RE Sert ; 4 re | ù Fe QUTITEReS fil ù Hn “4 , PATES PAPA RRNTEE HP D 5 AL Vin ti cs Lie MIE J W : VORET dé} , L Pr 4 Le 2 4 | ÿ : HD": pat SNS ï v NI L A À CA F 4 fin eu BIBLIOTHÈQUE TNEVSESESLE SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS, RÉDIGÉE À GENÈVE. FAISANT SUITE A LA BIBLIOTHÈQUE BRITANNIQUE, CAR RAR ARR LR SR VD LU ULE LAS Luttes ess) ss) "1 #5 NS / u' A À Mer ENS L, SCIENCES ET ARTS.—T, XLIV. GENÈVE, IMPRIMERIE NF LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE, PARIS, BOSSANGE PÈRE, LIPRAIRE DE S. A. R. MONS. LE DUC D'ORLÉANS, RUE DE RICHELIEU , N° Go. 1830. ; PE Ag dMre Lite à | 2 NIE LOT | LS Été abc di 4277 ace va RARE VX Pegsohé cire ce L gos Ces opte ts vi é ( ni | é T0 JM | CA € + Mere >, 4 her us CE A | ) À Ç 14 ge : k +” 4 : L é IAE 2 v Ls8 Ni A AND | L pi À RUE D PU FE ÉRE à #4 144080 2 7 NILTP NET L an #1 HO - 4 MED: MALE (1 EEE" a PTE BIBLIOTHÈQUE TNIVERBISBLLS DES SCIENCES , BELLES - LETTRES ET ARTS, RÉDIGÉE À GENÈVE. A ARR ARE RAR RE ARR RE AR RAR 1830.— Tome IL. RAR A TA TR AR ARR RE AR ER SCIENCES ET ARTS. \ GENEVE, IMPRIMERIF DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLK, PARIS, BOSS ANCE PÈRE, LIBRAIRE DE S. À. R. MONS! LE DUC B'ORLÉANS , RUE DE RICHELIEU ; N° 60. ee, UOTE - AE. hi AL 2 v'É Os _ | ÉMAS À SOA 2 < Cha ; F 1 [EL + 3 LA Ca 4 14 ice ORNE BU 'PTELILLS PPS LLAREL : 5 L ft: UE ss 30€ LE ne À EUR \ ; PTrILLL Le dpntahlle vire s run L € ; e 4 C . CR - (td - Le \ 4 ee de ne " me. p = u Em s opt da Un y | ares FES LEER Adisitacinge 134 st rite 4 he Li ss : 18 Li + Le curé PU LE Fan LELE,R £a ES EE ne es ed A CC GÉODÉSIE,. SUR LA FIGURE DE LA TERRE; par Mr. le baron DE ZACH. ( Communiqué par l'auteur). L'irrégularité de la figure de la terre, sa densité iné-= gale depuis sa surface jusqu’à son centre , sont main- tenant des faits bien constatés. Les mesures de degrés du méridien ont fait voir que les latitudes des lieux déterminées astronomiquement et géodésiquement, s’é- cartent souvent plus ou moins de ce qu’elles devroient être si la terre étoit un ellipsoïde parfait. Cela a été prouvé par les mesures faites en Angleterre, en France, en Italie, en Allemagne , en Suède et aux Indes. Les observations sur l'attraction des montagnes, ont égale- ment montré que la densité de la terre exerce une ac- tion plus où moins grande sur les fils à plomb et les niveaux à bulle d'air des instrumens d’astronomie avec lesquels on observe les hauteurs ; cette densité n’est pas uniforme et égale partout , elle ne suit aucune loi cons- tante. Il est impossible de reconnoître les points sur la terre où cette action locale cesse d’être sensible ; on ne peut pénétrer dans l’intérieur, examiner les couches, leurs masses, leurs formes , leurs forces, qui peuvent produire les déviations de la vraie verticale , déterminée Sciences et Arts. Mai 1830; Æ 2 GÉODÉSITH. par la seule gravité des corps. Ces anomalies se mon- trent souvent à de très-petites distances. On se rappelle bien ce qui est arrivé à Mr. Méchain, qui fut l’un des deux astronomes choisis pour exécuter la fameuse opé- ration, par laquelle on vouloit déterminer la longueur géodésique et l'amplitude de l'arc céleste du méridien compris entre les parallèles de Dunkerque et de Bar- celonne, opération qui devoit servir de base à un nou- veau système métrique. Retenu prisonnier en Espagne, Mr. Méchain profita de sa captivité à Barcelonne pour y répéter, en 1794, les observations de latitude qu'on ne lui permit pas de reprendre au Fort de Montjouy, dont il avoit l'année précédente déterminé la latitude avec un accord très-satisfaisant. Les observations de Barce- lonne paroissoient offrir le même accord , mais lors- qu'on fit la jonction géodésiqne de ces deux points, qui n’étoient éloignés l'un de l’autre que de 920 toises dans la direction du méridien , ou de 5g”,5 en arc, il trouva , à sa très-grande surprise, que la latitude conclue des observations de Barcelonne surpassoit d'environ 3” celle résultant des observations de Montjouy. On a tâché d'expliquer cette anomalie de différentes manières. On a d’abord soupçonné des attractions locales. On en a cherché la cause dans les élémens imparfaits employés dans les calculs. On l’a attribuée ensuite à des erreurs constantes dans les cercles-répétiteurs de Borda, dont on s’étoit servi à Barcelonne et à Montjouy. On est convenu que l’on s’est exagéré en France le mérite de cet instrument et on est tombé d’un extrême à l’autre ; on est allé jusqu’à soutenir que le principe de la ré- SUR LA FIGURE DE LA TERRE. 3 pétition , loin d'être une amélioration , ne pouvoit être qu'une nouvelle imperfection. Mais on a bien vu depuis, que des arcs de méridien déterminés avec des instrumens non-répétiteurs, donnoient les mêmes anomalies que les instrumens répéliteurs. Dans la mesure de degrés exécutée dans le royaume de Hanovre par le célèbre Mr. Gauss, toutes les observations de latitude ont été faites avec le fameux secteur-zénital de Ramsden, qui avoit servi à ce même objet en Angle- terre. Les différences d’amplitudes des arcs détermi- nées astronomiquement , comparées avec celles déter- minées géodésiquement, ont été de 5",52 entre Got- tingue et Aliona, de 10"à 1 1'entre Gottingue et le Mont Brocken, de 0”,73 entre Gottingue et Seeberg (1). J'avois déterminé en 1803, avec un cercle répétiteur de Lenoir, semblable à ceux dont s’étoient servis MM. Delambre et Méchain dans la mesure de la grande mé- ridienne en France, la latitude de l'Observatoire de Seeberg — 50° 56°6”,3 (2). Vingt-quatre ans après moi, Mr. Hansen, directeur actuel de cet Observatoire, trouve cette latitude avec un cercle-méridien de deux pieds de Munich = 50° 56°5"”,19 (3). La différence entre ces la- titudes, obtenues par ces deux différens instraumens, n’est (1) Bestimmung des Breitenunterschiedes zwischen den Sternwarter von Güttinger und Altona , durch Beobachtunger am Ramsdenschen Zenithsector von Cart-Friedrich Gauss ; etc. Gôttingen , 1828. 54 pages in-4°. 2) Monath. Corresp. Vol. X, p. oo. (3); Gauss , p. 80. À z 4 GE O0 D É SA Ë. que de :”,11, sur laquelle on pourroit encore rejeter quelque chose sur les erreurs des élémens de calcul employés de part et d'autre. Ainsi, de toute manière, l'on voit que ces anomalies ne peuvent pas être uni- quement attribuées aux instrumens , aux observateurs, aux élémens de calcul, mais indubitablement en grande partie aux irrégularités de la surface et de la densité de notre terre. La direction des corps graves n’est pas tou- jours perpendiculaire à sa surface, comme on le suppose ordinairement , elle est déterminée et modifiée par ses différentes parties solides, de différentes densités. Déjà la croûte extérieure de la terre , la seule de laquelle nous avons quelque connoissance , nous décèle ces ir- régularités, qui peuvent s’étendre fort loin dans l'in- térieur et agir à l'extérieur, mais dont nous ne savons et ne saurons peut-être jamais rien. Ainsi ces anomalies ne pourront jamais être soumises à aucune évaluation ; il faut se contenter d’avoir prouvé leur existence et les causes qui les produisent , sans espoir de pourvoir Îles réduire à une théorie, les assujettir à une loi, ou à un calcul. Ces irrégularités dans la figure et la densité de la terre n’exercent peut-être pas leur action au même degré dans lés déterminations des arcs de parallèles ou de longitude, qui s'effectuent par le £emps absolu (1). Mais (1) I est évident qu'une fois que la verticale et l'horizon d'un liew, tels qu'on les détermine par le fl à plomb ou le nivean , se trouvent déplacés par l'effet d'une attraction latérale par exemple , il en ré- sulte aussi un déplacement dans le zénük et, dans le plus grand SUR LA FIGURE DE LA TERRE. 5 si la figure de la terre est informe , des anomalies pro- venant de cette difformité doivent également se ma- nifester dans les amplitudes des arcs de parallèles me- surés sur celte surface irrégulière , ce qui effectivement vient dé se montrer d’une manière frappante dans une observation très-récente. Mr. Airy, professeur d'astronomie et directeur du nouvel Observatoire de l’université de Cambridge, dans un petit Mémoire inséré dans les Transactions de la Société philosophique de cette ville , sur la longitude de son Observatoire, expose en grand détail les moyens qu'il a employés pour la déterminer avec la plus grande precision. Comme la distance de Cambridge à Green- wich n’est que de quinze lieues, il a essayé de déter- miner cette longitude par des chronomètres, c’est-à-dire par le transport des temps de ces deux Observatoires. Il a employé six excellens chronomètres des meilleurs artistes de Londres, de Parkinson, Frodsham, Morice, Murray, Molyneux, qui furent portés deux fois de Cam- bridge à Greenwich, et comparés le même jour, dans un intervalle de quatorze heures , aux pendules bien nombre des cas, un déplacement dans le méridien lui-même, en- sorte que les déterminations du temps absolu qui se fondent sur des mesures de hauteur ou sur des passages au méridien doivent être affectées par ces déplacemens. Les erreurs qui en résultent doivent seulement être, en général, moins sensibles que celles sur les lati- tudes , à cause du rapport de 1 à 15 qui existe entre les secondes de degré et de temps ; et ces erreurs doivent se confondre le plus sou- vent avec celles provenant de l'imperfection de nos organes dans l'appréciation de très-petits intervalles de temps. A. G. 6 GÉODÉSIE. réglées dans les deux Observatoires, où le temps avoit été déterminé par des lunettes méridiennes de dix pieds, et par les mêmes étoiles. Je me borneraï ici x donner les résultats. La première comparaison a donné la différence des méridiens entre les Observatoires de Greenwich et de Cambridge de 23°,63 en temps sidéral La seconde com- paraison a donné 23,45. De la Mr. Airy conclut que la vraie longitude de l'Observatoire de Cambridge est 23,54 en temps à l'est de l'Observatoire royal de Greenwich, et qu’elle est exacte à un dixième de se- conde près. La mire méridienne de l'instrument des passages de l'Observatoire de Cambridge est le clocher de Grant- chester. De deux stations principales de la triangulation pour la levée trigonométrique de la carte d'Angleterre, d'Orwell et de Madingley, on a calculé la position géographique de ce clocher, dont la longitude a été trouvée de 6"9”en arc , ou de 24,6 en temps à l’est de l'Observatoire de Greenwich. Cette longitude géodé- sique diffère de l’astronomique de 1°,c6 de temps, ou de 16” de degré, différence énorme, comme la qualifie avec raison Mr. Airy. Il est absolument impossible qu'une erreur d'une seconde de temps ait pu avoir lieu dans les deux Observatoires. Une erreur de 16”dans les opé- rations géodésiques est aussi inadmissible ; elle en sup- poseroit dans les mesures linéaires une de près de 300 yards (140 toises}. Il faut donc recourir à une autre cause ; il ne reste que celle de supposer que les hypo- thèses d'une parfaite régularité dans la figure de la terre SUR LA FIGURE DE LA TERRE, 7 et d’une densité homogène sont erronées, bien au-delà des erreurs probables dans les observations. Mr. Gauss, par hasard , ou par le fait des localités, n'a pas trouvé d'anomalies aussi fortes de ce genre. Ses mesures géodésiques lui ont donné la différence des longitudes entre les Observatoires de Gottingue et de Seeberg de 47'9”,20 de degré, ou 3" 8,61 de temps, ce qui s'accorde parfaitement avec la longitude donnée par les observations astronomiques. Mr. Gauss fait à cette occasion une remarque, qui mérite d’être plus généralement connue et appréciée ; j'en donne ici la traduction. « Dans cet élat de choses, rien ne nous empêche de « considérer la terre en général comme un ellipsoïde « de révolution, dont la véritable surface géométrique « s'écarte partout par des ondulations plus ou moins « longues, plus ou moins fortes. S'il étoit possible d'en- « velopper, pour ainsi dire , toute la terre dans un réseau « trigonométrique , et de calculer la position de tous … «les points : l’ellipsoïde de révolution idéal seroit celui « sur lequel, dans le calcul des observations géodé- + = siques , les différentes directions des verticaux don- 2 « neroient le plus grand accord possible avec les ob- « servalions astronomiques. Quoiqu'on reste toujours « fort éloigné de cet ideal, auquel on ne pourra jamais « parvenir, on ne peut cependant pas douter, que dans ñ des siècles à-venir, la connoissance mathématique de la « figure de la terre ne soit portée plus loin. Le grand « nombre de mesures de degrés, entreprises jusqu'à pré- « sent, n'est proprement qu'un commencement, d'où ne 8 GÉODÉSIE. « sont sortis que des résultats partiels pour un petit noin- « bre de points isolés ; mais quels serout les résultats, « lorsque les opérations trigonométriques entreprises « dans divers pays avec des moyens si supérieurs se- « ront réunies dans un seul grand système ? Peut-être « n'est-il pas chimérique de prévoir que tous les Ob- CS servatoires de l’Europe seront un jour liés trigono- « métriquement , puisqu’une telle jonction existe déjà « depuis l'Ecosse jusqu'à la mer Adriatique, depuis For- « mentera jusqu'en Fionie. Comme ces travaux ne sont « connus que partiellement , il seroit à désirer qu’on « les prit en considération, et que l’on ne privàt pas « le monde littéraire de matériaux aussi précieux, qui À devroient lui appartenir, et qui courent même le A = danger de se perdre. ». De l’ensemble de toutes ses opérations, Mr. Gauss déduit l'aplatissement de laterre = 4;;, et la 360"° partie du méridien terrestre — 57009,746tois. Mr. Gauss avoit engagé le Dr. Schmidt à entreprendre , selon ses principes, un nouveau calcul de toutes les mesures de degrés, parmi lesquelles il a compris celle exécutée dernièrement par ce célèbre géomètre dans le Hanovre, Mr. Schmidt a eu égard aux secondes puissances de l’a- platssement , et aux latitudes des points intermédiaires. Il a déterminé, selon l’idée de Mr. Gauss exposée plus haut, cet ellipsoïde, dans lequel les latitudes astrono- miques ont été rapprochées des latitudes géodésiques, avec les moindres changemens possibles, c’est-à-dire, où la somme des carrés des différences des latitudes obser- vées et calculées est un minimum. Comme Mr. Schmidt Lin LE, dd SUR LA FIGURE DE LA TERRE. 9 avoit terminé son travail au moment où l'impression du Mémoire de Mr. Gauss étoit achevée, il en a consigné les résultats dans un Appendice (1). {trouve l’aplatisse- ment de 55575, le demi-grand axe a —327r852t,32, le demi-petit axe b—3260853"%1:,70 et la 360" partie du à méridien terrestre — 57008,655 tois. Le tableau suivant présente les latitudes observées de vingt-cinq points dans sept mesures de degrés , ainsi que les petites corrections qu’il faut y appliquer, pour les ramener à un accord par- fait avec les dimensions de laterre déterminées ci-dessus par leur ensemble. 1. MESURE DU PÉROU. Latitude. Aque :.... cssss..| — 3° 4° 30,83 | +1”,79 Cotchesqui. .........[ + o ‘2 37,83 | — 1,79 2. PREMIÈRE MESURE AUX INDES ORIENTALES. Trivandeporum......| +rr 44 52,59 | — 0,54 Mondree. se .. à. À 13 19 49,02 | + 0,55 3. SECONDE MESURE AUX INDES ORIENTALES. Punnae ...., Le il 8 9 38,39 | — 1,73 Putchapolliam. ....., 10 29 48,93 | — 1,2r Dodagoontah. ....... 12 59 5o,gr | + 3,50 Namthabad....,..... 15 6 0,64 | — 0,57 (1) Nous rapporterons ici les résultats définitifs de Mr. le Dr. Ed. Schmidt, tels qu'il les a publiés dans le N° 161 des Astrou. Na- chrichien. Les formules sur lesquelles ils sont fondés se trouvent ex- posées dans la première partie de sa Géographie mathématique et physique , qui doit avoir paru l’année dernière. Mr. Walbeck avoit \ 10 G.É.0.DÉLS.E E: 4. MESURE DE FRANCE. Latitude. Formentera .:.....:.| +38°39'56";rr Montonÿe. us ts 205 65,45 Barcelonne 2... . 41 22 47,16 MeDDIPNA, use x 42,41 55,01 CATCÉSS ONE. 25 ANT t AS Ta DH di Bank lo, pin LU 2 46 10 42,19 Puthéon sun use 48 50 48,94 Dunkerque... SL 854 5. MESURE D’ANGLETERRE. Dunnose...... Dee) vi 5o 37 .98r Gicenieh.. due 51 28 39,60 Blenbeiph:4.122, 2" Sn, 50e 27.20 ATOUPYAII, 22 : 02 13, 27:70 Citron 2. 2. Hype #27 "21,09 6. MESURE DU HANOVRE. Gotlinade. à... dE: 4506 AMOR ST ASE CA a A RE Lis Es Po dr 7. MESURE DE SUÈDE. Dore 1 Rare 65 31 31,06 Pähtagara: véctron stat 67.,8.;.5x,4 | ++ [ler + + © © (en RES EI Pa S + | D D I -] EST LYCÉ,2S Res Les nombres placés à côté des latitudes ne doivent pas être considérés comme erreurs des observations astronomiques, mais ils représentent la somme algé- déjà fait des calculs analogues , d’après les mêmes principes, dans sa Dissertation sur la grandeur et la figure de la terre : mais il avoit négligé la seconde puissance de l'aplatissement, et les amplitudes observées intermédiaires entre les extrémités de chaque arc me- suré. À. G. SUR LA FIGURE DE LA TERRE. II brique de ces erreurs et des irrégularités locales dans la direction de la verticale. Si l’on traite ces différences d'après les mêmes règles que les erreurs accidentelles, on trouve la déviation moyenne de 3” ,14, etde là l'erreur moyenne dans le dénominateur de l'aplatissement de 10,5 unités, et celle dans la 360° partie du méridien terrestre de 4,26 toises. L'erreur probable ne seroit que de 8 unités dans le dénominateur de l’aplatissement , et de 3 toises dans le degré. Mr. Gauss pense que l’on peut désor- mais fixer une opinion sur le degré de précision que l'on doit attribuer aux dimensions de l’ellipsoïde ter- restre déduites de l’ensemble des mesures de degrés eutreprises jusqu'à présent , et il regarde que c’est un résultat important du travail de Mr. Schmidt. 6262628826 ÉTAPES RER ESELE OPTIQUE. DES COULEURS CONSIDÉRÉES DANS LES CORPS TRANSPA- RENS ; par le Col. JAcksON. (Extrait d’un Mémoire communiqué par l'auteur). On a essayé d'expliquer la coloration des rayons Jumineux qui ont passé au travers de certains corps iransparens, en disant que les molécules constituantes 12 OPTIQUE. de ces corps sont disposées de manière à ne laisser pas- ser par les interstices qui les séparent , que les rayons d’une certaine couleur. Diverses expériences ne sont pas d'accord avec cette explication ; ainsi si l’on fait passer les rayons rouges qui sortent d’un verre rouge , au tra- vers d’un verre bleu, ils en ressortent violets: si c’est au travers d’un verre jaune , ils ressortent orangés : si on reçoit ceux-ci sur un verre bleu, ils sortent gris ou bruns, selon que l’une des couleurs des trois verres domine sur les autres. Dans tous ces cas, selon l’ex- plication donnée , toute lumière devroit être iatercep- tée, puisque chaque verre ne devroit laisser passer que les rayons de sa couleur, et arrêter les autres. Ces objections ont engagé quelques auteurs (1) à re- noncer à cette explication, Mr. le Col. Jackson, dans son Mémoire, propose d'apporter à cette théorie quel- ques modifications, à l’aide desquelles, les expériences présentées en objections, seront suffisamment expli- quées. Il développe à cette occasion sa manière de concevoir l’état de transparence et d’opacité des corps. « Par transparence,» dit-il, « on entend cette manière d’être de certains corps, qui leur permet de laisser pas- ser la lamière en assez grande quantité pour qu'on puisse voir clairement les objets à travers. De la transparence la plus parfaite à l'opacité la plus absolue, le passage est par degrés de franslucidité. » (1) Particulièrement Mr. Cloquet dans son 7raité de perspective , p. 196 et suiv. C’est surtout la lecture de cet ouvrage , qui a porté l'attention de l’auteur sur ce sujet, et c'est aux doutes émis par Mr. Cloquet qu'il s’est proposé de répondre dans son Mémoire. (R.) DES COULEURS DANS LES CORPS TRANSPARENS. 13 « Je parlerai d’abord des corps transparens incolores, et je dis que, pour que les corps soient transparens, deux conditions sont nécessaires , lesquelles sont ; 1° la disposition des molécules ; et 2° l'épaisseur des masses. Pour preuve de la nécessité de la première condition, je citerai le cristal en masse , qui est transparent, et te même cristal réduit en poudre qui ne l’est pas, la glace qui est transparente et un amas de neige qui ne l’est pas. Quant aux phénomènes que nous présentent certains hydrophanes, le papier huilé, etc., ils démontrent que, dans certains cas, l’air s'insinuant entre les molécules, peut empêcher la transparence de la masse. Quant à la seconde condition nécessaire à la transparence , elle est prouvée par la translucidité d'une feuille d’or et l'oparité de l’eau à de grandes profondeurs. » « Ainsi, pour qu'un corps soit transparent , il lui faut un certain arrangement de molécules et une épaisseur convenable, L'air atmosphérique est, sans contredit, la matière la plus transparente que nous connoissions ; mais l'atmosphère même brise les rayons lumineux qui la frappent ; et si au lieu d’avoir, comme on le pré- tend, une épaisseur d'environ cinquante-deux milles (anglais) elle en avoit cinquante-deux fois autant, il n'y a guère de doute qu’elle n'interceptât beaucoup de lumière solaire ; peut-être y a-t-il une épaisseur à la- quelle elle nous la déroberoit entièrement : mais lais- sons l’air pour ne p:rler que des corps plus denses. » « La transparence n’est donc pas une propriété de la matière, mais une manière d’être des corps appelés transparens ; mais des corps peuvent être à la fois trans- 14 O2, T M QQU.E. parens et colorés : c’est de ceux-ci que nous allons nous occuper. » «Les corps transparens colorés ne le sont que par le mélange étranger des molécules d’un ou de plusieurs corps opaques, comme dans le cas des gemmes et des verres colorés, qui ne doivent leurs couleurs qu'à des oxides métalliques , lesquels, comme on le sait, sont des corps opaques (1).» (1) On pourroit peut-être m’objecter que le rubis , par exemple, ne doit pas sa couleur à un oxide mais bien à un acide. Il est vrai que ce rare et beau minéral doit sa couleur à l'acide chro- mique ; mais il faut se rappeler que l'acide chromique est lui-même un corps solide et opaque , d’une couleur rouge. Il est soluble dans l’eau , et dès-lors la liqueur est rouge et transparente ; mais en évaporant l’eau on obtient encore le résidu opaque. En faisant évaporer lentement la solution on obtient des cristaux d’une cou- leur rubis; mais un excès d’eau redissout ces cristaux. Du reste, un acide n'est qu'un oxide avec excès d’oxigène , et tous les acides métalliques sont opaques , par conséquent blancs, noirs ou colorés. Des cinq acides métalliques , savoir , l'acide arsénique , l'acide chro- mique, l'acide molybdique et l'acide tungstique , deux seulement sont colorés , l'acide chromique et l’acide tungstique , le premier en rouge comme nous l'avons dit, et le second en jaune; les autres sont blancs. Or , comme le dit Brard (dans sa Winéralogie appliquée aux drts) : « Il paroît que toutes les pierres sont colorées par quatre oxides et un acide métallique , et quoique les couleurs de plusieurs d’entr’elles soient d’nne vivacité remarquable , les principes colorans qui les pro- duisent n’y sont combinés , le plus souvent , que dans le rapport de deux ou trois centièmes. » Il ya cependant de grandes différences dans les proportions des matières colorantes des différentes pierres. Quant aux verres colorés et aux pierres factices, on peut voir, DES COULEURS DANS LES CORPS TRANSPARENS. 15 « Il n’est nullement étonnant que le mélange de ces molécules opaques n’alière pas sensiblement la trans- parence du verre, lorsqu'on réfléchit un moment l'in- concevable ténuité à laquelle on peut réduire certaines substances. » « Boyle en dissolvant un seul grain de cuivre rouge dans de l'esprit de sel ammoniac., et ensuite dans plus de vingt- huit mille grains d’eau nette, l'a divisé en plus de eingl-deux milliards de parlies visibles ; visibles, puisque l'eau en étoit colorée. » « Ainsi, les verres colorés ne sont autre chose que des corps transparens renfermant d’autres qui ne le sont pas, réduits en particules assez abondantes pour que leur présence soit évidente , quoiqu’assez tenues et dispersées pour être individuellement invisibles à l'œil et pour ne point altérer sensiblement la transparence de la masse (1).» par ce qu'en dit Brongniart, ( Annales de Chimie , T. IX , art. de l'émailleur }, et par ce qu'en dit Thénard dans son Traité de Chimie, que la matière colorante des verres colorés, de quelque couleur qu'ils soient, sont des substances opaques. (A). (1) Selon Klaproth le saphir est coloré en bleu seulement par un centième de fer. L'émeraude du Pérou, selon Vauquelin , est colorée en vert par deux centièmes d’oxide de chrome. Ceci est conforme à ce que dit Brard dans la note précédente ; mais le grenat pyrope de la Bohème, selon Vauquelin , contient, sur 102 parties, 41 d'oxide de fer. ( Voyez les tables synoptiques de l'analyse des minéraux dans Mineralogical Nomenclature by Allan, Edinburgh 1819.) Cette dernière est une pierre d'une covienr très-foncée , puisqu'elle contient presque la moitié de son poids de matière colorante. Cependant elle est transparente ou plutôt trans- 16 OPTIQUE. « Tous les physiciens conviennent que les sept cou- leurs sont contenues dans la lumière. Je ne parlerai pas ici de l’expérience du prisme: On la connoît géné- ralement. Mais je passerai à l'action qu’exercent sur la lu- mière les corps opaques, et pour les corps transparens leurs couleurs , comme j'essayerai de le prouver bientôt, ne sont dues qu'à ce que ces corpsrenferment d’opaque. » « Tous les corps de la nature, visibles pour nous, ne le sont qu'autant qu'ils sont éclairés, et ils ne peuvent être éclairés sans être colorés. Ces corps que nous nom- mons notrs, ne sont visibles que par le contraste des ob- jets qui les environnent. Newton a démontré, selon moi, jusqu'a l'évidence Ja plus satisfaisante , que les couleurs ne sont pas dans les objets, mais dans la lumière, et que tel objet qui nous paroît, rouge, jaune ou bleu, etc., ne l’est que parce qu'il reflette à l'œil ces couleurs, absorbant ou laissant passer les autres. Ainsi une feuille d'or est lucide ; et la meilleure loupe ne sauroit nous faire distinguer les particules de l’oxide de fer; ce qui prouve la grande ténuité de ces particules et leur égale répartition de Ia masse. Ainsi une très-petite quantité de matière colorante est à peine per- ceptible; une plus forte dose , toutes choses égales , colore la masse très-sensiblement; une quantité encore plus grande rend la couleur plus intense ; mais, tant que l'intensité n'empêche pas qu’on puisse voir distinctement les objets au travers, le corps doit être appélé trans- parent. Dès qu'on ne distingue plus les objets, mais seulement la lumière, le corps est dit translucide; plus de particules colorantes encore , augmentent l’opacité de la masse jusqu’à ce qu’il ne passe plus du tout de lumière, et le corps est dès-lors absolument opaque. DES COULEURS DANS LES CORPS TRANSPARENS. 17 jaune par réflexion et verte par transmission, c’est-à- dire qu'elle réfléchit le rayon jaune, laisse passer le rayon vert, et absorbe les autres. » « Cette propriété des corps opaques, de nous renvoyer certains rayons tandis qu'ils en absorbent d'autres , n’est due assurément qu'à la forme et à l’arrangement des par- ticules; c’est ce que prouvent les changemens de cou- leur opérés dans les corps par les combinaisons chi- miqués ; tels sont ceux qui se manifestent dans les mé- langes de différentes solutions colorées et non co- lorées, ceux qui sont produits dans les couleurs des objets exposés à l’action chimique de l'air, tels que les feuilles, les fruits, etc. » « Ainsi j'adopte le système de Newton, et d'autant plus volontiers ici, que je le crois suffisant pour l’expli- cation des phénomènes dont nous allons nous occuper. » « Maintenant que nous avons défini la transparence pure ou simple, et la transparence colorée, que nous avons rappelé quelques propriétés de la lumière et l'ac- tion qu'exercent sur elle les corps opaques, qui en raison de leur manière d’être, nous présentent des cou- leurs, nous reprendrons plus spécialement la considé- ralion des verres colorés. » « Dans les verres colorés, soit que la matière colorante se trouve seulement à l'état de mélange avec la pâte du verre, ou à l’état de combinaison intime ou chi- mique , elle n'en laisse pas moins assez de pores entre les molécules hétérogènes de la masse pour le libre passage de la lumière, La quantité de lumière qui passe" doit être toutefois proportionnée à la plus ou moins Sciences et Arts. Mai 1830. B 18 OPTIQUE. grande quantité de la matière colorante et à l'épaisseur du verre; à force d'augmenter l’une ou l'autre on par- viendroit à intercepter tous les rayons lumineux et à rendre ainsi la masse opaque. » « En outre la nature même de la couleur a une grande influence ; telle couleur est par elle-même plus lumineuse que telle autre ; les unes sont claires et les autres inten- ses ; ainsi le bleu peut être en assez grande quantité pour donner au verre dans lequel il se trouve, l’appa- rence noire du jayet ; et on n’en peut connoître la vraie couleur qu’en la voyant par transmission. On en peut dire presqu’autant de la couleur verte, brune, ou violette. » « Or, pourquoi le verre teint en bleu très-foncé paroît- il noir, vu par réflexion, et bleu quand on le tient entre l'œil et la lumière ? La raison en est toute simple ; le blea foncé, comme le noir, ne se voit guère par lui- même ; aussi lorsque la lumière tombe sur un morceau de verre d’un bleu foncé, une grande partie des rayons, c'est-à-dire tous ceux qui sont de nature à être vus, sont absorbés par la substance bleue etopaque disséminée dans le verre ; les autres rayons passent à travers ; ainsi l'œil n'aperçoit presque rien par réflexion. Mais si l’on tient ce morceau enire l'œil et la lumière, les rayons non décomposés qui traversent le verre venant à se mêler parmi les rayons bleus quiletraversent aussi, leséclairent, et la couleur devient visible. Mr. de Mirbel dans sa Physiologie F'égétale remarque que , « lorsqu’on regarde une feuille à travers laquelle la lumière passe, le vert en paroît beaucoup plus brillant que dans aucune autre DES COULEURS DANS LES CORPS TRANSPARENS. 19 circonstance. » Ce savant, en énonçant cette observa- tion , donne en même temps la raison du phénomène puisqu'il dit, « à travers laquelle la lumière passe. » Mais il faut faire attention que la lumière qui passe, est en très-grande quantité la lumière blanche, sans quoi la. feuille, comme le verre bleu dont nous venons de parler, ne paroîtra pas plus brillante par transmission que vue par réflexion. » « Ainsi nous voyons par le fait, ce que le seul raisonne- ment auroit suffit pour nous démontrer, savoir que les particules de matière opaque, contenues dans les subs- tances transparentes ou translucides , n'empéchent pas le libre passage de la lumière blanche en ligne directe ; vérité prouvée par le fait que, lorsqu'on considère un objet à travers un verre coloré, les formes de cet objet ne sont nullement déplacées, pourvu que les deux sur- faces de la plaque de verre soient parallèles. Les objets paroissent colorés, il est vrai, mais cela n'est dû qu'au mélange des rayons colorés qui se confondent avec ceux ‘qui nous viennent directement de l'objet.» « Pour arriver maintenant à l'explication du passagedes rayons colorés qu'on aperçoit derrière un verre coloré, observons que , si les particules de la matière opaque étoient en forme de paillettes et placées parallèlement aux surfaces du verre, c'est-à-dire, comme elles, per- pendiculairement à la lumière iucidente, de quelque. couleur que fussent ces paillettes, on ne verroit leur cou- leur que par réflexion , sur le côté qui reçoit la lumitre : du côté opposé on n’auroit fait qu'intercepter une partie des rayons et rendre ainsi la lumière moinsintense. Mais B 2 20 OPTIQUE. cette forme et surtout cette disposition des particules ne se présentent jamais ; et c’est de leur’ forme et de leur disposition que dépend la transmission de leur couleur au travers du verre. » « Prenons pour sujet de discussion une plaque de verre d’une épaisseur moyenne et d'une couleur de moyenne force , par exemple rouge. » « Admettons maintenant le sysième de Newton; sup- posons qu'un rayon de lumière vient frapper sur cette plaque ; qu’arrivera-t-il? 1° Une portion de ce rayon sera réfléchie, telle qu’elle est, par la première surface de cette plaque; 2° une autre portion passera aussi telle qu’elle est, à travers ceux des pores qui se trouvent en ligne droite ; ou si l’on veut , elle passera à travers les parties du verre, où elle ne se trouve pas arrêtée par les par- ticules colorantes , comme elle auroit passé à travers un verre coloré ; 3° une portion des rayons étant reçue par des facettes de la matière opaque rouge , parallèles à la première surface du verre, où légèrement inclinées à, cette surface , sera réfléchie en rouge ; 4° une portion sera reçue sur des facettes de la substance colorante fortincli- nées ; et alors une partie en sera directement transmise à travers le verre, de manière à sortir de l’autre côté,et une partie ne sera transmise qu'après avoir été rencontrée par d’autres facettes inclinées aux premières et rejeltée ainsi hors du verre du côté opposé à celui qui reçoit le premier rayonincident. D’après cela il est évident que, sile verre est fortement imprégné de la matière colorante , la grande quantité des particules interceptant non-seulement une plus grande partie de la lumière directe, mais encore les DES COULEURS DANS LES CORPS TRANSPARENS. 21 rayons colorés réfléchis, il sera presqu’opaque. Je ne parle pas de la petite réflexion qui se fait à la rencontre de la seconde surface du verre, parce qu’elle est étran- gère à notre démonstration ; aussi nous ne considérerons que le 2" et le 4" phénomènes, desquels résulte, en effet, ce que nous voyons, savoir, qu’un rayon incolore tombant sur un verre rouge en sortira, en partie tel qu'il étoit, c’est-à-dire incolore, et en partie décomposé par la matière colorante du verre qu'il a rencontrée en son passage , laquelle matière, par sa propriété particulière , a absorbé tous les rayons colorés, hors le rouge qui en est sorti après quelques réflexions. » « Les rayons rouges sortent donc méêlés avec des rayons blancs; ce qui fait que ce rouge est bien moins foncé qu'il ne l’eût été sans ce mélange. Il faut aussi remarquer qu'une grande quantité des facettes de la matière colo- rante , sont placées de manière à intercepter les rayons rouges réfléchis intérieurement, et les empêchent ainsi de sortir, ce qui est encore une cause de la pâleur de la eouleur transmise, » « Voyons maintenant ce qui arrivera lorsque ces rayons colorés en rouge viendront à passer au travers d’un verre bleu. » « Nous venons de voir qu'ils étoient, par le fait, un mélange de rayons rouges et de rayons blancs non- décomposés. Lorsque ce mélange tombe sur un verre bleu, voici ce qui doit arriver : 1° une portion des rayons blancs passent encore sans décomposition à travers les pores qui se trouvent en ligne droite; 2° une portion des rayons rouges passent également avec les blancs ; 5° une 22 OPTTDOUS portion des rayons blancs et rouges est réfléchie par la première surface du verre; 4° une portion des rayons rouges est reçue sur les facettes de la matière colo- rante bleue et en est absorbée ; 5° une portion des rayons blancs est reçue sur les facettes de la matière colorante el décomposée par elles de manière à ce que le bleu soit réfléchi. Une partie de ces rayons bleus est renvoyée vers la première surface, et une autre après quelques ré- flexions encore, selon l’inclinaison des facettes, sort avec Îles rayons rouges et blancs par la face extérieure du verre , et doit naturellement, par le mélange, pré- senter à nos yeux l'effet du violet, » Reste maintenant à expliquer pourquoi les rayons qui ont traversé trois verres, le premier rouge, le second bleu et le troisième jaune , paroiïissent d’une couleur grisätre. L'auteur fait remarquer ici que ce qu’on appelle gris, est au fond un blanc imparfait, c’est-à-dire mélangé d'un nombre plus où moins grand de points obscurs ou noirs. Or le rayon émergent se compose, d'un mélange de rayons rouges , bleus , jaunes, et blancs ; ceux-ci sont la portion du rayon incident qui n’a été ni interceptée , ni réfléchie, par les particules opaques qui se trouvent dans les trois verres : elle doit être peu abondante, et par conséquent n’offrir par elle-même qu’un blanc bien affoibli. Quant aux rayons rouges, bleus et jaunes, leurs couleurs étant les trois couleurs fondamentales du prisme, doivent, lorsqu'elles sont mélangées, reproduire le blanc plus ou moins parfait, selon la proportion dans faquelie elles se trouvent, De là la teinte grise du rayon émer- gent; teinte qui peut devenir brunâtre, si l'une des trois DES COULEURS DANS LES CORPS TRANSPARENS. 23 couleurs l'emporte sur les autres. Ce qui prouve la pré- sence dans le rayon émergent de rayons blancs non-dé- composés , c’est que le rayon reçu sur un prisme reforme un spectre complet, et offrant les couleurs dans l’ordre accoutumeé. DÉPERPRÉCPRIESERSESES CHIMIE. MÉMOIRE SUR LES VARIATIONS DE L’ACIDE CARBONIQUE ATMOSPHÉRIQUE (1); par Mr. THÉOD. DE SAUSSURE, lu à la Société de Phys. et d'Hist. Natur. de Genève, le 18 février 1830. (T. IV. Livraison L° des Mémoires de cette Société ). Le ——— ( Article premier. ) S I Parmi les recherches que les chimistes se sont pro- posées, il en est peu qui soient plus intéressantes, mais qui aïent eu moins de succès, que celles qui se rappor- (1) Ce Mémoire important renferme le développement complet des travaux dont Mr. De Saussure avoit communiqué les premiers ré- sultats à la session de 1828 de la Société Helvétique des Sciences Naturelles. Voyez l'Extrait d’un Mémoire sur le gaz acide carbo- nique , etc. Bibl. Univ. T. XXXIX , p.112, et Annales de Chirie et de Physiqne , T. XXXVIII , p. 411. (R.) 24 cfa r'M NE: tent aux changemens que l'air libre doit éprouver dans sa composition. fugenhousz (1) et plus récemment Mr. Dalton (2), ont anuoncé qu'ils avoient observé des variations dans les proportions du gaz oxigène atmosphérique ; mais d'autres physiciens (3) ont trouvé que ces résultats étoient illusoires; et ils l’étoient en effet, parce que ces varialions sont trop pelites pour être déterminées par les eudiomètres que nous employons à cette recherche. Après m'être assuré de l'insuffisance de ce moyen, j'ai soumis à la même épreuve l’acide carbonique atmosphé- rique, dont Îles variations n’avoient point encore été démontrées: mes premiers résultats ont été publiés en 1816, dans la Bibliothèque Universelle, vol. TX; mais ils devoient être multipliés, et ils ont donné lieu aux re- cherches que je vais exposer, en Îles faisant précéder par l’examen des procédés qui ont successivement servi à déterminer la proportion de ce gaz; ils montreront les erreurs qu’on peut commettre dans cette opération. Le paragraphe IT contient le détail du procédé que j'ai suivi pour mes dernières observations; cette description destinée seulement à ceux qui les continueront, peut être omise par ceux qui se bornent à connoître les ré- sultats : ils sont réunis sous différens titres, dans le SEV. (1) Expér. sur les Végétaux, vol.1, p. 142.— Philosoph. Trans. vol. LX, part. 2. (2) Annals of Philosophy, vol. X , p. 304. (3) Cavendish, PAëosoph. Trans., vol. LXX, part. I ; Berthollet, Stat. Chim. vol. T, p. 516 ; Humboldt et Gay-Lussac , Journ. de Phys. LALX. VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 25 S IL. Premier procédé. Les premiers chimistes qui nous ont laissé des ins- tructions (1) sur la recherche de l'acide carbonique at- mosphérique , admettoient que l'air libre lavé avec des lessives alcalines dans un tube eudiométrique , subissoit une diminution de volume, qui y indiquoit, suivant la circonstance, un ou deux centièmes d'acide carbonique, car ils annonçoient que sa proportion, ainsi que celle du gaz oxigène étoit variable dans différens lieux; mais ce procédé qui s’exécutoit dans des tubes gradués en deux cents ou trois cents parlies, étoit insuffisant pour dé- montrer dans l'air libre la présence de l'acide carbo- nique, et à plus forte raison, ses variations. Son ab- sorption, faite dans un matras dont le col porte des graduations égales à la 1500" partie de la capacité de ce vase, peut faire évaluer par approximation le gaz acide carbonique des airs que nous respirons quelque- fois dans l'intérieur de nos habitations, lorsqu'ils sont viciés par la respiration d'un grand nombre de per- sonnes ; mais la proportion du gaz acide carbonique dans l'air, en rase campagne, est trop foible pour qu'on puisse l’apprécier par une diminution de volume, parce que cetle opération, qui devroit être faite dans un ma- (1) Fourcroy, Syst. des Conn. Chim., vol. X, p. 158; Humboldt , Journ. de Phys. par de la Métherie, T. XLVIL, p. 202; Gilbert, vol: IT, p. 75. 26 CHIMIE. iras, portant sur un col extraordinairement étroit, des graduations égales à une vingt-millième partie de la ca- pacité de ce vase, seroit trop influencée par les chan- gemens continuels de la température et de la pression atmosphérique. Sans cette difficulté, ce moyen, plus expéditif et plus direct que les suivans, devroit leur être préféré ; s'il n’entravoit pas nos procédés pour l'é- valuation de l’oxigène atmosphérique , les variations de ce gaz ne seroient plus incertaines. Second procéde. Mr. Dalton, qui a vu sans doute les inconvéniens de l'opération précédente, a montré, le premier, que la quantité de l'acide carbonique atmosphérique, étoit beaucoup moindre qu’ou ne l’avoit cru précédemment ; il s’est assuré que huit centimètres cubes de l’eau de chaux , qu’il employoit à cette épreuve , exigeoient pour leur saturation quatre centimètres cubes et demi d'acide carbonique , et que le même volume de ce liquide, agité avec 6600 centimètres cubes d’air atmosphérique , étoit justement saturé par l’acide carbonique qui se trou- voit dans cet air; il en a conclu que 10000 parties d’air contenoient en volume, 6,8 d'acide carbonique. Mais ce procédé est trop indéterminé pour avoir de la préci- sion, soit à cause des tâtonnemens qu'il exige, soit à cause de la faculté qu’a le carbonate de chaux de se dissoudre dans un excès d'acide carbonique (1). (1) Thomson’s System of Chemistry, 5me édit, , vo’. IF, p. 1904 VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE. ATMOSPH. 27 Troisième procédé. Mr. Théoard (1) a fait, par un procédé plus direct, la même recherche ; il a introduit 313 grammes d’eau de baryte dans un ballon à robinet, qui contenoit 9,592 litres d'air, il les a agités pendant cinq ou six minutes; il a fait par la pompe pneumatique le vide dans ce ballon, à l'aide d’un tuyau en forme de siphon terminé par un robinet; il a rempli de nouveau ce ballon d'air, il l’a agité avec l’eau de baryte, comme dans la première opération : après avoir renouvelé , avec les mêmes pro- cédés, trente fois l’air du ballon sur la même eau de baryte, on s’est trouvé avoir opéré sur 357,532 gramin. d'air, on a recueilli le sous-carbonate de baryte qui éloit en suspension dans la liqueur, on a décomposé celui qui adhéroit aux parois du ballon par l'acide hydrochlorique, et l’on a précipité cette dissolution par du sous-carbonate de soude , pour régénérer le sous- carbonate de baryte. Les deux précipités réunis ont pesé 0,966 de gramme, et ont indiqué que 10000 d’air en vo- lume contenoient 3,91 d'acide carbonique, en admet- tant 22 d'acide en poids dans 100 de sous-carbonate de baryte. Quoique l’atmosphère m'ait fourni souvent un résultat à peu près semblable au précédent, j'ob- serverai qu'il tient ici, probablement eu partie, à l’exa- men d’une grande quantité d'air par des évacuations multipliées, et que ce procédé est trop long pour ser- (2) Thénard , Traité élém. de Chim. cinq. édit. vol 1, p. 303. 28 COHEMPE, vir à des observations, où il faut recueillir l'acide car- bonique que l'air contient momentanément, soit dans l'intervalle de trois où quatre heures; d’ailleurs, l’agi- tation de cinq ou six minutes ne suffit pas pour l’ab- sorption de l'acide dans chacune des opéralions où l'on a renouvelé l'air; la précipitation du carbonate de ba- ryte par le sous-carbonate de soude n’est pas assez pré- cise, soit par l'adhésion des deux sels, soit par la so- lubilité du carbonate de baryte, lors même qu’on en favorise la précipitation par l'ébullition ; mais ces incon- véniens pourront être facilement évités, comme je le montrerai dans la suite. Quatrième procede. Le procédé qui m'a fait observer que l'air libre con- tient dans le même lieu uve quantité variable d'acide carbonique (1), consistoit à remplir à moitié, avec cin- quante prammes d’eau de baryte, un flacon pourvu d’une large ouverture, et à le renfermer dans un ballon de verre, qui contenoit quatorze litres d’air; l'ouverture de ce ballon avoit au moins six centimètres de diamètre, et elle étoit fermée à vis par une platine de laiton, munie d'un robinet; la platine portoit sur ses bords un anneau de cuir gras, qui interceptoit par sa pression sur ceux du col du ballon, le passage de l'air : on fai- soit le vide dans ce vase pour y introduire l’air qui de- voit être examiné, on y plaçoit le flacon d’eau de ba- (1) Bit, Univ. Sciences et Arts , vol. I, année 1816. VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 29 ryte ; après avoir fermé l'appareil, on l’agitoit fréquem- ment; on en retiroit, au bout de deux mois, Île flacon intérieur, on le bouchoit, et lorsque le précipité s'y étoit déposé, on en décantoit la liqueur; le carbonate de baryte , lavé, desséché sur l’eau bouillante, et pesé avec le flacon, donnoit la quantité d'acide carbonique atmosphérique. J'ai essayé de substituer à l’eau de baryte une solu- tion aqueuse de sous-acétate de plomb : cette dernière a l'avantage de former un carbonate absolument inso- luble par l’eau, et d'indiquer une plus petite quantité d'acide carbonique; car 100 parties en poids de cet acide sont représentées par 606 de carbonate de plomb, et seulement par 454 de carbonate de baryte ; mais après un grand nombre d'observations, j'ai renoncé à ce réactif; 1° parce que sa dissolution aqueuse se décom- pose au bout d’un certain temps, avec ou sans le con- tact de l'air, en formant un précipité blanc qui n’est pas du carbonate de plomb, mais qu'on pourroit con- fondre à l'œil avec cette substance; 2° parce que la dis- solution aqueuse de sous-acétate de plomb, quelque étendue qu'elle soit, se trouble par une addition d’eau, et produit ainsi un léger dépôt dans l'opération des la- vages destinés à séparer le carbonate du sous-acétate. Le même appareil a été employé à quelques expériences avec l’eau de chaux; elle a confirme les résultats obtenus avec l’eau de baryte ; mais les erreurs d'observation sont moindres avec cette dernière, soit parce que la même quantité d'acide carbonique est représentée dans le car- bonate de baryte, par un poids à peu près double de 30 CHIMIE. celui du carbonate de chaux, soit parce que ce dernier forme un précipité moins dense, qui est plus entraîné par la décantation. J'ai été conduit à changer l'appareil que je viens de décrire, en observant que la clôture, par une platine à vis d'un aussi grand diamètre que celui de six cen- timètres, ne s'oppose pas toujours au passage de l'air dans des expériences prolongées, et que la quantité con- sidérable du cuir gras qui y est employé, peut former de l'acide carbonique. Cinquième procéde. L'appareil précédent a été modifié en renfermant l'air dans une jarre de quatorze litres, dont ie col usé à l’é- meril s'adapte à un bouchon de verre de six centimètres de diamètre; dans ce bouchon est implantée une tige de métal qui porte le flacon d’eau de baryte ( du qua- trième procédé) dans la jarre renversée ; on assujettit par des liens le bouchon humecté de ce vase à son col; on plonge dans du mercure cette partie de l'appareil, et on l’agite à différentes reprises , sans le sortir du li- quide métallique. Pour renouveler l'air de la jarre, avant d'y introduire le flacon intérieur , il suffit de la laisser ouverte pendant trois heures à l’air libre qu'on doit éprouver. Les lavages du carbonate de baryte ont été faits avec de l’eau saturée de ce sel ; mais le précipité obtenu, soit par ce procédé, soit par le précédent, est souillé de quelques impuretés accidentelles qui en font environ © VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 31 la +ë partie; pour s'en assurer, on le dissout dans de l'acide hydrochlorique très-délayé, on décante la li- queur, et on la précipite par une solution de sulfate de soude. Le sulfate de baryte séché au rouge, donne, par un rapport connu , sur lequel je reviendrai plus bas, le poids du carbonate de baryte........ .. J'appellerai ce procédé sédentaire ; il a le défaut de ne pouvoir pas servir à des observations éloignées de l'habitation de l'observateur , et de fournir des quantités de carbonate, trop petites pour qu'une légère inexactitude dans Îles poids et les lavages, n’introduise pas une erreur notable dans l'évaluation de l'acide carbonique. $ III. Dernier procédé. | Le procédé dont il s’agit ici, est celui qui doit être préféré, et qui a servi aux observations multipliées que j'ai faites dans Îles trois dernières années. Il se réduit à verser immédiatement de l’eau de baryte dans un grand ballon pourvu d’un orifice étroit qui se ferme exactement : ce vase contient une quantité d'air presque triple de celle que j'éprouvois précédemment. Le car- bonate de baryte qui s’y produit, est enlevé par deux opérations. Dans la première, on évacue en même temps que l’eau de barÿte, le précipité qu’elle tient en sus- pension, et on le sépare par le repos, la décantation et plusieurs lavages, pour le dissoudre dans de l'acide hydrochlorique. Dans la seconde opération, on enlève 52 CHIMIE. avec cet acide le carbonate adhérent au verre du ballon; on précipite par du sulfate de soude les deux dissolu- tions réunies: le sulfate de baryte qui en résulte, donne, par le calcul, le poids de l'acide carbonique. ....... Comme ce procédé exige des manipulations uniformes, je vais en donner une description minutieuse, qui est justifiée par la nature de la recherche, et par le désir de la mettre à la portée de tous les observateurs. 1° Employer pour mêler de l’air avec de l’eau de ba- ryte, des ballons de verre transparent , qui aient une capacité comprise entre 35 et 45 litres. Ces ballons ont un col d’un décimètre de long, et de trois centi- Æ mètres de diamètre intérieur (b) ; à l'ouverture de ce col, est masliquée une douille, soit virole de cuivre, sem- blable à celles que portent les cloches tubulées pour les appareils à gaz. Le trou à vis dont cette virole est percée pour porter un robinet , introduire et évacuer l’eau de baryte, a neuf millimètres de diamètre (c). Le mastic qui lute Ja virole au ballon est composé de poix ré- sine, d'ocre rouge, et d'une pelite quantité de cire et de suif. Il est important de rechercher avant de com- poser ce mastic , si l’ocre contient un sulfate et quelque substance soluble à froid par l'acide muriatique délayé ; dans ce cas, cette ocre ne peut être employée. Le mastic doit oftrir dans l'intérieur du ballon une surface concave, polie, dépourvue de gerçures et de (b) J'ai réuni, à la fin de la description de ce procédé, les notes qui lui servent d'explication : telle est la note (à), qui se rapporte au col du ballon. VARIAT. DE L’ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 33- bavures ; il doit avoir une consistance telle, qu’il com- mence à s’amollir par la chaleur de la main, soit à une température de 34° centig. Quand àt est moins fusible, il s'en détache souvent des parcelles, il s’y forme des fentes, et il occasionne la fracture du verre. On doit avoir au moins quatre de ces ballons, pour faire simultanément dans différens lieux des observations de nuit et de jour. Avant d'employer un ballon neuf pourvu de sa virole, on le lave avec de l’eau de barÿte, on enlève avec un acide le carbonate qui y adhère, et on y ajoute une grande quantité d’eau distillée, ou de pluie, avec de la grenaille, afin de détacher toutes les parties du ciment ou du verre, susceptibles d'être enlevées : on renouvelle ce lavage avec la grenaille, - après chaque analyse. Le ballon est promptement dessé- ché, en y insérant , à plusieurs reprises , des bandes de toile chaude , qui sont fixées aux extrémités d’une verge de laiton. - 2° Introduire avec lenteur dans le ballon vidé d’air par la pompe pneumatique (d), l'air à quatre pieds au- dessus du sol; s'éloigner pendant cette introduction ; prendre la température de l'air du ballon placé à l’om- bre, en suspendant un thermomètre (e) dans l’intérieur de ce vase ; observer celle de l’air extérieur, le baromè- tre, l’hygromètre , le vent ( f), les nuages, l’état général de la saison, et l'humidité du sol. Verser dans le ballon avec un entonnoir assez long pour que le lut n’en soit pas mouillé, 100 grammes d’eau de baryÿte saturée de carbonate de baryte. Cette liqueur doit être assez délayée pour ne pas former de dépôt à une température voisine Seiences et Arts. Mai 1830, C 34 CHTMIK. de o. J'ai employé dans ce but une eau de baryte, qui contenoit en poids 4 de cette terre (ÿ). Pour fermer le ballon après l'introduction de l'air, on substitue au robinet un bouchon de métal à vis, à tête carrée , qui s’enchâsse dans une clef. Il a un rebord large de sixmillimètres, muni , en dessous, d’un anneau de cuir gras qui s'applique sur la virole du ballon. 3° Agiter pendant une heure l’air inclus avec l’eau de baryte, en imprimant au ballon un mouvement circu- laire qui fasse parcourir au liquide soixante où quatre- vingts oscillations par minute, sur le quart environ de la surface du vase, en ne changeant pas la place de la partie mouillée, qui ne doit pas s'étendre jusqu’au lut. On produit sans fatigue cette agitation en plaçant sur un coussin le fond du ballon , et en imprimant à son col la rotation dont j'ai parlé. On obtient le même résultat en laissant l’eau de ba- ryte dans le ballon pendant sept où huit jours, à une température qui ne soit pas inférieure à +- 15° ou + 10°, et en soumettant la liqueur à vingt oscillations consécu- tüves par jour. Dans ce procédé que j'ai suivi le plus sou- vent, l'expérience ne doit pas être prolongée au-delà du terme prescrit (X). 4° Lorsqu'on ouvre le ballon pour l'évacuation de l’eau de baryte, et de la plus grande partie du carbonate, mettre ce dernier en suspension dans le liquide par l’a- gitation ,eten remplir promptement avec un grand en- tonnoir, un flacon A, qui soit pourvu d’un largé col et d’un bouchon de verre. Laver le ballon avec 350 grammes d'eau saturée de carbonate de baryte (7), en la répartis- VABIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH, 35 sant en sept portions pour sept lavages consécutifs. Cette eau de lavage qui tient aussi en suspension du car- bonate, sera renfermée pendant vingt-quatre heures daus un flacon B (de 350 centimèt. c. ). On l'inclinera, à deux ou trois reprises, dans cet intervalle , afin d'ac- cumuler daus une partie de son fond, le précipité ; on dé- cantera dès-lors la plus grande partie du liquide ; on fera la même opération sur le flacon À, en réservant seulement pour d’autres analyses l’eau de baryte dé- cantée de ce dernier (#), et l'on ajoutera au carbonate qu'il renferme , celui qui n’est pas adhérent au flacon B. Tout le carbonate en suspension étant réuni dans le flacon À, on en séparera le liquide au bout de vingt- quatre heures , et l’on fera trois lavages de ce carbonate, en employant pour chacun d'eux, 50 grammes d’eau saturée de carbonate, et en laissant l'intervalle précé- dent entre ces trois lavages. On dissoudra avec quelques gouttes d'acide muriatique, le carbonate adhérent aux parois du flacon B, pour ajouter cette dissolution à celle de l'opération suivante. 5° Dissoudre le carbonate adhérent aux parois du bal- Jon, en y versant 50 grammes d'acide muriatique très- étendu; il est composé d’une partie en poids d’acide muriatique (densité 1,25) et environ de 15 parties d'eau ; évacuer cette dissolution , et laver le ballon avec 350 grammes d'eau répartie en sept portions pour sept Javages consécutifs ; réduire à 50 grammes, par l’ébul- lition dans une capsule de platine, la solution muria- tique réunie à l'eau des lavages ; verser ces 50 grammes dans le flacon À pour dissoudre le carbonate qui y est €. 2 36 CHIMIE. contenu. Cette dissolution sert à séparer le carbonate des impuretés (2) qui le souillent ; on facilitera la réu- nion ou la préciphation de celles qui sont insolubles, en chauffant le liquide trouble dans une capsule de verre, sur un bain-marie bouillant. 6° Précipiter la solution muriatique transparente, par dix grammes d’une solution de sulfate de soude , com- posée de dix-neuf parties d’eau et d’une partie de ce sel obtenu dans l’état anhydre par l’incandescence (m); dé- canter la liqueur au bout de vingt-quatre heures ; laver le précipité avec 150 grammes d’eau répartie en trois por- tions , en laissant l’intervalle précédent entre chaque la- vage. Dessécher sur un bain-marie bouillant ce préci- pité, et le peser (après son refroidissement ) avec sa capsule, à une balance sensible au milligramme ; on en défalquera le poids de la capsule vide , en ayant soin de ne faire cette pesée, qu'une heure après avoir essuyé la capsule (7) ; on pèse tout le précipité qu’on a pu en sé- parer, et l’on détermine la perte de poids qu'il subit dans un creuset de platine par la rougeur sur une lampe d'alcool à courant d'air. Après cette opération , le poids da sulfate, diminué dans le rapport de 100 à 84 (0), donne le poids du carbonate de baryte séché au rouge qui s’est formé dans le ballon. Lorsque le poids du sul- fate est peu considérable, on obtient un résultat suffi- samment exact, en s’abstenant de l’opération de l’incan- descence, et en diminuant dans le rapport de 100 à 81,48, le sulfate séché à l’eau bouillante, pour avoir le car- bonate séché au rouge ; j'ai admis que 100 de ce car- bonate contiennent en poids 22 d'acide (p), et j'ai sup- VARIAT. DE L'ACIDE GARBONIQUE ATMOSPH. 37 posé pour abréger le calcul, que l'air étoit sec, parce que ses différentes densités à des humidités voisines les unes des autres, n’ont qu’une influence insignifiante sur 4 pe . ,. mes résultats; d’ailleurs ce calcul aussi complet qu'il peut l'être, ne seroit pas (quant à présent) très-exact. J'ai fait six fois l'analyse du même air pris en même temps dans le même lieu : le maximum et minimum d’acide carbonique trouvé par ces opérations dans 10000 de cet air, sont exprimés par les nombres 4,12 et 3,80 : P P ‘ Je conclus de ces résultats et de quelques autres obtenus dans des circonstances très-rapprochées, que la plus grande différence entre deux résultats qui devroient être = q LA : “ 6 . . La égaux, monte à la 5 partie de la quantité moyenne de l'acide carbonique atmosphérique. RAR Notes sur le procédé précédent. (b) Les sels barytiques formés dans le ballon, se trouvent après leur évacuation , légèrement souillés par le mastic de la virole ; on affoiblit cette influence en di- minuant la surface du ciment dans l’intérieur du ballon, par le rétrécissement de son col. Il seroit facile de donner à la virole une forme ‘elle, que le contact du ciment avec le liquide fût insensible, même dans un col d'an grand diamètre. (c) La virole ne doit être percée que d’un petit trou , pour ne pas donner un libre accès à l’air extérieur , 38 LIGNE UE M AE: soit quand on évacue l'eau de baryte, soit quand on introduit ce liquide dans un moment différent de ce- lui où l’on a rempli ce vase de l'air qui doit être exa- miné. Le petit diamètre de cet orifice a d’ailleurs l'a- vantage d'en rendre la clôture plus exacte. “ (d) On pourroit probablement substituer à la pompe pneumatique , un soufflet qui renouvelleroit l'air du bal- Jon parun tube qui pénétreroit au fond de ce vase, et qui seroit assez long pour que l'air ne püt pas être vicié par la respiration de l'opérateur. L'expérience m'a montré qu'on ne peut accorder au- cune confiance aux résultats obtenus en recueillant de l'air par le déplacement de l’eau distillée ou de l’eau de pluie. Ces liquides, dans l'agitation produite par l’éva- cuation, abandonnent ou absorbent des quantités varia- bles d'acide carbonique, (e) La température de 'air intérieur du ballon, pen- dant le jour , à ombre, en rase campagne , se trouve presque toujours plus élevée que celle de l'air extérieur. Si le lieu où l’on introduit l'air dans le ballon , ne prmet pas de prendre sa température à l'ombre, on le transporte plein de cet air dans l'ombre Îa plus voisine ; la petite quantité d'air étranger qui pénèlre alors dans ce vase ne sauroit changer le résultat: les températures prises ainsi à Chambeisy ont été déter- minées à l'ombre d'un mur. Les hauteurs barométriques se rapportent à celles où VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 39 le ballon a été définitivement fermé ; elles n'indiqueront pas toujours avec une extrême précision, l'élévation du lieu où l’air a été recueilli; mais la différence est trop petite pour avoir quelqu'importance dans mes recher- ches. La température de l'air intérieur du ballon, pendant la nuit, en rase campagne , est souvent plus froide que celle de l’air extérieur à la même élévation au-dessus du sol. La plus grande différence dans ce sens a été de 3°,9 ; elle a eu lieu pendant la nuit du 7 août 1829, avec un ballon de 0,423 mètre de diamètre, placé sur une table de quatre pieds, au-dessus du sol, sur la montagne de la Faucille, la transparence de l'air des lieux élevés a favorisé ce résultat. Le 10 novembre à onze heures du soir, l’eau restoit liquide à Chambeisy dans un gobelet de verre placé à l'air libre à cinq pouces de distance horizontale du ballon fermé tandis qu’elle se geloit dans l’intérieur de ce dernier et à sa surface ex- térieure , le thermomètre intérieur étant à —0°,5 et le thermomètre libre extérieur à + 2°,75. Ces effets, qu’on explique par le rayonnement du calorique, et par la fa- culté peu conductrice du verre, sont moins sensibles lorsque le ballon est plus petit ; ils étoient encore très- marqués la même nuit, sous une cloche de verre (de 16 litres ) dont l'ouverture reposoit sur la terre au niveau du sol. On diminuoit beaucoup cette différence de tempé- rature, qui étoit d'un degré et un quart entre l'air libre et l'intérieur de la cloche nue , en la recouvant avec une toile. Les jardiniers connoissent à cet égard l'influence d'une couverture, soit de la paille dont ils garnissent 46 CHIMIE. souvent leurs cloches dans les temps froids; mais ils peu- vent ignorer qu’une plante placée, dans une nuit calme et sereine ; sous une simple cloche de verre , est plus ex- posée à se geler, que sielle végétoit à l’air libre ; le résultat inverse a lieu pendant le jour. (f) J'ai appelé calme, un air assez tranquille pour qu'on ne puisse pas assigner sa direction ; vent foible, un air dont l'agitation commence à devenir sensible : la force de ce vent n'excède pas cinq pieds par seconde. J'ai nommé snédiocre. un vent qui parcourt environ douze pieds par seconde; vent fort, un vent supérieur au pré- cédent. (g) 100 parties d'eau de baryte qui contiennent une partie de baryte, fournissent par une dissolution de sul- fate de soude, un précipité égal à 1,545, après son desséchement au bain-marie bouillant. Pour avoir la liqueur à ce degré d'extension, on précipite un poids déterminé (soit 20 grammes d’eau de baryte) par du sulfate de soude, et l’on évalue par le poids du préci- pité, la quantité d’eau qui doit être ajoutée à l’eau de baryte pour qu'elle fournisse le sulfate de baryte dans la proportion prescrite. 100 parties d’eau saturée de baryte, à la température de 18° centig., tiennent en dissolution 2,5 de cette terre. Le mème poids d’eau saturée, à 1°, contient 1,45 de baryte. L'eau de baryte qui en contient =, commence à se geler à o° sans se décomposer. Cuite liqueur très-délayée, ou telle que je Pai pres- YARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 4 crite, a l'avantage d'absorber moins rapidement l'acide carbonique atmosphérique dans les transvasemens. La quantité de liquide indiquée pour les lavages du car- bonate, est subordonnée à ce degré de concentration, en supposant qu’un ou deux grammes d’eau de baryte restent sur le carbonate avant le lavage ; j'ai déterminé les doses de liquide qu'on doit employer dans cette opération , pour dispenser du tätonnement par les réac- tifs, et pour mettre de l’uniformité dans les pertes, Toutes les fois que je parle de la séparation du liquide, j'entends qu'elle s'opère d'abord par la décantation, et enfin après le repos, par une pipette droite. La fil- tration est exclue de toutes ces manipulations. (k) Le temps prescrit pour l'absorption de l'acide carbonique par l’eau de baryte, a été indiqué par des expériences dans lesquelles j'ai ajouté 16 centim. c. d'acide carbonique artificiel à 33,34 litres d’air qui con- tenoit, d'après plusieurs analyses, 13 centim. c. d’acide carbonique, avant cette addition ; elle porte la somme de ce gaz à 29 centim. c. Ce mélange, agité pendant une demi-heure avec 100 grammes d’eau de baryte, a fourni un précipité qui y annonçoit 27,2 centim. c. d'acide carbonique. Une seconde expérience, faite sur le même air arti- ficiel, en l’agitant pendant une heure avec l'eau de baryte, a produit un précipité qui contenoit 28 centim. c. d'acide carbonique. Une troisième expérience sur le même air artificiel, en Île laissant séjourner pendant huit jours sur l’eau de 42 CHIMIE. baryte, soumise à quinze oscillations consécutives par jour, a fourni un précipité qui y indiquoit 28,5 centim. c. d'acide carbonique. Ces deux derniers résultats sont trop rapprochés, pour qu’on puisse leur assigner une diffé- rence cerlaine, J'ai obtenu les mêmes produits en laissant l'air en contact avec l’eau de baryte pendant quinze jours d’a- gitation, à une température de 20° ou 25°: j'indique cette dernière circonstance , parce que dans des expé- riences aussi prolongées, l’eau de baryte commence à dé- poser, à une plus basse température, de l’hydrate de deu- toxide de barium. Cette substance, qu’on n’avoit pu jus- qu'ici former qu'avec le deutoxide d'hydrogène , ou qu'à l'aide d’une température très-élevée (1), s’est présentée er cristaux de trois ou quatre millimètres de diamètre , lorsque l’eau de baryte, après avoir été agitée pendant quinze jours dans le ballon, à une température de 20 à 25 degrés, a été laissée en repos pendant plusieurs jours, à une température de 10° à 12°. Je me suis con- vaincu que ce sel n’existoit pas avant l'expérience , dans l'eau de baryte, non-seulement parce qu'elle avoit été préparée avec de l’hydrate de protoxide de barium pur et bien carartérisé par sa cristallisation, mais encore parce que celte eau de baryte, renfermée dans des fla- cons qui en étoient à peu près pleins, ne laissoit rien précipiter à une température voisine de 0°. Il suffit d’ail- leurs d’introdaire dans un grand flacon plein d'air quel- ques gouttes d’eau de baryte très-délayée, et de le (1) Thénard , Traité de Chimie élém., cinq. édit. , vol. IT, p. 330. VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 43 laisser fermé, en repos, pendant trois ou quatre se- maines, à une température de 5° ou 10°, pour qu'il s’y forme des cristaux presque insolubles d'hydrate de deu- toxide de barium. (2) On prépare la solution aqueuse de carbonate de baryte, en faisant bouillir avec de l’eau le carbonate de baryte artificiel, obtenu par l'exposition de l’eau de baryte à l'air libre. Le carbonate de baryte natif est trop dense pour que l’eau l'attaque facilement. Entre les températures de 20° à 25°, 10000 d’eau dissolvent 2,4 de carbonate artificiel. (#) Le liquide des lavages est séparé de l’eau de ba- ryte, mêlée de carbonate, que contient le ballon ; 1° pour qu'elle ne soit pas exposée à l'air pendant ces lavages; 2° pour l’employer, après sa purification, à de nou- velles analyses. On opère celte purification en concen- trant, par la distillation à la température de l’ébulli- tion, les résidus d’eau de baryte, jusqu'à ce qu'ils soient réduits environ à la douzième de leur volume ; on renferme dans un flacon la liqueur bouillante, qui dissout la baryte en toute proportion ; on l’expose à une température voisine de o°, et l’on en sépare Îles cristaux d'hydrate de baryte , qu'on lave rapidement à plusieurs reprises avec de l’eau froide; on les dissout ensuite dans l’eau : lorsque cette dissolution a le degré d'extension convenable pour les opérations eudiomé- triques, on y ajoute un peu de carbonate de baryte, et on la conserve dans des flacons à peu près pleins. 44 G'H I MTUE. (7) Après avoir retranché de ce carbonate, séché à l’eau bouillante, les impuretés insolubles qui y sont mélées, il est encore bien éloigné d’être pur; car si l’on précipite sa dissolution dans un acide, par du sulfate de soude, pour en former du sulfate de baryte, et pour comparer le résultat de cette opération avec celui qu’elle fournit avec du carbonate pur, on trouve qu'après le desséchement à l’eau bouillante, 100 par- ties de carbonate formé dans le ballon par l'analyse de l'air, contiennent en moyenne 91 de carbonate pur. Cette quantité s'élève à 95 dans l'appareil sédentaire, parce que l’eau de baryte n’y touche point le ciment, et y est moins exposée aux impuretés que le verre et l’air ajou- tent au carbonate. (m) L’incandescence (du sulfate de soude du com- merce ) dans une capsule de platine, la dissolution sub- séquente dans l’eau, le repos, la filtration, et la cris- tallisation dépouillent ce sel des impuretés qu’il com- muniqueroit au sulfate de baryte, sans ces opérations. (n) Le verre attire assez l'humidité, pour que le poids des capsules, qui contiennent environ un décilitre , soit différent lorsqu'on les pèse, à température égale, immé- diatement après les avoir essuyées, etune heure après cette opération. Le changement de poids qu’elles subissent dans cet intervalle est variable ; il s’élève souvent à cinq milligrammes. (o) Si l'on évalue la quantité de sulfate de baryte VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 45 dont le carbonate fournit la base, d’après la composi- tion assignée à ces deux sels par Mr. Berzélius ( 7'héorte des proport. chim.), on trouve que le sulfate est au car- bonate, dans le rapport de 100 à 84,51. Cette propor- tion est de 100 à 85,74, lorsqu'elle résulte des analyses adoptées par Wollaston et Thomson. (T'heorie des princ. de chim.) Pour faire un choix entre ces résultats, sans le compliquer par des analyses, j'ai cherché directe- ment la quantité de sulfate de baryte qu’on obtient en précipitant par du sulfate de soude, la dissolution d’une quantité connue de carbonate de baryte, par l'acide hydrochlorique ; il en est résulté que le sulfate et le carbonate de baryte, séchés au rouge, sont entr’eux dans le rapport de 100 à 84. Le carbonate a été obtenu en décomposant par un courant d'acide carbonique, l'eau de baryte, préparée avec de l’hydrate de baryte pur et cristallisé. 100 de ce carbonate séché à l’eau bouillante ont perdu 0,88 par l’incandescence (1); 100 de ce sulfate de baryçte, traité de même, ont perdu 1,225. Le sulfate de baryte qu’on obtient de la décomposition du carbonate de baryte, forme par l'analyse de l’air dans l'appareil portatif, subit , par la rougeur, une perte moyenne de 3 pour 100, ou qui varie entre 2,5 et 3,b; elle est due à l’eau et à la combustion d’une matière organique que ce sulfate entraîne dans sa précipitation ; en raison de cette perte moyenne de 3 pour 100, le sulfate de baryte, séché à la température de l’eau bouil- (1) Cette perte n’est pas constante : elle ne s’est élevée, dans une autre opération , qu’à 0,66 ; elle dépend de l’état d’aggrégation du carbonate , qui ne reprend pas à l'air l’eau qu’il a perdue. 46 CHIMIE. lante, est au carbonate pur, séché au rouge, dans le rapport de 100 à 81,48. (p) Quoiqu'il importe peu pour chacune de mes ob- servations qu'on adopte le rapport de 100 à 84,51, pré- férablement à celui de 100 à 84, entre le sulfate et le carbonate de baryte, et qu'il en soit de même pour le choix entre les compositions très-rapprochées que dif- férens chimistes assignent au carbonate de baryte, je vais donner les raisons qui m'ont déterminé à cet égard. Mr. Berzélius ( Théorie des prop. chimiques j a admis 22,34 d'acide carbonique dans 100 de carbonate de ba- ryte; mais ce résultat est théorique, et l’on n’est pas parvenu à un nombre aussi élevé, par l’expérience di- recte dont les indications doivent être préférées dans la pratique, parce qu'elles tiennent compte des impu- relés inséparables du corps qu’on décompose. La plu- part des chimistes ont trouvé 22 d’acide dans ce car- honate; j'ai obtenu à très-peu près la même proportion, par le procédé suivant : il consiste à renfermer dans ut: petit ballon, pourvu d'un robinet, environ r00 grammes d’eau de baryte, qui est saturée de carbonate de baryte, et qui remplit ce vase à moitié: j'ai vissé sur ce vase un autre ballon à robinet, contenant 230 centimètres cubes d'acide carbonique , soit une quantité de ce gaz fort inférieure à celle qui pouvoit saturer l’eau de ba- ryle. Il avoit été (avant la transmission dans le ballon vide d’air) recueilli sur le mercure et desséché par du chlorure de chaux. L'eau de baryte a été fréquemment agitée pour rompre la croûte qui s’y formoit. Au bout VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 47 de dix jours, ou long-temps après que cette formation avoit cessé, le ballon, qui avoit été rempli d'acide car- bonique, n'en contenoit aucune trace. Le carbonate , séparé par décantation, et lavé avec de l'eau saturée de carbonate , a fourni, après la dessication au rouge, un poids qui, comparé à celui des 250 centimèt. cubes d'acide carbonique , d’après la densité attribuée à ce gaz par Berzélius et Dulong , indiquoit que le sel conte- noit 21,9 pour 100 de cet acide. J'ai porté ce nombre à 22, pour me conformer au résultat qu’on a généra- lement trouvé. En adoptant cette proportion et le rap- port de 100 à 84 entre le sulfate et le carbonate, 100 de sulfate de baryte doivent contenir, À LS 65,52; acide sulfurique ...... US JA AS J'ai préféré pour l'analyse du carbonate , le procédé précédent à celui qui consiste à évaluer le déchet que ce sel subit en se dissolvant dans un acide, parce que celte opération présente plusieurs difficultés, et en par- ticulier celle d'évaluer la vaporisation de cet acide, dans l’ébullition qu’on fait subir à la liqueur, pour en chasser l'acide carbonique. Les observations sur les variations de l'acide carboni- que atmosphérique , publiées en forme d’extrait (Annales de chimie et de physique, T.XXXVUT, et Bibl. Univ. T.- XXXIX.), avoient été calculées en admettant : 1° le rapport de 100 à 84,51 entre le sulfate et le carbonate de baryte ; 2° en supposant que le précipité qui se forme dans les ballons destinés à mes expériences, est du carbonate pur ; que ce sel contient 0,2234 d'acide 18 CHIMIE. carbonique ; mais les corrections que j'ai faites, depuis dix-huit mois, à ces déterminations, m'ont obligé de cal- culer d’après les bases que j'ai définitivement adoptées, les observations antérieures , et à les représenter par des nombres, qui diffèrent , il est vrai, des premiers, mais qui n'introduisent pas un changement important dans leurs quantités relatives et dans les autres résultats. (La suite au Cahier prochain.) DEEE E EEE DÉDEIAIRIAÉER SERIE RES PHYSIQUE ANALYSE EXPÉRIMENTALE ET THÉORIQUE DES EFFETS ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES DE LA GRENOUILLE, SULVIE D'UN APPENDICE SUR LA NATURE DU TÉTANOS ET DE LA PARALYSIE , ET SUR LA MANIÈRE DE GUÉRIR CES DEUX MALADIES AU MOYEN DE L'ÉLECTRICITÉ ; par Mr. Léopold Nogirt de Reggio. ( Communiqué par l'auteur. — Premier article.) Il y a maintenant plus de trente années que l’on tour- mente Ja grenouille par l’action de l'électricité, et ce- pendant elle continue encore à exciter l’étonnement du EFFETS ÉLECTRO-PHYSIOL. DE LA GRENOUILLE. 49 philosophe qui observe attentivement les phénomènes auxquels elle donne naissance. Les singularités qu'elle présente sous ce point de vue sont en grand nombre; mais il semble que les physiciens ne se soient arrêtés long-temps que sur une seule, savoir, sur la propriété qu’elle possède de se mouvoir, soit en fermant le cir- cuit électrique, soit en l’ouvrant, Ce fait, dont la con- noissance remonte aux premiers temps du galvanisme, a exercé plus d’une fois la sagacité des physiciens, mais aucun n’avoit analysé le phénomène avec l’exac- titude et le soin qu'y a apportés dernièrement le Prof. Marianini. Ce,savant distingué est arrivé, en suivant les traces de cette première observation, à des résultats qui méritent une attention particulière et qui intéressent la physiologie non moins que la physique. À l’occasion de mon travail sur la comparaison de la grenouille et de mon multiplicateur à deux aiguilles, sous le point de vue galvanométrique (1), j'eus plu- sieurs fois l’occasion d'observer les singularités qui ac- compagnent les contractions de la grenouille ; et frappé des anomalies nombreuses que l’on rencontre dans ce genre d'observations, j'entrepris dès-lors une série d’ex- périences, pour voir s’il ne seroit pas possible de décou- vrir la clef de tous ces divers phénomènes. Différens motifs inutiles à mentionner m’obligèrent de suspendre ce travail ; il suffit de dire que l’intéressant Mémoire de Mr. Marianini (2) parut dans l'intervalle. Bien que (a) Bibl. Univ. T. XXX VII, p. 10. (2) Annales de Chimie et de Phys. T. XL, p. 225. Sciences et Arts. Mai 1830. D 5o PHYSIQUE. je fusse familiarisé avec ce sujet, les résultats de ce physicien me frappèrent vivement et m’excitèrent à con- tinuer sans retard le cours de mes expériences. Les re- cherches de Mr. Marianini se combinent avec quelques- unes des miennes qui sont devenues inutiles ; les autres cependant (et c’est le plus grand nombre } m'appar- tiennent exclusivement et présentent peut-être un inté- rêt plus grand qu'auparavant, grâce aux conséquences particulières que j'en déduis. Je commence par exposer les conclusions de Mr. Marianini ; il me semble que c’est le meilleur moyen d’entrer en matière. n, Conclusions de Mr. Marianini. 1°) Les principes sur lesquels repose la théorie de la pile ne nous autorisent pas à admettre dans cet appa- reil aucun reflux d'électricité au moment où le circuit est interrompu. 2°) Lors même que ce reflux auroit lieu , la secousse que l'animal ressent, à l'instant où il cesse de faire partie du circuit, ne pourroit être attribuée à cette espèce de refoulement. 3°) Les deux espèces de contractions que l'électricité produit dans les muscles c’est-à-dire , les contractions idiopatiques et sympathiques, doivent être distinguées les unes des autres, vu que tes premières ont lieu, quelle que soit la direction du courant , et les secondes seule- ment lorsque le courant parcourt les nerfs dans une di- rection opposée à leur ramification. 4) L'agitation qu'éprouvent Îles grenouilles lors- EFFETS ÉLECTRO-PHYSIOL. DE LA GRENOUILLE, ÿt qu'elles cessent tout-à-coup de faire partie du circuit électrique, provient de ce que l'électricité qui par- court les nerfs dans un sens contraire à celui de leur ramification , fait naître une secousse , lorsqu'elle cesse d'y pénétrer, et non lorsqu'elle s’y introduit. 5°) Quand le fluide électrique parcourt les nerfs dans une direction contraire à leur ramification , il produit une sensalion au lieu d’une contraction, au moment où le circuit est fermé. 6°) Lorsqu'au contraire le courant parcourt le nerf dans le sens de sa ramification , c’est au moment où le circuit est interrompu que l'animal éprouve une sensation. Ces résultats sont plus ou moins importans ; les deux derniers ont en outre un degré spécial d'intérêt, et ce sont justement ceux sur lesquels j'avois le plus dirigé mes observations eu reprenant la série de mes anciennes expériences. Mr. Marianini prépare une grenouille de manière que ses membres inférieurs, les jambes et les cuisses, restent unis au Corps par un, où par les deux nerfs cruraux, ayant soin de ne pas écorcher l'animal et d’endommager les viscères le moins possible Cela fait, il pose la grenouille dans le circuit et il observe ce qui arrive lorsque ce courant va des pieds à la tête, c’est-à-dire, dans un sens opposé à celui de la ramification du système ner- feux qui part du cerveau. Le fait observé consiste en ce que les membres inférieurs se contractent lorsqu'on iii= terrompt le circuit , et qu'en le fermant ces parties restent sans mouvement, tandis que les membres supérieurs donnent des signes d'agitation et de douleur. Lorsque D 2 b2 P'H,Y SH QUE. le courant parcourt les nerfs dans le sens de leur rami- fication, le phénomène est inverse, la contraction ayant lieu dans les membres inférieurs lorsqu'on ferme le cir- cuit, et la sensation douloureuse dans les parties supé- rieures lorsqu'on ouvre le circuit. J'ai répété plusieurs fois cette expérience, et quoique j'aie trouvé beaucoup d'individus qui aient manifesté des signes de douleur, soit en fermant le circuit, soit en l’ou- vrant, je n'ai pas cependant, dans la plupart des cas, observé le fait tel que le décrit Mr. Marianini. Je suis heureux quand il se présente une occasion de pouvoir rendre justice à un aussi habile cbservateur; mais en même temps je ne puis passer sous silence la remarque suivante , c'est que toutes les fois que j'ai placé dans le circuit seulement la partie supérieure de la grenouille , en appliquant les deux conducteurs positif et négatif de la pile sur deux points quelconques du dos ou’du ventre de l'animal, j'ai toujours vu se renouveler Îles signes de douleur dont parle Mr. Marianini. Il faut re- marquer que dans ce cas les signes sont plus forts que ceux qui se manifestent dans l’autre disposition, et qu'ils continuent lorsque le circuit est fermé , quelle que soit la direction du courant. Le muscle est alors la partie sur laquelle se décharge immédiatement le torrent élec- trique ; celui-ci ne suit aucune marche régulière par rap- port au système nerveux, et cependant la grenouille donne les signes les plus manifestes de douleur, comme de faire des contorsions , de fermer les yeux, d’avoir l'air tourmenté , etc. Dans ce cas, disons-nous, la gre- nouille souffre non-seulement par l'intermédiaire du nerf EFFETS ÉLECTRO-PHYSIOL. DE LA GRENOUILLE. 53 qui propage celte sensation , mais aussi par l'effet des contractions ordinaires du muscle. Aucun des viscères nobles n’est indifférent à la violence de ces mouvemens; tous en ressentent plus ou moins l'influence , et tous y répondent d’après leur manière habituelle d’éprouver la sensation. Je conviens qu’il restera toujours à expliquer comment les contractions ordinaires sont produites, soit en fermant, soit en interrompant le circuit ; mais li- guorance de la cause à laquelle sont dus ces effets alternatifs n’oblige pas à tomber dans l’inconvénient d'attribuer au nerf un office qui n’est pas le sien, en le supposant dans des circonstances données, chargé de la fonction de propager une sensation douloureuse ; or dans les expériences de Mr. Marianini tout le corps de la grenouille faisant partie du circuit , il suffit que le muscle de ce corps se contracte pour que l'animal doive beaucoup souffrir. Pour lever toute difficulté, il auroit fallu , je crois, opérer sur le nerf seul. C’est un fait bien prouvé que, lorsqu'on met dans le circuit une portion isolée du nerf crural, les membres inférieurs de la grenouille se meuvent, tantôt lorsque l'on ferme , tantôt lorsqu'on interrompt Île circuit, suivant que le courant va dans un sens ou dans un autre. Dans cette disposition Îles membres inférieurs sont hors du circuit ; et s'ils éprou- vent une secousse, cela ne peut provenir que du nerf qui, étant soumis à l’action du courant, propage l'exci- tation qu'il a reçue dans la direction de ses ramifications. Mais dans les mêmes circonstances qu'arrive-t-il aux membres supérieurs de la grenouille ? Rien absolument, 54 PHYSIQUE. si l'expérience est faite en conscience, c’est-à-dire , si le nerf seul entre dans le circuit. Il n’y a donc, il me semble, aucune espèce de propagation du côté de la tête, ou, s’il y en a, elle est d’une nature telle que la grenouille ne Île manifeste par aucun signe extérieur. Pour que les parties supérieures de la grenouille se contractent et donnent par là des signes de douleur, il faut que ces parties entrent dans le circuit : alors le courant excite les nerfs de la manière ordinaire , et les contractions qui en sont le résultat sont accompagnées de signes de douleur et d'affaissement causés par la pro- pagation de ce mouvement au travers des viscères plus sensibles que le reste du corps. Au reste, pour étudier à fond le sujet, il faut com- meucer par faire une analyse exacte des phénomènes que présente le ner£ sous l’action de l'électricité. Ces phénomènes varient à mesure que l’excitabilité naturelle de ce nerf diminue. Les physiciens se sont jusqu'à présent bornés à distinguer deux périodes d’excitabilité ; la pre- mière est celle de la grande excitabilité, daus laquelle la grenouille se meut , soit en fermant, soit en interrom- pant le cireuit ; la seconde est celle de l’exvcilabilité moindre, daus laquelle les contractions n’ont lieu que dans l’un des deux cas. A force d'expériences faites sur queiques centaines d'iudividus, j'ai reconnu la néces- sité de distinguer cinq périodes au lieu de deux. Pour pouvoir découvrir complétement la loi du phéno- mène , il est nécessaire de faire à chaque instant quatre observations. A la vérité les directions suivaut lesquelles le courant peut pénétrer dans le nerf, ne sont qu'au nom - EFFETS ÉLECTRO-PHYSIOL. DE LA GRENOUILLE, 35 bre de deux; mais il faut examiner, pour chacune de ces directions, ce qui a lieu quand on ferme et quand on interrompt le circuit. Chacune des quatre observations est bien distincte des autres. Pour éviter toute confusion et en même temps pour abréger, nous appellerons tou- jours courant direct celui qui va de la tête aux pieds de l'animal , en parcourant les nerfs dans le sens de leur ramification , et courant inverse celui qui va des pieds à la tête et par conséquent dans la direction opposée. Nous distinguerons aussi la circonstance de fermer le circuit, de celle de l'interrompre, par deux seuls mots, fermant et interrompant. On est en outre appelé à parler quelquefois des effets qui ont lieu dans une autre circonstance, savoir, pen- dant le temps durant lequel la grenouille reste exposée à l’action continue du courant électrique. Le circuit est alors fermé, et cette expression suffira pour indiquer cet intervalle. Les observations que nous allons décrire se font sur Ja grenouille préparée d'après la méthode de Galvani, avec la seule différence qu’on ne laisse à l’animal que l’un de ses deux nerfs cruraux. De cette manière l’on est assuré qu'il n'y a pas dans l'expérience d'autre cou- rant que celui que l’on introduit soi-même dans le nerf qu'on étudie, et que par conséquent il ne peut y avoir d'équivoque dans les résultats. Nous nous occuperons plus tard du muscle ; mais il faut commencer par le nerf, et le soumettre, pour le dénaturer le moins pos- sible , à l’action de courans foibles. Un arc composé de deux métaux peu éloignés l’un de l'autre dans l’é- 56 PHY$IQ UE. chelle voltaïque est ce qui vaut le mieux pour cet objet. Celui dont je me sers ordinairement est formé de deux fils, l’un de cuivre, l’autre de platine; je me sers cepen- dant d’un autre arc plus actif de cuivre et de fer, afin d'obtenir, lorsque cela est nécessaire , des effets plus marqués. Observations sur le nerf isole. Premiere période. Je prépare une grenouille d’après la méthode de Galvani, en ayant soin de laisser, comme je l'ai déjà dit , un nerf isolé ; sans perdre de temps, j'applique sur les deux extrémités de ce nerf les deux bouts de mon arc hétérogène de cuivre et de platine, en prenant la précaution de ne point toucher le muscle. J'observe que la grenouille se contracte, soit que je ferme, soit que j'interrompe le circuit. Pendant le temps que le circuit reste fermé, la grenouille ne donne d’autres signes que ceux qui proviennent de sa propre vitalité. Voici le tableau de ces résultats : En le fermant. — Contractions. Courant direct. Éne ferme. — Rien. En l'interrompant. — Contractions. En le fermant. — Contractions. Courant inverse.{ Circuit fermé. — Rien. En l'interrompant.— Contractions. Daus cette première période durant laquelle la gre- nouille est douée d'une grande excitabilité , les con- PR EFFETS ÉLECTRO-PHYSIOL. DE LA GRENOUILLE. 37 tractions qui se manifestent en fermant le circuit , se confondent avec celles qui ont lieu en l’interrompant. Si quelquefois les secousses de l’une de ces époques sont plus fortes que celles de l’autre , souvent aussi on observe le contraire. Ces irrégularités ne méritent pas d’être prises en considération , parce que le nerf doit avoir naturellement des momens de plus grande exci- tabilité , et ces momens se combinant, tantôt avec la circonstance de fermer le circuit , tantôt avec celle de l'interrompre , il en résulte nécessairement quelqu'al- tération dans les phénomènes. Il n’est pas rare, par exemple, d'observer dans les grenouilles des convul- sions tétanoïques, et dans cet état l’animal mauifeste souvent des secousses plus fortes qu'il ne le faisoit un moment auparavant. Seconde période. À mesure que la grenouille perd de sa vivacité, les contractions qui ont lieu en fermant et en interrom- pant le circuit, acquièrent des caractères particuliers. Les différences dépendent de la direction du courant, et celles qui se manifestent les premières d’une ma- nière digne d'être remarquées sont les suivantes ; si j’o- mets de temps en temps de noter l’époque pendant la- quelle le circuit reste fermé, c’est qu’il ne se passe alors rien de particulier. RTE Le le fermant.— Fortes contractions. En l’interrom.— Contractions foibles. En le fermant.— Rien. Courant inverse. | in j En l'interromp.— Fortes contractions. K8 PHYSIQUE. Cette période est remarquable en ce qu'elle met en évidence une nouvelle propriété, savoir, que le courant direct continue à produire le même effet, soit qu’on le ferme , soit qu'on l'interrompe , tandis que le courant inverse n'en produit plus que lorsqu'on l'interrompt. Troisième période. L’excitabilité de la grenouille diminue encore comme l'indique le tableau des observations. à En Île fermant.— Contractions fortes. Courant direct. En l'interrompant. — Rien. d En le fermant. — Rien. Courant inverse. # En | interromp. — Fortes contract. Dans cette période le courant direct perd la faculté d'exciter la contraction lorsqu'on l'interrompt ; il de- vient semblable, sinon en réalité, du moins en appa- rence, avec le courant inverse, en ce qui regarde l'in- tensité de leurs effets respectifs. Toute la différence con- siste en ce que le phénomène qui se présente avec le courant direct, au moment où l’on ferme et au moment où l’on interrompt le circuit, a lieu avec le courant inverse aux deux époques contraires. Le changement qui résulte de l’inversion du courant est maintenant dans tout son jour. Cette époque particulière est celle qu’at- tendoient les physiciens pour étudier la cause des con- tractions. Ce moment est sans doute l’un de ceux où la grenouille présente le plus petit nombre d’anoma- lies; mais il n’est pas le seul sur lequel l’attention doive être dirigée, puisqu'il ne présente toutefois qu'une partie EFFETS ÉLEGTRO-PHYSIOL. DE LA GRENOUILLE. 59 des élémens nécessaires à connoître pour déterminer la loi générale à laquelle est soumise cette classe de faits. Quatrième période. La vivacité de l'animal diminue encore et l’on ob- serve les signes suivans. c d: f En le fermant — Contractions. ourant direct. 3 4 \En l'interrompant — Rien. ! En Île fermant — Rien. Courant inverse. FA " En | interrompant — Rien. Il ne reste donc dans cette période qu’une seule con- traction , celle que produit le courant direct au moment où l’on ferme le circuit. Cette contraction étoit, dans la période précédente, accompagnée d’une autre qui pa- roissoit être de la même force ; maintenant il n’y en plus qu'une, ce qui montre donc une certaine supériorité dans le courant direct qui la produit. Cinquième et dernière période. Le nerf ne ressent plus l’action de l'arc hétérogène, et les contractions n’ont plus lieu dans aucun des cas. Dans ce moment le nerf est moins excitable qu'au com- mencement, et cette diminution d’excitabilité suffit pour expliquer l'absence de tout effet. Il est vrai de dire que le nerf se dessèche peu à peu, et qu'avec l'humidité di- minue en même temps la faculté de conduire le cou- rant électrique ; mais on ne doit pas attribuer au manque d'humidité la disparution des secousses: car si l’on fait passer le courant du nerf au muscle, en mettant dans 6o PHYSIQUE. le circuit les membres inférieurs de la grenouilie, les contraclions reparoissent presque toujours. Il est inutile d’avertir que lorsqu'on dit que le nerf n’est plus excitable, il est entendu que c’est par rap- port à la force du courant avec lequel on fait l’expé- rience. Le nerf qu'on ne peut plus exciter avec un are de platine et de cuivre peut encore être excité avec un autre arc plus actif et bien plus facilement encore par l'action de la pile. T'héorie des contractions. Considérations générales. Il y a deux sortes de courans que l’on fait passer au lravers du nerf; le courant direct, et le courant in- verse ; dans l’un et l’autre cas les résultats différens que l'on doit étudier peuvent être classés sous trois chefs : 1° Ceux que l'on obtient au moment où l’on ferme le circuit. 2° Ceux que l’on obtient pendant que Île circuit est fermé. 3° Ceux que l’on obtient quand on interrompt le circuit. Il est vrai que la grenouille, tant qu’elle fait partie du circuit fermé, ne donne aucun signe de mouvement; mais ce résultat négatif n'indique pas nécessairement que le courant , en circulant au travers da nerf, ne pro- duise pas un certain effet. Nous savons d'après une cx- périence bien conuue de Volta, qu'une grenouille laissée pendant une demi-heure environ dans le cir- EFFETS ÉLECTRO-PHYSIOL. DE LA GRENOUILLE. 61 cuit d'une pile, ne se contracte plus sous l’action du même courant; tandis qu’au contraire la même gre- nouille éprouve une agitation très-vive si on la soumet à l’action du courant inverse. On voit par là que l’ac- tion continue d'un courant ne désorganise pas le nerf, mais qu'il l’altère cependant jusqu’à un certain degré en le mettant dans un état qui ne lui est pas naturel. Si le nerf reste peu de temps dans le circuit, il ne s’ha- bitue pas à cette position nouvelle pour lui, et la force qui a agi sur lui la première fois, produit encore son effet une seconde , une troisième, etc. Si le nerfest long-temps maintenu dans une situation qui n’est pas son état naturel, il s’habitue alors à son nouvel état , et il peut s’y maintenir plus où moins long- temps, même lorsque la cause qui avoit produit sur lui cette altération n'existe plus. Si l’on suspend l’action de celle cause et qu'on la fasse de nouveau agir peu de temps après, comme elle retrouve le nerf encore dans la disposition qu'elle tend à produire chez lui, on ne s'aperçoit point qu'il y ait eu interruption dans son ac- tion , et l'effet est le même que si elle avoit été con- tinue. Le phénomène change entièrement d’aspect lorsqu'on change la direction du courant. Le nerf s’étoit habitué à l’action du courant qui le parcouroit, par exemple, dans le sens de ses ramifications ; maintenant nous le soumettons à l'influence d’un courant inverse qui le parcourt dans un sens opposé à celui de ses rami- fications. Plus le nerf s’étoit habitué à l'action du premier courant, moins il sera disposé à supporter G2 PHYSIQUE. l’action du second ; et il en résultera naturellement qu'une grenouille morte en quelque sorte sous l'ef- fet continu d’un courant, pourra se ranimer sous l'in- fluence du courant contraire. L'expérience citée ne nous enseigne pas en quoi consistent les modifica- tions qu'éprouve Île nerf sous l’action des courans di- rect et inverse ; elle nous montre seulement d'une ma- nière certaine que l’une des modifications est différente de l’autre, ainsi qu'il étoit naturel de le supposer d’a- vance. Le nerf est construit sans aucun doute de ma- nière à propager certains mouvemens dans le sens de ses ramificatioùs, et il suffit qu'il doive exécuter cer- taines fonctions dans un sens déterminé, pour qu'on puisse raisonnablement présumer qu'il doit souffrir une altération différente, suivant que le courant le par- court dans une direction ou dans une autre. Nous sommes bien loin de prétendre connoître la structure du nerf, mais néanmoins nous rappellerons comme exemple un fait trivial, il est vrai, mais concluant pour le cas dont il s'agit. On sait ce qui se passe chez cer- tains animaux lorsqu'on passe la main sur eux, tantôt dans le sens de leur poil, tantôt dans le sens contraire ; la sensation de l'animal dans le premier cas est douce, dans le second elle est irritante et désagréable. Or, comme il ne semble pas qu'il puisse y avoir de com- paraison entre la structure délicate du nerf et celle in- finiment plus grossière de la peau , il en résulte que, si un certain mouvement produit sur Îles parties les moins sensibles de l’animal des effets si opposés par un simple changement de direction , la différence sera EE EFFETS ÉLECTRO-PHYSIOL. DE LA GRENOUILLE. 63 encore bien plus sensible lorsqu'il s'agira des nerfs qui sentent d'une manière parfaite les plus légères impressions. L'analogie, non moins que l'expérience , nous auto- risent donc à poser ces deux lois électro-physiologiques. L Les deux courans, direct et inverse , agissent diffé- remment sur le nerf, ensorte qu'ils l’altèrent chacun d’une manière particulière. Nous distinguerons les deux altérations par le nom du courant qui les produisent ; nous appellerons l’une altération directe, V'autre aliéra- lion inverse. IT. Ces altérations laissent ou ne laissent pas de trace sur le nerf, suivant le temps que celui-ci est resté sous l'ac- tion de la cause perturbatrice. Si le courant à circulé dans le nerf pendant long-temps, les traces sont du- rables : elles s’évanouissent promptement si la circula- tion n’a pas été continue. Quant à ce qui concerne les contractions ordinaires de la grenouille , on doit se rappeler qu'elles ne se manifestent que lorsqu'on interrompt ou qu’on ferme le circuit; les secousses n’ont lieu que lorsque Île nerf change brusquement d'état. Nous savons, en effet, par une belle expérience de-Mr. Marianini, qu'il suffit d'introduire le courant d’un électromoteur peu à peu sur la grenouille , pour faire manquer le phénomène de la contraction. De là provient la loi suivante : 64 PHYSIQUE. ILE. Le nerf n'est excité par l'électricité d'une manière efficace , que lorsque cet agent le fait passer brusque- ment d’un état à un autre. L'état dans lequel l'animal peut se trouver est de trois espèces : 1° Etat naturel avant que de fermer le circuit. 2° Etat d’altération directe produit par la circulation du courani direct. 3° Etat d’altération inverse produit par la circulation du courant inverse. Nous ignorons en quoi consiste la différence qui existe entre ces trois états ; néanmoins l’on peut pré- voir déjà dans quelle occasion aura lieu la plus forte secousse. Les conditions qui détermineront en général une secousse, sont au nombre de deux. La première est que le nerf passe d’un état à l’autre ; la seconde, que ce passage se fasse rapidement, La secousse la plus forte aura donc lieu lorsque la plus grande dif- férence d’état se combinera avec la plus grande ra- pidité de passage d'un état à l’autre. Tels sont les principes et les considérations gé- nérales qui doivent, d’après notre opinion, diriger les observateurs dans l’examen du phénomène com- pliqué des contractions. Avant de passer à l'application de ces règles aux phénomènes que présente la gre- nouille dans les différentes périodes que nous avons examinées , il ne nous reste plus qu'à poser claire- ment l'état de la question. Chaque courant tend à EFFETS ELECTRO-PHYSIOL. DE LA GRENOUILLE, 65 produire une secousse sur la grenouille à deux époques différentes, au moment où l’on ferme et au moment où l'on interrompt le circuit. Dans la première période, les quatre contractions $ont à peu près égales, Si ces con- tractions diminuoient dans la même proportion, à mesure que l’excitabilité du nerf diminue ; le phénomène ne présenteroit aucune singularité. La singularité consiste donc en ce qu'après la première période, les quatre secousses deviennent de forces si inégales, que les unes disparoissent pendant que les autres subsistent encore. Deux de ces contractions disparoissent long- temps avant les deux autres , et peuvent étre nommées Jfoibles en comparaison des deux plus fortes qui durent plus long-temps. Voici l'ordre dans lequel les con- tractions disparoissent : 1° La plus foible qui appartient au courant inverse, au moment où on le ferme. 2° La onoins foible qui appartient au courant direct, au moment où on l'interrompt. 3° La moins forte qui appartient au courant inverse , au moment où on J'interrompt. 4° La plus forte qui appartient au courant direct, au moment où on le ferme. Telle est la loi du phénomène. Îl reste à examiner comment on peut l'expliquer, et si elle est soumise à des variations dépendant de Îa force du courant; il faut se rappeler que jusqu'ici nous n’avons touché le nerf qu'avec des arcs hétérogènes doués d’une très-petite force électromotrice, à Sciences et Arts. Mai 1830. 66 PHYSIQUE. Interprétation de la loi des contractions. Première période. Courant direct. es le ermant, En l'interrompant.[ Contractions à Re jÈs le fermant. peu près égales. En l'interrompant. Dans cette première période, les quatre contractions ne présentent pas en général de différence sensible. Cette égalité ne doit pas s'expliquer en disant que l’é- lectricité agit de la même manière dans les quatre cir- constances ; une semblable interprétation seroit en con- tradiction avec les principes généraux que nous avons déjà établis. Il faut dire , au contraire, que l'électricité exerce , il est vrai, une action particulière dans chaque cas, mais que l’excitabilité du nerf étant à son plus haut degré, celui-ci éprouve une secousse trop vive dans toutes les-circonstances , pour qu'on puisse s'a- percevoir des différences qui dépendent de la nature de la cause excitante. Cette explication est tellement la vé- ritable , que dans la période de grande excitabilité, qui est celle qui nous occupe actuellement , l'on peut subs- tituer à un arc voltaïque très-foible, un autre beau- coup plus énergique sans rencontrer dans les con- tractions une différence qui soit en rapport avec celle des forces électromotrices. Notre arc ordinaire est de cuivre et de platine ; celui de cuivre et de fer produit à peu près les mêmes effets. Seconde période. En J Courant direct. — De fortes contractions. le circuit À Courant inverse. — Rien. EFFETS ÉLECTRO-PHYSIOL. DE LA GRENOUILLE. 67 Le courant direct, aussi bien que l'inverse , trouve Île nerf dans son état naturel, et ils s’y introduisent l'un et l’autre avec une égale facilité, en supposant qu'ils se trouvent dans des circonstances semblables. Mais l’un, le courant direct, agit sur le nerf dans le sens de ses ra- mifications et produit ainsi une secousse très-sensible, l’autre, le courant inverse , parcourt le nerf dans la di- rection opposée et ne produit aucun effet quelconque. Le nerf possède une structure particulière destinée sans doute à propager certains mouvemens au moyen de ses ramifications. Supposons donc, comme cela est naturel, que le courant direct produise son effet par le seul fait que dans le premier instant de son action , 1! frappe le nerf dans le sens de ses fibres, et l’on comprendra pour- quoi il n’y a pas de contraction avec le courant inverse qui agit dans la direction opposée , savoir celle suivant laquelle le nerf ne présente pas de ramifications. Si le même courant inverse produit une secousse, quaud le nerf est plus excitable, cela indique seulement que le nerf tend , comme une corde élastique , à propager le mouvement qu'il reçoit dans deux directions, mais avec bien plus de force cependant dans celle suivant laquelle agit la force motrice. En interrom- { Courant direct, — Contractions foibles. pant le cire. À est inverse.—Contractions fortes. La circulation du courant direct tend à altérer la struc- ture du nerf dans le sens de ses fibres et dans celui de ses ramifications. Le courant inverse tend à altérer cette même structure dans Ja direction opposée. Supposons que la nature du nerf soit telle, qu'elle supporte plus E 2 ÿ.2 Sd 68 PHYSIQUE. facilement l'altération dans le sens de ses fibres que dans le sens contraire; dans cette hypothèse que l’on ne peut assurément taxer d'extravagante, le nerf altéré par l'effet du courant direct se trouvera, toutes les autres circonstances restant les mêmes, dans un état moins forcé que le nerf altéré par le courant inverse. En interrompant le circuit, le nerf le moins tourmenté sera plus près de son état naturel et produira une secousse foible ; le nerf le plus tourmenté se trouvera, au con- traire, dans un état plus éloigné de celui qui lui est na- turel et produira une secousse plus forte. Troisième , quatrième et cinquième périodes. Après les éclaircissemens qui précèdent, les effets qui se manifestent dans ces trois dernières périodes ne pré- sentent plus aucune difficulté à être expliqués; l'exci- | tabilité du nerf diminue et les contractions deviennent plus foibles de moment en moment. La dernière qui disparoît est la-secousse qui est pro- duite par le courant direct au moment où l’on ferme le circuit; l’avant-dernière est celle qui provient de l’ef- fet du courant inverse au moment où l’on interrompt le circuit. Ces deux secousses sont celles de la troisième période; elles continuent long-temps à être fortes et sont en quelque sorte antagonistes l'une de l’autre. A la fin, le courant direct l'emporte et reste seul capable de produire Ja contraction. | ( La fin au prochain Cahier.) PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. DE LA STRUCTURE ET DES FONCTIONS DES VAISSEAUX SPI- RAUX DES PLANTES. — Dissertation inaugurale, pré- sentée à l’Univ. de Bonn, par Mr. THÉOD. BISCHOFF, en 1829 (1). « De toutes les parties de l'anatomie végétale, celle « sur laquelle on a le plus disputé, et sur laquelle on « est encore le moins d'accord, c'est la structure et « l'histoire des vaisseaux. » Telle est la phrase par la- quelle j'ai commencé le chapitre des vaisseaux dans l'Organographie Végétale. On peut juger par là avec quel intérêt les amis de la physiologie doivent accueillir tous les travaux propres à éclairer cette matière délicate. L'écrit que Mr. Th. Bischoff vient de publier, lève une partie des doutes relatifs à la fouction des vaisseaux: il paroît fait avec beaucoup de soin et annonce à la physiologie un observateur doué d’exactiude et de sa- gacité. Mr. B. partant des opinions les plus généralement ré- pandues en Allemagne, appelle collectivement vaisseaux (1) De ver“ vasorum spiralium plantarum structuré et indole, Diss. énaug. Auct. Th. Bischoff , Bonnensi Phil. Doct. 1n-8° Bonnæ, 1829, » 70 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. spiraux, Ce que J'ai appelé vaisseaux, et est obligé par conséquent de nommer vaisseaux spiraux proprement dits ceux que je nomme vaisseaux spiraux où trachees. Il énumière les diverses espèces de ces vaisseaux qu'il paroit cousidérer comme de simples modifications d’un même corps. Il donne même une figure d’un tube mixte, ponctué dans une partie de sa longueur, rayé dans une autre, déroulable en vraie trachée à l'extrémité ; mais il paroit donner cette figure seulement comme moyen de faire comprendre la théorie, et ne dit pas l'avoir des- sinée d’après nature ; il assure seulement qu’on en trouve de semblables dans l'épinard cultivé. Ce point de l'his- toire des vaisseaux me paroît loin d’être éclairci par cette observation, et je conserve jusqu’à nouvel informé tous les doutes que j'ai exprimés dans l'Organographie Végétale (vol. E, p. 49-51 ). Mr. B. établit, mais saus le démontrer et en parois- sant se référer à un autre travail, que le tube membra- neux admis par la plupart des observateurs dans la forma- tion des vaisseaux, n’est ni en dedans de la spirale, soit conliuue, soit interrompue, comme le veulent les uns, ni en dehors de cette spirale, comme le veulent les au- tres, mais qu'elle est sur le même plan et qu'elle en unit les parties en un tube continu. Cette opinion me paroît certaine pour les vaisseaux rayés, ponctués ou réliculés ; elle me paroit avoir besoin de quelques preuves ultérieures pour les vraies trachées, et en général, ül me semble un peu prématuré d'afhrmer complétement l'identité (peut-être vraie, mais non assez démontrée ) des tracliées avec cs autres vaisseaux, FONCTIONS DES YAISS. SPIR. DES PLANTES. 71 Mr. B. combat, et ce me semble victorieusement, l'o- pinion de Mr. Schuliz qui admet que les vaisseaux pouctués, ne sont que des cellules ; il prouve par son propre témoignage et par celui de la plupart des obser- vateurs, que ce sont de véritables tubes, ce dont il est facile de s'assurer dans les plantes herbacées. Quant à la nature des ponctuations qu’on observe sur ces vais- seaux, Mr. Schultz se rapprochant beaucoup de l'opi- nion de Mr. Dutrochet, les regarde comme des sortes de globules animés. Mr. B. combat cette hypothèse jus- qu'ici entièrement gratuite, Après cette espèce de préliminaire relatif à la struc- ture des vaisseaux, nous nous hâtons d'arriver avec l'auteur à la discussion de leurs fonctions. Trois opi- nions partagent à cet égard les savans : les uns con- sidèrent les vaisseaux des plantes comme les véritables véhicules de la sève , les autres comme des canaux rem- plis d'air, quelques-uns comme pouvant servir aux deux fonctions dans certaines circonstances. Mr. B. expose les motifs de ces trois opinions , et indique les princi- paux auteurs qui ont adopté chacune d'elles. Nous ne le suivrons pas dans cette partie de son travail, et nous nous bornerons aux observations qui lui sont propres. Il cherche à établir (p. 42) « que les plantes, comme « Lous les animaux, ont besoin d’une communication in- « lime et d'une liaison avec l'air; que, de même que « dans les animaux l’oxigène de l'air agit sur le sang, « de même aussi l’oxigène agit sur le suc absorbé par « les racines des plantes et le modifie pour le rendre « propre à leur nourriture et à leur développement : 2 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. —T A il ne suffit pas pour cela que la superficie seule soit « exposée à l'air atmosphérique; mais il y a en outre « d’autres organes aérifères; les vaisseaux spiraux si- « tués chez plusieurs plantes dans leurs parties les plus « intérieures, chañient un air qui contient plus d’oxi- « gène que l'air atmosphérique et qui est secreté de l’eau « du sol par l’action vitale propre aux racines. Cet air, « sur 100 parties, contient de 27 à 30 parties d’oxigène, « dont une portion, pendant le jour, s’échappe de la sur- « face des feuilles par l’action du soleil. Que les plantes contiennent de l'air et même en assez grande quantité, c’est Ce qui est connu et admis de tous. On sait en particulier, que l'air renfermé dans les péri- carpes vésiculeux, les cavités des tiges et des feuilles, les vésicules des Fucus, etc. est tantôt de l’air atmosphé- rique, tantôt un air contenant moins d’oxigène que l'air atmosphérique ; mais comme ces cavités aériennes sont des faits spéciaux à certaines plantes, il importe sur- tout d'examiner s’il y a de l’air dans ïes vaisseaux com- muns à presque .tous les végétaux et de quelle nature est cet air. On a déjà dit, mais Mr. B. reproduit ces observations avec plus de précision , 1° que si l’on coupe sous l’eau Ja tige d'une plante on voit de petites bulles d'air sortir des fibres ou des faisceaux de vaisseaux, et 2° que si on les coupe à l'air libre on n’en voit pas sortir de liquide ; double fait qui paroît démontrer que les vaisseaux ren- ferment de l’air. Mais s’il arrive quelquefois qu'on trouve un peu de liquide à l’orifice des vaisseaux, Mr. B. croit s être assuré par l'observation, que ce liquide y est en- FONCTIONS DES VAISS. SPIR. DES PLANTES. 79 traîiné dans certains cas par l’action même de l'instru- ment tranchant qui a fait la coupe transversale de la tige ; car on ne l’y trouve que dans fe cas où le tissu cel- lulaire environnant en est abondamment rempli, et on ne le rencontre pas dans les tiges modérément humides. L'observation montre que, si on essuye ia coupe de ma- nière à enlever ce liquide surabondant, on ne voit plus sortir de liquide des orifices béans des vaisseaux : c’est ce qu'il est facile de reconnoître en choisissant des plantes qui, comme les courges, ont les vaisseaux assez grands pour que leur orifice soit visible à la vue simple. Cette assertion que Mr. B. assure résulter de centaines d'observations, paroît d'autant plus concluante qu'il avoit commencé ses recherches étant dans l’opinion contraire à celle que es faits l’on conduit à adopter. Il confirme par une observation l'explication donnée tout-à-l'heure de l'erreur qui a entrainé quelques naturalistes à croire que les vaisseaux renferment de l’eau. Si l’on coupe adroïtement une tige peu humide et qu’on la soumette au microscope à sec, l’orifice des vaisseaux paroîtra vide ; si on y place une goutte d’eau, elle s'imbibera im- médiatement, soit dans les cellules, soit dans les vais- seaux ; mäis en examinant l'extrémité opposée du frag- ment de la tige, on voit l’orifice des vaisseaux cexhaler de petites bulles d'air qui paroissent chassées par l’eau entrée à l’autre bout. Ceux qui pensent que les vaisseaux sont les canaux de la sève , soutiennent cette opinion en disant que, sans elle, on ne peut comprendre par où ce liquide pas- seroit. Mr, B. répond qu'il peut s'élever par les méats in- 74 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE,. tercellulaires, et j'ai moi-même présenté déjà dans l'Or- ganographie divers motifs en faveur de cette opinion. On sait très-bien que la sève monte dans les végétaux qui n'ont point de vaisseaux, à peu près comme dans Ceux qui en ont. Le fait le plus remarquable en faveur du passage de la sève par les vaisseaux, est celui qui est tiré des injections colorées: on sait en effet que, lorsqu'on plonge une plante par sa base dans de l’eau colorée, celle-ci s'élève dans les fibres; et quand on dissèque la partie injectée sous le microscope, on voit évidemment que les vaisseaux sont les organes colorés, d’où on a conclu que c’étoit eux qui servoient de conduits aux sucs. On avoit cra que ce fait n'avoit lieu que pour des branches coupées ; Mr. B. s'est assuré qu'il en est de même des plantes plongées dans l'eau colorée avec leurs racines parfaitement intactes. Malgré cela il ne peut admettre que ce fait ait autant d'im- portauce qu’on l’a cru ; non-seulement les plantes sont alors dans un état hors de nature, mais de plus, l'exemple de la coloration des os des animaux par la garance prouve que cette coloration peut donner des idées irès-inexactes sur la marche des sucs. En cherchant à concilier cette observation avec l’ensemble des faits connus, Mr. B. rappelle d’abord que la coloration des vaisseaux par les sucrions colorées n'a lieu qu'en été et non en hiver, quoique cependant il monte bien aussi un peu de sève en hiver. Il montre que cette ca- loration est singulière par son irrégularité; souvent, dit-il, des faisceaux de la même plante, placés de manière identique, sont très-inégalement colorés; de FONCTIONS DES VAISS. SPIR. DES PLANTES, 72 deux plantes semblables mises dans la liqueur, lune absorbe du suc coloré, et l’autre n’en présente aucune trace. Ce liquide ne monte pas par uu simple effet de capillarié, car on empèche son ascension par les mé- langes de matières nuisibles à la végétation telles que les liqueurs alcooliques. D'après ces considérations, Mr. B. pense que, lorsque la plante est dans le sol, elle pompe à la fois de l’eau et de l'air; ensorte qu’elle peut recevoir par ses racines uue quantité d'air suffisante pour remplir ses vaisseaux, malgré la déperdition continuelle qui s'en fait par les surfaces foliacées, et qu'alors le suc n'entre point dans . les vaisseaux. Mais si la plaute est placée dans un liquide coloré qui, ayant bouilli, contient fort peu d'air, elle absorbe l’eau colorée presque sans air: cependant la déperdition de celui-ci continue par les feuilles , et il s’é- tablit un vide dans les vaisseaux, qui est compensé par l'infiltration d’eau colurée qui y entre dans ce cas contre vature. Mr. B. a été conduit à confirmer cette idée par des expériences curieuses ; il a observé qu’en suçant avec la bouche un bout de la tige du Pelargonium ca- pilatum dont l'extrémité plongeoit dans l'encre , ce li- quide s’élevoit par les vaisseaux en ligne droite jusqu'à sa bouche : il a répété et varié cette observation au moyen de la pompe pneumatique. Première expérience. — Ayant placé un tronçon de tige de courge dans use capsule pleine d’eau, sous la pompe pueuniatique , il a vu, dès. les premiers coups de piston, de petites bulles d'air sortir des dix paquets de vaisseaux qui aSoutissoicnt à la tranche horizontale de la tige : le 76 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. tissu cellulaire voisin ne laissa échapper aucune bulle. La même expérience a réussi avec le Malva arborea et une foule d’autres plantes, mais elle est plus facile avec celles où les vaisseaux sont les plus gros. Il sort en gé- néral fort peu d'air de la moëlle des plantes. L'ouverture des vaisseaux est fort difficile à voir dans les plantes aqua- tiques qui ont de grandes cavités aëriennes. Seconde expérience. — On place un morceau de tige ayant l'une de ses extrémités hors de la cloche, exposée à l'air, traversant un orifice sur lequel elle est exacte- ment lutée et arrivant à avoir l’autre extrémité s’ouvraut dans La cloche sous de l’eau. Dès qu’on fait le vide, les bulles sortent des orifices des vaisseaux, et si l’on clôt avec le doigt l'extrémité exposée à l'air, les bulles cessent bientôt de paroître, de sorte qu'on voit clairement qu’elles provienvent de l'air librement en suivant les vaisseaux. On les voit reparoître aussi souvent qu'on soulève Île doigt placé sur la coupe extérieure , et s'arrêter dès qu’ou le replace. Lorsqu'on faisoit la même expérience avec des tiges munies d’une grande moëlle , telles que des composées, dès que l'air actuellement contenu dans Ja moëlle étoit épuisé, celui qu'on obtenoit venoit des vaisseaux. T'roisivme expérience. — L'air qui s'échappe des vais- seaux n'est pas de l'acide carbonique, car lorsqu'on ré- pète les expériences précédentes sous de l’eau de chaux, celle-ci n’est nullement troublée par son développe- ment. Quatrième expérience. — On à placé un jet allonge de pommes de terre, né dans une cave, de manière à FONCTIONS DES VAISS. SPIR. DES PLANTES. 97 ce que traversant l’orifice de la cloche de la pompe et bien luté à cet orifice (ce qui est la principale difficulté de l'expérience), l'extrémité inférieure du jet trempât hors de la pompe dans de l’eau barytée, et la supé- rieure dans une capsule d’eau acidulée par de l'acide sulfurique , renfermée sous la cloche. Quand on fait le vide, les bulles sortent dans l’eau acidulée , l’eau ba- rytée vient s’insinuer dans les vaisseaux qui contenoient l'air auparavant , et arrive jusque dans l'eau acidulée où 1] se fait un précipité blanc qui paroît être du sul- fate (l’auteur dit sulfure, probablement par erreur) de baryte. Cinquième expérience. — Dans le même appareil on a mêlé de la teinture de tournesol dans l’eau de baryte, et il s'est écoulé par l’autre extrémité, dans l’eau aci- dulée , une liqueur rouge qui sembloit un filet de sang sortant d'une veine capillaire. Les vaisseaux, vus au mi- croscope , étoient teints en rouge comme dans les injec- tions colorées ordinaires dont celte expérience semble confirmer l'explication citée plus haut. Cette expérience ne réussit pas avec toutes les plantes, probablement, selon l’auteur, parce qu'alors l'air s'introduit dans la cloche par la surface de la tige qui y est exposée. Sixième expérience. — On a placé une tige de balsa- mine traversant l’orifice de la cloche de la pompe, et ayant sa base hors de la pompe reçue dans un enton- noir plein d'encre, et sa sommité libre dans l'air sous la cloche quand on fait le vide. Il ne sortit aucun suc de l’orifice des vaisseaux jusqu’à l'apparition de l’encre. Si on met l'extrémité sous la cloche plonger dans l’eau, 78 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. les orifices des vaisseaux donnent d’abord des bulles d'air, puis il en sort de l'encre, et si on dissèque la tige, on voit les vaisseaux ponctués, rayés ou spiraux, injectés en noir. | Septième experience. — Mr. B. à voulu reconnoîitre quelle est la nature de l'air qui sort des vaisseaux par la pompe pneumatique. Pour cela, il a placé sous la cloche de la pompe pneumatique une capsule pleine d’eau dans laquelle il a mis des fragmens de tige recou- verls par un petit récipient renversé, de sorte que l'air sortant des vaisseaux, lorsqu'on fait le vide , étoit reçu sous le récipient; maïs cet air se réduisoit à des bulles trop petites pour être soumises aux procédés eudiomé- triques ordinaires. D'après le conseil de Mr. le Prof. G. Bischof, voici lé procédé que Mr. Th. Bischof à adopté. Il s'est exercé à prendre des bulles d’air atmos- phérique et à les secouer dans du sulfure de potasse pen- dant dix à quinze minutes et à mesurer, par le poids de l'eau déplacée, de quel volume la bulle avoit diminué pendant cette opération ; il a vu, en répétant souvent cette expérience, qu'il pouvoit en conclure que la diminution de l’air atmosphérique varioit de 20,5 à 21,5; comme ce résultat s’écartoit très-peu de la réalité, il a appli- qué le même procédé aux bulles sorties dés vaisseaux : il a trouvé ainsi que l'air sorti des vaisseaux de Mabva arborea contient 27,9 d'oxigène, soit 6,9 de plus que l'air atmosphérique, celui du Cucurbita pepo 29,8 d’oxi- gène , soit 8,8 de plus que l'air atmosphérique : qu'en- fin une moyenne de plusieurs expériences donneroit une quantité d’oxigène de 28,5 (soit 8,5 de plus que FONCTIONS DES VAISS. SPIR. DES PLANTES. 79 . l'air atmosphérique) dans l'air extrait des vaisseaux des plantes. Ces expériences, et surtout la dernière , sont trop dé: licates pour que, malgré la confiance que leur auteur paroît mériter, nous ne devions pas désirer de les voir vérifier par d’autres. Si elles sont exactes, comme nous sommes disposés à le croire , elles prouvent, 1° Que les vaisseaux des plantes contiennent , dans leur état habituel, non des sucs, mais de l'air, ainsi que nous l’avions déjà admis dans l’'Organographie, par un ensemble de preuves moins rigoureuses. 2° Que cet air est un peu plus riche en oxigène que l'air atmosphérique et ne renferme point de gaz acide carbonique. Mais tout en admettant la réalité des faits fort cu- rieux observés par Mr. B., il reste dans sa théorie une partie qui n’est point démontrée par eux et qui me semble peu probable, c’est que l’oxigène surabondant contenu dans les vaisseaux, agit sur le suc nourricier des plantes comme l’oxigène inspiré par les animaux agit sur leur sang. Les différences entre les deux règnes restent sous ce rapport dans toute leur force : 1° cet air contenu dans les vaisseaux des plantes paroît, d'après Mr. B. lui-même , sécrété par les racines et non absorbé en nature comme dans la respiration ; 2° le gaz oxigène surabondant s'échappe pur des végétaux et paroît être par conséquent une sorte d’excrétion, tandis que dans les animaux il entraîne le carbone surabondant. Je serois tenté de croire que l’air des vaisseaux se compose d'air atmosphérique ; plus, quelques centièmes provenant de pPAerique ; p que’q 80 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALEÉ. la décomposition du gaz acide carbonique inspiré avec la sève. Des expériences analogues à celles de Mr. B. pourroient résoudre cette question : c’est une voie qu'il a ouverte, et il faut espérer qu'il n’abandonnera pas la physiologie des végétaux après un début aussi inté- ressant, D. C. RS ns Su AGRICULTURE. LETTRE SUR L'AGRICULTURE DE LA FRANCE ; PAR M. LULLIN DE CHATEAUVIEUX. ER ÈS A RE XX XI" LETTRE. RE AR RER ES Des fermes-modèles. Ma dernière lettre étoit écrite, lorsque j'ai reçu la cinquième livraison des Annales de Roville, et j'igno- rois alors que le vœu exprimé dans cette lettre de voir des fermes-modèles se fonder dans l’ouest du royaume, avoit été déjà rempli par le fils même et le gendre de Mr. de Dombasle. x Cette cinquième livraison contient même quelques notices, malheureusement trop succinctes, sur celte co- lonie jetée comme un essaim par l'établissement de LETTRE SUR L'AGRIC, DE LA FRANCE, 8 Roville ; mais nous devons espérer que celui de Ver- neuil publiera aussi ses aunales, dont l'intérêt sera d'autant plus grand , que cette fondation s’est faite dans des régions dont la culture est moins avancée, et où elle aura par conséquent de plus grandes difficultés à vaincre et une plus grande mission à remplir. Les journaux nous ont encore appris qu'il se prépa- roit dans le département de la Loire-Inférieure un projet d'établissement d’une ferme-modèle, qui ne sauroit être plus utilement placé; tandis que la Société d’agricul- ture du département de l'Ain, après avoir traité avec succès, mais en petit, dans une ferme expérimentale, les procédés nouveaux qu'offroit le développement per- pétuel de la science rurale , se proposoit aujourd’hui de transformer cet établissement en celui d’une ferme- modèle. Ainsi l’on voit que l’agronomie tend à la fois sur tous les points du royaume, à sortir du domaine de la théorie pour entrer dans le champ de Fapplication , et par conséquent à changer en spécialité, le caractère de généralité qu'elle y avoit conservé pendant si long- temps. Cette science devient spéciale par cela même qu'il s’agit aujourd'hui de la mettre en pratique dans le cadre et sur le sol donné d'une ferme-modèle. Aussi peut-on regarder cette époque comme une phase décisive dans Vhistoire de cette science , car elle doit sortir triom- phante de l'épreuve où elle va être soumise dans les fermes-modèles , ou succomber à cette même épreuve, si les résultats de cette expérience sont de nature à Sciences et Arts. Mai 1836. F 82 AGRICULTURE, porter le découragement dans l'esprit des cultivatears. Cette épreuve est donc d’une haute importance, et nous sommes arrivés au moment où elle va s’accomplir. Un grand intérêt s’y rattache donc ; aussi rien de ce qui concerne l’histoire de ces établissemens ne sauroit être indifférent ; on y recherche avec ardeur les moindres détails de leurs opérations, car ces détails peuvent dé- cider du sort à venir de l’agronomie. Aussi est-ce avec douleur que nous avons vu le compte rendu du cinquième exercice de Roville, réduit à n’oc- cuper que vingt-cinq pages des annales de cet exercice, et n’offrir ainsi qu'un squelette, tandis que le surplus du volume est absorbé par des morceaux de littérature agricole , empreints sans doute de tout ce qui dis- tingue si éminemment l'esprit de leur excellent au- teur, mais qui auroient pu trouver leur place partout ailleurs. Or c’étoit d’un objet spécial qu’il importoit avant tout de nous occuper ici; c’étoit de nous l’exposer dans tous ses détails, avec tous ses accidens, ses succès et ses revers , avec tous les traits enfin qui permettent au lec- teur de suivre le mouvement historique d'un établisse- ment dont le but est de lui représenter ce qui se pas- seroit chez lui, s'il essayoit d’y introduire le système agricole de Ha ferme qui doit lui en offrir le modèle. Il faudroit ainsi qu’en lisant le recueil périodique des annales de ces fermes, chaque agronome püt y suivre sans efforts la filiation et le développement des diverses branches de leur économie. A cet effet, il me semble- roit convenable de joindre à la première livraison de : LETTRE SUR L'AGRIC. DE LA FRANCE. 83 leur compte rendu un plan libographié de la super- ficie du domaine, dans lequel des numéros seroient affectés à ses diverses parcelles. À côté de ces numéros on noteroit leur étendue, la nature de leur culture et la qualité légère, forte ou moyenne de leur sol. Au moyen de ce premier tableau , que j'appellerai descriptif, le public pourroit se former une notion par- faitement claire du théâtre sur lequel se passent les événemens agricoles que le compte rendu des fermes- modèles doit mettre annuellement sous ses yeux. Lord William Bentinck , aujourd'hui gouverneur des Indes , avoit fait exécuter de tels tableaux, pour la terre qu'il possédoit en Angleterre, dans le temps où il com- mandoit en Sicile les forces britanniques; et au moyen des duplicata de ces tableaux qu'il avoit laissés dans les mains de son régisseur, il dirigeoit à point nommé, de Palerme , toutes ses opérations agricoles , sans em- barras, ni mésentendus, et avec un succès qui lui a valu un rang distingué parmi les agriculteurs anglais. Il suffit que ce tableau descriptif soit donné une fois pour toutes , au début des annales, car il représente la partie invariable des élémens avec lesquels l'entreprise s'opère , à moins toutefois qu'il ne se fit dans le do- maine des changemens notables de distribution , de na- ture de culture ou de conversion en vignobles, bois ou prairies, auquel cas il deviendroit nécessaire d’a- viser le lecteur de ces changemens par la publication d'un nouveau tableau dans lequel ils seroient indiqués. Un autre tableau, plus facile à dresser, mais qu'il fau- droit représenter chaque année, contiendroit l’état et le F 2 84 AGRICULTURE, mouvemement du personnel et du cheptel de la ferme, afin qu'on püt voir d’un seul coup-d'œil par la compa- raison de ces tableaux, le mouvement qui s'est opéré dans la manutention du personnel du cheptel , et par conséquent l'accroissement que ce dernier a reçu par l'effet des améliorations et des soins qui lui ont été donnés. Un troisième tableau, dressé pour chaque exercice, représenteroit dans des cadres réguliers les numéros correspondant à ceux du tableau descriptif; eénsorte que toutes ces parcelles du domaine y seroient figurées dans une case désignée par son numéro. Dans cette case, seroit inscrite la destination agricole que la par- celle auroit reçue pendant l'exercice auquel appartien- dra le tableau, dont laspect donneroit au lecteur la perception immédiate , 1° du roulement des assole- mens sur chacune des parcelles de la ferme; 2° des proportions dans lesquelles chaque production se trou- veroit sur l’ensemble de cette ferme , dans le même exercice. Les modèles de ce tableau existent, aussi n’ai-je-pas besoin de les représenter ici. Ils ont été dressés et pu- bliés par Mr. le comte Morel de Vindé, à la suite des beaux travaux qu'il a exécutés sur les cours de récoltes. On ne sauroit aller plus loin dans la formation de ces cadres , qui semblent avoir été comme préparés à l'a- vance pour représenter des assolemens que les fermes- modèles peuvent, à peu près seules, exécuter avec une régularité propre à être ainsi géométriquement expri- mée. Il ne s’agit donc plus que de les ÿ appliquer. LETTRE SUR L'AGRIC. DE LA FRANCE, 85 Le quatrième et dernier tableau seroit enfin celui du mouvement financier de l’entreprise. Mais la publication seule de ces tableaux ne sufhroit pas pour mettre le public au courant de l’ensemble et de la marche des opérations de la ferme, parce qu'ils n'en représentent les résultats que comme des faits ac- complis, sans y ajouter aucun des développemens bis- toriques , qui apprennent les obstacles qu'il a fallu vaincre , les motifs qui ont décidé, ou les circonstances qui ont accompagné telle ou telle opération. Et cepen- dant l’agriculture ne pouvant se mouvoir qu'au travers de ces milieux, c'est en quelque sorte l’histoire de toutes leurs résistances qui doit offrir les leçons que les agronomes vont chercher dans les annales d’uue ferme- modèle. Plus cette histoire sera simple et détaillée, plus elle aura droit à exciter notre intérêt ; el c’est ce qu'avoit éprouvé le public en lisant les premières li- vraisons publiées par l’entreprise de Roville ; car il ne s’agit point, en donnant ces détails, de les réduire à leurs moindres termes, puisqu’alors le but seroit man- qué , attendu qu'ils ne peuvent le remplir qu'à force d’être exacts et minutiéux. Nous l'avons déjà dit, le but d’une ferme-modèle est nou-seulemeut d’expérimenter les faits agricoles , qui s'annoncent comine étant dignes d'examen ; mais sur- tout de représenter aux agronomes la marche et l'his- ls toire de leur propre exploitation, dans le cas où i lenteroient de la calquer sur celle de létablissement qu'ils auront pris pour modèle. : Or ce n'est pas seulement l'imagination que doit 86 AGRICULTURE. ébranler la vue d’un tel modèle, quel que soit l'attrait que présente l'aspect de ces scènes agricoles, où tout tend à perfectionner l'art de manier le sol, et de s’ap- proprier les forces de la nature ; c’est la conviction des avantages qui doivent en résulter pour l'entrepreneur ; c’est cette conviction que les fermes-modèles sont des- tinées à inculquer aux agriculteurs. Mais la conviction en matière d'intérêt positif ne s’im- prime pas facilement, et ce n’est qu'à force de preuves qu’on parvient à la conquérir. La meilleure de ces preuves seroit sans doute celle des résultats pécuniaires qu'on obtiendroit d’une ferme-modèle, Mais il est bien rare que de telles entreprises présentent jamais de solde en bénéfice ; ou du moins faut-il attendre long-temps avant que leurs recettes dépassent leurs dépenses. C'est une condition à peu près inhérente à leur nature, parce que l'esprit même de leur institution suppose que le système agricole qu'on se propose d'y. intro- duire , ÿ soit appliqué à la fois dans toutes ses bran- ches et sur leur ensemble ; de sorte qu'il embrasse à la fois dans cette application le personnel, les instru- mens , le cheptel , les cultures, les engrais et les se- mences. Heureux, s’il ne vient pas s'y joindre des dé- peuses inajeures pour des frais de constructiou ou de réparations, de desséchemens, de clôtures où de com- municalions. Cet ordre de dépenses a sans doute été prévu par les fondateurs de l'établissement , et c’est aussi pour y pourvoir que toute entreprise de ce genre commence par être approvisionnée d'un capital destiné à y faire face, LETTRE SUR L'AGRIC. DE LA FRANCE. 87 et ce n’est pas l'application de ce capital qui pourroit * décourager les agronomes du projet d'introduire le sys- tème des fermes-modèles dans leur exploitation person- nelle, parce qu'ils savent tous que c'est la condition première de toute amélioration en agriculture , comme de tout autre chose. Mais il est malheureusement presqu’impossible que ce capital reste borné aux limites qui lui ont été assignées dans le prospectus de l’entreprise , et cela parce qu’on n'y a jamais tout prévu, et parce que dès le début on veut faire trop bien, Rien ne coûte dans ces premiers momens , où l'avenir se présente chargé d'espoir et de succès, pour se procurer, n'importe le prix, des collections d’instrumens, de semences ou d'animaux; et ces dépenses accumulées ne se couvrent que par l'appel d'un nouveau capital, qui pèse sur l’en- treprise et charge ses frais du service des intérêts qu’il faut en payer à qui de droit. Cette source d'erreurs dans l'appréciation des dé- penses que les entreprises agricoles absorbent , est loin d'être la seule. Il en est une autre à laquelle les agro- homes échappent rarement, quelle que soit même la sa- gesse de leur esprit. Elle provient de ce qu'ils n’accor- dent jamais assez de temps pour l'accomplissement du système d'amélioration qu'ils ont embrassé, Ils se sup- posent plus de pouvoir sur le sol et les saisons qu'ils n'en n'ont réellement ; ensorte qu'après s'être flattés de parvenir en quatre années à compléter leur plan d’ex- ploitation, les circonstances s'opposent à ce qu'ils y arri- vent à moins de six. Dès lors, au lieu d’entrer en bé- 88 AGRICULTURE. néfice à la cinquième année , on n'y parvient qu’à la sep- tième ; et ces deux exercices qu'il faut péniblement tra- verser sous le poids d’une attente déjouée , absorbent en- core un capital égal au revenu probable de deux années. Les agronomes sont également disposés à commettre une troisième faute, en accordant au sol qu'ils se pro- posent d'améliorer, des qualités qu'il est souvent bien loin de posséder. Quelques succès partiels achèvent de Jes abuser, et dans cette persuasion ils commencent des cours de récoltes, que ce sol n'est pas en état de me- ner à bien. De là provient une nouvelle série de mé- comptes, et des récoltes dont la valeur ne couvre pas les frais de production. Cette faute, qui se répète si sou- vent dans les entreprises rurales, et que j’ai moi-même si souvent commise, cette faute attaque gravement la source du revenu et compromet fréquemment le solde en bé- néfice de ces entreprises, | Une quatrième faute qui se commet aussi régulièrement dans les établissemens dont les améliorations agricoles sont le but ; c’est d'évaluer trop bas la perte que leur occasionne la consommation et l’accroît du cheptel. Ce mécompte est d'autant plus grave qu’il est celui que les agronomes ont le moins prévu. Loin de là, c’est sur cet accroît qu'ils ont fondé leurs espérances. Toute amélioration rurale emporte sans doute avec elle une augmentation du cheptel de l'exploitation : puis- qu'il ne sauroit y avoir accroissement de fertilité sans accroissement d'engrais, et par conséquent des animaux qui le produisent. Aussi le premier acte de l’améliora- tion est-il celui de semer des prairies arüificielles et des racines-fourrages, LETTRE SUR L’AGRIC. DE LA FRANCE. 89 … Lorsque le produit de ces récoltes ne s'applique qu'à mieux nourrir Îles animaux de la ferme, on regagne une partie de leur consommation sur leur meilleur tra- vail et leur meilleur produit en laine , viande ou laitage. Lorsqu'on applique ce surplus de récoltes à augmenter l'élève des animaux de la ferme, on retrouve encore une part du coût de leur consommation par la valeur des engrais qu'ils ont fournis, et par celle de leur prix venal, lorsqu'ils sont parvenus à l’état adulte. Toujours n’ont- ils occasionné, pour arriver à cet âge, aucun débours extraordinaire, ni aucune avance de soins, de loge- ment et de régime. Les animaux élevés de-la sorte n'exposent à aucune chance, parce qu'ils ne présentent aucun type nou- veau. Ils sont donc d’un débit certain sur les foires : en ce qu'ayant été mieux nourris, ils y offrent les plus beaux échantillons. Mais les fermes-modèles, dont le but seroit mieux rempli, en montrant ainsi dans le pays ce qu’un meil- leur entretien peut opérer sur les races indigènes, ces fermes veulent offrir des modèles d'espèces ani- males, aussi bien que d'agriculture. Elles ne se con- tentent pas d'améliorer obscurément des races, sou- vent très-abjectes; c'est à grands frais qu'on y intro- duit des mérinos, là où souvent le sol leur donne la pourriture, ou des moutons du Lincoln qui promè- nent tristement sur des cailloux arides leurs traî- nantes troisons. Ailleurs, ce sont des vaches de la race grise de Suisse dont Îe lait, loin des montagnes qui les ont vu naître, tarit dans leurs mamelles. où * AGRICULTURE. D'autres agronomes enfin, ne craignent pas d’entre- prendre de lutter avec l'Angleterre, la Normandie et le Mecklenbourg » ? des chevaux issus des espèces que produisent ces pays. en essayant d'élever dans leur ferme Dans ce cas, leur perte est toujours considérable : parce qu'il ne faut, pour approvisionner le continent de l'Eu- rope, dans l’état de ses mœurs, qu’un petit nombre de chevaux distingués, et que les pays sigualés pour les produire fourniront toujours en priorité sur les entrepreneurs d'élèves, qui ne peuvent livrer au com- merce que des individus sans Caractère et sans pom de race, et par conséquent, sans qu'ils appartiennent à une catégorie dont la valeur ait une demande et un cours sur les foires. Ces extraits isolés auront coûté, cependant, beaucoup plus à produire, parce qu’il aura fallu se procurer à grands frais leurs ascendans, en courir toutes les chances, monter un système d’entrelien et d'éducation, édifier ou préparer des locaux, se mettre par là à découvert par des avances que la nature des choses ne permet pas de recouvrer. -_ Or, tous ceux qui ont entrepris ces diverses amélio- rations dans les espèces animales, se sont flattés, à leur début, de recouvrer ces avances; aucun n’y a réussi, parce que la chose est impossible, attendu qu’il n’est point d'animaux dout la valeur vénale représente celle de la consommation qu'ils ont absorbés, Il en résulte donc, que ces avances occasionnent nécessairement aussi une perte proportionnée au Capital même avancé our l'amélioration : énorme si ce capital a été considé- F LETTRE SUR L'AGRIC. DE LA FRANCE. gt rable ; supportable et noyée dans le mouvement général de l'exploitation, lorsqu'elle n'a porté que sur l’amé- lioration et l’accroit d’un cheptel vulgaire. Il importe donc au premier chef que les fermes-mo- dèles signalent leurs revers aussi bien que leurs succès, Il importe qu'elles prémunissent les agronomes inita- teurs contre les écueils où ils pourroient échouer, en Jeur apprenant nettement d'où proviennent leurs dé- penses, et les déficits qu'offrent trop souvent leur ba- lance; car rien ne seroit si dangereux que de laisser croire que l'état du déficit est la conséquence inévi- table de toute entreprise d’amélioration rurale. Les cir- constances qui ont occasionné cet état, doivent donc être explorées et connues du public, pour rassurer son imagination en lui montrant comment on peut s'y sous- traire, Sans doute que la comptabilité en partie double, adop- tée dans les fermes-modèles, est éminemment propre à remplir ce but, en signalant à l'instant l’objet qui cause la perte ou le profit de l'exercice, et si ce mode ne peut les prévenir au moins il en avertit; car il n’est pas au pouvoir d’un mode de comptabilité quelconque d'ar- rêter l'effet des fautes d'expérience ou de jugement : parce que lascomptabilité ne crèe rien, elle reçoit ce qu’on Jui confie, et en analyse les résultats. Cette ana- lyse éclaire à son tour la marche des agronomes, en leur donnant la connoissance du combien revient de chaque production. Cette connoissance vérifiée par la mise en compa- raison d'un grand nombre d'expériences, faites sur la 92 AGRICULTURE. : même production, sur différens points et pendant plu- sieurs années, finira sans doute par établir des tarifs cer- tains sur le combien revient , et par conséquent, sur le produit net que les cultivateurs peuvent attendre de la culture des diverses productions que les fermes mo- dèles auront soumises à ces expériences et à ces ana- lyses ; connoissance que la comptabilité simple n’a ja- jamais pa donner que vaguement et de gros en gros. Aussi la comptabilité simple n'est-elle parvenue nulle part à éclairer les cultivateurs sur les prix de production comparatifs des diverses branches de leur exploitation ; et ce n’étoit que par les résultats approximalifs d'une longue pratique , qu’ils arrivoient à savoir confusément que telle culture étoit plus profitable que telle autre, mais sans pouvoir jamais justifier ce fait par la dépo- sition des chiffres. C’étoit donc toujours sous la forme d'opinion que les cultivateurs d’une contrée s’accordoient à convenir que la culture des céréales, par exemple, y étoit plus oné- reuse que profitable; sans avoir jamais vérifié, si ce fait étoit vrai, ni s’il l’étoit, quelles devoient être les causes d’une telle anomalie dans l’économie rurale. Cette anomalie peut être aujourd'hui attestée ou con- iredite par les preuves que fournit une comptabilité qui analyse tous les élémens dont se compose le combien revient de ‘chaque production, et c’est un pas immense que vient de faire la science rurale : non sans doute, qu'il soit possible à la masse des cultivateurs, ni join de là, de soumettre leur exploitation à ce mode de comptabilité; parce qu'il exige, non - seulement LETTRE SUR L'AGRIC. DE LA FRANCE. 93 une grande aptitude à manier les abstractions arithmc- tiques, mais une minutieuse régularité dans la tenue des registres , qui est incompatible avec l'emploi du temps des cultivateurs. Heureusement que telle chose n’est pas nécessaire pour réaliser les avantages que l’économie rurale doit retirer de la comptabilité tenue en partie double; car les résultats qu’elle donnera dans les établissemens où on l'aura introduite suffiront pour donner au publie les formules toutes dressées de ces résultats; formules qui peuvent servir de points de direction à tout ce public. Mais après avoir rendu à l'agriculture Île service de lui avoir donné ces formules, le compte rendu des fermes-modèles devroit lui donner également le résultat du mouvement effectif de sa comptabilité annuelle , dé- pouillé de toutes formes analytiques et de toute éva- luation par appréciation, et par conséquent fictive; parce qu'il importeroit grandement au public d’avoir une connoissauce claire de ces faits, savoir : Combien s'est-il déboursé d'argent pendant l'exercice pour sol- der les dépenses de toute nature de l'exploitation ? Combien d'argent l'exploitation a-t-elle encaissé pen- dant l’exercicé par la rentrée des produits qu'elle a vendus ? Car c’est en définitive le solde de cette balance lus : qu'on s'efforce de chercher dans ces comptes rent parce que c’est là le point décisif de toutes les questions rurales, et c'est celui que l’on a grande peine à re- trouver dans l’examen des comptes rendus par les en- 94 AGRICULTURE. treprises agricoles; tant on prend soin de méler ce solde avec des évaluations d’inventaires, et des bé- néfices d'améliorations ou d’autres estimations fictives dont il est difficile que des cultivateurs parviennent à le dépouiller. Or, ce compte simple, distribué par chapitres de dé- penses et de recettes, manque entièrement dans le compte rendu du cinquième exercice de la ferme de Roville; et cette omission, en me privant des élémens nécessaires, m'a empêché de pouvoir m'expliquer à moi- même la cause d’une perte de 7000 francs, qui paroît être le résultat des opérations de cet exercice. J'ai reconnu, il est vrai, que cette perte ne prove- noit pas des industries étrangères à l’agriculture de l’é- tablissement : puisqu'elles se balancent par 4t fr. or €. Elle ne provient pas de la production des céréales : puisque leur compte se balance aussi par 49 fr. 24 c. On peut encore moins en accuser la production du colza : puisque le compte rendu se loue de leur produit, sans exprimer toutefois la qualité. Cette perte ne provient ni des frais généraux, ni de dépenses intempestives : puisqu'aucune augmentalion ne se remarque dans le compte rendu sur ces chapitres. Mais j'y ai cherché en vain le compte du cheptel, il n’y figure pas; ensorte que je n’ai pu savoir si la valeur de 200 brebis qui ont été remises à cheptel à la ferme de Verneuil est portée ou non à l'avoir de ce compte. Si celte valeur, montant à 6000 francs, que l'entreprise de Roville a capitalisé en la plaçant à intérêt dans celle de Verneuil, n'avoit pas été portée en recette au pro- LETTRE SUR L’'AGRIC. DE LA FRANCE. 9 fit du compte de la bergerie de Roville , ce que j'ignore, cette omission expliqueroit seule la très-majeure partie de la perte que l’entreprise accuse dans son cinquième exercice. Je ne crois pas que cette omission ait eu lieu; mais j'ai voulu montrer par cet exemple combien il étoit important que le compte rendu des fermes-modèles présentât tous les élémens nécessaires pour que le public put se rendre pleinement raison de leur comptabilité, comme du résultat de leurs opérations. Je dis le public : car bien que ces établissemens ne soient légalement tenus à rendre ce compte de leurs opérations qu'à leurs actionnaires, il n’en est pas moins moralement certain que ces actionnaires n’ont pas saus- crit leurs actions dans le but d'en faire un placement avantageux; mais avant tout utile à l'économie de leur patrie. Il est plus moralement vrai encore que ie fonda - teur de Roville a consacré sa vie à cette noble destina- tion, et c’est pour la remplir dans tonte son étendue que je réclame un développement de détails auquel l'utilité publique de tels établissemens me semble être attachée. Je vois encore dams ce compte rendu du cinquième exercice que, d’une part, les pommes de terre ont valu à celte époque, en Lorraine, 1 franc 50 cent. les45 kilog., prix que Mr. de Dombasle regarde comme élevé; et de l’autre que l'établissement a dépensé une somme de de 1600 fr. pour préparer une fabrication de fécules avec ses pommes de terre. Cette circonstance m’ex- pliqueroit également une partie de la perte subie pen- dant le cinquième exercice, si au lieu de profiter d'un , 96 AGRICULTURE. cours élevé pour se hâter de vendre ces pommes de terre au profit du compte de recettes de l’établissement, son compte des dépenses avoit été au contraire chargé des frais de manipulation d’une fécule invendue. C'est ce que l'exposé des comptes m'a laissé ignorer, en n'énonçant pas si le compte de recettes a été crédité, ou non , de la valeur estimée des pommes de terre in- vendues ; et cependant l'explication d’un fait grave dé- pandoit de cet exposé; savoir celle d’une perte de 7000 francs que le public agricole ne sait à quoi attribuer, et qui le jette ainsi dans une perplexité dont la conclusion est pour lui qu'il faut se garder d'adopter un système d'agriculture dont le résultat est d’occasionnerune perte de 7000 francs dans son cinquième exercice. Il importe donc d’énoncer à ce public agricole les causes des pertes éprouvées par les établissemens mo- dèles, soit qu'elles proviennent d’accidens imprévus , de fautes d'exploitation ou de fautes d'administration ; et cela, afin de les justifier, et de décharger , si faire se peut, le système agricole des accusations que de telles pertes portent inévitablement contre lui. Qu'il nous soit permis d'ajouter un nouveau point de vue à ceux sous lesquels l'établissement des fermes mo- dèles, nous paroït avoir déjà tant d'importance. Nous pensons qu'il y auroit à la fois de grands avantages mo- raux, et un grand profit pour l’agriculture, à ce que les fermes-modèles réunissent à leur établissement des écoles rurales pour les enfans abandonnés. La chose est loin d’être impossible, et l'établissement de Mr. de Fellemberg en a donné la preuve ; mais nous LETTRE SUR L'AGRIC. DE LA FRANCE. 07 éonvenons que son exécution présente de grandes dif- ficultéset que, pour l’entrepreudre, il faut être doué d'un mâle courage. S'il est cependant quelque chose qui puisse exciter ce courage, c'est la considération de tout le bien que peut produire cette entreprise. Ce bien peut s'exprimer en peu de mots : puisqu'il consiste à s’em- parer de l'enfance d’une classe d'êtres, qui ne sont des- tinés qu'à occuper les derniers rangs de l'échelle sociale, pour les élever, par le miracle de léducation ; dans cette échelle ; en les rendant capables de devenir les laborieux instrumens de l’industrie agricole. Tel est, en effet, le phénomène qu'a réalisé Mr. de Fellenberg ; tel est celui qui a commencé à s’o- pérer, quoique sur une trop petite échelle, dans Pécole modèle de Carra, fondée par Mr. Charles Pictet, au- près de Genève; et tel est le phénomène social qui peut sans doute se répéter partout ailleurs, mais nulle part aussi bien que dans les établissemens des fermes- modèles. Parce que ces établissemens possèdent déjà deux des élémens indispensables pour des écoles ru- rales , savoir un système d'ordre administratif, et une superficie agricole à mettre en œuvre. Ce qu'il faut ajouter à ces deux élémens pour consti- tuer une école rurale; ne consiste donc qu’en un chef de l’école et un régent , dont les femmes seroïent char- gées ; l’une de Ja surveillance des plus jeunes enfans, Fautre des soins du ménage de lécole. Les subdivi- sions qu'exige ce genre d'établissement sont dirigées par des moniteurs ;.et le principe d'ordre et d’émula- Sciences et Arts. Mai 1830: G 98 AGRICULTURE, tion une fois imprimé à ce pelit monde, y produit des développemens inattendus. Il s’éveille , pour cette terre hospitalière, une tendre affection dans le cœur de ces enfans qui y sont re- cueillis du sein d'un monde où ils n’ont rien à at- tendre , rien à aimer; de ces enfans qui, repoussés de toutes les familles, n’ont ni frères, ni sœurs, ni amis, et qui retrouvent à la fois dans ces asiles champêtres des liens et une famille que le malheur commun rapproche; de ces enfans qui se reconnoîtront un jour, sur quelque point du globe que le hasard les jette, par la fraternité qu’ils auront contractée, et les souvenirs qu'ils auront gardés de ces années de leur enfance que la bienfai- sance aura rendues si douces pour eux. Tel est le sentiment qui remplit le cœur, lorsqu'ar- rivé au milieu de ces écoles, on y voit agir dans un ordre régulier, ces essaims de petits êtres, dont les tra- vaux sont des récréations par cela seul qu'ils se passent en plein air, et ne sont pourtant pas des jeux d'enfans, puisque leurs forces s'appliquent à des occupations ré- elles et dont le but est productif, et par conséquent utile. Par cela même on les grandit à leurs propres yeux, et ou leur imprime un caractère de sérieux el d'impor- tance qui donne sur eux une prise et un empire, au moyen desquels ces institutions peuvent marcher sans beaucoup d'efforts , et qui manquent partout où les en- fans ne sont traités que comme tels; parce qu’alors ils ne se sentent pas tenus à faire plus que ce que comporte la condition sous laquelle on les considère. Aussi rien n'est-il plus différent que la manière dont LETTRE SUR L'AGRIC. DE LA FRANCE. 99 les choses se passent dans un pensionnat quelconque ou dans les écoles rurales. Ici tout est calme, bien- veillant, sérieux; là tout est turbulent, inattentif, in- discipliné, À la vérité les occupations laborieuses aux- quelles on soumet les élèves des écoles rurales, absor- bent le trop plein d'activité qui fait, dans les pension- nats, le tourment des maîtres et des écoliers. Cependant le travail auquel on applique les enfans dans les écoles rurales, ne dépasse jamais leurs forces ; quoiqu'ils exécutent, non-seulement les travaux rusti- ques qu’on réserve aux femmes , mais jusqu'aux labours à la béche, et aux plus rudes défoncemens. À cet effet on les munit de béches, dont la longueur est égale à celle des outils dont se servent les plus forts ouvriers, mais dont la largeur est réduite à la moitié où au tiers, suivant l’âge et la force de l'enfant qui doit les ma- nier. De la sorte ils remuert la terre à une égale profondeur , sans se charger d’un poids trop pesant pour eux. La même règle est appliquée à tous les outils qu'ils emploient; et j'ai vu dans les domaines exploités par ces seuls enfans, des travaux de toute espèce exécutés avec une rare perfection , et des défon- cemens dont ils avoient extrait des masses de pierres prodigieuses, débris des montagnes voisines. Mais ce qu'on doit obtenir au moyen des élèves formés dans les écoles rurales , c’est une classe de cultivateurs, telle qu'il n’en a existé jusqu'ici nulle part, une classe qui semble être demandée aujourd’hui par les besoins d'une agronomie, dont l'application exige des agens 8 habitués à en exécuter les opérations avec Connoïssance G 2 106 AGRICULTURE. de cause, avec zèle et capacité. Il n’est pas un agro nome qui n’ait sans cesse à lutter contre l’insouciance el l'incapacité des agens dont il est forcé de se servir ; il n'en est aucun qui ne trouve dans le personnel de son exploitation la plus lourde et la plus fatigante ré- sistance. Or c'est à quoi les élèves formés dans les écoles rurales sont éminemment propres à obvier ; parce que l'éducation qu'ils y reçoivent, la position qui les attend, le besoin qu’ils ont de satisfaire leurs maîtres, tout les dispose à servir efficacement les agronomes amé- liorateurs chez lesquels ils seroient placés au sortir de l'école. Sans doute de tels avantages ne s’obtiennent pas gratuitement ; c'est pourquoi nous croyons convenable de présenter l'aperçu des dépenses d’une telle école calculées par tête. Mr: de Dombasle a trouvé que les dépenses de ménage revenoient à 66 centimes par tête ; nous pensons que celles des élèves, comme moin- dres consommateurs, ne doivent être évaluées cent. tu, he Les DFE PSS re Re JORF ENG Les frais occasionnés par le chef et le régent de l’école répartis sur 100 enfans, élèveroient par jour, la part supportée par chacun d’eux,à...... 14 Enfin la part de chacun pour frais de logement, mobilier, vêtemens, chauffage et blanchissage, équi- vaudroit par jour à.. de LÉ died nid LEE ———— Ce Total de la dépense quotidienne d’un élève... 79 Il faut admettre que les établissemens de charité LETTRE SUR L'AGRIC. DE LA FRANCE. 161 qui sont chargés de pourvoir à l'entretien des en- cent. fans abandonnés, payeroïent pour ceux qu'ils pla- ceroient dans les écoles rurales de l’âge de 7 ans jusqu’à celui de 17, une somme par jour et par tête de 30 La part restante à la charge de l’école seroit donc defuel 5 pb. PURE COLE, 909 à UT TE g Charge dont elle devroit se recouvrir par le travail manuel que les enfans exécuteroient dans la ferme. Ici nous convenons qu'il se présente une grave dif- ficulté d'exécution, qui consiste à trouver de l’emploi pour un atelier composé d’une centaine de jeunes gens et d'enfans, et qu'il n'est guère de fermes où l'on puisse en occuper constamment un tel nombre , sans recourir à quelques travaux industriels. Cependant nous convenons aussi qu'il ne vaudroit pas la peine de monter une école rurale à moins qu’elle ne pût admettre une centaine d’enfans aux bien- faits de l'éducation qu'ils doivent y recevoir : puis- qu'en Îles gardant pendant dix ans dans une telle école , il n’en sortiroit que dix par année, et ce nombre est même bien foible en comparaison des soins et des avances qu'on aura consacrés à un tel établissement. Sans doute pour occuper cet essaim on leur con- fiera, suivant leurs forces, tous’les travaux qu'ils peu- vent exécuter, on en mettra dans l'atelier de charron- nage, dans toutes les branches de l'exploitation où ils pourront être employés. On y pourroit joindre l'établissement d’une pépinière, qui exige beaucoup de mauutentions, Ailleurs ce pourroit être des défri- 102 AGRICULTURE. chemens, et c'est à quoi Mr. de Fellenberg a été obligé d'arriver. Chaque localité pourra sans doute offrir quelque genre de travail pour ces nombreux ateliers d’enfans. Néanmoins on ne sauroit , d'après ces considérations ; élever bien haut le prix estimatif de la valeur de leurs journées de travail. Pour établir cette valeur je crois qu'il faut di- viser les élèves en trois classes, suivant leur âge, cent. et fixer pour la plus basse classe la journée. . à 19 pour la seconde à..............,......:.... 30 et pour la plusihaute is. jou. dssens"h 6o Donc la moyenne seroit par journée de travail NE Lg Nes. RSR el RES Et comme il n’y a que 250 jours de travail dans l'année, cette somme répartie sur 335 donne en moyenne, pour la valeur de la journée de travail Mens AR US lt. US Ces mêrnes enfans coûtant à l'établissement par 2 1 SNA PEN CNT ER ARMRURC TER Ce lui occasionneroient ainsi par tête une perte quo- Mbhhedh ui ie co di laquelle ne peut-être couverte que par des dons in- dividuels, ou par des fonds versés par le Gouvernement ou les Conseils Généraux des Départemens, qui appli- queroient à ce généreux emploi, des fonds provenant des centimes facultatifs. Cette allocation seroit placée par ces Conseils à un haut intérêt, par l'efficacité des effets quelle produiroit sur l'économie future du pays. LETTRE SUR L’AGRIC. DE LA FRANCE. 103 Au moins seroit-il à souhaiter que l’essai en fût fait, et que la France fût dotée d'une école modèle de ce genre. C’est ce dont ou ne doit pas désespérer, dans un moment ou toutes ses forces morales semblent être ten- dues pour accomplir les développemens que son écono- mie réclame, A Lan Hd Lot LS LS 4 LS À A AN A LS LU A Ne | MÉLANGES. —© “0 1) Elémens de la dernière comète. (Lettre de Mr. FF'art- mann aux Rédacteurs ). — MM. — Je m'empresse de vous transmettre les élémens de l'orbite de la comète découverte par Mr. Gambart, à Marseille, le 2r avril dernier. Ces élémens provisoires, les seuls connus jus- qu'ici, on été calculés d’après des positions approxi- matives par Mr. Rumker à Londres; les voici tels que Mr. le baron de Zach me les donne dans une lettre qu'il m'a fait l'honneur de m'écrire le 31 mai, et que je reçois à l'instant. Passage au périhélie le 14 avril 1830où 8 h.40° 15"t. m. à Paris. f Périhélie! 70.0: STE ET PT OU DT situde du : Sr Drinii | Du nœud ascendant.. 204 53 9 104 MELANGES. Logarithme de la distance périhélie 9, 9737868. Iuclinaison 18° 39° 44” Mouvement direct. Agréez AL Te L. F. WARTMANN. Genéve le 3 juin 1830, >) Annonces astronomiques. — Mr. Nathanael Bow- ditch a publié en 1829 à Boston en Amérique, le pre- mier volume de sa traduction anglaise de la Mécanique Céleste de Laplace. C’est un volume gr. in-4° de 746 p, sur papier vélin , avec figures en bois dans le texte, exé- cuté avec un soin et un luxe typographique remarqua- bles. La traduction y est accompagnée d’un ample et savant commentaire. Le second volume doit paroître dans le cours de cette année ; et l'ouvrage se compe- séra de cinq ou six volumes, qui doivent être terminés et publiés en quatre où cinq ans. La Société Astronomique de Londres vient de faire paroître un Mémoire fort intéressant de Mr. Richardson, l’un des astronomes adjoints de l'Observatoire de Green- wich, dans lequel il détermine la constante de l’aber- ration par 4119 observations, faites dans cet Observa- toire pendant les années 1825 — 1828 avec les deux cercles muraux de Troughton et de Jones. Cette cons- tante , que l’on avoit assez généralement regardé, jusqu'à présent, comme étant de 20,25, se trouve de 20”,5035 d’après ce grand nombre d'observations. Mr Richardson a reçu de la Société Astronomique une médaille d’or pout ce travail. Il se propose d’en faire un semblable pour MÉLANGES. 105 la constante de la nutation ; mais il lui faudra un plus long temps , à cause de la période de la révolution des nœuds de la lune (d'environ dix-huit ans) que les obser- xations doivent nécessairement embrasser. Mr. Pond a publié dernièrement un catalogue de 720 étoiles de première à cinquième. grandeur, ré- sultans des observalions faites à Greenwich avec la nouvelle Junette méridienne de dix pieds et les deux cercles muraux de l'Observatoire , soit par vision di- recte, soit par réflexion, Les positions des étoiles y sont réduites au 1° janvier 1830. Celle de la Polaire a été fixée par 1513 observations, Les distances polaires des étoiles résultent de lectures faites à deux microscopes seulement. Mr. Pond se propose de perfectionner en- core son catalogue, soit en faisant de nouvelles obser- yations des mêmes étoiles, et en faisant les lectures avec les six microscopes de ses cercles muraux, soit en aug- mentant beaucoup le nombre des étoiles du catalogue. La Connaissance des T'ems pour 1832 a paru au com- mencement de cette année : c’est le cent cinquante-qua- trième volume d’une Ephéméride qui n’a jamais éprouvé d'interruption depuis la publication du premier volume faite par Picard en 1679. On voit dans un avertisse- ment , que, d'après une décision du Bureau des Longi- tudes, à partir de 1833, outre les distances angulaires de la lune au soleil et à diverses étoiles , la Connais- sance des L'ems renfermera les distances du même astre à Véous , à Mars, à Jupiter et à Saturne, que les lon- gitudes et les latitudes du soleil et de la lune seront données à la précision des dixièmes de seconde, etc. 106 MELANGES. Les Additions placées à la suite de l'Ephéméride pro- prement dite, contiennent divers Mémoires et rapports astronomiques et hydrographiques intéressans , qu'il se- roit inutile d’énumérer ici, ce volume devant être déjà entre les mains de tous ceux qui s'occupent de ces matières. Mr. Bessel, célèbre astronome de Kænigsberg, vient de publier un nouveau recueil de ses observations. Il travaille maintenant avec un héliomètre dont la lunette a six pouces d'ouverture et huit pieds de foyer, et sur l'échelle duquel il peut lire immédiatement un centième de seconde. Il à reconnu que les observations isolées faites avec cet instrument s’écartoient rarement d’une demi-seconde de la moyenne de celles faites pendant plusieurs jours. Il s’est particulièrement occupé du si- xième satellite de Saturne, ainsi que de la grandeur et de la masse de cette planète. Il construit en ce mo- ment un Catalogue des Pleïades, dans lequel il pourra répondre, à quelques dixièmes de seconde près, de l'exacte position des étoiles de ce groupe remarquable: 3) Nouveau moyen pour obtenir de l'alcool. — On se sert, dans le nord de la France, des baies du Sorbus aucuparia pour obtenir une liqueur alcoolique , aussi bonne, dit-on, que celle qu’on retire du vin. Ces baies, parfaitement mûres, sont exposées au froid en plein air, puis broyées ; on y ajoute de l’eau bouillante, puis du levain, et on les laisse fermenter en les couvrant. Lorsque la fermentation est terminée, on distille la li- queur. Le résultat de la première distillation est foihle MÉLANGES. 107 et a un mauvais goût ; on opère une seconde distilla- tion en mêlant avec le liquide du charbon en poudre, et en le laissant séjourner dans ce liquide pendant trois à quatre jours; on obtient alors un esprit de bonne qua- lité. (Quarterly Journal % Science. Décembre 1829, p. 416). | 4) Découverte de l'argent métallique dans les tissus animaux.— On sait que, lorsque l’on emploie le nitrate d'argent comme remède dans les maladies nerveuses, la peau des malades, dans les parties qui sont exposées à la lumière, acquiert quelquefois une couleur bleue- uoirâtre. Mr. Brande a analysé différentes parties du corps d'un malade mort dans cet état, et a trouvé que le plexus choroïde et le pancréas contenoient l’un et l'autre une quantité assez considérable d'argent à l'é- tat métallique. ( Quart. Journ. of Sc. Décembre 1829, p. 430). 5) À synopsis of a British Flora. By T. Linrdlei. 1 vol. in-12, London 1829. — Cet ouvrage est une preuve des progrès que l'étude des rapports naturels des plantes fait en Angleterre , et sera lui-même un moyen de la propager. Les Iles Britanuiques sont, grâces au Flora Britannica de Smith et à l’English Botany de Sowerby, le pays du monde où la bo- tanique locale est la plus avancée ; mais ces ouvrages faits, ou sans ordre, ou dans un ordre purement artifi- ciel, ne pouvoient conduire à la connoissance des fa- milles naturelles : Mr. Lindlei, chargé des cours de bo- lauique à la nouvelle Université de Londres, a senti le 108 MÉLANGES. besoin de mettre l'étude des plantes du pays en rapport avec son enseignement, et avec les principes actuels de la science. Le premier volume de son ouvrage contient les plantes phanérogames. Il a adopté le principe proposé dans la Théorie Elémentaire, de commencer par les vé- gétaux les plus compliqués, les Dicotylédones poly- pétales, pour terminer par ceux qui le sont le moins, les Cryptogames. Il a fait quelques changemens à l’ordre linéaire des familles, mais cette série linéaire est en réalité de peu d'importance ; les groupes ou familles sont les choses essentielles à étudier, et c’est ce qu’on trouve également dans toutes les séries. Les principales innovations de Mr. Lindlei à cet égard , sont : 1° d’avoir donné plus d'importance à la liberté ou à la cohérence des pétales qu’à leur attache sur le calice ou sur le réceptacle ; 2° d’avoir admis que quelques familles des Monochlamydées n’ont réellement point d’enveloppe florale, et d’avoir fait ainsi une classe des Achiamydées. Ces deux changemens sont très-contestables, m:is ce n’est pas ici le lieu d'entrer dans cette discussion. Les caractères des familles et des genres sont en gé- néral tracés avec précision et d’une manière bien com- parative. Ceux des espèces sont, pour la plupart, extraits de Smith. Les plus remarquables additions faites sous ce rapport, sont l’Érica ciliaris trouvé en Cornouailles, et le Molinia de pauperata sux les montagnes de, Clova. Nous ne doutons pas que cet ouvrage, comme l'a déja fait la Flora Scotica de Mr, Hooker, ne tende à en- courager les jeunes botanistes anglais à étudier les plantes d’après les principes de la méthode naturelle, MÉLANGES. 109 el que sous ce rapport il ne remplisse le but de l’auteur, qui a déjà honorablement contribué aux progrès de cette méthode. D. C. 6) Collection de Camellias élevés à Bollwyller, de- diée à Mr. De Candolle ; par MM. Ch. et Nap. Bauman. Première livraison in-4°; Bollwiller 1829, avec 12 planches coloriées.— Tous les amateurs des jardins con- noissent la beauté des Camellias et la singulière variété de leurs formes et de leurs couleurs : ils accueilleront sans doute avec intérêt un ouvrage destiné à les leur faire connoître avec détail, et à en fixer la nomenclature. C’est ce que tentent avec succès MNT. Ch. et Nap. Bau- man, etils sont à cet égard placés de la manière la plus avantageuse pour y réussir. La riche pépinière de MM. les frères Bauman compte, entr’autres richesses, cent- deux variétés de Camellias, et tous les jours leur nom- bre s’accroit par les semis. Le premier cahier de cette monographie en contient douze espèces dessinées et coloriées avec soin ; les auteurs annoncent l'intention d'en publier un semblable chaque année ; le premier cahier est précédé d'une note sur la culture des Camel- lias ; comme les descriptions et les figures ne sont pas susceptibles d'extraits, nous nous bornerons à faire con- noïtre la manière simple, exacte et précise des auteurs, en transcrivantune partie de cette note. « Les Camellias, » disent-ils, « demandent une bonne terre de bruyère, remplacée au besoin par un mélange de © de terreau ou 110 MÉLANGES. de feuilles, et + de terre franche de prairie, légère, mais substantielle. Gi terre ne doit pas être passée par un crible trop fin, parce qu’elle formeroit facilement une motte compacte autour des racines. Quand il fait un temps favorable, ces plantes demandent beaucoup d’eau à l’époque de leur végétation, et surtout de leur fleu- raison ; car il suffit qu'elles soient privées d’eau une seule fois pour perdre tous leurs boutons, et punir ainsi pen- dant une année au moins l'oubli de l'amateur, Tant que les plantes ne poussent pas, on ne les arrose que modé- rément en se réglant toujours sur le temps et la tempé- rature. Ordinairement , quand Jes pousses du printemps sont aoutées on trausplante les Camellias ; on coupe alors, sans démotter la plante, toutes ses racines malades et attaquées de pourriture, et on la transplante dans un nouveau vase qui doit avoir six hignes ou un pouce de lar- geur de plus que l’ancien. Ces Camellias demandent de l'ombre l'été, et l'hiver une serre tempérée, ou une oran- gerie fort éclairée, ou à leur défaut une chambre bien ex- posée et abritée du froid. » 7) Extrait d'une lettre écrite de Nacodoches , dans le Texas, par un voyageur mexicain. — « Du 17 septembre au 12 octobre 1828, j'ai cheminé pour connoître et dé- terminer les points cités dans le travail dé Onis sur les deux rivières Sabine et Rouge de Nachitoches, ce que je suis parvenu à réconnoître et à vérifier, non sans peines et fatigues, vu l'absence de toute route. Le 32° de- gré de lat. est sur la Sabine, à dix-neuf lieues N. E. du Présidio, De ce point à la rivière Rouge, iln'ya que MELANGES. 111 quatorze lieues de traversée par la ligne droite jusqu'à la rivière Del Norte , tandis que j'en ai trouvé vingt- deux par les petits sentiers que j'ai été dans le cas de suivre. La rivière Rouge, dans la partie où nous Favons vue, offre l'aspect d’un bouleversement que l’on ne peut cesser d'admirer : les débordemens ont obstrué son lit par des attérissemens qui ont formé des îlots de cinquante lieues de longueur et cinq à six de largeur ; c'est ce que les Américains appellent les grands radeaux (the great raffs). Parmi ces îlots, plusieurs paroissent depuis long-temps nourrir en paix des forêts de sapins et autres arbres aussi magnifiques que ceux qui bordent la rivière; mais les eaux, divisées dans ces divers canaux, minent leurs bords en mettant à découvert les racines des arbres qui retiennent le terrain : particulièrement aux affluens de ces canaux, cette dénudation des racines des arbres riverains est très-remarquable par l'espèce de palissade épaisse que forment les troncs. D'autres îlots n’offrent à la vue qu'un amas de sables fins, pro- duit par l'accumulation de celui que la rivière charrie. Ces îlots sont successivement formés par les débris d’ar- bres qui, dans des positions différentes, verticales où ho- rizontales, ont été arrêtés dans leurs cours, et ont peu à peu servi de fondemens aux îles. Dans tout cet espace on ne rencontre pas une seule pierre d'aucune espèce, sinon le sable léger dont le terrain est composé. Entre deux couches de ce terrain se trouve un filon de char- bon de pierre, qui suit la direction du courant ; et dans l'espace de plus d’un mille que je l'ai vu, il varie d’é- paisseur de deux pouces à quaire pieds; j'en ai pris des échantillons comme de tout ce que j'ai vu. » 112 MELANGES. 8) Procédé pour découvrir la présence du sulfate de cuivre dans le pain. On sait que les boulangers mêlent du sulfate de cuivre dans le pain; cette fraude pratiquée depuis long-temps a été découverte derniè- rement, Voici un moyen fort simple pour s'assurer de cette adultération indiquée par MM. Meylinek et Hens- mans. On laisse tomber sur une tranche du pain suspect une goutte d'une solution de ferro-prussiate de potasse ; qu'il ÿ ait, ou non, du sulfate de cuivre dans le pain, cette goutte formera une tache rouge si le pain est frais, bleue s'il ne l’est pas. On plonge le pain dans de l’eau de chaux; s’il n’y a point de sulfate de cuivre, la tache ne changera pas, mais elle deviendra verdâtre si le pain contient de ce sel. Dans ce cas, si l’on expose le pain à l’action du gaz ammoniaque, la tache deviendra rouge; puis jaune ; puis on Ja fera revenir au rouge en vola- tilisant lammoniaque ou en lexposant à la vapeur de l'acide muriatique. Lorsque Ja présence du sulfate de cuivre est constatée, on en détermine la quantité par la voie humide ou par la voie sèche. (Quarterly Jour- nal of Science, décembre 1829, p. 420). PPS RER ES ERRATA pour ce Cahier. Page 90, lig. 27, absorbés lisez absorbée. — 91, — 9, qu'offrent lisez qu'offre. — D — . RE EE EE EE TS LS 1 BULLETIN D'ANNONCES,. LITTÉRATURE. tronomiques de Milan , pour l'anrée 1830 , avec un appendice contenant Le MExIQUuE , par J. C. Berrrami ,|des observations et des Mémoires as- ex-Conseiller à une Cour Royale detronomiques. Milan 1829, 1 vol. gr. l’ex-royaume d'Italie, etc., auteur delin-8° 166 p. la découverte des sources du Missis- sipi et de la Rivière Sanglante, du Pé-| Erémens ne Parrosopnre Naru- lérinage en Europe et en Amérique ,[RELLE , renfermant un grand nombre etc. 2 vol. in-8°, de 450 p. chacun.|de développemens neufs et d'applica- Paris 1830. Chez Crevot et chez De-liions usuelles et pratiques , à l'usage launay. des gens de lettres, médecins , et des personnes les moins versées dans les Les PRISONS EN 1703, par M mathématiques, par NEIL ARNOTT, la Comtesse de Bonm née de Girar-ltraduite de l'anglais sur la /e édition ; pin. 1 vol. in-80 312 pages. Paris 1830.lenrichie de notes et d’additions ma- Chez Bobée et Hingray, librairés [thématiques par T. Ricaarp. F. IL rue de Richelieu n° 14. M£CANIQUE DES FLUIDES, 1 vol. in-8e, 2 pages et quatre planches. Paris L'Ecuo PoÉriQUE DES DÉPARTE-|185e, chez Anselin, successeur de MENS. T. ler x vol. 8°, {00 pages. Paris Magimel , rue Dauphine n° 9. (Le 1830. Au bureau de l’'Echo poëtique premier volume de cet ouvrage qui a rue du Sentier , n° 15, et chez Denain|paru en 1829, est intitulé M£CANIQUE libraire, rue Vivienne n° 16. DES SOLIDES , voyez notre T. XLII, p- à, division Sc £r Arys). VraGGto, etc. Voyages en Suisse, ou la Suisse considérée dans ses beau-| OBSERVATIONS SUR QUELQUES FLAN- tés pittoresques , son histoire, ses loisires DE FRANCE , suivie du catalogue etses coutumes ; Letires de Tull. Dan-'des plantes vasculaires des environs dolo. — Canton de Genève et Canton|de Nancy: par S. H. Soxer-VVicce- de Vaud.— 2 vol.in-12, 268 et 26 p.|[mer , Bibliothécaire en chef, etc. 1 v. Milan 1829 et 1830. Chez A. F.Stellalin-8° 195 p. Nancy, décembre 1828, et fils. Liv. ital. 2,50, soit fr. »,85 lelchez Bontoux et chez Griblot. volame. (Voyez l'extrait du volume de cet ouvrage qui concerne le Canton] ANNALES DE L'EnsTiTuT Roy ar Hor- des Grisons, inséré dans notre T.[Ticoce DE FROMONT, dirigé par le XLIT , p. 171, division Errrérarure.)| Chev. Soulange-Bodin , fondateur. — Ces Annales paroïssent chaque mois, SCIENCES ET ARTS. à compter d'avril 1829, par cahier de deux feuilles à deux feuilles etdemie, EFeMERDE , etc. Ephémérides as-|gr. in-8° avec des figures. Le prix de — D — l'abonnement est de 9 fr. pour 12 ca-|rue de l'Eperon ,'n° 7, à Paris , ét au hiers pour Paris et les départemens , Jardin de Fromont à Ris. (Seine et et de 10 fr. 50 c. pour l'étranger. On|Oise). S'abonne chez Mad. Huzard, libraire, om La Brecrornèque UNIVERSELLE paroît tous les mois par cahiers d'environ 250 pages, en deux divisions , dont l'une est intitulée LITTÉRATURE et l’autre SCIENCES ET ARTS , celle-ci comprenant l’AGRICULTURE. On peut souscrire séparément pour chaque division. Les douze cahiers forment à la fin dé chaque année, 3 vol. LITTÉRATURE , et $ vol. SCIENCES ET ARTS. Les lettres, journaux , livres, annonces , etc. , doivent être adressés franc de port à la Direction de la Bi8rroTRÈQuEe UNIVERSEILE à Genève, Les journaux et recueils périodiques français et étrangers sont reçus en échange de la BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE. Les auteurs ou éditeurs de livres français ou étrangers, peuvent faire annoncer dans la Bwæriornèque UnivenseLLe les ouvrages qu’ils publient, moyennant l'envoi d'un exemplaire , ou une rétribution de vixGT centimes par ligne de trente lettres environ. La BiertommÈQuEe UNIVERSELLE ayant des abonnés dans tous les pays de l’Europe , est particulièrement propre à donner à ices annonces une grande publicité. On ne reçoit pas les an- noces d'ouvrages qui traiteroient de théologie et de politique spéciale: ON S'ABONKNE : Pour Genève, la Suisse et l'Italie, à Genève, au Bureau de la Bibliothèque Universelle, et chez Mr. Caensuriez, libraire, ou chez MM. Bargezar et Comp.® imprim.-libraires. Pour la France, les Pays-Bas, l’Allem. l'Angleterre et le Nord: a Paris, Galerie de Mr. Bossance père, libr.rue de Richelieu, N.° 60. A Lxow, chez Mina. À Mivaw, chez les hérit. GHGLEr A SrrasBourG, chez LEvRAULT. et chez Dumorarp et xILSs. À Ausrerpam, chez Durour etCe.| A FLorence , chez Prarri. A Vienne (Aut.) ch. ScuazsacHER.| À Roue, chez de Romanis. A SrurrcarDpT, chez Corra. À VARSOVIE, chez GLUCKSBERG. À Fnancrorr, (sur M.) au Bureauk À Sr. PÉTERSROURC , chez BELLi- des Postes et chez BROENNER.| zanp et Comp.® À Manwrim, chez AnrTanra el { chez J. Gaurier. l'ONTAINE. À chez Riss. À Pise,chez Mr. leProf. Garrescui,| À MEx1co , chez BossanGs padre , À Turiw, chez Pic. AnNTonan y C.y À Venise, chez Missracrra. A Moscou Lé PRIX DE L'ABONNEMENYT EST; PourGenève...,.......fr. 42 || Pour les départemens... fr. 54 1 SSI - ne AUS LE) l'étranger lorsque laf- PAS. vu s à 8 MEN OP | franchis.t est double... 6o BAROMÈTRE réduit à la température de 10° R. Mais, 0 2 Jours du Phases de la Lune, 9 h. dumat.| Midi. pouc. lig. dix.| pouc.lig. dix.|pouc. lig. dix. 1 À 20. Re 20. 10,0 20. O8 2 9, Oo 8.0 5) LE re = 20 s me 4 21: 10,9 ATOS 2H OI 5 À 20. 11,7 20, 11,1 20. 11,7 6 10,0 LRO) 10,6 : 7 11,6 U0 LT à 8 10, . 10,8 10,5 9 8,8 89 |. 8,9 10 8,4 9,2 9,6 sr À nr 11,2 HUE 12 10,8 TO TON 13) + 9-7 000910 ea 9,2 14 10,0 109 0109 15 : 110,8 "10,7 | + 10,7 (é 10 NPEE,Z 11,1 1 L1,2 17 11,6 11,8 | 11,7 13 11,0 11,8 | 11,0 19 10,2 ) 79 20 10,2 11,2 11,5 21 10,9 10,8 ‘10100 &G 22 10,3 10,3 10,3 23 10,2 10,1 10,0 24, 10,2 11,1 11,1 25 11,2 11,4 . 10,3 26 10,9 10,9 10,8 27 . 114 11,0 110 28 À 21. o,5 21: 0,6. | 21. 03 2 | 29 0,4 0,4 0,5 | 30 0,2 | 20. 11,9 0" | Moyenne. k20. 10, 73 |20. 10, 79 |20. 10, 61 ne 3 h. ap. m.N9 h. dum. EE + 0,92 TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROHOGIQUES Faites au COUVENT DU GRAND ST. BERNARD, élevé de 2491 mètres, soit 1278 toises au-dessus de la mer, aux mêmes heures que celles qu’on fait à GENEYE. THERMOMÈTRE HYGROMÈTRE. en 80 parties. à cheveu. EI RE Midi. |3bh.ap.m.| Minim. | Maxim. K 9 h.m.| Midi. 3h. deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. lucas degrés | degrés +0o,2 | —- 0, #4 | = 3 o | +, HN 90 94 90 — 0, 0, 9 9 0 |È—10, 92 99 97 Fo 0e E Da SOU 90 55 ü0 4, o 4, 1 3, D 6, 8) 86 87 3, o à à 2, 8 4, g1 g1 go 4, 2 :h 44 I, D ô, 90 82 02 3; 8 5, o 4, 6 6, 79 81 80 0:59 He Q 13 © 1; JE 94 95 0, à 2,9 DA 2, 9° 57 85 - 0, b 0, 4 4,7 0, 90 2 82 + 3, 0 1, 6 5, 8 4 79 78 81 3, 204 10 5; 0 2, 90 85 88 = 1,53 2, 2 3, 8 3, ë9 74 80 2, © 0, 8 FD NO; 82 67 74 +2,9 | +2, 4 6, 7 | +2, 83 82 83 4, D 4, 8 3, 2 9) 84 83 79 8, 9 6, o 2, 2 7 85 85 78 8, 9 8, 2 I, O 12 87 85 84 2, 9 2, PI Tata 8, 90 90 90 — 45 | - 2,0 a OU = 0, 5) 50 5o 0, 4 o, 6 5, o o 80 81 83 +h114#3,0 k 5 |+#5, 78 77 80 7» 4 D 10 1, 2 12, 89 88 85 5, o 4, 3 2, © D; 81 80 82 TOME NT I0 3, o 5 83 80 76 o, à 0, I 6, 7 118 84 72 71 3, DT 2 5,2 5, 83 82 ôr 4, 8 6, o 2, 4 7 85 81 79 4, 4 5, 8 2,10 90 82 80 4, 3 4, 6 2, O L ET 80 82 + 2,63 + 2,22 — 3,60 | + 4,70 À 86,50 | 82,63 83,33 AU ne es PLUIE ou NEIGE en 24 heur. ” ee oc + nel. bai al el D A 5pi. ‘ISO no “ONVIS HA149 ÉTAT VENTS. DU CIEL. = I —— 9h. m. | Midi. 3h. Éohdum.| Midi. |3h.ap.m ne À mer "05 | at s.0. so. so. À brouil. neige neige s.0. s.0. 5.0. Ë brouil. brouil. brouil. 5.0. 5.0. s.0. À neige brouil. | sol. nuaf s.0. 5.0 s.0. À serein sol. nua.| sol. nua.Ë 5.0. s0 s.0. À couvert | neige neige s.0. N.E. NE À neige brouil. rouil. NE. N.E. NE. À serein serein ol. ni s.0. 5.0. s.0. À brouil. brouil. brouil. s:0: 2.5.0. s.0. À neige brouil. brouil. s.0. N.E NE. À neige brouil. brouil. N.E N.E NE. À neige neige neige NE N.E NE. À brouil. neige neige N.E N.E NE. | neige neigé neige N.E. N.E N.E À brouil. sol. nua.| sol. nua. N.E. N.E NE. À sol. nua.| couvert | sol. nuaË NE NE N.E. À couvert | neige brouil. À N.E N.E NÆ, À sol. nua.| sol. nua.| sul. nua.k N.E. N.E. NE À sol. nua | sol. nua| sol. nua. 5.0. s.0. N.E. à neige | neige neige | NE.3 | NE.2 | N.E.2 Ï neige neige neige N.E.3 | NE. N.E. À brouil. brouil. sol. nua. NE. N.Ë. NE. couvert | sol. nua | sol. nua N.E. 5.0. N.E. À serein sol. nua.| sol. nua. s.0. s.0. s.0. À sol. nua.| sol. nua.| sol. nua. | s.0. N.E. NE. À sol. nua.| brouil. brouil. + NE N.E. NE. À brouil. brouil. brouil, À N.E. s.0. s.0. À serein sol. nua.| sol. nua. s.0. 5.0. s.0. À serein serein serein | s.0, N.E. s.0. serein serein sol. nua À À s.0. s.0. s.0. M sol. nua | sol. nua.| sol. nua. | | —— | ——— N.E. DO. 5.0. Ao. | EEE TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites à GENÈVE, auprès du Pont des Tranchées; 406,91 mètres, soit 208,77 toises, au-dessus du niveau de la mer. Latitude 46°. 12’. Longitude, 15°. 16" de temps, soit 3°,/9', à l’orient de l'Observatoire de Paris. MAI Vents méridion.,. 32 es Re BAROMÈTRE THERMOMÈTRE HYGROMETRE ÉTAT sl" éduitiia : : tic à y ; f \ - SIÈS réduit à la température de 10° R. en 80 parties. à cheveu. DUMCLET. OBSERVATIONS AGRICCIES. E = re ———…— - : — D — a = TE, 9 h. du mat. Midi. 3h. après m. Agh. dum.| Midi. 3h.ap.m.| Minim. Maxim. & gh.m.| Midi. 3h. * oh. m. dj h. du m Midi. 3h. & pouc. lis. seiz. | pouc. lig.seiz. | pouc. lig. H deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. À degrés. |degrés. | degrés À 1 D27. 0.10 | 27. o. 6 | 27. o. 7 f+7,0 |+rr, 5 |+ri, o |+ 6,8 |+1r1, 0 À 100 59 77 Mpl 2,l2r l—} s-0. pluie -Couvert | couvert Les deux retours de froid qni ont en lien dar 2h. o15} + ‘og| . o 2] 9,8 11, 4 13, Oo 6, 6 13, 0 87 7° 07 2,39 | nos. | Nr: sol. nua.| sol. nua! sol. nuaË ce mois, ont fait passer en fils plus de la mof 7 À £ Tee 207 FAN , 4 c res : ë a ; 2) 1670 4 HO gr 00e de 7 ED dl di à Se eo 1e 65 Rs. | N° E sol. nua.| Sol. nuaË Le Ge raisins blancs, les rouges ont mieux ten a MO CE ELITE PE IIS SOL S 15,13 14, 0 14,07 4, 8 16, 7 81 73 73 4 clair sol. nua.| sol. nua ; dan Mar: PE 5 À . ON M27 UT. V9 27. 0.0 15, 5 16, 2 173 L 4 8 T7 A 71 64 56 couvert | clair Sol nuall La EC SE ai LE CT et la riguet 6 26 cr m88 2611. ro 26-10. 6 13,.b 18, O He}, ©) 6, 2 20, O0 74 56 56 clair clair sol. nuafl de l'hiver n’y a pas laissé de traces. ri) 1m 9 5 © 8 7 8. 2 15, 8 15, O 10, 5 6, 9 18, D 78 7o 60 sol. nua.| couvert | couvert Les céréales ont eu une belle végétation; le i S = : F c ) J : . ’ © SD: & ps £ L Sa ê de) 1 15 4 457 15, 8 97 15, Oo 72 7 65 sol. nua.| sol. nua| pluie plantes ont pris beaucoup de développement G . e . Li « De É 7 4 ) L A 8 i je i . “ . - 9! AE NÉ pl LS Cao FA % © GE 82 2 j pluie pluie pluie mais elles sont très-claires sur le terrain; les AA] l'E PR : 6 2 ù 6.12} 6, o % 3 11, 4 PSE ren VA 79 60 56 À couvert | sol. nua.| sol. nua 3 dif. j : À sant re 11 D - 7e 5 7: 19 . ë. 2 6, 6 9, 9 Ô BEC) 10, 7 87 83 72 À pluie pluie sol. nua M blés tardifs sur des sols maigres “a x 12, 0010) + 8: 8 Ds VA 9 8 19, O 14, 5 6, o 14, D 02 66 62 sol. nua.l sol.-nua.l sol. nuaË chétifs, on ne sauroit attendre des céréales dh TRE A0 E D Ch ME DO LRMTO 7 US 19,19 6, o 82 68 62 À sol. nua.| sol. nua.| sol. nua.Ë ver qu'une récolte au-dessous du médiocre: 14 . TO. 3 . 9: 13 . TO. _ 21h IT, 2 13, 3 14, 4 2, 3 14, 4 8x 76 71 sol, nua.l sol. nua.| Couvert En revanche, celles de printems soat d'u Tr a À ; + 9 ; y HS 7 eue p Te couver 7: 7 , : LE - Fe = 1 : 4 "M: 2 A È Fa + 3 N AE e ca LÉSRRNECUE) EOUveRE is précocité et d'une vigueur remarquables. { : 3 5 ONE) + ir 10 À 12, ir, 10 10; ; O 12, O 7 5 91 , Couvert | couvert | couver re se Je :dioeres, et 17 TS SA DE: TO 0 11, 2 12,7 13, 2 9; 4 13, D 81 73 70 À sol. nua.| sol. nua| sol. nua. Les foins artificiels sont mb à - 18 GO MEN ENT CU 2 TO TON 12-07 1,10 HAE VA d, o 14310 75 7 71 À Clair al a sol. nuaÏ naturels fort au-dessous , ce qui provient su 19 À + 10. 72 ON . g+ 15 16, à 15, 8 10, ü D, 07 Nu) 65 72 72 clair clair sol. nuaË tout des ravages du ver blanc. É / : É = = Ê È : : è : 20 NRA Oo 1x |... 900 2417 16, 0 15, 5 13m 0 19, 2 70 72 64 clair clair | clair Les pommes de terre s'annoncent farorable 21 . 9: |D NF GA . ÿ. 13 16, D 20, 5 21, © 9, 6 21, 0 69 58 60 clair sol, nua.| sol. nua. 6 , D 6 2 ; E ? E ment. @ |22} - x: - 10.5 | . 10. 4 | 10,5 19» © 19, © 12; 4 20, 0 6ù 60 61 M couvert | sol. nua.| convert = L a > K le . 23). 55, VAN ENINSNTE 7 ; 14 5 17, © 17, 2 D 7 19, 5 2 75 7 AR lie sol. nua. 24 MOTONNT “ou . g 51 14 0 15, © 20, O 10, o 20, 8 86 75 65 N.N. sol. nua.| couvert | sol. nua. | 2 OO TT CO GT T0; 0 13, 6 19, 0 5, 8 16, 8 90 74 65 6,26 |——| s.0. | so. s.s.0. À pluie sol. nua.| sol. nua. 26 : (TO A| ro D 10, ROLE 8, 2 13, D 19,2 8, 2 14, 0 8o 67 6x ——| 0:50. | s.5.0. | so. À convert | sol. nua.l sol. nua. 27 = 9. 9 0: 6 £ 8. 14 À 6, 5 T1, 2 ue À y We T0 93 73 91 2,59 |—| 5-0. s.0. CAL. pluie sol. nua| pluie :. a A TO. Tr TO: 4 RON; 12 12, 4 8, 3 5,0 13, oO 85 60 77 9:75 |——| 5.0. CAL, N.0. pluie couvert | pluie >) 29 D . -rr216 + II, 2 +. 1115 À 10, 7 12, D 14, O 5, 7 14, 4 78 67 58 2,02 E. N.0. NN.E. À sol. nua | sol. nua. sol. nua. 30 À 27. 0. RAILS “Er, 19 + 1192 19: ÿ 12, 8 15, 4 D 2 15, 4 76 70 66 ROS. | N:0. N.N.0. | No, À $ol. nua.| sol. nua.| sol. nua 5) 26. 11. 14 271000 | 27. x. 12 fu T0, 18 12, D T9 D 10, O 14, À 76 7b 70 = s.0. s.0. s.s.0. À couvert | couvert | sol. nua . PS ne k es ee. PE Ce D = RE ee a Moyennes.À 26.10.5,65 | 26, ro. 4,58| 26 9-15,774 +11,61 | +13, 9ù +14, 47 + 7:02 | 415,60 80, 74 71,61 67,90 API. 361,29 |t4 nr. Vents septentrion. 49 | TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites au COUVENT DU GRAND ST. BERNARD, élevé de 2491 mètres, soit 1278 toises au-dessus de la mer, aux mêmes heures que celles qu’on fait à GENEVE. MAI 1830. | s £ ; L |= BAROMÈTRE THERMOMÈTRE HYGROMETRE. PLUIE |£ ë EXT AP Æ : réduit à la température de 10° R. en 80 parties. à cheveu. NEIGE 5 d VENTS. Ë DU CIEL. a = rl = —— Û —.. m—— Jen 24 heur. El > TT, d a _ 9 b. du mat. | Midi. | 3h. ap.m. F9 h.dum. Midi. |3b.ap.m. Minim. | Maxim. 8 9 h.m.| Midi. 3 h. 2 | gh. m.| Midi. 3h. Àk 9 h. du m. Midi. 3h. ap. m° pouc. lis. dix.| | pouc. lig.dix. |pouc. lig. dix.$ deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. À degrés | degrés | degrés 20.11,9 "20. 11,4 |h20. 11,5 FC, UNE Er, 0 TO SN ER ol EE. to 87 90 O6 EN DO. 1 | \"5;0; N.E. NE. brouil neige neige 11,8 | 11,8 TS — 1, 6 1,07 1, 4 ES 3, o À 83 72 70 = Ihre NE, | | NE. brouil sol. nua.| sol. nua. SN EE OST 21. 0,0 +6,71 5, o 553 4, o à r À 82 78 76 —— |—| xe. NE. | NE. serein serein serein | 27. 03 Jar. 10: 0,4 6, # 6, 8 8, 2 DOUX PAL] VON 10) ÿ2 50 — |—— | 5.0. s.0. 5.0. sol. nua.| sol. nua.| sol. nua. | 12 1.2 1.3 5,.2 7; s 8, o 2, © | 2 À 6: 78 79 — = 111"550, s.0. 5.0. sol. nua.| sol, nua.| sol. nua. Î 0:57 | 0,5 | 0,0 4, o 6, 9 8, o + 0, 2 o ù 83 79 7b — ds ln SO N.E. 5.0, | sol. nua.| serein serein 20, 10,8 À} 20. 10,6 20. 10,4 9: 0 b°x ET 0, 5 6. 2 | 8/ 82 53 — || ;8/0! 5.0. 5.0. brouil. brouil. brouil. à 9,3 | 02 9,1 z, 0 5, o OC ES O7 bo 92 91 94 == po 5.0. s.0. À brouil. | brouil. | brouil. 70 | 6,8 ! 6,5 0, 3 1, # HN) AL 1, 7 À 96 90 93 DE ES; 0> s.0. s.0. neige brouil. | brouil. 6,1 6,5 6,7 0, O 2, 6 1, © 6, 2 STMRROT 57 do 3 |—"I#50, N.x. | Næ, À brouil. | sol. nua.| sol. nua. 5 Î 7:58 | 5,0 0, 8 nr 5, 2 65 6,38 84 69 71 JE IÈS "0 N.E. NE. || neige sol. nua.| sol. nua. 5,8 6,8 8,8 0, © A (0) 2, 4 EU 6 80 74 74 — |—| 5.0 s.0, so, À sol. nua.| sol. nua. sol. nua. | 94 | 9,5 9,8 - 1,7 0, > | — 0, 2 318 10 85 ÿ1 53 ——1|}5;0 s.0. so. À brouil. : sol. nua. brouil. | ; 10,8 | - 10,9 | 11,2 +z,0 1,0 | + o, 3 3,9 1, 8 83 80 82 Gone | Gi s.0. s.0. À neige brouil. neige C | 21. 0,3 | 21.060 | 27.106 No) 6, t 6,,5 1, 8 9, 6 80 79 77 = 960 s.0. 5.0 sol. nua.| sol. nua. couvert H 0,3 | O,1 20. 11,8 2 5,0 3, 2 0, o 6, 6 80 80 D2 — | 50 N.E, NE. | couvert brouil. brouil. | 20. 11,0 | 20 Da CN 11,6 0, 9 3,01 4, 7 ra LD 5, o 88 81 80 — NE N.E. N.E. À couvert brouil. sol. nua, 11,5 | 11,5 | 11,5 6, o 6, 3 E°18 1) à 8, o 3 78 77 — || 50 NE. |Nx. | serein sol. nua.| sol. nua. | 11,0 | 0 0 D | (47 HS) 7» 2 7, 2 0, | 8, 7 79 7 77 — TN N.E NE. |] serein sol. nua.| sol. nua. | 2 11,9 11,0 11.0 9 0 9; 3 TO 9 PEUT, 0x 10, 77 76 70 — = |NNE, N.E. s:0...| sa sol. nua.| serein | 21 - 11 | 110 117 5, o 7 6 8, 3 1, 9 HE © 33 79 74 ——— Æ—_hs0 s.0. s.0 brouil. sol. nua.| sol. nua. > 121. 03 | 210009 121 003 Eur 6, o 6, 6 1, 2 8, 6 85 83 2 — nn | Ce) S.0. sa À pluie sol, nua.| sol. nua. 23 0,9 | 1.0 | 1,2 5h, 2 6, 8 7; 2 2, O 9, © 82 80 81 — Le) #50 5.0. so. | sol. nua.l sol. nua. sol. nua. 2 08 | 0,8 | 20. 11,9 5, o 5, 5 6, 2 2, 0 B, o 87 88 95 == ls s.0. s.0. f couvert brouil. BpoRE = 20. 108 | 20. 10,3 | . 106 2, 0 2, 7 30 012 4, 5 86 87 d2 Mpl.li. 11 s0 s.0. s0. À brouil. pluie ce 26 10,1 10,3 | . 10,2 1, Ô 0, 7 0, 4 ax 2, O 82 84 84 6.8. [NS.0; s.0. ne. | sol. nua.| couvert | sol. nua. À #9 | 9,0 | - 8,3 1,9 |-2,6 | -o,: 5,ux 3,0 À 85 | 81,| 81 Dn.po. 5 MR RE RER crie 2 2 $ ñ À . û . . O1, . 2 | 20 06 | AE Be D He Le 7» 9 2e de ê ol ile he . Fe É fe a.| sol. nua. | 29 2,5 + 11,0 | 11,0 0 8 4.2, 4. oo Gter 4, 5 87 83 82 —_— = AI9 NE N.É. N.E. sol. nua. sol: nu. | CA 1 06 | ; 11,8 | 11,9 + 3, 0 4, 9 5, 5 4, 8 5,4 86 8o 79 + | |F6 0: mo vo ni sure ae pur 2 0, I 0,9 | 21 19 3, 9 2, 3 7e o a 5, 7 85 84 L a CE | OT N.E. N.E+ sol. nua. roull. roull. | RS —— ee ll, el —— | À] —_—__———., mm — Hoxenne. À 20. 10,82 | 2 10,91 | 20. 10,91 À + 2.80 | + 3,90 | + 4,07] = 215 | 4 6,05 | 84,32 | 81,07 | 80,61 À Eau 27 li. NE. 36. s.0. 57. TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES < à à A , 3 . . Û] Faites à GENÈVE, auprès du Pont des Tranchées: 406,91 mètres, soit 208,77 toises, au-dessus du niveau de la mer. Latitude 46°. 12’. Longitude, 15°, 16” de temps, soit 3°,49', à l’orient de l'Observatoire de Paris. Moyennes. : Vents méridion... 4 ___ a nn 0 1 0 1 Vend | 26. 10. 7,53| 26.10.5,73 | 26. 10. 3,33 +13, 66 | +15,41 | 415,01 | + 8,82 | 417,42 JUIN 1930. 76,66 | 70,40 70,634PL 54li,46| 10 n.| Vents septentrion. 40 S sl à BAROMÈTRE THERMOMÈTRE HYGROMETRE À PLUIE |># ÉTAT : : se réduit à la température de 10° R. en 80 parties. à cheveu. NEIGE ë 2 VENTS. DIU CIEL. EE ——— — CR enagh. | ne = = ©E 9 b. du mat. Midi. 3 b. après m. f 9h. dum. Midi. 3h.ap.m.| Minim. Maxim. gh,m. | Midi. 3h. S © gh.m.| Midi. 3h. )h. du m Midi. 3 h. pouc. lis. seiz. | pouc. lig.seiz. | pouc. lig. seiz. À deg. dix. | deg. dix deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. À degrés.|degrés. | degrés ui 25, 0 ON, CET 27. n. 13 D+12, Oo |+14, 5 |+16, 3 | + 3, 5 |4+r7, 3 74 66 62 S RoS. | 0.N.0. | 0.N.0. | 0.N.0. Ë ciair clair clair 2 CRE SR CANON | CEE ET 14, 4 17, 2 20, 7 6, 3 20, 7 69 68 54 = ros. | O:N.0 | nn. | 5.0. clair sol. nua.| clair - 200 0) 26: 10. | 26. 10. -3 15,19 20, O 10, 7 7 © 20, 7 69 55 Ga LS Ros. | N.0. 0.N.0. | s.0: clair sol. nua.| couvert 4 10. 15 | + vo. 11 SION 15, 2 15,07 13, 4 10, D 18, o 70 68 69 À ros. | CAL, 0.5.0. | 0:N.0.h couvert | pluie pluie 5 LE. D SLT 7 10. i2 19,07 17, 2 19, 3 8, 7 5 7 70 63 65 pl o,!74 NN.E | NE N.N.0. Ë sol. nua.| sol. nua.| sol. nua. a GA 27; 0. 1 | 27. o. o Il. 9 16, 9 18, 8 19, 6 11, à 20, 6 72 57 60 À De o. 0.5.0. À sol. nua.| sol. nua.| sol. nua. 7 D 20: ON26 xr. oo 10. 13 18, 0 17, 2 17; O Me) 20, 7 66 65 68 — | = |\Hiwot|#o:s0" /|Fso sol. nua.| pluie pluie è RCE 10 (8% 0 ir 14, 2 18 5 12, 7 10, 8 16, o 69 67 7 7,94 |——| sse. | sise. | s.sE, Ê sol. nua.| couvert | pluie 9 LES 9- 15 + 10. © 14,00 14, o 1} 0) 8, o F5 LA 73 72 73 1100 MEN EN ANSE. N:N.E. À sol. nua.| sol. nua.| sol. nua 10 Ru TTC x T2 |N27. (0. 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N.N.0 E sol. nua.| sol. nua.| sol. nua 10. 11 * 10. 9 10. 6 13, 5 14, © Fun) 9, © 15, 2 70 67 67 — s.0. 5.0. 0.5 0 À sol, nua.| sol. nua.| couvert 6e CUS fe 5] 10. 12 + 10. 9 11, 3 LT: 07 12, 2 9 2 12, 8 72 72, 71 1,29 |—| 0.5.0. | s.8.0 s.0. couvert | couvert | couvert : Fe : 8 o : 7- 13 11, O 12, ! 13, Oo 9, 8 13, 4 gt 86 87 0,74 |——| 0.5.0. | 55.0 0.N.0. À pluie pluie pluie . ne: . 6. 10 6. 12 13, 6 14 0D 11, © 11, 7 17) 3 59 92 90 200 |=———\1#0;s:0. NO: s.0. couvert | sol. nua.| pluie . 9- 14 1170, 00 0 9. 13 HA 17; 5 17; 5 9; 4 273 7 68 65 64. 16,19 s.0. s.0. s.04 sol. nua.| sol. nua.| sol. nue. + 10. 12 UTO, 12 + 10. 7 14, O 17; O 17 O ü, 9 19) ë 72 71 73 Ros. | CAL. 0.N.0. | N:N.E. À sol. nua.| sol. nua.| sol. nua. 10. 9 UTO UT : g: 11 13, 8 17, 5 17, O 10, #4 19, © 85 80 79 —— ROS. | N.E. NN.E. | N.N.E. À sol. nua.| sol. nua.| sol. nua. a 4 JU. “HOT EN 22, 9 15, 3 11, 4 23, O 80 59 79 EE ROS, | N.N.E. | N.N.E, | N. sol. nua.| sol. nua.| couvert A 9- DONS MOT ln ur 13, 2 12, 7 Hey 14, 3 94 92 93 Er SG: s.0. s. pluie pluie pluie > au. x 27. ©. o + AL 7 14, 9 15, 2 18, 3 8, 5 18, 5 83 78 68 7,94 | nos. | Es. | ANNE. | N.N.E. À sol. nua.| sol. nua.| sol. nua. + AL 6! 26.11 o | . g.12] x16,5 16, 6 17, 2 11, 3 | 22, 0 84 54 8 0,92 NAN. | E.NE. | NE. À sol. nua.| sol. nua.| sol. nua: + 10. 12 10, 12 * 10. 9 18, 5 20, 9 20, 7 12, 8 21, O g1 78 x 10,49 ——|"ss.0 |NS:0! s.0. sol. nua.| sol. nua.| sol. nua , (iscè:) ÉD É PP DEP DIEPPE LARIELEGES ASTRONOMIE-PHYSIQUE. ESSAI SUR LA DÉTERMINATION DES DENSITÉS DE L'ÉTHER DANS L'ESPACE PLANÉTAIRE; par Mr. Ben). VALz. ( Commun. aux Rédact. par Mr. FVartmann. ) La dernière apparition de la comète à courte période a été remarquable sous divers rapports. Les apparences singulières qu'elle a présentées, m’ont porté à en recher- cher l'explication la plus satisfaisante ; on jugera jusqu’à quel point j'y suis parvenu. J'espère au moins que les aperçus que je donnerai , pourront offrir quelqu’intérêt par leur singularité ou par leur nouveauté; car jusqu’à présent , que je sache, ils n’avoient point encore excité d'attention, quoique les observations sur lesquelles ils reposent soient connues des astronomes depuis une année. Cette nouvelle apparition est venue augmenter les probabilités en faveur de l'hypothèse sur la résistance de l’éther, à laquelle Mr. Encke avoit été obligé de recou- rir pour satisfaire à une diminution de quelques heures dans la période de cette comète. Si l’on peut con- Server encore des doutes sur ce point, et penser qu’une aussi foible augmentation du mouvement moyen ne o Sciences et Arts. Juin 1830. H 114 ASTRONOMIE-PIEYSIQUE. puisse provenir seulement de cette cause, mais aussi de l’imperfection de certaines données des calculs, on doit espérer que les révolutions subséquentes viendront dissiper les doutes à cet égard. Toutefois sans altendre ces nouvelles confirmations, nous essaierons de pré- senter des aperçus qui concourent à indiquer eneore plus directement l'existence d'un éther. Nous les dédui- rons surtout des observations du plus grand intérêt que Mr. Struve a faites sur la nébulosité de cette comète (Astron. Nachr. de Mr. Schumacher n° 153 et 154 (1).) J'avois d’abord cherché à rendre compte de la dimi- nution de son volume par quelqu'illusion d'optique ( Astron. Nachr. n° 156), et ensuite par une déperdi- tion de la matière nébuleuse ( Bibl. Univ., mai 1829) qu’on ne pourroil guère justifier. Aussi peu satisfait d'une explication que de l’autre, je continuai à en chercher uue autre plus convenable et j'en vins enfin à présumer que cette réduction de volume pourroit bien être pro- duite par l’augmentation de pression sur la nébulosité à mesure qu’elle s’approchoit du soleil, augmentation provenant de l'accroissement de densité de l'éther dans le même sens. Pour s’assurer jusqu'à quel point cette hypo- thèse pourroit être conforme à la vérité, il suffisoit de la soumettre à l'analyse, et de vérifier ensuite si les obser- vations obtenues concouroient convenablement, C’est en effet, ce que le calcul a confirmé d'une manière aussi satisfaisante qu'il étoit possible de l'espérer. Voici la marche que j'ai suivie pour cet objet. LEj N° Bibl. Univ. ; T. XLI , Cahier de mai 1529. DÉTERMINAT. DES DENSITÉS DE L'ÉTHER. 115 Pour parvenir aux formules nécessaire, soient g, £' les gravitations vers le soleil, D, D" les densités de l'éther, et p,p' les pressions qui correspondent aux distances r,r" de cet astre, On a d’abord, d’après la loi de la gravitation universelle et celle de Mariotte, que MM. Arago et Dulong viennent de vérifier rigoureuse- ment jusqu'à 27 atmosphères de pression, ainsi que Jusq | P q ! ..(s ); d’après une remarque de Laplace (1) : Ê Tru APTE Le poids de la colonne d’éther r'—r, étant égal à la différence des poids des deux colonnes infinies repo- sant sur les deux extrémités de la première, on aura de plus f g' D’ Ar SEA re Pi | L'élimination de g'et p' donnera, en différentiant dr’ dD' par rapport aux variables r' et 1)”, PET Pr" = plog. D'+cC. formuie dont l'intégrale est La constante se déterminera en remarquant que , lorsque | r'=r;ona D'=D, et par nt Le. C—=Dr—plog.D,. Donc log. D— log. D’ FRA A É bre (3). P On à aussi log. D— los. Da À À E. en divi= P r (1) « Si l’on fait consister la lumière dans les vibrations d'un fluide élastique, l’uniformité de sa vitesse exige que la densité de ce fluide, dans toute l'étendue du système planétaire, soit proportionnelle à son ressort, » (Æ£rpos. du systéme du monde. 5me édit. in-4°, p- 239.) 116 Rires :] og.D— log. D' r'—rr sant, p disparoît, eti vient CET à Dane Se a US Cette formule se transforme en r'("—r) log. D+r"(r"—r) log. D'=('r" 7) log. D’, et donne pour relation entre les rapports de densité r(r'—7r") rer G) cf met Une masse gazeuse de forme sphérique, non suscep- tible d’un changement d'état, telle que peuvent être cerlaines comèles lorsqu'elles n’ont pas encore acquis de queues, se trouvant soumise , d’après les variations de densité de l’éther, à des pressions différentes, selon ses diverses distances au soleil, éprouveroit des change- mens de volume inversément proportionnels à ces den- sités. On pourra donc substituer au rapport des densités le rapport inverse des cubes des diamètres, et désignant les diamètres par d,9’,d9”, on aura la relation IN 3r(r— 771) 1 37 (rl —r) CE en qui étant mise sous une forme plus propre au calcul, dcr LA 9” donne log. d— log. d'H—,- L log D'après cette formule il sera facile de déterminer un des diamètres en fonction de deux autres et des distances au soleil. Nous pourrons donc actuellement appliquer le calcul aux intéressantes observations de Mr. Struve et voir jusqu'à quel point il leur sera conforme. Ces observations, au nombre de quatre, répondent aux 7 et 30 novembre, 7 et 14 décembre 1828. Nous en DÉTERMINAT. NES DENSITÉS DE L'ÉTHER. 117 joindrons deux autres plus distantes qui nous sont pro- pres, faites le 28 octobre et le 24 décembre. Nous avons cru devoir choisir pour les deux qui doivent servir de base au calcul des autres, celles des 7 nov. et 7 déc.; J'intervalle d’un mois qui les sépare paroissant assez convenable, ainsi que la variation des diamètres qui est de 12”, et celle des rayons vecteurs qui est égale à la demi-distance de la terre au soleil. Du reste, les légères différences qui en résultent montrent bien qu’en en prenant d’autres, on n’auroit à craindre que de très- foibles altérations. Mr. Struve n’a pas indiqué le mo- ment précis où les mesures ont été prises; mais on peut juger par ses observations, que l’époque n’a guère dû différer de celle que Mr. Encke avoit adoptée pour le calcul de son éphéméride , à laquelle nous emprun- terons ces déterminations nécessaires. Au reste , la pe- tite différence qui pourroit en résulter, ne seroit ab- solument d'aucune importance pour notre objet. Voici donc les résultats auxquels nous sommes parvenus à l’aide de la formule ci-dessus, qui devient d'après les données choisies, en prenant le rayon vecteur moyen de la terre pour unité, 1,21246 La log. = 2,72g11 — 118 ASTRONOMIE-PHYSIQUE. Diamètre $ Rayon | Paral- | Diamètre | Diamètre | vrai en À EPOQUES. | vecteur. |laxe ho- | apparent | apparent | rayons À rizontale| observé. | calculé. ee | R'Aphél.cotabtel 4,1033,|:...2..2 1. 4. 03.. E 16 sept. 1828.[ 1,9708 | 7,83 |........ DUrS ‘octobrese } r,593%0 11078586 v| 44. ot, F °8 Id. 1,4617 , 20" Nobis.| 20, M 7 novembre.|1,3215 , 6 18 Struve, 18 base. É 3o Jd. 0,9668 ÿ 7 décembre.|o,8433 Dore QI: 0,7285 H 24 Ja. 0,5419 F Périh. eomète| 0,3454 |.......1........|......:. DEEE ss SLT On voit que l'accord entre l'observation et le calcul est fort satisfaisant, surtout pour les déterminations de Mr. Struve, prises avec un instrument des plus favo- rables pour cela. Il auroit été possible, par la méthode des moindres carrés, de réduire encore les petites dif- férences trouvées, si cela eût été nécessaire. Mais il a dû suffire de montrer que l’explication proposée sa- tisfaisoit aux observations, et sembloit par conséquent fondée en raison, ou présenter au moins assez de pro- babilités en sa faveur. Les diamètres apparens ont été déduits des diamètres vrais multipliés par la parallaxe horizontale. On pourra remarquer qu'ils ont dû éprou- ver un Mmatimum, qui auroit répondu aux environs du 18 octobre. D'après l’observation , le 28 octobre, le dia- mètre de la nébulosité de la comète a été d’un tiers plus considérable que l'intervalle qui se trouve entre la terre et la lune, et le 7 octobre il étoit encore plus grand que cette distance. Le 24 déc. il étoit 25 fois plus petit, DÉTERMINAT. DES DENSITÉS DE L'ÉTIER. 119 et son volume 16750 fois moindre que le 28 octobre. La densité en étoit par conséquent d'autant de fois plus grande. Tout extraordinaires que puissent paroître ces résultats, ils n’en sont pas moins à l’abri de toute objec- lion; car ils sont rigoureusement déduits d'observations qui ne paroissent nullement sujettes à contestation et que d'autres astronomes, sans doute, pourront confirmer. Selon le calcul, le premier jour que Mr. Struve aperçut celte comète, le diamètre vrai de sa nébulosité devoit surpasser le demi-diamètre du soleil, et dans l’aphélie il se trouveroit deux fois et demi plus grand, tandis y 12 Ja terre. Il faut remarquer toutefois que ces derniers qu'au périhélie, il ne seroit que le de celui de résultats sont subordonnés à ce que dans ces cas ex-' trêmes, la condensation de la nébulosité soit toujours seulement proportionnelle à la pression, sans avoir égard par conséquent aux variations de température et aux changemens d’état de la matière nébuleuse , qui peuvent avoir lieu. On conçoit en effet que dans l’a- phélie, les déductions trouvées peuvent être altérées par une forte diminution de température et le changement d'état qui en résulte, et dans le périhélie, par une haute température et la réductior à l’état solide provenant d'une pression très-considérable. Elles sont loin, par conséquent, d’avoir Ja certitude de celles qui dérivent directement de l'observation. Il paroît, du reste, que ces dernières n’ont pas subi d'influence sensible de ces deux causes. Si l’on ne peut espérer de parvenir à con- noître les phénomènes qui peuvent avoir lieu dans l’a- phélie, on doit croire au contraire que de nouvelles 120 ASTRONOMIE-PHYSIQUE. apparitions nous permettront d'apprécier ceux qui peuvent . survenir au périhélie, et espérer que l’avenir nous fournira des preuves suffisantes pour dissiper les doutes qui peu- vent subsister encore sur ce point. Les variations de vo- Jume de la nébulosité devront être prises en considération dans les calculs des résistances provenant de l’éther, et la réduction qu’éprouve ce volume fera reconnoître à ce fluide une plus grande densité qu’elle n’auroit été trouvée sans cela. Si l’on admet que la masse de cette petite comète ne soit pas plus considérable que celle de la première comète de 1770, qui n’étoit pas 4 de celle de la terre (Mécan. céleste, T. IV, p. 230.), on trouvera que sa densité, le 28 octobre, étoit au plus 5 de celle de notre atmosphère au niveau des mers. Celte supposition pa- roîtra fournir des résultats encore fort exagérés , si l’on remarque que d’après les diverses mesures du noyau par Messier en 1770 , il auroit été , à une époque, plus considérable que la lune, et même ensuite plus que la terre. | Je dois chercher à aller au-devant des objections qu'on pourroit élever. Le 28 oct., je n'ai fait mention d’abord que d’une nébuleuse de 10 à 12° de diamètre, ce qui ne doit s’entendre que de sa partie la plus sen- sible dans le chercheur : mais dans une lettre écrite pos- térieurement au Rédacteur des Astr. Nachr., je remar- quois bien qu’elle m’avoit paru dépasser 20°. Mr. Struve ne donne, il est vrai, que 3° à la nébulosité les 28 et 29 oct. Mais pour reconnoître la cause d’une telle disparité, il suflira de rappeler que le champ de la lunette n'étant que de 18”, il n’aura pu apercevoir toute DÉTERMINAT. DES DENSITÉS DE L'ÉTHER. 121 la mebulosité, extrêmement. affoiblie du reste sauf au milieu, mais seulement la partie centrale beaucoup plus lumineuse, et qui étoit en effet de 3”. Enfin , il paroîtra peut-être surprenant , que la réduc- tion de la nébulosité ait si bien suivi la loi déterminée, lorsque l'augmentation de températur* qui devoit ré- sulter du rapprochement du soleil, auroit dü ÿ apporter des modifications. On fera remarquer, pour lever cette difficulté, que le 7 novembre la nébulosité excédoit en étendue la dis- tance de la terre à la lune ; une étoile de 11° grandeur se trouvoit tellement au centre de la nébulosité que Nr. Struve l’a prise d’abord pour un noyau lumineux ; quelques heures plus tard, la partie la plus claire de la comète n’étoit qu'à quelques secondes d'une étoile de 10° grandeur, sans qu’on püt observer aucun affoiblisse- ment dans celle-ci. D'après ces faits et la prodigieuse dia- phanéité qu’on est forcé d'admettre, il ne sauroit paroître extraordinaire que l’action calorifique du soleil n'y soit pas plus sensible. On pourra reconnoître plus sûrement par la suite, jusqu’à quel point cet effet devient appré- ciable, en observant le diamètre de la nébulosité des deux côtés et à des distances égales du périhélie , où il se trouve le plus considérable ; dans la supposition tou- tefois qu’il n’y ait pas, dans l'intervalle, de formation de queue qui viendroit troubler la marche naturelle des choses. Enfin, cette comète pouvant par la suite passer assez près de Mercure , seroit d’une nouvelle utilité en astronomie, en nous faisant connoître par les pertur- bations qu’elle en éprouveroit, la masse de cette planète entièrement inconnue jusqu'à présent. Les observa- 122 ASTRONOMIE-PIIYSIQUE. tions suivies des nébulosités les plus denses de cer- taines comètes, pourroient peut-être faire reconnottre des variations de température dans les diverses parties des espaces planétaires, par les aliérations qui pourroient en résulter dans les rapports de condensations de leurs volumes relativement à ceux qui résulteroient du calcul. Ïl peut y avoir de l'intérêt à chercher d'après ce qui précéde, les rapports des densités de l’éther pour les di- verses dimensions de notre système planétaire. Voici ce qui en résulteroit pour une comète hypothétique, dont la nébulosité seroit égale au volume de la terre, à la même distance que celle-ci du soleil. Distances au soleil. |} Diam. de la comète À hypothétique. } Périhélie Mercure... GS0 Ts dd 0.00186 à Aphélie V'E{ FENRE 0.4667:. 0. 0.041106 RVÉRUS.- ee : O,7 232: See. ain 0.34368 h Terre. . : ;. 1, Lrécst: (4 MAbS er netthe ef ste 2.23 2.611 CIE NN 2.707240 5.947 RATS NRA ARE 202078 9.538 éaiunnei est JAI Bu de 12.173 DIS. nt CAT EE 14.102 Ÿ Aph. comète, 76 ans. DID LOT Res 15.073 DE ZT. 354 ans. 100. this 15.863 11 180 1000. LATE 16.266 353553 10 000. TOC 16.307 11 180210 100000. 2/! Parall. et infini... Les densités étant inverses des cubes des diamètres, on voit qu'elles décroîtroient avec une extrême len- teur dans les grandes distances, et qu’elles augmeute- DÉTERMINAT. DES DENSITÉS DE L'ÉTHER. 123 roieul, äu contraire, avec une grande rapidité dans la proximité du soleil, à moins qu’une très-haute tem- pérature ne vint y porter obstacle. Les comètes ayant de très-foibles densités pourroient en éprouver des résis- tances sensibles à leurs mouvemens , et par suite des va- riatious dans leurs orbites. Seroit-ce cette cause qui ne permet pas toujours de faire bien accorder les observa- tions de chacune des deux branches de la trajectoire, comme Pingré le remarque ? (Cométogr. T. IV, pag. 73, 84 et 88.) Si l’on ne craignoit de se laisser entrainer à des hy- pothèses trop gratuites, on pourroit supposer que la pres- sion considérable qui réagiroit sur le soleil et la résis- tance qui résulteroit de son mouvement de rotation oc- casionneroient le dégagement de lumière qui nous montre son disque avec autant d'éclat. Le corps même du soleil , mis à découvert dans les taches, comme Île pensoit Herschel, paroîtroit au-dessous , de façon que l'enveloppe lumineuse apparente seroit ainsi à la li- mite de son atmosphère. Cela rendroit raison de la sin- gularité offerte par le corps central de notre système solaire, qui paroîtroit par celte cause moins dense que tous ceux qui lui sont soumis. L'accroissement de densité de l'éther pourroit expliquer aussi l'augmentation de densité des planètes, avec leurs rapprochemens du soleil. On peut remarquer, d’après le dernier tableau , que la densité de l'éther n'éprouve pas une diminution extrême à une distance infinie, mais, qu’elle parvient à décroitre si lentement qu'elle Gnit par être sensiblement constante, de manière qu'elle n'est même alors que la moitié de ce 124 ASTRONOMIE-PHYSIQUE. qu'elle seroit à une distance du soleil douze fois plus grande que celle de laterre. Ce fluide pourroit ainsi être re- tenu dans certaines limites par les éthers des systèmes planétaires limitrophes, dont la pression aux points de sé- paration, seroit au moins égale à celle qui répond à cette densité constante. Pour une parallaxe de 2” elle est en effet sensiblement la même qu'à l'infini , et le temps né- cessaire à une comète pour alteindre un pareil éloigne- ment et pouvoir s'échapper de notre système solaire, ne seroit pas moindre de onze millions d'années ! Est-il donc étonnant que nous connoissions encore aussi peu de retours de ces astres, qui peuvent parcourir des es- paces aussi étendus, dans des intervalles de temps aussi immenses ? Après avoir obtenu une détermination des rapports de densités de l’éther, il resteroit à en chercher la densité ab- solue elle-même, Si les moyens à proposer pour cela ne sont pas aussi rigoureux qu'il seroit à désirer, ils pourront au moins fournir des limites à nos investigations, jusqu’à- ce que nous puissions acquérir plus de lumières sur un point aussi digne d'intérêt, par les résistances que per- mettront de reconnoître les retours successifs des co- mètes périodiques , et surtout ceux de la plus importante sous ce rapport, et la plus fréquente de toutes. L'élasticité de notre atmosphère à son extrême li- mile doit se trouver en équilibre avec la pression de Véther en ce point. Si l’on ne peut savoir précisément jusqu'où peut s'étendre ce terme, il devient au moins possible de déterminer des limites entre lesquelles il doit se trouver. Ainsi il ne sauroit dépasser la distance à la- DÉTERMINAT. DES DENSITÉS DE L'ÉTHER. 125 quelle ja force centrifuge balance l'attraction dans l'é- quaieur et qui est de six demi-diamètres terrestres. Les plus grands abaissemens crépusculaires du soleil don- neroient la limite inférieure. C’est ordinairement d’après ce dernier moyen, que l'on détermine l'étendue de notre atmosphère, que Laplace ne porte ainsi qu’à 60000 mètres où x du rayon de la terre. Mais Lemonier ayant observé des abaissemens crépusculaires qui alloient jus- qu'à 21°, ce seroit au moins 100 000 mètres qui en résul- teroient. Quoiqu'il ne soit rien moins que certain que celle hauteur ne puisse s'étendre bien au-delà, cepen- dant comme on admet généralement cette manière de la déterminer, nous adopterons la dernière valeur comme la plus considérable , pour les calculs suivans, dans Jesquels devront entrer aussi la température de l'espace éthéré, et le décroissement de la chaleur dans l'atmosphère, On pourra prendre pour la première —50° C. (1) observés par le Cap. Franklin dans ses pé- rilleuses excursions boréales. On peut trouver, en eflet, que cette détermination n’est guère hors de vraisem- blance, si l'on remarque que pendant les quatre années de séjour circompolaire de MM. Parry et Franklin, les températures minima des quatre mois d'hiver en l'ab- sence du soleil n’ont point été en décroissant continuel- lement, comme cela auroit du avoir lieu par l'effet du rayonnement des espaces célestes, si la température de (x) C’est celle à laquelle ont conduit , soit les calculs de Fourier, soit les ingénieuses recherches de Mr. Svanberg ; voyez notre Cahier d'Avril, T. XLIII, p. 367. (R.) 126 ASTRONOMIE-PHYSIQUE. ceux-ci eût été réellement beaucoup plus basse. Quant au décroissement thermal atmosphérique , les observa- tions Îles plus nombreuses et les plus complètes qui puissent le faire connoître avec le plus d’exactitude, sont celles que l’on continue avec persévérance depuis nom- bre d'années à l’hospice du Grand Saint-Bernard , que lon comparera avec celles de Genève. Toutes les autres auxquelles on pourroit recourir pour cet objet sont trop isolées, ou n’embrassent que de trop foibles périodes pour atteindre l'exactitude convenable; car une année en- tière n'est pas même suffiante pour compenser d’ausst grandes variations que celles qui ont lieu. Un exemple pris sans choix dans un mois quelconque, fera juger de l’éten- due des anomalies. Le 26 janvier 182g, temps couvert de part et d'autre, le minimum de Genève étoit de + 1°,1 R. au-dessous de celui du Grand Saint-Bernard, tandis que le 31 par un même temps il étoit de 11°,5 R. au-dessus; à 9 h. il fut de 12,95 ; à midi de 16°8 et à 3 h. de 13°,5R. au-dessus. La veille à Genève le minimum avoit été le même, mais au Saint-Bernad il avoit été de &° plus élevé que le 31. On conçoit effectivement que la diver- sité des courans aériens dans les deux stations, peut ÿ occasionner de fort grandes variations, et qu'il faut par conséquent des périodes d'autant plus longues que les compensations devront être plus parfaites, Dans le relevé des trois dernières années qu’embrasse l’intervalle dans lequel le système des observations du Grand Saint-Ber- nard et de Genève a été amélioré, on a séparé les moyennes des quatre mois les plus froids , et des quatre plus chauds, afin de faire ressortir l’influence de la tem- a DÉTERMINAT. DES DENSITÉS DE L'ÉTHER. 127 pérature sur son décroissement dans l'atmosphère ; et pour faire concourir un plus grand nombre d'obser- vations, on a joint celles de 9h. du matin aux minima, et celle de 3 h. du soir aux maxima , ce qui les a portées à plus de 700 pour chaque moyenne extrême. Il en est ré- sulté que pour 2084" de différenge de hauteur, le dé- croissement de températeure a été de 9°,63 C. à 0°,05 du thermomètre inférieur, et de 14,29, C. à 21,91 du même thermomètre, Admettant que le rayonnement est proportionnel aux différences de la température infé- rieure avec celle de l’espace éthéré, on trouve, d’après ces données , pour cette dernière — 45° C., ce qui ne dif- fère pas beaucoup de celle indiquée par les observations circompolaires. Si, d'après celte détermination , on calcule pour chaque heure et chaque saison de chacune des quatre dernières années, le décroissement de température pour 1000 mètres de hauteur, on le trouve, par uue moyenne gent de plus de sept mille observations, égal à Tr, ravéc des variations annuelles et horaires qui n'atleignent pas le dixième de cette valeur; £” représentant la tempé- ralure extrème de l'espace, et £ celle qui a lieu à la surface de la terre. On pense assez généralement que le décroissement de température sur les sommets des montagnes doit différer sensiblement de celui qui au- roit lieu en pleine atmosphère. Mais on doit remar- quer à ce sujet que si, en effet, au printems la masse des montagnes retardoit assez la marche des tempé- ralures atmosphériques , il en seroit de même, mais 128 ASTRONOMIE-PHYSIQUE. dans un sens inverse, en automne, et qu'il y auroit ainsi sur l’année entière une sorte de compensation. Du reste, les moyennes de ces deux saisons n'offrent pas entr'elles de plus grandes différences que les au- tres, et ne paroïissent donc guère propres à confirmer cette opinion, ainsi qu'on pourra en juger d’après le tableau suivant, qui comprend pour chaque saison les valeurs annuelles et horaires du facteur de ce décrois- sement pour 1000 mètres de hauteur. PRINTEMS. er ÉTÉ. HIVER. [MOYENNES. 1826. .... 0.097 0.105 | 0.097 0.082 0.09 1827. É 0.109 0.097 O.101I 0.106 0.103 1028.... 0.099 0.080 | 0.088 0.076 0.087 1éans.: ,À 0.089 | 0.089 | 0.095 | 0.095 | 0.092 minimum 0.108 0.092 | 0.089 O.101 0.097 PR T ee 0.09 0.091 | 0.092 0.084 0.090 Ab. à 0.095 | 0.094 | 0.095 | 0.088 | 0.093 Dogs « : 0.101 | 0.097 | 0.100 mi à 0.097 maximum .| 0.096 | 0.098 | 0.098 | 0.085 | 0.094 moyennes.| 0.099 | 0.094 0.095 | 0.090 | 0.094 D'après la détermination précédente , et la propor- tionnalité du rayonnement aux différences de tempéra- ture, on auroit pour le décroissement de température dans s APIpRArE par 1600 mètres, Fo AT PE jé ST CS y EE me EL" 1 13 II en progression par sh De sil comme ce décroissement sembleroit plutôt un peu rapide, rela- DÉTERMINAT. DES DENSITÉS DE L'ÉTUER. 129 tivement aux réfractions observées , nous essaierons de lui en substituer un autre, qui en différera fort peu, toutefois, dans les limites que nous pouvons atteindre et qui comprennent la principale partie de notre atmosphère. Pour en obtenir l'expression, qui offre d’ailleurs assez de simplicité, soient x, y deux indéterminées ; nous ferons d’abord Æ tt æ = EL — — PL TETE 1+y LE ‘Ni LI) 1000 mais ensuile pour exprimer que {" est la température =rz—(i—#); extrême de l’espace, on fera 7” infini, ce qui don- mera æ—{—{"ety—=:#5. On aura donc généralement l à PTT " . 5 , : = +41". Cette expression du décroissement 1+ 10 000 de température admise, on pourra chercher les den- ! sités et les pressions qui répondent à diverses hauteurs dans l’atmosphère. Pour cela il faudra introduire une modification convenable dans la seconde des équations fondamentales (2) ci-dessus. En représentant par y la dilatation de l'air sec pour 1° du thermomètre centi- grade — 0,00375 d’après les expériences très- précises de Mr. Gay-Lussac, on aura £ r® D gp(r+yt') ‘D'ar' ro — EE , dr'——d(p'g ). £ r° D £P (1 +yl) © P Le] Effectuant les substitutions et différentiations, il vient s LT D' a ne D'àr' da .np(s+#t AS Pr € de É:? D(1+2) D(:1+71) Pour simplifier l'intégration , on pourra substituer P 5 , P LA N . da à r' et dr’ leurs valeurs en fonction de 1", tirées de Sciences et Arts. Juin +830. I 130 ASTRONOMIE-PHYSIQUE. l’expression ci-dessus de cette dernière ; et faisant pour abréger TT 10000r(1+y4)(A+t Die up ro00or(r#y#) (Art) D l—30 000 Tr — 10 000 "py B di dD' di vid on obtient — —_;;etintégrant, CAH'Y (342) D tape B B Ch—=A)CAEE) Ch—AŸ ace (H+1)= log. D'+log. (/+1)+0C log. (44°) TA RE La rl se déterminera en faisant D'—D et L . D Tr —r; ce qui donne log. He y 2 Ce B A+t 1+yl +1 MR y If Gr: or) LTUE Substituant les pressions aux densités et passant aux logarithmes tabulaires, m représentant le module, il vient enfin, log.p'=— log. Lu Mn 2 LE (/y—4)(4+1)(4H") La EN Lo LÉ op M + —*° })...": TE 47 08 AH! 1+7yl (5). Pour se conformer à la manière usitée d'exprimer les pressions, la densité de l’air devra être donnée d’a- près son rapport avec celle du mercure que MM. Arago et Biot ont trouvé de +5, à zéro de température et 0"76 de pression, sur Îe parallèle de 45°. Mettant donc ces valeurs pour D et p,et —5o° en place de {”,on trouve par la dernière formule, à une hauteur de centmille mètres daus l'atmosphère, la pression p'—0"",00029, ou 2653 500 fois plus foible qu’à la surface de la terre, DÉTERMINAT. DES DENSITÉS DE L'ÉTHER, 131 pour faire équilibre à celle de l'éther, qui lui est par conséquent égale en ce point. Mais, pour éluder de nouvelles formules trop compliquées (1), il faudroit chercher à déterminer la pression qui répond au point où l'attraction de la terre sur l’éther peut être consi- dérée comme à peu près insensible relativement à celle du soleil. Pour simplifier cette recherche, on pourroit prendre ce point à une distance du soleil égale à celle de laterre à cet astre, de façon à n’avoir pas ainsi à tenir compte de la variation dans l’action du soleil. On aura alors, d’après les équations ci-dessus (1, 2, 5), en passant aux logarithmes tabulaires, et m représentant D';r" LIT a lrmodule , los: p"'—— rer) 4e —"— relati- » AR RE À ÈS p'r! ra vement à laterre ; mais par rapport au soleil, on à encore 4 7 1 F 7 ' OS NT Re A AS: SLA log: = - : ET r—1r mr (1) Dans un des cas les plus simples ; la direction opposée au so- leil , on auroit encore M D" log. p' — LE (: Rs —) L M r! r!! R+r! R+7!! ma ŸTR Fr }2 ( I P.! A 2 F + log. p' : de. . | L D —— at 7/2 (A + RUE la masse du soleil étant — 7 et la distance à la terre — RÀ. Dans les calculs relatifs à la dernière apparition de la comète à courte période , l'influence de la terre a été négligée , paree qu’elle n'étoit au plus que 8000 fois moindre que celle du soleil, 132 ASTRONOMIE -PHYSIQUE. Les observations ayant donné ci-dessus d° r'—r" log. mir 1,21246————, on a par conséquent r'r D" = 3,63738 -P— — 8,3753. 7.......,....(6), mr Fe et log. p'= 3,63738. r”; ee + log. Fe (7); LA PEUT A . , . r'' devant être exprimé, comme dans log. NÉ en parties de la distance moyenne de la terre au soleil. D'après ces valeurs on pourra juger de l'extrême pe- üitesse des pressions et des densités de l’éther, et de sa différence de nature avec l'air atmosphérique. Pour un aperçu des rapports d'influence de la terre et du soleil sur l’éther, si l’on cherche les points auxquels les at- tractions de ces corps sont égales, on reconnoîtra qu'ils sont situés à la surface d’une sphère dont le rayon éga- leroit environ 40 demi-diamètres terrestres, et dont le centre seroit approximativement à = du rayon de la terre, au-delà du centre de cette dernière relativement au soleil. Ce seroit toujours une sphère pour un rap- port quelconque dans les actions de ces corps. On peut à l’aide de la formule (5), s'assurer que les variations observées dans les températures sont plus que suffisantes pour rendre raison des oscillations du ba- romètre les plus considérables ainsi que des plus grands vents. Des différences de pression de 1 à 10 millimètres suffisent pour produire des vitesses d'écoulement de 15 à 45 mètres par seconde, qui représentent celle des forts vents et des ouragans les plus violens. Les DÉTERMINAT, DES DENSITÉS DE L'ÉTHER. 133 différences de pression du baromètre entre Nimes et Paris, prises simultanément à un mème niveau, vont bien à dix millimètres en plus et en moins, et les plus grands vents observés dans le premier lieu à 35 mètres de vitesse par seconde ; mais les formules relatives à l'écoulement des fluides ne sauroient être applicables dans des circonstances pareilles. L'existence d'un éther une fois admise , pourroit fa- ciliter l'explication de certains phénomènes. Nous avons déjà fait mention de celle relative aux différentes densi- tés du soleil et des planètes et à l'accroissement de ces dernières. Il deviendroit eucore possible de rendre raison par une cause pareille, de la manière dont se trouvent limitées et contenues les atmosphères des planètes, sans être obligé d'admettre, comme on Fa fait jusqu’à pré- sent, qu’à la surface supérieure de l'atmosphère , le fluide dont elle est composée se trouve sans ressort ; mais on ne pourroit alors supposer, ainsi qu'on l’a encore pré- tendu , que la terre ait pu aspirer l'atmosphère de la lune , qui d’ailleurs animée du mouvement de révolu- tion de ce corps, ne pourroit se porter vers la terre. Eofn, l'existence d’un fluide éthéré nous olfriroit une explication assez naturelle de la formation des queues de comètes. Les parties constituantes de ces corps, ve- nant à se vaporiser par leur accroissement graduel de température , et pouvant produire des vapeurs d'une densité moindre que celles de l’éther (d'autant plus considérables que l’est aussi le rapprochement du so- leil}), elles tendroient à s'échapper dans la direction opposée à cet astre, et par leur écoulement continu 134 ASTRONOMIE-PHYSIQUE. pourroient former ces longues trainées qui constituent les queues. Les combinaisons de mouvement qui en ré- sulteroient , jointes à l'expansion des gaz pour produire Ja divergence des queues, au refroidissement plus grand à leur surface que dans l'axe, qui les rendroit plus vi- | sibles par la précipitation des vapeurs, de façon à faire paroître les queues creuses ainsi qu'on l’a bien remar- qué, et enfin aux diverses résistances qui auroient lieu, ne suffiroient-elles pas pour rendre raison de la majeure partie des phases observées ? Quelques calculs exécutés conformément à une telle hypothèse représentent d’une manière assez satisfaisante les déviations et les courbures qu'a offertes une grande queue de comète. Mais jusqu'à présent les observations ne fournissent pas assez de don- vées suffisantes pour les applications du calcul. Pour expliquer les queues multiples, il suffit d'admettre daus la constitution des comètes, plusieurs matières de différentes natures, dont la vaporisation n’a lieu qu’à di- vers degrés de température , ce qui ne sauroit présenter de plus grandes difficultés que pour les queues simples. Les prétendues queues dirigées vers le soleil , ne seroient qu'en apparence en contradiction avec celte explication, car celles ne paroissent dues qu’à une simple illusion optique , qui a lieu lorsque la terre se trouve dans le plan de l'orbite cométaire , et dans l'angle opposé à celui des deux queues. La comète de 1823, qui a offert de nos jours cette particularité, nous aidera à en dé- mêler la cause. C’est en effet le 23 janvier, jour où fa terre s’est trouvée précisément dans le nœud de l'or- bite de la comète, que les deux queues ont paru exac- DÉTERMINAT. DES DENSITÉS DE L'ÉTHER. 135 tement sur une ligne droite dirigée au soleil, ce qui déjà pouvoit donner lieu à penser qu'une apparence aussi extraordinaire n’étoit qu'un simple effet de pers- pective. L'angle à la comète entre le soleil et la terre n'étant alors que de 51°32", il sufhisoit en effet que l'angle entre les deux queues fût seulement un peu plus considérable, pour que l’une d'elles pût nous paroître dirigée au soleil, l’autre lui étant opposée. Mais ce qui devoit surtout faire croire que l'apparence observée n’é- toit qu'une pure illusion, c'étoit le décroissement aussi rapide de l'angle apparent des deux queues qui en huit jours a diminué de 50°. Du moins ce fait extraordinaire s'explique alors fort naturellement, tandis qu'il offriroit assez de difficultés pour en rendre raison autrement. En- fa, il est un troisième motif auquel il ne paroiît pas qu'on ait encore fait attention. Le 22 janvier, avant le passage de la terre par le nœud, le sommet de l'angle apparent des deux queues étoit tourné vers le sud, ou dirigé du côté qu'abandonnoit la comète dans sa marche relative ; ce quiest fort bien indiqué dans la représentation unique pour cette époque, et sous ce rapport d'un grand intérêt, qu'en a donnée Mr. de Biela (Astr. Nachr. N° 50 p. 28). On remarquera que le sud est vers le haut du dessin, et le nord vers le bas, et que le mouvement de la co- mète étoit dirigé de la partie supérieure sud, du côté de: du Dragon, vers l’inférieure nord, assez exacte- ment sur l'étoile 63 du Dragon de Bode, ainsi que l'in- diquent les trois observations de ce jour. Le 24 janvier, au contraire , après le passage de la terre par le nœud, le sommet de l'angle des deux queues étoit lourné vers 136 ASTRONOMIE-PHYSIQUE. le pôle, et du côté où se dirigeoit la comète, entière- ment opposé à la position de l’avant-veille, ainsi qu'il est représenté dans la figure dont on est redevable au zèle éclairé de Mr. Olbers pour tout ce qui a le moindre rapport aux progrès futurs de l'astronomie. (Astroh. Nachr. N° 49 p.73). Le sud est au bas de la carte et le nord vers le haut. La marche de la comète est dirigée de la première à la seconde région , entre les étoiles et d, vers lesquelles cet astre s’avançoit, ainsi qu'il est marqué daus le texte qui accompagne le dessin. Ces deux apparences fort remarquables, entièrement con- traires en deux jours d'intervalle seulement, sont une conséquence toute naturelle du passage de la terre par le nœud : l'explication proposée offre donc l'avantage de résoudre avec assez de facilité les difficultés majeures qui se présentoient ; elle est établie sur ce que les deux queues se trouveroient comprises dans le plan de l’or- bite. Cette idée , toute naturelle ; étoit d’ailleurs indi- quée le 23 janvier par leur direction opposée et en ligne droite passant par le soleil, et par la position inverse de l'angle compris entr'elles, ou de leur courbure ré- ciproque , la veille et les jours suivans. S'il ne peut y avoir de possibilité d'acquérir des preuves plus di- rectes sur un sujet aussi digne d'intérêt, on obtient du moins plusieurs probabilités assez majeures qui se cor- roborent mutuellement et concourent à produire le degré suffisaut de certitude qu'il peut être permis d’attendre dans cette circonstance. Pour connoître, au moins ap- proximativement, à l’époque précédente, l'angle compris entre les deux queues, on supposera que cet angle n'a 2. DÉTERMINAT. DES DENSITÉS DE L'ÉTHER. 137 pas varié considérablement dans un intervalle de huit jours, ce qui n'est guère hors de vraisemblance. Alors l'ofservation du 1° février (Connoissance des T'ems 1828 p.174) qui porte l'angle apparent à 130°, sera la plus fa- vorable pour calculer l'angle vrai. qu'on trouvera ainsi s'élever à 67°; la déviation de la seconde queue seroitalors, pour ce jour, de 79° de l’opposé au soleil, ce qui est fort considérable sans doute, mais ce qui seroit éncore bien éloigné de la direction vers le soleil. Du reste , de pa- reilles et même de plus grandes déviations ne sont pas sans exemple, et voici celles qui ont été les plus faciles à recueillir. La queue de la comète de 1577, observée par Tycho-Brahé, eut de 36° à 35° de déviation, celle de 1680, d'après Newton, de 69° à 70°, et celle de 1744, d’après Chéseaux, depuis 88° jusqu'à 124° pour les di- verses queues multiples. La dernière détermination in- diqueroit donc une direction à 6° seulement du soleil. On pourroit rendre raison du grand éclat que pren- nent les comètes en général en s’approchant du soleil, et qui ést tel qu’on a pu en apercevoir en présence de cet astre même, par la formation d’un noyau due à une grande condensation de la nébulosité, provenant de la pression considérable qu’elle éprouve de la part de l’é- ther dans la proximité du soleil: ainsi que, par une cause pareille, les gaz passent à l’état solide. En résumé , il paroît hors de doute ; 1° que la né- bulosité de la comète précitée a été réduite après deux mois d'apparition au 16750° de son premier volume ; 2° que l'existence d’un éther admise, elle explique d’une manière salisfaisante les apparences fort remarquables 138 ASTRONOMIE-PHYSIQUE. de sa dernière apparition ; 3° enfin , que si l’on se refuse à admettre provisoirement une hypothèse qui représente aussi bien les observations, on ne devroit du moins la rejeter que lorsqu'on aura proposé des explications en- core plus satisfaisantes. Une fois l'attention provoquée sur un sujet aussi digne d'intérêt, espérons que les apparitions subséquentes viendront y apporter de nou- velles lumières, et qu'il seroit inutile de les recom- mander davantage sous ce rapport, au zèle des habiles observateurs de nos jours. ESS SN CHIMIE. MÉMOIRE SUR LES VARIATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE . ATMOSPHÉRIQUE, par Mr. THÉOD. DE SAUSSURE ; lu à la Société de Phys. et d'Hist. Natur. de Genève, le 18 février 1830. (T. IV. Livraison 4° des Mémoires de cette Société). (Second article. Voyez p. 23 du Cahier précédent. ) $ IV. Des quantités moyennes et extrêmes du gaz acide carbo- nique atmosphérique à Chambeisy (x). Les résultats que je présenterai ici se rapportent aux observations qui ont été faites dans les années 1827, (1) L'emplacement que j'ai appelé Cairbeisy, dans les tableaux de mes expériences, est une prairie voisine du hameau qui porte VARIAT. DE L’ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 139 1828 et 1829, par le procédé décrit $ IIL.......... Quoique je me sois occupé de ces recherches, chaque année, depuis 1809, je me suis borné aux ré- sultats des trois dernières, parce que j'ai commencé seulement en 1827 à faire des observations pendant la nuit, qui est, en exceptant celles de l'hiver, une cir- constance importante pour les déterminations dont il s'agit, et parce qu'elles ont acquis, à d’autres égards ,” plus de précision. 10 000 d’air en volume contiennent 4,15 d’acide car- bonique, par une moyenne entre 104 observations faites de jour et de nuit dans toutes les saisons, à quatre pieds au-dessus du sol, à Chambeisy. La plus grande quantité de ce gaz dans le volume d'air précédent , et dans cet emplacement, s'élève à 5,74; le minimum ‘est 3,15. | Je n'indique ces nombres que pour fournir des termes de comparaison aux observations multipliées que j'ai faites dans cette contrée; car on verra qu'on ne peut pas déduire de ces données la quantité précise d'acide carbonique qui se trouve dans l'air atmosphérique en général. Trois années ne peuvent pas mieux servir à déterminer des moyennes constantes pour ce gaz, que s’il s'agissoit de la pluie, ou de quelques autres cir- constances atmosphériques. ce nom ; elle ést située à trois quarts de lieue de Genève; elle est élevée de 16 mètres au-dessus du lac, et elle en est éloignée de 250 mètres. Son élévation au-dessus de la mer est de 388 inètres; elle est sèche, découverte, aérce , et elle repose sur un sol argileux , légère- ment incliné. 140 CHIMIE. Influence de la pluie sur les variations de l'acide carbo- nique afmosphérique. Une des causes qui influe le plus sur les variations de l'acide carbonique en différentes saisons, ou dans les mêmes saisons de différentes années, est l’humec- tation accidentelle du sol par les pluies, qui diminuent probablement ce gaz (1), soit en l’absorbant, soit en le faisant absorber par le terrain. Pour juger de l'influence de la pluie, il faut com- parer, en été ou en automne, une saison ou un mois (x) Je ne m'occupe ici que de l'effet produit par les pluies prolon- gées, après leur pénétration dans le sol; car je n’aipas assez fait d’ex- périences pour déterminer si l’effet qui s’opère pendant et immédiate- ment après la chute d’une forte averse, n'est pas une augmentation d'acide carbonique, soit par le déplacement que l'eau fait de ce gaz, en pénétrant dans le terrain, soit par le déplacement des conches atmosphériques supérieures. Mes observations, trop pen nombreuses à ce sujet, indiquent cette augmentation. Un litre d’eau de pluie récente, qui ne troubloit pas l’eau de chaux, m'a fourni, en été, par une heure d’ébullition, 20,5 cen- timètres cubes d’air, qui contenoient 13,6 centimètres cubes d'azote, 6,73 centimètres cubes d’oxigène , et 0,31 centimètres cube d’aride carbonique. Le mélange de l’eau avec le terrain augmente l’absorb- tion de ce dernier gaz , soit parce que l'addition d’une petite quantité d’eau dans les corps poreux secs, accroît leurs facultés de condenser cet acide (ainsi que je lai reconnu pour la magnésie silicifère spongieuse ), soit parce qu'il éprouve une plus grande pression, soit enfin parce qu'il trouve des bases ( telles que les car- bonates ) auxquelles il se combine momentanément, sous l'influence de l'eau. VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 141 de sécheresse, avec une saison ou un mois dans l’état pluvieux; on obtiendroit des résultats insignifians si l’on se contentoit de comparer deux ou trois jours con- sécutifs sans pluie, avec deux ou trois jours pluvieux : la pluie n'agit que lentement sur l'air; et une forte averse, après une saison sèche, ne paroît pas dimi- nuer immédiatement l'acide carbonique. Les exemples que je vais donner de l'effet des pluies, offrent des anomalies ; mais elles s'expliquent souvent en considérant que la quantité d'acide carbonique d’un mois, est subordonnée à celle des mois précédens. L'action des pluies ne paroît pas pouvoir être bien appréciée en hiver et au printems, dans le climat de Genève, parce qu'elle est modifiée par la congélation et par le dégel, qui produit une diminution d'acide, lors même qu'il ne tombe pas de pluie. Mes observations sur ce gaz se rapportent ici à l'heure de midi, qui est celle oùelles ont été les plus nom- breuses, ce moment n’à d’ailleurs aucune influence sur le résultat général. Lorsque je n'ai pu observer à Chambeisy les quan- tités de pluie indiquées dans le tableau suivant, je me suis servi de celles qu’on obtient à Genève pour la Bibliothèque Universelle ; nosrésultats à cet égard ne s’ac- cordent pas toujours, quoique les emplacemens soient à la même hauteur et à trois quarts de lieue de distance, mais les différences ne sont pas assez grandes (1) pour (1) J'en excepte surtout le mois de novembre 1829, où l'on a évalué, pour Genève, la quantité de pluie à 31,4 lignes, tandis 142 CHIMIE. changer un effet qui doit avoir lieu surtout entre Îles quantités de pluie qui contrastent beaucoup entr’elles. La quantité moyenne de pluie qui tombe à Genève dans le cours d’une année, s'élève à 779 millimètres, par une moyenne de trente-deux années. ( Bibliothèque Universelle, T. XL.) Juin. Pluie en juin 1828..,................ 10 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10 000 d'air, DOMAROER URL SET, RER AR, CES CORRE a — Pluie eñ juin 1829............:...... 77 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10 600 d'air, aies hate cree line sn 208 is A0 LC que j'en ai trouvé 60,7 lignes à Chambeïsy. Cette grande différence porte presque uniquement sur les neiges du 24 et du 25 novembre, pour lesquelles ont a compté 7,8 lignes d’eau dans le premier em- placement , et 34,7 lignes dans le second, et elle tient à ce que la quantité d’eau a été évaluée, pour la *Brbliothèque Universelle, par le procédé ordinaire, en réduisant la neige à la douzième de son volume. Cette neige abondante , mêiée de pluie, fondoit en partie en tombant , et elle formoit une couche dense et épaisse qui laissera long-temps des traces dans nos campagnes, par les arbres qu’elle a rompus et renversés. Mon évaluation a été faite par le poids de cette neige recue dans un grand vase cylindrique, soit par la hanteur de l’eau dans ce cylindre, après la fonte de la neige. Il est à désirer qu’on renonce au procédé de réduire cette dernière à la douzième de son volume , puisqu'on s'expose à une erreur très- variable , et qui peut indiquer une quantité d’eau quatre ou cinq fois moindre de sa valeur réelle. On commet d’autres fois une erreur in- verse. VARIAT. DE L’ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. Juillet. Pluie en juillet 1827......,........... 9 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10,000 d'air, ——— Pluie en juillet 1828.......4....... 173 millimètres. Quantité moyenne d’acide carbonique dans 10000 d'air, à mIdi........s..sessssssscossseseseseeseses Pluie en juilletr1829................. b2 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10 000 d'air, 143 RS MT RS PSE Août. Pluie en août 1827... 75 millimètres. Quantité moyenne d’acide carbonique dans 10000 d'air, REA Sera nadia ai a R'ahnLolere lle) en) Masai ele TS ENS ra a STE Pluie en août 1828.........,........ 128 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10000 d'air, TR niches) toteleierenctefeishemmeoio eric letter lt te Pluie en août 1829................ 116 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10 000 d'air, Septembre. Pluie en septembre 1827..........,.. 30 millimetres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10000 d'air, Pluie en septembre 1828............ 104 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10 000 d'air, 4,28. 3,8. Qt "LE h,18. 144 CHIMIE. Pluie en septembre 1829............ 254 millimètres. Quantité moyenne d’acide carbonique dans 10000 d'air , à miel suuistsS date avan NUE NEUs dé ierre 1 SRE Octobre. Pluie en octobre 1829............... 7b millimètres. Qantité moyenne d'acide carbonique dans 10 000 d'air, RM Len Lies Que ei rR ——— Pluie en octobre 1829.....:.:...:..:. 113 millimètres. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10 000 d'air, Le NO NO EP a OS HO Once « Novembre. Pluie en novembre 1828....-,........ 81 millimètres. Quantité moyenne d’acide carbonique dans 10000 &’air, AMIS Saisie ee cale este inner aie net A ENT Pluie en novembre 1829............. 138 millimètre. Quantité moyenne d'acide carbonique dans 10 000 d'air, OO OR PE AI AO RO M TS Pete 2 doi Décembre. Pluie en décembre 1828............... Q millimètres. Quantité moyenne d’acide carbonique dans 10 000 d'air, HIS ece-ce--cereceec-C-Lec-ue-ce du Pluie en décembre 1829.............. 34 millimètres, Quantité moyenne d’acide carbonique dans 10000 d'air, Ari etienne et NE EE Le mois de juillet 1828 à été extraordinairement plu- vieux, et sa quantité d'acide, quoique moindre que dans | | | | | VARIAT. DE L’ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 145 un mois de juillet très-sec , paroît cependant plus grande qu’elle n’auroit dû l'être d’après d’autres résultats; mais le mois de juin ayant été très-sec, a influé sur l'acide du mois suivant. La forte sécheresse du mois de juillet 1827 a influé sur la quantité considérable d’acide du mois d'août suivant, qui a été pluvieux. La proportion de cet acide se rapporte plus à l’hu- mectalion prolongée du sol par les pluies, qu’à la quan- tité d'eau qu'elles y versent. Un sol humide diminue plus l'acide carbonique , par l'effet d’une basse tempé- rature , accompagnée de pluies foibles, mais répétées, que par l’effet momentané d’une quantité décuple d’eau répandue dans une seule averse. Il conviendra de rechercher si l’on ne peut pas pré- sumer des pluies prochaines, lorsque l’acide carbonique, après avoir augmenté par la sécheresse , diminue pen- dant sa continuation ; car cette diminution peut indiquer qu’elles existent déjà dans les contrées environnantes. De l'influence de la congélation du terrain, sur l'acide carbonique atmosphérique. Les observations suivantes , qui ont été faites à Cham- beisy, dans l'hiver de 1829, indiquent que la gelée continue du terrain augmente la proportion de l’acide carbonique, et elles offrent une nouvelle preuve de l’in- fluence de la sécheresse du sol, pour augmenter cet acide. | Dans le mois de décembre (de 1828), pendant lequel il n’est presque pas tombé de pluie, mais où le sol est Sciences et Arts. Juin 1830. K 146 CHIMIE. resté très-humide par l'effet des brouillards et d’une tem- pérature qui n’excédoit que peu celle de la congélation, la quantité d'acide carbonique de 10000 parties d’air, a varié entre 3,85 et 4,25, dans dix observations de jour et de nuit. Au commencement de janvier, le sol s’est couvert d’une légère couche de neige , et au bout de quinze jours pendant lesquels le terrain a été constamment gelé, la quantité d'acide s’est élevée à 4,57; sur la fin du mois, le dégel est survenu, il a duré plusieurs jours, et l’a- cide s’est réduit alors à 4,27. Au commencement de février, la gelée continue a recommence ; au milieu du mois elle pénétroit dans le terrain (1) à huit pouces de profondeur, et la quantité d’acide s’est élevée alors à 4,52; le dégel est survenu ensuite, et l'acide carbonique s’est réduit à 3,66. La quantité de pluie ou de neige qui est tombée dans les mois de décembre, janvier et février, a été trop petite pour avoir influé sur les varia- tions précédentes. On voit que l’élévation de la tempé- rature doit contribuer à augmenter l'acide carbonique pendant l'été, en accélérant le desséchement du sol; on voit encore que l’excès de ce gaz, dans plusieurs de mes résultats pour cette saison, peut être accidentel, et qu’on trouvera probablement plus d’acide carbonique dans les hivers des contrées où le terrain est constam- ment gelé, que dans les hivers humides des climats tempérés. (1) Une gelée courte et superficielle, ou qui ne pénètre dans le terrain qu'à un pouce de profondeur, n’agit pas sur les variations de l'acide carbonique. VARIAT. DE L’ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 147 Gaz acide carbonique de l'air atmosphérique du lac Léman et de l'air de Chambeisy. L'air du lac a été pris à quatre pieds au-dessus de sa surface ; à trois quarts de lieue de son extrémité mé- ridionale, et dans le milieu de sa largeur, qui, dans cet emplacement, voisin de Chambeisy, a environ une demi-lieue. Ce lac est élevé de 372,4 mètres au-dessus de la mer. ( Wesure de Mr. Roger, Biblioth. Univers. , T. XXXVIIT, pag. 52). | RE NUMÉROS ET DATES C3S | dem, eo ©. DES 58 & |sur le lac S. À © & gp © OBSERVATIONS. $ 5 #| Léman. QN°s 17et 18.—29 décembre 1826, à midi...| 4,21 3,85 25 et 26.—22 mai 1827, à midi........| 5,40 5,02 29 et 31.— 2 juillet, même année,amidi.| 5,23 b,7 37et 35.— q août, même année , à midi.| 5,21 5,42 het 45.—28 sept. même année, à midi..| 4,95 574 boet 51.—19 janvier 1828 , à midi.....| 4,97 4,46 63 et 64.— 7 juillet, même année, à midi.| 4,8x &Gx 7iet 72.—12 août, même année, à midi.{ 4,08 SO 74 et 75.—26 août, même année, à midi.| 4,22 4,10 85 et 86.—26 sept., même année, à midi.| 4,14 3,20 88 et 89.—26 sept., à 8 h. 7, dusoir...| 4,93 4,30 122et123.— D février 1829, à midi. .....| 4,45 4,76 130et131.— 7 mars, même année, à midi.| 4,63 4,65 138 et139.—18 avril, méme année, à midi.| 4,29 4,22 161 et162.— 7 juil.,m.a.,à 11h. dus.) 5,34 5,10 163et164.— 8 juillet, même année, à midi.| 4,35 4,08 197et19$, —13 octob., même année, à midi.| 3,54 3,42 L r99et200.—13 octobre, m.a.à 11h. dus.| 4,16 3,68 Moyennes.......... 4,60 4,39 148 CHLMER Il résulte des observations précédentes , 1° que l'air, sur le lac, contient en général moins d'acide carbo- nique que l'air sur le terrain; 2° que ces deux airs éprou- vent en moyenne, à peu près, les mêmes varialions à l'égard de la saison, et à celui des effets opposés de la nuit et du jour. On voit que l'influence des pluies, pour diminuer l'acide carbonique sur le terrain, est confirmée par celle du lac, dans un temps sec. On ne sera pas surpris que la différence moyenne de 100 à 95, entre les quantités d'acide de cette station, et de celle de Cambeisy, soit peu considérable, puis- que la distance de ces deux emplacemens (qui sont en vue l’un de l’autre et presqu’à la même hauteur) n'est pas d’une demi-lieue : on doit s'attendre encore à trouver des anomalies; elles peuvent souvent dépendre de l’er- reur des observations; car la différence moyenne des résultats est comprise dans l'inégalité des produits que peut présenter une même espèce d'air, lorsqu'on se borne à deux expériences. La différence générale qui se trouve entre l’atmos- phère du lac et celle de ses rives, est d'accord avec une expérience (1) que Mr. Vogel a faite sur la mer Bal- tique; il a jugé à l'œil que le carbonate de baryte qui s’est formé dans un ballon, étoit beaucoup moins abon- dant avec l'air pris à une lieue en mer, qu'avec celui du rivage, mais ce résultat n’est accompagné d’aucun détail et d'aucune pesée qui en montrent l’exactitude ; (1) Journal de Pharmacie , T. VIL, pag. 461. VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 149 il sera sans doute constaté par des observations précises qui auront un grand intérêt lorsqu'elles seront faites de jour et de nuit, en pleine mer. Il est sans doute superflu d'ajouter qu’on ne doit pas inférer des résultats à peu près semblables qu'offrent les moyennes des variations de l'acide carbonique sur le lac et à Chambeisy, qu’il en soit de même à un plus grand éloignement des rivages : on remarquera que la seule opération (n°% 198 et 200) qui ait été faite dans un air parfaitement calme, indique, entre le jour et la puit, une variation moindre sur le lac que sur le ter- rain, et que les autres résultats ont été obtenus dans un air dont l'agitation, quoique foible, a pu produire le mélange de l'atmosphère du lac avec celle des terres environnantes. Les expériences que j'ai rapportées ici, sont surtout importantes, parce qu'elles montrent que les variations antérieures, et les suivantes, ne se bor- nent pas à celles qui ont lieu à une grande proximité de la terre végétale, soit à une distance de quatre ou cinq pieds. Gaz acide carbonique de l'air de Genève et de l'air de Chambeisy. L'air de Genève a été pris dans une grande cour, rue de la Cité, à 19 mètres au-dessus du lac. L'air de Chambeisy a été recueilli en rase campage, à très-peu près à la hauteur précédente, et à 1,3 mètre au-dessus du sol, ainsi que dans les autres observations. CHERS NUMÉROS ET DATES E2 S | Zdem, mie. DES æ) æ er a 5 OA B © È OBSERVATIONS. ES = | Genève. Nos or et 22.—12 février 1827,à midi......| 3,58 4,55 25 et 27.—22 mai, même année, à midi..| 6,40 5,69 29 et 30.— 2 juillet, mèmeannée, à midi.| 5,23 5,65 52 et 53.—26 mai 1828, à midi.......| 4,71 5,28 69 et 70.— 9 août, même année, à midi.| 4,53 4,76 120et121.—28 janvier 1829, à midi.....! 4,26 4,27 124et125.—13 févr. , mème année, à midi.| 4,62 L,82 127et128.—26 févr., mème année, à midi.| 4,65 5,00 136et137.—10 avril, méme année, à midi.| 3,90 4,45 169et170.—25 juillet, même année, à midi.| 4,44 4,93 171et172.—25 juill. même ann., à minuit.| 4,07 3,85 182et183.— 4 sept. m.a.,à 11h. dusoir.| 4,41 L,39 184et185.— 5 sept. même année, à midi.| 3,82 4,20 193et 194.— 1er octob., m. a., à 11 h.dus.| 4,14 L,23 193et196.— 2 octob. même année, à midi. Ces expériences montrent, 1° que la quantité d'acide carbonique atmosphérique , est plus grande, pendant le jour, à Ja ville qu’à la campagne ; 2° que les variations de cet acide, relativement aux saisons, sont analogues dans les deux stations ; 3° que l’acide carbonique aug- mente plus (1), par l'influence de la nuit, à la campagne qu'à la ville. (x) Le 25 juillet 1829 , par une exception très-rare en été , l'acide carbonique diurne a diminué dans un temps calme , pendant la nuit, à Chambeisy ; la diminution s’est opérée simultanément à la ville, et elle y a été plus grande parce que , suivant la règle , l'émanalion nocturne de ce gaz étoit plus abondante à la campagne. Ce résultat a été obtenu avec un ciel clair, un air sec et chaud, la terre sèche, et une nuit sans rosée; mais une heure après l'introduction de l'air dans le ballon , le ciel s’est couvert de nuages, qui ont versé quel - ques gouttes de pluie. Ï cs] VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 151 Du gaz acide carbonique atmosphérique à di ifferentes hauteurs , sur les monlagnes. 2. ACIDE CARBONIQ. NOMS DES MONTAGNES. EN VOLUME, ET EPOQUES [dans 10000 d'air de la plaine. *S91)9U u9 ‘UBUT -9T 0e] 9j ans ouSe) À des observations. ‘uou ef ans tue p À 000 O1 SUBP *[0A u9 -UOUI E[2P UONBAY/T | onbruoqueo oproy À N°534. Sommet de la Dôle, FE : . Chambeïsy, à m. 20 juillet 1827, à m. Y 39. Gr. Salève-sur-Cre- vin, 28 août 1827, à midi, 40. Hermitage (Petit Sa- lève.) 28 août 1827, trois h. après midi, 60. Sommet de la Dôle, 28 juin 1828, à mid. - Vasserode-sous-la— Dôle. 28 juin 1828, trois h. après midi. Grand-Salève - sur- Grange - Tournier , 25 mai 1829, à midi. - Col de la Faucille, sur le Jura. 14 juil- let 1829, 11 h. dus. de Salève, à mid. 3,59 Chambeisy, à m. Id.111h). dus. 15 juillet, à midi. 174. Col de Ja Faucille, UE Id.11 h.dus. 7 août, à 11 b. du s. 176. Col de la Faucille, Id. à midi 8 août , à midi. 1 i 189. Col de la Faucille, : Id11h.dus£ 29 sept. à 17 h.dus. 167. Col de la EE x, 7 Ta Kit 190. Col de Ja Faucille,] < 1 CCE . à midi. 30 septembre, à mid. | 152 CHIMIE. J'expose, dans le tableau qui précède, les résultats que j'ai obtenus à quatre pieds au-dessus du sol, sur les montagnes calcaires du Jura et de Salève, qui sont environ à trois lieues de Chambeisy, où l'on a fait des observations correspondantes, Ces montagnes bordent deux côtés de la plaine où Chambeisy est situé. Le ré- sultat obtenu simultanément au pied même de la mon- tagne, a été à peu près le même qu'à Chambeisy. On voit, d’après ces résultats, que la quantité d’acide carbonique atmosphérique est plus grande sur les mon- tagnes que dans la plaine. Cette différence peut être expliquée en considerant, 1° que la décomposition de cet acide s’opère principalement dans les couches infé- rieures où la végétation est plus abondante ; 2° que ce gaz doit être plus absorbé par le terrain des plaines, où les eaux pluviales ont un moins prompt écoulement. La plus grande différence entre l'air de la plaine et celui de la montagne, se rapporte à la dernière obser- vation; elle a été faite dans un temps extraordinaire par l'abondance des pluies. L'air de la montagne présente un autre résultat re- marquable; c’est que la quantité diurne d’acide carbo- nique n’y est que peu ou point augmentée par l'influence de la nuit. L’atmosphère des lieux élevés paroît participer en gé- néral à la variation qui tient à la saison ou à l'humec- tation du sol dans la plaine; mais tous ces résultats doivent être subordonnés au degré d’élévation et à l’éten- due souvent inconnue de l’humectation. VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 153 Influence du vent sur l'acide carbonique atmosphérique , pendant le jour. Pour trouver l'influence dont il s'agit ici, j'ai com- paré les quantités diurnes de ce gaz à Chambeisy, dans un air calme, et dans un air violemment agité. Cette comparaison n’a été faite que lorsque l'intervalle qui séparoit ces deux circonstances n'excédoit pas treize jours : s’il eût été moindre, mes observations auroïent été trop peu nombreuses; s’il eût été plus grand, les résultats auroient été trop influencés par la différence de la saison. Fariations de l'acide carbonique par l'effet du vent, pendant le jour, à Chambeïsy. ACIDE CARBONIQUE EN VOL.!ACIDE CARBONIQUE EN VOL. DANS 10000 D’AIR CALME DANS 10000 D'AIR ou faiblement agité, pendant un vent fort, A MIDI. A MIDI Nos 56. 13 juin 1828... 4,75|N°s 58. 26 juin 1528.... 5,09 92. 14 octobre. .... 3,81 95. 15 octobre..... 3,82 100. D décembre.... 4,06 109 2 décembre.... 4,2y 11. 27 décembre.... 4,13 118. 31 décembre.... 4,18 149. 25 mai1829.... 3,59 151. 31 mai 1829.... 3,62} 200. 17 Juin. ... 4. 300 159. 7 Juin... 4304 260; 30: juin, . és th539 158. 29 juin. ....... 4,41 170. D août, ce :43,22 177. 19 aOÙÛt........ 3,44 MOTS T AQU... =. (390 E77- 19 août.M.. 7. 3,44 184. 5 septembre... 3,82 186. 15 septembre... 3,95 188. 19 septembre... 3,37 186. 15 septembre... 3,95 197. 13 octobre ..... 3,54 201. 26 octobre. .... 3,76 205. 2 novembre. .. 3,35 201. 26 octobre. .... 3,76 205. 2 novembre.... 3,35 203. 29 octobre...... 4,04 209. 25 novembre, .. 3,43 207. 17 novembre... 3,40 219. 24 décembre. ,. 3,36 221. 26 décembre... 4,22 222, 30 décembre.... 3,66 221. 26 décembre.... 4,22 Moyennes... 3,76 Moyennes... 3,98 154 CHIMIE. Ces résultats indiquent que la quantité diurne de F'a- cide carbonique dans la plaine, en rase campagne, est augmentée ordinairement par l'effet du vent, mais que cette augmentation est trop petite pour qu’elle puisse être appréciée autrement que par un terme moyen entre plusieurs observations. Cet effet est d’ailleurs vraisem- blable, parce qu'il doit résulter du mélange des cou- ches inférieures avec les supérieures, qui contiennent, en général, pendant le jour, une plus grande pro- portion de ce gaz. Les anomalies doivent être surtout fréquentes dans ce genre de variation. L'augmentation diurne de l’acide carbonique par le vent est probable d’après la consi- dération précédente, en la bornant aux couches supé- rieures, et à l’uniformité des inférieures; mais si l’on a égard aux influences accidentelles latérales, si la station de l'observateur est sèche tandis que la contrée voisine est inondée par les pluies, l’action du vent doit être souvent modifiée. Le mélange des airs qui sont à la même hauteur, opère plus promptement que celui des couches supé- rieures avec les inférieures, parce que l'air libre se meut le plus souvent à peu près horizontalement, ainsi qu’on le voit par la direction des nuages. Voilà pourquoi une variation aussi prompte que l’est celle de l'acide car- bonique entre Ja nuit et le jour, n’est que peu ou point sensible sur les montagnes, tandis qu’elle est considé- rable au milieu du lac, quoique la distance qui sépare cet emplacement du terrain qui exhale ce gaz, soit plus grande que celle du sommet de la montagne à la plaine. 484 VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 155 Par la même raison, cette variation est nulle ou peu marquée à Genève; l'élévation des maisons y intercepte la circulation latérale de l'air de la campagne. Différentes quantités de gaz acide carbonique , contenues dans l'air pendant le jour et pendant la nuit. Ingenhousz, qui a découvert, par des expériences en vases clos, que les plantes vertes forment de l'acide car- bonique à l'obscurité, s’attendoit à trouver dans l'air libre une plus grande proportion de ce gaz pendant la nuit que pendant le jour; mais il n’y aperçut aucune différence (1), quoiqu'il fit ses recherches dans les cir- constances les plus propres à la faire observer. Les ré- sultats que j'ai obtenus à ce sujet sont exposés dans le tableau suivant : les exceptions y sont distinguées par une étoile *; lorsque je n’y ai pas fait mention de la présence du vent, l'air étoit calme ou foiblement agité, (1) Expér. sur les végétaux , vol. IT, p. 64. 156 CHIMIE. Variation du gaz acide carbonique almosphérique, par l'effet du jour et de la nuit, à Chambeïsy. NUMEROS ET DATES. DES OBSERVATIONS. . 22 mai 1827. 3 septembre. 6 novembre. . 31 mai 1828 . 13 juin. . 26 juin. . 1°r août. . 26 août. . 26 août. . 26 et 27 août. . 14 septembre. . 26 septembre. . 26 septembre. « 26 et 27 sept. 97: 104 et105. 106 etr07. 111 etr112. 114 etr11. 116 etr17. 1926 bis.— 132 etr133. 138 etr4o. 144 et146. 124 et153. 154 etrb3. 156 etr157. 160 ett1590. 14 octobre. 22 octobre. 14 novembre. 21 novembre. 5 décembre. 22 décembre. 27 décembre. 19 février 1829. 12 mars. 18 avril. 10 mal. 12 et 11 juin. 12 juin. 17 juin 30 et 29 juin GAZ ACIDE GAZ ACIDE GARB ONIQUE. [CARBONIQUE en volume. en volume dans 10000 d’air,|dans 10000d’air, A MIDI. 5,4: 5,25. 4,06. 4,50. 4375 5,09,* vent fort. 4,09. 4,23. h:522 4,22. IPSRRES 4,14. h,34e h, 14. 3,81,* vent tr.-fort. 4,39 , plnie. PENDANT LA NUIT: »,72, à 11 b. dus. 5,62. 4,54. 1,82 5,40. 4,83, venttr-fort* 5,69. 4,76, 8 h. du soir. 4,69, minuit, 5,74, 3h. du m. 4,91, 11 h. dus. 4,93, 8 h. 7, dus. 4,98,11 h. "dus. 5,09, 4 h. du mat. 3,58,* 11 dusoir, venttrès-fort. 4,49, 11 h. du s. 3,90," vent médio. 4,63. 4,41, pluie. 4,25. 4,30, vent méd. à 11 h. dusoir. 4.67vent méd. pl VARIAT. DE L'ACIDE CARBONIQUE ATMOSPH. 157 Suile des variations du gaz acide carbonique atmos- phérique, par l'effet du jour et de la nuit, à Cham- beisy. SERRE PRENDRE DEEE SE PTUEE PRESENT RER PER 7 TMDPRS PROMESSE EPA RASE SEL MITA TE T TTINEUTE UE PRENEEO VAEREE ETES IP GAZ ACIDE. GAZ ACIDE NUMEROS ET DATES. | À tout le cours de juillet ayant été chauds et ora- sol. nua.| sol: nua} sol, nua.l couvert À Seux, ont produit de grands développemens sol. nua.| sol. nue dans la végétation. Les regains artificiels et na- s.0: F À sol. nuä.l sol. nua.|. sol. nuak turels sont d'une abondance, qui remplacera nee. | ex. À sol. nua.l sol. nua.| sol. nnaf le déficit des foins. dr nes. | x. À clair late clair VW Le raisin dont la fleur n’a pas coulé s’est ra- S 0. .s.0. À sol. nua.l couvert | pluie À pidement avancé. Les légumes et notamment les À sol. nua.| sol. nua.| sol. nua.ÿ POMMES de terre, qui avoient foiblement végété, | { clair sol. nùa.l sol. uual S€ sont rétablis. Les céréales de printems ont sur- BE Mina beolbnuale sol. pnua pont ROUSSS avec une vigueur dont nous n'avons M eolfnua [sol nus pile DER, point d'exemples. Ces productions sol. br. | sol. nua.| sol. nua!| serviront de compensation à la nullité d'une mois- sol. nua Ë son, qui chétive depuis l'automne, a fini par | être dévorée, dans la majeure partie de notre Canton, par le champignon parasite, aux effets duquel, on a donné dans ce pays le nom de vez- taison, Des jours favorables ont permis d'ensemen- | cer à propos beaucoup de terres en blé sarrasin. 1 Œ 16, 19; 11); 17) ! 1# rt. 12, 15, 15, (= 10% 14, 15, 20, 14; 19, CR] FOI OO © O b € em ee” Se) Cl © B 17) 17) 17; Dre SO bb D D IQ Li INCNININ m Fe © Gt O 1 GI DB} 16, a 1 OC b FO b OU MI M Hs M SSII (er) ? SEC CHI © b oO © CR D Le Ur oo © © ü1 © Co 1 À clair clair À sol. nua.| sol. nua.| sol. nua sol. nua.| sol. nua.| sol. nua.k À sol. nua.| sol. nua. sol. nua. À sol. nua.| sol. nua.| pluie d clair, sol. nua:| sol. nua. sol. nua.| sol. nua.| couvert 1NOF OR m © CRC D D D D D D D D D 1 L' à ONU Go mæ%æoo a1, 21; (s LC UO GO N OC ® Co Oo Ut m C1 © Or Ct O SSSR O©O GEO b O O b © oO FO voi SES ù Cr (e) CPGE DO O u1b OI GI DR b M Eb DMO OHWbRUINIREOE- DUR DOI Com O MIE Dh O©O RD WO MER vIm & MI © G FE Em GE CGim O©O EN O Com Cm GISI D O D met NO Gb SO SO O FEI 0 OO b F0 NS CT Dm O0 LO O te CRC © © D Wx, = Moyennes.} 26. 11:12,45| 26. 11. 11,84] 26.11.7,08 PHYSIQUE DESCRIPTION D'UN THERMO-MULTIPLICATEUR OU THER- MOSCOPE ÉLECTRIQUE ; par Mr. LÉopoLD Nogili de Reggio. La première fois que je parlai de mon galsanomètre à deux aiguilles, je mentionnai plusieurs expériences qui tendoient à montrer la sensibilité de cet instru- ment. Je citai, entr'autres résultats, le fait qu'il suffit d'échauffer de deux degrés au-dessus de la tempéra- ture ambiante, l’une des jointures d’un élément thermo- électrique , pour produire sur l'indicateur magnétique une déviation de 15 à 20 degrés (Bibl. Univ. T.XXIX p. 124). Dès lors il me parut qu’un galvanomètre construit dans toutes les règles, pourroit devenir un thermomètre différentiel d'une extrême sensibilité. Distrait par d’au- tres occupations , ce n’est que l'été dernier que j'ai pu penser sérieusement à la construction d’un semblable instrument. Après plusieurs tentatives , je me suis arrêté à la disposition suivante, qui présente différens avan- tages et en particulier celui d'une sensibilité même su- … périeure à celle du thermomètre métallique de Bréguet. L'instrument se compose de deux pièces principales ; Sciences et Arts. Juillet 1830. P #4 7 _ 226 PHYSIQUE. d'un galvanomètre à deux aiguilles et d'une boîte thermo- électrique S S (fig. 1). La forme du galvanomètre diffère peu de celle que je donne à mes galvanomètres portatifs ; la principale différence est dans le châssis, qui a des dimensions par- ticulières, étant destiné à être enveloppé par un fil plus court que celui qui entoure les châssis ordinaires. La boite SS contient une pile thermo électrique com- posée de six élémens de bismuth et d'antimoine ; la DESCRIPTION D'UN THERMO-MULTIPLICATEUR. 227 Jig. 2 représente Ges élémens placés sur une même ligne ; mais ils sont réellement disposés en couronne, pour pouvoir entrer dans la boîte SS. On ne voit que les jointures impaires 1, 3, 5, etc., les jointures paires 2, 4,6, etc., sont cachées par la boîte ; et on ne peut les voir parce qu’elles sont entourées de mastic ; les jointures supérieures s'élèvent de deux ou trois lignes au-dessus du maslic. Les extrémités AB de la pile sont soudées à deux appendices A'B'qui sortent de la boîte et servent à compléter le circuit au moyen des fils qui les mettent en communication avec les extrémités du multiplica- teur. Tous les appendices sont de cuivre ainsi que le fil du galvanomètre. La boîte est faite de manière qu'on peut, à volonté, la placer sur le galvanomètre. On peut alors introduire l'instrument dans un récipient quelconque , comme par exemple , sous une cloche pneumatique où l'on peut observer le froid qui a lieu au moment où l'on fait le vide. Toutes les jointures non paires 1, 3,5, des élémens de la boîte, sont en contact immédiat avec l'air de la cloche, et elles se refroidissent au premier coup de piston, tandis que Îles jointures inférieures étant entourées de mastic, ne sentent pas l'impression du froid ; et il en résulte un courant électrique qui agit comme à l'ordinaire, sur les aiguilles aimantées du gal- vanomètre. On peut faire la même expérience en tenant le galvanomètre hors de la cloche; il suffit que la boîte qui renferme la pile thermo-électrique y soit. L'instrument que nous venons de décrire , présente P 2 228 PHYSIQUE. plusieurs avantages sur Îles thermomètres connus jus- qu'ici. | 1° Sa sensibilité est quinze ou vingt fois plus grande que celle du thermomètre de Bréguet. Un mouve- ment de deux degrés seulement dans l'aiguille de ce dernier, correspond dans le multiplicateur à un arc de 30 où 40°. Pour donner une idée grossière de la diffé- rence de sensibilité des deux thermomètres , je dirai, qu’en faisant respirer successivement ja même personne sur la spirale de Bréguet et sur la boîte SS, l'ai- guille du premier instrument décrit 10 à 12 degrés dans son mouvement, tandis que celle du second parcourt un arc de 15o°et plus. 2° L’indicateur du thermo-multiplicateur est d’un côté, et la substance thermométrique d’un autre. Cette subs- tance, c’est-à-dire la pile de la boîte SS, peut être pla- cée à la distance qu’on voudra du galvanomètre: il suffit de conserver les communications au moyen de fils d’une longueur convenable. Cette séparation peut être utile dans plusieurs circonstances, par exemple dans les ex- périences délicates où l'observateur peut craindre d’al- térer les résultats par l'influence de sa propre chaleur. 3° L'on ne peut déterminer la température de l'inté-, rieur d’un vase avec les thermomètres ordinaires, s’il n’est pas transparent de manière à laisser voir la gra- duation. Cette condition est absolument inutile pour le thermo-multiplicateur. L'on met la boîte dans le réci- pient opaque, et le galvanomètre reste dehors à l'endroit qui convient à l’observateur. 4° La substance thermométrique renfermée dans la DESCRIPTION D'UN THERMO-MULTIPLICATEUR. 229 boîte SS, peut être employée dans toutes les circons- tances, n'étant pas sujette à se casser, ni à s'agiter. On peut, par exemple , diriger avec un soufflet un courant d'air sur un ou plusieurs élémens de la pile, pour ob- server s’il y a dans ce cas un développement sensible de chaleur. Le thermomètre de Bréguet ne se prête pas à cette expérience, non plus qu'à d’autres de même uature. 5° Il reste encore à savoir s’il y a dégagement de chaleur dans l’eau au moment où on la soumet à la cempression. Le thermomètre de Bréguet n'en a donné aucun indice dans les expériences que firent à ce su- jet MM. Colladon et Sturm. Il conviendroit de répéter l'expérience avec le thermo-multiplicateur qui est beau- coup plus délicat. 6° Les expériences sur la force calorifique des diffé- rentes couleurs du spectre solaire ne sont pas suffisam- ment décisives. Il seroit utile de les répéter avec le | nouvel instrument qui se prête parfaitement à ce genre d'observations, soit qu’on laisse à la boîte la forme que nous lui avons donnée, soit qu'on la modiñe sui- vant les circonstances. 7° L’instrument peut servir avec avantage dans toutes les recherches relatives à la nature du calorique rayon- nant , etc. La forme que j'ai donnée à la boîte de la pile thermo- électrique , me paroît être la plus commode dans la plu- part des expériences. Cette construction est la plus simple; il conviendra en outre, d’avoir une sorte de boîte à fond mobile où l’on puisse mettre à découvert, # 230 PHYSIQUE. si cela est nécessaire , les jointures paires 2, 4, 6, pour s'en servir comme des supérieures 4, 3, 5; en mettant dans la glace fondante les unes ou les autres des join- tures, l’on obtiendra d'un côté une température cons- tante qui permettra, dans plusieurs circonstances, de mener deux expériences de front. Les dimensions du multiplicateur dans cet instrument sont telles, qu'il peut produire l'effet le plus grand , sous l’action des courans thermo-électriques. En outre, l'instrument est très-sensible, même à l'influence des courans hydro -électriques, ensorte qu'il peut servir pour ceux-ci sans qu'il soit nécessaire de recourir à mes multiplicateurs plus forts, excepté dans le cas spé- cial de quelques expériences très-délicates. Pour obte- nir dans tous les cas l'effet le plus grand , il faut avoir deux galvanomètres , l’un pour les courans hydro-élec- triques, l’autre pour les thermo-électriques. Lorsqu'on n’en veut qu'un seul, on doit préférer celui qui sert au thermo-multiplicateur ; il réunit un plus grand nombre d'avantages. Reggio , 2 décembre 1829. / Note sur quelques perfectionnemens apporles au thermo- mulliplicateur. # A . ., . En faisant connoître ce nouvel instrument, } at eu soin de noter, entr'autres choses, que l’on pouvoit s'en servir avec fruit dans les recherches sur le calorique rayon- nant et l'intensité calorifique des différens rayons lumi- DESCRIPTION D'UN THERMO-MULTIPLICATEUR, 234 neux qui composent le spectre solaire ; j'ai fait remarquer que la boîte ordinaire auroit suffi pour beaucoup d'ex- périences , mais qu'il falloit en construire d’autres de différentes formes pour les adapter à tous les usages possibles. La pile de mon appareil contient ordinairement six élémens de bismuth et d’antimoine, dont les soudures alternes sont tout à fait découvertes , tandis que les autres, qui se trouvent loutes d’un même côté , et à la partie inférieure de la boîte, plongent totalement dans la poix résine. Or, comme il peut arriver dans certaines expériences, que l’on doive appliquer des corps plus ou moins chauds, successivement ou conjointement , aux soudures supérieures et inférieures , je n'ai pas man- qué de faire observer qu'il seroit convenable d’avoir une pile dans laquelle on püût effectuer ces opérations avec facilité. Lorsqu'une de ces boîtes est placée au milieu d'une j chambre, la face supérieure de la pile tournée succes- sivement vers les quatre parois donne des signes non équivoques des différences de température dépendant de leurs positions locales. On sait que le poli métal- lique est un obstacle à l'absorption de la chaleur; les soudures de la pile thermo-électrique doivent donc sentir beaucoup mieux la présence des rayons calorifiques lors- qu’on les couvre de quelque substance absorbante comme le noir de fumée. C’est ce qui arrive en effet; car en mo- difiant de cette manière les soudures des élémens, l'ap- pareil acquiert un nouveau degré de sensibilité et dé- note beaucoup mieux les différences de température des Li 232 PHYSIQUE. parois de la chambre, dans l'expérience que je viens d'in- diquer. Mais de nouvelles recherches ont prouvé que la fa- culté de dévoiler la présence du moindre rayon calori- fique , peut être communiquée au thermo-multiplicateur à un degré tout à fait surprenant , et Je dirai presqu'in- croyable. Mr. Macédoine Melloni, Professeur de physique à l’'U- niversité de Rome, s’étant pourvu d’un de mes thermo- multiplicateurs muni de sa boîte ordinaire à six éle- mens, le soumit à plusieurs épreuves , et s’aperçut bien- tôt que cet instrument, supérieur à tous les autres du même genre lorsqu'il s’agit de découvrir au contact les plus petites différences de température entre les corps, n'agissoit pas cependant avec Ja même délicatesse pour le rayonnement. Dans l'idée de le rendre plus actif sous ce dernier rapport, il construisit une nourelle pile de seize élémens déliés, totalement découverts, noircis et soutenus vers les soudures supérieures par une espèce d’opercule en bois, perforé et couvert de mastic ; la hoîte qui les enveloppe est métallique, à double fond; un réflecteur conique en métal se trouve fixé à sa partie supérieure ; elle est portée sur un pied et peut se tour- ner dans une direction quelconque. Cette construction , à laquelle on reconnoit l’habile physicien, remplit parfaitement son but. En découvrant le réflecteur dirigé d'abord vers le plafond d’une salle quelconque , on voit de suite l'aiguille du galvanomètre dévier de plusieurs degrés : la déviation change avec la direction plus ou moins oblique de l'axe du miroir, et DESCRIPTION D'UN THEBMO-MULTIPLICATEUR. 233 reprend toujours Ja même valeur lorsque l’axe est re- placé dans le même sens ; ce qui prouve , avec la der- nière évidence , que l'effet est réellement dû au rayon- nement des murs éloignés et non pas au contact de l’aic environnant. Si l’on ferme toutes les croisées de la salle saufune seule, et que l’on fasse tourner l'appareil, tantôt vers la croisée ouverte, tantôt vers le mur opposé, l'index magnétique décrit des arcs de 30° à 60°, quelle que soit la grandeur du local. Un des grands avantages de l'enveloppe métallique , c’est de permettre à l’observateur de s'approcher de l'ins- trument sans craindre que la chaleur propre de son corps affecte les résultats des expériences ; Car si on a J’atten- tion de se placer derrière le fond, lorsque l'axe du mi- roir est horizontal , les rayons calorifiques de l'individu frappent les parois de la boîte et se réfléchissent sans altérer la température des élémens intérieurs. Alors on peut fixer les objets sur lesquels on veut expérimenter au bout de longues baguettes en bois, et les porter en face du miroir. Un linge mouillé et refroidi par l’éva- poration à un seul degré au-dessous de la température du milieu , suspendu de cette manière et éloigné du miroir à une distance de cinq à six pieds, exerce sur l'aiguille de l'instrument une influence très-marquée. J'ai tiré parti de ces perfectionnemens dans la cons- truction d’une seconde pile que j'unirai dorénavant à mon premier thermo-multiplicateur; cette pile, composée de quarante élémens, est parfaitement symétrique de deux côtés el par conséquent munie de deux réflecteurs que on peut ouvrir et fermer à volonté. Je tiens beaucoup 234 PHYSIQUE. à celte condition de symétrie , soit pour se servir indis- tinctement de deux faces de la pile, soit pour établir des comparaisons entre les températures simuitanées de deux objets différens. Pour avoir une idée de la pro- digieuse sensibilité de ce dernier appareil , il suffira de dire qu'il indique la chaleur propre du corps humain à une distance de dix-huit à vingt pieds. La grande délicatesse de ces nouveaux thermoscopes nous a engagés , Mr. Melloni et moi, à entreprendre une série d'expériences que nous publierons bientôt. C’est alors que nous donnerons la description détaillée de leur construction et de la manière de s’en servir. Reggio, le 24 avril 1830. (D < ————— ——— ACTION DE LA PILE SUR LES SUBSTANCES ANIMALES VI- VANTES; par CHARLES MATTEUCCI. ( Extrait des An- nales de Chimie et de Physique 1830 ). La décomposition des sels par la pile , et les carac- tères constamment acides et alcalins des liquides sécré- tés, ont conduit d’abord à imaginer que ces fonctions éloient produites dans le corps vivant par une action élec- trique analogue. Cependant, le seul fait que l’on cite à l'appui d'une telle opinion, et qui est dû à Mr. Wol- ACTION DE LA PILE. 235 laston, consiste à décomposer un sel contenu dans une membrane par un seul couple voltaïque dont les pôles communiquent, l’un avec l'extérieur, l’autre avec l'in- térieur de la membrane. Mais comme ce fait ne prouve pas suffisamment, à mon avis, l'analogie entre les sé- crétions et les décompositions électro-chimiques, j'ai tâché d’éclaircir ce point par de nouvelles expériences que je vais exposer. D'abord, je pratiquai deux plaies sur les parties laté- rales de l’abdomen d’un lapin, afin de mettre à nu le pé- riloine; je fis ensuite communiquer par deux fils d’or les deux plaies avec les pôles d’une pile à colonne de quinze couples. Je ne tardai pas à apercevoir autour du fil qui communiquoit avec l'extrémité négative, un li- quide jaunâtre dans lequel on voyoit un quantité con- sidérable de bulles d'air. Le liquide fut essayé avec le papier de curcuma et de tournesol légèrement rougi: le premier rougissant et le second étant ramené au bleu, il ne me resta aucun doute sur la nature alcaline du liquide. Dans le même temps, le fil qui communiquoit avec l'extrémité positive, ne dégageoit qu'une petite quantité de bulles de gaz, et se recouvroit d’un liquide jaunâtre qui rougissoit le tournesol. Quand on em- ployoit un fil de cuivre pour conducteur, il se cou- vroit d'une couche verdâtre qui étoit légèrement acide. Pour mieux connoître la nature de cette substance, j'ai répété la même expérience sur d’autres parties du corps, sur le foie, par exemple, sur les intestins mis à nu des animaux vivans , et j'ai toujours obtenu les mêmes résultats. 236 PHYSIQUE. J'ai même eu le moyen de recueillir une quantité plus grande du liquide jaune alcalin séparé par le pôle né- gatif, et j'ai observé qu'il laissoit peu à peu dégager les bulles de gaz dont j'ai parlé (probablement d'hydrogène), et la substance qui restoit étoit toujours alcaline, soluble dans l’eau, et coagulable par l’ébullition. Il est très-facile de voir que l’albumine est peut-être entraînée dans la sécrétion de l’alcali dans lequel elle est si soluble. La couche verdâtre qui couvroit le fil de l'extrémité positive, étoit soluble dans l’eau chaude. Elle donnoit au liquide une couleur jaune-verdâtre, en laissant préci- piter une substance animale, qui, à l’action de la cha- leur, paroissoit extrêmement azotée. La solution, qu'on avoit laissée bouillir long-temps, donnoit un précipité d’oxide de cuivre; ce qui est un caractère de l’acétate de cuivre. Ces expériences, à mon avis, prouvent l’analogie entre les sécrétions et les décompositions chimiques par la pile. En effet, si on suppose que les différens viscères sécréteurs soient dans des états électriques extrêmement foibles, il est aisé de concevoir la production des subs- tances acides et alcalines, qui déterminent le caractère des sécrétions , et en outre, la formation de nouvelles substances animales, par la raison que les molécules élé- mentaires sont à l’état naissant, et exposées, pour ainsi dire , à des contacts réciproques. C’est dans ces condi- tions que s'effectuent les combinaisons du règne inorga- nique, ce qui est prouvé par les belles expériences de Mr, Becquerel; et c’est dans ces mêmes conditions, à ACTION DE LA PILE. 237 peu près , que doivent sans doute s'effectuer les produits organiques. Ainsi obtenus, on pourra déduire de leur composition l'état électrique de l'organe qui les a sécrétés. En effet, s'ils sont produits avec les alcalis, ils doivent se com- poser, pour la plus grande partie , d'hydrogène et de car- bone, tandis que, avec les acides, ils doivent être com- posés d’oxigène et d'azote. Il suffit d'examiner les ana- lyses des substances animales qui existent dans l'urine, le lait, la bile, la salive , etc., et on pourra , en général, vérifier cette assertion. Paris, 1°T avril 1830. SUR LE MOUVEMENT GIRATOIRE QUE PREND LE MERCURE, MIS EN CONTACT AVEC D’AUTRES MÉTAUX, AVEC L'IN- TERMÉDIAIRE DES ACIDES ; par le Prof. F. F. RUNGE de Breslau. (Annalen der Physik und Chemie, 1830, N°Iet Il). ee —— sie GG D ——— — Le phénomène qui fait le sujet des deux articles de Mr. Runge que nous réunissons ici, est depuis long- temps l’objet de l'attention des physiciens. Signalé pour la première fois, mais d’une manière peu distincte, par Ermann , dans un Mémoire, intitulé : Expériences sur 238 PHYSIQUE. la concomitance de la cohésion mécanique et de l'affinité chimique (x), il fut examiné plus tard, d’une manière plus directe, par Mr. Herschel (2) et par Mr. Pfaff (3). Mr. Serullas en 1821 (4),et en dernier lieu Mr. Nobili(5), ont trailé également de quelques faits analogues. Mr. Runge, lui-même, a déjà publié en 1826 quelques ex- périences sur ce sujet (6), et il avoit reconnu que les mouvemens du mercure , obtenus par les autres obser- vateurs au moyen de la pile voltaïque complète, étoient déterminés par le simple contact de ce métal avec un autre, avec l'intermédiaire d’un acide. Il reprend ici le sujet expérimentalement, et varie les circonstances de son appareil de manière à jeter quelque jour sur des phénomènes encore fort difficiles à expliquer. « Si l’on place, » dit-il, « une goutte d'acide nitrique, étendu d’une égale quantité d’eau, sur une surface mer- curielle, cette goutte s'étend et humecte la surface. Si (1) Annales de Gilbert , À. S. 1809, 7° Cahier , p. 261. (2) Sur certains mouvemens produits dans les liquides conducteurs, lorsqu'ils transmettent le courant électrique. Annales de chimie et de Physique. T. XXVIII, p. 280. (3) Sur Les courans galvano-électriques considérés comme causes des mouvemens remarquables du mercure et de certains liquides, sous certaines conditions. Iahrbuch der Chemie und Physik, für 1826. T. IIL , p. 190. (4) Journal de Physique pour 1821, T. XCHI. (>) Sur les apparences et les mouvemens électro-chimiques du mer- cure. Bibl. Univ. T. XXXIIL, p. 261. (6) Mouvemens singuliers, qui ont lieu dans certains métaux, dans certaines circonstances. Annalen der Physik, ete. 1826. 9° Cahier , p. 106. MOUVEMENT GIRATOIRE DU MERCURE. 239 l’on touche maintenant l'acide seul avec un fil de fer poli, on ne change rien à la situation des liquides; mais il n'en est pas de même, si l’on touche en même temps le mercure : dans ce cas l'acide abandonne la surface de ce métal, sur laquelle il s’étoit étendu , et se retire avec une grande rapidité autour du fil de fer. Lorsque le contact cesse, l'acide s'étend, comme au- paravant ; un nouveau contact le ramène encore autour du fer. On peut répéter l'expérience plusieurs fois de suite. On remarque en même temps, au moment du con- tact, une secousse dans le mercure. » « Il est indifférent dans cette expérience , que le fer touche le mercure au travers de l'acide, ou que le fil courbé touche par une de ses extrémités le mercure, et par l'autre l'acide. » « Si, au lieu d'acide nitrique, on emploie de l’acide muriatique, ou de l'acide sulfurique à divers degrés de concentration, le phénomène qui vient d’être déerit n’a pas lieu. Les gouttes de ces deux acides posées sur le mercure, ne s'étendent que très-peu, et le contact du fer ne leur imprime qu’une contraction à peine sensible. Aucune secousse ne se manifeste dans le mercure. » « Si sur une goutte de mercure d’environ quatre li- gnes de diamètre, on verse de l'acide nitrique étendu d'eau comme on l’a dit, de manière que la surface du mercure soit entièrement recouverte, et si l’on touche le mercure avec un fil de fer, au travers de l'acide, on remarque dans le mercure un tremblement très-fort ; ce tremblement communique un mouvement d’oseilla- tion au fil de fer en contact, lorsqu'on fait l'expérience 240 PHYSIQUE. dans une soucoupe plate, et qu'ayant un peu courbé le fil on le fait porter par le milieu sur le bord de la sou- coupe, tandis que son extrémité inférieure repose sur la table, et la supérieure sur le mercure. Dans ce cas, le fil de fer est poussé à droite et à gauche par le mer- cure, dé manière à osciller comme un pendule ; et j'ai observé alers assez souvent dans le mercure un mou- vement de rotation bien marqué. » « Ces mouvemens se soutiennent un espace de temps assez considérable, pendant lequel le fer est fortement attaqué par l’acide. Enfin, le contact du fer étant pro- longé, le repos se rétablit dans le mercure; mais alors, il se forme dans l’acide un courant très-actif, qui se dirige en tournoyant sur le mercure, vers le point de contact da fil de fer; la portion de la surface du mer- cure la plus éloignée du fer, demeure nette et brillante, tandis que la plus voisine se couvre d’une pellicule , qui s'étend sur toute la surface, au moment où le contact du fer vient à cesser. » « Ce courant est d'autant plus remarquable qu'il est lié avec la formation et la disparition d’un liquide brun- verdâtre (mélange de nitrate d’oxidule de fer, et de gaz nitreux), qui constitue lui-même la plus grande partie du courant, et ne s’observe qu’en petite quantité au commencement pendant l’oscillation du mercure. Ce liquide brun-verdâtre suit le fil de fer partout où il est en contact avec le mercure. » « Le cadmium et le zinc n'agissent pas comme le fer, probablement parce qu'ils sont trop promptement attaqués. > MOUVEMENT GIRATOIRE DU MERCURE. 241 « J'ai varié encore l'expérience de la manière suivante. On prend un tube de verre d'environ deux lignes de diamètre, recourbé de manière à présenter deux bran- ches verticales parallèles , a et à : on le remplit à moitié de mercure ; puis on verse dans la branche a, de l'acide nitrique étendu d’eau (comme ci-dessus); on place dans l'acide de cette même branche un fil de fer, sans tou- cher le mercure, et on enfonce dans l'autre branche b, un autre fl de fer jusqu'au contact du mercure, On observe les phénomènes suivans, lorsqu'on met en con- tact, ou qu'on sépare les extrémités supérieures de ces deux fils, et qu'on ferme ou ouvre ainsi le cireuit vel- taïque. — 1° ÀÂu moment où l’on ferme le circuit, le mercure s’abaisse d'environ une demi-ligne dans la branche 4, et s'élève d'autant dans la branche b. —2° Il se forme au bout de quelque temps, à la sur- face du mercure en a, des bulles de gaz, qui se meuvent à droite et à gauche chaque fois qu’on ouvre ou ferme le circuit. —3° On remarque de nouveau, après un certain laps de temps, sur le mercure en &#, une accumulation de la solution de fer brune-verdâtre , dont noas avons parlé, et qui, au moment où l'on ferme le circuit, se meut , ou pour ainsi dire, est portée vers le haut. —/° Enfin tous ces phénomènes cessent, au moment où le fer commence à se dissoudre avec dégagement de gaz dans l'acide nitrique. Dans ces circonstances, la position du mercure ne change plus , lorsqu'on ferme le circuit. » Sciences et Arts. Juillet 16830. Q 242 PH YSTQUE 2 Ici se termine le premier article de Mr. Runge. Dans le second il examine plus particulièrement les condi- tions nécessaires pour que le mercure recoive du zinc un mouvement de rotation. « Si l’on verse, » dit-il ,« sur une goutte de mercure une solution saturée de nitrate d’oxidule de mercure dans l’eau, et que l’on place ensuite sur le mercure un petit morceau de zinc, le premier de ces métaux prend un mouvement de rotation très-actif. J'avois ob- servé ce singulier phénomène, sans chercher à l’éclaireir davantage : plus tard, je trouvai que le mercure n’étoit mis en mouvement que par le zinc à l’état solide, et non par le zinc dissous dans le mercure, ou par l’a- malgame de zinc ; je remarquai même que l’amalgame détruisoit instantanément le mouvement. Ces observa- tions m'ont conduit à faire une série de nouvelles ex- périences sur ce sujet, pour apprendre à connoître l'in- fluence des métaux, et de leurs amalgames, sur les mou- vemens du circuit de zinc et mercure. » « Avant tout, il est nécessaire de connoître exacte- ment les circonstances dans lesquelles le mercure est toujours mis en rotation par le zinc. Il faut pour cela, que la solution de nitrate d'oxidule de mercure soit saturée et claire, que la goutte de mercure n'ait pas plus d’une ligne ou une ligne et demie de diamètre, et que le morceau de zinc, que l’on doit approcher graduellement du mercure, n’ait pas plus d’une ligne de long et d’un quart de ligne d'épaisseur.» «Plomb. Si l'on jette un petit morceau de plomb, sur une goutte de mercure , qui dans les circonstances MOUVEMENT GIRATOIRE DU MERCURE. 243 sus-énoncées a été mise en rotation par le zinc, le mou- vement est d'abord un peu arrêté ; puis bientôt il re- prend avec une grande rapidité, et on voit s’accumuler sur le zinc une poudre noire, qui pendant la circula- tion du mercure est répandue dans le liquide. De plus grandes quantités de plomb, arrêteroient entièrement le mouvement du mercure. » « Lorsqu'on met le mercure en contact avec le plomb, avant que le liquide ait été versé dessus et qu'il ait été mis en mouvement par le zinc, il se manifeste un foible courant et une légère agitation à la surface du mer- cure , aussitôt que le liquide a été versé. Mais au bout de peu de temps, tout devient tranquille ; le mercure se couvre d'une peau noire, et dépose une poudre de cette même couleur; dans ces circonstances , l’additiou d'étain ne détermine plus de rotation. » « Etain. Lorsqu'on approche un morceau de feuille d'étain, du mercure en rotation, il n’y a souvent aucun effet produit, parce que l’étain humecté et noirci par la solution d'oxidule de mercure , ne s'attache pas aisé- ment au mercure ; mais si cette cohésion a lieu, le mer- cure s'arrête dans sa course , et sa surface, qui aupara- vant étoit tranquille, forme alors un courant très-actif, par suite duquel la poudre noire qui couvroit l’étain, est dispersée avec violence dans toutes les directions. Ensuite tout redevient tranquille. » « Si l’on met de l'étain en contact avec du mercure à. sec, cas dans lequel on sait qu'ils se pénètrent prompte- ment, et si l’on verse par dessus la solution de nitrate de mercure, la surface brillante du mélange des deux Q 2 244 PHYSIQUE. métaux prend une teinte foncée, sans qu'aucun mou- vement ou courant y soit déterminé , et le zinc n’a plus alors aucune influence pour en former. » « Bismuth. Le bismuth n’a aucune influence sur le mercure , qu'il soit en repos, ou mis en mouvement par le zinc ; il noircit aussitôt dans le liquide, et alors le mercure ne peut plus y adhérer. » « Le fer, le cuivre, l'argent et le platine sont tous sans aucune influence sur les mouvemens du mercure. Ceux de ces métaux, auxquels le mercure adhère, sont entraînés avec lui dans son mouvement de rotation ; c'est ce qui arrive même avec le fer et le platine, lors- qu'on réussit à amalgamer leur surface, et à les unir ainsi au mercure. En général les mêmes phénomènes se répètent lorsqu'on fond les métaux que nous venons de nommer avec le zinc, et que l’on met ces alliages, au lieu du zinc pur, en contact avec la goutte de mer- cure sous la solution du nitraté d'oxidule de mercure. » « Plomb et zinc. Un alliage à poids égal de plomb et de zinc, détermine à la surface du mercure un courant violent accompagné de la dispersion d’une poudre noire. Une moitié de la goutte de mercure demeure nette et brillante , tandis que l’autre moitié est occupée par l’al- liage de plomb et zinc recouvert de la poudre noire. Aucun mouvement de rotation ne se manifeste dans le mercure, Un alliage formé de deux milligrammes de zinc et un de plomb a le même effet ; seulement le cou- rant qui survient est plus fort. Si l’on augmente la pro- portion du zinc, le mouvement de rotation est enfin dé- terminé, mais il n'est jamais aussi rapide qu'avec le zinc pur.» MOUVEMENT GIRATOIRE DU MERCURE. 245 « Etain et zinc. Un alliage, à poids égal, de ces deux métaux, se colore en noir dans la solution de nitrate de mercure , sans montrer les changemens ordinaires ; mais si en même temps, il arrive au contact de la goutte de mercure , il se boursouffle notablement , une épaisse pellicule noire s’en sépare , et il se fait une sorte d’ex- plosion , qui lance de tous côtés une poudre noire ; cette poudre est entraînée avec force par le courant qui se forme alors dans le liquide. En même temps, il se manifeste dans le mercure un très-foible mou- vement de rotation. Ici, comme avec l'alliage de plomb et zinc, pendant que le courant a lieu, une moitié de la goutte de mercure est brillante, tandis que la moilié opposée , qui étoit en contact avec l’alliage d’etain etzinc, est couverte d’une peau. Il résulte de là clairement, dans les deux cas, que les courans prennent leur di- rection du mercure vers le métal qui le touche , et non en sens inverse, C'est ce que j'ai déjà fait remarquer dans les phénomènes qui se présentent au contact du mercure avec le fer sous l'acide nitrique, » « Bismuth et zinc. Cet alliage , à poids égal , est sans aucune influence. Il ne détermine , ni mouvemeut dans le mercure , ni courant dans le liquide. Cette absence d'action s'explique par la considération, que l’alliage de zinc et bismuth noircit dès qu’il a touché la solution du nitrate de mercure, et que dans cet état il ne peut s'amalgamer avec le mercure, » « Cuivre et zinc. Le zinc dans le laiton n’est pas en état de mettre le mercure en rotation, quoiqu'il soit très-promptement absorbé par la goutte de mercure. » 246 PHYSIQUE. « Dans les expériences relatives à l'influence des amal- games sur le mercure mis en rotation, l'amalgame de zinc produisit un effet très-remarquable. Si une petite partie de cet amalgame est en contact avec le mercure dont la rotation a été déterminée et est entretenue par le zinc pur, il arrête à l'instant même le mouvement. Si une goutte de mercure contient de l’amalgame de zinc en so- lution , il est impossible de le mettre en mouvement au moyen du zinc pur. Cette supression immédiate de la rotation de mercure, par l'addition de l’amalgame de zinc , a toujours lieu, lorsque la quantité de zinc qui y est contenue, est à celle du mercure en rotation, comme un est à 400. Une plus foible quantité de zinc n’arrête plus les mouvemens du mercure. » « D’après cela on pouvoit prévoir qu’un morceau d'amalgame de zinc (formé de poids égaux des deux métaux ), mis dans Ja solution de mercure à la place de la goutte de mercure, demeureroit sans aucun mouve- ment ; c'est en effet ce qui arrive ; seulement la surface se frouble et se noircit légèrement. Si l’on ajoute 2, 3 ou 4 volumes de mercure, il ne se manifeste encore aucun mouvement, mais la surface nette et brillante de l'amalgame se ternit et noircit ou bout d’environ une minute, Lorsqu'on ajoute assez de mercure pour que la goutte soit parfaitement liquide , le zinc pur ne la met pas encore en mouvement ; ce n’est que lorsque le zinc de l’amalgame n’en est plus que la 400° ou 500° partie, que le mouvement peut avoir lieu. Alors la goutte mé- tallique entre en rotation, comme du mercure pur, au contact du zinc pur, » MOUVEMENT GIRATOIRE DU MERCURE. 247 « Amalgame de plomb. Lorsque, pendant la rota- tion du mercure, on en approche un peu d'amalgame de plomb formé d'égales parties des deux métaux, la rotation s’arrêle instantanément et la surface du mercure noircit, si l'amalgame a été projeté exactement sur le mercure; mais s'il est tombé à côté, il se noircit dans le liquide et la rotation du mercure n’en est plus af- fectée , lors même qu'on opère le contact , parce que les deux métaux n’adhèrent plus l’un à l'autre. » « Si l’on mêle une goutte de mercure avec une pe- lite quantité d'amalgame de plomb , et que l’on verse la solution par dessus, la surface noircit immédiatement. Si alors on en approche le zinc jusqu'au contact, la pel- licule noire se sépare et abandonne la surface du mer- cure, et la goutte, sielle ne contient que peu de plomb, prend ur foible mouvement de rotation. Si la quantité de plomb est plus considérable, il n’arrrive rien , et tout demeure en repos. » ? « L’Amalsgame de zinc arrête aussitôt le mouvement du mercure , lorsqu'on en met en contact un petit mor- ceau; il se forme à l'instant une pellicule noire. Cette pellicule disparoît ensuite graduellement, mais le mer- cure ne reprend pas son mouvement, lors même qu'on y ajoute encore du zinc. » « Amalgame de bismuth. Si Von verse de la solution de mercure sur une goulle de mercure contenant du bismuth, la surface noircit. Une addition de zinc rend au bout de quelque temps à l’amalgame son premier éclat, et celui-ci prend un foible mouvement, En même temps, 1l s'établit dans le liquide uu courant assez mar- 248 0 4 S°S' F9 0 qué qui part de la surface brillante de l’amalgame. » L’Amalgame de cuivre en poudre , formé de poids égaux de zinc, de mercure et d’un sel de cuivre, mis en contact avec le mercure en mouvement, arrête la ro- tation, mais par un simple effet mécanique, et pour un moment ; bientôt elle recommence avec vivacité, lors- que l’amalgame de cuivre est absorbé par le mercure, et qu'il s'est reformé une surface brillante sur la goutte de mercure. » « L’ Amalgame de platine pulvérulent , formé de poids égaux de zinc, de mercure et de muriate de platine, a précisément le même effet : il est tout-à-fait indifférent, et n’est pas même capable de mettre obstacle à la sup- pression du mouvement , opérée par l’amalgame de zinc, car celui-ci ramène également au repos une petite pu de mercure contenant du platine. » « Le fait que l'amalgame de zinc arrête le mouve- ment de rotation du mercure, et annule même complé- tement l’effet du zinc solide, me paroît être d’une grande importance pour l'explication de tout le phénomène. La rotation du mercure paroît en effet, d’après cela, dépendre de la formation d'un amalgame de zinc, et cesser lorsque cette formation a eu lieu. Ce qui confirme cette idée, c’est que le mercure, qui après une longue rotation est enfin revenu au repos, ne peut être remis en mouvement, ni par l'addition d’une nouvelle dose de solution de mercure, ni par celle d’une nouvelle quantité de mercure et de zinc. » « Je remarque, en terminant , que l’aimant que l’on auroit pu présumer avoir quelqu'influence sur le mer- MOUVEMENT GIRATOIRE DU MERCURE. 249 cure en rotation, n’en exerce aucune; au moins il m'a été impossible de la découvrir, dans une série d’expé- riences nombreuses et variées, que j'ai faites avec un aimant capable de porter un poids de dix livres. » 626-628 26-26 26 APE PETER ESE LEGER PHYSIOLOGIE ANIMALE. EXPÉRIENCES (1) RELATIVES AUX CHANGEMENS QUI SUR- VIENNENT DANS LES PRINCIPES TERREUX ET SALINS DE L'OŒUF DE LA POULE DOMESTIQUE (2) PENDANT L'INCU- BATION ; PAR W. ProurT, D. M. (Phil. Trans. 1822). ( Extrait ). La pesanteur spécifique des œufs récents varie de 1,080 à 1,090. On sait qu’en les gardant quelque temps ils perdent rapidement de leur poids, et qu’ils finissent par surnager sur l’eau. Cette diminution de pesanteur spé- cifique n’est qu'apparente, en tant qu’elle dépend de l'air qui se met à la place de la sérosité qui s’exhale à travers les pores de la coquille (3); sans cette subs- (1) L'intérêt de ce Mémoire trop peu connu, malgré sa date, nous engage à en publier l'extrait suivant, qu'on a bien voulu nous communiquer. (R.) (2) L'auteur du Mémoire a fait aussi quelques expériences sur les œufs de la dinde. (3) C'est ce vide qu'on nomme chambre à louer, et qu'on découvre en mirant l'œil vers le gros bout. Les œufs qu'on tient plongés dans l'huile s’y maisliennent frais , quand on les y a mis tels. 250 PHYSIOLOGIE ANIMALE. ütution, le poids de l’œuf augmenteroit bien loin de di- minuer. La table suivante montre la perte graduelle de poids d'un œuf pendant l’espace de deux années continues ; le jour où il fut pondu , le 19 mai 1820, il pesoit 907,5 grains. k Perte Perte Grains.| journa- Grains.| journa- lière. lière. 19 mai 1820 (610 À LOI APRES ..4 5 mair82r | 648,7 0,99 on à sal 19065 1,00 6 » .s..| 647,8 0,90 er ete 100169 1,30 5 décembre.| 488,2 0,75 31 » ....| 8942 1,01 7 16... 60|2486:6 0,80 8 juin.....| 886,6 0,95 21 mars 1822| 413,5 0,70 Me 2.:.l 97959 0,82 25 avril.....| 38,6 0,82 27 Dre 870,7 0,86 26 » 383,7 0,9 19 juillet 848 5 1,01 17 mai... 365,2 0,84 7 août..... 829,6 0,99 18 » 364,3 0,90 D ie. 55 de STO,8 0,99 Mi9 » 363,2 1,10 30 septembre.| 778,9 | o,92 — —— Perte totale. .{ 544,3 Imoy.o,745 CRE TC PER CE RENE EREE ESS SE NRRETEEE TENTE La perte moyenne de l'œuf médiocrement gros mis en expérience, fut donc des trois-quarts d’un grain par jour : elle fut la même, à tout près d’un centième en déficit, la première année que la seconde. La difté- rence entre les deux poids extrèmes, fut sensiblement des six dixièmes. La perte sembloit avoir été un peu plus grande pendant l'été que pendant l'hiver, ce qu’on peut altribuer à la différence de température, qui varia dans le cas présent de + 5°? à + 16% R. En cassant cet œuf le contenu se trouva rassemblé vers le petit bout à l'état concret, mais ayant été mis dans l'eau, il en absorba DES CHANGEM. DE L'OEUF PENDANT L'INCUBAT. 251 une quantité considérable , et ressembloit alors assez à un œuf frais, dont il ne différoit pas non plus pour l'odeur. Il existe une grande différence entre le poids relatif de la coquille , du blanc et du jaune de différens œufs. Les dix essais suivans furent faits en vue d’obtenir un résultat moyen. On fit cuir les œufs dans de l'eau distillée, et l’on en pesa immédiatement les différentes parties tandis qu’elles étoient humides. Coquille et sa | \]bumine, Jaune. Poids total. membrane. — | —————— ———— — | ————— °° ———— _— | ——— —— 8o grains.| 394,3 grains.| 289 grains. 763,3 grains. 593 108 273,5 974,9 107,3 555,8 236,2 919,3 71,5 516,5 215 803 103 503,7 269,3 856 107 515,3 273,4 895,7 93,2 605,5 «| 252,4 951,1 92,7 515,7 257 865,4 96,8 510,6 210,8 818,2 776 567,4 241,5 886,5 Moy. 93,4 529,78 251,81 875,3 Le poids du jaune est à celui du blanc, comme 176 à 100, et le moindre poids du blanc correspond au plus grand poids du jaune. Quand un œuf est bouilli dans l’eau, il perd en- viron de son poids, Jorsqu'on l'en tire quand l’eau bout encore , et qu’on le laisse se refroidir en plein air. L'œuf gagne un peu de poids au contraire par l’ab- 252 ©: PHYSIOLOGIE ANIMALE. sorption de l’eau, lorsqu'on l'y laisse se refroidir. Des œufs mis dans une forte solution de sel commun, pren- nent, dit-on, une saveur très-salée dans toutes leurs par- ties. C’est une pratique que l’on recommande pour con- server les œufs. L'eau où des œufs ont bouilli, évaporée jusqu’à siccité, manifeste des traces de presque tous les principes en existence dans l'œuf; la quantité s’en élève aux trente-deux centièmes d’un grain, en suppo- sant le poids de l'œuf de mille grains. La coquille d'œuf desséchée dans le vide à la cha- leur de l’eau bouillante , et dissoute ensuite dans l’acide muriatique, a laissé pour résidu un cinquantième de matière animale, et pas tout à fait un centième pour le poids réuni des phosphates de chaux et de magnésie. Le reste étoit du carbonate de chaux, mêlé à un peu de carbonate de magnésie. Quand on brûle Ja coquille, elle laisse apercevoir des traces de soufre et de fer, comme Vauquelin en a fait la remarque. La membrane de la coquille (membrana putaminis), desséchée dans le vide à la température de l'eau bouil- lante, pèse 0,00235 du poids de l'œuf, et donne, quand on la brüle, des traces de phosphate de chaux. L'albumine se brûle difficilement, à moins qu’on n'ait le soin d'enlever les sels, par des lavages répétés ; dans ce cas on peut réduire en cendres le charbon, même dans un creuset couvert. L'incinération du jaune de l'œuf est extrêmement difficile , à cause de la grande quantité de phosphore qu’il contient ; il en résulte qu'une combustion partielle fait une couche vitreuse qui, pré- DES CHANGEM. DE L'OEUF PENDANT L'INCUBAT. 253 venant l’uliérieur contact de l'air sur le charbon, empêche que celui-ci ne continue à se brüler. Il a fallu recourir à une manipulation que Mr. Prout indique, de mème que tous les procédés chimiques qu'il a suivis dans son analyse. Il esttrès-probable, d’après la remarque de Berzélius, que l'acide sulfurique , l'un des principes apparens de l’albumine , est le produit de la combustion, et qu'il n’y a que du soufre dans l’état naturel ; de même que du phosphore seulement dans le jaune de l'œuf, pour la plus grande partie.au moins, au lieu de l'acide phos- phorique qu'on y découvre par l'analyse. La chlorine semble être originairement unie au sodium , pour former le sel commun. Berzélius conjecture que les bases métalliques des principes terreux forment originairement les composés du règne animal; ce qui a engagé Mr. Prout à donner séparément Îles quantités des acides et des bases. Les proportions relatives des principes salins de différens œufs, varient dans quelques cas considérablement , sur- tout celles de l'acide sulfurique et de la chlorine. Mr. Prout prévient au reste que ses expériences ont presque été faites uniquement en vue d'obtenir seulement une comparaison. En outre des acides sulfurique et phos- phorique , de la chlorine, de la potasse , de la soude et de leurs carbonates, de la chaux, de la magnésie et de leurs carbonates , il y a presque toujours du fer, dont la quantité paroît augmenter avec les progrès de l'incuba- tion. Plusieurs observateurs ont remarqué qu'aussitôt après 254 PHYSIOLOGIE ANIMALE. le commencement de l’incubation, le jaune devient plus fluide , et qu’en proportion de l’augmentation des eaux de l’amnios, la portion du blanc qui occupe la partie su- périeure du gros bout de l'œuf, commence à prendre une apparence particulière. Dans les expériences ac- tuelles ( où l’œuf étoit toujours au préalable durci }, les eaux de l’amnios et la portion d’albumine dont il s’a- git, ressembloient assez à cette époque au caillé et au petit-lait; celui-là, d’une couleur jaune, appelé a/bu- mine modifiée, avoit de la conformité avec le caillé du lait, en tant qu'un principe d'huile où de beurre y étoit mélé. Ce principe huileux, soluble dans l'alcool, y devenoit d’un jaune brillant, et possédoit d’ailleurs toutes les propriétés de l'huile jaune ea existence dans le jaune de l’œuf qui, comme on l'a dit, est alors plus fluide, d’une teinte plus pâle, et, en apparence, plus abondant. Haller dit , à la vérité, que le poids du jaune n'a pas augmenté, mais les expériences de Mr. Prout rendent l'opinion contraire très-probable. Les appa- rences de l’albumine et du jaune ont porté la plupart des observateurs à croire qu'il se fait un changement de principes, tandis que d’autres semblent avoir pris l'al- bumine jaune modifiée, pour le jaune lui-même. Quoi- qu'un échange ait certainement lieu, les principes ne sont pas mélés toutefois sans distinction ; car en fai- sant bouillir l’œuf, son jaune, bien que devenu plus mou, l’est cependant moins que l’albumine modifiée, dont on le sépare sans peine , indépendamment d’une démarcation formée, selon les apparences, par la membrane propre du jaune. Les principes qui composent DES CHANGEM. DE L'OEUF PENDANT L'INCUBAT. 2h5 alors le jaune et le blanc de l'œuf, confirment l'o- piaion touchant l'échange des principes. On voit en ef- fet diminuer dans le blanc la matière saline , en propor- tion de ce qu’elle augmente dans le jaune. Mais malgré la pénétration de l'huile du jaune dans l’albumine , celle-ci, chose bien remarquable , ne contient que très- peu de phosphore. Il n’est pas facile de dire par quelle voie se fait l'échange en question. Maître Jean, Léveillé et d'autres ont supposé que c’étoit par les chalazes (1); et Léveillé a même prétendu démontrer que l'une d'elles étoit faite en forme de tuyau; mais cette structure tubulée a été nice par d’autres écrivains, entr'autres par le docteur Macartney (2), qui paroît même douter du fait relatif à l'échange dont il s’agit, quoique d’après ce qu'on vient d’en dire , le doute ne semble plus guère admissible. Ce seroit bien cependant de faire d’ultérieures recherches sur un sujet qui, s’il présente de l'intérêt, est d’un autre côté difficile à éclairer. Le fœtus s’est considérablement accru, et la quantité abämine à proportionnément diminué; celle-ci a de plus acquis, surtout après sa coagulation par la chaleur, (1) D'un mot grec qui signifie chaton , partie dela bague où est la pierre. Dans le sens propre c’est une zône ou cordon blanchâtre placé comme une bride en travers de la surface de la membrane vi- telline. La chalaze de l'un et de l’autre hémisphère se confond en un tubercule gélatineux ou cicatrice , germe ou embryon, qui, par sa légèreté , se place toujours au-dessus du jaune, de quelque manière que l’œuf soit situé lorsque la mère le couve. (2) Auteur de l’article Zrcubation dans l'Encyclopédie de Rees. 256 PHYSIOLOGIE ANIMALE. uñe consistance très-ferme. Les eaux de l’amnivs sont devenues plus fluides , et l’albumine modifiée à presque disparu (1). Le jaune à repris, en fait de volume et de consistance, son état ordinaire, et une partie de son phosphore a passé à d’autres principes de l'œuf. L'ossi- fication qui, d’après Haller et d’autres , commence vers le septième jour de l’incubation , a fait quelques progrès. La quantité de matière terreuse s’est également accrue. Toute l’albumine s’est réduite à quelques membranes desséchées, et à un résidu terreux. Le volume du jaune a considérablement diminué (2) , etrentre dans le ventre du poulet, dont le poids est à peu près la somme de celui du blanc originairement et de celui perdu par le jaune, moins la perte de poids qu’a essuyée l’œuf pendant l'entière durée de l’incubation. Les principes alcalins et la chlorine , qui ont diminué depuis le com- mencement de l’incubation, ont éprouvé en quantité une plus grande diminution (3), en même temps que (1) Est-ce elle qui a passé dans l'œsophage, le jabot , l'estomac et les intestins du fœtus ? (2) Haller , le Dr. Macartney et d’autres écrivains ; ont douté de ce fait , ou l'ont nié. (3) Les principes dont il est question s'échappent-ils ; dans le cas présent , à travers la coquille avec la partie séreuse perdue durant l'incubation ? Une présomption en faveur de cette supposition, c’est que la perte est surtout limitée à ceux de ces sels primitivement en existence dans l'œuf , savoir à la chlorine et aux principes alcalins. Nous n'avons que des idées bien conjecturales sur l’utilité de ces prin- cipes salins. Remplissent-ils dans l’économie de l’animal un office analogue à celui des solutions acides dans la batterie galvaniqne ? DES CHANGEM. DE L'OŒEUF PENDANT L'INCUBAT. 257 les principes terreux ont augmenté de la manière la plus marquante. Les autres principes semblent n’avoir pas éprouvé de changement notable en quantité (x). Les expériences qui sont l’objet de ce Mémoire ren- dent probable ce qui suit. Le poids relatif des principes qui composent diffé- rens œufs de la poule domestique, varie considérable- ment. Un œuf perd le sixième environ de son poids peudant l'incubation, quantité huit fois plus grande que la perte qu'il fait durant le même temps dans les cir- coustances ordinaires. Un échange entre une petite partie de l'huile du jaune ef une portion du blanc, a lieu dans les premiers temps de l'incubation ; la partie du blanc mélée devient analogue, tant pour l'apparence que pour quelques-unes de sès propriétés, au caïllé du lait ; une portion de la partie saline et séreuse du blanc est mêlée au jaune, qui aug- mente de volume en apparence. À mesure que l'incubation fait des progrès, les parties (1) « La circonstance suivante, jusqu'ici non remarquée , que je sache, mé paroiît, » dit Mr. P., « intéressante. A la fin du terme de l’in- cubation ; et déjà un peu auparavant, la situation du poulet dans l'œuf est telle, que par la prépondérance de poids d'un côté, l'œuf prend la position qui permet du bec de l'animal d’être tout à fait dans la partie supérieure, ét par conséquent exposé aux effets de l'air, quand il percera la coquille. On pourroit demander si le poulet ne respire pas déjà avant d’écloce ; imparfaitement sans doute ; au travers les pores de la coquille. Les observations faites par Haller, par rapport au piaulemient du poulet dans l'œuf, ne permettent pas d'en douter. » Sciences et Arts. Juillet 1830. "KR 258 PHYSIOLOGIE ANIMALE. salines et séreuses abandonnent le jaune, qui revient à son premier volume, et qui, dans la semaine avant que le poulet éclose, perd toujours plus de son poids, de même que la plus grande partie du phosphore qu'il contenoit, qu'on trouve dans le poulet à l'état d'acide phosphorique et de chaux phosphatée, dernière combi- maison qui constitue la partie osseuse du squelette. Cette chaux qui n'existe point ordinairement dans l'œuf récent , provient de quelque source inconnue pendant la durée de l’incubation. Cesrecherches donnent du poidsà l'opinion desanciens que Pline exprime dans les termes suivans : « Tpsum ani- mal ex albo liquore ovi corporatur. Cibus in luteo est(x).» Quoique dans les premiers temps de l’incubation , avant que l’ossification ait commencé, une portion de l'huile du jaune soit appropriée à l’économie de l'animal, il en reste de beaucoup la plus grande partie, et il s'en trouve dans le jaune jusqu’à sa complète disparition. La grande utilité du jaune est évidemment de fournir le phosphore qui entre, sous la forme d’acide phospho- rique, dans le squelette du poulet; mais ce seroit une opinion anticipée que celle qui feroit provenir la partie terreuse des os de la transformation en chaux de l'huile du jaune. Quant à la partie terreuse fournie par le squelette du poulet lorsqu'il quitte la coquille, Mr. Prout croit pouvoir affirmer, après des recherches sui- vies de la manière la plus patiente et la plus attentive, qu'elle ne préexiste point dans l’œuf récent , certaine- (a) Hist. Natur. X , 53. DES CHANGEM. DE L'OEUF PENDANT L'INCUBAT. 259 ment pas au moins, sous une forme connue. Elle ne peut donc être provenue que de la coquille, ou de la transformation d’autres principes. Il y a de fortes raisons pour croire que les principes terreux ne dérivent pas de la coquille. D'abord la membrane de celle-ci ne devient jamais vasculaire, et paroît être analogue à l’épiderme ; ensorte que la partie calcaire de la coquille, extérieure à cette membrane, doit être regardée comme ertra- vasculaire. Comment concevoir que la terre, qu’on feroit dériver de cette source, puisse pénétrer l’éco- nomie du poulet, surtout pendant la dernière semaine de l'incubation, lorsque cette membrane est presqu’en entier séparée d'avec la coquille? Secondement, le blanc et le jaune contiennent l'un et l’autre, à la fin de l’incubation, une proportion considérable de ma- tière terreuse (le jaune en apparence plus qu'il n’en contenoit originairement ); pourquoi ne seroit-elle pas appropriée au besoin du poulet, préférablement à celle qui existe dans la coquille? C’est en vain qu'on op- poseroit à ces argumens la fragilité qu'acquiert la co- quille, pendant les derniers temps de l’incubation , qui dérive bien plutôt de la séparation des membranes et du desséchement des parties , suite de leur longue ex- position à une chaleur soutenue , nécessaire à l’acte de l'incubation. Mais si les principes terreux n’émanent absolument pas de la coquille, Mr. Prout n’a pas non plus la présomption d'affirmer qu'ils proviennent de la transformation d’autres principes en terre, quoique dans certaines limites il ait de fortes raisons pour croire à une pareille transmutation. F: B. ( 260 ) Dee EDE ES DISC RSEReLRAPELCIR BOTANIQUE DE QUELQUES OUVRAGES RÉCEMMENT PUBLIÉS SUR LA BOTANIQUE DE LA LORRAINE. La Lorraine, placée entre les provinces les plus ins- truites de l'Europe et ayant joui quelque temps dans le dernier siècle d’un gouvernement éclairé. et ami des sciences, a possédé , dès le règne de Stanislas, des ins- titutions propres à y développer le goût de la botanique. Mais les premières Flores qu’on a publiées dans ce pays, étoient loin de répondre aux besoins de la science. Buchoz publia en 1764 un petit volume intitulé Tournefortius Lotharingiæ , qui contient une énumération sommaire et sans description des plantes de la Lorraine. Peu après il délaya cet abrégé en dix vol. in-12 et en fit son Traité historique des plantes qui croissent dans la Lor- raine et les trois Evêchés. Cet ouvrage, fait bien plus avec les livres qu'avec les plantes, contenoit beaucoup de trivialités et d'erreurs, et fut promptement oublié. En 1805, Willemet, professeur de botanique à Nancy, pu- blia en 3 vol. in-8° sa Flore de l’ancienne Lorraine, qu'il qualifia du nom pompeux de Phytographie en- cyclopédique. Cet ouvrage, distribué d’après le système de Linné, ne contenoit guère que les plantes communes a tout le nord-est de la France, accompagnées de des- BOTANIQUE DE LA LORRAINE. 261 eriplions peu précises et de localités vagues ou incom- plètes. Souvent même des erreurs de nomenclature très- graves s'y faisoient remarquer, ct il en résultoit qu’on n’osoit pas s’en fier à ses indications, même quand elles étoient justes. Les botanistes actuels de la Lorraine ont pris une marche plus sûre et plus exacte, et dans ces derniers temps on a vu paroître divers travaux sur celte province, qui sont , il est vrai, peu susceptibles d’ex- traits , mais qui méritent d’être signalés aux amis de la science. Le premier qui, dans l'ordre des dates, doit être mentionné , est la collection intitulée Stirpes cryploga- micæ Vogeso-Rhenanæ , quas collegerunt J. B, Mougeot Bruyerensis et C. Nestler Arsentinensis. X\ a paru neuf cahiers de cette collection ; chacun d’eux contient des échantillons desséchés de cent espèces de cryptogames indigènes des Vosges. La classe des cryptogames avoit été presqu’entièrement négligée dans les ouvrages de Buchoz et de Willemet, et cette partie de la botanique méritoit un intérêt spécial, surtout dans ces montagnes des Vosges qui abondent en mousses, en lichens et en champignons ; MM. Mougeot et Nestler les ont étudiés avec un soin digne d'’éloges ; ils en ont découvert plu- sieurs entièrement nouvelles ; mais ce qui est plus pré- cieux, ils ont fixé la nomenciature de leur collection avec un soin tellement précis, qu’elle devient un véritable type de nomenclature dans cette partie de la botanique. Ces collections qui prennent rang parmi les livres, et où les plantes elles-mêmes remplacent les planches, sont très- utiles pour l'étude des cryptogames; les caractères de ces 262 BOTANIQUE. plautes sont si délicats, souvent si difficiles à voir, que rien ne remplace dans cette étude l'espèce de connois- sance intuitive qui résulte de la vue même de l’objet , ou de ce que les naturalistes nomment autopsie. Les espèces de cryptogames étant ordinairement assez pelites et très- nombreuses en individus, se prêtent aussi, plus facilement que les phanerogames, à cette forme de publication ; aussi est-elle assez répandue parmi les botanistes alle- mands qui ont donné à cette classe une attention spé- ciale. Le grand mérite de ce genre de collections con- siste dans l'exactitude de la nomenclature et surtout dans le soin que les auteurs mettent à s'assurer que les échantillons de tous les exemplaires sont bien iden- tiques. MM. Mougeot et Nestler ne laissent rien à dé- sirer sous ces deux rapports, et il seroit difficile d’indi- quer un ouvrage plus utile à consulter pour les personnes qui veulent étudier les cryptogames, non-seulement des Vosges, mais de la plupart des pays montueux de l'Eu- rope centrale. ‘Il est à regretter que la forme extraor- dinairement concise, adoptée par les auteurs, les ait dé- terminés à ne point insérer de descriptions et d'obser- valions sur les plantes qu'ils ont si bien étudiées ; nous savons que Mr. Nestler se propose de publier sous peu une Flore d'Alsace qui réparera sans doute cette omis- Sion pour le revers oriental des Vosges ; nous voudrions apprendre que Mr. Mougeot eût la même intention pour le revers occidental, et si nos encouragemens pouvoient l'y décider, nous penserions que cet article deviendroit véritablement utile à la scieuce. Le second ouvrage que nous mentionnerous ici, a BOTANIQUE DE LA LORRAINE. 263 été publié en décembre 1828, par Mr. Soyer-Willemet bibliothécaire et conservateur du cabinet d’histoire-na- turelle de Nancy; il a pour titre; Observations sur quel- ques plantes de France, suivies du catalogue des plantes vasculaires des environs de Nancy. Ce titre indique les deux parties dont cet ouvrage se compose. La première, commune aux plantes de la France entière, contient des observations critiques sur quelques points difhiciles de la botanique française, et en particulier sur cette interminable question de savoir, dans certains genres, ce qui doit être considéré comme espèce ou comme variété. Mr, S. W. présente plusieurs observations qui pourront modifier les opinions reçues par divers natu- ralistes sur les caractères précis par lesquels on peut distinguer les espèces des genres Adonis, Ranunculus, Arenaria, Cerastium , Epilobium, Saxifraga, Laser- pilium , Euphrasia , etc. Il décrit moins d’espèces nou- velles qu'il ne s'occupe à rectifier la nomenclature et la synonymie des anciennes ; travail louable dont en général on fait trop peu de cas, qui ne peut occuper que les véritables amis de la science, mais qui est peu susceptible d’être analysé en détail dans un re- cueil qui n'est pas spécialement consacré à la bota- nique. Parmi les objets nouveaux pour la Flore Fran- çaise, signalés par Mr. S. W., je noterai ici le Cuscuta epilinum , plante parasite qui est connue dans le pays sous le nom de T'eigne du lin, et qui attaque souvent, d'une manière fàâcheuse, les champs de lin de la Lor- raine. Cette espèce avoit été observée par l'auteur dès 1817, et sa description , sous le nom de Cuscuta densi- 264 BOTANIQUE. flora , avoit été envoyée à la Société Linnéenne de Paris, qui la publia en 1825 ; dans l'intervalle, Mr. Weihe l’a découverte en Westphalie et publiée en 1824 sous le nom de C. epilinum. Mr. S. W. donne le bon exemple d'abandonner le nom qu'il avoit proposé, pour adopter celui qui, ayant la priorité de publication, doit, d'après les lois de la nomenclature, être maintenant adopté. La Cuscute du lin diffère des deux autres es- pèces du nord de l'Europe, par ses corolles qui ne dépassent pas la longueur du calice, et par ses fleurs plus serrées et, dit-on, un peu soudées par la base ; elle se rapproche davantage du €. major à raison de ses élamines sans appendice et de la moindre longueur de ses stigmates. Il sera curieux de voir si elle ne croît réellement que sur Île lin, tandis que les deux autres espèces communes en Europe paroissent vivre sur des végétaux fort divers. MM. Weïhe et de Dombasle (Ann. agr. de Roville IV p.75 ) pensent que les graines de cette parasite ont été apportées du nord avec les graines du lin. | La seconde partie de l'ouvrage de Mr. S. W. est toute relative à la topographie botanique de Nancy, et contient Ja Flore des environs de cette ville, réduite cependant aux végétaux vasculaires. L'auteur prend un rayon de irois ou quatre lieues autour de Ja ville, mais il fait une exception à cette règle pour indiquer les plantes qui croissent dans les marais salés entre Dieuse et Moyenvic, Jocalité remarquable qui mérite cette exception à raison de son importance relativement à la géographie bota- nique. Les plantes vasculaires des environs de Nancy BOTANIQUE DÉ LA LORRAINE. 265 sont assez variées par la nature de leur sol et leur ex- position , pour qu’on y trouve près d’un millier d’es- pèces différentes. L'arondissement de Nancy est coupé par deux rivières à fond de sable, la Meurthe et la Mo- selle, et borné au nord-est par une rivière à fond limo- neux la Seille. Il renferme au sud-est l’extrémité du ÆKeuper ou terrain salifère couvert à sa surface par les marnes irisées. Vient ensuite une bande de grès inférieur au lias, qui va jusqu'à Saint-Nicolas et forme une des espèces de terrains sablonneux ; ce grès a été mis dans la éarte géognostique des terrains voisins du Rhin; ou l’exploite à Nancy sous le nom de fin sable. De Saint-Nicolas jusqu'aux portes de Nancy s'étend le lias qui compose les terres fortes ; il est recouvert au sud par un alluvion étendue de petits cailloux roulés prove- nant de la Moselle et de la Meurthe. De Nancy s'élèvent des collines de calcaire jurassique, dont une partie sert de rives à la Moselle et produit quelques plantes al- pines. Le keuper des environs de Nancy a nourri jadis une saline ( Rosieres ), mais ne contient plus de marais salans. Le territoire de Luneville est formé de mu- schelkalk et de keuper; celui de Pont-à-Mousson est de calcaire jurassique. La hauteur des environs de Nancy au-dessus de la mer, est d'environ 800 pieds pour le kenper et le lias, et de 1200 pieds au plus pour le calcaire jurassique. La température moyenne y est 3°,7 R. pour l'hiver, 18°,9 pour l'été, 10°,4 pour l’année entière ; l'ex- trême du froid de l'hiver a été jusqu'à 18 et 19° en 1810 et 1827 ; aussi plusieurs végétaux que l’on acclimate à Paris ne peuvent vivre à Nancy. La quantité moyenne an- nuclle de la pluie y est de 2r pouces 9 lignes. 266 BOTANIQUE. La Flore de Nancy est distribuée dans l’ordre du Pro- dromus ; elle contient l'énumération des espèces sans description, mais en y joignant çà et là des notes cri- tiques de description ou de synonymie. On ytrouve, sous une forme très-abrégée, l’époque de la fleuraison, la lo- calité, la nature du sol et l'indication du degré d'abon- dance ou de rareté de l’espèce. Sous ces divers rapports cette simple liste est un modèle de Flore locale, et nous louons en particulier l’auteur d’avoir supprimé ces éter- nelles répétitions de phrases caractéristiques, la plupart copiées, qui ne servent qu’à alonger les livres. L'ordre en familles naturelles, qui y est admis, la rend très-propre aux comparaisons avec d’autres paÿs, comparaisons qui font et feront chaque jour davantage la base de la géo- graphie botanique. Le troisième ouvrage dont la botanique lorraine vient de s'enrichir, est la Flore de la Moselle, ou Manuel d'her- borisation, précédé d'un aperçu géologique sur le Dépar- tement, par Mr. J. Hollandre. Metz, 2 vol. in-12. 1829. Mr. Hollandre est connu comme habile zoologiste , mais il a toujours fait son délassement de l’étude de la botanique; il avoit jadis observé avec soin les plantes de la Carniole et vient d’enrichir la ville de Metz d’un ouvrage utile. La liaison de la botanique avec la cons- titution géologique du pays ne lui a point échappé et il présente en tête de sa Flore un aperçu intéressant du Département de Ja Moselle. On peut le diviser en trois régions principales. La pre- mière comprend toute la partie occidentale jusqu’au bassin de la Moselle et de la Seille. Elle est composée BOTANIQUE DE LA LORRAINE. 267 de terrains secondaires appelés jurassiques par les géo- logues, et ces terrains se composent eux mêmes de plu- sieurs formations distinctes, telles que le lias qui est inférieur et le terrain oolithique qui lui est superposé. Ce dernier consiste en couches alternatives de terres argileuses, ou marnes grises, et de calcaire oolithique ou à petits grains, d’une couleur jaunâtre, et disposé ho- rizontalement : il contient plusieurs espèces de coquilles marines fossiles. C’est de ces bancs calcaires qu'on tire la pierre de taille et la pierre de roche employées à Metz pour la bâtisse. Le terrain oolithique forme à l’ouest des plateaux élevés, et se termine par les collines qui bor- dent à gauche le bassin de la Moselle, et celles qui se trouvent entre celte rivière et la Seille. À la base de ces collines, on trouve le lias. Ces coteaux élevés de quatre à cinq cents pieds au-dessus de la rivière, sont entre-coupés de vallons profonds, et la liste des plantes qui s’y trouvent se compose en grandes proportions de plantes montagnardes. Quelques parties de cette pre- mière division sont recouvertes de terrain de transport ou d’alluvion, particulièrement de sables et de cail- loux, débris des roches des Vosges amenés par les eaux : on y trouve les plantes propres aux terrains sa- blonneux. La seconde région présente moins de richesses bo- 5 taniques : elle comprend les contrées situées à droite de la Moselle et de la Seille, et s'étend jusque vers la côte de Delme, Longeville-lès-St.-Avold et Bouzonville. Son sol, particulièrement du côté de Metz, se compose de lias, formation de terrain caractérisée par des cou- 268 BOTANIQUE. ches alternatives de marnes bleues ou bigarrées, et de calcaire argileux bleuâtre appelé calcaire à gryphites. C'est avec ce calcaire qu'on fait l'excellente chaux em- ployée à Metz. Vers Boulay, Dentins, Rorbach, etc., on remarque le muschelkalk, ou calcaire coquillier, qu’on croit plus ancien que le lias et qui s'appuie sur les grès bigarrés et rouges, Ce pays offre peu de variétés dans ses expositions et dans le8 plantes qu'il nourrit; quelques points de celte région, tels que les étangs dans les bois de Villers, présentent des grès blanchâtres appelés qua- dersandstein et des ierrains sablonneux appartenant à cette formation : lorsque ce grès est friable , on en tire un sable fin, connu à Metz sous le nom de Poudre à Tallières. La troisième région comprend la partie du Département de la Moselle qui s'approche de la Sarre, vers Sarrelouis, Saint-Avold, Sarreguemines et Bitche; ces contrées sont composées, en grande partie, de grès bigarrés et de grès rouges des Vosges, qui s'étendent en collines assez éle- vées, entrecoupées de vallées à fond souvent tourbeux. Cette circonstance y détermine la station de quelques végélaux propres à ces terrains. On trouve aussi dans celte région quelques terrains salifères et quelques ma- rais salés qui offrent une végétation analogue à ceux des terrains semblables du Département de la Meurthe. Mr. H. donne l'énumération des plantes propres à ces divers terrains et c’est là la partie de son ouvrage qui intéressera la géographie botanique. La Flore pro- prement dite, rangée dans l’ordre arüBciel de Linné, se refuse en effet, à moins d’un remaniement complet, BOTANIQUE DE LA LORRAINE. 269 à toutes les comparaisons qui résultent de l'ordre ua- turel. L'argument de l'auteur pour l'adoption de cette méthode, est la fréquence des lacunes que la série géné- rale doit nécessairement présenter dans une Flore locale. Cet argument me touche peu, car ces lacunes mêmes sont ce qu'il y a de plus instructif pour l'étude des lois générales de la géographie botanique. Mr. H. a cherché à corriger l'inconvénient de la méthode adoptée , en in- diquant, pour chaque genre, la famille naturelle à la- quelle il appartient. Son but étant de faire un ouvrage élémentaire, il l’a fait précéder de quelques notions de botanique et a donné avec soin les caractères abrégés des genres et des espèces. Dans sa nomenclature, il se rapporte habituellement à celle de Linné et à celle de la Flore française. L'auteur a divisé sa Flore en deux parties distinctes; la première comprend les plantes indigènes au pays; la seconde est réservée pour les végétaux cultivés ou na- turalisés. Cette méthode a quelques avantages et tend à séparer les connoissances relatives à la géographie botanique et à la géographie agricole; distinction 1m- portante sous divers rapports. Cetle séparation a donné l'occasion à Mr. H. d'entrer, sur les plantes cultivées, dans quelques détails qui ont de l'intérêt; telle est, par exemple, l’énumération et l'appréciation des céréales cultivées dans le Département, celles des variétés de la vigne, celles de plusieurs arbres fruitiers cultivés en grand dans ce pays célèbre dès long-temps par ses pé- pinières. La comparaison des trois ouvrages que nous venons 270 BOTANIQUE. d'indiquer, avec ceux qui se faisoient, il y a peu de temps, dans les mêmes pays, prouve d’une manière incontes- table, et les progrès généraux de la botanique, et le point auquel l'amour des sciences s’est naturalisé dans les provinces de la France: Toutes présentent, du plus au moins, de pareils progrès; et l'on peut prévoir que d'ici à peu d'années, toutes les productions naturelles de ce vaste territoire seront explorées avec soin. D. C. MONOGRAPHIE DES CAMPANULÉES ; par Mr. ALPHONSE DE CANDOLLE. Un vol. in-4° de 384 pages et vingt planches en noir, dont quatre d'analyses, et seize représentant vingt-quatre espèces nouvelles. Chez Mad. la veuve Desray, rue Hautefeuille N°4, à Paris. Les Campanulees, qui forment une tribu de la vaste famille des Campanulacees, habitent en grande partie l'Europe tempérée et se rencontrent ordinairement sur les lisières de nos bois comme sur les pentes de nos montagnes, où elles se distinguent par leurs tiges amin- cies, plus ou moins ramifiées, et leurs corolles bleues en forme de cloche. Ce sont ces plantes connues de tout le monde et qui font l’ornement de nos campagnes MONOGRAPHIE DES CAMPANULÉES. 271 dans les mois d'été où les fleurs sont déjà plus rares, que Mr. Alphonse De Candolle a entrepris de décrire dans une Monographie fort étendue, accompagnée d’un grand nombre de figures. On auroit une très-fausse idée de ce genre de travail si l’on imaginoit qu'il fût d’une exécution facile. Une Monographie bien faite, et qui répond aux besoins ac- tuels de la science, exige au contraire beaucoup de soins et de recherches : aussi Mr. De Candolle, qui comprenoit l'étendue de cette tâche , s’est entouré de tous les secours qu'il jugeoit lui être nécssaires ; il a consulté avant tout les ouvrages des auteurs qui avoient traité le même sujet, ceux de Linné, de Wildenow, de Persoon, de Roemer et Schultess , de Stenden et Sprengel : il a ensuite étudié Îles collections et les vélins du Musée français, les herbiers de Tournefort, Delbis , Desfontaines , Delessert , Jussieu, Richard, Kunth, Gay, et autres botanistes, ou français, ou fixés à Paris ; de plus il a visité à Bâle l’herbier de Lamarck, à Zurich celui de Schultess , à Vienne celui de Por- tenschlag, à Munich ceux de l’Université, de Martius, de Zuccarini, et en Angleterre ceux de Banks , de Lambert , de Lindley, et de Hooker. A ces secours il a eu le bonheur d'en joindre d’autres plus utiles encore. MM. Heyne et Welwitch lui ont communiqué les Cam- panulées nouvelles ou rares de l'Autriche, MM. le baron Jacquin et Host les espèces de cette tribu culiivées dans le jardin de l’Académie, ou dans celui que l’Em- pereur a consacré aux plantes de l'Autriche ; il a même fait une excursion en Hongrie pour y voir les magni- 272 | BOTANIQUE. fiques jardins du comte d'Harrack à Brack, et du princé d’Estherazy à Eisenstadt. Enfin Mr. Fischer lui a donné plusieurs espèces de Campanulées de la Russie asia- tique ; le Comte de Stemberg lui a confié, pour les dé- crire, les Campanulées de l’herbier de Henke ; MM. Schrader, Moretti, Tenore, Viviani, Gussone , Visiani, Biazoletto et d’autres botanistes italiens lui ont fourni plusieurs échantillons rares d'espèces indigènes ; MM. Moricand , Mercier, Dunant, Seringe ; tous quatre ré- sidant à Genève, lui ont ouvert leurs herbiers avec une grande obligeance ; MM. Perrotet et Le Prieur, arrivés récemment du Sénégal, lui ont fourni généreusement celles des plantes de leurs herbiers qu'ils avoient, au premier coup-d'æil, rapportées aux Campanulées , ct Mr. Wallich a bien voulu lui adresser ceux des échan- tillons de la même tribu qui font partie de ces riches collections que la Compagnie des Indes orientales dis- tribue si noblement aux divers botanistes de l'Europe. Tels sont, en ÿ comprenant avant tout le bel herbier de Mr. De Candolle père, les matériaux également mul- üpliés et précieux avec lesquels Mr. Alphonse De Can- dolle a rédigé sa Monographie. Mais ce n’étoit rien encore d’avoir rassemblé un si grand nombre de plantes; il falloit les classer méthodiquement, c’est-à-dire, les séparer en sections eten genres ; il falloit les décrire et les distinguer comme espèces, c’est-à-dire indiquer les différens noms par lesquels elles avoient été auparavant désignées, oufen d’autres termes, donner la synonymie exacte de chacune d'elles; ouvrage long et fastidieux par les détails qu'il entraine , mais ouvrage MONOGRAPHIE DES CAMPANULÉES. 273 éminemment utile, puisqu'il fournit l'anique moÿen de réunir les travaux épars des botauistes sur le même objet, et de connoître, quand on le veut, toût ce qui à été écrit et qui est actuellement connu sur la plante dont on s'occupe. De ce pénible travail fait avec tous les royens nécessaires , il est résulté que là ttibu des Campänulées est sortie du cahos qui menaçoit de l’engloutir, que ses genres ont été solidement fixés , et que ses espèces ont été limitées à 334, dont 3r1 assez bien connues et dont 65 nouvelles et pour la plupart originaires du Cap et du Caucase. C'est à ce nombre de 334 qu’il faut rap- porter les 800 noms proposés depuis Linué pour dé- ecrire les diverses espèces de Campanulées. Ces plantes n’habitent pas indifféremment toutes les parties du globe. On n’en trouve, par exemple, qu'un petit nombre dans les deux Amériques, dans l'Afrique centrale , l'Archipel Indien , à Nouvelle-Hollände, fa Chine , le Japon , etc. Elles sont, au contraire, très- communes en Europe entre le 36° et le 4o° degré, et leur véritable patrie, dans l'hémisphère boréal , est con- centrée dans les Alpes, Fltalie , là Grèce, le Caucase, ét les monts Altar. En quelque sens qu'on s'éloigne de cette 7ône , le nombre des Campanulées diminue sensiblement. Dans l'hémisphère austral, le Cap de Bonne-Espc- rance est un autre centre d'habitation qui ne contient pas moins de soixante-trois espèces très-peu semblables à celles d'Europe , comme on auroït pu le présumer d'avance ; d'après la différence des climats. Mr. Alphonse De Candotle à fait de nouvelles re< Sciences et Arts. Juillet 1830- S 274 BOTANIQUE. cherches sur ce sujet intéressant, qui depuis les tra- vaux de Humboldt a beaucoup oecupé les botanistes. À l'exemple de Mr. De Candolle père (1), il divise la surface du globe en un certain nombre de régions séparées les unes des autres par des chaînes de montagnes, des dé- serts, ou des mers un peu considérables , et il observe qu'on n’a encore trouvé de Campanulées que dans vingt- sept de ces régions, c’est-à-dire dans une étendue qui rc- présente un peu plus que la moitié de celle de la terre. Il parcourt successivement ces vingt-sept régions el il note pour chacune le nombre d'espèces qu'elle contient. Il fait deux classes de ces espèces; 1° celle des endémiques qui sont propres à une région et ne se relrouvent pas dans d’autres ; 2° celle des sporadiques qui sont disséminées dans deux ou plusieurs régions, et il donne enfin pour chaque région le nombre des espèces des deux classes. On voit dans les tableaux rédigés pour cet objet, que les espèces endémiques surpassent beaucoup les spora- diques, puisque sur 311 bien connues qui forment ac- tuellement la tribu des Campanulées, il s'en trouve 265 des premières et seulement 48 des secondes ; encore est-il probable que plusieurs de ces dernières éloient primitivement endémiques, et qu’elles ne sont devenues sporadiques que par la dissémination ou d’autres cir- constances analogues : Mr. De Candolle donne le degré de dispersion de chacune d'elles, et il en résulte que les plus répandues n'ont pas été trouvées jusqu'à pré- sent dans plus de cinq régions. (1) Voy. Diction. des Sciences Natur. , art. Géographie Botaniqne. MONOGRAPHIE DES CAMPANULÉES. 279 Ce beau sujet qu'on n'étudie régulièrement que depais quelques années, et qui ne sera épuisé que lorsqu'on connoîtra toute la surface du globe et toutes les plantes qui l'habitent , fournit à l’auteur plusieurs remarques in- téressantes. C'est ainsi qu'il trouve que, plus une région est séparée des autres, plus ses espèces endémiques sont nombreuses; que les endémiques de la même région ont entr'elles de grands rapports, mais qu’elles diffèrent beaucoup de celles d'une autre région , ou ce qui est la même chose, que les genres tendent à se réunir dans certains climats, et qu’en général plus les es- pèces sont rapprochées par l'habitation, moins aussi elles diffèrent en organisation. Le Cap, par exemple, con- tient six genres de Campanulées, dont cinq ne se re- trouvent pas en Europe , et l'Europe à son tour en ren- ferme six autres dont un seul appartient aussi au Cap : de même l'île de Madère et les Canaries fournissent deux genres monotypes, c’est-à-dire réduits à une seule espèce ; la Crête en présente un troisième, et lO- rient, ou plutôt les environs d'Alep, et la Perse un quatrième qui ne compte que deux espèces. Je ne puis que donner une idée de cet ingénieux travail pour lequel je renvoie à l'ouvrage même. Mais la partie la plus intéressante de cette monogra- phie, au moins pour le commun des lecteurs, est celle qui présente les idées générales de la description des organes. Elle est rédigée avec beaucoup de soin et de clarté, et elle est généralement fort supérieure à ce 5 qu'on rencontre dans les travaux du même genre, parce que l’auteur ne s’est pas contenté de consulter les her- S 2 276 BOTANIQUE. biers et les ouvrages imprimés, mais qu'il a voulu en- core examiner de près et pendant quelques années les plantes elles-mêmes, dans leur état de vie. Je passe ici sous silence diverses observations plus ou moins cu- rieuses, pour en venir tout de suite à celles qui me pa- roissent plus importantes. Elles concernent d’abord les organes de la végétation. Les Campanulées sont quelquefois annuelles ou bisan- nuelles; mais ordinairement ce sont des herbes vivaces, dont les tiges périssent jusqu’à la racine, ou bien s'en- durcissent jusqu’à une certaine hauteur, de manière à former de petits sous-arbrisseaux, comme on le voit dans les Roella , les Ligthfootia et quelques FF’alhenbergia, tous originaires du Cap, ou même dans le Canarina et le Musschia qui reste quelquefois bien des années dans nos serres avant de pousser ses rameaux herbacés. Presque toutes les Campanulees ont les feuilles alternes ; étroites et pointues dans les espèces du Cap; élargies et lancéolées dans les Européennes ; lobées, irrégulière- ment laciniées et même pinnatiséquées dans quelques autres originaires de l'Orient et de la Grèce. Le seul Canarina et quelques Lightfootia ont des feuilles op- posées; enfin quelques espéces à racine rhizomatique ont des feuilles radicales disposées en rosettes et très- distinctes des autres. Telles sont les principales observations de Mr. De Candolle sur les organes de la végétation; celles qui concernent F'inflorescence sont plus curieuses encore. Il distingue dans les Campanulées, d'après Mr. Du Petit Thouars ; trois ou quatre sortes de fleurs terminales, MONOGRAPHIE DES CAMPANULÉES. . 277 celles de la tige, celles des rameaux primaires, celles des rameaux secondaires, etc., et il remarque que, dans chaque rameau ou ramille, la fleur terminale paroït la première , et que chaque fleur terminale des rameaux inférieurs s’épanouit avant celle des supérieures : mais il avertit en même temps que ce mode d'inflorescence ad- met plusieurs modifications , que, par exemple, il ne peut avoir lieu quand la tige est uniflore ; que dans le Trachelium Cæœruleum et le Musschia où les ramifica- tions sont si nombreuses qu'on ne peut guère suivre leurs dernières divisions, la fleuraison est simultanée pour toutes les fleurs terminales, lesquelles paroissent toujours avant les autres; que lorsque les fleurs sont ses- siles et forment un épi, comme dans les Campanula lhyrsoides , spicala , etc., où même encore dans quelques Phyteuma, la fleuraison commence par le bas et la fleur centrale du rameau axillaire se développe avant les autres ; que lorsque les fleurs sont en tète et qu'il y a plusieurs têtes, celle qui est terminale paroît la pre- mière ,-et ensuite les autres en commençant par le bas; enfin que dans la Canarina, dont les feuilles sont vérita- blement opposées et les rameaux dichotomes, la fleur terminale de l'axe central se développe la première, et qu’elle est suivie avec plus ou moins de régularité par les fleurs terminales des rameaux. En conséquence de toutes ces observations , l’auteur place les Campanulées parmi les plantes dont l'inflorescence est terminée ou définie se- Jon Rœper, puisqu’en effet la tige principale et les rameaux sont terminés par des fleurs ; mais il remarque avec beaucoup de justesse, que leur fleuraison n'est pas pour 278 te BUTANIQUE. cela centrifuge, puisqu'elle marche au contraire de bas en haut : il en conclut que ce mode d’inflorescence doit être classé parmi ceux que Mr. le professeur De Candolle comprend sous la dénomiaation d’inflorescence mixte , et qu'on peut le définir de la manière suivante : Inflorescence terminée centripète dont la fleur terminale, soit de l'axe, soit de chaque rameau, fleurit avant les fleures latérales de cet axe et de ce rameau. Le calice des Campanulées est un tube ordinairement divisé en cinq lobes, et sur lequel on peut distin- guer deux espèces de vervures; les carinales qui sont les plus marquées et partagent en deux chaque lobe; les sulurales qui manquent quelquefois et séparent ces mêmes lobes. Indépendamment de ces nervures, plu- sieurs espèces des genres Campanula et Symphysandre, ainsi que les deux Michauxia, portent des appendices, qui partant des sinus, recouvrent plus ou moins com- plètement Île tube du calice. Cette singulière production, dont le but n’est pas encore bien connu, mais qu'on peut observer tousles jours dans le Campanula medium ou la Campanule à grosses fleurs de nos jardins, forme autour du tube calicinal un feston continu qui le dérobe à la vue , et cache également les points de déhiscence des graines ; la corolle que l’on reconnoît dans la préfleu- raison, aux plissemens réguliers de ses lobes, est bleue daus le très-grand nombre des espèces, jaune sale dans le T'hyrsoides , jaune pourpré dars le Canarina , jaune d’or dans le Musschia, et nuancée de violet, de rose ou de blanc dansles Roellia ui les FF'ahlenbergia du Cap. Les étamines des Campanulées ont presque toujours MONOGRAPIIE DES CAMPANULÉES. 279 leur base dilatée en membrane triangulaire, et leurs anthères appliquées sur le style qui, vers le sommet, est recouvert de poils mous et duvetés. Ayant que les stig- mates soient épanouis, et même avant que la corolle soit développée, ces anthères qui s'ouvrent intérieurement, répandent en abondance sur les poils du style, un pollen jaunâtre formé de granules sphériques, liés entr'eux par des aspérilés qui recouvrent leur surface, et probablement encore par un enduit visqueux. Après qu’elle a répandu sa poussière, l’anthère se flétrit et s’é- carte du pistil ; ensuite le pollen qui recouvroit le style, disparoît avec les poils qui le retenoient, et l'on n’aperçoit plus que quelques petites massés'agolutinées et irrégu- lièrement dispersées , lorsque le stigmate étend ses trois lobes tapissés intérieurement de papilles semblables à celles qui distinguent en général les stigmates. On se demande alors comment s'opère la fécondation dans les Campanulées, et les réponses opposées des botanistes sur celte question, montrent que le problème n'est pas encore complétement résolu. Les uns, comme Du Petit Thouars, prétendent qu'elle a licu dans la co- rolle encore fermée, et qu’elle s'opère par les fentes des lobes stigmatoïdes entr'ouverts à cette époque; d'au- tres , comme Conrad Sprengel, croient qu’elle est due à des insectes qui transportent le pollen d’une fleur surles stigmates des fleurs voisines : Mr. Cassini suppose que la fructification pourroit avoir lieu sans fécondation préala- ble, comme dansles Courges de Spallanzani, ou bien que chaque fleur seroit fécondée soit par le pollen naturelle- ment transporté des autres fleurs, soit par la portion de 280 BOTANIQUE. surface du style où le pollen est accumulé. Notre auteur se contente de rapporter ces diverses hypothèses, en les discutant en peu de mots, etilen ajoute une dernière qui me paroît au moins aussi probable que les précédentes, savoir que , la fécondation pouroît avoir lieu, au moment où les poils collecteurs tombent avec le pollen qui les recouvroit. Quelle que soit celle de ces suppositions qu'on veuille adopter, et peut-être faut-il en admettre plus d’une, pour expliquer ce qui se passe dans des fleurs dont les organes fécondateurs sont différemment con- formés, toujours est-il vrai de dire que la nature ne s'est pas plus égarée dans celte occasion que dans les autres, puisque les diverses espèces de Campanulées ont régulièrement leur péricarpe rempli de graines fécondes, Une autre observation qui appartient entièrement à Mr. de Candalle, c’est l’arrangement qu'on remarque dans les poils collecteurs qui recouvrent la surface su- périeure des styles du très-grand nombre des Cam- panulées. Avant lui, on n’avoit vu dans ces pails que des assemblages disposés sans aucun ordre; mais il a constaté que ces poils, d’une nature singulière, étoient presque toujours distribués sur dix rangées ; que cinq correspondoient aux cinq intervalles que laissoient en- trelles les anthères appliquées contre le style , et que les cinq autres étoient placées au milieu même des anthères, dans les sillons formés entre leurs deux lobes. Cette explication est d'autant plus juste que lorsque les poils sont placés au-dessus des anthères, ou que celles-ci ne s'appliquent pas immédiatement contre le style, on n’a- perçoit plus de rangées régulières, MONOGRAPHIE DES CAMPANULÉES. 281 Le même observateur a remarqué une anomalie très-singulière dans la fleur des Campanulées. Je ne parle pas du nombre des loges, qui varie de deux à huit selon les genres, et qui, sans qu’on puisse y distinguer d’avortement, est tantôt de cinq, tantôt de quatre ou de trois dans la même espèce, par exemple, dans la Campanula medium ; mais j'ai en vue la position de ces loges relativement aux autres enveloppes, ou aux autres verticilles dont se compose la fleur, Dans presque toutes les plantes, cette position est déterminée et cons- tante pour chaque famille, ou au moins pour chaque tribu : ici, au contraire, les loges sont tantôt opposées et tantôt alternes aux lobes du calice. Ainsi, par exemple, dans le Campanula medium et dans le très-grand nom- bre des Campanulées, la cloison des loges qui devroit régulièrement, correspondre aux nervures carinales, est placée, au contraire, vis-à-vis des nervules suturales, ou des sinus du calice; ensorte que la loge elle-même est opposée et non alternes aux lobes du calice; au contraire, dans le Musschia, le Platycodon et le Mi- crocodon , les loges des capsules sont alternes aux lobes du calice, et les cloisons leur sont opposées ; cette der- nière disposition est la seule qui soit véritablement sy- métrique, puisqu’alors les quatre verticilles qui forment la fleur des Campanulées , sont successivement alternes et opposés, le premier opposé au troisième et alterne avec le second et le quatrième. Pour expliquer une aber- ration si remarquable , l’auteur a recours à une hypo- thèse très-ingéniceuse qu’il ne propose cependant qu’a- vec doute. Il suppose que la fleur des Cumpanulées est 282 BOTANIQUE. régulièrement formée de cinq verticilles , dont le troi- sième avorte dans le grand nombre des espèces et le cinquième dans les autres; ainsi, dans le Companula, medium où les loges sont opposées et non alternes au calice, c’est le troisième verticille qui avorte , un ver- ticille d’étamines qui manque et qui détruit la symétrie : mais dans le Musschia et les deux autres genres dont les loges sont alternes au calice, ce qui est l’ordre ré- gulier, c’est le cinquième verticille qui avorte, le ver- ticille central et intérieur aux loges ou aux carpelles. Mais cette hypothèse entraîne avec elle trois conditions également nécessaires; la première, que la fleur est pri- mitivement formée de verticilles alternes; la seconde que ces verlicilles peuvent avorter partiellement ; la dernière enfin qu'ils ne sont les uns et les autres que des organes analogues qui peuvent par conséquent se transformer mutuellement. En effet, dans les fleurs doubles de quelques Campanules , on voit un grand nombre de verticilles alternes et l’on n’en recontre jamais d’opposés. Les fleurs des Campanulées sont, tantôt sessiles, comme dans le glomerala, tantôt pédonculées comme dans le plus grand nombre des espèces; dans ce dernier cas elles restent souvent redressées, pendant toute la durée de la plante; mais souvent aussi elles sont inclinées dans le cours de la fleuraison ou de la maturation. Ces dif- férentes dispositions, qui sont en général constantes pour chaque espèce, ont sans doute un but déterminé et qui, quoiqu'il soit encore mal connu, se lie d’une mauière assez intime avec le phénomène de la dispersion dont il nous reste à parler. MONOGRAPHIE DES CAMPANULÉES. 283 Geute dispersion, dans toutes les espèces européennes à capsule penchée, a lieu par des valves placées dans la partie la plus élevée, c’est-à-dire ici à la base de la capsule ; au contraire dans les espèces à capsule redres- sée, comprises dans les genres Campanula, Phyteuma , Specularia, T'rachelium, Adenophora et Michauxia , ces mêmes valves se trouvent, tantôt à la base, tantôt au milieu, tantôt au sommet des capsules ; mais dans les Campanulées de l'hémisphère austral, et dans quel- ques-unes du septentrional, la dehiscence a lieu au sommet, el non sur le côté de la capsule qui se rompt en autant de valves qu’il y a de loges. Cependant dans toutes les campanulées, sans exception, les valves ou les portions de Ja capsule qui se replient de bas en haut pour favoriser la sortie des graines, sont toujours lo- culicides selon l'observation de Robert Brown, c’est- à-dire, placées sur les cloisons mêmes et non pas sur leurs parois, et elles mettent ainsi à découvert les deux loges attenantes, ce qui étoit sans doute le but désiré. Mr. De Candolle observe que la position de ces valves est tout-à-fait défavorable à la dispersion, puisqu’étant presque toujours situées dans la partie la plus élevée de la capsule ou droite ou peudante, les graines ne peuvent guère en sortir, que lorsque celle-ci est agitée par le veut: cependant comme elles en sortent toujours, il s'ensuit que l'effet est obtenu, et qu'il y a une grande convenance dans cet arrangement qui paroît, au pre- mier coup-d'œil, si peu avantageux. On peut supposer, par exemple, que les graines ne s’échappent ainsi de leurs loges que lorsqu'elles sont parfaitement mûres et 284 BOTANIQUE. détachées depuis quelque temps de leurs pédoncules : à celte époque, la capsule est éminemment élastique, et les semences sont ainsi lancées à une assez grande distance ; en confirmation de cette idée , j'ajoute que la déhiscence par le sommet a lieu dans un grand nombre de plantes, par exemple dans la grande famille des Caryophyllées , et que cette disposition dépend sans doute de la même cause. Mr. De Candolle observe, enfin, que dans le Musschia seul la déhiscence s'opère par une multitude de fentes placées horizontalement sur Je côté des capsules. En recherchant la raison de cet arrangement bizarre, il trouve qu'il étoit pour ainsi dire forcé, parce que, dans celte plante, comme nous l'avons déjà annoncé, les loges sont alternes aux lobes du calice, et que, par conséquent, les cloisons correspondent aux nervures carinales qui sont ici trop fortes et trop continues pour s'ouvrir en valvules; et c’est peut-être la raison pour laquelle , dans le très-grand nombre des Campanulées, les loges ont été disposées d’une manière différente quoique moins sy- métrique. Du reste, dans le Platycodon et le Microcodon, qui sont avec le Musschia les seuls genres où les loges alternent avec les lobes du calice, l’ouverture a lieu au sommet de la capsulé et non point sur ses côtés. Après ces diverses remarques et quelques autres en- core, aussi nouvelles qu'importantes, l’auteur passe à la partie botanique. Il définit ce qu'il entend parles Campa- nulées, désigne les rapportsde ces plantes avec les familles voisines, telles que les Lobéhiées et les Composées , etc. Il les divise en vingt-un genres, dont huit nouveaux, MONOGRAPHIE DES CAMPANULÉES. 285 et il distribue tout cet ensemble en deux sous-tribus; 1° celle des espèces dont la capsule s'ouvre au sommet, et qui habitent de préférence l'hémisphère austral ; 2° celle des espèces dont la capsule s’ouvre sur les côtés , et qui sont toutes originaires de notre hémisphère. Après avoir circonscrit très-exactement les vingt-un genres des Cam- panulées, l’auteur arrive à la description exacte et détaillée des espèces avec tous les synonymes qui leur appar- tiennent , l'indication des localités, l’époque de la fleu+ raison , la limite des stations, etc. Toute cette partie qui se distingue par l’exactitude des détails, est rédi- gée en latin pour la plus grande facilité des botanistes. Je ne suivrai pas Mr. De Candolle dans cette partie de son travail, qui n’est ni la moins utile, ni la plus facile. Je me contenterai de dire en terminant , que cette monographie est la plus complète de toutes celles que je connois, et qu'on y trouve autant de sagacité dans les discussions, que de clarté dans l’exposition des faits; qu'il y règne un ton de simplicité, et de mo- destie, qui est le caractère de la vérité, et qui intéresse vivement. Voilà l’auteur entré honorablement dans cette belle carrière que son père parcourt avec tant de gloire, et tout fait présumer qu'il ne tardera pas à s’y distin- guer. C’est là le vœu de tous ceux qui le conuoissent, et très-particulièrement celui du rédacteur. V. Prof. 23 juillet 1830: AGRICULTURE. GUIDE DU PROPRIÉTAIRE DE BIENS RURAUX AFFERMÉS ; par Mr. DE GASPARIN. Ouvrage couronné par la So- ciété Royale d'Agriculture en 1828. (Second extrait. Foy. p. 190 de ce vol.) Règle générale pour l'estimation de la valeur du fermage. D'après ce que nous avons dit, le prix numéraire du fermage , se compose de deux choses ; 1° de la quantité de denrées que livre le fermier,ce qui est le prix réel; 2° de la valeur vénale de ces denrées. Ces deux élémens étant confondus dans le prix du fermage, il est facile de se faire illusion sur sa valeur véritable, si l’on ne cherche pas d'abord à se faire une idée nette de chacun d'eux. Ainsi, dans l'examen du taux du fermage , il faut, 1° connoître le prix numéraire ; 2° connoître le prix vénal des denrées que produit le domaine, dans les deux an- nées qui ont précédé le bail, et dans celle de laquelle il a lieu; 3° faire un prix moyen de ces trois années, et di- viser le prix total par cette moyenne. L'auteur parle ici de trois années seulement, et non de dix ou de vingt, GUIDE DU PROPR. DE BIENS RURAUX AFFERMÉS. 287 comme le font les auteurs agronomiques , parce que le passé des fermiers ne s'étend guère plus loin , et que c’est toujours sur le présent qu’ils jugent l'avenir. C’est ainsi qu’on se fera une idée à peu près juste de la valeur du fermage , suivant les circonstances agri- 5 coles dans lesquelles on se trouve. Si cette estimation est faite d’après ces principes, les erreurs ne pourront pas être grandes , et tout propriétaire pourra ainsi ap- précier le mérite des propositions qui pourront lui être faites. Il faut bien se figurer cependant, que cette estima- tion ne peut servir que de renseignement, et qu'il ne faut pas en faire une base immuable. On risqueroit de manquer des marchés avantageux, si comptant trop sur une valeur qu'on regarderoit comme positive, on ne mettoit pas en ligne de compte la valeur d'opinion, qui influe tant sur toutes les transactions. En général, le fermier est placé pour passer un bail, dans une position bien moins avantageuse que le pro- priétaire. Celui-ci est censé connoître sa terre de longue main ; tous ses calculs sont prêts, ses renseignemens rassemblés. Le fermier, au contraire, n’a souvent eu que peu de temps pour son examen, et il faut qu'il se décide promptement, et souvent sur des données impar- faites. S'il a pour lui l'habitude de voir des terres et de les apprécier, il a contre lui la chaleur de la concur- rence , et les renseignemens inexacts que ses rivaux ne manquent pas de répandre. Les estimations peuvent être de trois sortes ; 1° esli- mation en bloc, d’après le prix ordinaire des fermages ; 288 AGRICULTURE. 2° estimation parcellaire , d’après la valeur de chaque terrain , ou de chaque genre de culture en particulier ; 3° estimation détaillée , d’après la valeur des récoltes moyennes. Toutes les fois qu’on le pourra, on tentera à la fois ces trois genres d'estimation, parce qu’on peut en com: poser un prix moyen, où les erreurs se balancent et se détruisent, Estimation en bloc. Elle a lieu, où par la comparaison de la cotte d'im- position du domaine à celle des terres voisines, ou par celle du montant de leurs baux. Dans les pays où le cadastre à été fait passablement , on peut se servir de x première méthode; mais dans ceux où il n’y a pas de cadastre , ou bien où ce cadastre a été fait avec négli- gence , on ne peut point compter sur cette base ; car souvent , c'est au moyen du bail, que les anciennes matrices ont été faites, et les circonstances de culture ayant tout à fait changé les proportions des terres en- tr'elles, les mêmes rapports n'existent plus. Voici la manière d'opérer au moyen de la cotte des impositions. On s’informe des terres qui sont affermées aux conditions les plus équitables, et de la nature la plus rapprochée de celles qu’on veut louer; du revenu réel qu’elles donnent , et de leur revenu estimatif dans le cadastre, On établit ainsi le rapport entre le revenu de la matrice de rôle, et le revenu réel ; on multiplie le revenu présumé du domaine qu'on possède par ce rapport , el F'on a le revenu réel qu’il doit donner. GUIDE DU PROPR. DE BIENS RURAUX AFFERMÉS. 289 Outre ce premier moyen d'estimation, qn doit aussi employer l'estimation en bloc, c'est-à-dire celle qui s’ob- tient en comparant entr'eux, et avec ce qu'on nous offre, les baux à ferme desterres de la nature la plus rapprochée de la nôtre , dont on puisse avoir connoïissance: Mais ces estimations en bloc ne peuvent guère se faire que dans les pays où les terres ont une graride uniformité. Si la nature du sol varie beaucoup, ou que les genres de culture soient très-différens et exigent des terrains qui aient des qualités spéciales pour chacune d'elles, on risqueroit de commettre de grandes erreurs en recou- rant à ce genre d'estimalion. Il vaut alors mieux recourit à l'estimation parcellaire, dont l’auteur traitera dans le chapitre suivant. Dans les cas mêmes où les terres ont lé plus d’unifor- imité, il ya cependant quelques circonstances qui peu- vent faire varier les appréciations. Ainsi, récolte-t-on des fourrages au-delà des besoins, ou est-on réduit à en acheter? Les transports au marché sont-ils plus aisés ou plus difficiles que ceux des terres prises pour point de comparaison? L’éloignement des marchés est une circonstance très-préjudiciable, et leur voisinage aùg- mente Île fermage dans une proportion beaucoup plus forte qu'on ne sauroit le croire, quand on est très- rapproché d’une grande ville; ear un fermier peut alors se livrer à des cultures jardinières qui rapportent un grand profit ; et qu'on ne peut comparer à celui des terres à ble. On voit que ; quoiqu'on fasse, il règne toujours quelque vague dans une estimation fondée sur ces genres de eüm- Sciences et Arts: Juillet 18330. F 2Q0 AGRICULTURE. paraison, parce qu'il est impossible de trouver des ob- jets semblables à comparer. Sa justesse dépend beaucoup. du jugement et de l'expérience de celui qui l’opère; rien ne supplée à cet égard à l'habitude et aux connoissances physiques. Estimation parcellaire. L’estimation parcellaire, ou celle qui consiste à esti- mer séparément toutes les différentes portions de terre d'un domaine, est surtout utile lorsque les cultures et les produits en sont variés. Un fermier se tire ordinairement beaucoup mieux d’une estimation parcellaire, que le propriétaire lui- même ; mais si on l’éloigne de son sol d'habitude , il y sera tout aussi novice, On conçoil que dans les pays où l’on n’a pas l'habitude d’affermer les terres en dé- tail, où les changemens de fermiers sont rares, et où l’on ne tient pas de notes exactes du produit de chaque lerre en particulier, il est très-difficile d'acquérir l'ha- bileté propre à une estimation parcellaire. Son appli- cation exige que pendant long-temps, on ait bien conuu et apprécié la valeur des récoltes de chaque nature de terrain. Si à cette première nolion on joint celle des frais de travail pour chaque étendue de terre donnée, on pourra estimer avec exactitude le véritable produit net des par- celles. Mais l’auteur ne conseille à aucun propriétaire de se livrer à ce genre d'estimation, s’il n’a ces con- noissances indispensables; il est le plus exact de tous GUIDE DU PROPR. DE BIENS RURAUX AFFERMÉS. 291 lorsqu'on sait le faire, mais il peut devenir le plus fautif, quand on n'a pas les connoiïssances nécessaires. Ainsi, entre deux terrains de même nature, mais dans des po- sitions un peu différentes , il peut y avoir une différence de valeur réelle très-grande. La culture à la bèche , et le meilleur emploi du temps des ouvriers, peuvent faire une différence énorme. Ce n'est donc qu'avec les plus grandes précautions qu'il faut établir les données fournies par ce genre d’ex- ploitation. Estimation detaillee par les recolles et les frais. L'estimation par le produit des récoltes, dit Mr. de Gasparin, est la plus sûre, et même la plus facile, quand on a su se préparer d'avance les matériaux né- cessaires. | Un propriétaire ne doit jamais faire de visites à sa ferme, sans remplir son cahier de renseignemens ; muni de ces données et du tableau de ses récoltes succes- sives , nous verrons plus tard comment il doit en dé- duire le produit de sa ferme. ART. 1" Évaluation des recolles par les semences. Quand la masse des terrains d’une ferme consiste en terres à blé, on peut arriver à des résultats assez posi- tifs, par la connoissance de la quantité de grains se- mée sur la ferme. Mais comme cette quantité varie d’un pays à l’autre , c’est la quantité de grains semée habi- tuellement sur une ferme sur un espace donné de ter- T 2 292 AGRICULTURE. rain, qu'il faut connoître , et il est facile de se pro- curer ce renseignement. La récolte produite par chaque mesure de semence, est une chose plus vague. On vous dira bien dans le pays , que Île grain multiplie cinq, six, ou sept fois; mais Mr. de Gasparin dit avoir prouvé, en vérifiant ces données, qu'elles manquoient en général d’exactitude. Les indications des fermiers, tenant à des souvenirs confus, sont moins des données exactes que des aper- çus vagues , dans lesquels la pente qu’a la nature hu- maine à exagérer les qualités de ce qu’on possède, entré toujours pour beaucoup. Cependant , il ne faut pas dédaigner tout à fait ce moyen d'estimation , dont Mr. Morel de Vindé, qui fait autorité en agriculture, assure s'être toujours bien trouvé. ART. 2* Estimation des récolles moyennes , par les pro- duits d'une ou de plusicurs récolles de la ferme. L'on restera ici dans levague, tant qu’on n'aura pas un état exact , et tenu pendant plusieurs années, du produit des récoltes diverses. Cependant, comme faute de renseï- gnemens positifs , il importe de s’aider de toutes les lu- mières, quelque foibles qu’elles soient, on pourra pren- dre les deux extrêmes des récoltes les plus fortes et les plus foibles, et en tirer une moyenne; car si les fermiers ne gardent guère le souvenir des récoltes annuelles mé- diocres, ils se rappelent fort bien les termes extrêmes, et il n’est pas très-difhcile de savoir d'eux le maximum et le minimum des récoltes d’une ferme. GUIDE DU PROPR. DE BIENS RURAUX AFFERMÉS, 293 Mr. de Gasparin sent, du reste, toute l'imperfection de ce moyen , et ne le conseille que comme auxiliaire, ART, 3° Estimation des récoltes moyennes, par des ré- sullats posilifs de plusieurs années. On arrive à des résultats beaucoup plus sûrs quand on a des notes exactes d’un assez grand nombre de ré- coltes; et ils seront d'autant plus sûrs, que le nombre des récoltes sera plus grand, En général on prendra dans ces notes, un nombre d'années qui soit multiple de la durée de l'assolement, puisqu’à la fin de chacune de ses rotations, toutes les terres de la ferme ont fourni toutes les natures de produits, Si l’on n’avoit qu'une seule rotation à soumettre au calcul , on risqueroit de commettre des erreurs considérables, à moins que l’as- solement ne fût très-long. Ce qui facilitera, au reste, les recherches que l'on aura à faire, c’est qu'il ne s’agit ici que des produits bruts, ART. 4° Du loyer des bätimens. Ici se présente une question importante à résoudre, Doit-on faire entrer dans les produits du domaine, Ja valeur locative des bâtimens, et sur quel pied doit-on les compter ? Pour la résoudre, il faut considérer que, quelqu’em- ploi que fit un fermier de son temps, il devroit se loger lui et sa famille, D'ailleurs ce logement provient d'un capital avancé par le propriétaire, et l’on ne met- 294 AGRICULTURE. tra plus en doute que cette jouissance ne doive être portée en recette. Mais le fermier ne peut être soumis qu’à un loyer analogue à sa position sociale, et ne doit entrer pour rien dans les dépenses de luxe du pro- priétaire. Il ne faut donc pas partir de la valeur réelle des bâtimens, mais de données qui varient selon les localités. Ainsi, dans le midi de la France, le prix du loyer d’une famille qui n’est pas opulente, est en général du douzième de son revenu. Ainsi, le fermier qui dispose d'un capital de douze mille francs, lequel doit lui rap- porter dix pour cent, taux moyen des entreprises in- dustrielles, aura douze cents francs de rente; et son loyer devra être compté pour environ cent vingt francs. Or, une ferme suffisante pour lui, coûtera dans le pays , au moins six mille francs de construction , et un entretien annuel de vingt francs. Ainsi, cette rente ré- duite à cent vingt fraucs, ne représente pas lout-à-fait ‘le deux pour cent de la valeur de cette construction : d'où l’on voit que les bâtimens de fermes sont une charge pour le propriétaire qui, au reste , ne fait que se trouver dans la position commune à tous ceux qui font bâtir dans une situation qui n’est pas favorable aux loyers. ART. 5° Réduction des produils , estimés en valeur nu- meéraire. Après avoir obtenu, par les moyennes que nous ve- nans d'indiquer, la quantité des produits bruts, il reste à les réduire à une mesure uniforme, celle de l'argent numéraire, GUIDE DU PROPR. DE BIENS RURAUX AFFERMÉS. 295 Nous avons dit que, lorsqu'il s’agit de louer une ferme, et non de l’estimer pour la vendre, ce qui seroit fort différent, on ne peut prendre pour base que les deux années qui précèdent le bail, et l’année dans la- quelle il a lieu. L'expérience prouve tous les jours, que le passé du fermier et sa prévision pour l'avenir ne s'étendent pas au-delà. On prendra donc les prix moyens de ces trois années, pour chaque espèce de denrée. On fera un tableau gé- néral du nombre de chaque espèce de récolte brute, que l’on multipliera par leur prix, et l’on aura ainsi la recette totale du domaine, Il ne s'agira ensuite que d'en retrancher le prix du travail fait pour obtenir les les récoltes. Continuation de l'estimation par les récoltes et les frais. La portion attribuée à l’ouvrier pour paiement de son travail, n'est pas une aliquote fixe du produit : elle est proportionnée à la concurrence de la demande. Le minimum de cette portion est le nécessaire pour la subsistance de l’ouvrier et de sa famille; mais le maximum n'a d'autre borne que le produit total du sol, qu'il est quelquefois bien près d'atteindre. Ainsi, l'Amé- ricain qui paie cinquante francs pour la propriété de dix acres de terre sur le Missouri, ne paie en réalité que trois francs pour le fermage d’un sol qui rapporte le triple de sa subsistance. Quand la concurrence sera aussi grande dans ce pays, que sur les bords de la Seine ou de la Tamise, au lieu de gagner trois fois sa subsis- 296 AGRICULTURE. lance par son travail annuel, il la gagnera à peine une fois. Dans les pays où il n'y pas de capitaux proportionés à l'étendue des fermes, on voit donc les profits des fermiers s'élever ; tandis qu’ils se réduisent au strict né- cessaire dans Îles pays bien peuplés, et où les fermes n’ont d'étendue que celle des forces d’un ouvrier et de sa famille. C’est là la circonstances sociale qui porte au maximum le taux du fermage. Nous appellerons profit du fermier, ce qui lui reste après qu'il a pourvu à sa subsistance et payé la rente au propriétaire. Ce profit n'est pas égal pour toutes les classes de fermiers. Ainsi, dans les pays à grandes fermes, il n’y a de fermiers que ceux qui ont le capital nécessaire à leur exploitation, et le taux de leurs profits est plus grand que celui des petits fermiers. La dépense du fermier se distribue en plusieurs par- ties ; 1° Le paiement du travail fait ; 2° L'intérêt du ca- pital d'exploitation ; 3° Le fermage du propriétaire. C’est pour arriver à cette dernière valeur, que nous voulons connoître les trois autres élémens. En suppo- sant que nous connoissions maintenant le produit brut, il nous reste à chercher les autres élémens pour arriver à estimer le produit net. ART. 1° De la valeur du travail fait sur une ferme. La masse de travail au moyen de laquelle une terre est mise en état de production, n’apparoîl pas toute sous la même forme. 11 y a du travail actuel, et du tra- GUIDE DU PROPR. DE BIENS RURAUX AFFERMÉS. 297 vail accumulé, Les auteurs agronomiques appellent le premier, capital circülant, et ils donnent au second le nom de cheptel. Effectivement, le cheptel consistant en outils et en bestiaux, ces outils ne sont que le pro- dait du travail des ouvriers qui les ont confectionnés, mis en réserve par le fermier. Quant aux bestiaux, ils ne sont également que la représentation des fourrages qu'ils ont consommés, et sans lesquels ils n’auroient pu vivre. Ainsi, le capital du cheptel tout entier, n’est que du travail appliqué à l'exploitation de la ferme. Le capital circulant sert donc à payer le travail ac- tuel, et qui doit être renouvelé chaque année; l’autre paie un travail fait, et dont la durée doit être de plu- sieurs années. Mais l’on sent que dans plusieurs genres de travaux agricoles, il y a des nuances insensibles, qu'on ne sait à laquelle de ces deux classifications de capital attribuer. On ne peut donc tracer entr’eux une ligne bien tranchée. D'ailleurs, quant à leurs effets économiques sur l'estimation du bail, une loi géné- rale la régit: c’est que les fermiers pour pouvoir con- tinuer à perpétuité l'exploitation du sol, doivent se trou- ver à l'expiration du bail, quant à leurs capitaux, dans la même position au moins, qu'ils étoient à son origine. Ainsi, les produits du sol, doivent entretenir le capital en état de service, et le reproduire à mesure qu'il se détériore; ce qui supposera pour le capital du cheptel, un renouvellement annuel, qui doit être, au plus bas, d'un douzième de sa valeur. Quant à la somme de travail employé sur une terre, elle dépend du genre de son exploitation. Ainsi, une 298 AGRICULTURE. petite étendue de jardin, peut occuper un homme toute l'année; tandis que dans le système de jachère, par exemple, un homme aidé de deux bêtes de travail cul- tive facilement dix hectares. Mr. de Gasparin examine donc la valeur du travail an- uuel, et du travail accumulé du fermier; 1° Dans les pays où la terre est employée à des cultures sarclées de végé- taux de commerce, plantes tinctoriales ,oléagineuses, etc. ; 2° Dans ceux où les prairies artificielles, ou les récoltes sarclées fourragères, occupent au moins un quart de la ferme; 3° Dans ceux où l’on a conservé le système de la jachère; 4° Dans ceux des fermes à pâturages, et où la culture n’est qu'un accessoire. 1.) Cullure sarclée des végélaux de commerce. Les jardins muraichers dans le voisinage des grandes villes, sont peut-être les terrains où la culture est pous- sée avec le plus d'activité. Mais l'on est encore sans renseignemens exacts sur l'ensemble et les rapports de cette économie, ainsi que sur la proportion à éta- blir entre les capitaux et les terrains. C’est un travail dont s'occupe maintenant Mr. Vilmorin; c’est dire que bientôt ce qu'il y a encore d'obscur dans cette branche de l’économie rurale, sera complétement éclairé. La Flandre est le pays de l’Europe où la culture des plantes sarclées a été poussée le plus loin. Un tiers de l'étendue des fermes est consacré, dans les environs de Lille, aux cultures da lin, du colza et du tabac. Le capital du fermier, qui doit représenter ce travail de la GUIDE DU PROPR. DE BIENS RURAUX AFFERMÉS. 299 ferme, y est de 256 francs par hectare, non compris le prix du fermage. Cette somme est répartie de la ma- nière suivante. Travaux annuels...................4 fr. 112 Achat d'engrais... .... sie « » 2H 124 Cheptel, 240 fr. par hectare, es deman- dent un entretien annuel de 5° au moins 20 fr. 256 A l’autre extrémité de la France, dans le midi, on trouve aussi des exemples frappans de culture des vé- gétaux de commerce. Le Département de Vaucluse et celui des Bouches du Rhône offrent à cet égard des positions agricoles très-curieuses à étudier. Dans l'assolement de garance , luzerne et blé, qui est le plus perfectionné de tous ceux où l’on intercale celle racine tinctoriale, les capitaux du fermier sont dis- tribués comme suit. Hravaux, ét récoltes .….suxb. mis. ufr.:10 28 nu du 139 Cheptel 200 fr. dont % ont. sacs 17 fr. 310 2.) Assolement avec prairies artificielles. Cette agriculture perfectionnée est celle que doit adop- tr tout fermier qui voulant sortir de la routine, se trouve dans une position où les achats d'engrais ne sont pas possibles à des prix convenables. La préférence accor- dée dans un pays, à la nourriture ani:nale sur la nour- 300 AGRICULTURE. riture végélale, conduit aussi à ce système. Enfin, l’é- loignement des villes ou des marchés, et ia difficulté de transport, amènent encore son adoption, par la facilité d'envoyer au loin les bestiaux qui en sont le principal produit. C’est cette agriculture qui domine en Angleterre et one. Elle est aussi in- 8 troduite en France, mais elle n’y a fait encore que des 7 q qui s'étend rapidement en Allema progrès bornés. C'est à ses développemens, que les agronomes les plus distingués, les Arthur Young, les Thaër, Pictet, Crud , Morel de Vindé, Yvart, Bosc , etc., ont consacré leurs ouvrages. C'est ce système, enfin, que la ferme expérimentale de Mr. Mathieu de Dom- basles a pour but d’acclimater dans les départemens du nord-est, C'est en se servant des données fournies par ces dif- férens auteurs, que Mr. de Gasparin croit pouvoir éla- blir de la manière suivante la répartition des capitaux annuels du fermier, dans ce système d’exploitation. VAN CLLn sr et EE res 17 ER TRES Cheptel 300 fr., dont le 12°........,.. 25 Par an, pour un hectare, non compris une année de fermage...... eus ré 4fel ra 3.) Cullure avec jachères. Le manque de capitaux et d'instruction, ainsi que la difficulté des communications, retiennent encore une partie de l’Europe dans cette dommageable routine. Ici le cheptel ne consiste proprement qu'en bêtes de tra- vail et en instrumeus d'agriculture, plus un petit nam- GUIDE DU PROPR. NE BIENS RURAUX AFFERMÉS. 3ot bre de bêtes de vente, destinées à augmenter la foible quantité d'engrais que produit ce système. Dans la cul- culture à jachère, nous aurons la répartition suivante de capitaux ; Travaux et semencés............... fr. 65 Cheptel 60 fr., dont le 12°...,.:... 3 fr. 70 Cette répartition est calculée pour le nord de la France, comme, par exemple, les environs de Provins. Dans le sud-est, ce capital de culture est augmenté par la concurrence des cultures industrielles, qui occupent beaucoup de bras et renchérissent le prix du travail. Mr. de Gasparin le porte, dans cette partie de la France, à 93 francs. 4.) Ferme en pâturages. Il n'y a pas ici un capital fixe : il dépend beau- coup de la nature et de la richesse des pâturages et du genre de soins que doivent recevoir les bestiaux. Ainsi en Suisse, un vacher ne peut pas soigner plus de dix à! douze vaches, tandis qu’en Auvergne, où l’on ne s'en occupe guère que pour les traire, il pourra en soigner d'avantage. Mais ce n’est plus par hectare, c’est par têle de bétail, qu'il faut ici faire le compte des travaux. Mr. de Fellenberg les estime comme suit, par vache : Travaux , soins du vacher, travail du fromager. ..... need. L'Fr, .3gshonet Fauchage, fanage, avt de 100 quintaux de foin..,....... se ir 35,3bnis Cheptel, 240 fr. dont le 12"....... 24,» » Fr. 92,50 c. 302 AGRICULTURE. C’est là le maximum des soins que l’on puisse donner à la vache suisse, calculée au plus haut prix moyen qu’elle puisse avoir. Maintenant si l’on se figure que le produit brut d'une vache d'Auvergne n'est pas de plus de 72 francs, on jugera quelle doit être la part de travail qu’on peut lui consacrer. 5.) Conséquences. L'auteur s’est efforcé d'indiquer en argent , les termes limites des frais de travail de chaque genre d’exploi- tation ; et quoique cela ne puisse indiquer la quan- tité absolue de travail nécessaire que d’une manière imparfaite , cependant il pense s'être plus rapproché de la vérité, en les indiquant en argent, que de toute autre manière. Sien effet il eût adopté pour mesure com- mune les journées de travail par exemple , celte mesure n’eût pas toujours été identique, puisque le travail fait dans une journée varie beaucoup suivant les ouvriers , l'espèce des hommes, et les pays. Cependant, dans l'usage qu'on pourra faire de ces données , il ne faudra pas perdre de vue que l'on trouve rarement, dans l'application, des cas aussi simples que ceux que nous avons posés, puisque, presque toujours, plusieurs genres de culture se trouvent combinés en- semble. Enfin l’auteur a considéré chaque système dans un état moyen, et il faut éviter d'en rien conclure de trop absolu. Il faut que l’habitude et l'expérience modifient . à cet égard comme en tant d’autres choses, les données absolues que la théorie est bien forcée d'admettre, parce GUIDE DU PROPR. DE BIENS RURAUX AFFERMÉS. 303 qu'elle n’est jamais, dans les sciences d'application , que la peinture d’un état moyen qui n'existe nulle part, mais autour duquel oscillent à de plus ou moins grandes distances , toutes les situations réelles. ART. 2° De l'intérêt du capital d'exploitation. Toute entreprise de culture suppose l’avance d’un capital. Le plus simple cultivateur, qui armé de sa bêche entreprend de mettre un sol en valeur, doit posséder au moins sa subsistance assurée pendant le temps de ce travail. Ce capital quelconque doit rapporter son in- intérêt, puisqu'il pourroit en rapporter un dans tout autre emploi. Cet intérêt doit représenter deux élémens divers entr'eux : 1° un élément de reproduction , soit prime d'assurance, pour que le capital se retrouve en- tier au terme de paiement: 2° l'intérêt proprement dit du capital, tel qu'on auroit à le payer à un prêteur. Cette prime d'assurance doit être représentée par une certaine somme , que le fermier doit économiser chaque année , afin de pourvoir aux pertes et aux détériorations de son capital circulant et du.chaptel; de manière qu'à la fin du bail, il puisse se retrouver dans la même position où il étoit en commençant. Sa fixa- tion dépend donc d’une juste estimation des risques que peuvent courir ces capitaux. Il n’est guère possible d’avoir des données exactes sur les risques que courent les récoltes d’un pays, sans avoir des relevés annuels des récoltes depuis une longue 8 suite d'années. Mais en général, l’auteur montre que les risques diminuent , à mesure que la culture est plus va- 304 AGRICULTURE. riée et plus riche, et que par exemple; Îa simple culture annuelle du blé avec jachère, est de toutes les exploitations la plus sujette à de mauvaises chanées. L'on conçoit que ces calculs doivent varier aussi prodi- gieusement suivant les localités. Mr. de Gasparin a calculé qüe dans le sud-est de la France , la perte du capital employé en avances pour les travaux, avoit lieu par les chantes d’intempéries ou autres, une fois tous les six ou sept ans en moyenne , et que par conséquent la prime d'assurance de ce capital ; devoit se porter, dans ce pays, à seize pour cent des frais, pour les terres cultivées avec jachère. Mais dans le nord , et dans l’est, moins exposés à ces sécheresses redoutables du sud-est, cette déduction doit être beau- coup moindre. En Allemagne , Thaër ne l'estime qu'à huit pour cent, puisqu'il porte à douze pour cent linté- rêt total du capital circulant, auquel il réunit la prime d'assurance. Le capital employé en achat d'engrais est moins ex- osé que celui des cultures, puisque pour qu'il fût perdu, il faudroit supposer que, peñdant la durée de l'activité de l’engrais, toutes les récoltes que l’on au- roit confiées au sol qui l’a reçu, auroient manqué. Mr. de Gasparin porte la prime d'assurance à attribuer à cette partie du capital, au plus à quatre pour cent. Il porte à huit pour cent celle à atiribuer à la partie du capital de cheptel destinée à acheter du bétail de reste pour les chances de mortalité ; à quatre pour cent, celle qui est destinée aux bêtes à Fengrais ,; qui courent moins de chances fâcheuses; à hait pour cent eelle des anunaux GUIDE DU PROPR. DE BIENS RURAUX AFFERMES. 305 de travail , et à douze pour cent celle de l'entretien et du renouvellement des instrumens et attelages. En moyenne il compte en bloc, huit pour cent d'assurance pour le capital entier du cheptel. Mais il a distingué les dif- férentes parties de ce capital, afin de mieux faire res- sortir que les déductions à faire pour assurance du ca- pital, sont d’autant plus fortes que la culture est plus mauvaise. En effet, dans une bonne culture le capital ést employé principalement en engrais, dont l’assu- rance est de quatre pour cent, ou en cheptel, où elle est de huit pour cent ,tandis que dans la culture àjachères, le capital est employé en bêtes de travail , dont l'intérêt est à huit pour cent, ou en instrumens, où il est à douze pour cent, et enfin en travaux annuels, où l'intérêt doit être calculé jusqu’à seize pour cent. Tels sont les tristes effets de la pauvreté volontaire à laquelle sont encore condamnés tant de terrains qui se- roient susceptibles d'acquérir une plus grande valeur. ART. 3° Profit du fermier. Le profit du fermier est partout un secret, peut- être pour lui-même; car il est bien peu d'hommes de cette classe, qui sachent, au moyen d’une bonne comp- tabilité, se rendre un compte exact des profits de leur culture. Ce que quelques-uns appellent profit, n’est autre chose que le salaire de leur propre travail et de celui de leur famille, Ce que d’autres entendent par ce nom, c’est le bénéfice des bonnes années , que l’on a pas ba- lancées avec les pertes des mauvaises. Sciences et Arts. Juillet 1830. vV 306 | AGRICULTURE, Mr. de Gasparin estime, que dans la plupart des pro- vinces de France, le profit réel, c’est-à-dire celui qui reste après le paiement du fermage, des travaux, de l'intérêt du capital circulant, est presque nul; et il n'en veut pour preuve que l’état stationnaire de la plu- part des familles de fermiers. Là où il y a du profit réel , c'est principalement dans les grandes fermes, où la con- currence des fermiers est moindre, et dans les pays où les cultivateurs possèdent de plus forts capitaux et sont plus éclairés. Certainement avec de l’activité, un bon système, un long bail et un domaine très-étendu, ilest possible de faire des profits ; maïs ce n’est pas le cas qui - se présente généralement, et il faut parler des réalités. Mr. de Gasparin pense donc que dans les pays qu’il con- noît, l’on sera au-dessus de la vérité, eu portant les pro- fits au taux ci-après. Du capi!al total de l'exploitation. , Pour les domaines de 100 hectares, et au-dessus sun 22 Mios Momcencis eu s RC DORREEO Ha fn. sa0 be iontegn ia votmeil..n fé 36 DS de Ne ef nt 0 Déni nt AR dés sie. dnslhos: on à Mahé uns de. dd fi . à Au reste, pour ne pas s’en tenir seulement à ce que l’auteur a pu observer dans un pays où les fermages sont assez élevés et les grandes fermes rares , il est néces- saire de répéter ces observations , en s’informaut, par exemple, de la situation des fermiers des environs , et de leur position stationnaire ou rétrograde. (La suite à un cahier prochain.) ARTS CHIMIQUES. FABRICATION DU VERRE POUR LES EMPLOIS OPTIQUES ; par Mr. FaRADAY. (Phil. Trans. 1830. Part. L.). (Second article. Voyez p. 211 du Cahier précédent.) © ——— Procédé de fabrication. 1) Les propriétés générales de transparence, de dureté, et d'un certain degré despouvoirs réfractifs et dispersifs, qui rendent le verre si précieux comme instrument d’op- tique , s’obtiennent aisément ; mais il y a une condition essentielle dans tous les cas délicats où l’on veut s’en servir, et qui ne s'obtient pas si facilement , c'est une gène. Quoique chaque partie d'un verre donné puisse être composition et une structure parfaitement homo aussi parfaite que possible en elle-même, cependant, sans celte condition, les verres n'agissent pas unifor- mément ; les rayons de lumière sont déviés de la route qu'ils devoient poursuivre, et le morceau de verre devient inutile, Les veines, ou queues, les raies, les couches que l’on aperçoit dans un verre d’ailleurs parfaitement bon, résultent de l'absence de cette égalité; ces défauts ne sont visibles que parce qu’ils courbent les rayons de lu- mière qui passent au travers, et ils proviennent d’une portion de verre qui a une puissance réfractive moindre, ou plus forte que les portions environnantes. V2 308 ARTS CHIMIQUES. 2) Lorsque ces irrégularités sont asséz fortes pour que leurs effets soient visibles à l'œil nu, l’on peut conce- voir aisément quelle influence pernicieuse elles doivent exercer dans Ja construction de télescopes et d’autres ins- trumens de semblable nature, où elles sont non-seule- ment augmentées plusieurs fois, mais où leur effet est de donner une représentation erronée de l’objet qu’on considère , lorsque le but qu’on se propose est d’exa- miner ce même objet avec la plus grande exactitude ; l’on trouve en effet que ces raies sont les défauts les plus nuisibles des verres destinés à l’optique. En outre, non-seulement les raies sont en elles-mêmes des occa- sions d'erreur, mais il y à toule raison de croire qu’elles ont rarement lieu dans un verre d’ailleurs homogène. Quelquefois , il est vrai, un grain de sable, en pas- sant au travers du verre et en s’y fondant, produit une raie d’une composition différente du reste de la subs- tance, et d’autres fois une bulle d’air qui monte, peut amener avec elle une ligne de matière pesante ou plus réfractive dans une portion supérieure qui est plus lé- gère et moins réfractive. Mais bien souvent aussi, le verre étant d'abord fabriqué puis réuni pour l'usage, les raies sont simplement les lignes de Ja jointure de deux différentes espèces de verre; et lors même que les raies seroïent recouvertes de manière à ne produire aucun mauvais effet, les autres parties n’étant pas sem- blables en tout, exerceroient une action différente sur la lumière, et le morceau seroit incapable de servir à la construction d’un télescope. Bien souvent encore un disque où l’examenle plus attentif ne faisoit apercevoir FABRICAT, DU VERRE POUR LES EMPL. OPTIQ. 309 aucun défaut, ne pouvoit, lorsqu'on en faisoit un verre de lunette, donner d'image nette, à cause des irrégu- larités qui existoient dans son ensemble et qui produi- soient un effet confus. Si tel est souvent le cas avec des verres qui approchent si près de la perfection, cel arrive bien plus fréquemment et à un degré plus fort avec ceux qui contiennent des irrégularités visibles. 3) Il ne faut pas s’imaginer que les stries , ou d’autres foibles différences, soient dues (pour nous servir d’une expression souvent en usage ) à des impuretés, Le verre qui compose, soit les stries, soit les portions environ- nantes, seroit également bon pour des emplois d'optique, s’il étoit partout semblable. C’est l'irrégularité qui cons- titue le défaut, et quant à cette circonstance, une com- position particulière est de très-petite importance. Comme un morceau de verre est toujours le résultat d’un mé- lange de matériaux de pouvoirs réfractifs et dispersifs différens, il est évident qu’il y a une période pendant sa préparation où les stries doivent exister. Le but n'est donc pas tant de chercher une différence de compo- sition, ou de découvrir les proportions que l'analyse montre dans des échantillons de verre dont la bonté est reconnue, mais bien de trouver et de perfectionner un procédé qui fasse dépasser la période des stries avant que le verre soit terminé et qui en prévienne une nou- velle formation. 4) I y a encore d’autres défauts dans le verre. Quel- quefois on dit qu'il est ondulé, lorsqu'il présente des ondulations dans sa masse ; mais ce n’est qu’une va- riété de ces irrégularités qui, lorsqu'elles sont plus 310 ARTS CHIMIQUES. fortes, constituent les stries et les lignes. D'autres fois on observe des apparences qui semblent indiquer une structure ou cristallisation particulière, ou une tension irrégulière des parties qui composent le verre. Ce dé- faut peut, nous avous de fortes raisons de le croire, s'éviter en recuisant soigneusement. Le verre contient quelquefois des bulles d’air, qui, lorsqu'elles sont pe- tites et nombreuses , lui font donner le nom de graine. L'on ne considère pas les bulles comme de grande im- portance dans l'usage du verre ; on les craint, à cause de leur apparence , lorsque le verre est exposé à la vue plutôt que lorsqu'on regarde au travers; elles agissent chacune comme une lentille convexe très-puissante mais très-petite, d'une substance raréfiée dans un milieu très- dense , ou comme des lentilles concaves doubles éga- lement profondes agiroient dans l'air; elles dévient donc rapidement les rayons qui les frappent d'un côté, ct occasionnent par là une perte de lumière comme le fe- rotent une égale quantité de taches opaques. Mais lors même qu'elles sont nombreuses, leur totalité ne peut être qu’une très-petite proportion du disque du verre requis pour un télescope, et cette perte de lumière est ordinairement de peu de conséquence. En pratique , on dit qu'elles n'occasionnent d'autre mal que cette perte d'une certaine quantité de lumière. 5) De tous ces défauts, le plus nuisible dans ses effets et le plus difficile à éviter, est celui de Firrégu- larité sous la forme de lignes de stries et d'ondulations. Ce n’est pas seulement un perfectionnement plus gramil que ce qui a ordinairement lieu dans ce genre de travail FABRICAT. DU VERRE POUR LES EMPL, OPTIQ. 311 qu'on veut obtenir, mais une perfection absolue , une homogénéité égale à celle de l'eau pure. Dans les deux genres de verre nécessaires pour faire un télescope achro- matique , savoir le crown ou plate-glass et le flint-glass, c'est ce dernier qui est le plus difficile à obtenir parfait et auquel par conséquent on a donné le plus d’atten- tion. La raison en sera évidente si l’on considère la com- position générale de ces deux substances. La différence exigée entr'eux dans les pouvoirs réfractifs et dispersifs peut s’obtenir à volonté en faisant attention à leur com- position ; et l’on s’est assuré que le crown ou plale-glass répond extrêmement bien pour l'une des variétés, et le Jlint-glass pour l'autre. Le crown-glass se fait avec de la silice, de la chaux, de l'oxide de fer, quelquefois un peu d’alcali et de pelites quantités d’autres matières: ces substances ne diffèrent pas beaucoup dans leurs pou- voirs réfractifs, et lorsqu'elles sont fondues, ne pro- duisent pas de fortes stries, même lorsqu'il existe de petites différences dans la composition des différentes parties du verre. Ce verre n’est pas un agent dissolvant très-puissant sur le creuset dans lequel il est fondu; de manière que lors même qu'il reste en contact avec lui pendant plusieurs heures, dans un élat fluide , il n’en dissout que fort peu, et la portion dissoute ayant un pouvoir réfractif peu différent de celui du verre lui- même , il en résulle proportionnellement moins de mal. La pesanteur spécifique des différens matériaux mis en usage n'est pas très-diflérente, de manière que les agens mélangés qui influent sur le contenu du vase, comme, l'ascension de bulles d'air, les courans ascendans et pre. :. ARTS CHIMIQUES. descendans qui proviennent des différences de lempé- _rature, sont chassés avec plus d'énergie , et la masse totale s'approche davantage de l’uniformité dans un temps donné, ou l’acquiert plus promptement qu’elle ne le feroit s’il existoit dans les matériaux qui la com- posent des différences plus fortes. 6) Les circonstances se trouvent à peu près les mêmes dans le plate-plass. Cette substance se compose essen- tiellement de silice et d’alcali; les autres élémens ne sont qu'en petite quantité. Son action sur le creuset est plus grande que celle du crown-glass; mais il est soumis à une seconde application de chaleur dans les circonstances calculées pour donner une température uniforme au con- tenu entier d’un vase , et on lui fait prendre la forme qu'il doit avoir de la manière la mieux calculée pour pré- venir le moindre mélange entre les différentes parties. 7) Avec le Jänt-glass il y a plusieurs circonstances complétement différentes. L’oxide de plomb entre dans sa composition pour la quantité d’un tiers de son poids, ou davantage, et donne par sa présence celte propor- tion du pouvoir réfractif et dispersif qui rend ce verre si précieux lorsqu'il est réuni au crown, ou au plate- glass. Cette propriété provient de l’action puissante que l’oxide de plomb exerce sur la lumière; il rend le verre aussi très-pesant, à cause de la grande pesanteur spéci- fique qui lui est propre ; il donne encore au verre une troisième propriété, savoir, un pouvoir dissolvant très- fort, Maintenant ces propriétés concourent malheureu- sement toutes trois à la formation des stries ; la plus petite différence de composition qui existe entre une ‘ FABRICAT. DU VERRE POUR LES EMPL. OPTIQ. 313 portion de verre et une autre, devient évidente à cause de celle qui a lieu entre les propriétés de l'oxide de plomb et celles des autres matériaux , et une variation qui dans le crown ou le plate-glass ne produiroit aucun effet sensible à l'œil nu , formeroit des raies très-visibles dans le flint-glass. Il est donc nécessaire que le mé- lange soit beaucoup plus parfait dans ce verre que dans les autres, et malheureusement toutes les circonstances tendent à ce qu’il le soit moins. L’oxide de plomb est une substance si pesante et en même temps si fusible, qu'elle se fond et se précipite en laissant les autres matériaux s’accumuler au haut du creuset ; les moyens qu'on emploie pour opérer le mélange de la compo- sition sont tellement imparfaits, dans les circonstances ordinaires, que le verre qui est au fond du creuset et celui qui se trouve au haut ont une pesanteur spéci- fique très-différente. Les chiffres suivans présentent le tableau de quelques résultats de ce genre ; les vases dont les échantillons sont provenus , ne contenoient qu'une profondeur de ce verre de six pouces; la cha- leur avoit été entretenue pendant vingt-quatre heures et la composition étoit faite avec les matériaux ordinaires. Verre Pris En} 3 38 3,30 3,28 3,21 3,15 3,73 3,86 3,81 3,31 3,30 haut du creus. Verre pris en bas du creus. Ces différences sont grandes, et choisies pour exem- Laog 3,77 3,85 3,52 3,80 4,62 474 4:75 3,99 3,74 ples ; mais il y a tout lieu de croire que le même état de choses a lieu, quoique avec moins de force, dans tous les vases de flint-glass que l’on fabrique de la ma- nière ordinaire, 314 ARTS CHIMIQUES. 8) Un autre exemple curieux de l'excès d’oxide de plomb qu'on trouve au fond du vase, se montre dans plusieurs de nos échantillons rompus verticalement : ils ont été ternis et altérés par des vapeurs sulfureuses, mais seulement au fond, où le plomb étoit abondant, et il n’y en a aucune apparence vers Île haut. 9) Pendant que le creuset est dans l’état qui a été dé- crit, il est évident que toutes les circonstances qui ten- dent à mêler le verre, comme les bulles d’air, les cou- rans, etc., forment des veines abondantes et très-fortes qui gâtent le verre, à moins qu'on ne les Lienre en acti- 7 élat auquel on parvient rarement dans le vase de flint- glass, si même on y parvient du tout. Mais lors même que tel seroit le cas, il y a une cause constante de dé- térioration, qui provient des fortes qualités dissolvantes que l’oxide de plomb donne au verre. Sous ce point de vue, le fAnt-glass surpasse de beaucoup le crown ou le plale-glass ; il est aussi, pendant une période de sa préparation, plus fluide ; il exerce par conséquent vité, jusqu'à ce que le mélange soit à peu près complet ; continuellement sur le creuset une action dissolvante très-forte , et occasionne cette irrégularité dans la com- position qui produit des siries, tandis que la portion comparativement légère qui est dissoute au bas et dans les côtés , et les courans ascendans dans les portions les plus chaudes du creuset , mélangent constamment celle partie détériorée avec Ja masse générale. 10) Les difficultés qui interviennent dans la fabrica- tion du fAnt-glass, pour des usages d'optique, parurent au comité, dont les membres ne comptoient parmi eux FABRICAT. DU VERRE POUR LES EMPL. OPTIQ. 315 aucun fabricant de verre, s'accroître à mesure qu'on diminuoit l'échelle sur laquelle les expériences avoient lieu. D'un autre côté, les énormes dépenses qu'auroient occasionnées des expériences faites plus en grand, le temps que chacune d'elles auroit exigé , et cependant le nombre qu'il en auroit fallu faire pour rendre celui qui auroit entrepris ce travail aussi habile qu’un ouvrier or- dinaire, et l'inutilité du verre qui en auroit été le ré- sultat, pour tout autre but que celui qu'on avoit en vue, ces raisons , dis-je, engagèrent le sous-comité à consi- dérer sérieusement la possibilité de fabriquer d’autres verres que ceux ordinairement manufacturés, qui pos- séderoient à la fois le pouvoir dispersif du flint-glass, la faculté fusible qui leur permettroit d’être parfaite- ment mélangés et remués, et qui pourroient être conte- nues sans subir d’altération, dans des vases de quelque grandeur qu'on Îles désirât. 11) L'on trouva, après plusieurs essais, que le borate de plomb seul et le borate de plomb avec de la silice, éloient des substances qui offroient une assez grande chance de succès pour engager à entreprendre une longue suite d'expériences. Le platine fat le métal qu’on choisit pour former les vases dont on devoit se servir pour la fabrication du verre ; on s’assura de la possibilité de former le borate de plomb avec des matériaux secs, et on vit que l'addition de la silice seroit avantageuse au verre qui résulteroit de ce mélange. La proportion de chaque substance fut calculée de manière à donner au verre la couleur, le poids, la dureté, les pouvoirs réfrac- us et dispersifs, ete. en même temps que le mélange con- 316 ARTS CHIMIQUES. servoit sa fusibilité nécessaire. Le platine répondit parfai- tement au service qu’on en attendoit, celui de contenir le verre; quoiqu'au commencement ce métal fût sujet à se gâter continuellement, on vit bientôt que ni le verre , ni aucune des substances qui entroient dans sa composition n'avoient sur lui la plus légère action. Enfin l’on parvint à former, avec ces matériaux, plusieurs espèces de verre capables, par leurs propriétés physiques, de remplacer le flint-glass dans la fabrication des télescopes, quelque- fois même , à ce qu'il paroît, avec avantage ; dès lors les expériences ont été continuées sans interruption. 12) La grande proportion d’oxide de plomb dans ces verres, demanduit une grande attention à toutes les cir- constances , car autrement il se formoit des stries, et même tout l'appareil étoit détruit. Pour celte raison, après un certain nombre d'essais sur leur composition, on adopta des proportions fixes, et l’on fit la plus grande attention à l'établissement d'un procédé qui donnoit des résultats constans. Maintenant je vais décrire ce procédé. 13) Le verre que j'ai principalement travaillé , est un borate de plomb silicé qui consiste en portions égales de silice, d'acide boracique et d’oxide de plomb. Les matériaux sont d’abord purifiés, puis mélangés, fondus et forment un verre grossier qui est ensuite fini et recuit dans un vase de platine. 14) Purification des matériaux.— Oxide de plomb. L'oxide de plomb dont on faisoit d’abord usage , étoit de Ja litharge; mais cette substance occasionnoit fréquem- ment la détérioration des vases de platine, à cause de l’existence de particules de plomb métallique, qui FABRICAT, DU VERRE POUR LES EMPL. OPTIQ. 317 s’alliant au platine rendoient ce dernier fusible. Lorsque le plomb rouge succéda à la litharge, le même effet eut encore lieu étant dû à la présence de particules de charbon et d’autres matières désoxidantes, D’autres im- puretés donnoient au verre une couleur encore plus foncée qu’on ne l’auroit imaginé d’après la quantité pré- sente ; cela s’est expliqué ensuite. Le carbonate de plomb se lrouva aussi impur. Finalement il fallut purifier tout l'oxide de plomb dont on vouloit se servir en le con- verlissant en nitrate, eten le cristallisant une ou deux fois suivant que Île besoin l’exigeoit. 15) Pour parvenir à ce résultat la litharge est d’abord lavée, procédé par lequel plusieurs particules noires, fer- rugineuses et carbonacées, sont séparées ; elleest ensuite dissoute dans de l'acide nitrique étendu, de manière à former une solution saturée chaude; l'opération se fait dans des vases de terre. On a essayé de la faire avec l’a- cide pur et avec celui qui l’étoit moins , et les résultats n'ont pas présenté de différence sensible : une petite quantité d'acide sulfurique ne fait pas de mal, et le sul- fate de plomb se dissout parfaitement dans le verre; mais nous avons toujours évité l'acide muriatique. Comme c'est la chaleur qui fait agir l’un sur l’autre, l’acide, l'eau et la litharge, soit qu’elle soit appliquée dans ce but, ou qu'elle provienne de la marche de l’action chimique, on trouvera que le liquide devient extrêmement trouble lorsqu'il approche de l’état neutre. On doit alors faire écouler la solution saturée chaude de la litharge qui est restée et du nitrate de plomb non dissout , et après on la laisse reposer quelques instans ; on verse encore le 318 ARTS CHIMIQUES. dessus du sédiment, et on laisse cristalliser dans un endroit frais. Avant que de laisser cristalliser le liquide , il faut l’examiner quant à son acidité : s'il paroît très- acide sur du papier de tournesol, il est au point qu'il faut; si non, il faut ajouter un peu d’acide nitrique ; car les cristaux de nitrate ont toujours été compactes et purs dans de semblables circonstances, et plus sé- parables de toute matière insoluble. 16) Au bout de dix-huit ou vingt-quatre heures, les bassins de cristaux doivent être examinés, et on versera la liqueur mère claire; on ôtera les cristaux des bassins et on les lavera à plusieurs reprises dans une quantité renouvelée chaque fois de la liqueur mère , afin que toute matière insoluble soit enlevée. Il y aura, en géné- ral, une portion de cette matière déposée; mais si le procédé a été suivi avec soin, les cristaux en seront tout- à-fait exempts. S'ils sont parfaitement blancs, ou d’un blanc bleu , il n'est pas nécessaire de les recristalliser ; mais s'ils sont jaunes, il faut les dissoudres dans l’eau, y ajouter un peu d'acide nitrique , et faire recommencer la cristallisation ; le nitrate des liqueurs mères et des la- vages doit être purifié par ces procécés répétés. 17) Les bons cristaux doivent être lavés dans trois où quatre eaux, afin d'enlever tout le dépôt qui pourroit rester. Mais pour prévenir une solution trop excessive du nitrate, les mêmes eaux peuvent servir pour laver plusieurs bassins de cristaux dont le lavage doit avoir lieu en même temps, en les faisant passer successive- ment d'un bassin à l’autre. Les cristaux étant ainsi épu- rés , on les égoutte, on les place au-dessus du bain de FABRICAT. DU VERRE POUR LES EMPL. OPTIQ. 319 sable , on tes remuc, on les sèche, et enfin on les met dans des bouteilles de verre. Au moyen de ce procédé on exclut beaucoup de fer et du sulfate de plomb; le nitrate purifié donne un verre infiniment supérieur en couleur à celui qui est préparé avec les oxides de plomb ordinaires, et il n’exerce pas la plus légère in- fluence sur le platine; son usage met fin à tous les ac- cidens et aux non-réussites qui résultoient de la pré- sence du plomb métallique dans l'oxide. 166 parties en poids doivent être considérées comme équivalant à une proportion de 112 parties de protoxide de plomb. _ 18) Acide boracique. L'acide boracique employé pour ces expériences, étoit de l'acide boracique pur, pris chez le fabricant, mais soigneusement examiné avant que d'être employé. On le rejetoit, à moins qu'il ne füt en cristaux blancs où d’un blanc bleu, propre, et par- faitement soluble dans l'eau; on s'assuroit de la pré- sence du fer au moyen du ferro prussiate de potasse et d'une goutte d'acide sulfurique , et de la présence d’au- tres impuretés métalliques avec une petite solution d'hy- drogène sulfuré. On en chauffoit une once ou deux, et on le dissolvoit dans un peu d’eau ; lorsqu'il étoit froid, la partie soluble en étoit séparée et on l’éprouvoit, pour voir si elle contenoit de l'acide sulfurique, avec quelques gouttes de nitrate de baryte et un peu d'acide nitrique. La présence de la soude se découvroit en faisant chauf- fer trois ou quatre onces dans l’eau chaude, en y sjoù- tant dix ou quinze gouttes d'acide sulfurique, et en bais- sant refroidir et cristalliser le tout; après quoi, on ex- prime l’eau des cristaux, on la concentre, on la fait 320 _ ARTS CHIMIQUES. encore cristalliser; puis on agit sur la liqueur mère ob- tenue la seconde fois au moyen d'alcool concentré , et on continue de laver avec ce dernier fluide , jusqu’à ce que tout soit dissout, ou qu'il ne reste qu’une partie in- soluble. Si cette dernière circonstance avoit lieu, on examinoit la substance insoluble pour voir s'il y'avoit du sulfate de soude , et si on en apercevoit une quantité sensible, on rejetoit aussitôt l'acide boracique. Le soin qu'on prenoit pour qu'il n’y eût pas d’alkali dans cet acide , tenoit à ce qu’on s’étoit aperçu de certains mauvais effets qui paroissoient provenir de sa présence. 19) Lorsqu'on reconnoissoit que les cristaux d'acide boracique étoient purs , 36 parties de leur poids étoient considérées comme équivalant à 24 parties ou à une proportion de la même substance à l’état sec. 20) Silice. — Cet ingrédient est dans l’état que l’on désire, lorsqu'il fait partie d’une combinaison for- mée de deux proportions de silice et d’une d'oxide de plomb. Jusqu'à présent la silice dont je me suis servi, aété le sable qu'emploient les fabricans de flint-glass pris sur les côtes du Norfolk, bien lavé et calciné; le silicate a élé obtenu en mélangeant deux parties du poids de ce sable avec une quantité de nitrate de plomb équi- valant à celle de litharge 15); le mélange se met dans un grand creuset de Hesse ou de Cornouailles , le- quel étant recouvert se place dans un fourneau où on le tient pendant dix-huit ou vingt-quatre heures, à une cha- leur rouge vive. Lorsqu'on sort le creuset, au bout de ce temps, son contenu se trouve un peu diminué de volume, il a prisune structure poreuse, et il a l'apparence du sucre FABRICAT. DU VERRE POUR LES EMPL. OPTIQ. 324 en pain: On ôte cette substance du creuset ; on enlève les portions extérieures et l’intérieur se place dans un mor: tier de Wedgwood où on le pulvérise avec soin ; la poudre qui en résulte se lave dans de l’eau, afin de Fob- tenir à uu état parfait de division ; puis on Ja sèche et on la conserve dans des bouteilles: Il faut prendre le plus grand soin pour éviter toute saleté, 24 parties du silicate , en poids, sont équivalantes à 16 parties, ou une proportion de silice et 8 de protoxide de plomb. 21 ) L'avantage de la silice, dans cet état combiné; dépend de la connoissance qu'on a acquise de la com- position de la substance , de sa pulvérisation compara= tivement facile, et de la facilité de sa fusion avec les autres matériaux. On peut objecter qu'il y a du fer dans la silice (aussi bien que dans la litharge, lorsqu'on en fait usage ), et les essais pour le faire disparoître n'ont été renvoyés que pour avancer lesrecherches sur un point encore plus essentiel, savoir sur un procédé ac- compagné de succès. D'après quelques expériences, je suis porté à croire qu'on obtiendroit de la silice pure ; en agissant sur le silicate réduit à un état de sépa- ralion très-fine, au moyen d'acide nitrique et d’eau; ou bien en prenant du cristal de roche. 22) Dans quelques occasions; je me suis servi de flint= glass pulvérisé pour obtenir de la silice, parce qu'étant déjà dans un état fusible, il doit posséder sur d'autre silice, l'avantage de former un mélange rapide avec les autres matériaux, On ne chercha pas à ôter l’oxide de plomb, non plus que Fl'alcali, ne supposant pas que la présence de Sciences et Arts. Juillet 1830. X 322 ARTS CHIMIQUES. ces substances eût de mauvais résultats, Une circans- tance frappante qui eut lieu, montre la nécessité de n’employer que des matériaux parfaitement purs. Le verre, lorsqu'il fut terminé, étoit d’un violet foncé, fait que nous aliribuames à la présence du manganèse dans le flint-glass; celle supposition se vérifia lorsque nous répétames l'expérience avec d'antres flint-glass, et ensuite avec celui de notre fabrication, dans lequel n'entroit point de mawganèse. Ce dernier n'avoit au- cuné couleur violette et le premier étoit aussi coloré que Île verre qu'on avoit d'abord obtenu. 23.) Il paroît par fà que ce verre, qui est très-pesant, le borate siliceux de plomb, jouit beaucoup plus que le flint-glass, de la propriété de développer les cou- leurs des substances minérales. Le flint-glass surpasse lai-même , à cet égard, le plate et le crown-glass. J'ai reconnu qu'il en étoit de même des autres verres pesans. Dans les cas dont il est question, le man- ganèse , qui ne donnoit pas au flint-glass une teinte sen- sible, produisoit une couleur très-prononcée, lorsque ce verre étoit fondu avec huit au neuf fois autant de verre pesant; car la proportion du flint employé n’étoit que {2 du tout. Ayant fait quelques expériences avec le fer, J'ai reconnu qu'il produit dans les verres pe- sans la même forte coloration; en sorte qu'il faut user des plus grands soins dans la manipulation, pour pré- server Lous les ingrédiens et le verre lui-même de toute tache. 24) L'emploi du flint-glass, même sans manganèse, étoit aussi sujet à objections, à eause de Faleali FABRICAT. DU VERRE POUR LES EMPL. OPTIQ. 323 qu'il contenoit, alcali qui, comme on l'a reconnu, produisoit de fàcheux effets, et rendoit le verre qui le renfermoit susceptible de se ternir. 25) Tels sont les ingrédiens qui sont entrés dans la composilion du verre pesant optique fabriqué en dernier lieu. La composition ayant été ainsi déterminée , les proportions et quantités de chaque substance doivent être mesurées avec soin à l’aide d’une bälance délicate et de vases parfaitement nets. Ainsi pour le verre formé de borate siliceux de plomb , qui doit contenir des pro- portions simples de chaque substance, on prendra 24 parties de silicate, puisqu'il renferme 10 de silice et 8 de protoxide de plomb: Ea proportion requise de ce pro- toxide est de 112; mais comme il y en a 8 dans le si- licate ; une quantité de nitrate de plomb comportant 104 de protoxide est seulement nécéssaire ; elle équivaut à 154,14 parties; là proportion d’acide boracique sec est 24, qui supposent 42 parties de cet acide cristallisé. Toutes ces doses, chauffées et soumises à leur action mutuelle, forment seulement 152 parties de verre, où environ : 154,14 üitrate de plomb, renferment 104 protox. plomb: f 8 Idem. °? [r6 silice. 42,00 acide boracique cristallisé... 24 acide bor. seé. 24,00 silicate de plomb....... DL. in dun me à %- Date - AL . 152 verre. Ainsi les proportions des diverses substances peuvent être aisément calculées pour une quantité de verre quelconque demandée ; si les doses ci-dessus sont prises X 2 324 ARTS CHIMIQUES. en onces, la quantité de. verre qu’on obtiendra sera d'environ 9 livres, (La suite au Cahier prochain.) © © 7 1) Nouveau cours de mathématiques élementaires. — MM. Reynaud et Nicollet, examinateurs de la marine, ont fait paroître dernièrement les deux premiers volumes d’un Cours de mathématiques à l'usage de la marine, comprenant les connoissances exigées pour être admis au grade d'élève de seconde classe, et qui doit se eom- poser de trois volumes in-8°. Le premier, contenant l'arithmétique et l'algèbre, en y comprenant les équa- tions du second degré et le binome de Newion dans le cas d’un exposant entier et positif, est rédigé par Mr. Reynaud , auquel on doit déjà plusieurs ou- vrages élémentaires de mathématiques estimés. Le se- cond, contenant la géométrie et la trigonométrie rec- tiligne et sphérique, avec quelques applications, est rédigé par Mr. Nicollet, qui y a introduit quelques in- novations intéressantes à étudier , et entr'autres une nou- velle manière de présenter la méthode dite d’exhaustion et les solutions qui en dépendent, en les ramenant à MELANGES. 325 la théorie du plus grand commun diviseur. Le troisième volume, qui paroîtra sous peu de temps et doit être rédigé aussi, à ce que nous croyons, par Mr. Nicollet, comprendra une statique appliquée aux machines em- ployées sur les vaisseaux. Il nous paroîtroit désirable que Mr. Nicollet joignit à ce cours des élémeus de la belle science dont il s’est le plus occupé et dont le marin est appelé à faire l'application dans les ouvrages de long cours, 2) Sur l’élat des sciences en Angleterre. — Mr. Bab- bage, Professeur Lucasien de mathématiques à l'Uni- versité de Cambridge , vient de publier un ouvrage qui a pour titre: Réflexions sur la décadence de la science en Angleterre et sur quelques-unes de ses causes (1). L'au- teur, très-distingué par ses talens et ses connoissances, et très-estimable par son caractère , a cru devoir y si- gnaler divers abus qui existent encore dans cette partie de l'Europe si remarquable à tant d’égards, sous le rap- port du cumul des places scientifiques, des intrigues: de coteries, etc. La plus illustre société savante d'An- gleterre s’y trouve vivement altaquée. L'ouvrage de Mr. Babbage présente un exemple frappant de la grande indépendance d’opinion qui se joint souvent chez les Avuglais au patriotisme le plus ardent. Il offriroit au besoin une nouvelle preuve des imperfections attachées (1) Reflections on the decline of Science in England and on some. of its causes, by Charles Babbage Esq. Londres, 1830. 1 vol, in-8 de 228 pages. 326 MÉLANGES. à toutes les institutions humaines, et il pourra être utile 2 A 1 . 0 . pour porter remède à quelques-unes. Mais il ne doit, selon nous, nullement effrayer les amis des sciences sur l’état réel de leur culture en Angleterre, ni surtout puire dans l'opinion publique à des institutions qui ont puissamment contribué aux progrès des lumières et de la civilisation. 3) Sel gemme qui décrépite au contact de l'eau. — Un échantillon de ce sel qui vient de la mine de Wie- liczka , ayant élé remis par Mr. Boué à Mr. Dumas, ce- Jui-ci a remarqué qu’en effet il décrépite quand on le met dans l’eau, et à mesure qu’il se dissout dans ce liquide, que la dissolution est accompagné d'un déga- gement de gaz très-sensible et plus considérable chaque fois que le fragment éprouve un craquement un peu fort, Ces craquemens, ou détonations, sont du reste assez forts pour faire vibrer le verre dans lequel on fait l’ex- périence. Mr. Dumas a reconnu que le gaz qui s'échappe est de l'hydrogène, peut-être un peu carboné, que le sel en fournit environ la moité de son volume et qu'il doit probablement la faculté de décrépiter dans l’eau à ce que ce gaz y est très-fortement condensé, Ce sel ne pré- sente pas de cavités intérieures appréciables ; seulement certaines parties sont nébuleuses, tandis que d'autres sont transparentes ; les nébulosités indiquent l'existence de cavités très-petites, probablement remplies de gaz: et en effet, de deux fragmens parfaitement égaux, l’un né- buleux, l'autre transparent, le premier donna un peu MÉLANGES. 327 plus de gaz que l'autre; mais ce qui est remarquable, , . . , A c'est que le transparent en donna aussi, quoiqu'il füt aussi limpide que du cristal. Il paroîtroit que c’est le . ’ Ll La premier exemple d’un gaz inflammable renfermé dans un minéral; du moins Sir H. Davy et Mr. Brewster, qui se sont beaucoup occupés de l'examen des subs- lances qui sont contenues dans les cavités des cristaux, n'en avoient point rencontré dans les minéraux qu'ils ont examinés. ( Ann. de Ch. et de Phys. Mars 1830.) 4) Chlore antidote de l'acide prussique.—Le numéro de mars des Annales de Chimie el de Physique renferme une lettre adressée aux Rédacteurs de ce Journal, par MM. Persoz et Nonat, et qui a pour objet la propriété que possède le chlore de neutraliser l’action de l’acide hydro- cyanique ( prussique ) sur l’économie animale. Cette propriété, qui avoit été déjà signalée par Mr. Siméon, et qui se trouve d'accord avec ce qu'indique la théorie , a été de nouveau étudiée et reconnue par les auteurs de la lettre dont il est question, Les expériences ont été faites sur trois chiens de moyenne taille auxquels on avoit instillé une goutte d’acide sur le globe de l'œil ; et afin de mieux apprécier les effets du chlore, on l’a admi- nistré à différentes périodes des symptômes, qui peu- vent être réduites à trois, savoir : 1° malaise général ; 2° tétanos; 3° respiralion interrompue. Le chlore mis en usage dans le cours de la première période, produisit un soulagement immédiat , et au bout d’une demi-heure l'animal étoit aussi vif qu'auparavant ; dans le cours de la seconde période, le rétablissement eut aussi lieu, mais 328 MÉLANGES. seulement au bout d’une heure ; les mouvemens convul- sifs persistèrent pendant dix minutes depuis que le chlore avoit été administré, Les deux mêmes chiens, soumis à une nouvelle épreuve le lendemain avec la même dose d'acide, mais abandonnés à eux-mêmes, périrent en quelques minutes. Chez un troisième chien la respiration étoit suspen- due depuis vingt-cinq secondes, l'animal alloit suc- comber, et cependant à l’aide du chlore , non-seule- ment on le rappela à la vie, mais on lui rendit toute sa force et sa vivacité ; mais ce n’est qu’au bout de quelques beures que cet effet salutaire fut produit. Il paroît, d’après queiques autres expériences des mêmes auteurs, que cette propriété du chlore provient de ce qu’il décompose l’acide prussique au milieu des liquides et des tissus vivans par lesquels il a été absorbé, et qu'administré d’avance et entraîné dans le torrent de la circulation, il neutralise complètement les effets de l'acide en le décomposant immédiatement. Les chlorures de chaux et de soude ne produisent point les mêmes effets que le chlore ; quant à celui-ci, il paroitroit qu'il peut aussi détruire plusieurs substances qui, introduites ou développées dans l’économie animale, y exercent si souvent une influence délétère , telles que Jes substances vénéneuses organiques , les miasmes où les virus qui occasionnent de si grands ravages. 5) Sur le procédé pour mettre l'or en couleur. — Nous avons précédemment (1) indiqué plusieurs procédés pour (1) Hs XL, Fe 84e MÉLANGES. 329 celte opération si importante dans l’art du joaillier. Voici de nouveaux mélanges indiqués par Mr. Castellani, que nous croyons devoir communiquer aux artistes. Acide muriatique à 22°.............. 10 parties, Mile de vittiol.:hirg nas. vo ee RAD" Acide boracique cristallisé. .....,..... 2 lotte nt nl date dois monte ver Autre. Muriate d'alumine acide et liquide..... 13 parties. Sulfate de soude cristallisé............ 4 Acide boracique cristallisé.....,....., 3 El te L'un dde os GG L'un de ces deux mélanges , avec 20 grains de mu- rate d’or, constitue le bain dont on a fait l'usage sui- vant. On prend un grand matras de verre luté au fond, on le place sur un fourneau circulaire, et on chauffe dans ce matras la solution, jusqu’au point de l’ébullition; alors on y plonge les bijoux, auparavant brossés et net- toyés ; on les suspend avec des fils d’or. Peu de temps après, on introduit un fil de cuivre qu’on laisse jusqu’à ce que l'or ait acquis une couleur foncée; alors on retire ce fil, laissant les bijoux dans la solution jusqu’au mo- ment où ils ont pris la couleur que l’on désire. Puis on les lave dans de l’eau chaude acidulée, avec un peu d’a- cide sulfurique ou d’acide acétique , pour enlever l’oxide de cuivre. En général il faut répéter l'opération ; plu- sieurs immersions sont préférables à une seule qui dure long-temps. 330 MÉLANGES. Ces mélanges ne servent que pour des bijoux qui contiennent un quart de cuivre, soit travaillés à dix- huit carats. Pour d’autres alliages il seroit nécessaire de varier les proportions des ingrédiens. Après plu- sieurs opérations, on peut revivifier le bain en y ajou- tant du muriate d’or. Si le fil de cuivre est oxidé, ou couvert d'une couche d’or, il faut le nettoyer ou le changer. Si l’on demande une couleur jaune intense, il faut que l'immersion soit fréquemment répétée et que l’on porte le fil de cuivre en contact avec le bijou. Si l’on demande une couleur pâle , la dernière immersion doit être au point de l’ébullition, et il ne faut pas faire toucher le fil de cuivre au bijou. Les objets bronzés et dorés par amalgamation peuvent être colorés par le même procédé, mais Mr. Castel- ani n’a pas encore déterminé pour ces objets, les pro- portions du bain. (Bulletin Universel; 'T. XI, 23 }. © 6) Sur un principe existant dans le sans, propre à ca- raclériser celui de l'homme et celui des diverses espèces d'animaux ; par Mr. Barruel. — Ce travail est surtout destiné à l'examen des taches de sang existantes sur les linges ou hardes dans les cas de meurtre, et à fournir des données suffisantes pour pouvoir prononcer si ce sang provient de l'individu qui a été tué ou blessé , ou du sang de quelque animal. Le sang de chaque “ ’ . . . . . . espèce d'animaux contient un principe particulier ; ce principe est fort volatil et prend une odeur qui res- semble à celle de la sueur de l'animal. Pour que ce principe se développe, il faut détruire sa combinaison MÉLANGES. 33 avec les autres principes du sang; l’acide sulfurique réussit très-bien à amener ce principe en liberté. Pour ôbtenir ce résultat, on n’a qu'à mettre queïques gouttes de sang dans un verre , ajouter un tiers ou la moitié en sus d'acide sulfurique , et agiter le tout avec un tube de verre: le principe odorant s’exhale tout de suite. De cette ma- nière on peut distinguer les différentes espèces de sang. Celui de l’homme donne une forte odeur de transpira- tion ; celui de la femme, une odeur semblable mais plus foible; celui du bœuf, une odeur de fumier de bœuf; celui du cheval, une forte odeur de fumier de cheval ou crottin; celui de brebis, une odeur de laine impré- gnée de suint; celui de mouton, une odeur analogue à celle de brebis, mélangée avec une odeur de bouc; celui du chien, l'odeur de la transpiration du chien; celui du cochon, une forte odeur de porcherie ; celui du rat, une odeur désagréable de rat. Il étoit important de rechercher, si avec des taches de sang appliquées sur des linges et desséchées, il seroit encore possible de distinguer le principe odorant de chaque espèce de sang. Mr. Barruel s’est assuré, par des expériences directes, que, pour peu que la tache de sang ait quelqu’étendue, il est facile de reconnoître avec quel sang elle est pro- duite, même après quinze jours, Il suffit pour cela de découper la portion de linge tachée, de la mettre dans un verre de montre , de verser dessus une pelite quan- tité d’eau , et de la laisser en repos pendant quelque temps. Quand la tache est bien humectée , on verse dessus de l'acide sulfurique concentré et on agite avec uu tube, L'odeur se manifeste immédiatement. Si l'on 332 MÉLANGES. a répété quelquefois ces expériences, il est impossible de confondre l'odeur du sang humain avec celle des autres animaux , et même après avoir expérimenté un certain nombre de fois, on parvient fort aisément à distinguer l’odeur du sang de l’homme de celle du sang de la femme; par ce moyen on sera à même de rendre d'importans services à la justice, dans les cas de suspicion d’homicide , et dans d’autres cas graves. (Annales d'hygiène publique et de médecine légale, Vol.} p- 267). 7) Traité sur le bégaiement. — Mr. Rodolphe Schul- thess, Docteur en médecine de Zurich vieut d'y publier en allemand , sous le titre de Das Stammeln und Stottern (x vol. in-8° de 212 pages), un traité fort savant et curieux sur la nature, les causes et la guérison du bégaiement et des autres défauts dans la manière de parler et de prononcer. C’est, à ce qu'il paroît, le seul ouvrage où cette matière soit traitée à fond. Il contient entr'autres le secret de la méthode américaine pour la guérison du bégaiement, et renferme beaucoup de considérations phy- siologiques sur la formation des consonnes et des voyelles et sur l'articulation des diverses parties dont se com- posent les langues. 8) Societé geologique de F'rance.— La formation des Sociétés scientifiques spéciales appartient exclusivement aux grandes villes, centres de civilisation où se trouvent réunis en nombre suffisant, des hommes occupés d’une même branche d'études. La science ne peut que gagner MÉLANGES. 333 à cette division du travail. Londres présente déjà plu sieurs Sociétés spéciales qui travaillent avec succès, telles sont les Sociétés Astronomique, Linnéenne, Géo: logique , et Paris en présente plusieurs pour l’Agricul- ture, la Médecine , l'Histoire Naturelle en général, etc. Elle n’en possédoit point encore pour la Géologie ; ce vide va être rempli par la formation de la Société Géo- logique de France. Mr. À Boué, secrétaire étranger de cette Société, a bien voulu nous communiquer quelques détails sur la forme et l'esprit de l'institution. Elle à pour but de concourir à l'avancement de la Géologie général, et particulièrement de faire connoître Île sol de la France, tant en lui-même que dans ses rap- ports avec les arts industriels et l’agriculture. Le nombre des membres est illimité ; les français et les étrangers en peuvent également en faire partie, sans aucune dis- tinction de membres honoraires où correspondans : chaque membre paie un droit d'entrée, fixé pour le mo- ment à 20 francs, et une cotisation annuelle de 30 fr., qui peut être remplacée par une somme de 300 francs une fois payée. La Société tiendra ses séances habituelles à Paris, de novembre à juillet ; mais chaque année , de juillet à novembre , elle tiendra une ou plusieurs séances ex- traordinaires en quelqu’autre lieu situé en France ou hors de France, qui aura été déterminé à l'avance. On . parle pour cette année d’une réunion à Strasbourg ou à Clermont. On comprend toute l'importance que peuvent avoir ces congrès géologiques européens , auxquels vise Ja Société : peut-être est-ce là le moyen de donner aux 334 MÉLANGES rechershes géologiques dans toute l'Europe , une marche uniforme qui hâteroit les progrès de la scienée ; on ÿ discuteroit les bases d’une nomenclature plus exacte, d’une démarcation plus précise des formations , d’une plus grande régularité dans la coloration des cartes géologiques , etc. Aucune Société dans l'Europe continentale, aucun journal périodique ne peut subvenir aux dépenses né- cessaires à la publication des grands Mémoires géolo- giques accompagnés de belles cartes. et de profils exacts et élégans ; c'est le vide que la Société Géologique de France , a pour but de remplir. Tout géologue, en en- trant dans cette association, pourra pour toujours ; où pour un temps, voir ses travaux publiés promptement; et presque sans frais comparativement à ce qu'il en coû-: teroit à des individus isolés. Les relevés géologiques résultant des travaux de la Société, pourront épargner aux Gouvernemens des frais considérables , et lui mé- rileront sans doute leur appui. Ces publications, dans le format in-4°, devront se faire sur le champ; chaque Mémoire sera imprimé séparément, avec deux pagina tions, l’une pour le Mémoire ; et l'autre pour le volume de la collection. De cette manière, il n’y aura pas de temps perdu , et la patience des auteurs ne sera pas mise à l'épreuve. Les Mémoires des membres seuls se= ront imprimés, et seront remis à leurs auteurs avec un grand rabais ; ils seront reçus dans toutes les Fangues, et au besoin, traduits aux frais de la Société. La Société publiera en outre un Bulletin contenant les procès-verbaux de ses séances, Fétat de ses finances, MÉLANGES. 335 les admissions de membres , l'annonce des ouvrages reçus, les principaux points des Mémoires qui auront été lus, et des discussions qui auront eu lieu sur des questions géologiques proposées à l'avance. Elle for+ inera une bibliothèque et des collections. La Société s'est constituée en juin ; elle comptoit à la fin de ce mois 120 membres, tant Français qu'étran- gers. | 9) Avis aux Sociétés d' Horticulture. — "Tous les ama- teurs de la botanique et de l'horticulture, connoissent quelques échantillons des magnifiques collections de Redouté, intitulées les Roses et les Li/iacées. Mr. Bos- sange , père, libraire (A Paris, rue Richelieu, N°60); ayant acquis l'édition et la proprité de res grands ou- vrages , et animé du zèle qui lui est connu poar l'hor- ticuliure, les offre à des conditions avantageuses aux Sociétés qui s'occuppent de l'avancement de eette aï- mable et utile science. La collection des Liliacées, se compose de huit grands volumes in-fol., contenant 486 fleurs, imprimées en cou leur, et retouchées au pinceau par les premiers artistes, les 486 mêmes fleurs imprimées en noir sur papier de couleur , et le texte sur grand papier velin; le prix (relié) est de fr. 4000; celle des Roses, se compose de trois vol. grand in-4°, contenant 168 roses, aussi imprimées en couleur et retouchées au pinceau, les mêmes roses imprimée en noir, sur papier de couleur, et le tout sur papier velin; le prix (relié) est de fr. 1000. Mr. Bossange offre aux Sociétés d'horticuliure ces deux collections payables parcinquièmes en r831,1832, 1833, 1834 et 1835. Si même une de ces Sociétés ne pouvoit affecter le cinquième de cette somme à chaque année de son budjet , àl feroit ce gui dépendroit de lui pour arriver à un arrangement satisfaisant. Il est à remarquer que les prix fixés sont dejà au- dessous de ceux qu'avoit établis Mr. Redouté. s 336 MÉLANGES. 10) Nuovo metodo per la riprodutione delle piante per marpotlo, da Ant, Piccioli, in-8°. Firenze 1829.— Mr. Piccioh , jardinier du Musée d'Histoire Naturelle de Florence , à remarqué que, lorsqu'on fait des marcottes en l'air, c'est-à-dire qu'on place autour de là branche éntaitée d’un arbre, de la terre humide et soutenue dans une vessie , la flexion que Île vent imprime à la branche, nuit à la formation facile des racines; il pro< pose, pour éviter cet inconvénient, d’ ‘adapter le long de la branche une petite baguette qui empêche cette flexion. 11) Gréle remarquable à Yeerdun. — Mr. Wartmann nous communique les détails suivans qu'il a reçus d'un correspondant d’Yverdun ? à la date du 29 juillet. « Le 28 juillet ; à 7 + h. du soir, un orage suivi d'une chute d’eau considérable et d’une grêle grosse comme des cerises, a éclaté sur Yverdun et les en- virons , avec accompagnement d’éclairs et de tonnerres. Le nuage venoit du midi; il a suivi la même direction jusqu’ à Neuchatel , en longeant la côte, dont les vignes ont élé ravagées. Le fort de l'orage à is vingt minutes, au bout desquelles : nous avons eu des amas de grêle de 4 à 5 pouces d'épaisseur. En un instant les rues et les jardins sont devenus des rivières. Les fruits ont consi- dérablement souffert, les plantations sont dévastées, la terre est jonchée de Hibee , des murs ont été renversés. On ne connoît pas encore tout le mal, mais ce qui est sous nos yeux suffit pour attester Le effets terribles qu’un orage peut produire dans le court espace d'ane demi-heure. » Demers me em Demmtertcéate ter tease ERRATA pour ce Cahier. su 27E, lg. vi Stenden Æseë Sreuden. . Delbis lisez Balbis. — 272, — dé Stemberg lisez Sternberg. SA ARR SRE RE LATE SR AS OU AR AR BAR AR AR ARR RE AR SAR ER AR RAR LRU AR LA BULLETIN D'ANNONCES. LITTÉRATURE. lu à la Société des Sciences Natit- relles de Soleure , par F. J. Hucr; Sacco, etc. Essar DE PHiLo- Président de cette Société. Un vol: SOPHIE THÉORÉTIQUE ; par Josera|in-8° de 378 p. , avec 2 cartes, 16 Gnoxes , Prof. de mathématiques|pl. présentantdes profils géologiq. , pures au Lycée I. et R. de Venise.|et 4 tableaux de hauteurs mesurées. Venise , 1828. x vol. in-8°, 338 p.|So/eure , 1830. Chez Amiet et Lu- tiger ; et Leipzig chez Fleischer. M. Virruvur Pozrtonis, etc. Aë- CHITECTURE DE M. Virnuve Por-| Essai SUR LES AVANTAGES D’UNE LION ; texte corrigé et collationé ÉDUCATION SPÉCIALE POUR L’ACRI- avec les manuscrits, avec les notes/cuzrure; par M. BrañQ, agro- de Poleni , les commentaires de di-[nome. Broch. 8° de 32. p. Paris , vers auteurs, et les remarques de 1830: Simon Stratico. T. IV, P. I. r vol. grand in-4° de 435 p. avec 19 pl.| Prospetto Srafisrico , etc. No- (V. l'annonce de cet ouvrage dans|tice statistique sur l’Hospice Royal notre T. XL ; p. 403). des aliénés de Turin, pendant l'an- née 1829, par le Dr. B. Trowréo, SCIENCES ET ARTS. médecin de cet établissement. Br. in-8° de 60 jp. Turin, 1830. TRAITÉ DES ROUES HYDRAULIQUES ET DES ROUES A VENT, à la portée] ÆEx4MEN DES PRINCIPES DÉ L'AD- des personnes qui connoissent les|MINISTRATION | EN MATIÈRE SANf- premiers élémens des mathémati-|fArRe, où réponse au discours pro- ques ; par L. M. P. Cosrs , capit.|noncé à la Chambre des Députés, d'artillerie , et ancien élève de l’E-[le 31 mai 1826 , par Mr. de Bois- cole Polytechnique. Broch.in-8° de|bertrand ; Directeur de l'Adminis- 160 p.avec une pl. Paris, chez Añ-|tration générale des établissemens selin. 1830. d'utilité publique; par N. CHeRvIN, D. M. etc. Broch. in-8° 136 p. Pa- NaTurmisrorischE ALPENREïSE.|rés , Juillet 1825. Voyagescientifique dansles Alpes, NS 0 — RAPPORT LU A L'ACADÉM. ROYALE PE MÉDECINE , DANS LES SÉANCES DES 15 MAI ET 39 JUIN 1827, au nom de la Commission chargée d’exami- uer les documens de Mr, Chervin concernant la fièvre jaune ; publié textuellement d’après l'édition de l’Académie , et accompagné de re- marques ; par le Dr. Chervin. Br. in-8° 112 p. Paris, juillet 1828. EXAMEN CRITIQUE DÉS PRÉTEN- DUES PREUVES DE CONTAGION DE LA FIÈVRE JAUNE, OBSERVÉES EN Esp4- &NE, Ou réponse aux allégations de Mr. Pariset contre le rapport fait à l'Académi: Royale de Médecine le 35 mai 1827 ; par N. CHERVIN, D. M. Broch. in-8°. 224 p. Paris, juillet 1828, ExAMEN nES NOUVELLES OPINIONS DE M. Le Dr Lassiz CONCERNANT LA FIÈVRE JAUNE , Ou réponse à la bro- chure de ce médecin sur les causes des épidémies en général , et plus particulièrement de celle qui a ré- gné l’an dernier à Gibraltar; par N. CuerviN, D. M. etc. Br. in-8° de 46 p. Paris, août 1829. Dr L'OPIN1ON DES MÉDECINS AMÉ- BICAINS SUR LA CONTAGION OU LA NON-CUNTAGION DELA FIÈVRE JAUNE, ou réponse aux allégations de MM. les Drs Hosack et Townsend de New-York , publiées l'an dernier dans la Revue Médicale , la Ga- zette de France , et le New-F. ork=" Enquirer ; par N. Cuervin. Br. 8° de 192. p. Paris , décembre 1829. Essar THÉORIQUE ET PRATIQUE DE PNEUMATOLOGIE HUMAINE , Ou Re-— cherches sur la nature , les causes et le traitement des flatuosités et de diverses vésanies , telles que l’extase , le somnambulisme , la magi-manie, et autres qui ont pour phénomène principal l'insensibi— lité, et qui ne peuvent s'expliquer par les simples connoissances de l'organisme ; par F. E. FonKm , Prof. de médecine légale , etc. à la faculté de Strasbourg. Un vol. in- 8° 251 p. Strasbourg, 1829 , prix & fr. | REVUE MENSUELLE DE L'AI«. Jour- nal d'Utilité Publique. 1r€ livrais. Bourg, juin 1830. Prix de la sous- cription , fr. 6 , pour 6 mois et fr. 21 pour un an, et par la poste 4 fr. de plus par semestre, TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites au COUVENT DU GRAND ST. BERNARD, élevé de 24q1 mètres, soit 1278 toises au-dessus de la mer, aux mêmes heures que celles qu’on fait à GENEVE. JUIL LEP Liré3o. Be |: . BAROMÈTRE THERMOMÈTRE HYGROMÈTRE. PLUIE |2 Ë ETAT : . = réduit à la température de 10° R. en 80 parties. à cheveu. NEIGE 3 à VENTS. DU CIEL. ss _|2 Qu mm aan pme nee me fu —". | en 24 heur. # 2 À em | Æ=|" ÉJobdumat| Midi |3hap.m. Joh.dum.| Midi |3h.ap.m. Minim. | Maxim. Jgh.m.| Midi | 3h. 6 |ghm.| Midi | 3h Üghdum.| Midi. (3h. ap.mf pouc. lig. dix. | pouc.lig. dix. | pouc. lig. dix. deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. Ï degrés | degrés | degrés. ë 1 A 21. o,9 21. O9 21. 0,7 + 7 © + 8, 5 + 8, o +4,0 +90 | 5 59 92 — 10 5.0. S0. À couvert | couvert couvert Ë . 0,4 + 0, 20. 11,2 D 2 9, à 9 6 0, 2 10, o KN 82 75 84 | N.E. s0. À sol. nua.| sol. nua.| sol. nua à À 20. 10,4 20. 10,) 10,5 5, o 5, 5 5 2 10, 7» 2 85 59 90 D iDa tt s.0. s.0. À sol. nu. sol: nua, sol. nua.} 4 10,1 TOR + 10,2 15 2 0, 6 He) 2, O ARC Ê 2 85 87 nei. li NE. N.E. NE. À brouil. neige neige 5 «10,9 Enr D 0, 5 0, g 1,7 3, 2 2,2 N 96 89 9: == es. | Ne. N.E. nÆ. À brouil. brouil. brouil. 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D 2,4 ss 253 . x 8, o 9 à 10, 9 2,10 11, D 82 80 9 sd les M) SA TR sol. nua.l sol nua.| sol. nua PE 2,1 + 2,1 20 9; à 10, 7 8, 7 2, 6 10, 6 83 82 1 eu Be es 4 LA Lie 20 | | Moyenne.} 21. 1,12 | 21. 1,15 | 21. 1,16 À + 6,97 | + 8.21 | + 8,20 | + 2,30 | + 9,07 À 84,00 81,90 | 81,94 |Eau33,58li.l1c.n.| 1e. 38 s.o. 5. 1 TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites à GENÈVE, auprès du Pont des Tranchées ; 406,91 mètres, soit 208,77 toises, au-dessus du niveau de la mer. Latitude 46°. 12°. Longitude, 15°. 16” de temps, soit 3°,49', à l’orient de l'Observatoire de Paris. AO UT11830. RE | A se re] Ü BAROMETRE THERMOMETRE HYGROMETRE PLUIE & À ETAT = où S 2 VENTS. : réduit à la température de 10° R. en 80 parties. à cheveu. NEIGE ao D'U"CI EL a me m Ê É 4h ie a —— à rene EEE DEP —— —— — cn 24h. SD sb 2 N É AL Fe HET à 1 RS À l 9 b. du mat. Midi. 3 h. après m. # 9h. dum. Midi. 3h.ap.m.| Minim. Maxim. # 9h. m.| Midi. 3h. @ !gh.m.| Midi. 3h. Égh. du m. Midi 3 h. ; c. lig. sei ig. sel li dix. | deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. | deg. dix. Ï degrés. (degrés. | degrés : | E pouc. lig. seiz. | pouc. lig-seiz. | pouc. lis. s g. dix g g. dix S 5 gré : A Ta | 20 art brune | Ea6. xre 5 |+19,6 +21, 7 |+1o, 5 |+22,2 À 82 vo Go Fe sol. nua.| sol. nua | | LE TT AIT Nes. 9 AT o Sr 25, o Tr 4 25 a 73 55 5r œ x * 224 1 al 1-3 À 557 ro: "C2 00, OMS CL 5 291 9 24, 5 13, 9 24,5 66 60 58 sol. nua. , - - Nu: HA Rs 6 7 é $ % 3 sol. nua.! clair sol. nua 23 I ot S 1h20 Mar. 14 11. 2 20, 7 22; ç Lo, 4 23, o 77 7x 68 Ê © à ee AREA 5 26. : / 26. » 6 48 13 sol. nua.| sol. nua.| sol. nua j | à Er ne © ni È ap ru np AE 2 Ü sol. nua.| couvert | couvert | 6 6 |27-1No., 4 10. 2 21, 4 19, 5 ES 29, 5 Fe 65 67 Pétal | 6 1 . 4 nd ) + > / e ] { , € 1.5 UE 16, 5 68 sol. nua.| couvert | sol. nua à | DZ "RRTO RTE GET 9- 7 Ty 9 LS RO} 16 RE) 90 5 sol. nua.! sol. nua.| sol. nua | Q F : EE 8 ) Sy = G ; ; a. : | 8e. 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À couvert | sol. nua. jee nua. » = © Es £ a À 5 ; } 7 ÿ UN 9 sol. nua.| sol. nua | 27 TOI MOMI 9. 8 8 8 17; O 17, o 111 1 JC) 19, 2 = |No;S:0% [MIN Oo, N.N.0. f sol. nua. me ue | 25 10.3 HD 7 10. 5 13, Oo 11, 8 11, 6 14, 0 A ONE | ox CAL, CAL, pluie G jo + El L 5: ë sol. nua. . nua. | 2€ se. TT. TOUS MIEL: A7) IF. 2 19, O 19, o 10, 3 19, 4 7,18 CAL. 50. S.0. clair 0 RUE 2 a Ÿ : tt | couver 1. nuë 30 1027: 0, 0627/0005 | 7 x 2 1), 2 15, o 9, 4 15, L == nos. | CAL, | So. NN.E. À convert |: A MERE z se 3835 jours À ; / a EDS Sel d . nua.| sol. nua&g , : y ; | 51 0.7 | + (0: 5 |27. 0 o 16, 3 15, 6 15, 8 17, 0 | ne 0.0. | x:N.E. À sol. nua.| s ë Cette valeur est la mo; { LUE D, Ne AE = = = ———+ lee me | ce, eee. mes = Rs MR 5e” oc Fe — 11on de 31. re £ F 4 < : T s »ntr a | Moyennes.£ 26.11.1,74 | 26. 10. 15,42 | 26. 10. 9,8* 2] 7187 | 66,42 63,39 | PL 31li,ro/12 n.| Vents septentrion. 32 Vents méridion... 49 ÉCHELLE CHROMATIQUE. | Lacca-rosea. Laque-rose. Verde-giallo-rossiccio. Vert-jaune rougeätre. (28 | Verde-giallo. Lacca-violacea. ACCa-TOSE Gr Vert-jaunûtre. (27 | Vert. Laqne-violette Laque-rose. Rancio-roseo. Rancio-verde. | Verde-rancio. | Verde-giallo. Orange-rose. Orange-verdätre. Vert-orangé. Vert-janne. Vert-jannätre. | l’erde-giallognolo. | Verde. | Porpora verdognola. Vert. Pourpre-verdätre. | Lacca-turchiniccia. 29 | Lacca-purpurea. 28 | Lacca-accesa. Laque-bleuâtre. Laque-pourprée. Laqne é /atante. | 27 | Lacca. Laque. 26 | Lacca-rancia. 25 | Rosso-rancio, | Rancio-rosso. Laque-orangée. Rouge-orangé. a — Orange-ronge. Ranc'o-rossiccio. a —©—— Orange-rougeûtre. [l Rancio. Orange. (13 | Giallo-rancio. Giallo-acceso. Jaune-orangé, —————————————— Jaune é-latant. Giallo. Giallo-chiarissimo. Jaune très-clair. (12 Celeste-giallognoto. Azur jaunâtre. Azur. | | | Janne. | | | Bleu-chiaro. Bleu-clair. (17 | Bleu. Bleu. Bleu-carico. Indaco. | | | | Celeste. | | Violetto. | Rosso-violaceo. | Ocria-violacea. | Ocria. Rosso di rame. Heu-fonce, Indigo. Violet. 3 Rouge violée Ocre-violette. Ocre. Rouge de cuivre. Fulvo acceso. Fauve éclatant. Fauve. Biondo acceso. Blond éclatant. | | | Fulvo. | [ Biondo d'oro. 4 3 2 | Biondo. ———_— Hands Blond. EE ——— —— — 1 | Biondo-argentino. Blond-argentin. ya sen) Eh phohone eme -pie. ARS ne 7 , at MON EE 1 AS neo -0Nrgaulons A cat. ec cathares pattes Mine = " hor lise PA LEA ITR re M. Jo oO) TTL nr PURES ER TPE AE ARR SL CO LEP POTODE ENS 4 MES 08 He 4 x gs + … etes A 10 nd mengethhiee-pen re mamie np _ ne ÿ yat os À 42 mn FES 4 1 A. } , (337) PE EME PES DEDITAVE BeRELTLEr PE RES EX PHYSIQUE. MÉMOIRE SUR LES COULEURS EN GÉNÉRAL, ÊT EN PAR- TICULIER SUR UNE NOUVELLE ÉCHELLE CHROMATIQUÉ DÉDUITE DE LA MÉTALLOCHROMIE A L'USAGE DES SCIENCES ET DES ARTS; par Mr. Léopold Not de Reggio. ( Communiqué par l'auteur). ; nt à de découvris en 1826 une nouvelle classe de faits äuquels je donpai le nom d’epparences électro-chimiques. Une dés principales expériences est la suivante : on dispose une pointe de platine au-dessus d'une lame de ce même métal, de manière qu'elle en soit éloignée d’une demi-ligne environ ; la pointe est placée vertica- lement au-dessus de la lame, et celle-ci est posée ho- rizontalement sur le fond d’un vase de verre ou de porce- laine. On verse dans ce vase une solution d’acétate de plomb, ensorte qu'elle recouvre non-seulement Ha lame de platine , mais encore de manière qu’elle s'élève à deux ou trois lignes au-dessus de la pointe. On met enfin la pointe en communication avec le pôle négatif d'uné pile, et la lame avec le pôle positif, et l’on voit, à l'instant où le circuit voltaïque est fermé, se former sut la plaque, précisément au-dessous de fa pointe, ane série d’an- neaux colorés semblables à ceux que l’on voit au centre Sciences et Arts. Août 1830. Y 338 PHYSIQUE des lentilles de Newton. Ce fait remarquable pour qui- conque l’observe la première fois, me conduisit à eu découvrir d’autres que j'ai publiés dans quatre Mémoires successifs (1). Je prévis, dès le premier moment, le partt que les arts pourroient tirer de cette nouvelle méthode de colorer les métaux; mais ce ne fut que vers la fin de 1827 que je commençai à m'occuper sérieusement de celte application. Je passe sur les premières tentatives, pour m'arrêter un instant sur les produits que j'obtins dans le courant de 1828 et que je présentai, au mois de novembre de la même année, à l’Institut de France. Ces produits consistoient en plusieurs lames colorées, qui attirèrent l'attention de cette illustre assemblée par la beauté et la vivacité de leurs teintes, par la précision de gradations. Cet art étoit suffisamment avancé pour prendre place leurs contours et la douceur de leurs parmi les autres, et il lui falloit un nom pour Île dis- tinguer; eéclui de melallochromie fut choisi d’après Île conseil de ces même savans de l’Institut. Depuis cette époque ,! J'ai beaucoup perfectionné ma méthode, et maintenant Îles résullats qui paroissoient auparavant très-satisfaisans, sont médiocres à côté de ceux que jobtiens. L'une des grandes difheultés étoit d'appli- quer des teintes uniformes sur des plaques d’une cer- taine étendue. En effet, mes couleurs étant produites par leffet de lames très-minces appliquées à la surface des métaux, on comprend la difficulté de conserver (x) Bibi. Unis. T. XXXIIT, XXXIV , XXXV, XXXVI. 4nnales de Chimie et de Physique T. XXXIV et XXXV. NOUVELLE ÉCHELLE CHROMATIQUE. 339 à une de ces lames la même épaisseur sur une surface plus étendue. Mais si les difficultés étoient grandes, l'art, non moins que la science, cxigeoient que je misse tous mes soins à Îles surmonter ; l'are parce qu'avec le secours des teintes uniformes il acquéroit une plus grande extension; la sciesice, parce que dans ces mêmes leintes produites par des lames d'une épaisseur parti- culière, le physicien trouvoit des matériaux propres à rechercher l4 nature et les propriétés des couleurs. Je n'entrerai pas maintenant dans tous les détails re- latifs à la méthode par laquelle on peut se procurer les teintes homogènes. Le principe des apparences électro- chimiques me semble désormais assez fécond en résul- tats pour mériter d’être développé dans un traité spécial. Ce tavail sera étendu, et je m'en occupe déjà en recueil- lant et en classant tous les matériaux qui doivent en- trer dans cette nouvelle branche de la physique, où j'exposerai en détail avec les autres méthodes de colo- ration celles qui sont relatives aux teintes uûiformes. Ét suffit ici d’avertir que l’on obtient ces teintes en substi- tuant des James planes à la pointe de platine qui sert à former les anneaux colorés. Le Mémoire actuel est destiné à un objet pius spécial ; J'ai disposé ces teintes homogènes dans leur ordre na- turel; elles forment ainsi une “chelle, ou gamme, que j'appellerai dorénavant chromarique, et qui est le sujet principal de ce travail. | La science n'entend jamais aussi bien son propre intérêt, que lorsqu'elle vise à un but utile en s’asso- ciant aux arts ; j'aimerois espérer que telle sera la di- Y 2 340 PH Y S:1 Q Ü FE rection de ces recherches : il est vrai que les artistes étant généralement étrangers aux théories de la physique pourront difficilement me suivre dans les questions que je dois traiter ; néanmoins , ce travail ne sera pas en- tièrement perdu pour eux, si j'ai réussi, comme je le désire, à traiter certains points, de manière à être com- pris par tout le monde. La formation de mes échelles chromatiques exige un temps passablement long et une main très-exercée à ce genre de travail; elles pourroient être, je crois, d’une uti- lité générale , et je regrette que leur construction ne soit pas assez facile pour qu'elles puissent être promptement répandues. J'aiessayé, et j'essaie encore de les faire imiter à l'huile et à l’aquarelle ; mais les essais qui ont été faits jusqu'à présent , me font craindre que les copies les mieux exécutées n'arrivent jamais à donner une idée juste des couleurs originales. Ces teintes disposées dans ordre de l'échelle, produisent un effet impossible à décrire : il est de la même nature que celui que produit sur Fo- reille une échelle de demi-tons exécutée par un organe vocal parfait, J'ai montré mon échelle à un grand nom- bre de personnes et particulièrement aux savans et aux gens inslruils qui m’honorent de leurs visites en pas- sant à Reggio ; le sentiment de tous est unanime ; tous éprouvent un grand plaisir à la vue de ces couleurs qui passent graduellement d’un ton à l’autre et dont Fhar- monie est telle, que l'œil qui s’en écarte y revient bientôt, attiré par le désir de jouir encore de ce spec- tacle. Je n'exagère point cet effet; je né fais que citer un fait exact, sur lequel je pourrois insister davantage NOUVELLE ÉCHELLE CHROMATIQUE. 341 sans craindre de tomber dans aucune espèce d'exagéra- lion ; telle est, qu'on me permette cette expression, la volupté qui règne dans. l'échelle de nos lames colorées, Echelle chromatique. Cette échelle est composée de 44 teintes, dont cha- cune est appliquée à une plaque d'acier. Le tableau ci-joint (1) représente les 44 plaques disposées sur la même ligne, l’une immédiatement au-dessous de l’autre; chaque numéro porte le nom de la teinte qui lui est propre. Ces teintes sont disposées suivant l’ordre des couches ou lames très-minces qui les forment. Ea cou- lear de la couche la plus mince est la première , et les couleurs produites par des couches de plus en plus épaisses sont placées à la suite (2), en suivant la même progression. Je ne puis me tromper dans cette dispo- silion, parce que les couches ou lames minces qui don- 1) Voyez l'Echellé Chromatique à la fin dn Cahier. (2) Les petits numéros entre parenthèses ont rapport à l'épaisseur des lames minces qui produisent les diverses couleurs. Ces nombres sont lirés de la table de Newton, on a seulement omis les fractions ; ce sont ceux qui appartiennent aux eouches minees d'eau. L'unité de mesure est un millionième du pouce anglais. Notre échelle commen- ceroil donc par une couche égale en épaisseur à quatre de ces unités, et se termincroit par une autre égale à trente des mêmes unités, en supposant que la puissance réfractive de nos couehes éleetro-chi- miques fût la même que celle de l’eau; elle est probablement moindre. En tout cas il est utile d’avoir ces nombres sous les yeux pour con- noître ; sinon l'épaisseur absolue , du moins l'épaisseur relative des lames minces qui recouvrent effectivement nos plaques d'acier. 342 PHYSIQUE. nent naissance aux diverses couleurs, sont toutes ap- pliquées par le même procédé électro-chimique. La pile, la solution, les distances, restent exactement les mêmes; il n'ya de variable que la durée de l'action qui esl très-courte pour la plaque n°1, un peu plus Jongue pour la seconde, et ainsi de suite, toujours plus longue pour les numéros plus élevés. D'ailleurs, plu- sieurs autres crilères viennent vérifier encore l'exactitude de la place qui est assignée à chaque teinte. Ces couleurs sont produites par des couches ou lames très-minces, analogues à celles qui produisent les cou- leurs des bulles de savons et des anneaux observés par Newton autour du point de contact de deux verres ou lentilles légèrement convexes. L'ordre de ces couleurs devroit donc se rapporter exactement à celui de mou échelle ; il s'y rapporte, en effet, mais pour s’aperce- voir de celle correspondance, il faut avant tout rectifier quelques équivaques auxquels ont donné lieu les an- ncaux de Newton, soit à cause de leur petite dimension, soit peut-être parce qu'ils ont été examinés avec quel- que prévention. Notre échelle embrasse l'étendue des quatre premiers auneaux ; elle est composée camme nous l'avous déjà dit de 44 teintes. du n° rau ro correspondent au É° anneau. Les du — 11 au 28 id. Ile teintes } du — 29 au 38 id, HIT [du — 39 au 44 id. LV: NOUVELLE ECHELLE CHROMATIQUE. 343 Principe fondamenta 1. On sait comment se forment les couleurs des lames minces autour du point de contact des verres de Newton. Au point qui laisse passer tous les rayons de la lumière transmise , paroît une lache obscure , qui reste telle , quelle que soit la nature de la lumière. Si la lumière in- cidente est blanche , à la tache centrale succèdent divers iris, où anneaux coucentriques ; si elle est homogène, c'est-à-dire formée d’une seule espèce de rayons, les iris se converlissent en anneaux qui sont de la couleur des rayons incidens, et qui sont séparés les uns des autres par des intervalles obscurs. Ces anneaux, quelle que soit leur couleur, commencent tous au même en- droit, c’est-à-dire là où finit la tache centrale : ils oc- cupent toutefois des espaces différens. Les anneaux vio- lets sont les plus étroits et les plus rapprochés ; les rouges sont les plus larges et les plus éloignés ; les anneaux de couleurs intermédiaires ont une largeur et occupent des intervalles moyens. Dans le cas de la lumière blanche , toutes les séries des anneaux homo- gènes se forment à la fois; ces séries se superposent les unes au-dessus des autres ; aucune couleur ne reste isolée, elles se mélangent toutes en diverses propor- tions ; et c'est précisément de ces combinaisons que naissent les teintes des couches minces que nous allons analyser sur notre échelle. Premier anneau. — Du r° x au n° 10. Notre échelle commence par la couleur blonde ; il ÿ 344 PHYSIQUE. en à quatre gradations. La première est argentine , les autres, 2, 3, 4, sont graduellement plus foncées. A la cou- leur blonde succède la fauve (x), il y en a trois numéros, 5, 6, et 7. Ce dernier se distingue par le nom de rouge de cuivre, à cause de l’analogie qu'il a avec cette couleur métallique. Le n° 8 est une acre, le 9 une ocre violacée, et le 10 un rouge de feu violacé. D'après Newton, le premier anneau serait composé de la manière suivante : Bleu, blanc, jaune , orangé, rouge. Je ne trouve pas le bleu, non plus que les teintes qui viennent après le blanc qui sont qualifiées jaune, et orangé. Il me semble qu’on peut aisément définir celles qui se trouvent sur l'anneau de Newton. Elles ont une toute autre essence que le jaune et l'orangé, et elles ne sont en réalité que la série des couleurs blondes et fauves de notre échelle mélangées ensemble, comme je le prouve directement en resserrant ces sept teintes dans un espace aussi étroit que celui qu'elles occupent dans le premier anneau de Newton. On voit paroître la même gradation jaune-orange qui succède au blanc dans cet anneau (2). Les couleurs blondes et fauves de l'échelle sont des teintes très-composées ; elles ont (1) Du latin fulvus, pour ne pas recourir à la périphrase couleur de lion qui seroit l'idée correspondante. (2) Le manque du &leu ne porte aucun préjudice à la théorie des lames minces : il me semble même qu’il en est une conséquence né- cessaire, Tous les anneaux homogènes commencent au mème endroit, c'est à-dire là où finit la tache centrale. Dans celle position Ja lame mince réfléchit des rayons de toute espèce et il en résulte le blanc NOUVELLE ÉCHELLE CHROMATIQUE. 345 ua cerlain feu qui dépend du rouge qu'elles contien- neut ; elles ressemblent un peu aux couleurs de l'or et du cuivre, et sont très-difficiles à imiter à cause de leur composition qui les éloigne, plus que les autres, des couleurs prismatiques. On les rencontre surtout dans la nature, 1° Dans les poils des animaux. 2° Dans les plumes de différens oiseaux. 3° Dans les fibres de certains bois secs, comme le noyer, le poirier, etc. 4° Dans les barbes des céréales, comme le froment, l'orge , le seigle, etc. 5° Dans la fumée qui se développe à l'extrémité de la flamme, | 6° Dans les décoctions de grains grillés, comme l'orge , le café, etc. 7° Dans la couronne qu'on observe souvent atitour de la lune, lorsqu'elle est nébuleuse , ou couverte de légers nuages. Les couleurs dont les nuages se parent, sont en pé- néral , Le noir ou la couleur cendrée , très-pure ; Le blanc ou la couleur cendrée très-claire ; La couleur de la fumée ou du café; Le rouge plus ou moins couleur de feu ; Le bleu très-foncé qui tend quelquefois au violet. sans aucune trace de bleu. Ce blanc succède immédiatement au noir de la tache centrale. Ce sera peut-être le contraste de ce blanc avec le aoëf qui aura fait illusion à l'endroit où s'opère la réunion des deux apparences contraires, 346 PHYSIQUE. Ces teintes sont précisément la série de celles du premier anneau, en y comprenant les deux premières du second. Les teintes de fumée résultent de la fusion plus ou moins intime des blondes et des fauves ; celles de feu résultent des n°8, 9, et 10 ; le bleu foncé pro- vient des n® 10, 11 et 12, qui sont les teintes les plus foncées de l'échelle, | Le premier blond est proprement la couleur des che- veux des enfans; il est digne de remarque, que cette teinte se renforce avec l'âge , exactement comme l'indique l'é- chelle en passant successivement aux nombres 2,3, 4. La parfaite ressemblance qui existe entre les premières teintes de l'échelle et celles qu'on remarque autour de la lune, lorsque celle-ci est entourée de nuages, mé- rite également d’être observée. Il paroît en effet qu'on peut expliquer ainsi définitivement cette apparence lu- inineuse. La réfraction et Ja diffraction ne produisent pas des teintes de cette espèce ; elles ne naissent que par le moyen des lames minces ; l’auréole lumineuse dont il est question seroit donc un phénomène produit par des lames minces. | Cette observation, combinée avec celle que les teintes présentées par les nuages dans leurs aspects variés, sont presque loutes comprises dans le premier anneau, nous couduit à une autre conséquence relative à la cons- ütution des vapeurs vésiculaires. On sait, d’après les mesures et les expériences de Newton, quelles sont les dimensions des couches d'air, d'eau et de verre, qui produisent les teintes des divers anneaux. Le rouge n°10, est la dernière teinte du premier anneau. L'in- NOUVELLE ÉCHELLE CHROMATIQUE. 347 digo , n°12, appartient au second, et l'épaisseur de la lame d’eau qui le produit par réflexion , est d'environ dix millionièmes de pouce anglais ; sachant donc, d’une part que les vapeurs vésiculaires sont formées d’eau, ct d'autre part, qu'elles ne réfléchissent et ne transmettent aucune teinte au-delà du n° 12, nous pourrons en con- clure que leur enveloppe n’est, en aucun cas, plus épaisse que de dix millionièmes de pouce anglais. Ce résultat me paroît être assez certain pour mériter de prendre place dans la science, Second anneau.— Du n° 11 qu n° 28. Cet intervalle commence au violet foncé n° 15, et s'étend jusqu'au rouge de laque n° 28; il comprend la plus belle de toutes les gradations. Bleu, Azur, Jaune, Orange, Rouge. Newton place une teinte verte entre l’azur et le jaune. Mon échelle ne présente aucune trace de vert, et avec quelqu'attention que j'aie examiné le second anneau de Newion, je n'ai jamais pu voir, à la place où de- voit se trouver le vert, autre chose qu'un blanc nuancé d'azur, qui correspond aux n°15, 16 et 17 de mon échelle. Il est vrai que dans le spectre solaire on passe du bleu au jaune au moyen du vert; mais les couleurs du prisme sont simples, celles des lames minces sont composées , et l’ordre dans lequel elles se succèdent ne se combine que très-imparfaitement avec celui du Spectre prismatique (1). (1) Le Prof. Ammici a bien voulu , d'après mes instances , examiner 348 PHYSIQUE. Mon échelle est développée de manière à ne pouvoir donner lieu à aucune illusion. L'intervalle compris dans le second anneau est totalement privé de vert; celte teinte manque également dans le premier ordre. De là la règle générale que, parmi les lames minces des deux premiers ordres , il n’en existe aucune capable de ré- fiéchir un peu de vert. Le résultat est singulier; nous en faisons la remarque avec l’idée qu’on pourra peut- étre en tirer parti dans diverses circonstances. En parlant des teintes du premier anneau , nous avons dit qu'elles s’éloignent plus que toutes les autres de l'essence des couleurs prismatiques. Les teintes du se- cond anneau sont, au contraire, celles qui s'en rappro- chent le plus ; elles conservent cependant des diffé- rences assez sensibles pour qu'on ne les confonde pas avec les couleurs simples du prisme; nous avons tou- jours devant les yeux le type qu’elles ont dans la na- ture , le ciel. Qui ne connoît l’aurore qui s'élève « Avec un front de rose , et des picds d’or » et qui se perd insensiblement dans l’azur de la voûte céleste ? Partons du n° 12 de l'échelle ; parcourons-là des yeux jusqu'au n° 28, et nous trouverons Îles teintes du ciel disposées exactement comme on les observe dans avec soin les anneaux de Newton avec tous les moyens qu'il a à sa disposilion ; sa manière de voir est exactement d'accord avec la mienne, puisqu'il n’a pas trouvé le bleu dans le premier anneau, ni le vert dans le second. Le témoignage de mon illustre ami et collègue étoit de trop de valeur pour que je n’en fisse pas mention dans cette eirconslance, NOUVELLE ÉCHELLE CHROMATIQUÉ. 349 le spectacle imposant de l'aube naissante. Cette suc- cession, nous l'avons déjà dit, est la plus agréable de toutes. Le second anneau de Newton n'en donne au- cune idée, parce que les couleurs ne sont pas, et ne peuvent pas être développées suffisamment ; comme l'effet le requiert. Les peintres se serviront , je crois, avec avantage de cette portion de l'échelle ; ils y verront l'image fidèle des plus belles teintes de l'aurore et ils sauront en tirer parti dans leurs compositions. Les phy- siciens ne manqueront pas de faire une observation ; c'est que dans les teintes du ciel il ne se trouve jamais trace de vert, absence qui, auparavant, n’auroit pas été peu embarrassante, mais qui maintenant s'explique très- bien lorsqu'on réfléchit que les teintes du ciel appar- tiennent au second ordre où il n'existe non plus au- cune trace de cette teinte ; on y passe du bleu au jaune au moyen d'une gradation très-foible jaune-azur, juste- ment comme on l’observe dans la nature. Les teintes produites par les vapeurs et les nuages appartiennent au premier ordre ; elles ont en général plus de feu que les teintes naturelles du ciel; maïs cette qualité ne peut pas st comparer à la metteté} l+ viva- cité et la variété, que déploient les teintes du -second ordre. Le moment de l'apparition du soleil n’est ja- mais aussi magnifique que lorsque l'air est parfaitement pur. Vers le soir, les basses régions de l'atmosphère sont toujours plus où moins chargées de vapeurs: Fair a perdu sa transparence du matin, et le coucher de Fastre du jour est accompagné d'une teinte de feu qui diminue de beaucoup la beauté tranquille du spectacle. Ce sont 350 PHYSIQUE, les vapeurs qui donnent au ciel cette apparénce en- flammée, par la propriété dont elles jouissent , de trans- mettre les teintes du premier ordre , lesquelles ont jus- tement cu caractère. Sans cette circonstance , la scène du coucher du soleil n'auroit rien à envier à eelle du lever de l'aurore. Les physiciens avoient déjà fixé leurs opinions rela- tivement aux couleurs du ciel. Es les expliquoient en effet en accordant à Fair la propriété de réfléchir les couleurs les plus élevées du spectre, violet, indigo, etc., et de transmettre les couleurs inférieures, le rouge , l’o- rangé , etc. (1). L'explication étoit juste, mais non com- plète. EL restoit à fixer la qualité précise des teintes , en indiquant l'ordre auquel elles appartiennent. Il restoit en outre à déterminer les accidens de lumière dus à la présence des vapeurs. Les considérations que nous venons d'exposer, suffiront peut-être pour remplir Fune et l’autre de ces lacunes. Troisième et quatrième anneaux. — Du n° 29 au 38, el du 39 au 44. Ces deux anneaux comprennent les teintes les plus riches en couleur (qu'on me passe cette expression ). Le premier anneau est remarquable par le feu et par l'apparence métallique de ses teintes ; le second se dis- tingue par la fransparence «1 la évacite des siennes; le troisième et le quatrième par la force et par la présence (1) Fenturi. Recherches physiques sur les couleurs ; Ch. ILE, p. 52. Modène 1867. NOUVELLE ÉCHELLE CHROMATIQUE. 351 de la couleur verte qui manque aux deux premiers ordres. Le premier vert paroît dans le troisième ordre au n° 32; il reparoit ensuite dans le quatrième ordre au n°41. Ces deux couleurs vertes sont également très-belles et peu différentes l’une de l’autre ; elles ressemblent beau- coup au vert de l'émeraade. Les teintes du troisième anocau ne se distinguent pas beaucoup de celles du qua- trième; la différence la plus marquée consiste dans la transparence qui diminue du troisième au quatrième ordre, Les couleurs comprises dans ces deux séries, abordent dans les trois règnes de la nature. Le règne végétal, ce- pendant , est celui qui semble les présenter en plus grande proportion. Les couleurs dominantes dans ces deux parties de l'é- chelle sont le rouge, le vert, et le vert-jaune : if n'y à proprement aucune espèce de Dfeu ; cette absence est con- trebalancéé par la présence du vert qui ne se trouve pas dans les deux premiers anneaux. On peut dire en quelque sorte que le bleu est propre à l'immense voûte da ciel, et le vert à la surface de la terre. Ces deux teintes sont dominantes dans la nature, mais leurs domaines sont sé- parés, et celle circonstance ne me paroît point atciden- telle, fl étoit nécessaire, je crois , que l'atmosphère füt composée des particules les plus subtiles pour qu'elles pussent être soutenues dans l’espace : la terre n’exi- geoit pas une composition aussi délicate. De là deux ordres bien distincts de particules ou de lames minces; les terrestres , plus grossières, capables de réfléchir les teintes vertes, et les aériennes plus subtiles et capables de réfléchir les teintes azurées. 352 PHYSIQ Û EË. Lois des couleurs changeantes. Newton avoit déjà observé que les couleurs de ses ati- nceaux changeoïent de place selon l'angle d'incidence sous lequel on les regardoit. Dans certains annéaux telle couleur qui, vue sous une incidence presque perpen- diculaire, paroît former un cercle donné, se dilate et occupe un cercle plus grand lorsqu'on la regarde obli- quement, Ces changemens sont beaucoup plus sensibles pour les anneaux extérieurs que pour les intérieurs. Unc obliquité de 40°, par exemple, suffit pour changer le ton d’une teinte du quatrième ordre, tandis que sous le même angle d'incidence, une coulear du premier ou du second ordre ne change que peu ou point. Il faut aussi mentionner l'effet de la réfraction qui est de rendre d'autant pius lents les passages d'une teinte à l’autre, que la substance qui forme la lame mince est plus dense, Cette loi rentre dans la première, parce que les anneaux produits par des lames plus denses ; sont intérieurs par rapport aux anneaux correspondans des lames moins denses , et les anneaux extérieurs sont justement toujours les plus changeans. Les couleurs de notre échelle proviennent des lames minces et ne suivent pas des lois différentes de celles des anneaux de Newton. Il me semble toutefois rela- tivement à la loi des couleurs changeantes, qu'il existe une anomalie dont on n’a pas encore fait menton. Les teintes sapérieures comprises entre le rouge n° 44 ct le jaune n° 24, se comportent régulièrement. En effet, en regardant ces teintes sous une certaine inchnaisorr, NOUVELLE ÉCHELLE CHROMATIQUE. 353 nous voyons le n°. 44 se changer dans le n° 45, le 43 en 42, et ainsi de suite, chaque numéro supérieur présentant l'aspect du numéro inférieur. Cette loi sub- Siste jusqu'au jaune n°21; depuis ce numéro le phé- nomène change. Les beaux jaunes 19 et 20 devienpent vert-azur; les jaunes plus clairs 18 et 17 se changent en rouge ; les azurs 16 et 15 deviennent jaunâtres, les bleus n° 14 et 13 ne changent pas; c’est là que finit l'anomalie, la loi se vérifiant de nouveau du n° 12 jus- qu'au n°1. L'expérience n'avoit pas encore indiqué cette diffé- rence ; Jen fais mention pour la première fois, en aver- tissant qu'elle échappe à læœil lorsqu'on cherche à lob- server sur les anneaux de Newton, peut-être à rause de leur étendue trop restreinte (1). L'anomalie existe pour la partie centrale du second anneau; e’est là où la lame mince réfléchit une grande quantité de lumière blanche ; et c'est le point le plus clair de notre échelle. Je prends note de cette circonstance, afin que les phy- siciens tai accordent l'attention qui lui est due, s'ils cherchent à approfondir ce point de la science, dans le- quel il faut probablement tenir compte des variations que subit la loi de la réfraction dans les grandes obli- quités, telles, par exemple, que celles auxquelles il est nécessaire de recourir pour expliquer dans les teintes des deux premiers anneaux, les changemens de ton auxquels elles sont sujettes. (1) Voyez à la fin la note addñionnelle. Sciences et Arts. Août 1930. Z 354 PHYSIQUE. Lxceptions à la loi des couleurs changeantes. Si les corps étoient composés de lames minces comme celles qui forment l'échelle chromatique et les anneaux de Newton, leurs couleurs ne resteroient pas les mêmes sous les incidences différentes, mais elles changeroïent toutes conformément à la loi que nous venons d’in- diquer. Dans la nature les couleurs changeantes sont en petit nombre, en comparaison de celles qui restent fixes; ce qui signifie, ou que les couleurs des corps dé- pendent en général d’un principe différent de celui des lames minces, où que ce principe est modifié dans son application, les corps n'étant pas constilués exactement comme l’exigeroit celte explication. Un petit nombre d'observations suffira peut-être pour fixer nos idées sur ce point qui intéresse beaucoup la théorie des couleurs. Couleurs chongeantes dans la nature. Nous avons dars chacun des trois règnes, des exem- ples de ces couleurs. Le règne animal surtout nous en présente de très-intéressans par leur nombre et leur beauté, tels que les ailes des papillons et des insectes et surtout les plumes de divers oiseaux. Qui ne con- noît les couleurs des plumes du paon, qui présentent tant d'aspecls variés et agréables. Dans cet exemple, comme dans les autres du même genre, la couleur qu’on observe ne provient pas d’une surface continue comme celle d’une lame mince seule ; elle est le résultat d’une multitude de fils ou de poils si bien adossés les uns aux autres qu'ils semblent former un plan parfait, quoi- qu'ils soient réellement composés d’une multitude de NOUVELLE ÉCHELLE CHROMATIQUE, 335 LI petites faces dont il faudroit connoître la posiion et l'épaisseur pour pouvoir leur appliquer avec succès la loi ordinaire. Le phénomène se présente avec tous les caractères des lames minces, mais il ne s'agit pas d’une seule de ces lames ; il y en a une infinité disposées daus l'ordre le plus admirable , il est vrai, mais de manière à compliquer le jeu de la lumière et à empé- cher de le suivre dans tous ses accidens. La couleur changeante qui se présente le plus sou- vent dans les plumes, est un beau vert de la force du n° 32. Le vert de ce numéro conserve presque toute sa vigueur jusqu'au 40° degré d'inclinaison ; près du 50° il présente l'aspect du n° 31 quiest une couleur pourpre revêtue d'une apparence verdâtre ; il ne reste plus aucune trace de la couleur primitive, qui est totalement changée en laque violette du n° 30. Le vert changeant des plumes commence à se me- tamorphoser long-temps auparavant ; près du 40° degré d'obliquité, il est déjà changé en une teinte violarée comme celle du n° 12. On ne peut distinguer Îles pas- sages intermédiares ; preuve indubitable que les faces des poils qui donnoient la couleur verte sous linci- dence perpendiculaire, ne sont pas les mêmes qui pro- duisent cette apparence sous l'incidence oblique. Le saut du n° 32 au n° 12 est trop brusque pour ne pas justifier celte conséquence. En tous cas les accidens des couleurs changeantes que présente la nature, méritent une étude spéciale. Je m'occupe actuellement à réunir ces couleurs, ce qui me paroît devoir intéresser la science sous d’autres rapports Z "» 356 PHYSIQUE. que sous ceux de l'optique ; j'invite les physiciens et les naturalistes à prendre en considération celte idée, et à m'aider de leurs moyens pour la metire à exécution. Couleurs non-changeantes. Nous avons dans la nature une multitude de couleurs qui correspondent à celles de l'échelle; mais ces der- nières sont changeantes et même extrêmement chan- geantes, tandis que Îles teintes naturelles ne le sont que daus les cas particuliers du paragraphe précédent. Fixons pour un instant nos idées sur le vert qui est la couleur la plus répandue : chaque brin d'herbe, chaque feuille est plus ou moins de cette couleur. Les verts de l'échelle, de quelqu’ordre qu'ils soient, deviennent rouges sous les incidence obliques; les verts des herbes et des feuilles ne donnent aucun signe d’une semblable métamorphose. Nous savons déjà que les changemens de tons aux- quels sont sujettes les teintes des lames minces, dimi- nuent à mesure que la densité de ces mêmes lames s’ac- croît. Si la substance dont se composent les herbes et les feuilles, étoit beaucoup plus dense que celle de l'eau, on pourroit dire que ces feuilles et ces herbes ne chan- gent pas sensiblement de teinte dans les incidences obliques à cause de leur excessive densité. Mais cette densité n'est rien moins que forte; elle n’atteint pas même à celle de l’eau; le phénomène doit donc s’ex- pliquer d’une manière toute différente, et comme il suil à ce qu'il me semble. Lorsqu'on applique le principe des lames minces à l'explication de la couleur des corps, on suppose que NOUVELLE ÉCHELLE CHROMATIQUE. 357 ces corps sont composés de lames analogues à celles que forment l'air et l'eau qui s'introduisent entre Îles verres de Newton. Les corps sont sans doute formés de particules très-subtiles; mais ces particules, ou groupes élémentaires, ont-ils la forme de lames ? Il ne le paroît pas; il semble qu’ils ont des formes ramassées comme cela résulte des principesde la cristallographie qui les regarde comme des cubes, des octaèdres , des tétraèdres , etc. La différence est grande et mérite un examen attentif. Prenons pour exemple l’une des formes les plus sim- ples, la forme cubique. Supposons la section d'un c m d de ces cubes faite dans le plan de réflexion de la lu- mière , et soit ab le côté ou la face sur laquelle tombent les rayons de la lumière incidente. Partant de l'inci- dence perpendiculaire om pour passer à l'incidence oblique pm, gm, ilest évident, abstraction faite de l'effet de la réfraction, que le dernier rayon soumis au jeu de l’interference seroit le rayon pm qui passe par l'angle a; il tombe sur la face inférieure cd au milieu m, et il arrive à l'œil en 0’, en se réfléchissant suivant la roule m0 tout autre rayon plus oblique comme gm tombe hors de la face 46; 1l rencontre la face verti- cale ac, et ne contribue en rien à la coloration qui dépend de la distance des deux faces ab et cd. Pour 358 PHYSIQUE. qu'il fût compris dans cet intervalle, il faudroit que la face ab se plongeät pour le moins jusqu’en a” du côté de la lumière incidente, et jusqu’en 8” du côté des rayons réfléchis. Mais comme elle se termine en à@ eten b, son champ de coloration reste nécessairement circonscrit dans les limites mp, mo'. Maintenant, L ° I “ L4 l'angle omp, dont le sivus est = ——, à cause du carré J abcd, n’attcint pas 27°, ouverture trop pelite pour qu'il s'y manifeste un changement quelconque de teintes. Si la réfraction qui précède tend, comme il estévident, à aggrandir le champ de la coloration, elle tend en- core plus à diminuer l'effet du changement des teintes; on peut donc regarder comme certain que les particules intégrantes des corps ne peuvent pas en général se prêter au jeu des couleurs changeantes ; à moins qu'on ne leur accorde une largeur très-grande , supposition qui est démentie par l’ensemble des autres observations. Après les réflexions qui précédent, il ne reste plus, il me semble, qu'un seul point à éclaicir. Une fois que l’on à admis que lechamp de coloration des molé- cules intégrantes est restreint dans des limites étroites, d'où vient, demandera-t-on, que les corps paroissent co- lorés dans tous les sens? En général les molécules ont dans les corps qu'elles forment par leur agglomération , toutes sortes de positions, et elles sont partagées , relati- vement à l'œil, en deux grandes classes, celles qui ontleurs faces tournées vers l'observateur, et celles qui lui présen- tent leurs angles. Les premières sont celles qui colorent les corps; les secondes qui, dans une position donnée de NOUVELLE ÉCHELLE CHROMATIQUE. 359 la masse, ne contribuoiïent pas à la coloration, y con- courent dans une autre position. En deux mots; l'œil est toujours dans le champ de coloration d’un nombre im- mense de particules; lorsque le champ d'une d'elles disparoît, celui d'une autre le remplace, et ainsi le sys- tème entier reste toujours coloré d’une certaine manière. Les arrangemens symétriques font seuls exception ; nous nous en sommes déjà occupés dans le paragraphe pré- cédent. Couleurs metalliques. Les peintres ne reconnoissent que trois couleurs pri- milives ; le rouge , le jaune et le bleu : c'est avec ces trois teintes qu'ils forment toutes les autres en les mé- langeant daus des proportions différentes avec le blanc et le noir. La nature présente dans les seules couleurs des lames minces une richesse beaucoup plus grande; portons par l'imagination la couleur d'une lame sur celle d'une autre; elle se mélange ensemble et l'œil reçoit l'impression d’une teinte nouvelle. Les combinaisons qui peuvent s'opérer de cette manière, sont innom- brables, et dira-t-on, il faut bien une si grande va- riété de couleurs pour qu’elles puissent correspondre avec celles que la nature nous offre dans ses trois règnes. Nous sommes bien de cet avis, mais nous ne nous dissimulerons pas une difficulté, c'est que plusieurs des couleurs naturelles et entr'autres celles des substances métalliques ressemblent bien peu à celles des lames minces. Où trouver par exemple le jaune de l'or et le rouge du cuivre? Les couleurs qui s'en 360 PHYSIQUE. rapprochent le plus, se trouvent dans les sept où huit premières teintes de l'échelle, où l'or peut prendre sa place parmi les couleurs blondes et le cuivre parmi les fauves; malgré cela la différence est trop sensible pour qu'on ne doive pas chercher à s’en rendre compte avant que de pouvoir se fier entièrement au seul prin- cipe des lames minces. Ce principe exige pour première condition que les molécules intégrantes des corps soient transparentes. I! est vrai que presque tous les corps, lorsqu'ils sont ame- nés à un certain degré de ténuité, se laissent traverser par la lumière ; mais il est également vrai que l'existence d'un seul corps parfaitement opaque et en même temps coloré, suffiroit pour qu'il fût nécessaire de rechercher un autre principe de coloration , outre celui de Newton qui n'est applicable qu'aux substances diaphanes. Dans mes Mémoires sur les apparences électro-chimi- ques, j'ai démontré que ces apparences ne sont pas produites exclusivement par l’un des pôles de la pile. Les apparences qui servent à former l'échelle chroma- tique sont dues aux élémens électro-négatifs de la solu- lion (oxigène et acide) qui transportés par le cou- rant au pôle positif, s'y étendent en couches minces et transparentes, desquelles naissent toutes les teintes de cette échelle. Le courant transporte au contraire au pôle négatifles élémens électro-positifs(tels que l'hydrogène et lesbases métalliques), et les dépose en couches qui ne pro- duisent jamais les couleurs des lames minces. On ne peut en aucun cas se tromper ; mais encore moins sur- tout dans les solutions de certains sels à base d’or et de NOUVELLE ÉCHELLE CHROMATIQUE. 36t cuivre, qui donnent des apparences négatives dont la seule couleur est toujours celle du métal qui sert de base. Ici on ne peut pas dire que la substance n’est pas encore réduite au degré d'amincissement nécessaire pour devenir transparente. Les couches électro-chimi- ques commencent, au pôle positif comme au négatif, par le premier degré de ténuité ; et si les couches du pôle positif produisent les couleurs ordinaires des lames minces, pendant que ces couleurs manquent compléte- ment à l’autre pôle où l'apparence se réduit à la seule couleur de la base métallique, cela signifie , ou que ces bases sont parfaitement opaques, ou du moins qu’elles ont une transparence tellement imparfaite, qu'on ne peut leur appliquer les lois générales qu’en faisant des dis- inclions importantes. Il reste prouvé en effet que les couleurs qui dépendent de la ténuité des lames, ne se dé- terminent pas sur toutes les classes de corps ; il n’y a que les substances doutes d’un certain degré de transpa- rence qui puissent les produire ; les substances métalli- ques sont Irop opaques pour cela. Ce fait est un fait posi- Uf qui doit être enregistré dans la science, indépendam- went de toute vue systématique. Or et tuivre. L'on né peut douter, dit Newton, que les couleurs de l'oret du cuivre n'appartiennent au second ou au troisième ordre (1). Il nous semble au contraire qu’on ne peut les classer que dans le premier, le seul qui renferme des (1) Optique. Liv. IT, part. LIT, propr. V. 362 PHYSIQUE. teintes d'une apparence métallique. Rappelons-nous que les premières couleurs de l'échelle ne sont point dis- tinctes dans le premier anneau de Newton , et l’on sera moins surpris qu'il faille rectifier la classification de ce grand physicien. Du reste, comme nous l'avons déjà dit, la ressemblance dont il s’agit est bien loin d’être par- faite; les teintes qui ressemblent le plus au jaune de l'or sont les couleurs blondes n° 2 et 3 ; mais elles sont évi- demment moins jaunes que l'or et en même temps plus composées; elles contiennent une dose de vert qui n'existe pas dans la couleur plus franche de l'or. Les feuilles d’or transparentes paroissent vertes lors- qu'on les regarde au travers du jour ; ce fait a été placé par plusieurs personnes dans la classe des phénomènes relatifs aux lames minces, à cause de Ja propriété dont ces lames jouissent de réfléchir une couleur donnée dans l'endroit même où elles laissent passer la couleur com- plémentaire. « Cependant » dirai-je avec un grand phy- sicien, «il ne se trouve dans les anneaux de Newton « aucun jaune qui ait pour couleur complémentaire le « vert. La couleur transmise est toujours le bleu , et ce « résultat est conforme à la construction que Newton à « donnée pour la composition des couleurs; mais ôtez « à ce bleu nécessairement composé, un certain nombre « de rayons violets et bleus que l'or peut absorber dans « sa substance , et il restera le vert (1).» C'est un fait démontré par un grand nombre d’obser- vations, que la lumière, dans son passage au travers des (a) Biot, Traité de Phys.T. IV, p. 127. \ NOUVELLE ÉCHELLE CHROMATIQUE. 363 substances colorées, est en partie absorbée et éteinte ; ce fait, non-seulement rend plausible l'explication de Mr. Biot, mais nous autorise de plus à supposer qu'il se fait pour la réflexion une soustraction analogue à celle qui a lieu pour la transmission. En effet si quelques-uns des rayons destinés à être transmis sont absorbés par la substance même de l'or, comment tous les autres rayons destinés à être réfléchis dans l’intérieur de la même subs- tance, en sortiroient-ils ? Si le phénomène est incomplet du côté de la transmission il le sera également pour la ré- flexion ; et il se formera une teinte nécessairement diffé- rente de celle qui provient des lames minces ordinaires, lesquelles sont transparentes au point de n’arrêter aucune espèce de rayons. Le blond contient, comme nous l'avons dit, une dose de vert qui ne se trouve pas sur le beau jaune de l'or ; il faut donc supprimer ce vert eu le supposant ab- sorbé dans la réflexion, etil en résultera une teinte qui se rapprochera beaucoup plus de celle de l'or, si elle n’ar- rive pas même à l'égaler. Le rouge du cuivre exige une: réduction du même genre. La couleur la plus rapprochée de ce rouge est le fauve du n° 7. Mais cette teinte contient une dose de violet qui n'existe pas dans le cuivre, et qui enlevée de la couleur composée, rendra la ressemblance, si non complète, du moins beaucoup plus parfaite. Notre dessein n'est pas d'entrer ici plus avant dans le fond de la question, et de rechercher les causes qui font que les corps colorés absorbent dans leur substance certaines espèces déterminées de rayons plus vite et 364 PHYSIQUE. plus facilement que d’autres ; le fait est prouvé, et il n’est pas nécessaire d'aller plus loin pour atteindre notre but qui étoit de découvrir d’où venoit la grande différence qui existe entre les couleurs métalliques et celles des lames minces. | (La fin au prochain cahier.) DEEE EE DB E- EDGE REP ERBES ESP EX MÉTÉOROLOGIE SUR LES CIRCONSTANCES ET LES CAUSES DES ORAGES DE GRÈLE ; par DENISON OLMSTED , Professeur de Ma- thématiques et de Philosophie Naturelle au Collège d'Yale (x). (American Journal of Science, Y. XVI, N° I. Avril 1830.) 000 Les averses de grêle se présentent sous deux formes très-différentes. Quelquefois elles se forment uniquement de gouttes de pluie gelées, et ne sont accompagnées d'aucune apparence extraordinaire ; elles s'expliquent alors aisément par la supposition que l'air est devenu, dans ce moment, plus froid que la région des nuages, et que les gouttes de pluie se sont cougelées en le tra- versaut. Mais dans les averses dont nous cherchons (x) Dans la ville de New-Haven, Connecticut. CAUSES DES ORAGES DE GRÊLE. 365 actuellement à pénétrer les causes mystérieuses, les gré- lons sont de grandes, et quelquefois d'énormes dimen- sions, et leur chute est accompagnée des phénomènes les plus frappans et les plus sublimes que nous offre la nature. Sans parler de plusieurs relations où il est fait men- tion de grélons dont les dimensions surpasseroient tout ce qu'il est possible de croire (x), nous avons des docu- mens authentiques constatant l'existence de grêlons qui avoient plus d'un pied de circonférence (2), et chaque année il en tombe de plus gros qu'un œuf de poule. L'explication de ces chutes de grêles extraordinaires, est considéré comme un des problèmes les plus diffi- ciles de la météorologie. On trouve peu de choses sur ce sujet dans les ouvrages systématiques ; mais les faits sont répandus çà et là dans les journaux scientifiques , et dans les Mémoires des:sociétés savantes. Après avoit comparé entr'elles un grand nombre de ces descriptions. d'orages de grêle, je suis arrivé à reconnoitre que les fais les plus importans sont renfermés dans les pro- posilions suivantes. 1) Les orages de grêle, lorsqu'ils sont violens , sont caractérisés par la rencontre de tous les élèémens ordinaires des orages; les nuages sont très-noirs; ils sont forte- (1) On raconte qu’en Italie, sous le règne de Louis XIT , dans l'année 1510, il se répandit un jour sur le pays une obseurité terrible et plns profonde que celle de la nuit; après quoi 1l éelata nn orage accompagné d’éclairs et de tonnerres , durant lequel il tomba des grélons du poids de cent livres. ( Encyclopédie de Perth. T. 1, p- à k:) (2) Halley, PAios. Trans. 366 MÉTÉOROLOGIE. ment agités, et traversent rapidement les airs, ou plus fréquemment encore, ils se précipitent à la rencontre les uns des autres ; ils sont accompagnés de vents violens, d’éclairs et de tonnerres terribles (r). 2) Les orages de grêles, tels que nous venons de es dé- crire , sont bornes aux zônes lempérées. As n’ont lieu que rarement , sous quelque forme que ce soit, dans la zône torride (2) ; et quand ils y éclatent, c'est principale- ment sur de hautes montagnes. La grêle est fréquente à la vérité daus les régions polaires, mais elle est de l'espèce ordinaire que nous avons mentionnée en pre- mier lieu, et ce n’est pas celle qui fait l’objet de nos recherches actuelles. De tous les pays du monde c'est le midi de la France qui est le plus remarquable par la violence et la fréquence des orages de grèle. Pen: dant l’année 1829, une compagnie d'assurance s’est #ormée en France dans le but d’ indemniser les agricul- teurs de leurs ravages (3). 3) Les plus violens orages de grêle ont lieu principa: lement pendant la moitié de l'année la plus chaude, et ils sont les plus fréquens dans les mois les plus chauds. 4) Dans un même orage, les grélons qui tombent sur (a) Philos Trans. T. IV et V. (2) Rees dit qu'ils n’y ont Jamais lieu ; mais l’auteur de l’article Géographée- Physique de l'Encyclopédie d'Edimbounrg , dit qu'ils se voient sous celle zône, à une élévation qui n’est pas moindre que 1500 où 2000 pieds. V. Tilloch’s PAtos. Magaz.T. XL, p. 191. (3) L'auteur paroit ignorer que les Compagnies d'Assurance pour la grêle, ne sont pas bornées à la France, mais qu’en Suisse, par exemple , elles ont assez de succès. (R.) CAUSES DES ORAGES DE GRÈLE. 36; le sommet des montagnes, sont beaucoup plus petits que ceux qui tombent dans les plaines voisines. 5) Quoique les grêlons soient de formes variées, ce- pendant i/s offrent fréquemment un noyau central, blanc el poreux, autour duquel sont disposées des couches concentriques d’une glace transparente, ou d'un blanc opaque, ou alternativement transparente et opaque. 6) Pendant la saison la plus chaude de Fannée, un orage de gréle est souvent suivi d'un refroidissement du lemps; au printems et en automne en particulier, la grêle est un avant-coureur du froid. Quelle que puisse être la cause éloignée de ce phéno- mène, Nous ne pouvons hésiter à reconnoître pour cause immédiate, ur froid soudain el extraordinaire dans lo région des nuages, où les grélons commencent à se former. Nous ne pouvons non plus douter que le froid auquel est dû la congélation du noyau, ne soit très-intense i qu'il ne soit fort au-dessous de 32°F. (0° R.}), puis- que ce noyau, comme on a tout lieu de le croire, ac- quiert les dimensions d'un grêlon, en condensant au- tour de lui, sous forme solide, la vapeur aqueuse qu'il rencontre dans sa chute vers la terre. Mais la présence de ce froid intense étant ainsi impliquée dans la forma- tion de la grèle, la grande question qui nous reste tou- jours à résoudre, est celle de savoir guelle est la cause de ce froid lui-même. Parmi les hypothèses diverses qui ont été, ou qui peuvent être proposées, il n'y en a que deux qui méritent d’être mentionnées; l'une admet que le froid est engendre par l'action immédiate de l'électri- cile, l'autre qu'il provient de la région où la congélation est perpéluelle. # \ 368 MÉTÉOROLOGIE. En premier lieu, quelle raison avons nous de croire que le froid qui produit la grêle est engendré par l'ac- tion de l'électricité ? Si nous nous bornions à consi- dérer les raisons capricieuses, ou les supposilions gra- tuiles, sur lesquelles s'appuient la plupart des auteurs qui ont écrit sur l'électricité, pour Jui attribuer le pou- voir de produire un degré de froid aussi extraordinaire, nous pourrions aussitôt conclure que l'hypothèse est sans fondement (1). Mais il est préférable de rechercher si nous ne pouvons découvrir une liaison entre quelque propriété connue de l'électricité, et la production sou- daine d’un degré de froid intense, Une propriété con- nue de l'électricité, est celle de raréfier l'air, et la ra- réfaction produit le froid. Lorsqu'on électrise fortement une bouteille de Leyde, souvent l'air qui y est contenu se raréfie au point de se précipiter en sifflant par tous les interstices que peut présenter le couvercle. On pour- roit supposer que, de la même manière, Fair qui sup- porte et enveloppe les nuages orageux, étant fortement électrique, est par cela même extrêmement raréfié, et amené à une température proportionnellement basse. Nous avons dans l'appareil qui sert à élever l’eau dans les mines de Chemnitz en Hongrie, un exemple frap- pant de l'influence d’une brusque raréfaction de l'air, pour précipiter sous forme de grêle, l'humidité qui y est contenue. La seule circonstance du jeu de cet ap- (:) Voyez particulièrement, Priestley’s History of Electricity, p. 371. — Malte-Brun, Géogr.-Phys. T. 1.—/7an Mons, dans le Philos. Journ. &e Nicholson , T. XXIV, p. 1a6. : CAUSES DES ORAGES DE GRÊLE. 369 pareil que nous devions faire remarquer ici, est celle-ei; un certain volume d'air renfermé d'abord sous la pres- sion d’une colonne d’eau de 136 pieds de haut, est tout-à-coup mis en liberté; sa température s'abaisse alors tellement, par laccroissement de l'espace qui lui est accordé, que l'humidité qui s'y trouve, tombe sous la forme d'une ondée de grêle (1). - Un autre argument en faveur de l’origine électrique de ce météore, est tiré du succès que l’on prétend avoir obtenu en France et dans les pays voisins, en élevant de longues perches armées , que l’on a appelées para- gréles, pour protéger les vignobles contre les orages de grêle. S'il étoit bien établi que les lieux pourvas de ces perches sont protégés contre la grèle , tandis que d’autres lieux intercalés entre les premiers, ou situés au- tour d'eux, sont ruinés par ce fléau destructeur, cela prouveroit beaucoup en faveur de l'hypothèse d’après laquelle la production de la grêle est due à l’action de l'électricité. En conséquence, ce point de fait doit être examiné avec beaucoup d'attention. Il y a maintenant plus de cinquante ans que quelques savans Français proposèrent de détourner les malheurs qu'occasionnent, particulièrement dans leur pays, les orages de grêle, en élevant des conducteurs, dans le but de soutirer l'électricité que l’on supposoit engen- (x) Lib. Useful Knowledge. Art. Hydraulics, p. 18. Les mêmes vues sur lorigine du froid des orages de grêle, sont proposées dans ce Journal, T. XV. Morveau eut aussi la même idée. ( /ournal de Physique , T.1X, p. 64; XXI, p. 146. Sciences et Arts. Août 1830. À a 370 MÉTEOROLOGIE. drer les orages. Les propriétaires, toutefois, ne mon- trèrent point lempressement que l’on attendoit d'eux, à profiter du moyen de sûreté qui leur étoit offert, et un auteur se plaint de ce que pendant trente ans au- cun d’eux n’a voulu faire l'expérience du procédé pro- posé (1). Mais en 1821, la Société Linnéenne de Paris (2) appela de nouveau l'attention sur cet objet, et suscita de nombreuses expériences, qui, à ce qu'il paroît, ins- pirèrent beaucoup de confiance dans l'efficacité des pa- ragrêles. Voici ce qu'on lit sur ce sujet, dans l’un des, numéros des Annales de cette Société. « Les paragrêles, depuis quelques années , ont été l’objet de beaucoup de recherches sur le continent, et ont attiré l'attention spé- ciale de la Société. Dans plusieurs districts, qui précé- demment étoient chaque année dévastés par la grêle, ces appareils ont été adoptés avec un succès complet, tandis que dans des districts voisins dépourvus de para- gréles, les récoltes ont été ravagées comme à l'ordinaire ; la Société reçoit de tous les côtés des rapports qui con- firment pleinement son opinion sur l'utilité de cette in- vention. La Société a fait là dessus un Rapport au Mi- nistre de l’intérieur, dans lequel elle invite le Gouverne- ment à prendre des mesures pour protéger le pays contre la grêle; et d’après les résultats des expériences faites dans un grand nombre de districts, elle estime, que si des paragèles étoient établis sur toute l'étendue de la (1) Tilloch's, Phios. Magaz. T. XXXVI, p. 215. (2) American Journal T. X, p. 196. à | CAUSES DES ORAGES DE GRÈLE. 371 France, on préviendroit une perte annuelle de cinquante millions de francs (1). » Ces assertions sont certainement favorables à l'hy- pothèse en question ; mais comme les expériences sont encore dans leur enfance, comme les orages de grêle sont souvent d'une étendue très-limitée, et que de deux places voisines, l’une est ravagée, tandis que l’autre ne souffre aucun dommage, comme enfin de pareilles exceptions apparentes en faveur de l'utilité des para- grêles, doivent naturellement avoir été exagérées, je ne me crois pas autorisé à considérer le fait de leur effca- cité comme suffisamment établi (2). Quant à la valeur..de l'hypothèse elle-méme (de la production de la grêle par l'électricité}, je ferai les deux remarques suivantes : 1°) Quoique nous puissions concevoir qu'une portion de l’atmosphère, raréfiée brusquement et à un haut degré par l'électricité, puisse produire le degré de froid requis pour la formation de la grêle, cependant la pos- sibililé d'un fait n’est qu’une foible preuve en faveur de sa réalilé; nous n'avons pas de raisons tirées d’autres considérations, pour croire que celte raréfaction a ef- fectivement lieu : au contraire le concours des vents opposés, la densité et la noirceur des nuages, nous (1) Americ. Journ.T. XII, p. 298. (2) L'établissement des compagnies d'assurance pour la gréle en 1829 , montre qu'on n’a pas grande confiance dans ce mode de pré- servation. Depuis l'invention des paratonnerres , il ne s’est point formé de compagnies pour indemniser les particuliers des ravages de la foudre. Aa2 372 MÉTÉOROLOGIE. démontrent clairement ane grande condensation de l'air dans la région de l'orage. 2°) Si Ja grêle est produite par l'électricité, de la manière qui a été indiquée, pourquoi n'accompagne- t-elle pas constamment les orages avec tonnerre, puisque les mêmes causes agissent alors dans tous les cas? Ce- pendant la rareté des grêles et de leurs effets destructeurs, les présente comme des phénomènes qui sortent du cours ordinaire des choses. Pourquoi en particulier les orages de grêle ne se monirent-ils pas dans la zône torride, où l'électricité de l'atmosphère est la plus abondante, et où les phénomènes de la foudre sont les plus violens et les plus redoutables ? Ne pouyant ainsi nous convaincre d’une manière suf- fisante que les orages de grêle sont produits par l'élec- tricité, nous allons examiner en second lieu quelles raisons nous avons de croire qu'ils doivent leur origine au froid des régions supérieures de l'atmosphère. Tout le monde sait que l'atmosphère est de plus en plus froide, à mesure qu’on s'éloigne de la terre, jusqu'à ce qu'à une certaine élévation , on atteigne la température à laquelle l'eau se gèle, ou le terme de congélation ; que la hauteur de te point au-dessus de la surface de la terre , varie avec la latitude, qu'elle est la plus grande à l’équateur, et presque nulle au pôle; que sa hauteur moyenne est d'environ 15000 pieds anglais à l’équa- teur, 12000 à la latitude de 30°, et 6000 à celle de 5o° (1); qu'au dessus de cette ligne de congéla- (1) ÆEdinb. Encyel. Géograplhie-Physique. Voyez la figure ei-après. CAUSES DES ORAGES DE GRÈLE. 375 tion perpétuelle , la température continue à s'abaisser, et que bientôt elle atteint le degré de froid le plus in- tense que l’on puisse imaginer. Si maintenant nous considérons un courant d'air, c'est-à-dire un vent soufflant horizontalement, d’abord à la surface de la terre, ensuite à différentes hauteurs, uous verrons qu’il subira les modifications suivantes. Nous supposerons en premier lieu qu’il souffle de la ré- gion du pôle vers celle de l'équateur. S'il se meut à la surface de la terre, il se chargera promptement de la chaleur de cette surface en traversant Îles latitudes plus chaudes ; à la hauteur de mille pieds il sera beau- coup moins exposé à l'influence de la terre, et il se réchauffera beaucoup plus lentement que dans le cas précédent : à la hauteur de 10 000 pieds, il sera le plus ordinairement complétement dégagé des montagnes, ct parcourra librement l'atmosphère. Et puisque, comme le montre l’exemple des courans sous-marins, un fluide ne change pas promptement sa température en traversant simplement une masse du même fluide, à une temperature différente, ce qui doit être vrai surtout de l'air traversant l'air, un vent qui souffle du nord au sud , à une hauteur de 10000 pieds au-dessus de la terre, parcourra un grand espace sans que sa température soit sensiblement altérée. Ce que nous avons avancé à l'égard du réchauf- fement d’un vent du nord soufflant vers le sud, s’appli- que évidemmeut au refroidissement d'un vent du sud soufflaut vers le nord ; et puisqu'un vent violent par- court souvent 60 milles, soit environ un degré, à l'heure, surtout s'il se meut sans obstacles dans les régions supé- 374 MÉTÉOROLOGIE. rieures de l'atmosphère, il parcourra par conséquent une étendue de 10 degrés dans le court espace de 10 heures (1). Tout ceci étant bien compris, nous assignons pour cause des orages de grêle, la congélation de la vapeur aqueuse d'une masse d'air chaude et humide, par le mélange brusque de celle masse d'air avec un vent exces- sivement froid, dans les haules régions de l'atmosphère. Examinons les effets qui résulteroient de la rencontre de deux vents opposés à la hauteur de 10 000 pieds, pen- daut les chaleurs de l'été, l’un de ces vents soufflant de la latitude de 30°, ou des confins de la zône torride , et l'autre de la latitude de 50°, ou de la partie nord de l'Amérique anglaise. S'ils avoient même vitesse , ils se rencontreroient sous le parallèle de 40°, c'est-à-dire , à notre latitude, au bout de 10 heures depuis leur ori- gine ; et d’après ce que nous avons dit, chacun de ces courans conserveroit à peu près sa tempéralure origi- nelle. Le vent da sud soufflant d'une région qui est toujours de 2000 pieds au-dessous de la ligne de con- gélation perpétuelle est comparativement chaud , landis que celui du nord venant d'une région située à 4000 pieds au-dessus de cette même ligne, aura un degré de froid qui surpassera probablement toutes les tempéra- tures auxquelles nous sommes accoutumés. Nous con- cluons des principes que nous avons exposés, qu'im- médiatement à Jour rencontre, la vapeur aqueuse du courant chaud sera congelée avec une intensité propor- 4) Danicls. Metcorolog. Essuys, p. 113. CAUSES DES ORAGES DE GRÈLE. 375 tionnelle à la température du courant froid ; que les pe- tits grêlons ainsi formés et doués d’un froid excessif, commenceront à descendre en condensant autour d'eux une épaisseur de glace, proportionnée à l'intensité du froid du noyau originel , à l'espace qu'il parcourt en descen- dant, et à l'humidité des couches basses de l'atmosphère ; plus ils sont froids au moment où ils commencent à tomber, plus leur chute est longue et plus l'air est hu- mide, plus aussi leurs dimensions s’aggrandissent, Nous avons supposé un cas extrême, celui dans le- quel un vent de Ja zône torride, est brusquement misen contact avec un vent qui vient directement d'un point situé fort au-delà de limite de congélation perpétuelle ÿ concours de circonstances qui ne paroît pas improbable, et qui paroît aussi suffisant pour expliquer les phéno- mènes les plus extraordinaires des orages. Mais comme les causes naturelles n’opèrent pas communément avec toute l'énergie dont elles sont susceptibles, ilest probable que les orages de grêle se forment ordinairement sous l'empire de circonstances moins favorables à divers de- grés. Nous pouvons même nous borner à supposer, que le courant d'air froid, au lieu de rencontrer: un vent chaud opposé, se mêle simplement avec la masse d'air stationnaire d’un climat plus chaud, de manière à pré- cipiter sous forme de grêle, l'humidité contenue dans celte masse d'air. Toutefois dans toute description dé- taillée d'un violent orage de grêle, nous trouverons probablement toujours la mention de cette circonstance, : LA . 2 . . qu il y a cu rencontre de vents violens se precipilant 356 MÉTÉOROLOGIE. sur les nuages des points opposés de l'horizon (r}). Ainsi un auteur décrivant , dans ce Journal même, un violent orage , qui eut lieu dans l’état de New-Jersey, ajoute : « J'observai alors, et j'ai observé plusieurs fois dès- lors, que la grêle est ordinærement accompagnée de vents contraires, qui semblent se disputer la victoire sur nos têtes. » Et Beccaria signale la même circonstance, savoir des nuages rassemblés de régions opposées, « Lorsque , » ajoute-t-il, «ces nuages sont agités de mouvemens très-rapides , la pluie tombe en général en grande abondance, et si l'agitation est excessive, en gé- néral il grêle. » Voyons maintenant jusqu'à quel point l'explication précédente concorde avec les faits que nous avons men- tionnés plus haut. Pourquoi d’abord les violens orages de grêle sont ils accompagnés de tous les autres élémens des orages, de nuages d’un noir foncé, d’éclairs et de tonnerres terribles? Parce que la rencontre soudaine d'un veut excessivement froid, avec un autre vent comparative- ment chaud , doit, conformément aux causes connues de ces phénomènes, les faire naître sous leur forme la plus énergique. Tous ces phénomènes atmosphéri- ques sont liés entr'eux, et la même cause agissant avec divers degrés d'énergie, produit successivement chacun d'eux. Le mélange de masses d’air dont la température ne diffère que médiocrement , suffit pour (1) Clark , Amer. Journ. T. II, p. 134. Beccaria , sur l'Electricité ; dans Priestley, p. 341. CAUSES DES ORAGES DE GRÈLE. 377 former Îles nuages; si la différence de température est plus forte, la vapeur aqueuse se coudense et tombe en pluie; si l’une des masses est décidément chaude et l’autre froide, il en résulte une pluie plus soudaine et plus abondante, et les éclairs et le ton- nerre naissent de la condensation rapide de la va- peur aqueuse ; et enfin lorsqu'un vent violent provenant de la région de congélation perpétuelle , se mêle avec l'air chaud et humide d'un climat plus tempéré, la même vapeur aqueuse se précipite sous forme de grêle. Pourquoi les violens orages de grêle sont-ils particu- liers aux climats tempérés, et n'ont-ils jamais lieu, ni dans la zône torride, ni dans la zone glaciale? C'est là un point d'une grande difficulté, et la question n'a jamais été, à ma connoissance , résolue d'une manière satisfaisante ; mais je crois que les principes que nous avons établis, peuvent nous conduire à une meilleure intelligehce du sujet. Nous avons considéré le cas de deux vents opposés venant de points éloignés entr'eux de 20 degrés de latitude , savoir, celui du nord du 5o° degré et celui du sud du 36°, l'un et l’autre sout- flant à une élévation de 10000 pieds au-dessus de la terre; et nous avons trouvé que celte supposition suf- ces de 5 grêle dans la zône tempérée , au moins à notre lati- fisoit pour expliquer l'existence de violens ora tude : on pourroit également choisir d’autres points op- posés , situés dans d’autres latitudes. Mais supposons que nous appliquons ce même raisonnement à l'équa- teur, et que nous considérons le cas de deux vents opposés partant de 10 degrés de part et d'autre de 378 MÉTÉOROLOGIE. cette ligne, l'uu et l’autre soufflant à Ja même hau- teur de 10000 pieds au-dessus de la terre. Maintenant les deux vents seront chauds, et de température presque égale ; ensorte qu'ici il n’y aura pas cé courant d’un froid intense, que nous avons pu appeler à notre aide pour concourir à la formation de Ja grêle dans un cli- mat lempéré, Si nous prenons deux autres points dans la zône torride, le cas pourra être un peu moins défa- vorable à la production de la grêle , la température des courans opposés pourra différer à un degré suffisant pour motiver la formation des nuages, de la pluie’ et de la foudre ; mais c’est en vain que nous chercherons daus cette région un courant glacial, à moins que nous ne nous élevions à la hauteur où il n'y a plus d'air chaud , et où par conséquent il n’y a plus de va- peur aqueuse à congeler. Il est évident que pour trou- ver sous la zône torride un air assez froid pour agir comme nous l’entendons , il faut s’élever au-dessus de la région de cet air chaud , dont la vapeur aqueuse est nécessaire pour fournir matière à la grêle ; tandis que sous votre latitude, en noûs élevant jusqu'à la région dé la congélation, nous trouvons des courans nord et sud , dont la température diffère plus que dans toute autre partie du globe. Il est pourtant une situation dans la zône lorride , où nous pouvons admettre que la grêle se forme ; c’est dans le voisinage de montagnes basses couvertes de neige; et en effet il grêle quelquefois dans des lieux de cette nalure (5). (1) Savoir à une élévation de 1500 à 2000 piels. Ædinl. Encyclop. T. XV. Art. Géographic-Physique. CAUSES DES ORAGES DE GRÊLE. 379 Si nous considérons ensuite attentivement les cir- constances de la zône glaciale, nous verrons qu'ici nous ne trouvons pas d'un côté une région chaude dont les courans se mtlent aux courans froids du côté opposé : ensorte que la rencontre obligée de courans divers ne sauroit avoir lieu. En raison du froid ordinaire de cette région, la pluie pourra fréquemment descendre sous forme de grêle; mais cette grêle sera nécessaire- ment de celle petite espèce qui se forme près de la terre, et que nous avons précédemment décrite comme élant commune dans les régions polaires. La figure suivante fera mieux comprendre tout ce que nous venons de dire. | 0 186 RE JL IS 90 80 7o 60 ho 40 30 20 10 o 10 20 30 40 50 60 7o 80 go La ligne BCD représente la ligne de congélation perpéluclle, telle qu'elle est donnée dans l'Encyclopé- die d'Edimbourg , à l’article Géographie Physique, et on peut considérer ce tracé comme fait avec beaucoup de soin. a a' représente Ja route suivie par les vents op- posés que nous avons supposés se rencontrer à la lati- tude de 40°, bb" celle des vents qui se rencontrent à l'équateur, dans l'un et l'autre cas, à la hauteur de 10 000 pieds , fet ce” la route de deux courans d'air qui se rencontrent, sous la latitude de 50°, à une hau- 380 MÉTÉOROLOGIE. teur de 2000 pieds. Ces hauteurs sont choisies arbitrai- rement, comme représentant le point de vue le plus favorable à la nature de notre argumentation. Le rai- sonnement seroit le même pour d’autres élévations aux- quelles on peut supposer que les orages de grêle se forment. La France est particulièrement exposée aux orages de grèle , à cause de sa situation entre les Alpes et les Py- rénées, Le pays placé entre ces hautes montagnes, étant réchauffé par le soleil d'été, les courans froids prove- naut des régious de neige et de glace, se mêlent avec l'air chaud et humide de la contrée sur laquelle ils passent , et doivent, conformément à nos principes, produire de fréquentes grèles. Les plus violens orages de grêle ont lieu dans la sai- son chaude, et ordinairement dans le mois le plus chaud, parce que c'est alors que la chaleur du soleil contribue le plus à mettre en mouvement les courans opposés. Les grêlons sont plus petits sur le sommet des mon- tagnes, que dans les plaines voisines, parce que leur chute étant moins longue, ils out moins de temps pour se grossir de nouvelles couches de glace par la congélation de la vapeur aqueuse. Le noyau blanc et ueigeux, que les gros grélons offrent fréquemment à leur centre, prouve que la congélation a commencé dans un air raréfié à un haut degré, car c’est exactement l'apparence que présente une goutte d’eau gelée sous le récipient vidé d'une pompe pucumatique (1). Enfin (x) Leslie. Encyclopédie d'Edimbourg , art, Météorologie CAUSES DES ORAGES DE GRÈLE. 38% l'abaissement brusque et considérable de la température de l'atmosphère, qui souvent survient immédiatement après un orage de grêle, indique seulement que le cou- rant d'air froid .qui l’a occasionné , se fait sentir, jus- qu'à un certain point, à la surface même de la terre. Quelle est la cavse de la foible quantité de mouve- ment (momentum) des grélons ? Quoique les grélons, lorsqu'ils sont gros, causent de grands dommages aux récoltes qui ne sont pas encore mûres, et tuent quel- quefois de petits animaux , cependant en général , on a lieu d’être surpris qu’ils ne tombent pas avec plus de force. Un caillou de la même grosseur qui tomberoit de l’orifice d'un puits, sur la tête d’un homme placé au fond , le tueroit ; et les pierres météoriques, qui tombent du ciel, et dont plusieurs n'excèdent pas en grandeur certains grélons, s’enfoncent profondément dans le sol; quelquefois même elles traversent toute la hauteur d'une maison , et pénètrent jusque dans Ja cave (1). La foible quantité de mouvement des grélons, doit être attribuée en partie à leur foible pesanteur spécifique, qui est un peu moindre que celle de l'eau ; mais cependant ils sont assez pesans pour acquérir une quantité de mouvement cent fois plus considérable que celle qu'ils possèdent, en tombant, comme ils font, d’une hauteur de plusieurs milliers de pieds ; leur vitesse est réellement fort petite, tandis qu’on s’attendroit à la trouver énorme. Je pré- sume que ceci peut s'expliquer de la manière suivante. (1) Voyez un article fort curieux sur la force des grèlons, par Fairfax , dans le T, 1 des Transactions Philosophiques. 382 MÉTÉOROLOGIE. Nous considérons les plus gros grêlons, comme formés dans l’origine d’an petit noyau, qui reçoit continuel- lement de nouvelles accessions de matière en descen- dant , jusqu’à ce qu’il tombe sur le terrain. Mais la va- peur aqueuse dont se forment ces accessions , est une matière en repos que le corps tombant doit mettre en mouvement. Celui-ci a donc toujours un nouvel obs- tacle à vaincre à mesure qu'il avance , et en consé- quence sa chute est continuellement retardée. La vitesse qu'il acquiert à chaque instant en tombant, est détruite par la communication du mouvement à une quantité de matière en repos, aussi considérable que celle qui forme les accroissemens du grêlon. CHIMIE. OBSERVATIONS SUR L'OPIUM ET SUR LES RÉACTIFS QUE LE FONT DÉCOUVRIR ; par le Dr. URE. (Quarterly Journal of Science N° 13. Avril, 1830.) © Seertürner a découvert que l’opium contenoit un al- cali qu'il a nommé morphine , et que dans l'opium la morphine étoit combinée avec un acide qu'il nomme acide méconique. Le meilleur opium contient sept pour cent de morphine, et il est constaté que la morphine, OBSERVATIONS SUR L'OPIUM. 383 ou l'acétate de cet alcali, n’a pas des pouvoirs narco- tiques beaucoup plus grands que ceux de lopium lui- même. La narcoline, qui est une substance cristalline qu'on tire de l'opium par l’action de l'acide sulfurique , ne paroît pas posséder non plus une énergie plus con- sidérable que l'opium; mais il paroît prouvé que la narcotine dissoute dans de l'huile a une force dix fois plus grande que lorsqu'elle est administrée seule ou avec un acide. L'opium lui-même paroit contenir une substance huileuse ou graisseuse avec laquelle, soit la narcotine, soit le méconate de morphine, sont combinés, et qui augmente beaucoup l'énergie de ces substances. La morphine est toujours dans l’opium sous la forme de meconate, c'est-à-dire combince avec l'acide méto- nique ; lors donc qu'on veut estimer la quantité de mor: phine dans un opium donné , on le fait au moyen d'un réactif qui agit sur l'acide méconique, et plus l’opium contient de cet acide, plus il contiendra de morphine ; ce réactif est la teinture de muriale rouge de fer. Si lon donne deux espèces d’opium à examiner , on dis- sout un grain ou deux de chaque espèce dans de l'al- cool étendu d’eau ; puis on ajoute assez d’eau pour que le liquide devienne incolore. On met chaque liquide dans un vase cylindrique gradué, puis on ajoute dans chaque vase quelques gouttes de teinture de muriate rouge de fer; on a tout de suite un précipité rouge brun, et plus il est foncé, plus il y a d'acide méconique dans l'opium et par conséquent de morphine, On ramène, en ajoutant de l'eau, les deux liquides à la même teinte, et la quantité d’eau ajoutée au liquide le plus coloré 384 CHIMIE. pour le ramener à la même couleur que l’autre, indique la proportion plus considérable de morphine qu'il doit contenir, L'opium a malheureusement été quelquefois em- ployé dans des vues criminelles. Un crime atroce de celte nature fut commis il ÿ a peu de temps à Glasgow, et le Dr, Ure fut chargé par le magistrat d'examiner le contenu de l’estomac de ja victime. Il trouva que ce liquide étoit de la bière forte mélée avec du laudanum ; ce dernier se manifesta clairement à l’odorat. Cepen- dant il soumit cette liqueur à l’action de la teinture de muriate rouge de fer, et elle donna le précipité brun rougeâtre , bien différent du précipité fauve que donne la bière forte seule. A ces épreuves on en ajouta d’autres, les coupables furent convaincus et exécutés. Dans le plaidoyer de l'avocat des accusés, ce der- nier avança que le réactif employé, la teinture du mu- riate de fer, étoit peu sûr, puisqu'on avoit le mème résultat avec l'acide sulfo-cyanique , acide nouvellement découvert et qui existe dans la salive humaine. Ce fait ignoré du Dr. Ure, le surprit beaucoup. Mais comme la présence de l’opium avoit été constatée par d’autres moyens, il n’en persista pas moins dans ses conclu- sions. Cependant il répéta les expériences de Tiedman et de Gmélin, relatives à la présence de l'acide sulfo- cyanique dans la salive humaine et à son effet sur la teinture du muriate rouge de fer, et il trouva qu'elles éloient justes ; cet acide passe à la distillation avec une eau transparente , et elle devient rougeâtre par coulles de la teinture de mu- l'addition de quelques g OBSERVATIONS SUR L'OPIUM. 385 riate rouge de fer. Le Dr. Ure soupçonne aussi que le fer est contenu dans le sang à l’état de sulfo-cyanate, mais ses expériences ne sont pas encore décisives à cet égard. Nous avons vu que dans l'empoisonnement cité ci- dessus, l’opium, sous forme de laudanum , avoit été mêlé avec de la bière forte. Cette circonstance engagea le Dr. Ure à faire quelques expériences sur le mélange de l’opium avec différentes bières et surtout avec celle qu'on nomme (London porter) porter de Londres. Ces espériences le conduisirent à ne pas douter que dans : la composition de cette bière de porter, composition dont le secret est gardé soigneusement par quelques fabricans de Londres ; il entre de lopium même en assez grande proportion. Cet ingrédient n’est pas indif_ férent à la santé publique. Depuis long-temps on avoit des raisons de croire que le porter contenoït de Fo- pium; mais une fois que ce fait inquiétant aura été re- Q ————— Les magnifiques dessins du poulet dans l'œuf, gra- vés par Mr. F. Bauer pour Mr. le Chev. Home, ont entr'autres avantages celui de mieux fixer l'attention du lecteur sur un sujet dont la pleine compréhension n’est pas toujours facile. On a sommairement rappelé ici les impérissables ob- servations de Haller à l’occasion de celles de Mr. Home, en distinguant Îles dernières des premières par des guil- lemets, et en les accompagnant en outre du nom de leur auteur. (1) Mémoire sur la formation du cœur dans le poulet, etc. , in-12. Lausanne, 1798. (2) Phil. Trans. 1822. _ (3) Cet article, quoique ne contenant rien d’absolament neuf, nous a paru de nature à intéresser les amateurs de la physiologie animale, parce qu'il renferme dans un ordre méthodique tout ce que lon sait du développement du fœtus dans l'œnf, et offre ainsi groupés des faits qu'il faudroit chercher dans des documens pu- bliés à des époques très-diverses. (R.) FORMATION DU FOETUS DU POULET. 387 L'entière durée de l’incubation étant de vingt-unu jours ou de cinq cent quatre heures, le développement snc- cessif des viscères ct des organes est régulièrement pré- senté par heures et par jours. « La molécule gélatineuse dont l'embryon futur doit être formé, est originairement placée à la surface du jaune, on Fly trouve avant qu'il ait quitté l'ovaire ; elle y est libre, sans être enveloppée d'aucune capsule. » « La membrane externe du jaune est très-mince et délicate, sa surface parsemée de points rouges, qui dis- paroissent dans le passage à travers le conduit des œufs. Au-dessous de la première enveloppe, il en existe une seconde épaisse et spongieuse , où il y a une ouverture naturelle. L’aréole qui entoure la molécule n’est pas autre chose que la surface du jaune, circonscrite par le bord de cette ouverture dont on n’avoit pas encore fait mention, » « La molécule elle-même paroît granulée, faite dans le centre de globules qui ont 4% de pouce en diamètre, entourés de cercle d’une substance mélangée, dont les deux tiers se composent des mêmes petits globules, et l’autre tiers de globules ovales plus larges, qui ont 7600 de pouce en longueur, et 545 de pouce en dia- mètre. La figure de ces derniers globules ressemble , à tous égards, à celle des globules rouges du sang des oiseaux, sauf qu'ils n’en ont pas la couleur rouge. Indépendamment des globules, il y a un peu d'huile claire, qui paroît par gouttes quand on plonge Îles parties dans l’eau. On à rencontré aussi les globules S 2 388 ; PHYSIOLOGIE ANIMALE. ovales et l'huile dans le jaune lui-même, mais en petite quantité et sans être colorés, » « Toutes ces parties, à l'exception des points rouges superficiels, se retrouvent eu petit dans le jaune, six jours même avant qu'il soit complétement formé, » « L'enveloppe du jaune renfermant les œufs cède dans le milieu d’une ligne à la plus grande distance de l’in- sertion des vaisseaux sanguins, et le jaune tombe à l’en- rée du conduit des œufs. » « Le sac du jaune ne se ferme pas immédiatement, quoiqu'il se resserre considérablement ; au bout de quel- que temps il s’efface à peu près, et les premiers prin- cipes d’un nouvel œuf se forment sur le pédicule. » « Les enveloppes du jaune sont singulièrement vas- culaires, la membrane externe s’y unit par des vaisseaux et des paquets de fibres, qui s'en séparent aisément. » « Le jaune conserve une forme ovale tant qu'il est dans l'ovaire, le long axe disposé vers le pédicule du sac. Il fait acquisition du blanc en traversant le canal des œufs, et avant qu'il en ait atteint l'extrémité infé- rieure, le blanc est recouvert d’une très-fine membrane. Dans ce passage les chalazia (le treillis, the poles de John Hunter), se forment, et se terminent dans la dou- ble membrane qui s'ajoute quand l'œuf est parvenu à l'extrémité inférieure du conduit des œufs, qui en est la partie la plus large. La coquille se forme dans le cloaque. Si l’on retire un œuf avant qu'il ait pris sa co- quille, il reste mou pendant quelques jours; dans un cas, après quatre jours, il étoit assez demi-transparent, pour que le jaune lui communiquât une teinte jaunâtre. FORMATION DU FOETUS DU POULET. 389 En en perçant l'enveloppe, le contenu s'en élança, mais il reprit immédiatement sa forme, étant renfermé dans la fine membrane du blanc. On voyoit distincte- ment la molécule avec son aréole et les chalazia. Tout le contenu avoit un moindre volume que la coquille, surtout dans la direction du grand axe, la forme étant tronquée aux deux extrémités. Après une heure et demie d'immersion dans le vinaigre distillé, le blanc et les autres parties s’étoient en quelque sorte coagulés. » -« Les apparences sont les mêmes dans l'œuf fraiche- ment pondu, féconde ou non fécondé. Quand la co- quille et les membranes au-dessous d'elle sont enlevées d'un côté. le jaune paroît être retenu à sa place par les fils, quoique susceptible de rotation sur son axe. » « La molécule gélatineuse, avec son aréole , se trouve toujours sur le point le plus élevé de la surface supé- rieure du jaune. Cela provient-il de la molécule, ou de ce que l’aréole est la partie la plus légère du jaune ? » (Home. ) 4" heure. — « Le bord externe de l’aréole s’élargit, et la partie de celle-ci la plus proche de la molécule s’obs- eurcit. Une des extrémités de la molécule ressemble à une ligne blanche, premières traces de l'embryon. » (Home.) 7" heure.—«Le jaune de l’œuf est un sac formé par une foible membrane, qui ne présente pas encore de vais- seaux; ce sac est plein d’une liqueur jaune, assez épaisse et comme huileuse, qui blanchit avec l’eau dont la pe- santeur est plus grande. Le poids du jaune à cette époque, est de 257 grains; sa figure change avec l'agrandisse- 390 PHYSIOLOGIE ANIMALE. ment du poulet. L'hémisphère le plus voisin du gros bout se recouvre d'une nouvelle membrane, qu’on peut ap- peler ombilicale, qui s'étend rapidement sur sa surface. Un lacis veineux borne cette membrane. Le fœtus com- mence, vers le quatrième jour, à faire une impression dans le jaune; cet enfoncement qui croit avec le fœtus, ui forme un lit. La partie opposée du jaune est égale- ment enfoncée par le blanc, qui s'y fait une excavation obtuse et conique. Bientôt la figure de ce sac devient celle d’un tonneau dont les deux fouds seroient en- foncés contre le centre, et dont la plus grande largeur, qui, tous les jours augmente, est entre les deux fonds. Le jaune pendant les premiers jours de l'incubation fait un énorme appendice , hors du corps du poulet, qui lient à l'embryon par un canal de communication ; il ne diminue presque point pendant les vingt-un jours de l’incubation, on pourroit même dire que son poids augmente; mais la liqueur qu'il renferme devient plus fluide et verdätre, elle rentre dans l'intestin à la fin de l'incubation et les premiers jours où le fœtus est éclos, ce qui s'opère par l'action des muscles du bas-ventre deveuus irritables et charnus. On ne distingue pas avant le quatrième jour, des vaisseaux rouges sur le jaune, Les artères naissent uniquement de l'artère mésentc- rique, dont le tronc prolongé sort du bas-ventre avec les intestins, alors invisibles, et le canal du jaune. Les veines se rendent au tronc de la veine-porte. Les vaisseaux du jaune sont plus petits el moins nombreux que Îles vaisseaux ombilicaux propres. » I paroit 1rès-probable que la liqueur du blanc de FORMATION DU FOETUS DU POULET. 391 l'œuf passe dans le sac du jaune, qu'elle se mêle à son huile, et qu'avec elle, cette liqueur s’introduit dans le fœtus. Le décroissement graduel du blanc, pendant que le jaune conserve à peu près son poids; la fluidité du jaune, qui augmente avec la diminution du blanc; son œil verdâtre même , qui reparoît dans la liqueur albumineuse : le tout concourt à rendre plausible cette conjecture. Ce n’est guère que le dernier jour de l'in- cubation que le jaune est repris dans les intestins , où il achève de se répandre les premiers jours après que le poulet est éclos, lorsque celui-ci ne peut encore soutenir la nourriture solide que lui présente la na- ture (x). 8" heure. — « Agrandissement de la ligne blanche, trace du cervau et de la moëlle épinière entourés d’une membrane qui devient après l’amnios. » (1) Dans un poulet examiné par Mr. Prout, ( PAël. Trans. 1822) le 18me jour après l’incubation, le poids du jaune étoit réduit à moins de deux grains, mais il conservoit sa couleur jaune ori- ginaire , contenant ainsi sa portion d'huile, et l'incinération fit dé- convrir des traces de chaux phosphatée. Le Dr. Macartney essaye de montrer que le jaune ne passe pas dans l'intestin à travers le canal vitello-intestinalis ; mais qu'il est repris par absorption, appuyant entr'autres son opinion sur ce que la matière terreuse reste dans le jaune : elle étoit pourtant , dans le cas ici mentionné, infiniment pe- üte ; elle avoit donc disparu , aussi bien que les autres principes du jaune. Quand le poulet est plus jeune, la quantité de matière ter- reuse est, dit-on , beaucoup plus considérable. Haller affirme que le jaune disparoïît à peu près le seizième jour. Aristote avoit re- marqué qu'il en resloit très-peu le dixième jour après que le poulet éloit sorti de sa coquille. 392 PHYSIOLOGIE ANIMALE. « Extension de l'aréole, la surface au-delà de la ligne qui en faisoit la limite a la consistance d’une mem- brane, en même temps qu'elle est aussi distinctement circonscrite par une ligne : ce sera pour moi l’aréole externe : points distincts d'une matière huileuse , entre ces deux aréoles, La membrane qui s’étend à l’aréole externe est au-dessous de la membrane interne du jaune, et l'on peut aisément la séparer dans son entier. » { Home ). 12" heure; 0,5 jour. Le fœtus visible dans son amnios. « Traces plus distinctes du cerveau et de la moëlle épinière, Ces parties placées sur un fonds noir, furent durcies dans le vinaigre; l'extrémité supérieure présenta je tubercule annulaire du cerveau, d’où partoient, à l'extrémité postérieure , deux lignes demi-transparentes qui ressembloient à la moëlle épinière des oiseaux. » (Home ). 16° heure. « Structure plus développée de toutes les parties mentionnées. » ( Home ). 24% heure; x° jour. « Développement toujours plus grand. » (Home). | 315" heure. La tête paroît fendue. 36° heure ; 1,5 jour. La tête ovale et grosse , la queue mince, le corps droit. « La tête tournée à gauche. Le cerveau et le cervelet, deux corps distincts. L'iris apercevable, à travers la prunelle de l'œil. Les nerfs intervertébraux presque com- plétement formés; les plus proches de la tête, étoient les plus distincts. Une portion du cœur visible. Une vésicule sous l’aréole interne, en apparence à la fin FORMATION DU FOETUS DU POULET. 393 de la moëlle épinière , a commencé à se jeter en de- hors. On Ja voit plutôt dans quelques œufs que dans d'autres, on l'a vue avant que le cœur füt devenu vi- sible. » (Home ). 40" heure. Elargissement de la tête, dont la figure imite assez bien celle d’un trèfle qui n’est pas profonde- ment découpe ; vésicules du cerveau. 42" heure. La queue droite, parcourue par des lignes semblablement dirigées. 45" heure. Vaïsseaux ombilicaux, qui remontent vers la tête des deux côtés. 48" heure; 2% jour. Tête obtuse, épaisse ; le fœtus diminue tout d’un coup sous le nombril, et n’est plus qu'un filet ; il conserve cette figure près de vingt-quatre heures. Première trace du cœur qui battoit, de même que la bulbe de l'aorte ; transparent, semblable à un fer à che- val; il n’est pas à nu, quoiqu'il semble l'être : ‘il n’y a les quatre premiers jours qu’un ventricule, mais il est déjà épais et musculaire; il ne contient dans le courant du troisième au quatrième jour qu'une goulte de sang. Apparition de l'œil qui est d'abord blanc, le noir de la choroïde n’ÿ paraissant que vers la fin du quatrième jour. L’œil est toujours grand dans le fœtus , surtout jus- qu'au delà de la première moitié de l'incubation. Son accroissement au bout de ce terme est proportionné à la grosseur qu'il doit conserver, C’est le corps vitré, dont la grandeur fait le volume d’abord extraordinaire de V'œil ; le cristallin étant alors fort petit, le vitré grossit dans le poulet les objets. 394 PHYSIOLOGIE ANIMALE. 50%. heure. — L’unique oreillette a battu ; à sa con- traction succède celle du ventricule , et à celle de ce dernier, la contraction du bulbe de l'aorte ; l'oreillette ne pâlissant presque jamais en se contractant, comme le ventricule , ne se vide pas entièrement du sang qu'elle contenoit : le bulbe de l'aorte est la seule artère avec celles de l’ombilic, que j'aie vu se contracter. D’entre les parties du cœur dans le fœtus encore tendre, c’est l’oreil- lette qui est la première à perdre son mouvement ; dans le poulet éclos, c'est le ventricule gauche dont les bat- temens finissent les premiers ; c’est ensuite le ventricule droit, l'oreillette gauche, puis enfin l'oreillette droite avec la veine cave. L'eau chaude ranime les mouvemens du cœur, lors- qu'ils ont spontanément cessé : j'ai vu battre le cœur demi-heure , et même une heure dans l’eau tiède. Lorsque Îles parties se sont rapprochées, que les oreillettes sont distinctes et que le bulbe de l'aorte à dis- paru, les oreillettes précèdent toujours alors les ventri- cules dans leurs mouvemens, elles battent ensemble, et les deux ventricules, à la fois, leur succèdent instan- tanément, 5g"*° heure. — La veine jugulaire visible , la nuque se relirant en arrière, la queue continuant encore quelque temps à être sans courbure. Go" heure; 2,5 jour. — « La partie postérieure de la moëlle épinière renfermée. Les orcillettes et les ven- tricules du cœur distingués, celles-là pleines de sang rouge. Un tronc artériel partant du ventricule gauche et se divisant en deux gros vaisseaux, dont l’un se porte au FORMATION DU FOETUS DU POULET. 399 côté droit, et l'autre au côté gauche du ventre de l’em- bryon, à part des branches qui se distribuent à toute la membrane aréolaire , terminée de chaque côté par un gros tronc qui charrioit du sang rouge ; les deux troncs d'ailleurs ne s'unissent pas, un petit espace sur un côlé rendant le cercle incomplet. Volume un peu augmenté de la vésicule , située dans la partie inférieure du ventre dont les parois ne sont pas encore formées, » ( Home. } 65" heure. — Le fœtus retire la queue vers la tête en faisant très-peu de chemin, au lieu que la tête en fait beaucoup. 66"° heure. — Le cœur prenant une pointe devient plus aigu. On distingue les artères ombilicales de la veine de même nom, le tronc de celle-ci passe dans Île foie, se changeant plus tard en veine cave. 70% heure. — Première ébauche des ailes, et quel- quefois des pattes. 72" heure. — Les vaisseaux sont d’un rouge vif; ceux des parties supérieures du corps le deviennent plus 1ôt que ceux des parties inférieures. En compa- rant des artères à des veines de. même calibre , on ne trouve pas que la couleur soit différente. Le sang, en cessant d'être transparent, passe à la couleur jaune, rouge-jaunâtre , et à celle de rouge vif dépendant de son mouvement, provoqué lui-même par la chaleur (r). (1) Charles Bonnet pensoit , contre l'opinion ée Haller, que la lu- mière contribuoit plus que la chaleur à donner la couleur aux végétaux, Corps organisés, Chap. IX , p. 145. 396 PHYSIOLOGIE ANIMALE. Le sang du fœtus de poulet étant d'un rouge très-vif, trois jours avant que les poumons paroïissent, et à une époque où ces viscères vont au fond de l’eau, il en ré- sulte que ce n’est pas d’eux que dépend la couleur du sang. Un intervalle blanchâtre sépare l'oreillette droite du cœur, de la veine cave, les deux oreillettes n’en faisant qu'une : avant qu'elles aient paru, on voit.sortir déjà l'aorte du ventricule droit , encore unique ; non-seule- ment l'aorte est fort longue, mais elle a même beaucoup de solidité : bientôt on la voit se diviser en trois bran- ches, les carotides et l'aorte dorsale. L'allantoïde paroît sous la forme d’une bourse mem- braneuse très-vasculaire, dont l’étroit pédoncule pend hors du corps, d’où les vaisseaux ombilicaux sortent. La liqueur qu'il contient , transparente et fluide au com- mencement, ne deviendroit muqueuse, selon Malpighi, que vers les derniers jours de l’incubation. L’allantoïde est beaucoup plus grand que l'estomac lorsque ce viscère tombe sous la vue, et le tissu est toujours plus délicat et plus fin, tellement que le souffle le fait aisément crever, quelque précaution que l’on prenne. La pédoncule de l'allantoïde devient l’ousaque où passe l'urine du rectum ; aussi son accroissement est-il proportionné au ramas de celte sérosité qui, faute du mouvement péristaltique et de la respiration, ne sort pas encore par le cloaque. Mais il peut-paroître étonnant que l'allantoïde ait une gran- deur déjà considérable avant que les reins soient visibles. « L'aréole externe étendue sur le tiers de la circonfé- rence du jaune , portant sur son bord externe les artères marginales diminuées. Le cerveau considérablement aug- FORMATION DU FOŒTUS BU POULET. 397 menté , présentant quatre cavités qui contiennent uu fluide, le cervelet continuant à être le plus considé- rable. La moëlle épinière et ses nerfs mieux formés. L'œil paroït manquer de sa couleur noire ( pigmentum nigrum ). Le ventricule droit du cœur renfermant du sang rouge. On peut suivre les artères à la tête ; traces des ailes et des pattes; développement ultérieur de la vé- sicule, dont les vaissaux ne charrient pas du sang rouge. Elle s’est frayé une route à travers l'enveloppe exterue du jaune, ce qui a permis au blanc de l'œuf de se mêler au jaune par cette fente, et de lui donner une forme plus ovale. À cette époque l'embryon avoit géné- ralement changé de position , étant entièrement tourné sur le côté gauche. » (Home ). 90" heure. — L'aorte est pleine de sang dans la queue du fœtus. 93" heure. — Le cœur est conique, sa pointe toujours plus aiguë. 96" heure ; 4" jour. — Le foie commence à paroître , mais sa mollesse muqueuse a besoin du vinaigre pour prendre quelque solidité : à la 120" heure ( vers la fin du cinquième jour ), il devient d'un rouge pâle, ses vais- seaux étant alors abreuvés de sang ; il s’y mêle une teinte jaune naturelle au foie : 144" heure ( sixième jour), ce viscère embrasse l'estomac de ses lobes, et donne place au cœur : 192% heure (huitième jour }, le jaune com- mence à ce mêler davantage à la rougeur. Ea cou- leur jaune domine vers le dix-neuvième jour (456% heure); mais ce viscère avoit dans un cas une teinte verdâtre le seizième jour ( 384" jour ). 398 PHYSIOLOGIE ANIMALE. Première trace de la séparation des oreillettes ; la gauche plus grande que la droite, déborde celle-ci par derrière : chacune d'elle paroît dentelée sur son bord : elles sont bien distinctes, et ne changent dès lors presque plus. « Augmentation de la vésicule devenue plus vasculaire, et dont Îles vaisseaux contiennent du sang rouge. Le nerf optique et la couleur noire de l'œil visibles; la formation des autres parties plus parfaites. L’aréole ex- terne s'étend sur la moitié du jaune, dont le volume augmente toujours davantage , une plus grande partie du blanc s’y étant mêlée. »( Home ). 120" heure ; 5% jour. — Le cerveau est fluide, et le crâne ne fait qu'une bulle transparente. Le rectum, à son origine, a la figure d'un trident, ce qui provient de ce que deux cæca s'y unissent. Cet in- testinse dilate de plusen plus vers le temps où le poulet doit éclore : il forme alors un réservoir très-ample appelé cloaque, et il est marqué d’une colonne de vaisseaux œueur. 5 « Le sac membraneux qui formoit la vésicule , a ac- rouges qui parcourent sa lon quis un volume considérable , et ses tuniques sont de- venues extrêmement vasculaires, la cavité renfermant un fluide. La consistance du jaune plus claire, par l'effet du mélange d'une plus grande quantité de blanc. » (Home ). 131" heure. — Le fœtus s’agite. 138" heure. — Apparition des poumons et de l'es- tomac. Les poumons d’une ligne environ de longueur, sont FORMATION DU FOETUS DU POULET. 399 cendrés et muqueux; le vinaigre leur donne plus de blancheur et de consistance; ils sont cylindriques. La vitesse de leur accroissement compense le retard de leur apparition. [ls prennent en se développant une couleur toujours plus semblable à celle du rouge de sang, mais jamais, avant que le poulet ait respiré, éclos ou non, la couleur vive voisine de celle de la rose. Les poumons s'attachent plus tard aux parois de la poitrine, et le tissu cellulaire qui leur sert de colle devient plus visible vers le seizième jour (384% heure). Mais quoique le fœtus ait ouvert et refermé le bec, comme s’il respiroit, ses poumons n'en vont pas moins au fond de l'eau; ils sont même tombés , après avoir nagé sur l'eau, dans un poulet qui avoit piaulé dans l'œuf, phénomène para- doxal qui surprit Haller. Les poumons du poulet éelos surnagent constamment sur l'eau, je les ai vus sarnager aussi dans des poulets qui avoient piaulé dans l'œuf. Les quadrupèdes ne sauroient respirer que leurs pou- mons n'aient passé de la densité qu'ils avoient dans le fœtus, à la rareté qui les fait nager. Ce change- ment paroît être moins prompt dans les oiseaux , puisque les poumons d'un poulet qui avoit effectivement crié, ne sont pas restés sur l’eau. La raison de cette différence est peut-être dans les trous qui laissent passer l'air des poumons des oiseaux dans certaines cavités membra- neuses de leur bas-ventre, et d’autres parties de leur corps. Cette facilité que l'air a, dans lesoiseaux, s'échap- per de leurs poumons, et qu’il n’a pas dans les quadru- pèdes , empêche peut-être qu'il n’étende leurs pe- tites vésicules pulmonaires aussi fortement et promp- tement qu'il le fait dans les quadrupèdes. 400 - PHYSIOLOGIE ANIMALE. L’estomac est alors tendre , blanc, assez semblable à celui de l’homme, sauf que ses deux orifices sont plus rapprochés; il devient plus épais depuis le dixième jour; et le onzième sa nature musculaire se déclare, par de véritables fibres tendineuses et luisantes à sa sur- face ; l'irritabilité n’a paru, ni le quatorzième, ni le dix- septième jour, mais je l'ai trouvée considérable dans un poulet éclos le jour auparavant : je n’ai vu que de la mucosité dans l’estomac pendant les premiers jours ; je commençai à la 236% heure (9 ? jours) à voir un caillé blanc , presque toujours mêlé de bile, Le jabot contient alors une matière assez semblable, mais plus fluide, et qui conserve sa blancheur plus long-temps que celle du gésier. L'esprit-de-vin rectifié eoagule cette matière, comme il coagule le blanc d'œuf. J'ai trouvé de la même matière dans l'œsophage, el vers le temps où le poulet doit éclore, le eaillé devient plus cendré et plus grossier, comme du son. La grande ressemblance qu'il y a entre le blanc d'œuf coagulé par la chaleur et le caillé du gésier du poulet, le séjour que celte matière fait dans l'œsophage, le jabot et le gésier, dans le temps où l’on ne trouve rien de semblable dans aucune autre partie de l'animal, l'habitude mille fois observée , qu'a le poulet , d'ouvrir le bec dans l'amnios , où il ne peut chercher que de la nourriture , l'exemple des poissons qui savent fort bien avaler sous Îles eaux, celui de l'homme qui se noie et qui remplit presque toujours son estomac de l'eau qu'il avale, la duni- nution contivuelle du blane , dont la proportion de- vient tous les jours plus petite, et qui disparoit avant FORMATION DU FOŒTUS DU POULET. 4ot que le fœtus quitte l'œuf, sont autant de raisons qui con- courent à prouver, que la liqueur de l'amnios est pour le fœtus une véritable nourriture , qu'il l’avale , et qu'elle est réparée par le blanc d'œuf qui rentre dans l’am- nios , à la place de l'eau qui s’y perd. 142" heure. — Reins et mandibule supérieure du bec. 144% heure; 6" jour. — Première apparence du se- cond ventricule du cœur, qui n’emploie pas tout-à-fait un jour entier pour arriver à sa véritable place : on voit après ce changement deux gouttes de sang, dans le cœur du poulet, qu'une ligne blanche sépare. Ebauche du péricarde , d’ailleurs très-minee dans les oiseaux. « La membrane vasculaire de l’aréole s’est étendue davantage sur le jaune. La vésicule s’est tout-à-coup développée sur le jaune , et ses enveloppes, sous la forme d’un double bonnet de nuit, commencent à ren- fermer l'embryon. » « Ce changement se fait si rapidement que ce n'est pas sans difficulté qu'on l’a découvert, et l’on à dif- férens récits de la manière dont il s'exécute. L'amnios contient de l’eau où flotte l'embryon, suspenda par les vaisseaux qui alimentent la membrane aréolaire et la membrane vésiculaire. Le cerveau, du volume du corps de l'embryon, ses vaisseaux distincts. Les deux yeux, d'un volume égal à celui de tout le cerveau. La petite vessie ( marsupium } couverte de sæ couleur noire (pig- mentum nigrum ). On peut suivre les vaisseaux du cer- velet jusque dans les replis de Ja pie-mère. Les parois de la poitrine et du ventre ont commencé à paroïtre. Les Sciences et Arts. Août 1830. Ce 402 PHYSIOLOGIE ANIMALE. ailes et les paltes sont à peu près toutes formées, de même que le bec.-Action musculaire apercevable pour la première fois. » (Home ). 168% heure; 7% jour. — Premiers contours distincts des intestins grèles ; ils donnent dans quelques individus des traces d’irritabilité depuis le seizième jour , mais ja- mais constamment avant le vingtième, se contractant même alors lentement ; l'œil saisit avec peine la direc- tion de leurs fibres, dans l'endroit pincé ; coupés en travers, ils se renversent et leur tunique veloutée se porte au dehors. Quant au mouvement péristaltique , sans prétendre qu'il manque , je ne l'ai jamais bien vu. Les intestins ne contiennent que des glaires pendant la plus grande partie du temps de la couvée. La bile commence à s’y mêler le onzième jour, et l’on y en voit des grumeaux d'un Irès-beau vert, avant que Île poulet quitte l'œuf. Le jaune n'y paroit, comme aussi dans l'estomac, que le vingtième jour. La matière blanche semblable à de la chaux, ne naït qu'après que le poulet est éelos. Le conduit du jaune est plus etroit que celui des intestins; mais il n’est pas douteux que les membranes du jaune ne se continuent par ce canal avec celles de l'intestin. On distingue la rétine et la couronne ciliaire. « La vésicule étendue sur l'embryon , a commencé à renfermer l'enveloppe aréolaire du jaune ; pulsation distincte dans le tronc qui fournit de sang le sac vésieu- laire ; 79 pulsations par minute, entenant l'embryon dans la température de 105° Fahr. — + 32°; R.: en baissant la température 32°, les pulsations cessoient pour repa- FORMATION DU FOETUS DU POULET. 4o3 roître avec elle ; en apportant de l'attention à maintenir celle température, on est parvenu à entretenir les pulsa- tions pendant 36 heures. L'action musculaire est deve- nue vigoureuse dans les membres. Si l'embryon étoit complétement sous l'eau , les pulsations cessoïent immé- diatement , même à la température de 108 F.33° 7 R., l'air ne parvenant plus au sang. » (Home ). 190" heure. — Le fœtus ouvrit le bec dans leseaux de Famnios , et parut chercher à en avaler. 192" heure. 8" jour. — Les côtes s'avancent à partir du dos. On distingue des chaïrs sur la poitrine. La vésicule du fiel reste blanche pendant quelque temps, et la bile n’a point d'amertume; le vert com- mence pourtant quelquefois dès le dixième et le on- zième jour, devenant tous les jours plus fonee. La vé- sicule du fiel paroït bleue dans le poulet qui est près d'éclore ; après celte époque elle devient plus fluide, et d'un vert plus gai. L'amertume de la bile n’a commencé que vers le quatorzième jour, en augmentant de ma- nière à en avoir beaucoup le dix-septième et les jours suivans (1). Concluons que la couleur du sang ne dépend pas du foie, et que ce viscère n'est pas d'ane aussi immédiate utilité pour la conservation de la vie. « Pulsation artérielle très-forte dans les branches, qai s’anastomosent entr'elles, de la circulation vésiculaire.» ({ Home ). (1) Les couleurs préeëdent les saveurs , et Iles mèmes vaisseaux fitrent en différens temps , des inrmeurs qui paroissent différentes. Charles Bonnet, Considérations sur les corps organisés. Clrap. IX, $ 145 et 14;. Cca 404 | PHYSIOLOGIE ANIMALE. 194% heure. — Le sternum paroît. 210% heure. — Les côtes sont arrivées à leur perfec- tion. 219" heure; 9" jour. — « La vésicule enveloppe à peu près tout le jaune, mais non pas en entier; car quand l'embryon étoit tourné sur le dos , et qu'on: examinoit la surface opposée, une portion du jaune étoit dehors, et il y avoit au-delà un peu du blanc qui n'y étoit pas mêlé. » (Home ). 236"° heure. — Le fœtus tiré de ses membranes s'agite avec force. 240% heure. 10" jour. — Les plumes commencent à pousser. « On ouvrit la vésicule dont la moitié supérieure fat mise de côté. Quand l’amnios, qui s’étoit rempli d’eau, fat ouvert, et qu'on en eut tiré l'embryon, on trouva la poitrine complétement fermée; les racines des plumes éloient distinctes , et le passage pour les vaisseaux aréo- laires et vésiculaires mis en évidence. » (Home ). 264" heure ; 1" jour. — Le crâne est cartilagineux: 331"° heure; 13,79" jour. — On distingue la rate à côté de l'estomac, et les poumons qui commencent à s'attacher à la poitrine. 336" heure; 14"° jour. — « Le jaune restoit hors du corps. Quand la poitrine et le ventre furent ouverts, le cœur et les lobes du foie mis de côté, on put suivre les vaisseaux sanguins jusqu'au Cœur; mais Comme les ar- tères se désemplissent aussilôt après la mort, tandis que les veines demeurent pleines, la veine de la vésicule et celle de l’aréole étoient particulièrement remarquables.» ( Home ). FORMATION DU FOETUS DU POULET. 405 351" heure; 14,63" jour. — Piaulement distinct du fœtus dans l'œuf, sans félures à la coquille. 384" heure; 16" jour. — Les oreillettes, réunies à la fin du sixième jour aux ventricules , sont immédiatement altachées à présent à leur partie supérieure. Les viscères et les organes s’étant successivement dé- veloppés pendant les quinze à seize premiers jours, le quart restant du temps de l’incubation est surtout em- ployé à l’affermissement de ces viscères et de ces or- ganes. Charles Bonnet à disertement détaché des corollaires méles de Haller, les vérités les plus importantes et les plus propres à diminuer les ombres (c’est ainsi que mo- destement il s'exprime } de son sujet (1). 432% heure ; 18" jour, — « La plus grande partie du Jaune étoit rentrée dans le corps. » (Home. } 480"* heure ; 20" jour. — « Le poulet complétement formé, le jaune entièrement rentré, quelques portions seules de la membrane vésiculaire paroissoient au dehors. Le jaune étoit passé dans l'intestin un peu au-dessus des ouvertures des cæca. » ( Home. }) D'après les data qu’on trouve dans l'ouvrage de Haller, on a dressé les deux tables qui suivent : (2) L'existence du poulet dans l'œuf avant la fécondation. 406 PHYSIOLOGIE ANIMALE. ACCROISSEMENS EN LONGUEUR DE ACCROISSEMENS EN LONGUEUR DU FOETUS. L’AMNIOS. Heures. | Pouces. À Heures. Jours. 0,18 0,26 0,29 0,34 0,38 0,48 0,49 0,60 Pouc. 0,10 0,12 0,14 0,20 0,26 0,35 0,40 0,66 0,7) 0,85 La tête au reste du corps, comme 14 à 29 1,12 3:88 3,16 3,63 404 Le poulet éclos depuis vingt-quatre heures ne passe pas 4,17 pouces de longueur. Un poulet de quarante jours étoit de 5 pouces de longueur. F.B. HISTOIRE NATURELLE. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES NATURALISTES DE MOSCOU ; in-8° Moscou. 1° ann. 12 cah. 1829. Nous venons de recevoir la première année du Bulle- tin de la Société des Naturalistes de Moscou , et comme cel ouvrage ne se trouve pas dans le commerce et se dis- tribue seulement aux membres de cette Société , nous croyons devoir en présenter un extrait un peu plus dé- taillé que nous n'avons coutume de le faire pour des collections de ce genre, qui par leur essence même sont fort hétérogènes. La Societé des Naturalistes de Moscou a été fondée en 1805 par Mr. le Prof, G. Fischer, et reçut en 1807 de l'Empereur Alexandre le titre de Société Impériale. En 1811, elle admit dans son sein la Société Phyto- graphique de Gorenki. Elle avoit formé de belles col- lections, lorsque le désastre de 1812 les lui fit perdre. Des six volumes in-4° de ses Mémoires qu'elle avoit publiés alors, les quatre premiers furent la proie des flammes. On s'occupe graduellement à les réimprimer. Cette Société fut dotée de 5000 roubles par l'Empereur Alexandre, et l'Empereur Nicolas a récemment doublé celle allocation, au moyen de laquelle la Société forme son Cabinet ct publie ses Mémoires et son bulletin. 408 HISTOIRE NATURELLE. Gelui-ci est publié par les soins du directeur, le cé- lèbre zoologiste G. Fischer de Waldheim. Les collec- tions de la Société s’accroissent journellement par les dons de ses membres, qui paroissent animés du zèle le plus louable pour former un cabinet précieux des di- verses branches de l’histoire naturelle de la Russie, GEOGRAPHIE. — Latitude de Moscou. MM. Hansteen, Due et Erman , ont pris celte mesure , au lieu dit Sokol- nikowo-Polé, par douze hauteurs du bord supérieur du soleil et cinq du bord inférieur, et la fixent à 55°49"15"9, d'où en ayant égard à la distance de ce point à la tour Iwan-Waliky du Kreml , qui est de 1950 sagenes, de sept pieds anglais, on trouve que la latitude de cette tour est de 55° 45"2”. Hauteur de Moscou. D'après cinq années d’observa- tions faites par le Prof, Pérévochtchikoff , il résulte que la moyenne du baromètre est de 29,51 pouc. (angl.) et la température moyenne + 4°,01 de R.; de là le Dr. Erman avoit conclu la hauteur à 699,84 pieds de Paris (p.18). Mais Mr. Hansteen remarque (p.213) que ce calcul, basé sur les tables de Gauss , est erroné en ce qu’on ya pris des mètres pour des toises, et il établit, d’a- près ces mêmes élémens, que la hauteur de Moscou est de 357,24 pieds français. Il résulte, ajoute-t-il , d’ob- servations journalières faites pendant cinq ans au bord de la mer à Christiania, que la moyenue de la hauteur du baromètre y est d'à peu près 5 de ligne au-dessous de 28 pouces français soit 536 lignes. D'où on doit con- clure que la hauteur réelle de Moscou n'est que de 289,80 pieds de Paris. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DE MOSCOU. 409 Longitudes. W\ résulte du voyage de Mr. Hanstcen (p.217) que les grandes villes sur la route de Saint- Pétersbourg à Irkoutsk, sont exactement marquées sur les cartes, mais que presque toutes celles situées au sud ou au nord de cette ligne sont faussement désignées, même dans la carte publiée en 1865 par le Dépôt. Tourou- khausk est à 2°5 plus à l’est (1) qu’il n’est indiqué. Toute la rivière Yéniseik, depuis le 61° degré de latitude, doit être reportée à l’ouest de quelques degrés. La longi- tude de Yéniseik est de 109° 51°41”, celle de Barnaoul 101° 47"2". Île nouvellement découverte. Mr. de Hedenstrôm écrit (p.205) qu'ayant été chargé par le Gouvernement, de reconnoître les côtes de la mer glaciale depuis la Léna jusqu’à la Colyma , il y est resté trois ans ; il y a trouvé uue nouvelle île qu’il a nommée la Nouvelle Sibérie, parce qu'elle se présente sous un aspect encore plus sauvage que l’ancienne Sibérie. Dans la croûte éternel- lement glaciale de ces contrées se trouvent ensevelis des milliers de mammouts, de rhinocéros, de buffles et d’autres auimaux anté-diluviens. PaysiQuEe.— Magnelisme terrestre. Nous sigualons aux physiciens trois séries d'observations magnétiques consignées dans ce volume ; 1° (p.12) de MM. Hans- teen, Due et Ermau, sur la déclination , l'inclinaison et le nombre des oscillations de l’aiguille dans plusieurs villes de l’empire russe ; 2° uue dite de MM. Hansteen (1) L'auteur dit à l'ouest, mais Mr. Pérévotchikoff dit, p. 266, que c’est une faute de copie ou d'impression et qu'il faut lire à l'es. 410 HISTOIRE NATURELLE. et Due dans vingt-quatre villes; et 3° (p. 358) une table des inclinaisons de l'aiguille, observées par Mr. de Hum- boldt dans son voyage aux monts Ural. Mr. Erman ob- serve comme conséquence générale de ses observations, que la durée des oscillations diminue à mesure qu'on s'éloigne du nord : la même aiguille fait 300 oscilla- tions à Nordcap en 938 secondes et à Triest en 705. Il y a de grandes analogies entre Nowogorod et Twer. Mr. Hansteen fait observer l’extrême accroissement d’in- tensité de Nijny-Novgorod à Casan et d’Irkoutsk à Ya- koutsk et Vilovisk, qui indique distinctement la proxi- milé des pôles magnétiques de la Sibérie. Enfin Mr. de Humboldt appelle l'attention sur la périodicité des forces magnétiques et sur la nécessité de constater ces phéno- mènes par des observations correspondantes. Formation de la gréle. Mr. de Pérévoschtchikoff (p.127) a cherché à vérifier par l'expérience les objec- tions de Bellani contre la théorie de Volta et en par- ticulier à démêier l'influence de l’évaporation sur la tem- pérature des liquides. Il se sert pour cela d’un thermo- mètre dont le tübe est recourbé à sa base de manière que la boule femonte : cette boule est excavée de ma- nière à recevoir une certaine quantité de liquide et à pouvoir ainsi mesurer la température de ce liquide à mesure qu'il s’évapore. Il conclut de ses expériences faites avec de l’eau qu'une prompte évaporation « pro- « duit un refroidissement même sous l’action immé- « diate des rayons du soleil; » et des expériences faites avec l’esprit-de-vin il tire la conclusion « que la tem- « pérature d'un liquide qui s’évapore ne peut s'élever BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DE MOSCOU, 4as « que lorsque l'évaporation est, lente. Il n'y a donc, « dit-il, aucun doute que la cause de la formation pri- « mitive de la grêle ne gisse dans une promple évapora- « Lion de ces petits globules dont les nuages sont formés. » « Tout entier occupé d'électricité, Volta, dit Mr. P., avoit perdu de vue la principale cause du refroidissement des nuages et la structure par couches des grélons ; voici comment le physicien russe s'explique. « Lorsque les « nuages se forment de plusieurs couches épaisses qui « montent graduellement, ils deviennent un obstacle à « la distribution libre du calorique rayonnant, qui étant « réfléchi vers la terre produit cette chaleur étouffante > qui précède ordinairement l'orage. En même temps, « au-dessus des nuages le ciel est tout à fait serein et « par conséquent ne fait aucun empêchement à la cha- « leur rayonnante qui émane libre de la surface supé- « rieure du nuage. Voilà donc une nouvelle et princi- « pale cause de leur refroidissement dont dépend la for- « mation du noyau des grêlons. Le poids spécifique de « ces noyaux ne leur permettant pas de rester suspendus « dans le nuage ils tombent , et traversant différentes « couches du nuage ils se revêtent à chaque passage « d’une nouvelle enveloppe opaque du liquide congelé « à sa surface, de manière que le nombre des couches « de grélons répond toujours au nombre de celles du « nuage. Ces grêlons peuvent acquérir par le choc un « mouvement de rotation qui leur donne leur forme « sphérique. » De ces idées l’auteur déduit l’inutilité, peut-être même le danger des paragrèles. T'remblement de terre.-- Mr. de Gebler écrit de Barnaoul 42 HISTOIRE NATURELLE. (p.184) que le 2r avril 1829 on a remarqué dans la mine de Syrianoff un tremblement de terre, qui a été sensible, non-seulement à la surface , mais à 50 sagenes (350 pieds anglais) de profondeur sans causer de dérangemens. C’est un lieu où ces accidens sont plus fréquens que dans les environs, ce qui paroît en liaison avec les sources d’eau chaude des hautes montagnes. Il ajoute que la température moyenne de Barnaoul est + 1,72. MANÉRALOGIE. — Mr. de Hedenstrôm (p. 206) a trouvé un basalte en cristaux tétraèdres à 4oo verstes N.E. de l’Angara supérieure. On lui a assuré que ces prismes sont isolés et érigés sur la cime de ces montagnes. Mr. Kareline a envoyé à la Société (p.208) cinquante cristaux d'aérolithes tombés aux environs d'Orenbourg mêlés avec de la grêle! ORYCTOLOGIE. — Le directeur, Mr. Fischer, après avoir adressé (p.27) d’utiles instructions aux membres dispersés dans l'empire russe sur la collecte des fossiles, donne la description (p.31) et la figure (pl.r) d'un nouveau genre de coquilles bivalves, qu'il a reconnu parmi des fouilles provenant du district de Bränsk, tirées d’une couche calcaire. Ce genre est voisin des Gryph&es, et il a reçu le nom d’Æmphidonte, à cause de la dentelure qui se trouve sur les bords des deux valves des deux côtés de la charnière ; il en décrit deux espèces, À. Humboldiii et A. Blainvillei. Ce même naturaliste appelle l'attention (p.375) sur une autre coquille bivalve fossile , trouvée à Pakhrino, qu'il croit former un genre nouveau ; il l’a nommé Orthoteles, parce que la charnière présente une impres- BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DE MOSCOU. 413 sion transversale droite et linéaire. La coquille est pres- qu'aussi mince qu'une Anomie, et elle a des rapports avec les genres Placuna , Pedum , etc. Une notice sur le mammont (E/ephas primigenius B\.) a été occasionnée par la découverte récente d’une belle mâchoire de cet animal fossile , dans la rivière Oca près Mourom ; elle nous apprend (p. 267) que le vrai nom in- digène n'est pas mammoulh mais mammont, et qu’une notice sur ce fossile a été publiée dès 1696, à Oxford, par Ludolf, dans sa Grammatica russica. Mr. Fischer a distingué six espèces confondues sous le nom de mammont ; il en donne les caractères dans les nou- veaux Mémoires de la Société des Naturalistes de Mos- cou. Vol. 1, p. 285 savoir, d’après le bulletin p. 275. Elephas mammonteus , dentibus molaribus rectis, la- minis numerosis, anguslis, parum elevatis, angustè fim- briatis. E. panicus , dentibus molaribus rectis, laminis latis, elevatis , parum fimbriatis , latere longe distinctis. E. proboleles, dentibus molaribus rectis, Jaminis ele- vais , profunde fimbriatis, obliquè projectis. E. pygmœus , dentibus molaribus similibus mam- monteo , sed magnitudine plus quam dimidio mino- ribus. E, campylotes , dentibus molaribus subarcuatis, la- minis anguslis , numerosis, arcuatis, parum elevatis. E. Kumenskii, dentibus molaribus subarcuatis, utrin- que attenualis, laminis parum elevatis, numerosis, medio annulatis. On trouve encore à la page 279, une police sur Île 414 HISTOIRE NATURELLE. Rhinocéros fossile, qui se trouve en Sibérie presqu'aussi communément que le Mammont, et Mr. F. en donne une figure. Cette espèce, dont Cuvier a fait remarquer les narines cloisonnées, est le À. ticheorhinus de Fischer, et le À. antigquitatis de Blumenbach. Le même Mr. Fischer a aussi donné une notice im- portante sur les Cephalopodes fossiles; il y donne une monographie du genre Bellérophon que, comme Defrance, il place auprès des Argonautes, et en rappelle quatre espèces publiées et figurées dans l'Oryctographie de Moscou qui est prête à paroître, savoir : B. Caucasicus, subovatus, externè transversim sul- catus, sulcis undolatis. B. carinatus, spira basali dilatata, externè (sive dorso} carinata , sulcis lateralibus. B. cicatrisatus, g\obulosus, spira externa cicatricosa , apertura labiata. B. helicoïdes, subglobosus, lævis, spira externa dorso trisulcata. Les Orthoceratites sont nombreux. aux environs de Saint-Pétersbourg, où Mr.F. a déterminé quatre espèces nouvelles trouvées à Kalouga dans le calcaire par Mr. Evans. O. Polyphemus, perfectè conicus , annelis apertura siphoneque centrali circularibus. O. sulcatus, eylindricus , septis emarginatis transver- sim sulcatis, syhone marginali. O. crenulatus, conicus, septis crenulatis , siphone marginal. Il place auprès de l'Orthoceratite deux genres nou- veaux caractérisés comme suit : BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DE MOSCOU. 415 Melia (1). Test non spiral, conique, projeté en ligne droite, à cloisons embriquées. Siphon canaliculé, angu- leux, marginal, attaché aux cloisons par une petite lame : dernière loge engainante. On connoît deux es- pèces de ce genre M. dislans, à cloisons écartées et M. depressa , à cloisons déprimées et rapprochées. Sannioniles. Test non spiral, conique, projeté en li- gne droite et terminé en pointe. Cloisons très-embri- quées d’un côté , et séparées de l’autre par un siphon co- nique, qui paroît interrompu d’une loge à l’autre. Der- nière loge engainante. On n’en connoît qu'une espèce trouvée dans les sables près de Moscou. A la section des Foraminifères d'Orbigny et près du genre Linguline, Mr. F. ajoute un nouveau genre qu'il nomme Fusuline : ouverture formant une fente longitu- dinale ; test en forme de fuseau, formé par des loges oblongues qui entourent l’axe en spirale, On en connoît deux espèces Æ. cylindrica et depressa, qui seront fi- gurées à la planche 13 de l'Oryctogr. de Moscou. C'est a ce genre qu'il faut rapporter les petits grains re- gardés comme du blé fossile et décrits dans le Journal des Mines. Ils ont de la ressemblance avec les Carpo- lithes d'Adolphe Brongniart, et Mr. Rjefsky, les avoit cru identiques, mais Mr. F. les croit différens. - Enfin Mr. F. a trouvé une nouvelle espèce du genre très-peu connu des Cibieides de Montfort , il la nomme (x) Ce nom devra probablement être changé ou modifié à cause de son identité avec le genre Melia anciennement connu dans le règne végétal. (R.) 416 HISTOIRE NATURELLE. ' C. Rozovii, Elle est gigantesque comparée à l'espèce con- nue, car elle atteint, à sa base, un diamètre de deux pouces dix lignes, sur une hauteur d'un pouce neuf lignes. ZOOLOGIE. — L'étude des animaux du vaste empire de Russie, déjà si habilement commencée par Pallas, paroît se continuer avec une grande activité. Le bul- letin donne les listes des animaux recueillis par Mr, Eversman ( pag. 36), dans son voyage à Bouchara et par Mr. Lichtenstein dans la Curonie ( pag. 239 ); étant depourvues de caractères, elles ne sont pas suscep- tibles d'extraits, Mr. Ehrenberg, qui a voyagé en Sibérie avec Mr. À. de Humboldt, a rendu compte à la Société de Mos- cou, de ses recherches sur les infusoires observés dans le cours de son voyage. Ilen a observé 113 espèces, dont 85 ressemblent parfaitement à celles qu'il a observées près de Berlin, et les autres sont nouvelles. Parmi celles-ci quatre forment le type de nouveaux genres. Il à montré une masse rouge de sang, qu'il a trouvée dansun marais des steppes Platowsky, situés entre Bar- naoul et Colyvan ; il la regarde comme formée d’infu- soires rouges qu'il nomme T'rachelium desertorum , phénomène analogue à ce qu'il a observé près de la mer Rouge, dans la baie Tor : la matière colorante de la mer Rouge a reçu de lui le nom Trichodesmium ery- thrœum (2). (1) Les eaux du lac de Morat rougissent quelquefois au printemts par le développement d'un infusoire analogue ou semblable, que BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DE MOSCOU. 419 Mais c'est surtout lentomologie qui trouve des do- cumens nombreux dans le Balletin des Naturalistes. On n'y compte pas moins de douze Mémoires dans les- quels de savans entomologistes russes donnent la des- criptionu et la figure d'un grand nowbre d'espèces d'in- sectes surtout originaires de l'empire russe. Nous enga- geons les eutomologistes à les consulter aux pages 45, 48, 65, 69, 142, 147, 169, 171, 187, 284 et 368 de cette collection; mais nous croyons devoir nous dispenser d'indiquer ici des caractères qui ont un intérêt très-spé- cial et qui en perdent une grande partie en étant privés des planches qui les accompagnent. Nous indiquerons seulement et fort en abrégé les genres nouveaux. Nous ne comprendrons pas dans cette liste le genre Au- lacodus d'Eschscholtz, qui, de son propre aveu, n’est autre que le Leucothyreus de Mac-Leay dont on à changé le nom; mais le Psilotus de Fischer est un genre de Cayenue voisin du Strongylus ; l'Odontocnemus est un genre de Coleopteres Curculionides établi par Mr. Soub- koff sur un insecte de Russie trouvé près de Glinia- noye ; ke Penops de Fischer est un genre du Caucase, qui appartient aux Coleoptères Clériens ou Terediles, très-voisin du Clerus. Mr. Gimmerthak, habitant de Riga, a en particulier étudié avec soin les métamorphoses de quelques insectes , travail important pour les progrès Mr. De Candolle a décrit et figuré sous le nom de Oscéllatoria rubes- cens. ( Mém. de la Soc. de Phys. et d'Hist. Nat. de Genève. T. IH, Part. IL, p. 37.) L'espèce d'Egypte a été désignée par Mr. Bory, sous lenom d'Oscélhtoria Pharaonis. Sciences ct Arts. Août 1630. Du 418 HISTOIRE NATURELLE. de la classification naturelle et qu'on doit toujours re- commander aux observateurs. BOTANIQUE. — La Botanique de Moscou a jeté un grand éclat pendant qu'a subsisté le bel établissement fondé à Gorenki, par Mr. le comte de Razomouski ; depuis sa mort cette partie de l'histoire naturelle a trouvé moins d’aliment. Le Bulletin de la Société contient cependant des mémoires intéressans sur cette science. Mr. Fleischer y donne ( p. 74) la liste des plantes qu'il a trouvées dans la Curonie, la Livonie et l’Esthonie, et Mr. Karéline (pag. 150) celle des principales espèces qu'il a trouvées dans son voyage d'Orenburg au pays des Kirghis ; mais ces listes, sans caractères.et sans dési- gnations précises de localités, ne sont que des maté- riaux non susceptibles d'être extraits. Mr. Besser, professeur à Krzeminiec , a publié ( pag. 219 à 265) un Mémoire fort intéressant sur le genre Absinthium ; c'est une monographie de ce genre difficile, qu'il dit être destinée pour le Prodromus de Mr. De Cando)lle : ce travail est fait avee beaucoup de soin , et mérite les éloges des Botanistes, mais par sa forme et sa nature il est peu susceptible d'extrait. Mr. B. annonce qu’il va donner successivement, sur le même plan, les diverses sections du genre Arlemisia. Enfin dans une séance solennelle que la Société a tenue pour célébrer le passage du célèbre Alexandre de Hum- boldt, à son retour de Sibérie, Mr. Alexandre Fischer a lu un Mémoire sur l'accroissement du tronc des Di- cotylédones (p. 333). Il expose d’abord les faits et les opinions connues d’une manière qui s'écarte très-peu de BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DE MOSCOF. 41q celle dont ce sujet est traité dans l'Organographie-végé- tale, Relativement à Ja théorie de Mr du Petit-Thouars, il expose, comme tout écrivain impartial doit le faire, les objections dont elle est passible : il remarque que l'au- teur l’a mal défendue en soutenant que, si l’on ne voit pas la descente des fibres qu'il suppose descendre des bourgeons pour faire le bois, c'est que leur marche est aussi rapide que celle de l'électricité ou de la lamière ; Mr. Alex. F. pense qu'on pourroit admettre que ces fi- bres descendent lorsqu'elles sont à un état de ténuité tel qu'elles échappent à la vue et qu'on ne commence à les apercevoir que lorsqu'elles ont incorporé à elles le cambium qui les entoure ; il tendroit done ainsi à réunir les théories de Petit-Fhouars et de Dutrochet pour l’ex- plication du phénomène ; il admettroit que le cambium sert à la formation des zônes cellulaires corticales et ligneuses qui font partie de chaque couche , mais que les zônes fibreuses doivent probablement prendre naissance des bourgeons dont les fibres radicales sont supposées s’intercaler entre l'écorce et le bois, en traversant le cam- bium qu’elles diviseroientendeux portions, l’une corticale et l’autre ligneuse. Cette opinion n’est appuyée ici d'au- eun fait et doit cependant être examinée par ceux qui voudroient tenter de nouveau la solution de ce problème délicat. Peut-être sommes-nous près de l’époque où il sera résolu, car l'Académie de Pétersbourg a proposé sa solution comme sujet de prix. Puisse-t-elle rencontrer un concurrent qui sache lever les doates sur cette ques- tion difficile, aussi heureusement que lorsqu'elle proposa l'examen du sexe des plantes et qu'elle eut le bonheur de couronner Linné ! ( 420 ) BEHLERR ASE -DPEE ERP EAP RARE SI ARTS CHIMIQUES. FABRICATION DU VERRE POUR LES EMPLOIS OPTIQUES ; par Mr. FaRADAY. (Phil. Trans. 1830. Part. I.) (Troisième article. Voyez p. 307 du volume précédent.) 26) Le mélange est ensuite fondu pour former un verre grossier. Cette opération préparatoire est nécessaire, à cause de la quantité de matière évaporable qui se dé- gage pendant cette partie du procédé. Si on mettoit les matériaux tout de suite dans les vases et daus le four- neau où le verre s’achève, ils bouilliroïent et occasion- neroient du dommage , et la nature acide des vapeurs, si elle ne faisoit pas du mal en agissant sur le fer et sur les autres parties du fourneau, seroit au moins très-désa- gréable. Cette opération s'effectue dans un fourneau qui est décrit dans un appendice de ce Mémoire ; il suffira de dire ici qu’étant un fourneau fermé, la partie immé- diatement après celle où est la cheminée, forme une chambre horizontale recouverte par un plateau de fer percé de larges trous circulaires. Ces ouvertures per- mettent aux creusets de passer, tout en reposant sur le plancher de la chambre horizontale , tandis que leurs FABRICAT. DU VERRE POUR LES EMPL. OPTIQ. 42 Le bords s'élèvent au-dessus du plateau supérieur. De cette manière le feu s'applique aux creusets, tandis que leurs orifices sont en dehors du fourneau; cette disposition empêche l'introdaction d’aucune impureté colorante ou réductive , qui proviendroit du feu, et elle donne la plus grande facilité pour introduire le mélange, observer sa fusion, le remuer, et enfin pour le sortir au moyen de la cuillière. Les ouvertures dans lesquelles les creusets sont insérés, sont au nombre de cinq ou six; on ne se sert jamais de toutes à la fois, et celles qui ne sont pas mises en usage sont recouvertes par des dessus de creu- sets, La chaleur n’est pas donnée entièrement par la flamme. On brûle du charbon dans le foyer tandis qu’on met du coke entre les creusets au travers des ouvertures non occupées. Le dessus en fer du fourneau est recou- vert par un second plateau de fer, ou , ce qui est mieux encore, par des plateaux de terre, afin de retenir la chaleur. Les creusets sont de porcelaine pure et aussi minces qu'on peut les obtenir. Leurs couvercles sont des vases évaporatoires considérablement plus grands que l'ouverture des creusets : on les tourne sens dessus des- sous, de manière que , lorsqu'ils sont placés, leur re- bord repose sur le plateau de terre sans qu’ils puissent toucher le creuset ; mais ils empêchent que rien ne tombe dedans et en même temps que la vapeur ne se répaude dans la chambre ; cette vapeur est attirée le long des creusets par le courant de la cheminée, elle entre dans le fourneau dans le tuyau duquel elle re- monte et ne cause aucun ennui à l'opérateur. Les cou- vercles sont suspendus par un fil de platinequi pend d'un 422 | ARTS CHIMIQUES: côté à l’autre de leur milieu, de manière qu'une vergs: de fer légèrement recourbee à son extrémité suffit pour les soulever lorsque l’occasion le requiert. Ou prend toujours grand soin de placer les couvercles dans un endroit propre, pour que rien, lorsqu'on les remue, ne puisse tomber dans le verre. 27) Le fourneau qui vient d'être mentionné a une action considérable. Comme il aboutit à un tuyau très- Jong qui a un réfrigérent , On dirige facilement la témpé- rature, Avant que de mettre les creusets en activité, on examine leur solidité, et ensuite on en élève graduel- lement la température qui ne doit pas être au-dessus d'une chaleur à peine rouge au commencement de l'o- pération ; on introduit alors le mélange que nous avons décrit (25) et on couvre le creuset ; la décomposition du nitrate de‘plomb commence aussitôt; l'acide bo- racique perd son eau, la réunion de tous les élé- mens s'opère, et il est remarquable que, quoiqu'une quantité considérable de l'acide boracique se sublime ordinairement avec l’eau , lorsque celle-ci est chassée des cristaux de cet acide, il s’en évapore cependant à peine en conséquence de la présence de l'oxide de plomb. 28) La chaleur ne doit pas s'élever trop haut, et il ne faut pas bâter l'opération; lébullition procédera alors graduellement et favorablement , les matériaux bruts se converlissant par degrés en verre. Avant que la première portion en soil complétement fondue , on en introduit une seconde, et lorsque celle-ci est fondue, on en met quelquefois une troisième , suivant la quantité FABRICAT. DU VERRE POUR LES EMPL. OPTIQ. 423 de verre qui se trouve dans le creuset, et suivant aussi la solidité de ce dernier. Lorsque le tout est fondu, on élève la température, mais pas trop cependant, de crainte que le creuset n’en souffre; on doit alors re- muer le verre et le mélanger au moyen d’un râteau de platine qu’on décrira plus loin. Enfin le verre est trans- porté, au moyen d'une cuillière de platine, dans des pla- teaux grossièrement formés avec des vieux morceaux de platine, où dans un grand vase en terre , blanc et propre, qui contient une grande quantité d’eau distillée. Dans cette dernière circonstance on obtient le verre à un état divisé, et lorsqu'il est égouté et séché sur le bain de sable, on le met dans des bouteilles, 29) Lorsqu'on a vidé le creuset de sa première charge de verre , il peut servir, si on en prend soin, pour une seconde , troisième, quatrième, ou pour plusieurs opé- rations ; mais il faut l’examiner soigneusement pour voir s'il n'a point de fentes, afin d'empêcher que le verre ne coule dans le fourneau , el dans ce cas afin de pren- dre un autre creuset. 30 ) Le verre grossier ainsi préparé doit être, dans l'o- pération qui suit, converti en une feuille bien finie et recuite. Il faut donc en déterminer la grandeur, et nous la supposerons de sept pouces carrés et de de pouce d'épaisseur, comme étant la dimension du plus grand morceau qui ait encore ‘été obtenu. Pour faire un vase de platine proportioné , il faudra un mor- ceau de ce métal d’au moins dix pouces carrés ; s’il étoit plus grand, il ne faudroi pas le couper, mais en profiter pour élever les bords du plateau plus que cela ne 424 ARTS CHIMIQUES. seroit absolument nécessaire, ou bien le garder pour la confection d’un plateau destiné à une plus grande feuille de verre que celle dont il s’agit. Le plateau doit avoir une épaisseur qui le fasse peser au moins 17, grains le pouce carré. Il est important qu'on ait choisi pour sa fabrication un bon lingot, ou la bonne partie d’un lingot de platine, et qu'on l'ait applati coigneu- sement et graduellement , en évitant qu'il s'y forme des trous, soit par l'adhésion de quelques particules de sa- leté, soit par l'opération du laminage. L'on m'assure que la meilleure méthode pour ob- tenir la perfection, est de laminer le platine entre deux feuilles de cuivre. 31) Le plateau étant posé sur une table bien unie recouverte d’une feuille de papier ou d’un drap, doit être nettoyé avec un linge et un peu d’eau ou d’al- cool; on le chauffe ensuite partout au moyen d’une grande lampe à esprit-de-vin. 11 faut examiner avec le plus grand soin l'état de sa surface dans les places où il pourroit exister des trous. Si le métal paroît fendu dans quelque partie, effet qui est indiqué par des aspérités sur la surface, ou par de petites lignes parallèles l’une à l’autre, mais perpendiculaires au sens où le platine est laminé, cette place dait être marquée, une petite tache d'encre remplira suffisam- ment ce but, Si on croit voir une écaille, ou si une petite portion paroît redoublée , il faut aussi la marquer, et si quelque tache noire est visible (elles se forment quelquefois par l'adhésion d’une particule de saleté ), il faut l’examiner, l’ôter avec la pointe d’un couteau s’il FABRICAT. DU VERRE POUR LES EMPL. OPTIQ. 425 est nécessaire, et marquer aussi sa place. Tous ces en- droits et la surface totale du plateau doivent être sou- mis à une recherche encore plus rigoureuse, quant aux trous qu'il peut ÿ avoir, en tenant la feuille de métal devant une lumière brillante, comme celle d’une chandelle ou d’une lampe dans une chambre obscure , et chaque trou qu'on observe doit être marqué. Eu faisant cet examen avec attention et minutie, il faut tenir la feuille à la lumière dans différentes directions ( car quelquefois les trous sont obliques), et prendre garde qu'aucune réflexion d'objets éclairés, comme les mains, par exemple sur la surface qui est du côté de la figure , ne puisse occasionner d'illusions. Lorsqu'on fait les marques, il faut les placer à une petite distance du trou , par exemple, à un tiers ou à un quart de pouce , et toujours dans la même direction, du côté du même bord, lorsque c’est sur le même plateau; les trous se retrouvent ensuite beaucoup plus faci- lement et la marque reste à côté pour guider l'opé- rateur. 32 ) Les trous découverts de cette manière doivent se boucher par de petites feuilles de platine soudées avec de l'or; car l'or, ainsi que le platine, peut s'em- ployer avec sûreté dans ces expériences lorsque la ma- tière réductive est absente. L'or dont nous avons fait usage, éloit dans l'état de division où on l’obtient en le précipitant de ses solutions âu moyen du sulfate de fer; mais il faut qu'il soit lavé jusqu'a ce qu'il soit par- faitement pur : on forme les morceaux destinés à bou- cher les trous en coupant une feuille bien propre de 426 ARTS CHIMIQUES. platine en parties carrées ou rectangulaires. On ob- tient ordinairement une chaleur suffisante avec une lampe à esprit-de-vin et en se servant d’un chalu- meau. Lorsqu'on veut pratiquer l'opération de la sou- dure , il faut amonceler un peu de cet or en poudre sur le trou et l'applatir légèrement au moyen de quelque instrument propre ; on place au-dessous, pendaut quel- ques instans, la lampe à esprit-de-vin, ce qui rend l'or un peu adhérent; on place délicatement sur lor un morceau de platine choisi; puis on dirige de nou- veau sous Île trou la chaleur de la lampe au moyen du chalumeau. Ordinairement l'or se fond et se répand ins- tautanément, le morceau de platine se met en contact immédiat avec le plateau, et l'opération est terminée ; si elle a été bien faite, l'or en fusion paroiîtra tout le tourde l'angle formé par le bord du morceau inséré et même légèrement dans ie trou du côté opposé du plateau. : 33) Quelquefois lorsque le morceau de platine est grand, ou qu'ilest placé au centre du plateau, la chaleur obtenue par le procédé indiqué est à peine suffisante pour fondre l’or et pour occasionner une adhésion par- faite. Dans ce cas un morceau de platine simple ou doublé, placé sur la partie défectueuse, prévient une perte de chaleur de la surface supérieure et cause fré - quemment une augmentation de température qui rend la soudure parfaite et suffisante. Dans le petit nombre de cas où cet expédient n’a pas réussi, j'ai eu recours au chalumeau oxialcoolique, en me servant pour cet effet d'une petite vessie d'oxigène avec un petit tube FABRICAT. DU VERRE POUR LESEMPL. OPFIQ. 427 adapté à cet usage. Cela n'a jamais manqué de pro- duire une chaleur efficace, et 15 ou 20 pouces cubes d'oxigène suffisent pour plusieurs opérations. 34) L'application des soudures et des morceaux n'est bonne que pour les petits trous, tels que ceux qui per- mettent à une épingle de passer, ou encore plus petits. Les morceaux doivent toujours être appliqués à la sur- face du plateau qui doit en former l'extérieur, et par conséquent il faut avant que de commencer l'opération des soudures, examiner les deux côtés et choisir pour l’intérieur celui qui est le plus parfait et le plus poli. L'application du morceau de platine est beaucoup plus utile que ne le seroit seulement celle de l'or, car la chaleur qui est appliquée ensuite au plateau, lorsqu'il est chargé de verre, est tout à fait suffisante pour fondre l'or, el dans ce cas, s’il n’étoit pas supporté par le mor- ceau de platine, le poids du verre et l’action de Île remuer forceroit probablement l'or à sortir du trou et laisseroit couler le verre; tandis que le morceau de platine, quoique l'or qui l'entoure soit devenu liquide, adhère cependant par une attraction capillaire assez forte pour le retenir à sa place, et étant placé en dehors il n'est pas enlevé par l’action de remuer, D'ailleurs après que la chaleur a agi pendant long-temps, l'or et le pla- tine se combinent si parfaitement ensemble qu'ils de- viennent un morceau d’alliage blanc infusible à la cha- leur. 35 j La feuille doit ensuite se plier en forme de pla- teau, On se procure auparavant un morceau de planche mince pour servir de mandrin, et qui dans Je cas actuel 428 ARTS CHIMIQUES. doit être de sept pouces carrés; celui-ci placé sur Ja feuille de platine et fortement comprimé, sert d’indi- cateur pour plier les bords, et doit, lorsqu'il est placé au milieu, laisser un pouce et demi pour les bords tout le tour; mais comme la feuille doit servir plu- sieurs fois, il est plus avantageux de placer le mandrin un peu de côté, afin qu’on puisse ensuite , pour une s-conde ou troisième opération, le changer de place, afin que Îles plis n'étant pas où ils étoient aupara- vant, il y ait moins de chance qu'il ne s'y forme des trous. C’est surlout aux plis des coins du pla- teau qu'il est difficile de faire supporter un second ou un troisième ploiement; on peut remédier à la nécessité d'avoir les plis à la même place, en mettant la plaque de bois obliquement par rapport aux côlés, tantôt dans une direction , tantôt dans une autre, position qui fournit d’ailleurs d’autres avantages dans l'opération de plier les coins, Ces soins, qui tendent à la conservation du pla- Hüne pour le faire servir souvent, sont très-nécessaires vu la chereté de la matière : la valeur du plateau en question est à peu près de 6 liv. sterl. 10 sh. ; et lors- qu'il est usé, on peut le vendre pour la moitié de cette somme. On voit donc que s'en servir une, deux, trois ou quatre fois, fait une différence considérable dans la dépense des plateaux de verre qui en résultent. 36) Lorsque le mandrin est placé comme il doit l'être sur le platine, les côtés sont relevés perpendi- culairement. Cette opération produit quatre coins pro- jetés, pliés et triangulaires, qu’on presse et qu'on re- FABRICAT. DU VERRE POUR LES EMPL. OPTIQ. 429 tourne contre les côtés, ce qui produit un plateau carré qui n'a aucune ouverture ou orifice au-dessous du bord supérieur. L'action de plier les coins est beaucouj plus importante qu'on ne pourroit le supposer. Il est rare que la feuille soit assez régulière pour que les deux côtés qui doivent former un même coin, soient, lorsqu'on les plie, exactement de la même hauteur ; il n’est pas même désirable qu'ils le soient, et la position non symétrique, dont nous avons déjà parlé (35), du man- drin, l'empêche presque toujours. Dans ce cas, des deux côtés du coin plié l'un sera plus élevé que l’autre , et si le coin est plié de manière que le côté plus bas soit en dedans du plateau et au-dessous de son bord, il se formera ‘une espèce de syphon qui se chargera de fluide par l'attraction capillaire et qui continuera à at- tirer le verre du plateau pendant tout le temps qu'il se chauffe, quoique tous les bords soient au-dessus du niveau du fluide qu'il contiennent. Cette circonstauce peut dans une longue opération occasionner des pertes sérieuses. 37 ) J'ai remarqué que, lors même que les bords d'un coin plié sont de la même hauteur entr'eux, cette action capillaire a lieu encore, s'ils sont au-dessous du ni- veau du côté du plateau contre lequel ils sont dis- posés, et la raison n’en est pas difficile à comprendre ; les coins donc ont toujours été pliés de façon que leur bord le plus haut fût en dedans, et que leurs deux bords fussent au-dessus du niveau du bord correspondant du plateau. Pour effectuer cette disposition, la ligne de leur pli latéral n’est pas faite perpendiculaire au fond 430 ARTS CHIMIQUES. du plateau, mais avec le haut un peu en dehors, et l’on obtient aisément le degré nécessaire d'inclinaison en ayant un moule sur lequel on plie les coins; il doit être fait d’un morceau de bois épais et carré, aÿant ses quatre coins coupés avec différens degrés d’obli- quité ; quand les coins du plateau sont formés im parfai- tement, 1} est facile de s'assurer à l'essai quel coin du moule donnera l'obliquité et la position qu’on a déjà décrite comme nécessaire, après quoi on achève de plier les coins sur lui. 38) Il faut éviter tout changement dans les plis, sur- tout pour ceux des coins ; on doit les faire d’une ma- pière assez avantageuse pour qu'aucun changement ne soit nécessaire. Plus les coins sont pressés près l’un de l’autre, plus la quantité de verre qu'ils contien- nent est pelile, et moins, il y a de risque que le platine se casse lorsqu'on enlève le verre fini. #l est utile d'éviter un contact complet entre les coins et le côté contre lequel ils sont disposés; autrement il est probable qu'il s’opéreroit une soudure pendant l’opé- ration de remuer, et le platine seroit gâté pour d’autres expériences. 39) Le plateau étant formé doit encore être examiné quant aux trous qu'il peut contenir, d’abord avec une lumière comme il a été dit (31), puis de la manière suivante. Le plateau étant posé sur une feuille de pa- pier buvard, on y verse soigneusement l’alcool jusqu'à ce que le fluide soit parvenu à un quart où un cin- quième de pouce du bord le moins élevé du plateau, de manière qu'il ne puisse verser par dessus aucun des FABRICAT. DU VERRE POUR LES EMPL. OPTIQ. 434 bords. S'il y a quelque grand trou, il sera visible aussi- tôt; s'ilr'y en a pas, il faut recouvrir le plateau avec un grand bassin ou quelqu'autre couvert, afin d'empé- cher l’évaporation et on laisse le tout pendant quelques heures sans le toucher; au bout de ce temps on l'exa- mine, et l'humidité du papier indique Îles trous ou les coins mal faits, et montre les places où il peut y avoir quelque défaut. On peut facilement transporter le pla- teau d’un bout du papier à l’autre pour découvrir les places humides qui sont dessous. Quelquefois les trous sont si petits qu'il ne passe pas au travers une quantité sensible d'alcool. On applique aux endroits qu'on soup- çonne de ce genre de défaut , un morceau de papier bu- vard sec, qui montre bientôt en changeant d'apparence, s'il y a quelque transmission de fluide. Il faut faire at- tention de ne pas obtenir de fausses indications en frot- tant les bords ou les coins du plateau avec le papier. Ces petits trous n'occasionnent pas de grands dom- mages dans le fourneau, mais on ne doit passer aucun défaut qui avec des soins puisse être corrigé. 40 ) Lorsque le plateau a des défauts, ik faut enlever l'alcool au moyen d’un petit syphon, souder les trous de la manière qui a été décrite (32), et essayer le pla- teau de nouveau. Si on n'y découvre plus de défauts, il faut , après avoir ôté l'alcool, le faire rougir à la flamme d'une grande lampe à esprit-de-vin, puis le conserver avec soin dans un endroit propre, jusqu'à ce qu’on veuille en faire usage. 41) Si on s’est déjà servi du platine , il faut s'assurer qu'il n'y reste plus de verre de l'expérience précédente. 432 ARTS CHIMIQUES. S'il ÿ en a encore, il faut le remettre dans l'acide étendu dont on l'a ôté. S'il n’en reste plus, il faut l’examiner relativement à l’action chimique qu'il peut avoir souf- ferte. Toutes les portions qui ont subi quelqu’altéra- tion, ou qui ont été attaquées par l'acide , ou qui se ter- nissent à la chaleur rouge, en ont été affectées , et c’est de cetie action plus ou moins forte, que dépend le ser- vice subséquent du plateau. Aucun dommage chimique ne peut résulter d'une expérience bien faite. 42.) Il faut examiner ensuite les trous avec une lu- mière , spécialement dans les plis des coins où F'adhé- sion du platine pour la soudure peut avoir eu lieu ; et tous ceux qu'on découvre doivent se marquer comme auparavant (31). Il faut ensuite aplatir la feuille, en la mettant entre deux feuilles de papier blanc sur une table bien lisse, et passer dessus, ke bord d’un couteau à plier, ou quelqu'autre corps uni; mais si l'on fait cette opération , tandis qu'il y a encore da verre sur le plateau, on est presque certain de le gâter. On répare et on soude les trous, en appliquant les morceaux de platine du même côté qu'auparavant. Le mandrin pour le nouveau plateau se place sur la feuille, en changeant sa première position si cela est néces- saire, comme on l'a expliqué (35 }, et on forme les plis; on examine et on achève le plateau comme auparavant. 43) Iest à désirer qu'on coupe le platine le moins qu'on le peut, et qu'en en fasse un plateau aussi grand que possible. Lorsqu'on s’en est servi deux ou trois fois, on peut alors en faire un sur un mandrin plus petit, par ce moyen les plis ne se trouvent plus là où ils FABRICAT, DU VERRE POUR LES EMPL.OPTIQ. 433 étoient auparavant, et s’il est arrivé quelque dommage au platine, comme c’est presque toujours dans les bords que cela a lieu, la portion du milieu restera pour la pré- paration de plateaux de verre de plus petite dimension. Si l’on a besoin de feuilles de platine si grandes qu’elles ne peuvent être formées par une seule, on peut aisément les ajouter, en faisant que le bord de l’une recouvre celui de l’autre, et en les soudant au moyen de l'or. ( La suite au Cahier prochain. ) A LS Cd Les La Le né LS NS NE A MÉLANGES. NOTICE SUR LA SEIZIÈME SESSION DE LA SOCIÉTÉ HEL- VÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES, RÉUNIE A SAINF- GALL, LES 26, 27 ET 28 JUILLET 1830. La Société réunissoit soigante membres ordinaires ét trois membres honoraires; elle étoit présidée par Mr. le Dr. Zollikofer, Membre du Tribunal d'Appel de Saint-Gall, et avoit pour secrétaire, Mr. Daniel Meyer pharmacien dans la même ville. Première séance. 26 juillet. r) Le président ouvre la séance par un discours dans lequel, après avoir complimente les Membres arrités des divers Cantons , il fait ressortir ce qu'offre Sciences et Arts. Août 1830. Ee 434 MÉLANGES. de satisfaisant le spectacle de cette nombreuse réunion d'hommes animés uniquement de l’amour de leur pays et de la science ; il applaudit au développement qu'a pris en dernier lieu la Société Helvétique des Sciences Naturelles ; il rappelle les nombreuses productions sor- lies de son sein, et signale les efforts toujours nouveaux que font partout ses membres, pour avancer honorable- ment dans la carrière qu’ils se sont tracée. Ce zèle louable Jui fait espérer que cette Société marchera de pair avec ses émules, en particulier avec cette intéressante réunion des savans de l'Allemagne, dont peut-être l’idée a été puisée dans notre fastitution. Il termine en signalant les pertes nombreuses qu'a faites la Société, pendant l’année qui s’est écoulée depuis sa dernière session , en payant un tribut de regrets à dix-huit membres, tous distingués dans les arts et les sciences. 2) Le Gouvernement du Canton de Saint-Gall ayant témoigné sa satisfaction de voir la Société reunie dans celte ville, et ayant mis à sa disposition une somme de 4oolisresde Suisse, une députation composée de MM. le Cons. Ustéri de Zurich et le Prof. De Candolle de Genève, est nommée pour porter à ce Gouvernement les remer- cimens de la Société. 3) On lit les nécrologies de quelques-uns des mem- bres enlevés par la mort dans l’année qui vient de s'e- couler, savoir celles ; 1° De Mr. Rodolphe Wyss, professeur de philosophie et bibliothécaire à Berne, poète distingué, auteur des Roses des Alpes, etc., né en 1781. 2° De Mr. le pasteur Grüner de Berne, né en 1796. MÉLANGES. 435 3 De Mr. R. G. Manuel, du Grand-Conseil de Berne, né en 1749, l'un des membres les plus actifs de la So- ciété Cantonale de cette ville, où il a lu un grand nom- bre de Mémoires principalement relatifs à l’agriculture. 4° De Mr. J.S. Wittenbach, ancien pasteur à Berne, né en 1748, l'un des fondateurs et des Présidens de la Société, et dont le souvenir est cher à tous ses membres. 5° De Mr. G.L. Fischer, né en 1799, fils de Mr. le Lieut.-Col. Fischer de Schaffouse connu par ses tra- vaux technologiques : jeune homme d’une grande espé- rance, qui est mort victime d'un accident d'arme à feu. 4) Mr. De Candolle donne lecture d’une notice sur l'Arracacha esculenta plante de la famille des ombelli- fères, originaire de la Nouvelle-Grenade, qui y est cé- cèbre à cause de sa racine tubéreuse ct alimentaire. Il en a reçu des tubercules de Mr. Vargas de Caracas, et les cultive en pleine terre dans Île jardin botanique de Genève. En six semaines ils sont parvenus à la flo- raison, etil espère pouvoir les multiplier. Il donne de celte plante importante , une description complète , qui confirme la place qu'il lui a assignée dans un Mémoire inséré dans la Bibliothèque Universelle (x). Le même membre présente une série de dessins faits d'après les plantes rares, ou nouvelles, vivantes au jardin de Genève. Les plus remarquables sont la Malachra capi- tata etle Phyllanthus cantoniensis exécutées avec des dé- tails analytiques très-circonstanciés, une nouvelle espèce de Cleonc , \’Empatiens parviflora , et un grand nombre (a) Cahier de janvier 1829 , T. XXXIX. Ee 2 436 | MÉLANGES. d'ombelliféres. 11 montre aussi les dessins de quelques plantes monstrueuses et importantes pour la théorie bota- nique;telles sont le Sambucus nigra fasciata, remarquable par ses rameaux fasciés, et par ses fleurs composées de trois ou quatre soudées ensemble, ce qui confirme l’opi- nion que Îles rameaux fasciés sont des rameaux soudés en un seul; la Salora cretica qui a, tantôt deux styles et quatre graines, tantôt trois styles et six graines, ce qui confirme l'opinion de Mr. de Gingins, que létat or- dinaire des Labiées n’est pas, comme on le croyoit, d’avoir quatre petits fruits monospermes, mais deux car- pelles biloculaires, à loges monospermes; enfin une monstruosité de Primula auricula à fleurs vertes et où les funicules des graines sont prolongées en petites feuilles. Mr. De Candolle montre encore les dessins de deux Mémoires sur les familles des Myrtacées et des Beyo- nacées, et annonce qu'il est prêt à en communiquer le texte descriptif à ceux des botanistes qui pourroient le désirer. 5) Mr. le Cons. Hôrner de Zurich, Président de fa Comission météorologique, communique par extrait un rapport sur les travaux de cette Commission, en par- ticalier sur la comparaison qui a été faite dans le cou- rant de l’année, par un observateur expert (1), des ba- romètres placés par la Société dans diverses stations , sur la construction, par Mr. CEri de Zurich, du baro- mètre normal à syphon, qui a servi à régler les autres baromètres des stations, etc. La Commission croit con- (1) Mr. Hôrner neveu. MÉLANGES. 437 venable que quelques autres stations où se trouveroient de bons observateurs, soient pourvues d’instramens, et elle demande pour cet objet à la Société un crédit de deux cents livres de Suisse. Mr. H. présente les tableaux des moyennes mensuelles et annuelles du baromètre et du thermomètre, calculées pour diverses stations, depuis l’année 1827, et il termine en témoignant le dé- sir de voir les observateurs qui n'ont pas encore remis leurs registres, les envoyer à la Commission. Le cré- dit demandé par la Commission est accordé. 6) On lit un Mémoire assez étendu de Mr. Nicod- Delom de Vevey sur une expérience faite par"Mr. Liegler devant la Société pendant la session de Lausanne en 1828. Dans cette expérience si l’on souffle avec assez de force dans un tube ouvert par les deux bouts, d'en- o et de six lignes de diamètre, 5 un morceau de papier, une carte où même un corps viron un pied de lon plus pesant , appliqué à l'extrémité opposée, y demeure collé, aussi long-temps que l’on continue à souffler, avec un mouvement de vibration et un bruit particulier. 11 donne l'explication de ce phénomène en cherchant à démontrer que le poids de l'atmosphère sur la sur- face extérieure du papier, ou du corps quelconque ap- pliqué au bout du tube pendant qu'on souffle , conserve la prépondérance, et détermine ainsi l'effet observé. 7) Mr. le Cons. Hôürner ajoute quelques observa- “tions sur l'objet du Mémoire de Mr. Nicod-Delom. Il rappelle que l'expérience en: question fut faite déja en 1826, par Mr. Clément; elle est décrite dans le T.XXXV des Annales de Chimie et de Physique, et 43 MÉLANGES. en 1827 Mr. Hachette en a donné une explication, qui s'accorde avec celle de Mr. Nicod-Delom. Mr. H. décrit en même temps une expérience analogue, mais dans laquelle l'effet n’est pas le même. 8) On lit un Mémoire de Mr. Laffon , pharmacien à Schaffouse, intitulé, Analyse chimique de l'eau minérale de V'isibach, dans le Canton d’Argovie. Cet établissement n’a que quelques années d'existence, et jusqu’à présent il n’a pu recevoir que des malades accoutumés à peu de besoins. Il résulte des expériences analytiques détaillées, contenues dans le Mémoire, que sur une mesure, (66 pouc c.), on trouve 4,85 grains de matièré solide, savoir. Carbonate de chaux....... SU NQUNTSE 26, 40 de Mmägnésie. : 51,10" ! ï Mumate tie Chadt, PJ, EN OU à 35 CR RENE tu EME AUD | à Mérite dréodde 2:21 :709. 11409. SRE de Boddé 2e LEnprique , dérélias 20.1 #2, 240 Ar. 1,65 de'magnesié guette a tn PT Un din bre pasds li 0 ,30 Quelques traces de carbonaté de fer, | doser de carbonate d’alumine et perte..... 4,85 10) On communique un rapport envoyé à la Sociéte par Mr. Schlatter ingénieur des mines, sur les mines de houille de Boltingen, Oberwyhl et Saint-Beatem- berg, dans le Canton de Berne, contenant un extrait du compte de ces iniues. Il en résulte que, malgré un grand nombre de circonstances défavorables, au total MÉLANGES, 459 pendant les trente années que-comprend ce compte, on à exploité, non-seulement sans perte, mais avec un petit profit 62273 quintaux de houille. Les frais se sont élevés en tout 121567 francs. Mr. Schlatter termine en exprimant le vœu de voir cette exploitation opérée par des mineurs étrangers. 11) Mr. le doyen Frei de Trogen, au nom de la So- ciété de chant d'Appenzell , invite tous les membres de, la Société à assister, le 29 juillet, à la fête musicale, qui a lieu à Teuffen. 12) Mr. le Président prévient la Société, que la ma- chine à faire les cordes, construite par Mr. le Prof, Schmitt, sera en activité dans la journée. 2% seance. 27 juillet. 1) Le Président énumère les ouvrages offerts à la Société. 2) Mr. Sainisch, pharmacien , présente à la Société un rossignol américain ( Turdus polyglottus ) vivant. Mr. Schinz, de Zurich, donne quelques renseignemens oraux sur cet animal. Relativement à l'assertion que l'Amérique ne renferme que peu d'oiseaux chantans , il rapporte qu'on y trouve plusieurs espèces de T'urdus, qui ont ce caractère : quelques-uns imitent le chant des autres oiseaux ; mais le T'urdus polygiottus possède ce talent au plus haut degré ; il imite non-seulement le chant de tous les oiseaux qu'il entend , mais aussi l'aboiement des chiens et le miaulement des chats. Il surpasse notre rossignol pour la variété des tons, el il * * chante toute l'année. 440 MÉLANGES. . 3) Le même membre présente un animal qui a été rejeté par une personne , dans un violent accès de toux, et qu'il est incertain de ranger parmi les vers intesti- maux, ou parmi les mollusques ;‘il penche plutôt pour ce dernier parti. 4) Mr. le Prof, Troxler de Bâle lit un Mémoire sur le crétinisme , qui malheureusement est endémique dans plusieurs des vallées de la Suisse, et sporadique dans plusieurs villes. L'auteur termine ce vaste et im- portant travail (qui n’est guère susceptible d'extrait) en exprimant le vœu de voir dresser, d’après les con- sidérations qu'il a présentées, des listes de questions sur ce sujet, qui seroient soumises à l'examen appro- fondi des Sociétés Cantonales, en vue d’obtenir une Statistique de la maladie , avec l'indication de ses causes et de ses moyens de guérison. Ce travail conduiroit peut- être à améliorer le sort des êtres infortunés qui sont af- fectés de cette triste maladie , et qui, jusqu'à présent, ont vécu dans l’abandon de leurs semblables et d’eux- mêmes, ou lout au moins serviroit-il à prévenir et à restreindre , autant que possible, l'extension endémique du crétinisme. Mr. Troxler est invité à déposer au plus tôt son in- téressant Mémoire , au secrétariat de la Société , afiu qu'il puisse être inséré dans la seconde partie du pre- mier volume des Mémoires, qui va bientôt paroître, et qu'ainsi ses vues philanthropiques soient remplies de la manière la plus prompte et la plus complète. 6) Mr. le Dr. Agassiz d'Orbe donne une descrip- Hon, en grande partie orale, de la distribution géo- MÉLANGES. 44 graphique des poissons d’eau douce de l’Allemagne et de la Suisse, en présentant à la Société, un grand nombre de dessins coloriés, d’une grande perfection, représentant , soit des poissons fossiles et des squelettes de poissons , soit les poissons eux-mêmes. Il termine celte intéressante démonstration , en annonçant , à la grande satisfaction des amateurs d’ichtyologie, que son ouvrage sur ce sujet, qui se compose d'environ 180 li- thographies , ne tardera pas à être publié. 7) Mr. Kônlein, propriétaire d'une mine de houille près d'Utznach, lit une notice sur une formation de mo- lasse particulière qui n’a pas été encore bien observée. Elle se trouve dans des collines tertiaires, depuis le Rhin, à Speicher , Teaffen, Waldstatt, Hemberg, Wattwyl, Ermeschwyl, Wurmspach sur le lac de Zurich jusqu’à l'Ezel, et paroît dans l’état le plus parfait aux envi- rons d'Uiznach. Le gisement de cette formation court généralement de E.S.E. à O.N.O.; elle est disposée par bancs presque toujours verticaux. Mr. K. présente une tête de Chamærops à plusieurs feuilles tenant à sa tige , et un second échantillon contenant les extrémi- tés de quelques-unes des feuilles de la même plante, tirés de cette formation. Il invite les minéralogistes de la Société à donner toute leur attention à cette forma- tion , qui paroît former, au travers de la Suisse, une ligne , à partir de laquelle au sud toutes les forma- tions lerliaires inclinent vers le sud, et au nord elles inclinent vers le nord, et qui peut-être fait la sépa- ration du Nagelfluh du Rigi ct des formations plus récentes, 442 MÉLANGES. Mr. De Candolle remarque , à l’occasion de ce rap- port, que les feuilles des Chamærops fossiles, trouvées jusqu'à présent , se distinguent des Chamærops vivans par le plus grand nombre de leurs lobes. 8) Mr. le Prof. Aug. De La Rive de Genève, lit un Mémoire sur les effets calorifiques de l'électricité, et sur les rapports qui règnent entre l'électricité et la chaleur. L'auteur à pour but de démontrer par des expériences qu’il a faites, soit sur des fils métalliques, soit sur des liquides conducteurs, que la chaleur due aux courans électriques, naît de la résistance qu’éprouve l'électricité en mouvement, dans son trajet au travers des corps qu'elle parcourt. Passant ensuite aux conditions les plus favorables à produire le calorique dans les appareils voltaïques , Mr. De La Rive cherche à en donner l'ex- plication , et montre qu’elles ne sont pas les mêmes dans tous les cas, et qu’elles dépendent de la nature du conducteur interposé entre les pôles de la pile. Le Mémoire est terminé par quelques considérations sur les analogies que présentent entr'elles l'électricité et la chaleur, tant sous le point de vue des causes qui les produisent l’une et l’autre, que sous le rapport des propriétés communes qu'elles possèdent dans leur mode de propagation , et dans leur action sur les corps; cir- constances qui tendent à faire croire à l’auteur que les deux agens ne sont que des modifications différentes ‘d'un même principe. A l’occasion de ce Mémoire, Mr. Pflüger de Soleure prend la parole pour rappeler qu'il y a déjà trente ans que la perspicacité de Winterl et de Gœthe, leur avoit MÉLANGES. 443 fait entrevoir une affinité entre la lumière , l’électricité et la chaleur. 9) Mr. le Dr. Oberteuffer de Watweil, donne une courte description de l'établissement de santé , qu'il a formé dans une situation riante , entre Lichtensteig et Wattweil, et invite les membres de la Société à le visiter. 10) Le secrétariat général de la Société avoit envoyé à tous les membres le programme d’une souscription pour la confection d’une carte géognostique des Alpes et de la Suisse. Cet objet a été examiné par le Comité de la Société assisté de Mr. Watt, inspecteur des routes, et de Mr. le Lieut.-Col. A. de Scherer, et après avoir pris l'avis de MM. B. Studer, Lardy et Hôrner. Au nom de ce même Comité Mr. Hôrner soumet à l’As- semblée les quatre résolutions suivantes : —1° La Société adressera à tous ses membres une invitation pressante à prendre part à cette entreprise. —2° Si dans l’espace de six mois, on reconnoît que les secours provenant de l'intérieur du pays ne sont pas suffisans, le Comité est autorisé à inviter les mem- bres honoraires de la Société, résidans dans les diverses parties de l'Europe , à s'y intéresser. , — 3° Chaque souscrivant recevra un exemplaire de la carte. — 4° On s’efforcera d'entrer en communication avec la Commission Militaire Fédérale, pour rechercher avec elle les meilleurs moyens d'atteindre un but auquel elle tend aussi bien que nous. 11) L'assemblée procède à l'admission au scrutin 444 MÉLANGES secret, de 26 nouveaux membres ordinaires de la So- ciété , et de deux membres honoraires. 12) Sur la proposition du Comité, l’Assemblée choisit la ville de Genève pour le lieu de la session de 1835. Mr. le Prof. De Candolle est élu Président pour cette session. 13) Mr. le Conseiller Hôrner est réélu unanimément pour trois ans membre du secrétariat général de la So- ciété. 3° séance. 28 juillet. 1) La Commission des finances fait un rapport, du- quel il résulte que les fonds en caisse de la Société s'élèvent à L. 3828. 8b. 8r. 2) Mr. le Cons. Ustéri annonce, de la part du secré- tariat général, la prochaine publication de la seconde partie du premier volame des Mémoires de la Société; il communique les titres des Mémoires qui en font partie, et exprime le vœu que ceux qui formeront le troisième volume soient envoyés sans délai aux membres du se- crétariat. 3) Le même membre fait, au nom du Dr. Ebel , un rapport sur les travaux de la Commission nommée pour l'analyse des eaux minérales de la Suisse : ces travaux n'ont pas toujours été accompagnés du succès, et la Commission témoigne le désir d'être aidée dans son œuvre par les Sociétés Cantonales. 4) Mr. Ziegler-Steiner, après avoir répété l'expé- rience du tube dont il a été question plus haut, pré- sente à la Socicté une pompe de compression propre MÉLANCGES. 445 à allumer l’amadou: il affirme avoir exécuté un instru- ment de ce genre dès l’année 1803. Il présente encore à la Société quelques échantillons de sa fabrication, tels que des tubes de terre propres à remplacer les tuyaux en bois pour la conduite des eaux, des vases d’une composi- lion particulière et revêtus de diverses couleurs propres aux usages chimiques et pharmaceutiques, etc. 5) Mr. J. M. Watt, inspecteur des routes, lit une description des ravages terribles exercés par un orage le 16 juillet, sur certaines parties des Cantons de Bâle et de Soleure (tr). 6) Mr. le Dr. Locher-Talber lit un Mémoire intitulé; — Remarques d'un homme qui n’est pas médecin, sur le bégaiement , et en particulier sur ta nouvelle mé- thode curative de M." Leigh, occasionnées par l’ou- vrage du Dr. Schulthess (2) sur cette infirmité. — Ce Mé- moire contient quelques observations intéressantes faites par un homme affligé du bégaiement , sur l'ouvrage nommé dans le titre, ainsi que sur les diverses mé- thodes de guérison proposées et sur leurs auteurs ; ïl est terminé par les conclusions suivantes ; — 1° Les méthodes de guérison , prétendues nouvelles, employées par MM. Charlier, Schnurrmann, Kraus, Brandler, Vander Gracht, Hauchcorne, Richardson,etc., ne sont au fond qu'une seule et même méthode , qui pro- bablement a pris son origine en Amérique. (1) Cette description sera insérée textuellement dans notre cahier prochain. (2) Voyez notre cahier de juillet, p. 332 de ce vo hrme. 446 MÉLANGES. — 2° Cette méthode peut certainement dans quelques cas adoucir le défaut en question, mais son efficacité a été vantée beaucoup plus qu’elle ne le méritoit. — 3° Tenue secrète par des gens dépourvus d'esprit public et décidés à l’exploiter abusivement dans leur intérêt particulier, elle a souvent mal réussi; elle a en conséquence perdu du crédit, et court le rique, si les médecins instruits ne s’en emparent pas, de retomber dans un oubli qu’elle ne mérite pas. — 4° Il est à désirer que les médecins donnent au bégaiement plus d’attention qu'ils n’en ont donné jus- qu'à présent; alors cette méthode se développera et se perfectionnera de plus en plus; on arrivera à trouver des règles fixes pour son emploi, et à reconnoître à l'avance quels sont les cas dans lesquels on peut at- teudre du succès. 8) Mr. le Pasteur Mezger fait la démonstration d'une nouvelle application et construction du kaleidoscope ; il a imaginé de mettre cet instrument si connu, et main- tenant presque oublié, en communication avecune cham- bre obscure : par ce moyen les objets de la nature rem- placent les morceaux de verre colorés, ordinairement employés, pour former les images symétriques. 9) Mr. le Prof. Scheitlin, vice-président de la So- ciété, donne une description de la constitution géo- gnostique des environs de Saint-Gall. 10) Mr. le Dr. Eberlin de Saint-Gall présente à la Société un monstre humain à deux têtes, né à St.-Gal!, il ya quelques mois, et conservé dans de l’eau-de-vie ; cet enfant fait le sujet d'un Mémoire du Dr. E., accom- pagné d'un dessin. MÉLANGES. 447 15) On lit une lettre de Mr. le Dr. Flaction d'Yver- dun , dans laquelle il revient sur une expérience dont la Société a été entretenue dans une de ses précédentes sessions, et dans laquelle on arrête le départ d'une balle au fond d’un fusil en appuyant le doigt sur la bagette qui repose elle-même sur la balle, au moment de la détente. Il pense qu'on peut attribuer ce résultat, à ce que, près de la charge, la balle n’a qu'une vîtesse foible, comparativement à celle que lui imprime l’action expan- sive du gaz, continuée sur toute la longueur du canon. Tout le monde sait que c’est là le motif pour lequel les armes longues portent plus loin que les courtes, et pour lequel aussi le souffle d’un homme , qui en sor- tant de la bouche ne peut exercer qu’une pression d'un quart d'atmosphère, peut pousser une balle à soixante pas, au moyen d'une sarbacane. Du reste, l'expérience en question exige de grandes précautions , relativement à la force du canon de fusil, qui est dans ce cas su- jet à éclater. D’autres notices de Mr. Flaction n'ont pu être communiquées faute de temps. 12) On litle Rapport du Comité Central d’Asricul- ture siégeant à Berne; ce Rapport rend compte de plu- sieurs communicalions intéressantes qui ont été faites au Comité pendant l'année qui vient de s’écouler. La première est un Mémoire de Mr. Gronier, professeur à l'Ecole vétérinaire de Lyon, intitulé : Comparaison entre les bœufs et les chevaux pour les travaux de l'agri- culture. L'auteur recommande, en s'appuyant sur des motifs d'une grande force, l'emploi des bœufs en agri- culture, Île remplacement du joug par le collier, ete.” 448 MÉLANGES. Une aatre communication concerne les travaux d’une réunion agricole dans le Canton de Berne, sous la prési- dence de Mr. de Buren de Vaumarcus, Baillif de Munster. L’encouragement à une bonne culture, par des distribu- tions de prix faites aux propriétaires des champs les mieux administrés, le remplacement graduel des jachères, par un assolement convenable pour tous les terrains, tels sont les objets dont cette réunion s’est occupée , et déjà avec un succès manifeste. Deux Mémoires, l’un de Mr. Levrat de Lausanne, et l’autre de Mr. Favre de Genève, traitent l’un et l’autre de l'établissement d’une Ecole vétérinaire suisse. Le dé- faut de temps a empêché la lecture, soit de ces Mémoires eux-mêmes, soit de l’abrégé que le Comité central en avoit fait et qu'il avoit annexé à son rapport. Le rapport mentionne ensuite l'ouvrage publié en 1829, par Mr. Mathieu Bonafous, sous le titre de Coup- d œil sur l'agricullure et les institutions agricoles de quel- ques Cantons de la Suisse ; l'essai fait sous Îles auspices de la Société Economique de Berne, et non sans suc- cès, de la préparation du fromage Parmésan dans les Alpes bernoises, l'appui donné aux efforts patriotiques de Mr. E. Steiger- Wagner, pour introduire dans notre pays la culture de la soie, la formation d’une société sous la présidence de Mr. le Cons. de Lerber, pour la perforation des puits artésiens , la dernière exposition industrielle qui a eu lieu à Berne, etc. 13) On communique une lettre de Mr. Monod- Poe rari de Genève, relative à divers objets d'agriculture. Il ya deux ans que Mr. M. avoit conseillé dans un court MÉLANGES. 449 Mémoire, de semer les blés, non à la volée, mais dans de petits sillons tracés à huit ou dix pouces de distance les uns des autres ; il avoïñt avancé que par ce procédé, on étoit sûr d'obtenir avec moitié semence, non-seu- lement plus de grain mais aussi plus de paille : dès- lürs de nombreuses expériences ont confirmé son opi- nion sur cette méthode, qu'il recommande de nouveau aux agriculteurs. Mr. M. à fait aussi des expériences sur l'emploi des os comme engrais. Il a reconnu que les choux et le chanvre fumés avec les os concassés, ont été constamment d'un quart, d'un tiers, ou même de moitié, plus développés qu'avec l’engrais ordinaire. Cette lettre est accompagnée d’un Mémoire du même auteur, sur un nouveau système d’assolement, qui n’a pu être lu, mais qui sera inséré au Bulletin d'agriculture de Genève. 14) Mr. le Vice-Antistes Steinmuller, de Rheinegg.,. lit une notice historique sur l'existence et l'influence de la Société Centrale de Saint-Gall pour l'avancement de l'agriculture et des arts. Cette lecture termine la session. Le temps ne permet pas de lire les comptes-rendus des travaux des Sociétés Cantonales non plus que plusieurs nécrologies. Un extrait de ces documens sera publié dans le protocole de la session. En même temps que celte session de la Société Hel- vétique des sciences naturelles a fait connoître aux amis des sciences les travaux qui ont élé faits dans les di- vers Cantons, elle a eu, comme toutes les précédentes , l'heureux effet de donner à tous l'occasion de se voir Sciences et Arts. Août 1830. Ff 450 MÉLANGES. et de se connoître. Ges relations d'intimité qui s’établis- sent ainsi entre Îles Suisses amis des sciences, dis- persés dans des vallées qui ont souvent peu de rela- tions habituelles, ne sont pas les moindres résultats de ce genre de réunion. Cette session a été particulière- ment remarquable par la reception cordiale que la ville ‘de Saint-Gall a faite à la Société soit au nom de son Canton, soit en celui des Cantons voisins de Thurgovie et d’Appenzell. La gravité des séances a été tempérée par des fêtes agréables ou des visites intéressantes; le 25 au soir, les membres arrivans ont été reçus et fêtés dans ‘le’ beau jardin de Mr. Scherer; le 26 ils sont allés vi- siter la célèbre bibliothèque de l'Abbaye, qui renferme, ‘come on sait, un grand nombre de manuscrits pré- cieux, et qui est le plus ancien établissement d'instruc- ‘tion de la Suisse. Le 27, la Société a terminé la journée d’une manière gaie et intéressante dans l'établissement dé: bains , nouvellement formé à Heinrichsbad près Hérisau, dans une des plus belles situations de ce pays pittoresque : cet établissement lui-même est remarquable par la beauté des bâtimens et la réunion de tous Îles moyens médicaux qui peuvent en assurer le succès. Enfin, le 29, un grand nombre des membres de la Société s’est rendu dans le joli village de Teuffen au Canton d’Appenzell; ils ont assisté au concert annuel des chanteurs appenzellois, qui a lieu dans l’église pa- roissiale. Près de deux cents paysans ou manufacturiers (car ils méritent ces deux noms) y chantent ensemble en parties, sans accompagnement d'aucun instrument, et avec un degré de justesse qu'on ne peut assez admi- MÉLANGES. 451 rer: leurs chants presque tous consacrés à la liberté, à l'amour de la patrie, ou à une religion simple et toute de cœur, sont dignes de ceux qui les exécutent et de ceux qui les entendent. La réunion d’une partie du Canton d’Appenzell faisoit de ce concert une véritable fête nationale, et les membres de la Société des Sciences ont ëlé très-touchés de l'accueil véritablement fédéral que les Appenzellois, rivalisant avec les Saint-Gallois, ont bien voulu leur faire. LASROISr- ÉRRATA pour les Cahiers de juin et juillet, 'T. XLIV. 00 nn —— Page 116, lig. 3. r(r"—r) lisez (r' r'—r) 118, avant-dern. lig. 7 octobre lisez 7 novembre. 123, lig. dir 132, — — — — _ — 9. T. IV lisez T. II. 15, dans l'équation du texte relative au ! f r L à ARE" lisez red soleil L La À di mr” lisez mr, 2, mêmes corrections. # re lisez mr,° ® Ur: lisez r,? 4, au dénominateur, r'? Hsez r,* 5. r' lisez r, 4 Ces cinq dernières corrections sont nécessaires pour ne pas confon Page 249, lig 250, — 25€, — 325, — dre des valeurs diverses. . 23. sur les œufs de la dinde ajoutez et de Ja cane. 25. en mirant l'œil Æsez l'œuf. 26. la perte sembloit lisez sembleroit. 29. + 5° 5 lisez + 35. 24. comme 176 à 100, lisez comme 476 à 1000. 8. ouvrages de long cours lisez voyages de lons cours. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. A ASTRONOMIE-PHYSIQUE. Pages. Essai sur la détefmination des densités de l'éther dans l’espace planétaire: pat Mr. Beni. Val... .....s. co. cs 113 GÉODÉSIE. Sur la figuré de la terre; par Mr. le baron de Zach....... 1x OPTIQUE. Des couleurs considérées dans les corps transparens ; par le colonel Jackson............................ Stores. “RE PHYSIQUE. Analyse expérimentale et théorique des effets élettro-phy- siologiques de la grenouille, etc. ; par Mr. Léopold Nobili de Reggio. ( Premier'article }. 34 5e eue cooscvoses 48 Idem. ( Second et dernier article. )............ hotte 165 Description d’un thermo-multiplicateur ou thermoscope élec- trique ; par Mr. Léopold Nobili de Reggio.......... sr. 22h Action de la pile sur les substances animales vivantes ; par Ge Mallenbl, on... RSS ENE CN A CES 2 A le CR shot 284 Sur le mouvement giratoire que prend le mercure , mis en contact avec d’autres métaux , etc.; par le Prof. F. Rünge de Bréslau.. "cs "7 OODOPTE tee ss suce (HT Mémoire sur les couleurs en général , eten particulier sur une nouvelle échelle chromatique déduite de la Métallochromie à l'usage des sciences et des arts ; par Mr. Léopold Nobili de Reggio. ( Premsenanticle. 325.41. cale à ossi os obèys 337 454 TABLE DU VOLUME. MÉTÉOROLOGIE. Pages. Sur les circonstances et les causes des orages de grêle; par Denison OlmstédLé AT AN. PT MURAT : 36: Tableaux des observations météorologiques faites au Saint- Bernard en avril et à Genève en mai.... Ap. la page. 112 Idem en mai Idem en juin.... 224 Idem en juin Idem en juillet... 236 Idem en juillet Idem en août.... 356 CHIMIE. Mémoire sur les variations de l’acide carbonique atmosphé- rique; par Mr. Théod. De Saussure. ( Premier article.}... 23 Meme (OC GE der. -artiele. Ve been gere te rm cs CR Observations sur l’opium et sur les réactifs qui le font décou- Nana le Ne Ure.. ES DRE sorehas e cn sue 0 PHYSIOLOCIE ANIMALE. Expériences relatives aux changemens qui surviennent dans les principes terreux et salins de l'œuf de la poule domes- tique pendant l'incubation ; par W. Prout, D. M....... 249 Abrègé des observations de Haller et de sir Everard Home, sur : la formation du fœtus du poulet...........,... ..... 386 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. De la structure et des fonctions des vaisseaux spiraux des plantes , etc.; par Mr. Théod. Bischoff................ 069 BOTANIQUE. De quelques ouvrages récemment publiés sur la botanique de HF Loframettirinire entente ht tn ann 2e tete UN SUD Monographie des Cpsnulées: par Mr. Alphonse De Can- AONCRRRPECRRRTRE R PSSURR UNE QT Beer GÉOLOGIE. | Sur les galets ou pierres roulées de la Pologne; par le Chev. J. R. Jackson, Colonel à l’Etat-Major Impérial Russe.... 185 HISTOIRE NATURELLE. Bulletin de la Société Impériale des Naturalistes de Moscou. 407 TABLE DU VOLUME. 455 AGRICULTURE. Pages. Lettre sur l'agriculture de la France; par Mr. Lullin de Châteauvieux. ( Trente-unième lettre )................ 80 Guide du propriétaire de biens ruraux affermés; par Mr. de paie. (Premr Ge. Sade @ me se à» à pna:e ne 199 Idem. (Second extrait), ................s...evessssese 286 ARTS CHIMIQUES. Fabrication du verre pour les emplois optiques ; par Mr. Fa- radar. (Pocmharticle )s. STE. cn déc ane ce GE dem Second'anticle). jus à scigug ape ses = aaie devine cu ee, 307 hiem. (Zroësémeiarticlé).,. se 0 ee gpans ns eee «esse en 420 MÉLANGES. Elémens de la dernière cométe...:,...................: 103 Annonces astronomiques. : :.sssseuetr sites eee die 110% Nouveau moyen pour obtenir de l’alcool................ 106 Découverte de l'argent métallique dans les tissus animaux. 107 A synopsis of a British Flora. By T. Liadier............ +. Collection de Camellias élevés à Pollwyller, dédiée à Mr. Fe Gnbllé: 2... MR... 000 Extrait d’une lettre écrite de Nacodoches, dans le Texas, par un voyageur MEXICAIN... .s.ssssssesesenesesere 110 Procédé pour découvrir la présence du sulfate de cuivre dans LD TERRE At SA nee ss dos ee elec IR Elémens de la dernière comète, par Mr. Valz............ 217 Trombe sur le lae de Neuchéle ie. ....:...:..4.0.. 218 Sur la poussée des terres... .......,.%.......oenossee 219 Sur les eaux thermales de Chaudes-Aigues, dép. du Cantal.. 220 Lettre de Mr. le Prof. Brunner de Berne à Mr. De Candolle, sur la conservation des champignons pour les collections d'histoire naturelle... ........../..... RACE 222 Nouveau cours de mathématiques élémentaires. ........... 32% Sur l’état des sciences en Angleterre. ................ SR Sel gemme qui décrépite au contact de l'eau............ + 326 Chlore antidote de l'acide prussique................ SÉDAMEL |: 456 TABLE DU VOLUME. Procédés pour mettre l'or en couleur................,.. 328 Sur un principe existant dans le sang , propre à caractériser celui de l’homme et celui des diverses espèces d'animaux. 330 Traité sur le bégaiement....... Sense ones MTS 332 Société géologique de France............... sg cn Id. Avis aux Sociétés d’Horticulture......... A Le À 335 Nuovo metodo per La riproduzione delle piante per margotto. 336 Grèle remarquablé a YVErOMh. . à... see edonmems eme s 4: Notice sur la seizième session de la Société Helvétique des Sciences Naturelles , réunie à Saint-Gall les 26 , 27 et 28 juillet 1830..... SRE) à € ARCS ni Se À 433 Errata pourle Cahier de mai.............. NT TS Ermata pour le Cahier de juillet. ..,... 5.0.0 se s2010 0 soie 336 Errata pour les Cahiers de juin et juillet......,........ .. 452 He". er AS | ; ; vi 1] hs 4 QE 4! 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