder alors, Mr. Bouvard ; l’un des directeurs de l'Observatoire Royal de Paris et Ar. Gambart, directeur de l’Ob- servatoire Royal de Marseille, ont bien voulu se joindre à moi pour faire cette observation. Le premier, placé dans la salle du rez-de-chaussée de notre Observatoire , étoit muni d’une lunette mobile de Ramsen de 27 lignes d'ouverture avec un gros- sissement d'environ 60 fois. Mr. Gambart a fait l’ob- servation dans la tourelle de l'Observatoire , à côté d'une pendule de Lepaute, avec la lunette de notre cercle répétiteur de Gambey de 25 lignes d'ouverture, munie d'un oculaire prismatique grossissant 50 fois. J'étois établi à côté de Mr. Bouvard , avec une lunette de Dollond de trois pouces et demi d'ouverture et un grossissement d'environ 70 fois. Un compteur à se- condes mis en accord avec notre pendule de Shelion, qui est réglée sur le temps sidéral d’après des passages à la lunette méridienne , et dont la marche est en gé- néral très-régulière , nous servoit à l’un et à l'autre à déterminer l'instant de l'observation. OCCULTATIONS D'ALDÉBARAN. gt Mr. Bouvard a observé l'immersion à 4} 23" 2°,8 de la pendule de Shelton. Il estime cette détermination trop tardive de quelques dixièmes de seconde. Il croit avoir vu l'étoile sur le bord de la lune pendant une ou deux secondes avant sa disparition : mais il ne re- garde pas cette remarque comme sure. Mr. Gambart a observé l'étoile sur le bord de la lune à 4° 23" 9° de la pendule de Lepaute, et sa dis- parition totale à 4° 23" 12°,5 seulement. L'étoile lui à paru entrer entièrement sur le disque de la lune qui étoit parfaitement terminé ; l'étoile étoit ronde , sa disparition a élé instantanée. L'observation a été faite immédiatement sur la pendule de Lepaute qui n’étoit qu'a deux pieds de distance. Cette pen- dule , comparée avec celle de Shelton par l'intermé- diaire du compteur et d'un chronomètre , s'est trouvée en avance sur elle de 9°, 9 ce qui donne pour l'ins- tant de la disparition totale en temps de la pendule de Shelton , selon Mr. Gambart, 4 23" 2°, 8 comme l'a observé Mr. Bouvard, Je n'ai point observé distinctement de projection sur le disque de la lune ; l'étoile , dont l'éclat étoit plus grand que celui de la lune, m'a paru seulement affoiblir un peu et diminuer de grandeur apparente avant sa disparition complète , qui a eu lieu pour moi à 4° 23" 2°,3 en temps de la pendule de Shelton. Nous n'avons pas été aussi heureux pour l’observa- tion de l'émersion que pour celle de Fimmersion. Mr. Bouvard a vu le premier Fétoile sortie de dessous le bord obscur et invisible de la lune vers 5" 30" 15° de G 2 92 ASTRONOMIE. la pendule de Shelton ; mais il regarde l'observation comme défectueuse et faite au moins quelques secondes trop tard. J'ai observé , soit avant, soit pendant et après l’oc- cultation, quelques passages d’étoiles fondamentales à la lunette méridienne., après l'avoir bien nivelée. La moyenne de celles de « Persée , la Chèvre, Rigel, a Orion, Sirius, Procyon et Pollux, m’a donné, d’après les tables des ascensions droites apparentes de ces étoiles insérées dans le Nautical Almanack, L9°,39 pour le retard de la pendule de Shelton sur le tems sidéral à l’époque de l’occultation. Les plus grands écarts de chaque observation de part et d’autre de cette moyenne s'élèvent à + 0°,3r et — 0°,24. Les positions apparentes des Astron. Hülfstafeln de Mr. Schumacher donnent 49',24 pour le retard, + 0,2 et — 0*,24 pour les écarts extrêmes. La vérification directe de l’axe optique de la lunette, opérée par son retournement, n'a indi- qué d’ailleurs aucune erreur sensible de ce genre. J'ai observé aussi le passage de la lune au méridien im- médiatement après l'immersion, ainsi que les passages du soleil des 21 et 22 août : mais je crois devoir me borner à: la détermination du temps résultant des pas- sages d'étoiles , comme étant Ja plus sûre. L'observation de l’occultation d’Aldébaran du 15 oc- tobre dernier n’a pas été faite à Genève dans des cir- constances aussi favorables que celle du 22 août. J'ai été: seul pour observer l'immersion de l'étoile ; le temps avoit été couvert presque tout le jour , et un vent du uord-est se faisoit sentir très-fortement à l'Observa- OCCULTATIONS D'ALDÉBARAN. 93 toire. Le ciel s’est cependant éclairci comme tout exprès pour l'observation de ce phénomène ; et après une aussi mauvaise saison que celle que nous avons eue , je dois m'estimer heureux d’avoir pu déterminer tant l’immer- sion que l’émersion, J'ai observé cette occultation avec la même lunette et le même grossissement que-la première. L’immersion a eu lieu vers 9} £ du soir derrière le bord éclairé de la lune , cet astre paruissant plus brillant que l'étoile et les bords de la lune étant un peu ondulans. La lunette étoit ajustée sur l'étoile, sans que les circons- tances atmosphériques permissent de Îa voir ronde et bien terminée ; le temps étoit assez clair, mais la lunette vacilloit un peu par momens à cause du vent. L'étoile m'a paru diminuer avant la disparition, et celle- ci m'a semblé s’opérer graduellement. Dès 22h 58" 36° de la pendule de Shelton, j'ai vu l'étoile sur le bord de la lune , et une foible image lumineuse de l'étoile m'a paru en même temps se projeter un peu en avant sur le disque de la lune , sans cependant que cette im- pression fût bien distincte. L'étoile a disparu complé- tement à 22" 58%38,5 sans que je puisse répondre de quelques dixièmes de seconde, mon attention ayant été partagée entre l'apparence lumineuse sur le disque et l'étoile sur le bord. Mr. Wartmann, qui se trou- voit alors en dehors de l'Observatoire , avec un simple chercheur de comètes, a vu la disparition instantanée, sans avoir pu en fixer le moment précis. | L’émersion a eu lieu sur le bord obscur et invisible de la lune et sur un diamètre presque perpendiculaire 94 ASTRONOMIE. à la ligne des cornes. J'attendois l'étoile un peu plus au nord, ce qui auroit pu m'empêcher de saisir le premier instant de sa sortie. Je crois, cependant, l’a- voir observé assez exactement à 23" 49" 2/° de la pen- dule de Shelton. Mr. Wartmann , muni de la lunette de Ramsden qui avoit servi à Mr. Bouvard, a observé l’'émersion une seconde plus tard, avec un oculaire terrestre grossissant 40 fois, et il visoit bien au point où elle a eu lieu. L’émersion nous a semblé à l’un et à l’autre instantanée , et l'étoile a reparu immédia- tement dans tout son éclat. L'observation des passages à la lunette méridienne de Fomalhaut, &« Andromède, y Pégase et « Cassiopée m'a donné, d'après les Hülfstafeln 56,05 pour le retard de la pendule de Shelton sur le temps sidéral à l’époque de cette occultation , avec des écarts de part et d'autre de cetie moyenne de + 0°, 45 et —o", 39. Les tables du Naouticol Almanack donnent 56,07 pour la moyenne des trois derniers passages, les positions apparentes de Fomalhaut ne s’y trouvaut pas indiquées. Je ne crois pas devoir entrer ici dans aucun examen des explications qui ont été proposées relativement à la projection apparente d'Aldébaran et de quelques autres étoiles sur le disque de la lune. Je me bornerai seulement à remarquer que celle qui a été émise dans un journal français et reproduite dans le cahier de juillet de ce Recuëil, et qui tend à attribuer le fait à une impression prolongée sur la rétine, paroît contredite par les faits. Car 1° on ne voit pas, d’après cette hypothèse, pour- quoi toutes les étoiles et les planètes ne donneroient OCCULTATIONS D'ALDÉBARAN. 99 pas lieu aux mêmes apparences dans leurs occultations. 2. Il faudroit pour que cette explication füt valable que la projection apparente ne se présentât jamais lors des émersions. Or je trouve dans le catalogue des observations de ce genre donné par Mr. South, huit exemples d'émersion d’Aldébaran et ün d'émersion de y du Taureau-et de pm des Gémeaux , observées par Le Monnier, Messier et MM. Flaugergues, Arago et Mathieu , dans lesquelles l'étoile à sa réapparition s’est projetée distinctement pendant quelques secondes, soit sur la partie éclairée , soit sur la partie obscure du disque de la lune , ou a présenté un allongement et un changement de couleur sensibles. Les observations de cette année fourniront probablement par leur en- semble quelques données de plus sur cette singulière anomalie. L'occultation qui doit encore avoir lien le 9 décembre prochain, précédant d'un jour la pleine lune , l'immersion , qui s'effectuera vers 6h. du soir à Genève, s’y opérera sur le bord obscur, et l'émersion vers 7 h. sur le bord éclairé, ce qui: présentera le cas inverse de ceux des observations précédentes. Mais le bord obscur de la lune ne pouvant être visible si près de la pleine lune, il n°y aura point de phénomène de pro- jection observable lors de l'immersion. L'observation du 15 octobre à été faite à l'Observa- toire de Paris par une quiuzaine de personnes, entr’- autres par Mr. South; et aucune, à ce que j'ai oui dire , n’a remarqué de phénomène de projection , l'im- mersion ayant paru à toutes instantanée. ( 96) EE | PHYSIQUE. EXPÉRIENCES SUR L'INFLUENCE PRÉSUMÉE DU MAGNÉ- TISME SUR LES EFFETS CHIMIQUES ET LA MARCHE DE LA CRISTALLISATION ; par le Prof. ERDMANN. (Jahr- buch für Chimie und Physik. 1829. N°5) ( Extrait. ) La puissante influence que l’état chimique des corps exerce sur leur disposition à acquérir et à conserver fe magnétisme , a dès long-temps donné lieu à exa- miner la question de savoir, si réciproquement la force magnétique pouvoit modifier en quelque manière les affinités chimiques. Une autre question qui touche de bien près à celle-ci, est celle qui est relative au degré d'influence du magnétisme sur la cristallisation des métaux et des sels. Ces sujets de recherches ont occupé un assez grand nombre de physiciens presque tous allemands; leurs résultats ont été ou négatifs ou discordans. En général ils n’ont pu obtenir aucune décomposition de l’eau par l'influence des appareils magnétiques; quelques-uns, tels que Ritter, d’Arnim, Murray, etc, ont cru apercevoir une oxidabilité diffé- rente dans les deux pôles d’un aimant ou dans leurs armures; d’autres , tels que Lüdicke, Ermaun, etc. n'ont RECH. SUR LES EFFETS CHIMIQ. DU MAGNÉT. 97 obtenu aucune preuve suffisante de cette circonstance. Maschmann et Hansteen , Dôbereiner , Kastner, etc. ont reconnu une influence des pôles sur la cristalli- sation de diverses solutions salines ; résultat que n’ont point obtenu Ritter et Dulk. Enfin Kastner et en dernier lieu l’abbé Rendu à Chambéry, ont observé une ac- tion sur les teintures végétales. Tel étoit l’état incer- tain de la science sur ce point intéressant, lorsque le Prof. Erdmann a tenté de s’en occuper de nou- veau. Ïl remarque que la plupart des expérimentateurs qui ont cru avoir reconnu une action chimique du magnétisme , et une influence exercée sur la cristal- lisation , paroissent s’être contentés de faire les expé- riences une seule fois , ou de les répéter tout au plus deux ou trois fois. Quelques essais superficiels le con- vainquirent que, pour des effets aussi peu marqués que ceux dontil est question,ce mode d'agir étoit tout-à fait insuffisant, et que pour échapper à une foule de causes perturbatrices qui entourent ces expériences, il faut répéter chacune d’elles plusieurs fois, et dans des circonstances variées. En couséquence Mr. E. en- treprit un travail très-complet et consciencieusement exécuté , dont il rend compte en détail dans son Mé- moire. Sans rapporter ici la description minutieuse de ses expériences , nous nous bornerons à en faire con- noître les résultats qui, comme on le verra, ont été négatifs sur tous les points. Les appareils dont Mr. E. s’est servi, sont, outre un certain nombre d’aiguilles aimantées de diverses quali- * tés, deux barreaux longs de 8 pouces, larges d'un demi- 98 PHYSIQUE. pouce et épais d’un quart de pouce, dont chacun por- toit son propre poids ; un aimant en fer à cheval por- tant environ 5 livres; deux grands barreaux longs de trois pieds, larges de trois pouces et épais d’un pouce, qui liés d’un côté par un barreau de fer à un aimant en fer à cheval, portoient un peu moins de 20 livres ; enfin pour quelques expériences un grand magasin magnétique composé de six barreaux , et dont il.es- time la force à environ 80 livres, n'ayant pu, à cause de sa position, l’éprouver par le moyen de l'aiguille. La plupart des expériences furent faites dans une chambre au sud-sud-ouest, dans laquelle, à moins qu’on ne prit des mesures spéciales, la lumière arri- voit assez également de tous les côtés sur les appareils en observation : ceux-ci ne furent jamais exposés au rayons directs du soleil. I) La première série d'expériences éloit relative à l’oxidation du fer non magnétisé, sous l'influence du magnétisme terrestre. Une grande difficulté que l’on rencontre dans ces expériences, provient de l'inégale contexture du fer, qui donne lieu à toutes sortes de déceptions. Les fils les mieux choisis sont loin d'être homogènes ; sur dix fils de quelques pouces de loug, qui ontété coupés dans la même pièce et qui paroissent identiques, on n’en irouve pas un qui, daus un acide, soit attaqué également en tous ses points. D'autres circonstances accessoires ont aussi de l'influence. Mr. E. remarqua dans quel- ques-unes de ses premières expériences une oxidation plus grande à l'extrémité nord de quelques fils placés RECH SUR LES EFFETS CHIMIQ. DU MAGNÉT. 99 daus l'eau. Il se souvint ensuite qu'il avoit manié ces fils avec les mains nues, et il remarqua que la lumière ne t6mboit pas également sur toute leur longueur. Il re- commença donc avec un certain nombre de fils, de la grosseur d’une aïguille à tricoter, de 4 à 8 pouces de oènes. Il eut soin 5 d'émousser leurs extrémités, de les polir autant que pos- longueur , et paroissant tout-à-fait homo sible, et de ne les toucher qu'avec des gants de peau bien secs. Après cette préparation, ils étoient sans aucun magnétisme. Il les plaça dans des vases aplatis, des soucoupes de fayence, pleines d’eau de source, les uns dans la direction du méridien magnétique , les autres dans celle de l'équateur, tantôt en les fai- sant porter par leurs extrémités sur les parois du vase, tantôt en les posant sur le fond sur toute leur longueur, ou en les soutenant par leur milieu avec dela cire. Il se servit aussi d’un tube de verre formant un syphon très- ouvert placé dans le méridien magnétique , dans lequel il introduisoit un fil courbé sous le même angle, et qu’il remplissoit d'acide nitrique. Une série de treize expériences a donné les résultats suivans, auxquels Mr. E. croit pouvoir accorder une grande confiance. 1. L'oxidation du fer placé sous l’eau n'éprouve au- cune influence du magnétisme terrestre; il n’est aucun point de l'horizon vers lequel elle soit, ou plus forte, ou plus prompte. 2.° L'oxidation qui provient de l'inégale contexture du fer, commence toujours par les points où le fil est en contact avec d’autres corps, non pas seulement avec les métaux, mais avec Ja cire ou Ja terre cuite. 100 1 APORIMUSET IQ ICE 3° La lumière diffuse, ou les rayons solaires affoi- blis, ne hâtent, ni ne retardent l’oxidation du fer, lors- que la chaleur qui les accompagne est insensible, comme c'est le cas lorsqu'on opère en hiver dans une chambre chauffée. | 11) Les expériences suivantes au nombre de onze , eu- rent pour but l’examen de l’oxidation et de la décom- position, qui ont lieu sur les aimans, dans l’eau et les acides. Les appareils étoient les mêmes que dans le cas précédent, sauf que les aiguilles étoient aimantées. Les résultats n’offrirent rien qui fût le moins du monde favorable à l'opinion d’une oxidabilité différente des pôles opposés d’un aimant: ils confirmèrent ce qui avoit été observé sur l’oxidation du fer en contact avee d’autres corps. IT) Mr. E. a recherché ensuite si le magnétisme de la terre avoit quelque influence sur la réduction d’un métal par la voie humide. Pour cela il a fait quinze expé- riences sur la formation de l'arbre de Diane dans un syphon très-ouvert, placé dans diverses positions rela- tivement au méridien magnétique et à la lumière. La solution contenoiïit une dragme de nitrate d'argent sur quatre onces d’eau. Il plaçoit au fond du tube un peu de mercure ; puis au moyen d'un entonnoir à bec très- prolongé, il faisoit arriver doucement la solution pres- que sur le milieu du mercure, de manière à ne pas le remuer. Il enlevoit alors avec une petite baguette la petite peau qui recouvroit le mercure et la cristallisa- tion commençoit aussitôt, Il a fait également l’expé- rience au moyen de la précipitation par le zinc d’une solution d’acétate de plomb. RECH. SUR LES EFFETS CHIMIQ. DU MAGNÉT. IOI Toutes ses expériences lui ont démontré clairement, que le magnétisme terrestre n’exerce aucune influence sur la cristallisation de l'argent et du plomb; mais que cette cristallisation se forme indifféremment ou acciden- tellement , dans l’une ou l’autre des branches du tube, sans égard pour sa direction. Elles l'ont encore con- duit à douter que la lumière diffuse ait une influence sensible pour hâter ou activer la précipitation de l’ar- gent par le mercure. IV) Quiuze autres expériences furent destinées à ré- péter la même opération sur un aimant artiñciel, aux deux pôles duquel les deux branches du syphon étoient attachées avec de la cire. Il en est résulté qu’un aimant assez fort pour porter vingt livres, n’a exercé aucune influence appréciable sur la formation de l'arbre de Diane. La précipitation de l'argent n’a point lieu de manière à former des conducteurs métalliques, comme on le croit communément; le contraire est arrivé plu- sieurs fois. Il n’y a pas plus d'effet produit sur la cristallisation du mercure, qui, après qu’on a vidé les tubes , a toujours été trouvé dans les deux branches, en quantités égales et formé en cristaux de même gros- seur, V) Mr. E., pour examiner l'effet des pôles d'un ai- mant sur la cristallisation des sels, réunit deux grands barreaux aimantés aux pôles de noms différens d’un aimant en fer à cheval; puis ayant dressé cet appareil, il posa sur les deux pôles extrêmes un vase de por- celaine à fond plat , et y versa la solution saline froide jusqu'à une hauteur de deux lignes. Les solutions qu'il 102 PHYSIQUE. mit en expérience , éloient celles de sel ammoniacalf de platine, de plomb et de sulfate de zinc. Il prenoit quelques précautions pour empêcher une évaporation trop rapide. Dans aucun cas, Mr. E. n’a pu observer la moindre influence des pôles. Il est vrai que le fond du vase de porcelaine étoit épais, et il P’avoit choisi de la sorte à dessein , afin que les barreaux fer en contact avec le vase, ne pussent enlever du calorique au liquide, ou lui en apporter: circonstance qui avoit peut-être donné un résultat, en apparence différent, aux expé- riences de Lüdicke. Il est vrai encore, qu'au lieu d’o- pérer, comme ce dernier physicien , sur de très-petites quantités de liquide, Mr. E. opéra sur une dose assez considérable , afin que les circonstances accessoires eussent une influence moins sensible. Un appareil à peu près semblable lui servit à exa- miner si, comme Ratter l'avoit pensé , le développe- ment des gaz étoit modifié par la présence des pôles magnétiques. Pour cela’il remplaça le vase de porce- laine par une feuille de fer-blanc , autour de laquelle il façonna avec de la cire un rebord capable de re- tenir une couche d’eau. Il posa sur cette feuille, au- dessus de chacun des pôles, deux pelits disques par- faitement semblables, d'un amalgame de sodium, pesant chacun dix grains , et il recouvrit deux de ces disques d'un petit récipient plein d’eau. Il ne put apercevoir, encore dans ce Cas, aucune iniluence des pôles. Mr. Becker a cru reconnoître une différencé dans la coloration de l’oxide de cuivre qui se forme lorsqu'on verse une goulle de nitrate d'argent sur une feuille de RECH. SUR LES EFFETS CHIMIQ. DU MAGNEÉT. 103 cuivre , selon que cette feuille est ou n’est pas placée sur le pôle d’un aimant. Mr. E. n’a pu obtenir, dans ces deux cas, une différence appréciable. VI) Mr. E. n’a pas eu plus de succès en répétant les expériences qui indiquoient une influence des pôles sur les teintures végétales, Ainsi, soit qu'il ait appliqué aux pôles d’un aimant , entre de minces feuilles de mica, des papiers humectés de tournesol, comme l’avoit fait Mr. Kastner, soit qu’il àit employé l’appareil de l’abbé Rendu , composé d’un syphon plein d'une teinture de chou , aux deux branches duquel aboutissoient les pôles d’un aimant , il n’a pu constater aucnn effet cons- tant et sensible. Il y a consacré cependant douze ex- périences. En conséquence, il demeure convaincu que ceux, qui avec des aimans plus foibles que les siens, ont cru obtenir quelques résultats positifs, se sont trom- pés. Peut-être y réussiroit-on avec des appareils plus énergiques. S'il peut s’en procurer de pareils, Mr. E. se propose de reprendre ces recherches. (104) * D GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. DISTRIBUTION DE LA TEMPÉRATURE MOYENNE DU SOL, ou LIGNES ISOGÉOTHERMES ; par Mr. KUPFFER. (An- nalen der Physik und Chemie. 1829, N° 2.9 060 ( Extrait.) Mr. Kupffer ayant été bien placé pour faire, ou pour obtenir de bonnes observations relatives à la température moyenne de quelques stations de la Russie orientale: a eu l’idée de rechercher aussi pour cha- cune de ces stations, la température moyenne du sol. La comparaison de ces moyennes l’a engagé à étendre son travail, et à rassembler des documens analogues pour un certain nombre de stations sur tout le globe, afin de se former une idée de la marche générale de la température de la terre, lorsqu'on s’avance de l’é- quateur au pôle, et de la relation qui existe entre celle marche et celle de la température de l'air. Il est ainsi parvenu à ébaucher, sur une portion du globe, le tracé des lignes sur lesquelles la température du sol est la même, et qu'il a nommées isogéothermes. Ce tracé est loin de coïncider avec celui des lignes isothermes mar- quées par Mr. de Humboldt. Ce travail neuf et curieux fait partie d'un Mémoire in- titulé : Sur la température moyenne de l'air et du sol en quelques LIGNES ISOGFOTHERMES. 105 quelques points de la Russie orientale, qui a été lu à l’Académie des Sciences de St. Pétersbourg le 18 fé- vrier 1829. Laissant de côté, dans ce Mémoire , les détails spéciaux relatifs à la température de ces stations, et ne prenant que les résultats, nous nous bornerons à en extraire ici les vues générales de l’auteur sur la dis- tribution de la température du sol. Mr. K. a jugé que cette température deroit étre fi- délement exprimée par celle des sources qui jaillissent avec assez d'abondance et de promptitude pour n'être pas affectées par la température de l'air. La tempé- rature de ces sources, comme on sait, change peu, et ses changemens sont soumis à d’autres périodes que ceux de la température de l'air. La première atteint son maximum et-son minimum sensiblement plus tard que la seconde. Les sources des localités montucuses ne paroissent pas devoir indiquer la température du sol, avec autant de sûreté que celles des plaines ; car on ne sait jamais d’une manière certaine , si elles ne prennent point leur origine à une hauteur beaucoup plus grande que celle où on peut les observer, rt si ælles n'indiquent pas ainsi une température plus basse “que celle du sol d’où elles sortent. On ne doit pas non lus choisir les sources provenant d’eaux stagnantes ui recouvrent le terrain et sont ainsi exposées à l'air. « On obtiendra avec le plus de certitude la température du sol d’un lieu donné, lorsque plusieurs sources, sor- tant de divers points et de divers terrains autour de ce lieu , donneront toutes une température à peu près constante pendant toute l’année, Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 2. Octobre à 829. H 106 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. D'après ces principes Mr. Kupffer a recueilli les don- nées que lui fournissoient les ouvrages de MM. de Hum- boldt, de Buch, Cordier, et ses propres travaux pour ce qui regarde la Russie, et il a dressé le tableau suivant qui présente pour chaque lieu , la température du sol et celle de l’air. Cette dernière donnée man- quant pour quelques-unes des stations russes, il l’a déduite de la température d’autres lieux du même pays, en partant du principe que dans Îles latitudes moyennes, la température s’abaisse d'environ 4 par chaque degré de latitude. LIGNES ISOGÉOTHERMES. 107 ÉLÉV.AU LATI- |DES. DE [TEMPÉRA-/TEMPÉRA-| NOMS DES À NOMS DES LIEUX. | TUDE. |LA MER ,| TURE DU | TURE DE OBSER- EN MÉT.| SOL. L'AIR. VATEURS. Congo.........| gs. | 450 [+18°,2r.#+20°,5 r.|SrutA. lCuma AE OMAN LS 1 A 20, 22,4 |Humboldt. | l ÈS. Iago.(C.Verd).| 15 Bockford.(Jam.).| 18 HHavane. ......, INépaul.”. . 2... ÉTénériffe (1)... MATE... ..... Cincinnati. ..... Philadelphie. FCarmeaux (2) AGenève. .... AParis. ..:... éBerlin...... IDublin . iKendal. ... lKeswich. . {Konigsberg. iKisnekejewa . MASON 4» sehle à jEdimbourg. .... Carlscrona .. ... iNishney-Tagilsk . Werchoturia.... HBogoslowsk..... AUpsal.........160 JUméo. ........164 jGiva arien- Fiall AS lG6 19,6 20,0 |Hamilton. 20,9 21,6 |Hunter. 18,8 20,5 \ferrer. 18,6 20,0 |Harmilton. 14,4 17,3 |Buch. 18,0 18,0 |Wouct. 9,7 |[Wansfield. T'arden. Cordier. De Saussure. Bouvard. Kirwan. Dalion. Eriman. Kupffer. 1d. Plaÿfair. k Y ahienberg À 3 Kupffer. id. LP: LU | Wa klenberg} Id. ë Id. ny Comme cette température est la même pour les sources de cette île qui jaillissent à 1500 pieds d’élévation , elle pourroît bien , pour celles qui sont au niveau de la mer, provenir de Ja hanteur de leur origine. En conséquence , il faudroit augmenter le chiffre 14°, , si l'on vouloit réduire cette température à ce qu’elle seroit pour des sources raissant an niveau de la mer. (2) L'une des mines dans lesquelles Mr. Cordier a fait ses impor- tantes observations. La température de l'air de cette station est dé- duite des moyennes de Montauban, Toulouse et Montpellier , villes voisines. H 108 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. Oa voit par l'inspection de ce tableau que sous un même parallèle la température du sol varie selon les méridiens , et qu’ainsi pour avoir une idée juste de la marche de cette température, il convient de comparer les lieux situés sous un même méridien. Or,les ob- servations ci-dessus, peuvent se ranger sous quatre méridiens, ou plutôt sous quatre zônes méridiennes, tenant aux méridiens de Paris, d'Umeo, de l’Ural et de Cumana. De plus, parmi les stations citées , il y en a plu- sieurs qui se trouvent à une hauteur assez considérable, ensorte qu'il seroit convenable de réduire la tempéra- ture de leur sol, à ce qu’elle seroit au niveau de la mer. Malheureusement nous possédons si peu d’obser- vations de cette espèce, qu’il est impossible de déter- miner avec exactitude la diminution de température du sol qui correspond à une élévation donnée. Ce- pendant , Mr. K. pense qu'il est permis de conclure du nombre d'observations que nous connoiïssons , que le décroissement de température des sources , est sou- mis à la même loi que celui de la température de l'air ; ou que, s’il existe entr'eux quelque différence, elle est en faveur d’un décroissement moins rapide pour la première que pour la seconde. En conséquence, il croit pouvoir compter en nombre rond 1° pour 250 mètres. Appliquant cette correction au tableau ci-dessus, et distribuant les lieux sous les quatre zônes méri- diennes indiquées, il obtient les quatre tableaux suivans. LIGNES ISOGEOTHERMES. 109 Premier méridien de o°. À Second méridien de 20° E. om — EE : T empér. Tempér, Latitude. | du sol. Latitude: | du sol. St. Iago.......|150n. |+19,6 À Caire........|30o°n. |+18,0 Ténériffe......[28 30'| 14,4 À Carlscrona. ...156 15” 6,8 Carmeaux.....|43 11,6 À Upsal........160 5,2 Genèvé...,....116 10,24: Umeos:. ts 10% 2,3 anses. 719 9,5 À Giwarten-Fiäll.|66 3,0 Dublin. .......153 757 Keswich.......154 30 74.1 Congo.......| gs: 20,0 Edimbourg ....[56 70 Kisnekejewa . .. h,;7 À Cumana......l10 20, À Nishney-Tagilsk.|58 3,1 à Rockford.....118 | 20,t} Werchoturie... 2,7 Ü Havane... ...123 18,8 Bogoslowsk.... 2,3 À Cincinnati. ...|39 | 10,5 Philadelphie. . ./40 | 10,2 Ces nouveaux tableaux fournissent à l’auteur les con- sidérations suivantes. — 1.9 La température du sol, ainsi que la température moyenne de l'air, ne demeure point la même , sous un même parallèle. Si l'on fait passer des lignes par les points où la température du sol est la même , ces lignes qu'on peut appeler ssogéothermes , ont ceci de commun avec les lignes ésothermes , qu'elles ne sont point parallèles à l'équateur ; mais elles s’écartent du reste en plusieurs points de ces dernières. Pour fa- ciliter la comparaison de ces deux espèces de lignes, l'auteur a dressé la carte ci-jointe (V. la Planche}, dans laquelle les lignes ponctuces , sont les lignes isothermes de Humboldt , et les lignes pleines , les lignes isogéothermes. 110 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — 2. La température du sol, ainsi que celle de l'air, décroît comme la latitude augmente, mais d'une ma- nière plus régulière. Ce décroissement est d'autant plus rapide , que l’on s'approche du parallèle de 45°: plus haut il se ralentit. Cette circonstance explique comment, dans les latitudes peu élevées , la température du so! est inférieure à celle de l'air; en effet on sait que celle-ci diminue très-peu jusqu'à 20° de latitude. Par Ja même raison, dans les latitudes moyennes, la tem- pérature du sol atteint celle de l'air; elle la dépasse dans les latitudes élevées. — 3.° Mr. K. montre que l'on peut représenter la rela- tion qui existe entre la latitude et la température du sol par la formule à — à sin? 1=—1, dans laquelle / est la la- titude , {la température correspondante , et a et h des constantes à déterminer pour chaque méridien. Il pro- cède à cette détermination en se servant, pour le pre- mier méridien, des observations de Paris et d'Edim- bourg , pour le second, d'Upsal et du Caire, pour le troisième , de Kisnekejewa et de Bogoslowsk, et pour le quatrième de celles de Rockford et de Philadelphie. Les températures calculées ensuite au moyen de ces coëfliciens et de la formule, s’écartent peu des tem- pératures observées , sauf pour Cumana , Ténériffe , Kôünigsberg et Uméo; lieux auxquels des circonstances Jocales paroissent imprimer un caractère anomale. Toutefois, il ne faut pas oublier que cette formule ne sauroit donner autre chose que des approximatioss, et qu'elle fpeut donner des résultats faux, pour des points trop éloignés de ceux auxquels les observations LIGNES ISOGÉOTHERMES. 111 ont été faites. Parmi ces points se trouve ie pôle, pour lequel les quatre équations devroient donner une même valeur ; ce qui n’est point le cas. Il est permis de présumer que les minima de la température du sol se rencontrent dans le voisinage du pôle , mais c’est ce que Ja formule ne peut indiquer , puisqu'elle donne la plus grande valeur de £ pour /—o et la plus petite pour / = 90°. La ligne isogéotherme de o°, se rap- prochant beaucoup du pôle nord sous le premier mé- ridien , et l’atteignant même , si l’on admet le résultat de la formule dans ce cas-ci, il en résulte que l’es- pace terminé par cette ligne , est marqué en cet en- droit d'une forte échancrure , et paroît se séparer en deux portions, dont les points centraux peuvent être considérés comme deux pôles de froid pour le sol. L'un de ces pôles seroit vraisemblablement dans l’Amé- rique septentrionale , et l’autre dans le nord de Îla Sibérie. Malheureusement les observations nous man- quent pour ces régions. La température de ces pôles ne peut être beaucoup au dessous de 0°. Quant à la température du sol sous l'équateur, ‘on voit qu'elle est plus basse aux points situés sur les -côtes ou dans les îles, qu’à ceux qui sont dans l'in- térieur d'un grand continent. Le point le plus chaud se trouve dans l'intérieur de l’Afrique : au nord de ce point, au moins dans les latitudes qui n'excèdent pas 5a° , les lignes isogéothermes ont une forte inflexion vers le nord. Le point de Fléquateur situé à 60° de longitude, à déja une température plus basse de 1953 on trouve à peu près le même abaïssement pour les 112 . GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. points les plus rapprochés de Ténériffe et de Cumana, lieux dont nous avons cité les observations. On peut présumer par là , que le point le moins chaud de l'é- quateur se trouve entre 60 et 80° de longitude ouest, dans l'Océan Atlantique. À partir de ce point, la tem- pérature du sof croît rapidement de l’est à l’ouest. Du reste on peut dire de l'équateur ce que nous avons dit des pôles , c’est que la formule n'y est plus appli- cable. Pour ce qui regarde la température plus élevée que l'on observe dans le so! des latitudes du second mé- ridien ,on ne peut guère proposer que des conjectures. Le phénomène peut s'expliquer aux environs de l’é- quateur, par la circonstance qu'en ce point la con- trée est couverte de déserts sablonneux , mais cette cause ne sauroit avoir d'influence sous les latitudes plus élevées. Il faut peut-être la chercher dans les foyers intérieurs que révèle l’état volcanique du sol sous ce méridien. En effet on y trouve deux volcans en ac- tivité, le Vésuve et l'Etna ; l'Allemagne est toute par- semée de basaltes et d’autres formations volcaniques ; une mullitude de sources plus où moins chaudes, at- testent la haute température de l’intérieur de la terre :les Alpes tyroliennes offrent partout aux regards, Île por- phyre et le pyroxène dont se composent leurs masses. Au sud de léquateur , nous n'avons sous le second méridien qu'une seule observation , celle de Congo, et s'il est permis d'en tirer une conclusion , elle in- dique que la ligne isogcotherme la plus chaude, ou l'équaieur isogéotherme , ne coïncide point avec l'équa- LIGNES ISOGÉOTHERMES. 113 teur terrestre. Pour trouver un point du premier , on peut prendre le milieu de la distance qui sépare la ligne de 20°,et la station de Congo, où l’on retrouve 20° pour la température du sol. La direction probable de l'équateur isogéotherme est indiquée sur la carte. Si, comme on peut Île présumer , cet équateur court parallèlement à la ligne de 20°, sa température sous le premier méridien est plus grande que celle qui a été calculée pour le sol de l'équateur terrestre ; elle est plus petite sous le second , le troisième et le qua- trième. La température de l'équateur isogéotherme seroit plus égale, que si cette ligne coïncidoit avec l'équa- teur terrestre , et ne s’écarteroit nulle part beaucoup de 22°, température moyenne de l’air dans ces régions. Le Mémoire de Mr. Kupffer tend , comme on le voit, à faire considérer la température de la surface du globe (entendant par surface , une profondeur d'environ vingt- cinq mètres }, comme soumise à une distribution spé- ciale, et qui ne dépendroit pas uniquement de la tem- pérature de l'air : il est terminé par quelques appli- cations de cette idée à la géographie botanique et au magnétisme terrestre, sur lesquelles nous pourrons re- venir dans un autre article. (at HISTOIRE NATURELLE. REMARQUES ADDITIONNELLES , SUR LES MOLÉCULES AC- TIVES ; par Mr. R. BROWN. (Philos. Magazine. Sep- tembre 1829 ). = —— (Traduction). J'AI publié, il y a environ une année, un exposé des observations microscopiques que/j'avois faites pendant été de 1827, sur les particules contenues dans le pol- len des plantes, et sur l'existence en général, de mo- lécules actives dans les corps organiques et inorga- niques (1). En publiant un supplément à ce Mémoire, j'ai pour but d'expliquer et de modifier quelques-unes des asser- tions qui y sont énoncées , de m'occuper de certaines remarques qui ont été faites sur l’exactitude et l'ori- ginalité de mes observations, et de discuter les causes que l’on à jugées suffisantes pour l'explication des phé- nomènes. En premier lieu, je dois signaler une assertion erro- née de plusieurs auteurs, selon lesquels j’aurois avancé que les molécules actives étoient animées. Cette méprise provient sans doute de ce que j'ai communiqué les faits dans l’ordre même où ils se sont présentés, et accom- pagnés des idées qu'ils me suggéroient aux différentes (1) Voy. notre T. XX XIX, p. 130. nn" 22 MOLÉCULES ACTIVES. 115 époques de mes recherches, et de ce que, dans un lcas, en rapportant l'opinion d’an autre observateur qui -s'étoit occupé de la première partie du sujet , je me suis servi des expressions mêmes de cet auteur. 2 Bien que j'aie pris à tâche de me borner exactement à établir les faits observés, cependant en parlant des molécules actives, il ne m'a pas été possible dans Mous les cas d'éviter toute allusion à une hypothèse “quelconque : telle est celle qui suppose que les par- “uicules également actives, de dimensions plus grandes “et souvent de formes diverses, sont des composés pri- “maires de ces molécules : quoique je n'aie avancé cette idée que comme tout-à-fait conjecturale, je regrette de m'y être autant arrêté, surtout puisqu'elle paroît liée avec - l'opinion d'une identité absolue des molécules, de quel- que source qu'elles dérivent. Sur ce dernier sujet, les deux seuls points que je me sois efforcé de déterminer, étoient leur grandeur et leur figure ; et bien qu'en général je fusse disposé à croire qu'à ces deux égards les molécules étoient sem- . blables, de quelque substance qu’elles provinssent, ce- “ pendant les preuves données en faveur de cetie suppo- sition , éloient loin d’être satisfaisantes ; et je puis ajou- er que je suis toujours moins convaincu qu'il en soit inst, Mais l’uniformité des molécules eût-elle été clai- Mement démontrée pour ces deux points, il ne s’en sui- Moit pas nécessairement , et je n'ai affirmé nulle part, omme on me l’a reproché, qu'elles fussent aussi sem- lahles pour toutes leurs autres propriétés et fonctions. … J'avois remarqué que certaines substances, telles que 116 ‘HISTOIRE NATURELLE. le soufre , la résine et la cire, ne fournissoient pas des particules actives ; mais ceia tenoit uniquement aux dé- fectucsités de leur manipulation. J'ai dès lors obtenu. des molécules actives de tous ces corps; je dois ajou- ter, en même temps, que leur existence dans le soufre avoit été mentionnée antérieurement par mon ami Mr. Lister. En poursuivant mes recherches après la publication de mes observations , je me suis servi principalement du microscope simple, dont il est question dans mon Mémoire comme ayant été fait pour moi par Mr. Dollond, et dont les trois lentilles le plus souvent employées, avoient +, + servations ont été répétées et confirmées, soit par le et; de pouce de foyer. Plusieurs ob- moyen d’autres microscopes simples pourvus de len- tilles qui procuroient un semblable grossissement , soit avec d’excellens microscopes composés achromatiques, appartenant à moi ou à mes amis. Les résultats de ces recherches ultérieures s’accor- dent pour l'essentiel, avec ceux qui sont consignés dans mon Mémoire imprimé; et on peut les résumer en ces termes:«Les particules extrêmement petites de matière solide, organique ou inorganique , suspendues dans de l’eau pure, ou dans quelqu'autre liquide , offrent des mouvemens, dont je ne puis rendre compte, et qui par leur irrégularité et leur indépendance appa- rente , ont un rapport frappant avec Îles mouvemens, moins rapides, des animalcules infusoires les plus sim- ples. Les plus petites particules que j'aie observées et auxquelles j'ai donné le nom de rnolécules actives, pa- MOLÉCULES ACTIVES. 117 roissent être sphériques , ou à peu près, et avoir de 20606 à 36400 de pouce de diamètre. Les autres parti- cules, de dimensions variables et beaucoup plus con- sidérables, et de formes tantôt semblables tantôt très- différentes, présentent aussi des mouvemens analogues dans les mêmes circonstances. » J'ai déjà annoncé que je ne saurois considérer ces mouvemens des particules comme résultant des courans qui ont lieu dans la goutte de liquide, ou de l'agi- tation intestine que l’on suppose accompagner l’éva- poration. Quelques auteurs n’adoptent pas cette opi- hion, et pensent que l’on peut expliquer le phénomène, Soit par ces causes seules, soit en les combinant avec d'autres , telles que les attractions et répulsions qui s’exercent entre les particules elles-mêmes , l’instabi- lité de leur équilibre dans le liquide qui les renferme, leur action hygrométrique ou capillaire, et dans quel- ques cas, le dégagement de quelques matières gazeuses, ou de quelques bulles d'air. Quelques-unes de ces causes, ainsi que d’autres, qui ont été proposées et qu'il est inutile de rappeler, n’auroient vraisemblablement pas échappé à des observateurs qui auroient quelque ex- périence du microscope ; elles n’auroient pu les trom- er. D'ailleurs l'insuffisance de la plus importante de Îles qui ont été examinées, peut, à ce que je crois, tre démontrée par une expérience fort simple. “ Cette expérience consiste à réduire la goutte d’eau “tontenant Îles particules, à des dimensions microsco- | s è } à piques, et à prolonger son existence en la maintenant plongée daus un liquide transparent d'une pesanteur 118 HISTOIRE NATURELLE. spécifique moindre, avec lequel elle ne puisse se mêler, et dans lequel son évaporation soit extrêmement lente. L'huile d'amande est un liquide qui jouit de ces pro- priétés. Si donc on mêle à cette huile, une très-foible quantité d’une eau dans laquelle on ait reconnu la pré- sence des particules , et que l’on broie ou agite les deux liquides ensemble, il se formera aussitôt des gouttes d’eau de diverses dimensions, depuis + jusqu’à 4 de pouce de diamètre. Les plus petites de ces gouttes ne contiennent que quelques particules, et on peut même en observer qui n’en renferment qu'une seule. Ces gouttes qui, exposées à l’air, seroient dissipées en moius d’une minute, peuvent être ainsi maintenues pendant plus d’une heure. Or le mouvement des particules à lieu dans leur intérieur avec la même activité, quoique l’ac- tion des principales causes attribuées à ce mouvement, telles que lévaporation , l'attraction et la répulsion mu- tuelles des particules, soit, ou fort réduite, ou complé- tement annulée. Il est à remarquer que ces courans du centre à la circonférence , qui d’abord à peine perceptibles, en- suite plus sensibles et enfin très-rapides , existent cons- tamment dans les gouttes exposées à l'air, et dérangeut, où absorbent complétement le mouvement propre des particules, sont totalement supprimés, dans les gouttes 4 de petites dimensions renfermées dans l'huile d'amar:de, pourvu toutefois que ces gouttes soient aplaties par le rapprochement ou le contact du porte-objet du rmi- croscope. | On peut, en renversant l'expérience, prouver que 2e > Te « MOLÉCULES ACTIVES. 119 le mouvement des particules n’est produit par aucune cause agissant à la surface de la goutte. En effet, si l'on mêle une très-foible quantité d'huile à ‘de l’eau contenant des particules , il se forme à la surface d’une goutte de cette eau des gouttelettes d'huile microsco- piques , dont quelques-unes ne surpassent pas en gran- deur les particules elles-mêmes. Or ces gouttelettes de- meurent dans un repos complet ou presque complet; tandis que les particales que l’on aperçoit vers le centre ou au fond de la goutte d’eau se meurvent avec leur ac- üvité ordinaire. Quelque simple que soit la préparation que je viens de décrire, pour réduire les dimensions et prolonger l'existence des gouttes qui contiennent les particules, je ne l’ai imaginée qu'en dernier lieu; elle me paroît jeter un grand jour sur le sujet, et nous permettra peut-être de pénétrer les véritables causes des mouve- mens en question. Je terminerai ces remarques additionnelles , en dis- cutant ici le degré d'originalité de mes observations. Le mouvement des molécules, a été confondu par quelques anciens observateurs avec celui des animal- cules. C’est ce qui paroît extrêmement probable par divers passages des écrits de Leuwenhoek , et par un Mémoire très-remarquable d'Etienne Gray publié dans le T. XIX des Zransactions Philosophiques. Needham, et Buffon, l’auteur de l'hypothèse des particules or- ganiques , paroissent être tombés quelquefois dans cette méprise. Je suis porté à croire que Spallanzani, malgré lune de ses assertions sur le sujet, a renfermé sous la 120 HISTOIRE NATURELLE. dénomination d’animalcules du dernier ordre (anima- letti d'ullimo ordine) les molécules actives aussi bien que les véritables animalcules. Je puis ajouter que Gleichen, qui a découvert les mouvemens des particules du pollen, a observé aussi des mouvemens semblables dans celles de Fovule du Zca maïs. Wrisberg et Muller, qui adop- tent en partie l'hypothèse de Buffon, avancent que les globules, dont ils supposent tous les corps organiques formés, sont susceptibles de mouvement : et Muller distingue les globules organiques mouvans , des ani- malcules proprement dits, avec lesquels, ajoute-t-il , ils ont été confondus par quelques observateurs esti- mables, En 1814, le Dr. J. Drummond de Belfast, publia dans le T. VIT des Transactions de la Société Royale d'Edimbourg , un Mémoire important , intitulé :« De quelques phénomènes observés dans la dissection des yeux des poissons. » Dans cet essai, dont je regrette de n'avoir eu aucune connoissance, lorsque j'ai publié mes observations , l’auteur décrit les mouvemens très- remarquables les spicules qui forment la partie argen- tée de la choroïde, dans les yeux des poissons. Ces spicules furent examinées avec un microscope simple, et comme objets opaques, à l’aide d’une forte Inmière projetée sur la goutte d’eau dans laquelle ils étoient suspendus. Les apparences sont décrites avec beaucoup de détails, et l’auteur emploie des raisonnemens fort ingénieux pour montrer que la conjecture la moins im- probable pour rendre compte de ces mouvemens , est celle qui suppose les spicules animées. Comme ces corps étoient MOLÉCULES ACTIVES. 121 étoient vus à l’aide de la lumière réfléchie et non trans- mise , il étoit difficile de se faire une idée nette de leurs mouvemens. Avec ce grossissement nécessairement borné par le genre de l'appareil employé, les petites particules presque sphériques, ou molécules actives, échappoient complétement à l'observation , tandis qu’a- vec de forts grossissemens je les ai toujours trouvées en abondance le long des spicules. Les recherches du Dr. Drummond étoient stricte- ment bornées aux spicules des yeux et des écailles des: poissons, et comme il ne paroît pas avoir soup- çonné l'existence de particules animées de mouvemens analogues dans d’autres corps organisés et bien moins encore dans des corps inorganiques , je le considère comme m'ayant devancé seulement au même degré que Gleichen , et à un degré beaucoup moindre que Muller, dont j'ai rappelé les assertions. Tous les observateurs que je viens de mentionner se sont bornés à l'examen des particules des corps or- ganiques. Cependant en 1819, Mr. Bywater de Liver- pool, publia un Mémoire sur des observations micros- copiques, dans lequel il est dit, que non-seulement les tissus organiques , mais aussi les substances inor- ganiques sont formées de ce qu'il appelle des parti- cules animées ou irritables. Il à paru en 1828 une seconde édition de ce Mé- moire , probablement modifiée en quelques points, mais qu’on peut supposer d'accord pour les parties essentielles avec celle de 1819 que je n'ai jamais vue et dont Jj'ignorois l'existence quand j'ai publié mon Sciences et Arts. Nouv. série. Vo!. 42. N.° 2. Octobre 1829. I 122 HISTOIRE NATURELLE, Mémoire. D’après cette dernière édition dont je n'ai eu connoissance qu'en dernier lieu, il paroît que Mr. Bywater a employé un microscope composé, dit de Culpepper, que l'objet observé étoit éclairé par les rayons solaires, et que la lumière étoit réfléchie par le miroir sur le porte-objet assez obliquement pour que l'infusion füt colorée en bleu. Voici l'énoncé de la première expérience, dans les propres termes de’ l’auteur: « Une petite quantité de fleur de farine doit être placée sur une lame de verre et mêlée avec une goutte d’eau, puis immédiatement adaptée au microscope : alors si l’eau est remuée et examinée par un soleil brillant , comme on l’a déjà indiqué, elle paroîtra évidemment remplie d’une in- nombrable quantité de petits corps linéaires, qui se tordent et s'entrelacent avec une extrême activité.» Des corps analogues et animés de semblables mouvemens, furent obtenus des tissus animaux et végétaux, de la terre végétale, du grès, après qu'il eût été rougi au feu, de la houille, des cendres, et d’autres corps inorga- niques. Je crois qu'en exposant ainsi le mode “d'expérience adopté par Mr.Bywater, j'ai mis les personnes habi- tuées aux observations microscopiques, en état de juger l'étendue et la nature des illusions optiques auxquelles cet auteur étoit exposé, et dont il ne paroît pas avoir eu l’idée. J'ajouterai seulement , que ce n’est pas ic; une question de priorité ; car si ces observations étoient adoptées , les miennes devroïent être entièrement mises de côté. | 28 Juillet 1829. < (1237) MINÉRALOGIE. NOTICE SUR L’'HYPERSTÈNE ET LA SIÉNITE HYPERSTÉ- NIQUE DE LA VALTELINE; par Mr. L. A. NECKER ; lue à la Société de Physique et d Histoire Naturelle, de Genève le 16 avril 1820. L’AYPERSTÈNE confondu d’abord avec les Amphi- boles par Werner qui la nommoit hornblende du La- beador, et qui, plus tard, lorsqu'elle eut été distinguée par Haüy, lui donna le nom de Paulit, n'a pendant long-temps été trouvée que sur les côtes du Labrador ; plus récemment elle a été découverte dans le Groën- land. On regardoit encore, il y a peu d’années, ce minéral comme étranger à l'Europe , lorsque Mr. Mac- culloch le reconnut dans la roche qui compose les monts Cullen ou Cuchullin dans l'ile de Sky, l’une des Hébrides', dans l’île de Rum, et enfin au promontoire d’Airdnamurchan , sur la côte voisine de la T'erre-Ferme d'Ecosse. Le même géologue retrouva encore l’hyper- …. stène dans le Cornouailles, près du cap Lézard, dans … une roche qu’on avoit regardée comme une euphotide, parce qu'on confondoit encore ce minéral avec le dial- lage métalloïde. Telles sont les seules localités où, jus- qu'à ce jour, on ait signalé l'hyperstène. Le continent de l'Europe ne l’avoit encore présenté nulle part. I 2 124 MINÉRALOGIE. En traversant la Valteline au mois de septembre 1828, j'ai rencontré ce minéral en grande abondance mêlé avec le feldspath, et constituant la roche, nommée par Mr. Brongniart, siénite hypersténique. C’est dans le cen- tre des Alpes rhétiennes, entre Bormio et Tirano près du village de la Prèse que j'ai vu cette roche en place. L'hyperstène s’y présente en cristaux plus ou moins volumineux, empâté dans une masse cristalline de feld- spath; comme l'hyperstène résiste plus à la décompo- sition que le feldspath, on voit à la surface des rochers, des fragmens ou portions de cristaux de cette substance faire saillie du milieu d’une pâte formée de feldspath en partie décomposé et de petites lamelles d'hyper- stène, mélange qui constitue la siénite hypersténique. La facilité avec laquelle ce minéral se divise parallé- lement à la petite diagonale du prisme droit rhom- boïdal qui est sa forme primitive, fait qu'il est extré- mement difficile, pour ne pas dire impossible, d’ea trou- ver des cristaux complets. C’est même par un hasard heureux , que j'ai pu en trouver un assez volumineux qui offre deux faces cristallines bien distinctes. Toutes deux sont des faces secondaires; June est la face x de Haüy, qui modifie l’arête obtuse du prisme et qui est pro- duite en vertu d’un décroissement par une rangée de part et d'autre de cet arête ; l’autre est une face nou- velle, qui est produite par une modification de l'angle obtus de la base en vertu d’un décroissement d’une rangée. L’incidence de cette nouvelle face / sur x, me- surée avec le goniomètre ordinaire (ces deux faces n'étant pas réfléchissantes, je n’ai pu employer le go- SUR L'HYPERSTÈNE DE LA VALTELINE. 125 niomètre de Wollaston), est de 132° ce qui donne pour l'incidence de £ sur / 96°, et pour celle de Z sur la base P 138°. Le tissu de cette substance est fibro-laminaire ; on y remarque trois clivages distincts ; le principal, comme je l'ai dit, parallèle à la petite diagonale du noyau, offre un éclat métalloïde d’un brun rougeûtre ; les deux autres parallèles aux pans du prisme primitif, ont un éclat pour le moins aussi vif, mais d’une couleur blanche ou gris d'acier. Cette circonstance jointe à l'angle que forme la face / du sommet avec la face x du prisme secondaire, et l'horizontalité de l’arête d’interceptiou de ces deux. faces, sont des caractères distinctifs assez importans pour ne pas permettre de confondre ce minéral avec Ja hornbleude qui lui ressemble assez. Les cassures dans les directions qui ne sont pas celles des clivages, sont quelquefois planes, souvent aussi ondulées et inégales ; la surface de ces cassures, comme celle des faces secon- daires, est d'un noir mat et foncé. Les cristaux enchassés dans la roche, ont jusqu’à quinze lignes de long sur un pouce de large. Elle raye fortement le verre. Tels sont les caractères de l’hyperstène cristallisé que j'ai recueilli en place dans un rocher, auprès duquel passe le chemin, vis-à-vis du village de la Prèse dont von est séparé par l’Adda. Les murs de clôture tout le long de la route, depuis ce lieu jusqu’à Buladoro, sont présqu'entièrement formés de syénite hypersténique of- frant un très-grand nombre de variétés, tant par la gros- seur du grain que par la couleur des élémens qui com- posent cette roche. Ici elle est à gros grains, le feldspath 126 MINÉRA LOGIE. est blanc et l'hyperstène d'un noir de velours avec des reflets de même couleur; on prendroit aisément la roche pour une siénite commune; là le feldspath est d’un blanc verdâtre, l’hyperstène vert avec des reflets d'un blanc argentin. Lorsque le grain n’est pas très-fin, et lorsque ce dernier minéral a la structure lamellaire, ce qui lui arrive souvent, on croiroit voir une euphotide ou gabbro ; lorsque le grain est fin , la roche ressemble, à s'y méprendre, à une diabase ou diorite. Mais un examen attentif fait toujours reconnoître l’hyperstène , malgré cette diversité dans son aspect. Ailleurs, et surtout vers Buladoro, l’hyperstène est en lames minces et étendues, offrant la couleur du bronze et un éclat très-vif; elle se confondroit alors facilement avec la diailage bronzite et surtout avec le schillerspath du Hartz. Mais sa plus grande dureté, son éclat encore plus vif, et surtout son triple clivage, qui offre des faces miroitantes dans trois directions, et qu'avec un peu de patience on finit toujours par retrouver quelque part, ôtent toute incertitude. Le feld- spath qui l'accompagne est aussi laminaire et très-cha- toyant; ses lames entrecroïisent celles de l’hyperstène et sa couleur d’un violet plus ou moins foncé, ajoute à la beauté de cette rare variété de siénite. J'avois pensé que cette teinte pouvoit être due à l’oxide de manga- nèse ; mais l'essai au chalumeau avec la soude sur la feuille de platine, ne m’a offert aucune trace de ce métal. J'avois aussi supposé que le feldspath pouvoit ap- partenir à l'espèce du Labrador qui, dans cette con- SUR L'AYPERSTÈNE D£ LA VALTELINE. 127 irée , est associée à l'hyperstène; cependant, comme l'acide muriatique concentré et chauffé ne le réduit pas en gelée comme le Labrador, il en résulte que c'est réellement du feldspath, proprement dit. Quant au gisement de la siénite hypersténique de la Prèse, il est nécessaire pour le faire bien comprendre , de donner en peu de mots une idée de la constitution géologique de cette partie de la Valteline et des deux chainons alpins qui s'élèvent au-dessus des deux rives de l'Adda; pays presqu'inconnu des géologues. La Valieline est une grande vallée longitudinale des Alpes, qui commence à la partie septentrionale du lac de Côme, et s'étend du S. O. au N. E., dans un espace d'environ vingt-lieues, jusqu'au pied des monts Stuilvio, Braglio et del'Ortler-spitz, une des plus hautes cimesdes Alpes après le Mont-Blanc et le Mont-Rose. Elle est bordée des deux côtés de très-hautes chaînes primitives, dont l’une, celle du midi, la sépare des vallées italiennes du Bergamasc et du Brescian; et l’autre celle du nord, la sépare de l'Engadine et du Val-Bragaglia dans le Canton des Grisons. Cette grande vallée se trouve donc ouverte dans le milieu même de la chaîne centrale primitive de cette partie des Alpes, et la portion de la Valteline qui s'étend de Bormio à Tirano, coïacide précisément avec l'axe de cette chaîne centrale, et par conséquent avec celui de toute la chaîne dans cette partie de son cours. Là, dans le bas de la vallée, s'élèvent précisément 128 MINÉRALOGIE. comme dans celle de Valorsine (1), dont la structure générale présente avec celle-ci les plus grands rapports, trois grandes masses ou protubérances granitiques non- stratifiées , au-dessus desquelles s'élèvent immédiatement des couches très-distinctes et verticales de gneiss passant au mica-schiste. Les masses non-stratifiées disparoissent à peu de hauteur au-dessus du niveau de la vallée, et les couches du gneiss en s’éloignant de l'axe de la chaîne, prennent peu à peu une inclinaison, celles des mon- tagnes du nord en plongeant vers le N.-0., et celles des montagnes du midi en plongeant vers le S.-E. Cette inclinaison est uniforme pour chaque portion dans toute l'épaisseur de la chaîne. Ainsi, j’ai reconnu l'in- clinaison des couches au S.-E. dans les vallées Seriana, Camonica,Trompia, jusque vers Bergame et vers Brescia, et Mr. de Buch a trouvé les couches plongeant au N.-O. dans toute l'Engadine et la vallée de l’Albula jusqu’à Coire. Les deux extrémités de cette longue ligne trans- versale à la chaîne, sont occupées par des terrains de sédiment secondaires ou intermédiaires, dont nous ne nous occuperons pas, le milieu par diverses formations primitives, dont les plus basses sont eelles du fond de cette portion de la Valteline, ainsi que nous l'indique l'inclinaison respective des diverses couches. Ainsi, dans cette partie de la chaîne des Alpes l’axe minéralogique principal , au lieu de correspondre à la (1) Voyez la description géologique que j'ai donnée de cette vallée dans le quatrième volume des Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire Naturelle de Genève , page 209. SUR L'HYPERSTÊNE DE LA VALTELINE. 129 ligne des plus grandes hauteurs où à l'axe physique de la chaîne, correspond à une profonde vallée, et c’est cette circonstance qui met au jour par une grande exca- vation, cette partie si importante daos la structure géo- logique de cette grande chaîne. Tout comme à Valor- sine, nous avons vu le concours des mêmes circons- tances exposer à nos regards la partie centrale d’un chaï- non collatéral de cette même grande chaine. En partant de Bormio pour se rendre à Tirano, on trouve à trois quarts de lieue de la première de ces villes, sur la rive gauche de l'Adda, l’une de ces pro- tubérances granitiques occupant le bas des montagnes. Elle se fait remarquer par la forme arrondie et mou- tonnée des rochers qui la composent, ce sont des gra- nites tout-à-fait semblables à ceux de Valorsine et à ceux de Mittenwald près de Brixen en Tyrol, à quartz gris, feldspath blanc et mica noir ; le granite est recou- vert de mica-schiste dont les couches ne présentent plus l'apparence moutonnée mais offrent des cassures angu- leuses, qui les font reconnoitre de loin. De nombreux filons granitiques de forme irrégulière, s'étendent de la masse de granite dans les couches du schiste micacé, ret le granite renferme par fois des fragmens considé- ables de mica-schiste. Le granite cesse près de Moli- gnone, commune de Valle di Sotto, et les couches presque verticales de mica-schiste mêlé de gneiss souvent “porphyrique, descendent jusqu’au bas de la vallée. Des Mlons de granite et d’épais filons de quartz traversent “ces roches. Plus loin reparoît une nouvelle protubé- rance de granite non-stratifié, à petit grain, de même na- 130 MINÉRALOGIE. ture que le précédent, et sur lequel viennent comme s'implanter des couches verticales de mica-schiste. Le chemin traverse l’'Adda, et on retrouve sur la rive droite la continuation de la même masse granitique formant des rochers moutonnés recouverts de couches verticales; peu à peu on voit ce granite passer à la sié- 5 nite commune, puis à la siénite hypersténique, et l’on se trouve vis-à-vis. de la Prèse, là où commencent ces diverses variétés de siénite hypersténique que j'ai dé- crites plus haut. J’ai vu là dans le même rocher se suc- céder saus ordre apparent ces diverses variétés, et la grosseur du grain de la roche changer à chaque iustant. J'y ai vu aussi des passages insensibles du granite à Ja siénite, et des filons de granite à petit grain pénétrer dans cette siénite hypersténique qui, comme le granite même, n'offre aucune trace de stratification et forme des rochers moutonnés. Le granite, lui-même, est traversé par des veines de quartz renfermant des tourmalines noires. Dansles mursentre la Prèse etBuladoro, outre la grande variété de siénites hypersténiques que j'ai décrites, on trouve encore une abondante collection de superbes roches primitives, arrachées des montagnes environ- nantes, et renfermant divers minéraux simples. On y voit de beaux grenats, des quartz roses, des quartz en masse remplis de gerbes rayonnantes de tourmalines noires, de beaux schistes micacés et des gneiss à quartz granuleux renfermant des tourmalines, des grenats roses précieux et des grenats communs, rouges ou bruns, des gris bleu et d’autres blancs £ mêlés de grandes lames de mica blanc argentin. feldspaths lamivaires d’un SUR L'HYPERSTÈNE DE LA VALTELINE. 131 Après Buladoro finissent les masses granitiques et siénitiques , et le mica-schiste descend des deux côtés jusqu’au fond de la vallée. En approchant de Tirano la nature de ce schiste change , le mica est remplacé par du talc et de la chlorite, et devient un thon- schieffer, ou un schiste chloritique mêlé d’épidote, qui prend un aspect rubanné, comme ceux qu’on voit sur le Simplon, dans le Val d'Aoste et à la sommité de Glockner dans la Carinthie. Le même thonschieffer continue jusqu'après Tirano, et ses couches ont une inclinaison prononcée au N.-0. Enfin à Casace , hameau de la commune de Ponte, on voit les couches du schiste talqueux redevenir ver- ticales , et aussitôt reparoître au-dessous une masse non-stratifiée de granite porphyrique , parfaitement sem- blable à celles de Valorsine, et comme elles, accom- pagnée de protogines dont je n’avois pas vu la moindre trace dans les environs des masses granitiques entourées de mica-schistes et de gneiss. Cette dernière protubé- rence granitique Ss’étend fort loin, toujours surmon- tée de couches verticales de thonschieffer ou schiste talqueux. J'en ai assez dit pour faire comprendre la place qu’occupent nos siénites hypersténiques au milieu de ce vaste ensemble de roches cristallines. Il est évident qu’elles sont intimément unies à ces masses granitiques inférieures, qui percent d’une manière si frappante les couches des terrains primitifs de. divers âges. Il est maintenant intéressant de comparer le gise- meut de la siénite hypersténique dans la Valteline, 132 MINÉRALOGIE. avec celui de la même roche dans les quatre autres localités où elle a été reconnue. 0 1° Sur la côte du Labrador, d'après une notice imprimée par Mr. Steinhauer dans les Transactions Géologiques de Londres T.II, p. 488, notice compo- sée d’après l'inspection des échantillons envoyés par les missionaires et les récits imparfaits qui accompa- gnoient ces minéreaux , Fhyperstène ( Paulite de Wer- ner) paroîtroit être associé à des roches primitives, des granites , des siénites, du feldspath du Labrador. Il n'est point question dans ce Mémoire de roches trappéennes , ni de basaltes. 2. Sur la côte occidentale du Groënland , Mr. Gie- secke a trouvé l’hyperstène également associé à des roches primitives, à la cryolite, la sodalite, l'eudia- lite , le zircon , la cordiérite , la tourmaline et l’alla- nite. On trouve sur cette même côte des roches trap- péennes et des amygdaloïdes agathifères, mais nous ne connoissons pas encore les relations de ces roches avec les terrains primitifs qui renferment l'hyperstène(r). 3.° La siénite hypersténique du Cornouailles, se trouve dans un terrain de schiste micacé , qui renferme aussi de grandes masses de serpentine , et qui constitue la partie méridionale de cette province, les environs du (1) Le célèbre professeur Mohs a reconnu que l’hyperstène à re- flets bleus de ciel du Groënland, étoit une véritable amphibole, 11 l’a classé en conséquence avec les amphiboles ( Hemiprismatischer Au- git-spath) dans le cabinet impérial de Vienne, et a laissé le véritable hyperstène à reflets bronzés, la Paulite de Werner, comme type de l'espèce hyperstène. (Prismaioidischer S:hiller-spath.) SUR L'HYPERSTÈNE DE LA VALTELINE. 133 cap Lézard. J'ai étudié ce gisement en 1809 avec Mr. le Dr. Berger qui en a donné une description très-exacte daus les Transactions Géologiques de Londres T.I, p. 129. Il n’y a dans toute cette partie de l'Angleterre, aucune roche trappéenne ni basaltique. Cette siénite hy- persténique étoit regardée comme une euphotide avant que Haüy y eût reconnu l’hyperstène. 4° La roche qui forme les hautes sommités nom- mées Cuchullin Mountains, dans l’île de Sky, une des Hébrides , étoit regardée comme une siénite amphibo- lique, ou grunstein primitif, par Mr. Jameson. Mr. Mac- culloch y a reconnu la présence de l’hyperstène ; il en a donné une description très-détaillée, dans son beau travail sur les îles Hébrides. Il considère cette roche comme assez intimément unie aux siénites amphi- boliques qui forment le groupe voisin des Redbhills, aux trapps du Blaven, et aux basaltes du reste de l'ile de Sky, pour comprendre toutes ces roches, d’ailleurs si dif- férentes, sous une même dénomination, celle de roches recouvrantes ( overlying rocks). Il s'en suivroit, que la siénite hypersténiqne de Sky, seroit un terrain su- perficiel , comme le basalte, qu’elle seroit supérieure à toutes les roches stratifiées de cette île depuis les gneiss jusqu'au lias , et même jusqu'aux oolites ju- » rassiques , et à un terrain d’eau douce , tous deux ré- cemment découverts par Mr. Murchison(:). Au reste, celle réunion de tous les terrains non- (1) Transactions of the Geological Society of London. New series, T: 11, p. 358. 134 MINÉRALOGIE. stratifiés de Sky en une seule masse recouvrant les ter- rains stratifiés , est une opinion particulière de Mr. Mac- culoch qui n'avance aucun fait bien positif, aucune obser- vation concluante de gisement et de passage réciproque de ces roches diverses entr'elles, pour motiver cette opi- nion. Et en effet, pour quiconque conuoît l’intérieur de l’île de Sky, couvert de bruyères , de tourbières et de marécages presqu'impénétrables , il n’est pas étonnant qu’on ne puisse parvenir à trouver la jonction de deux roches , ou à établir d'une manière positive, le passage graduel de l’une à l’autre. D'ailleurs, les sommités des monts Cuchullin ayant été jusqu’à ce jour trouvées inac- cessibles, on n’a pu en examiner que Îles portions in- férieures , et ce sont elles seulement, qui ont pré- senté la siénite hypersténique ; on ignore encore $i réellement ceite roche s'étend jusqu'aux cimes de ce groupe , ou si elle n’y est point recouverte par quel- qu'autre terrain. Dans mon voyage aux Hébrides, je n’ai fait qu’a- percevoir, et cela même dans les circonstances les plus défavorables, ces monts Cuchullin ; ét cependant leur élévation , les formes alpines de leurs cimes, leurs crêtes découpées en pics et en aiguilles , m'ont paru former un tel contraste avec les longs gradins presqu'horizon- taux des basaltes du nord de l'ile, que cet aspect, con- curremment avec la diversité minéralogique des roches des Cuchullin et des basaltes , et la position géogra- phique différente de ces diverses espèces de roches, m'avoient porté, malgré l'autorité de l'excellent ob- servateur dont je discute ici l'opinion, à associer les SUR L'HYPERSTÈNE DE LA VALTELINE. 135 monts Cuchullin aux roches primitives qui les avoi- sinent , plutôt qu'aux districts basaltiques dont ils sont géographiquement , aussi bien que minéralogiquement, distincts (r). Dans tous les cas, et particulièrement lorsque le passage réciproque de deux terrains ne peut être établi par des observations décisives, il m'a toujours paru que la coïncidence d’une différence dans la compo- sition minéralogique des roches , avec une différence dans l'aspect, la structure extérieure et la position géo- graphique des sols, devoit clairement motiver une dis- tinction dans les terrains dont ces sols sont formés. Il me semble que les observations que je viens de » présenter sur le gisement de la siénite hypersténique dans le Labrador, et surtout dans le Cornouailles ét dans la Valteline, tendent par analogie à confirmer l'opinion que j'ai émise précédemment sur celle de l’île de Sky. Une notice très-abrégée des observations récentes de MM. Ocynhausen et Decken dans l’île de Sky ,me paroît offrir les mêmes résultats ; en effet, ces deux géologues ont constaté que la siénite bypers- | ténique est recouverte immédiatement et sans passage mgraduel, par la siénite amphibolique, et celle-ci par le Mias, tandis qu'il est bien reconnu que les basaltes de “Sky recouvrent le lias et les oolites (2). # (x) Voyez mon Poyage en Ecosse , T. II, p. 573. (2) Proceedings of the Geological Society of London 1828 - 1829 , p- 96. ( 136 ) en GED Ci pr NOTE SUR LES CAVITÉS REMPLIES DE FLUIDES , QUE L’ON TROUVE DANS DES CRISTAUX DE SEL GEMME; par W. Nico. (Edinburgh Phil. Journ. July 1829). 0606 LES cristaux de sel gemme que l’on trouve en An- gleterre, sont en général plus ou moins opaques et d’une couleur rougeâtre; cependant l’on en rencontre quel- quefois qui sont non-seulement d’une blancheur écla- tante, mais aussi parfaitement transparens. En examinant dernièrement un échantillon de cette espèce que je ve- nois de recevoir du Cheshire, j'y remarquai un grand nombre de très-petites cavités irrégulières, dispersées en différens points du cristal. Elles étoient toutes rem- plies d’un fluide , et il y avoit en outre dans quelques- unes un globule d'air; un léger degré de chaleur fai- soit paroître le globule dans celles des cavités où on ne le voyoit pas d’abord ; mais ce n'étoit qu'au mo- ment où la chaleur commençoit à diminuer qu'il se montroit. Lorsqu'il existe un globule d'air dans les cavités d’un morceau de sel gemme que l’on soumet à l’action de la chaleur, il diminue de volume et finit par disparoître entièrement avant que le cristal soit assez réchauffé pour faire éprouver au contact une sensation douloureuse. Le refroidissement fait reparoître le globule qui aug- mente de volume jusqu’à ce que la température du cris- tal ait été ramenée à celle de l'atmosphère. SUR LES CAVITÉS DES CRIST. DE SEL GEMME. 137 «+ Si l’on touche avec un fil de fer chaud le côté d’une cavité opposé à celui où est le globule, celui-ci ne ma- nifeste jamais la moindre tendance à changer de place, et si l’on perce le végétal avec le fil de fer, de manière que l’extrémité de celui-ci vienne atteindre une des cavités, intérieures , le globule qui s’y trouve éprouve bien une légère extension de volume, mais il ne chasse aucune portion du fluide au travers de l'ouverture pra- tiquée. Ce résultat prouve que l'air que l’on trouve ren- fermé dans les cavités fluides des morceaux de sel gemme possède une élasticité beaucoup moindre que celui que l'on trouve dans les cavités analogues du spath fluor et du sulfate de baryte. Quand on met complétement à découvert une des cavités du sel gemme, le fluide n’en sort pas, mais il ne montre aucune tendance à cristalliser, même dans des circonstances atmosphériques telles, qu’une solu- tion saturée de muriate de soude cristalliseroit rapide- ment. Cependant étant chauffé, le fluide se soumet aux lois de la cristallisation ; et il cristallise en forme d’aiguilles très-déliées ; mais ces cristaux tombent ra- pidement en déliquescence lors même que l'air paroît être tout-à-fait dégagé. d'humidité. Cette dernière circonstance nous démontre que le fluide n'est pas une solution de sel commun, et quoi- que sa composition puisse être facilement connue au moyen d'un très-petit nombre de réactifs chimiques , cependant je n'ai pu déterminer la proportion relative de ses élémens, ou la petitesse des cavités sur les- quelles j’avois l’occasion d'opérer. Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 2. Octobre 1 829. K 138 MINÉRALOGIE. Quelques gouttes d’une solution de nitrate d'argent, versées dans Îe fluide, donnent naissance à un préci- pité considérable qui indique la présence de l’acide murialique. Comme le muriate de baryte ne produit point de précipité , il est évident que le fluide ne con- tient point d'acide sulfurique. L’oxalate d’ammoniaque donne un léger précipité qui démontre la présence d’une petite quantité de chaux; et comme le précipité que forme le carbonate de potasse est très-abondant, on peut en conclure sans hésitation, que la magnésie est la principale substance avec laquelle l’acide muria- tique se trouve combiné. Le fluide contenu dans les cavitéædes cristaux de sel gemme, peut donc être con- sidéré comme une solution saturée de muriate de ma- gnésie mélangé avec une petite quantité de muriate de chaux; et puisque le sel lui-même, quand il ne renferme point de cavités, ne contient ni l’une ni l’autre des deux substances qui se trouvent dans le liquide, ni aucune autre substance étrangère, on peut le considérer comme un chlorure de sodium parfaitement pur (+). (1) On sait que l'on est obligé de dissoudre le beau sel gemme que l'on trouve dans la nature, et de le faire cristalliser de nouveau, afin de le séparer des substances hétérogènes avec lesquelles il se trouve mélangé. Il paroîtroit donc résulter des recherches de Mr. Nicol , que ces substances hétérogènes se trouvent uniquement dans les fluides que renferment les cavités des cristaux de sel gemme, ct que la partie cristallisée, soit solide, du sel est parfaitement pure, de maniere que si on pouvoit la séparer de la partie liquide, on pourroit s’en servir immédiatement et sans lui faire subir aucune préparation (R.) ( 139 ) ÉCONOMIE POLITIQUE. DE L'EFFET DE LA LÉGITIMITÉ SUR LE RAPPORT DES NAISSANCES DE DIFFERENS SEXES; par P. PREVOST, Professeur. $ 1. LE nombre des naissances présente, d’un sexe à l'autre, des différences dès long-temps remarquées, et qui déjà fournirent à JEAN BERNOGILLI une appli- cation de calcul. Plusieurs recherches subséquentes ont | pleinement constaté l'excès des naissances masculines. En France cet excès est d’un seizième ; ailleurs il a paru moins grand, mais on l’a reconnu en Europe partout où l'on a fait des observations comparatives. Les causes d’un phénomène si général étoient restées jusqu’à ces derniers temps obscures et incertaines. Les expériences récentes de Mr. GIRON ont fait reconnoître des causes physiologiques , qui détérminent, dans quelques espèces animales, le sexe de leur progéniture , et dont cet ob- servateur infère que l’homme a en son pouvoir d’ac- , croître à volonté dans ces espèces (telles que les mou- tons, les chevaux et les poules ) le nombre des individus de l’un ou de l’autre sexe. Les mêmes causes semblent F devoir exercer leur influence sur la race humaine, et quel- ques observations paroissent appuyer cette conséquence anologique (1). (1) Ces observations sont employées par Mr. Hawkins , Medical Statistics; London , 1829. 140 ÉCONOMIE POLITIQUE. S 2. Mais les naissances humaines présentent des ré- sultats, qui ne semblent pas pouvoir dépendre d’une cause purement naturelle ou physiologique, et qu'il faut sans doute rapporter aux institutions sociales qui ca- ractérisent notre espèce. Il a été récemment constaté, d’abord en France puis en d’autres pays, que les nais- sances légitimes donnent un excès d’enfans mâles fort supérieur à celui que présentent les naissances illégi- times. C’est ce qui résulte du tableau suivant (x). Nombres À des nais- TiLÉGITIMES. LÉGITIMES. Nombres des nais- Dusexe [Du sexe | obser- ||Du sexe| Du sexe! obser- fémin. | mascul. vées. femin. |mascul. vées. — N France... . . .| 10000 | 10657 | q,656 135 || 10000 | 10484 | 673047 À ! Naples. . . . . 12000 | 10452 | 1,054055 || 10000 | 10 367 51309 | Prusse : 21,3 10000 | 10609! 3,572251 || 10000 | 10273 | 212804 À E " 9 te nel 2 + À VVestphalie, .| 10 000 | 10/71 15116 10000 | 1003 19950 À | P 47 9 9 99 K | Montpellier. .| 10000 | 10 707 2506 10 000 | 10081 P 797 4 & Nombre total ! des naissances H observées... .| * 14,4603874 2735 r à 1,019845 À Ë Moyennes des rapporis.. - «| 10000 | 10579 10000 | 10250 Pace VENT IQ mures = SAT N'a L On voit dans ce tableau le rapport des naissances des deux sexes dans cinq lieux différens, le nombre des nais- sances d’où chaque rapport a été conclu, et les moyennes (x) Extrait du Mémoire que Mr. Barsacr a publié sous ce titre : Letter... .on proportionate number of births of the two sexes.—L’An- nuaire pour la France, pour les autres pays les états statistiques et les plus respectables autorités, lui ont servi de guides, Pour la Prusse Mr. Horrmax, pour la Westphalie Mr. Hasser, etc. EFFET DE LA LÉGITIMITÉ, etc. 141 de ces rapports , en fixant à 10 000 Île nombre des nais- sances qui sert à tous d’antécédent et qui exprune constamment le nombre des naissances féminines. Par ces moyens, l'excès des naissances masculines légitimes est à celui des illégitimes dans le rapport de 579 à 250, ou à peu près de 7 à 35. S. 3. De ce fait bien observé dérivent deux consé- quences. 1.° La cause physiologique agit également sur les deux classes de naissances; au moins n'est-il pas facile de concevoir entr'elles. quelque différence sous ce rapport. Il y a donc pour les légitimes deux causes agissantes ; l'une physiologique , Commune à tous, et l'autre accessoire, qui leur est propre. 2.° La cause commune a pour mesure l'effet produit là où elle agit seule, c’est-à-dire, l'excès des naissances mâles illégi- times. Elle est exprimée sur le tableau ($ 2) par le nom- bre 250. Retranchant ce nombre de celui qui indique l'excès Lotal des naissances mâles légitimes, le reste, 329, doit être attribué à la cause accessorre qui leur est propre. Ainsi l’action de cette cause, propre aux seuls légitimes, est à celle de la cause commune à tous, comme 329 est à 250, ou à peu près comme 4 est à 3 (r). Et cette cause doit dépendre des institutions sociales. Dans tous les pays de l’Europe, elle doit être liée au degré de civilisation et aux mœurs générales de cette partie du globe. a ———_—_————— — (1) I est superflu d’ajouter que ces nombres sont sujets à étre modifiés par les observations nouvelles et par les nombres desquels ont été déduits chacun de ceux dont nous avons pris les moyennes; peut- ètre encore par d'autres circonstances. 142 ÉCONOMIE POLITIQUE. $ 4. Au nombre des opinions ou des sentimens ré- pandus dans ces états policés, ne peut-on pas compter l'espèce de préférence accordée fort généralement aux enfans du sexe masculin? La suite de cette préférence n'est-elle point de prévenir, après les naissances mas- culines, l’augmentation de Ja famille, et par là d’ac- croître le rapport proportionnel de celles-ci? Des pa- rens ont un fils; si diverses causes (1) font obstacle à l'accroissement de leur famille , ils seront moins in- quiets peut-être de celte privation, lorsque leur pre- mier vœu sera accompli, qu'ils ne l’auroient été s'ils n'a- voient point eu d’enfans mâles. Cette diminution des naissances après celle d’un ou de plusieurs fils, ne ten- droit-elle point à augmenter le rapport des naissances masculines ? — Si dans une mème famille, les suites de naissances du même sexe étoient aussi fréquentes que celles qui présentent des alternatives, la diminu- tion ou suspension que nous venons de mentionner n’auroit aucun effet pour modifier le nombre des nais- sances masculines; mais si, dans l’ordre de la nature, il y a quelque défaveur pour les suites consécutives du même sexe ; la suspension des naissances après celles des enfans mâles doit avoir l'effet d'augmenter le nombre de celles-ci. Telle est peut-être la cause qui influe dans la légitimité; ou du moins une de celles qui peuvent donner à celte circonstance un effet inat- tendu. J'ai maintenant à prouver, ou tout au moins à rendre eq 1 à ç DA F (3) Mentionnées au 6 5. Mn. on. és EFFET DE LA LÉGITIMITÉ , elc. 143 probable, 1.° qu’au degré de civilisation dont jouissent les états policés de l'Europe, il y a un certain désir gé- néral d’avoir des fils, et qu'il en résulte dans une même famiile quelque diminution du nombre des naissances après celle d’un enfant mâle ; 2.° que cette diminution a l'effet d'augmenter le rapport des naissances masculines, pourvu toutefois qu'une suite déterminée de naissances, qui présente des alternatives de sexe, soit plus fréquente que toule autre suite déterminée d'un même nombre d’en- fans tous du même sexe; 3.° que, dans l’ordre de la nature, celte condition requise , ou cette loi relative aux alternatives, existe réellement; 4° enfin, que de tout ce qui précède peut bien résulter la différence observée entre les excès des naissances mâles, selon qu’elles sont légitimes ou illégitimes. S 5. Qu'il y ait quelque préférence accordée aux en- fans mâles, c’est ce qui semble résulter, chez les riches, de certaines opinions relatives au nom, au rang, au maintien de l’opulence, et chez les pauvres, de la plus grande facilité qu'a un jeune homme de seconder ses parens et de se suffire à lui-même. On sait que, dans un grand nombre d’hôpitaux d’enfans trouvés, on re- çoit indistinctement tous ceux que l’on présente. Si donc on présente plusieurs légitimes, les filles y seront plus nombreuses. C’est en effet ce que l'expérience semble attester. Mr. BABBAGE s'exprime ainsi : « Dans les hôpi- « taux d’enfans trouvés, on dit qu’il y a une plus forte « tendance à exposer les enfans du sexe féminin que « ceux du sexe masculin, parce que ceux-ci sont plus tôt 144 ÉCONOMIE POLITIQUE. « en état de pourvoir à leur subsistance (1).» Disons encore que, dans l’état présent des sociétés, la guerre et la marine , les arméesde terre et de mer en temps de paix, offrent seules des demandes d'hommes considérables. ‘En accordant en conséquence que la préférence existe. il doit en résulter, à la naissance d’un enfant mâle, quel- que facilité à céder aux obstacles qui s’opposent à une augmentation de famille. Les causes physiques récem- ment découvertes et les anciennes conjectures, beau- coup moins applicables, sont également étrangères aux effets de la Képgitimité. Mais il y a des causes d’une autre nature qui font obstacle à l'augmentation d’une (x) Cette phrase incidente n’est que le développement d’une objec- tion contre l'exactitude des tables. Si en effet le nombre des illégi- times n’a été déduit que du nombre des enfans trouvés reçus dans les hospices qui leur sont destinés , et si, dans ces hospices , les en- fans du sexe féminin sont en excès, on pourroit espérer d'expliquer, sans recourir à une autre cause, la différence du nombre propor- tionnel des naissances légitimes et illégitimes. — Mr. Bagsace n’es- tune pas que cette circonstance suffise pour rendre raison d’une telle différence observée en plusieurs pays ; il croit que pour en apprécier l'effet, il faut attendre de plus abondantes informations. — A cette observation j'ajouterai que le résultat , auquel seul nous pouvons re- courir (celui de l'hôpital de Dublin, rapporté par Mr. BaBaGE } étant bien apprécié, ne paroît pas favorable à l'explication dont il s’agit. En voici le résultat : Nombre des enfans reçus à l'hépital des enfans trouvés de Dublin pendant une période de 27 ans. (Du 1. janvier 1800 au 31 dé- cembre 1826 ). Enfans mâles. rilles. 22 287. 25 169. EFFET DE LA LÉGITIMITÉ, etc. 145 famille, et qui peuvent être plus ou moins efficaces ; telles sont les séparations, le veuvage, des couches pénibles, des craintes bien ou mal fondées, etc. $ 6. La suspension ou diminution des naissances dans une même famille après celles du sexe masculin tend, avons-nous dit, à accroître le nombre proportionnel de celles-ci ; pourvu que les suites d’enfans de même sexe soient plus rares qu’elles ne le seroïent si on te- noit comple de toutes les combinaisons concevables des naissances de chaque suite, en les supposant toutes également possibles. Pour reconnoitre l'influence de cette cause, nous partirons du principe que, dans l’or- dre naturel et indépendamment des effets de la civili- sation ou de toute autre cause accidentelle, le nombre des naissances est le même dans les deux sexes. Nous verrons, d'après celte disposition primitive, comment ce rapport d'égalité est modifié par la diminution des naissances après celles des enfans mâles, jointe à quel- En supposant qu'il n’y ait aucune différence entre les légitimes et les illégitimes dans ce qui concerne le rapport des naissances de dif- férens sexes ; il devroit y avoir sur 22287 naissances masculines , 21 065 féminines ( différence 1222 , qui est bien le 58 pour mille, donné par le tableau du $ 2). Mais au lieu de cet excès de mäles, l'observation de Dublin a donné un excès de naissances féminines, D DRE DIS TRE ana Ajoutant done cet excès à celui qui auroit dù résulter de la TO EP 0 Le eee at eee te MOST ce 40 2 et AT DÉS La somme........ 4104 est la différence entre l'hypothèse et l'observation , faisant sur 21 065, un écart de 195 pour mille. 146 ECONOMIE POLITIQUE. que faveur donnée aux suites mêlées d’alternatives. Nous commencerons par en donner des exemples, et nous finirons par offrir ($ 13) une remarque explicative. Exemple 1. Supposons donc d’abord r1.° que le nom- bre des naissances, pour un couple, s'élève toujours à deux, sauf les restrictions suivantes : 2.° que jamais un même couple n’ait deux enfans du même sexe ; 3.° qu’à Ja naissance d’un enfant mâle, les naissances cessent. — Dans ces hypothèses, le rapport des naissances mas- culines aux féminines seroit celui de 3 à 2, quoique les combinaisons, libres de toute restriction, eussent établi le rapport d'égalité (1). Exemple 2. 1.° Que le nombre des enfans d’un même couple soit toujours quatre, sauf les restrictions sui- vantes : 2.° qu'un même couple n’en ait jamais plus de deux de même sexe consécutivement; 3.° que les nais- sances cessent après Ja naissance d’un enfant mâle. — Le rapport des naissances masculines aux féminines sera celui de 7 à 6 (2). $ 7. Le désir d’avoir des enfans mâles ne semble pas pouvoir se borner à un seul, parce qu'un plus grand nombre assure une survie et paroît ‘garantir un héritier ou un soutien. Ce sentiment peut être représenté par les hypothèses posées dans les exemples suivans : Exemple 3. Supposons 1° que chaque couple aspire à avoir deux enfans mâles, et cesse d’en avoir d’autres seulement quand il les a obtenus; 2.° qu'indépendam- (1) Note finale A. (2) Note B. + EFFET DE LA LÉGITIMITÉ, ctc. 147 ment de celte restriction et de celle qui va suivre, le nombre des enfans d’un même couple dût toujours être de trois ; 3° que les enfans du même sexe ne puissent pas naître consécutivement des mêmes parens en plus grand nombre que deux. — Le rapport des naissances masculines aux féminines seroit de 11 à 10 (1). Exemple 4. Dans les mêmes suppositions, qu’on étende à quatre, sauf les restrictions, le nombre des enfans d’un même couple. -— On aura le rapport des naissances des deux sexes de 25 à 22 (2). Exemple 5. Si l’on supposoit que les naissances, sauf les restrictions , s’élevassent dans une-‘famille au nombre _ de cinq; en partant des autres hypothèses de l'exemple 2 (deux naissances consécutives de même sexe, et sus- pension des naissances après une naissance masculine), on auroit le rapport des masculines aux féminines de 7 à6, le même qu’en fixant à trois ou à quatre, le nombre possible des naissances provenant d’un même couple. Exemple 6. Si en supposant toujours, sauf les res- trictions, cinq naissances d’un même couple, on po- soit les hypothèses de l'exemple 4 (2 étant la limite des paissances consécutives de même sexe, et aussi celle . des naissances masculines qui produisent la suspension à naissances), le rapport en question seroit celui de “52 à 45 (excès de 7 sur 45, ou 157 sur mille). Exemple 3. Si, dans la même hypothèse de cinq naissances possibles, on supposoit 1.° que le nombre — * (1) Note C. (2) Note D. 148 ÉCONOMIE POLITIQUE. des naissances consécutives de même sexe peut ; dans un même couple, s'élever à trois, et non au-delà ; 2.° que les naissances cessent dans une famille , lorsque des fils sont nés au nombre de trois; on auroit le rap- port des naissances masculines aux féminines de 24 à 23 (excès de 1 sur 23, ou 435 pour mille ). S 8. Ces exemples suffisent peut-être pour montrer que l'effet de la suspension des naissances dans une famille, en supposant qu’elle a lieu plus fréquemment après les naissances masculines, doit rendre celles-ci plus nombreuses, pourvu qu'en même temps les com- binaisons qui offrent des alternatives jouissent de quel- que faveur. Mais il reste à prouver, ou du moins à rendre probable, que, dans l’ordre de la nature, cette condition se réalise; que, dans une même famille, une succession déterminée d’enfans tous du même sexe est plus rare qu’une succession délerminée du même nombre d’enfans, mêlée d’alternatives. C’est |à sans doute une proposition purement du ressort de l'expérience ; mais avant toute expérience nouvelle, exacte et régulière, on est conduit à la tenir pour vraie, parce qu’elle semble une conséquence de l'égalité (rigoureuse ou approchée) des deux sexes dans l'espèce; car les individus étant, dans chaque sexe, de même organisation , chaque couple doit en général produire des enfans des deux sexes à peu près en même nombre, pour que, dans l'espèce, l'égalité soit maintenue. Les cas contraires (de longues suiles toutes de même sexe) ne doivent être que des exceptions, qui apparemment se Compensent mutuel- lement. EFFET DE LA LÉGITIMITÉ , etc. 149 $ 9. Cela étant accorde , il conviendra d'envisager de plus près le rapport de la cause à l'effet. Celui qu'a la légitimité de doubler l'excès des naissances mâles semble , avons-nous dit, ne pouvoir être attribué à au- cune. cause physique ou physiologique et paroît ne pou- voir dépendre que de nos institutions. Telle est bien évidemment la cause que nous avons indiquée. Pour qu'elle existe, il faut presque nécessairement la bor- ner aux enfans nés dans le mariage. Elle a donc bien le caractère requis par les résultats des observations , elle est née de nos institutions et pourroit être dite institutionnelle. Mais nous croyons devoir nous con- tenter de la désigner toujours comme étant une cause accessoire, qui s'ajoute aux causes naturelles par suite de nos institutions sociales. $ 10. En étudiant ce sujet, on voit/bientôt qu'il est fort compliqué et que les cas d'application ne peuvent guères être suivis en détail. Mais ils peuvent être re- présentés en masse dans de justes limites. Ainsi, par exemple , on ne peut pas supposer que le principe qui a servi de base à nos raisonnemens agisse d’une ma- nière universelle ; mais il n’est pas déraisonnable de lui attribuer quelque influence sur une partie de la po- pulation. Cela tend à diminuer les rapports que pré- sentent nos exemples dans leur application à toute une population ; résultat qui ne semble pas contraire à ceux des observations. Dans nos exemples 5, 6, et 7, la suspension des naissances produite par celle d’un enfant mâle, puis, par celle de deux ; et enfin par celle de frois, sans 150 ECONOMIE POLITIQUE. rien changer d’ailleurs aux hypothèses, a donné des rapports décroissans des naissances masculines aux fé. minines , Savoir, pour un, de 7 à 6 ; excès d’un sixième, 167 pour mille, — deux, de 52 à 45— de 7 sur 45, ou 157 — — trois, de 24 à 23— de 1 sur 23, ou 435 — C’est ce qui a lieu en bornant le nombre des naissances à cng. Il seroit déraisonnable d'imaginer que, dans une population, une de ces suppositions, relative à la sus- pension des naissances, püt avoir lieu universellement et d’une manière exclusive. Mais il ne l'est pas de repré- senter l'effet général en bornant l'emploi de ces rapports. Plusieurs familles sans doute seront soustraites à toute cause de diminution des naissances; et parmi celles qui seront soumises à l’influence de telles causes, plusieurs n'auront pas été assujellies à l’action de la cause ac- cessoire que nous avons indiquée ; mais parmi les fa- milles restantes, il y aura eu quelque diminution de naissances après une, ou deux, ou trois naissances masculines ; de manière à présenter, sur toute la po- pulation, un excès de naissances mâles, tel à peu près que l’a donné l'observation. En effet, dans les nais- sances légitimes, l'excès a été de 58 pour mille, dont il faut soustraire l'effet de la cause commune qui agit indifféremment sur toute la population, c’est-à-dire , 25 pour mille. Reste donc 33 à attribuer à la cause accessoire. 1 n’y a rien d'invraisemblable à supposer qu'une cause qui n'agit que sur une partie de la po- pulation ne produise, sur la totalité , qu'un effet fort inférieur à sa capacité d'influence toute entière. Les EFFET DE LA LÉGITIMITÉ , elc. 151 excès calculés (167,157,43) donnant en nioyenne 122, n'ont donné à l'observation que 33 pour mille. Sup- posons que la cause accessoire, due à nos institutions, n'agisse, par exemple, qu’à la naissance du second en- fant mâle ; si elle agissoit universellement, elle pro- duiroit un excès de 157 pour mille. Mais si, sur la totalité des familles , il n’y en a qu’une entre cinq, où les naissances cessent après celle d'un fils, on trou- veroit un excès de naissances masculines très-voisin de celui qui a été observé. $ 11. En combinant et variant les suppositions , on peut se rapprocher plus de la nature (1). En particulier, on sent bien que dans nos calculs, la cessation ab- solue devroit être remplacée par une diminution de naissances ; et de même qu'au lieu de supprimer les suites de deux, de trois ou de quatre enfans de même sexe, ou davantage , il conviendroit de les présenter seulement comme moins fréquentes. (1) Feignons une population de mille familles , dans laquelle le nombre des enfans , dans une même famille , ne s'élève pas au-dessus de cirq , et les naissances consécutives ne puissent jamais étre au- » dessus de trois. Que dans 200 familles seulement, les naissances ces- “sent après wze naissance masculine ; dans 200 autres, après dewr, et ans 100 autres, après éroës. Que le reste de la population {c'est-à- ire , la moitié des familles) n’'éprouve aucune influence de la cause accessoire. — Dans ces hypothèses , l'excès de naissances masculines dû à cette cause, seroit de 29 ou 30 sur mille; nombre fort rap- “proché de celui de 33 qu'a donné ‘observation. Voici sur quoi repose ce calcul. Si lon développe les 32 combinai- sons des naissances , résultant ( comme également possibles avant toute restriction } de la sapposition de cérg naissances , et qu'ensuile ’ 152 ECONOMIE POLITIQUE. S 12. Laissons maintenant les moyennes de tous les lieux d'observations réunis , et comparons l'influence de la légitimité d’un lieu à un autre; afin de voir si la cause accessoire indiquée s’appliquera bien aux nuances des mœurs et des institutions en divers lieux, Sans en- treprendre aucune discussion sur ce point , je vais ex- traire du tableau ci-dessus ($ 2), les données dont elle dépend. Excès des naissances masculines (sur mille féminines). Légitimes. légitimes. Différences en millièmes. Naples. ..:. 45,2 | 36,7 8,5 France ..... 65,7 . 46,4 17,9 Prusse ..... 60,9 27,8 34. L Westphalie. . AR 0 43,2 Montpellier. . 70,7. | 8,1 _, . 62, 6 Nous donnons, a une note (1), un tableau des illé- RE RER MED SE ee on réduise chacune an nombre prescrit par les restrictions ,; on verra que , dans les hypothèses actuelles ( où l’on n’a que trois nais- sances consécutives du même /sexe }, lorsque les naissances cessent après ne mascul,, l'excès des mascul. est de 1 sur 14, ou 71 sur mille äprès deur sie denied eme hder— après éroËsa ds sialeté 3 dote Glen 96 alor 2348 vo Mais puisque, pour ce dernier excés, le rapport ne porte que sur un dixième de la population, il n’est plus sur la population totale que de 4,3 sur mille. Les deux autres excès, n'ayant lien que sur la cin- quième de la population , sont à diviser par cinq pour avoir le rap- port des excès à la population totale. De là résultent les nombres h,11, 14 (sans fractions), dont la somme est bien 29 et (avec les fractions) se rapproche assez de 30 pour mille. (1) Note E. he D EFFET DE LA LÉGITIMITÉ , etc. 153 gitimes , qui n’a qu’un rapport fort indirect à notre sujet, mais qui peut suggérer quelques vues qui s'y rapportent. $ 13. IL est facile de voir de quoi dépend l'effet pro- duit par la diminution des naissances après celle d'un enfant mâle ; tandis que cette diminution n’a pas lieu après la naissance des enfans d’un autre sexe; toujours en supposant que Îles naissances consécutives de l’un et l'autre sont limitées par la nature à un nombre égal ou supérieur à celui des enfans mâles, qui prévient la continuation des naissances ; c’est-à-dire , en suppo- sant qu'il y a quelque faveur pour les suites mélées d'al- ternatives. On donne par là une chance aux naissances mâles que l'autre sexe ne peut obtenir. Ainsi, par exemple , après trois enfans mâles, si ce nombre sert de limite, on exclut également toute naissance sub- séquente de l’un et l’autre sexe ; tandis qu'après trois naissances féminines, on n'exclut pas celle des enfans mâles , mais seulement celles du sexe féminin. $ 14. Il n'est pas aussi facile d'aller au delà et de donner la loi des rapports successifs dont nous avons tracé la marche initiale sous forme d'exemples. Ces simples indications suffiront peut-être pour engager à ousser plus loin cette recherche et à lui donner une forme plus rigoureuse. Mais il convient d’attendre que les personnes accoutumées à diriger leur attention sur “les résultats des tables de population aient porté un jugement sur l'idée que nous avons cru devoir lear sou- mettre. . -$15. Si maintenant nous avions à notre portée des Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 2. Octobre 1829. L 154 ÉCONOMIE POLITIQUE. états de population exempts d'erreurs et relatifs à une société dans laquelle la nature et les institutions fusssent telles que nous les avons supposées, on ne sauroit douter que nous n’en pussions tirer les mêmes résul- tats que nous avons obtenus dans nos exemples. Nos hypothèses générales , quant à la nature, étoient que les naissances des deux sexes sont primitivement égales en nombre , et qu'il y a quelque faveur pour les suites mêlées d’alternatives. La seule hypothèse générale et accessoire que nous avons posée, comme liée à nos institutions sociales, est que Îles naissances légitimes sont moins fréquentes après celles des enfans mâles. S 16. Pour représenter ces hypothèses de manière à les pouvoir soumettre au calcul sans peine , il a fallu 1.0 admettre entre les naissances des deux sexes, selon l’ordre de la nature, une égalité rigoureuse , et faire abstraction de toute autre éause qui peut la troubler; 2.° supposer que les naissances consécutives du même sexe, dans une même famille , étoient limitées à un certain nombre déterminé ; et 3.° qu'après un certain nombre d’enfans mâles, nés dans une famille, la suite des naïssances y étoit absolament interrompue. Il est bien évident que de telles hypothèses (dans lesquelles on substitue , aux approximations réelles, des termes de rigueur) ne peuvent trouver des applications immé- diates. On doit se contenter de montrer que les ré- sultats en sont à peu près les mêmes que ceux que l’on observe. C’est ce que nous avons tàché de faire. Mais enfin s’il y avoit réellement une population à la- quelle convinssent les hypothèses de nos exemples, EFFET DE LA LÉGITIMITÉ , etc. 155 nous éprouverions quelque satisfaction à voir les effets de la légitimité s'accorder avec ceux que nous lui avons attribués ; en nous bornant toujours à l’ordre le plus simple des combinaisons et à la forme la plus maniable des restrictions. Il est.à peine nécessaire de dire que, sal existoit une telle population, quand on se borne- roit à un petit nombre de familles, on n’auroit pas pro- bablement un accord exact entre l'observation et la théorie ; mais-que cet accord se manifesteroit de plus en plus en augmentant le nombre des familles et par conséquent celui des naissances observées (1). S 17. Dans l'impossibilité de trouver une telle po- pulation , j'ai cru qu'il ne seroit pas absolament inutile d’en présenter un type, propre à éclaircir le sujet et à servir d’épreuve à nos raisonnemens. Ce type est une longue suite de nombres pris au hasard, auxquels il est facile d'appliquer nos hypothèses, Dans les ‘pays où le gouvernement a établi cette espèce de loterie, connue sous le nom de LOTO (l’une des plus séduisantes et des plus perfides), on a fait la liste des tirages, cha- cun desquels offre, comme on sait, cinq numéros; et dont l'ensemble , dans une longue suite d'années, pré- sente un grand nombre de chiffres, pris au hasard sur les dix qui composent notre notation. Sur ces dix chiffres, cinq sout pairs (y compris le zéro ) et cinq sont #m- pairs. Ces signes peuvent donc représenter tout rap- #0 à mm mme mt (1) C’est peu la peine de rappeler ici les calculs des JaQ. BERNouz tt et des Larcacr , pour apprécier cet effet du nombre des observations. E 2 156 ECONOMIE POLITIQUE. port d'égalité, et en particulier celui que la nature a, suivant nous, établi entre les sexes. $ 18. J'ai employé la liste des numéros sortis à chaque tirage de la loterie de France depuis l’année 1758, telle qu’on la trouve dans le Tableau publié à Paris vingt ans plus tard (1). La liste est de cette forme (2): Elle contient en imprimé (3), 252 tirages et par con- séquent 1260 numéros, chacun de deux chiffres (en supposant un zéro aux dixaines, dans les places où il n’y à aucun chiffre significatif). Cela fait donc deux suites, chacune de 1260 chiffres, en tout 2520 , sur lesquels on peut établir le jeu de pair ou non, sans qu'aucune influence intentionnelle ait pu agir pour . modifier les causes fortuites qui ont amené tel on tel chiffre à la place qu'il occupe. $ 19. Appelant donc p le pair et n le non-pair, j'ai mis d’abord à l'épreuve la formule de mon premier exemple ($ 6 ). Supposant que les » sont les naissances masculines et p les féminines, j'ai envisagé les deux (1) Tableau instructif à l'usage des actionnaires de la loterie royale de France , in-l.°, chez Marcel , 1778. (2) Je supprime une colonne , qui est pour moi sans emploi. (3) Il y a un supplément manuscrit. … EFFET DE LA LÉGITIMITÉ , etc, 157 chiffres de chaque numéro comme deux naïssances consécutives et j'y ai appliqué nos restrictions ; bor- nant à la 1. naissance ( c’est-à-dire, au chiffre des dixaines }) toutes celles de la famille, soit dans le cas où la suivante ( le chiffre des unités } seroit de même nom (par exemple , pair après pair), soit dans celui où la 1. seroit masculine (où le chiffre des dixaines seroit non-pair ). Ne pouvant me résoudre à transcrire de si longues et si minutieuses opérations , je me borne à les repré- senter sur les trois premiers tirages ($ 18) que Le lec- teur a sous les yeux (1). 85, 04 51 27, 05 45 87, 50 47 06 pa OP. n. pr pn pu’ pn mn. pn p. 15 38, 54 11, 29 On y trouve treize n et RP nn En: pr neuf p. $ 20. En procédant de la sorte , on a les résultats suivans: Pour les six premiers tirages le nombre des n a élé 25 et celui des p, 15. Rapport 25 à 15, ou 5 à 3. Pour les six suivans on a eu 21 pour le nombre des n et 18 pour celui des p. Rapport 21 à 18, ou P 7 7 à 6. Ainsi les 6 premiers........... 25: 15 dos,6 suivans.. "hi 26e à CR ————— Et par conséquent pour les 12 tirages (formant 60 numéros , ou 120 chiffres) on a eu le rapport de.........:1:,.. 46 : 33 { (1) Prèt du reste à soumettre la liste entière à sa vérification. 158 ÉCONOMIE POLITIQUE. Les n se sont donc trouvées en nombre moindre que ne l'indiquoit notre formule , puisque celle-ci don- noit le rapport de 3 à 2,et partant celui des p aux n de 2à3,ou de 33 à 495. — Cela est dû essentielle- ment au nombre inférieur des n dans la totalité des 120 chiffres En effet au lieu du rapport d'égalité , on y trouve 53 non-pairs et 67 pairs, Si, par cette raison, nous écartions cette première douzaine de tirages et que nous jubeassions convenable de nous en tenir aux suivantes; nous obtiendrions des résultats plus rapprochés. La première page de notre liste contient trente-six tirages, rangés de six en six. Laissant donc la première douzaine, voici les rapports que nous donnent les suivantes. Nombre des coïncide exactement avec ce- LT P n À lui que donne notre formule, Ce rapport de 61 à 92 É Tirages À de six en six puisqu'elle établit le rapport ide 19 à 18 | 15 de 2à 3, qui est le mème que PACA, vai | 13 | 20 à celui de 6r à gr 5; et que, 31-36 1:16: [28 De Le | dans le cas actuel, toute frac- | tion étoit impossible. Tel est le résultat de 24 tirages. S 21. J'ai fait une semblable épreuve sur la formule donnée dans notre 6.% exemple ($ 7). On y porte le nombre des naissances naturelles à ang; et le nombre deux y es! la limite, tant des naissances consécutives de même sexe, que de celles du sexe masculin après lesquelles les naissances cessent dans une même famille. Comme chaque famille présenteroit cinq naissances, fl “ EFFET DE LA LÉGITIMITÉ , elc. 159 s’il n’y avoit pas deux restrictions, l’une naturelle , l’autre artificielle; il a fallu discuter un plus grand nombre de tirages. Voici le résultat de cette discüssion : Tirages | 4 Lestrois dernières lignes de du di - six {Nombre des he sibleau sont déduites de la neuf en neuf. | pP n À seconde page de la liste, où les colonnes comprennent g ] de ra 6 re tirages. Le rapport final du Hbnibré | des p à celui des n est de 172 | à 198 — 86 : 99. Il résulte de lapplication des hypothèses du 6."*exemple (S7), en doublant le nombre | des numéros des 63 tirages , pue tale aie pour employer les chiffres que brésentent: ke débé” séries séparées des unités et des dixaines. | Le rapport donné par le 6." exemple est celui si 45 à 52, qui est le même que celui de 86 à 995, et par conséquent ne différe pas sensiblement du rap- port trouvé. | $ 22. Je joindrai encore ici l'opération faite sur les trois premiers tirages, dont j'ai transcrit Jes numéros ci-dessus ( S 18 ). Chaque numéro, présentant deux chiffres, donne la facilité de compter, à chaque tirage, deux séries de cinq chiffres chacune, et d'appliquer 1 à l'une et à l'autre les restrictions prescrites dans exemple sixième, Ces séries, en conséquence, pro cèdent dans la hgne verticale. 160 ÉCONOMIE POLITIQUE. anülés.) à a.de série. À (les À » © ‘© b H = " xaines.) série. (les di- Nu: méros. frages. Remarques. 1. On trouve, dans ce tableau, la lettre n répétée dix fois, et p répétée onze fois. 2. "Si à ces trois tirages, on avoit joint les trois sui- vans; on auroit trouvé dans ces six premiers tirages 2x1 fois la lettre n; et 13 fois la lettre p. $ 23. Je n'ai pas cru devoir pousser plus loin cette espèce d'expérience, qui n’a d'autre but , comme je l'ai annoncé , que de pénétrer dans le sujet d’une ma- nière plus pleine. Elle conduiroit, si la théorie ac- quéroit plus de développement, à tenter des applica- tions plus utiles sur les tables de population ; mais il faudroit pour cela trouver des formules fondées sur la substitution des idées de diminution à celles de sus- pension absolue. Si les résultats des comparaisons faites sous ce point de vue éloient satisfaisans, on pourroit les envisager comme une vérification des hypothèses; en particulier , de celle que nous avons admise sur la faveur qu'ont, dans l’ordre de la nature, les alterna- EFFET DE LA LÉGITIMITÉ , etc. 161 il . L * Q ? tives dans le sexe des naissances consécutives d’une même famille ; ce qui pourroit devenir un objet de quel- que intérêt. TR A A A AT TT NOTES. Dans toutes ces notes , les suites des naissances sont présentées dans la ligne verticale; et les lettres m , f, signifient naissances mascu- lines et naissances féminines respectivement. NOTE À (au S6). Dans la supposition du rapport d'égalité primitive , et avant toute restriction , les combinaisons également possibles des #72 et des f deux à deux seroient | mmff . m f mf réduites par la suspension après re , à cette forme, ; mmff m f et par l'impossibilité de deux naissances consécutives de même sexe, mmff m résultat qui présente trois 2 et deux /. NOTE B,(ausS EN Cas également possibles avant toute restriction ; nan, hmmm EF SO EPISS mmmm ff f fSTS mmmm mmff mm$ff ffmm ffmm m f m f mfmf fmfm fmfm 162 et en vertu des restrictions ; 12 mr Im Im m2 Tr 1 M ÉCONOMIE POLITIQUE. Li XF QE APR LAN: L2 LJ mt rt L1 - . In DR TI rt . . . CC . résultat qui présente quatorze me et douze f. NOTE C. (au S 7). Cas également possibles avant toute restriction ; 77 772 TL 1 mim f f mf m$f et avec les restrictions, ma nr I 1 mm $f f RÉ FTP mmf f m$fnt f id) à af à mm$ff m f m. résultat qui présente onze m et dix f. NP. Si on avoit supposé que les naissances cessassent aprés une seule naissance masculine, sans rien changer d’ailleurs aux hypo- thèses de ce troisième exemple, on auroit eu le rapport de 7 à 6. NOTE D. (AuS 7). Cas également possibles avant toute restriction ; 2e PÉRR MIRNNR LS SPF mmmm Sf ff ff mf mmmm mad éonmsi fofo: srtaf 7 nfms. MmEMFAFMI M, m fm} réduits par la suspension après deux 72 consécutives , IMIMIMIN IMINMMM PANTIN NT NO), JNENÉ mm ff VAT: d GORUE KART wo HMT CARS «mama TS. cm mm S fm$f m ru f EFFET DE LA LÉGITIMITÉ , etc. 163 puis réduits encore par l’impossibilité de trois consécutives de mème sexe, mmmm mmmm fSSSS SSSS mm Ji) I JJ1J, mmmm St bc dc mm ff ...mm mm$f$f s HERrE AE Re farce nf Tels sont, après les restrictions , tous les cas également possibles , présentant en résultat vingt-cinq »2 et vingt-deux f. NOTE E. (au $ 17). Tableau du nombre des enfans illégitimes , pour 10 000 légitimes , ( extrait du Mémoire de Mr. BABBAGE). } Dans les villes de Ta APERE A Montpellier. . À Dans l’ancien nome de Westhalie. } En Prusse En France A Naples CHIRURGIE. PROCÉDÉ NOUVEAU POUR REMÉDIER À QUELQUES ACCIDENS DE L'OPÉRATION DE LA CATARACTE. Mr. Maunoir aîné , Professeur de chirurgie , a fait part à la Société Medico-Chirurgicale d’un fait nouveau qui montre comment il a su, par sa présence d'es- prit, prévenir les suites d’un accident survenu pendant 16/. CHIRURGIE. une opération de cataracte par extraction, faite sur un vieillard de 82 ans déjà affoibli par une opération de hernie qui avoit eu lieu six semaines auparavant. « D'abord après une opération bien faite, de la ca- taracte par extraction, » a dit Mr. Maunoir , « la cornée transparente conserve $a forme, la pupille est noire et circulaire, l’iris même ne semble pas appliquée im- médiatement contre la face interne de la cornée , et la vue a lieu quelquefois d'une manière remarquable- ment nette. Cependant l'œil est diminué de tout le volume de l'humeur aqueuse et du cristallin. Qu’est- ce qui remplit le vide qu'ils ont laissé ? Quand c’est de l'air, c’est un accident, et même un accident fàcheux. Cette question importante n’a pas été, que je sache, examinée par les physiologistes, encore moins par les oculistes. La question toute simple qu’on auroit dû se faire, est celle-ci: comment ce vide peut-il être rempli au moment de l'opération? » « Quant à moi, je crois que l’action tonique de l'œil, et suriout de ses muscles, refoule l'humeur vitrée en avant, qu'il y a même une sécrétion instantanée d’une petite quantité d'humeur aqueuse, et en même temps une légère diminution dans les diamètres transversaux du globe de l'œil , de sorte que le vide se trouve tout- à-fait rempli. » « On rencontre quelquefois des personnes délicates, foibles, chez lesquelles après une opération, bien faite d’ailleurs , cette action tonique n’a pas toujours lieu et la cornée reste affaissée et plissée : il y a un creux au lieu d’une surface arrondie et convexe , et les ma- OPÉRATION DE LA CATARACTE. 165 * lades-ne voyent pas. Les lèvres de Ja plaie faite à la cornée ne sont point en contact, l'humeur aqueuse s'é- coule au-dehors , à mesure qu’elle est sécrétée, il s’en- suit une inflammation considérable et la perte irré- médiable de l'œil. » « Le 6 octobre, j'ai opéré l'œil gauche de Mr. Millet, en faisant une incision en arc à la partie inférieure et un peu externe de la cornée, d'à peu près deux cin- quièmes de sa circonférence; j'ai coupé la capsule du cristallin avec une aiguille à cataracte, et cette lentille est sortie avec un léger frottement ; la pupille est restée d’un beau noir, et parfaitement intacte ; mais les chambres antérieure et postérieure ne se sont pas remplies, la cornée s’est affaissée et ridée, quelques bulles d’air ont pénétré dans la chambre antérieure, et le malade n'a point vu. » 4 « Ma première idée a été fort triste, et j'ai regardé cet œil comme perdu.... Un instant après j'ai conçu l'espérance de remplir cette cavité; j'ai envoyé cher- cher de l’eau distillée chez le pharmacien le plus voisin ; j'ai fait chauffer cette eau au bain-marie ; puis renver- sant mon malade sur le dos, j'ai rempli l'orbite externe . de l'œil opéré avec cette eau, je lui ai fait ouvrir les pau- pières, j'ai soulevé le lambeau de la cornée; l’eau a pé- nétré alors dans toutes les cavités accessibles de l'œil, les plis de la cornée ont disparu, et elle a recouvré sa con- vexité. J'ai fait fermer cet œil pendant quelques minutes; puis permettant au malade de l'ouvrir, j'ai trouvé cet or- gane dans l’état le plus satisfaisant; mon malade à eu le plaisir de distinguer très-nettement tous les objets 166 CHIRURGIE. qui lui ont été présentés, aussi bien qu'après l’opéra- tion la plus heureuse et la plus exempte de toute es- pèce d'accident. Je dois observer qu'après l’introduc- tion de l’eau, le malade a éprouvé une légère douleur dans l'œil, qui s’est dissipée au bout de quelques ins- tans. Dès ce moment, la guérison n’a éprouvé aucun obstacle, et quand j'ai ouvert l'œil au huitième jour de l'opération, je l’ai trouvé exempt de gonflement et d’in- flammation; la réunion de la cornée étoit parfaite, mais la pupille un peu obscure, la vue foible, et le malade se plaignant qu'il voyoit moins bien qu'immé- diatement après l'opération. Il y a maintenant six jours que le bandeau est levé ; le nuage de la pupille a beau- coup diminué, la vue se fortifie d’un jour à l’autre, et je ne doute pas qu'elle ne s'améliore assez pour que Mr. Millet puisse bientôt lire les caractères d'impression.» MÉLANGES. 1) Secousse qu'éprouve la grenouille qui fait partie d'un arc galvanique, quand on forme où qu’on rompt le circuit. — Quand on touche Îes nerfs et les muscles d’une grenouille avec Îles extrémités d’un arc métal- lique de zinc et de cuivre, on détermine une secousse très-forte dans les muscles de lanimal au moment où le contact a lieu ; c’est l'expérience fondamentale de MELANGES. 167 Galvani. Mais un fait curieux, observé d'abord par Volta, Valli, etc., et étudié ensuite par Bellingieri, c’est que la grenouille éprouve une secousse , non - seulement quand on forme le circuit, mais aussi quand on le rompt, et que ces deux secousses ne sont point de même intensité ; la première , c’est-à-dire celle qui a lieu au moment où l’on établit le contact, est de beau- coup la plus forte quand le zinc touche le nerf et le cuivre le muscle; c’est, au contraire , la seconde , c’est- à-dire, celle qui est déterminée par l'enlèvement de l'arc métallique, qui est la plus vive quand c’est le euivre qui étoit en contact avec le nerf et le zinc avec le muscle. Dans chacun de ces deux cas, la plus foible des deux secousses est souvent à peine sensible , tandis que l’autre est très - violente. Mr. Marianini vient de publier sur ce phénomène des recherches expérimen- tales fort intéressantes (Ann. de Chimie et de Physique, T. XL p. 225). Il a étudié avec soin et varié de di- verses manières l'expérience fondamentale ; il a exposé et discuté les explications qu’on avoit cherché à en donner, et en particulier il a montré qu’il étoit impos- sible d'admettre celle par laquelle on rendoit compte de la contraction qu'éprouve la grenouille au moment de Ja rupture du circuit, en la supposant due à une espèce de refoulement en arrière qu'auroit éprouvé le courant électrique par l'obstacle instantané qu'il ren- contre. L'auteur, par une suite de recherches dont un ex- trait ne pourroit donner. qu'une idée imparfaite , est amené à distinguer deux sortes de contractions produites 168 MÉLANGES. ñ dans les muscles par l'électricité, savoir, les contractions idiopathiques , et les contractions sympathiques, les pre- mières ayant lieu, quelle que soit la direction suivant la- quelle le courant pénètre les muscles, et les secondes, alors seulement que le courant parcourt les nerfs dans le sens de leur ramification. Ainsi, quand le fluide électrique pénètre les nerfs en sens contraire de leur ramification, c’est une sensation qu’il produit, au lieu d’occasionner une contraction , laquelle n’a lieu alors qu'au moment de l'interruption du courant. Et au contraire, si le courant parcourt le nerf dans le sens de sa ramification , l’a- nimal éprouve une sensation au nfoment où on inter- rompt le courant, tandis qu’il éprouve une contrac- tion au moment où on l'établit. Cette manière d'envisager le phénomène nous paroît reposer sur une hypothèse qui n’est point encore prou- vée, c’est que dans un circuit voltaïque il n’y a qu'un courant , et que ce courant est dirigé du métal positif au négatif; l'existence d’un courant unique, le sens suivant lequel on le suppose dirigé, ne sont qu’une affaire de convention , une manière de s'entendre simple et commode. Mais de là à une réalité il y a loin, et bien des physiciens seroient probablement portés à admettre deux courans plutôt qu’un, si tant est qu'ils allassent même jusqu’à regarder comme un courant réel l'état de l'électricité dans un circuit voltaïque. Mais n'y auroit-il point quelque liaison entre les phénomènes étudiés par Mr. Marianini et le fait reconnu récem- ment par Mr. Nobili, savoir, qu'en réunissant par un conducteur humide les nerfs et les muscles de la gre- 8 nouille MÉLANGES: 169 nouille on donne naissance à un véritable courant élec- trique ? La production et Ja disparition des céntrac- tions ne seroient-elles point dues à ce que ce courant naturel de la grenouille, et le courant artificiel auquel elle sert de conducteur, se trouveroiïient dans un cas cheminer dans le même sens, tandis que dans l’autre cas ils iroient en sens contraires ? A. D. 2) Expédition scientifique au. sommet le plus élevé de la chaîne du Caucase. — Une lettre de Mr. Kupffer à Mr. Arago , datée du 10 août des Eaux minérales du Caucase, et communiquée à l’Académie des Sciences de Paris le 28 septembre, renferme des détails intéressans sur une expédition militaire et scientifique, faite par l’au- teur de la lettre et quelques autres savans russes, sous les ordres du général Emmanuel, vers le sommet de l'E! brouz, qui paroît être le point culminant de la chaîne caucasienne. Le point de départ de l'expédition étoit la station des eaux chaudes de Konstantinogorsk, à quelques lieues de Giorgiewsk, chef-lieu du Gouvernement du Caucase. Elle se mit en marche le 8 juillet avec une escorte de six cents hommes d'infanterie , trois cent cin- quante Cosaques, deux pièces de canons, six chameaux, etc.; et quoiqu'il n’y ait pas plus de trente-cinq lieues à vol d’oisean entre Konstautinogorsk et le sommet de J'Elbrouz, elle employa douze jours pour arriver au pied de cette montagne. Le 21t juillet les savans de l'expé- dition , accompagnés de quelques guides Cosaques et Tcherquesses, parvinrent au pied du cône de neige Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 2. Octobre 1829. M 170 MÉLANGES. qui forme la pointe, de l'Elbrouz. Le 22 ils gravirent ce cône : mais le plus grand nombre d’entr’eux, vaincus pat la fatigue, s’arrêtèrent au bas d’une série de ro- chers nus, qui n’est pas loin du sommet, Mr. Zeuz chargé des observations barométriques et thermomé- triques , continua sa marche et alteignit le dernier échelon de ces rochers ; mais le ramollissement de la neige par le soleil l’empêcha de s'élever davantage. Ensorte que de quinze ou vingt personnes qui avoient tenté de monter, il n’y en eut qu'une seule qui atiei- gnit le sommet ; ce fut un Tcherquesse, nommé Krillar, qui s’y étoit pris de meilleure heure et avoit profité de la gelée du matin. Mr. Zenz a trouvé les hauteurs sui- vantes, par le baromètre. Konstantinogorsk ..... 13oopieds de roi. 216,66t. Limite des neiges..,.. 10400........... 1733,33 Première st. des rochers 13606........... 2266,66 Station de Mr. Zenz... 14800........... 2/,66,66 En comparant avec une bonne lunette à micromètre, l'élévation du sommet situé au-dessus de la station de Mr. Zenz, à celle de cette dernière station au-dessus de la première station des rochers, Mr. Kupffer et ses compagnons ont évalué la première à 600 pieds ; de sorte que l'élévation totale de l’Elbrouz peut être fixée à 15400 pieds, soit 2566,66 toises ; elle surpasse donc de 98,66 toises celle du Mont-Blanc (1). (1) Le Mont-Blanc n’en demeure pas moins la plus haute cime de l'Europe , car dans les divers systèmes proposés pour la délimitation orientale de cette partie du monde, la chaine caucasienne ainsi que tout l’espace compris entre la Mer Caspienne et la Mer Noire, sont toujours en dehors de cette limite. MÉLANGES. 171 3)Comparaison des Alpes, des Pyrénées et des mon- tagnes de Scandinavie, — On lit dans le spécimen de Géographie Physique, publié à Copenhague par le Dr. Schouw , une comparaison entre les trois grandes chaînes de l'Europe , ci-dessus désignées , dont voici les principaux traits. Les Pyrénées sont compris entre 42° et 43° 60" L. N.; les Alpes entre 43° 60" et 48°; et la chaîne Scandinave entre 58° et 71°. Les Alpes et les Pyrénées sont donc presque à égale distance de Y'équateur et du pôle nord. La chaîne Scaadinave s'é- tend jusqu'au cercle polaire. Les Pyrénées n'occupent pas plus d'un degré en latitude ; les Alpes en occupent quatre et demi, et les montagnes Scandinayes treize. Ces dernières doivent, en conséquence, présenter une beaucoup plus grande variété de température , et elles sont en général sous un climat beaucoup plus sévère. En longitude les Pyrénées s'étendent de 16° à 21°; les Alpes de 22° 60° à 35°, et la chaîne Scandinave de 22° 60" à 48°, méridien de l'ile de Fer. L'élévation des principales sommités des Alpes et des Pyrénées est bien connue; mais celle des points les plus remar- quables de la chaine Scandinave, n'ayant jamais été publiée , nous en donnerons ici la liste exacte, Toises. Mètres. Foises. Métres, Sulitelma. . ..... 96% soit 1885 Roldeting. s4.::.1133 soit 2208 Areskutan...... 750 1362 Mugnafeld......1133 2208 SYIIOp. |... 017 1787 Justedalsbrér.... 917 1780 Tronfield....... 883 1611 Subetind....... 917 . 1787 Sneehættén.. ....1183 2306 Hallingjoekel.... guo 1754 Pikhætten.. .....1067 2080 Hartrig......... 667 1690 72 MÉLANGES. Lodalskaabe.....1033 201% Folgefond....... 833 1623 Lomseg ........ 1033 1019) JOOWSEA. : mi 967, 1885 Nordre Skagestarl- tioe db Re e 1183 2306 Nous ferons remarquer qu'aucun de ces sommets n'atteint la hauteur de l'Hospice du Grand Saint-Ber- nard (1278 toises, ou 2491 mètres}, lieu habité sous notre latitude ; mais nous rappellerons qu’à celle de G5SN. la limite des neiges perpétuelles est à 770 toises ou 1500 mètres. 4) Des différentes causes qui colorent la neige en rouge. — La coloration de la neige en rouge a été ob- servée pour la première fois par De Saussure (Voy. Alp. 2, p.44) sur le Brevent; dès lors le Cap. Parry retrouva la neige vivement colorée dans son voyage au pôle arctique, et les échantillons de cette matière colo- rante qu'il rapporta, observés par Bauer, Brown et plu- sieurs autres furent, reconnus pourune petite plante Cryp- togame : Wrangel à la même époque l'observoit sur les rochers du nord de la Suède et la décrivoit aussi comme une plante; des échantillons de la plante rapportée par le Cap. Parry, comparés avec la matière colorante de la rreige des Alpes, ont démontré leur identité. Les bo- tanistes donnent à cette plante singulière le nom de Protococcus nivalis qu'Agardh lui a le premier imposé, et on en lrouve sous ce nom une excellente figure dans la flore cryptogamique de Mr. Greville. On à reconnu aussi que Jes plantes décrites par divers auteurs sous les noms de Protococcus chermssinus', Palmzlla nivalis, MÉLANGES. 173 Uredo nivalis , Lepraria chermesina, ne diffèrent pas de celle-ci Mais il paroi que des matières d’origine animale peu- vent aussi colorer Îles neiges, les eaux et les glaces : déjà nous avons cité l’animalcule qui a coloré en rouge le lac de Morat, et que Mr. De Candolle a décrit sous le nom d'Oscillatoria rubescens (Mém. Soc. de phys. de Gén.T. IL. P. 2. p. 29); et plusrécemment , Mr. Scoresby a fait connoître deux autres animalcules qui colorent les glaces des contrées arctiques (Jameson Edimb. Phil. Journ. 1828 déc. ). Il à vu que les eaux de la mer Arctique ont la pro- priété de colorer d’une teinte orangée la glace poreuse _ou la neige compacte : cet effet est constant dans les lieux où la mer a une couleur olive sale, ce qui est fréquent sur les côtes du Spitsberg et du Groënland, Cette coloration qui atteint principalement les bords des masses de glace, est produite par un animal de la classe des radiaires, très-voisin du Beroë globuleux de Lamark. Il est transparent, de la grosseur d’une tête d’épingle, marqué de points disposés par paires régulières. À la latitude de 71° 15° et 17° 20, de longitude ouest, il a trouvé aussi des taches d’eau d’un brun rougeâtre, et ila vu que cette couleur est aussi due à des myriades d'animalcules vivans et très-actifs ; leur forme ressemble -à celle d’un dé à coudre, mais leur grosseur observée i Fe x A x o 1 ‘ au micromètre ne paroît guères que de 5555 de pouce; de sorte qu'une seule goutte d'eau peut en contenir plus de 12000. Comme il n'y avoit ni neige ni glace dans le voisinage , on a pu reconnoître leur effet colo- 174 MELANGES. rant sur ces matières, mais il est probable qu’il est analogue à celui du Beroë. Il paroît donc que des causes différentes peuvent co- lorer les neiges et les glaces, et que ce sujet n’est pas encore épuisé, Des personnes dignes de foi ont assuré avoir vu dans les Alpes suisses des taches de neige rouge, déterminées par l'accumulation de petits animaux. D'autres parlent de neige colorée en bleu. Nous men- tionnons ces faits encore mal connus pour appeler sur eux l'attention des voyageurs alpins. 5) Sur une nouvelle espèce de Rhubarbe. — On sait de- puis long-témps que les diverses espèces du genre FRheum, se rapprochent beaucoup par les propriétés de leurs racines, et on a successivement attribué l’origine de la rhubarbe à plusieurs d’entr'elles, savoir les R: compac- lum, undulatum, palmatum , etc. Il est vraisemblable que toutes ces racines sont employées dans leur pays natal et qu’elles sont aussi envoyées en Europe ; mais celle qui paroît fournir la meilleure espèce de Rhubarbe , et qui est envoyée en Europe en plus grande proportion, est une espèce nouvelle de Rheum dont la découverte est due au zèle infatigable du docteur Wallich qui l'a dési- gnée sous le nom de Rheum Emodi ; dès lors Mr. David Don l'a indiquée sous le nom de Æiheum australe, dans son Prodromus Floræ Nepaulensis; et Mr. Sweet en a donné une figure et une description complète dans Île numéro de septembre 1828 de son British Flower- Garden, pl. 269: voici la phrase caractéristique par la- quelle il la distingue. \ PL an Le MÉLANGES. 175 R.Australe, À. papilloso-asperum, foliis cordatis, ob- tusissimis, planis, peliolis profundè sulcalis , panicula elongata, pedicellis hexagonis verrucosis. Cette plante paroît particulière au grand plateau de l'Asie centrale, 31° et 40° degrés de latitude; elle fleurit à une élévation de 11000 pieds au-dessus du ni- veau de la mer. De grandes quantités de-ses racines sont exportées annuellement des provinces de la Chine, voi- sines de J'Himalaya. Celles de la meilleure qualité sont portées en Russie par Kiachta. | On a introduit cette plante précieuse dans les jardins d'Angleterre et notamment dans celui de Mr. Lambert à Boytonhouse, La plante paroît robuste et d’une culture facile; elle donne des graines abondamment et commence à se répandre dans les collections marchandes. Sa cul- lure en grand pourra peut-être devenir de quelqu'im- portance, lorsqu'on aura constaté si les racines culti- vées dans nos climats jouissent des mêmes vertus que celles des plantes sauvages. La meilleure méthode de la cultiver est de la multiplier de graines, et de la placer dans des pots pour la préserver du froid de l'hiver dans sa jeunesse ; mais lorsqu'elle est plus âgée, il convient de couvrir les plates-bandes pendant l'hiver; on doit la planter dans un sol riche et profond. Mr. Sweet ajoute que les pétioles des feuilles jouis- sent des mêmes propriétés que la racine quoiqu'à un degré moindre. Les fleurs qui sont d’un rouge foncé, suffisent pour distinguer cette espèce de toutes les au- tres : les graines broyées exbalent une forte odeur de Rhubarbe. DC. 6)’ Courses" de voitures à vapeur entre Liverpool et Manchester.—Les papiers pabiics ont raconté en détail les essais très-satisfaisaus faits par Mr. Gurney près de Londres , avec ses voitures à vapeur. Plusieurs cons- tructeurs de machines se sont occupés du même su- 176 MELANGES. jet, et ont cherché à perfectionner ces voitures. Les Directeurs de la Compagnie de la route à ornières en fer, entre Liverpool et Manchester, ont imaginé d’ou- vrir un concours , dans lequel ces voitures feroient as- saut de rapidité, sur une partie de cette route, située près du pont de Raïnhill, qui est parfaitement de ni- veau, Le prix du concours étoit de 300 liv. sterl., et on avoit préalablement réglé avec soin les condi- tions relatives au poids de la voiture, à celui du combustible employé, et à toutes les circonstances qui pouvoient avoir quelqu'influence dans l'essai. Quatre voilures ont concouru ; et ont offert des degrés de vi- tesse variables, mais tous considérables. L'une d’elles, la Nouveauté, de MM. Braithwaite et Ericksson de Londres, a montré une supériorité marquée , provenant sans doute d’une addition importante, celle d’un souf- flet , jouant par l'effet de la machine à vapeur, et aug- mentant considérablement son action. Chargée d'un poids d'environ 200 quintaux, elle a cheminé avec une rapidité qui s’est élevée jusqu’à celle de 17 milles (environ 52 lieues) à l'heure. Une autre fois cette même voiture chargée de 45 passagers, a cheminé à raison de 22 et même de 32 milles à l'heure (7+et 10 lieues). Il est évident qu'une pareille vélocité est un état forcé et peut-être dangereux. Les autres voitures cheminoient à raison de 10 à 15 milles(34à 5 lieues) à l'heure, Ces expériences suffisent pour montrer la prodigieuse rapidité de transport que peuvent procurer les voitures à vapeur sur les routes en fer, horizontales. On ob- tiendroit sans doute des résultats analogues sur des routes tracées sous une inclinaison constante. Il nous paroît que ce n'est guères que sur les routes à ornières en fer , que ce moyen de transport aura un plein suc— cès : sur un autre terrain , la nécessité de proportion- ner la force de la machine à des pentes irrégulières et varices, offrira toujours de grands obstacles. (177) EE 2 7 D EEE TES CE PSP LORS Un LPS MERE ASTRONOMIE. OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES FAITES DE 1822 A 1825 A L'OBSERVATOIRE DE TURIN, PRÉCÉDÉES D'UN MÉ- MOIRE SUR LES RÉFRACTIONS ASTRONOMIQUES ; par J. PLAN. Un vol. in-4.° de 700 pages, T'urin 1828. ( Extrait. ) L'OUVRAGE dont je viens de rapporter le titre, se compose de deux parties très-distinctes , et dont la réu- nion peut donner une juste idée de la variété des con- noissances et des facultés de son auteur. La première, ayant pour titre : Réflexions sur différentes formules relatives au calcul de la réfraction astronomique, est un Mémoire de haute analyse, comprenant 150 pages, qui fait suite aux belles recherches de Mr. Plana sur les réfractions, lues en 1822 à l’Académie des Sciences de Turin et publiées dans le T. XXVII de ses Mémoires. L'auteur y annonce que c’est la lecture d’une note sur le même sujet, insérée par Mr. Mathieu à la fin de l'Histoire de l'astronomie au dix-huitième siècle de Delambre , qui a donné lieu à ce nouveau Mémoire. Après y avoir discuté les formules de réfraction de Bouguer, Dominique Cassini, Daniel Bernoulli, Euler, Tobie Mayer, et de MM. Ivory et Schmidt, il donne . Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 2. Novem. 1829. N 178 ASTRONOMIE. lui-même de nouvelles solutions, soit dans la suppo- sition de la densité des couches uniformément décrois- sante , soit dans l'hypothèse de Mr. Ivory. Ne pouvant entrer ici dans aucun détail à cet égard, je me borne- rai à citer les considérations suivantes de l’auteur sur ce sujet. « Il existe, » dit-11($ 37), « plusieurs formules d’une forme différente, capables de donner la mesure de la réfraction astronomique depuis le zénith jusqu’à l'hori- zon. La petite divergence que ces formules présentent lorsqu'on les compare entr'elles, ne se fait sentir qu'a- près 80° de distance au zénith. Mais il faut avouer que la valeur absolue de ces différences n’est pas assez grande, pour qu’on puisse la regarder comme incom- patible avec les résultats fournis par l'observation même. En variant les hypothèses sur la densité des couches atmosphériques, on change les dimensions absolues de la courbe décrite par la lumière : mais il suffit que ces courbes soient toutes tangentes à une même visuelle, pour que l'effet total qu’il est possible de mesurer (c'est- hédire la réfraction) soit le même à l'égard de ces dif- férentes courbes. Sans la découverte de la véritable loi qui règle le décroissement de la chaleur à mesure qu’on s'élève au-dessus de la surface de la terre , il me pa- roît impossible de faire cesser celte incertitude. Il est permis d'espérer qu’en perfectionnant la théorie de la chaleur, on finira par trouver à priori cette loi, qui régit la densité et la pression des couches atmosphériques. » &« Dans l’état actuel de nos connoïssances , pour ra- mener à un seul point ce qu'il y a d’hypothétique dans * cette théorie, je me suis attaché à faire voir, dans mon OBSERV, ASTRON. FAITES A TURIN. 179 premier Mémoire, qu'on pouvoit intégrer l'expression différentielle de la réfraction , en conservant autant de termes que l’on veut dans l'expression analytique de la densité des couches, cette expression étant censée développée , et représentée par le produit d’une expo- nentielle ét d’une fonction rationnelle de la distance à la surface de la terre. Le résultat général que j'ai ainsitrou- vé, comprend, comme cas particuliers, ceux de Kramp ét de Laplace. La même analyse donne aussi l'intégrale de la formule d’après laquelle Mr. Ivory a calculé sa table des réfractions astronomiques. » Mr. Plana croit nécessaire de tempérer la rapidité avec laquelle décroît, depuis l'horizon, l'expression ana- Iytique de la réfraction, d’après la formule de Kramp modifiée par Mr. Bessel ; et rien ne lui paroît plus simple et plus efficace pour cela, que le changement fait par Mr. Ivory dans la formule primitive de Kramp. « Par ce changement, léger en apparence, » dit-il(S 40), «Mr. Ivory a donné à l’ancienne hypothèse un avantage décidé sur toutes celles qu’on a imaginées jusqu'ici, et probable- ment aussi sur celles qu'on pourroit imaginer avec la condition d'employer une variable et deux paramètres seulement dans l'expression de la densité des couches atmosphériques. Son hypothèse donne , en général, les réfractions astronomiques avec un grand degré d’ap- proximation. On en tire, en outre, la formule ordinaire pour mesurer la hauteur des montagnes par les obser- vations barométriques. Le coëflicient de la réfraction terrestre est à peu près conforme aux résultats moyens des observations. La température des couches qui s’en \ Na 180 ASTRONOMIE. déduit , n’est pas moins d'accord avec les observations qui ont été faites. Et si l’on veut s’élancer par la pen- sée sur la sommité de l’atmosphère, la même hypothèse conduit à un résultat qui s'accorde d’une manière frap- pante avec les idées, à la fois ingénieuses et profondes, qui ont été émises par Mr. Fourier relativement à la température des espaces planétaires. Le phénomène des réfractiohs, astronomiques fournit un argument en fa- veur de l'existence d’une température conslante dans les espaces planétaires, car les grandes. variations de température qu'entraine l'hypothèse contraire du froid absolu deviendroient sensibles par l'observation des ré- fracuons horizontales. » Après avoir indiqué l’objet de ce nouveau Mémoire d’une manière rapide, mais suffisante , ce me semble, pour en faire sentir l'intérêt et l'importance , je passe à la partie la plus étendue du volume annoncé ci-dessus, à celle qui se rapporte aux observations astronomiques faites par Mr. Plana à l'Observatoire de l'Académie Royale des Sciences de Turin, dont il a la direction. Ayant eu l'avantage de voir en détail l’été dernier cet Observatoire , grâces à l’obligeance de Mr. Plana, je commencerai par dire quelques mots de sa disposition et des instrumens qu'il renferme. Il ne faut pas confondre l'Observatoire actuel avec celui qui fut construit en 1790 au haut du palais de l’Académie des Sciences de Turin, et dont Mr. le baron de Zach a donné la position exacte , d’après ses propres observations faites en 1809, dans un Mémoire détaillé qui fait partie du T.V de sa Correspondance astrono- OBSERV. ASTRON. FAITES À TURIN. 181 mique. Cet Observatoire, comme le remarque Mr. de Zach, ayant été bâti par uu architecte et non par un astronome , n'éloit nullement propre à l'établissement d’instrumens tels que l'exige l'astronomie pratique mo- derne , et il ne sert maintenant que pour des obser- vations météorologiques, qui s'y font sous la direction de Mr. Cantu. Le nouvel Observatoire de l'Académie a été établi en 1820, au haut de l’une des quatre grandes tours de briques qui flanquent le palais dit de Madame où Château, placé au milieu de la belle place de ce nom (Piazza Cas- tello). Ce palais, remarquable par sa façade et son grand escalier, mais qui n’a d’ailleurs jamais été ter- miné, se trouve voisin de la résidence ordiaaire des rois de Sardaigne. C’est en partie à cette circonstance qu'est du le choix de ce local pour le nouvel Obser- valoire , cet établissement ayant été fondé par ordre et aux frais du feu roi Vicitor-Emanuel , qui prenoit à l'astronomie un intérêt particulier. La grande épaisseur des murs de la tour où il a été construit, son diamètre, son élévation et l'ancienneté de sa fondation présen- toient aussi quelques avantages, qui compensoient , jus- qu'à un certain point, l'inconvénient de ne pouvoir y établir les instrumens sur le sol même , et d’avoir en- viron deux cents marches à monter pour parvenir à la salle d'observation. On ÿ jouit d’une fort belle vue sur la ville de Tutin , sur ses environs et les hautes Alpes de’ la Savoie et du Piémont, depuis le Mont-Rosa jusqu'au Mont-Viso. L'’horizon n’y est borné que par ces montagnes, qui cachent deux degrés et un quart 182 ASTRONOMIE. du côté du nord, et par les collines des environs de Turin, qui masquent un degré et un quart du côté du midi. L'étoile « du Phénix est, à quelques minutes près , la plus australe qu'on puisse observer dans le méridien. La salle principale de l'Observatoire, élevée d’en- viron cent vingt picds au-dessus du sol et 271 mètres au-dessus du niveau de la mer, est ronde et a environ vingt-deux pieds de diamètre intérieur sur quinze pieds de hauteur. Ses murs, de plus de quatre pieds d’épais- seur, sont percés de deux coupures méridiennes d’un pied et demi de large, de quelques croisées et de trois ou quatre portes. La porte d'entrée donne sur une plate- formé extérieure , qui entoure la salle en forme de terrasse au nord et au sud ; les portes latérales s'ouvrent sur de petits escaliers de vingt-quatre marches, par où l’on monte à deux tourelles à toit tournant d’environ neuf pieds de diamètre intérieur. La tourelle orientale ren- ferme un cercle répétiteur de Reichenbach et Ertel , de dix-buit pouces , l’autre un Equatorial d'Utzschneider, dont la lunette a trois pouces d'ouverture et trois pieds huit pouces de distance focale , et dont les cercles de déclinaison et d’ascension droite ont deux pieds et un pied et demi de diamètre. La salle d'observation proprement dite contient , outre un cercle méridien qui en est l'instrument principal, un télescope à réflexion d'Amici, des lunettes mobiles, une petite lunette méridienne , un sextant, des instru- mens météorologiques , etc. Elle est ornée de cinq médaillons peints, représentant Tycho-Brahé, Kepler, OBSERV. ASTRON. FAITES A TURIN. 183 Galilée, Newton et Lagrange, et du buste en marbre du roi Victor-Emanuel , au-dessous duquel se trouve gravée cette inscription : lictorius Emanuel Rex Speculam hanc , Astris rite observandis, Anliquæ turris fastigio . Suis in æwdibus ex strui jussit, Omnique instrumento locupletavit Munifice, Anno MDCCC XX. C’est vers le commencement de 1820 que l'Obser- vatoire fit l’acquisitiou d’un cercle méridien de trois x pieds de diamètre, construit à Munich par le célèbre Reichenbach, et qui est tout-à-fait pareil à celui que Mr. Bessel a décrit dans la sixième section du Recueil de ses observations.(r). Cet instrument ressemble beau- ‘coup à une lunette méridienne ordinaire, avec cette dif- férence, que son axe horizontal , qui peut être retourné bout à bout , porte à l’une de ses extrémités un cercle vertical, composé de deux cercles concentriques en- châssés l’un dans l’autre. Le cercle limbe, mobile avec Ja lunette, est divisé sur une lame d'argent, de trois en trois minutes de degré; le cercle alidade, enchâssé dans l’autre, porte quatre verniers, qui donnent deux secondes. La lunette, dont l'objectif est de Fraunhofer, et d'une qualité supérieure , a une ouverture de 48 à 49 lignes et une longueur focale de cinq pieds; elle qe — nt mmmnen tien (x) Voyez Bibl. Univ. T. XXVII ,p. 173. 184 ASTRONOMIE. est munie de quatre oculaires, grossissant 66, 107, 129 et 182 fois ; elle est portée sur un axe horizontal de 32 pouces, auquel est enchâssé latéralement le cercle méridien ; cet axe est formé de deux portions de cônes et terminé par deux pivots d'acier, qui re- posent sur des piliers quadrangulaires de granit, d’en- viron six pieds de haut, ayant un pied et demi de côté à leur base et un pied à leur partie supérieure. Ces piliers sont établis sur une forte arcade en ma- çonnerie, qui s’appuie de part et d'autre sur les murs épais de la tour du palais. Le cercle et l’alidade étoient d’abord arrêtés à leur circonférence : mais Reichenbach découvrit qu'il en résultoit , en vertu de la flexibilité des rayons , un petit mouvement de côté et d'autre, avant que les centres et avec eux le niveau placé sur le cercle-alidade et l’alidade même se mussent autour de l'axe principal. Il a donc changé la disposition des arrêtemens, de manière à rendre parfaitement libres les circonférences du cercle et de l’alidade, en pla- çant deux bras verticaux d’arrètement, l’un au cœur de l'alidade, l'autre à la partie de l’axe principal opposée au cercle, ensorte que ce dernier bras puisse tourner autour du tourillon conique et être fortement fixé au moyen d'une vis de pression. Une verge , qu'on meut à volonté avec la main, fait tourner la vis horizontale de ce bras, de manière à imprimer à l'axe de l’ins- trument et à la lunette un mouvement doux. La lunette est munie à son foyer de cinq fils d’a- raignée verticaux , et de deux fils horizontaux, distans d'environ six secondes seulement, entre lesquels on OBSERV. ASTRON. FAITES À TURIN. 185 place l’astre qu’on veut observer. On parvient ainsi à déterminer à la fois l'instant du passage au méridien et la distance au zénith meéridienne , et à en déduire les ascensions droites et les déclinaisons. Les lectures des verniers supérieurs se font à l’aide d’échelles la- térales, sans remuer le cercle. Toutes les parties de l'instrument ont leurs contre-poids. Le retournement du cercle dont j'ai été témoin, s'effectue d’une manière très- commode et sûre, à l’aide d’un appareil appelé Stuhl- : Wagen par Reichenbach, qui consiste essentiellement en une espèce de chariot pyramidal, mobile sur un châssis à coulisses qui repose sur le sol, et portant à son centre un axe vertical qui peut tourner sur lui-même. Cet axe est muni de deux bras horizontaux, susceptibles d’être élevés ou abaissés à volonté, et qui sont terminés par des crochets destinés à soulever les pivots de l’axe mé- ridien. Ces pivots une fois soulevés, on pousse le chariot en dehors des piliers, on fait faire un demi-tour à son axe vertical et on le ramène au point de départ, pour replacer les pivots sur leurs piliers dans la position in- verse... Je ne pourrois entrer ici dans le détail de toutes les parties dont ce bel instrument est composé et des moyens de le rectifier ; mais je dois payer un tribut d'admiration au grand artiste des mains duquel il est sorti, et qu'il me semble bien difhcile de surpasser pour l'intelligence de conception, le fini d'exécution, et la perfection dans l’art de diviser. C'est avec cet instrument et une excellente pendule construite à Paris en 1809 , par Martin élève de Ber- thoud , qu'ont été faites presque toutes les observations 186 ASTRONOMIE. réunies dans le volume que j'ai sous les yeux. La cons- truction de l'Observatoire ayant été achevée vers le milieu de l’année 1822, Mr. Plana plaça son cercle sur ses piliers, et établit à environ 4500 mètres de distance du côté du midi , sur la colline de Cavoretto, une mire méridienne, composée d’une colonne en briques, sur- montée d’un parallélipipède de marbre, qui est percé d’un trou circulaire de six pouces de diamètre ; cette ouverture se projetant dans le ciel, son centre, facile à estimer, constitue un point de mire très-distinct. La série des observations d’étoiles, de planètes et du soleil, contenues dans ce volume , et qui en occupe plus de trois cents pages, commence le 6 octobre 1822, et finit le 28 décembre 1825. On y a classé séparément, année par année , les observations relatives à la mesure des distances au zénith, et à l'instant des passages au méridien, quoique les unes et les autres aient été le plus souvent faites à la fois. En général, on a laissé alter- _nativement un certain nombre de jours, le limbe du cercle portant la division tourné vers l’orientet vers l'occident, de manière à obtenir les doubles distances au zénith par l’ob- servation des mêmes étoiles dans les deux positions oppo- sées du cercle. Outre les passages par lescinqfilsverticaux, on a marqué aussi l'instant où l’on a amené l'étoile entre les deux fils horizontaux. Cet instant est celui de la distance au zénith observée ; et comme ce n’est pas toujours très-exac- tement celui du passage de l’astre par le méridien, il faut appliquer à l'arc observé une petite correction , pour le ramener à ce qu’il auroit été, s’il avoit été déterminé à ce dernier instant. Les petits mouvemens du cercle- OBSER V. ASTRON. FAITES A TURIN. 187 alidade sont indiqués par un niveau qui lui est fixement attaché, à une distance du centre de deux pouces et demi. Ce niveau long d’un pied , est très-sensible ; cha- cune de ses divisions correspond à une seconde en- viron ; mais Mr. Plana a remarqué que la courbure cir- culaire intérieure du tube ne demeuroit pas toujours exactement la même, ensorte que la valeur de chaque division , mesurée à des époques différentes, a varié de "à 1°,6. À chaque observation, on note la position des extrémités de la balle ; et la moitié de la différence des deux nombres, multipliée par la valeur des divisions, donne la correction du niveau à appliquer à Ja distance au zénith observée. Il y a un autre niveau, qu’on ac- croche aux pivots de l'axe pour rectifier son horizon- talité et mesurer son inclinaison , et dont les indications se trouvent notées à côté des passages au méridien. On a relaté aussi dans les observations de distances au zénith la hauteur du baromètre, et celle du thermomètre, tant à l’intérieur qu'à l’air libre. Le calcul des réfractions a été fait d’après les tables publiées dans les Ephémé- rides de Milan pour 1823. Pour tirer de cette collection d'observations les prin- cipaux résuliats qu’elle fournit relativement à la détermi- nation des distances au zénith, Mr. Plana a fait d'abord calculer sous sa direction par Mr. Pierre Capelli, sou astronome-adjoint , toutes les distances au zénith de l’é- toile polaire. Ce calcul préalable , qui occupe les pages 323 à 406, étoit indispensable pour avoir sur le cercle la position du pôle, qui devient ensuite la base des déter- minalions relatives aux autres étoiles. Toutes les obser- 188 A‘STCR' 0 N°0 M I'E. vations de l'étoile polaire ont été réduites au 1. janvier 1824 à l’aide des tables publiées par Mr. Schumacher. La déclinaison vraie de cette étoile à cette époque , déduite de 190 observations de passages supérieurs et inférieurs combinés entr'eux, a été trouvée de 88° 22° 39"13. La déclinaison déterminée par Mr. Bessel, et réduite à la même époque dans les éphémérides de Mr. Schuma- chérrest de 2108: 00.8 thomas ui 88° 22° 39°,33. La latitude de l'Observatoire, résul- tant de 210 observations de la Polaire à son passage supérieur, est de...... 45° 4" 8,3. 183 observations au passage inférieur ladonmenbdenhisas obus us. Job ere de: BP La latit. définitive, résultant de l’en- semble de ces observations, est de (1) 45° 4" 8,38. Mr. Plana a vérifié cette valeur , en observant l'étoile polaire par réflexion sur un horizon fluide. Pour cela, il plaçoit sur un support un vase circulaire rempli d'huile, de manière à ce que la surface du fluide ne fût éloignée de l'objectif de la lunette que d’un petit nombre de pouces, le diamètre du vase étant sensiblement plus grand que celui de l’objectif. L'observation de la double hauteur étoit faite au moment où l’on voyoit l'étoile ré- fléchie sans aucun mouvement sensible d’oscillation provenant de la mobilité de la surface fluide. Seize (1) Une partie de ces observations de l'étoile polaire se trouvoit déjà dans le bel ouvrage sur la Mesure d'un arc du parallèle moyen , publié à Milan en 1827, et dont il a paru un extrait dans ce recueil. OBSERV. ASTRON. FAITES À TURIN. 189 observations de ce genre ont donné pour’ la, latitude divise sd eorsessrans dorer 487 0 dl 184548. Ce qui s'accorde très-bien avec le résultat fourni par les observations directes. La position du pôle varie sur le cercle méridien, soit par un léger déplacement des fils horizontaux du micromètre , soit par un petit mouvement dans les vis ou autres pièces de métal qui retiennent le niveau at- taché au cercle-alidade! Mais le calcul des observations de l’étoile polaire avoit fourni la position du pôle sur le cercle pour chaque période comprenant le nombre de jours pendant lesquels le cercle étoit demeuré tourné vers l'Orient ou vers l'Occident. C’est au moyen de cette donnée que Mr. Plana a fait calculer par son adjoint les déclinaisons des étoiles fondamentales, qui se trouvent rapportées avec tous les détails de leur calcul pages 411-464 de ce volume. Le tableau de la page 464 contient le résultat définitif pour 35 étoiles non-circompolaires , réduit au commencement de 1825 et conclu pour chacune d’elles d’une cinquantaine d’ob- servations en moyenne. La page suivante renferme un tableau de comparaison des déclinaisons précédentes avec celles des catalogues de Piazza, Oriani, Bessel Brinkley, Pond et Brisbane. Les mêmes tableaux sont rapportés ensuile pour onze étoiles circompolaires. L'ac- cord sur chacune des déclinaisons définitives est en général très-satisfaisant , et il est particulièrement frap- pant entre les valeurs de Mr. Plana et le catalogue de Mr. Bessel. En examinant les résultats individuels, les observations présentent des écarts d’un petit nombre 190 ‘ _ASTRONOMIE. de secondes. Mr. Plama, en les signalant , ne croit pas pouvoir les expliquer encore. Il ne peut croire ces écarts accidentels , puisque parfois ils sont confirmés par plu- sieurs séries qui présentent an grand accord entr’elles. Il ne les croit pas dus aux causes sur lesquelles Mr. Bessel a exercé sa sagacité ; et il importe, à son avis, de les publier comme des faits, afin de savoir un jour s'ils sont réels, ou s'ils doivent leur existence à quelque pra- tique défectueuse, contre laquelle d’autres astronomes pourroient se prémunir, « Pour éclaircir ces doutes , » ajoute-t-il, «je présume qu’il conviendroit de varier les moyens propres à fournir dans cet instrument la po- sition du pôle, ou celle de tout autre point qui don- ueroit le commencement de la numération , indépen- damment des observations astronomiques. Le zénith et l'horizon sont deux points naturels qui peuvent être déterminés chacun en particulier, le premier par la lunette suspendue verticalement , comme l’a proposé Mr. Bessel dans le N° 16 du Journal de Mr. Schu- macher, le second par le Collimateur-flottant imaginé par Mr. le capitaine Kater. Ces deux moyens me pa- roissent susceptibles d’une grande précision, et je re- grette de ne pas avoir à ma disposition tout ce qui seroit nécessaire pour les appliquer et me démontrer à moi-même tous les avantages qui leur sont inhérens. » Au calcul des observations d'étoiles, succède celui des déclinaisons du soleil, qui est terminé par un ta- bleau de comparaison entre le résultat de ces obser- vations et les déclinaisons calculées dans les énhémé- rides de Milan. Cette comparaison confirme la néces- fic OBSERV. ASTRON. FAITES À TURIN. 191 sité d’une petite correction à faire aux tables du so- leil, nécessité déjà reconnue par les observations de Mr. Ricchebach à Rome, de Mr. Brioschi à Naples, de Mr. South en Angleterre, et qui a donné lieu der- nièrement aux travaux théoriques importans de MM. Bes- sel et Airy. L’obliquité moyenne de l'écliptique réduite au commencement de 1825, qui résulie de l’observa- tion de trois solstices d'hiver faite par Mr. Plana, est Mahal saëtuh dèui à RON EIE ta). 23° 27°43",43. Celle provenant de l’observation de trois solstices d'été, est de.......... 23° 27° 43",55; et la valeur moyenne, qui est de... 23°23° 43",49 s'accorde bien avec celle trouvée par d’autres astro- nomes, particulièrement par MM Oriani, Arago et Bessel. Le volume est terminé par l'exposé des observations faites par MM. Plana et Carlini en 1823 et 1824, pour déterminer la différence de longitude entre l'Observatoire de Milan et celui de Turin, au moyen de signaux de feu donnés pendant huit jours, à six reprises différentes, près de Varallo sur le mont Fenera. La différence de longitude qui en résulte, déterminée avec une grande précision par ce moyen, est de 5° 58”,85 de temps; et en adoptant 27" 25” pour la différence des méridiens des Observatoires de Paris et de Milan, cela donne 21° 26”,15 pour la longitude orientale en temps du: nouvel Observatoire de Turin relativement à celui de Paris. En terminant cette analyse rapide d’un ouvrage qui a du coûter beaucoup de temps à son auteur, j'ai le 192 ASTRONOMIE. . , . , eo , r plaisir d’annoncer que ce travail ne l’a point détourné de l’achèvement de sa grande théorie de la lune, faisant suite au Mémoire de MM. Carlini et Plana, qui a été couronné en 1820 par l’Académie des Sciences de Paris conjointement avec celui de Mr. Damoiseau sur le même sujet. L'impression du second volume de cette théorie , d'environ 900 pages in-4.°, est achevée depuis quelques mois, et on travaille activement à celle du troisième et dernier. Cet ouvrage, fruit de tant d'années d’un travail singulièrement pénible et difficile, offrira la solution la plus complète qui existe d’un problême qui a exercé depuis si longtemps la sagacité des plus grands géomètres ; et donnera, sans doute , à Mr. Plana un titre de plus à prendre place parmi leurs succes- seurs les plus distingués. A. GAUTIER. PHYSIQUE. ( 195 ) | : à ap PHYSIQUE. EXPÉRIENCES SUR LES VARIATIONS AUXQUELLES SONT SUJETS LES AIMANS EXPOSÉS À LA LUMIÈRE SOLAIRE ; par le Prof. F. ZANTEDESCHI. (Communiqué par l'auteur.) 1) Depuis les expériences du Dr. Hook et de Robison, tous les physiciens savent que Îles barreaux de fer et d'acier, rougis au feu et placés dans le plan du méri< dien magnétique sous l’angle d’inclinaison convenable ; acquièrent une certaine aimantation, surtout, selon le Prof. Barlocci (x), lorsqu'ils sont en présence d’autres aimans. On sait aussi par les expériences du Prof. Configliacchi (2), de MM. Fusinieri, Barlow et de plu- sieurs autres, que des verges métalliques réchauffées par- tiellement, exercent une influence particulière sur Îes aiguilles aimantées librement suspendues. Enfin, les expériences délicates de Mr. Kupffer (35) et d’autres phy- siciens estimables, ont montré que le décroissement de l'intensité d’action d’un aimant, est en raison directe de a — (1) Giornale Arcadico. T. 122 , 1829, p. 145 (2) Giornale di Pavia, 1813, T. VL, (3) Baumgartner , P. III, p. 1333. Ed. de Paduue , et daxales de Chimie de Paris, T. XXXV et avril 1829, p. 437. Sctences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.6 3, Novem. 1829. O 104 PHYSIQUE l'augmentation de la température. Il résulte de là, que le calorique concourt à mettre l'électricité en mouve- ment, à développer le magnétisme dans certaines cir- constances favorables, et à l'affoiblir dans d’autres, d’une manière analogue à ce qui s’observe dans les cris- taux thermo-électriques, comme l'ont montré les der- nières expériences de Mr. Ritchie (tr). Mais aucun de ces physiciens, que je sache , n’a dirigé son attention sur l'influence que pourrait exercer la lumière solaire dans la production des phénomènes électro-magnétiques. Seulement depuis les expériences des Prof. Morichini (2), le Prof. Baumgartner à observé que des fils de fer qui étoient polis sur une partie de leur longueur, se magné- tisoient sous la lumière solaire non-décomposée, pré- sentant un pôle nord sur leur partie polie. Maintenant les résultats obtenus par le Prof. Barlocci (3) et Mr. Christie (4) m'ont pressé de terminer un travail que j'a- vois entrepris quelque temps avant que les Mémoires de ces physiciens fussent parvenus à ma connoissance, ct dont l’unique but est de reconnoître les variations aux- quellesles aimans sont sujets sous l'influence de la lumière solaire. On voit par là que je n’ai pas l'intention de parler ici de l’action de la lumière décomposée, sujet sur le- quel l'opinion dù Prot. Morichini, confirmée par les ex- (1) Bibl. Unie. T. XXXIX ,:p. 192. 1828. (2) Giornale di Pavra. 1813, T. VI, p. 274- (3) Giornale Arcadico. L. C. (4) Philos. Trans. 1828, P. 2 , p.379. INFL. DES RAYONS SOL. SUR LE MAGNÉT. 199 périences de Mad. Somerville et les miennes propres (1), paroît suffisamment établie. IT) Les observations faites à Paris par Cassini en 1792, sur les variations diurnes de la déclinaison des aiguilles äimantées , celles qu'ont faites en dernier lieu Watt et Christie, et beaucoup d'autres qu'il est inutile de rap- peler, démontrent l'influence du rayon solaire non dé- composé sur tous les corps, et à un degré moindre sur ceux quine sont pas sensiblement magnétiques. Mais ces expériences, en même temps qu'elles me prouvent une action puissante dé la lumière sur les corps ter- festres , ne me laissent pas voir de près le mode d’agir de la lumière solaire dans les phénomènes magnétiques. Je dois dire ici, que vers la fin de 1825, j'avois re- connu que des aiguilles de fer dépourvues de tout ma- gnétisme sensible, suspendues sous une cfoche de verre par un fil de cocon très-fin, et exposées par une de leurs extrémités à la lumière solaire concentrée au moyen d'une lentille, ne tardoient pas à se soustraire à l'action du soleil, en tournant ceite extrémité au nord, dans le plan du méridien magnétique ; mais ce fait a été re- connu et publié avant moi par d’autres physiciens, et. des circonstances particulières m'ont empêché de re- prendre ce sujet avant l'année dernière. Il est vrai que mes principales recherches eurent pour but l’action du spectre solaire ; néanmoins je remarquai que les aiguilles de fer, qui ne possédoient aucun magnétisme sensible, acquéroient une foible polarité lorsqu’elles étoient ex- (a) Bibl. Univ. 1829, mai, p. 152. O 2 196 PHYSIQUE. posées pendant quelque temps , par une de leurs extré- mités, à Ja lumière composée. Mais me contentant de celte première observation, j'abandonnaiï ce travail et je ne l’ai repris qu’au commencement d'avril de cette année. Comme il est en grande partie le même que celui du Prof, Barlocci et de Mr. Christie, je dois exposer d’a- bord les résultats obtenus par ces deux physiciens, qui m'ont prévenu par la publication de leurs travaux, sa- tisfait d’avoir suivi la même route sans avoir eu connois- sance de leurs découvertes. IT) Le Prof. Barlocci a reconnu qu’un aimant na- turel et armé , qui pouvoit porter un poids d’une livre et six onces romaines (1), manisfestoit, après avoir été exposé pendant trois heures à la vive lumière du soleil, une augmentation d'énergie équivalant à deux onces, et qu'au bout de vingt-quatre heures, la force de l’ai- mant étoit accrue environ du double. Un second ai- mant de force sensiblement égale, ayant été placé dans un lieu obscur, dont la température étoit égale à celle des rayons solaires, ne manifesta aucun accroissement appréciable dans son énergie. Une autre expérience fut faite avec un aimant plus fort, qui portoit cinq livres, cinq onces et deux deniers ; cet aimant ayant été exposé à la lumière par un jour couvert, dans lequel latmos- phère étoit chargée d'humidité, et où même il neigeoit, on n’observa aucun accroissement de force sensible ; tandis que pendant les deux jours suivans, durant les- (x) La livre romaine vaut 339,179 grammes , soit 0,692 de livre, poïds de marc. Elle contient 12 onces. INFL. DES RAYONS SOL. SUR LE MAGNÉT. 197 quels le ciel étoit totalement dégagé de nuages, la force s'accrut de plus du double: L'exposition de l'aimant à Ja lumière solaire, prolongée au-delà de ce terme, n’a pas donné d'effet plus considérable. IV) Mes propres expériences, faites avec tout le soin possible, sont venues confirmer ces résultats. Un aimant artificiel, en fer à cheval, qui portoit treize onces et demie , exposé au soleil pendant trois heures, put porter trois onces et demie de plus, et l'exposition ayant été conlinuée, son énergie s’accrul jusqu à porter treule une onces; il ne me fut pas possible d'obtenir davantage. Je n’ai pu observer aucune modification sensible par un jour sec et couvert. J'ai obtenu des résultats analogues avec des aimmans naturels de forces diverses. Je désirai voir ensuite si l’oxidation avoit ici quel- qu'influence analogue à celle que j'avois observée dans mes expériences sur le rayon violet. L'expérience me montra que, tandis que par l'exposition au soleil la force augmente dans les aimaus oxidés, elle s’affoiblit dans ceux qui ne le sont pas, mais que cet affoiblissement devient comme insensible, lorsque l’aimant est poli au poiat de réfléchir la lumière comme uu miroir, Eu effet, un aimant non oxidé, qui portoit huit onces, exposé pen: dant trois heures à la lumière solaire, perdit deux onces et demie de force, tandis qu’un autre aimant oxidé, ex- posé de la même manière, se renforçoit d'autant et plus; mais ayant poli le premier à la manière d' uii miroir, je ne pus observer aucune variation sensible, bien que j'eusse beaucoup prolongé l'exposition au soleil. V ) Depuis ces expériences, que j'ai répétées plusieurs 198 PHYSIQUE. fois pendant les jours plus brillans d'avril et de mai, j'ai changé ma manière d'opérer. F'ai fait tomber la lumière solaire, concentrée au moyen d’une lentilke, tantôt sur un pôle, tantôt sur un autre, en commençant loujours par le pôle nord, et je me suis convaincu iérativement que le choix d'un pôle au lieu de l’autre n’étoit pas in- différent. Un aimant oxidé ou non, dont le pôle nord est exposé au soleil, acquiert de la force; si c'est le pôle sud, il en perd. De plus, j'ai reconnu par des expériences faites successivement avec divers aimans, que l’augmentation de force acquise dans le premier cas, est moindre que la perte faite dans le second , et que les variations sont plus considérables dans les aimans oxidés que dans ceux qui ne le sont pas. En effet, dans soixante expériences et plus, l'accroissement de force fut de 1, de 2,et de 37 onces, tandis que la diminution dans les cas correspoudans fut de 35, de 5 et de 54 onces. J'ai vu les aimans oxidés acquérir une énergie double de ceile qu'ils avoient d’abord, ce qui n’a point eu lieu pour ceux dont la surface étoit nette. Enfin je me suis assuré que le refroidissement étoit uue circonstance favorable à l'augmentation de force d’un aimant. En effet, la perte de force qu'avoit faite un aimant dont le pôle sud avoit été exposé au soleil, diminuoit lorsque cette exposition cessoit; l’accroisse- ment obtenu par celui dont le pôle nord avoit élé ex- posé, augmentoit au contraire dans les mêmes circons- tances. Je ne dois point cacher ici qu'il m'arrivoit quelque- fois de rencontrer dans mes résultats des anomalies , 4 ; INFL. DES, RAYONS SOL. SUR LK MAGNÉT. 199 pe dont je ne pouvois découvrir la cause. Les aunans sout comme des espèces de Protées, qui se transforment sous les yeux de l'observateur le plus attentif. Je désire que les physiciens qui répéteront mes expériences , ne puissent pas m'accuser d'inexactitude à ce sujet. VI) Mais un fait qui m'a extrêmement surpris, et dont je douterois encore si je ne l'avois reproduit plu- sieurs fois en présence de personnes intelligentes, c’est que dans les jours où le soleil est légèrement couvert d’un voile inégal , le pôle sud, soumis à l’action de la lumière solaire concentrée, manifeste une augmentation d'énergie, taudis que le pôle nord manifeste une di- minution. Ï] faut remarquer que dans une première ex- périence, c'est le pôle sud que j'ai soumis le premier à la lumière concentrée. Le jour suivant, qui étoit Île 4 juin, je recommençai mes expériences à deux heures après midi. Jusqu'à quatre heures et demie, espace de temps pendant lequel la lumière solaire étoit très-pure, j'exposai alternativement les pôles de quelques aimans, et je vis se reproduire les effets que j'ai décrits plus haut, savoir un accroissement de force par l'exposi- tion du pôle nord, et une diminution par celle du pôle sud, lors même que je commençois par exposer ce “dernier pôle. Mais depuis quatre heures et demie, le “soleil s'étant couvert d’un voile très-léger, les mêmes expériences continuées offrirent des phénomènes in- xerses, C'est-à-dire, les mêmes que ceux que j'avois observés le jour précédent, pendant lequel le soleil étoit légèrement voilé. Les mêmes expériences répétées par “d’autres personnes, m'ont démontré etairement que aa RS 200 PHYSIQUE. c'étoient là des phénomènes constans. J'avoue franche- ment que je suis demeuré comme émerveillé de ce con- traste , et que je ne saurois le motiver, qu'en supposant que la lumière présente une po/arité négative, laquelle est inverse des couches de vapeurs qui flottent dans l’atmos- phère ; c’est ce qui s’observe dans les phénomènes ordi- naires de polarisation, d’après les belles découvertes de Brewster et d’Arago, sur les parasélènes. Je désire vive- ment que d’autres physiciens répètent ces expériences, afin d'être mieux convaincu de la réalité de ces résultats, ou enfin d’être éclairé sur les causes qui ont pu m'induire en erreur. Une pareille recherche est d’une très-grande importance pour l'explication des phénomènes les plus délicats que présente la lumière , tels que ceux des inter- férences, de l’inflexion, de la double réfraction et de la polarisation. VII) On m'objectera, peut-être, que dans toutes ces expériences, l’action du calorique s’est combinée avec celle de la lumière, ensorte que l'effet final est dû, ou à l'influence isolée de l’un de ces agens, ou à l'in- fluence composée de tous les deux. Je connois tout le poids de cette objection; mais comme je l'ai dit plus haut, le calorique agit en général comme cause affoi- blissante du magnétisme. D'ailleurs j'ai recouru aux expériences directes, qui prouvent que, dans les phéno- mènes décrits, il n’a pas agit autrement. Si l’on chauffe un morceau de brique, sans cependant qu'il devienne lumineux, et qu’on en approche l’un quelconque des pôles d’un aimant, on verra que cet aïmant ne pourra plus porter le même poids qu'auparavant. Les phéno- _ À INFL. DES BAYONS SOL. SUR LE MAGNÉT. 201 mènes en question ne peuvent donc êlre attribués qu’à la lumière. VII) Jusqu'ici ma manière d’expérimenter est celle du Prof. Barlocci, modifiée en partie; celle que j'ai maintenant à décrire, est imitée de Mr. Christie. Cet habile physicien rapporte que la lumière solaire directe, aussi bien qu'une lame de cuivre placée danse voisinage, diminue les arcs d’oscillation d'une aiguille aimantée mobile. Je tentai à plusieurs reprises de répéter les expériences du physicien anglais avec des aiguilles lon- gues de trois pouces, mais je ne pus obtenir des ré- sultats satisfaisans , comme le reconnut le Prof. Con- figliacchi, qui voulut bien m'aider de ses lumières dans celle recherche. En conséquence, je fis faire une ai- guille longue d’un pied de Paris, et ayant répété l’ex- périence de Christie dans des jours bien clairs, ilne m'a plus été possible de révoquer en doute ses résultats. Eu effet, à l'ombre cette aiguille étant écartée de sa po- sition d'équilibre d’un arc de 90°, faisoit en 30”, quatre oscillations, dont la dernière avoit une demi-amplitude de 70°; exposée aux rayons solaires, elle faisoit dans le mème temps el les mêmes circonstances quatre oscil- lations, dont la dernière n’avoit plus qu'une demi- amplitude de 60°. J'ai obtenu des effets plus marqués en laissant faire à l'aiguille six, huit, douze et qua- torze oscillations, Ensuite j'ai recherché si je retrou- verois ici la loi que j'avois signalée précédemment rela- tivement aux pôles, c’est-à-dire, si en exposant au so- leil le pôle nord de l'aiguille j'obtiendrois un plus grand nombre d'oscillations et une moindre amplitude, qu'en 202 PHYSIQUE. exposant le pôle sud ; une série d'expériences répétées trente fois et plus, m'a démontré l'existence de cette loi. Je crois superflu de rapporter ici les trois ou quatre tableaux qui contiennent mes résultats. Je dirai seule- ment, pour ceux qui désireroient répéter ces expé- riences, que lorsque j'exposois au soleil le pôle nord, la demi-amplitude de la dernière oscillation étoit moindre de 6° que celle de la première , tandis que lors- que j'exposois le pôle sud, cette dernière oscillation de- venoit plus grande que la première.......... Il me suflira d'ajouter que dans les jours légèrement couverts , les résultats étoient inverses, comme cela ar- rivoit dans les autres expériences, et que l'abaissement de température augmentoit l'intensité de la force directrice. Ces expériences , bien que très-délicates, m'ont inspiré une grande confiance, soit à cause de la constante des effets obtenus, soit à cause de la manière dont elles ont élé faites. Je pourrois citer encore ici d’autres faits qui m'out frappé dans le courant de mes observations de juin , et qui tendent à confirmer ce que j'ai dit plus haut ($ VIE) sur l'action inverse du calorique et de la lumière; mais comme je me propose de douner une plus grande étendue à ce sujet, je réserve leur publica- üUon pour un autre temps. Pavie , 4 juillet 1829. CR RE ( 203 ) pres er MÉTÉOROLOGIE. DES DIFFÉRENCES QUE PRÉSENTE, SUIVANT LA DIREC- TION DES VENTS, L'ÉEECTRICITÉ QUI ACCOMPAGNE LA CUNDENSATION DES VAPEURS AQUEUSES DANS L'AT- MOSPHÈRE ; par Mr. le Prof. SCHUBLER à Tubingue. (Jahrbuch der Chemie und Physik 1829. Heft 5.) ’ Les recherches que j'avois faites sur les changemens périodiques des directions des vents et sur leurs rap- ports avec les autres phénomènes qui se passent dans notre atmosphère , me conduisirent à examiner avec plus d'attention, sous ce point de vue particulier, mes anciennes observations sur l'électricité qui accompagne les précipilations "atmosphériques (1). Elles avoient prin- cipalement pour objet la détermination de l'électricité de la pluie ou de la neige tombées pendant un espace de trente mois. La première série d'observations fut faite (1) Le mot précipitation atmosphérique qui est celui dont se sert l'auteur pour désigner les phénomènes aqueux , tels que la pluie, la neige ou la gréle qui résultent de la condensation des vapeurs répan- dnes dans l'atmosphère , nous semble exprimer mieux, et d'une ma- nière plus abrégée que tout autre mot, une idée qu'il seroit difficile de rendre autrement que par une longue périphrase. Aussi nous nous permettrons de le conserver dans la traduction française. (R.) 204 METÉOROLOGIE. à Ellvangucn pendant seize mois (de janvier 1805 à avril 1806), la seconde à Stuttgardt durant quatorze mois (de juin 1810 à août 1811). Ellvanguen est située à 1331 pieds au-dessus du niveau de la mer, à 48°57'25" latitude nord , et 27°48" long. est; Stutigardt se trouve à 847 Fee au-dessus de la mer, à 48° 46" 32" lat. nord, et 26°50"38" long. est. Pendant cet espace de trente mois j'ai tenu note de 412 précipitations atmosphériques; l'examen de la première série de ces observations me conduisit à remarquer un certain ordre, dont la régula- rité devint encore plus sensible en tenant comple de toutes les observations. Comme l'appréciation de l'électricité des précipita- tions atmosphériques ,présente plusieurs difficultés qu’on ne rencontre point dans les observations que l’on peut faire au moyen d’instrumens météorologiques à échelles plus simples et plus fixes , je crois devoir dire quelques mots sur la manière dont j'ai obtenu mes résultats. Il arrive fréquemment, surtout lorsque la pluie est passa- gère ou provient d’un orage ou lorsqu'il tombe une neige très-menue , que la nature de l'électricité varie plusieurs fois, landis que dans d’autres circonstances elle ne varie que dans son intensité, sa nature restant la même peudaut des jours entiers. Ou auroit donc un résultat très-inexact sur l’intensité de lélectricité atmos- phérique, si l’on vouloit retrancher les degrés obser- vés de l'électricité positive de ceux de l'électricité né- gative, comme on le fait, lorsqu'il s’agit de la déter- mination de la température moyenne , pour les degrés de chaleur et de froid. Je tenois douc uote séparément INFL. DES VENTS SUR L'ÉLECTR. ATMOSPH. 209 des degrés d'électricité positive, et de ceux d’électricité négative. Quand les électricités de nature différente al- ternoient , j'ajoutois séparément les degrés observés et correspondans aux précipitations , tant positives que né- gatives ; et s’il y avoit prépondérance de l’un des deux principes électriques , j'en tenois un compte propor- tionnel. Lorsqu'une précipitation atmosphérique ne don- noit des signes que d’une seule électricité, mais avec une intensité variable , je portois seulement en compte le degré le plus intense que j'eusse observé ; pendant la plupart des pluies l’électromètre est, en effet. dans un état continuel de vacillation qui dépend de la den- sité, de l’uniformité, ou de la continuité plus ou moins grande avec lesquelles ces pluies tombent sur la sur- face du sol. Quand l'orage approche, l'électricité de- vient quelquefois trop intense pour pouvoir être me- surée; aussi je n'ai jamais poussé l’observation jusqu’au delà du 600." degré de l’électromètre de Volta ; c’est avec cet électromètre à pailles et à condensateur simple, que j'ai fait toutes mes observations, en employant la mème échelle qui m'avoit servi précédemment pour arriver aux nombreux résultats que j'avois déjà obienus et publiés séparément les uns des autres. Voici le tableau des résultats tels que je les ai ob- tenus, en comparant la nature et l'intensité de l'élec- tricité avec les directions des vents. dB O0 LOVE MET 206 Le + Nombre des précipitations A Direction des vents | Gbservées, classées d'après correspondantes la nature de leur électricité. aux observations, | "I Positives. | Négatives. N. 12 11 N. 11 12 E. SE. NS. S.O, O N.O. Les 3 vents du nord Les 3 vents du sud SR, S7, SO. NE. ,E.,S'E. Par tous les vents.. Rapport entre le nombre des précipi- talions positives et celui des négatives. Intensité moyenne de chacune des deux éiectricités. To mm Positive. | Négative, O1 109 166 175 260 26 232 66 145 7 128 3% 131 10h 15 1} 114 100 : 100 : 230 Intens. moy. Naturel de l’électrie. total des À abstraction précipitat.i faite de sa D HPuése à nature, à ol [A 23 23 INFL. DES VENTS SUR L'ÉLECTR, ATRMOSPH. 207 Où peut tirer du tableau qui précède les consé- quences suivantes: 1. Le rapport des précipitations positives aux né- gatives suit une variation régulière, à partir du vent N. au vent S., en passant , soit par les vents est soit par les vents ouest. 2. Par le vent du nord les précipitations posiiives sont un peu plus fréquentes que les négatives ; par le vent du sud, ce sont au contraire les négatives dont le nombre est plus que double de celui des positives. 3.° Le nombre des précipitations négatives est, par les trois vents du sud, (S.E., S., et S.O.) double de ce qu'il est par les trois vents du nord (N.O., N., et N.E.); le rapport est en effet de 114 : 230. _ 4° Les vents d'est et d'ouest tiennent le milieu à cet égard; cependant les premiers se rapprochent da- vantage de ceux du nord, et les seconds de ceux du sud ; en effet, l'électricité est plus Souvent négative par les trois vents de l’ouest que par les trois vents de l’est, dans le rapport de 161 : 133. 5. L’électricité de la totalité des précipitations est plus souvent négative que positive, dans la proportion de 155 : 100. 6. L’intensité moyenne de l'électricité positive est au contraire plus considérable que celle de l'électricité négative, dans le rapport de 69 : 43. ,\ 7° L'intensité de l'électricité, abstraction faite de sa nature , est la plus forte par les trois vents du nord, et en particulier par les vents du N.E. et du N. 8. L'électricité est en moyenne la plus foible par 208 ME LÉ OR O0 L O CIE les trois vents du sud ; son intensité est, par ces trois vents, dans le rapport de 39 : 75 plus grande que par les trois vents du nord. 9. Par les trois vents de l’est l'électricité est, dans le rapport de 72: 48, plus forte que par les trois vents de l’ouest. 10.° L'intensité moyenne de l'électricité de toutes les précipitations , tant posilives que négatives, observées par toutes les directions des vents, est presque la même que celle de l'électricité des précipitations observées par les seuls vents de l’ouest. ° C’est par les vents du nord et de l’est que les électricités opposées se montrent de la manière la plus marquée et avec une intensité presque égale. Les vents de l’ouest, et surtout ceux du sud, présentent, au contraire, en moyenne une électricité négative plus foible, mais un plus grand nombre de précipitations négatives. 12 Le plus grand nombre des précipitations élec- triques a eu lieu par les vents de l’ouest ; le moindre nombre par ceux de l’est. On obtient, pour la direc- tion moyenne du vent pendant la totalité des précipi- . tations observées, 86° 9’, en se servant de la formule de Lambert, dans laquelle on marque le sud par 0”, l’ouest par go’, le nord par 180, et l’est par 270°. Le nombre 86°9" correspond à la direction: de l’ouest avec quatre degrés de déclinaison vers le S.O. J'ajouterai quelques mots sur la cause à laquelle il me semble qu’on doit attribuer les différences d’élec- tricité des précipitations atmosphériques, selon les di- rections des vents. Au | | | | INFL. DES VENTS SUR L’ÉLECTR. ATMOSPH. 209 Au moment de la précipitation des vapeurs renfer- mées dans l’atmosphère, c'est l'électricité positive qui semble d'abord se développer , et la négative paroît provenir le plus souvent de l'influence de la première. Les précipitations qui ont lieu les premières, lors des orages ou des pluies et neiges passagères, sont ordi- nairement positives, et sont bientôt suivies d'une né- gative , d'intensité à peu près égale. Cette alternative a lieu souvent plusieurs fois, pendant que d’un autre côté on voit les gouttes de pluie, les grêlons, le grésil ou les flocons de neige varier d’un moment à l’autre par leur grosseur , leur densité et leur continuité. Ordi- nairement à la fin, l'électricité de plus en plus affoiblie finit par rester negative ; quelquefois après l'orage il tombe encore une pluie qui possède une électricité négative. Cependant il n’est pas rare de voir des pluies qui tombent d’une manière régulière et continue , montrer dès le commencement et pendant des jours entiers, de l'électricité négative seulement. Ce fait, joint à la foible intensité que possède en général cette espèce d'élec- tricité, semble favorable à l'opinion qu’elle est due le : plus souvent à l’évaporation partielle qu'éprouvent les “gouttes de pluie pendant leur chute ; ces gouttes forment “une espèce de base évaporable, qui devient négative par le fait de l'évaporation comme cela doit arriver. Cette explication semble être confirmée par l’obser- vation d’un fait qui est dû probablement à la même cause , savoir, la forte électricité négative que montre la fine poussière aqueuse qui se trouve au pied des Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 3. Novem. 1829, P 210 M ÉTÉ O.R O L O G 1 F4 cascades, et qui est quelquefois si forte près des grandes cascades, que l’électromètre diverge de plus de cent degrés, coinme j'ai eu occasion de l’observer très-sou- vent au pied des cataractes de la Suisse. Cette explication s'accorde aussi avec la plus grande fréquence des pluies négatives par les vents du sud, et des positives par les vents du nord, Un courant d’air plus chaud , et par conséquent plus léger et plus élevé dansle premier cas, doit faciliter l’évaporation des gouttes de pluie pendant leur chute; tandis que par le vent du nord plus froid, plus pesant et par conséquent plus près de Ja surface de la terre, les nuages ont en gé- néral une position plus basse, et l’évaporation des gouttes de pluie est moins facile et presque nulle. Il suit aussi de ce qui précède, que l’on auroit souvent tort de conclure de l'électricité négative de la pluie, l'état électrique négatif du nuage d'où provient cette pluie; car il peui arriver , que, venant de nuages légè- rement positifs, elle devienne négative pendant sa chute par l'effet de l'évaporation partielle de ses gouttes. C’est ce que j'eus l'occasion de vérifier directement par l'observation, dans une course que je fis dans les Alpes. Les 10 et 11 juillet 1813 étant sur le Righi, à une hauteur de 5140 pieds au dessus de la mer, je trouvai, dans seize observations faites à divers momens du jour, la pluie qui tomba pendant ces deux jours, constam- ment négative ; mais dès que la pluie cessoit un peu, les nuages eux-mêmes , dont j'étois entouré, étoient chargés d'électricité positive. | Remarquons encore que la forte intensité de l’élec- INFL. DES VENTS SUR L'ÉLECTR. ATMOSPH. 2LL tricité , la manière tranchée et nette dont les deux principes électriques sont alternativement prédominans pendant les: vents du nord et de l'est, semble pro- venir principalement de la sécheresse qui existe dans les couches d'air pendant que ces vents règnent dans l'atmosphère , à quoi il faut ajouter la situation des nuages rapprochés par l'effet de ces vents, près de la surface de la terre, et dont l'électricité peut alors na- turellement exercer sur nos instrumens une influence plus sensible (1). (1) Nous nous permettronsde faire deux observations sur le Mémoire intéressant qui précède. — La première est relative au mode même qu'a suivi l’auteur pour obtenir les résultats numériques renfermés dans le tableau qu'il En a dressé. Nous aurions désiré quelques détails de plus sur la manière dont étoit disposé son électromètre ; il seroit important de savoir si l'indication fournie par cet appareil étoit bien en rapport avec l'intensité réelle de l'électricité qu’il s’agissoit de me- surer.— Notre seconde observation est relative à la cause présumée de l'électricité négative des pluies qui proviennent de nuages positifs ;.il nous semble difficile d'admettre avec l’auteur que cette électricité soit due à l'évaporation qu'éprouvent les gouttes de pluie pendant leur chute. Non-seulement cette évaporation, dans un air chargé et pres- que toujours saturé d'humidité , doit être nulle ou du moins très- foiblé, mais en supposant même qu'elle ait lieu , elle ne péut par elle-même donner naissance à l'électricité , ainsi que l’ont prouvé les recherches récentes de Mr. Pouillet. Il nous semble que l'on doit plu- tôt chercher la cause de cette électricité négative de la pluie , soit dans l'action mécanique qu'exerce l'air sur les gouttes pendant leur chute, soit peut-être dans l'effet de la température très-différente , dans laquelle elles sont subitement transportées. (A. D.) Caire") CALAIS PIE EP EP À 2 UT TEE ES DE PES EDR CE SEA RE ER APE EE PE SECRETS pmeeaeeenaiens GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. SUR LES OBSERVATIONS MAGNÉTIQUES FAITES RÉCEMMENT EN SIBÉRIE PAR M. HANSTEEN ;par le Capit. SABINE. Ê e— LE savant physicien Norwégien, Mr. Hansteen , à fait dans les premiers mois de cette année, aux frais de son Gouvernement et avec l'autorisation de celui de Russie, un voyage en Sibérie , dont le but principal étoit l'observation de l’inclinaison , de la déclinaison et de l'intensité magnétiques, et dans lequel il a re- cueilli un grand nombre de faits intéressans pour la science (1). On sait que Mr. Hansteen avoit déduit des observations connues de déclinaison et d'inclimaison, un système selon lequel il existeroit sur le globe deux pôles magnétiques dans l’hémisphère boréal, et deux dans l'hémisphère austral. Les observations qu'il a faites dans le nord du continent d'Europe et d'Asie, sur l’inten- silé de la force magnétique terrestre tendent à confirmer ces premières inductions. Les lettres que Mr. H. a adres- sées, durant son voyage à quelques savans, contiennent sur ce sujet des renseignemens importans. Le Capit. Sabine , qui a eu une part dans celte précieuse cor- respondanre, en a fait connoître les résultats dans le journal de l'{nstitution Royale, en les accompagnant (1) Voyez les Mélanges de ce Numéro. \ | | | »| | | | | 2 OBSERVATIONS MAGNÉTIQUES EN SIBÉRIE. 213 de ses propres réflexions ; nous nous empressons de les communiquer à nos lecteurs. « Depuis quelques années, » dit Mr. Sabine, « plu- sieurs des savans qui se sont occupés de ce sujet, ont pensé qu'on arriveroit à la connoissance du système magnétique terrestre , avec plus de sûreté par l'observa- tion de l'intensité de ce magnétisme en différens lieux du globe, que par celle de la déclinaison et de l'in- clinaison de l'aiguille. Conformément à cette opinion, Mr. Hansteen, sans négliger d'observer en toute occa- sion les trois phénomènes collectivement, s’est parti- culièrement appliqué à tracer les ligues qui passent par les points du globe, auxquels une aiguille suspendue librement dans le méridien magnétique, et écartée d'un certain nombre de degrés de sa position d'équilibre, fait un nombre égal de vibrations de part et d’autte de cette position peudant un temps donné. On devoit s’altendre à ce que ces lignes d’égale intensité, se disposeroïent régulièrement dans chaque hémisphère, autour du point, ou des points, où l'intensité étoit la plus grande ; ainsi, dans la supposition qu'il existoit sur notre globe deux points opposés l’un à l’autre, “l'un dans l'hémisphère boréal, l’autre dans l'hémis- “phère austral , on pensoit que ces lignes isodynamiques “devoient former des cercles parallèles , analogues aux “cercles géographiques de latitude , et que l'intensité iroit décroissant depuis les points de maximum, ou pôles, jusqu’au cercle qui sépare les deux hémisphères, cercle qui, suivant la mème analogie , pourroit prendre le € ’ és F0 Fo Doi d’équateur magnélique. ‘Tel étoit en eftet le sys- 214 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. ème qui, jusqu'aux découvertes de Mr. Hansteen , pa- roissoit suffisamment d'accord avec les observations que l’on avoit pu rassembler : or ces observations , quoique s'étendant au loin sur l'hémisphère boréal dans le sens de la latitude, c'est-à-dire , à peu près depuis la plus foible jusqu’à la plus grande intensité, se trouvoient renfermées, en longitude, dans un espace peu supé- rieur au quart d'un hémisphère , et cet espace étoit di- rectement opposé aux régions visitées par Mr. Hans- teen. Au dedans de cet espace, les courbes isodyna- miques paroissoient disposées, à quelques légères dé- viations près, en cercles parallèles autour d’un point situe dans la partie nord-est de la baie d'Hudson , et autant qu'on pouvoit le calculer, près de l’intersec- tion du 60° parallèle de latitude, et du 80° méridien à l’ouest de Greenwich. On ne peut s'étonner qu'un système, aussi simple en apparence , aussi conforme à celui que produiroit le magnétisme d'un globe de fer, et confirmé sensiblement par des observations faites sur le quart d’un hémisphère , ait été adopté comme étant celui qui représentoit , avec le plus de vraisembiance , l’état magnétique du globe. Le mérite particulier à Mr. Hansteen a été d’être conduit par une observation plus attentive des légères déviations que nous avons rappelées, et de la disposition générale des lignes d’égale inclinaison et déclinaison, à soupçonner l'existence d’un second point de maximum, où d'un se- cond pôle d'intensité dans l'hémisphère boréal. D'après les observations récentes de ce physicien, ce fait im- portant peut maintenant être considéré comme com- OBSERVATIONS MAGNÉTIQUES BN SIBÉRIE. 215 plétement établi : les courbes isodynamiques sont évi- demimnent distribuées d’une manière systématique autour de deux points, situés, l'un dans la baie d'Hudson , et l’autre en Sibérie ; et la marche qu'elles suivent est réglée, en partie par leurs distances respectives à ces deux pôles, et en partie par la différence d'intensité de l'attraction exercée en ces points mêmes; en effet, le maximum observé en Sibérie paroît être plus foible, que le maximum observé dans la baie d'Hudson.» « La figure ci-jointe de l'hémisphère boréal (77. {a P1.) donnera une idée plus nette de la disposition des courbes isodynamiques, que la description la plus détaillée. Les parties pleines des lignes tracées passent par les sta- tions où l’on a observé une égale intensité ; les parties ponetuées indiquent la marche présumée de la courbe dans les régions où elle n'a pas encore été observée. Les portions qui entourent le pôle de la baie d'Hud- son, sont tracées principalement à l’aide des obser- vations recueillies par moi, dans les deux voyages de découverte au nord-ouest , exécutés en 1818, 1819 et 1820 ; dans un voyage fait en 1822 aux côtes équato- riales de l'Atlantique, et à quelques-unes des îles de cet Océan et de la mer des Caraïbes ; enfin dans un quatrième voyage fait en 1823 au Groënland, au Spitz- berge, et en Norwège. Les prolongemens de ces por- tions de courbe autour du pôle de Sibérie, résultent des observations récentes de Mr. Hansteen et de ceux qui l’accompagnoient. » «Une description succincte de chacune de ces courbes, me donvuera l’occasion d'indiquer les points qui ont dé- terminé leur cours. » J 216 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. « En commençant par la ligne où l'intensité est la plus grande, nous trouvons cette courbe tracée sur les régions qui entourent la baie d'Hudson ; elle est dé- duite des observations faites à diverses époques, de- puis le passage du Régent au nord-ouest , à celui de Baffin au nord, puis, de là au détroit de Davis au nord-est, et à New-York au sud. Dans les stations par lesquelles passe cette courbe, l’aiguille librement suspendue , qui employoit à Londres 300 secondes pour exécuter un certain nombre n# d’oscillations, n’employoit plus, pour en faire le même nombre , que 269 secondes (en nom- bres ronds). Si l’on en excepte New-York, il n’est au dedans de cette courbe aucun lieu où l’on ait fait des observations : mais l’on peut présumer que l’inten- sité va graduellement en croissant, jusqu'à ce qu’elle alteigne son maximum en un point central ; en effet, les observations que l’on a faites en s’éloignant de la courbe dans différentes directions , savoir, dans l'île Melville, au Groënland et au sud de New-York, in- diquent toutes un affoiblissement dans le magnétisme terrestre.» « Les observations de Mr. Hansteen ont constaté en Sibérie l'existence d’une intensité magnétique égale à celle qui caractérise la courbe dont nous venons de parler , et distribuée suivant une courbe probable- ment semblable à la première, mais de dimensions plus petites, autour d’un point de maximum : ce pôle seroit situé, autant qu’on peut en juger, à 102° de lon- gitude est de Greenwich, c’est-à-dire, à une distance de 180° du pôle de la baie d'Hudson, et environ à 60° ae OBSERVATIONS MAGNÉTIQUES EN SIBÉRIE. 217 de latitude : cette dernière donnée aura sans doute été déterminée avec plus de précision pendant l'été qui vient de s'écouler. Mr. H. a tracé la partie sud de cette courbe au-dessous du 60° parallèle, depuis la rivière de Jenisei à l’ouest , jusqu’à 115° de longitude est (25° à l’est de Jenisei}), et à la latitude de 61°, où elle suit une direction presque du sud au nord. Il faut remar- quer que la courbe de Sibérie renferme un espace beau- coup moindre que celle qui lui correspond en Amé- rique ; circonstance qui s'accorde avec la moindre in- tensité attribuée au pôle de Sibérie ; en effet, il est naturel que les courbes d’égale intensité soient plus rapprochées du pôle le plus foible. » « La seconde courbe passe par les points où l'ai- guille, prise pour instrument d'épreuve , accomplit # oscillations en 278 secondes. Du côté de l'Amérique, ces points sont , au nord-ouest l'ile Melville, et au nord- est quelques stations de la partie occidentale du Groën- land, de la latitude de 76° à celle de 60°: de plus une intensité plus grande ayant été observée à New-York, et une plus foible à la Havane , on en conclut que cette courbe coupe la côte des Etats-Unis en un point intermédiaire entre ces deux villes. Sur le continent d'Asie , la même intensité a été observée par le Dr. Er- man de Berlin (qui accompagnoit Mr. Hansteen en Sibérie }, de l'embouchure de l'Oby (lat. 68°, et long. 70° E. ) en suivant la direction du méridien, jusqu’à la latitude de 60°; ici la courbe s’infléchit graduelle- ment à l’est, passe eutre Tobolsk et Narym, et a été retrouvée par Nr. H. à Kainsk, quelques degrés au sud 218 GÉOGRAPHIE PILYSIQUE. du lac Baikal, probablement fort près de sa limite mé- ridionale. » « La troisième courbe est celle sous laquelle lai- guille accomplit ses oscillations en 287 secondes. Elle est déduite des observations faites à la Havane, aux îles da Pendule sur la côte e6t du Groënland (lat. 74°,5) où l’on a reconnu une intensité un peu moindre, et enfinentre le Spitzherg et Hammerfest près du Cap Nord d'Europe. D'après les observations de Mr. H., cette courbe entre sur le continent d'Europe entre Archan- gel et la Nouvelle-Zemble , et il l’a traversée sur la route de Moskou à Tobolsk, à 56° et 57° long. E., et 57° et 58° lat. » « La quatrième courbe est celle sous laquelle l’ai- guille oscille en 297 secondes. Du côté de l'Amérique, elle passe près de la Jamaïque, où le temps des oscil- lations a été reconnu de 294 secondes ; traversant en- suite lAtlantique , elle vient passer au travers de la partie septentrionale des îles Britanniques, et entre en Norwège au sud de Bergen. De là, son cours à été observé par Mr. H., qui a reconnu que sa limite sep- tentrianale , c’est-à-dire , le point où elle commence à retourner au sud , est sur les côtes du golfe de Both- nie, à moitié chemin entre Stockolm et Tornea. Il a tracé de là son prolongement par Saint-Pétersbourg et Moskou. » « L'intention de Mr. Hansteen étoit, pendant l'été de 1829, de descendre le Jenisei jusqu'à Touroukansk sous le cercle polaire, afin d’étendre le tracé de la courbe de plus grande intensité; de revenir à Krasne- OBSERVATIONS MAGNÉTIQUES EN SIBÉRIE. 219 jark, et de couper , en se rendant de ce dernier point à la Mer Caspienne, les courbes de 278,287 et 297", daus leur prolongement au sud-est; tandis que le Dr. Er- man , qui se sépare de lui à Irkutsk et qui est pourvu des instrumeus nécessaires , s'avaucera par Iakutsk et Ochotsk jusqu'au Kamtschatka, suivant ainsi une route qui doit couper de nouveau les mêmes courbes, aux points où, après avoir atteint leurs limites méridionales, elles reprennent une direction au nord-est. » « Ces quatre courbes sont toutes celles dont Mr. H. a constaté la réapparition du côté de l'Asie; celles d’une moindre intensité passent au sud des contrées qu'il a parcourues dans son voyage. Je vais toutefois les retracer en peu de mots, pour compléter cette es- quisse des courbes isodynamiques de l'hémisphère sep- tentrional , autant que le permettent les observations faites jusqu’à ce jour. » ® « La cinquième courbe est celle sous laquelle l'ai- guille fait ses # oscillations en 308 secondes. D'après les observations faites par Mr. de Humboldt de 1800 à 1805, elle passe près des villes de Mexico et de Carthagène ; je l'ai reconnue moi-même en 1822 près de Ténériffe, et Mr. de Humboldt l’a retrouvée à Ma- drid et dans le midi de la France. » « La sixième, sous laquelle l'aiguille oscille en 321 secondes , a été observée par Mr. de Humboldt et par moi, sur la côte de l'Amérique méridionale qui borde l'Atlantique, près du ro." degré de latitude nord ; j'ai reconnu qu'elle passe aussi au nord de Port-Praya daus &s iles du Cap Vert. » 220 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. « La septième courbe, où l'aiguille oscille en 335 secondes, a été fréquemment observée par Mr. de Hum- boldt dans l’intérieur et sur la côte occidentale de la Colombie. Après avoir traversé l'Atlantique, elle entre sur le continent d'Afrique un peu au sud de la Gam- bie ; c’est ce qui résulte des observations que j'ai faites à Bathurst, où l'intensité étoit plus grande, et à Sierra- Leone, où elle étoit moindre. » | « La huitième courbe, sous laquelle les oscillations s’'accomplissent en 351 secondes, a été observée par Mr. de Humboldt à Tompenda au Pérou, sur la côte occidentale de l’Amérique du sud; et par moi-même à Maranham sur la côte orientale ; elle entre en Afrique au sud de Sierra-Leone. » « Enfin la courbe sous laquelle l'intensité est la plus foible dans l'hémisphère boréal, est celle de 370 secondes. Je l’ai observée à Bahia et à l’Ascension dans l'hémis- phère austral ; de là elle vient couper l'équateur près de la côte ouest d’Afrique , comme le montrent les observations que J'ai faites à l’île Saint- Thomas. » « On peut espérer que le tracé des courbes en Asie s’achèvera par les soins des officiers anglais employés dans l'Inde, où une ligne tirée au travers des posses- sions anglaises, de l’île de Ceylan à la chaîne de l'Hi- malaya, couperoit probablement à augle droit celles de 308 , 321 , 335 et 35r secondes. » « Mr. David Douglas , avantageusement connu par un voyage de recherches dans les contrées où coulent la Columbia et ses affluens , retourne cette année sur la côte nord-ouest de l'Amérique , pour une axpédi- OBSERVATIONS MAGNÉTIQUES EN SIBÉRIE, 221 tion de quelques mois. Il est pourvu d’instramens , et exercé à leur emploi. Il espère faire des observations magnétiques, de la Californie au sud , aussi loin vers le nord que les circonstances Île lui permettront , et de l'Océan Pacifique à l’ouest, jusqu'aux Montagnes Rocheuses à l’est. Il déterminera probablement la po- sition sur la côte ouest de l'Amérique septentrionale, des courbes de 287 et 297 secondes, et s’approchera de celle de 278, à la limite orientale de son excur- sion. Au reste , c’est surtout des voyageurs qui explorent l'intérieur des Etats-Unis , ainsi que les contrées voisines du lac de l’Esclave et de la rivière des Mines de Cuivre, que nous devons attendre une exacte détermination de celte courbe de 278”, si intéressante dans la recherche qui nous occupe. Mais la région la plus importante à explorer pour la connoissance du magnétisme terrestre, est celle qui est renfermée au-dedans de la première des courbes que nous avons mentionnées, celle de 269 secondes ; comme elle est traversée chaque année par les agens de la Compagnie de la baie d'Hudson, on peut espérer, d'après les dispositions que cette Com- pagnie a manifestées dans plusieurs occasions, en fa- veur des recherches scientifiques , qu'il ne s’écoulera pas beaucoup de temps avant que cette excursion ait été accomplie par une personne en état de la mettre à preat pour la science. » « À l'égard du grand espace occupé par l'Océan Paci- tique dans l'hémisphère boréal, les îles nombreuses dont il est parsemé, présentent aux observateurs des sta- tions d'un accès beaucoup plus facile que plusieurs | 222 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. parties des continens voisins. Ce travail a déjà été com- mehçé par le capitaine Lütke, qui commande l’un des vaisseaux de guerre russes , actuellement engagés dans une expédition scientifique. Dans une letire que j'ai reçue de lui, datée de la Nouvelle-Archangel (détroit de Norfolk ) en juillet 1827,il a bien voulu me com- muniquer les résultats de quelques observations d’in- clinaison et d'intensité magnétiques qu'il a eu l'oc- casion de faire dans sa traversée de la Conception, Je n'ai pas cru devoir en faire usage dans l’esquisse ci- jointe des courbes isodynamiques ; j'attends qu'il les ait publiées lui-même à son retour. Il étoit au moment de mettre à la voile pour le détroit de Bchring et le Kamtschatka; voyage dont les résultats auront sans doute un grand intérêt » « Si maintenant nous portions notre altention sur l'hémisphère austral, nous trouvons ce vaste: champ de recherches presque totalement inexploré. Les seules observations faites dans cette région , qui aient été pu- bliées, sont celles que fit Mr. de Rossel, daus le voyage «d'Entrecasteaux, à Java, à Amboyne , et à la terre de Van Diémen. Mais il en est d'autres qui ne tarderont pas à être connues ;— 1." Celles du Capit. Freycinet dans plu- sieurs stations visitées par l'expédition qu'il commandoit, et dont aucune publication n'a encore été faite, à ma connoissance ; — 2. Celles que fait actuellement le Capit. King, dans une reconnoissance des parties mé- ridionales de l'Amérique du sud.'Les résuliats obtenus par lui dans la première année de son expédition, ont été reçus en Angleterre ; ses observations commencent à OBSERVATIONS MAGNÉTIQUES EN SIBÉRIE. 223 à Rio-Janeiro , et continuent avec quelques intervalles en descendant la côte orientale jusqu’au Port-Famine ; il les poussera probablement de là jusqu'à la Conception, sur la côte occidentale , qui est la limite de sa recon- noissance dans ces parages. Les résultats déjà transmis exigeront à son retour , quelques correclions destinées à compenser les différences de température , etc.; mais elles ne changeront rien à la marche que révèle leur comparaison , et qui est celle d’un accroissement ra- pide d'intensité , depuis le voisinage de Rio-Janeiro , où celte intensité correspond à celle de la courbe de 370 secondes , dans notre esquisse , au détroit de Ma- gellan , où elle est intermédiaire entre celle de 278 et celle de 287 secondes: Les observations de Mr. de Rossel indiquent également qu’à la fin du siècle dernier, les diverses intensités comprises entre 370 et 278 secondes, se trouvoient toutes entre Java au nord-ouest, et la terre de Van Diémen au sud-est. On peut conclure de là, avec autant de certitude que le comporte le sujet, qu'il y a deux points de maximum dans l'hémisphère aus- tral, comme dans l'hémisphère boréal. Mais la position géographique et l'intensité relative de ces points ; com- parés entr'eux et comparés aux points correspondans de l'hémisphère boréal, sont des questions qui restent à résoudre , et qui offrent des sujets de recherches d’une haute importance. » (224 ) D DISTRIBUTION DE LA TEMPÉRATURE MOYENNE DU SOL ; OU LIGNES ISOGÉOTHERMES ; par Mr. KUPFFER. (Second article. V. p. 104 de ce volume.) Mr. Kupffer, après avoir cherché à établir, comme on l’a vu dans un premier article , un système de lignes isogéothermes , qui s’écartent plus ou moins , suivant les localités , du système reconnu des lignes isothermes, montre que ce système. se trouve d'accord avec quel- ques-uns des principaux faits de la géographie phy- sique , tels que la marche de la végétation en différens lieux, celle des glaces polaires, et la distribution du magnétisme terrestre , sur laquelle les travaux de Mr. Hansteen ont jeté une nouvelle lumière. Quelle que soit l'opinion que l’on adopie sur le système de Mr. Kupffer , il convient d'en connoître les applica- tions ; c’est ce qui nous engage à les reproduire ici. « La température du sol, » dit cet auteur, « est liée par divers rapports avec les autres grands phénomènes de notre globe ; je ne m'occuperai ici que de quelques- uns d'entr'eux, pour montrer le parti qu'avec le temps on pourra tirer des observations sur ce sujet. » « Wahlenberg a déja fait remarquer que l’existence, dans les latitudes élevées, des végétaux durables’ et à racines profondes, tels que les arbres ei les arbris- seaux, ue pouvoit être due qu'a ce que la tempéra- ture LES LIGNES ISOGÉOTHERMES. 225 ture du sol surpasse la température moyenne de l'air. Dans ces latitudes, les périodes de la végétation paroïs- sent suivre celle de-la température du sol presqu'autant que celle de latempérature moyenne de l'air. C’estune ob- servation que j'ai eu souvent l’occasion de faire dansmon excursion à la partie nord de la chaine de l'Oaral. Dans la Russie moyenne, la végétation commence plus tard qu'en Allemagne, mais la moisson se fait à peu près au même moment , c'est-à-dire dans le mois de juillet, Mais lorsqu'on avance vers le nord jusqu'au point où la température moyenne est o°, on trouve la moisson retardée ; elle ne se fait plus qu’en août, ou même au commencement de septembre , aux dernières limites de la culture du blé. Cette époque, qui coïncide avec le maximum de là température de l'air , se rapproche également dans les hautes latitudes , de celui de la tem- pérature du sol. » e « Le rapport qui paroïit exister entre le tracé des lignes isogéothermes les plus septentrionales ,, et, la ‘li- “mite des glaces polaires, mérite aussi de, fixer notre attention. Ces limites sont indiquées sur- notre carte (1) d’après l’intéressant Mémoire de Mr. Scoresby sur les glaces du pôle (2): Un coup-d'æil jeté sur cette carte, montre que la ligne de o° se trouve un peu au sud de la limite des glaces, excepté vers le Groënland ; mais nous savons que ce pays n'étoit pas jadis entouré de glaces (x) Voyez la planche jointe au premier article. (2) Un extrait de ee Mémoire se trouve dans les Nouvelles Annales des Voyages, par Eryries , etc. Août 1827. Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 3. Noveim. 1829. Q 226 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. comme il l’est à présent.! D'ailleurs la température du sol ne peut agir que sur les masses de glace, qui des- cendent jusqu'à une ‘certaine profondeur : or'célles qui sé trouvent sur la terre-ferme ne peuvent pas être dans cé cas: et il devient facile d'expliquer ainsi l'in- fluence d’un continent , comme le Groënland:, sur da limite des glaces polaires. Le transport des glaces au sud-ouest, que Scoresby'a si bien observé sur la côte orientale du Groënland , démontre ‘encore l'existence des pôles de froid dans le nord de l'Amérique ét particulièrement du Groënland ; au moins je ne sais comment on pourroit expliquer autrement un phéno- mène aussi contraire à nos idées ordinaires sur la dis- tribution de la température à la surface du-globe.l est évidentique , si le point le plus froid de la:mer polaire coïncidoit avec le pôle , les eaux les plus froides forme- roient , dans les profondeurs de la mer, un courant du nord aû sud , tandis que les plus chaudes se-transporte- roient , à la surface, du sud au nord; ces courans mo- difiés par la rotation de la terre prendroient ; le premier uné direction sud-ouest , le second une direction nord- est ‘et comme ce sont les eaux de la surface qui opèrent le transport des glaces, ce transport devroit avoir -lieu dans une direction mord - ouest ; au lieu de suivre, comme il le fait, la direction opposée. Mais si le-point le plus froid de cette région se trouve à quelque dis- tance du pôle, le courant superficiel doit se diriger au sud, ou plutôt au sud-ouest à cause de la rota- tion de la terre. On trouvera, je pense ; à l’avenir.des rapports étroits entre Île phénomène des courans de la mer, et la distribution de la température du sol. » LIGNES ISOGÉOTHERMES. 227 « Mais cette distribution de la température du sol, pourroit aussi avoir une grande influence sur la distribu- tion de l'intensité du magnétisme terrestre. Il en seroit sans doute ainsi, s’il étoit vrai, comme j'ai cherché à l'établir dans un précédent Mémoire , que le magnétisme terrestre réside à la surface du globe. Nous avons ici le choix entre deux hypothèses ; ou la terre doit être con- sidérée comme un aimant existant par lui-même ; et alors l'intensité de son magnétisme est -inverse de sa température ; ou bien elle reçoit sa force du dehors, cet n’est en quelque sorte qu’un morceau de fer doux, que la présence d'un corps éloigné constitue dans un état magnétique , et alors l’intensité de son magnétisme croît avec sa température. Quoique la première de ces deux hypothèses ait été jusqu'à présent généralement adoptée , cependant la seconde acquiert maintenant quelque vraisemblance , par la découverte dé l'influence magnétique des rayons solaires , et de Ja relation re- connue entre les variations diurnes de la déclinaison ma- gnétique et le cours du soleil. Nous verrons également que la connoissance que nous avons obtenue de la distri- bution de Ja température du sol, nous fournit un moyen de décider cette question avec plus de certitude. » « Qu'on. se représente d’abord le globe terrestre comme une masse chaude, extrêmement susceptible de magnétisme , dont la surface possède une température presqu'uniforme , et qui est constituée dans un état ma- gnétique par l’action. d’un ‘corps céleste éloigné , le soleil. 11 est évident que dans un pareil corps le ma- gnétisme sera distribué d'une manière parfaitement ré- Q 2 \ 228 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. gulière, et que les lignes d’égale inclinaison y coïnci- deront avec celle d'égale intensité. Mais si peu à peu il s'établit des inégalités dans la température de la surface, on voit que les lignes d’égale intensité seront modifiées, et s’éloigneront en quelques points des lignes d’égale inclinaison. Si une de ces dernières lignes passe par plusieurs points, dans lesquels la température du sol soit la même , l'intensité de la force magnétique en ces divers points, sera aussi la même ; mais dans tous les points où la température du sol sera plus haute ou plus basse , l'intensité, si notre seconde hypothèse est juste, sera plus forte ou plus foible. C'est en effet ce qui paroît être actuellement ; et si les observations futures sont d’accord avec celles que l'on a déjà recueillies , on pourra considérer cette circonsiance comme une dé- monstration puissante de l'hypothèse en question.» « On voit sur les cartes dressées par Mr. Hansteen (1825) que les lignes d’égale inclinaison et d’égale in- iensité sont sensiblement parallèles en Ecosse , mais que plus à l'est, en Norwège et en Suède , les der- nières s’infléchissent vers le nord et coupent les pre- mières. De plus, sûr une même ligne d'égale inclinai- son , l'intensité est plus foible à l’est qu’à l'ouest , et il en est de même de la température du sol. Ainsi , par exemple , l'inclinaison est à peu près la même à Edim- bourg et à Stockholm; mais dans la première de ces villes l'intensité est comme 1,400, et la température du sol est de 7°, tandis que dans la seconde, l'intensité est comme 1,386, et la température du sol est de 5°,2..1l en est de même pour Paris et Kasan , où l'inclinaison diffère LIGNES ISOGÉOTHERMES. 229 peu : à Paris l'intensité est 1,348 , et la température du sol 9°,2; à Kasan l’une est 1,320, et l’autre 5°. De même encore à Ténériffe , l’intensité est 1,298 et la température du sol 14° 5, tandis qu'à Naples, où l'inclinaison est la même, l’une est 1,275 ,et l’autrer 3°.» « On comprend alors aisément pourquoi le pôle d’in- tensité est plus au sud que le pôle d’inclinaison, Comme Ja température du sol va en diminuant vers le nord, les lignes d’égale inclinaison les plus rapprochées du pôle d'inclinaison , passent par des points plus froids au nord de ce pôle qu'au sud ; mais dans ces points plus froids, l'intensité, d'après les principes posés plus haut, doit être plus foible que dans les autres : on doit donc chercher le pôle d'intensité, c’est-à-dire le point où l’in- tensité magnétique atleint son maximum , au sud du pôle d’inclinaison : et c’est en effet là où il se trouve d’après le calcul des dernières observations de Mr. Hans- teen. Le pôle d’inclinaison est à 71° lat. et 102° long. ; celui d'intensité est à 56° lat. et 80° long. ouest de Paris. » ( 230 ) PHYSIOLOGIE ANIMALE. ANALYSE DES EXPÉRIENCES DE M. FLOURENS, SUR LE SYSTÈME NERVEUX DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. A ARE (QG asremamen num (Second article.) Nous avons fait voir, dans notre premier article, par quelle suite d'expériences non moins précises qu'ingé- nieuses, Mr. Flourens étoit parvenu, en enlevant suc- cessivement et £solément les diverses parties dont se com- pose le système nerveux central, à £soler et par consé- quent à déterminer les fonctions propres de chacune de ces parties. Mais, dans les expériences dont nous avons jusqu'ici rendu compte, Mr. Flourens n’avoit encore opéré que sur l’encéphale des trois premières classes, savoir, les mammifères, les oiseaux et les reptiles. I restoit à tenter les mêmes expériences sur l’encéphale des poissons (1), et ici se présentoit d’abord une question qui n'intéresse pas moins J’anatomie que la physiologie comparées. On sait que l’encéphale des poissons, non-seulement ne se compose point d’un même nombre de parties que celui des animaux supérieurs, mais que souvent le nombre de (1) Expériences sur l'encéphale des poissons, (V. Expériences sur le système nerveux. Paris, 1825). DU SYST. NERV. DANS LES ANIM. VERTÉB. 231 ses parties varie d’un poisson à l’autre. Il importoit donc de déterminer, L%-quand il manque uñe parlie, qu’elle est celle qui manque; et 2° quand il yen a une de plus, si ce n’est qu'une partie ancienne subdivisée, ou si c’est \ 1 une partie nouvelle. Jusqu'ici les anatomisies n'avôient employé dans la détermination des diverses parties qui constituent l'en- céphale, dans les différentes classes ,: que des caractères tirés de leur volume, de leur structure ou de leur position: mais tous ces caractères, le volume, la structure, la po- sition varient; le volume, car telle partie. qui domine dans une classe est dominée dans une autre; la struc- ture, car elle se simplifie ou se complique tour à tour, en passant d’une classe à l’autre; la position. car dès- lors qu'il peut manquer une partie et que cette partie ‘peut être intermédiaire à deux autres, la position, de.ces deux autres se trouve par cela seul changée. Aussi rien ne diffère-t-il plus que les opinions des anatomistes re- lativement à la détermination des parties de l’encéphale d+s poissons. Selon les uns, les poissons manquent du cérveau proprement dit ; ils manquent du cervelet se- lon les autres, etc. En tentant de nouveau la solution de ce, problème aussi difficile que compliqué, Mr. Flourens à eu l'idée de faire concourir à la détermination des :parties de l'encéphale, l'emploi des caractères tirés dés fonctions "même de ces parties. En effet, puisque chaque partie a sa fonction propre, il est évident que cette fonction “urñe fois connue dans une classe, distinguera et carac- #érisera toujours la partie dont ellé dérive, quelle que soit la classe qu'on examine, 232 PHYSIOLOGIE ANIMALE. Conformément à ces vues, Mr. Flourens a soumis successivement à ses expériences l’encéphale de divers poissons, et principalement celui de la carpe. On con- çoit que, dans sa nouvelle manière de procéder , toutes les fois qu'une partie aura même fonction qu’une autre, ces deux parties seront analogues; et que là où com- mencera une nouvelle fonction, Jà aussi devra com- mencer une partie nouvelle. Si donc nous comparons, sous ce point de vue, l’en- céphale de la carpe, par exemple, à celui des autres classes, nous conclurons d’après les expériences de Mr. Flourens, que la première paire de renflemens (en comptant d’avant en arrière ) dont se compose cet encéphale ; répond aux lobes cérébraux; la seconde, aux lubercules quadrijumeaux; que le troisième renfle- ment est le cervelet; et que les renflemens postérieurs au cervelet sont une partie nouvelle, c’est-à-dire , propre à la carpe et manquant aux autres classes. Et nous conclurons ainsi parce que l’ablation de la première paire hébête l’animal et ne produit pas de con- vulsions ; double caractère des lobes cérébraux danstoutes les classes : parce que la piqûre dela seconde paire pro- duit des convulsions, ce qui est Le propre des tuber- cules quadrijumeaux : parce que l’ablation du troisième renflement trouble l'équilibre des mouvemens, équi- libre qui dérive du cervelet: enfin, parce que l’ablation des renflemens postérieurs au cervelet abolit la respira- tion, fonction pour laquelle il n’existe aucun renfle- ment particulier dans les autres classes, et qui n’y dé- rive, comme nous l’avons vu, que de la moëlle allongée même. DU SYST. NERV. DANS LES ANIM. VERTÉB. 233 En comparant donc , avec Mr. Flourens, les poissons aux animaux supérieurs, noûs voyons que le point par lequel l’encéphale des premièrs diffère le plus essentiel- lement de l’encéphale des seconds est celui par lequel cet organe préside aux mouvemens respiratoires. Or , et comme il en fait la remarque , la respiration est précisé- ment ce qui constitue la différence la plus intime entre la classe des poissons et les autres. Nous venons de voir que, dans l’encéphale de certains poissons , dans celui de la carpe par exemple, il existe un renflement particulier dont la destruction abolit la respiration. Ce renflement constitue, selon Mr. Flou- rens (1), la moëlle allongée même, ou plutôt il marque dans cette moëlle, le point si lorig-temps cherché, par lequel elle préside à la respiration, et par la respiration, à la vie. Ce renflement indique, en outre , tout à-la-fois, et la place que ce point, premier moteur de la respiration et de la vie, occupe dans les autres classes, et les limites dans lesquelles on peut l’y circonscrire par l'expérience. On sait que Lorry, en divisant transversalement la moëlle épinière, en divers endroits, avoit rencontré un point où, la division opérée, la mort survenoit sur le champ , tandis qu’au-dessus ou au-dessous de ce point, la division ne produisoit que la paralysie (2). (1) Nouvelles expériences sur le système nerveux. Annales des Sc. Nat. Janvier 1828. Dans cette analyse des travaux de Mr. Flourens nous suivrons , pour plus de facilité , l’ordre des matières , de préfé- rence à celui des dates. (2) Acad. Roy. des Sc. Mém. des savans étrangers. T.ILI. 234 PHYSIOLOGIE ANIMALE. Quant à la détermination du siége qu’occupe ce point, Lorry s’étoit contenté de le placer vaguement entre les première, deutième et troisième vertèbres du col. Plus tard , Le Gallois (1), en cherchant à déterminer ce siége avec plus de précision, l’avoit placé vers l’origine des nerfs de la huilième paire ( pneumo-gastriques ),. Mais ni Le Gallois, ni Lorry n’avoient cherché à dé- terminer qu'elles étoient et l’étendue et les limites de ce point , et les limites que Mr. Flourens lui-même (2) lui avoit assignées dans ses premières expériences pou- voient être beaucoup plus réduites , comme on va le:voir. C'est sur des lapins que Mr. Flourens a repris ses nouvelles expériences, desquelles il conclut : 1.° « Qu'il « ya, dans les centres nerveux, un point ( point où « finit la moëlle épinière et où la moëlle allongée com- « mence, c'est-à-dire, où commence un ordre de phé- « nomènes , et où en finit un autre; Car, dans une masse « de parties continues, la seule division rationnelle de « ces parties ne peut être que la division même de leurs « fonctions) , auquel la section de ces centres produit « l’anéantissement subit de tous les mouvemens inspira- « toires soit du tronc, soit de la tête ; 2.° que ce point se « trouve à l’origine même de la huitième paire ;. origine « qu'il comprend dans son étendue, commençant immé- « diatement avec elle et finissant trois lignes au-dessous « de cette origine; 3.° que ce n’est pas seulement Îles « mouvemens inspiratoires, mais les fonctions de tout le (1) Expér. sur le princ. de la vie. (2) Rech. exp. sur les prop. et les fonct. du syst. nerv: 1824. DU SYST. NERV. DANS LES ANIM. VERTÉB. 235 «système nerveux, mais la vie de tout ce système qui dé- « pendent de ce point ; 4.° qu'il suffit qu'une partie quel- « conque, moëlle épinière ou encéphale, soit attachée à « ce point pour vivre, qu'il suffit qu'elle en soit détachée « pour mourir, et que ce point constitue donc le nœud « vilal ou lien central de toutes les parties nerveuses (1). » C’est donc dans la moëlle allongée que réside le pre- mier moteur de la respiration: Pour lx moëlle épinière , elle concourt diversement à cette fonction, selon les diverses classes. | Ainsi, Mr. Flourens a constaté que, dans les oiseaux, c'est la moëlle costale seule, dans les mammifères, la costale et la cervicale , la cervicale seule, dans les ba- traciens , qui agissent immédiatement sur la respiration; . et que, dans les poissons, la moëlle épinière n’y agit plus du tout, du moins immédiatement , attendu que les nerfs du mécanisme respiratoire, ou des opercules, viennent, dans cette classe, de la moëlle allongée même. D'un autre côté, ce n’est pas toujours par les mêmes nerfs qu'est déterminé le mécanisme respiratoire dans les quatre classes : dans les oiseaux, c’est par les nerfs thoraciques seuls ; dans les mammifères, par les tho- raciques et quelques cervicaux ; dans les batraciens, par " les nerfs cervicaux seuls; et dans les poissons enfin, “par les nerfs de la huitième paire même. La moëlle épi- mière considérée dans les quatre classes, n'a donc sur l'appareil respiratoire qu’une action relative et variable, (1) Nouvelles expériences sur le système nerveux. nn. des Sc. Nut. Janvier 1828. 236 PHYSIOLOGIE ANIMALE. comme varie l’origine même des nerfs de cet appareil, dans les oiseaux, les mammifères et les reptiles; et elle n’a plus d'action du tout (du moins d'action directe et immédiate, seul genre d’action dont il soit question ici), dans les poissons. La conclusion générale vers laquelle tendent toutes les expériences de Mr. Flourens, c’est que deux grandes lois règnent dans le système nerveux : savoir, d’une part, la spécialité , et d'autre part, l'unité de l’action nerveuse. Or, il est évident, d’après ce que nous venons de voir, que la spécialité tient à ce que chaque partie a sa fonc- tion propre; et l’unilé à ce que toutes ces parties tirent de l’une d'elles et de l’une seule le premier moteur ou le principe primordial de leur vie et de leur action. Cette méthode d'isolement ou d’ablation successive à laquelle nous venons de voir que Mr. Flourens a dû de déterminer, d’une manière tout à la fois si sûre et si neuve, l’action des diverses parties du système ner- veux, il l’a aussi appliquée à la détermination des fonc- tions des diverses parties de l'oreille (1). Dans un autre genre de combinaisons, l'oreille n’est pas moins compliquée peut-être que l’encéphale , et le mécanisme de ses fonctions n’est pas moins obscur. On n’avoit guère fait encore que des conjectures sur l’ac- tion de ses diverses parties ; et vu la difliculié presque insurmontable qu’il y a à pénétrer, sur l'animal vivant, jusqu’à ces parties pour les soumettre aux expériences, (x) Recher. sur les cond. fond, de l'audition. ( V. Exp. sur le syst: nerv.-Paris 1825.) RTE EN DU SYST.NERV. DANS LES ANIM. VERTÉB. 237 la physiologie sembloit résignée à s’en tenir pour long- temps à ces conjectures. Mr.Flourens vient d'ouvrir une nouvelle voie, voie hardie, voie pénible à la vérité, mais qui prometloit aussi des résultats si importans et qui lui en a déjà donné de si extraordinaires. Il suit de ces expériences , que nous regrettons de ne pouvoir indiquer ici avec plus de détails, 1. Que ni la destruction du tympan , ni celle des osselets n'altèrent gravement l'ouïe; 2.0 Que l’ablation de l’étrier l’affoiblit, sans la dé- truire ; 3.° Que la rupture des canaux semi-circulaires rend tout à la fois l’ouie confuse et douloureuse., et s’ac- compagne de plus, d’une agitation brusque et violente de Ja tête ; «4° Que la destruction de la pulpe nerveuse que con- tient le vestibule , abolit l’ouïe. La plupart de ces faits pouvoient , jusqu'à .un cer- tain point, se déduire de cé que l'anatomie comparée, : avoit déjà fait connoître sur la simplification successive qu'offre l'organe de l’ouïe , dans la série des. classes. On savoit, par les grands travaux de Compareiti, de Scarpa, de Mr. Cuvier, que l'oreille si compliquée des mammifères et des oiseaux , se-simplifie chez les: rep- tiles et les poissons ; qu’ainsi il manque déjà une partie des osselets chez les oiseaux et les reptiles, et qu'ils manquent tout-à-fait chez les poissons ; que le limaçon, à peine rudimentaire chez les oiseaux, ne se retrouve plus, ni dans plusieurs reptiles (les batraciens), ni dans les poissons ; que dans ceux-ci l’appareil ne consiste 238 PHYSIOLOGIE ANIMALE. plus que dans lé vestibule, les canaux semi-circulaires et la pulpe nérveuse qui s’y distribue ; et'que, dans les animaük plus inférieurs enfin , toùt se réduit à cette pulpe même. Sous ce rapport, l'analyse expérimentale de Mr. Flou- rens reproduit l'analyse naturelle qu'offre l'anatomie com- parée ; et’, si l'on peut ainsi diré, élle: fait passer artifi ciellement l'oreille d’un animal supérieur à l'état de l’o- reille d’un reptile ou d’un poisson, en retranchant aù premier les parties qui manquent à l'autre. Mais un fait auquel, dans l'état actuel de la science, on ne pouvoit , en aucune façon , s'attendre, c’est l’in- fluence profonde qu’exércent les canaux semi-circulaires sur les’ mouvemens (1)... La section du canal semi-circulaire horizontal pro duit cônstimment un mouvement horizontal de la tête de droite à gauche et de gauche à droite ; et lorsque les deux ‘canaux horizontaux sont coupés , ce mouve- ment devient si rapide, si impétueux , que l'animal perd tout équilibre , et qu’il roule long-temps sur oi même sans poüvoirse relever. À la section des canaux sémi-ciculaires verticaux ‘ex ternes succède un mouvement violent dé la tête dé haut en bas et de bas en haut, : L'animal , au lieu de tour: ner sur lui-même , comme dans le'cas précédent , se renverse souvent maloré lui sur le dos , et quelquefois il roule long-temps dans ce sens. 4 (1) Expériences sur les canaux semi-circulaires de l'oreille: Ann. des Sc, Nat. Octobre 1828 , et janv. 1829. } DU SYST. NERV. DANSLES ANIM. VERTEB. 239 La section des canaux semi-circulaires verticaux in- ternes détermine aussi des. mouvemens violens-:de haut en bas et de bas en haut; mais c'est en avant que l'a- nimal culbute et tombe. Enfin la section simultanée. de tous les canaux, ver- ticaux et horizontaux , détermine des mouvemens dans tous les sens et d’une violence inouïe. Ce qu'il ya de commun à tous ces mouvemens, c'est qu'ils cessent quand l'animal se tient immobile, et qu'ils recommencent dès qu'il se meut , et toujours avec d’au- tant plus de violence ‘qu'il cherche à se mouvoir plus vite, lots -+ Ce. qui met le comble à tout le merveilleux de ces phénomènes ; c'est que ces mouvemens si violens , si impétueux , n'empêchent pas Fanimal de vivre, quoi- qu'als durent tant, que l'animal vit, Mr. Flourens à vu des ‘pigeons: survivre lune, année entière dans. cet état ; la plaie produite par l'opération, s'était, entièrement ci- catrisée, mais les mouvemens singuliers de la,tête sub sistoient toujours. ) mb est ag DS | Des fañs aussi-surprenans,en eux-mêmes , des mou- vemens si violens déterminés par un organe si délicat; des: mouvémens déterminés, par un organe |placé dans W'oreille , tout cela nous montre combien de phéno- mènes encore nous restent à connoître dans l'écono- mie animale; nous ne disons pas combien de phéno- mèves il y à dont nous ne connoissons encore ni le mécanisme, ni la mesure : nous disons combien de phénomènes dont nous ne soupçonnons pas même l'existence. 240 PHYSIOLOGIE ANIMALE. Nous n’ajouterons qu’une remarque, c’est que , comme le dit Mr. Flourens,« il y a précisément autant de direc- « tions différentes de ces mouvemens qu'il y a de di- « rections principales ou cardinales de tout mouvement « d’avant en arrière et d’arrière en avant ; de haut en bas «et de bas en haut; de droite à gauche et de gauche «à droite. » | Nous passons aux expériences de Mr. Flourens sur la cicatrisation des plaies du cerveau (x), et sur la reu- nion des nerfs (2). S’il est intéressant pour le physiologiste de voir les diverses fonctions de l’encéphale s’affoiblir et se perdre graduellement à mesure que l’on altère les parties des- quelles ces fonctions dérivent, on sent qu’il l’est beau- coup plus encore de voir ces fonctions renaître à me- sure que Îles parties lésées guérissent et se cicatrisent. Mr. Flourens a déterminé, avec le plus grand soin , le mode selon lequel cette guérison et cette cicatrisation s’opèrent. Ainsi il a vu les plaies du cerveau avec perte de substance ; se guérir par une cicatrice fine et lisse de la surface mutilée : les plaies par simple division se guérir par la réunion immédiate des points divisés ; et, dans les deux cas, (pourvu toutefois que , dans le pre- mier, la perte de substance ne dépasse pas certaines (1) Expériences sur la cicatrisation des plaies du cerveau et sur la régénération de ses parties tégumentaires. ( V. Exp. sur le système nerveux. 182). (2) Expériences sur la réunion des nerfs. Ann. des Sc. Nat. Février. 1828. limites , DU SYST. NERV. DANS LES ANIM. VERTÉB. 241 limites, et il a déterminé quelles sont les limites qui ne doivent pas être dépassées) à mesure que la cica- trisation s'effectue , les fonctions renaissent. Quant aux nerfs, Mr. Flourens après avoir répété les expériences de Fontana, faites déjà par tant d’autres physiologistes, sur la réunion des deux bouts divisés d'un même nerf, a imaginé de réunir ensemble Zes deux bouts divisés de deux nerfs différens. Il a donc réuni, dans ses expériences , le bout in- férieur d'un nerf avec le bout supérieur d’un autre, et il a soumis successivement divers nerfs à ce croise- ment artificiel, éomme , par exemple, les nerfs des ex- trémités antérieures; ceux des extrémités postérieures, ceux des paires cervicales, ceux de la huitième paire. Dans tous les cas , la réunion des bouts croisés a eu lieu ; dans tous, la communication des #rrilations par les bouts réunis a été complète ; et il y a eu ainsi véri- table continuité physiologique dans le nouveau nerf, comme continuité de tissu; dans quelques cas enfin la fonction primilive, perdue par Île fait de la section, a été recouvreée. L De ses expériences sur l'apoplexie du cervelet, Mr. Flourens a été conduit à conclure , 1° qu'il ya deux degrés distincts d'apoplexie ; une apoplexie super- ficielle, et une apoplexie profonde ; 2.° que , dans la première , il n’y a que simple hésitation ou désharmo- nie des mouvemens , tandis que , dans la seconde , il y a trouble complet de ces mouvemens; 3.° que la gué- rison se caractérise , dans la première, par la couleur de l’épanchement qui, de rouge devient jaune , et dans Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.0 3. Novem. 1829. R \ 242 PHYSIOLOGIE ANIMALE. la seconde, par l'isolement de la matière épanchée au milieu de l’organe, lequel se cicatrise autour d'elle. Mr. Flourens a encore profité de ses nombreuses expériences et des nombreuses plaies qu'il a eu occa- sion de faire, pour soumettre à de nouvelles observa- tions le phénomène de la cicatrisation dans les diffé- rens tissus , et principalement dans celui de la peau et dans celui des os. Mais, dans ces derniers temps , il a été plus loio. Considérant que, pour tout ce qui tient aux lésions or- ganiques, les animaux sont soumis aux mêmes lois que l’homme ; qu'ayant les mêmes organes , ils ont aussi les mêmes maladies, et que celui qui réussiroit à déterminer chez eux les conditions de la guérison de ces maladies, auroit, par le fait même , déterminé les conditions de cetté guérison chez l’homme, Mr. Flourens a cherché à provoquer sur les animaux diverses maladies , soit pour en observer la marche avec tous les détails et à tous les degrés possibles , soit pour les soumettre à différens es- sais; c’est ainsi qu'il est parvenu, pour la phthisie pul- monaire (1), par exemple, et à la produire artificielle- ment par le froid , et à l’arréter ensuite par l’action d’une chaleur douce et constante , après l'avoir produite. Il n'entre point dans notre dessein de joindre ici l’analyse de ces derniers travaux, nous y reviendrons quand leur publication sera terminée ; nous avons voulu seulement indiquer comment Mr. Flourens est passé (1) Expériences sur la phthisie pulmonaire, etc. ; lues à l’Acad. Roy. des Sc. le 18 octobre 188, DU SYST. NERV. DANS LES ANIM. VERTÉB. 243 des expériences uniquement destinées d'abord à la phy- siologie , à des expériences qui embrassent aussi la pathologie, et montrer comment une pathologie expé- rimentale peut être le seul complément d'une physio- logie expérimentale. _ En terminant cette analyse des travaux de Mr. Flou- rens, travaux dont nous n'avons pu qu'indiquer Îles principaux résultats, qu'il nous soit permis de rappeler que ces travaux, qui ont enrichi la science de tant de faits si nouveaux et pour la plupart si inattendus, ne sont pas moins importans par la méthode rigoureuse qui a constamment dirigé l’auteur, et par l'influence que doivent avoir sur la science entière des progrès d’un ordre si vaste et si élevé. D. C. | BOTANIQUE. 4 NOTICE SUR LA RACINE DE CAÏNCA, nouveau médica- ment reçu du Brésil. > 0-6 0 La famille des Rubiacées, dont les Quinquinas et les Ipécacuanhas font parte , est une de celles où l’on peut toujours espérer d'importantes découvertes en matière médicale ; la racine de Caïnca paroît devoir s'ajouter au nombre des Rubiacées célèbres en médvcine. Quel- h 2 Un ! 244 BOTANIQUE. ques journaux ont récemment parlé de sa découverte et de son analyse; nous réunirons ici, 1.° les documens que nous avons obtenus de Mr: de Drummond, brési- lien instruit, qui nous a communiqué cette racine et une notice à son sujet; 2.° les documens botaniques recueillis principalement par Mr. de Martius, auquel l'histoire naturelle du Brésil a tant d'obligations; 3.° les résul- tats des analyses chimiques de MM. François et Ca- ventou. La racine de Caïnca que nous avons sous les yeux, est ligneuse, rameuse, d'un gris tirant un peu sur le bru- nâtre ; sou tronc est à peu près de la grosseur du pouce ; ses rameaux sont tortueux-cylindriques, garnis d’un petit nombre de fibrilles. On peut en voir une figure dans l'ouvrage de Martius sur la matière médicale du Brésil (pl. IX, fig. 20 , 21.); cette racine se distingue faciie- ment de celle des Ipécacuanhas, parce qu’elle n’est pas marquée d'anneaux ou de cicatrices transversales. L’é- corce en est mince, d'une saveur un peu amère , lége- rement acre et astringente; l’axe ligneux est tout-à-fait insipide. On a coutume de dire que cette racine est celle du Chiococca racemosa , maïs cette opinion mérite quelque examen. Le genre Chiococca a été établi par Patrick Brown dans son histoire de la Jamaïque , et adopté par Linné : son nom (qui signifie coque blanc de neige), fait al- lusion à la blancheur des fruits ; mais ces fruits sont des bayes et non des coques: ces fruits renferment deux graines contenues dans des loges dont la paroi nds dE. SUR LA RACINE DE CAÏNCA. 245 est Cartilagineuse , ce qui indique la place de çe genre dans les Rubiacées-Cofféacées, entre le Café et le Psy- chotria. I se distingue de l’un et de l’autre parce que les étamines sont à peine adhérentes au bas de la corolle, au lieu d’être collées avec elle dans toute sa longueur. Ce caractère est douteux dans les Chiococca d'Asie, qui peut-être devront être rejetées dans une autre genre, inais il est certain dans les espèces d'Amérique. Linné avoit confondu toutes celles-ci, sous le nom de Chio- cocca racemosa, et de là est venue l'opinion de ceux qui ont rapporté le Caïnca à cette espèce; dès lors Mr. Martius, et depuis MM. de Chamisso et Schlectendahl ont constaté l'existence au moins de trois espèces diffé- rentes de Chiococca en Amérique. 1. Le Chiococca racemosa original, qui se trouve aux Antilles, à Carthagène, dans le Mexique et dans la Flo- ride, mais qui ne paroîl pas avoir encore élé trouvé au Brésil, a les feuilles elliptiques amincies en pointes aux deux extrémités, les stipules très-larges à la base et pro- longées en pointes, les fleurs en grappe simpie, la co- rolle beaucoup plus longue que les dents du calice, et les filets des étamines à peine velus. On en peut voir une bonne figure dausl’Exotic Bolany de Mr. Hooker, pl. 93. 2.° Le Chiococca densifolia Gguré par Martius à la pi. 2 de son opuscule sur les plantes médicinales du Brésil, a les feuilles ovées presqu’en cœur , les fleurs en grappes, la _corolle beaucoup plus longne que les dents du calice, et les filets des étamines extrémement barbus. Elle se trouve dans les forêts vierges du Brésil près d'Almadas, de Fer- $ P .radas, daus les moutagnes de Bahia, au port de Sainte- 246 BOTANIQUE. Catherine. J'ai reçu de Mr. Ramon de la Sagra une ‘plante, originaire de l’île de Cuba, qui me paroît ap- partenir encore à cette espèce, quoique ses. Si soient un peu rameuses. ° Le Chiococca anguifuga , dont Mr. Martius’a donné une Adobe et une figure dans l'ouvrage cité tout- à-l'heure, se distingue à ses feuilles ovées acuminees, à ses siipules très-larges, terminées en pointe très-courte, à ses grappes paniculées, et à sa corolle à peine trois fois plus longue que les dents du calice. Cette espèce paroit commune au Brésil dans les forêts vierges de la province de Minas-Geraës et de Bahia ; elle se re- trouve à la Guiane Française d’après un échantillon recueilli par Patris, à l'ile de la Trinité d'après Mr. Sie- ber, au Pérou d'après l’herbier de Haenke, dans l'ile de Cuba et les environs de Cumana d’après MM. de Hum- boldt et Bonpland. C'est à cette espèce, dont j'ai vu des échantillons provenant des lieux divers que je viens de citer, qu'il faut rapporter le Chioc. brachiala de la Flore du Pérou, le Chioc. racemosa de Kunth (Now. Gen. Am. 3. p. 352) et de Sieber. Le Chioc. parvi- Jlora et le Chioc. paniculata de Willdenow. Il paroît même que le Choc. pubescens Au même auteur en est une simple variété à pédicelles et jeunes rameaux pu- bescens. Les racines de ces deux dernières espèces ont été d'abord employées au Brésil contre les morsures des serpens. Les brésiliens écrasent l'écorce de ces racines fraîches dans un peu d’eau, et avalent en grande dose cette eau chargée des principes qui y sont dissous SUR LA RACINE DE CAÏNCA. 247 ou suspendus; cette boisson excite de violens rvomisse- mens; le malade abattu par l’action du poison en est , vivement tourmenté, mais après des spasmes souvent très-redoutables, et des évacuations abondantes par haut et par bas ,il survient d’abondantes sueurs, puis le sommeil , et la guérison suit d'ordinaire cette violente crise ; la dose de la racine ainsi employée, est de 2 à 4 gros; on la réitère quelquefois deux et trois jours de suile, mais son emploi exagéré détermine un état d’ir- ritation générale qui se guérit par la diète et le repos. Ces détails extraits de l'ouvrage de Mr. Martius, prou- vent l'énergie de ce médicament. Il paroît que la racine du Chuiococca anguicida est la plus employée des deux espèces brésiliennes, soit à raison de sa plus grande activité, soit parce que la plante est plus abondante ; on la nomme aux environs de Ba- hia Raïz prela (racine noire ), Caïnana et plus com- munément Cainca. Ce nom provient de la dénomina- tion vulgaire d’un serpent contre la morsure duquel la racine est souvent employée. La note que j'ai reçue de Mr. de Drummond assure que l'emploi du Caïnca comme alexipharmaque, est aujourd'hui hors d'usage, mais qu'on l’employe habituellement comme purgatif et diurétique ; il active la sécrétion de l'urine, et en même temps détermine des évacuations alvines sans produire de coliques; à ce double titre les médecins brésiliens l’employent avec avantage contre les hydro- pisies les plus rebelles. On sait combien est borné le nombre des remèdes diurétiques applicables à Fhy- dropisie, et par conséquent, combien l'addition d'un 248 BOTANIQUE. nouveau médicament de ce genre pourroit devenir utile. On assure encore que celte racine est un excitant de l'utérus , et a été employée utilement contre l’améno- thée : mais on sait que ce genre d'action est une des plus incertaincs de celles dont la médecine peut dis- poser. À Bahia on se sert aussi de la racine de Caïnca pour guérir Île Pica, maladie commune parmi les nè- gres , et qui paroit provenir de mauvaise noufriture. La même note dont je tire ces détails ajoute que cette racine s'administre en infusion aqueuse , à la dose de deux gros par pinte d’eau bouillante, et se prend ainsi préparée par verrée ; quelquefois on en prépare une teinture alcoolique qui se donne à la dose de un à deux gros et même davantage; enfin on peut aussi la prescrire en poudre ; la dose est alors de vingt à treute grains, et on peut l'augmenter graduellement. MM. François, docteur en médecine, et Caventou , pharmacien, ont récemment publié une analyse de la racine de Caïuca qu'ils avoient déposée au secrétariat de l’Académie des Sciences depuis environ deux ans. Ils en ont extrait un principe nouveau que nous allons décrire d’après l’article inséré dans lUniversel du 23 et du 29 août dernier. Ce principe est blanc, cristallisé en petites aiguilles brillantes, soyeuses , et qui se groupent entr'elles comme le font les cristaux de mariate de morpüine ; il attire fortement l'humidité de l'air, et alors il se transforme en une masse pulvérulente qui ne présente plus que des débris de cristaux; il est ino- dore et d’une saveur amère aromatique très-forte, qui se développe lentement , et laisse daus la gorge un ar- SUR LA RACINE DE CAÏNCA. 249 rière-goût àcre. fl se dissout parfaitement dans l'alcool absolu, dans l’éther, et dans les alcalis; mais il est très-peu soluble dans l’eau. Il brûle, à la manière des substances végétales, sans laisser aucun résidu. Enfin, il n’est ni alcalia ni parfaitement neutre, puisqu'il rougit légèrement le papier de tournesol ; d’où l’on peut con- clure qu'il se rapproche plutôt des acides. C’est surtout par les propriétés thérapeutiques dont jouit cette nouvelle substance , qu’elle mérite toute l'at- tention des savans. Il résulte des expériences qui ont été tentées jusqu'ici par MM. François et Caventou, qu'elle est éminemment tonique sans être irritante; car on peut l’administrer pendant long-temps sans que les malades s’en trouvent fatioués. Ses propriétés purg a- tives me sont pas moins marquées, et la font ranger parmi les minoratifs les plus doux. Enfin c’est un diu - rétique puissant , qui exerce une action spéciale sur le s reins dont il modifie la sécrétion d’une manière toute particulière. La quantité d'urine évacuée après la p re- mière dose, comparée à celle qui a été rendue Île jour précédent , n’est guère que double ou triple ; mais la diurèse , une fois établie, augmente graduellement à un très-haut degré, et se soutient pendant -quelque temps sans fatiguer les organes urinaires. Aucun des malades auxquels il a été administré n’a eu à s’en plaindre ; au contraire, jamais la propriété diurétique du Caïnca n’est plus évidente que lorsque Îles urines sont rares , brülantes , foncées en couleur. Dès les pre- mières doses, elles deviennent faciles, plus abondantes, moins colorées, et leur excrétion cesse d’être dou- loureuse, 0] 250 BOTANIQUE. Ce principe actif étant tonique, diurétique et pur- gatif, doit devenir entre les mains des médecins une arme puissante pour combattre les hydropisies. D'autres observations sur ce sujet ont été publiées dans les journaux allemands par MM. de Langsdorf et Brandes , mais elles ne sont pas parvenues à notre connoissance. Les renseignemens déjà obtenus sur cette racine peuvent faire espérer que la médecine européenne pourra y trouver un remède efficace, et doit faire désirer que les praticiens exercés la soumettent à des expérienees ré- gulières. Les racines que nous avons reçues de Mr. de Drummond ont été essayées à titre de diurétiques par Jun de nos médecins, et avec un succès qui lui paroît mériter une sérieuse altention ; il nous fait espérer une notice à Ce sujet que nous nous ferons un devoir de soumettre à ceux de nos lecteurs qui s'intéressent aux progrès de la matière médicale. D. C. | | » , dl L (uaba, à ARR LE INNT DES SSE TAPEZ" EUR ALU € NAS DUT PREND A ARTS CHIMIQUES. SUR LES POUDRES FULMINANTES SER VANT D'AMORCE AUX ARMES A FEU, Les Annales de Chimie et de Physique de septembre 1829 , contiennent un rapport de MM. Aubert, Pélis- sier et Gay-Lussac, sur les poudres fulminantes propres à amorcer les armes à feu. On a abandonné pour cet usage la poudre faite avec le chlorate de potasse, le soufre et le charbon ; ses inconvéniens sont de salir le fer, et d’avoir sur lui une action très-corrosive. Cette poudre cependant, étant plus forte que la meilleure poudre faite avec le salpêtre , pourroit être employée utilement pour remplir les obus, pour enfoncer les portes, et pour faire sauter les ponts. C'est le fulminate de mercure où le mercure fulmi- » nant. d'Howvard , qui est généralement employé actuel- lement pour amorcer les armes à feu; cette poudre est composée d’oxide de mercure , et d’un acide com- posé d’un atôme d'azote, d'un d’oxigène et de deux de carbone (1); ce fulminate détonne avec une grande facilité par le choc de fer sur fer, moins facilement par celui de bronze sur fer , moins encore de verre | (x) Les meilleures proportions pour sa préparation sont 1 partie de mercure , 12 d'acide mitrique à 38°, et 11 d'alcool à 85° cent. 252 ARTS CHIMIQUES. sur verre, très-difficilement de fer sur plomb, et point de fer sur bois. Humecté de cinq pour cent d’eau il détonne encore par le choc de fer contre fer ; mais sans flamme ; avec dix pour cent d’eau il détonne fort difficilement. La force du fulminate de mercure est beaucoup plus grande que celle de la meilleure poudre de chasse , mais il est difficile de dire de combien. - Comme il ne faut qu’une très-petile quantité de fulmi- nate de mercure pour une amorce, on le mêle avec de la poudre ordinaire ; ce mélange non seulement a l’avantage d'augmenter le volume de l’amorce , mais on a observé aussi que le fuhninate de mercure peut ne communiquer l'inflammation à la poudre que difficilement , et à des distances beaucoup plus petites que lorsqu'il est mêlé avec du pulvérin , c’est une conséquence de l’instanta- néité de son iuflammation. La proportion la plus avan- tageuse pour les arines à capsule, est de 10 de fulminate et 6 de pulvérin ; il ne faut que 0,017 gr. de fulmi- pate pour une amorce d’un fusil de chasse ; avec un kilog. on fait 57 600 amorces. Le fulminate ne corrode pas le fer. Le premier avantage des fusils à percussion est l’économie de la poudre : d’après les expériences faites par les auteurs du rapport il paroît qu’avec une platine à percussion on peut diminuer la charge de poudre d’un dixième , sans affoiblir la portée. À cette économie de la poudre , dans le canon du fusil, il faut ajouter celle de l’amorce, et celle due aux ratés de canon que l’on évalue à un sur sept coups avec la poudre ordinaire, En réauissant ces diverses quan- SUR LA POUDRE FULMINANTE. 253 tités, on trouve que sur mille coups, il y a une économie de fr. 6,26, à raison dé fr. 2,95 par kilog. : de poudre. A la vérité cet avantage est compensé en partie par le prix des amorces à capsule , que l'on peut évaluer à fr. 3,50 le mille ; ce qui fait qu'on n’obtient qu’une économie de fr. 2,76 par mille coups. Un autre avantage est que les ratés sont fort rares avec les amorces à capsule ; avec une cheminée de 1,85, sur cent coups il n’y a point eu de ratés dans plusieurs séries d'expériences. Après la dernière série on n’a point nettoyé le fusil, et le lendemain on a recommencé le tir ; on a eu quelques ratés en commençant , mais après le vingtième coup la série, jusqu’à cent, a été recommencée sans ralés. C'étoit évidemment la crasse formée la veille dans la che- minée, et gonflée par l'humidité, qui avait produit cet effet. En dernier résultat, ce qu'on a de mieux à présent, sont les amorces à capsules en cuivre, qui se font au balancier avec une grande rapidité ; elles renferment chacune 0,017 gr. de fulminate de mercure avec six dixièmes de son poids de pulvérin (1) (An- nales de Chimie et de Physique. T. XLIL, p. 2.) (1) Pour la commodité des chasseurs , on fabrique des boîtes plates en cuivre, qui contiennent chacune cent capsules environ ; moyen— nant une légère secousse les capsules se présentent une à une à l’ex- trémité de la boîte , et on les adapte sur la cheminée. (254) D (EE — MOYEN DE PRODUIRE DE LA GLACE. D. 7) © LE moyen de produire de la glace en faisant fondre un mélange de sels dans l’eau est connu depuis long-temps. MM. Goldsmith vendent à Londres, dans leur magasin de Fleet-Market , des paquets de ce mélange de sels, au moyen desquels on peut, au milieu de l'été et par une grande chaleur, se procurer, si non de la glace, au moins de l’eau à zéro, en faisant fondre dans un baquet d’eau une dose de ces sels, et en plaçant au milieu du baquet la carafe d’eau que l’on désire ra- fraîchir. Mr. Meïlink a perfectionné ce moyen, et il a trouvé qu'en mélant quatre onces de nitrate d’ammo- niaque , quatre onces de sous carbonate de soude, et quatre onces d’eau, ce mélange produisoit, dans l’es- pace de trois heures, dix onces de glace, dans un vase de fer-blanc plongé dans la solution. (Quarterly Journ. Septembre 1829, p. 172.) MÉLANGES. 1) Lettre de Mr. Huber-Burnand aux Rédacteurs de la Bibliothèque Universelle. — MM.— Il vous paroîtra peut-être un peu téméraire de ma part, d'oser élever un doute sur l'existence d’un phénomène que vous seim- MELANGES. 255 blez regarder comme positif avec Mr. Carlo Matteuci (1) de Bologne , et peut-être avec tout le public ; je veux parler des éclairs de chaleur. Que deviendra l’explica- lion ingénieuse que cet auteur donne des causes de ce phénomène , si l’on découvre que le fait en lui-même mérite d’être placé au nombre des préjugés ? C’est ce- pendant ce que je vais tâcher de prouver par le rai- sonnement , en attendant d’avoir des preuves plus pré- cises à vous offrir, Tout le monde a vu des éclairs de chaleur : moi- même j'ai observé avec la plus grande attention le phénomène qui porte ce nom. Mais où voit-on ces mé- téores, je vous prie? N'est-ce pas toujours au bord de l'horizon , dans les soirées calmes et sereines de l'été ; on en voit dans toutes les directions. Cependant un phé- nomène si grand , silumineux , se passant sur notre globe si fréquemment, devroit se présenter une fois au dessus de la tête de quelqu'un : or, je défie qui que ce soit d’avoir jamais vu, dans ce pays, au-dessus de sa tête, par une nuit claire, un éclair de chaleur, et d’avoir entendu la _détonation qui devroit en résulter. Je ne ‘sais pas ce qui se passe ailleurs, mais j'ai tout lieu de croire qu'il en est de même en Italie et dans tout le reste de l'Europe. L'erreur provient de la distance où se passe le phé- nomène : ne pouvant pas le lier à sa véritable cause, où fait un météore particulier du résultat très-simple d'un accident de la nature tout-à-fait ordinaire. Mais quiconque aura assisté, depuis le sommet d’une (x) V. Znfluence de l’élecricité terrestre sur les phénomenes atmos- phériques, par Mr. Carlo Matteucri. Cah. de sept. p. 8 de ce vol. 256 MÉLANGES. montagne , à un orage situé au-dessous de Jui, aura reconnu à l'effet de la lueur des éclairs , l'apparence très en grand du phénomène électrique connu sous le nom d’éclairs de chaleur, et qui consiste dans l’ex- paosion subite de la lumière au-dessus des nuages au milieu desquels l'orage a éclaté. D’ordinaire l'orage loin- tain qui donne lieu à ces apparences, nous est caché par des montagnes , où par la courbure de la terre. J'ai vu fréquemment s'expliquer, par quelque petit nuage à l'extrémité de l’horizon, des éclairs de chaleur que j'a- vois observés quelques momens auparavant. C’est sou- vent pour nous au-dessus des vallées des Alpes que se font remarquer ces brillans météores. Pour lors les nuages sont cachés entre des chaînes de montagnes élevées, et nous n’apercevons que la lueur des éclairs qui répandent l’effroi dans les vallées. Nous n’en voyons jamais l’étincelle, c’est-à-dire , la foudre elle-même, parce qu’elle éclate entre les nuages et la terre, ou entre les nuages. Si le même phénomène a lieu sur la mer, soyez persuadés , Messieurs, que les couches de nuages électriques sont alors au-dessous de l'horizon par l'effet de la courbure de la terre et de l’immense distance où se passe l'orage. Maintenant je passerai aux difficultés qui s’opposent à l'existence des éclairs de chaleur, que nous ne com- parerons pas à des feux follets ou à des conflagrations accidentelles et très-rares, qui pourroient avoir lieu dans l'atmosphère. C'est dans les nuits claires que paroissent ‘les lueurs appelées vulgairement éclairs de chaleur. Or comment concevoir une décharge électrique dans un air MÉLANGES. 257 air qui ne seroit pas chargé de vapeurs condensées sous la forme de nuages? Si les vapeurs sont dissoutes dans Pair, elles absorberont graduellement l'électricité de la terre et il n’y aura point de détonation , point d'éclair, point de foudre , pas même d’éclarr de cha- leur. Car il ne suffit pas d’un air sec qui sépare le sol d’une couche d’air humide, pour produire la détente électrique. Il faut encore un corps limité ayant certaine forme, certaine masse, certaine étendue, et qui se trou- vant chargé d’une électricité plus ou moins abondante que celle du soi, puisse lui faire une brusque restitu- tion du fluide qu’il recèle , ou la recevoir de lui; or je doute que les vapeurs aqueuses invisibles et vagues répandues dans l'atmosphère réunissent jamais les con- ditions nécessaires pour concentrer l'électricité ; préci- sément parce que leur fusion graduelle avec les couches de l'air doit établir une communication trop facile en- tr'elles et lui pour qu’il puisse y avoir d’accumulation. Mais le cas est bien différent pour les nuages ; et ce- pendaut combien n’en passe-t-il pas au-dessus de nous dans des temps très-secs sans donner le moindre signe d'électricité ? Je conclus de là que les circons- tances propres à produire un phénomène tel que celui _ des éclairs de chaleur , n'existent pas dans la nature, si on les considère comme iodépendaus des orages. . Mais des assertions , et même les raisonnemens les » » assuré du fait, le seul moyen seroit d’avoir des corres- plus justes en apparence , ne sont pas encore des preuves suflisantes pour des physiciens. Pour être parfaitement pondans dæhs toutes les directions , afin de savoir tou- L Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 3. Novem. 1829. S 258 MELANGES. jours où il y a eu de l'orage à quarante lieues à la ronde ; nous saurions alors probablement d’où venoient les éclairs de chaleur. Mais si nous perdons une illu- sion sans utililé, la météorologie acquiert cependant un moyen précieux de juger de ce qui se passe dans l'atmosphère ; ces éclairs mensongers ne seront plus de vains fantômes, mais des signaux admirables pour suivre au loin la marche des orages; c’est ainsi qu'en détruisant un préjugé, la physique acquiert toujours quelque chose. Agréez, etc. Fverdun , 23 octobre 1829. Note sur la lettre précédente. — L'opinion que met en avant Mr. Huber, sur la non-existence des éclairs de chaleur, n’est pas nouvelle ; plusieurs physiciens la partagent ou l'ont partagée ; quant à nous, nous avouons que nous ne pouvons pas l’admettre. L'observation di- recte a déjà fait voir dans bien des cas, qu’on ne pou- voit attribuer ces éclairs à des orages éloignés , et le fait, qu'on en voit quelquefois tout autour de l'horizon, suffiroit seul pour démontrer qu'il est impossible de les expliquer ainsi. Il faudroit supposer en effet, qu'il existe dans le même instant dans toutes les directions, des orages au centre desquels se trouveroit l’atmos- phère calme et sereine dans laquelle est placé l’ob- servateur ; ce qui nous semble inadmissible, Il est vrai qu'ilest rare de voir des éclairs de chaleur au zénith (ce qui est au reste d'accord avec l'explication de Mr. Matteucci); cependant l’on en voit quelquefois, et nous-mêmes, pendant une nuit très-claire de la fin d'août 1828, | | ? } | } | MELANGES. 290 nous avons aperçu, dans un ciel serein el sans nuage, des éclairs de chaleur exactement au-dessus de notre tète. Quant à l’objection tirée de l'impossibilité de con- cevoir une décharge électrique sans la présence, dans l'atmosphère, d'un corps limité ayant certaine forme, cerlaine masse, certaine étendue, il nous est facile d'y répondre. Il suffit en effet pour qu'il y ait production de lumière électrique , que l’air devienne conducteur de l'électricité, soit par l'effet de la raréfaction , soit par la présence des vapeurs aqueuses ; aussitôt le ré- tablissement de l'équilibre électrique s’opérera entre le corps électrisé avec lequel cet air est en contact, et le reste de l'atmosphère. Les décharges électriques qui résulteront du rétablissement de cet équilibre, loin d’être brusques et violentes, comme cela devroit être si l'air étoit sec et isolant, seront au contraire. continues, auront lieu sans détonation , et seront ac- compagnées d’une traînée Jumineuse; or c’est précisé- ment les caractères que présentent les éclairs de cha- leur. On peut voir en petit un phénomène absolu- ment semblable, lorsqu'on laisse dans une chambre obscure un conducteur isolé, ou une bouteille de Leyde fortement chargée : peu à peu si l'air ambiant est un peu raréfié où humide, le conducteur et la bouteille de Leyde finissent par perdre leur électricité, qui s’echappe par une suite de petites décharges accompagnées d’une apparence lumineuse. | A. D. 260 MÉLANGES. 2) Sur l'origine de l'Assa-fœtida et de la Gomme am- moniaque.— Mr. Fischer écrit à Mr. De Candolle, en date du 6 août, ce qui suit: 1° Mr. Szowits vient de découvrir, près de Nakhit- cheran dans le steppe, l’une des plantes qui fournit J'Assa-fœtida ; il m'en’ a envoyé un fragment d’après le- quel je crois que c’est la Ferula persica, de. laquelle Sprengel prétend, j'ignore d’après quelle autorité , qu'elle fournit le Sagapenumn : les larmes de gomme-résine, re- cueillies par Szowits sur la plante même, sont bien po- sitivement de l’Assa-fœtida et non du Sagapenum. 2.° Le même voyageur a trouvé, aux mêmes endroits, quelque chose de mieux encore, la plante qui fournit la gomme ammoniaque ; ce n’est point un Aeracleum comme l'a dit Wilidenow, mais une Ferula à graines non ailées; elle a des feuilles qui ressemblent au Laserpitium siler, et des ombellules disposées en panicules spiciformes. Mr. Szowits en a obtenu quelques doses d’une gomme qui est bien positivement de l’ammoniaque : il nomme la plante Ferula ammoniacum. 3) Climat de la Sibérie en hiver. ( Extrait d'une lettre de Mr. Hansteen à Mr. Schumacher, datce d'Irkutsk 11 avril 1829.) — « Il est difficile de trouver un aussi beau ciel pour les observations astronomiques, que celui de la Sibérie orientale, Depuis le moment où Île fleuve Angara, qui sort du lac Baikal et entoure en partie la ville d’Irkutsk, est couvert de glace, jusqu'au mois d'avril, le ciel est d’une sérénité non interrompue ; on n’y aperçoit pas le plus petit nuage. Le soleil se lève MÉLANGES. 261 et se couche par un froid de 30 à 33° R., brillant d’un éclat parfaitement pur, et tout-à-fait exempt de cette teinte rougeâtre que nous lui voyons revêtir en hiver lorsqu'il approche de l'horizon. L'élévation de la contrée (1) et l'éloignement considérable où elle se trouve de la mer, rendent l'air sec, et donnent lieu à un grand rayonnement de calorique, qui est une des causes de la basse température qu’on y observe. La force du so- leil y est cependant si grande au printems, que par un froid de 20 à 30° à l'ombre, au soleil à midi l’eau dé- goutte des toits. » « Nous partimes de Tobolsk le 12 décembre, et dans notre voyage jusqu'ici, nous eumes constamment une température de — 20 à — 34° R.: malgré cela, j'ai ob- servé chaque matin, au lever du soleil, pendant une heure en plein air, par un froid de 30°. L'air est heu- reusement toujours tranquille, et sa sécheresse fait que l’on souffre moins ici à — 30° que chez nous (en Nor- wège) à — 15°. Le nez et les oreilles sont les parties les plus exposées à l’effet du froid ; et il arrivoit souvent que pendant mes observations, mon domestique me pré- venoit que mon nez étoit déjà tout blanc, et requéroit uve prompte friction. J'ai enveloppé de cuir mince les vis des instrumens que je dois manier; car si l’on lou- che du métal avec la main nue, on sent au contact une douleur poignante comme si c’étoit un charbon ardent, et il s'élève sur la peau une cloche blanche, comme au contact du fer rouge........... » me (1) Le baromètre a oscillé depuis le 9 février entre 737 et710mm, soit 27P 21,71 et 26P 21,74. 262 MÉLANGES. « Quoique nos thermomètres fussent enfermés dans des étuis de bois, revêtus d’épais fourreaux de cuirs, et placés dans les poches de notre voiture, souvent le soir nous les avons trouvés gelés : le baromètre l’auroit été également si je ne l’avois pas tenu entre mes jambes, et si, à chaque station, je ne l’avois pas apporté dans unétehämbre chauffe.» cialis she crus sn « Le thermomètre à l'alcool étoit d'accord avec le thermomètre à mercure jusqu’à — 10°; au-dessous de ce terme, le premier indiquoit toujours une tempéra- ture plus élevée que l’autre; et cette différence alloit en augmentant, à mesure que la température baissoit comme le montre le tableau suivant : Therm. à mercure — r10°,0 Différence o, o “ nbjgovor 2.42 fo shine ere 0,99 ES DPF PS UT (y. Es D 6 MR TU 2,00. Plus bas, le mercure rentroit en entier dans la boule. » 4) Phosphore dans le vide. — Voici une nouvelle ex- périence mentionnée par Berzélius, mais due à Van Beenmeleer. Si l’on saupoudre un bâton de phosphore avec de la résine et du soufre, qu'on le place sous le. récipient de la pompe pneumatique, et que l’on fasse le vide, le phosphore deviendra lumineux dans les en- droits recouverts de ces poudres, et finira par s’enflam- mer. (Quarterly Journal. Septembre 1829 , p. 176). 5) Combustibilité du charbon augmentée par le pla- line et le vert de gris.— Si l'on mêle du liège avec | | { | MÉLANGES. 263 du muriate de platine, ou du vert de gris, et que l’on fasse chauffer le tout dans un vase fermé , on obtien- dra un charbon qui prendra feu fort aisément et qui continuera à brûler seul. Or on sait que le charbon de liège seul ne peut pas brûler. Le vert de gris, où plutôt l’oxide de cuivre , paroît donc avoir un effet analogue au platine. On peut s'en convaincre en prenant une bou- gie verte, colorée ainsi par du vert de gris, la laissant brûler jusqu'a ce que sa mèche soit assez longue pour que soufflée, il reste un petit charbon rouge au bout; ce charbon continuera à brüler pendant des heures et des jours, jusqu'à ce que toute la bougie soit consu- mée. Cela est évidemment produit par l'oxide de cuivre attaché à la mèche, qui favorise sa combustion ; la même chose n'arrivera point avec des bougies blanches. (/d. P. 178). 6) Décomposilion des sulfales par des substances orga- niques. — Voÿel à trouvé que de l’eau qui contient en solution du sulfate de soude ou de chaux, et à laquelle ou ajoute du sucre, un mucilage , ou une infusion d’un bois quelconque , donnoit bientôt par la décomposition du sulfate, du gaz hydrogène sulfuré , avec son odeur fétide d'œufs pourris. L'absence de ce dernier est né- cessaire pour la réussite de l'expérience. Cette obser- vation explique l'odeur insupportable que prennent quel- ques eaux de puits , bonnes auparavant, mais qui de- viennent mauvaises lorsqu'on y établit une pompe : son tuyau en bois favorise le mucilage nécessaire à la décomposition du sulfate de chaux, dont ces eaux sont 264 MÉLANGES. toujours imprégnées. L'état de l'atmosphère favorise, dans quelques circonstances, cette décomposition ; ces eaux prennent celte odeur dans certains momens , et point dans d’autres. L’électricité probablement doit jouer un grand rôle dans ces décompositions. ( {dem , page 180.) w ERRATA pour le Cahier d Octobre. Page 3,lig. rr. GiRON lisez GiROU. — 20. anologique , lisez analogique. 26, note D. La 11." ligne verticale est fautive. Au lieu de S m mn VA qui se trouve dans l’énumération des cas également pos- sibles, etc. il faut lire (comme dans les cas réduits) nt NB. Cette erreur typographique n’influe point sur le résultat. /OGIQUES mer, aux mêmes heures que celles RREEC ONE Li ÉTAT lENTS. DU CIEL. © À © Midi. 3h. Fgh.dum.| Midi. 3 h. ap. mn. me | — > | s.0. s.0. serein serein couve s.0. s.0. brouil. brouil. broui s.0. s.0. neige couvert | sol. n s.0. s.0. serein serein serein N.E. N.E. sol. nua.l sol. nua.! sol. n s.0.3 s.0. 3 Ë brouil. neige neige s.0. s.0. sol. nua.| neige neige s.0. s.0. sol. nua.| brouil. brouil S.0. S.0. couvert couvert neige s.0. s.0. sol. nua.| couvert | neige N.E. N.E. couvert sol. nua.| sol. n N.E. N.E. serein serein serein N.E. N.E. serein serein serein so. $.0. serein serein serein s.0. N,E. serein serein serein s.0. s.0. serein serein serein s.0. s.0. sol. nua.| sol. nua.| sol. n N.E. NE, serein serein sol. n s.0. s.0. neige neige neige N.E- NE, neige neige neige NE. N.E. brouil. sol. nua.| sol. n s.0. s.0. couvert couvert couve | 5.0. s.0. 3 À brouil. neige neige 5.0. s.0. serein serein serein s.0. s.0. serein couvert couye N.E. N.E. serein serein serein | NE. NE. serein serein serein NE. N.E. sol, nua.| serein serein N.E. NE. sol. nua.| sol. nua.| sol. n s.0. s.0. serein serein serein serein serein serein — © ——— — N.E. 33. BAROMÈTRE RE D a cs 9» réduit à la température de 10° R. 3h. ap. m. DD DOI DO + © D O1 ED FD O © b M D E ŒO 1H D OTO à 9 b. du mat. Midi. pouc. lig. dix.| pouc. lig. dix. pouc.lig. dix. 20. 0, 9 | 20. 9, r | 20. + ARLON ESA ENS) CC D MS ANT NS) 6, 7 : 8, 7 10, TO 5 D 10, NT 02 Dr. 0, 2 Nour 20. IX, Ô | 20. 11, 8 rs oi] 10, 8 9; 5 | 9 4 TO, (0 10, 9 ‘ Br. OO, Gléar- cr Or. EP $ te 9, 3 0, oO . 20. 10, 6 | 20- 10, 2 | 20. 9 4 9 # 9, 0 5; 2 . 6,2 6, 8 GS GORE 516 550 6, 5 7 2 7: 6 Taux RD) Dyux Doi EN 4 4 41 3 4, 3 4 3 4, 7 | L3 7 5, 0 | hs 7 6, 9 | 6,7 E 69 6, 9 9 © gs |. 20. 8,53 | 20. 8,47 | 20 — 5, 2 | =, 5, 4 5, DS 5% 6, 6 4, 7: 2 5, 13, 6 x 3 2 6, a 3 2) 4, 9 3, 7 9 4 7, 6 6, 9 © 5, 65 b; 7) 4 6, 10, oO 73 9 I 4 6, o 4, I; 5 7 10, O 9; 10, 2 9, 19, L 12, 10 10, A 5 10, A} 11, 14, 5 10, 11, O 12, 15, 6 19, 11, 8 9 12, 3 =: a 9 8, TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites au COUvENT pu GRAND ST. BERNARD , élevé de 2491 mètres, soit 1278 toises au-dessus de THERMOMÈTRE en 80 parties, CR 9h. dum.f Midi. deg. dix. | deg. dix. 0 ©O Ou b O EI GO MN GR O©O O D Fm © D EXO DOI D CO mn} 35 = 7,47 3 h.ap. m. a = CE | es Sos M nm DauNunwonn DUREE NO @mO œUDO N UO momo b x 71100 Minim. =11, 4 TO Em © m © D OO umMWO I TI A TE D M Co C0 Ti CE € © Maxim. OF ER GS DD Om UTF-+F C7 SISFS CCR © m O 5 s à » et et SO 9 - 6,95 DECEMBRE 4820 93 89,87| 89,32 HYGROMEIRE à cheveu. DR fgh.m.| Midi. 3h. <. À degrés. [degrés. 99:77 Jet es ee SIAnISNIE nei.33 po. ‘4iSOy no “ONVTA HAE) NENTS. 9 h.m.| Midi. 3h. 5.0. s.0. s.0, s.0, s.0. s.0, s.0, s.0. s.0, S.0, s.0. s.0. NE. N.E. NE. s.0, 5.0.3 s.0. 5.0. s.0. s.0, s.0, s.0. S.0. s.0. s 0. S.0. s.0. s.0. s.0. NE. N.E N.E. N.E. N.E N.E. N.E. NE. N.E. NE. S oO. S.0. s.0, S.0. N,E. S.0. s.0. s.0, 5.0. s.0. s.0, N.E N.E. NE, S.0, s.0, s.0, N.E N.E- NE N.E. NE NE. S.0. s.0. S.0. 5.0.2 | 5.0. 5.0, 3 s.0. 5.0, s.0. 8.0. s.0. s.0. N.E NE NE NE. N°E NE s.0. N°E NE s.0. N.E. NE. CAL: S.0:. s.0. s.0. s.0. s.0. 5.0. 5g. N.E. 33. ÉTAT DU CIEL 9h. dum.| Midi. 5 b. pd serein serein couvert brouil. brouil, brouil. neige couvert sol, nua serein serein serein sol. nua.| sol. nua.| sol, nua. brouil. | neige neige sol. nua.| neige neige sol. nua.| brouil. brouil, couvert couvert neige sol. nua.| couvert | neige couvert | sol. nua.| sol. nua serein serein serein serein serein serein serein serein serein serein serein serein serein serein serein sol. nua.| sol. nua.| sol. nua serein serein sol. nua. neige neige neige neige neige neige brouil. sol. nua.| sol. nua. couvert couvert couvert brouil. neige neige serein serein serein serein couvert | couvert serein serein serein serein serein serein sol, nua.| serein serein sol. nua.| sol. nua.| sol. nua. serein serein serein serein serein serein la mer, aux mêmes heures que cell ë it à que celles qu'on fait à GENEVE OBSERVATIONS DIVERSES. Évenemens dont on desire conserver quelque souvenir, ( 265 ) ASTRONOMIE. OBSERVATIONS DE LA DERNIÈRE OCCULTATION D'ALDÉ- BARAN, FAITES A PARIS ET EN ANGLETERRE. Nous croyons devoir donner suite à nos articles pré- cédens relatifs à la projection apparente des étoiles sur le disque de la lune dans les occultations, en extrayant, avec l’autorisation de Mr. Wartmann, les détails sui- vans, d'une lettre fort intéressante qu'il a reçue de Mr. le Baron de Zach, en date de Paris 21 novembre. « Mr. South m'ayant beaucoup pressé d’observer l'oc- cultation d'Aldébaran du 15 octobre, j'ai fait cette ob- servation à Tivoli avec une excellente lunette vitro- cristalline de nouvelle invention de Mr. Cauchoix, de 4o lignes de diamètre et de 30 pouces de foyer, ayant un grossissement linéaire de 114 fois (1). Le ciel étoit couvert et à la pluie depuis plusieurs jours ; il étoit encore dans cet état le jour où l’éclipse devoit avoir lieu, mais vers les sept heures du soir, le ciel s'est subite- ment éclairci. Cependant , les vapeurs toujours suspen- dues dans l’atmosphère rendoient les bords de la lune fort ondulans et mal terminés ; Aldébaran chatoyoit de (1) 11 s’agit probablement d'une lunette achromatique ‘dont l’ob- jectif se compose d’une lentille de flint-glass, et d’une autre lentille de cristal de roche , qui remplace celle de crown-glass employée ordi- nairement. (R.) Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 4. Décem. 1829. T 266 ASTR.O N O M I E. toutes les couleurs de l'iris, dans lesquelles le rouge prédominoit sur tout. Lorsque l'étoile s’est approchée de la lune, son éclat comme à l'ordinaire a beaucoup diminué , et lorsqu'elle a été sur le point de toucher le bord, les oscillations produites par les vapeurs la faisoient aller et venir sur ce bord, à peu près comme on le voit aux passages de l'étoile polairé par les fils d’une lunette méridienne, ou sur le fil horizontal d’un instrument avec lequel on prendroit les hauteurs des étoiles près de l'horizon. Hormis ce sautillement de l’é- toile sur le bord de la lune, qui n’a duré que quelques secondes, je ne me suis aperçu d’aucuné projection de l’étoile sur le disque de la lune et sa disparition a été instantanée, » «Mr. South a fait l'observation à l'Observatoire Royal de Paris, avec cinq autres astronomes, MM. Bouvard l'oncle, Bouvard neveu, Arago, Mathieu et Nicollet ; et aucun d'eux n’a vu la moindre trace d’une projection sur le disque de la lune. Mr. South m'avoit promis avant son départ pour Londres de me faire savoir ce qu'on y avoit vu. Voici ce qu'il m’a écrit à ce sujet en date du 5 de ce mois (x): « L'occultation d'Aldébaran du 15 octobre a été ob- « servée à Camden-Hill par le capitaine Beaufort, le « capitaine Wiison et Mr. Stratford. Mr. Beaufort avec « un objectif de 6 pouces a vu l'étoile très-distinctement « projetée sur le disque pendant 5 secondes. Mr. Wilson (1) Nous avons traduit ce fragment de lettre de Mr. South, qui se trouve rapporté en anglais dans celle de Mr. le baron de Zach. (R.) + # à OBSER V. DE LA DERN. OCCULT, D'ALDÉBARAN. 267 avec une lunette achromatique de 42 pouces a vu le phénomène pendant le même temps. Mr. Stratford n’a pas vu l'étoile projetée tout-à-fait aussi long-temps, mais il l’a observée distinctement , en forme de disque rouge bien défini, sur le bord de la lune. A l'Obser- vatoire royal de Greenwich, Mr. Pond et ses cinq adjoints ont vu la projection pendant un intervalle de 3 à 5 secondes. Miss Bradley, sœur de Mad. Pond et dont la vue est extrêmement courte, a vu l'étoile pendant le même temps sur le disque. Mr. Ridolle à l’Asyle-Naval de Greenwich, a observé la projection pendant 3 secondes, Mr. Brottesley à Blackheath pendant 3 ou 4 secondes; la capitaine Smyth à Bedford, pendant 3 secondes; Mr. Maclear à Big- gleswade pendant 34 secondes; Mr. Barlow pen- dant environ 3 secondes , Mr. Barlow Junior de même; Mr. Simms à Islington pendant 6 secondes; le Dr. Lee à Bedford , 3 secondes; Arthur Baily à La- vender-Hill 34 sec. L'un des adjoints de Greenwich, je crois que c’est Mr. Taylor, s’est servi, ainsi que Mr. Brottesley, d'un télescope à réflexion grégorien ; les autres observateurs ont employé des lunettes achro- matiques Mr. Francis Baily a observé l’occultation à East-T ythesley, près Stockbridge, dans le Hampshire et n'a pas vu la moindre projection. A avoit un téles- cope de 36 pouces de Dollond, qui n’est point bon, je le dis à regret. C'est une circonstance d'autant plus malheureuse que Mr. Baily possède deux excellentes lunettes achromatiques de 46 pouces, l'une de Tulley et l’autre de Fraunhofer. Il est le seul observateur en # V F 2 68 À S: T-R:OUN OM. L E. D « Awgleterre qui n'ait pas vu de projection; il a la vue « extrêmement courte, mais miss Bradley, qui a vu la « projection , est dans le même cas. Le mauvais temps a « empêché d'observer l’'occultation soit en Ecosse, soit «sentirlande.u .:!. +. Les différens détails des obser- « valions faites en Angleterre seront communiqués à la « Société Astronomique à sa première séance de demain « en huit, et je saisirai la première occasion de vous en « envoyer une copie officielle (1). » « J'ai répondu à Mr. South, que je ne croyois pas que la bonté des lunettes contribuât en rien à la visibilité de ce phénomène, car assurément les lunettes du père Feuillée et de De La Hire n’étoient pas bien merveil- leuses , elles étoient au contraire très-chromatiques ; et c’est cependant le père Feuillée qui découvrit le premier ce phénomène à Marseille en 1699, comme je l'ai fait voir dans sa Biographie, publiée en 1807 dans le 15° vol. de ma Correpondance astronomique allemande (2). » . (1) Mr. le Baron de Zach annonce dans sa lettre que Ar. South a acheté le grand objectif achromatique de Cauchoix , de treize pouces, au prix de douze mille francs à ce qu'il croit, et qu'il le fait monter pour un Equatorial par Troughton. (2) La première observation de ce genre du P. Feuillée fut faite sur l'étoile 4 des Hyades, qu’il vit pendant quelques secondes sur le disque éclairé de la lune avant sa disparition. De La Hire, après avoir eu connoissance de ce fait, observa le même phénomène le 19 août 1699 sur Aldébaran. Le P. Feuillée l’observa encore en 1710, à la Concep- tion , dans le royaume du Chili, sur Antarès, et en 1720 à Marseille, dans une occultation de la planète Vénus. Il est singulier que cette ap- parence eut échappé à tous les observateurs précédens depuis Galilée, OBSERV. DE LA DERN. OCCULT. D'ALDÉBARAN. 269 On ne peut non plus chercher la cause de ce phéno- mène dans l'atmosphère de la lune, ni dans celle de la terre, car tous les observateurs le verroient alors de la même manière. C'est dans l’observateur qu'il faut chercher la cause de cette espèce de fantasmagorie. On demandera alors peat-être, si cela est, comment il se fait que de deux observateurs sur le même lieu, l’un myope et l’autre presbyte, ou tous les deux myopes comme Mr. Baily et miss Bradley, l’un voit la projec- lion et l’autre ne la voit pas? Je réponds que cela dé- pend de la sensibilité plus ou moins grande de l'œil de l’observateur. Chez l’un, l'impression de l’image de l'étoile , fixée avec une grande intensité , sera plus vive, plus forte, plus durable; cet œil ainsi conformé con- servera le spectre, le fantôme de l’image de l'étoile plus Jlong-temps et le verra projeté sur le disque de la lune, tandis que sur une rétine moins sensible et moins sus- ceptible d'une vive et profonde impression, l'image sera moins durable et ne paroîtra pas projetée. L'état de pa- resse, d'inertie, d'irritation de cet organe peut faire que le même individu tour à tour voie ou ne voie pas ce phénomène selon la disposition de son œil. En 1799 », le 24 novembre, je fis à l'Observatoire de Seeberg près Gotha, avec un ami Mr. le baron d'Ende, l’observa- tion d’une occultation de Vénus par la lune. Nous nous proposames de faire grande attention à ce phénomène de la projection. Mr. d'Ende se servit d’une lunette achromatique de dix pieds de Dollond, ét moi d’un té- lescope Newtonien de sept pieds d'Herschel. Un ciel Lrès-screin, un air tranquille favorisoient cette obser- 270 A :'S- TR AORN JON LE vation. Lorsque la planète approcha de la lune , nous ne remarquames pas la moindre altération, soit dans sa lumière, soit dans sa couleur, soit dans sa position. Vénus brilloit d’un grand éclat, la lune au contraire d’une lumière très-foible ; la planète avoit une grande irradiation dans nos deux lunettes, jouant de toutes les couleurs, soit à quelque distance, soit dans la proximité de la lune. L’immersion fut instantanée, la planète dis- parut subitement, et nous ne vimes aucune projection sur le disque de la lune, quoique les circonstances fussent bien favorables pour cette apparition. J'ai rapporté cette observation dans le IV® vol. de mes Éphémérides astrono- miques. À cette occasion, j'ai fait remarquer qu'en 1708, le 23 février, lors d’une semblable occultation de Vénus par la lune, Dominique Cassini et son neveu Maraldi avaient aussi cherché à voir si la planète, en touchant le bord de la lune, ne changeroit pas de figure, de couleur, de position, mais qu'ils n’aperçurent aucun changement quelconque. On agitoit alors beaucoup la question si la [une avoit une atmosphère, et on atten- doit avec grande impatience une autre occasion pour s’en assurer. Elle se présenta le 28 juin 1715, époque d’une autre occuliation de Vénus par la lune. On fit cette observation à l'Observatoire Royal de Paris avec grande attention. Cassini, Maraldi et Malezieu ne remar- quèrent pas le moindre changement dans la figure, Ja couleur et le mouvement de la planète. Le chevalier de Louville, Delisle et Chardalou , au contraire, observè- rent que la brillante planète, qui étoit toute blanche lorsqu'elle étoit encore éloignée de la lune, avoit subite- OBSERY. DE LA DERN. OCCULT. D'ALDÉBARAN, 271 ment changé de couleur pendant plus d’une minute, au moment où elle approchoit de la lune et étoit sur le point d’en toucher le bord. Le bord de la planète tourné vers la lune étoit rouge, le bord opposé bleu. Ces mêmes couleurs repararent dans le même ordre, lors de l’émersion de la planète, c'est-à-dire, la couleur rouge du côté de la lune , le bleu au bord opposé. Mr. de Louville expliqua ce phénomène et le reproduisit artificiellement, avec une bougie allumée, un bocal rempli d'eau et une carte percée d’un trou; mais il n’est nullement question dans ce cas d’une projection de la planète sur le disque de la lune. On a depuis observé un grand nombre de ces occultations, mais soit qu'on n'y ait point fait attention, soit que le phénomène ne se soit point montré, on n’en a plus parlé. On revient au- jourd'hui sur ce sujet , il faut voir à présent comment on l'expliquera (1). » Nous terminerons cet extrait de la lettre de Mr. le baron de Zach, par la citation suivante, relative à un tout autre sujet, et tirée d’une lettre que ce célèbre (1) L’occultation d’Aldébaran du 9 décembre dernier n’a pu être observée à Genève à cause du temps couvert, Il y aura encore quatre occultations de cette étoile en 1830 , d’après les excellentes £phémé- _ rides publiées à Berlin par Mr. Encke , savoir le 6 janvier vers 4 h. du matin, le 22 mai vers 7 h, du soir, le 16 juillet vers 1 h. de l'après-midi , et le 30 novembre vers 4 h. du matin, Mais ces occulta- tions ne sont pas annoncées pour Paris dans la Connaissance des Tems. Ce recueil indique, en revanche, trois occultations d’Aldé- baran , visibles à Paris en 183r , le 23 janvier, le 23 octobre et le 17 décembre. (R.) 272 ASTRONOMIE. astronome a reçue dernièrement d’un correspondant qui ne veut pas être encore nommé. Ïl va sans dire : , . qu en la rapportant > nous n en garantissons pas plus le contenu que ne Île fait Mr. le baron de Zach dans sa lettre. « Permettez-moi, Monsieur le Baron, de vous com- muniquer une découverte que j'ai faite depuis six ans, mais dont je ne vous fais part qu’à présent, après m'être bien assuré de sa réalité, en vous priant de la faire publier par quelques journaux si cela est possible. Depuis six ans J'ai fait des observations sur la clarté de l’atmosphère de jour et de nuit. Ces observa- tions m'ont donné l’occasion de faire la découverte d’une lumière remarquable vers le nord-ouest et le sud-est. Elle a une grande ressemblance avec la lumière zodiacale, mais elle se trouve toujours dans le méridien magnétique. Vers le nord-ouest elle est toujours plus lumineuse que vers le sud-est. Même quand le ciel est tout-à-fait couvert partout égale- ment, on voit souvent cette lumière magnétique vers le nord-ouest, au point que j'étois quelquefois en doute si ce n’étoit pas un feu éloigné. Pour se persuader de la vérité de cette apparition , il est nécessaire et il suffit que l'horizon de l'observateur soit libre, et qu’il ait une attention continuelle sur la clarté de l'air. Il faut que les yeux soient accoutumés quelque temps à cette observalion pour voir sûrement ce phénornène. » ( 273 ) OPTIQUE. CONSTRUCTION D'UN TÉLESCOPE A LENTILLE LIQUIDE, DE 7,8 POUCES D'OUVERTURE ; par Mr. BARLOW. ( Phil. Trans. 1829. P.L.) = 2 9 =——— Mr. Barlow a continué ses recherches sur l'emploi du sulfure de carbone pour remplacer au besoin le flint-glass dans la construction des télescopes achro- matiques. On a vu dans nos précédens volumes (1), qu'il étoit parvenu à construire un télescope de six pouces d'ouverture, donnant des résultats d'observation trèsssatisfaisans. Il s’étoit attaché ensuite à rechercher quelle devoit être la distance relative de la lentille de crown-glass et de la lentille liquide, par détruire ou atténuer autant que possible ce reste de coloration, que l’on a nommé spectre secondaire , et qui provient de ce que la correction apportée par l'une des len- tilles à l’autre n’est pas parfaite. En construisant le nou- veau télescope qui fait l’objet de cet article, son pre- mier soin a été de poursuivre cette mème recherche. Usant des formules exposées dans ses précédens Mé- moires, et à l’aide d’un grand nombre d'essais, il a re- connu que la correction approchoit le plus de la per- fection , lorsque la distance des deux lentilles étoit envi- ()T. XXXVII ,p. 311, et XL, p. 187. 274 OPTIQUE. ron à la moitié, ou un peu plus de la moitié de la dis- tance focale de la lentille de verre. Cela étant établi, Mr. Barlow a adopté 78 pouces pour la distance focale de cette dernière , et 59,8 pour pour celle de la lentille liquide. Plaçant alors ces deux lentilles à une distance de 40 pouces l’une de l’autre, il a obtenu pour le foyer commun une distance de 104 pouces, ce qui, comme Mr. Barlow l’a démon- tré (1), équivaut à une distance focale de 18 pieds, tout en permettant de ne donner aux télescopes que 12 pieds de longueur. Voici maintenant les détails de la construction de cet instrument, tels que les rapporte Mr. Barlow (2). « J'adoptai, » dit-il, « pour les cour- bures des deux lames de verre sphériques destinées à renfermer Île liquide, 144 pouces pour celle qui est du côté de l’oculaire, et 30 pouces pour l’autre. Cal- culant ensuite au moyen de mes formules (3), je trouvai pour les courbures de la lentille de verre , 56,4 et 144 pouces. Ces verres ont été travaillés par MM. W. et T. Gilbert. Mr. Donkin se chargea de la fabrication des tubes, auxquels j’aurois voulu donner 8 pouces de diamètre intérieur, mais qui n'en ont que 7,8, ou- verture de l'instrument. Le tube principal est formé de 3 pièces, longues chacune de 3 pieds 8 pouces, et donnant ensemble une longueur de 11 pieds; à ce (1) Bébl. Univ. T. XXXVII , pages 315 et 316. (2) L'intelligence de la description de l'instrument est singulière- ment facilitée par la vue de la figure jointe à notre T. XXXVII. ‘3} Phil. Trans. 1827. Art. XV. NP nes une nn es TÉLESCOPE A LENTILLE LIQUIDE. 279 tube en est adapté un autre portant l’oculaire, qui complète la longueur de 12 pieds. Deux des pièces du graud tube sont solidement et soigneusement assujelties l’une à l’autre; la troisième s'adapte à vis, afin qu'on puisse plus facilement l'enlever et ajuster la lentille Ji- quide qui est près de cette jointure. Cette lentille est renfermée dans une boîte qui se visse elle-même sur un tube intérieur de 5 pouces de diamètre et de 3 pieds 6 pouces de long , glissant à frottement juste dans deux colliers destinés à le recevoir. » « L'autre extrémité de ce tube intérieur arrive à en- viron 4 pieds de l'œil; elle porte un écrou dans lequel s’ajuste à vis une verge métallique de 4 + pieds de long., retenue par un collier fixé à l’intérieur du grand tube, environ à 1 pied 9 pouces de son extrémité; le bout de cette verge vient percer la rondelle qui ferme le grand tube du côté de l’oculaire; il est taillé carrément, et à l’aide d’une clef il sert à faire mouvoir en avant et en arrière le tube qui porte la lentille liquide. C’est ainsi que l’on parvient à ajuster cette lentille au point qui procure le plus parfait achromatisme. Le foyer s’ob- tient ensuite comme dans toute autre lunette. » « La difficulté de centrer deux lentilles aussi éloi- guées l’une de l’autre seroit grande, si l'on ne prenoit pas des mesures préalables dans ce but. En conséquence l'objectif de verre est renfermé dans une monture lé- gère qui entre dans une autre monture, laquelle, comme à l'ordinaire , se visse sur le télescope. Cette dernière monture est assez large pour permettre à celle qu’elle renferme, un mouvement latéral d'ajustement qui s’o- =) 76 OPTIQUE. père au moyen de deux paires de vis de pression op- posées. Le télescope ainsi préparé est dirigé sur un objet propre à cette opération; on s'applique à centrer les deux lentilles en tâtonnant au moyen des vis dont on vient de parler, et lorsqu'on y est parvenu, on fixe l'objectif par quatre autres vis, afin de prévenir tout dérangement ultérieur. L'instrument est alors achevé. I} va sans dire qu'il doit être pourvu , comme tout autre, d’un chercheur, de plusieurs oculaires, d’un appareil pour éclairer fe champ de la vision, etc. » « Quant à l'introduction du liquide dans la lentille, après des essais variés, voici quelle est la manière d’o- pérer la plus convenable. Après que les deux lames sphériques travaillées sur la même courbure et polies avec soin, out été assemblées sur l'anneau qui les sé- pare, et qu'on a rempli leur intervalle de sulfure de carbone, on expose le tout à une température supé- rieure à la plus haute de celles que linstrument peut avoir à supporter; au bout de quelque temps, le vide intérieur étant exactement rempli par le liquide, on ferme hermétiquement l'appareil, et on le soumet à une température très-basse ; par ce moyen on opère dans le liquide une condensation soudaine , et une forte pression extérieure agit sur Îles deux verres; il se forme à intérieur une bulle qui se remplit de la va- peur du liquide ; l’excès de la pression atmosphérique sur celle de cette vapeur, maintient par la suite un contact parfait, et on consolide la réunion des bords de la lentille avec du serum de sang humain, ou ce qui seroit, je crois, aussi convenable, avec de la forte TÉLESCOPE A LENTILLE LIQUIDE. 277 colle de poisson, et des feuilles de métal flexibles. J'ai toute raison de penser qu'une lentille ainsi construite est aussi durable qu’une lentille de verre. » « J'ai la satisfaction d'annoncer que depuis plus de quinze mois que mon télescope de 5 pouces d'ouver- ture est construit , il n’est pas survenu le moindre chan- gement dans cet instrument, et qu'en particulier, on ne sauroit apercevoir la moindre altération dans la quantité ou la qualité du liquide. Je pense donc que les avantages attachés à l'emploi des lentilles liquides , à la place de celles de flint-glass, recommandent cet essai à un examen sérieux et impartial des observateurs. Je ne doute pas que, si le préjugé existant contre cette innovation peut être surmonté, on n'arrive à consiruire à un prix comparativement peu élevé, les instrumens: les plus parfaits et les plus puissans. Je suis con- vaincu par exemple, en considérant ce qu'on paye pour de grands objectifs, que mon télescope”, son pied , le bâtiment d'observation , et tout ce qui s’y rattache, pris ensemble, ne coûtent pas ce que l’on demanderoit pour le seul objectif composé de crown et de flint-glass qui auroit l'ouverture de cet instru- ment, Cette remarque doit avoir quelque poids , et servir d'encouragement à la construction d’instrumens faits sur le même principe. » « Après avoir décrit le télescope, il me reste à dire quelles sont les épreuves auxquelles il a été soumis, et jusqu’à quel point il a satisfait dans ces diverses oc- casions. » « Les premiers essais se font toujours sur la Polaire. 278 OPTIQUE. Le compagnon de cette étoile, vu avec ma lunette, est brillant et distinct, comme on pouvoit s’y attendre. Il se voit le mieux avec un grossissement de 120 fois, mais il est encore visible avec un grossissement de 700 fois. » « Le compagnon d’Aldébaran est très-distinct avec un grossissement de 120. » « Celui de « de la Lyre est distinct avec le même grossissement. » « La petite étoile appelée par Mr. Herschel, Debi- lissima , entre 4e et 5 de la Lyre , est vue double très- clairement, et cependant son existence, selon Mr. Her- schel, ne peut pas même être soupçonnée avec un équa- torial de 5 ou de 7 pieds; elle est aussi invisible avec des télescopes réflecteurs de 7 et 10 pieds, de 6 et de 9 pouces d'ouverture ; et elle n’est vue double qu'avec un réflecteur de 20 pieds. » « n de Persée, marquée double dans le catalogue de South et Herschel avec une distance de 28”, et accom- pagnée d’une autre petite étoile éloignée de f” 57" 4 est vue distinctement sextuple; quatre de ces petites étoiles -sont beaucoup plus rapprochées de l'astre principal, que celle que l’on vient de mentionner, et forment avec cet astre une représentation en miniature de Ju- piter et de ses satellites, trois d’entr'elles étant presque sur la même ligne d'un côté, et l’autre étant du côté opposé ; ces quatre étoiles sont les plus remarquables. » « Un certain nombre d’autres étoiles, que l'on con- sidère en général comme étant d’uné observation dif- ficile à cause de leur petitesse , sont vues plus ou moins distinctement avec mon télescope. Ainsi Castor, qui TÉLESCOPE A LENTILLE LIQUIDE, 279 est vu distinctement double avec un grossissement de 120 , l’est aussi avec ceux de 360 et de 700 , et alors les étoiles sont bien séparées et parfaitement rondes ; il en est de même de y du Lion et & des Poissons. Dans € du Bouvier, la petite étoile est bien séparée de l’autre, et sa couleur bleue est manifeste avec un gros- sissement de 360. » de la Couronne Boréale , est vue double avec des grossissemens de 360 et de 700 ; il en est de même de 52 et € d'Orion, et de quelques autres de la même classe. » « Toutefois il faut reconnoître que l'instrument n'est pas aussi propre à séparer les étoiles très-rapprochées, qu'à faire apercevoir les plus petits points lumineux. » « Quant aux planètes, Vénus, Saturne et Mars, sont les seules sur lesquelles j’aie eu occasion d’essayer mon télescope , et la dernière est trop basse pour fournir une bonne épreuve. Avec un grossissement de 120, Vénus est d’un beau blanc et ses bords sont bien ter- minés; mais avec celui de 360 , elle montre quelque coloration. Avec le premier de ces grossissemens, Sa- turne offre un aspect très-brillant; le double anneau et les bandes sont vus d’une manière très-nelte et très-satisfaisante : avec le second il est encore d'une belle apparence. L'aspect de la lune est aussi remar- quable ; ses bords sont bien terminés, et ses ombres très-marquées; la quantité de lumière est suffisante pour y faire distinguer les moindres détails. » ( 280 }) ——— "a © > © ——— DESCRIPTION D'UN MICROSCOPE A DOUBLE VERRE ; par le Dr. WoLLaston. (Philos. Trans. 1829. P.I.) L2 Daxs l’éclairement des objets microscopiques , toute lumière qui parvient à l'œil, autre que celle qu'exige l'objectif, tend plutôt à entraver qu'à aider la vision. Mes efforts ont eu pour but de rassembler autant de lumière qu’on peut le faire par des moyens simples, en un foyer situé dans le même plan que l’objet à examiner. Dans celte intention je me suis servi avec succès d’un miroir plan pour diriger la lumière, et d’une lentille plano- convexe pour la concentrer; le côté plan de cette len- tille étant tourné du côté de l’objet à éclairer. Quant à l'appareil destiné au grossissement , de grands perfectionnemens ont élé obtenus en dernier lieu, par l'introduction des objectifs achromatiques ; et le microscope ainsi construit a une grande supériorité sur le microscope simple par la plus grande étendue du champ qu'il offre à la vue de l'observateur. Ces instru- mens sont donc admirablement propres à procurer une démonstration frappante des objets connus ; mais parmi ceux que J'ai essayés , j aurois eu peine à en trouver un seul, qui fit voir les petits objets, avec cetle netteté par- faite, que l’on obtient par des moyens plus simples et qui est absolument nécessaire pour examiner une pre- mière fois des objets inconnus. Mon RC VE MICROSCOPE DE WOLLASTON. 281 Mon expérience m'a conduit à préférer une lentille de forme plano-convexe, même lorsqu'elle est faite de verre ; mais la lentille de saphir, taillée dans cette forme et récemment introduite par Mr. Pritchard , a une su- périorité décidée sur toutes les lentilles simples dont on a fait usage jusqu'à ce moment. Toutefois le prix élevé d'une pareille lentille com- paré avec celui d’une lentille de verre, et la prompti- tude avec laquelle on peut se procurer de ces dernières, en tel nombre et avec telle variété de forme qu'on lé veut , m'ont engagé à rechercher si par quelque com- binaison simple de cès verres, on ne pourroit point ob- tenir un effet équivalent à celui des lentilles de saphir, sans de grands frais, ni de grandes difhcultés de cons- truction : et quoique MM. Herschel et Airy aient récem- ment appliqué leurs talens distingués à des recherches analytiques sur ce sujet, j'ai pensé que peut-être les modestes efforts d’un simple expérimentateur seroient récompensés par quelques résultats utiles. En considérant la forme de l’oculaire des télescopes astronomiques d'Huyghens, il me parut probable qu’une combinaison semblable appliquée en sens opposé au microscope , auroit le même avantage , celui de corri- _ger à la fois l’aberration de sphéricité et celle de ré- | frangibilité. La construction que je reconnus la plus convenable dans mes expériences , peut assez bien se comparer x deux dés à coudre ajustés à vis l’un dans l’autre et percés chacun à son extrémité. Par cette disposition deux len- tilles plano-convexes fixées à chacune de ces ouvertures, Sviences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 4. Décem. 1829. V - 282 OPTIQUE. peuvent aisément, à cause de leurs surfaces planes, avoir leurs axes placés sur une même ligne droite, et leur dis- tance respective peut être modifiée par le moyen de la vis, jusqu'a ce qu'on obtienne le meilleur effet qu’elles puissent procurer. Autant que j'ai pu en juger par les essais que j'ai faits, le rapport de 3 à rest le plus convenable pour les foyers des deux lentilles, et leur effet combiné offre le plus de perfection ; lorsque la distance qui sépare leurs deux surfaces planes est environ 1,4, celle du foyer le plus court étant un. Voici maintenant la description de l'appareil tel que je l'ai employé. TUBE (7. la fig.) représente un tube long d'environ 6 pouc.(anglais), et ayant un diamètre propre à prévenir toute réflexion de fausse lumière par ses parois: pour s'assurer encore mieux de cette dernière circons- tance , il conviendra de noircir l’intérieur du tube: Au sommet dé ce tube, ou à une petite distance du som- met, est une lentille plano-convexe UT, d'environ trois quarts’ de pouce de foyer, et ayant sa face plane tour- néé du côté de l’objet à observer. Au fond , en À, est uu trou circulaire’, d'environ 6,3 de pouce de diamètre, destiné à limiter la quantité de lumière réfléchie par le miroir plan R qui doit être réunie en un foyer &, où elle forme une image nette du trou À à une distance d'environ 0,8 de pouce de la lentille, UT est dans le même plan que l’objet à 6bserver. La longueur du tube et la distance qui séparé la lentille convexe du trou A, peuvent varier de quelque chose. La longucur de six pouces donnée ici pour le tube, est celle qui a été jugée BIBL.UNIV. Sci. Vol. XLIT p 22 :r 30 ru Fa CA leu ets à Ne Des db 1 4 | i F CRT T (LES se ë ; + : je Le " HU d+ >: “: dettes À F ef! ‘3 “tete sie » gs Lys A sl C7 \ ASS (bu : k #, D & | : LME Lotion dé MICROSCOPE DE WOLLASTON. 283 la plus commode pour la hauteur de l'œil, l'instrument étant placé sur une table. Le diamètre de l'image de l'ouverture À peut ne pas excéder + de pouce, à moins qu'on ne se servit d’un grossissement plus foible que ceux qui sont communément en usage dans les obser- vations. L'intensité de l’éclairement dépendra du diamètre de la lentille UB et de la grandeur de l’image de l'ou- verture ; elle peut être réglée selon le désir de l’obser- vateur. L'appareil M destiné au grossissement s compose, comme je l'ai dit, de deux lentilles plano-convexes, dont les distances focales sont dans le rapport de 3 à r. Leurs faces planes sont tournées vers l’objet, et leur distance respective est 1,4 ou 1,5, celle du foyer le plus court étant un. Cette distance doit être variée, jusqu'à ce qu'on obtienne le plus grand degré possible de netteté, non-seulement au centre , mais dans toute l’étendue du champ de vision. J'ai employé le procédé suivant pour déterminer la distance entre les surfaces planes des lentilles. Un fil métallique est replié en forme de ressort, et aux deux extrémités de ce fil on attache deux petits morceaux de verre plats. Entre les surfaces de ces deux petites glaces, se place la monture intérieure , c'est-à-dire , celle qui porte la lentille dont le foyer est le plus long : on me- sure avec un compas d'épaisseur la distance qui sépare les surfaces'extérieures des morceaux de verre, puis on visse la monture à sa place , et l'on fait la même opé- raïon sur Ja monture totale qui réunit les deux lentilles. Vs 284 OPTIQUE. L'augmentation de distance entre les surfaces extérieures des verres, reconnue dans cette seconde opération, sera évidemment égale à la distance qui sépare les surfaces planes des deux lentilles. La lentille UT et l’ouverture A doivent être ajustées de manière que leur distance respective puisse varier, et qu'ainsi l’image de cette ouverture puisse être ame- née dans le même plan que l’objet à observer. Le mode d'ajustement le plus convenable pour cet objet, est peut- être celui de deux tubes vissés l’un dans l’autre. Le porte-objet pourvu des moyens nécessaires pour \ un ajustement latéral, est fixé en a, entre la lentille UT et l’appareil de grossissement : c’est en faisant mouvoir ce dernier que l’on obtient la vision distincte. Pour que l'instrument soit parfait, il est nécessaire que les axes des lentilles, et le centre de l'ouverture À, soient exactement sur la même droite, On reconnoit qu'il en est ainsi, lorsque l’image de cette ouverture est éga- lement éclairée dans toute son étendue, et que sa cir- conférence est également bien terminée en tout point. Pour l’éclairemert de nuit, on peut se servir avec avan- tage de l'œil de bœuf d’une lanterne ordinaire. Avec ce microscope à double verre j'ai vu les stries les plus fines sur les écailles du Lepisma et du Podura, et les écailles d’une aile de mouche, avec un degré de netteté que j'ai cherché en vain dans tout autre ins- irument. : Avant de terminer, je veux signaler un grand avantage attaché à l'usage de la lentille plano-convexe , et qui n’a confirmé dans la préférence que je donnois à cette MICROSCOPE DE WOLLASTON. 285 forme , lorsque la face plane est tournée da côté de l’ob- jet ; c’est que si une pareille lentille vient à toucher un liquide qui est en observation, la vision, loin d’en être troublée , est plutôt améliorée par le contact des deux milieux : tandis que lorsque cela arrive avec une lentille duplo-convexe , ce qui n’est pas rare quand Île foyer est court , il faut cesser d'observer, jusqu'à ce que la lentille ait été enlevée , essuyée et replacée. Londres , 28 octobre 1828. Appendix. L'instrument qui vient d’être décrit admet plusieurs variétés de formes. J'ajouterai ici quelques détails re- latifs à celle qui m'a paru la plus convenable et qui est représentée dans la figure. Un tube d'une longueur et d’un diamètre suffisans, forme le corps de l’instru- ment : il est terminé d’un côté par une pièce qui porte une vis, par le moyen de laquelle il peut être fixé sur le sommet d’une boîte qui renferme l'instrument et lui sert en même temps de pied. Une portion de ce tube au- dessus au fond est échancrée , comme on le voit dans la figure , pour laisser entrer la lumière qui tombe sur le petit miroir R ; ce miroir est porté par un axe horizontal, dirigé suivant un diamètre du tube et dont la tête per- çant la paroi de ce tube, sert à donner au miroir l'in- clinaison voulue. L’ajustement dans l’autre sens s’ob- tient en tournant la boîte du microscope. Au-dessus de l’échancrure du tube est soudée une pièce conique, dans laquelle se visse un petit tube cy- 286 JOP UF MIQUUE. é Jindriqué percé au bas, de l'ouverture À. La lentille plano-convexe est portée par un tube, qui glisse dans celui qui forme le corps de l'instrument : elle peut donc être avancée où reculée jusqu’à ce que l’image de l'ou- veriure soit dans le même plan que l’objet observé. Une line de verre d'environ deux pouces carrés, ou plus p‘lite, si on le croit plus convenable , est attachée au summet du tube, et sert à supporter un porte-objet muni de ses accessoires d'ajustement. La monture de l'appareil de grossissement se meut au moyen d'un pi- gnon et d'un rateau; on doit avoir grand soin de dis- poser ces pièces, de manière que l'appareil se meuve exactement sur le prolongement de l'axe du tube. Le grand tube se compose de deux pièces, de même lon- gueur, qui se vissent l'une sur l’autre , et qui, en se sé- parant, permettent de renfermer tout l'instrument dans une boîte d'environ qualtre pouces carrés. Evo supposant la lentille plano-convexe placée à la distance convenable du porte-objet, l'image de lou- verture À peut être facilement amenée dans le même a que l’objet, de la manière suivante. On fixe mo- nentanément avec un peu de cire, un petit fil métal- lique en travers de l'ouverture, et un objet quelconque étant placé sur le porte-objet, on fait varier la distance de l'ouverture , en vissant le tube où eile se trouve, jus- qu'à ce que les images da petit fil et de l’objet observé aient le même degré de netteté, PHYSIQUE. NOTE SUR UN PHÉNOMÈNE PHYSIOLOGIQUE PRODUIT PAR L'ÉLECTRICITÉ ; PAR Mr. MARIANINI, Prof. à Venise. ( Communiqué par l'auteur ). Dans mon Mémoire sur la secousse qu'éprouvent les grenouilles au moment où elles cessent de former l'arc de communication entre les pôles d’un électro- moteur (1), j'ai fait counoitre la différence qui existe entre les contractions produites par l'action immédiâte de l'électricité sur les muscles, et que j'ai nommées contractions idiopathiques et celles qui proviennent de l’action que l'électricité elle-même exerce sur les nerfs qui président aux mouvemens des muscles, et que j'ai nommées contractions sympathiques. Cette différeuce consiste en ce que les contractions idiopathiques ont lieu quelle que soit la direction dans laquelle le courant électrique traverse les muscles, tandis que les contrac- tions sympathiques ont lieu seulement quand le courant qui traverse les nerfs est dirigé dans le sens de leur ra- mification. On peut déduire immédiatement le principe suivant de cette distinction; c’est que lorsqu'un courant élec- (1) Annales de Chimie et de Physique, T. XL,1p. 225 ; et Brbe. Lai, T. XLH , p. 166. 288 PHYSIQUE. trique traverse un membre quelconque d’un animal, Jes deux secousses auront lieu simultanément, si l'élec- tricité suit le sens des nerfs, et la contraction idiopa- thique seule aura lieu, si l'électricité chemine en sens inverse, Les contractions devront par conséquent être plus fortes dans le premier cas que dans le second : résultat qui est confirmé par l'expérience. Si l’on met la main droite en communication avec le pôle positif d’un appareil électromoteur , et la main gauche avec le pôle négatif, et que les deux communi- cations soient établies de manière que le courant passe avec la même facilité d’un côté et de l’autre , l’on res- sent , toutes les fois que le; circuit est fermé, une con- traction dans les deux bras, mais elle est plus forte dans le bras gauche que dans le droit. Si l’on fait passer le courant en sens inverse , le bras droit éprouve au con- traire une contraction plus forte que le gauche. Si l’on fait communiquer l’une des deux mains avec le pôle positif, et que le pôle négatif soit en contact avec l’un des pieds, l'électricité parcourt les nerfs dans le sens de leur ramification , dans la jambe et non dans le bras. Par couséquent Ja contraction est beau- coup plus forte dans la jambe où elle est à la fois idio- pathique et sympathique, que dans le bras où elle n’est qu'idiopathique. La même chose a lieu lorsqu'on fait passer l'électricité de l'épaule à la main, d'un pied à l’autre, de la cuisse au pied , etc. Cette différence dans la force de la secousse, suivant que le courant va dans un sens ou dans l’autre, est plus grande dans quelques individus (surtout chez les PHÉNOM. PHYSIOL. PRODUIT PAR L'ÉLECTR. 289 paralytiques), que chez d’autres. J'ai observé, en élec- trisant un homme atteint d'hémiplégie, qu'en faisant passer le courant d’un électromoteur de 80 paires, de la main à l'épaule, les muscles du bras éprouvoient une contraction à peine sensible, à la même place où ils en éprouvoient une très-forte, si le courant alloit de l'épaule à la main. Chez quelques individus affectés de paraplégie, j'ai vu que cette différence de contraction n'avoit lieu que dans un membre. Une femme qui avoit perdu l'usage des membres inférieurs et la faculté de les étendre, par suite d’une inflammation dans la moëlle épinière, sen- toit son pied gauche se contracter avec plus de force lors- que c’étoit avec le pôle négatif d’un électromoteur qu'il communiquoit ; mais, le pied droit se contractoit tou- jours avec la même force quel que fût le pôle avec le- quel il étoit en communication, Ce phénomène paroî- troit provenir de ce que le membre droit auroit perdu la faculté d'éprouver la secousse sympathique; perte qui seroit due à une diminution de susceptibilité dans les nerfs, pour sentir l'effet du courant électrique qui les parcourt suivant leurs ramifications. Si l'on plonge un doigt jusqu’à la seconde pha- lange , dans une tasse d’eau où est placé le pôle po- sitif d’un électromètre de vingt-cinq à trente paires, et qu'on complète le circuit en touchant le pôle négatif avec un cylindre que l'on tient avec l’autre main , éga- lement mouillée, l’on éprouve dans le doigt une se- cousse qui ne s'étend que jusqu’à la seconde phalange ; si l’on renverse le sens du courant, l’on ressent la se- 290 P'R,YIS 1 QUE. secousse jusqu’à la troisième phalange. Ce qui me pa- roît le plus remarquable dans cette expérience, c’est qu'en faisant attention à la nature de ces secousses, l’on sent que la première est plus extérieure et. ac- compagnée d'une certaine sensation qui est même un peu douloureuse, tandis que la seconde est plus pro- fonde et n'est suivie d'aucune sensation à la place où Je doigt touche l’eau. J’éprouve si distinctement les effets des deux courans avec le doigt anuulaire de la main gauche, que je suis cerlain que Ce ne peut pas être le résultat d’une illusion produite par la préven- tion. Je pense douc que ; lorsque le doigt touche le pôle négatif, la contraction est plus forte, parce que Ja secousse idiopathique et la secousse sympathique ont lieu en même temps ; et que lorsque le doigt est au pôle positif, la secousse est plus foible et accompagnée d’une sensation, parce que la portion d'électricité qui suit la direction des nerfs, va dans un sens contraire à leur ramification ; ainsi, au lieu de produire une secousse , elle donne lieu à une sensation; explication qui est conforme à ce qui a élé démontré dans le Mé- noire déjà cité aux paragraphes XVIII et suivans. Eu saisissant deux cylindres métalliques recouverts d'un liuge :mouillé et communiquant avec les pôles d’un électromoteur de trente ou quarante paires, mé- diocrement actif, l’on éprouve, outre les secousses, chaque fois que le circuit est fermé, une sensation par- ticulière dans la pautne de la main qui communique avec le pôle positif. J'ai observé cette sensation d'une manière distincte chez quelques individus très-sensibles ! PHÉNOM. PHYSIOL, PRODUIT PAR L'ÉLECTR. 294 à l'effet de l'électricité ; ils trouvoient qu’elle étoit sem- blable à ce frémissement qu’on ressent souvent aux mains ou aux pieds lorsqu'on a eu pendant quelque temps les nerfs comprimés. | Il me semble qu'il peut être de quelqu'utilité d’ap- profondir les faits que je viens de signaler, surtout s’il s'agit de soumettre à l’action du courant voltaïque des personnes en état de maladie. CHIMIE. RECHERCHES SUR UN NOUVEAU MINÉRAL ET UNE NOU- VELLE TERRE QUI Y EST CONTENUE ; par J. J. BEr- ZÉLIUS. (Annalen der Physik 1829, N°7), LE minéral qui fait l’objet de ces recherches, se trouve dans de la syénite, à Lü-vôn , l’une des îles voisines de Brevig sur la côte de Norwège. Il y a été découvert par le pasteur Esmark, fils du célèbre professeur de mi- néralogie à l'Université de Christiania, Jean Esmark, qui m'a envoyé un échantillon de ce minéral, pensant, à cause de sa grande pesanteur spécifique, qu'il conte- noit du tantale. Ce minéral est noir, sans apparence de forme ni de 292 CHIMIE. contexture cristallines : extérieurement il est tout-à-fait semblable à la gadolinite d’Ytterby. Il est très-cassant, el présente de nombreuses fentes, qui lorsqu’on les ouvre offrent un aspect mat et graisseux , tandis que les cas- sures fraîches ont un éclat vitreux. Il est pesant , sa pe- santeur spécifique est 4,63. Il n’est pas très-dur, s’en- tame facilement au couteau , et présente dans ces cou- pures une teinte grise-rougeâtre. La poudre de ce mi- néral est d’un brun rouge pâle ; cette couieur est d’au- tant plus claire que la poudre est plus fine. Chauffé au chalumeau il perd sa couleur noire, donne de l’eau, et prend ensuite ordinairement la même teinte que lors- qu'il est pulvérisé. Il est infusible ; chauffé au rouge dans un tube, il donne quelques foibles indices d’acide fluo- rique. Soumis aux flux ordinaires sous le chalumeau, il se comporte de la manière suivante. Il est assez facilement dissous par le borax, et lorsqu'il y a un grand excès de ce flux , la matière se trouble en se refroidissant ; mais le verre qui se forme ne peut être poli. La couleur du verre est la même que celle que déter- mine la présence du fer; avec du salpêtre, on aperçoit la réaction du manganèse. Avec le sel de phosphore il se dissout en abandonnant de la silice , et le verre qui a la couleur du fer, prend une teinte opale en se refroidissant. On peut aussi reproduire la réaction du manganèse au moyen du salpêtre. Le carbonate de soude dissout le minéral sans fusion; il laisse alors sur le char- bon une crasse d’un brun jaunâtre. Dans l'acte de Ja réaction ; on obtient, avec une addition de borax, de RECHER. SUR LA THORINE EF LE THORIUM. 293 petits grains métalliques blancs, qui s’aplatissent sous Je marteau : c'est du plomb, qui contient une trace de . zinc. Sur une lame de platine , la masse , avec le car- bonate de soude , devient verte. Ce minéral paroît se rencontrer rarement. Depuis un envoi ultérieur du Prof, Esmark, on n’a pu encore en retrouver, parce que le gîte de cette substance étant très- voisin du niveau de la mer, on ne peut en détacher - jusqu'à ce que l’eau soit gelée. Il contient une substance métallique inconnue jus- qu'à présent, qui par ses propriétés se range dans la classé de celles auxquelles on donne le nom de ferres, Son oxide est une terre, qui ressemble surtout à la zir- cone , et qui possède en grande partie les propriétés et les caractères que j’ai reconnus dans la /horine, dans la description que j'ai donnée précédemment de cette terre. Cette circonstance m’engagea d’abord à croire que la thorine ne se trouvoit pas uniquement dans le phosphate d’yttria, comme mes premières recherches paroissoient l’avoir montré , mais qu'il pouroit exister un mélange de thorine et d’yttria. Jai été conduit par là, au commencement de cette recherche , à laisser à cette nouvelle terre le nom de thorine, et bien que dans une nouvelle analyse d’un reste de ce minéral où j'avois cru trouver l’ancienne thorine (1), je n’aie pu découvrir aucune trace de la nouvelle, cependant j'ai oo (1) Il me parut probable que l’eudialyte du Groënland pouvoit con- tenir de la thorine , surtout parce que les propriétés de la zircone n’é- toient pas encore aussi bien connues qu'aujourd'hui, à l'époque où 294 CHIMIE. cru, avec plus de raison encore , devoir conserver le même nom à la dernière, puisque l’ancienne descrip- tion s'applique en grande partie à la nouvelle terre, et puisque le nom de Ja thorine est une fois introduit dans Ja science. Telles sont les motifs qui donnent un fondement à la dénomination du nouveau minéral ; je le nomme {horile. I. Analyse de la thorile. a) 2,005 grammes de poudre grossière furent mis dans une petite cornue soufflée à la lampe, qui com- muniquoit par un tube de caoutchouc avec un réci- pient, d’où le gaz qui pouvoit se dégager , sortoit en traversant un tuyau rempli de chlorure de chaux. La perte occasionnée par le feu fut de 0,1985 ; dont 0,19 absorbés dans le récipient et par le chlorure de chaux, donnoïient une eau , qui offroit quelques traces insi- guihantes d'acide fluorique , et 0,0085 formoient le gaz qui s’étoit échappé. Le minéral ainsi grillé fut de nouveau chauffé au rouge dans un courant de gaz hydrogène , où il passa du rouge-brun , au gris plombé et au vert, et où il perdit encore 0,03 de gramme par la formation de l’eau. ‘La substance pulvérisée donna une poudre d’un gris Stromeyer fit l'analyse de l’eudialyte, et qu’en conséquence la nouvelle terre pouvoit avoir été prise pour de la zircone ; je n'y trouvai en effet que de la zircone, en me servant du procédé mème de Stro- meyer. RECHER., SUR LA THORINE ET LE THORIUM. 295 foncé , qui fut attaquée d'une manière insignifiante par l'acide muriatique. b) 5 grammes de poudre fine , non grillée, de tho- rite furent mêlés avec de l'acide muriatique ; la poudre devint rouge et jaune , et peu après le chlore parut. Par le réchauffement le dégagement du gaz augmenta , et la masse devint complétement gélatineuse. Elle fut sé- chée dans un bain d’eau , et dans une nouvelle so- lution , il. se précipita 0,985 de silice. La substance fut ensuite dissoute par la chaleur dans le carbonate de sôude :, la solution fut éclaircie avec de l’eau bouillante , on décanta la partie claire , et le résidu fut chauffé de nouveau avec du carbonate de soude; les parties qui demeurèrent alors non dissoutes par l’alcali, furent de petits grains de quartz, quelques parties de la poudre minérale qui avoient échappé à la décomposition , et une poudre légère d’un gris-Jaunâtre , qui fut aisément séparée du reste par le lavage. Cette dernière poudre pesoit 0,05 de gramme , la poudre du minéral 0,018, ce qui fait ensemble 0,07; il restoit donc pour le poids de Ja silice pure en solution 0,915 de gramme. La poudre grise-jaunâtre contenoit beaucoup de silice dans sa composition , et au chalumeau elle formoiñt un verre avéc le carbonate de soude. Je ne l'ai pas examinée da- vantage. c) La solution aqueuse qui provenoit de la filiration de la silice, fut précipitée avec Fammoniaque caus- tique , et le précipité fut soigneusement lavé'avec de l'eau bouillante. Le liquide ammoniacal résultant fut mêlé avec de l’eau distillée , puis ayec de l'acide oxa- 296 CHIMIE. lique, et chauffé doucement, jusqu'à ce que, de trouble qu'il étoit d'abord , il fût devenu complétement clair. L'oxalate de chaux précipité, exposé au feu, et traité avec le carbonate d'ammoniaque , donna 0,241 de gram. de carbonate de chaux un peu brunâtre. Celui-ci fut dissout dans l'acide muriatique ; la solution fut mêlée d'abord avec de l’eau de brôme et ensuite, dans une bouteille bouchée, avec de l’'ammoniaque caustique en très-pelite dose jusqu’à ce que l'acide en füt à peu près saturé. Au bout de 24 heures la solution avoit repris Ja teinte jaune , et il s’étoit précipité de l’oxide de man- ganèse, qui séparé et chauffé pesoit 0,010 de gram. Le poids du carbonate de chaux étoit donc 0,23 de gr. qui correspond à 0,1288 gr. ou 2,576 pour cent de chaux pure. d) Le liquide précipité avec l'acide oxalique fut éva- poré à siccité, et le sel ammoniaque en fut chassé par la chaleur; le résidu lavé à l’eau , abandonna 0,018 gr. de talc, mélangé d’un peu d’oxide de manganèse , que l’on ne put point en séparer. e) On obtint de la solution aqueuse, par l’évapo- ration, 0,0205 gr. d’un mélange de chlorure de soude et de chlurure de potasse. Ce mélange fut décomposé au moyen du chlorure de platine, avec lequel on le sécha, et le sel de soude fut séparé par l’alcool du sel de po- tasse. De cette manière on reconnut que le mélange con- tenoit o,o113 de chlorure de potasse , et 0,0092 de chlorure de soude ; quantités qui correspondent, la première à 0,007 de gr. de potasse , el la seconde à 0,0049 de gr. de soude, f) La RECHER. SUR LA THORINE ET LE THORIUM, 297 f) La masse précipitée dans l'opération rapportée au Sc, mêlée à l’oxidule de manganèse , devint foncée au lavage. Encore humide, elle fut dissoute dans l'acide muriatique , et le filtre fut complétement lavé avec cette solution; on fit passer un courant de gaz hydro- gène sulfuré au travers du liquide obtenu , il en ré- sulta un précipité noir. Ce précipité ayant été lavé avec soin, l’ammoniure de soufre hydrosulfuré en sépara une légère trace de sulfure de zinc, mais en trop petite quantité pour qu’on püt le réunir ou le peser. Il fut en- suite traité, jusqu’à complète oxidation , avec l'acide ni- trique ; on y ajouta un peu d'acide sulfurique , et la masse chauffée à une chaleur douce, fut évaporée jusqu'a ce que l'acide sulfurique se trouvât en excès. Alors l’eau en sépara un sel métallique , duquel l'am- moniaque précipita des flocons blancs pesant 0,005 gr. Au chalumeau ces flocons montrèrent toutes les pro- priétés de l’oxide de zinc , et avec le carbonate de soude ils furent réduits à un grain métallique blanc et mal- léable. La partie insoluble dans l'eau étoit du sulfate de plomb, et pesoit 0,052 gr., correspondant à 0,04 gr. soit 0,8 pour cent d’oxide de plomb contenu dans le minéral. g) Le liquide précipité avec l'hydrogène sulfuré fut évaporé à siccité par une chaleur douce; vers la fin de : l'opération ce liquide se prit en gelée, et ayant été de nouveau dissous dans l'eau, il abandonna 0,034 gr. de silice. Le solution fut précipitée par un excès de po- tasse caustique, et le tout fut exposé au feu. L'alcool sépara alors 0,003 gr. d’une substance, qui, chauffée Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42, N.° 4. Décem. 1829. X 208 CHIMIE. au rouge avec une solution de cobalt, devint bleue, sans fondre, et qui étoit de l’alumine : ni cette subs- tance, ni le liquide alcalin, ne contenoient de trace d'acide phosphorique. h) La masse traitée avec la potasse, se dissolvoit ai- sément dans l’acide muriatique étendu d’eau , et dépo- soit de l’oxide de manganèse, qui, lavé et chauffé au rouge, pesoit 0,081 gr.; cet oxide se trouvoit mélangé d'un peu d’oxide de fer et de thorine, maïs en si foible quantité qu'on pouvoit la négliger. : £) La solution dans l’acide muriatique fut neutralisée avec l’ammoniaque caustique, et après qu'elle eut été con- centrée par l’évaporation, on y fit dissoudre du carbo- nate de potasse pur, jusqu'à ce qu’elle ne püt plus en re- cevoir. Il se forma ainsi un précipité blanc sous forme de poudre fine; ce précipité fut placé sur le filtre, lavé avec une solution saturée de sulfate de potasse , puis éten- due d’eau bouillante ; après quoi il ne resta aucun résidu. La solution précipitée avec de la soude caustique, donna une terre blanche, qui ne jaunit point par le lavage (ce qui démontre l’absence du cérium)}, et qui chauffée au rouge, pesoit 2,817 grammes; c’étoit de la thorine, qui tiroit sur Île jaune, à cause d’une trace d’oxide de manganèse impossible à séparer, mais que l’on re- connoissoit par le carbonate de soude sur une feuille de platine: dans tous Îles cas cette quantité de man- ganèse étoit trop foible pour qu’elle püût influer d’une manière sensible sur le poids de la terre. L'examen que j'ai fait ensuite de cette terre, m'a prouvé qu'elle étoit dégagée de tout autre mélange. RECHER. SUR LA THORINE ET LE THORIUM. 299 #) Le liquide précipité avec le sulfate de soude , fut précipité de nouveau par la potasse caustique ; le pré- cipité fat bien lavé, et ensuite traité avec le carbonate d'ammoniaque. La partie non décomposée par ce car- bonate, chauffée au rouge, pesoit 0,1905 gr. ; elle se dissolvoit dans l'acide muriatique , et fut décomposée, par le moyen du succinate d'ammoniaque, en 0,162 gr. d'oxide de fer, et 0,0285 d’oxide de manganèse. /) La solution dans le carbonate d’ammoniaque fut évaporée à siccité. La masse sèche fut mêlée et digérée dans de l’acide acétique étendu d'eau ; elle se colora alors en jaune, et avec l’'ammoniaque caustique, elle doana un précipité| d'un beau jaune vif, qui après avoir été lavé et chauffé, devint vert-noir , et pesoit 0,079 gr.: c’étoit de l’oxidule d'uranium m) La partie non dissoute par l'acide acétique étoit d’un jaune grisâtre ; elle se dissolvoit dans l'acide mu- riatique, sans coloration. La solution fut mélée d’al- cool, et ensuite supersaturée d'ammoniaque, sans qu'il se formât de précipité. L’hydrogène sulfuré en sépara une légère trace de sulfure de fer, qui, dissoute dans l'acide nitrique et précipitée par l’ammoniaque , donna 0,008 gr. d'oxide de fer. n) Le liquide précipité avec l'hydrogène sulfuré , fut évaporé à siccité dans un creuset de platine ; le sel am- moniac et l’alcool furent ainsi dissipés par la cha- leur, et il resta 0,073 gr. d’une terre d’un jaune pâle, qui ne contenoit, ni yttria , ni acide titanique , mais qui ‘se comportoit à tous égards comme de la thorine mêlée d’une foible quantité d’oxide de manganèse. 2 300 CHIMIE. Je dois remarquer ici que la présence de la thorine dans le liquide précipité par le sulfate de soude, résul- toit d’un vice de l'opération : le précipité en question n’avoit pas. élé complet; ce qui arrive très-facilement lorsqu'on traite une solution qui n’est pas trop con- centrée. Je reviendrai là-dessus dans la description du sel double. Si l’on rassemble les résultats de cette analyse, on trouve pour la composition de la thorite Dans 5 Dans1o0 grammes. parties. Thorine 2) 2,8175 +n) 0,073........ 2,890 57,91 PE CS MORTE, SR pe etes D,1260 ©,°2, 10 Oxide de fer £#) 0,62 +m) 0,008..... 0,1700 3,40 Oxide de manganèse c) 0,014+/)0,081 +#)0,0285. 0,1195 2,39 ile. RSR NN Enr 0,0180 0,36 Oxide d'uranium /)o,o79oxidule+0,014 oxigène. ..... LES dede aient 0,0804 1,61 Onde de plomb). a. à 0,0400 0,80 ONE dE minces te Sade. Due 0,000 O,01I Silice d) o,g15+2$)0,034........... 0,9490 18,98 Eau) 500,195)... ::.... de de 0,4750 | 9,20 liste 2) ren Also tet dde M Ne at 0,0070 O,14 D TE OA ROME AR SR Re A 0,0049 O,10 Aluntiné 2). 0. 2 #8 SE De CAE DE RE 0,0030 0,06 Poudre minérale non décomposée b).. 0,0700 1,70 PERS TOC ON NENRET: HN ne e 0,0359 0,49 5,0000 100,00 Comme dans cette analyse le chlore à été dégagé RECHER. SUR LA THORINE ET LE THORIUM. 3ot dans la dissolution du minéral, il est évident que le fer aussi bien que le manganèse, y sont contenus à l'état d’oxides. Il est résulté d’une recherche sur le pou- voir de saturation de la thorine, qui fut faite ultérieu- rement, que l'oxigène des bases prises ensemble étoit égal à celui de la silice. La thorine contient un peu moins de deux fois la quantité d’oxigène des autres bases; le grand nombre de ces bases, et la circons- tance que ces bases sont combinées, les unes avec un atôme, les autres avec trois atômes d'oxigène, sans qu'on trouve dans le nombre aucun multiple simple, m'engage à considérer la thorite, comme un mélange accidentel de plusieurs silicates hydratés, dans lequel les quantités d’oxigène de l’eau, des bases et de la si- lice, sont égales, et dont l’ensemble donne un com- posé désigné par: Th5 Si 3H(ThS+ Ag)7rip'e. IL. Examen de la T'horine et de ses bases métalliques. 1. Thorium. La Thorine ne se réduit, ni par le car- bone, ni par le potassium. Mais on peut isoler le tho- rium, soit en combinant le fluorure de thorium avec celui de potassium, soit en mélant du chlorure de thorium parfaitement sec avec du potassium, et en chauffant le mélange. On prépare le chlorure de thorium en mélant la thorine avec du carbone , et en faisant rougir le mé- lange dans un courant de chlore. La décomposition du chlorure de thorium par le potassium, a heu avec une très- foible détonation, qui, lorsqu'on emploie un chlorure parfaitement sec, s'élève à peine jusqu’à un développe- ment de calorique ; elle peut ainsi s’opérer en toute sû- 302 CHUMI E. reté dans des vases de verre. Le composé de fluor donne aussi avec le potassium une très-foible détonation. Pour m'assurer si le thorium n’étoit point réductible par le potassium, je mélangeai du sulfate de thorine parfaite- ment sec avec du potassium un peu en excès, et je chauf- fai le mélange dans un creuset de porcelaine couvert. La décomposition eut lieu avec une détonation très- violente, par suite de laquelle le creuset fut poussé au rouge-blanc ; le potassium en excès se volatilisant, s’é- chappa en grandes flammes entre le creuset et son cou- vercle. Après le refroidissement, l’eau sépara le sulfure de potassium, et laissa en résidu la terre d’un blanc de neige. Si l’on fait détonner le chlorure de thorium avec le potassium, on obtient une masse d'un gris foncé, qui d’abord , comme il arrive dans ces réductions, dégage de l’hydrogène ; bientôt ce dégagement cesse et il reste une poudre métallique grise, d’un grand poids. Cette poudre, qui est d’un gris-bleu foncé, se laisse com- primer lorsqu'elle est sèche : si, dans cet état de com- pression, on la polit avec une agathe, elle prend un éclat métallique gris de fer; elle paroît posséder les propriétés métalliques au même degré que l'aluminium. Elle n’est oxidée, ni par l’eau chaude, ni par l’eau froide ; mais si on ja chauffe doucement, elle s’enflamme, et brûle avec un éclat extraordinaire. Le tout se convertit en une masse brûlante, qui ne peut se comparer à aucun phénomène mieux qu’à celui que l'on observe lorsqu'on introduit une bulle d'oxigène sous une éprouvette qui contient du phosphore en fusion sur du mercure. Le RECHER. SUR LA THORINE ET LE THORIUM. 303 grand dégagement de lumière qui a lieu alors, fait que la masse brûlante paroît comme une flamme isolée d’une vivacité singulière. Si l’on projette dans une flamme d'alcool de petits grains de thorium, ils brûlent avec une flamme blanche , et au moment de la combustion leur volume paçoît beaucoup plus considérable qu'i ne l’est réellement, La thorine qui reste après la combus- tion, est blanche comme de la neige sans la moindre ap- parence de fusion ni de cohésion de ses parties. Si l’on mélange du thorium avec de l'acide sulfu- rique étendu d’eau, il se fait une prompte effervescence et un développement de gaz hydrogène qui s'arrête bien- tôt ; ensorle qu'on peut ensuite chauffer, le mélange , sans que le thorium se dissolve d’une manière notable. On peut en conséquence, si l’on a du thorium mélangé de thoriue, séparer celle-ci par la digestion, avec un mélange d'acide sulfurique et d’eau, et purifier ainsi le thorium ; mais dans cette opération le métal diminue , et si on la continue Jong-temps, on peut le dissoudre en entier. L'acide nitrique a sur le 1horium une action presque encore moindre que l’acide sulfurique ; on peut chauffer le thorium avec cet acide, sans que la dissolu- lion fasse aucun progrès sensible. Au contraire le 1ho- rium est facilement dissous par l'acide muriatique:; avec l'aide de l’eau la dissolution est complétement achevée en peu de temps,.et il se dégage du gaz hydrogène. Ce métal est attaqué par l'acide fluorique aussi foible- ment que par l'acide sulfurique. Les alcalis caustiques n’ont aucune action sur le thorium par la voie humide. 2. La thorine qui se forme par l'oxidation du #ho- 304 CHIMIE. rium, et qui paroît en être le seul oxide, a les pro- priétés suivantes; elle est incolore, pesante, insoluble dans tout autre acide que l'acide sulfurique , et elle exige pour se dissoudre alors une haute température. Préparation pour extraire la thorine de la thorite. Le minéral est dissous dans l’acide muriatique, de la ma- nière indiquée dans l'analyse ; la solution est traitée avec le gaz hydrogène sulfuré, et la terre est précipi- tée par l’'ammoniaque. Lorsque le précipité a été ap- porté sur un filtre et bien lavé, on le dissout dans de l'acide sulfurique étendu d’eau, et on évapore la solu- tion par la chaleur, opération qui sépare un volume considérable de sulfate. Lorsqu'il ne reste plus qu’une petite quantité de liquide, on le décante, on lave le ré- sidu salin à l’eau bouillante, on le presse et le chauffe au rouge, et la terre demeure ainsi parfaitement pure. Le liquide décanté et l’eau de lavage contiennent encore de la thorine. On sature l'excès d'acide autant que possible avec de l’ammoniaque caustique , on y ajoute de l’acide oxalique , tant qu’il se forme un pré- cipité, et on lave ensuite ce précipité, contenant un peu d'acide oxalique libre. Le manganèse, le fer, et l'urane demeurent dans la solution, et l’oxlate de tho- rine est retenu sur le filtre. Ce sel après avoir eté exposé au feu, donne uge ierre qui tire un peu sur le jaune , à cause d'un léger mélange de manganèse, qui tient à cette terre aussi opi- niâtrement que toute autre substance. On peut encore précipiter la thorine sous la forme d'ou sel double, en ajoutant au liquide du sulfate de RECHER. SUR LA THORINE ET LE THORIUM. 305 soude solide , jusqu'à saturation ; et on obtient ainsi un précipité plus complet que par l'acide oxalique. On obtient l'hydrate de thorine en dissolvant dans l'eau chaude le sulfate lavé à l’eau bouillante , opéra- tion qui est lente, mais qui a lieu d’une manière très- complète, en précipitant ensuite par la soude caus- tique , et en Javant le précipité sur le filtre. Ce préci- pité est gélatineux comme un hydrate d'alumine, mais il se défait aisément. Séché à l'air, il se prend en masses dures et vitreuses ; placé dans le vide sur de l’acide sul- furique , il forme au contraire une poudre blanche. A une chaleur douce , il perd son eau. L’hydrate de tho- rine encore humide, se dissout très-aisément dans Îles acides ; lorsqu'il est sec , il ne se dissout que lentement et difficilement ; et après que l’action du feu en a chassé Veau, la terre est complétement insoluble dans l'acide muriatique et l’acide nitrique. L’hydrate de thorine est insolable dans les alcalis caustiques ; au contraire, cet hydrate, le carbonate de thorine et les sels qui ont cette terre pour base , se dissolvent dans le carbonate de potasse , et dans celui d’ammoniaque.. La dissolution est foible, lorsque l'al- cali est très-étendu d’eau, mais elle est assez facile et abondante quand la solution est concentrée. Si l'on secoue dans une bouteille une solution de thorine dans le carbonate d'’ammoniaque , que l’on bouche ensuite hermétiquement la bouteille, et qu’on la chauffe jus- qu'à environ 50°. C., le liquide se trouble fortement, et il se précipite beaucoup de thorine, qui ensuite se redissout lentement après le refroidissement, de manière 306 C: HE Mel E: que le liquide finit par être parfaitement clair. Une addition d’ammoniaque ne trouble pas la solution; au contraire, elle a pour effet de l'éclaircir, si elle étoit troublée par un commencement de précipitation. Quand la thorine est mêlée avec de la potasse caus- tique ou du carbonate de potasse, et que l’on chauffe le mélange jusqu’au rouge, elle ne se fond pas; ce trai- tement ne la rend pas soluble dans l'acide muriatique ou l'acide nitrique; mais ces acides séparent seulement les substances étrangères qui altéroient sa pureté , et qu'ils n’auroient pu en séparer, si la terre n’avoit pas été préalablement chauffée avec la potasse. Lorsqu'on traite la thorine ainsi préparée avec l’eau ou les acides, elle se précipite en une masse blanche laiteuse , qui, comme l'acide nitrique, passe par le filtre dans le la- vage; mais on peut prévenir cet inconvénient en ajou- tant à l'eau de lavage de l'acide muriatique ou du sel ammoniaque. La thorine durcit par le feu, et devient alors diffi- cile à pulvériser, Sa pesanteur spécifique est plus forte que celle de toute autre terre, et égale presque celle de l’oxide de plomb ; je l’ai trouvée de 9,402. Celle de Ja thorite est donc notablement plus foible qu'on ne Fauroit conclu de celle de la terre qu’elle fournit. Sous le chalumeau la thorine se comporte de la ma- nière suivante. Par elle-même elle est inaltérable et infusible. Avec le borax elle est extrêmement lente à se dissoudre, et le verre qui en résulte n’est pas transparant; mais on peut Île saturer de telle manière, qu'il dévient laiteux en se refroidissant, Sa solution est RECHER. SUR LA THORINE ET LE THORIUM. 307 aussi fort lente avec le sel de phosphore. Le carbo- nate de soude ne la dissout point. J'ai cherché à déterminer la composition de la thorine par l'analyse du sel qu’elle forme avec l'acide sulfurique. Le sulfate précipité par la chaleur fut dissout dans l'eau , et la solution précipitée d'abord par un léger excès de potasse caustique ; la terre bien lavée et rougie au feu, pesoit 0,6754 gr. Le liquide alcalin qui avoit passé, supersaturé d'acide muriatique et précipité avec le chlorure de barium, donna 1,159 gr. de sulfate de baryte, Dans une autre expérience j'obtins 1,0515 gr. de thorine, et 1,832 gr. de sulfate de baryte. Pour déterminer le nombre des atômes d’oxigène contenus dans la thorine, j'analysai le sel double for- mé de sulfate de thorine et de sulfate de potasse. 0,807 gr. de cristaux de ce sel perdirent 0,0365 d’eau par le ré- chauffement dans une capsule: la perte ne fut pas plus grande par une chaleur capable de fondre le zinc. Les 0,7645 de gramme restant, furent dissous dans l’eau chaude et précipités par l’'ammoniaque caustique; ils donnèrent 0,265 gr. de terre, lorsqu'elle eut été chauffée. Le liquide qui avoit passé, donna par le traitement ordinaire 0,3435 de gr. de sulfate de potasse , ce qui assigne pour l'acide sulfurique combiné avec la terre, 0,156 gr. c’est-à-dire environ autant que l’on en trou- voit dans le sulfate de potasse. Cette analyse fournit pour le calcul du poids des atômes, deux données, savoir , l’une par l'acide sulfurique , et l’autre par le sulfate de potasse. D’après la première le nombre est 851,3, et d'après la seconde 841,73. Dans l'analyse 308 CHIMIE. du sulfate rapportée plus haut, on a par la première donnée 849,664 , et par la seconde 836,86. La moyenne de ces quatre résultats est 849,9, nombre qui approche vraisemblablement le plus de la vérité, Comme la thorine et l’oxide de fer forment avec l'acide sulfurique des sels, dans lesquels l’oxigène des acides, n'est que double de celui des bases, et comme ces sels se combinent avec le sulfate de potasse dans une pro- portion telle, que la quantité d'acide sulfurique est la même dans les deux sels réunis, il s'élève ici la ques- tion de savoir, si le cas est le même pour la thorine ; ce qui pourroit d'autant mieux avoir lieu, que le sulfate de thorine précipité par la chaleur , paroît être une base saine. Dans ce cas, la terre contiendroiït trois atômes d’oxigène, c’est-à-dire, une fois et demie autant que donne l’analyse ici rapportée. J'analysai ensuite le sel, qui se cristallisa par l’é- vaporation spontanée d’une solution acide de sulfure de thorine; j'y trouvai la base et l'acide dans le même rapport que ci-dessus ; seulement la quantité d’eau de cristallisation étoit différente. Je mélangeai de Facide sulfurique avec ua certain poids de sel précipité par le carbone , j'évaporai l'acide sur une lampe , et je pesai le sel, lorsqu'il eut cessé de fumer. Ayant répété plusieurs fois l'expérience, je vis que l’évaporation de l'acide s’ar- rêloit en général à peu près lorsque la quantité d'acide étoit égale à une fois et demie, celle qui étoit aupara- vant contenue dans Île sel : cependant elle ne s’arrêtoit jamais exactement à ce point là, mais tantôt elle don- nait plus, tantôt moins ; dans ce dernier cas, le sel ne RECHER, SUR LA THORINE ET LE THORIUM. 309 se dissolvoit plus dans l’eau d’une manière complète. Dans tous les cas, il résulte de là que ce procédé donne une combinaison, exempte d’eau, de la thorine avec une plus grande quantité d’acide sulfurique. Pour sortir de ce labyrinthe, je préparai et j'ana- lysai une dose de chlorure de thorium exempt d’eau; l'analyse donna 838 pour le poids de l’atôme. Toute- fois je considère ce nombre comme moins certain, que celui que j'ai donné plus haut, parce qu'ici la terre ob- tenue étoit un peu colorée , probablement à cause d’un peu de fer apporté par le charbon. Ainsi, si nous considérons la moyenne des résultats obtenus par les sulfates, comme la valeur la plus rap- prochée de la vérité, le poids de l’atôme de la thorine est 844,9. Dans ce cas , 100 parties de thorine se com- posent de héani:n:us a A. 88,16 oxigènetis. coffre LÉ goss 04 et 100 parties d’hydrate de thorine , de ihowda: à LC . 88,25 fa 4 LCA: sou 2,785 Le symbole pour un atôme de thorine égal à 844,9, pourroit être Th, celui de la thorine Th, et celui de l'hydrate Th. H. La thorine se distingue des autres terres principale- ment par la manière dont elle se comporte dans sa com- binaison avec l’acide sulfurique : dans cette combiuaison la chaleur précipite un sel, qui par le refroidissement se redissout avec lenteur, mais d’une manière complète. Il faut cependant observer, à l'égard de cette réaction, 310 CHIMIE. qu’elle n'a pas lieu lorsque les bases en présence sont de celles avec lesquelles la thorine forme des sels dou- bles ; celles-ci ne sont que très-foiblement précipitées par la chaleur. Elle se distingue de l’alumine et du beryl, parce qu'elle est insoluble par la potasse caustique, qui dis- sout ces substances ; de l’yttria, parce qu’elle forme avec le sulfate de potasse un sel double , qui est in- soluble dans une solution saturée de sulfate de po- tasse : cette circonstance offre un moyen de la séparer de l'yttria. Elle diffère de la zircone, en ce que celle-ci, après avoir été précipitée à chaud par le sulfate de potasse; est ensuite insoluble en majeure partie dans l'eau et les acides, et en ce que la thorine est précipitée par le prussiate de potasse , et que la zircone ne l’est pas. Elle diffère de l’oxidule de ceriüm, en ce que lors- qu'on la sèche et qu’on la brüle, elle ne prend point la couleur de l’oxide de cerium, et en ce que au chalu- meau, elle ne forme un sel coloré, ni avec le borax, ni avec le sel de phosphore , ni à chaud, ni à froid, pourvu qu'elle ait été parfaitement dégagée de tout mélange de fer. Elle se distingue de l’acide titanique , soit par sa pré- cipitation au moyen du sulfate de potasse , soit par la manière caractéristique dont cet acide se comporte au chalumeau. Elle se distingue enfin des oxides métalliques pro- prement dits, avec lesquels on pourroit être tenté de la ranger à cause de sa pesanteur, parce qu'elle n’est pas précipitée par le gaz hydrogène sulfuré. BECHER. SUR LA THORINE ET LE THORIUM. 3rx Les rapports qu'elle a avec le phosphate d’yttria, et dont mous avons déjà fait mention , sont les suivans; le sulfate cristallisé se trouble lorsqu'il est traité avec de l'eau , et laisse un squelette blanchâtre de la forme du cristal ; plusieurs de ses sels sont précipités par le feu, el se déposent alors sous la forme d'une scorie d'un blanc d’émail , et assez persistante; son hydrate attire l’a- cide carbonique en se desséchant ; elle se dissout dans l'acide carbonique, mais non dans la potasse caustique ; elle est précipitée par le lavage au sang, etc. Nous avons rapporté plus haut les divers signes par lesquels elle se distingue de l'yttria ; elle s’en distingue encore par cette circonstance que le chlorure de thorium n’est pas précipité par la chaleur , comme cela arrive de la so- lution dans l'acide muriatique du phosphate d'yttria. (Nous donnerons dans un second article la fin de l'important Mémoire de Mr. Berzélius, qui contient les résultats de la combinaison du thorium avec diverses substances terreuses ou salines.) (r3ze:) BOTANIQUE. NOTICE SUR LA BOTANIQUE DE L'INDE ORIENTALE ET LES ENCOURAGEMENS QUE LA COMPAGNIE ANGLAISE LUI A ACCORDÉS. —— hit © O0 — LES sciences naturelles ne sont pas du nombre de celles qui peuvent se développer par les seules forces de la méditation. Un logicien, un mathématicien peu- vent avancer leurs études par des réflexions solitaires ; un chimiste peut faire de brillantes découvertes avec un petit nombre d'appareils; mais le naturaliste est obligé de recourir sans cesse à la vue et à l’examen d’êtres nom- breux et variés. Dans le temps où l’Europe étoit encore peu explorée , il pouvoit par des courses réitérées au- tour de sa demeure recueillir des faits suffisans pour étendre le champ de la science ; mais aujourd’hui l’Eu- rope et les pays qui l'entourent de près peuvent être considérés comme des pays connus, et la science s’est élevée à des considérations d’un ordre si général qu'elle a besoin de la réunion des productions du monde en- tier pour y puiser les vérifications de ses théories. Ces recherches difficiles et dispendieuses sont au-dessus des efforts des particuliers même les plus actifs et les plus riches. Les gouvernemens, amis des sciences, ont senti que leur action étoit indispensable à ce genre de dé- veloppemens, et sous des formes diverses, ont voulu y coopérer. BOTANIQUE DE L'INDE ORIENTALE. 313 coopérer. Pour ne parler ici que de la botanique seu- lement, nous avons vu depuis un demi-siècle une foule de voyages exécutés par ordre de divers gouvernemens pour étendre la connoissance des végétaux, soit sous le rapport agricole, soit sous le point de vue médical, soit même pour la simple connoïssance théorique des lois de la nature végétale. Mais les voyages, même les mieux combinés, ne font connoître d'ordinaire qu’un espace étroit des pays lointains, et l’on obtient des ré- sultats bien plus satisfaisans par les séjours prolongés que les naturalistes peuvent être appelés à y faire. Les nations européennes propriétaires de colonies d’outre- mer, ont pu, sous ce rapport, rendre d'immenses ser- vices à l’histoire naturelle, et plusieurs ont profité de leur position d’une manière qui leur a mérité la recon- noissance des savans. Nous nous proposons de présen- ter dans quelques articles les principaux services de ce genre que la France, l'Espagne, l'Allemagne, la Russie, etc., ont rendus aux sciences. Nous nous bor- nerons aujourd'hui à parler de ceux par lesquels la Compagnie anglaise des Indes orientales vient de s’ac- quérir des titres honorables à Ja reconnoissance pu- blique. _ Dès l’époque où cette Compagnie a vu sa souverai- neté établie dans l'Inde avec quelque sécurité, elle a compris tout ce qu'elle pouvoit obtenir d’utile, soit pour ses propres intérêts, soit pour ceux de l'humanité, de l'étude et de la culture des végétaux de ce vaste pays. Elle a en conséquence donné des soins à l’établissement du Jardin botanique de Calcutta ; c'est en mars 1768, Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 4. Décem. 1829. Y 314 BOTANIQUE. et sous la direction du colonel R. Kydd que ce jardin a pris naissance : une correspondance avec tous les Eu- ropéens établis dans diverses partie de l'Inde, l’a promp- tement enrichi de végétaux précieux. On en comploit en- viron'trois cents espèces, lorsque dans l’automne de 1793, le Dr$Roxburgh en prit la surintendance., Ge bota- niste organisa de nouveau des correspondances plus actives, et visita lui-même la côte de Coromandel et quelques autres provinces de l'Inde anglaise. Il pare vint à réunir 3500 espèces de plantes dans le Jardin de la Compagnie, et sur ce nombre 1510 étoient des végétaux inconnus avant lui, dont il avoit établi la no- menclature et fait la description. C’est ce que nous ap- prenons par le catalogue de ce jardin imprimé à Se- rampore en 1814 (1), par les soins du Dr. W. Carey, ami de Roxburgh. Ce catalogue, sous un cadre très- resserré, fait connoître le nom botanique, la dénomi- nation indienne, le lieu natal , l'époque de l'introduc- tion, de la fleuraison et de la maturité de chaque vé- gétal. Il se termine par un appendix qui fait connoître la liste des espèces indiennes, non encore introduites dans le jardin, mais connues de Roxburgh. Celui-ci ne se borna pas à cette simple indication de ses travaux. Il adressa successivement à la Compagnie des Indes un grand nombre de dessins et de descrip- tions des végétaux de l'Inde, et la Compagnie en fit (1) Hortus Benghalensis, or a catalogue of the plants growing in the Honourable East India Company's batanic garden at Calcutta. 1 vol. in-8.° Serampore, 1814. BOTANIQUE DE L'INDE ORIENTALE. 315 faire un choix qui fut publié, sous la direction &e Sir Joseph Banks, sous le titre de Plantes de Coromandel (1), Ce magnifique ouvrage donne l’histoire et la figure co- loriée de 300 espèces de plantes de l'Inde, choisies parmi les plus belles ou les plus utiles. Mais la magnificence même de cette publication ren- doit impossible de l’étendre à toute Ja végétation de l'Inde, et le Dr. Roxburgh conçut le projet d’en don- ner une Flore ‘sous une forme plus simple. Malheu- reusement sa santé altérée ne lui permit pas d'exécuter ce projet; en 1814, il quitta l'Inde et vint mourir en Angleterre. Sa Flore de l'Inde n’a cependant pas été perdue pour la science ; son ami, le Dr. Carey en a publié deux volumes à Serampore (2), et y a inséré, outre les plantes décrites pat Roxburgh, toutes celles qui ont été successivement découvertes, soit par lui- même , soit par MM. Wallich, Jack et autres botanistes de l'Inde anglaise. Cet ouvrage rangé d’après l’ordre Lianéen, en contient déjà les cinq premières classes. Après la mort de Roxburgh 14 surintéendance du Jardin de Calcutta fut confiée au Dr. Wallich, dont le talent et l’activité, secondes par la protection de la Com- JO Loumn ir LU Si ec (1) Plants of the coast of Coromandel selected from drawings and descriptions", presented to the Hon. Court of" Directors of the East India Company, by W. Roxburg. 3 vol. in-fol. London I. 1799. II. 1798. II. 1819. (2) Flora Indice , or descriptions of Indian Plants by the late W. Roxburgh, edited by W. Carey, to which are added descriptions of plants more recently discovered by Nat. Wallich , etc. in-8.° Seram- pore, vol. I, 1820 ; vol. II, 1824. Y 2 316 BOTANIQUE. pagnie, ont porté cel établissement à un haut degré de prospérité. Plus de trois cents jardiniers ou employés y sont attachés; les cultures sont dirigées à la fois sur les moyens, soit de naturaliser ou de populariser les objets utiles, soit de conserver pour l'étude les végétaux rares des diverses parties de l’Inde. De nombreux voyageurs parcourent, aux frais de la Compagnie, tous les pays sou- mis à sa domination, el de concert avec les Anglais dis- persés dans ce vaste empire, tendent sans cesse à enrichir le Jardin et les collections de la Compagnie. Mr. Wallich lui-même parcourut en 1820 le pays de Népal (1) qui, situé au pied des grandes montagnes de l'Himalaya, pré- sente une végétation toute différente de celle du Ben- gale. Dès-lors, malgré de graves maladies causées par la fatigue et le climat, il a visité Pinang, Singapore , le royaume d'Ava, et quelques autres parties de l'Inde ; il a de plus envoyé des collecteurs dans les districts où il ne pouvoit aller en personne, et par ces divers moyens ; il a réuni une masse considérable de végé- taux, soit vivans , soit desséchés. Ces richesses: ont déjà accru la botanique, de nom- breuses découvertes; plusieurs des plantes recueillies par le Dr. Wallich ont été insérées , soit dans le Pro- dromus Floræ Nepalensis de Don (2), soit dans divers sr (x) On écrit aussi Népal, Népaul ou Napaul, mais le Dr. Wallich dit que l’orthograghe Népal (en prononçant l'a à l'anglaise et pres- que comme notre au } est celle qui représente le mieux le nom ori- ginal. (2) Prodromus Floræ Nepalensis , sive Enumeratio vegetabilium, queæ in itinere per Nepaliam detexit Fr. Hamilton , accedunt plantcæ a D. Wallich missæ. Auct. D. Don. 1 vol. in-8.° Londini 182. BOTANIQUE DE L'INDE ORIENTALE. 317 ouvrages généraux publiés en Europe. Mr. Wallich lui- iwême en à, comme je l'ai dit plus baut, inséré un grand nombre dans la Flora Indica , et a commence la pu- blication de deux ouvrages destinés à faire connoître ses principales découvertes d’une manière plus com- plète. Le premier est un Essai sur la Flore du Népal (1), qui présente la description détaillée, et la figure litho- graphiée des principaux végétaux de ce pays. Il en à déjà paru deux livraisons, contenant chacune vingt-cinq planches. Outre son intérêt botanique, cet ouvrage mé- rite d’être remarqué en ce qu'il présente le premier exemple de planches botaniques lithographiées dans l'Inde et faites par des dessinateurs Indiens. Le second ouvrage de Mr. Wallich, beaucoup plus magnifique que le précédent, est destiné à donner l’his- toire et la figure coloriée des plantes les plus rares de l'Asie (2): il sera composé de trois volumes; le prenier cahier qui vient de paroître, annonce que cette collec- lion sera au nombre des plus précieuses dont la bo- lanique puisse se glorifier , et deviendra l’émule des grands ouvrages de Rheed, Rumphius et Roxburgh. Outre les travaux capitaux de Roxburgh et de Wallich, il en est d’autres qui ont été encouragés ou protégés (1) Tentamen Floræ Napalensis illustratæ, consisting of Botanical descriptions and lithographic figures of srect Nepal plants, by Nat. W'allich. Calcutta and Serampore , in-fol. Fasc. J. 1824. II, 1826. (1) Plantæ Asiaticæ rariores. In fol. Londres et Paris, 1829. Chez MM. Treuttel et Waürtz. 318 BOTANIQUE par la Compagnie des Indes. MM. Kænich, Heyne (1), Carey, Patrick, Russel, Rottler, Klein, Wight, Fin- layson , etc., ont parcouru diverses parties de l'Inde, dans le but d’en étudier la végétation. Depuis un demi- siècle environ, toutes les collections de plantes sèches dues au zèle de ces voyageurs, étoient envoyées à Londres et conservées dans le Musée de la Compagnie. L'im- mensité même de ces matériaux a fait comprendre aux honorables directeurs de cette institution, qu'il étoit impossible de les rendre utiles sans la coopération d’un grand nombre d’observateurs. Par une décision remiar- quable par sa largesse et sa libéralité, la cour des di- recteurs a chargé le Dr. Wallich qui est momentané- ment à Londres, de distribuer en don ces collections _ précieuses aux principaux botanistes de l'Europe , en “ prenant les mesures convenables pour en assurer Ja publication. Déjà cette distribution libérale a commencé, et il est vraisemblable que grâces à cette générosité de “a Compagnie, on verra “d'ici à peu d'années la tota- lité des plantes recueillies dans l'Inde orientale accroître la masse des végétaux connus. On estime leur nombre * au moins-à sept ou huit mille espèces, et chacun peut concevoir sans peine combien de faits, d'idées, de rap- # prochemens nouveaux, naîtront de cette immense ad- dition à la botanique actuelle. La Compagnie des Indes s'est ainsi acquis les droits les plus honorables à Ja re- (x) Une partie des plantes recueillies par Mr. Heyne et envoyées par lui à son ami Mr. Roth ont été publiées par ce dernier sous le titre de : Novæ plantarum species, præsertim Indiæ orientalis, ex col- lectione Doct. Benj. Heynü. x vol. in-8.° Halberstedii , 1821, BOTANIQUE DE L'INDE ORIENTALE. 319 connoiïssance des savans de tous les pays, et nous sommes bien certains que tous les amis des sciences applaudi- ront à ce grand acte de libéralité, et se joindront à nous pour exprimer leur reconnoissance. La manière même dont s'exécute cette grande opé- ralion , ajoute à son utilité, et mérite d’être connue. Toutes les espèces des diverses collections sont rangées sous leurs familles et leurs genres par les soins du Dr. Wallich et des principaux botanistes anglais, MM. Rob. Brown, Lindley, G. Bentham , etc. On as- signe à chacune un numéro &’ordre et.un nom pro- visoire. La lithographie multiplie pour tous les bota- nisles les listes de ces noms accompagnés de la dé- signation des localités diverses où la plante a été re- cueillie; tous les échantillons munis d'un numéro se rapportent à ces listes, et de cette manière, ceux qui les verront dans les divers herbiers de l'Europe, seront certains de leur identité avec ceux qui seront décrits. Au moyen de ce procédé fort simple, seront levées les incertitudes que laissent fréquemment la vue des échan- tillous isolés. Chaque famille de plantes est affectée à celui des botanistes qui a fait preuve d’une aptitude particulière à son étude par les travaux monographiques qu'il a publiés, commencés ou projetés sur elle. Ainsi pour ne citer que quelques exemples venus à notre connois- sance, Mr. Brown est chargé des Rubiacées , etc. Mr. G. Bentham (1) des Cariophyllées, des Labiées, etc. a —————— — —— ———_—_————— ——— (1) Mr. Bentham vient toût récemment de publier dans le Bota= nical Register un extrait sommaire de son travail sur les Labiées , 320 BOTANIQUE. Mr. Lindley des Rosacées, etc. Mr. de Candolle des Ombellifères, des Caprifoliacées, des Loranthées, etc. Mr. Alph. de Candolle des Campanulées, Mr. Choisy des Convolvulus, etc. Chacun de ces monographes reçoit les premiers doubles disponibles dans la partie qui lui est confiée, et est chargé de les faire connoître au pu- blic. Le reste des échantillons est distribué de manière à ce qu'ils se trouvent divisés en collections affectées à divers pays, et servent ainsi le plus possible à étendre Ja connoissance de la botanique de l'Inde. Si la reconnoissance des naturalistes doit s'adresser en première ligne à l'honorable Compagnie des Indes, elle doit aussi s'adresser au Dr. Wallich qui dirige cette opération; bien éloigné de profiter de sa position pour se réserver la publication de tant de richesses, il ne s'occupe que de les répandre parmi ses collègues de Ja manière la plus utile aux progrès de l’histoire naturelle; il employe à favoriser les travaux de tous les botanistes, un temps précieux qu'il pourroit em- ployer à ses travaux personnels, et prouve par là, qu'il voit la gloire où elle est réellement, dans l’utilité. Il y à loin de cette manière large et libérale de voir les intérêts de la science, aux jalousies étroites et mesquines dont l’histoire littéraire et scientifique n'offre que trop d'exemples. Si nous avons cru devoir citer cet évènement comme un fait mémorable dans l’histoire de la bota- nique, nous aimons aussi à le faire connoître comme un fait honorable pour le cœur humain, comme une preuve des progrès de la civilisation et de Ja liaison intime qui s'établit chaque jour davantage entre les na- lions éclairées. D. C. C 35) MÉDECINE. TRAVELS IN TURKEY, EGYPT, NUBIA, etc. Voyages en Turquie, Egypte, Nubie, etc.; faits en 1824, 1825, 1826 et 1827. Par le Dr. MADDEN. London 1829. C0 ——— —— À une époque, où des événemens politiques de la plus haute importance, attirent tous les regards sur cette partie du globe, on ne lira pas sans intérêt quelques ex- traits d’un ouvrage, qui, par le tableau curieux et fidèle qu'il offre de l’état de société chez les peuples soumis à l'empire ottoman, nous a paru digne de fixer quelques instans l'attention de nos lecteurs. L'auteur de cette relation a pratiqué lui-même la médecine dans le courant des quatre années qu’il a pas- sées en Turquie; ce qui lui a donné de fréquentes oc- casions d'observer les usages et les mœurs du peuple Turc. Un jugement éclairé et libre de préjugés, joint à un zèle ardent pour l’acquisition de nouvelles connois- sances , l'ont mis à même d’en profiter. Mr. Madden raconte son voyage sous forme de let- tres à ses amis et à quelques dames de sa connois- sance; ce qui donne lieu à des descriptions sur toutes sortes de sujets ; à celles-ci, il décrit la toilette d’une dame turque ; à ceux-là, il parle de l’état des lois, de la religion, de la médecine en Turquie , selon les goûts 322 M É‘'DE CINE. et les capacités des personnes auxquelles il s'adresse. Dans l'extrait que nous donnons ici à nos lecteurs, les articles de médecine, fixeront seuls notre attention. Ces lettres nous parlent sans cesse du triste état où se trouve en Turquie la science médicale. On a remarqué avec justesse que l’état de la médecine peut être regardé comme. le critère de l’état de la science d’un pays quel- conque. Partout où la science et la civilisation ont étendu leur influence, là la médecine est le plus en honneur, comme éminemment essentielle aux intérêts et au bon- heur du genre humain. Le récit suivant de la manière dont les affaires médicales se traitent à Constantinople, confirme cette remarque. «Il ya, » dit le Dr. Madden, «environ cinquante mé- decins qui pratiquent à Constantinople, principalement des Francs, des Italiens, des Anglais, des Maltais et quel- ques Grecs; de ce nombre il y en a peut-être cinq qui on! fait des études régulières; deux de ceux-ci sont An- glais et jouissent d’une grande réputation, soit parmi les Turcs, soit parmi les Francs. Chaque médecin a un quar- tier qui lui est assigné. Tous les matins, il sort de chez lui pour aller à la recherche des malades; dans ce but, il se rend dans tous les cafés de son district, accompa- gné d’un drogman grec, ou interprète, dont le véritable emploi est d'aller à la piste des malades et de leur faire l'éloge du médecin. On trouve toujours ces derniers, sur le banc le plus apparent du café, fumant avec une profonde gravité, tout en épiant les traits de ceux qui les entourent, dans l'espérance d’y découvrir un symp- tôme de maladie. Je dois avouer que je me vis forcé VOYAGE EN TURQUIE , etc. 323 de me soumettre à cet usage avilissant , pour me mettre à même de me familiariser avec les usages domestiques du peuple. Le premier jour, mon drogman se mit en devoir de m'enseigner ma profession, qu'il faisoit con- sister dans les règles suivantes. Ne jamais faire de pres- cription avant d’avoir obtenu le paiement. Ne jamais adresser de question au malade, et ne jamais répondre d’une manière intelligible à ceux qui l'entourent; je devois reconnoître des symptômes uniquement dans le pouls. Ne jamais prononcer que ces trois mots:« {n shal- lah, » ou « à la volonté de Dieu, » pour les cas douteux, et « Allahharim » ou Dieu est grand , » pour ceux qui sont désespérés. Je pris mon poste, et je me donnai la pipe et la tasse de café pendant que mon drogman entroit en conversakon avec les Turcs qui nous entouroient. » « J'attendois patiemment le résultat de ses recherches, lorsqu'un homme bien mis qui étoit à mes côtés en silence depuis une demi-heure, se ressouvint qu'il avoit une femme ou deux, malades, et me demanda très- gravement ce que j'exigeois pour guérir une femme. Je cherchai par tous les moyens possibles, à tirer de lui la nature de la maladie de sa femme; mais je n’ob- üns pour toute réponse que : «maïs elle est malade.» — « De qu’elle maladie est-elle affligée ? » repliquai-je : — « Mais, elle ne peut manger. » Telles étoient les seules données sur lesquelles je devois entreprendre la gué- rison de cette malade; qui, dans le moment mème, pouvoit bien être déjà au nombre des morts. Je n'eus pas le courage de conclure moi-même le marché; je laissai à mon drogman le soin de cette agréable négo- 324 MÉDECINE. ciation. Je l’entendis demander cent piastres, et puis jurer par la tête de son père et par l’âme de*sa mère, que je n’avois jamais accepté une moindre somme; enfin, après avoir marchandé environ une heure, je vis mettre cinquante piastres dans sa main, et j'entendis la pro- messe d'en donner cent autres, quand la malade seroit guérie, Cette promesse fut traitée avec le mépris qu’elle méritoit. Nul ne fait de si belles promesses qu’un Turc pendant la maladie, et nul ne les oublie si vite après Ja guérison. Je visitai ma malade que je trouvai à la fois vieille et laide; mais, j'étois d’abord destiné à ne voir aucune partie de sa personne; elle insista pou que je m'assurasse de sa maladie avec une porte entre nous deux, elle étant dans une chambre, et moi dans une autre; la porte éLoit entr'ouverte , et sa tête en- veloppée d'un drap, s’avançant de temps en temps pour me répondre, étoit la seule partie que je pusse apercevoir; c'est la seule femme que j'aie jamais soi- gnée, ici où dans les îles, qui n’ait pas voulu souffrir la profanation de mes doigts sur son poignet. Je pus cependant soupçonner la nature de sa maladie, par les récits de ses alentours, et je lui ordonnai une potion opiacée, » Ailleurs, Mr. Madden décrit une consultation turque à laquelle il avoit assisté ; rien ne peut mieux faire com- prendre le misérable état de la médecine en Turquie. & Une foule innombrable de docteurs juifs, grecs, ita- Jiens, et même mahométans, se pressoit autour du fit du malade. On y voyoit aussi, pêle-mêéle, les amis, les esclaves, les parens, et tous ceux qui étoient atta- VOYAGE EN TURQUIE, etc. 325 chés à la maison du patient. Ces derniers donnoient leurs avis aussi bien que les médecins. Mais celui qui paroissoit être le maître des cérémonies, étoit un prêtre turc, qui à la fois portoit remède aux maux du corps et à ceux de l’âme. Après un exorde parfaitement inin- telligible, il proposa de donner au malade de l'huile exprimée de la cire, ce qui fut adopté. Les médecins fa- rent payés (quatre écus d'Espagne chacun) et le malade mourut peu de temps après. Ce fut alors que le secret de l’activité du prêtre fut mis au jour. La masse des biens du malade deyenoit la proie d'une mosquée. » La foi des Turcs aux charmes de tous genres semble être universelle, Il paroît même que l'affaire principale du médecin est de prescrire ces remèdes efficaces. «Il y a peu de mahométans, » dit l’auteur, « qui n'ait pas foi à l’efficace des charmes. J'en ai trouvé sur des os cassés, sur des têtes souffrantes, et sur des cœurs atta- qués de passions malheureuses. Ces derniers sont portés par de jeunes demoiselles , et consistent en une feuille ou deux de jacinthe. Ces charmes sont encore , tantôt des paroles vides de sens, tantôt un écrit contenant ces mots, Bis-millah, au nom du Dieu de miséricorde, avec quelque signe cabalistique ; mais le plus commu- nément ils contiennent des vers du Coran. Dans les maladies dangereuses on a recours au plus puissant de tous les charmes, des effilures du vêtement du chameau- pélerin qui porte le présent annuel du sultan à la Cité sainte. Le charme le plus en usage est un grain d’ambre avec un écrit triangulaire porté sur le front. C'est ici probablement une imitation des amulettes que Moïse 326 MÉDECINE. commanda aux Juifs « de lier sur leurs mains comme un signe, et de porter sur le front.» De temps en tèmps on voit des applications tout-à-fait ridicules, telles que celle d’une souris rôtie sur une blessure d'arme à feu, dans l'intention d’extraire la balle. Si d’un côté de telles absurdités ne font que montrer la dégradation de l'intelligence chez la masse de la population turque, d’un autre, il ne paroît pas que le malade courût une meilleure chance dans les mains de la faculté. » Les dames demandoient surtout au docteur une potion propre à guérir leur stérilité. Une femme, en Turquie, n'obtient ni respect, ni honneur, si elle ne devient pas mère. Malgré les spécifiques, elles font en général peu d’enfans, la polygamie n'étant pas favorable à la po- pulation. Cependant cette passion des femmes pour ces médecines est peu de chose en comparaison de celle des hommes pour les aphrodisiaques qu’ils nomment mad- joun. Notre auteur étoit tourmenté dans toutes les pro- vinces de l'empire turc pour en obtenir. Il est déplo- rable en effet de voir qu'un homme à peine arrivé à trente-cinq ans est tellement affoibli par la débauche qu'il est obligé d'avoir recours à ces tristes moyens. Le madjoun le plus communément employé à Constan- tinople consiste dans les pistils de la fleur da chanvre mis en poudre et mêlés avec du miel, des clous de gi- rofle , de la muscade et du safran. Tout le monde a entendu parler des mangeurs d’o- pium, et Mr. M. fut curieux d'obtenir quelques ren- seiguemens relatifs à cet usage qu’on dit avoir tant d’at- trait. Les cafés où les #heriakis (mangeurs d'opium) VOYAGE EN TURQUIE , etc. 527 s’assemblent, sont situés dans un grand carré près de la mosquée de Solymania, et c’est là, sur des bancs devant les portes, qu'ils vont attendre leurs délicieuses rêveries. Notre auteur y prit sa place pour observer les effets de la puissante drogue. Les gestes que faisoient ces hommes étoient effrayans. Ceux qui étoient compléte- ment sous l'influence de l’opium, parloient d’une manière incohérente ; leurstraitsétoient enflammés, leurs yeux bril- loient d'une manière extraordinaire , et l'expression de leur physionomie étoit horriblement égarée ; l'effet est ordinairement terminé en deux heures de temps. La dose varie de trois grains à soixante. Mr. M. vit un vieillard en avaler vingt-quatre grains dans l’espace de deux heures. Cet homme étoit dans l’usage de manger de l’'opium depuis vingt-cinq ans. Les tristes effets de cet usage nous sont retracés par notre auteur avec les plus sombres couleurs.« La dé- bilité physique et morale qui en résulte , » dit-il , «est terrible. L'appétit est détruit; chaque fibre du corps tremble ; les nerfs du col en sont affectés , et tous les membres se roidissent; ce qui produit des cols tordus et des doigts contractés. La vie, comme on peut bien le présumer, est abrégée par cet affreux usage. Un véritable mangeur d'opium dépasse rarement l’âge de trente ans, s’il commence son métier de bonne heure, Il paroît que, malgré cela, c'est une habitude trop attrayante pour être facilement abandonnée. L'homme qui en est de- venu l’esclave est misérable jusqu’à ce que l'heure de prendre sa dose habituelle soit arrivée ; mais dès l’ins- tant où l'influence de la potion commence , il est tout 528 MÉDECINE. de feu. Les uns font des vers, d’autres haranguent ceux qui se trouvent autour d'eux: ils se croyent empereurs ou sultans, avec tous les harems du monde à leur dis- position. » Le détail suivant des sensations de l’auteur lui-même lorsqu'il s'énivra d'opium, nous semble trop curieux pour être omis. Il y a beaucoup de rapport entre son récit et la description que donne Sir H. Davy des sensations agréables que lui fit éprouver l'inspiration du gaz oxide d'azote. La dose que prit Mr. M., étoit de quatre graïns; il décrit ainsi ses sensations peu d’instans après avoir avalé l'opium. « J'éprouvai une sorte de saisissement agréable ; le plaisir de cette sensation sembloit être causé par une expansion universelle, soit matérielle, soit intellectuelle. Mes facultés sembloient s'étendre; chaque objet que je regardois me paroissoit avoir grossi, je n’éprouvois plus le même plaisir lorsque je fermois les yeux. Il me sembloit que mon imagination n’agissoit que sur les objets extérieurs, en les convertissant en des objets de plaisir; enfin, c’étoit une sensation d’un charme ex- quis, semblable aux doux ravissemens d’un songe qu'on éprouveroit tout éveillé. Je m’acheminai vers ma mai- son aussi vite que cela me fut possible, tremblant à chaque pas, de commettre quelque extravagance. En marchant je pouvois à peine sentir si mes pieds tou- choient la terre. ]I me sembloit que je glissois le long des rues, poussé par quelque force invisible , et que mon sang étoit composé de quelque fluide éthéré qui rendoit mon corps plus léger que l'air. Je me mis au lit VOYAGE EN TURQUIE, elc. 329 lit en arrivant chez moi. Les visions les plus extraor- dinaires d'un bonheur enchanteur, me poursuivirent toute la nuit. Le matin je me‘levai pâle et abattu. Je souffrois du mal de tête, et mon corps étoit si affoibli, que je fus forcé de rester couché sur un canapé tout le jour (1). » Dans le commencement de juillet 1825 , l’auteur arriva à Alexandrie. Nous donnerons quelques-unes de ses observations relatives au climat de l'Egypte. Du 1. mai au 20 juin, il règne dans ce pays un vent d’est, qui s'appelle Kamsin, ou Simoon. Ce vent empoisonné vient du désert, et ses effets sur la vie ani- male sont désastreux. Il produit une telle langueur et un tel abattement, que l’auteur fut souvent obligé de rester couché sur son divan pendant des heures, dans une complète’ incapacité de faire le moindre effort, (x) Il est à regretter que l’auteur n'ait pas examiné la composition de la potion qui produisoit sur lui ces effets. L’opium y entre sûre- ment en grande quantité ; mais peut-être y est-il combiné avec quel- qu'autre substance enivrante telle que le chanvre ou la belladona. Cet usage , du reste, n’est pas confiné en Turquie aux oisifs de cafés, on distribue abondamment aux soldats de l’opium avant les batailles , et cette drogue leur donne un courage furieux qui leur fait affronter les plus grands dangers. Dans d’autres pays l'opium est aussi fort en usage comme substance enivrante , on prétend qu’en Ecosse on vend du laudanum (teinture d’opium) dans les boutiques .de liquo- ristes. J'ai vu dans ce pays-là des gens de la basse classe, porter dans leur poche un morceau d'opium cru, dont ils détachoient des morceaux qu'ils mâchoient comme du tabac. (R.) Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N° 4. Décem. 1829. Z 330 MÉDECINE. soit moral, soit physique. Cette sensation étoit pénible au dernier degré. Elle n’étoit point produite par la cha- leur. de l'atmosphère ; car pendant toute la durée de ce vent la température ne s'élève pas de cinq ou six degrés Farenheit. Peut-être l’état électrique de l’air est- il la véritable cause de ce singulier abattement du sys- tème nerveux. Ce pays, qui n’avoit point eu de pluies depuis le mois de mars, étoit complétement brûlé. La terre étoit couverte de larges crevasses. Les arbres étoient desséchés, La seule plante qui résiste à la sécheresse dans ces sables brûlans , est le Sa/sola alkalin qui couvre tout le pays, A la St. Jean (le 2/4 juin ), la nature change de face. Alors les vents Efésiens ou de nord- est, s'élèvent et répandent dans l'air jusqu’au mois de septembre une agréable fraîcheur. A cette époque il tombe une forte rosée ; les plantes renaissent, et la peste cesse d'exercer ses ravages. À Alexandrie, dans toutes les saisons l’atmosphère est imprègnée d'une vapeur saline qui se condense sur les murs et sur les meubles des maisons, formant de petits cristaux de nitre, de sel ammoniac, et de sel ordi- naire. Le sol est partout enduit d’une couche de ces particules salines , et la rouille s'empare de tous les objets en fer. Cependant cette atmosphère saline n’est point pernicieuse à la respiration ; les maladies de poi- trine y sont inconnues. Toute la partie de l'Egypte voisine du fleuve, est’ transformée en lac depuis le commencement d'août jusqu'a la fin d'octobre. À cette dernière époque, les eaux du Nil rentrent dans leur lit, et les travaux de VOYAGE EN TURQUIE , etc. 331 l’agriculture recommencent. Le commencement de jan- vier voit éclore les premiers bourgeons; et au mois d’a- vril les premières récoltes sont déjà terminées. Le sol, par un système d'irrigation bien entendu , se couvre ensuite d'une seconde moisson qui se recueille au mois d'août avant le débordement. Le climat de la haute Egypte est singulièrement sec; il n'y tombe quelque- fois pas une goutte d’eau pendant six, et même dix ans de suite ; mais aussi, quand les pluies arrivent, elles viennent par torrens. Un médecin qui voyage en Turquie doit naturelle- ment entendre parler de la peste. Mr. M. fit plus; il fut témoin oculaire de ses terribles effets, et il étudia ce fléau avec tout le zèle que sa profession lui ins- piroit. En arrivant à Alexandrie Mr. M. trouva la peste exerçant ses ravages ; les habitans périssoient dans la proportion de dix-huit par jour, sur une population de seize mille âmes. « Chaque maison , » dit-il, « étoit fermée; on ne per- mettoit pas même aux domestiques d’en sortir ; on päs- soit: l'argent dans du vinaigre avant de le toucher, on parfumoit les lettres, on manioit les papiers avec des pinces. Un étranger avoit-il le malheur d'approcher de trop près un passant dans la rue , il recevoit des coups de bâton ; on se rendoit en foule à la porte des méde- cins pour apprendre le nombre des malades qui avoient succombé dans la nuit. La peste étoit le sujet général de la conversation. Aux repas , dans les salons, on entendoit les jeunes demoiselles décrire les plus hor- ribles détails de cette maladie , et discuter sur la con- Z 2 332 MÉDECINE. tagion ; un chat, disoient-elles, pouvoit communiquer la peste mais un chien étoit moins dangereux ; l’âne étoit un animal contagieux, mais non pas le cheval , etc. Fixoit-on un homme , aussitôt, plein d’effroi, il portoit sa main à l’aisselle; se plaignoit-on d’un simple mal de tête, tout le monde prenoit la fuite autour de vous ; touchoit-on le pan de l’habit d’un Chrétien , on exci- toit sa colère au plus haut degré. » Mr. M. visita tous les jours l'hôpital des pestiférés , menant quelquefois avec lui son hôte dont il étoit par- venu à calmer les terreurs. « L'hôpital lui-même consiste en plusieurs petites cellules, ayant chacune une fenêtre grillée vis-à-vis de Ja porte. Toutes ces fenêtres sont situées à l’est , position qui semble, choisie pour recevoir les vents empoisonnés du désert ; chaque cellule n’a ni table, ni chaise : l’unique meuble qu’on yÿ trouve est un lit fait de canne, avec un matelas et un drap qui doit plus tard servir de linceuil. La malheureuse victime est ordinairement enfermée à clef; un garde-malade (arabe) est assis ; fumant sa pipe, en dehors de la porte, et n’entre que rarement pour humecter les lèvres brülantes du pestiféré, et diminuer la terreur de sa pri- son solitaire. Un médecin italien y entre une fois par jour, ordonne la décoction de fleurs de sureau, et dis- paroît. Rien au monde n’est plus horrible que l’expres- sion du désespoir peint sur la physionomie des mal- heureux malades. » Nous aurions voulu épargner à nos lecteurs une des- cription médicale de la peste, mais le récit qu’en fait VOYAGE EN TURQUIE , etc. 333 Mr. M. en prenant l'exemple de son propre domes- tique , est si remarquable que nous ne pouvons le passer sous silence. Mr. M. avoit mené cet homme avec lui dans une visite qu’il faisoit à un malade qu'on croyoit attaqué d’apoplexie , et qui dans le fait, avoit la peste. « Le second jour, » dit-il, « je remarquai qu’il chan- celoit en marchant; ses yeux avoient l'expression d’un homme ivre; ses traits étoient contractés, et cependant, il ne se plaignoit point. Je lui demandaï dans la soirée s’il se sentoit indisposé. Il me répondit qu'il étoit en- rhumé , mais je m’aperçus qu'il pouvoit à peine se tenir sur ses jambes ; son pouls étoit très-fréquent, mais fa- cilement comprimé et sans plénitude; sa langue d’un brun bleuâtre dans le centre , et très-rouge sur les bords. » « Je vis aussitôt que le pauvre homme étoit atteint de Ja peste, et je le menaï à l’hôpital. Il frémit en ÿ en- trant, et ce n'étoit pas sans raison. Jamais je ne m’é- tois senti si péniblement affecté; il me sembloit que j'étois la cause de son malheur. Depuis le moment où il se mit au lit, il fut tourmenté par des maux de tête et des nausées ; il avoit de fréquens frissons, mais il di- soit toujours que son cœur étoit brûlant. Dans la nuit , on découvrit sur l'avant-bras deux taches li- vides accompagnées de raies pourpre qui s’étendoient jusqu'à l’aisselle et se terminoient par un bubon. La peau étoit sèche et brülante , le regard fixé sur un seul objet; si l’on parvenoit à attirer son attention, ses pa- roles étoient incohérentes , et il se plaignoit d’un gon- flement dans la langue. Au coucher du soleil son pouls étoit à 118, petit et obstrué, ses traits étoient gonflés et 334 MÉDECINE. d’un rouge-jaunâtre. Dès.le lendemain matin il étoit de- - venu poupre foncé, ce qui annonçoït que quelque chose génoit la circulation. Son regard étoit constamment fixé sur le plafond , et le foible balbutiement de ses lèvres dura toute la nuit sans interuption. À quatre heures , il s’élance hors de son lit, s'échappe sans être aperçu, passe la porte extérieure de l'hôpital , etse met à cou- rir sans vêtement du côté de sa demeure , mais bientôt il est atteiit par les gens de l'hospice au moment où il venoit de tomber d’épuisement. Après ce dernier ef- fort, ses forces l’abandopuèrent , et il fut rapporté par deux Arabes dans son cachot, les pieds traînant à terre et la tête penchée sur la poitrine. Je le vis deux heures après. Le bubon étoit de la grosseur d'une petite orange ; les deux points livides étoient devenus de gros charbons ; ses yeux éloient fixes, d’un brillant peu naturel, et ses doigts jouoient machinalement avec les couvertures du lit. A la nuit, le râle du gosier étoit accompagné de spasmes; puis, les sympiômes cessèrent , et deux heures plus tard, il mourut sans autres souffrances ap- narentes (1). » (1) Le Dr. Meryon, qui a accompagné pendant quelque temps lady Esther Stanhope dans le Liban , nous contoit, à son passage à Genève , que dans ces montagnes , lorsque la peste se déclare dans un village , les habitans s’assemblent , sans se toucher , et délibèrent s'ils doivent , en conséquence de la maladie, rompre la communauté. Si cet avis prévaut , chacun quitte le village et emmène sa famille dans une des cavernes de la montagne ; là chaqne famille vit séparée jusqu'à la fin de la contagion. La nuit ces habitations se distinguent par une lumière; si elle s'éteint et ne se rallume plus, c’est une preuve que la famille entière a succombé victime de la maladie. (R.) à VOYAGE EN TURQUIE , elc. 335 Arrivé au: Caire , Mr. M. visita l'hospice des: aliénés, et il nous donne quelques observations intéressantes sur l'état des pays orientaux relativement à ce genre de ma- ladie. Le fanatisme étant, dans un grand nombre de pays , une des principales causes de la folie, et le zèle religieux étant très-grand en Turquie, on croiroit , au premier abord, que la folie devroit y être très-fréquente. Mais les faits prouvent le contraire. Il ÿ a très-peu de fous en Turquie en comparaison des autres pays. L'au- teur explique ce fait curieux avec beaucoup de saga- cité : selon lui, le fanatisme turc est fondé sur certaines doctrines essentielles de foi, qui n’admettent ni le doute, ni la discussion, tandis que le fanatisme des méthodistes anglais, par exemple , cherche toute espèce de preuves rassurantes: « Chez nous, »remarque-t-il, « le fanatique est agité par le vent de chaque doctrine ; et tandis qu'il remue ciel et terre pour convertir son voisin à sa secte, il se sent combattu en lui-même par mille doutes «t mille scrupules qui font la guerre à sa raison. Son anxiété pour le sort de: l'âme de son prochain finit par ruiner .son entendement , et son fanatisme vient aboutir à Bedlam. » Il est bien heureux pour l'humanité que la folie soit rare en Turquie, car, à en juger parce que l’auteur put voir de l’hospice des aliénés au Caire, ces pauvres -gens yÿ sont misérablement 1raités. Le courbash (fouet qui consiste en une seule lanière du cuir de l'hippo- potame ) y étoit en usage continuel. Quand Mr. M. de- manda des renseignemens sur leur nourriture, il apprit, avec. horreur , qu’on ne leur en donnoit aucune, sauf celle que des personnes charitables vouloïent bien leur 336 MÉDECINE. fournir jour par jour. L'auteur leur fit chercher quelques alimens que ces pauvres gens dévorèrent comme des tigres affamés.« Je ne pus, » ajoute-1-il , « m'empêcher de faire une remarque. La passion dominante du carac- tère mahométan se conservoit même dans la folie. Un homme qui m'avoit supplié de lui donner du pain, cra- cha dessus quand il le reçut : un autre, qui avoit saisi, avec toute la fureur de la faim, le morceau de melon d’eau qu’on lui avoit apporte, préféra le plaisir de le lancer à la tête d’un chrétien , au besoin de satisfaire son appétit dévorant. Il l’avoit caché pendant plus d’un quart d'heure, attendant que je fusse vis-à-vis de sa fenêtre ; alors il passa son bras nu entre les barreaux et me le jeta avec force au visage. Malgré toutes mes prières il attira le courbash sur ses épaules mises à nu. » En voyageant dans la haute Egypte Mr. M. examina en détail les tombeaux qui couvrent ce pays. Nous ex- trairons quelques-unes des observations intéressantes que ses recherches lui fournirent.. Les tombeaux qu'il visila se trouvent dans les montagnes de la Lybie, du côté nord-ouest de Thèbes. Ils traversent les montagnes de haut en bas. Les tombeaux inférieurs sont les plus richement travaillés. Ceux-ci sont habités par des Arabes, dont environ trois cents traînent une misérable exis- tence dans ces sépulcres de l’orgueil humain. La ma- tière commerciale de l’endroit consiste en momies ; les Arabes trouvent plus commode de vivre en vendant des ossemens humains qu’en travaillant à la terre. Il paroît toutefois que la fraude joue un grand rôle dans VOYAGE EN TURQUIE, etc. 337 le trafic des momies , car l’auteur assure qu'il n'existe pas en Europe vingt momies dans les mêmes cercueils où elles furent originairement déposées. Ayant eu la bonne fortune de guérir un de ces vieux troglodytes d'une fièvre maligne, l’auteur parvint, avec beaucoup dé peine, à se faire admettre jusque dans l’intérieur du principal tombeau , et là il se trouva au milieu de la manufacture de momies. Il vit ouvrir les plus belles caisses; on en sortoit les originaux , et on les rempla- çoit par d’autres de qualité inférieure. Un peu de cou- leur jaune dans une tasse en faisoit la façon. De à l’au- teur passa par un étroit passage souterrain , dans une autre cave ; celle-ci étoit absolument comblée de momies. Elles étoient toutes placées en couches horizontales, telles qu'elles y avoient été déposées quelques milliers d’an- nées auparavant. Dans tous les sépulcres que l’auteur visita, il ne trouva jamais une seule momie placée debout ; cépendant Hérodote les décrit dans cette position. Mr.M. acheta trois momies de son vieil ami, toutes en très-bon état, pour seize shellings ; le prix courant de tels ar- ticles, lorsqu'on les vend aux Francs, étant de dix à quinze livres sterling. Nous terminerons cet extrait parune remarque curieuse de l’auteur sur la forme du crâne dans les momies. Cette forme , qui est très-identique , diffère essentiellement de la forme du crâne des Turcs , Juifs, Arabes , Grecs, et même des Coptes qui habitent actuellement l'Egypte; mais elle est exactement semblable à celle des Nubiens qui habitent les confins de l'Egypte supérieure ; d’où il en conclut que ces peuples sont les véritables restes des 338 M ÉDE CI NE. anciens Egyÿptiens chassés de leur pays par les Perses et les Grecs, PALAU LOT 7 MÉLANGES. 1) Verre préparé par Mr. Faraday, — Dans la première assemblée de la Société Royale de Londres, qui a eu lieu dans je mois de novembre passé, Mr. Fa- raday a rendu compte des expériences qu'il a faites aux frais du Gouvernement pour obtenir un verre propre aux instrumens d'optique. Il a mentionné. une circonstance singulière; c’est que Mr. Dollond, le pre- mier constructeur d'instrumens d'optique à Londres, n’avoit pas pu, dans les cinq dernières années, se pro curer un disque de verre parfait pour.les lunettes achro- matiques, qui eut quatre pouces et demi de diamètre. Mr. F. a réussi en grande partie à préparer un verre sans défaut, Ce Mémoire est fort curieux, et entre dans de grands détails ; aussitôt qu’il nous sera parvenu nous en ferons part à nos lecteurs. >) Détermination de la force élastique de la capeur d'eau.— Dans la séance de l’Académie des Sciences de Paris du 30 novembre , Mr. Dulong a fait, au nom d'une commission de ce Corps , un rapport d’une grande imz portance intitulé ; Exposé des recherches faites par ordre de l Académie des Sciences pour délerminer les forces élas- MÉLANGES. - 339 tiques de la vapeur d'eau à de hautes températures. Ces recherches avoient été demandées dans l’intérét de la sû- reté des machines à vapeur. MM. Dulong et Arago, qui se sont spécialement occupés des expériences, ont jugé plus couvenable de mesurer la tension de la vapeur par la compression qu’elle exerceroit sur un volume donné d’air atmosphérique. Mais pour cela , il falloit s'assurer d'abord de la permanence de la loi de Marioite pour les hautes pressions ; permanence qui n'avoit jamais élé vérifiée. Is y sont parvenus au moyen d’un tube baro- métrique de 70 à 80 pieds d'élévation , établi dans une tour , seul reste, de l’ancienne église de Ste: Geneviève. Dans trente-neuf expériences faites sur une même masse d'air soumise à des pressions comprises entre une à vingt-sept atmostphères, la loi de Mariotte ne s'est ja- mais démentie d'une manière appréciable. Ce premier point remarquable étant établi, il a été permis de me- surer la tensiou de la vapeur dans ces limites de pres- sion, par son action sur une masse d'air; sans entrer pour le moment dans aucun détail sur les moyens d'exécution et sur les précautions prises pour s’assu- rer de la température de la vapeur dans chaque expé- rience , nous nous bornons à transcrire ici le tableau des résultats. Il est poussé jusqu'à 50 atmosphères au moyen de la formule d'interpolation e=(1+0,71532)° dans laquelle e est l'élasticité , £ la température , et 1 la pression de l'atmosphère ; cette formule représente assez exactement tous les résultats fournis par l'expérience jusqu'à vingt-quatre atmosphères : la confiance qu’elle inspire aux commissaires de l'Académie est teHe, qu'ils 340 sont convaincus qu'à 5o atmosphères, l'erreur qui peut MÉLANGES. en résulter ne seroit pas de 0,1. Table des forces élastiques de la vapeur d'eau à des températures correspondantes de une à 2/, atmosphères d'après l'observation, et de 24 à 50 atmosphères par le calcul. Elasticité de la vapeur , la pres-| corresp. |vapeur, la pres-| corresp. sion atmosphé- rique étant 1. ....... 3) Extraits du Précis des travaux de lu Société Royale des Sciences, Lettres et Arts de Nancy. — Ce Précis renferme, entr'autres matériaux intéressans , plusieurs Tempér. Therm. cent. Elasticité de la | Tempér. sion atmosphé- | Therm. rique étant 1. cent. LD or ee LAURE 193,7° ASS EPS TN ESS 197:19 TAC CE CE 200,48 16 AR -LLr cer 203,60 É7e 20 20080 206,57 SE TE RU DE 209,4 19 es... 212,1 20.5, 1 214,7 DIN At 0 ie 217,2 ENS 219,6 DNS, MORTE 221,9 2 ph ie ele. de eatnse 224,2 SR ME 226,3 DORE es TRS 236,2 Te PE 244,85 PATATE 252,55 (ALIAS CE SO 259,92 ATP PER PEUT © 265,89 (Le Globe. N° 98.) MÉLANGES. 341 Mémoires de Mr. de Haldat sur divers sujets de Méca- niqueet de Physique. Nous y avons remarqué, indépen- damment des recherches de l’auteur sur le magnétis meet sur la diffraction de la lumière, la description de quel- ques appareils très-simples, destinés à servir à la dé- monstration de certains principes de mécanique et de physique. Balance hydrostatique. — Nous citerons en parti- culier un appareil destiné à prouver avec autant de facilité que d’exactitude, le fameux paradoxe hydro- statique de Pascal , savoir , que les pressions sur les fonds des vases sont égales quand les hauteurs des liquides sont égales, quelles que soient la forme et la capacité des vases. C'est: un simple syphon ren- versé, rempli de mercure, dont l’une des branches s’élargit pour recevoir différens vases et leur fournit un fond mobile composé du métal liquide dont il est rempli, et l’autre branche plus étroite est pourvue d’un index qui montre, dans l’invariabilité de la colonne mer- curielle, l'égalité de pression sur le fond commun de ces vases inégaux en capacité; on'n'a besoin de cette manière , ni des pistons, ni des leviers qui rendoient l’ancienne machine si peu exacte. Presse hydrostatique. — On trouve encore dans ce précis la description d'une presse hydrostatique extré- mement simple et fort peu dispendieuse, quoique très- puissante, inventée par Mr. Débuisson , architecte de la ville de Nancy, destinée par cet artiste ingénieux, à satisfaire à la question proposée par la Société d’encou- ragement pour l'industrie nationale, qui vouloit appli- 342 . MÉLANGES. quer cette machine aux usages de l'économie rurale et do- mestique , à l'extraction des huiles, au pressurage du rai- sin ,etc: La machinede Mr. Débuisson se compose essen- tiellement d’un grand sac de cuir substitué au grand cy- lindre des presses hydrostatiques, dans lequel on pousse l'eau par le moyen d’une petite pompe de métal, dont le piston est mu comme à l'ordinaire par un levier. Le sac de cuir de 15 pouces de diamètre est placé dans un vase cylindrique en bois, dont les parois sont retenues par des cercles de fer. Le sac, en se développant dans cette capacité, repousse de bas en haut une plate forme en bois sur laquelle s’établissent les objets destinés à être comprimés. Get appareil est adapté à une monture formée dé deux traverses et de deux montans en bois très-solides, retenus par des liens artistement disposés: Par le moyen de cette construction , on peut, en em- ployant le bras d’un jeune homme de 12 à 15 ans, exercer une pression de 70 à 80 milliers, plus que suffi- sante pour les usages auxquels cette machine est destinée. Mr. Schmitz de Nancy, qui exécute cette machine , est parvenu à donner au sac de cuir une grande solidité en le formant de deux pièces moulées et unies par des rivés de cuivres. Le prix de cet instrument ne s'élève pas au-delà de 3 à 400 francs. Diffraction de la lumière.— Ce phénomène, dont l’exa: men a fourni dans ces derniers temps des argumens si puissans contre l'hypothèse de Newton et ramené les physiciens vers l'opinion de Descartes , n’a pas paru à Mr. de Haldat avoir été suffisamment discuté relative- ment aux circonstances qui peuvent le modifier. C’est MÉLANGES. 343 sous ce point de vue qu'il a tenté un grand nombre d'expériences, dans lesquelles les corps qui produisent la diffraction et qu'il nomme diffringens , ont été sou- mis à l’action des agens les plus propres à les modi- fier; et comme la force attractive est la propriété de laquelle les Newtoniens ont fait dépendre la diffrac- tion, il a mis en jeu dans ses expériences tous les agens capables de l'altérer. Après s'être assuré que , comme l’avoient annoncé plusieurs expérimentateurs, ce phé- nomène n’étoit modifié , ni par la densité, ni par la nature chimique du corps , l’auteur a tourné ses vues vers les grands pouvoirs de la nature ; le calorique ; l'électricité, le magnétisme, les courans électro-chi- miques, enfin l’affinité chimique si puissante pour mo- difier la force attractive , ont été successivement et par fois même concurremment employés à modifier l’état des corps pendant qu'ils exerçoient sur les-rayons lumineux l'influence par laquelle est produite la diffraction, sans que les phénomènes qui la caractérisent aient éprouvé aucune altération sensible. Ainsi , des fils métalliques, des lames diffringentes de fer, de cuivre, d'argent, ont été chauffées jusqu’au rouge-blanc et refroidies jusqu’à — 10°, sans que les bandes colorées par leur action sur les rayons lumineux , aient présenté de différence avec celles que produisent les mêmes corps à la tempé- rature moyenne. de l'atmosphère. Des fils ou des lames diffringentes ont été parcourues par des courans de l’é- lectricité ordinaire. par de violentes décharges de bat- teries puissantes , par des courans électro- chimiques assez énergiques pour les rougir et les fondre. On à 344 MÉLANGES. employé des courans mus dans la même direction ou dans des directions opposées. On a reçu le trait de lumière sur les biseaux de lames diffringentes , dont on avoit armé un aimant très-puissant , sans que les phe- nomènes aient éprouvé aucune altération. Les traits de lumière ont même été, avant leur arrivée sur les lames ou les fils diffringens , traversés par des traits de flamme très-vifs , par des écoulemens ou des décharges électri- ques puissantes, sans qu'aucun changement se soit ma- nifesté dans les franges et les autres phénomènes de la diffraction. Les bandes obscures, dans l’ombre des fils déliés, ont été de mêine invariables pour leur inten- sité et leur dimension. ——_—_—_—_ TABLE DES MATIÈRES « CONTENUES DANS LE QUARANTE-DEUXIÈME VOLUME DE LA DIVISION INTITULÉE SCIENCES ET ARTS. ASTRONOMIE. Pages. Note sur l’observalion récemment faite à Genève de deux oc- cultations d’Aldébaran ; par Mr. le Prof. Gautier........ 89 Observations astronomiques faites de 1822 à 1825 à l’Obser- vatoire de Turin, précédées d'un Mémoire sur les réfrac- tions astronomiques ; par J. Plana.... estietside: veste 677 Observations de la dernière occultation d'Aldébaran faites à Paris eten Angleterre. ...................s.....e.. 265 MÉCANIQUE. TABLE DES MATIÈRES. 345 MÉCANIQUE. Pages. Mécanique des solides , etc.; par Neil Arnott; traduit de l’an- glais ; par T. Richard. (Extrait). ............... RÉCeuES OPTIQUE. ’ Construction d'un télescope à lentille liquide de 7,8 pouces d'ouverture ; par Mr. Barlow.............. s Jde setvmi2 Description d'un microscope à double verre ; par le Dr. Wol- Den. <<. 2e A ss held fotre RO MÉTÉOROLOGIE. Des différences que présente , suivant la direction des vents, électricité qui accompagne la condensation des vapeurs aqueuses dans l'atmosphère ; par le Prof. Schubler...... 203 PHYSIQUE. Influence de l'électricité terrestre sur les phénomènes météo- .… rologiques; par Mr. Carlo Matteuci.................. 8 De l'inflnence de la lumière solaire sur la production des : phénomènes électriques et magnétiques; par Mr. Barlocci. 11 Expériences sur l'influence présumée du magnétisme sur les effets chimiques et la marche de la cristallisation ; par le Prof. Erdmann,......... RTE ge es amour». 00 Expériences sur les variations auxquelles sont sujets les ai- mans exposés à ia lumière solaire; par le Prof. Zantedeschi. 193 Note sur un phénomène physiologique produit par l’électri- cité ; par Mr. Marianini Prof. à Venise................ 98 si GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. Résultat des travaux géographiques et géognostiques de “Mr. Pentland , dans le Pérou méridional; par Alex. de Humboldt. {Extrait )........ soso mcccscess 17 Distribution de la température moyenne du sol, ou Lignes isogéothermes ; par Mr, Kupffer. (Premier article)....... 104 Adem, (Second.article)......:......nuee,e.e,ie,e PORT ET CET EE. |! Sciences et Arts. Nouv. série. Vol. 42. N.° 4. Décem. 1829. Aa 346 TABLE DES MATIÈRES. Pages. Sur les observations magnétiques faites récemment en Sibérie par Mr. Hansteen; par le Capit. Sabine............. . 212 CHIMIE. Note sur l’action mutuelle de lammoniaque et du phosphore; pa Mr Mataire er Marcét?s h OI, MMA, COR Ne ne Recherches sur un nouveau minéral et une nouvelle terre qui y est contenue ; par J.-J. Berzélius.................., 291 HISTOIRE NATURELLE. Remarques additionnelles sur les molécules actives ; par Mr. BrOWRAR Re sn mines nee tee etes ete ess iles Sa EIL PHYSIOLOGIE ANIMALE. Analyse des recherches expérimentales de Mr. Flourens , sur les propriétés et les fonctions du système nerveux , dans les animaux vertébrés. (Premier article).............. 36 Idem: (Second arkcle.)..., 7" ee 230 BOTANIQUE. Dialogues sur la physiologie végétale ; par l'auteur des Con- versarions SUTIA CRIME: v'ehece mel ele sente cost ON A7 Notice sur la racine de Caïnca , nouveau médicament recu du BRÉSIL ET ee Notice sur la botanique de l’Inde orientale et les encourage- mens que la Compagnie anglaise lui a accordés.......... 312 MINÉRALOGIE. Notice sur l'Hyperstène et la Siénite hypersténique de la Val- teline ; par Mr. L. A. Necker....................s... 123 Note sur les cavités remplies de fluides , que l'on trouve dans des cristaux de sel gemme ; par W. Nicol.............. 136 MÉDECINE. Remarques sur la tendance au calcul de la vessie; par Je Dr: Yelloky... 12. durer een ee ROM 00Y Voyages en Turquie, Egypte, Nubie, etc.; faits en 1824, 1825 , 1826 et 1827; par le Dr. Madden.............. 321 TABLE DES MATIÈRES. CHIRURGIE. ti Pages. Procédé nouveau pour remédier à quelques accidens de l'opé- ration de la cataracte... ..s.ssssee.sese.seusessse ÉCONOMIE POLITIQUE. De l’Effet de la légitimité sur le rapport des naissances de dif- férens sexes ; par P. Prevost, Prof.................... ARTS CHIMIQUES. Sur les poudres fulminantes servant d’amorce aux armes à feu. Moyen de produire de la glace........................ MÉLANCES. Réclamation relative à l'objectif du télescope de Dorpat... Mémoires de la Société Helvétique des Sciences Naturelles. Fabrication d'un verre propre à l'optique.............. De l'occultation des étoiles par la lune.............,...,. Sur la respiration des oiseaux; par MM. Allen et Pepys... Sur l’emploi de l’iode pour la teinture.…............... Anomalie dans la crue du lac Léman et du Rhône en août ét septembre 1829. ... 5,2 2. 4 M eee ee so vloe eee Secousse qu'éprouve la grenouille qui fait partie d’un arc gal- vanique , quand on forme ou qu’on rompt le cireuit..... Expédition scientifique au sommet le plus élevé de la chaine An CAUCASE RE RTE res ee eee nie re tie rase see nle ls Des différentes causes qui colorent la neige en rouge....... Sur une nouvelle espèce de Rhubarbe................ Paie Courses de voitures à vapeur entre Liverpool et Manchester. Lettre de Mr. Huber-Burnand aux Rédacteurs de la Zéè/io- thèque Universelle. le den Le este Note sur la lettre précédente. ............ De Eh Sur l’origine de lPAssa-fætida et de la gomme ammoniaque.. Climat de la Sibérie en hiver. ............ 4... Phosphore datis 1e vides... 0 MR Re Combustibilité du charbon augmentée par le platine et le vert 163 169 172 174 175 254 258 260 Id. 262 HE, 348 TABLE DES MATIÈRES. | ï Pages. Décomposition des sulfates par des substances organiques: .. 263 Verre préparé par Mr. Faradaÿ............ ee Tori 338 Détermination de la force élastique de la vapeur d’eau...... Zd. Extraits du précis des travaux de la Socicté Royale des Sciences , Lettres et Arts de Nancy.............,... 340 Errata pour le Cahier d'Octobre.................,... . 264 TABLE DES: MATIÈRES CONTENUES DANS LES VOLUMES XL, XLI Er XLII, DE LA DIVISION INTITULÉE SCIENCES ET ARTS, QUI ON PARU EN 1829. D (O0 © nn — ——— ASTRONOMIE. Tom. Pag. Fondation d'un nouvel observatoire à Bruxelles.,.... XL 3 Sur les différentes périodes de l'existence des comètes; pans De Mine SE donnée a ph ts Re Id. 89 Sur la dernière apparition de la comète d'Encke , par Mr. lesprof.nGantiérnes neue NA PA TND CE RE à Idiy-497 Addition a l’article sur la comète d'Encke, inséré dans le cahier de mars 1829 , Tome XL de la Bibliothèque Universelle; par Mr. le prof. Gautier............. + XXE 3 De l'emploi des micromètres et des réticules dans les ob- servations obliques ; par Mr. Benjamin Valz......... Id. | d Note sur un nouveau moyen de mesurer le grossissement des lunettes; par Mr. Benjamin Valz............... Id. 25 Sur une méthode pour comparer la lumière du soleil avec celle des étoiles fixes; par le Dr. Wollaston........ Id. 89 Note sur l'observation récemment faite à Genève de deux occultations d’Aldébaran; par Mr. le prof. Gautier... XLILI 89 TABLE DES MATIÈRES DE L'ANNÉE 1820. 349 Tom. Pag. Observations astronomiques faites de 1822 à 1825 à l'ob- servatoire de Turin, précédées d’un mémoire sur les réfractions astronomiques ; par J. Plana..... ss so RUE Observations de la dernière occultation d’Aldébaran faites à Paris et en Angleterre................ PER fe Id. MÉCANIQUE. Lettre de Mr. Huber-Burnand à Mr. le prof. Prevost, sur l'écoulement et la pression du sable............,... XL Réponse de Mr. Prevost à Mr. Huber-Burnand........ Id. Mécanique des solides , etc.; par Neil Arnott; traduit de l'Anglais par T. Richard. (Ezxtrait)................ XLII OPTIQUE. Sur l'emploi des liquides dans la construction des téles- copes; par Mr. P. Barlow............ ECS XL Construction d’un télescope à lentille liquide de 7,8 pouces d'ouverture; par Mr. P. Barlow.............. ss. RE Description d’un microscope à double verre; par le Dr. Wollaston....... milan, à a dt AA Se « Fa mn nue de. DE MÉTÉOROLOGIE. Notice sur les deux tableaux météorologiques annuels de 1628: ...4 ET DRE PAST PE D A - à ins Es Observations météorologiques faites à Joyeuse, par Mr. Tardy de la Brossy..... ot dada ane nord Id. Notice sur la température moyenne de Bombay en 1827, ete. ÿ'pac Mrs A diet us gd x au ne sudo ld Prospectus d’un journal météorologique, entrepris par Mr. Huber-Burnand, à Yverdun..... ........ ie XTE ar" sur la quantité de pluie qui tombe à la Havane et poniellet.sur la ete is ms pion e 2e Id. Cousidérations sur l'établissement d’une currespondance = météorologique, et résultat des observations faites à Alais en 1828 ; par le baron d'Hombre ( Firmas).... /d. Journal météorologique, rédigé à Yverdun par Mr. Huber-Burnand. Première livraison, janvier 1829. (61,777) ERA OPRS PEN Fev lr aa rs re ESPN Id. 10 350 TABLE DES MATIÈRES DE L'ANNÉE 1829. Tom. Paz. Des différences que présente suivant la direction des vents, l'électricité qui accompagne la condensation des va- peurs aqueuses dans l'atmosphère; par le professéur Schubler Pr SRE EME, DUT UE Tableaux des observations météorologiques faites à Ge- néve et au Saint-Bernard pendant l’année 1828...... XL Tableaux des observations météorologiques, faites à Ge- méyé*en janvier 10208 1e ANSE FN AENRTA äl. au St.-Bernard en Janvier et à Genève en février. id. id. février. mars. Zd. id. —— mars. — avril.. cd. id. —— avril, —— mate NT ëd. — mai. —— juin... cd. id. — juin. — juillet... cd. zd. — juillet. ——— août... cd. id. ——— août. — sept. XEIT éd. —— septembre. octob.. éd. éd. — octobre. ——— nov.... cd. id. — nov. et déc. décemb. id. PHYSIQUE. + Recherches sur les effets calorifiques de la pile; par Mr. le prof. Aug: De Par RIVE FAP PERRET SIL AE Supplément à un mémoire sur l’action de la lune, pour diminuer la pression de l'atmosphère, déterminée par les observations du baromètre; par Mr. Flauger- Amiante Ciobic ot doué du: Léon do once it Id. Nouvelles recherches sur la chaleur spécifique des gaz; par MM. Aug. De La Rive et Marcet...... ne acné 0e €: Sur l'influence magnétique des rayons solaires; par Mr. JO CMP CPATOE RM EE eee Lle . Sur l'influence magnétisante du rayon violet; par le prof. PARLES SUN NT SRE scdéhslé Sd Id. . Relation de quelques expériences sur la torpillé, par Sir H. Davy. 36e dy 3 (es voarieil Rnb ES ETS 14. 203 Lo 09 TABLE DES MATIÈRES DE L'ANNÉE 1829. 351 Tom. Pag. De l'influence de l'air sur Ja cristallisation des sels ; par J. Graham..( Extrait)... 4e .n sue. XDlla05 . Expériences sur les propriétés électro-magnétiques du carbone dans l’état de combustion ; par Mr. Kemp. (Extrait)... ss ses Id. 114 Expériences et observations sur quelqnes phénomènes re- latifs à l'expansion brusque des fluides élastiques; par P. JE DES Recherches sur l'électricité rayonnante; par C. Bonnycastle. UE 194 Notice sur la glace du fond des eaux , et sur les îles de \ glace ; par Mr. le Chan. Hugi.................... Id. 201 . gMémoire sur les variations diurnes du baromètre ; par Mr. Bouvart. ( Extrait). 44... .eievsssesissesseee Id 972 Evwant. me 0 AMONT au Eu te 20 NT (Extrait)... smonense certlehoieneseces eee: Recherches sur la chaleur spécifique des fluides élastiques ; par Mr. Dulong: (Extrait). ..... 4.4.4... 1417293 . Influence de l'électricité terrestre sur les phénomènes mé- téorologiques ; par Mr. Carlo Mattenei.....,........ XLII 8 De l'influence de la lumière solaire sur la production des phénomènes électriques et magnétiques ; par Mr. Bar- locei. . . fig 502014 LOTO AN AUN PTE SOLS EDS FI E IT * Expériences sur l'influence présumée du magnétisme sur les effets chimiques et la marche de la cristallisation ; par Pot Erématecs 26 MES: en St 263) RiA 96 Expériences sur les variations auxquelles sont snjets les ai- mans exposés à la lumière solaire ; par le prof. Zante- desthi. 3. d20matlmeses. soucis tit. sueiitingz Note sur un phénomène physiologique produit par l’élec- tricité; par Mr. Marianini, prof. à Venise.......... Id. 287 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. x Sur l'aurore boréale ; par le Dr. Richardson........... XL rio x Observations sur la couleur de l'eau et sur les teintes de l'océan ; par Sie H; Davy....:...4,.4..440,4. Id 114 Sur les puits salans et les sources de gaz inflammable en AT TAN ASPERE ae tonte ANR NAEO CR 352 TABLE DES MATIÈRES DE L'ANNÉE 1820. Note sur l’histoire naturelle de l'ile de Cuba........... Résultats des travaux géographiques et géognostiques de Mr. Pentland, dans le Pérou méridional; par Alex. de Humboldt. ( Extrait). : 4... us sen sue see a Distribution de la température moyenne du sol, ou lignes isogéothermes; par Mr. Kupffer ( Premier article )... f Idem ( Secund article) ........... mien Lien Sur les observations magnétiques faites récemment en Si- bérie, par Mr. Hansteen; par le capit. Sabine. ....... CHIMIE. Notice sur le. didmants::2 is srmmpet, Lot ah 2e 0 s. Examen d’un nouveau combustible fossile ; par Mr. Ma- caire Prinsépont c 40e der SATA AE CARE (18 Sur quelques nouveaux corps qui absorbent fortement la lumière ; par Mr. Osann......... piste Et) BE E Quelques observations sur le liquide que l’on obtient par la condensation du gaz acide sulfureux............. Instructions relatives à l’art de l’affinage; par Mr: D'Arcet. Sur une méthode pour rendre le platine malléable ; par le Dr. Wollaston.......... sente anrsinena s ents Combinaison du mercure avec les fils métalliques ; par Mr. Kemp....... gd gérant saser Rates Notice sur une masse de fer natif du désert d'Atacama au Pérou; par T.Allan......,..................... Recherches sur l'eau de la mer Méditerranée ; par le Dr, Wollaston...….........n..% PAPER QI TEL EEE ER UE DC Gombinaisons et cristallisations opérées par l'action de pe— tites forces électriques ; par Mr: Becquerel........ us Nouvelle méthode pour faire l'analyse d’un alliage d’ar- gent et de cuivre; par Mr. Zenneck. (Extrait). ..... Notice sur l’action mutuelle de l'ammoniaque et du phos- phore; par MM. Macaire et Marcet.............. Recherches sur un nouveau minéral et une nouvelle terre qui y est contenue; par J.-J. Berzélius....... ‘+ Tom. Pag XL 325 XLIL 17 Id. 104 Id: 224 Id. 212 XL 56 Id. 68, Id. 118 Id. 196 Id... 284 XLI 128 Id 1/40 Ji ar Id. 221 dy" 2313 AD | : XLIL 33 TABLE DES MATIBRES DE L'ANNÉE 1829. 353 HISTOIRE NATURELLE. Tom. Pag. Remarques additionnelles’ sur les molécules actives ; par ue TO MN A RS AT ET XLII 114 PHYSIOLOGIE ANIMALE. Analyse des recherches expérimentales de Mr. Flourens, sur les propriétés et les fonctions du système nerveux dans les animaux vertébrés. (Premier article) ....... Id , ,30 AE ES, CSS ROIS Id. 230 ZOOLOGIE. Recherches sur quelques echangemens observés dans les animaux domestiques, elc.; par Mr. Roulin....... . XL 209 De l'influence de la lumière sur les mouvemens des infu- soires ; par Mr. R. E Grant... ....... nu... sr. XLI : 69 Observations sur l’histoire naturelle du caméléon ordi- maire: DFE. SIN... Cane: .2d; 2929 PHISIOLOGIE VÉGÉTALE. Observations sur l’accroissement périodique journalier de quelques céréales; par Mr. E. Meyer, prof. à Kônigsberg. XL 122 BOTANIQUE. Notice sur l’arracacha et quelques autres racines légu- mières de la famille des ombellifères ; par Mr. le prof. De Candélh... D fe à Sais .. XL 74 Collection de mémoires pour servir à l’histoire du règne végétal; par Mr. A. P. De Candolle. (Extrait. . . . . Tu. 217 Flore de Java et des îles voisines; par le Dr. C. L. Blume. Zd. 292 Sur la présence des trachées dans tous les organes des vé- gétaux ; par Mr. David Don. . . .. idateretson] ue dd box Notice sur les différens genres et espèces dont les écorces ont été confondues sous le nom de quinquina ; par Mr. Je prof. De Gandolle. sue abeisiaisndious «! XL TEE Dialogues sur la physiologie végétale; par l'auteur des , Conversations sur la chimie. . . . . . . . sta ot Et an NE 07 Notice sur la racine de Caïnca, nouveau médicament recu dress CSP RSR US TS nde ts van tldstr 248 Sciences et Arés. Nouv. série. Vol. 42. N.° 4. Décem. 1829. Bb 354 TABLE DES MATIÈRES DE L'ANNÉE 1829. Notice sur la botanique de l'Inde orientale et les encoura- gemens que la Compagnie anglaise lui a accordés ; par Tom. Pas Mr Dé CañdoNé hihi te us PARTS PE ss XEIT-S1a GÉOLOGIE. Extraits de deux ouvrages sur la géologie de l'Auver- gne. ( Premier article) . . . .. .. ....... se EE Idem. ( Second et dernier article)... .......... XLI 74 MINÉRALOGIE. Sur l'existence dans la nature, de la silice à uu état géla- Mens à 204 sem ose CR et sun ER s XL, PAIE Masses de platine des monts Oural , etc. . . . . . . . . s XLI 236 Notice sur l’hyperstène et la siénite hypersténique de la Valtétine par Mr. Le A'Necker, 0". à à + o me nn e XLII 123 Note sur les cavités remplies de fluides, que l'on trouve dans des cristaux de sel gemme; par W. Nicol. . . . Zd. 136 MÉDECINE. De l’angine couenneuse; observations préliminaires sur le mémoire der: le Dr. Baup. : . 200,0. Lane XL 229 Observations sur une épidémie d’angine blanche, soit an- gine conenneuse; par Mr. Baup de Nyon. (Prem. art.) Id. 233 Idem. ( Second ét dernier article}... .... .. 14." Remarques sur la tendance au calcul de la-vessie; par le Dr: Tellobgti4#e: 10. APE CNE Doi oi buisare XLII 69 Voyages en Turquie , Egypte, Nubie, etc. ; faits en 1824, 1825 , 1826 et 1827; par le Dr. Madden.......... Jd. 3x CHIRURCIE. Prosédé nouveau pour remédier à quelques accidens de Fopération ‘de la cataracte. . 1... .. :. .. + ABIMIOS ÉCONOMIE POLITIQUE. De l'effet de la légitimité sur le rapport des naissances de différens sexes ; par P. Prévost Prof. . . . . . . . . .. XLII 139 ARTS MÉCANIQUES. Examen de la qüestiôn de priorité relative à l'invention des machines à vapeur; par Mr. Arago. ( Premier erWait ). :QROS MONET. OR ST XL) "1m TABLE DES MATIÈRES DE L'ANNÉE 1829. 352 Tom. Pag. Idem. ( Second et dernier extrait)... ..... ss. +R, ES Expériences faites à Genève , avec les appareils du Chev. Aldini, pour préserver les pompiers de l'action des flammes dans les incendies. . . . . . . . . . . . . . . XLI 335 ARTS CHIMIQUES. Sur les poudres fulminantes servant d'amorces aux armes Moyen de produire de la glace. . . . . . . . . . . . . . Id. 254 ARTS ÉCONOMIQUES. De quelques procédés employés en Angleterre pour chauf- fer les fabriques, bibliothèques, serres , etc.; par Pie Aiph. De Candolle. pal douts ne l-)rt8ties 2 XL :142 MÉLANGES. Répulsion magnétique de l’antimoine et du bismuth. XL. 82.—Prépa- ration du métal de l’alumine, ou de l'aluminium. 83.— Nouveau metal. 84. — Sur l’art de donner une belle couleur à l'or. 84. — Dessèchement de la mine de Rajas au Mexique. 85. — Culture de Ja vigne au Mexique. 86. — Réclamation relative à l'invention du thermo-baromètre. 87. — Annonce d’un journal météorologique à Yverdun. 88.— Construction d'une carte céleste, par le P. In- ghirami. 169. — Remarque sur le titre d’un ouvrage d’Apollonius de Perge. 170. — Pile voltaïque formée avec un seul inétal et sans liquide. 171.—Magnétisme par rotation. 173.— De Organis Plan- tarum; par Mr. Ræper. 175.—Nature chimique des prèles. 259.— Essai sur la métamorphose des plantes; par S. W. de Gœthe. 262. — Extrait d'une lettre écrite de Nacodachas dans le Texas. 263.— Acide sulfurique natif én Italie. XLI 83. — Méthode pour recon- noître la falsification du thé. Zd. — Sur le changement de couleur des fleurs de l’Hibiscus mutabilis. Id. — Note sur Jes entreprises agricoles faites à la Nouvelle-Hollande. 163. — Propriétés re- marquables du soufre. 165. — Nouveaux métaux le RAutenium et le Pluranium. 167.— Plaques d'acier colorées. 169.— Phosphores- cence de l’eau de mer. 170. — Action chimique de la lumière. 174 — Acide sulfurique natif en Amérique. 132. — Notice sur l'emploi comme légume, des pousses de navet. 173. — Nouveau phéno- 356 TABLE DÉS MATIERES DE L'ANNÉE 1829. mene observé au Gran Sasso d’Stalia. 175. — De l’occultation des étoiles par la lune. 241. — Mémoire sur le prunier Cocumiglia de Calabre ; par le Chev. Michel Tenore. 244.— Sur une plante qui vit entièrement dans l'air. 249. — Flore de l'Aderbeidjan. 248.— Mémorial des hôpitaux du Midi et de la clinique de Montpellier. Id. — Festa natalia Regis Wurtembergiæ, ete. auct. Dr. Jæger. 249. — Sur l'aurore boréale. 250.—OEuvres diverses du Dr. Luca Stulli. 252. — Mesures barométriques , et précis de la météorolo- gie d'Avignon; par le Dr. Guérin. 253. — Découverte d’un nou- veau métal nommé Thorium. 255.— Notice sur la quinzième ses- sion de la Société Helvétique des Sciences Naturelles. 256.— Tem- pérature de là mer à diverses profondeurs. 345. — Sur l’Ægrio- phyllum de Mr. Bieberstein. 443. — Mémoire sur le Canna Indica et sur les familles des Balisiers et des Bananiers; par Mr. Lesti- boudois. 3/4. — Becs de lampes à gaz hydrogène. 345. — Emploi de la plombagine à la place de l'huile dans les horloges etles chrono- mètres. 346.—Carte des Duchés deParme,etc., et carte dela Turquie d'Europe. 348. — Réclamation relative à l'objectif du télescope de Dorpat. XLII 53. — Mémoire de la Société Helvétique des Sciences Naturelles. 783.—Fabrication d'un verre propre à l'optique. 81.— De l’ocultation des étoiles par la lune. 83.—Sur la respiration des oi- seaux ; par MM, Allen et Pepys. 84.—Sur l'emploi de l’iode pour la teinture. 85. — Anomalie dans la crue du lac Léman et du Rhône en août et septembre 1829. 86.—Secousse qu'éprouve la grenouille qui fait partie d’un arc galvinique, quand on forme ou qu’on rompt le circuit. 166. — Expédition scientifique au sommet le plus élevé de la chaîne du Caucase. 169. — Des différentes causes qui colorent la neige en rouge. 172. — Sur une nouvelle espèce de Rhubarbe. 174.—Courses de voitures à vapeur entre Liverpool et Manchester. 175. — Lettre de Mr. Huber-Burnand aux Rédacteurs de la Béblio= thèéque Universelle. 254. — Note sur la lettre précédente. 258. — Sur l’origine de l’Assa-fætida et de la gomme ammonique. 260. — Climat de la Sibérie en hiver. Zd. — Phosphore dans le vide. 262. — Combustibilité du charbon augmentée par le platine et le vert de gris. Zd. — Décomposition des sulfates par des substances orga- niques. 263. — Verre préparé par Mr. Faraday.338. — Détermina- tion de la force élastique de la vapeur d’eau. Id. — Extraits du précis des travaux de la Société Royale des Sciences, Lettres et Arts de Nancy. 340. 2 ut On t f n L | TE TT US ÉLUS . LI » L L | on lhd LE =. M L "IL 4 LP NT, h Ya RE RE D Ca LT LE PESTE pt dé à "1 an ; 2 ton bot 4 A MSN AMIENS dde ae (4 { Fateti +44 74 ANR S'OPaget re Le AU RENE ES ur ja l YA s MU à À does LE s sé LE rte IE LT be FLe= * #: mi: € KL J Fu se db CONTE Êv: dérat trs, Nesle JE té M'A bn Ep DETLUET N 1h JE à Lu GUN | AT L'NORURE eu nl ( 3 Légtses Fo dut sis pe «0 xl Ba | î L = ON TR QT LOT EC TRES Le PL à Med ie drre : y vA SOU: NOR RS es em dre = DR CL reraseth 2e Fred at Es oui r'ales etitar ACT: Sr ours pue Mr, His i + à + Gr LR RENE n QNiPE red “éras > LPO ART f LL botte: ni fait is à + 2 Le F Le 0] s- ee” * ) Fe | LR -OMERTRES. 18 4 r VTT RES “60 JS | ”” La" VR TT Æ h 4 sr. _ », . h { PK . 0 | 10 nul Le | n L : à « { , Le & Ai tU à L + “ E) … L! - hs | | Au AR HAINE a Hu i | Cent Lit : st RAA Fe & ps a Wu Ro