BIOLOG'ï Digitized by the Internet Archive in 2018 with funding from University of Illinois Urbana-Champaign https://archive.org/details/bulletinbiologiq1418univ O BULLETIN SCIENTIFIQUE DU DÉPARTEMENT DU NORD ET DES PAYS VOISINS. 'h î è ^ ) 9 oy Ùi BULLETIN SCIENTIFIQUE DU DÉPARTEMENT DU NORD ET DES PAYS VOISINS ( Pas-de-Calais , Somme , Aisne , Ardennes , Belgique ) PARAISSAIT TOUS LES MOIS PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE M. ALFRED GIARD Professeur à la Faculté des Sciences et à la Faculté de Médecine de Lille. ■ H i 1 2me Série. — 5me Année. — 1882. TOME XIV DE LA COLLECTION La lre série comprend les 9 volumes du Bulletin scientifique , historique et littéraire du département du Nord , publiés sous la direction de MM. GOSSELET , DESPLANQUE et DEHAISNE. PARIS. Octave DOIN , Éditeur , H, Place de l’Odéon. I / » S7o> S /. / *7* 1882. N° 1. JANVIER. BULLETIN SCIENTIFIQUE DU DÉPARTEMENT DU NORD. ACADEMIE DE BELGIQUE. CLASSE DES SCIENCES. Sur l’origine des calcaires dévoniens de la Belgique , Par Éd. DUPONT, Membre de l’Académie (1). L’allure spéciale de nos calcaires devoniens s’éloigne d'une manière saillante de celle que le calcaire carboni¬ fère affecte dans ses contacts avec le terrain devonien supérieur et avec le terrain houiller, comme la carte de Dumont l’indique clairement. Alors que le calcaire car¬ bonifère se dispose en longues bandes , tantôt séparées , tantôt réunies en massifs que 1$ régularité des limites caractérise, les calcaires devoniens, surtout au côté sud de notre bassin primaire méridional dont 11 sera particu¬ lièrement question dans cette note, forment une ceinture continue avec des renflements et des étranglements brusques et fréquents, qui ne sont évidemment pas dus à des dislocations. Ils sont en outre accompagnés d’un cor¬ tège d’innombrables lentilles calcaires de dimensions et de formes variées , et dispersées jusqu’au centre du bassin. (1) Le travail de M. Dupont est trop dans les idées que nous voudrions voir triompher parmi les géologues pour que nous résistions au plaisir de le reproduire in extenso dans notre Bulletin. A. G. 73SÜ18 Cette disposition lenticulaire, si bien accusée dans les îlots de calcaire au milieu des schistes de la Famenne et des Fagnes, a été mise en évidence par Dumont et par M. Gosselet qui la définit ainsi : « C’est surtout au calcaire de Frasne qu il faut a P pli— » quer les vues de M. d’Omalius sur la disposition du » calcaire en lentilles. Rien n’étonne plus le géologue » habitué à la continuité des couches que de se trouver » en présence d’une de ces collines telles que celle de la » croix de Frasne. Voilà une masse calcaire épaisse de » 500 à 600 mètres et composée de bancs très réguliers, » qui disparaît tout à coup. Que devient-elle? Est-elle » rejetée en avant ou en arrière par une faüle ? C est la » première pensée qui vient à l’esprit ; mais on se con- » vainc bientôt qu’elle est erronée. On a beau chercher, » on ne trouve plus de calcaire ; d’un bout à l’autre, » l’assise est schisteuse. » (Bull, de l Acad, roy. de Belg. , 2e sér., t XXXVII , pag. 100, 1874. Le même savant, par ses persévérantes études sur nos terrains paléozoïques, a non moins nettement établi un fait déjà observé par MM. de Koninck et Roemer, que nos calcaires devoniens renferment trois faunes dis¬ tinctes en rapport avec la succession de ces formations, à savoir : la faune à Calcéoles, la faune a Stringocepliales et la faune à Terebratula cuboïdes. Il a de plus démontré que la première et la dernière se retrouvent dans les schistes qui entourent les lentilles calcaires. Ces constatations ont été longuement exposees par M. Gosselet depuis vingt ans dans une séné de publica¬ tions et doivent être considérées comme definitivement je soupçonnais depuis longtemps que ces calcaires sont dus à un mode de formation différant de la plupart des couches du calcaire carbonifère. D’une part, leur tendance à une disposition lenticulaire qui frappe des le début tout observateur, et d’autre part, la presence c e nombreux polypiers dans les marbres qui en proviennent, — 3 — étaient deux raisons corrélatives pour les considérer comme des récifs coralliens. Ayant abordé depuis quelque temps leur étude détaillée pour l’exécution de la carte géologique du royaume , je me crois en mesure d’établir que tel est bien leur mode de formation. La principale difficulté de cette étude consistait à re¬ connaître la présence des corps organiques que les cal¬ caires renferment. Quand on casse la roche, la première impression est généralement celle d’un calcaire amorphe, passant à une structure plus ou moins saccharoïde. Une exploration prolongée montra cependant que les parties, exposées aux influences atmosphériques, paraissent va¬ guement bréchiformes en dessinant de nombreux orga¬ nismes d’aspect coralliaire ou d’aspect spongiaire , légèrement mis en relief sur un calcaire grenu plus altérable. Si l’on entame la roche à l’endroit où l’un de ses organismes apparaît clairement, on remarque qu’elle revêt le caractère saccharoïde qui vient d’être cité, tandis que le calcaire qui l’entoure reste grenu. L’examen mi¬ croscopique confirmait ces données Nous avions donc affaire à d’innombrables squelettes de Cœlentérés dissi¬ mulés par une oblitération intense que l’altérabilité plus grande du calcaire de remplissage mettait à nu dans certaines conditions. De son côté, M. Renard, ayant eu l’obligeance de sou¬ mettre des spécimens à l’examen micrographique , reconnaissait de menus fragments coralliens dans la pâte grenue qui s’assimile ainsi au sable corallique. Ces faits établis, j’arrivai bientôt à m’assurer qu’ils se retrouvaient dans presque tous les calcaires devoniens dont l’origine corallienne devenait dès lors incontes¬ table. Cependant, les calcaires gris et rouges de Frasnes, dont la structure lenticulaire est la mieux prononcée, * dissimulaient plus complètement ces caractères. Les Favosites, Alvéolites et Cyathophyllum y sont générale¬ ment beaucoup plus rares et la roche se montre sous — 4 - l’aspect de calcaires amorphes crinoïdiques et coquillers avec de longues bandes ou de petites masses cristallines irrégulières. La texture de ces dernières est laminaire, rayonnée, avec tendance à une disposition ondulée ou concentrique. Généralement le marteau ne parvenait pas à disjoindre les lames de ces bandes . Mais des carrières près de Ro- chefort et de Philippeville finirent par me donner des spécimens où la séparation se fit avec netteté et démontra une surface organique. Une longue étude micrographique révéla ensuite leurs affinités avec les Stromatopores. Ces calcaires étaient ramenés dès lors aux caractères des calcaires coralliens précédemment étudiés. Il restait à préciser la disposition stratigraphique de ces roches devoniennes pour s’assurer qu’elles affectent la disposition propre aux constructions coralliennes et compléter la démonstration que nous nous trouvons réellement devant les formations spéciales qu’on appelle récifs. Les tertres de calcaires rouges et gris qui émergent au milieu des schistes de la Famenne imposent déjà, ainsi que je l'ai dit, immédiatement à l’esprit, l’opinion que l'on se trouve en présence d’îlots coralliens, au point que dans les endroits où le ravinement des schistes a bien délimité ces îlots, on était amené à dire à priori qu’ils ne pouvaient être que le résultat de constructions coral¬ liennes. Cependant, celles-ci ont pour structure caractéristique la forme annulaire des atolls et des récifs barrières, et il B s’agissait de la retrouver assez clairement dans l’un ou l'autre des massifs devoniens pour pouvoir identifier la formation de ces amas avec les récifs de la zone inter- picale. Un levé précis des masses calcaires qui s’étendent au sud de Philippeville ', vient de prouver de la ma¬ nière la plus marquée l’existence de ces dispositions annulaires. Autour de longs îlots de calcaires remplis de Stromatopores et de Favositides et renfermant la faune à — 5 — Stringocéphales, se développent, en ovales allongés , des rangées de bandes constituées par des organismes simi¬ laires et contenant la faune de Frasne. Devant me borner aujourd’hui à un exposé sommaire des résultats de mes recherches sur ces masses coralliennes, j’aurai prochai¬ nement l’honneur de communiquer à l’Académie une esquisse de cette disposition caractéristique et démons¬ trative. Considérés en dehors de toute donnée stratigraphique, les calcaires devoniens peuvent se répartir dans les caté¬ gories suivantes : Calcaire bleu avec nombreux Stromatopores, Favo- sites, Alvéolites ; plus rarement des Cyathophylides ; Calcaire gris avec Alvéolites et Favosites et de nom¬ breux Stromatoporoïdes rapportables pour la plupart aux P achy stroma de MM. Nicholson et Mûrie — il est sou¬ vent transformé en dolomie ; Calcaire rouge avec Alvéolites suborbicularis , Acer- vularia , de nombreux Stromatoporoïdes que j’appellerai Stromatactis et plus rarement des Cyathophyllum ; Calcaire bleu grenu massif avec de rares articles de crinoïdes et des Favosites cervicornis ; Calcaire gris à crinoïdes rappelant le calcaire à cri¬ noïdes du calcaire carbonifère ; Calcaire bleu indigo ; Calcaire foncé compacte coquiller ; Calcaire oolithique ; Calcaire lilas subcompacte ; Dolomie grise cristalline ; Calcaire noduleux passant au macigno. Au point de vue stratigraphique, ces roches se distri¬ buent ainsi : Les caîcaires bleus coralliens sont très développés dans les trois étages de Couvin, de Givet et de Frasne et constituent presque à eux seuls le centre des récifs. Les calcaires coralliens gris et rouges sont particuliers à l’étage de Frasne ; Le calcaire bleu grenu sert surtout de revêtement aux îlots de Couvin et de Frasne ; — 6 — Le calcaire gris à crinoïdes prend spécialement place dans les couches de Couvin ; Le calcaire bleu indigo alterne avec le calcaire coral¬ lien, particulièrement dans l’étage de Givet ; C’est aussi dans cet étage que le calcaire compacte coquillier prend place, à la partie intérieure des récifs frangeants où il alterne souvent avec du calcaire argi¬ leux. du grès et parfois du poudingue ; Le calcaire oolithique y est associé et paraît manquer dans les autres étages ; Le calcaire lilas est une roche caractéristique des récifs frangeants de l’étage de Frasne ; Les dolomies n’ont encore été observées que dans l’étage de Couvin et de Frasne ; Quant aux calcaires noduleux, ils se trouvent interca¬ lés dans les schistes qui entourent les récifs frangeants et les îlots. Ainsi qu’on a pu le pressentir plus haut, nos roches coralliennes proprement dites varient d’après les orga¬ nismes qui leur ont donné naissance. Les types de ces roches sont le marbre dit Florence, le marbre Sainte- Anne, le marbre rouge des carrières de Saint-Remy et de Malplaquet et l’amas de calcaire à Calceoles au nord de Pondrôme. Celui-ci est formé de Stromatopores atteignant jusqu’à la taille d’un mètre cube, d’énormes coralliaires rappor- tables au groupe des Cyatliophyllum et souvent de gros spécimens d 'Heliolites Le marbre Florence, sans doute appelé ainsi parce qu’il rappelle plus ou moins les mozaïques de cette ville, présente deux variétés nommées dans le commerce grand et petit mélanges. Le grand mélange résulte de la pré¬ sence de Stromatopores pugilaires unis à des branches de Favosites et surtout d 'Alvéolites reliculala. Ces or¬ ganismes forment parfois les neuf dixièmes de la roche. Le petit mélange ne montre guère de Stromatopores ; à Y Alvéolites reticulala se trouvent jointes d’innombrables Alvéolites rapportables à VA. graeilis de Steininger. Le marbre Sainte-Anne est un amas serré de Stroma- topores allongés, tels que ceux que M. Bargadsky vient de décrire sous le nom de Biapora , avec des Favosites et Alvéolites et des Cyathophyllum roppor tables au G. Cœspitosum. Les marbres rouges de Saint-Remy et de Malplaquet sont constitués par des amas du Stromatactis déjà men¬ tionné, de tailles et de formes variées, avec des Alvéo¬ lites suboydjicularis , des Acervularia et parfois des Cyathophyllum helianthoïdes. Mais le caractère corallien se prononce mieux encore par les masses serrées de Cyathophyllum cœspitosum , d’une épaisseur de lm.50 à 2 mètres, qu’on observe souvent à la partie externe des récifs de Frasne. Les récifs de l’étage de Couvinse présentent en bandes allongées assez étendues, comme le montre la carte de Dumont et celle de M. Gosselet au sud de Chimay, mais, vers l’est, où l’on peut les suivre facilement jusqu’à Wellin, ils ont la forme d’ilots ovales, isolés, générale¬ ment vêtus de calcaire bleu crinoïdique à tendance nodu- leuse, dont le c.entre est formé par un amas corallien . M. Gosselet a observé cinq rangées de ces lentilles au sud de Givet. Il arrive aussi, comme dans la tranchée de Forrière, que le calcaire soit un amas de crinoïdes, avec Stromatopores et dolomie à la partie externe. Ces récifs sont entourés de schistes grossiers avec des bandes répétées de calcaire noduleux très fossilifère. Les fossiles sont ceux de l’étage à calcéoles et parfois de gros nodules calcaires, qui ne sont autre chose que des Cyathophyllum et d extrême maxima, le 18. t784mm.110 a a » minima, le 8. *744mrn. 640 Tension moyenne de la vapeur atmosphériq. 5mm.09 Humidité relative moyenne °/0. . 8*7.90 Epaisseur de la couche de pluie . 15mm.70 « o d’eau évaporée. . . 13mm.l7 année moyenne. 2°. 947 759mm398 5mra.02 86.70 58mm 15 14mm.98 La température moyenne du mois de janvier 1882 ne fut inférieure à celle du même mois année moyenne que de 0°.06, par conséquent quasi-égalité ; mais lorsqu’on examine quelle a été la marche de cette température pen¬ dant le mois, on trouve pour la première moitié : moyenne des maxima 7°. 50, moyenne des minima 2°. 93, dont la moyenne est de 5°. 215 supérieure à la moyenne générale des maxima du mois ; pour la seconde moitié abaissement de la température : moyenne des maxima 2°. 906, moyenne des minima — 1°.531, dont la moyenne n’est plus que de 0°.687. Aussi a-t-on observé pendant cette seconde pé¬ riode 13 jours de gelée et un seul jour à la fin de la pre¬ mière . La hauteur moyenne de la colonne mercurielle baro¬ métrique à 0° qui avait été de 763mm.687 du 1er au 15, s’éleva à 777mm.008 du 15 au 31. Depuis trente-deux ans que je me livre aux observations météorologiques, je — 40 — n’ai jamais rencontré une période de 17 jours offrant une pression atmosphérique aussi grande et aussi constante. C'était l'indice d’une sécheresse exceptionnelle des hautes régions de l’atmosphère ; aussi pendant la pre¬ mière quinzaine du mois, il n’est tombé que 13mm.30 de pluie en 12 jours, ce qui néanmoins a suffi pour élever la température de l'air. Le vent et les nuages venaient du S. O. Mais au début de la seconde quinzaine le vent et les nuages passèrent à PE., et la quantité d’eau tombée en 4 jours fut réduite à 2mn3.40. Ni grêle , ni neige. Cependant, en ne considérant que l'état du ciel bru¬ meux et si uniformément couvert qu’on ne pouvait distin¬ guer les contours d’aucun nuage, on aurait été en droit de compter sur la pluie ; apparence trompeuse car, pen¬ dant tout le mois, et surtout durant la deuxième partie, nous nous sommes trouvés au milieu d’un nuage (impéné¬ trable aux rayons solaires) dont les particules globulaires maintenues à distance par une atmosphère de vapeur, ne pouvaient s’agréger pour constituer des gouttelettes d’eau liquide. Dans ce brouillard on ne vit jamais les aiguilles de glace qu’on observe fréquemment en hiver. Dans ces conditions météoriques, les couches d’air en contact avec le sol furent assez voisines de la saturation , à tel point que l’humidité relative fut de 0.879, ce qui contribua aussi à réduire l’épaisseur de la couche d’eau évaporée à 13mm.17 ; en janvier année moyenne elle est de 14mm.98. En outre ces brouillards froids furent très chargés d’électricité, ce qui généralisa les irritations des organes respiratoires et exaspéra les douleurs nerveuses et rhu¬ matismales . Jusqu’ici l’agriculture ne souffre pas trop de ces con ¬ ditions météoriques exceptionnelles, mais les parasites de toute nature prennent un grand développement. Le niveau des nappes aquifères souterraines s’est abaissé d’au moins S’LSO0. V. Meurein. LiILLK. — IMP L DAN SL , 1882. N° 2. FÉVRIER. PALÉONTOLOGIE DE L'AMÉRIQUE DU NORD Par le Pr WIEDERSHEIM de Fribourg (1). Traduction par G. DUTILLEUL , Préparateur du cours de Zoologie. Le présent mémoire n’est pas seulement un résumé des travaux que le professeur O. Marsh a publiés durant ces dernières années; c’est surtout une étude critique. Si, . en effet, je ne faisais qu'une simple analyse je croirais rendre un mauvais service aux lecteurs de cette Revue et je m’écarterais du but que je me suis proposé. Ce que je désire avant tout, c’est former un ensemble des matériaux épars et en élargir le cadre par un examen critique. Pour cela, je dois surtout m'occuper des grandes questions de morphologie auxquelles ces découvertes doivent donner, sinon une solution, du moins une impul¬ sion nouvelle . En agissant ainsi, j’ose espérer que ces travaux qui , malgré leur immense portée, ne sont que peu connus en Allemagne, seront d’un abord plus facile pour un grand nombre de personnes. Le grand mouvement scientifique américain ne se borne pas aux choses de notre temps, et c’est sur les restes d'un monde aujourd’hui disparu, que s’exerce l’in¬ fatigable activité des paléontologues du nouveau conti¬ nent, à la tête desquels nous devons placer le professeur Marsh . Il y a dix ans à peine que le Professeur Marsh a com¬ mencé ses fouilles dans les Montagnes Rocheuses, et déjà il a pu réunir dans Yale-College à New-Haven une quantité (1) Biologisches Centratblatt de Reess, Selenka et Rosenthal. Tome I. 1881. 4 42 — prodigieuse de vertébrés fossiles qui laisse bien loin der¬ rière elle tout ce qui été découvert en Europe jusqu’à ce jour. Ce 11e sont pas seulement quelques formes nou¬ velles, mais des ordres, des sous-ordres, des groupes en¬ tiers d’animaux dont on ne connaissait jusqu’ici que quelques rares débris. Et non seulement nous avons des représentants complets de chaque genre, mais encore nous possédons jusque cent exemplaires d’une même espèce. La taille de ces êtres dont nous ne pouvons nous faire une idée, n’est pas moins étonnante que leur nombre. De plus ce sont des types spéciaux qui, présen¬ tant des caractères de certains groupes actuels, s’en écartent par d’autres particularités de leur organisation : tels les Dinosauriens. Pour donner un court aperçu du matériel fossile re¬ cueilli, je crois pratique d’en diviser les éléments en trois grandes classes. Nous voyons delà sorte que les travaux du Pr Marsh portent sur les trois groupes principaux suivants : 1° Formes primitives des Ongulés , Prohoscidiens et Pachydermes tertiaires. 2° Mêmes formes triasiques et jurassiques et Dino¬ sauriens de la période crétacée. 3° Les oiseaux Dentés ( Odontornithes ) crétacés. Le premier groupe étant déjà en partie connu par des dé¬ couvertes antérieures, je pourrais me contenter d’en produire un simple tableau ; mais cela altérerait peut-être le caractère original de l’aperçu que je me propose de donner, aussi ne puis-je me dispenser de quelques dé¬ tails sur ce groupe et je le puis d’autant moins que , pour beaucoup d’entre eux, il est dos particularités impor¬ tantes, comme la structure du cerveau des Mammifères éocènes qui n’ont été étudiées que tout récemment et n’ont guère été publiées. — 43 — I. ONGULES, PROBOSCIDIENS ET PACHYDERMES PRIMITIFS DES TERRAINS TERTIAIRES. Trente espèces intermédiaires différentes nous mènent insensiblement de la forme tapir au cheval actuel ; c’est- à-dire que partant d'une forme primitive pentadactyle nous arrivons par disparitions successives des 1er, 2e, 4e et 5e doigts à voir persister seul le 3e doigt, particularité ca¬ ractéristique du type perissodactyle. Cette diminution du nombre des doigts s’explique facilement si l’on tient compte de la relation qui existe entre la réduction de la surface du contact, l’atrophie du pied, et l’augmentation de vélocité. Une explication plus directe nous est fournie par les diverses modifications qu’a subies dans le cours des siècles le squelette des 4 extrémités du cheval et les modifica¬ tions concomitantes des proportions de son corps. En effet, le cheval tétra dactyle de l'Eocène, Y Eoliippus avait la taille du renard , le 5e doigt n’était représenté chez lui que par un rudiment de pouce. — Ce rudiment disparaît dans les formes les plus voisines de celle-ci, également éocènes, YOrohippus et YEpihippus qui n’ont ainsi que 4 doigts. Ces trois animaux se rapprochaient par leur taille et leur degré de développement du Palœotherium de l'an¬ cien continent. Le Mesohippus du Terrain Miocène inférieur était de la grosseur d’un mouton. Il n’avait que trois doigts et le rudiment d’un quatrième. La forme miocène la plus voi¬ sine , le Miohippus (voisin de Y Ancliitherium d'Europe) a le 4e doigt plus réduit encore. Chez le Prolohippus pliocène ce rudiment est tout à fait disparu et il ne reste que 3 doigts. Cet animal qu'on peut rapprocher de YHipparion de l’ancien monde avait à peu près la taille de l’âne. C’est également dans le plio¬ cène que se trouve le Pliohippus chez lequel le 2e et le 44. - 4° doigts sont rudimentaires et où le 3° seul est complè¬ tement développé. Avec ce type nous arrivons au cheval actuel à un seul doigt. Le mode de réduction que nous venons de décrire est à peu près le même pour le membre antérieur et pour le membre postérieur, il est toutefois habituellement plus rapide pour ce dernier. — Ainsi chez V Eohippus où nous avons pu constater antérieurement 4 doigts et le rudi¬ ment d’un 5e, il n’y a que 3 doigts postérieurement. L’époque du cheval polydactyle n’est pas bien an¬ cienne ; c’est du moins ce qu’indique ce fait que certains chevaux actuels présentent exceptionnellement plusieurs doigts munis de sabots distincts. En dehors du 3e doigt on en observe en effet quelquefois un 2e et un 4e, fait qu’on ne peut expliquer que par l’atavisme. Aux modifications du squelette de la main et du pied, viennent s’adjoindre des modifications du système den¬ taire. Malgré tout l’intérêt qu'elles présentent au point de vue systématique, nous ne pouvons nous y arrêter ici. — On voit donc que l’Amérique du Nord peut être appelée, « la patrie naturelle du Cheval » et cela est d’autant plus important à dire que cet animal a complè¬ tement disparu en ce point à l'époque diluvienne et a dû y être réimporté par les Espagnols. La puissance des preuves que fournit à l’appui de la théorie de la descendance , la série si complète de ces découvertes paléontologiques, n’a pas besoin d’être démontrée. Et quand il n’y aurait rien d’autre pour sou¬ tenir cette théorie, cela seul suffirait à prouver son indé¬ niable exactitude. Cette même série que nous avons pu suivre chez les Solipèdes ( Einhufer ) se retrouve en partant de l’ Hyopo- ternus et de VA noplotherium chez les Artiodactyles (. Zweihufer ), c’est-à-dire chez les ancêtres des Suidœ et des Ruminants. Et on a tout ce qu’il faut pour prouver que Cochons et Ruminants dérivent d’un même type primitif. On peut même aller plus loin et affimer que — 45 — tous les animaux à sabots, les Artiodactyles aussi bien que les Perissodaclyles dérivent d'une seule et meme forme primitive pentadaclyle.De plus comme on trouve déjà ces 2 formes différenciées dans les plus anciennes couches tertiaires, c’est dans le crétacé qu’on doit cher¬ cher la forme primitive d’où dérivent probablement aussi les P roboscidiens . Je ne puis quitter les Mammifères tertiaires sans dire un mot de certaines formes dont la position systématique est, il est vrai, encore mal déterminée, mais qui pré¬ sentent cette particularité intéressante que l’on peut à l’aide du moule (Steinekerne) de leur cavité crânienne juger de la forme de leur cerveau et par là de leur intelligence. Une pareille occasion nous est rarement offerte par les animaux fossiles ; on n’en connaissait que trois cas. Deux sont relatifs aux Dinosauriens et aux Odontornithes dont nous nous occuperons, un troisième est celui du plus ancien vertébré connu, que j’ai moi- même observé il y a quelques années chez un Labyrin- thodonte triasique (1). Les genres de Mammifères dont nous allons mainte¬ nant nous occuper, se rencontrent dans les couches ter¬ tiaires les plus anciennes, dans l'Eocène. Ils sont de taille gigantesque. Marsh les appelle Tillotherium, Brontothe- rium, Dinoceras et Coryphodon . On ne peut encore, comme nous l’avons vu, déterminer leur position systé¬ matique ; en effet, tandis que par ses incisives il rappelle les Rongeurs, le Tillotherium, était plantigrade comme l’ours, et tandis que les Brontotheridœ et les Dinoce- rata se rapprochent à certains points de vue des Soli- pèdes, ils possédaient une trompe courte et leur tête avait la forme de celle des Rhinocéros ; le Coryphodon a aussi des analogies manifestes avec les Solipèdes, mais ses extrémités présentent 5 doigts. Il résulte de là que tous ces animaux représentent des (1) P / Wiedersheim : Labyrinthodon Rüîimeyeri. Abhandlungen der Schweizer. Palæontol. Gesellsch. V. 1878. 46 — Types collectifs (Collectiv-Typen) , cette expression n’indiquant absolument rien au point de vue de leur phy¬ logénie et de leur position systématique. Au point de vue de la forme, leur cerveau est d'une extrême petitesse et en général très peu différencié. Il présente un tout petit cerveau antérieur et des hémis¬ phères ; on peut y distinguer la dilatation du cerveau moyen et de gros lobes olfactifs. Quiconque ne verrait que leur cerveau, sans avoir connaissance de leur sque¬ lette les rapprocherai des Sauriens, sans jamais songer aux Mammifères. Sous le rapport de la petitesse c’est le Binoceras qui sans contredit tient le premier rang ; son cerveau peut en effet être introduit dans le canal rachidien dans presque toute l’étendue de celui-ci. De tous ces faits nous pouvons tirer cette conclusion que l’intelligence des mammifères éocènes était à peu près celle de nos reptiles actuehs, et en particulier des Lacertiliens. Nous en arrivons donc à déduire de ces observations paléontologiques non seulement les lois du développement physique de l’être, mais encore celles de son développement psychique et intellectuel. Un jour viendra, qui n’est pas loin, où les recherches paléontologiques qui nous ouvrent les horizons les plus larges feront le principal objectif non seulement de la Biologie, mais encore de la philosophie. II. DINOSAURIENS. Il arrive souvent qu’on ne trouve tout d’abord que quelques débris ou même seulement les empreintes de fossiles nouveaux, qui font l’objet de discussions ani¬ mées, jusqu’au jour où l’on découvre des exemplaires à peu près complets. C’est ce qui arriva pour les Di- nosauriens. Il y avait longtemps qu’on connaissait dans le Zechs- tein d’Europe des empreintes de pas que leur forme et - 47 — leur longueur faisaient attribuer à des oiseaux de 15 à 18 pieds de haut. Plus récemment ces mêmes empreintes ont été retrouvées plus nombreuses dans le Trias du Connecticut en Amérique ; elles doivent provenir de 50 à 60 espèces différentes chez lesquelles le pas était de 7 pieds et plus. A quelle classe appartiennent ces êtres ? La réponse à cette question ne devait pas rester long¬ temps douteuse. Depuis ce moment, en effet, on a extrait chaque jour et on extrait encore des couches triasiques, jurassiques ou crétacées, de nouveaux débris d’un groupe aujourd’hui disparu, celui des Binosauriens , dont on avait déjà découvert quelques représentants , comme Y Iguanodon et les Compsognalhus trouvé à Solenhofen et conservé au Muséum de Leipzig. La taille de ces êtres bizarres était excessivement va¬ riable : tandis que certains exemplaires atteignent à peine la taille du chat, la grande majorité était de dimensions monstrueuses, de 20, 40 et même 80 pieds de long. On les trouve d’ordinaire en même temps que des Cro¬ codiles, des Dipnoï ( Ceratodus ), des Sauriens ailés, et les Mammifères les plus anciens qu’on connaisse, le petit Drio- lesles prisais , le D. Obtusus , le Biplocgnodon Victor , etc,. Ces derniers animaux avaient été autrefois rappro¬ chés des Marsupiaux, mais, après un examen minutieux, leur place dans l’échelle est encore incertaine. Le nombre total des mammifères mésosoïques d’Amérique découverts jusqu’ici dépasse déjà 60. Aucun d’eux ne peut de l'avis de Marsh être assimilé à une espèce actuelle de mammi¬ fères, II en est de même des formes découvertes en Eu¬ rope. Ce que l’on peut dire sans crainte d’erreur, c’est qu’ils ieprésentent un type inférieur sans caractères « Marsupiaux » bien nets. En raison de cette incertitude sur leur place dans la classification et eu égard à leurs caractères généraux, Marsh propose d’en faire un ordre nouveau sous le nom de Pantotheria. C’est d’eux sans aucun doute que dérivent les Insectivores et les Marsu¬ piaux actuels. v / - 48 — Revenons aux Dinosauriens. Ils peuvent d’après la structure de leurs membres et la présence d’un squelette externe, être divisés en trois grands groupes : 1° Les Sauropodes ; 2° Les Ornithoscélides ; 3° Les Stegosauriens. Tandis que dans le premier groupe il n’existe entre l’extrémité antérieure et la postérieure qu’une différence de taille faible ou même nulle, il y a au contraire dans les deux autres groupes une différence manifeste. — Ceux-ci sont mêmes identiques à ce point de vue ; ce qui les dis¬ tingue c’est que les Stégosauriens ont seuls un squelette externe. Si nous nous représentons les Sauropodes comme des animaux épais, lourds, dans le genre du crocodile, avec deux paires d’extrémités locomotrices plantigrades, nous devons nous figurer les Ornithoscelides et les Stego¬ sauriens comme des animaux marchant sur les pattes postérieures et sautillant comme le Kangourous. De plus tous les Dinosauriens possédaient une queue forte et longue qui servait probablement comme chez les Kangou¬ rous à soutenir leur corps pesant dans la station verticale. Le cou est chez tous long, élancé ; la tête analogue à celle des Sauriens est proportionnellement petite. La main, le pied, toutes les parties du squelette sont en général bien ossifiées. Il faut noter aussi que tous les os sont ici, comme chez les oiseaux, pneumatisés, c’est-à-dire creux. Les doigts des quatre membres sont d'ordinaire munis de fortes griffes. Les vertèbres du cou sont opisthocœliques chez tous les Dinosauriens c'est-à-dire que leur partie postérieure est seule concave. Les vertèbres du dos et de la queue ont au contraire leurs' deux faces planes ou légèrement excavées. Les arcs neuraux étaient comme chez les Crocodiles actuels et chez certains Chéloniens, unis par une suture au corps de la vertèbre. Le Sacrum comprend 4 ou 5 vertèbres, habituellement soudées entre elles Ces ob¬ servations anatomiques s’appliquent aux Dinosauriens \ — 49 — en général et pour les Sauropodes, en dehors de quel¬ ques données sur la taille, nous n’avons rien d’essentiel à ajouter. Parlons d’abord de ces derniers avant d’exami¬ ner spécialement les deux autres groupes des Ornithos celides et les Stegosauriens . Aux Sauropodes appartiennent les genres Morosaurus, Diplodocus, Apatosaurus et Atlantosaurus ( Titanosau - rus) formes de dimensions gigantesques. Ainsi le Moro¬ saurus avait une longueur de 40 pieds, et le Diplodocus une longueur d’environ 50 pieds avec des membres pos¬ térieurs de 13 pieds. Bien plus grand était l’ Atlantosaurus immanis qui mesurait au minimum 80 pieds ; plus éton¬ nant encore Y Apatosaurus laticollis dont chaque vertèbre cervicale mesurait 3 pieds 1/2 de largeur. Ces deux géants représentent les plus grands vertébrés terrestres de tous les temps : ils étaient, comme les Morosaurus et les Diplodocus de lourds herbivores et nous pouvons à peine nous faire une idée de leurs pâturages. Avec eux vivaient aussi des Dinosauriens carnivores, munis de redoutables mâchoires, Ils atteignaient une lon¬ gueur de 20 à 25 pieds et pouvaient, s’ils étaient suffisam¬ ment nombreux, tenir les herbivores en échec et devenir pour eux des ennemis terribles. Ils étaient du reste plus proches parents des Ornithoscelides que des Sauropodes , et avaient comme les premiers des os creux et se servaient pour la marche presque exclusivement des membres postérieurs. On peut établi r entre les Sauropodes et les Ornithos¬ celides les mêmes rapports qu’entre les Eléphants et les Rhinocéros d’une part et les grands carnassiers du genre chat d’autre part. Marsh distingue deux familles nettement séparées de Dinosauriens carnivores, celle des Allosauriens dont fait partie le Megalosaurus et celle des Nanosauriens à laquelle appartient le Compsognalhus. Jusqu’ici Marsh n’a publié sur ce sujet qu’une courte notice; on espère avoir bientôt un mémoire dé! aillé. Tandis que les Sauropodes accusent assez nettement — 50 — la forme reptile, nous trouvons chez les Ornithoscelides un type de passage entre deux classes d’animaux très voi¬ sins , les Reptiles et les Oiseaux. On se figure peut-être que je veux parler de Y Archœop- teryx qui lui aussi est un type de passage, mais je mon¬ trerai plus tard que cet être suit une ligne de développe¬ ment bien différente de celle des Ornithoscelides. Par la seule considération de l’atrophie des extrémités antérieures et du grand développement des extrémités postérieures, nous ne pouvons rapprocher les Ornithos¬ celides que des Ratitœ ( Cursores ) c’est-à-dire des oiseaux du genre Autruche. Abstraction faite de la forme des extrémités, on peut tout d’abord tirer cette conclusion de la forme du ster- * num et du bassin. Tous deux doivent être de notre part l’objet d'un exa¬ men minutieux. Commençons par le second. Le bassin des Ornithoscelides comprend tantôt quatre parties, tantôt trois (c’est le cas le plus fréquent) : l'ilium, le pubis et l’ischion. La différence dans le nombre des parties s’explique par ce fait que l'os pubis est formé de deux parties. L’une fl) qui s’ossifie par un point d’ossifi¬ cation particulier, est élancée en forme de baguette et se trouve absolument comme chez les Autruches dirigée en arrière parallèlement à l’ischion. L’homologie de cet os et de l’os pubis des oiseaux est incontestable. L’autre os du pubis est dirigé à la fois en avant et vers le milieu de sorte qu'il s'unit à l’os de l'autre côté proba¬ blement par formation d’une symphyse. Vu son orienta¬ tion et sa forme cette parlie du pubis doit être considérée comme homologue de tout le pubis des Reptiles, du Cro¬ codile par exemple et nous arrivons de la sorte à ce ré¬ sultat intéressant que le Bassin des Dinosauriens com¬ prend deux pubis dont l'un représente celui des oiseaux Vautre celui des Crocodiles . (1) Post-Pubic-Bone » de Marsh. Maintenant se soulève la question de savoir ce que de¬ vient chez les oiseaux le pubis des reptiles. Il est en effet tout aussi invraisemblable de prétendre que cet os dispa¬ raît à la naissance du premier oiseau caractérisé, que d’admettre le développement subit d'un organe et sa for¬ mation de toutes pièces. Nous voyons d’ailleurs des restes de cet os à la fois chez les oiseaux primitifs de l’Amérique et chez les oi¬ seaux actuels, chez les Ratilœ (Aptéryx), Dromaius principalement. C’est surtout chez le Geococcyx Californianus qu’on en peut observer les traces les plus nettes. Pour pouvoir dire qu'on en trouve des restes chez les Mammifères, dans les ossa marsupiatia des Marsupiaux, il faut de nouvelles études. Cette intéressante question trouverait peut-être aussi sa solution dans l’étude de l’Embryogénie des Marsupiaux. D’autre part le pubis des oiseaux se trouvant déjà chez les Dinosauriens et étant donné, comme nous l’avons vu, que son apparition n'a pas été subite, nous pouvons ad¬ mettre en toute sécurité qu’il a existé une longue suite de générations de Dinosauriens et que c’est chez eux qu'on doit rechercher les premières traces de cet os. Nous sommes autorisés à espérer qu’avec le temps on découvrira des formes de passage de ce genre. Nous en arrivons donc à affirmer, que le pubis des oiseaux n'est pas homologue de celai des reptiles Cro- codiliens), mais qu'il s'est forme dans la série des Di¬ nosauriens ou meme peut-être chez leurs ancêtres . L’os pubis des Mammifères est-il l’homologue de celui des Reptiles ou de celui des oiseaux? C’est pour cette dernière manière de voir qu’on doit se prononcer. En effet, tandis que chez les Àmphibiens et chez les Reptiles les trois parties du bassin forment une masse unique, l’os pubis des oiseaux et des mammifères a une origine particulière et accuse ainsi ce caractère propre dont nous pouvons, comme nous l'avons vu, donner une explication approchée en nous basant sur des données phylétiques (paleontologiques). - 52 — Abstraction faite des rapports de Los pubis, le bassin des Dinosauriens nous offre encore, comme l’a montré Huxley, une particularité très intéressante, c’est la con¬ figuration de son ilium. Pour pouvoir la juger en connais¬ sance de cause nous devons nous reporter plus loin et nous rappeler la structure de l’ilium des Ampbibiens Urodèles. Là en effet, nous trouvons une lamelle osseuse simple et allongée qui, partant des vertèbres sacrées, se dirige transversalement en dehors et en bas, et perpen¬ diculairement au plan médian. Il est oblique chez les Lacertiliens et son grand axe est dirigé de la partie su- pero-postérieure, à la partie antero -externe. Une disposi¬ tion plus importante encore, excessivement accusée chez les Crocodiliens, consiste en une petite excroissance la- melleuse de l’os. On remarque encore à la partie anté¬ rieure de l’ilium des Lacertiliens et surtout des Crocodi¬ liens une protubérance en forme de pomme qui s’élève vers l’extéiieur au-dessus de l’Acetabulum et représente la première ébaucbe d’une partie proacétabulaire de Los ilium. Elle est plus développée chez les Dinosauriens où elle a une forme de palette : Il en résulte ce bassin em¬ brassant les vertèbres sacrées , qui caractérise les Rati- tœ et les Oiseaux en général. L’os ischion des oiseaux a un excellent représentant dans l’os homologue des Dinosauriens. Il n’y a entre eux que de très légères différences. Quant au sternum des Ornithoscélides et des Dinosau¬ riens en général, il devait être surtout cartilagineux, car ce n’est que sur des exemplaires tout à fait anciens qu’on en a constaté des parties ossifiées ; encore étaient- elles très réduites. On a trouvé chez un Dinoscturien du groupe des Sauropodes, le Brontosaurus excelsus. un sternum en place et en parfait état de conservation. Il se compose de 2 os plats, ovoïdes, convexes en avant et concaves en arrière ; ces deux os devaient pendant la vie être réunis entre eux et avec les coracoïdes leurs voisins, par un cartilage. La configuration de ce sternum ne dif¬ fère en rien de celle du sternum des jeunes autruches. — 53 — C’est, comme chez les oiseaux, une plaque large et unie, et sans trace de cette crête qui caractérise les Carinatœ. Cela dit, et pour peu que l’on tienne compte des rapports génétiques de la fourchette et de la crête du sternum chez les Carinatœ , l'absence complète d’appareil épister- nal ne paraîtra plus étrange. Il m’est impossible de m’ar¬ rêter plus longtemps à ce sujet, dont l’étude nécessiterait d'ailleurs un travail spécial. Chez les Ornithoscelides les os des extrémités présen¬ taient de grandes cavités médullaires ; le pied possédait trois doigts bien développés, pas de 5e doigt, mais un ru¬ diment de 1er. On y distinguait deux rangées d’os du tarse, dont l’une avec un astragale et un calcanéum. Les traces de pas que nous avons mentionnées plus haut ne peuvent, à cause même de leur forme, être attri¬ buées qu'aux Ornithoscelides. On voit en outre de place en place de légères traces dûes à de petites extrémités antérieures qui effleuraient le sol comme cela se produit chez les Kangourous durant le saut. La mâchoire inférieure ne portait pas de dents, ses deux parties n’étaient pas réunies par une symphyse. L'extrémité antérieure était munie de 5 doigts et de 9 os du carpe. Tous les Ornithoscelides herbivores sont loin d’atteindre les dimensions des Sauropodes. Les divers exemplaires trouvés jusqu’à ce jour ne mesurent pas plus de 10 à 12 pieds de longueur. Il faut toutefois en excepter les genres Laosaurus et Camptonotus d’Amérique, et les genres européens Iguanodon et Hypsilophodon. J'en arrive maintenant aux Stégosauriens (Marsh), 3e groupe des Dinosauriens. Ils sont surtout caractérisés, comme nous l’avons vu plus haut, par leur squelette externe monstrueux, armé de piquants, qui devait leur être d’un grand secours pour la défense et pour l'attaque. A droite et à gauche delà colonne vertébrale, il y avait une ou plusieurs rangées de productions osseuses qui me¬ suraient jusqu’à 1“ de longueur. Ils possédaient en outre — 54 — des piquants osseux qui atteignaient jusque 63 centim. de long et reposaient sur les apophyses épineuses des vertèbres caudales. Ces dernières étaient de beaucoup les plus développées de la colonne vertébrale. Il n’est pas non plus invraisemblable que des piquants de cette nature s’implantaient au niveau du poignet et constituaient des armes terribles pour l’attaque. Gomme je l'ai dit ci-dessus, les Stégosauriens diffé¬ raient des groupes précédents par leurs extrémités. C’étaient les membres postérieurs qui servaient surtout à la locomotion. Cependant, quoique deux fois plus courts que les membres postérieurs , les extrémités antérieures n’en étaient pas moins de très robuste complexion et de¬ vaient avoir un rôle important comme organes de dé¬ fense. Le fémur très massif avait à peu près deux fois la longueur du Tibia et du Péroné ; mais ce qui est surtout intéressant c’est que l’astragale était soudé au tibia, ce qui se produisait aussi quelquefois pour le Calcanéum et le Péroné. Cette particularité étant caractéristique du pied des oiseaux, c’est chez eux que nous trouvons les points de comparaison les plus sérieux. Cependant, il existe des faits qui nous montrent à n’en pas douter qu'il y a tout un abîme entre les oiseaux et les Stégosauriens. De ce nombre sont les 5 doigts des deux extrémités et la forme du crâne. De plus les phalanges larges, émoussées, sans griffes rappellent celles des Ongulés. La tête est petite et a la forme de celle des Lacerti¬ liens, , forme que nous avons déjà signalée chez les Dino- sauriens types, les Ornithoscelides. C’est surtout du genre actuel Hatteria de la Nouvelle- Zélande qu’ils se rapprochent à ce point de vue. Les os carrés étaient soudés invariablement au crâne et il existait un arc quadrato jugàl. Les maxillaires étaient courts et massifs et sur une coupe on voit toute une ran¬ gée de dents, 5 par exemple, reposant les unes sur les autres dans la cavité du maxillaire. Leur forme cylin¬ drique dénote un régime herbivore. La forme de Tllium des Stégosauriens est absolument caractéristique. Sa portion proacetabulaire s’étend plus loin que chez aucun autre Dinosaurien et même que chez aucun oiseau. Son bord supérieur s’infléchit sur la co¬ lonne vertébrale et s’insère à l'arc neural du Sacrum. De cette façon, les intervalles compris entre deux apophyses transverses successives sont, comme chez les oiseaux, complètement recouverts du côté dorsal, et le bassin vu par la partie postérieure apparaît comme une lame osseuse homogène et large. La portion postacetabulaire de l’ilium est courte et mesure à peine un tiers de la longueur de la partie proa¬ cetabulaire. Le pubis et l’ischion ne différent pas des formes décrites pour les Ornitlioscelides ; ils sont courts et ramassés, surtout l’ischion qui est étroitement relié à la partie postpubienne du pubis. Le moule interne de la cavité crânienne des Stégosau- riens , nous ayant permis de nous faire une idée approxi¬ mative de leur cerveau, nous devons en dire quelques mots. Le cerveau est extraordinairement petit eu égard aux dimensions du corps de ranimai, il est plus petit que ce- lui d’aucun vertébré actuel. En représentant par -^-lerap port des tailles d’un Alligator et d’un Stégosaurien, le cerveau de ce dernier devrait être au cerveau de l’alli¬ gator dans le rapport de 1 à 100. En réalité, le rapport absolu des deux cerveaux est de — 1U Ce cerveau était comprimé dans le sens de la longueur. Il présentait des hémisphères peu volumineux, un cere- bellum tout petit, des lobes olfactifs et des nerfs optiques bien développés. Il atteignait à peine la largeur de la moelle ; pour la taille comme pour le reste c’est plu¬ tôt un cerveau de Lacertilien qu'un cerveau d’oiseau. Dans le groupe des Sauropodes , le Morosaurus pré¬ sentait un cerveau un peu plus développé. Nous ne pou¬ vons nous y arrêter. Une particularité plus intéressante encore que l’anato¬ mie du cerveau nous est offerte par le Canal sacré chez — 56 — Morosaurus. Il est au moins 2 à 3 fois plus large que le crâne, il l’est 10 fois plus chez Stegosaurus. Il constitue un espace de forme ovale, bien distinct du reste du canal vertébral , et représente comme une deuxième cavité cérébrale très développée. Aucun vertébré ne nous présentant cette grande ca¬ vité destinée à loger une sorte de cerveau sacré, il nous est difficile d’en donner une explication satisfaisante. On peut cependant pour élucider la question, tenir compte du grand développement des membres postérieurs et voir dans cette hypertrophie de la moelle en ce point l’homologue de YIntumescentia lumbalis et brachialis des autres vertébrés. Un doute nait à ce sujet si l'on réfléchit à ce fait que chez certains Dinosauriens (Camptonotus par ex.), chez lesquels la même disproportion existe entre les membres inférieurs et postérieurs, la dilatation ner¬ veuse au niveau du sacrum n’atteint pas le 1/4 de celle du Stegosaurus. Un fait intéresant et qui est en parfait accord avec ce que nous savons du développement du cerveau est que cette cavité sacrée est relativement, plus grande chez les jeunes Stegosauriens que chez les Stegosauriens adultes. Quelque tenté qu’on soit de se livrer à des spéculations plus larges sur ce thème, il faut reconnaître que le maté¬ riel nous manque et nous contenter de constater que, chez cesêtres, une structure spéciale des membres a amené la localisation de la partie la plus importante du système nerveux à la partie postérieure du corps. C’est à la fin de la période crétacée que s’éteignirent les derniers Dinosauriens ; avec eux se terminait l’ère des Reptiles ; les gros Mammifères tertiaires venaient prendre leur place. Un coup d'œil jeté sur les animaux fossiles de l’Amé¬ rique suffit pour nous convaincre que ce ne sont que les derniers vestiges d'une faune puissante, qui peuplait la terre à un moment déterminé, qui sont parvenus jusqu’à nous. On en sera plus convaincu encore lorsqu'on aura — 57 — jeté les yeux sur ces immenses ossuaires que les Anglais ont découverts dans l’Afrique méridionale durant ces trente dernières années. C’est là en effet, qu'on retire des couches triasiques des Reptiles à têtes d'Hippopotames, qui a défaut de dents présentent un bec corné comme les Tortues ou au contraire sont munis de mâchoires puis¬ santes comme les Mammifères. [Dicynoclontia) . J’aurai peut-être un jour l'occasion de porter plus spé¬ cialement mon attention sur ces nouvelles données palé- ontologiques. Dans un mémoire, qui paraîtra sous peu, je parlerai des oiseaux Dentés (Zahnvôgel) de l’Amérique, ce qui me fournira l’occasion de revenir sur les Dinosau- riens, pour préciser davantage le sens de leur évolution et la comparer avec celle des oiseaux Dentés. SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE DES FACULTÉS. LA FACULTÉ DES SCIENCES. La rentrée solennelle des Facultés a eu lieu à Lille, le mercredi 23 novembre, dans la salle de THippodrome, sous la présidence de M. Carré, inspecteur d’ Académie. Monsieur le Directeur de l’enseignement secondaire assistait à cette cérémonie où il représentait le Grand Ministère qui depuis... mais alors il était triomphant. (1) Sur l’estrade avaient pris place : MM. les Inspecteurs d’Académie, les Doyens, les Directeurs des écoles prépa¬ ratoires d’Arras et d’Amiens ; les Professeurs des Facul¬ tés de Droit, de Médecine, de Science, des Lettres ; les (l) Grâce à la lenteur magistrale avec laquelle il se publie à Douai, le Rapport annuel de rentrée des Facultés ne nous a été distribué qu’en janvier ; grâce à la rapidité avec laquelle se succèdent les ministères , M. Foncin, qui venait d’être nommé directeur de l’enseignement secon¬ daire, n’occupe déjà plus ce poste aujourd’hui. — A. G. 5 53 - Proviseurs et Principaux, les Professeurs des Lycées et Collèges, les Inspecteurs primaires et les Directeurs d’Ecole normale. On remarquait dans l’assistance, M. le Général Lefeb¬ vre, commandant en chef, M. le Préfet, M. le Maire de Lille, M. Rigaut, adjoint, M. le Général de division, M. le Secrétaire général de la Préfecture, M. le Procureur de la République, M. le Colonel des chasseurs, MM. les Conseillers municipaux, etc., etc. Après les discours d'usage en l’honneur des autorités du jour, MM. les Doyen des diverses Facultés ont suc¬ cessivement exposé les travaux accomplis par les éta¬ blissements dont ils sont les représentants officiels. Nous reproduisons ci-après les principaux points du rapport de M. Yiollette, Doyen de la Faculté des Sciences. Mais qu’il nous soit permis auparavant de rappeler ce que nous écrivions, il y a deux ans, à pareille époque; les abus que nous signalions n’ayant pas cessé d’exister. « On est trop disposé actuellement , disions-nous , à diviser les Facultés des Sciences en deux caté-. gories. La première renferme la seule Faculté de Paris qui obtient toutes les faveurs et tous les crédits sans parler des avantages particuliers dont jouissent ses pro¬ fesseurs ; l'autre comprend toutes les Facultés de province sur lesquelles on fait passer le niveau égalitaire de la misère et du dédain. » L’apparente équité avec laquelle on répartit unifor¬ mément entre les différents centres les allocations et les moyens d’étude , est au fond une profonde injustice et un gaspillage regrettable de ressources déjà trop limitées. N’est-il pas évident , en effet , que tandis que certaines Facultés sont de toute nécessité condam¬ nées à périr de leur belle mort, malgré les récriminations des villes intéressées, d’autres montrent au contraire une activité pleine de promesses pour l’avenir ; tandis que dans certains points du territoire un personnel ensei¬ gnant improductif est rendu plus inproductif encore par les conditions de milieu, ailleurs le plus fécond enthou- — 59 — siasme et les circonstances ambiantes les plus favorables tendent à faire naître des centres universitaires, sembla¬ bles à ceux que possède l’Allemagne, et qui n’attendent pour se constituer d'une façon définitive que les encoura¬ gements plus réels et la sage sélection de nos gouver¬ nants. » La Faculté de Lille est évidemment du nombre de ces centres , tout l’indique et le nombre des élèves qu’elle forme chaque année et l’importance des travaux publiés par ses professeurs. C’est ce qui ressort des pages sui¬ vantes que nous nous faisons un devoir de transcrire : enseignement general. — La création d’une seconde chaire de chimie, l'augmentation du nombre de maîtres de conférences ont permis de donner à notre enseigne¬ ment tout le développement qu’il comporte. Aussi les effets de ces heureuses améliorations n’ont point tardé à se faire ressentir sur nos examens de licence qui n’ont jamais été plus satisfaisants. Nos boursiers au nombre de 11 cette année, ont large¬ ment profité des facilités qui leur étaient accordées, ce sont : Pour les sciences mathématiques : MM . Adam , 2e année . Carpentier , lre année. Delory, id. Godfrin . id. Paillart , id. Pour les sciences physiques : MM. Aubert, lre année. lre année. Basin , id. Gir , id. Guilbert , id. id. id. Pour les sciences naturelles : MM . Billet , lre année. Dutilleul , id. Wertheimer, id. — GO — Ce dernier a succédé àM. Dutilleul nommé pendant le second semestre, préparateur du cours de zoologie. Nous n’avons eu qu’à nous louer de l’exactitude, de l’application de ces jeunes gens ; aussi leur ardeur pour le travail a-t-elle reçu sa récompense : M. Adam, à la fin de sa seconde année, a conquis avec distinction le grade de licencié-ès-sciences mathéma¬ tiques ; MM. Aubert, Gir et Guilbert, déjà licenciés ès-sciences mathématiques, ont obtenu, après une seule année d'études, et à la suite de brillants examens, le grade de licenciés-ès-sciences physiques . M. Aubert vient d’obtenir une bourse d’agrégation à Paris, en même temps qu’un de nos anciens boursiers, M. Macquin, et nous avons l’espoir que l’année pro¬ chaine, ils remporteront brillamment lts palmes de l’agrégation. MM. Gir et Guilbert sont actuellement chargés de cours dans nos lycées, et M. Delory est professeur dans l’un de nos collèges du ressort. L’augmentation du personnel qui comprend aujour¬ d'hui huit professeurs et quatre maîtres de conférences, nous a permis d’entrer en relations suivies avec un certain nombre de correspondants du dehors. 4 candidats au doctorat. 5 — à l’agrégation des sciences mathématiques. 3 — — — physiques. 22 — — de l’enseignement spécial. 13 — pour la licence ès -sciences mathématiques. 13 — — — physiques. 10 — — ' — naturelles. 80 Quatre-vingts candidats en totalité se sont donc placés sous nos auspices pour la direction de leurs études. Nous nous étions réjouis tout d’abord de ce zélé pour les hautes études ; mais nous n’avons pas tardé à reconnaître que beaucoup de nos correspondants avaient trop présumé de leurs forces , et cette ardeur, qui avait brillé au début d'un si vif éclat, s'est bientôt ralentie , et même pour le plus grand nombre s'est éteinte. Cinq ou six au plus de nos correspondants nous ont envoyé des devoirs , et je me plais à reconnaître que quelques-uns étaient très bons (1). Je citerai, parmi les plus assidus pour les licences : MM . Stordeu , professeur à Château-Thierry» Siomboing , — Croix , — Legrand , — Mériaux , — Bouve , — Darras . — à Saint-Amand. à Saint-Amand. à Avesnes. à Dunkerque, à Valenciennes, à Boulogne. Les conférences seules de plij'sique , instituées pour l'agrégation , ont été suivies assidûment par MM . Offret , professeur à Valenciennes. Gossart , — à id. Gosselin, — à Saint-Quentin. Nous avons vu avec satisfaction que deux de ces jeunes professeurs, MM. Offret et Gossart ont été reçus agrégés pour les sciences physiques. Ces modestes résultats , eu égard au grand nombre de nos correspondants n'ont rien qui doive nous sur¬ prendre; car la bonne volonté ne suffit pas toujours (l) Je ne puis m’empêcher de faire remarquer ici combien il est illusoire d attendre un résultat quelconque des devoirs envoyés par les candidats ès- sciences physiques et naturelles. Sans la fréquentation des laboratoires, il est absolument impossible d'arriver à un résultat sérieux dans l'étude de ces sciences. En admettant, ce qui est douteux, qu un jeune homme puisse acquérir quelques connaissances en copiant ou en résumant un chapitre d’un traité de Chimie, de Botanique, de Zoologie, est-il légitime d’imposer à un pro¬ fesseur de Faculté l’ennui déliré et d'annoter de semblables compilations. La plupart de nos candidats, maîtres d'études ou professeurs de col- Ilèges , s’empressent , pour faire du zèle auprès du Rect°ur qui nous transm t leurs devoirs, de nous envoyer des volumes de copie dont il serait :ruel de nous infliger la lecture. g — 62 — \ pour aborder les hautes études de mathématiques et de physique; il faut y joindre une sérieuse préparation. Aussi ne saurions- nous trop recommander à nos corres¬ pondants futurs de ne point s’engager dans cette voie difficile , avant de s’être familiarisés avec l’ensemble des connaissances exigées pour l'entrée aux écoles polytech¬ nique et normale. COLLATION DES GRADES. — BACCALAURÉAT ET LICENCE. — 450 candidats se sont présentés cette année devant ls Faculté pour l’obtention des diplômes de bachelier et de licencié ès-sciences. Le nombre des admis à ces divers grades se décom¬ pose comme suit : 137 pour le baccalauréat commplet , J 12 — restreint , 160 11 — licence , ) Soit une moyenne d’environ 35 . 55 p. 0/0. Les candidats admis au grade de licencié sont : 1° Mathématiques : MM. Barthélemy , professeur à Armentières. Compagnies, maître-répétiteur au Lycée de Lille. Leheurtre , id. idf Adam , boursier de la Faculté. Janssens, étudiant à Qaris 2° Sciences physiques : MM. Aubert , boursier de la Faculté. Gir , id. id. Guilbert , id. id. 3° Sciences naturelles : MM. Maurice (Jules), étudiant. Maurice (Charles) id. Bonnier, id. tous les trois , élèves des laboratoires de zoologie et c botanique. — 63 — Doctorat. — M. Damien , agrégé de l’Université , chargé des fonctions de maître ne conférences de phy¬ sique et M. Meniez , docteur en médecine , ancien pré¬ parateur de zoologie et actuellement maître de confé¬ rences à la Faculté de Médecine , ont soutenu avec la plus grande distinction leurs thèses pour le doctorat ès-sciences physiques et naturelles. Mus par un sentiment de délicatesse et de convenance, ces Messieurs, à l’exemple de leurs devanciers , sont allés demander à Paris la consécration de leurs travaux exécutés tout entiers dans nos laboratoires et sous les auspices de la Faculté. On trouvera plus loin , dans la liste des travaux des professeurs , les sujets de ces deux thèses. enseignement pratique. — Nos laboratoires ont été fréquentés par des jeunes gens studieux dont le nombre croissant chaque année se trouve forcément limité par l’exiguité des locaux affectés aux exercices pratiques. Contrairement à ce qu’on aurait pu supposer dans un pays aussi industriel que le nôtre, ce sont principalement les sciences naturelles qui attirent la jeunesse. Tout le monde connaît l’importance considérable qu'a prise depuis longtemps déjà , sous l’habile direction de notre éminent collègue M. Gosselet, la Société Géolo¬ gique du Nord de la France, et les services quelle a rendus et qu’elle rend chaque jour à la Science et à l’industrie houillère. Cette année, des excursions géolo¬ giques ont été faites dans le terrain jurassique des Ardennes , dans le terrain crétacé de Mons et dans les terrains tertiaires des environs de Paris. L’institut zoologique dirigé par M. Giard a attiré égale¬ ment un nombre considérable d’élèves, qui venaient s’initier aux idées nouvelles professées avec tant de talent par notre collègue. On y trouve même cette année des professeurs étrangers qui viennent se familiariser avec les méthodes du maître. Lorsque en 1874 le laboratoire de zoologie lut trans- — 64 — porté dans la maison qu’il occupe actuellement rue des Fleurs, il semblait que cette installation nouvelle dût être parfaitement suffisante, tant elle réalisait un progrès con¬ sidérable sur l’état de choses antérieur. Mais l’impulsion donnée aux études zoologiques dans notre ville était telle que l’exiguité des locaux de la rue des Fleurs devenait ma¬ nifeste pour tous. La création de la station maritime de Wimereux vint encore augmenter notre embarras. Il fallut en effet loger à Lille la bibliothèque qui ne peut séjourner pendant l’hiver dans un local légèrement construit et exposé à toutes les intempéries du littoral. Il fallut aussi un espace considérable pour y accumuler les collections précieuses, fruit des explorations maritimes du Directeur et des échanges effectués avec les autres stations zoologiques françaises et étrangères. Nous avons pleine confiance dans l’esprit généreux de nos populatious du Nord et nous espérons qu’une entente ne tardera pas à s’établir entre la ville de Lille et M. le Ministre de l’Instruction publique pour donner à l’ensei¬ gnement si prospère de la zoologie une installation plus digne du renom scientifique qu’ont légitimement conquis à l’étranger l’Institut zoologique de Lille et la station ma¬ ritime de Wimereux. Trente-deux personne ont travaillé cet été à la station de Wimereux. Ont été admis au laboratoire d’Étude : MM. Bartholomès ; Becquet, préparateur d’Histoire naturelle à la Faculté de Médecine ; Billet (Henri), boursier; Collet ; Ccquart ; D Jplanque ; Dutilleul, préparateur de Zoologie à la Faculté des Sciences ; L guy prépara eur d’Hislol gie à la Faculté de Medecine ; Lignier (Ociave), préparateur de Botanique à la Faculté des Sciences ; Lig uer (Charlesl ; Pr d h oui me ; Sain -Quentin Vsour^r : — 65 — MM. De Sède ; Trachet , boursier ; Wertheimer, boursier ; Zègre ; Tous étudiants près la Faculté des Sciences de Lille . MM. Desjardins ; Hudelot ; Mosny ; Salmeron ; * • Etudiants des Facultés de Paris. Ont été admis au laboratoire de recherches : M. de Linarès , professeur à l’Université de Madrid, envoyé en mission par le gouvernement espagnol. M. le docteur Ch. Julin, assistant d’embryologieà l’Uni¬ versité de Liège, envoyé en mission par le gouvernement belge. Mrae Chaplin Earston, de Londres, docteur en médecine de la Faculté de Paris. M. A. Brumauld de Montgazon , chef des travaux d’histoire naturelle à la Faculté de Médecine de Paris. M. Deladerrière, avocat à Valenciennes, M. Bonnier , licencié ès-sciences de la Faculté de Lille. M. Rogghé, dessinateur attaché au laboratoire. Enfin nous avons été heureux d’encourager le zèle d’amateurs sérieux tels que MM. Emile et Fr. Walker, de Lille, Boulanger, de Valenciennes, qui consacrent à la science les rares loisirs que leur laisse la direction de grands établissements industriels. Si nous sommes heureux de constater le développe¬ ment croissant de notre station maritime etles magnifiques résultats scientifiques obtenus dans cet établissement , nous sommes obligés de regretter une fois déplus l’exiguité des ressources qui sont allouées chaque année au directeur du laboratoire. Les frais augmentent en raison du nombre plus grand de travailleurs ; la publication des résultats des recherches - 66 — entraîne aussi des dépenses considérables et le laboratoire ne vit encore que d’aumônes. Cette année sur la proposi¬ tion de M. de Lanessan qui avait pu juger par lui-même de l’étendue de nos besoins pendant un séjour de plusieurs mois à Wimereux, le conseil municipal de Paris nous à accordé une subvention de 500 fr. C’est un encourage¬ ment bien précieux et un exemple que nous voudrions voir suivi plus près de nous par les conseils généraux du Nord et de Pas-de-Calais. C’est avec la plus vive satisfaction que nous enre¬ gistrons le succès aux examens de doctorat de M. Moniez, préparateur de zoologie a la b acuité des Sciences. Sa thèse est comme celle de ses prédécesseurs MM. Ch. et J. Barrois et Hallez , un travail considérable soigneuse¬ ment et longuement élaboré dans nos laboratoires de Lille et de Wimereux. Elle nous prouve que la pépinière de licenciés formés chaque année par nos professeurs d’histoire naturelle, après avoir été soumise à une sévère sélection , fournit à la science des adeptes sérieux dont les travaux jouissent partout d’une juste considéra¬ tion. Ce n’est pas sans un légitime orgueil que nous appre¬ nions il y a quelques jours à peine la nomination de M. J. Barrois comme directeur du loboratoire de zoolo¬ gie maritime récemment établi à Villefranche. M. Bai- rois continuera sur les côtes du Midi , les belles recherches qu'il a naguère commencées h Wimereux et les liens d’amitié qui 1 unissent à son ancien Maîtie nous sont un sûr garant de l’appui mutuel que se prête¬ ront les stations sœurs du Pas-de-Calais et de la Médi¬ terranée. ^ Les études botaniques , si longtemps délaissées à Lille, ont pris, grâce au zèle et à l’initiative de M. le professeur Bertrand, un développement tout -à -lait inattendu dans notre région. L’année dernière des travaux ont été executes par la ville pour doubler l’espace consacré aux travailleurs. Mais bientôt cet espace s’est trouvé trop restreint ; grâce à un subside \ — 67 - de l’État et de la Ville , de nouveaux locaux vont être mis à la disposition de nos élèves , dont le nombre s’est élevé à 22 pendant l’année scolaire qui vient de s’écouler. Nous voyons avec la plus vive satisfaction les nouvelles doctrines du professeur se répandre à l’étranger ; un jeune docteur ès-sciences de l’Université de Bruxelles , M. Gravis , ayant obtenu une bourse de voyage , après être venu étudier à Lille les nouvelles méthodes de recherches qui résultent des travaux de M. Bertrand , fut appelé par le savant professeur de botanique de l’Université de Liège, M. Edouard Morren , en qualité d’assistant , pour enseigner à ses élèves les méthodes de Lille. L’enseignement de M. Gravis a obtenu un tel succès que le gouvernement belge fait imprimer en ce moment les conférences faites à l’Université de Liège. TRAVAUX DES PROFESSEURS. Mathématiques. — M. Boussinesq , professeur, a présenté à l’Académie des Sciences , et publié dans les Comptes-rendus de cette Académie , trois articles de physique mathématique. Le premier est relatif aux développements , en série , que cette science emploie constamment pour décompo¬ ser en termes d’une certaine forme les fonctions arbi¬ traires exprimant l’état initial des corps. M. Boussinesq établit la légitimité de ces développements, en montrant que leur convergence est due à la graduelle variation de l’état physique , toujours supposée , en vertu de laquelle cet état est , à chaque instant , sensiblement le même pour des milliards de molécules voisines n’occu¬ pant qu’une portion imperceptible de l’espace. Le second article traite de la manière dont la pression exercée en un point de la surface d’un solide se transmet à l’intérieur de ce corps , à travers ses couches de matière parallèles à la surface. 11 y est démontré que chaque partie d’une couche quelconque supporte , par — -68 — unité d’aire , une pression , proportionnelle à celle qu’on exerce du dehors , dirigée exactement à l’opposé du point d’application de celle-ci , et en raison composée inverse du carré de la distance à ce point et du carré du rapport de cette distance à la profondeur de la couche au-dessous de la surface. Enfin , le troisième article est consacré à une loi de réciprocité curieuse , concernant les abaissements que produisent, soit sur un sol élastique infiniment épais, soit , au contraire , sur une plaque mince circulaire et horizontale , appuyée ou encastrée sur tout son contour, deux charges égales , réparties arbitrairement le long de circonférences concentriques. Chacune de ces charges fait naître , au point où est déposé l'autre , un égal abaissement moyen de la surface ; et il en résulte , par exemple , qu’un poids déposé sur la plaque élastique, à une distance quelconque de son centre , produit en ce centre le même abaissement (ou la même flèche qu’il produirait à l'endroit où il se trouve) si on l’en ôtait pour le déposer au centre. M. Boussinesq a publié encore , dans le Journal de Mathématiques pures et appliquées , un mémoire sur les séries trigonométriques , où il a tâché de réduire au maximum de simplicité la démonstration de ces séries importantes , d’un usage continuel en physique ; et il y a joint diverses considérations sur l’emploi de la formule de Fourier, en laquelle ces séries dégénèrent quand, leurs termes devenant infiniment petits , elles prennent la forme d’une intégrale définie. Il a , en outre , fait paraître , dans le Recueil de la Société des Ingénieurs civils de Londres , un article sur la poussée exercée par un terre-plein horizontal , contre un mur vertical qui le soutient , et sur l’épaisseur minimum à donner à ce mur. Cet article a été composé à la demande du savant secrétaire de la Société, M. James Forrest, qui a eu recours à notre collègue pour expliquer le fait , paradoxal en apparence , mais récemment cons¬ taté, de murs en bois soutenant effectivement dessables, — 69 — dans des conditions où la théorie , classique en Angle¬ terre , de l’illustre et regretté Macquorn-Rankine , indi¬ quait que leur épaisseur était très insuffisante pour cela. M. Boussinesq y montre qu’il avait résolu implicitement cette difficulté bien avant que l’expérience l’eût mise en vue ; car il résulte d’un article présenté par lui , à l’Aca¬ démie des Sciences , le 4 avriH870 , que , lorsqu’on tient compte non seulement du frottement intérieur des terres, mais aussi de leur frottement contre les murs (ce que Rankine avait négligé de faire), l’épaisseur minimum cherchée reste conforme à ce qu’indiquent les observa¬ tions , et qu’elle n’a jamais besoin de dépasser le tiers environ de la hauteur, le mur fût-il d’une matière infini¬ ment légère , tandis que la théorie de Rankine fait croître , dans ce cas, l’épaisseur du mur jusqu’à l’infini. Enfin , M. Boussinesq a inséré dans l’édition française des Leçons sur 1' élasticité , de Glebsch , publiées chez M. Dunod , par MM. de Saint-Venant et Flamant , une note étendue et originale Sur V application des potentiels à V étude de l'équilibre intérieur des solides élastiques ; et il a traité en outre, pour le même ouvrage , un certain nombre de problèmes , touchant les déformations de plaques épaisses fléchies de diverses manières, touchant le partage du mouvement et de la force vive qui se fait, dans les corps libres ou pivotants que d’autres viennent heurter, entre les translations ou rotations d’ensemble ultérieures et les vibrations de diverses périodes pro¬ duites par le choc, etc. M. Souillart professeur, a publié cette année une nou¬ velle Théorie analytique des mouvements des satellites de Jupiter. Ce travail, dans lequel il a résumé toutes ses recherches sur la question , fait partie du tome 45 des Mémoires de là Société astronomique de Londres . Physique. — M. Terquem , professeur, a publié , dans les Comptes rendus de l'Institut , une note sur l’équi¬ libre des liquides dénués de pesanteur. Il existe , parmi les surfaces qui limitent ces liquides un certain nombre — 70 — de surfaces de révolution, dont la plupart ont été étudiées et réalisées par Plateau , d’abord avec de l’huile mise en suspension dans un mélange d'alcool et d’eau de même densité , puis avec le liquide glycérique ; en modifiant légèrement les appareils employés, M. Terquem a comblé les lacunes laissées dans cette étude par l’éminent phy¬ sicien de Gand. Il a en outre trouvé des faits nouveaux relatifs aux modifications que subit une surface de révo¬ lution , astreinte à passer par des contours fixes , quand on fait varier la masse d’air qui y est renfermée. Cette étude n’est pas encore complètement terminée , tant au point de vue expérimental qu’au point de vue théo¬ rique. M. Terquem a été chargé de la rédaction d’un article sur la théorie des phénomènes capillaires , destiné à l’en¬ cyclopédie de chimie publiée sous la direction de M. Frémy. M. Terquem a été désigné par M. le Ministre des postes et télégraphes , pour faire partie du congrès des électriciens et du jury destiné à décerner les récom¬ penses à l’occasion de l’Exposition d’électricité. M. Damien , maître de conférences a publié dans les Annales de l’École normale supérieure un mémoire ayant pour titre : Recherches sur le pouvoir réfringent des liquides. Nous avons publié une analyse de ce travail qui a valu à son auteur le titre de docteur és-sciences physiques devant la Faculté des Sciences de Paris (1). Chimie.— M. C. Viollette, professeur de chimie in¬ dustrielle, a publié les analyses des eaux industrielles de Roubaix et de Tourcoing en vue de leur épuration. Ce travail intéresse non-seulement notre région, mais encore toutes celles dans lesquelles s’effectue en grand le travail de la laine. (1) Voir Bulletin scientifique 1881, N° 12 pag 318 et suiv., l’analyse par M. Gossart de la thèse de M. Damien. — 71 M. Ed. Wilm chargé du cours de chimie générale a publié cette année les travaux suivants : Analyses des eaux minérales de Luxeuil (Haute- Saône). Analyses des eaux minérales de Plombières (Vosges). Analyses des eaux minérales de Bourbonne-les- Bains (Haute-Marne). Ces analyses ont été publiées dans le tome X, 1881, du Recueil des travaux du comité consultatif d'hygiène de France. Il a en outre collaboré à diverses publications telles que : Dictionnaire de chimie pure et appliquée. (Supplé¬ ment). Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. Bulletin de la Société chimique de Paris. M. Duvilier et M. Buisine, préparateur, ont publié: 1° Dans les Annales de physique et de chimie, leur travail in-extenso sur la préparation des ammoniaques composées. 2° Dans les Comptes-rendus de l'Académie des Scien¬ ces , une note sur la séparation des ammoniaques com¬ posées, en réponse à une note de M. Eisemberg sur le môme sujet , publiée dans le Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft. Géologie et minéralogie. — M. Gosselet, professeur, a publié les travaux suivants : 1° Le Plateau de La Capelle , étude de géographie physique. 2° Description géologique du canton du Nouvion. 3° Troisième note sur le Famennien. 4° Esquisse géologique du département du Nord et des contrées voisines, 2n,e fascicule qui traite des ter¬ rains secondaires, M. Charles Barrois, maître de conférences, a publié cette année : — 72 — 1° Note sur les fossiles Hercyniens de Cathervieille (Hautes-Pyrénées). Bull. soc. géôl. de France , T. 8, ; 66, . ï'iA 2° Note sur les Schistes paléozoïques des Asturies. Assoc. franc, pour havane, des sciences, Alger. 3° Etude des roches cristallines de la Bretagne. Ann. soc. gèol. du Nord , T. 8, p. 90. 4° Analyse critique du mémoire de Dutton sur les Hauts-Plateaux de l’Utah : Revue scientifique , 6 Août 1881. M. Ach. Six, préparateur, a publié : 1° Une note sur le Lias de l’ouest des Ardennes et de l’Aisne. 2° Des observations sur le Lias des Ardennes. Botanique. — M. Bertrand, professeur, a publié cette année : 1° Un mémoire intitulé : « Définition des Membres des Plantes vasculaires. » Ce mémoire est la première application de la théorie qu'il a publiée l’an dernier. Aux définitions vagues qui sont en usage dans la botanique, M. Bertrand arrive à substituer des défi¬ nitions précises, rigoureuses , qui assurent désormais à la science qu'il étudie une base solide. Ce nouveau travail de M. Bertrand est une œuvre synthétique complète qui résume toutes ses recherches et toutes celles de ses prédécesseurs sur la question jusqu’alors si controversée des caractères auxquels il faut avoir recours pour déterminer les diverses parties de la forme végétale. 2° Une Analyse critique du Mémoire de M. Lotar sur r Anatomie comparée des Cucurbitacèes . Ce travail est en cours de publication actuellement. 3° Les premières Leçons de son Traité de Botanique à l’usage des candidats à l’agrégation et à la licence ès- — 73 — sciences naturelles. Dès le début de son livre, notre col¬ lègue sépare, ce qui n'avait jamais été fait, la nomencla¬ ture botanique de ce qui est la science botanique à pro¬ prement parler. L'ouvrage étant fait surtout dans un but pratique, chacune des leçons est accompagnée : 1" De V Indication des Manipulations que la Leçon comporte. 2° De I Indication des Questions orales qui peuvent être faites sur la Leçon. 3° De l Indication des principales Questions écrites qui peuvent être posées sur cette même Leçon. Muni de ces données, l’élève peut préparer presque seul les examens de la Licence et de l’Agrégation. Le traité de botanique de M. Bertrand est donc appelé à rendre à nos élèves les plus grands services. Le Journal mensuel de botanique que notre collègue a fondé compte près d'une année d'existence. Cette publi¬ cation a déjà donné des œuvres originales , des analyses critiques, des traductions qui sont fort appréciées de son public spécial. Nous souhaitons vivement vivement que cette publication continue à marcher comme elle a débuté. Il y a là une tentative de décentralisation qu’on ne saurait trop encourager. M. Bertrand a fait a 1 Association des Horticulteurs du Nord une série de Conférences élémentaires sur les Principes de la Physiologie végétale. Les élèves de nos écoles primaires , les élèves de nos lycées trouveront dans ces conférences un résumé simple, clair, net et pré¬ cis de l’état actuel de cette partie de la science. Parmi les travaux entrepris par les élèves du Labora¬ toire de botanique il en est un qui a été présenté comme thèse à lecole de pharmacie de Paris et qui a valu à son auteur, Mr Lotar, le grade de pharmacien supérieur et bientôt après la titularisation comme professeur de la Faculté de médecine et de pharmacie de Lille. La thèse de M. Lotar a pour sujet : « Anatomie comparée des Cucurhitacées . » Le jury chargé de l’examiner a adressé 6 — 74 — à M. Lotar les plus vives félicitations pour l’importance de son travail et pour la belle leçon dans laquelle il l’avait exposé. M. Lotar appliquant aux cucurbitacées les résul¬ tats des mémoires synthétiques de M. Bertrand, a fait connaître l’organisation familiale type de la famille qu il avait choisie pour sujet d’étude, les variations de struc¬ ture que ce type familial peut comporter d’un genre à l’autre, et les causes de ces variations. M. Lotar a com¬ plété ses recherches botaniques par quelques recherches chimico-phvsiologiques sur les principes actifs des Cucur¬ bitacées. M. Lignier, préparateur, termine en ce moment un mé¬ moire des plus importants sur X Anatomie des Calycan- t fiées. M. Debray , licencié ès-sciences , termine actuelle¬ ment ses Recherches sur l'Anatomie comparée des Pipe- racées. M. Gravis , docteur ès-sciences, met la dernière main à ses Recherches sur les Urticées. Zoologie. — M. le professeur Giard a publié : 1° Les Orthonectidà , classe nouvelle du phylum des Venues, mémoire en anglais , dans Quaterly journal of microscopical sciences. (Tome XX de la nouvelle série.) 2° Une note sur les éponges et les annélides qui occa¬ sionnent des dégâts sérieux dans les huürières P Ar ca¬ chou et du Morbihan. (Bull. sc. du Nord, février 81). 3Ù Une note sur les Champignons du groupe des Entomophlorêes. (Bull. sc. mai 81). 4° Matériaux pour la faune des Coléoptères du Nord. (Bull. sc. mai 81). 5° Une note sur l Embryogénie des Ascidies du genre Litlionephria . (Comptes-rendus de l’Académie, 6 juin 81.) — 75 — 6° Un mémoire sur un phénomène curieux de pré fé¬ condation observé chez les Spionides. (Comptes-rendus de l'Académie, 17 octobre 81). M. Moniez , préparateur à la Faculté des Sciences , a publié : y 1° Etudes sur les Cestodes , 5e note préliminaire sur l’Anatomie et l’Hortologie de ces animaux. (Bull. sc. du Nord, 1880, page 407.) 2° Deux notes sur un Spiroptère d'espèce nouvelle , l’autre sur le Tœnia Barroisii. (Bull. sc. du Nord. 1880.) 3° Une note sur les vaisseaux de V Abothrium Gadi. (Bull. sc. du N.) 4° Enfin M. Moniez a publié dans le Tome III , fasc. 2 des Travaux de l’Institut zoologique de Lille et de la station maritime de Wimereux , un important mémoire sur V Anatomie et V Embryogénie des Cestodes. Ce mémoire présenté comme thèse à la Faculté des Sciences de Paris, a valu à son auteur le titre de docteur ès-ciences natu¬ relles. M. J. de Guerne, licencié ès-sciences, a publié : 1° Méduses d'eau douce et d'eau saumâtre , d’après quelques travaux récents. (Bull. sc. du Nord, 1880). 2° Les yeux accessoires des Poisons Osseux , d’après M. Ussow, (ibid.) M. de Guerne a été avec un autre élève de notre Faculté des Sciences M. Théodore Barrois , adjoint à un voyage d’exploration scientifique en Norwège et en Laponie. Les résultats de ce voyage ne tarderont pas à être mis en lumière. M. le docteur Horst , de l’Université d’Utrecht, envoyé en mission à Wimereux par le gouvernement hollandais, a publié le résumé des études qu’il a faites dans notre laboratoire maritime , sous le titre de Recherches sur la fécondation et le développement d'Hennella alveolata. (Bull. sc. du Nord , janvier 81). — 76 — M. Ch. Maurice, licencié ès-sciences, a publié une note sur les Larves aquatiques de Lépidoptères . (Bull. sc. du Nord , avril 81). M. E. Colas, licencié ès-sciences, a entrepris au laboratoire une série de recherches expérimentales sur la nature tuberculeuse de certaines adénites consi¬ dérées comme scrofuleuses . Ces études de pathologie comparée ont valu à leur auteur le grade de docteur en médecine. M. F. Debray , licencié ès-sciences , a pu à la suite de nombreux séjours à Wimercux, dresser le Catalogue des Algues marines du Pas-de-Calais. Ce travail très consciencieux a été récompensé d’une médaille d'or par la Société des Sciences de Lille. Il sera publié dans le tome IV des Travaux de la station maritime de Wimereux . Personnel. — MM. Giard , professeur, chargé de cours de zoologie , et Bertrand , professeur, chargé de cours de botanique , ont été nommés professeurs titulaires par décret du 1er et du 19 février dernier. M. Paul Hallez , docteur ès-sciences naturelles , maître de conférences , a été, sur sa demande , transféré de la Faculté de Médecine à la Faculté des Sciences pour être attaché à la chaire de zoologie. Récompenses et Distinctions honorifiques — M. Willm , chargé du cours de chimie générale , a obtenu , au 14 juillet dernier, les palmes d’officier d'Académie. M. Gosselet , professeur de géologie , a obtenu le prix Bordin de l’Institut (Académie des Sciences) pour ses beaux travaux sur la géologie du Nord de la France M. Ch. Barroisa reçu une médaille d’or (Bigsby medal) de la Société géologique de Londres pour ses importants travaux géologiques. Au nom de la Faculté , j’adresse mes plus sincères félicitations , à nos collègues pour les flatteuses distinc¬ tions dont ils ont été l’objet. — 77 — Cours littéraires annexés a la Faculté des Sciences, — Ces cours littéraires annexés ont été suivis avec le même empressement que les années précédentes. * Les sujets des cours ont été : Histoire. — Professeur, M. A. Desjardins, doyen de la Faculté des Lettres de Douai : Etude sur le XVIII siècle. Littérature ancienne. — M. Courdaveaux , professeur à la Faculté des Lettres de Douai : La comédie à Athènes et à Rome. Littérature française. — M. Moy, professeur à la Faculté des Lettres de Douai : Le drame contemporain, ses origines depuis le XVIIe siècle. Littérature étrangère. — M. Bossert, professeur à la Faculté des Lettres de Douai : La vie et les œuvres de Lord Byron. Géographie. — M. Mamet, professeur d’histoire au Lycée de Lille : Découvertes faites au XIXe siècle dans l’intérieur de l’Afrique. (1) L’APTERYX Traduit du « Ward’s natural science Bulletin » , par J. BONNIER , licencié ès-sciences. On connaît maintenant quatre , peut-être cinq espèces de ce singulier oiseau ; toutes se trouvent dans la Nouvelle-Zélande , ce sont les suivantes : (1) Le succès croissant qu'obtiennent à Lille les cours littéraires annexés (certains professeurs y attirant quatre à cinq cents auditeurs, tandis qu'à Douai le vide se fait autour des chaires qu:ils occupent à la Faculté), nous ueirnet d espérer que l:idée de création d’un centre universitaire lillois n’est pas écartée d’une façon définitive et qu’elle s’imposera bientôt à l’attention de M. le ministre de l’Instruction publique. — 78 — Aptéryx Australis dans la partie centrale de File. » Mantelli dans le nord de l’île. » Oweni dans la partie centrale de File. » Maxima. id. » Haasti. id. L Europe 11e possède que trois exemplaires de VA. Haasti, et pas un seul de VA. Maxima dont il n'existe que deux spécimens. Cet oiseau est aussi grand qu’un dindon. A vrai dire , Y Aptéryx n'est pas aptère , mais les ailes n’ont que trois pouces dans leur longueur totale ; elles sont absolument cachées dans le plumage épais et soyeux qui revêt l'animal et au milieu duquel il n'est pas aisé de les découvrir. Cet oiseau a des habitudes absolu¬ ment nocturnes , il sort la nuit pour se mettre à la re¬ cherche des vers et des insectes dont il fait sa nourriture. Les lieux qu’il fréquente de préférence sont les plateaux couverts d’épais fourrés de fougères ; quand il y est pourchassé par les chiens , il se cache entre les racines ou se réfugie dans les crevasses des rochers. Sa vie retirée et nocturne constitue sa seule défense et est la seule raison qui empêche sa complète disparition. En fait , le nombre de ces animaux diminue très rapidement depuis la colonisation de File , et d'année en année , il devient de plus en plus difficile de s'en procurer. Les chiens et les chats sont leurs pires ennemis , car ils peuvent non seulement les découvrir par leur odeur, mais de plus les poursuivre jusque dans leurs retraites inaccessibles à l’homme. Si on ajoute à cette destruction constante qu’ils se reproduisent à de longs intervalles ; que la ponte n'est que d'un seul œuf, on peut prévoir facilement que la disparition de ces oiseaux est l'affaire d’un nombre comparativement restreint d'années. L’œuf de Y Apterix est une véritable curiosité ; quand on a remarqué sa grandeur, on ne s’étonne plus de ce que l’oiseau n’en ponde pas davantage. L’œuf est déposé dans un terrier si difficile k dé¬ couvrir, que dans un voyage d’un millier de milles à — 79 — travers la Nouvelle-Zélande, le professeur Ward n’a pu s’en procurer que deux exemplaires, Entre autres renseignements sur l’incubation du Kiwi, on affirme que l'oiseau se place au-dessous de l’œuf et non pas au-dessus. L’oiseau , dit-on, a l'habitude d’ense¬ velir son œuf à une certaine profondeur de la surface du sol ; il creuse alors son terrier par dessous jusqu’à ce qu’environ un tiers de l'œuf soit à découvert et vienne se reposer sur le dos de l’oiseau. D'après les observations faites sur les individus vivant au jardin zoologique , il semble prouvé que ces faits, ainsi que beaucoup de récits venant des indigènes , sont absolument faux , et que l'oiseau couve comme tous les autres. Très probable¬ ment, Y Aptéryx ne se reproduit que deux fois par an. Cet oiseau court et sautille et peut franchir des objets de deux ou trois pieds de haut. L’apparence extérieure de cet oiseau est tellement connue , que nous ne voulons seulement signaler que les particularités du squelette (1). Les narines sont situées à l’extrémité du bec qui est très long , et non pas sur les côtés et à la base comme dans les autres oiseaux. Les orbites sont très petites , profondément enfoncées dans le crâne , et leur bord n’est pas nettement délimité comme dans la plupart des oiseaux. La cavité cérébrale est de grandeur ordinaire , assez grande cependant , eu égard à la tête, à cause de la petitesse des orbites. Quelques-unes des sutures du crâne restent visibles pen¬ dant un temps considérable. Les vertèbres cervicales, au nombre de 16 , sont courtes et fortes et rappellent d’une façon frappante le gigantesque ancêtre des Aptéryx, le Moa. La dernière , porte une côte assez grande avec une aphophyse uncinée très grande. Quatre des huit vertèbres dorsales sont recouvertes par le bassin et la dernière qui est solidement soudée aux vertèbres sacrées, porte à son extrémité une petite côte. Les côtes sont, à ma connaissance , proportionnellement plus larges et (1) L'oiseau auquel s’appliquent les détails suivants est VA. Mantelli. — 80 plus applaties que dans tout autre oiseau. Quatre côtes sont réunies au sternum et aux cinq grandes apophyses uncinées antérieures. Par ces détails, Y Aptéryx se rapproche de l'autruche et s’éloigne beaucoup des Moas chez lesquels les côtes sont arrondies et présentent de très petites apophyses uncinées. Le sternum a les carac¬ tères de celui des Dinornis qui est légèrement convexe. Le coracoïde et le scapulum sont soudés ; il n'y a qu’un seul doigt dans l’aile. Le bassin est long , étroit et très applati et par ce point il diffère du Dinornis et se rap¬ proche du Dromaius . Il y a , paraît-il , douze vertèbres dans le sacrum ; n'ayant jamais examiné d'individu jeune, je ne puis rien affirmer sur ce point. Il y a huit vertèbres caudales un peu comprimées et courbées de haut en bas. La patte est absolument semblable à celle du Moa, sauf le fémur qui est relativement plus long. En ce point il diffère donc de tous les autres Struthionides. Il y a une forte griffe postérieure s'articulant avec un petit méta¬ tarsien. Nous ne pouvons mieux terminer cette courte notice sur les points les plus saillants de l’Ostéologie de Y Aptéryx que par des citations du mémoire sur l'axe squelettique des Struthionides par le professeur St. Georges Mivart : « En s’appuyant sur les caractères » de l’axe squelettique, Y Emou présente le type le moins » différencié d'où divergent le Rhea d’un côté et YAp~ » teryx de l'autre. . . . Il existe la plus grande ressemblance » entre le Dromaius et le Casuarius.... L’axe sque- » lettique du Dinornis est intermédiaire entre ceux du » Casuarius et de Y Aptéryx et ses affinités sont , d’ail- » leurs, surtout frappantes' avec les formes existant en » Nouvelle-Zélande.... Aussi Y Aptéryx peut-il être con- » sidéré comme le représentant dégradé de ces types d’oiseaux gigantesques , aujourd’hui disparus. » F. A. L. » — 81 FACULTÉS DE MÉDECINE. LA QUESTION DE L AGREGATION (J). Rapport de JM. le Professeur ARÜOITD (2). Réponse à la circulaire ministérielle du 23 décembre 1881. Conséquences de la centralisation actuelle des cours d' agrégation . L arrêté du 5 juin 1874, rendu à une époque qui ne brillait pas précisément par le libéralisme administratif, eut pour motifs plausibles , la nécessité de maintenir le niveau des études et d'assurer l'impartialité des jurys de concours. On ne saurait contester la légitimité de pareilles aspirations ; mais a-t-il jamais été démontré qu'un jury central devait échapper à toute influence extra-scienti¬ fique ; que l'uniformité officielle puisse tenir la science française plus haut que l’indépendance des esprits et la libre concurrence entre les divers foyer intellectuels ; qu’enfin le mieux est pour le corps enseignant uni¬ versitaire , de copier au plus près les mécanismes administratifs ? Malgré le doute qui plane sur ces points , pourtant si graves , le concours centralisé fonctionnerait peut-être , s il remplissait les conditions matérielles qu’emporte son principe. Mais les plus importantes de celles-ci sont éludées. Ce il est même pas une centralisation dans la vérité de la chose, mais une juxtaposition , à Paris, de concours locaux. On s’inscrit d’avance pour la Faculté de Lyon , de Bordeaux , de Lille ; on est apprécié à la mesure (1) Voir Bulletin N’ 1, janvier 1882, pag. 34. (2) Ce rapport a été présenté au nom d’une Commission composée de MM. Puel , professeur d’ Anatomie , Bergeron , professeur de Pathologie interne , Arnould , professeur d’Hygiène. Il a été lu et approuvé en Assemblée générale des professeurs et chargés de cours , le 10 février 1882. Il est contresigné par M. Wannebroucq, doyen de la Faculté. — 82 - correspondante et reçu pour Lille , Lyon ou Bordeaux. Les heureux de ce concours se disent : « agrégés des Facultés de médecine » ; c’est une agréable illusion. Ils sont très simplement agrégés de la Faculté de Bordeaux, Lyon ou Lille. Seulement , ils ont ete reçus à Paris , ce dont ils se seraient passés sans peine. Une liste générale et unique d’admis , par ordre de mérite et sans aucune mention d’option préalable , serait seule conforme au principe de centralisation. C’est ainsi que cela se passe aux concours d’agrégation des Facultés de droit , dont on songe à rapprocher les concours de médecine sur le point particulier des compositions écrites et imprimées. Il y a d’autres inconséquences. Toute administration , qui centralise le recrutement de ses fonctionnaires, les appelle jeunes aux épreuves d’admission. Elle exige le sacrifice de leur temps à une époque où il n’est pas encore précieux, « n’est pas encore de l’argent , » dirait-on en Amérique. Elle leur fait de bonne heure , une situation qui équilibre les sacrifices antérieurs et leur ouvre la perspective d un avenir qui , d’année en année, s’élargira. C’est encore ce qui existe pour les Faculté de droit; on s’y présente jeune à l’agrégation , d’autant plus aisément que les concours y sont presque annuels ; le nouvel agrège est presque toujours investi des fonctions de professeur suppléant dans la Faculté sur laquelle il est dirigé , un roulement est établi entre les Facultés mêmes , qui finit parfois par amener à Paris un agrégé de province Rien de pareil dans l'agrégation de médecine ; enten- dons-le surtout des sections de Médecine et de Chirurgie et Accouchements. Les études théoriques et pratiques de ces deux spécialités sont assez vastes pour que les jeunes docteurs ne puissent guère aborder l’agrégation avant la 30e année d’âge ; c’est , d’ailleurs , presque une règle dç n’ouvrir le concours que de trois en trois ans. Nommés agrégés , rien ne garantit aux vainqueurs du concours, dans la grande ville où ils vont fonctionner, une situation — 83 — matérielle et morale en rapport avec les efforts accomplis et le temps employé. Enfin , à moins d’enlever aux Facultés la présentation aux chaires vacantes, jamais il n’y aura de roulement dans le corps des professeurs ,• jamais l’agrégé de province ne viendra occuper une chaire à Paris , où il a dû cependant concourir avec les futurs professeurs de la capitale. Si , même , il était fait une exception à cette règle , il n'est pas certain qu’elle soit d’un heureux effet sur la moralité générale. Il y a , pour les candidats de province , deux façons de se préparer à l’agrégation. Les uns vont terminer leurs études à Paris , ou les compléter après le doctorat pris en province. Ils fré¬ quentent les Cliniques et les Laboratoires de la métro¬ pole, approchent les maîtres , s’initient à leurs tendances et s'en font connaître. Ils se mêlent au mouvement de la jeunesse laborieuse , qui est la pépinière des agrégés de Paris , participent à la même préparation , prennent le vent dominant , s’exercent suivant le même mode, et, au jour du concours , ne se distinguent plus guère des candidats inscrits pour Paris. Où est l’économie de temps à chercher pour ceux-là dans la réduction des épreuves? ils sont restés trois ou quatre ans à Paris pour se pré¬ parer, que leur importent six semaines de plus ou de moins ? — Une fois agrégés de province , les nouveaux promus sont assurés de 3,000 fr. d’appointements, «rame lutte immédiate et perpétuelle contre les in¬ fluences locales, s’ils sont étrangers à la ville qui est le siège «le leur Faculté , de l’attente indéfinie d’une chaire dans cette même faculté et de la fermeture définitive pour eux de toutes les autres. Il n’y a pas do quoi tenter l’ambition la plus modeste. C’est là que se trouve la réelle et énorme dis¬ proportion entre le temps consacré à la préparation et le résultat qui doit couronner tant d’efforts. On a pu trouver, pour la province , quelques agrégés préparés à Paris, alors que, dans cette époque de formation, l’horizon univeritaire a eu l’attrait de certaines successions immé- — 84 — iates ou prochaines à prendre. Quand cet appas sera vanoui, cette catégorie 11e fournira plus une recrue. Re¬ marquons, d’ailleurs, qu’ellea toujours été très restreinte, • rès au-dessous des besoins , et néanmoins , qu’il y a eu déjà chez elle , à Lille même , des déceptions peu laites pour améliorer l’avenir. D’autres jeunes gens , n’ayant pas les ressources pécu¬ niaires ou le stoïcisme des premiers , aspirent à l’agré¬ gation . mais préfèrent s'y préparer dans la ville meme où fonctionne la Faculté qu'ils ont en vue. 11 est bien évident qu’ils 11e vont pas se borner à ce qui coûte sans rien rapporter. Ils recherchent une fonction universitaire ou municipale qui soutienne leur budget ; ils ne négligent pas de se faire un noyau de clientèle. Après tout, leur but est d’être médecins ou chirurgiens ; et , encore une fois , nous visons spécialement , ici , les agrégations de médecine et de chirurgie. Arrive le jour du concours ; il faut aller à Paris. O11 n'y va pas , ou , si l’on y va , c’est pour en rapporter peut-être un insuccès qui 11e laisse pas que d'être compromettant à bien des égards. — On s’abstient , parce que la clientèle est devenue assez importante pour que l’on redoute de la perdre par trois mois d’absence (six semaines seraient à peu près la même chose) , et qu’après tout l’on sent bien , serait-on muni d'un fonds scientifique sérieux , qu'on ne possède pas les qualités extérieures , la souplesse artistique , le modus faciendi , qui permettent de soutenir la lutte avec honneur, à Paris , aux côtés de concurrents qui ont cultivé , peut-être à l’excès , la partie dramatique du concours , et devant un public jeune un peu trop sensible aux séductions de la forme. O11 s’abstient, parce que les appointements , le prestige et l'autorité qu’on pourrait espérer 11e valent pas la position que l'on compromettrait pour eux. On s’abstient , enfin, à Lille, faut-il le dire, parce que , sans concours aucun, on est délégué à l'agrégation et même promu au professorat, et c|iie l’on n’a guère lieu de craindre , vu la rareté des concurrents, de se voir délogé par des agrégés vrais , venus de Paris. 11 est donc bien clair que la réduction de la durée des épreuves ne serait qu’un palliatif insuffisant et absolument stérile ; que la réelle dépense de temps est autre , anté¬ rieure aux épreuves et bien plus grave que celle de cette phase finale ; qu’enfin , à ce point de vue , la cause de l’abandon du concours est dans l’inéquation des sacrifices de temps , d’argent , de travail et de volonté , exigés des compétiteurs , avec les avantages matériels , la situation hiérarchique et les espérances qu’on leur offre en retour. Votre Commission, Messieurs, ne fait en ceci que vous résumer les raisons théoriques d’une expérience déjà faite, aussi malheureuse que possible et trop démonstrative pour qu'il -soit légime de la continuer. Depuis le régime de 1874, le nombre des candidats inscrits dans les concours d’agrégation , a rarement dépassé celui des places disponibles ; il lui a souvent été ’nfé rieur, alors qu’au trefois , même en province , il y avait deux et trois fois plus de concurrents que de places à donner. Lille n’a compté que 5 candidats pour 7 places offertes; nous n’avons reçu, de trois concours successifs, que deux agrégés d’importation, dont la valeur incontes¬ table n’a pu racheter le petit nombre; encore, l’un d’eux nous a-t-il bientôt quittés , sous le poids d’une de ces déceptions qui sont naturellement réservées un peu partout aux étrangers. Un seul candidat lillois a osé affronter, non sans un grand désintéressement, le concours parisien ; vous savez qu’il a succombé, non à l’insuffisance de ses acquisitions scientifiques , mais au défaut de cette acclimatation spéciale au milieu actuellement officiel des concours et que l’on ne peut acquérir que là , puisqu’il n’y a plus de conçours en province. C’était au concours de 1878 ; depuis lors , cet exemple héroïque n'a pas trouvé d’imitateurs et , sans doute , en trouvera moins que jamais. Nous parlons de Lille et* des Facultés, ses jeunes — 86 — sœurs , créées depuis 1876 , et que l’Administration a récemment mises hors la loi , sous la rubrique de « Facultés municipales. » Il ne s’agit plus seulement, pour notre corps professoral , d’une centralisation des concours , artificielle et inconséquente avec elle-même. Aux candidats qui seraient , par impossible , tentés de s’inscrire pour Lille, à qui l’on impose les mêmes épreuves, au même lieu , à la même heure , qu’aux candidats de toutes les Facultés , y compris celle de Paris , on n’offre pas même la perspective déjà si maigre , que nous avons esquissée tout-à-l’heure. Ce cjut les attend , c’est U uc position h y bride, bizarre, inconnue jusqu’à présent dans nos institutions universitaires , qui permet à l’État de ne point inscrire nos professeurs aux tableaux du clioix ou de l’astcienneté, d’oublier les engagements récipro¬ ques qui ont présidé à ?a naissance des Facultés nouvelles et , aux Conseils municipaux de se substituer, comme celui de Fille , par une étrange méprise , à la hiérarchie normale des autorités chargées de diriger l’enseignement supérieur. Ceci , Messieurs , nous vous le rappelons afin que , par un acte public émané de vous , les compétiteurs futurs soient avertis et que les responsabilités soient précises et réparties selon le droit le plus strict; sans cette nécessité, nous vous eussions épargné ce retour à d’amères impressions. Il 11e s’agit pas d’une façon détournée de faire entendre nos plaintes ; nous avons appris que c’était plus dangereux encore que stérile. Il semble être passé en règle de répondre, à nos représentations sur un décret qui nous malmène , par un autre qui aggrave le premier. Notre accueil au décret du 12 février 1881 et au classement du 1er juin , nous a valu le décret du 21 août suivant , d’une générosité louable, quoique peu coûteuse, envers les suppléants , qui 11e change rien aux habitudes de Paris , mais ouvre l’hôpital aux professeurs de province en cas de maladie. Et nos protestations contre l’un et l’autre ont eu - 87 — l’air de provoquer celui du 24 décembre , qui place les agrégés devenus professeurs à l’Ecole d’Alger dans le cadre dont les professeurs et les agrégés de Lille sont exclus. (. A suivre). CHRONIQUE. METEOROLOGIE. FEVRIER. Température atmosphérique moyenne.. » moyenne des maxirna « « des minima » extrême maxirna , le 25 « •' minima , le 10 Baromètre , hauteur moyenne à 0U . » extrême maxirna, le 20 . « fl minima, le 26, 4 h. 30 s Tension moyenne de la vapeur atmosphériq Humidité relative moyenne °/0 . Epaisseur de la couche de pluie . fl » d’eau évaporée 1882, 4°. 63 7° l'J 13° — 3° 28 99 90 50 767mm812 780mm.210 74ümm.7l0 5mm.20 82.30 24mm .07 26mm.31 annee moyenne. 3°. 05 760mm 379 4mm.88 83.93 43mm.16 20mm.82 Le mois de février 1882 fut sec et chaud relativement. En effet, pendant le mois de même nom, année moyenne, on observe qu’il tombe 43mm.16 de pluie ; il n’en est tombé cette année que 24mm.07, différence 19m,u.09 en moins. L’humidité de l’air qui, année moyenne, est de 83.93 °/0 ne fut, cette année, que de 82.30 °/0, différence en moins aussi 1.63 °/0. Les hautes régions ne contenaient que très peu de vapeur, car la pression moyenne baromé¬ trique a été de 7mm. 433 au-dessus de la moyenne ordinaire de février . Sous l’influence de la chaleur et de la sécheresse de l’air, l’épaisseur de la couche d’eau évaporée pendant le mois fut de 5mm.49 plus grande qu’en année moyenne. Du 1er au 14 inclusivement, la température atmosphé¬ rique fut basse : la moyenne des maxirna fut de 3J 92, celle des minima 0°.69, dont la moyenne est 1°.96. Il y eut 10 jours de gelée, 7 de gelée blanche. Les vents régnants soufflèrent de la région E . ; l’humidité des couches d’air, en contact avec le sol, fut de 0.822; la l — 88 — hauteur moyenne de la colonne barométrique 770mra.916 ; la nébulosité du ciel 6.28. On n’observa que deux jours de pluie donnant une couche d’eau d’une épaisseur de 2mm.45 ; l’épaisseur de la couche d’eau évaporée ne fut que de 8mm.10 A partir du 15, nous entrons dans une nouvelle période aux caractères météoriques essentiellement différents de ceux de la première. Pendant ces quatorze jours, pas un seul de gelée ; deux gelées blanches les 16 et 20 ; vents dominants S.O. , soufflant en tempête les 15 et 26. Tem¬ pérature moyenne 7°.3i ; moyenne des maxima 9°.95, moyenne des minima 4°. 67 ; hauteür moyenne du baro¬ mètre 764mm. 707. C'est dans cette seconde moitié du mois qu’on observa, à quelques jours d’intervalle, les extrêmes 780mm.21 le 20, et 740!um.7I le 26 à 4 h. 30 du soir, ce dernier coïncidant avec une tempête S. Une plus grande quantité de vapeur se trouvait donc dans les ré¬ gions atmosphériques supérieures, aussi la nébulosité moyenne fut-elle de 8.21, le nombre de jours de pluie 13 et l’épaisseur de la couche d’eau 21,nm. 62. Malgré la nébulosité du ciel pendant cette période, malgré l’état hygrométrique de l’air des couches inté¬ rieures (0.822) égal à celui de la première période; malgré la pluie, l’évaporation, surtout favorisée par la dépression barométrique et l’élévation de la température, atteignit 18mm.21 . Le 25, on observa dans la soirée un halo lunaire, pré¬ curseur de la perturbation atmosphérique du lendemain. Quoique pendant ce mois la pluie ait été peu abondante, ce qui a encore déterminé un nouvel abaissement du ni¬ veau des nappes d’eau souterraines, les brouillards presque permanents , les rosées au nombre de 15 ont fourni aux plantes une quantité d’humidité suffisante pour répondre à leurs besoins. Aussi, quoique nous ayons eu un hiver très clément, la végétation, en général, n’est pas plus avancée qu’en année ordinaire. La terre se tra¬ vaille très bien, on y charrie les engrais, on laboure et on prépare les semailles de mars. V. Meurein. LILLE. — IMP. L. DANEL 1882. N° 3. MARS. L’HATTERIA (SPHENODON) PUNCTATA. Extrait du « Ward's Natural Science Bulletin Traduit par Jules BONNIER , licencié ès - sciences Le professeur Ward accompagne son envoi de spéci¬ mens d’histoire naturelle de la Nouvelle-Zélande, des lignes qui suivent : Vous serez heureux d’apprendre comment j’ai pu enfin me procurer ce Saurien si rare et si désiré. Nos cata- iogues, qui veule ut présenter un ensemble systématique complet, n’auront plus longtemps à présenter le manque déplorable de représentant de l’ordre III des Reptiles, des Rhyncocephalina. Pour la première fois maintenant, les naturalistes peuvent se procurer, simplement par un achat, des exemplaires de ce très rare et très extraordi- daire lézard, qui, à lui seul, constitue une espèce, un genre, une famille et un ordre. Voici comment s’exprime à ce sujet le Dr Gunther, du British Muséum qui le dé¬ couvrit il y a quelques années : « Il ne semble pas qu’au¬ cun autre exemplaire ait jamais pénétré en Europe, ni même, à ce que je crois, qu’aucun Musée hors d’Europe ait jamais possédé d Haiteria. Les naturalistes français n en font même pas mention. La distribution géographi¬ que de cet animal, qui est excessivement restreinte . ses habitudes paresseuses qui rendent sa capture facile . la chasse que lui font les indigènes qui le considèrent comme un aliment, la destruction par les porcs, en font une des plus rares pièces des collections anatomiques et zoo¬ logiques ; peut-être faudra-t-il un jour le mettre parmi ces formes qui disparaissent de la mémoire de l’homme.» Le capitaine Cook, qui dans son troisième voyage. pé¬ nétra dans la baie de Plenty en Nouvelle-Zélande, (ce fut la que les insulaires lui tuèrent la moitié de son équipage 7 — 90 fait mention, « d’un animal extraordinaire, d’une sorte de lézard. » Le voyageur Dieffenbach semble avoir été le premier, en 1843, à s'en être procuré un exemplaire. Voici ce qu'il en dit : « J’ai été informé de l’existence d’un grand lézard » que les naturels appellent Tuatara et dont ils ont » grand peur. Mais j’eus beau le rechercher dans tous » les endroits où, à ce qu’on disait, on pouvait le trouver ; » j’eus beau offrir de grandes récompenses pour chaque » exemplaire, ce ne fut que peu de jours avant mon départ » de la Nouvelle-Zélande . que je m’en procurai un, cap- » taré dans un petit ilôt rocheux appelé Kerewa , dans la » Baie de Plenty. De tous les faits que j’ai pu recueillir » sur ce Tuatara il résulte, qu’il était autrefois trèscom- » mun dans l’île (de la Baie de Plenty), qu’il vivait dans » les crevasses des rochers qui bordent le rivage et que » les naturels le tuaient pour s’en nourrir. Ce dernier » fait l’a maintenant rendu très rare, aussi beaucoup des » plus vieux habitants de l’île ne l'ont jamais vu. » Lorsque j’arrivais à Auckland, le port le plus important du Nord de la Nouvelle-Zélande, mon premier soin fut de deman¬ der où l'on pouvait trouver le Tuatara. On me répondit, au Musée, qu’il était presque totalement disparu; on me montra deux exemplaires dans l’alcool et on me dit ce que l’on put sur leur habitat. Deux jours après, muni de ma boîte à collection et d’alcool, je m’embarquai sur un steamer desservant la côte jusqu’à Tauranga 140 milles au sud). Tauranga est un petit port sans grande importance, sauf qu'il est le point d’où partent les touristes qui se rendent à l’intérieur pour visiter le fameux district des Geysers de la Nouvelle-Zélande. Le port est situé au fond de la baie de Plenty, ce grand enfoncement de la côte de l Océan pacifique, à l’est de l’île septentrionale de la Nouvelle- Zélande, comme on peut le voir sur la première carte venue. C’est dans cette baie, à l’extrémité est, à 45 ou 50 milles au large que se trouve un petit groupe d’ilots ro¬ cheux où se trouvent les lézards. Je fus quelque temps — 91 à trouver une embarcation qui me convînt : assez grande pour quelle put tenir la pleine mer, mais pas trop, pour ne pas causer trop de dépenses. A la longue je trou¬ vai justement ce quil me fallait : un cutter jaugeant 25 tonneaux qui ordinairement suivait la côte avec des char¬ ges de bois. D’ailleurs le capitaine, un très aimable Écos sais nommé Macpherson, qui a parcouru le monde entier (7 compris la Californie), était enchanté de se trouver avec un américain avec qui il pourrait parler de choses égale¬ ment familières, et surtout des mines que jadis il avait con¬ nues. A cause de cela et parce qu'il voulait voir ces « dam¬ nés lézards », il réduisit son prix ordinaire de traversée à tant delivres sterlings par jour, à la cond'Con qu’on ne resterait pas plus d une semaine et que « notre vermine » ne resterait pas libre dans la cabine ! Quand nous eûmes fait provision de vivres et d’eau, nous quittâmes la ville, et levâmes l’ancre poussés par une légère brise du soir. Sitôt après avoir doublé le pro¬ montoire, la nuit arriva avec un vent violent qui rendit la mer houleuse. L'obscurité nous entoura bientôt et toute la nuit nous filâmes à toute vitesse, absolument mouillés et glacés par les lames qui balayaient le navire. Le matin arriva, et nous nous trouvâmes avoir atteint le Wliaikare , ou Ile blanche, c’est un volcan à peine en activité à 60 milles de la mer, le dernier point dans cette direction, de la ligne volcanique en activité qui s’étend à plus de 150 milles entre le nord-est et sud-ouest ; elle circonscrit la région des Geysers et se termine par la grande montagne volcanique, le Tangariro , haute de 6500 pieds. Nous avons alors longé le rivage jusqu’à Whaikare où nous débarquâmes pour un jour. Ce que nous y avons fait , comment nous avons transporté le canot au-dessus du cratère volcanique, comment nous avons navigué dans celui-ci sur un lac d’eau bouillante contenant une forte proportion d’alun et d’acide sulfu¬ rique (?) ; comment nous avons rassemblé une collection d’échantillons de soufre et de sélénite ; comment nous avons pris avec nos mains onze fous (Sula australis) trop 92 — imbéciles et trop stupides pour s’envoler ; tout cela vous a été raconté dans ma lettre à mon père et à Henry. La nuit, le vent se leva et nous lit avancer de 40 milles le long de la côte; nous jetâmes l’ancre dans une baie de l'ile de la Baleine, qui est un ancien volcan où s’est dé¬ posé du soufre qu’on a exploité depuis quelque temps. Du haut de cette île nous pouvions voir, comme s’ils eussent été à nos pieds, les rochers de Ru Rima , ces petits îlots qui se trouvaient à six milles de nous et autour desquels la mer en se brisant dessinait un cercle d’écume. Pendant deux jours nous avons impatiemment attendu sur l'ile de la Baleine que le vent et la mer fussent cal¬ més pour pouvoir enfin approcher les Ru Rima et y dé barquer, ce qui n’est possible que par une mer calme. Le troisième jour, lèvent tomba et la mer devint calme comme un lac. Au point du jour nous étions en route ; la brise était légère et contraire, ce qui nous força à navi¬ guer très lentement en louvoyant. A midi, nous nous étions rapprochés de deux milles ; quatre heures plus tard nous avions gagné encore un mille dans la direction des rochers. La situation était vraiment désespérante : nous pou¬ vions voir distinctement les rochers, et, n’était le danger de quitter le navire, nous eussions pu y débarquer en moins d’une heure avec un simple canot. Qui aurait pu nous dire alors si le temps n'allait pas changer le lende¬ main, et les jours suivants, nous empêchant d atteindre notre but? Heureusement qu’avant la tombée de la nuit, un vent léger se leva, et, en moins de quelques minutes, non, étions près de Ru Rimas. Ce sont trois petits îlots rocheux ; la superficie de chacun d’eux est d’environ quatre ou cinq acres. Deux d’entre eux sont réunis par un banc de récifs découverts à marée basse; le troisième se trouve un peuples au large. Entre celui-ci et les deux premiers, nous trouvâmes un canal étroit avec un fond de sable, présentant un abri assez sûr contre les vagues : nous y jetâmes l'ancre. Le soleil se couchait alors derrière les deux îlots réunis et dessinait nettement sur le ciel, — 93 — vers l'ouest, le profil des rochers à quelques centaines d'yards de notre navire ; sur le sommet le plus élevé se tenait un grand bouc — reste d’un troupeau qu'on avait placé dans l’île, — qui vint nous souhaiter la bienvenue. Après une trop longue nuit, nous débarquions au point du jour sur les deux îlots et pendant une heure nous les parcourûmes en cherchant en vain les Tuataras. On eut alors recours au canot pour parvenir à l’autre île ; en le mettant à l’eau, un de nos hommes s’avança dans la mer jusqu’aux genoux : il en sortit précipitamment en pous¬ sant un cri douloureux : il s’était avancé sur une source d’eau bouillante qui sortait du sable et qui était si chaude qu’elle lui brûla complètement le pied. Le troisième îlot , le plus éloigné , est aussi le plus petit de l'archipel ; il n'a pas plus de cinq acres. Sur le côté de cet îlot s’élève une montagne rocailleuse de trente à quarante pieds ; les pentes en sont escarpées et le sommet couvert de buissons. Le reste de l’île était couvert par des débris anguleux de rochers que recou¬ vraient d’épais buissons de plantes épineuses. Peu de chemins praticables les traversent, ne conduisant à aucun endroit déterminé ; quant à se frayer une route à travers les ronces , cela semble absolument impossible. Un de nos hommes trouva un chemin qui s’arrêtait brusquement à un trou où il enfonça le bras à tout hazard : il le retira aussitôt amenant un pinguoin qui de son bec recourbé et pointu se cramponnait à son doigt comme pourrait le faire un chien ; il fallut le tuer pour lui faire lâcher prise. Pendant deux heures nous cher¬ châmes assiduement , mais en vain ; pas de Tuataras. On aurait pu croire qu’ils avaient tous quitté l'îlot . ou qu'ils n’y avaient jamais été. Enfin près d'un escarpe¬ ment je trouvai un de leurs crânes qui blanchissait : quelques vertèbres y étaient encore attachées par des ligaments encore assez frais. Ainsi encouragés , nous nous remîmes à nos recherches. Ce qui en faisait la difficulté, c’était la grandeur des fragments de roches : aucun lézard ne courait sur leurs surfaces et les crevasses — 94 — en étaient si étroites , si complètement remplies par la végétation des ronces qu'on ne pouvait sans difficulté y faire pénétrer le corps . la main ou la tête jusqu’au niveau du sol couvert de graviers , de façon à voir les animaux sous les rochers. Un de nos hommes pourtant parvint à se glisser jusqu’au bas, sur le sol même, et put alors ramper entre les roches sous les arbrisseaux sans essayer de se relever, ce qui lui était absolument impossible. Longtemps après il trouva un premier Tuatara , puis un autre, puis un autre encore. Ils étaient cachés sous les anfractuosités des rochers , quelquefois dans des cavités naturelles , quelquefois même dans une sorte de terrier comme un trou de rat. Alors il pouvait les atteindre soit avec la main , soit s’en emparer avec un bout de ficelle. Le peu de vivacité de cet animal permettait ce dernier genre de chasse; rarement il essayait de s’échapper, et jamais il ne fil mine de mor¬ dre. Seulement , si on le prenait par la queue , il la faisait presque toujours tomber en se débattant . la laissait dans la main de l'agresseur, et se traînait là où on ne pouvait l’atteindre, sous les rochers. Nous avons passé toute la journée sur cette île ; à tour de rôle , une moitié de nous chassait en se frayant un chemin sous les buissons , tandis que l'autre moitié se reposait. Cette longue journée . si occupée que nous avions eu à peine le temps de manger, se termina enfin et nous regagnâmes en canot le navire . où nous mimes dans l’alcool les Tuatarcis que nous avions réunis dans un sac. Il y en avait quinze , chacun mesurant de quatorze à dix-huit pouces de longueur. La figure ci jointe donne une bien meilleure idée de l’apparence de l’animal que la plus longue description. La partie la plus caractéristique est la queue qui esl comprimée , surmontée d’une crête , et qui rappelle par sa forme celle de l’alligator. La couleur générale du corps est d’un vert foncé , blanchâtre en dessous et abondamment parsemé de points jaunâtres. Dans quelques spécimens , la queue tout en étant de la même longueur — 9o — et d'une forme ressemblant généralement à celle des autres avait une apparence particulière qui nous poussa à l’examiner. Les écailles qui recouvrent ses côtés et le Fig. 1. dessous de la queue sont ordinairement disposées en bandes régulières et croisées ; dans ce dernier cas elles présentaient , près de l'insertion sur le corps . une disposition absolument quelconque, ne formant aucune espèce de figure régulière. De plus ces queues ne pré¬ sentaient par de vertèbres , mais , à leur place . une bande cartilagineuse , aplatie et sans articulations. Gomme le Gecko . YHatteria est un de ces reptiles chez lesquels la queue peut , quand elle a été perdue acciden¬ tellement , comme nous l’avons vu plus haut , se repro¬ duire mais sans vertèbres. Nombre d’individus avaient été ainsi mutilés par suite des combats qu’ils se livrent à la saison de la reproduction. Nous retournions àl’îlot, le lendemain matin , et nous continuions nos recherches ; le résultat, quoique moindre, fut encore satisfaisant. Le troisième jour nous ne pouvions plus trouver qu’un seul individu. Aussi , de bonne heure étions- nous au bateau , et profitant d’un vent favorable , nous quittions l’île au coucher du soleil. Toute la nuil — 96 — nous navigâmes vers Tauranga ; dans la matinée nous arrivâmes à 1 île elevée et rocheuse de Karewa ; nous y débarquâmes en canot avec assez de difficulté , tandis que le cutter louvoyait à quelque distance en nous attendant . Dans cette île , nous n’avons trouvé que trois Tualaras dont nous nous emparâmes. Ils étaient généra¬ lement moins grands que ceux de Ru Rimas. Nous côtoyâmes alors pendant environ trente milles le rivage de rîle Mayor : depuis le niveau de la mer presqu’au sommet de l’ile s’étendait une pente remplie de grands blocs et de fragments d’obsidienne, pure, noire et luisante : nous en avons embarqué quelques centaines de livres pour les briser et en faire des échantillons de collection ; puis nous retournâmes à Tauranga : une semaine complète s’était écoulée pendant notre excur¬ sion. Mais nous ne pouvons quitter notre Ratieria sans signaler les quelques particularités de sa structure qui en font un type si particulier. Les vertèbres sont biconcaves , comme celles des poissons ou encore celles des Ichthyosaures des périodes géo¬ logiques ; le Gecko excepté, cette forme ne se trouve plus chez aucun reptile actuel. Quinze sur les vingt-deux côtes sont pour¬ vus d’appendices unciformes comme chez les oiseaux et les crocodiles. Les côtes sternales et vertébrales sont réunies, comme dans beaucoup de reptiles , par l’interposition d’un troisième seg¬ ment, la côte intermédiaire; il y a de plus un système d’os abdo¬ minaux très particuliers (voir la fig.) et qui, suivant l’avis du D1 Gunther, doivent assister 1 animal quand il se traîne sous les roches , alors qu’il ne peut se servir de ses pattes. Le crâne est complètement osseux et ses pai ties sont disposées de façon à lui assurer une grande solidité; l'arcade intra tempo¬ rale est complètement ossifiée, ce qui ne se voit dans aucun de nos reptiles actuels. L H atterici est un acrodonte dans le sens le plus strict du terme : ses dents sont si complètement insérées sur les bords des maxillaires . quelles ne semblent plus en être que de simples prolon¬ gements. Les bords des maxillaires sont, comme les dents, extrêmement polis; dans les vieux individus, quand celles-ci sont absolument usées, ces bords les remplacent dans leurs fonctions. Il y a dans YHatteria une série longitudinale de dents sur chacun des, os palatins et disposée parallèlement aux rangées insérées sur les mâchoires ; les dents de la mâchoire inférieure viennent s’intercaler dans la fente ménagée entre les dents maxillaires et celles des palatins ; comme elles se rencontrent dans la mastication , elles se maintiennent naturellement tranchantes par ce frottement réciproque. Le Dr Gunther veut créer plus qu'une famille particulière pour ce lézard de la Nouvelle-Zélande , qui . par, certains points importants de son organisation ’ diffère de tous les autres Sauriens connus et qui par son osteologie se rapproche plus des oiseaux qu’aucun autre reptile actuel. Il en tait le type d'un ordre distinct de reptiles , d’une valeur égale à ceux des Ophidiens ou des Croco liliens. 11 fait encore remarquer que les croco diles font un ordre distinct de celui des lézards aussi bien par des particularités ostéologiques que par l’organisation supérieure de leurs parties molles; de même dans 1 Halteria les modifications du squelette lacertien s’éten¬ dant aux mêmes parties, il le place dans un troisième on ire de reptiles auquel il donne le nom de Rhyncocepha- hna. Nous réserverons donc à cet être étranger et si particulier une place dans nos collections et catalogues de Rochester. H. A. W. 2 Janvier 1882. L’INDIGO ARTIFICIEL Par M. A. BUIS1NE , Préparateur à la Faculté des Sciences de Lille. Depuis les premiers travaux de M. Bayer sur la syn¬ thèse de l’indigo, travaux qui ont été exposés dans ce recueil par MM. E. Duvillier et C. Duflo (1), de nouvelles découvertes ont eu pour résultat un commencement d’application industrielle. C’est assez dire l’importance que la question peut avoir pour une des grandes indus¬ tries de notre pays. Aussi croyons-nous utile de donner un aperçu des derniers progrès qui ont été laits dans cette voie. Dans sa première synthèse, M. Bayer partait du toluène, un des carbures extraits des produits de la distillation du goudron de houille, et en passant par une série de pro¬ duits intermédiaires dont les deux principaux sont l’oxindol et l’isatine, arrivait à 1 indigo. On a vu , dans 1 article cité plus haut , les détails de ce remarquable travail. On ne pouvait songer à appliquer industriellement ces premiers travaux de M. Bayer; les opérations étaient trop nombreuses, trop longues, et les rendements trop faibles. Le problème de la fabrication industrielle de l’indigo n’était pas résolu. Etant donnée toute l’importance de cette découverte , on a cherché des moyens plus simples pour arriver au même résultat . et , en prenant comme point de départ (1) Voir Bulletin scientifique , décembre 18“ 8, page 321 . — 99 — l'acide cinnamique, on est parvenu à diminuer de beau¬ coup le nombre des opérations et à opérer la transfor¬ mation en indigo d'une façon tou t-a -fait pratique. Ces nouveaux procédés ont été brevetés ; déjà quelques-uns de ces produits se fabriquent, et sont employés dans l’industrie , par exemple , pour certains ! genres d’impression en bleu d'indigo. C'est encore à M. Bayer que nous devons cette dé¬ couverte et c’est lui qui, après avoir résolu d’une façon si brillante le problème scientifique, en a donné la solu¬ tion industrielle. ACIDE CINNAMIQUE. C6H5 1- Cl H = C H — COOH La matière première qui sert maintenant comme point de départ , pour la préparation de l’indigo , est l’acide cinnamique. Voyons d’abord quelles sont les sources de ce produit. L'acide cinnamique existe dans certains produits natu¬ rels , le baume de tolu, du Pérou, et surtout dans le styrax. Il existe dans ce dernier produit, en partie à l’état libre, en partie à l’état d’éther, la styracine , com¬ binaison d’acide cinnamique avec l'alcool correspondant, l’alcool cinnamique ou cinnylique : C6 H5 — C H = C H — C H* OH On extrait facilement l’acide cinnamique du styrax. Pour cela on saponifie ce produit par la potasse alcoo¬ lique , on chasse l'alcool, on reprend le résidu par l'eau et on traite la solution par l'acide chlorhydrique ; l’acide cinnamique se précipite. On le purifie en le dissolvant dans l’eau bouillante, il cristallise par refroidissement en petites aiguilles incolores. Un échantillon de styrax nous a fourni 13 % environ de son poids d’acide cinnamique. L'acide cinnamique a été reproduit synthétiquement par plusieurs procédés. Nous ne citerons que les deux f . y v — 100 — principaux . ceux qui ont le plus de chance d’être appli¬ qués. Le premier qu’a fait breveter la fabrique badoise d ani¬ line et de soude , de Mannheim , concessionnaire des brevets de M. Bayer, consiste à faire réagir le chlorure de benzylidène, un des produits de l'action du chlore sur le toluène bouillant, sur l’acétate de soude fondu : |6 H5 — CHCH 2 (C Ii* — G O O Na) = C6 H-5 — C H = C H — C O O H -H 2 Na Cl -+- G H Acétate de soude Acide cinnamique Chlorure de benzylidène On chauffe en vase clos à 120° pendant quelques heures un mélange en parties égales environ de chlorure de benzylidène et d'acétate de soude fondu , additionné t • d'acide acétique cristallisable. La masse est ensuite trai¬ tée par l’eau bouillante et, par refroidissement , l’acide cinnamique se dépose. Un autre procédé consiste à traiter l’essence d’amandes amères, qu’on reproduit d’ailleurs synthétiquement au moyen du chlorure de benzylidène (1) par l’anhydride acéiique et l’acétate de soude. C6 H5 COH -h .(C* H3 O)* O = C6 Hf> — CH = CH — COOH -h CH3 COC Essence d amandes amère> Anhydride acétique Acide cinnamique Ce procédé fournit , dit-on , 70 % du rendement théo¬ rique. ACIDE ORTHONITROCINNAMIQUE. ^ Az 0*2 C6 \CH = CH — COOH L’acide cinnamique est d’abord transformé en acide (1) Il suffit de chauffer sous pression ce chlorure de benzylidène avec de l:eau : C6 H5 c H G 12 -+- m O = C6 H5 C O H -h 2 H Cl Chlorure de benzylidène Essence d’amandes amères. i nitrocinnamique. Pour cela , on mélange l’acide cinna- mique avec de l’acide nitrique ordinaire , puis on verse avec précaution sur la bouillie ainsi obtenue de l’acide nitrique fumant. La réaction se déclare, et, quand elle est terminée, on verse le produit dans de l’eau. On jette sur toile et on lave le produit avec de l’eau pour enlever l’excès d’acide. La masse est alors séchée, puis lavée avec quatre fois son poids d’alcool froid dans le but d’en¬ lever l’acide cinnamique qui n’a pas été transformé. La partie insoluble est un mélange d'acide arthonitrocinna- miqueet d’acide paranitro cinnamique, ces deux isomères se formant ensemble dans la réaction. Il est nécessaire de séparer ces deux isomères, car l'acide orthonitrocinnamique seul fournit l’indigo, tandis que l’acide paranitrocinnamique , soumis aux mêmes réactions, donne des produits tout différents. Voici comment on opère cette séparation. Le mélange des deux acides nitrocinnamiques est traité par l’alcool bouillant. Une partie se dissout, c’est principalement l’acide orthonitrocinnamique. La solution renferme ce¬ pendant une certaine quantité d’acide paranitrocinna¬ mique. On rend la séparation complète en passant par les éthers éthyliques de ces acides : C6 H4 / Az 0'2 \ C H =: C H — C 00 C2 H5 Pour cela on fait passer dans la solution alcoolique chaude un courant de gaz acide chlorhydrique sec. L’o¬ pération terminée, on abandonne au refroidissement la solution alcoolique des deux éthers ainsi obtenus. Il se pro (luit dans ces conditions une belle cristallisation en fines aiguilles incolores, c’est l’éther paranitrocinnamique. On jette sur filtre ; la liqueur renferme en solution l’éther orthonitrocinnammique. On chasse l’alcool et, en repre¬ nant le résidu par l’éther, on obtient, par évaporation de ce dissolvant, l’éther orthonitrocinnamique cristallisé en petits mamelons blancs. Ce! éther est traité à l’ébullition par une solution éten- 102 — due de soude cautique. La saponification effectuée, ou traite la solution par l’acide chlorhydrique. On précipite ainsi l’acide orthonitrocinnamique pur. On peut l’obtenir cristallisé en le dissolvant dans l’alcool bouillant. Il se dépose de cette solution sous forme de petits grains blancs. 30 grammes d’acide cinnamique nous ont ainsi fourni 20 grammes d’acide orthonitrocinnamique. ACIDE ORTHONITRODIBROMOCINNAMIQUE. / Az 02 C6 H4 ( \ C H Br — C H Br — GO O H Etant donné l’acide orthonitrocinnamique on peut arriver à l’indigo par différents procédés. Le seul pra¬ tique et qui donne des rendements convenables est celui par l’acide orthonitrophénylpropiolique. C’est celui-là que nous allons décrire. L’acide orthonitrocinnamique est d'abord transformé en acide orthonitrocinnamique dibromé. Pour cela on l’expose à l’action des vapeurs de brome ; mais ainsi le brome s’absorbe très lentement. Un procédé plus rapide consiste à mettre l’acide en contact avec du brome li¬ quide. On chasse l’excès du brome et l’acide orthonitro- bromocinnamique ainsi obtenu est repris par la benzine à l’ébullition ; par refroidissement, il se dépose cristallisé en petites aiguilles applaties. Les réactions de cet acide sont très intéressantes. Voici les principales : elles montrent la relation intime qui existe entre cet acide et l’indigo et ses dérivés. L'acide orthonitrodibromocinnamique se dissout dans les alcalis sans décomposition, mais à la longue la solu¬ tion jaunit et l'alcali agit en enlevant 2 (H Br), suivant l'équation suivante : Az 02 Az 02 CC Hi C -H2(KHO) = 2(KBr)-+-2H2 0H-C6 H4 \C H Br — G H Br — C 0 0 H \ G = C- Acide orthonitrodibromocinnamique Acide nitrophén pudique* — 103 — Si on continue Faction de l'alcali , il y a élimination d'acide carbonique et on obtient l’isatine : ce ✓ Az O2 \ vC =C — COOH ±= C 0-2 Az H Acide nitrophénylpropiolique, G6 H4 ; \ \ CO — GO Isaline. Si on chauffe la solution alcaline avec un réducteur énergique tel que la poudre de zinc, on obtient l’indol : y Az H C6 H4 ( \ \CH=:CH Si, au contraire, on chauffe avec un réducteur faible, le glucose par exemple, une solution d’acide orthonitro- dibromocinnamique dans le carbonate de soude, il se forme d’abord de l’acide nitrophénylpropiolique, lequel se transforme ensuite en indigotine qui se dépose. 14 y Az 02 \ GHB2-CHB2— GOOH Acide nitrodibromocinamique. — C16 Hio Az2 02 -+- 2 (C 02) -h 2 (H Br) h- 02 Indigoiiue. Si le corps réducteur se trouvait en excès, Findigotine elle-même serait peu à peu réduite et dissoute à l’état d’indigo blanc et on aurait ainsi une véritable cuve [ d'indigo. ACIDE 0RTH0NITR0PHÉNYLPR0P10LIQUE. / Az 02 G6 H4 ( \C=rC-COOH. L'acide orthonitrophénylpropiolique se forme lorsqu’on abandonne pendant quelque temps la solution de l’acide orthonitrodibromocinnamique dans de la soude en excès. On le précipite par addition d’acide chlorhydrique ; le précipité est recueilli et on le purifie par une cristallisa- Ition dans l’eau bouillante. Il se présente alors sous forme I* de petites aiguilles incolores. r On peut activer la transformation en acide nitrophé¬ nylpropiolique en chauffant modérément la solution alcaline d’acide orthonitrodibromocinnamique ou encore chauffer doucement cette solution additionnée d'alcool. De l’acide nitrophénylpropiolique on passe facilement à l’indigo. Pour cela on fait dissoudre l’acide nitrophényl¬ propiolique dans un alcali ou un carbonate alcalin, celui- ci étant en léger excès, puis on ajoute une petite quantité d’un réducteur faible tel que le glucose ; on chauffe et bientôt la solution se colore en bleu, puis il se forme un précipité composé de fines aiguilles bleues d’indigotine. L’indigotine ainsi obtenue, recueillie sur filtre, lavée à l’eau, puis a l’alcool, est tout-à-fait pure, exempte des produits voisins qui l’accompagnent dans l’indigo naturel. Le rendement en indigo est de 40 °/0 du poids de l’acide nitrophénylpropiolique, tandis que la théorie exigerait 68 % ; la perte est due surtout à la formation d’isatine. Si on laisse l’indigotine formée en contact avec un excès de glucose, surtout en présence de l’alcool et aune douce température, l’indigo se redissout sous forme d’in¬ digo blanc. On a alors une véritable cuve qui peut servir à la teinture et être employée comme les cuves montées à l’indigo naturel. On peut encore obtenir une petite cuve au moyen de l’acide nitrophénylpropiolique de la façon suivante : on enferme dans un tube la solution de l’acide nitrophényl¬ propiolique dans le carbonate de soude additionnée d’un peu de glucose et on chauffe le tube dans un bain-marie • à 100°. Dans ces conditions la réduction est complète et on obtient une solution d’indigo blanc. Cette cuve peut servir pour des essais de teinture en petit, ou bien on peut précipiter l’indigo en faisant passer un courant d’air dans le liquide. En résumé, la production de l’indigo, en partant de l’acide cinnamique, se réduit à trois opérations : intro¬ duire dans l’acide cinnamique le radical Az O2, puis enlever à la molécule H2 ce qui se fait en fixant d’abord une molécule de brome Br2, puis en enlevant 2 H Br par Faction de la potasse et enfin traiter le corps ainsi obtenu par un réducteur faible. Ces opérations sont d’ailleurs très simples et susceptibles d’entrer dans la pratique in¬ dustrielle. APPLICATIONS DE L’ACIDE NITROPHÉNYLPROPIOLIQüE. L’acide nitrophénylpropiolique est aujourd’hui un pro¬ duit industriel ; la fabrique badoise d’aniline et de soude le livre sous forme de pâte contenant 25 % d’acide nitro¬ phénylpropiolique et au prix de 15 fr. 75 le kilog. Ce produit peut servir à préparer l’indigo par les pro¬ cédés qui viennent d’être indiqués, et l’indigo ainsi obtenu peut remplacer l’indigo naturel dans toutes ses applica¬ tions. Jusqu’à présent on ne fabrique pas l’indigo. Le lera-t-on bientôt ? Ce n'est plus qu'une question de prix de revient. Il faut arriver à produire l'indigo à un prix au moins égal à celui de 1 indigo naturel, et il faut bien con¬ sidérer que l'indigotine dans le produit naturel ne revient guère qu’à 25 ou 30 fr. le kilog et même, en améliorant la culture des indigoféra, ce prix est encore susceptible de baisser. L’acide nitrophénylpropiolique peut servir aussi à mon¬ ter des cuves pour la teinture, mais cette application n’a J pas encore été faite. D’ailleurs, pour la teinture au moyen de l’acide nitrophénylpropiolique , on peut éviter de passer par la cuve et développer l’indigo directement sur la fibre. Voici un procédé indiqué par M. Bayer : on dissout l’acide nitrophénylpropiolique dans du carbonate de soude en léger excès et on additionne la solution de glucose ; on trempe la laine dans cette solution et on va¬ porise : la couleur bleue se développe. L’acide nitrophénylpropiolique est donc susceptible de remplacer 1 indigo dans la teinture, quoique l'application n en soit pas encore faite. Il faut dire cependant que les teintes ainsi obtenues diffèrent -un peu des teintes obte¬ nues avec les cuves à 1 indigo naturel. Dans ces nouveaux procédés on n’a que l’indigotine pure, tandis que les 8 — 406 — anciennes cuves renferment avec l’indigotine d’autres produits colorés qui jouent un certain rôle dans la tein¬ ture ; ils modifient les teintes en leur donnant souvent plus de richesse. Il y a donc là une cause d’infériorité du produit pur sur le produit naturel. Mais là où l’acide nitrophénylpropiolique est dès main¬ tenant employé, et avec avantage, c’est dans l’impression ; déjà l’emploi de cet acide a permis d’introduire dans cette industrie certains genres nouveaux. Le procédé suivant, pour l’impression, a été indiqué par M. Bayer. On épaissit convenablement une solution d’acide nitrophénylpropiolique dans le carbonate de soude, additionnée de glucose ; on imprime ce mélange sur le tissus, on sèche et on vaporise. Voici de plus quelques formules, pour l’impression, recommandées par la fabrique qui fournit l’acide nitro¬ phénylpropiolique et indiquées par M. Prud’homme, dans dans un article publié dans le Moniteur du docteur Quesneville (1881, p. 795). Pour transformer l’acide nitrophénylpropiolique en indigo, il faut le concours d’un alcali et d’un réducteur. Gomme réducteur, le xanthate de soude ; commme alca¬ lin, le borax, sont jusqu’à présent les corps qui semblent le plus avantageux. Une couleur d'impression pour bleu foncé se prépare ainsi. On triture ensemble : 40 grammes acide nitrophénylpropiolique à 25 °/0 ; 10 — borax finement pulvérisé. La masse, primitivement fluide, s’épaissit par suite de la formation d’un sel. On y ajoute alors : 70 grammes épaississant à l’amidon blanc et immédiatement avant d'imprimer le couleur : 15 grammes xanthate de soude. Les nuances claires s’obtiennent en coupant la couleur- mère précédente avec un épaississant à l’amidon renfer¬ mant 100 grammes de xanthate de soude par litre. — 107 — La couleur se développe sur le tissu à la manière du noir d’aniline , mais sans qu’il soit nécessaire de faire intervenir la vapeur ou une élévation de température. La couleur, une fois développée, ce qui demande au maxi¬ mum 48 heures, les pièces sont lavées, puis passées en eau bouillante, ou mieux dans un bain de cristaux de soude à ^ pendant d/s heure environ. Après cette opéra¬ tion on donne un savon léger. On peut remplacer le borax par l’acétate de soude. Dans certains cas il sera plus commode de foularder les pièces en solution de xanthate de soude, à raison de 150 à 200 grammes par litre, et d’imprimer la même couleur que précédemment, mais sans xanthate. On peut, à la couleur en question, associer du noir d’aniline, du cachou et les mordants ordinaires d’alumine et de fer, couleurs qui se fixent en même temps que le bleu ou mordants qu’on peut ensuite teindre en alizarine. Voici une autre formule pour impression. Au lieu de xanthate de soude, on emploi le sel de-zinc qu’on préparé par double décomposition avec le xanthate de soude et le sulfate de zinc : 40 grammes acide nitrophénylpropiolique à 25 °/0 ; 10 — borax ; 70 — épaississant à l’amidon ; 35 — xanthate de zinc en pâte. On imprime sur le tissu préparé au carbonate de po¬ tasse (200 grammes par litre), on sèche, on suspend 48 heures à l’étendage à froid. On lave à froid, puis on passe en acide sulfurique à 2° Baumé , on lave et on savonne. INDOPHÊNOLS. La question de la production artificielle de l’indigo en était là, lorsqu’il y a quelques mois, MM. Horace Kœchlin et Otto W’tt découvrirent et firent breveter une réaction nouvelle donnant naissance à toute une classe de corps 108 — dont queiques-uns ont toutes les propriétés de l'indigo, peuvent le remplacer dans toutes ses applications et se produisent à un prix beaucoup moins élevé. Les renseignements que nous allons donner sur ces corps, dont quelques-uns sont appelés à un grand avenir industriel, sont tirés d’un article de M. Noelting, publié dans le Moniteur du docteur Quesne ville. Nous extrayons de cet article les passages suivants : « Ces nouvelles matières colorantes s’obtiennent d’a¬ près deux méthodes différentes. La première consiste à faire réagir les dérivés nitrosés des amines aromatiques terliaires ou des phénols sur des solutions alcalines de phénols à la température ordinaire ; le colorant se déve¬ loppe au bout d’un certain temps ; sa formation est beaucoup accélérée si l’on ajoute au mélange un agent réducteur, tel que la poudre de zinc ou l’oxyde stanneux et un peu d’ammoniaque. Les auteurs recommandent spécialement l’emploi de la nitrosodiméthylaniline et dié- thylaniline et du nitrosophénol et comme phénols, le phénol ordinaire , la resorcine , l’orcine et les deux naphtols isomères, ainsi que leurs homologues, leurs acides sulfoniques et autres produits de substitution. » La seconde méthode consiste à oxyder un mélange d’un dérivé paramidé et d’un phénol. » Les matières colorantes ainsi obtenues ont reçu le nom d’indophénols qui rappelle à la fois leur origine et leur analogie avec l'indigo ; ce nom d’indophénols désigne plus spécialement le dérivé de l'a naphtol. Voici, en prin¬ cipe, un des modes de préparation de ces corps : » La nitrosodiméthylaniline est réduite en solution chlorhydrique étendue par la poudre de zinc, puis addi¬ tionnée d’une solution alcaline d’a naphtol et de ehromate dépotasse. Lorsque les deux liquides sont bien mélangés, on ajoute lentement et avec précaution de l'acide acétique ordinaire. La matière colorante se forme instantanément, et la précipitation est complète dès que la solution primi¬ tivement alcaline est devenue acide. Le précipité est - 409 - ensuite filtré, lavé pour éliminer les eaux-mères et livré au commerce sous forme de pâte ou de poudre sèche. Le dérivé de l’a naphtol est d’une couleur bleu pur, celui du phénol a une teinte plus verdâtre ; ceux de la risorcine et du /3. naphtol sont violets. La pâte d’indophénol desséchée à l’air se présente sous forme de morceaux bleus à cassure conchoïdale ressem¬ blant exactement à l’indigo de Guatemala. » L’indophénol se dissout dans l’acide sulfurique con¬ centré avec une coloration bleue intense que l’addition d’eau fait virer au rouge sale. Il est peu soluble dans l’alcool, plus facilement dans le phénol ; chauffé avec précaution, il se sublime en belles aiguilles bleues res¬ semblant à l’indigotine. » Au point de vue de l’application, de nouvelles analo¬ gies se manifestent avec l’indigo . * » Pour teindre la laine, on prépare d’abord le produit de réduction en délayant la pâte dans l'eau alcaline et chauffant à 80° avec du sucre de raisin. Le liquide devient verdâtre avec des stries et des reflets bronzés à la sur¬ face; en un mot, il prend toutes les apparences d’une belle cuve d’indigo. On étend alors avec une grande quantité d’eau chaude et l’on trempe la laine dans ce bain Lorsqu’on est arrivé à la nuance voulue, ce dont on se convainc en prélevant de temps en temps un échantil¬ lon, on sort la laine, on exprime l’excès du bain entre des rouleaux pressseurs, on lave à grande eau et on dé¬ veloppe la couleur par une exposition prolongée à l’air ou mieux par un bain oxydant. » En sortant du bain, la laine est d’une couleur vert grisâtre qui, par oxydation, passe au bleu indigo. » Le coton se teint d'une manière tout-à-fait analogue ; seulement il faut employer des cuves plus concentrées, le leukindophénol ayant moins d’affinité pour la fibre vé¬ gétale. » Pour l’impression, on épaissit le bleu à l’amidon blanc, on ajoute une faible quantité de soude et un ré¬ ducteur tel que la glucose, la poudre de zinc ou l’hydro- sulfite; on imprime sur tissu préparé en sulfoléate d'ammoniaque et on vaporise pendant une heure et demie à deux heures. Cette méthode permet d’associer le bleu au rouge d’alizarine . au noir d’aniline et en général à toutes les couleurs-vapeur. » MM. Kœchlin et Witt ont aussi breveté plusieurs pro¬ cédés pour former le bleu directement sur tissu et ces procédés, tout en étant très économiques, donnent de très beaux résultats. Si les résultats répondent aux espérances des auteurs, cette découverte pourrait enlever de son importance à l’acide nitrophénylpropiolique et à la fabrication de l’in¬ digo. Quoiqu'il en soit, on voit tout le parti qu'on pourra tirer de ces nouvelles matières colorantes. FACULTÉS DE MÉDECINE. LA QUESTION DE L’AGREGATION. Rapport de II le Professeur ARIOIILD Réponse à la circulaire ministérielle du 23 décembre 1881. Conséquences de la centralisation actuelle des cours d1 agrégation (Suite et fin) (d). Si ce régime ne prend fin au plus tôt, il est bien inutile de chercher pour nous un mode quelconque de recrute¬ ment professoral. C’est aller au rebours du grand et patriotique mouvement qui , aux début de l’ère républi¬ caine, fit multiplier les foyers d’enseignement supérieur. On croyait alors que tel était le moyen d’utiliser toutes les forces nationales et d’assurer une base et une raison d’être à l’épanouissement des enseignements secondaire et primaire. Si ce n’a pas été une erreur, ce sont les (l) Voir Bulletin N” 2, février 1882, pag. 81. décrets qui en sont une et il est impossible qu’un gouver¬ nement républicain y persévère. C’est dans la confiance que l’on en reviendra sans tarder que nous avons tenté la recherche actuelle d’un mode efficace de recrutement pour le personnel des Facultés de médecine. Le concours centralisé, tel qu’il est aujourd'hui , est condamné par la raison et l’expérience ; aucun souffle ne peut remplacer la vitalité qu’il n’a pas apportée en nais¬ sant. Mais en le réformant , en lui donnant les conditions de vérité et de logique qu’il lui faudrait et que nous avons indiquées, serait-il le mode désirable du recrute¬ ment des professeurs dans les Facultés de Médecine? Votre Commission ne le croit pas et elle vous demande la permission de vous exposer les motifs de ses ten¬ dances. Infériorité ! de la centralisation du concours pour I agrégation de médecine et de chirurgie. LE CONCOURS LOCAL. Les lettres , le droit et même les sciences physiques ou naturelles , l’anatomie , la physiologie , ne diffèrent pas . pour l’étude et l’enseignement , d’un bout de la France à l’autre, de Lille à Marseille, de Nantes à Grenoble. L’originalité , dans ces diverses branches, peut être chez les hommes ; elle n’est point dans les choses. Tout autre¬ ment en est-il de la médecine et de la chirurgie ; ici , l’objet de l’étude varie notablement selon les habitudes et selon les milieux. Un médecin très familiarisé avec la pathologie parisienne peut, le lait est vulgaire, se trouver fort dépaysé à Lille et éprouver de grands étonnements en présence des maladies de Montpellier. De là , des nuances importantes dans les doctrines , selon les lieux ; de là . les caractères , non divergents mais spéciaux, des écoles médicales suivant la région qu’elles occupent , et les traditions dont sont justement fières celles qui comp¬ tent déjà une longue existence. L’originalité , dans une certaine mesure , est inévitable dans chaque foyer scien¬ tifique médical , chez toute Faculté de médecine qui a chances de vie , et cette originalité même prouve qu'elle en a. Faut-il lutter contre cette tendance , en créant une science officielle , en uniformisant les doctrines sous prétexte de maintenir haut le niveau de la science fran¬ çaise? Nous ne le croyons pas. Cette originalité est une force et c’est le nivellement qui est une raiblesse. Les nuances spéciales permettent de voir mieux et de recueillir partout ce qui est intéressant ou utile ; elles convergent en réalité vers le faisceau comme des conquêtes natio¬ nales. Ce particularisme-là n’est point l'isolement: c’est la façon de s’éclairer les uns par les autres , de susciter les comparaisons , la concurrence même , d’obliger le centre à savoir ce qui se passe à la périphérie et celle-ci à tenir ses regards fixés sur la métropole , qui attire nécessairement les intelligènces d’élite. La puissance scientifique ne se développe point par la concentration , mais par l'expansion. Centraliser les études, les doctrines, les luttes du concours, ce n'est point maintenir l’élévation du niveau scientifique, c’est l’abaisser et refuser l’emploi des aptitudes individuelles. Les séances des concours sont une magnifique manifes¬ tation de la vitalité des foyers scientifiques. Pourquoi soustraire cet acte de vie et cet exemple entraînant aux Facultés de province? Pourquoi les rendre presque indif¬ férentes à la valeur de leurs élèves , supprimer de leur sein cette salutaire agitation et retrancher aux élèves en cours d’études l'occasion de voir comment leurs aînés se comportent dans ces luttes publiques ? On veut que les jeunes docteurs de province descendent dans l’arène du concours à Paris ? Mais ils n'ont jamais vu de concours ! Du moment que les épreuves de l’agrégation se passent au loin, dans des conditions de forme qui épouvantent les candidats de province , nous ne pourrons jamais exiger raisonnablement que nos chefs de clinique , nos prosec¬ teurs , ni même nos délégués à l’agrégation, reconnais- — H 3 — sent par un coûteux déplacement et un véritable acte d’audace les distinctions dont ils ont été l’objet. Il y a , peut-être , dans telle ou telle Faculté , une sève à elle propre , qui ne peut révéler la puissance de vie dont elle abonde , dont on ne se doutera jamais, et qu’on remplace par une transfusion maladroite de sang étranger. En vérité, s’il y avait une Faculté de médecine assez frappée d’anémie , par sa constitution même , pour ne pouvoir se soutenir qu’à l’aide de cette transfusion pénible et illusoire, mieux vaudrait la laisser succomber tout de suite que. l’entretenir par de tels artifices. Le concours central attire les élèves les plus brillants des Facultés provinciales. Sans doute, mais aussi les plus audacieux. Et il en éloigne de très bons encore , à qui il ne manque qu’un peu de hardiesse et _ d’aisance pécu¬ niaire. Ce n’est pas là une institution démocratique. Le concours local aurait ceux-ci et , à plus forte raison les autres. Peut-on imaginer un motif au nom duquel les étrangers , qui ont concouru jusqu’aujourd’hui à Paris pour Lille , hésiteraient à se rendre à Lille même, en vue d’y prendre part à un concours moins long , moins coû¬ teux . et où la supériorité de leur préparation extérieure leur assurerait des points d’avance ! Qu’on ne nous parle pas des influences locales dans les concours de province. Ces misères-là sont de tous les concours possibles, y compris ceux de Paris. C’est même là qu’il est le plus difficile de les annuler. Est-ce que les concours locaux d’autrefois n’ont pas donné aux Facultés de Strasbourg et de Montpellier des hommes d’élite, étrangers ou autochthones , qui font encore aujourd’hui l’honneur du corps enseignant auquel ils appartiennent ou de toute autre carrière dans laquelle le hasard des évènements les a jetés ? Inutile d’en nommer aucun; leurs noms sont dans toutes les bouches. Nous venons en terminant , Messieurs , de formuler malgré nous la pensée qui est probablement au fond de votre esprit. Nous voulions ne démontrer que l'incapacité du concours central et laisser la conclusion, un peu forcée — IU — sans doute, impliquer d’elle-même le moyen le plus simple de décentralisation , à savoir le rétablissement des concours locaux. Eh bien ! puisque le mot est prononcé , nous ne le retirerons pas. Nous l’avouons sans arrière- pensée : le concours local nous parait seul capable d’assurer le recrutement professoral en province ; seul, il nous parait compatible avec la dignité et la vie propre de chaque Faculté; avec lui , la perpétuité du corps ensei¬ gnant est certaine dans toute Faculté qui possède en elle- • même les raisons de son existence. Certes , nous ne prétendons pas que le concours local soit exempt de défauts. Nous ne pensons pas , non plus , qu’il soit positivement utile pour d’autres agrégations que celles de médecine et hygiène, chirurgie et accouche¬ ments. Mais il nous paraît certain qu’il est possible à la fois d’obvier aux faiblesses que l’on suppose inhérentes à ce mode , et de ne point le laisser faire brèche à la précieuse solidarité qui doit relier entre elles toutes les Facultés de médecine et assurer la cohésion de cette grande unité nationale , l’Université de France. Que l’on constitue un jury dans lequel l’élément local soit puissamment équilibré par l’adjonction de professeurs d’une autre Faculté , notamment de celle de Paris , de membres de l’Institut , de l’Académie de Médecine , ce jury siégeant néanmoins au chef-lieu de chaque Faculté , et il nous semble que le niveau général des études , la solidarité scientifique , seraient sauvegardés en même temps que les traditions particulières. 11 est plus facile de déplacer des fonctionnaires que des candidats ; le dépla¬ cement , d’ailleurs , ne serait pas long et pèserait peu , pourvu qu’il fût couvert par une large indemnité. Y eut-on faire davantage encore ? Il n’est point impos¬ sible de constituer un jury central , unique, chargé de faire pour toutes les Facultés une première élimination et un premier classement ; l’élimination aurait lieu d’après les épreuves actuelles d’admissibilité , ce qui entraînerait encore un déplacement , peu onéreux il est vrai, des candidats ; ou mieux , d’après deux ou trois compositions I — 115 — écrites , rédigées au chef-lieu d'Académie et envoyées sans signature h Paris. Dans ce dernier cas , la leçon de trois quarts d’heure après trois heures de préparation sans livres serait rattachée aux opérations du jury local , soit comme épreuve éliminatoire , soit comme épreuve définitive. De toutes façons , le jury local , constitue comme il a été dit plus haut , n’examinerait que les can¬ didats conservés et les apprécierait pour tout l’ensemble des épreuves. En fin de compte , le concours local étant nécessairement de moindre durée que le concours central, on peut y multiplier les garanties et les épreuves, spécia¬ lement les épreuves pratiques, élément si sérieux dans la vérification des aptitudes et qui est justement , aujour¬ d’hui , le côté faible du concours centralisé. Il y a peut-être d’autres procédés encore. Nous ne voulons pas ébaucher un projet de fonctionnement des jurys locaux , mais poser des principes. L’application de ceux-ci implique assurément des études mûries auxquelles nous ne sommes pas conviés pour le moment. Mais nous croyons , Messieurs , pouvoir vous proposer de répondre à Monsieur le Ministre : 1° Que l’on ne saurait , sans abaisser le niveau du concours, modifier la nature des épreuves actuelles du concours d’agrégation des Facultés de médecine ; 2° Qu'il est nécessaire , ainsi que les Facultés en avaient formulé le programme à leurs délégués pour les éjections au Conseil supér’eur en 1880 . « de soustraire les concours d’agrégation à une centralisation funeste autant aux intérêts de la science qu'à ceux des Facultés de province ; » 3° Que cette décentralisation est particulièrement nécessaire et urgente pour les sections de médecine et hygiène et de chirurgie et accouchements ; 4° Que le rétablissement des concours locaux est désirable , à la condition que l’on entoure ces concours des garanties nécessaires d’élévation scientifique et d’im¬ partialité ; — 116 - 5° Que ces garnties peuvent être obtenues ; soit à l’aide d’un jury , moitié local moitié étranger, fonction¬ nant seul pour toutes les épreuves ; soit subsidiairement , au moyen d’un jury central, décidant au préalable et exclusivement de l’admissibilité, sans préjudice de l’appréciation d’ensemble et définitive par le jury local. BIBLIOGRAPHIE. NOUVEAUX ELEMENTS D’HYGIENE, Par M. J ARNOULD, Médecin Principal de lre classe , Professeur d’Hygiène à la Faculté de Médecine de Lille (1). L’hygiène, dit M. le professeur Arnould, est « l’étude des rapports sanitaires de l’homme avec le monde exté¬ rieur et des moyens de faire contribuer ces rapports à la viabilité de l'individu et de l’espèce ». L’extrême importance de l’hygiène, sur laquelle on ne saurait trop insister, est caractérisée par cette définition qui marque en même temps combien son domaine est immense. Les rapports de l’homme avec l’extérieur sont de tous ordres et extrêmement nombreux ; or, il n’en est aucun qui ne soit justiciable de l’hygiène. C’est dire l’in¬ térêt puissant qui s’attache à une science hier encore dé¬ laissée, mais qui, aujourd’hui, à pris rang de premier ordre ; c’est expliquer aussi le succès fait par le public scientifique aux ouvrages qui, à la manière de celui-ci, coordonnent toutes les données éparses et les soumettent au crible de la discussion. Les éloges unanimes donnés par la presse médicale au livre de M. Arnould, montrent qu’il ■ est bien, selon l’ex- (l) Un volume in-8n de 1,400 pages, avec de nombreuses gravures, chez MM. J. -B. Baillière et fils, à Paris. pression de M. Léon Colin, si autorisé en cette matière, a un véritable monument élevé à l’hygiène ». Personne mieux que le professeur de Lille, n’était en effet préparé à cette œuvre ; chacun sait « qu’il est un des savants qui ont le plus énergiquement coopéré à l’impulsion toute mo¬ derne en faveur de la médecine publique, dans laquelle il a acquis la plus légitime notoriété». Nous allons essayer de donner un aperçu de ce savant travail. Pour procéder à l’étude méthodique de son sujet, M. Arnould le divise en trois parties et il étudie successive¬ ment : 1° Yhygiène générale , 2 0 Y hygiène spèciale, 3° la législation et la police sanitaires. C’est sous le cheî de Yhygiène générale , que M. Arnould étudie le sol , sur lequel nous vivons et qui peut influencer notre orga¬ nisme, non seulement par ses couches superficielles, mais même par ses couches plus profondes, fixer les conditions des manifestations telluriques est donc un im¬ portant problème. Yè atmosphère, si intéressant à étudier à l’état normal, avec toutes les particularités que déter¬ minent sur le corps humain la pression, la raréfaction, l’état électrique, etc., l’est tout autant lorsqu’on se place au point de vue des corps qui se mélangent à l’air. L’in¬ fluence de Y eau sur l’organisme n’est pas moindre : sans parler des matières inorganiques qu’elle peut tenir en suspension, et qui sont versées parles boissons dans le torrent circulatoire, l’étude de l’eau fait naître une foule de questions de premier ordre, relativement aux nom¬ breuses et graves maladies dont elle peut charrier les germes. De même, les aliments, quelle que soit leur ori¬ gine, avec l’étude de leurs falsifications, des dangers qu elles présentent , des moyens de les reconnaître , etc., etc., forment une étude du plus haut intérêt. Les questions relatives aux vêtements, à la construction , à Yhabitation, au chauffage, à Y éclairage, à la ventilation, etc., avec leurs applications sans nombre, forment aussi un point important de Yhygiène générale. Sous le titre de hygiène spèciale, M. Arnould, consi¬ dérant l’homme à l’état d’association, s’occupe successi- vement de toutes les agglomérations humaines, sous quelque forme qu’elles se présentent : il trace les règles de l’hygiène pour l’école, la fabrique, la caserne, l’hôpi¬ tal, etc., accordant aussi la place qu’elles méritent, aux questions graves soulevées par l’étude des maladies contagieuses. La troisième partie du livre est consacrée à l’examen de la législation sanitaire dans les différents pays et à l’organisation de l’hygiène publique. M. Arnould, insiste sur tout ce qui serait à faire et démontre, chiffres en mains, dans quelle énorme proportion la mortalité peut s’abaisser dans certaines conditions, sous l’influence de sages règlements. Notons en passant que l’étude de ce qui se passe ailleurs, démontre l’infériorité de notre pays, aussi bien au point de vue de l’enseignement, qu’à celui de l’organisation de l’hygiène publique. Nous n’avons lait que donner, dans les lignes précé¬ dentes, la table très abrégée des principaux sujets traités par M. Arnould ; cela suffit pour montrer l’importance considérable d’un livre qui n’est pas susceptible d’analyse. En effet, les idées et les observations personnelles y sont si nombreuses, les faits accumulés pour servir de bases aux déductions ou pour entraîner les convictions sont en nombre si considérable, et les discussions auxquelles a dû se livrer l’auteur pour dégager la vérité, sont si im¬ portantes, que l’on ne peut songer à les énumérer, encore moins à en donner un aperçu. C’est qu’il ne s’agit pas ici des éléments de l’hygiène, comme le prétend un titre beaucoup trop modeste, mais bien d’un traité complet, fait de main de maître, et dans lequel sont mises en œuvre les acquisitions scientifiques les plus récentes. Le livre dont nous parlons a le mérite d’être absolument scienti¬ fique, en même temps qu’il présente l’avantage, rare pour une œuvre de cette sorte, que chacun peut en tirer profit, grâce à la méthode qui y règne et à la clarté de l’exposition. Disons en terminant que le livre de M. le professeur Arnould, ne s’adresse pas seulement aux médecins et aux étudiants en médecine : ceux-ci y retrouveront sans doute l’exposé des brillantes leçons du maître, mais, tous ceux qui ont charge de la santé et de la salubrité publiques, les ingénieurs, architectes, administrateurs, etc., trouveront là les données les plus satisfaisantes et les renseignements les plus complets, sur les problèmes de premier ordre qu’ils sont appelés à résoudre, et sur les bienfaits dont il serait si facile, grâce à l’hygiène , de doter les agglomé¬ rations humaines. Dr R. Moniez. LA CHIRURGIE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE VIENNE , Par M. le Docteur COYNE , Professeur d' Anatomie pathologique à la Faculté de Médecine de Bordeaux [Suite) (1). On emploie plusieurs moyens contentifs pour retenir les fils d’argent qui assurent la réunion profonde et pour les fixer, appliquer et soutenir l’un vis-à-vis de l’autre, les lambeaux. Ce sont tantôt des bâtonnets, tantôt des fragments de sonde. Ce sont aussi des plaques de plomb perforées à leur centre. Les deux premiers me paraissent présenter un danger surtout lorsqu’il s’agit de lambeaux épais et lourds et nécessitant une pression assez grande pour être fixés, c'est d’agir dans une direction linéaire et d’étrangler pour ainsi dire la base des lambeaux. On ne peut adresser le même reproche aux plaques de plomb de différentes dimensions qui sont employées dans le service du professeur Billroth. On peut les laisser longtemps en place. La pression qu’elles font subir aux parties molles se répartit sur une surface assez large, elles ne sont pas irritantes par elles-mêmes et la subs¬ tance qui les compose ne s’infecte pas facilement. Mais (1) Voir Bulletin Scientifique du département du Nord , 2e série, 4e année , N° 12 . pag. 391 et suiv., et 5e année, N° 1, pag. 16 et suiv. 120 — c’est surtout la première raison qui me paraît militer en leur faveur .Or, il se présente des cas dans lesquels il est nécessaire de laisser en place les sutures profondes pour soutenir de larges lambeaux qui ont dû être relevés ; comme dans l’amputation de Pirogofi, dans le Lisfranc, bien que la suture des lèvres de la plaie soit assurée, mais pour empêcher que cette réunion encore bien fra¬ gile ne soit compromise. J’ai vu plusieurs cas de ce genre où les sutures profondes fixées par des plaques de plomb soutenant parfaitement les lambeaux en place ont pu rester dans les parties molles plus de quinze jours sans amener aucun accident et alors que les tubes à drainage étaient enlevés déjà depuis quelques jours. On observe également dans le service du prolesseur Billroth une autre modification méritant d’attirer l’atten¬ tion des chirurgiens qui emploient la méthode antisep¬ tique de Lister et qui désirent se donner toutes les chances d’obtenir la réunion par première intention. Je veux parler du choix des tubes à drainage destinés à as¬ surer l’écoulement très exact du sang et de la sérosité exsudée dans le fond de la plaie, après le rapprochement des surfaces cimentées et qui se prolonge pendant quel¬ ques heures. Or, on sait que si l’écoulement de ces li¬ quides n’est pas assuré d’une façon parfaite au fur et à mesure de leur exsudation et s’ils s’accumulent en cer¬ taine quantité au fond de la plaie, la réunion par première intention peut être gravement compromise. J’ai remarqué qu’en France les tubes à drainage em¬ ployés sont d’une façon générale beaucoup trop minces, ont des parois trop peu résistantes, trop faibles par suite du peu d’épaisseur de ces parois et par suite de la façon dont ils sont percés de trous. Enfin, il m’a semblé qu’on n’en mettait pas pour les premiers jours du moins un nombre suffisant. Les tubes à drainage sont, ai-je dit trop étroits et ont des parois trop minces. C’est à peine s’ils ont de 7 à 8 millimètres de diamètre total et si leur paroi atteint une épaisseur d’un millimètre. La force de résistance de pa- rois si minces et si faibles est encore affaiblie et voit di¬ minuer son élasticité par k présence des nombreux ori¬ fices qui la perforent et par la manière dont les orifices sont produits d’avance. Une pression, même minime suf¬ fit pour effacer à peu près complètement, ci ce n’est tout k fait, la cavité centrale du tube, qui au lieu de produire un effet utile n'agit plus que comme corps étranger. A mon avis, la manière d’agir du professeur Billroth est beaucpup plus rationnelle et permet d’éviter à coup sûr cet inconvénient qui peut devenir le point de départ de grands dangers. Les tubes à drainage qu’emploie M. Billçoth sont pré¬ parés dans le service même, taillés, rognés, arrondis, percés de trous au moment même d’être utilisés dans le pansement. On les fait avec des tubes en caoutchouc de très bonne qualité, ne contenant pas les quantités consi¬ dérables d’argile que renferment ceux qui sont mis k notre disposition. Ces tubes sont conservés constamment pour être désinfectés dans une solution phéniquée forte. Enfin leur volume, l’épaisseur de leur paroi est bien plus considérable que pour les tubes usités en France. (A suivre). CHRONIQUE. LA QUESTION DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE. Les lecteurs du Bulletin connaissent les opinions que j’ai soutenues depuis six ans sur cette question, soit comme membre de la Commission du Centre universi¬ taire Lillois, soit comme professeur et conseiller muni¬ cipal ; ils savent aussi qu’elle a été mon attitude constante vis-à-vis de l’Université soit-disant libre. Aussi liront-ils, j en suis sûr, avec étonnement, la lettre suivante, adressée aux étudiants, qui parut le 19 mars dans YEch&clu Nord , sans que j’eusse été en aucune façon prévenu de cette publication : — 422 - « Mes chers Camarades , » Depuis quelque temps les feuilles réactionnaires sont remplies d’attaques dirigées contre 'notre Faculté de Médecine. Les journalistes de l’opposition font leur mé¬ tier comme ils peuvent. Tous les moyens leur paraissent bons pour soutenir, au risque de la compromettre, la seule et unique Faculté de Médecine catholique qui existe en France. Quand on importe à grands frais des élèves d’Afrique et qu’on en est réduit, faute de personnel, à meubler les affiches avec des points suspensifs, on est trop heureux de pouvoir exploiter largement les fai¬ blesses ou les inconséquences de ses adversaires. » Les cléricaux , justement efirayés de voir approcher le jour où une institution florissante se constituera d’une façon définitive à leur détriment, redoublent d’energie dans leur polémique, ils restent en tout ceci fidèles à leurs principes ; nous ne devons pas nous en étonner. » Mais, ce qui peut à bon droit nous surprendre, ce qui nous attriste au plus haut point, c’est de voir ceux-là même qui ont qualité pour nous défendre, se liguer contre nous avec nos ennemis. » Un professeur de la Faculté garde depuis longtemps au Conseil municipal un silence coupable ; nous espérions le voir protester, comme il convenait, au sujet d indignes accusations portées contre ses collègues, contre la Fa¬ culté tout entière » Il s’est tu, et voici qu’aujourd’hui nous lisons dans le Bulletin scientifique du département du Nord les mêmes insinuations que vous avez vues imprimées dans le Propagateur et dans la Vraie France. » Durant quatre ans , j’ai collaboré activement au Bulletin scientifique ; mon nom figurait sur la couver¬ ture à côté de celui de M. Giard. J’appréciais le savant, sans connaître l'homme de parti. » Dans les circonstances actuelles, je tiens à déclarer ici que, depuis plusieurs mois, je suis devenu complète- — 123 — ment étranger à la rédaction du Bulletin. Un certain nombre de personnes, ayant cru que je n'avais point cessé d’y participer, je me vois forcé de réprouver publi¬ quement l'odieuse campagne menée contre la Faculté de Médecine, par la publication dont il s’agit. » Il est temps, mes chers camarades, que les gens hostiles qui nous entourent comprennent que les étu¬ diants, de plus en plus nombreux, savent juger chacun selon ses œuvres et se groupent toujours auprès de leurs maîtres pour le triomphe de la science et de la vérité. » J. de Guerne, ' Étudiant en médecine, licencié ès-sciences. ' A cette lettre, j’ai cru devoir répondre le 20 mars , dans les termes qui suivent : « Monsieur le Rédacteur. » Je lis avec surprise dan^ Y Èclio d’hier soir une lettre adressée par mon aide-préparateur, M. de Guerne, aux étudiants de la Faculté de médecine. Permettez-moi de mettre sous les yeux de vos lecteurs l’article du Bulletin scientifique qui a éveillé les susceptibilités de M. de Guerne : « Faculté de medecine de Lille. — M. Morat, profes- » seur de physiologie à la Faculté de médecine de Lille, » est délégué dans la même chaire à la Faculté de Lyon. » M. Morat doit être heureux de cette mutation qu’il » avait sans doute demandée ; il trouvera en effet dans » la cité lyonnaise, non seulement les relations de la » famille et de l’amitié, mais aussi des conditions maté- » rielles infiniment plus brillantes que celles qu’il pouvait » espérer à Lille. Félicitons donc le sympathique profes- » seur de la légitime satisfaction accordée à ses plus » chers désirs ». » Expérimentateur habile et professeur éloquent, M. » Morat avait su grouper autour de sa chaire les futurs » médecins de notre école ; il leur exposait dans un lan- — 124 — » gage net et précis cette science de la vie , qui est le » fondement même de la médecine. Chercheur infati- » gable, ayant le culte dn laboratoire et de l’expérience, » il donnait à cette jeune génération l’exemple du travail. » Le départ de M Morat est un coup des plus sensibles » porté à la Faculté de médecine de Lille. » Cette perte qui vient s’ajouter à la démission récente » de M. Kelsch, à celle de M. Gaulard et à ce que nous » savons des démarches entreprises par d’autres profes- » seurs, nous inspire de sérieuses inquiétudes pour le re- » crutement du personnel chargé d’enseigner la science » pure dans notre école. 11 est temps que l’accord se fasse » entre l’État et la municipalité et que la situation de » notre Faculté soit réglée sur le pied de l’égalité avec » les Facultés de l’État. La prolongation du régime ac- » tuel nous ramènerait rapidement au cadre de l’ancienne » école secondaire ». » Cet article n’est pas de moi. Il est signé par mon collègue H. Lescœur, qui répondra s’il le juge à propos. J’avoue que pour ma part j’ai trouvé ces quelques lignes très convenables, très modérées et n’y ait rien vu qui pût offenser qui que ce fût. Les étudiants ont pu les lire depuis quinze jours et je ne sache pas qu'ils aient besoin des conseils de M. de Guerne pour se faire une opinion sur ce qui les intéresse ; de son talent epistolaire pour me dire ce qu’ils pensent. L’accueil qu’ils n’ont jamais manqué de faire à mon cours me renseigne suffisam¬ ment à cet égard. » Le Bulletin a publié naguère des notes critiques sur ce que M. de Guerne appelle les faiblesses et les incon¬ séquences de la Faculté de médecine. M. de Guerne eut alors connaissance de ces articles et les approuva. Le candidat à la licence ès-sciences avait sur bien des choses des opinions opposées à celle que professe aujourd’hui le candidat au doctorat en médecine. Il est permis à tout le monde de changer d’avis. Je regrette seulement que M. de Guerne cherche à se faire pardonner par Xindè- pendance du cœur, Y indépendance d' esprit dont il a fait preuve autrefois. » Quant à mon attitude au conseil municipal, elle m'a été imposée par un sentiment de discrétion que chacun appréciera. J’ai été l’un des promoteurs de l’idée du centre universitaire lillois et plus que personne je vou¬ drais voir à Lille une véritable Faculté de l’Etat. Les étudiants sont bien placés pour juger quels sont les vrais amis de la Faculté. Ils établiront facilement une distinc¬ tion entre ceux qu’anime un esprit étroitement local, qui veulent un établissement fermé, incomplet, dont les pro¬ fesseurs ne figurent pas au cadre d’avancement de l’État, et ceux qui. sagement décentralisateurs, désirent une Faculté autonome, mais progressiste, animée de toutes les tendances de la science moderne, largement ouverte à tous les jeunes talents et mettant au-dessus de tout Fs intérêts sacrés de la science et de l’humanité. » Veuillez agréer, etc. » A. Giard. » M. de Guerne ayant dans une nouvelle lettre remplie de personnalités, mis en cause et les élèves actuels de mon laboratoire de la Faculté des sciences et mes anciens élèves MM. Paul Hallez, Moniez, Jules et Théodore Bar- rois, seize élèves présents au laboratoire envoyèrent dès le lendemain une énergique protestation à Y Écho du Nord. Le même jour, M. le professeur Lescœur ayant blâmé, après son cours, la lettre de M. de Guerne, était vive¬ ment acclamé par les élèves de la Faculté mixte. Quelques jours après, M. Jules Barrois, directeur du laboratoire de Villefranche, près Nice, écrivait à M. Verly, rédacteur en chef de Y Écho du Nord : « Monsieur , » Je vois avec le plus grand étonnement, mon nom associé dans votre journal , à une polémique contre M. Giard. Je ne sais ce qui a pu autoriser l’auteur de cet — 126 — article à en user ainsi sans ma permission. Dans tous les cas, je tiens, monsieur, à venir déclarer mon intention for¬ melle de rester à l’écart. Je ne veux pas me joindre à une campagne contre mon ancien maître pour lequel je ne conserve que de la reconnaissance. » Agréez, je vous prie, etc. » J. Barrois. « Yillefranche, 24. » Enfin, MM. Paul Hallez et Théodore Barrois ont fait auprès de nous une protestation analogue. Toute cette polémique dont nous ne voulons pas cher¬ cher les véritables inspirateurs, n’a donc abouti qu’à nous faire connaître quels sont parmi nos élèves ceux qui ont perdu le souvenir des services rendus. Nous n’en aurions pas entretenu les lecteurs du Bulle¬ tin si le point de départ ne semblait être une question de principes sur laquelle ils sont mieux placés que qui que ce soit pour prendre parti. A. Giard. MÉTÉOROLOGIE. Température atmosphérique moyeune. . . moyenne des maxin\a . .» ' » des minima. > extrême maxima , le 20 . * ' minima , le 22 . Baromètre . hauteur moyenne à 0° — ... extrême maxima, le 16 . » « min. le 26, 10 h. 15 mat Tension moyenne de la vapeur atmosphériq Humidité relative moyenne °/o . Epaisseur de la couche de pluie . * * d’eau évaporée/. MARS. 1882, 8°. 30 12°. 05 4°. 55 18°. 00 0°. 60 761mm 389 776mm.670 734mm.880 6mm .14 76.30 70mm.43 51mm.32 année moyenne. 5°. 45 758mm.566 5mra.35 17.71 51mm.86 46mm.32 Ce qui distingue surtout le mois de mars 1882 du mois de même nom d’une année moyenne, c’est d’abord sa haute température , supérieure de 2°. 85 à celle d’une année moyenne ; puis la grande hauteur de la colonne barométrique (2mm.823 au-dessus de la moyenne ordi- i — 427 — naire) ; enfin la moindre humidité des couches d’air en contact avec le sol. La chaleur et la sécheresse de l’air ont déterminé l’évaporation d’une couche d’eau plus épaisse qu’en année moyenne. Cependant, il paraît étrange et anormal que, tandis que le baromètre indiquait la présence d’une faible quan¬ tité de vapeur d’eau dans les hautes régions atmosphé¬ riques, il soit tombé une quantité de pluie de 18mm.57 supérieure à la moyenne de mars. Si on examine comment les pluies se sont réparties pendant le mois, on voit que le 26, sous l’influence d’une énorme dépression baromé¬ trique, coïncidant avec une violente tempête du N. O., il est tombé une pluie qui a donné une couche d’eau de 24mm.86 d’épaisseur. Si donc on retranche ce nombre exceptionnel du total 70mni.43, il reste 45mm.57 inférieur à la moyenne de mars. Par conséquent il y a concordance avec la hausse barométrique . Ces 70mm.43 de pluie, tombés en 20 jours, comprennent 8mm 5i d’eau de neige et lmm.03 d’eau de grêle. Pendant la tempête du 26, durant de onze heures du matin à quatre heures de l’après-midi, la tension de l’é¬ lectricité atmosphérique a été très grande ; cependant on n’observa ni éclairs ni tonnerre. Si maintenant nous envisageons l’évolution des mé¬ téores pendant les deux moitiés du mois, nous voyons que, pendant la première, la température moyenne a été de 8°. 50, la moyenne des maxima 11°. 88 et celle des minima 5°. 12 ; pendant la seconde, la moyenne a été de 8°. 11 inférieure à celle de la première période ; ce résul¬ tat est dû à l’abaissement des minima dont la moyenne n’a été que de 4°. 00, tandis que les maxima, suivant la croissance normale , avaient donné une moyenne de 12°.23 plus grande que celle des températures maxima de la première période. Aussi a-t-on observé des gelées blanches les 16, 17, 18, 19, et des gelées les 22 et 23, sous l’influence de vents forts N. N. O. Du 1er au 15, la moyenne de la hauteur barométrique a été — 128 — de 762mm.676 et l’épaisseur de la couche de pluie tombée en neuf jours de 12mm.15. Du 16 au 31,1a moyenne baromé¬ trique n’a été que de 760umG183 et la couche d’eau tombée en onze jours a été de 58mm.28 ou de 33mm.42 en dix jours, si, comme nous l’avons fait tout-à-l’heure, on retranche les 24ram.86 d’eau météorique du 26; preuve évidente de l’indication, par le baromètre, de l’état hygrométrique des hautes régions inaccessibles à nos instruments. Du 1er au 15, la nébulosité du ciel a été de 0.700 cons¬ tituée surtout par des grands cumulus et des cumulo- stratus peu élevés ; du 16 au 31, elle n’a été que de 0.575, ce qui a favorisé l’évaporation qui a été de 29mm.79, tandis que pendant la première période elle n’avait été que de 21mm.57 ; il est vrai que cette évapora¬ tion observée pendant la seconde moitié du mois a été fa¬ vorisée en même temps par la moindre humidité de l’air des couches inférieures (0.742 du 16 au 31, 0.785 du 1er au 15). Les brouillards, ont été fréquents et quelquefois très épais ; les rosées ont été observées au nombre de 20. Les vents régnants ont soufflé du S. O. et de 1 O. S. O. Dans la nuit du 21 au 22, à 1 h. 45, il est tombé une neige abondante qui a couvert les toits des maisons avant de se fondre. Toutes les opérations de culture se font dans d’excel¬ lentes conditions ; les récoltes sont généralement belles : les fleurs'des abricotiers ont souffert de la gelée. Le niveau de la nappe d’eau souterraine continue à s’abaisser. Y. Meurein. société géologique de Londres. — M. Gosselet , pro¬ fesseur de géologie à la Faculté des Sciences vient d’obtenir la grande médaille Murchison, pour ses beaux travaux sur la géologie des terrains primaires. M. Gosselet est tellement coutumier de ces distinc¬ tions, qu’il a épuisé toutes les formules d’éloge. \ LILLE. — IMP. L DANEL 1882. N° 4. AVRIL. FACULTE DE MÉDECINE DE LILLE. Des analogies de constitution anatomique des systèmes veineux du crâne et du rachis chez l'homme, et de leurs rapports avec la théorie rachidienne du crâne, d’après Owcn , Par le Dr Gustave Pl'EL, Professeur d’Anatomie normale à la Faculté de Médecine de Lille. La conception du crâne comme un prolongement supé¬ rieur et terminal du rachis, formé par la réunion de trois vertèbres particulières, dites vertèbres crâniennes, est, comme d'autres vues hardies de l’anatomie philosophique, devenue classique; et, naguère encore, elle semblait définitivement établie et justifiée par les remarquables travaux d'OwEN et de ses devanciers. Sans préjuger du sort que réservent à cette théorie rachidienne du crâne les recherches d’embryogénie com¬ parée d Huxley et de Gegenbaur , au contrôle desquelles nous la voyons actuellement soumise, il nous a paru intéressant d'en poursuivre la vérification , en nous plaçant à un point de vue entièrement délaissé par les naturalistes, pour lequel nous étions peut-être plus par- Îticulièrement préparé par la nature même de notre spécialité scientifique. Il est à remarquer, en effet, que la solution de ce problème crânien a été demandée, de tout temps, à un examen comparatif des divers éléments du squelette du crâne et du rachis, à l’exclusion de toute autre disposi¬ tion anatomique, d’ordre différent, par exemple, celle du système vasculaire veineux et artériel de ces deux régions , dont l’importance ne saurait être méconnue ni négligée. C’est ainsi que nous avons été conduit à une étude — 130 — comparative de chacun, de ces systèmes dans ces deux régions, et que nous croyons être parvenu, tout en apportant quelques considérations nouvelles à 1 appui de leur constitution anatomique générale et d’ensemble, à mettre en évidence en meme temps certaines particula¬ rités de détail, propres à justifier le dénombrement ainsi que la délimitation des vertèbres crâniennes, tels qu’ils sont établis par Owen. En nous réservant d’exposer dans un travail ultérieur les analogies propres au système artériel, d un caractère moins frappant, plus délicates à saisir, quoique aussi réelles que celles des systèmes veineux ; ces dernières nous occuperont tout d’abord. Ces analogies se retrouvent aussi démonstratives, dans le svstème veineux périphérique que dans le système %/ veineux cavitaire. SYSTÈME VEINEUX CAVITAIRE. Rachis. — Les veinules émanées du centre médullaire et des parois du canal vertébral, se deversent dans un système particulier de canaux, dont le type constant et générique se présente avec les dispositions suivantes . ° Sur la paroi antérieure du canal vertébral, en arrière par conséquent des corps vertébraux, étendus du trou occipital à la base du coccyx, on remarque deux conduits veineux longitudinaux, placés de chaque côté de la ligne médiane, en arrière des masses latérales et en dehors des festons du ligament commun postérieur. Cette situation, par rapport à la dure-mère rachidienne, leur a valu la dénomination de sinus longitudinaux antérieurs , rappe¬ lant ainsi leur analogie avec les sinus veineux de la dure- mère crânienne. Sur la face postérieure du canal vertébral, en avant par conséquent des arcs vertébraux, et de chaque côte de la ligne médiane, nous retrouvons une disposition sem¬ blable de deux conduits veineux longitudinaux posté¬ rieurs : ils ne diffèrent des precedents que par un calibre moindre. — 131 Cet ensemble de canaux longitudinaux est complété par un système circulaire de voies de communication, à direction horizontale, constitué par des conduits, les uns transverses (antérieur et postérieur) , les autres antéro¬ postérieurs (droit et gauche) qu’il nous reste à décrire. Il est un cycle complet formé par ces conduits hori¬ zontaux au niveau de chaque vertèbre. Transversalement situé sur la partie médiane de la face postérieure du corps de la vertèbre , et au niveau des pertuis osseux qu’elle présente donnant passage aux veines intra-osseuses ou émissaires , on remarque un conduit reliant les deux canaux longitudinaux antérieurs. Même disposition pour la mise en communication des deux canaux longitudinaux postérieurs. Quant aux canaux longitudinaux antérieurs et posté¬ rieurs, ils sont réunis de chaque côté, par les canaux antéro-postérieurs qui ferment le circuit. Telle est la disposition topographique et d’ensemble du système veineux cavitaire du rachis. Il importe maintenant de signaler dans ce réseau quelques particularités d’autant plus intéressantes que nous les retrouverons plus ou moins accusées ou modi¬ fiées, il est vrai, dans celui de la cavité crânienne, mais néanmoins avec une valeur déductive tout aussi grande. 1° Au niveau de chaque trou de conjugaison, au point d’intersection des conduits longitudinaux antérieurs avec les conduits horizontaux (transverse antérieur et antéro¬ latéral), existe un renflement, sorte de golfe, confluent anastomotique entre les circulations veineuses intra et extra-rachidienne. 2° Les canaux transverses et antéro-postérieur, en rapport avec les principaux pertuis osseux du corps et des lames -vertébrales, recueillent le sang des veines auxquels ces pertuis donnent passage. 3J Les veines longitudinales antérieures ont une appa¬ rence plexiforme due à la série de décompositions et recompositions successives qu’elles présentent fréquem¬ ment répétées sur leur parcours du trou occipital à la — 132 — base du coccyx. Leur succession rapide, leur faible éten due ainsi que leur petit nombre relatif, ne sauraient cependant altérer le caractère fondamental d’unicité physiologique et anatomique qui les a fait envisager comme deux voies longitudinales antérieures simples. 4° La même remarque peut s’appliquer aux voies hori¬ zontales (transverse antérieure et postérieure) qui sont constituées par deux ou trois canaux veineux, tout en présentant une embouchure unique au niveau du confluent déjà signalé. Les canaux transverses postérieurs, s’é¬ cartant parfois de la direction horizontale, présentent en outre une certaine obliquité. Crâne . — Le sang veineux qui provient de la masse encéphalique et des parois de la cavité crânienne, est re¬ cueilli par un système particulier de canaux , les sinus de la dure-mère ; ce qui constitue, soit dit incidemment et sans y attacher d’autre importance d’ailleurs, une pre¬ mière analogie de destination physiologique. Celles, d'ordre purement anatomique, qui doivent plus particulièrement nous intéresser, ne sont pas moins évidentes ; qu’on les recherche, soit dans la disposition générale ou d’ensemble du réseau veineux cavitaire, soit dans la disposition spéciale de chacune de ses parties. Au crâne comme au rachis en effet, c est à la périphé¬ rie de la pulpe nerveuse que nous observons, disposé ce réseau veineux; en rapport avec les parois, au niveau des principaux pertuis osseux; nous offrant à considérer les deux ordres de direction longitudinale et transverse ; en communication enfin avec le reseau extra-crânien sur des points déterminés. Ces points, nous les indiquerons plus loin, et nous constaterons qu’ils présentent la plus parfaite analogie avec ceux du réseau rachidien et comme structure, et comme forme ampullaire de 1 anatomose). Seule, la comparaison de la texture de ces voies vei¬ neuses chez 1 adulte semblerait, de prime abord, de\oii exclure toute analogie sous ce rapport, si, le peu qui est actuellement connu des origines, comme du développe- — 133 — ment embryogénique des sinus de la dure-mère crânienne ne permettait pas de la rétablir, avec un caractère de rigueur scientifique suffisant, sans outrepasser les droits de l’induction en ces délicates matières. Suivons les transformations successives survenant aux diverses phases de l’évolution embryonnaire, dans ce réseau ditfus et très délié qui constitue à l’origine la forme primitive des sinus de la dure-mère crânienne : qu’observons-nous ? Nous voyons tout d’abord ces vaisseaux se répartir dans une aire mieux circonscrite, se grouper ensuite, se fusionner finalement pour atteindre ce degré de simpli¬ cité anatomique sous lequel nous les retrouvons chez l’adulte , transformés à l’état de sinus méningiens. Serait-il téméraire de considérer les nombreux tractus dont la cavité de ces sinus est traversée comme les ves¬ tiges de cette diffusion vasculaire originelle? C’est un point que des recherches spéciales pourraient élucider (1) ; mais d’ores et déjà, ce que nous savons des causes de 1 aspect aréolaire du sinus caverneux qui présente ces tractus au summum de développement, tractus formés par les ramuscules artériels se distribuant à la selle turcique et au corps pituitaire, milite singulièrement en faveur de cette hypothèse. Quoiqu il en soit, la différence de texture de ces ca¬ naux veineux crâniens et rachidiens, incontestable chez l'adulte, ne saurait infirmer l’analogie que nous cherchons à démontrer, complète à tous les points de vue, sans dis- (1) Nous devons à 1 obligeance de notre collègue et ami M. le professeur ToüRNEUX, une étude histologique de ces tractus, réalisée sur des frag¬ ments que nous lui avons remis, recueillis : 1° dans le sinus caverneux ; 2° dans le sinus occipital postérieur. Le filament du sinus occipital postérieur offre la composition du tissu de la dure-mère, faisceaux lamineux mélangés à des fibres élastiques. Celui du sinus caverneux se compose presque exclusivement de fibrilles lamineuses entrelacées dans tous les sens, formant ainsi un tissu inextricable sans analogue dans l’économie, d’aspect grenu quand on l'examine à un faible grossissement, il existe peut-être un peu de matière amorphe interposée. cordance fondamentale aucune, puisqu'il est une période d’évolution organique du crâne, durant laquelle cette dissemblance n’existe pas, etqu’elle peut être considérée, lorsqu’elle existe, comme le résultat d’une transformation de perfectionnement. Et en effet, s’il est vrai que le squelette du crâne soit un perfectionnement de celui du rachis, serait-il donc illogique d’admettre que ce perfec¬ tionnement n’a pu exclusivement s’opérer sur les parties osseuses sans que les autres éléments constitutifs, et le système veineux en particulier, y aient pris part? Nous sommes d’autant mieux fondés à le supposer que la soli¬ darité évolutive et fonctionnelle des systèmes veineux du crâne et du rachis, avec le squelette de ces deux régions, a quelque chose de spécial que ne présentent pas au même degré les autres parties du corps. Il est encore un autre argument qui ressort de la comparaison, chez l’adulte, de ces deux systèmes veineux. Qu’est-ce, en effet, que cette disposition plexiforme des conduits lon¬ gitudinaux antérieurs et transverses du raclhs, que nous avons déjà signalée, si ce n’est un certain degré de per¬ sistance du réseau veineux primitif, témoignant de la réalité du perfectionnement qu’ils auront à subir pour devenir sinus de la dure-mère? (1) Nous pouvons donc conclure qu’on ne saurait arguer de la différence de texture des sinus crâniens pour rejeter l’analogie de leur constitution anatomique générale et d’ensemble avec celle du réseau veineux cavitaire du rachis. Poursuivons maintenant, dans ses détails, ses particu¬ larités, la recherche de cette analogie, et appliquons-nous (1) Ce caractère plexiforme persiste à un certain degré dans le sinus occipital antérieur, qui est formé de deux ou trois conduits irréguliers, s ou¬ vrant les uns dans les autres, s’étendant ransversalement du confluent des sinus petreux et caverneux d un côté au confluent semblable du côté opposé. Il est remarquable que, seul de tous les sinus crâniens, ce soit ce sinus servant de transition pour ainsi dire entre le système veineux rachidien et crânien qui présente cette disposition plexiforme. — 135 — à vérifier par ses résultats la théorie rachidienne du crâne, d’après Owen. Réduite à ses parties essentielles, cette théorie peut se résumer ainsi : La cavité du crâne n’est que la continuation, par l'in¬ termédiaire du trou occipital, de la cavité rachidienne. Elle n’est qu’une portion du canal vertébral modifié, délimitée par trois vertèbres particulières, les vertèbres crâniennes. La première, la plus intérieure ou vertèbre occipitale, aurait pour corps l’apophyse basilaire ; pour lames ou arcs vertébraux toute la portion postérieure de l’os, connue sous le nom de portion écailleuse; pour apophyses transverses, les apophyses jugulaires ; pour apophyse épineuse, la protubérance et la crête occipitale externes ; pour trou rachidien enfin, le trou occipital. Les condyles représenteraient les masses et facettes articulaires, par lesquelles le fragment crânien de la colonne vertébrale se continuerait, par l’intermédiaire de l’atlas, avec la co¬ lonne vertébrale proprement dite. La seconde ou moyenne, connue sous la dénomination de vertèbre spheno - temporo - pariétale , aurait pour corps la moitié postérieure de la portion médiane du corps du sphénoïde, comprenant la selle turcique ; pour lames, les grandes ailes du sphénoïde et les temporaux ; pour apophyses transverses, les apophyses mastoïdes ; pour échancrures postérieures , les fosses jugulaires ; pour échancrures antérieures, l’extrémité interne des fentes sphénoïdales ; pour apophyse épineuse, les pariétaux ; et pour trou rachidien, l’énorme intervalle qui sépare le corps du sphénoïde de la suture bi-pariétale. La troisième et dernière vertèbre crânienne ou ver¬ tèbre terminale, sphéno-frontale, aurait pour corps la moitié antérieure de la portion médiane du corps du sphénoïde ; pour lames, les apophyses d'ingrassias ; pour apophyses transverses , les apophyses orbitaires externes ; pour échancrures, toute la moitié supérieure de la fente sphénoïdale ; pour apophyse épineuse, les deux moitiés — 136 — du frontal largement étalées et d’abord indépendantes, mais plus tard soudées l’une à l’autre sur la ligne médiane ; pour trou rachidien, la concavité de cet os. Les divers éléments constitutifs de la colonne verté¬ brale crânienne étant connus, il nous est aisé de nous rendre compte de sa disposition générale ou d’ensemble . La cavité crânienne envisagée comme portion du canal vertébral, aurait pour face antérieure, correspondant à la face postérieure des corps vertébraux, une surface située sur la ligne médiane antéro-postérieure de la base du crâne, comprenant l’apophyse basilaire de l’occipital, la selle turcique, et la moitié antérieure de la portion médiane du corps du sphénoïde. Si nous recherchons maintenant les conduits veineux correspondant aux conduits rachidiens longitudinaux antérieurs, nous les trouvons exactement représentés, comme rapports et situation topographique, par la suc¬ cession des sinus pétreux inférieur et caverneux qui se continuent l’un l’autre sur le même prolongement. La face postérieure, celle qui répond à la face anté¬ rieure des arcs des vertèbres, et au-devant de laquelle nous avons constaté, dans la région du rachis, la présence de deux canaux longitudinaux postérieurs, serait pour le crâne, la portion médiane et latérale supérieure de sa voûte, étendue delà suture du frontal avec le sphénoïde, à l'extrémité inférieure et terminale de la crête occipitale interne, au niveau du bord postérieur du trou occipital. Un seul conduit médian , en avant, constitué par le sinus longitudinal supérieur se continuant suivant la même direction en arrière avec les sinus occipitaux postérieurs , au nombre de deux quoique très rapprochés à leur origine , telle est la disposition que nous obser¬ vons susceptible d’être assimilée à celle des deux con¬ duits longitudinaux postérieurs du rachis. S’en suit-il que l’analogie soit rompue, par ce fait d’un seul conduit en avant, la dualité ne devenant manifeste que dans la partie postérieure , en arrière ? c’est ce qu’il importe d’examiner. — 137 — Pour reconstituer cette dualité nécessaire à la démons¬ tration de cette analogie , en ce qui concerne les canaux veineux longitudinaux postérieurs , deux explications se présentent. On pourrait admettre que le sinus longitudinal supé¬ rieur résulte de la fusion de deux sinus primitifs affectés à chacune des deux portions du frontal , survenue au moment de leur suture. Cette opinion semblera t trouver un appui dans le caractère bifide de ce sinus longitudinal supérieur, dans sa portion postérieure terminale , au niveau , du pressoir d'Hérophile. Mais , outre , qu’étant donnée l'origine embryonnaire de ce sinus par un réseau veineux diffus , le perfectionnement devrait se traduire d’après les lois de développement organique par une individualisation propre à chacune des portions du frontal, par la dualité au lieu de l’unicité , nous n’avons pu recueillir de quelques recherches spéciales à ce sujet aucune donnée à l'appui de cette manière de voir. Plusieurs examens de fœtus d âge divers en effet, tous d’âge supérieur à six mois , nous ont démontré le sinus longitudinal supérieur simple , sans trace aucune d’une dualité primitive quelconque. Sur des embryons de porc de six et de neuf centi¬ mètres de long, le cerveau moyen n'était pas encore recouvert et l’on voyait manifestement dans le sillon séparant les deux lobes du cerveau antérieur un gros vaisseau qui se continuait , en arrière , sur un même plan , avec deux canaux latéraux situés entre les deux lobes et le cerveau moyen. Ce vaisseau interhémisphé¬ rique était manifestement le sinus longitudinal déjà très nettement constitué et les conduits postérieurs , con¬ tinuation ou bifurcation du premier , représentaient évidemment les sinus/latéraux. Nous sommes donc conduits à rejeter cette première explication. Il nous reste à examiner la valeur d’une seconde. Pour la portion terminale de cette face postérieure du canal vertébral crânien , les deux sinus occipitaux pos- — 138 — térieurs correspondent exactement aux deux conduits rachidiens longitudinaux postérieurs; mais pour sa por¬ tion antérieure l’analogie est en défaut , avons-nous dit , un seul conduit , le sinus longitudinal supérieur étant en rapport avec cette lace. Cette dualité nécessaire ne pouvons-nous pas la reconstituer à l’aide du sinus longi¬ tudinal inférieur? Ce que nous savons du développement de la faux du cerveau et des sinus méningiens nous y autorise , croyons-nous , et c’est cette explication que nous sommes conduit à adopter (1). En résumé , qu’il s’agisse de la paroi antérieure ou de la paroi postérieure de la portion crânienne du canal vertébral nous retrouvons sur l’une et sur l’autre la même disposition du système veineux longitudinal ana¬ logue à celle de la portion rachidienne proprement dite. Étudions maintenant cette analogie dans le système de canaux transverses. Dans la région du rachis , avons-nous vu , les deux canaux longitudinaux antérieurs sont reliés l’un à l’autre, au niveau de chaque corps vertébral , par un canal trans¬ verse horizontal. Le nombre des vertèbres crâniennes étant de trois, d’après la théorie d'Owen , nous devons donc retrouver sur la base du crâne, et au niveau des parties qui représentent le corps de ces vertèbres cr⬠niennes , un système de trois canaux transverses reliant les conduits longitudinaux antérieurs représentés par -les sinus petreux inférieur et caverneux. Et en effet, au niveau de la première vertèbre cr⬠nienne, nous remarquons le sinus occiputal antérieur, transverse ou basilaire qui fait communiquer les deux sinus petreux inférieur de côté opposé. Au niveau du corps de la seconde vertèbre crânienne (1) Le développement de la faux du cerveau accompagne, d après Kolliker, celui des hémisphères et s’effectue par un feuillet qui se détache de la voûLe lamineuse, pousse de haut en bas, d avant en arrière, en s insi¬ nuant entre les deux lobes du cerveau antérieur. Le sinus longitudinal inférieur apparaît donc comme résultant d une subdivision du réseau veineux primitif, origine du sinus longitudinal supérieur. — 139 — et de celui de la troisième, les canaux transverses corres¬ pondants nous apparaissent représentés par le sinus coronaire ou circulaire, dont les deux arcs contournant la selle turcique , réunis à leur embouchure mettent en communication les sinus caverneux. Les canaux longitudinaux postérieurs représentés sur le crâne par les sinus longitudinaux supérieurs et inférieurs continués par les sinus occipitaux postérieurs sont reliés l’un à l'autre, par un système de canaux transverses d’une analogie tout aussi évidente. Nous les voyons cons¬ titués d’une part par les deux veines de la faux du cer¬ veau mettant en communication les deux sinus longitu¬ dinaux supérieurs et inférieurs; de l'autre par le sinus droit remplissant le même usage ; et enfin , par la courte portion du confluent d’Hérophile comprise entre les deux points d’abouchement dans ce confluent des deux sinus occipitaux postérieurs. Les canaux à direction antéro-postérieure reliant le sinus longitudinal antérieur du même côté, sont enfin représentés : 1° par les veines anastomotiques cérébrales étendues du sinus pétreux supérieur au sinus longitudinal supérieur , 2U par le sinus latéral ; 3° par le sinus qui entoure le trou occipital et que quelques auteurs ratta¬ chent au système veineux intra- rachidien. SYSTÈME VEINEUX PÉRIPHÉRIQUE. Rachis. — La disposition du système veineux extra¬ rachidien varie suivant qu'on l’examine dans la partie postérieure ou antérieure de la région. SYSTÈME VEINEUX EXTRA-RACHIDIEN POSTÉRIEUR. Les veines qui ramènent le sang des parties posté¬ rieures du rachis convergent vers la ligne médiane pour constituer un plexus dont les mailles embrassent les apophyses épineuses. Au niveau de chaque vertèbre, on voit émerger de ce — 440 — plexus un rameau veineux qui, se portant en dehors, se divise entre les apophyses transverses en branche ascen¬ dante et en branche descendante ; la branche ascen¬ dante s’anastomose avec la branche descendante de la veine qui est au-dessus , et la branche descendante avec la branche ascendante de la veine qui est au-dessous . De ces anastomoses naissent des arcades à concavité antérieure dont les extrémités communiquent au niveau de chaque trou de conjugaison avec les veines intra¬ rachidiennes. On peut donc se représenter dans son ensemble ce système veineux postérieur, comme étant constitué par trois conduits veineux plexiformes longitudinaux, un médian suivant la ligne des apophyses épineuses et les deux autres latéraux suivant la ligne des apophyses transverses. Ges canaux sont reliés par un système de veines transversales, qui aboutissent au niveau de chaque trou de conjugaison , à une sorte de golfe ou confluent déjà signalé, lorsque nous traitions du système cavitaire, et par lequel une large communication s’établit entre les deux système veineux intra et extra-rachidiens. SYSTÈME NERVEUX EXTRA-RACHIDIEN ANTERIEUR. Cette partie du système veineux extra-rachidien des¬ tinée à recueillir le sang provenant de régions multiples et variables comme le sont celles qui siègent au-devant de la colonne vertébrale , en rapport avec des cavités et des organes les plus divers, ne peut se prêter à une des cription d’ensemble , chaque portion de ce système ayant ses caractères propres. Cette irrégularité de distribution anatomique du réseau veineux extra-rachidien antérieur, nous la retrouvons encore plus ascentuée, si, envisa¬ geant la base du crâne nous cherchons à démêler sur cette lace postérieure de la portion crânienne du rachis, une disposition uniforme quelconque , et cette irrégula¬ rité constitue à proprement parler, la seule analogie que nous puissions faire ressortir de la comparaison de ces — m deux systèmes. Nous la délaisserons donc pour nous occuper exclusivement de celle des régions postérieures du crâne et du rachis où cette analogie apparaît incon¬ testable. Crâne. — Correspondant au plexus médian rachidien, nous trouvons sur la ligne médiane du crâne , étendu de l’épine nasale du frontal à l’extrémité inférieure de la crête externe de l’occipital, suivant la ligne des apophyses épineuses des trois vertèbres crâniennes , un réseau anastomotique veineux , d’où nous voyons émerger, de chaque côté, se rendant vers les trous de conjugaison crâniens et les apophyses transverses, une série de veines dont la direction et les rapports reproduisent fidèlement la disposition générale du système veineux extra-rachidien postérieur. Ces veines , dont les anastomoses sur la ligne médiane de la voûte du crâne forment le canal veineux médian extra-crânien, sont susceptibles d’être groupées en deux faisceaux convergeant chacun vers un des trous de con¬ jugaison crânien et reproduisant pour le crâne l'appareil veineux transverse. Le premier faisceau est formé par la veine frontale et la sus-orbitaire se continuant par la veine opthalmique , dont l’aboutissant est au sinus caverneux , par la fente sphénoïdale, qui représente, d’après Owen, un des trous de conjugaison. Le second résulte de la réunion de la veine auriculaire postérieure avec la veine occipitale, qui convergent vers le golfe de la veine jugulaire c’est-à-dire le second des trous de conjugaison crânien. Sur un crâne bien injecté , il est en outre aisé de re¬ marquer, sur la ligne des apophyses transverses, des anastomoses multiples entre ces deux faisceaux veineux, reproduisant la série de branches ascendantes et descen¬ dantes que nous avons vues au rachis constituer les canaux longitudinaux externes et postérieurs. Pour compléter l’exposé de cette analogie, il ne nous — 442 — reste plus en terminant qu’à signaler la vascularisation spéciale des parois osseuses crâniennes et rachidiennes , et les communications des système veineux du diploé avec les systèmes cavitaires et périphériques , par l’in¬ termédiaire des veines émissaires , dont la mastoïdienne représente la principale. NOTE SUR LA MUQUEUSE DES GENCIVES ET SUR LE Hodc de terminaison de l'épithélium gingival contre la dent , Par M. Ch. LEGAY , Préparateur du cours d’Histologie à la Faculté de Médecine de Lille. On sait que l’épithélium des gencives, continu chez l’embryon, se trouve, par suite de l’éruption des dents, perforé en certains points, et présente ainsi chez 1 adulte des solutions de continuité en rapport avec le nombre des dents (1). Il nous a paru intéressant de rechercher quelles modifications survenaient dans les caractères de cet épi¬ thélium, vers son point de terminaison, et quels rapports exacts il affectait avec les tissus ambiants. Nos recherches ont porté sur divers mammifères : le mouton, le cheval, le chien et l’homme. Nous avons déta¬ ché des lambeaux de muqueuse gingivale, en ayant soin d’ahraser la surface de la dent, et nous les avons durcis par les procédés ordinaires. Nos coupes ont été prati¬ quées verticalement, de façon à intéresser la muqueuse dans toute sa hauteur, et à nous permettre de suivre sur une même préparation les modifications de 1 épithélium (1) On pourrait rapprocher de ce fait, l’effraction annuelle de la peau du front chez les cerfs par l’apophyse osseuse qui constitue le bois. Il nous a été impossible d’étudier chez ces animaux le mode de terminaison de la peau et particulièrement de l’épiderme à la base des cornes. — 143 — superficiel depuis la base jusqu’au sommet libre des gencives. Nous décrirons successivement le chorion de la mu¬ queuse . puis l’épithélium, à la terminaison duquel nous consacrerons un chapitre spécial. 1° Chorion. — Le chorion de la muqueuse gingivale du cheval que nous prendrons pour type dans notre des¬ cription, est formé par un tissu lamineux dense, fibreux par places, à faisceaux conjonctifs disposés parallèlement aux arcades dentaires. A la base des gencives et vers la surface, on y rencontre en plus des fibres élastiques dartoïques, isolées ou réunies par petits faisceaux qui disparaissent complètement au voisinage de la dent. On sait , du reste, que le chorion se continue dans ses parties profondes avec une membrane fibreuse impro¬ prement appelée périoste alvéolo-dentaire. Vers le bord libre des gencives , les fibres élastiques font totalement défaut. A sa surface , le chorion est garni de longues papilles effilées qui s’enfoncent profondément dans l’épithélium : elles diminuent de hauteur et de nombre, à mesure qu’on se rapproche du sillon vestibulaire . Les cellules du tissu conjonctif rares et isolées entre les faisceaux lamineux vers la base des gencives, comme dans toutes les membranes fibreuses, se multi¬ plient vers le sommet, probablement sous l'influence des nombreuses causes d’irritation auxquelles est soumise cette partie des gencives. Elles se modifient en même temps dans leur forme, deviennent sphériques, granu¬ leuses, et se rapprochent par tous leurs caractères des éléments décrits sous le nom de cellules embryonnaires. Elles sont généralement disposées sous forme de traînées le long des vaisseaux sanguins qu’elles accompagnent quelquefois jusque dans l’épaisseur des papilles. Dans quelques cas, elles forment des amas irréguliers, comme au voisinage de la terminaison de l’épithélium gingival. La description du chorion de la muqueuse gingivale de — 444 — l’homme ne diffère pas sensiblement de celle que nous venons de donner sur le cheval. Les fibres élastiques y sont plus fines et plus espacées : mais on y rencontre les mêmes faisceaux lamineux à direction surtout transver¬ sale et les mêmes traînées de cellules embryonnaires au pourtour des vaisseaux. La hauteur moins considérable des arcades alvéolaires chez l’homme et chez le chien, permet de suivre plus facilement que chez le cheval les modifications que subissent les papilles choriales à la face externe des gencives. Les coupes intéressant à la fois la gencive et le sillon vestibulaire, montrent qu’à une dis¬ tance de 2 à 3 millim. du fond de ce sillon , les papilles diminuent progressivement de hauteur, puis finissent par disparaître complètement (zone lisse) (1). Au niveau du sillon , la surface du chorion est abso¬ lument lisse, sans trace d’élevures papillaires. Ce n’est qu’à 7 ou 8 millimètres en avant du sillon et du côté de la muqueuse labiale, qu’on voit réapparaître les papilles. Le chorion des gencives peut s’hypertrophier locale ment dans quelques cas , et donner naissance à une variété intéressante d’épulis (2). Dans une tumeur de la gencive que nous devons à l’obligeance de M. le profes¬ seur Paquet , nous avons retrouvé la constitution habi¬ tuelle du chorion des gencives , avec ses faisceaux lamineux et ses traînées de petites cellules au voisinage des vaisseaux. Ces épulis.que l’on pourrait qualifier de gingivales, resteront forcément des tumeurs bénignes. 2° Épithélium. — L’épithélium de la muqueuse des gencives, chez le cheval, mesure une épaisseur totale (1) Cette zone lisse est déjà très-appréciable chez l’embryon de mouton à terme , ainsi que chez le nouveau-né humain . (2) Ce nom est indifféremment appliqué à toute tumeur saillante déve¬ loppée sur les gencives, quelque soit son point d’origine ou la nature des éléments qui la composent. Il importe de bien distinguer, au point de vue de l’anatomie pathologique, les tumeurs qui résultent d’une hypertrophie simple du chorion, de celles qui ont leur point de départ dans l’os sous- jacent (tumeurs à médullocelles et à myéloplaxes , Ch. Robin). — 44o — d’un demi-millimètre. Il est formé de deux couches dis¬ tinctes : l’une profonde muqueuse, à cellules polyédriques crénelées, l’autre superficielle dont les éléments aplatis contiennent des noyaux très-réduits, comme les cellules de la substance unguéale, et ont subi une sorte de dégé¬ nérescence cornée. Cette dernière couche se colore for¬ tement en jaune par le picro-carmin. A la base des gencives, la face profonde de l’épithélium envoie dans le chorion sous-jacent des bourgeons cylin¬ driques ou coniques, parfois lobés à leur extrémité, qui avaient été autrefois considérés par Serres comme de véritables glandes destinées à sécréter le tartre (glandes lartariques) . Il en est de ces bourgeons comme des pré¬ tendues glandes de Tyson de la muqueuse préputiale. Ce sont des prolongements absolument pleins, sans lumière centrale, ainsi qu’il est facile de s’en rendre compte sur des coupes transversales. La même disposition se retrouve, quoique moins accusée, chez l’homme et chez le chien. Au voisinage de la zone lisse, l’épithélium diminue peu à peu d’épaisseur et ne forme plus qu’une mince lame (mesurant de 25 à 30 u. chez l’homme et chez le chien) qui tapisse le sillon vestibulaire et la face postérieure des lèvres jusqu’au point où se montrent les papilles de la muqueuse labiale. L'épithélium reprend alors ses dimen¬ sions et ses caractères primitifs. 3° Terminaison de V épithélium gingival contre la dent. — Chez les différents animaux que nous avons pu examiner, le mode de terminaison de l’épithélium gingi¬ val contre la dent est sensiblement identique ; aussi les confondrons-nous dans une description commune. La couche superficielle se poursuit jusqu'au bord tran¬ chant du repli semi-lunaire, au niveau duquel elle disparaît par amincissement progressif. La couche profonde, mu¬ queuse, contourne seule le repli semi-lunaire, et s’insinue entre la gencive et la dent, à une profondeur qui varie de 1 à 2 dixièmes de millimètre. Cette lame épithéliale, encore pénétrée par les papilles du chorion, diminue peu 11 — 146 — à peu d’épaisseur et se termine généralement par un bord aminci ; quelquefois elle présente un léger renflement à sa terminaison. Il est souvent fort difficile de précise^ exactement la limite profonde des dernières couches épithéliales. Celles- ci participent, dans certains cas, à la prolifération des corps fibro-plastiques du chorion. Les cellules épithé¬ liales se multiplient et forment des cordons irréguliers qui s’engagent entre les traînées des cellules embryon¬ naires du chorion avec lesquelles elles semblent se confondre. Nous avons souvent dû recourir à l’examen de plusieurs muqueuses gingivales, avant de rencontrer une terminaison aussi nette et aussi accusée que celle que nous venons de décrire. FACULTÉS DE MÉDECINE. LA QUESTION DE L’AGREGATION (*). U A B» PORT Rédigé au nom cle la Faculté de Montpellier , Par une Commission composée de MM. ÜUMAS , CVVALIER, J\UMES, Engel et GRVSSET (rapporteur), Et voté à l’unanimité dans la séance du 26 janvier 1882. Monsieur le Ministre, La Faculté de médecine de Montpellier a pris con¬ naissance de la circulaire que vous avez bien voulu lui adresser relativement aux concours d’agrégation. Après mûre délibération elle a décidé, à l’unanimité, ' de vous présenter respectueusement la réponse suivante, dans l’exposition de laquelle elle a cru de son devoir de suivre scrupuleusement l’ordre indiqué dans la circulaire, en profitant de l’autorisation qu’elle laisse de ne pas limiter la discussion à ces points de détail. La première question posée est relative aux composi- (l) Voir Bulletin N" 3, mars 1882. — 147 — tions écrites, dont on pourrait modifier le nombre et la nature et qui pourraient être faites en province. Quant au nombre, si on multiplie les compositions, il faut ou supprimer d’autres épreuve (qu’il serait regret¬ table de voir disparaître' , ou charger davantage le con¬ cours, et cette dernière innovation nous paraîtrait mal¬ heureuse quand le nombre des concurrents est, depuis sept ans, déjà si faible par rapport au nombre des places nous visons constamment l’agrégation des facultés de province. Si on fait les compositions écrites en province, qui les jugera? Comment le jury que M. le Ministre veut main¬ tenir à Paris) les appréciera-t-il ? Les fera-t-il lire ? par qui? Que deviendront les compositions, même les plus brillantes, lues par un tiers qui hésitera en lisant et débi¬ tera tout de la même voix monotone? Si on ne les lit pas publiquement, les fera-t-on imprimer ? Mais c'est une nouvelle charge considérable à imposer aux candidats ou à l’État: car il faudrait tirer à un grand nombre d’exem¬ plaires, qui risquent encore d'être peu lus. S’il n'y a ni lecture, ni impression, on supprime à cette épreuve capitale du concours un élément de premier ordre qui fait partie de l’essence même du concours : la publicité. Et sous un gouvernement, qui, plus que tout autre, doit comprendre la force de l’opinion publique et s'appliquer à en tenir compte, c’est à huis-clos et sans le grand contrôle du public que les juges prononceraient sur l’admissibilité des candidats, c'est-à-dire prendraient une décision qui commande à tout le concours et peut exclure certains candidats des épreuves définitives. De là les récriminations, le défaut de confiance dans l'équité des juges ; toutes choses qui. erronées en elles-mêmes, n’en auraient pas moins pour conséquence de décourager les candidats, de diminuer leur nombre et par suite d’abaisser le niveau des concours. Ces inconvénients ne seraient nullement compensés par l'avantage que trouveraient les candidats à séjourner moins longtemps a Paris. Cet avantage serait bien U8 — minime et nous croyons bien que la plupart refuseraient d’en bénéficier. Il est évident en effet qu’il est bon, indispensable même que les candidats n’arrivent pas à Paris la veille même de l’ouverture des concours. Ils ont besoin (c’est là un des graves inconvénients du système) de connaître un peu d’avance ce milieu tout nouveau dans lequel ils vont soutenir une lutte, déjà si difficile en elle-même; deux ou trois mois d’acclimatation sont nécessaires pour rendre non pas égale mais seulement possible, la lutte en pré¬ sence des candidats parisiens. Dès lors, les provinciaux n’auraient aucun avantage à revenir chez eux faire leur composition écrite pour retourner encore à Paris. La grande majorité ne profiterait pas de cette prétendue facilité. Nous concluons donc, sur ce point, que l’avantage de l’innovation [si avantage il y a) serait bien minime et que d’autre part les inconvénients seraient au contraire de premier ordre. A la deuxième et à la troisième questions réunies nous répondrons que la thèse et l’argumentation nous parais¬ sent devoir être maintenues. Sans doute, en se plaçant au seul point de vue de l’inté¬ rêt matériel des candidats provinciaux, il faudrait suppri¬ mer la thèse qui est une occasion de dépense et prolonge le concours. Mais, ce serait sacrifier l’intérêt plus élevé de la valeur du concours lui-même. La thèse est en effet une œuvre scientifique qui reste. C’est la trace extérieure du concours qui donne à la science des travaux importants fixant, souvent d’une manière remarquable, l’état d'une question à un moment donné ; et rien ne donne de l’élan et de la sûreté au pro¬ grès comme la connaissance sérieuse et complète de ce qui a déjà été fait. C’est le reflet permanent, non seule¬ ment en Europe mais dans le monde entier, du niveau de nos concours. Chaque candidat donne la mesure de sa valeur propre. Si la thèse ne donne pas tout ce qu'elle pourrait — \ 49 — donner, cela vient peut-être de ce qu’elle est faite trop rapidement encore. Mais avec les concours à Paris il est impossible d’allonger le temps de séjour. Et par suite aucune amélioration n’est possible de ce côté. L’argumentation publique doit également être main¬ tenue. Dans cette épreuve, l’argumentateur montre sa spontanéité, son initiative, son esprit d’à propos et l’argumenté prouve qu'il est l’auteur de sa thèse dans toute la force de ce terme, c’est-à-dire qu’il s’est assimilé complètemnnt et possède entièrement le sujet que le jury lui a désigné. Nous concluons donc sur ce point, comme sur le pré¬ cédent, qu’une innovation nous paraîtrait beaucoup plus préjudiciable qu’utile. Et cependant, Monsieur le Ministre, nous reconnais¬ sons avec vous qu’il y a « des obstacles qui empêchent un certain nombre de jeunes gens de se faire ins¬ crire » , qu’il y a lieu d'élever le niveau du concours » Nous sommes entièrement d’accord avec vous sur ce desideratum exprimé dans le dernier alinéa de la circu¬ laire. Le recrutement de l’agrégation provinciale est dans un état déplorable depuis sept ans ; après chaque concours plusieurs places restent inoccupées dans certaines facul¬ tés et quand les candidats provinciaux abordent le concours, ils sont toujours en nombre inférieur ou au plus égal à celui des places ; le concours est ainsi devenu le plus souvent un examen. Le niveau ne peut que s’abaisser dans des conditions pareillles. La Faculté de Montpellier est profondément convain¬ cue, Monsieur le Ministre, que toutes les améliorations de détail que l’on pourra imaginer échoueront fatalement et resteront absolument inefficaces ; il n'y a à ce mal qu’un remède radical ; c’est de rendre à la provice ses anciens concours d'agrégation. Nous insisterons surtout, pour établir ce fait, sur la preuve expérimentale. Déjà en 1858 une première tentative a été faite pour centraliser le concours d’agrégation à Paris. Le résultat fut tel qu’on y renonça après un seul concours. Il a fallu seize ans pour faire oublier cet insuccès et pour permet¬ tre à une nouvelle génération de reproduire cette tenta¬ tive. C’est en 1874 que M. le ministre de l’instruction publi¬ que a de nouveau fixé les concours à Paris. L’expérience actuelle se fait donc depuis sept ans. Qu'a-t-elle donné? Nous avons joint à ce rapport un tableau indiquant, par section, le nombre des concurrents qui se sont pré¬ sentés à Montpellier de 1860 à 1872. On y verra que leur nombre était supérieur à celui des places et que plusieurs fois le jury s’est vu dans la pénible nécessité d’éliminer des concurrents méritants, parce que le règle¬ ment ne permettait d'admettre aux épreuves définitives qu'un nombre de candidats égal au double du nombre des places, plus un. En 1874, le concours a lieu à Paris. A Montpellier il y avait deux places et à Nancy deux : deux Montpellié- rains vont concourir et sont nommés ; personne ne vient de Nancy ; un Parisien, inscrit pour toutes les facultés, est nommé à Paris; un autre Parisien, inscrit pour Nancy, est éliminé et les deux places de Nancy restent vacantes. En chirurgie, un seul Montpelliérain va concourir pour deux places ; on le nomme et avec lui un Parisien qui n’a jamais pris possession de son poste à Montpel¬ lier. Ces deux exemples, résument toute l'histoire des con¬ cours depuis 1874. le nombre des provinciaux tombe à un chiffre déplorable et les Parisiens ou ne concourent pas pour la province ou n’y viennent pas, s’ils y ont été nommés. C’est ce qu’exprimait dans un rapport qu’il adressait à M. le Ministre, M. l'Inspecteur général Chauffard (alors partisan de la centralisation des concours à Paris): Il est bien peu probable , disait-il, qu'aucun candidat — 151 inscrit pour Paris eût accepté une nomination pour les Facultés cle province ; et il ajoutait : Cette centrali¬ sation, dans l'état actuel des choses, na donc quun effet : celui d'éloigner les candidats de province , en leur imposant des déplacements onéreux que souvent les plus méritants ne peuvent pas supporter. En présence de cet insuccès, on essaya d’améliorer la position des agrégés et .on supprima le stage. Mais ces mesures (excellentes en elles-mêmes) ne remédièrent pas à l’état de choses qu’on voulait combattre. Le chiffre des candidats ne s’élèva pas, comme le prouve la seconde partie de notre tableau. De sorte qu’on a cet étrange spectacle de voir, avant 1874, une position mal rétribuée et peu brillante provoquer beaucoup plus d’émulation qu’après 1874 la même situation largement dotée et con¬ sidérablement améliorée. Rien de plus instructif à ce sujet que la lecture des rapports rédigés par MM. les présidents des jurys à la fin de chaque concours. En 1878, M. Gosselin insiste sur les inconvénients de la centralisation des concours à Paris. Le mélange dans un meme concours, dit-il, de compétiteurs destinés à des écoles différentes supprime en réalité la lutte. L’argumentation des thèses notamment perd tout son intérêt et valeur. Le nombre des candidats diminue et puis la présence renouvelée de concurrents inconnus dans la chaire éloigne même les auditeurs, pour lesquels cependant un concours est un spectacle si utile et si for¬ tifiant. Aussi le jury demande-t-il à la majorité, dit en concluant M. Gosselin, le retour aux anciennes habitu¬ des, c’est-à-dire le concours spécial et indépendant pour chacune des facultés. La même année, quoique aboutissant à une conclusion différente, M. Gavarret constate le même insuccès des concours à Paris, et il fait remarquer que sur dix-sept places d’agrégés mises au concours, neuf restent vacan¬ tes après les nominations. Si nous ne considérons même que la province, on peut dire qu’après ce concours neuf — 152 — places sont restées inoccupées sur quinze, c’est-à-dire que près des deux tiers des nominations n’ont pu être faites faute de concurrents. La dernière session de 1880-81 n’a pas été plus bril¬ lante et la section de médecine, présidé par M. Yulpian, émet à Lunanimité le vœu que les concours d’agrégation ne soient plus centralisés à Paris. Voilà le résultat de l’expérience, consciencieusement faite dans neuf concours depuis 1874 : abaissement du nombre des compétiteurs pour les places de province à un chiffre déplorable, et par suite fatalement abaisse¬ ment du niveau du concours qui ne devint plus le plus souvent qu’un examen. La faculté de Montpellier est profondément convaincue, Monsieur le Ministre, qu’aucune modification de détail ne peut améliorer cette situation. Le principal inconvénient du système que nous com¬ battons est de fausser la notion traditionnelle de l'agré¬ gation dans les facultés de médecine. L’uniformité du titre peut se comprendre, quand, comme dans les facultés de droit, les agrégés peuvent aller d’une ville à l’autre, finir même par être nommés professeurs à Paris. Rien de semblable ne se passe et ne peut pas se passer en médecine. On peut être appelé sur le papier agrégé des facultés de médecine ; mais en fait on est tou¬ jours agrégéde telle faculté. Un arrêté de contralisation ne peut pas modifier un pareil état de choses. Nous ajouterons même qu’il serait regrettable qu’on y parvint. Le nombre des candidats augmenterait-il, le ni- reau du concours s’élèverait-il, qu’encore la centralisa¬ tion aurait un inconvénient fondamental. Elle tendrait à supprimer les écoles, c’est-à-dire ces faisceaux de tradi¬ tions, de principes de travaux qui font la vie d’une faculté. Elle créerait un science une, officielle, pas plus définitive qu’une autre, mais fixée au goût du jour par une seule faculté, qui ferait la loi sans contrôle. Or, Monsieur le Ministre, mieux que tout autre vous savez que le progrès ne naît que de la libre émulation et — 153 — de la libre discussion. Et que devient cette liberté avec les concours à Paris ? Nos jeunes hommes qui se destinent à l’enseignement comprennent vite qu’il vaut mieux aller préparer le con¬ cours auprès de ceux qui doivent le juger. Nos facultés sont rapidement décapitées de leurs bons élèves. Ceux-ci vont donc puiser la science officielle à Paris. Ceux même qui ne vont à Paris qu’à la dernière heure auront bien de la peine à lutter contre le courant qui les environne et subiront encore la violence de cette science imposée. Encore quelques^ années de ce système et ces anciens mots si éloquents, École de Paris, École de Montpellier , Ecole de Lyon , etc., seront de vains mots. Il n’y aura plus que la science de l’État, que les praticiens devront ensuite adapter de leur mieux aux divers théâtres de leur pratiqne, en apprenant, aux dépens de leurs malades, que les eaux, l’air et les lieux modifient profondément les tableaux clinique et leur thérapeutique. Certainement, Monsieur le Ministre, votre intention n’est pas, par ce temps de libre examen et de libre science, de créer une science centralisée, officielle ; un moule imposé sur lequel devront sa modeler tous les candidats sous peine d’être notoirement inférieurs et mal jugés. Pour faroriser lè recrutement du corps de V agréga¬ tion comme le demande la circulaire, pour faire dispa¬ raître dans ta mesure du possible , les obstacles qui empêchent un certain nombre de jeunes gens de se faire inscrire , il faut au contraire, poursuivre V œuvre de dé¬ centralisation intellectuelle que vous avez si éloquem¬ ment défendue dans votre rapport à l’Assemblée natio¬ nale ; il faut, comme vous l’avez dit alors, porter des coups effectifs' à cette absorption terrible , dangereuse, à cette absorption de la France par Paris , dont la France souffre et dont Paris souffre aussi . Nous sommes heureux d’être absolument de votre avis sur ce point, Monsieur le Ministre, et de vous offrir une occasion de continuer cette grande œuvre en vous de- 154 — mandant instamment la réalisation du vœu que toutes les facultés de province ont formulé lors des premières élec¬ tions au Conseil supérieur : la soustraction des ccn cours d agrégation à une centralisation funeste autant aux intérêts de la science qu'à ceux des Facultés de province. Renouvelant donc les protestations déjà émises dans ses assemblées des 18 et 25 juin 1874, 29 mai 1879 et 4 décembre 1880, la Faculté de Montpellier conclut, en terminant, que la situation déplorable du recrutement des agrégés pour les facultés ne peut prendre fin que par la restitution des concours d’agrégation à chacune des facultés intéressées ; que toutes autres modifications ne * pourraient constituer qu’une apparence d’amélioration, mais, quelles laisseraient le recrutement de l'agrégation dans le malheureux état de pénurie, où il se trouve ; et qu enfin, alors même que le recrutement matériel s’amé¬ liorerait, la centralisation des concours à Paris aurait encore le grave inconvénient de créer une science offi¬ cielle imposée à une époque où tout le monde proclame que la libre discussion et la libre science sont la condition absolue des progrès. D’autre part, elle a jugé inutile de discuter l’opportu- nité et la nature des modifications que pourrait compor¬ ter la restitution ces concours d’agrégation à chaque faculté avant que cette restitution n’ait été décidée en principe. LA CHIRURGIE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE VIENNE , Par M. le Docteur COYNE , Professeur d Anatomie pathologique à la Faculté de Médecine de Bordeaux [Suite) (1). Ceux que j’ai vu employer pour des amputations de cuisse, pour des désarticulations de la hanche, opérations dans f]) Voir Bulletin Scientifique du département du Nord , 2e série . 4e 'année , N° 12 . pag. 391 et suiv„ 5e année, N° 1, pag. 16 et suiv., et N° 3 , pag. 119 et suiv. 155 — ! I | lesquelles les lambeaux sont très charnus, très épais et très lourds, ce qui se joignant à la compression du panse¬ ment aplatirait complètement les tubes usuels chez nous; ces tubes, dis-je, dont j'ai rapporté des échantillons, sont beaucoup plus volumineux que les nôtres. Ils ont de 15 mill. de diamètre total. Leurs parois épaisses et résis¬ tantes sont de plus de 3 mill. et demi. Il faut employer une pression très forte pour les aplatir et effacer la ca¬ vité intérieure. Cette pression est trop forte pour être longtemps continuée et ne pourrait être supportée par l’opéré. Pour des opérations moins étendues que celles dont je viens de parler, les tubes employés ont de 10 à 12 mill. de diamètre et des parois épaisses de 2 mill. et demi au moins. Enfin, les tubes les plus petits ayant 7 mill. de diamètre ont encore des parois épaisses de 2 mill. et présentent une force de résistance très suffi¬ sante et de beaucoup supérieure à celle des tubes que nous avons habituellement à notre disposition. Les faits nombreux que j’ai pu suivre dans les diffé¬ rentes. salles de service de M. le docteur Pillroth, ont entraîné ma conviction à cet égard, et loin de trouver brutal et inhumain l’emploi de drains de ce volume, je le juge très judicieux et établi sur une connaissance parfaite des conditions à remplir pour assurer la réunion par pre¬ mière intention. Enfin, et pour terminer, je rapporterai une manière de taire qui me paraît compléter très heureusement le pan¬ sement et qui est applicable dans presque tous les cas. Je veux parler d’une sorte de cuirasse amidonnée qui", recouvrant le pansement antiseptique le protège et im¬ mobilise toute la région sur laquelle a porté l’action opé¬ ratoire. Cette modification est indispensable dans le cas d ablation du corps thyroïde où il faut immobiliser à tout prix la tête, le cou, les épaules et la partie supérieure du thorax et empêcher des mouvements qui involontaire¬ ment se renouvelleraient incessamment et viendraient déranger 1 accolement des lambeaux. Cette pratique me paraît aussi très utile pendant quelques jours, bien que — 1o6 — moins absolument indispensable pour toutes les opéra¬ tions portant sur d’autres régions du corps que celles citées précédemment. Cette immobilisation de la région empêche les mouvements partiels qui peuvent se produire dans la plaie, et donne au pansement une solidité qu'il n'a pas sans cela. On emploie, pour atteindre ce résultat, une bande de tarlatane amidonnée d'avance et mouillée au moment de faire le pansement. Ce bandage se solidifie assez rapidement et prend une durete assez grande. On le laisse en place deux jours entiers après l’opération. Pour l’enlever il suffit de le fendre avec un bistouri et de le détacher en écartant les lèvres de la section. S’il en est besoin, on peut le replacer après avoir renouvelé le pansement antiseptique et il suffit de quelques tours de bandes pour lui redonner toute sa solidité. Dans les cas où ce moyen n’est pas facilement utili¬ sable, par exemple lorsqu’il, s’agit d’une amputation du sein et en général dans toutes les opérations portant sur le thorax, alors qu’un bandage inamovible compressif se¬ rait trop difficile à suppporter, le pansement est complété par de forts tampons d’ouate ou d’étoupe, placés au ni¬ veau de la base des lambeaux et fixes par quelques tours de bande, puis le tout est soumis à une compression élas¬ tique faite avec une bande analogue à celle d Esmarh et qui a pour but, avec les tampons dont nous venons de parler, de comprimer les lambeaux par leur base avec force sans cependant amener de douleur et d em¬ pêcher la stagnation de la sérosité dans le fond de la plaie. Cette compression, -qui n’a rien de bien pénible est con¬ tinuée pendant les quarante-huit premières heures et produit les résultats les plus heureux. Tels sont, pour terminer, les petits moyens, les ma¬ nières de faire de tous les jours qui ont le plus vivement frappé mon attention dans le principal service de chirur¬ gie de Vienne et qui, par leur réunion, et l'ingéniosité qui préside à leur application rationnelle me paraissent expliquer en partie les magnifiques résultats obtenus - lo7 - dans un grand nombre, si ce n'est la totalité, des opéra¬ tions qui paraissent si hasardeuses. Les principes scientifiques qui ont amené à l'adoption de ces procédés sont connus et enseignés en France, mais ils ne me paraissent nulle part avoir été soumis à une application méthodique aussi parfaite, aussi régulière qu'à la clinique du professeur Billroth. Ce chirurgien célèbre, et que nous avons pris avec raison comme type de l'enseignement ♦chrurgical d une grande partie de l'Allemagne, puisque par ses élèves il occupe sept à huit Universités Suisses et Allemandes, n'est pas le seul professeur ordinaire de chirurgie géné¬ rale de l’Université Viennoise. Au moment de ma visite, il y avait à côté de lui et plus ancien que lui, un autre professeur ordinaire que j'ai eu le regret de ne pouvoir suivre dans sa pratique et qui est mort depuis. Je veux parler du professeur Von Dumreicher. Il a été remplacé par un professeur de chirurgie d’une Université provin¬ ciale, de celle d'Inspruck, si je ne me trompe. Ce fait remarquable, et en désaccord avec ce qui se passe chez nous en France, mérite d'attirer notre attention, car il nous fait connaître les principes qui président au recru¬ tement des professeurs d'Université. Au moment de la vacance de cette chaire, deux candi¬ dats se sont trouvés en présence. Le Dr Gzerny, profes¬ seur de chirurgie à Heidelberg, et ancien assistant et privât docent de l'Université de Vienne, et en second lieu son adversaire heureux, le Dr Albert d’Inspruck. Il Y a dans cette manière de faire quelque chose d’encoura¬ geant pour celui qui entre dans l’enseignement, c’est de savoir qu'il peut en faire sa carrière et qu’il y trouvera orofit et honneur. S'il s’éloigne de la capitale, pour iborder jeune et plein d'ardeur une chaire d’une Univer¬ sité de peu d’importance, il sait que cet éloignement de a capitale n’est pas sans espoir de retour, et que s’il se ait remarquer par ses travaux et la valeur de son en¬ seignement, il sera appelé à avoir de l’avancement, non )ar une misérable augmentation de classes, mais par un — 158 - changement de résidence et par un appel qui, d’une pe¬ tite Université le fera entrer dans une Université plus importante et dans laquelle il aura des appointements et une rétribution plus considérables qu il se sera acquise par son travail . C’est ce stimulant qui assure pour une large part à renseignement supérieur dans les pays de langue allemande toute sa puissante vitalité, en encouia- geant les jeunes privât docent déjà formés à l’art d’en¬ seigner dans de grandes Universités à aller développer de bonne heure leur talent et lui donner de la maturité en province. Dans l’Université de Vienne, l’enseignement de la chi- rurgie générale, se donne en entier dans 1 intérieur de l’hôpital général et se trouve groupé autour des deux chaires titulaires qui sont chargées de le distribuer. Elles représentent toutes deux, bien que situées dans le voisi¬ nage immédiat l’une de l’autre, comme des instituts chi¬ rurgicaux où l’enseignement de toutes les parties et de toutes les formes de la chirurgie générale est assuré. En effet, le professeur ordinaire ou plutôt titulaire , professe la chirurgie clinique et donne des leçons de pathologie et de thérapeutique chirurgicale cinq fois par semaine, de 10 heures à midi. Mais cet enseignement est complété d’abord en ce qui concerne la médecine opératoire pra¬ tique, ainsi que les exercices de bandages et appareils par des cours et des travaux pratiques journaliers, durant deux heures, faits et dirigés par les assistants attachés au service. C’est que partout, sauf en France, l’enseigne¬ ment de la chirurgie générale n’est pas morcelé entre plusieurs chaires magistrales et plusieurs professeurs également indépendants. On n y ^ oit pas, comme en France, des professeurs de chirurgie cantonnés ? 1 hôpi¬ tal et chargés exclusivement d'apprendre aux élèves à examiner les malades et de les soigner devant eux sans avoir à s’inquiéter des principes qui leur ont été ensei¬ gnés théoriquement par un autre professeur, dont les doctrines et l’enseignement différent quelquefois com¬ plètement de celles du premier. On ne sépare pas la mé- — <59 — decine opératoire de la chirurgie pratique ; et qu’il nous soit permis en passant de nous élever contre le titre donné à cet enseignement en France, titre qui le rapetisse et le réduit à de simples travaux pratiques, alors qu’il s’agit de toute la thérapeutique chirurgicale;- aussi, dans ce cas. on se demande comment on ose le séparer de l’étude des malades loin desquels il ne présente plus aucun intérêt. Cet endettement de 1 enseignement entre plusieurs cours confiés à plusieurs hommes indépendants les uns des autres, souverains dans le territoire attribué à chacun d eux, se fait au plus grand détriment des élèves qui perdent beaucoup de temps en ailées et venues , ou bien à entendre répéter plusieurs fois par des hommes diffé¬ rents des généralités oiseuses, et qui, surchargés de cours tellement nombreux , ne peuvent se tirer de cette dilficulté qu’en s abstenant d’en suivre le plus grand nombre. Je n ai pas 1 intention d’entrer dans le détail de tous les cours annexes laits par des professeurs extraordinaires ou des priva docent, et qui touchent à des parties plus ou moins limitées de la chirurgie générale. Ces cours sont ti ès nombreux : la plupart prennent ia forme et le carac¬ tère d’exercices pratiques , et se mettent parfaitement à la portée de l'élève en correspondant aux besoins qu'il éprouve d'être dirigé de près au lieu d’entendre seule¬ ment des discours plus ou moins brillants. Ces enseigne- f ment à se rapportant surtout à des parties détachées et choisies de la chirurgie , luxations et fractures, maladies des os et des articulations, orthopédie, sont faits dans f différents services , soit de l’hôpital général, soit d’autres |f hôpitaux voisins , soit même à la policlinique où des malades honsultants servent d exemples et de matériaux d’étude. \ tTn fait très remarquable dans l’Université de Vienne . -tt qui frappe virement 1 attention d un médecin français, c est que les spécialités chirurgicales rentrent dans le -cadre de l’enseignement officiel et sont représentées lans le collège des professeurs , soit par des professeurs — 160 ordinaires , soit par des professeurs extraordinaires. En France , on commence à entrer dans cette voie d une façon timide eu égard aux résistances si obstinées de notre grande Faculté parisienne. Mais, dans les Facultés provinciales, sauf Lyon, ces matières si impoi tantes de l’enseignement médical ne sont pas traitées comme elles devraient l’être , et n obtiennent pas la place cpii leur revient. Quelques misérables cours complémentaires , sans aucune sanction , sont tout ce qui les représente. La première de ces spécialités, si ce n est pari importance du moins par le voisinage avec les services de chirurgie générale et celle des voies urinaires, qui est enseignee par le Dr Dittel, professeur extraordinaire de chirurgie. Cet enseignement est assez restreint, je le crois, par manque d’initiative de celui qui en est charge, bien que les deux salles consacrées aux maladies de ce genre soient vastes , renferment de nombreux malades qui offrent des types variés des affections des voies urinaires. Le milieu dans lequel se recrute la population hospitalière de ce service est très considérable et très étendu , et par conséquent les éléments naturels d’un enseignement actif et suivi , sont entre les mains du chef de service qui cen¬ tralise toutes les affections vésicales et le plus grand nombre des maladies de 1 uretre. En effet . c est à peine si quelques cas de rétrécissements infranchissables et justiciables de l’uréthrotomie externe peuvent entrer dans les autres services de chirurgie et s’y faire opérer. Aux salles spéciales du professeur Dittel, qui lui servent à son enseignement de spécialiste deux fois par semaine , de 9 heures à 11 heures , sont adjointes deux salles de chi¬ rurgie générale, dans lesquelles on peut voir ce chi rurgien distingue y faire d incessantes applications comme moyen de diérèse de la méthode des ligatures élastiques dont il est l’auteur. J’ai pu voir que M. le professeur Dittel avait introduit dans le manuel opératoire de cette méthode une modification qui m’a paru très utile. En effet, lorsqu’on pratiquait une ligature élastique, on serrait bien le premier nœud pour fermer 1 anse. Mais — 161 pendant que l’opérateur cessait d’appuyer pour faire le second nœud , le premier se détendait quelquefois par trop. M. Dittel a corrigé cet inconvénient en faisant passer un fil de soie au-dessous de l’entrecroisement du fil élastique, de telle sorte que, pendant que le chirurgien serre le nœud élastique et le maintient , un aide fait avec le fil de soie un nœud qui fixe le premier et l’empêche de se détendre. Le professeur Dittel fait également un cours de chirurgie générale clinique , pathologie et thérapeu¬ tique , cinq fois par semaine, de 8 à 10 heures du matin ; il utilise cet enseignement assez pâle à côté de celui de ses voisins, ses deux salles de chirurgie générale. Si l’enseignement de la spécialité des voies urinaires ne jouit pas à Vienne d'un éclat considérable, on ne peut en dire la même chose de l’enseignement de celui de l’otratrique et de celui de l’oculistique. En ce qui concerne les malades de l’appareil de l’audi¬ tion, dont l’enseignement n’est nullement représenté en France dans les cadres officiels , et si peu connus dans notre pays qu’il n’existe pas , non seulement de service spéciaux dans les hôpitaux de très grandes villes , mais même pas de consultations externes autorisées et cou¬ vertes du patronage officiel ; on peut dire que contraire¬ ment à ce délaissement absolu et si peu mérité , l’étude de ces maladies et leur enseignement est en honneur et florissant dans l’Université de Vienne. Trois hommes et trois services se partagent cet ensei¬ gnement : deux sont attachés à l’hôpital général comme chirurgiens spéciaux , et dirigent des services dans lesquels sont reçus et soignés des malades atteints de lésions de l’appareil de l'audition. Tous les deux sont également attachés à l’Université et au collège des pro¬ fesseurs par le titre et les fonctions de professeurs extraordinaires. Le troisième est privât docent et a été habilité par l’Université depuis quelques années déjà pour cet enseignement spécial. Les deux services hospitaliers placés côte à côte dans l’hôpital général, sont dirigés l’un par M. le docteur 12 Grüber, et l’autre par M. le docteur A. Politzer, l’un et l’autre très connus par leurs travaux sur l’otolagie , le dernier surtout, dont la réputation est européenne , et qui a su joindre à une grande expérience clinique des connaissances très étendues sur l’anatomie et la physio¬ logie de l’appareil de l’audition, territoire qu’il a exploré avec succès et dans lequel il a fait de belles et ingénieuses découvertes. Ges deux services placés à côté l’un de l’autre et séparés par un couloir, ont aussi un chef de clinique commun. Mais en dehors de ces points de contact forcés, chacun possède une salle de cours spéciale et des salles d’examen des maladies particulières, installées et outillées d’une façon différente pour chacun d’eux, en rapport avec les méthodes d’enseignement et d’examen et la direction des études de chacun des professeurs, Grüber et Politzer. Les services et les cours qui y sont annexés se font à des heures différentes, permettant aux élè/es et aux jeunes docteurs , désireux de perfectionner leurs études médicales , de pouvoir suivre les premiers ensei¬ gnements l'un après l'autre , et de profiter ainsi en peu de temps d'une accumulation véritablement considérale de malades appartenant au même ordre d’enseignement. Ainsi, le professeur Grüber, qui a dirigé plus spéciale¬ ment ses études du côté de l’anatomie descriptive, auteur de recherches intéressantes sur certaines dispositions de l’oreille moyenne et sur l’ostéologie du rocher, et qui possède une collection très intéressante de nombreuses préparations relatives à ce sujet, fait sa visite et ses cours à 9 heures du matin. La première demi-heure est consacrée à l’examen de malades et au maniement des appareils d’exploration physique , la seconde partie est remplie par une leçon théorique. (A suivre). CHRONIQUE. MÉTÉOROLOGIE. AVRIL. Température atmosphérique moyeone.. moyenne des maxima " » des minima extrême maxima , le 22 » " minima , le 10 Baromètre , hauteur moyenne à 0° — » extrême maxima, le 21 . minima, le 25, minuit. 1882, année moyenne. 9°. 60 14°. 21 5°. 00 22°. 70 1°. 00 9°. 19 756mm.212 768mm.910 737mm.030 760mm.333 6mm.32 6mm.35 68.1 69.7 46mm .67 42mm.73 94mm.50 90mm.69 chaud que le mois de Tension moyenne de la vapeur atmosphéiiq. Humidité relative moyenne °/0 . Epaisseur de la couche de pluie . * « d’eau évaporée. . . uiiiiC/Vy liioj UHllv • vv t Cldl Col CICI, olll LU U U à l’influence des vents S. qui ont régné, puis à la faible nébulosité du ciel qui a permis Faction directe des rayons solaires. Le 10 et le 11 , la température en ville s’est abaissée à 1° et 2° et, comme le vent soufflait du N. E. , il n’y a pas eu de rosées et par suite pas de gelées blanches. Les nuits ayant été très souvent sereines, le rayonnement de la chaleur s’est produit facilement ; elles ont été froides et les rosées ont été observées au nombre de 15. La différence entre les températures extrêmes a été de 17°. 70. Pendant le jour, la radiation solaire a chauffé la terre et, par contact, les couches inférieures de l'at¬ mosphère. Gomme cet air était assez humide, ainsi que celui des régions supérieures, ce qu'indiquait le baro¬ mètre, la tension électrique fut grande et se manifesta par les orages des 2 et 5, par la grêle des 28 et 29, par les tempêtes des 26, 29 et 30. Les nuages avaient ces ca¬ ractères particuliers de forme et de couleur qu’on n’observe qu’en avril. Aussi, les pluies intermittentes, tombées en 16 jours, furent très fertilisantes et donnèrent à la végétation une vigueur remarquable ; elles ne furent jamais très abondantes, car celle du 13, fournie par des nuages S. S. 0., ne donna qu’une couche d’eau d’une épaisseur de 9mm.15, et celle du 25, déversée par des nuages S. S. 0. et S., ne donna que 8mm.8i ; à minuit, le baromètre était descendu à 737mm.03, et à neuf heures du matin, il était remonté à 749rara.83. L'humidité de l'air, un peu moindre qu’en avril année moyenne, combinant son action avec celle de la tempé¬ rature, détermina l’évaporation d'une couche d’eau de 3mm81 plus épaisse qu’ordinairement. Examinant maintenant comment les phénomènes mé¬ téoriques se sont accomplis pendant les deux moitiés du mois, nous voyons que, du 1er au 15, la température moyenne a été de 9°. 31 ; que la moyenne des maxima a été de 14°. 60, celle des minima4°.02. Du 15 au 30, la moyenne a été un peu plus élevée (9°. 90), élévation due à la plus grande chaleur des nuits (5°. 98) , celle du jour, atténuée par une plus grande nébulosité, ayant été de 13°. 83. La hauteur moyenne de la colonne barométrique, ramenée à 0°, a été de 758mn\776 pendant la première période, 12mm.18 de pluie en cinq jours; pendant la seconde elle a été réduite à 753mm.647, pluie 34mm.49 en onze jours. Quoique pendant la première moitié du mois la tempéra¬ ture ait été un peu moins élevée que pendant la deuxième, l’évaporation, surtout influencée par la chaleur, a été su¬ périeure (51mm.26) à l’autre (43mm.24); ici l’action de l’humidité atmosphérique (0.624 du 1er au 15 et 0.738 du 16 au 30), combinée à celle de la radiation solaire d’autant plus intense que la nébulosité du ciel fut moindre (nébu¬ losité du ltr au 15, 4.0 ; du 16 au 30, 7.6) est bien mani¬ feste. . Du lor au 15, le vent a soufflé en moyenne du N. E. , fort et sec; du 16 au 30, le S. O., chaud et humide, a régné. Enfin, pendant le mois, on a observé 28 jours de brouil¬ lard, 15 de rosée, 16 de pluie, 2 de grêle, 3 de tempête, 2 d’orage, 1 d’éclairs sans tonnerre, 2 de halos solaire, 1 de halo lunaire ; pendant 3 jours le ciel fut complète¬ ment serein durant 24 heures, 18 jours demi-couvert, 9 jours couvert. Y. Meurein. LILLE. — IMP- L DANEL 1882. MAI. N° 5. MATERIAUX POUR LA FAUNE ENTOMOLOGIQUE DES FLANDRES (*> Coléoptères. — deuxième centurie. Par Alfred PREUDHOMME DE BORRE , Secrétaire de la Société entomologique de Belgique , Membre des Sociétés entomologiques de France, Stettin, Londres, St-Pétersbourg et Munich. FAMILLE DES CARABIQUES (suite). 1. Amara bifrons Gyll. — Petite et d aspect délicat. D un bronzé très clair et brillant ; antennes et pattes jaune-rougeatre. Corselet large et peu rétréci en avant ; angles antérieurs très obtus et arrondis ; angles posté¬ rieurs droits ; base très fortement ponctuée, ayant de chaque cote deux strioles profondes. Elytres profon¬ dément striees-ponctuees. Segment anal offrant un point de chaque cote chez le male, deux chez la femelle. _ Dunes, Grammont, Onkerzeele. 2. A. î ufocincta Sahlb. — De la meme taille, mais plus lai ge, plus robuste surtout. Brun de poix foncé, un peu métallescent. Pattes et antennes rouges, ainsi qu’une bordure sur les cotes du corselet et l’epipleure des élytres. Corselet plus fortement rétréci en avant; angles anté- rieurs proéminents et aigus ; angles postérieurs droits ; base ayant des impressions moins profondes. Élytres profondément striées-ponctuées. Strie scutellaire sortant d’un gros point enfoncé. Segment anal offrant de chaque côté un point chez le mâle, deux chez la femelle. — Rare, Bloemendael (feu Putzeys), Dunes de Nieuport(M. Mors). (1) Voir Bulletin scientifique , Nos 6 et 7, juin-juillet 1881. 43 — 466 - 3. Zabrus gibbus Fabr. — De forme robuste et presque cylindrique. Noir-brunâtre foncé, plus clair en dessous. Epaules des élytres formant une saillie denticu- laire. Stries ponctuées. — Grammont, Onkerzeele. 4. Pogonus luridipenms Germar. — Tete et corselet d’un vert bronzé ; élytres flaves , avec quelque reflet brillant; pattes et antennes jaunes. Corselet arrondi sur les côtés ; la base ponctuée, présentant de chaque côté une profonde fossette, qu'un petit repli saillant sépare du bord externe. — Très rare et propre seulement au bord des eaux salées ou saumâtres. — Nieuport (M. Mors), Knocke (MM. Weyers et Yan Yolxem), Selzaete (feu M. Putzeys). 5. P. chalceus Marsham (halophilus Nicolaï, Dejean). — Bronzé-verdâtre assez foncé; pattes rougeâtres, avec un reflet bronzé ; antennes aussi rougeâtres, un peu bronzées à leur base, Corselet arrondi sur les côtés ; la base ponctuée, avec une faible dépression médiane et une assez large fossette, contenant deux strioles, de chaque côté. — Beaucoup plus commun, mais aussi exclusive¬ ment propre aux zones maritime et poldérienne. — Ostende, Heyst, Knocke, Lombartzyde, Nieuport, Asse- nede, Selzaete, Kieldrecht. Une variété bleue a été trouvée à Nieuport. 6. Stomis pumicatus Panzer. — Assez svelte et allongé, d’un noir de poix brillant, avec les antennes et les pattes rougeâtres. Antennes très longues, atteignant ou même dépassant la moitié du corps ; leur 1er article très grand. Corselet cordiforme. Élytres fortement striées-ponctuées. Sternum fortement ponctue. Entre Roulers et Dixmude (M. Mors), Grammont. 7. Anisodatylus binotatus Fabr. — Assez grand ; noir, avec le premier article des antennes rouge, ainsi que deux petites taches presque effacées sur le front. Corselet à côtés arrondis, à angles postérieurs obtus, mais formant un denticule saillant à leur sommet ; base rugueuse et — 467 — y faiblement impressionnée. Elytres assez fortement striées, avec un point sur la partie postérieure du 3e interstrie. Pattes noires ; dans la variété spurcaticornis , elles sont rouges. — Commun. Blankenberghe, Lombartzyde, Staden, Schellebelle, Uytbergen, Termonde, Grammont, Wacbtebeke. St-Nicolas, Tète de Flandre. 8. A. pœcïloides Steph. (virens Dejean). A peu près de la même taille ; d’un vert bronzé, avec des antennes brunes, ayant leur premier article plus ou moins ferru¬ gineux ; une petite tache ferrugineuse sur le front Pattes brunâtres, avec les cuisses un peu bronzées. Corselet à côtés fortement arrondis et angles postérieurs arrondis. Stries des élytres profondes et sans ponctuation ; inters¬ tries convexes. — Très rare et propre à la zone mari¬ time. — Blankenberghe, Knocke, Nieuport. 9. A. pseuclo-œneus Dejean. — De la même taille et de la même coloration. Corselet à côtés faiblement arrondis et angles postérieurs obtus et émoussés. Stries des élytres moins profondes, ponctuées ; interstries plans. — Également rare et caractéristique des zones ma¬ ritime et poldérienne. — Nieuport (M. Mors) , Selzaete (M. Weyers). 10. Dichirotrichus pubescens Paykull. — D'un brun plus ou moins jaunâtre, assez uniforme chez la femelle, varié d’une nuance plus foncée au milieu de la tête et du corselet, ainsi qu'à l'extrémité des élytres chez le mâle ; les téguments revêtus d’une pubescence assez longue. Corselet cordiforme, fortement sillonné au milieu, cou¬ vert de gros points enfoncés; angles postérieurs droits. Élytres striées-ponctuées, avec des points en séries sur les interstries. — Très commun et propre aux zones maritime et poldérienne, où il abonde au bord des eaux marines et saumâtres. — Ostende, Nieuport, Lombart¬ zyde, Knocke, Kieldrecht (feu Wesmael). 11. D. obsoletus Dejean. — Un peu plus grand. Tes- tacé jaunâtre, rembruni sur la tète, le corselet et le « 1 * — 168 — disque des élytres. Pubescence moins forte. Corselet moins rétréci en arrière, à ponctuation aussi forte. Ély- tres à stries plus fines et interstries couverts de points fins et serrés. — Très rare et aussi des mêmes terrains dans les zones du littoral et du polders. Nieuport (feu Putzeys), Kieldrecht (feu Wesmael). 12. Bradycellus distinctus Dejean. — Taille un peu inférieure. Plus ovale que les espèces qui précèdent. D’un brun rougeâtre brillant, avec les pattes et les an¬ tennes plus claires. Corselet à angles postérieurs droits. Élytres à stries profondes, et interstries lisses et plans. — Très rare et rencontré seulement dans la zone mari¬ time. Knocke (MM. Weyers et Van Volxem). 13. Ophonus azureus Fabricius. — D’un bleu verdâtre ou d’un vert bleuâtre en-dessus, brun de poix en-des¬ sous ; antennes et pattes rouges . Corselet rétréci, avec les angles postérieurs obtus. Corselet et élytres couverts d’une ponctuation plus ou moins serrée. — Nieuport, Knocke, Grammont. 14. O. rupicola Sturm ( subcordatus Dejean). — Un peu plus grand. D’un brun rougeâtre foncé, surtout sur les élytres ; pattes et antennes plus claires. Corselet sub- cordiforme, à angles postérieurs un peu obtus. Corselet et élytres couverts d’une ponctuation, plus profonde sur celles-ci. — Dunes du littoral. 15. O. ruftbarbis Fabr. ( brevicollis Dej.) — De même taille. D'un brun noirâtre assez foncé, surtout sur les élytres. Antennes et pattes d’un testacé très clair. Cor¬ selet subcordiforme, mais notablement plus large et à côtés plus arrondis en avant; angles postérieurs droits. Ponctuation aussi générale, mais plus fine et moins serrée que chez l’espèce précédente. — Ostende. 16. Harpalus ruficornis Fabr. — Grand; noir de poix, avec les antennes et les pattes rouges. Corselet entièrement ponctué, mais plus fortement sur la base, — 469 — dont les angles sont droits. Élytres densément ponctuées et couvertes d’une pubescence dorée, sinuées au bord un peu avant le sommet. — Extrêmement commun et abondant. Nieuport, Oostduynkerke , Knocke, Staden, Selzaete, St Nicolas, Tête de Flandre, Uytbergen, Gram- mont, Goefferdinge. 17. H. griseus Panzer. — Très voisin du précédent, mais d’une taille inférieure. Au corselet, la base seule est ponctuée et les angles postérieurs sont un peu obtus. Les élytres n'ont qu’un très faible sinus près du sommet. — Moins commun. Ostende, Grammont. 18. H. ignavus Duft. ( honestus Dej.) — Moins grand. Très variable pour la couleur du dessus, qui est tantôt bleue ou verte, tantôt noire, très brillante chez les mâles, mate chez les femelles. Le dessous est d’un brun noir foncé, avec les pattes plus claires et devenant même rougeâtres sur les tarses et en partie sur les tibias. An¬ tennes rouges, avec les 2e et 3e articles noirs à la base. Corselet faiblement rétréci en arrière ; angles posté¬ rieurs droits ; impressions basilaires profondes ; la base sans autre ponctuation que celle des impressions. Inter¬ valles externes des élytres n’ayant d’autre ponctuation qu’une série de gros points sur le 7e. Un faible sinus marginal près du sommet. — Ostende. 19. H. distinguendus Duft. — Même taille. Yert ou bronzé, avec de fréquentes variétés bleues, noires, cui¬ vreuses, etc. Les deux sexes ne diffèrent pas d’éclat. Dessous noir, ainsi que les cuisses et le bout des tibias, dont la base est brun de poix, de même que les tarses. Antennes brunâtres, avec le 1er article et le sommet des deux suivants rougeâtres. Corselet très faiblement rétréci en arrière, avec des angles postérieurs absolu¬ ment droits ; impressions latérales peu profondes ; toute la base ponctuée, sauf au milieu. Élytres à interstries externes imponctués et à bord latéral faiblement sinué vers le bout. — Bloemendaei. ' * •* • * a. • . L *. u _ _ — 170 — 20. H. œneus Fabr. — Même taille, même couleur et présentant aussi beaucoup de variétés de nuance ; plus rarement bleu, violet ou noir, il est plus souvent cuivre ix ou métallique que l’espèce précédente. Dessous noir. Pattes rouges ou noires (var. confusus) ; antennes tou¬ jours rouges. Corselet subquadrangulaire ; angles posté¬ rieurs un peu plus ouverts qu’un angle droit et ayant leur pointe émoussée ; impressions de la base faibles ; ponctuation couvrant toute la base, sauf au milieu. Aux étytres, les deux ou trois interstries externes sont den¬ sément couverts d’une très fine ponctuation ; le bord est très fortement échancré auprès du sommet — Extrême¬ ment abondant. — Nieuport, Oostduynkerke, Lombart- zyde, Ostende, Knocke , Gand, Lytbergen, Schellebelle, Wachtebeke, Zwyndrecht, Tête de Flandre, Renaix, Schendelbeke, Grammont, Onkerzeele. 21. H. discoideus Fabr. ( perplexus Dej.) — Même taille. Le mâle est brillant, d’un vert bronzé ou bleuâtre ; la femelle est noire ou brun de poix, sans éclat. Dessous du corps noir. Pattes et antennes rouges. Corselet à angles postérieurs droits; impressions basilaires très faibles ; toute la base ponctuée ; bords latéraux assez souvent translucides et rougeâtres. Élytresa stries fines, sans ponctuation aux interstries externes ; sinus marginal du sommet peu marqué. — Ostende. 22. H. rubripes Duftscbm. — Plus robuste, mais de taille assez sensiblement la même. Mâle le plus souvent d’un bleu assez foncé, mais brillant, parfois verdâtre, quelquefois vert, très rarement noir (var. fulvipes ) ; femelle d’un noir mat et satiné, avec de très faibles reflets de la couleur bleuâtre du mâle. Les deux sexes sont noirs en-dessous. Pattes et antennes rouges. Angles postérieurs du corselet également droits, mais moins pointus que chez l'espèce précédente ; impressions basi¬ laires peu profondes ; la base également toute ponctuée ; les bords latéraux souvent rougeâtres Élytres fortement striées ; les interstries externes sans ponctuation fine ; — 174 — une série de 6 ou 7 gros points au bout du 7e. La variété sobrinus a des cuisses brun noirâtre. — Grammont. 23. H. neglectus Dej. — Assez petit, court et trapu. Noir, avec les tarses rougeâtres ; antennes brunâtres, avec le 1er article seul rouge. Corselet à côtés très arrondis, rétréci en arrière ; angles antérieurs arrondis ; angles postérieurs obtus à sommet arrondi ; ponctuation n’existant que dans les impressions assez profondes de la base. Élytres élargies, à stries profondes et lisses. — Knocke, Heyst, Oostduynkerke, Nieuport. 24. H. melancholicus Dej. — Plus grand, assez déprimé. Noir luisant chez le mâle, terne chez la femelle, avec les cuisses et les tibias bruns, les tarses rougeâtres et les antennes plus ou moins régulièrement annelées de testacé et de noir. Corselet court et quadrangulaire, avec des angles postérieurs droits ; base ponctuée seu¬ lement autour des impressions, qui sont peu profondes. Élytres acuminées au sommet ; quelques gros points au bout du 8e interstrie. — Rare, Knocke (MM. Weyers et Van Volxem), Ostende (feu Putzeys). 25. H. tardus Panzer. — Même taille environ. Aussi d’un noir brillant chez le mâle, terne chez la femelle, avec les antennes, les tarses et une tache à la base des . tibias, d’un rouge ferrugineux jaunâtre assez clair. Cor¬ selet subquadrangulaire , avec les angles postérieurs droits, mais tronqués au sommet ; base lisse, sauf dans les impressions, qui sont bien marquées. Élytres à stries profondes et parfois un peu ponctuées. — Dunes de Nieu¬ port, Cortemarck, Bloemendael, Uytbergen, Schelle- belle, Grammont, Wachtebeke, Assenede. 26. H. serripes Quensel. — Assez robuste. Noir, un peu plus mat chez la femelle. Antennes brunes, avec le 1er article rouge et la base des trois suivants noire ; pattes brun de poix, avec les tarses d’une nuance plus claire. Corsebt rétréci en avant, avec les angles antérieurs arrondis et les postérieurs droits, mais à sommet émous- — 472 - sé ; impressions postérieures courtes et rugueuses. — Nieuport, Ostende (feu Putzeys). 27. H. servies Duft. — Moins grand. Noir de poix, avec les élytres généralement d'une teinte fort rougeâtre. Antennes aussi rougeâtres. Pattes noires, avec des tarses brunâtres. Corselet rétréci en avant, nullement en arrière, par suite de la forme arquée du bord postérieur ; base lisse, avec des impressions en strioles profondes. Élytres à stries fines et lisses. — Commun dans la zone mari¬ time. Oostduynkerke, Ostende, Heyst, Knocke. 28. H. anxius Duft. — Plus petit et d’une forme un peu ovalaire, qui, plus encore que chez l’espèce précé¬ dente, rappelle les Amara. D’un noir profond, un peu brillant chez le mâle. Antennes brunes, avec le premier, parfois les deux ou trois premiers articles plus ou moins rougeâtres. Pattes noires, à peine un peu brunâtres aux tarses et à la naissance des tibias. Corselet faiblement arrondi sur les côtés, avec des angles antérieurs arrondis et fort peu saillants, les postérieurs aigus et un peu pro¬ éminents en arrière ; base lisse, à impressions latérales très faibles. Élytres très finement striées. — Ostende, Nieuport, Oostduynkerke, Selzaete. 29. H. picipenms Duft. — Encore plus petit ; court et trapu. Brun-noirâtre, avec les antennes d’un jaune-fer¬ rugineux et les pattes brun-rougeâtre, mais ayant les cuisses plus foncées et presque noires. Corselet égale¬ ment peu arrondi sur les côtés, avec les quatre angles arrondis ; base lisse , avec les impressions latérales peu profondes. Élytres un peu élargies en arrière et finement striées. — Rare. Nieuport (M. Mors). 30. Stenolophus teutonus Schrank [vaporariorum Dejean). — Noir brillant, avec le corselet rouge, ainsi que la base des élytres sur une plus ou moins grande étendue ; leur sommet noir, avec un reflet bleu d’acier. Les deux premiers articles des antennes testaçés. Pattes jaunes. — Commun. Blankenberghe, Assenede, Wach- tebeke, Tête de Flandre, Rupelmonde, Grammont. - m — 31. St. vespertinus Panzer. — Plus petit. Noir de poix, avec le premier article des antennes rouge et les pattes jaune-pale. Corselet étroitement bordé de jaune sur les côtés. La suture et le bord externe des élytres sont aussi jaunâtres ; le disque montre un léger reflet bleu d’acier. — Tête de Flandre (feu Putzeys). 32. Acupalpus flavicollis Sturm (nigriceps Dejean). — Noir, avec le dessus et les côtés inférieurs du corselet jaune rougeâtre clair ; élytres brun foncé, avec la suture et le bord plus clairs. Pattes et les deux premiers articles des antennes testacés, Angles postérieurs du corselet obtus. — Bloemendael, St-Gilles-Waes (M. H. Donckier). 33. A. dorsahs Fabr. — D’un noir un peu brunâtre, avec les pattes et les deux premiers articles des antennes testacés, ainsi que le pourtour du corselet et les élytres qui sont marquées en arrière d’une large tache noire, pouvant envahir toute leur surface, à l’exception d’une ligne suturale et d’une étroite bordure périphérique. Corselet à angles postérieurs arrondis. — Selzaete. 34. A. brunnipes Sturm {atratusDe].) — Entièrement d’un noir brunâtre assez foncé et n’ayant de jaunâtre que le repli épipleural des élytres. Premier article des antennes et pattes d’un testacé foncé. Corselet à angles postérieurs arrondis. Stries des élytres très fines. — Selzaete (feu Putzeys). 35. A. mendianus L. — Tête et corselet noirs (ce dernier parfois rougeâtre) ; élytres d’un noir brunâtre assez brillant, avec une grande tache triangulaire tes- tacée à la base de chacune ; la suture est aussi testacée et très souvent le bord externe. Corselet un peu rétréci en arrière, à angles postérieurs obtus. — Nieuport, Renaix, Grammont, Onkerzeele, Denderleeuw, Tête de Flandre. 36. A. consputus Duft. — Plus grand. Noir; corselet rougeâtre, avec le disque plus ou moins amplement rem- — 174 — bruni ; élytres testacées, ayant au milieu une grande tache ovale noire, que la suture traverse par une ligne jaunâtre. Les pattes, les deux premiers articles des an¬ tennes et le bout du dernier segment abdominal sont aussi testacés. Corselet rétréci en arrière et presque cordiforme, avec des angles postérieurs droits et des bords latéraux légèrement retroussés. — Entre Lokeren et Exaerde (feu Putzeys), Assenede, Grammont. 37. Trechus discus Fabr. — De forme un peu allon¬ gée. Rouge testacé clair, avec une fine pubescence gris- jaunâtre sur les élytres, qui sont marquées en arrière du milieu d'une tache ou bande transverse noirâtre, vague¬ ment limitée, dont les extrémités ne touchent pas le bord externe. Tête rembrunie en avant ; antennes plus lon¬ gues que la moitié du corps. Corselet cordiforme, avec les angles postérieurs faisant saillie et deux impressions basilaires profondes, réunies par une impression trans¬ versale. Élytres avec quelques stries ponctuées, dont la première se termine en un crochet très marqué et ren¬ trant un peu en-dedans ; deux points enfoncés sur la 3e strie. — Rare. Tête de Flandre (MM. Putzeys et Mors). 38. Tr. minutus Fabr. (rubens Dej.) — Petit. Brun- marron plus ou moins clair, avec les antennes et les pattes testacé brunâtre. Corselet peu rétréci en arrière, à angles postérieurs obtus. Élytres ne présentant que quatre stries non ponctuées ; les autres sont à peu près effacées ; la lre strie se termine en un crochet qui remonte vers l’en¬ droit où serait la 5e strie. La variété obtusus se distingue par une couleur plus foncée, l’absence d’ailes inférieures, les angles postérieurs du corselet plus arrondis au som¬ met et la 4e strie des élytres aussi obsolète que les sui¬ vantes ; cette variété est plutôt propre aux régions montagneuses ; toutefois, on rencontre ailleurs tous les passages entre elle et le type. — Commun. Knocke, Heyst, Blankenberghe, Nieuport, Staden, Roulers, Tête de Flandre, Gysegem, Okegem, Grammont. 39. Tachypus flavipes L. — Taille inférieure à 5 mill. — 475 — liD’un bronzé un peu cuivreux, marbré de taches ver¬ dâtres ; le dessous un peu bleuâtre ; les pattes et les premiers articles des antennes d’un testacé pâle. Tête grosse, avec des yeux saillants qui dépassent latéralement un peu les côtés du corselet. Celui-ci cordiforme, un peu moins long que large. Élytres sans stries, couvertes d’une ponctuation très fine. — Commun. Staden, Asse- nede, Selzaete, Gand, Schellebelle, Renaix, Grammont, Onkerzeele, Denderleeuw. 40. Tachys sculellaris Germar. — Extrêmement petit. Tête, corselet et dessous du corps brun-foncé ; élytres blanchâtres, avec une tache triangulaire brune dans la t région scutellaire et une autre tache suturale arrondie, plus ou moins grande, vers le bout. Antennes brunes, à base blanchâtre. Pattes aussi blanchâtres. Stries des élytres assez effacées, sauf les deux premières. Comme chez les Trechus , la première se recourbe extérieurement en crochet à l’extrémité. — Espèce très rare, caracté¬ ristique des régions à eaux salées ou saumâtres. D'après feu M. Putzeys, elle a été trouvée près de Dixmude par M. Mors. 41. T. Ustrialus Duft. — Encore plus petit. Brun de poix, avec les pattes et la base des antennes testacées. Corselet un peu rétréci en arrière, à angles postérieurs droits. Aux élytres, les deux stries voisines de la suture sont seules distinctes. — Tête de Flandre (feu Putzeys). 42. Bcmbidium paludosum Panzer. — Taille d au moins 5 mill. Entièrement d’un bronzé verdâtre un peu cuivreux. Corselet subquadrangulaire, plus large que long, avec les angles postérieurs à peu près droits. Ely- tres ayant sur le 3e interstrie deux petites taches argen¬ tées brillantes; la 4e strie fortement sinueuse. — Selzaete (feu Putzeys). 43. B. argenteolum Ahrens. — Taille d’au moins 6 millim. Bronzé assez clair, avec les tibias, la base des cuisses et le premier article des antennes rougeâtres. — 476 — Corselet fortement transversal, avec des angles posté¬ rieurs aigus et pointus. Stries des élytres droites, sauf la 3e, qui est un peu infléchie ; 3e intertrie portant deux taches carrées argentées, fort brillantes. Il existe une variété de couleur bleue et une autre de couleur noirâtre, toutes deux très rares. — Rare. Nieuport. 44. B. flammulatum Clairville (undulatum Dejean). — Taille d’environ 5 miilim. Tête et corselet d’un vert métallique assez terne ; élytres d’un brun assez clair, maculées de testacé de la manière suivante : l’épipleure, quelques taches plus ou moins réunies sur la base , quelques autres vers les deux tiers, constituant une bande transverse onduleuse, enfin tout le sommet de l’é- lytre. Une tache testacée au bout du dernier segment abdominal. Pattes testacées, avec les cuisses un peu rem¬ brunies et lavées de vert métallique vers le bout. An¬ tennes brunes, avec le l*r article et la base des suivants testacés. Corselet large, arrondi sur les côtés, un peu rétréci en arrière ; les angles postérieurs droits et sail¬ lants ; la base finement ridée ; les fossettes latérales profondes et bistriées. Toutes les stries des élytres marquées jusqu’au sommet et très distinctement ponc¬ tuées sur leur moitié antérieure. — Dixmude, Roulers, Knocke , Assenede, Sleydinge , Audenarde , Renaix , Grammont. 45. B. varium Oliv. ( ustulatum Dejean). — Taille un peu inférieure. Même système de coloration. Aux élytres la teinte générale est plus noirâtre ; il y a au milieu deux rubans onduleux, formés de taches testacées interstriales, quelques autres taches à la base et quelques autres couvrant le sommet, mais toutes ces taches sont mal limitées et occupent beaucoup moins d’espace que le fond brun. Dessous bronzé noirâtre, sans tache testacée au * sommet du segment anal. Epipleure testacée Pattes et antennes comme chez l’espèce précédente. — Très com¬ mun dans la zone littorale et les polders. Nieuport, Oost- duynkerke, Dixmude, Roulers, Ostende, Heyst, Knocke, Selzaete. — 177 — 46. B. acLustum Schauin (fumigalum Dejean). — Taille ne dépassant pas 4 mill. Forme un peu plus trapue }ue l’espèce précédente. Tête et corselet d’un vert mé- allique assez clair. Elytres testacées, marquées de trois aandes sinueuses transversales, d’un bronzé noirâtre. 3omposées de taches interstr'ales contiguës. Épipleure ;estacée. Pattes et trois et demi premiers articles des mtennes testacés. Corselet moins rétréci en arrière et ;tries des élytres plus fortement ponctuées que chez les leux espèces précédentes. — Assez commun aussi dans es zones du littoral et des polders. Blankenberghe, üiocke, Assenede, Selzaete, Denderleeuw, Grammont. fl 47. B. obliquum Sturm. — Plus petit. Couleur géné- *ale aussi assez noirâtre ; taches des élytres se réduisant i une ou deux petites, peu apparentes, vers la base, et à leux bandes transverses étroites et vagues sur le milieu; e sommet est absolument sans tache. Antennes noires. lorselet moins rétréci en arrière. Stries des élvtres fines «/ t finement ponctuées. — Tête de Flandre (feu Putzeys). 48. B. ephippium Marsham ( pallidipenne Dej.) — NTe dépassant pas 3 mill. Tête et corselet vert bronzé ; Jytres d'une couleur blanc jaunâtre pâle et métallescent, vec une tache brune mal limitée, occupant le centre et ommune aux deux élytres ; le pourtour de l'écusson ussi un peu rembruni. Antennes d’un blanc jaunâtre, insi que les pattes. Dessous du corps d'un vert noirâtre )ncé. Corselet cordiforme, avec des impressions basi- lires profondes, et deux petits points enfoncés sur l in- îrvalle qui les sépare. Élytres fortement striées-ponc- îées. — Espèce tout à fait caractéristique de la zone laritime. Ostende (feu Wesmael), Knocke. 49. B . pallidipenne Uliger (Andreœ Dej.) — D'une •ngueur de près de 5 mill. Tête et corselet d’un bronzé n peu cuivreux. Élytres ayant la même couleur blanc unâtre brillant que l’espèce précédente, coupées trans- 3rsalement au milieu par une bande anguleuse d’un — 478 — vert métallique, et ayant l’écusson aussi compris dans une tache triangulaire de la même nuance. Dessous du corps bronzé. Antennes et pattes jaunâtres. Corselet cor- diforme, convexe, ridé sur sa base. Élytres avec des stries faiblement ponctuées, dont la lre et la 8 sont les seules qui ne s’effacent pas avant le sommet. — Egale¬ ment caractéristique de la zone maritime , où il est assez abondant. Ostende (feu Wesmael], Oostduyn- kerke. * 50. B. lunatum Duftschm. — Taille d’environ 6 mill. Brun bronzé verdâtre, avec le corselet et la tête vert métallique clair ; au bout des élytres, une grande tache commune, jaune rougeâtre, en demi-lune, n'atteignant pas le bord externe et légèrement divisée par la suture. Aux antennes, les trois et demi premiers articles testacé jaunâtre, ainsi que les pattes. Corselet très large, tret arrondi sur les côtés, très rétréci en arrière, avec des angles postérieurs aigus, la base fortement ponctuée ei présentant deux profondes fossettes latérales. Aux élytres six stries fortement ponctuées, s’effaçant en arrière e les traces d’une septième effacée. — Très rare et parais¬ sant caractéristique des rives du Bas-Escaut. Tête d< Flandre (feu Putzeys). 51. B. littorale Olivier [rupestre Dej.) — Taille d’en viron 5 mill. Vert métallique, avec les élytres brunes marquées chacune de deux taches testacées assez grandes arrondies, dont l’antérieure ne commence qu'au-delà de trois premiers interstries ; la seconde, oblique, sur 1 3e tiers de l’élytre. Pattes entièrement d’un testacé jau nàtre assez clair, ainsi que les trois premiers articles de antennes et la base des suivants. Corselet cordiforme très rétréci en arrière, avec la base assez fortemei. ponctuée. Stries des élytres fortement ponctuées, le externes effacées en arrière ; la 7e également presqu effacée. — Très commun. Ypres, Roulers,Staden, Dix mude, ISieuport, Oostduynkerke, Selzaete, Wachtebeke Sleydinge, Tête de Flandre, Rupelmonde, Uytberger Schellebelle, Denderleeuw, Grammont, Renaix. — 179 — 52. B. femoratum Sturm. — Un peu plus petit. Taches des élytres plus étendues et d’un jaune sale très clair. Pattes testacées à cuisses brunes. Antennes à Pr article seul entièrement rouge. Corselet cordiforme, à angles postérieurs presque aigus ; base presque lisse. Stries des élytres moins fortes et à points plus petits, très effacées vers le bout et vers les côtés. — Grammont, Selzaete. 53. B. concinnum Putzeys. — Taille d’environ 5 mill. * v Assez étroit et parallèle. Elytres d’un testacé rougeâtre, avec une bande suturale noir verdâtre, comprenant en avant les trois premiers interstries, puis s’élargissant au milieu, en envahissant deux interstries de plus. Pattes d’un testacé pâle, ainsi que les trois premiers articles et le bout des antennes. Corselet subcordiforme, vaguement ponctué à la base. Stries des élytres plus marquées que chez le précédent, mais aussi très effacées en arrière et latéralement. — Très rare. Ostende (feu Wesmael), Tète de Flandre (feu Putzeys). 54. B . nüidulum Marsham. — Taille d’environ 4 à 5 mill. Vert ou bleu verdâtre métallique et brillant. Pattes testacées, avec la base des cuisses rembrunie. Premier article des antennes et base des trois suivants d’un tes¬ tacé clair. Corselet fortement arrondi sur les côtés et très rétréci en arrière, avec les angles postérieurs droits et un petit pli saillant près de chacun d’eux ; base ponc¬ tuée, surtout dans les fossettes basilaires, qui sont pro¬ fondes. Stries des élytres fortement ponctuées sur le disque, mais fort effacées en arrière, les externes sur¬ tout. — Rare. Grammont. 55. B. lampros Herbst (celer e Dej). — Taille de 3 à 3 1/2 mill. Bronzé assez brillant, avec des variétés dans la nuance. Antennes brunes, avec la moitié inférieure du premier article rougeâtre. Pattes rougeâtres, avec les .cuisses et les tarses un peu rembrunis. Corselet arrondi sur les côtés en avant, puis rétréci, avec des angles droits un peu saillants. Élytres avec? des stries ponctuées le plus — 180 — souvent d’assez gros points, mais il y a aussi des variétés quant à la grosseur de ces points. Toutes les stries s’effa¬ cent vers le sommet, sauf la lre et la 8e; la 7e est tantôt effacée et tantôt distincte (variété velox). — Extrême¬ ment commun et abondant. Bloemendael, Lichtervelde, Dixmude, Staden, Roulers, Ypres, Nieuport, Oostduyn- kerke , Assenede , Selzaete , Wachtebeke, Sleydinge, St-Gilles-Waes, St-Nicolas, Tête de Flandre, Uytbergen, Schellebelle , Denderleeuw , Onkerzeele , Grammont , Renaix, Audenarde. 56. B. minimum Fabric. (pusillum Dej.) — Taille d’au plus 3 mill. Noir un peu métallique, avec les antennes et les pattes un peu brunâtres. Front présentant deux forts sillons longitudinaux presque parallèles sur toute leur étendue. Corselet arrondi latéralement , rétréci notablement en arrière , avec des angles postérieurs droits. Élytres avec sept stries fortement pontuées, effa¬ cées avant le sommet. Celui-ci parfois un peu brunâtre, comme par transparence. — Assez commun dans la zone maritime. Nieuport, Oostduynkerke, Ostende, Blanken- berghe, Knocke, Tête de Flandre (feu Putzeys). 57. B. normannum Dejean. — Taille inférieure à 3 mill. Tête et corselet vert métallique foncé ; élytres d’un noir métallique un peu brunâtre, ayant souvent, comme l’espèce précédente, le sommet quelque peu roussâtre. Pattes et base des antennes d’un brun rougeâtre un peu foncé. Sillons frontaux parallèles comme chez l’espèce précédente. Corselet de même forme. Élytres striées de même. — Très rare. Selzaete (M. Weyersk 58. B. Boris Panzer. — Même taille. Noir un peu métallique, avec des pattes rougeâtres, ainsi que le pre¬ mier article des antennes et la base des deux suivants. De chaque côté du front, on voit deux sillons très profonds, ' les externes courts et ne dépassant pas le niveau des yeux, les internes plus longs et venant converger en avant au-dessus de la bouche. Corselet presque cordi- forme, faiblement arrondi sur les côtés, fortement et — 181 — subitement rétréci vers la base, dont les angles postérieurs font saillie. Élytres à six stries finement ponctuées et effacées en arrière, plus une septième à peine distincte. Une petite tache rougeâtre ronde vers les deux tiers, près du bord externe de chaque élytre ; le bout de 1 elytre est généralement aussi vaguement rougeâtre. — Dixmude (M. Mors). 9 59. B. articulatum Panzer. — Même taille. Tête et corselet vert métallique ; élytres jaune brun sur à peu près toute leur moitié antérieure, brun- foncé en arrière, avec une tache jaune. Dessous du corps noir. Pattes d’un testacé brunâtre, ainsi que la base des antennes. Sillons frontaux comme chez l’espèce précédente. Corselet tout à fait de même forme ; une petite fossette de chaque côté entre l’impression basilaire et l’angle postérieur. Stries des élytres très fortement ponctuées, mais s’effaçant avant le sommet. — Nieuport, Oostduynkerke, Dixmude. Staden, Roulers, Uytbergen, Sleydinge, Selzaete, Wach- tebeke, Grammont. 60. B. quadriguttatum Fabr. — Taille d’environ 4 mill. Dun noir un peu verdâtre et très faiblement métal¬ lique. Pattes d un jaune pale, avec les genoux bruns. Antennes noirâtres, avec le premier article et la base des suivants testaces. Corselet assez long, cordiforme à angles postérieurs presque droits. Élytres très lisses et n’ayant que des commencements de séries de petits points sur leur premier tiers ; chaque élytre est marquée de deux taches d’un blanc assez pur, la première humérale, triangulaire, la seconde ronde, vers le bout de lelytre. — Nieuport, Oostduynkerke, Dixmude, Staden, Roulers, Knocke , Selzaete, Wachtebeke, Uytbergen , Dender- leeuw. 61. B. quadrimaculatum L. — Taille ne dépassant pas 3 mill. De^la même couleur noire un peu métallique, mais avec la tête et le corselet vert bronzé. Chaque élytre est marquée de deux petites taches jaunâtres arrondies, 14 — 482 — la première humérale, la seconde subapicale, plus petite. Pattes et quatre premiers articles des antennes testacés. Corselet subcordiforme, plus large que long ; angles pos¬ térieurs terminés en denticules. Élytres striées-ponctuées sur leur moitié antérieure. — Knocke, Grammont, Tête de Flandre, Assenede. 62. B. assimile Gyll. — Même taille. Vert bleuâtre un peu bronzé, point brillant, avec les pattes, la base des antennes, une tache subapicale et le bout de 1 élytre testacés. Front présentant entre l’œil et le sillon voisin deux petites carènes. Corselet subcordiforme. Élytres fortement striées-ponctuées sur le disque, lisses vers le bout. — Ostende, Nieuport, Dixmude, Sleydinge, Asse¬ nede, Tête de Flandre. 63. B. fwmigdium Duft. — Taille d’environ 4 mill. Tête et corselet bronzé verdâtre foncé ; élytres testacées, avec une marqueterie de dessins brunâtres un peu va¬ riables. mais se concentrant en trois bandes transverses qui rappellent le dessin des élytres des B. flammulalum varium et adustum. Front présentant, comme chez l’espèce précédente, deux petites carènes près de chaque œil. Corselet subcordiforme, moins rétréci en arriéré. Élytres à stries moins fortes, s effaçant également au bout et sur les côtés. -Très rare. Dunes (feu Wesmael), Assenede (M. Weyers). 64. B. bigutiatum Fabr. (vulneratum Dej.) — Taille de 3 à 4 mill. Vert bleuâtre métallique un peu brillant, avec le premier article des antennes, les pattes, une tache marginale vers le bout de chaque élytre et le bout lui-même testacés. Corselet court et large, avec des an¬ gles postérieurs obtus, à côté desquels la base forme un petit sinus. Aux élytres, sept stries ponctuées, s'affaiblis¬ sant vers le bout et les côtés. - Roulers, Dixmude, Nieuport, Grammont, Renaix, Denderleeuw, Assenede, Sleydinge, Tête de Flandre. Une variété de cette espèce (biguttatum Dejean), d’une taille généralement supérieure en Belgique, n’a que six stries distinctes sur chaque élytre. La nuance testacée des pattes, antennes et taches des élytres y est d’un rouge brunâtre. — Staden, Dixmude, Nieuport. 65. B. œneum Germar. — Même taille. Bronzé, sans taches, ou avec une vague tache rougeâtre aux deux tiers de l’élytre ; pattes et antennes noires. Corselet de meme forme. Six stries ponctuées seulement sur chaque élytre. — Tête de Flandre (feu Putzeys). 6b. B. guttula Fabr. — Plus petit. Noir brillant, avec le premier article des antennes et les pattes rougeâtres ; cuisses un peu rembrunies. Vers le bout de chaque élytre et presque contre le bord, une petite tache ronde rou¬ geâtre. Corselet présentant toujours cette même forme caractérisée par 1 existence d’une échancrure basilaire en arrière de l’angle postérieur. Stries des élytres assez fortement ponctuées et seulement un peu plus courtes et plus fines ^ ers 1 extérieur ; la 5e subitement creusée pos¬ térieurement en un petit sillon.— Dixmude, Denderleeuw. 67. B. obtusum Sturm. — Taille de 2 1/2 à 3 mill. Noir brillant un peu bronzé ou un peu brunâtre. Aux antennes, le premier article et la base des suivants sont rougeâtres. Pattes testacees, avec les cuisses brunes. Corselet transversal, plus large en avant qu’en arrière, à angles postérieurs obtus, sans sinus basilaire àcôté d’eux. Elytre sans taches, n ayant que cinq stries finement ponctuées et s’effaçant à leurs extrémités ; la 5e strie, comme chez les espèces précédentes, se creuse au sommet en un petit sillon, dont le bord forme de plus un pli ou petite carène. — Nieuport, Grammont, Denderleeuw, Tête de Flandre, Assenede. 68. B. quinquestriatum Gyll. (pumilio Dej.) — Un peu plus grand. Tantôt bleu verdâtre, tantôt d’un brun clair un peu métallescent et irisé sur les élytres. Pattes et antennes jaunes. Corselet transversal, avec des angles postérieurs droits et émoussés ; la base faiblement sinuée — 184 — près de l’angle postérieur. Stries des élytres assez forte¬ ment ponctuées sur le disque , fort effacées en arrière et sur les côtés, à partir de la '6e. — Grammont. Famille des Cicindèlides (addition). 69. (Avant C. hijbrida , Centurie I, n° 1) Cicindela sylvatica Linné. — D’un noir soyeux un peu bronzé. Labre noir. Corselet et élytres assez vaguement ponc¬ tués ; ces dernières avec une bande blanchâtre étroite et Hexueuse vers le milieu, une lunule blanche à l’épaule et un point marginal delà même couleur vers l’extrémité. — Rare. Houthulst (M. Mors) , Mont des Cats, près Poperinghe (idem). Famille des Carabiques (additions). 70. (Après N. aquaticus , Centurie I, n° 5) Notiophilus rufipes Curtis. — Elytres sans tache testacee au sommet. Leurs stries marquées jusqu’au bout. Pattes entièrement rougeâtres. — Assez rare. Nieuport (M. Mors). 71. (Après N.punctulatus, Centurie I,n° 8). Elaphrus uliyinosus Fabr. — Bronzé. Élytres avec quatre séries de taches violettes en ocelles. Jambes et tarses bleus. Selzaete (feu C. Van Yolxem), Sleydinge (M. H. Donckier). 72. (Après L spinibarbis, Centurie I. n° 12). Leistus ferrugineus L. — D’un ferrugineux-rougeâtre. Angles postérieurs du corselet droits. Stries des elytres forte¬ ment ponctuées sur le disque. — Nieuport (M. Alors). 73. (Après C . inquisitor . Centurie 1, n° 14). Calosoma sycophanta L. — Plus grand et de la même forme. D un beau vert bleuâtre ou cuivreux, à reflets dorés sur les t bords. Trois séries de points enfoncés sur les élytres. — Rare. Cependant il se montre parfois en nombre à la suite des éclosions considérables de chenilles du Bombyx processionnaire, auxquelles il fait la guerre. Forêt d Ee- name près Audenarde (M. Mors) , environs d'Alost , Sottegem et Denderleeuw (id.) 74. (Après C. auratus, Centurie I, n° 16). Carabus nitens L. — A peu près moitié plus petit. D'un vert bril¬ lant, avec la tête, le corselet et le bord des élytres dorés. Corselet très arrondi sur les côtés. Suture des élytres et trois côtés élevées noirâtres ; leurs intervalles fort rugueux. — Très rare. Une élytre a été trouvée dans les dunes près Coxyde par M. Mors. 75. (Après C. cancellatus , Centurie I. n° 19). C. mo- nilis Fabr. — Très variable pour la couleur, qui est généralement bronzée, mais avec des nuances allant du cuivreux et du verdâtre au bleu et au violacé noirâtre. Corselet arrondi sur les côtés, avec des angles postérieurs saillants et arrondis. Élytres avec trois séries ou chaines de tubercules élevés ou allongés, séparées par un groupe de trois lignes élevées contiguës, égales en hauteur. — Rare. Trouvé par M. Mors entre Pervyse et Rams- cappelle. La variété consitus diffère du type en ce que, dans ces séries de trois lignes élevées séparatrices des séries de tubercules, la ligne médiane est plus haute que les deux latérales. — Nieuport (M. Mors), Grammont. 76. (Après C. nemoralis, Centurie I, n°22). Brachinus crepitans L. — Taille approchant quelquefois de 10 mill. du reste très variable. Tête et corselet étroits et rouges. Elytres bleu verdâtre, coupées carrément en arrière , avec des côtes longitudinales fort peu apparentes. Quand on le prend ou l’inquiète, il produit une petite détonation. — Comme je l’ai dit dans la Première Centurie des Coléoptères du Brabant , c’est une espèce propre au sol calcaire, étrangère par conséquent à la faune des Flan¬ dres, où elle doit être une importation accidentelle, soit avec des matériaux de construction, soit charriée par les crues de l’Escaut. — Elle a été trouvée par M. Mors un peu au Nord de la Tête de Flandre, enfacëd’Austruweel. — 186 — 77. (Après B. thoracicus, Centurie I, n° 40). Byschi- rius nitidus Dejean. — Strie marginale de l’élytre commençant à l’épaule. Jambes antérieures obtusément denticulées au bord externe. Stries des élytres profondes sur tout leur trajet. — Dixmude (M. Mors). 78. (Après B. œneus, Centurie I, n° 41). B. interme- dius Putzeys. — Un peu plus petit et surtout plus allongé. Strie marginale de l’élytre commençant à l’épaule. Les autres stries effacées vers l’extrémité, plus fines et à points plus fins que chez œneus. La première strie seule prend naissance dans la fossette préscutellaire. — Rare. Dixmude (M. Mors). 79. (Après Panagœus quadripustulatus , Centurie I, n° 46). Badister unipustulatus Bonelli. — Tête noire. Corselet jaune-rougeâtre. Elytres noires, à reflet bleuâtre avec la base, la suture et une tache ronde centrale au bout de l’élytre, jaune rougeâtre. Mésosternum noir, avec une tache jaune rougeâtre de chaque côté. — Rare. Assenede (M. Duvivier). 80. (Après B. bipustulatus , Centurie I, n° 47). B. pel- iatus Panzer. — Plus petit. D’un noir brillant. Une très mince bordure testacée entourant le corselet et les ély¬ tres. — Rare. Pris parM. Mors, entre Fûmes et Coxyde. 81. (Après le précédent). ChlœniusholosericeusFabr. — Noir mat, tant soit peu bronzé, pubescent. Elytres à fond granuleux, fortement striées. — Nieuport (M. Mors). Capture jusqu’ici isolée, mais, si la présence de cette espèce venait à être constatée sur nombre d’autres points, ce fait serait, je l’avoue, de nature à infirmer mon opinion sur la limite occidentale de la faune batave de la grande faune baltique. 82. (Après A. albipes, Centurie I, n°55). Anchomenus oblongus Fabr. — Plus rougeâtre. Corselet plus long et plus étroit. Élytres à stries fortes et ponctuées. — Rou- lers (M. Mors). — 187 — 83. (Après A. Thoreyi , Centurie I, n° 62). Olisthopus rotundatus Payk. — Brun bronzé brillant. Corselet orbiculaire. Pattes jaunâtres. — Bloemendael (feu Put- zeys). 84. (Après O. anthracinus, Centurie 1, n° 78). Oma- seus gracilis Dej. — Taille intermédiaire entre Y O. an- thracinus et l’O. ramor. Noir brillant, avec des pattes brun noirâtre. Corselet faiblement arrondi sur les côtés, nullement rétréci en arrière Élytres à stries finement ponctuées. Dernier segment abdominal du mâle lisse. — Rare. Dixmude (M. Mors). 85. (Après 0. mmor, Centurie I, n° 79). Argutor interstinctus Sturm ( eruditus Dej.) — De la même taille. Noir, avec les antennes et les pattes rouges. Corselet très cordiforme, arrondi sur les côtés en avant, fortement rétréci en arrière ; les angles postérieurs très aigus et formant denticule ; impressions de la base consistant en une forte striole de chaque côté, et de plus une petite strie très peu distincte tout contre l’angle. Flancs du prothorax légèrement ponctués, surtout en bas, et inter¬ médiaires en cela entre les deux Argutor strenuus et diligens , qui sont plus communs en Belgique. Saillie pos¬ térieure du prosternum non rebordée au sommet. — Très rare. Assenede (M. Duvivier). 86. (Après Steropus madidus , Centurie I , n° 80). Molops terricola Fabr. — Couleur de poix. Corselet cordiforme, avec des angles postérieurs aigus et deux impressions postérieures fortes. Élytres proportionnelle¬ ment très courtes et ovales. Pattes rougeâtres. — Nieu- port (M. Mors). 87. (Après A. aulica, Centurie I, n° 85). Amara con- vexiuscula Marsham. — Taille et forme générale de Y A. aulica , dont la distinguent surtout le reflet métallique des téguments et une disposition différente de la fossette basilaire de chaque côté du corselet, laquelle est large — 188 — et point bistriée et comme divisée en deux, ainsi qu’on le voit chez aulica. — Très rare et propre aux terrains salins. Tête de Flandre (MM Putzeys et Mors). Famille des Haliplides (1). 88. Haliplus badins Aubé [mucronatus Stephens). — Taille d’au moins 4 mill. Brun rougeâtre assez foncé, mais brillant. Corselet densément, mais assez finement ponctué en avant et en arrière, sans strioles basilaires. Elytres à extrémité suturale un peu mucronée, assez fortement striées-ponctuées, les points de la base pas plus forts que les autres ; interstries portant des séries de très petits points. — Rare. Heyst. 89. H. fulsus Fabric. (ferrugineuv Aubé. — Presque de même* taille, cependant souvent an peu plus petit et relativement plus large. Brun rougeâtre, avec un nom¬ bre un peu variable de taches brun noirâtre en carrés longs, placées un peu en quinconce sur le milieu et le bout des élytres. Corselet à ponctuation plus forte et envahissant davantage le disque ; les points de la rangée parallèle à la base notablement plus forts ; pas de strioles basilaires. Elytres non mucronées au sommet, assez for¬ tement striées-ponctuées ; interstries également marqués de très petits points en série. — Grammont, Wachte- beke. 90. H. flavicollis Sturm. — Même taille, un peu plus acuminé en arrière. Testacé jaunâtre clair, avec les points des stries élytrales et de la base du corselet noirâtres. Corselet assez fortement ponctué en arrière, plus légère¬ ment, mais densément en avant ; disque plus lisse ; point de strioles basilaires. Stries et interstries des élytres comme le précédent. — Termonde, Grammont. (1) Pour cette famille et les autres de Carnassiers aquatiques , j’ai à reconnaître le concours que m’a prêté un de mes plus jeunes confrères de la Société entomologique de Belgique. M. C. VAN DEN BrANDEN , qui s’est choisi cette spécialité. 91. H. cinereus Aube. — Taille d’au plus 3 mill. Plus parallèle sur les côtés des élytres. Tête et corselet un peu rougeâtres ; élytres testacé jaunâtre, avec les points des stries noirâtres et le fond se rembrunissant souvent par places. Ponctuation assez dense, mais fine en avant et en arrière du corselet ; point de striole basilaire. Elytres striées-ponctuées, avec le premier point des cinq pre¬ mières stries très fort ; interstries ne présentant que des points isolés. — Termonde. 92. H. ruficollis de Geer ( impressus Aubé'j. — Taiile d’environ 21/2 mill. En ovale court, jaune un peu rou¬ geâtre, surtout sur la tête et le corselet. Points des stries élytrales noirâtres ; cette couleur se poursuivant en lignes striales noires, non interrompues et débordant en général sur les interstries, de manière à produire une maculation vague et plus ou moins forte sur certains points du fond. Corselet densément et très finement ponctué sur son pourtour. De chaque côté, la base, à quelque distance de l’angle, porte une très petite striole droite et parallèle à l’axe du corps. Points des stries des élytres assez et uniformément forts, sans qu’il y en ait de plus profonds auprès de la base. — Très commun. Wenduyne, Heyst, Knocke, Sleydinge, Tête de Flandre, Termonde, Gram- mont. Les exemplaires où les lignes noires des élytres sont à leur minimum d’épaisseur, sans déborder sur les inter¬ stries, constituent la variété stnatus Sharp, qui se ren¬ contre généralement accompagnée de tous les passages à la forme typique. — Wenduyne, Ypres, Termonde. 93. H. fluviatilis Aubé. — Cette forme, très voisine de la précédente, me paraît plus acceptable comme espèce, que la variété dont je viens de parler. Sa forme plus étroite semblerait résulter d’une adaptation au milieu où elle vit, qui est l’eau courante, tandis que le H. ruficollis vit dans les eaux plus stagnantes. Les autres différences à signaler sont la couleur générale très pâle, des yeux — 190 — plus gros et plus saillants, et une diminution de la cou¬ leur noire des élytres, où les lignes striales présentent des lacunes, tout en débordant cependant quelquefois encore sur les interstries. — Assez rare. Grammont. 94. H. lineatocollis Marsham. — Même taille. Tête noire ou d’un brun très foncé. Corselet jaune rougeâtre, marqué au milieu d’une linéole ou tache longitudinale, de forme un peu variable. Élytres testacées et présentant en général quelques mouchetures brunes. Strioles de la base du corselet longues, fortes, courbées en dedans. Points des stries élytrales assez forts ; trois points plus forts à la naissance des 3e, 4e et 5e stries. Interstries ponctués. — Très commun. Ostende, Heyst, Gand, Ter- monde, Grammont, Wachtebeke, Tête de Flandre. 95. Cnemidotus cœsus Duft. — Taille de 4 mill. environ. Testacé avec la tête et le corselet plus jaunâtres et une tache brune sur la suture, tout au milieu des élytres ; parfois quelques autres taches un peu vagues sur chaque élytre. Corselet présentant en avant une ligne de points médiocres et, en arrière, une dépression transversale, où s’étend une série de très gros points à fond rembruni ; de chaque côté, trois de ces gros points sont disposés en triangle. Stries des élytres très tortement ponctuées; leurs points antérieurs très gros et placés dans une sorte de sillon transversal ; tous sont plus bruns que le fond de l’élytre ; entre la 2e et la 3e stries complètes, il y a une strie rudimentaire ou n’allant pas au delà du quart de l’élytre. — Termonde, Grammont, Tête de Flandre. FAMILLE DES PELOBIIDES. 96. Pelobius tardus Herbst (Hermanni Fabr., Aubé, Kiesenw). — Taille de 8 à 10 millim. Gros, ventru, pres- que cylindrique, avec la tête bien dégagée du corselet. D’un testacé clair, taché de brun marron comme suit pour le dessus : une petite tache longeant le bord interne de chaque œil ; le devant et la base du corselet ; aux élytres, — 191 — une grande tache postérieure s’étendant fort en avant et quelquefois envahissant toute leur surface. Pattes et antennes d’un testacé clair. Dessous du corps brun-marron à l’exception du métasternum, du premier segment abdo¬ minal et du bout du dernier, qui sont rougeâtres. Elytres non striées, chagrinées. Fait entendre un son strident quand on le saisit. — 11 habite les étangs profonds, ne quittant le fond que pour venir rapidement respirer 1 air. Ostende, Nieuport, Audenarde, Grammont. FAMILLE DES DYTISCIDES. ÿl.Nolerus clavicornis de Geer (crassicomis Aubé, Kiesenwetter) . — Taille de 4 millim. D’un brun-marron clair et luisant, un peu plus foncé sur les élytres. Celles- ci marquées de quelques points assez fins formant sur chacune d’elles trois séries longitudinales. Prosternum non caréné. — Heyst, Termonde, Tête de Flandre. 98. N. capricornis Herbst ( sparsus Aubé, Kiesenw.) — Taille de 4 1 /2 millim. Même coloration. Ponctuation des élytres ne se formant pas en séries ; points gros et plus abondants vers le bout de l’élytre. Prosternum caréné au milieu. — Wenduyne, Termonde, Tête de Flandre, Grammont. 99. Laccophilus interruptus Panzer. — Taille d’en¬ viron 4 1/2 millim. Couleur testacé olivâtre assez bril¬ lant, avec la tête, le corselet et le bord externe des élytres jaunâtres ; des taches de la même couleur , assez vaguement limitées , les unes arrondies , conni- ventes avec le bord externe, les autres linéaires, sur le disque, surtout en avant. Base du corselet un peu sail¬ lante au milieu, mais nullement anguleuse. — Ypres, Termonde. 100. L obscurus Panzer (minutus Aubé). — Taille généralement quelque peu inférieure à l’espèce précé¬ dente. Couleur eî maculature semblables, mais avec une — 492 — nuance plus verdâtre dans les taches, qui sont aussi plus vagues. Base du corselet saillant au milieu vers la suture des élytres, en formant un angle fort ouvert, mais bien pointu. — Commun. Oostduyukerke , Ostende, Wen- duyne, Heyst, Wachtebeke, Tête de Flandre, Termonde, Grammont. CORRECTION POUR LA PREMIERE CENTURIE. N° 21. M. Mors a pris à Nieuport une variété du Carabas pururascens semblable à celles qui se pren- nent sur les plateaux des Fanges. (Voir Première Cen¬ turie de Coléoptères de la province de Liège , n° 27). Les lignes longitudinales des élytres, sauf les plus centrales, sont dissoutes en une grande quantité de granulations sans alignement apparent. Cette forme rentre plus ou moins bien dans celles qu’on a appelées exasperatus et àspe- rulus. NOTE POUR LE CLASSEMENT DES CARABIQUES. Dans ces deux premières Centuries, j’ai suivi, pour le classement des Carabiques, sauf quelques modifications de détail, Tordre de la classification de Schaum, parue en 1860, dans le Tome I de Naturgeschichfeder Insecten JÜeutschlands . Reproduisant, avec quelques change¬ ments importants cependant, celles d’Erichson et de Lacordaire, cette classification, quoique fort battue en brèche par les travaux de détail parus depuis, était, âmes yeux, la seule encore pourvue d’une autorité suffisante pour être classique, pour être la base essentielle du clas¬ sement d’une collection. A la fin de l’année dernière, il a paru un travail remarquable de M. le ür Horn, de Philadel¬ phie, formulant pour la famille des Carabiques, un cadre de classification plus en rapport avec l’état actuel de nos connaissances. Il est peu probable que ce soit la classifi¬ cation définitive ; en aura- t-on jamais une ? Mais c’est un — 493 — système suffisamment étudié, suffisamment autorisé, pour être hautement recommandé à ceux qui veulent aligner leurs collections de la manière la plus conforme possible à l’état présent de la science. C’est ce qui m’engage à reprendre les 183 espèces que j’ai jusqu’ici énumérées pour les Flandres et à les mettre dans l’ordre où elles doivent venir suivant la classification Horn : SOUS-FAMILLE DES CARABINÆ fl). TRIBU I. — OMOPHRONINl. Centuries 1. Omophron limbatum . . I, 4 TRIBU IV. — C VRABINI. 2. Procrustes coriaceus. . I, 15 3. Carabus auratus . 16 4. C. nitens . II, 74 5. C. clathratus . I, 1" 6. C. granulatus . 18 7. C. cancellatus . 19 8. C. monilis . II, ”5 9. C. arvensis . I, 20 10. C. purpurascens . 21 11. C. nemoralis . 22 12. Ccilosoma inquisitor . . 14 13. C. sycophanta . 11,73 TRIBU vu. — EL \PHRINI . 14. Elaphrus uliginosus. . . II, “1 15. E. cupreus . I, 9 16. E. riparius . 10 1“. Blethisa multipunctata 11 TRIBU VIII- — LORICERINI. 18. Loricera pilicornis . . . 1.44 TRIBU IX. — NE BRUNI . Centuries 19. Notiophilus aquaticus. I, 5 20. N. rufipes . II, 'KO 21. N. paluitris . I, 6 22. N. biguttatus . 7 23. N. punctulatus . 8 24. Leistus spinibarbis - 12 25. L. ferrugineus . II, ^72 26. Nebria brevicollis - I, 13 TRIBU XV. — SCARITINI. 27. Dyschirius globosus . . I, 34 28. D. læviusculus . 35 29. D. salinus . 36 30. D. chalceus . 37 31. D. impunctipennis . . . 38 32. D. obscurus . 39 33. D. thoracicus . 40 34. D. nilidus . 11,77 35. D . ceveus . I, 41 36. D. intermedius . II, 78 37. Clivina fossor . 1,42 38. Cl. collaris . 43 (1) Le travail de M. Horn s’applique aux espèces de tout le globe. Ainsi, de ses quatre sous-familles, la dernière, celle des Pseudomorphinœ , nous est absolument étrangère, de même que bon nombre des quarante- sept tribus qui composent les trois autres sous-familles. Le mémoire de M. Horn se trouve dans le tome IX des Transactions of the American Entomological Society , et j ai publié dans les Comptes-Rendus de la Société entomologique de Belgique (séance du 4 mars 1882), la traduc¬ tion de ses tableaux synoptiques des caractères de toutes les tribus. — \ 94 - SOUS-FAMILLE DES HARPALINÆ BISETOSÆ. TRIBU XVI. — PANAGÆINI . Gentuiies 39. Panagœus cruxi-major 1,45 40. P. quadripustulalus ... 46 TRIBU XXII. — BEMBIDI1NI. 41. Tachypus flavipes _ II, 39 42. Bembidium paludosum. 42 43. B. argenteolum . 43 44. B. flammulatum . 44 45. B. varium . 45 46. B. adustum . 46 47. B. obliquum . 47 48. B. ephippium . 48 49. B. pallidipenne . 49 50. B. lunatum . 50 51. B. littorale . 51 52. B. femoratum . 52 53. B. concinnum . 53 54. B. nitidulum . 54 55. B. lampros . 55 56. B. minimum . 56 57. B. normannum . 57 58. B. Doris . 58 59. B. articulatum . 59 60. B. quadriguttatum . . . 60 61. B. quadrimaculatum. . 61 62. B. assimile . 62 63. B. fumigatum . 63 64. B. biguttatum . 64 65. B. œneum . 65 66. B. guttula . 66 67. B. obtusum . 67 68. B. quinquestriatum .. 68 69. Tachys scutellaris _ 40 70. T. bistriatus . 41 TRIBU XXIII- — POGON1N1. 71 . Pogonus luridipennis. . II, 4 72. P. chalceus . 5 73. Tr échus discus . 37 74. Tr. minutus . 38 TRIBU XXIV. — PTEROSTIGH1NI • Centuries 75. Pœcilus cupreus . 1,69 76. P. lepidus . 70 77 . Adelosia picimana ... 71 78. Lagarus vernalis . . . . 72 79. Pedius inœqualis .... 73 80. Lyperus aterrimus .. 74 81. Omaseus niger . 75 82. O. vulgaris . 76 83. O. nigrita . 77 84. O. anthracinus . 78 85. O. gracilis . ... II, 84 86. O. minor . 1,79 87. Argutor interstinctus 11,85 88. Steropus madidus ... I, 80 89. Molops terricola _ II, 86 90. Amara patricia\ . 1,81 91. A. fulva . 82 92. A. apricaria . 83 93. A. consularis . 84 94. A. aulica . 85 95. A. convexiuscula ... 11,87 96. A. striatopunctata . . 1,86 97. A. tricuspidata . 87 98. A. plebeja . 88 99. A. similata . 89 100. A. ovata . 90 101. A. commuais . 91 102. A. curta . 92 103. A. vulgaris . 93 104. A. spreta . 94 105. A. trivialis . 95 106. A. acuminata . 96 107. A. familiaris . . 97 108. A. anthobia . 98 109. A. lucida . 99 110. A. tibialis . 100 111. A. bifrons . II, 1 112. A. rufocincta . 2 113. Stomis pumicatus . . . 6 — 195 — TRIBU XXV. — LICININI . Centuries 114. Badister unipustalatus 11,79 115. B. bipurtulatus . 1,47 116. B. peltatus . 11, 80 TRIBU XXVI. — PLATYNINI. 117. Calathus cisteloïdes. . I, 64 118. C. fulvipes . 65 119. C. fuscus . 66 120. C. mollis . 67 121. C. melanocephalus . . 68 122. Anchomenus angusti- collis . 53 123. A. prasinus . 54 124. A. albipes . 55 125. A. oblongus . II, 82 126. A. marginatus . 1, 56 127 . A. sexpunctatus .... 57 128. A. parumpunctatus . . 58 129. A. viduus . 59 130. A. piceus . 60 Centuries 131. A. puellus . 61 132. A. Tlioreyi . 62 133. Olisthopus rotundatus II, 83 134. Taphria nivalis . I, 63 TRIBU XXIX. — ODACANTHINI. 135. Odacantha melanara . 1,23 TRIBU XXXIV. — LEBIINI . 136. Aëtophorus imperialis 1,24 137. Demetrias unipuncta- tus . ^5 138. D. atricapillus . 26 1 39 . Dromius linearis .... 27 140. D. agilis . 28 141. D. quadrimaculatus . 29 142. Blechrus glabratus .. 30 143. Bl. maurus . 31 144. Metabletus truncatel- lus . 32 145. M. foveola . 33 SOUS-FAMILLE DES HARPALINÆ UNISETOSÆ. TRIBU XL. — BRACHYN1NI. 146. Brachynus crepitans. 11,76 TRIBU XL1I. — BROSCINI . 147. Broscus cephalotes. . . 1,52 TRIBU XLV . — CHLÆNIINI . 148. Chlœnius holosericeus II, 81 149. Chl. nigricornis - 1,48 150. Chl. Schranki . 49 151. Chl. vestitus . 50 152. Oodes helopioïdes - 51 TRIBU XLVI. — ZABRINI . 153. Zabrus gibbus . II, 3 TRIBU XLVII. — HARPALINI . 154. Ophonus azur eus - II, 13 155. O. rupicola . 14 156. 0. rufibarbis . 15 157. Harpalus ruficornis. . 16 158. H. griseus . 17 159. H. ignavus . 18 160. H. distinguendus . . . . 19 161 . H. œneus . 20 162. H. discoïdeus . 21 163. H. rubripes . 22 164. H. neglectus . 23 165. H. melancholicus . . 24 166. H. tardus . 2^ 167. H. ser ripes . 26 168. H. servus . 27 169. H. anxius . 28 170. H. picipennis . 29 171. Stenolophus tentonus. 30 172. St. vespertinus . 31 173. Acupalpus flavicollis . 32 174. A. dor salis . 33 175. A. brunnipes . 34 176. A. meridianus . 35 177. A. consputus . 36 178. Bradycellus distinctus 12 179. Dichirotriehus pubes- cens . 10 180. D. obsoletus . H 181. Anisodactylus binota- tus . 7 182. A. poeciloïdes . 8 183. A. pseudo-œneus - 9 — 496 — DE LA CONSTITUTION DU PROTOPLASMA , Par J. KUNSTLER. En faisant, récemment, des recherches sur l’organisa¬ tion de certains Infusoires, j’ai été frappé de l’existence d’une structure remarquable que présente leur substance constitutive. Leur protoplasma offre, dans toutes ses par¬ ties, l’aspect d’un réseau absolument continu et très fin de parties claires d’une grande minceur qui circons¬ crivent de petits espaces plus sombres. En me servant pour l’étude approfondie de cette substance d’un de ces nouveaux objectifs à immersion homogène dont la puis¬ sance grossissante est énorme (1500 diamètres), je suis arrivé à me convaincre que ces petits points sombres ne sont autre chose que de petites cavités contenant de la substance protoplasmique plus fluide. En effet, leur examen direct ne montre aucune communication de ces vacuoles entre elles, et, d’un autre côté, quelle que soit la face par laquelle on observe le protoplasma en question, ces petites cavités se trouvent toujours entou¬ rées de minces parties de substance plus réfringente et absolument continue partout ; ensuite, en faisant varier fk point; on peut voir que *ces vacuoles sont partout li¬ mitées par le réseau plus clair ; et ce réseau, quel que soit le plan pour lequel on mette au point, ne présente aucune solution de continuité pouvant permettre aux va¬ cuoles voisines de communiquer entre elles : il résulte de cette disposition que le protoplasma de ces êtres semble formé par la réunion d’une immense quantité de sphérules protéiques d'une petitesse extrême, constituées par une portion périphérique plus réfringente qui entoure du pro¬ toplasma central plus riche en eau, et dont les parois se¬ raient extrêmement fusionnées entre elles. L’existence de ces sphérules, dans certains cas, n’est pas seulement hypothétique, et, dans un autre travail (1) dans lequel (1) Contribution à V étude des Flagellés (thèse). Lille. 1882. — 197 — j’ai présenté un certain nombre de preuves en faveur <3 la constitution sphérulaire des tissus de ces Protozoaires je cite des exemples de semblables sphérules rendues libres de toute adhérence ; dans la présente note, j’aurai l’occasion, de donner d’autres exemples analogues. Il était intéressant de Rechercher si la substance proto¬ plasmique des cellules des êtres plus élevés en organi¬ sation ne présenterait pas une disposition analogue ; pour faire ces observations, j’ai choisi comme sujet de mes re¬ cherches les grosses cellules qui constituent le revêtement interne de l’intestin des Cloportes (Oniscus murarius). La structure de ces corpuscules rappelle nettement celle de la substance du corps des Protozoaires que j’ai observés ; leur protoplasma est aussi criblé d’une multi¬ tude de petites vacuoles séparées les unes des autres par de minces parties denses. L'énormenoyau qui se remarque dans ces cellules n’est pas, comme on l’admet générale¬ ment pour les noyaux, une vésicule à parois propres dans laquelle existerait un réseau de filaments (substance chromatique de Flemming) renfermant dans ses mailles un liquide, le suc nucléaire ; il présente une structure identique à celle du protoplasma de la cellule. Cette struc ture peut être observée après qu’on a coloré cet organe au moyen du vert de méthyle ou bien du picrocarminate d'ammoniaque ; les bâtonnets de chromatine 11e sont autre chose que les parois des vacuoles dont il est criblé, et, s’ils sont très visibles en certains points et peu apparents en d’autres, disposition qui communique à l’ensemble un aspect irrégulier, c’est que, tout en constituant un en¬ semble absolument continu, ils présentent des différences de diamètre et une coloration inégale, et qu’ils peuvent se trouver superposés ou non à d’autres parties analogues; le vert de méthyle leur communique une teinte d’un vert clair plus vif que celui du protoplasma environnant. La membrane enveloppante du noyau n’est constituée que par la soudure des parties denses qui limitent extérieure¬ ment les vacuoles périphériques ; elle est fréquemment bosselée et proémine d’une manière assez régulière au 198 niveau de chacune cle celle-ci. L’existence dans le noyau d’un réseau protoplasmique dense est généralement ad¬ mise ; mais on n’attribue pas sa présence à une constitu- tution vacuolaire, telle que je l’ai décrite, et à ma con¬ naissance, une semblable structure du protoplasma n a jamais été signalée. Ce fait est, sans doute, dû à ce que la substance du noyau se colore avec une grande facilité ce qui rend l’observation de sa stlucture intime peu aisée. Les nucléoles présentent à leur intérieur un nombre de vacuoles variable, quoique toujours faible, qui y sont circonscrites par de la matière dense d’une grande épaisseur relative, contrairement à ce que j’ai vu chez les Flagellés, chez lesquels chaque nucléole ne présente qu’une seule vacuole centrale. Pendant la division cellulaire, les différentes parties qui entrent dans la constitution des cellules se com¬ portent d’une manière spéciale ; j'ai principalement étu¬ dié la marche de cette division sur des cellules embryon¬ naires de Truite (2e et 3e jours), qui m’ont été communi¬ quées à cette effet, par M. le docteur Henneguy. Ce phé¬ nomène débute par l’apparition de lignes rayonnantes au sein du protoplasma cellulaire, qui s’étendent d’une étroite zone un peu plus claire, entourant le noyau, à la péri¬ phérie de la cellule, et dont l'ensemble constitue un aster ; cette apparence est due à ce que les vacuoles de ce pro¬ toplasma se disposent assez régulièrement en séries rayonnantes, et ce sont leurs parois qui, se continuant de l’une à l’autre, présentent l’apparence de rayons ; au contraire, ces petites cavités alternent le plus générale¬ ment entre elles de l’une à l’autre de ces files centrifuges, de façon que leurs cloisons transversales, peu épaisses, forment un ensemble irrégulier assez peu apparent. L’as¬ ter ne se voit d’ailleurs guère bien nettement que lors¬ qu’on a traité ces cellules par des réactifs qui, comme l’acide acétique, les rendent transparentes, et ceci en raison de la possibilité qu’on a alors de mettre au point pour le plan central de ces corpuscules, où se trouvent des rayons divergent horizontalement et, par consé- — 199 — quent plus visibles, sans que la vue soit beaucoup gênée par la couche sus-jacente. D’après ce qui précède, il est facile de comprendre pourquoi ces lignes divergentes af¬ fectent près de la périphérie de la cellule un aspect plus ou moins régulièrement dichotomique ; en effet, à me¬ sure que l’on considère un point plus rapproché de la surface, les vaculoles deviennent nécessairement plus nombreuses, et les rayons, étant constitués par leurs pa¬ rois latérales, se multiplient avec elles. Lorsque l’aster commence à se diviser, la bande claire qui entoure le noyau disparaît, mais près des deux pôles opposés de cet organe il se forme sur une ligne perpendiculaire au futur plan de division de la cellule, un petit espace arrondi, clair, multi-vacuolaire, d’où partent les rayons des deux asters nouveaux, comme de deux centres ; les closes se passent comme si la zone claire, point de départ primitif des crayons de l’aster , s’était divisée en deux moitiés qui seraient allées se placer aux deux pôles du noyau, en entraînant avec elles les extrémités centrales des rayons qui en partent. Bobretzky, Fol et Henneguy admettent que la membrane nucléaire disparaît alors en face de ces deux points pour permettre aux rayons des asters de s’introduire par les ouvertures ainsi formées à l’intérieur du noyau, et, pendant que ce phénomène se produit, le réseau chromatique contenu dans cet organe se fragmenterait en bâtonnets qui iraient s’accumuler dans la région centrale pour former la plaque équatoriale. Je ne suis pas arrivé à vérifier ce processus, et, comme je le dirai plus loin, je crois que cette interprétation n’est pas complètement justifiée par les faits. 11 est assez facile, au contraire, après que le noyau s’est allongé, de constater aux deux pôles de cet organe l’apparition d’une dépression qui va en s’accen¬ tuant et en s’élargissant, dans laquelle des rayons des asters se montrent bientôt. Pendant que ces excavations se produisent, la structure du noyau subit des modifications importantes ; les parois d’un certain nombre de ses vacuoles, dont la répartition — 200 — ne m'a pas semblé être soumise à une loi quelconque, s’épaississent et deviennent plus visibles ; ces sortes de spbérules ainsi formées se rapprochent peu à peu les unes des autres et finissent par constituer au centre du noyau une masse arrondie qui est entourée d’une zone vacuo- laire périphérique moins visible et échancrée à ses deux pôles. La configuration de ces dépressions nucléaires est très irrégulière et leur disposition relative est essentiel¬ lement variable : elles peuvent apparaître sous la forme de simples creux, ou bien sous l’apparence de fentes transversales plus ou moins obliques, ou encore consti¬ tuer des sortes d’encoches situées soit latéralement, soit sur la face supérieure on inférieure ; elles se montrent sur l’une des faces ou l’un des côtés, toutes les deux à la fuis, ou bien Lune sur une face et l’autre sur la face in¬ versement symétrique. Principalement dans les cas ou elles se trouvent situées d’un même côté, on peut souvent constater que ces dépressions sont reliées 1 une à 1 autre par un sillon longitudinal qui s’étend dans toute la lon¬ gueur du noyau. Elles se développent souvent en meme temps, mais il arrive non moins fréquemment qu’elles ne se produisent que l’une après l’autre, de manière que celle qui s’est montrée en premier lieu est plus vaste que l’autre. Mais, quelle que soit la façon dont ces excava¬ tions du noyau se produisent, leur manière de se com¬ porter et leurs destinées ultérieures ne présentent que peu de différences ; elles s’agrandissent toutes en pro¬ fondeur et en largeur, et leur fond, qui acquiert ainsi une plus grande étendue, devient mamelonné, irrégulier, à dépressions aiguës et profondes : ces dépressions son continuées dans le noyau par des sortes de lignes qu s’étendent jusqu’à la masse centrale, et constituées par des vacuoles à parois minces qui se sont disposées en séries en ces points ; mais la couche nucléaire superfi¬ cielle, quoique déprimée, persiste, et je n ai jamais pu constater l’existence d’une solution de continuité permet¬ tant aux rayons des asters de pénétrer ah sein du noyau. Les parois latérales de ces excavations se dépriment 201 aussi bientôt et disparaissent rapidement dans l'im¬ mense majorité des cas ; d’antres fois elles persistent plus 'longtemps et peuvent quelquefois être vues assez facilement, dans leur ensemble ou bien seulement d’un côté, lorsque la plaque équatoriale est déjà formée. C’est sur l’observation de ce cas particulier que semble basée l’opinion de trois habiles observateurs, nommés plus haut, d’après laquelle il se produirait aux deux pôles du noyau une ouverture par laquelle les rayons des asters pénétreraient à l’intérieur de celui-ci ; j’ai observé un cas où les dépréssions polaires s étaient accrues avec une telle rapidité qu’elles avaient atteint la masse centrale, et partant les rayons des asters y étaient arrivés aussi, avant que leurs bords n’eussent présenté le moindre indice de recul. Mais, dans tous les cas. ces vestiges des anciens contours du noyau finissent par disparaître. Par la continuation de la marche de ces phénomènes de division cellulaire, le volume du noyau devient de moins en moins considérable ; sa portion pé¬ riphérique, constituée par des vacuoles à parois minces ; se réduit progressivement et semble se fondre dans la masse centrale, et finalement elle disparaît. La masse centrale elle-même diminue de volume et atteint quelque¬ fois un degré d’exiguité s frappant, en même temps que les parois de ces vacuoles s’épaississent d’une manière con¬ sidérable et en colorent vivement sous l’influence du vert de méthvle, et que leur cavité se réduit beaucoup. C’est là une structure qui semble en corrélation avec la dimi¬ nution du nombre des vacuoles ; à mesure que celles-ci deviennent moins nombreuses, leurs parois s’épaississent davantage et leur cavité diminue tellement que, dans bien des cas, elle paraît être nulle. Peut-être ce phéno¬ mène est-il dû à une sorte de conjugaison des sphérules protoplasmiques théoriques qui constituent le noyau par leur réunion, conjugaison qui précéderait la division. Le terme ultime de la condensation des éléments du noyau est la formation d’une plaque située dans le plan équatorial. — 202 — Il est probable que les singulières productions filamen¬ teuses qui se remarquent dans le noyau des cellules de la larve des Tritons peuvent être rapportées à de sem¬ blables vacuoles à parois épaissies et alignées en séries' ; mes observations n’ont porté que sur des échantillons trop défectueux pour avoir pu être concluantes. Pfitzner, qui nie aussi l’existence d’une membrane nu¬ cléaire propre, a vu que la plaque équatoriale des cellules géantes des larves de salamandre arrive à un tel état de simplicité qu’elle n’est formée, à un certain moment, que par un simple filament moniliforme qui se trouve cons¬ titué par des sphérules bien régulières, alignées en une série unique ; ces sphérules se divisent, d'après cet ob¬ servateur, suivant une direction parallèle à l’axe du fila¬ ment qu’elles constituent, en corpuscules plus petits, et les deux moitiés ainsi formées s’éloignent l’u- e de l’autre, pour former les deux nouveaux noyaux. La plaque équa¬ toriale des cellules embryonnaires de la Truite ne s’est jamais présentée à moi sous un aspect aussi régulier, mais les corpuscules qui la composent se divisent aussi, après s’être allongés et étranglés. Les sphérules issues de cette division s’allongent à leur tour et se partagent cha¬ cune en deux corpuscules d’aspect différent ; ceux qui se trouvent du côté du plan équatorial possèdent des parois plus minces et moins visibles ; ce processus continue et la rangée vacuolaire à parois épaisses et colorées se rap¬ proche de plus en plus de l’aster situé du même côté, et elle est reliée à sa congénère par une série de vacuoles de nouvelle formation simulant des rayons analogues à ceux des asters mais toutefois un peu plus colorés. A ce moment, on voit parfaitement la figure connu du fuseau, formée par l’ensemble de ces filaments plus colorés et touchant par chacun de ces pôles à un aster. Lorsque chacune des plaques colorées, issues de la bipartition de la plaque équatoriale, arrive au contact de la masse claire sphérique qui constitue le centre d’où divergent les rayons de 1 aster correspondant, elle se moule, en quelque sorte sur celle-ci et prend la forme d’un plan concave. Je n'ai — 203 — pas vu comment se comportait alors cette masse , il est probable qu’elle finit par entourer le nouveau noyau et se tusionnner avec lui. LA CHIRURGIE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE VIENNE , Par M. le Docteur COYNE , Professeur d'Anatoinie pathologique à la Faculté de Médecine de Bordeaux (Suite et fin ) (1). Le cours du professeur A. Politzer, moins élémen¬ taire que le précédent , se fait de midi à 1 heure de l’après-midi. Il commence egalement par des examens de malades et des diagnostics plus variés et plus complexes. On y fait plus d'acoustique , on y manie davantage les appareils de physique et y recherche un peu plus à y poser des diagnostics d'après l'exa¬ men physiologique des organes. Enfin, dans la leçon théorique qui termine toujours la seance clinique , on y étudie avec un soin particulier le fonctionnement des diverses parties de l’appareil de 1 audition dont on lait en grand détail la physiologie normale et pathologique, poui en tirer toutes les déductions actuellement possibles au point de vue du diagnostic. Ces deux enseignements qui se font les mêmes jours et cinq fois par semaines , sont faciles à suivre en même temps à la suite 1 un de 1 autie , se complètent par l’esprit qui préside à leur direction et se doublent en ce sens, que les malades des deux services servent ainsi à tous les élèves. Cet enseignement se fait avec activité, ne se ralentit pas dans des développe (1) Voir Bulletin Scientifique du département du Nord , 2e série 4e 'année , N° 12 , pag. 391 et suiv., 5° année, N° 1, pag. 16 et suiv. N° 3 , pag. 119 et suiv., et N° 4, pag. 154 et suiv. — 204 — ments oiseux , et le cycle entier de la pathologie auri¬ culaire est parcouru en six ou sept semaines, c’est-à-dire en trente à trente-cinq leçons. Ce résultat peut paraître à première vue extraordinaire , mais il faut remarquer que les élèves payent les professeurs et veulent en avoir pour leur argent. Ils ne permettraient jamais à l’un de leurs maîtres de dormir pendant un semestre sur un point particulier de la science. Un abandon justement mérité serait la récompense d’une pareille conduite, et cet abandon se traduirait par un déficit considérable dans la recette. De plus , et en rapport avec leur activité , ces services sont admirablement outillés pour renseignement qui prend plus particulièrement la forme intuitive et correspond à l’enseignement de choses. Des planches bien faites et représentant scrupuleusement les disposi¬ tions anatomiques normales et pathologiques , sont expo¬ sées partout et mises à la disposition des auditeurs. Des pièces anatomiques nombreuses , des appareils d’examen et d’études sont soumis à l’examen des élèves qui sont exercés à les manier et à les faire fonctionner. Enfin , lorsque la leçon est terminée , les élèves assidus sont exercés suivant leur degré d’instruction à soigner les malades, à pratiquer le cathétérisme de la trompe d'Eus- tache , d'abord sur des malades faciles et habitués , plus tard sur des malades plus difficiles , et enfin , dans des cas exceptionnels. Les plus avancés sont même admis à pratiquer l’ablation de polypes ou la paracentèse de la caisse. J ai dit plus haut qu’à côté de cet enseignement officiel de la Faculté de médecine , il existait un troisième cours d otologie rattaché à la policlinique et qui met en œuvre les riches matériaux d’étude que donne la consultation externe de cette intéressante institution que nous avons le regret de ne pas voir fonctionner dans les Facultés de médecine françaises , surtout celles de province. Cet enseignement est dirigé par le docteur Urbantschitch , jeune privât docent rempli d'avenir et de talent , déjà renommé par la publication d’un traité complet des mala- - 205 — rlies de l’oreille , ouvrage excellent et rempli de faits pratiques (1). Grâce aux très riches matériaux cliniques que lui donne cette consultation et le traitement externe des malades afférents à sa spécialité , le docteur Urbantschitch auquel je ne saurais trop adresser de remerciements pour l’obli¬ geance avec laquelle il s’est mis complètement à ma dis¬ position pour mes études , grâce, dis-je au nombre et à la variété des malades, fait un cours et donne des leçons essentiellement pratiques et cliniques. Ce cours a lieu tous les jours de la semaine, sauf le dimanche, et commence â quatre heures du soir par l'examen de malades choisis avec soin , de façon à suivre pas à pas autant qu’il est possible le cours théorique , et à ce que les élèves soient familiarisés méthodiquement avec les divers états mor¬ bides et aient toujours vu des faits cliniques se rapportant à ce qui leur est décrit dans le cours théorique. Le nombre des malades qui passent journellement sous les yeux des élèves et très considérable . de 20 à 25, dont 10 à 12 sont nouveaux. Les tables sont ingénieusement disposées de telle sorte qu’autour de la même lampe , trois élèves peuvent en même temps examiner trois malades et passer de l’un à l’autre facilement. A cinq heures commence le cours théorique qui ne diffère en rien de ceux qui se font à l’hôpital général , et à cinq heures et demie exercices pratiques et soins à donner à quelques malades choisis , réservés dans ce but. Cette organisation m’a paru très rationnelle et propre à former rapidement des élèves compétents dans la matière qui leur a été enseignée. A ce point de vue , à Vienne , un jeune médecin qui veut se livrer à l’étude de l’otologie , a toutes facilités pour étudier et se perfectionner. 11 peut dans la même journée suivre les trois enseignements et bénéficier rapidement d’une grande expérience clinique. Pour les Français il n'est même pas nécessaire de parler • (1) Cet ouvra g vient d’être traduit en français par notre ami et ancien élève le Dr R. Galrnettes et publié et édité par G. Masson. — 206 allemand, MM. Politzer et Urbantschitch parlant la langue française d’une façon courante et passant avec facilité d’un idiome à l’autre. L’enseignement de l’oculistique est également des plus , florissants à Vienne. C’est meme par cette partie spéciale dans l’art de guérir que dans cette célèbre université , les spécialités chirurgicales ont fini par s’imposer à l’en¬ seignement officiel. Deux professeurs titulaires , les pro¬ fesseurs Arlt et Stelwag de Carion , un professeur extraordinaire , le docteur Édouard Jœger de Jaxthal , et quatre privât do cent rivalisent de zèle et se disputent les élèves qui désirent suivre cet enseignement et qui , dans un examen probatoire, sont spécialement interrogés sur cette partie de la chirurgie. Je ne m’étendrai pas sur ce qui concerne les services destines à 1 enseignement de cette spécialité. Elle est enseignée comme l’otologie et la chirurgie générale. Chaque professeur, chargé en même temps de l’enseignement théorique, clinique et pratique, a de nombreuses heures de leçons par semaine, douze environ. Pour les uns , le cours se fait de dix heures à midi ; pour les autres , de trois à cinq heui es de l’après-midi , et quelques-uns de huit à dix heures du matin. Cet enseignement, ai-je dit, est en même temps clinique, théorique et pratique , c’est-à-dire que le même professeur préside à l’examen des malades et aux exei- j cices cliniques, fait à la suite un cours théorique de façon j à parcourir dans moins d un semestre tout 1 ensemble de l’oculistique et termine la séance par des exercices de médecine opératoire et de dioptrique. Il arrive même quelquefois que les jeunes docteurs plus avancés dans leurs études et attachés au service depuis un certain temps sont appelés à pratiquer des opérations simples ou i compliquées sur des malades du service et sous la diiec- tion immédiate du professeur. Deux cours d ophtalmologie ont leur centre d’action dans la policlinique et sont tenus par des privât docent. Enfin , chose qui paraîtrait bien extraordinaire dans une Faculté trançaise , un des privât docent utilise le service, les malades, les salles de cours — 207 — et les collections d’un des professeurs titulaires, du pro¬ fesseur Arlt. Cet exemple est topique et prouve que dans 1 université viennoise de même que dans beaucoup d’uni¬ versités étrangères, on est- bien loin de l’exclusivisme français où les professeurs considèrent leur enseigne¬ ment comme un domaine dont ils sont les uniques pro¬ priétaires , les malades qui leur sont confiés comme matériaux d enseignement , comme une propriété dont iis sont les maîtres absolus pendant leur vie et même après leur mort alors que le but thérapeutique ne peut plus être atteint et ne vient pas couvrir d'une apparence de raison leur jalousie excessive. Que de matériaux perdus et pour la science et pour l’instruction des élèves , grâce à cette théorie , et que de lacunes dans l’enseignement officiel français 1 II suffit dans notre organisation qu'un homme veuille s'immobiliser dans une douce somnolence ou se laisse entraîner par des occu¬ pations extérieures probablement plus lucra¬ tives que celles de l’enseignement , pour qu'iine partie considérable des sciences médicales soit ■sacrifiée et fermée complètement aux élèves. Il existe dansl hôpital général et annexé au -service du professeur Arlt, un musée très intéressant et comprenant me collection d’anatomie pathologique comparée rela¬ tive à 1 ophtalmologie, une collection d’instruments se 'attachant au même ordre d’enseignement et une biblio- hèque spéciale à 1 oculistique. Ce musée est à la dispo¬ sition de tous les cours d’ophthalmologie et sert grande- nent à 1 instruction des élèves. C’est encore un exemple le décentralisation qui me semble bon a suivre. A quoi )on les musées generaux dont on ne peut approcher et lui par leur généralité deviennent impropres à l’enseigne- nent de chacune des branches de la médecine. En France, nettre une pièce ou un instrument dans un musée , c’est ui donner un enterrement de première classe et les mie ver à partir de ce jour de l’usage courant et habituel- ement lorsqu elles existent , et pour assurer leur exis- ence il n est pas besoin de beaucoup de volumes et l une grande dépense d’argent. — 208 — J’aurais eu à parler d’autres enseignements qui pré¬ sentent un grand intérêt et qui sont admirablement orga¬ nisés. Je veux parler de l’obstétrique et de la lagy néco- logie , de l’anatomie pathologique et de la médecine légale. Mais l’étude de ces différents points m’entraîne¬ rait trop loin. Pour quelques-uns je manque de compé¬ tence et ils ne m’intéressaient pas autant que ceux dont je viens de parler. Mais, organisés comme les autres enseignements , ils me semblent donner également des résultats très satisfaisants. En ce qui regarde l’anatomie pathologique , je m’abstiendrai pour des raisons qui me sont personnelles et que tout le monde comprendra. Il 11e me convient pas de dévoiler les misères de nos Facultés françaises à ce sujet et sur une question qui est considérée comme brûlante par les cliniciens. Je me contenterai de termi¬ ner cette longue étude en la résumant par une phrase qui rendra beaucoup mieux ma pensée : .4 Vienne , les professeurs sont d’abord professeurs . et ne sont praticiens cju accessoi¬ rement. Ils suivent cette marche qui parait logique et naturelle, parce que l’organisation à laquelle ils sont soumis a su mettre l’intérêt du côté du devoir II est à désirer qu’il en soit bientôt ainsi dans notre pays. CHRONIQUE. FACULTE DE MEDECINE DE LILLE. — M. Houzé dt l’Aulnoit, professeur de clinique chirurgicale, est auto risé à se faire suppléer par M. Paquet, professeur de médecine opératoire. — M. le docteur Hermann, prépa rateur des travaux d’histologie à la Faculté de médecin < de Paris, est chargé du cours d’anatomie pathologique e de pathologie générale, en remplacement de M. Kelscli démissionnaire. HÔPITAL DE BERCK-SUR-MER. — Concours pOUV Vin- \ernat. — Ce concours a commencé le jeudi 8 juin. Quatre candidats s’étaient fait inscrire pour la place vacante. Le jury se composait de MM. Bergeron. Hanot 3t Schwartz. La composition écrite a porté sur le sujet suivant : Ligaments de l’articulation coxo-fémorale. I Signes de la coxalgie. MÉTÉOROLOGIE. MAI. 1882. Température atmosphérique moyenne.... 12°. 66 " moyenne des maxima.. 17°. 56 « « desminima.. 1°. 77 « extrême maxima , le 28 . . 25°. 60 fl fl minima , le 16.. 8°. 60 Baromètre , hauteur moyenne à 0° — .... 761mm.705 » extrême maxima, le 17 . 771mm.150 I* " minima, le 25 .T.... 749mm.210 Tension moyenne de la vapeur atmosphériq. 7mm.79 3umidilé relative moyenne °/0 . 64.30 i épaisseur de la couche de pluie . 45mm.74 fl fl d’eau évaporée. . . 139mm.48 annee moyenne. 12°. 45 758mra.984 7mm.94 68.39 60mm.91 1 16mm.18 ; Le mois de mai 1882 fut chaud et sec. Sa température i noyenne fut de 0°.2i plus élevée que celle du même mois mnée moyenne. On observa 22 jours de pluie, mais la quantité fut généralement faible, car si de la somme 15mm.74, on retranche les20mm.26 du 30. il reste 25“im.48. soit lmm.21 par jour. La hauteur moyenne de la colonne barométrique, ra- nenée à la température de 0°, surpassa de 2mm.721 celle le mai année moyenne. Aussi la nébulosité ne fut- elle pue de 5.71. Cette sécheresse relative des hautes régions atmosphé¬ riques exista aussi dans les couches inférieures ; car si la ension moyenne de la vapeur dissoute est ordinairement le 7mm.94, elle ne fut cette année que de 7mm.79, et l’hu¬ midité relative qui est en moyenne de 68.39 */0 ne fut, en nai 1882. que de 64.30 %. — 24 0 — Cette faible humidité de l’air favorisa l'évaporation de l’eau dont la couche atteignit une épaisseur de 139mm.48. tandis qu’en année moyenne elle n’est que de 116mm.18. Sous l’influence de l’abaissement de la température pendant les nuits sereines, on observa 26 rosées parmi lesquelles 4 donnèrent lieu à de la gelée blanche. Les brouillards, le matin surtout, furent au nombre de 30. 11 y eut pendant le mois 2 orages : celui du 8, amené par les nuages à marche lente O. N. O., vent assez fort O. dura de 11 . h. 87 m. du matin, à midi ; il ne fut accompa¬ gné que d’une pluie de 0mm.50. L’autre, qui éclata le 30 à 10 h. 45 m. du matin et qui se renouvela à 7 h. 05 m. du soir fut amené par les nuages N. E. chassés rapidement par un vent fort N. E., fut accompagné d’une forte pluie donnant une couche d’eau d’une épaisseur de 20mm.26. Ces orages néanmoins ne causèrent aucune avarie aux récoltes, car il ne tomba pas de grêle. On n'observa ce dernier météore que les 1er, 15 et 16 et la quantité d’eau provenant de la fonte des grêlons ne fut que de 0mm.42. Le 3, dans la soirée, il se produisit au S. O., dans des cirro- stratus, des éclairs sans tonnerre. Enfin, on observa pendant le mois 5 halos solaires, toujours suivis de pluie. Les vents régnants furent le N. E. et le S. O. Jusqu’au 20. les nuits furent froides et c’est pendant cette période qu’on observa les gelées blanches. A dater du 20. la température moyenne diurne s’éleva sensible¬ ment. Du 1er au 15, la température moyenne fut de 11°. 45, du 16 au 31 elle fut de 13°. 78. Pendant la première moitié du mois, la hauteur moyenne de la colonne barométrique à 0° fut de 762mm.048, pluie, 8mm.21 seulement ; nébulosité du ciel 5.50; humi¬ dité 0.66; évaporation 54mm.28. Pendant la seconde, baromètre 761mm. 382; pluie 37mm.53: nébulosité 5.92; humidité 0.63 ; évaporation 85““. 20. Le mois de mai 1882, par ses caractères météoriques, — 244 a énormément ressemblé à mai 1881. comme le met en évidence le tableau ci-dessous : Température atmosphérique moyenne . . . * » des maxima. . * " des minima. . Baromètre, hauteur moyenne h 0° . Tension moyenne de la vapeur atmosphériq Humidité relative moyenne 0 0 . Épaisseur delà couche de pluie . » » d’eau évaporée. . MAI. 1881. 12°. 45 n°. oo 7°. 90 762mm . 970 7mm 36 63.20 4411101 08 139,um.56 1882. 12°. 66 17°. 56 7°. 77 761mm.705 7010179 64.30 450101.74 1 39mm . 48 Les vents N. E. et S. O. régnèrent de part et d’autre. En mai 1881 il n’y eut qu'un seul jour de gelée blanche et aucun orage. Y. Meurein. ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. — CLASSE DES SCIENCES. — Concours extraordinaire pour 1884. — Le Gouverne¬ ment a proposé et les Chambres ont adopté une loi qui a pour objet la conservation du poisson et le repeuplement des rivières. L’obstacle capital qui empêche actuellement d’atteindre ce but, c’est la corruption des eaux dans les petites ri¬ vières non navigables ni flottables, qui sont contaminées par des matières solides ou liquides déversées par diffé¬ rentes industries, et incompatibles avec la reproduction et l'existence des poissons. L’Académie fait appel à la science pour faciliter l’ac¬ complissement des vues des pouvoirs publics. Acceptant la proposition d’un de ses membres qui met généreusement à sa disposition une somme de trois mille francs , elle demande une étude approfondie des ques¬ tions suivantes, à la fois chimiques et biologiques : 1° Quelles sont les matières spéciales aux principales industries qui. en se mélangeant avec les eaux des petites _ 212 — rivières, les rendent incompatibles avec 1 existence des poissons, et impropres a 1 alimentation publique au^si bien qu'au bétail ; 2° Une liste des rivières de Belgique qui, actuellement, sont dépeuplées par cet état de choses, avec 1 indication des industries spéciales à chacune de ces rivières , et la liste des poissons comestibles qui y vivaient avant 1 éta¬ blissement de ces usines ; 3° La recherche et l’indication des moyens pratique^ de purifier les eaux à la sortie des fabriques pour les rendre compatibles avec la vie du poisson sans compro¬ mettre l’industrie, en combinant les ressources que peuvent offrir la construction de bassins de décantation, le filtrage, enfin l’emploi des agents chimiques ; 4° Des expériences séparées sur les matières qui, dans chaque industrie spéciale, causent la mort des poissons, et sur le degré de résistance que chaque espèce de poisson comestible peut offrir à la destruction. Les mémoires devront être écrits lisiblement et être adressés, francs de port, à M. Liagre, secrétaire peipé- tuel, au palais des Académies, avant le lei octobre 1884. L’Académie exige la plus grande exactitude dans les citations ; les auteurs auront soin, par conséquent, d in¬ diquer les éditions et les pages des ouvrages cités. On n’admettra que des planches manuscrites. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ou¬ vrage : ils y inscriront seulement une devise, qu ils reproduiront dans un hillet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute par eux de satisfaire a cette for¬ malité, le prix ne pourra être accordé. MLLB. — IS1P L DANEL 1882. N° 6. JUIN. - - CONTRIBUTION A LA MORPHOLOGIE DES AMPHINEURA , Par le Dr HUBRECHT, de Leyde. Traduction par G. DUTILLEUL, préparateur du cours de Zoologie à la Faculté des Sciences. En août 1881, l’editeur de ce journal (1) m’avait prié de lui fournir quelques schémas relatifs à l’anatomie des Amphineura en y joignant une sorte de texte explicatif indiquant l’état actuel de nos connaissances sur cette classe d animaux. Différentes occupations me forcèrent d’ajourner l’accomplissement de ce désir. Je n’ai pas à regretter ce retard, car j’ai pu grâce à lui prendre con¬ naissance des recherches recentes de M. A. Sedgwick, qui ont considérablement éclairci la question difficile des organes rénaux de ce groupe. Je veux me borner à un simple exposé de tout ce que je crois connu, entrevu, incertain ou inconnu dans la question. Je suivrai l’ordre suivant : (a) Téguments. (b) Système nerveux. (c) Intestin. (d) Appareils circulatoire et respiratoire. (e) Organes d’excrétion et de reproduction. Je n’ai pas l’intention d’entrer dans la discussion appro¬ fondie des différentes manières de voir des divers au¬ teurs, ni de leurs valeurs respectives ; je me bornerai à la simple exposition de ce qui me paraît le plus exact. Les noms des auteurs, que je cite, sont suivis dans le texte d un numéro qui renvoie à un index bibliographique placé à la fin de ce travail. (1) The Quar ter ly journal of microscopical Science de Ray-Lank ester 16 L — 214 — A. — CLASSIFICATION. L’arrangement systématique des Amphineura et les noms adoptés pour les subdivisions sont les suivants : Classe . Ordes . Familles , Genres. Amphineura . l Chœtodermata Chœtoderma SOLENOGA.STRES ] Mpnmprnop S * * ' • NeOT/ieUM 1 jJNeomemæ. j proneomenm ...Chitonellus Chitones . •• • • • \ • • • Chiton . Cryptochiton. Ce fut Von Jehring (8) qui le premier considéra les Amphineura comme constituant un phylum distinct de celui des Vermes ; après lui Spéngel (20) montra claire¬ ment qu’ils devaient être rattachés aux Mollusques. Puis Gegenbaur réunit le Neomenia et le Çlioetoderma sous le nom de Solenog astres, préférant cette dénomination à celle d ' Aplacophora de Von Jehring ; il en fait comme ce dernier une classe à part. Les familles des Chœtoder¬ mata et N eomeniœ établies par Von Jehring peuvent être conservées. Comme nom de genre, le nom de Solenopus , Sars, qui a été inscrit au bas d’un exemplaire du muséum de Bergen , mais n’a jamais été publié, doit être abandonné , bien que Koren et Danielssen (11) l’aient conservé pour le Neomenia , Tullberg ; il est en effet prouvé qu’en 1826, ce nom a été introduit en zoolo¬ gie par C. J. Schonherr, qui l’a appliqué à un genre de Curculionides. Pour le moment le genre Chœtoderma , Lovèn (14) ne compte qu’une espèce, le C. nitidulum, Loven, Crystatlophrysson nitens , Môbius ; il en est de même du genre Proneomenia , Hubrecht, (7) (P. Slui- terï) ; le genre Neomenia, Tullberg, (28) en comprend huit : N. carinata , Tullberg, N. affinis, Dalyelli, incrustata , margaritacea, borealis , Sarsii (toutes de Koren et Dani¬ elssen) et N. gorgonophila , Kowalewsky. Le Neomema corallophila , Kowalewsky, n’est pas encore décrit, mais il est mentionné dans l’ explication des planches (13). Je — 216 — crois avec Von Jehring que le nombre des espèces de Koren et Danielssén se réduira, quand ces auteurs au¬ ront fait une etude plus approfondie des spécimens dont ils disposent ; la forme extérieure et la taille sont en effet des caractères spécifiques bien peu sûrs chez les ani¬ maux qui nous occupent. Quant aux Neomenia Sursit et gorgonophila ce sont peut-etre des Proneomeniu . H Pour ce qui est du grand nombre de genres et d’espèces de Chitones , un manuel de conchyliologie peut en donner une idée suffisante ; entrer ici dans les détails de ce su¬ jet nous entraînerait trop loin. Pour le genre Chitonellus en particulier, un examen sérieux des différentes espèces pourrait fournir des résultats très intéressants. B. — TÉGUMENTS. Chez tous les Amphineura, une membrane cellulaire mince, qui semble formée d’un seul rang de cellules (3. 7, 11, 13, 18, 22,, est appliquée sur le tissu musculaire de la cavité du corps et joue le rôle de couche matrice du tégument. Chez le Chiton elle se continue sur les por¬ tions membraneuses de la paroi du corps tapissant les replis qui maintiennent les pièces de la coquille. Le tégument produit par cette couche matrice se com¬ pose de deux éléments : (a) Une substance cuticulaire d’épaisseur variable (très développée chez le Proneomenia). (b) Des éléments calcaires déposés dans cette cuticule et constituant soit des spiculés seulement ( Solenogastres ), soit des spiculés et des plaques de coquille (Chitones). Des spiculés cornés ou chitineux (18), des poils et des soies cornées, qu on trouve dans la cuticule et qui peuvent dans certains genres [Chiton Pallasii ) atteindre une taille considérable, établissent par leur structure passage aux formations précédentes. Les spiculés calcaires sont, sous le rapport de la forme — 246 — et de la taille, très différents chez les Solenogastrës et les Chitones (3, 7, 13, 18, 22). Dans le Pronemenia , leur forme ne varie pas dans toute l’étendue du tégument (7) ; chez les Chiions ils présentent au contraire une grande diversité (16, 18). Pour certains genres il est bien prouvé que les spi¬ culés demeurent attachés à la couche matrice par un filet de tissu cellulaire (7, 18). Une capsule cellulaire entoure leur base chez le Proneomenia ; ils y prennent naissance alors que celle-ci fait encore partie de hi couche matrice ; ils semblent se soulever, le filet parait s allonger et la cuticule croissant en épaisseur les pousse passivement au dehors. Des excroissances radiaires de la couche matrice, ana¬ logues aux précédentes, mais ne semblant pas pourtant en connexion directe avec les spiculés ont été figurées par Kowalewsky pour le Neomenia gorgonophila (13). Marshall (15) a figuré et décrit dans les coquüles des Chiions une série de tubes radiaires creux ; ces tubes sont, pendant la vie, remplis de traînées de tissu, prolon¬ gements directs de la couche matrice (1) et ont une grande analogie avec les funicules dont nous avons parle (7,18). . Le genre Chitonellus est caractérisé par de toutes pe¬ tites plaques dorsales et des spiculés calcaires disposés en lignes très régulières dans le reste dè la ^ peau. Ce genre a été longtemps regardé comme une dégradation de la forme Chiton ; différents détails de son organisa¬ tion (branchies, pied, etc.,) tendent à faire rejeter cette manière de voir et nous devons considérer cet animal comme le plus primitif des Chitones . celui qui se rattache le plus étroitement aux Solenogastres (8). Une étude soi- (1) J'ai été à même d’examiner des coupes de coquilles décalcifiées de Chiton , faites par le Dr Phil. J .F. BeMMELEN, et j’ai pu me convaincre de l’exactitude absolue des faits précités . Ce savant se livre en ce moment à une étude approfondie des téguments des Chitons , et je renvoie, pour plus amples détails, à son travail qui va paraître incessamment. gnée de la structure et du développement de sa coquille est à faire dès que l’on pourra disposer de Chüonellus très jeunes, actuellement très rares dans les collections zoologiques. Deux mots encore à propos du pied. lise présente chez les Solenogastres comme un repli médian ventral du tégument ; il n’est pas recouvert d’une cuticule, ne porte pas de spiculés, mais il est couvert de cils (4, 7, 13). Le pied s’étend chez les Neomenia et le Proneomenia dn bord postérieur de la bouche à l’ouverture anale. Chez le Chœloderma il n’est développé que sur la moitié posté¬ rieure du corps. Pour moi , je le considère plutôt comme une atrophie du pied des autres genres, que comme la première manifestation de cet organe. Chez Chüonellus, le pied est indubitablement moins différencié (8) que chez le Chiton , mais il doit en toute certitude être considéré comme homologue du pied des Gastéropodes, etc. G. — SYSTÈME NERVEUX. Ce qui caractérise surtout le système nerveux des Am- phineura, c’est la présence de quatre troncs longitudinaux reliés entre eux en avant ou au-dessus du pharynx. Le fait de la présence de cellules nerveuses mélangées en forte proportion à des fibres nerveuses sur tout le par¬ cours des troncs, montre que la centralisation est loin d’être complète dans cette classe et nous conduit à ad¬ mettre que chaque tronc peut dans toute son étendue être jusqu’à un certain point considéré comme représen¬ tant le système nerveux central. Un épaississement céré¬ bral antérieur semble mieux indiqué chez les Soleno¬ gastres (3, 6, 7, 22) que chez les Chitones (1, 8, 20). La fusion postérieure des quatre troncs nerveux ou de deux d’entre eux en un ganglion situé au-dessus du rectum, a été bien constatée chez Chœtoderma (3, 6), Neomenia (4), et Chiton (8 a, 20) ; on ne l’a qu’entrevue chez le Proneomenia et elle est à rechercher soigneusement sur les premiers spécimens dont on pourra disposer. Les 218 — cordons ventraux longitudinaux sont reliés par des com¬ missures transverses chez le Chiton (8, 20) le Neomenia (4, 22) et le Proneomenia (7). La première de ces commis¬ sures entoure le pharynx et constitue un collier œsopha¬ gien. Des renflements ganglionnaires, situés à la nais¬ sance des troncs ventraux et réunis par une commissure représentent les ganglions sous-œsophagiens. Une seconde commissure plus délicate que la première entoure le pha¬ rynx chez le Chiton (8, 20). le Neomenia (4), le Proneo¬ menia (7) et le Chætoderma (4, 6), on peut la désigner sous le nom de commissure sublinguale ; sur son parcours se trouve un épaississement ganglionnaire correspondant au ganglion sublingual. Les commissures transverses ventrales (pédieuses) sont régulièrement espacées et dans le Neomenia (4) et le Pronemonia (7), elles semblent traverser en partie le sinus sanguin qui longe la face ventrale . Dans le dernier genre les commissures paraissent donner naissance à de minces filets nerveux. Ce sont des prolongements ana¬ logues qui chez le Chiton constituent un plexus pé¬ dieux (5). Ces mêmes commissures ventrales transverses n’ont pas été bien constatées chez le Chætoderma , malgré tout le soin qu’on a mis à les rechercher et on est fondé à croire qu’elles n’y existent pas. On ne peut se prononcer actuellement sur la question de savoir si l’anneau circum œsophagien de ce genre (4, 6) est l’homologue de l’anneau œsophagien ou s’il correspond au ganglion sublingual. Mon avis est que la seconde manière de voir est la plus vraisemblable. Les quatre troncs longitudinaux du Chœ- toderma se réunissent postérieurement en deux troncs qui se soudent un peu plus loin comme il a été dit plus haut (3, 6). Il me semble que le système nerveux du Chætoderma doit être considéré non pas comme primitif, mais comme une dégradation de la forme typique des Soleno g astres. Comme nous le verrons plus loin, la structure du foie et celle de l’intestin plaident en faveur de cette manière de voir. Fig. 1. — Diagramme du système nerveux de Proneomenia : c cer¬ veau ; l troncs latéraux ; v troncs ventraux ; (au sujet du ? , voir la note du post scriptum , pag. 229). Fig. 2. — Idem de Neomenia , d’après Graff (4). Mêmes lettres que dans la figure 1. — p c commissure postérieure des troncs latéraux. Fig. 3. — Idem de Chætoderma , d’après les descriptions de GrAFF (3) et HANSEN (6). Mêmes lettres que dans la figure 2. Fig. 4. — Idem de Chiton , d’après SPENGEL. Mêmes lettres que dans la figure 2. Dans tous ces diagrammes , on n’a représenté ni les nerfs cérébraux qui se rendent à la tête , ni les rameaux périphériques. 220 — Enfin notons que dans le Proneomenia le système commissural se complique de filets, qui, sur les côtés du corps, relient les troncs latéraux aux troncs ventraux (7). De ces commissures naissent en outre des branches périphériques. Comme j’ai déjà discuté ailleurs d’une façon approfon¬ die la possibilité de grouper ces faits et leur portée tant au point de vue de la phylogénie de certains groupes d’in¬ vertébrés qu’au point de vue de la question du système nerveux en général, je n’y reviens pas ici. D. — TUBE DIGESTIF. Le tube digestif est très simple chez le Neomenia et le Proneomenia , il est un peu plus compliqué dans le Choe- todermas t atteint son plus haut degré de différenciation chez le Chiton. 11 existe un pharynx musculeux aussi bien chez les Solenogastres que chez les Chüones ; il est tant soit peu protractile dans le Neomenia (22). Il est tapissé intérieurement d’une cuticule chitineuse, recouverte d’une couche de cellules cylindriques et diversement plissée. Ce pharynx est en libre communication avec la gaine de la radula. Proportionnée au calibre de la ra- dula, cette cavité est très vaste chez les Chüones , très réduite dans le Proneomenia et le Chœtoderma , nulle dans le Neomenia. La forme et la position de la radula du Chiton ont déjà été bien décrites par différents auteurs (16, 18 a, 21). En 1877, lorsque Y. Jéhring (8) montra pour la pre¬ mière fois que les Amphineura constituent un groupe spécial (qu’il écartait à tort des mollusques), il considé¬ rait comme caractères différentiels de la plus haute im¬ portance, la présence de la radula chez les Chüones (Pla cophora) et son absence chez les Solenogastres (Aplaco- phora). Cette distinction disparut lorsque la découverte du Proneomenia (7) montra que chez les Solenogastres la radula ne manque pas toujours et indiqua chez eux une métamorphose régressive qui n’avait pas encore été reconnue jusqu'alors dans ce groupe. Les dents chiti- neuses qui, chez le Chœtoderma, occupent une position correspondante (3, 6), fournissent un nouvel argument à l’appui de cette manière de voir. Je suis fortement porté à considérer cette disposition plutôt comme un stade de simplification de l’arrangement radulaire que comme une structure primitive qui aurait donné la radula par diffé¬ renciation graduelle. J’ai montré ailleurs (7) qu’on ne pourrait, vu la structure compliquée de la radula des Pro- neomenia, interpréter dans le dernier sens ce qui en existe chez les Solenogastres. Pour le Neomenia , je puis affirmer qu’il n’y avait, sur les exemplaires que j’ai exa¬ minés, aucune trace de radula. Différents auteurs l’ont, d’ailleurs, vainement cherchée (4, 7, 10, 22). Le fente pharyngienne du Proneomenia qui fait com¬ muniquer sa cavité avec le petit cæcum radulaire, sert en même temps à l’évacuation des produits de deux longues glandes cylindriques parallèles situées sous l’epi¬ thelium intestinal et convergeant vers cette fente. On les considère comme des glandes salivaires. Elles manquent chez le Neomenia et l’on n’a jusqu’ici rien décrit d'ana¬ logue chez le Chœtoderma. Chez le Cliiton les glandes salivaires ont été bien dé¬ crites (16) ; elles semblent occuper une position dorsale par rapport au pharynx. Quant à la question de savoir si ces glandes correspondent à celles du Proneomenia ou si elles sont homologues des sacs pharjmgiens (Schlund- sacke , Middendorf), c’est un problème qui n’est pas résolu. La partie de l’intestin qui fait suite au pharynx est très simple dans Neomenia et Proneomœnia. Déduction faite de la place occupée parles autres organes, l'intestin rem¬ plit dans ces deux genres toute la cavité du corps. Il est droit et pourvu de chaque côté d’appendices creux qu’on a comparés aux cæcums hépatiques. Il est nettement cilié sur les lignes médianes dorsale et ventrale. Le rectum passe sous le péricarde et au milieu des tubes excréteurs des organes urogénitaux ; il est étroit et cilié sur toute sa surface. — 222 — Fig. 5. — Diagramme du tube digestif de Neomenia et Proneomenia établi d’après les descriptions de différents auteurs (7, 13, 22). o bouche ; a anus ; d portion médiane ciliée ; l cæcums hépathiques . Fig. 6. — Idem de Chœtoderma , d’après la description de HANSEN, o et a comme dans la figure 5 ; d portion postérieure étroite de l’intestin ; l foie. Fig. 1. — Idem de Chiton. o et a , figure 5; d intestin recourbé; l foie . — 223 — amp Chez le Chœtoderma il existe un cæcum intestinal qui pourrait bien, comme le dit Hansen (6), indiquer un com¬ mencement délocalisation de glande hépatique. La diffé¬ renciation dans ce sens atteint son maximum chez les Chi- tones. Dans ces animaux lé dispositif primitif des Soleno - gastres est remplacé par un tractus intestinal étroit, plu¬ sieurs fois replié sur lui- même, et dans lequel vient dé¬ boucher un foie nettement caractérisé et dentelé. A cet égard, la différence entre les deux subdivisions des Am- phineura, est donc bien nette. Seuls, les Chitons , ont une ouverture rectale posté¬ rieure en relation directe avec l’extérieur. Chez le Neo- menia et le Proneomenia le contenu de l’intestin est évacué avec celui des organes urinaires et génitaux dans une sorte de cloaque commun aux deux systèmes d’or¬ ganes. Dans le Chœtoderma nous n’avons plus, à pro¬ prement parler, un cloaque ; mais l’infundibulum où dé bouchent le rectum et les conduits urinaires et dans le¬ quel sont logées les branchies, n’est pas sans analogie avec ce que nous avons vu chez Neomenia (fig. 8). E. — APPAREILS CIRCULATOIRE ET RESPIRATOIRE. Un cœur situé dans la partie dorsale de la cavité du corps, un vaisseau dorsal et un vaisseau ventral médians forment la partie principale du système circulatoire chez tous les Amphineura . Des oreillettes paires existent dans le cœur des Chi¬ tons ; leur présence n’a pas encore été constatée chez le Neomenia et le Proneomenia , mais on les y admet. Le vaisseau dorsal est en continuation directe avec la par¬ tie antérieure du cœur. Celui-ci est logé dans une cavité où le sang ne pénètre jamais et à laquelle on a donné le nom impropre de péricarde. 11 est complètement clos, sauf dans un cas. (Voir lepostscriptum). Antérieurement le vaisseau dorsal s’ouvre au sein des tissus et la circula¬ tion est en grande partie lacunaire (autour des replis in¬ testinaux, par exemple). — 224 — Une portion du système lacunaire du pied des Chitons doit être considérée comme l’équivalent du vaisseau ven¬ tral des Solenogastres, lequel est, comme les lacunes, situé sous le diaphragme musculaire horizontal. Pour les détails de l’appareil circulatoire des Chitons , je renvoie aux travaux de Middendorf(16) ; disons seulement qu’ici, comme les Solenogastres , le sang pris aux branchies par le cœur est chassé le long du vaisseau dorsal médian vers la tête et les organes génitaux. Au point de vue de l’appareil respiratoire, on observe chez les Amphineura différents degrés de développe¬ ment. On n’a pas pu trouver de branchies localisées chez le Proneomenia, et si l’on ne considère pas comme branchie, la touffe de filaments creux qu’on trouve dans une des dépressions du pharynx, on est forcé d’admettre que la respiration s’effectue par toute la surface de la paroi de l’intestin et du pied et plus particulièrement par celle de la région rectale. On a constaté, tant chez le Neomenia que chez le Chœtoderma, à la partie postérieure du corps des bran¬ chies rétractiles, disposées en touffe dans le premier genre (11), sur deux rangs, dans le second (16) et laissant entre elles l’ouverture anale. Chez les Chitoyiellus elles ne sont plus seulement paires, mais multiples et logées entre le pied et le man¬ teau, à droite et à gauche de l’anus et ne s’étendent que sur la moitié delà longueur du corps. Chacun des proces¬ sus branchiaux doit être considéré comme simple, lors¬ qu’on les compare aux branchies des Prosohr anches (2, 20). Chez le Chiton les séries de lamelles branchiales vont plus loin et s’étendent jusqu’à la tête. La complica¬ tion de l’appareil circulatoire est absolument parallèle à celle du système respiratoire. F. — ORGANES EXCRÉTEURS ET GENITAUX. Cet appareil et ses différentes modifications dans les divers genres et espèces d 'Amphineura réclament de nouvelles et sérieuses recherches. — 225 — Jusqu’à ces dernières années on n’avait sur ce sujet que des notions très confuses. Aujourd’hui même, mal¬ gré les éclaircissements apportés par les recherches de Hansen, de Sedgwick et autres, bien des détails ne sont qu’entrevus et il est à désirer qu’on les examine à nou¬ veau, dès qu’on pourra disposer de quelques échantillons, malheureusement trop rares. C’est pour cette raison, que je m’efforcerai de donner ici l’évaluation exacte des travaux des divers auteurs, m’abstenant le plus possible de céder à une idée précon¬ çue sur le sujet. Abstraction faite des recherches de Graff, sur les organes génitaux et l’ovogenèse de ChŒtodevïyici (3), re¬ cherches critiquées et corrigées plus tard par Hansen (6), les auteurs sont unanimes à placer les glandes génitales des différents genres d’ Amphineura , sur la ligne médiane de la face dorsale, immédiatement sous les téguments dont ils ne sont séparés que par le vaisseau dorsal. La glande génitale s’étend sur la plus grande partie de la longueur de l’animal, elle est plus ou moins symétrique et divisée en deux parties d’apparence multilobee (PvoYicoYiienici) (7). Les sexes sont séparés chez les Chitones (10, 19) et le Chœtoderma ; le Neomenia et le Proneomenia semblent être hermaphrodites (7, 11). D’ailleurs, le dernier genre n’a pas encore été bien examiné à l’état frais. Au sujet du long trajet que parcourent les produits génitaux des Chitons, il est bon de rappeler quelques opinions divergentes qui ont été émises d après les tra¬ vaux de Cuvier (1), Middendorf (16), Von Jehring (10), et Segdwick (17) ; deux canaux, l’un droit et l’autre gau¬ che, partent de l’extrémité postérieure de la face dorsale de la glande, descendent dans le sillon branchial et s ou- vent entre les deux branchies postérieures. Ce canal est sinueux chez la femelle, droit le mâle(19). J ai été à même de vérifier moi-même ce dispositif chez Chiton mcirgi- natus. Dall (2) a indiqué un autre arrangement pour la sortie des produits génitaux. 11 signale en effet, dans quelques espèces, la présence d’un pore génital simple, — 226 — dans d’autres, d’une fente divisée par une cloison en deux ouvertures distinctes ; ne trouvant pas d’oviducte dans ce dernier cas , il a cru pouvoir admettre que les œufs logés dans la cavité générale du corps, sortaient par ces ouver¬ tures. Ces observations ont absolument besoin d’être confirmées. Avant d’en arriver à l’appareil génital des Solenogas- tres, je crois utile de dire quelques mots des organes excréteurs des Chitones ; la raison en est que des appa¬ reils, distincts chez les Chitones , semblent confondus dans l’autre subdivision des Amphineura. C’est surtout Sedgwick (19) qui nous a fait bien con¬ naître les reins du Chiton. Cet organe est double ; il s’ouvre d’un côté dans le péricarde , de l’autre dans le sinus palléal , entre les branchies. Du péricarde , le canal excréteur se dirige en avant vers la tête, s’incurve et se dirige de nouveau en arrière, s’élargit en forme de vésicule et se termine par un conduit qui vient déboucher un peu en arrière de l’ouverture génitale. La masse du rein est constituée par un amas de délicates ramifications, qui communiquent directement avec le conduit excréteur. (Ces ramifications n’ont pas été repré¬ sentées dans nos figures) (1). Nous n’avons pas à nous préoccuper du rein à ouver¬ ture médiane, simple et postérieure, décrit par Von Jehring (10). Le Dr Brock de Gôttingen, m’apprend, en effet, que Von Jehring, a récemment abandonné cette manière de voir, reposant sur une observation erronée et qu’il est parfaitement convaincu de l’existence d’ouvertures rénales latérales. (Cela se passait avant la publication du travail de Sedgwick). Il nous reste à examiner l’autre subdivision des Amphi- (1) Je puis ajouter que ces observations de SEDGWICK viennent d’être confirmées. M. J. F. Van BEMMELEN, qui vient de disséquer une grande espèce de Chiton de l’Océan Indien, m’a montré ses préparations, et je les ai trouvées en parfait accord avec les données de SEDGWICK. Fig. g. — Diagramme des organes génitaux et excréteurs dn Chœto- derma, d'après les descriptions et les figures de 11.VSSEN (6). o glande génitale ; P péricarde ; N reins ; r rectum ; Br branchies situées comme les ouvertures de N et r dans un infundibulum . Fig. 9. — Idem de Neomenia Carinata, cl cloaque. Mêmes lettres. Fig. 10. — Idem de Proneomenia . Mêmes lettres. Fig. 11. — Idem de Chiton , copié en grande partie dans SEDGW1CK (19). Mêmes lettres . g ouverture génitale; u ouverture des reins. - 228 — neura , celle des Solenog astres. Une communication directe entre l’ovaire et le péricarde a été clairement constatée dans \q Proneomenia (7) et 1 eChœtoderma(Q). On admet comme probable, son existence chez le Neome- nia carinata (22), bien qu’ici, pas plus que chez le Chœ- toderma , on ne connaisse encore bien nettement les canaux. En second lieu, il existe chez les Solenogastres un sys¬ tème de tubes et de conduits qui font communiquer le péricarde avec l’extérieur. Ces tubes sont, en tout ou en partie, considérés comme organes véneux par différents auteurs, aux travaux desquels je renvoie le lecteur (6, 7). Ces canaux sont, à n’en pas douter, homologues de ceux des Chüones. Ainsi donc, les Solenogastres nous four¬ nissent l’exemple d’un état primitif dans lequel le péri¬ carde (cavité du corps), reçoit d’une part les oviductes et communique d’autre part avec l’extérieur, au moyen des reins. Cette dernière particularité persiste chez un très grand nombre de Mollusques. La première, il est vrai, a disparu, mais il est excessivement remarquable que, dans la plupart des genres primitifs des différentes classes de Mollusques (Dentalium, Patella , Fissurella, Spon- dylus) les produits génitaux tombent directement dans la cavité du rein, particularité qui semble rappeler celle dont nous venons de parler. Au stade suivant d^ la différen¬ ciation de ces organes, nous voyons les conduits urinai¬ res et génitaux déboucher sur une seule et même papille (. Pinna , Mytilus) ; puis la séparation devient plus com¬ plète et les ouvertures sont distinctes. En un mot, l’arran¬ gement primitif dans lequel l’ovaire, le rein et le péricarde communiquent entre eux dans un ordre déterminé se ren¬ contre intact chez les Solenogastres. Une réserve a été faite au sujet des produits mâles de Neomenia carinata. Ceux-ci sont évacués par des canaux latéraux distincts, munis de pénis calcaires, et, d’après les observations de Koren et Danielssen (11), reliés à la glande hermaphrodite par des vasa deferentia séparés. — 229 — Ces pénis calcaires manquent chez les Proneomenia et bien qu’on n’en ait examiné jusqu’ici que deux exem¬ plaires, il est peu probable qu’on en découvre dans d’au¬ tres, par la raison que les spécimens observés étaient hermaphrodites, et présentaient, à l’intérieur de leurs tubes, à la fois des spermatozoïdes et des œufs (17). Rien d’analogue n’a encore été observé chez les Chœtoderma ni dans les Chitones. Il résulte de ce qui précède, que des recherches atten¬ tives doivent encore être faites sur les conduits génitaux mâles de Neomenia carinata (que Koren etDANiELSSEN avouent n’avoir étudiés qu’imparfaitement) et sur le mode exact de communication entre la glande génitale et le péricarde tant dans ce genre que dans le genre Chœto¬ derma. En outre, l’histologie comparée des organes rénaux (marqués N dans les figures), est encore à faire. Il est à remarquer que dans le Chœtoderma (fig. 8), ces organes s’ouvrent séparément à l’extérieur, tandis qu’ils n’ont qu’une ouverture médiane unique chez le Proneomenia et le Neomenia (fig. 9 et 10). Quant aux organes que l’on a décrits comme glandes accessoires de l’appareil génital (7 et 11), nous n’en par¬ lerons pas. Une étude comparative de ces organes serait prématurée dans l’état actuel de nos connaissances. De plus, l’examen de l’animal frais est indispensable pour porter un jugement sur ce point. Nous ne parlerons pas davantage de ce que l’on a appelé glandes à byssus, dans le Proneomenia et \e Neomenia, glandes du pied, etc...., nos connaissances étant, sur ce point, trop rudimentaires, pour nous permettre une com¬ paraison fructueuse. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE . (1) . G. Cuvier. — Mémoires pour servir à V histoire et a l'anatomie des Mollusques. — Paris, 1817. (2) . W. H. Dall. — Report on the Limpets and Chitons of the Alaska — 230 — and Arctic Régions : Scientific Results of the Exploration of Alaska. — Proceedings of the United States National Muséum, vol . 1 . (3) . L. VON Graff. — Anatomie des Chætoderma nitidulum . — Zeit¬ schrift fur Wissenschaftliche Zoologie, vol. 23, p. 166. (4) . L. VON Graff. — Neomenia et Chætoderma. — Zeitschrift fur Wissenschaftliche Zoologie, vol. 28, p. 5531. (5) . B. Haller. — üeber das Nervensystem und Mundepithel niederer Gastropoden. — Zoologischer Anzeiger IV, 1881, page 92. (6) . G- A. 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Christiania, 1877 (traduit dans Annals and Magazine of Natural History, série 5, vol. III, p. 321). (12) . A. Kowalevsky. — Ueber die Bau und die Lebensweise von Neomenia gorgonophila n. sp.. — A erhandlungen der Zoolo- gischen Section der vi, Versammlùng rùssichea Natùrforscher und Aerzte. — Zoolog. Anzeiger III, p. 190. (13) . A. Kowalevsky. — Neomenia gorgonophila (publié en russe). — Moscou, 1881, in-4°. (14) . S. Loven. — Ofversigt af Kongl. Vetensk. Akademiens Fôrhand- lingar . — Stockholm. 1844, p. 116, Tab. II. (15) . W. Marshall. — Note sur l'Histoire naturelle des Chitons. — Archives Néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, vol. IV, 1869. p. 328. (16). A. Th. Middendorff. — Malaco-Zoologia rossica. I Beschreibung und Anatomie neuer Chitonen. — Méra. de l’Acad. Imp. des Sc. de St-Pétersb. , 6e série sc. nat., t. VI, 1849, p. 67. (H)K. Môbius. — Jahresberichte der Commission zur Wissenschaftli- chen Vntersuchung der deutschen Meere in Kiel. — Jahrg. II et III, p. 157, pl. 3 . (18). J. Reincke. — Beitràge zur Bildüngsgeschichte der Stacheln in Mantelrande der Chitonen. — Zeitschrift für Wissenschaftliche Zoologie, vol . 18, p. 805. 4 (18a). M. Schiff. — Beitràge zùr Anatomie von Chiton piceus . — Zeitschr, für wiss. Zool., Baud IX, p. 12. (19) . A. Sedgwigk. — On certain points in the Anatomy of Chiton. — Proc. Royal Soc.. — London, déc. 1881. (20) . J. W. Spengel. — Ueber das Geruchsorgan und das Nervensystem der Mollusken. — Zeitsch. für Wiss. Zoologie., vol. XXXV, p. 30. (21) . W. H. Troschel. — Das Gebiss der Schnecken. — Berlin 1856. (22) . T. Tullberg. — Neomenia , a New genus of Invertebrate Animais. — Behang tillk. Svenska vet. Akad. Handlingar, vol. 3, N° 13. (23). E. Brandt. — Ueber das Nervensystem von Chiton fascicularis . Bull. Akad. Pétersb., t. XIII, 1869, p. 462. postscript™. Ce travail était sous presse lorsque parut, dans le n° 103 du Zoologischer Anzeiger, une note de Kowalewsky et Marion sur l’anatomie d’un Neomenia que ces savants avaient trouvé à Marseille. Ils annonçaient que cette note serait suivie d’un mémoire détaillé avec planches. Cette note révolutionnaire veut faire disparaître la des cription que Tullberg a donnée du Neomenia carinata , comme étant l’expression d’une interprétation absolu¬ ment fausse. Tullberg décrit (1) sous le nom des glandes latérales postérieures, ce qui en réalité n’est autre chose que des glandes salivaires antérieures ; (2) comme pénis calcaires, la radula ; (3) comme « egg-bag » supra rectal, un diverticule intestinal du pharynx ; (4) comme branchies anales, les franges pharyngiennes ; (5) enfin comme pharynx protractile ce qui n’est autre chose que l’oviducte et l’utérus. — 232 — Dans le numéro suivant du Zoologischer Auzeiger, j’exposai les raisons pour lesquelles je ne pouvais, quant à moi, admettre l’hypothèse que ces deux éminents natu¬ ralistes établissaient. Je ne veux pas entrer ici dans le détail de la discussion, ni répéter mes réfutations du Zoologischer Anzeiger ; ce journal étant très répandu, il sera aisé de lire cet article. Je me contenterai de renvoyer aux études et aux com¬ paraisons qui ont été faites dans les pages précédentes et de rappeler que mes observations personnelles sur Neo- menia carinata (dont Kowalewsky et Marion n’ont pas tenu compte) m’ont permis de confirmer les résultats des observations de Tullberg, que Koren et Danielssen ainsi que Graff avaient vérifiés avant moi pour les points importants. Nous en concluons que : (1) Les glandes latérales ne sont pas des glandes sali¬ vaires. (2) Les pénis calcaires existent et sont distincts de la radula. (3) « L 'egg-bag » de Tullberg correspond au péricarde et non à un diverticule du pharynx. (4) Les branchies postérieures existent. (5) Le pharynx protractile est bien à sa place dans les figures que donne Tullberg. Bref, je crois que les animaux que Kowalèwsky et Marion ont trouvé à Marseille doivent être rapportés au Proneomenia plutôt qu’au Neomenia. La description qu’ils en donnent correspond en effet à celle que nous avons donnée précédemment de ce genre (1). (1) Je reçois, en même temps que les épreuves de cet article, une lettre du Professeur A. F. MARION, de Marseille, par laquelle il m’autorise à dire qu’il a changé de manière de voir au sujet des animaux en question ; qu’il s’accorde à reconnaître avec moi que les genres Neomenia et Proneo¬ menia sont parfaitement distincts et qu’il rapporte son exemplaire à ce dernier genre. Ce Proneomenia présente une commissure postérieure des troncs nerveux latéraux et le point d’interrogation de la figure 1 doit disparaître . N — 233 — LES DINOSAURIENS (*), Par Harry Govier Seeley , Membre de la Société royale de Londres , Professeur de Géologie à King’s College (2). Traduction par L. DOLLO , Ingénieur. Hermann von Meyer fut le premier qui comprit l’im¬ portance des Dinosauriens et leur assigna, sous le nom de Pachypoda, une position indépendante parmi les Ver¬ tébrés. Cependant, jusque dans ces derniers temps, les restes de ces animaux, découverts en Allemagne, se réduisaient à peu de chose; de sorte que ce fut à Mantell, Owen, Huxley, Hulke et autres anatomistes anglais, qu’échut la la tâche de fixer les caractères par lesquels se distingue ce groupe d’animaux terrestres éteints, comprenant quel¬ ques-uns des plus grands Vertébrés qui aient jamais vécu. Leur aspect varie de l’allure du Crocodile à celle du Kan- guroo;beaucoup d’entre eux ressemblaient également aux plus pesants de nos Mammifères terrestres actuels. On les trouve exclusivement dans les dépôts secondaires, si le Protorosaurus , des couches permiennes, ne doit pas être considéré comme un Dinosaurien et si quelques-unes des formes américaines, dont l'âge est encore mal fixé, n’ont pas vécu en dehors de la période mésozoïque. En An¬ gleterre, ce groupe est principalement représenté par les Thecodontosaurus et Palaeosaurus , du Trias ; Scelido- saurus et un genre non encore décrit, du Lias ; Mégalo- (1) Bien que nous ayons de bonnes raisons pour ne point partager entièrement toutes les vues de M. Seeley, sur lesquelles nous nous pro¬ posons de revenir dans un prochain numéro du Bulletin , nous avons cru faire œuvre utile en donnant une traduction in extenso de sa note, qui a l’avantage de présenter , sous une forme succincte , l’état de nos connais¬ sances sur la matière. ( Note du trad.) (2) Monatsblâttern des Wissenchaftlichen Club in Wien . — 1880. fl — 234 — saunes , principalement des schistes de Stonesfield et du Weald, mais remontant jusqu’au Lias; Cetiosaurus, se rencontrant surtout dans leForest-Marble, l’argile de Kimmeridge et le Weald; Cryptosaurus , de l’argile d’Oxford ; Priodontognathus, provenant des roches de même âge ou un peu plus anciennes ; Dinosaurus, de l’argile de Kimmeridge. Du Weald, ont été retirés : Pelo- rosaurus , Iguanodon (atteignant jusqu’à l’Unter Green¬ sand), Hylaeosaurus, Hypsüophodon, Polacànthus et Ornithopsis. L’Upper Greensand renferme beaucoup de Dinosauriens non encore décrits, parmi lesquels plusieurs espèces d ' Anoplosaurus , Syngonosaurus , Eucerco- saurus et Acantopholis . Ce dernier genre va jusqu’à la base de la Craie et on a tout lieu de supposer que beau¬ coup d’autres seront mis au jour par la suite. Les formes américaines décrites par les professeurs Cope, Marsh et Leidy sont au moins aussi importantes que celles des roches anglaises ; leurs restes se trouvent le plus souvent par séries complètes, de façon qu’ils donnent des rensei¬ gnements plus précis sur l’organisation de ces animaux et de meilleurs matériaux pour leur restauration que les exemplaires du Royaume-Uni. Bien que ces formes indi¬ quent des liens de parenté avec Cetiosaurus , Ornithop¬ sis et Hylaeosaurus , elles appartiennent pourtant à des genres distincts de ceux trouvés jusqu’à présent dans l’Ancien Monde. Des restes de Dinosauriens, découverts récemment en Europe dans la Craie de Maestricht, sont voisins del’ Iguanodon. Parmi les types les plus importants, citons la forme crocodilienne du Trias wurtembergeois qu’on a désignée sous le nom de Zanclodon et plusieurs autres genres proches parents non encore décrits. Quel¬ ques rares Dinosauriens se trouvent dans les dépôts fran¬ çais et Hermann von Meyer a également exhumé des re¬ présentants de ce groupe en Allemagne. Cependant la série la plus intéressante est celle qui fut retirée des couches de Gosau par M. le Professeur Suess. Elle prouve, en effet, que Y Iguanodon et le Megaeosaurus atteignent jusque dans l’Upper Greensand et a fait con- 1 f .!• f ? naître, outre ceux décrits par le Dr Bunzel, plusieurs genres importants et nouveaux. Les Dinosauriens sont proches parents des Anomodontes qu’on trouve dans le Sud de l’Afrique, en Russie et dans l’Oural et parents aussi des Halisauriens quoiqu’à un degré plus éloigné. Quelques parties de leur squelette montrent des ressem¬ blances avec les Ptérodactyles. Lorsqu’on découvrit les premiers restes de Dinosauriens, on les considéra comme des Lézards modifiés et on s’efforça de mettre en évidence les liens intimes qui devaient unir Ylguana et Y Iguano¬ don. Mais, certaines parties du squelette furent mal inter¬ prétées par Mantell et d’autres écrivains et ce ne fut qu’après qu’Huxley et Cope eurent fixé la vraie nature du bassin qu’il fut possible d’avoir des idées plus justes sur la phylogénie du groupe. Dans ces derniers temps, on a admis généralement que les Dinosauriens étaient proches parents des Oiseaux. Cette conclusion ne repose pourtant que sur les carac¬ tères de la région pelvique et des membres postérieurs, caractères qui existent bien à la vérité chez quelques genres, mais ne peuvent-être considérés comme appar¬ tenant au groupe entier. L'ilium des anciens Dinosau¬ riens ressemble bien plus à celui des Téléosaures qu à celui des Oiseaux, mais chez les formes provenant des dépôts secondaires plus récents, la partie axiale de cet os se projette en avant, de sorte qu’outre son prolongement normal en arrière, il présente une portion préacétabu- laire importante. 11 est au moins douteux que le Cetio- saurus et les autres genres voisins aient possédé une astragale construite sur le type des Oiseaux comme chez les Iguanodon, Megalosaurus, Pacaelopleuron, Lae- laps, Ornithotarsus et d’autres formes encore. Enfin, il est possible que la forme de l'ilium, de même que celle de l’astragale, soient, dues à l’adaptation, auquel cas il ne saurait être question de parenté, d’autant plus que le péroné est toujours complètement développé et les méta¬ tarsiens séparés. Le fémur d’un nouveau genre découvert par le professeur Suess à Gosau semble montrer que la — 236 — musculature des membres postérieurs se rapprochait plus du type des mammifères que de celui des Oiseaux. Rien n’est plus caractéristique, pour les Dinosauriens, que ce prolongement, dirigé en arrière et vers le bas, et qu’on désigne sous le nom de troisième trochanter. Cette apophyse est reliée avec la portion proximale et externe de la tête articulaire par une forte crête musculaire. Lorsque le muscle y attaché venait à se contracter, il devait se produire un « foramen obturator. » Ce troisième trochanter se trouvait précisément à la place qu’occupe le trochanter interne dans le fémur humain. Pareille structure n’a été observé chez aucun Reptile ou Oiseau - Chez beaucoup de Dinosauriens — si pas chez tous — les vertèbres antérieures sont opisthocœles comme chez les Ruminants. Je me hâte de dire que cette particularité n’est point invoquée comme une preuve de relations de parenté entre les Mammifères et les Dinosauriens quoi qu’elle vaille bien le caractère avien supposé du train d’arrière, attendu qu’elle n’existe chez aucun reptile , à l’exception d’une ou deux vertèbres cervicales des tortues , ni chez aucun oiseau, en dehors de deux ou trois vertèbres dorsales du Pingouin. L’axis ou seconde vertèbre de Y Iguanodon ressemble intimement à la partie correspon¬ dante des oiseaux ; il en est de même pour le Zanclodony mais ici tous les éléments sont séparés et leur disposition est identique à celle qu’on rencontre chez les Crocodi- liens. Le sacrum est une des parties caractéristiques des Dinosauriens , mais le nombre des vertèbres qu’il comprend varie de deux , chez le Zanclodon , à six chez Y Anoplosaurus ; il était le mieux développé, autant qu’on peut en juger par les restes connus , dans les espèces adaptées à une demi-station droite. Chez Y Anoplosaurus , le canal nerveux est de beaucoup plus large dans la région sacrale que dans la région dorsale. On ne peut douter, d’après cela , que le sacrum ait pris graduellement un développement considérable en rapport avec le mode de vie de l’animal. Tous les Dinosauriens possédaient une queue. Elle varie en longueur presqu’au tant, que chez les Mammifères et est proportionnellement très courte chez YAnoplosaurus. Les côtes sont longues et fortes, avec capitulum et tuherculum , au moyen desquels elles sont reliées à la fois à l’arc neural et à l’apophyse transverse des vertèbres. Cette dernière se présente habituellement comme une plaque osseuse horizontale détachée de l’épine neurale à un niveau beaucoup plus élevé que chez les autres Vertébrés. La coupe transversale des côtes présente souvent la forme de la lettre T. Ceci peut vraisemblablement indiquer qu’elles servaient de soutien à des os dermiques, semblables à ceux qu’on rencontre chez l’Esturgeon , et qui repo¬ saient sur la face inférieure du corps, y formant rangées. Je suis d’autant plus porté à croire cette interprétation (exacte que les apophyses épineuses des vertèbres du Belodon , lesquelles supportent d’énormes plaques cutanées , montrent de semblables expansions. Beaucoup de Dinosauriens étaient certainement pourvus d’une carapace identique , qui se trouvait très probablement développée tout autour de la queue et pouvait également recouvrir les membres. Sa structure peut seulement être comparée aux formations analogues qu’on rencontre sur les membres et la queue de certaines tortues. La ceinture scapulaire présente la ressemblance la plus étroite avec celle du Chamaeleon et du Hatteria. Ses diverses parties n’offrent pas le moindre rapport avec l’appareil correspon¬ dant des Oiseanx ou des Mammifères edentés ou mono- trèmes , mais concordent remarquablement , notamment l’Omoplate et le Coracoïde , avec les os homologues de l’ Ichthyosaurus qui s’écarte pourtant dans ses caractères généraux des Dinosauriens. Les membres antérieurs et postérieurs de ces derniers animaux se laissent le mieux expliquer comme une forme intermédiaire entre ceux du Chaméléon et Ceux des Tortues. La forme et la structure du crâne sont très variables. Le crâne bien connu de Y Hypsilophodon montre un degré d’organisa¬ tion plus élevé que celui du Scelidosaurus . . On connaît la base du crâne du Craterosaurus des Potton Sands et — 238 — le moule de la cavité crânienne de l'Iguanodon . Le cerveau était haut , comprimé latéralement , différant par sa forme de celui des reptiles auquel le rattachait pour¬ tant sa composition. Chez F Hypsilophodon se trouvent quelques indications d’un rapprochement vers les Oiseaux dans les orbites , qui atteignent en arrière jusqu’à la partie antérieure de la cavité cérébrale , position qu’elles n’ont du reste pas d’ailleurs chez tous les oiseaux. D’autre part , la bas£ du crâne est identique avec celle du Hatleria et , chez le Scelidosaurus , les rapports du ptérigoïde et du quadratum , ainsi que la disposition des os de la voûte crânienne , présentent la ressemblance la plus parfaite avec le reptile Néo-Zélandais. Men¬ tionnons cependant une divergence remarquable : Les Dinosauriens , de même que les Ornithosauriens , ne possèdent point de Quadrato-Jugal. Cette circonstance est également propre aux Amphisbeniens , dont le crâne indique d’ailleurs des liens de parenté avec les Dinosauriens et d’autres Reptiles éteints. Les dents des Dinosauriens , semblables à tous égards à celles des vertébrés inférieurs , peuvent plutôt servir à la distinction des familles qu’à celle des genres. Notons en passant que les dents en lame de sabre du Megalo- saurus , qui rappellent les grandes canines des carnassiers , sont particulières à cet animal et ne se rencontrent point chez les autres formes du groupe. D’après tout ce que nous venons de dire , la composi¬ tion du squelette paraît montrer que les Dinosauriens se sent détachés de la souche des Reptiles et que les modifi¬ cations observées n’autorisent , ni à les considérer comme un ordre particulier de cette classe , ni comme une forme de passage aux Mammifères et aux Oiseaux. Ils proviennent, sans doute, d’un groupe étroitement apparenté au Belodon , ainsi qu’aux Croco- diliens , Chéloniens , Chaméléons , Amphisbeniens et Hatteria. La dépense d’activité organique nécessaire à la production de modifications de structure si rapides et si variées ne pouvait conduire qu’à un épuisement qui a — 239 — eu pour conséquence l’extinction du groupe. La classifi¬ cation des Dinosauriens est une question en grande partie réservée à l’avenir. Tout au plus peut-on en jeter les bases dès à présent. Le Cetiosaurus présente des dépressions cupuliformes sur les faces latérales du corps des vertèbres dorsales , près de leur connexion avec l’arc neural. Ces dépressions se montrent plus nettement encore dans d’autres genres tels qu 'Ornithopsis et chez le Camarosaurus de G ope . où elles creusent profondément la substance du centre. Cependant on ne voit rien de cette disposition , qui rappelle les « pneumatic foramina » des Oiseaux et des Ormithosauriens, chez la majeure partie des Dinosauriens. La proposition d’élever ce groupe à la valeur d’un sous- ordre sous le nom de Cétiosauriens , a déjà été faite depuis longtemps par l’auteur de la présente note. Il ne peut cependant admettre comme certain que ces animaux soient construits sur le type oiseau (had the vital structure of a bird) ; au contraire , la nature reptilienne du cerveau et de toutes les parties du squelette fait repousser cette conclusion comme antiphilosophique. Quant aux excava¬ tions des os , il conviendrait peut-être mieux de les comparer à une disposition analogue , quoique moins bien marquée des Ghaméléons , plutôt qu à celle des Oiseaux. L’auteur de cette notice prie M. le professeur Suess de recevoir ses meilleurs remerciements pour l’obligeant concours qu’il lui a prêté en dirigeant ses études à Vienne et remercie également ses auditeurs del attention qu’ils lui ont prêtée , malgré les nombreux détails techniques qui hérissent sa communication , détails qui étaient cependant nécessaires pour évoquer le souvenir de ces gigantesques Reptiles depuis longtemps disparus. - 240 — Une visite à la Station Zoologiquc et a l'Aquarium de Naples. Par Ernest VAN DEN BROECK. A l’une des dernières séances de la Société Malaco- logique , j’avais annoncé que M. Rutot et moi présen¬ terions prochainement un compte-rendu du voyage que nous avons fait en Italie, avec M. Rucquoy, à l’occasion du Congrès géologique international de Bologne. Nous n'avons pu, faute de temps, nous acquitter de cette promesse ; mais je crois bien faire de ne pas tarder davantage à entretenir nos collègues d’un des établisse¬ ments scientifiques les plus remarquables visités pendant notre voyage et dont la destination est en relation étroite avec l'objet des recherches de la Société Malacologique. Je veux parler de la Station zoologique de Naples. Tout le monde connaît , au moins de réputation , l’Aquarium de Naples ; mais on ignore généralement que cet établissement n'est qu’un accessoire , une simple dépendance de la Station zoologique, et que la création comme l'organisation de celle-ci doivent inspirer au naturaliste, à l'homme de science, une admiration plus profonde encore que celle procurée au simple curieux par la vue des merveilles rassemblées dans les bassins de l'Aquarium. Sans entrer dans aucun détail historique, je me bor¬ nerai à dire que l'existence de la Station zoologique est intimement liée à la sympathique personnalité de son créateur et directeur : M. le Docteur Ant. Dohrn, qui a consacré son temps, ses peines et sa fortune au déve¬ loppement de l'œuvre qu'il avait entreprise. Malgré des obstacles de toute nature, que son énergie et son indomp¬ table volonté sont toujours parvenues à surmonter, M. Dorbn a réussi , non seulement à faire de la Station de Naples un laboratoire de zoologie expérimentale sans rival jusqu’à ce jour, mais encore à réunir autour de lui — 241 — I un groupe de collaborateurs actifs et zélés, qui, animés du même amour pour la science, enrichissent celle-ci de travaux d’une grande valeur, mis à la disposition des naturalistes dans divers recueils spéciaux. Le but de la Station zoologique de Naples est de faciliter les études biologiques en général, surtout celles relatives aux invertébrés marins ainsi qu’à l'étude approfondie de la faune et de la flore du Golfe. Depuis quelques années, l’étude du développement des êtres organisés a pris une place prépondérente parmi les recherches zoologiques. Les facilités toutes spéciales qu’offrait à cet égard la Station de Naples ont contribué à faire entrer dans la voie de l’embryologie une bonne partie des recherches exécutées jusqu’ici. La Station est toutefois outillée de façon à permettre aux naturalistes d’appliquer avec la plus grande facilité , à leurs recherches , quelles qu’elles soient , les procédés techniques les plus compliqués. C’est d’ailleurs le désir d’assurer ce résultat qui a engagé M. Dorhn à fonder un établissement qui, par sa situation comme par son orga¬ nisation intérieure, devait être sans rival au monde. Aux avantages des laboratoires des grandes Universités, la Station de Naples joint ceux qu’offre le voisinage du golfe, source inépuisable de richesses zoologiques et botaniques de toute espèce. Quelques chiflres rendront éloquemment compte de l’importance de l’institution. Ne reculant devant aucun sacrifice, M. Dorhn a personnellement consacré plus de 300,000 francs à l’exécution de 1 œuvre entreprise par lui. A cette somme est venue s’en ajouter une autre de 25,000 francs, souscrite par des naturalistes anglais, et une subvention de 100,000 francs du gouvernement allemand. Le local, qui comprend à la fois les laboratoires et l’Aquarium , a coûté 370,000 francs. Les dépenses annuelles de la Station, qui étaient à l’origine (1874) de 20.000 francs, se sont successivement élevées jusqu’à 60,000 francs en 1878 et. depuis cette dernière année, — 242 — elles ont été portées à environ 100,000 francs. 11 convient d’ajouter que le nombre des naturalistes fréquentant les laboratoires et l’importance des publications de la Station se sont accrus proportionnellement à cette augmentation. L’Aquarium — car c’est sous ce nom que la Station zoologique est généralement désignée — consiste en un vaste bâtiment rectangulaire, s’élevant au milieu de la végétation toute méridionale de la jolie promenade de la « Villa » ou « Villa Nazionale » vers l’extrémité ouest de la ville de Naples. Encadré de palmiers et de fleurs, l’Aquarium fait face à la mer, à ce golfe bleu aux splen¬ deurs indescriptibles , que domine au loin la captivante silhouette du Vésuve. Les laboratoires, la bibliothèque, etc., de la Station zoologique occupent l’étage du bâtiment; au rez-de- chaussée se trouvent les bassins visibles au public. Ces bassins, au nombre de vingt-quatre, et dont plusieurs sont de très grandes dimensions, sont disposés le long des parois d’une large et spacieuse galerie faisant le tour de l’édifice. L’éclairage du massif central des bassins est obtenu à l’aide d’une disposition ingénieuse, produite par le plan¬ cher de l’étage supérieur, percé à jour au-dessus des bassins et constitué par des ponts et des galeries en fer et à claire-voie. Le plus grand des bassins contient 72 mètres cubes d’eau : d’autres représentent une capacité de 10 à 30 mètres cubes et les plus petits contiennent de 4 à 6 mètres. La quantité totale d’eau de mer employée par la Station est de 300 mètres cubes. C’est pour le naturaliste un merveilleux spectacle que celui de ces êtres charmants ou étranges ; les uns aux teintes chatoyantes et irisées, les autres à l’aspect sombre et aux formes bizarres : les uns vifs et sans cesse en mouvement, les autres immobiles et fixés au sol, comme les plantes et les fleurs dont ils rappellent d’ailleurs les formes symétriques et les riches couleurs ; le tout réuni dans de pittoresques paysages, éclairés d'un jour verdâtre — 243 — et voilé, évoquant l’idée des profondeurs n^stérieuses du royaume sous- marin. Je regrette de ne pouvoir m’arrêter à décrire les êtres de toute espèce qui peuplent les bassins de F Aquarium. Cette description, même sommaire, nécessiterait à elle seule un long article. Il me suffira de dire que l’on peut admirer à l’Aquarium une diversité de formes, un en¬ semble de raretés et de curiosités zoologiques telles qu’on n’en pourrait grouper nulle part ailleurs. Une promenade rapide le long des réservoirs nous montrera une série de poissons méditerranéens, excep¬ tionnellement belle et variée et dont la faune de nos mers septentrionales ne saurait donner la moindre idée. Cer¬ taines espèces sont vraiment étonnantes , soit par leur taille gigantesque, soit par l’étrangeté de leurs formes, soit encore par la beauté et l’éclat de leur coloration, où les teintes les plus vives se marient à des éclats nacrés ou métalliques les plus inattendus. Multipliés par la réfle¬ xion que produit la surface miroitante de l’eau, ces cou¬ leurs vives, ces ors , ces teintes métalliques apparaissent en se dédoublant, varient et s’éteignent comme de bril¬ lantes fulgurations, pendant les évolutions capricieuses de ces superbes créatures. Parmi les espèces qui nous sont plus famillières, on retrouve toujours avec plaisir les gracieux et légers Hippocampes , dont l’appareil de propulsion rappelle si étonnamment l’hélice de nos navires à vapeur. Voici la Murène , qui évoque le souvenir des viviers , remplis de ces poissons voraces, et dans lesquels le cruel Vedius Pollion faisait précipiter vivants les esclaves qui devaient leur servir de nourriture. Une énorme tortue, véritable monstre marin, se fait remarquer par la voracité avec laquelle elle happe les poissons qu’on lui sert en pâture. D’un seul coup de man¬ dibule, habillement donné en travers du corps de sa victime, la tortue en détache parfois la tête et la queue , tandis que le corps du poisson disparaît dans le bec corné du terrible chélonien. Celui-ci avait un compagnon J B \ kt H — 24-4 — de captivé, mais, dans un accès de férocité, il l’a massa¬ cré en lui fracassant le crâne d’un coup de bec. Nous pouvons en passant, plonger la main dans un bassin découvert, placé à portée des curieux et où l’on est admis à toucher la torpille, ce curieux poisson électrique dont le choc est assez sensible pour que certains visi¬ teurs s’abstiennent prudemment d’en éprouver les effets. Une des attractions de l’Aquarium consiste en la collection des céphalopodes, ou pieuvres, comme on les appelle communément, et dont six ou sept espèces sont représentées dans les bassins. C’est assurément un étrange spectacle que de voir nager à reculons, ou marcher sur le fond du bassin, ou bien encore ramper le long des glaces — auxquelles les fixent les nombreux suçoirs de leurs bras sans cesse en mouvement — ces êtres d'un type si différent des autres mollusques. 11 y a dans leur aspect hideux, dans leur allure singulière et surtout dans le regard fixe de leur œil glauque, un je ne sais quoi d’inquiétant et d’é¬ trange, qui ne laisse pas de frapper vivement le visiteur qui, pour la première fois, contemple ces êtres disgraciés. Toutefois , malgré la répulsion que paraissent devoir inspirer leurs formes , la chair des poulpes est appréciée et d’un usage courant dans l’alimentation. Nous avons eu l’occasion de constater que, cuite, cette chair, devenue blanche et ferme, offrait un goût rappe¬ lant à la fois le homard et la crevette. Il est curieux de voir les poulpes se précipiter sur les moules et les crabes qu’on leur donne comme nourriture et que le gardien ne craint pas de leur présenter d’une main qu’ils enveloppent parfois de leurs hideux tentacules; tout garnis de suçoirs. Dans un autre bassin on voit évoluer de compagnie, et avec un curieux ensemble, des légions de calmars de petite taille, les tentacules rapprochés et étendus, nageant en arrière à l’aide de leur syphon, et dont les corps, brillamment argentés, resplendissent comme autant de cylindres de métal en fusion. Ailleurs, on voit les seiches . — 245 — lancer, lorsqu'on les irrite, d’épais nuages d’une encre brune — la sépia — à la faveur desquels ces rusés ani¬ maux parviennent à dérober leur retraite ou leur fuite à leurs ennemis stupéfaits. Les crustacés, aux carapaces solides et parfois bien étranges, forment encore un curieux groupe. La cigale de mer, entre autres, ou Scyllarus latus, présente une forme qui nous est absolument inconnue, et d'une étran¬ geté rare ; de même que tous les autres habitants de l’Aquarium ce crustacé appartient cependant à la faune du Golfe. De petites espèces, au corps opalin ou diaphane, évoluent légèrement comme d'impalpables sylphes, dans le cristal des eaux, où on les distingue à peine. Les grands crustacés , homards , langoustes, crabes, etc., si solidement blindés dans leur massive armure, et aux airs batailleurs et fanfarons, paraissent prédestinés à jouer le rôle de guerroyeurs et de redresseurs de torts. En dépit de leur aspect belliqueux , ces porte-pinces , et en général tous ces crustacés, petits et gros, marcheurs ou nageurs, se chargent d'un rôle moins glorieux mais plus utile. C'est à eux qu’est dévolue la mission de faire disparaître les corps morts et les détritus de toute espèce, qui finiraient par empoisonner les eaux et les rendre inhabitables aux autres animaux. L’association bien connue du Bernard-l'Hermite — dont une coquille abandonnée forme la demeure et un heureux supplément de cuirasse — de l’annélide, com¬ mensal indiscret qui s’y loge avec lui, et enfin de l’ac¬ tinie .aux goûts voyageurs qui complète le trio errant, en fleurissant l'habitation du Pagure , cette association , dis-je, est bien représentée à l’Aquarinm de Naples. Le erustacé est de grande taille , très curieux à observer et l’anémone est fort belle, de couleur orangée. Un de ces Pagures emportait, a^ec sa maison ambu¬ lante, un véritable jardin vivant d’anémones épanouies, de diverses grandeurs. Passons à des groupes inférieurs, nous remarquons, avec les principaux types de la faune malacologique du 18 — 2tf> — Golfe — si riche en mollusques de toute espèce — des hydrozoaires aux ramifications élégantes, des polypiers gracieux et fleuris, semblables à des arbriseaux chargés de fleurs vivantes et animées. Au moindre choc on voit disparaître, avec une prodigieuse rapidité, ces milliers d’étoiles orangées, roses ou blanches. D’autres bassins renferment des colonies d’annélides et de serpulles aux corolles éclatantes et variées, dont les houppes verticillées, étalées avec grâce comme la couronne d’élégants palmiers, se réfugient, à la plus légère alerte, dans des fourreaux de sable ou de calcaire. Arrêtons-nous aussi devant les réservoirs contenant de riches parterres d’anémones, ces superbes actinies aux couleurs vives, véritables bouquets animés diaprant et réjouissant les paysages sous-marins, comme le font les fleurs de nos prés et de nos jardins. Partout enfin se révèle et s’agite autour de nous, dévoi¬ lant ses luttes et ses souffrances, ses joies et ses amours, un monde merveilleux et brillant, plein d’intérêt et de mystère. Avant de nous arracher au charme de cette vision trop rapide, contemplons encore la Méduse à la chevelure flottante, et dont les mouvements gracieux sont si curieusement rhythmés que les anciens avaient pour ce motif, surnommé cette opale vivante le «poumon de mer. » Admirons enfin les Hydroméduses, les Pennatules, les Gténophares, les Siphonophores, etc., toutes raretés que le naturaliste n’a guère l’occasion d’observer et dont plusieurs se trouvent soigneusement retenues dans des cylindres de cristal immergés dans les bassins aux points les plus favorables à l’observation. Ces êtres si curieux complètent un ensemble de merveilles, bien digne d’atti¬ rer l’attention du naturaliste comme celle des simples curieux de la nature . Passons maintenant à l’étage supérieur, consacré aux installations non accessibles au public et formant la partie vraiment scientifique de l’établissement, celle réservée aux travailleurs. — 247 M. Dohrn, ayant bien voulu nous en faire les hon¬ neurs, je suis à même d’entrer ici dans quelques détails qui, je l’espère, pourront intéresser mes collègues. Des tables de travail, dont le nombre peut s’élever jusqu’à trente, sont mises à la disposition des natura¬ listes. La plupart d’entre elles sont déjà occupées ou retenues, et le nombre de savants qui s’y sont déjà succédé (1) témoigne de Futilité de la Station et de la part qu’elle peut légitimement revendiquer dans les progrès et dans l’avancement de la science. Chaque table forme un laboratoire complet et parfai¬ tement outillé ; il s’y trouve annexé un grand bassin et plusieurs autres plus petits, destinés à la conservation des organismes que le naturaliste a ainsi toujours sous la main. Tous les réactifs usuels : les récipients, les instru¬ ments de dissection, de dessin, etc., sont à la disposition des naturalistes qui, à leur arrivée , peuvent immédiate¬ ment s’installer et se mettre à l’œuvre. On sait que divers gouvernements, ainsi que des Aca¬ démies et Sociétés savantes ont, en prenant des tables en location, acquis le droit d’envoyer des naturalistes en mission à l’établissement. Le prix annuel de location d’une table est de 2,000 francs. Le gouvernement Italien possède actuellement quatre tables, la Prusse trois, la Russie deux, la Hollande, la Hongrie, la Suisse , la Belgique, la Bavière, le grand- duché de Bade , leWurtemberg , la Hesse et la ville de Hambourg, ont chacun une table, ainsi que l’Académie de Berlin, les universités de Cambridge, de Strasbourg, et l’Association Britannique pour l’avancement des Sciences. Grâce au concours des pêcheurs de la localité et à un système de pêche et de dragua ge bien organisé, les pro¬ ductions du golfe affluent journellement à T Aquarium. Cette condition est parfois essentielle pour certaines études qui exigent de grandes quantités d’organismes ou (l) Environ trois cents. — 248 — d’œufs à divers états de développement et toujours fraî¬ chement retirés de la mer. La libéralité de l’Académie des sciences de Berlin a mis la Station zoologique en possession d’un élégant petit navire à vapeur destiné aux expéditions de pêche et de draguage. Un appareil à plonger fait partie du matériel et, par ce moyen les naturalistes de la Station ont déjà systématiquement exploré une partie du fond du golfe, dans des conditions très favorables. Outre les résultats scientifiques cherchés, ils en ont parfois obtenu d’autres, bien inattendus. C’est ainsi qu’il a été constaté que dans la baie de Baja, il existe à une certaine distance du rivage et sous trois à quatre mètres d’eau, des vestiges bien conservés de constructions romaines, notamment d’un amphithéâtre et d’habitations particulières. Ce fait intéressant et inédit, dont a bien voulu nous faire part M. le docteur Dohrn a, dans l'his¬ toire des oscillations du sol, une certaine importance et rappelle l’immersion et l’émersion bien connues des fameuses colonnes du temple de Sérapis, à Pouzzoles. Grâce à la bienveillance de M. Dohrn, j’ai pu effectuer une descente en scaphandre et m’initier ainsi aux émo¬ tions d’une excursion sous-marine. J’ai foulé, par huit ou dix mètres de profondeur, la zone des laminaires, près de l’île de Nisida , ancien volcan éteint, dont le cratère submergé forme une petite baie circulaire, à l’entrée du golfe de Pouzzoles. Revêtu de mon enveloppe imperméable, la tête em¬ prisonnée dans un lourd casque de cuivre et de verre, le corps lesté de 50 kilogrammes de plomb, je me suis laissé descendre au sein des flots, diaprés de teintes changeantes et inattendues et, bientôt arrivé au fond, j’ai pu contempler le paysage si nouveau qui m’attendait. Les molles ondulations du champ d’algues qui m’en¬ tourait, semblable à une prairie de hautes herbes agitées par le vent, la silhouette indécise des rochers formant la base des récifs de Nisida , l’éclairage mystérieux du paysage, dû aux lueurs bleuâtres d’une eau qui semblait - 249 — lumineuse par elle-même, enfin, la pression ambiante, le singulier équipage dans lequel je me trouvais et surtout l’absence de toute communication avec mes semblables — auxquels me rattachaient seulement un tuyau et une corde, formant en ce moment les fragiles fils de mon existence — tout cela produisait une impression indéfi¬ nissable , dont la plume ne saurait décrire l’émouvante étrangeté. , , _ . , Aussi, dois-je avouer que je ne m absorbais pas dans des recherches zoologiques bien prolongées, d autant plus que le Tond observé par moi ne me paraissait, a première vue, ni riche ni varié en organismes marins. Certes, cette incursion au sein des flots, avec les divers incidents' qui l'ont accompagnée, peut compter parmi les plus curieux souvenirs du voyage, et je irai qu’un désir ; c est qu’il me soit donné, à une prochaine occasion, de m’initier d’une manière plus complète aux mystères de l’Océan, que je n ai guère fait qu’entrevoir. Sans tarder davantage, laissons-nous mollement ba¬ lancer par le petit vapeur qui nous â amenés à Nisida et revenons à la Station. J’ajouterai toutefois que le retour de notre excursion sous-marine s’effectua ce soir là sous un ciel illuminé d’un côté par les splendeurs du soleil couchant et de l'autre par les fulgurations rougeâtres du Vésuve en travail et particulièrement agité. La douce et sereine majesté de la mer incomparable sur laquelle nous voguions, le pittoresque panorama des rives du golfe, la vue riante de Naples l’enchanteresse et, dominant le paysage, l’imposante manifestation du Vésuve, se réunissaient pour former un spectacle d un charme indicible, qu’il serait impossible jamais d’oublier. Le personnel scientifique de la Station se compose du professeur Duhrn, comme directeur, et de six assistants. L’un de ceux-ci est spécialement chargé de 1 adminis¬ tration des laboratoires et remplace le directeur en cas d’absence. Un autre est attaché à l’administration du grand Aquarium, et a dans ses attributions la conser¬ vation des collections fauniques du golfe, ainsi que la \s* — 250 — compilation méthodique des travaux exécutés jnsqu’ici sur la faune et la flore de celui-ci. La formation et le classement des collections systéma¬ tiques réclament également les soins d’un naturaliste. Un quatrième assistant est chargé de la préparation et de la conservation des spécimens que la Station zoologique met en vente, à des prix très modérés, pour l’usage des Musées, Laboratoires et Universités de l’étranger. Le laboratoire botanique, ainsi que l’herbier, sont également administrés par un assistant spécialiste. Ce personnel est complété par un bibliothécaire , chargé aussi d’une part de recherches scientifiques. Le petit steamer et la machine à vapeur destinée à renouveler et à faire circuler l’eau de mer dans les bassins et aquariums, se trouvent, ainsi que l’équipage et le personnel subalterne, sous la direction d’un ingé¬ nieur-mécanicien : M. Petersen, dont les connaissances techniques et l’expérience nautique éprouvée sont d’un précieux secours pour les opérations de pêche, de dra- guage, ainsi que pour les explorations en scaphandre. Le service des laboratoires est fait par des hommes également chargés du service de pêche, tel qu’il a été organisé par les naturalistes de la Station. Ces aides exécutent aussi divers manipulations techniques dans les laboratoires, sous la direction des naturalistes. Un caissier, un commissionnaire et un garçon de nuit complètent le personnel de la Station qui comprend en tout trente-quatre personnes. Guidés dans toutes les parties de l’édifice parM. Dohrn, qui nous a fait les honneurs de son établissement avec une bienveillance et une bonne grâce parfaites, nous avons, mes compagnons de voyage et moi, passé en revue toutes les installations, visité les tables de travail, la bibliothèque, examiné les « coulisses » très curieuses du grand Aquarium , le souterrain aux machines et admiré partout l’ordre et la méthode des installations, des aménagements de toute espèce, dont le public ordi¬ naire 11e soupçonne ni l’existence, ni la nécessité. La bibliothèque dont je viens de parler a particulière¬ ment attiré notre attention. Elle est riche d’environ 4,000 volumes, dont beaucoup réunissent divers travaux, et représentent une valeur d’au moins trente à quarante mille francs. Elle est remarquablement fournie d’ou¬ vrages relatifs à l’embryologie ; il est vrai que son fonds principal est constitué par la bibliothèque personnelle de M. Dohrn, dont les travaux sur cette matière sont bien connus. De nombreux dons et échanges ont fortement augmenté cette collection, qui cependant, comme la plupart des bibliothèques de fondation récente, manque un peu d’ouvrages de fonds, surtout des plus anciens. On est en droit d'espérer que la générosité des naturalistes comblera rapidement cette lacune. Nous avons examiné avec intérêt un certain nombre de préparations microscopiques parmi celles mises en vente. Elles sont fort belles et pour la plupart très démonstratives. Le catalogue de ces séries à vendre est publié ; il con¬ tient près de 500 numéros ; les préparations ordinaires coûtent 1 fr. 50 c. ; d’autres plus compliquées, reviennent à 2, 3 et même 5 francs. Parmi celles-ci, il en est d’un grand intérêt pour l’étude de certaines questions spéciales. La collection de la faune du golfe est aussi des plus remarquables par la beauté et la fraîcheur des spécimens auxquels on a appliqué d’excellents procédés de conser¬ vation. Des Méduses, des Hydrozoaires et quantité d’or¬ ganismes d’une délicatesse extrême, gardent, dans les flacons et les tubes où ils sont conservés, tout l’éclat de la vie ainsi que leurs proportions normales. La Station peut céder, à bon compte, des séries bien déterminées de ces organismes, généralement si mal représentés dans nos collections publiques. Cette collection de la faune du Golfe est appelée à devenir un véritable Musée, dont l’importance et la valeur scientifiques n’échapperont à personne. Depuis notre visite à la station, j’ai appris de M. Dohrn — 252 — qu’il a loué un nouveau local en face de 1 Aquarium, pour y installer un laboratoire de physiologie expéri¬ mentale. L édifice en question a 23 mètres de long , sur 8 mètres de large : il comprendra trois salles, dont 1 une servira de laboratoire de chimie et dont les deux autres seront respectivement consacrées aux appareils et ins¬ truments , ainsi qu’à l’installation de bassins d’eau douce et d’eau de mer. Trois séries de publications sont éditées par la Station zoologique : 1® Les « Mittheilungen ans der Zoologischer Station zu Neo.pel » renferment à la fois des notices et des mémoires élaborés par les assistants attachés à l’établisse¬ ment et ceux dus à la plume d’autres savants. Cette publication paraît en livraisons trimestrielles, depuis plusieurs années, et traite surtout de 1 histoire naturelle de la Méditerranée. Le volume 1 (1878) avec 18 planches coûte 29 M. Le volume II (1880-81) avec 20 planches, des bois et 14 zinco graphies, coûte le même prix et les deux premiers fascicules du volume 111 (1881) avec 19 planches, coûtert 24 M. 2' Fauna und Flora des Golfes von Neapel. bous ce titre, la Station zoologique publie une série de magni¬ fiques Monographies in-4°, relatives aux divers groupes d’organismes du Golfe de Naples et des environs. Lne vingtaine de ces Monographies sont en préparation. Quatre d’entre elles ont déjà paru et trois autres au moins vont suivre dans le couraut de la présente année. Le caractère international de la Station zoologique permet la publication des mémoires en français ou en allemand, en anglais ou en italien. Les monographies parues sont, pour le volume 1880 : 1° Monographie der Ctenophorae par le D Cari Chun. 18 pl. et 22 bois — gr. in-4° ; prix 75 M. 2° Monografia dette specie del genere Fierasfer , par le D° Carlo Emery, 9 pl. et 10 bois — gr. in-4° ; prix 25 M. Le volume de 1881 contient : 3° Monographie der Pantopoda [Pycnogonidae) par le prof. Dr A. Dohrn, 18 pl. — gr. in-4° ; prix 60 M. 4° Monographie der Corallinenalgen par le prof, comte de Solms-Laubach, 3 pl — gr. in- 4° ; prix 12 M. Viendront ensuite : Monographie der Gattung Balano- glossus par le Dr J.-W. Spengel (10 pl.) : die Bangiaceen par le Dr Berthold (5-7 planches) ; Monografia delle Aitinie par le Dr Angelo Andres (20 pl.) ; Monographie der Planarien par le Dr Arnold Lang (20 pl.) ; Mono¬ graphie der Caprelliden par le Dr Paul Mayer (12 pl.) ; Le Cistosire par le BonRaff. Valliante ; Monogrophie der Sipunculoidcn par le Dr J.- W. Spengel A Monograph of the Nemerteans par le D1' Hubrecht ; Monographie der Capitelliden par le Dr Hugo Eisig ; Monographie der Asteriden par le Dr Hubert Ludwig ; Monographie der Holothurien par le Dr Hubert Ludwig ; Die Cryp- tonemiaceen par le Dr Berthold ; Die Gaüung Hilde • brandtia [Squamarieen] par le Dr Schmitz ; Monografia delle Eolidie par le Dr Trinchese ; Monografia degl'Am- ftpodi^dæ le Dr Délia Valle; Le genre Doliolum parle Dr Ulianin : Monographie des Ascidies simples et sociales par le Dr Ed. Van Beneden ; Monographie der Aply- siaden par le Dr J. Brock ; etc. On peut, moyennant une souscription annuelle de 50 Marcs, obtenir au fur et à mesure de leur publication, ces magnifiques travaux, dont plusieurs paraissent chaque année ; c’est là un prix bien inférieur à la valeur réelle de ces ouvrages, ainsi qu’à celui exigé pour chacun d’eux demandé séparément. On ne saurait trop engager les grandes bibliothèques scientifiques, les Sociétés et institutions savantes, les Universités, etc., à s’assurer, par souscription, la possession de ces utiles documents et à contribuer par cela même à la prospérité d’une œuvre si digne de sympathie. 3° La troisième et dernière publication éditée sous les — 254 — auspices de la Station zoologique est le Zoologischer Jahresbericht. C’est un compte rendu annuel, divisé en quatre parties (Algemeines bis Termes. — Arthropoda — Tunicata, Mollusca — Vertebrata) de tous les ouvrages et mé¬ moires de zoologie publiés dans l’année. Le premier volume est relatif à l’année 1879 ; le second à l’année 1880. Ce dernier volume coûte 31 marcs ; mais les quatre parties se vendent séparément : les premières 10 marcs ; les deux dernières 3 et 8 marcs. C’est surtout par les subsides et les subventions des Académies, de Sociétés et en général d’institutions savantes, que l'existence du Jahresbericht est assurée. Le Dr Dohrn, outre les adhé¬ sions déjà reçues, compte en recueillir encore un certain nombre d’autres. Arrivé au bout de ma tâche, j’espère avoir, par cet exposé rapide et incomplet, convaincu chacun de ce que la Station zoologique de Naples, par l’excellence de son organisation, parles facilités exceptionnelles qu’elle offre aux travailleurs, par la valeur de ses publications, et enfin par la vigoureuse impulsion qu’elle a donnée aux études zoologiques et spécialement à la biologie des ani¬ maux inférieurs , constitue une œuvre remarquable , méritant la sympathie et les encouragements des natu¬ ralistes et des gouvernements de tous pays. Aussi, j’estime avoir fait œuvre utile en signalant l'exis¬ tence et le développement de ce foyer de lumières scien¬ tifiques, et je pense que tout le monde s’associera à moi pour rendre un hommage d’admiration sympathique au digne créateur, à l’infatigable directeur de la Station zoologique de Naples. — 285 — CHRONIQUE. MÉTÉOROLOGIE. JUIN. Température atmosphérique moyenne. . . * moyenne des maxima . « des minima. extrême maxima , le 3 . » * minima , le 13 . Baromètre , hauteur moyenne à 0° — ... » extrême maxima, le 1er . » « minima, le 10 . Tension moyenne de la vapeur atmosphériq Humidité relative moyenne % . Epaisseur de la couche de pluie . « « d’eau évaporée . . 1882. 14°. 4T 18°. 58 10°. 31 25°. 10 5°. 10 !58mm.198 16lram.310 14!mm.210 8mm.16 66.8 86mm.45 112mm.96 année moyenne. 15°. 94 159mm.149 10mra .26 69.8 56mm.61 128mm.52 Le mois de juin de cette année fut froid et pluvieux. Sa température moyenne fut de 1°.47 inférieure à celle du même mois année moyenne. Cet abaissement de la température peut être attribué à la nébulosité du ciel (7.15) et à la fréquence des pluies (25 jours). L’épaisseur de la couche d’eau pluviale fut de 29ram.84 supérieure à celle qu’on observe ordinairement en juin. Les nuages qui fournirent ces pluies venaient du S. O. et les vents de terre avaient aussi la même direction en moyenne. L’abaissement de la colonne barométrique qui oscilla entre les extrêmes 747mm et 767mm indiquait bien la présence d’une grande quantité de vapeur dans les hautes régions atmosphériques. Dans un air aussi humide, il devait y avoir beaucoup d’électricité, c’est ce qu ont dé¬ montré les orages des 8, 12, 18, 22. Pendant le premier, qui dura de 8 h. 10 à 8 h. 25 du matin, le vent soufflait avec force du N. O. et les nuages orageux suivaient, avec rapidité, la même direction ; la pluie, assez abon¬ dante (7mra.73), fut mélangée d’un peu de grêle. A 11 h. 20, nouvel orage, vent assez fort O., grandes cumulus ra¬ pides O., petits cumulus O. lents. Pendant le deuxième, qui éclata à 10 h. 20 du matin et qui dura peu, le vent soufflait assez fort de l’O. S. O. et les nuages suivaient la même direction avec rapidité ; l’épaisseur de la couche d’eau de pluie mêlée de grêle fut de 8mm.93. Pendant le troisième, qui éclata à 3 h. 55 du soir, on n’entendit que deux coups de tonnerre, le vent soufflait avec force de l’O. S. O. et les nuages de la deuxième couche, s’avan¬ çant lentement du S. S. O., donnèrent 6nim.56 de pluie — 256 — sans grêle. Enfin, pendant le quatrième, qui commença à 5 h. 55 du soir et finit à 6 h. 15, il n y eut que deux coups de tonnerre, le vent soufflait avec assez de force du S. et les nuages venaient très lentement du S. S. O., la pluie déversée par ces nuages orageux fut de 4mm.61, sans grêle . Malgré la grande humidité des couches supérieures de l’atmosphère, les couches inférieures renfermaient peu de vapeur, ce qui rend compte de l’épaisseur de la couche d’eau évaporée. En juin 1880, l’humidité relative de l’air en contact avec le sol, avait été, comme cette année, de 66.8 exactement , mais l’évaporation s’était élevée à 127mm 73. i’inflUence de la chaleur et de la radiation directe est ici bien évidente. Malgré l’état électrique de l’air, on n’ohserva, pendant le mois, aucune tempête ; le matin il y eut constamment des brouillards, 13 jours on observa des rosées et le 1er il se produisit de la gelée blanche. Deux halos solaires furent suivis de pluie à court intervalle. En envisageant l’évolution des phénomènes météo¬ riques pendant la première et la deuxième moitié du mois, nous trouvons les différences suivantes : pour la température moyenne des maxima, 17° 78 et 19°. 38; moyenne des minima, 9°. 73 et 11°. 01 ; moyennes, d3°.75 et 15°. 19. Du 1er au 15, la hauteur moyenne de la colonne barométrique fut de 756ram.785, par suite beaucoup de pluie (54mm.90 en 13 jours), nébulosité 7.40 ; du 15 au 30, le baromètre monta, nébulosité 6.93, pluie 31mm.55 en 12 jours. Pendant la première quinzaine du mois, l’humidité au niveau du sol fut de 0.658 et l’épaisseur de la couche d'eau évaporée 63mm.66; pendant la seconde, sous l’in¬ fluence d’une humidité de 0.677, le chiffre de l’évapora¬ tion fut réduit à 49mm.30, quoique la température de l’air ait été plus élevée. Cette anomalie apparente est la con¬ séquence d’une plus grande nébulosité du ciel pendant le jour, ce qui a atténué considérablement l’action directe des rayons solaires. L’état météorique de juin, et surtout la fréquence des pluies, a singulièrement favorisé la levée et la végétation des betteraves resemées tardivement. Quant aux autres récoltes, elles sont belles, mais en retard faute de cha¬ leur. Les lins sont fortement avariés par les bourrasques qui se sont succédé. Y. Meurein. LILLE. — IUP . L. DANEL 1882 NM 7-8. JUILLET-AOUT. SIMULATION DE L’AMAUROSE ET DE L’AMBLYOPIE Principaux, moyens «le la dévoiler Par le Docteur S. BAUDRY (de Lille). Mot bien ancien que celui de simulation. Il date des temps les plus reculés, et il a l'avenir de la race humaine (omnis homo mendax), dont il serait un des attributs. Il faut toutefois reconnaître que le nombre des simulateurs a diminué en raison directe des progrès delà science ; et, en ce qui concerne l’organe essentiel de la vision, le jour n’est peut-être pas très éloigné où le chapitre amaurose , naguère si vaste et si obscur, ne sera bientôt plus qu’une note historique, rappelant l'insuffisance de nos moyens actuels d’exploration. Le rôle de simulateur sera donc de plus en plus difficile à tenir, à mesure que deviendront plus rares ces cas dans lesquels le désordre fonctionnel répond sans doute à une altération anatomique qui nous échappe, et que nous ne saurions par conséquent qualifier. Et si au nombre des maladies simulées, l’amaurose uni¬ latérale a toujours occupé le premier rang par sa fré¬ quence , par contre, le simulateur est plus souvent encore mystifié qu’il ne mystifie. Quoi qu’il en soit, tout praticien peut, à un moment donné , être appelé à donner son avis motivé sur les fonctions visuelles d’un sujet intéressé à déclarer n’y plus voir, ou y voir insuffisamment d’un de ses yeux, question de la plus grande importance ; car, autant il serait injuste, cruel parfois, de méconnaître la véracité des déclarations d'un malheureux amblyope, autant il serait humiliant pour le médecin d’être la dupe d’un malicieux simulateur. Or , dans l’état actuel de la science, je n’hésite pas à dire que tout méde¬ cin a entre les mains des moyens variés et certains pour 19 — 258 - dévoiler la fraude ; les difficultés sérieuses commencent seulement quand il s’agit de déterminer le plus exactement possible le degré d’affaiblissement de la vue, chez le si¬ mulateur instruit, qui s’est longuement exercé et qui sait parfaitement son rôle. Nous allons, dans ce petit travail, passer rapidement en revue les procédés les plus pratiques à mettre en usage pour dévoiler la simulation de l’amaurose et de l’amblyopie. Quelques-uns, tout-à-fait primitifs par leur simplicité, sont à l’usage exclusif des naïfs et des igno¬ rants ; les autres, au contraire, moins connus ou mieux combinés, déjoueront assez facilement les efforts du simulateur le plus instruit. Étudions successivement : 1° Y Amaurose unilatérale simulée ; 2° l’ Amblyopie unilatérale simulée ; 3° X Amau¬ rose et X Amblyopie doubles simulées. I. AMAUROSE UNILATÉRALE SIMULEE. Supposons le cas médico-légal, d’ailleurs assez fréquent d’un sujet qui nous réclame un certificat attestant qu’il ne voit plus de Vœü droit par exemple (convenons ici, que dans notre travail, c’est toujours l’œil droit qui fait l’objet de l’examen et des épreuves). En première ligne nous placerons comme étant de beaucoup les plus importants et les plus indiscutables, les témoignages de l’observation objective. En effet, aurions-nous affaire au plus rusé et au plus instruit des simulateurs que notre tâche est assez facile, possédant entre les mains des moyens pour ainsi dire certains de démasquer la supercherie malgré le simulateur. Tout d’abord c’est le prisme , dont cette seule appli¬ cation suffirait à le placer au premier raug parmi les moyens de surprise. L’épreuve connue sous le nom de procédé de Welz (1), consiste à faire lire l’examiné, un (1) Y. Welz, Klinische Monatsblàt , VI, p. 212. prisme de 14° étant placé devant l'œit droit , base en dehors. Pourvoir simple, l'œil droit se déviera en dedans et se redressera au moment où le prisme sera retiré : deux mouvements incompatibles avec l’absence de la vision binoculaire simple. Un symptôme objectif non moins significatif découle d’une légère variante de l’expérience (1). Faites lire à haute voix le sujet, en imprimant un mouvement continu de rotation à un I prisme de 20° placé devant l'œil droit ; si la vision bino¬ culaire existe, la lecture des caractères ou le déchiffrage de signes très fins sera difficile, ou tout au moins il y aura hésitation. Interrogeons ensuite : 1° la direction des axes visuels ; 2° l'état de la pupille. 1° Direction des axes visuels. — Dans l’acte physio¬ logique de la vision binoculaire , les axes . visuels convergent de façon à se rencontrer sur l’objet fixé, lequel impressionne les points identiques des deux rétines, c’est-à-dire les fossettes centrales. L asymétrie du regard ou strabisme résulte d’une paralysie ou d’une parésie, d’une contracture ou d’une rétraction d’un ou de plusieurs muscles, et c’est là une affection qu’il me paraît très difficile, pour ne pas dire presque impossible de simuler pendant un examen prolongé. Le strabisme paralytique coïncide fréquemment avec l'intégrité de l’acuité visuelle de l’œil qui en est le siège ; de plus, il est souvent passager et curable ; mais le contraire peut avoir lieu et dès lors il s’accompagne d’une diminution de l’acuité visuelle ou même d’amaurose. Il en est de même du strabisme fonctionnel qui est très souvent associé à une anomalie de la réfraction (70 pour 100), mais qui est aussi consécutif à l’amblyopie ou à l’amaurose. Dans ces cas, le médecin expert devra s’éclairer de tous les renseignements possibles, faire un examen minutieux et recourir à tous les moyens d’inves- (1) Berthold, Klinische Monatsbl.. VII. p. 300. — 260 tigation dont il pourra disposer, de manière à asseoir son opinion motivée sur des épreuves répétées dont la valeur et les résultats ne puissent être suspectés. L’expert peut en effet être facilement dérouté, car le sujet atteint de strabisme possède la faculté de ne pas tenir compte de l’image perçue par l’œil droit qu’il a déclaré amau¬ rotique. Vient ensuite l’examen de Viris et de la pupide. Avant d’y procéder, il est utile d’avoir présentes à l’esprit les quelques données physiologiques suivantes : 1° A l’état normal chez l’enfant, chez le myope (parésie fonctionnelle), dans la vision éloignée et dans l’obscurité, dans les grands efforts musculaires (Vigoureux), la pupille est généralement dilatée. Chez le vieillard, chez l’hyper¬ métrope (suractivité fonctionnelle), dans la vision de près et à la grande lumière, la pupille est rétrécie. On a vu des personnes (Beer de Bonn), dilater ou resserrer à volonté leur pupille, en se représentant un lieu obscur ou éclairé. 2° Les mouvements de l’iris sont des mouvements réflexes dus à l’excitation de la rétine par la lumière, et associés fonctionnellement à la mise enjeu de l’accommo- modation et à la convergence, 3° Les mouvements de l’iris sont synergiques, c’est-à- dire que les mouvements de l’iris d’un côté sont liés à ceux de l’iris du côté opposé et vice versà. Il résulte de ce qui précède que si Vœil droit est réel¬ lement frappé d’amaurose, la rétine n’étant plus impres¬ sionnée : • 1° L’œil gauche sain étant caché, mais de façon à pouvoir être observé, ily aura immobilit & complète non-seulement de l’iris de l'œil droit exposé à une assez vive lumière, mais aussi de l’iris gauche, dont le sphincter se serait contracté sympathiquement, si la rétine de l’œil droit était excitable. 2° Le sujet étant toujours placé dans la chambre — 261 obscure, masquez l'œil droit amaurotique en continuant à l'observer, puis projetez un cône de lumière sur 1 œil gauche sain, en variant l'intensité de l’éclairage ; ou bien faites fixer à cet œil un objet placé très près et du côté du nez Accommodation et convergence). Dans les trois cas la pupille de l'œil droit se contractera s il n est pa:> mydriasé. (Percy (1), Liebreich(2) et Cras(3). Cette opération devient difficile et douteuse, si l’œil seulement amblyope possède encore la perception quan¬ titative de la lumière, car dans ce cas notre opinion pour¬ rait être erronée au détriment de l’examiné. Aussi ne devons-nous jamais nous en rapporter qu’à des témoi¬ gnages multiples se contrôlant les uns les autres. Il en est de même quand il existe une mvdriase vraie ou artificielle. Un œil mydriasé est loin d'être toujours un œil amau¬ rotique , mais il l’est quelquefois ; il peut être seule¬ ment amblyope ou posséder une acuité visuelle nor¬ male, bien que présentant dans ce dernier cas des trou¬ bles fonctionnels résultant de l’éblouissement et généra¬ lement de la perte de l’accommodation. Yoici comment nous arriverons à faire un diagnostic différentiel. L’examiné est toujours placé dans la chambre obscure. Remarquons exactement le degré de contraction du sphincter de l’iris gauche sain en face du foyer lumineux, puis soustrayons cet œil à la même lumière que nous* projetons à l’aide de la lentille sur 1 œil droit atteint de mydriasé. Si la rétine de celui-ci est insensible, la pupille de l’œil gauche ne varie pas ; si l'œil droit est seulement amblyope, l’iris se contracte lentement et faiblement ; si enfin son acuité visuelle est normale, le resserrement de la pupille est aussi prononcé que si vous projetiez le fais¬ ceau lumineux directement sur 1 œil gauche. Il n’entre pas dans mon sujet de passer en revue les (1) Percv, Simulation. Dict. en 60 vol. (2) Liebreich, Dict. de Méd. et de Chir. prat ., t. I, p. *88. (3) Archiv. de Médecine , t. XXR nov. p, 43]. — 262 différentes affections oculaires ou autres dont la mydriase constitue un des symptômes importants : nous renvoyons le lecteur pour cette intéressante étude à l’article tout récent « Pupille , » du Dictionnaire de Médecine et de Chirurgie pratiques. Mais la mydriase est souvent provo¬ quée dans un but de simulation et il nous importe de ne pas être dupés. Les cas sont fréquents dans lesquels la ruse, qu’on me pardonne l’expression, est cousue de fil blanc et tourne à la confusion du trop naît simulateur : la pupille est dilatée ad maximum , l’iris est devenu, pres¬ que imperceptible, tant il est effacé ; quelquefois il reste une légère conjonctivite à forme spéciale due à l’usage prolongé du mydriatique. . ., etc. Mais lorsque le simula¬ teur est instruit, il s’est servi d’une faible dose et a cessé les instillations quelque temps avant l’examen, de manière à n’obtenir qu’une dilatation moyenne. Ici le doute est permis et il faut faire en sorte que le simulateur ne puisse de nouveau avoir recours à son mydriatique , — et attendre. A défaut des témoignages si certains et si précieux de 1 exploration directe, il reste encore à l’expert d’autres armes puissantes que lui fournissent les données physio¬ logiques ; je veux parler des moyens de surprise , dont un grand nombre sont l'application des propriétés du prisme (procédé de de Graefe et ses variantes, stéréos¬ cope de Brewster, etc.) Si le simulateur est un ignorant, il nous sera non seulement facile de le convaincre de mensonge; mais nous pourrons du même coup déterminer approximativement l’acuité visuelle de l'œil droit. L’ex¬ ploration ophthalmoscopique est-elle muette ? l’examen de l’iris et de la cornée ne nous a-t-il révélé rien de particu¬ lier, et la direction des axes visuels est-elle normale ? interrogé enfin sur la date de sa cécité monoculaire, (élément très-important de diagnostic), l’examiné nous a-t-il répondu que celle-ci remonte & plusieurs mois , nous sommes autorisés à soupçonner la forme la moins fré¬ quente de simulation de cécité unilatérale. Le sujet que nous avons à examiner, plus naïf encore qu’audacieux, : de résoudre. 1° L’amblyopie est-elle réelle et quel est son degré ? Ne nous pressons pas d’interroger le sujet que nous avons à examiner , mais adressons-nous immédiatement aux symptômes objectifs. L' examen de l'iris et de la pupille nous fournira des renseignements beaucoup moins concluants que s’il s’agissait de là simulation de l’amaurose unilatérale. L’œil amblyope possède encore, en effet, la perception quanti¬ tative , sinon faiblement la perception qualitative de la lumière. A moins donc qu’il n'y ait simulation ou bien une mydriase vraie ou artificielle, nous devrons constater une paresse plus ou moins accusée des mouvements de ’iris comparés à ceux de l’œil sain. On comprendra sans peine qu’il peut n’exister que des différences minimes dont l’interprétation est difficile et partant douteuse. Il n’en est pas de même de la direction des axes visuels ; le strabisme, même latent est un signe présomptif d ain- IHr' Ef" — 276 — blyopie. Quand la déviation du regard est apparente, nous n’avons pas besoin d’épreuve pour nous convaincre de l’absence de la vision binoculaire . Dans les autres cas , nous engagerons le sujet à fixer un de nos doigts que nous tiendrons à une distance moyenne de vingt-cinq centimètres , en ayant soin d’interposer successivement l’autre main entre chacun des yeux et le doigt fixé. Si l’œil droit , par exemple, au moment où l’on couvre l’œil gauche , éxécute un mouvement pour faire coïncider son axe optique avec le doigt fixé , c’est la preuve qu’il était dêviê et exclu de la vision binoculaire. L’épreuve de Welz que nous avons indiquée dans la première partie de ce travail, sera également démonstrative. Procédons ensuite à l’examen ophthalmoscopique. Il nous révélera la cause anatomique d’une amblyopie réelle , à l’exception des cas rares et récents d’amblyopie par exclusion ( commotion ) et de cause générale ( alcool, tabac, affection cérébro-spinale... etc.), dans lesquels la lésion est ordinairement double d’emblée ouïe devient très rapidement. Peur ces cas exceptionnels , nous devons réserver notre opinion , et demander un examen ultérieur complémentaire, indispensable pour formuler notre appréciation définitive et motivée. Après plusieurs mois, en effet , à l’altération fonctionnelle jusque-là pure¬ ment subjective, répondra une altération anatomique appréciable. Le diagnostic objectif des anomalies de la réfraction et en particulier de l’ astigmatisme , sera établi avec la plus grande précision et le plus grand soin , car il con¬ stitue un de nos meilleurs moyens d’exploration. C’est aussi sur des troubles visuels liés à des anomalies de réfraction que le simulateur fait le plus souvent reposer ses allégations mensongères. Lorsque nous nous trouvons en face d’un sujet chez lequel l’examen objectif est négatif, lorsque nous avons constaté, à plusieurs reprises, l’absence de toute lésion appréciable des membranes et des milieux oculaires, nous avons des raisons suffisantes pour mettre en suspicion la — 277 — véracité de ses déclarations , et comme pour être ren¬ seignés sur son acuité visuelle , nous sommes obligés de nous guider sur des réponses qu’il est intéressé à fausser , c’est par surprise et malgré lui , pour ainsi dire , que nous devons chercher à la mesurer. La plupart des moyens de surprise auxquels on a recours pour dévoiler la simulation de l’amaurose uni¬ latérale trouveront ici leur emploi , et nous permettront de faire tomber le sujet en contradiction avec lui-même. Nous donnerons nos préférences au procédé de H. Snellen , au procédé de Javal , auquel on peut faire le reproche de nécessiter une immobilité trop absolue de la tête de l’examiné, au procédé de Herter, à l’épreuve stéréoscopique de Monoyer, et enfin à l’épreuve par les prismes . Je m’arrêterai seulement, comme étant moins connus et présentant une réelle valeur, aux trois derniers procé¬ dés que je viens de mentionner. 1° Procédé de Herter . — Le docteur Yan Duyse en a donné la traduction résumée suivante dans les Annales d’oculistique (1) : « Des lettres d’essai disposées sur une lame de verre sont amenées devant la cloche abat-jour, en porcelaine, d’une lampe placée derrière le sujet. L’examinateur assis | en face de lui, projette à l’aide d’un miroir plan le reflet de la cloche, tantôt dans l’œil droit, tantôt dans l’œil gauche du simulateur , qu’il invite à lire les lettres réfléchies et nettement dessinées dans le fond de son œil. L’examiné ne sachant dans lequel de ses yeux se fait l’image, verra avec l’œil amblyope , des lettres de plus en plus petites, jusqu’à ce qu’il arrive à la limite de son acuité visuelle réelle. » 2° Epreuves stéréoscopiques de Monoyer. — « Notre (l) Annales d’oculistique , t. LXXX1I, p. 267. — 278 — procédé revient à déterminer , à l’insu de la personne examinée, l’acuité visuelle de l’œil amblyope ou pré¬ tendu tel. On se servira dans ce but de caractères typographiques disposés comme il va être dit. Supposons que sur chaque moitié d’un carton pareil à ceux qui sont employés pour les épreuves stéréoscopiques, on ait commencé par tracer les mêmes lettres rangées identi¬ quement dans le même ordre et séparées par des inter¬ valles parfaitement égaux dans les deux épreuves, de- manière que celles-ci soient le fac-similé fidèle lune de l’autre, sans la moindre différence de parallaxe stéréosco¬ pique. Imaginons ensuite qu’on vienne à supprimer sur chaque épreuve un certain nombre de lettres ou de mots entiers pris au hasard, ou même des fragments de lettres, en ayant soin toutefois que les suppressions effectuées sur l’une des épreuves ne soient pas reproduites sur l’autre : la place des parties supprimées sera laissée en blanc. On préparera de la même manière dix cartons dont les caractères auront des dimensions progressivement crois¬ santes, calculées de telle sorte qu’ils représentent les dix numéros de Y échelle typographique décimale , et qu'ils puissent ainsi servir à mesurer l’acuité de la vue en dixièmes d’unité. Plusieurs numéros pourront être réunis sur le même carton. Ces cartons étant placés à tour de rôle dans un stéréos¬ cope, le simulateur est invité à lire les mots ou à épeler les lettres qu’il voit, en commençant par le numéro le plus bas, celui qui correspond à Y = 0,1. Quand il lui arrivera de ne lire que les caractères tracés sur lune des moitiés d’un carton, l’essai sera terminé, et le numéro des derniers caractères qui auront pu être lus à la fois sur les deux moitiés du carton fera reconnaître l’acuité visuelle de l’œil amblyope. — Ce procédé est bien préférable au moyen de M. Javal, qui consiste à faire lire en interposant une tige opaque entre les deux yeux du lecteur et le livre ; car ce dernier procédé exige une immobilité absolue de la tête, sous peine de masquer l’amblyopie existante. Par surcroît de prudence, il convient d'avoir, en outre, un carton dont les deux moitiés soient parfaitement iden¬ tiques et de le faire essayer en premier lieu, afin que la personne soumise à ce mode d’examen ne soupçonne même pas le truc mis en œuvre pour démasquer la fraude. » (1) 3° Epreuve par les prismes. — Un des principaux avantages du prisme , c’est qu’à défaut de stéréoscope , nous pouvons non seulement reproduire l’expenence précédente, mais la varier de trois ou quatre maniérés. 11 nous suffit pour cela de placer les prismes dans la monture d’essai, la base tournée tantôt en haut , tantôt en bas , tantôt en dedans ou en dehors. Ges combi¬ naisons de positions des prismes dérouteront infaillible¬ ment le sujet qui croira voir certains caractères avec un œil tandis que ce sera avec l’autre ; ses réponses contradictoires feront découvrir la supercherie. J’ai signalé plus haut un petit desideratum dans 1 em¬ ploi du procédé de M. -Tarai , c’est-à-dire la nécessite de l’immobilité absolue de la tête de l’examiné. Dans l’épreuve des prismes c’est 1 immobilité absolue des verres qui est indispensable , car le moindre mouvement de l’un d’eux déterminerait le déplacement de 1 image correspondante et il deviendrait relativement facile a un simulateur exercé d’arranger ses réponses en conse- ^ Cette facilité de changer immédiatement la disposition des prismes dans la lunette d’essai est encore une arme contre l’examiné qui tenterait de fermer l’un des yeux , car l’expert pourrait aussitôt varier la combinaison des caractères h lire ou des signes h déchiffrer. C’est dans l’étude minutieusement faite des lésions ophthalmoscopiques ou autres, et des commémoratifs principalement , qu’il nous faut chercher la solution des deux autres questions que nous nous sommes posées plus (l) Gazette hebd. de Med. et de Chir . 18T6. N° 25. — 280 — haut. Le difficile et cependant l’essentiel est de faire la part exacte du traumatisme dans la production de l’amblyopie. Les commémoratifs ont ici une importance exceptionnelle et nous ne devons rien négliger pour nous renseigner. Pressons de questions non seulement le plaignant, mais son entourage intéressé ou indifférent, hostile ou sympathique. Nous puiserons fréquemment à cette dernière source des détails d’une importance capitale. Nous ne nous arrêterons pas aux cas d’amblyopie traumatiques dont la cause anatomique est manifeste et les traces du traumatisme irrécusables ; mais il en est un certain nombre dont l’étiologie est douteuse. Nous verrons, en effet , des malades présenter une diminution de l’acuité visuelle, sine materiâ , en tout semblable à celle que l’on a décrite à la suite d’une chûte sur les pieds d’un lieu élevé, sous le nom d’amblyopie par commotion ; tardivement, la même lésion appréciable ,1a même forme d atrophie du nerf optique , par exemple , sera encore commune aux deux catégories. Dans une autre série de cas , le traumatisme déterminera des lésions ( hémorrha¬ gies , décollements ) , ayant la plus grande analogie symptomatique avec celles qui sont le fait d’une affection spontanée. Nous allons voir que le diagnostic différentiel est le plus souvent difficile et doit être fait par exclusion. Passons rapidement en revue ces différentes affections auxquelles se rattache l’amblyopie , et essayons d’indi¬ quer succinctement , sous fovme de vèsumé , les moyens que nous avons de distinguer si la lésion est spontanée ou traumatique. Quelques mots seront consacrés au pronostic. 1° Amblyopie sine materiâ. L’amblyopie congénitale ( souvent monoculaire ), les amblyopies par troubles de circulation , les amblyopies toxiques au début, et les amblyopies nerveuses (hystérie) ne présentent, comme les amblyopies par commotions récentes , aucune lésion ophthalmoscopique. L’amblyopie congénitale s'accompagne ordinairement de strabisme. Les amblyopies toxiques ont une étiologie spéciale , alcool , tabac , plomb , etc., et affectent les deux jeux ; le champ visuel est intact. Les amblyopies de cause générale ont une symptoma¬ tologie et une marche particulières sur lesquelles je n'ai pas besoin d’insister. Une amaurose ou une amblyopie prononcée unilatérale peut suivre immédiatement un traumatisme direct de la région périorbitaire ou du crâne, s’accompagner de com¬ motion cérébrale et de symptômes qui ne laissent aucun doute sur la lésion directe du nerf optique Hôlder), par fracture du canal optique avec ou sans épanchement sanguin dans l’espace vaginal. Cette amblyopie immédiate , unilatérale est le plus souvent incurable. Nous rapprocherons de cette variété les cas d’amblyopie passagère sine matériel , qu'on rattachait autrefois à la commotion du nerf optique et à la commotion rétinienne^ Laissant de côté les hypothèses relatives à la pathogénie de la commotion nerveuse en général, je me bornerai à dire qu’à la suite de chute sur les pieds et le bassin, l’ébranlement se transmettant par la colonne vertébrale à la boîte crânienne, on a observé un affaiblissement de l'acuité visuelle, disparaissant plus ou moins vite en même temps que les autres signes de la commotion cérébrale. De même, à la suite d’une contusion légère du globe oculaire sine materiâ, on peut observer une amblyopie liée à des troubles de l'accommodation, par suite de foyers hémorrhagiques dans la région ciliaire (Berlin). Ces troubles visuels résultent du spasme ou de la paralysie du muscle de l’accommodation et du sphincter pupillaire. N'oublions pas qu’ici le pronostic est très favorable et l’amblyopie toutà-fait passagère. Par contre, certains faits exceptionnels doivent nous faire tenir sur la plus grande réserve, lorsqu'il s’agit d’un trauma¬ tisme immédiat ou transmis de la région crânienne. — 282 — Le blessé et le médecin ne voyant survenir aucun trouble de la vision regardent l’affection comme de nature bénigne, lorsque quelques semaines ou quelques mois après la vue baisse et l’infériorité visuelle peut quelquefois aboutira la cécité complète. Quand cette amblyopie tardive est double il y a lieu de supposer une altération des gan¬ glions intra-cérébraux ; plus fréquemment l’amblyopie est unilatérale et reconnaît comme point de départ une compression du nerf optique par le cal d’une fracture de l’orbite (atrophie rapide), ou une lésion chronique des méninges (atrophie lente). Etant donnée une atrophie du nerf optique, avons-nous dans l'examen ophthalmoscopique une démonstration suffisante de l’origine de cette lésion? On a tenté de donner à l’atrophie d’origine traumatique des caractères distinctifs, mais ils sont loin d’être cons¬ tants, et quand ils existent ils ne sauraient faire naître dans notre esprit une certitude absolue. Aussi ne devons- nous conclure à cette origine qu’après avoir éliminé les atrophies de cause générale , de cause cérébrale ou médullaire , l’embolie de l’artère centrale de la rétine, etc. Nous trouverons à l’ophthalmoscope : une pâleur considérable de la papille, une atrophie nerveuse déjà très avancée, avec intégrité longtemps conservée des vaisseaux centraux, plus tard une atrophie complète avec disparition des vaisseaux centraux et des capillaires ; une zone pigmentame à la périphérie du disque optique, dans le cas d’épanchement sanguin de l’espace vaginal. Pronostic — Le plus souvent très grave, à l’exception des cas où l’agent de la compression est de nature à se résorber et à s’amoindrir sinon à disparaître (épanche¬ ments sanguins modérés), l’atrophie suit une marche progressive et se termine parla perte absolue delà vision. Névro-rétinite , rétino-choroïdite, iritis et indo-cho- roïdite b'aumaliques . — C’est encore aux commémoratifs et à la constatation des conséquences ou traces du trauma¬ tisme au niveau de la région périorbitaire et du crâne (cicatrices), que nous nous adresserons pour décider si une nèvro-rèlinite accompagnée de troubles visuels est attribuable à un accident, car par elle même cette lésion ne présente aucun caractère particulier qui la distingue des névro-rétinites non traumatiques. C’est du reste une lésion rare , bénigne , quand elle est de nature réflexe ( amaurose réflexe des anciens ) , c’est-à-dire consécutive à une irritation du globe de 1 œil par un corps étranger ou des nerfs sus ou sous-orbitaires (cas de de M. Badal) ; très grave au contraire quand elle est amenée par des lésions traumatiques, des centres nerveux. Des observations prises avec le plus grand soin par des hommes dont la valeur ne peut être suspectée, et contrô¬ lées par l’examen anatomique, démontrent que le trauma¬ tisme peut être le point de départ de l’inflammation aigüe (choroïdite exsudative et suppurée) ou chronique de la choroïde, cette dernière pouvant aboutir à l’ ossification . La rétine participe souvent aussi au travail inflammatoire et l’on a affaire à des réiino-choroïdites que l’ophthal- moscope serait impuissant à nous faire distinguer des rétino-choroïdites pigmentaires spécifiques. Nous aurons dans ces cas, pour faire un diagnostic différentiel, à acquérir la conviction que le sujet n’est pas syphilitique et qu’il a bien été victime d’une contusion ou blessure du globe oculaire. Les mêmes réserves sont à faire en ce qui concerne l'iritis et l’irido-choroïdite rapportées par le plaignant à un accident. Pronostic. — L’apparition précoce de l’hypopion dans l’iritis traumatique est toujours d'un fâcheux augure, parce qu’il est l’avant-coureur d’altérations des membranes pro¬ fondes et souvent du phlegmon de l’œil. Pour être moins grave que l’iritis suppurée, la forme plastique nécessite une intervention rapide et énergique en vue de la possibilité de V ù'ido-choroïdüe, de V atrophie oculaire et d'accidents - 284 - sympathiques consécutifs à l’oblitération complété de la pupille. La forme séreuse est au contraire très bénigne et ne compromet jamais la vision. Le pronostic est subor¬ donné également aux autres lésions qui sont le fait du traumatisme. L’inflammation de la choroïde, primitive ou secondaire, aigüe ou chronique est toujours d’une gravité extrême : la vision de l’œil atteint est toujours compro¬ mise et celle du congénère plus au moins menacée. Hémorrhagies traumatiques de la chambre anté¬ rieure , de la rétine , de la choroïde et du corps vitré. — L 'hyphéma traumatique est assez fréquent à la suite de contusion du globe de l’œil, et il est souvent accompagné d’irido-dialyse. Il n’est pas inutile de rappeler qu’on l’ob¬ serve spontanément dans le glaucome hémorrhagique, dans les irido-choroïdites de nature goutteuse ou diabé¬ tique, ou bien lorsqu’il y a des troubles de la circulation générale. Les autres variétés d’hémorrhagies ne devront être également considérées comme d’origine traumatique que par exclusion. Nous devons avoir constaté préalablement les traces récentes et non douteuses de lésions du pourtour de l’orbite ou des membranes externes de l’œil, et avoir éliminé les affections générales, maladies du cœur, trou¬ bles delà menstruation, dysménorrhée, ménopause, etc., et en ce qui concerne les hémorrhagies choroïdiennes et du corps vitré , le décollement de la rétine et le glaucome. Pronostic. — Les hémorrhagies dont nous venons de parler ont un pronostic relativement bénin. La règle est la résorption plus ou moins rapide , à moins qu’il ne s’agisse d’une suffusion abondante. Cependant il est d’ob¬ servation que le contact trop prolongé du sang avec les éléments nerveux de la rétine détermine leur dégéné¬ rescence granulo-graisseuse ou leur infiltration par des dépôts pigmentaires ; de là des scotomes, ou bien une di¬ minution permanente de l’acuité visuelle. — 285 — Décollements traumatiques de l'iris et de la rétine. — Le décollement d’une partie de la grande circonférence de l’iris se traduit par l’existence d’une pupille artifi¬ cielle , par Thyphéma, par des symptônes ophthalmosco¬ piques particuliers, et se reconnaît très facilement. On ne peut le confondre avec le renversement partiel du bord pupillaire qui accompagne la luxation incomplète du cristallin dans la chambre antérieure, et s’oppose à l’éclai¬ rage du fond de l’œil. — Lésion peu grave. . Un décollement hèmorrhagiqv.e de la rétine coïncidant avec les traces extérieures d une contusion est presque certainement de nature traumatique ; la probabilité de pareille origine sera également grande, si le décollement séro-sanguinolent ou séreux n'est pas la conséquence de !la myopie ou d'une tumeur choroïdienne. Ces décolle¬ ments offrent certainement plus de chances de guérison que les décollements spontanés ; ils restent au moins sta¬ tionnaires s’ils ne s’améliorent pas, mais ils n’en sont cependant pas moins suivis d’une diminution de la vision périphérique ou centrale selon le siège de la lésion. Ruptures de la choroïde et de la rétine. — La rup¬ ture choroïdienne est souvent unique , linéaire, d’un blanc jaunâtre, bordée de tâches pigmentaires disposées très régulièrement. La plaque atrophique est au contraire le plus souvent multiple , large, disséminée et le pigment est très irrégulièrement distribué. De plus, elle s’accom¬ pagne souvent d’opacités cristalliniennes, ce qui n’a pas encore été observé dans les cas de ruptures de la cho¬ roïde sans autres lésions traumatiques concomitantes. La rupture de la rétine se présente à l’ophthalrnoscope sous la forme d’une cicatrice linéaire, très longue, géné¬ ralement transversale, d’un blanc gris sale et bordée de pigment sanguin. Les vaisseaux sont nettement inter¬ rompus au niveau de la traînée grisâtre puis ils reparais¬ sent, ou bien ils se sont atrophiés quand la circulation ne s’est pas rétablie. La choroïde est fréquemment rompue en même temps — 286 — que la rétine, et l’ophthalmoscope permet de distinguer très facilement cette complication. Il ne me paraît pas possible de confondre une rupture de la rétine avec une plaque fibreuse congénitale de cette membrane. Celle-ci est généralement large , rayonnée en partant de la papille comme centre , dépourvue de pigment sanguin, et laisse suivre le trajet des vaisseaux. Pronostic . La rupture isolée de la choroïde est beau¬ coup moins grave que celle de la rétine , laquelle est presque toujours suivie de la perte de la vision. Lorsqu’il n’y a pas d’autres complications sérieuses , la rupture choroïdienne peut n’entraîner qu’une amblyopie plus ou moins marquée ; cependant, il est prudent de ne pas trop rassurer le malade sur l’issue définitive de la lésion . Cataractes traumatiques. Les cataractes traumatiques étant le plus souvent Je fait d’une blessure directe du cristallin , par un corps qui a perforé la cornée et l’iris , quelquefois la cornée seule , l’existence d’une plaie récente de cette membrane , de déchirure ou de décolle¬ ment de l’iris , ou de leucômes adhérents mettront sur la voie du diagnostic étiologique. Restent les cataractes consécutives : 1° aux contusions directes de l’œil ( le cristallin n’ayant pas été atteint ) ; 2° aux contusions indirectes ( choc à distance ou chute sur les pieds), et qui peuvent être confondues avec deux formes de cataractes spontanées : les cataractes congé¬ nitales et les cataractes diathésiques ou pathologiques. La cataracte congénitale existe depuis la plus tendre enfance et sur les deux yeux , puisqu’elle est le résultat d’un trouble de la nutrition . La cataracte diabétique se reconnaît aisément aux symptômes généraux si nets de la glycosurie. Quant aux cataractes symptomatiques de lésions des membranes profondes , elles présentent plus de difficultés pour le diagnostic , quand le fond de l’œil n’est plus visible à l’ophthalmoscope. Il nous reste dans ces cas comme moyens d’exploration la recherche des L phosphènes et l'exploration du champ visuel. Sans doute, ces procédés ne nous permettront pas de recon¬ naître la lésion anatomique et de l’affirmer, mais ils suffiront le plus souvent pour que le plaignant ne puisse nous donner le change. Pronostic. « Défiez-vous des cataractes traumatiques. Elles comportent le traumatisme avec toutes ses variétés, toutes ses conséquences : contusions et déchirures pro¬ fondes, plaies de la cornée , de la sclérotique, de la cris¬ talloïde, iritis, irido-cy dites, irido-choroïdites, opacités du corps vitré, corps étrangers plus ou moins volumineux, décollements rétiniens, voilà ce qu’il faut toujours prévoir et craindre. » (Trélat.) * ' III. AMAUROSE ET AMBLYOPIE DOUBLES SIMULEES. Très rarement le simulateur poussera l’audace ou la naïveté, jusqu’à accuser la perte subite et absolue de la vision. Il faudrait au service de l’imposteur une habileté bien exceptionnelle pour se composer tout-à-coup l’at¬ titude et la démarche classiques de l'aveugle , qui s’avance tout d’une pièce, le pied hésitant, les mains por¬ tées en avant, la face impassible , le regard terne, les yeux levés au ciel, et les paupières immobiles en face d’une vive lumière ou d'un objet dont on menace de lui frapper les yeux. Si l’examen objectif, puis l’examen fonc¬ tionnel méthodiquement pratiqués ne nous ont rien révélé d’anormal , et si le sujet est intéressé à nous tromper, le I doute s’impose. Les signes fournis par l’ouverture pupillaire et le jeu de l’iris sont des plus importants. Je me suis suffi¬ samment expliqué à ce sujet dans la première partie pour ne pas insister. Les deux pupilles restent-elles dilatées et immobiles à l’arrivée subite d’un flot de lu¬ mière ? La cécité est probable et pour mieux nous ren¬ seigner, nous poserons au plaignant la question suivante: — 288 — A quelle époque remonte la perte absolue de la vision ? S’il nous répond qu’il est aveugle depuis longtemps, cette situation est de notoriété publique dans l’entourage du sujet, et nous devons trouver des lésions ophthalmosco¬ piques très nettes. Si au contraire la cécité est de date récente, et si son apparition a été subite, elle peut excep¬ tionnellement ne se révéler par aucun signe matériel, mais dans ce cas nous demanderons du temps pour nous prononcer ; quelques mois plus tard, plus tardivement encore s’il s’agit d’une lésion de nutrition générale, nous pourrons porter sûrement notre diagnostic. Il est bien plus commode au simulateur de déclarer à l’expert qu’il possède assez de vision pour se conduire, mais aussi bien plus difficile au médecin de décider dans ce cas si l’amblyopie est réelle ou simulée, ou bien exagérée. C’est à force de ruse et de patience que nous pouvons surprendre le sujet dans des déclarations con¬ tradictoires, et encore notre jugement ne sera-t-il jamais formulé avec une certitude absolue. Plaçons d’abord devant les yeux de l’examiné un verre convexe très fort, de manière à grossir les images comme avec la loupe ; s’il déclare ne pas voir mieux les carac¬ tères d’imprimerie (l’examen objectif de la réfraction ayant démontré que les yeux sont emmétropes , par exemple), nous devons soupçonner le mensonge. En l’absence de lésions ophthalmoscopiques ou autres , nous pouvons cependant nous trouver en face d’une diminu¬ tion de l’acuité visuelle liée à une altération au début de la nutrition générale ou à une lésion des centres nerveux. La marche générale de l’affection, son retentissement sur les autres fonctions, et «le temps » seront les principaux éléments de notre diagnostic. Dans tous les cas, il nous sera extrêmement difficile de déterminer d’une façon certaine le degré d’amblyopie, puisque nous manquons ici des ressources et ues indications précieuses que nous fournit la comparaison de l’organe normal avec l’organe déclaré malade. — 289 — SUR LA STRUCTURE DE LA TÊTE DE L’ARCHÆOPTERYX Par W. DAMES (1). — Traduit par A. SIX , Préparateur à la Faculté des Sciences de Lille. L’examen de Y Archœopteryx que possède le Musée royal minéralogique de Berlin, dont les résultats seront exposés plus tard dans une publication accompagnée de figures, a donné sur la structure de la tête de cet animal des renseignements plus exacts que tous ceux qu’on a recueillis jusqu’à ce jour, car on est parvenu à dégager de la roche qui les entourait certaines parties du sque¬ lettes. Quand l’exemplaire étudié fut acquis pour le Musée , on pouvait voir sur le côté droit du crâne deux grandes ouvertures ; l’ouverture postérieure, placée sous la boîte crânienne, pouvait aisément être reconnue comme ou¬ verture oculaire, d’autant plus facilement qu’on y trouve un iris ossifié, bien conservé, formé de plaquettes se recouvrant comme des écailles comme chez beaucoup d’oiseaux actuels. Le bord antérieur de cette ouverture oculaire est formé par un petit os, qui, tourné un peu en arrière, descend jusqu’à la base du crâne. Cet os, que l’on doit à présent considérer comme le lacrymal, forme en même temps la limite postérieure d’une seconde grande ouverture, ayant la forme d’un triangle arrondi, au milieu de laquelle se trouve un morceau d’os brisé, n'ayant plus ses rapports naturels avec les autres parties du crâne. Cette ouverture a été considérée comme ou¬ verture nasale par les auteurs qui ont écrit sur la tête de Y Archœopteryx, tels Cari Vogt (2) et O. C. Marsh (3). _ . — - " (1) Sitzungsberichte der Kôn. Preuss. Akad. de Wiss. zu Berlin 1882. Bd. XXXVIII, pag. 811 (séance du 21 juillet)* (2) Revue scientifique , 2e série XVII 1819 , pag. 242. (3) British Association for the Advancement of Science at York. 1881. 21 4 J — 290 — Mais la partie antérieure du crâne était encore recou¬ verte par la roche et ce n’est qu’avec un soin extrême qu’on est parvenu à dégager le crâne complètement sur tous ses contours. Le résultat de ce travail fut important : En avant de l’ouverture considérée jusqu’ici comme narine, il y en a encore une troisième oblique par rapport à l’os longitudinal du crâne, affectant une forme d’ellipse pointue et mesurant neuf millimètres de longueur. Elle est séparée en arrière de l’ouverture médiane par un petit pont osseux , limitée en haut et en avant par un très petit os (partie de l’intermaxillaire) et n’atteint pas la pointe de la tête ; devant elle il y a encore une partie osseuse plus longue d’environ quatre millimètres, ayant la forme d’un triangle équilatéral, formant la pointe du bec. C’est cette ouverture que l’on doit considérer comme narine ; elle est entièrement entourée par l’intermaxil- laire. La découverte de cette ouverture a montré une ressemblance avec le crâne des oiseaux actuels beaucoup plus grande que celle qu’on pouvait reconnaître jusqu’à présent. Comme chez les oiseaux, il y a trois ouvertures sur le côté de la tête, une postérieure, — ouverture oculaire — , une moyenne, formée par derrière par le lacrymal, en avant et en bas par l’intermaxillaire et le maxillaire su¬ périeur, et une antérieure, — ouverture nasale — toute entière dans l’intermaxillaire. Cette analogie avec le crâne des oiseaux vivants facilite singulièrement l’étude des autres parties de la tête. Ainsi, il faut considérer le fragment d’os trouvé dans l’ouverture moyenne comme la partie interne, montante, du maxillaire supérieur et un os plus long, se terminant à la base du crâne et caché en partie par l’iris, comme une partie du vomer, c’est-à- dire des os du palais. Plus loin est l’os carré, bien que difficilement recon¬ naissable d’après sa forme exacte, pourtant nettement visible, et immédiatement en avant de lui un petit os, ne faisant que peu saillie en dehors de la roche, doit être, d’après sa position, le ptérygoïdien. Il reste peu de i — 291 — boîte crânienne : abstraction faite de la cavité du cerveau remplie de spath calcaire, il n’y a, à proprement parler, que des débris de frontaux. La partie postérieure manque. Un autre résultat du dégagement du fossile concerne la dentition. Deux petites dents situées sous l’ouverture médiane étaient déjà nettement visibles avant le travail de dégagement Maintenant, on peut reconnaître, en tout, dix dents situées sur le bord de la mâchoire. La plus antérieure est éloignée de deux millimètres de la pointe du bec ; pourtant, il semble qu’il y ait encore eu en avant d’elle une ou deux dents ; les dents allaient ainsi jusqu’à la pointe du bec. Ces dents mêmes sont longues d’environ 1 millimètre, en forme de pain de sucre, très aiguës et — autant qu’on peut le reconnaître en quelques petites places où la surface est bien conservée — lisses et brillantes, sans sillons ni rides verticales. Des intervalles de un millimètre à peine de longueur séparent chaque dent l’une de l’autre. Marsh (1) admet que les dents ne se trouvent que sur F intermaxillaire, car celui-ci n’avait encore été trouvé que sous la narine. Mais la preuve a été faite que l'ouverture considérée jusqu’ici comme narine est en effet l'ouverture moyenne des trois qui se trouvent sur un côté du crâne ; il faut donc plutôt ad¬ mettre que les dents ne sont pas limitées à Fintermaxil- laire, mais s’étendent aussi sur le maxillaire supérieur, au moins sur la partie antérieure de cet os. Marsh a ensuite exprimé l'hypothèse que les dents étaient dans une gouttière; l’examen attentif qu’on a fait jusqu’à cette heure de l’échantillon de Berlin n’en donne pas de preuves ; il semblerait plutôt que chaque dent avait son alvéole particulière. — Le maxillaire inférieur est encore dans sa position naturelle, c’est-à-dire dans ses rapports articulaires avec l’os carré et tenant immédia¬ tement au crâne par son bord supérieur. Il montre une apophyse post-articulaire, tournée en arrière, tel qu’il en (1) Loc. cit. - 292 - existe par exemple chez le genre Anser. La position du maxillaire inférieur, ainsi que celle du bec fermé, empêche d’observer s’il y a des dents sur le maxillaire inférieur, ce que, avec Marsh, je pense vraisemblable. Sous le maxillaire inférieur se trouve une partie dun os hyoïde en forme d’aiguille comme on en connaît chez les oiseaux actuels. — Les nombreux et très importants rapports que Y Archœopteryx montre avec les Ptérosau¬ riens par la constitution de son crâne, trouveront leur place dans la description détaillée de cet animal. Pour finir, disons que le dégagement non encore ter¬ miné de la ceinture scapulaire a montré jusqu a présent que la partie que C. Vogt (1) désigne comme coracoïde n’était pas formée par des os, mais bien par la roche, de sorte que ce n’est qu’après l’enlèvement de ce cette gangue qu’on pourra reconnaître la structure de la cein¬ ture scapulaire, autant que le permettra l’état de conser¬ vation. Toutes les conséquences qu’on peut tirer de la structure de ces parties du squelette au point de vue des rapports de Y Archœopteryx avec les Oiseaux et les Rep¬ tiles doivent encore être abandonnées. RECHERCHES SUR LA BERGEN1TE (1 2) , Par M. E. MORELLE , Maître de Conférences à la Faculté de Médecine de Lille. HISTORIQUE. En étudiant les différentes espèces de saxifrages, M. Garreau retira, en 1850, du saxifrage de Sibérie ( Bergenia Siberica , Mœnch) , un principe cristallisable qu’il nomma Bergenin. Il signala les principales proprié- (1) Loc. cit . , page 242, fig. 18. (2) Cette notice est le résumé d’un excellent travail présenté à la Faculté de Nancy, parM. E. Morelle, pour obtenir le grade de pharmacien supé¬ rieur. M. Morelle a subi cet examen avec la plus grande distinction. — A. G. — 293 — tés de ce corps sans en faire une étude approfondie. Avec son autorisation, j’ai repris l’étude de cette substance, qu’il me paraît préférable de désigner sous le nom de Bergenite, pour marquer ses analogies avec la . mannite, la pinite et la quercite , analogies que la suite de ce travail mettra en évidence. PRÉPARATION. Je prépare la Bergenite en épuisant par l’eau à 80° les souches fraîches de saxifrage de Sibérie, convenable¬ ment mondées et divisées. La colature est débarrassée du tannin qu’elle renferme, par l’acétate neutre de plomb et de l’excès de plomb par l’hydrogène sulfuré. La liqueur filtrée et réduite à un petit volume, ne tarde pas à fournir des cristaux de Bergenite, qui sont purifiés par une nou¬ velle cristallisation dans l’alcool. PROPRIÉTÉS PHYSIQUES. La substance ainsi obtenue est en petits cristaux inco¬ lores, très réfringents, d’une saveur amère. Ces cristaux appartiennent au système orthorhombique. La forme la plus ordinaire est celle du prisme droit, de 91° 15', modi¬ fié sur la moitié des arêtes basiques par des faces inclinées de 126° 22' sur celles du prisme. Cette hémiédrie permettait de prévoir l’action de la Bergenite sur la lumière polarisée. Elle dévie, en effet, vers la gauche, le plan de polarisation. J’ai trouvé pour son pouvoir rotatoire moléculaire : [«> = - 51° 36' La Bergenite est soluble dans l’eau et dans l’alcool, et insoluble dans l’éther et la benzine. A 19°, 100 grammes d’eau dissolvent 0 gr. 159 de Bergenite , et à 100°, 9 gr. 386. 100 grammes d alcool en dissolvent à 15° 1 gr. 59, et à 78°, 7 gr. 35. La Bergenite a pour densité 1,5445. Elle est neutre au tournesol. 294 — Elle éprouve à 130° une véritable fusion aqueuse, et si on la porte à une température plus élevée, elle perd de l’eau. A 180°, elle est revenue à l’état solide. On peut alors la chauffer sans qu’elle fonde de nouveau jusqu’à 230°, température à laquelle elle se décompose. COMPOSITION. Les résultats fournis par l’analyse élémentaire de la Bergen ite conduisent à la formule C8 H6 oe ou à un multiple de cette formule. L’analyse de ce corps, desséché à 180°, a montré que la quantité deBergenite qui, à cette température, a perdu une molécule d’eau, est double de celle que représente la formule précédente. ACTION DE L'OXYGÈNE ET DES CORPS OXYDANTS. L'oxygène n’agit pas sensiblement sur la Bergenite sèche ou dissoute, mais il est absorbé par la solution aqueuse de ce corps en présence des bases Cette solution, qui dans le vide est incolore, ne tarde pas à se colorer en violet foncé au contact de l'air, coloration qui vire au jaune orangé par l’action des acides. La Bergenite possède pour l’oxygène une affinité assez énergique pour l’enlever à certains oxydes. L’oxyde d’ar¬ gent, en particulier, ajouté en excès à une solution aqueuse de Bergenite, brûle complètement ce corps à la température de l'ébullition. La réduction de cet oxyde a lieu à froid en présence des alcalis . Une solution d’azotate d’argent, additionnée d’ammo¬ niaque et d’une solution de Bergenite et abandonnée à elle-même dans un tube, a laissé déposer sur le verre, après quelque temps, une couche miroitante d’argent métallique. La Bergenite réduit également le permanganate de — 295 — potasse et la liqueur de Fehling ; mais cette dernière réaction exige une ébullition prolongée. J’ai trouvé par une méthode de dosage, dans laquelle interviennent successivement la liqueur de Fehling et le caméléon, que la quantité de Bergenite qui réduit 10ccde liqueur de Fehling, égale 0 gr. 0596. ACTION DES BASES. Cette substance se dissout abondamment dans les li¬ queurs alcalines. Lorsqu’on ajoute de 1 alcool à une solution alcaline de Bergenite, il se forme un précipité renfermant des proportions variables de ce corps et de la base, proportions qui dépendent de celles qui existaient dans la solution. L’acétate neutre de plomb ne précipite pas la Berge¬ nite de sa solution aqueuse, mais celle-ci est précipitée par le sous-acétate de plomb liquide. Le Bergenate de plomb obtenu, soumis à l’analyse, a donné des nombres qui conduisent a attribuer h ce coips la formule Ci6 hio oio ( PbO, HO)3 ACTION DES ACIDES. Enfermée dans un tube avec une solution étendue d’acide sulfurique et maintenue à la température de 100° pendant quarante-huit heures, la Bergenite na pas été modifiée et a cristallisé avec tous ses caractères après refroidissement. BERGENITE MONOACÉTIQUE. Lorsqu’on l’introduit dans un tube avec de l’acide acé¬ tique monohydraté et que l’on chauffe au bain-marie, après avoir fait le vide dans le tube et 1 avoir scelle, la Bergenite se dissout peu à peu et sa solution est complète au bout de quarante huit heures. On ouvre le tube et on le met en communication avec un tube en U renfermant des fragments de potasse caustique et, avec une trompe et pendant qu’on maintient le vide dans l’appareil, on chauffe la matière au bain-marie pour chasser l’excès d’acide acétique. Ces opérations doivent être faites dans le vide, afin d’éviter l’oxydation de la matière qui se colore très-rapi¬ dement, lorsqu’on la chauffe au contact de l’air, ainsi que je l’ai observé dans mes premiers essais. Le résidu est blanc, amorphe, très soluble dans l’eau, 1 alcool et l’éther. On le reprend par l’éther anhydre, on filtre, et la solution reçue dans une soucoupe est aban¬ donnée à l’évaporation spontanée, sous une cloche, en présence de l’acide sulfurique concentré. Il reste bientôt dans la soucoupe un corps blanc en très petits cristaux. Ce produit est un véritable éther que l’acide sulfu¬ rique étendu dédouble facilement en Bergenite et en acide acétique. A 175°, la Bergenite s’unit églement à l’acide valé- rique. Il résulte de l’analyse des composés précédents, que la quantité de Bergenite, qui s’unit à un équivalent d’acide acétique ou d’acide valérique, égale 204. La formule de la Bergenite est donc Ci6 H12 012 ou mieux ci6 hio oio, H2 02 Les équations suivantes rendent compte des réactions qui se produisent entre ce corps et les acides gras. C16 HIO O10, H2 02 -h C4 H4 04 — C16 H8 08 (C4 H4 04) -f. 2 H2 02 Bergenite. Acide Bergenite acétique, acétique. C16 H10O10, H2 02 -h Cio HIO CM — Ci6 H§ 08 (Cio hio 04) -h 2H2 02 Bergenite. Acide Bergenite valérique. valérique. — 297 — BERGENITE TRIACÉTIQUE. La Bergenite, soumise à l’action d’un excès de chlo¬ rure acétique, en tube scellé à la température du bain- marie, se dissout. Au bout de vingt-quatre heures, elle a disparu et le tube renferme un liquide à peine coloré. A l’ouverture du tube, après refroidissement, il se manifeste une certaine pression et un dégagement de gaz chlorhydrique. Le liquide versé dans l’eau donne lieu à un dépôt blanc qu’on lave à plusieurs reprises, avec de beau bouillante, jusqu’à ce que les eaux de lavage ne soient plus acides. Le produit séché et dissout dans l’alcool absolu bouillant, cristallise par refroidissement. Ce composé se présente en belles paillettes nacrées qui sont des lames rhomboïdales dont les angles sont coupés. Il est insoluble dans l’eau, soluble dans l'alcool, l’éther, l’acide acétique et le chlorure acétique. Il fond à 200° et se décompose à 230° en dégageant de l’acide acétique. C’est un éther triacétique de la Bergenite. Le chlorure benzoïque exerce sur la Bergenite une action analogue à celle du chlorure acétique et produit, dans les mêmes conditions, un éther tribenzoïque. Ce nouvel éther est blanc, insoluble dans l’eau, soluble dans l’alcool et dans l’éther. Sa solution éthérée donne des cristaux par évaporation spontanée. Les réactions qui donnent naissance aux dérivés tria¬ cétique et tribenzoïque de la Bergenite sont exprimées par les équations suivantes : 10O10, H2 02 -h 4 (C4 H3 02 Cl) = C16 H4 04 (C4 H4 0# -+- 4 H Cl -+- C4 HJ 04 bergenite. Chlorure acétique. Bergenite triacétique. 0 O10, H2 02 -+- 4 (C14 H5 02 Cl) = C16 H4 04 (C14 H6 04)3 -H 4 H Cl -H C14 H6 04 ergenite. Chlorure benzoïque. Bergenite tribenzoïque. - 298 - BERGENITE PENTACÉTIQUE. La substitution de deux molécules d’acide acétique aux deux molécules d’eau , que renferme encore la Bergenite triacétique, ne se fait pas sans difficulté. J’ai essayé, sans succès, sur ce composé l’action du chlorure acétique à différentes températures. L’action de l’acide acétique anhydre a été plus efficace. Cependant je n’ai obtenu la Bergenite pentacétique , qu’en faisant agir sur une partie de Bergenite triacétique bien sèche, huit à dix parties d’acide acétique anhydre et chauffant à 280° pen¬ dant douze heures, en tube scellé. Le produit coloré fut versé dans l'eau, qui laissa déposer l'éther insoluble. Pour le purifier, on le jette sur un filtre, on le lave à l’eau et on le sèche. Dissous dans l’alcool absolu bouillant , il cristallise par refroidissement. On le soumet à une se¬ conde cristallisation dans l’alcool. La Bergenite pentacétique se forme d’après l’équation suivante : C16 H4 CM (C4 H4 04)3 2 (C8 H6 06) = C16 (CM H4 04)5 -h 2 C4 H4 04 Bergenite triacétique. Acide acétique Bergenite anhydre. pentacétique. Ce corps se présente sous forme d’aiguilles blanches , nacrées, très fines et réunies en masses feutrées. Il est insoluble dans l’eau, soluble dans l’alcool, dans l’éther et l'acide acétique. FONCTION CHIMIQUE DE LA BERGENITE. Cette substance, donnant avec les acides des composés neutres, susceptibles d’être saponifiés, c’est-à-dire des éthers, possède donc incontestablement la fonction alcoo¬ lique. C’est un alcool polyatomique. La manière dont elle se comporte à 280° avec l'acHe acétique anhydre, fixe son atomicité à 5. C'est donc un alcool pentatomique qui vient naturellement prendre place à côté de la pinite et de la quercite. On remarquera sans doute, avec intérêt, que tous les alcools pentatomiques et hexatomiques connus , con¬ tiennent G12 et que la Bergenite est le premier exemple d’un alcool de cette classe contenant G16 (1). SUR LA STRUCTURE **t la signification de l’appareil respiratoire des Arachnides , Par M. ÉDOUARD VAN BENEDEN. Il y a quelques années j’eus l’occasion, grâce à un précieux envoi que me fit mon ami Packard, l’auteur des premiers travaux qui ont paru sur le développement des Pœcilopodes, d’étudier par moi-même le développement de la Limule polyphème. Je fus conduit à]des résultats bien différents de ceux que Packard avait annoncés. Ayant cru reconnaître dans l’évolution de la Limule le stade Nau- plius si caractéristique des Crustacés, Packard crut devoir rapprocher le développement des Limules de celui des Crustacés et, dans une note récente, il invoque, à l’appui de sa manière de voir, l’autorité de v. Willemoes Suhm, qui croyait avoir trouvé des Nauplms de Limules, nageant librement à la surface de la mer. J'ai appris, par une communication de mon Moseley, que v. Willemoes-Suhm a reconnu plus tard que les larves prises d’abord pour de jeunes Limules n’étaient que des Nauplius de Cirrhipèdes, Quant à moi, je fus frappé des analogies remarquables qui existent entre les premiers stades de l'ontogénie de la Limule d’une part, des Arachnides de l’autre. Le tra- (1) Ce travail a été exécuté au laboratoire de chimie organique de la Faculté de médecine de Lille. Je remercie M. le professeur Lescœur, de l’hospitalité qu’il m’a accordée et des conseils qu’il m’a donnés pendant le cours de ces recherches. — 300 — vail de Metschnikow a fait connaître le développement des Scorpions ; or chez la Limule, comme chez le Scor¬ pion et les Araréides, il apparaît à peu près simultané¬ ment, sur six Protozonites bien séparés, non pas trois, mais six paires d’appendices ; et pour ne rappeler que les faits qui concernent l’appareil respiratoire, je me borne¬ rai adiré que chez les Scorpions, comme chez la Limule, les lamelles qui président à la respiration se rattachent à des appendices abdominaux ; pour être rudimentaires chez les premiers, ils n’en sont pas moins homologues aux appendices branchifères des seconds. Les uns et les autres se développent de la même manière. J’acquis dès lors la conviction, et je l'ai exprimée à diverses reprises, que' les Arachnides présentent d’étroites affinités avec les j Pœcilopodes et, comme de tous les Arachnides, les Scor- 1 pions sont les plus voisins des Limules, l'hypothèse d’après I laquelle les Tétrapneumones, les Dipneumones, les Ara-: néides, les Phalangides, voire même les Acariens seraient! des formes déviées de Scorpionides, par réductions et! transformations progressives, devait nécessairement! surgir dans mon esprit. Les Pœcilopodes que l’on trouve: déjà sous leur forme et avec leur organisation actuellej dans les formations primaires seraient la souche d’où sont issus les Arachnides. Ceux-ci constitueraient avec les: Limules un groupe indépendant des autres Trachéates, Myriapodes et Insectes, qui peut-être dérivent des Versi annelés par les Protracheales . Les trachées des Insectes,! ne seraient pas homologues de celles des Arachnides : celles-ci formées aux dépens d’organes pulmonaires trans-j formés dériveraient des branchies des Limules, tandis que les trachées des Insectes et des Myriapodes auraient eu! pour origine des glandes cutanées . L’embranchement des Arthropodes se trouverait ainsi disloqué et séparé en trois embranchements distincts par leur origine et indé-j pendants l’un de l’autre. D’après cette hypothèse, les poumons des Scorpions, homologues des quatre dernières paires de branchies des Limules, auraient subi une réduction dans leur nombre I — 304 — *,hez les Télyphones et les Tétrapneumones. Chez les )ipneumones les poumons de la seconde paire se seraient ransformés en trachées et chez les Phalangides et les Vcariens les trachées existeraient seules. Les Pentasto- nes ont perdu toute trace d’appareil respiratoire. Les faits actuellement connus relativement à la consti- . ution de l’appareil respiratoire des Arachnides viennent i l’appui de cette hypothèse : il existe en effet une série le formes de transition entre les poumons et les trachées. Néanmoins une étude nouvelle de l’appareil respiratoire les Arachnides présentait un haut intérêt, t II y a quelques années, peu de temps après qu'il avait léfendu sa thèse dans laquelle il identifiait encore les tra¬ chées des Insectes et celles des Arachnides, je commu¬ niquai à M. Mac Leod les idées que je viens d’indiquer et ie l’engageai vivement à entreprendre à nouveau l’ana¬ lyse de l’appareil respiratoire des Arachnides. M. Mac Leod publie aujourd’hui une note dans laquelle, s’ap¬ puyant sur des faits Lien connus et sur quelques observa¬ tions qu’il a eu l’occasion de faire lui-même sur les pou¬ mons et les trachées des Arachnides, il expose et déve¬ loppe mon hypothèse, qui identifie morphologiquement les trachées et les poumons des Arachnides aux branchies des Limules. j? Cette note renferme quelques renseignements anato¬ miques nouveaux et dans la comparaison qu’il établit entre les poumons des Scorpions et les branchies des Limules, M. Mac Leod est beaucoup plus heureux que Ray Lankester, qui, dans un récent mémoire, a tenté s une explication difficilement acceptable des changements Lqui se sont opérés dans l’appareil branchial des Limules, pour devenir l’appareil pulmonaire des Scorpions (1). r - - - - (1) Les auteurs qui ont insisté sur la parenté des Merostomata et des Arachnides, et particulièrement Ray-Lankester , ont eu le tort de ne pas citer le remarquable mémoire de notre élève J. Barrons sur le développe¬ ment des araignées ( Journal d’ Anatomie de Robin , 18T7, p. 529). Dans ce travail , Barrois décrit et figure un stade limuloïde chez l’Epeire diadème. (a. giard). — 302 — SUR LE THELEPHORA PERDRIX R. HARTIG , PAR M. D’ARBOIS DE JUBAINVILLE . Inspecteur des Forêts , à Neufchâteau. M. le Conservateur Gabé inspectant la forêt domaniale du ban d’Escles, y observa, sur le territoire de Vioménil (Vosges), des chênes atteints d’une maladie singulière, j Leur bois parfait avait une teinte brun foncé, et était creusé d’alvéoles blanches, d’alvéoles jaunes et d’alvéoles brunes. Jugeant qu’il serait utile d’étudier cette affection morbide, M. Gabé voulut bien nous confier cette mission.! Pour cela nous sommes allés voir les arbres exploités dans la forêt domaniale du ban d’Escles, et dans celle du ban d’Harol qui en est voisine. Nous y avons constaté qu’il s’agissait d’une maladie très fréquente chez les chênes en Prusse, notamment à Eberswald où Robert Hartig l’avait étudiée. Elle y est connue sous le nom de Rebhun , c’est-à-dire de perdrix , et a de lointaines ressemblances avec les maladies confondues en France sous les noms vagues et impropres d'œil de perdr ix et de grisette à chair de poule. Les chênes que nous en avons vus atteints végétaient sur le grès bigarré. C’est un champignon de l’ordre des Auricularinés, le Thelephora perdrix R. Hrtg., qui cause cette maladie. Dans les chênes que nous avons examinés, il était entré depuis une trentaine d’années, à environ 12 mètres au- dessus de terre, tantôt par des plaies d’élagage faites il y a 30 ans, tantôt par de très grosses branches mortes, sur lesquelles une de ses spores aurait germé. Dans les cas observés par Robert Hartig, la contamination com¬ mençait au contraire par les racines, probablement à la suite de lésions faites à la patte des arbres, ou parce que les arbres malades étaient des rejets de souche. Le my¬ célium, dont les filaments sont remarquables par les verrues qui les recouvrent, avait envahi presque tout le bois parfait des chênes, objet de notre examen, et dans les principales branches et dans la tige où il était des¬ cendu jusqu’à 3 mètres au-dessus de terre, en ne laissant vivante qu’une couche d'aubier épaisse d’un centimètre et l’écorce qui l’entourait. A la partie inférieure du fût, le bois le plus récemment contaminé ne comprenait qu’une partie du bois parfait. N’atteignant pas le centre b du chêne et seulement un côté du fût, il offrait l’aspect I d’une lunure brune, près de laquelle le bois parfait encore vivant brillait d’une teinte rosée assez étonnante. Le bois parfait tué par le mycélium du Thelephora Perdrix a partout une teinte brun foncé. Dans le bois ainsi bruni i récemment se montrent des taches blanc neige, aux¬ quelles dans le bois plus anciennement atteint succèdent des alvéoles tapissées de fibres blanc neige. En vieillis- i sant, celles-ci jaunissent, finissent même par brunir, et leur nombre augmente jusqu'à ce que le bois parfait ne se compose plus que d’alvéoles à parois minces et pour¬ tant encore assez résistantes. A la fin une partie des cloisons sont souvent formées par des rayons médullaires. Les chênes ainsi malades n’ont donné en bois d’œuvre I qu’une bille d’environ 3 mètres prise à leur pied. Le surplus a été débité en bois de chauffage presque sans valeur. Le réceptacle fructifère du Thelephora Perdrix se développe sur le bois habité par son mycélium, là où ce f bois est au contact de l’air, notamment à la surface des tronçons de branche dépouillés de leur écorce, dans les ï fentes qui s’y produisent, et même dans les alvéoles bru¬ nies qui les avoisinent. 11 se compose de croûtes blanches assez dures, subéreuses, appliquées sur le bois, souvent au début arrondies et larges d’environ un millimètre, puis se soudant avec leurs voisines de manière à former |i des plaques longues de quelques centimètres, et parfois plus grandes que la main. Ces croûtes sont glabres, , lisses, ternes, et deviennent brillante si on les frotte. Elles sont vivaces. La première année, elles atteignent une épaisseur d’environ deux dixièmes de millimètres . * * nX — 30'* — qui s’accroît chaque année, jusqu’à ce qu’elles acquièrent une épaisseur d’environ un ou deux millimètres qu’elles dépassent rarement, parce que le plus souvent elles meurent alors. Pendant la sécheresse elles se fendent beaucoup en tous sens, mais surtout verticalement et horizontalement, et laissent entrevoir la teinte brun foncé des couches de leur chair formées les années pré¬ cédentes. En mourant, ces croûtes perdent leur blancheur superficielle et brunissent. Les réceptacles fructifères, qui se forment parfois dans les alvéoles brunies, vivent plus longtemps, atteignent une plus grande épaisseur, et leur bord supérieur est alors brun. Quand le savant mycologue Robert Hartig étudia ce parasite, il crut y reconnaître les caractères d’un 1 he- lephora , et il lappela Thelephora Perdrix. Nous, au contraire, nous le classons dans les Corticium, et nous croyons qu'il s’agit d’une variété de Corticium calceum Fr., ou au moins d’une espèce très voisine. En effet les réceptacles fructifères des Corticium sont des croûtes lisses, fissurées par la sécheresse et épixyles, tandis que ceux des Thelephora sont des membranes coriaces , striées ou papilleuses et végètent ordinairement sur la terre. Or, de ces caractères, le réceptacle fructifère du champignon examiné ne possède que ceux des Corticium. Pour prévenir la multiplication de ce parasite, il faut immédiatement exploiter les chênes qu’il habite, et d’où chaque année il dissémine ses innombrables spores sur les arbres environnants ; puis éviter les élagages et toutes autres plaies permettant à ce champignon d’atteindre le cœur du chêne ; et enfin exploiter les taillis à des révo¬ lutions fixes sans allongement temporaire, afin que ne dépassant pas leur taille normale aux révolutions précé¬ dentes, ils n’étouffent et ne tuent pas les grosses bran¬ ches inférieures des chênes par lesquelles ce parasite pourrait descendre dans leur fût. Nous avons patiemment disséqué des milliers d’arbres vivants sur lesquels végétaient des polypores, des tra- metes et autres parasites analogues ; et toujours nous y ; : ' m jpr 1' - — 305 - H ^1 avons trouvé les filaments mycéliens pénétrant les tissus sains et y portant la maladie et la mort, Plusieurs fois nous avons eu l’occasion d’étudier la maladie du Rond , c’est-à-dire la mortalité rayonnant d’arbre en arbre à partir d’un point central ; et toujours encore nous avons trouvé le mycélium qui tuait les racines à mesure que s’étendait sa végétation rayonnante. Enfin l’inoculation des champignons parasites reproduit sur les arbres sains Ila maladie et la mort. La relation de cause à effet est ainsi nettement établie.# ILes dégâts causés par les champignons sont d’ailleurs effrayants. Tandis que les uns déciment lentement les moissons ligneuses des forêts séculaires, d’autres s’atta¬ quent aux autres êtres vivants et deviennent trop sou¬ vent de redoutables fléaux, tels que le Rœsleria hypogea qui tue nos vignes, le Peronospora infestans qui pourrit la pomme de terre, la rouille qui dévaste nos blés et depuis 4 ans répand dans nos campagnes la misère et la désolation ; enfin les Schizomycètes qui, dans la plupart des maladies contagieuses, s’attaquent à l'espèce humaine et tuent chaque année des millions d’hommes. Pour combattre ces ennemis mystérieux et d’autant plus dan¬ gereux qu’ils sont le plus souvent invisibles à l’œil nu, il faut d’abord connaître les lois qui régissent leur exis¬ tence et leur multiplication. G’est à cette tâche que nous avons entrepris d’apporter notre modeste collaboration. « FAUNE PÉLAGIQUE DES LACS D’EAU DOUCE , Par le Professeur F. A. FOREL (1). i - Traduction par G. DUTILLEUL, Préparateur à la Faculté des Sciences de Lille. De 1860 à 1870, les naturalistes Scandinaves découvri¬ rent une faune particulière composée essentiellement i _ _ (1) Traduit d'Annals and Magazine of natur al history , vol. 10, i N° LV1II . 22 306 — d’Entomostracés nageurs habitant la région pélagique des lacs. Je me propose de donner ici un résumé sommaire de ce chapitre de zoologie générale , qui a fait dans ces dernières années l’objet de recherches multiples , les¬ quelles ont fourni des résultats nouveaux et intéres¬ sants (1). Cette faune n’est pas très riche en espèces , mais le nombre d’individus de chacune d’elles est énorme. Voici la liste des espèces rencontrées : Ostrvcoda. — Cypris ovum. Cladocera. — Sida crystallina ; Daphnella brachyura; Daphnia pulex , D. magna , D. hyalina, D. cristata , D. galeata , D. quadrangula} D. mucronata ; Bosmina longirostris , B. longispina , B. longicornis ; Bythotrephes longimanus ; Leptodora hyalina. Copepoda. — Cyclops coronatus , C. quadricornis , C. serrulatus , C. tenuicornis , C. brevicornis , C. minutas ; Heterocope robusta ; Diaptomus castor , D. gracilis. Pour citer tous les animaux trouvés dans cette région pélagique des lacs , signalons les Poissons insectivores qui se nourrissent de ces petits Entomostracés , surtout les Coregonus , et avec eux les poissons qui leur font la chasse (truite, brochet , etc.). Il y a encore un infusoire , la Vorticella convallaria qui vit sur les algues pélagi¬ ques. On rencontre enfin , de temps à autre, dans cette région pélagique YAtax crassipes ( Pavesi, Asper ) , des larves de Diptères et la Piscicola geometra{ Forel). D’ail¬ leurs , tous ces animaux n’apparaissent qu’accidentelle- ment et comme accessoires dans cette faune pélagique qui, en réalité , ne comprend que les Entomostracés pré¬ cités (2) ; eux seuls ont nettement les caractères des ani¬ maux pélagiques. (1) Voir à la fin de ce travail , la Notice bibliographique. (2) L 'Atax crassipes que Pavesi a observé plusieurs fois dans la région pélagique des lacs italiens et que Asper a retrouvé dans le lac de Zurich , doit peut-être être considéré comme une espèce pélagique de la faune la¬ custre. C’est en effet un animal nageur et les spécimens capturés par les différents observateurs étaient d’une grande transparence. — 307 — L’aspect général de la faune pélagique est le même dans toutes les régions et tous les lacs d’Europe , aussi bien dans les lacs des plaines que dans ceux des Alpes , dans les régions Scandinaves comme dans l’Italie méri¬ dionale et le Caucase. La faune d’un lac quelconque comprend, d’ailleurs, rarement tous les représentants de la faune qui nous occupe. C’est ainsi que la faune pélagique du lac de Genève (que j’ai moi-même exploré de 1874 à 1878) ne m’a pré¬ senté que les espèces suivantes : — Diaptomus castor ; Daphnia hyalina , B. mucronata ; Bosminalongispina, Sidacrystallina , Bytotrephes longirnanus et Leptodora hyalina. Pavesi a soigneusement étudié les lacs d’Italie à ce point de vue et a donné , pour chacun d’eux , un ta¬ bleau des espèces capturées. Pour juger ces tableaux, il faut , néanmoins , tenir compte des observations de Weismann. Ce naturaliste a remarqué que les différentes espèce de Cladocères étaient annuelles ; que durant plu¬ sieurs saisons , elles disparaissaient plus ou moins com¬ plètement et n’étaient représentées que par leurs œufs ; que l’époque de disparition variait avec les espèces , que c’était l’été pour les unes , et l’hiver , le printemps ou l’automne pour les autres. D’après cela, on voit qu’une révision de la faune pélagique d’un lac doit , pour être complète, reposer sur des observations nombreuses faites aux différentes époques de l’année. Les caractères communs aux différents animaux de la région pélagique tiennent à leur mode de vie. Ils nagent constamment sans pouvoir jamais s’arrêter sur des corps solides ; privés d’organes fixateurs, ils possèdent un appa¬ reil natatoire très développé ; leur poids spécifique , qui est à peu près celui de l’eau (1), leur permet de nager sans grands efforts musculaires. Ce sont des animaux un peu indolents et c’est bien plus à leur transparance (1) Ils sont un peu plus lourds que l’eau et , quand ils meurent, leurs cadavres tombent au fond du lac et constituent une partie importante de la nourriture de la faune des profondeurs. - 308 - qu’à leur activité qu’ils doivent leur salut quand un enne¬ mi les poursuit ; ils ont (et c’est là la particularité la plus caractéristique de ces animaux) la transparence du cristal et il n’y a que leurs yeux pigmentés en noir , brun ou rouge qui sont nettement visibles Cette transparence presque parfaite des animaux pélagiques doit être consi¬ dérée comme une adaptation mimétique acquise par sélection naturelle et il n’y a que les animaux qui vivent dans un milieu transparent comme celui des lacs qui pré¬ sentent ce caractère. Ils se nourrissent de matières végétales ou animales ; beaucoup vivent; d’algues pélagiques telles que Anabœna circinalis , Pleurococcus angulosus , P. palustris, Tetra- spora virescens, Palmella Ralfsii. Les autres mangent les animaux plus petits ou plus faibles qu’eux qui vivent dans les mêmes eaux. Comme nous l’avons observé, Weismann et moi, chacun de notre côté, les animaux pélagiques effectuent des mi¬ grations quotidiennes : pendant la nuit, il nagent à la sur¬ face , durant le jour, ils descendent au fond. Fric a reconnu dans les lacs de Bohême que les diverses espèces choisissent des fonds particuliers qu’ils préfèrent habi¬ ter ; mais ni Pavesi , ni moi-même, n’avons pu nous assurer que leur habitat soit ainsi déterminé. Les diffé¬ rentes espèces forment des troupeaux, dans lesquels le filet peut faire de riches captures ; mais, dans les lacs de la Suisse du moins , ces troupes d’animaux d’une même espèce changent constamment de position. Quant au maximum de profondeur où on puisse ren¬ contrer ces animaux, je dirai que j’en ai pêché dans le lac de Genève par 100 et même 150m ; je n’ai , il est vrai, ramené de ces grands fonds que des Diaptomus. Eu égard à leurs migrations , Weismann regarde ces animaux comme des êtres nocturnes vivant à l’extrême limite de la lumière ; leurs nerfs optiques sont pénible¬ ment impressionnés par l’éclat de la lumière , aussi des¬ cendent-ils au fond de l’eau aussitôt que le soleil ou la lune brillent un peu trop fortement. Cependant ils doivent voir assez pour poursuivre leur proie, c'est pourquoi ils ne descendent qu’en des points où, étant donné le dé¬ veloppement de leurs yeux, ils trouvent leur nourriture. Weismann remarque , et avec raison , que dans leurs .migrations ils traversent une couche d'eau colossale dans laquelle ils doivent trouver une nourrriture suffisante. Mais jusqu’où pénètre la lumière dans les lacs d’eau douce? J’ai démontré en 1877 que la transparence varie avec les saisons ; un objet brillant plongé dans le lac de Genève se voit dans les meilleures conditions de transpa¬ rence et d’éclairement, jusque 16 à 17m de profondeur. Des expériences photographiques avec le papier sensible au chlorure d’argent, m’ont montré en 1874, que la limite d’obscurité absolue dans le lac de Genève est à 45m en été et 100m en hiver. Asper, employant aussi des plaques sensibles (au bromure d'argent) reconnut , en 1881 , que cette limite est de 90m et plus pour le lac de Zurich. Tout cela, ne nous indique , d’ailleurs , en aucune façon , la limite de perception lumineuse pour la rétine et les nerfs optiques de nos petits animaux. Quelle est l’origine de cette faune pélagique ? Est-elle le résultat d’une différenciation locale ? Les Entomostra- cés palustres et fluviatiles, ceux du littoral de la région des lacs se sont-ils transformés dans chaque lac en espèces et variétés pélagiques ? On peut , en toute certitude , ré¬ pondre négativement à ces questions. La distribution si étendue de cette faune, l’identité presque complète des Entomostracés pélagiques dans tous les lacs d’Europe, aussi bien en Scandinavie, qu’en Suisse, en Italie ou en Arménie, semblent parler en faveur d’une commune origine et d’une répartition ultérieure. Mais comment s’est effectué cette répartition? Les mi¬ grations actives d’un lac à un autre ne sont pas admissi¬ bles, eu égard à la difficulté de communication entre les divers lacs, et aussi à l’inertie des Entomostracés pélagiques. Au contraire, la migration passive des œufs fixés aux plumes d’oiseaux émigrants (canards, goélands, etc,), explique parfaitement le transport d un lac dans un — 310 — autre. (A. Humbert , Forel). Pavesi a fait valoir contre cette origine commune et ce mode de répartition , la di¬ versité des populations pélagiques des différents lacs d’Italie, constatant que certaines espèces manquent dans un lac et se rencontrent dans un lac voisin ; mais cette irrégularité elle-même est une preuve de plus en faveur de la distribution accidentelle et occasionnelle que j’ai indiquée plus haut. Cette maniéré de voir étant admise, il est évident que la différenciation des espèces pélagi¬ ques ne doit nécessairement pas être plus ancienne que le lac où les animaux vivent, c’est-à-dire que l’époque zoologique actuelle. Ce fait est de la plus haute impor¬ tance pour l’explication de la faune pélagique de certains lacs relativement recents ; pour les lacs de la Suisse , la période glacière est une limite absolue, qui nous empêche d admettre une différenciation locale des espèces ter¬ tiaires et leur transformation en espèces existantes. Les faunes pélagiques de plusieurs lacs d’Italie, d’origine vol¬ canique, sont encore plus récentes. — Cependant comme nous ne sommes pas confinés dans la différenciation lo¬ cale d espèces autochtones, nous disposons de plus de temps et d’espace pour opérer cette différenciation. Je crois que la cause de la différenciation des faunes pélagiques réside dans la réuion de deux phénomènes dis¬ tincts . les migrations journalières d’une part, et les vents locaux réguliers des grands lacs d’autre part. On sait que sur les bords des grandes masses d’eau on observe deux vents réguliers : l’un, le jour, soufflant de la terre vers l’eau, l’autre, la nuit, soufflant en sens contraire. Les animaux nocturnes des régions côtières nagent la nuit à la surface de l’eau et sont poussés par le vent de terre vers le centre du lac ; au contraire pendant le jour, gênés par la lumière, ils descendent au fond et échoppent ainsi au vent du lac qui les pousserait vers la rive. Re ¬ poussés chaque nuit, ils demeurent confinés dans la région pélagique. G est ainsi qu’a lieu la différenciation par sélection naturelle, jusqu à ce qu’enfin, après un certain nombre de générations, ils soient devenus les animaux parfaite¬ ment transparents et presqu’ exclusivement nageurs que nous connaissons. Lorsque cette différenciation s est opérée, les espèces pélagiques sont transportées par les oiseaux de passage d’une contrée dans une autre, d un lac dans un autre, où ils se reproduisent dans des condi¬ tions favorables d’existence et de milieu. De cette façon, nous pouvons trouver des Entomostracés pélagiques dans les lacs sur lesquels le vent souffle alternativement dans un sens ou dans l’autre, ces animaux s’étant hautement dilférenciés sous l’influence du vent dans d’autres lacs plus grands. Par ce moyen, on peut expliquer la différenciation des espèces pélagiques, à l’exception de deux qui sont plus belles et plus intéressantes que les Entomostracés péla¬ giques, savoir : la Leptodora hyalina et le Bythotrephes longimanus. Ces deux Cladocères ne sont point reliées aux espèces d’eau douce qui forment les faunes littorales des lacs ou les faunes des fleuves et marais (1) ; c’est pour¬ quoi nous ne pouvons expliquer leur origine par différen¬ ciation de formes littorales. Nous devons donc, avec Pavesi, leur reconnaître une origine marine. Le Bytho¬ trephes doit dériver du même ancêtre que le Podon, son plus proche parent, comme l’a indiqué Leydig. La Lepto¬ dora au contraire doit, d’après les vues de Weismann, dériver d’une Baphnide primitive, dont les descendants directs ne sont pas encore connus. Mais comment s’est effectué le passage de l’eau salée à l’eau douce ? Pavesi suppose qu’il a eu lieu dans un fjord lequel s’est graduellement converti en lac d’eau douce, en se séparant de la mer. Cela est possible ; et nous avons des exemples de ce fait dans l’Italie du Nord et en (1) G. Joseph a découvert , dans deux larges grottes de la Carintfiie , une seconde espèce du genre Loptodora , la L. pcllucida cjui diffère essen¬ tiellement de la L. hyalina de la faune pélagiqu1 * 3 des lacs par l’absence d’yeux. C’est le seul Cladocère delà faune des grott s. (Berlin. Entom. Zeits. XXVI. 3. 1881). — 312 — Scandinavie. Mais cette transition ne s'est-elle pas effec¬ tuée par migrations passives et transports dans les lagu¬ nes qui sont constamment salées ? Je n’ai pas encore à ma disposition les matériaux nécessaires à la solution de cette question. Quoiqu’il en soit , après l’adaptation à l’eau douce, la distribution de ces formes s’est effectuée de la même façon que celle des autres animaux pélagi¬ ques d’eau douce et ces deux types ont été introduits dans des lacs qui ne sont jamais eu communication avec la mer. En terminant, nous pourrions faire un parallèle entre la faune pélagique des lacs d’eau douce et la faune péla¬ gique marine. Les analogies sont nombreuses et du plus haut intérêt ; mais elles sont si évidentes qu’il est super¬ flu d’insister. Les faits généraux sont identiques ; les différences résident surtout dans la taille et le nombre. Dans la mer tout est grand ; dans les lacs les dimensions se restreignent et cette réduction porte non seulement sur le nombre et la taille des individus, mais encore sur le nombre des [espèces, et sur l’étendue de leurs migra¬ tions et de leur répartition. BIBLIOGRAPHIE. W. Lilljeborg. — [Beskrivning , etc. — Œfversig af K . Vetensk. Acad. Fôrh. 1860) décrit les gen¬ res Bythotrephes et Leptodora qui caractérisent cette faune. Bythotrephes avait été découvert en 1857 dans l’estomac d’un Coregonus du Lac de Constance, par Leydig ; c’est à tort qu'il place l’habitat de cet animal dans les grands fonds.) G. O. Sars. — Décrit de 1861 à 1865 nombre d’Ento- mostracés pélagiques des lacs de Norwège. ( « Om Crustacea Cladocera » Fôhr. i Vidensk. Selsk. Chris¬ tiania, 1861 ; « Om en i Som.meren 1862 foretagen zoologisk. Reise. » Christiania 1863 — « Norges Fervands Krebsdyr », Christiania, 1865.) Schœdler. — Décrit, en 1866, les Daphnies prises par - 343 - lui dans le Frischen Haff. [Cladoceren des Frieschen Raffs , Wiegmanns Archiv. 1866.) P. E. Muller. — « Danmark's Cladocera ». 1867. — « Cladocéres des grands lacs Suisses », Arch. des. Sc. Ph. et nat. Genève, 1870) établit la présence de cette faune dans les lacs Danois : en 1868 , il la re¬ trouve en Suisse. 9 Fric. — Etudie en 1871 la distribution des Entomostra- cés dans les lacs de Bohême. [Fauna der Bohmer- waldseen », Gesellsch. der. Wissensch. Prague, 1871) y Forel. — Etudie, de 1874 à 1879, la faune des lacs de la Suisse ( « Matériaux pour la faune profonde du lac Léman. — Faune pélagique — XXXII. — Flore pélagique. — XXXIII. — Transparence de l'Eau. VII et XXXVIII ». Bull. Soc. Vaud. Hist. Nat. T XIII et XIV. Lausanne , 1876 , « Variations de la transparence de l'Eau ». Arch. des Sc. Ph. et Nat. Lix. Genève, 1877.) A. Weismann. — Publie, de 1874 à 1879 des Mémoires sur Thistoire naturelle des Daphnies, trouvées par lui dans le lac de Constance. (Beitrag zür Naturg. der Daphniden. » Zeitschr. für wissench. zool. 1874-79.) En 1877, il donne dans son discours populaire, « Bas Thierleben in Bodensee. » (Lindau, 1877), une excel¬ lente description générale des différentes faunes qui habitent les lacs et spécialement de la faune péla¬ gique. Pavesi. — Découvre, en 1877, la faune marine des lacs Italiens. (Bull. Entom. 1879. — Rendiconti R. Ist. Lomb. série 2. xn. f. 11, 12, 12, 16.) Brandt. — Réunit, en 1879, les formes du lac Gotschaï, dans le Caucase. (Bull. Acad. Pet. 1880.) S. T. Smith. — A découvert celles du Lac supérieur, dans l’Amérique du Nord G. Asper. — (« Gesellsch kleiner Thiere der Schivet- zer. Seen. » Zurich, 1880) étudie la faune pélagique des différents lacs suisses. - 3U — BIBLIOGRAPHIE. MÉMOIRES sur les terrains crétacé et tertiaires , préparés par feu André DUMONT. Chargé par le Gouvernement belge du levé de la carte géologique de son pays, Dumont, qui s’était révélé par un remarquable Mémoire sur la constitution géologique de la province de Liège , étonna le monde savant par la multitude et le mérite des travaux qu’il entreprit pour remplir la mission qui lui avait été confiée. Il consacra treize ans à parcourir en tous sens la Belgique, et, en 1849, il doia son pays de la carte qu’on attendait de lui. Ce chef-d’œuvre de patience et de précision est d’autant plus admirable que son auteur n'avait pour guide que la stratigraphie : il ne s’occupait que du caractère minéra¬ logique et des rapports de superposition des diverses couches qu’il visitait et ne croyait pas que l’étude des fossiles que ces roches renfermaient pût servir à faciliter sa tâche. On comprend difficilement comment il put, en si peu de temps, se faire une idée aussi exacte et relever des documents aussi précis et aussi nombreux sur une contrée que l’on commençait à peine à déchiffrer. C’est ainsi que parurent successivement, d’abord : la Carte du sol, puis celle du Sous-sol de la Belgique , toutes deux en neuf feuilles et à l’échelle de 160 ^ Comparant ensuite les terrains qu il avait étudiés en Belgique avec ceux que l’on rencontre dans les pays limitrophes, il exécuta une Carte de la Belgique et des contrées voisines à l’échelle de (1)- 1) L’admiration qu’inspirent les travaux de Dumont et en particulier cette carte au - 1— ne doit pourtant pas nous faire oublier l’excellente carte de la Belgique publiée dernièrement par M, Dewalque. Elle em¬ brasse, il est vrai, une moins grande surface, mais ce défaut (en est-ce un ?) disparaît quand on songe à ce que la carte y a gagné en clarté. L échelle en est plus grande, les couleurs plus claires et mieux distribuées, enfin la carte est mise au courant de la science moderne 1 La petitesse de cette échelle permettait, en réunissant sur une seule feuille une assez grande étendue du terri¬ toire, d’embrasser d’un seul coup d’œil les rapports exis¬ tants entre les terrains belges et les mêmes couches en France et en Allemagne. On comprend aisément que la question qui fait encore aujourd’hui l’objet de tant de discussions entre savants éminents, c’est-à-dire la com¬ paraison de ces terrains dans leurs détails avec ceux de l’étranger ne pouvait être résolue dans cette carte et Dumont se proposait du reste de faire à ce sujet des itudes plus détaillées. Aussi, pour éviter des comparai¬ sons dans lesquelles entraient trop d’hypothèses, s’est-il servi de nouveaux termes spéciaux à la contrée qu’’l îtudiait et, ne laissant rien entrevoir au sujet des rela- ions d âge entre les terrains belges et ceux de l’étranger. Lest ainsi que furent créés les noms de Aachénien, ïervien , Nervien, Landénien, Yprésien , Bruxellien, Danisélien, Lackenien, Rupélien, Boldérien, etc., etc. Il Compléta son œuvre par un q Carte de l'Europe, qu’on l’a songé à remplacer que dans ces dernières années, orsque les géologues, réunis en congrès, résolurent de e mettre d’accord sur les questions de nomenclature et le classification. Des mémoires explicatifs étaient le complément néces- aire de ces cartes : Dumont se mit aussitôt à l’œuvre, t, en 1848, il présentait à l’Académie de Belgique deux mémoires sur les terrains ardennais et rhénan qui for¬ maient les deux premiers chapitres de la statistique éologique de la Belgique. Malheureusement pour la cience , Dumont mourut, ayant à peine atteint sa qua- ante-huitième année (1857), après avoir consacré trente ns de sa vie à la description de son pays et avoir amassé [ne quantité énorme de matériaux qu’il n’eut pas le temps e mettre à profit. Vingt ans s’écoulèrent sans que l’on angeât à recueillir l’héritage si riche laissé par l’illustre éologue : et pourtant, combien d’observations se trou¬ aient consignées dans ses notes manuscrites ! Combien e documents précieux qu’on ne pouvait plus retrouver si ce n’est dans ces richesses oubliées ! Mais, en 1876 , l’honorable directeur du muséum d’Histoire naturelle de Bruxelles, M. Dupont, fit ressortir toute l’importance qu’il y avait à déterrer ces reliques et à faire profiter des fatigues de leur prédécesseur les géologues actuels. Le Gouvernement belge entendit cette voix autorisée et, en 1877, il chargea le dépôt de la Guerre de la publication des cartes- et le Musée royal d’Histoire naturelle, de celle des textes. M. Michel Mourlon, conservateur de ce Musée, eut en partage la publication des notes sur le terrain crétacé et les terrains tertiaires ; et ce sont ces mémoires qui parurent les premiers. En 1878, il nous donna le mémoire sur le terrain crétacé et les deux premières parties du mémoire sur les terrains tertiaires ; la troi¬ sième partie de ce travail vient de paraître dernièrement. Ces quatre volumes sont bourrés de documents delà plus haute importance sur des terrains qui forment la moitié de la Belgique et sur lesquels roulent surtout les discus¬ sions agitées entre les géologues belges et leurs voisins. Ce sont là des travaux qui ne peuvent supporter l’ana¬ lyse ; ce sont des mines à exploiter activement, mais lentement, et on ne peut les parcourir en amateur, car les chemins n’y sont pas encore tracés et leur exploita¬ tion ne fait que commencer. On ne lit pas un dictionnaire , on le consulte : tel est le cas de cette œuvre. C est un guide du géologue à travers l’exposition naturelle per¬ manente que nous offre le sol de la riche contrée, prolongement de notre Flandre, qui réclame, elle aussi, qu’on vienne la mettre d’accord avec sa voisine dans les écrits des auteurs comme elle l’est dans la nature. Remercions donc MM. Dupont et Mourlon d avoir non seulement tiré de l’oubli, mais encore mis ces manuscrits à la disposition de tous : la science leur saura gré de leur patriotisme et de leur reconnaissance envers le grand homme qui fait l’honneur de la Belgique. a. s. — 317 — MÉTÉOROLOGIE. JUILLET. Température atmosphérique moyenne. . 16°. 56 20°. 88 1882, année moyenne 17°. 72 moyenne des maxima des minima extrême maxima , le 15 v> minima , le 3 Baromètre , hauteur moyenne à 0U . . . . 760mra322 Humidité relative moyenne °/0. . p Epaisseur de la couche de pluie. fi » extrême maxima, le 27 . » « minima, le 1 1, 1 h. mat. Tension moyenne de la vapeur atmosphériq. 10mm.02 68.80 d’eau évaporée. . . 1 09mm.88 132mm.30 61mm.50 ]40mm .98 Le mois de juillet 1882 fut bien moins chaud qu’en an¬ née moyenne ( — 1°.16) et qu’en 1881 ( — 2°. 14). Cet abaissement de température est dû surtout à la nébulosité du ciel et aux nombreux jours de pluie (22). La différence entre les températures extrêmes fut de 20°. 5. Le vent soui¬ lla surtout du S. O. et les nuages des différentes couches eurent aussi la même direction , ce qui entretint dans 1 air une grande quantité de vapeur qui donna lieu à 25 brouil¬ lards, à 20 rosées , à une énorme tension électrique 1(3 orages 4 éclairs sans tonnerre), et enfin à une évapo¬ ration de 8 millimètres inférieure à celle d’une année moyenne. L’épaisseur de la couche d'eau pluviale recueillie pen¬ dant le mois fut de 48mm.38 plus grande qu’en année moyenne et tout-à-fait en harmonie avec la dépression barométrique. La différence entre les oscillations E extrêmes de la colonne mercurielle fut de 26mm.56. Le 9, à 1 h. du matin, on observa une aurore boréale bien caractérisée. (Le 10, halo solaire de 3 à 4 h. du soir. Le 11, de 2 h. 30 à 2 h. 45 du soir, orage produit par des nuages venant lentement del’O. N. O , vent modéré O. N. O. ; ensuite pluie continue, vent modéré S., grands cumulus S. S. O. , petits cumulus S. O. — 318 11 h. 05 du soir, nouvel orage, forte pluie, vent mo¬ déré S. O., nuages orageux lents S. O. ; 11 h. 30 fin de l’orage et de la pluie. La quantité totale de ce dernier météore avait été de 44mm.35. Dans la nuit du 11 au 12, éclairs sans tonnerre, hori¬ zon N. Le 15, à 7 h. 15 du soir, tonnerre éloigné, vent assez fort S. O . , grands cumulus S. O . , petits cumulus S. S. O. Le 19, dans la soirée, éclairs sans tonnerre à l’E. S. E. se prolongeant pendant une partie de la nuit du 19 au20. Le 20, 6 h. du soir, arc circuinzénithal d’un halo ordi¬ naire ; minuit, nombreux éclairs sans tonnerre à l'horizon du S. à l’E. Le 21, midi, halo. Le 25, 5 h. du soir, un coup de tonnerre éloigné, forte pluie S. O. Le 26, 9 h. 30 du matin, halo suivi de pluie, comme toujours. Si maintenant nous recherchons comment les divers météores se sont comportés pendant la première et la deuxième partie du mois, nous voyons, chose assez rare, que la température moyenne a été exactement la même (16°.56) ; que du 1er au 15, la moyenne des maxima a été de 20°. 84, celle des minima 12°. 29. Du 15 au 31, movenne des maxima 20°. 91, moyenne des minima 12°. 22. Pendant la première quinzaine, la hauteur moyenne du baromètre a été 754mm.909, nébulosité moyenne 7.2, pluie 74mm.65 en douze jours, humidité de l’air 0.686, épaisseur de la couche d’eau évaporée 64mm.59. Pendant les 16 derniers jours, la hauteur moyenne du baromètre a été 761mm.912, nébulosité 6.37, pluie 35mm.23 en dix jours, humidité de l’air 0.690, épaisseur de la couche d’eau évaporée 67mm.71 La fréquence, de la pluie a nui à toutes les récoltes ; et, quoique la quantité totale ait été grande, le niveau des nappes souterraines n’a cessé de s’abaisser. Y. Meurein. AOUT. Hi;, l';mpérature atmosphérique moyenne .... ù • des maxima. . . • * des minima. . . o extrême maxima , le 12. . » v> minima , le 25 . . Baromètre, hauteur moyenne à O” . * extrême maxima , le 1er . » » minima , le 23 . Tension moyenne de la vapeur atmosphériq. Humidité relative moyenne °/0 . Épaisseur de la couche de pluie . • « d’eau évaporée. . . La température atmosphérique moyenne du mois de juillet avait été inférieure à la moyenne ordinaire de ce mois ; il en fut de même pour le mois d’août dont la moyenne s’abaissa de 1°.70 au-dessous de la moyenne observée généralement pendant ce mois. Pendant le jour la température resta assez basse et pendant la nuit elle fut la même qu’en juillet. Ce froid relatif est dû à la né¬ bulosité du ciel et à la fréquence des pluies. En effet, il n’y eut en août aucun jour complètement serein et les pluies, au nombre de 25, fournirent une couche d’eau de 81mra.83 d’épaisseur. Les brouillards furent permanents et les rosées se produisirent au nombre de 19. La différence entre les températures extrêmes fut de 18°. 10. L’humidité des couches atmosphériques en contact avec le sol fut plus grande qu’en année moyenne. Il en fut de même de celle des couches supérieures accusée par la pression barométrique qui fut de 3mm,271 moindre qu’en août année moyenne. La différence entre les hau¬ teurs extrêmes fut de 25mm.320. L’humidité et l’abaissement de la température devaient nécessairement exercer une influence défavorable sur l’évaporation qui fut réduite cette année de 7mm.61. Par les mêmes raisons, la tension de la vapeur d’eau atmos¬ phérique fut aussi atténuée. L’air fut très électrique, état qui s’est manifesté : 1° par des éclairs sans tonnerre observés pendant la nuit du 12 Iau 13 et par ceux qui se produisirent le 16 à 7 h. 50 du soir; 2° par la tempête O. S. O. qui, le 23, a duré de 1882. 15°. 19°. 12°. 28°. 10°. 88 52 25 10 00 758mm802 765mm.930 745mm.050 10>nm 4i 13.20 81mm. 83 107mm.35 annee moyenne . 11°. 58 759mm.426 1 lmm . 16 71.55 61uim.76 123mru . 95 10 h. du matin à 5 h. du soir ; 3° par les orages qui, le 29, ont éclaté de 3 h . 30 à 3 h. 40 du soir, et de 5 h. 20 à 5 h. 30. Pendant ces orages, le vent soufflait avec force de l’O. , les nuages de la couche inférieure s’avançaient rapidement du même point cardinal ; à 5 h. 45, il tomba une forte pluie mêlée de grêle fournie par les nuages de la seconde couche venant lentement de l’O. N. O. La moyenne des températures maxima de la première quinzaine du mois fut de 20°. 89, celle des minima 13°. 15, dont la moyenne est 17°. 02 ; celles de la seconde moitié du mois fut de 18°. 23 pour les maxima, 11°. 40 pour les minima, moyenne 14°. 81, ce qui fait voir que l'abaisse- . ment marchait rapidement et c’est le froid de cette der¬ nière période qui contribua puissamment à abaisser la moyenne générale du mois ; c’est aussi pendant cette même période que les pluies furent les plus fréquentes et les plus abondantes. Du 1er au 15, la hauteur de la colonne barométrique resta au-dessus de la moyenne (762mm.816) ; du 16 au 31 elle tomba à 754n,m 976 qui indique bien l’état hygromé¬ trique des hautes régions atmosphériques. La nébulosité moyenne qui avait été de 6.86 pendant les quinze premiers jours devint 7.62 pour les 16 derniers. Par suite, l’épaisseur de la couche d’eau pluviale tombée en neuf jours, pendant la première période, a été de 16Û1IU.53, tandis qu’elle s’éleva à 65mm.3 pour les pluies tombées en seize jours de la deuxième période. L’épaisseur de la couche d’eau évaporée suivit une mar¬ che semblable : 57mm.64 du 1er au 15 ; 49mm.71 du 16 au 31. On observa pendant le mois deux halos lunaires suivis de pluie dans les 24 heures. Les vents régnants pendant la première période souf¬ flèrent du N., et ceux du S. O. prédominèrent pendant la deuxième. Ces conditions météoriques ont rendu le mois d’août froid et humide et ont exercé une influence très défavo¬ rable sur les récoltes dont la maturité était considérable¬ ment retardée. Y. Meurein. LUI. B. — UIP. L. DANBL. Nos 9-10. SEPTEMBRE-OCTOBRE. 1882. I _ _ DES RESTES DU CORPS DE WOLFF chez l’adulte (mammifères) Par F. TOURNEUX. Nous comprendrons avec Egli (12), sous le nom de corps de Wolff : 1° les reins primitifs (corps de Wolff proprement dits); 2° les canaux excréteurs annexés à ces organes, depuis leur origine jusqu’à leur abouchement dans le sinus urogénital; 3° les conduits de Müller dont il est presque impossible de séparer Thistoire de celle des canaux de Wolff contenus dans le même cordon génital. Nous rechercherons la descendance de ces différentes parties dans les deux sexes, en commençant par celui où l'organe envisagé a persisté dans sa plus grande intégrité. C’est ainsi que la description du canal de Wolff chez l'homme (canal déférent), devra précéder celle de ce même conduit chez la femme, où il disparaît dans presque toute sa longueur : le contraire aura lieu pour les conduits de Müller. L’évolution des corps de Wolff présente de notables différences suivant les mammifères. Le canal de Wolff, par exemple, qui ne laisse aucun vestige chez la femme adulte, en dehors de la portion attenante à l’organe de Rosenmüller, persiste dans une certaine étendue chez la vache, la truie, etc. (conduits de Gartner). Pour nous permettre d’étudier comparativement à l'bomme , les variations que l’on observe chez les différents mammi¬ fères, nous supposerons tous les animaux placés dans la même station verticale, la face dirigée en avant. Les organes qui dérivent du corps de Wolff ont été l’objet de nombreux travaux dont on trouvera les indica¬ tions à la fin de ce mémoire, et dont les principaux résultats se trouvent exposés d’une façon magistrale dans la thèse de M. Viault (45). Nous espérons de notre côté apporter quelques faits nouveaux à la connaissance de ces parties — 322 — intéressantes, notamment en ce qui concerne l’organe de Rosenmüller. Nous ferons précéder l’étude des restes du corps de WolfF, d'une courte description de cet organe et des conduits annexés pendant la période embryonnaire. CANAL ET CORPS DE WOLFF. — CONDDIT DE MULLER (I). Si l’on détache la paroi antérieure de l’abdomen sur un embryon de porc long de 6 à 9 centim. , en ayant soin de respecter le sinus urogénital et l'ouraque, et si d’autre part on enlève le foie et l’intestin, on aperçoit contre l’extrémité inférieure des reins, deux petits corps pyri- formes, légèrement excavés en dedans, qui se dirigent obliquement de haut en bas, et de dehors en dedans : ce sont les corps cle Wolff (reins primitifs ou primor¬ diaux) (II). Comme le grand axe de ces organes, à mesure que leur développement progresse, tend à s’incliner de plus en plus et à se rapprocher de l'horizontale, nous pouvons leur considérer dès maintenant une extrémité externe effilée ou sommet accolée à la face antérieure du rein au voisinage de son bord externe, et une extrémité interne renflée ou base qui déborde inférieurement le rein. Leur face supérieure présente dans sa moitié externe une petite fossette ovalaire destinée à loger l’ovaire ou le testicule : nous la désignerons sous le nom de fossette génitale. Leur face postérieure concave se moule sur la face antérieure du rein ; les deux excavations rénale et géni¬ tale sont séparées l’un de l’autre par les vaisseaux qui se (I) Nous laisserons complètement de côté dans cette étude les reins pré¬ curseurs ou cervicaux ( Vorniere ) dont les conduits excréteurs se transforment ultérieurement en canaux de Wolff (voy. Mathias Duval , Sur le développement de l'appareil génito-urinaire de la grenouille , Revue des Sciences naturelles , juin 1882). (II) Syn. 1800, corpus pampiniforme , Wrisberg (48); 1806, organes vermif ormes : Oken (31); 1825, corps de Wolff , faux reins , H. Rathke (34) ; 1830, reins primordiaux, corps d'Oken , Jacobson (19). — 323 — rendent a 1 organe. Enfin leur face antérieure convexe est striée dans le sens vertical. Le bord antérieur du corps de Wolff est occupé par un cordon [cordon génital deThiersch)qui s’étend de son som¬ met à la base du sinus urogénital. Ce cordon contourne d abord l’organe génital, en décrivant une légère courbe à concavité postérieure, puis longe le bord antérieur du corps de Wolff, croise ensuite obliquement l’artère ombi¬ licale, se place en dedans de 1 uretere, et tend à rejoindre le cordon du côté opposé. Arrivés sur la ligne médiane, les deux cordons se réunissent, et le tronc commun résultant de cette fusion va finalement se confondre avec le pédicule du sinus urogénital (urèthre). Le corps de Wollf qui supporte ainsi le testicule ou 1 ovaire et le cordon génital, est compris dans un repli péritonéal qui se prolonge supérieurement à la surface du rein en une sorte de ligament falciforme désigné par Kôlliker sous le nom de ligament diaphragmatique du rein primitif . Déplus, l’enveloppe péritonéale du corps de Wolff forme deux replis secondaires au niveau du tes¬ ticule [mesorchium) ou de l’ovaire ( mesoarium ), et du cordon génital (repli urogénital de Waldeyer). Le repli supérieur ou génital va se perdre par son extrémité externe sur le ligament diaphragmatique, tandis que son extrémité interne se confond avec le repli uro-génital. Signalons enfin le ligament inguinal de Kôlliker, ban¬ delette sous-péritonéale qui relie l’extrémité interne du corps de Wolft au fond de la dépression scrotale. Le corps de Wolff se rapproche beaucoup par sa com¬ position du rein définitif. Il renferme de larges canaux tortueux dont les extrémités profondes coiffent autant de glomérules vasculaires. A ces canaux tortueux font suite superficiellement des conduits rectilignes, de dia¬ mètre plus restreint, qui viennent s’ouvrir perpendiculai¬ rement dans un tronc collecteur que contient le cordon génital ( canal de Wolff). La différence de calibre entre ces deux ordres de conduits s’accompagne en même temps de modifications dans la nature de leur revêtement. — 321 — L’épithélium des premiers se compose, en effet, de gros¬ ses cellules polyédriques, granuleuses, tandis que celui des canaux excréteurs est forme d une rangée reguliere de petites cellules cubiques, analogues à celles du canal de Wolff. Waldeyer (46) , dans son travail fondamental sur l’ovaire (1870), a insisté tout particulièrement sur cette distinction déjà indiquée par Millier , Banks et Dursy (1865). 11 propose de désigner l’ensemble des canaux tortueux en relation avec les gloméruies vasculaires sous le nom de partie ou région urinaire , et l’ensemble des conduits excréteurs rectilignes sous celui de partie ou région sexuelle . Ces derniers conduits occupent^ de préférence la face antérieure du corps de Wolff, où ils déterminent l’aspect strié que nous avons signalé précé¬ demment,- et surtout le sommet de l’organe. On peut donc dire d’une manière générale, et bien qu’il n’y ait aucune délimitation précise entre ces parties, que le corps de Wolff se compose de deux régions distinctes : une région supérieure ou externe , génitale , et une région intérieure ou interne, urinaire. Nous verrons par la suite que cette distinction est des plus importantes au point de vue de la destinee du corps de Wolff. Inférieurement, les deux canaux de Wolff s’ouvrent isolément sur la paroi postérieure du pédicule du sinus urogénital, après avoir présenté une notable dilatation, au voisinage de leur terminaison. Indépendamment du canal de Wolff, chaque cordon génital renferme encore un conduit dont la direction géné¬ rale est sensiblement parallèle à celle du premier, ^mais qui n’a aucune relation avec les canalicules wolfiiens. Ces conduits, désignés sous le nom de conduits de Muller , du nom de l’anatomiste qui les a découverts (30), s éten¬ dent du sommet du corps de Wolff au pédicule du sinus urogénital, où ils viennent déboucher en dedans et un peu au dessous des canaux deWolff.Leur extrémité supé¬ rieure est représentée par une sorte d’entonnoir ouvert dans la cavité péritonéale. — 325 — I J Sur la coupe transversale du corps de Wolff , les con¬ duits de Müller sont toujours situés plus superficiellement que les canaux de Wolff, sur le trajet d’une même ligne passant par le centre de la coupe. Aussi ces conduits qui occupaient à leur origine le bord externe du cordon gé¬ nital, contournent peu à peu la face antérieure des canaux de Wolff, qu’ils croisent ainsi à angle aigu , et , avant même d’avoir abandonné le corps de Wolff, se placent à leur côté interne , position qu’ils conservent jusqu a leur terminaison dans le sinus urogénital (I). Nous n’avons pas à entrer ici dans tous les détails concernant la structure de ces différents conduits. Il nous suffira d’indiquer que la lumière du conduit de Müller est toujours plus étroite que celle du canal de Wolff, et que son revêtement épithélial est plus épais. Rappelons encore que ces deux conduits naissent par des involutions de l'épithélium péritonéal ( germinatif ) se produisant dans la région qui répondra plus tard au sommet du corps de Wolff. Ces involutions d’abord pleines ne tardent pas à se creuser d’une cavité centrale, en même temps que leur extrémité inférieure se pro- J longe de plus en plus, et finit par s’ouvrir dans le sinus urogénital. Le conduit de Müller reste en communica¬ tion avec la cavité péritonéale par un orifice en forme d’entonnoir, tandis que le canal de Wolff (canal du rein précurseur) se détache de l’épithélium germinatif, et d’autre part envoie en arrière et en dehors des rameaux en doigt de gant qui représentent les origines des cana- licules wolffiens. D'après Semper (43), ces canalicules se développeraient isolément par des involutions de l’épi¬ thélium germinatif, et ne se mettraient qu’ultérieurement j- en relation avec le canal de Wolff. En résumé , nous nous trouvons en présence des organes et conduits suivants : V1) v°y- pour la description intime de ces rapports, les travaux de G. Pouchet (32J , de H. Beauregard (6), et de Langenbacher ( Arch f- mik. Anat. 1881). H — 326 — 1° Corps de Wolff j 2° Canal de Wolff ; paitie sexuelle, partie urinaire. 3° Conduit de Müller. La destinée de chacune de ces parties formera le sujet d’un chapitre spécial. Quant aux différents replis et ligaments annexés au corps deWolffjls persistent chez l’adulte, tout en subissant quelques modifications en rapport avec celles de l’organe qu’ils supportent. Ainsi, chez la femme, le pédicule du corps de Wolff, continuant à se prononcer, à mesure que l’ovaire et la trompe se développent, et que d’autre part le corps de Wolff s’atrophie ou se désagrège, formera le ligament large, et ses deux replis secondaires (mesoa- rium et repli urogénital) les ailerons postérieur et supé¬ rieur du bord libre de ce ligament (I). Chez l’homme, par suite de la migration du testicule et de l’isolement de la vaginale, la forme de ces replis et leurs rapports se sont considérablement modifiés , et c’est à peine si l’on reconnaît le méso du corps de Wolff dans le court pédicule auquel sont appendus le testicule et l’épididyme. Le pédicule membraneux de l’épididyme et celui du testicule proprement dit, greffés sur le précédent, rappel¬ lent vaguement le repli urogénital et le mesorchium. Chez les animaux où la séreuse vaginale est restée en libre communication avec le péritoine , on retrouve plus facilement la disposition embryonnaire. Chez le chien, par exemple, il existe dans toute la hauteur du canal inguinal une sorte de ligament analogue au ligament large, avec un aileron interne qui renferme le canal déférent. (I) Les ligaments diaphragmatiques de Kœllikér, ou prolongements supérieurs des ligaments larges qui persistent pendant quelque temps, con¬ tiendraient des fibres musculaires lisses signalées pour la première fois par Stenson sur le hérisson. Meckel désigne ces ligaments sous le nom de ligaments de Stenson ou de ligaments ronds antérieurs. - 327 — L Quant au ligament inguinal de Kœlliker, il deviendra, suivant le sexe, Je gubernaculum testis de Hunter, ou le ligament rond de l’utérus. CHAPITRE Ier. Destinée du corps de WolfT. PARTIE SEXUELLE. A. CHEZ LE MALE. 1° Canaux droits , réseau testiculaire, canaux efférents. On peut considérer aujourd’hui comme démontré , depuis les recherches de Kobelt (20), que les canalicules de la région sexuelle du corps de Wolff se transforment chez le mâle en vaisseaux efférents du testicule, et que le canal de Wolff fournit par sa portion attenante au rein primitif le canal de l’épididyme, et par sa portion libre le canal deferent. L’origine des canaux droits (tubuli recti) et du réseau testiculaire (rete vasculosum testis de Haller), aux dépens du corps de Wolff, indiquée par Waldeyer (46) et par Balbiani (3) , ne paraît pas aussi nettement établie, et il en sera probablement ainsi, tant que l’on ne connaîtra pas d’une manière pré¬ cise le mode de développement des canalicules sémini- fères (tubuli contorti). Pour nous, le fait suivant, en l’absence d’une constatation directe, nous paraît devoir surtout militer en faveur de l’opinion de Waldeyer. Les tubes de l’organe de Rosenmüller, homologues des vais¬ seaux efférents, sont en relation chez quelques animaux (brebis) par leur extrémité ovarienne avec un réseau de canalicules (rete ovarii) qui rappelle par sa disposition le réseau testiculaire, et qui, situé en dehors de l’ovaire, » . du corps de Wolff. Ces réseaux ! testiculaire et ovarien seraient des formations anato¬ miques secondaires, développées tardivement aux dépens des canalicules de la région sexuelle du corps de Wolff. — 328 — Les canaux droits, ainsi que les lacunes du réseau testi¬ culaire, sont tapissés par une couche de petites cellules assez régulièrement cubiques, mais pouvant affecter par places la forme pavimenteuse. Dans les vaisseaux efférents, les cellules s’allongent, deviennent prisma¬ tiques , leur surface libre se couvre de cils vibratiles, en même temps que des gouttelettes foncées apparaissent à l’intérieur du corps cellulaire. Les dimensions de ces éléments vont en augmentant jusqu’à l’épididyme, où les cellules atteignent 60 {j. , et les cils 20 jj. de longueur. Nous retrouverons des différences analogues entre l’épithélium du réseau ovarien, et celui des vaisseaux efférents du corps de Rosenmüller. 2° Vascula aberrantia. Les vascula aberrantia de Haller (17), les conduits déférents borgnes de A. Cooper (11), les appendices de Lauth (23), appendus à la partie terminale de lepididyme ou à l’origine du canal déférent, doivent être envisagés comme des canalicules du corps de Wolff [ Lauth (24), Kobelt (20)], dont l’extrémité profonde a été en quelque sorte séparée du réseau testiculaire, par suite de l’allon¬ gement du canal de Wolff devenu l’épididyme, ou encore comme des canalicules de la partie inférieure du corps de Wolff n’ayant pas participé à la formation de ce réseau. La structure de ces conduits est du reste iden¬ tique à celle des vaisseaux efférents. On peut observer de pareils appendices sur tout le trajet de l’épididyme, au niveau de la tête, et même le long des vaisseaux efférents [Kobelt (20), Luschka (28)]. Enfin Roth (39) a signalé récemment l’existence assez fréquente de vasa aberrantia annexés au rete testis, et se dirigeant par leur extrémité libre vers lepididyme. Ces diverticules représentent des canalicules du corps de Wolff qui, à l’inverse des vasa aberrantia de Haller, se sont détachés du canal de l’épididyme, mais ont conservé leur commu¬ nication inférieure avec le rete testis (Roth). 3° Hydaiicles pédiculêes. » On rencontre parfois au niveau de la tête de 1 épidi- dyme, une petite vésicule appendue par un pédicule assez grêle à la surface de la séreuse. C’est l’hydatide pédiculée beaucoup moins constante que l’hydatide non pédiculée ou de Morgagni, dont il sera question plus loin à propos de la destinée du conduit de Müller. Cette hydatide, de forme généralement sphérique ou ovoïde , et à surface lisse, séreuse, mesure à peine quelques millimètres d’épaisseur. Elle est tapissée intérieurement par une couche de cellules épithéliales cylindriques à cils vibrai iles, dont la hauteur varie de 15 à 20 p ; la longueur des cils est de 6 [j.. Sur le cadavre, on trouve flottant dans le liquide de la cavité, de nombreux pla¬ teaux épithéliaux détachés de leur corps cellulaire , et supportant encore leur pinceau de cils vibratiles. Il existe rarement plusieurs hydatides pédiculées im¬ plantées sur la tête de lepididyme. Nous avons pu toute¬ fois en observer exceptionnellement jusqu’à quatre sur un homme de 35 ans, indépendamment de 1 hydatide sessile qui occupait sa place habituelle à l’extrémité supé¬ rieure du testicule. La signification embryogénique de cette hydatide n’est pas encore nettement déterminée. On a bien invoqué l’extrémité péritonéale du canal de Wolff, mais cette interprétation ne peut évidemment s’appliquer qu’à une seule hydatide. Les conduits de Semper, s’ils venaient à être démontrés sur le corps de Wolff des mammifères, nous permettraient peut-être de nous rendre compte par leurs extrémités péritonéales des hydatides multiples, et par leurs extrémités profondes des vasa aberrantia annexés aux vaisseaux efférents (Kobelt.) — 330 — B. CHEZ LA FEMELLE. 1° Corps de RosenmÜller . Svn. Corps conique , RosenmÜller (38); Nebeneiers- tock, parovarium , Kobelt (20) ; parovarium , His (18); epoophoron, Waldever (46). Le corps de RosenmÜller est un organe tubuleux situé dans l'épaisseur du ligament large , au voisinage de l’ovaire. La préparation de cet organe est assez délicate, et exige une macération préalable dans de l’eau acidulée. Encore faut-il avoir soin de choisir un sujet chez lequel le corps de RosenmÜller, extérieur à l’ovaire, ne soit pas masqué par des vésicules adipeuses (porc), ou par des fibres musculaises lisses trop abondantes (vache). Voici comment nous avons coutume de procéder pour la femme et la brebis qui nous ont paru réaliser les condi - tions précédentes. Les ligaments larges sont détachés de l’utérus, et soumis pendant quelques heures à un lavage continu qui a pour but de les débarrasser de tout le sang qu’ils renferment. On les dépose ensuite dans un bain légèrement acidulé (acide acétique ou acide tartrique), jusqu’à ce que tout le tissu lamineux se soit gonfléet soit devenu transparent. Ce résultat est généralement obtenu au bout de 24 heures. Dans le cas contraire, il faut renou¬ veler la solution d’acide acétique, ou augmenter le degré de la solution. Quelques heures de macération suffisent pour les fœtus et les nouveau-nés s Les ligaments larges sont alors étalés et tendus sur une plaque de liège préa¬ lablement recouverte d’une feuille de papier noir. La dissection doit se faire sous l’eau et avec des ciseaux. Chez la brebis, on peut détacher successivement les deux feuillets péritonéaux, et respecter l’organe de Rosen¬ mÜller en entier avec la couche de tissu cellulaire lâche qui l’englobe. La pièce montée dans la glycérine est d’abord assez épaisse , en raison du gonflement du tissu conjonctif par l’acide acétique; mais peu à peu ce tissu perd de son eau , ses éléments s’affaissent, et la prépa¬ ration peut-être facilement examinée au microscope. Ce mode de préparation du corps de Rosenmüller est également applicable chez la femme à la naissance et pen dant les premières années. Chez l’adulte, 1 épaisseur des tubes et leur disposition dans des plans différents, s’oppo¬ sent à la dissection et à la conservation en bloc de l’or¬ gane. Il faut alors isoler complètement les différents tubes du tissu qui les entoure, et essayer d’étaler sur une plaque de verre le corps de Rosenmüller dans sa forme et ses dimensions primitives. La macération pendant'24 heures dans de l’eau légère¬ ment acidulée n’est pas un obstacle à l’examen microsco¬ pique. On peut ensuite durcir le tissu par les procédés ordinaires(gomme et alcool), et y pratiquer des coupes où les éléments seront très-suffisamment conservés. Nous possédons des préparations de l’organe de Giraldès ob¬ tenues de cette façon, où les cellules épithéliales suppor¬ tent encore leur pinceau de cils vibratiles. Nous commencerons notre description par l’organe de Rosenmüller de la brebis qui possède une structure plus complexe et plus instructive que celui de la femme. Ie Brebis. — Chez la brebis, le corps de Rosenmüller est annexé à l'extrémité externe de l’ovaire. Il est situé dans l’épaisseur du ligament large entre les vaisseaux du bulbe et la trompe qui décrit vers sa terminaison une courbe à concavité postérieure. Il se compose d’une dou¬ zaine de tubes (I), plus ou moins sinueux, réunis en dehors par un canal marginal commun. Du côté de l’ovaire, tous ces conduits convergent l’un vers l’autre, à la manière des rayons d’un éventail , s’anastomosent entre eux , et forment un réseau d’où se détachent quelques tubes recti- lignes qui s’enfoncent dans l’ovaire. La disposition précédente reproduit entièrement celle (I) Nous notons sur plusieurs préparations les nombres suivants 9 1- — 332 — du réseau testiculaire, des vaisseaux efférents et du canal de l’épididyme chez le mâle. Les recherches embryogéni- ques ont du reste montré que le corps de Rosenmüller est également un vestige de la région sexuelle du rein primitif. Le canal de Wolff persiste sous forme de canal collecteur, et continue a recevoir les canalicules Ou corps de W olff, devenus les tubes radiaires de l’organe de Rosenmüller. Aussi, déjà en 1847, Kobelt (20), frappé de la descendance commune de ces parties chez l'homme et chez la femme, et de leur similitude de rapports avec l’organe génital, proposa de désigner le corps de Rosen¬ müller sur le nom de Nebeneierstock ( parovarium ) (I). Plus tard His (18) comprit sous ce même nom de paro¬ varium l’ensemble des restes du corps de Wolff chez la femelle. Enfin Waldeyer (46), divisant le corps de Wolff en deux parties ou régions, donna aux restes de la région sexuelle le nom d ’époophoron, et à ceux de la région urinaire le nom de paroophoron. Pour que l'homologie des parties précédentes avec l’épididyme et le corps des Giraldès ou paradidyme , fût complète, il conviendrait de réserver le nom d’époophore au canal collecteur du corps de Rosenmüller (seul homologue du canal de Fépididyme), et de désigner les autres parties de cet organe des mêmes noms que leurs parties homologues chez le mâle [vais¬ seaux efférents , réseau ovarien, canaux droits). Le corps de Rosenmüller dont nous n’avons fait qu’indi¬ quer la configuration générale, présente suivant les sujets de grandes variations de forme et de dimensions qui dé pendent surtout de l’atrophie plus ou moins grande du canal collecteur ou époophore. Une partie des vaisseaux efférents se terminent alors extérieurement par des ex¬ trémités effilées ou légèrement renflées ; les autres en¬ core réunis par l’époophore, décrivent des sortes d’anses (I) Es (Rosenmüller’scbes Organ) verbalt sich zu diesem (Eierstock) in jeder Beziehung genau ebenso, wie der Nebenboden zum Hoden und wird wobl am passendsten unter dem Namen Nebeneierstock ( parovarium ) in unsern Lehrbüchern der Anatomie seine Stelle finden müssen. » Loc. cit. ou d’arcades à concavité dirigée vers le réseau. Dans les cas extrêmes, le canal collecteur peut même faire com¬ plètement défaut ; quand au rete ovarien, il ne manque jamais. Les vaisseaux efférents sont tantôt rectilignes et tantôt chargés de sinuosités qui rappellent les vaisseaux effé¬ rents du testicule. Leur longueur mesurée sur les organes les plus développés varie de 10 à 30 millimè¬ tres, leur diamètre de 40 à 50 p-. Ils possèdent une enve¬ loppe lamineuse tapissée intérieurement par une couche de cellules épithéliales ciliées (20 à 20 p). Ces cellules diminuent de hauteur, et perdent leurs cils au niveau du réseau ovarien. Nous avons déjà vu que les conduits ho¬ mologues du testicule présentent des modifications de même nature. Chez la brebis en gestation ainsi que chez la truie, les vaisseaux efférents du corps de Rosenmüller peuvent être remplacés par des chapelets de petits kystes dont quelques-uns atteignent le diamètre d’une noisette et même au-delà. Ces kystes renferment un liquide hyalin dans lequel il est fréquent de rencontrer des cristaux de cholestérine. Parfois ces cristaux sont assez abondants pour remplir complètement la cavité du. kyste, et pour lui communiquer des reflets argentés à la lumière réflé¬ chie. Le liquide lactescent d’un kyste ouvert six heures après la mort de l’animal, contenait quelques cristaux de cholestérine et quelques leucocytes, et une multitude de plateaux ciliés détachés de leur corps cellulaire. 2° Carnassiers, insectivores, cétacés. — Chez beau coup d’animaux, le réseau du corps de Rosenmüller se trouve englobé dans la région médullaire de l’ovaire , justifiant ainsi la dénomination de réseau ovarien que nous lui avons donné chez la brebis, et rendant l’homo> logie avec le réseau testiculaire encore plus frappante. Les tubes droits, plus nombreux que chez la brebis, se continuent profondément avec des cylindres épithéliaux pleins, sans lumière centrale, qui occupent toute la zone — 334 — médullaire de l’ovaire, et parfois même pénètrent dans la zone parenchymateuse. Ces cylindres qui ont reçu le nom de cordons médullaires (Marksstrànge) sont en général plus larges que les tubes droits auxquels ils succèdent ; ils se ramifient dichotomiquement et décrivent de nombreuses flexuosités. Ils ont été signalés par Waldeyer (46) et par Romiti (37) chez la chienne, la chatte et le veau, par Born (7) chez la pouliche, par Balfour (4) chez la lapine et la brebis, et par Mac Leod (26) chez la taupe, la chauve-souris et le hérisson. Chez le murin, Ed. Van Beneden (44) a donné une excellente description de ce système médullaire qu’il considère comme formé des parties suivantes : 1° cordons pleins ; 2° cordons tubulaires ; 3° corps réticulé ; 4" paro¬ varium. Les tubes du parovarium (vaisseaux efférents), compris dans le ligament large, au voisinage de l’ovaire, sont tapissés par un épithélium cilié ; les cellules épithé¬ liales du corps réticulé (réseau ovarien) et des cordons tubulaires (canaux droits) sont, de même que chez la brebis, dépourvues de cils vibratiles. Les cordons médullaires (cordons pleins de Van Beneden), sont considérés par Waldeyer, Balfour (I) et Rouget (42) , comme les homologues des canalicules séminifères, et de fait il existe de grandes analogies entre ces parties (Balfour, Mac Leod), au moins pendant la période embryonnaire. On sait, en effet, que les cana¬ licules séminifères sont primitivement représentés par des cylindres épithéliaux sans lumière centrale. Ajoutons que Kolliker (21) et Rouget (42) pensent que ces cordons médullaires contribuent à la formation des ovisacs, en fournissant les éléments de la membrane granuleuse. L ovaire du dauphin et de la haleine renferme un (I) Balfour (4) assimile les tubes du réseau ovarien et les cordons mé¬ dullaires [tubuli ferons t issue), aux cordons segmentaires (Segmentalstrânge) découverts par Braun (8) sur les reptiles II les fait également provenir, sous forme de bourgeons épithéliaux, de la paroi de quelques corpuscules de Malpighi du corps de Wolff qui avoisinent l’extrémité antérieure de l’ovaire . — 335 — Il réseau ovarien extraordinairement développé, mais nous n’avons pu y découvrir les cordons médullaires pleins de Waldeyer. Tous les tubes profonds émanant du réseau, étaient pourvus d’une lumière très nette, et possédaient un revêtement épithélial prismatique. Il doit, du reste, exister de grandes variations, non- seulement suivant les animaux envisagés, mais encore suivant les différents âges, chez le même animal. 3° Femme. — Le corps de Rosenmüller (I) se trouve réduit chez la femme aux vaisseaux efférents et à leur canal collecteur. Il est situé dans l'aileron de la trompe, entre les deux feuillets péritonéaux du ligament large, en avant des vaisseaux ovariens. Le canal collecteur ou époophore (canal de Wolff) chemine parallèlement à la trompe, aune distance de un à deux centimètres. Les vaisseaux efférents qui s’en détachent convergent tous vers le hile de l’ovaire, et se terminent dans son voisinage par une extrémité effilée ou légèrement renflée lîj en ampoule. Ils suivent en général un trajet sinueux, présentant le long de leurs bords et de distance en distance de petites excroissances ou bourgeons latéraux _ . _ — (I) Cet organe entrevu par Wrisberg (48), a été en réalité découvert par Rosenmüller. Voici la description qu’en donne cet anatomiste sur des nouveau-nés humains (88) : Si vero duplicatura peritonaei, quæ interest inter tubam et ovarium, admoto lumine diligenter inspicitur , inesse ei pone sustentaculum externum corpus quoddam conicum, non ita pelluci- dum, reperitur, cujus basis tubam, apex autem superiorem ovarii extremi- tatem spectet. . . loc. cit., pag. 13. . . Summa vero attentione dignum nec ab ullo hucusque, quod sciam, observa tum videbatur mihi corpus illud coni¬ cum, in omnibus cadaveribus fœtuum natorum mihi obvium. In infante duodecim bebdomadum illud admotum magnum constare reperiebam e multis canaliculis in basi corporis conoidei inter se convolutis et latioribus, i tum versus extremitatem ovarii superiorem procedentibus, ubi angustati et sibi invicem proprius adjuneti evanescebant. Talium canaliculorum circiter viginti numerati. — Loc. cit., pag. 14. Rosenmüller avait pressenti l’homologie de l’organe qu’il venait de dé¬ couvrir avec l’épididyme. Il dit en effet (loc. cit., pag. 15) : « An forte inter hoc corpus conicum et ejusdem ductus similituüo quædam intercédât cum vase deferente et epididimide corporis masculini nolo decernere ...» — 336 — dont la cavité communique avec celle du tube auquel ils sont annexés ; on peut aussi rencontrer des ramifica¬ tions complètes. La forme générale du corps de Rosen- miiller est celle d’un cône (cône de Rosenmüller), ou mieux d'un triangle dont la base élargie répond à l’époo- phore, et dont le sommet inférieur tronqué regarde le hile de l’ovaire. Chez l’adulte, le corps de Rosenmüller déborde légèrement l’ovaire en dehors ; son sommet est par conséquent rapproché de l’extrémité externe de cet organe (Kobelt, Follin). Les dimensions du corps de Rosenmüller, mesurées sur des pièces étalées, après traitement par l’acide acétique, varient en largeur (longueur du canal collec¬ teur) de 3 à 4 c/m et en hauteur (largeur des vaisseaux efférents) de 1 c/m } a 2 c/m. Le nombre des tubes sur quatre sujets différents a été de 13, 14, 16, 18 ; leur diamètre irrégulier mesure de 30 à 60 jx. Ils possèdent une enveloppe lamineuse tapissée intérieurement par une couche de cellules épithéliales ciliées, d’une hauteur de 18 p. Le canal collecteur peut être interrompu, comme chez la brebis, sur une certaine partie de son étendue, et l’organe divisée en deux ou en plusieurs tronçons. Par¬ fois l’atrophie a porté sur l'origine d’un vaisseau efférent qui se trouve ainsi détaché de l’époophore. On peut considérer au corps du Rosenmüller. comme à l’épididyme, une partie externe en tête, et une extré¬ mité interne en queue. La tête renflée est formée par un certain nombre de vaisseaux efférents tassés les uns contre les autres, et décrivant une série d’arcades à convexité externe ; elle fait souvent saillie à la face anté¬ rieure de l’aileron de la trompe, à une petite distance du ligament tubo-ovarien. Les vaisseaux efférents de la queue plus espacés affectent une direction sensiblement verticale : ce sont les homologues des vasa aberrantia de l’épididyme. Le corps de Rosenmüller augmente de dimensions — 337 — avec l’âge , ainsi qu’il est facile de s’en assurer, en con sultant le tableau suivant : LARGEUR DU CORPS LONGUEUR de Rosenmüller. des vaisseaux efférents Fœtus (7e mois) . Fillette (13 jours). . . . » (6 ans) . Femme (20 à 30 ans). (4 sujets) i c/m' 1 c/m. 3 1 c/m. 7 3 à 4 c/m. -i-. 2 m/m. à 2 m/m. ^ 7 m/m. 12 m/m. 15 à 20 m/m. A partir de la ménopause, l’organe subit une atrophie progressive. Sur une femme de 80 ans, il ne mesure plus que 12 millim. de largeur ; la plupart des tubes ont une longueur inférieure à 1 c/m. 2° Hydatide pédiculée de la trompe. L’hydatide pédiculée qui avoisine la tête du corps de Rosenmüller chez la femme, est plus constante que celle de l’homme. On la trouve généralement appendue à l’extrémité frangée de la trompe. Ses caractères sont du reste identiques à ceux de l’hydatide pédiculée chez l’homme : sa vésicule terminale est de même tapissée par un épithélium prismatique à cils vibratiles. Cette’ hydatide paraît répondre embryogéniquement à l’extrémité supérieure du canal de Wolff (Luschka) (I). Les hydatides accessoires, qu’on observe dans quelques cas, seraient peut-être en rapport, ainsi que celles de l’homme, avec les entonnoirs péritonéaux de Semper. (I) v' Die Hydatide, welche sich au den weiblichen Ctechlechtsorganen so gewôhlieb am Ende des Fledermausflügel befmdet, entsprieht genelisch dem blinden Ende des Ausfuhrungsganges vom Wolf'fschen Kôrper. » Luschka, loc. cit. 24 — 338 — PARTIE URINAIRE. A. CHEZ LE MALE. Organe de Giraldès. Syn. Corps innommé , Giraldès (16); organe de Gi¬ raldès, Kôlliker ; parèpididyme , Henle ; paradidyme, Waldeyer (46). L’organe de Giraldès se compose, chez l’homme, de deux ou trois petits amas de tubes irréguliers et de vési¬ cules, échelonnés à la partie inférieure du cordon, au- dessus de la tête de l’épididyme. Ces amas siègent de préférence au-dessus du cul-de-sac supérieur de la vagi¬ nale, en avant du paquet vasculaire. Quand ils existent au-dessous , ils sont logés dans le tisu cellulaire lâche qui unit le cordon à la tunique vaginale. Enfin, il n’est pas rare d’observer à la fois des groupes inférieurs sous- séreux, et des groupes supérieurs situés au-dessus du cul-de-sac séreux. Chez le bélier, ces groupes sont com¬ pris dans le méso qui relie le canal déférent à la paroi postérieure de la gaine vaginale, au voisinage des vais¬ seaux ; on en trouve également le long du corps de l’épididyme. Le diamètre de ces différents amas ne dé¬ passe pas quelques millimètres. Pour procéder d’une manière sûre à la recherche de l’organe ou mieux des organes de Giraldès, il est indis¬ pensable de recourir au mode de préparation indiqué par Giraldès, qui consiste à gonfler le tissu cellulaire et à le rendre transparent par l’action d’un acide. Nous avons suffisamment insisté , à propos de l’organe de Rosenmüller, sur tous les détails opératoires, pour que nous n’ayons pas à y revenir ici. La principale difficulté réside d’ailleurs dans l’abondance plus ou moins grande des vésicules adipeuses. On parviendra cependant avec un peu d’habitude à reconnaître assez facilement les grains de Giraldès, qui tranchent par leur teinte grisâtre sur le fond argenté des lobules adipeux ; ces derniers ■ sont du reste transparents à la lumière transmise, tandis que les grains, placés dans les mêmes conditions, sont opaques. La configuration des corps de Giraldès diffère tellement d’un organe à l’autre, qu’elle échappe pour ainsi dire à toute description. Nous ne pouvons que renvoyer à la série des figures qu'en donne Giraldès à la fin de son mémoire sur le corps innorniné (14). La forme des tubes est également variable : tantôt c’est un simple boyau épithélial de* diamètre uniforme, diversement con¬ tourné sur lui-même , tantôt ce boyau présente sur son parcours des bourgeons latéraux ou des renflements vésiculaires plus ou moins nombreux ; ses extrémités arrondies en cul-de-sac sont souvent occupées par une dilatation ampullaire. Le diamètre des tubes est environ de 1 dixième de millimètre ; celui des dilatations tubu¬ leuses ou de vésicules isolées varie de 1/2 à 1/3 milli¬ mètre : il peut devenir beaucoup plus considérable dans certains cas pathologiques {hydrocèles enkystées , kystes du cordon). Toutes ces parties, tubes et vésicules, sont revêtues intérieurement par une couche de cellules épithéliales prismatiques à cils vibratiles , dont le corps cellulaire renferme des gouttelettes graisseuses, surtout abondantes dans la profondeur. Quelques-unes de ces gouttelettes mesurent jusqu’à 6 et 9 jx de diamètre. La longueur des cellules est d’environ 30 ^ , celle des cils de 12 yc En dehors de ce revêtement épithélial, existe une couche hyaline très nette (membrane basilaire) de 3 à 6 a d’é¬ paisseur, doublée d’une enveloppe lamineuse dense de 30 à 40 jx. Le tissu cellulaire lâche interposé renferme de nombreux vaisseaux et quelques vésicules adipeuses à sa périphérie. Le liquide des vésicules isolées et des dilatations tubuleuses contient des gouttelettes de graisse et des cristaux de cholestérine ; on y trouverait en plus, d’après Roth (40), des concrétions de phosphate de chaux. Giraldès avait déjà nettement indiqué la provenance em- brogénique du corps innommé, bien qu’il se soit mépris sur — 310 — son homologie chez la femme. Il dit, en effet (16) : « Si l’on a égard à sa forme tubuleuse, à sa position chez le fœtus, à ses rapports dans le cordon, on est porté à se deman¬ der s’il n’a pas quelque analogie avec le corps de Rosen- müller, organe également tubuleux, qui, chez la femme adulte et chez le fœtus, affecte avec l’ovaire des relations analogues à celles du corps innominé avec le testicule. Si l’on a égard en outre, aux rapports du corps de Wolff avec l’organe secréteur de sperme, si l’on tient compte de son mode de disparition, on est porté à penser que le corps innominé est constitué par les restes du corps de Wolff, et qu’à cet égard il représente chez l'homme l’analogue du corps de Rosenmüller chez la femme. » Aujourd’hui que nos connaissances sur la composition du corps de Wolff sont plus avancées, nous pouvons préciser plus exactement la provenance du corps de Giraldès, et le rattacher, avec Waldeyer, à la partie inférieure ou urinaire du corps de Wolff. L’organe de Giraldès augmente de dimensions avec l’âge. Chez l’adulte, il est de trois à quatre fois plus volu¬ mineux que chez le nouveau né (Giraldès). B. CHEZ LA. FEMELLE. Parovarium, His ; paroophore, Waldeyer. On retrouve également chez la femelle des vestiges de la partie urinaire du corps de Wolff, sous forme de petites vésicules situées dans l’épaisseur du ligament large , entre l’ovaire et la trompe, en dedans de l’organe de Rosenmüller. C’est à ces vestiges considérables chez la f oule que His (18) a donné le nom de parovarium. Waldeyer (46) les a nettement différenciés chez les mam¬ mifères, et a montré qu’ils dérivaient, comme le corps de Giraldès (paradidyme) chez le mâle, de la partie uri¬ naire du corps de Wolff, d’où le nom de paroophore qu'il leur a consacré. Ces restes sont moins abondants que chez le mâle et leur siège moins précis. Nous les avons vainement cherchés chez la femme adulte. Chez — 341 mie fillette de 13 jours, nous trouvons entre les tubes de l’organe de Rosenmüller, tout contre l’ovaire, ainsi qu’cn dedans de ces tubes, quelques vésicules indépen¬ dantes qui nous paraissent répondre au paroophore de Waldeyer. Chez la brebis, les vésicules sont répandues par petits amas au pourtour du corps de Rosenmüller et même à son intérieur, sans aucun ordre apparent ; elles sont toutefois plus nombreuses à la partie inférieure de cet organe. Les plus volumineuses mesurent de 2 à 3 millimètres de diamètre. Chez un embryon de mouton de 15 centimètres , le paroophore est représenté par une trainée grisâtre qui se détache de l’extrémité interne du corps de'.Rosenmüller, et se dirige en dedans et en bas, au-dessous de l’ovaire. Cette trainée, composée de vési¬ cules épithéliales, est séparée de l'ovaire par une seconde trainée jaunâtre au niveau de laquelle les cellules du tissu conjonctif sont farcies de granules colorés, ainsi qu on peut l’observer au pourtour des foyers hémorrhagiques. Ce pigment s’explique facilement par le fait de la régres¬ sion des corpuscules de Malpighi du corps de Wolff. Les vésicules irrégulières et bosselées du paroophore . offrent la composition des vésicules de l’organe de Giral- dès : elles sont tapissées par un épithélium prismatique à cils vibratiles. Elle peuvent de même s’hypertrophier et donner naissance à des tumeurs kystiques des ligaments larges. Il est à remarquer que les kystes développés aux dépens de l’organe de Rosenmüller, du paroophore ou de l’organe de Giraldès ont ceci de commun qu ils possèdent un revêtement épithélial cilié, et qu'ils renfer¬ ment fréquemment des paillettes de cholestérine. CHAPITRE II. Destinée du canal de Wolff. A. CHEZ LE MALE. Èpididyme, canal défèrent , etc. Nous avons déjà indiqué précédemment que le canal de Wolff persistait dans toute sa longueur chez le — 342 — mâle. La portion attenante au corps de Wolff, c’est-à- dire comprise entre le sommet de cet organe et l’in¬ sertion du gubernaculum de Hunter, s’allonge, décrit de nombreuses flexuosités , et devient le canal de l’épididyme ; sa portion libre fournit le canal délérent et plus loin le canal ejaculateur (I). Les vésicules séminales sont de simples diverticulums des canaux de Wolff qui apparaissent vers la fin du troisième mois environ. Rappelons encore que le renflement des canaux de Wolff, au voisinage de leur terminaison, se retrouve dans la dilation ampullaire des canaux déférents. . La direction primitive du canal de Wolff, à mesure que se produisent les différents changements que nous venons d’indiquer, se modifie considérablement, sous l’influence de la migration du testicule au fond des bourses Des nombreuses opinions émises sur les causes de ce phénomène et que nous ne pouvons rappeler toutes ici, la plus satisfaisante est assurément celle qui rapporte la descente du testicule à un allongement inégal du gubernaculum et des parties voisines. Il faudrait peut- être ajouter à- cette cause dominante, un certain degré de rétraction du gubernaculum, par disparition progres¬ sive de la matière amorphe abondante au début entre les éléments fusiformes de ce cordon (probablement des fibres musculaires lisses). Encore est-on obligé d’admet¬ tre, comme condition préalable, la fixité de son insertion inférieure. Dès lors le gubernaculum, s’attachant par son extrémité inférieure au fond des bourses contre la tuni¬ que fibreuse, par son extrémité supérieure à la partie interne du corps de Wolff, et par sa portion abdominale (I) ^ Ie passage de Kobelt (20) relatif à ces modifications du canai ue Wolff : « Das Mittelstück des Ganges wird durch Verlângerung zum vielfach gewundeiirn canalis epididymis im Schwanze des Nebenhoden, sein mteres Ende aber durch allmalige Verdickung zum vas deferens unü behâlt seine frühere Emsenkungstelle in den, jetzt freilich umgestalteten canalis urogenitalis bei. » Joh. Muller (30), H. Rathke (35), faisaient provenir le canal déférent comme 1 oviducte du conduit génital ou conduit de Muller. à la face profonde du péritoine qui le recouvre en avant, il sera facile de comprendre que toute différence de croissance entre le gubernaculum et les parties voisines, ou toute rétraction de ce cordon, déterminera une inva¬ gination du péritoine dans les bourses (dépression scro- tale), et rapprochera en même temps le testicule de l’ar¬ cade crurale. Le phénomène s’accentuant de plus en plus , le testicule finira par s’engager dans le canal inguinal, et par occuper sa position définitive dans les bourses. Dans ce mouvement d’abaissement du testicule , le point où le gubernaculum vient se fixer supérieurement sur le canal de Wolff, se trouve entraîné le premier. Il en résulte la production d’un coude à sommet inférieur qui permet de reconnaître au canal de Wolff deux par¬ ties distinctes : l’une externe, canal de l’épidi-lyme ; l’au¬ tre interne, canal délérent. En même temps, le testicule, couché presque horizontalement dans la dépression géni¬ tale du rein primitif, en arrière du canal de Wolff, se redresse peu à peu, et se place dans l'angle formé par le canal déférent et par l’épididyme. Plus tard, par suite de son accroissement, il vient faire saillie dans la cavité abdominale, empiétant légèrement sur le canal déférent qu’il refoule en arrière et en dedans. La gubernaculum subit avec l’âge de profondes modifi¬ cations. 11 continue toujours à fixer le testicule et la queue de l’épididyme à la partie postérieure et inférieure des bourses, mais ses éléments musculaires se multi¬ plient considérablement et envahissent latéralement et inférieurement la .unique vaginale (cremaster interné) et la partie la plus interne de la tunique fibreuse [cre¬ master moyen). Le gubernaculum constitue ainsi chez l’adulte un muscle lisse [cremaster lisse) en forme d’en¬ tonnoir, dont le sommet répond au point d’attache du testicule et de la queue de l’épididyme, et dont la partie évasée supérieure, composée de deux feuillets (cremaster interne et moyen) embrasse le testicule dans son excava- — 34 i — lion (I). Tout porte à croire que ce cremaster lisse joue un rôle important dans la progression du sperme. Le cremaster externe strié (musculus testis de Hunter) est un muscle absolument indépendant du gubernacu- lum ; son épanouissement inférieur (tunique érythroïde) en est séparé par presque toute l’épaisseur de la tuni* que fibroïde. D'après les recherches de M. Barrois (5), faites sur des embryons de mouton et de porc, ce muscle ne remonterait jamais dans la cavité abdominale. B. CHEZ LA FEMELLE. Conduits de Gartner. Les canaux de Wolff que nous avons vu se transfor¬ mer en spermiductes chez l’homme , disparaissent au contraire en totalité chez la femme, à l’exception tou¬ tefois de la courte portion qui reçoit les vaisseaux efférents de l’organe de Rosenmüller. Il n’en est pas de même chez tous les mammifères. Ainsi, chez la vache et la truie , les canaux de Wolff persistent dans leurs tiers inférieur, et constituent, chez l’adulte, deux conduits parallèles situés dans la paroi antérieure du. vagin , et venant s’ouvrir à son extrémité inférieure , de chaque côté du méat urinaire. Ces conduits signalés d’abord par Malpighi, dans une lettre adressée à Jacob Spon (1681) , furent découverts une seconde fois en 1822 par Gartner qui leur laissa son nom. Gartner les décrivit chez la vache et chez la truie (I) ; Jacobson (19) et Rathke (35) démontrèrent quelques années plus tard leur relation avec les canaux de Wolff. Depuis ils ont été rencontrés sur différents mammifères. Arloing (II) les a observés chez le lièvre , et Preu- schen (33) chez la chatte et le renard. (1) Pour de plus amples détails sur la composition et la disposition de ces différents feuillets musculaires, voir la thèse de M. Th. Barrois : Contri¬ bution à l'étude des enveloppes du testicule. — Lille. 1882. (II; i> J ai examiné plusieurs utérus pendant et hors la grossesse, et même tes matrices de ces animaux auxquels on a extirpé les ovaires, j’ai généra- — 345 Sur une génisse que nous avons pu examiner, ces con¬ duits atteignaient une longueur de dix centimètres. Leur extrémité supérieure terminée en cul de-sac, se trouvait à une distance de six centimètres de la fleur épanouie (museau de tanche). De là, ces conduits descendaient pa¬ rallèlement dans la paroi antérieure du vagin, et, arrivés à un centimètre environ du méat urinaire , s’ouvraient par un orifice ovalaire à la surface du vagin, de chaque côté de la iigne médiane. Le diamètre transversal de cet orifice mesurait 5 millimètres. Au voisinage de leur terminaison, on observait un léger renflement rappelant la dilatation ampullaire des canaux déférents. Ce renfle¬ ment déjà signalé chez la vache par Gartner et de Blain- ville, aurait été retrouvé chez la chatte par Preuschen. Les conduits de Gartner présentent fréquemment sur leur parcours des étranglements plus ou moins accusés, que les injections mettent surtout nettement en évidence. Ailleurs ces conduits interrompus de distance en dis¬ tance sont remplacés par de petits kystes disposés à la file, à la manière des grains d’un chapelet. Dans notre exemple il existait deux interruptions du côté droit. Chez la vache, la face interne des conduits de Gartner est creusée, dans leur tiers moyen, de nombreuses exca¬ vations qu’on ne saurait mieux comparer qu’aux sinus de la portion terminale -des canaux déférents. Chez la truie, ces excavations très développées, affectent la forme de petits bourgeons qui se détachent latéralement de la paroi des conduits. Mentionnés par Gartner et par Jacobson, sous le nom de corps glanduleux, ces bourgeons ont été décrits de la façon suivante par Follin (14) : « Dans la truie, il existe le long de la portion vaginale et quelque¬ fois aussi de la portion utérine du conduit de Gartner, de petits canaux appendus à ses côtés, qui s’injectent en lement trouvé le même résultat, à savoir un canal qui commence de chaque côté de l'endroit où le vagin finit dans les cornes de l’utérus, passe à travers un corps glanduleux au milieu du vagin, se dirige sous le sphincter de la vessie, et perfore le vagin étroitement de chaque côté de l’orifice de l’u rèthre. » — Gartner (15). — ( Extrait de la thèse de Follin). — 346 — même temps que le canal et n’en sont que des diverticu- lums. Sur un utérus de truie où ils sont très bieninjec tés, j’en ai pu compter jusqu’à vingt (I) ». D’après Follin (14), les conduits de Gartner posséde¬ raient une enveloppe fibro-musculaire revêtue intérieure¬ ment par une couche épithéliale pavimenteuse. Nous n’avons pas retrouvé cette composition chez la vache. La paroi lamineuse des conduits ne se distingue pas à pro¬ prement parler de la trame ambiante (II): elle ne renferme aucun élément musculaire. Elle est tapissée par une couche unique de cellules épithéliales cubiques ou pris¬ matiques qui nous ont paru totalement dépourvues de cils vibratiles. Chez le renard, Preuschen aurait rencontré par places des cellules ciliées. Les conduits de Wolff qui s'atrophient normalement chez la femme, peuvent persister exceptionnellement sur une partie plus ou moins longue de leur trajet. Tel est le cas cité par Columbus (10) où, à côté des trompes, exis¬ taient deux conduits qui partaient de l’ovaire et allaient se terminer à la base d’un clitoris très-développé. De même Baudelocque , Merkel, Moreau, Fœrster, etc., ont observé plusieurs fois de courts conduits se diri¬ geant du parovarium vers l’utérus. C’est probablement à des restes des canaux de Wolff qu’il faut attribuer, suivant H. Coblenz (9) , la plupart’ des kystes déve¬ loppés dans les parois latérales et antérieure de l’utérus et du vagin. L’origine wolffienne de ces kystes sera attestée par la présence à leur face interne d’une couche de cellules épithéliales cubiques ou cylindriques. (I) La description de Follin est relative à un cas où les canaux de Wolff avaient persisté dans toute leur longueur. (II) Il n existe pas chez la vache de tissu cellulaire sous-muqueux. La muqueuse vaginale se continue directement avec la tunique musculeuse sous jacente dont les faisceaux, d’abord rares et isolés, augmentent progres¬ sivement de nombre vers la profondeur C’est entre les premiers faisceaux musculaires que cheminent les conduits de Gartner, — 347 — CHAPITRE III. Destinée du conduit de Muller A. CHEZ LA FEMME. Trompes. — Utérus. — Vagin. On a souvent établi le parallèle de la destinée des canaux de Wolff et des conduits de Müller qui se com¬ portent d’une façon diamétrahment opposée dans les deux sexes. Ainsi, chez le mâle , les conduits de Müller, à l’inverse des canaux de Wolff , s’atrophient dans presque toute leur longueur , ne laissant à leurs deux extrémités que des vestiges insignifiants (utricule prosta¬ tique , hvdatide r.on pèdiculée). Chez la femelle, au contraire, ces conduits persistent complètement. Leurs moitiés inférieures s'accolent et se fusionnent sur la ligne médiane , formant ainsi une cavité unique (conduit utéro-vaginal) qui plus tard se subdivisera en vagin et en utérus ; leurs moitiés supérieures restées indépendantes deviennent les trompes qui continuent à s’ouvrir dans la cavité péritonéale par un orifice dilaté en forme d’en¬ tonnoir (pavillon). Il est à remarquer que l’épithélium pavimenteux stratifié du vagin et l’épithélium prisma¬ tique cilié de l’utérus et des trompes, proviennent tous deux de l’épithélium des conduits de Müller , dérivant lui-même de l’épithélium germinatif de Waldeyer. Ce mode de formation de l’utérus et du vagin permet de nous rendre compte de certaines anomalies intéres¬ santes qui résultent d’un arrêt de développement plus ou moins prononcé. La cloison primitive de séparation des conduits de Müller, dans la région qui répondra à l’utérus et au vagin, peut demeurer dans toute sa hauteur, et donner lieu à un utérus double (utérus bipartitus) coïnci¬ dant avec un vagin également double. Ailleurs la cloison dont l’atrophie se fait progressivement de bas en haut, ne s’est résorbée que dans la portion vaginale : le vagin sera unique, mais l’utérus double. Enfin la partie supé- — 348 — rieure seule de l’utérus pourra rester cloisonnée (utérus bicornis). Nous n’insisterons pas davantage sur ces diffé¬ rentes anomalies qu’il sera facile d’expliquer en se repor¬ tant au développement, et dont on trouvera une descrip¬ tion détaillée dans la thèse de M. Lefort (25). Rappelons en terminant que l’anatomie comparée nous montre de semblables arrêts de développement se produi¬ sant normalement chez quelques mammifères. Ainsi les monotrêmes et les marsupiaux possèdent deux vagins et deux utérus , les monodelphes un vagin unique avec un double utérus (I), etc. B. CHEZ LE MALE. PUlricule ou vésicule prostatique (Utricule deMorgagni). L’étude comparative des embryons aux différentes époques de leur développement, montre que les extré¬ mités inférieures des conduits de Millier se comportent chez le mâle comme chez la femelle, qu’elles se réunissent sur la ligne médiane , et qu’elles constituent une petite vésicule venant s’ouvrir au sommet du verumontanum, entre les canaux éjaculateurs. La plupart des auteurs désignent cette vésicule sous le nom d 'utérus mâle. Il serait plus exact de la rapprocher du vagin, développé égale¬ ment aux dépens des extrémités inférieures des con¬ duits de Müller, et de lui donner le nom de vagin mâle. Elle est, du reste, tapissée par un épithélium pavimenteux stratifié dans lequel s’enfoncent de courtes papilles arrondies (Klein dans Strickers Handbuch). La longueur del’utricule prostatique qui est environ de 10 à 15 millimètres chez l'homme à l’état normal, peut être beaucoup plus considérable. On trouve mentionnés dans la science, de nombreux cas où Vutricule prostatique (I) Il n’entre pas dans le cadre de notre travail de parler de l’absence partielle ou totale du vagin, de l’utérus et des trompes, qui reconnaît pour cause un arrêt de développement dans la formation même des conduits de Muller. On pourra consulter à ce sujet les différents traités de gynéco’ogie. — 349 — mesurait de 8 à 10 centimètres de long et même au-delà (Arnold) (2). Ces dimensions exagérées de l’utricule s’expliquent par le fait de la persistance d’un segment plus considérable des conduits de Müller. Quelques obser¬ vateurs signalent même des cas où les conduits de Müller auraient persisté dans toute leur longueur. Ainsi , J. A. Boogard (voy. Journal de VAnat. 1877, n° 2), aurait rencontré sur un sujet mâle de 66 ans, en dedans des uretères, deux conduits tubuleux naissant à la partie supérieure des reins, et venant déboucher par deux ori¬ fices distincts dans la région prostatique du canal de l’ urèthre. MM. Barth et Rémy (36) ont de même observé sur un enfant de 6 ans, à droite, un conduit qui naissait au mi¬ lieu d’un amas de kystes occupant la partie supérieure et interne du rein droit, et qui s’ouvrait inférieurement dans la vésicule prostatique. Les parois de ce conduit étaient formées de trois couches, une fibreuse, une muscu¬ leuse et une muqueuse. Le canal déférent et la vésicule séminale existaient du côté droit, par conséquent le con¬ duit en question répond bien au conduit de Müller I). Exceptionnellement, de même que chez la femelle, les extrémités inférieures des conduits de Müller peuvent ne pas se fusionner chez le mâle, et rester indépendantes : dans ce cas, la vésicule prostatique sera double. Nous avons ainsi rencontré sur un cheval de six ans, deux vésicules prostatiques qui s’ouvraient par deux orifices distincts à l’extrémité des canaux éjaculateurs. Ces deux vésicules dont la longueur mesurait 3 cent. 1/2, étaient couchées parallèlement en arrière et en dedans des vésicules séminales. Elles étaient tapissées dans toute leur étendue par un épithélium pavimenteux stratifié, ce qui tend à confirmer l’homologie que nous avons établie (I) Il serait intéressant de rechercher, dans le cas de persistance totale des conduits de Müller chez l’homme, si l’épithélium de ces conduits se modifie à une certaine distance de leur abouchement dans 1 utricule prosta¬ tique . — 350 — précédemment entre l’utricule prostatique et le vagin femelle. 2° Hydalide non pédiculée ou de Morgagni (Homme). L’hydatide non pédiculée, improprement appelée hyda- tide, est une petite saillie de quelques millimètres (I), à surface chagrinée, implantée sur l’extrémité antérieure du testicule, au-dessous de 1 épididyme, ou encore dans le sillon qui sépare le testicule de la tête de l’épididyme. Elle est formée de tissu lamineux riche en larges vais¬ seaux sanguins et lymphatiques, sans vésicules adipeuses. L’épithélium qui la tapisse est un épithélium cylindrique simple, à cils vibratiles, qui se modifie graduellement à sa base pour se continuer avec l’endothélium de la vaginale. Parfois l’hydatide est creusée d’un canal plus ou moins long qui vient s’ouvrir entre les plis de sa surface, et qui possède également un revêtement épithélial cilié (Roth) (41) : nous avons pu nettement vérifier ce fait sur un jeune homme de 15 ans. La signification embryogénique de l’hydatide sessile a donné lieu à de nombreuses interprétations. C’est ainsi que Fleischl (13) et W. Krause (22), l’assimilant à l’ovaire femelle, la désignent sous le nom d’ovaire mâle, tandis que Waldeyer (47), L. Lœwe (27) et Roth (41), la considè¬ rent comme représentant chez l’homme le pavillon de la trompe, c’est-à-dire comme dérivant de l’extrémité supé¬ rieure du conduit de Müller, ainsi que l’avait déjà avancé Kobelt (II). Nous nous rangeons entièrement à cette dernière opi¬ nion. Les nombreux plis qui sillonnent la surface de l’hydatide, le canal qui lui est annexé (canal tubaire), et surtout ia présence d’un épithélium cilié en rapport (I) Nous avons observé une hydatide dont la longueur atteignait 1*7 millimètres On peut considérer cette dimension comme exceptionnelle. (II) Kobelt appelle l’hvdatide de Morgagni : hydatide pédiculée , mais il entend évidemment sous ce nom notre hydatide sessile, puisqu’il affirme l’avoir rencontrée 25 fois sur 29 testicules. 1 v . v.: / de Rosenmiüler ( brebis ) immédiat avec la cavité de la vaginale, nous paraissent devoir rapprocher tout naturellement l’hvdatide du pavil¬ lon de la trompe. Toutefois, pour que cette interprétation pût être établie sans conteste, il faudrait avoir suivi chez le mâle, les modifications diverses de l’extrémité supé¬ rieure du conduit de Müller, ce que la migration du testi¬ cule rend fort difficile sinon impossible. Dans quelques cas, Roth (41) aurait vu s’ouvrir à la base de l’hydatide un vas aberrans détaché de la tête de l’épididyme , ce qui expliquerait la présence fréquente de spermatozoïdes dans le liquide de l’hydrocèle. Il aurait de même constaté plusieurs fois l’ouverture, à l'intérieur du pavillon de la trompe, du canal collecteur de l'organe de Rosenmüller. Il serait intéressant de savoir si l’hydatide pédiculée qu’on s’accorde généralement à considérer comme une dilatation kystique de l’extrémité supérieure du canal de Wolff, existait dans ces différents cas. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. I. — Organe de Rosenmüller chez la brebis (gr. — ). a, ovaire ; b , trompe ; c, organe de Rosenmüller dont les canaux convergent vers le réseau ovarien d\ e, canal de Wolff; f, f, f, restes de la partie urinaire du corps de Wolff. Fig. Il et III. — Deux aspects différents de l’organe de Rosenmüller 2 chez la brebis (gr.— ). Dans la fig. III, le canal de Wolff a totalement disparu ; les vais¬ seaux efférents, flexueux à la périphérie, sont pour la plupart anastomosés en arcade. a, a', kystes développés à l’extrémité de ces vaisseaux. TABLE BIBLIOGRAPHIQUE. 1. Arloing (S.). — Etude comparative sur les organes génitaux du lièvre, du lapin et du leporide (. Journde l'Anat. 1868). 2. Arnold. — Virchow' s Arc hiv. Bd. 47. 3. Balbiam. — Leçons d’anatomie comparée. Paris, 1879. 4. Balfour. — On the structure and development of the vertebrate ovary (Quart, journ. ofmicrosc. science , 1878). 5. Barrois (Th. -Ch,). — Contribution à l’étude des enveloppes du testicule. — Thèse, Lille 1882. 6. Beauregard H.) — Contribution à l’étude du développpement des organes génito-urinaires chez les mammifères. — Thèse, Paris, 1877. 7. Born. — Ueber die Entwickelung des Eierstockes des Pferdes (Reichert und D. B- R' s Arch 1874). 8. Braun. — Arb. aus d. zool. Institut Würtzburg, Bd. IV. 9. 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DEBRAY, licencié ès-sciences naturelles. « Cæterum, nullius in verba jurans, aliorum inventa consarcinare baud insti tui ; quæ ipse quæsivi , reperi , repetitis vicibus diversoque tempore observavi . . . .... propono. » O. F. Müller ( Historia Vernium). PREFACE. Les pages suivantes ne sont pas destinées à discuter à nouveau les arguments apportés pour ou contre la doc¬ trine de Darwin, ni à les peser avec soin. Elles ont pour but d’indiquer des faits favorables à cette doctrine recueillis sur le même sol de l’Amérique du Sud où Darwin , comme il nous le raconte , sentit germer en lui la pensée de s’occuper du secret des secrets, de l'origine des espèces. C'est seulement en réunissant de nouveaux matériaux valables qu’on pourra peu à peu arriver à un jugement mûr et à une décision dernière et légitime; pour le moment, il paraît donc plus important de réunir ces matériaux que d’analyser à nouveau ceux que l’on possède déjà. D’ailleurs, il est juste de s’en rapporter tout d’abord à Darwin lui-même pour le soin de repousser les attaques des adversaires du superbe édifice qu’il a élevé de main de maître. Desterro , 7 septembre 1863. F. M. I. Lorsque j’eus Iule livre de Charles Darwin « sur l’ori¬ gine des espèces » il me sembla que l’une des routes à suivre, et la plus sûre, peut-être, pour développer cette manière de voir et en prouver la justesse consisterait à en essayer une application s’adressant le plus étroitement jossible à un groupe déterminé d’animaux. Cet essai serait fait soit sur les familles d’une classe, soit sur les genres d’une grande famille ou sur les espèces d’un ^enre riche dans le but d’en établir l'arbre généalogique it de tracer des tableaux clairs et les plus développés jossible des ancêtres communs de ces différents ensern- >les d’êtres plus ou moins éloignés les uns des autres. Cet îssai pourrait fournir trois résultats différents. Il se pourrait que : 1° l’application de l’hypothèse de )arwin conduisît à des conclusions inconciliables et •.ontradictoifes, on pourrait alors conclure à la fausseté le cette hypothèse. Si les vues de Darwin sont fausses, on doit s attendre à :e que des contradictions résultent de leur application dans les cas particuliers et cela à chaque pas ; les contradic- ions s’accumulant, leur poids total briserait de la nanière la plus radicale les hypothèses d’où elles sont •rovenues. D’un autre côté, des conclusions édifiées pour haque cas particulier ne pourraient pas avoir la généralité une preuve mathématique. 2° Il se pourrait que l’essai réussisse dans une mesure •lus ou moins étendue. S’il était possible de montrer elon le principe et avec le secours de la doctrine du ransformisme, dans quelle succession des êtres formant ifférents ensembles plus ou moins étendus se sont éparés de leur forme ancestrale commune, et les uns es autres, dans quelle succession ils ont acquis les caraC- ères propres qui les distinguent actuellement, quels sont es changements qu’ils ont éprouvés dans la suite des emps ; s’il était possible d’établir sans contradictions itimes un arbre généalogique, une histoire ancestrale es groupes, il faudrait alors que cet édifice de preuves enfermât le plus complètement possible les espèces con¬ ues, qu’il descendît le plus profondément possible dans 3s détails de la structure.il porterait alors en lui-même, le aractère delà vérité, il prouverait d’une façon convain- ante que cette doctrine est tout autre chose qu’une rêverie îgénieuse, qu’elle n’est pas bâtie sur un sable mouvant. — 356 — 3° Il serait possible (et ceci devrait paraître tout d’abord le cas le plus vraisemblable) que l’essai échouât par suite de difficultés inhérentes à son application, sans décider pour ou contre la question d’une manière péremp¬ toire. Si pourtant on réussissait seulement à se taire pour soi-même une opinion tant soit peu sûre de cette doctrine si intimement liée aux plus hautes questions, ce serait déjà un grand avantage. Résolu à risquer cet essai, il me restait à me décider tout d’abord pour une classe déterminée d’animaux. Le choix devait être restreint à ceux dont les formes principa¬ les étaient facile à obtenir vivantes en certaine abondance. Cette série si longue et si variée et pourtant si intimement unie, qui forme la classe des crustacés, (les phyllopodes et xiphosures en étant seuls exceptés) et comprenant les décapodes , les stomapodes, les diastylides, les amphi- podes et les isopodes, les ostracodes et les daphnides, les copépodes libres et parasites, les cirrhipèdes et les rhizocéphales de notre côte, s’offrait plus que toute autre classe à ma disposition. Indépendamment de cette circonstance, le choix des crustacés aurait permis à peine l’hésitation. Comme on l’a dit déjà plusieurs fois, nulle part ailleurs que chez les crustacés inférieurs, on n’a de tentation plus grande d’attribuer une signification plutôt propre que figurée aux expressions « parenté, descendance d’une forme fonda¬ mentale commune » et autres semblables. Spécialement chez les crustacés parasites tout le monde a l’habitude de parler de leur déchéance par le parasitisme, comme si la transformation des espèces était une chose s’expliquant d’elle-même. Personne ne doit regarder comme un passe- temps digne de la divinité de s’amuser à inventer ces étonnants estropiés ; aussi les fait-on déchoir de leur première perfection par leur propre faute, comme Adam par sa chute. En outre, il y avait un avantage appréciable à trouver fixés d’une manière définitive la plupart des groupes assez étendus qui forment les divisions de cette classe, tandis que dans deux autres classes, qui me sont fami¬ lières, toutes les classifications tentées ne devaient être considérées que comme des révisions provisoires. Ces groupes non dérangeables à cause des formes fortement accentuées de leur appareil dermique rigide et richement articulé présentaient non seulement des points d’arrêt et des points d’appui sûrs, mais aussi des bornes salutaires inflexibles, d’une grande valeur dans une question qui, par sa nature permettait nécessairement à la fantaisie de prendre librement son essor. • Je me mis donc à considérer de plus près nos crustacés à un point de vue nouveau, celui de la doctrine de Darwin; j’essayais de les ranger suivant un arbre généalogique et de me rendre compte de la structure vraisemblable des ancêtres dont ils descendent. A dire vrai, et je m’y attendais, je vis bientôt que cela exigeait des travaux préliminaires embrassant de nombreuses années avant que la question puisse, à proprement parler, être attaquée sérieusement. Les travaux systématiques entrepris jusqu’à présent, accordaient beaucoup plus de poids aux caractères distinctifs des genres, des familles et des ordres qu’à ceux qui relient entre eux les [ membres de chaque groupe ; pour cette raison il y avait peu de parti à en tirer. , Avant tout, il était indispensable de connaître le déve¬ loppement de ces animaux et chacun sait combien de lacunes présente l’embryogénie connue jusqu à présent. Ces lacunes étaient d’autant plus difficiles a combler que, comme Van Beneden le remarque pour les décapodes, a cause du développement souvent très différent de formes proches parentes, on doit la plupart du temps etudier en particulier une famille pour cette famille elle-meme, souvent un genre pour ce genre, (le Peneus entre autres) et quelquefois une espèce pour cette espece ; de plus, la poursuite de recherches pénibles en elles-memes et lon¬ gues dépend souvent d’un heureux hasard. L’arbre généalogique des macroures devait paraître une entreprise pour l’exécution satisfaisante de laquelle — 358 — pourrait à peine suffire la force et la durée delà vie d’un seul individu, même placé dans des conditions plus favo¬ rables que celles que pouvait m'offrir une île isolée, éloignée des centres de la vie scientifique, éloignée des bibliothèques et des musées. Cependant chaque jour, la possibilité de son exécution me parut moins douteuse et chaque jour de nouvelles expériences sur la doctrine de Darwin me disposèrent plus favorablement à son égard. Je me décide à présent à indiquer les éléments que l’étude de nos crustacés m’a livrés en faveur des* vues de Darwin. Ces considérations. ainsi que d’autres plus géné¬ rales et des expériences incidentes sur d 'autres domaines, ont contribué effectivement à me rendre toujours plus vraisemblable la justesse de ces vues. Ce qui m’a princi¬ palement décidé à les publier, c’est cette phrase de Darwin : « Celui qui penche à considérer les espèces comme variables, rendra par l’aveu de ses convictions un bon service à la science. » Je réponds au vœu exprimé par ces mots et je le fais d autant plus volontiers que cela me fournit l’occasion d’exprimer ma recon¬ naissance envers Darwin. Je me sens très profon¬ dément obligé à cette reconnaissance pour l’ins¬ truction et l’impulsion dont je suis au plus haut point redevable à son livre. Je jette donc hardiment ce grain de sable dans le plateau de la balance contre la montagne des préjugés sous laquelle est enseveli cet objet, me souciant peu que les prêtres de la science hors de laquelle il n’v a point de salut, me comptent parmi les rêveurs ou parmi les enfants, pour ma connaissance des lois de la nature. IL Lne hypothèse, pour peu que l’on se livre aux induc¬ tions de plus en plus éloignées qui en découlent, con¬ duira tôt ou tard, si elle est fausse, à des absurdités et à des contradictions palpables. Je me suis efforcé de décou¬ vrir de telles contradictions dans les conclusions fournies par la doctrine de Darwin sur la classe des crustacés, et — 359 — cela, pendant un long espace de temps. J’étais alors dans un doute pénible ; l’aiguille de la balance oscillait, pour moi, tout-à-fait incertaine entre le pour et le contre, et un fait m'amenant à une décision rapide, aurait été gran¬ dement le bienvenu pour moi. Je n’ai trouvé aucune de ces contradictions, ni alors, ni plus tard. Celles que je pensais avoir trouvées, se résolurent bientôt en les exami¬ nant, ou se changèrent même en confirmation de la doc¬ trine de Darwin. Même sur d’autres domaines autant qu’ils me sont con¬ nus, aucunes conclusions nécessaires des hypothèses de Darwin ne me furent démontrées en contradiction ou¬ verte et incompatibles entre elles. Et pourtant, puisque les connaisseurs les plus approfondis du monde animal font partie des adversaires de Darwin, on devait penser qu’il aurait dû leur être facile d’écraser pour longtemps sa doctrine, sous une masse de conclusions absurdes et pleines de contradictions, si on pouvait d’une façon géné¬ rale en tirer de sa doctrine. Ce défaut de contradictions démontré, forme un argument important que je crois avoir le droit de porter en faveur de Darwin. Ses adver¬ saires font valoir comme argument contre lui, le manque de formes intermédiaires entre les espèces trouvées dans les différentes couches terrestres. Si l’on poursuit le dé¬ veloppement d’un animal pêché dans la mer à 1 état de larve, pendant des mois, des années, on cherche vaine¬ ment les formes intermédiaires à celles que l’on possède déjà et pourtant on est entouré de milliers de ces formes. Faisant abstraction des motifs que Darwin donne de la conservation tout-à-fait exceptionnelle des formes inter¬ médiaires, on ne pourra pas accorder une bien grande signification à l’absence de ces formes, à cause des diffi¬ cultés inhérentes aux recherches. Quant à la manière dont les contradictions peuvent se rectifier et devenir généralement des émanations néces¬ saires des hypothèses de Darwin, quelques exemples peuvent la rendre claire. Pour tous les crabes qui séjournent longtemps hors de — 360 — 1 eau il paraît indispensable (pourquoi ? cela nous importe peu ici) que l’air arrive de derrière dans leur cavité branchiale. Ces crabes, qui se sont rendus plus ou moins étrangers à l’eau appartiennent aux familles les plus dif¬ férentes aux Raminides (Ramina), aux Eriphines (Eriphia gonegra), Ocypodides (Gelasimus, Ocypoda), etc... La séparation de ces familles l’une de l’autre, a dû s’établir dans un temps beaucoup antérieur à celui où quelques-uns de leurs membres prirent l’habitude de quitter l’eau. Les dispositions relatives à la respiration dans l’air ne peu¬ vent donc pas avoir été héritées d’un parent ancestral commun; aussi sont -elles obtenues par des procédés à peine analogues. Une telle analogie, qui ne peut être ramenée aune ressemblance accidentelle serait à placer dans la balance comme preuve contre l’exactitude des vues de Darwin. Je montrerai plus loin comment on reconnaîtra, après un sérieux examen, que ce cas, bien loin de présenter une contradiction avec les vues de Darwin, est, au contraire, en accord complet avec ce qu’elles font pronostiquer. Un second exemple : On connaît dans le genre Melita, quatre espèces (M. valida , setipes , anisochir, Fresnelii) et je peux en ajouter une cinquième (Fig.l), chez lesquelles Fig 1. (Fig. 1) Melita exilii n. sp. male , grossi 5 fois ; entre les pattes on voit saillir les grands feuillets branchiaux . — 361 la seconde paire de pattes porte d’un côté une petite pince de la forme ordinaire, de l'autre , au contraire, une énorme. Cette asymétrie est si extraordinaire parmi les amphipodes, la forme de cette pince s’écarte tellement de celle que l’on voit, d'ordinaire dans cet ordre et, d'un autre côté, est si analogue dans ces cinq espèces, qu’on doit les regarder sans hésitation, comme issues d’un même parent ancestral qui leur serait commun h elles seules parmi les espèces connues. Maintenant, à l’une de ces espèces, à celle recueillie en Egypte par Savigny, au Melita Fres- nelii, doit manquer le fouet accessoire des pattes anté¬ rieures existant chez les autres. En présence de l'exacti¬ tude bien connue des travaux de Savigny, la justesse de cette déclaration est à peine à révoquer en doute. S'il était vrai que la présence ou l’absence de ce fouet acces¬ soire eût, comme on le croit généralement, la valeur d’un caractère de séparation des genres, qu’entre le Melita Fresnelii et les autres espèces citées plus haut, il se trou¬ vât d’autres différences importantes qui rendraient natu¬ rel l’isolement de la première en un genre particulier, tandis que les quatre autres resteraient réunies aux autres espèces de Mélita, on serait forcé d'admettre, au point de vue de la doctrine de Darwin, que le Melita Fresnelii n' & pas pour parent ancestral le parent ancestral commun des autres espèces de Melita. Cette conclusion serait en désaccord avec celle tirée de et la forme de la pince d’après laquelle le Melita Fresnelii les M. valida , setipes , anisochir et exïlii , posséderaient un ancêtre commun qui ne serait pas en même temps celui des autres espèces de Melita. De là, il résulterait : D’après la forme de la pince o • D’après la présence ou l’absence du fouet accessoire o*. o O M. palmata, etc. M. Fresnelii M. exilii, etc. M. palmata, etc. M. exilii, etc. M. Fresnelii - 362 — Dans le premier exemple, chez les Crabes, si l’on avait trouvé un accord typique entre les dispositions néces¬ saires à l’entrée de l'air, c’eût été un résultat très grave contre la doctrine de Darwin ; il en serait de même dans ce second exemple, si des espèces supposées proches parentes, présentaient entre elles des différences pro¬ fondes. Dun autre côté il me semble que le fouet acces¬ soire ne peut fournir, en aucune façon, un motif pour douter de l’étroite parenté qui existe entre M. Fresnelïi et M. exiliiQï autres, parenté que nous sommes forcés d’admettre à cause de la ressemblance caractéristique de la grosse pince impaire. On doit d’abord songer à la possi¬ bilité que le fouet accessoire, qui n’est pas toujours facile à découvrir, n’ait pas été remarqué par Savigny, ainsi que Spence Bâte le présume. S’il manque effectivement il faut alors se rappeler que j’en trouve un chez certaines espèces des genres Leucothoe Cyrlophium, Amphüochus genres dans lesquels Savigny, Dana, Spence Bâte, n’en avaient pas trouvé, qu’une espèce d’ici qui parla structure des iléons épimères (Edw. coxæ Sp. 95), de ses pattes caudales (uropoda, Westwood)... etc , appartient réelle¬ ment aux Amphithœ (1), en possède un ; que chez quel¬ ques Cerapus il s'atrophie en un reste à peine découvra- ble, que bien que quelquefois il soit présent danslejeune âge, à l’âge adulte, (en supposant que toute trace n’en disparaisse jamais), il s’atrophie comme Spence Bâte l’a trouvé chez Y Acanthonolus Oicenii et chez YAtylus cari- natus, et comme moi-même j’ai pu le constater pour un Atylus de notre côte, remarquable par ses branchies plu¬ meuses. Il faut aussi songer après tout cela, qu’aujour- d’hui la quantité croissante des espèces connues, néces¬ site leur dispersion dans de nombreux genres, ce qui force à s’abaisser à des caractères de distinction très minimes ; cependant il faut se garder d’utiliser le fouet (l) Je prends ce genre, ainsi que tous les autres genres d’Amphipodes que je viens de nommer, avec la limitation qui leur est donnée par Spence Bâte (Catal. ©f Amphipodous crustacea) . — 363 — accessoire comme caractère générique. Le câs du Melita Fresnelii ne fournit donc aucun argument contre la doc¬ trine de Darwin. III. Sur un domaine restreint et par conséquent plus facile à embrasser, l’absence de contradictions pourrait porter à admettre les vues de Darwin ; et ce serait pour elles un triomphe bien plus réel, si des conclusions embrassant un plus vaste domaine, édifiées sur les premières, se trou¬ vaient ultérieurement confirmées par des faits dont la science actuelle n'aurait en aucune façon pu pressentir l’existence. Parmi plusieurs succès de cette nature, que j’ai obtenus et que je pourrais citer, j’en choisis deux comme exemples : ils ont pour moi une importance parti¬ culière et concernent des découvertes dont les adver saires de la doctrine Darwin eux-mêmes, ne contesteront pas la grande valeur au point de vue de la morphologie et de la systématique des Crustacés. Des considérations sur 1 histoire du développement des crustacés, m’avaient conduit à cette conclusion : que dans le cas où les crustacés en général, supérieurs ou infé- riecas, dériveraient de parents ancestraux communs, il fallait que les premiers aient jadis traversé le stade Nauplius. Un peu plus tard, je découvris des larves nau- pliennes de Squille (Troschel’s Archiv fur Naturgesch. 1863, I page 8), et j’avoue que cette trouvaille fît chez moi pencher la balance, pour la première fois, en faveur de Darwin. Le nombre égal des articles (1) du corps des brachyures (1) De même que Claus , je ne considère pas les yeux des crustacés comme des membres et je n’attribue par conséquent aucun article particulier pour les yeux ; mais je compte au contraire comme article le segment moyen de la queue, auquel on refuse souvent cette valeur. Contre sa valeur comme article, on ne peut alléguer que le manque de membres ; en sa faveur, on peut faire remarquer qu'il contient l'intestin qui, d’ordinaire, s’ouvre au dehors dans ce segment, qui quelquefois même le traverse dans toute sa et des macroures , des amphipodes et des isopodes et la différence constante qui existe entre les sept derniers et les antérieurs doivent être considérés sans aucun doute comme l’héritage de même parents ancestraux. Encore aujourd’hui, la majorité des brachyures et des Macroures et généralement des crustacés Podophthalmes, passent par le stade Zoé, et puisque ce même mode de métamor¬ phose est attribuable à leurs ancêtres, il doit en être de même sinon pour les formes souches des isopodes et des amphipodes, du moins pour les ancêtres communs à ceux-ci et aux crustacés podophthalmes. Il était toutefois en tout cas très risqué d’admettre ceci tant qu’aucun fait du domaine propre des Edriophthalmes ne pouvait le soutenir, puisque la structure de ce groupe, si peu relié dans son ensemble paraissait presque incompatible longueur comme chez le Microdeutopus et quelques autres amphipodes . Chez le Microdeutopus, on se sent même tenté, comme Spence Bâte l’a déjà fait ressortir, d’indiquer comme membres atrophiés de petits processus de cet article qui, ici, ont la forme d’un tube. JBell [British Stcilk-eyed Ciust , page XX), a aussi remarqué chez le Palœmon serratus des membres du dernier article ayant la forme de petites pointes mobiles. On a plusieurs fois tenté de décomposer le corps des crustacés supérieurs en segments composés d’un nombre égal d’articles ; ces segments étaient composés tantôt de trois, tantôt de cinq, tantôt de sept articles; aucun de ces essais n’a été accueilli par une adhésion générale . Mes propres re¬ cherches me conduisent à comprendre la chose d’une façon voisine de celle de Yan Beneden. J’admets quatre segments de chacun cinq articles : le corps primitif, le corps antérieur, le corps postérieur et le corps moyen. Le corps primitif contient les articles que la larve Nauplius possède en sor¬ tant de l'œuf ; plus tard il sera séparé en tête et queue par les segments se développant en son milieu. A ce corps primitif appartiennent les deux paires d’antennes, les mandibules et les pattes caudales (posterior pair of Pleopoda S. P. B.). Quelquefois encore chez l’animal adulte se trahit l’homologie de ces segments terminaux par la ressemblance de leurs articles, particulièrement de la branche externe des pattes caudales avec la branche externe (écaille) de la seconde paire d’antennes . Les antennes, de même que les pieds caudaux, peuvent devenir des supports d’organes de sens comme le montre l’organe de l’ouïe du Mysis . L’apparition successive des segments du corps semble avoir lieu de la manière suivante : le corps antérieur se forme d’abord, puis le corps posté¬ rieur, enfin le corps moyen . Dans l’animal adulte le corps antérieur semble — 365 — avec plusieurs caractères de la Zoé. Ce point forma long¬ temps pour moi une des difficultés capitales de l’applica¬ tion des vues de Darwin aux crustacés, et c’est à peine si j’espérais trouver chez les amphipodos ou chez les iso- podes des traces conservées jusque maintenant, du pas¬ sage par la forme Zoé ; il me semblait difficile d’obtenir une preuve sur des faits de l’exactitude de cette induc tion. Un passage de Van Beneden appela mon attention sur un isopode à pinces, le Tanaïs Dulongii , appartenant, d’après Milne Edwards, à la même famille que les Isopo- des ordinaires et possédant une cuirasse "comme les Dé¬ capodes. Une recherche plus approfondie m’apprit que cet isopode avait conservé plus fidèlement qu’aucun autre crustacé adulte, plusieurs des caractères essentiels de la Zoé, notamment son mode de respiration. Tandis que chez tous les autres isopodes, les pattes du « corps entièrement ou en partie fondu avec la tête. Les appendices (Diagonopoda, Wester) tous ou quelques-uns servent à la préhension des aliments et sont rigoureusement distincts de ceux du groupe suivant. Les articles du coips moyen, dès leur apparition, se développent en membres, tandis que les articles du corps postérieur, pendant une longue période de la vie larvaire ou même toujours (chez plusieurs diastylides femelles), restent dépourvus de pattes ; c’est un motif entre bien d'autres pour ne pas assimiler le corps moyen des macroures, ainsi que cela se fait, au corps postérieui toujouis dépourvu de membres des insectes . Les appendices du corps moyen (per- eiopoda) paraissent ne jamais posséder, même dans leurs formes les plus jeunes, deux branches d’égale valeur ; ce caractère distingue habituelle¬ ment les appendices du corps moyen. Cette circonstance d’un grand poids est à faire valoir contre l’assimilation du corps moyen des malacostracés avec les articles qui, chez les copépodes, portent les pattes natatoires et les cirres chez les cirripèdes . Il ne me paraît pas légitime de réunir en un groupe les pattes du corps postérieur et de la queue sous le nom de fausses pattes abdominales ou de pleopoda . Dans les métamorphoses on les voit naître à des moments diffé¬ rents et ils diffèrent presque toujours par leur structure et par leur fonction. Même chez les amphipodes où les pattes de la queue ressemblent habituelle¬ ment aux deux dernières paires des pieds du corps postérieur , ils se distinguent dans la règle par quelque caractère particulier et tandis que les pattes du corps postérieur se retrouvent dans tout 1 ordre a\ec une uniformité désespérante, les pattes de la queue, comme on le voit, appar¬ tiennent aux parties les plus variables du corps des amphipodes. — 366 — postérieur » servent à la respiration, celles-ci chez notre isopode à pinces, ne sont simplement que des organes de locomotion et il n’entre pas à leur intérieur un globule de sang. Chez lui le siège principal de la respiration est comme chez la Zoé, localisé sur les bords de la cuirasse, parcourus par des courants sanguins abondants ; sous cette cuirasse existe un courant constant d’eau, entre¬ tenu comme chez la Zoé et comme chez les Décapodes adultes, par un appendice de la seconde paire de mâchoi¬ res qui manque chez tous les autres Edriophthalmes. La science est redevable de ces deux découvertes, no- tons-le en passant, à Darwin et à sa doctrine bien plus qu’à un heureux hasard. Plusieurs espèces de Peneus vivent dans les mers d’Europe de même qu’ici ; sûrement leurs jeunes nau- pliens sont à plusieurs reprises passés inaperçus dans les mains des nombreux observateurs qui explorent les mers d’Europe et même de moi-même. Ils n’ont rien en effet qui puisse attirer l'attention sur eux au milieu des formes naupliennes si variées et souvent si bizarres. Je capturais une de ces larves naupliennes présumant en elle une Zoé de Peneus , à cause de la ressemblance du mouvement et sous le microscope, je trouvais un nau- (Fig\ 2) Tandis dubius ? Kr. ^ 25 fois grossi. On voit l’ouverture d entrée dans la cavité recouverte par la cuirasse formant voûte ; un appen¬ dice de la seconde paire de mâchoires joue dans cette cavité. Auprès des quatre paires de pieds i, k, 1, m se trouvent des ébauches de feuillets qui , plus tard, formeront les cavités d’incubation. — 367 — plien immédiatement différent de cette Zoé ; je l’aurais sans aucun doute jeté de côté comme complètement étranger à la série de développements que je poursui¬ vais, si je n’avais été préoccupé vivement de la pensée de l’état nauplien des macroures supérieurs , cependant je croyais à peine l’avoir en ma présence. Déjà, depuis longtemps, j’avais cherchéchez les Edrioph- thalmes après les restes du stade Zoé, que je supposais avoir existé chez eux, et j’avais saisi avec le plus grand zèle tout ce qui me permettait de me rendre traitable cet ordre réfractaire. C’est pour cette raison que la courte indication de Van Beneden m’avait si vivement ému et m’avait poussé à m’occuper de nouveau des isopodes à pinces. Sans cette disposition d’esprit, je m’en serais d’autant moins occupé que déjà, une fois, je m’étais tourmenté à ce sujet sur les bords de la mer Baltique, et qu’il n’est pas de mon goût de revenir deux fois sur le même sujet. IV. Notre isopode à pinces, qui, dans tousses rapports de structure, est un animal excessivement remarquable, nous fournit encore un deuxième fait digne de remarque au sujet de la doctrine de l’origine des espèces. Quand on rencontre chez les crustacés des pattes terminées en griffres ou en pinces, habituellement elles sont plus dé¬ veloppées chez les mâles que chez les femelles et attei¬ gnent souvent chez les premiers une grosseur démesu¬ rée, comme nous l'avons vu plus haut chez le Melita. Un exemple plus connu de ces dimensions colossales des pinces est fourni par les mâles des Crabes appelants (Ge- lasimus) ; on raconte qu’ils tiennent en courant ces pin¬ ces très élevées, comme ils s’en servaient pour appeler; ce dire n’est pas exact, au moins pour toutes les espèces ; une petite espèce à pinces particulièrement grosses, que j’ai vue couvrir par milliers, notamment dans les champs de Maudiocca, à l'embouchure du Cambriée, les tient — 368 — étroitement serrées contre son corps. Un second carac¬ tère fréquent des crustacés mâles, consiste dans un plus grand développement des cils délicats sur le fouet des antennes antérieures . Spence-Bate nomme ces cils auditifs (auditory cilia), je les ai indiqués comme or¬ ganes d’odorat, comme Leydig l’avait fait avant moi, à mon insu. Ils forment d’après Yan Beneden de longues et épaisses touffes chez les mâles de plusieurs Diastylides, tandis que leurs femelles en possèdent en plus petit nom¬ bre. Blance fait remarquer la différence des sexes sous ce rapport chez les Gopépoies. On doit remarquer inci¬ demment que le développement prépondérant de ces cils chez les mâles, plaide, il me semble, beaucoup en faveur de la fonction que Leydig et moi leur accordons, puisque d’ordinaire les mâles sont conduits par l'odorat à la piste des femelles en rut. Chez notre isopode, les jeunes mâles ressemblent aux femelles jusqu’à la dernière mue précédant la maturité des organes sexuels ; ensuite ils éprouvent une transfor¬ mation importante. Ils perdent les appendices mobiles de la bouche, excepté ceux qui servent à l’entretien de la respiration. On trouve leur intestin toujours vide et ils paraissent ne vivre que pour l'amour. Ce qu’il y a déplus remarquable, c’est qu’ils affectent deux formes différen¬ tes. Les uns (fig. 3) ont des pinces puissantes, très mo¬ biles, à mors long et au lieu do l’unique cil vibratile de leur femelle, ils en portent de 12 à 17 environ, distribués par deux ou par trois sur les articulations du fouet de l'antenne. Les autres (fig. 5) conservent la pince massive de la femelle, mais en revanche les antennes sont pour¬ vues de cils olfactifs beaucoup plus nombreux, rangés de 5 à 7 ensemble. Encore un mot sur le fait lui-même avant de m’occu¬ per de sa signification. Il était naturel de se demander si quelquefois je n’avais pas affaire à deux espèces diffé¬ rentes, avec des femelles se ressemblant beaucoup et des mâles plus différents, ou encore si les mâles au lieu de présenter deux formes nettement tranchées, n’étaient — 369 — Fig. 3—6 pas variables dans de très larges limites. Je ne peux ac¬ cepter ni Tune, ni l'autre de ces objections. Notre iso- node à pinces vit entre les filaments entrelacés d'une /Fig. 3) Tête delà forme habituelle du mâle de Tenais dubius (?) Kr. 90 fois grossie ; entre les supports de pinces font saillie les poils terminaux de la seconde paire d’antennes. (Fig. 4) Région buccale, vue de dessous; L , lèvre supérieure. (Fig. 5) Tête de la forme plus rare de mâle grossie 25 fois. (Fig. 6) Fouet de l’antenne du même, avec cils olfactifs, grossi 90 fois. 26 370 — «algue qui forme sur les pierres, au voisinage de la rive, un revêtement d’environ un pouce d’épaisseur. Si on met une poignée de ce feutre vert dans un grand bocal avec de l’eau de mer pure, on voit bientôt ses pa¬ rois se couvrir de centaines, de milliers même de ces petits isopodes blanchâtres. J’en ai regardé avec une loupe des milliers, et j’en ai soigneusement examiné avec le microscope plusieurs centaines ; cependant je n’ai pu trouver aucune différence entre les femelles, ni aucune forme intermédiaire aux deux sortes de mâles. Pour ceux qui regardent le « plan de la création » comme la « libre conception d’une intelligence toute puissante » dont les pensées sont mures avant de se ma¬ nifester d’une manière saisissable à l’extérieur, pour ceux- là l’existence de ces deux sortes de mâles sera simple¬ ment curieux et paraîtra un pur caprice du créateur, puisqu’elle n’est explicable ni au point de vue de l’utilité pratique, ni par le plan type de conformation. Au con¬ traire, au point de vue de la doctrine de Darwin, ce fait a un sens et une signification et, d’un autre côté, il paraît propre à jeter une certaine lumière sur une question qui était considérée par Bronn comme la première et la principale objection à la nouvelle théorie. Voici, cette question : comment serait-il possible que, les différen¬ ciations les plus petites se produisant l’une à la suite de l’autre dans différentes directions, leur accumulation donnât naissance à des variétés et à des espèces, qui seraient séparées de la forme souche d’une façon nette et tranchée, comme une feuille pédonculée de dicotylé donées se sépare de la tige ; et pourquoi ces différencia¬ tions ne se tiendraient-elles pas comme les lobes irré¬ gulièrement frisés d’un lichen avec le reste du thallus? Laissons les mâles encore semblables de nos isopodes à pinces, commencer à se différencier, comme Bronn le veut, dans toutes directions. Si l’espèce était adaptée à ses conditions de vie, si sous ce rapport déjà elle avait atteint et assuré son état le plus favorable possible par la conséquence naturelle de la sélection, les différenciations concernant l’espèce en tant qu’espèce devraient alors évidemment disparaître dès leur apparition , puisque aucun retour en arrière n’aurait chance d’être accepté comme avantageux. La lutte reste donc seulement ouverte entre les mâles se différenciant au point de vue des rapports sexuels. Ils peuvent ici obtenir des avan¬ tages sur leurs concurrents, s’ils parviennent, soit à moins sentir leurs femelles, soit à moins les saisir. Ceux dont l'odorat est le plus délicat doivent vaincre dans la lutte pour l’existence, ceux qui sous ce rapport leur sont inférieurs, à moins que ceux-ci n’aient à leur opposer quelque avantage, tel que des pinces plus puissantes. Ceux qui sont le mieux doués pour saisir vaincraient tous les champions moins fortement armés, à moins que ceux-ci ne leur opposent quelque autre avantage, comme un sens plus délicat. On comprend alors comment les degrés intermédiaires, moins favorisés au point de vue du perfectionnement, d'un côté des cils olfactifs, d’un autre côté des pinces doivent disparaître du champ de bataille ; deux formes nettement tranchées, celle qui a le meilleur odorat et celle qui a les plus fortes pinces doivent rester seules en présence. Pour le moment, le combat paraît vouloir décider en faveur des derniers, car ceux-ci se trouvent en bien plus grand nombre, peut-être dans la proportion de 100 contre 1. Bronn, pour en revenir à son objection, désirait décou¬ vrir en faveur de la doctrine de Darwin un principe quel¬ conque, s’appuyant sur des conditions intérieures ou ou extérieures à l’animal, qui donnât la raison pour laquelle beaucoup d’espèces ne se confondent pas ensemble par une série d’états intermédiaires, et qui forçât les différenciations de chaque espèce à s’accumuler seulement dans une seule direction, au lieu de pouvoir se produire dans toutes. Ce principe, dans le dernier cas, comme dans beaucoup d’autres, se base snr l’existence seulement d’un petit nombre de directions dans lesquelles les modifications seraient en même temps des améliora¬ tions ; dans ces directions seulement, les différenciations — 372 — peuvent s’accumuler et s’affermir, tandis que dans les autres, qu’elles soient indifférentes à l’espèce ou qu’elles lui soient préjudiciables, elles s’évanouissent comme elles viennent. L’existence de deux sortes de mâles pour la même espèce pourrait peut-être ne pas être bien rare chez les animaux dont les mâles s’éloignent beaucoup de la forme delà femelle. Pour ceux seulement que l’on peut se procurer en nombre suffisant, on pourra se convaincre qu’on n’a pas affaire à des espèces différentes, ou à diffé¬ rents âges de la même espèce. Je peux citer un second exemple tiré de ma petite expérience personnelle.il s’agit d’une crevettine (Shorcliopper, Orchestia). Cet animal (fi g. 7) vit dans des endroits marécageux au voisinage de la mer sous des feuilles en putréfaction, dans la terre meuble que les crabes de marais ( Gelasimus , Seramma Cyclograpsus , etc.) rejettent en tas autour de leur trou ; il vit aussi sur des bouses sèches de vache et le crottin du cheval. Il s’éloigne du rivage plus loin que la plupart de ses congénères (quelques-uns à la vérité s’enfoncent dans le pavs à un mille de distance et s’élèvent jusqu’à mille pieds sur les hautes montagnes, comme les Orchestia tahitensis , tellureis et sylvicola) . — Delà, il résulte que le mâle s’éloigne beaucoup de toutes les espèces connues, (Fig. 7) Orchestia Darwinii n. sp. mâle. — 373 — par les pinces puissantes de sa seconde paire de pattes. L 'Orchestia gryphus des plages sablonneuses de Mônchgnt, montre seul avec lui une ressemblance éloignée, tandis que, d’ordinaire, on rencontre la forme habituelle de pattes des Amphipodes. 11 y a chez cet Orchestia Darwinii , une différence importante entre les deux sortes de mâles ; cette différence est si grande qu on en trouve difficilement une semblable entre deux especes de même genre. Ici, comme chez l’isopode à pinces, on ne trouve pas une longue série de formes se confondant entre elles, on n’en trouve seulement deux qui ne sont liées par aucun membre intermédiaire (fig. 8 et 9). On considérerait sans hésitation les mâles comme formant deux espèces bien distinctes, s’ils ne vivaient pas tous deux ensemble avec des femelles d’une seule forme. (Fig. 8 et 9) Les deux sortes de pinces des Orchestra Darwinii mâle grossies 45 fois. L’existence de cette double forme de pinces des mâles est d’autant plus remarquable que la forme de ces pinces s’éloigne beaucoup de celle habituelle aux autres espèces ; cela nous montre qu’elles ont subi des transformations considérables encore récemment, ce qu’on devait, dès le commencement, s’attendre à renconter chez cette espèce, plutôt que chez d’autres. Je ne puis m’empêcher de faire remarquer à cette occa¬ sion qu’on ne connaît qu’une seule espèce de femelle pour deux males, les Orchestia telluris et sylvicola (d’après ce que Sence Bâte indique dans son catalogue). Ces deux sortes de mâles sont réunies ensemble dans la Nouvelle Zélande ; je mejrisque à présumer qu’il s'agit ici d’un cas semblable au précédent. Il ne semble pas vraisemblable que deux espèces d’amphipodes, proches parentes et vivant en société puissent se trouver ensemble avec les conditions d’existence. De même que les mâles de plu¬ sieurs espèces de Mélita se distinguent de tous le autres amphipodes par leur puissante pince impaire, de même les femelles de quelques autres espèces de ce même genre s’en éloignent par le développement d'un appendice particulier qui aide le mâle à les tenir. Les iléons de l'avant-derrière paire de pattes se prolongent en crochets auxquels le male se cramponne avec les griffes de sa première paire de pattes. Les deux espèces (fig. 10 et 11) chez lesquelles je connais cette forme sont les animaux les plus ardents pour l'accouplement ; les femelles qui sont chargées d'œufs à un degré quelconque de développement portent même souvent leur mâle sur le dos. Ces deux espèces sont proches parentes avec le Mèlita palmata Leach Gammarus Bugesi Edw commu¬ nément répandu sur les côtes de l'Europe et fréquemment examiné ; malheureusement je ne trouve aucun rensei¬ gnement pour savoir si les femelles de cette espèce ou d’une autre européenne possèdent un appareil semblable ; chez le Melita e,r«7zïtous les iléons ont la forme ordinaire. Que le Mèlita palmata possède ou non cet appendice, qu’il se trouve chez deux ou vingt espèces, en tout cas l’existence de ce crochet est très restreinte. — 375 — Fig. 10. Nos deux espèces vivent cachées sous des pierres posées à plat dans le voisinage de la rive; Tune, \eMetita messalina. si haut sur la plage, qu'elle est rarement recouverte d’eau, l’autre, le Melita insatiabilis , un peu plus bas. Les deux espèces vivent réunies en nombreuses troupes. Ainsi il n’v a pas à craindre que des influences perturbatrices menacent plus souvent que chez d’autres espèces le couple amoureux, ni que le mâle qui aurait accidentellement perdu sa femelle, ait plus de difficulté que dans les autres espèces pour en trouver une nou¬ velle. Il est également difficile de comprendre comment cet appareil assurant l’accouplement, pourrait être préju¬ diciable à d’autres espèces. Tant qu'il ne sera pas démon¬ tré que nos espèces ont un besoin particulier de cet appa¬ reil, ou que ce môme appareil soit plus nuisible qu’utile à d’autres espèces, sa présence seulement chez ce petit nombre d’amphipodcs devra être regardée, non comme (Fig. 10) Iléon de l’avant-dernière paire de pattes du mâle et iléon avec les trois articles suivants de la même paire de pattes de la femelle de Melil a messalina, grossis 45 fois. (Fig. 11) Iléon de la même paire de pattes de Melita insatiabilis . ! 1 — 376 — l'œuvre d'une sagesse calculant par avance ses manifes¬ tations, mais comme produite par un hasard heureux et maintenue parla sélection naturelle. Par cette seconde explication un fait isolé comme celui-ci est compréhen¬ sible, tandis que Ton ne comprend pas pourquoi le créa¬ teur a favorisé seulement ce petit nombre d’espèces d’un appareil qu'il trouve compatible avec le plan général de structure des amphipodes, et l'a refusé à d’autres qui ont les memes conditions extérieures de vie et qui montrent la même ardeur extraordinaire pour l’accouplement. Dans la société ou dans le proche voisinage des deux Melita, vivent entre autres deux Allorchestes que l’on rencontre aussi beaucoup plus souvent par paires que par individus séparés et dont les femelles ne présentent pour¬ tant aucune trace de semblables appendices. Agassiz a soutenu avec beaucoup d’esprit et de compé¬ tence l’idée que les espèces étaient des personnifications des pensées du Créateur. On pourrait, je pense, faire valoir contre cette façon de penser le cas précédent et tous les semblables dans lesquels des dispositions égale¬ ment utiles à toutes les espèces d’un groupe, manquent à la majorité et sont accordées seulement à quelques favoris privilégiés qui ne paraissent pas en avoir besoin, plus que les autres. y. Parmi les nombreux faits concernant l’histoire natu¬ relle des crustacés, sur lesquels la doctrine de Darwin jette une nouvelle et puissante lumière, quelques-uns m’ont paru particulièrement importants, ce sont : l’exis¬ tence de mâles dimorphes chez les isopodes à pinces et chez Orchestia Bancini , et aussi la disposition des chambres branchiales chez les crabes respirant l’air dans l’atmos¬ phère. Malheureusement il m’a été encore impossible d’examiner quelques-unes des plus remarquables Gecar- cinus et Ranina). La présence d'une entrée située der¬ rière les branchies n’a été remarquée, même comme fait, jusqu’à présent que chez le Ranina. J’ai de nouvelles observations à joindre à cette première. J’ai déjà men¬ tionné que, comme l’exige la doctrine de Darwin, cette ouverture d’entrée se forme de différentes façons dans les différentes familles. Chez le crabe grenouille (Ranina) de la mer des Indes, qui, au dire de Rumph, se plaît à s’égarer sur les toits des maisons, l’ouverture antérieure habituelle manque complètement d’après Milne-Edwards, et on trouve sous le commencement du corps postérieur l’entrée d’un canal s’abouchant dans la partie postérieure de la chambre nranchiale . La disposition est des plus simples chez la plupart des Grapsoïdes, par exemple, chez XEiratus Pisonii, crabe vif et charmant, qui monte sur les Rhizophores Mangles dont il ronge les feuilles. Avec ses griffes courtes, mais extraordinairement aiguës qui picotent comme des épin¬ gles quand on le fait courir sur la main, il grimpe avec une très grande rapidité sur les branches les plus frêles. Je plaçais une fois cet animal sur ma main ; je le vis sou¬ lever la partie postérieure de sa cuirasse et je vis s’ouvrir par ce mouvement sur les dernières pattes de chaque côté une large fente par où je pus voir jusque dans la profon¬ deur de la chambre branchiale. Je n’ai pu depuis me pro¬ curer cet animal remarquable; en revanche j'ai pu sou¬ vent répéter la même remarque sur un autre animal de la même famille, (un vrai Grapsus , à ce qu’il me semble) qui habite souvent les rochers de nos côtes. Pendant que la partie postérieure se soulève et que l’ouverture dont nous avons parlé se forme, la partie antérieure du corps paraît s'abaisser et l’ouverture antérieure d’entrée se rétrécir ou se fermer tout-à-fait. Sous l’eau, le soulève¬ ment de la cuirasse n’a jamais lieu. L’animal ouvre sa cavité hranchiale par devant ou par derrière, suivant qu’il doit respirer dans Feau ou dans l’air. J'ignore comment a lieu le soulèvement delà cuirasse ; cependant je crois qu’il est produit par l’augmentation de volume, au moyen du liquide du corps, d’une poche taisant - 378 — saillie de la cavité du corps dans la chambre branchiale sous la partie postérieure de la cuirasse. J'ai remarqué aussi ce soulèvement de la cuirasse chez quelques espèces des genres parents Sesarma et Cyclo- grapsus. Ces animaux se creusent des trous profonds dans un sable vaseux ; ils circulent parfois sur la vase humide et se posent comme à l’affût devant leur trou. Il faut attendre souvent longtemps après leur sortie de l’eau pour que ces animaux ouvrent à l’air leur cavité branchiale, car il existe chez eux un appareil merveilleux en vertu duquel, même hors de l’eau, ils peuvent conti¬ nuer encore longtemps à respirer par la respiration aqua¬ tique. Les ouvertures pour la sortie de l’eau qui a servi à la respiration, se trouvent comme on sait, chez cetanimal comme chez la plupart des crabes, dans les coins anté¬ rieurs du cadre buccal, tandis que les ouvertures d’entrée dans la chambre branchiale se continuent des coins pos¬ térieurs de ce cadrejusque sur la première paire de pattes. La partie de la cuirasse qui s’étend sur les côtés de la bouche entre les deux sortes d’ouverture région ptery- gostomienne) paraît partagée en petits carrés d’une extrême régularité ; Milne Edwards avait déjà fait res¬ sortir ce fait comme un caractère particulièrement éton¬ nant. Ce qui produit cet aspect ce sont en partie de petites éminences mamelonnés, en partie, et surtout des poils recourbés en forme de genoux qui constituent en quelque sorte un filet serré et fin, un tamis étendu sur la surface de la cuirasse. L’eau qui sort par ondées de la chambre branchiale s’étend en un instant dans le réseau des poils et est ramenée dans cette chambre grâce à un appendice de la patte mâchoire, qui joue dans la fente d’ouverture. L’eau en s’étendant en une mince couche sur la cuirasse se sature d’oxygène et peut ensuite de nouveau servir à la respiration. Pour compléter cette disposition, les pattes mâchoires extérieures présentent comme on le sait depuis longtemps une crête couverte d’une épaisse frange de poils qui commence par devant au voisinage de la ligne médiane et s’étend en arrière et en dehors jusqu’aux — 379 — coins postérieurs du cadre buccal. Ces deux cannelures du côté droit et du côté gauche, forment ainsi un triangle avec la pointe tournée en avant, un brise-lames par le moyen duquel l’eau jaillissant de la chambre branchiale est retenue par la bouche et ramenée de nouveau à la chambre branchiale. Dans un air très humide, la provision d’eau contenue dans la chambre branchiale peut suffire pendant une heure, et dès qu’elle vient à sa fin, l’animal soulève la cuirasse pour laisser parvenir par derrière l’air aux branchies. Chez XEriphia Gonayra , les ouvertures servant à la respiration aérienne, ne se trouvent pas, comme chez les Grapsoïdes, en dessus, mais en dessous de la dernière paire de pattes, sur les côtés du corps postérieur. Les Ocypoda sont des crabes très agiles et exclusive¬ ment terrestres ; ils se conservent à peine un jour dans l’eau, et même, bien avant ce temps, arrivent à un état d’affaiblissement complet où tout mouvement spontané cesse. (1) Chez ces animaux, on connaît déjà depuis long¬ temps sans en avoir pressenti la liaison avec les cavités branchiales, un appareil particulier, situé aux pattes de la troisième et de la quatrième paire. Ces deux paires de pattes sont plus rapprochées l’une de l’autre que les au¬ tres. Les surfaces tournées l’une vers l’autre de leur ar¬ ticle basilaire, soient la surface postérieure de la troi¬ sième et antérieure de la quatrième paire de pattes, sont plates et lisses, et leur bord porte une épaisse rangée de longs poils brillants comme la soie et d’une forme carac¬ téristique. Milne Edwards compare avec raison ces sur¬ faces à cause de leur aspect, à des surfaces articulaires (1) J’ai observé ceci, non pas dans la mer, mais dans des bocaux remplis d’eau de mer. On pourrait penser que ces animaux s’affaiblissent et meurent non parce qu’ils sont sous l’eau, mais parce qu’ils ont consommé l’oxygène qu’elle contient. Dans cette même eau, d’où j’avais retiré un Ocypode privé de connais¬ sance. j’ai mis un Lupia diacantha qui. par un séjour dansl’air, était arrivé au même état que Y Ocypoda par son séjour dans l’eau ; l’un et l’autre revinrent à eux . 380 — et pense qu’elles servent à diminuer le frottement entre les deux pattes. En admettant cette explication, on est forcé de se demander comment cette disposition pour diminuer le frottement est utile précisément chez ces crabes et pré¬ cisément entre les deux paires de pattes. D’un autre côté ces singulières traces de poils restent inexpliquées et doivent au contraire augmenter le frottement. En pliant dans toutes les directions les pattes d’un grand crabe de sable, pour voir quels étaient les mouvements de l’animal dans lesquels le frottement avait lieu à cette place, si ces mouvements lui étaient particulièrement importants, où s’ils étaient souvent renouvelés, je remarquai après avoir fortement écarté les deux pattes l’une de l’autre, dans le fond, entre elles une ouverture ronde et considérable par laquelle l’air pénétrait facilement dans la chambre (Fig. 12) Entrée postérieure de la chambre branchiale de YOcypoda rhombea Fabr. Grandeur naturelle, la cuirasse et la quatrième patte du côté droit ont été enlevées. (Fig. 13) Pointes de quelques poils de la base de la troisième patte, grossies 45 fois. — 381 — branchiale, et dans laquelle on pouvait introduire une fine baguette. L’ouverture s’abouche dans la chambre branchiale, derrière une soupape qui se trouve sur la troisième patte à la place d’une branchie manquant chez VOcypoda. Cette ouverture est latéralement bordée par des rebords qui s’élèvent au-dessus de l’articulation de la patte et contre lesquels s’applique le bord inférieur de la cuirasse. Vers le dehors, elle est recouverte par ce rebord formant voûte et ne laissant qu’une étroite fente entre lui et la cuirasse, qui précisément ici fait saillie vers le bas plus loin que d’ordinaire. Ainsi se trouve formé un canal complet. Tandis que le Cyvapsus ne laisse entiei que par devant l’eau à ses branchies, chez 1 Ocypoda je la vis entrer aussi par l’ouverture que je viens de décrire. Cette situation de l’ouverture postérieure d’entrée et ces mêmes caractères de la troisième et de la quatrième paire de pattes se retrouvent chez deux autres espèces étrangères à l’eau et de la même famille que 1 Ocypoda , — j’ai eu l’occasion de les examiner. L’une, peut être le Gelasimus vocans, vit dans les marais deMangles et aime à munir l’ouverture de son trou d une cheminee cylin drique épaisse et haute de plusieurs pouces , il a les brosses de la première articulation des pattes en question formées de poils ordinaires. L’autre (1), un Gelasimus plus petit qui n’est pas décrit dans l’histoire naturelle des crus¬ tacés de Milne-Edwards, aime les endroits secs et ne craint pas de circuler sur le sable brûlant sous des rayons ver¬ ticaux d’un soleil de midi, dans le mois de decembie , il peut aussi supporter un séjour d’au moins plusieurs semaines dans l’eau. Celui-ci a, au contraire, ses biosses dépourvues de piquants et formées de poils délicats (1) Le plus petit Gelasimus est aussi remarquable en ce qu'il fait appa¬ raître d’une façon particulièrement saisissable à 1 œil , le changement chaméléontique de ses couleurs, particularité que présentent aussi d autieb crabes. La partie postérieure de la cuirasse d’un mâle que j’ai là devant moi, brillait il y a cinq minutes, lorsque je le pris, d un blanc éblouissant, maintenant elle se montre à la même place de couleur gris mat. — 382 — comme ceux de YOcypoda , et même plus délicats et plus régulièrement serrés. Quelle signification pourraient avoir ces singuliers poils; si ce n’est celle de tenir éloignés de la chambre branchiale les corps étrangers, de rendre libre l’air qui passe auprès d’eux, ou peut-être comme leur aspect rappelle les cils olfactifs des crabes, surtout chez le petit Gelasimus , de servir à l’olfaction ? Ce serait trop nous éloigner de notre sujet, que d’examiner l’inter¬ prétation qu’il convient d’admettre. Remarquons cepen¬ dant que chez ces deux espèces et particulièrement chez 1 Ocvpode les cils oliactifs sont très atrophiés à leur place habituelle et les fouets des auteurs n’exécutent jamais dans l’eau ces mouvements rapides qu’on leur voit faire chez d autres crabes et même aussi chez le plus gros Gelasimus. En tout cas, on aurait le droit de chercher 1 organe de l’odorat, chez ces crabes respirant l’air comme chez les vertébrés qui respirent l’air à l’entrée des voies respiratoires. (A suivre). NOUVELLES ZOOLOGIQUES. lies pelottes de l'estomac du lapin. En 1685, Conrad Peyer., signalait dans sa Merycolo- yia, la présence de pelotes stomacales chez les lapins. Il les croyait formées sur place, c’est-à-dire dans l’esto¬ mac même. Daubenton , qui s’en occupa après lui. admit cette manière de voir. Plus récemment, M. G. Colin (d’Alfort) émit h avis que ces pelotes ne sont autre chose que des bols alimentaires arrivés intacts à l’estomac. Tous trois étaient dans Terreur. Telle est du moins l’opinion de M. Ch. Morot , qui vient de reprendre l’étude de la question. Vingt séries d'expériences conçues dans l’esprit le plus scientifique et conduite de la façon la plus consciencieuse ont permis à 1 auteur de donner sur la nature, l’origine — 383 — et le rôle de ces corps les renseignements précis consi¬ gnés daus le travail qu’il vient de publier dans les Mé¬ moires de la Société Centrale de Médecine vétérinaire. Après quelques considérations sur l’anatomie et la physiologie de l’appareil digestif des Léporidés, M. Mo- rot donne une description détaillée des pelotes stomaca¬ les. Ce sont de petites masses arrondies revêtues d’un enduit muqueux formant à leur surface une mince pelli¬ cule plus ou moins brillante. Leur nombre peut dépasser quatre cent, leur poids total peut atteindre soixante-dix grammes. Localisées dans le sac gauche, elles ne se ren¬ contrent jamais dans le sac droit. L’auteur expose ensuite avec détails les séries d’expé¬ riences qu’il a effectuées. Nous nous contenterons d en donner ici les résultats les plus importants. Ces expérien¬ ces établissent que : 1° Les lapins domestiques tenus à l’abstinence alimen¬ taire seule, pendant un temps plus ou moins long, ne laissent ordinairement pas de crottes dans leur habitation, tandis qu’ils en laissent toujours lorsqu’ils sont tenus pendant le même temps à l’abstinence alimentaire et stercorale. 2° La production de pelotes stomacales est arrêtée dès que les lapins, recevant à manger comme d’habitude, sont privés de l’ingestion des crottes. 3° Elle réapparaît quand on fait cesser cette pri¬ vation. 4° Les lapins domestiques ont deux espèces de crottes : Les unes pelliculèes ne se trouvent que dans les déjec¬ tions des sujets privés de l’ingestion des crottes, les autres non pelliculèes sont mêlées aux premières chez les ani¬ maux précités et composent exclusivement les déjections des sujets placés dans les conditions ordinaires. 5° En raison de la présence des pelotes stercorales pel- liculées dans le rectum de la plupart des lapins et dans les déjections de tous ceux qui sont privés de 1 ingestion des crottes, l’absence constante de ces pelotes dans les — 384 — déjections des lapins soumis à un modus vivendi ordi¬ naire ne peut être expliquée que par leur transmigra¬ tion stomacale. — De l’ensemble de ces faits se dégagent les trois points principaux suivants : 1° La disparition des crottes s’explique par leur dé¬ glutition. 2° Toutes les pelotes ster cor aies ingérées deviennent des pelotes stomacales. 3° Les petites masses arrondies du ventricule ne se produisent que lorsque l'ingestion des crottes a lieu. Nous pouvons donc conclure avec l’auteur que les PELOTES STOMACALES DES LÉPORIDÉS SONT DES CROTTES INGÉRÉES AU SORTIR DE L’ANUS ET ARRIVÉES INTACTES AU VENTRICULE. M. Morot a de plus constaté expérimentalement qu’au¬ cun aliment n’arrive en pelote au ventricule (M. Colin) ; que les aliments ne se pelotonnent jamais dans l’estomac (Peyer-Daubenton) ; que les léporidés ne ruminent point (Gesner, Aldrovande, Peyer, Duverney, Moniez). L’auteur s’est assuré de visu que l’ingestion des crot¬ tes est un acte habituel. Elle a ordinairement lieu après chaque repas nocturne, lorsque les animaux n’ont plus faim et bien qu’ils aient encore des aliments à leur dis¬ position. — L’ingestion est alors limitée. Les léporidés pratiquent aussi cet acte pendant le jeûne, mais à ce moment l’ingestion est illimitée. Le phénomène étrange de l’ingestion des crottes étant bien et dûment constaté, reste à savoir pourquoi il a lieu. M. Morot considère cet acte comme exclusive¬ ment physiologique , et pour lui, l’ingestion stercorale a pour but de faire subir une redigeslion aux aliments incomplètement digérés. — La rapidité du premier par¬ cours alimentaire (onze heures en moyenne chez les lapins), et le peu de digestibilité des substances ligneuses dont se nourrissent les léporidés démontrent en effet l’utilité de cette redigestion. De plus, comme l’a reconnu le savant vétérinaire de Paris, la privation de l’ingestion des crottes chez les lapins bien nourris amène rapide¬ ment la mort. C’est donc un acte indispensable à la vie des animaux qui nous occupent, acte purement physiolo¬ gique qui ne s’accomplit, d’après 1 auteur, ni sous lin- fluence de l’instinct de conservation, ni sous celle de l’instinct de propreté. G. Dutilleul. NÉCROLOGIE. D AV AINE. Camille-Joseph Davaine est né à Saint- Amand-les- Eaux (Nord) en mars 1812. Ceux qui l’ont connu enfant assurent qu'il fut de bonne heure réfléchi , examinant toutes choses et questionnant sur toutes choses, courant après le papillon , les brins d’herbes rares, les cailloux qui ne ressemblent pas aux autres , les petites bêtes aux¬ quelles personnes ne prend garde. On devinait en lui un observateur ; il voulait être naturaliste, et 11e choisit pas le dur et fatigant métier de médecin. Sa thèse, dont le sujet est chirurgical, parce qu’il lui semblait plus positif, est soutenue par lui à 25 ans. 11 a hâte de terminer ses études obligées, puis il se livre à peu près exclusivement à l’histoire naturelle , et , sur les instances de ses cama¬ rades d’alors , sur les conseils de ses maîtres, il se met à l’usage du microscope, recherchant de préférence l’étude des intiniments petits, des trames profondes des tissus , des rouages les plus mystérieux de la vie. En fréquentant les hôpitaux, Davaine avait suivi le service de Rayer, qui , poursuivant ses etudes de méde¬ cine comparée , se livrait à des recherches de détails anatomiques et physiologiques concernant les animaux inférieurs. Le médecin de la charité remarqua le jeune — 386 — étudiant naturaliste 6t S6 1 at lacha comme aide5 Gt l’élève Gt Ig maîtrG cimentèrent ainsi uhg amitié qui ne sg dé¬ mentit jamais. Aussi trouvons-nous dans les archives de médecine comparée fondées par Rayer, un premier tra¬ vail de Davaine, le premier imprimé, croyons-nous, après sa thcsc, sui le pldluriasis ani et vuIvœ des bêtes bovines, maladie due à un parasite du genre Hœmatopinus, qu’il distingua pai plusieurs caractères des espèces du même genie. Loisque Rayer fonde la Société de Biologie , qui dès son début, appelle sur elle l’attention des investiga¬ teurs du grand domaine de la physiologie , Davaine est là aussi, prêtant un concours empressé à la nouvelle Société et a son fondateur, et enrichissant ses comptes rendus et mémoires de travaux incessants et intéressants dans lesquels on rencontre toujours , soit un fait nouveau, soit une interprétation nouvelle d’un fait mal étudié ou in¬ complètement connu. D autres plus autorisés que nous insisteront bientôt sur l’importance des travaux de Davaine en physiologie humaine et en zoologie , et nos lecteurs anciens ont eu d’ailleurs la primeur de la plupart de ces travaux, insé¬ rés dans la Gazette médicale , pour lu première fois, avec les procès-verbaux de la Société de Biologie. En parcourant la liste qui terminera cet article, ils se rap¬ pelleront sans doute ses recherches de 1849 à 1859 sur la génération de 1 huître, les globules blancs du sang humain, les cysticerqucs du tissu cellulaire, les kystes du foie, les animalcules infusoires, la maladie du blé, les conditions de l’existence et de la non existence de la îéviviscence chez certains animaux, etc. Plusieurs de ces mémoires importants ont été couronnés par l’Ins¬ titut, et avaient consacre déjà en France et à l’étranger la réputation de Davaine. En 1860, son traité des ento- zoaires et. des maladies vermineuses de V hommelQ met¬ tant décidément en relation avec le monde savant ; il devient l’homme compétent toujours consulté , et vou¬ lant justifier la bonne opinion qu'on a de lui , il commu¬ nique àl Institut et à la Société de Biologie ses premières 387 — recherches sur la contagion des maladies charbonneuses; la bactéridie constitue le seul agent appréciable de la contagion féconde , découverte qui suffit à illustrer un homme de science , et l’Institut, disposant d’une de scs récompenses en faveur de Davaine , lui décerne en 1865 le prix Bréant. Patronné par Rayer, qui le fit nommer médecin par quartier du chef de l’Etat et médecin ordinaire de plu¬ sieurs membres de la famille Rothschild, Davaine n eut pas besoin de consacrer ses journées à la clientèle. Chose rare , il n’était point ambitieux d’argent , et son microscope, un laboratoire improvisé partout où il se rendait, suffisaient à ses goûts simples. Bon et serviable, il était accessible à tous et a donné d’utiles conseils à tous ceux qui allaient frapper à sa porte. Ennemi des discussions inutiles, il ne laissa pas d’ennemis et n em¬ ployait jamais le mot adversaire. Reçu membre de l’Aca¬ démie , en 1868, en remplacement de Trousseau , il n’as¬ sistait guère qu’aux séances où les travaux analogues aux siens se trouvaient à Tordre du jour, et il prenait volontiers la parole. Il faisait autorité et on l’écoutait. Une correspondance active avec les savants de sa com¬ pétence le poursuivait partout, et lui , si calme d’ordi¬ naire , était quasi-joyeux lorsque nous lui remetlions quelque mince brochure , arrivée d'Europe ou d’Amé¬ rique pour lui, avec quelque bactérie pour sujet. Après de longues souffrances , Davaine est mort à la campagne le 13 courant ; ses obsèques ont eu lieu à Paris ; il a formellement demandé qu’il n’y eût aucuns honneurs rendus à sa dépouille. La réputation qu'il laisse suffit, en effet, à sa gloire scientifique. Voici la liste aussi complète que possible des travaux de Davaine : 1837. (Thèse de doctorat), Paris, in-4°. 1843. Note sur le phlhiriasis ani et vulvœ (espèce bovine). In-Archives de médecine comparée, p. 243. — Cas de rhinocéphalie chez un lapin. In Comptes-rendus — 388 — de la Société de Biologie, t. I, p. 167. — Cas de cyclocé- phalie chez un fœtus de cochon, ibid. , p. 198. — Obser¬ vations pour servir à l’histoire de quelques monstruosités de la face (en collaboration avec M. Ch. Robin). In Mémoires de la même Société, t. I, p. 43. 1844. 23 Préparations concernant le développement du cerveau humain, de 5 semaines à 7 mois, In Traité complet de l’anatomie de l’homme , par Bourgery et Jacob, t. 18, planche 10 bis. 1849. — Sur l’os thyro-byoidien des batraciens anou¬ res, In Comptes rendus de la Société de Biologie, 1. 1, p. 150. — Recherches sur la génération de l’huître. (En collaboration avec M. Chaussât), ibid., p. 98. — Sur la mutabilité de la coloration des rainettes, ibid , p. 153. — Cas d’œuf double de Paludine vivipare et de Planorbe, ibid., p. 88. — Cas d’bypérencéphalie chez un embryon de poulet, ibid., p. 123. — Cas de scissure de la voûte palatine et de la lèvre supérieure (gueule de loup) avec déformation du cerveau chez un fœtus humain, ibid., p. 124. — Cas de rhinocéphalie chez un lapin, ibid., p. 167, — Observations pour servir à l’histoire de quelques monstruosités de la face (en collaboration avec M. Char¬ les Robin), ibid p. 43. — Cas de cyclocéphalie chez un fœtus de cochon (en collaboration avecM. Chaussât, ibid. p. 198. — Absence de la plupart des vertèbres caudales chez le chien, ibid, p. 119. — Cas d’atrophie partielle de la moelle épinière au niveau de son renflement lombaire coïncidant avec une atrophie des racines antérieures cor¬ respondantes et avec une paralysie du mouvement vo¬ lontaire dans les membres postérieurs, observés chez un jeune agneau (en collaboration avec Claude Bernard), ibid. p. 120. 1850. Sur la nature et les fonctions de l’organe palatin des Cyprins, ibid., t. II, p. 181. — Recherches sur les globules blancs du sang de l’homme et des animaux, ibid. p. 103. — Description du squelette d’un poulet double monocéphalien, ibid. p. 13. — Duplicité de la face chez les oiseaux, ibid, p. 97. — Remarques sur une observa- — 389 — tion de fœtus anencéphale, ibid. p. 108. — De l’absence congéniale du radius chez l’homme, ibid. p. 39. Deux cas de fusion des dents, l’un d’une incisive surnuméraire avec une incisive normale chez un enfant, 1 autre de deux molaires chez un adulte ; avec des remarques sur ce vice de conformation, ibid. p. 16. — Examen d’une main et la moitié inférieure de l’avant-bras affectés d eléphantia- sis des arabes (en colloration avec M. Rayer), ibid. p. 67. _ Note sur une tumeur indeterminee des os maxillaiies du bœuf, ibid. p. 119. — Cas de compression de la por¬ tion thoracique de l’œsophage par une. masse tubercu¬ leuse développée dans les ganglions du médiastin posté¬ rieur, ayant causé la mort chez un lapin ordinaire (Simm capucina), ibid. p. 90. „ ' # 1851 . Conferve parasite sur le Cyprinus carpio , ibid. t. 111 p_ 82. _ Sur les larves rendues avec les selles, ibid. p. i\2. — Sur des granulations graisseuses du rein chez l’homme, ibid. p. 151. — Recherches anatomiques sur le . Mermis. In-Annales de la Société entomologique, p. CXII1. . A 1852. Recherches sur la génération des Huîtres, rans, in-8°. Extrait des comptes-rendus de la Société de Riolo- gie. t, IV, p. 297. — Cas de cysticerques du tissu cellu¬ laire intermusculaire observés chez l’homme (en collabo¬ ration avec Follin), ibid.p. 19.— Kyste hydatique de foie avant subi une transformation athéromateuse chez 1 hom¬ me, ibid. p. 6. — Examen d’une concrétion sanguine extraite de la veine saphène et regardée comme un hématozoaire, ibid. p. 127. — Larves rendues avec les selles par un homme, ibid. p. 96. — Description d un kvste pileux de l’ovaire droit, ibid. p. 36. Note sur un kyste pileux de l’ovaire, ibid. p. 127. — Note sur des kystes séreux du foie formés par la dilatation des ^con¬ duits biliaires ou des cryptes de ces conduits, ibid.p. ou. Examen microscopique de deux cataractes lenticulaires, ibid. p. 163.— Mémoire sur la paralysie' générale ou partielle des deux nerfs de la septième paire , ibid. p. 137. — 390 — 185^, S ui des animalcules infusoires trouvés dans les selles de malades atteints du choléra et d’autres affec¬ tions. In-Comptes rendus de la Société de Biologie. 2e sérié, t. I, p. 129. — Sur des urcéolaires parasites dans la vessie urinaire des tritons, ibid. p. 170. —Note sur une tumeur siegulière contenant une quantité prodigieuse d œufs d’helminthes, observée sur un poisson nommée Aigle-Bar, ibid. p. 141. — Recherches sur les vers des vaisseaux pulmonaires et des bronches chez le marsouin ibid. p. 117. 1855. Remarques sur les corpuscules du sang de la Lamproie et sur ceux des animaux en général, ibid. 2e série, t. 2, p. 54. — Recherches sur les hydatides, les ecliinocoqucs et le cœnure et sur leur développement, ibid. p. 157. — Description de deux productions polvpi- formes du col de l’utérus, constituées par une simple extension des éléments de cet organe (en collaboration avec M. Laboulbène, ibid. p. 142. — Cas de gangrène ce l’amygdale dans la scarlatine, ibid. p. 49. — Recher¬ ches physiologiques sur la maladie du blé, connue sous le nom de nielle et sur les helminthes qui occasionnent cette maladie. In Comptes rendus de l’Académ.e des Sciences, t. XLl. 18o6. Recherches expérimentales sur la vitalité des anguillules du blé niellé à l’état de larve et à l 'état adulte, ibid., t. XLIII. — Recherches sur l’anguillule du blé niellé considérée au point de vue de l’histoire naturelle et de l’agriculture. Paris, in-b°. Extrait des Comptes rendus de la Société de Biologie, t. III. _ Re¬ cherches sur la vie latente de quelques animaux et de quelques plantes, ibid., p. 22ô. 1857. — Note sur un cas de kystes hydatiques multi- ples. (En collaboration a vecM. Charcot). In Mémoires de la Société de Biologie, 2e série, t. IV, p. 103. — Sur un cas de maladie de la balsamine des jardins. (Impa¬ tiens balsamina) . Ibid. p. 131. - De l’action du cœnure sur le cerveau (Tournis). Ibid. p. 177. 18o8. Recherches sur le développement de l’œuf du - 391 — Trichocéphale dispar et de l’Ascaride lombricoïde. In Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. XL4 I, séance du 21 juin; Comptes rendus de .a Société de Biologie, 2e série, t. V, p. 105. 1859. Même sujet ; Journal de physiologie, t. II, p. 29o. _ Recherches sur les conditions de l’existence ou de la non existence de la réviviscence chez des espèces appar¬ tenant au même genre. Iu-Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. XLY III. 1860. Mémoire sur les anomalies de l’œuf. Paris, gr. in-8°. Extrait des Mémoires de la Société de Biologie, 2e série, t. II. p. 183. — Traité des entozoaires et des maladies vermineuses de l’homme et des animaux do¬ mestiques. Paris, in-8°, avec fig. Trad. anglaise, lb63; 2e édition française, i877. 1861. Hvdatides développées dans le poumon et suivies de guérison. In-Comptes rendus de la Société de Biolo gieC 3e série, t. 111, p. 271. — Hydatides du cerveau^ et du cœur (en collaboration avec M. Charcot), inid. p.2/3. — Recherches sur le frémissement hydatique, ibid. p. 189. 1862. Sur la constitution de l'œuf de certains entozoai¬ res et sur la propriété do se développer à sec. In-Mé- moires de la Société de Biologie, 3e sérié, t. IA . Siu un mode de dissémination des œufs chez les entozoaires des voies respiratoires, ibid. p. ... faits et considéra- tions sur la trichine ( Pseudalius tvichina ), ibid. p. . . . 1863. Sur la coloration vineuse d'une infusion par le développement de monades rouges. In-Comptes rendus de la Société de Biologie, 3e sérié, t. V, p. ... 8ui une nouvelle espèce de sarcine commune chez la poule, ibid. p. ... — Cas de pied bot coïncidant avec un spina bifida chez un veau, ibid. p. ... — Recherches sur les infusoires du sang dans la maladie connue sous le nom de sang de rate. Iu-comptes rendus de l’Académie des sciences, t. LYII, p. 22 J, 351. 386; Comptes rendus de la Société de Biologie, 3e série, t. Y, p. 149 et Mémoires de la même Société, p. 193. — 392 — 1864. Nouvelles recherches sur la nature de la maladie charbonneuse connue sous le nom de sang de rate. In- Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. LIX, p. 393. — Sur la présence des bactéridies dans la pus¬ tule maligne chez Phomine (en collaboration avec M.Raim- beit), ibid. p. 429. Sur 1 existence et la recherche des bactéridies dans la pustule maligne. In-Comptes rendus de la Société de Biologie, 4Ô série, t, I, p. 93. 1865. - Recherches sur la nature et la constitution anatomique de la pustule maligne. In-Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. LX, p. 1296. — Sur la pré¬ sence constante des bactéridies dans les animaux affectés de la maladie charbonneuse, ibid, t. LXI, p. 334. Recher¬ ches sur une maladie septique de la vache, regardée comme de nature charbonneuse, ibid., t. LXI, p. 368. — Note en réponse à une communication de MM. Leplat et Jaillard sur la maladie charbonneuse, ibid. t. LXI p. 523. , 1868; Note sur la pustule maligne. In- Bulletin de l’Académie de médecine, t. XXVI, p. 721. — Expérien¬ ces relatives à la durée de l’incubation des maladies chai bonneuses et à la quantité de virus nécessaire à la transmission de la maladie, ibid. p. 816 à 821. 1870. Rapport sur un travail de M. le docteur Raim- bert, intitulé : Recherches sur la constitution et le dia¬ gnostic de 1 œdeme malin. Bulletin de l’Académie de médecine, 18.0, p. 50. — Rapport sur deux mémoires de M. Mégnin relatifs à des parasites du chat et du che¬ val, ibid. p. 55. Etudes sur la contagion du charbon chez les animaux domestiques, ibid. p. 215. — Études sur la genèse et la propagation du charbon, ibid. p. 741. Expei iences relatives a un moyen de multiplier le virus vaccinal, ibid. p. 743. 18 2. Recherches sur quelques questions relatives à la septicémie, 18/2, p. 907. — Recherches sur quel¬ ques questions relatives à la septicémie, ibid. p. 976. — echerches sur la nature de l’empoisonnement par la — 393 — saumure, 1872, p. 1051. — Cas de mort d’une vache, par septicémie, ibid. p. 1058.-— Lettre sur la septicémie, ibid. p. 1243. 1873. Observations sur la septicémie chez l'homme, ibid. p. 124. — Résumé de 83 expériences sur la ques¬ tion. p. 222. — Rapport sur un mémoire de M. Onimus sur 1 influence des organismes inférieurs développés pendant la putréfaction et sur l’empoisonnement putride des animaux, p. 464. — Discussion sur la septicémie, 487. — Réponse à M. Collin sur ses communications relatives à la septicémie, p. 1272. — Recherches relati¬ ves à 1 action de la chaleur sur le virus charbonneux. In- Comptes rendus de l’Académie des sciences, t, LXXY11, p. 726. — Recherches relatives à Faction des substances dites antiseptiques sur le virus charbonneux , ibid. p. 821. 1879. Recherches sur quelques-unes des conditions qui favorisent ou qui empêchent le développement de la septicémie. In-Bulletin de 1 Académie de médecine, p. 121. 1880. Recherches sur le traitement des maladies char¬ bonneuses chez l’homme, ibid. p. 757. 1881. Les trichines et la trichinose, ibid. p. 249. A. Dureau. lie docteur PIÎEJL. Les journaux de notre ville ont annoncé il y a quelques jours, en deux lignes, la mort du docteur Puel, agrégé, professeur d’anatomie à la Faculté de l’État. Cette sécheresse d’information s’explique. Le docteur Puel n était pas à Lille un homme fort répandu. En dehors de la Faculté de médecine, il n’était pas connu en ville de 50 personnes. Plus réservé de manières et de langage que ne l’est d’ordinaire un méridional, peu de gens venaient à lui et il n’allait à personne. — 394 - Ce n’est pas qu’il fût d’extérieur ingrat ni timide. Tout en lui prévenait en sa faveur : les traits, déjà un peu effacés, étaient réguliers et fins, ses manières étaient aisées, sa courtoisie exquise, Il parlait peu, mais savait tout écouter avec une bonhomie spirituelle et souriante. Dans les bons jours , entre amis , portes closes, il était plein de verve et d abandon, aiguisait le trait et } ex¬ cellait. Avec un esprit net du monde , son titre de savant of¬ ficiel emporté de haute lutte , le moindre souci des rela¬ tions utiles lui eût permis de tenter des succès de clien¬ tèle et d’argent. [J idée seule de considérer une chaire de V Etat comme un instrument de clientèle ou de lucre le scandalisait . Nourri chez les siens , médecins comme lui , dans le culte des nobles et austères traditions des vieux maîtres, il en avait le désintéressement inquiet, pointilleux et jaloux. Si des malades , avertis par quelques amis , venaient réclamer ses services , il gardait pour lui les pauvres ; les autres n’étaient pas de son gibier. Jamais il n’a dit ce qu’il entendait chez le médecin ou le profes¬ seur par la dignité professionnelle , mais il en a réalisé, sous les yeux de ses élèves, le type accompli. Sa vie était celle d’un anachorète triste et doux. Jeune encore, sans autre amb:tion que de remplir supérieure¬ ment les devoirs acceptés, désabusé de tout hormis de la science, il s’y était réfugie. La paix de lame, les conso¬ lations intérieures que d’autres désabusés de ce monde demande aux petites pratiques de la vie dévote ou au silence du cloître , le doux rêveur les trouvait dans le labeur scientifique patient et désintéressé. La solitude continue , ordinairement si insupportable , si fatale aux faibles , quand elle ne produit pas l'hébétude complète de l’esprit , favorise l’ élévation de la pensée et rend faciles les sacrifices à l'idée pure. Dans 1 isolement voulu où il l’avait réduite , sa noble et généreuse nature produisait sans effort , avec une inconscience parfaite, comme 1 arbre 39o — produit un fruit, le parfum exquis des vertus morales indispensables à la science : Je dévouement, le désinté¬ ressement , l'abnégation, le sérieux. Le métier de savant a pourtant d'autres exigences. 11 faut avoir touché à bien des ordres de l'activité intellec¬ tuelle, pour tenter avec quelque compétence, surtout en biologie, des recherches personnelles. On peut à la rigueur posséder bien le savoir professionnel , être mé¬ decin renomme, chirurgien nabile et n avoir aucune des habitudes desprit que suppose une simple recherche bien conduite. Autre chose est de ranger un fait sous une loi connue, autre chose de saisir, dans l’ensemble des faits , le fil léger qui les relie. Il y a loin du praticien au savant. Depuis que les maîtres du Positivisme français, préoc¬ cupés surtout des conditions générales de la bonne édu¬ cation de l’esprit, ont énuméré les études préparatoires indispensables aux études biologiques , nul peut être . mieux que le docteur Puel, n’a réalisé, sur ce point, leur piogramme . possession complété des méthodes d’inves¬ tigation propres a toutes les sciences ; maîtrise sûre des vérités capitales fournies par chacune d’elles. Cette forte discipline de l'esprit, le docteur Puel l'avait. Lien qu il ait été, dès le collège, résolu à être médecin, avant d’entrer à la Faculté de Paris , il avait suivit . en effe . sur les conseils éclairés d’un vieux savant, le doc- teui Th. Puel, son oncle, 1 ensemble des cours de mathé¬ matiques spéciales de Charlemagne et les cours scienti¬ fiques de la Sorbonne. Il avait conservé , plus profondé¬ ment encore qu il ne pensait lui-même, l’empreinte parti¬ culière de cette initiation. Cette préparation savante lui valut , à la Faculté de médecine de Paris, une série d’éclatants succès : interne des hôpitaux en 1865, lauréat de l’Académie de médecine en 1873, de la Société Nationale de chirurgie en 1875 (Prix Gerdy), agrégé enfin , il a- été un des hommes les plus complets parmi les générations savantes écloses dans le tablier de Lefort. — 396 — Avait-il néanmoins les parties divines de l'homme de science , la puissance de coordination, l’intuition vive , la pénétration profonde, cet au delà enfin qui, sous 1 accu¬ mulation des faits, pressent la loi et la dégage ? Sa courte vie. employée de 25 à 35 ans à soigner les malades d une petite ville, à préparer t n province la conque' e des grades élevés de l'Université, terminée à 40 , ne permet pas de répondre. Il avait dû, sitôt l’agrégation, créer son cours, le compléter, le corriger. C’est depuis trois ans seule¬ ment qu’il se livrait assidûment à des recherches pei sonnelles. On a de lui des communications diverses aux journaux spéciaux, plusieurs brochures ; la dernière, publiée deux mois avant sa mort, contient un travail fort original. Je manquerais de respect à sa mémoire et au public, si je me permettais d’apprécier de tels travaux : j’essaie de dire ce que fut l’homme, non le spécialiste. Ses collègues, parmi lesquels il comptait tant d’amis, quelques-uns admirables de savoir, de netteté d esprit et de saine cri¬ tique . détermineront , ave plus de compétence que moi , ce qui est vraiment neuf et personnel dans son œuvre. La technique de son enseignement m’impose la meme réserve, mais son sa méthode que j’ai eu 1 occasion d ap¬ précier. Ses leçons étaient des modèles d exposition savante, remarquables par l’ordre, la clarté et la préci¬ sion. Ce qu’elles lui coûtaient de lectures , de notes , de corrections est inouï. On ne publiait pas une brochure , on n’émettait pas une théorie en France ou à l’étranger, sur les matières de son ressort , qu’il ne se crût oblige de les étudier, de les discuter, de les juger. Il pensait qu’une leçon de haut enseignement ne mérite pas d’être entendue, quand elle n’exprime pas, sur chaque point traité , avec indication des sources, l’état complet a précis de la science à l’heure même de la leçon. La mort frappe ce noble et laborieux pionnier à moins de 40 ans, dans la pleine maturité de l’âge et du talent. Le grain de sable apporté par lui à l’édifice séculaire de — 397 — Îla science avant peu sera imperceptible et ne gardera plus son nom. Qu'importe? l’œuvre est tout, non l’ou¬ vrier. Le docteur Puel laisse une veuve et un jeune fils, qui toujours sont demeurés près de sa vieille mère, au pays natal. Ces faibles et respectueux hommages rendus à sa mémoire seront une très insuffisante consolation à des cœurs si éprouvés. Lucien Thèvenix, avocat CHRONIQUE. MÉTÉOROLOGIE. Température atmosphérique moyenne . . . » » des maxima.. » » des minima. . •> extrême maxima , le 2 . « minima , le 15. Baromètre, hauteur moyenne à 0:* ...... » extrême maxima , le 8 . " fl min., le 27, 6 h. 45 mat Tension moyenne de la vapeur atmosphériq Humidité relative moyenne % . Epaisseur de la couche de pluie . « a d’eau évaporée. . SEPTEMBRE. 1882. année moyenne 13°. 89 15°. 27 17°. 69 10°. 10 24°. 40 5°. 40 756mm 872 760““. 143 768mm.470 743mm.150 9mn* .43 10mm. 17 78.60 77.44 54mm . 18 66,um.08 72mm. 87 80miu . 48 Pendant le mois de septembre nous voj'ons se conti¬ nuer l’état météorique du mois d’août ; aussi l'influence fâcheuse exercée sur les récoltes a-t-elle été la même. La température atmosphérique moyenne est de i°.3S infé¬ rieure à la moyenne ordinaire ; la moyenne des maxima et celle des minima s’abaissent aussi. La différence entre les extrêmes est de 19'\ La hauteur moyenne de la colonne barométrique est de 3mm.271 au-dessous de la moyenne ordinaire de ce mois. La différence entre les extrêmes est de 25mm.32. Malgré la baisse du baromètre qui indiquait une grande — 398 — quantité de vapeur d’eau dans les hautes régions de l’atmosphère, les condensations ne furent pas abondantes et il resta dans l’air une grande quantité de vapeur en dissolution. L’épaisseur de la couche d’eau pluviale re¬ cueillie en vingt jours est de llmm.90 moindre qu’en année moyenne. L’humidité des couches inférieures est aussi plus grande qu’en septembre année moyenne ; ce qui, conjoin¬ tement avec la température, contribue à diminuer de 7mm.6i l’épaisseur de la couche d'eau évaporée. Peu d’électricité dans l’air qui n’éprouve aucun mouve¬ ment violent et qui, pendant la soirée du 13, donna lieu à des éclairs sans tonnerre brillant à l’horizon N. E. Pendant la nuit du 13 au 14, continuation du même météore, horizon N. Du 1er au 15, la moyenne des températures maximaest de 18°. 73, celle des minima 10°. 74, dont la moyenne est 14°. 70. Du 15 au 30 moyenne desmaxima 16°. 64, moyenne des minima 9°. 46, d’où 13°. 05. A la hauteur moyenne du baromètre observée pendant la première moitié du mois (75omm.726) correspondait une nébulosité moyenne de 6.73 et une couche de pluie de 10mm.44 en 9 jours ; à la moyenne de la seconde moitié (754"im.684) correspondait, ce qui est normal, une nébulo¬ sité de 7. 28 et une couche de pluie de 43mm.73 en onze jours. L’humidité moyenne de l’air de la couche inférieure est 0.753 pour la première période, correspondant à une évaporation de 41mm.75, tandis que pour la seconde elle est de 0.818 correspondant à une évaporation de 30aim seulement. Le vent régnant fut le N. O. froid et humide. Pendant la soirée du 28, on observa un halo lunaire. Le nombre des brouillards fut de 28. celui des rosées 17. Malgré la fréquence des pluies d’août et septembre, le niveau des nappes d’eau souterraines resta très bas, ce qui se comprend facilement quand on considère combien a encore été grande la quantité d’eau évaporée pendant — 399 — ces deux mois. La couche superficielle du sol seulement a été mouillée, mais à 30 centimètres de profondeur, la terre est complètement sèche. Y. Meurein. Température atmosphérique moyenne. . . . * moyenne des maxirna . . " » des minima . . ■' extrême maxirna , le 11.. * •' minima , le 26. . Baromètre , hauteur moyenne à 0Ü . » extrême maxirna, le 4 . • » minima, le 24, 1 h. 10 s. Tension moyenne de la vapeur atmosphériq. Humidité relative moyenne °/0 . Epaisseur de la couche de pluie . ** « d’eau évaporée. . . La température moyenne du mois d’octobre est ordinai¬ rement égale à la moyenne annuelle ; cette année elle fut supérieure, quoique moins élevée que celle du même mois année moyenne. Cette élévation est due aux pluies continuelles lournies par des nuages venant du S. O. ; aussi la moyenne des maxirna et celle des minima surtout qui s abaissa sous l’influence de la sérénité des nuits et des premières gelées blanches, conservèrent-elles un haut degré. La différence entre les températures ex¬ trêmes a été de 17°. 0. On n’observa aucune gelée, ni gelée blanche. Le nombre de jours de rosée ne fut que de 18. La température moyenne des 15 premiers jours fut de 13°. 20, celle des maxirna 16°. 46, celle des minima 9°. 94; la moyenne des 16 derniers jours fut de 9°. 49, diminuant sensiblement en même temps que la durée du jour, celle des maxirna 12\30, celle des minima 6°.68. L évaporation de l'eau, si influencée par la chaleur, fut en octobre 1882 plus grande que pendant le mois de même nom d une annee moyenne ; cependant la tempéra¬ ture a été un peu moindre. Mais la force du courant OCTOBRE. annee moyenne 1882, 11°. 29 14°. 32 8°. 26 21°. 50 4n. 50 756mm 906 770mm.180 742mm 240 8mm 54 85.5 1 01mm. 13 44mra.31 11°. 44 757mra 913 8mm 49 83.38 72mm gg 41 mm.99 — 400 — atmosphérique qui, le 24, atteignit 1 intensité de la tem¬ pête, compensa l’atténuation de la température. Pendant la première moitié du mois 1 épaisseur de la couche d’eau évaporée fut de 26“ra.76; pendant la se¬ conde, grande diminution 17mm.55. La hauteur moyenne du baromètre resta de lmm.O au- dessous de la moyenne ordinaire d octobre, et la diflerence entre les oscillations extrêmes fut de 27mm.94. Cette dépression barométrique décelait dans l’air la présence d’une grande quantité de vapeur d’eau. Aussi l’épaisseur de h couche de pluie fut-elle de 101ram.13 pour 28 jours. Du 1er ru 15, la moyenne de la hauteur barométrique fut de 761mm.232 et l’épaisseur de la couche de pluie re¬ cueillie en 14 jours ne fut que de 29inm.36 ; du 15 au 31, hauteur barométrique moyenne 752mm.850, épaisseur de la couche de pluie recueillie aussi en 14 jours , La nébulosité du ciel pendant cette seconde période fut de 7.43; elle avait été de 6.93 pendant la première. La plus grande quantité de pluie recueillie en 24 heures a été de 25mra.86 le 23. Le plus grand abaissement de la colonne mercurielle barométrique a été de 742mm.24 le 24 à 1 h. 10 du soir coïncidant avec une violente tem¬ pête S. O. L’humidité moyenne des couches d’air en contact avec le sol fut de 0.855 ; en octobre année moyenne elle est de 0.833. Du 1er au 15 elle fut de 0.838, du 15 au 31 elle fut bien plus grande 0.863 ; aussi nous avons vu plus haut combien elle a nuit à l’évaporation. Dans de telles conditions d’hygromotricité, l’air fut très chargé d’électricité, ce qu’ont démontré la superbe aurore boréale du 2, les orages des il et 12, la tempête du 24. Sous l’influence des pluies d’octobre, le niveau de la nappe aquifère souterraine s’est sensiblement élevé et les travaux agricoles ont été entravés. Y. Meurein. LILLE. — IMP L. DANBL 1882. Nos 11-12. NOYEMBRE-DÉCEMBRE. ÉCOLES ACADÉMIQUES DE LILLE. ANATOMIE ARTISTIQUE (Leçon d’ouverture). L’ART ET LA SCIENCE Par le Dr Et. COLAS. L’art et la science ont un seul et même champ d’étude : la Nature. Mais leurs travaux à chacun diffèrent : l’une s’attache à expliquer les phénomènes, à analyser les faits ; l’autre cherche à rendre l'impression, l’extérieur des choses. Voir, sentir, rendre, voilà l’art; voir, juger, expliquer, voilà la science. — La science agit vivement sur l’art, elle rectifie les erreurs des sens, l’aide à inter¬ préter justement les faits, augmente le champ de l’obser¬ vation. C’est cette influence que j’ai voulu esquisser ici en m’occupant exclusivement de l’anatomie. L’anatomie est l’étude des parties qui constituent un corps organisé. Tout sujet complexe peut être examiné à des points de vue différents. En anatomie ces points de vue sont multiples. Etudier simplement et méthodique¬ ment un organe, envisager son histoire successive et complète appartient à Y anatomie descriptive. Comparer un organe dans la série animale, considérer ses modifications suivant les adaptations, concerne Y ana¬ tomie philosophique ou comparée Etudier les organes compris dans une région donnée, intéresse l’anatomie chirurgicale ou topographique. Enfin étudier non plus un organe sain, mais un organe malade, constitue Y anatomie pathologique. Ces applications ne sont pas nécessaires à l’artiste. Ce qui doit l’intéresser c’est l’extérieur de l’être, ce qui lui m - importe de connaître c’est la forme, la charpente, toutes les particularités extérieures du corps. L’anatomie appliquée aux beaux-arts, appelée géné¬ ralement anatomie des formes, mérite mieux le nom d 'anatomie artistique qui est plus compréhensif. L’artiste n’a pas seulement à étudier les formes de l’individu en repos, mais aussi les modifications de ces formes, c’est-à-dire les organes en fonction. Il faut qu’il joigne à l’anatomie la physiologie ; et cette partie qui traite des organes en activité est peut-être la plus importante. Le but que se proposent l’anatomie et la physiologie artistiques, l’ardeur qu’ont mise à l’étude de ces sciences des artistes tels que A. Dürer, Léonard de Vinci, Michel- Ange, Raphaël, Titien, etc., montrent assez leur utilité. En effet, par l’observation raisonnée on arrive sûrement à des résultats profitables. Personne ne peut nier la supériorité de l’analyse scientifique sur l’empirisme. Par l’anatomie, l’artiste, en face des modifications si variées des formes et des êtres, trouve l’explication juste des phénomènes. L’ana¬ tomie fait plus encore, elle simplifie l’étude. Les mouve¬ ments dans la vie sont souvent si rapides, qu’il est presque impossible de les reproduire exactement. A l’aide de l’anatomie, l’esprit, pour ainsi dire « sensibilisé», les saisit plus vite, se les retrace et permet de les rendre fidèlement. Les connaissances sur l’anatomie humaine datent, dira-t-on, d’une époque peu éloignée, et cependant les Grecs ont eu de merveilleux artistes, leurs œuvres, certes, ne laissent rien à désirer. A la vérité, les anciens ignorèrent la structure humaine. Hippocrate (450 av. J. -G) n’en parle pas. Ses travaux ne contiennent absolument rien sur ce sujet. Ses successeurs, Démocrite, Empe- docle, Anaxagore, etc., disséquèrent des animaux et, par analogie, construisirent l’homme. A cette époque, il eût semblé sacrilège d’ouvrir un cadavre humain. A Alexandrie, il est vrai, Hérophile et Erasistrate dissé- — 403 — quèrent des hommes. Mais leur enseignement s’étendit peu et les Empiriques, qui préféraient la pratique, la routine, à la raison, à l’observation, arrêtèrent bientôt l’impulsion salutaire donnée par ces savants. Galien (131 av. J.-G.) travailla sur des singes. C’est à peine s’il connaissait le squelette humain. Il est tout joyeux de « pouvoir examiner à loisir des os humains, que le courant d’une rivière débordée avait jetés dans un terrain marécageux, après avoir démoli un tombeau nouvellement construit. » Malgré ce manque absolu de connaissances sur l’ana¬ tomie humaine, la Grèce eut pourtant Phidias, Polyclète, Alcamène , Scopas , Praxitèle , Agassias , Myron , Lysippe, etc., et leurs œuvres le Gladiateur , le Thésée , 1 e Discobole, Ylllyssus, le Faune au repos, etc., sont, anatomiquement parlant, presque irréprochables. Gomment expliquer cette apparente contradiction? Reportons-nous à l’époque et dans le pays où vivaient ces artistes. Ciel bleu, gelées très rares, chaleurs tempérées, tel est le climat de la Grèce. Le cotonnier, le riz, l’oranger, le citronnier, le palmier, arbres toujours verts, y croissent sans culture dans une atmosphère inva¬ riable et tiède. Les nuits douces permettent aux habitants, pendant une grande partie de l’année, de reposer sur les terrasses. Là, nul besoin de vêtement. Tous agissant sur les places, les ports, les chantiers, montrent à nu leur chair et leurs membres. Sous ce climat si favorable existait une civilisation spéciale La culture du corps y était en honneur comme est chez nous celle de l'intelligence. Des jeux, des luttes, des concours étaient institués à Némée, à Pytho, à Olympie, etc. Toute la Grèce y affluait. Difficiles étaient les conditions d’admissibilité , les honneurs rendus aux vainqueurs faisaient de ces jeux des fêtes solenmelles. Aux olympiades, l’athlète devait être homme libre, un fils de famille comme nous disons ; sa vie devait être irréprochable, il jurait d'avoir subi un — 404 — entraînement d’au moins dix mois. Chacun des concur¬ rents représentait une cité dont il prenait le nom, l hon neur de la ville était attaché à leur sort. Aussi quand après la lutte les vainqueurs étaient proclamés dans le cirque, c’étaient des hourras, des applaudissements fré¬ nétiques. Les poètes les chantaient, les artistes les sculptaient. Leurs noms étaient écrits aux fastes de la nation. En rentrant dans leurs villes ils étaient l’objet d’un nouveau triomphe. A cette vue les jeunes gens s’enthousiasmaient et rêvaient pour eux aussi une gloire semblable. Dès l’enfance, on se livrait aux exercices physiques. A la puberté on allait au gymnase. C’était un endroit public, un lieu de réunion ; là poètes, artistes, philoso¬ phes causant, discutant, regardaient les jeunes gens : ceux-ci couraient, ceux-là luttaient, d’autres jouaient au disque. Nus, frottés d'huile, les membres semblaient de bronze, les moindres saillies luisaient au soleil. Toutes les parties du corps développées par l’exercice, entraient successivement en action. Les artistes avaient donc toujours sous les yeux de belles formes dans des mouve¬ ments sagement combinés. Outre ces jeux et le gymnase, les Grecs donnaient de grandes fêtes religieuses, jours de danses rythmées et de processions ; là encore les plus beaux avaient le pas sur tous. Tout contribuait au développement de l’homme ; con¬ traints aux exercices violents, les plus faibles succom¬ baient : il se fit ainsi un triage, une sélection naturelle. A Sparte, les enfants chétifs étaient tués dès leur nais¬ sance (sélection artificielle). Enfin les plus beaux fécon¬ daient les plus belles (sélection sexuelle). Le climat, les institutions, la race rendaient donc facile aux artistes grecs l’étude des formes humaines. L’obser¬ vation simple des faits vaut quelquefois mieux que l’érudition. Des hommes comme Phidias savaient voir, comprendre, traduire. L’ignorance en anatomie étaient aussi complète chez — 405 — les Romains que chez les Grecs . A Rome, entre la voie Labicane et la voie Prœnestine, demeurait Musa, méde¬ cin de l’empereur Auguste. 11 possédait une statue de marbre représentant un torse d’homme dont la partie antérieure complètement ouverte, laissaient voir les viscères. 11 y a cent ans, dans des fouilles, ce curieux objet d’art fut trouvé et placé au Vatican (n° 806) En 1857, MM. Dechambre et Charcot firent une étude raisonnée de cet antique. Le cœur vertical, médian, tou¬ chant à peine le diaphragme, était bien celui décrit par Galien, le cœur non de l’homme, mais du singe. Le conte¬ nant est humain, le contenu simien. Mais les Romains avaient eux aussi des combats, des jeux. Leurs gladiateurs, esclaves choisis pour leur force et leur beauté, se montraient dans l’arène, perfectionnés encore par l’hygiène et l’exercice. Ici l’artiste n’avait qu’à ouvrir les yeux. Sitôt les exercices physiques changés, sitôt les vête¬ ments modifiés, la conception du corps humain revient à un état inférieur presque primitif. Privé des secours de l'anatomie scientifique, manquant des lumières de 1 ob¬ servation continue, l'artiste perd la connaissance exacte des formes humaines, mais l’art ne tombe pas. 11 y a dans les œuvres du moyen âge d’immenses qualités artistiques. La vie intérieure, spirituelle, y est intense. La pensée de cette époque toute contemplative, en dehors du monde, est reproduite d’une façon sûrement sublime. Les ten¬ dresses, les délicatesses du mysticisme, les exaltations de l’extase, y débordent. Mais sous quelle forme ! Les corps sont laids, disgracieux , disproportionnés, même grotesques. Les personnages ne sont pas viables ; ils sont squelettiques, moribonds, transparents. Contraste étrange avec les belles carrures de l'antiquité, les formes parfois trop olympiennes des madones de la Renaissance. Déjà, au XIIIe siècle, Philippe II, empereur d’Alle¬ magne, avait ordonné que personne ne serait nommé médecin sans avoir disséqué au moins deux ans ; cela lui valut deux excommunications. Mundini de Luzi (1250 à — 406 — 4326), fit paraître le premier ouvrage sur l’anatomie humaine. Mais personne encore n’osait attaquer Galien. Le fétichisme aveuglait, le bâillon de l’église fermait toutes les bouches. La liberté de la pensée, le progrès ne prirent leur élan qu a la Réforme. Au XVIe siècle, Yesale apparaît. Plus de préjugés, il dissèque le cadavre humain et montre, pièces en main, les erreurs de Galien. L’ana¬ tomie humaine était faite. Les artistes alors prêchent eux-mêmes d’exemple. Léonard de Vinci prépare un traité d’anatomie artistique et laisse à sa mort 13 por¬ tefeuilles remplis de croquis. L'un d’eux, parvenu jusqu’à nous, ne contient pas moins de 779 dessius. Michel-Ange méditant un crucifix, scalpel en main au couvent du Saint-Esprit à Florence, étudie le cadavre, prépare un traité des mouvements musculaires. Raphaël laisse beau¬ coup de dessins anatomiques, le Musée Wicar de Lille en contient de superbes. Que dire de Titien. J. Romain, Carrache, Dominiquin, Daniel de Volterra, etc. Non seulement ces grands maîtres travaillaient l’anatomie, mais ils étaient liés d’amitié avec des anatomistes. Michel- Ange était l’ami de Realdo Columbo, Titien illustra, avec Jean de Calcar, l’ouvrage de l’immortel Vesale. Artistes et savants se donnent la main et s’aident mutuellement. La reproduction du corps humain atteint la précision, la beauté des temps les plus purs de l’antiquité grecque. Cet exposé historique montre bien, il me semble, toute l’influence de l’anatomie sur les arts. Quelles sont les notions que donne aux artistes l’étude de l’anatomie ? Les sujets d’étude sont les proportions, les formes , les attitudes , les mouvements. Aborder ex abrupto les questions que traitent l’anatomie et la phy¬ siologie artistiques exigerait des connaissances prélimi¬ naires que tout le monde ne peut avoir. Cependant, à propos de chacun des points de vue indiqués précédem¬ ment, nous allons esquisser à larges traits la valeur des renseignements anatomiques. L’étude des proportions a pour but de déterminer chez — 407 — l’individu les rapports de dimension des parties entre elles et avec le tout. Cette étude importante en zoologie, en anthropologie, a aussi une utilité très grande dans l’art. C’est l’application du principe général de corrélation des formes : Tout être organisé forme un ensemble dont toutes les parties concourent à une action définitive; au¬ cune de ces parties ne peut changer sans entraîner les autres; en conséquence, chacune d’elles prise séparément indique et donne toutes les autres. Pour déterminer les rapports, il fallait prendre une mesure commune et c’est sur le choix de cette unité qu’ont varié tous les systèmes. Les Egyptiens avaient choisi le médius. M. Ch. Blanc, par l’étude des bustes qui se trouvent au musée du Louvre et par celle d’une figure de l’ouvrage de Lepsius, démontre la vérité de cette assertion. La figure de l’ouvrage de Lepsius est divisée par deslignes transversales. Une de ces lignes, la hui¬ tième à partir du sol, passe sous la main droite fermée et tenant une clef, en coupant le médius près de sa raci¬ ne ; tandis que la septième ligne passe à l’extrémité du médius gauche étendu. La figure mesure 19 médius de hauteur. Le centre de figure, c’est-à-dire le point où la hauteur est divisée en deux parties égales, tombe au ni¬ veau des organes génitaux. Les Grecs, d’après M. Ch. Blanc, employaient les mêmes mesures. Il prend comme exemple le fameux Doryphore de Policlète. Il mesure également 19 médius. Yitruve prenait pour unité laface, c’est-à-dire la partie qui s’étend de la base du menton au haut du front, racine des cheveux. 11 comptait dix faces dans le corps humain. Le centre de figure du corps est au nombril. La hauteur est égale à la distance qui sépare les extrémités des deux mains étendues en croix ; la plus grande envergure en un mot est égale à la hauteur. A. Dürer adopte la même unité : il divise le corps en 10 parties égales ; chacune de ces parties en 10 portions; chaque portion en 10 minutes. 408 — Léonard de Vinci, Michel-Ange, J. Cousin, etc., pri¬ rent la tête comme unité. J. Cousin divisait le corps en huit têtes : du sommet de la tête au menton, une tête ; du menton au mamelon, une tête ; du mamelon au nombril une tête ; du nombril aux parties génitales, une tête ; des parties génitales au milieu de la cuisse, une tête ; du milieu de la cuisse au genou, une tête ; du genou au-des¬ sous du mollet, une tête; du mollet au talon, une tête. La tête se divisait en 4 parties : du sommet de la tête à la racine des cheveux, une fpartie ; de la racine des che¬ veux à la racine du nez, une partie ; de la racine du nez à sa hase, une partie ; de la hase du nez à la partie infé¬ rieure du menton, une partie. Le centre du corps était au pubis. La plus grande envergure était égale à la hau¬ teur du corps. Ce système fut généralement adopté par les artistes et les anatomistes s’occupant d’art. Gerdy admet huit têtes. Cependant peu de statues antiques ont huit têtes. Anti- noüs a 7 têtes, 2 parties; Vénus de Médicis, 7 têtes, 3 parties ; Apollon du Belvedère, 7 têtes, 3 parties, 6 minutes ; Hercule Farnèse, 7 têtes, 3 parties, 7 minutes. M. Fau n’admet que 7 têtes, rarement 7 têtes 1/2. M. Montabert a pris une nouvelle unité. 11 divise le corps en 100 parties égales. La tête est encore divisée en 4 portions égales et le centre de figure est aussi au pubis. Ces proportions sont celles de l’homme adulte. Pour la femme adulte les proportions changent peu , sauf le centre de figure situé un peu plus haut. Suivant l’âge les différences sont plus importantes. A 3 ans l’enfant a 5 têtes ; de 3 à 4 ans il a 5 têtes 1/2 ; de 8 à 9 ans 6 têtes ; de 12 à 15 ans 6 têtes 1/2 ; de 15 à 17 ans 7 têtes ; à 17 ans 7 têtes 1/2. Telles sont les proportions considérées comme nor¬ males par les artistes. Passons ces notions au crible de la critique moderne. Sappey a mesuré 40 individus bien conformés et, a trouvé que la hauteur variait entre sept têtes, sept têtes et demie et huit têtes. Il a insisté tout — 409 — particulièrement sur ce fait important que la tête ne varre pas en raison de la taille. Aussi la hauteur d’un homme grand contiendra plus de têtes que celle d’un petit, et cependant les proportions, c’est-à-dire les con¬ ditions d’équilibre, seront bonnes de part et d’autre. Sappey a vérifié que le centre de figure est en général au niveau des organes génitaux, mais qu’il peut osciller dans des limites assez étendues. Il est d’autant plus bas que la taille est plus élevée : les jambes, en effet, gran¬ dissent proportionnellement plus que le torse. Chez la femme, le centre de figure tombe au niveau du pubis, les jambes étant en général égales au torse. Il peut cependant tomber 4 à 5 centimètres au-dessus ou au-des¬ sous du pubis sans que la femme cesse d’être bien con¬ formée. D’après Sappey la face n’est pas toujours la 10e partie du corps comme le croyait Vitruve ; elle peut n’en repré¬ senter que la 9e partie, quelquefois plus, quelquefois moins. Des recherches de Sappey nous pouvons conclure que les données artistiques sont trop absolues. Suivant les canons artistiques, les parties sont toujours en rapport constant entre elles. Par exemple, quand le tronc grandit, les jambes doivent croître dans un rapport constant et fixe, car le centre de figure doit toujours tomber au même point. En réalité il n’en est pas ainsi, nous l’avons vu plus haut, les jambes grandissent relativement plus que le tronc. Du reste les artistes anciens ne faisaient pas tomber toujours le centre de figure à la racine de la verge; l’Apollon de Belvédère, par exemple, a 2 m. 15 et son centre de figure est à 4 cent. 1/2 au-dessous de la sym¬ physe du pubis, ce qui est conforme à la nature. Quetelet a également fait des mesures sur la face d’un grand nombre de Belges. Comparons ses résultats à ceux donnés par Gerdy comme artistiques. Il comptait dans la tête quatre parties égales , le nez étant égal à chacune des parties. Or, voici le tableau donné par i 'Quetelet: -- .. . a H — 440 — Le corps étant divisé en 10 parties, on compte : Du sommet de la tête à la racine des cheveux 2.5 De la racine des cheveux à la racine du nez.. . 4.3 De la racine du nez à la base de cet organe.. . 3 De la hase du nez au menton . 3 De plus il a constaté lui aussi que la tête représente en moyenne les 13/100 du corps, ce qui fait environ 7 tête 1/2 pour la hauteur moyenne du corps. Enfin, il a mesuré la distance qui s’étend d’une main à l’autre, quand on a les bras en croix, et il a trouvé cette longueur plus grande que la hauteur du corps. Nous avons vu que les auteurs anciens regardaient ces deux dimensions comme égales. En résumé, dans la question des proportions générales, l’anatomie vient vous apporter des notions plus précisés, des principes vrais et pratiques ; elle vous invite à vous défier des canons , des credo. Les artistes , préoccupés d’un type idéal, ont souvent perdu de vue la nature , qui devrait cependant être leur seul guide. L anatomie en indiquant les principes généraux des proportions , en donnant les limites extrêmes dans lesquelles on peut se maintenir sans tomber dans 1 impossihle et le faux, a rendu plus indépendant. Les proportions des différentes parties du corps entre elles, si intéressantes au point de vue auquel nous nous plaçons , ne peuvent être étudiées maintenant faute de notions d’ostéologie que vous aurez plus tard. Etudions les formes en général. A cette étude devrait être annexée une autre étude non moins importante , celle de toutes les particularités extérieures du corps : couleur de la peau ; nature, couleur, disposition des che¬ veux ; tissu graisseux ; etc.; parties, ce me semble, assez négligées dans les anatomies artistiques. N’insistons pas sur la forme générale du corps. Vous savez tous que la tête forme un ovoïde à grosse extrémité supérieure ; que la ligne qui descend des épaules vers les hanches est oblique de haut en bas et de dehors en dedans, tandis que celle de la hanche vers le sol va de haut en bas et de dedans en dehors, etc., etc. Il est plus important de vous dire que les saillies sont généralement constituées par des muscles variables de forme, et les dépréssions par des parties fibreuses ou osseuses. Ces parties dépri¬ mées sont des points de repère invariables d’où partent et où aboutissent les lignes mouvantes de la muscu¬ lature. Nous insisterons un moment sur les autres caractères descriptifs donnés par l'anatomie. La peau présente des colorations variables suivant les races. On compte trois sortes de pigments ou grains colorés dans la peau : le jaune, le rouge , le noir. Les races blanches sont carac- tarisées par l’absence presque complète de grains colo¬ rés dans la peau. Cette absence peut-être complète chez les albinos. Toutes les nuances existent entre le t>pe blanc et les types colorés. La différence est grande de la Scandinave à l’Andalouse. Le teint jaune qui se rencontre chez les Asiatiques peut varier du jaune pâle au brun olive. La teinte rouge ou cannelle est particulièrement attri¬ buée aux Américains, aux Polynésiens. Les Foulbessont jaune rhubarbe, les Bisharis, rouge acajou. Le teint noir peut également varier depuis le gris sale jusqu’au noir de jais. Les habitants de la côte de Guinée, les Yoloffs, sont noir franc. Les Hottentots, les Boschi- mans sont d’un gris jaune , les Obongos, également. Les Australiens, au contraire, sont noirs. Ces différentes couleurs peuvent d’ailleurs se mélan¬ ger pour donner des nuances spéciales : brun rouge , brun olivâtre, etc. Ces notions permettent à l’artiste de varier ses types, d’orner sa palette. La couleur des poils, des cheveux , des yeux est en général en rapport avec celle de la peau. La coloration des cheveux se distingue ainsi qu’il suit : blanc de lin , blond, jaune doré, roux, châtain, brun noir, noir de jais... L’abondance des poils et des cheveux est encore un caractère important. Les Australiens, les Tasmaniens, les Todas, les Aïnos sont très velus, des poils leur couvrent les épaules sous forme de toisons épaisses , rendant ainsi la légende d’Esaü vraisemblable. M. Rosny a rencontré un métis d’ Aïnos et de Japonais qui portait des poils de 17 cent, de long. Les anciens Assyriens étaient égale¬ ment très velus. Inversement le système pileux est rare chez les nègres d’Afrique , les anciens Égyptiens , les Américains, etc. La conformation de la chevelure a aussi son impor¬ tance. Les cheveux peuvent être lisses, lorsqu’ils sont rectilignes sur toute leur longueur; ondés, lorsqu'ils décrivent de longues courbes ; bouclés, lorsqu aune cer¬ taine distance de leur extrémité ils forment des anneaux généralement incomplets et assez larges ; frisés, lorsque ces anneaux, plus petits, occupent toute la longueur des cheveux ; laineux , lorsque ces anneaux sont petits et s’entortillent aux voisins de façon à former de petites touffes qui rappellent celles de la laine. Ces derniers cheveux peuvent présenter divers aspects. Ils sont longs et tombent en torsades comme chez les Tasmaniens ; ou bien longs et hérissés en tous sens de façon à former une masse globuleuse et qu’on appelle en tête de vadrouille çPapous, Caffres, ; ou bien courts , tantôt en toison continue, tantôt en petits amas , ce qui donne lieu à la chevelure en grains de poivre des Hotteil- oOtS. Les cheveux droits ou frisés sont parfois souples et soyeux, comme chez les Scandinaves; tantôt lustié^ comme chez les Malais ; parfois durs et raides comme des crins, chez les Américains. On voit combien, grâce à l’anatomie , a l’étude de ces particularités, le champ de 1 observation s élargit. L art, en utilisant ces renseignements , ne peut que gagner en originalité, en pittoresque, en vérité. L’attitude du corps doit être examinée dans deux condi¬ tions : après la mort, pendant la vie. L’artiste néglige — 413 — il trop le cadavre. Chacun sait combien diffère le corps mort du corps endormi. Pourtant bien des Pieta ou mieux Pitia manquent de caractère. Les artistes n’a¬ vaient point copié sur le mort. D’une façon générale, le cadavre obéit aux lois de la pesanteur. Ce principe est un guide. Entrons dans une salle d’amp hithéâtre. Un cadavre est sur une table. La mort remonte à 10 ou 12 heures. Couché sur le dos. il a les avant-bras fléchis sur le bras et demi-tournés vers le corps; sa main, en rotation en dedans, a le pouce dans la main, la première phalange seule pliée. Ses jambes, légè¬ rement arquées , dirigent la pointe des pieds en dehors. La tête est penchée sur l’épaule , les traits sont affaissés, le nez est aminci ; les paupières entrouvertes laissent voir un œil terne et vitreux, à pupille dilatée, au regard fixe ; le globe de l'œil se dirige en arrière et en haut, le cadavre semble vouloir regarder derrière lui. La scléro¬ tique est teintée de jaune ; à son angle externe apparaît une tache noire qui grandit. La bouche est ouverte, les lèvres flaches sont livides, la mâchoire est abaissée , la langue noire. Une couleur jaune et mate couvre le corps, des tons de cire vierge apparaissent à la paume des mains, à la plante des pieds. Le bout des doigts et la racine des ongles sont violacés. Les plaies, les muqueuses, sont décolorées. Aux endroits ou le corps appuie, les chairs sont aplaties, écrasées, sans ressort. Les régions com¬ primées sont blêmes; à côté, dans les parties inférieures, des marbrures, des vergetures variant du bleu au rouge, s’étendent. A l’abdomen, au flanc, des colorations vertes. La mort a signé son œuvre ! Donc, les signes qui, ar leur ensemble, indiquent la mort, sont : la flexion 1 3 s membres, du pouce à l’inté¬ rieur de la main ; le pied en dehors ; la paupière et la bouche entr’ouvertes, l’œil terne; la peau, jaunâtre, pré¬ sentant des marbrures aux parties inférieures, non écra¬ sées ; des lividités à l'abdomen ; les points de sustenta¬ tion écrasés ; les plaies, les muqueuses, décolorées. Ces signes suffisent pour distinguer complètement la mort du sommeil même léthargique. 444 — Telle n’est pas toujours l’attitude du cadavre. La mort pétrifie parfois l’individu dans la pose du dernier moment. A l’Alma, un jeune Russe, couché sur le côté, à genoux, les mains élevées et jointes, la tête renversée en arrière, semblait murmurer une prière suprême (Perrier). Sur la pente d’une colline , un chasseur allemand , les mains crispées sur le fusil, gardait l'attitude d’un soldat grim¬ pant à l’assaut. Un autre, étendu sur le dos, levait vers le ciel des bras suppliants. Dans la guerre de sécession, un cavalier américain fut trouvé debout, appuyé contre son cheval, le pied gauche dans l’étrier, le droit à terre, la main gauche à la crinière, la droite à la carabine, la tête regardant l’ennemi. Il était mort dans un état com¬ plet de raideur. (Brinton Rossbach). Ces attitudes saisissantes se présentent à la suite de fatigues musculaires excessives. Quelles scènes les artis¬ tes peuvent tirer de pareils faits ! Pendant la vie, l’attitude est subordonnée à certaines lois mécaniques que nous ne ferons qu’indiquer ici. Pour qu’une position soit possible pour l'homme vivant, il faut que la ligne qui passe par le centre de gravité tombe perpendiculairement sur la base de sustentation. Tous les efforts musculaires font observer cette loi, sinon il y a chute. On a coutume de diviser l’étude des mouvements en deux chapitres. L’un traite des mouvements géné¬ raux, l’autre des mouvements de la face. Le premier porte le titre : étude des mouvements ; le deuxième : expression des émotions. En réalité, tous les mouvements expriment des émotions plus ou moins intenses, plus ou moins habituelles. Pour nous conformer à un usage sans inconvénient, nous conserverons cette division. Les mouvements du corps correspondent ordinaire¬ ment à une attitude déterminée, nécessitée par les lois de l’équilibre. Indiquer les modifications de formes produites par chaque mouvement, nous entraînerait trop loin. Ce que nous voulons particulièrement faire ressortir ici, c’est l’importance des mouvements secondaires ou mieux corrélatifs. Il y a, dans toute action un peu énergique, un mouvement principal, exécutif par lequel s’exerce l’ac¬ tivité et des contractions musculaires éloignées se joi¬ gnant à celui-ci. Ces mouvements complémentaires, et en apparence accessoires, sont nécessaires ; ils main¬ tiennent l’équilibre, l’empêchent de se déranger sous l’in¬ fluence d'un mouvement actif. Ces contractions corréla¬ tives indiquent tout aussi bien que le mouvement princi¬ pal l’intention, le but du mouvement. Dans l’acte de mon¬ trer du doigt, l’attitude est toujours la même. Mais il y a différence dans l’ensemble du mouvement, quand l’indi¬ vidu indique simplement ou menace. S’appuyer contre un objet ou le presser ne détermine pas dans le corps les mêmes modifications, l’attitude pourtant est identique. Cette synergie, cette union d’action des muscles les uns avec les autres est pour l’artiste d’une importance capi¬ tale. Dans bien des œuvres artistiques, le membre en action est bien exécuté et cependant la figure n’a pas l’expression voulue. Cela tient à ce que l’artiste a trop négligé ces actions secondaires en apparence, mais en réalité capitales pour exprimer l’intention . L’anatomie aide l’artiste dans cette étude difficile en lui indiquant les conditions de mouvement et d’équilibre du corps. L’expression des émotions, là devraient tendre tous les efforts des artistes. A notre époque, où l’activité nerveuse est extrêmement intense, où l’esprit est chaque jour à la recherche d’émotions nouvelles, dans nos pays où l’homme entièrement et lourdement vêtu ne laisse plus rien voir de son corps, toute l’attention est concentrée sur la figure, sur la physionomie. Elle seule exprime la vie intérieure de l'être, ses désirs, ses joies, ses douleurs. Les traits ont une mobilité extraordinaire. Ce n’est qu’au prix d’un long travail, ce n’est qu’à force d’attention, d’observation, de réflexion qu’on arrive à saisir rapidement, à rendre sûrement ces mille nuances d’expression. L’observateur n’est pas indépendant ; souvent , en présence d’une dou¬ leur, notre sympathie s’éveille, notre propre émotion nous distrait. Inquiets de ce qui va se passer, nous ne pouvons observer que superficiellement. Tous ceux qui ont étudié l’expression, savent quelles difficultés ils ont rencontrées. Dans la plupart des œuvres d’art, les têtes sont peu expressives en elles-mêmes ; l’émotion y est indiquée par des accessoires habilement combinés. 11 y a mille avantages à retirer de l’étude raisonnée des modi¬ fications infinies de la figure humaine , des notions scien¬ tifiques sur l’expression, des émotions chez les êtres vivants. L’anatomie et la physiologie , en vous indiquant les principes de la science, de l'expression, vous simpli¬ fieront l’étude, animeront vos œuvres. Vous voyez combien d’éléments, l’anatomie et la phy¬ siologie vous fournissent. Vous avez constaté, d’autre part, que faute de notions préliminaires, il est impossible de traiter toutes les questions qui ont trait aux propor¬ tions, aux formes, aux mouvements, etc. Force nous est donc d’abandonner notre ordre d’exposition, pour vous donner les notions nécessaires à la compréhension des développements qui suivront. Or , vous avez remarqué que toutes les proportions étaient prises d’après le sque¬ lette ; que les attitudes dépendaient en grande partie de la direction des leviers ; que les mouvements se manifestaient par la contraction de certaines masses musculaires faisant mouvoir des parties osseuses. Dans toutes ces questions, le squelette a une importance énorme. Il est donc logique de commencer l’étude de l’anatomie, par celle des os et des liens qui les réunissent entre eux. Puis, de passer aux muscles qui viennent s’insérer aux os et enfin , re¬ prenant l’étude des proportions, des formes, des attitudes, des mouvements, nous pourrons vivifier les fastidieuses descriptions d’ostéologie, d’arthrologie, de myologie. L’anatomie artistique, pour être complète, ne doit pas seulement s’occuper de 1 homme. A notre epoque , le milieu dans lequel l’homme s’agite a pris-, avec justes raisons, une valeur considérable. L’homme et la nature forment une grande symphonie. L’artiste devrait avoir des notions sur tout ce qui l’entoure. L’études des ver¬ tébrés avec lesquels l’homme est en rapport continuel, — 417 — devrait être l’appendice de l’anatomie artistique. C’est une partie complètement négligée et que je compte vous exposer l’été. La science cherche le vrai ; l’art , pendant longtemps, a cherché le beau, l'idéal. Aujourd’hui, nous demandons l’étude pure et simple des choses qui nous entourent. Reproduire naïvement, sincèrement, sans préoccupation théorique, les sensations quotidiennes, tel est l’objet de l’art moderne. Le savant et l'artiste se donnent alors la main pour s’aider mutuellement : tous deux observent la nature. La science simplifie la besogne, elle indique dans quelles limites l'artiste doit se tenir pour éviter le faux, et l’intéresse en attirant son attention par ses obser¬ vations. Mais là est la seule mission de la science. La science cherche les faits, l’art traduit les émotions. Mais cette traduction n’est pas une copie servile ; l’artiste n’est pas un appareil de reproduction ; c’est un être qui éprouve des émotions fausses ou vraies, peu importe, mais réelles, qu’il a le droit, le devoir, de nous faire partager. Qu'il le veuille ou non, il fait dans son œuvre une harmonie artificielle , nécessaire , indispensable à l'expression des émotions ressenties. Il a le droit de sou¬ ligner certains détails, d’en atténuer d’autres. Ce serait faire œuvre d’esprit étroit et jaloux, que de chicaner un artiste sur une exagération nécessaire à l’effet général, une musculature trop accentuée , une carrure trop puis¬ sante. Ce qu’on doit demander, exiger d’un artiste, n’est pas la repruduction servile des détails, mais la traduction du vrai, du réel, c’est l'interprétation juste et sincère de la nature. L’artiste, en résumé, doit se servir de l’anato¬ mie pour rester exact, sincère, vrai. L’art prenant son principe exclusif dans la science serait aussi faux que celui qui le chercherait seulement dans le rêve, dans l’idéal. D1 Et. Colas. 29 — 418 — POUR DARWIN, Par Fritz MULLER, Traduit de l’allemand par F. DEBRAY, licencié ès-sciences naturelles. « Cæteram, nullius in verba jurant, aliorum inventa consarcinare baud insti tui ; quæ ipse quæsivi , reperi , repetitis vicibus diversoque tempore observavi . , , .... propono . » O. F. Millier [Historia Vernium). Suite (1). Voilà ce que fournissent les faits concernant la respira¬ tion aérienne des crabes. J'ai déjà indiqué plus hautla raison pour laquelle la doctrine de Darwin exige que, si des dispo¬ sitions particulières existent pour la respiration dans l’air dans plusieurs familles, elles soient mophologiquement dif¬ férentes dans les différentes familles. Puisque l’expérience est en complet accord avec cette nécessité, le succès est d’autant plus marqué en faveur de Darwin que les Clas¬ siques, bien loin de pouvoir prévoir ou expliquer des diffé¬ rences aussi profondes, devront considérer ces mêmes faits comme quelquechose d’excessivement étonnant. Dans les deux familles des Ocypodides et des Grapsoïdes, le plus grand accord règne dans toutes les conditions de structure dans les organes des sens, dans l’articulation des membres, dans chaque petit bâtonnet ou petite touffe do poils de leur appareil stomacal compliqué, dans le cœur et la circulation, et dans les appareils servant à la respi¬ ration aquatique jusque dans les crochets microscopiques des poils des fouets qui balaient les branchies, partout le même plan de structure est conservé ; d’où vient brus¬ quement cette exception, cette complète différence pour la respiration aérienne ? Les Classiques auront de la peine à répondre à cette (1) Voir Bulletin scientifique , septembre-octobre 1882, page 854. — 419 — question ; il faudrait, pour le faire, qu’ils se plaçassent au point de vue théologique et téléologique, point de vue qui parmi nous, est en discrédit et qui permet de regarder une disposition comme expliquée, si on peut démontrer son utilité pour l’animal et à ce point de vue même on peut dire que la fente largement béante sur les pattes de derrière n’avait rien de dangereux pour YAratus Pisonii , vivant dans le feuillage du Mangle, mais ne con¬ venait pas à YOcypoda, vivant dans le sable ; et qu’alors, pour prévenir l’entrée du sable, l’ouverture branchiale devait être placée à leur partie la plus profonde et, de là, se diriger en arrière, et devait être dissimulée entre des surfaces larges, bordées sur leurs contours de brosses protectrices de poils. Ilne s’agit pas dans ces lignes, d’en¬ trer dans une réfutation générale de la doctrine de l’uti- tité. A peine y aurait-il quelque chose à ajouter à tout ce qui a été dit à ce sujet depuis Spinoza. On peut seulement remarquer que pour moi l’un des plus importants résul¬ tats de la doctrine de Darwin est d’avoir dégagé les consi¬ dérations incontestables d’utilité sur le domaine de la vie, de leur immensité mystique. Pour le cas présent, il suffit de montrer que l’appareil du Gelasimus des marais de Mangle, qui jouit des mêmes conditions de milieu que différents Grapsoïdes ne s’accorde cependant pas avec le leur, mais avec celui de YOcypoda qui habite le sable. VI. Un exemple presque aussi frappant que celui des Crabes respirant l’air, se présente dans la nature du cœur des Edriophthalmes. On partage avec raison les Edriophthalmes sur la proposition de Dana et de Spence Bâte en en deux ordres : les Amphipodes et les Isopodes. Chez les Amphipodes parmi lesquels ces observateurs comptent les Caprelles et les Lémodipodes de Latreille, le cœur se trouve à une place fixe. Il s’étend comme un long tube dans les sept articles qui suivent la tête et pré¬ sente pour l’entrée du sang trois paires de fentes munies — 420 — de valvules et placées dans le second, troisième et qua¬ trième article. C’est ce que La Valette a trouvé chez le Niphargus ( Gammarus puteanus) et Clans chez le Phronima: j’ai trouvé la même disposition chez un nombre considérable d’espèces des familles les plus différentes (1). Les seules exceptions importantes contre lesquelles je me suis heurté jusqu’à présent, se présentent dans le genre Brachycellus (2). Dans ce genre, le cœur ne pré¬ sente que deux paires de fentes: il s’étend par devant, (1) Les jeunes dans l’œuf, peu de temps avant l’éclosion, sont particu¬ lièrement commodes pour l’examen des fentes du cœur . Ils sont plus transparents, les mouvements du cœur sont moins impétueux que plus tard, et l’animal reste immobile de lui-même, sans la pression d’un couvre-objet . _ D'après la distribution géographique qu on a 1 habitude d attribuer aux Ainphipodes, le nombre des espèces s’accroîtrait au pôle et diminuerait à l’équateur ; -on peut donc trouver étrange que je parle d’un nombre considé¬ rable d’espèces sur une côte subtropicale. Je ferai remarquer à ce sujet que, en peu de mois et sans explorer les profondeurs inaccessibles de la plage, je trouvai 38 espèces différentes, parmi lesquelles 24 nouvelles, ce qui, avec les espèces que l’on connaissait déjà — grâce à Dana surtout, — constitue un total de 60 espèces Brésiliennes d’amphipodes ; tandis que Kfèver, dans ses > Gronlands Amfipoder ' , n’en connaît, en y comprenant deux Lémodipodes, que 28 espèces provenant de la mer Arctique qui déjà, alors, avait été fouillée par des explorateurs beaucoup plus nombreux. (2) D’après la classification de Milne Edwards, les femelles de ce geme appartiendraient aux Hyperines ordinaires et les mâles, jusqu alors inconnus, devraient être rangés parmi les Hyperines anormales. Le caractère distinclit de ces dernières est surtout un caractère propre aux mâles ; il repose sur la forme des an.ennes antérieures qui sont étonnamment pliées en zig-zâg. Dans les classifications basées sur quelques exemplaires morts, dont on ne connaît ni le sexe, ni l’âge, etc., de pareilles erreurs sont, inévitables. Pour donner un exemple plus récent de méprises analogues, un savant icthyologue, Bleeker, a, dernièrement, distingué deux groupes de Cypri- nodontes : les uns, les Cyprinodontini , caractérisés par une pinna analis non elongata ; les autres, les Aplocheilini, par une pinna analis elongata. Et d’après cela les femelles, d’un petit poisson très commun ici, appartien draient au premier groupe, les mâles au second. De telles erreurs sont inévitables pour les « Dry skin philosopher » et par conséquent pardonnables; elles montrent combien la systématique actuelle raisonnant fréquemment en l’air, est dépourvue de fondements et d’appui ; combien elle a besoin de passer les différents caractères sur la pierre de touche infaillible que la doctrine de Darwin promet de lui donner. — 421 seulement jusqu’au second segment et la paire de fentes qui se trouve ordinairement dans ce segment, fait défaut (1). Vis à vis de l’uniformité qu’offre le cœur dans tout l’ordre des Amphipodes, on est bien étonné dans un ordre voisin des Isopodes, de le retrouver comme un des organes plus changeants. Chez les Isopodes à pinces ( Tandis ) le cœur par sa forme tubulaire et très allongée, ainsi que parle nombre et la situation des ouvertures, ressemble au cœur des Amphipodes. avec cette distinction cependant, que les deux fentes de chaque paire ne sont pas tout à fait en face l’une de l'autre. Chez les autres Isopodes, le cœur est repoussé vers le corps postérieur. Chez Y Entoniscus porcellanœ, isopode étonnamment difforme, parasite interne de Eorcellana , le cœur sphérique de la femelle s’étend seulement dans une petite portion du premier segment allongé du corps postérieur et paraît ne pos¬ séder qu’une seule paire de fentes. Chez le mâle de Y Entoniscus cancrorumn. sp , le cœur se trouve dans le troisième article du corps postérieur. Chez les Cassiclina. le cœur est de même court et est pourvu de deux paires de fentes placées dans le dernier article du corps moyen et dans le premier du corps postérieur. Chez un jeune Ani- locra, je vois le cœur s’allonger dans toute la longueur du corps postérieur et muni de quatre (ou cinq ?) fentes qui ne sont pas disposées par paires, mais alternant, dans un article à gauche, dans le suivant à droite. Chez (1) Dans Milne Edwards : Leçons sur la Physiologie et l'Anatomie comparée , t. III, pag. 197, je trouve l'indication que, d’après Frey et Leuckart, le cœur de la Caprella linearis posséderait cinq paires de fentes. J’ai parfaitement examiné de jeunes Caprella transparentes, vraisemblable¬ ment des Caprella attenuata Dana avec lesquelles se rencontre la pre¬ mière, je n’ai pu leur trouver que les trois paires de fentes habituelles . (Fig. 14) Cœur d’un jeune Cassidina . — 422 les autres animaux de cet ordre que je liai jusqu’à pré¬ sent examinés que d'une façon acccidentelle , il est Fig. 16. Fig. 15. à prévoir qu’on trouvera des différences encore plus grandes. D’où vient maintenant dans ces deux ordres si proches parents d’un côté cette constance, de l’autre celte varia¬ bilité d’un organe de si haute importance ? Il n’y a aucune explication à attendre de l’école classique. Ou elle refu¬ sera d’en examiner le pourquoi, comme étranger à son domaine, comme au-delà des limites de l’histoire natu¬ relle, ou elle cherchera à faire perdre patience au ques¬ tionneur indiscret, en le déconcertant par des périphrases sur le fait, par un discours à sensation richement entremêlé de mots grecs. Comme, hélas ! j’ai oublié mon grec, cet expédient est pour moi lettre morte. Mais comme par bonheur je ne compte pas parmi les maîtres de la (Fig. 15) Cœur d’un jeune Anilocrci . (Fig. 16) Corps postérieur du mâle de YEntonicus Cancrorum, /i cœur. l foie. Faculté, mais, pour parler avec le baron de Liébig, parmi les promeneurs aux limites de l'histoire naturelle, le prude scrupule de l’école ne peut pas m’empêcher de chercher une réponse qui s’offre tout naturellement à qui se place au point de vue de la doctrine de Darwin. En dehors des Isopodes à pinces, que d'autres motifs autorisent à regarder comme particulièrement rapprochés des ancêtres des isopodes (voir plus haut) et en dehors des Amphipodes. les Bracliy ures et les Macroures possèdent aussi un cœur avec trois paires de fentes et essentielle¬ ment dans la même position. Cette position du cœur se retrouve même chez les embryons de Squilla (voir plus bas) ; adultes ou même comme je l’ai montré ailleurs, à l’état de larves encore éloignées de l’âge adulte, elles possèdent un cœur longuement tubuleux avec de nom¬ breuses ouvertures, s'étendant dans une grande partie du corps postérieur. De tout cela, on doit sans aucun doute conclure que le cœur des Amphipodes apparaît comme la forme ancestrale du cœur des Edriophthalmes. Puisque en outre, chez ces animaux, le sang venant des organes de la respiration se rend au cœur sans vaisseaux, il est évident que la position la plus avantageuse de cet organe sera celle où il sera plus rapproché possible des bran¬ chies. On a des motifs pour considérer les relations existant chez les Isopodes à pinces, (voir plus haut) comme la forme ancestrale de l'appareil de la respiration. Là où, comme chez la plupart des Amphipodes, les bran¬ chies se développent sur le corps postérieur, la position et la forme du cœur change en se rapprochant des bran¬ chies et pour cette nouvelle manière d'être, il ne se produit aucun nouveau plan d’ensemble, soit que les changements qui touchent le cœur aient eu lieu dans des groupes subordonnés après la séparation de la forme souche, soit queau moins au moment de cette séparation, le cœur transformé n’ait pas encore pu prendre une nouvelle forme fixe. Là, au contraire, où les organes de respiration demeurent dans la partie antérieure du corps, soit que, comme chez les Isopodes à pinces le mode — 424 primordial de respiration de la Zoè persiste, soit que, comme chez les Amphipodes, les branchies se développent sur le corps moyen, la forme primitive du cœur se transmet sans changements, parce que les déviations qui pourraient se faire jour, seraient plus désavantageuses qu’utiles et disparaîtraient de suite. Je termine cette série d’exemples isolés par une remarque qui ne se rapporte qu’à demi au domaine des crustacés auquel je voudrais limiter ces lignes. Cette remarque n'a, avec les questions que nous venons de discuter, aucune autre relation que d’être un fait com¬ préhensible, d’accord avec la doctrine de Darwin. Un jour, j’ouvrais un Lepas anatifera pour comparer l'animal avec la description qu’en donne Darwin dans « Mono- graph on the subclass Cirripedia », et je rencontrais dans la coque de ce Cirripède une annélide rouge comme le sang, avec un corps court et plat, long d’environ un demi-pouce, large de deux lignes et avec vingt-cinq articles sans parapodes saillants et sans cilsparapodiques. Son petit præstomium portait quatre yeux et cinq antennes. Chaque segment présentait au bord de chaque côté une touffe de soies simples dirigées obliquement en haut et non loin d’elle sur la face ventrale un groupe de soies plus épaisses avec des pointes bifurquées et forte¬ ment recourbées en crochet ; en outre, sur chacune des touffes latérales de soies se trouvait une branchie peu ramifiée sur un petit nombre des articles antérieurs, mais plus en arrière et jusqu’à la fin du corps fortement rami¬ fiée et arborescente. C’était une femelle remplie d’œufs qui, d’après tous ses caractères, appartient manifes¬ tement à la famille des Amphinomides, la ■ seule famille dont les membres, excellents nageurs vivent en pleine mer. Cet animal ne s’est pas égaré par hasard chez le Lepas , mais c’est son hôte habituel. Ce qui le prouve c’est sa grosseur considérable, par rapport à l’étroite ouverture de la coque du Lepas. c’est le manque complet de reflets irisés qui distinguent habituellement a peau des annélides libres, et particulièrement aussi des — 425 — Àmphinomides, c’est la forme et la situation de ses soies inférieures, etc. Ce fait, qu’un ver de la famille pélagique des Àmphinomides se trouve comme hôte dans le Lepas qui flotte en mer. attaché à des morceaux de bois, à des roseaux, ou à d'autres corps de même nature, se com¬ prend sans difficultés au point de vue de la doctrine de Darwin, tandis que la parenté de ce parasite avec les vers libres de pleine mer reste complètement incom¬ préhensible, si on admet qu'il a été créé pour son séjour dans le Lepas . Comme les exemples discutés sont présentés en faveur de la doctrine de Darwin, on leur répondra et avec raison que ce sont des faits isolés ; que les conclusions qu’on en tire dépassent l'importance de celles que livre immédiatement le fait lui-même : qu'ainsi on détourne trop facilement du droit chemin par l’éclat d'une lumière trompeuse. Plus l’édifice s'élèvera et plus large devra être sa fondation solide de faits vérifiés. Tournons-nous maintenant vers un champ plus vaste, l’histoire du développement des crustacés. La science a déjà recueilli sur ce sujet des faits remarquables, nombreux et variés, mais qui forment un amas inculte, une matière brute difficile à utiliser. Voyons comment ces matériaux dispersés se rassembleront entre les mains de Darwin en un édifice bien disposé dans lequel chacun, portant et porté trouvera sa place significative. Entre les mains de Darwin. — car je n'aurais rien à faire que de placer les pierres de l’édifice à la place que sa doctrine leur assigne. « Quand ies rois bâtissent, les charretiers ont à faire. » Vil Jetons d'abord un coup d’œil sur les faits. Parmi les Crustacés à œil pédonculé Podophthalmes . on ne connaît qu extrêmement peu d’espèces qui quittent l'œuf sous la forme de leurs parents, avec les apendices de leur corps — 426 — bien formés et au complet. D’après Rathke, (1) 1 écre¬ visse d’Europe, et d’après Westwood un crabe terrestre des Indes occidentales (Gecarcinus), sont dans ce même cas. Ces deux exceptions appartiennent aussi au petit nombre des Brachyures et des Macroures qui habitent Peau douce ou sont terrestres, — de la même manière dans maints autres cas, les animaux d’eau douce ou terres¬ tres manquent de métamorphoses, tandis que leurs pa¬ rents qui habitent la mer en présentent. Je fais allusion parmi les Annélides aux terricoles et aux hirudinées, en majeure partie d’eau douce ou terrestres ; parmi les Turbellariés aux Planaires d’eau douce et au Tétrastem- ma de la mer Baltique dont l’eau est peu salée, aux Gas¬ téropodes pulmonés et aux Gastéropodes fluviatiles a branchies dont les jeunes (d’après Troschel, Handb der Zoologie) ne possèdent pas de lobes buccaux ciliés, tan¬ dis que ceux des Gastéropodes de plage (. Littorina ) qui leur ressemblent tant en possèdent. Tous les Crustacés marins paraissent posséder des mé¬ tamorphosés plus ou moins considérables. Cette méta¬ morphose paraît être de peu d’importance chez le Homard dont les embryons, d’après Yan Beneden, se distinguent de l’animal adulte en ce que leur pattes possèdent une branche natatoire faisant librement saillie vers le dehors comme chez le Mysis. D après une figure donnée par Couch, les appendices du corps postérieur et de la queue paraissent encore manquer. La différence entre un embryon très jeune et 1 animal à maturité sexuelle est beaucoup plus profonde chez la très grande majorité des Podophthalmes qui quittent 1 œu à l’état de Zoé. Cette forme jeune se trouve chez tous les crabes aussi loin que s’étendent les connaissances ac¬ tuelles à une seule exception près, celle d’une espèce examinée par Westwood. Je dis espèce et non genre, car Yaughan Thompson a trouvé chez le même genre Gecar- (1) Les auteurs sont cités comme cautions , seulement pour les faits que je n’ai pas eu l’occasion de constater moi-même. — 427 — cinus, la larve Zoè (1) qui se rencontre aussi chez d’autres crabes terrestres ( Ocypoda, Gelasimus, etc. ) Tous les anomoures paraissent aussi commencer leur vie à l’état de Zoè ; il en est ainsi pour les Porcellanes, les Tatuira (Hippa emerita et les crabes ermites. Chez les Macroures on connaît cette même forme larvaire, notamment chez de nombreuses Carides : Crangon (Du Cane) ; Caridina (Joly). Hippolyle., Palœmon , Alpheus et ainsi de suite. Enfin il n’est pas invraisemblable que le plus jeune em¬ bryon des Squilla s’y joigne aussi. Les caractères les plus importants qui distinguent cette Zoé de l’animal adulte sont les suivants : Le milieu du corps avec ses appendices , ses cinq paires de pattes qui ont valu aux Macroures et aux Brachyures le nom de Décapodes manque encore complètement, ou est à peine ébauché. Le corps postérieur et la queue sont dépourvus d’appendices ; la queue est d’une seule pièce. Les mandibules manquent de palpes comme chez les insectes, les pattes mâchoires dont la troisième paire manque aussi, ne sont pas encore attribuées au service delà bouche, mais elles se présentent comme des pattes natatoires bifurquées. Les branchies manquent, ou bien, là où leur ébauche se fait connaître sous la forme d’un mamelon en saillie, ce sont des masses cellulaires, épaisses qui ne sont pas encore traversées par le sang et n’ont ainsi rien à faire avec la respiration. Un échange entre (l) [But. St cil A eyed Cvust . , pag. XLA ) se regarde comme auto¬ risé à éliminer la remarqne de Thompson, parce que celui-ci n’a pu examiner que quaire femelles pleines, conservées dans l’alcool. Pour un homme qui s est autant occupé du développement de ces animaux que Thompson, il était très possible de reconnaître sans erreur, si une Zoé devait éclore d’oeufs qui ne sont pas par trop éloignés de la maturité, ni trop mal conservés. JEn outre, la manière de vivre des crabes terrestres parle en faveur de Thompson. Lne fois par an, raconte Troschel dans son Handbuch der Zoologie , ils se rendent en grande troupe vers la mer pour y déposer leurs œufs et ils reviennent ensuite très affaiblis vers leur demeure habituelle qu’un petit nombre seulement atteint . A quoi serviraient ces voyages qui les déciment chez des espèces dont les jeunes quitteraien l'œuf et la mer à l’état d’animal terrestre . — 428 — les gaz de l’eau et ceux du sang, a lieu sur toute la surface du corps recouverte d une peau mince ; comme siège principal de la respiration, on doit désigner incontesta¬ blement les parties latérales de la cuirasse. Ces parties consistent, absolument comme Leydig le décrit pour les Daphnies , en un feuillet interne et un feuillet externe . l’espace intermédiaire est traversé par des piliers trans¬ verses disséminés aux extrémités. Dans les vides entre ces piliers passent des courants sanguins plus importants qu’on ne le trouve ailleurs dans le corps de la Zoé En outie de cela un courant d’eau fraiche circule d arrière en avant de la cuirasse, entretenu, comme chez 1 animal adulte, par un appendice en forme de feuillet ou de lan¬ guette de la seconde paire de mâchoires. (Fig. 18). Ce courant respiratoire s’observe facilement chez les petites Zoé par l’addition à l’eau de fins granules colorés. La Zoé des crabes se distingue habituellement par de i°nSs prolongements épineux de la cuirasse. On en trou- ( Fig- . n) Zoé d’un crabe de marais ( Cyclograpsus ?) grossie 4o fois. ,Fig. 18) Mâchoire (maxilia) de la seconde paire du même, grossie 180 fois. — 429 — ve un en saillie au milieu du dos, un second dirigé vers le bas au front, et fréquemment un troisième, plus court, se tient de chaque côté, au près du coin inféro-postérieur de la cuirasse. Tous ces prolongements manquent cepen¬ dant, d’après Gouch, chez le Maïa, d’après Kinahan, chez XEurynome , et chez une troisième espèce de ce même groupe des Oxyrhinques (appartenant.au genre Achœus ou voisin de lui), je ne trouve de même qu’un aiguillon dorsal insignifiant, tandis que le front et les côtés ne sont pas armés. Encore un exemple qui exhorte à la précau¬ tion dans les conclusions au sujet de l’analogie ; rien ne semble ; lus voisin et plus assimilable que la forme du bec du front des Oxyrhinques et le prolongement frontal de la Zoé, et il se trouve que ce prolongement frontal man¬ que complètement chez les jeunes Oxyrhinques. 11 y a d’autres caractères plus importants de la Zoé des crabes; ils frappent moins à l’œil que les prolongements de la cuirasse qui, conjointement avec leurs gros yeux, leur prêtent un aspect si étrange, ce sont les suivants : Les antennes antérieures (internes) sont simples, non articu¬ lées. et pourvues à leur extrémité de deux à trois cils olfactifs ; les antennes postérieures (externes) , se ter¬ minent en un prolongement en forme d’aiguillon excessi¬ vement long (styliforme process, Spence Bâte), répon¬ dant (1) à récaille des antennes des Carides. Auprès, la première ébauche de ce qui sera plus tard le fouet des antennes, est déjà souvent reconnaissable. Les pattes natatoires (plus tard les pattes mâchoires), sont seulement présentes au nombre de deux paires ; la troisième paire, et non la première comme le veut Spence Bâte, manque complètement ou n’est représentée comme les cinq paires de pattes suivantes que par une très petite éminence. Les Zoé des crabes se tiennent habituellement dans l’eau, l’aiguillon du dos tourné en haut, le corps postérieur re- (1) Dans un écrit sur les Métamorphoses des Porcellanes , j’ai désigné par erreur le prolongement comme fouet . 430 — courbé en avant, la branche interne des pattes natatoires dirigée en avant et l’interne en dehors et en haut. 11 est à remarquer que la Zoé des crabes, comme aussi celle des Porcellanes , des Tatuira , des C arides , à sa sortie de l’oeuf est entouree d une peau qui revet les prolongements épineux de la cuirasse, les soies des pieds et les antennes ; elles la dépouillent après quelques heures. Chez YAchœus, je me suis aperçu que la queue de cette enveloppe larvaire rappelle celle des larves de C arides, et il paraît en être de même chez le Maïa (Bell Brit. Stalk-eyed Crust, Fig. 44). Autant les Zoé des Porcellanes (fig. 24) paraissent au premier abord s’éloigner de celles des Crabes, autant elles s’en rapprochent étroitement. Les antennes, les pièces de la bouche, les pattes natatoires présentent la même forme. La queue porte cinq paires de soies, l’aiguillon du dos manque, en revanche le prolongement frontal et les aiguil- (Fig. 19-23) Queues de différentes Zoés de crabes, — fig. 19 de Pinno- theres , — fig. 20 de Sesarma , — fig. 21 de Xantho , fig. 22 et 23 d’origine inconnue. 431 8 (Fig. 24) Zoé de Porcellana stellicola Fr. Mtill., grossie 15 t'ois. (Fig. 25) Zoé de Tatuira ( ffippa emerita ), grossie 45 fois. (Fig. 26) Zoé d’un petit macroure ermite, grossie 45 fois. Ions latéraux sont d’une longueur extraordinaire et diri¬ gés directement en avant et en arrière. La Zoé du Tatuira (fig. 25) paraît ainsi s’écarter peu de Fig. 24. Fig. 26. 432 celle des crabes à laquelle elle ressemble aussi par sa façon de se mouvoir. La cuirasse ne possède qu’un court et large prolongement frontal. Le bord postérieur de la queue est garni de nombreuses soies courtes. La Zoé des Macroures ermites (fig. 26'; possède les antennes internes simples des Zoé de Crabes; les anten¬ nes externes portent sur un court pédicule en dehors un feuillet considérable ressemblant à l’écaille des antennes des Carides. en dedans de courts prolongements épineux, et entre les deux, le fouet, encore court, mais déjà muni Fig. 21 (Fig. 27) Zoé d’un Palæmon demeurant attaché au Rhizostomci crucia- tum. Less. — 433 — de deux soies terminales. Gomme chez les crabes, on ne trouve que deux paires de pattes natatoires bien déve¬ loppées (pattes-mâchoires), mais la troisième paire forme déjà un tronçon considérable à deux articles, quoique sans soies. La queue porte cinq paires de soies. Cette larve se tient habituellement complètement allongée dans l’eau et la tête dirigée en bas. La Zoé des Carides (fig. 25) ; cette dernière s’accorde surtout dans son aspect général, avec celle des Macrou¬ res ermites. Entre les gros yeux composés, on trouve chez elles un petit œil impair. Les antennes internes por¬ tent au bout d’un premier article parfois très long , en dedans une soie plumeuse qui se trouve aussi chez les Macroures ermites , en dehors un court article terminal avec un ou plusieurs cils olfactifs. Les antennes extérieures présentent une écaille bien développée , parfois nettement articulée ; sur cette écaille , le plus souvent s’insère en dedans un prolongement épineux. Le fouet dans la règle paraît encore manquer. La troi¬ sième paire de pattes-mâchoires paraît déjà toujours exister, au moins comme un tronçon considérable. Le feuillet caudal, en forme de spatule, porte de cinq à six paires de soies à son bord postérieur. Spence Bâte a suivi le développement du Carcinus Mœnas depuis la Zoé jusqu’à l’animal à maturité sexuelle. Il a démontré que le développement est entièrement gra¬ duel, qu’on ne peut pas y délimiter des stades nettement tranchés comme chez la chenille et la chrysalide du papillon. Malheureusement, nous ne possédons que cette seule suite complète d’observations, et on ne doit pas sans de nouvelles recherches, considérer ses conséquences comme ayant une valeur générale. Ainsi les jeunes de Macroures ermites conservent l’aspect général et la façon de se mouvoir de la Zoé, tandis que les ébauches du corps moyen et postérieur se développent et tout d’un coup ceux-ci entrant en activité, ils prennent une physionomie toute nouvelle qui se distingue principalement de celle de 30 - 434 — l’animal adulte par une symétrie complète du corps (1) et par quatre paires de pattes natatoires bien formées au corps postérieur. Le développement des Macroures à cuirasse paraît être très caractéristique. Glaus a trouvé dans les œufs de la langouste (. Palinurus ) des embryons avec un corps com¬ plètement articulé, auxquels manquaient les appendices de la queue, du corps postérieur et des deux derniers segments du corps moyen. Ils possèdent un œil simple impair et des yeux composés considérables ; les antennes antérieures sont simples, les postérieures munies d’une petite branche additionnelle ; les mandibules sont dépour¬ vues de palpes ; la troisième paire de pattes mâchoires, comme les deux paires de pattes suivantes sont fendues en deux branches presque également longues, tandis que la dernière paire existante et la seconde paire des pattes-mâchoires portent seulement une branche addi¬ tionnelle insignifiante. Coste affirma, comme on sait, avoir vu sortir de jeunes Phyllosomes des œufs de ce même Macroure — assertion qui a d’autant plus besoin de confirmation que des recherches plus récentes de Claus sur le Phyllosoma , ne lui paraissent en aucune ma¬ nière favorables. Les gros yeux composés, qui, de bonne heure devien¬ nent habituellement mobiles et parfois de très bonne heure sont portés sur de très longs pédicules ainsi que la cuirasse qui recouvre tout le corps antérieur, assignent de suite aux larves dont nous parlons leur place parmi lesPodophthalmes. Mais il n’y a pas de caractère distinc¬ tif de ce groupe qui persiste chez le jeune embryon de quelques Carides appartenant au genre Peneus ou à des genres voisins. Ceux-ci quittent 1 œuf avec un corps ovoïde, non articulé, avec un œil impair et trois paires de pattes natatoires dont les antérieures sont simples, les deux autres paires bifurquées, — en un mot sous cette (1) Le Glaucothoë Peronii Edw. pourrait être un Pagurus jeune et encore symétrique comme ceux-ci. — 438 — forme larvaire si fréquente chez les crustacés inférieurs et à laquelle O. F. Müller a donné le nom de Nauplius. Aucune trace de cuirasse, aucune trace des yeux pairs, aucune trace des organes masticateurs dans la proximité de la bouche qui est recouverte d’une coiffe en forme de casque ! Pour Tune de ces espèces, les formes intermédiaires qui conduisent du Nauplius à la Caride, ont été déjà trou¬ vées en assez grand nombre pour former une suite assez étroitement enchaînée. Aux plus jeunes Nauplius (fig. 28) se rattachent les formes chez lesquelles derrière la troisième paire de pattes, un repli de la peau apparaît transversalement sur le dos comme première indication de la cuirasse et sur la face ventrale desquelles commencent à pousser quatre paires de mamelons coniques ébauches de nouveaux mem- (Fig. 28) Nauplius d’une Caride, grossi 40 fois. — 436 — bres. Au dedans de la troisième paire de pattes se déve¬ loppent de puissantes mandibules. A la mue suivante, les nouveaux membres-mâchoires, pattes-mâchoiros antérieures et moyennes, entrent en activité et de cette façon le Nauplius est devenu une Zoé (fig, 29), s’accordant complètement avec la Zoé des crabes Fig. 29. pour le nombre des appendices du corps, quoique s’en éloignant sans doute beaucoup par sa physionomie, sa façon de se mouvoir et même par quelques détails de sa 3tructure interne. Les deux paires de pattes antérieures, munies de longues soies et sveltes, qui, plus tard, devien- (Fig. 29) Jeune Zoé de la même Garide, grossie 45 fois. dront les antennes, servent encore comme organes les Fig. 30. (Fig. 30) Zoé plus âgée de la même Caride, grossie 45 fois. — 438 — plus essentiels de la locomotion. La troisième paire de pattes perd ses branches et deviendra une mandibule dépourvue de palpes. La lèvre supérieure conserve un aiguillon considérable dirigé en avant qui se retrouve chez les autres Zoés d’espèces parentes. Les pattes-m⬠choires bifurquées paraissent prendre une moindre parta la locomotion. La queue fourchue rappelle les formes que l’on rencontre chez les crustacés inférieurs notamment chez les Gopépodes plutôt que le feuillet caudal en forme de spatule qui distingue la Zoé des Alphœus , Palœmon , Hippolyte et autres Garides des Macroures ermites, des Tatuira, des Porcellanes. Le cœur ne possède qu’une paire de fentes et n’a pas de piliers musculaires traversant sa cavité, tandis que chez d’autres Zoé, deux paires de fentes et un pilier interne sont toujours nettement recon¬ naissables. Pendant ce stade Zoé se forment (fig. 30) les yeux pairs , les articles du corps moyen et postérieur . les pattes-mâchoires postérieures , les prolongements laté¬ raux de la queue et les ébauches des pattes du corps moyen sous forme de tronçons. Les appendices delà queue naissent comme les autres •membres, librement à la face ventrale, tandis que chez les autres Garides, chez les Por¬ cellanes, etc, ils sont ébauchés à l’intérieur du feuillet candal spatulé. Les pattes du corps moyen entrant en activité et d’au¬ tres changements profonds se produisant, simultanément la Zoé se convertit en Mysis ou en Schizopocle (fig. 31). (Fig. 31) Forme Mysis de la même Caride, grossie 45 fois. Fig. 31. sG/amm w — 439 — Les antennes cessent de servir à la locomotion ; elles sont remplacées parle corps postérieur allongé, qui, peu avant, était traîné péniblement comme un poids inutile. Les muscles puissants lancent l’animal à travers l’eau et les pattes du thorax munies de longues soies, concour¬ ront à ce mouvement. Les antennes antérieures ont perdu leurs longues soies, et auprès du dernier (quatrième) de leurs articles, doué de cils olfactifs, apparaît une seconde branche d’abord inarticulée. La branche interne des antennes postérieures jusqu’alors bien articulée est ré- # duite à un simple feuillet, l’écaille des antennes des Cari- des, et auprès, apparaissent les rudiments tronqués du fouet, vraisemblablement comme nouvelle formation, tandis que la branche interne disparaît complètement. Les cinq nouvelles paires de pattes sont bifurquées ; la branche interne en est courte, l’externe plus longue, annelée à son extrémité pourvue de longs poils et comme chez le Mysis doué d’un mouvement tourbillonnant con¬ tinuel. Le cœur acquiert de nouvelles tentes et des piliers internes. Pendant le stade Mysis se forment les organes de l’ouie dans l’articulation basilaire des antennes antérieu¬ res ; les branches internes des trois paires antérieures de pattes se développent en pinces, celles des trois paires postérieures en pattes locomotrices. Sur la mandibule bourgeonne un palpe, sur le corps moyen naissent les branchies, sur le corps postérieur les pattes natatoires. L’éperon de la lèvre supérieure se reforme. L’animal s’approche ainsi peu à peu de la forme Caride, dans la quelle l’œil impair est devenu confus, l’éperon delà lèvre supérieure, les branches externes des pattes fourchues et des pattes locomotrices sont perdues ; les palpes des man¬ dibules et les pattes du corps postérieur ont conservé leur articulation et leurs soies, et les branchies entrent en activité. Chez une autre Caride les différents états larvaires sont faciles à reconnaître comme appartenant à la même espèce, grâce à une tâche jaune foncé nettement circori- — 440 — vscrite qui entoure l’œil impair ; ces jeunes Zoé (fig. 3(2, Fig. 32. qui viennent de quitter le stade Nauplius, s’accordent sous tous les rapports essentiels, avec l’espèce dont nous venons de parler. En revanche, le développement posté¬ rieur s’en éloigne beaucoup en particulier, parce que ni les pattes du corps moyen, ni celles du corps postérieur ne se montrent à la même époque, et que le degré de dévelop¬ pement correspondant pour le nombre et la forme des membres au Mysis , manque. Les traces des pattes-mâchoires externes se montrent de bonne heure. Ensuite apparaissent les pattes de quatre (Fig. 32) Zoé, la plus jeune observée d’une autre Caride. On remarque les bourgeons excessivement petits de la troisième paire de pattes- machoires. Les articles du corps postérieur commencent à se former. Les yeux pairs manquent encore. — 441 H articles du corps moyen, les trois paires antérieures fourchues, la quatrième simple, la branche interne man¬ quant. Sur les branches internes se développent des pin¬ ces et les branches externes périssent, avant qu’une branche interne n’apparaisse à la quatrième paire (fig. 32 . Le dernier segment paraît de nouveau dépourvu d’appendices, en sorte que dans ce cas, le corps moyen qui portait des membres d’abord sur quatre articles, en¬ suite n’en porte que sur trois. Le cinquième article man¬ que encore complètement; pendant ce temps tous les articles du corps postérieur ont acquis des membres l’un après l’autre, d’avant en arrière. L’animal adulte se rapprochera beaucoup, les trois paires de pinces le prou¬ vent, de celui de l’espèce précédente. 1) La plus jeune des larves de Schizopodes du genre Eupliausia observée par Claus se rapproche beaucoup de la plus jeune Zoé de nos Carides. Mais tandis que leurs antennes sont bifurquées et en cela se montrent plus avancées, les pattes-mâchoires moyennes leur manquent encore. De plus Claus trouva leur cœur muni d’une seule paire de fentes. Est-ce que ici aussi le stade Nauplius ne précéderait pas la Zoé ? Van Beneden décrit en détail l’histoire du développe¬ ment des Mysis , dont la proche parenté avec les Carides est de nouveau généralement reconnue. Autant que j’ai pu les examiner, je ne peux que confirmer ses assertions. Le développement de l’embryon commence par la forma- (1) Les larves les plus âgées observées se distinguent par la longueur extraordinaire du fouet des antennes externes et ressemblent en cela à la larve de Sergeste trouvée par Claus auprès de Messine (Zeitschr. für wis- senschaft. Zoologie , tome XII, Tab. XXVII, fig. 14) Cette longueur extraordinaire des antennes fait supposer qu’elles font partie de nos Carides communes comestibles, proches parentes du Peneus seti férus de Floride. L ' Acanthosoma de Claus (voir autre part fig. 13) ressemble à la jeune forme Mysis de la larve figurée par moi dans Archiv. fiir Naturge, schiehle , 1863, Tab. II, fig. 18. que je suis porté a rapportera la Sicyonia carinata. — 442 — tion de la queue ! Cette queue ne présente qu’un seul lobe, et sa face dorsale est relevée sur la face dorsale de l’embryon et s’y applique étroitement. Fig. 33. Les embryons des autres crustacés podophthalmes sont, comme on sait, recourbés dans l’œuf, de telle façon que les faces ventrales des moitiés antérieures et posté¬ rieures du corps soient tournées l’une vers l’autre ; chez ceux-ci c’est le dos que l’on voit du dehors, chez le Mysis c’est la face ventrale qui présente sa convexité vers 1 ex¬ térieur. La queue prend bientôt la forme d’une fourche, forme que nous avons déjà vue chez les Zoé des Cariées précédemment considérés. Ensuite à l’extrémité opposée du corps, bourgeonnent deux paires de sabres massifs et derrière elles, une paire de protubérances difficiles à re¬ marquer, — des antennes et des mandibules. Alors 1 enve¬ loppe de l’œuf se fend, avant qu aucun organe interne, ni qu’aucun tissu se soit encore formé, en dehors des cel¬ lules de la couche cutanée. On pourrait appeler cet embryon un Nauplius ; à vrai dire , il n’y a sans doute rien là que la légère enveloppe d’un Nauplius, pour ainsi (Fig. 33) Larve plus âgée provenant de la Zoé dessinée fig. 32. Le dernier article et les deux dernières paires de pattes du corps moyen manquent. — Grossie 20 fois. dire un nouvel œuf à l’intérieur, duquel le Mysis se déve¬ loppe. Les dix paires d'appendices du corps antérieur mâchoires et pattes-machoirs) et du corps postérieur ap¬ paraissent au même moment; plus tard, tout d’une fois les cinq paires de pattes du corps postérieur. Peu de temps après que le jeune Mysis a dépouillé l’enveloppe nau- plienne ; il abandonne les poches d’incubation de la mère ? (1) Nous ne connaissons jusqu'à présent que des fragments tout à fait isolés de l’histoire du développement, des Stomatopodes, parmi lesquels pendant un certain temps, on compta aussi le Mysis, le Leucifer et les Phyllosomes, en s’appuyant d’une façon exclusive sur le manque de cavité branchiale particulière, et que maintenant, reve¬ nant aux idées de Latreille, on limite aux Squilla, aux Erichthus et à leurs proches parents. Une circonstance augmente la difficulté des recherches sur leur développement dans l'œuf, c’est que lesSquilles ne portent pas avec elles leur frai comme les brachyures et les macroures, mais le déposent dans des conduits sou¬ terrains qu’elles habitent, à l’état de plaques minces ron¬ des et de couleur vitelline. Ils est particulièrement diffi¬ cile pour cette raison de s’en procurer, et malheureuse¬ ment l’embryon meurt au bout d'un jour, si on l’enlève de sa place naturelle d’incubation, tandis qu’on peut suivre les progrès du développement pendant une semaine sur les œufs d’un seul crabe tenu en captivité. Les œufs de squilles meurent comme ceux de crabes . parce qu’il leur manque le vif courant d’eau fraiche que la mère produit dans sa retraite pour sa propre respiration. La figure 34 aide à comprendre et montre que cet em¬ bryon de Squilla possède un corps postérieur long, non articulé et dépourvu d’appendices ; une queue bilobée, (1) Van Beneden qui, lui-même, considère les yeux pé liculés comme des membres, ne peut cependant pas s’empêcher de faire la remarque suivante au -sujet du Mysis : « Ce pédicule n’apparaît nullement comme les autres appendices et paraît avoir une autre valeur morphologique » . 444 — six paires de membres et un cœur court, dont les pulsa¬ tions sont faibles et lentes. Si ses membres ne se dévelop¬ paient pasplus avantl’éclosion, on devrait considérer l’em¬ bryon le plus formé comme au même degré de développement que la plus jeune larve à'Eu- phausia de Glaus. Parmi les deux formes em¬ bryonnaires connues jusque maintenant et susceptibles d’être rapportées avec certi¬ tude, sinon à la Squilla , du moins à un stomatopode, je n’insiste pas sur la plus jeune (1), puisque on ne peut pas désigner ses membres d’une façon certaine, je me con¬ tente de mentionner que chez elle, les trois derniers arti¬ cles du corps postérieur sont encore dépourvus d’appen¬ dices. Quand à la larve plus âgée (fig. 35), qui rappelle Fig. 35. (1) Archiv. für Naturgeschichte , 1863, Tabl. I. (Fig. 34) Embryon d’une Squilla , grossi 45 fois, a cœur. (Fig. 35) Embryon plus âgé (Zoé) d’un stomatopode, grossi 15 fois. Fig. 34. les squilles adultes notamment par l’aspect de ses gran¬ des pattes carnassières et de la paire de pattes qui les précède, les six paires de pattes qui suivent les pattes carnassières lui manquent encore. Les anneaux correspondants du corps sont déjà bien développés, l’œil impair existe encore, les antennes an¬ térieures sont déjà bifides, tandis que le fouet manque aux postérieures , les mandibules sont dépourvues de palpes ; les quatre anneaux antérieurs du corps postérieur por¬ tent des pattes natatoires bifurquées, dépourvues de branchies ; le cinquième anneau du corps postérieur est dépourvu d’appendices ; et il en est de même de la queue, qui se présente comme un feuillet simple, pourvu à son bord postérieur de dents nombreuses et courtes. On le voit, cette larve appartient effectivement au stade Zoé. VIII. Les Isopodes et les Amphipodes que Leach réunit dans la division des Edrioptithalmes présentent une embryogénie moins variée qu’elle ne l’est chez les Podopbthalmes. Les Isopodes de rochers ( Lygia ) peuvent servir Fig. 36. d’exemple pour le développement des Isopodes. Comme chez le Mysis, la queue de l’embryon n’est pas recourbée en bas, mais en haut. Comme chez le Mysis, il se forme tout d’abord une enveloppe larvaire à l’intérieur de laquelle - ■ ■ . ' """" (Fig. 36) Embryon de Lygia dans l'œuf. — 446 — l’Isopode se développe ensuite. Chez le Mysis, on peut comparer cette première enveloppe larvaire à un Nau- plius ; chez la Lygia, elle ressemble à un ver complète¬ ment dépourvu d’appendices qui se termine par une longue D queue simple. L’enveloppe de l’œuf est conservée plus longtemps que chez le Mysis. Elle se fend quand les membres du jeune isopode sont déjà tous ébauchés. La face dorsale de l’Isopode est soudée à la peau larvaire un peu en arrière de la tête. Cette soudure disparaît peu de temps avant la mue et on trouve a cette même place un appendice foliacé qui persiste seulement peu de temps et disparaît avant que le jeune isopode abandonne la poche d’incubation de la mère. L’embryon, quand il commence à se conduire lui- même, ressemble aux adultes presque en toutes ses parties à l’exception du caractère suivant : au lieu de sept paires de pattes locomotrices, il n’en possède que six paires ; le dernier anneau du corps moyen n’est que peu développé et est dépourvu d’appendices. Il esta peine (Fig. 3*7) Embryon vermiforme du même, grossi 15 fois. D vitellus , L foie, H reste de l’enveloppe de l’oeuf. Sur la face ventrale, on voit, en allant d’avant en arrière, les antennes antérie res, les antennes postérieures, les mandibules, les mâchoires antérieures, postérieures, les pattes-mâchoires, six paires de pattes locomotrices, le dernier segment du corps moyen dé¬ pourvu d’appendices, les cinq paires de pattes du corps postérieur, les pattes caudales. besoin de mentionner que les caractères sexuels ne sont pas encore développés, que les épaississements en forme de griffes des pattes locomotrices antérieures manquent encore au mâle ainsi que les appendices servant à l’accouplement. Jusqu’à quel point le développement des Isopodes de rochers s’accorde-t-il avec celui du reste des isopodes, c’est une question à laquelle je ne pense donner une qu’une réponse insuffisante. J’ai trouvé comme Rathke, le recourbement en haut et non en bas de l’embryon, chez Yldotea et aussi chez la Cassidina, le Tandis, et les Bopyrides, en général chez tous les isopodes que j’ai examinés à ce sujet. Chez la Cassidina , la première enveloppe larvaire, dépourvue d’appendices est aussi facile à reconnaître. La longue queue lui manque, cepen¬ dant elle est fortement recourbée à l’intérieur de l’œut comme chez la Lygia et pour cette raison ne peut être confondue avec une membrane ovulaire interne. On pourrait faire cette confusion chez le Philoscia où elle est attachée à l’enveloppe de l’œuf et n’est interprétable comme enveloppe larvaire qu’en considérant la Lygia et la Cassidina. L’appendice foliacé du dos est connu depuis longtemps chez les jeunes de l’isopode commun d’eau douce. ( Asellus ) (1). (1) Leydig- a comparé cet appendice foliacé de V Asellus à la glande verte et à la glande coquillière d’autres crustacés ; il admet en même temps que la glande verte est dépourvue de conduits excréteurs et en appelle à ce que ces deux sortes d’organes se trouvent à la même place. Cette interprétation n’est pas heureuse. On peut facilement se convaincre, et Claus l’a montré aussi, que la glande verte s’abouche au sommet d'une saillie nommée par Milne Edwards * tubercule auditif », par Spenee Bâte * olfactory denticle '. En second lieu, les deux positions sont aussi différentes qu’elles peuvent l'être ; là une glande paire à la hase des antennes postérieures, s’ouvrant par con¬ séquent sur le côté inférieur du deuxième article ; ici une formation impaire • s’élevant sur la ligne médiane du dos derrière le septième segment (derrière la limite du premier segment thoracique. — Leydig) . (Fig. 38) Embryon d' Asellus . Fig. 38. — 448 — Milne Edwards a déjà fait remarquer que la dernière paire de pattes du corps moyen manque chez les embryons des Porcellianides ( Edw.) et des Cymothoadiens (Edw.). Il en est de même pour les Idothea, les Sphœroma et les Cassidina, pour les Bopyrides ( Bopyrus, Enloniscus , Cryptoniscus nv. g) et pour les isopodes à pinces ( Tanaïs ); c’est-àdire vraisemblablement pour la plupart des iso podes. Tous les autres membres sont habituellement bien développés chez les embryons d’isopodes. Chez les iso¬ podes à pinces seulement, toutes les pattes du corps pos¬ térieur manquent (mais non les caudales) ; elles se déve¬ loppent en même temps que la dernière paire de pattes du corps moyen. La dernière paire de pattes du corps moyen de la larve, c’est-à-dire l’avant-dernière de l’animal adulte, est pres¬ que toujours aussi développée que la paire qui la précède ; le Cryptonicus et Y Entoniscus constituent cependant sous ce rapport une exception remarquable ; — remarquable pièce, venant à l’appui de cette phrase de Darwin : « Les parties développées d’une manière peu commune sont très susceptibles de variations. » En effet; cette paire de pattes présente, dans sa forme, la plus grande différence possi¬ ble chez les trois espèces jusqu’ici observées. Chez le Cryptoniscus (fig. 39) elle est mince et en forme de baguette; chez Y Entoniscus cancro- rum , elle est extraordinaire¬ ment longue et munie d’une pince très grosse et d’une Plg ' 40 ' forme particulière ; chez Y En¬ toniscus Porcellanœ, elle est très courte , incomplè¬ tement articulée avec une grosse articulation terminale ovoïde (fig. 40). Quelques isopodes éprouvent immédiatement avant la (Fig. 39) Embryon de Cryptoniscus planarioïdes, grossi 90 fois. (Fig. 40) Dernière patte du corps moyen de la larve d 'Entoniscus por- cetlnnœ , grossie 180 fois. — 449 — maturité sexuelle une métamorphose considérable ; dans ce cas se trouvent les males des isopodes à pinces dont il a été question plus haut et d'après Hesse, la Praniza, chez laquelle les deux sexes doivent se transformer dans la forme connue sous le nom d ' Anceus. Cependant , un ob¬ servateur consciencieux , S pence Bâte , déclare avoir vu sous la forme Praniza, des femelles chargées d œufs très avancées dans leur développement. Nous rencontrons dans cet ordre pour la première fois une métamorphose rétrograde profonde, conséquence de la vie parasitaire. Déjà, chez quelques Cyrnothoa, les jeunes étant de vifs nageurs, les vieux sont gênés, massifs et ont une vue faible ; leurs pattes en forme de crampons ne sont que peu propres à la locomotion. Les isopodes pous ( Bopyrus , Phryxus , Kepone , etc., qu’on aurait bien pu laisser ensemble dans un seul genre), sont parasites des brachyoues et des macrooues et leur demeure princi¬ pale est dans la cavité branchiale de ces derniers ; leurs femelles adultes manquent complètement d yeux ; les antennes s’atrophient ; le corps large est souvent développé d'une manière asymétrique . par suite de l’espace dans lequel ils sont logés ; les anneaux sont plus ou moins fondus ensemble , les pattes sont défor- Fig. 41. Fig. 42. mées ; les appendices du corps postérieur primitive- (Fig. 41) Entoniscus cancrorum femelle, grossie 3 fois. (Fig. 42) Cryptonicus planarioïdes femelle, grossie 3 fois. 34 — 450 — ment pattes natatoires à longues soies, sont devenus des branchies foliacées ou linguiformes , quelquefois rami¬ fiées. Les mâles sont nains , leurs yeux , leurs antennes , leurs pattes sont habituellement mieux conservées que chez les femelles ; en revanche, il n’est pas rare que tout appendice et même toute trace d'articulation ait disparu à leur corps postérieur. Chez les femelles d ' Entoniscus qu’on trouve comme parasites dans la cavité du corps des crabes et des porcellanes , les yeux , les antennes et les pièces de la bouche disparaissent , le corps verrniforme cesse d'être articulé : chez une espèce (fig. 41) tous les membres disparaissent presque sans laisser de traces ; et enfin , on prendrait presque le Cryptoniscus plana- rioïdes plutôt pour une planaire que pour un isopode , si les œufs et les jeunes ne trahissaient pas leur véritable nature. Parmi les mâles de ces différents B opy rides celui de Y Entoniscus Porcellanœ est le plus inférieur ; il ne possède pendant la durée de sa vie que six paires de pattes qui se dénaturent en boules difformes. Les Amphipodes peuvent se distinguer de bonne heure dans l’œuf, des Isopodes, grâce à la position différente de leur embryon dont l’extrémité postérieure est recourbée vers le bas. De très bonne heure aussi , on voit chez tous les animaux de cet ordre, qui ont été jusqu’à pré¬ sent examinés à ce sujet (1), une formation particulière occupant la partie antérieure du dos, par laquelle l’embryon est attaché à l’enveloppe interne de l’œuf. On l'a désignée , improprement (1) Chez les genres Orchcstoïdei , Orchestin, Allorchestes, Montagua , Batea nv. g., Amphï.ocus , AlyU.s, Microdeutopus, Leucothœ , Melita , Gammarus (d’après Meissner et La Valette), Amphithoe , Cerapus , Cyrlo- phium, Corophium, Dulichia, Protella , Caprella. (Fig. 43) Embryon d’un Corophium , grossi 90 fois. — 451 — à mon avis, sous le nom d’appareil micropylaire (Moicrpyl apparat) (1). Cet appareil nous rappelle la soudure de l’embryon d’isopode avec la membrane larvaire et l’organe impair d’adhésion de la nuque du cladocère , particulièrement développé chez WEvadne, et se maintenant toute la. vie tandis que chez la Daphnie puce, d après Leydig, il n est présent que chez les jeunes embryons, et disparait sans laisser de traces chez les adultes. Déjà dans l'œuf, l'embryon acquiert tous les segments de son corps et tous ses membres. Quand les anneaux du corps se fondent ensemble comme les deux derniers an¬ neaux du corps moyen chez la Duhchia , les deux dei- niers anneaux et la queue chez le Gaînnîavus ambulans et le Coropliium denlatum (nv. sp.), le dernier anneau du corps postérieur et la queue chez le Bvachyscelus (2) ou bien quand un ou plusieurs anneaux manquent, comme chez la Dulichia et les Caprelles , cette même fusion et ce même manque se retrouvent déjà chez les embryons en¬ levés de la poche d’incubation de la mere. Les caractères de formes des membres, s’ils appartien (1) Si peu que le nom fasse à la chose, on devrait cependant limitei le nom de micropyle « aux canaux que présente l’enveloppe de 1 œuf et qui servent à l’entrée du sperme. D’après les propres assertions de Meissnei et de La Valette , l’enveloppe extérieure de l’œuf passe par-dessus le ■* Mi- cropyl apparat » des amphipodes sans perforation; il ne paraît jamais exister avant la fécondation et atteint son plus grand développement assez :ard dans la vie de l’œuf ; les canaux délicats qui le traversent ne paraissent même pas toujours exister ; en général, il paraît appartenir plutôt à 1 em¬ bryon qu’à l’enveloppe de l’œuf. Je ne peux pas encore me convaincre que :e qu’on appelle généralement enveloppe interne de 1 œuf, le soit réellement ît ne soit pas la première enveloppe larvaire formée immédiatement après la fécondation, ce qu’on pourrait admettre en considérant la Ligia , la Cassidina et la Philoscia. (2) D’après Spence Bâte, chez le Brochyscelus crusculum , le cinquième anneau du corps postérieur ne doit pas être fondu avec le sixième (la queue), mais avec le quatrième, ce que je pourrais révoquer en doute à cause de l’accord général qui existe entre cette espèce et les deux examinées par moi. — 452 — lient aux deux sexes, sont habituellement déjà bien em¬ preints chez les jeunes qui viennent d’éclore, de telle sorte que ceux-ci, dans la règle, ne se distinguent de leurs parents que par leur aspect plus lourd, le nombre moindre des articulations de leurs antennes , le nombre moindre de leurs cils olfactifs, des soies et des dents qui arment le corps ou les pieds, et aussi par leur fouet accessoire pro¬ portionnellement plus gros. Les Hypérines , qui vivent la plupart du temps sur les (Fi g. 44-46) Pattes d'une Hypsria Martinezii (1) nv. sp. à moitié de sa croissance . Fig. 47-49) Pattes d'un mâle à peu près adulte de la même espèce. Les fig. 44 et 4 / représentent les pattes de la première paire antérieure ^Gnaîliopada), 45 et 48 de la première et 46 et 49 de la dernière paire de pattes du corps moyen, le tout grossi 90 fois. 1) Porte le nom de mon estimable ami, l’estimable zoologue espagnol Francisco de Paula Xlartir.ez y Saes; je lui ai dédié Pendant un Voyage autour de la Terre. - 453 — Acalèphes, constituent une exception à cette règle ; chez elles, les jeunes et les vieilles présentent souvent un as¬ pect extraordinairement différent ; mais chez elles aussi, il ne se forme ni nouveaux anneaux, ni membres; elles se métamorphosent seulement d’une manière graduelle (1). Ainsi, pour donner quelques exemples, les pinces pré¬ sente de l’antépénultième paire de pattes du Phronima Sedentaria proviennent d’après Pagenstecher d’une patte simple de forme ordinaire et inversement, la pince de l’avant dernière paire de patte de l’embryon Brachyscelus se transforme en une patte shnple. Chez les embryons de ce genre, la longue tête s’allonge en une pointe conique et porte des yeux étonnamment petits. Par la croissance ces yeux atteignent comme chez la plupart deshypérines ‘une circonférence énorme, et remplissent presque com¬ plètement la tête qui paraît alors sphérique . etc. La différence des sexes se développe quand les indivi¬ dus sont déjà assez près de l’àge adulte. Cette différence se (1) D'après Spence Bâte, chez les embryons de YHyperia galba , toutes les pattes du corps postérieur et les deux dernières paires de pattes du corps moyen n’existeraient pas. Cette assertion très étonnante a d’autant plus besoin de confirmation qu’il n'examinait qu’à l’état sec ces animaux exces¬ sivement petits. L’occasion favorable s’est présentée à moi, de poursuivre le développement d’une Hyperia qui n’est pas rare sur les Ctenophores et surtout sur les Beroe gilva Eschsch. Les embryons, dès qu’ils sortent de la poche d’incubation de la mère, possèdent déjà toutes les pattes du corps moyen ; en revanche, comme Spence Bâte, je n’en ai pas trouvé au corps postérieur. Ces pattes, d’abord simples, prennent bientôt toutes, comme les pattes antérieures, la forme de griffes richement dentées, mais de trois formes différentes, tandis que les pattes antérieures (fig. 44), les deux paires suivantes (fig. 45) et enfin les trois dernières paires de pattes (fig. 46) sont semblables entre elles et différentes des autres. Les pattes conservent très longtemps cette forme, tandis que les appendices du corps posiérieui grandissent pour renforcer les organes natatoires, et que les yeux qui, au début, à ce qu'il m’a semblé, manquent complètement, se développent en grosses hémisphères. Au moment du passage à la forme adulte, les trois dernières paires de pattes (fig. 49) éprouvent particulièrement un changement important. La différence entre les deux sexes est considérable ; les femelles se distinguent par un corps moyen très large, les mâles ( Lesfrigonus ) par des antennes — 454 — manifeste d’ordinaire dans les Gammarus , principalement dans la forme des pattes antérieures (Gnathopoda Sp. B.), chez les Hypêrines dans la forme des antennes. Cette diffé¬ rence entre les sexes est souvent si considérable, qu’on a décrit mâles et femelles comme des espèces différentes et qu’on les a même placés bien des fois dans des genres d:fférents (Orchestia et Talürus , — Cerapus et Derco- cothoë . — Lestrigonus et Hyperia ) et même dans les familles différentes. (Hypêrines anormales et Hypêrines ordinaires.) Jusqu'au moment où ces différences se produisent les jeunes ressemblent en général aux femelles, même dans quelques cas où ces femelles s’éloignent plus que les mâles du type de l’ordre. Ainsi chez les mâles des crevettes de plage Orchestia ), la seconde paire de pattes est munie d’un griffe puissante, comme la majorité des Amphipodes; chez les femelles, elle aune forme entièrement différente; les jeunes cependant ressemblent aux femelles. De même très longues dont les antérieures portent des cils olfactifs extraordinairement nombreux . Les larves les plus jeunes ne peuvent naturellement pas nager ; ce son de petits animaux débiles qui se cramponnent fortement aux feuillets nata¬ toires de leur hôte ; les Hyperia adultes qu’on trouve assez souvent libres dans la mer, sont, comme on sait, les plus parfaits nageurs de cet ordre ( « il nage avec une rapidité extrême v* , dit Yan Beneden, en parlant de Y Hyperia Latreillii Edw.). On doit évidemment considérer la métamorphose des Hyperia comme provenant de l’adaptation et non de l’hérédité ; en d’autres temps, la tardive apparition des appendices du corps postérieur et la forme particulière des pattes des jeunes ne sont pas liées avec le développement phylogénique des Amphipodes, mais sont à mettre sur le compte de la vie parasitaire des embryons. Contrairement à ce qu’on observe habituellement chez les parasites, la mobilité la plus grande dans ce cas comme chez le Brachyscelus a persisté chez l'individu âgé et non chez le jeune. Un cas analogue et encore plus étonnant se présente chez un copépode parasite, 1 eCaligus. Ce jeune ani¬ mal décrit par Burmeister comme un genre particulier, le genre Chalimus , est ancré sur la peau d un gros poisson par l’extrémité d’une amarre prenant naissance sur son front. Vers la maturité sexuelle l’amarre se rompt et il n’est pas rare de prendre des Caliyus libres en mer et excellents nageurs. (Voir Archiv. für Nalurgesch ., 1852, tome I.pag. 91). — 453 - cas extrêmement rare (1) — les femelles ries Brachyscelus n’ont pas d’antennes postérieures (ou inférieures) ; le mâle en possède comme les autres Amphipodes ; chez les jeunes de même que Spence Bâte, je n’en trouve aucune trace. Il faut encore faire ressortir que le développement des caractères différentiels entre les sexes ne s arrête pas à la maturité des organes sexuels. Dejeunes mâles sexués cYOrcheslia Tucuralinga nov. sp. par exemple possèdent des antennes inférieures sveltes avec les articles du fouet non confondus; le bord de 1 article qui porte la griffe (palm Sp. B.) de la seconde paire de pattes, forme une courbe régulière : la dernière paire de pattes est svelte, semblable à la précédente. Plus tard les antennes grossissent ; les deux , trois , quatre premiers articles du fouet se fondent ; sur le bord de l’article qui porte la griffe se pratique , près de son coin inférieur une profonde échancrure ; les articles moyens de la dernière paire de pattes parviennent à une grosseur considé¬ rable. Aucun zoologue de musée n’hésiterait à fabri¬ quer des espèces particulières , si on lui envoyait les (l) « 1 Know. of no case in which lhe inferior (antenne) are obsolète, when the superior are developed » Dana (Darwin. — Monogvaph on the subclass Cirrepedia. Lepadidœ, pag. 15). (Fig. 50) Patte de la seconde paire antériemre (second pair of gnatho- poda) du mâle et (fi g. 51), de la femelle à'Orchcslia Tucuralinga, grossie 15 fois. - 456 - mâles sexués les plus âgés et les plus jeunes, sans les for mes intermédiaires qui les relient. Chez les plus jeunes mâles sexués (ce qu’indique l'examen microscopique des testicules) de YOrchestia hicuratingct n. sp. manque complètement encore l'échancrure dessinée fig. 50 del'ar ticulation qui porte la griffe ainsi que la saillie de la griffe qui y correspond. O11 peut remarquer la même chose chez le Cerapus , la Coprella et vraisemblablement partout où d'une façon générale des différences sexuelles hérédi¬ taires se présentent. La famille remarquable des Diastylides ou Cumacés, crustacés Monophthalmes se rattache aux divisions riches en espèce des podophthalmes et des édiioj hlhalines, et est plus proche parent des premiers que des derniers. Les jeunes que Kroyer enleva de la poche d incubation de la femelle et qui avaient atteint le quart de la longueur de leur mère, ressemblaient à l'animal adulte presque dans toutes leurs parties. On ne sait pas si une métamorphose a lieu, comme on l'observe chez le Mysis et la Ligia à l’intérieur de la poche d'incubation, de forme semblable à celle de la Mysis (1). (Fig. 52) Mâle de Dodo tria, grossi 10 fois ; on remarque de longues an¬ tennes antérieures étroitement serrées contre le corps et dont la pointe est visible sous les appendices de la queue . (1) Un observateur consciencieux, Goodsir, a décrit déjà en 1843, la poche d’incubation et les œufs de Cuma. Kroyer, dont tout homme qui l’a rencontré sur le même champ de iravail, reconnaîtra et admirera le soin mé iculeux et la bonne foi, Kroyer confirma, en 1846, les assertions de Goodsir et re.ira, comme il est dit plus haut, de la poche d'incubation des embryons bien développés et semblables à leurs parents. Ceci décide corn- — 457 — Tout aussi insuffisantes sont nos connaissances sur l'histoire du développemei t des Ostracodes. On sait seulement que leurs membres antérieurs se développent plus tôt que les postérieurs (Zenker.) IX. La division des Branchiopodes embrasse deux groupes différents par leur développement, les Phyllopodes et les Cladocères. Ces derniers sont des animaux excessive¬ ment petits, doués de quatre à six paires de pattes folia¬ cées ; ils appartiennent principalement à l’eau douce et sont répandus sur tout le globe sous des formes analo¬ gues entre elles; ils abandonnent l’œuf avec leur membres en nombre complet. Chez les Phyllopodes, le nombre des pattes oscille entre dix et soixante paires ; quelques-uns vivent dans l’eau saturée de sel des salines et des lacs sodiques ; un seul ge ire passablement aberrant (. Nebalia ) a été trouvé dans la mer (1) ; le reste habite l’eau douce. Ils ont à subir une métamorphose. plètement et pour toujours la question, si les Diastylides sont des animaux adul.es ou des larves ; mais les noms illustres des Agassiz , des Dana, des Milne Edwards , qui pourraient de nouveau en dépit de ces assertions, les stigmatiser du nom de larves (voir Yan Beneden, Recherches sur la faune littorale de Belgique , Crustacés , fig. “3 et 74), m’engagent sur la foi de nombreuses recherches personnelles, à déclarer avec Van Beneden : » Parmi toutes les formes embryonnaires de podophlhalmes et d’édriophthalmes que nous avons observées sur nos cô.es, nous n’en n’avons pas vu une seule qui eût même la moindre ressemblance à un Cuma quelconque. » Parmi les caractères de la famille des Cumacés donnés par Krover, et ils remplissent trois pages, un seul s’applique aux larves d'Hippolyte , de Palœmon et d 'Alphœus , c’est : * duo antennarum paria « ; et ceci, comme on sait, s’applique aussi bien à tous les crustacés. Combien donc on était autorisé à identifier les uns avec les outres ! Il suffit du reste de jeter un coup d’œil sur la larve de Palœmon (fig. 31) et sur un Cumicé (tig. 52), ; pour se convaincre de l’énorme ressemblance qu’il y a entre elles. (1) Si on devait considérer les Phyllopodes comme proches parents des Trilobites, ce sur quoi je ne veux risquer aucun jugement, ils fourniraient alors auprès du Lepidosteus et du Polyptere , du Lepidosiren et du Pro- — 4o8 — Les plus jeunes embryons appartiennent à la forme Nauplius, forme que nous avous déjà rencontrée une fois d’une manière exceptionnelle, chez quelques squilles, et que dès maintenant, nous retrouvons presque sans ex¬ ception partout. Les anneaux du corps et les pattes, quel¬ quefois si nombreuses, se forment peu à peu, d’avant en arrière, sans que des portions du corps, nettement cii- conscrites, se trouvent designées, soit par le moment de leur apparition, soit par leur forme. Toutes les pattes ont effectivement la même structure et rappellent les bran¬ chies des crustacés supérieurs (1 . On pourrait considérer les Phyllopodes comme des Zoé qui ne sont pas parvenus jusqu’à la formation d’un corps postérieur et moyen net¬ tement limités, et chez lesquels au lieu de cela, les appen¬ dices qui suivent immédiatement les membres Naupliens, se sont produits en nombreuse répétition. L’histoire du développement, comme toute l’histoire naturelle des Copépodes était jusque il y a peu de temps très peu connue. Parmi les Copépodes, les uns libres habitent ou l’eau douce, ou, sous dos formes beaucoup plus variées la mer ; les autres vivent en parasites sur des animaux des classes les plus différentes et éprouvent souvent à cet état les déformations les plus étonnantes. On savait, il est vrai, depuis longtemps que les Cyclopes d'eau douce éclosent sour la forme Nauplius, et on con¬ naissait quelques autres de leurs stades embryonnaires , on avait appris, grâce à Nordmann, 1 existence de ces mêmes formes chez les embryons de plusieurs crustacés parasites, qui jusque là avaient été considérés comme des vers ; — mais les membres intermédiaires qui au¬ raient servi de liaison, et auraient permis de ramener les toplère, un exemple plus ancien de la conservation dans des eaux confinées de formes depuis longtemps éteintes dans la mer. La présence des Arlemics dans une eau sursalée, montrerait que s’ils ont échappé à la destruction, ce n’est pas à cause de l’eau douce, mais à cause de la moindre concurrence vitale . (1) La branchie de la larve de macroure est une sorte de patte de Phyl- lopode (Claus). segments du corps et les membres de la larve à ceux de l’animal adulte man {liaient. Les recherches étendues et soigneuses de Clans ont permis de combler cette lacune et ont élevé la division des Copépodes au rang de l’une des mieux connues de toute la classe. Les aperçus qui suivent sont tirés des travaux de ce courageux chercheur. Parmi la multitude des faits importants qui sont acquis à leur sujet, je ne fais ressortir que ceux qui sont indispen¬ sables pour comprendre le développement des crustacés en général, parce que, en ce qui concerne les copépodes en particulier, les faits ont déjà été placés dans leur juste lumière par l’exposition de leur dernier observateur, et tout homme qui a les yeux ouverts, doit considérer ces faits comme des documents importants en faveur de la doctrine de Darwin (1). Fig. 53. Fig. 54. Toutes les larves de Copépodes libres examinées par Claus ont de bonne heure trois paires de membres (qui deviennent plus tard les antennes et les mandibules), la paire antérieure avec une seule série d'articulations, une seule branche, les deux suivantes avec deux séries ou deux branches. L’œil impair, la lè^re inférieure prennent déjà leur position définitive.. La partie postérieure du (1) Je ne connais pas le dernier grand ouvrage de Claus sur les Copé¬ podes ; cependant, on pourra sans doute s’exprimer de même à son sujet. (fi g. 53 et 54) Nauplius de Copépodes ; le premier grossi 90 fois, le second 180 fois. — 460 — corps, très raccourcie, dépourvue de membres, porte deux soies terminales contre lesquelles se trouve l’anus. Ce nauplius présente des aspects extrêmement variés ; tantôt il est comprimé latéralement, tantôt aplati, tantôt allongé, tantôt ovale, rond ou même plus large que long.... Les transformations que les premiers stades lar¬ vaires éprouveront dans leur croissance ultérieure con¬ sistent essentiellement dans l’allongement du corps et la naissance de nouveaux membres. » « Le stade suivant montre déjà une quatrième paire de membres qui forme¬ ront plus tard les mâchoires (maxillæ). Puis apparaissent tout d’une fois trois nouvelles paires (les pactes branchies et les deux autres paires natatoires). La larve reste nau- plienne tant que les trois paires de membres antérieurs représentent des pattes natatoires. Dans une mue sui¬ vante elles se transforment dans le plus jeune état du stade Cyclops ; elle ressemble alors par la structure des antennes et des pièces de la bouche à l’animal adulte, quoique le nombre de ses membres et des anneaux du corps soit encore bien moindre : en effet, les ébauches de la troisième et de la quatrième paire de pattes natatoires sont venues seules s'ajouter sous la forme de bourrelets garnis de soie, et le corps se compose de la pièce cépha¬ lothoracique ovale, du second, troisième et quatrième segment thoracique et d’un article terminal longuement allongé. Chez les Cyclopides les antennes postérieures ont perdu leur branche accessoire, les mandibules ont entièrement perdu leur ancienne patte natatoire, tandis que chez les autres familles, cet appendice persiste plus ou moins transformé. » Beaucoup de formes de Copé- podes parasites, par exemple les Lernanthropiis et les Chondracanthus, ne dépassent pas ce degré de libre dé¬ veloppement ; ehes n’obtiennent pas les membres de la troisième et quatrième paire et la séparation du cinquième segment thoracique d’avec l’abdomen, ne s’effectue pas ; d’autres ( Achthere y) retombent même à un degré infé¬ rieur par la perte tardive de leurs deux paires natatoires. Tous les copépodes libres et la majorité des parasites par- — 461 — courent encore une série plus ou moins grande de stades de développement dans lesquels les articulations des mem¬ bres se perfectionnent, les pattes postérieures se déve¬ loppent, et, de l’ensemble du segment terminal se sépa¬ rent, suivant leur ordre, le dernier segment thoracique et les segments abdominaux isolés les uns des autres.» Au sujet de l’histoire du développement des parasites, il nous suffira de mettre en relief ceci : Quelques-uns d’entre eux, par exemple Y Achtheres pcrcarum , aban¬ donnent, comme les autres, l'œuf sous la forme de Nau- plius ; leur corps lourd, ovale, sans bouche, porte deux paires de rames simples, et en arrière, comme reste de la troisième paire deux éminences munies d'une longue soie; mais une larve bien différente est déjà formée sous cette peau nauplienne ; elle fait éclater au bout de quelques heures cette lourde enveloppe et se présente sous une forme qui s’accorde dans L’articulation du corps et dans le développement des paires d’extrémités avec le premier (Hg. 55) Nauplius de Tetraclita porosa après la première mue , grossi 90 fois ; on voit autour de l’œil le cerveau d’où sortent les cils olfactifs et, derrière quelques muscles délicats, se rendant à la calotte buccale. — 462 — stade Cyclope» Claus. Toute la série de stades naupliens que les copépodes libres parcourent est ici complètement sautée. Les deux groupes Cirripèdes et Rhizocéphales (1) forment une dernière division très particulière des crus¬ tacés. (A suivre). Développement de la siorlasia YIYIPARA lljan. Par le Professeur W. SALE NS K Y, d'Odessa (2). Traduit de l'allemand par G. DUTILLEUL , préparateur à la Faculté des Sciences. La Borlasia vivipara a été décrite , il y a douze ans . par Uljanin ; je ne sache pas qu’elle ait été réetudiee depuis. Uljanin ne trouva que des femelles et constata chez elles la viviparité ; aussi donna-t-il une description superficielle de quelques stades embrvogéniques . sans toutefois indiquer le point de formation de l’œuf. Parmi les individus que j’ai examinés , les mâles se distinguent des femelles en ce que celles-ci sont plus rares en été que les mâles. De plus, les mâles sont plus petits", ils ne présentent , d'ailleurs , en général , d'autres diffé¬ rences dans leur forme. Quant aux femelles pleines , on (1) Les points de vue les plus différents régnent au sujet de la place à assigner aux Cirripèdes j les uns leur donnent une position bien subordonnée parmi les Copépodes, parmi eux Milne Edwards, 1852. Contrairement à la façon de voir de son père Aiph. Milne Elwards les oppose sous le nom de Basinotes à tous les autres crustacés qu'il nomme Eleuthéronotes. Darwin les considère comme une sous-classe particulière ayant la même valeur que podophlhalmes, édriophthalmes, etc. Ceci me paraît le plus juste. Je ne pourrais pas incorporer les Rhizocephales parmi les Cirripèdes , comme Lilljeborg , mais les leur opposer comme groupe de même valeur comme les Isopodes et les Amphipopes. — On parle aussi de la proche parenté des Cii- ripèdes avec les Ostracodes ; la ressemblance de la larve cypridienne ou de la phase cypridienne, comme Darwin les nomme, avec le CypTis, est une resemblance purement extérieure, même pour ce qui concerne les téguments, et cette parenté me paraît à peine plus grande que celle du Peltogaster socialis (fig. 59) avec la famille des andouilles et des saucissons. v2) Biologisches Centralblatt. Vol. II, N° 24 (p. *740). — 463 — les reconnaît très facilement à la présence des embryons qu’on voit par transparence des deux côtés du corps. Les organes génitaux sont, dans les deux sexes, bâtis sur le même type. — Ils constituent des sacs pairs qui s’ouvrent au dehors par des pores situés sur les côtes du corps. La paroi de ces sacs est tapissée , dans les deux cas, d’un épithélium secrétant chez les mâles des sperma¬ tozoïdes et chez les femelles des œufs. Chaque sac ren¬ ferme un œuf mûr . lequel est fécondé sur place et reste en ce point jusqu'au complet développement de 1 em¬ bryon. Les larves s’échappent par les ouvertures des petits sacs ovariens. La segmentation de l’œuf est totale et inégale et mène à la formation d’une bîastula , dont les parois sont for¬ mées de grosses ceHules cylindriques. Avant que cette bîastula ne se transforme en gastrula, il se forme au côté interne de sa paroi un certain nombre de cellules mésodermiques. La gastrula est invaginata. — La place du blaslopore, qui a la forme d’un petit trou arrondi , est difficile à préciser. Il semble cependant qu’il soit voisin de la partie postérieure et ventrale de l’embryon. A part cela, le sort ultérieur du blastopure m’est resté inconnu. Aussitôt après la fermeture du blastopore, l’embryon prend la forme d'un ovoïde ; mais avant ce stade, on pou¬ vait distinguer l’extrémité antérieure de l’extrémité postérieure. — En effet, la première présente un petit épaisissement. exodermique, rudiment du futur ganglion zèx'èbvoii\Q[Scheitelplatle). — Cet épaisissement se sépare bientôt de l’exoderme et prend la lorme d’une plaque s’étendant à droite et a gauche. On reconnaît chez de très jeunes embryons les deux moitiés de cette plaque cépha¬ lique qui doivent former ultérieurement les deux gan¬ glions cérébroïdes. Entre les deux ganglions s’observent les rudiments de la trompe et de l’œsophage, dont l’origine n’est pas encore bien claire pour nous. Il nous semble cependant que la trompe nait d’une invagination exodermique. — Concur¬ remment à son apparition, naît au pôle inférieur de l’em- 464 — bryon un amas de cellules arrondies qui formeront un organe glandulaire pyriforme. Cet organe se retrouve encore chez les animaux adultes. Physiologiquement, cet organe pyriforme remplit une fonction de secrétion ; morphologiquement il n'est pas sans intérêt. Par sa posi¬ tion, il correspond à un organe qui, chez les larves d’Annélides, apparaît dans la plaque céphalique et s’en sépare bientôt sous forme de petites cellules (cellules céphaliques de Nereis cultrifera) , présentant tantôt des caractères glandulaires (Aricia), tantôt atteignant un plus haut degré de différenciation et formant un tentacule impair (Püeolaria, Psygmobranchus , Terebella). Ces organes des Annélides présentent, en général, la struc¬ ture habituelle des glandes des Némertiens. La trompe est sous la dépendance étroite de cette formation et sem¬ ble reliée à son développement. Le mésoderme, d’abord formé de quelques cellules sous-exodermiquos, s’étend peu à peu entre h endoderme et l’exoderme , et ne forme , dans les premiers stades , qu’un feuillet simple. Plus tard , lorsque i’emhryon est devenu ovoïde, les cellules mésodermiques se multiplient et constituent deux feuillets dont 1 externe donnera la musculature et l'interne la splanchnopleure. Entre ces deux feuillets se formera la cavité du corps, laquelle sera d’abord continue dans toute la longueur de 1 embryon et ne présentera pas trace de métamérisation. Il n’y a qu à l’extrémité antérieure que le mésoderme ne se creuse pas et que, par conséquent, il n’y a pas de cavité du corps. Le mésoderme y fournit le tissu conjonctif qui entoure les divers organes de la tète. Avant le creusement du mésoderme, il se forme autour de la trompe une cavité sacciforme qui croît très rapide- dement et atteint l’extrémité postérieure. Ainsi naît la aîné de la trompe ; absolument indépendante de la cavité générale, elle en est très nettement séparée. Le premier rudiment de la gaîne de la trompe apparaît sous forme d’un épais feuillet cellulaire entourant le rudi¬ ment de la trompe. Lors de l’évidement de ce rudiment, — 465 — la masse cellulaire se divise en deux feuillets, dont l’un externe, forme la paroi de la gaine de la trompe et l’autre interne le revêtement externe de la trompe. A la partie inférieure de la gaine, les deux feuillets se soudent en un seul. Enfin, pour ce qui est des vaisseaux sanguins, nous les voyons apparaître sous forme de trois troncs longtemps avant la formation de la cavité du corps. Deux de ces troncs sont latéraux et courent au côté interne des nerfs latéraux. Le troisième est sur la ligne médio-v entrale et s’ouvre en avant et en arrière dans les vaisseaux laté¬ raux réunis entre eux antérieurement et postérieure¬ ment. Dès la formation de ces vaisseaux sanguins, on y peut observer une contraction rythmique. Le tube digestif est, durant les premiers stades em¬ bryonnaires, un sac complètement clos dont les parois sont formées de cellules arrondies. Au cours du déve¬ loppement, celles-ci se multiplient et forment sur le tube digestif des amas réguliers. La lumière de celui-ci se resserre de plus en plus. La multiplication des cellules digestives semble durer toute la vie chez la Borland et amène finalement une disparition à peu près complète de la lumière du canal, comme on peut le reconnaître sur des sections transversales de l’animal adulte. Les contours des cellules du tube digestif deviennent de la sorte très difficiles à voir. — L’œsophage apparaît sous forme d’un tube court et oblique ; il naît beaucoup plus tôt que la bouche et semble être en rapport avec le rudiment de la trompe. — Je me réserve de donner une autre fois des détails à ce sujet. A un stade relativement peu avancé, on voit déjà le sac digestif présenter une segmentation due à la poussée du mésoderme vers l’intérieur. Les segments naissent plus tôt dans la partie antérieure que dans la partie posté¬ rieure. Nous arrivons de la sorte au développement du système nerveux. — 11 naît sous forme d’une plaque cépha¬ lique détachée très tôt de l’exoderme. Elle émet de cha¬ que côté deux courts prolongements, rudiments des nerfs 32 — 466 — latéraux. Ceux-ci se réunissent au quart postérieur de la longueur du corps et vont se terminer à la partie posté¬ rieure. Sur toutes les coupes transversales, les cordons latéraux sont nettement distincts de l’exoderme, ce qui prouve qu’ils en sont absolument indépendants et tirent leur origine de la scheitelplatte . Il est remarquable que dès les premiers stades, cette plaque céphalique est nette¬ ment différenciée ; elle et ses prolongements laissent, en en effet, voir des amas cellulaires et des granulations. Le développement ultérieur des nerfs latéraux con¬ siste en un accroissement continu vers la partie posté¬ rieure , comme on peut le voir par une suite de sections d’un animal intact. Déjà chez les embryons déformé ovale ils atteignaient l'extrémité postérieure , ils y constituent maintenant les épaississements postérieurs. L’accroissement ultérieur des nerfs latéraux marche de pair avec celui du corps. Les faits que nous venons de constater dans le déve¬ loppement . du système nerveux , nous suffisent pour résoudre la question des homologies du système nerveux des Annélides. D’après ce que l’on connait du développe¬ ment du système nerveux des Annélides, il est claire¬ ment établi que ce système nerveux dérive de deux rudiments tout à fait indépendants. L’un qui constitue la plaque céphalique, représente le rudiment du ganglion- pharyngien et de la commissure pharyngienne , l’autre formé d’épaississements exodermiques (plaque mé¬ dullaire) est le rudiment de la chaîne ganglionnaire ventrale. Ces deux parties entrent plus tard en rapport, lorsque la plaque céphalique émet deux nerfs latéraux qui s’étendent vers la partie postérieure et se soudent à la portion terminale de la plaque médullaire. Il en résulte autour du tube pharyngien un anneau, habituellement désigné sous le nom d’anneau pharyngien. Si l’on veut actuellement tirer une conclusion au point de vue de l’homologie des nerfs latéraux en se basant exclusivement sur les faits anatomiques, on arrive à admettre que les nerfs latéraux des Némertiens sont les — 467 — homologues de la chaîne ventrale des Annélides. line semblable déduction repose principalement sur ce fait que la chaîne ventrale se compose de deux cordons, qui ne diffèrent des nerfs latéraux que 1° par la présence de ganglions et 2° par leur position ventrale. Ces deux caractères différentiels pourraient être atténués par les pures considérations anatomiques suivantes: 1° On connait des formes de Némertiens (quelques sédentaires) chez lesquelles les nerfs latéraux présentent des ganglions (. Malacdbdélla ) ; 2° on connait des formes d’Annélides chez lesquelles les cordons ventraux sont assez écartés pour rappeler les nerfs latéraux des Némertes. Ces formes sont actuellement considérées comme des types de passage entre les Némertiens et les Annélides. On regarde comme passant aux Némertes , les Annélides à troncs ventraux écartés et, d'après cette manière de voir, il va de soi qu'il faut considérer le système nerveux des Némertiens, caractérisé par l'écartement des troncs latéraux , est une forme primitive , d’où est née, par rapprochement des troncs, la chaîne ven¬ trale des Annélides. La possibilité de ce processus phy¬ logénétique nous est démontrée par ce fait que dans les divers genres de Némertiens la position des troncs latéraux varie, ceux-ci étant tantôt latéraux tantôt plus ou moins rapprochés soit à la face dorsale, soit à la face ventrale. Si maintenant on fait intervenir les considérations embryologiques on arrive à cette conclusion que la comparaison du système nerveux des Némertes à celui des Annélides offre de sérieuses difficultés. Tandis que la chaîne ventrale des Annélides dérive d’épaississements pairs de l’exoderme, il n’en est pas de même pour les Némertiens. A la face ventrale l’exoderme reste iden¬ tique à ce qu’il est sur toute la surface de l’embryon. Si l’hypothèse de l’homologie des nerfs latéraux et de la chaîne ventrale- était exacte, on trouverait au moins sur les côtés de l’embryon des épaississements exodermiques analogues. C'est en vain qu’on les y chercherait. L’exo- - 468 — derme demeure également réparti pendant toute la durée du développement. Les rudiments des nerfs laté¬ raux restent constamment sous Pexoderme, jamais à son intérieur, et en sont toujours très nettement séparés. Ils croissent d’avant en arrière et sont des prolongements directs de la plaque céphalique. Pour cette raison em- bryogénique nous voyons que l’homologue de la chaîne ventrale n’existe pas chez les Némertiens et que le sys¬ tème nerveux de ces animaux contrairement à ce qui se produit chez les Annélides dérive d'un rudiment unique issu de la plaque céphalique et non de deux comme c'est le cas pour les Annélides. S’il est impossible d’homologuer les nerfs latéraux à la chaîne ventrale des Annélides, on peut se demander: n'v a-t-il dans le svstème nerveux des Annélides aucune «/ V autre partie qu’on puisse homologuer à ces nerfs latéraux? Résoudre cette question n'est pas chose facile, aussi ne voulons-nous chercher à le faire qu'embryogéniquement. Le développement du système nerveux des Annélides concorde largement avec celui des Némertes au point de vue de la formation du ganglion pharyngien supérieur. Dans les deux cas , chez les Vers comme d’ailleurs chez les Arthropodes, cette partie du système nerveux dérive de la plaque céphalique résultat d’un épaississe¬ ment exodermique. Une analogie de formation des ganglions pharyngiens, dans le groupe des vers, s’observe encore dans les transformations ultérieures de la plaque céphalique. Partout cette plaque émet latéralement deux prolongements ; mais le sort ultérieur est différent dans les deux groupes. Chez les Annélides les prolongements se dirigent vers la face ventrale , s’unissent à la chaîne ventrale et forment ainsi la commissure pharyn¬ gienne. Chez les Némertes où il n’y a pas de chaîne ventrale, ces prolongements continuent à se diriger toujours en arrière jusqu’à l’extrémité postérieure de l’embryon et constituent les nerfs latéraux. «/ L’embryogénie montre donc entre les deux formations une analogie parfaite et pour nous, qui voulions chercher — 469 — embryogéniquement l’homologue des nerfs latéraux , nous sommes autorisés à conclure que les nerfs latéraux des Némerles ne sont pas les homologues de la chaîne ventrale , mais bien de la commissure péripharyn- gienne des Annêlides. BIBLIOGRAPHIE. RECHERCHES SUR LES J AL AP S Par A. BOURIEZ, Licencié ès-sciences , Pharmacien de lie classe. Dans les échantillons commerciaux de chacune des sortes de vrai Jalap (Jalap tubéreux, Jalap fusiforme, Jalap de Tampico) M. Bouriez distingue à leurs carac¬ tères extérieurs plusieurs variétés de tubercules. Les tubercules qui forment la plus grande partie des Jalaps et qu’il désigne sous le nom de « tubercules types » pré¬ sentent toujours à l’une de leurs extrémités (la supérieure) des restes d’organes aériens : tige et cicatrices symé¬ triques rappelant des points d’insertion d’appendices opposés. Les autres tubercules ne présentent jamais ces restes d’organes aériens. Tantôt, ils se terminent en pointe à leurs deux extrémités, tantôt l’une de leurs extrémités seulement s’amincit, tandis que l’autre présente une large surface d’insertion. On rencontre d’ailleurs des tuber¬ cules insérés sur d'autres tubercules et de très petits échantillons des grabeaux montrent des tubercules insé¬ rés perpendiculairement sur un organe le plus souvent grêle, cylindrique, mais quelquefois fusiforme plus ou moins renflé. M. Bouriez s’est demandé si ces tubercules de diffé¬ rentes variétés répondaient à des variations d aspect d’un même organe ou s’ils ne représentaient pas des organes de nature morphologique différente. L’examen à l’œil nu et à la loupe des sections trans- — 470 — versales pratiquées à différents niveaux de ces tubercules lui a donné quelques renseignements précieux sans lui permettre toutefois de répondre avec certitude à la ques¬ tion qu’il s’était posée. Il a soumis alors ces mêmes sec¬ tions transversales à l’examen microscopique en prenant pour base de ces études micrographiques un tubercule type de Jalap tubereux ou officinal proprement dit. La section transversale pratiquée à l’extrémité infé¬ rieure du tubercule permet de conclure que l’organe pré¬ sente à ce niveau la structure d'une racine : Vers le centre de la section on observe, en effet, quatre lames ligneuses primaires symétriques autour du centre et con- . vergentes deux à deux, chacune de ces lames ligneuses primaires est formée de quelques trachées dont les plus grêles sont les plus extérieures les plus grosses au con¬ traire les plus voisines du centre. La différenciation a donc marché , dans chacune de ces lames ligneuses pri¬ maires, du centre de développement (indiqué par la trachée la plus grêle) vers le centre de V organe. On peut en conclure que le centre de l’organe est occupé par un seul faisceau trétracentre dont le centre de figure coïn¬ cide avec le centre de l’organe et déduire de cette con¬ clusion que l’organe à ce niveau est une racine. Parmi les détails histologiques que M. Bouriez a décrits et figurés dans sa thèse, le mode de formation des éléments du liber est particulièrement intéressant. Parmi les jeunes cellules à cloisonnements tangentiels de la zone cambiale, les plus extérieures présentent de très bonne heure des cloisons longitudinales qui les sub¬ divisent en un certain nombre de cellules étroites allon¬ gées comme cela se voit chez les Asclépiadées, les Apo- cynées, les Solanées, les Acanthacées ; les cloisons trans¬ verses qui séparent les cellules superposées se résor¬ bent suivant les mailles d’un réseau et ainsi prennent naissance les plaques grillagées caractéristiques des cellules libériennes. Les éléments nés de la zone cambiale qui ne présen¬ tent pas ces recloisonnements fournissent le parenchyme — 471 — libérien au sein duquel on rencontre d’abondantes cel¬ lules à résine et des glandes à cristaux. Les cellules à résine apparaissent comme des éléments parenchymateux hypertrophiés- et gorgés de résine. En général, elles sont superposées, bout à bout, de maniéré à former des files verticales assez longues, mais, dans aucun cas, M. Bouriez n’a observé la résorption de la paroi transverse commune à deux cellules successives. Il n’y aurait donc pas. selon lui, formation d’un canal et il considère ces cellules à résine comme des glandes unicellulaires dispersées dans la masse du liber. Les glandes cristallogénes consistent en cellules paren¬ chymateuses recloisonnées en autant de loges qu’il y a Ide mâcles cristallines. Ces màcles sont des boulets d’oxalate de chaux. Les sections radiales traitées par un acide minéral qui dissout l’oxalate de chaux montrent avec la plus grande netteté les subdivisions cellulosiques de ces glandes. M. Bouriez expose ensuite la structure de la région comprise entre l’extrémité inférieure du tubercule et le point qui correspond au maximum de volume de l’organe Résumons-la en indiquant le procède de tubérisation de ces organes : Dès les coupes qui suivent celle qui présente la struc¬ ture d’une racine bien caractérisée, on observe à mesure que l’on s’élève vers la région moyenne du tubercule l’interposition d’un tissu parenchymateux uniquement fourni d’abord par la zone cambiale, parmi les éléments durcis du bois. Cette intercalation de parenchyme que M. Bouriez désigne sous le nom de « parenchyme muri- forme » a pour résultat d’écarter les lames ligneuses les unes des autres et de troubler très rapidement la symétrie primitive de l’organe. Les lames trachéennes entrainees à la suite des lobes ligneux secondaires et tiraillées de toutes parts ne tardent pas à disparaître et à une taible distance de l’extrémité inférieure du tubercule , il est déjà impossible de les retrouver. Plus haut, le parenchyme muriforme qui entoure les E — 472 — massifs ligneux se cloisonne parallèlement à la surface de ces massifs et constituent ainsi de véritables zones génératrices secondaires qui produisent, du côté du bois durci, quelques rangs de parenchyme mûriforme, de l’autre côté, du liber secondaire avec de nombreuses glandes résineuses et cristallogènes. Enfin, dans les régions très renflées, on observe des lames de parenchyme mûriforme cloisonnées tangentiel- lement à une surface virtuelle quelconque et qui four¬ nissent de nouveaux produits , libériens d’un côté , parenchymateux de l'autre. Toutes les cellules parenchymateuses se gorgent d’amidon et constituent pour le végétal une importante réserve alimentaire. Pour l’étude de la région supérieure du tubercule M. Bouriez suit un ordre inverse et à partir de l’extrémité tout à fait supérieure du tubercule il descend vers sa région moyenne renflée. La section transversale pratiquée à l’extrémité supé¬ rieure du tubercule montre que l’organe à ce niveau présente la structure d’une tige : La masse ligneuse primaire, forme, en effet, une zone annulaire autour du centre de l’organe, mais à une cer¬ taine distance de ce centre. Elle est formée de lames rayonnantes groupées en faisceaux mal délimités. Chaque lame de bois primaire comprend trois ou quatre trachées contiguës, disposées radialement dont la plus grêle et la plus intérieure. La différenciation des éléments ligneux primaire a donc marché du centre de développement (indiqué par la trachée la plus grêle) dans une direction guipasse par le centre de l'organe , mais qui laisse le centre de développement entre le centre de V organe et la lame ligneuse. Le centre de l'organe présente donc une couronne de faisceaux primaires monocentres à différenciation centri¬ fuge ; on peut en conclure que c’est une tige. D’ailleurs, au niveau des cicatrices sur lesquelles M. Bouriez a attiré plus haut l’attention, on assiste à la — 473 — sortie de quatre faisceaux de chaque côté dans deux appendices opposés. A Faisselle de chacun de ces appen¬ dices, un bourgeon souvent développé se met en rapport au moyen de deux faisceaux avec les faisceaux de la tige. Dans l’intervalle compris entre ces points de sortie d’appendices et la région moyenne renflée du tubercule, on assiste à l’extinction des lames ligneuses primaires de la tige. L’crgane se tubérise d’ailleurs, dans cette région de la même manière que dans sa région inférieure. L’extinction des lames ligneuses primaires de la tige montre que l'on est en présence de la terminaison infé¬ rieure d’une tige principale. La tige qui termine supérieurement les tubercules types est donc une tige principale ; ses appendices infé¬ rieurs sont ses cotylédons et leurs bourgeons axillaires correspondent à des rameaux rampants. Les éléments secondaires de la tige sont en conti¬ nuation directe avec les éléments secondaires de la racine ; il en résulte que la racine qui termine inférieu¬ rement le tubercule est la racine principale. La région comprise entre les points de sortie des appendices et le point d’insertion de la racine principale correspond à Faxe hypocotylé. Il résulte de cette étude que les tubercules types de Jalap représentent la souche des végétaux qui les pro¬ duisent et. que la région lubérisée correspond à l’hyper¬ trophie ; 1° De la base de la tige principale ; 2° De Faxe hypocotylé ; 3° De la région d’insertion de la racine principale sur Faxe hypocotylé ; 4° De la partie supérieure de la racine principale. M. Bouriez a étudié de la même manière les tubercules divers qui ne présentent jamais de restes d’organes aériens à l'une de leurs extrémités. Il a constaté ainsi que : 1° La plupart des variétés de tubercules représen¬ tent des racines tubérisées de différents ordres ; 2° Quel¬ ques tubercules représentent des tiges souterraines qui amenées à jouer le même rôle physiologique que les tubercules radicaux se sont tubérisées par le même — 474 — procédé et présentent, en définitive, une structure pres- qu’identique. La comparaison des trois sortes commerciales a montré enfin à M. Bouriez qu’il n’y a pas de différence quelque peu importante au point de vue de la structure entre les différentes sortes de vrai Jalap. Au point de vue de la Matière Médicale les Jalaps sont donc principalement formés de tubercules qui corres¬ pondent aux souches des Convolvulacées qui les produi¬ sent ; ils renferment, en outre, un certain nombre de tubercules qui représentent des racines tubérisées de différents ordres ; on y rencontre enfin des tubercules qui proviennent de tiges souterraines tubérisées. C’est en appliquant aux échantillons secs, tels que ceux que fournit le commerce de la droguerie, les méthodes de détermination morphologique enseignées au labora¬ toire de Botanique de la Faculté des Sciences de Lille, dirigé par M. Bertrand que M. Bouriez a obtenu ces résultats intéressants au double point de vue de la Matière Médicale et de la Botanique. Sous forme d’appendice M. Bouriez ajoute à cette étude quelques observations sur le Jalap et la résine de Jalap au point de vue pharmaceutique. Il fait remarquer d’abord que dans aucune des analyses de Jalap, il n’est fait mention de l’oxalate de chaux que l’observation microscopique et les réactions microchimiques y décèlent en proportion considérable. Après avoir réuni les différents résultats de dosage de la résine dans les différents Jalaps et fait observer qu’il ne peut admettre l’opinion de M. Andouard d’après lequel les petites racines de Jalap seraient plus riches en résine que les gros tubercules de la même plante (fait en désaccord avec les chiffres trouvés par M. Guibourt et avec l'observation microscopique) M. Bouriez donne les résultats qu’il a obtenus en retirant la résine par le pro¬ cédé du Codex de neuf échantillons de Jalaps. Il a fait en outre évaporer, au bain marie, jusqu’en consistance pilulaire les produits des macérations aqueuses que - 475 — nécessite l’emploi de ce procédé et il indique le rende¬ ment des extraits ainsi obtenus : RENDEMENT POUR CENT. / / . Echantillons types de Jalaps Résine Extrait (fournis par la Pharmacie centrale) . séchée à 100°. aqueux. Jalap tubéreux ou officinal proprement dit . 12.5 38. Jalap léger (petits échantillons) . 2. 35. Jalap digité major . 7. 12. Jalap digité minor . « 9. 11.5 II. Jalaps commerciaux triés. 1 er échantillon . 12.5 35. 2e id . . 10.5 33. 3e id . 7.5 23. 4e id. . 8 17. III. Grabeaux . 1 8.5 27. A propos de la résine de Jalap et de ses propriétés purgatives attribuées à deux glucosides résineux (Con- volvuline et Jalapine) M. Bouriez rappelle l’opinion de MM. Le Maout et. Decaisne d’après laquelle la résine des Convolvulacées ne devrait ses propriétés purgatives qu’à l’arôme qui l’accompagne, car les rhizomes pulvérisés et longtemps exposés à l'air les perdent bien qu’ayant con¬ servé le principe purement résineux, et se demande s’il n’y aurait pas là, sinon un alcaloïde comme l’a prétendu le chimiste anglais Hume, du moins un principe autre que les Gluclosides que l’on a retiré de la résine de Jalap et qui aurait jusqu’ici échappé à l’analyse. La substance huileuse odorante qui imprègne les Glucosides mériterait à ce point de vue d’attirer l’attention. M. Bouriez examine ensuite les différents procédés indiqués pour la préparation de la résine de Jalap et propose une légère modification au mode opératoire indi¬ qué par le codex : Lorsque, d'après la prescription du codex, on verse le résidu de la distillation des liqueurs alcooliques dans l'eau bouillante, la résine qui précipite s’agglomère sous forme de térébenthine épaisse qui adhère fortement aux parois du vase et ne peut être recueillie complètement qu’avec beaucoup de difficulté ; si l’cn verse, au contraire, ce résidu de la distillation dans de l’eau bien froide, la résine précipitée reste sur les parois du vase sous une forme très divisée ; les par¬ ticules résineuses sont isolées les unes des autres par des gouttelettes d’eau et il devient très facile à l’aide d’une simple carte ou d’une spatule flexible de recueillir complètement le produit. Lorsque toute la résine est réunie l’eau vient peu à peu surnager tandis que les par¬ ticules résineuses s’agglutinent au tond du vase où on la recueille. M. Bouriez compare enfin, au point de vue du rende¬ ment, le procédé du codex qui donne une résine brun- verdâtro odorante et le procédé de M. Nativelle qui donne une résine inodore, aussi blanche que l’amidon. Le tableau suivant résume les résultats obtenus : PROCÉDÉ DU CODEX. PROCÉDÉ DE M. NATIVELLE. Résine . Extrait. Résine Extrait. 1 11 5 1 . 3 . 9 12 5 33 2. 6 . . . . . 27 7.5 . ... 23. 3. 3.3. . . . . . . . 17 La différence de rendement en résine tient, d’après lui, à l’emploi de l’alcool à 65° recommandé par M. Nativelle L’alcool à 65° ne dissout pas toute la résine. é Il est à remarquer, enfin, que l’on obtient plus d’extrait — 477 — aqueux en évaporant les produits des macérations que fournit l’application du procédé du codex qu’en évapo¬ rant les produits des décoctions que nécessite l’emploi du procédé de M. Nativelte. CHRONIQUE. MÉTÉOROLOGIE. Température atmosphérique moyenne .... » moyenne des maxima. . . •' " des minima. . . ■' extrême maxima, les 4 et 5 " '•> minima , le 18 . . B.iromètre, hauteur moyenne à 0” . » extrême maxima , le 6 . " » minima, le 16 . Tension moyenne de la vapeur atmosphériq. Humidité relative moyenne °/0 . Epaisseur delà couche de pluie . " « d’eau évaporée. . . Le caractère dominant du mois de novembre 1882 fut une excessive humidité des couches supérieures de l’at¬ mosphère, accusée par la dépression de la colonne baro¬ métrique, dont la hauteur moyenne fut de6mm.38 au-dessous de la moyenne ordinaire ; oscillant entre les extrêmes indiqués ci-dessus et différant de 26inra36. La conséquence de cet état hygrométrique fut une condensation énorme de la vapeur dissoute qui fournit, en 28 jours, une couche de pluie d’une épaisseur de 136mm.31 , supérieure de 72mm.46 à la quantité recueillie moyennement en no¬ vembre. Dans cette quantité, la neige entre pour 21mm.86 et la grêle pour 2imn.05. La plus forte quantité d’eau tombée en 24 heures fut de 14ami.95, le 13. Malgré ces pluies continuelles, l’air des couches infé¬ rieures de l’atmosphère fut moins humide qu’en année moyenne ; aussi, grâce à cet état et à l’élévation relative NOVEMBRE. 1882. 6°. 81 9°. 35 4°. 27 14°. 90 0°. 60 752mm 895 764I11,n.110 737 mm. 7 50 6mn,.20 84.00 136mm.81 35mm . 62 annee moyenne. 5°. 69 7 59 mm. 275 5mm .96 85 . 60 63mui . 85 20mm . 28 — i78 — de la température, l’épaisseur de la couche d’eau éva¬ porée dépasse de 15mm.34 celle observée en novembre, année moyenne. Mais cette évaporation fut néanmoins incapable d’atténuer l’épaisseur de la couche de pluie , ce qui rend compte des inondations générales et de l’énorme crue de tous les cours d’eau. Le niveau de la nappe souterraine qui, pendant les mois précédents s’était énormément abaissé , au point de tarir les puits d’une foule de localités, se releva considérablement. Ces masses de pluie, ainsi que les vents S. O. qui ame¬ nèrent les nuages contribuèrent à l’élévation de la tem¬ pérature. Pendant 5 nuits , le thermomètre s’abaissa au-dessous de 0° ; on observa des gelées blanches, 5 jours de neige et 5 jours de grêle. Les brouillards fuient per¬ manents le matin, des rosées se produisirent au nombre de 14. La force du vent dominant S. O. dépassa la moyenne, le 5 et le 6 elle atteignit celle de la tempête. La tension électrique fut très prononcée. Le 17, dans la soirée, il se produisit une magnifique aurore boréale qui se prolongea une partie de la nuit du 4 17 au 18. Pendant la première moitié du mois , la hauteur moyenne de la colonne barométrique à 0° fut de 755mm.636, la nébulosité moyenne du ciel 7,26, et la quantité totale de pluie recueillie en 12 jours 56nm\95 ; la température moyenne des maxima 10°. 84, celle des minima5°.58. dont la moyenne est 8°. 21 ; sous l’influence de cette tempéra¬ ture, l’épaisseur de la couche d’eau évaporée fut de 22min.38, l’air fut assez humide, car la moyenne fut de 0.83. Pendant la seconde partie de novembre, les caractères météorologiques sont essentiellement différents ; la hau¬ teur moyenne de la colonne barométrique s’abaisse à 750mm .154, correspondant à une nébulosité moyenne de 8.06, donnant lieu à une production de pluie de 79mni.36 en 15 jours. La température moyenne des maxima fut 7°. 86, celle des minima 2°. 95, dont la moyenne est 5°. 40. — 479 - Cet abaissement sensible de la chaleur atmosphérique atténua beaucoup l’épaisseur de la couche d’eau évaporée (13mm.24) et contribua à augmenter l'humidité rela¬ tive (0.85). Y. Meure in. Température atmosphérique moyenne. . . » moyenne des maxima . » >■» des minima. » extrême maxima , le 31. » •> minima , le 11 . Baromètre , hauteur moyenne à 0U » extrême maxima, le 20 . » « minima, le 4 . Tension moyenne de la vapeur atmosphériq Humidité relative moyenne °/0 . Epaisseur de la couche de pluie . « « d’eau évaporée. . Le mois de décembre 1882 a été chaud et humide ; sa température moyenne a excédé de 0°.69 la moyenne du mois de même nom, année moyenne. Il n’y a eu que 9 jours de gelée, et encore bien faibles, puisque la plus forte n’a été que de — 3 .5, au contraire la température maxima observée le 31 s’est élevée à 13°. 0. La moyenne des minima a été supérieure à celle des minima ordinaires de décembre. Mais c'est surtout à l'élévation de tempé¬ rature des maxima, surtout de la seconde moitié du mois, qu’il faut attribuer celle de la moyenne générale. Cette chaleur est due surtout à l’état de nébulosité du ciel souvent couvert, à la fréquence (23 jours) et à l’abon¬ dance des pluies, et à la direction des courants atmosphé¬ riques venant de la région S. L'air de la couche en contact avec le sol fut plus humide qu’en année moyenne , aussi les brouillards furent presque permanents, quelquefois très épais et toujours très électriques. Sous ces influences multiples, l’épaisseur de la couche d’eau évaporée en décembre, qui est ordi¬ nairement de 15mnj.79, ne fut cetie année, malgré l’élé¬ vation de la température, que de 12mm.27. DECEMBRE. année moyenne 1882, 4°. 23 6°. 36 2°. 10 13°. 00 3°. 50 753mm .222 770mra .180 737mm .610 5ram .52 89.1 70mm.64 12mm.27 3°. 54 760ram.853 5rara.39 87.20 58mm.81 I5mm.79 — 480 — Le 26, il y eut une violente tempête S. O. L'air des hautes régions atmosphériques renferma une grande quantité de vapeur d’eau qui, en se condensant, donna 23 jours de pluie, 5 jours de neige, fondant au moment de sa cliûte et 1 jour de grêle. Cet état hygrométrique fut dicté par la grande dé¬ pression barométrique , oscillant entre les extrêmes 770mm.180 et 737mm.610. Pendant la première moitié du mois, on observa 7 jours de gelée et 4 jours de gelée blanche, la moyenne des minima fut de 0\24, celle des maxima 3°. 94 donnant pour moyenne 2°. 09. Pendant la seconde, la température s’é¬ leva beaucoup, la moyenne des minima fut de 4°. 30, celle des maxima 8°. 62, dont la moyenne est 6-. 46. Du 1er au 15, la hauteur moyenne de la colonne baro¬ métrique fut de 749mm.676. L’épaisseur de la couche de pluie recueillie pendant cette première période fut de 29miu.36 recueillie en 11 jours, dans lesquels il y eut 5 jours de neige. Du 16 au 31, hauteur moyenne du baro¬ mètre , 756mm.553 ; . épaisseur de la couche de pluie , recueillie en 14 jours, 41mm.26. L’air fut moins humide pendant la première moitié du mois (0.872) que pendant Ja seconde (0.908) ; néanmoins, pendant cette dernière période, l’épaisseur de la couche d’eau évaporée, favorisée surtout par la température, fut plus grande (6mm.52 que durant la première (5mm.75). Le vent S. O. souffla surtout avec une grande violence du 23 au 30. Le 24, on observa un halo lunaire suivi de pluie. Le 7, la neige fut très abondante (8mm.O) Pendant 9 jours , le ciel fut à. demi couvert de nuages et complètement couvert pendant 22 jours. Les pluies abondantes tombant sur une terre déjà saturée d’eau, occasionnèrent de nombreuses inondations, et paralysèrent les travaux agricoles. Y. Meurein. LILLE. — IMP. L. DANEL 2e SÉRIE. 1882. 5e Année. TABLE DES MATIÈRES ('). TABLE PAR NOMS D'AUTEURS. Arbois de Joiibainville (d‘). — Le Telephora perdrix, 302. Arnould. — Rapport sur la ques¬ tion de l’Agrégation, 81, 110. — Nouveaux éléments d’Hygiène (analyseparleDrR.Moniez), 116. Baudry (S.). — Simulation de l’A¬ maurose et de l'Amblyopie, 25T. Bonnier (J.) — L’ Aptéryx ( Ward) , 1 J. — L’Hatteria punctata, 89. Bordeu. — Recherches sur l'his¬ toire de la Médecine. 32. Bouriez. — Recherches sur les Jalaps, 469. Buisine. — L’Indigo artificiel, 98. Colas (Et.). — Cours d anatomie artistique ; leçon d'ouverture, 402. t’oyne. — La Chirurgie à la Fa¬ culté de Médecine de Vienne , 16, 119, 154, 203. Dames. — Sur ja structure de la tête de l’Archæoptervx. 289. Debray (r.). — pour Darwin (F. Mtiller), 354. 418. Dollo. — Les DinosaurLns (See- ley), 233. Dumont. — Mémoires sur les Ter¬ rains crétacés et tertiaires (ana¬ lyse), 314. T Dupont. — Sur l'origine des Cal¬ caires dévoniens, 1 . Dureau. — Notice nécrologique sur Davaine, 385. Dutilleul (Ci.). — Paléontologie de l’Amérique du Nord (Wieders- heim), 41 . — Contribution à la Morphologie des Amphineura (Hubrechl), 213. — Faune pélagique des lacs d’eau douce (Forel), 305. — Les Pelotes stomacales chez les Lapins, 382. — Développement de Borlasia vivipara (Salensky), 462. Corel. — Faune pélagique des lacs d’eau-douce, 305. Qiard (A )• — La question de la Fa¬ culté de Médecine, 121. — Note sur l’histoire de la Méde¬ cine de Bordeu, 32. Grasset. — Rapport sur la ques¬ tion de l'Agrégation, 146. Hubrecht. — Contribution à la morphologie des Amphineura , 213. Künstler. — Delà constitution du Protoplasma, 196. Eegay. — Note sur la Muqueuse des gencives, 142. (1) Cette table a été dressée par les soins de M. G. Dutilleul . prépara¬ teur de Zoologie à la Faculté des Sciences. 33 — 482 — V. Meurein. — Météorologie de Janvier . 39 Février . 87 Mars . 127 Avril . 163 Mai . 200 Juin . 255 Juillet . 317 Août . 3L9 Septembre, Octobre . 397 Novembre, Décembre.... 477 .llorelle. — Recherches sur la Ber- genite, 292. Muller (Frit*). — Fur Darwin, 354, 418. Prciirtlioininc «le Korre. — Ma¬ tériaux pour la faune entomolo- gique des Flandres. — Coléop¬ tères (2e Centurie), 165 l^uel. — Des analogies de consti¬ tution des systèmes veineux du Crâne et du Rachis chez l’homme et de leurs rapports avec la théo¬ rie rachidienne du Crâne d’après Owen, 192. Salensky. — Développement de Borlasia vivipara, 462. SJ'eeley. — Les Dinosauriens . Six- — Sur la structure de la Tête de l’Archoeopteryx (Dames), 289. Thévenin. — Notice nécrologique sur Puel, 393. Tonrncux. — Des restes du Corps do Woltfchez l’adulte, 321. Vau B*cne«ieii (E«l.) . — Sur la structure de l’appareil respiratoire des Arachnides, 299. Vau tien fiirœck. — Une visite a la Station zoologique et à l’Aqua¬ rium de Naples, 240. Viollettc. — Rapport à la rentrée des Facultés, 57. Wnrd. — L’Apteryx, 77. Wicderslicini. — Paléontologie de l’Amérique du Nord, 41 . ÉTABLISSEMENTS PUBLICS ET SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des Sciences, 58. Académie Royal* de Belgique. — Classe des Sciences, 1, 211. Écoles Académiques de Lille, 101. Faculté .de Médecine de Lille, 81 , 110 , 121 , 129 , 208, 393 , 469. Faculté de Médecine de Montpellier, 141. Faculté de Médecine de Vienne, 16, 109, 154, 203. Faculté des Sciences de Lille, 37, 469. Station zoologique de Naples, 240. — 483 — TABLE DES NOMS D’AUTEURS dont le s travaux sont analysés , traduits ou reproduits par extraits. Albert, 157. Aldrovande , 384 . Arbois de Joubainvill 302. Arloing , 351 . Arnold, 351. Arnould, 81, 110, il Asper, 313. BalbiANI, 352. BaLFOUR, 352. Barrois (Th.) . 352. Baudry, 237. Bayer, 98. Beauregard, 352. Béclard, 35. Bernier, 32. Bertrand, 474. Bighat, 32. Billroth, 29, 31. Bobretzky, 199. Bonnier, 77, 89. Bordel, 32. Born, 352. Bouriez, 469. Brandt, 313. Braun, 352. BUISINE , 98. Colas ,401. Colin, 382. Columbas, 352. COOPER, 352. COYNE, 16, 119, 154,20 Cuvier, 229. CzERNY, 157. DALL, 229. Dames, 289. DANIELSSEN, 230. Darwin, 354, 418. Daubenton, 382. D AV AINE, 385. e, Debray (F.), 354, 418. Dewalque ,314. Dittel, 160. Doiirn, 240. 5- Dollo, 233. Dlbar, 39. Duflo, 98. Dumont, 2, 7, 314. Dupont, 1. Dure vu, 393. Dutilleul, 41,813,305, 382, 462. DüVERNEY, 354. , Duvillier , 98. Egli, 352. Fleischl, 352. Fol, 199. FOLLIN, 352. FOREL, 305, 313. Fric, 313. Garreau, 292. Gartner, 352. Gegenbaur, 129. Gesner, 384. GlARD , 32, 122. [ GlRALDÈS, 352. I GOSSELET, 2, 7. | Gryff (Von), 230. Grasset, 146. Hallez, 230, 352. Hansen, 230. Hartig, 302. ; HENNEGUY, 198. He R RM ANN, 208. His, 352. HORST, 192. HOUZÊ DE L’ÀULNOIT, 208 HuBRECHT, 213, 230. Huxley, 52, 129. JACOBSON. 352. JehrinG (Von), 230. Kelsciï, 208. KOBELT, 352. Kolliker, 352 Koren, 230. Kowalewsky, 230. Iaunstler, 196. LAUTH, 352. Le FEU VE, 32. LEFORT, 352. Legay, 142. Lescoeur, 37, 124. LlLLJEBORG, 312. Loewe, 352. Lotar, 39. Loven, 230. Luschka, 353. M ac Leod, 301, 352. Marion. 231. Marsh, 41, 28y. Marshall, 230. Metschnikoff, 300. MEUREIN, 39, 87, 126, 163 , 209 , 255 , 317 . 397, 477. Meyer (Von), 233 . Middendorf, 231. Mihalkowicz, 353. Mobius. 231. Moitessier, 34. Montez, 116, 384 Morat, 122. More ll e, 292 Morott, 382. — 384 — Mourlon , 314. Muller (E.), 354, 418. Muller (J.), 353. Muller (P.-E.), 313. Nativelle, 416. OKEN, 353. OWEN, 129. Packard, 299. Paquet, 208. Pavesi, 313. PEYER, 382. POLITZER, 203. POUCHET, 353. Preudhomme DE Borre 165. Preuschen, 353. PUEL, 129, 393. Batiike, 853. Reincke, 231. REMY, 353. Renard, 3. Romiti, 353. Rosenmüller, 350. Roth, 353. Rouget, 353. RuCQCOY, 240. Rutot, 240. SALENSKY, 462. SARS, 312. SCHfEF, 231. ScHOEDLER, 312. Sedgwick, 213, 231. SeF.LEY, 233. SEMPER, 353. Six, 289. Smith, 313. Suess, 239. Tilloy, 39. ThÉvenin, 393. Tourne ux, 133, 321. Troschel, 231. Tullberg, 231. Uljanin, 462. Van Beneden, 299, 353. Van den Broeck , 240. VlAULT, 353. Vincent, 39. VlOLLETTE, 58. VOGT, 289. VULPIAN, 34. Waldeyer, 353. Weis.mann, 313. WlEDERSHEIM, 41. Wrisberg, 353. TABLE ANALYTIQUE. Anatomie. — Histologie. — Anatomie artistique : l’Art e la Science, 401. — Des analogies de constitution des systèmes veineux du crâne et du rachis chez l’homme et de leurs rapports avec la théorie rachidienne du crâne d’après Owen , 129. — Des restes du corps de Wolfî chez les Mammifères adultes , 321 — Note sur la Muqueuse des gencives , 142. Botanique. — Note sur le Telephora perdrix . 301. — Recherches sur les Jalaps . 469. C himie et Toxicologie. — L'Indigo artificiel, 98. — Recherches sur la Bergenite , 292. Cil conique — Variétés. — Aoiavellcs. — Départ de M. Morat , 38. — La question de l’Agrégation à Lille , 81 , 110. — La question de l’Agrégation à Montpellier , 146. — La question de l’Agrégation à Paris ,34. — La question de la Faculté de Médecine . 121. — Nomination de M. Herrmann , 208. — Nomination de M. Laffon, 38. — Programme du concours de l'Académie des Sciences de Belgique , 211 . Enseignement . — L’enseignement de la Chirurgie à Vienne, 16, 109, 154, 203 — Rapport de M. le Dr Viollette à la rentrée des Facultés, 57. Géologie. — 5*aléontologie. — Les Dinosauriens, 233. — Mémoire sur les terrains crétacés et tertiaires, 314. — Paléontologie de l’Amérique du Nord, 41. — Sur l’origine des calcaires dévoniens de la Belgique, 1 . 0 — 486 — Médecine. — Chirurgie. — La Chirurgie à la Faculté de Médecine deVienne, 16, 109, 154, 203. — Simulation de l’Amaurose et de l’Amblyopie, 257 . Météorologie. — ft’liysicfue. — Météorologie de janvier, 39. — Id. février, 87. — Id. mars, 127. — Id. avril, 163. — Id. mai, 200. — Id. juin, 255. — Id. juillet, 317. — Id. août, 319. — Id. septembre, 397. — Id. octobre, 399. — Id. novembre, 477. — Id. décembre, 479. Nécrologie. — Davaine, 385. — Puel, 393. fl*llblicat!on$ nouvelles. — Mémoires sur les Terrains cré¬ tacés et tertiaires, 314. — Nouveaux éléments d’Hygiène, 116. Zoologie. — Aptéryx, 97. — Contribution à la Morphologie des Amphineura , 213. — De la constitution du Protoplasma . 196. — Développement du Borlasia vivipara , 462. — Faune pélagique des lacs d’eau douce , 305. — Hatteria punctata ,88. — Matériaux pour la faune entomologique des Flandres : Coléoptères , 165 ; Carabiques (suite), 165; Dytiscides, 191 ; Huliplides, 188; Pélobiides, 190. — Pour Darwin, 354, 418. — Pelottes stomacales du Lapin, 382. — Structure et signification de l’appareil respiratoire des Arachnides 299. — Une visite à la Station zoologique de Naples, 240. LILLE. — IMPRIMERIE L. PANEL