J.

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L A R T

f DE

PRONONCE R#r|

PARFAITEMENT /fe'/

LA LANGUE!#'

' FRANÇOISE,,

5

i Monseigneur

'dMtX E d u c mw-

DE

BOURGOGNE.

Par le Sieur J. H. D. K.

Seconde Edition revue , corri^ augmentée par l’Auteur.

TOME PREMIER ,

A PARIS,

cr Laurent d’Houry, rue Jacques , devant la Fontaine S. Severii

M. D C/ XCVI. AVEC PRIVILEGE BV ROY.

MONSEIGNEUR

LE DUC

ONSEI.GN.EVR ï

Il y a quelques années que î\eüs l'honneur ae vousfKjènter

3. ii

. t E PIS.TR E.

ta première Edition de ce TraU y qui net oit alors qu'un ébau- ché de ce qu'il efl aujourd'hui * Les changemens que j'y ai S‘ts y & les observations que !&'fy ai ajoutées font en fi grand $ nombre , quêtant prcfentement •4? un Li'Vre tout nouveau y il a be- 'foin d'une nouvelle proteélion , La connoijfance des Langues n'ejl pas indigne d'un grand Prince : Ce far ne la pas cru in- différente y puifqu au milieu de Je s conquêtes y il n a pas dédai- gné de faire lui- meme des re- marques fur la Langue Latine pour l'inflruélion des Romains, . Il efl de la gloire des grands Princes y AiONSEIGNErURy

E PI S T RE.

de porter leur Langue çjr les rnceurs de leurs Sujets encore plus loin opte les bornes de leurs Empires; & les Souverains ont toujours veu les Langues de leurs Nations fuivre le cours de leurs victoires & la profperité de leurs Etats .

. L'Eloquence Greque ne fut jamais plus florijfante que fous . Alexandre ; la Romaine , que fous Jugufte ; & la Françoifi * que. fous Louis le Grand . Cet- te illujlre Academie 3 qui fait l ornement de notre ficelé 3 en eft une preuve incontestable ; (fÿ c eft un monument etemel du foin quil a eu de la perfectionner O* de l'embellir. . .

-, M . . . "*

a il j

EPISTRE.

•j ; La Langue Françoife efl ve- nue a tel point, qu on peut dire quelle efl présentement la Lan- gue générale de /’ Europe. On la parle dans toutes les Cours , {0 les Etrangers mettent au nom- bre de leurs principaux devoirs , l'obligation de l'apprendre f0 de la fçavoir parler .

Je nat pas la préemption , MON SEIGNEVR , de

me persuader que cet Ouvrage vous fit nécejfaire : les person- nes a qui votre éducation a été fi fàgement commife , font les Maîtres du beau langage : Vous êtes au milieu de la politejfe même 3 elle vous efl naturelle & familière 5 bien loin d'avoir

1

EPI S T RB.

befoin de Réglés , 'vous ' et es déjà Iq modèle de tout ce quil y a de. plus parfait & de plus poli .

Je nai entrepris cet Ouvra- ge, MONSEIGNEVR , que pour donner à ceux qui ai- ment la pureté de notre Lan- gue , les moyens de s'y perfec- tionner, en leur faifant remar - uer tout ce que fai pu rajfem - 1er de la juflejfe des agré- ment de la prononciation Fran - çoifi . C'ejl la feule fin que je me fuis propofée : Elle fera tou- jours heureufe , MONSEI- GNEUR, fi ce Livre a /’ honneur de votre approbation >

& * moi tres-glorieufi , puifi

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EPISTRE.'

quil me donne occafion de vous a fîürer du très-profond & très - inviolable refpefl; > avec lequel je fuis,

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MONSEIGNEUR,

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Votre très- humble 8i tres*obeïflanc fer- viteur J. H. D. K.

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PREFACÇ.

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A Y eu dès ma plus tendre jeunefie une fi forte inclination pour l’é- tude des Langues , que je me* fuis appliqué non feulement à ap- prendre les Langues meres de l’Europe , mais encore tous les Dialeétes qui en font dérivés. Je- ne me fuis pas contenté de les fçav^ir littéralement 3 pour en entendre feulement les Au- teurs , j’en ai voulu fçavoir \x prononciation à fond : Et pour y reüffir avec plus de promtitu- de & de fureté , j’ai été fur les lieux mêmes , afin de m’exercer les organes ayec les naturels de

i

PREFACE.

chaque pais fe parlent ces Langues. -

J’ai eu tout le loifir pendant le tems de cet exercice, de fai- re des reflexions fur les maniè- res de prononcer de chaque Na- tion. J’ai conféré toutes ces pro- nonciations avec la nôtre, & j’ai remarqué que de toutes les Na- tions de l’Europe il n’y en avoic •point de moins curieufe .que la nôtre, en ce qui regarde la pro- nonciation de fa Langue.

J’ai même rencontré quantité d’honnêtes gens parmi les Etran- gers , qui m’ont fait connoîtré cette vérité par des reproches fin* le peu de foin que nous appor- tons à prononcer nos mots, ;

Dans les principales Cours de l’Europe, l’on fe fait un point d’honneur de bien parler notre Langue , on s’étonne que nous en négligions la plus important©

T RE T A Cl,

■partie j qui eft la prononciation, 11 y a même des Etrangers qui difenr avoir ouï faire des fautes de prononciation à des François allez diflingués , qu’ils auroient honte de faire eux-mêmes. A la vérité, ce n’eft pas un grand mé- rite de parler régulièrement fa Langue j mais il faut convenir que ceft une grande honte à un hon- nête homme de ne la parler pas fé- lon les réglés & félon l’ufage reçû de tous ceux qui parlent bien.

C’eft ce qui m’a fait entre- prendre l’Ouvrage que je don- ne au Public. Les Etrangers mê- me ne m’ont pas été inutiles: Le$ queftions qu’ils m’ont pro- pofées fur nos maniérés de pro- noncer les mots de notre Lan- gue , m’ont animé dans mes re- cherches $ & je pourrois dire que j’ai plus fait d’obfervations parmi eux fur notre Langue ,

P R E F A C JE. '

que je n’en ai jamais fait efl France.

J’efpére que ces ront pas moins ut çois qu’aux Etrangers aufqueis je les ai propolées dans le tems. Les Sçavans en pourront profi- ter comme ceux qui ne le font pas ,1 puilque fi elles inftruifent les derniers , en leur apprenant ce qu’ils ne fçavent point, elles pourront perfectionner les au- tres, en leur fai Tant faire des ré- flexions fur ce qu’ils fçavent dé- jà, & peut-être fur des défauts aufqueis ils pourraient être fu* jets faute d’y avoir pris garde.

Si l’Enonciation , dit Quinti- lien , efl: la principale partie de l’Eloquence, on ne peut pasdif- con venir que la belle &jufle pro- nonciation ne foit la bafe & le fondement de l’Enonciation , ô£ le premier ornement des Lam*

Réglés ne fè* les aux Fran-

Préfacé.

gués vivantes ; on ne doit dotiÔ pas apporter moins de foin à fe faire une habitude de bien pro- noncer j quon en prend d ordi- naire à fe bien exprimer.

Les plus beaux difcours per- dent toutes leurs grâces , fi les mots nen font pas prononcés félon les réglés & l’ufage des gens qui parlent bien. Je dis félon les réglés & l’ufage , parce que tous les préceptes qui lont renfermés dans cet Ouvrage , ne roulent que fur l’accord quon doit faire des Règles avec l’Ufage receu , en faifant fubfifter les Réglés , autant qu’il cft pofliblc , contre l’Ufage qui s’en veut écarter 5 mais toujours en les foûmettant À-TUfage, quand il en a fouve- rainement décidé.

Les Grecs & Jes Romains ètoient fi délicats fur la pronon- ciation , & ils laregardoient com~

T R E F A C E.

ffle au point fi important, qu’ils en faifoient une étude particu- lière. Ils avoient des Ecoles pu- bliques , l’on enfeignoit leurs Langues naturelles, félon label* le maniéré de parler & de pro- noncer , regardant l’inftrudion de lajeuneffe dans leur Langue, comme la voye la plus allurée pour en maintenir la beauté , & pour en augmenter la richeflè. En effet, leurs préceptes étant répandus par toutes leurs Pro- vinces , ètablifloient une maniéré de parler reguliere & uniforme dans chacun de leurs Diale&es > & c’eft par qu’ils ont rendu leurs Langues les- plus accom- plies & les plus floriffantes de l’Univers, & qu’ils les ont con- fervées tant de fiecles. i II leroit à fouhaiter , pour la gloire & pour l’accroiffement de la nôtre j que cette maniéré d’e-

prefjcé:

lever la jeuneffe fe pût un joufr établir en France , pour purger: notre Langue de quantité de mauvaifes maniérés de parler 6c de prononcer, tombent fou- vent des gens de toutes condi- tions , fans en excepter quelques Sçavans , & qui même font pro- fefîîon de parler en public 5 &c cela parce qu’on ne leur a pas fait connoîcre dans leur éduca- tion la nccefîité qu’il y a de fça<- voir bien parler & bien pro- noncer leur Langue naturelle préférablement à toutes celles qui leur lont étrangères.

On énfèigne aux jeunes gens le Latin & le Grec avec beau- coup de foin, & on abandonne leur Langue maternelle au ha- zard de liifage bon ou mauvais. Les Partifans de cette maxime di- iènt pour raifon , qu’il fûffit d’a- voir beaucoup étudié & leu eft

V RFF ACF.

Grée te en Latin , pour fçavoir mieux parler Langue qu’un au- tre 5 mais ils fe trompent.

Le Latin & le Grec font des Langues mortes , que chaque Na- tion prononce- félon la maniéré idiotique & particulière de pro- noncer la Langue de fon païs. Ainfi ces deux Langues ne nous peuvent fournir aucunes réglés pour apprendre à prononcer la nôtre.

Cependant prefque tous ceux qui ont beaucoup étudié & beau- coup leu, fe croyent infaillibles en leur prononciation , faute de confidérer que l’étude ni la lec- ture ne fuffifent pas pour bien prononcer , fi on ne fait les inflexions néceffaires fur les ré- glés ou fur le bel ufage de la prononciation.

Quelques-uns difènt aufli que la conv.erfation . des gens polis

PR1FACE.

fuffit fans le leçon rs de l’ètCidè & des réglés * mais cela ne re- garde tout au plus -que les ma- niérés de parler & d’écrire poli- ment. Il n’en eft pas de même des maniérés de prononcer : elles ne font pas une impreflion affez fenfible pour arrêter l’elprit de celui qui entend parler , en for- te qu’il falfe des reflexions for' les défauts d’une mauvaife pro- nonciation : & comme nous avons l’oreille accoutumée à la manié- ré de prononces de ceux avec qui nous converfons, il eft pref- que impoffible que nous nous ap- percevions de leurs foutes ni des nôtres. Ainfi nous n’avons garde de nous corriger des défauts que nous ne connoiflbns pas, ou que. nous necroyops pas avoir. Il n’y a- donc que les réglés qui puif- fent nous faire découvrir les fou- tes de notre prononciation > &

préfacé.

qui puilfent nous aider à nous en défaire ou à les éviter.

L’ufage clj un grand maître, dit-on encore 5 il en apprend plus en un an , que les réglés & l’é- tude rien apprennent en dix: Ceft une autre erreur tom- bent la plûpart de-ceux qui par- . lent ainfi , faute de connoître les divers fens que nous donnons à, ce terme d’ufige : Et comme plu* fieurs de ceux qui fe fervent de ce inot h fige , fe trompent dans lq fens quils en ont conçu ^en attri-r tuant indiftindement à l’ufage toute la connoilfance d’une Lan^ gue vivante, il eft bon de leur faire remarquer les deux fens que nous donnons à ce mot d fige , en ce qui regarde notre Langue.

On dit, apprendre une Langue par F u fige , & apprendre une Lan - gue de l’ufige s & ces deux ma-

AC

aïefes de parler ont chacune leur lignification différente: car apprendre une Langue par l’ufige, lignifie proprement apprendre, une Langue par le foin qu*on fe donne de s’exercer les organes de la voix à parler & à pronon-» cer comme ceux qui la parlent > & cette forte d’ufàge s’appelle ïufage d! exercice. {Apprendre me Langue de ïufige , fignific pren~ dre comoijfance de quelque manie* te que ce foit , des termes & des façons de parler d'une Langue fi * Ion ïufige commun ; ou autrement dit , ïufige receu chez, ceux qui la parlent : & cette forte d’ufagc s’appelle ufige commun.

Ce mot $ ufige commun ligni- fie donc proprement toutes les maniérés de parler & de pronon - cer que ïon contracte les uns des autres ; ou fi vous voulez , de certaines façons de parler & di

(

tret ace*

•prononcer établies parmi un certain nombre de gens , a force de fi les communiquer les uns aux au- tres ; de lorte que les maniérés de parler, communes à une Na- tion , s’appellent £ ufage commun de fa Langue.

C’eit fur cet ufage qu’ondoie fe regler 5 mais comme il y en a un bon & un mauvais , il faut apprendre à les difeerner par les réglés, ou par le lècours des gens éclairés. *Ce qu’on appelle ufage d'exercice , elt proprement le foin quon fi donne en s'exerçant les organes , & la mémoire à imiter V ufage commun de la Langue que l'on veut apprendre.

Cet ufage £ exercice efl tout différent de l’autre 5 car il agit toujours fur /’ ufage commun , pour tâcher de fe le rendre propre 8c comme naturel , en le copiant & l’imitant autant qu’on peut.

PREFACE :

Les Philofophes pourroientbien nommer cet ufage d’exercice , Xufage actif de la Langue s & Pau-

nun, Vu- premier pour l’i- miter.'

C’eft en cette différence du mot d’ ufage , que quantité de- gens fe trompent , faute de con- noître les deux lignifications que nous lui donnons communément* car lorfqu on dit que l’ufage eft un grand Maître , on doit en- tendre que c’eft de Y ufage com- mun que l’on parle, & non pas de Yufage d’exercice , qui eft un ufage particulier & tout diffé- rent de Pu fage commun. Il fauç remarquer,, comme j’ai déjà dit, que V ufage commun , ou la ma- niéré de s’exprimer commune X ceux qui parlent une Langue , fe divife encore en bon & enmau*

tre, qui elt 1 ufage conir fage pajjif, parce que le agit toujours fur l’autre

Tl ITT ACE.

Vais. Le mauvais ufage a autant de branches , qu’il y a de mau- vais idiomes , de jargons & de •clades dans la populace: c’ell-à- dirc , qu’il eft prefque infini e mais le bel ufage n’eft qu’un : c’eft l’ ufage receu de la plus faine partie des honnêtes gens , fur le - quel on apprend à bien parler , & par la comoifance duquel on ap- prend une Langue avec plus de promtitude dr de fureté , pourveu qu’on fçache faire le difeerne- ment de ce qu’il autorife &: de ce qu’il rejette: & cela ne fepeut faire fans 1 ufage d'exercice , ôc fans les réglés de i ufage commun.

Un Aleman , par exemple , peut apprendre notre Langue par i’uîage fcul , & U pourra la parler aufïï naturellement qu’un François , pourveu qu’il foie aflez jeune pour pouvoir fléchir les organes de fa voix * afin de les

préfacé,

accoutumer à former les Sons de nos mots de même que nous , & pourveu qu’il ne converfe qu’avec des François qui ne par- lent point d’autre Langue que la leur. Cependant fi cet Aleman apprend le François parmi des Artifans ou parmi d’autres fortes de gens qui parlent mal , il ne bif- fera pas de parler très-mal notre Langue , quoi qu’il la prononce auili naturellement & avec la même facilité que les François qu’il aura ouï parler , & de qui il l’aura apprifc. Si d’un autre côté il veut en peu de tems tout apprendre de l’ufage- reçu , il faudra , pour fe perfe&ionner dans notre Langue & dans nos belles maniérés de prononcer, qu’il ait recours aux règles , pour connoître ce bon & ce mauvais ulage dont nous parlons.

Aiï& l’ufage d'exercice , ou pour

PREFACE,

mieux dire, l'habitude qu'on fi fait en s'exerçant à apprendre les mots , ou les façons de parler d'une Langue, n’eft d'aucune utilité pour fe perfectionner dans l’ufage com- mun de cette Langue , fi on ne s’applique à connoître les préce- ptes que cet ufage commun a de bon ôc de mauvais : autrement l’ufage d’exercice nuit plus qu’il ne fert > puifque faute de connoî- tre le bon & le mauvais , on prend fouvent l’un pour l’autre , & on ne s’en défait que difficilement.

Lors donc que quelqu’un dit qu’il n’a appris une Langue que par l 'ufage % on doit entendre que c’efl de l’ ufage d'exercice dont il veut parler , & des foins qu’il a pris à imiter ^ ufage commun \ mais il ne faut pas croire pour cela qu’il en ait appris le bel ufage $ car il peut , par fon ufage d'exer- cice, avoir fait un mauvais fond

.de

j PRÉFACÉ.

de l’ ufige commun , en imitant grofïiercment ce que cet ufagea de mauvais. Par conféquent c’eft n’avoir rien fait que d’avoir ap- pris une Langue par Xufage d'exer- cice feulement : & il ne s’enfuit pas delà qu’on l’ait mieux apprife, ou du moins aufîi-bien que celui qui l’a apprife par les Réglés.

Il efl facile de connaître par tous ces^principes qu’on peut fe tromperen l’un & en l’autre , foit en apprenant une Langue par l’u- fage d’exercice làns^ les Réglés, foie en l’apprenant par les Réglés fans s’exercera y. joindre la con- noiflànce du bel ufage.

Je me fuis un peu étendu fur cet article , parce que c’eft une des principales objedions qu’on fait à l’utilité de ces Réglés , par l’erreur plufieurs perfonnes font for les deux lignifications de ce* mot d 'ufage, Si nous avions

PREFACE.

des termes différées pour expri- mer les diverlès lignifications de ce mot , comme on en a dans les Langues étrangères , je n’aurois /pas eu la peine de tant dire de chofes pour prouver la vérité de ce que j’avance , & pour détruire les raifons de ceux qui s’opiniâ- trent à foiitenir que ces deux for- tes d’ufages ne font qu’un. Les ter- mes dift'érens des Nations étran- gères fur les fens que nous don- nons à ce mot en font des preu- yes inconteftables. Les La- tins expriment ce que j’appel- le u fige commun par ces mots ufis } mos , confie tudo , modus lo~ ejnendi nfi recepius. Ils expriment l’ufage que j’appelle ufage d’exer- cice par le mot d ' exercitàtio. Nous donnons encore d’autres lignifi- cations à ce mot d’ ufage , que les Latins & les Peuples du Norc expriment différemment, Nôu$

tREFACZ.

nous en ferrons pour dire la joui f fonce dunechofei ce mot fignitie aufîi utilité ; on s’en lèrt encore pour dire la permijfion de fe fervir de quelque chofe : on die au/Iî faire un bon & un mauvais ulage dune chofe y pour dire 5 s’en fer* •vir bien ou mal. On ne peut pas dilcon venir de ces véritez > 8c cela étant 3 on ne doit point re- garder comme une délicateilè ou une fubtilité, les deux fens diffé- rens que je donne à ce mot d’ufo - ge en parlant de notre Langue.

Il y a d’autres gens qui préten- dent que c’eft Je Public qui fait l’ufage d’une Langue. & que tout ce que le Public établit doit êcre approuvé des particuliers ; que çela étant il cft inutile de donner des Réglés pour apprendre à par- ler 3^ puifqu on n’a qu’à écouter * & a conformer fes maniérés de paner a celles du,Pubiiç pour bien parler. e ii

PREFACE.

Je conviens avec eux que c'eft le Public qui forme l’ufage d’une Langue vivante : mais ce Publie ne fe corrige pas de lui-même > & il a befoin du fecours des Sça- vans pour le redrefler. Ce font eux qui par les réflexions fe cor- rigent eux- mêmes, & qui par leur exemple corrigent les autres 5 ce font eux qui confondent la pureté & la régularité de la Langue en toutes fos parties 5 ce font leurs maniérés châtiées qui banniflent les mauvais ufages qui pourroient s’établir 5 &. ce font enfin les re- marques qu’ils donnent au Publie les Langues dans leur

, Pétrarque, Bocace Italiens > Antoine de Nebriffo, Miranda, Covarruvias Efpagnols, & quantité d’autres fçavans hom- mes de ces deux Nations n’euf- font pas travaillé à purger leurs

qui mettem perfe&ion. Si Dante

PREFACE.

"Langues des mauvais ufages qui s’y ècoient introduits, & à tirer ces Langues de la barbarie ou elles ètoient dans les (iecles pré- céderas , elles (broient encore de véritables jargons.

Notre Langue n’auroit pas eu une meilleure deftinée , fi Oref- * me , Alain Chartier, Claude Sei(- Tel, &ck n’avoient pas auflï don- né leurs foins & leurs talens à la tirer de l’obfcurité elle lan- guifïoit : & depuis (I Marot , Henri Eftienne, Remi Belleau, Amiot, & d’autres Auteurs du fîecle précédent >, ne lui eulTent pas fucceflîvement rendu le mê- me fervice.

Les premiers ont commencé à dèbarbarifèr notre Langue, s’il m’eft permis de me fervir de ce terme $ & les autres lui ont donné une forme plus râifonna- ble , quoi que ces derniers ii’ayent

é iij

PREFACE.

fait qu’ébaucher la matière des préceptes de notre Langue : Sans les Remarques de Mr de Vau- gelas & celles de Mr Ménagé, du Fere Bouhours, & d'autres Auteurs qui ne fe nomment point, notre Langue feroit encore bien •éloignée de Pètat de perfection nous la voyons aujourd’hui.

Puifque le Public a eu befoin* du fecours des particuliers pour corriger les défauts, de fes mau- vais ufages, en ce qui regarde les maniérés de parler £c d’écri- re , il faut convenir qu’il a le même befoin à l’égard des ma- niérés de prononcer.

' Si quelqu’un avec moi s’étoic voulu donner la peine de faire des obfervations fur nos maniè- res de prononcer , comme on a fait fur nos maniérés de parler & d’écrire , notre Langue fe feroit corrigée de quantité de

PRÉFACÉ*

défauts de prononciation qui s*y croient glifl'és par la négligea* ce qu’on a euë & qu’on a enco- re d’y faire des réflexions 5 62 les Etrangers n’auroient plus lieu de nous reprocher le peu de foin que nous avons de bien pro- noncer notre Langue, l’incerti- tude 6c l’inégalité de notre pro- nonciation 5 6c enfin le peu de feurecé qu’on trouve à fe regler fur l’nfage du Public , qui n’ayant été inftruit d’aucuns préceptes, y fait tous les jours quantité de fautes.

Quelques-uns de cesMeflîeurs tn’onc dit qpe la matière de la prononciation ètoit un ouvrage fi ingrat , fi épineux , 6c fi rem- pli de doutes, que les plus har- dis 6c les plus zélés ont appré- hendé de s’y appliquer j que d’ail- leurs il ne leur paroifloit pas que l’ufage de notre prononciation

c iiij f

.

PREFACE.

fût allez uniforme & afTez bien établi , pour qu'on pût en dref- fer des Réglés 5 & qu’ainfi tou- tes les peines qu’on le donneroi* fur cette matière , feroient in- fru&ueulès.

Mais s’ils veulent bien exami- ner ce qui s’eft paffé depuis cent ans dans la prononciation de nos mots , ils reconnoîcront qu’à peu de lettres près que nous ne prononçons plus , fon ufage n’a pas changé , & qu’il n’y a rien de plus confiant ni de mieux établi dans toutes les parties de notre Langue , que l’ufage de notre p^pnonciation ; de lorte qu’on en peut ti- rer des préceptes tres-juftcs, & avec toute feureté. J’ofe même avancer qu’il n’eft pas impoflible de fixer cet ufage par les réglés qu’on en pourroit donner , fi les honnêtes gens vouloient y con-

0

PREFACE.

former leurs maniérés de pro- noncer.

On pourroit encore, à l’exem- ple des Grecs & des Romains, faire inftruire lajeuneffc des ré- glés de notre prononciation, afin que ces préceptes le repandans par tout le Royaume , puflenc établir une maniéré de pronon- cer reguliere & uniforme , ce qui la rendroit fixe & permanente , en forte qu’elle pût durer autant que' notre Langue. .

: Ceux qui fçavent l’Hiftoire des Langues demeureront d’accord avec moi , que c’eft toujours p#r la prononciation que commence la décadence d’une Langue j les altérations qui fe glilTeiic peu à peu .dans les maniérés de pro- noncer , font infenfiblement la naiflançe d’une nouvelle Langue, qui s’établit fur les ruines de l’au- tre. . Ainfi nous n’avons rien de

•a» a

PREFACE.

plus important pour la confer- vation de la nôtre , que d’en fi- xer la prononciation $ mais Ion ne peut arriver à ce but que par de certaines Réglés telles que font celles que je propofe.

Je les. ai recueillies Ôc les ai puifées dans l’ufage de ceux qui font eu réputation de bien par- ler, tels que font les gens de la Cour, & la plus faine partie des gens de Lettres. J’ai appuie cet ufage autant que j’ai pu fur no- tre ortographe tant ancienne que moderne , parce que c’elt elle qui doit être le fondement de mes Réglés S.puifqu’elles repréfentent fur le papier les fons, les mefu- res , 6c le poids de nos fyllabes en la maniéré que nos pères les ont prononcées autrefois y & comme nous les prononçons au-* jourd’hui. J’ai cité notre ancien- ne ortographe en plufieurs cn«>

PREFACE.

droits de cet Ouvrage pour au- torifer quelques-unes de nos ma- niérés de prononcer qui fe font maintenues dans leur ancienneté jufqu a préfent , Toit par l’avan- tage que nous y avons trouvé, ou pour quelque autre raifon.

Je fçai qu’on m’oppofera l’ir- régularité ordinaire de notre or- tographe , & delà on inférera que ces Réglés ne font pas feu res, (I on les fonde fur l’ortographe ; parce que fi elle ne caraétérilè pas jufie les Sons de nos paroles , il n’y a pas de fureté à regler no- tre maniéré de prononcer fur fin- fpection fes caractères.

A cela je répons qu’il n’y a point de Nation qui n’ait ma- niéré d’ortographier , & qui n’ait fes réglés , &. fes exceptions aufli- bien que nous : fi nous avons quel- ques lettres inutiles, les autres dations en ont aufli j on pourrait

a vj

PREFACE .

même avancer dans l’état pre- fent de notre ortographe qu’il y a des Langues qui ont plus de lettres inutiles que la nôtre. Les Alemans, par exemple , n’ont- ils pas des confones doublées atifli-bien que nous ? Mais il y a plus j car ils ont des lettres dans leur écriture qui ne fervent de rien à leur prononciation : ils ont des d , des c , des h , & des p y qu’ils ne fe prononcent point du tout , comme on peut remar- quer en ces mots , Kranck^, tu- gendt y math , churfürjl , er qu’ils prononcent comme s ils ètoient écrits ainfl , Crank^i tou - gentt , moütt , Cour fiirft , er commît. Peut- on voir une ortagraphe plus bizarre que celle des An- glois ? ils fe font une réglé de caradériler le fon de 1’/ voyelle long par un double ee ; & ce- pendant ils cara&érilènt le mê-

PRÉFACÉ.

me Ton par ces deux voyelles^, comme on peut remarquer en ces deux mots beef & p copie , «qu’ils prononcent comme fi ces mots ètoient écrits ainfi bif-, pi - fie 5 on pourrait donner des rai- ions de cette bizarrerie d’orto- graphe, fi la brièveté d’une Pré- face le permettoic , & fi elles .ètoient neceflairesà notre fujet: da plûpart des Nations du Nort •ont trois maniérés différentes de ^prononcer les fons des e s & ce- pendant ils n’ont qu’une manié- ré de cara&érifer ces trois for- âtes de fons, en quoi nous pou- vons dire que notre ortographe cft plus régulière que la leur, qjuifque nous dfftihguons la plu- part des fons de ces e par des accens 3 ce qui ne fe fait pas dans Ües Langues du Nort , ni même «dans les Langues Efpagnole ôc Italienne, quoique ces dernieres

PREFACE.

ne connoifTent que deux fortes de fons dV. Je dis plus , fi on veut bien examiner notre ortographe , on trouvera qu’à l’exception des- confones doublées nous n'y avons prefque point de lettres inutiles. Si elles paroiffent telles , parce qu’on ne les prononce pas , elles ne laifîent pas d’avoir leur utilité , puifque ce font des lettres auxi- liaires qui aident à marquer la mefure d’une fyllabe ou à diffé- rencier la fignification d’un mot * ou qui fervent à la douceur de notre prononciation * telles que .font les lettres finales dont la prononciation varie félon la fi- cuation ou les mots fe trouvent y comme vous le remarquerez dans s les Réglés que je propofe.

Si nous n’avons pas encore fup- primé dans notre ortographe quelques lettres inutiles qui y font xcliccs du vieux tenls , c’efl parce

PREFACE,

qûe le changement qui le dbî£ faire dans l’ortographe des mots dont la prononciation eft chan- gée, ne peut fe faire qu’avec le tems, La parole va plus vîte que l’écriture & que l’Impreflion » de forte qu’il pafle quelque- fois bien des années avant que récriture fe conforme à une pro- nonciation nouvelle. Ajoutez à cela qu’il ne peut y arriver de changement à l’ortographe pour la conformer à une nouvelle pro- nonciation que lorfque les Au- teurs ou les Imprimeurs corri- gent , ce qui n’arrive quelquefois- que- bien long-tems après que l’ufage d’une maniéré de pronon- cer eft établi * ainfi on'peut dire., qu’aux doubles confones prés > que l’ufage n’a pas encore réduit »en confones fimples , notre or- thographe eft beaucoup plus ré- gulière que celle des autres Lan-

PREFACE.

£ues vivantes. Si elle a quelques exceptions , comme j’ay déjà dit, il ell facile d’en donner une en- tière &: parfaite connoiflance par quatre ou cinq Réglés, comme j!ay fait dans le cours de cet Ouvrage.

On peut dire cependant pour juftifier quelques endroits de no- tre ortographe, que les habiles gens ne fe font obllinés à fuivre un certain ufage , que pour con- ferver l’origiue des mots etran- gers , & pour les diftinguer de ceux de notre Langue , ou qui lont de fon fonds , ou dont l’ori- gine ell plus éloignée , &• par conféquent moins connuë , com- me il paroît en ces mots repondre , ortographe ,Jyl!abe , & autres qu’on trouve encore dans les Diction- naires les plus nouveaux , ortogra- phiésdemême.

Quelques-uns allèguent encorç.

PREFACE.

Hcux difficultés contre l’utilité de cet Ouvrage > la première eft qu’il n’eft pas facile de fixer les maniérés de parler, & de pronon- cer d'une langue vivante , ou d’en faire des Réglés qui durent à cau- fe des fréquens chan'gemens qui s’y font , & particulièrement en la notre 5 & l'autre eft que l’ac- cent différent de quantité de nos Provinces , ne fe peut corriger ni changer par l'étude des Réglés.

Je répons à la première obje- ction , comme a fait Monfieur de Vau gelas dans fa Préface , que c’ell la deftinée de toutes les Lan- gues vivantes d etre ^jettes au changement ; mais que ce change- ment n’arrive pas tout à coup : A quoi j'ajoute que le changement qui le fait dans la prononciation eft bien plus lent , &; moins fré- quent que celui , qui fe fait dans Les termes & dans les maniérés de

PRÉFACÉ.

parler d’une Langue. De forte, que fi les obfervations qu’on a faites il y a cinquante ans fur nos, maniérés de parler &: d’écrire», ont fubfifté jufqu’à préfent, à la réferve de quelques-unesquionc vieilli , & dont les nouveaux cri- tiques ont fait des Notes 5 ces remarques peuvent bien elperer la même fortune j d’autant plus quelles font fur une matière qui ell bien moins fujet,te au change- ment que l’autre : & en cas qu’il en arrive dans la prononciation de quelques-uns de nos mots , il fera facile à ceux qui travailleront après moi fur la même matière, d’en faire*des Notes. Voici pour la première objedion.

Pour ce qui regarde la fécondé j je répons que fi on confond l’ac- cent qui fe mêle dans la pronon- ciation d’une Langue avec la pro- nonciation même , ou que l’on

t

- ' ^

? REFACE.

prétende que celle- cy dépende ce l’autre , on aura raifon de re- garder comme inutiles les Réglés de la prononciation j mais il y a bien de la différence entre l’un & l’autre.

L’accent eft un certain ton de voix que des Peuples ont plus ou moins , fe Ion la différence du cli- mat j qui tient un peu du chant : Il eft tout à fait ièparé-de la pro- nonciation î &; il fe contra# e non feulement dès l’enfance, mais en- core dans un âge plus avancé, félonies Nations avec lefquelles on converfe. Cela eft fi vrai , que fi deux Allemâns apprennent le François, l’un en Normandie ôc l’autre en Gafcogne , à quelque âge que ce foit 5 l’un aura l’accent Normand , & l’autre aura l’accent Gafcon. Cependant ils pourront tous deux n’avoir pas une mau- yaife prononciation i ainft il eft

PREFACE.

très- difficile de faire perdre l’ac- cent à ceux qui y font accoûtu- més. Mais la prononciation efl toute différente : comme elle ne regarde que l’articulation des pa- roles, la maniéré de diftinguer une fyllabe ou lettre d’avec une autre 5 & de connoître les lettres muettes & celles qui le doivent pronon- cer , elle fe peut apprendre par des Réglés auffi-bien que de vive voix.

y V‘

On ne prétend donc pas tou- cher à l’accent dans ces inftru- dions , puifqu’il ne fe peut cor- riger que par un grand foin , ou par une longue fuite de tems, ôc que la prononciation n’en dépend pas. Ce n’eft pas , par exemple , l’accent d’un Gafcon qui lui fait prononcer un 'yconlone pour un b, en difant un hwit, pour un habit , puifqu’il prononce l’une de ces deux lettres feule ou fèparémenc ,

ÏREFACt.

àuflî-bien qu«*nous : ce n'eft pas £on accent qui lui fait donner un fon de double diphthongue aux doubles voyelles ai & au, & qui lui fait prononcer fayire , pour faire1, & faaute , pour faute : Son accent ne l’empêchera pas de pro- noncer les doubles voyelles de ces mots , comme les lettres e , 6c o , & de prononcer les mots de faire & faute , comme s’ils ètoient écrits ainfi fère & fote , puifque ce Gafcon prononce IV du mot de fête, ôc Yo du mot de cote aufli naturellement que nous. Ce n’eft pas fon accent- qui lui fait donner un fon retentiffant à notre n nafalç, & qui lui fait dire fanetê , pour faute. On lui peut enfeigner par des demonft rations fenfibles à prononcer ces fortes d’# de même que nous les pronon- çons j puifque nous apprenons bien à prononcer ces memes n à

. P RE F AC Es leur mode! en Eipagne & en Ita-i lie, il les faut prononcer com- me en Gafcogne , (I Ion veut s’at- tacher à la juite prononciation de l’Efpaguol & de l’Italien. Un Ga£ con pourroit facilement fe faire une habitude de prononcer com- me nous les mots que je viens de citer, &: plufieurs autres, il en- tre de femblables lettres , fans être obligé de le défaire de fon accent. Ainù la difficulté qui paroît à çorriger l’accent d’une Nation , ne prouve pas qu’on ait autant de peine à lui apprendre à prononcer nos motf felon les réglés & le bel ufage de notre Langue.

D’ailleurs il nef! pas impoffible de faire perdre l’accent j & ce n’eft pas même une néceffité de n’en avoir point, pour bien parler $ car pourvu qu’un homme ait une prononciation corrcde & polie, & qu’il ne fafle point de fautes

PREFACE.

contre la pureté du langage , fon accent, s’il en a, ne l’empêchera pas de palier par tout pour un homme qui parle bien. L’accent même bien ménagé donne de l’a- grément au difcours. C’eft une. politefle qne les Langues les plus anciennes aquierent par le long ufage, comme on le remarque dans celles de la Chine d’aujour- d’huy.

Les diverfes maniérés de pro- noncer les différens genres de nos difcours , en font une bonne preu- ve , &. ce n’efl proprement qu’une inflexion de voix bien ou mal mé- nagée, comme le loutient un de . nos amis, dans quelques-uns de fes Ecrits. Ces raifbns font plus ique fufli Tantes pour prouver que l’accent efl: tout à fait fcpa- de la prononciation. Mais comme nous n’avons qu’une jfeule maniéré de marquer for le

PREFACE.

papier tous les Sons des mots d& notre Langue, en quelque Pro- vince duRoyaume quelle fe parie. Il eft jufte auffi que nous n ayons qu’une maniéré de les prononcer . qui foit uniforme & générale par- mi tous ceux qui parlent notre Langue^uifqucl’ortographe &Ia prononciation ne font que des co- pies l’une de l’autre 3 car celui qui lit , copie l’ortographe , en mar- quant de la langue &; de la voix les cara&eres qu’il voit peints fur le papier 3 & celui qui écrit ce que l’on dit , copie par des cara&eres les Sons des paroles.

On trouvera des Réglés répé- tées plufieurs fois dans tout le cours de cet Ouvrage : mais je l’ay fait exprès , au moins en ce qui regarde celles que j’ay jugé les plus néceflàires de répéter., pour corriger les fautes aufquel- leson ellleplus fujet , étant per-

fuadé

PRÉFACÉ

fuadé qu’il y aura bien des gens qui ne liront pas ce Livre d’un bout à l’autre : & comme la cu- riofité les pourra porter à voir quelque remarque qui les arrê- tera plus que d’autres , ils pour- ront en même temps y trouver celles que je me fuis propofées de leur infinuer.

Quelques-uns même ne cher- cheront ces endroits qu a mefure qu’il leur naîtra quelque diffi- culté par occafion.

Je ne doute pas que ce que j’expofe dans cette Préface, ne foie receu différemment de quan- tité de gens , auffi-bien que tout le refté de cet Ouvrage 5 mais H on s’attachoit à contenter toutes les fortes d’efprits qu’il y a dans le monde, il fe trouveroit peu de gens qui vouluffent écrire. Je n’ai point eu d’autres veuës que l’utilité publique ; & fi mes

PREFACE.

Remarques donnent occafioti d’en faire encore de meilleures, j’en ferai bien aile , & je tâcherai

•fjx,

avertissement

fur ia Table fui vaute. . . *

Omme la beaute & la délica- tcjje de la Langue Françoifi confie principalement dans la pro- nonciation appuyée fur l’ufage & U pratique , 41 n'y a point de Réglé y ait bien des Exceptions.

C'eft pourquoi quand on a donné quelque Réglé , ou quelques Exce- ptions de la Réglé fur la pro- nonciation , on y a joint auffi-têtdes Exemples , afin de rendre la pro- nonciation plus fenfib le & plUs in- telligible. Et afin qu' on puijfe trou- ver plus facilement les mots qui fouffrent quelque difficulté , on en ' %

a fait une Table alphabétique , oit le Leéleur pourra avoir recours au befoin.

Il auroit été trop long & trop v J 1

ennuyeux de mettre dans cette Ta- .

' S » ij.

avertissement.

Ue ms les mots qui font contenus dans ce Livre yon ri y a mis que ceux qui font exceptez, de la Réglé gene- rale. Pour ceux qui fuivent la Ré- glé , en scft contenté très- fou vent d'en mettre la terminaifon & lafyl- labe fur laquelle tombe la difficulté . Lors donc qu'on aura befoin de quel- que mot que l'on ne trouvera pas en fin lieu par fa première fyllabe j il faudra le chercher par fa finale on par fit penultieme. Par exemple , fi vous avez, befiin du mot d ancmo- 11e , & que vous ne le trouviez, pas dans la lettre a, vous devez, cher- cher fa finale ne dans la lettre n , ou fa pénultième one dans la let- tre o.

, comme les voyelles & la pronon- ciation des autres lettres varient dan s la Conjugal fin des Verbes , on a eu foin de mettre quelques Conju- gaifins au long , afin de s'y confor- mer pour les autres Verbes.

A L PH A B ETIQUE DES MOTS

^ V., ‘$V

Contenus dans ce Li y re.

A

A*- chaperonné , A a, jfaçfi,

Ab* ïc , Abeïe , Abccé ,

Abfflc , jiblç ,

Pages 6 1. 64. ^7 170. C?* /vivantes.

j88. ^

i $88*642,

3U 31. jtf. 38

*7*

6ji

Ablc , cble , ible , eublc, oble , ublc , venus dis

Latins, 648

Abraham, * r 7*1

Abftwdre , . €6%

Abfoure , ,r'v ' - é7j

Accabler, 659

Acccns, }6i. & fuiv.

De l'afage trefent des Acccns , 374

x HJ

J

i-7

141. acnon,

TABLE AjLPHABETI QJJ E

Accent aigu, 13 y

Accroc , 7 i 9

f Z’achcteur, ' >

Achever , Conjugal [on entière de ceVerbe , 52.5» Z’acquereur ,

Acte ,

Action ,

Ada»? ,

Adjourcr ,

Adjudicataire adjudicataire,

Admirai , admirauté ,

Adre ,

•. Adroit, adroit, ,

Affliger ,

Agréable , -

Agrément,

Ai, 6 4. 66. 67 J 4. 8 6. lf f.%61. %6i. 16 j. 16 f. Ai , qui fe trouve dura ta Cenjugaifon du Verbe faire , 1 ttfç

A fujc , Z44* tijuks »

Aider t éder, %6$

Aigle, xj

Aigu, accent aigu, 36 4. & fuiv. En quel

74*t .66 1 74* 761 49

49 *3 4 3 33 664 / «O

J4*

} . .f'

tems inventé ,

Aifue ,

Aiguille ,

Ai^uilletier ,

Aiguillette, ‘-4- '

Aiguillon , *

Aîiutfcr,

Ail ,

Aille-, ailles , aillé , ailler , aillent , 6x7 Ailleurs, ailli , aillon ,

Aim . 14t. x^o. &fuiv. t$S

Aimer , ai mair , aimé ,

38 6

ibid. ibtd. ibid. ibid . ibid. 31 1 éffy

6)t

199

4Z6, 41*

*V-

•f

4i S *4J 434 16 O

3*

des mots.

Airi, 17. *3 iJJ- 2-5°- &fuïv-

^/re final, 6*S.&futv.

AtCé, 6%L

AiCct, 6l I. 637. 6‘*

Ailè'ment , 344

.rfifiié , efné , z<î*

utfifle.àifles , aiffe, ai (fions, «iffiez, aillent ,671

Air ,

Air ( nom de V illc ) -Aijf Alger, Al jair , 43 3

Alléguer, V

Almanac ,

Alpha,

Alphabeth ,30. Lettres de V alphabech ,36. 4*- Am, i;;. itfo. 1-90. &fuiv.X96, 6*8.654. Amas, XS

Aimffer , ramafler, &c. 6i8

Ambijfuité , 161

A/»bre , anbre , x$6.

Ame, IZ7*

Ame», 3°-7- N*

Amer, amair, 433- 434

Amere, amaire , J 43^

Amitié, 14>

Amfterdam, Amftredanv, Amfteirtdam , nu xji4 307.

Amusement, 11 4

An , 17. tfj. 153* *90 .&fuiv.X9t. 6%$.6}} An cre,

■^«gc , # : v .

Anglais, Anglais,

Anima/, animar ,

A»nc, <S7‘

Antépénultième ,

1 iüj

*5

334

XoO

*6*

9\

TA BLE ALPHABETIQUE Antipater , Antipatarr, 433. 454

Antoine ,

Aon, . ijo . &> fniv. 196

Aou , -86. ifj. 177. & fuiv. 190

Aouft , . 73. «J

Aou ft , 0#ft , 189

Apo'té, 97

Apoftre, jo. Apôtre, çt. 97

Apq/tre.apo/iolique, 131

Appartwrncnt , apparament , 311

Apre, 669

Après , devant une confone ou une voyelle ,

*9 7- 703

A payer, xi 9

Archange, Arrange, 155:

A r/on , ax/bn , 147

Ardfwrnent , ardaman , 3 11

Arc final, 487. 6 ij. <$» 6jj

Argile ,•

^rre ,

^rre final ,

Arfenir,

Trachée artere . Articulation , Articuler ,

Articuler , prononcer , Artois ,

-rffe,

Afé,

-rffer .

A fie,

Aflî?wbld , affublé,

AflV«rance, afi» rance,

Aûeuicr , a(T«rer ,

AlTc^, devant une confone ou une voyelle, 69 8. 703

101

<îî8

<17. 6 18. éjj 7 J* 7

10. yb/v.

8. 10. il. il. &fuiv..

*1

3U

6 1$. /«iv. 63^.

6 IX

6ti. 6y 7

671

ÎJ3

180

ibid.

t> ÏS MOTS.

Atome, 667

Aire, 67 y

Au, 64 TÎ- 74-7T- *4- 86. 187. 188. 190.

ijj. 168. 169. 643. fuiv.

Au , diphthongtte , 616

Au, article, 44 6. 784

Au final, 64 j

Avanthier , avant utir , . . 453. 4)4

Aube,, 6}f

Aucun , devant une confine 010 une voyelle , 69(5. 701 «.

Aude , mots terminés en aude , 661

Audience , Audience , 31X

Avec, 4*8

Avec, devant une voyelle , 4 703

Aveuglement^ /41.J47

•A«gc , *6j

Augmenter, 160

Aume , anmer, 667

A vois, avais, ' 183

Auprès , V V* 644

Aurora, 73. aorora, ' 76

Aurore, ' 644

Aufé , 6ix

^iJpr, *11.637

AulTe , mots terminez en aufle , 65 1

644

^«ftere, nnftcrité, 644

Autant , otant , 14.644

Entonne, k 644

Aux, aû.

Aux armes, alarme, 687

Auxerre, Auj/êne, L ' " 145

Ax,cx , 144

Axiome, v 667

\ *

TABLE ALPHABETIQUE

Ay , *41* l6l»

Ayant , aiant , ai-yant , *4$

Ayc , ayes , ayent , . ^ . *4*

Ayeul , aiculc , ai-yêul , J43

A*urc, . 7.: v-.

I4,?

B.

t final, 7fj

B à queue, ' 19$. ioS

Ba, f ,l6f

Ba, be, bi , bo , bu, bai, béu,boi, bou ,

78, 117 '

Le Bailleur, Bailli/,

Bain ,

Ban ,

Banc ,

Banc ,

Balle , Balle , B a/tille ,

Bavarois , Ba«ge,

Baye,

Baycan , Bayonne , Bayounettc,

741

760

78

ibid.

117

781

*î>

335

685

341

*43

ibid.

ibid.

Be , bes , &c. Des mots tbmine'z en be , bes , ber, ou en b(é , blés , bler , bre,bte$ , brer , & de leurs pénultièmes, 648. 649. 6j£. & [ttiv.

Be, 4 jj. be, ;3$* Bre , ibid .

Beau,. y 8* 81. 8j. 646

La Beawce, Province , 66 1

Beauté,. 118# ïjô.'tffo

DES MOT 5.

Beaux , devant une confone , ou

une voyelle r

697. 703

Bk,

Ai*

Bc / , ' r ' .

705

Belle,

46*

Bewjamin , B*»jamin, Benjamin, jz. &

x$7

Be»join , B4»join ,

2-97

Bénite,

*7J

Beqweter, beJtter,

il*

Berceau ,

U4

Berger,

7ff$

Bcrgere , Bairj aire ,

Berl an , brelan ,

lit. ti*

Befiw’n , befoiim

34t

Be/te, be/tial.

*3i

Belle, bette,

J?*'

Be/tiaux,

i3î* *41

Beta ,

30

Beveuë, bev«c.

179. 180

Bic n, devant une confone ou une voyelle ,693,

703

•*.’>• *• v

Bi//ard,

toi

Bi lion , bi-i//on , , V

ilt

Billot ,

api

Bi%eul, bilàyeulc.

143

Blanr,

7JF*

Ble , des mots terminez en bic.

6^1

Blé,

3. !l 43*

BJejeve,

JBcête , boarte, 3x8. boite.

33

Bœuf,

7*0

B01,

78

Bois , boüâ ,

34°* 7*f3

Vne boitte , il Wtc ,

- . t,J

i vj

TABLE ALPHABETIQUE

Bon, -// .. ,7*

Bp», devant une confine , ou une voyelle , 697. 701

Bonheur , bonwr , Bo»»e , bo»e ,

Borne , borné , BoCphotc , Bos/ore, Boté , bouge , bouger,

BourY/on1,

Boulanger ,

Bouquet ,

Bourgeois , Bourges, Bouteille ,

Brayer ,

Brebis , berbis , Brèche ,

Bretagne , Bertagne , Bretelle , bertelle , Breton , Berton ,

180. 28c

3°f 47, 118

1 66 118. 130 66 3 66 y 664 104 766 4 59 33* 4<* *39

122. I2J 4<fl 122. I13

tbtd.

121

Brèves, 96. xoo.’ioj. 128. 129.131

Brèves. De prononciation des fyllabes brè-

ves ,

Bri/iant , bri-i//ant ,

Broe , . *

Brouiller ,

Broyer , ' ' r-r Brudcr, Broudre ,

Brun ,

Bru/che,

Bu/te ,

C,

c.

<47 2 02

7Î< 66 6 139

120. 12 1 *3* *3 1 , ilfid,

43

C , pourvoit nommer des k , 43. &fuivt

C final , çà

DES MOT S.

C devant l'a , l’o , & /’u , 43. 4jf

C devant V c /’i , 4 j

C devant Ve & /’i /e prononce comme f, 1 46 C prononce comme le k devant l'a. , /’ o , é> Vu, ibid .

ç a queue, V". 43-4+

ç à queue t & de fa prononciation , 1 47. & fuiv.

. r 75S-7Ï9 qui pourvoit etre fupprimé ,

15S. 199 149

<4*-

660 16 O 66l 660 *9t- 76S

*97 434 160 30/

*4* loi 669 106 *70 XI9

ibid.

433'

queue pourquoi ,

C mouillé ,

Cable ,

.Se cabrer.

Cadenas , J

Cadrer ,

Calabre,

Caldéen , Cald \éan ,

Camp ,

Cananéen , Canan éan ,

Cancer , çanlàir.

Canevas,

Canne, cane, ,

Canon , JCanon,

Capillaire , , V:

Capres,

Ca-ptus, cadras,

Caque ,

Caqueter , &c. caJSrter, calfater ,

Caraftcre ,

Caffe, drogue , 6jt. Cafler,

Caufe , cofe ,74. Caoufa , 76. Caufe , caou- fe, xtS, 287. ai*

Caaftiquc, - *4-4

Caatere, ^ . ibid.

TABLE ALPHABETIQUE

*43 S39 44 i?

146 461

Cent , dieux ccnfs , devant une confone ou une voyelle, 697.70t.

Cent honnêtes gens, cen-x-onête gens , 15}. Cen/o-neftcsgens , ibid.

Ccrtai» , devant une confone, ou une voyelle $ 696. 7 01

Ces, cés, çais , 454.454. 4 97'&fuiv.

Ce , Ces , des mots terminera ce , ces , cer , chc , ches , cher ; c!e , clés ,cler ; cre , cres , crer, & de leur fénultïeme , 660’

Cer , Pronom , devant une confone , ou une voyelle, 656.701. 70k

Ces hommes , cé-rome , 505

OiTe , 671. Cfffer, 67 1

Cette femme , ftefarae , 716

A cette heure, afteufe, ibid.

Ceux , ccû , 39}

Ch final , ? 57

Cha, che,chi,cho, chu, * 164. 2 ©7 Chacu» , devant une confone, ou une voyelle, 696. loi ' , s fi

Chair , cher, ïiS

Changer, çanxé, Jjl

Champ, 76$

Champenois, 3}$

Chaos, Kaos, j. 156. 16 1

Chapeaux, çapots, S iyo

Chaperon, HO. 1x1

Chiffe , caiffe à garder des Reliques , 6} * 671

V*Uwl

, 44- 4J3* Ce, Ce cédilles ,

Cela ,

Célibat , /clibat ; Cellule ,

MOTS,

b E S

fchàffenr , chaffcu* ,

Chats , fats ,

Ch auà , ch aoud ,

Chaume ,

Ch*, 4/3- Ch*;

Chef,

Chers , chaire ,

Chcrub in ,

Cheval , chcvar r Chéveauv , chevau,

Chevre,

Chevreau ,

Chevreuil ,

Chevron , '

Chez , devant une confone , eu 69 8- 703 Chinois,

Chiromanfie , chiromaneie , Chaeut d"Eglife , keur ,

Choriftc , korifte ,

C horographie 1 korogïaphie , CboCes , fozes ,

Choyer ,

Chrétien ,

Cidre,

Ciel ,

Ciguë,

Cinabre ,

Xin$ , fini ,

Cinqr , devant une confone , 697- 70x

Accent circonflexe , ajj. 4 Civ il , fiv il,

Clef,

Cie'tocnt , - t

74± ijo *88. iS*

t&r f)9- 669 4j< 43*

$ ot * 100 )9 3 4** 4<$* ibid . ibid. une voyelle f

333 *43 * ijt. 148

ibid.

i;4 Ij o *39 I<4- z\% 66t

4 S* I4l

66 o

74 S une voyelle ,

3 éy. fuiv .

344

760

/ J4I

TABLE ALPH-ABETIQJJE

Clerc , 7$<

Client , cliunt , 31»

Clorrc, H7

Coiffe * 8 f. Coaife, Jt8. Coite, jjo

178

317. & fuiv.

4<7- «3 ' 4j8

*iS S 41 <71

Co&uc ,

Col, cou, } 16 .

Collège ,

Colonel ,

Combu/tion t

Commodément ,

Comprefle ,

Conception ,

Conceu, concfwe , conçu , conçue ,179. 180 ~ * 678

14 7 *7*

\ ' v m

S4l

^ ibid.

607

JH 181. 634

16}

<1. & /««/.

3ji. 6j«. 6J7

Conclave ,

Con/Tj , con/u ,

Confefle, <7t. Confèffcr ,

Conformément ,

Confirment ,

Con jugaifons des Verbes ,

Connoiftre , connaiftre ,

Con fer ver conlcrva/V ,

Configner , confiner ,

Confones , v.

Confoncs doublées ,

Des Confones finales qui ne fe prononcent ja mais devant quelque mot que ce [oit, 7 45 Confones finales qui fe prononcent toujours , 753 Des mots qui finijfentpar trois confones , 77 g Contrôle, j88. 64%

Convent, 304. Couvent, .303

Conventuel , 30 j

CopiP, copé, 311

CoppenAaguc, ■' - 783

C°f , 1 ' ' 76ê

Cordial , Cordial , 14$

•’/ MOT 5/

/-r

Cdftege,

Cfffte , cotte ,

00

1H

Ctudre ,

'. >■ 66*

Gou p.

' 76s

Coupcure, coupure.

%•]$. t8o

Cours, -

IjO -

Court , - '^V £

ibid. - :

Couftcr,

6)9

Couftume ;

ibid.

Coût eau , conte , , -v

*66. 344

Cra , cre , cri , cro , cto , crai

, creu, croi^

crou,

7%. & ftiiv.

.Cr* be , forte fécrevtjfe ,

6s9

Crâne,

66 8

Crapaud ,

«44

Craqueter , craJtter , cra&cuter ,

a 19

Cré , 4 j i - Cre ,

J3*.

Créfme , crème , , ^

ïjJ-

Croa/ie, Croatie,

*4l

Crot,

b 7 59

Croift , '

_ «3*

Croit,

ibid.

Croi* , croî ,

b-- , S 9}

Cf final ,

77* .

Cf final,

7JJ* 7 6s

Cueilli,

toi

Ctird, ICuré,

•' *4*'.

D final , D.

747

D final , devant des voyelles ,

ondes h muet-

tes,

74}

Da ,. de , di , do , du ,

%S9

Dalmarie , Dalmacrc,

*43

Damas,

*s

Dume , T

9*

Daniel , Taniel,

*4»

»■

* '

TABLE ALPHABETIQUE

Danois,

Dam , devant une confone , ou

une voyelle ,

697. 703

Dƻbe#

*59

De, ' . .. •< ...v ■/.

5l%

De,

4JJ

De , des mots commence 7 far de ,

438- 4 *9

De ,^des , &c. Des mots terminez en de , des.

der , ou en dre , dics; de leur- fénultié-

me, 64 t.

De, des, /levant des h adirées, 187. 175». i*>o

Dèb*«che, débucher, 66t

Dèbrowïller , 666

Déchiqueter , iro

Dédain , dédain , 386

Dédaigner, fes dérivez, 440

DffFcndre , défendre, 44X. deffendre ,' 461

Défrayer, I34

Défri»t, ai/

Dèguifer , 16%

Debyer , j ' , 13*

Délivrer, r\ ' * ' 441.441

Del«ge, , 66 j

Denis , Deni/è , 44 a

Deptfïfer , dépeiïèr, 3 j 1

Dcpaq«eter , depafeter , depateuter , xt9.au. & fuiv.

Dépérir , 441. 44£

Depuis, devant une confone , ou une voytüe,

69 8. 703

Dernier, devant une confone , ou une voyelle,

*97' 7 oi.

Dérouiller, 6 (,6

J?c. s , i}/. Des, des, dais , 184. & fuiv»

<

DÈS MOT S.

,'43+-'4j6. 497 &fuiv.

Des , mots qui commencent par la fylhtbe des , 468. & fuiv. 474. 479. 490. jo8 Des , article , devant une confone , ou une voyelle , 4s <. 6% 6. 677. 6?j. & fuiv un- tes. '• v

Des , fuivi d'une voyelle , 479

Des, dais , 184. fuiv.

Dès, conjonction , 4} 4. 43*. & fuiv. Dés

497

Dès , devant une confone, ou une voyelle , 698. 703

Dêfabufa , 479. rftabufcf, ' 480

De/agrcable, 479. d^agreable, 480

Defaguémenc, fji

Z>e/avanrage', 479 ^avantage, 486

’De/ceiuire , deccndrc , 44 1. $40. Dèfcendrc ,

. +6i

Dïfcouviir ,

De/crirc , décrire',

De; enfans ,• déxunfan , De/ert , dzett ,

Defèrtion,

De/faire, défaire', Dwbabiller , babiller , Dcsja & défia , Derintereflcr , fl'z.intdrelTcr , t)efir, 440. ^efir, De'fifier;

Dc/ordrc ,

De fi/» , defini» f Défiinion ,

De/unir , d'zuniïy pérniller, *

Dt van/ ,

6 40

V 6 £7

K 4*1-/®* 441

je*

3*»

S09

480. îo?

iip

501. jj8

481. / 08

v fO>

*3*

70J

\

TABLE AL P H AB ETIQJJE

Deuil, 8*

vin .deviner , 44®

Devoir , devoer , 331.440 .766

Devoir , Remarque fut le Verbe devoir , quand il tfi employé pour le Verbe falloir , 70/

Devoir , je dois , ils doivent , 83. Oi ; pourquoi diphthongue dans ces mots , ibid .

Je devois , ils dévoient , je devrois , tu devrois , ils devroient , 8j. Pourquoi oi nef point diphthongue dans ces dernier es fyllabss , ibid.

Deu* , deu , /9J

Deux.deu^, 74/

Deu* , devant une confone , ou une %oyeüe , 69 7 7°i

Deuxième , deuxième, it/

Dez a joiiert 43 ^

Diable, 648. C60

Diftionnaire, Diflionn/rCj 163

Diérefe, 34^

Différemment , differament , JH

Dig cCtion , *43

Dignité , is8. a- 1 f

Di-gnus ,,dig-nus , 16 o. ioé

Dilemme, Dilemc, JOÇ

Diphthongues , 80

Diphthongucs/^wj/êr,* ^ 84

Diphthongues impropres t 14*8 6

Diflyllabe, 90. 91

Diftillei , toi

Divin amour , divi-»amour , joj

Dix, di|? , 145. 746. 7îj. Di*-fept, di/?- fc r, 146. Di*- neuf, dix- neuf , i£«f.

Di* , devant une confone , voyelle f *97 . 701

Di*ain# dizain , . *4/

DES M O T 5- D i*aine , dizaine ,

Dîxainieu , Di^ainicr Dixième , .dixième ,

Dôme",

Le donneur ,

Doyen , Doïcn , Doi yen ,

Dre , Des mots termine £ en dre , ' Droit ( fubftantif )

Droit ( adjc&if ) Axait ,

Ds final.

Du, v

E.

Md.

ibid.

ibid.

<67

7i 1 ij8 ■661 3Jy

au.

77 3

784

E , 26. 6 1. <4

-E , (es differèns font, 46.119

E avec des tirets , 47.48

E de trois fortes , uj

E. De U prononciation des e de notre Langue , - J 93. &fuiv.

£. Comment les Flamant le prononcent ,114. ^ fuiv.

E. Comment on peut diflmguer nas «, J9f. 4 o J. & fuiv.

E devant a , i, o * ü, 11,7

•E bêlant , 405

E féminin , 119. 116. 398. 404

É final féminin , # y 90. 64*

E final préeedé d’un autre e, <41

E féminin final précédé d'une voyelle, & fuivi d’une s finale, }9j-

E fermé , 10 o. i;4- & fuiv.

^ E fermé long , 481. &fuiv.

,'Emafculin, ' 113. 126. 3^8. 404

De la prononciation de t e mafeulin , & delà .maniéré de le çonnoitre , '4-0 9.&fuiv.

Des mouvement différent qu on fait dans la

TABLE A LPHABETI QJJ E ■bouche pour la formation des e mafculins , ota des e féminins , 40Ç

E muet , joy.&fuiv.

E muet , précédé immédiatement d’un i , ou d’un u voyelle , 61 f

E nafal , tfi.. 6* fuiv.

E ouvert, 66. 68. 100. 113. 1/4. iff

E ouvert. De la prononciation de l’e ouvert , -6* de la maniéré de le connoitre , 4jj. 6* fuiv. . 1 16. 398. 4 c 3. 404 .

E ouvert long , 487-6* fuiv.

E , dans les dernier es fyllabes des mots finis par une confone , 4 jg

E fuivide deux confones , 4/61.487. 488

E dans la derniere fyllabe d'un mot terminé en es, ou rs , a 59

E qui fe trouve en la pénultième fyllabe d'un mot qui finit par un c féminin , 4 66

E devant un i voyelle, 4 6\

E devant une 1 mouillée , ibid.

E devant un m , ou n , II 7. *52,

Pi devant unx, 4 61

Hfuivi d'un z, * 4lï

£, aux pénultièmes fyllabes des tems futurs, ^ des tems imparfaits ,

E. Des c qui fe trouvent dans les fyllabes finales des fécondés perfonnes plurieres des futurs , 411 -n

Eai , 86. tyf. 161. z6z

Eay , z6z ,

Eau, 86. 169. 318.^43. 344. e^e

, 4J3

E', es, 409. 6* fuiv. 417.6* fuiv.

Ee, 5S9

E'c , pour C2 , ou és , 493

«.-4

DES "MOTS.

Eeau , . 8*. 8x

.Eb*«cher , , 6 >t

Eble> 631

Eee , fde , édcs , fge , fgue , «gués , fguent , ele , fies , eme, ene . enes , enent , fque , eques , equcnt , <tc , «es , f tent , eve , eves , fvent ,

4<S 6. 4^ 7

EcofiWs , tcoffrfis .

Ecrowler , < .

Ecujer, 139. Ecuy-jcr ,

Ede , edes, - . ' :

Edrc,

Effort ,

Effrontément ,

Egal * •••:/-

Ege , fges , &c. .

Egue , egucs, eguent.,

Ei,

.Exe,

Éii, ,

E/llc, s V >

Ein,

Ele, fies, &c. 4*tf.4$7.Eler, Elément,

Elle,

J3i 666 U} 46 6

V4y *34

4**

j 347

v 1;

* \66 4 &6> 4 67

84* 8 6. ijji %6z 61S. & fuiv. 636

6 Of

1«. XtfO. 1?3. Z99

sn

J 4* 481'

Eller , 46t. 481. /«/v. 7x3

Elle* , Pronom , devant une voyelle , «»f confone , 696. 70Ï

Elixxr, 144- Êlifc/xr

Em, ijj. xjo. /»iv. -25 6. ;fj. & fuiv. Em final , ' j S f7

Ema/ller , - 6ft

Emb««cher , 661

Eme, fines, . 46$. 467

Eme , fmes , ftnmt ,• 4%9

* ’•

» *

TABLE ALPH ABETI QJJ E

Entent , adverbes terminez, en enaent , fuiv.jufquà «o.

Entent -, Noms verbaux terminez en emeat,^® Emer, 5.14. Exemple de la conjugaifon des Verbes terminez en enter , î27

Etfwwcner , $ 06

Empa^eter, ampafcter, ampa^euter , 119. & fuiv. -

Empereur , -rfnpereur ,

- Emphatique , en/atique , * ^ zi 7

Emplir , #nplir , ÎSJ

Employ emploi , 33J

Employer, 139. employer, 113

Employeray, 140

En,* ijj. i90 .&• fuiv. 196

En final,* an , Jf3- Sî4- &fuiv.

En devant une confine, ou une voyelle, 69 7.

En monofyllabe devant une voyelle , 19 1. Encenfoir, T 66

Endroit , endroit , 334

Ene final , 66.Ï

Ene, enes, enent , 466. 467

Ener , 514 .La conjugal fin des Verbes termine £ en ener , Sa8

Enfer , enfair , 433* 4 J 4

Enjabler eniabler. }*•

Eniambcr & enjamber, , . iz

Enjôler, ' *66

Enn, i5S-^7

E»»ui , yo6

E«f«blcr, 66 o

Eut des troifiemes perfinnes des Vsrbes , joS Jî4^.

Enuflcr, 671

.... ' , ' entier ,

f

r "DES

Eathr , ent iair. Entrave,

Entrer ien , Envoyer, Envoycrai , ,

Eoi ,

E'ptf/flc ,

"Epaule ,

Epeler ,

MOTS.

4Î5- 4J4 67S *43* 3«.

13*

140 3*8- 3JI 671 666 ?*• 104

3°f

301

*39

ï9

*9f

466

II*

47

Epeler , comme on peut faire epeler à la jeu-

neJfe » 3 6. Xj

Epeler, maniéré d'epelerles confond doubles ili.&fuiv.

Epigraxwwc, Epigrawe, 1 Epwglc,

Ep/ftre ,

Epou/e , èpouA* , èpoâ ,

Equc , eques , equenr ,

Equilibre, ckilibre,

Er , mots terminés en cr , ^

Et , 11t. 400. & fui*. 4f9. 46o. 48o. 4% ~r , Infinitifs termines en cr , 4iS &fuiv. Er é> ier quand ils ne font point infinitifs , 43% Er, des Infinitifs dés Verbes terminés en er , de- vant une confone ou une voyelle , 699. 70» Er , Conjugaifon des Verbes terminés en cr , 6qj final, . 4^4- & fuiv. 45t,?Si

cru, eras, cra j «ions, criez, eront . t zo. Futur des Verbes. J

E «;/“ jW' «I. 431. fl}. &fum.

ï« , «es . «nat. 4«7-48<. 4S7

ZhTÎÏ 1 ST m” «oi“t s «• léi

parfait des Verbes .

TABLE ALPHABETIQUE Prr 4,;‘ *,S

«rant , '«tante , 117

s: : w, . %£•;*

Erroné , erronée ,

11? i,f

Es,’ mots commente^ far es, 4*8- 47î* 49®-

yii

Efbaucher , Efclave , E/crite, écrire, Efcroc , Efbuyer,

Efc,

Efe,

Efé.

Èfet,

640

«7*

*35”

7^-7J9

440

4?I

61V 611. 437

Hier, . , r

Efer < ix. Des Verbes termines entier , fi-9

Efp^cc ,

Efpoir ,

Efl/7 , efle ,

Eflcnciel , X4*-- Effcnnel ,

Eff-c*> Effe-fc*,

Efl^er ,

E(%«rai ,

Eft, A

’Eftant , cftois , cite-,' cites ,

Efter , E fUir,

•Efmnnc,

E/time ,

üftomac , '

Eftre. D# Fcr&c cftic devant une conforte , ou

une voyelle ,

660 j6<6 16\. i6v ibid. *44

139

140 tf - 488

460

433-434

*4J

138

7S6

' 4

‘sriri

' DES MOTS, ••

Etc, ores, etent/ 4^.4^

Eter, j 14. Des Verbes terminés en eter . flr0 eteu/, * J "

jkionle , . 76*>

E toit , aitai }

Etrange , Aitranj/wYo, 5 9 J

étroit , étroit , 43*’

itter; o c

Ea64,4' **’ 84‘ **’ 168, *7>- d->iv.

Ê«ble* ^

^«chariftit .r

Eve, oves, event; ***

?ver * *+• Conm*ifondes Verbes terminés % »cycr |

Evoir,

-a * m

Euii ,

ÉmiapuïU g é le c,tui priaient tu , *,]

|«rc final, .

Eyrer, J

Europe*» Europe/*»,

E«rre final , ^

E»fè ,618. &fuiv. Eufcjc , '* j

Exam*»,

E^âmincÇ/'c^aminer '**-

Exercice, ' exercice ,

Exhalai (on , eg-calaifon . ..

Exheredcr, eg^ereder, •„

Exhibition , cg-tibition , ; p

Exhorter , eg^oner , » ;

Exhumation , cg^umatidh Exil , eg*il ,

■E*ôrde, eg*ordc.

^.44. x4j l9\6

sbt/i, ibid ,

*^id.

a4;

*4i4. ibid,

> 4

TABLE ALPHABETIQUE . 'Exploit, 33f

&c, ' 3 3*

ExpreflVmcnt, J 41

-Exultation , egsultation , *-4?

"Ez. final, ' 41 1- &{uiv.

Ez changé en es à la fin des mots , 491. ou e* ée,. 49}

m> -, m

. .■*• :U,v. j ' If.

F, - +**

F 'finale , 7JS- 77 o

F finale devant des voyelles , ou des h muettes ,

^ 743

Ff doublées, 1 ~

Fa,

Fa-, fc,fi, fo, fil,

F*ble»

Factieux, 14%. Factieux ,

Faction , 141* Faction ,

Fai ,

Faim,

Faire , fer ,

î!j<Sg>

.✓* *

44*

"

448. 660 ibid.

, i£tW.

1

*3*

Î83

Faire. Remarque far fai api fi trouve dans la conjugaifon du Verbe faire , i.iç

Le faifte, vous faites, J 83

// fait, &c. devant une confine, ou Une voytfi le, ' 699-704

Faix , faî , V/, <9 J

Familier, familUir, 4 ' . 431* 4J4

Fanai, fanar, V! J 1,00

Fanfare, fanfàr, . 6*7

F«o» , Fa», . *9*

Faoner , faner , 4

Fa/ce ,

Bauchçç , M

u

m

m

t

U V

y** »

< -,

... '

t> E S MOTS.

6 s 9:

Vit

faut , &c devant une cohfone , ou une voyel- le, *99-7 04

Faute , fote y ^ 74. 6 79

Fayance, i+j

F/, 4f3- F*> . s*9

Fe , fes. Z>« m ts termines en fc , fe$ , fer , ou en fle , fles , fier ; fre , fres, frer } phe, phes , pher , & de leur pénultième ,

Febrifwge ,

Feindre

Femme , famé ,

Fër ]

Fermeté , Lirmté ,

Fêffin, - FeVes , (

Fewtre, ' ^

&tf L ' 4

W; :

Fier, Flair,

fi gu res pour fixer nos far oies ,

Rie Subflantif ,

FÎU&, f î-ii/e,

FUmme ,

5ki

FIe«« , fleo ,

Rot,

Fheftc ,

Foible , faible ,

*Une fois , la foi.

Fol , fou ,

Ils font , î font ,

Fonte,

For/at , For/ât ,

Forme , foimé ,

t ■— '

66* i

66 J X3X 310

l1/ 1*6. 1X7 461 * 678

6?S 456. tbid..

«3*43J- 434

, f xo

66j,

III

6/7 4/3* , 16 7 i£i<f. ibid.& 131

U V/ ' 334

/»* 3«* 3*7, /5>4 63 *47 , 47>

O llj

TÀBLE ALPtfABETfQUE , Tort y devant une confone , oit une voyelle, 698. 704.

Fortune , ïoflc , creux y Foudre y Fouet ,

Fottlc, fouler.

Frais,

Franc, '

François, Français, François , nom d'homme Ftaude , fr aoude ,

*lé> 4 JJ; Frc , Frcdbnn'er , Ordonner , Frelater, fèrlatcr.

Trért ,

Frétiller , fertiller : Froid ,

Frowde, ,

Fruftrer ,

Fj , final ,

Xùut fuùaes , il fume;

y

4'S<f' 66* 131 756 33 * 3J3- 334

33 9

'

ni. 1 13

402;. 485

,13

73

773

/SJ

4

G,

G.

n ^ 1 . . 40

u prononciation du g , 1 j 4

Gdur o^g fee, 41. Ijtf. i;8. iç,

G final , 7 47

G mol , ou g mouillé , J41. jj<*

G nazal , 137. i$j-

G. De U prononciation du g par les tjpagnols . _ & les Italiens , 109. (£> J^i-u.

G fuiyi d’un a , o , ou d’un u , 4 6

G mis devant un e ou un i , 4^

G 2 ’uife rencontre au milieu d'un mot S'il

des mots.

doit fe joindre a la fyllabe qui le frecede, ou à celle qui le fuit , lorfqu'upes le g im- médiatement il y a une conjone , xod

€a , v

Ga , gué , gui , go > > J;8.i6i

ij8. »JJ.

j ai

Gageure G aj»»er ,

G aillai: à ,

Game , dégainer , rengainer ,

Galant, gualant,

Gâlilee»,

Galon ,

Gare»»e, garewc,

Gafcons ,

G^ttche,

G ««le,

G a ye ,140. Gai-j'C,

Ge, 40. , 4JJ« t

Ge ges , &c. Des mots termines en ge , ges , geri gle, glcs , glcr; gne , gnes, gner 5 ere , grès , grcr ; gue , guw , guer j & de , leur penultifme , «*-

Gea, gé, gi, geo, geu ,

M7 6 64 zo4 668 4* 197 1J7 305 104

66C

666

ibidu

J39

15*

Gea é* geo. Exception des fylUbes gea ©• geo.

161 Geai ,

81

Géant, Geante-, Geanne,

Kl

Geayfze, Général ,

If7, 1 fl.

z6 1

i. < ^

IÎ7

Geneve, >.

678

Genevois,

* *

335

Gentil , ; .

* 4

3»*

Genti//ome, Genti/omè ,

-j'

3‘4

Gentixome , Geuceillomme , Gcodefie , ; ,,

W tW

3*T

16*

6 uij

TABLE ALPHABETIQUE

PArrAt» 1 ATrA»

Geofroy, Jofroy,

Gcographic ,

Geois,

Geôle ,

Geôle ,goIe, , ?

Geôle, jôle,

Geôlier , Jôlicr ,

Geomance,

G eometrie ,

George, Jorge, . -

Gerbe, jerbe,

Gha , ghé , ghi , gho , ghu ,.

Giron , jùon.

Glaive,

Glayeul ,

Globe,

Gna , gne , gni , gno , gnu,

Gnomon ,

Gnon , gnuebe , &c.

Gobelet , guobciet ,

Coguc Gog,

Goguelu ,

Goguenard, ibid. Gognard,

Gorge,

Gouge , outil de Menuifier ,

Grâce ,

Gfatfle * 6 7 r De ^ gra*’ffc , G rrce , j c * nd , devant une confine ; ou une voyelle . *5>7. 70}

Grande , / e final de ce mot devant les noms fui . •vans , Bretagne , chere, chofè , mere , pei- ne, peur , pitié' , Talc , part , chambre , 78}

Mlle . * * * tf7i

3^4. & fitsv.

4 JO ïtfX Sx

M7

41

410

ibid: .

2 6 X

ibid.

410

IJS

' 4 S

*7 3 *4 3

JjS. IQ7

ibid .

160

160 IJ* y: 1^0 7

56. «66

9X

G Mlle Grave ,

Grave, accent grave.

r ; DES MOTS.

>C ' ~ '• ' ; "

^ t T

fft , ettgwffcr,-

f , , r '

* '■ * *i* - <

» . / ••

e ; gués , gtrenf ,

e , exceptions delà fyllahe gne, i, *5i- gu*, enillc , guemiion , 1*9. Ginllc, eaipe.

4J* 4j8. $71.

r'f *3S» 4*

»5l

260 JJ9

lènba , gueniche , 1/9. Gnon, gnuche , 15 o

A »'po /.J ^ ~

4 t*

eres , rèret , retidon , îcrir ,

lerite , a

Jcrrc,

aèt ,

uet-à-pcns , - t

uètcr ,

tri. Exceptions de U fyllabe gui , uichct , uide ,

uidon , uignc , luillaumc,. tuirlande r trifc , <

ï uitairc r

H.

* » *

. v t * *

« * ••• ^ t

* •* * 4 ;

ÏV '

ibidl

IJ 7. 161 I6l

ibid. ibid. t6o. xi- 7

4îf

1 66 ibid,

l6t 16 L

ibid. 1*7 1 6% 1 ibid . ■ibid.

lit. i>7

î. De l i prononciation de l’h , 1 6i

i afpirées, *$$. lf9- Ô

i alpiréc. JR#/* f«#r /e; h afpixées , 170. fttiv, •' «. " "• *• t,v v

fl afpirées. P;/ *Wf le , du , au , la , de la,

Q 7

rK\

a u

9*'

* '

. H

.Oit.

r>

;tTA BLE À L P H ABE 1 1 QJJ E

ala, &c. devant les h afpirécs , 187.120'

H auxiliaires , i6\

H muettes, , 153.181 .&fuivn

H muettes , Réglé four let h muettes , 181. £$» fuiv. . .•

Habiliter, réhabiliter,

Habiller,

Habiter ,

Habler,. :: .oU

te\ hiche',' ' ^

Hacher _

Hacqùenée,

Hagucnau , ville d'Alfact ,

Le Hainaut,

'Haïr,

Haire ,

tiâlcr un bateau ,

Haleter ,

Halfebran, « ,

Hallier , : ^ V.- ; *:•

Halte,

Hambourg ,

Hameau ,

H anche , 1 74* & fa dérivez »

Hangar ,

Hanter ,

Hapelourde,

»Per> .il

Haran ,

H arangue ,

Haras?,

Harceler ,

^ jSf

. . 5:'l \

19}-

1-7 J. 6*7. 6 16} 170 176

■U

* ibiL '7*

*77 18&

•J

•1 w»î«

UA'<

. 177

tbid . 171 18}

*7*

J7.+ 170

177

178 170- *9$

J7f

a

Hardè de cer/ ou d'autres bêtes fauves , 373

Hardes 1 . 37-r

•A /

DES MOTS.

Hardiment , hardiment , j 431 J44. j 4$

< •' -i

IC.’W

Harfleur,

Haricot ,

Haridelle ,

Harlem ,

Harmonie,

Harnois ,

Le harnois , itfj . &fes dérivez , Haro,

Harpie, * * i

Harpon,

Hafe ,

H*fle,lulle , ' ’v irr '

Haflé, l ' -

Hafter ,

Haftillc ,

Havage , mefure de grain.

Hauban ,

Haubert , hauturier , terme de marine , Haye , -pâle fr défiguré ,

Haut , 171. & [es dérivez ,

Hautbas ,

La hauteur , /'hauteur ,

Havre, t

Le Havre-de-Gracc ,

Havrefec, . c *

Haye,

La Haye en Hollande , 1

Hasard ,177* & fies dérivez » Hazarder,

H*, 4*3. H*,

Heaume , he-ô-mc , heô-me ;

Jj<din ,

Heidelberg fïcilbxon ,

184 >77 *7}

181 170 178 ibid. I74. i8z >7?

171 5*1 >74 171 17 < 178 ibid , ibid. ibid .

K - i7 8

ibid. 187 17® 184 17C ibidt if,: zSf

;:U{ *jf?

vid , 19\

ni

17 1. 1 58

0

TABLE ALPHABETIQUE

Hennebon ,

Hennir ,

Héraut £ armes y Herbe ,

Hcr e t forte de jeu, Herefîe ,

Heretique ,

Hériter , déshériter ,' Hcriflon ,

184

184

18 z

>7*

18»

m

18/

1?)

M'

I V Vi

Héroïque , héroïquement , heroïfine , Hcroï'- ne,

Héros ,

Hcrpé , terme de c baffe ,

Herfè ,

Heftre,

Heureua.* ,

Heurlcr,

Heurter,

Hibernie,

Hibou ,

Hideux ,

Hie,

H ieble ,

Hier, 80. Hi air, figures hieroglifes ou hicrogjilîqucs ,

S. Hilaire, S. Uair,

Hirondelle,

Hiroquws,

Hiftoire ,

Hiver, hivair, 1 Hobrcau , ou hobereau ^

Hochet r .

Hocher la tête. s Hoir ,

Holai

181. 18/ 174. 181.173 178

*7 4 1? 7 707

' *71

18}

*75

*7* ibid,

184

4 S6

xo

182.

531 164. Ht

433- 434

>\ ?

433-

434

177

178 ibid. 7 66

DES MOTS;

Z>a Hollande ,

Hollandes, Hollandtf/s, Holface',.

Ze Holftein,

Homme ,

Cet homme , Home ,

Hoofleur ,

Honefte, ^«honefte.

Hongre ,

Hongrcline ,

Hongrie, <&/</. Hongrois, Honneur, des honneur, I^onorer , ^«honorer La honte, 1 6y 171. X’hontc , Hontcu/c ,

H-onteux,, - Hoquet,

Hoqueton,

Horion,

Horloge ,

Hormis ,

Horreur ,

Horrible , horriblement.

Hors,

Hofte, hotfe ,

*Ua Hofte , . '

Ho ûiV,

. Hotte, jj

Houbion/., .i

Houlette ,

Houfpillcr , , . 3 .

Hou ne , ibii. Vne tïou'é , pu Houx , ibid. & fes dérive Hoyau ,' f^jmbir.

1 7*- , ' 33v

ibid.

i6 4. 1*3. 196

* 7*« 1S4

- 17* ^ ibid.

n:,’ <£g

18 f

j8i. îüf ï87 1x9 *93 •• *77 . f ibid. \ibid.

' 18»

V-‘ Wf

. aa7

C £17. £lS

:Ti,i »7JL

117

£31. {Si *4* "*71 *7* *73 178

*77 17* ibid .

fr

-f> «

fc»

TABLE ALPHABETIQUE

îïuche, -

I78C

Hucher ,

i7 7

Hucque , de mante que portent les fem—

mes dans les P aïs -Bas ,

J 73

Huée , ,

178

Huer, :

177

Huguenot ,

17S

Huile, î

184- 66 1

Huis,

184

Huifficr ,

766

Huit , huitième, huitain ,

1*4. 18?

Huit, 745. Huitr, -

74*

Huit , devant une confone

, ou une voyelle ,

69 7701

Huître,

184

Humble,

23. 132. 164.1 S 2.

Humer,

17/

Hune,

177

Hupe,

. *7/

Hure,

177

Hutte , >

ll7.

Hydropique,

182.

Hyme» , 1

X96

Hypochondriaque , hypocondriaque , Ij4

I.

ï De Pi fuivi de deux 11 , i©4

j à queue, & v confene , 31, 31. & fuiv. 3** ,39

i’j confone , fuivi d'un e , ou d'une autre voyelle , 149

ï®, - 31 S. 310

, ie , 10 j 242.

Ja> jo, jn, ' *47

1

T>E$ O î S;'

ïSMê'. *4*. 6 6o. Jabler ,

* -• / <

ibifi 7*9 335 6 70 300 1/4 <3*

Jamâû ,

Jappno/s ,

Jaques ,

J a (mm , jafnw/»,

S«ïaO

Idiome , idiotique, idiotifine, lit. 113* &

, fuiv. i%7

Idole .. ' . . . , , - ^S

1AK; . «,4

te, 8)

le, id,- 518.3x0. 4JJ

le , ie’s , ye , yes. la prononciation des fylla- bes finale} le , ies , yc , yes , fans accent fur

Je, W

Je. . De la prononciation de l e final du temps prefent de l'Indicatif ou de l’Imparfait du Subjonftif d’un Verbe devant le Pronom perfonnel je, , 7.90. (£> fuiv,

lege , i*ges , 4^7

Iêl, - J

1

Icn , yen *r: fu .,a.v

îtn , a#* ''trouve dans la Corijugaifon des . Verbes tenir venir , ) 1 *

lent,.. J 5>JF

lent #> ÿent. Delà fyllabe finale iént ^r* yent>

1er , 3*f

1er final, 4x4. 431

ï«r. Des mots terminés en ier , 760

1ère', ieres, 49*

l«c ifres , wof; terminés en ierc ieres, 6 il»

TABLE, ALPHABETIQUE

L*s * '

Jtffuite, G f fuite , t+9

Jettcr, &c. 46tr

Jrttcr. Conjugaifm de ce Verbe, ji?

Ieo, leu & yeu ,

Jeune, eufnc, lez ,

lï>

r,

/irai, /irai,

W >

.3**

; . *îi

ilià.tfrsZy

. 3X4* 3X7 'v ■* *7*

64. <7. 74. 118. 134,-

'*49

3*>

l‘j Pronom, devant une voyelle ou une cenfo- ne, 101. 191- 6Î0. 69l,6^6.é>'fuiv.6fir Devant uni 1, ifi. & fuiv»

Il final, '< a 14

Il fait , i fait, . . . ïo*

1/ ira iltii \ *87

«1, . . . ao4

Ilia , itlc , illi , illo , iltu 3/9

?ïla , îlle , ilH , illo , illu , 159. Juiv. Voye ^ la lettre 1 , page 199. jufqu’ù

' x»3

Ilia , ç^f. Réflexions fur lu maniéré d’epeler les fyllabes ÜU ,ilk? jIU , illo J illu , z 0 4.

' '& Jniv\

; 66 j

ZOI. 102.

<56/ toi. tôt . ibid.

; ; ibid-. v. ibid. ?8|8

111e-, légitime , Hier final. Illicite , iftufioa , llluttré} I//yric* , Ils , . ,

..1

Tîi U'i tW.VTTA

: .a* -.«Utsiîi iV»ï

' DES MOT!. lïf devant une eonfone , ou une voyelle , (>$ <>->

70I

■' ÂnW*

1m, a;/< *58.500. fri*. 634

ltn précédé d’une eonfone,

300

Imparfait, imparfait,

iji. 199.301.

Impatient,*

30X

Impertinent ,

tbtd.

Impie , impie ,

tbtd.çp 199

Important , important,

*99 "

Importun ,

301

Imprudent ,

ibid. '

Impunément,

54*

Imputer .

JOX

In ,17. 6f. a;;. tfo.&jmv. 300. 6a«r

*3» v

Iri précédé d’une eonfone.

, 300

Incident ,

ai;, joi

Incifîon ,

30 1. 30a

Incommode ,

302

Indemnité , indemnité ,

Vh

Ingeniment , ingeniêarent ,

S 43- Î44- H*

Ingrat , -d/ngrat ,

13. 63. 13a. 3 oi

I»)urc, iVtt'hi

* JP»;-

Innocent, inoccnt,

In folent.

302

Io , .1

)13. 31 6

Jod* ,

36. 149

Jifi , gwh ,

*4 91

Jonc ,

71*

Ions , tez , yons , yez ,

3*7

Jouet ,

7*.

Joui»

74*^ 7J°

J oye,

140-

Ir. Conjugaison des Verbes

termincs en ir ,

-w v JL

. T AB LE ALPHABETIQUE ; If. Les Infinitifs des Verbes terminés en if* devant une cenfone ou une voyelle , 6S>7- 704 Zre final , * 48 7. 61}. & fuiv. 6)j

Ife. Des Verbes terminés en ire , 613

Irlandais , Irlandais , ,53*

Zfle. Remarque fur les Imparfaits termines en

iffe , , 67'b&fi*»v+

Jvc , ives. Des noms terminés en *'ve & ives ,

tirés des mafeulins en if, 678

Jve , iv es , ivent , qui fe trouvent dans la Con - jugaifon des Verbes dont 1‘ Infinitif fe termi- ne en ivre , ibid.

Juge, 6<s3

J«gcr, - üid &66 4

Jui/, ' 7*o-7ft

Juii/ct , ]ui-i//ct ,

Jupiter, Jupit/»>, 4J3

Jaftc , geafte, 145. prononciation du

g,

Ix , , 144

1 k. - <- ■;

K . Z>« prononciation de la lettre k , 19 7. D* / onufage t *9*

L.

t.. De la prononciation de la lettre 1 , <$* des fyllabes ilia, iile, illi •, iIlo>illu, 1 99. fuiv.

La lettre 1 a beaucoup de rapport avec notre r ,

10Q

L finale, 7SS

L, mouillée, xoo

L mouillées chez, les Peuples du Nort, les Pf-

DES MOTS.

’pagnolsé' hi Italiens, xoj

L retranchée, , , 4*^ J 36

L. Du retranchement de i dans les Verbes ter- minés en ellir,

L fcclic, . 19?. xo o

LL,. ÎJ<*

Ll. De l'i fuivi de deux 11 , *04. &fuiv.

La , v 118

La , de la , à la, - 784

La , le , de la , à la , devant les h adirées , 187 La haire,rhaiic, æL:j

Lacet ,

L^dre , .

L'aider , & de fa Conjugaifon ,

X^iûu ë» £

Lame, V' .;v.

Lamproie,

Langue ,

Lettres inutiles en notre Langue >

Laon ,

■-h,

ibidf 660

«34 67% .43

aoo 340 48 ibid .

si

s , : o.;.

1x8. iif

S » J

74* x£tf> 6%6‘ 6 44

46$

. IHs '.'’‘;-'';V%î:7#îL

Le , les , quand il ejl Pronom relatif & mis > après un Impératif, S°$

Le , Etf-voye^le-no»* , e»fffyel nous , ou envoyè- lçu nous , 504

Le , les , 1er final , 66 $

Le, 4î}. Le, -y .. S 39

LèÂure, 46?

icgal , ibid,

, 'aoo

Larinx,.

v

Las.Lt,

Laurent j Lorent , Le, la, articles Le , Pronom ,

. v

TABLE ALPHABETIQUE Léger > \è)ait' , 431- 434* Legere léjair* ,

431 ' r

Les , les , Urs , 284* é* jf**w. 434- 4P7* d* fuiv.' , •;*

Les , devant une confone , ou une voyelle , 6 8®.

&fuiv. 6ÿs. &fuiv. > .

Les -if»»eî , lé-zaw^e , joç

Le; états , le7aitâ , -- ç8_

Leflc , «7T

Lettres, 14

Leur es de l’ Alphabet , 36. 41

Lettres <j«i changent dans la prononciation, 147 Lettres fuperflues en notre Langue , 4 S

Leu , 1 eue , lu , lu c , *7$. »8 o

Levraut, Levrette, - 46*

Leur, leurs. De /<* prononciation des Pronoms leur & leurs , 71 6. & fuiv !

Leur, leurs. Pronom, devant une voyelle ou

696.701. 70*

i4r

100 3i<3*7

> 11 8

- 1 . 6 6J

331 78 268

* t ibid.

- H*

s Si

. 66i

IX

1 ; *19

~ 1 *0®

34»

une confone,

Lcxive , le/?iv®, _

Libre ,

Licol, licou,

Lieben,

L«gc ,

Licgee/J, i

Lieu ,

Li f/<c ,

Linx, 144. Lainfrr, Lionnois , Lionnaie ,

Vn lis , un lie ,

Litige,

Livre ,

Lebes , terme d' Anatomie , Logique ,

Loin , le/iin.

ù.

,, DES MOT S.

Hoir , 766

La Loire , la Loir , 617

Xon^, y',' 749

Longues, 96. 100. 10/.X18. 119. 131

tsy 773

Lucifer, Luciftir , f- - 433. 434

Lune, 100

Luther, Lutair, 433.434

'Luxwre, 144. Lukfutc , * ibid.

' ' m. ■;l: '

M, , T33. x jo.&fuiv:

M. De la prononciation de V m ,113. 191.191, '^1 finale, 196. 198» & fuiv. 747-7** M . Des pénultièmes fyllabes , 6 s 4

Quand /'m fe trouve au commencement ou à lu

Jin d'une Jyl'.abe * . . / . 113-114

Mm , 30 j. &fuiv. )$6. vi

Mae/navel , Mahiavel , 1*9

Maigre. Remarque fur le mot de.’maigre , 66 4 Maintien , *43

Xe Maire , L* mer , ?8i

Maj/ori , \ .v^a,

Z7» Maiftre , Mettre , J®*»

Maixan , j1. Maijffan, l4X

Maladie , maladi , . _ 3tr

Ma»che , -f:'\ ' c>: v "t

Mannc\ .

Manoir, * 7*4

Mantes, mante, , ; 344 Mare deraifins , ' ( 73*

Mar^«ctcr , marfeter # , **9

Martial, 141. Martial, _ #?*$»

Mdrti», Mar^i», J®4

■Yi

t. \

>/ 1- -

TABLE A L P H A B E,T I QjJ E '

M«fie, malle,'

M aflc , terme de foueurs , 658.671

Mafi: na-uire , ou» , Pronom , 381

Maftin , matin, 581

Mauvais, 6x6. 644

Mayence, 143

Me , mes , mer , final , 667

Me, 4j j. Me, 335

Mèchanf , devant une confine , ou une voyelle ,

697. 703

Médaille, 63*.

Medeci» , ' . 3 o 2,

Menagere , mainaj aire , 431

Mener. Conjugaifon de ce Verbe , 3x8

Ment. Les Adverbes terminés en raenf devant une confine ou une voyelle, 698.704

Mère, 401. 48k

Mercure , Merciïr, 6.17

Mes, mes, mais, 133. 184. fuiv. 43,4.

456. 497. é* fuiv. . . , .

Mes. Mots qui commencent par la fyllabe mes ^ 468. /«ru. 473. 490

Mej , Pronom , devant une confine , ou une

voyelle ,

Mes amis , mè-zamî , Mefdire ,

Méfia nge ,

Méfier ,

Mefme, 30. Même, Me/prendre, méprendre, Me/quin ,

Métaphore, meta/orc, Mienne ,

Mica* devant une voyelle , Milan ois, Milanais ,

k . 4 #

,K:.V. .

. if

J*

rftn

ï.;r.rcv

Al

696. 70T

ÎPJ 646

646

ibid. 640

*3F x,8

U7

3 ** 703

***

Utile, . *ot

Mille amiticz , mille- z-amitiés ' 153.415

Mille honnêtes gens , mille-2-onêtc gens , isj Miwcc , maince , 300

Miracle, 661

Miroir, ' 7 66

Mitre, -

Mix/ion, \ 143

Modérément, 543* J 47*

Mode frie , 145

Modifier , 8

Moins , moains , 342

Moinr , devant une confone, ou une voyelle , 6yl. 704 \

-Mois,moüa, 340

^Moitié, »43

Mole, Substantif, 66$

Mo» , Pyomom , devant une Voyelle ou une con - fane , 636.701

Monophthonguc , 8/

Monofyllabe , 30. 31

Monftre , 66 a.

Morceau, 167, Morlô , 168

%Jn more , un homme mort , 581.

Les morts , la mort , 5 81

■_ Mot, 13

Mot e£* parole en quoi different , ibid. & fuiv. Mouchoir, 7*6

Mo»dre, 6 6t

Mo«le , 66 6

Mowfche, 333

Moufcjuetaire , Moufquetérc , x6f

.Mouvoir, 73

-Munftcr , jtio. Munftre, Ui

Mu/e^lwc, *47.

TABLE ALPHAB

ETIQUE

Mufe««, 267. Mu7.0,

ztft

Muriquc ,

" 9

Muhcr , 120. Moutre ,

lit

N.

\

N , 13*- 134- & faiv.

N. De U prononciation de l'n , 171. 191. 114 4 N finale, i o 1. ïoi. 105. 747. 7^1. 7 61 N qui ne fe prononce point ou fort rarement ,

De l’n jointe ttung, nj

N. Des fénultiemes fyüabes, tf j*4

Nn, ^os.&fuiv.qs6. 337

Nage , nager , 66%

Natal , 214

Naturel, * . 4$8

'Naufrage, fi6.6 44

2 Son nazal, 65

Ne, nés , ner , final t < 667

:Ne,4yj. Ne, ' J)9

Négoce, =* 114

N»rf, •; -• 4S*

Net , « 83

Nettoyer , netayer, 334.

Neu/, 743. Ncujf, 746. 760

’Ncu/, devant une confone , ou une voyelle , 697. 701

Ne«trc , c-jf

Nicolas, 114

N igromanric , N igromjm* ie , 143

Noble , * . 214

Noir, noec t 33 1.766

Noix, noua, ; 340

Nbrmans , ; « # 104

. no/.

DES MOTS/

No; , "Pronom , devant une confone , ou une voyelle, £>6.701

Noftre, 639

Notaire, Notaîr, 173. Notére,' 1 63

Notre, j 6i Nôtre, 37. 67*. £77. 717 Nous , 103

Nou; , devant Une voyelle , ou une confone ,

62o. &fuiv. 69* j \

Noux efperons , noûs/iifperôn, , 687

Noyer , bowï d'arbre , > 139

Noyer , Fcrfo , ibid.

Ne. Des dernierés perfonnes plurier.es des temps , prefens , J94

Nt. Des dernières perfonnes plprieres des temps ;

imparfaits & futur s des Verbes , 393

Numéro, ,114*

1 iTi . ‘.C

O04 m

S ÏI

O, v $^44.71.74'

O* chaperonné , 170. & fuiv..

O , Réflexions fur U prononciation de l’o dey Alèmans, ?- 170

Oo, . ' j88. 641

Obcï, . « >ttu V S 9

Objea, f *yr %w* v.w\n«j wt» vù.ivv^*)

Oble, finale 1 ^ 631

Obliger, < 6^3.664

Oblhiclc, * t 661

Obmettre , obmifllon ; 49

O&ave j « 678

Oe, a./f. t$8. 187. jt8. 330

Oeil, . Jia

Oeillade, 1

Ocillere, V i >

0

U

ibidi

TABLE-ALPHA B ETIQJL7 F?

Gciilet , - ■« 16 ï

Oeu,

Oeuf, ' 78-760

Oeuvre, zt8

Qi, 73 ji«. 3i8.j}i. JJ.4- ^41*

Qi , 83. Quand il eft Diçhthongue , & quand.

il ne l‘tfi pus , ibid.

Oin De la prononciation de la Diphtbongue

' oin , <ri ' 341

Oir. Conjugaifon des Verbes terminés en oir p 6 07

O/’rc, final, 616, &{uiv*.

ÔiCer , 611. 6 j7

Oi /on, xi9 6 12.

Oiflje, oiffes, aiflîons, 641.571

Q/ftre, J3V

Ol, 31É

Om,. 37/. 190. fafuiv. 304. 61 8. 634 0/»bre, 13 1

£y Onsaf , S.^Omair, 433. 434»

O-mnis, Ow-nis, . io6)

On , 17. 6.3. 133* 1.60. 19 0. é^ fniv. 304. 61:8. 633

On devait une confone , loi

Qndevant une voyelle , loi. ipj 193»

Qn.devant une confone , ow #w« voyellç,) 68qj

tic il* *

& fuiv. 696. 671 Q»cle.jbu One , on es ,

Q#guent, .

Onze, omième,

Qpale.^ . - .

Q#» ,

Qrç&cftre , Omettre , Orqucftrc , Qfe^final,

.’lt'fii O

%p

. 66. Su)

nT 7?7-7^

zsfr

t ; i/6>

487. 6l)..$yfuiv~

' ‘f&ë

* # D £ S M 0 T S. Orr. Dr; Vertes terminés en orc, Orfevre , '

Organe,

Organe de la voix ,

Tartiei organiques,

©rgue> ' v * ' 1 Oriv»t , Oriu» ,

Oti«»tal , Oriuwtal ,

Orre ,

Orne final ,

©Trie , orte ,

©rtographe F ranfoife Ofû,

O ,

©fer.

Xi*

«ru

4 tfi 17 t8 ibiL \ 6 0 sr 3

: jzt

6*8

. «Tl?. 4iS. «f3X

4 8

tfi8. &{uiv. 6} 6

6it

ibid. 6 j "f

w 9 V»/ J t

Oa , 4^. 71. 71.84. *6.zjî.z87.^//iiv.<î4t

©üâ ,

OÜ2v, bfic , ouï ,

Oubli j Oudrc ,

Oüc ,' ' -

Ouï ,

Ouï- Du wef ouï ,

Ou te final ,

Qurre ,

Ourrc final ,

Ou trois,

Ouft ,

OuCé,

OuCet ,

Outrer,

Or,

07,

Qÿe , oyes , oyent , .

Oyois , oj/oil ; oyions , oyieï ,

3>$

ni

q

•r 318

* 7^-318

7S*

4i6. & fuiv.

6U

617. 61Î.

6£f

ft8. &fniv. 6jtf

6 ii

ibid.

*7S

*44

<• 318.331

1 141

- .. I+1’ H l)

I

TABLE ALPHABETISAS

P.

P. De la prononciation du p ,

ntf

P final, 744- 747-

7;j- 76j

P fuivi d’un h Ce prononce comme unes , 117

Le p fe prononce comme le b ,

%i6

P du mot de Cept ,

74*

Pa,

\6S

Pa, pe, pi, po,pu,

Pa illaflc , t

. 1I7

2.01

Vais , péis ,

ÎJI

Païfagc , pftfage ,

3/t

Pat fan , P fane j P«un , Pemne ,

ibid.

Pai* , pa» ,

S9i

Panier ,

766

Vaon , Pan,

1 96

Papier,

fx. 7*É

Par devant une voyelle ,

703

Parchemin ,

il

Pardeflu* , devant une confone ou une voyelle , "

69%. 7 03

Taris , 10 j. & fuiv. icS. & fuivi

Par oi ftre , paraître , 3 34

Parole, j

Parole articulée , A- & fuiv.

Parole écrite , ibid.& 19

VsLTquetcr , pvfetcr ,

Par/û? , 1 43

Par/ialité, 141. Parcialité , ibtf.

Pas, 118.119. 76$

Pas , point. La différence qu’il y a entre ces deux piots f 771. & fuiv.

O

$22

U8. &fuiv. f 82 6} 9 •tljo 7*- é^4-

7 8

ibid.

1 4) 322

l$8 113

DES M O T K

Pafaues , Pa/cal , 15 i1

Pnfïe-droic , p«ffc-flcur , pafle -partout, paflc- pied , p«üe-poil, p^ffe-port , pafle-volant, 6/8

P* fle , pafler, repaffcr , &c. 6j8. 6jt

Patient, patient,

Pafte ,

Paftori de foulier ,

Patte ,

Paul, Pol, 74. Paolo,

P*«vre ,

P aye, 141. Paij'e,

«Payen,

Payenne ,

Payer , paifer , pai-ycr ,

Pe, pes, &c. Des mots terminés en pe, pes, per ; pie , pics , pler j-pre, près, prer , & de leur pénultième , 6(9

Pe, 4/3. Pe, S19

Peindre ,

Peiae, 1 $6.46!

Peg/èr, *z9

Pénultième, 9j

Pénultièmes brèves. Réglés pour les pénultièmes ... brèves , 649. jufqu’a 63 O

Pénultièmes longues. Réglés pour les pénultïè~ mes longues , 5 6f. f $7 . &f viv. j uf ju‘à 64$ Pénultièmes fylUbes des mots qui finijfent par «ne féminin, 6^9. fuiv%

Pénultièmes qui finijfent pur une va J ou a ; ibid.

Des pénultièmes fyllabes qui finijfent par une f muette, * 6f 4

Des pénultièmes fyllabçs qui finijfent par une çonfone , 6jj.

TABLE ALPHABETIQUE Bénulcièmes qui finirent par des confonds don - Mes, *;*. 6j7

Vctc, 401.48*

Perfeaionncr, 141. Perfectionner, ibid.

Perganje, . Xl

Pcr^iJ, 119

Pocher , p«h« * jSt

Peti/- . Du t final du mot pet it , 4 30

PetiV^ devant une confone , ou une voyelle, *97 3

P™PIc> 1*8.

Pjl> 1*4. i*j. &fiuiv. 153. 117 ii&

P»a., pfce, p/?i, p/?0j pMt , 1*4^

P/?arm:cie, /armacie , i«<j, 1*7

Pbe , Des mots terminés en plie plies .

pher,

Phen/x j 144* FcniAx ÿ Fhcnomene , /enomenc ,

Fhiîofophc , Filofo/e ,

P&renetique , /renetique ,

Pli u ) nom de plante , fu ,

PNicard Pu,

P;cêP t

Ville , pi//age , pi-iW* , pi- i//age Vinceau, %6 7. pinfo.

Pwe,

Pi?«ure, pi/turc,

Pi/te,

Pir/V, - ^

Pla , pie , pli , plo , plu ; plai , pieu , plo , plou ,

7%-&fuiv.

Pjaifir , déplaifir , 1*3.7**

I I^wtc , nom d'homme , 67 1-

Vie, 453. PI*, S39

66* ibid* *17 166, 117 117 l6i

\ êf

•4 <iS

66 f

xi

x6l

501

ixS

*-**>• 2JJ

2 + >

confone

Vj

DES

l*lom& ,

Plume ,

Pkit/er, Phm'«iV ,

Plu# , devant une 698. 704 Pluye ,

Poêle , po*/le ,

Poète ,

Point ,

Poivre, Poèvrt,

Paie arftique , fre. Polono/'s , Polonais , Polyfyllabcs ,

Porc-epic ,

Porteur ,

Poftc ,

Po«ce,

Paudre , poudrer ,

Pouf devant une <vcyilU+ . Pôunw/'m , '

Panne , maladie de ebivud r Pouffer y Poutre ,

Pouvoir,

P", Pm,

Prëcifèment ,

Premier, premu/r ,

MOT s;

II

4M* 434 ote une voyelle ,

103

md

318

769

fV

,-p

1 40 318 317 770 «7 S 656

m

90

7/*

•74b

»3J C6 I

6U

703

*4i

«J*

ibid,

*7?

7<U

J4*

282.

Premier, devant une voyelle , ou une confone ^

697. 701 ^ .

Le preneur, 741

Près, pr/ws, 38 6. Près, 387

Près , près , 437. 438. Prée , 4 94

Pré/eance, 130. Prclfeauce , 23 1

Prc/entiment , 230. PreflcntimeDt , 131

Prrnc , expreffe , 471. Preffer , ibid,

ü iiij

TABLE ALPHABETIQUE

Prélupofer , preflupofer , ' x+x

Prefupofition, 230. Preffuppofition , tjt

Primarie, Primarie, .

Pr/»ce, pMjncc , ao,

£rivil%> 4*7-

Procureur, Procureur, 741. ?4x

Prodige , 66

Profeâe -, <71. Profeflèr, *72i

Profondément,

Progrès, progrès, 38 6. Progrès, 38 7

Prononcer , pronon (air , prononce 416. 4Î>9 Prophétie, Prophète , . .

£°av“> , 71 VùpMt , papilUiie ; " loi

Fafm>' . .H*

prononciation du q ; n 8 . & fuiv.

S-final> IIS. 747-7C/

Que , ques , quer «final , ' «7<j

Vge , ques , quent. Des fyllabes finales que , n ques , quent ,

V9eiquer , devant une cenfone ou une voyelle . 696. 702 J *

Quelr , quelle* , devant une confone , ou une voyelle , 696.7oz

grenouille, Knouïile, Keunouïlle, 219 Querelle , ^«erellcr , jwerelleur , gaerelleufe ,

j 119 *

-^«cftion, Mion, Il&

Qitfter. De l Ortographe & de la prononciation ,• des Verbes qui Je terminent en quêter , comme empaqueter , dépaqueter il0. &fuiv.

Qï“e.. »«*

: b ES MOTS. - T

Quan d , devant une confone , ou une voyelle ,

69 8. 703

6£«atre, Katrc, ti8. Quate, t8a

Quimper , Quimpair 4 j 3. 4 j 4 Quintal , 301

Quinze , quainze , 390,30a

tgaolibet, Kolibet, tig

R.

R. Df /a prononciation de la lettre r , 11/

R finale , 71 4- 7*-8- &fuiv. 747 7*7

R finale , rfw awtt terminés en eur, 738. c£» /aiv.

R .finale dans les ouvrages de Poe fie , 731

Rr, 4j.tf.1t7. 360

Rr , voyelle fuivie de deux rr , 6j8

Rr doublée. Des fyllaùes finales précédées de voyelles, ' S 97

Rable, £48- 660

Racler, tftfi

Raifon, \ 4if *

Ran^, 748

Ra/âde, < 149

Ra/é , ibid.

Rd, 7 79

Re au commencement d'un mot , j 09. ;i o .

fuiv. 31 tf

Re. fyüabes terminées ente , 196. R es,' tf 00

Re , res , touchant la terminaison en te , ou rcs, 607. tflt. gpfuiv.

Réagrave, 44^

Réajourner, &e, ibid .

•Réafiigner , v èbHk

£ y

Rv

TABLE A LPHA.be TI QJJE

Rébarbatif, 44Ô

Rébellion , ibid,

Rfbroufler , 461,

Rébus , forte d'énigme 444;

Récapituler, ibid,

Réceqt , ibid,

Réce'pifTé , ibid.

Réceptacle, - ibid.

Réception , ibid.

Réchauffer ,4/1. Réchauffer >. 453

Récidiver, 44$

Récipé, Ordonnance d’un Médecin y ibid * Récipiendaire , ibid*

Récipient , ibi<L

Réciproque, . - \ ibid*

Réciter ibid. Réclamer, W ibid *

Reclus , - 4 -fi*

Récolet , Récolcte | 4,47

Récolleétion , ibid.

Récolte, ibid,

Récompenfer, ' ibitL

Réconcilier , ibid.

Réconforter, ibid.

Récreance, ibid.

Récréer, , ; ibid,

Æe récrier , ; Wv.ifia

Récriminer, 447

Récrire, 4 j». Récrite^ . . . . 4;*

Récru, 4 fii

Reculer, ' -::i . V . . 6*S

Récufer, ... \ : 447.

Rédiger,

Rédimer, : ;v ibid.

Réduire, 4 •' " t...

r

t> es' Mô-'r IM* at

RédüpUcatif, 1 V*v* j’ 4*4 7

Réel, •* iftWt

Réféter, . ^ * T' - ibid*

Réfléchir , ^>r» ' *•' *•*•<'

Réflexion, tJX ibid.

Réformer , < ibid.

Réfra&aire , •-> * , > ibid.

Refrain , •• < 1 4®^

Réfrigérant , réfrigefatif ,* , - 44^

Réfrigération, -ibid'.

Refrdigné , ' . t 1 '•■■ "461

Refroidir , refroidir , $34-

Refwge , 565f

Réfugier, . . * 44^

Réfuter, *3* ibid.

Régenter , ibid.-

Région , _ « ibid:

Régit , régime , f , . ' « 1 ibid 1

Hégtftre, cnrégifti'stÿ >1,- ibidj

Reglement , règlement , f j4*«‘ H 5;

Règne, 4^1

Regretter, 46 a.

Régulier, 44^

Réhabilitation , réabilitation i8j Rehabiliter, reabiliter, iSy.44^

Reine , 96

Réitérer , 447

Réjobïr , 45t. Réjouir, < j ; -1 4^

Relâcher , 447. Le fremer e féminin. Relatif, 44/

Relation , ibid. .

Rélixation T ibid.

Relièf, 4^5

’Bidinkré t terme de pratique , 44?

RéaniiTiblc , rémiffion, quoïqjwfc delà pre-

ü vj

TABLE 'A L P H A B E T I QUE t miere fyllabe du mot de remettre , fait femi~?

nin, 447.448

Rémunérer , 4 4 S

Renés, 4J1. Rênes,

Renovation ,

Rent , final ,

Répandre , 451. Répandre j Réparer , &c.

Repartie, * ' 1 ; ; r •*: - !

Répartir , &c.

1101

-Répartition ,

Répercuter ,

Re'pertoire ,

Répéter, &£• >

Répit, 4 fi. Répit l Replet ,

Répletion ,

Répliquer ,

Répondre, 4j». Répondre l -

Reprefailles ,

Réprimander,

Réprobation.,

Réprouver,

République,

Répudier, &c.

Répugner , ©»e.

Réquiûtoirc , réquifitioft.J r / - ,

Rer , %tc

Res. Mots qui commencent par la fyllabe rcr, 4 $8. & fuiv. 475. 4$os Re/affer , re/affer , ' , Y :• ijt

Re/aucer, rc/aucer., a 3 a.

Refcfiauffcr, *4©

Réferrer : . Ht,

. 4/ -w

45}

448

J97 45} 1; *4»

ibid.

ibid.

ibid.

ibid.

ibid.

4 J 3 448 ibid.

46t.

4J3

4éx

ibid.

4«S

ibid.

446

448-

ibid.

ibid .

ibid.

\Re/pondre, répondre y

î: DES MOTS;

TÇéfetver ,

Réfider,

Réfidu , terme de comptes t Réfigncr , &c.

Réfine , &c.

Réfipifccnce ,

Réfifter , &c. .

R «fines de bride. Rennes ville t Réfiola , réfolution , &c» Réfolutif ,

Réfonner, <

Refi>«drc ,

Re/pe£l ,

'fyonà:

Reflort ,

Réflufeitcr , &c- Rrftablir r Ré/uer , rejfuer ,

Ré/ultat,

Réfiikef >

Réfiumer ,

Réfurre&ion , &c.

Rétablir, 451. Rétablir; Réticence ,

Rétif, 4f*. Rétif ,

Rétoricien , torique* Rétorquer , ; 7 Rétra&er, %'"■ »

Retraite *

Rétrécir, rétrécir,'

Rétreindre , 451. Rètreindre ; Rétribution,

Rétroaôif , terme de pratique , Rétrocéder , &c.

Rétrogradp?,. .

'Ai

'44*

ib,d. Hid* ibid. ibid. ibid . ibidt

f8l

44« ibid . ibid .

f 6lr

*3* *3X 4 él>

44*

«4®

219

44*

ibid»

AM

44»

4J*

44^

44 8.

ibidj

46»'

*•4/*;- 4jr 448 ■' ibid» ibid.' ibid

.X

T A B L E. A L PH A BrE T tQJT

Réveiller, . Réveiller,

Rêver., 4/t* Réver, 4jij.Refver, ' Réverbérer ,

Révérend , révérence ,

Révérer ,

Reverfîon , réverfîblc y -,

Revifion ,

Réunir, réunion.

Révolter, &c.

Révolu , révolution.

Révoquer , révocation ,

Réuffir , réuffitc , &c.

Rcvulfion ,

R«z, final r Rhétorique ,

Rie»,

R00I6,

Rq/c , ro*e ,

Rolf/*», xsj. Roft,

Riolfig nol ,

Rotnller ,

Le Ro«le , nom propre ,

Royal , Rotai ,

Royaliftc , Roi’al i fie ,

Royaume, Rotaume,

Royauté , Roïauté , .

Rr, .

Rs. Mots terminés en rs ,

*r’

HewSettu . Ruilfi»,

7 *9 s 88

IJ 8

77Î- &

E

iëïtfy 64 o

44» ibid. ibid . ibid 'U

449- ibid,l ibid . ibid . ibid », ibid» ibid*

4tt>

164

770 6 . 147 16 S

11 f 666 ibid,

*Î7

ibid;

137 ibid*; fuiv~ . 4T* 779 169,

S.

vit

S., >0. Son utilité y jo jx -

S. De la prononciation de la lettre. Cr .. xi*A

r> ES M O'T s;

îj conservées , & dans quels mots ,. / j. g ) $ S, qu’on ne prononce point ,, fstiv,

S douce, 130. &>{uivif.

S. finale , 415 r. 747. 7$*

S finale , qui fe trouve au plurier des mots ter- minés par un C féminin , 591

S finale , mots terminés en as , és , is, os , us ,

JS-, 4»5

S forte , 130

S mouillée, 149»

S muetc , çi. x}4

S muete , des pénultièmes fyllabes, 4

S- retranchées , J 1 O* fuiv» 613.6x4

S. entra deux voyelles , 1x9»

S. Des mots terminés en J, 48 J. 484

SC fuivies d'un c, d’un es, ou d’un- cr, 670 Sa, Pronom » r 5I4.

S«bfce, <48.660

Sabre, 660

Sa*., ' 7^*7 6-®

Sacrilège,. 4*7.

Sage, . . x**-

Saloir 76^

San*, 74*

San; , devant une confond ou uni voyelle ,

7©î

Sawder , fowlcr y x%9, 66 6r

Sas, ,

S*Æèr, *7*-

Satire , {àtiry . 617

Saule , 666

Savoye ,. .140»

Sautk , . 6y&

Saut y lût, r J* 4

&4/«c , Impératif , fotte-^ - ikid»

TABLE ALPHABÉTIQUE

Saxon ,244. Sakfon , ibid J

Scaliger , Scalijair , 433. 43 4

Sceau, feo, 8 %.X6j

Scé, 4/3. Scc, J39

^ > 4*3 5c, ibid.

Se, (es. terminés en Ce, Ces, 618. &

. Jfuiv. 6}6

Scbafoen, , 24»

**}c > 43^

Seche, 46r

Second , devant une confone, ou une voyelle ,

697. 70»

îfj » 4/*

Sclo», »70Ç

Selo» , devant une confone , «w «»c voyelle * 698,703

Scntimcns, fontim,*», /jj

Sep# , 456. 74J. Sc/t, 746. 731

Ser , fés , fées , 637

Seraphm , _ 302

Servante, fer/ante1, 2jx

Scs , tës , fois , i8 3. 434. 4/6. 4£7. &fuivJ Scs, Pronom , devant une confone , ou une voyelle ,

Ses enfans , cé-zanfan ,

Seul , Cux. ,

Sevrer , -

Sexe , 144. Sckfe!

Siamois,

Siégé ,

Sie»ne ,

Signe, fine.

Similitude , .

Simple , Cainplc,

Simpcvme f \*

*ï*t

6)6. 701 ÎOf

180 ibid. ibid « 3ÎÎ

3x» J6J lij

300 *67

DES MOTS;

Singulier, Singulier, 433.434

Si*,, fy?, »'4î* 74J-7I J

S ix , devant une confone ,- ou une voyelle ,697. 701

Sixain , fî^ain , , * % 4 y

Sixième, fixicrae, îbid.

Sobre , *ip

Soiem, t V: y%

Soin, Coain, 342,

LeCoir, y 66

Sois , frit , du Verbe cftre, 334

Soit, C on j on Eli on , 3 3 4*3 3 J

Soixante, foi/antc* i4J-

Sol, fou, v |i<î. 317

Soleil, 4jg

Solennel, IbUncf, 310

Solitude , 13

Solvable , folntion , . jr

Sommeil, « 3x4

Somme* aufli , Cornez auffi , fcvnaufli , 103

Son, ' 7 76. &fuiv. 81. 8i. 16* S7

Son , Pronom , devant une voyelle , ou une confone, 696. l'

Sons fimples , *4

Sont devant une voyelle,, 191

Ils font , i Ion , r jp4

Sortie , 14}

Sortilège, 467

Sot, Ji. 167.

Souabe ,

659

Sou* , devant une confone ,

ou une voyelle , 69 8.-

7oj

Sou/fijtier , fooiCncr ,

*6}

Sonftenir,

<S}?

Souk ,

*7X'

TABLE ALPHABETIQUE Soutien , 243. 3 11

Souverain , d'où vient ce mot , 71

Soyons, Coycz , Gient , 334

Sped/ïde f 6i Si

Sfibere , (fere, ï66. 16 7

S(è , (Tes , (fions , (fiez , flçnt., 641. 6ji Se final, 641

S , 45J. Sw , <

S.tilc., ^ n.66 f

Subjeft, ' - 4 9

Suédois > : 33 J

Sujet, 119

Suif, t . ; 7 61

Suivant devant une confone , ou une voyelle * 698. 7 03

Supplément, >* M*

Sdir. Remarque fur la Prèpojition fur , 7 1 j

Sur , devant une confone , oh une voyelle , 698. 70J

Suye , -rr 14a

Syllabes, yî.&fuiv*

Syllabes Jtmples, . . 80.

Syllabes compofées , ibid .

Z>e /’orvire rfer fyllabes , 5 1. & fuiv

T.

T; De la prononciation de la lettre 1 1 137

T dur, 240

T fuivi des Dipbthongues ia, ie , io , ièi<é. T final, * X41. 747. 7ji. 76^

T prononcé comme d , 141

T , qui ne fe prononce par ou fort rarement , *7 Du idans les Verbes terminés en «ter, J36 T* Du mot de fept , 7 fi .

i

DES MOTS.

Ta, te, ti , to, tu, tj*

Tabac, 7 j 6. Remarque fur le c du mot de ta- bac , 7 } 7. & fuiu,

Tafctas, * 118. 160

Tallandier , tailbndicre , 6 33

Taillé, 101.104

Tafche , tache , ) 84

Tafcher , tacher , *83

Taape , 6 6 9

Taureau , toto , 1 66. 6+é

Ta^au , terme de chafft , 14}

Taj«, 141. Tai-ye, - ibid.

Te, tes , ért- *Des noms terminés en te , tes , ter ; tre , très , tsct, & de leur pénultième > *7 S

, 4jj. Te, S3*

Témoignage , ij8

Tcwps. Remarque furie Jingulier & le plurier du mot de temps , , - 6 $6

Tenir , & fa compofés , x 4 4.31 1

Terreur, 117. 49*

Terrible, terriblement, xxy.ziS

Tes , tes, tais , i8j. 434. 4^6. 497 & fiûv. T es. Pronom, devant une confone , ou une voyelle, 696 7 c l

Tc/tamcnt , »3$

Telle, fo. 131. Tête,' î*

Tefte , tette , mammelle , S * +

The , 4jj. The, 5Î?

Thcatre, .671

The/e, The^e, , ! *+7

Thomas, 164

Thym , ibid .

Tia ,.tie , tio, quand ils font précédés d'un x ou sienne f,

TABLE ALPHABET I QU E

Tie^tié, J ^45

Tien , ibid.

Ticr , ticre, 141

Tige, ? <**

Tiroir, 766

Tome , 667

Ton , 76. & fiiv.

T o n , Pronom, devant une voyelle ou une con- fine , 696.7 ot

Tout , 75

Trace , , ' 96

Traiter , trètcr , 1 61 . x 6 z

Tranquille , tôt

Tran/adion , Tranxadion , x j o

Transfuge , 66}

Transi, X19

Transiger , transiger , 130

Transition , transition , ibid.

Tran/parent, %i9

TravaiZ, ; ^ 314

Travailler, 631

Tré f 455- Tro, J39

Treille, 46 1

Très , devant une confone ou une voyelle , 6 98, 704

Tre/br, 119

Treze , treize ,491. Traize , 4 9 1

Trezième, treizième, 491. Traizième, ibid. Trilingues, 70

Triphthongue , 80. 8/. 88

Trilàyeul , trifayeule , 143

Triflyllabc , 90- 9\

Trois , troüâ ,340. Troi/? , 7

Trois , devant une confone ou une voyelle , 69 7 9 70V

DES MOTS,

Tronc , 7S*

Trop , devant une conforte ou une voyelle , 6?*. 70J

Trouveray , trouverai > 341

Troye, 140

Truye, ibïi.

Ts. 778

Tuile, 66$

Tu/au, tuïau, tui-yau , 13S

V.

V, 61. 64'. 70. 73. nS

n chaperonés 17 o. é* fuiv .

V v confine, ji- & fuiv, 38*

/«iv. 149

Va , fyllabe va , itf/

Va, vc , vi , vo , vu , 1/0

Va , Il va au Palais, il va t au Palais , 1*4

Y**ne, vene, 161.162,

Falet,/alet, iji

Va/e , va^c , 147. Bafe , ibid.

Vau, 36.149

T>ble , final , 6 il

Vc, ves , &c. Des mots terminés en ve , ves , ver ; vre , vres , vrer , & de leur pénultième ,

«77

Vé, 37. 4JJ* Ve, $19

Véhément, $\i

oeil, /l 31*-

Veine, 461

Le Vendeur, 74*

Venir, 31*

Veni/e , .Venise à >47

TABLE A LPH ABETIQJJE

Ver. Des Verbes terminés en ver y ftT

Verbes X>« confones finales des troifiémes per- fonnes plurieres des V erbes , 781

Verglas, *7-

Verjus, 4^*

Vers , 46®

Vers-, vetyinfefte, J 8 4

V criailles , V crfàil , Jfj

Vertu, - , t . 4<f

Vertige, 66 3

Ve«e,v«ë, 179.180

Vexation ,144. Vexation , i£irf.

Ui , 3*8- 34*

Vicaire, Viquere, i6j.

Vieil, 70J

Vieille, vieillard , vieillefle , ' 666

"Vieux , devant une confine , ou une voyelle f

691.1°) 7

vi» , : ; 7 ;• JOlr

Vi»-aigre, vinaigre, 304

Vingt, 7 J1'

Vingr , ^«afre-vingt^ devant une confine , 01* une voyelle , 69 7.70a»

Vise?» vifle, i/i

Vi/ce, . rjar

Vitre , vitrer , 67$

V iz. Remarque fur le mot de viz , 7; 4

I7»n, ij;. 190. é'fuiv. 3 0 4r

Un, 17. 63.1//. 160. 190. &Juiv. 304. 618. 6

U», eu»», 747

Un.. Monofyllabe devant une voyelle , 19b

devant une confine , <?» une voyelle, 696»

•U

340

iOL

S9i

J 6 1 666

W, ...

'Voit , vojiâr ,

Vois/» , % î

Voix , voî ,

Voi t.‘ Inflexion de la voit ,

Voler,

V os , Pronom , devant une confine , ou une s voyelle y 701

.Vof anceifres, vo**nfaîtte , 6Zy

. 6y9 yotre, *6. Vôtre, , *7 .*76677

Vpys , mj, 101,103

VoUf , devant une voyelle , 0# confine , 68 /«i-ü. 671. 65 6 Vouj écoutez, voû-*«icouté , *687

Vwrte , •: . 67*

Voyelles., -1416

yoyelles. Pourquoi ainfi appellées, 6©. JJ A yipmbre des voyelles , 61

Voyelles doubles, t S6

lire final,. 6$f

Vrc. Des Verbes terminés en ure , 61;

ZJtie final ,

fcJfc,

*U£é.

Ufure ,

Ux ,

Uyc , nyqs. f uyçnt , Widcr, v/idre, wolle.

617. 6x8- 6 0lï.&fuiv. 636

< 61 x ibii* €^637

.

144

14*

110. ni

i < - - IXO

î3>

X.

£ <#

X>« la prononciation de la Uttre x, £44,

TABLE ALPHABETIQUE

X précédé d’un e , & fuivi d’une voyelle , ou d'une h muette , 144. 145

X , qui prend le fon d’une C forte , ibid .

X , qui prend le fon d’un z , 24 y

X final, <93-747*7J$-7*J. 7*7- 7*** 77/ X fiual devant des voyelles ou des h muettes ,

74Î

X. De; «wtt terminés en 1,

Xa , xe , xi , xo , xu,

Xaintes , Mainte ,

Xaintonge , /aintonge ,

Xc , xes , xer ,

48^. 484 244. &fuiv. *4Î- *4 S 14;

*79.

Y.

Y. Defonufage,

Y deux voyelles, Y , Adverbe ,

Yen ,

Ycnt,

IJ 4- &fuiv . *3 t'&fuiv. iti. 14414Î

SSS S9S

Ycr. Des Verbes dont l’Infinitif fe termine en yer, 142

Yére , yeres, , 491

Yeufe., M

Yeux ,

Yorch , P.

' 2*

>44 ibid. ibid .

Z , no. 1 ji. & fuiv.

2. De la prononciation de la lettre z y 146

2a , ze , zi , 20 , zu ,

2 final ,

2 pour g ,

2. mots terminés m z ,

?aia, ^ - .s ' : .

*47

i5*- 747- 7/4 iji

48 y & fuiv.

P 2.4>

Ze,

iKfttttf

des mots.

Ze , ICS. Des mots terminés tn ze , *es, tfr*. * & fuiv.

-Zélé,

Zelle./ei, tfd.

Zéro ,

Zig;Çag »

Zodiâ(|uc )

Zuric, Sfvaic , T/uric

*47

M*

*47

ibid.

14*

.1

m. 'TV

y;» de h ï*bl* Mÿhdbttieptt des mots»

«MX SUt XkgJtXfbsn t

?C&£$ « 2£Hï «Çi£S

; TABLE

DES CHAPITRES.

■î^r

LIVRE I.

Chap. I. Y^\E la Parole 9 & de \tTi .,. .. k; jfL 7. .A* maniéré dont nous formons & articulons les Sons de nos Mots , Page i Ch a p . IL De la Parole 'écrite , 19 Chap. II I. Des Lettres en géné- ral , & de l'ufage qu’on en fait en notre Langue *

Chap. I V . Des Syllabes , ~r&

Chap. V. De Compofition des des Mots x

Chap. VI.. De la maniéré de pro- noncer les Sons dp' les Par 9-

T A B L E

les, en fartant & en lifant'r 9 9

Chap. VIL De la valeur des Let- . * très de l'Alphabet de notre Langue , & de quelle maniéré : elles fe doivent prononcer , 116

Çhap. y III. Le U Prononciation des Confines , & de leurs liai - fions avec les Voyelles , 14.5,

XI V R E î I. *

DEs Diphthongues , Tripihon- gues , & Monophihonguesy

. 2 53 .

Ch ap. I. De la valeur des Mo- nophthongues , autrement di- tes , faujfis Diphthongues , ett Diphthongues impro près , z 5 j Çhap. II. Des Diphthongues , & de la maniéré de les pronon -

eer> 3i*

Çhap. III. De la maniéré de mar -

DES CHAPITRES.

quer dans notre Ortographe féparation des doubles Voyel - les , appelle e par les Grammai- riens Diércle, 346

Chap. IV. Ve la maniéré d epeler les Confines doublées 9 352*

Chap. V. Dès yjkcens,

a 17 ' ' :

-Fin de la Table des Chapitres,

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D E

PRONONCER

parfaitement ,

LA LANGUE

FRANÇOISE.

g****** &&

litre premier. De l’Articulation.

CHAPITRE I.

2)E LA PAROLE , ET DE LA MANIERE dont nous formons & articulons les Sons de nos mots.

HILINTE & DAMON fe trouvèrent dans un repas avec quelques Gentilshom- mes de différentes Provinces :Aüdef- fert on fe mit à parler des nouvelles

A

«

'i Chap. I. Maniéré de former ' du tems , comme U arrive prefque tou-; •jours -, &c quoi qu’ils parlaient aflez bien, & qu’il parût à Dam on qu’ils» n’avoient point d’accent particulier qui pût faire connoître de quelle Pro- vince chacun d’eux ètoit : Philinte qui a l’oreille délicare fur la prononcia~ tioU des Langues vivantes dont il fçait la plus grande partie , & qui parle cor- rectement la Tienne , les diftinguatous, & leur nomma à chacun leur pais. Cette remarque donna occafion de parler des diverfes maniérés de pro- noncer flotté Langue *, mais comme c’ètoit à la fin du repas , & que la com- pagnie fe fépara , fans examiner la cho- à fond j Damon curieux d’apprendre tout ce qu’un galant homme doit fça- voir, accompagna Philintè chézliii, U l’ayant prié de l’infimire la pure- té de la prononciation dont il s’ètoit fi bien expliqué , ils eurent enfemble l’entretien que vous allez entendre.

Damon. Vous àvez ràvfonné fi-bien -fur la prononciation de la Langue Françoife , que vous m’avez fait con- cevoir un extrême defir d’aprendre de vous toiit ce que vous pourrez rn’efl

d* articuler le Son des Mots, J cftfeigner , & fi vous voulez bien en prendre peine , vous me ferez un plaifir très-fenfible.

P h Mme. Volontiers *, mais avant que nous entrions en matière , il eft bon que vous fçadiiez tous les ter- mes dont on fe fert pour rinftruétiorf de cette importante partie , afin que Vous compreniez plus aifément leü; préceptes que je vous donnerai 3 St pour ne rien oublier , nous commen- cerons par le mot de parole 9 & de quelle maniéré elle fe forme. # Dam. Vous me ferez plaifir, car je ferai bilh aife de ne rien lailler écha- per de' ce qui pourroit fatisfaire ma cutiofité , en ce qui regarde toutes les parties de notre Langue.

Phil . La parole eft un figne , ou une expreflion delapenfée, qui fe fait par le moyen des organes de la voix i ou par des caractères différemment figurés. Il y a deux fortes de paroles 3 l’une s’appelle , la parole articulée ; & l’autre, la parole coite.

La parole articulée , eft une parole prononcée de vive-voix , & qui fe ter- mine à l’ouyè. .

A ij

'4 C H A p. I. Maniéré de- former La parole écrite , eft celle qui re-

Î>refenre fur du papier tous les Tons de a parole articulée par des figures qu’on appelle Lettres , & qui fe termine à la vue.

Dam. D’où nous eft venu cette in- vention ?

. Phil. Qnelques-uns prétendent que |es Phœniciens ont été les premiers a la mettre au jour par les Lettres qu’ils apportèrent en Grèce. Lucain entre autres l’écrit ainft dans le Livre 3. de fa Pharfale.

Phœmccs primi J fama fi credifur au fi jManfiurarn rudibus vocem' fignare figuris.

Ce que Monfieur de Brebcufa tra* duit en notre Langue par les. quatre- Vers qui fuivent,en parlant de Cadmus, prince dés Phœniciens , .qui apporta les Lettres en Grece.

C’cft de luy que noys vient cet Art ingénieux 13e peindre la parole & de. parler aux )-eux.

Et par des traits divers de ligures tracées , Donner de la couleur & du corps aux penfées,

Ces deux fortes de paroles font tes

& d articuler le Son dos Mots, ç véritables (ignés de nos penfées , 8c par lefquels nous découvrons fans peine tout ce qui fe paire de plus fecret dans notre efprit. C’eft par ces (ignés que nous apprenons tout ce que nous ne (çavons pas. Ces (ignés font les miniftres de notre raifon , 8c (ans lefquels elle nous feroit de peu d’utilité. En quoy nou* devons ad- mirer la fageflé 8i la bonté infinie de Dieu j car s’il ne nous avoit pas donné des moyens aulli prompts 8c aufli faciles , que ceux qu’il nous a donnés par l’ufage de la parole , nous aurions è:é contraints d’inventer dés (ignés des bras , des mains , des yeux » & des autres parties de notre corps , comme font les Muets pour nous Éli- re entendre les uns aux autres j ce qui auroit été bien incommode & d’une longue 8c difficile execution j mais on n’aûroit pas pour cela laide d’inven- ter des figures qui euflent à peu près reprefenté ces (ignés de même que nous avons déjà fait par l’Ecriture, en rcprelentant les mouvemens que nous faifons de la Langue & des autres or- ganes de la Yoix , lors que nous par-

A iij

f C H A P. I. fl^aniere de former Ions : Ainfi la parole écrite nous feroic toujours demeurée. Mais l’Auteur de J a Nature voulant joindre l’agréable Ôc l’utile en tontes nos actions, nes’eft: pas contenté de nous fournir fimple- ment les moyens de nous communi- quer nos penfées les uns aux autres , il a voulu nous rendre ces moyens auflî faciles & aufli prompts qu’il ètoit néceflaire pour nous faire entendre ce que nous penfons , & les mettre au jour aufti-tôt qu’il fe forme dans nor- tre efprit. Ce qu’il a fait par le fecours de la Langue & des autres organes deftinés à former la parole qu’il a fi- nies aux parties les plus élevées du corps humain, & proche du lieu fe fabriquent toutes nos penfées» afin que les Sons qui fervent à les expri- mer , s’articulent plus promtement , & qu’ils fe faflent mieux entendre ,.&de nous-mêmes & de ceux à qui nous les .voulons communiquer de vive-voix.

Ces Sons feuls , ou joints enfemble , forment la parole, par le moyen des- jnouvemens de la langue , 5c des au?* très organes deftinés à cet effet : & c’eft fe réduit particulièrement

& À articuler le Son des Met t. y, deffein de notre entretien fur la pro- nonciation.

Dam. Je vous prie de me dire com- ment vous comprenez cette formation delà/ parole articulée >

F h il. La parole articulée fe fait comme j’ai déjà dit , d’un Ton ou de plufieurs , qui fe forment d’un air qui eft agite par les poumons dans une efpece de tuyau que nous avons dans la gorge , que les Médecins nomment , la Trachée artere , 8c qui fort avec con- trainte par le Larinx.

Le bruit que fait cet air dans la voûte de la bouche 5 en. fortant de cette trachée artere , pouffé par les poumons > fe modifie en différentes maniérés dans la bouche par les di- vers mouvemens de la langue 3 & s’articule auffi par ceux des autres organes deftinés à cet ufagej d’où il eft reçu dans l’air , 8c de la porté à 1-ouye.

Dam, Qu’entendez- vous par cea mots de modifier 8c à' articuler ?

Phil. Modifier eft gn terme de Bhilofophie * qui fignifie donner une façon , une firme à quelque chafi

A iiij

3

8 C h A p. I. Maniéré de former achever de la former çfr de la façon- ner, Ce mot vient du Latin , modus 3 qui fignifie façon. Ainfi quand je dis que le Son fe modifie en différentes1 maniérés dans la bouche, cela figni- fie qu’il achevé de s’y former , & qu’il prend la forme d’un a , d’un*, d’un i, d’uno, ou d’un «, félonies différons mouvemens qui fe font de la langue ou de la bouche. Car fi vous ne faites que recevoir Amplement dans la bouche l’air qui fort du nœud de la gorge, fans remuer la langue ni les levres , on n’entendra qu’un bruit ou un fon confus , qui ne lignifiera rien , non plus que fi vous fouflliez dans une flûte fans remuer lest doigts fur les trous deftinés à former les tons d Un air , en les bouchant & ouvranr , félon le beloin que vous en auriez , pour faire entendre l'air que vous vou- driez joiier.

De forte que fi dans le tems que vous faites fortir l’air du nœud de la gorge avec allez de force pour faire mouvoir le Larinx , vous ouvrez la bouche pour le porter à l’ouye , vous formerez un fon parfait , qui fera ce-

& d'articuler le Son des Mots . 9 lui de l'a. Si vous faites un mouve- ment de la langue, en la repliant pat le bout vers les gencives inferieures, •.vous : formerez le fondons. Si vous la pouilez un peu plus fort vers les mêmes gencives , & que vous èlargif- fiez un peu l’ouverture de la bouche, comme fi vous vouliez rire , vous •formerez le fon d’un i s & ainfi du refte. De forte qu’en diverfifiant ainfi les formes de vos fons par le moyeu des mouvemens des organes deftinés a la parole , vous formerez tous les mots dont vous aurez befoin , pour exprimer tout ce que vous pourrez imaginer.

Dam. Mais n ai-je pas leu quelque chofe approchant de cela dans une Comédie.

Phil . 11 efi: vray que Moliere qui a trouvé l’art de tourner en ridicule les chofes les plus .ferieufes , en a fait une Scène même allez plaifante dans* le Bourgeois Gentilhomme : Il eft vray encore que les François nés dans le cœur du Royaume, accoutumés dès leur Nourice à bien articuler naturelle- ment les lettres , femblent n’avoir au-

A v

to C H A p. I. TMtaniere de former eunbefoin de cesdeçons : mais comme' y nous avons deflêin d’aprofondir cette matière, 8c de la rendre fenfible, même aux Etrangers , je ne fçai point de moyen plus prompt pour leur appren- dre à bien prononcer le François , que celui dont ils fe fervent eux- mêmes- pour apprendre aux François à bien prononcer les Langues étrangères. Et moi qui vous parle , qui ai beaucoup voyagé , & qui me fuis toujours •fait une étude des Langues , je fçai par expérience que c’eft par l’étude de ces différens modes de nos organes, que les Maîtres Allemans , Efpagnols , Ita- liens & autres enfeignent à prononcer leurs Idiomes 3 & que je n’ay pu y réüC- fir que par ce feul moyen » ainfi vous ne devez non plus abandonner cette pratique , parce que Moliere l’a tour- née en ridicule , que les Malades doi- 'vent abandonner les Médecins s parce .que ce même Auteur Comique a joiié la Medecine avec appUudiflement dans plufieurs de fes Pièces.

Dam. Je vous entends parfaitement ; mais je vous prie de me dire ce que lignifie ce mot de Larwx,

& d'arriculer le Son des Mots, ti phil. Le Larinx eft le commence- ipent de la trachée artere 5 c’eft ce que nous appelions vulgairement le noeud de la gorge ; c eft par entre l’air qui le porte aux poumons , & par ou il fort quand il cft renvoyé des poumon» pour former la voix.

Dam. P allons à l’explication des mots d’ articuler & d’ articu'atiou.

Phil. Articuler eft un terme d’ Ana- tomie , donc les Médecins fe fervent; pour dire joindre un membre a un au- tre 3 le mettre bout 4 bout d'un autre membre four les faire remuer & jouer félon le befoin quon en a , ou les encl a* ver F un dans F autre 3foit quon parle de Faffemblage des os d'un Squelette , eu qu'on parle de la maniéré dont le çorps humain eft composé . Ce mot artj~ çuler , vient du Grec qui ligni-

fie membre en general , & plus parti-* culierement les os , les nerfs & les Veines d'un membre dégarni de fa chaire pu fi vous voulez fimplcmcnt } un membre dégarni de fa chair. £}e ce mpt on a fait le mot Latin arrus , qui lignifie la même chofe qu’en Grec , §5 dont quelques Auteurs: Latins fe font

A vf

il Chàp. I. Maniéré de forme ? fervis pour fignifier ce que nous appel- ions jointures de membres . Du mot, artus , nous avons fait articulas , qui fuivant l’Analogie des Diminutifs La- tins , doit fignifier petit membre , 8C qui félon le fens qu’on lui donne , figni- fie jointure de membre , ou partie de membre. Du mot articulas , les Fran- çois ont fait celui à' article , qui en Ion propre fens , fignifie comme en Latin , partie membre jointure de membre ; maisplus particulièrement, . fine très-petite partie de membre , Scia jointure des os, comme celle des doigts, du coude , des genoux , &c. De ce mot article , ouplutoft du mot articulas , nous avons fait celui d’ articuler , qui en fon propre & véritable fens, figni- fie faire /’ ajfemblage des os les uns avec les autres /foi t par la réception des têtes, ou éminences des uns dans les cavitez. des autres pour les faire mouvoir , ou foit en enclavant dans les autres ceux qui font fans mouvement. Mais ce mot a d’autres lignifications dans le fens figuré , comme vous verrez dans la fuite.

Dam. Quel rapport ont ces termes

& d'articuler le Sondes Mùti. if

d’Anatomie avec notre parole ?

: ' Phil. On ne s’en fert que figuré- ment , & ce font nos anciens Grair> mairiens , qui faute de mots propres pour lignifier les mouvemens des or- ganes de la voix , fe font fervis du terme d'articuler, &c. par rapport à l’articulation qui fe fait des membres du corps humain, conliderant ces mouvemens comme autant d’articles & de petits membres feparés , qui font . le corps d’une parole, quand on les joint en femble,delbrte qu’fis ont nom- mé, articulation, cette a&i on qu’on fait par les mouvemens de la langue, des dents, des lèvres* & du golier* pour achever de former un Son , ou pour joindre & lier un Son avec un autre pour en faire une parole. Et tous ces mouvemens d’organes doi- vent fe faire avec autant de juftelfe , que ceux que nous faifons dans l’ar- ticulation de nos membres , lorfque nous voulons nous en fervir pour quelque aétion : autrement la forma- tion de nos paroles Sc la prononcia- tion qu’on en feroit , feroient auffi dé- feftueufes que l’articulation de 4103

f4 C ri A p. 1. Maniéré déformé?' membres s’ils ne fe mouvoient pas avec toute la vîtelfe & toute la liberté dont nous avons befoin , pour exécuter çç que nous voulons. C’eft donc avec taifon que nous dirons en François » articuler, lorfque nous parlons de la: prononciation. Bien articuler fes mots 3 pour dire , en prononcer diftinttement 0 nettement les Sons. Car l'articula* fion eft une des principales parties de la prononciation.

Dam. Si la prononciation ne con- fifte qu’en cela , il n’eft pas difficile de s’y rendre parfait, à moins qu’ont n’ait quelque defaut dans les organes qui en retarde ou en empêche les mou- vemens.

Phil. A la vérité ce n’eft pas le plus difficile de la prononciation y car ex* cepté ce defaut d’organes , ou la foi- blefïe de ceux des en fan s , on voit peu de gens qui pèchent dans cette partie de la prononciation , à moins que ce ne fort des Etrangers : & en- core cela ne leur vient que du peu d’ha- bitude qu’ils ont à exercer les mouve- mens des organes qui forment & qui ■diverfifient les Sons de nos par ©le s .J’ a-

& d'articuler le Son cfes Mots . voue neanmoins que le foin de farcir culation eft d’une grande fujetion pout un Maître qui veut enfeigner notre Langue à une perfqnne étrangère r dont les organes de la voix font acr coutumes à fie mouvoir autrement que les nôtres. Mais outre cela > nous avons trois principaux points à ob- ferver dans la maniéré de prononcer y fans lefquels nous ne prononcerons ja* mais qu’im parfaitement.

Dam. Qui font-ils?

Pb\l. Le premier eft d’obferver la prononciation de nos e 3 dont les uns Ce prononcent d’une maniéré,- & les autres d’une autre y ce qui eau- fe des équivoques & peu de netteté' dans te langage , & beaucoup de fau- tes de Grammaire. Le fécond eft d’ob- feryer régulièrement les Syllabes lon- gues. Sc brèves , comme on les pbfeuve aux autres Langues. Le troifième* d’o.bCerver les elifions qu fup reliions Qu’il faut faire dans la prononciation des. confpnes finales de nos mots* comme en ces mots , les hommes 3 les garçons* l’-f finale du mot les. devant je mot àl hommes fe prononce, &oj}

ï6 CriAp. î. Maniéré déformé? elle fe mange devant le mot de gar* font. L’ufage du monde , les réflexions que nous faifons fur les manières de parler ; & fl vous voulez , la liberté que peut avoir un ami de vous faite obfer- ver ces trois ehofes , vous peuvent inf- truire de-cette prononciation.

Dam. Revenons à notre articulation# Vhil. Articulation eft la liàifon & la jonction qui fe fait d’un ou de plu- fieurs Sons complets pour former une parole , comme vous pourrez remar- quer en la prononciation de ces mots, ta xe , prof cri re } te moi gna ge,. ' Dam. Le mot à' Articulation 3 ne flgnifie-t-il que l’aflémblage Sclaliai- ion de ces Sons complets >

Vhil. Il flgnifie aulfl une liaifon de mouvement d’organe avec un Son , tel qu’eft celui qui fort fimplcment de la voix , fans être modifié par le mouvement de la langue, ou des au- tres organes ; qui pour lors n’eft qu’un Ample Son , lequel ne flgnifie le plus fouvent rien , s’il n’eft joint avec quel- qu’autre mouvement d’organe. Exa- minez , par exemple , l’Articulation que vous ferez en formant ces mots g

ft" d articuler le Son des Mots, ty ù, ma i Ÿart •’ Pour former le premier mot qui eft , a , vous poufferez l’air qui eft dans Vos poumons par le nœud de la gorge 5 5c alors vous ferez uri Son parfait 5c complet , qui eft celui de 1* , 5c qu’on entendra fort diftinc- tement. Si vous faites encore un mou- vement des levres en les ouvrant 5i fermant, vous formerez le Son de ma : Joignez deux autres fortes de mouvc- mens de la langue Sc des levres avec Je Son de l 'a , qui eft dans le mot qui fuit celui de ma , vous prononcerez fort diftin&ement le mot de part: Voilà ce qu’on appelle proprement Articulation i c’eft cet ajuftement d’un ou de plufieurs differens mouvemens des organes qui fe fait pour former une parole d’un ou de plufieurs Sons, comme vous pourrez obferver par ce mot d* Ar-cki-tec- tu-re > & par les différons mouvemens qui fe font dans la bouche pour produire le Son arti- culé d* Ar , celui de chi , celui de tec , celui de tu, & celui de re , qui font enfemble le mot d’ Architecture.

Dam. Dites-moi , je vous prie , ce que vous entendez par ce mot , Or-

i? Chai*. I. Maniéré de former gane , Si d’où il vient j car l’origine d’un mot me donne aifément la con- noi fiance de fa véritable lignifica- tion ?

Phil. Organe eft un mot afiez con- nu en notre Langue, Si qui fignifie proprement , infiniment, outil : Il vient du mot Grec ofytjtt , qui fignifie la même chofe. Mais on ne fe fert de ce mot en notre Langue , qu’en par- lant des facilitez du corps de l’Hom- me, ou de quelque animal : comme quand on parle de la vue Si de l’in-, ftrument qui la fait agir qui eft l’œil 5 On dit , l’œil eft l’organe de la vue , ç’eft finftrument avec lequel on voir. Ainfi on dit , l’oreille eft l’organe de l’ouyejles poumons font les organes de la refpiration > le nez eft l’organe de l’odorat j parce que l’oreille eft l’inftrument avec lequel nous écou-t tons •, les poûmons , les inftrumens avec lefquels nous refpirons ; le nez , l’inftrument avec lequel nous flairons , Si recevons la fenteur de quelque çhofe. De forte que tout ce qui fert £ former U parole s’appelle organe de la voix & de la parole , comme

& cT articuler le Son des Mots . ï 9 «pii diroit , Infiniment de la Parole & de la Poix , tel qu’eft la langue , les dents , le palais , les l'evres , le larinx eu le nœud de la gorge , la trachée artere-, les poumons, &ç. qui font des parties qui fervent d’inftrumens à for- mer nos paroles , & qu’on nomme proprement, Parties organiques ; ou. Organes de la Poix & de la Parole x ou de la refpiration. .

- Damon. Me voilà bien inftruit de la Parole articulée: demain nous nou* entretiendrons de la Parole écrite.

Ml l'Mll I fil ' W*

CHAPITRE If.

t . - - : . jL \

De la Parole écrite,

PH i l i n t e , je croi vous avoir déjà dit que la Parole écrite eifc Btie peinture de la Parole prononcée ou articulée , de même que' la Parole prononcée eft une peinture delà Pen- fée : Que cette Penfée eft une Parole cachée en nous , qui fe manifefte par le moyen de la Parole articulée j Sc que la Parolç écrite eft une Parole

io CnAt». II. Maniéré de former peinte , 5c qui reprefente tous les Sons différens de la Parole articulée , par des cara&eres différemment figurés fur quelque matière propre à les re- cevoir.

De vous dire comment on a trou- vé cet admirable fecret de fixer par la peinture nos paroles qui Te perdoient en l’air , de leur donner un corps , de les rendre permanentes, pour les communiquer aux abfens , ôc de les conferver par l’écriture j 5c meme manifefter nos penfées par cette écri- ture d’un bout de la terre à l’autre, ou de les faire vivre une longue fuite de tems après nous j c’eft ce que j’au- rai bien de la peine à faire.

Quelques uns difent que les Egyp- tiens ont été les premiers qui ont trou- vé le fecret de fixer nos paroles par de certaines -figures d’animaux , de plantes ou d’autres choies, pour pein- dre ôc marquer fur de certaines tables , leurs paroles 5c leurs penfées : Que ces figures s’appelloient Hiéroglifes, ou Figures Hiéroglifiques : Que cha- cune de ces figures fignifioit un mot tout entier. Par exemple , la figure

& cC articuler le Son des Mots, if d’un œil fignifioit Dieu j celle d’une Abeille , un Roi -, celle d’un Epervier , la diligence , & ainû des autres. Il eft certain qu’on fe fert de cette forte d’è- .criture dans les Royaumes de la Chi- ne &du Japon, n’ayant qu’une feule figure pour fignifierun mot, & quel- quefois deux ou trois : Que qüelques- uns s’ètant appliques à remarquer les différentes maniérés dont on faifoit temuer les parties organiques de la voix , pour la formation des paroles , pnt trouvé l’invention de les reprer fienter fur une Table de cuivre ou d’autre matière, par des figures fem- Jblablcs aux mouveroens qu’on faifoit de; la langue , & des autres parties qui fervent à former les paroles. On pré- tend que c’eft delà que nous eft ve- nu l’invention de l’Ecriture, mais qui A bien changé de forme depuis. On a écrit fur des écorces d’ Arbres , & enfuite fur des Plaques de cuivre ou d’autres matières j & fur des planches de bois avec des burins ou des ci- seaux , qu’on appelloit filles > d’où tious eft venu le mot de ftile , pour fignifier la maniéré d’écrire & dçcotir

il Chàp. IL Maniéré de former cher par écrit ; de même que nous employons quelquefois figurément le mot de plume , pour fignifierla même ■chofe. On a écrit fur des peaux d’A- nimaux, qu’on aappellées Parchemin, du rrtot de Per game parce que le pre- - mier âpreft qui s’eft fait de ces for- tes de peaux pour écrire delfus , s’eft fait Pergame Ville d’Afie. Depuis on a écrit avec des rofeaux taillés en forme de plume , avec des teintures •ou des encres différentes , fur des ècor^* •ces d’Arbres extrêmement minces , & particulièrement fur de certaines peau* fines qui fe trouvoient entre le bois l’écorce des Arbres 3 & c’eft d’dà. eft venu le mot de Liber en Latin*, dont nous avons fait , Livre en Fran- çois 3 parce que Liber en Latin fîgni- fie cette fécondé peau des Arbres fut laquelle on ècrivoit. Depuis on s’eft fervi des feuilles d’une plante qui croit foit dans les marais d’Egypte , que les Grecs ont appelle -m-mpot , & les La- tins Papyrus , dont nous avons fait notre mot de papier. Chacun a écrit différemment de l’invention des Let- tres j & il feroit difficile d’établir

et Articuler le Sort des Mots. quelque chofe de certain là-deffus. Je vous dirai feulement que celles dont nous nous fervons aujourd’hui , re- prefentent fur le papier tous les diffe-»- xeus Sons qui fervent a former no*

t, A propos de paroles & de mots -. Faites- vous quelque différence entre mot & parole ?

Phil. Il n’y en a pas beaucoup ; eut mot & parole font la même chofe, excepté que le mot de mot a une li- gnification plus étendue quç le mot de parole , en ce que le premier fe dit d’une parole prononcée 8c d’une parole écrite -, & que le mot de parole ne fe dit guère* que d’une parole qu’on prononce de vive- voix*, car on ne dit pas , en parlant d’un difeours écrit , que les paroles en font énergi- ques & bien choifes , pour dire , les mats en font énergiques & bien choifs. On ne dit pas non plus , donnez.~moi une parole de votre main > une parole d'écrit : Oit efl la parole pour rife ? pour dire , donne moi un mot de votre main, un mot d'écrit : Ou e(jt le mot pour rire f Çes exemples fuflïfent pour

*4 Ghap. II. Manière déformer prouver que le mot de parole a une lignification plus bornée que celui de mot , qui le dit indifféremment des paroles écrites , comme des paroles prononcées ; car on dit , écrire un rnot 8c prononcer un mot : mais on ne dit point , écrire une parole ou des paroles 3 a moins qu’on ne voulût parler des paroles d’un air ou d’une chanfoni car en ce cas il faudroit dire , écrire les paroles d'un air \ je vous en donnerai les paroles ; j'en fçai les paroles , &c, 8c non pas , écrire les mots d'un air > &c. j'en fçai les mosts.

Dam. Revenons, s’il vous plaît, a nos Lettres ; Combien en avons- nous î

. Phil. Nous en avons vingt-cinq, qui font A , B , C , D, E , F , G, H, I, J, K, L , M , N, O, P, R, S, T, U, V, X, Y, Z.

Les unes fe nomment Voyelles, qui font , A, E, 1,0, (J, Y.

Les autres fe nomment Conlones, qui font , B , C ,'D , T , G, H, J, K, L , M , N , P , Q^R , S , T , V , X , Z.

Les Voyelles fervent à caraétcrifec les Sons Amples de nos paroles -, &

les

Chai*. Iï. De la Parole écrite. ïf

les Confones , à cara&érifcr feule- ment les mouvemens qui Te font des organes de la parole pour articuler ces Sons {impies.

Ces Sons fimplcs (ont ceux qua vous allez entendre dans les premiè- res fÿllabes des mots qui fuivent. jétnzs , «^igle, égal, idole , «pale 9 «fore , jE«chariftie , oubli , An gc# aittti , ingrat , oncle , humble.

Le£ mouvemens qui fervent à l'ar- ticulation , font ceux qui fe font dans la bouche en prononçant les Con- foncs avec un de ces Sons pour les articuler * telles que font le b , le r, le J, Vf, le g, l'k y le kj, 17, & ain/î du refte , comme vous pouvez remarquer en changeant ces mots d'amas , égal, oncle , en ceux de damas, gai , fron- de , vous voyez ces Sons purs & ümples , a, e, on , qui fe trouvent dans les premières fyllabcs des mots amas, égal y oncle, changés en ces Sons arti- culés de , le, /n>#, quc vous voyez aur premières {ÿllabes des mots de* damas, le gai & froncle , par le moyen des mouvemens des organes qui fe font faits dans la bouche , pour prononcer

Chap. II. la Parole écrite, les neuf Confones qu’on a ajoutées- aux premières fyllabes de ces mots. -

Datn. Combien avez-vous de let- tres pour marquer tous vos Sons purs 8c fimples ?

Phil. On en marque fix dans notre Alphabet , qui font a , e, i, o , u,y.

Dam. Comment faites-vous donc pour faire connoitre par récriture tous les diffère ns Sons que vous ve- nez de nommer?

phil . Nous joignons une lettre avec une autre , qui jointes enfemblc mar- quent un Son tout différent de celui que chacune d’elles avoir, lors qu’elles, ètoient feparéès. Par exemple , la Let- tre c, 'marque un S6n tout différent1 de la lettre u; fi on joint ces deux let- tres enfemble & qu'on les prononce, on entendra un Son mitigé de Ye, 8c del’#; & qui eft fi bien dèguifé par le mélange qui fe fait de ces deux Sons ,'qtie l’oreille la plus fine a de la peine à remarquer le Son de l’une & de l’autre. La même chofc fe pra- tique à l’égard du Son de la double voyelle ou.

Pour ce qui concerne les Sons des

Chap. II. De Parole 'écrite, vf

ylJabes an , ain , in , on , un ; vous voyez 1 effet que fait 1’» attachée à une voyelle , en lui donnant un Son nazal qui en altéré le Son naturel en la prononçant. Ainfi il vous doit être indifférent de quelle maniéré nous caraârérifîons tous nos Sons, pourvu qu’on vous en fafTe faire la différen- ce , fans qu’il vous refte aucun doute. '

Dam. Je demeure d’accord que les

chofès étant ainfi que vous le dites , nous devons être content de notre maniéré de marquer tous ces Sons. Mais outre qu’il y en a encore deux, dont vous ne parlez pas , qui font les e , qui fe trouveront dans les premiè- res fyllabes des mots de verglzs & de cela. Il y a encore de grandes incer- * titudes à effuyer fur les * finales des fyllabes , an , ain , in , on , un , dans la prononciation defquelles les Etran- gers, & même des gens de nos Provin- ces, Ce trompent bien fou vent, faute de bien comprendre le Son nazal qui fe forme en prononçant cette », quand elle efl immédiatement précédée d’u- tic voyelle , & foivic d?unc çonfone. Pbil. Les deux Sons des e des mot»

Bij

2,3 Chap.IÏ. De la Parole \crlte\ de verg las & ce la , me donne en- core plus de peine à çara&c'rifer que tous les Sons de nos Paroles > car on pourra donner de courtes réglés pour apprendre à les connoitre. Mais nous ne trouverons pas la mptnc facilite 4

faire connoitre Ie f°n nos» e> n aiaI)* qu’une fculç lettre pour les cara&é-r

rifer tous trois.

Dam . Ne pourrions-nous pas nous fervir de quelque accent pour mar- quer la différence des Sons de notre e , puis qu’on a déjà commcnçe 4 en marquer un à la fin des mots , pour donner à ent- ndre qu’il le faloit pro* noncer d'une autre manière que les autres e-

Phil. Vous n etes pas le premier qui avez eu cette penfée , & il P,y a pas de doute qu cette maniéré de cara&érifcr les Sons de nos , e , fe pouvoir établir dans notre Ortogra-

f-he , elle apporteroit une grande faci* ité à lale&ure de nos mors , & tijrç- rbit les Etrangers & nous- mêmes, d’un grand embarras nous jette l’incer- titude de la prononciation de ces for- tç$ dv. Mais il n’cft pas ençorc çentf

Chap^II. De la Parole lente.

de parler de cela , achevons premiè- rement ce que nous avions commen- ce touchant les autres lettres de notre Alphabet.

'Dam. Mais à propos qu'entendez- vous par ce mot de Caratte'rifcr, dont vous parlez fi fouvent. Nauriez- vous point quclqu’autre mot plus in- telligible & plus François.

Phil. J’en parlerai encore bien da- vantage , car je ne fçache point de unot qui exprimé mieux lUfàge que nous raifons des lettres de notre Lan- gue. -Il eft vrai que ce mot n'eft gué- tes en ufage que dans le figuré ; mais comme il a été fait du Grec cha- rafter , qui fignifie proprement Une figure qu'on fatt avec un burin , ou un ctfeau fur du marbre , fur de la pierre, fur de l’airain , ou fur quelqu autre ma- tière que ce foit j & que ce mot figni- fie auffi les memes figures , dont nous nous fervons pour marquer fiir du pa- pier fes Sons de nos Paroles , & que nous appelions à prefênt Lettres ; que les Imprimeurs mêmes fe fervent de ce mot de carattére , pour fignifier les lettres avec lefquclles ils impriment»

B iij

30 Chap.II. De ta Parole \erite. ,& 11 eft certain qu’en prenant ce mot de caraftfrifer dans fon propre Cens , qui fignifie faire une figure fur quelque matière avec un burin au quelqu autre inflrument , de par confequent mar- quer un Son avec un c ar attire , nous pouvons hardiment & fans (crapule -employer ce mot de carafterijir , en parlant de l’ortographe de nos mots 3, ■pour dire , repréfenter fur le papier ■avec des lettres les Sons de nos Pa- roles.

Dam. Je comprcns fort bien ce mot i & je le trouve fort expreflïf* Je croi même qu’on auroit de fa peine- à s’exprimer mieux , & en un feul mot*

P hit. Revenons donc à nos- lettres!. Nous en avons vingt - trois en notre Langue , qui étant rangées toutes de (Lite , comme vous les allez voir',, s’appellent Alphabet i c’eft ainfi que les Grecs ont. nommé cette difpo- fition par ordre des lettres de leur Langue, parce que les deux premières de leurs lettres s’appelloient Alpha & Beta y de même que nous avoni nommé & que nous nommons en-, corç cette même dilpofttiou de nos

C hap . IL Be. UPdYole écrite . 3 T

lettres abecé , des trois premières let- tres de.inotre Alphabet a, b. c, cat •alphabet Sc . abecé. eft la . même choie en non-ç Xapgud. j -J. - - i

0 Les ’lnipTimeurs ajoutent- encore ccs vingt- trois lettres celles de Yji a queue , & celle de l’v rond ou j con- fine 8c> v confine , pourlçadiftinguer des voyelles ,'iSo h : ccrqui rreft pas tan petit- avantagé p6ur< nfitre' Langue, & nous" en avons r toute pl’obBga non aux Hollandois qui ont été les pre- miers iinttoduire ces lettres en norre Ortogrâphe, pour les diftinguer, des lettres * &** ;rdont; des, Sons nbnt au- cun rapport'. avec ceux que font- les j h ejacue y &:les <v rancis ,v quand ils font joints avec une voyelle , comim “Vous pourrez voir en ces mots , dia- cre , desja , rude » Sc [olvdble 3 vous voyez l 'i du mot, diacre , pro- •duirtftouc "un autre Son que celui de ' I*; a queues Icl.u mot de desja ou déjà Sc ly du 'niot <\ç*rude ,^\in Son tout différent de celui du mot de filvable.

Cette maniéré d’ortographier faci-. lite beaucoup la jeélure des mots il entre dfcs'L St des u , non fèuU-

$z Chap. II. De UVarole lente.

ment aux Etrangers , mais encore aux François , qui n’ont pas une con- noiflànce générale & parfaite de tous les mots de notre Langue , & qui par confequent pourroient fouvent fc tromper dans la prononciation ceux , les Sons'cfcfFérens de ces let- tres i 8c h, font marqués indifférem- ment par une même lettre St fans au- cune diftinâion de figure , comme on . peut remarquer en ces mots , ensa- bler , eniamber , défia , enteu , hure , aduis , aduifer , uidindicatairc , Ben- iaanin , Sc quantité d’autres qui fe trouvent ortographiés dans le§ Livrer qui ont été imprimés au commence*, ment de ce Siècle même depuis, avec des i St des tt voyelles. Car il cft certain qu’un Etranger qui ne fçau. ra pas tous les roots de notre Lan-* gue , prononcera auffi-tot e-nia-bler, C[u* en jab lcr , s’il n’a jamais ouï pro- noncer ce mot , & qu’il prononcera e-niam-ber pour enjamber ,* de- fia pour déjà l Li-u-re pour Li-vre ; a-dstis pour avis ; a-dm-fer pour a-vi-feri, ji-diu-di-ca-tai-xe pour j4d-ju-di-c&- tai-re , Bc-nia-mm pour Ben-ja^min.,

Chai>. II. De la Parole } cri te. jj

quoi qu’il fçache paflablement lire en notre Langue. Et fi un François trou- ve dans quelque Livre de Médecine, d’Architeélure , de Blafon ou de quet- qu’atitre Science que ce foit , ou dam quelque Livre de voyages , des mots qu’il n’ait jamais ouï prononcer , com- me pourroient être ces mots , adian- the , diurétique , ovieuîe , vivré ”, qui (ont des^ termes de Médecine ou de Botanique , d' Architecture & de Bla- fon; ou des mots dans quelque Livre de voyages, que fon n’ait jamais ouï pro- noncer, tels que pourroient être ceux- ci ; Sanjans, qui font de certains Ido- lâtres des Indes ,ainfi nommés par les: Portugais , & par lies autres Européens qui demeurent -dans les Indes ; Dcr- vis ou Derviche qui eft une forte de Religieux Mahomet ans. Si , dis- je ,, ce François: voit tous ces mots im- primés , comme ils le font en effet,, pour Ta plupart avec les lettres i Se » voyelles , indifféremment & indiftinc- té&ent dfe celles qui ont le Son* des; voyelles d’avec celles qUi ont celui des confones , en la maniéré qui fuit s OÎdiantbc , ou adïanthunf > diurétique* .< Bv

34 Chap. II. De ta Parole écrite*

«uicule , viure , Banian , demis , ne- pouvant régler , ni conduire fa pro- nonciation, que par l’infpeéfcion de ce& fortes de lettres , faute d’en connoitrer la valeur -, il prononcera ai-ffi-tôt acU jante qu’ Or-di- ante , puis qu’on lui fait prononcer adjacent, Adjoint , Adju~' dicataire , & beaucoup d’autres quoi- que dans les anciens Livres on Porto-» graphie avec un fimple j en l'a ma- niéré qui fuit : adiacent , Adiointy. Aditidi cataire. Il prononcera di-vre- tique, au lieu de diu-re-ti-qtie , ouî- cule àu lieu- d'o-vi-cu-le , viu-re au» heu de vivre , 8c ainfi des autres mots qu’il trouvera ortographiés de meme.. $1 lèroit é fbuhaiter que nos : Maîtres, ^ Ecrivains voulurent acoututner leurs; Ecoliers i fùivre cette maniéré d’orto- graphier> .en diftinguant les figures de: nos. i 8c de- nos u voyelles , Sc celles; de nos / & v conibnesi,

Danr,. D’où vient que nous n’âvons: pas ces. deux Confones d’augmema<- Ùon dans récriture , au0i-bien .dans limpreffion : puis quelles en» Ion* la véritable: fonéHoiv ,.x Mj&. Il: eil bien. diiScile. .dien do®*

Chàp. II. De U Tarde écrite. 35 ner d’autre raifon , que celle de l’u- filge qui ne les y a pas encore établies.

. Je croi pourtant que fi .quelque Maî- tre un peu en réputation , vouloir fai- re imprimer ou ètrire un Alphabet, fnivant la proposition que j’avance ; 8c fuivant cette Méthode , enfeigner à. lire 8c à écrire à des Enfans , il pour- roit facilement introduire cette ma- niéré d’ortographiçr j mais je vou- drais que ces deux lettres j 8c V fut fent à la fin de l’Alphabet ?

Dam. Pourquoi voudriez -vous qu’elles fuflènt à la fin de l’Alpha- bet, plutôt qu’auprès des lettres dont elles ont pris leur origine.

Phil. C’eft afin de faire perdre en.- tierement l’idée du Son des deux voyelles , d’ou ces nouvelles lettres ' •font tirées j 8c même afin qu’on ne confondît pas 1* 8c Vu voyelle avec Yj à queue 8c Yv rond , je voudrois leur faire perdre entièrement ces noms d; a queue, d’y long 8c d ’j con- fine j 8c d V rond 8c dV confone , en leur donnant d’autres noms y fçavoir , à Vj à queue celui de jod ÿ 8c à l’v rond celui de qui font des- les*

T

3$ Chap.TI. De U Parole ecrï&i très de l’Alphabet des Hébreux., qui ont le même Sou & le même Ufage qu’ont nos j & cjneuè 8c nos. v ronds j,. en ces mots joli 8c ferutcc. Cela fe-* roit d’autant plus r-aifonnable , que les Sons de ces: deux, lettres j 8c v » jointes avec des voyelles , n’ont au~ cun. rapport avec ceux- des i 8c des h voyelles *, & puis quelles, n’en font point la fbn&ion & quelles nîen ont plus k figure , il cft raifonnable qu’eU îes, ayent auïïi un autre nom. C.’eft pourquoi pour établir cet Alphabet,. IC voudrois faire appeler toutes les lettres. de nos.^^/Pune après l’autre* > Au B. C. D. B. ïi G ». I. *• L. K- N. 0> R> s., x. U. X. Vv J> V. en las maniéré, qui fuit, a , bl, cl, dl, êy îffiè , gl, ache-y i,kjk, èlle>, emm , en»*.

(jnn , en- * u , icfe *

ijgrec, Xifdy jod ,.vah : Et quand on Jèr.Qit épeler à la jeuneflè des mots où- Rentre de* ces lettres *, j-9.u.ÔC vy

Hfck qjje: font les mots {divans , diOr~. mm* y jardin- , nmr y vaLtp , firvice ^ jpvondr.ois le:s faire épeler ainfc, dé* d(* ; èrmnae ,, a, ènne:, ,, ^ * d&e»m. tjpAy & y &fft

Ch ap. II. ire ta Farate écrite, fp de , i, ènne > din, jardin : enne , u,. i , y nuit ; vaut, a va * cil , é , zé> hety valets ElT^é , err , fin. vau, i* vi > cé, k , ce y 1èr vice. Et pour acoo- utmer les Ecoliers à épeler ces. fortes, de confonds ainfi il Eiudroit leur faire épeler fou vent ,ja yje',ji9 jo ,ju£ va, v/yviy.voy'vu , en la maniéré, qui fiiit, jod^a^;^ jod>.é jod* i* 9 ji » jod y o t jo i jod , u , ju : vau x 3-> va } vau ,e, ve j. vau }j i , vi l vau* a, vo; vau,, u, vu..

Dam. Ne trouveriez^ vous pas que Je nom de fieroit mieux à Yv rond* que celui de vau , qpi paroît bien* étranger , auffi-bien que celui de jod ? êe il me femble qu'on auroit plutôt Élit de faire dire aux Ecoliers , v/M *t, va 5 v/y o , ve j. , i , vi ; <*//, o » vo yvet u , vu: que vau , a , va y vau z , y vau» i , vi j. vau >4, vo y vau» H > vu..

PhiL A |a- vérité , le nom de , vf.» paroît- plus doux. & plus analogique v & plus, conforme aux noms qpe nous; donnons à nos confones b^c. d* g°. *. P-, ffc.il ne (croit pas difEcile aux ’j&foiices l’établir ; mais, pour le:

$$ Cha. Il; De U Parole écrite jody. je ne fçai quel autre nom on lui pourroic donner. Pour moi je croi que de quelque maniéré qu’on fade épeler ces fyllabes aux Ecoliers * on pour- roit aufli facilement les accoutu- mer à nommer ces lettres , comme je le viens de propofer , qu’on leur fait nommer celles des fyllabes , cha y che , chi, cho , chu : qna , que y qui y cf ho y c/ hh y qu’on leur fait épe- ler en la maniéré qui luit,; cl y achr, a y cha •, ce y ache, e, che •, , achr, iy chi ; ce , ache , o3 cho -, céy ache3 uy chu'îÿ//, u j a, ica j qu\ h, è ,• Ke >

tJHyHyiy ici j qHy H y Oy ICO \ y H\

H, Kli.

Dam. Comment diftinguez - vous ce jod Sc ce van dans les lettres qu’or* cft obligé de mettre tout au comment cément d’un mot car je vois point de différence dans TEcriture & dans'' Hmpreflion entre ces fortes de lettres & les lettres communes , Yj & /V eon foires n’étant pas autrement mar- qués que IV & Y h voyelles , comme vous pouvez remarquer aux mots qui fuivent , dont Its premières lettres font capitales 3 facqnes Sc Ignace >

Chap. II. Ve ta Parole écrite .

Ver faille s & Uranie ?

Ph.L C’eft un mal ou je ne vois point de remède 9 à moins que l*ufa- ge ne vienne à notre fecours , & je ne defefpere pas que cela n’arrive quelque jour : mais par bonheur le mal n’eft pas grand > & en attendant que quelque habile & zélé Imprimeur nous tire de cette peine , il faut avoir recours à une petite réglé ,, courte & facile à 'comprendre , qui eft que torique la lettre jod ou la lettre vas* fk trouvent capitales au commence- ment d’iin mot, foie parce qu’il com- mence un-Chapitre, un Article ou quel- que période, ou pour quelque raifon que ce {bit, elles font réputées voyelles» prennent le Son d'un , i , ou d’un » commun» fi la lettre qui les fuit immédiatement après , eft^ine confo- nc 1 comme vous pouvez remarquer en ceux-ci, Tmaginezj - vom , Inno~ cem VIF, Fçrnace , InflruElion : Uni~- que, Vfare> Vfage , Utilement? > Ura*~ vie, Exceptez la lettre vau en ces mots , Vray y Vraye , & c. Vray - fem- Blance , Vray -ftm l/la b' te , ôcc, laquelle prend fon Son. de CQü&ne*

t40 Ch ap. II. De la Parole écrite.

Dam, Ne pourroit-on pas au lieu du nom de jod que vous voulez don- ner à Vf À queue y lui donner celui de\ je y &c donner à la lettre, gr, le nom de ga, & fupprimer tous les,£, <dê notre Langue qui font fuivis d’un , e y ou d’un, iy & fe fervir en leur place des, j à queue , en ortographiant tous les mots il y a des , g , fuivis d’un , e y ou d’un , i > tels que font ces mots y engageant y genre , gerbe , gefie, gigot y giron > gjrofil ?, &c. Avec un, jy à queue ; ainh, engajant , jenre y jer- be , je fie y jigoty jtron , jirojJ/e ? Cette maniéré d’ortographier ne vous fem- bJc-t-elle pas commode pour la faci- lité de la le&ure des mots ï

Phil. A la vérité , cela tireroit les Etrangers du grand embarras que leur caufe l’èpel^ation de ces lettres : mais ne croi pas que l’ufage de ces let- tres & puiflè jamais établir en notre Langue , pour bien des raiforis qui (croient trop longues à. déduire ici- S’il y avoit quelque changement à jfouhaiter , ce feroir- , ce me (érable , de diftinguer par l’ortographe la fon- ction & la valeur du?£, qui fui vaut

Chap.III. De U Parole écrite. 41

les lettres qui le {ùivcnt dans une lÿllabç , rend un Son dur ou mol : car étant placé devant un , a , un , 0 , ou un, *, il a un Son dur , comme vous voyez au* fyllabes marquées en lettres italiques des mots qui fuivenç» galant, ^guenard, ambi gu quand

il eft fuivi d’un», e, ou d’un, i , il a un Son mol , comme vous pouvez re- marquer aux premières fyllabes de ces deux mots, çerbe, «got. Ainfi pour rendre la levure de nos mots plus facile , il feroit bon d’avoir deux, g , dans notre Alphabet , dont l’un fcroit dur , &i’aurre mol , qui fe- rgien| diftingucs par leur différente figure. Noue , g9 mol , par exemple , demeüreroit comme il eft * il garde-, roit fa&gure & fon nom > & il feroit employé dans tous les mots il eft aujourd’hui fuivi d’un, *, ou d’un, ty comme en ceux qui fuivent , ntan- ~ géant , geôle , giboulée > &ron > man- geur e * & on ècriroit Amplement , mangant , gole , giboulée , giron > man- geur e : & notre > g , dur feroit tou- jours accompagné d’un , n, 8c pren- drait le nom de, g/*, comme le ,

42- Chap. II. De laParole écrire .

de notre Alphabet-, Airtfrau lieu d’é- crire ces mots , galant ,' gobelets au~ gure , on ècriroit, gualant , guobelet 4 augure * comme ' on- écrit en notre Langue ces mots , quatre * quelque v quitte* quolibet , piquure. Il eft bien vrai que le , <7 , de notre Alphabet n’eft pas fuivi d’un , u , 8c que cela n’arrive que lorfqu’on le joint à queU que lettre pour en faire ;unc fyllabe: 3 mais nous ne pourrions en faire do même en plaçant la figuré du , gu i dans l’Alphabet, comme celle du , q , fans y ajouter un, », pour le diftin- guer du , g , mol. Ainfi en ce cas les lettres de notre Alphaber. A. % c.

E. F. G. H. I. K. L. M. P.

s. t. u. x; y. z. j. v. devroient être nommées en la maniéré qui luit , ai bé. '. de. e. effe. gé. gu. ache. u cas. elle. \mme. erme. 0. pe. eu. erre, ejfe . te. ». ixe. y grec. z,éd. jod. vaù. Si nous avions une fois accoutumé nos yeux &: notre prononciation à. ces fortes de , g , nous ne nous fouvien*- drions plus que les , ç , durs ayent jamais été figurés autrement ; & je ne doute pas que cet , u y accQmpa,-

Ch?Ap. II. De la Parole écrite. 4 f gnë du g ne fi liât fi bien dans la élite, qu’il ne paroîtroit plus qu’une feule figure avec le tems \ car on pourroit le marquer ainfi , JJ. Voyez

les pages 158. & 159;

Dam. Suivant la propofition quo vous faites , il femble que vous vou- liez augmenter trois lettres à notre Alphabet : Ne voudriez- vous point encore reformer notre c ï

P hit. Je ne veux rien que ce que fufage voudra \ mais je croi qu’il eft permis de fouhaiter & de propofer : Et pour répondre à demande' qu s vous faites err’ce qur regarde Je- c s je vous dirai qu’on pourroit encore y changer quelque chofe, fans aug- menter notre Ortographe d’aucune lettre , que de celles dont nous nous Servons a&uellement , par le moyen du f à queue que nou-s employons devant Va , Vo 8c Vu y comme- vous voyez en ces mots , il perp * , gar çona conçu. Car on pourroit garder dans jiotre Alphabet tous les c qui fe pro* jioncent comme des k^y tels que font ceux qui fe trouvent aux fyllabes <ies mots fuivans , cadet a coàvt , c#rc*

44 Citait. II. De la "Parole écrite l èc nommer tous ces c des , & leà faire nommer ainli en epelant le» fyllabes ils fe trouvent : Et quant aux c qui fe prononcent comme des' f fortes , parce qu’ils font fuivis d’un; a ou d’un ij il faudroit toujours y mettre une queue au deffous , & leur donner le nom de 3 fans leur don- ner celui de a queue , ni celui* de cedillès , comme font les Efpagnols* qui les appellent con cedilla , à caufe . * du petit c qui paroît au deflous, au- quel nous donnons le nom de queue ,

6c pour laquelle raifon nous nom- mons c es fortes de c des à queue , Leur ayant donc donné ces noms de & y on les nommeroit dans notre Alphabet en la maniéré qui fuit , A. B. C. ç. D. E. F. G , &C. U. bê. cà. cè. dé. e. èjfè . gè. &c. & on fe- roit epeler ces mots , cadet , code 3 curé y cet , civil 3 en la maniéré qui fuit , câ, a , , , e , , det t cadet; Csl j o y co s , e , de 3 code ; , u, eu y erre , e , 3 curé ; , e , , cet 3 cet ; ce , i , ci 3 vau , i , elle , vil 3 civil.

: Dam. Si quelque perfonne d’auto- {ité vouloit établir cette maniéré d’oit

Chap.1I. Ve la Parole écrite. 4 f

tographier , 6c de donner à chaque Son ou articulation de nos mots , le* cara&ére\; qui leur conviennent fur le papier , il aplapirpit bien desd ifficul- tés qui font dans la le&ure de notre Langue.

phil. Nous ne femmes pas encore an bout de nos difficultés : 6c celles que vous venez de mettra eu avant, ne (ont pas des plus grandes que nous Aypns 5 car il ne faut que deux petites réglés générales pour le , c 3 6c pour , g , pour nous tirer tout d’un coup d’affaire j en difant que le , c , devant 1’*' , prer>d le Son d’un , / forte , 6c qu’il prend celui d’un , quand il efl mis devant un , a , un » 0, ou un , H J comme en ces mots , célibat 6c ci* vil , qui fe prononcent comme s’il y avoit , felibat , pvil : estdet , cornu y curé y qui fe prononcent comme, s’il y avoir, ht det, kjirnu , kuré. Et que le , g , mis devant un e , ou , un , i , fe prononce cômme s’il y avoit up , j , à queue ; comme en ces mots , ger- be , giron , qui fe prononcent comme s’il y avoir yjerbe , jiron : & que quand ce , eft luivi d’un , a 9 d’un , ç , pu

4^ Ch ap. II. De U Parole \critt. d’un , u , il fe prononce comme un , g, dur j c’eft-à-dire, comme le 9g9 en ces mots , galon, gobelet , augure* Mais une des plus grandes difhcul- tés que nous ayons dans notre orto- graphe , c’efl: la maniéré de cara&éri- fer les Sons de nos, e , dont nous n’avons qu’une feule figure pour en marquer trois , comme on peut voir en ce mot de , Fermeté , dont les trois, e , ont des Sons auflï différens les uns des autres, que les Sons des,?, font difFcrcns de ceux des , u : & cepen- dant nous n’avons qu’une feule lettre' pour les caractérifer tous trois.. Cette maniéré d’ortographier , & celle que nous avions il n’y a pas long - tems avant la reformation de quantité de fuperfluités dans notre ortograp.he , a donné lieu à un Italien qui vouloit railler fur notre maniéré d’ortogra- phier , de dire que le François partait comme il penfoit , mais qu’il n’ècri- voit pas de même.

Dam. Je vois pourtant un , e , à la fin du mot, Fermeté , qui marque par la figure d’un tiret qui cft au-deffùs, la différence des Sons des deux autres:

4

Chap. II. De la Parole écrite. 47 Nos Anciens ne fe font jamais avifiés de diftingucr cct, e -, par ce cirer.

Phil. Il êll vrai que ce tiret au-dcfïîis de, IV, nous eft d’ùn grand fecours : niais cct , e, ainfi marqué , ne fe trou- ve qu a la fin de certains mots , pour les diftinguer de , Ve , féminin. Car autrefois nos Imprimeurs ne faifoient point de diftin&ion dans I’ortographe de, IV, final : On ècrivoit p/*#*/, com- me plante > borné, comme borne ; for - w/, comme forme, grc. Et comme les Imprimeurs commencent à le mar- quer au commencement & au milieu de certains mots , comme en ces mots qui fe trouvent dans les Livres de nouvelle Imprefiion , préjugé", préféré , général , pour en marquer le Son *, il feroit à fouhaiter qu’ils le marquaient par tout généralement de même , fans en excepter les , e , qui fe trouvent dans les mots terminés en, er, com- me premiér , former , préméditér , grc. & qu’on Ce fcrvît encore d’un "autre tiret autrement figuré , c’eft-à-dire , qui fut tiré de travers de haut en bas la main gauche à la droite, pour marquer la- différence qu’il y a de

4$ Ch A p. II. De la parole écrite.

celui que je viens de marquer au- dcffiis des mots , préjugé, préféré % général i formér , prerpiér , préméditer* qui eft tiré de la main droite à la gau-1 che ; afin que par l’inipedion de ces, e , ainfi diffingucs par le moyen de ces tirets , on en put connoître la véri- table prononciation. Et comme c’efl: une des plus grandes difficultés que nous ayons dans l’ortographc de no- tre Langue, je fais un Chapitre à part de la prononciation des , e , de notre Langue. Si cette maniéré de les diftinguer ainiî dans notre orro- graphe par le moyen de ces tirets , fc pouvpit un jonr établir en France , nous aurions lieu delperer que notre ortpgraphe deviendroit pour le moins auflireguliere , que celle des autres Langues , qui dans le fond ont des manières d’ortographier auffi contrai- res à celles dont on fe fert pour les prononcer , qu’il en paroît dans la nôtre. Car tout bien vu & examiné , il faut convenir que s’il paroît des lettres inutiles en notre Langue , parce qu'elles ne prononcent plus , c’cft parce que i’ortographe n’a pu

fuivre

■4k

Chap. II. De ta Parole Ecrite. 49 fiiivre fi promptement le changement qui s’eft fait dans la prononciation ' de nos mots ; & que le changement d’ortographe qui fe doit faire en la conformant à la nouvelle prononcia- tion , ne peut arriver que peu à peu , & à mefure qu’il k fait de nouvelles, impreflions , qui fuivies par l’Ecriture, ètabliflènt infenfiblement une orto- graphe conforme à la prononciation y comme il eft arrivé de notre tems , on a fuprimé toutes les lettres inu- tiles, parce qu’elles ne le prononcent

Î)lus ,• mais qui fe prononçoient dans e tems qu’on les ècrivoit : car il ne faut pas douter qu’on n’ait autrefois prononcé toutes les lettres des mots (itivans , objeft, Uifttfê y fubjett , & de plufieurs autres , puifqu’il n’y a pas long-tems qu’on prononçoit encore le, d, en Admirai , Admiraute\ ad- jouter , qui eft tout-à-fait fuprimé dans les Impreflions nouvelles. Il en eft de même du , b , aux mots obmettre obmtjfton , qui commencent! fe fupri- mer dans l’ortographe , auflï-bien que dans la prononciation.

^infi les lettres qui paroiflent imU

c "

•î

' > if o Ch ap. II. De U Parole écrite.

tilcs dans notre oitographe , ne le font pas tant que les Etrangers nous

i"; / Je veulent faire croire } tant par 'la

caifon que je viens d’atleguer, que j parce qu’elles ont marqué véritable- i 1 ment la prononciation des Sons de nos mots , 8c qu’on les fuprime tous >, ' les jours, à meiurc que la prononcia-

tion s’en perd. Si on fe plaint de l’i- nutilité des , /> que hoüs ne pronon- j * cons point, quoi-que nous les mar- quions dans notre crtographe , c’eft encore à tort , puifque loin de nous ■Ç /-• , être inutiles dans la prononciation , elles y font une fon&ion trés-nécef- faire : Elles ont été de tout tems la marque d’une voyelle longue , comme vous pouvez voir en ces mots , Apos- tre y tefte , de mefme , dont , 1/* ne jfç prononçant pas , ne laiflc pas de fer- vir dans la prononciation , puifqu’ellc rend la fyllabe qui la précédé longue.

* Et pour preuve de ce que j’avance ,

f c’eft qu’on n’auroit pas manqué de les retrancher de notre orto^raphç dès le tems qu’on a commence à fu- ; primer les lettres inutiles de nos mots, comme celles d 'objett 9 fubjeft , //#• >

| " ' 1

... ' * -ri

Châi». II. De la parole Uritè. JJ fa 3, contrat , &c.

Si on n’avoit pas reconnu la neeé£. fité qu’il y avoir de conlerver ces for* tes d’/, pour faire fa différence d’un ftiot à un autre. Comme de j enfile à jet*, he , de pafle, à patte , te fie à w/r* , de tnaifire* mettre , de /*j à , de il croifi à U Croit , de //vtir i froid , quand il fe J>rôftonce comme fraid^dc de plufieurs feutrés mots , dont on ne connoît la fignifieation que par la mefure des fÿl- labes prononcées : Si , dis- je , on n’a- voit pas connu lafleceflité de ces let- tres^ on n’auroir pas manqué de les cbnferver, & elles y feroient reftées tant quenotte langue, auroit duré.

Dam. Ces s muettes n’auroient pas laide de donner de la peine aux Etràn-* gers dans la leébure de nos mots j caf <^uel moyen auriez -vous trouvé pour reur faire diftinguer ït muette du mot Jipofire d’avec celle <^ui fe prononce dans le mot Apofloliqué.

Phil. Les Ifnprhtfeürs ont pourvu â te t inconvénient depuis quelques an- nées j caf on voit très-peu d’imprek fions nouvelles , cette s muette ne foie entièrement hors d’ufàge 9 K

-C ')

G h- A i>. 1 1. De U parole ecrlteV d’une maniéré à ne plus du tout f$ rétablir dans notre ortographe g de forte qu’à le bien prendre on n’y voit prefque plus de lettres inutiles, puif- qu’à la place de cette s 3 ils mettent une figure telle que vous la voyez (A) fur la voyelle qui la précédait , comme en ce mot Pâques , qu’on ècrivoit au- paravant Pafques ; & cette figure fait le même effet que faifoit cette s muette lorfqu’elle étoit précédée d’une^oyel- le. Comme vous pouvez voir par- ces ^exemples , sfpotre , jeune , tempête a qu’on ècrivoit autrefois ÿ & que ^ûel- ques-uns écrivent encore avec une*, ainfi Apoflre , jeufne , tempe fie.

Dam . je croyois que cette marque (A) n’avoit été employée dans notre ortographe que pour marquer le re- tranchement d’une lettre , comme oa voit aux fÿllabes de ces mots ,< eon- çeu y je piaffe , affeurer , on ne pro- nonce pas les e qui fe trouvent im* médiatement devant Vu. On en fup- prime pourtant la plus grande partie dans notre ortographe , les- regardant comme des lettres inutiles : Je vois Souvent dans la plupart des Livres

IjgPuP. II. De U Parole écrite . 53 = nouveaux , conçu , je pujfc > ajptrer : ôriion , conclu , )> peüjfe > &c.

P^/7. Je le croi ^ufli-bicn que vous, & que la premicfe#vcuë * qu’ont eu eeux qui fc font les premiers fervis de cette marque, ( A) n’a été que pour Taire connoure l’élifîon qu’ils faifoient d’uné lettre , qu’ils retranchoient dans la fylïabe c^e ètoît $ mais à pré* feftt que nos yeux commencent à s’a- coutumer à la/uppreffio’h des lettres iÿitilcs j dont notre Cartographe ètoit remplie , je ne conçois pas quelle né- cèffité il y a de fe fervir de cette mar» que, & d’en charger notre écriture, puis qu’elle n’eft d’aucune utilité à .feétüre* & a la prononciation de nos mots , ne nous marquant aucune dif- férence de leurs Sons. Car quant a la marque qu’elle fait retranchement d’une. lettre en une fyllabe , je ne vois pas qu’elle nous foit d’un grand avan- tage , puis qu’il nous doit être,, indif- férent de fçavoir, s’âl y a eu autrefois une lettre de plus dans une fyllabe, que nous avons à prononcer , pourvu que nous puilfions regler avec feure^é notre maniéré de prononcer. nos mots,

C iï)

54 Ch ap. II. De ta Parole )critevH

fiir i’inlpeéfcion des lettres qui les' com- pofent , 6c c’eft tout cecjue nous cKe*- chons. Enfin puifque nous avons ur* moyen tour trouvé pour marquer no». fy par le fecours de cetje marque ( A \ nous devons mettre tout en ufage pour nous en fervir aufiîjong- tems que nous pourrons x à l’exclufion de toutes les autres lettres Exprimées y - La connoiflànccde ces lettres muettes n’ètant nullement négefTaire à notre maniéré de les prononcer.

Dam. Il eft vrai que cette marque (A) eft d’un grand fecours en notre \ | Langue , pour nous faire connoitre tout d’un coup,de quelle maniéré nous devons prononcer les voyelles imm^ diatement fuivies d’une s > mais il faur> qu’elle foit feule en notre Langue,. Autrement cette figure ne peut nous faire diftinguer jme fyllabe longue d’avec une brève. Car fi un homme Ce met en tête que* la marque ( A|aïon^ ge toujours la fyllabe qui la porte , s’il *la voit fur le mot conçu , il ne man- quera pas de faire longue la demierc iyllabe de ce mot , & de le prononcer «tomme s’il y avoit conçus y c’eft pour*.

Chap. II. De Parole écrite, fi quoi nous avons, intérêt de lonhakcr que cette marque ne s’ètabliffe dans notre Ortûgraphe , que pour -marquer les fyllabes longues.

* JPhil. Je'ne dèfelpere pas qu’elle ne -s’ètabliHè toùt-à-i^it, comme vous le. - dites , & j’y vois un grand - acheminc- Tncïit'v car j’ai > déjà vu quantité de Li- vres rççuveaux , oii les lettres iûppri- méesne fe marquent plus gu ère s -, & .dans le fond pourquoi les marquer plutôt que celles qui fe trouvent dans ces mots , objett' , fobjeEb , foubmif- Jioni mais que cela fubfifte , ou non, nous, ne laiderons pus de donner des •réglés' pour apprendre^ a connoitre les f muettes.

Dam. À t-on généralement {oppri- mé toutes les , f, qui ne fe pronon- cent point \

PhiL II n’y a que dans le mot

efb, Vf, a été confervée ,'corftme,

■. il e (b. On a auffî confervé lcs,j, qui

Ce trouvent a la fin des mots , comme,

des foldats , des matelots , il eftlas, grc*

parce que ces , s, font nécefiàires non

feulement pour la liaifon qu’on en fait

fbuvent dans le difeours , avec d’autre^

-, ...•■■

C uij

Ch ap. II. De la Parole lcr/te. voyelles qui commencent les mots qui Jes fui vent j comme en ceux-ci , les en- fant , des oranges , mes a mis : Mais auffi pour diftinguer dans notre Orto- graphe les nombres pluriels d’avec les finguliefs. Et quand n ère cetcc $ fi- nale ne varieroit jamais dans la' pro- nonciation , & qu’elle n’y ferviroit de rien , comme en ces mois y; fables , farcies. Dames , dont les (ÿllabes fi- nales ne {ont pas plus longues aux plu- riels qu’aux finguliers , ce leroit en- core une nécefiiré qu’elles réftaflent en notre Ortographe , qui doit être plus régulière & plus1 épurée que la pro- nonciation. *

Dam. Je trouverois la marque de notre / , ou de l’accent fiibftitué à la place , fort inutile fur les pronoms notre 8c votre fuivis de leurs fubftaq- tifs : corme en ces mots , notre mat - fin , vofre jardin; puis qu’elle ne fert •de rien dans la prononciation 8c qu’elle n’en rend pis la fyllabe qui la précédé plus longue , car on ne dit pas nôtre mai fin &C votre jardin.

Pbil. Vous avez raifbn , mais il ne faut pas la fupprimer en ces mêmes

% Ch Ap .,11. De la Parole écrite, yj

pronoms , lors qu’ils font relatifs 8c abfolus , 8c qu’ils ne font pas joints avec un fubftantif. Par exemple, il yous difiez , ce n’cfl pas la mon Livre , cefl le votre 3 donnez-nous le notre ? ce feroit mal dit, & parlée en Picard 3 il faudrait écrire &prqnoncer ,. ce fl le votre , donnez-nous le notre .

* Dam. Je reviens à ce que vous di- tes , que nous n’avons point de lettres inutiles dans notre ortographe : Nous avons pourtant un », 8c un t ,. qui ne te prononcent point ou rarement , tels que font ceux qui fe trouvent en ces mots , ils parlent , ils aimaient , ils prièrent.

c Phil. Je ne crois pas quon s’avife jamais de les fupprimer , tant parce que la fuppreflicJn de ces lettres défi- gurerait entièrement notre écriture 8c notre impreîïion , que parce que fi elles ne marquent pas fur le papier la différence des Sons j elles marquent du moins la diftin&ion des nombres plu- riers d’avec les finguliers. Ce qui ne Ce peut faire à cet égard par la parole, doit du moins fe faire par récriture, qui doit erre naturellement plus èxaéfce 8c plus

T ' " c v %

y 8 Ch A p . II. De la Parole écrite. épurée que la parole ; car fi nous pro- nonçons , je parle , tu parle , il parle -9 vous parlons , vous parlez.', Us parlent ; comme s’il y avoit, je pari , tu pari, i pari nouparlon , vous parle , i parl% nous devons fuppléer par l’écriture au défaut de cette prononciation. D’ail- leurs , la derniere lettre des pluriers terminés en t , eft aufii fujette à va- riation en la prononçant, quand elle k trouve devant des mots commencés par des voyelles $ mais cela n’arrive guéres qu’en déclamant , & lorfqu’ôrf lit quelque ouvrage de Poëfie. Voyez le Chapitre de la prononciation des eonfones finales.

Dam, A propos de eonfones , vous ne m’en avez point encore fait le dé- tail en particulier , ni'de quelle manié- ré elles fe prononcent.

Phil. Vous m’avez fait tant de pro- pofitions , que je me trouve infenfi- blement écarté de l’ordre que je me fuis propofé dans l’expofition de ces préceptes. Retournons donc à nos let- tres , & parlons-en plus amplement dans le Chapitre^qui fuit.

* , * . - , '• \

Ch. III. Des Lettres en généré*

CHAPITRE III.

Des Lettres en général y & de ïufage qu’on en fait en notre Langue*

T) H i l i N t E : Toutes les lettres d<? JL l’Alphabet font ou vocales ou confonantes. Les lettres vocales font des cara&éres qui repréfentcnt fur le papier les Sons qui fe font fimplemcnt de la voix y fans aucun autre mouve- ment que celui de la langue 8c de la- bouche , 8c* qu’on peut prononcer toutes feufes & feparément TCi on veut}, fans Iefqüelles il eft impofliWe de for- mer un Son parfait ,8c dont enfin une feule fuffit pour compofer une fyllabe. Ôn les appelle vocales du mot Lati® vox, qui fignifîe la voix : de ce mot vox les Latins- ont fait vocalts , qui -figoifie en ce'fens, de voix;, de forte que ces mots de lettres vocales , ligni- fient lettres de voix . Nous ' avons- de- « ^

jpuis, retranché le mot de lettres * f#

* ' c vi

fco Cn. IÏI. Des Lettres en gênerai, parlant de ces fortes de cara&éres : Ainfi au lieu de dire des lettres voca- les , nous avons dit Amplement des vocales , en fous-entendant le mot de lettres , à l’imitation des Latins qui les ont nommées,VocALES,tout courr, pour dire littera vocales , en fous* entendant ce mot littera . Ht pour tendre le mot de vocale plus Fran- çois , nous en avons fait celui de voyelle , fur le mot Latin vocalis , en changeant le c , en^ grec, & 1-s qua- tre dernieres lettres alis en ces qua- ire lettres , elle y fuivant l’Analogie d’une partie de nos féminins , rires des mots ^Latins terminés en alis , comme de ces mots , 'Condition ali s , faits y nataralis , vniverfahs , mort a- lis y &c. dont nous avons fait en no- tre Langue , conditionnelle', telle , na- turelle , vniverfelle , mortelle : de for- te que changeant le c du mot de vocalis en y grec , & les quatre let- tres finales alis , en ces quatre lettres, elle y on forme le mot de voyelle.

Dam. Combien avons-nous de ces ▼oyelles?

fhil. Nous en ayons fix qui font >

I

6 1

ér de leur ZJfage.

j43E,i3o,r,r.

Dam. PafTons aux autres Lettres.

Pbil. Toutes les autres Lettres de l’Alphabet font des Lettres confo- nantes*

Dam. Dites -moi, je vous prie, quel ti- rage on fait de ces Lettres, & pourquoi on les nomme Lettres confonantes î

PbtU Les Lettres confonantes , ou pour parler plus à la mode , les Con- ibnes font des caradléres qui fervent a repréfenter fur le papier les mouvé- mens qui fe font de la langue , des dents , des lèvres , du gofier , & des autres parties organiques de la paro- le , pour articuler les Sons quiYe for- ment lîmplement de la voix. Ces leu très ne peuvent produire aucun Son d’elles- mêmes , &il n’eft pas poflible de les prononcer fans l’aide d’une voyelle , ou du moins fans faire en- tendre un peu du Son de l’une des fix vtoyeljçs qui eft Ve , c’eft pourquoi on les a nommées Lettres confonantes : comme qui cîiroit , lettres fonnantes avec , ou pour parler plus intclligible- rnent , lettres fonnantes avec quelque ebofe , parce quelles oc prodnifcntjo^

êi Cn.lll.Des Lettres en gfneraî9

cun Son fi elles ne font jointes à quek que voyelle. Ces mots de lettres confi- nantes nous viennent des mots Latins , littert confinantes , qui ont lignifié & lignifient encore des lettres de ï Al- phabet qui ne finnent qti avec une autre lettre > comme vous pouvez facilement remarquer. Eflayez , par exemple, à prononcer l’une de ces trois lettres, b , d , f , & toutes les autres eonfo- nes , n vous voulez 5 vous vous apper- cevrez bien qu’il ne vous fera pas pofo fible de les prononcer fans le fecours d’une voyelle , dont .elles ont abfolu- ment befoin pour former un Son ar- ticulé 6c compofer une lÿllabe. Les Allemans appellent ces (brtes de leu très en leur Langue, Mitlautende huch- fiaben, qui lignifient, comme en Latin, lettres finnantes enfemblt, & lettres fonnantes avec 5 ce qui a beaucoqp de rapport à notre maniéré d’exprimer «es fortes, de lettres. Nous les nom- mons à prélcnt des Confines , tout court , fans y ajouter le mot de lettres s car on ne dit plus lettres confinan- tes , 6c encore moins lettres confines . ^in£ vous voyez que la Voyelle ne xe-

* ,

i . * f '

«te la voix Sc qui'Te modifie dans boucho & la C^nfone regarde l’ar- / ticulàtion qui le fait de ce Son par d’autres mouvemens des organes de îa parole. De forte qu’il faut confi- dercr les Voyelles & les confones*

* comme des lettres qui* ne peuvenr . ' V '

Eroduire prelque aucun Son articulé *

îs unes fans les autres. On pourroit auffi confiderer les confonnes comme des notes de mufiquc,qui nous mar- quent les mouvemens qui fe font de» doigts for une flûte , ou for quelqu’au- tare infirüment à vent, qui ne produi- font aucun Son fans le lècours du Son? qu’on fait fortir la flûte ou de linfirument, en fouflànt dedans oii en y faifant entrer l’air de quelque:

| mafiiere que ce foit. m

Dam. Je m’étonne que nous n’ayons: pas autant de lettres que nous avônr- de Sons pour les cara&érifer tous £

.car ilme fembîe foivant ce que vous;

* m’en avez déjà dit , que nous devons: en avoir fêpt ou huit, fans compter Ifes Sons dW , aitF , in, on -, un :■ cependant jçme trouve que cm^ice*

f

1 4CH. IIÏ. Des Lettres en général, très voyelles pour caraétérifer tous ces Sons, qui font ( {i*je ne me trompe), le Son de Va , le JSon d’un t , celui' de l’ i , celui de Y0 , celui de Vu l celui de l’ai, celui de Vau, celui de Veu , 8c celui de V 6k Vous dites que par la jonétion d’une lettre avec une * autre , nous cara&érifons tous ces . Sons : mais quel rapport ont les Sons de chacune de ces doubles voyelles , ai, au, eu , ou , accouplées deux i deux , avec le Son de notre, } , ouvert,^

& avec celui de notre 0 , 8c les Sons 8c d'ou que vous donnez à ces, , deux dernieres doubles voyelles } Et -• quelle raifon nos Anciens ont- ils avoir de (e fervir de ces voyelles ac- couplées, pour marquer ces fortes de Sons , qui dans le fond font auffi fimples que celui d’un , a , d’un , e ,

©u d’un , i ? Si ces trois derniers Sons ècoient doubles , comme on peut re- marquer dans le Son qu’on fait en prononçant la derniere (yllabe du mot, pouvoir ; je comprendrais d’abord qu’on auroit accouplé ces voyelles cn- ièmbîe , pour marquer deux Sons réu- nis imperceptiblement en un feul par .

& de leur Vf âge. £$

la vîtefle de la fubtilité de la pronon- ciation. Je vous prie donc de me dire fi vous fçavez quelqu’autre raifoo- que celle de l’ufage ?

Phil- Il eft aflèz^ difficile de vous en donner de meilleure que celle de‘ l’ufagc. Je croi pourtant que -fi les Sons de ces voyelles accouplées , euf- fent été en ufage avant l’invention des lettres , on n’auroit pas manqué faire encore quatre lettres pour les cara&érifer , comme on a fait pour les autres cinq Sons ; & on auroit auf- fi fait dçs caractères pour marquer le Son nafal qui fe fait de 1 *n , précédée d*tine voyelle , de fuivic d’une confo- ne, "comme vous pouvez remarquer au£ fyllabes des mots qui fui- vent , diftinguées par des cara&ércs italiques , *»cre , ainCi , mgrat , fonte K déf«»r , fi ces fortes de Sons avoient été en ufage dés le tems de l’inven- tion des lettres. Mais apparemment le Son de notre , ai * s’eft formé depuis : de fi vous voulez fçavoir pourquoi on le caraétérilê par ces deux voyelles , ai, c’eft parce que ce Son a été dou- ble autrefois , de quon prononçoit Va

66 Ch. III .Des Lettres en gênératy

& l’i fi diftin&cment , qu’on les enten- 1 doit fort bien, quoi qu’on les pronon- çât fore vite. Cela étant, on ne pouvoit caraétérifer Ce double Son autrement que par ces deux voyelles , ai. Depuis 1 on l’a prononcé plus vite, Sf d’une ma- , niere que le Son de l’i communiquoit \ avec celui de Va ; & celui de Va avec ce- lui de l*/,à peu près comme lesGafcons prononcent Val dans le mot de faire.

Et depuis par fucccflion de tems ce double Son s’eft entièrement perdu , foit pour la douceur & la facilité de la prononciation , ou par la complai-' fance qu’on a eue pour les Dames , à *' qui ce double Son paroifïbit trop dif- ficile â prononcer : & ainfi â force de mêler ces deux Sons l’un avec l’autre par la vîteiïê de prononciation , il s’eft formé le Son d’un , e , que les Grammairiens appellent , è , ouvert , parce qu’il faut plus ouvrir la bouche en le prononçant , qu’en prononçant les autres, e. Et voila la raifon pourquoi on fe fert encore de ces deux voyelles , ai, pour cara&érifer ce prétendu double Son , quoi qu’il n’ait plus que le fnnplc Son d’un , r.

& de leurZJfagt. 6? îl eft facile de trouver la preuve de ce que j’avance , en fai faut épeler un mot François, il entre un, ai, dan* une fyllàbe , par un Italien qui ne fçau- ra pas notre langue , & par un Ga£ con qui ne fçache que le Gafcon : vous verrez que l’Italien la pronon- çant plus lentement que le Gafcon , fera fentir diftin&emens les deux Sons de Va & de IV ; & que le Gafcon la ‘prononçant avec plus de vîtcflè & plus de volubilité de langue, fera pas entendre la même diftin&ion des. Sons de Va &del*/, & qu’au con- traire , on entendra tin mélange des Sons de Va f& de Vi - Et quoi que l’oreille les démêle parfaitement, & quelle fente fort bien le Son de Va & celui de 1’* , on ne laifïèra pas d’entendre un double Son qui tient de notre , é , ouvert, ou du moins d’un , e% accouplé d’un^comme, et. Qu'on faC* fe aùffi lire un mot étranger à un Fran- çois , il entre un , ai , comme en ces mots Eipagnols & Italiens , Te» mais , Dai , Andai i cjuoi que ces mots lui fbient prononces fort diftindfce- ment par un Efpagnol & par *in Ita>

68 Ch. III. Des Lettres en général,

Jicn * quelque bon îe difpofition qu’ait «e François à comprendre un Son c- * tranger , & à le prononcer comme il doit l’être naturellement., il fera toû- jours entendre , en prononçant ces mots , beaucoup de notre , è , ouvert, j u (qu’à ce qu’il foit tout-à-fait accou- tumé à la véritable & naturelle pro- nonciation de ces mots, à force de les entendre , & de s’exercer les organes à les bien prononcer. Je vous parle pour avoir vu faire cette épreuve , & pour l’avoir faite moi -même. Voilà pour ce qui regarde la double voyelfèf ' ai : parlons maintenant de la double f voyelle , eu.

§g

De la double voyelle , eu. «

Ce que nous venons de dire doit prefque fuffire pour vous faire com- prendre la raifon qu’on a eue de ca- ra&érifer le Son d 'eu , par un , e , ôc un, u , accouplés cnfemble : car il ne faut pas douter que nos Ancêtres ne l’ayent prononcé comme les Etrangers le prononcent dans le mot , Europa ,

ils font entendre diftin&cm:nt

& de leur Vf âge. 6$

*5>ô ft.de 1 e , &deiy. La prononcia- tion des Picards de des Walons , qui donnent une efpece de double Son à ces deux voyelles , ojli l’on entend les deux Sons de 1V,& de ly,mêlés enlêm- ble^, nous doit confirmer dans ce que ^avance de la prononciation de nos Ancêtres j car ces Nations Picardes & WalonneS confervent . encore beau- coup des maniérés de parler & de pro- noncer de nos Ancêtres. Cela étant, il eft aifé de comprendre qu’à mefiire que ce double Son partagé entre IV, & IV, s’eft perdu, il s’en cft fait in- iênfîblement le Son dV# , qui n’a être cara&érifé autrement que par ces deux voyelles. .

' 7* v ©- \ }\ j «fc , * Vj'i

De U double voyelle , ou.

A l’égard du Son de la double voyelle, eu , il eft à préfumer que cette pronon- ciation seft encore faite par hazard parmi nous depuis l’inventien des let- tres j car il eft certain que nos Ancê- tres ne connoiftoient point d’autre prononciation de notre , u , que celle dont nous le cara&érifons aujour-

ÿo Ch. III .pes Lettres en gênerai^

d’hui : Que cette forte de pronon- s dation d’»,ètoit en ufage parmi nos anciens Gaulois , parmi les Walons, les Anglois , les bas Allemans , les Fia* **| mans , les Holtandois , & les Bretons 5 * Ce que les Grecs ont toujours pronon- cé à peu près de même : ôc cela n*a pas peu contribué à nous, faire con- server cette ancienne maniéré de pro- j nonccr cet , » ; car le Grec a été long- tems en ufàge parmi les Gaulois : & fi nous en voulons même croire quel- ques Auteurs , les Gaulois ont tous parlé Grec. On a donné le nom de Trilingues aux Provençaux , parce qu’ils ‘'partaient également Gaulois , Latin & Grec. Il eft donc certain que la prononciation de cet , », croit fort en ulàge parmi nos Anciens , comme elle l’eft encore parmi nous j mais elle ètoit inconnue parmi les Latins, ] car ils prononçoient leur voyelle # , comme nous prononçons le Son de ces deux voyelles ou , accouplées enfem- ble : & c’eft pourquoi les Efpagnols 6c les Italiens prononcent leur» voyelle , de même. Mais lorfquc les Romains ic rendirent maîtres des Gaules , Sc '

'& de leurZJfage. yf «[U ils y cuient introduit leur Langue , il Ce fit un langage, moitié Gaulois j moitié Latin , qu’on appella Roman , à caufé de l'on mélange du Romain avec le Gaulois : Et comme les Gau- lois n’a voient point de lettres pour cara&érifer le Son de Vu des Ro- mains , qui les prononçofent à peu près comme s’il y avoir eu un o de- vant, & enfin comme nous pronon- çons aujourd’hui notre double voyel- le, ou , ils l’écrivirent de meme ; & depuis ce tcms-là nous avons tou- jours marque ce Son par la double voyelle , ou , qui dans le fond ne peut plus naturellement cara&érifer la pro- nonciation que nous en faifons , puifi. que les deux Sons de cet, o, & de cet, » , étant bien mêlés l’un avec l’autre , & rciinis par la fubtflité de la prononciation en un feul & fimplc Son, forme celui de notre , ou , que nous avons toujours marqué de mê- me , & dont nous conferverons appa- remment l’ortographe , tant que notre Langue durera.

Dam. Je ne m’étonne plus fi nous -Vivons converti en, ou y la plupart des.

ÿi Ch. lll.Des lettres en général, u , qui fc trouvent dans les mots La- tins, dont nous avons formé les nô- tres ; comme on voit en ces mots , joug > que nous avons fait de, jugum > pouffer , de, pulfare •, gouverner , de, gubernare \ toux , de, tulfis ; pourri , de , putridus j cours , de , curfus ; doux , de , dulcis ; troupe , de , turba , en tranfpofent IV, & changeant le , b, en, p ; Souverain , de, Suprcmus , en changeant le , p, de ce mot, en, b, comme ont fait les Eipagnols, qui difent S obéra» o , pour dire Souverain s & enfin changeant le , b , en , «y , confbne , dont nous avons fait pre- mièrement le mot de S ouvrer» , & les Pcëtes celui de Souverem > dont nous avons fait enfin celui de Souverain . Il y a encore quantité d’autres mots , dont te ne me fouviens pas à pre- fent.

Phil. Cette réglé n’eft pas générale , car rous les ou qui font dans nos mots François , n’ont pas été faits des h qui trouvent dans les mots La- tins : Nous en avons encore d’autres qui ont été faits des o qui fe trouvent dans leurs mots , comme vous pouvez

voir

& de leur VJagè; voir en ceux qui fiiivenc , tnovere , totus , probare , &c. donc nous avons

-, ces mocs de mouvoir , tout, protu yer< Ceci pourroit encore confie* incr ce que j’ai déjà die de nos An- ciens,, à qui il fembloit que le Son de i- 1/^ des Romains , tenoit beaucoup de celui de 1 o . Nous avons même beau- coup de mots tirés du Latin , il

des u , que nous prononçons natu- rellement , comme nous les avons tou- jours prononcés : comme frufireri fortune , folitude , & plufieurs autres que nous avons fait de ces mots fruf. trare > for tan a , folitudo , parce que i mots ne fe font introduits en no— txe Langue, que lors <Juc la Latine n’a plus eu d’ufage que dans les Lî- . vres » nous prononçons toutes les voyeHes des mots que nous lifons, de meme que nous prononçons celles de nos mots François.

Dam* Pendant que nous KbmmeS,' /ur les doubles voyelles ; dites-moi, s il vous plaît , fi nous n’en avons pat 4’autres que ces trois, ai, eu, ou.

Phil. Nous en avons encore deuur^* qui /ont au & çii. Mais la premiers}

74 Ch. III. T) es Lettres en general,

cafa&étife un Son qui nous eft déjà connu 8c qui eft du nombre des huit Sons dont nous venons de parier, fça- voir celui de 1 ’o; & la fécondé au con- traire , en cara&érife deux qui font celui de Yo , & celui de Yi , réunis tous deux en un feul Son , de laquelle nous nous remettrons à parler à fond, lorfque nous (erons au Chapitre des

Diphthongucs. -

Dam. Pourquoi a-t-on admis dans l’Ortographe de notre Langue cette double voyelle au , puifque la (impie voyelle o , fuffit pour caraéfetifer le même Son -, car fi un homme écrit ces mots , cofe , fote , ôtant , P ol > Lo- rent , 8c qu’il les faflê lire à un Etran- ger,les prononcera-t-il autrement que s’il voyoit ces mots écrits ainfi , cati~ Je 3 fatite , autant , P aul , Laurent.

Phil- Non -, & fi notre vue ètoit une fois accoutumée a 1 ortographe de ce Son par un feul cara&ére , nous la trouverions pour le moins auffi bel- le que l’autre , mais on a bien voulu la garder en notre Langue pour con- ferver la mémoire des m^ts dont ils çnt été formés j 8c comme l’ufage n’a

& de leur Vfage.

£as encore touché ail changement de cette double voyelle , notre Otto- graphe paroîtroit bizarre & difforme, fi nous caradcrifîons avec un 0 les Sons qui le doivent être avec la dou- ble voyelle au*

Dam. Il fe pourroit faire aufli , paf la même raifon que v©us donnez de TOrtographc 3c de la prononciation de la double voyelle , ou il entroit .autrefois deux Sons , que notre- au ait fêrvi a caraétérifer deux Sons , 3C . que nos Anciens en faifoient deux en prononçant ces mots , caufe , faute , chaud .

Phil . Je le croi de même j 3c ce qui me confirme en cette opinion , c’eft la maniéré dont les Italiens , les Ef. pagnols & les aut\es Etrangers pro- noncent cette double voyelle , foit qu’elle fe trouve dans des mots La- tins ou dans ceux de leurs Langues ; car ils prononcent Y au de ces mots , caufa, aurora , pauper, aatoritas, Paulo> comme s’il y avoit un 0 entre Va 6c Vu , ou du moins comme s’il y avôit un ao au lieu de Vau , 6c comme fi ces mots ètoiçnt écrits en la manière

' * i - a

y 6 Ch. III. Des Lettres en général,

q«i fuit j caotifa > aorora , paouper ,

aotoritas , Paolo . J '

Dam. Parlons maintenant de 1 al- femblacrc qui fe fait de nos voyelles 8c doubles voyelles , avec nos confo- ncs , pour cara&érifcr les Sons de nos paroles , 8c comment il faut faire pour connoître les Pcnfécs de l’hom- me , par l’infpe&ion des lettres dont nous venons de parler.

Fhil. Je le veux bien. L’affemblage qui fc fait d’une voyelle avec une confone pour former un Son com- plet.....

Dam. A propos de Sons , avant que de parler de cette maniéré d afe femblcr nos voyelles avec nos con- fones j dites-moi , je vous prie , quelle différence vous faites entre un Son 8c un Ton

Phil. Le Son généralement parlant, eft un bruit qui fe fait en frappant fur quelque chofe de dur , comme fur une pierre , fur une enclume , ou fur quelque chofe de creux 8c de vui de , foit qulon frappe defîtis ou dedans ,ou bien en faufilant ou faifant entrer Pair jJàas quelque chofe de long 8c de

& 2e leur Vfage. 77

creux : comme dans un tuyau , une flûte , une Orgue , ou dans quelqu’àù- tre inftrument à vent. Ce bruit qui fe forme d’un air qui {bit avec queC que violence par le Larinx , eft ce que nous appelions un Son .

Le Ton eftrun ' mouvement qui fe fait de ce meme Son, par le moyen des pommons 8c de la trachée-artére le Son fe haullc & baiflè par diflfé- rens degrés ,• foit pour chanter quel- que Air j ou pour marquer quelque mouvement de famé : comme de co* 1ère , de joye, de triftçflè, de crain- te , de hardi dît* , d’dpérance , d’e- tonnement , de honte ou de quel- qu’autre paflîon j hauflant 8c baillant la voix, comme je l’ai déjà dit , 8: la tournant &*flécjiilïànt félon les diffé* jrens fentimens qu’on a des choies qu’on veut exprimer.’ Enfin le Son eft une chofe abfoluc 8c indépendante du Ton j le Ton au contraire ayant tou- jours du rapport au Son , fans lequel il ne peut être formé, en eft toujours dépendant.

Dam. J’en fçai autant que j’en vou- lois fçavoir la-dcflùs; continuons,

D iij

7$ Chap. IV. Des Syllabes.

s’il vous plaît , l’inftru&ion de no» lettres.

CHAPITRE IV.

Des Syllabes.

PH i l i n t E : L’aflèmblage qui Ce fait d’une voyelle avec une Con- fone , ou de plufieurs Confoncs avec une voyelle ou double voyelle , ou même triple voyelle , pour former un Son complet , eft ce qu’ojn appelle Syllabe , comme , ba , be , bi3 bo , hui b ai, beu y bot, bou: cra , cre , cri , cro 3 cru ; crai , cre h , croi , crou : pla , fie , pli y plo , plu } plai , pieu , ploï y pion ; Aouft , beau, lieu, loua , jouet > oui , fat , bot , foi eut , œuf, bân , bain , bon , &c. qui font toutes des lyllabcs complettes , ou fi vous voulez, des aflemblages de lettres qui repréfentent des Sons parfaits : Et i’a&ion qu’on fait de nommer les lettres d’une fyl- labe , les unes après les autres , pour la former entièrement , eft ce qu’on appelle épeler me Jfllabe . .

' Chai-. iv; Des Syllabes . 79

Ainli le mot de Syllabe , lignifie pro- prement un Son complet, caraéterifé fur du papier , ou fur quelque matière que ce Toit. On fait venir ce mot de Syllabe du verbe Grec <r\ jXxafxÇdnjv qui fignifie en notre Langue , compren- dre , contenir , renfermer en foi. De ce mot ouxxa^flLuv on a fait celui de cuxxalln qui lignifie en. Latin 3 gom- prebenfo, qu’on ne peut exprimer en notre Langue que par ces mots , cho - Je qui comprend , qui contient, qui ren- ferme en foi. De forte que fous-en- tendant le mot de litterarum à celui de comprehenfo. Le mot de o-uxxa.Cn fignifijra comprehenfio litterarum , qui en notre Langue lignifie mot pour mot , comprehenfon de Lettres , ou pour parler plus François , ou du moins plus intelligiblement , chofe qui renferme & qui contient des Lettres } car le mot de comprehenfon n*a aucun ufage en notre Langue , qu’en par- lant des facultés de l'efprit.

Dam. Une lettre ne fufEroic-elIe pas pour faire une fyllabc.

Phil. Oiiy , pourvu que ce foie une Voyelle j parce que la voyelle tout*

D iiij

$0 Cuap, IV. Des Syflabèfi

feule peut faire un Son parfait , com* me vous pouvez voir en èpellant ces mots , a-gré-a-ble ; o-be-ï ; u-ni , vous voyez Y a du premier mot , 1 \ ôc Vi du fécond , & Y h du troifiéme qui font des Sons parfaits , & par confé- quent des fyllabes complétés : Mais il n’en eft pas de meme de la confone j car comme elle ne fçauroit produire •aucun Son d’elle-même , elle ne peut faire une fyllabe fi elle n’efl: accompa- gnée d’une autre lettre , ÔC qui foie une voyelle.

Les fyllabes (ont fimples ou com- pofées : les fyllabes fimples font d’une lèule voyelle , ou tout au plus d’une voyelle ôc d’une confone : comme > J, U, le , me , ne. Les fyllabes com-

Î>ofées font celles il entre plufieurs ettres 3 comme vous pouvez voir en çes mots , pour-point , aux champs.

Les fyllabes il entre plufieurs voyelles , dont on fait valoir tous les Sons réunis en une foule fyllabe ^s’ap- pellent Diphthongues ôc Triphthon- : comme vous pouvez voir en ces mots , hier , moi , lui , vous entendez diftin&emcnt le Son de

Ch ap. IV. Des Syllabes* ét

deux voyelles.

Les Triphthongues font des fyllabes ou on entend trois Sons dans chacune. Je ne vous en fçaurois donner des exemples , parce que nous n’en avons point en notre Langue , comme je vous ai déjà dit , quoique nous ayons beaucoup de fyllabes compofées de plufieurs voyelles , tels que font celles qui fc trouvent dans les mots fuivans marquées en lettres Italiques , u4ouft, geai , Laon , de Veau , deuil , je chan- geois , il emploient ; mais comme on n’y entend qu’un Son , ou tout au plus deux , on ne peut leur donner le hom de Triphthongue : car vous de- vez {çavoir que le mot de Diphthon - gae fignifie proprement une fyllable à double Son , & Triphthonguc une fyllabe à trois Sons. Quelques Gram- mairiens ont prétendu que le mot de Diphthongue fignifioit une fyllabe com- pofée de deux voyelles qui ne font qu'un Son; S’ils veulent bien chercher l’oii- gine de ce mot , après qu’ils auront vu qu’il vient du Grec S'kdvyfos qui a cté fait du mot SU , & de celui de fào yïos qui en Latin veut dire Bis fonm ,

D v

Chap. IV. Des Syllabes.

& en notre Langue , mot pour mot,’ deux fois Son , que nous expliquons par le mot double Son. Ils demeure- ront d’accord que pour faire une par- faite Diphthongue , il faut quelle foit compofée pour le moins de deux voyelles , dont les deux Sons foient rtünis en une lèule fyllabe , par la vîteflè & la fubtilité de la prononcia- tion , & en forte que l'oreille y puiflê diftingucr deux Sons ; car fi les deux voyelles ne font qu’un Son dans la fyllabe , elle n'eft plus Diphthongue : prononcez , par exemple , ces trois voyelles eau dans le mot fceau, com- me on le prononce à Paris , & com- me on le doit prononcer , quand ce ne feroit que pour empêcher l’équi- voque qu’on pourroit faire avec le mot de fît} vous en ferez une Diph- thonguc , parce que vous ferez fentir deux Sons dans la fyllabe eau , en prononçant fi peu que rien IV du mot fceau. Si au contraire vous pronon- cés cette même fyllabe eau dans le mot beau , ce ne fera plus une Diph- ihon-gue , car vous ne ferez entendre Son dans la prononciation que

■Chap. IV. VCs Syllabes . - 8$

Vous en ferez.

La double voyelle oi eft Diphthon- gue dans ces mots , devoir , je dois , ils doivent , parce qu’on y entend deux Sons dans la fyllabe elle fe trouve : cependant cette meme dou- ble voyelle oi n’eft plus Diphthongue dans les dernieres fyllabes des mots fui vans , je devois , ils dévoient ; je devrois , tu devrois , ils devroienti parce qu’on n’entend qu’un Son dans la prononciation de cette double voyelle oi , qui par une réglé , fans exception prend le Son d’un e , ou- vert dans toutes les terminaifons des tems imparfaits des verbes j c’eft d dire , qu’elle le prononce comme 1’# qui fe trouve dans ces mots , net ou nets . La double voyelle te efl Diph- thongue au mot Jier , quand il efl: nom adjedtif 5 mais elle ne l’eft pas dans le même mot, lors qu’il efl: ver- be ; comme quand on dit » fier en quelqu'un : On ne voit point d’ouvra- ge de P^ëfle ce mot de fier en ce fèns , ne foit de deux fyllabes.

Vous concevez facilement par ces exemples , que les doubles voyelles,

D v)

*4 Ch ap. IV. Des Syllabes»

*>, ei, au, eu, ou, ne faifant qu’uni : Son , font mal à propos mifes au rang ^ des Diphthongues , puis qu’elles font qu’un Son dans une lÿllabe.

Dam. les voudriez-vous donc placer ?

Phil. Il en faut faire un Chapitre feparé.

Dam. Quel nom voudricz-vou* leur donner }

Phil. Quelques Grammairiens pour les diftinguer des voyelles fimplss , les ont nommées Diphthongues impropres, j

ou faujfes Diphthongues , parce qu’elles ont été autrefois de véritables Diph- thongues en notre Langue , & qu’on les a nommées pour lors de même , 8c depuis j pour les distinguer des vérita- bles Diphthongues , on y a ajouté le mot d’ impropres ou celui de faujfes;

& on a dit Diphthongues impropres ,

& faujfes Diphthongues , à l’égard de ces doubles voyelles , ai, ei , eu , an, eu , qui n’ayant plus qu’un Son ne peuvent être appellécs Diphthongues pures. J’ai trouvé une vieilft Gram- maire Françoifc & Allemande , ce- lui qui la faite > nomme ccs fortes

Ch AP. IV. Des Syllabes . $y de {yllabes Monophthongues i difant, que toute fyilabe compofée de .p'lu- fie'urs voyelles , dont on fait valoir tous les Sons en la prononçant, doit être appellée Diphthongu: ou Triph - tbongue : Qifon la nomme Dipbthon- gue quand elle eft compofée de deux voyelles, dont les deux Sons fefont entendre en la prononçant , comme vous pouvez remarquer en la premie r fyilabe du mot de cocffe , oùl’o & Ve fe font entendre tout deux diftinéte- rnent; & qu’on la nomme Triphrhon~ gue, quand elle eft compofée de trois voyelles, dont les trois Sons fe font fentir en la prononçant. Les François n’en ont point i mais le mot Latin jilueaHa nous en pourrait fournir un exemple dans fa fécondé fyilabe , qui eft laea t fi Vu de cette fyilabe eft voyelle, comme quelques uns le pré- tendent i car il y en a d’autres qui foûtiennent que les Romains ont eu de tout tems des v confoues : fi cela çft , il faudrait dire Alvearia , & non jihtearia i & pour lors la fyilabe vea ne ferait qu’une fyilabe à deux Sons , au lieu quelle en aurait trois, fi Vu de uea èrait Yoyelle , parce qu’on pro-

86 Ch ap. IV. Des Syllabes nonceroit a luea ria , Si non al vea ria '\ Si par confequent la fyllabe tnea feroit Triphthongue . Sciopius prétend que Vu a toujours été voyelle j Si Vofïîus fondent le contraire. Comme il nous importe peu li Vu d’ A luearia eft voyelle ou confone , Sc que fur la dif- pute des Anciens nous pouvons pren- dre le choix del’ufage ae cette lettre, je m’en fers comme d’une voyelle en ce mot d’AlnearU , pour vous don- ner l’idée d’une Triphthongue. Si au contraire une fyllabe eft compofée de plulieurs voyelles , qui cependant produifent qu’un Son lorfqu’on la prononce, comme en ce mot beau s dont les trois voyelles ne font qu’un Son, on doit l’appeller Monophthon- gue j car le mot de Adonophthongue (ètartt compofé des mots Grecs Si de s qui tous 'deux fignifient

mot pour mot ,/eul Son , ) doit ligni- fier une fyllabe à un Son.

Dam. Je trouve ce mot , quoi que rare, allez propre pour l’inftruétion que vous voulez donner de ces fortes de fyllabes.

Phil. Je ne m’en voudrois pas lervic ailleurs que dans ce Livre ; Mais coin*

Chai». IV. Des Syllabes, gj Jtne je trouve ce mot de Àlonophtloon - gue plus court & plus commode que celui de Diphtloonguts impropres , ou faujfes Diphthongues ; ou comme d’au- tres difenc , doubles voyelles & triples voyelles l’égard des fyllabes ai, ei,auy eu y ou y eai , eau > aou ; je fuis d’avis de m’en fervir toujours dans îes préceptes que je propofe pour la prononciation jde ces fortes de fyllabes.

Damon. Il eft vrai que de quelque maniéré qu’on nous enfeigne une Science , pourvu que ce foit par une méthode fûrc & aifée , il nous doit être indifférent comment nous l'appre- nons ; & les Maîtres doivent être libres fur les termes dont ils fe fervent pour îes préceptes qu’ils donnent à leurs JEcoliers , pourvu qu’ils ne s’écartent point trop des termes ordinaires de leur Art, & que les noms qu’ils éta- blirent pour l’inftru&ion de leurs Ré- glés , puiffent donner une bonne idée lies chofes qu’ils veulent exprimer: Mais paflons à l’explication des Syl- labes.

Dam. Combien avons-nous de ces Monophthongues en notre Langue.

PhiL II n’eft pas encore tems de vau*

$8 Ch AP. IV. Des Syllabes] répondre là-delfus, il fuffit que vous fçachiez ce que c’eft que Monophthon- gue & Diphthongue , avant que de palier à l’inftru&ion des fyllabes.

Vous voyez par tout ce que je viens de vous faire entendre des fyllabes , que ce font des copies des Sons de nos Paroles. Le Son reprefente a l’o- reille l’image d’une partie de la Pen- fée , & la Syllabe reprefente à nos yeux fijr le papier l’image du Son, qui feul , ou joint avec un ou plufieurs autres , forme une Parole. Enfin le Sonconfifte en l’adtion de la voix, & la Syllabe en la repréfentation qui s’en fait fur le papier par l’affemblage des lettres.

Damon. Je vous entend fort bien ; mais revenons à nos Dipthongues & Triphthongues : Eft-il bien polïî- ble que nous n’ayons aucun mot en notre Langue qui ait une Syllabe à trois Sons. On peut fournir aulU un exemple de Triphthongue à ceux qui fçavent l’Italien , par le mot de miel , qui n’a qu’une Syllabe , & dans laquelle on entend trois Sons Allez diftin&ement > Çe mot lignifie iss miens j on y prononce IV qui eft

* \

Ch AP. IV. Des Syllabes. $9

entre les deux i , comme fi c?ètoit * un ai , & comme fi le mot ètoit orto- graphié en la manière qui fuit miaiy ; ainfi en prononçant vîce & fubtile- ment le premier & dernier i, de ce mot qui n’a qu’une fyllabe , & renfer- mant par la fubtilité de la prononcia- tion ces deux Sons avec celui du mi- lieu de ce mot , en fa feule fyllabe , on fait une véritable Triphthongue.

Dam. N’avez-vous plus rien à dire de ces fortes de fyllabes.

Bhil. Non , ni d’aucune autre fyl- labe pour le pré fi* ni : Nous allons parler de la compofition des Mots. '

CHAPITRE V.

De la Compo/îtion des Mots .

PH 1 l 1 ht e : Comme une feule voyelle peut faire une fyllabe , une feule fyllabe peut auflî faire un mot , ainfi que vous voyez par les exemples qui fuivent, a, la .fin, il, tft, feul , aux i champs.

Tous ces petits mots que je viens

5>o Ch* V. De U Comyofition

de vous nommer s’appellent Mono- syllabes ÿ c’eft-à-dire mots d’une feule iÿllabe , comme vous pourrez remar- quer, fi vous vous donnez la peine de les èpeller.

Les mots qui font compofés de deux {ÿllabcs : comme , jufte ; fan-té'; def-tin , fe nomment dijfylabes , Ceux qui font compofés de trois (ÿllabcs : comme ceux-ci , Hor-lo-ger ; for-tn-nej am-bi-gu , s’appellent trijjylabes. Tous les autres mots compofés de plus de trois fyllabes : comme , in-fen-fi-ble ; def- a-gre- a-ble ; im-per-ccp-ti-ble - ment : Conf-tan-ti-no-po-Ü-tain , &c. s’appellent Polijy/labes : mais de tous ces termes je ne voudrois me fèrvir que du mot de Monojyllabe qui eft afièz en ufage , pour fignifier un mot qui n’eft compofé que d’une fyllabe, & dont nous aurons fouvent be/oin. Pour ce qui regarde les autres mots qui font compofés de deux , trois , quatre , cinq fyllabes & plus , je les nommerois , mots de plufieurs Sylla- bes ; ou pour le dire en un feul mot, des Polifjllabes . Voila tout ce qu'on peut dire de nos Lettres & de nos

des Mots . «Jî

Syllabes 3 mais ce n’efl: pas encore ak iez , il faut parler de l’ordre des fylla- bes , & du nom qu’on leur donne fuivant le rang qu’elles occupent dans un mot.

Dam. Ditcs-moi premièrement d’où vient ce mot de Monosyllabe?

Phil. Ce mot vient des mors Grecs (jlci o< qui lignifie feul , & de oukk* /?»' qui fignifie fyllabe , comme qui di- rait feule fyllabe i Ainli Monofyllabe veut dire , mot d'une feule fyllabe : Dijfyllabe , Trisyllabe Polifyllabe font auffi des mots tirés du Grec : Diffyllabc lignifie deux fyllabes i Trifi. fyllabe lignifie trois fyllabes ; & Poli- fyilabe , plufeun fyllabes ; ce mot vient du Grec oro\ô< , qui lignifie beau- coup , plufeurs : Du mot de «s-exur avec celui de svWaGh on a fait ce mot de ’?roKvcv*\ct(lo< qui fignifie mot de flufieurs fyllabes .

De l'ordre des Syllabes .

Phil. Lors qu’on veut exprimer, l’ordre des Syllabes que contient un jnot,& le quantième rang qu’elles y

Ch. V. De U Cotntojîtion

occupent : Si le mot eft de deux fylla^ bes , comme défit» , on nomme la première iyllabe qui eft des, pre- mière fyllabe ; & la féconde qui eft t i U , la derniere fyllabe : Si le mot eft, de trois fyllabes comm z général % on nomme la première gé, de même que dans tous les autres mots , & on recommence par la derniere qui eft ral , qu’on nomme aufîi de même der- niere fyllabe , & en rétrogradant on nomme la fyllabe n e' , pennltieme fyl- labe , au lieu de la nommer > fécondé fyllabe ;• Si le mot eft de quatre fyl- labes , comme infenfible , après avoir nommé la première qui eft in , Sc la derniere qui eft ble , & enfuite la pénultième qui eft fi , on nomme la fyllabe s e i* , /’ antépénultième , au lieu de la nommer la fécondé fyllabe : Si le mot eft compofé de cinq ou fix (yllabes , ou plus , comme cha-ri- ta-ble-ment ; im-per-cep-ti-ble-ment } après avoir nommé la premicre & derniere fyllabe du mot impercepti- blement , qui (ont im & ment , & en rétrogradant , la pénultième & l’ante- penultiéme de ce mot , qui font ble Sc

des Mots, <jj>

i fi , on recommence par la tête du mot. Se on nomme la fyllabe per, fécon- de fyllabe , & la fyllabe cep, troific- . me fyllabe , & ainfi du refte , félon la quantité des fyllabes qui reftent avant la pénultième & l’ante-penultiéme. Enfin lors qu’on veut parler du rang des fyllabes d’un mot , on. ne parle jamais de fécondé & troifiéme ou qua- trième fyllabes, qu’aux mots compofés de plus de quatre fyllabes.

Di tnt. D’où viennent ces mots de fcnultiéme & antépénultième ?

Phil. Pénultième vient du mot La- tin penultima , qui fignifie prefque derniere : il cft fait de deux mots de penè , qui fignifie prefjue , & Sultima, qui fignifie derniere . Antépénultième eft fait du mot Latin uintepenultinta , qui eft fait à' ante, qui fignifie avant, & de penultima , avant la pénultième : de forte qu’ Antépénultième fignifie la fyllabe qui cft: avant la pénultième. Âinfi nommant toutes les fyllabes du mot Confantinopolitain , on commen- cera par la première qui eft Co ns, Sc en reprenant par la queue du mot , on nommera la fyllabe tain lader-

$4 Ch. V. Ve la ComjyoJitioÀ

niere fyllabe ; de enfuite la fyllabe l » la -pénultième , & la fyllabe po l 'anté- pénultième : de en remontant par- la tête du mot , on nommera la fyllabe T An la fécondé fyllabe > la fyllabe ti la troifème fyllabe , & la fyllabe no la quatrième fyllabe , de ainfî du refte, fi le mot ètoit de plus de fyllabes que celui-ci , ce qui cfl fort rare. Voici des exemples de la maniéré qu’on nomme ces Syllabes , par les mots qui fuivent , vous trouverez par les caractères qui font au-deffous de cha- que fyllabe , comment il les faut nom- mer. Vi fignifie la première ; le d , la derniere ,• le p, la pénultième ; l’a, l’ an- tépénultième i le 2, la deuxieme s le 3* la troifeme ,* le 4. , la quatrième,

Feftin Fef-tin .

i. d.

Scnfîble Sen-f-ble.

i. p. d.

Scnfiblement . . . Sen-fi-ble-mcnfc

1. a. p. d.

Infenfîblemcnt . . . In-fen-fi-ble-mentl

x. 1. a. p. d.

des Mots.

Imperceptiblement . Im-pcr-cep-ti-ble-

1* 2* p*

ment.

a.

Conftantinopolitain. Conf- tan - ti-no-

i* z* po-li- tain. ci*

X>4W. Quelle utilité tirerai-je de fçavoir le quantième rang tient une fyllabe dans un mot ?

Phil> Cela ne nous fervira que dans le cours de rinftruétion des réglés qu’on propofe pour la jufte pronon- ciation *, Et comme il faut fçavoir in- difpenfablement la mefure que la fyl- labe d’un m >t doit avoir , c’eft-à-dire le tems qu’on doit être à la pronon- cer , félon lequel les unes font appel- lées longues , & les autres brèves ; Et qu’il faut auffi fçavoir diftinguer les e mâfculins , féminins , ou ou- verts qui trouvent dans une fylla- be : il faut bien la fçavoir nommer, félon le rang qu’elle tient dans un mot , & la fçavoir faire connoître à ceux à qui on en veut donner quel-

\

Ch. V. De U Compofithtt

cjucs préceptes.

D(im* Quÿntendcz- vous par cc$ tnots de longues Ec de brèves .

Phil . Je vous l’expliquerai ailleurs J mais je vous dirai toujours par avan- ce qu’en notre Langue , comme en toutes les autres , on ne prononce pas toutes les lÿllabes dans des tems égaux; & comme on eft plus de tems à pro- noncer une fyllabe qu’un autre , on nomme Longue celle fur laquelle on s’arrête davantage , & on nùmme Brève celle qu’on prononce avec plus de promptitude ; vous avez des exemples de ces Longues Ec Brèves aux mots fuivans , âme 5 Reine , grâce , qui ont leurs premicres fyllabes lon- gues s parce qu’on eft une fois plus de tems d les prononcer , que les fyllabes qu’on nomme brèves , telles que font celles des mots fuivans , JDame , peine , trace , dont l’oreille connoît qu’elles fe prononcent avec plus de vîteftè , que celles d’^me , Rei - ne Ec grâce ± Ec qu’il faut une fois moins de tems pour prononcer ces fyllabes brèves , que les longues. Et comme tout le monde ne connoît pas

Us

des Mots / les fyllabes longues & brèves de no- tre Langue , & que les principaux pré- ceptes de notre prononciation doi- vent fournir des réglés pour connoî- tre la différence de ces fyllabes. Il faut indifpenfablement que vous fçachiez le nom qu’on donne aux fyllabes , fé- lon le rang qu’elles occupent dans un mot, afin que quand on vous mar- quera par quelques préceptes , que tels & tels mots ont la pénultième, ou l’antepenuItiéme , & la première ou féconde , longue ou brève , vous entendiez ce qu’on vous dit. Ainfi quand on vous dira que le mot d ' A- poflre , a la pénultième longue , 8c que celle du mot apoftS eft brève, vous comprendrez qu’il faut pronon- cer la fyllabe pos du mot d Apoftre, une fois plus lentement , que celle du mot apofté : Si on vous dit que la première fyllabe du mot à' Antoine eft longue , & que la pénultième en eft brève , vous connoîtrez qu’il faut de- meurer plus long-tems fur la fyllabe An du mot Antoine , que fur la pé- nultième qui eft toi , 8c qui eft brève. Et fi on vous dit que la première 8c 1*

$8 Ch. V. Ve la Comfofition derniere fyllabe du mot François (ont longues , vous .vous étudierez à pro- noncer la derniere (yllabe avec autant de lenteur que la première. Mais ou- tre l’utilité que vous pouvez tirer de la connoiflànce du nom des fyllabes, félon quelles font placées dans un mot, pour connoître les longues &' les brèves ; elle vous fert encore à apprendre la différence des e de notre Langue. Si vous voulez, par exemple, fçavoir comment vous devez pronon- cer les e qui font au mot Reglement, on vous dira que Ve de la prenjiiere fyllabe de ce mot eft ouyert /, c’eft-à- dire, qu’il fe prononce comme Ve du mot cher , & que celui de la pénul- tième de ce mot eft fermé , c’eft-à-dirc1 'qu’il fe prononce comme Ve du mot Jante , Sc par cette leçon vous con- noîtrez parfaitement de quelle ma- niéré il faut prononcer ce mot : Si ce - mot de Reglement fignifie uneOrdotu nance , ou une chofe qu'on réglé , ejuon a réglé' , ou cjuon réglera , & qu on vous dife que Ve de fa pénultième eft féminin , & qu’il fe prononce comme l’tf dans ces mots borne , forte , rude :

\

des Me fs'.

Vous ferez aifément la différence de la lignification de ces mots , en pronon- çant cet e y d’une manière aulli four- de & auffi imperceptible que celle de Ve accentué du premier mot de Regl/- ment y eft claire 8c fenfible à l’ouyc. Voila* tout ce qu’on peut dire des let- tres 8c des fyllabes des mots , qui compofênt tout le difeours que nous faifons en parlant , en lifant 8c en écrivant. Parlons maintenant de la maniéré de les bien prononcer.

CHAPITRE VI.

De la Maniéré de bien -prononcer les Sons & les Paroles , en par* lant & en lifant.

PHilinte : Je vous ai déjà dit qud la régularité de la prononciation de nos mots, confifte en quatre points,' qui font. i°. De bien articuler nos Sons & nos Paroles , félon notre ma- niéré naturelle 8c idiotique de les pro- noncer. i°. De- bien diftinguer la pro-

Eij

ioo Ch. VI. Maniéré de prononcet nonciation de nos e , 8c de ne pas prendre un e ouvert pour un é fermé, ni un e féminin pour un /fermé ; car c’eft en la prononciation de cet e , que pèchent non feulement les gens de Province & les Etrangers -, mais en- core des gens élevés à la Coûr & à Paris. 3°, De bien diftinguer les Syl- labes longues 6c brèves de nos mots,

&c de les prononcer naturellement, félon l’ufage des honnêtes gens fans y rien changer, comme font quelques ignorans , qui croyent qu’une fylL.bc brève a quelque chofe de plus mi- gnard qu’une fyllabe longue , ou de prononcer une longue au lieu d’une brève , par un cfprir de groflicreté ou de mifantrope , craignant de palier pour gens efféminés qui. ont plus de foin de bien parler, que de bien penfer.*

Car en matière de Langue , il faut fuivre aveuglément J’ufage des hon- nêtes gens & fans raifonner, quelque raifon qu’on ait d’en reformer l’abus, quand il a une fois pris droit de Bour- * ; geoilie , s’il faut ainlî dire , en une Langue , foit par Ion ancienneté ou par la prote&ion & l’authorité des

. «■ -

lis Sons & les r drôles , dre. ibi

gens qui le confcivenr. 40. De pro- noncer à propos les Confones finales des mots qui font mis devant d’autres qui commencent par des Voyelles, de faire élifion de celles qui ne fe doivent' pas prononcer j &: encore moins d’ajourer une Confone d un mot qui n’en dort point avoir, ou de changer la confone finale contre une autre.

Dam. Je n*cnten$ pas ce dernier point : N’avons- nous pas une Règle générale , qui dit que toute confone finale fe p.ononce devant un mot qui commence par une voyelle } & ne dit- on pas , il écrit , on attend , vous hes ; les singes , vos en fan s , & c ? Et avons- nous pas une autre réglé toute ccn- . traire , dont l’ufage nous oblige de ne . point prononcer les confones finales, quand les mots qui les fuivent com- mencent par des confones j comnffe , il fait , on lit , vous dites , les mains , vos parens , qu’on prononce à peu p;ès comme s’il y avoir , if ai, onli, voudite , lémains , vauparans ? L’ufa- ge de cette prononciation eft fi bien établi & fi généralement reçu , qu’il

E Üj

*

’ioi Ch. VI. Maniéré de prononcer

va jufqïi’à nos Païfans , qui s’apper- cevroient de la faute qu’on feroit , fi on prononçoit autrement devant eux» Phil. Je demeure d’accord que vo- tre Règle eft fort bonne & fort feure, mais cette Réglé eft conditionnelle 5 elle a (es exceptions , que non feule- ment les Païfans ignorent , mais ruflï des gens fçavans & polis, & qui même fe mêlent de parler en public. Vous nïgnorez pas, par exemple, qu’il faut prononcer on écrit , comme fi IV fina- le d’on ètoit jointe à la lettre qui eft au commencement du mot qui la fuit, qui eft celui d’écrit , & comme s’il y avoir on-néert; mais vous ne fçavcz pas que c’eft mal dit de prononcer IV du mo ton, quand il Ce trouve dans une autre fituation, telle que celle il pourrait être en cette Phrafe 3 A-t-on averti ces Aiejfieurs ? Sc que c’eft prononcer en Normand de dire , atonaverti ces AfeJJïeurs ? vous pro- noncez IV du mot de bon , quand il eft fuivi d’un fubftantif qui commence par une voyelle y comme , ami ; St vous ne faites point de difficulté de joindre IV de bon , avec IV d’ami » Se

les Sons &les Taroles, &c. ioj de dire un bon- n ami , 5c c eft ainfi qu il le faut dire aufll. Mais fi vous enten- diez quelqu’un joindre cette n avec la voyelle d’un autre mot , qui ne 1c- roit point fubftaiitif, & prononcer bone'bo , pour dire , bon & beau : cette prononciation vous paroitroit- elle bien régulière ? Que diriez-vous d un homme qui diroit , du ruban na la mode , demain-n ntt matin , pour dite, d:t ruban à la mode , demain au ma- tin , fans articuler Yn finale de ces mots , 5c qui dans le difeours familier prononceroit ces mots \ Nous fommes auffi bien inffruits de cette affa're que vous , comme s’il y ayoit, noufomex atîjfi bien ’injfruits de cette affaire que vous , pour dire , nou fomauffi bien in (fruit s de cette affaire que vous j Sc de celui qui diroit, je n’en ai pointu > pour d re , je nen ai point eu , quon doit prononcer comme s il y avoit ç je n.en ai poin u , fans pourtant fai- re fonner Yn , comme font quantité de Badauts , qui difent , je nen ai

poin nu . t

Dam . Je ne demeure pas tout a

fait d’accord , que ces mots , no»

E wj

104 Ch. VI. Maniéré de prononcer

JomezjauJfi y foient mal prononcés j Qc je les trouverois même plus réguliers que noufomaujf'u'

Ph i- Cen’eftpasici le lieu de dif. putcr de cette prononciation. Qu^nd vousaurezvù les Règles que j’en don- > ne, vous demeurerez d’accord que cet- te prononciation de non fonse^anjjt, cil contre le bel Ufage,& même co’ntrc les Réglés. V. le Ch. des Confoncs finales.

Dam. Qui eft ce qui nous affinera du bel Ufâge ? car je croi que chacun le cro;t avoir , & il y a très - peu de gens qui fe rendent jufticc là-dcffus. Exceptez la Normandie , la Picardie & la Gafcogne , la prononciation eft tout-à-fait éloignée de notre ma-'" niere idiotique de prononcer s je vois très-peu de perfonnes diftingués dans les autres Provinces , qui ne fe pi- quent de t; es -bien prononcer (a Langue.

Phil . Il cft- vrai que la plupart s’en piquent , Sc je demeurerai même d’ac- cord qu’on y parle aulfi bien & auffi régulièrement qu’ailleurs , 8c je n’en veux pas même exclure les Normans, les Picards 8c les Çafcons , qiii ècri*.

les Sons & les Paroles, &c, iof

vent 8c parlent fort régulièrement ,

& même avec beaucoup de politeflè. Mais tel s’exprimera avec beaucoup ~de pureté 8c de netteté de langage, çn parlant 8c en écrivant , qui n’aura ni régularité , ni politeflè dans fa pro- nonciation , 8c c’eft ce qui fe rencon- tre (ouvent parmi les gens de Provin* ce; car il eft certain qu’il y en a très- peu qui ne faiTent de lourdes fautes dans la prononciation , 8c particuliè- rement dans les longues 8c les brèves de n nos mots.

Dam. eft donc l’endroit on parle le mieux ?

Phil . Je vous ai déjà dit qu’on par- le .bien par toute la France t cepen- dant il faut demeurer d’accord que le bel CJfage des manières de parler 8c d’écrire , fc forme pour la plupart à la Cour 8c a Paris , 8c de fe va répan- dre dans les Provinces. Ce n’eft pas qu’il n’en vienne quelquefois des Pro- vinces , mais il faut qu’elles s’établif- fent à la Cour 8c à Paris , avant que d’avoir cours dans le refte du Royau- me , autrement elles ne paflent que pour des idiotifmes particuliers d?

jo6 Ch* VI. Maniéré de ftononcer

Province.

* Dam< Pourquoi voulez -vous que la prononciation de la Cour & de Pa- ris (bit plus agréable ? car il me fem- ble qu’il eft de la prononciation d’un mot , comme il eft des couleurs j tel aime le violet , qui n’aime pas le verr, tel aime une couleur extrêmement bizarre & defagréable , qui n’aimera pas les couleurs les plus belles & les plus agréables aux yeux des autres,

Phil. Il y a bien de la différence entre le langage & les couleurs *, car les couleurs, à la refervc de celles dont on Ce fcrt pour les Livrées , ne diftin— guent perlonne. Chacun fuit en cela îon inclination, Sc un homme de qua- lité paflèra toujours pour ce qu’il eft, avec un habit 6c des rubans de cou- leur bleue , rouge ou brune : Pc la Cour même autorife cette diverfité de couleurs, puifque c’eft ce qui en fait l'agréable. Mais il n*en eft pas de même du langage , car c’eft la mar-- que ellentielle par l’on diftinguc tine perlonne qui a eu une belle édu- cation , d’avec un homme du com- mun & pial élevé j quelque f$a-

les Sons & les Paroles , &c. 107 vant , qu’il fôir. Et comme la plus faine partie des gens de la Cour par- lent un même langage , celui qui par- le autrement eft regardé comme un ' homme de balle nailtàncc & fans édu- cation i & la chofe #va fi loin , que lors même qu’une perfonne de qua- lité parle mal , on a de la peine à le perfuader qu’il ait de la naifiance. Vous voyez donc par là, que c’eft le lan- gage de la Cour qui fait la Règle de routes les maniérés de parler du Royaume *, & que fi on ne s’y con- forme pas , on s’éloigne de la poli- tefte &c de la pureté^ qui eft infépa- rable de notre Langue. Et comme c’eft une néceffité indifpenfable de choifir un modèle de langage de d’idiome, fur lequel on ètablifte les Réglés que je propofe , je ne puis raifonnablc- ment en choifir un autre que celui de la Cour : Et quand même il y en auroit plufieurs dans le Royaume, d’auflî réguliers de d’aufli polis dans leurs maniérés de parler , ce dernier prévau droit toujours pour deux rai- fons. La première , c eft parce que c*eft l’idiome de notre Prince : de

I * vj

io8 Ch. VI. Maniéré de prononeer l’autre , parce que c’eft fce lieu ou s’aG. fcmble tout ce qu’il y a de Perfonnes illuftres & confidérables des Provin- ces , donc les maniérés de parler font plus épurées que celles des autres

fcns de leurs Pais > & qui les reti- ent & poliiïènt encore parla fréquen- tation de tous ceux qui approchent le plus de la Per fou ne du Prince *, de for- te qu’il ne peut manquer que de tous ccs idiomes déjà fort polis , il ne Ce forme un langage plus régulier , plus net & plus épuré que tous les au- tres* . f .

Dam-. Que dites-vous langage de Paris ?

Phil. le ne fais point de diffé- rence de .l’un à l’autre s à caufè du YQiffnage de la.Cour,.

Dam- Je vois pourtant quantité de gens de Province , qui' difent que- Paris eft le lieu du Royaume , on parle le plus mal..

Phi P, U eft vrai-; mais cela ne dé- truit. pas ce que je viens d’avancci* parce qu’il y a des gens à la Cour qui patient auiïï mal qu’à Paris , mais il Ü3Ut Ravoir quelle forte de gens font..

les S ons & les Far oie s , érc* iô£ Car je ne parle que des gens les plus conlîderablcs de ceux qui font allés polis pour les imiter , & fe conformer à leur maniéré de parler. Il eft cer- tain qu’on parle aufti mal à la Cour y qu’ en aucun endroit du Royaume ; & qu’on parle encore plus mal à Paris , mais ce n’eft pas parmi les honnêtes gens. Et fi on parle mal à Paris , c’eft parce qu’il eft rempli de gens de dif- férentes Provinces , la plus grand* partie delquels n’ayant point d’habi- tude à la Cour, & ne s’attachant qu’à gagner leur vie , confervc toujours l’i- diome qu’ils y ont apporté de chés- eux, ou s’en font un autre particulier fur un autre corrompu , qui eft celui des petites gens de Paris , qui corrom- pent encore tous les jours fe leur par la fréquentation de ces gens de Pro- vince.

Dam. Ce que vous dites à l’égard du langage , fe peut egalement dire de tout ce qui eft a Paris tcar quoi qu’it foit rempli de gens les plus honnêtes, les plus civils , &: les plus polis du monde en toutes fortes de manières;, il s’y en rencontre encore un. plut.

#

J ' - ' . -

no Ch. VI. Maniéré de prononcer grand nombre de très-mal honnêtes dcde très - grofliers , non-feulemenr parmi les petites gens, mais encore parmi les gens au-defliis du commun. Il y a beaucoup de pieté , 8c beaucoup de charité ; mais il y a bien de l’imi* pieté, beaucoup de dureté 8c d’avarice. Il en eft de même des arts 8c des mé- tiers, puifque c’eft l’endroit du Royau- me où il fe trouve le plus grand nom- bre de bons ouvriers j cependant on ne peut pas dilconvenir qu’il ne s’y en trouve plus de méchans qu’en au- cune Ville du monde : car s’il y a un bon ouvrier en France , il vient à Paris' pour y faire fortune : & s’il y a un mauvais ouvrier dans quelque endroit ^ du monde , qui n’y puifle gagner fa vie par fon peu de fçavoir faire , il vient auffi à Paris , pour y chercher à travailler 5 ce qu’il trouve facilement, parce que comme il y a des gens de toutes fortes de conditions, d’humeur 8c de goût , on y débite la mauvaifê marchandife, aufli-biên que la bonne.

Phil. Vous demeurez d’accord par tout ce que vous venez de dire , que Paris eft le centre de la perfection des *

les Sons & les Paroles ? &c. m Arts 8c des Sciences , aufli - bien que du langage , qui fans contredit eft le plus idiotique 8c le plus épuré de tous les autres du "Royaume : 8c c’efl fur cet ufage que je fonde mes régies , & que j’établis mes préceptes.

Dam. Prétendez -vous que le lan- gage de Paris foit auffi régulier 8c auffi poli que celui de la Cour ?

phil. Il y a très-peu de différence. Celui de la Cour pourroit avoir un peu plus de politefTe , & celui de Paris tant foit peu plus de régularité : car j’ofe dire que fans la pratique des gens de Lettres qui fréquentent la plupart du tems les gens de la Cour, il ne laidcroit pas de fe glifïer quel- ques abus dans le langage , qui pour- roit peu à peu le dépouiller de cet- te régularité & de cette idiotique ma- nière de prononcer 8c de parler , qu’il confèrve depuis fi long - tems. Car quoi que ce foit Pufage du public qui èrahlillc la maniéré de parler, & que ce public foit compofé de tout ce qu’il y a de gens les plus confidérables 8c les plus polis dans une Nation , il eft ccr- tain que c’eft la fréquentation des

m Ch. VI. Maniéré de prononcer

habiles gens qui foûtient 8c confervd le bon ufage d’une Langue , 8c qui en corrige les abus , quand il s’en in- troduit quelqu’un. Cela Toit dit en paflànt, pour détromper quantité de gens , 8c principalement les Etran- gers , qui croyent qu’il y a des Pro- vinces 8c des Villes en France la prononciation cft aufli bonne 8C meilleure qu’à la Cour & à Paris , comme à Orléans , à Blois , 8c dans tous les lieux f tuez le long de la Loire, ouïes maniérés de prononcer s’écartent tous les jours de la pro- nonciation naturelle 8c idiotique de notre Langue. Ce que je prétends prouver dans la fuite par notre an- cienne Ortographe , par les mots dont nous avons formé les nôtres , 8c pat plulîeurs autres raifons , qui vous fe- ront demeurer d’accord , que la réglé 8c la raifon ont plus de part dans les bonnes maniérés de prononcer 8c de parler de la Cour 8c de Paris , que k caprice de l’ufagc.

Dam. Je vous entends fôuvent par- ler de ce mot à' Idiotique ; 8c cepen- dant je ne l’ai point encore ouï dire

les Sons dr les P drôles , dre. n$ â perfonne. Je vous prie de me dire ce qu’il fignifie , & d’où il vient > Phil. Je ne m’en voudrois pas fer- vir ailleurs , que dans l’inftruàion de mes préceptes ; mais pufjfque vous dé- lirez en fçavoir l’explication , j e vous dirai que je m’en fers pour lignifier une chofc qui marque le véritable 8c n .turcl genie d’une Nation ou d’une Langue : Il vient du mot Grec 7JW , qui veut dire en Latin , proprius , pe - culiarïs , & en François , propre & peculier , s’il m’eft permis en l’explica- tion que je fais de ce mot , de Francifer celui de peculiaris , qui donne une idée plus nette du mot de propre en ce fens. D’/JW on a fait en Grec /<Tio7«* qui lignifie en Latin proprietas , dont nous avons fait le mot de propriété D’/V/ornf, IcsGrccs ont fait iS'iuuci qui lignifioit la même chofe , mais il figni* lioitaufii une certaine maniéré de par- ler ou décrire propre & particulière à un uiuteur. D'/cTWu* on a fait />/wV/c/uor, qui lignifioit manière de parler tirée dt* Peuple , d’où nous avons tiré les mots d Idiome 8c Id otifme. Ce. mot Idiome nous fert pour lignifier uns

H4 Ch. VI. Maniéré de prononcer

façon de parler décrire , particu- lière a une Ville oh a une Province, tirée de la Langue générale de la Nation : Et le mot à' Idiotifme nous fert à lignifier une façon de parler détachée des Réglés générales d'une. Langue , & qui eft particulière a un langage : Par exemple , fi quelqu’un difoit , je m en fuis fait pour deux ecus » pour dire , il ni en coûte deux ecus , on appelleroir cet- te façon de parler , je m'en fuis fait, un Idiotifme Gafcon : Quand je dis , vendez, - vous des chapeaux , c cft un Idiotifme François pour un Allemand qui m’entendra parler , parce que fé- lon fa Langue & félon la Latine , il croira que je voudrai dire, vende f ne pileorum . Et après lui avoir dit la ràifon de cette, irrégularité , il appel- lera cette maniéré de parler propre à notre Langue un .Idiotifme François . Par cette explication il cft facile de connoître la véritable lignification de ce mot ; car vous voyez que cette ma- niéré de. parler , vendez,- vous des cha- peaux"y & celle-ci , mon hofejfe , pour ma hofejfe ; & celle de prononcer

S » - r< *'*«.»

•c %■ ÎK* , ' *■ >*;' ! s ' > *./ , \ '• , - V,

les Sons dr les Paroles , dre. iif

/avais , au lieu de j’avois , ont été tirées du commun ufage du Peuple ,

& que par leur antiquité elles Ce font comme naturalifés en notre Langue : C’eft pourquoi un Auteur Latin a dc- fini le mot à'Idiotifme par cette Phra- Ce,-Genuinus & non adultérât us lo- quendi modus , qui figmfie en notre Langue façon de parler , naturelle &

. fans, aucune alteration. Ainfi en par- lant d’une Langue des maniérés de parler qui y font affectées , je croi qu’on ne peut employer un terme plus expreffif que ce mot à'Idiotique , pour dire naturel ou naturelle & fans aucune corruption. Patîbns à d’autres leçons , & parlons de la valeur de cha- cune des Lettres de notre Alphabet.

i

Il 6 Ch ap. VII. De la valeur

CHAPITRE VII.

De la valeur des Lettres de /’ Al~ phabct de notre Langue , & de quelle maniéré elles fe doivent prononcer.

PH i l i n t e : Nous avons ample- ment pa'lé delà manière de fer- mer & d’articuler les Sons de nos Paroles , & comme nous les çara&é* riions fur le papier. Nous avorîs ex- pliqué ce que c’eft qu’une Lettre , ce que c’eft qu’une Syllabe. & de la ma- nière qu’on l’aftemble avec une autje dans l’Ortographe , pour marquer les paroles qui compofcnt notre difeours. U ne nous relie plus qu’a parler de la Valeur de chaque Lettre en particu- lier & de l’emploi que nous en fai- sons , pour caraétérifer tous les Sons de nos Paroles.* Vous Içavez que no- tre Alphabet eft compofé de Voyelles de Confones. Commençons parla première forte de ces Lettres.

des lettres , &C, ivf Nous avons fix Voyelles qui font, rjA. E. /. O- V* T. avec lefquclles nous caraétérifons généralement tous les Sons qui peuvent entrer dans la Compofition de nos mots , & fans lef. quelles il cft impofTi Slc-de former une fyllabe ni un mot François. Vous en avez des exemples en ces cinq mots, uil-ma nac , dé-tré-né-rer , fi-nir , ho-

I f ° ^

no-rt , u-jH-rc , myr-tc.

Dam, Toutes ces Voyelles fe pro- noncent-elles par tout , de même que vous venez de les prononcer }

Phil% Oiiy , exceptez quand on les joint avec d’autres Voyelles , com- me j’ai déjà dit , pour lors , elles changent de Son , comme lors que vous mettez un e avec un u , un a avec un i , ou un o avec un », & ainfi du refte j car pour lors le Son de Vu (c change en celui d 'eu : celui de Vi fe change en celui d 'ai ; & ce- lui de Vu en celui d 'ou. L’ e change auflï quelquefois de Son devant unç m , ou n , comme on peut remarquer aux premières {ÿlhbes des mots fui- yans , employer , enfant , entendre

Il y a auili d’autres Voyelles qui

*i$ Chap. VII. De U valeur

fe prononcent une fois plus lentement que les autres , félon les lettres qui les fuivent ou qui les precedent > comme en ces mots , beauté & bot/ , r vous voyez que la première fÿlla- be du mot de beauté fe prononce avec plus de lenteur, que celle du mot b oté*

La Voyelle e ne fe prononce pas toujours comme au mot dégénérer > 4

car il y a des fyllabes elle fe pro- nonce comme la double voyelle ai > comme vous pouvez remarquer au mot cher, ou Ye (e prononce comme lai du mot chair j & il y a des fylla- bes où cette voyelle e , ne s’entend - presque pas 5 comme en ces mots , tafetas , rude , borne. Bt vous devez fçivoir que cette différence de pro- j nonciation eft auffi fenfîble & aufïi ai- fée à connoître , pour peu qu’on ait d’oreille , que celle que vous pouvez trouver en la prononciation de 1 i ôc de P u. Je vous cite ces deux Let- tres pour exemple , parce qu’il y a des Nations qui confondent fouvent les Sons de ces deux lettres * & h , SC qui ont plus de peine à les diftinguer

des Lettres , &c. n$ que nos François, à connoîcre les dif- férens Sons de nos >.

Dam. D’où vient que nous n’avons point de Lettres pour caraétérifer les difFérens Sons de ces e ?

Pbil. Je croi que cette differente prononciation des e , ne sert établie qu’après l’Invention de notre écriture Françoife. Je fç^i bien que nous avons une forte dV , dont la prononciation n’a jamais été en ufage parmi les Ro- mains ni les Grecs , qui eft Ve que nous appelions féminin , dont le Son n’a pretque aucun rapport avec celui de nos autres e. Pour moi je croi qu’il nous eft venu des Alemans & des Peuples Septentrionaux, après que les François Le furent emparés des Gaules & qu’ils y eurent établi une partie de leur Langue , dont il fc forma un langage moitié Aleman , moitié Gaulois 3 parce que ces Na- tions , tout .au contraire des Romains, aimoiçnt fi fort la prononciation des Confbnes , qu’ils mangeoient , com- me ils font encore , la plupart des voyelles qui fe trouvoient dans les mots de plus de deux fyllabes , 8c par- *

no Chap. VIÎ. Ve ht valeur* "?j

ticulierement les voyelles des fÿlIàbeS finales de leurs mots i comme on peut remarquer en ces mots Alemans , Lieben , Jlfunfter > Wolle , ou 1 e de la première fyllabe du mot Lieben ,

ne s’entend point du tout , & celui de fa derniere fyllabe a le Son de no- tre e final qui fe trouve fans accent, comme en ces mots , Scribe , plante , borne \ Celui de Manjler Tonne com- me celui de notre mot de Chaperon , quand nous le prononçons dans les Vers , c’eft-à-dire en trois fyllabes , |

Cha-pc-ron : & ils prononcent celui du mot Welle , comme notre e final Tans accent.

Dam . Ils prononcent donc Ve du mot Manfler, à peu près comme nous prononçons notre double voyelle ,

CH ? . {

Phil. Il entre quelque chofe de ce ] Son dans la prononciation qu’ils font de ce mot , & dans celle qu’ils font de tous leurs mors de plus d’une fyl- Iabe terminés en er ; tels, que {ont ceux-ci , Mut ter , W ’ider 5 Brader : Mais ils ne prononcent pas IV avant , Ve , comme beaucoup de François

croycnt

des Lettres > iiï

-croyent j car quand ils entendent pro- noncer ces mots par les Alemans , ils croyent quils difent Munfire , mou - ttVyWidre , brou dre. S’ils veulent bien faire réflexion fur la prononciation que nous faifbns nous- memes du mot jïmfterdam , ils comprendront facile- ment la prononciation de cet er final , car nous ne difons pas tout à fait u4?njfrcdam , & il ne s’en faut guères que nous ne prononcions Am Cteur- dam s mais cette prononciation de teur Ce fait d’une manière fi brève par ceux qui pronpneent , qu’on ne s’ap- perçoit pas que Ve de cette fyJIabe fe prononce comme la fyllnbc eu. Il n’y a pourtant rien de plus vrai , & on doit prononcer ce mot d ' Amfterdam , com- me je viens de le dire. Cela foit dit en palfant pour ceux qui difent , l’ZT- vêque de Munftre , ou V Evêque de Munflêr , comme s’il y avoit Munfi- tain car il ne faut prononcer ni d’u- ne manière , ni d’une autre , mais feu- lement comme fi Ve de ce mot ètoic féminin , comme il l’cft en effet 5 & c’eft auffi pourquoi j’ai dit qu’il fc prononçoic comme Ve de chaperon i

F

ju Chap. VIL Ve la valeur

car fi vous prononcez ce mot en trois fyllabes, vous trouverez que dans les deux premières fyllabes qui font cha- -pe ,\'e eft finis. doute féminin ; &c Ci vous ajoutez à chape la fyllabe ron , vous prononcerez a peu près chapett— ron } de forte que fi nous ne pronon- cions pas la fyllabe peu avec laprom- titude que nous failons , on 1 enten- drait diftin&emcnt. Mais comme je viens de dire , on prononce cet e d’une maniéré fi brève , que c’eft: touj: ce que peut faire l’oreille la plus dé- licate., que de s’en appercevoir.

Nous avons de certains mots en notre Langue , dont la fyllabe re fe prononce encore , par quelques gens du menu peuple , à peu près comme celle d’er d.ns le mot uimferdam , tels que font ceux-ci', Bretagne, Bre- ton , brebis , bretelle , frelater , qu on a prononcé & écrit autrefois Bcrtagne , Ber ton , berbis , berteîle , ferlater; l’on écrit encore berlan , & cependant on ne prononce pas berlan , c eft-a-dire la fyllabe ber comme celle de berceau ; ceux qui veulent prononcer ce mot, comme il eft écrit , prononce à pep

des Lettres a &c. 115

•près beurlan .

-D,*?». Vous me parlez d’une prononciation bien irrégulière , il me fdünble qu’il n’y a plus que quel- ques vieilles gens , ou des petits Bourgeois de Paris , qui prononcent heurt an pour brelan.

Phil. Je ne vous cite pas cette ma- niéré de prononcer , afin que vous la fuiviez : ce que j’en fais n’efl: que pour vous faire comprendre la pro- nonciation de Ver t dont nous venons de parler , & pour vous faire fçavoir la penfée je fuis , que nos an- ceftres ont prononcé ces mots de Bretagne , bretelle , brebis , comme ils les ècrivoient 5 & je ne doute pas qu’on n’ait auflï prononcé & écrit ces mots d z frétiller , fredonner , fre- later , comme fertiller , fer donner , fer- lât er ; 8c cela eft fi vraisemblable * que la plupart des vieilles gens qui font dans les petites Villes & même dans Paris , ont de la peine à pro- noncer tous ces ‘mots autrement. Je connois même quantité d’honnêtès gens 8c qui parlent bien , qui ont en- tore de la peine à prononcer la pre*

1*4 Ch ap. VII. De U valeur

miere iyllabe de frelater , & qui pro- noncent prefque toujours feurlater. On n’a point en-cote décidé fur la prononciation St la maniéré d’ortb- graphier le mot de brelan : car les uns difent berlan , & l’cowvent de même 5 St les autres brelan , & récri- vent autfî de même. Cette incerti- tude confirme tout ce que je viens d’avancer.

Dam. Les Alcmans ne prononcent- ils point leurs e autrement que vous venez de le faire entendre 2

Phil. Ils ont encore le ouvert qu’ils prononcent comme nous , St Ve fermé qu’ils prononcent a peu près comme nous , mais non pas fi diftin&cment ; je croi même qu’ils ont contra&é cette prononciation d'e des Romains ; & ce qui me confirme dans cette^ipinion , c’eft ce peu d’in- clination qu’ils ont pour la pronon- ciation des voyelles , qu’ils n’ont ja- mais prononcé d’une manière fort diftinéte , comme on peut encore re- marquer , fi l’on veut bien faire at- tention fur la prononciation qu’ils fe- ront en lifant quelque difeours La-

des Lettres , &c. n$

tin •} mais cela n’eft pas de notre inftru&ion. Revenons à la raifon pour laquelle nous n’avons qu’un ca- ractère , pour marquer fur le papier les trois différens Sons de nos e , &C demeurons d’accord apvès tout , qu’on n’en (çaiiroit donner d’autre raifon, que l’ufage de notre écriture qui ne l’a pas encore établi ; Mais il y a lieu d’efperer , que s’il ne s’y en établit point , on trouvera peu à peu des moyens de différencier ces e , par de petites marques qu’on pourroit met- tre au-deflus , comme je l’ai déjà dit ailleurs, & dont je parlerai pins am- plement au Chapitre particulier que je fais des e François. Tout ce que nous avons à dire à prefent , c’tft que nous en avons trois , dont l’un eft mafculïn , &c qui à la fin des mots fe ‘marque d’un petit - tiret au-defTus , tiré de la main droite à la gauche , comme vous voyez en ces mots, fau- te', bonté , Café. L’autre s’appelle e ouvert , qui fe trouve ordinairement à la fin des mots fuivi d’une confone, comme , fec , bonnet , cher , &c. 8c il fe prononce comme notre double

i%6 Ch ap. VU. î>t la valeur.' -

voyelle ai v. Le troifiéme eft IV femi-, - x>in qui fe trouve à la fin des mots* fans aucune conlbne après , ni fans au- cun tiret au-dcfliis. Comme vous pou- vez voir en ces mots , commode , bor ne , agate, bride, dont les <? ne fonnent' point dans la prononciation *, & cela eft fi vrai, que fi vous donnez à orto- graphier ces mots a un Etranger , qui écrira fûivant ce qu’il vous entendra prononcer , & fuivant les lettres de ;

Langue , il ne manquera pas d’èr çrire , commod , born , agat , brid.

Vous avez ici un exemple des trois e, dans un feul mot , qui eft fermeté, qui réduit par fyllabes fait fer-me-té, dont IV de la première fyllabe eft' ouvert , 3c fe prononce comme double voyelle ai. Le fécond eft fé- minin , qui fe prononce fort foible-, ment ôc imperceptiblement comme ÎV du mot chaperon. Le troifiéme eft mafeulin , & fe prononce comme tous les /, marqués d’un tiret au-defiùs, qui fe trouvent 4 la fin des mots. fi vous donniez ce mot à ortogra- phicr à un Etranger , félon la pro- nonciation que vous en feriez ,

des Lettres , &c. nj qü’il fçut que notre è ouvert fe pro- nonce comme notre double voyelle- 'ai , il èeriroit fans hélitcr fairtatf.

Nous n’avons rien à dire des au- tres voyelles , linon qu’elles fe pro- noncent toutes comme en Latin , ex- ceptez notre e féminin qui a un Son- inconnu aux Romains , aufll-bien que- notte u , .dont je vous ai déjà parlé». & que nous prononçons d’une autre, maniéré que les Latins Pont pronon- cé , & comme le prononcent encore aujourd'hui les Italiens, les Efpagnote & les Alemaris. Toutes nos voyelles fe prononcent plus lentement les unes que les autres , {clon les lettres qui les fuivent , ou qui les précèdent dans la fyllabe qu’elles composent, & félon l’ufige qu’on en a confcrvé jufqu’a prefcnc , comme vous pouvez voir par les mots fuivans , aage , ame, hofle , pifle ; dont les premières fyl- labes fe prononcent avec mo’ns de promtitude , que celles des mots qui fuivent , Page , Dame , il mit , hotte , hutte f Dans lcfquels mots on appelle les unes fyllabes brèves , & les autres fyllabes longues. C’cft de—

" S iiij

-12.8 Chàp. VII. De la valeur quoi je donnerai une ample ex^ lica* tion dans un Chapitre feparé , que je fais des fyilabes longues tk brèves de notée Langue.

u

Dam. N 'avons-nous que de deux fortes de Longues & de Brèves en notre Langue 2

Phil. Si nous en voulions croire la délicatelîe de certains grammairiens, ^nous trouverions en notre Langue deux fortes de fyilabes longues j fçar- voir une , dont le Son dure un teins davantage que celui d’une Brève , comme vous pouvez voir en ce mot las , qui a fa fyllabe longue par rap- port au mot la , qui l’a. brève $ car vous fentez bien , en m’entendant prononcer ces deux mots , que je mets une' fois plus de rems à pro- noncer Je mot las , que celui de là. L’autre forte de Longue , doit avoir un Son qui dure un demi tems plus* que la Longue commune , comme vous pouvez remarquer en m’entendant prononcer l’a de la première fyllabe du mot pafte , qui eft plus long d’un demi tems , que Va du mot pas.

Dam. Je conçois bien que Va

des Lettres , &€. e i ip ïâ fyliabe pas au mot de pafle , fe prononce d’une maniéré un peu plus lente & plus traînée , que celui du mot pas i mais il faut avoir l’oreille bien fine pour faire cette diftin&ion.

Phil. Pas tant que vous diriez bien* mais enfin ce feroit trop entrepren- dre à prefent % St trop exiger de no’s François , dont la plupart ne fçavent ce que c’eft que de longues St de brèves , que de leur demander des obfervations fi délicates. Ilfuffitpour le prefent de leur faire fimplemcnt connoître l’importance qu’il y a d’ob- ferver les fyllabes longues & brèves de nos mots , & de leur en faire connoître les raifbns ; & après leut avoir fait entendre la différence qu’il y a de ces fortes de fyllabes, ondoie fe contenter d’en établir feulement deux fimples mefures j fçavoir une lon- gue en general , St une brève de mê- me , fans entrer dans le détail des fyllabes longues , qui font un tiers plus longues que les autres longues. Faites obferver , par exemple , les longues & les brèves à un homme de Province, en ces mots las St pafle',

F v

ijo Ch ap. VII. Delà valeur vous verrez qu’il les prononce fou-i vent comme la & patte ; alors vous ferez pleinement èclaicci de tout ce que j’ai dit , pourvu que vous lui en- tendiez prononcer l'a de pafte , com- me celui de las ; ou celui delà , com- me celui de patte : Mais fi vous lui allez parler de demi tems plus lon- gue qu’une autre longue , vous le rebuterez j c’eft pourquoi nous nous en tiendrons à ces deux Réglés en

feneral. Et fi quelque délicat en fou- aite d’avantage , on pourra dans la fuite le contenter.

Dam . A vous entendre parler , il femble que cet ufage de longues 8c de brèves , en notre langue, foit encore douteux.

Phll. Il n’eft rien de plus certain , de plus confiant , 8c même de plus an- cien que cet ufage , ni de mieux éta- bli parmi les gens qui parlent bien. So yez perfuadé que vous n’en trou- verez pas un leul , qui prononce la première lyllabe du mot beauté , com- me celle du mot bon , qui eft brè- ve i qui prononce le mot cours qui cfi long. , comme celui de court qui

des lettres , efc: 13Ï

eft bref 5 le mot de frais qui eft long , comme celui de froid qui cft bref j ni qui prononce il croifl , pour dite , il devient grand , comme il croit , pour dire , H penfe que ; ni enfin qui prononce , jeufne , pour dire, abfbinence de manger , comme’ jeune , f

Dam. cela }

Phil . Prefque tous les gens de Province y manquent -, & s’ils bb fer- vent quelque régularité en ces cinq: mots , qui pour être crop maniés du public font par confequenr moins douteux , ils manquent en plus de cinq cens autres mots. Nous avons même beaucoup de Parifiens afiess bien clevés , qui faute de fçavoir la confequcnce de l’obfervation de ces tôngucs & brèves , contractent de très - mauvai fes habitudes en les pro- nonçant, & dont ils ont bien delà- peine à fe défaire , foit à caufe qu’ils fréquente des gens qui parlent' mal foit parce qu’ils hantent des gens de* Province , dont fou vent' pronon- ciation eft.vitieufe.

dire , qui nefi pas vieux . û eft-ce qui n’obferve pas

F Vf)

î$i Ch ap. VII. De U 'Dateur

Dam, Obfcrve-t-on ces Longues dans la prononciation des doubles voyelles £

P h il. Il n’en faut pas douter.,. & c’efl: pour cela que je vous en ai donné des exemples. Mais revenons à nos voyelles. Lorfqu’ellcs fe trou- vent feules dans une fyllabe , elles, gardent le Son que vous avez déjà, entendu dans les mots que je vous ai prononcés au commencement de ce Chapitre , qui font : Almanac-y. dégénérer , fini , honoré, ufare , myrte,. Toutes ces voydles changent un peu de Son , lorfqu’eiles font miles de- vant des m ou des », fiivies d’une autre conlone , ou qu’elles fe trou- vent à. la fin d’un mot , comme vous: pouvez remarquer par les premières iyllabes des mo-ts qui fui vent, **»ple, faim- , tmp'tfùit , ambtc , humble ,, fsindzz , /«g rat , conte , brun , vous - voyez quç ces* voyelles- perdent ce Son clair qu’elles rendent , loriqu’on les prononce feules ou accompagnées, d’une autre confonc , & quelles ren* denr un Son confus , étant pronom- «ses avec, ces m ou #, fiivies dlaifr

ies lettres ,éc* 15$

très confones.

Dam, D’où nous cft venu cette forte de prononciation d’w, ou d’#f

Phil. Il eft bien difficile de vous rendre raifon là-defiùs j car tous les Etiangers font fonner comme fi elle ètoit fuivie-d^une voyelle & com- me nous prononçons celle du mot jtme». Les Latins l’ont prononcé de* même. Ils la prononçoicnr au mot de Manlius , comme nous la pronon- çons en l’adverbe Latin an. Ce n’cft pas qu’elle ne perdit beaucoup de fa force & du Son rétenti fiant qu’elle produit quand on la prononce avec une voyelle qui la fuit , comme en ces mots , natura , bene , mus, CaE ies, Latins, pronon çoient quelquefois cette # à la fin d’une fyllabc à peu près comme nous. Un de leurs Au- teurs appelloit UDe n faufiê celle qui fe prononçoit dans les premières /yl- labes des mots , *»guis , *»cora , in * crêpât , mgenuus * & autres. In bis tnim non verum n , fed adulterinum ponitwr , dit-il , nam fi ea littera effet, Lingua palatum tangeret. Voyez la nouvelle Méthode de E. Royal,. Traits:

î$4 Chap. VU. Z)é mien*

des Lettres page 738.

Quoi-qu’il en foit , cette manier© de prononcer les » qui Te trouvent à la fin d’une fyllabe , fans frapper de langue vers le palais , eft très- difficile aux Etrangers.. Il faut que cette prononciation vienne des Gau- lois, & que de pere en fils elle ait pafic jafqua nous-,.& qu’elle fe foie tou-* jours confcrvée de même.

Dam. Eft-ce tout ce que nou*. avons à dire touchant les voyelles >

Phil. Nous n’avons qu’à parler de - là prononciation de Sc de ly grec. / L’; voyelle fe prononce par tout de meme que vous avez ouï dans le mot- fini : mais il change de Son , ou pour mieux dire , il le perd tout à fait lôrfqu’il eft accompagné de deux //^ comme en -ces mots , taillé, œiltét v féiillèt* Mais ce n’eft pas ici l’endroit de parler de cette forte de pronon- ciation. Voyez,- les fyllabes 9JlUa ille, . illi , illà , ilia , à l’articlg de- la pronon- - ciation de 17.

Pour ce qui regarde la lettre y grec,., je la trouve fort inutile en beaucoup- de. fyllabes , où. nos Ecrivains la pl$-

dès Lettres , érc.

tient 5 mais très-nécefiaire en d’autres mots de notre Langue , elle y fait- une fonction toute particulière ÔC détachée de celle de \'i commun, ÔC que pour cette raifoii les Réforma- teurs de notre Ortographe devroientt laiiïcr telle qu’elle cft dans les fylla- bes elle fe trouve , fans en alté- rer la figure , puisqu'elle y fait une autre fonction que IV commun.

Dam. A vous dire le vrai , je trou- va cette lettre non feulement fort fu- perfluë dans notre Alphabet , mais.. roême fort embarralTànte dans notre Ortographe*, car que nous importe- t-il décrire Rot avec un ou Roy; a,vec un y grec*

Phil» Je demeure d’accord que fi' notre y grec, ne fervoit qu’à marquer le Son de notre i , on pourrait ablb- lùment s’én paffèr j . ÔC que quand-1 nous ortographierions ces mots, -Afy-- le , Hydromel , Hyfoye , Style , P or - fbyre , Satyre , Syllabe , A?nydon , ÔC : autres mots tirés du Grec , avec un /, plutôt qu’avec un y grec i la Ictture n’en feroit pas moins facile , puifque- cet y. -grec ne produit pas un autüç„

' y *•

Ch ap. VIL De U valeur

Son que notre g, dans les mpts tiré» du Grec , ou des autres Langues j mais comme il y a quantité de fa- meux Ecrivains qui s’oppofènt à la réformation de cet y grec , pourcon- ferver la mémoire des mots dont il» ont été formés , il pourroit bien fub- fifter encore quelque tenas en notre tangue.

Dam. Quelle rai (on a-t-on démet- tre un y grec au lieu d’un > commun, a la fin de certains mots de notre Langue , qui ne font dérivés d’au- cuns mots qui renferment des^ grecs en eux, comme en ces mots, Roy, Foy , Loy , j’aimeray , Iny , dont les trois premiers viennent des mots La- tins , Rex, fîdes, le* , & les deux derniers des mots Efpagnols & Ita- liens , amarre , amer à ?

Phil. Je ne connois point d’autre raifon que l’Ufige qui a introduit mal-à-propos cet y grec dans notre Orrograohc , Sc fans aucun fonde- ment d’ctymologie ni de diftinctionf de lignification de mot, comme vous venez de remarquer ea la citation de ccs mots.

des Lettres, dre. i$7 Dam. Je voi pourtant des Livres nouvellement imprimés l’on com- mence à ortographier quantité de mots ces y grecs ètoient en lita- ge-, par un * fimple , comme la plu- part des voyelles finales des prétérits & des participes pafiifs qui s’orto- graphioient par , un y grec , & qui s’ortograph'cnt maintenant par un i fimple. Cela pouiroit bien avec le tems nous faire voir la fiippreflion de cçs y grecs. Je voi même beaucoup d’Auteurs Modernes qui ortogra- phient Yy grec , qui fe trouve entre deux voyelles par un /, avec deux points au- de (Tus , comme en ce mot,' Royaume , Royauté , Royalifie , &c. qu’ils ortographient avec un s mar- qué de deux points au-de fTus , en la maniéré qui fuit : Rctaume , Ro'iat , Roïalifte , Roïauté , &c. & cela me paroît d’autant plus extraordinaire, que les mêmes Auteurs ortographient le mot de Roy avec un y grec , quelle raifoq a-t-on de changer Y y grec en dans le mot de Royaume & Royau- té , & non pas dans le mot de Roi , pùifque cet y grec n’a pas d’autre Soi*

ys . ' - ' Y*~

*3$ Chap. VU. De la niateuf

que celui de IV ?

Phih Pour vous dire mon (cnti- menc , notre y grec ne devroic être jamais employé que lorfqu’il Ce trou- ve entre deux voyelles j car c’cft li qu’il cft dans fa force de dans là: véri- table fonction qu’il doit avoir de caraétérilcr le Son que produit no- tre i, entre deux voyelles , qui natu- rellement doit être double , comme vous pouvez remarquer en ces mots,: payer. Doyen , tuyau, qui fe pronon- ccnt comme fi on les trouvoic orto- graphies ainfi , pai-yer , Dot-yen y. uti-yau. Au lieu que fi ces mots.- èroient ortographiés par un i Fran- çois marqué de deux points au-defius, comme on a déjà commencé en la1 maniéré qui fuit :’païtr , Doien, tut au, on prononcera pa-ier, Do ien, tu-iau,, ou fi vous l’entendez mieux par l’an- cienne ortographe , pa-yer , Do-yen, tu-yau , & on péchera contre le bon Ufage de notre prononciation ; car alîiirément il fuit non feulement pro- noncer ces trois mots , comme s’ils ètoient écrits avec deux a voyelles, ou avec un / voyelle de un y grec j,.

dès Lettres , érc. 13^ mais encore tous les mots les- jr grecs Ce rencontrent entre deux voyelles , comme défrayer, de'layer broyer, brayer , choyer, employer, en - ' loyer f Noyer nom d’arbre , & noyer- verbe 5 Ecuyer ,gruyer,ejfuyer, apuyer, & .quantité d’autres mots de ir.ême Ortographe.

Dam. Cet i ainfi marqué pourrait faire le même effet que ly grec , & fc rendre double de même.

Phtl. Il cfl vrai mais il faudrait- donc fupprimer tous les y grecs; puisque nous avons ces caractères tous introduits dans notre Ortogra- phe , qui y font une fonction toute:, particulière & même fort néceffairej pourquoi s’avifert-ton de le fuppri-, mer & de charger notre écriture de deux points fur l’i , qui n’en a be- soin que d’un.

Dam. Vous avez raifon ; mais n’avons-nous point d’exceptions delà réglé des ^ grecs entre deux voyelles

-JPhil . Oiii , car il faut excepter tous, lès mots dont les y grecs fe trouvent: aux pénultièmes des mots qui finit- par un e féminin 3 c’eft-à-dir®;

T4° Chap. VII. De U valeur

par un e qui rfeft point marqué au- deiïùs d’un tiret , que nos Grammai- riens appellent par abus accent aigu ainfi marqué ( ' ) tels que font ces mots , Sauoye , *Troye , Lamproye , joye , pluye , Truye , fuye , dont les y grecs n’ont que le Son d’un i fim- ple , mais qui fe prononce d’une ma- niéré lente & traînée , & fans faire beaucoup fonner IV qui les fuit. Pro- noncez donc ccs mots comme fi ly grec ètoit marqué comme on mar- que .les fyllabes longues en Latin, & comme s’ils ctoient écrits ainfi , Savoy , Troy , Lamptoy ,p!uy , Truy, fn y t fans pourtant racotircir le mot de la fyllabe finale e , qui doit fonner, mais imperceptiblement & d’une ma- niéré fort foible , comme on la pro- nonce au mot vie . Prononcez de mê- me tous les y grecs qui fe trouvent: dans les futurs des verbes terminés en yer , comme , Remployer ai tu employer as , &c. fejfuycrai , j'ap* jugerai, ôcc.

des Lettres , dre. 141 Exception de cette' Exception.

Exceptez pourtant ccs mots , Taye, paye , gaye , adjeéfcif féminin, baye , & toutes les perfjp.nes des verbes terminées en ayç , ayes, ayent ; com- me je paye , tu payes , il paye , ils payent , il faut fuivre la réglé des y grecs fitués entre deux voyelles. Prononcez donc , Tai-ye , pai-ye , f ai-je i je pai-ye , tu pat-yes , &c. Ajoûtez-y aufli les dernieres perfon- nes des tems préfens des verbes ter- minés en oye , oyes , oyent , uye , uyes y uy&nt j j’employe , tu employés, ils employent ; j’ejfuye , tu ejfuyes , ils ejfuyent , que vous devez prononcer de meme > mais dont il ne faut pas tant faire fonner Ve qui fuit Vy grec, que dans les perfonnes des verbes terminées en aye , ayes, & ayent.

Remarque .

Il y a encore une Remarque à fai- re fur rortographe de Vy grec entre deux voyelles , qui fêlant outre ces

341 Chàp. VII. De U valeur

deux Sons , deux autres Sons.dans fyllabe qui le fuit dans les premières éc fécondés perfonnes plurieles des tems imparfaits & des préfens du fubjonffcif des verbes terminés en yer^ doivent être fuivis d’un i voyelle , comme vous pouvez voir en ces im- parfaits j je payois , tu p a y ois , il payoit ; nous payions , vous payiez : j’envoyois , tu envoyois , tl envoyait} nous envoyions , vous envoyiez, : j v- fuyois , tu ejfuyois , il ejfuyoit ; nous ejfuyions , vous ejfuyiez , & en ces préfens des fubjon&ifs. Il faut que je paye , que tu paye , quil paye * ■que nous payions , que vovs payiez, : que j' envoyé , que tu jenvoyes , quil envoyé ; que nous envoyions , que vous envoyiez , & ainfi des autres perfon- nes de ces fortes de verbes , dont l’infinitif fe termine en yer.

Dam. Je vois pourtant de certains Ecrivains qui mettent 1’* devant Yy grec , aux mots dont vous venez de parler*

Phil . La différence n’eft pas gran- de , & je croi qu’il eft arbitraire de mettre Yi devant ou après Yy grec.

des Lettres , &c. 14$

<n ccs fortes de mots -, mais il eft pins régulier de le meme après & moins iujct à difcution. Si quel- qu’un le conteftc , on ne laiffèra pourtant pas de lui répondre. m

Autre Exception.

Mous ayons encore à excepter de la réglé des y grecs entre deux voyelles, les mots fui vans *, ayant , ayeul , Ayeule. , btf ayeul , bifayeule s trifayeul9 tnfayetile , cayer , payen , Mayence , Eayance , Bayonne , gl ayeul , Baye an , Bayonnetîe , le Chevalier Bajard, Tay.au , terme de Chaflç \ Nayades, {brte de Nimphcs , dont les^ grecs ne fe prononcent que comme un i Simple. Prononcez donc , a~iant 9 tU-ieul , pa-ien , &c. ou û vous le comprenez mieux par Yy grec a-yant, a-ycul , pa-yen , ôcç. & non pas ,ai-yant 3 at-ycul9 pa-yen , comme font quantité de gens de Province , faute de Içavoir les réglés du bon Ufage.

1 )am. N’avez- vous plus 'rien à dire >de Y y grec?

phil. J’oubliois à dire qu’en atten*

*44 Ch ap. VII. De U valeur

dant qu’il fe faflc quelque réfoi> mation dans l’ortographe, de notre y guec , il feroit bon de le conserver particulièrement au commencement de *ous les mots il Te trouve ùiivi d'ùne voyelle , comme en ces mots j Torch , Ville d’Angleterre, yeux y yeufe, efpcce de chêne qui eft toujours verd ", 8c ce feroit même une faute d’ortographe très - grande que de ne pas le fervir de Yy grec en ces mots , à moins que la diftin&ion de notre i voyelle d’avec notre i con- fonne , ne fut fi généralement connu Sc èfablie , qu’on ne fe pût non plus méprendre en l’une & en l’autre, comme en la lettre g , & en celle de p , car il faut que cette diftinéfcion ne fuit pas moins fenfible.

Dam. Que dites -vous d’un mot que nous avons en notre Langue , qui de tout tems s’eft ortographic par un y grec î

Phil. Vous voulez parier de l’ad- verbe relatif y qui fignifie ,à, au, ou dans : comme quand on dit , M* eft- il a Paris , au Palais , dans le Jardin ? On répond, il y efi , ou il nyefi pas .

Damon»

- * des Lettres , &c. t4ÿ

Dam, Ce mo: à la vérité (eroit bien difforme & bien nud dans notre orto- igraphe , s'il ètoit écrit ou imprimé avec un i commun. Pour moi je croi 'qu’il fera privilégié , & qu’il durera tant que notre Langue durera. Paf- ions maintenant à la prononciation » des Confones.

chapitre vin.

De ta prononciation des Confones & de leurs liai fin s avec les Voyelles *

* . * t

PHiitNTE : Nous avons dix* neuf Confones en notre Alpha- bet , qui font : b . c. d.fig. h. /. ni, n, p. c/, r. fi t. x . z j. long , oa jod, i) confone , ou van. De toutes ces lettres nous n’avons que le c , le g, l’h * le p, le r , Vf, l*x & le *, , qui ■changent de fon dans la prononcia- tion , félon les lettres avec lefquels on les joint. Les autres fe prononcent toujours d’une même maniéré , foie qu’elles foient mifes avant ou aprè»

^4$ Ch. VÏ1I. De U fŸôHùnciatiûfÊ

les voyelles , fi vous en exceptez Içs m ou les n , dont j’ai déjà parlé.

* * T)

Art. I. De U prononciation du

Le c Te prononce comme le ^ de- vant 1*4, l*o & l’a, il prend le fon du

comme cvtao# , cordial , Car/ .' Pro- noncez kjMMi kprdial , Kttré. Mais devant IV & IV , il Te prononce com- me nous prononçons ÏV en Latin & en François , lors quelle n’eft point entre deux voyelles , comme vous pou- vez voir en ces mots , célibat , civil % qu’il faut prononcer comme s’il y avoir Célibat , fivil.

Dam. Vous ne m’apprenez rien de nouveau.

phil. Il eft vrai , mais beaucoup de gens peuvent ignorer ce que vous {ça- vez , quand ce ne (croit que les Etran- gers *, & d’ailleurs les inftruétions qui femblent n “être faites que pour ceux qui veulent apprendre , ne iaiflènt pas d’avoir leur utilité pour les gens fça- vans , par les réfléxions qu elles leur font faire. Mais revenons à notre c; Nous en avons encore un qu’on ap-

dtsCorfines > iqp

pelle le ç à queue , à caufe de cette petite marque crochue qu’on met de£ (bus^ qui paroît comme une queue* 'qui fait le même effet de notre s for- te , c’eft à-dire notre /*qiii n’eft point entre deux voyelles , comme vous pou- vez voir en ces mots for fat, arçon* vonçu , qu’on prononce comme s’il y avoir , forfat , arfin 3 confu.

Dam . D’où vient que nous ne nous fêrvons pas tout à fait de ce ç a queue* aufïi bien devant Ve & 1 V , que devant les autres voyelles »

Phil. Cela devroit bien -être , & il feroit d’autant plus aifë a en intro- duire l’uiage , qu’il fe trouve déjà tout établi dans notre ortographe , & que plus nous allons en avant , plus nous lèntons en avoir befoin , puifque fup- primant la plupart des e de notre Lan* gue , qui ne fe prononcent plus dans la fyllabe ceu , il faut indifpenfable- ment nous (èrvir de ce jp à queue à la place du c commun , n nous voulonj continuer la fyllabe ceu dans fa pro- nonciation ordinaire 5 comme vous Voyez en la derniere fyllabe du mot reettt y de laquelle, retranchant Ve , il

nt Ch. VIÏI. D<? ta pmcndatloH

refteroit reçu , .qu’on j^rononcerok: comme s’il y avoir reky > fi 1>on changebit ce c commun en' un ç À queue. Nous avons encore beaucoup d’autres (yllabes en notre Langue, que nous ne pouvons pas orcogra-* pilier avec d’autres lettres qu’avec ce ç à queue , comme en ces mots , je commençais , il commençait, y ils effa w paient, il délaça, perçant , que nous ne pouvons ortographier avec deux Jf, comme on peut faire les mots * de Maçon & façon , quoi-qu on ne fe fbit point encore avifé de changer le £ - de ces mots , & celui de leurs dérivés, non plus que celui de forçat. Nous aurions be(oin de quelques perfonnes d’autorité pour établir cette forte de ç dans l’écriture & dans l’Impreffion, ou du moins pour mettre le qui^ ne change jamais de prononciation a la place du c commun , pour caraéfce- rifer le (on de cette forte de c y de écrire les mots de ces fyllabes , cay co, eu par \a y kj> > k** s comme kjidet , kordial , KurS y au lieu dc/;adet 9 cor- dial , Cure'. Ainfi notre c commun, pu c fans queue y ne {endroit plus quq

des Confines , &c .

.pour cara&erifer le Ton d’une s forte v êc lorfqu’on le verroit dans l’ortogra- phe de ces mots , qaoi qu’a nous in- connus, carcade , cercidcs , copanfud , êcc. ne connoiflant point d’autre effet de la marque du c , que celui de ca- raéterifer le fon de notre s forte, on prononcetoit fans helicer*, farfede , Jforfîdes , fopanfud, &c. Mais en atten- dant que cet ufage s’ètabliffe , que beaucoup de générations après la no- tre ne verront peut-être jamais j nous flous en tiendrons toujours à notre première réglé , qui eft que le c de- vant Va, Ve, ou Vu , eft dur &fe pro- nonce comme un &c devant l’« & 1** comme une s forte.

Le c change encore de prononcia- tion lorfqu’il eft joint avec une h , car pour lors il prend le fon d’un ç à queue mouillé , ou fi vous voulez d’u- ne s forte mouillée , comme vous pou- vez remarquer par les fyllabes fuivan- tes , cha , che , chi , cho , chu , qui fe trouvent en ces mots chapeau 9 cher t chiche 3 choc , fichu.

Dam. Qu’entendez-vous par ceSj mots de c mouillé , ou i mouillée?

6 i'j

150 Ch. VIH. De la prononciation

P h il. Vous fçavez déjà que le ç. £ queue 6c l 's forte , c’eft à dire celle qui n’eft pas entre deux voyelles , fe prononcent l’un comme l’autre. Ces fortes de lettres rendent un fon fiflé dans la prononciation qu’on en fait, - 6c l’on oblerve qu’en prononçant l’u- ne ou fauve j on entend une efpece de fiflement qui eft fec 6c qui devient en meme tems mouillé par un autre mouvement de la langue , qui s’èlargif- fant par les deux côtés ,6c fe pliant un peu en deux par le bout, en fe voû- tant contre le palais , s’hume&e 6c for- ' me un autre fon que celui de IV forte pqur le rendre mouillé , ce qui ne pour- roit fe faire fans cette forte de mouve- ment *, c’eft pourquoi vous entendez prononcer ce ch comme un ç à queue , ou comme une s force , à ceux qui n’ont pas la liberté de la langue, 6c qui di- lent des çapots , des pats , des ç oz.es 3 pour dire, des chapeaux , des chats , des chofes.

Dam. Ne pourrpit-on pas corriger ce defaut de prononciation î

Phil. Il eft difficile quad cela vient du defaut de la langue qui ne fq

des Confines , à* fi, iji

délie qu’avec l’âge & à la longue , tk quelquefois jamais. Je croi pourtant qu’à force de s’exercer à former le Son de ce ch , on pourrait corriger le de- faut de le prononcer comme un ç à queue. J.* connais des filles qui par ce moyen fe font défaites entièrement de la mauvaife habitude qu’elles avoient , non feulement de prononcer' le ch comme le f à queue , ou com- me notre s forte, mais encore le jod comme notre & , & qui difoient , pan- */, des fou & des pilons , pour dire» changer , des choux èc des pigeons > car notre * rend auflî un Son fiflé , mais plus doux que celui du f à queue , & par confequent le Sou mouillé que jnous formons de ce * , par les me- mes mouvemens que nous employons former celui du ch , cft beaucoup plus foible 6c plus délicat. »

Dam. J*ai connu des filles avec les- quelles il n’a pas fallu prendre tant de peines pour les defacoûtumer de cet- te ridicule maniéré de prononcer des s pour des ch , & des ^ pour des g. La raillerie feule qu’on leiirxk faire dafie&er cette prononciation

G iiij

ifi Ch. VIII. De la froKonclatim

enfantine , leur en a fait perdre tout», à-fait l’habitude;

Phil. Je croi bien que cela s’èft fait- /ans violence du côté de la langue , mais non pas tout-à-fâit du côté de l’efpr-it , qui fe plaifoit dans cette mau- vaife habitude par une impertinente penfçe qu’elles avoient que les Sons mouillés du ch & du j , qui fe for- ment a pleine bouche avoient quel- que chofe de trop, rude & de trop grofller , & que les Sons de Vs & du xj y Soient plus doux & plus agréàr blés : fans coniîderer que c’eft une

f rande erreur de vouloir être plus hà- ile que la Nature* Tout ce qui eft affe&é & contraint en matière de lan- gage , eft encore plus ridicule qu’en toutes les autres manières de faire. Il ne faut- jamais s’écarter du naturel , ni de i’ufage ordinaire & idiotiqup d’une langue , quand il eft générale- ment reçu -des honnêtes gens. G’eft à quoi on doit bien prendre garde, & à ne point rendre fa prononciation plus délicate qu’elle ne doit être, com- me il arrive à quelques-uns qui croïant rendre la prononciation de leurs mots.

des Confines , &c. plus agréable 8c plus polie , ajoutent des x* à la fin de certains mots , qui ne doivent point en avoir , & qui difent, , mille-Kamitiés , cen z* onête gens , pour dire , mille amitiés & cent honnêtes gens y ou du moins mille honnêtes genu Si on appréhende que le t du mot de

cent ne fafle un "mauvais Son avec Ve qui fuit ; qui feroit cento-neftes gens J

& qui font une fyllabe brève d’une longue , croyant par donner un aie fautillant 8c plus vif à leur prononcia- tion 5 qui difent de la crime , pour

de la créfme , Perfaîl , Notair , pour dire , y'erfailles , Notaire- Ces per- fonnes ne peuvent paflèr que pour dés gens de mauvais gouf , pour des ignorans &c pour des fots , qui s’écou- tent parler. Ils feroient moins blâ- mables s’ils parloient naturellement le langage que leurs Nourrice leur a

- appris. ;

Dam. Si- on n’aime pas à rendre- fa prononciation agréable- , on ne corrigera jamais de fes défauts.

Phil.’ La prononciation; deviendra toujours - agréable , quand, on s’atta- . chcra à fuivre celle qui éft félon l’ufagef

G v

;jRj54'.Ctîw Vm De prononciation*

-des honnêtes gens. Quelque rude‘& .‘grofliçre que paroiffè ia maniéré de .prononcer un mot , elle ne l’eft plus lors quelle eft une fois réçûë de l’u- fage : celle-ci , par exemple. Il va £ ia AfeJJi, il va at i Palais , &c; pa- roît bien plus rude que celle de il vkt À la Mejfe , il vat an Palais ; & ce- pendant l’ufage n’ètant point pouf va? à la Mejfe , quoi-qu’il y ait un f, qui devroit rendre la prononciation^ plus douce &c plus coulante , il ne laif- îè pas de déplaire à, ceux, qui parlent, régulièrement , & ne paflera jamais •parmi les gens qui parlent bien , que pour une méchante habitude priic dans la Ptovince , par négligence ou par un mauvais diicefrnement.

La prononciation des fyllabes brè-L yes , 8c celle des / fermés , à, quelque- I chofe, d la vérité , de plus doux qde celle dos fyllabes longues 8c des •verts mais il ne faut pas pour cela.- toucher a la prononciation idiotique - de ces fyllabes 8c de ces en chan- geant ces fyllabes ou ces e< contre (feutres, fi on neveut pafïèr pour un . pré.eieux ridicub 3 ÿc . pour un homme

des C-onfones , &c. 155 '

-qui s’écoute parler. Si d’un autre cô- -té on affeéke de ne fe point foncier .comme on parle , & qu’on fuive tou- tes les mauvaifcs habitudes qu’on £

, contractées avec des gens qui parlent -mal , fans fc foucier de les corriger 9 •affeCtant même de prononcer des fyl- lâbes longues pour des brèves , & des # ouverts pour des é fermés , ou au* _ très fortes de lettres qui fe prononcent à pleine bouche, on paffèra pour un .homme groffier & mal èleve.. Voila les jugemens qu’on fait de ceux qui .tombent dans l’extrémité de vouloir trop pla>re , & de ceux qui tombent dans celle de ne s’en foucier point . du tout ; cela foit dit en paflant.

Dam. J’ai connu des gens d’aflèz" mauvais goût , pour croire que l’af- r ft Ration de ces fyllabes longues ôC . des e ouverts , donnoit un air plus* mâle â leur prononciation , & qui au- roient été honteux de prononcer;'/» comme//, difant que cela avoit quel- que chofe de trop efféminé , Sc qu’il! falloir dire j’ay , & prononcer la fyk~ labe ay comme IV dans le mot cher.

Phi. 3’ en ai connu auflî àquit^uç

Cvi

Ch. VIII. De la prononciathfk.'

les préceptes du monde ne feroient pas quitter l’habitude de prononcer ces mots de boule , maitrejfe , table ï qui ont la p nultiéme fy llabe. brève , comme celle de ces mots , moule , Abetfe , fable, qui l’ont longue. Mais nos pré reptes ne font pas pour eux** \ cpntinuons.

"• v'’

Exceptions.

Le ch fe prononce comme un . en ces mots , Chœur d'Eglife , Chœur > de Mujtque , Chorifle , Chorographie 9 Éuchariftie , & enfin dans tous les mots dérivés du Grec , qui ont été rendus en Latin par ch , ou qui ont été formés des Langues Orientales a comme , Archange , Orchefjre , Chaos , Hypochondriaque , Zacharie , Epicha- *ïs , &c. Prononcez donc , kcur , r ijl e , Arkjtnge , &c.

Art. n. De la prononciation dit g. .

Nous avons trois . fortes de g. Le premier s’appelle g mol ou g mouille. fécond s’appelle g dur ou -g-fec» .

dès Confortes , &c. I5X

Et le troifiéme m’appelle g nafal , qui cft toujours fuivi d’une n en la ma?» nier-e qui fuit gn. Le g. mol ou mouillé , fe forme d’un mouvement qui fe fait de la Langue en l’èlargif- fant par les côtés , & fe, pliant un peu parle bout tout de même que quand elle veut former le Son de notre ch.3 mais avec moins de force 8c, plus de délicateflè. Le Son articulée de cette forte de g , ne peut fe faire que par Laide d’un e ou d’un i > comme vous pouvez voir en ces mots , geay j d çarea ^général , gibier, geôle, gageure.

"Le. Son dp g fec fe forme d’un mouvement qui fe. fait de la. langue, , en foulevant un peu & la recour- bant vers la racine contre le goficr, , comme fi on vouloit former le Son » d’un ^ mais d’une maniéré plus foi- ?. ble 8c, plu* délicate, .Le Son* de. cette - forte de g ne fe peut articuler fans être accompagné d’un a ou d un 0 , on d’un u.9 comme vous pouvez voir en ces mots , galon , gorge » ambigu 5

g uerei , Guidon. \

Le g naz>al eft celui qui eft touh *1 jours-accompagné d!unç n , cçmmfi

Ch. Vin. De h pr&nonciatiof*

vous les voyez par ces fyllabes , g»a9 gné , gni , gno y gnu, Le Son de ce g fe forme d’un des mouvemens qui; fbnt le g mouillé y & d’un, autre mou* vcment qui répond à la racine - dus nez pour former 1 ’#►. Ce qui fait deux articulations imparfaites , qui font celles du jr, & celle de 1 , dont il' ne fe forme qu’un Son participant dess deux, comme vous avez déjà re.» marquer en prononçant les cinq {ÿl- làbes ce g y & comme vous pou* vez encore remarquer par les mot» iuivans ou ces fyllabes fe trouvent,. témoignage , gagnez , dignité , rojjt-y gnol , ag ntt s,

Sjüabesdestrois g.

De g mouillé, gea , , gi y geo > gffti

Me g dur, ga , gué , gui, go , gtf*

Prononcez comme*.

gha,ghéyghhghoyghHi

Me g nAz>al. gna,gne, gni, gno, gntt*

Dam, Vous marquez une h après» le g, pour montrer qu’il doit avoir un Son fec dur , comme font; 1er

des Confines >&c. ij£ r&aliens. Il me femble que j’aimeroiç. -mieux cette manière de le caradérifèr* :que celle de votre jon&ion d’# au g^ ►marqué ainfî , gu. Car celui qui ver— •roit ces fyllabes , gha,ghe , ghi > gho3 i ; .'ainfî écrites , ne peut .point du tout prendre un g mol pour un ^ dur9 -car cette h qui y cft attachée l’en em- pêche y en effet , qui fera le François ou l’Italien qui ne prononcera pas cc.

: mot gheree , comme nous prononçons gueret, s’il trouve une h dans la pre- mier© fyllabe de ce mot , - au lieu d’un u.

p bit. Les Alemans lui pourroient: donner un Son guttural , à caufe de Yfo & les Efpagnols aufli. Mais ce n’efL pas ici l’endroit d’en parler. Pafïona .aux Exceptions de ces Réglés.

Exceptions de la Réglé du s, duiv

On excepte fyllabe gue en ces .■ mots , guenon * guenuche , guenille » - guenülàn , guenipe , gogue , goguenard^ , & c. goguelu , & en tous les mots ter- . minés , en gue , gùes , guent Ye ne - s!éntend prefquc point j il. faut, pra-

ï£ôC'h. VIII. DeldfMHncUtlàtk

noncei feulement le £ en lui donnant un Son fee , -comme on fait an g La- tin 9 lors qu’on prononce le mot dk dignus , ou quand nous voulons pro- noncer le g de . ces mots , augmenter , gnomon , &c. Prononcez donc gnon% . gn uche j gniUé , &c. go g, gognarder » . &c. f allégué , , &c. Et quoi-

que ce £ joint à , paroiflè tronquer tous ces mois d’une fyllabe chacun 9 . de la maniéré que je vous les viens de marquer ; cette fyllabe du £ s'entend ' pourtant fort diftin&ement dans la prononciation , & particulièrement- dans la Poëlîe ; en lifant ces mots , on > pefèfifort fur l’articulation de ce;£,\ qu! on y fait entendre parfaitement le Son d*un e muet , qui fonne à peu près comme celui que vous entende* -, dans ces mots , canevas > cadenas & taffetas... - '• 1

Dam. Prononcez - vous lès e des autres fyllabes gue , autrement que.* celle dont vous venez de parler?

Phil. Oui, car outre que le Son de l’iiutre fyllabe gue , eft plus doux dans les autres mots, comme en ceux-ci,, Gjsetrc , gue res > guct-a-pens, guher *->.

dès Confortes , &c« îét

gue r et , guérite , guéridon , guérir, &cfc & plufieurs autres dont Ve n’eft pas. de même que celui qui Te trouve dans la fyllabc gue , des rnots dont j’ai fait mention en la. première Exception de ces Réglés ;,car tous les autres e font ou fermés ou ouverts.

£ ' "v

Remarques fur les Sy llabes finales^

gue.

>4,-' ■■ •**;*** . - v * V ^ n ' v «

ye final fe fepare de Vu qui le pré- cédé , &c fait deux fyllabes dans les mots terminés en ne , comme en ces^ mots , ambiguë , ciguë , aiguë » &c. Dites donc ambigu-ë , cigu-ë , aigu-c,,. mais fans faite beaucoup fentit Ve,

Exceptions de la Syllabe , gui». *

Îla Syllabe gui eft diphthongue ». en ces mot? , aiguille » jiiguille -- , aiguillette , aiguillon » &c.. gui fer y ambiguité > > nom

de Ville & nom de Maifon &. de Famille. Dites donc aigui-ille , iferi car fuivant la Rcgîe générale de- la prononciation des fyllabes , ga}gu^y

I

'■-#

Çh. Vllï. De la prononctafi&H

gui > go 9 gu , qui fe doivent pronon- cer, comme s’ils ètoient écrits en fa maniéré qui fuit , gba , ghe , ghi , gho , ghu : on doit prononcer ces mots* Guichet , Guitarre > Guillaume , d/- guifer , guigne , Guirlande , Guide * Guidon , Guill'edin , guipure , &c. com- me Ghtchet-, Ghillaume , déghifer , &c. dont la fyllabe £#* n’a qu’un Son* Mais il n’en eft pas de même aux jfyl- labes de ces mots , aiguille , aiguillon *. & autres que j’ai déjà nommés ; dont ïa fyllabe gui rend deux Sons , qui font celui de Vu , & celui de Yt ,• de forte que fi vous prononcez le mot de Guidon & celui à'aimifer , vous n’en- tendrez qu’un Son dans la fylfâbe gui' du mot de Guidon , ôcvous en enten- 'drez deux dans la pénultième fyllabe du moi ai guifer.

Exception des Syllabes , gea & geo;.

J avois oublié d’excepter des fylla- bes , gea & geo , celles des mots fui- vans , Géant , Géante 9 ou Géanne r Géographie , Géométrie > Géamance# Géodefe ? &c.

*- -

' ■%

. - , . êtes Confonet , érci. 1&Ç

Exception du g naz,al,

Lt g nazal perd fa prononciation,, •en ces mot s , figne , figner , &c. confi - gner , &c. fonbfigner , &c. & il fo pro- nonce comme une ». Prononcez donq. fine , finer , confiner , & le refte.

Ab. T. III. De la prononciation^

» dfe /' h.

^ ' ç'V"-' '• * * . ’*«“• - Aj s „T~t*

V b eft une lettre qui marque for Jfe papier Pafpiration que nous fefons- du gofier, avec le Son que nous for- mons d’une voyelle. Nous en avons- -de trois fortes > Sçavoir , des b ajpi ries y des b muettes , & des h auxi - Maires.

Les h afpirées font celles qui fo prononcent par un fouffië qui fe fait: dans la bouche , fans aucune articula- tion, comme vous pouvez remarquer en ces mots , le bamois > la hache 9, la honte , vous- entendez l’alpira-* tion fonfible de ces h.

Les h muette* font celles qui ne s’afpirent point du tout y comme il!

ï £4 C h . VIII. Delà proftùncia0io& ']

paroîc en ces mots , Hiftoire , hom- me , humble , Rhétorique , Eucharifiicy Chrefiien , Thym , Thomas.

Les h auxiliaires (ont Gelles.qur ai- dent à former l’articulation d’un Son* en fe joignant avec une confone, com- me vous pouvez entendre en ces fÿl- labes , ch a , che , chi , cho , chu y Sc en celles-ci , pha , phe , phi , pho , phuy qui produifênt une articulation toute contraire à celle que ces confones font <■ ] quand elles font feparées de Y h. Car Y h par ion aipiration coupe l’articu- lation de notre c , qui par la foiblefiè du mouvement qui le forme , prend lie Son d’un ç à queue , & qui enfin ne Ce pouvant tout-à-fait articuler , (è- convertit en ce Son mouillé du ch,. par la force du foufik de Y h , comme vous pouvez remarquer en ces fylla- bes, cha , che , chi , cho > chu.

L’autre changement de Son fe fait a peu près de meme dans la formation de celui du ph , l’afpiration de Yh interrompt, tout -à- fait l’articulation du p; carié battement des lèvres qui lfe forme, étant affoibli par le fouffiè que. fait cette h , ne peut produite

m

m

des Confines * &c. itlf ^jne le Son d’un b > qui ic changeant «n celui d’un v conlone , produit en-, ün le Son de notre f par la force du ibuffle de f h .

Dam. Voila bien des mouvemens différens pour produire le Ion d’une/*.

PhU. Ji n’y a que.ee mouvement feul qui forme le p , qui paroît dans l’articulation de cettç fi car h vous jettèz la veuë lur ces quatre fyllabes, fa , ba , va , fa , vous verrez que i articulation de ces quatre fyllabes ne provient que du plus .ou du moins de battement que nous fefons des lèvres fin la prononçant. Ainfi prononcez pa> vous ferez un fort battement j faites- le moins fort.,- vous formerez le Son de ba ; fa:tes-le encore moins fort ÔC plus délicatement , vous ferez celui de va s fondiez en même tems que vous faites ce mouvement des lèvres pour articuler le Son de va , vous fe* fez infailliblement celui de faf

Remarques fur Vorto graphe.

T)aw Quelle nécelîite y a-t-il que , nous nous (ervions de -ccs deux

*$3 Ch. VÏIÏ. De Uf renonciation

très ph pour caraétériLr l’articulâtion des Sons de nos fyllabes , pha > phe > phi , pho , , puifque nous le pou-

vons faire avec la feule lettre/? No^

, tre Ortographe feroit-elle moins bel- le & moins commode , ifï nous «cri* vions ces mots , Pharmacie , Sphère , PhiïoCophe , Bofpitare , > nom

plante , avec une /, en la maniéré qui fuit , i^rmacie , Sphe re , Bos/>re, JFiloÇofe 9 Fat

FhiU Nous n’obfervons cette Orto- graphe que dans les mots qui vien- nent de la Langue Grecque , & au* très Langues étrangères , comme en ceux que vous venez de nommer ; cat dans les mots François , 8c même dans ceux qui font tirés du Latin , il y a -des/, nous ne nous fervons point d’autres lettres que de nos/, pour en «araétérifer l’articulation. 11 fe peut faire aufli que nos Anceftres ayent vou- lu conferver dans notre Ortographe ce p h , parce qu’il caraétérifoit une •différente articulation de notre /, en ce que ce ph marquoit une afpiration plus forte , 8c que le p s’etitendoit im peu plus diiHn&cmcnt. On me rè-

des Cmfonesy &c. i€f tJOndra que comme nous prononçons également le ph comme notre f , & que nous ne fefons plus cette diftin- îfcion de ph plus fortement aipirez que Vf y comme fefoient les Latins & comme ont fait nos Anceftres , dans la prononciation de ce ph , nous jr devons conformer notre Ortographe. J’en demeure d’accord , mais il faut attendre que cela foit tout -à- fait établi.

Dam . J’ai déjà vu quantité de Li- vres nouvellement imprimés , l’oa ortographie tous les ph des mots ti- rés du Grec par des jf. Ce commen- cement nous doit faire efperer que dans peu nous {ùivrons cette maniéré d’ortographier dans l’écriture & dans, l’Impreffion. Je ne doute pas qu’il n’y . ait quantité de gens (çavans qui s'oppoferont à cette forte d’Ortogra»- phe ; mais il faudra s’en confoler, en faveur de la Jeuneüè , qui en vieiU liflant s’accoutumera peu à peu à con- former Ton Ortographe aux Impref- lions nouvelles.

Phil. Cela pourra bien arriver , Sc je voudrois déjà que cela fut établi.

h&î Ch. VIII. De U prononciation

tant pour la facilité de notre Le&ure^ que pour la commodité des Etrangers*

& de ceux qui ignorent la Langue iatine & la Grecque. i

Dam. N'avons -nous pas encore quelques mots tirés ‘de la Langue Grecque , & des autres Langues ètran* gérés ^ dont le ch fe prononce autre- ment que notre ch François.

Thil. Oiii , car je ne £çache pas que nous en ayons dont * le ch ne fe prononce comme un ^on comme un c dur ., comme vous pouvez voir en ces mots , Chaos , Char on , Chœur de Mufti] ne j Orcheftre , Chorifte , que quelques Ecrivains nouveaux com- mencent à ortographicr par un c dut* comme , Caos , Caron , Corifte. Je vou- ■dtois pourtant Iaiiïèr le mot d'On- cbefire avec fon ch , ou bien fubfti- tuer un qu à fa place , & l'écrire ainfi , Orqueftre , & garder la mê- me Ortographe de ch , aux mots de Chœur de Muftque & Chœur d\E- glifc 3 pour les diftingucr du mot de <caur , que l’on trouve dans les ani- maux.

’r . * ' "• » *>• ' \ *

' . , ' ' i .

des Confines 3 \6$

Remarque.

Xe mot de Machiavel , cft au/fi du Nombre de ceux dont le ch fe pro- nonce comme un ^ ; Prononcez donc Makjavel. Mais on ne doit ortogra- phier ce mot que par un ch , ainfi Machiavel. C’eft une réglé que Ion garde dans prefque tous les noms propres.

Dam. Combien avons - nous do mots les h s’alpirent en notre Langue ?

Phil. Nous en avons plus de cent , & plus de cent cinquante dont les b font muettes.

Dam. Comment pouvez-vous di- stinguer les h afpirées d’avec les muet- tes ?

Phil. Plufîeurs Grammairiens onc donné des réglés lidcftiis : mais on en eft toujours revenu à de certaines liftes qu’ils ont données à la fin de leurs réglés , ils ont marqué les h alpirées , difant que les h qui fe trou- t voient dans les autres mots François <qui notaient pas dans leurs liftes #

- H

I/O Ch. .VIII. T)e la pmôtociath*

dévoient être réputées pour muettes. Meilleurs de l’Académie Françoife ont auffi pris foin de marquer dans leur Dictionnaire les h qui s’afpircnt. Cependant pour contenter ceux qui aiment à Te faire des réglés , & a mé- nager leur mémoire , j’en dominerai içi quelques-unes , & je commencerai par les mots les h s alpirent.

Réglés four les h afpirées.

Les h s’afpirent quand elles fe trou- vent dans nos mots tirés des Alemans, ou de ceux des Provinces ou Royau- mes du Nort , il y a des h, com- me vous pourrez remarquer par les mots qui fuivent,

Haran , qui vient de 1 Aleman ham

m Harnais , de l’Aleman harnifeh ,

Havre, Port de Mer, dtM’Aleman Haflvn , & du Hollandois Haven .

Hacher , de l’ Aleman & du Hol- landois hackfx , qui lignifient hacher de la viande far morceaux .

Hanter , de l’AIeman handthieren , gt)i lignifie faire çomjperce, négocier»

des Confines , &c. ijt

H aire , de l’Alcman haarig, qui fi- gnifie rempli de poil, de cheveux , de crin : ou bien de ce mot compofé bdrhkjeidy qui fignifie habit de crin , qui eft le terme par lequel ils expri- ment notre mot de haire.

Halte y du mot Aleman halte» , qui fignifie s'arrêter.

H entier , ou hurler, de l’AIemân hessien.

* Haye, du Hollandois haag.

Halebarde , l’Aleman hellebard.

Here , forte de Jeu , de l’Aleman herr, ou plutôt du Hollandois heer, qui fignifient tous deux Seigneur .

La Hollande , du Hollandois HoU landt, mot compofé de holl, qui li- gnifie creux i & de landt , qui fignifie fais .

ffafier , de l’AIeman hafien .

Haut , del’Aleman hoch.

Hafe, de l’ Aleman hafe, qui figni- fie lièvre .

Havrefac, de l’Aleman haberfack^, mot compofé de celui de haber , qui fignifie avoine ; &de celui de fack^, qui fignifie Un fac . Ainfi haberfacY, veut dire fac à l'avoine.

Hij

171 Ch. VIII. De la prononciation

Hochepot, , du Hollandois huy s-pot, qui lignifie le pot au fett de la maifort ,■ - ôc plus particulièrement une efpece de ragoût , qu’on fait de deux autres fortes de viandes & autres ingrediens, qu’on fait en Hollande, que nos Cui- finiers ont imité , & auquel ils ont donné le nom de hochepot.

Hache , de l’Anglois hutche , qui lignifie toute forte de cojre , & plus, particulièrement une huche a puîtrir.

Houblon , du Fiaman hopp , ou de l’Aleman hopjf.

Haïr, de l’Aleman hajfen.

Heaume , de J’Aleman helm.

'Honte , de l’Aleman ho hn , qui li- gnifie moquerie , dont on a fait le. Verbe hohnen, qui lignifie fe moquer de quelqu’un en lui faifant honte.

Hardi » du Hollandois hart , qui lignifie cœur > ou de l’Aleman hertz. qui lignifie la même choie > ou bien du mot hart Aleman & Hollandois , qui lignifie dur. Les Ecrivains de la balle Latinité ont appelle duré les : hommes vaülans 6c hardis $ & nos anciens Ecrivains François les put aulfi appeliez dm*

des Confines, ért. 173

Harde de Cerfs , ou d’autres bêtes fauves, de l’Aleman herde, qui figni- fle troupeau.

Hucque , efpcce de mante que por- tent les femmes dans les Païs-B.is-, du Flaman huyckj , qui fignifie la mê- me chofe.

Et quantité de pareils mots que nous avons tirés des Alemarrs , des •ÊJamans 8c des Anglois, Parlons à p efent des mots tirés du Latin.

L'h s’afpire aufli dans les mots qui commencent par des h , qnc nous a- vons tirés des Latins ou des Grecs , qui n’ont point d’h au commence- ment, comme vous pourrez remar- quer en ceux qui fuivent.

Harangue , qu’on prétend faire ve- nir du mot Latin aringo .

Hibou i qu’on fait venir du mot Latin bubo , dont on a fait hubus , hybus , hybuvius , 8c enfuite hibou.

Herijfon , qui vient du mot Latin ericio, ablatif d 'ericitts, qui fignifie la même chofe.

Houlette , du mot Latin agolum , dont on a fait agoletta ; 8c enfuite aoletta & à’aoletta , houlette.

H iij

YJ 4 C h. VIII. la prortèttciatîofl

Hérot, du mot Grec j

Héron y du mot Grec ifuS'icç , qui lignifie la même choie.

Harpie , qui vient du mot Grec ] ipnia , qui fignifie la même chofe.

Hangar, du Latin angarium , qui lignifie un lieu couvert en façon de halle , dont le tout eft porté des deux codés fur des pilliers de bois à clair,

& les Laboureurs mettent à cou- vert de la pluye les harnois & char- rues dans les balles cours.

Hanche , du mot Efpagnol & Ita- lien anca, qui vient du Grec dyr.ii , qu’on a dit pour dyK*yy qui fignifie coude .

Hajlé, du Latin ajfue , qui veut dire rôti , dont on a fait ajfulus & afi fulatus , &c enfuite ajlé en notre Lan- gue , & depuis hajlé.

Herfe, infiniment de Laboureur, du Grec , dont les Latins ont fait hirpexy & enfuite herpex ; & nous herce , qu’on a depuis écrit herfe avec un ef, & que nous avons tiré de l’a- blatif herpice , en retranchant la fyl- labe pi , comme nous auons fait au mot d'hojpite , ablatif d 'hofpes, pour

des Confines, &c. l7ï faire notre mot François hofie. Car vous {çaurez eh paflânt , qu’une par- tie de nos mots tirés du Latin , auflï- bien que ceux des Efpagnols & des Italiens, ont été faits des ablatifs La- tins , comme vous pouvez remarquer en ceux-ci : Origine, piété, genre , concombre , pauvre, pajjion rai/on , faumon , & quantité de mors terminés en on, qui viennent des ablatifs La- tins , Origine , pietate , genere ,- cucu- tnere , paupere , pajfione , ratione , fai- mone.

Hameau , du Grec «fwt , qui veut dire enfemble i parce que le hameau eft un amas de diverfes maifons.

Humer, du mot Latin fumer e , qui a été dit dans la Lignification de bile - re , en changeant Vf en h.

Hupe , du Latin upupa , qui lignifie

hérjjfon.

Habler, du Latin fabuUrù

Hors, du Latin forts.

Hormis , du mot Latin forts Sc de Mi (fus , comme qui diroit mis hors.

Hardes , qu’on prétend faire venir du mot hard , qui fignifie a prefent en notre Langue un lien de jeune bois*

H üij

*7^ Ch. VIII. De la prononciation

dont on etraint les fagots avec un noeud coulant , qui a été fait du mot Latin arÜare , qui lignifie ferrer & ctraindre : Et comme on fait un pa- quet des hardes, linge, 8z autre menu bagage d’une periônne, qu’on lie avec une coi de ou autre choie propre à eéc ufage -, on a nommé hardet tout l’cqui- page qu fine perfonne porte avec foy.

Nous avons encore quantité d’au- tres mots tires des Latins ou des Grecs qui n ont point d'h , ou dont les h ne le prononcent point ; comme en ces mots , hermine & Hermite , qui viennent de ces mots Latins * Armellimu 8c Eremita.

Exceptions des mots qui n'ont point de Réglés.

Voici une partie des mots originai- rement François , 8c qui font fi an- ciens dans notre Langue , qu’on n’a pu en découvrir l’origine j ou on en a trouvé quelques-unes, elles font fort douteufes.

Hacqnenee , hafiille , vieux terme pe campagne , qui lignifie menuè^t

des Conforts , &c. 'rjf •Viandes de porc fiais , comme boudins, faucilles , gribelettes , 8c autres piè- ces de cochon à rôtir qu’on envoyé à fes amis quand on a tué des cochons. Il y a apparence que ce mot de hafiille eft un diminutif du mot de hafie , qui difoit il y a environ cent ans , pour dire broche , & qui fe dit encore en pareille lignification dans plufïeurs Provinces de France. Selon ce fêns, hafiille fignifieroit brochette : & il eft à croire que ces menues viandes s’embrochoient dans des broches de bois , & même qu’on les envoyoit à fes amis toutes embrochées dans ces brochettes’, qui enfuite s’attachoient à la broche avec des ficelles pour les faire rôtir, comme l’on fait encore aujourd’hui quand nous faifons rôtit des grives , des aloiiettes , des beccaf. fines , ou autres oifeaux. Mais repre- nons nos Réglés.

Hasard , hure , hoquet ,hoejueton 9 horion , une houe y du houx, hucher , hune, hotte, heurter , hefire , hdler un Bâteau, haricot, hap e lourde ,hobre au, ou hobereau , ou houbereau ; Huilier, Jf aile bran , huer, qui fignifie appeler

tj% Ch. VIII. De la prononciation

haut, crier ; hocher la tefle , hochet , houjfe ,fe hubir, cohue, houfpiller, hap- per, haras, harceler, haridelle , haro 9 terme de Coutume de Normandie $ harpon , Havage , mefure de grain au pais Chartrain 3 hâve , pâle 6C défi- guré 3 hauban , hautbois , haubert , hauturier, terme de Marine 3 Hem% Héraut , Officier de guerre & de céré-' monie 3 herpé , terme de Chafïè ; hideux , hie , infiniment de Paveur \ hoc , forte de Jeu 3 kola, hongre ■, Hongrie, pais 3 Hongrois , nation ) Hon- gre line , hoyau , huée , Huguenot } & encore quelqu’autrcs, aufquels on peut ajouter tous ceux qui dérivent non-feulement de ces derniers mots- ci , mais encore de tous les mots fim- ples ou radicaux , qui font compris dans cette réglé , dont les h s ’afpirent, ioit qu’elles foient mifcs au commen- cement ou au milieu des mots , com- me de harnois , enharnacher , &c. de hurler, hurlement ; de hérijfon, hé- riffé 3 de huant, participe de huer i & de chat, chat-huant : de hanche , èhanché, déhanché', de hasard, ha- sarder 3 de hotte , hotteur , hottée »

des Confortes] &c. l?9

de houx y houfline , houfloir , &c. haut , hauteur , haufïèr , rehaufïèr # (urhauflèr , &c. Exceptés Y h du ver- be exhaujftr , qui ne fe prononce point , ni dans toute fa conjugaifon»

Remarque .

En général , il faut remarquer que dans toutes les conjugaifons des ver- bes les h Te prononcent , comme cel- les que je viens de marquer à l'infi- nitif : par exemple, harajfer , je ha- rajfty &c. je haraffoü , je harafferai ; & ainfi du refie.

Dam. Il me femble que vous fai- tes dériver beaucoup de mots de l’Aleman , dont plufîeurs Auteurs ne conviendront pas avec vous.

Phil. Il eft vrai que beaucoup d’Ety- mologiftes prétendent que le mot de hurler y vient du Latin ululare : que le mot de haut , vient du Latin altuf : que le mot hardi y vient de l’Italien ardito , qui a été fait du Latin au - dere , dont on a fait enfuite aldi- ro 3 & ardire , & les Italiens ardito : que le mot hache a été fait du Lati^

H vj

i$o Ch. VIII, De. la p ronàftdatïott

afcia ; que honte a été fait de l’Italien tinta y qui a c-tc tiré du verbe inufité Mire y dont on a fait autrefois honnir en notre Langue, qui fignifioit des* honorer quelqu'un , lui faire affront, lui faire honte : que le mot de hanter, vient du Latin habitare ; que le mot de houblon , vient du Latin tupulw , tiré de l’ancien mot ttpulut t dont on a fait opului ; & que de l’ablatif opul» en mangeant la voyelle » on a fait le mot de houblon.

Je fais même dériver le mot de hameau du Grec qu* *, & cependant beaucoup d’autres le font dériver du. mot ham, ancien mot de la Langue- Tioifè , qui fignifie une demeure t d’autres de l’ancien mot Flaman heym, qui fîgnifie domicile. Mais toutes ces opinions -U ne dètruifênt pas mes Régies ; car {bit que ces mots ayenc etc tirés du Latin de la maniéré que les Etymologiftes le prétendent , ou qu’ils ayent été tirés de l’Aleman y comme eux-mêmes le croyent , 8c que je m’en tienne à la derniere étymo- logie , ces Réglés fubiîfteiont tou-

r des Confortes , &C. i$t Dam- N’avons-nous point d’excep*- tfons de ces Regle-s >

Phil- Nous en avons fi peu , que cO n’eft pas la peine d’en parler. S’il vous relie encore quelque doute fur ces forces d *h , vous avez le Diélionnaire nouveau tout François , qui marquç celles qui fc doivent alpirer.

. Dam - N’avcz <- vous pas quelques ^Réglés à nous donner pour les h qui font au commencement des mots ra- dicaux , & qui ne fe prononcent pas l Phil. Après vous avoir donné des Réglés pour connoître les h qui s’af? pirent , vous n’en n’auriez pas bcfoin d’autres , puifque Içachant bien con- noître celles qui s’afpircnt, vous de- vez indifpenfablement connoître cel- les qui ne s’alpirent pas : Mais pour vous contenter , je m’en vais von$ en donner une qui elt prefque géné- rale , & qui achèvera de vous donner une pleine connoilTance de ces fortes de lettres.

Réglé.

Les h font muettes & ne s’alpirent point dans tous nos mots commencé?

fSi Ch. VIII. De la prononciation

par une h , qui viennent du Latin où. il y a aufli une h au commencement , comme vous pouvez voir- en ces mots, habile , haleine, herbe , hirondelle, he- norer, humble , qui viennent des La- tins , habiles , halitus , herba, hirundo , honorare , humilie.

Il faut obferver la même Réglé pour les mots qui viennent directe- ment des mots Grecs commençans par des voyelles ou par des diphthongucs alpirées , comme en ces mots , h or» monie , herejie , hifioire , horloge , hy * dropique , qui viennent de ces mots , «Çyusv/* , etïpte/f , îçopU , dpohiytùi , pa>7riKCf.

Exceptions.

Exceptez les h des mots- drivant y hennir, &c. haleter, &c. harpie de héros , qui s’aüpirent , quoi - que ces mots viennent des Latins & des Grecs, binnire, halitare , «ç«s, ipmu.

Exceptions de ces Exceptions.

Exceptez pourtant les mots d*heroli - %h* 3 héroïquement , heroïfme > & ce-

des Confines, é"C* lui d 'héroïne , dont les h ne fe pro- noncent point , quoi - que tous ces mots ayent été faits du mot héros » dont Vh s’alpire.

Autres Exceptions.

Les h s’afpirent aufîî dans Jet noms des Villes &’ des Provinces des Pais - Bas , de l’Empire & des Royau- mes du Nort , il entre des b , comme en ceux-ci, H annexait. Ville d’ Al face ; le Hainaut , le Holflein » Harlem , Hambourg , Htdelsheym , Heidelberg , Hedin , Heilbron , Cop- penhague ou Coppenhaguen , mais dont finale efl; muette , & qu’on dit en Latin Coppenhaga. Quelques Auteurs la nomment Hafnia* La ' Haye en Hollande , qu’on appelle en Latin Haga Comitnm , qui lignifie la Haye des Comtes.

On dit pourtant l’Holface & 1 'Hi~ hernie , fans afpirer les h ; mais ces deux mots ne font plus gueres en ufage , il faut dire le Holflein 8c l’/r- lande , au lieu de l’Helface 8c de Y Ht» hernie. -

ï$4 Ch. Vlîl. Ve U prononciation

Les h s’afpirent auffi dans la plupart des noms des Villes de Normandie , & dans tous ceux des Villes Sc Bourgs de Breragne, comme Harfleur, Hon. fleur, le Havre-de-Gract , CarkJoaix9 Hennebon , Rohan , & non pas Rouan, comme beaucoup de François qui ne font pas de Bretagne prononcent , ÔC qui difent le Duc de Rouan pour dire le Duc de Rohan , en afpirant 1*& com- me font les Bretons , qui ne manquent gueres à prononcer les h qui doivent être afpirées : mais quand ils les af. pireroient un peu moins fort , il? n’en feroient que mieux.

.Autres Exceptions,

Nous avons encore cinq mots tî- !rés du Latin â excepter , dont les b ne s’afpirent point , de pour lelquels on ne peut faire aucune Régie qui convienne à celles que je viens d'é- tablir pour les mots tires du Latin , il entre des h ,* car les mots Latins d’où ceux-ci viennent , n’ont point dCh. Les voici, huître , huile, hieble, huit , huis , qui ont été formés de eç|

des Confines, &c. r8y ïnots , offre* , oleum , ebulus , otto , tiftium.

Il faut obferver ici la même Réglé que j’ai propoféc à la fm de l’article des mots ou les h le doivent alpirer y qui eft , que les h qui font muettes dans les mots radicaux, le font aulfi dans leurs compofés , comme honorer , deshonorer ; honneur, deshonneur j hon- nête, déshonnêtes heriter de quelqu'un, déshériter quelqu'un ; habiller , desha- biller : & ainlî du relie.

Remarquez que l'h de rehabiliter ôc de réhabilitation cil conlonne quoi qu’on ne l’afpire pas ; quel- ques-uns même écrivent reabilita - tion & reabiliter.

Remarque Jiir la prononciation de •huit , de huitième , & de •V. hui tain.

Quoique Yh de ces mots huit, huitiè- me & huitain ne s’alpire pas , elle fait pourtant la fon&ion d’une confonne; cell-à-dire , quelle ne foufFre point delilîon de la voyelle finale du mot gui la précédé > non plus que le t 2$

1Î6 Ch. VIH. De la prtmonclatlax

»r. ou tinc autre conforme. Ainfî on dit compofe de huit, ÔC non pa$ com- pofe d’huit; le huitième, du huitième, nu huitième , & c. & non pas l' huitiè- me , de l'huitieme , h l’huitième J li huit Ain , & non pas l'huitAin.

Autre Remarque.

La même Réglé touchant les mot* de huit & de huitième, doit fcrvir pour tous les mors qui commencent pat des h alpirées \ car leurs h leur doi- vent tenir lieu de confonne j c*eft-à- dire, qu’on doit obferver la pronon- ciation des lettres finales des mots qui les precedent , comme fi ces h ètoient de véritables confonnes. Vous direz , par exemple , la hauteur , la honte , la haire , & non pas l’hauteur, ' ïhonte, l’haire . Mais pour {çavoir fi vous m’entendez , je voudrois vous demander fi vous m’en direz la raifon?

Dam . Je vous eiuens bien lorfque vous me dites que 17» tient lieu de confonne -, car on ne peut pas dire l'honté, comme on dit l'amitié, parce que l’clifion qui fe fait des voyelle'f

des Confortes , 187

aux articles 3es noms fubftantifs qui commencent par des voyelles , ne fe fait que pour éviter la rencontre de la voyelle de l’article , & de celle du mot qui la fuit immédiatement : ce qui fe fait par la douceur de la pro- nonciation , comme nous remarquons en ces articles , le, du, au ; la , de la, à la , fuivisdumot amitié , dont on mange les voyelles en parlant & en écrivant en la maniéré qui fuit : L'a- mitié, de V amitié , a l'amitié. Et com- me les Voyelles de ces articles , le , du, au ; la, de la, a la , ne fe man- ^ * gent que loi ^ es fuir.

prétendez que \'h aipirée qui fe trouve au commencement d’un mot , n’ètant pas une voyelle , doit être regardée comme confône, & qu’on ne doit fai- re aucune élifion de la voyelle de l'article qui la précédé.

Phil. Cela doit être ainfi véritable- ment. Et comme en prononçant ces mots , le Prejlre , la bonté } du Preflre, de la bonté ; au Preflre , à la bonté nous ne faifons aucune élifion des voyelles de leurs articles , parce quç

commence

vous

i$8 Ch. VIIÏ. De la pronônciaiiâft

les mots qui les Tuiven? commencent par des confones j on ne doit auflï faire aucun changement à l’un de ces petits mots , le , la , du , de ta> an y à la , quand ils font mis devant un mot commencé par une h alpirée, non plus que fi le mot e toit commen- cé par une confonne , comme le ha- sard, du hasard, an hasard ; la ha- rangue , de la harangue , à la haran- gue ; la Hollande , de la Hollande , a la Hollande.

.Dd/w.Seroit-ce mal dit de dire /’ Hol- lande , de l’ Hollande , al' Hollande? .

Phil. Si Ch du mot de Hollandé ètoit muette , ce feroit fort bien dit s comme par exemple en ces mots * harmonie , htfloire , horloge , vous ne pouvez pas vous difpenfer de dire , l'harmonie , de l'harmonie , a l’harmo- nie i l'hifioire , de l’hifioire , a l’hifioi- re i l’horloge , de l’horloge , a l’hor- loge j parce que cette h étant muette, & ne faifant aucune fonction dans la prononciation , doit être comptée pour rien , & comme fi elle nèroit pas au commencement du mot , dont on *ie confidere que la voyelle qui la fuit.

dp s Confines , à e. 189 pour la lier avec la lettre du mot qui la précédé, en forte qu’elle ne fade point de mauvais Son dans la pronon- ciation *, car il feroit auffi defagréable d’entendre dire la armonic, de la ar- monie , a la armonic , que la amitié ? de la amitié y a la amitié. C’eft pour- quoi pour éviter ( comme j’ai déjà dit ) la rencontre de ces Sons , qui. font une prononciation defagréable , on mançe les dernières lettres des petits mots qui precedent ceux qui commencent par des voyelles , ou par des h muettes j & on met une pe- rite apoftrophe à la place , en la ma- niéré qui fuit, r , de T , a l' ; l’amour, Phiftoire , l’aurore , Pborofcope , de Phorofcope , à l'horofeope ; l’herejte , » &c. Voyez le Chapitre des Confon- nés finales.

Dam. Quel rapport route cette Réglé a-t-elle avec notre h afpirée ou notre h muette?

JPhil. Il eft vrai que cette Réglé ne regarde que la maniéré de prononcer les confonnes finales , félon que les mots qui les fuiyent commencent par <Jç$ conformes, ou par des voyelles, £

l$o Ch. VIII. De la prononciation

Mais on ne peut pas difpenfer d’en- donncr ici quelques leçons par avan- ce , pour donner une pleine connoif- fance des h afpirées , quand elles font accompagnées de leurs articles.

Dam, Vous n'en nommez que fix, qui font/*, du, au j la, de la, à la. Que dites-vous des trois autres, loi, des , aux ?

Phil . Il faut obferver la même Rè- gle pour leurs confonnes finales , fi vous ne voulez tomber dans l'incon- vénient que tombent la plupart des gens qui parlent mal , & qui pronon- cent les harnois , des héros , aux HoU landais , comme fi ces mots ctoient écrits ainfi , z>arneis , z,cros , an JZolandois > joignant dans la pronon-: ciation les s ou les x de ces trois pe- tits mots, les, des , aux , aux premiè- res voyelles des mots qui les foivent , fans prendre garde qu’il y a devant ces - voyelles des h afpirées , qui faifant la fon&ion des confonnes , à caufe de leur afpiration , doivent produire le même effet que produifenc toutes les autres confonnes ; & que par con- séquent les cpnfqnncs finales des arti.

des Confines y &c. i$t clés qui les precedent ne fe doivent non plus prononcer, que celles des articles qui precedent ces mots , les garçons , les filles , des chapeaux , des bonnets , aux Tuileries . 11 faut donc bien fçavoir la Règle des confbnnes finales , pour ne point manquer dans la prononciation des mots qui fuivent ceux qui commencent par ces fortes

d7>.

j Dam, Il me femblc que vous en avez dit allez , pour en donner une ample inftru&ion.

Thil. Vous n*y êtes pas. il y a en- core dix petits mots, dont les confon- nes finales fe prononcent , ou ne fc prononcent pas , félon que le mot qui les fuit commence par une confonne, ou par une voyelle, Les voici , il, ils , en, on , un, font. Par exemple , */efi, ilj ont, en Angleterre , on attend, un arbre, ils font enfermés. Si vous pro- noncez tous ces petits rnots avec ceux qui les fuivent , on vous entendra pro- noncer diftin&ement toutes les con- fonnes finales qui marchent devant Içs autres mots ; à la referve du mot sis, dont on ne prononce point i*/>

i<>2. Ch. VIII. De la prononciation

& dont l’i a le Son d’un z,. Mettons aq; contraire ccs-pctits mots devant d’au- tres mots qui commencent par des .confones , & voyons l’effet qu’ils pro- duiront en les prononçant , il fait , ils font , en France , on crie , un Livre , ils font morts. Faites-les prononcer par par une perfonne qui parle bien , elle dira , i fai , î fon , en France , on-crie , un- Livre ; 8c elle n’articulera prêt \ que pas Vn finale des mots, e/t, on3 un.

Suivant ce précepte, vous pouvez * hardiment regler votre prononciation à l’égard desX qui font au comment cernent des mots , tant de celles qui s’afpirent , que de celles qui font muettes , en confiderant les alpirées comme des confones , 8c les muettes .comme des voyelles. Prononcez dorçc les confones finales de ces petits mots, il , ils j en , on , un , font , accompa- gnés des mots dont ils dépendent,- comme il harangue , ils hurlaient , en Hollande , on hasarde , un héros , ils font honteux , comme fi les mots qui jles fuivent ètoient commencés par des confones j 8c dites , î harangue , î hur *

v des Confines, &c. 193

lai , an-Holande , on-ha&arde , un-he - %roSi î fon honteu : & prononcez au con- traire les confones finales des mêmes fiX petits mots devant des h muettes, comme fi ces fortes d'h croient des voyelles i & dites , il habille , ils hu- milient, eh honnête homme , on habi- te , un heretique , ils font honores ; comme fi ces mots ètoient écrits en la maniéré qui fuit , ilabille , humi- lie , an-nonaîtomc , on-nabite , un-ne- r étique , î fontonorés . Il eft de grande cfcnièquence de ne (e pas méprendre jdans la prononciation de ces fix pe- tits mots fiiivis d’autres mots , qui commencent par des h : car rien ne donne une plus grande idée de grof. fierété & de mauvaifè éducation d’u- ne perfonne , que lorfqu’on lui en- tend dire , déz,ero , pour héros » V ézjolandais , pour lé-Hollandois ,* on- na^arde , pour on-ha^arde ; An- No- lande , pour en-Holande ; un-naran , pour un-haran i déx,aran , pour dé- haran .

J’ai même entendu dire un nero , pour dire un z,ero , à des gens de Province qui fc piquent de bien par-

JL ,

'#

1

194 Ch. VIH Delà fronànciation

Ici: , Ôc qui fout fçavans, & même à des5 Avocats. Je vous laide à penfor * quelle raifon ils peuvent avoir de croire que le fingulicr du mot de z.ero , fou ero > & qu’on puilie dccli-r ncr ce mot ainfi , l’ero > de Vcro , a.

Vero & au plurier , les eros , des erosf MX eros. Cela fo.it dit en patent. Mais je vous affiné que j ai entendu plus de trente perfonnes, & déport habiles gens , prononcer de même, parlons maintenant de Ja maniéré de prononcer la lettre

j Dans. Dites - moi , je vous prie , '

avant que commencer d autres leçons, pourquoi nous ne retranchons pas tout d’un coup ces h muettes de notre Ortographe , puifqu’elles y font aum inutiles que les lettres qu on a déjà commencé à (opprimer dans les nou- velles Impreflionsl Et pourquoi faut- il nous embarafl’er de Régies pour ap- prendre .1 démêler les h qui fe pro- noncent d’avec celles qui ne fe pro- noncent pas ?

PhiL Ce feroit un grand avantage a la vérité , fi ces lettres muettes è- toient tout- à -fait bannies de noue

des 'Confortes , &c‘.

ôrtographe s tant pour ceux qui écri- vent , que pour ceux qui lifent, & particulièrement pour les Etrangers , ou autres perfonnes , qui n’ayant pas une connoHfance parfaite de tous les mots.de notre Langue , font Bien fou- vent embaralTés comment prononcer nos Mais je n’y vois point encore de remede $ car quelque changement qu’on ait fait jufqu’à prefent dans

notre maniéré décrire , je ne vois pas qu’on fe foit encore mis en devoir de fiipprimer les h muettes j elles ont de trop puiflans Parti fans, & on a beau- coup d’égard pour les endroits d’ou elles font forties , & pour les gens qui les ont établies : Enfin, on les retient toujours dans notre ortographe , pour conferver l’étymologie de nos mots.

Dam. Cette raifon me paroît a fie? jufte mais on pourroit ri’y avoir pas tout l’égard que vous dites, & je m’en apperçois déjà, puifqu’on commence à Supprimer les h attachées à la fyllabe ch j dans les mots elle fe prononce comme, un ^ aufli bien que les h qui fe trouvent immédiatement précédées fl’un / 5 comme en ces mots Archange ,

Ch. VIII. De la prononciation Théorie , quon trouve ortographiés ) par un (impie c., ou par un (impie ainfi qu’il fuit , jircange , Tèorie : 8C que même le ph , que les gens fçavans confervent avec tant de perfeverance , commence à Te convertir en/ dans la plupart de nos nouvelles Impreffions.

Phil. Cela peut être , & je fouhaii- terois même que cela fût déjà établi; maisj’ay bien delà peine à croire 'que nous voyions (i-toft la fuppreflionde nos h muettes au commencement des mots, comme en ceux-ci habile x he- ritier, hifioire , homme , humilité , défi- habiller, déshonnorer -, & qu’on écrive abile , entier , ifloire , omme , umilité , d'efiabiller , defonorer.

Dam. Cela dèfigureroit à la vérité beaucoup notre écriture 8c notre Inv* prelîion : mais ne pourroit-on pas dè- guifer notre h , comme on a fait no<« tre i voyelle depuis quelques années , en lui fefant une queue pour la ren- dre confone comme notre / à queue , 8c la marquer ainfi ^ ? Cela étant* les Ecrivains 8c les Lecteurs auraient lieu d’être contens.

Phil. Oiiy, mais il faudroit qu$

des Confortes , érc. x$rj Quelque Puiflance s’en mêlât absolu- ment : car après ce que tant d’habiles gens ont écrit & propofé fur la re- formation'de l’Ortosraphe, donc les

\ / N * ' . 1

peines ont etc inutiles, il ny a pas d’apparence qu’il y arrive un change- ment tel que nous le fouhaitons , que par hazard & par fucceflion de teins. En attendant mieux , il faut nous en -tenir aux Régies qu’on peut donner fur l’écriture , & fur la prononciation de ces deux fortes d'h , & fur ce que vous en pourrez apprendre par les Dictionnaires tout François imprimez depuis quelques an^s. 1

Art. I V. De la prononciation de la lettre k.

Le k fe prononce comme notre On ne s’en fert en notre Langue qu’en ortographiant les mots étrangers * comme K arabe , forte d’ambre ; Kati, plante j Karafon , Province du Roy de Perfe *, Makjda-, nom d’une Reine d’Ethiopie 3 Kebek Capitale Ville de Canadas 3 Kaoüane , efpece de Tortue 3 icarati certain degré de bonté & de

1^8 Ch. VIII. De la prononciation

perfe&ion de lor ; Karatras , forte de plante fàuvage qui croît en l’Ameri- que ; K ieder, forte de Fai fan ou Coq fauvage qui Ce trouve en Laponie ; Kynancie, terme de Médecine , elpe- ce d’Efquinancie -, Cynocéphale » efpece de gros Singe , fort & fauvage , qui Ce trouve en Egypte *, Kynge , nom d’une Reine de Pologne 3 Kyrielle , Jtlkalt , forte de Sel , appelle ainfi en terme de Chymie.

Dam. C’eft dommage que cette lettre ait un employ fi borné en no- tre Langue , & que nous la regardions comme un cara&ere inutile *, car elle pourroif avec ifllucoup de juftice 6c de raifon remplir la place de notre c * devant les voyelles a , à, ù, comme j’ai déjà dit en l'Article du c, & écrire, Capitaine , K œnr3 Kupidon , au lieu de Capitaine , coeur 3 cupidon 3 Sc fuppri- mer le ç à queue , pour ne pas avoir la peine de le changer dans la con- jugaifon des verbes terminés en ccry comme commencer , percer , ejfacer : Ou fi nous manquons à mettre une ' codifie ou queue au deffous du ç , tjui fait la fyllabe pay «U la lÿllabfc

t; ' des Confines , &e. 199

ço> quon trcyÀ: fouventdans la con- jugaifbn d’un cie ces verbes , comme vous pouvez voir aux mots qui fui- Vent , commençant , commençons , per-* çant y perçons > j'ejfaçois , &' c. nous ren- drons notre écriture ridicule, & très- difficile à lire à ceux qui ne fçavcnt pas tous les mots de notre Langue , ni la valeur de ces ç a queue , & qui lifent les fyllabes çant , çons , & ça de ces mors , comme on prononce les premières fyllabes de conte, & de Capitaine ; & qui lifent .encore la plupart la fyllabe fça du mot fçavoir , celle de çon du mot de Maçon s com- me les fyllabes fça du mot de Scapu~ laire , & celle de çon , comme la pre- mière Syllabe du mot de conte»

Art. V. De la^r enonciation de U lettre 1 , & des fyllabes ilia , ille -, illi , illo , illu.

Phtl. La lettre / fe prononce par le mouvement de la langue y qui fe rc- dre fiant par le bout , touche au pa- lais , & fait un Son fec , qui forme }es fyllabes la , le , li , lo , lu , comme

loo Ch. VIII. De la prononciation

vous pouvez voir aujÉpemieres Syl- labes des mots fuivan s?lame9 Légat, hbre , Logique , Lune. Gctte lettre / a beaucoup de rapport avec notre l'rt Sc cela cft fi vrai , que ceux qui ne la peuvent prononcer , font entendre le Son d’une /. C’eft ce qu’on peut re- marquer , fi on fait attention fur la prononciation des enfans qui ne fça- vent pas encore prononcer les r.

Dam. Il y a des Provinces en Fran- ce où l’on paroît aimer mieux les r que les / ^ car on leur entend pro- noncer la plupart de leurs / finales en r, prononçant animar , fanar chevary pour dire animal , fanal , cheval.

Phil. La lettre l qui devient mouillée eft celle qui eft précédée du S^n.d’un iy Sc fuivic d’une autre /, en la ma- niéré qui fuit , ilia* on ille , ou illi , ou illo , ou illu. Elle fe fait par un autre mouvement de la langue , tout contraire à celui qu’elle fait lorfqu’elle veut former le' Son de 17 feche : car au lieu de fe redreflèr par le bout vers le palais , elle fe recourbe vers les dents d’enbas, 5c s’élargit par le bout & vers le milieu , comme fi elle vou-

(

(

v ff

des Confines , érc. 16 1 loit former un i , qui fe trouve inter- rompu dans fa formation par le batte- ment de la langue vers les dents d’en, bas , d’où il fe fait de needfite le Son moiiillé de 17, en mêlant le mouve- ment de la langue qui forme le Son de 17 , avec celui qui fait le Son de 17, comme vous allez remarquer aux fyllabes ilia , ille , illi , Mo , illu , qui fe trouvent en ces mots , paillajfe , taillai cueilli , billot , feuillure. Cette Régie n’efl: pourtant pas fans Excep- tions , comme vous allez voir.

Exceptions .

Lés fyllabes Me , Mi, Mu , perdent leur Son moiiillé , 5c fe prononcent comme fi elles n’avoient qu’une l , 6c que cette / retint fon Son fec & na- turel. Mais pour parler plus intelli- giblement , elles fc prononcent com- me en Latin , quand elles fe trouvent immédiatement au commencement d’un mot, comme en ceux-ci , illégi- time , &c. illicite , &c. illuftre , &CC. Mujion , Ôcc. Iilyrien , 6tc. Ces {yllabes fe prononcent auffi de même aux

I v

J

201 Ch. VIII. la prononciation

mots qui fuivent , tranquille , fcc. di^ Jlilter , fcc. argille , etoille , mille > Ca- pillaire, pupille, pupillaire , que quel- ques-uns écrivent prefentement avec une feule /, ainfi qu’il fuit, tranqui - /<? , diftiler , argile 3 èfoi/e , w/'/e , C<i- pilaire , pupile , pupilaire j fc qu’on devroit pourtant écrire de même , puifqu’on ne les prononce que -com. me s’il n’y àvoit qu’une l dans les jfyllabes ilia, ille , illi , illo, illu de ces mots.

Dam. Pourquoi voudriez-vous laif* fer les deux II, dans ces mots , illégi- time , illicite , illufire , illufion , Illyrten, &c.

Vhili II ed bon de les y laifTér , parce que ces / ont une prononcia- tion un peu plus forte , & qu’on pefe davantage delTus en les articulant , & qiiafi comme fi on les vouloit pronon- cer comme doubles *, de même qu’on Fait à peu près ces mots Latins , Ma , illorum , illud. fcc.' mais pas tout-à- fait fi fort : ce qui ne fe fait pas aux mots fui vans , tranquille, difiiller, è- toille , fcc. dont les deux II ne fe pro- noncent que comme une fimple l ,

c

s des Confines , &c. icf$ & dont le Son eft fec & fermé , com- me vous pouvez le remarquer en pro- nonçant tranquile , difiiler, e toile.

Remarque .

Les Peuples du Nort ont bien de la peine a prononcer ces / mouillées ; mais les Efpagnols & les Italiens les •prononcent avec autant de facilité que nous. Les Italiens les caraétéri- fent avec ces trois lettres gli , comme vous voyez en ces mots , pigltare , wc- glie , voglio , qui lignifient prendre femme, je veux : & les Efpagnols par ^ deux// feulement , comme vous voyez ^ en ces mots . callar, G aile go , z,ambul- liâo j polio , lalluvia , qui lignifient en notre Langue , m/ty , GalUcien , plonge, poulet, lapluj/e . De forte que ces deux Nations prononcent ccs mots , comme nous les prononcerions fi nous 1 s voyïons écrits à notre mo- de , cil la maniéré qui fuit , pillare , moille , voillo , caillar, G aille go , farp- bouiflido , poillo , laillouvia .

204 Ch. VIII. De U prononciation

...» k ^ ,

Réflexions fur la maniéré d’épeler les fylUbes ilia, ille, illi, 1II6, illu.

Dam. Voilà une manière de mar- quer les fyllabes mouillées qui fe for- ment de notre i , fuivi de deux II , bien extraordinaire 5 & il femble que vous les vouliez épeler d’une autre m^* niere que les Maîtrcs-d’Ecole ne les font épeler à leurs Ecoliers , en leur apprenant à lire : car félon ce que vous propofèz , il faut épeler ces mots, gaillard, taillé , bouillon , en la maniéré qui fuit j ga-illard , ta-illé , bo-uillon ;

& dire , ge , a , ga , i > deux elle , a , 1 err, dé, illard , gaillard ; te, a, i , deux elle , é , illé , taillé j , o , u , bou , i , deux elle , o , enn , illon , bouillon *, 8c non pas en la maniéré ordinaire , gaiUlad , t ail-lé , boüi-llon , qu’on leur fait épeler ainfi , ge , a , i , ell , gail , i , elle , a , erre , , illard, gaillard *, té, a, i, elle, tail, i , elle, é , illé, taillé i , o, 11, i , ell , boüil, i, elle , o , enne, on , illon boiiillon.

Phil* Pour moy je ne fuis point

des Confines a dre. 2oy pour cette derniere manière d’èpekr ces fortes de iÿllabes', de j’ay vu des Alémans qui m’ont avoué que ce qui les empêchoit de comprendre le Son naturel de ces /"mouillées , c'ètoic cette feparation qu’on leur fefoit faire de ces deux fortes d7, en épelant la fyllabe elles fe trouvent , dans la- quelle ils entendoient deux Sons di£* ferens, qui ècoit celui d’une / mouil- lée , de celui d’une / feche , qui les cmpêchoienr d attrapa la véritable prononciation de ces fÿllabes mouil- lées : ce qui n’arrivoit pas quand on leur fefoit cpelcr ces fyllabcs ainfi, ilia , ille , illi , illo » illti , fans fepa- ration : & la maniéré d’èpeler ces for- tes de fyllabes me paroît pour le moins suffi aifée que l’autre , de plus utile. Il feroit même bon que Içs Impri- 1 meurs, oblèrvalïènt de les partager en -la maniéré que je le propolè dans le» divifions qu’ils font au bout de leurs lignes, au lieu de les partager comme ils font , 8c de mettre une / fur une lÿllabe , de une autre / fur l’autre * comme f4/7 à la fin d’une ligne , de le au commencement d’une autre * paut

iù6 Ch. VIII. De la prononciation

imprimer le mot de taillé , puilqu’ii . eft confiant que la fyllabe $lh Fran- çoifc ne fe peut divifer en l'épelant* ou en écrivant , fans changer da Son.

Il y a encore une autre raifon qui me femble n’avoir point de réplique , c’eft qu’ils joignent fouvent deux con- fones enfèmble au commencement d’une fyllabe qu’ils veulent (êparec d’une autre qui la précédé, comme en ces mots , dt-gnus , ca-ptus , o-mnisy dont ils poufiroient pourtant feparer les fyllabes ainfi , dtg-ntu , cap- tus , em-nit. Il eft bien plus raifonnablc de joindre les deux confones // dans une fyllabe , puilque jointes avec 1# , elles n’en font qu’une , plutôt que de les feparer l’une de l’autre , pui£ que cette feparation en fait changer le Son. .

Dam. Tout ce que vous vanez^de propofer fera aufli difficile à établit parmi les Maîtres d’Ecole & les Im- primeurs , que votre k pour le c dur & votre fi à queue $ car il fera bien difficile de leur ôter de la tête que ces fyllabes ilia , ille , illi , Ulo , ilia , détachées du mot elles doivent

r.

t

r ' ' des Confines ,&c. 107

. être , ne fe’doivcnt prononcer & épe- ler comme en Latin , & comme on épele les mots fuivans , capilUre ,Me- cebra, illicitns > illorum , Mue.

Phil. Je ne vois pas qu’on doive trouver plus étrange de prononcer nos fyllabes Françoifes , ilia , Me , illi , illo , Mti, comme les Efpagnols prononcent leurs fyllabes mouillées lia , lie , lit , llo ,//«,& de cara^léri- {èr de même ces Sons moiiillez par Ma , Me , ///* , *7/o , illti , que nous trouvons étrange de marquer les Sons moiiillez qui fe forment de notre c avec un h par ch a , che , chi , cho , cl?», & le Son de notre g nazal par , gne y gai , gno 1 , gnu* Car toutes ces trois fortes de fyllabes fe trouvent en Latin comme en François , avec cette différence , que nous les prononçons autrement en notre Langue que, nous ne fcfons en Latin. Si on ne peut fe méprendre dans la prononciation de ce$ fyllabes Françoifes gna , gne , gniy gno j gntiy qu’on pourroit feparer ain- fi en les épelant g-na , g-ne , g-ni , ôcc. comme on nous objecte qu’on peut faire en nos fyllabes Ma , Me y

- -

‘ioS Ch.VIII. De ta prononciation

illi , &c. en prononçant iUla , il-lct,. il-ti , &c. comme on fait en Latin , pourquoi veut-on qu’on fe méprenne dans la prononciation de ces dernie- fes (yllabes ilia , file, illi, &c. quand on fçaurà qu’elles ne (ont pas Latines, de qu’elles appartiennent à des mots François ? Il eft vrai qu’un Etranger voyant ces fyllabes chas chc , chi > cho , chn ; gna , gne , gui , gno , gnu ; ilia , ille , illi , illo , illu , feparées de leurs mots , fans fçavoir à quelle Lan- gue elles appartiennent , ne manque- ra pas de les prononcer comme kje, kf> kj , kj> , kjf ; g-na, g-nè , g-ni, g-no , g-mt ; il-la , il-le , il-li , il-l(t , il-lu ; & nous les prononcerions auflï de même fi nous les voyions dans des mots étrangers. Mais fi l’une de ces lyllabcs Ce trouvoit dans un mot Fran- çois qui ne fut pas connu à tout le monde , il ne faut pas douter que nous ne la prqpon ci allions félon no- tre maniéré naturelle de prononcer ces fortes. de lÿllabes : & un Etranger qui fçauroit lire notre Langue, eu feroit la même chofe , pourvu qu’il fût perfuadé que le mot ou il trouve*

des Confines % &c. 109

foie Tune de ces fortes de lÿllubes, fût François.

Dam. Il eft vrai que nous pronon* çofts beaucoup de fyllabes en Latin tout autrement que nous ne les pro* nonçons. en notre Langue naturelle » car nous ne prononçons pas ces mots Latins , C baratter , Chelidoriia , Af- chiepifcoptts , Chorus , Bachus , comme flous prononcerions ces mots Fran- çois , chapeau > cher. Architecte , cho- quer, chucheter. Les Elpagnols pro- noncent leur ch , comme tch j de for- te que pour prononcer le mot mu - ehacho , qui veut dire en leur Langue petit garçon , ils prononceront moue- chatcho : & cependant ils prononcent les eh qui fe trouvent dans les mots Latins , comme des k^. Nous pronon- çons ces mots Latins, ignarus , digneris , ign'ts , comme fi on nous les fcfoit è- peler en la maniéré qui foit , ig-na - rus » di gne-ris , ig-nis.

Phil. C’efi: la vérité , mais cette Régie neft pas fort générale : car les Efpagnols & les Italiens pronon- cent lesjr en Latin , comme ils pro- noncent idiotiquement les leurs j car

ttô Ch. VIII. De la pronmcUtlôfï

ils difent Vi rdginis, 6c les Efpagnols Fi rghinis : çes derniers prononcent leurs g devant les <?, & les y comme nous prononçons nos g durs , c’eft- à-dire ceux qui font fuivis d’un h , en afpirant dans la moment de l’ar- ticula:ion qu’ils font de ce g la voyel- . le qui le fuit : de forte qu’ils pro- noncent leurs mots de mttger , qui lignifie femme » heregia , qui fignific herejie , comme nous les prononce- rions à p:u près s’ils ètoient marqués par fyllabes en la maniéré qui fuit , moug-he'er , hereg-hîa , en afpirant Y h aufli fort que celle du mot de héron , & celle du mot de hibou , & en pro- nonçant le g un peu plus fort que nous : Mais ceci n’eft plus de notre .Inftru&ion. Nous aurions trop de chofes à dire for la maniéré dont les Etrangers prononcent les mots de la Langue Latine , & celle dont nous les prononçons nous-mêmes. Paflons à d’autres préceptes.

Dam . J’ai encore une demande à vous faire touchant la manière d’cDe- ler nos fyllabes ilia , ille , illi , &c. lorfque la voyelle qui la précède ell

des Confortes , &c. itï

lin i commun : car fuivant votre S y- ftème, il eft conftmt que Vi fe dé- pouillant de Ton Son naturel , pour aider à former le Son moiiillé de U doublée qui la fuit, il. ne doit plus relier de voyelle pour former la fylla- be qui précédé cét i , puifque le Son de ce même i eft tout-à-fait confon- du dans celui des deux II qui le fui- vent; Comment ferez-vous pour épe- ler ces mots , bïllart , fille , pliage , &c 1 car vous ne pouvez pas feparcr en épelant la confone qui précédé Xi de cette fyllabe ilia , ille , Sec. &c di- re t.illac, b-illet , p-illf , comme vous pourriez faire aux fyllabes gna, gne > gni > Sec.

Phil. Tout ce qu’on peut vous ré- pondre là-delTus , c’eft que comme il y a peu de régies fans exceptions , celle-ci en a une qui eft aifée à com- prendre j qui eft , qu’en ce cas Xi fans être précédé de voyelle , fe double dans l’èpelation * en forte qu’il y en a un qui donne le Son d la confone qui le prêche , & l’autre qui aidé d former le Son moiiillé des deux II , aufquelles il eft attaché ; de forte

ïu Ch. VIII . De td 'pronôncUtiofi

qu’on èfele ces mots, tillac , billet '} fille, billon , brillant , &c. en la ma- niéré qui fuit , té, i* ti% i , deux 11% à , , , tillac : les autres mots

doivent être. épelez de même. Pro* noncez donc , billet , pille' , billon * brillant , comme s’ils ètoient écrits ainfi , bi-illet , pi-illé , bi-illon , ittauti Sec. Qifon fc récrie tant q'uon voudra fur cette maniéré d’épeler, je la foutiens toujours plus aifée que la maniéré ordinaire^lcs Ecoles, Se pour les Etrangers , & pour ceux qui tic fçavenc pas encore lire notre Langue*

’( .pv '•* » ■' > t M

Remarque,

La fyllabe ille double Ton i dans la prononciation du mot de Jnillefi Prononcez donc ce mot , comme s’il ètoit écrit avec deux i , en la manière qui fuir , Jui-illet .

Da?». Vous avez uni exemple dans ly-grec , qui appiiye votre Syftême ; car j’ay vu des Maîtres de Langue en Italie qui le fefoient èpellr à des Ale- mans, comme s’il avoir été double : On leur fefpic épeler ces mors ,Doyeny

des Confines, ère . 2.1$

fayf9 Ecuyer, en la maniéré qui fuit. Dé, o, y-grec , Doy , y-grec , e , ènne, yen , DQyen , &c. Ils leur fefoient pro- noncer. & çpeler tous les ^-grccs en- tre deux voyelles , comme s’ils avoient çté doubles , en la maniéré qui fuit aux m.ots fuivans , pay-ye' , Ecuy-yer , employ-yer , &c. N’avezvous plus rien à dire de 17 f

. P htl. Rien, linon que quand elle fe trouve à la fin d’un mot précédée d’un o , elle fe prononce quelquefois comme ou , & quelquefois comme oU y oyez le Chapitre des Monophthonr gués tout à la fin. Parlons de la va- leur de Xm»

A blt. VI. De la prononciation

de /’m.

La prononciation de Vm fe pro- nonce çn notre Langue , comme en la plupart des autres Langues , lors qu’elle fait immédiatement le commencement d’une fyllabe ou d’un mot : c’eft-à-dire ? qu’elle fe prononT c.c par le fecours du battement de la Uyre d’enbas ? contre pelle d’enhaut,

114 Ch. VIII. De la prononciation

comme vous pouvez remarquer en ces mors , mon, ma, me-rite ^i-mi-ter, mar-mot y mu-rit , fi-ni > &c. Mais quand elle fe trouve à la fin d’une fyllabe , elle change de Son , comme *m-pley t-taim , im-portun , fom-bre, hum-ble. Voyez le Chapitre des Mo- nophthongues , à l’Article 5.

*. .•

Art. VII. De la prononciation

de V n.

Vu fe prononce en notre Lan- gue , comme en la plûpart des autres Langues , lors quelle eft immédiate-, ment mile au commencement d’iine- fyllabe : c eft-a-dirc , quelle s’articule avec la voyelle ou double voyelle qUr* la fuit, en repliant le bout de la lan- gue vers le palais , &: en fefant un petit mouvement dans’ la racine du nez , qui joint avec ce- mouvement du bout de la langue , fait ce Son reten- tifiànt qit’on etitend dans les premiè- res fyllabes dc ces' mots y natal , né~ ffoce , Nicolas, ndble y numéro.

** Quand l 'n fe trouve à la fin d’une (yî- labw, elle perd le Son naturel de reten-

des Confines, &c. ny tiftànt qu’elle avoit étant entre deux voyelles , ou immédiatement au com- mencement d’une fyllabe j car elle ne s’articule qu’à demy , &: encore eft-ce d’une maniéré fi foible & Ci peu fen- fible, qu’on ne s’en apperçoit point, comme vous le pourrez remarquer par les fyllabes marquées en lettres italiques dans les mots qui fuivent , manc he > peindre , /'«cident , onguent, défunt.

. - * 'j' ' * % *Cv'

Autre maniéré de prononcer l* n.

L’n change de Son Iorlqu’elle eft jointe à un p qui la précédé, & fait aüfli changer" de Son au g avec lequel elle fc joint : car au lieu qu’on devroit prononcer chacune de ces lettres fé- lon leur Son naturel qui eft fec, elles prennent l’une & l’autre un Son mol & moiiilJé , comme vous pouvez voir en ces mots, gagner, dignité , rojfi- gnol. Les uns appellent ces deux ca- ractères joints ainfi enfemble un ç nafal , a caufe des mouvemens qui le font dans le nez en les prononçant ? & d’autres les appellent une n moiiil-»

- . .. . . <

0

U

il 6 Ch. VIII. pe la prononciation

lée , à caufè du mouvement que la langue fait dans la bouche en s’élar- giflànt par les coftés 3 au lieu qu’elle fc redreflè vers le palais quand on veut prononcer le Son naturel de cet- te ». Les Efpagnols cara&érilênt ce Son mouillé de gn par une petite li- gne au deflus de Yn ainfi, comme ni no , peftanas , panuelo , que nous c- cririons feion notre Ortographe , ni - gno , peftagnas , pagnuelo : &il$pro*. noncent le gn des mots Latins , com- me nous le prononçons ; c’eft-à-dire, qu’ils difent ag-nas & non a~gnm , comme font les Italiens , qui pronon- cent & écrivent en leur Langue leur gn comme nous , & qui le pronon* cent de même dans les mots La- tins.

Art. V III. De la prononciation du p .

s *. ■**?!•<*'.* '* *

Il n’y a rien a dire fur la pronon^ ciation de la lettre p , fin on quelle fe prononce de la même maniéré que le b , mais en fefant un plus fort battement des des lèvres^ qu’en la

formation

d<*s Confines , &c. i\-j formation du b , comme vous pouvez voir en prononçant l’une & l’autre de ces deux lettres dans les fyllabes fui- vaD tes»

1U'

Syllabes avec un p.

B a » pe> pi, po , Triais , pete , pi

Pi*' rc , po\i , pur.

»

Syllabes avec un b.

Ba> be,bi, bo , Æ^Iais , bec, Si.

bu. ble, fomet, £#rin.

Les Aîemans appellent cette lettre p , cin harti b , qui veut dire en leur ; Langue un b dur. Quand cette lettre p eft (uivie d’une h , elle fc prononce icomme uncf, comme vous verrez aux ïÿîlabes marquées en cara&ercs itali- ques des mots qui fuivent ; Empha- tique , pher- orrene, TVjlofophe, mc- taphotc , Phfique > phlébotomie , phre - jiçrique jpltf/fie , &c. Prononcez donc, ’en/dtique , y^nomene , jîlofoj^ , &c. Voyez ce que j’en dis au Chapitre de la prononciation des Confones.

s

*i8 Ch. VIII. De la prononciation

Remarque fur l’Orto graphe de ce ph.

Quand ces mots de phlegme , & de phlepmatique s employent figurement dans le difcours , pour dire moderar tion , -patience , modéré , patient > on les écrit ordinairement avec une f , comme flegme , flegmatique. Mais en matière de Chymie , il y a une au- tre lignification , il eft bon de 1 écrire avec un ph.

Art. IX. De la prononciation du q.

Le q eft toujours fiiivi d’un », 8c fe prononce toujours comme un K , comme vous voyez aux cinq (yllabes qua, que , qui , quo , quu , qui font dans les mots qui fuivent , quaitc , que ftion , calibre , quolibet , pi^r»»- re, que vous devez prononcer com- me s’ils ètoient écrits ainfi , K atre > Xefiion , eKilibrey xolibet > figure*

1

des Confines ,&c. Exception.

J’ai oublié de dire que le q ne fouf- fre point d’«, quand il trouve à la fin ci un mot’, comme on petit remar- quer en ces mots eboq & coq.

Exceptions de la prononciation du q.

"Le de la fÿllabe que , eft féminin, ôc ne s’entend prefqùe point en ces mots , ÿwnoiiille , qusrtWe , ^relier, &c. queteWi ur , ^relleufe , empaque- ter t &c. dépaqueter t Sec. caqueter , &cc. caqueteur , caqueteuÇe , caquetoi- re, coûter, &c. craqueter , Scc. be- -que ter, &c. dèchi^ter, Sec. marque- ter , &ç. par^eter , Sec. Prononcez donc ces mots à peu pi ès comme s’ils ètoient écrits ainfi , k nouille , ampa- Kter, Sec. caKter , &c. dans le difeours Familier : Mais dans la Poëfie , faites fêntir dans la iyllabe que , un peu du Son de Ve , & à peu près comme s'il y avoit K«*noiiille , ampaKe«ter , ca^ Xf»rer,&c%

Kij

2.io Ch. VIII. De la prononciation

Il faut obfcrver la même prononcia- tion dans les fyîlabes finales que , ques, quent, comme en celles qui Ce trou- vent en ces mots, coque , bar que, tu marques, ils mar quent, les e font féminins.

Obfervez la même prononciation dans le mot quérir , Ve cft aufli fé- minin -, & dites aUe' k ri , pour dire allez, quérir : Mais dans le difeours foûtenu , ou en lifant des Vers, faites- y entendre foiblement & imperceptr- blement le Son d’un e ; comme auffi aux fyîlabes finales que , que s y quent , comme je vous ai déjà dit au fiijet des mots de quenouille , caqueter , & empaqueter,

Remarque fur l'Orto graphe & fur la prononciation des verbes em- paqueter, dépaqueter, caque- ter , & de tous ceux qui fe ter- minent en queter.

Le t de la fyllabe finale des verbes empaqueter , dépaqueter , caqueter, co- que ter, déchiqueter , marqueter , par-

des Confines , &c. m ejueter , bequeter , & a ut es terminés en ejueter , Te double clans les trois premières perfonnes fingulicres , & dans la troifième peiTonne du plurier de leurs tetris prefens , tant de l’indi- catif, que du fubjon&if : & IV qui précédé le t doublé , Ce prononce com- me un è ouvert *, ou fi vous voulez , comme la fyllabe ai dans le mot de fait. Voici un exemple de conjugai- fon que je vais donner pour l’orto- graphe , & pour la prononciation de tous les verbes terminés en ejneter*

Infinitif.

Ecrivez. Prononcez.

Eknp*7**ter. ampafyf.

Participe actif.

Ecrivez. Prononcez.

Empaquetant. ampaktan.

Participe passif.

Ecrivez. Prononcez.

Empaq/tfté. ampakté.

m Ch . VIII. De la prononciation

Indicatif.

Le teins prsfent.

Ecrivez. Prononcez.

J*empa guette. j’ampakjtite .

Tu empa^tte. tu ampakaite.

Il empa^tte. il ampakaite ,.

Nous empale- nom ampaktôn,,

tons.

Vous empa^#etez. vous ampakjes. Ils empannent. iz, ampakaite.

Le tetns imparfait.

Ecrivez. Prononcez.

Tcmpa^/etois. fampaktês.

Tu empa^werois. tu ampaktes,

* Il empa^wftoit. il ampakjai.

Nous empala*- nous ampaktiôn . tions.

Vous empa que- 'vous ampakjies, ticz.

Ils empa^toient. iz, ampaktes.

Le tems pajftf.

Ecrivez. Prononcez.

J’cmpa^«eiais,&c. j'ampakté , &c.

rs^r , * * ' f ’^-A* ' . - *•

1

î*

' * des Confines , &c. iaj

Le tems à venir,

.Ecrivez. Prononcez.

J’empannerai j j' ampakterf , &c. &c.,

L’ Impératif.

Ecrivez. Prononcez.

Empa^«rtte. amp akf.it s.

Qo^il empagr^tte. qu'il ampakfite, Empagwtons. arnpkktôn. Empa^»^tez. ampakjes.

Qu^ils empa^«£t- k ’/x. ampakfite, tent.

Lf. SUBjoNCTIF.

~ f“ * . Le tems prefent.

Ecrivez. Prononcez.

Que j’empa<7#£tte. k’ j’ampakjtite^ Que tu empa^tft- k’ tti ampakfite, tes.

Qu’il empa^«^tte. k il ampakaite. Que nous empa- k’ nom ampakr quêtions. tidn .

Que vous empa- k’ vous ampak?

quêtiez. tifs.

Qu’ils empaler- k’ jz> ampakfitc» tent.

K iii)

214 VIII. De la prononciation

Le tems imparfait.

Ecrivez. Prononcez.

Que j’èmpa que- k j ’ampaktdjfe , ca(îè,&c. &c. - ' .

L’imparfait conditionnel.

Ecrivez. Prononcez. .

J crcpa^^terois , j’ampakjerês , & c.

&c.

Remarque . .

* /'

Les & catera que j’ai marques A la 4m des premières perfonnes des tems de ce verbe , marquent que la (ÿllabe que fe prononce & s’écrit par toutes les autres perfonnes de même qu’à la première. Remarquez auffi que toutes les s finales précédées d’un e accentué ne fe prononcent point.

Autre Remarque. 9

ï . .*;•*, . # •'

Quoy que je n’aye pas marqué d’* après le k dans l’inftruttion. que j’ai voulu donner de la maniéré de pro- noncer les e , qui fe trouvent dans la

' des Confines , &c. i if (ÿllabe que , laquelle on trouve dans la conjugaison des verbes terminés en que+r , il ne faut pas avoir égard à romiflion que j’ai faite de ces e ; car je ne l’ai faite que pour faire mieux comprendre aux Etrangers, & irêmc à quelques François , la maniéré de prononcer Ve de cette fyllabe que , quand il eft muet : & il ne faut pas pour cela biffer de faire entendre un peu le Son de cet e , & particulière- ment lorlqn’on parle en public 3 mais il faut que cela fe faffc avec tant de délicatéffè & de fübtilité de langue , qu*on ne s’en apperçoive prefque pas.

Art. X. De la prononciation de la lettre r.

La lettre r ne change point de pro- nonciation en quelque endroit d’un root qu’elle fe trouve -, car on ne la prononce pas autrement dans le mot de raifort , que dans celui d 'oraifon , & dans celui de fer» Les Efpagnols lui donnent un Son plus fort que nous , & la prononcent comme dou- ble quand elle fe trouve au comme»-

K v.

il '6 Ch. VIII. De U fronoticiatîon

cernent des mots, comme en ceux-ci, rato , reyr , rio y qu’ils prononcent comme s’il y avoit rrato , rrétr, f yïo . Les Gafcons les prononcent aufli de même : pour dire , vous avez, rai- fort, ils difent , vous avérrezon , pro- nonçant les deux rr en ces deux mots joints enfemble , comme nous pro- nonçons les deux rr du mot Latin terror.

Cette prononciation des Espagnols & des Gafcons a donné lieu à quel- ques-uns de croire que nous pronon- cions nos r d’une maniéré plus forte au commencement des mots , qu’au milieu : mais c’eft une erreur , com- me vous voyez par ces deux mots de raifort & à'oraifon , ,& par l’r qui fe trouve dans la phrajfè qui luit , vous avez raifort , que nous prononçons comme fi on ne felbit qu’un mot des trois enfemble en la maniéré qui fuit, vouzavfraizon.

Quand il Ce trouve deux rr dans une iyllabe , nous n’en prononçons qi*’une i mais celle que nous ne pro- nonçons pas, nousfert à rendre lon^ gue la voyelle qui la- précédé. Ainfi

des Confines, &c. ny nous fefons eliilon delVen prononçant les fyllabes tar,guer, ôcclor, des mots de banc. , gtte re , clone ; & nous de** meurons un peu for la prononciation de leurs premières fyllabes pour les rendre longues : de forte que nous prononçons ces mots comme s’ils è- toient écrits en la maniéré qui fuit , tare , guitare , guère.

Exceftion de la Réglé des deux rr.

Excepté ces mots erreur , errant , erroné, erronée, terreur , horreur, dont les deux rr fe prononcent diftin&e- ment & feparément l'une de l’autre , de même que nous prononçons en Latin ces mots «Vor, ttrrot , horror.

: Dam. Ur ne double-t-elle pas dans les mots de terrible , terriblement , horrible Sc horriblement, quand on les prononce ?

Phil. Quoi-que le mot de terrible vienne de terreur, on n’en prononce pourtanr les deüx rr, que eommé s’il n’y en avoit qu’une \ car on pronon-* ce les premieies fyllabes des mots Je rrible & terriblement, comme celle

Kvj

2.2.8 Ch. VIII. De U prononciation

du mot d c guerre. Quant à la double rr des mots d’horrible &. horriblement, on n’en prononce pas rout-à-fait les deux Sons fi diftin&ement , que dans . les mots d 'horreur & de terreur ; mais on lui donne au moins un Son un peu plus fort , que celui qu’on donne aux deux rr du mot de verre ou guerre , quand on les prononce : ou- tre que la lyllabe hor dans horrible & horriblement eft brève, comme elle Je doit ctre aux mots d'errant , erreur, SC en tous les autres , dont les deux rr fe prononcent & s’articulent diftindte- ment & feparément l’une de l’autre, .

Remarque.

'**••4* ' ‘-V ' /• '* Lrvj . ' •;

; L V qui trouve à la fin des mots eft fujettc à changer de prononciation* fiiivant les mots qui la fuivent. Voyez l’Article des r finales au Traité des •Confones finales.

Art. X I. De la prononciation de la lettre C

la prononciation de .l/fe forme.

»

des Confines y &c. 119

par un fîflement qui fe fait du bout de la langue , en la pouffant contre les dents , comme vous pouvez vous ap- percevoir en prononçant ces mots , fige t pl j fîmilitude , fobre , fujet.' Nous en avons de deux fortes en no- tre Langue : nous avons une f forte, qui eft celle qui fe prononce au com- mencement des mots & des fyllab.es , ou quand elle eft immédiatement pré- cédée d’une confone , comme en ce motrde fa ge , & en celui de perCi\ , & en ces mots d’abfenir , transparent , peu fer, tranû. Nous en avons une autre qu’on appelle f douce, qui fait par un fîflement plus doux , en

Î>ouftànt le bout de la langue contre es lèvres avec un peu plus de délica- teflè , & qui a le Son d’un z,. Elle fe trouve toujours entre deux voyelles , comme vous pouvez remarquer aux mots qui lui vent , rafide , rzfè , mu- sique , d'-f ordre , rtfiltat , rafon , mai- fin , caufi.y epoufe , hontcufc , oi fin, amufimenty tic for*

< * y I

4

*

U

ijo Ch. VIII. J>e la prononciation

Exception de VS forte

- - *>

Excepté ces mots tran( a&ion , trait- figer , Pcc. transitoire , transition » dont Tes /Te prononcent comme des Prononcez donc , transaction , fr*#- z*tger, &c. transitoire , & le refte.

Exception de ' V S >

-f ' * » < . . . 4 i . V ^ i.*T}

L’/ quoi-qu’ entre deux voyelle^, prononce comme une /'forte c’eft- d-dire3 comme fi elle ètoit double , & comme on la prononce dans les mots de fage & de f enfer, aux mots fuivans* prefeance, prefcntir, &c. préfentiment i & aux fécondés fyllabes des_ mots , preSipoJition , préfupofeV , &c*,

Cette f te prononce auffi comme fi elle ètoit double , quand elle fe trou- ve immédiatement après la préposi- tion réïterativenr, comme encôs mots* r^faflèr * &c. rcficrër, &c. refaliier , &c. reCmcer, & c. r*terrer3 &c* refel* 1er , &c. rrfemeler , &c. refüer , &c. refiler, &c. refoâdery &c. refortir * &c.r#fonner , &c. qui fignifient,/^ r

I

»■

i

ï

des Confines , &c.

encore une fois ,facrer encore une fois, f Altier me fécondé fois ; 8c ainfi du refte. On ortographie pourtant la plupart de ces mots avec deux f, en la ma- niéré qui fuit , refafer, refit er, ref. fonner :

Dam. Je trouve qu’on a raifon ; car tout le monde n’eft pas obligé de fçavoir la Réglé que vous venez de propofer ; & je ne vois pas qu’on puiflè pafïèr d ortographier tous ces mots avec deux f tant que notre y' douce aura cours dans notre Ecriture & dans nos Impreflions : cela peut même faire des équivoques. Le mot de refonner que vous venez de nom- mer m’en fournit un exemple : car quelle différence voulez -vous faire par l’ortographe de refonner , quand il lignifie fonner une fécondé fois , 8t. quand il fignifie rendre un grand Jfon ?

Phil On la pourroit faire par la prononciation : car ourre que IV Yïfe la prépofirion réïterative re , étant féminin ne fe fait prefque pas enten- dre dans le mot refonner , Vf qui fuir; ,cetté prépofirion re étant forte, fait une grande différence de la fignifie a-

I3t Ch. VIII. Delà prononciation tion. Mais il n’eft queftion ici que de l'ortographe de ce mot, que j’ai trouvé, aufli-bien que les autres mots, ortogra- phié de cette maniéré , dont il eft bon d’avertir les Etrangers , & de ne Ce pas tromper dans la prononciation des f qui s’y trouvent. Car Ci j’avois à m’en fei vir , j’èdrirois rejfajfer , rejferrer » rejfonner , rejfaucer , refiûer , & ainfî du refte , avec deux Jf> pour ôter tout fujet d’incertitude aux Lecteurs. Et même fi j’en ètois crû , en attendant que notre z> s’ètabliflè tout- à -fait dans notre Ortographe , on ècriroit les mots de préfeance , préfentiment , préfupojition , préfitpofer , avec deux Jf. Ainlî prejfeance , prejfentiment , prejjk» pojition , prcjfitpofer

' y i . ’t ' ■' 1* ± b- ;

Remarque fur l’f qu'on ne pro- nonce point .

Vf ne Ce prononce point en de cer- tains, mots de notre Langue : & pour lors elle rend longue la voyelle qui la précédé, comme vous pouvez :emar- quer aux mots fuivans , pajle , teüe , vijle9 hofle , fiujie . Les Grammairiens

V.

r * , : ;

) - , .'*••• * 1 * <

<&/ Confines , efc. 2.33 | - ont été obligés de faire de grandes liftes par ordre d’ Alphabet des mots toutes ces f muettes fe trouvoient, pour le foülagement des Etrangers, faute de pouvoir donner des Réglés aflèz feures pour faire trouver la pro- nonciation de ces fortes d fi qui don- noient bien de la peine à ceux qui ne {çavoient pas encore lire en notre Langue. Car quel moyen de difti li- guer Vf muette de ces mots , Pafejuesy befle , vif j y Apoftre , fltifte , 8c plu- fieurs autres , d’avec celle de ceux-ci, Pafcal y beftial , pifle , Jlpoflohqpte , pu- ftule y 8c quantité d’autres , fi on ne donne une Réglé pour connoître la prononciation de ces f, ou fi on ne fait une lifte des mots elles (e prononcent, 8c de ceux elles ne fe prononcent pas.

Nous fommes en partie hors de cet embarras , puis qu’outre que la plu- part des Dictionnaires nouveaux mar- quent la prononciation des f muettes 8c dés f prononcées , le fecours de l’accent circonflexe qui eft devenu à la mode depuis quelques années , nous a entièrement tirés de la confufioiv

v :• 4* **

V

134 Ch. VIII. De la prononciation & du defordre Ce trouvait notre, maniéré de cara&érifer les Sons de nos f. Car enfin ce n’eft pas allez d’écrire , fi on ne fe fait entendre com- me fi on parloit *, & de même qu’on, doit regarder l’écriture comme la peinture de nos paroles. Nous de- vons aufli la faire reflèmbler à la pro- nonciation , fi nous voulons qu’on ti- re quelque connoiflànce des Sons de nos paroles par rinfpeéfcion des lettres qui les répréfentent fur du papier.

Nous n’avons donc plus rien à dire des f muettes , finon qu’on les a fup- primées entièrement dans les nouvel- les Imprcffions : mais que comme on les a trouvées néccfTaites à la pronon- ciation de nos paroles , a caufê qu’elles rendoient longues les fÿllabes qui les précedoient, onafubftitué à leur pla- ce une petite marque faite en chevron rompu , qu’on met au defiiis de la voyelle qui précédoit cette f finale , qui fait le même effet que Vf muette ; &pour marquer qu’elle doit être pro- noncée d’une maniéré plus lente & plus traînée qu’elle n etoit avant que Vf de ù, fyllabe devint muette , com-

des Confortes , &c. 135

me vous pouvez remarquer aux fylla- bes les fk prononcent , telles que pourraient être celles qui Te trouvent çn ces mots , Baftille , Befiianx , 7 'eftament, p'tfte , Pofte, Bufte , brnfijtte, combuftion , fa fie , qui font toutes brè- ves , 8c qui deviendraient longues fi on cefloit de prononcer les fi de ces fyllabcs.

Dam. Marque - 1 - on la fuppreflîon de toutes nos fi muettes avec un ac- cent circonflexe ?

Phil. Les/Tupprimées des premières iyllabes des mots qui commençoient par efi défi, me fi, refi , fe marquent avec une figure ainfi marquée ( f) qu’on ap- pelle accent aigu , 8c que l’on met au deflus de la voyelle qui les précédé , comme vous pouvez voir en ces mots , écrire , décrire , me prendre, répondre , qui ont été ortognphiés avec une fi en la maniéré qui fuit, eficrire, défi crire , mefiprendre , rejpondre , 8c qu’on trouve encore ortographiés de même dans les Di&ionnaires imprimés tout nouvellement. Mais quant à fe fervir desaccens ù la place des fi, il vaudrait mieux y mettre des accens graves que

2 $6 Ch. VIII. Ve la prononciation

des acccns aigus , puitqu’il eft certain que les e qui precedent ces f muettes (ont ouverts , pour les diftingucr des é fermés qui fe trouvent au commen- cement des mots , comme en ceux-ci, éviter , débiter , méditer , réciter , fépa- rer, préparer , prépofer , qui font tous fermés , & qui naturellement doivent être marqués d’un accent aigu.

Si on veut confiderer l’origine de Fu 'âge de cet accent , dont on n’a commencé à fe fervir dans le commen- cement de ce Siècle , & même aupara- vant, que pour diftingüer les e mas- culins d’avec les e féminins qui Ce trouvoient à la fin des mots , tels que pourroient être ceux de ces autres mots , plante & planté , borne & bor~ , dupe & dupé , chajfe & chajfé , force & forcé, ÔC quantité d’autres qu’on marquoit dans l’Ecriture & dans rimpreffion indiftin&ement (ans accent ; car on ècrivoit chajfe pour dire chajfé , comme le mot de Chajfe: Et puilqu’on a commencé à fe lervîr depuis quelques années à rendre ces accens plus communs en les marquant for les e > non -feulement à la fin des

des Confines , &c, 237

mots , mais encore au commencement & d la fin , comme on a fait en ces mots , -préparé , délivré , rédigé , df- //rer , dégénéré ; il ne coûteroit pas plus de marquer les e des premières fyllabes des mots qui commencent par les fyllabes ef, def mef, ref, avec un accent grave, quand on en veut fupprimer les f, que de les marquer avec un accent, aigu , fi on veut que la fuppreflion de cette f nous foie urir le , en nous tirant de l’embarras qu- elle nous donne de fçavoir fi elle doit prononcer , ou non : car nous re- tombons dans un autre inconvénient, en ce que prenant la marque d’un e fermé pour un e ouvert aux premières fyllabes de ccs mots , écrire , décrire , méprendre , répondre , de la maniéré qu’on les marque aujourd’hui , nous nous voyons prefque obligés de le* prononcer comme ceux qui fe trou- vent aux premières fyllabes de ces mots , préparé , dégénéré , rédigé.

Dam . Votre oreille ne vous trompe- t-elle point i car je n’y trouve pas une différence fi fenfible ?

Phil. Quand vous aurez fait reflç-

2.3S Ch. VIII. De la prononciation

xion que de tout teins on a pronon- cé les e de ces fyllabes de même , comme vous pouvez remarquer en- core en ccs mots de , efiimc , defti>îa mefcjHtn , rejpeCt , dont nous pronon- çons les e des premières fyllabes com- me des è ouverts , &*que vous ne (çauriez même prononcer autrement ; vous demeurerez d’accord que quoi qu’on ait cefte de prononcer les f des premières fyllabes des autres mots il y en avoit , on n’a point difconti- nué de prononcer les e comme on les prononçoit au commencement de la formation de ces fortes de mots. Ainfi cette maniéré de prononcer eft aflèu.rément la plus régulière & la plus naturelle que nous ayons en notre Langue *, mais elle eft fort corrompue dans beaucoup d’endroits : Il n’y a qu’à la Cour elle s’efl confervée fans aucune alteration , par plufieurs raifons que je dirai une autre fois } car il eft tenis finir cet Article. Pelons à la maniéré de prononcer notre u : -

&& des Confines , &c. 239

Art. XII. la prononciation

de la lettre t.

La prononciation de la lettre t Ce . forme par un battement qui fe fait du bout de la langue contre la partie du palais la plus proche des gencives d’enhnut. La lettre d Ce prononce par le même mouvement de la langue j mais avec cette différence, qu’il fe fait avec moins de force que celui qu*on employé pour former l’articu- lation du t , comme vous pouvez re- marquer en prononçant ces (yllabes accompagnées de leurs exemples,

v?"--' 1 , . v . j" *1’,

Syllabes avec un t.

tu, tiré y tortu, tulipe»

Da , de , di , do , Damas, dévot » du. dtx ,dor, Dttcl

Exemples*

Ta, te , ti, to , Tardif, terme l

Syllabes avec un d.

Exemples,

24o Ch. VIII. Ve la prononciation

Les Alemans ont bien de la peine à diftinguer la prononciation de ces deux lettres *, car ils difent louvenc Taniel pour Daniel , 8c drouver pour trouver : 8c quoi qu’ils ayent ces deux lettres dans leur Alphabet aulfi-bien que nous , lorfqu’ils nomment ces let- tres , particulièrement en Éaviere > en Suiiïè , 8c vers la haute Alemagne , ils ajoutent le mot hart au t , qui figmfie dur y 8c le mot yyeich au d, qui fignifie mol, 8c difent ein han t , ein vrsic'o d> dont l’un veut dire un t dur , 8c l’autre un d mol j parce qu’ils di.ftingucnt fi peu le Son de ces deux lettres , qu’ils prendraient toujours l’un pour l’au- tre, s’ils n’y ajoûtoient pas ces mots de hart 8c de weich. Nous n’avons pas befoin de ces mots pour diftin- guer la prononciation de ces deux lettres , non plus que les italiens ni les Efpagnols , quoi que ces derniers ayent changé en d une partie des t des mots tirés du Latin, comme en ces mets , amado , perdido , todo , qui viennent des ablatifs Latins amato , perdit o , toto. Mais ils ne prennent ja- mais l’une pour l’autre car ils ne

s’aviferont

rG8à

. des Cùnfones , &c. 141

s'aviferont jamais de dire Doledo pour Tolede , ni dodo pour todo. Ils pronon- cent toujours ces lettres comme on les leur a apprifes à prononcer dans leur jeunelîe 3 fans y rien changer : Je i dis ces lettres ; car il n’en eft pas de -même à l’égard de Vv confone Sc du b , qu’ils prononcent fouvent l’un pour l’autre *, & ils ne prétendent pas pour cela pécher contre la prononcia- tion de leur Langue : tantôt ils di* fent bamosy tantôt vamos , qui veut dire allons : tantôt for mi bida , tan- tôt for mi vida , qui veut dire four ma vie. Les Grecs ont fouvent pro- noncé le t pour le d. Les Latins auflï prononçoient & ècrivoient fouvent l’un pour l’autre , comme ces mots^ atque & adque , haut & haud. Nous \

prononçons le d final en notre Lan- gue comme un t , quand le mot qui le^ fuit commence par une voyelle , ou par une h muette , comme quand il ira , un galand homme y un grand amiy qu’on prononce ainfi, quant il ira, un galant homme , un grant ami , &c.

Voyez la prononciation du t au Cha- pitre des Confoncs finales.

L ; ' i

b

ni Ch. VIII. De la prononciation

Exceptions,

Le t (uivi des diphthongues ta, te , i$ , perd fa prononciation naturelle , ou prend le Son d un c > ou d une f forte. Ainfi on prononce partialité’ , martial , ejfentiel » factieux , faffiion, attion, perfectionner, &c. comme s’ils ètoient écrits avec un c , ou avec une f , en la maniéré qui fuit , parcial , marcial , ejfenciel , facfieux , facjion, acjion, perfecjtonner .

Exceptions de ces Exceptions.

Le t retient fa prononciation natu- relle dans les dernieres fyllabes des mots terminés en tier & en tiere , comme vnctier, heri tier, entier, lai- tiere , li tiere , entière, matière , &c au- tres mots de pareille terminaifon.

Le t retient encore fa prononcia- tion naturelle dans les fyllabes tia , fie 3 tio , quand elles font précédées d’un ou d’une /, foit quelle foit muette ou prononcée , ou que la fup- prefllon en foit marquée par un accent au delfus de la voyelle précédente ,

des Confortes , &c. 24$

comme befliaux , Sebaflien , Ejlienne, Chrétien , digefiion , mixtion . Comme auffi çn ces mêmes fyllabes tia , tic , tio , qui Te trouvent dans les conju- gaifons des verbes terminés en tier , ter y tir , & tre ; comme en ces mots, chajiiant , vota chafliez notes chaftions, Scc. votes plantiez, , notes plantions ; votes fortiez, , notes fortions ; votes permettiez, , nous permettions, qui fe trouvent dans les conjugaifons des verbes chafiier , planter , fortir , per- mettre.

Le t retient auffi fa prononciation naturelle en toutes les fyllabes finales terminées en tié , & en tie, comme amitié , moitié, pitié ,• [ortie , partie , modefiie , hofiie : Exceptez aux fylla- bes finales des mots fuivans , Croatie,

\ Dalmatie , Prophétie, Primatie , & des mots terminés en mantie , comme Chiromantie , Nigromantie , dont le t fe prononce comme un c. Dites donc Croacie , Dalmacie , Prophecie , Pri- macie .

Le t retient auffi fa prononciation, naturelle dans la fyllnbc tien , de ces mots entretien, maintien , foteticn , ôc

L Ü

144 Ch. VIII. De la prononciation

en tous les tems du verbe tenir , & de Tes compofés , comme je tiens, tk tiens , il tient , ils tiennent, je tien- drai, Sec. je maintiens, Sic. j’obtiens ,

Sic. il appartient, je feutiendrai, &c.

mabftiens .

Art. XIII. De la prononciation de la lettre x.

L’at eft une double confone , dont la prononciation fe fait par le Son dii ^ & l1 's, comme vous pouvez voir en ces fyllabcs xa , xe , xi , xo , xu ; ax, ex, ix , ox,ux, qui fe trouvent dans ces mots , vexation , fexe , éli- xir , Saxon , luxure } Ajax , nom d’homme ; EJfex , Pals 5 Phénix , Linx, qu’il faut prononcer comme s’il y avoir ver. fation , Jlrfe, e'liKjïr, Sarfin , lurfure, AjaKs, EJfiKs, Fe - niKs , Lainkj .

i l\ ' ■•-.iF’ h ' Jr*» j

Exception.

Dans les mots commencés par la fyllabe ex , fui vie d’une voyelle ou d'une h muette , l’* devient plus foi-

des Confines , &c. 24? ;

ble & plus mol convertit le Son du K en gy & celui de 1/en z,. Pronon- cez donc les mots fuivans examiner f exercice , exil , , exultation , <ta*-

h al ai fin, exheWder, exhibition , e fer, exhumation y comme s’ils ètoient écrits avec un £ fuivi d’un z. , en law maniéré qui {uit, examiner, egzercice, egz.il , egzjorde , egzultation , egzalai- fin , egze're'der , egzibition , eg^orter, egzumation.

: L’a: prend le Son d’un z* dans la prononciation des mots fuivans , deu- xieme , fixieme , dixième , Jixain , xain y dix aine y dixamiet. Prononcez donc deuxième , fizième , dixième , Jizain , dizain , dizaine , dizainier. Quelques-uns écrivent , & font im- primer dizain, , dizaine , & di%ai- nier.

L’a: prend le Son d’une /forte en la prononciation des mots fuivans , Auxerre , Bruxelles , Xaintonge , Xain- tes , S. Maixanty Aix nom de Ville, lexive , fiixante , Jix, dix. Dites donc Au/erre , Bru/elle , Saint on ge } Sainte,

S. Mai/an, Ai/ , le/ive , fii/ante. fi/

24 6 Ch. VIII. De la prononciation

Le mot de dix - fept fe prononce comme s’il y avpit dtjf-fet , & celui de dix-neuf comme s’ilyavoit di^e-neuf.

Avertijfement fur /’ Ortographe.

Quelques-uns écrivent la plupart de ^tes noms de Villes avec deux Jft au lieu de Yx , & les mots de Xaintes & Xaintonge avec une /, au lieu de P# , comme Aujferre , Bruffelle , Sainte, Saintonge , S . Maijfan , , foiffan-

te . Mais ces trois mots d/A? & gardent toujours leurs dans

POrtographe. Ecrivez donc , dur hommes , dix femmes , /a? couteaux , Jix aunes , &c. quoiqu’ils fe prononcent autrement. Voyez le Chapitre des Confones finales.

K

A je t. XIV. D* la prononciation de la lettre z.

Le z> eft une lettre fiflante auffi-bien que Vf & dont le mouvement qui fe fait de la langue pour en former le Son , eft plus foible & plus délicat que celui qui fe fait pour prononcer Vf, somme vous verrez en ces iÿllabçs ».

des Confines , &c. 147

*4 , x>6 i z>i , fi,o , zjH , qui fe trouvent en ces mots , z>ai» > z,ele , z,igz,ag > Zodiaque , attire. Cette lettre n’eft . gueres en ufage en notre Langue > mais Ton Son l’cft bien autant que ce- lui de iy* forte : Et puifque cette let- tre z* fait la même fon&ion dans no-‘ tre Ortographe que Vf douce , on de- vroit s’en (ervir en tous les mots où. Ion eft obligé de radoucir notre f> & ortographier Vafe , Thefe , Venife , nfe mufe , par la lettre ^ Ainfi , Vaz*e , Thez,e , Venise, rox,e , mu%e. Cela étant , nous n’aurions que faire de tant de Réglés & d’Exceptions pour diftinguer Vf forte d’avec Vf douce , comme en ces mots reduplicatifs , refacrer, reftigner, refaifr, refaler , re- fajfer , refarcelU , terme de Blafon , &c. ni de faire tant de changement d’or- tographe comme on eft obligé de fai- re , comme en ces mots , rejfembler , rejfentir , rejferrer, rejfortir , refouve- nir, qu’on devrait écrire par une fim- ple ff pour garder l’ètymoïogie de ces mots, ou pour marquer qu’ils ont une lignification réïterative , comme ceux que je viens de nommer , qui font.,

L iiij

248 Ch. VIII. De U prononciation

refacrer, refaigner, refaijir, &c. Voyez l'Article de la prononciation de \'fi

Remarque.

Le Zj aux mots de Z elle & de Zu- rich , noms de Villes , fc prononce comme une f forte. Dites donc le Duc de Sel , la Ville de Suric ,• & non pas le Duc de Zel , & la Ville de Zuric. La raifon de cette mèprifè eft, que ces mots ne font pas encore fore maniés du Peuple François , & que nous ne les prononçons' que comme nous les voyons écrits *. Mais fi nous étions voifins de ceux qui les pronon- cent tous les jours , loin de pronon- cer le Zj comme une f douce , nous lui donnerions un Son encore plus fort que celui de \'f forte : car pour peu que l’on fade d’attention fur la* pro- nonciation des Habitans de ces Villes, ou de leurs voifins , qui prononcent le z , comme nous prononçons les lettres ts jointes enfemble, on s’appercevra bien que nous ne pouvons pas pro- noncer TfuriCy & le Duc de Tfels nous dirons du moins Sfurich » & le Duc de Sfil. L. :

.'.y./ -des -.Confines y . M9

Vf la Confine jod -, autrement dite l') à queue , qu'on nomme vulgairement j confone. :

..LejWfe prononce comme le ^im- médiatement fuivi d’un.*, ou d’une voyelle j comme vous pouvez remar- quer en ces fyllabes ,ja , je , ji> ja, ju,

. qui fe trouvent aux mots fui vans , jaf- min , Jefmte , j’irai , joli , jufie , qu’il faut prononcer comme fi ces mots è- toient écrits avec un g , en la maniéré qui fuit , geafmtn , Gefnite , g irai > çeoli > gexfte , fuivant notre maniéré de cara&érifer notre g mol. Voyez l’Ar- ticle de la prononciation du g.

Ve la Confine vau , autrement dite

v rond , ou v confone.

» - -, - * k

Le .•?««.. eft une lettre; labiale ? qui fe forme par les mêmes mouvemens d’organes que celui du h . On les ap- pelle tous deux des lettres labiales , parce qu’elles fe forment toutes deux par le battement qui fe fait de la lè- vre d’enbas contre celle d’enhaut ,

L v

-

; .

' v -#

À

^ t

ifô Ch. VIII. De la prononciation

comme vous pouvez remarquer par les fyllabes qui fe forment de l’une ôc de l’autre lettre , b a , be , bi , bo -, bu ; va , ve , vi , vo , La feule différen- ce qu’il y a de la formation du b à celle du vau, eft un petit fouffle qui coupe le battement qui fe fait des li- vres pour former le b , de dont le fou£. fle forme le Son du vau, comme vous' pouvez remarquer en ces fyllabes 9> va y ve, vi-, vo , vu. Et fi en formant: le vau vous faites un foufïle encore-' plus fort , vous formerez le Son de’ Vf, comme vous pouvez remarquer par ces fyllabes , fa , fe , fi , fo ,fu. Vous avez ici des Exemples de ces ' ' trois lettres.

Syllabes- avec un b. '* * -

Ba , be, bi j bo j B alet. Berger, bi - bu. le, bocage , butin.

Syllabes avec un vau. '

Exemples

Va, ve, vi , vo vu.

(ÉbL 1 ' -iv- 1

V *let, verger, vile, vocation, vttl 'g aire .

des Confines, zfi

Syllabes avec une f.

Exemples.

Fa , fe, fi, fo , Falot , féminin , fî- fil. gue fomenté, fumé.

Vous voyez par ces Exemples le rap- port que le Son de la lettre vau a avec celui de la lettre f, qui ne dif- féré que de plus ou moins de foufïle qu’on fait en formant l’une ou l’autre. Auflï les Alemans 8c les Flamans , donc la maniéré de prononcer eft plus for- te 8c plus rude que la nôtre , la pren- nent fouvent pour celle du vau , ne pouvant pasj donner le tempérament qu’il faut à ce foufïle pour former les. Sons de ces lettres i car ils difent fou- vent' un Falet , pour un Valet ; une Serfante , pour me Servante. Cela nous fait voir que la maniéré de pro- noncer dépend beaucoup du tempé- rament 8c de l’humeur d’une Na- tion. LcsEfpagnols auffi-bien que les Gafcons prononcent indifféremment le b pour le vau , 8c le vau pour le b : les uns difant bamos, pour vamos >

ajiCh. VIII.jd? la pyoït. des Confi

for mi bida , pour for mi vida ; varca , pour b arc a ; bous , pour vous ; un havit y pour un habit . Les Romains ont auffi confondu ia prononciation de ces deux lettres : On en trouve encore des Exemples dans les vieux Marbres , & dans les Pande&es de Florence , comme bafe , pour vafe ; cibica , pour civ'tca ; Jibe , pour Jîve ; vobem , pour bovem ; vefiias f pour befiias.

Remarque fur l’Ortographe du mot de Viflc.

Ce mot de viffe , fignifis une cheville de hoir' ou. de fer cannelee en rond, pour entrer dans un écrou j & il fe trouve dans tous les Diétionnaires , tant nouveaux qu’anciens , ortographié en maniéré de liionofyllabe a»nfî , vis : Mais mal , parce que fuivant le Génie de notre Ortographe , ce mot ainfi écrit ne le peut prononcer que comme s’il y avoir , vs. Car on ne s’éil point encore avifé de prononcer IV finale des mots , rubis , agis, punis >

6c des autres dépareille terminaifon ; à moins que ce ne fut en lifant des Vers, ou lorfque ces mots font immédiatement fuivis d’autres mors commen- cez par des voyelles , comme agis à fa droite ; encore cette s finale fe prononce-t-elle comme un K « en la maniéré qui fait, agi^afadroite.

FIN DV I. LIVRE.

LIVRE IL

DE L'ART DE PARLER

v ; E T D E

prononcer parfaitement

la Langue Françoife.

Des Diphthongues , Triphthongues, & Monophthongues .

Hilinte. Je vous ai déjà dit que les Syllabes dont on fefoit valoir dans la prononciation tous les Sons des voyelles dont el- les ètoient compofées , s’appelloient Diphthongues , & Triphthongucs \ c’eft-à-dire, Diphthongues quand elles

2.J4 Liy . II. Ch. I. Des Diphth

Îiroduifoient deux Sons chacune en es prononçant ; & Triphthongues quand elles en produifoient trois : Et qu'au contraire lès Syllabes cora- pofées de plufieurs voyelles qui ne rendoient qu’un Son en les pronon- çant , s’appelloient Monophthongues. C’eft par ces dernieres que nous al- lons commencer les préceptes , que nous donnerons touchant la valeur, de ces fortes de Syllabes.

Damon . D’où vient que vous ne commencez pas par les Diphthon- gues ?

Philinte. Il eft indiffèrent de com- mencer par les Diphthongues , ou par les Monophthongues : Mais puifque vous le voulez fçavoir , Je vous dirai ' que c’eft à caufe des m ou- des » qui trouvent quelquefois à la fin de ces fortes de fyllabes , comme en ces mots, ambigu , fendu , pointu , dont les deux premiers ont chacun une monoph- thongue dans leur ptémiere fÿllabe , & le troifième nne diphthongue : 8C cela étant , il faut de neceffité que les préceptes touchant I’ufage que nous fefons de ces fortes de fyllabes , pré-

\

Triphth. & Monofhth . % j j

cedent ceux qu’on doit donner tou- chant celui des Diphchongues * pour ne pat auoir la peine de donner deur préceptes pour un.

1 r‘ 11 ?Tî r )■■■ -

CHAPITRE L

. : _ i

Ve la valeur des Monophthongues , autrement dites faujfcs Vïph- thongues , ou Viphthongues im- propres.

NOus avons vingt-cinq Monoph- thongues , y comprenant les voyelles nazales des fyllabes an , ein , in , on , un. J’entens vingt-cinq Mo- nophthongues littérales. Les voici- toutes : [ Âi y ay , eay , et : ] [ au , eau : ] [ eu,œu, ce: ] [ou, aou : ] [* am y em , an y en, aon : ] [ aim , ain, etn : ] [ im , in : ] [ om , on : ] [ um, un i ] comme vous pouvez voir aux fyllabes des mots fui vans marquées en lettres italiques : [ Traiter , cfTay , 2,eay , peine : ] [ ^«tant , beau : J [ peuple , œuv re, œillet i ] [ b<?#toh ;

ztf Liv.ll. Ch. I. Des Dhhth .

fouler , ] [ am pie , * wploi pl*»te , f»fant , P aon : ] [ faim » ainCi » fein- dre : ] [ /wpoicun , i#grat : ] [ om- bre , onde : ] [ humble » défunt. ] Toutes ces vingt-cinq Monophthon- gues ne produifent que neuf Sons r comme vous avez pu remarquer par ces petits crochets perpendiculaires , qui féparent les fyilabes qui n’ont qu’un même Son , quoique différem- ment ortôgraphiées , comme vous voyez en celles-ci , ai» ay » eay , et » qui fc prononcent toutes comme 1 V dans le mot de net ; & ainfi du refte. Et c’eft pourquoi je nomme toutes ces vingt-cinq Monophthongues des Mo - nophthongues littérales » par rapport à la cara&érifation quelles font ae ccs fortes de Sons.

Dam. Pourquoi mettez -vous au rang des Monophthongues les fyilabes an» ein , in» on9 un» puifque vous di- tes que vous ne faites, monophthon-. gues que les fyilabes compofées de plufieurs voyelles qui ne produifent qu’un Son 3 car la plupart de ces fyl- labes que vous nommez natales» n’ont qlnune voyelle \

Triphth. & Monophth. 1J7

Phil. Si nous ne mettions pas ces fortes de fyllabes au rang des Monoph- thongues , il les faudroit mettre au rang des voyelles , puifque les m ou les n qui les compofcnt , ne s’articu- lent point -, ou fi elles s’articulent , c'eft d’une maniéré toute differente , & fi peu fenfible , qu’on ne s’en apper- çoit prcfque pas.

Les Sons de ces fyllabes font propre- ment des Sons voyels , qui fe pour- roi ent cara&érifer parfaitement fans l’aide d’aucune confone , & qui cepen- dant fc cara&érifent comme vous voyez avec une voyelle & une confo- ne , faute de cara&ére en notre Lan- gue : Et fi les Grammairiens n’ont pas mis les cara&éres de ces Sons au rang des voyelles , c’eft à caufe des m ou des n dont ces fyllabes ètoient com- pofées y qui leur fembloient n’avoir aucun rapport avec nos autres voyel- les , faute de confiderer la nature du Son do ces fortes de fyllabes , dont on devoit regarder les m ou les n > non pas comme des lettres , puis- qu'elles ne s’articulent point , mais comme de petits caradéres auxiliai-

Liv. II. Ch.Ï. Des Diftith,

res , qui aident à marquer ce Son na- zat &c confus que nous fefons de ces voyelles , en coupant l’articulation que doit faire la lettre m en la lettre » , fi elles ctoient immédiatement fùivies d’une autre voyelle , comme vous pouvez voir en prononçant ces deux inots ample (k <*mi , vous remar- quez fenfîblement que Xm de la pre- mière fyllabe du mot ample , ne s’ar-* ticule prefquc point , & que celle de la derniere fyllabe du mot ami s’arti- cule , & fe fait entendre parfaitement. On ne doit donc pas trouver étrange que nous mettions ces fyllabes na- zales au rang des Monophthongues, .

Dam. Puifque ces m ou ces « ne font que des cara&éres auxiliaires , comme vous dites , qui fervent à mar- quer le Son nazal & confus de ces fortes de fyllabes , pourquoi ne fiip- primez-vous pas rout-à-fait dans l’Or- tographe ces m & ces » , qui ne s’arti- culent point ? Et pour marquer la fonction qu’elles font dans la pronon- ciation de leurs Sons , que ne vous fêrvez-vous d’un tiret au defTus de la voyelle , comme font les Efpagnols

7*hnpth. & Âiortophtk, tjt) fur leurs », en la maniéré qui fuit , ni pe pourroit-on pas retrancher ces m 6c ces n de leurs fyllabes, Sc fe fervic d’un tiret au deflus des voyelles qui les précèdent, comme font les Efpa- gnols à l’égard des », dont ilschan-

fent le Son ? Car vous fçavez aufïi- ien que moi, qu’ils prononcent Si articulent leurs » de même que nous > mais que lorfqu’ils y joignent le Son d’un g, elles changent tout à-fait de Son : Celui du g , qui s’eft perdu Si confondu dans la prononciation de V»3 fe caraétérife par un petit tiret qu’on met au deflus de \'n ; Sc ce ti- ret fait le même effet dans leur Or- tographe , que le g dans la nôtre,’ quand il eft joint à une n ; car ils prononcent ces mots, peftahas, ninez., venir , nino , cahuto , comme nous les prononcerions , fi nous les voyons écrits en la maniéré qui fuit , peftagwts , nignez.) regnir , nigno , cagnuto. Ainfl à l’exemple de cette Nation , je voù- drois mettre un tiret fur les voyelles qui précèdent les m ou les.»., pour marquer le changement qui fe fait de Jou; Son , en formant les Monoph-

t6o Liv. II. Cir. I. Dès Diphthl tho gués nazales , a?n , airn , ein , on % un J &c. en la maniéré qui fuit , ^r, ei, o , #2, & ortographier toutes' les autres Monophthongues nazales de même que celles qui fe trouvent en ces mots , ample , craindre 3 honte a &c. qu’on pourroit écrire &c imprimer ainfi , aple , craidre , hôte .

Philinte. Si l’ufage s’en mêl'oit qu’il l’établît entièrement , & qu’il le mît au rang de nos voyelles , je le fuivrois avec plaifir : Mais outre que je n’y vois point d’apparence., je croi que les Imprimeurs auroient bien de k peine à s’y accoutumer , à caufe de la commodité qu’ils ont de faire les abréviations de leurs m ou de leurs n , par moyen de ces tirets. Ils fe verroient obligés de les fup- primer dans les Impreflions quils feroient dans la fuite , fi ces 'fortes de Monophthongues devenoient en ufage dans notre Ortographe», Ces abréviations ne font pourtant plus gueres en ufage parmi les bons Im- primeurs, Quoi qu’il en foit » il faut prendre les Monophthongues comme on les trouve j & s’en fervir félon lu*

i

Trifhlh. & Monofhth. i6l %€ reçu , & donner des préceptes de Temploi qu’on en doit faire félon cet ufage reçu. Commençons donc par jes Monophthongiies , ai,aji &c.

Art. I. Des MonofhthongueS) ai ou ay, eai ou eay, & ei.

Je ne parlerai point ici de l’origine de cette double voyelle , & comme elle a peu à peu changé de Son. Voyez le Chapitre troifième, pagt 65. 66. 67. & 68. Je dirai feulement que cette double voyelle ou Monoph- thongue fe prononce comme Ve de ces mots, net, fel, fer i comme vous voyez aux mots fuivans , ejfay , traiter , geay : plaine , pour dire , etendu'é de terres toute unie fans montagnes Çr fans vallées : pleine , pour dire, qui nefi pas vuide , qui efi remplie : vaine , qui (e dit , d'une perfonne qui a de l'orgueil & de la vanité ; & qui fe dit aufïi, d'une chofe qui efi inutile & de nulle valeur : veine , qui fignifie , un petit vaijfeau par fe tranfiorte & fe conduit le fang par toutes les parties de l'animal : & ainfi du relie , qu’il faut prononcer comme fi ces mots è- ^

1&Z LiV. lï. Ch. I. Des Diphth .

toient écrits en la maniéré qui fuit , fréter , efjè , g e , 't/ène , ôcc.

jj

A'verùjjement fur les accens de ces mots»!

Comme l’accent aigu eft oppofé à l’accent grave , & que cet accent aigu s’eft infenfiblement introduit dans notre Ortographc pour marquer les / fermés , je me fers de cet accent grave qui lui eft dire&ement oppofé, pour marquer les e ouverts dans l’in- ftru&ion de ces préceptes , pour les diftinguer des é fermés qui leur font oppofés.

Exceptions de la prononciation de cette Monophthongue y ai ou ay, eai on eay.

La Monophthonguc ai ou ay , eai ou eay , fe prononce comme un é fer- mé dans la terminaifon des tems pré- térits ou futurs , comme vous pouvez voir en ces mots , je parlai ou je par - lay y je changeai ou je changeay , je parlerai ou je par 1er ay j parce qu’on

Triphth. & Monophth 1 6$

écrit indifféremment ces dernieres fyl- labes avec un y-grec, ou avec un j. Prononcez donc , je parlé, je changé , je parleré , &c.

Autre Exception,

Cetre Monophthongue ai ou ay pronçnce aulli comme un é fermé, en ces mots , j’ai ou j’ay , aifné 3 aifi née , plaiftr , deplaijir , aider , &c. Prononcez donc , j’é, éf»é9 éfnée , plé- Jir, dtpléfir , éder, &c.

Remarque .

Dam . Vous pourriez bien étendre encore cette Réglé : car j’entens beau- coup de gens qui fe piquent de bien parler , qui prononcent cette Mo- nophthongue en beaucoup de mots comme un é fermé , & particulière- ment aux pénultièmes fyllabes des mots terminés en aire , comme en ces mots , Dictionnaire , Vicaire , Gram- maire , &c. de qui les prononcent comme s’il y avoit , DiUionére , Vi- quére, Grammére .

. 2.64 ^1V. Ch. ^es fitphth.

Phil** Pour le mot de Gfammérl prononcé par un é fermé fur la pénul- tième fyllabe , il n’eft pas fupportable, à caufe de f équivoque que cette irre- guliere prononciation fait avec le mot de grand, -mere* Cependant peu de gens fe peuvent accoutumer à faire certe diftindlion. J’entens aufli-bien que vous beaucoup de gens pronon- cer cet ai aux mots terminés en aire , comme un / fermé : Je n’ai rien à dire là-defliis , finon qu’il fautefperer que les réflexions que les habiles gens feront fur l’ortographe de ces mots , en pourront corriger l’abus avec le tems. Ce n’eft pas que la quantité d’honnêtes gens qui manquent en l’obfervation de cette Monophthon- gue aux pénultièmes iyllabes de ces mots terminés en aire , ne puiflc un jour établir cet ufage dV fermé à la place de l’*i , en de certains mots mais pour Y ai de ces mots, plaire , faire , affaire , taire , douaire , Bréviai- re , vulgaire , Grammaire , j’ai de la peine à croire qu’il fe prononce ja- mais comme un é fermé s car cette prononciation fent bien le précieux

ridicule

Trifhth . & Uonùfhth . 167

ridicule en ces mots de Dittionére , N otér c , Moufqnetére , pour dire Dictionnaire , Notaire , Moufquetaire, elle ne paroît pas tout - à - fait il extraordinaire $ parce que cela peut provenir d’une habitude prife de jeu- ^pelïè à Paris , ou ailleurs , dont on ne s’eft pas mis en peine de fe défaire, n ayant jamais fait de réflexion fur l ortographe de ces mots , & que le grand nombre de gens qui pèchent en cette prononciation en cxcufe l’a- bus. Mais pour les autres mots de plaire, faire , affaire , que de certai- nes gens prononcent comme ple're, fe're , àjfere , il cft certain que le chan- gement qu’on fait du Son d^cct ai en celui de 1’/ fermé, fait paroître une prononciation forcée & affe&ée, qui n’tfl point naturelle , ni contra- . (Siée par habitude , & qui donne une idée de ridicule à celui qui s’en fert.

Remarque fur /'ai , qui fe trouve dans la conjugaifon du verbe > faire.

La monophthongue ou double

M

2.66 Liv» II* Ch. DesDiphth.

voyelle di , le prononce comme un e muet ou féminin *, c eft-à-dire, com- me Ye dans le mot de taftas > aux mots qui fuivent , faifant , nous fai - fons i je fai fois , tu f 'ai fois , il fai foit ; nous faifons > vous faifie ils fai - foient. Prononcez donc fefant avec un e muet , nous fefons > &c. Quel- ques-uns commencent a jes écrire & à les ortographier de même , auffi- bien qu’au tems futur de ce verbe , je feray , tu feras ,-.&c. On a écrit au commencement de ceSiecle je fairay , tufairasjôcc. Mais l’ufage n’en eft plus.

A r t. 1 1. De la Monophthonguc

» au , à" eau.

La monophthongue au , fe pro- nonce comme un o. Vous en avez des^exemples en ces mots, Laurent , taureau , couteau i qu’il faut pronon- cer comme s’il y avoit , Lorcnt , toro , couto . Voyez ce que j’en ai dit au Chapitre troifîème, pages 74. & 75. & au Chapitre quatrième, page Si»

T riphth. & Monophth* 1 Exception.

Exceptez ces mots fcc au Ôc fléau, qui doivent être prononcez comme des diphthongues j c’eft à-dire , quil faut faire entendre , en les pronon- çant , un peu du Son de Ye feminin. Prononcez donc feo , en fefant valoir les deux Sons de Ve feminin & de Yo dans une fÿllabe ; mais d’une ma- nière fi fubtile & E ferrée , qu’on ne fente Ye qu’à demi. Prononcez ar.fli le mot de fléau de même. Il eft bon auffi que 1 on prononce ces deux mots ainfi , pour les diftingucr dans la pro- nonciation des mots de fit & de flot.

Quelques-uns font auffi une diph- thongue de la derniere fyllabe dés mots qui fuivent , morceau, mu fi au , pinceau, rui ffiau , ro fiau, en fefànt fèntir le Son de Ye de cette fÿllabe ; mais i's le font d’une maniéré encore plus brève & plus délicate , qu’aux mots de fieau & de fléau. Cette prononciation eft allez régulière , quand on y peut apporter ce tempé- rament î autrement elle eft fort ba-

M ij

ié8 Liv.II. Ch.I. DesViphth.

daude : J’aimerois mieux prononcer la fyllabe eau comme un o fimple , fans y rien faire fentir de IV féminin, que de le trop faire entendre, & dire Amplement morfo , mu&o , pinfi , rutfi /o, rofo : quoique l’excès de l’un & le defaut de l'autre 'ne vaillent rien du tout , le defaut du dernier eft tou- jours plus (iipportable , que l’excès du premier. Obfcrves la même pro- nonciation dans les mots de peautrt , & de veautrer , quoique le mot de veau fe prononce comme vo.

La fyllabe beau au mot de heaume, ' eft de deux fyllabes. Prononcez donc he-ô-me , & non pas heo-me*

A rt. 1 1 1. Ve U Monophthongue eu , ce u , & œ.

Cette monophthongue fe prononce comme la première fyllabe des mots fui vans , p?#ple , œ«vte , bleuë, lieue , queue , œi/let , œ/7leton , œi/lade , œilr lere , adje&if féminin , dont on ne fe fert qu’avec le mot de dent ; com- me dent-œillcre , pour dire, une dent qui a fi racine proche de l’oeil

T riphth. & Monophth. 269

La prononciation de cette mo- ftophthongue , eft un mélange du Son de Ye avec celui de Vu , cjui le trouvent tellement confondus l’un dans l’autre par la vîteflè & la fubti- lité de la prononciation , que l’oreille la plus fine n’y peut entendre qu’un fimple Son. Cette monophthongue a eu autrefois deux Sons , comme vou* le pouvez voir au Chapitre troifiéme, page 6S. il eft difficile à faire com- prend) e ce Son aux Etrangers , (ans le fccours de la vive voix j car les Italiens & les Efpagnols n’ont aucune voyelle , foit double ou fimple , qui approche du Son que nous donnons à cette monophthongue. Les Italiens & les Espagnols la prononcent com- me eou, & à peu près comme nous la prononcerions en ce mot d *E-oâ- ropa ; avec cette différence que Ye 3C Sc Vou qui paroifient faire deux Syl- labes , n’en font qu’une.

Les Alemans la prononcent auffi de? même : mais il ne feroit pas difficile . de leur faire concevoir la prononcia- tion que nous fefons en notre Langue de cette monophthongue eu , en leur

' M ü)

ijo LlV. II. Ch. I. Des Diphth. difant quelle Te prononce comme les Alemans de la bafle Saxe prononcent leurs 6 , chaperonnés d’un petit t au defliis , mais qui ne paroît que com- me un petit e dans les caractères de petit Romain , que les Imprimeurs nomment fuperieurs , comme vous pouvez voir en l’o qui fuit ainfi mar- qué, o 9 dans les mots lui vans, Schon , Vermdgen , Konigh , Horen, Kofilich* De forte que fi vous prononciez à quelqu’un d’eux les mots qui fuirent, aveu, peu y feu y des noeuds, un œuf , Sc qu’il voulût les écrire pour les re- tenir, ne {cachant pas encore notre maniéré d’ortographier , il ne man- querait pas de les ortographier en la maniéré qui fuit , avo, poy fo, de'e m, m of .

Réflexions fur la prononciation des o , Alemans

T appelle les o ainfi marquez, , des d chaperonnés , fuivant l’idée qu’un Grammairien Aleman m’en a donnée far le mot de cucullata vocalis , dont il Je fert pour nommer les voyelles , à y o , u y qui Jont ainfi marquées en

Triphth. & Monophth . 27X

leur Langue , pour les dijlinguer de celles qui ne le font pas. Ce mot cu- cullata , ayant été fait de cucullus, qui fegnifie capuchon ou chaperon, eu quelqu autre habillement de tête *, il me femble quon ne peut exprimer ce terme de cucullatum en notre Lan- gue j autrement que par celui de cha- peronné.

Dam. Les Alemans prononcent-ils leurs voyelles communes t ou non mar- quées , autrement que nous ?

Philinte. Cela ri e fl pas de notre In- ftruftion : mais comme j'ai déjà cité quelques mots Alemans > & que fen pourrai encore citer quelques-uns dans le cours de cet Ouvrage , il ejl Ion que % nous en touchions quelque chofe . Vous fçaurez. donc que les Alemans pronon- cent. leurs a & leurs o comme nous y & leurs u , comme nous pronon f ans no- tre double voyelle ou. Ils prononcent au contraire leurs à chaperonnés com- me ntfus prononçons nos è ouverts , en ces mots , cher , fec , cyprès , leurs 0 chaperonnes comme je votes l'ai déjà dit j & leurs u chaperonnés à peu près comme nom prononçons nos u

M iiij

*7iLiv. II. Chap. II. Des Diphth, voyelles dans les mots t ufure , future fur i & même en plufieùrs endroits t tout de même que nous les prononçons, Jl efi vrai que dans la haute Allema- gne on donne un Son plus clair a cet ' uc chaperonné , & qui approche beau- coup de notre i voyelle \ & qu'il fe pro- nonce même tout-à-fait comme notre i voyelle, & principalement d Drefden , a Prague , dans la Silefie , dans la Mo* ravie , dans l'Autriche , en Bavière & dans les autres Provinces cïr con- voi fine s : car au lieu qu'on prononce le mot glu ck dans la bajfe Alemagnè , comme fi nom le voyions écrit ainfi ; gluc , on le prononce dans les endroits i que je viens de citer , comme s'il etoit écrit ainfi , glic. - *

Voici des Exemples de ces voyelles marquées ou chaperonnées , & de celles . ; qui ne le font pas , que vous trouverez, dans les mots /divans. «

à communs.

Irfcht * Mtfchc , ChaJ/e , PuiJ/ance y Pr^cht. Magnificence,

d chaperonnés.

liger , M<ichrig , Chajfeur -, Puijfant , Pft? chtig. Màgrifique.

T rîphth. & Monofhth . 17$ o chaperonnés.

0 communs. Koften , fchon , confier , déjà , g^b.

greffier*

n comnjuns.

Der m»th , le courage , die Sch#I ,

Ecole ,

Das B#ch , Livre .

Koftlich, feh 911; fomptueux , béait) groblich.

grojfierement.

, » « chaperonnés.

Fwhren, m//de,

>

h«pfcha

joli.

Dam. je ne craignois pas de fai- re trop durer cet article , qui ne re- garde plus notre Infiruftion , je vous formerons une oppofition a la Réglé que vous venez, de donner de la pro- nonciation de ces fortes de voyelles Alemandes , que vous nommeTjchape- ronnées i car j’ai entendu fouvent pro- noncer notre oc chaperonné dans tes en- droits d’ Ale magne ou on parle le mieux , à peu près comme nous pro- nonçons notre monophthongue ai3 & même d’une maniéré un peu plus clai- re & plus élevée , & à peu près com- me le prononcent les Gafcons y ou fi

M V

174 ï-iv. II. Ch.I. "DesDiphth.

vous voulez, , comme les Picards çfr les Wallons prononcent la monoph- thongue ei dans le mot de peine ; c’efi-à-dire , qu'on lui donne un Son qui tient de l’ ai des Gafcons , c£* de /'ei des Picards ; De forte que les Alemans les plus polis , & qui par- vient le mieux leur Langue , pronon p oient ces mots , Koftlich , fchan , grobUch , comme s’ils avoient ete écrits t ainf, xaiftlich , fchaîn , graiblich > eu y Keiftlich , fcheîn , ^greiblich j & non pas , iteuftlich , cheûn , greublich, comme Vous prétendez, qu’on doit pro- noncer en u4lemagne.

Phil. Cela ne détruit pas les Réglés que fen viens de donner ; & je de- meure d’accord qu’à Letpfich & a Drefden , & dans tous les endi oits d’ Allemagne on parle avec plus de politejfe & de régularité , on prononce les o çjr les u chaperonnés a peu près comme vous le dites . Mais fi je cite la prononciation des bas jdlemans en ce qui regarde celle de ces fortes de voyelles y c’efl parce que leur maniéré de les prononcer a plus de rapport avec le Son de nos monophtkongues âi gr

Triphth. & Monophth. 17$

ci •, & avec notre u voyelle : outre que l’idiome Aleman de la bajfe Saxe efi fins connu dans les pais du Nort , que celui de la haute Alemagne. Car on peut dire qu'il arrive en notre Royaume peu d' Etrangers de ces côtés- la qui nayent connoijfance de l'idiome bas Aleman . Il y en a meme qui j, re- tendent que la prononciation des bas Alemans pour ces fortes de voyelles , efi plus régulière que celle de Leipfich & de Drefden.

Dam. Vous pourriez, avoir des rai- fons pour la trouver anjfi régulière s mais vous auriez, de la peine a nous perfuader quelle foit aujji polie & aufi fi conforme à l'idiome général de la Uation Alemande , que celle qui efi en ufage dans les endroits que je viens de vous citer , & dans la plupart des Villes de la haute Alemagne , on parle bien . Et comme c'efi l’ ufage re- çu des gens les plus corifiderables d’une Nation , qui fait la politejfe d'un lan- gage, (fr non la réglé , qui en ce cas doit ceder a l’ ufage ; il c& certain qu'il faut préférer cette maniéré de pro- noncer à celle des bai Alemans. Vous

M v)

if6 Liv.II.Ch. I. Des'Dîfhth .

ne manquerez* pas de me dire qti’ de- vant qu’on fe fût avisé de marquer ces fortes de voyelles , on les accompa- gnoit d'un e , & principalement l’a & l’o qu’on écrivoit ainf , ae , & oe : de forte qu’on ecrivoit aelter , au lieu f/rflter, ^oeffncn, au lieu d’ofinen* Phil. Je demeure d’accord de tout ce que vous dites i & même que pour marquer les u , qu'ils prononçoient com- me nous prononçons notre u voyelle t ils fe fervoient d’ y-grecs , qui étaient faits comme des u quarrés par le bout , ou approchant , & fermés par le haut , aufquels ils ajoûtoient une tre s-petite queue au dejfous ; & que fouvent ces y-grccs étaient accompagnés d’un e. De forte qu'ils écrivaient brye , an lieu de bru ; myede, au lieu de mu do » fchyerten , au lieu de fchu tten j & quantité d’autres mots où, il entroit de ces fortes d’d , & qu’ils pronon f oient comme les nôtres* Et qu enfin les let- très capitales des a & des o chape- ronnés n’ayant jamais été marquées , les Alemans ont été obligés , comme ils le font encore , d’y mettre un e , pour en diftinguer la prononciation x de

Triphtb. & Monopbth. 2.77 celle des a tfr des o communs : & ils ïcrivoient , comme ils écrivent encore ces mots , Aebtiffin , four acbri/fin ; Aehnlich , pour a'hnlich -, Aclter , pour 4 Iter : Oel , pour oi $ Oedc , pour oede ; OeflFnen , pour o ffnen , quand la nécefftté les oblige oit, comme elle les oblige encore , de je fervir de lettres capitales pour ces mots ou d’autres qui commencent par un ac ou un o chape* ronné. C’efi aujji par cet endroit que je vouloir vous prouver que les bas Alemans ont raijon de prononcer ces voyelles chaperonnées , comme noue prononçons nos monophthongues ai , & eii j & que cette maniéré de prononcer efi plus régulière. Mais je ne prêtent pas pour cela qu’elle prévaille a Vu* fage reçu dans tous les endroits de la haute Ale magne , on parle bien & particulièrement à Leipfich & il Drefden , la prononciation efi fans contredit la plus polie , la plus régu* Itéré , & la plus conforme au génie général de la Nation .

Je dis régulière , puifque l’uftge Vent* portant fur la Réglé , on s’en doit faire me de le fuivre quand il efi une. fois

LiV.II. Ch.I. DesDiphthi

reçu des gens les plus confiderables &let plus habiles de la Nation : car pour lors l’ufage devient anomalie , d’a- nomalie il pajfe en Réglé i puifque c'efi une faute de ne pas fuivre une ano± malie reçue , ni plus ni moins que fi quelqu’un fefoit difficulté' de je fervir en notre Langue du mot j’irai , qui efi le futur du verbe aller , parce qu’il ne fuit pas la Réglé des futurs des au- tres verbes terminés en er.

Dam. Jl faut auffi convenir que cette maniéré de prononcer ces fortes de voyelles marquées , a quelque cho - je de plus ferme , de plus mâle , & de plus relevé que celle des bas Ahmans, C’efi auffi la raifon pourquoi on a ap- pelé leur idiome, plate Teutfch, qui fignifie , plat Aleman. Ce n’eft pas que félon nous , la prononciation de ces fortes de voyelles marquées ne pa - roiffe plus douce & plus analogique , que celle qui efi en ufage dans la hau- te Alemagne : mais en matière de lan- gage , il faut fuivre l’ufage le plus idiotique , & le plus conforme au gé- nie çfr à l’humeur de la Nation qui le parle

T riphtb. à* Monophth. ij$ Revenons à notre Monophthongue eu 9 qui a beaucoup d’Exceptions.

Exceptions de U maniéré de pro- noncer U Monophthongue > eu.

v Phil. Cette Monophthongue eu * fe prononce comme notre u Simple, lorsqu'elle fe trouve dans les person- nes des rems prétérits & imparfaits , dont les infinitifs fe terminent en oir, ou en re , comme de concevoir , je conceus , tu conceus y il conceut ; nous cencenmes , vous conceûtes , ils conceu - rent ; je conceujfe , tu conceujfes , &c. d’avoir , j’eus , &c. j’eujfe , &c. de pouvoir , je peusy &c. de croijlre y je creus y &c. je creujfe , &c. Elle fuit auSïi la même prononciation dans les participes paffifs terminés en eu, & en euéy comme conceu, conceué ; leu y leué i creu , creuè, Scc. Comme au fil dans les pénultiém^ fyllabes des mots terminés en eure, lorfqu’ils font dérivés de quelque verbe, comme d'enfler, enfle ure ; de piquer, pi que ti- re i de couper, coupeure, &c.

Eu prend encore le Son de notre u

iîo Liv. IL Ch. I. VefDiphth,

voyelle aux fubftantifs terminés en eue, comme veué,béveu'è,entreveu‘é,recreué9 recette. Prononcez donc cette Mo» nophthongue en ces mots , comme elle èroit écrire ainfi , je conçus , &c. je pus, je pujfe, &c. je crus , 8cc* conçu , conçue i lu , lue > coupure , vue, be'vue.

Cette Monophthongue prend auflï le Son de notre u , quand elle trouve aux mots fuivans , ajfeurer , &c. ajfeurance , &c. feur , &c. cheute, Euflache , ‘&c & en la première fyl» labe du mot heureux , & de Tes déri- vés. Prononcez donc ajfurer , &c* ajfurance , &c. fur , &c.

Dam . Le mot de bonheur eft- il dtl nombre de ceux-ci l

Phil, Non , il fuit la Réglé géné- rale -, & ce feroit parler en badaut que de dire bonur , comme quantité de gens; difent à Paris.

Remarque fur ÏOrto graphe.

On commence fort dans l’Ecriture & dans l’Improflion à ortographier cette Monophthongue avec un u, ea

Tripbth* & Monophth* 281

tous les mots Ve de cette (yllubc ne fe prononce point : Ainfi on è- crit , conçu, conçue ; , vue, &c. Exceptez pourtant le mot d’Euftacbe, & celui d'heureux , & de Tes dérivés, qui gardent toujours leur ancienne ortographe.

Dam. Il me fcmble que la plupart de ceux qui parlent en public , ne prononcent pas la première fyllabe d heureux , heureufe , heureufement , comme notre u.

Phil. Ils n’en font pas mieux pour cela j car on ne doit pas prononcer autrement en parlant en public & en lifant , qu’on prononce en conven- tion , quand on a une prononciation un peu régulière ; & je fuis feur que ceux qui prononcent de la manière que vous dites, font les premiers à pro- noncer dans la converfation le mot heureux, comme s’il n’y avoir point d’* dans la première fyllabe. J’en ai vu plufieurs qui prononcent de même.

On peut à la vérité donner des ornemens à fon difeours par le gefte & par la voix , & en unifiant quel- ques confones finales avec des voyel-*

i$i Liv. II.Ch.1, DesDifhth.

les qui commencent les mots qui les fui vent , en fouit en ant fa voix 5 & enfin en articulant plus régulièrement les {yllabes de fes mots : car quelque- fois il nous èchape en converfation de manger quelques confoncs , com- me de dire trente-quate Soldats > pour trente - quatre Soldats , 6cc. ce qui n’efl: pourtant pas une faute, puifque l’ufage l’autorife j mais il eft certain que la prononciation fero*it plus ré- gulière & plus mâle , fi on pronon- çoit IV du mot de quatre en parlant en public.

Pour ce qui regarde la pronon- ciation des voyelles ou des diph- thongues : comme celles que nous avons en notre Langue , ne font pas plus difficiles â prononcer dans le difeours familier, que dans le dis- cours foûtenu , on ne les doit aflù- rément jamais prononcer autrement en public , qu’en particulier. On a entendu des Prédicateurs & des Avo- cats prononcer en public la fyllabe finale er , comme la fyllabe air, 8c dire confervair , premiair , pour dire conferver , premier , fans faire fonner

k; , -y^ - - - =r V - . - . '^rvl .* •/■ ■* , \ t.

Triphth . d* Monophth. 283 1V> mais plus particulièrement quand 1 les mots qui îuivoient cette r finale I commençoient par une voyelle. On les a entendu prononcer pavois , au lieu de j'avais, &c. On a écrit con- tre cette manière de prononcer *, on les a frondés j & enfin ils fe font cor- | liges : ou fi vous voulez , ceux qui (ont venus après eux, en ont corrigé l’abus.lls ont eu beau dire que cette ar- ticulation de confone un peu forte , Sc cette ancienne diphthongue oi, avoit quelque choie de plus emphatique & de plus convenant au difeours fou- tenu , que la maniéré négligente ÔC relâchée de prononcer , dont on ufoit dans le difeours familier ; on à point eu égard à leurs raifons , i’u- fage la emporté 5 & nos plus zélés Partions du langage de leur jeunefiè, ont enfin fi bien cédé à l’ufage d’au- jourd’hui , qu’ils n’ofent plus pro- noncer que comme nous. On fçait bien que les maniérés de parler d’u- ne convention , ou d’un difeours familier , ne peuvent être fi épurées que celles d’un difeours qui fe fait en public : mais la maniéré de pro-

r.

2.84 LiV. II. Ch. I. Des vffhtÇé

nonccr les mots , doit être aufli natu- relle que celle dont on fe fert dans le langage familier, quand on parle bien j & elle parortra toujours fade & contrainte , quand elle ne ferajpas conforme à notre prononciation or* dinaire.

Dam . Il eft vrai qu’on ne trouve que trop de ces gens , qui croyent faire des merveilles quand ils pro- noncent les mots de leur difcours en public , autrement qu’ils ne font quand ils font dans le particulier avec leurs amis. J’en entendis ces jours padês deux qui fe piquent allez de bien parler , & qui en public affc&o rem pfufieurs fois de prononcer dau, pou cjd/x i lais j pour lés ; mais r pour mes , &c. Et cependant qui ne peu- vent s’empêcher de prononcer dans la converfation , dés , lés , mes. Je leur demandai la raifon de ces deux for- tes de prononciations i ils me dirent que la prononciation de la fyllabe ais , leur paroiffoit plus emphatique & plus mâle que celle de la fyllabe és . Voilà tout ce que j’en pus tirer. Phil. Ils ne font pas les feuls qui

T riphth. & Monophtb. 28 j

fe veulent diftinguer des autres par ces prononciations extraordinaires : c*eft un effet de leur vanité > car ils croyent quelquefois être en droit par un peu de réputation qu'ils ont d’ha- biles gens , & d’exceller en leur pro- feflion, de faire des modes nouvelles pour le langage , & pour les maniè- res de prononcer les mots : en quoi ils fe trompent pour la plupart du tems, car fouvent ils font feuls de leur parti \ & je crains bien que la mode qu’ils ont voulu établir de pro- noncer en public eureux , pour areux, & ces mots dais , mais , tais , fais > lais , poiir dés , mes , tés, J 'es , lés , comme tous les honnêtes gens les pro- noncent dans le particulier avec leurs amis , n’ait la même deftinée qu’onr eu les diphthongues des fyllabes fina>* les des tems imparfaits , qui font tout-à-f tit hors d’ufage , aurti - bien que la prononciation des e ouverts dans la fyllabe finale des infinitifs terminés en er, comme aimer, par* 1er , prouver .

Dam - En effet, je ne vois point | d’honnêtes gens , pour peu qu’ils

1Î6 Liv. II. Ch. I. Des Difhth.

foienr polis en leur Langue , qui ne difent, apportez-moi mes gans , dés plumes , font mes Laquais , f/s freres & fes fœurs *, & non , mais gans, dais plumes , mais Laquais , fais fre- res & fais feeurs : & il n'y a aflùré- ment que des gens d’Orléans , ou des Villes feituées le long de la Loire qui prononcent de la forte.

P h il. Vous pouvez inforer de que cette prononciation cft rout-à-fait grofliere & tout-à-fait hors d’ufage parmi les honnêtes gens : & que cela étant, on ne doit point la fuivre dans le difeours foùtenu , fous prétexte qu’elle emplit plus la bouche de celui qui parle , &c les oreilles de ceux qui l’c coûtent. Car fi on a égard à cette raifon , il s’enfuivra que toutes nos fyllabes brèves fe prononceront d’o- refnavant longues par ceux qui par- leront en public : & qu’au lieu de dire & prononcer Noble, Philofophe, voyaore , on prononcera Noble , Phi- losophe , voyage ; & on renverfera tou- te l’économie de notre prononcia- tion.

* Triphth. & Monophth. 2.87

Autre Exception de la Monoph - thongue eu , œu , & ce.

La monophthongue œ qui fe trou- ve aux mots qui font tirés du Grec, fe prononce comme notre é ouvert, ou fi vous voulez comme notre mo- nophthongue ai , comme vous pou- vez remarquer en ces mots . œconome> (économie , (économat , (economique , 1 économiquement , œcuménique > le Mont O et a ; Oedeme, Tumeur froide ; Oedipe , nom d’homme i Oefophage , terme d’Anatomie. Prononcez donc, 'économe , économie , Sec. édeme , Sec.

A RT. I V. De la Monophthongue ou , & aou.

La monophthongue ou , Se aou , fe prononce comme les Elpagnols , les Italiens Se les Alemans pronon- . cent la voyelle u : Elle forme , quand on la prononce , un Son mitigé de Yo , Se de Vu , qui eft bien éloigné de la prononciation rude & difficile de Yo , & de Yu , quand on veut faire

i88 Liv. II. Ch. I. Des Dlphth*

valoir les deux Sons dans une même fÿliabe , comme on l’a fait autrefois en prononçant un o avec la double voyelle ou i tic comme le prononcent encore aujourd’hui les Flamans tic les Hollandois en ces mots , ohdt , k°udt, Stadthouder , qu’ils prononcent a peu près comme nous prononcerions , o-oudt , ko-otidt y Stadt-ho-ouder , fi nous les voyions _ainfï écrits. Voyez le Chapitre rroifîème, page 69. pour fçavoir de quelle maniéré nos An- ciens formèrent cette diphthongue oh, tic comme elle a peu à peu dé- généré en fÿliabe d’un feul Son , par- ticipant de Vo , tic de Vu , qui eft no- tre Son d'ou ; de même que notre ancienne diphthongue au , s’eft ren- due par {ûccelïion des tems une fyl- labè d’un feul Son. Car il ne faut pas douter que notre monophthon- gue an, n’ait été autrefois une véri- table diphthongue en notre Langue, 8c qu’on ne l’ait autrefois prononcée parmi nous , comme on l’entend prononcer encore par les Normans , qui pour dire caufe , fraude , chaud » &c. prononcent comme s’il y avoir ,

fia- ou de.

Triphth. & Monophth, 189 fra-oude, ca-oufe , cha-oud ; parce «que les Alemans , dont cette Nation eft dècenduë, ont prononcé & pro- noncent encore leurs u , comme nous ^ prononçons nptre double voyelle ou. ■Ainfi il n’eft pas difficile de com- prendre comment cette fyllabe a per- du fon double Son , & eft devenue infenfiblement monophthongue, pour peu d’atrention que l’on, falïè en la prononciation que les Normans & les Gafcons font de cetcc double voyelle au, 8c celle que les Flamans & Hollandois font en celle de leur double voyelle ou, '

Dam. N’y a-t-il point d’Exception de la prononciation de cette mo- nophthongue ou , ou aou ?

Phil. H n’y a que des Exemples à vous donner , comme dans les mots qui fuivent , gouteux , loup , poumon > le mois d ’yioujl, faoulery 8c . car on doit prononcer le mois d’O# > & fou- ler , 8cç. comme s’il n’y avoit point d 'a devant 1W

*’v .

19 o Liv.IÎ* Ch. I. Des Vtphth* Remarque,

{upprimer Va de la mon< .x 0

aon , dans l’Ecriture Sc dans l’Im-

Suite du Chapitre des Monoph- thongues.

in , on , un.

P H il inte. Les m ou les n de ces monophthongues , ne s'arti- culent qua demi, & rcyident un Son ‘confus , qui fc perd dans h voyelle qui les précède. Prononcez par exem- ple ce mot $ ample en deux fylfabes feparées ainfi , am-ple , le Son de l 'm qui fe trouve à la fin de la première fyllabe de ce mot netant qu a demi articulé, fe perdra dans le Son de la

On commence même

preflion.

Art. I. T)e la prononciation des Monophthongues am , em , aim, om, um i an , aon , en , ain,

#

. Trifhth . dr M.oiïcphth. 191 voyelle qui préede l’ r/i , ,en altérant Ton $on clair & net de voyelle , & en lui en fefant prendre un confus : ce qui ne^ pouiroit pas fe faire G Vm ou 1 » ètoient immédiatement fuivies d’une voyelle , comme en ce mot , amour, que vous ne fçauiiez pro- noncer fans féparer Va de ce mot, de 1 m qui le fuit. Car en 1 épelant , vous direz, a-*, emme, o, u, err, mour, a-mour i vous entendez le Son de Va dans tout fon naturel , & dans valeur pure & lïmple, & fans aucu- ne alteration , & celui de Vm tout de même dans Ion Son naturel & réten- tilîànt. Et afin que les François & les Etrangers conçoivent le Son confus de 1 m ou de Vn par des Exemples de mots , quils*ne peuvent prononcer gueres autrement que nous, je leur vais donner deux Exemples de mots Latins, qui font cinütiu & cuntttu ; étant bien feur qu’ils auront bien de la peine a articuler F* de ces mots aulfi parfaitement, qu’ils feroient au mot de concipio ; ou ( comme j’ai déjà dit y à force d’appuyer fur la prononciation de Vu en l’articulant , ils font tëntir

N ij

V

%

v)i Liv. II. Ch. I. Des Diphth.

le Son d’un e muet, quoique très- foiblement , en difant conecipio j ce qu’ils ne fçauroient faire aux mots de cinElw & cunÜm , que très-difficile- ment. Si les Etrangers font attention fur la prononciation que nous félons . de la monophthongue de ces deux mots y 5c de celle qu’ils en font , 8c qu’ils veuillent bien en même tems obferver les mouvemens que font les organes de la parole , en rabattant un peu la prononciation de la voyelle qui précédé Ym ou 1’» finale d une fyllabe , fans remuer les lèvres ou le bou; de la langue contre le palais -, ils prononceront auffi naturellement 5c 'auffi régulièrement que nous les monophthongues qui font dans les mots fuivans , am bigu , employer , c ftaim , imparfait , nom bre , humble > plan y enhnt , fain? iwgrat, concQily

défunt. . ,

La plûpart des François n ont pas

;befoin de cette leçon -, mais les Gaf- cons , 8c tous ceux des Provinces de France qui parlent à peu près comme eux , en ont befoin auffi- bien que les Etrangers ; 8c j’ofe même’ avancer

Trifbth. & Monophth. 19$ qu’il y a beaucoup 4e gens élevés à Pàris qui en ont autant de befoin qu’eux , parce que n’ayant pas pris garde aux Réglés du bon 8c naturel ufage de notre prononciation , foie par négligence ou par ignorance, ils ont contradfcé une cerrâine habitude de prononcer cette m ou cette n d’u- ne maniéré forte & retentitfânté , à peu près comme celle des G .feons , qui prononcent 1 ’» prefque avec au- tant de force que s’il y avoit quelque voyelle après , croyant fc faire diftin- guer par cette prononciation groffie- rement imitée , que leur mauvais goût leur a fait trouver plus mâle 8c 8c plus amphatique que la nôtre.

Dam . J’ai bien connu de ces çens- , 8c qui auroient été bien fâche* d’avoir perdu cette mauvaife habi- tude. J’en ai même connu un qui ètoit fi charmé de cette forte de pro- nonciation ,* qu’il croyoit qu’il n’y avoit que les Badauds qui ne l’avoienc point. Il difoit que les Efpagnols 8C les Italiens prononçoient leuçs n d’u- ne maniéré fort retentifiante , en quelque endroit d’un mot elle^

- É5>4 Liv.1I.Ch ï. I>esT>ifhth .

fe trouvaient , & comme s’il y avoit une voyelle au bout : & qu’il avoir même eu des Maîtres de Langue en Efpagne & en Italie qui lui avoient montré a prononcer les » devant les confortes comme s’il y avoit quel- que peu du Son d’une voyelle ; & qui lui avoient appris â prononcer ces mots, tempo, confejo , f h ente , à peu près comme nous les prononce- rions , fi nous les trouvions écrits en la maniéré qui fuit, temepo, conefejo » fnenete ,• mais prononçant Ye qui pa- roît dans ces trois mots avec tant de promtitude , qu’on ne s’en apperce- voit prefque pas , & à peu près com- me nous entendrions celui de Ye qui fe trouve dans le mot de ta fêtas, qu’on pourroit dans un befoin faire de deux (ÿllabcs, en prononçant taf tas. Je demeurai d’accord avec lui de ce qu’il difbit de la maniéré que les Etrangers prononcent nos n : mais comme notre maniéré de pro- noncer ces n dans les mots de leur Langue, leur paroîtroit barbare (s’il 4ifious eft permis de fr fervir de ce ter- me) à la mode des Romains qui ap-

Trifhth. à- Uonophth. 195 pelloient barbare tout ce qui n’ètoit ni de leur pais , ni conforme à leurs maniérés de faire & de parler , la leur pourroit bien palier pour bar- bare parmi eux *, & encore plus dans la bouche d’un François que dans celle d’un Etranger , & meme d’un Gafcon , dans la bouche duquel elle eft moins dèfagreable , parce qu’elle paroît plus naturelle.

phil . Pour moi je ne trouve point étrange qu’un Gafcon prononce ces n de même , parce qu’il le fait par une habitude qu’il a contrariée dès l’enfance : j’ofe même avancer

- qu’un peu de cet air de prononcer ces » à la mode des Gafcons mêlé dans une prononciation bien régu- lière, n’y fieroit pas mais mais il ne faudroit' pas qu’elle fût imitée *, il faudroit qu’elle fut toute naturelle , & dans la bouche même d’un Gafcon qui parleroit bien j car elle paroitroit* ridicule & affe&ée dans la bouche d’un Parifien, ou d’un autre Fr:n-

çois. â

Dam. Continuons , s’il vous plair, nos préceptes.

Liy. IL Ch. I. DesDiphth.

De la prononciation des Monoph - thongues , am , em 3 an , aon , en.

Phil. Ce s monophthongues fe pro- noncent par tout comme Ta fylL.be a », en la maniéré que je viens de vous dire , fans appuyer fur l'articulation de IV. Prononcez donc , ambre 3 Adam, plan, paon , faon , ancre de Navire , encre à écrire > comme s’il y avoit anbre , plan , pan , fan , ancre. Exceptez les m du mot d Amjler dam, & de tous les noms des Villes ou Bourgs de Hollande ou du Nort ter* mines en am , comme Rotterdam , Saddam , Opdam , &c. Quelques- uns exceptent auflî Vm finale du mot Abraham ,• & je croi qu’ils ont rai Ion. comme aufli celle du mot de Siam , Royaume dans les Indes , dont les m * retiennent leur Son naturel. Exceptez auflî IV qui fe trouve à la fin des mots qui fuivent , Amen , hymen , examen, qui retiennent auflî leur Son naturel auflî-bien que celui de leurs e ; car on prononce ces mots comme en Latin*

Triphth. & Monophth , 19J

Autres Exceptions ,

Exceptez auflî les dernieres fyllabes de ces mots , Cananéen , Caldéen , Caliléen , dont IV de la fÿllabe en retient fa prononciation naturelle comme en Latin : il ne faut donc pas prononcer Caldéan , mais Cal- déen,

Le mot Européen , fe prononce pourtant comme Européan.

On excepte encore le mot benja- min , & celui de benjoin , l’e de la monophthongue en , retient fa pro- nonciation naturelle. Ne prononcez donc pas banjamin , ni banjo in , mais benjamin, & benjoin,

(• fl 'lli- * r : ' . » * V *

Exception .

Vo dans le mot faor.ner , qui fe dit d’une Biche lorfqn’elle fait des faons , fe. prononce. Dites donc fa - o-ner t & non pas faner, félon la Réglé générale ci -deflùs, dont ceci cft une Exception. N

2.9S Lîy.II. Ch.I. DesDtpkth*

Art. II. DesU$mphthongu.es aim , ain , & cin.

Ces monophthortgues fe pronoh- cent toutes comme notre fyllube fi- nale ain , ou ci*. Prononcez donc ces mots, ejfàim , faini , pain, plein, plainte i &e. comme s'ils è' oient è- crits en la manière qui fu t , ejfain » féi'iè , pain , plain * plainte * fans faire Tonner 1 m ou ïn qui termine la fyl- labe.

•Arï. III. Des Monophthongues im j & in*

> * * .; * ‘A. f •“ . '

La monophthongue if* , ne fe tjroto- ve gueres qu’au commencement des mots. Elle a une prononciation très- difficile en notre Langue pour ceux qui n’y font pas accoutumés » & par- ticulièrement pour les Parifiéns qui n’ont paS étudie » ou qui nont point encore fait de féjour dans les Pro- vîntes $ car on remarque que lès gens de Province n’ont pas tant de peine à la prononcer t mais ils ne

7'rtpbth . Ô* Monophfh» 199 font point d’exception de la Réglé que j’en vais donner ; qui eft , que cette monophthongue fe prononce à peu près comme nos habiles Régens, & particulièrement les Jéfuites , nous font prononcer la (yllabe in , en ces mots : Index , tinttwn , inflruere } c eft-à-dire ( pour me faire entendre , fi je puis aux Etrangers , fans le fe- cours de la vive voix ) qu’il faut un peu rabattre le Son de 1 ’i fur Vm, , {ans faire toucher le bout de la lan- gue au palais. Prononcez donc ces mots , importun , impie , imparfait -, Sec. comme vous prononceriez les premières fyllabes de c es mots Latins, import un tu , impius , imper fettus , fans pourtant faire fonner votre m i Se non pas comme s’il y avoir , appor- tant , ainpie , ainparfait , comme fait la plupart de la Bourgeoific de Paris, & même quelques gens au-defliis d’eux : les uns faute de {Ravoir le bon ufage , Se les autres manque de robferver.

3oo Liy.'IL Ch. I. Des Diphtb.

Art. IV. T>e la Monophthon- gue ? in.

Cette monophthongue fc pronon- ce de même que la monophthongue im , & fuit auiîi les mêmes Réglés SC les mêmes Exceptions.

Avertrjfement fur les Exceptions des Monophthongue s im , & in.

La monophthongue im , ou in9 précédée d’une conione , ou des let- tres , Ce prononce toujours conf- ine ain , ou ein , comme vous voyez par ces mots , yftæple , mince , ja (min, quinte. Prononcez donc ces mots , comme s’il y avoit un 4 , ou un e , devant Vin , en la m inière qui fuit , fiinple , mcttnce , j afin ain , qu attire ; & non pas, Jtnpte , jafbtin > & quinze, comme font la plupart des gens de Province , qui la prononcent comme on la prononce en Latin dans le mot de tinffum. Mais lorlque cette mo- nophthongue im , ou in , fe trouve au commencement d’un mot , (ans

Triphtb . & Monophth. 3GI

qu’elle (oit précédée d’aucune con- cerne , elle fuit la Rcgle que j’ai propofee en l’Article précèdent , & comme vous pouvez voir aux pre- mières fyllabes des deux mots fui- vans , importun , ingrat ; car il y a bien de la différence entre le Sonde première fyllabe du mot ingrat , Sc celui de la première fyllabe du mot pinte. Il fèroit à propos que les Pré- cepteurs fifTent (ouvent prononcer ces fortes de fyllabes & de mots à leurs Ecoliers. En voici quelques Exemples qu’on pourroit leur don- ner , pour les exercer dans la pronon- ciation de ccs fortes de fyllabesr

Mots commencés par im & par in , é* dont U faut prononcer U première fyllabe comme celle de tin&um.

Imparfait, impatient, im pie , im per- tinent, importun , imprudent , imputer » Info lent , incommode , incident , injure? ingrat j incifon *

joi Liv. II. ChI. DtsPifhth*

Mots ou la Monôpbthongue im y ou in , efl précédée d'une confia , ne > & cette Monophthongue fe prononce comme U fyllahe iain.

Prine* , Chérubin , Séraphin , jafi- min , épingle , du vin , Mede cin , jfeftin , v«fin , coufin , Martin , quin- ze , Charlv-Qtfnz , quin toi , & le refte , qu’il faut prononcer comme j’ai déjà dit en la maniéré qui fuit * défiai n , Martain , quamzje , & c.

Les Maîtres de Langue qui mon- trent le François aux Etrangers , doi- vent auffi observer cette méthode.

Avertijfement.

Les Parifîens devroient bien prenfi dre garde à obferver cette pronon- ciation d’<», au commencement d’un mot \ car il y en a quantité qui le prononcent comme ai n , & qui di- fent un aingrat , pour dire un ingrat. Il n’y a rien qui fente tant le Badaut

Tripl th. & MoMphth* 30$

que cftie pionortciation.

Les gens de Province font une fau- te toiite contraire *,xar ils prononcent fans aucune exception > toutes les monophthongues in , foit qu’elles fbient précédées d’ütie eônfone, Ou non , comme Vin dans le mot Latin de infiruere.

Refit arque*

L* fe féparé de monôphthon- güe dans le mot de divin , quand il eft fuivi d’un fubftantif commencé par une voyelle , pour fe joindre au mot qui le fuit, comme divin amour * Prononce^ donc , divi-n amour*

Autre Remarque .

Quoique le mot vinaigre patoifïè être de deux mots , fçavoir de celui de vin* & de celui à’aigïè , il n’en fait pourtant qu’un dans la pronon- ciation , & dans l’Ortographe aufli.

Dam* Quelle raifon pouvez -vous "donner de ces diftinétions de p

$ô4 Liv. IL Ch. I Des Dhhfhl

noncer ces monophthongues tm > oïl ifi ?

phil. Il n’y en a pas d’autre à don- ner que celle de l’uiàge.

Art. V. Des Monophthongues

om, & on } um, dr un.

Nous n’avons rien à dire de ces monophthongues , linon que nous les prononçons comme nos habiles Re- gens nés & élevés à' Paris , pronon- cent ces mots , Confcriftm , Angélus, & cmlhu , &c. en rabaiflant & en obfcurcifïant ( comme j’ai déjà dit de ces fortes de monophthongues ) tant foit peu le Son de l 'o > ou de Vu , fans faire toucher le bout de la langue au palais , pour empê- cher l’entiere articulation de Vm , oii de Y». Prononcez donc , concombre > humble , défunt , &c. comme concon- bre , hunble , défun , fans faire fonner les ».

Remarque .

L’» du mot de Convent , le change en u y dans la prononciation. Ainfi

Triphth. & Monophth. 305 ®n prononce Couvent , quoi qu’on écrive Convenu Mais il n’en eft pas de même des mots qui en dérivent, comme Conventuel , conventuellement , qui fu vent la Réglé de leurs mo- nophthongues.

Remarque fur toutes les Monoph - thon gués terminées en m , ott

en n.

Um , ou Yn , de ces fortes de mo- nophthongues étant fuivie d'une au- tre m , ou d’une n, dans un même mot , fe fcpare de fa voyelle , pour fe joindre à Ym qui la fuir, & qui ( fui- vant le génie de notre prononciation , qui eft de prononcer toutes nos con- fones doublées comme fi elles ètoient fimples ) ne fe prononce aufli que comme une fimple n? * ou ». Pro- noncez donc, Epigrammc , dilemme , pomme , canne , garenne , innocent % bonne ; comme fi ces mots ètoient ainfi marqués , Epigra-me , dilc-me , po-me , ca-ne , gare-ne , i-noçant , bo- ue ; 8c non pas , Epigran-me , dilen - me , pon-me , can~ne, garen-nCi in-no-

30 6 Liv. II. Ch. T. Des Diphth,

cant , comme font les Normans.

1 * - . * ' « i# »

* Exceptions.

Exceptez ce mot emmener , dont monophthongue fuit la Réglé -géné- rale en toute fi conjugaifon. Pro- noncez donc , an-mener , &c. comme auffi ces mots , ennuy , ennuyer , & leurs dérivés , dont les monôphthon- gues fuivent aullî leurs Réglés géné- rales , & dont IV fe prononce comme un a. Prononcez donc , ennuy , en- nuyer > ennuyeux , &c. comme s’il y avoir, an-nuy , an-nuyer, an-nuy eux.

Dam. Les Normans n’ont pas tant de tort de prononcer yom-mc , 8c can-ne , puifquc ces mots font orto- graphiés avec deux m , & deux n . Car ces deux m aflèmblées dans un même mot marquent la maniéré dont il les faut prononcer , parce que l’u- ne doit appartenir à la première fyl- labe,, & l’autre à la fécondé -, & cela étant elle demeure monophthongue, & le* doit prononcer comme toutes les autres : l autre m , étant fiiivic d’u- ne voyelle, fait une autre fyllabe , qui

Tripkth. & Monopkth . 307

Çt prononce comme nos autres Sylla- bes communes.

Phil. Il fe peut faire que ces mots ayent été épelés autrefois en la ma- niéré que vous le propofcz , & que les Maîtres d’Ecole le faflent encore èpelei de même aux Enfans Normans : ce qui auroit peut-être donné occa- f\oh de faire une monopkthonguc de la première Syllabe du mot de pommey & d’autres lèrablables , & une Sylla- be commune de la derniere , en pro- nonçant ces fortes de mots. Car les Normans n’articulent pas cette m , ou n finale autrement que nous quand elle eft Suivie d’une confone. Il fe pourroit faire auflî qu’autrefois nos Ancêtres ayent prononcé les m & les n doublées de leurs mots, comme on les prononçoit en Latin , & com- me nous prononçons & épelons ces mots , flamma , Epigrœmma , anttus, fefant fonner & retentir Vm ou de la première Syllabe, comme nous félons lonner Vm & Vit finales des mots Amfterdam , & Amen $ & qu'ils ayent prononcé Vm ou 1’» de la Syl- labe Suivante , comme nous les prô-

308 Liv. II. Ch. T. Des Diphth,

nonçons quand elles le - trouvent att commencement d'un mot immédia- tement devant une voy.lle , comme je le viens d,e faire voir par le mot de jiamnta.

Il fe peut faire aulfi qu’on ait autre- fois épelé nos deux mm , ou nos deux nn , toutes deux enfemble dans une fyllabe , en fefant deux mouvenJens redoublés coup liir coup du bout de la langue & des lèvres * pour la pro- nonciation des deux mm doublées ; ou en repliant le bout de la langue vers le palais, & le touchant avec force , pour articuler diftin&ement & feparément les deux Sons des deux nn comme vous pouvez fort bien remarquer en l’aflbmblage que je fais des lyllabes des mots juivans , Epï.gra-mmc , po-mme , bo-nne , qu’on a peut-être fait épeler aux Enfans en la maniéré qui fuit , , o , po , deux èmmes , e , mme , pomme ; bé, o, ho , deux ènnes , e , nne , bonne.

Je marque ces deux confones dou- blées tout proche l’une de l’autre » pour mieux faire comprendre la dif- férence qu’il y a entre la prononcia-

Yriphth. & Monofihth, 309

tion que les Normans font de ces fortes de confones doublées, & celle que nos Ancêtres en fcfoient 5 car autrement j’aurois les féparer , 8c en mettre une fur une fyllabe , 8c l'autre for celle qui la fuit , en la marquant ainfi, Ep'tgram-me , comme on les èpele en Latin : Mais à canfc que cette maniéré d’épeler m’a déjà lèrvi dans cet Article , de démonftra- tion pour la maniéré de prononcer des Normans , , j’ai crû qu’écrivant Epigra-mme ainfi , la difon&ion en auroit été plus fenfible. Mais foit que nos Aniêcres ayent prononcé nos m 8c nos » doublées comme les La- tins , ou qu’ils les ayent prononcé comme les Normans , ces maniérés de prononcer font hors d’ufige , & je ne doute pas que notre Ortographe ne s’y conforme dans quelques an- nées , puifqu’on a déjà commencé à fopprimer une partie de nos confo- nes doublées. Revenons à nos Ex- ceptions.

Exception de l’Exception.

Ve de la première fyllabe du mot

jio Liv. II. Ch. I. Des Dtyhfh.

de femme , fe pronoace comme un de Prononcez donc , famé ; & l'épelez ainfi , efFe , c , fa, deux èmames , e , me -, famé. Je dis épelez ainfi , parce que nous prononçons toutes les confones doublées qui fe trouvent dans nos mots , comme fi elles ètoient . fimpks. Voyez le Chapitre de Ig maniéré d’èpeler les Confones.

Le premier e du mot folennel, & de lès dérives , fe prononce comme un a. Prononcez donc , fola-nel , fuivant notre Réglé pour les Confones dou- blées. On a écrit autrefois ce mot avec une m & une », folemnel , fb- lemnitê , & on l’a prononcé comme on l’ècrivoit ; & il fe prononce en- core de même en de certaines Pro- vinces. Depuis on l’a prononcé avec un *, en fêlant fonner Ym : & enfin, on a fupprimé tout-a-fait la pronon- ciation de cette m .

Autre Exception.

Um fe prononce dans les autres mots de notre Langue , quand elle eftfuivie d’une », comme nous pro-

Triphth. & Monophth . 311

lionçons vrnnis en Lutin \ c’eft-à-dire, que ces deux lettres jointes enfem- |>Le , gardent chacune leur Son naturel & retentilïànt. Prononcez donc ces mots , calomnier , calomnie , calom- nieux i &c. Agamemnon , Hymne , jcomme ü vous les trouviez écrits dans quelque difc.ours Latin. Prononcez , indemnifer , &c. indemnité de même, à la relèrve de le de la première lÿllabe qu’il faut changer en a. Ainfi il faut dire , indemnité, tndamntfer .

Ve change aufli fon nom en a en •toutes les autres monophthongues ■terminées tn em , fuivies d’une autre m # comme en ces mats , apparem- ment , ardemment , différemment , &c. qu’il faut prononcer comme s’il y avoit , ap par aman , ardaman , diffe - raman,

Exception.

On ne prononce point \m de la •lÿllabe dam > au mot de damner, & en tous fes dérivés , elle fe trouve fuivie d’une » ; mais l’élifion de cet- te m dans la prononciation rend la lÿllabe longue. Prononcez donc ,

3i i Liv. II. Ch. I. fies Diphth*

damné , condamné , condamnable » comme fi vous les trouvi.z ainfi mar- qués , ddné j conddné , oondanable , &c.

Art. VI. Z)£ prononciation des Monophthongues ail, eil , il, œil, eüilj üeil.

Ces fortes de monophthongues ne fe trouvent jamais qua la fin des mots , comme en ceux - ci , travail , Soleil , péril, l'œil, cerfeiiil , cercueil. r> On a bien de la peine à faire com- prendre aux Etrangers la maniéré de prononcer ces fortes de monoph- thongues , autrement que de vive vo x : car ( exceptez les Efpagnols & les Italiens , qui connoifiênt cette prononciation comme nous par leurs lettres gl , &c par leur double II) il y a très-peu de Nations à qui la pronon- ciation de ces fortes de fyllabcs (oit pleinement connue comme à nous. Il en faut pourtant dire deux mots : peut-être que la lecture qu’on en fera avec attention , ne fera pas inu- tile aux Etrangers qui voudront ap- prendre

T riphtb. & Monophth, 31J

prendre la manière de former les Sons moiiillés de ces fortes de, mo- nophthongues.

Nous formons cette prononciation par le moyen d*un Son mouillé que nous félons de celui de 17 , avec ce- lui de \'l9 par deux differens mouve- mens de la langue, dont l’un fait un Son lâche Sc un peu humide , & l’au- tre un Son ferme & fec : celui de 17 , qui eft le Son humide , fe forme par un mouvement que la langue fait en s’élargiflant tout-à-fait par les cô- tés & par le bout, & en fc. courbant par le milieu vers le palais *. & le Son de 17 , qui eft le Son fec , fc forme par un autre mouvement tout contraire de la langue , qui s’étre- cilTant par les côtés & par le bout , fe redrellè contre le palais vers les dents d’enhaur. Le Son de 17 , coupe l’articulation de celui de 17 ; & celui de 17, empêche la for- mation parfaite du Son de 17 : Ainfi de ces deux Sons à demi arti- culés , il fe forme ce Son moüil.é que nous fefons en prononçant les deux lettres, il, qui fe trouvent â la

O

3i4 Liv. II. Ch. I. DesDiphth.

fin de ces monophthongues , comme vous pouvez vous appercevoir en prononçant la derniere fyllabe des mots fuivans , travail ,fommei\ , Vœi\.

- * N

Exceptions.

Exceptez de cette Régie tous les mots terminés en il , fans autre voyel- le devant Vil final , comme vous voyez en ces mots , civil , fil , il j viril, exil , dont 17 finale garde un Son fec & naturel : car nous n’avons que le feul mot de péril, & celui de babil, de tous les mots de cette terminaifon, dont la derniere fyllabe ait un Son mouillé.

Autre Exception.

VI, au mot gentil, ne fe prononce pas i la derniere fyllabe de ce mot produit un Son mouillé en la pro- nonçant, lorfqu’il eft fuivi du mot d homme. Ainfi on dit, Gentillome , & non pas Gentilome , comme beau- coup de gens de Province difent , quand, ils prononcent le mot de

Triphth. & Monophth . ^ij* Gentilhomme . On ortographie des Gentils-hommes au plurier, 8c on pro- nonce des Gentizjême. Les Normans difent Genteillomme ; mais il ne faut pas les imiter.

Remarque .

Il y a une remarque à faire fur 1 Ortographe de ces deux monoph- thongucs. eüil , & üeil ; qui eft , qu après le g 8c le c, il faut écrire ueil , dans qu il (bit befoin de mettre deux petits points au-dcflus de Vu ; parce que le g 8c le c qui precedent Vu de cette forte de fyllabe / empê- che de Ce méprendre en le prenant pour un H confone , comme vous voyez en ccs mots , orgueil , cercueil , écueil , recueil , il eft impoflible que vous prononciez Vu de ces mots autrement que comme un u voyelle : & cela ètanc , vous n’avez que faire de diftinguer par l’écriture la pro- nonciation de cet u . Mais pour ce qui eft de la monophthongue eüil, il faut neceftàirement marquer Vu qui «*y trouve de deux points au-ddlùs^

O ij

jï6 Liv. II. Ch. I. Des Diphtlj.

pour marquer que ce n’eft pas un u confone, principalement dans récri- ture *, autrement ou prononceroit c-vil) pour eiiil ,• de-vil , pour deuil ; favte-vil , pour fauteuil. Pour dans les Impreflions , il n y auroit pas grand mal quand on ne marqueroit plus du tout ces h voyelles , puifqu’on com- mence à Te fervir par tout des v ronds , les u Tonnent comme des confones -, & qu’on ortographi efervù teur , & non pas feruiteur.

Art. VII. De la prononciation

de la Monophthongue , ol.

Cette monophthongue Te pronon- ce par tout , comme on prononce en Latin le mot de fol. Prononcez donc la derniere fyllabe des mots qui fui- vent de même , parafol, 'vitriol, viol , vol , entrefol > Rojfgnol, &c,

Exception.

On excepte de cette Réglé les quatre mots fuivans , col , licol , fol , fol , dont la fyllabe ol Te prononce

Triphth. & Monophth . 317

! comme notre double voyelle 0u . Prononcez donc , cou , licou , /à# , fou. Plufieurs commencent à orto- graphier ces quatre mots comme oa les prononce.

. Exception .

Quand col lignifie un palïagc entre deux montagnes, pour lors il luit la Réglé générale , & garde fa pronon- ciation naturelle. Comme aulîl en parlant des parties du Corps humain, il faut dire , le col de la matrice , le col de la vejfie ; pour dire, l'entrée ou r embouchure de la matrice , ou de la vejfie .

fin du Chap. des Monophthongues .

jr- " ^

;.V

.? ?, . > KL'-y*- - * * 'd* , j/P' *•.-*' I , , V-V

3i$ Liv. II. Ch. II. Des Diphth*

CHAPITRE IL

DES DIEHTHONGVESy Et de la maniéré de les frononccr.

P H il inte. Je vous ai déjà dit, que la Diphthongue eft une fyl- labe qui a deux voyelles , dont on fait valoir les deux Sons , comme vous voyez en celles qui font en ces mots, cotfe , hier , puijfance. Ainfî il eft inu- tile d’en parler davantage.

Dam. Je comprens parfaitement ce que c’eft que Diphthongues : Mais dites-moi , je vous prie , com- bien nous en avons ?

Phtl. Nous avons dix Diphthon- gues en notre Langue , qui font , ia , ie , te h , io , oi , ni , eau, ou a , eue , oïii , ou ony. En voici des Exemples : Diabolique-, lif-vre, lieu , pio-che Rou- vrir , puif - fance , fce~au , foii-age , fouet, oui , ou <?«y.

Ces Diphthongues ne font- elles point fujettes à conteftation >

Triphth. &Monophth. $1$ JPhil. Quand elles le feroient , ce ne pourroit être qu’en Poëfe , ou dans quelque difcours foûtenu , on eft quelquefois obligé de pronon- cer toutes les {ÿllabes fort diftin&e- ment. Mais il eft certain que dans un difcours familier, elles font non feulement inconteftables dans les Exemples que je viens de nommer , mais encore dans ceux dont ces Diphthongues fe féparent- en deux fyllabes dans les Ouvrages de Poëfie , comme dans ces mots , violent > vio- lence , viol , &c. Diocefe , période > Galiote , diamant , union , publier , Louis , &c. on les doit prononcer en lifânt en la maniéré qui fuit, vi-o - tant, vi-o-lance , vi-ol 9 &rc. Di-o-ce-fe , pe-ri-o-de , Ga-li-o-te > di-a-mant , H-ni on , pu-bli-ery Lou-is , &c; Ce qui n’arrive pas dans la Profe , on entend fort intelligiblement pronon- cer à ceux qui parlent bien , ces dou- bles voyelles comme des Diphthon- gues , en la maniéré qui fuit , vio - lant ■> vio-lance , viol ; Dio-cefe , pe- rio-de , Ga-lio-te , dia-mant , u-nion ? pu blier > Loü-is,

510 Liv. II. Ch. II. Desbiphth.

Réglé I. De U biphthongue ,

ia.

II n’y a rien à dire de la diphthon- gue, ia> finon qu’en Poëfie elle eft prefque toujours de deux voyeües. Exceptcz-en ces mots, milliaffe , mil - , diable , diabolique , les deux Sons de m , font renfermés dans une. feule fyllabe.

Reg. II. De U Dlphthongut ie j ou ié.

Nous n’avons de véritables diph- thongues dans les Ouvrages de Poc- fie aux fyllabes finales des mots ter- minés en , qu’en la terminaifon de ces mots , pitié, moitié , amitié , inimitié , ; & en leurs pluriers ,

comme les piés , tes amitiés , &c. Dans les autres mots cette fyllabe fépare en deux, comme marié. Pro- noncez donc en lifânt des Vers , ma- ri-é.

Triphth. & Monophth. 311

Reg. III. De la prononciation des fyllabe s finales ie , ies , ye, y es , fans accent fur les e.

Ve de la {yllabe finale ie 8c tes , ye 8cyes , fe fait très-peu fentir : mais il a la propriété de rendre longue la voyelle i qui le précédé, comme vous pouvez remarquer en ces mots , copie, maladies , orties , j’etudie , il ejfuye. Prononcez donc, copT , maladï , ortt, j’etudï, il eJpiT. Mais fur tout ne man- quez pas de faire entendre le Son de Ve de cette (yllabe, mais que ce (bit d’une maniéré aufli peu fenfible que Ve qu’on entend dans le mot canevas , quand on le prononce un peu vîte.

Reg. IV. De la Diphthonguc iel, ef ien.

Cette diphthongue eft rarement de deux fyllabes en PoëJie.

Remarque fur la prononciation des fyllabes ien, £7- yen.,

La fyllabe ien , fe prononce comme

O V

'3 *2, Liy.II. Ch. IL DesViphth.

tan , ou y an , quand elle fe trouve entre deux conîbnes , pourveu que ce ne foit pas des », comme Audience, client , clientèle , patient , Oriental. Prononcez donc Audiance , chant , tliantele , paciant , OriantaU

Exceptions.

Exceptez la fyllabe Un, ou yen, quand elle eft fuivie d’une n , comme ia mienne , la penne , Payenne , &c. dont Ve retient Ta prononciation na- turelle. Exceptez auflï la fyllabe Un, qui fe trouve dans la conjugaifon des verbes tenir 8c -venir, 8c de leurs com- pofés , comme je tiens, tu tiens, il tient, ils tiennent : je tiendrai , 8cc. je fou - tiens , 8cc. je vien( , 8cc . je viendrai, &c. je me fouviens , &c. Exceptez auflï celle qui fe trouve dans le mot de Chrefiien , & fes dérivés , comme Chrejlienne , S^c. lV.de cette fylla- be ien, garde fa prononciation natu- relle. Exceptez auflï la fyllabe ien , ou yen , qui fe trouve à la fin des mots , comme en ceux-ci , entretien , foutien , le mien , le fen, Payen.

Triphth, & Monophth. 315

K. £ G. V. Ve la Syllabe jînalç ient, & yent.

L'e, & Je t de la fyllabe ient, &yent, ne fe prononcent point quand elles Te trouvent à la fin des dernières perfonnes plurieres des verbes termi- nés en ter, ou en^*r, au moins P# & le t i car on entend un peu le Son de Ve qui eft femitiin , & qui par con- fequent eft fort fourd & fort foible> & qui ne laiftè pourtant pas de faire une fyllabe , comme vous pouvez voir en ces mots , ils convient, ils etndient , ils ejfnyent. Prononcez donc ces mots comme s’ils ètoient écrits , î convï , iz, etudï, izj ejfuï. Mais il faut faire entendre un Son fourd & prefque imperceptible d’un e , incontinent -après la prononciation de P; , ou de P y-grec de la fyllabe finale de ces fortes de mots. Il eft bon aufli en lifant des Vers , & meme quelque- fois dans un difeours foutenu , de faire fentir le t final de ces fortes de terminaifons , quand elles (ont im- médiatement fuivies d’un mot qui

324 Liv. ÏÏ'r Ch. IL Des Dipith»

commence par une voyelle. Voyez l’Article de la prononciation des let- tres finales nt , au Chapitre des Con- fones finales.

Remarque,

Dam. Que fignifie cette petite ligne en travers que vous marquez au deftus

de Vi , & au deflus de V y. arec final de

_ A*

ces trois mots , convi , etuai , ejftii ?

phil. Vous la tnfuverez d’ores-en- avant en beaucoup de fyll .bes , dont je vous marquerai la mefure. Cette petite ligne fignifie qu’il faut traîner la fyll abc , & la prononcer plus len- tement.

Reg. VI. De la prononciation de la Syllabe ier.

La fyllabe ter , qui fe trouve à l’in- finitif d’un verbe , eft toujours de deux fyllabes en Poëfie, comme ju- flifier , oublier , marner. Ep lez donc, jHjhîji-er, oubli- er, mani-er. Ailleurs cet- xe fyllabe eft diphthongue j comme. Chevalier , premier , papier, &rc. Ep lez donc , Che-va-lier , pre-mier , pa- pier.

Trifhth. & Monophtb. $iy

R E G. VII. De la Syllabe ,

iez.

La fyllabe iez, , aux fécondes per- tonnes pliirieres des verbes qui onc l’infinitif terminé en ier, eft de deux fyîlabcs , comme de juftifier , vous juftifiez,. Prononcez donc , vous ;//- ftiji-ezj.

Dans les verbes dont les infinitifs fe terminent autrement qu’en ier , la fyllabe iez, eft di :hthonguc , comme de garder , vous gardiez Epelez donc , vous gar-diez, ; parce que ces fécondes perfonnes font du tems im- parf^, & que les autres font du tem^prefent. Car f\ cette féconde

perfonne , juflifiez, , ètoit du tems im- parfait de l’indicatif, ou du prefent du conjonftif , il faudroit néceflàire- ment y ajouter un y grec j comme, je jujlifiois , tu jujlifiois , il jufiifioit j nous juflifiyons vous jufitfiyez, , que vous jufiifiyez,- Et par confequent cette .fyllabe finale ycz, , nugmenteroit en- core d’une autre fyllabe.

H6 Liv. IL Ch.IL DefDtphth'.

R e g. VIII. J Delà Syllabe ieu* & y eu.

La fyllabe ieu eft diphthongue foil- lemcnc en ces mots , Die u, lien » Monfeur, pieu , épieu , ejfteu , mieux, •vieux > deux . Dans les autres mots cette fyllabe fe fépare en deux j comme en ces mots , glorieux , fe - rieufe , curieux. Epelez donc , gto- ri-eux , fe-ri-eu-fe, cu-ri-eux.

La fyllabe^# cft toujours diphthon- gue , comme ■jeux, yeufe , joyeux, cayeu , camayeu , &c. cette fyllabe fe prononce toujours ainfi , yeu-fe , joi-yeux , ca-yeu , cam(^0'

Reg. IX. Z>* Difhtbongue , io.

La double voyelle io , eft toujours diphthonguc dans la conjugaifon d un verbe , (bit en Poëfîe , ou en Profê ; comme , nous aimions , nous trouvions 9 nous parlerions . Epelez donc , nous ai-mions , nous trou vions , noua par- le-rions. Dans les autres mots cette

Trifhth. & Monophth . 317

cliphthongue fe fépare prefque tou- jours en deux ; comme en ces mots, condition , compatriote , médiocre , qu’on prononce ainfi , con-di-ci-on , com-pA-tri-o-te , r»e-dt-o-cre .

Remarque fur l’Ortographe des Syllabes ions , iez , yons , yez.

Il faut ajouter un y-grec aüx fylla- bes ions & iez,, en ia maniéré qui fuit, iyons , iyez, , lorfqu’clles fe trou- vent dans les perfonnes plurieres du tcms imparfait de l’indicatif, & du te ms prefent du fubjon&if d’un ver- be terminé en ter , comme du verbe prier: Je priois , tu priois , il prioit : vous priytns , vous priyeT^, ils prioient: £hte je prie , que tu prie , qu’il prie ÿ que nous priyons , que vous priyez, , qu’ils prient. Et lorfque le verbe eft terminé en yer, on met X y-grec avant Vt y dans la fyllabe yons ou ye ^ ; comme vous allez voir en l’Exemple qui fuit du verbe appuyer ; fap - puyois y tu appuyois , il appuyoit ; nous appuyions , vous appuyiez* , ils ap~

32.8 Liv. IL Ch. IL Des Difitb*

puyioient : JPj*e )’ Appuyé , que tu Ap- puyés , qu'il Appuyé } que nous Ap- puyions > que vous appuyiez» , qu’ils appuyent.

Reg. X. De la prononciation des Diphthongues oe , oi , eoi, & oy.

Ve de la fyllabe oe , Te prononce comme notre double voyelle ai , ou comme Ye du mot net : de forte qu’étant mis immédiatement après un o , cela fait une fyllabe , dont le Son de Vo, & celui de cette forte d'e, , forment une des plus parfaites diph- thongucs que nous ayons en notre Langue , en réunifiant le Son de l'o , avec celui de la double voyelle ai, en une feule fyllabe \ comme vous pouvez voir en ces mots , coefe , boete , poele , qu’on prononce com- me s’ils ètoient écrits ainfi , coaT-fe , boai-te , poaï-le. On excepte la fyl- labe oc, en ces mois. Poète , Poème, poét que , Poèfie , poétiquement , qu’on fait d’ordinaire de deux fyllabes en Poëfie : Mais dans le difeours fami-

' I

Triphth» & Monophth* $19 lier , eJlo eft aftùrément diphthon- gue : Sc cela eft Ci vrai , que les Poè- tes mêmes la font diphthongue en ces derniers mots en bien des ren- contres. Je croi même qu’il eft inu- tile de marquer la réparation des voyelles de cette (ÿllabe par deux points au deftus , puifque ces deux points ne fervent qu’à diftinguer les voyelles qui (onnent féparément St indépendamment des autres , d’avec celles dont le Son eft confondu avec celui de Ci voifine ; comme vous pouvez voir en ce mot Heroine , qu’on prononce & qu’on cpele ain- G , e-ro-i-»e , & qu’on prononceroit fans la marque des deux points, e-roai-nc . Mais il n'en eft pas de mê- me de la (ÿllabe oe , au mot de coefe , ôc de cette même (ÿllabe oe , en celui de Poète , qui Ce prononce dans un mot comme dans l’autre , Sc dont Ce pon&ué ne fert ni à marquer une jféparation de Son , ni à en diftinguer la prononciation.

Dam. Il me femble que voila bien des paroles pour trois mots que flous avons en notre Langue , qui

3$ô Liv. II. Ch. II. Des Diphth.

s’ortographient par oe. Car exceptes ces trois mots , coefe * boete , poele , que vous avez nommés , je croi que vous n’en trouverez point du tout* Phil. Vous avez raifon ; & je vois même que la plûparr des Ecrivains nouveaux fupprfment entièrement cette Ortographe en ces trois mots , & en ceux qui en font formés , en fubftituant la fyllabe oi en la place de la double voyelle oe : & qu’au lien d’écrire coefe , caefure , boete , &c. ils écrivent coifc , co'tfure , boite , &c. Pour l’Ortographe du mot Poète , je croi qu’elle durera autant que notre Langue ; mais je croi qu’on en fup-

fjrimerales deux points au delTus de *e. J’ai encore deux mots à dire de la fyllabe oe qui n’a qu’un feul Son , & qui n’eft point diphthongue.

Reg. X I. De U prononciation de la Syllabe oe , qui n'a qu'un Son y dr qui rieft point diph- thongue.

La fyllabe oe au commencement

des mots 3 économie, cedipe , cecttme*

Triphth. & Monophth. 53 î

nique , œdeme , csfophage , Sc autres qui commencent de même , pourveu que Ve- de cette fyllabe oe ne foit point marqué de deux points au defliis , fe prononce .comme notre double voyelle ai. Prononcez donc, aiconome , de me , aifophage.

Reg. XII. Ve U prononcia- tion de U Viphthongue oi , eoi, oh oy.

La fyllabe oi , toi, ou oy , fe pro- nonce par tout en notre Langue com- me notre fyllabe oe au mot coefé r ou comme notre 0 joint avec ai ; comme vous pouvez remarquer en ces mots, noir, poivre , devoir. Bour- geois, employi qu’on prononce com- me s’il y avoir, noer, poevre , devoer, Bourjoes , amploay. Voilà la Réglé générale de la prononciation de cet- te Diphthongue 5 mais elle a de» Exceptions.

La première Exception qui n'en fouffre aucune, c’eftque cette Diph- thongue fe change en une fyllabe d'un Son, qui eft celui de notre dou-

332. Ltv. II. Ch. II. î>es Eiphth.

ble voyelle ai , en toutes les termi- naifons des te ms imparfaits des ver- bes où cette Diphthongue fe trouve , comme en ces deux imparfaits : Je l fois , tu lifois ; il lifoit , ils lifoient : Je lirois , tu lirois ; il liroit , ils li- raient ; qu’il faut prononcer comme fi- ces mots ètoient écrits ainfi : Je lifat , tu lifaï } i Itfai 3 ï lifat : Je li- rai, tu lirai ; i lirai , i lirai»

Autre Exception.

La féconde Exception , mais qui en fouffre d’autres , eft que cette diph- thongue oi , fe prononce aufiî comme notre voyelle ai , aux noms Natio- naux , tels que font ceux-ci , Hollan - dois , Anglois , Irlandois , Ecojfois , Lionnois » Milanais , Polonois , Fran- çois , &plufieurs autres > qu’il faut prononcer comme fi ces mots ètoient écrits en la maniéré qui fuit , Holan - dais y Anglais i Irlandais , &c.

Exception de cette Exception. Exceptez ces noms de Nation

Tripht. & Monopht.

Suédois , Danois , Champenois , Gene- vois, Génois, Liégeois, Bavarois \ 1q mot de Gaulois , & les noms de quel- ques autres Nations fort éloignées de nous , comme Siamois , Chinois , Hi- r o quoi s , &c dont la diphthongue oi garde fa prononciation naturelle , comme aulB aux noms propres d’hom- me 8c de femme j comme François 9 Françoife , Ambroife , Benoit , 8cc, aux noms de Villes, de Riviere, de Païs 8c de Provinces -, comme Am- boife , le Quenoy , Rocroy , Pontoife , j&c. Roye , la Riviere d'OiJe , la Loire ,

&c. le Retelois , le Gatinois , l'Ar- tois , &c. Mais la réglé n’eft pas ge- nerale pour les noms de Païs j car on dit le Aiilanais , le Lionnais , 8ccP Dam. Il eft vrai que cette pronon- ciation furprendroit un peu les oreil- les délicates. r

Phil. De même qu’elle pourroit vous furprendre , h vous entendiez di- re Saint Français , pour Saint Fran- çais , & Saint Benait , pour Saint Benoit .

Autre Exception de la diphthongue oi.

JLa diphthongue ci fe prononce com-

A r

354 Liv.' II. Ch. II. Des Dipbil ' me notre double voyelle ai aux motâ fuivans neroyer , Scc.foible , &c. endroit, froidir 9 Sic. froid , froideurs , droit adje&if , &c. roidir , Sic. roide , étroit , Sec. croire , &c. croijire , &c. Et en tous les Verbes terminés en oiflre 3 ou en ottre , comme paroiftre , Sic. con - tioitre t Scc. croître , Scc. Comme aufli en ces mots, que y* fois , que yâ// , qu’il fait j que nous foyons , que vont foyexi t qu’ils foient. En en ce Verbe noyer ; car quand ce mot eft fubftan- tif, ladiphthongue oi retient Ton Son naturel. Prononcez donc nayer > &c. net ay er , Scc. faible , Scc.

La diphthongue oi conferve Ton Son naturel en ce mot froidure ; comme aufli en ce mot de droiture 3 Si en ceux- . ci droit Sc droite 3 quand ils font em- ployés figurément j comme 9 c'eft un nomme droit , pour dire , un loommè équitable. Ne dites donc pas froidure, droiture 3 droit , Sic,

Exception de foit , quand il efl con * jonction.

Il faut fçavoir que quand le mot;

Triphth. & Motiophth.

de foit eit conjon&ion , il garde 1* Son naturel de fa diphthongue i car ce {èroit mal dit de dire , fait qut •vous cela , ou non , &c. Et

cette prononciation paroîtroit auflï ridicule , quelle paroît groffiere , quand on dit pavois , pour j'avais. .

J.’oubliois encore les adjectifs adroit & droit , dont la diphthongue fe change aulli en ai. Mais fi ce mot de droit ell fubftantif, il retient fa prononciation de diphthongue ; car ce {èroit fort mal prononcé de dire , il foutient fon drait , il étudié en Dr ait , pour dire , il foutient fon droit , il etu~ die en Droit. Et cela paroîtroit auflï ri- dicule, que fi on entendoit quelqu’un q.ui pour dire Bourgeois , prononecroit JB ourge ai Si comme on fait en quelques endroits de Bretagne & de Normandie,

Dam . Qui eft-ce qui prononce de même ?

Phil. Jel ’entens tous les jours pro- noncer à de bons Bourgeois dans les Provinces, aufli- bien que les mots d’Epxloit y je vous envoyé* je conçois » dont ils prononcent la diphthongue oi, çomme la double voyelle ai , difant un

3 $6 Liv.II. Ch. II. Des Dlfhth*

Expiait, jetons envase, je conçais.Je vous, dirai bien davantage , car j’entens fou- vent cette manière de prononcer dans la bouche de pluficurs Avocats 8c Prédicateurs en Province , qui d’ail- leurs parlent 6c écrivent paflable- ment.

Dam. Qif eft-ce que c’eft que ces tfr-catera s que vous marquez par- cette abbreviation , grc ?

Phil . C’eft pour faire connoître qu’en tous les mots dérivés , ou com- pofés des mots ainli marqués en queue de cet &c , la diphthongue oi fe doit prononcer de même ; comme de nettoyer , prononce zje netaye , je ne - tayerai : de foible , prononcez fai- blejfe , faiblement , 8cc. Vous trouve- rez ces lorres d’abbreviations par tous les préceptes que je donne ailleurs dans ce Livre , qui lignifient la mê- me chofe.

Dam. J’entens beaucoup de gens , & même des gens de Lettres , qui prononcent le mot de François , quand il lignifie un homme en France , comme nous prononçons Je nom de S. François : Que penfezr

vous

Triphth. & Monophth. 337

vous de cetr.e prononciation ?

VhiU Je ne fçai pas quelle raifon on a de prononcer ainfi ce mot , qui a été un des premiers noms nationaux dont on a commencé à prononcer la diphthongue comme notre double voyell 9>ai } car il me (èmble que la raifon nous oblige à prononcer la diphthongue oi de notre nom natio- nal , comme nous prononçons celle qui fe trouve en ceux de nos nations voifines , quand ce ne feroit que pour le diftingucr du mot de François , nom d’homme. L ’ufage , direz - vous , eft le maître de la prononciation , & il n’y a point de répliqué à ce qu’il a une fois établi. On en demeure d’ac- cord , mais il faut le voir tout-â-fait établi dans cette prononciation extra- ordinaire pour le liiivre , & jufqties- il doit être permis à tout le monde d’en dire fon fentiment , de le com- battre autant qu’bn pourra , & d’em- pêcher qu’il ne s’introdiiife quand il n’eft pas bon j car à moins que ce ne foit quelque puilïànce qui s’en mêle particulièrement , & qui marque avoir quelque inclination pour cette pro-

P

33S Liv. IL Ch. IL DesDipfjth.

nonciation diftinguée , je ne crois pas qu’un petit nombre de gens fça- vans Toit capable de lui donner un cours qui dure long - rems.

Dam. On vous répondra , que fi vous prononcez bien les dernieres fyllabes de ces mots Suc dois , {)a nois, Siamois, comme celle du mot de S . François’, Pourquoi ne voulez- vous pas que l’ulàge fe déclaré en faveur de la diphthongue du mot national de François ?

Phil. Dès que cet ufage fera éta- bli ainfi , je vous allure que je ne fe- rai pas des derniers à le fuivre. Mais je doute que jamais il le foit , ou du moins qu’il fe conferve Iong-tems. Et j’ofe même avancer qu’il en feroit de même de cette diphthongue , com- me de celle des terminaifons des im- parfaits , que quelques Sçavans vou- lurent faire revivre il y a envirôn vingt ans, quoi-qu’il y en*eût déjà plus de trente qu’elle ètoit hors d’ufage dans ces terminailons : de forte que la plu- , part de ceux qui parloient en public, affe&oicnt de la prononcer à pleine bouche , comme on l’avoit prononcée

' Triphth . dr Monophth. 339 autrefois , en fefant {onner les deux voyelles» dans la même fyllabe pour donner , difoient-ils , une prononcia- tion plus ferme & plus malle à ces terrainaifons. Cependant cet ulâgene fut pas de durée , & il s’eft tellement aboli depuis , que les moins polis auroient honte aujourd’hui de pro- noncer cette diphthonguc dans ces terminai Ions d’imparfaits, autrement que comme notre double voyelle ai. Notre mot national de. François , cft trop manié du peuple pour croire qu’il n’ait pas la même fortune des noms de nos Nations voifincs. Peut- être que Ci nous avions aulîî fouvent en bouche les mots de Suédois , Danois, Hiroquois , que nous avons ceux de Hollandois » Anglais , Ecojfois , &C d’autres Nations circonvoifînes , dont nous parlons tous les jours j ces mots pourroient changer la prononciation de leurs diphthongues , comme nous avons fait en parlant de nous & de nos Nations voifines ; mais comme on parle moins de ces Nations , que de celles qui font à notre porte , on n’a pas fongé à changer les diph-

340 Liv. II. Ch. II. Des Dtphthl

thongues de leurs mots ; &c quand on y fongeroit * il ne laifleroit pas d’en échaper toujours quelqu’un qui conferveroit fa diphthonguè , com- me vous voyez en ce mot de Lié- geois , celui de Champenois , celui de Genevois , & en quelques autres. Je fçai bien que quelques - uns difent F Académie Françoife ; d’autres la Comédie Françoife , & non /’ ^Aca- démie Fr an fai fe & la Comédie Fran - faije : Mais cette forte de prononcia- tion ne décide lien pour celle de la Diphthonguè du mot national de François & de Françoife.

AVERTISSEMENT.

LA plupart des Parifens pronon- cent ces mots , des noix , du bois, trois , mois , des pois , voir , com- me s 'ils etoient écrits en la maniéré ejul fait ; des noüâ , du boüâ , troua , moüâ , des poiiâ , voüâr , &c. Cette prononciation eft fort irrégulière , & elle nef pas à imiter , car elle fent fon homme grojfier & parejfenx , qüi ne daigne pas Je contraindre en rien.

Trlphth * & Uonopht. 341

ni s'affujcttir à la moindre Réglé. S'ils fefoient réflexion fur la prononciation de ces mots de fois , bois , voix, choix, Loix , pouvoir , devoir , &c. qu'ils prononcent régulièrement fans peine & Jdns contrainte % aufft-bien que vous & moi ; & qu’il ri eft pas plus mat-aifé de prononcer la diphthongue oi , en ces mots de 1101'X , bois , trois , mois, pois , voir , que celles de ces autres mots, pour peu qu'ils veuillent s’obferver } la honte qu'ils auroient de cette grojfere prononciation , les en fer oit bien-tôt .def- acoutumer. Vous ne manquerez, pas de me dire comme tous les autres , qu’il ri y a que des Badauts qui pro- noncent ainjt. Il y a pourtant de fort habiles gens qui prononcent ces mots de meme , mais mal.

Dam. A la vérité lorfque j'étois bien jeune •, j'avois contrarié cette ha- bitude avec quantité de gens ; mais depuis je me fuis apperçû aufft-bien que vous , que cette pronor.ciat.on etoit fort irrégulière & badaude , aufft-bien que celle de je trouvairai pour je trou- verai , & je m’en fuis defacoutttmé fans peine ; car il ri y à qu'a faire des

541 Liv. ÏI. Ch. IL Des Dipkth.

réflexions fur ces fortes de prononcia- tions , & s’obferver feulement huit jours de tems fur ce defaut , pour s'en défaire aifémcnt , aujft-bien que de beaucoup d'autres qui ne valent pas mieux-

R e g. X 1 1 1. De la pronom a- tion de la Diphthongue oin.

La diphthongue oin fe prononce comme s’il y avoit un a devant IV. Ainfi on prononce befoin , moins , foin , pourpoint > loin , comme s’il y avoit befoain , moains , foain , pour- poaint , loain . Mais il faut lur tout prendre garde de ne point peler fur la prononciation de l’« de cette diphthongue : Suivez la Réglé que je propüie à l’Article dos monophthôn- gues an y ain , in > on , utf»

Reg. XIV. De la Diphthongue , ui. , '

La diphthongue’#/ eftprefque par- tout diphthongue ,tant en Profe qu’en Vers, exceptez pourtant celles qui fe

Triphth. & Monophth. 343

trouvent en ces mots druide, truite, fuir , ruine , bruine , dont quelques Poètes feparent les deux voyelles pour augmenter c<y mots d’une îyllabe , & d’autres les font diphthongues j de forte que les uns difent drui-de , fuir, trui-te , die. & les autres dru-i-de , fu-ir , tru+i-te , &c. mais quoi qu’il en foit elles font toujours diphthongues en Proie.

R E G. XV. Des Diphthongues à trois Voyelles..

Ces fortes de diphthongues ont été nommées par quelques Grammairiens Triphthongues littérales , parce qu'el- les ne font qu’un Son ( quoiqu’elles foient compofées de trois lettres , ) ou tout au plus , deux Sons dans une mê- me lÿllabe compofée de plus de deux voyelles , comme vous pouvez remar- quer en la triple voyelle eau , qui le trouve en beau de en fceau. Cette diphthongue cft rare en notre Lan- gue , & on ne s’en lèrt guères qu’en ce mot de fceau , avçc quoi on marque les Armes ou la Dcvife de quelque

P lllj

- . V

344 Lr v. II. Cri. II. Des Diphth.

Prince ou de quelque Etat ; en celui de fiau , vaiffeau 1 mettre de l’eau & en ceux - ci , fléau , de l’eau , les SeptPfiaumes : & IV de cette diph- thongue en ces fortes de mots (ônne très-peu. Dans les autres mots de no- tre Langue , cette diphthonguc dégé- néré en fyllabe d’un fèul Son , & fe prononce comme la voyelle 0. Pro- noncez donc manteau , flambeau, couteau , comme s’il y avoit manto , flambo , couto .

Les gens des Provinces ne (ont pas grands obfcrvateurs de cette Diph- thongue , en qupi il ne faut pas les fiivre; parce que l’inobfervation de cette diphthongue caufe des équivo- ques qu’il faut éviter autant que I’cc- cafion nous en fournit les moyens, car autrement quelle différence, fera- on entre des eaux & des os ; entre un fléau à battre du bled , & un flot de mer ; entre un feau a mettre de l’eau, ÔCun fit, pour dire unhomme fans ef prit (jr fans jugement, &c. li vous n’ob- fervez pas la diphthongue de ces mots. Quelle impertinente prononciation n’eft-ce point quand on entend pro-

Triphtb. & MoHôphth. 34^ noncer à une perfonne de Province le mot de Garde du Sceaux s comme fi la diphthongue eau , ètoit écrite par un 0 ? Eau eft encore diphthongue au mot de heaume ; mais en Poëfïe diphthongue Te fepare en deux fyl- labes. Lifez donc he-o-me en lifant des Vers, & prononcez heo~me dans le difeours familier.

Reg. XVI. Des doubles Diph- thongue s oüa , oüe , oüi.

La diphthongue oüa n’eft diph- thongue en Poëfie qu*en ces mots foüage , fouace , toüaille » elle fe fe- pare en deux dans les autres mots. Ainfi on prononce en lifant des Vers , lou-a-ble , &c. au lieu de dire lo'ùa-ble , fuppofé que la Poëfie fuive ,1’ufage de ces fortes de diphrhongues.

Les diphthongues oüe 8c oui , font fort douteufes -, il s’en faut rapporter à l’ufàge pour celles qui fe trouvent dans les Vers , mais elles font tou- jours diphthongues dans le difeours familier.

Fin du Chapitre des Diphthongues,

P T

34 6 L. II» Ch. III. De la maniéré

CHAPITRE III.

J)e la maniéré de marquer dans notre Ortographe la féparatioft des doubles Voyelles , appellée par les Grammairiens Diérefe.

OU a n d on veut marquer par 1 écriture ou l’imprcffion 3 la réparation des Sons de deux voyel- les configuës l’une à l’autre dans une même fyllabe , on met deux points au-deflus de la dernière des deux voyelles , qui Te trouvent dans la lÿl- labe , comme vous le voyez par les fyllabes qui fuivent accompagnées de leurs exemples. . .

. . . Pb déton, IJraëï , Ifr délifte. . . . haï , naïf, naïveté, aii . V . Saul , Efaii. . . . obéir , obeïffant, Néréide. eu . . . réunir , reunion , reiijjir. ci . . . ftoïque , héroïque , héroïne. ©ü . . . jdlcinous, P trous .

de feparer les doubles Voyelles . 347 Cette maniéré de féparcr les voyel- les s’appelle en terme de Grammaire diérefe , mot qu’on a fait du verbe Grec fteript 7y , qui fignifie divifer , ftpa- rer , dont on a fait le mot de JW/pe«f qui fignific dtvifion , féparation. Cette réparation de voyelles dans notre or- tographe , par ces deux points au def- fus d’une voyelle , eft fort néceflairc pour rendre l’écriture & l’impreflïon bien intelligible non feulement aux Etrangers , mais encore aux Fran- çois *, car autrement on pronoHccroit les doubles voyelles ai , et , &c. dans des mots inconnus , comme celles qui fe trouvent aux mots de fréter , peine , ^voir ; & un Etran- ger liroit auflk-tot naïf que na-ïf c-beif-fant <\\£ o-be-if-fant j de he-roi-ne <±uljc-ro-ï-ne.

Dam. J’ai veu beaucoup de gens dans les Provinces qui prononçoient e-beif-fanti & o-beir , pour o-be-ïf-fant, & o-be-ïr.

Phtl. 11 y a beaucoup de gens en Bretagne qui prononcent ces mots de même. Mais fi ces Meilleurs fefoient attention à cette Réglé , ils s’appçr-

P vj

348 L. IL Ch. III. ne U maniéré

cevroient bien que la prononciation d’obeir eft tout-à-fait défe&ueufib.

Dam. Il me femble que je vois dans les Impreflions deux points fur Vu voyelle , qui fe trouve entre deux voyelles , comme en celles, qui Ce trouvent aux mots fuivans : Louable , joiier, jouons , jouir , fouiller , &C.

Phil . Cette ortographe s’oblèrve en ces fortes de fyllabes , afin de dis- tinguer Vu voyelle d’avec Vv con- for.e , car fans cette marque on pro- nonceroit lo-vable , jo-vcr , jo-vons , jo-vir , fo-viller , &c. Mais à prefent qu’on ne fe fert point d’autres lettres que de Vv confine , pour marquer les S ans des u qui ne font point voyel- les , je croi qu’on Ce pourroit bien palier de marquer de deux points ces fortes d'u voyelles qui fe trouvent entre deux voyelles ; puifque Vu com- mun , autrement dit Vu quarrf , ne fe peut prononcer autrement que comme un u voyelle , & particulière- ment dans l’Impreffion , on ne manque pas d’oblcrver régulièrement la difîin dbion des ces deux u > car un Etranger qui ne fçaura pas la valeur

-, ^ / i .

de fepareŸÎes doubles Voyelles. 340 de nos lettres fans avoir jamais oüi prononcer les mots de louable te de folvable , ne fe méprendra pas dans la prononciation de ces deux mots, pourvu qu’ils les voye ortographiés de même que vous les voyez -, te il ne dira pas lo-va-ble pour lo'üa-ble ; ni fo-lüa-ble pour fol-va-ble.

Dam. Les Maîtres Ecrivains ne fe- ront pas pour vous 5 car les v con- fones dans le milieu de leurs mots ne leur plaifent pas trop.

P'hil. Us peuvent avoir leurs rai- fons te nous les nôtres i mais pour moi je ferois toujours plus, de cas d’une ortographe un peu régulière, que d’une belle écriture qui n’imi- tât pas 1 ortographe de nos Imprefi- fions : mais continuons nos autres préceptes.

La voyelle u , précédée d’une voyel- le ou d’une confone te fuivie d’un e final , qui n’eft point marqué d’aucun accent , rejette fes deux points fur 1* final , comme vous pouvez voir en ces mots , moue , joué , roué s nue , rue.

Dam Si on a égard a ce que vous Ycnez.de dire, touchant les u com-

3P II. Ch. III. De la manière

muns entre deux voyelles , ces deux points feront pas forr néceflàires fur les lÿllabes finales des mots ter- minés en ouï» tels que font ceux-ci ; T adotiè t Cor doué , mouè , joué, rôtit &c. puis qu’ils doivent entrer dans la Réglé des u entre deux voyelles.

Phil. Je laiflerois palier ceux-ci avec leurs è poné&ués encore quelque tems , en attendant que I’ufage des v confoncs fut établi dans notre Ecriture comme dans nos Impreflîons, •uffi-bien que de Ve final de la fyllabe précédée d une confone , telle que vous poûvez remarquer en c es mots , ternis , perdue , contiguë , ambiguë y vendue 3 rué , nue , &c. quoique cet- te marque de deux points ne foit pas plus néceffàire en notre ortographe, que dans Ve final des mots termine! en ie ; comme vie , Pie , maladie, ortie , copie , trahie , punie , qui fouffre aucuns points ni dans l’Ecrit ture , ni dans les Impreflïons,

Remarque fur la double Voyelle aï,

Va de la (ÿllabe fo prononce

de [épurer les doubles Voyelles. 35*

comme un é fermé , en ces mots : Abdie , Pais , P ai f âge , Païfagifte* p ai fan , Paifanne , de pat fer , &c. Pbo- noncez donc Abe'ie , Pe'ïs , Peïfage , Peifagifte > Pé'ifan , Péifane , dkpfi- fer , Ôcc. Quelques-uns ortographient tous ces mots avec un y-grec , comme Abaye , ■Prfj'x > Payfan , &c. & ils prétendent avoir raifcn , en ce que fe prononçant comme double en 6 notre Langue , on ne fçauroit manquer de prononcer Abay-yc , P47- ye', Pay-yfan ; mais cette Réglé n’a ‘lieu que pour les y^grecs entre deux voyelles , qui en ce cas fe doublent véritablement dans la prononciation, comme j’ai dit en parlant de l 'y-grec entre deux voyelles.

L. IL Ch. IVv î>e la maniéré

‘CHAPITRE IV.

fines doublées .

Es Confones doublées fe doi-

vent prononcer en notre Lan- gue comme fi elles èroient fimplesj comme accablé , accordé , addonné , addition , addrejfe , fuffrage , touffe , exaggeré , aggrandi , emballé , belle , Epigramme , Grammaire , comme , homme , Garenne , £0»#? , approu~ , arraché , bourre , ajfeuré ,

, attaqué , houlette , &c. qu’il faut prononcer comme acablé, acordé , adoné , adition , adrejfe , fu- frage , fw/f , exagéré , agrandi , 4»- £4// , j Epigrame , Gramaire ,

C0W0 , iow? , Garaine , » aprouvé \

araché , £0^0 , açuré, ch ace , ataqué, houlete > &c. Et comme les Etrangers & quelques gens de Province pro- noncent ces fyllabes comme doubles , & que par ils s’acoutüment à une

Ve la maniéré d’épeler les Cou -

t fi peler les Confines doublées. 3^3

prononciation oppofée au véritable genie de la nôtre , il eft bon de les leur faire épeler en la maniéré c^ui fuit. Accorde' , a , a , deux ce , o , err.

cor , a c o R , e , Acorde'.

Addresse , a , a, deux , err , e, dre , adre i deux eiT, e , ce Adrece.

Suffrage , e(T , u , fU , deux cfF, err , a f* a , Sufra , , e , ge S u F R A GE.

Exaggere' , e , e , ics , a gza , Exa, deux , e gé, Ex âge , err , e , ré. Exagéré'.

Aggrandir , a , a , deux err, a enn , gran Agran , d , i , di , Agrandi.

Emballe' , e , em , an , , a, ba, A n b a , deux ell e,//, Anbal f'.

Belle , be , e , be , deux ell , e , le B E L E.

Epigramme , e , e , , i , pi, Epi, gé, err , a , gra Epigra » deux emm, e $me , Epigramme.

Comme , , o , co , deux emm, c, me , C o m e.

Garenne , , a , ga , err , e , re , Gare, deux cnn , e , ne G arene. Bonne , , o , bo , deux cnn , e.

354 L. II. Ch. IV. De la maniéré

ve B o ne.

Approuve' , a , a , deux , err, o, u, prou , A p ro u , vau , é Aprouve'.

Arrache' , a , a, deux err , a , ra% Ara, , ache , c ch/ , A r ache'.

Bon r re , , o , u, hou . deux rr , e, re, B oure.

Chasse' , , ache , a cka , deux eflf, e , ce, C h A c t'. , '

Attache', a , a , deux , a ta, ' A T A , JCU , u , e kj , A T A K e'.

Nos Syllabes Françoifes , ilia, ille, tilt , illo , illu,s& doivent audi èpejer de même.

Caille', , a ca , deux ell ^ i, e,

* ille , C ai l le'.

Bouillon , , o , u , hou, i> deux ell, o, enn, illon. Bouillon.

Feuillu , eff, e , u , feu , i , deux * elle , u , illu , Feuillu.

Il eft confiant que cette maniéré d’èpeler ces fortes de fyllabcs , cft iftcn plus commode &c plus conforme à no- tre maniéré de les prononcer , que celle dont on fe fert dans les Ecoles pour épeler les confones doublées qui s’èpelant deux fois , doit être

d’e peler les Confines doublées. 355' tout à-fait cmbaralîànte pour ceux qui les èpelent ; & on ne doit pas s’é- tonner fi les^Etrangers s’y trompent fifouvent & s’ils ont tant de peine à attraper le véritable point de notre prononciation 5 car il n’efi pas poflî- ble qu’en épelant une confone dou- blée en deux différentes fyllabes, comme on leur fait faire en leur ap- prenant à lire , ils ne lui donnent un Son tout différent de celui qu’elle re- çoit de notre véritable & naturelle prononciation. Et on ne doit pas s'étonner fi les gens de Province ont» tant de peine à fe corriger des fautes qu’ils font en la maniéré de pronon- cer ces fortes de confones , puifqtfe

Icëux qui leur ont appris à lire , ont etc les premiers à leur faire prendre l’ha- S bitude de les prononcer deux fois, comme vous allez être entièrement 8 perfuadé par trois mors que je vais épeler en la manière dont on fe fèrt dans les Ecoles j & que les Etrangers, les Normans & les Gifcons pronon- cent comme elles font écrites & mal, ue . ne

1’ufiige de notre prononcia- le permet pas en ces fortes

puifq

tion

.

$$6 L. II. Ch. IV. De la maniéré

de lettres.

Belle, Pomme, Bourre.

Belle, be , e , ell >Jbel , cil , e , le , B E LE.

Pomme , pé,o, eratti -, po m y emm , e , me , Pom me.

B o u r r e , , o , u , err , bour , err , e , re , B o u r r e.

Ne remarque-t-on pas diftinéte- ment dans chacun de ces trois mots, les deux Sons de ces confones 5 car le mot belle y eft prononcé , comme nous prononçons hélium en Latin , * & comme les Italiens prononcent leur mot belle : Et il eft certain que l'E- tranger à qui on aura appris à épeler ce mot de même , le prononcera tou- jours avec deux II comme en Latin, /i on ne l’avertit que cette pronon- ciation eft contre notre ufage idioti- que de prononcer ces II doublées.

Le Son de lafyllabe pom en pomme , ne déroge-t-il pas tout à-fait du Son naturel que nous lui donnons , aufti- bicn qu’en tous les mots il y a deux mm ou de\ix nn , comm: Epi- gramme , homme , bonnet , canne , jinne , tonne , puis qu en féparant les

d'e pelCY les Confortes doublées. 3 57 deux m , ou les deux » , lors qu’on les èpele on fait donner un Son d ’#* ou d ’» aux pénultièmes fyllabes de ces mots , qu’un François naturel pro- nonceroit Epigram , hom , bon , can , ton , s’il les trouvoit ainfi féparées ; de forte qu’y joignant ces fyllabes mey net 9 ne , à ces fragmens de * mots , Epigram > hom , bon , can , ton , on prononcent indubitablement Epigram- me , hom-me , bon-ne y can-ne , An-ney ton-ne : ce qui eft contraire au bel ufage de notre prononciation. Il y a même des gens de Province qui fe font tellement habitués à prononcer ces m & «es n doublées comme ellÜs font écrites , qu’ils prononcent aulïï les fimples de même , comme : Tho- mas » promener , promettre , Canicule > donation , domicile , qu’ils prononcent comme fi ces mots ètoieac écrits en la manière qui fuit : Ton-mas , pronT mener , pron-mettre , Can-nicule , don* nation , don-micile. Cette maniéré de prononcer eft fort commune en Bour-' gogne. Si c’eft un Etranger qui pro- nonce ces m ou ces n doubléesj comme la maniéré de prononcer ces

358 L. II- Ch. IV. De la Manière

m ou » à la fin d’une fÿllabe lui eft inconnue , au lieu de prononcer ce* doubles lettres comme on les pronon- ce en Normandie , il les prononcera comme en Latin , parce que Tes Maî- tres les lui ont fait épeler de même. Si on fait aufii épeler le mot bourre à un Etranger & à un François Ga fl con , il prononcera fêparémenc tou- . tes les deux r de ce mot > & de tous 1 ts autres , cette r doublée fe trou- ve , comme Navarre > barre , guerre , terre , Pierre , comme nous les pro- nonçons en Latin dans le mot de terra : & il ne s’avifera jamais de fe corriger de cette fauflè prononcia- tion , parce qu’il l’a croira bonne 8c d’autant plus raifonnable , que fon Maître lui a appris à prononcer de même, 8c qu’il lui a fait connoître par l’oreille 8c par les yeux , que ce mot s’écrivant avec deux rr} fe doit auffi prononcer de même , fans con- fiderer que l’ufage reçu en matière de Langue 8c de prononciation l’em- porte par deffus les Réglés 8c la rai fon. Ainfi pour éviter toutes ces pronon- ciations irrégulières , il feroit bon que

d’epelcr les Confines doublées, 359 les Maîtres qui montrent à lire ap- prirent à épeler nos confones dou- blées , qüi ne Tonnent que comme fi elles croient {impies s en la manière _ que je viens de propofer 5 c’cfbà-dire en les joignant toutes deux en une fyllabe , pour empêcher qu’on ne les prononce comme doubles , comme on fait indubitablement quand on les èpelc ftparément , en prononçant l’u- ne dans la fyllabe précédente , 8c l’au- tre dans la lyllabe fuivante. Nos fyl- labes ilia , tlle , illi , illo , illn moüil- lées , doivent aufli s’èpeler de meme, puis qu’elles peuvent d’elles- mêmes former un Son parfait fans avoir be- foin du fecours de celle qui les pre- cedent.

Dam. N’y a-t-il point d’exceptions de toutes les maniérés d’èpeler ces fortes de fyllabcs.

Phil. Nous avons le mot d’ennuy & Tes dérivés. Voyez l’Article des Monophthongues terminées en m ou en », fui vies immédiatement d’une autre#w ou », au Chapitre des Mo- nophthongues»

7fio L. II. Ch. IV. De U maniéré

Autre Exception dès rr doublées .

Les rr doublées en ces mots er -

s s

reur » errone , erronee , errant , terreur , horreur , s’èpelent aufli féparément 5 & on les prononce doubles comme les Gafcons , & comme nous les pro- nonçons en Latin dans le mot error Les deux rr d’horrible & horriblement fe prononcent en une même fyllabe, Ton îî’entend que le Son d’une, feule r , mais qui jfe prononce avec plus de force que celle qui fe pro-

» nonce aux autres mots de notre Lan- gue , il y a des r doublées, com- me en ceux-ci : Navarre , barre , guerre , Sec. épelez donc horrible , horriblement : ainfï ache, 0,0, deux err , i , rri , horri , , ell,-c , ble , horrible : & prononcez la fyllabe m, avec plus de force que celle du mot aguerri ; c’eft- a - dire quil faut tenir le milieu de IV double qu’on pro- nonce au mot horreur , Sc edui de celle qu’on prononce en celyi de guerre : Tout cela eft un peu bien délicat , aufli ne fera-ce pas une gran-

d"èpelerles Confines doublées. $6i de taure de le prononcer comme l’un ou comme l’autre de ces mots , pour- vu qu’on obferve que IV doublée de ces deux mots , horrible & horrible- ment , rend la voyelle qui la précédé plus brève que celle de terrible & terriblement , qui n’étant pas compri- dans cette Exception , fuit la Ré- glé générale des rr doublées , qui allongent les voyelles qui les précè- dent , & dont par conféquent lés premières lyllabes doivent être lon- gues.

CHAPITRE V.

Des Accens.

PHilinte : Il eft bon que nous difions quelque choie des accens avant que d’entrer en matière fur l’in- ftru&ion que nous allons donner dans le premier Chapitre du Livre fuivanr, touchant la maniéré de prononcer nos e ; parce que je ne puis vous en don- ner une parfaite connoiflànce , qu’en les diftinguant par les accens : Et

Q_

361 Liv. II. Ch. V. Des Accens .

comme c’cft le hazard qui les a intro- duits en notue ortographe , Sc que l’ufage qu’on en fait , eft bien diffé- rent de la fin pour laquelle ils ont été inventes , il ne fera pas hors de pro- pos que vous fçaehiez ce que c’eft.

Dam . Vous me ferez plaifir.

Phil. Les accens font de petites figures que les Anciens ont inventées pour marquer le ton & les infléxions de la voix dans la prononciation des mots.

Dam. Ou’entendez - vous par ces mots d'inflexion de la voix ? -

Phil. Inflexion de la voix fignifie ttn changement qui fe fait de la voix en la relevant , & en la rabaiffant. Ce mot dTj inflexion vient des verbes La- tins inflettere & de flettere qui figni- fient tous deux , plier , courber , tor- dre , fl- chir , Sec. De ces deux verbes Latins on a fait infexio , qui fignifie l’ Alton de plier , de courber , de fle- .chir ; l'athion de rendre flexible & fou- pie : Sc de ce mot infexio nous avons fait en notre Langue celui d’inflexion, qui fe dit en parlant de la voix, pour fignifier l’aûion qu’on fait de la fie-

Liv. II. Ctr. V. Des Àccens. 36$

chir , de la plier & de la rendre lou- plc & flexible pour lui faire changer de ton , félon les befoins qu’on en a. ' On dit aufli flexible en parlant de la voix i lors qu’elle cft capable de prendre toutes fortes de tons , & quelle pafle facilement d’un ton à un autre. Cela foit dit en paflânt pour faire mieux comprendre ce que c’eft qu inflexion de la voix.

Ces inflexions de la voix ne fe peu- vent faire que de trois maniérés. La première fe fait en élevant la voix fur une fyllabe -, & la fécondé , en la ra- baiflant fur celle qui fuit > comme vous pouvez remarquer par ce mot Latin Pârens , la voix s’élève fur la pre- mière fyllabe , & fe rabaifle en meme tems fur la derniere : La troifiéme fe fait en élevant & baiflant en même tems la voix fur une même fyllabe, comme vous pouvez remarquer au mot Romarins , la voix s’élève & fe baillé en même tems fur la pénul- tième fyllabe. On pourroit faire com- prendre ces inflexions de voix en notre Langue par ces mots Parque, L'ifle , borne , que je marque exprès

Qjj -

3^4 Liv. II. Ch. V. Des Accens. d’un accent , pour vous faire connoi- tre que la voix s’éleye dans la pro- nonciation de leurs premières fyllabes, & qu’elle fc rabaiflè dans celle de leurs dernieres fyllabes j auffi-bicn qu’en ces mots Verglas , Parquet , Vertu : Et en ces autres mots , dage , Apôftre , Capture, la voix s’élève & fe rabaifl'e en meme tems fur leurs pénultièmes fyllabes en les pronon-

9ant* - , .

Les Anciens ont marque ces trois

fortes d 'inflexions de voix par des pe- tites figures que nous appelions ac- cens , comme vous les pouvez remar- quer par celles qui fuivent , cara&é- rifées en la maniéré qui fuit ( ' )

La première s’appclloit accent aigu, qui fervoit à caraétérifer l’élévation de la voix fur une fyllabe , & fe tpar- quoit par une petite ligne qui mon- tait de la main gauche à la droite , en la maniéré qui fuit (') pour* mon- trer par eette petite ligne qui mon- toit ninfi de bas en haut, que la voix devoit monter de même.

La fécondé fe nommoit X accent

L iv. II. Cri. V. Des Accent. $6$ grave , qui fei voit à- caraïbe ri fer l’a- baifiement delà voix, & fe marquoit au contraire par une petite ligne qui defeendoit de la main gauche à droite , en la maniéré qui fuit ( ' ) pour donner à entendre que la voix devoit defeendre & s’abaiffer.

La troifième s’appelloit Y accent cir- conflexe , qui caradfcérifoit l’élévation & l’abaillènaent de la voix fur une meme fyllabe, & qui fe marquoiç par les deux figures de Y accent .ai g h & de Y accent grave , pofés vis-à-vis l’un de l’autre , comme vous le voyez ( w ), 3e que depuis on a figuré d’une maniéré plus ferrée , en faifant toucher les deux pointes d’enhaut de ces deux accens , comme on fait aux che- vrons d’ Armoiries, en la maniéré qui fuie ( a )

Les Grecs "figurèrent depuis- cet accent par une maniéré dév renver- fé, ainfi (a ) & depuis ils changè- rent la figurent de cet v renverfé en celle d’une s couchée , en la manié- ré qui fuit ( 5/5 : ) C’eft pourquoi iis nommèrent cet accent >

flui lignifie courbé 3 plié à Y entour ;

$66 Liv. II. Ch.V. Dès Accent;

car ce mot Grec vient de ^cawr* qui , mot pour mot , lignifie circum - trahere , & que nous exprimons en notre Langue par ces mots , tirer à l'entour ; mais qui en ce fens difoit pour circumflettere 3 qui ligni- fie courber & plier k l’entour 3 d’où les Latins ont fait le mot de cir- cumflexus , & Nous celui de circon- flexe s mais ils n’ont pas laifle de conferver toujours l’ancienne figuré de cet accent , comme vous le voyefc ( a ) à la place de 1’ «> couchée des Grecs.

Les Anciens ont défini différem- ment ces maniérés de marquer les in- flexions de la voix. Quelques uns les ont nommées notes de voix : Les au- tres moderamenta vocis , comme qui diroit Yaftion de gouverner 3 de con- duire 3 de rhefurer fa voix : D’autres les ont nommées accentiuncuU j d’atf- tres , voculationes , qu’on ne peut gue- res exprime^ en notre Langue que pâr cés mots , petites parties de tons , & petites parties de voix > d’autres lés <ont nommées lame des mots 5 d’ ad- ores les ont définies par les mots

Liv. II. Ch. V. Des Accens. $67

-tonus & ténor , qui tous deux ligni- fient ton > mais le dernier fignifie auflî fuite , continuation , comme qui di- rait ton & fa fuite , parce que la voix s’élevant fur la fyllabe d’un mot , il s’enfuit qu’elle s’abaiiïè en même teins fur la fyllabe fuivante , ou fur la même fyllabe elle s’ètoit èlcvce. Et enfin les Grecs ont défini ces ma- niérés de marquer les infléxions de la voix par le mot de nrp ovpS'ia. , qui mot pour mot fignifie ad canttu ou ad cantum en Latin \ & en notre Langue , fuivant le chant , ou félon le chant ; car ce mot de ‘srporvS'iet cfl compofé de nrpes , & d’wJV : <afç efi: une prépofition , qui en ce fens fignifie ad en Latin , & qtii dans le même fens veut dire en notre Lan- gue , a , au , aux -y i la , félon , fuivant; Et le mot d’w<T>»' efl: un nom qui fignifie cantw , & en notre Langue chant , ain Ciyprofodia , ad cantus , & félon le chant , ne lignifient qu’une même choie. Cette maniéré de dé- finir le ton de la voix , en pronon- çant les mots , nous fait connoître que comme on ètoit plus exaéfc à mar-

Qj”)

368 Liy. II. Ch. V. Des Accent.

quer l’inflééfcion de la voix , en chan- tant qu’en parlant familièrement , il fembloit qu’on ne pouvoit connoîtrc la véritable mefure d’une fyllabe que par le moyen du ton qu’on lui don- ne en chantant.

Les Grecs les appelloient aufli revet, qui lignifient tons ; Ils appelloient l’ac- cent aigu o’£üV t opte , & les Latins, accentns acntns ; &c. ils nommoient l’accent grave /3xpùr ivios , &c les La- tins accent us gravis. L’accent circon- flexe <gtpingô (xi'iof rôvofy & les Latins accent ns circumflexns. Ils les nommè- rent aulîi o|vr aeposaS'i* , jSstpuy tz/poset- J'itf , & 'tnpiff7r*HAt\n nrpoffaS'ia , & les Latins accentns acntns , accent m gra- vis & accentns circnmflexns. De ces mots ad cantus , on prétend que les Latins ayent fait le mot d’ accentns , qui eft toujours refté en leur Lan- gue , comme celui d’accent en la nôtre.

Les Anciens ne cara&érifoient point ces maniérés de marquer les tons d’u- ne fyllabe dans la prononciation de leurs mots , parce qu’elles leur ètoient comme naturelles , & que le feul ufa-

Li v. IL Ch. V. Des Accens. 369 ge fuffifoit pour les accoutumer à l’obfervation de ces tons , fans qu-’rls euflènt befoin de les voir marqués dans l’ortographe de leurs mots. On prétend même que du tems de Saine Jérôme , les Grecs ni les Latins ne les marquoient point encore j mais depuis tant pour arrêter la prononciation de leur Langue , que pour la communi- quer aux Etrangers , 8c pour leur faci- liter les moyens de prononcer leurs mots aulfi régulièrement qu’eux •, ils jugèrent à propos d’inventer des ca- ractères fort fimples , dont ils mar- quèrent leurs fyllabes , qui font ceux que nous voyons aujourd’hui dans leur ortographe , 8c qui font tout le fujet de ce Chapitre. Nous n’en avons l’ufage en notre Langue, que depuis, le milieu du Siècle paflè , quoi-que tout différent de ce’ui que les Anciens Grecs 8c Latins en faifoient , comme vous allez voir.

Damon .. Depuis quand les Grecs ont-ils commencé à marquer leurs accens \

P loi1. Il eft allez difficile de vous le dire mais on croit que ce n’a. été

37° Liv. II. Ch.V. Des Accent', que lorfque les Romains ont com- mencé à s’inftruive de la Langue Gre- que, & à envoyer leurs enfans étu- dier à Athènes.

Damon. Si nous pouvions intro- duire cette maniéré d’inflexion de voix, comme nos Anciens l’avoient , & la marquer de même , nous pour- rions efperer que notre Langue de- viendroit un jour une des plus belles Langues, 8c des plus régulières de PUnivers.

phiUmc. Vous ne devez pâs douter que nous n’ayons ces inflexions de voix dans les mots de notre Langue , aufli-bien que les Grecs 8c les Latins les ont eues: Et il n’y a même point de Langues vivantes qui ne les ayértc aufli j mais la queftion eft de fçavoir les placer , 8c de marquer ces tons avec la meme régularité que faifoient nos Anciens , fans donner un ton à une fyllabe pour un autre. Leur dé- licatefle alloit fl loin ü-deflus , que non* feulement ils obfervoient les a£- cens de leurs mots , mais encore les fyllabes longues 8c brèves ,• dront ils faifoient une différence toute parti-

Liv. II. Ch. V. Des Accent, yfi

culiere j Et le peuple même ètoit fi accoutumé à cette maniéré de pro- noncer , qu’on rie pouvoit donner un ton pour un autre a la fÿllabe d’un -mot , ou faire une fyllabe plus longue ou plus brève qu’il ne falloir dans les Vers d’une Comedie , que tout le peuple ne fe récriât contre l’irrégu- larité de cette prononciation , fans pourtant que perfonne eût d’autre réglé que le difcernement de l’orei/ie, qui ètoit fi bien accoutumée à juger des (ÿllabes longues & brèves d’un mot & du ton qu’on devoir lui don- ner , qu’on ne fe pouvoit pas tromper foi-mème , fans s*en appcrcevoir auflï- tôt, Mais ce feroit bien demander des chofes tout d’un coup , que d’exiger de nos François une régularité pareil- le à celle des Grecs & des Romains, Nous ferions aflèz de progrès en no- tre Langue , fi nous pouvions obte- nir d’eux un peu d’uniformité dans la prononciation des longues & des brè- ves. Car vous devez fçavoir qu’il efi des longues & des brèves , comme des inflexions de la voix. Nous avons des opiniâtres en France , qui préten-

CLvj

37i Liv. II. Ch. V. Des Accens .

dent qu’il n’y a ni longues ni brèves en notre Langue , & qui cependant ne fçauroient dire une parole fans prononcer une fyllabe plus brève ou plus longue qu’une autre \ & nous en avons d’autres qui traitent de chÿme- rcs ou de délicateflè outrée , l’éléva- tion ou l’abaiüèment de la voix fur les fyllabes d’un mot , & qui cepen- dant la marquent auflï fenfiblement dans la prononciation de leurs mots, que vous & moi j mais non pas avec tant de régularité , que je le propofe.

Dam. C’eft qu’apparemment ils n’ont point d’oreille , ou qu’ils ne font jamais de réfléxion fur nos ma- niérés de prononcer ; & lïiivant ce que vous venez de dire , ils n’ont pas befoin de Réglés.

Phil. S’ils parlent régulièrement & * qu’ils foient du nombre de ces gens fçavans & polis , fur lufage defquels j’établis mes préceptes ; ils n’en ont befoin que pour y faire des réflé- xions pour appuyer mes Réglés & pour redrefler eux- mêmes , s’il leur arrive de pécher quelquefois con- tre leur propre ufage. Mais fi ceux

Liv. II. Ch. V. Des Accens, 37J

donc je veux parler font du nombre de ceux qui prononcent à tort & a travers , & qui prononcent une brève pour une longue , & une longue pour une brève , ou qui èlevent la voix fur une fyllabe en prononçant un mot au lieu de l’abbaiflcr -, il faut bien né- ceflairement leur donner des pré- ceptes pour les obliger à Ce défaire de leur mauvais ufage , s’ils font affèz dociles pour Ce laiflèr corriger là- deflus , & s’ils veulent bien profiter des confeils que je leur donne.

Mais, comme je vous ai déjà dir, ce feroit trop entreprendre de don- ner des préceptes fur les infléxions de la voix dans la prononciation des mots , &fur l’obfervation des fyllabes longues & brèves : Il faut attendre encore quelques années , & laifler cet Article pour les plus curieux. Ceci eft encore trop nouveau , il faut fe contenter pour le prefent de donner feulement des Réglés pour la pronon- ciation des longues & des brèves, que tous les honnêtes gens pronon- cent avec beaucoup de régularité , de à laquelle l’oreille eft déjà toute

374 Liv* II* Ch. V. Des Accens .

acoutumée. Mais ceci n’eft pas en- core de notre inftruéfcion , achevons ce Chapitre des accens , & fefons voir l’ufage que nous en fefons aujour- d’hui.

De ïufage prefent des Accens .

Dam. Vous m’avez bien fait plai- fir de m’inftruire de l’origine des accens 3

Phil. Je n’ai pu me difpenfer de vous faire un détail qui vous aura peut-être été un peu ennuyeux , & qui le fera peut-être encore plus à celui qui lira ceci après nous ; mais il en coûte plus à celui qui parle ou qui écrit , qil a celui qui écoute ou qui lit ; car ceux-ci ont la liberté de prendre ce qui leur plaît & de laiflèr ce qui n’eft pas de leur goût , & particulière- ment en matière de préceptes , ce- lui qui les donne ne fçauroit trop s’é- tendre , afin de ne laiflèr rien à fou- haiter & à ceux qu’il veut inftruire 8c à ceux qui veulent apprendre la délica- tefiè de notre prononciation , ne trou- vant rien de fuperftu dans l’explica-

/' \ -

\

Liv. II. Ch. V. Des Accens. 375 tion qu on leur donne des chofes qu’ils veulent fçavoir j ou du moins . fi ce qu’ils lifent leur paroît inutile & fuperflu , ils ont la liberté de pafl'er par deflus l’article , comme feront ap- paremment quantité de gens qui ne font pas fi curieux que vous.

Dam. Bien loin de m’ennuyer , je vous aifure que j’ai pris un grand plai- fir à écouter l’hiftoire que vous m’a- vez faite de l’origine des accens , & de l’ufage qu’on en a fait dans les Siècles pafles.

Phil. Je vous ai déjà dit que l’ufa- ge que nous fefons aujourd'hui des accens , n’a aucun rapport avec celui qu’en fefoient les Grecs & les Ro- mains , & que cet ufiige n’a jamais été connu ni dan? la prononciation de nos mots , ni dans notre ortogra- phe 5 & que depuis le commence- ment de notre Langue juiqu’aux trois quarts du Siècle pafle , ou peu s’en faut, on ne içavoit ce que c’ètoitquc d’accent ni dans l’Ecriture , ni dans les imprelïïons des Livres. Si. vous prenez la peine de voir les Livres François imprimés ayant les années-

fié Liv. II. Ch. V. Des Accens.

1570. vous ne trouverez aucun des trois accens dont nous avons parle: car on ècrivoit planté comme plante i borné comme borne > mafqué comme mafque , & ainfi du refte. Depuis on a commencé à diftinguer les e par un accent aigu , qui donnoit a entendre que le Son en devoit erre plus clair élevé que l’autre , dont le Son etoit plus fourd & moins fenfible , comme vous pouvez remarquer aux mots fiii- vans i cofté , cojle > placé , place ; fer- mé , ferme j ridé , ride } borne , bor '• ne } jugé, juge ; traité, traite ifaujfé , faujfe ; voilé , voile ; voûte , voûte i mais cette diftin&ion n’avoit lieu que pour les e qui fe trouvoient à la fin des mots , ou fuivis d’un autre e dans une fyllabe finale , comme en ces mots *, fermée , aimée , armée , &c. & dans le même tems on s’avilà de faire fervir l’accent grave : mais cela n’eut lieu que pour trois monofyllabes qui croient la, , à , dont les deux premiers font adverbes de lieu , 8c le dernier eft prépofition , pour les dis- tinguer des autres monofyllabes la, ou Si a , dont le premier eft un arti-

Liv II. Ch. V. Des Accent. 577 cle féminin , & aufli un pronom rela- tif féminin ^ le fécond , une con- jon&ion; & le troifième , une troifiè- m- pcrfonne du verbe avoir , comme vous allez voir par les Exemples qui fuivent.

Là, où, à, avec des La , ou , a , fans accens . accens .

Il eft la : il fut La vertu , la pris la : eft-il î femme , la danfe 5 l’endroit je le je la verrai tantôt -, vis : il eft a Paris : il la tient , bien à la Campagne : il ou mal : belle ou apprend à dan fer. laide : bonne ou

mauvaife. Il a un Maîcrc : il dbien fait : il a difné.

On s’eft encore fervi de cet accent grave fur les monofyllabes ça , foit qu’il fût interje<5t?on ou qu’il fût ad- verbe j comme , ça vîte qu’on s’ap- prête j ça Meilleurs &c. venez çai courir ça & la.

On s’eft encore fervi de l’accent grave fur ces mots compofés 5 delà , au delà , par delà , en delà ; deçà , de deçà , en deçà , au deçà ; comme » a

578 Liv. II. Ch. V. Des Accens.

cent pas delà, ; au delà des bornep; ■par delà les Monts j tirez - vous un peu en delà ; tournez-voiis en delà , pour dire , de l’autre côté, il cft deçà, pour dire , il ef de ce côté- ci ; deçà , de là, pour dire, de côte' & d’au- tre ; les Païs de deçà , pour dire , les Pats cjui font de ce côté-ci ; tournez- vous en deçà, pour dire, de ce côté-ci} il cft en deçà ou au deçà de la ri- vière , pour dire , qu’il nef pas au de- là de la rïviere : Il cft fort droit , il ne penche ni en deçà ni en delà. Voilà tout Tillage qu’on a fait des ac- cens , & qu’on en fait encore aujour- d’hui , & on s’en eft tenu près d’un Siècle , fans rien augmenter ni diminuer.

Dam. Vous ne parlez point de l’accent circonflexe ?

Phil. On n’a commencé à s’en fer- vir qu’un peu avant, le milieu de ce Siècle , & ce font les Imprimeurs Hollandois , qui fuivis & appuyés de nos Ecrivains modernes , ont intro- duit l’ufage de cet accent , mais pour une autre fin que celle qui commence à s’établir $ car il eft certain que l’u-

Liv. II. Ch. V. Des Accent. yj$

fagc de cet accent circonflexe , ne s’eft établi que pour marquer dans notre ortographe le retranchement d'une lettre , comme vous pouvez remar- quer aux mots fuivans \ aage , roole , reccu t crtu > v^u , cofte , bruüer ; je peuùe , tu peuGes » il peuGt > qu’on écrit à prefent avec cet accent cir- conflexe, en la maniéré qui fuit : âge y rôle y reçu , cru , vu , brûler i je pujfe9 ôcc. Et cependant il fcmblc que de- puis quelques années cet accent ne doive plus fervir en notre ortographe, que pour marquer l’allongement d u- ne voyelle , comme vous voyez en ces mots : tacher , bête , île , hôte , embûche y dont les pénultièmes fylta- bes font plus longues que celles des mots fuivans : tacher , cete , bile , fo- te y huche. Et il feroit à fouha’tcr pour nous & pour les Etrangers , que l’on en demeurât , & que ect accent neût point d’autre employ que celui de faire longue la voyelle fur laquelle il eft aflis , autrement nous tomberons dans un aufh grand inconvénient que celui auquel; nous étions avant l’ulâ- ge de cet accent i car la letture de nos

$$o Liv. II. Ch. V. Des Accens.

mots ne fora pis plus aifée par la fup- preflion des lettres inutiles , qu’elle ètoit auparavant , fi à la place de ces lettres on y fubftituc des figures qui ne fignificnt rien , ou qui fignifient une prononciation pour une autre, com- me vous allez fenfiblement remarquer par l’exemple de trois ou quatre mots. Si vous écrivez, par exemple, reçu , conçu , cru , vu , hardiment , fans ac- cent , vous l’écrivez comme vous le devez naturellement èci ire , & vous ne couvrez aucun rifque de vous trom- per dans la prononciation de ces mots, non plus que vous feriez dans ceux- ci ; objet, fujet , parfait, fi vous les voyiez déchargés des lettres inutiles dont ils ètoient auparavant remplis, comme ils ètoient ci-devant en la ma- niéré qui fuit : crzu, vtu , reczu , con- clu , hardiment : Si au contraire pour marquer le retranchement des lettres inutiles de ces mots > vous mettez un accent circonflexe à la place de la voyelle fupprimée , & que quelque Etranger & même-un François, veuille regler la prononciation de ces mots fur l’inlpe&ion des caractères , donc

Liv. II. Ch. V. Des Accens. 381

il les verra écrits ou imprimés j il ne manquera pas de faire longue la Syl- labe de laquelle on aura fupprimé une lettre , 6c à la place de laquelle on y aurafubftituc un accent circonflexe, & de prononcer ces mots : cru , reçu , vu t conçu. , hardiment , & autres fem- blables mots , comme nous pronon- cerions les dernieres fyllabes de ceux- ci » crus , reçus , vus , conçus , s’ils ètoient mis devant d*autres mots com- mencés par des confoncs, c’eft-â-dire d’une manière longue & traînée , ( j’y mets cette condition pour mar- quer que l’i finale de ces mots ne fe prononce pas : ) & quant à la pénul- tième fyllabe du mot hardiment, ilia prononceroit comme la première du root iule , mais mal * C’efl: pourquoi ilferoit à propos que tous les Ecrivains modernes ne marquaflcfit aucun ac- cent à la place des voyelles fupprimées, non plus qu’on fait aux lettres qui ont été retranchées des mots objett,fub- jeft , parfaitt , & autres qu’on écrit & imprime préfentement ainfi ,• objet , fujet , parfait , fans marquer aucun ac- cent fur la voyelle qui précedoit la

381 Liv. II. Ch. V. Des Accens. lettre fupprimée. Je vois déjà quan- tité de bons Ecrivains qui en ufent de même , à l’égard des mots il y a des voyelles (opprimées , comme en ces mots : veu , receu , conceu , qu’ils ortographient Amplement en la ma- niéré qui fuit : vu , reçu , conçu , fans y mettre aucun accent non plus qu’aux mots à' objet & de fujet i mais ils n’en ulent pas de même en ce qui regarde les lettres fupprimées qui rendoient longue la fyllabe à laquelle elles è- toient attachées , comme en ces mots: aage , Controlle , Pafques . qu’on orto- graphic préfentement ainlï *, âge , Con- trôle , Pâque* , parce que ces lettres qui étant doublées allongeoient la fyl- labe , & P s muette marquée dans Por- tographe fêlant le même effet dans la prononciation , doivent avoir un ac- cent qui marque non feulement la fup- prclïion de leurs compagnes , mais en- core la me (lire de leur fyllabe. Et je ne doute pas qu’avec le tems cette maniéré d’ortographier ne s’ètablille tout- à- fait dans la fuite. Il feroit mê- me à fbuhaiter que notre accent cir- conflexe Ier vît à marquer dans notre

x-

Liv. II. Ch. V. Des Accens. 38j

ortographe généralement toutes ics fyllabes longues, fans faire diltindfcion de celles qui le font par une voyelle doublée ou par une s muette , & qu’on écrivît ces mots \Stile , Geôle , J âge, rable , dure , &c. en la maniéré qui fuit : Stile , Geôle , Juge , rable , dure.

Dam. Cela étant , vous tomberiez dans un autre inconvénient à l’égard des e -, car au lieu de prononcer ces mots Pere , Mere , Siégé , Liege , College , fi vous les écriviez Comme vous propolêz avec un accent circon- flexe fur leurs pénultièmes fyllabes, en la manière qui fuit: Pere , Mere , Siêgei Liège , College , vous leur don- neriez un Son bien extraordinaire , & tout autre que celui qu’ils doivent avoir, quand on les prononce bien; car vous diriez , Paire , Maire , Siaif- ge , Liaijge , Colaifge , ce qui {èroit paroîtroit bien groflier.

Phil. J’en demeure d’accord , mais cela ne regarde que l’inftrudtion de la maniéré d’ortographier & de pronon- cer les e , dont nous parlerons au Chapitre fuivant , & nous vous fatis-

3$4 Liv- Ch. V. Des Accens ,

ferons fur tout.

Dam. N’avez-vous plus rien à dire de i’ufage prefent des trois accens , qui font employés dans notre orto- graphe.

Phil. Je n’ai pas encore tout dit ce que j’avois à dire de Y accent aigu. Je vous avois dit qu’on avoit commen- cé à s’en fervir en notre ortographe, pour diftinguer Ve final mafculin d’a- vec Ve final féminin , & qu’on en ètoit demeuré là. Mais depuis les Impri- meurs Etrangers ayant reconnu l’uti- lité qu’on recevoit en la leéture de nos mots , par la diftin&ion de \'e mafçu- lin & du féminin , ont jugé à propos de marquer les e mafculins auflii bien au commencement des mots qu’à la fin , comme vous voyez en ces mots : député i félicité, récité. Et cette orto- graphe a été fuivie de quantité de bons Ecrivains en France , & même de nos Imprimeurs j Enflure dequoi on s’eft hazardé de marquer non feulement les e mafculins qui fe trouvoient au commencement & à la fin des mots j mais encore tous cetix qui fe trou- voient dans un mot , comme vous

pouvez

IiV. II. Cri. V. Dès Accent , $3? y pouvez voir en ceux-ci-, dégénéré , déféré , générofitè.

Dam. Il me femble que vous m’a- vez dit que nous avions trois fortes dV : Comment font-ils pour marquer le tro’fième , s’ils ne fe fervent que de l’accent aigu ? car fi nous n’avions que deux e , une marque fuffiroitpouc diftinguçr l’un de l’autre.

Phil. C’eft icy le nœud gordien de l’affaire , & ce qui doit faire le fujec du Chapitre fuivant , pour tirer les Etrangers & les François mêmes , de l’embarras les jette cette quantité d’accens aigus , indiftinttement mis fur toutes fortes dV ; car fi on regar- de l’accent aigu comme la marque de notre e mafeulin , comme il l’eft en ef- fet, & qu’on veuille regler fa pronon- ' ciation furl’infpedion de cet accent* il eft certain qu’on ne rencontrera jamais jttfte fur la prononciation des e i ca t on prononcera IV du mot de progrès , comme le dernier de celui de degrés $ Ve mot près s qui lignifie proche , comme celui du mot de prés , qui eft le plurier de pré ; & IV de dédain , comme celui de délicat . Je cite ces

R ..

LiV. IL Ch. V. T)es Accent. mots de progrès 3 près , dédain poifif vous donner une démonftration plus fenfible de Ve ouvert , & qui foit fans répliqué 5 car on ne peut pas difcon- venir que leurs e ne fe prononcent comme notre double voyelle ai , & qu’étant obligé de les prononcer com- me s’ils etoient écrits en la manière qui fuit , prograis t prais , daidaim ; il faut indifpenfablement en changer l’accent qu’on doit mettre fur leurs & au lieu d’un aigu en mettre un grave en la maniéré qui fuit , progrès 9 pris 3 dédain : Car la même raifon qui a introduit notre accent aigu, qui étoit dans le milieu du fiécle pafle , tout-à- fait inconnu en notre ortographe,pour diftinguerl’# mafeulin d’avec T# fémi- nin , nous doit auffi fervir à diftinguer cet# mafeulin d’avec Ve ouvert par un accent grave , quoique cet accent foit auffi peu connu dans notre ortogra- phe , que l’ètoit l’accent en notre Lan- gue dans le milieu du fiécle pafle.

Darn. Ceci me paroît bien nouveau & difficile à établir, parce que cette quantité de différens accens charge- toit beaucoup les lignes de notre Ecri»

LiV. II. Crt- V. Des accent’. 387 ttlre & de notre Impreffion 5 ce qui feroit & fort incommode & bien de(- ftgréable a la veuc.

Phil. Cela n*eft pas fi nouveau que vous croyez , & je ne defefpere pas que l’avantage qu*on remarquera de la diftinétion de ces deux accens , ne les ctablifle tout-à-fait. J’y vois même déjà quelque difpofition par l’intro- du&ion d’un autre accent qui eft le circonflexe , qu’on trouve dans beau- coup de nouvelles Impreflions fur les dernieres fyllabes des mots de progrès, abfcès, après , auprès , décès , [accès , Cyprès , excès , & de quantité d’aurres mots dont les dernieres fyllabes ont des e ouverts : Et comme cet accent circonflexe pourroit caufer de la con-* fufion dans l’ortographe des autres mots , les e ouverts ne font pas longs , comme ceux que je viens de ci- ter , fi on fe mettoit en tète de faire fervircet accent circonflexe indiftinéke- ment fur tous les e ouverts , tant brefs que longs > il ne faut pas douter qu’on ne racourcît cet aècent d’une jambe pour en faire un accent grave. Si on confidere que l’ufage de notre accent

R ij

$38 Liv. II. Ch. V. Des jiccensi circonflexe ne s’eft d’abord établi , qil6 pour marquer le retranchement d’une lettre , & que depuis on l’a fait fervir à marquer l’allongement de la voyelle fur laquelle il ètoit mis, comme vous pouvez voir en ces mots, male yléte , vite, &c. on ne manquera pas de s’ap- percevoir que plaçant cet accent ^cir- conflexe fur des e ouverts brefs , on cauferoit de l’embarras aux Etranger# & même aux François, qui ne fçau- roient pas tous les mots de notre Lan* gue , en leur fefant prononcer une fyl- labe longue qui doit être brève , com- me vous pouvez remarquer par le# mots fuivans , dédain , decendre yrcpon~ dre^d ont on prononcerait les premières fyllabes longues , fl pour diftinguet leurs e des e mafculins , on les marquoit d’un accent circonflexe , ainfl dédain , decendre , répondre , &c. car on com- mence à marquer de cet accent les e ouverts longs des fyllabes finales dont on a changé le z final en s , comme on peut voir en ces mots progrez , pro - cez, anprez , qu’on ortographie par une s , ainfi progrès , procès , auprès . De forte qu’après avoir fait de ferieut-

* *

Liv. II. Ch. V. Des Accent',

fes réflexions fur l’ufage prêtent de cet accent circonflexe, il ne faut pas douter qu’on ne fe ferve en fa place de l accent grave pour marquer les c ouverts brefs , & qu’on ne fupprime tout à fait l’ufage du circonflexe à la fin des mots terminés en es \ d’au- tant plus que l’allongement de ces fortes de fyllabes finales n’a pas be- foin d’être marqué d’un accent cir- conflexe , puifque Xs finale par une' réglé qui ne fouffre point d’exception le marque aflez, lo-rs quelle eft pré- cédée d’une voyelle ou d’un e accen- tué , comme vous pouvez voir pat l’exemple de ces mots : appas , aimés ^ ajjîs , repos , abus t. dont les demie- tes fyllabes font longues.

Quand à ce que vous dites , que cette quantité' d’accens chargeroit trop les- lignes de notre Ecriture & de notre Impreflâon , 5c qu’elles n’en feroient pas plus belles , j’en demeure d’ac- cord avec vous ; mais ce défaut ( fi vous prétendez que c’en foit un ) feroic encore plus fupportable , que celui de n’avoir qu’un caraétére en notre orto- graphe , pour marquer trois différent Sons»

£$6 Liv. Tï. Ch. V. Z)es. AccenK D’ailleurs , fi nos yeux ètoient unef fois accoûtumés à cette forte d’orto- graphe , nous ne la trouverions pas plus étrange ni plus difforme qu*on' trouve celle de la Langue Greque * dont les mots font charges } non feule- ment d’accens,mais encore d’autres pe- tits caractères que lesGrecs nommoient des efprits âpres & des efprits doux » dont les premiers font faits comme des. petits ( c ) & les autres comme des vir- gules (,) ainfi qu’il paroît aux Exem- ples fuivans , a/jui9 <j/u) , u(9 qui fi- gnifient , cnfernble 3 je fuis , tu es « Mais outre cette" raifon qui doit fuf- fire pour favorifer l’ufage de nos ac- cens , nous avons encore à dire que notre Ecriture n’ëtant pas plus char- gée par la marque d’un accent gra- ve , que par celle d’un accent aigu » puis qu’il ne coûte pas plus de met- tre l’accent de la main gauche à la main droite , que de la droite à la gauche , il nous eft indifférent de nous fervir d’un accent grave ou d’un accent aigu. Je ne voudrais pourtant pas trop me hazarder à me leivir de cet accent grave ailleurs que dans ces

Liv.lt Ch.V. Ves Aecm.

préceptes *, il fuffit que je le propofe , on y fera enfuite telle iéfléxion qu*on jugera à propos 9 & je me mets fore peu en peine du refte.

Dam. J’ai pourtant remarqué dans ▼os écritures particulières plufieurs mots vous marquez les e ouvert» avec des accens graves.

P h il. Il eft vrai , mais comme peu de gens s’en font apperçûs à caufe du peu de différence qu’il y a d’un ac- cent à l’autre , je me fuis hazardé de plus en plus à les mettre en ufage , Sc avec d’autant plus de confiance , que j’ay remarqué que les accens aigus mis pour des accens graves choquent la veuë 8c le bon fens 9 comme je vous l’ai déjà fait obferver *, 8c je ne defefpere pas que cet accent gra- ve s’ètabliflant à la fourdine dans no- tre ortographe fans qu’on s’avife de l’en chafler , ne fafle faire peu à peu des réfléxions aux habiles gens , qui en xonnoiflant futilité , ne l’y ètablifle tout à fait. Je ne me fers pourtant de cet accent grave que fur les t je le Vois déjà marqué d’un accent aigu mal . à propos. Autrement je nem’ aviferois

•$ 9 z Iiv. n. Ch- V. Des tccenr. > pas de le marquer fur Ye il n’eft point marqué, à moins que ce ne foie dans ce Chapitre pour faciliter l’inftru- ttion de mes Réglés. Je mécontente-- rai de propofer l'avantage qu on tire- ra de cet accent grave -, en profitera- qui voudra : mais je ne pretens pas être le premier à m’en lervir. <

Tiff du premier Tome*

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