$.rr^9..Jl. A^, BULLETIN SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Deuxieme Serie. TOME XVI. RIIREAU DE LA SOClfiTfl. (elections do 10 AVRIL 1840.) President. f'ice-Presideiits. Scnilateiirs. Secretaire. M. ViLLEMAiN, minislrede I'lnslruclion publique. M. le baron WAt.cKLKAER,inenihre deriiislitul. M. le contre-aniiral Dumont d'IIrvii.i.i!. I M. A. FiRMiw DiDOT. I M. TERHAtx-ComrANs. M. d'Avezac. Liste (les Presidents honnrniies ile la Sncicle depuis .son on nine. MM. 1 c maniuis de Lapi.ace. Le marquis de Pastoret. Le \icomtede r.HATtAi;BBt\Nn. Le comte Chabroi. de Yoi.vic. Becquey. I.c baron Ai.ex. de Humboldt. Le comle Cuaurol de Crolsoi.. Le baron Cuvier. Le baron Hyde de Neuvii.i,e. Le due de Boudeadvii.i.e. J.-B, Eyries. MM. Le comte de Rigny. DCMONT d'UrVIIXE. Le due Decazes. Le comte de Montalivet. Le baron de Barante. Le lieutenant-general Pei.et. Guizot. De Salt ANDY. Le baron Tltikier. Le baron de Las Cases. Correspondants ctrangers dans Vordrc de leur nomination. MM. Le docleiir J. Mease, a Pbiladelpbie. H. S. Tanwer, a Philadeli)bie. W. WooDBRiDGE, a Boston. Le major Edward SABtWE, a Limerick. Le colonel Poinsett, aux Etats-lJuis. Lecol. dWbrahamson, a Co|)cnhague. Le prnfesstur Schumacher, ;i Altona. De Navarrete, a Madrid. Le docteur Beinganum, a Berlin. ~- Le capit. sir J. Franklin, a Londrcs. Le docteur Richardson, a Londres. Le professeur Rafn, a Copenbague. l.e eapitaine Graah, a Copenhagne. AiNswoRTH, a Edimbourg. Leconseiller Adrien BALBi,aVieniie. MM. LecomteGRABERGDEHEMso.a Florence. Le colonel Long, aux Etals-Unis. Sir John Barrow, a Londres. Le eapitaine Maconochie , a Sidney (Nouvelle-Gallcs). Le eapitaine sir John Ross. Le conseiller de Macedo, a Lisbonne. Le professi'ur Karl Ritter, a Berlin. -Pr-S. DU Ponceau, a Pliiladelphie. Le eapitaine G. Back. F. Dubois DE MoNTPERECx,a Neufchatel. Le cap. Jobn Washington, a Londres. Le col. Ferdinand Visconti, a Naples. P. DE Angelis , a Buenos-Ay res. TAl'ilS. — tMl'lllMKRlK UK HOURUOCHE El MAl'.IINET. Ill* J.Hull, .'iU BULLETIN HE LA. r r SOCIETE DE GEOGRAPHIE Deuxieme Serie. Some J^cijihiif. PARIS, CHEZ AIITHUS BERTRAND, LIBRAIRE DE LA SOCliTi DE GEOGRAPHIE, RUE BAUTEFEUII.I.E, N" 20, 1841 COMMISSION CENTRALE. coMPdsnioN ni! bureau. (Election du 8 Janvier 1841.) president. M. Da ussy, Vice-Presidents. MM. Noet.-Desvergers , Puillon-Bobi.aye. Secretaire-general. M. BERTHEt.oT. Section de Correspondancc . MM. Bajot. Barbie du Bocage. Diibuc. D'Eiclitlial. Isaiiiliei I. Jauhcrl. Lafond. MM. Cesar-Moreaii. D'Orbigiiy. Piytier. Lf l)aron Roger. De la Roquelle. VVaiden Section de Publication. MM. Alliert-Monlcmonl. Ausart. Biaiirlii. Le colonel Corabffiiil. D'Avezac. F.yrii's. Joinard. MM. Le baron Ladmicette, De Lareiiaudiere. Roiix de Koclielle. Le vicomte de Sanlareni. "Vivien. Le baron Walrkenaer. Section de Comptahilite. MM. Boueher. C. Callier. Le baron Coslaz. MM. Le colonel Denaix. De Montrol. Teruanx-Compans. Comite charge de la publication du Bulletin. MM. Albirt-Moiiteniont. Barbie du Rocage. Rerlbelot C. Callier. Daussy. D'Avezac. MM. Jomard. De Larenandiere. Noel-Desvergers. Puillon-Roblaye. De la Ro(|iu'tle. Roux de Roclielle. M. Cliapellier, notaire hoiioraire, tresorier de la Socielc, rue de Seine. M. Noirol , a;^ent-general et bibliotbecaire de la .Sociele, rue de ITniver- sile , n" ai. BULLETIN Dli LA p r SOCIETE DE GEOGIUPHIE JUILLET 1841. PREM8ERK SECTION. MRMOlltES, EXTiiAITS, ANALYSKS V/l llArpORTS FRAGMEMT DUN VOYAGE DANS L'INDE. CANANOR. — COCUIN. TRAVANCOR. QuaiiJ on voil cc que sont dovenus aiijourd'liui le Portugal el ses colonies, on esllenle de rejelerdiins los temps sinon fabuleux, au moins heroiques , les gran- des expeditions du xvi<: siccle chantc^es par Cauioens. La premiere a prendre son vol dans celte epoque de de- couverles et de tontalives hardies, cetle nation, Irop resserree sur les rives de I'Ocean, cowvrail de torts lout Je littoral de la presqu'ile de I'lnde, dominail par son influence les souverains des petits Etats etablis sur la cole , guerroyail victorieusement contre ties peuples incoiHuis a I'Europe, et semblait jetcr les londe- menls d'une puissance durable. Aprt-s elle, la HoUande, aussi enlreprcnanlc , mais moins avenlureuse , plus ( 6) sp^culalive el moins chevaleresque, dlevail ties comp- toirs plulot encore que des I'orlcresses , revant la co- lonisalion sur certains points, et non la conquele de toutun continent. La France cut son tour aussi. De I'aveu meme de ses ennemis , elle avail su choisir avec une rare habilele les lieux qui prescntaiont un port sur pour ses flottes et un terrain lerliie pour ses colons. Duranl de longues guerres , tour a lour brillanles et d^sastreuses , elle occupa successivcinenl presque tous les (^tablissements fondds par d'aulres nations sur la cole de Coromandel ; il y eut un instant ou la victoirc passa de son cole , ou I'Angleterre humilioe vit su puissance presque aneantie dans I'lnde ; puis les desti- nees cliang^rent, et apres des si^cles de pers(^verance, lorle de la connaissance des pcuples qu'elle voulail souinellre, la Grande-Bretagne, tantot patientc et g6- n^reuse , tantot terrible dans sa vengeance et proinpte a punir, parvint a dompter I'un apres I'autre ces ra- jas, ces nababs toujours remuants; et cela en les divi- sant, en profitanl de leur haine mutuelle , en lour- nant h son avantage les faules dans lesquelles elle les entrainait ; de telle sorte que tonsils se trouverent en- i'ennes dans un cercle d'ou ils ne pouvaient sortir , en" cliaindis par un invisible lien , et forces de clioisir cntrc une destruction complete el une soumission volon- taire , enlre une guerre d'extermination el un traite qui leur imposail le joug des vainqueurs. — Voila ce qui explique I'exislence de ces souverains survivant pour ainsi a leurs peuples, Montezumas pi'isonniers dans leur palais , qui ne peuvenl visiter leurs lilals ni re- (•evoir une lettre; pauvres otages qu'a I'occasion on pr^senterait aux coups de leurs sujets, si coux-ci ♦Haient assjcz audacicux jjour revcr une liberie inipos siMo. ( 7 ) C'esl done sur quelques uns de ces pelils royaumes visiles a la d^robee pendant un voyage par mer de Bom bay a Pondichery, que je prends la liberie de vous en- tretenir, dans I'espoir que ces details ne seront peut- elre pas sans inlerel pour la Soci6te de geographic. Peu de jours apr^s noire sorlie de Bombay , le 25 fevrier au soir, nous jelions I'ancre dans une jolie baie, a quelques milles au sud du monl Dilly : c'esl precis6menl Tendroit qui a ete d6sign6 par les ing6- nieurs anglais comme point de relache el de ravilaille- menl pour les bateaux a vapeur de Suez a Calculta. Le calme nous avail forces de nous arreter dans celle rade, bien que nous fussions encore a pr^s de lo milles de Cananor. La chalne des Gals , que j'avais travers6e plus au nord en me rendant a Pounah, se dessinait nellemenl a I'horizon; le Dilly lui-meme en est un prolongemcnl ; couverte de bois surlout dans sa partie m^ridionale , cette monlagne est un point de remar- que pour les navigateurs arabes qui altaquenl la cole en venant de la mer Rouge ou de Mascale. D^s I'au- rore , nous fimes nos dispositions pour aller a terre , el bienlot noire canot niarcha rapidemenl sous I'ell'ort mesur^ de ses quatre avirons. Le rivage que nous c6- loyions 6tait bas , sablonneux, el cependanl couvert de cocoliers sous lesquels se montraient des villages indous; des pirogues de peche s'agilaienl en grand nombrc , el I'lmmense quantile d'oiseaux voltigeanl aulour des filets elail une preuve de I'abondancG du poisson. Un requin suivait en se jouanl le sillage de noire canot; aucune brise ne soulflait encore; la chaleur elait accablanle , el I'oeil pouvail a peine soutenir la reverberation do la plage et des eaux unics commc une glace ; rien ne nous rappclait quo ( 8 ) nous fussions eu liiver ; enfin, le \ent du large, si inipaliemaienl allendii , ne nous vint ralVaichir qu'a I'inslant oil nous doublions la derniere pointo derri^re laquelle se cache Cananor. Ce dul 6lre a cetle poinle que s'elevait le fort bali par les Porlugais d^s I'ann^e i5o5, c'est-a-dire six ans seuleuient apr6s la decouverle des Laquedives par Vasco de Gama; plus tard, les IloUandais s'y 6tabli- rent, et concdderenl eux-memes Cananor a la lamille de Moplays quiy r^gne aujourd'hui. Ceterriloire est si pelit, (ju'oii peut a peine le considerer comme une principaute. 11 renferme raoins de vingtmille maisons et ne s'elend guere a plus de 2 milles de distance de la forteresse. La ville, dans laquelle on remarque quelques denieures anclennes, balies sans doute par des Euro- p6ens et a moilie ruinees , est situee au fond d'une charniante baie peu profonde. Les cocotiers poussent jusque sur la plage, et raasquent entlerenicnt la vue au -delu de la double rue que lorme le bazar. La sont les magasins de poivre. Cn grand nombre de femines employees a remuer el a trier cette graine se ras- seiiiblent sous ces hangars qu'une accablante chaieur rendrait inhabitables pour des blancs. Assises en rond, elles chantent pour se distraire de la monotonle du travail. Leur costume est le meme que celui des lem- mes de Bombay ; il consiste en une jaquclte tres courte, ferm^e sur la poitrine, et une pi^-ce dc loile grise roulee aulour du corps et retroussee forlement au-dessus du genou ; mais les hommes , j)our la plu- part nus jusqu'a la ceinlure, ne portent gufere qu'une longue pagne a peu pres comme les Javanais ; commo oux aussi, ils (ixenl h cello ceinlure un couteau beau- coup plus pclit, il osl\riii, el liraucoup nioins rcdou- ( 9 ) table. Le plus souvenl ils ont la tele nue , et sc garan- tissent da soleil an moyen de larges parasols fails do feuilles de palmier ( borassus flabelliformis ) joinles ensemble; ils le tiennent perpendiculairement le long du bras comme un fusil ; mais les pecheurs ou palla- vers suppriment le manche, adaplanl en sa place un fond pareil a celui d'un cliapeau , et se coiffent de ces vastes sombreros , plus larges que leurs pirogues. Les barracks des troupes anglaises se trouvent au nord de la vllle , pres du fort , sur une elevation a6ree , mais denuee d'ombre; un peu plus loin, dans la memo direction , sont situ^es les malsons des Europeens , agreablement placees sur le bord de la mer. Les pa- lissades des jardins suspendus a 20 ou 3o pieds au- dessus de la vague qui mine incessamment cetle poinle d'une argile rouge appuyee sur une base de roc , olTrent un charmant coup d'oeil au navigateur qui les voit du large. Ce petit territoire est assez bieu cultiv6 ; il produit du riz, du poivre, du bois de sandal et des cocos en abon- dance. En 181 5, la reine pay ait au gouvernement an- glais , qui se reserve le produit des douanes, un tribut annuel de i4,ooo roupies h litre de land-tax. Ces re- venus sont done peu considerables; mais elle les aug- mente en expediant pour son compte plusieurs navires dans les ports de I'lnde et de I'Arabie; elle est aussi maitresse d'une grande partie desiles Laquedives, Cetle souveraine, qui a le litre de bibi ( de I'arabe sahebi , madame ) est mahometane ainsi qu'un grand nonibre de ses sujets , descendants des Arabes , et nomm^s Moplays sur la cote de Malabar. Ceux qui n'ont pas enlieremenl degenere se fonl romarquer par leur taille mince el elovee , la longueur de leur lele, et ausM ( 'o ) par Iciir barbe (Hi'ils portent coupee en poinle. Leur iman principal prend le nom de Tangal , et pretend desccndre de Falima ; sa residence est a Paniany , a vingt lieues au sud de Cananor. Par une bizarrerie parliculi6re a toutes les dynasties nialabares, ce sont les descendants des femmes qui he- rilent; ainsi les petils-cnfants de la reine sont exckis de la succession au Irone, rdserve au fds de sa nic^ce , qui est la fille de sa soeur. La couronne de Cananor n'est pas d'un assez grand prix pour que les princes frustr^s songent a se la dispuler los amies a la main ; niais on concoit combien une pareille loi a du faire nailre de guerres civiles et conlribuer au morcelle- ment des Ltals. Les babilanls parlent la langue canara et aussil'hin- douslani, qui est I'idiome des niarchands ; ces der- niers entreliennenl un commerce assez actifavec Bom- bay , Surate et la cote, au moyen de pelils navires a deux mats et h voiles triangulaires, nommt^s pata- iiiar, et a peu pr6s semblables aux l/ag/i/otvs des Ara- bes , qui furenl leurs premiers maitres dans I'art de la navigation. Les marins des deux cotes de la jMCsqu'ile sont lous musulmans, el le plus souvent sur la cote de Malabar surloul, ils arborenl le jiavillun blanc, qui semble etre pour eux celui de I'islamisme. On se demande comment un si petit royaume put se mainlcnir independant au milieu des guerres qui d(i- solereiil la province : c'esl que la i'orleressc k^guee par les lldliandais elait imprenable aux yeux des liiiidous, et elle assura rafime long-temps une grande sup^rio- rite sur leurs voisins aux cliofs qui la poss^dtjrenl ; comme au moycn - age il sullisail dune lour solide pour donner une puissance comparative au baion qui ( •> ) y faisait sa retraile. Mais ces temps ne sonl plus pour I'Europe ni pour I'lnde. Le mat de pavilion dresse sur la plage pr^s de la fortercssc , augmentee et consoli- ddc, ne signale plus la prdisence d'un ennemi , mais Tarriv^e des navires assez nombreux qui vienncnt dans la bale prendre un chargement de poivre. La petite ville de Cananor est florissante et tranquille. Quand nous quiltames la terre pour rejoindre le navire, des centaines de pirogues de peche atlacbees deux a deux pour mieux supporter leur large voile de bambou , cinglaient vers le bazar, pareilles a ces flollilles que ja- dis semaient sur la cote les tribus 6migrantes. A quelques lieues au sud , tout au fond de la baie , se trouve la ville de Tellicbery , qui fut long-temps le principal elablissement anglais sur la cote de Malabar, et un peu plus loin, dans la meme direction, est situe Mahe, joli petit village bati sur une elevation jires d'une riviere navigable pour les bateaux plats. Co hameau , habitc!; par des pecheurs , qui n'a d'Euro- peen que le gouverneur , et ne commande pas un ar- pent de territoire , voila tout ce que possede la France sur ce littoral si vaste et si lertile. A celte epoque de I'annee ou des brises r^gulieres permettent de faire route presque toujours en vuc dc terre, la navigation sur la cole de Malabar est une promenade charmante. A chaque instant nous ren- contrions des navires anglais louvoyant pour remon- ter vers Bombay, des bateaux du pays ralliant la terre , et de ces bricks arabes nommes grabs , dont la mature inclinee sur I'avant est si bizarre et si hurdie. Enlin, deux jouri apres avoir quitted Cananor, nous mouillions devant Cocbin. Quand on examine la position avantageusc de cetle ( '2 ) ville , on Cdinprciul parlaitement quelle ait ila avoir une grande impoiiance conimerciale , el on s'6tonn(> qu'elle i'ait perdue. Elle est situ^e sur la rive gauche d'une belle riviere large et assez profonde pour recevoir des navires de 5 h 600 lonnoaux. L'enlr^e de ce pelil fleuve est rendue difficile par une ligne de brisants qu i s'avancent des deux coles, de mani6re a no laisser qu'un passage assez 6troit; mais celle disposition na- turelle peul etre appreciee comme une defense. Co fut le grand Albuquerque qui le premier s'y elablil avoc la permission du raja en i.ioS , el les Portugais en res- terenl maitres jusqu'en i6(i3, epoque a laquelle les ilollandais s'en emparerent. lis y Irouverent une ville di'tja considerable , une cath^drale qu'ils convertirenl en magasins, el un commerce ilorissant ; car, pendant le xviic siecle, Cochin fut I'enlrepolde loutes les mar- chandises de I'Arabie , du golfo Persiquc , de I'lnde occidenlale. En i84o, j'y ai vu des maisons en mines, des magasins deserts, les rcsles d'un fori mine par le courant, une population de m^lis pauvres el insou- ciants , des troupes de mendiants roughs d'ulceres , couverls de lepre , dt^ligur^s par rdl^phantiasis et presque nus; en un mot, I'image la plus dcsolante des miseres humaines. Cependanl les navires arabes vienncnt encore dans la rivifere de Cochin ; on v construil des balimenls assoz considerables pour les commerranls do Coylan , de Maurice memo. J'y ai vu sur les chanticrs une belle corvette de guerre deslinee a I'imam de Mascale ; les productions du pays sonl ioujours abondantes. Les bois de construction, le poivre , le bois de sandal, les cordages , I'huile de coco, tous les objels d'cxpoi- lation qu'on lire do hi cole si- trouvent aussi dans ( '5 ) celte province. Sans doule la cause d'une miseco si frappante est que, le commerce ayant passe tout enlier entre les mains des marchands du pays, qui n'ont pas les habitudes de luxe particulieres aux Europ6ens, la richesse enfouie cliez quelques juifs, chez quelques mahometans ou Hindous, ne profile guere au resle de la population. La ville se divise en trois parlies distincles : la ville Blanche , ou sont les maisons balies par les Porlugais, la calhedrale, I'hopital, el une belle place au milieu de laquelle on voil un fl/'^re aywm (artocarpus incisa ) giganlesque , le plus grand peul-elre qu'il y ait dans rinde. Un quai assez propre, planle die, yellow tulip- trees , toujours en fleur , regne le long de ce premier quartier; mais I'abord en est obstrue par des filets a bascule, eclielonn^s tout le long de la rive. La pe- clie est la ressource des populations pauvres sur lout le littoral. Les porteurs de palanquin , tout aussi bien que les marinieis , emploient lears moments de loisir a filer et a faire des carrelels; el ces occupations ne paraissent point au-dessous de I'homme en Orient, puisque les soldals egyplicns se promenent souvent, comme les fellahs des campagnes , un fuseau a la main. La ville Noire ou ville hindoue , separee de la pre- miere par un terrain vague, un marais, les hutles disseminees sous les arbres et des corderies, fait aussi face a la rivifere. La sont les magasins des commer- cants du pays, et le bazar, rue sale, infecle, tumul- tueuse , dans laquelle se presse une population active de Iravailleurs, oil retenlil le bruit du port. Dans cetle foule , on remarque surtoul les malelots arabes, vetus de longs manleaux de laine . grands, maigres, ner- I '4 ) veux, porlant vers leurs iiavires les cordages de bourre de coco, appeles coir, aussi commnns sur celle cote qu'ils sont rares dans la mer Rouge et dans I'Ye- nien. II y a si pea d'Europ6ens au milieu de lous ccs Asialiques, qu'on se croirait encore au xvi'' si^cle. Le marche regorge de fruils , ananas pamplemousses {citrus (lecumnna) , bananes , cocos , mangues, pa- payes, etc. Le plus singulier, sinon le meilleur, c'est le fruit du jaquier {nrtocarpiis integrifolin) ; il al- leint nne grosseur extraordinaire; I'arbre iui-meme s'el^ve h une grande hauteur;.mais la nature pr^voyante, au lieu de suspendre a rexlr(^inil6 des branches ce I'ruit enorme dont la chute serait trop dangereuso , la plac6 le long du tronc, presque a la portee de la main. Au reste le jac est tr^s commun dans I'lnde et a Bourbon. Les singes, les perroquets et d'autres animaux vi- vants sonl exposes en vente dans ce marche , ou sont entassees loutes les productions ilu pays; car THindou spicule sur la curiosite de I'etranger; il le poursuil dans les rues , dans les maisons, jusqu'a bord des na- vires pour lui vendre les coquillages ramasses sur la rive, les boites de bois de sandal, les chalncs , les bracelets do Ceylan , et meme des objets de la Chine qu'un batiraent porlugais de Macao aura par hasard deposes a Cochin en se rendant a Goa. Ln petit canal aliment(i par les eaux de la riviere permet aux piro- gues de venir s'abriter derriere les maisons, loin du contact dangereuxdes gros navires ; mais a mer basse, il en resulte un cloaque dont les emanations doivenl etre latales a la sanl6 dos habitants. Les cocoliers pnussent avec une vigueur incroyable au milieu de ces hullcs eparsos qu'ils cachent aux regards. Les bananiers et ( '5 ) bien d'autres plantes tropicales torment un ombrage precieux dans un climat si brulant; mais on se de- mande comment I'air pent circulcr sous ces arbres epais. Enfin, a un milie plus loin se trouve la vUle Jiiive , nommee Mattacbcry. Les Israelites de cette province se divisent en deux classes : les juits noirs, a peu pros semblables aux Ilindous, et les juifs de Jerusalem, qui ont la couleur blanche des Syriens. Ces derniers sonl riches ; ils conservent le costume de leur pays natal , et parlent d'ordinaire I'hindoustani. Comme leurs co- religionnaires d'Orient, ils portent la barbe longue. L'habitation du raja est sitnee sur la rive droite dans un endroit fort a^re. Les pagodes du palais se baignent dans les eaux de la riviere. En general, les souverains de rinde evitent de demeurer dans les villes souvent malsaines, grace a un extraordinaire concours de peu- ple, peu empresse de combaltre par des mesures de prudence et de propret^ les epidemics fatales qui pro- minent chaque annee leurs ravages dans ces belles contr^es. Les Iiltats de ce prince ne sont pas tr^s con- siderables; on y compte seize villes assez importantes. Le terrain est rendu fertile par les nombreux ruis- seaux qui I'aiTOsent ; de magnifiques forets couvrent les vallees de I'intdrieur; mais on y d^truit sans dis- cernement le tek et autres arbres precieux. La meme chose a eu lieu pendant long-temps dans I'lnde, et c'est en i84o seulement que la Compagnie a scng6 a arreter celte destruction inconsider6e , et h intervenir par des r^glements, Apres avoir long-temps maintenu son independance, le raja de Cochin, molns courageux ou moins puissant que le zamorin de Calicut , se souinit a Tippou-Saheb , ( i6 ) ot lui paya un Iribul. Ce fiit done pour se d^gager de ce lien qu'il accepta I'ofTre de I'intervenlion brilannique , (!t la Compagnie lui iinposa ses Iroupes a lilre de se- cours , plus un tribul prohablemenl plus considerable que le premier. D'a])r6s les trailos de 1809, il est de •276,057 roupies, auxquelles il faut ajouter renlretien d'un bataillon d'infanlerie canlonne a Cochin ; el au- jourd'hui le drapeau anglais flolle sur la grande place. Les Chretiens dits de Saint-Thomas ( convertis dfes les premiers siecles de I'eglise par les nestoriens , qui avaient pousse lours predications jusqu'a Meliapour, aujourd'hui San-Tome pres Madras, oil Vasco de Gama rencontra a son grand 6tonnement une chretienl6 tout etablie) ; ces chreliens, revenus au catholicisme, sont assez repandus dans la province de Cochin. Lne grande partie de la population de la ville a quitle depuis long- temps sa religion hindoue , et c'est ce qui fait que la langue portugaise est encore g^neralement parlee , le clei'ge relevant toujoui's de Lisbonne. Au moment ou Ton tirait le canon du soir, la piro- gue dans laquelle (^taient entassees nos provisions par- lit du quai, et nous la suivimes avec le canot. II avait lallu se faire jour au milieu d'une effrayante multitude (le pauvrcs, plus tenaces, plus insolenls que les men- diants de Malte ! A la clart^ de la lune, je distiguais les palais du rajase refletant dans les eaux.et sur la rive opposite la cathedrale catholique cachee, sous les ar- bres ; je voyais la puissance ])ortugaise aneantie en lace du pouvoir royal humili6. Les vers si pompeux, les strophes si sonores des Lusiades me revenaient a lamemoire; mais je ne retrouvais rien de ce beau passe , rien que la vague furieuse doferlant sur les rocs ( '7 ) t;omine au jour (ui clle nienacail Ics vaisseaux d'Albii- queique ! La brise de terre s'eleva bientot, et lo surlendemain nous apercumes la bale de Quilon. II fallut passer a bor 1 d line piroi^ue |)oiir franchir la barre, et nous debarquames sur ui) rivage couvert de belles cultures au milieu desquelles s'eleve la maison du collecleur des douanes, reunissant a ce litre celui de bandar- master, ou capilaine de port. Cetle demeure est deli- cieuse : d'un cole , elle fait face a la mer, qui lui envoie ses brises fraicbos; de I'autre, elle domine une allee d'arbres magnifique qui se prolonge dans I'interieur vers les plantations de caf6 , essajees avec succes par des speculaleurs anglais. La villc proprement dite est a uue certaine dis- tance de ce port. Hamilton la norame Coulam; les an- ciens livres Collam , et les cartes modernes Quilon ; elle est celebre dans les annales du brahmanisme comme dans celles du chrislianisme. Les Hindous y ont une pagode renommee , dediee a Siva,etce fut dans cette meme ville que le premier archeveque de Goa ouvrit un concile dans lequel il parvinta raraener au catholicisme un grand nombre de nestoriens. On fait remonter la fondation de Quilon a Ian 828 de J.-C. , et cette ^poque forme une ere a part de la- quelle datent les habitants chretiens et hindous. Voici comment est raconte dans un manuscrit malaj atam , analyse par le docteur Taylor (i), le fait qui donna naissance a cetle ere nouvelle : « Dans une epoque de secheresse et de famine, un (1) Analysis and examination of Mackensie's manuscripts, by tlic llev. William Taylor, Madras, i838,p. 3c). XVI. .MIII.M'T. '2. 2 ( '8 ) giand iL'SCMVoir (collam ) cHanl tle\(;nu sec, les biah- inanes se porlerent en masse pies du radjahde Calicut, et lui ropresenlerent que ce desaslre avail el6 cause par la cessation des aumones et des offrandes faites tl'ordinaire aux dieux et aux ofllciants. Le rajah recon- nul sa faule, etpromit de la rt^parer. D'abord les brah- manes re^urenl des vivres dans le lit dessciche de I'e- tang, et avant la fin du repas, I'eau arriva avec une telle rapidile quils eurent a peine le temps de se sau- ver; ils abandonnerent mC'ine les feuilles sur lesquelles etaienl places les mets. » Tel I'ut I'eveneraent qui fit oublier I'eie de Para- Jouvana. De Quilon , il nous fallut revcnir sur nos pas et aller h Alepi , ville situee h environ 36 milles au nord, Une pirogue mont^e par neul" ramcurs malabars ful bien vitc equiptl'e, et une natle passee sur des cerceaux iorma une espece de cabine a I'arriere. C'est dans cette frele embarcatiort que nous parlimes pour ce petit voyage, et la nuit, afin d'eviter la chaleur du jour. Je cherche en vain dans Hamilton la ville d'vVlepi; Aibecca est la seule que je trouve qui puisse corres- pondre pour la latitude, d'autantplus qu'elle est desi- gnee comme ay ant une barre a I'enlree du port, ce qui convient parfaitement a Alepi. La rien ne rappellc I'Europe. Sur la plage s'eleve un vaste hangar con- sacre a la douane , et ouvert par un large porche sous lequel sont assis les Arabesraaitresdesnavires mouilles en rade. De longues lignes de fenmies nues jusqu'a la ceinture portent sur la lete dans des paniers le poivre qui est entasse sur le sable, puis exp6die a bord dans des sacs au moyen de pirogues. Une all6e d'arbres conduit a la maison du resident anglais, habitation ( M) ) qui serail delic'iLMise sans rexhalaison tetidc dos eaiix oroupissanles d'un fosse; cc fosse est la prolongalion d'un canal qui va rejoindie an nord la riviere de Co- chin, et (^tablit une coiximunicalion dans le siid avec Quilon. De poUls ponts de boispareils a ceux d'un pare coupent ca et Ih cettc riviere faclice ; les muisosis soat cach^es sous des arbresdela plus belle venue, couverls de fleurs en toutes saisons , ot Ton se demande si c'est bien la une ville liindoue ou un jardin de plaisance. Les rues ressemblent elles-memes a des allees ; les mar- chands noirs ou cuivres , selon le pajs d'oii ils sont venus , assis sur des coussins dans Jeurs boutiques bien ombragees, altendent le chaland au milieu des etoffes souvent belles et precieuses nonchalamment eta l6es sur le comploir. Les pirogues, les unes si petites qu'un bomme peut a peine s'y tenir debout, les autres grandes et pareilles a desgondoles, destint^ses aux voya- ges de I'interieur, glissent sur le canal, malheureuse- ment trop etroit et assezmal entretenu. Hors du qaar- tier marchand , ou Ton voit une eglise catliolique des- servie par des pretres portugais , ce ne sont plus que des huttes tres basses, semees au milieu de petits en- clos de la plus riche vegetation. Le ouatier, le cocotier, le tamarin , le mimosa , le palmier, le manguier , en un mot, les plus beaux arbres de la presqu'ile ombragent ces pauvres cabanes , dont ils sont le seal ornement. Les bois de construction amenes de I'interieur par le canal pour etre charges a bord des navires arabes sont disposes en chantier dans un grand espace tout planle de cocotiers; mais les Hindous n'ont pas la vi- gueur de nos ouvriers, et il leur serait difficile de re- muer ces gigantesques troncs d'arbres. La Providence, qui les a cr^^s faibles, leur a donne un puissant auxi- 2. (20 ) liaire daus I'eU'phanl, el c'esl I'el^phant qui se charge (le transporter, d'arrangcr ces pieces de bois. \ oici comment on s'y prend. Lecornac ou mahout , plact^ sur le cou de I'animal , le conduit pres du tas de poulres, et lui fait reconnailre d'abord celles qu'il faudra chan- cer de place, puisil le fait aiier h I'endroit ou le fardeau devra etre transports. Ainsi prSvenu de ce qu'il doil faire, I'Siephant prend dans sa trompe un cable au- quel on a fait d'avance un nceud coulanl; il saisil le tronc (I'arbre, rassujeltit solidement, et le tralnc au lieu indiqu6. Parfois le fardeau est pesant , I'animal reciile ; roais un coup de croc le remeta I'ceuvre, et des piles de bois Snormes se font et se defont en un in- stant. Apr6s le travail , r«^lej)hant va se baigner au ruisseau, se la\e avec sa trompe, qui fait I'odice d'ar- rosoir, prend sa ration de fourrage et se retire pour diner sous les cocotiers. Get exercice grossier ne lui fait rien perdre de sa politesse, et il ne passe gu5re devant un EuropSen sans lui faire un salmn. Je vis cinq de ces animaux occup6s aux travaux du port. Ce qui avail altird le proprietaire du navire a Alepi , c*6lail le desir d'acheler une cargaison de poivre. Celle precieuse denrSe appartient de droit au rajah, qui en fixe le prix, el la rScolte de I'annSe avail 616 achetee tout enliere parun riche parsi. Mais ce jour- la , il y avail eclipse de soleil, el I'adorateur du feu ne pouvaits'occuper d'affaires temporelles , landis que son dieu elait souffranl. II fallul done altendre au lendemain et se loger. La maison affeclde aux voya- geurs est I'ancien palais du rajah de Travancor, vasle habitation construile en bois de lek , couverte de sculptures et d'arabesques , mais assez mal distribute pour des EuropSens. Les escaliers sonl fort elroits; ( '^1 ) les appaiieiuenls , lanlot immenses, luntot lidicule- ment petits; les plancliers semblent prets a crouler. Ce palaisest presque en ruine, et cepcndantson triple toil l^gferement incline , ses galeries elegantes, la cour spacieuse qui I'enloure et les beaux arbres qui I'om- bragent a une distance respectucuse, donnent a ce petit chateau quelque chose de pitloresque et de chain- petre. (let ensemble formerait un charmant massif de paysage asialique. Le voyageur n'a rien a payer pour le loyer de cetle maison; c'est un caravanserai , uno chauderie ^ ouverts a tout venant par la gen^rosile du rajah : seulement les frais de table sont les benefices du manager ou mess- man. Mais 1.1 aussi, les mendiants les plus hideux assi6- gent la porte. On ne pent regarder a la fenelre sans avoir sous les yeux la plus effrayante exhibition des niisferes humaines. Assis dans la cour en troupes nom- breuses, ens pauvros poussent de bruyanls hourras pour attirer I'altenlion, en levant en I'air le coco des Sechelles dans lequel lis recoivent I'aumone , d'aprtjs I'usage hindou. Comme ceux de Cochin, les habitants de la pro- vince de Travancor me parurent assez pelils, mal faits et tres noirs; ils sont tres sujets aux maladies de peau, hommes et femmes. Dans la basse classe , on en voit peu qui n'aient les jambes depouillees par la lepre ou enflees par I'elc^phantiasis; d'autres ont les mains tellement deform^es et racornies , qu'ils ne sont propres a aucun travail. Les femmes de lout age sont en g^n^ral nues jusqu'a la ceinture , ce qui est assez rare , meme dans la partie de I'lnde ou le climat est 1«3 pkis bruhinl. Depuis Cananor jusqu'a Quilon, la physionomie des hal)itanls m'a paru s'eloigner du type ( '^'^ ) liiudou ; le nez. |)lusci)urt, est an inoins droit sinou re- lev6; la lace, moins ovale, presente des pommeites un peu Sciillanlos, sans que les trails aient d'ailleurs au- cune analogic avec ceux des AlVicaJns. Si ce n'elait la coukiir, on no verrait rien dans le visage de ces Mala- bars qui les distingue beaucoup des peuples de I'Eu - rope cenlrale. Mais ceci s'applique aux castes inferieu- res ; les castes superieures , nioins in6langees, inoins degenerees, moins all^recs par les maladies locales, ne sont jamais si noires, ni si varices dans leurs types; d'ailleurs elles sont presque partouJ les monies d'une extremile al'aulre de I'lnde. Au reste, j'expliquerais ainsi celle diHerence : les castes infjines , celles des travailleurs, seraient la vraie population de celle par- tie de la presqu'ile, celle qui occupait primitivement ce territoire envalii plus tard par les tribus indo- scytbiques. Celles-ci conserverent leur gendalogie , et eviteronl de s'allier avec une race vaincue, avilie et maladive; landis que les gens bors de caste, obliges de vivre du travail de leurs mains et d'babiter des localil6s malsaincs, afllig^s d'ailleurs de maladies incurables, durefit degenerer, et conserver sur leurs trails plulot Tempreinte de la souffrance que le caracl^re d'un type constant. Les Brabtnes du Malabar pretendent avoir 6le con duils dans le pays par Parasourama," qui les y titablit niaitresel souverains. llselaient^//7fl-i'r«Awirt«e*,c'est- ;i-direBrabmanes de VArya-Farta, de la terro sacrec. Parasourama delruisit les tribus militaires , celle des hchatrjas, el pla^a ses proteges dans soixante-quatre villages. II faut done supposer que la contree avait ete. une lois deja envahie par les populations bindoues yenues du nord. Lepays, tlilla meinc legcnde, dlail { 23 ) infests de serpents : or, la race des serpents est desi- gnee dans les plus anciens Perils de I'lnde par le mol takchnka , qui signifie egalement charpeiitier, bucheron , cA cela fait probablement allusion aux sauvages habi- tants des forets. Dans une autre l^gende , il est rap- porte que I'agriculture fut enseign^e aux nouveaux- venus par le meme Parasourama. Leur ere dale de oe ineme personnage, qui fut leur legislateur. Ainsi, sous le voile d'une incarnation de Vichnou, on doit voir dans ce h^ros fabuleux un conqu^rant veritable qui alTermit dans le Malayalani les Brahmanes arrives du pays d'Ayodliaya ( Aoude ) ot du nord de I'lnde. Au reste, les usages hindous se sont d'autant mieux con- serves dans la province de Travancor qu'elle est la seule qui n'ait jamais subi le joug des musuhnana. La religion chr^tienne au conlraire y a Fait de grands pro- gres, et elle est professee par plusde 90,000 personnes. Les pechenrs et les baleliers sont calholiques tout le long de la cote , et lorsque je demandais aux rameurs qui nous conduisaient d'Alepi a Quilon quels etaient ces temples Irequemment apercus sous les cocoliers du rivage , ils repondaient en faisant le signe de la croix : Krist Kovila, 6glise du Christ. Les Etats du rajah de Travancor ont ll^o millesde longueur sur une largeur de 40 environ ; ils sont coin- pris enlre les 8^ et 10' degr^s de latitude N., bornes au nord par le terriloire de Cochin, au sud et a I'ouest par la mer; a Test par les collines qui les separent du district de Tinevelly. Grace a cette position avanta- geuse, a I'exlremite de la presqu'ile, ce pays est moins expose aux secheresses , ]iar la raison qu'il participo pour ainsi dire des deux moussons. Le produit des Icrres onscmencees tpii out besoin d'irrigalion suflil ( 24 ) a delVayei- le gouvernemi-nt de loules ses depeuses, el le cullivateur Irouve dans les pluies r^gulieres aulant d'eau (iii'il lui en laul poui laire pousser les ctireales. Le poivre, le betel, sonl monopolises par le rajali. Ses revenus, donl il donne les qualre cinquiemes a la Coni- pagnie , sonl encore assez consideiahlos . puisqu'il vend 5o el 55 roupies le candj (les 112 livres ) de poi- \re que le cuUivaleur lui donne a 3o roupies. Le gingenibre, les cardagcs , le lurinerie , les arbres a Iruil el foresliers, loul est afferme. D'aulre part, le rajah se reserve aussi la venle des labacs apporles de Ceylan; de sorte que le roi de Travancor est, comine le paclia d tgyple , proprielaire de ses blals. Au resle . ce pays riche , fertile , pilloresque el assez siiin dans I'inlerieur, est parfailenienl adminislri par le roi acluel, qui raonUe beaucoup de gout pour les sciences. II a fait construire un bel observatoire pres de Trevandram ou Trivandapalam, sa capilale. Ce- pendanl on pourrait reprocher a un prince eclaire de prelever une taxe sur les fetes des Chretiens et sur les filels des pecheurs, pauvresethonneleslravailleurs(i). Jadis le territoire des rajahs de Travancor elail Irfes borne, dil llamillon, et ils payaient un Iribut a Madura, I'ancienne capilale du Carnalic meridional. L n oilicier flamand disciplina leurs troupes vers ly/jo, el leurs conqueles s'etendirent dans le nord jusqu'aux fronlieres du pays de Cochin. Ce furent les guerres avenlureuses de Tippou-Sahib qui allir^renlles Anglais de ce cote. Lord Cornvvallis vinl au secours du rajah tlepouill6 d'une partie de ses Llals el chass6 ile ses ^^l) I'eiit-elie ccs la\cs meulionnees p.ii ll.iniilloii unl-cHo fU- abolics. ( '^^ ) lorleresses par le loi de Maisor. Eo 1798 fut signe le premier Iraite par lequel on rendail au souveraiii dc Travancor ses provinces reconquises, ti charge par lui de mainlenir a ses frais trois balaillons d'intanterie , el de prfiler ses forteresses aux Anglais. Mais le Iraite nc parul pas offiir d'assez grands avantages ; la Compa- gnie devenue plus forle apres la cliule de la dynaslic musulmane de Maisor, devint aussi plus oxigeanle. En i8o5, par un nouvel arrangement, le rajah dul livrer exclusivement aux mains des Anglais toules ses rela- tions de politique ext^rieure , en echange de quoi on lui laissa un cinquieme de ses revenus , augmente d'une rente annuelle de 5oo,ooo fr. Done, le pavilion anglais flolte sur ses quatre ports, et il est libre de batir un observatoire , de se promener autour de son palais sur ses elephants, et de maudire en lui- nifime un joug qu'il ne peut briser. Tii. Pavik. DESCRIPTION DES MOlNTS APAL ACHES, PAR W. C. WoODBRIDGE. Le sysleme de monSagnes qui s'elend le long do la cote orientale des Ltals-Unis peut etre considere en general comnie un large plateau qui court dans une direction S.-O. et i\'.-E, entre les terres basses qui bordent I'ocdjan Allanliquc el le bassin du Mississipi. Ce plateau est soulenu de chaque cote par des chaines de monlagnes el traverse par de nonibreux rameaux paralleles aux chahiesprincipales olqui s'y raltachent. ( 2<-> ) Sa largciir csl generaloinenl dc luo i\ loo inilles, el Ja surface qu'il occupe nt; peul pas elre moindre de 175,000 milles Carres. La clialne la plus occidenlale vers le centre de co j)laleau, celle que Ton Iraverse la dcrnitre en allanl (les coles de I'AllaiUique au Mississqji, est la chaine des All^glianys, dont le nom s'esl etendu el eslsou\enlap- plique a loule la parlie cenlrale de ce systeine de hau- teurs, considore comme servant de limiles entre les contrees de I'ouest el celles de Test ; mais ce nom n'ap- parlienl reellemenl qu'a un seul rameau, et ne s'appli- que jamais aux monlagnes situees a Test de I'Hudson , qui Torment cepeodanl la parlie la plus 6leveo de ce laile. Les g^ographes les plus habiles des Etals-Lnis onldepuisl ong-temps rejel6 le nom d'AU^gbanjs pour designer le sysleme enlier, el adoj)te celui de monls Apalaches, qui est le seul qui soil mainlenant admis dans la gt^ographie de I'Amerique. Nous allons essayer d'indiquer ici les diff^rents de- gr^s de ce sy steme de monlagnes depuis I'oc^an Allanli- que jusqu'h sa limite occidenlale. Lorsqu'on arrive par Test aux Llals-Unis, on ren- contre d'abord une cote d^cbiriie , forniee de roches primitives, clpourvued'excellents ports; celte parlie s'6- tend depuis le Maine jusqu'a New-York. Au sud de celle ville, la cole presenle une suite de greves,de bancs de sable el d'iles. Les ports v sont peu nombreux. On est oblige de traverser une ceinture de tenains d'alluvion el de formation lertiaire, dont la largeiir augmenle graduellemenl, et oil Ton Irouvc a cbaqtic pas des tra- ces du sejour de la mer, avanl d'alleindre la ligne de roches (jui forme la continuation (!<■ la cote que nuus ( ^7 ) avons decrite en premier Jieii. Cette ligne seinble avoir el6 ancienneinent la limile cle I'oc^an Allanlique. Depuls la riviere Hudson jusqu'auprfes du Mississipi, celte ligne de roches, qui est eloignee de 5o a loo milles de la cote, se trouve marquee par les premiers rapi- des que Ton rencontre dans les rivieres qui se jeltent dans I'Atlanlique , ainsi que pur les grandes villes qui se sont nalurellement (^tablies a I'endroil ou commence la navigation. Parmi ces villes , on distingue Trenton sur la Delaware; Baltimore sur le Patapsco;Georgetovvn, Alexandrie et Washington, sur le Potomac; Frederick- sburg et Richmond on Virginie ; Fayetteville dans la Caroline du Nord , Colombia dans la Caroline du Sud ; enfm , Augusta et Milledgeville dans la G6orgie. Depuis la Delaware jusqu'au Roanoke, cette ligne marque aussi la limile de I'influence des marees. Cette arete rocheuse , dans la partie ou elle forme encore aujourd'hui la cote, aussi bien que danscelleou elle servait jadis de borne a I'Ocean , a yne elevation qui varie de 5o a 3oo pieds au-dessus du niveau de la mer. Elle forme le premier degre d'une terrassc qui s'^levegraduellementdepuis les terres basses jusqu'aux pieds des grandes chaines de montagnes. Cette lerrasse , que nous d^signerons par le nom d'Atlantique, est une region fertile; elle se distingue des basses terres par une plus grande purete de I'air et des eaux; el dans la partie m^ridionale par la tem- j)erature moder^e du climat. On la designe sous le nom de conlree du milieu ( Middle Counlrv j pour la distinguer de la conlree superieure ou plateau (Upper Country! (Table Land) et de la conlree inferieure ou bassos torres (Low Country ou Low Land). Elle est Ira- ( 28 ) versee par cjiiclquos ramcaux pen elovi's qui formenl los points avancds des Apalaches. Dans la Virginie, nous Irouvons les monls du sud on du sud-est. lis n'onl pas encore 6le lrac(^s ncllemenl sur les cartes au-dela de eel Klal; niais Darby nous les niontre conime Iraversanl le Susquehannah el la Dela- ware, et s'elendant jusqu'a la riviere Hudson , ou ils I'ormenl unc portion de renceinle de rocliers qui pendant un assez grand cspace borne le cours de cc fleuve , el qui est designee sous le noni de hautes lerres ( High Lands ). A Test de la riviere (I'lludson, on Irouve deux ranieaux pen eleves qui commencent aupres de New- haven a des falaises nommdes East-Hocks et Ouesl- Rocks , que le president Dwighl considfcre comme I'ex- tiemil*^ des chainons enlre I'Hudson el le Connecticut. Le rameau de I'ouest continue a se dinger vers le nord jusqu'a ce qu'il paraisse se perdre dans le pre- mier rameau qui , s'elevant graduellement a partir de la cote du Long-IslandSound , forme les monts Hoosac, traverse la parlie occidentale du Massachusetts, et enfin s'unit aux monts Taghonnuc, qui font parlie de smon- tagnes Vertcs (Green Mountains) de I'Llal de Ver- mont ; c'esl d'aprds cela que Dwiglit appelle ce rameau la chaine des monlagnes Vertes. Le rameau de Test court un peu a Test du nord , et traverse le Connecticut vers le milieu de son cours a lladley-Falls ; il forme alors les pics Holy-Oak et Tom, d'ou il a pris le nom de monts Torn. Au-dcla de Lyme, sur la rive est du Connecticut et pres de la cote, se trouve un troisiime rameau qui se dirige vers Ic nord, et que Dwighl designe par le iioni de Lyme-Range. ( 29 ) Dans la paitie nord du Massachussells , celle der- nifere branche reunie, suivant Dwight, aveclesmonls Tom, forment la suite des monlagnes Blanches, qui s'etendent en masses irreguliferes dans I'inlerieur de riilat de MewIIampsliire. Toules ces branches sont d'une mediocre elevation. Leur hauteur va en augmentant depuis 3oo pieds jus- qu'a i,5oo et 2,000 pieds, a mesure qu'elles avancenl vers le nord, ou elles se terminent dans la partie nord du New-Hampshire en formant le groupe remarquable des montagnes Blanches, que Ton reconnait cnmme le sommet le plus elev6 du syst^me des Apalaches. II est a remarquer toutefois que ces montagnes ne for- ment qu'un point detache de ce systeme , et non pas, comme cela a 6le quelquefois pr^sente , une suite liee avec la chaine principale. La premiere cliaine de montagnes quenous trouvons vers I'ouest, apres avoir traverse la lerrasse Atlantique est celle des montagnes Bleues (Blue Ridge). Elle peut elre consideree comme commengantdans I'Alabana, a la source des cours d'eau qui vont se jeter dans le golfe du Mexique; elle se dirige d'abord vers Test, et circule ensuite sur presque lout le lerritoire des Llats-Unis, jnirticulierement dans la parlienord-esl.Son d^veloppe- ment est d'environ i,5oo milles; elle se termine a la mer , sur le lerritoire britannique. La direction de cette chaine est, dans la Virginie, a peu pres le N.-N.-E. En Pensylvanie , elle tourne un peu plus vers Test. Apr^s avoir traverse I'lludson , elle se rapproche du nord, et suit la rive occidentale dn bassin du Massachuseltssousle nom dc monts Taghon- nuc, formant la llmile vers I'ouosl d'une vailee elevee donl les monts lloosacs ou monlagnos Verlos du Con- ( 3o ) neclicut sont la limile \ers Test. Lorsque ces deux liranches se r«^unissent, elles formcnt la chafne des montagnes Verlcs de Tibial de Vermont. Cetle chalne se divise en doux branches vers le milieu de cet htat. La branche de I'ouest se dirige au nord vers le fleuve Sainl-Laiirenl; elle n'a pas encore ele bien reconnue. La branche de Test va vers le N.-li, entoure les sources du Connecticut, puis se dirigeant vers Test se divise de nouvcau en deux rameaux donl la conliguralion est imparfaiteraent connue, mais dont on trouve I'exlremite a la baie des Chaleurs dans le golfe Saint-Laurent. Depuis I'Alabama jusqu'a la riviere Roanoke en Vir- ginie , les montagnes Bleues s^parent les rivieres qui se jettent dans I'Allanliqae de celles (pii vont grossir de leurs eanx le Mississipi et ses afiluenls. Depuis la riviere lloanoke jusqu'.'i I'Hudson inclusivemenl , tous les cours d'eau qui se jellent dans rAllanti(|ue prennent leur source dans le plateau elev6 situ6 h I'ouest des montagnes Bleues, et traversent celtc chalne ordinaire- ment par de profondes coupures. Le passage du Poto- mac a Harpei'sFerry et celui de I'lludson a West- Point pr«^sentent des tableaux magnifiques et qui sont bien connus. Depuis I'Hudson jusqu'aux sources de la riviere Saint-Jean , le sommet de ces montagnes forme la li- niite non contestee des possessions brilanulques et des Klats-lJnis; et il est rtconnu par les tlcux parlies comme elant ce qui est designe dans le trailt^ sous le nom de UautesTerres , qui s6parent les alTluents du Saint-Laurent des riviferes qui se jettent dans I'ocean Atiantique. Vers les sources de la riviere Saint-Jean, la [josilion ( 3i ) des divers cours d'eau ainsi que les operations des der- niers coinmissaires anglais ( sur le rapport desquels nous devons principalement nous appuyer pour la description de oelte partie des monlagnes Bleues) indi- quent deux ranieaux qui sont I'un et I'aulre coupes el interronipus. Le rameau du nord court auN.-E. vers le Saint-Lau- rent, et longe ensuite ies rives de ce fleuve a peu de dis- tance jusqu'au golfe du meme nom. II s^pare les af fluents du Saint Laurent de ceux de la riviere Saint-Jean, qui se jetle elle-meine dans la baie de Fundy; bale qui fait partie de I'ocean Atlanlique. C'est pourquoi les Etals-Lnis regardent cette branchecommeelanlla con- tinuation des liautes tirres , s^parant les eaux du Saint- Laurent de celles de I'ocean Atlantique. Les dernierscommissaires anglais (i) disent qu'entre les sources de la riviere Saint-Jean et la riviere Cliau- difere , cette chaine est inlerrompue par une region mar^cageuse de niveau, et sans aucune elevation visi- ble. Mais ils trouvent aussi que les sources qui existent dans cette partie sont a 967 pieds au dessus du ni- veau de la mer, ce qui indiquerait que c'est un plateau a peu pres aussi eleve que celui ou se trouvent les sources du Volga. On n'a pas fait uhe reconnaissance complete de ce faile; mais les commissaires anglais disent que du cole du N.-E, , dans la partie recla- m6e par les Etals-Unis, il s'abaisse jusqu'a l^Q(•> pieds au lieu d'avoir une elevation de 2,000 pieds (1) M. Fealherslonhaiigli et le colonel Mudge. Le premier av.iit ete employe par les Eta(s-Unis en qualiie tie jjeolo/^jne ; mais il ;i abandonne ceUe [ilace pf)Ui- eiitier an scrxice de la Giande- Hiela- grie, qui est son pays natal. [ 7>-i ) commo lo colonel anglais Bonchello , qui avail prece- (lemmenl explore celle contr^e, I'avait annoncc^. Les commissaires adirment encore ( prohablemont (rapr(^s les obsorvalions I'ailos on remonlant le fleuve Sainl- Laurent) qu'on no Irouvo nulle part ici une suite continue de hautes torres, niais soiilemont Hes pics ot (les monlagnes isoleos , et its refuseni dc reconnaStre cettc lignc pour limites , parce qu'ellc no presenle pas, disent-ils, une continuity d'elevalions. On doitremar- quer que precedemment , cetle limile avait et6 rcjet^e en se londant sur ce que la riviere Saint-Jean ne se jelte pas dans Toc^an Atlanliquo , mais dans la baie de Fundy, qui est, dit-on, distinguee de TAtlanlique dans d'autros parlies du traits. Le ramcau du sud court un pen an nord de I'osl depuis les sources de la rividre Saint-Jean jusqu'h la grande chule, oii il traverse celte riviere, el se termine a la baie des Chaleurs. Suivant lo prolii el les observa- tions des commissaires anglais, sa bauleur depuis les sources jusqu'a la grande chute de le riviere Saint- Jean ne depasse pas 1,100 a 1,200 pieds; il \ a deux pics de 1,700 a 2,000 pieds d'^levation. Plus loin, el jusqu'a une certaine distance au-dela de la riviere, la hauteur du faite n'excede pas 700 a 1 ,000 pieds, et il y a plusieurs depressions ou elle n'est que de 260 a ooo pieds au-dessusde la mer; a quelquc distance par- dela la rivi6re , cetle chalne forme des pics hauls de 2,000 pieds; elle s'abaisse ensuite graducllement jus- qu'a la baie des Chaleurs. Cetle suite de hauteurs est regardee par li-s commissaires anglais comme I'axe de la plus grande elevation de toule cello contr^e , et par const!!quenl commo les verilables hautes tones indi- qu6es dans le traite. ( 35 ) L'un et I'autre de ces rameaux sont traverses par les cours d'eau qui descendent de leurs sommets, el qui coupenl a Iravers ces chaines dans des directions op- pos^es, en sorts que la ligne des sources est reellement differenle de la ligne de plus grande el(^vation. Le ra- meau du sud, par exemple, est coupe cinq fois par le Reslook ou Roostuc ( une des branches de la riviere Saint-Jean), qui serpente au milieu de ces montagnes. Pour rapporter tous les points qui sont I'objet de . cette conlroverse, on doit ajouler que les commissaires amt^ricains opposenta I'opinion qui voudrait admettre le rameau du sud coniuie limile , qu'il ne s(^pare en aucune maniere les eaux du Saint-Laurent de celles de I'Atlanlique, ainsi que cela est dit dans le traite ; mais qu'il separe seulement les eaux de la riviere Saint- Jean decellesquisejettent dansTOcean, etque mfinie, dans la moili6 de son elendue , il ne divise reellement aucune riviere , mais uniqrjement les divers circuits du Restook. Apres avoir traverse la chaine des montagnes Bleues au sud de I'Hudson, on se Irouve sur un plateau eleve s'etendant jusqu'aux monts Allegany, qui en forment la limite occidentale. La chaine h laquelle seulement appartient le nom d'Allegany s'^lend sur une distance d'environ ooo milles dans une direction N. -E. et S.-O. entre les rivieres Susquehannah et la grande Kanawha ou Renhawa. Dans toute cette elendue , elle forme la ligne de partage des eaux qui coulent d Test et a i'ouest, et separe les affluents de I'Ohio des cours d'eau qui se jeltent dans rAtlanliquc apres avoir traverst^ la chaine des montagnes Bleues. La Kenhavva, qui prend sa source sur le plateau superieur, traverse cependant les Allegany pour se rendre dans I'Ohio. Au sud de la XVI. JUILI.ET. 3. 3 ( 54 ) Kenhawa, des rameaux moins elev^s conlinuent la chaine, et vonl se percire dans les nionls Cumberland ou dans celle region monlueuse qui rdunit loules les branches du syslt;me. Au nord de la Susquehannah , la conlinualion a lieu de memo par dos rameaux d'une elevation medio- cre, qui se terminent sur le plateau ou la terrasse de New- York. Entre les montagnes Bleues et les monls Allegany se trouve le vasle plateau des Apalaches ou conlr^e sup^rieure du sud; son etendue est de plus de 800 milles depuis les hautes lerres de I'Alabama en tra- versanl le Tencssee , les Carolines, la Virginie, le Maryland , la Pensylvanie el unc parlie de I'Ltat de New-York. Son elevation augrnentc graduelloment en allant du nord au sud depuis 5oo et 600 pieds jus- qu'a 1,000 et 2,000 pieds au-dessus du niveau de la mer : dans quelques parlies il gclc dans tous les mois de I'annee. Co plateau est traverse par plusieurs chai- nes de montagnes, dont la principale est connue sous le nom de monls Ralalin qui le divisent en deux par- ties est et ouest. Le sol esl g^neraleraenl fertile, le climat favorable. 11 peut elrc regarde comme le gre- nier des Elats-Lnis. Sa partie orionlale , qui esl desi- gnee en ^ irginie sous le nom de la Grande Valine, a pour base un terrain calcaire, et est parliculierement celebre pour sa beauts el sa ferlilitd. La partie occi- dentale est plus monlueuse. Dans la Virginie et dans les autres Elats du sud , Televalion de ce plateau pro- cure un climat aussi temper^ que si Ton se trouvait a plusieurs degr6s plus nord ; c'est pourquoi on y trouve une relraile delicicuse en quillant les chaleurs excessi- ves des basses tcrrcs. On lui doil aussi une grande di- ( 55 ) versite cle vegetation ; tie sorle qu'en ^change du colon ot du riz que produisent les parlies basses du pays, ce plateau leur fournit des grains, des herbes et des v6- gelaux, ajoutanl ainsi de grandes ressouices aux Elals qu'il traverse. Les monls Kalatin ou monts Sans Fin deslndicns (i) sent apres les montagnes Bleues la chainc la plus loiigue du sysleme des Apalaches. Lour commen- cement se distingue lr6s facilement dans le comt6 Ulster do I'Etat de New- York, quelques milles a I'ouest du point oil 1 Hudson se force un passage au travers des montagnes Bleues, Us se dirigenl ensuite .le long du plateau des Apalaches , presque parallelement aux montagnes Bleues, a une distance qui varie de 5 a 10 milles; ils travcrsent la Delaware au point norame Water Gap , et la Susquehannah au-dessus de Ilarrisburg. Tournant alors vers le sud, ils sont rejoints par la montagne Tuscarora , Iraversent la Virginie en formantplusieurs chaines interrompues, qui prennent divers noms suivant les localites, et atteignent la li- mite m^ridionale de cet Elal , ou ils prennent le nom de Montagnes de Fer (Iron Mountain). Prcnant ensuite la direction du S. 0. , ils forment la ligne de separa- tion de la Caroline du nord et du Tenessce sous les noms de monts Bald , Smoky et Lnaka. D'apres les dernifercs mesures, on trouverait Ih quelques uns des pics les plus elev^s du systeme g^n^ral. Enfin , ils viennent se confondre dans cette masse de montagnes , ou toules les chaines se terminent au sud de la riviere de Tenessee. La longueur totale de loute cette suite est \^l) On les iiomme aussi quelquefois KitMtiny, on iiienif iiiont.ii'iit nicw.-. 5. ( 30 ) d 'environ 800 milles. A I'exlroinilci septenlrionale de la chalne des monls Katalin, on Irouve un aulre rameau nomuio Ics monts Calskill on Kalskill, qui se dirige vers le nord. Ce rameau traverse la ri\it're Mohawk a la pelilc chute, el se divise ensuile en deux hranches, dont Tune s'dlend vers le N.-O. jiisqu'a rcraboucluire du lac Onlorio, et I'aulre vers Ic N.-E. jusqu'au lac Chaniplain. La branche du N.-E. separc les alHuenls du Sainl-Laurent de ceux de I'lludson et du lac Ciiam- plain. Le pays qui se Irouve entre ces deux branches et le tleuve Saint-Laurent forme la parlie N.-E. de I'btal de New-York; c'est une region elev^e et princi- palemcnt intoressante pour ses richcsses rain^rales. C'est sans doule pour cela qu'une parlie de ces monla- gnes parait avoir regu des Fi'angais le nom de monls P^ruviens. Au-dela des monls Allegany, on Irouve la grande terrasse occidentale du sylcme des Apalaches, moins ^lev^e, el beaucoup moins etendue que la terrasse allantique. EUe est couple par des canaux profonds ou coulent les eaux qui se dirigent vers I'ouest. Plu- sicurs chatnes de monlagnes et de coHines la Iraversent, el lui donnent jusqu'a une certaine distance des Alle- gany un caracl^re monlueux. La principale de ces chalnes est celle des monls Cumberland, qui traverse une parlie du Kentucky el du Tenessce, et separe les rivieres, qui portent ces noms dans la parlie supc^rieuro de leurs cours. Dans la Pensylvanie, les monls Laurel et Chesnul ( laurier et chalaignier) forment une pro- longation des Allegany vers I'ouest, et s'etendent aussi dans la parlie nord de la Virginie. D'aulres ra- racaux secondaircs parlcnt encore dc la limile que nous avons assignee aux AUdgany vers le nord, parcou- ( ^7 ) renl la parlie septentrionale de la Pensylvanie , et se j)erclent finalement clans le plateau qui se Irouve k I'ouesl de New-York. Cette descriplion d'un systfeme de montagnes aussi etendu et aussi complique, quoique loin d'etre com- plete , peut cependant donner una id^e generale de ses principaux traits. Les donnees que nous possedons aussi bien que les limites de cette note ne nous per- mellent que de presenter ici un apergu Ires succinct de sescaracteres g^ologiques et de son 6l6vation. Les montagnes Bleues ou leur lerrasse sont compo- s^es de roches designees autrefois sous le nom de pri- mitives et de transition; ces roches s'^tendent vers le nord jusqu'aux regions decid^ment primitives de la Nouvelle-Angleterre ( New-England ) , et de la partie nord de I'l^tat de New-York. Elles sont quelquefois re - couverles ou Iraversees par des couches de grfes et par des lits de roches trappeennes. C'esl dans la terrasse atlantiqueque Ton Irouve au sad du Potomac des mi- nes d'or qui s'etendent dans la Virginie , les deux Ca- rolines et la Georgie du nord, tantot en filons, tanlol dans des depots alluvionnaires. Au nord ouest des montagnes Bleues, une formation calcaire s'etend depuis I'ttat de Vermont, le long des monts Kitatin , de la grande \a\Ue et de leurs limites jusqu'a la Caroline. Elle embrasse une grande vari^t^ d'espfeces depuis le calcaire grossier et granuleux jus- qu'au calcaire fossilif^re et au travertine qui est encore en masse en Virginie. Celle formation contientde nom- breuses carriferes de beau marbre , et donne naissance aux sources d'eaux mindrales el chaudes de la Vir- ginie. Lf's inonls Kalaliii el le roslc du plateau sup^rieur (58) soul composers, suivanl les g^ologues dc la Virginie de rochcs secondaires d'ancienne formation appartenant an genre greywacke. Les Allegany paraissent elre formes enliferemenl de grevwackc. Au nord ouest des nionls KaUilin, entreeux etla ri- viere Susquehannah, soiit silu6es les mines de charbon de tcrrc anthracite de la Pensylvanie; elles alimenlcnt dece combuslible toules lesvilles quibordenirAllanli- que. De semblables mines onl ole decouverles dans la Virginie sur le plateau superiour occidental; mais elles n'onl pas encore 6le entierement explorees. A I'ouest des Allegany , on Irouve celtc immense couclie de bilnrac qui s'elend au sud jusqu'a I'Ala- bama , et dont les limiles au nord et a I'ouest n'onl jamais el6 bien determinees. On y rencontre aussi de nombreux depots de sel et de gypse. Tout le systeme des Apalaches abonde en oulre en mines dc fer qui presenlcnt des ressources inepuisables a I'industrie. L'6levalion dts monts Apalaches est mediocre ; les cretes n'ont pas en general plus de 2,5oo pieds au- dessus du niveau de la mer, et on y voit rarement des picselev6s. Le sysl6mo enlier partiil former une courbe Ires deprimee a I'endroit ou se Irouvent les vallees de la Delaware el de riludson; car alors I'elevalion au- dessus du niveau de la mer n'est pas de plus de 1,000 a 1 ,5oo piods. L'el^vation augmente vers le sud et vers le nord, ol les points les plus elevcs se trouvent aux deux exlremites. Les montagnes Blanches au nord olTrcnl plusieurs pics qui onl de 5, 000 a G,5oo pieds de hauteur au-dessus de la mer, el d'apres les dcr- ni^res observations un certain nombre de pics silues vers rcxlremil(i sud alleindraienl la meme hauleur. Q^lelquos soinmels de la chaine dos monlogncs Bleucs ( ^9 ) on Virginie , el des montagnes Verles auraient environ 4,000 pieds; d'aulres dans les monls Ratskill seraient presque aiissi Aleves. Oncroilpouvoirremarquer, en ttu'minantcellenote, que les monls Apalachcs presentent d'une mani^re toule parliculi^re tous les avanlages d'un sysliime de monlagnes, et n'onl presque aucun des inconv^nients qui y sonl souvent altaches. lis separent les territoires de I'esl et de I'Duesl sans empeclier les communica- tions, soil par i\es canaux, soil par des chemins de fer; ils sonl assez eleves pour fournir au pays des cours d'eau purs et rapides , et pour que les richesses min^- rales qui sont contenues dans leur sein puissent elro distributees dans le pays sans cependant que leurs pentes soient inaccessibles; enfin , ils offrent une va- ri6le de climats et de productions v^g^lales agrt^ables cl salulaires, sans s'6lever assez haul pour devenir st(i- riles et glaces. DU MELAS DE CAPPADOCE. Le Bulletin de la Soci6l6 (cahier de septembre i858, tome X , page iSg) renferme un article relalif a diver- ses rechercbes recommand^es a M. Ainsworth , qui allait explorer I'Asie-Mineure. Dans cet article, nous insistions principalemenl sur I'importance d'examiner avec soin I'etal hydrogr;ipbique des environs de Cesa- ri^e de Cappadoce , alin de rdsoudre d^finilivement la question du cours du Melas, sur lequel les g^ograpbes ft les \(iyag(Hirs se sont Irompes si long-temps. Pour ( 4o ) faire mioux scnlir I'inlerol de celle exploration . nous avoris rnppol(^ los l(^moignoges dos divers anleurs qui onl parl«^ du Melas , el nous avons elabli a cc sujclune sortc de discussion , donl Ic but elail de bien poser I'e- jal de la qucslion el d'en rassenibler lous les 6l6nienl£. Quanl a nous , il ne nous reslail ancun doulo sur les trois points qui dt^cidenl la queslion : i" I'erreur dc I'exislcnce d'un cours d'eau ayanl son originc pros de Cdsar^e , el coulant dans I'Eupbrale ; 2" la n^cessit^ d'admcllre que le texledoSlrabon est inexact, el qu'en remplacanl Ic mot Eupbialc par Ic mol Halys , on fail disparailre un conlre-sons cl une errcur geograpbique; 5° enfin , ridenlili du Melas des anciens avec le Kara- Sou des modernes. Malgr^ noire convidion pcrsonnelle , Texistence d'un fleuve prcnanlsa source dans lo voisinage del'an- cienno Mazaca , el coulant dc I'esl a I'ouesl jusqu'a I'Eupbrale, avail 616 lro|i unanimomenl acceplee de- jiuis I'epoque de Slrabon jusqu'a nos jours, pour ne pas reconnailre encore une sorle d'aulorile a celle opinion erron6e , el pour ne pas r^clamer de nou- velles rccbercbes propres a confirmer I'opinion con- traire. Noire article sur le Mclas avail d'ailleurs soulev6, au sein de la Soci6l6 de gcopraphio, line discussion dans laquelle I'exaclilude du lexle de Slra- bon ful vivemcnt defendue par un voyageur babile qui avail lui-ineme visile les lieux (1). M. Texior alfir- inail en elTel qu'il avail renconlr6 pres dc Cesaroe un cours d'eau donl la direction allail de I'ouesl 5 I'ost , el qui pourrail bien elrc le Mclas de Slrabon. Nous ob- jeclions a M. Texicr, 1 rimpossibilile do I'inondalion ( 1) Sc. ini'i- (111 ? iifivrtnlirt' I 838 i ( 4. ) flcs lerrcs df s Galales.elabiis en Plirygie, par le cl(il)orde- menldel'Euplirale; 2° recouleinenl acliiel des eaux du lac Kara-Son cl de la plaine de C.^saroe dans I'llalys. A la premiere objeclion , M. Texier r<^])ondail que Ics Galales-Phrygiens dlaient probahlemcnl etablis sur les bords de I'Euphrale ; que Slralion, en joignant le nom de Pbrygicn a cclui de Galale, ne i'avaitsansdoule fait que pour indiquer des Galales etablis ailleurs que . sur leur lerriloire, et que , d'un autre c6t(^ , le d6bor- dement de I'llalys n'aurait pas pu causer de dom- mages sur les terres de ces colons , puisque , d'apres Pline , le Caj)padox s^parail les Galates de la Cappa- docc. Ces raisons, que nous ne disculerons point ici , no cliangerent I'ien a notre conviction : le nom de Ga- lale-Pbrygien ( c'etait la traduction de M. Texier) nous paralt pouvoir s'appliquer parfaitement aux ha- bilants de la Galalie Etablis entre la rive gaucbe de rilalysetles frontiires de la Pbrygie, pays oil les eaux de ce fleuve onl pu faciiement causer des dommages. Celle circonstance n'a meme rien de conlraire au ren- seignement de Pline, car le Cappadox est un affluoni de I'Haljs silue sur la rive droile de cclte riviere, cl il pcul tr^s bien, dece cole!;, siparer la Galalie delaCa|)pa- doce, sans que ce fail coniredise en rien I'inondalion des Galales-Pbrygiens par le debordement de I'llalys. Quant a notre seconde objeclion , fondee sur des observations personnelles dont nous elions parfailc- ment sur, etque le voyage plus recent de M. W. Hamil- ton confirmait enliereraent, IM, Texier ne la combatlil point; il admit roxaclitude de I'ecoulemenl aclucl des eaux du loc Kara-Sou et de la plaine de Cesaree dans I'llalys ; mais , dcmeuranl consequcnl avcc lui-memc , il alliibua eel (Mat l)ydrograj)lii(iuo a des soulevemenls ( 42 ) voloaniques qui, en alterant Tancien relief du terrain, auraient forc6 les eaux a prendre un cours dilTerent de cclui quelles avaicnt au temps de Slrabon, el au- raient ainsi reporte les sources du Melas plus a Test. M. Texier croyait miiine avoir relrouv6 ces sources pres du inonastere arni6nien du Sourp - Karabet a 5 lieures environ a Test de Cesaree ; maisil n'afnrmait jnis posilivement le fait. A cello supposition liardio , i\I. Texier ajoula que depuis I'interruplion du cours du Melas , par celle puissanle action de la nature , les hom- nies creusdrent un canal pourfaire ecouler les eaux du lac Kara-Sou dans I'llahs, el il en trouvail la preuve dans la carlo du pachalik d'Iconium par I'archov^que grec Cyrille, sur laquelle il avail apergu le nom d'eclu- ses le long du cours d'eau nomme Kara-Sou. Malgrd lout ce qu'il y a de hardi el d'ingt^nieux dans ces ar- guments, il nous parut impossible de rien changer a notre opinion ; mais celte discussion avail cu lieu au sein de la Societe de geographic, ou elle avail fait nailre le desir d'oblenir de nouvcaux renseignemcnts sur celte inl^ressante question. M. Ainsworlh, a qui on avail envoye noire article, ful d'abord charge de ce soin,el nousprofitames, peu de temps apres, du depart de M. le comle Henri Durforl de Civrac, qui etait venu nous demander quelques explications surle voyage qu'il jnojetaiten Orient, pour le prior de visiter aussi avec la plus grande allcnlion les environs de Cesaree. Nous lui avons remis le resume de nos recherches sur le Melas, el nous lui avons parliculierojnenl recommand(i I'examen de lout le cours du Kara-Sou el de la petite riviere voisine du Sourp-Karabel, que M. Texiercroyait pouvoir identifier avoc leMehis do Slrabon. Les resultatsdes explorations do M. Ainsworlh el de (45 ) M. de Civrac nous sontconnus aujourd'hiii, el confir- menl pleinement rexadilude de rccoulementdu Kara- Sou dans rilalys, I'identilt!! de ce fleuve avec le Melas de Sliabon, el Tabsence de toul cours d'eau parlant du voisinage de C^sar^e cl se rendant dans lEuphrate. Nous reproduirons ici les observalions de ces deux voyageurs ; celles de M. Ainsworth sonl impriin(5es dans le Journal de la Societede geographic de Londres (Vol.X, pag. 5o8 ), el celles de Al. de Civrac sonl ren- lerniees dans la parlie de son Journal qu'il nous a aJressee de Bagdad. Voici comnienl s'exprime le voyageur anglais. Du i"au 8 mai 1809 — « On avail parliculioremenl appel6 • noire allenlion sur I'examen de I'hydrographie des » environs de Cesaree. Quelles que puissent elre en- » core les difficulldis offerles par les renseignemenls des »anciens sur cesujet, il n'y a cejiendanl lien de plus » certain que la non- exislence d'aucun ruisseau ou • cours d'eau quelconque parlanl du voisinage de » Cesaree pour rejoindre la riviere appelee Tokma- 1/ Sou par les Turcs. Pour degager la queslion de loule » incerlilude, nous avons eld a la recherche des sources » de celle riviere dans une parlie poslerieure de noire . voyage. »I1 y a une pelite riviere qui coule du pied seplen- » Irional du mont Argee , el qui, conlournanl I'Ali- »l)agh, traverse le village populeux de Dagh-Rasi ; « a parlir de Ik, il se perd la plus grande parlie de "Tannde en irrigation, el durant I'autre parlie, il est Min tribulaire du Saiimsak. II y a aussi un autre pelil y. afilucnl de la meme riviere venanl de Mandjouli. « M.W. I. llamillon s'esl assure, en conlournanlle nionl > Argeo du cole de Tcsl, (jtril n'y a pas d'autres cours ( 44 ) • d'caii que ceux qui coulcnl au nord-oucsl ou au sud- Mouesl. La rivitre de Sarimsak, que nous avons suivie Djircsquc jusqu'a ses sources, \ionldu village du meme >noin , cl Iravcrsc la grande plaine de C6sar6e en sc Ddirigeanl vers J'ouest. A 2,9^)6 yards dela\il]e , ellc a .) line largcur de 8 yards el une profondcur de 2 pieds. ))Elle se perd clle-mt'me dans le Saz/i/i-, ou grand ma- » rais , ou Ton dit que le Kara-Sou la rejoinl , el Ton » ajoulo qu'cUe coulc par Boghaz-Kenpni, dans IcKizil- slrmak (1). Ces doux cours d'cau rtHinis en iin seul »forraenlla riviere que MM, llamillon, Tcxier el Cal- slieridenlifienlavec le Melas de Slrabon (XII, p. 538), racausedu fait de la submersion dcs lerres des Ga- » latcs. I) dcs details de M. Ainsvvorlh ne laissenl, comine on voit, aucune incorlilude sur I't^coulcnient fie toulcs les eaux des environs de Cc^saree dans I'llalys. Nos ob- servations et celles de M. ^V. Hamilton avaienl d(^ja constate ce fail; mais les doutes eleves par M. Texier cxigeaient ce nouvel exanicn des lieux pour resoudre dcrinilivcmenl la question. Nous ne comprenons pas pourquoi M. Ainsvvorlh suppose ici que I'opinion dc M. Tcxier ne differe pas de celle de M. W. llamillon el de la noire; car son altontlon a et^ sp^cialemenl ap- pel6e par nous, sur ce sujel, pr^cist^ment a cause de la divergence d 'opinion dc M. Toxier. Mais cclte meprise n'ole rien a I'inlerel el aux consequences des observa- tions du voyageur anglais. (1) « Le baion Wincki", oflici'T il ('-Inl-mnjoi- piiissieii, qui acconi- " pn;;nail la inallioin ciiso cxpi'illlidii di' SaidMclniiicl-Pnclii , a " aiKsi v<''i'ifi('> ve fiiit , ct dc |i|iin iI il.ililil f|iir h' inarai'^ r.^l ilivise u rii dctix Jinilic; dl-l nicies vers Ic imiil .• . ■ • ( 45 ) iVl. Ainsworlh a poussti ses invostigalions au -clela du petit bassin des eaux qui prennent naissance aux envi- rons do Cesaree, et qui se rendent dans I'ilalys ; il a explore avec soin, ainsi que nous en avions cxprim6 le d6sir, le cours superieur du Tokma-Sou jus([u'h scs sources , afin de bien constaler remplacement de I'o- rigine de celte vallee que Ion avail loujours prise, jus-' qu'h noire voyage de i83i , pour celle du Melas de Strabon , opinion que M. Toxier n'abandonnait pas malgr^ nos observations el celles de M. W. Hamilton. Celte partie de I'itineraire de iM. Ainsworlh (torn. X , p. 3iG) place la source du Tokma-Sou a 70 milles anglais ( en ligne droite ) a Test de Ct^saree, el au pied d'une monlagne appclee Geuk-Dili; son embouchure dans I'Euphrale est a 9 milles anglais a I'est-nord-est de Malaliah. Celle riviere nc peut done pas elre prise pour le Melas de Slrabon , car elle no remplit pas une des principales conditions exprimees dans le lexle du g^ographe grec. Nous avions d(^ja mis ce point hors de doute dans noire premiere discussion ; mais la nou- velle exploration de M. Ainsworlh donne encore plus de force a ce resultat. Voici mainlenant les observations particulieres du voyageur anglais sur le Melas (p. 3'22). « Avant de quitter Malaliah, il est bon de rcmarquer • que deux rivieres semblent avoir ele confondues par » les anciens sous le nom de Melas. La riviere qui sort »du versant de I'Argee ii 4^ stades de Cesaree, et qui » par la rupture de ses digues inonda les lerres des Ga- slates, peut diflicilemcnt avoir ele le Tokma-Sou, a »moins que les Galales n'eussent un etablissement sur » celle derni(!;re riviere ; c'otail plulot le Rara-Sou. Ce- » pendant Slrabon assure en meme lemps que le IMe- ( 4 Cali.ieu, ( 55 ) Note siir lea oijcratioiis geodesiqncs e.iecidees en Greee et dans les iles loniennes par P. Conteaux , capUaine au eoips royal (Tetat-nrajor, charge de terminer la trian- gnlation de In Greee. La Iriangulation execulee en i835, i854 et i835 par M. le commandant Peyliei' dans la Greee conli- nentale ( partie oi'ientale ) et dans I'ile d'Eub(*e a ele oonlinuee dtins la partie occidentale , et terminee en iSSy, i858, 1809 et i84o, par M. Conteaux, capi- taine d'^tat-major, qui a aussi etendu ses operations dans celles des iles loniennes qu'il etait possible de rattaclier au r^seau trigonom6lrique de la Greee. Lestravaux deM. Peytiercomprennent I'ile d'Eub(ie , I'Atlique, la Bdotie , la Livadie , une grande partie de la Phocide jusqu'a Salone et la pointe N. E , de la Phthiotide entre le golfe de Volo , la frontiere , Zi- loun, le golfe de ce nom et le canal de Trikeri, M. Conteaux a termini la Phocide, la Phthiotide, et a couvert de triangles le resle du royaume hellenique, c'est-a-dire la Doride , la Locride Ozole , I'Etolie el I'Akarnanie. L'fitolie comprend a I'E. le Rravari ( arrondisse- ment de L^pante ) , au S. I'Etolie actuelle (arrondis- sement de Messolonghi ), au centre la Trikhonie (ar- rondissenuent de Vrakhori ) , el au N. I'Evritanie ( arrondissemenl de Karpenissi ). L'Akarnanie comprend au S. le Xeromeros ( ar- rondissemenl d'Astakos), au N. le Valtos (arrondis- semenl de Kravassara), et au N.-O. I'Akarnanie pro- prement dile ( arrondissemenl de Vonitza ). Chacun de ces arroiulissomenls sonl des divisions ( 56) adininistralives du royaume designees suivanl leur importance sous les noms de Diikisis et Hypodiikisis ( At6txY, On esl ;iiTiv6 au niveau do la mvv a Palrasidontiquo- nicnl. rl aiix doiix autros |)i>inls a inoins d'liii nielrc. En sniio que Ion croil poiivoh' concliiro , non sculc- nionl que le nivi'ilemenl pt'odosiqiio de la Greco est oxaol , iiiais oncoio. (pril y a idenliU^ do niveau dans loulos los oau.\ qui onviionnonl Ic ro\aunio depuis lo };oired'Arla jusqu'au gollo i\i^ \i)lo, Les Iravaux do M. (lonloaux couvront uno surface d'environ -'^o lioues carrees dans la Gr^ce seuleinonl, non C()ni|iris los lies lonii'iinos. Soixanlo-soi/o nouvellos stations onl elti failos , donl soixanlo- Irois on Groce ot lrei/.o dans los lies lo- nionnos. 1,0 iiondn'o dos points delorininos ira a prt^s ilo 700. M. Gonteaux n'olant do rotour quo ilopuis quolquos seinaines, los calculs dolinitils roialifs a cos travaux ne sent pas encore iaits. el on no pout pas donner ici les latitudes ot lon^^itudos. Les altitudes seules ont ete crdcultios; encore cllos no lo S(ml pas toutes. II esl luC'me probable quo la ro- , parnii lostjuols on oilora pom lo moment los monls (H\ni|>o ot C>ssa (mainlonant Kissovo"), donl los alti- tudes onl etc calculeos exactomont , aiusi quo oollo.s dos oauxdu lac i\i/.ero [)re> la Ironliore. On .s ost atlacho adotorminorli;. Iiauloursd'un t;rand ( h ) nombrc de sommels, de poioU imporUnb des cours d'eau et des lacs les plus marquants , ainsi qae celles des principalis villes, toutes les fois qu'il a ele pos- sible de les raltaclier a I'enchalnernent des triangles. Ainsi, par suite des travaux successifs executes en Grece sous Ja direction de M. le lieutenant-general Pelel, la carte geometrique du royaume est terminee ainsi que celle des iles loniennes adjacentes. La frontiere continentale turco-grecque est aussi trigonometriquement fixee par le grand nombre de stations qui y ont et6 faites, et par les points de troi- sieme ordre qui en ont ete delermines. La position geographique et la conformation du golfe d'Arta el du littoral de la Grece se trouve exacte- ment rectifiee. Enfin , la Grece possede un nivellemenl geodesique des plus complets , dont le tableau ci-joint fera con- nallre les principaux resultats concemant la Grece occidentale. ( 6o ) Altitudes oh kanteius an-dessus da nit'ean ile la merdesprincipait.i points de la Grece continentale [partie occidcntale) , et des iles lonteiines , determines par la tria/iffulation de M. Comkaux , capita ine d \>ta t- m ajor. NOMS DES LIEIX. Aenos. Aml)rakia . . . . Andinit/.a . . . . Angelo - Kas- traii Arfiosroli Alukuii.. . Berganti Boiigikaki. . . . Bouinisto . . . . Chateau li'U lysse DESIGNATION HES POIMS OBSEBVES. I'ROVKNCKS. Somuiet culminant de I'ile , counu sous le iioiii de Soros.. Niveau dcs eaux du lac,pres Kravassara. .Soniinet du luont , crele de rOtliiyx , frouliere Niveau des eaux du lac ( ancien lac Ly- ( Vpiialonie. Akai iiaiiie. . I'lilliiulide . siinaque ) r('l<'{;raplie , sol Sijiiunel central culminant de celte ile iiiliabitee iTrikhonie. . Cophalonie. Exikauiaiia. Exui Guiona Gue de Lepc- nou. . . Janitzou . leri Itanio Kalanios. . . i^Kaliakouda Karav.i . . . Karpciii-isi I'res ft a IE. (i'lihaipie . . Sonimel culminant E Akainanic. . . . Sorninet du niunt, point le plus septen-l irional de la Grece ^Evrilanie ( A- I (jrapha).... Sonnnet du riioiit Akarnanie. . . . ALTITU- DES. Sonimet de la montagne, au centre des mines cyclopeennes Ilhaciuc. . iSoniniet cuhninant de la chaine des inonts Agraplia .... Evritanie Sol du moulin a vent d' ( au N.| de Tile ) hbaque. . Soniniet lo plus clcvt' du royaume Phocidc.. iVivca\i supcrieur des berges escarpces de r.Vkiicloiis (rive gauche) Triklioni Signal, sonimel (crcte de I'Othryx) a environ 5oo metres de la t'ronllcre. .. Thessalie('rur- j «]"•<') Sonnnet du mont le plus haut tie 1 ile.. . Zanthe Sonimet S hoise culminant (tVontiere). . Sommel i ultninant de I ile (.Ano47 .'525 >5i 2 de Kai'|)iniS5i Evritanie lie Kalamos. . Sommel au N. dc Rougikaki Sol de I'eglise Slc-Tiinilr (Ayi'x Tpia'Ja). Evritanie. I UKiuie. . •I' Evritanie. lo32 756 i5o8 746 2.04 2187 y jidllct 1 84 1 ■ Par AJ. le colonel Codazzi : llosunien dc la geugia- ( 7' ) fia de Venezula por A. Codazzi, formado sol)re rl mismo plan que el de Balhi \ segun los conociemen- tospracticos adquiridos |)or el aulor en el curso de la comision coiogi-afica , i vol. in 8. — Alias fisico y politico de la republica de Venezuela; un vol. in-f". — Resumen de lahistoria de Venezuela desde el descubri miento de su territorio por los Castellanos en el si- glo XV, hasta el ano de 1797 ordenado y compueslo con arreglo a Mufios, Navarrete , Herrera , Irwing, etc. por Raphael Maria Baralt, i vol. in-8. — Resumen de la hisloria de Venezuela desde el ano de 1797 hasla ol de i83o , por R. M. Barall y Ramon Diaz, tiene al lln un breve bosquejo historico que comprende los afios de i83i hasta 1857. — Par M. de Derfu'do/f : Voyage dans la Russio m^ridionale : observations scienlifi- ques, texle et planches, iS^liv. — Par M. Jaqiieinont : Voyage dans I'Inde, 55" et 34* liv. — Par M. Asher : The Itinerary of rabbi Benjamin of Tudela , vol. II. Notes and Essays , i vol. in-8. — Par la Societe royale des antiquaires da Nord : Biedrag til Danske sloltes og Herreborges Bygningsog Befoeslning-historie i den Ca- Iholske Tidsalder ved Vedel Simonsen , 1 vol. in- 12. — ParM. Mac Guckin de Slane : Observations sur la geogra- phic d'Edrisi, Iraduile del'arabe en frangaisparM. Jau- bert, et publiee par la Societe de geographic , broch. in-?). — ParM. le comte Graberg de Hemso. Notice sur la race de dromadaires existant dans le domaine de San- Rossore pres de Pise en Toscane, broch. in-8. — Par M. Thoinassy : De la politique maritime de la France sous Louis XIV, broch. in 8. — Par /'Association bri- Aie rAAi^jatJi. ^e /ft S(H'it'fc c/c (ftO(/r{/^f/irCiJiu/lefi'S^i\. /,„//,■„„ ,/,./„ .W,.V,/r („„„,„„/„r , /„ , r>ULLIiT[N DE LA r r SOCIETE DE GEOGllAPHIE AOUT 1841. PREMIERE SECTION. MRMOIHES, EXTKAITS, ANALYSES ET RAPPORTS APERCU des parties explorees dii Niger, et de celles qui restent h explorer; PAR HI. d'avezac. n Multa renascentur quae jam cecidere " a dit le poete aimable qui jouit de I'heureux privilege de pouvoir elre cit6 a lout propos sans p^danterie; et ce qu'il disait des mots se peut 6galement affirmer de loutes choses : les questions les plus vieilles rede- viennent nouvelles. Cast ainsi qu'une reunion de voyageurs intr^pides vient d'entreprendre tout r^cemment , par I'Afrique orienlale ,1a solution duprobl^meg^ographique leplus ancien peut-etre de tous ceux qui aient 6te proposes jamais, la decouverte des sources du Nii.L'exp^ditionest organis^esurunetropgrandeechellepourn'y pasrecon- XVI. AOUT. I. 6 ( 74) nalire rell'orl (J"iin gomornemenl puissant , ou d'une compagnic noii iiioins puissanle. Le capilaine Harris, fleja l)ien connu parses courses en AlVique, estleclief He celle expedition; il emuiene avec lui le capitaine (Iraliam , lo capitaine d'infantcrie Ilorlon, le lieute- nant Barker de la marine des Indes, le docteur Kirk , le docteur Scott, le docteur Iinpev, un geolo- gue , un botaniste , un dossinateur, ct une escorle eu- lop^enne ; les bagages forinentla cbarge de 3oo cba- meaux ct 3o mulcts, sans compter les cbevaux months par les personnes que nous avons nommees. Tout avanl ete prepare a Aden, I'expedition s'est rendue a Tag- jourab , d'ou elle s'est mise en route le 94 mai dernier pour rinterieur. Apres avoir \isite a I'ouest les sources du Babbr-el-Abyadh , elle se dirigera au sud pour at- leindre le cap de Bonne -Espc^rance. Tous les amis de la science accompagneront de leurs \oeux , sur cette immense route , les zi^l^s explorateurs dont le devoue- mcrit (I i'inlrepidite promellenl a la geographic de si importants resultats (i). I ne autre expedition, organis6e sous les auspices du gouvernement anglais, par la Sociele lie civilisation (1) n nous serall trop penible tie croiie qu'un esprit de mesquiiie iiv;\lite eut , en meine temps que ^expedition anglnise se prepar.ilt, enlonre de vexations et de pipges (|uelques voyagenrs isoles qui, sans autre appui que leur resolution individuellc, devancaient Harris el ses compajjnons sur cette voie de decouvertes. Mais nous ne pouvons dissimuler qu(; (lis plaintes de cette nature sont depuis qiielques niois parvenues en Europe, en e'chappant a grand'peine, esl-il dit, a une inquisition qui aurail suppriiiic ou interccple loute nnp cm rfspDiidanee nnlrricure. Nous ne pouvons, ntnis qui voyons des iVercs i roril porter dans le Niger cliacuii une provision de cliarlion pour 11 trente jours, et le Soudan pour vin;;t jours. Tout le tnonde a bord » est bien portant et impatient d'alteindrc le champ de nos futurs " Iravaux; loul semMe pri'jiare de la mauierc la plus convenable. » f.e Soudan se rend diri-ctemenl a (>npc-Coasl-Castle, oil il pri'cedcra r Albert el le Wilberforce , qui vont a Sierra-Leone prendre des inter- pretes et des matelots indigenes (kroomen ). Les appareils ventilateur."; allaient etre poses pom manoMwror avanl d'alteindre des parage* moms saluhres. ( 77 ) jusqu'a Teii-Bokloue, la seconde depuis Ten-Bokloue jusqu'a Yaouiy , la derniere dupuis Yaoury jusqu'a la mer , c'est-a-dire en d'aulres lermes, le haul Niger ou Joliba des Mandings , lo Niger miloyen ou Nyl-el-Sou- dan des Arabes (i), etle Niger inf6rieur ou hoiidrd des Haoussans, dont les deux extr^iniles ont 6le plus ou nioinsbieiirelev^espar desvoyageurs europeens, landis que I'autre est reside entiferenient inconnue, sauftoule- lois la certitude de son existence , puisquo Mungo- Park, embarqudi sur /e Joliba, est venu sombrer sur les rochers de Bousa dans le Kouara. C'esl de la partie mitoyenne seulement que nous voulons parler ici ; mais il n'est pas Inutile de preciser d'abord en pen de mots ce que nous savons des deux autres. Quant au Joliba, les nonis de Laing , deCaill^, de Parketde Dochard rappellent, non dans I'ordre chro- nologique , mais dans I'ordre progressif des points d6- tennines , les notions acquises sur celte partie du fleuve. Deja Mungo-Park avail en 1798 design^ sous le nom deSankari lelieu oule Joliba prend naissance, et Mollien en 1820 en avail indiqu6 la situation a I'egard de Timbou. Le major Gordon-Laing, se trouvanl le 4 seplembre 182'^ au Sale-kungo ^ c'esl a dire h la source de la riviere Sale , qu'a Sierra-Leone on appelle riviere de Rokel, gravil au point du jour la hauteur qui domine celte source, et se trouvanl ainsi a une elevation de 1600 pieds anglais au-dessus de lamer, il vit au S.-E. 1/4 E., a 20 milles de distance, la mouT (1) Ou bleu Isaa, o'est-a-dire riviere en langiie kissonr, i^uivaiit le, i.ippoit de Caitle : o'est le nom indigene indique par Marniol el par Moliliaiunie<{ cie Ten-Bokloiic , rinfoinialeur de Kilrliir, ( 78 ) tagne de l.oina, el k' point m6nie cle lu source du iMger, qui lui parul au niveau cle sa propre station ; et il eslima la position de ce j)oinl vers 9° sS' N. el f)" 45' O. de Greenwich, soil 12° 5' O. de Paris, par un calcul d«^duil des positions observees de sa route. Rene Cail!6 arriva lo 1 1 juin iS-zy a Couroussa sur le Joliha , et en suivil le cours pendant une vingtaine de milles jusqu'a Fessadongou. Bien que son itin^raire soil dt'-pourvu d'observations aslronomiquos , il pent elre rallaclie d'une maniere assez salisfaisanle u des positions connues, pour que nous puissions conclure 'J'uneconslruclion raisonnee , Couroussa par 10" 25' IN. < t I i" 7' O. de Paris, et Fessadougou par 10° 24' N. et 10" 5 ' 0 Le fleuve alors lournail au nord ; tandis (jue le voyageur, poursuivant sa route vers le S.-E. , ne devait le rejoindre quaupr^s de G^ny, apres avoir traverse dans ce long intervalle un assez grand nonibre d'aflluents, I'^nlre la source pr^s de Loma, apprcue de loin par le major Laing,el le village de Couroussa, 011 Cailletra- versa le lleuve , se Irouve une lacune de 8 | milles en ligne droite, form ant la corde de Tare decrit par le Joliba dans son cours du sud au nord lournanl a Test; dans eel intervalle , Caille nous indique un point de sa route ( Saraya par 10° 35' N. el 1 1" 36' O. P. a noire cstirae ) , 011 il avail le fleuve a une journ^e ( environ i5 milks ) au sud. Enlre Fessadougou , ou ilquillait le Juliba , jusqu'a Bammakou , point oil comiiienccnl les relcvenienls de Park el de Docliard , est un espace considerable encore inexplore , olTrant en ligne droile une lacune de i45 inilles geograpliiques dans une direction N. 1 5" K. Dans eel intervalle se placi' un ilin^raire de cinq joui- ( 79 ) nees deCoiiroussa aBour*^ on passant par : i . Cabarala, 2. Balatou, 3. Dhialiha , el 4- Bonn Boniiman, sla- lions successivcs loules riverainos du grand lleuve, vX qui s'echelonnenl de i5 en i5 milles( valour moyenne en ligne droite de la journee de marche d'un lioinme qui voyage a pied) ; a un quarl de journee au-dela de Boun-Boui'inian est le conduenl du Tankisso , sur la rive gauche duquel se trouve Boiu'e, a trois quarts de journee en remontant. D'un autre c6t6, arrive a Kankan (par io''4' N. et io"3i'0. P. h notre estime'l, Caille y aj>prit que de celte ville, situee pres duMilo, Irihulaire du Joliba , on se rendait en deux on trois jours alajonction de ces deux rivieres, et en quatreou cinq journees a celle du Tankisso. Ces indications pla- cent le premier confluent a 45 milles de Kankan, enlre Balaton el Dhialiba, probablement non loin de ce der- nier village; el le second confluent a 3o milles plus loin. Le village de Sansando est plac^ vers cet endroit sur la rive droite du Joliba , vis a- vis de Boure. U y a ensuite six h buil journees ( c'est-a-dire une cenlaine de milles) de Boure a Bamakou le long du (leuve. En combinant loutes ces donnees, on obtient, pour jalonner le cours du Joliba , deux points enlre Fes- sadougou et Bamakou, savoir ; le confluent du Milo vers lo" 48' N. et lo' 44' 0. ; puis le confluent du Tankisso , en face de Sansando, vers i i" 20' N et 10° 45' O. Mungo-Park en lyyGeten 1806, elDocbarden 18 nj, unt releve le cours du Niger au-dessous de Bama- kou, le dernier jusqu'au confluent de la riviere Frina seulement , I'autre jusqu'a Silla , terme de son pre- mier voyage. Quelques observations astronomiques ( 8<^ ) fie lalilude (i) servenl de point d'appui a la ligne pai- courue , savoir : Marrabou i a" 4"' 25" N. Konlikorro ih 5i 55 Yaiiiina i3 i5 7 Sami i3 1 7 33 La conslruclion de I'ilineraire de Park, assujellie a la fois a ces latitudes el ci une longitude de 1 1° 3 j' i5" (). P. , observoe au passage de la riviere Ba-Ouliraa (par 14° 2' 23" N) , determine la position de Baiiia- kou vers i2»45' IN. ot lo" i3' O. P. a I'extremite oc- cidenlale de sa route sur le Niger, et celle de Silla , a rextremit^ orientale . vers i3° Sa' N. et 7° 26' O. P. De ce point a celui de G^ny , ou Caill^ a repris le relevementducours du flcuve, il y a encore une lacune, inais elle est peu considerable ; Mungo-Park I'evalue a deux petites journees dans une direction est, ce qui Concorde tres bien avec los cinq journees oucsl indi- quees a Caill6 entre G6ny et Sego; or, la distance de Sego a Silla otfrant 5o mdles pour Irois journees , les deux journees de Silla a Geny doivenl etre compt6es pour 34 milles, et Geny place vers 1 3° 3 2' N. et 6" bi' O. P. Caille, qui avail rallie le Miger le 10 mars 1828, clanl reparli de G6ny Ireizo jours apr^s, navigua sur le fleuve pendant vingt-huit jours jusqu'au 19 avril qu'il atteignit Kabra , le port de Ton-Bukloue, et il a donne de cette route iin ilineraire d^taille qui otTre la portion la plus considerable, la plus int^ressanle , et la plus exacle que Ton poss^de du cours du Jollba. La coii- (1) Voir Examen el icclification ilcs positions aslronomiquctiicilt lUtetmiiiees in ytfrlfjiii', par .Mung((;pp. i8, i())(on- Hrme'e rccenunent sur plusieurs points tuudauientaux par I'assenli- ment de M. V.oolcy {Neyiolaiitl of llic Jiabs, in-8", i 8.( l ; p- 8<)). ■ ( 83 ) CliipperlonetdeLander. Cette dtrnioretachene pourra elre cntreprise avec fruit qu'aprfes v(^rification de qiiol- qiies unes des observations de Clapperton, qui avail determinE HHAOUS . nE BORNOU. DE GENV. Tembokto. Tenbokto. Tenljokto. Azzahin. Ghaou. Ghaou. Gaou. Kolomana. Koualla. Askeya. Dzanberma. Zaberma. Kabi. Kabi. Kabi. Yaouri. Yaouri, Yaouri. ( 86 ) Celle triple liste est extraite des documents ecrits en arabe paries Irois mo'allems. Dans son interrogatoire des deux premiers, Bowdich avail reru d'eux oralenient des indications analogues ainsi exposeesdans son texlo : «De Kabarra , le Quolla continuant a couler au siid- • est, passe par Lzzabin , Gougara , Koulmana, Gaou, • Tokogirri, Askea , Zabirma, Cabi , et arrive dans le »Yaoura. » Ln peu avant ce passage, Bowdich avait ecrit, sous la diclee des memos informateurs , que « deTomboctouallaoussa on comple vingl journ^es: » mais il ne se doula nullement que par ce nom de Hhaousa on lui ddssignait precis^raenl le pays de Vaourv. Cette derniere synonymic est imporlante h consta- ter; nous la trouvons expressement indi(ju6e dans un document arabe recueilli en 1820 , a Komasy, par le consul anglais Joseph Dupuis : c'est I'ilin^raire de Yaoury h Jerusalem du Ilhaggy Mohhammed ben Sa'yd el Marouy, qui d^signe son point de depart en cette forme : Beled Hhaousa Yaoury, c'est-a-dire Yaoury la wile de Hhaousa. Or on possede, dans I'ap- pendice des savanles Recherches de M. Walckenaer, un ilineraire envoye en 1819 a I'illush-e baron de Sacy par TNI. Delaporte p^re , a qui la geographie de I'Afri- que inlerieure est redevable de tant de curieux docu- ments; et cet itineraire, r^dige par Mohhammed fils d'Aly fils de Foul , conduit de Tripoli k Tomboclou , en passant par la ville de Ilaousa. L'int^rel de ce do- cument, si grand depuis que les voyageurs anglais, en visitant le pays de Hhaousa, ont fourni , pour le construire graphiquemcnt , des donn^es qui avaient manque jusqu'alors, cstcependant demeure inapcrcu ; et pourlant, k d^faut de Yaoury, on pouvaitdeja, en ( 87 ) 1825, trouver dans Sakkalou une synonymic plau- sible et susceptible do fournir une base de conslruc- tion. Peut-elre ineme sera t-on dispose a prc^lerer Sakkatou a \aoury pour reprc^senler IJhaousa , vu I'absence Intale de mention expresse d'aucune riviere dans I'ilineraira. Quoi qu'il en soit, cette route offre un total de 112 ^ 1 14 journ6es , dont 8G entre Tripoli et Hhaousa, et 26 a 28 entre Hhaousa et Ten-Boktoue ; mais i! y a lieu de remarquer, ainsi que I'a fait le docte 6di- teur, que, dans la premiere partie, figurenl deux especes de journees , savoir, celles qui precedent le territoire de Ghadames , et celles qui suivent; les premieres ne devant elre comptees que pour mollis des autres. On voit en elTet que I'itineraire actuol met 37 journees pour aller de Tripoli a Barkadj , qui est lui-meme a 3 jours au sud de Ghadames, tandis que Titindsraire du schcykh llhaggy Qasem ne donne que i3 journees de Tripoli a Ghadames. Laissant done de cote ces 37 journees, et ajoutant aux 49 journees restantes les 3 journt^es de Bar kadj h Ghadames, on aura 52 journees pour I'in- lervalle d'environ io4o milles entre Ghadames et Sakkatou , ce qui fait ressortir h 20 milles le t-uix moyen de la journ^e, et produit une mesure de 56o milles au maximum entre Sakkatou et Ten-Boktoue. En allant jusqu'a laoury , le taux de la journee ressortirait a 25 milles, ce qui donnerait 600 milles au maximum pour la distance de Yaoury a Ten- Boktoue. Quelque parti que Ton prenne sur le choix de Yaoury ou de Sakkatou pour representer le Hhaousa de I'itineraire , la route de Hhaousa a Ten-Boktoue ( 88 ) doit niicessairemenl cotoyer Ic Niger, et suivanl loule apparence , par sa rive gauche on seplenlrionale. En voici le r^suin(5 , en prenant pour unit6 la journ6e de douze heures. Depart de Haousa. joiitnrn. Bakermi (lies Touariks) ou Rasoukiioki ("des Negres). . . a Puits de Sarreifch (des Aiabe.s?)()u Wananan (des Toua- riks) ou Schakniri (des Negres) i Caouaz (des Touariks) ou Kiki (des Negres) '2 Corcirah (T) ou Canindi (N) i Caoucaou (T) ou Wanonki (N), la plus grande ville du nionde , ou Ton trouve toutes sortes' de hiens et de mar- cbandises (i) i El-Biikak (T) ou Counzi (N) i Afnou(T)ou Birziz/.i (N) 3/4 Borcon (T) ou Sarki (N) 3/4 Cest la derniere ville du prince dont le tilre est El- Mai. ( Nous Savons d'autre source que ce litre est celui du sullan deBoruou.) On traverse la foret El-Degaifeli, qui a une journee d'etendue. Tahaou , ville plus grande que le Caire 3 Zancouiah (T) ou Zantou (N) i Tirrin (T) ou Tirri (N) a Soudah (T) ou Soholoki (N) 2 Canikisrhi 4 Caoukisi 1/9. Zanonzouki ip Caschikiiki 3j4 Touson-Anki , ville ovi alionde la civette 12 Tombourtou, la plus grande des villes que Dieu ait nreees. 2 =■5 3/4 Quelques villes de cet ilin^raire se trouvent sans (1) Les nomsde Koriri el de Kouka se relrouvent, entre Zogho et Niki, dansl'ilineraire fourni a Dupuis par le musulman Ssoutno; c'est un hasard qui n'a pas d'autre signifiration. ( 89 ) doule au voisinage imin^diat du Nigfir^ mais pour les reconnaflre, ce n'osl point dans ce document lui- ineine qu'on peut decouvrir des indices suflisants. Du moins parmi tons les nonis qui y sonl enumer^s en esl-il un qui nous rappelle des souvenirs anterieuis : e'est celui de Kaoukaou , deja connu d'Ebn Batliou- thah. Analysons a son lour le r^cit de ce voyageur en ce qui concerne le grand fleuve , afin de verifier si la concordance est possible enlre sa ville de Kaoukaou el celle que Mohl)ammed fils d'Ali fils de Foul vienl de designer. M. W. Desborough Cooley , donl lous les Iravaux g^ographiques sont empreints d'une ciiliqui' ing^nieuse et tl'une sagacite Ires reniarqiiable, a con- sacr6 dims son rt^cenl ouvrage ( T/ie Negroland of tJie Arabs\ un cbapitre au voyage d'Afrique du celebre iMaure ; il nous suflit de renvoyer a ce travail pour tout ce qui pr^cfede I'arriv^e du voyageur h Ten-Bokloue. L5 , Ebn-Ballioulhah s'enibarqua dans uncanot, et descendit la riviere, s'arretantchaquesoir dansquelque village pour se procurer des provisions ; il visita une ville donl il a oublie le nom , et ensuile il arrlva a Kaoukaou, I'une des plus grandes , des plus belles et des plus fort-S villes de loute lu Nigritie; elle est sui- lesbords du Nyl, et abonde en riz, lait, volailles, pois- sons , et fruits excellents. Ebn-Balhoul.iah n'alla pas plus loin sur le fleuve; mais il avail dej^ dit plus haul que de Kaoukaou le Nyl descend \x Mouly , et de la a Yaoury. M. Cooley a consacre un chapilre enlier de son livre a la recherche des synonymies, ou plulot a la distinc- tion des homonymies de Kaoukaou, el ce chapilre est plein d'observations fines etcurieuses, auxquelles nous XV. AOUT. 2. 7 ( 90 ) nous faisons un phiisir de renvo}er. Nous nous bor- nerons a nolor ici cju'il reconnalt coinme nous I'iden- tile du Kaoukaou d'Ebn-Bathoulliah avec le Gago de L<5on AlVicain , situ(i a environ 4oo mlUes vers le sud- cstdeTen-Boklouo, et a 5oo niilles environ vers I'ouest de Gouber ( qui louche a Sakkalou ). La grandeel importanle ville de Kuku, situee sur le Niger , el dont les tribus environnantes redoulent beau- coup le pouvoir, figure aussi parmi les renseignenienls recueillisa Sierra-L^one, au commencement de iS-^i, par le major Laing , de la bouche du voyageur Moh- hamnied-el-Messry , qui d'hgyple 6lait vcnu par le Sennar , le Darfour, le ^^aday , le Bornou , el Kano, jusqu'i'i Noufy sur la rive gauclie du Kouara , et y avail enlendu parler de Yaoury el de Kuku. II s'elail ensuile rendu , par le Yarraba el Azzugo, a De- gumba , d'oii ilgagna Gourma , et de la en trois jours il vinl a Mousi, puis en quinze jours a Jenn6 ou G6ny, el enfm a Sierra-Leone. Oulre la simple mention de Yaoury el de Kuku, on voit que col ilineraire passe a Gourma, nomme par Amadi Falouma comme une des villcs riverainesdu Niger au-dessous de Ten-Bok- toue. Ce meme nom se retrouve avec des indications plus prt^ciscs et plus nombreuses dans Tilineraire du lar- iare AVargy, recueilli a Cape-Coasl-Caslle en 1822. Get homme s'etait d'abord en 1817 rendu de Tripoli, par Morzouk , Agades et Raschena, a Rano, d'oii il vinl a Yaoury (imprim6 par erreur Laooree dans sa rela- tion ); et de la il fil, du milieu de mars au commen- cement de mai 1828, un voyage a Ten-Boktoue, qui poul se resumcr ainsi : ( 9' ) Deparl de Yaoury. Gayah 3 jtuiis Fofran I Kararuana t Cumba, on iltraveisa le Quolla. . . . i Gourmah if> MouscV) lo Iiiil)oli lo l?;ililir Nyl , ([ii'il tiaversa. ...'... 5 Kabra 3 hemes Ten-Boktoiie ( on il sf'joiiriia cinf| semaines ). . 3 Ensuite il alia par Rondel Salgha a Komasi, et enfin a Cape-Coast-Castle , ou il arrivale i'''juin 1822, apres avoir mis cinq ans a parcourir I'inl^rieur del'Arrique. Son itineraiie de Yaoury a Ten Boktoue remonle d'a- hord la I'ive gauche du Kouara jusqu'a Cumba, ou il Iraversa le fleuve ; puis il le poursuit sur la rive droite on se dirigeant vers Gourmah , qui est bien le Gourma de Mohhammed-el-Messry et le Gouroumo d'Amadi Fatouma; et de la il va par Mousch, qui est le Mousi deMohbammed-el-Messry, jusqu'au voislnage de Ten- Boktoue , ou il traverse de nouveau le grand fleuve. L'bistoire de Takrour du sultan Mohliammed b-El- lah nomme pareillement dans une proximity im- mediate, d'une part le grand pays do Gourmah, de I'autre celui de Mouschy , habits par des nt!gres , et confinant vers le nord avec celui de Snnghay , peuple de Ssenhegah, d'Arabes et de Peuls (d'ou il faudrait conclure que le pays de Mouschy est peu eloigne du fleuve, limite commune des populations negresau sud, et des populations berberes el arabes au nord).Ouant h Imbouli, on pent pr^sumer que c'est la meme ville que Mohliammed el-lMasany place sous le nom dc Oon- bori dans le pays monlagneux sitae a 7 journees de 7- ( 9'^ ) Maynah el h une journ6e du lac Gebou ( Dluebou de Caille, Dibbie de Mungo-Park ) (i). Le infime infonnaleur, donnant a Clapperton quel- ques renseignemenis sur le cours du Kouarti dans la partie la mieiix connue des habitants de Sakkatou, lui dit qu'il coulait de Soukan h Kiyah , a Kabi, a Yaoury, a Boussa , a WuAva et a Noufy. Suivant toute appa- rence , Kivah est le inSme point que le Gayah de Wargy ; et Sookan est peul-etre une erreur d'impres- sion pour Foukan , qui serait alors idenlique au Fogan de Wargy. Or, il n'ost gu^re douteux que Fogan . a 4 journees de Yaoury d'apr^s Wargy, ne soil la nieme villc que celle de Fogo , qu'on dit a Lander etre situee ;i 3 journees N. i/4 N.-O de Yaoury sur la route de Ten-Boktoue. C'est aussi le meme lieu que Fugab , menlionne dans Tinterrogatoire que I'ancien tninislre porlugais d'Andrada fil snbir au Brdsil a I'es- clave Bernard, n^gre de Gouber, lequel fut pris comme il allait s'approvisionncr de sel gemme a Fu- gab, el men^ a Yauri, d'ou il fut conrUiit a la cote pour elre vendu. Enfin , ce point est encore In meme que Fouglio ou Fouglia , inscrit dans deux itin^ruires recueillis a Komasy parDupuis, I'un de la bouche de Mobhanimed-Kama'ty et d'Abou-Bokr-Touray , I'autrft de celle d'un hhaousan nalif de Kasvna , tous deux conduisiint de Komasy a Kasyna par Salgha. capitale deGbonja, par Ghoroma,capilale de Magho , par Fou- glia, et par Kaby. II n'y a gu6re d'inl^rSt -^ ajouter ici qu'Abou-Bekr- el-Ssiddyq ( le guide de I'inforlun^ Davidson ) avail (l) Gy-abou en mantling sif;nifie litteralemcnt pan fli'ljoidrc; Gy-bn pnuivnufliait l\ p.iii pniiiflp. (95 ) aussi fait le voyage de Sallaghah a Gumma en passant par Boiighyoury et Sansany Mango. Auciin compte de distances ni de journees n'accompagne I'indicalion de cette route. IMohhammed-el-Masiny a porle le long du Kouara . sur la carle remise par lui a Clapperlon, une s^riede stations dont voici la listc en partanl de Ten-Bok- loue : Ten-Boktoue Kabra'( sur la rive fj.Tuclie ). . 1/2 journee. Schygou ( rive gauche ) i Kasbi ( rive dioite ) 2 Sthaiif ( rive Jroite ) 3 Toundeby ( rive droile ) i Ghagrou ( rive droite ) 3 Bagra-Fougal (rive droite). . . . t Boury ( rive droile ) a Pour lier enlre eux les divers rcnseignemenls que nous venons de passer en revue, de maniere a en de- duire la succession des villes riveraines du Niger, il s'a- git dc determiner I'ordre relalif de celles qui ne se troiivent pas a la fois dansplusieursitineraires; el celte determination n'est guere possible pour quelques uns de ces documents, tels que le dernier, faule de re- p^res. Mais il en est aussi que Ion peut combiner fructueu- sement, tels que I'ilin^raire d'Amadi-Faloumah, ceux des mo'allems de llbaousa , de Bornou et de Geny, re- cueillis par Bowdicli et Ilutcbison, et en parlie celui du tartare Wargy. II faut pour cela determiner avant toulcs cboses la position muluelle de Gboroma et de Gbaou, qui se trouvent, dans les itineraires respectifs, places egalemenll'un et I'autre immediatement apr^s (94) Teii-Bokloiie. Or les renseignemenls cousign^s sur la petite ca /Ye du Soudan deDupuis conslatenl que Gho- roma est situ6 i 12 journoes de Ten-Bokloue el a trente de Yaoury , et en meme temps a i4 jt)iir- nees deGliiiou ; d'oii il suit ^videinmenl que Ghaou est necessaireiijcnt au-dessous de Gliuronia el a 2G jour- nees de Teii-IJokloue (i ). L'ilin6raire du mo'allenide llliaousanomme Azzebin enlre Ten-Bokloue el Ghaou. sans que nous ayons d'in dices sullisanls pour determiner .sa position a I'c^gard de Glioroma , el rien n'6lant plus variable que la valeur de la journee enlre des documents «^nianes de sources diverses , nous ignorons enlieremcnl comment les 1 3 journoes de Mohhannned-el-Masany se pouvent combi- ner avee les 1 2 ou avec les 26 journees ou meme avcc les 4'^ journees des informaleurs de Dupuis enlre Ten-Bok- loue et Glioroma, Ghaou ou ^ouary. II csl certain quesi Bouri n'etail autre chose qu'une lecture imjtarfaile de ^ aoury ( ce- qui r^sullerait de I'ouIjH d'un seul point diacrilique), ks journees de Mohhammed auraient une extension demesuree, etc'eslpourtantlapeut-eli ehue- ritable explication ; d'un autre cole cependanl, couunc celitineraire passe d^s la troisicme journee sur la rive droite du fleuve , et devrail menliouner d^s lors Glio- roma, s'il s"6tendail au-clela de cetle grande \ille , on pourrait supposer que les i5 journees qu'il donne se doivent ^chelonner ;ui - dessus de Glioroma : conjec- (1' l..e ix'fjrc Mnlliicii, iiildrogr |)Hi M. d Andriiila ;ui Krcsil, cl liii noiiimant (I'esl on oiw'Sl les pays (|ii'il (•oiinais>ait , ('•miinere aiiisi Kariol) , Cascheiiah, T/,n/,(>l (Zp{>ze{j\ Zntnfara ,Ga!bcrt , Cabi , Kiili;ni il (liii iiiikMi'. F-jiliau r>l |)nj|>;il)l(iii('ii! la |ironr)iuialiiin iia^.ilr de (;liar>ii f II (III, KIM U fl (Jill iiiiiric III' |H'itl ilif." r|iir (Jhorniiia (95 ) . lure tellemenl incertaine que nous nous bornei'ons a I'enoncer, sans lui chercher d'aulre application. Ghoroma est le repent comniun des ilin^raires d'A- madi-Fatouma el de Wargy; on peul encore recon- nailre la correspondanre muluelle de Gourmon du premier avec Raramana du second, et par suite avee Kolomana du mo'allem de Bornou el avec Koualla ilu mo'allem de Geny ; mais il demeure incerlain de savoir comment se combinent les positions inlermediaires. Quoi qu'il en soil, nous pouvons du moins metlre en parallele ces divers documents duns le tableau sui- vant. AMADI FATOIMA. Wargy. LE-j mo'allems DE KOMASY. Ten-Boktoue. Ten-Boktoue. Ten-Boktoue. Kabra. Kabra. A/.zabin. Gouiouino. Gourmah. Gatoijege. KaFfo. Ghaou. Carmnsse. Cutiiba. Gourmon. Karamana. Kolomana, Koualla. Fogan (on Fongali). Askeya. Gayah (on Kyah). Zaberma (l). Kabi. Yaouiy. Yaoury. Yaoury. Les geographes ont bien des fois remarque avec sur- prise combien de noms de lieux de i'Afrique inttirieurc sur lesquels il n'a et6 oblenu do renseignements qu'a une 6poque assez recente , figuraient deja sur les cartes du cel^bre Guillaume de I'lsle. Dans ce cas se Irouve celui de Cormacliy, dans lequel il est facile (l) Zaiierma se Irouve indiquc, sur la rive ;;aucli(' ou orieiitale pIi Kouara, dans la carte flu sultan Bcllo lappnrlet' jiar C.lapnerlon. (y6 ) rle rcconnaitre le Carmasse d'Amadi -Fatouma. (le nom se Irouve encadre dans une s^rie d'indica- tions constituant iin grand itineraire qui pail du Tripoli et se rend par Agd^s a Canou, d'ou il se pro- longe a I'est par Noufj jusqu'a Courourfa, et a I'ouest par Zaczac , Cachina , Caby, ^ aoury , Bousa .Botitgou, Gingiro , C.ormachy, Quiqua, CoUega , Coiimava , Cohfafa, et T^loiic, jusqu'a Gainha et Goaffy dans le royaume du Gonge. Celle grande ligne est tracee un peu confus^ment sur la carte de 1722, grav^e pour I'u- sagc de Louis XV; mais elle est dessinee Ir^s claire- menl en minute parmi les nianuscrits de De i'lsle conserves au D^pot de la marine, avecdes chifTrcs de distances en journees, qui malheureusement n'ofTrent que des indications peu sures ; en voici , dans lous les cas, le releve depuis Canou. Canou Znczac 4 Cacbina 3 t^aby 4 Passage crime riviere. Yaoiiry 8 Passafje du Nyl. Bousa 8 Rourgou 6 Gin{5iro (i) ' . . . 8 Cormachy sur la rive gauche flu INil » Quii|ua 4 CoMeya ■>. Coumaya j. Caffaba . . 2 , on 4 •. <>" 2 -|- 4 ^ f>u '^4 Teloue 3 Gaiiiba 4 (1) Ce Doin, qu'on pent etre surpris de Ironver ici sous cotte (ornie. '■orrcspond saus floiile au Sandern de Lander, a 3 jours de Niky; i'< ( 97 ) II suHit de comjjarer ces chiflVes aux distances connues pour eire convaincu qu'ils sont toul-a-fait arbitraires ; niais I'enseignement que Ton peul lirer de ce docu- ment, c"ost la position relative, a I'^gard de Cormachy ou Carmasse , des villes de Quiqua et de Collega, qui paraissenl representor, I'une Kaoukuou (i) , I'autre le Kallaghi de Bowdich. Les vagues indications que nous avons jusqu'ici re- cueiilies ne nous donnent point encore de lunii^re sur la courbe generale que decrit le iNiger entre Ten-Bok- loue et Yaoury ; nous savons seulement que depuis Fougah il coule a peu pr6s du N.-N. O. auS.-S.-E., et que Fougali est vers TE.-S.-E. de 'Jen-Bokloue. Quel- ques renseignements itin^raires recueiilis par Bow- dich et Dupuis peuvent servir a nous donner avec une approximation grossi^re la position de Ghoroma et celle de Ghaou. Bowdich a trace, snr sa grande carte de 1820, un double itineraire de 24 journees de Romasy a Yandy , et un itineraire de 25 journees de Yandy a Gou- rouraa. II a en meme temps donne une route de 28 journees de Daboya a Gourouma par Yngwa etFoby; et corame il a marqu^ Daboya a 19 journees de Ko- masy , il compte en definitive, deKomasy a Gourouma, A7 journees par Daboya et 49 journees par Yandy : moyenne, 48 journees. Or il lvalue ses journees au taux de 10 milles geographiques en ligne droite en sous cette aulic loime il ofFic encore une sinfjnlieie rrsscmhhnice avec le Zendeio ou Zendjero voisin de TAbyssinic. (1) Peut-etre d'aulres aimeront-ils itiieux y rctrouvcr le Kin{;ka dc l.ander, a 3 ioinn<'('sO. de Niky. V 98 ) pays bolse , el 12 inilles en pays decouverl; uno moyenne de 1 1 milles donnerait un total de SaS millos pour la distance gen^rale de Komasy a Gourouma ; prenons en nomhre rond 5oo milles. D'un autre cote, Dupuis, qui compte 18 jour- n6es seuleni'^nt de Tandy a Ghoroma , au lieu dos v5 journees de Bowdich, ce qui suppose le taux de SOS journees a i5 milles, marque 12 journdos de Ten- Bokloue a (ilioroma, c'est-a-dire 180 milles pour cette dernidre distance. Romasy; (itant par 6" 55' N. el 4''3i' 0. de Paris, la ligne de 5oo milles tiree de ce point a la rencontre de celle de 180 milles tiree do Ten-Boktoue , ira por- ter approximativement Ghoroma vers i4" 4^' N- el 2»4o' O. (1). Dupuis, qui compte de raomc 7 journdes entre Komasy et Abom6 pour une distance de 255 milles, c'est-a-dlre encore i5 milles par journ^e , met Gho- roma a 33 journees d'Abome par Yandy , el a 3i jour- nees par Zogho : moyenne , 39 journees ou 4^0 milles , qui mesurenl en effct la distance comprise entre la position d'Abome par 7° 4' N. et 0" 1 G' 0., et celle que nous avons toul-a-l'heure indiqud*^ pour GhoromJi. Enfin , Dnpuis compte .G journees d'Abome a Zogho et 17 journees ( le chiffre 27 parait une (1) Cette position se ti-onvera poiil-etre bien cloignce de \aoiiry ponr les l6 journees de Wargy , qui conn)te ensuite 25 journees jus- riu'aTen-Boktouc; iiinis il Faut remarquer que cette derniere route fait an Slid un tres prand eouini/s, c'esl- a dire des Afghans , melange Evident d'Arabes et de noirs Indiens. Par Sarrasins , on doit done entendre des Arabes en tous lieux,dans le lexte de Plan de Carpin. Nous montrerons un jour que leur influence s'est meme elendue dans toule la Siberie , oii les litres de kohan , kakan , kielifa , avaient ele apportes par eux, et sont aussi frequemment employes dans les livres (i) La note doiit il s';i,nit ici est iinpiimre iImiis le cahicr flavril 184 1 (III nmiveau Journal asiatiijuc, Ionic XI, |). .!<)() — * A. XVI. AOUT. 3. 8 ( loli ) chinois que dans nos livres anciens sur les Hel)rt'ux, t'l dans nos journaux acluels sur I'Alg^rie. Les kielifa de la Sib^rie sonl en elTet des vicaiies, (les lieutenants des kohnns on knk'uis des hordes diverses , el ces noms seuls inonlreraienl la liaule influence des Arabcs jusque sur ks rives de I'Amour, ft plus au N.-E. encore. (Nous siipjii iiiioiis cijiiiinc toul-a-(':iil imitilo le parafjraphe laii- ilalifpar lei|iirl I'aiiicur ili> ces observations tcrniiim son <'cril. — *A. } INOTK sill' les Ohscn'dtidiis ijiii precedent . Li'S ohservalioiis (ju'on vienl de lire sonl omprcinles ;'i la lois d'une erudition loule speciale el d'une par- iaile convenance de forme ; mais elles ne nous\)nlpas semble Irancher d'une nianicre irrevocable les ques- tions auxquelles elles s'appliquenl. Nous nous crovons aulorise a persisler dans nos delorminalions anterieu- les sur cliacun des' points qu'elles onl touches, et nous nous faisons un devoir d'cn dc^duire les motifs. Elles sonl divis6es en six paragraphes que nous exa- minerons dans leur ordre successlf. I. D'apr^s I'auleur des observations qui precedent, le pays de Tenduc oil i\larco-Polo, a la fin du xin* si^cle, placail lo Prelre-Joan, doit elre cherche sur la rive gauche ou seplcnlrionale du grand fleuve Amour; car on lrou\(! (Ml pays de Teiig-tnu-koue inscril a cetle place dans cerlaines cartes cliirioisos el japonaises, au ( 107 ) milieu dcs Lhy-goey ou peuples a lenles de cuir; et parnii ceux ci figure une Iribu tie Huang-teou ou Ifiles-rousses , qui rappelle les Hyperbor6ens de la geo- graphic grecque , adorateurs d'un ApoUon dont le mylhe a pu elre mfile aux traditions relatives au Pretre-Jean. Tel est le faisceau d'arguments enonc^s pour mon- Irer que le pays de Tenduc de Marc Polo, que nous avons place dans Touest de la Chine (i), c'est-a-dire en-deca pour le \oyageur arrivanl d'Europe , doit elre transporle loin de la au nurd- est, c'esl-h dire au'dela du Celeste Empire. Nous ne croyons pas n^cessaire de reprendre en detail chacun de ces arguments pour les soumelire a une discussion rigoureuse. Nous n'examinerons done 1 as si les antiques traditions grecques sur I'Apollon iiyperboreen ont pu se meler, a travers tant de sit!cles, a I'histoire dun grand conqu^rant asiatique dumoyen age. Nous ne rechercherons pas si la route que Pau- sanias (plus explicite en ce point qu'Herodole) fait suivre aux offrandes envoy^es par les Hyperboreens au temple de Delos , est susceptible d'une interpreta- tion geographique au moyen de laquelle, en remon- tant a travers les Scythes, les Indous , el les Arirnaspes, jusqu'aux Hyperboreens, nous n'atleindrions ces der- niers qu'en des parages si eloignes du cercle de toutes les notions, meme les plus vagues , qu'ait eues I'an- liquiU; sur la lerre habitable. Nous ne chicanerons pas sur I'acceplion reelle du nom de Hoaiig - teoii , que peul elre il faudrait traduire litteralement par tetes- jaunos; et il nous parail superflu de discuter si ce nom (1 Voir |)a{;e 66 He la Notice sur les voy,i{;es de Tailarir. 8. ( 108 ) a line \aleur eljmologiquc autreraenl significative que ct-lui ties Qczyl-bdxch ou loles-iouges , en opposition aux Qaici qalpdq ou bonnets-noirs, et autres denomi- iialions analogues , IVetiuenlcs clans la haute Asie. Ce donl il nous parait exclusivemenl important tie tenir conipte,c'esl la double question chronologique etgeo- grapliique de reniplacemcut occupe par los elats du Pretre Jean au lemps de Marc Polo, puisque le pajsln- connu de Tenduc 6lait precisement le siege de ce pe- lt ntat. ^ous avons scrupuleusenient rapporle dans notre travail lous les tenioignages conleinporains , depuis Othon de Freisingen et Alberic de Troisfonlaines jiisqu'a Oderic et Mandeville , qui nous onl revele I'exislence du Prelre-Jean d'Asie ; et nous avons con- state que sa premiere apparition dans Thisloire , au commencement du xn' siecle , le place dans le Qara- Khitliay , land is que les derni^res indications relatives ilia situation de ses trials, vers le milieu du xiv'' sifecle , scmblent designer le Tibet. C'esl d'apres la conside- ration de ce point de d^parl el de ce point d'arrivee que, cberchanl a determiner la position moyeime des domaines du Pretre-Jean de I'Jnde , nous avons ob- tcnu, coinme rcsidtat gvossiereiiient nppvoxiinatif , 1 in- dication du Tankqout, sauf la reserve suivanlc : « iNous «ne pretendons point circonscrire dans une localito » conslamment iilenlique le siege du Prelre-Jean in- » (lien , mais seulement indiquer la region tlans la- "(pielle il nous stinble avoir eu diverses residences Bsuccessives depuis la Ouvghourie jusqu'au libel. » Comme nous n'avions pas a discuter spi''cialemenl le temoignage de iMarc Polo , il nous avail paru sulli- sanl , en repudianl les determinations de Marsden et dc Forsler relalivcmenl au Tenduc , dc designer en ( if^9 ) gros remplaccmenl mojen qn'il ncnis scmljlait plaii- sil)le d'assigner au xiu'sitclo a la residence du Prelre- Jean. Presse aiijourd'hui , par iine contradiction di- recte , d'etre plus explicile sur ce point, nous n'avons qij'a rappeler ce que dit Marc Polo lui-meme sur la position relative des pays qu'il decrit Apres avoir de- clare que Tangul est le nom general (i) d'un grand pays contenant plusieurs provinces , il consacre un chapitre a la cite de Canpicion , qui en est la capitale , et ou il demeura , aussi bien que son pere et son oncle, une ann^e entiere ; puis il reprend , dans un chapitre ullerieur, la description du Tangut, el in- dique successivement la province d'Erginul , a cinq journees an levant de Canpiciu , celle d'Egrigaia a huit journees an levant d'Erginul, et immediatenient apr^s, le pays et la cil6 de Tenduc, ou Ion a , an levi.iit , le Catai. Le Tenduc etait done situ6 enlre le Tankqoula I'ouest , et le Rliathay a Test : il faut done se gardcr de I'identifier avec le Teng-ton-koite des Lords de TAmour. Nous avons feuillete , a la Bibiiotheque du Pioi , les notes pr^parees par Klaproth pour le commentaire qu'il medilait el donl il avail fail agr^er a la Sociele de geographie la publication ; niais nous avons cu 1(! regret de n'y rien trouver a ce sujet : c'elail un des points qu'il gardail in petto pour les ollrir dans loule leur nouveaute au monde savant. S'il n'est pas trop liardi de noire part de proposer une solution a ce grand probleme du Tenduc, que (i) " La giant pioveiice jeneraus... eslapjx'lldL'Taiigiil." Ces niols nous oFfrent une nouvelle preuve ((ue la relation ori[;inale a ete redi- gci' on fr.ini ais. Nous y rcviendrons a la Hn ile cettf Note, ( 110 ' I'inallenlion des C()ininent;ilt>uis nous parait srule avoir laiss«^ douteiix jiisqu'^ Cf jour, nous ferons sim- plemenl observer que He Canjjiciu , c'esl-a-cWve Knii- tcheott, cnpitale du Tankqout, cinq journt^es a Test jus- qu';'i Krginul, ol Imit journ^es encore a I'esl jusqu'a Egrigaia , nnus oHVimiI aiiisi iin comple (le tn jour- nees vers I'est pour arriver a une itK^cIiocre distance du Tenduc ; tandis qu'en parlanl du Tenduc, sepl joiirn(''es a Test vers le Calai pour arriver a Sindaciu, puis Irois journees encore jusqu'h Cianganor , el ciilin Irois autrcs journ^es entre Irainonlane et grec (o'esl-a- dire au nord-nord-esi) pour arriver a Ciandu, genera- lement reconnu pour elre Cliait^-tou . nous olTrcnl un nouveau comple de i5journ6es, donl sepl appar- liennenl a Tenduc. Enln- ccs ileux Iraclions de loutti de 1 3 journdes chacune , il exisle une pelite lacune poui' la distance d'Egrigaia a Tenduc, c'esl-a-dire poiu' le cheniin a faire dans la province d'Egrigaia jusqu'a la Ironliere de Tenduc : lincerlitude, quant a la situatidn precise du Tenduc de Marc Polo, esl done renfermee dans K s liuiites d'appr^cialion de cette distance; supposons quatre jonrniies : il mi n^- sultera de Kan-lchcou a Chang-tou un comple total de trenle journees, donl vingl dirigees a Test de Kan- tcheou, el dix lir6es au siid-ouest de Clianglou, dcler- inineront a peu pres le centre du pa\s de Tenduc. Comme il s'agit de journees de cheval , il convicnt de les6valuermoyenneinenla 2.') millesen ligne droilc , ce quiproduira 5oo miiiesd'une part, el 25o luilles del au- tre ; on peut en conclure avcc queique assurance que le meridien do i lo'' E. ile Paris lraver.«e le pa\s de Tenduc, el que le parallele du 40° N. , s'il iie le tra- verse aussi, est au inoins dausun voisinaye imniedial; ( 111 ^ carle Tentltic t st sui' la ligne He Kiui-lcliPoii a (Ihnnjj; lou, liraril im peu an sod. Celle (onoliisioii est si siin- l>lc, (lediiile He premisses si nt-llcinenl posees par li' voyagenr kii-menie , que si quelque chose doit nous etonner en cette question , c'esl qu'elle ait paru tlolti-r dans une incertitude assi'z grande |)onr auloriser Fors- ter s placer le Tenduc dans Touest de Hauii , el Mais den , ainsi que I'auleur des obsirvalions ci - dessus , a Taller chercher sur les bords de I'Amour ou de ses affluents. II. Dans le recit que fait Carpin des expeditions succes- sives deTouluy-khancontre lesSarrasins do I'lnde mi- neure, contre les chr^liens de I'lnde majeure sujets du Prelre-Jean, ct contre les paiens du Boury-Tibet , on voit figurer enlre ces deux dernieres contrees un desert oil les Mongols rencontrferont un |)eupl(} com- pose de femmes et de chiens ; et nous avons essaM- d'^lablir que , sans clierclier dans de tels contcs l:i trace des 6v6nements liistoriques , on leur doit pour- tant quelque attention, en ce qu'ils consistent des croyances tradilionnelles ayanl cours chez le peuplc qui les raconle ; etpour monlrir que ce n'elait point Ji'i une invention de Carpin ou de ses informateurs , nous avons rappele la cilation d'un conte sembl;ib!c dans la relation armenienne du roi Heloum aussi bii m que dans I'Encyclopedie cliinoise (i). Notre critique enonce que la carte sinico japonaise deja alleguee pour le Tenduc place le pays des chiens au nord est du l^i'iii^-loii-knuc , vers le Kamsciialka. II (i) Voir p. i-jH (le I.I Notii-c. I "2 ) serai I pcul-elre pcrinis d'all^guer que cello carle iie doil pas avoir pour nous, au siijel de Keon-koiie ou pays deschiens, plus d'aulorlle qu'au sujol du T( n- duc. Mais il nous suflil de roppeler ici que nous n'a- vons aucunement fail accoplion de remplacement va- riable de ce pays falndoux; nous avons uniqueuienl vouiu conslalcr rexislcnce , chez les Tarlares, de la tradition rapport^e par Carpin , el nousn'avons rien a uioilifier , CO nousscinblo , ace que nous avons 6crila ce sujel. Chercher la liaison , que dls-je ? I'idonlil^des chiens cuirasses de gla^ons doul parle Carpin , ;.veo les four- mis d'H6rodole, moins grandos que des chions mais plus grosses que dos ronards , qui fouissaienl les sal)ies aurif^resdu deserl voisin de la Baclriane afm d'y Irou- ver un refuge centre I'ardenle chaleur d'un 616 bru- lanl, c'oill 6te deplacer la queslion et ne lenir coinple ni des temps , ni des lieux, ni des circonstancos. HI. El si n^rodole parlo inimrtdialoment (avanl el non apres) des Pad^ens de I'lndo mangoanl leurs pareiils vicuxou malados, aussi bien que les Iss^dons, comme on dit a Carpin que faisaienl de son lemps les pouplos du Tibel (i), nous en pourions lirer la consequence que les fourmis d'llerodole avaienl pour babilation la region sablonntuse cojnprise enlre la Baclriane et des Indiens pasleurs pialiquant , au v^ sieclo avanl J6sus- Cbrist , uno coulume pareille a cello des Tib(il;nns du xiii'' sieclo de noire ere ; mais non que les chiens fa- i)ul('ux rencontres par Touluy sur la route du Qaia- (i) V;iii- |). ifi8 (Ic hi Miilirr Klillhay au Boury - Tibet, a inille milles des Padecns et tie iaBaclriano, puissent avoir rien decuminun avec les I'ourniis de I'lnde ou avec les grifl'ons de la Scylhie. IV. Dans sa dernifere expedition mililaire , telle que la n;conle Carpin , Tchenkiz - khan aurail marclie a rorieiU contre les Keri^is et les Ccispie/is , a travers un pays peuple de troglodytes. Nous avons induit des circonslances chroiiologiques et g^ographiques a la fois , qu'il s'agit en realite de quelque expedition a I'occident contre les Tcherkt^s et dans le Caucase(i). Mais il nous est objects que I'indication des troglo- dytes ne peut convenir qu'aux peuplos voisins du Kanischatka , et que , d'apr^s les livres chinois , il existe dans toute la Siberie des Kiekiasse (qui sont des Qyrqyz plulot que des Circas^siens) : cette objection, nous nous I'etions posee nous meme , et nous avons dit pourquoi nous ne nous y scmimes point arrets. L'his- toire afiirme que la derni6re expt^dilion de Tchenkiz- khan, fut vers I'occident jusqu'a Bokhara , pendant que ses gen^raux forcaient les defiles du Caucase ; nous avons cru devoir prt^ferer ce lemoignage a de vaines et arbitraires conjectures. V. Nous avons reconnu dans les Borassytes de la Perniie denommes par les geographcs arabes, les Pa- rossites de Carpin et de Benoit de Pologne (2). Ce dernier leur donne une bouche si petite qu'ils ne peu- (1) Voir p. ifi() de la Notice. {■>.) Voir |i. ()(i (|c la Notice. ( "4 ) venlrien maclu!r , et se nourrisseiil de liquides ou cle vapours de viandes el de legumes, lldrodole rapporle que les peuples de I'Araxe possfedenl un aibre donl le IVuil jele dans le feu produil une fumee enivranle qui leur cause des transports de gaietd, Des analogies si loinlaines pourraient-elles faire oublier la distance ('■nornie des temps et des lieux ? Vl. Eniin , en donnanl les abornements de la Tartaric , Carpin indique au sud la terra des Sarrasins, et nous avons essay6 de inontrer que par Sarrnsi/is on ne pouvait designer ici de veritables Arabes (i) , pas plus qu'il ne I'avait fait en parlant des Sarrasins au sud de Turkestan , icsqueis n'^taient autres que des Persans el des Turks , ou encore des Indiens , mais appeles specialemenl alors Sarrasi/isnoirs. Cependanl on nous assure que parlout ou Carpin a nomme des Sarrasins, il a voulu parler de veritables Arabes; que ses Sarrasins noirs sont des Afgbans , race a/«^e melee de noirs indiens, el que deux passages, Vun ill- Bacoui , I'autre d'Aini (ou plutol d'Ebn Ko- laiba), d^monlrentrexistence des Arabes dans ITnde , la Cbine et le Tibet. Certes , si dans les populations persanes souraises a des dynasties lurkcson veut voir de v(!;ritables Arabes; si dans les j)opulations indiennes , el rneuie dans les Alghans, donl la langue parait apparlenir a la famille indo-gerrnanique , el quiavaient egalemenl des domi- naleurs lurks avanl la conquete mongole , on veut en- core voir des Arabes; nous n'aurons point a nous elon- (i) Voii |), I •>() (.!(• la .Voilie. ( m5 ) net(jiron veiiille aussi declarer iirubcs les popiilalions ltuk()-ltilj(^taines rill Taiikqonl , sur le molif'qut' Ic Ba- (|on) mi'iilionne pros de la (Uiino iiii pays A'VA Qalyb (lont If'shabilants sontpaiens et parlenl riirHbe aiicien; ou parre que Ebn-Kotaj bah assure que le second toba' (111 Yemin , Zeyd ben 'Amrou, avanl baltu les Turks dans I'Adzcrbavfijan , poussa sa marcbe juscjii';! I'lnde, la (Uiine el le Tibet, et y laissa des colonies de soldals. Lors nieme que des colonies de soldals arabes ati- raient 6le laissees en Ciiine par un loba' du Y^nnen ; lors nieme que des paiens voisins de la CJiine auraient parle 1 ■ ; be homayryle au temps de Baqouy, riousne regarderions pas davantage comme arabes Ics jiopula- tions qui , du temps de Carpin , occupaienl les pays au sud de la Tartaric ; ces pays avaienl conslamment ap- partenu a la race turke, et spt^cialeinent aux Ouygbours, sauf la domination des Tang-biang tubetains, aux- (juels le pays diit son nom de Tank(]oul , suivant la re- marcpie de Klaprolb, qui de long temps encore, nous le pensons , ne cessera d etre en ces malieres la phis grave aulorile europeenne. Des colonies de sol - dais arabes n'auraient point sulFi pour faire considerer comnie arabes des nations dont ils n'auraient forme ni ie corps ni la tete. Mais ntjus ne croyons meme pas a ces colonies de soldals arabes en Chine; le pass.ige invoque d'Ebn- Kotaybah nuus parail d^montrer par sa texture meme que le nom de la Chine {>-^'a-j-/i) ne s'y Irouve que par une erreur de transcription ou de lecture , el qu'il iaut I'entendre ainsi : « [I marciia alors vers Hind el uSind (le j)ays de I'lndus) , et parvinl jusqu'aii Tubet , » ou il laissa quanlite de guerriers soldes , dont les des- Bcendanls existent encore aujourd'hui " (vers H5o de ( "6 ) iiolre i'to). II serait dt^raisonable do le (aire parvenir (III Hind au Tubet a Iravers la Chine : la chose est toule nalurelleau conlraire par le Sind, et nous n'avons ainsi a le suivre que jusqu'aux fronlieres les plus occiden- lales du Tuhot, vers Ladak ; ce qui est d6ja bien dilli- cile a croire d'un monarqne yemenyle, que I'empire des ^assanldes s^parail de probi^maliqucs Turks de I'A- dzerbaygjan aussi bien que des Indo-Scylhes de I'lnde el du Sinde. Et si le passage allegue du Baqouy n'esl pas uniquc- ment fondti sur la tradition du memc fait; si Ton pent st! fier le moins dumonde adesindicalions historiques encadr^es enlre la mention d'une horloge fabriqu^e a Constanlinople par Plino , et celle des Ainazones d'une Jle de la mer Allanlique; si les QaJybs du Baqouy ne sont pasune transformation arabesque des Khalibes de la g6ograpbie grecque, identiqucs aux Raldeens; alors la seule exj)lication que nousdonneronsde ce passage, c'est qu'il s'agit des Nestoriens parlant et <^crivant le syriaque, langue de leurs livres saints et de leurs li- turgies. Mais dans la relation de Carpin , qui nous dil (jue les peuplcs du Turkestan suivenl la loi des Sarrasins, comme il ne peut elre question de la loi politique , mais sculemenl de la loi religieuse , il demeure hors de doute , a nos yeux du moins, que par sarrasins il enlend mahometans; et nous Irouvons en eflel, dans riiistoire reelle et conlemporaine, des maliomtUans parlout ou Carpin signale des Sarrasins ; Marc Polo menie les appe He .vrt/r/r///^ , lout coinnie Carpin, ainsi (jiio nousl'avons consign^ on note dans noire travail ; ol il les distingue oxpressemeut des ydres (idolalres) ( "7 ) el dcs CI istienz nestoiins. Nous croyons superflu fl'in- sister davanloge sur ce point. Au surplus nous ne pensons pas que les litres de kluin , de /i/utqd/i , de rjadn, apparliennent en aucune mani^re c» la langue arabe, comnie celui de khalyfah; la diffusion de celui-ci en Asie peul elre adinise sans didiculte comnie un resultal de I'influence musulmane, sans qu'il en faille concUue que ce soient des Arabcs qui I'aienl ainsi repandu. POST StRIPTUM. Vn mot sur la langue en loquelle a ete ccritc la relatioi, originale de Marc Polo. Les observations que nous venons d'exaniiner nous ayanl fait relire certains passages de Marc Polo, nous avons eu occasion de reraarquer encore , dans les re- dactions italiennes et latlnes , quelques unes de ces bourdes grossieres qui accusent des Equivoques dont 11 n'y a d'explication possible qu'en y reconnaissantl'oeu- vre de translateurs inhabiles traduisant un lexte fran- cais : argument deja invoquEpar Baldelli , et qui devait frapper tout liomme sclivrant a un examen comparalif des redactions diverses de celte fameuse relation. Apres le cbapitre consacre au Tangul en general, el avanl celui qui a pour objel d'en d^crire la capitale, viennenl trois cbapilres Irailant suicessivement des provinces de Camul , de Ginchinlalas et de Suctang , et dans celui-ci se trouve cette pbrase : « El la grant aprovence jeneraus ou ceste provence ( Juctang) est Melceste deux (('.aniul el Ginciiintalas) que je vos ai » cont^s en arrieres , est appelles Tangul » . La version de Hamusio traduit Ires bien : o Et la gran provincia ( iiH J agcncralo nella qual se contiene questa provincia el )) allre due |)rovincie subsequenli , sichiamaTangulh.» Mais Ramiisio a declar*^ lui-m6mequ'ildonnailun lexle corrige , landis c|ue le celfebre inanuscrit de la Criisca public par JJaldelli, el Je manucril de Pucci donl il a nol(^ les varianles, porlent: « Ella e grande provincia, ') ha nome Jeneraus, »elc. , conslalant ainsi ((ue le Ira- ducteur italien de 1009 a pris radjeclif fran^aisyW/e- raits (generalis) pour un nom propre de province : comma il avail ])ris radverbeyrt/Z/^y pour un nom pro- pre de roi. Ine m^prise toul aussi curieuse, et a laquelle n'a echappe, que nous sachions, aucun des traducleurs anciens ou niotlornes de Marc Polo, se Irouve com- mise et r6p6lee nombre de fois dans tout le ri^cil de la guerre du Pretre-Jehan contra un rois qe fa appeles le roi (V Or. Marsden a reconnu avec justesse que celte denomination devail elre la traduction du nom clii- nois de la dynastie de Kin ou Altoun des Mongols , puisque ces motssignifienl appellativementOr en fran- gais. Mais il est evident que si un redacleur francais a pu el du ecrire que le monarque Kin 6lait appele Ic roi cTOr, il devenait absurde de traduire en ilalien un re chininatn Dor , ou en latin unus rex qui fuit I'ocafus rex Dor. fividcmmenl les traducleurs prcnaienl I'appella- tion genitive francaise <^/YVpour un nom propre. Au surplus, a tous les motifs ant^rieurement donnas parBaldelli, par M. Pauiin Paris, et par nous-m^me, pour d^montrer que la redaction originale de la rela- tion de Marc Polo etait 6crite en francais, nous pouvons ajouter Tautoril^ d'lm t^moignage formel , que nous avons d^ja communique a la Society de geo- graphic , ft que nous sommes 6lonne do n'avoir point trouve doja allrgue par nos dcvanciors. ( "9 ) Mais, chose plus surprenante encore, ce lemoi- gnage a ete connu c!u savant abbe Lebeiil', el cite pai- kii dans ses Dissertations sur I'llisloire ecclesiaslique ct civile de Paris (i), sans fju'il en alt devine Timpor- iance , sans qu'il paiaisse meme s'elre doutt^ qn'il s'ap- pliquAt a rilliistie Venitien; il dit tout simplement : « UnnomiTK^ Marc, qui avail ^16 envoye en Tartaric et » aux Indes , fit en francais un livre des merveilles de »ce pays la , que Jean d'Ypres , en sa chroniqiie, dit » qu'il possedait. » Or, ce nomine Marc, c'elait Marc Polo lui-menie;et Jean d'Ypres le disait , non dans une mention obs- cure , perdue au milieu de matieres etranp;eres a cellesqui pouvaient eveiller Tallention du lecleur sur cette declaration si remarquable : loin de \'\ , le cliro- niqueur consacre espressement on chapitre a tiaiter De legdtis Tartavurnm nd Pajxuii missis; et la il dit lout au long : « Munlii qui venerunt eranl duo cives » Venetiarum , nomine doiniuus iNicolaus Pauli , el » f rater ejus dominus Madeus Pauli, i>etc. Puis il ra- conte leur retour en Orient, el ajoule : « Dominusque »Nicolaus Pauli (ilium suum, viginti vel circiler an- » norum , juvenem aptum vald^, , nomine Marcum n Pauli, secum adduxil ad Tartaros ». Ensuite vient I'histoire de leur ambassade, el ce recit esl termini par le passage que voici : II Marcus Pauli cinn Imperalore retentus, ab eo miles "elFectus, sed et cum eo mansit spatio viginti-septem » annorum ; quem Cbaam , propter suam habilitatem • in suis negotiis, ad diversas Indiae et Tarlaria; |)arles net insulas misil, ubi illarum partium inulla mirabilia (l) 2 vol. ill- I •?. Paris, \']\t ; (nine II , |). i 77 , iiule «. ( ''-^'> ) »M(lil, de quibus posloa liUriim in viilgnti snllico » coinposiiit, qiiem librum inirabilium cum pliiribus Dsiiuilibus penes nos liabenius. » Et I'honarae qui ^crit cela est ce meme Jean Lelong , d'^pres, abbe de Sainl-Berlin a Saint- Omer, qui traduisil de lalin en frangais les relations de Hayton d'Arm(inie, de Ricold de Montecroce, d'Oderic de Frioul , de Guillaume de Boldensel , el de Jean de Cor arche- veque de Solthiinyeb ; c'etait rhomme de son temps le plusvers6 dans la connaissance des voyages d'Orient. celui dont le t^moignage devait avoir le plus d'aulorili'! en cetle matiere. *A iVOTICE de quelqiies procedes expeditifs et d'lin nuiivel instninieiU pour le trace dii canevas des projections gedgrnphi- (jues les plus usuelles , proposes par M. Lauca.de , pro- fesseur de mathematiques a Paris ; PAR M. D'AVEZVC. On se plaint souvent, avec raison , de rinsuHisance de I'enseignement geographique dans les coll(iges et en g^n^ral dans lous les elablissements d'inslruction publique ou priv6e. Meme en sa parlie descriptive , la plus accessible a loutes les intelligences, lageographie n'oblient qu'une part minime du temps et de I'atlen- tion consacr^s h d'autres etudes : et pourtant nullo autre branche des connaissances el^mentaires dont I'homme fait provision dans son enfance pour les be- ( I -2 I ) soins oLi lagiemont tie la jeunesse et de lage inur, no luioffro aulanl d'applicalions ulllcs-quela geographio. Quelque carri^l•e (ju'il ernI)rasso , topojjrapliie qui ne se pare de XVI. A OUT. 4' <^) ( »«2 ) Ibt^iiru' ou (ie la pratique des projections. Nous con- iiaissons lei atlas, d uii luerile de redaction peu coni- mun, dont les projections sont dt^lestables : nous pour- rions citer telle carte de voyage que le graveur, pour la faire cadrer aux dimensions de son cuivre, a reduile a inoili6 dans le sens des longitudes, en conservant in- tacle I'^clielle des latitudes. N'a-l-on mfime pas releve rinadverlance d'un giographe celMjre tomb(^ dans une erreur assez grave sur la projection d'une carte , qu'il se iiata de supprimer lui ineme des qu'il s'cn aperrul? C'est done une chose utile que de travailler a rentlre plus accessibles les methodcs ot les proc6des graphi- ques pour le trace des canevas de projection ; et la Sociele de geographic doit encouragcr (.]ii ses suf- frages ceiix qui font oeuvre de talent et de zele dans cette \oie. In jeune professeur de mathemaliques , M. Larcade .s'esl appliqu6 a faire rentrer dans un ensei- gnemenl elenionlaire le trace des projections los plus usuelles, notamraent de celle qu'on indiqiie vulgaire- nienlsous le iioni Ires peu exacide project/nrifle Flamslceil corrigee, et qu'il vaudrail mieux nominer projection conique modifiee , ou projection conoifle , si I'on n'aime niieux I'appeler chlamydoide comnie celle de Ptolemee. L'un des embarras de ces projections resulte de la longueur relative du rayon de chacun des arcs de cer- cle qui en constituent le canevas; el le probleme le plus difiicile a resoudre dans la [)ralique, c'est de dd- crire un arc dont le ravon est connu , ou de determi- ner le rayon d'un arc donn6, sans recourir a dos pro- cedes graphiquespresque loujours hors de la porl«^e de nos instruments. < ) Supposons que ce rapport soil egal a ', el que nous ayons a ddveloppor un arc de i 20" du parallole efTcclil': ces i-io" seront alors represonl^s par 80° du d«^veloppe- nient, donl la corde sera (igale a ^sin.So'; el Tangle donl le segraenl clicrch^ esl capable dlant un angle Ji la circonference, aura pour mesure 36o" — 80° =140°; 2 ouvranl I'equerre DCE sous cet angle, et faisant pas- ser les coles DC el CE par Ics exlremit^s A el B de la corde, le sommel C se porlera successivement de A en C' , en C, en C'', en B, decrivanl ainsi Tare chercli6 BCA. Nous ne pouvons qu'applaudii a j'idee cpi'a euc M. Larcade de comprendre dans son enseignen)enl , et de rendre ainsi lamiliers a un grand nonibre d'e- l^ves, des procedes faciles pour le trace dos canevas de projections g^ograpliiques. Nous I'engagcons a per- s^verer dans cetle voie, cl nous esperons que son excm- ple sera suivi par lous les piofesseurs de niathemali- quesel^mcntaires qui'altachonl h la geographic linl^ret qu'clle esl si digne d'inspirer dans loutes ses parlies. * A. ( '27 ) EXPEDITIONS EGYPrilNNES DL IS'IL-BLAINC. Extnut (Vune letlre de M. Tiiib\L'LT , voyngeuv francais , ('crile d El-h harthouni i^Senndr) /e 28 at'iil \^[^\ . Ma leltredu moisd'octobre deniierl^ 1) vous a fait pari de ce qui m'elait arrive, et des dangers que j'avais courus en mes divers voyages dans I'inlerieur de I'A- Irique, et surtout en celui d'ou je revenais le 5o mars apres une absence de cinq mois; il avail ele enlrepris sur le Fleuve-Blanc , dont les sources, encore igno- rees , le seront probablurnent loujours si des expedi- tions d'une pareille importance pour la geograpbie rostent confines a des gens de guerre, enclins par ba- bitude a des demonstrations bostiles. II est inutile de vous enumerer de nouveau les peines, les conlrarie- t6s que j'ai ^prouv^es I'lnn^e derni^re ; I'exp^dilion de cette annee , quoique plus paisible, n'a fail que prouver combien la solution du probleme est encore eloign^e. Dans cette nouvclle course, dont je suis revenu le 18 du courant, j'^tais accompagne de deux compa- triotes; I'un s'occupait d'observations scientifiques ; I'autre est un jeune homme qui a beaucoup voyage , qui a parcouru I'Amerique , et qui a les connaissances necessaires pour Iracer le cours d'un flenve. Ses ob- servations astronomiques oITriront sans doute de bons rcsultals, et ilpourra aussi donner des notions exactes sur les points iiiconnus des divers pays quo nous avons parcourus. Quant a inoi , je n'aurai (pi'a glaner; ce- ( I ) Moil j>,ii \ (.■iiiii;. . ( '28 ) pontluiil les notes que j'ai prises sur les tliflerenls peo- ples que j'ai visil(^'S , sur leurs nioeurs et leurs coulumes, ainsi que les colleclioiis d ohjels que j'ai recueillis, aurunl, j'esptre , de I'inleret. La premiere expedition a ^16 obligee de relournor, etanl par 5" 4?' f'^ latitude , faute d'une quantity d'eau sutFisanle pour les balimenls. La reconnaissance a 6te poussee celte annee jusque par 4° 43' de latitude et 29" a peu pres de longitude (1). Par consequent, ccs I'ameuses montagnes de la Lune, qui devaient former line cludne impraticable sous le 8' degr6 environ, ont disparu de ce point [)Our fairc place a des lnareca^es insalubros dont les naturels, d'une complexion sout- IVante et chelive , se ressenlent ; ils venaienl encore en loule reclamer nos soins pour leurs infirinil^s. En parcouranl pr^s de i3o milles de plus que \'i\n- nie derniere , nous avons Irouv^ des peuples forts el robusles , dont le nombre et le courage pouvaienl etre dangereux, vu nos faiblcs moyens de defense. Nous fiimes prudenls; ils se monlrerent genereux, et les pe- tits presents que nous leurs fimes nous procur^rent de leur pari une bospilalite digne de I'bomme de la na- ture. Cerles, ce n'etaientpas nos soldats noirs , ou nos armes h feu , inconnues pour eux jusqu'alors , qui pou- vaienl les inlimider ; mais c'6laient nos montagnes flot- (1) Comi'U' le mode d'olisei \ aiioii il la iialuie des iiislruiiieiH« employes iie nous soiit j)oint coniiiis, nous no pouvons que rappeler i( i les doutes (jue nous avons cniis dans la seance du .i juillet 1840 sur la liinite 011 etait parvenue la pieuiiere expedition, (juoique eetle limite soil rapprochee ici de pics de deux degres et denii; et nous elcucloiis le nicnie cloiile a la delirniinatioii du point atlciiil pai l.i seionde cxpidilion, saut a Faiie amende liouoial)le de nos serupules <|uaud nous anions pu verihei' I'exaclilude des observations. ' A... . I '29 ) lantes, les hommes montant sur les vcrgues; ces nou- \eaiil6s les tenaienl dans les borncs clii respect. Arrays dc lances dont le fer porta 3o ponces de longuenr, d'arcs, el de carquois contenanl cliacun trente fl^clies empoisonnt^es, ilseiissent pu, toiijouis an nonibre de six a huitmille, faire sombrer nos barqnos faibles el mal en ordre. Auconlraire, ilsnousconduisaienldesbceufs, des besliaux de loule espece , des dents d'^l^phant d'lin ivoiro snperbe, a echanger pour des verroleries. Ces peupla les nombrenses sont gouvernees par un chef principal , donl le nom esl Lagone; c'est le seul homine (jue noiisvimes assez decemment vetu; il por- Uiit une simple chemise de colon bleu , lui venant , di- sait-il , d'un de ses amis des montagnes voisines, dont les nalurels sonlrepresentes comme anthropopliages; circonslance qui nous fut atteslee par loute la popula- tion. Le prince Lagone se presenla le 24 Janvier der- nier sur nos barques, d'une maniire Irop singuliere pour ne point vous la depeindre. Nous croyions voir fin homme plus civilise que les siens , qui lous, nus , se font un merile de faire voir leurs corps atbletiques el nerveux ; plusieurs avaient 6 pieds 7 el 8 pouces de hauteur, une carrure proportionnt!ie, el une force elon- uante ; iis portaient des bracelets d'ivoire enormes aux deux bras, des anneaux de fer couvraienl lous leurs membrcs. La seule difformite en eux, comme chez lous les peuples de celte partie dd'Afrique, esl de s'arra- cher les qualre dents de devant de la machoire infe- rieure. Enfin, M Lagone se fait annoncer par un concours de people innombrable; les cris repeles de Irenle de ses femmcs accompagnaient la musique mi'lodicuse des Uunlams el des cornels d'Anliiope; il elendait les ( '3o ) bras commo I'aiglo h belle enverguro , pour faiio re- inaicjiier les larges mancbes de sa vieille chemise. Sa lete 6lail orn^e d'lin pompon de pUimes d'anlrucbe, donl il savait marier les inouvemenls avec Tagreable miisique. Dcs danses s'elfecluaient , et le prince La- gone saulail aiissi. Enfin , arrive pr^s de nos barques, il descendil dans celle des cliefs turcs , avec une as- surance (pii parul les 6lonner. Cet liomme me lit grand plaisir a voir, et la c^remonie de prendre I'in- dex de cbaque main de nos cbefs et de le sucer fut une marque d'bonneur qu'on put trouver singuli^re. II nous fit dire qu'ii elail tr6s flaltd de noire presence, et qu'il s'atlendait a de la gt^n6rosile dans nos cadeaux. C'etaient la des paroles qui ne plaisaieut nuUement aux notres : quoi qu'il en soil, des iiabils de serge, appelee drap rouge, furent dislribu6s a Lagone, a ses freres, a ses fils ; des verroteries blanches , bleues et rouges couvrirent leurs membres ; et pour augraenler le son agreable de sa musique ordinaire, nous y ajou- tames une cloche de vingt-cinq livres , dont les linte- mcnls lui convenaient beaucoup ; pendant plusieurs heures de seance , il nous fit , a plusieurs reprises, honneur a sa maniere. Apres avoir mange nombre de dalles apporlt!;es avec nous , il en trouva Ic fruit si a son gout, qu'il en demanda beaucoup encore et en- leva , avec les noyaux, le lapis etendu pour sa recep- tion. Tous ces peuples en general sont mendianls. Les verroteries , brijlanles de couleur et d'un beau poli , leur sont preferablcs aux toiles fines et de toutes es- peces. Les femmes sont nues, mais elles portent dans les grandes occasions une peau lannee sur les reins , el en dessous un pagne en fil de colon, frolte d'un ocre rouge, donl il preiid la coukiir ; les gueriiers de pro- ( 'S, ) fcssion font usage de cette terre min^rale pour se froller le corps, et ressemblcnt a des ecrevlsses. Reve- nons au sexe qui , jeune , est beau , Lien fait , avec des formes robusles , les yeux fendus , lo ncz assoz ellile , in;iis la chevelure peu fournie ; ces jounes filics ne sont couvertes que d'un leger pagnc , et il est si souple que tout s'y dessine facileinent. Regus parfaitenient bien de ces gens, appeles par les nolres des inlideles , des esciaves , nous conlinua- mos noire route pour nous engager dans des cliaines de montagnes apercues depuis plusieurs jours. Ce fut leaf) Janvier i84i que nous y parvinnies , avec I'iin- jiossibiiite de passer outre; des bancs de sable, des pierres semees dans le lit du tleuve , son peu de pro- fondeur, tout nous contraignit h cesser nos explora- tions. Nous dessinames les diverses montagnes qui se vo}a!ent a I'borizon , et le 28 des salves d'arlillerie annoncferent aux environs noire deparl. Les Turcs etaient salisfaits de sVn retourner, mais nous , Tran- cais, nous d^plorlons dene point aller plus loin ; peut- elre elions-nous sur le point de decouvrir la source de ce fleuve merveilleux ? Les montagnes a travers les- quclles il coulait paisiblement , pouvaienl nous con- duire a uue certitude. Nous n'en eiiines aucune : I'lia- bilant ne pouvait rien nous apprendre. Lesmonlagnes que nous quillons sont tres riciies en minerals de fer ; le naturel en prolile, en fabrique ses armes, el sen serl a trafiquer dans les monlagncs voi- sines. Lagone commande aux premiferes , le pays s'ap- pelle Berr ; de bons terrains precedent rapproclie des masses de pierres qui nous avaient ete autant de rem- parls a franchir. La culture cbez les Bers ou Berrbs est en grande aclivile ; l(\s |)rin(:ipales semenccs sont I 102 ) le (Jourali blanc, le sesame, les haricots de |)elile es- p^'ce. Les niaisons sont en chaiime , et les del'endent conlie les forles pluies de Tequaleur. Ce que nous pouvons d^lerminor , c'est le cours que siiil le fleuve Blanc jusqu'au point ou nous sommes arrives : les geographes ont loujours cru qu'il venait de rOuest; il est prouv6 maintenant qu'il pousse a I'Est, et que sa reunion suppos6e avec le Niger ne pourrait avoir lieu que par une marche retrograde impossible a croire. Si nous eussions pousse jusqu'aupr^s de 1'^- qualuiir dont nous n'etions plus qu'a environ U degr^s en latitude, nous aurions resolu sans contredit un pro- l)lcme qu'il i'aut de nouveau reprendre avec plus de zele. II n'ya qu'une puissance europ^enne quipuisse le resoudre. ( >3-^ ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societea KXTRAiT [)RS PROCES-VEKBAUX DES SF^ANCES. PRiSIUEISCE DK M. DAUSSY. Seance du 6 nout i84i. M. Iluot, bibliolhecaire de la ville de Versailles, re- mercie la Society qui vienl de le readmetlre au nombre de ses membi'es. M. le conseiller de Macedo , secretaire perpeluel de I'Acadeinie royale des sciences de Lisbonne , remercie la Sociel6 pour I'envoi du 14^ volume de son Bulletin. M. I'aniiral comte Ver-IIucll, president de la So- ci6l6 des missions 6vangt^liques , adresse un excm- plaire de I'ouvrage que celte Society vient de publier sous le litre ^'Etudes siir la langne sechunna , par M. Casalis, I'un do ses raissionnaires dans I'Afrique centrale. Cetouvrage, qui est la revelation fidele d'une langue et d'une lilterature Ires remarquable et peu connue , est accueilli par la Socidle avec ua vlf inl^rel. M. Dubue, memln'e de la Commission centrale, qui vient de faire un sejour de quinze mois en Alg^rie , dans un but de colonisation, annonce qu'il se fera un plaisir de commiiniquer a la prochaine seance les notes qu'il a recueillies pendant son voyage. M. Daussy donne lecture de la traduction qu'il a faile du Memoire sur les inonls Apalacbes adress6 a la ( i54 ) Sociel6 par M. AVoodbridge , I'un dc ses correspon- (Utnls etrangers. L'auleur, aprfes avoir fait la descrip- tion de tout ce sysleme de montagnes, remarque que la cliaine des Apalachcs pr^senle tous les avantagts dun s\sleme de montagnes , et n'a presque aucun des inconv^nientsqui y sont attaches; elle s^pare les teni- toires de Test el de I'oucst sans interrompre les com- munications, soit par des canaux, soit par des che- mins tic fer ; enfin, cctte cliaine offre une variety de climats et de productions vegetales, agreables et salu- taires, sans s'elever assez haul pour devenir steriles et glacis. La Commission ^coute cette lecture a\ec beau- coup d'interet, et vote des remerciements a M. Daussy sur la proposition de M. Eyries. M. Daussy pr^sente ensuite quelques observations critiques sur les positions g^ographiques adoptees par M. le colonel Codazzi dans son dernier ouvrage sur le Venezuela. M. Codazzi parait avoir adopte les longitu- des d^terminees par M. de Humboldt, excepts en deux points, Calabozo et San Fernando de Apur6, qu'i! porte plus a I'R. de i3' el de 20'. Or, M. Daussy, en adoptant la longitude de Cumana, d^termin^e par M. de Humboldt au moyen d'une Eclipse de soleil , a cru devoir diminuer celles de Carracas et de la Guaira de 10', et colic de Porto Cabello de 17', d'apres des observations chronomelriques dont il a rendu compte dans la Connaissance des Temps pour iSSg. Si cos corrections sont exactes.M. Codazzi, qui a lie cos points p;irle transport du temps, aurait du Irouver des discor- dances qui auraient excite son altenlion. Les correc- tions que M. Codazzi fait subir aux longitudes de Cala- bozo et de San Fernando s'accorderaient assez avec celle que M. Daussy adopte pour Porto -Cabello, qui a [ I'lS ) servi de point de deparl a M. Humboldt ,- mais aiors la longitude de Cura aurait du en subir une semblable. II parailrait done qu'il reste encore sur les positions ab- solues d^terminecs par M. Codazzi une incertitude que Ton ne pourrait pas estimer a nioins de lo'. Son tra- vail d'ailleuis n'en reste pas moins tres important, comme donnanl rencbainement de tons les |)oints dont les positions absolues pourront elre fix6es plus lard par des observations directes. M. d'Avezac donne quelques details siir une gr;mde expedition entreprise par les Anglais dans I'Africjue orientale. Seance (III ^o aoitt i84i- La Soci^t^ pbilosopbique de Pbiladelpliie adresse les 2e et 5" parties do tome VII de ses Transactions ainsi que le Bulletin de ses seances. M. I'abbe Voisin , I'un des directeurs du seminaire des missions elrangeres , communique a la Society une lettre de M. Delamare, missionnaire apostolique en Cbine. Cette lettre conlient I'indication de plu- sieurs rectifications a faire sur la carle de la province du Sutcbuen, adressee prc^scederament a la Societe. M. Debimare donne aussi quelques details sur une collection en Sa feuilles de cartes de I'empire cbinois, qu'il attribue aux jesuites de PtJikin. Cette collection comprend les cartes de la Chine proprement dite en caracteres cbinois, la Coree, la Tartaric, la Manlchou- rie , la IVIongolie et la p;irtie du Thibet soumise a la Cjhine, en caracteres tartares. M. Daussy communique I'exlrait d'une lettre de M. Thibaut , dat^e de Cartlioun (Sennaar) , le 28 avril 1841. Ce voyageur, qui Caisait [tarlie de I'expedition egyptienne au fleuve Blanc, donne des details inleres- ( .36) sanls sur los pays qu'il a parcourus , sur les moeurs des liabilanls , siir Lagone, chef de nomhreuses jjeuplades, el enfin sur 'e relour de rexp^dilion an moinenl oi'i lout semblait lui annoncer la decouverte des sources du fleuve. Le nieme mombre coinniunique la carte des noii- velles d^cou\erles du capilaine James Ross dc.ns los mers polaires avec une nole sur Il-s resullals de I'expe- dllion anglaise. Ces deux communicallons sont renvoyees au comile du Bulletin. M. d'Avezac pr^sente a I'assemblee M. Lovenstern , de Vienne , qui a fait r^cemmenl le tour du monde on traversant le Mexique, visitant les lies Sandwich, la Chine, Celebes, et revenant par le caj^ do Bonne-Es- perance. U ofTro en meme temps a la Soci^le quelquos objols qu'il doit a ce voyagour , tels que de petites figu- rines inexicaines , un fruit servant a I'^clairage , des echantillons de mines d'argent, de cristal et d'obsi- dienne. M. Dubuc lit un fragment de la relation de son se- jour en Alg^rie. M. Thomassy continue la lecture de sa Notice sur I'origine de Maguelone en Bas-Languedoc. MEMBRJiS ADMIS DANS LA SUCIKXt, Seance du ti a out 1 84 1 . M, ROCHUT D'HtRICOURT. Seance du 2 o aoiit 1 84 1 . M. Drouyn de Liiuys , directeur au rainistfcro des affaires 6trang6res. M. HuET , consul de France a Valparaiso. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. SEPTEMBRE 18/41. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTHAITS, ANALYSES ET HAPP0RT8 DES VOLCANS EN GtNIilRAL , ET PLUS SPiciALEMF.KT DU Vi.:SUVE ET DE l'EtNA. Lcs volcans sonl, depuis des si^cles , le sujet d'lino foule d'hypolheses plus ou moins hasardees, et jiis- qu'ici la science n'en a pas encore Irouv^ de comple- tement salisfaisantes pour expliquer ces redoutables phenomfenes nalurels; les travaux modernes ne sont gufere plus avancilisque les Iravaux anciens a cet egard. Sans nous occuper de ces derniers , qui sembienl l)ien probleniatiques, essayons de rappelcr quelques uns de ceux qui ont vu le jour depuis la renaissance des scien- ces et des leltres en Europe. Vers le milieu du xvii" si^cle, le j^suile allemand Rircher atU^ibuait les volcans au feu central qui con- sume la lerre, Au comraencemenl du xviu", Ldmery les altribuait a la reaction muluelle du soulVe, dii fcr XVI. SEPTEMBRE. 1. lO ( »38 ) il (Jo I'eau. Quelques annees plus lard, Bourguel en fit renionler lorigine aux lits de bilume, de soufre, de sel et de fer caches dans I'cnveloppe du sph^roide lerres- tre. Vers le memc lemps, I'ingenieux Mairan , connu par se sroclicrclios sur Ics aurores bor^ales , ponsait quo Ics feux soulerrains pouvaient venir du feu contial du globe. En 174'T, Buflon exprima sur cclle grande question une opinion qui se rapproche de celle de Bourguet ; c'ost, selon I'bislorien de la nature, a la de- composition des soufres, du bilume et des pyrites, eta leur combustion que sent dus les efl'ets volcaniques plus on moins violenls qui epouvantent les babilanls du voisinage des Eruptions. Les feux soulerrains sont, dit-il, d'aulanl plus actifs qu'ils sont plus pres de la mer : de la les torrcnls que vomissenl certains vol- cans , les sources cbaudcs qui jaillissent a leur base , les lacs que formentleurs craleres, et les nombrouscs boucbes volcaniques dans plusieurs iles. A la fin du xvni* si^clc , le savant Houel , le mineralogisle anglais Bowles et Ic geologue Dolomieu consideraienl loujours les volcans comme des soupiraux du feu central. Paw adoplait aussi, avec plusieurs naluralistes, Topinion en- core defendue aujourd'liui , que I'eau marine est un des agents n^cessaires aux combustions volcaniques ; (ju'elle decompose et enflamme les pyrites, et (jue c'est a la rclraite deTOcc^an qu'est due I'exlinclion des volcans anciens. Dans le xixe siecle , nous voyons Ordinaire, auleur d'une hisloire nalurelle des volcans, admellre cetle combustion des pyrites p;ir le contact de I'eau , et leur melange avec le soufr(', le sel marin , le nilre et le bilume, comme produisant les violenles secousses quiamenenl lesdruplions volcaniques. En 1825, Bres ( l^'l ) lak fait jouer au pelrole Ic role pi'incipal dans ces embrasemenls. II reconnalt cepentlant que le phe- nomene le plus embarrassanl a expliquer est celui de leurs periodes, lantot de fureur , lantol d'aclion mo- d^ree , tantol de calme. Enfin, I'un de nos plus ha- biles chiniisles, M. Gay-Lussac, admet dans les volcans I'action des eaux de la mer, lout en rejelanl les Ih^ories qui supposenl une combustion dans I'in- terieur de la terre , c'est-a-dire rembrasement des bitumes , des houillos ot des pyrites, et tout en relu- tant I'opinion qui atlribue les d(!!veloppemcnts de ga/, et de vapeurs a i'action qu'exercent sur I'eau les nie- laux alcalins. De son cote, le g^ologue anglais Poulelt Scrope atlribue la puissance motricc des volcans ;'i dll- ferents fluides aeriformos. Pour couronner ces diverses theories, notre savant Curdier demontre que I'inlc^- rieur de la terre possede une tres baute temperature et est le siege d'un feu tres intense; pendant que I'i! lustre Brongniart, en rejetant I'opinion qui admet pour aliment aux deflagrations volcaniques le soufre . les pyrites, les bouilles , les bitumes et les metaux des lerres et des alcalis, adoplc Taction de la decompo- sition de I'eau, et la consid^re comme une puissante cause d'eruption. De toutes ces opinions ou theories diverses, dont nous n'avons indique pour ainsi dire que I'idee sail- lante et subslanlielle , on peut conclure que les grands ph^nomenesvolcaniquesaltendent encore de la science une solution definitive , surlout apres les nouvclles et brillantes recherclies de MM. tlie de Beaumont el Constant Prevol. Nous devons done pour le moment nous borner icr a constater les fails, et nous allnns y proceder en passant rapidement en revue les priii- lo. ( '40 ) ri|'.'uix volcans lorrcsUcs , pour nous arretcr ensuile un pcMi plus a ceux du \ 6suve et de I'Etna. Dans scs consid(^ralions gi^ncrales sur les volcans, publit^cs en i83i , M. J. dirardin a donn6 le r^sullat ci-apri;s sur les volcans el solfatares ou soufriercs des cinq parlies du nionde : I'ARTIES DU MOSDE. Europe. . . Asie I Afrique. . . I Ami'rique. Oceanic. . To I VOLCANS IiXISTA^■TS srR LES COSTINENTS. 2 8G 109 DA^-S LES ILES. 20 2'.) 9 28 108 '94 24 4G "4 108 3o3 Dans I'Annuaire du Bureau dos longitudes de 1824, M, Arago n'avail prt^isente pour I'Europe qu'un volcan ^ur Ic conlinenl el 11 dans los ilcsj pourl'Asie, que 8 volcans sur le continent el 24 dans les iles ; pour TAfritjue, seulcment 6 volcans dans les iles j pour I'A- nierique , soulement 58 volcans sur Ic continent et 3 dans les ilcs ; el pour I'Oc^anie quo 52 volcans dans los ilcs ; ce qui faisait en moins 4-* volcans sur les oontinonls et 98 dans Its ilos. Celte diir(ircnce provionl dos solfatares que M. Girardin a du necessairemcnl rounir aux volcans proprement dils , dont les princi- paiix \onl passer successivemcnl sous les yeux de nos lecteurs. Disons au})ai'avanl , toutefois, que dans un curieux Iravail surles volcans, eldonl s'esl enriclne YEncyclo- pcflie nicdiodique , noire coniVore, M. Hunt, a encore ( lAi ) Irouve des chiirres sup^rieurs a coux de ^J. (Jirai- din, en donnant pour I'Europc i4 volcans et solfa- lares; pour I'Asie , 127; pour I'Afrique , 10; pour TAmerique , 2o4 ; et pour I'Oceanie, 174; total, 55o volcans et solfatares. M. Huot ajoute avec raison que ce nombre , loin d'etre exagere , sera encoi^e accru par les voyages; et en elTet, plusieurs volcans aujourd'hiii en sommeil peuvent se revelller, commc d'autres aussi peuvent n'avoir pas encore ele vus et decrits. Les principaux volcans del'Europe sont le Vesuve et I'Etna : nous en parlerons plus loin d'une rnaniere speciale. On pent y joindre I'Hekla de I'lslande , si Ton comprend celte ile dans celles qui apparliennent a notre continent, bien qu'elle soil plus voisine do I'Amerique. L'll^kla se trouve dans la partie m^ridionale de I'lslande, h 5 kilometres de la mer. II n'est pas le seul en aclivile des volcans de celte ilc, mais il en est le plus important. 11 est decrit dans presque toutes les geographies; il a environ 1740 metres d'el^vation. Dans les lies Lipari , prfes de Naples , existe le Slrom- boli , lequel est en activite depuis vingt siecles. Les memes iles renferment aussi le Vulcano avec ses deux crateres , dont un continue a fumer. En Asie , les volcans les plus remarquables sont : le Pechan ou Klialar, que les auteurs chinois repr^son- tent comme vomissant toujours des llammes et de la fum^e; le Djaulamouki, dans I'lndostan, a Test de rindus, et vomissant constarament du feu; I'lkarma, dans les iles Kouriles ; le Kamlcliatkaia , dans la pres- qu'ile du Kamlchalka; le Yiik^-Yama , dans I'ile de Niplion au Japon, qui jette sans cesse des flammcs. En AlVique, on cite le Djebol Rolda;-;! , dans la iM- ( >42 ) grille , dont le sorumet tres eleve jelte coiilinuellemenl cles llamuies et des cendres chaudes. 11 y a aussi plu- sieurs volcans en aclivil^ dans les Azores et dans les Canaries; entres ces dernieres , celle de TenerifTe est conuue par son volcan , lequel ne vomit plus aujour- dhui de laves que par ses cotes. Enfin , I'ilo Bourbon, une des Mascareignes, a un ancien volcan , qui a 616 decrit par Bory de Saint-Vincent, et qui jelte encore de lernps en temps des flammes. En Amerique, les volcans les plus dignes de remar- ques sont , i° le mont Saint-felie , a lo lieues de la cote de I'oc^an Pacifique par (Jo° ai'Ial. N., 142° 69' long. O. Son elevation est de 94^ meti'es au-dessus du niveau de la mer; a" le Popocaplepetl ou volcan de Puebia au Mexique, et dont la boucbe , entouree de cendres et de neiges, est loujours enflammee; 5° le Soconusco , dans le Guatemala , volcan en pain de Su- cre, et qui fume par intervalles ; 4" le Purac6, dans la Colombie . b Test de Popayan , lequel depuis 1827, au- nee de sa derniere eruption , qui detruisit la ville de Popayan , vomit constamment une fumee epaisse et f^tide , volcan d'ou sort une petite riviere dont les eaux, dangereuses a boire, sont precieuses pour la teinlure ; 5° le Ruiz, voisin du pic de Toliraa dans le Venezuela, el en pleine aclivile ; 6" I'Arcquipa au P6' rou, encore en activite; 7° leMaypo, dans le Cliili , loujours enilamme; 8° le Cotopaxi , dont le cone im- mense, qui a cause a diverses 6poques de si alfreux ra\ages, est maintenant couvert de neiges. Knfm , rOceanie comple un assez grand nombre de volcans en pleine activity , enlre autres , 1" le Mouna- Mawai , dans les lies Sandwich, a 4o milles de la cote, et iisut de 2,614 metres; 2" lo Kiamis, dans I'ilf de ( i43 ) Java, lequel lance de I'eau chaude et de la boue ; 3" le volcan de Gounapi , dans la principale lie du groupe de Banda , toujours en activity ; le volcan de Tomboro, dans I'ile de Sumbava, et dont reiuption en i8i5 fit p^rirpi^s de 12,000 habitants; 4° le Gounong-Dempo , dans I'ile de Sumatra, lequel , haut de 0,753 metres , lance pi'esque conlinuellement des flammes el de la fumee. Apres cette revue ou indication , bien incomplete sans doute des volcans principaux du globe, il n'est peut-elre pas inutile de donner en passant une idee de la manifere dont procede le phenomene de leurs Erup- tions. Des masses de laves lancees dansles airs retombent souvent sur la terre pour en prendre la forme , tant elles ont de moUesse ; elles presentent quelquefois plusieurs metres de circonference En d'autres occasions , ces masses forment des boules revetues d'une croule sco- riforme. Souvent ces boules sont vilrifiees, d'autres fois elles sont creuses. Les dejections les plus rares sont celles de roches non converties en laves. La hauteur de ces dejections est d'ordinaire prodi- gieuse, et ellss ont au moins la vitesse du boulet sor- tant du canon. Quant a la vitesse des courants de la lave, elle depend beaucoup de I'inclinaison des ter- rains qu'ils traversent. Naturellement aussi, I'elendue de ces courants est proportionnee a la force el a I'im- porlance des volcans. L'eau que parfois rejettent les volcans parait prove- nir de lacs souterrains, comme elle peut venir aussi des pluiesdontle tribut a forme comme desciternesau fond des crat^res refroidis. L'eau boueuse qu'ils vo- missent ne scmblc devoir elrc allribuec qu'au melange ( '44) de Teau souterraine ct des cendres opt^rd sur Ics flancs des cralt-rcs. D'un autre col^, les gaz qui selcvent de CC5 mfimes cral^res , et qui prennent souvent les coulours les plus opposees, sont dus a des malieres pulv^rulenles unies aux vapeurs aqueuses. La forme exldrieure el les dimensions des cral^res sonl encore des sujels propres h fixer Tallention de robservaleur. Le nom de cral^re a 6le donn^ a la bou- che des volcans , parce que leur cavity se retrecissant dans le sens de sa profondeur, devient paieille a une coupe, et souvent meme a un enlonnoir. Les bords se nomment aussi orles et fond. Dans les volcans 6teints, les boids sonl couverls de vc^getaiion a leur inlerieur, et le fond est souvent renipli d'eau pluviale qui forme alors une sorle de lac. II y a des crat^res enti^remfinl ouverls , el il en est qui sont enloures d'un mur cir- culaire. Du resle , la forme du cratere subit des chan- geraenls conlinuels, suivant les eruptions. Certains crateres aussi se ferment apres I'druplion, eld'autres s'ouvrent quelquefois sur le flanc du volcan. Enfin , quclques uns ont un cratfcre a leur sommet et un au- tre lateral; d'aulres encore ont a la fois plusicurs cra- teres, et leurs dimensions ne sont pas loujours en rapport avec la hauteur du volcan. Venons maintenant aux deux volcans europeens que nous nous tilions reserve le soin d'examiner plus par- liculi^rement, savoir : I'Elna et le V^suve. Le volcan de I'Elna, elev6 de S.GG^ metres au-des- sus du niveau de laMediterranee, asa cime isolee, son cone presque circulaire , el un circuit d'environ i44 kilometres, en n'y comprenant pas le pays sur lequel ses laves s'elendent, ce qui lui donncrait alors une circonleronce double. Le cone ofire trois /ones ou ( i45 ) regions dislinctes : la premifere > autour du pied de la montagne, est lr6s ferlile; la seconde , qui est interme- diaire et entoure la montagne, est composee d'une foret d'environ 6 niilles delargeur, ou paissentde nombreux fi'oupeaux; la Iroisifeme, au-dessus de la foret , est en- tierement d^serte , semee de laves et de scories, et oflre le sommet ducone, d'oii s'echappent sans cesse des vapeurs sulfureuses. Une multitude de petits cones distribues sur les flancs de I'Etna, surtout dans la region boisee , y forment autant de monticules de cendres, qui accu- sent et rappellent des volcans secondaires. L'Etna, quelesArabes avaient appeie Gibel , mot de leur langue qui signifie montagne, a sa cime glacee dans la region des neiges et elle est d'un tr^s difficile acces. La lave et les scories de ce volcan ne rendent pas moins fecond que celles du Vesuve le sol qu'elles vont recouvrir. Les veg^taux acqui^rent une dtonnante vigueur, entre autres les chataigniers, dont un a 8 mfctres dans un sens et 4 dans I'autre, 11 estun de ces arbres dont les giganlesques rameaux abritaient jus- qu'a cent cavaliers, d'ou lui est venu le nom de Casla- gno dei cento cavalli; il n'en reste plus que la souche, qui a 27 metres de circonlerence. Dans la region boisee ou interm^diaire , se tiouve la grotte des Cbevres , caverne prfes de laquelle on voit deux monticules enfantes par I'Ltna, et appeles , I'un le Monte-Nero; I'autre, le Monte-Capreolo. Pres de la region sterile est la tour du Pliilosophe , torre del Fi- losopho, qui fut , dit-on , batie par Emp6docle , pour etre plus voisin des Eruptions du cratere ou il perit. Le cone principal de I'Elna s'ost plusieurs I'ois ecroule et rolorme. En i444. '1 avalt 020 picds dc hau- ( i46 ) leur, el il loiuba aprfes los tremblemenls do lerre de 1537. En iGgS , annde ou ces Irembleinents I'emue- rent toute la Sicile et firent perir 60,000 personnes , le cone s'affaissa considerablement. Les eruptions ar- rivent, soil par le grand cratere, soil par les ouvertu- res lalerales, et les laves renflent le terrain sur lequel elles coulent. La lave de chaque cone lateral tend aussi a diminuer la hauteur des cones inierieurs , et il s'en forme ogalement de nouveaux. Les eruptions de I'Etna t^taient deja connues avanl la guerre de Troie. Diodore de Sicile en cite une de celte dale J et , suivant Thucydlde , il y en eut (rois environ quatre cents ans avant J.-C. Pindare en decrit une egalement dans sa premiere pythique. Depuis les temps les plus reculis jusqu'a nos jours, on compte une cenlaine d'eruptions. Celle du 16 mai 1800 lut tr^s desastreuse; elle an^antit huit villages a une dis- tance que les laves du volcan n'avaient pas encore at- teinte, ce qui avait laisse aux habitants un espoir de s6- curite qu'ils paycrent presque tous de la vie. Entre toutes les merveilles que la nature a semees avec profusion sur le beau sol de I'ltalie, il n'en est pas, nous le pensons, de plus extraordinaire, de plus inajestueuse et de plus terrible a la fois, sans parler de I'Etna en Sicile, que le volcan si connu sous le nom de \6suve. Le V^suve ! que d'6venements prodigieux, que d'e- pouvantables desastres , et quede graves souvenirs ce mot rappellc a noire esprit! Une montagne s'entr'ou- vrant lout-a-coup au milieu du silence et de I'obscu- rit6 , lancant au haut dos airs une trombe cnflamnKie, j)uis versant autour d'elle un ocean de laves et de cen- dres ardenles qui vont au loin couvrir et bruler les ( '47 ) canipagnes, ensevelir sous leurs fliiides amas bilumi- neux les orgueilleuses cil^s d'Herculanum et de Poni- peia, lout aussi bien que de simple haineaux, et con- veitir en un desert aride ei devoiant de riclics vallons, des champs fertiles avec toute leur population, sub- slituer enfin la morne solitude et I'liorrible trepas au gai tumulle et a la vie riante, pittoresque, animee de la nature et de I'induslrie ! Aneantissement ab- solu qui s'accomplit en un jour, en une heure , en un moment , et fait disparaitre a la vue , comme une om- bre legfere , une vision fantastique , I'oeuvre de tant de si^cles et de generations humaines! Ce geant incendiaire, ala gueule embrasee et beanie, a la profonde et caverneuse fournaise , a vu ses flancs avec sa base , ainsi que les campagnes environnantes, se repeupler apres chaque destruction , se recouvrir de fleurs et de moissons. Les catastrophes qui ont accom pagne ou suivi chacune de ses temp^tes enflammees n'ont pas retenu I'audace , ou si Ton veut , n'ont pu af- faiblir I'avidite de I'liomme ; il s'est hardiment rap- proche du redoutable element, et Ton croii'ait de nos jours qu'aucun desaslre n'y est survenu , si les ruines d'Herculanum et de Pompeia , que les fouilles ont remontr^es a la clart6 des cieux , n'etaient point la comme des temoins irrecusables pour attesler le sinis- tre pouvoir de ce cratfere igne. Un si curieux et si imposant phenomene naturel ne pouvait manquer d'atlirer les regards de I'indigfene et surtout de I'^lranger capable de I'appr^cier : aussi voit- on sans cesse des divers points civilises du globe ac- courir une foule de voyageurs jaloux de contcmpler ce vaste reservoir de laves et de cendres ; ils veulcnt mon- lor jusqu'ati sommet de ce cone embrase, s'echaulVer ( i48 ) de sa llamme, respirer sa colore pendant qu'ellc sora- meille , imprimer leurs pas sur ses Lords, dussent-ils, comme Empedocle sur I'Etna, y perdre leurs sandales avec la vie. Telle est la cause de si frequents et si mul- tiplies pelerinages qui onl lieu au Vesuvc, silue, du reste , dans le voisinage d'une capitalc , de cette belle et antique Parlhenope, si digne d'inleret, situdc sous le ciel le plus pur, enrichie par la mer, et qui dut son nom h une des syrenes dont les attraits faillirent , dit- on, perdre le sage Ulysse. Le Vesuve, ce phare pos6 par la nature, comme pour averlir le navigaleur qu'il s'approche d'une grande cil6 ; le Vesuve, dont la I6te est si mena^ante, pourrait, n^anmoins, a cause de scs riches produits en crislaux et pierres precieuses, s'appeler un mont d'Or : il de- truil, mais recrec ; co qu'il ote, il le restitue. C'est une vraie miniature a c6l6 de la pliipart des aulres volcans que nous avons 6numeres ; mais aucun d'eux , y conipris meme I'Elna, iie nous semhle avoir oblenu la meme c6lebrit6 , aucun n'a plus fixe I'atlenlion des naturalistes; en un mot, il est le plus connu de tous les volcans terrestres. 11 s'eleve tout au plus a i ,200 me- tres au-dessus du niveau de la mer. II est totalement isol6 de la cbaine des Apennins , ct couronne une campagne delicicuse , parsemee de villas ou maisons de plaisance. A sa base se developpcnt de beaux vil- lages, batis sur des ruines imposanles (Ov^l dans ses cendres germcnt des vignobles qui produiscnt ces vins exquis famcux sous le nom Lacryma - Christi. Pas un pouce de terrain , qui depuis les bords de la (i) Le village de Resina est bati sur les ruines (rHerculannni, ville f)iic (li'trnisil I'c'riiptioii de Ian 79 de .T.-C. ('49) mer jusqu'au sommct chi craltrc, ne soil cl'une fortililo merveilleuse. Le Vesuve est situ6 a 12 kilometres de Naples. II est environnede deux aulres nionlagnes goupecsaulourde lui ; I'une appelee monte di Somma , I'autre Ollajano : celle-ci est cacliee par la Somma. Ces Irois montagnes n'en ont primitivemcnt form6 qu'une seule. Quoi qu'il en soil, le cralere est visible de Naples, debout a To- rient de cette ville. Comme les autres volcans, il a la forme d'un cone ; sa base a un circuit d 'environ 00 milles d'llalie ou 4o kilometres de France. Sa hauteur varie suivant ses Eruptions. En 1749 > Noliet I'avait trouvee de 197 metres; en 1794 > Polli lafixa a 202 me- tres; en 18)6, le colonel Yisconti, a 207; Monticelli et Covelli, avant I'eruption de 1822, la jugerent de 216 metres; et Humboldt, apr^s elle , a 202 metres 53 centimetres. Celle de i834 entraina dans I'abime le cone int^rieur. Toulefois, depuis 1749, la partie igni- vome ne pi'^sente pas de tres notables variations. La forme abrupte et raide du Vesuve rendl'acces de ce mont assez p^nible et assez difficile. Trois cliemins conduisent a son faite : celui de Saint-Sebastien au nord, celui de Bosco-Tre-Case au sud, et celui de Re- sine (I'ancienne Retina) au couchant : ce dernier, quoi- que le plus upre, est neanmoins le plus fr6quent6. On s'y procure tout a la fois et de bons guides el les moyens n^cessaires a I'ascension. En deuxheures on arrive a I'ermitage du Sauveur, assis sur une plate- forme, a I'exlr^mit^ occidenlale du faite des Canlaroni. De la on passe a la Pedamentine pour arrivcr ensuite pres du cratere. Sur les bords de cette ouverlure d'en- viron 1,875 mefresde circonfdirence , I'reilplonge dans la fournaise, qui apparait sous la forme d'un vasle en- ( i5o ) lonnoir. Ici Ton ne voit ni animal quelconque, ni in- secle.ni planle. Cette derniere partie change conlinuel- lement d'aspect. Avanl los derniferes Eruptions, on pouvail encore y descondre jusqu'a unc certaine pro- fondeur ; mais aujoiird'hui une parcille Icnlallvc est devenue beaucouj) plus dangereuse. Malgre loules lesfaligues et mOme les perils altacht^s A de lellos excursions, elles sent encore assez frequcn- tes. Lo voyageur Rircher , en i G5o , dcscendit dans la fournaise, suspendu a unecorde allacli^e aulour de ses reins, et qui elait retenue par les guides. 11 put dans le goullre salisfaire pleinement sa curiosity , sans y p^rir suiToqne , comme ce voyageur anglais qui a vouln tout r(^ceminenl se faire descendrc dans le gouffre de I'Elna , et qui y a trouv6 la mort. Tout change sans cesse de forme et d'aspect, tanl a la cime qu'aux alcntours du volcan. De nouvoUes ou- vertures se formcnt et se referraenl; des proemincnces s'ele\ent et s'aplanissent ; et les sommets des monla- gnes de Somma et de Ollajano, separes aujourd hui du V^suve par de profondes valines , semblent indi- quer ou que ces groupes , ainsi que nous I'avons dit tout-a-l'heure , n'en ont forme jadis qu'un seul , ou que le volcan actuel a surgi sur le dos du volcan primi- lif, qui est demcurd eteint. Les anciens parlent du monl que nous voyons , comme d'une seule et unique masse volcanique. D'ailleurs les laves que Ton d6cou vie dans les tcrres h I'ouest dela montagnc do Somma, qui , vue de Naples, parait aussi haute que le Ve- suve, n'auraient pu provenir du volcan exislantde nos jours. En creusant un puils dans le cloilre des do- minicains de la Madone dell' Arco , los habitants do la villc d'Aquila trouv^renl a plus do cent pnlmes de ( '5' ) profondeur un torrent de laves, et quatre aulres cou- ches de meme matiere , h environ ooo palmes : c'e- taient des masses tres dures , el seniblables a celles que Ton voit aujourd'hui sur les flancs meridionaux du Vesuve. Ceux qui se rappellent la localite diront que Ton ne pourrait concevoir le cours de la lave de ce c6t6, qu'en admetlant le V6suve desanciens, c'est-a- direla reunion des trois soinmets procitesen une seule monlagne. U y a tout lieu de pr^sumer que la valine qui sejiare aujourd'hui du Vesuve la monlagne de Somma sera comblee un jour par les eruptions du vol- can, lequel sans doute alors redeviendra comme jadis un unique sommel. Tout semble demontrer que le Vesuve a son cratere enflamme depuis un temps immemorial , et il est tres vraisemblablemenl sorli du sein de la mer , de meme que les delicieuses collines de I'ancienne Parthenope. L antiquite nous a laisst^ peude renseignements sur ce volcan, et d'apres ce que les premiers dcrivains en ont dit, on ne peut qu'elever des doutes sur le lieu auquel ils avaientdonne le nom de Vesuve. II paraitrait qu'ils appelerent ainsi un autre volcan situe dans les champs Phlegreens , lequel est aujourd'hui la Solfatara prfes de Pouzzoles. Neanmoins Diodore de Sicile , Strabon et Pline s'accordent entre eux pour indiquer en par- Ian tdu Vesuve la monlagne que nous connaissons sous ce nom. Dans I'hisloire des premiers lemps do I'llalie, on lit que le A esuve brule , comme je I'ai dil , depuis les temps les plus recules , el qu'il s'esl acquis une grande cei^brite par ses eruptions incendiaircs. 7\insi les champs Phlegreens ou le Phlegelon, le combat des Geanls , la demeure soulerraine de Typhon , lieux et combats brodes par la mylhologie, nc paraissenl que ( '52 ) des souvenirs coiifus des imposanles revolutions phy- siques dont la Canipanie dans les premiers ages avail ete le lh(^alre. Polvbe, Lucr^ce , Viilruve , Seneque , Diodore de Sicile, Velleius Palcrculus, Silius-Ilalicus, Denys d'llalicarnasse , le demonlront jiisqu'a I'evi- dence. Le premier des dcrivains qui en parle avec plus de details est Diodore de Sicile , lequel florissait sous Auguste, vingt-cinq ans avant J.-C. II dit que le \ e- suve avail, corame I'Etna , vomi des flammes depuis des si^cles, et qu'il gardait des traces de sis antiques eruptions. Pourlant ses fcux seiublaient pour ainsi dire eleints ; depuis long-temps les peoples du voisi- nage vivaienl a son <^gard dans une profonde s77^' '778, '779' '786, J790, 1794, 1804, i8o5, 180G, 1810, 1811, 181.5, J817, 1820, 1822, i85i, i853, 1834, )84o. Depuis la terrible eruption de 79, les cinq ou six premieres qui la suivirenl a diderenles epoques n'eu- XVl. SEPTEMBRK. 2. 11 ( '--^4 ) rent prcsque rien de remarquable. La sepliome , arri- \ee en io36, ouvrll les flancs de la monlagne , et il en sorlil des malieres iiquides dont le torrent enflarame descendita la raer. Le volcan rejeta aussi une grande qiiantilede rt^sine sulfureuse et de hilume. Les erup- tions de 1 1 38, 11 09 et 1 5o6 fiirent sans int(5ret. Celle do i5oo se termina par line pluiede cendiesrougealrcs. Celle de iGoi p/arait avoir 6te une des plus forniida- bles : une nuit obscure enveloppa en plein jour tout le goife de Naples, une pluie de cendres et de j)oussi6re couvrit au loin les environs; le tonnerre retenlissait du fond de cetle masse immense de vapeurs ^paisses , et- les t^nebres n'etaient dissip^es par intervalles que par la clarte que r^pandaienl les (Eclairs et les rochers ardents que lancait I'abime. Ln torrent de laves se parlagea en sept branches, et senia partout la terreur el le ravage ; les beaux jardins de Bienca , de Porlici , de Granatelli et le village de Resina disparurenl sous les cendres, donl le lorrentd^vastateur entrainaa la mer une parlie du village de laTorredel Greco et de celui de I'Annonziata. Aulurrentde feu succ^da un fleuve dont I'eau bouillante coula du haut de la montagne , ou il s't^slait form^ par des pluies abondantes, accompa- gnees de Iremblemenls de terre. Naples seressentit de ce fleau, et un grand nombre de ses edifices furent en- dommages. L'f^ruplion de 1660 versa dans les campagnes une maliere fondue, vomie sans bruil par trois anciennes ouverlures du volcan. La lave ne trouvanl point de re- sistance put s'ecouler paisiblemcnt. En 168^ , I'incen- dic fut accompagne de Iremblemenls de terre. Les eruptions suivanlcs, jusqu'a celle de 1707, ne presen- Icrent aucun plienom^ne parliculier. Dans celle der- ( .55 ) mere, la lave acciimulee se fraya plusieurs routes, el ses torrents enflamm^s desolerent bientot les cantons en culture, en brulant les arbres qu'ils rencontraient sur kur passage. Le volcan repandif onsuite une odeur sufTocante de soufre qui endonirnagea les feuillos et les fruits des arbres ^pargn^s par le feu. Apres cette Eruption , qui dura vingl-deux jours , le volcan sommeilla pendant qualorze ans; mais le 22 oc- tobre 1761 , il se riveilla par une forte explosion. L,i montagne s'ouvrit un peu au-dessus de I'Atrio del Cavallo, ainsi qu'on appelle le vallon qui se trouve entre les montagnes de la Somma et du V^suve : ce fut avec un borrible fracas et en vomissant des flols de laves briilantcs, Les trois Eruptions suivantes furent peu meurlrieres. Celle de 1767 fut Ires violente , el depuis lors Ic volcan se montra presque toujours en activity jusqu'en 1779. Dans celle derniere an nee , le jet de feu, suivanl Denon, fut de plus de G.ooo me- tres. La lave descendit dans la vallee de Somma pour s'y partager : une parlie tourna du col^ d'Oltajano , I'aulre pril la route de I'Ermitage et de Resina. La co- lonne de fum^e , bien qu'elle se dirigeat sur Otlajano , elait si (^levec qu'elle paraissait couvrir Naples. En un moment la montngne ne parut plus qu'un globe de feu. Les broussailles de Somma et le bois d'Oltajano s'embraserenl, el les bai)itants de Resina , de Torre del Greco et dell' Annonziala so sauvercnl aussilot vers Portici , emporlant avec eux leurs enfanls et co qu'ils avaient de plus precieux; mais I'druplion ne dura que 28 minutes. Lelendemain, apres les degals de la veille, savoir : Oltajano a moilie bruk , une foule d liommes lues ou blesses, 18 pouces de cendrcs et de pierres .sur la surface du sol, le calme reparut , el en quelquos 1 1. ( '50 ) jours les Irabitanls rejoignirent celles de leurs de- meiires qu 'avail opargnecs I'incendie. L'^ruplion de i 786 forma une calaracle de feu en se ])r6cipitant de (3o pieds dans le Fosso Faraoni , oii elle d^lruisil une petite chapelle. L' (Eruption de 1794 rap- pela celle de 79, et devora la Torre , ville alors sur le rivage de la Meditorranee , et peupl6e de 18,000 habi- tants qui durenl se refugier a Naples. Aprfes trois heures de devastation, elle se jeta dans la mer , ou elle forma un rocherd'un tiers de mille carre et d'lme ^paisseur de 5 metres. Les cendres qui s'echapperent du volcau se r^pandirent aussi sur la Calabre. En i8o4, il n'y eut qu'une petite Eruption, et lors- qu'elle fut calmee , M. de Cliateaubriand , qui se trou- vait alors a Naples , voulul visiter le volcan. II des- cendit dans le gouffre , et voici ce qu'il en dit : B Qu'on se figure un bassin d'un mille de lour el de 5oo picds d'el(5vation , qui va s'elargissant en forme d'entonnoir. Sos bords ou ses parois inlorieurcs sont sillonn^s par le lluide de feu que ce bassin a contenu. Les parties saillantes de ces sillons ressemblent aux jambages de briques donl les Remains appuyaient leurs ^normes maconneries. Des rochers sont suspen- dus dans quelquos parties du contour, et leurs debiis meles a une pate de cendres recouvrenl I'abime. Le fond du bassin est laboure de differentes maniferes. A peu pres au milieu sont trois petiles bouches nouvellement ouvortcs, et qui vomirent des flammes pendant le s6- jour des Francais a Naples en 1798. La coulour gene- rale du goulTre est celle d'un charbon eleint. La lave en quelques endroits est peintc d'azur, de jaune et d'orange. Des blocs de granit , tourmenles et tordus par Taction du feu, se sont recourb(^s a leurs extr^mi- i '57 ) l^s , comme des palmes et desfeuilles d'acanlhe. Com- parez le silence de raort qui r^gne ici en ce moment aux detonations ^pouvantables qui ebranlaient ces memes lieux, lorsque le volcan vomissait le fea de ses en- Irailles et couvrait la terre de t^nebres. Qu'esl-ce que ces revolutions si fameuses des empires aupres de ces accidents de la nature, qui changent la face dela terre et des mers? Heureux du moins si les hommesn'em- ployaient pas h se tourmenter mutuelleraent le peu do jours qu'ils ont a passer ensemble ! Le Vesuve n'a pas ouvert une seule fois ses abimes pour devorer les cit^s, que ses fureurs n'aient surpris les peuples au milieu du sang ou des larmes ! Les temps varient . et les des- tines Immaines ont la meme inconstance. » En 1820, huit bouches s'ouvrirent h la fois, et de- vinrent aulant de crateres; deux dans I'interieur du cone principal et six a Text^rieur. En 18-22, une neu- vieme se forma encore , et bientot un torrent de feu so dirigea sur R^sine , en passant sur la lave de 1810, et menaca Portici, pendant que d'un autre cote le village de Torre del Greco etait dans une transe inexprimable. En 1827, un petit cone , forme au fond du gouffre , jela un peu de lave, et continua ainsi jusqu'en i85o , pour voir ensuite la lave se rcfroidir et s'eteindre, en attendant une eruption nouvelle, qui eutlieu en elTet, en 1854, et detruisit plus de 4^0 arpents de terrain couvert d'arbustes, outre qu'elle enfouit plus decent habitations des deux villages de San Giovanni et de Caposicco. Durant celle dernifere catastrophe, la mer avail ete Ires agit^e dans la partio qui bordo Resine et Torre dell' Annonziala. La s^renild de I'air n'clail pourtant pas troublee. Tciiiiinons par un mot encore sur la rormc de la inoula^nc el du cone du N'esuvc. (158) Nous avons dej^ dit que Ton couiprend sous le noin de V^suve la reunion de plusieurs monlagnes d'originc volcanique. Ces monlagnes sonl I'Oltajano au nord- est du cralere ; la Somma au nord , niais plus rappro- cli6c; le V^suve piopremenl dil, el le raont CanUuoni Jj I'ouest. Ces qualre monlagnes formenl un groupe d'en- \iron 32 kilomelres de circonft^rence. L'Ollajano est, il est vrai , une coiline plutol qu'une monlagne ; elle est prcsque a la base du cone que forme le groupe. Le mont Sonima est une longue ceinlure qui s'elend de I'esl a I'ouesl , au nord du cone , dont elle est, comma nous I'avons dit, separ^e par I'^lroile valine de I'Atrio del Cavallo, e'esl-a-dire Vestibule du Cheval, nom qui lui vienl de I'usage ou sent les voyageurs d'y laisser leurs monlures. Celle m6me ceinlure est compl^lee au sud par la Pedamenlina, qui , h Test, se ratlache a la Somnia , el a I'ouest se lerniine a peu de distance du mont Canlaroni. [Nous n'avons indique qu'environ cinquante eruptions du Vesuve , quoique les recliercbes de MM. Brongniart el Cirardin en conslatent soixante-quinze ; nous n'a vons voulu signaler que les plus notables. L'Etna, qui javagea les environs de Catane I'an 427 avant J.-C, , en compte une cenlaine , ainsi que nous I'avons dit , mais qui sont loin d'olTrir la meme importance et le meme inleret que celles du Vesuve. Nous passons sous silence les volcans sous - ma- rins, parce que I'^tude en est encore peu avancee , et que d'ailleurs I'espace nous nianquerait pour rap- peler ici ce que les navigateurs nous apprennenl a cet egard. Albert -MoNTjiMoiNi. ( >59 ) ExTiuiT (rune letlre du capitaine Ross, coiiiinaiulaiU /"Erebus, datee d' Hobart-Town , Teire de Fan Die- men, le 7 avril i84l. En considerant les circonstances dans lesquelles je me trouvais, il me parut qu'il serait plus avanlageux pour Tavancement de la science dont I'etude 6tail le but special de celte expedition , aussi bien que pour I'extension de nos connaissances geographiques dans les regions antarctiques , d'essayer de pi^n^trer vers le S. par le lyo'degr^ de longitude E. ; on pouvait dans cette direction traverser I'ovale isodynamique ma- gnetique,et determiner exactement les deux foyers de plus grande intensity ; en outre , en passant entre les routes suivies par le navigaleur russe Bellingshausen et par le capitaine Cook , on pouvait entrer dans le cercle polaire antarclique et altaquer le pole par le S.-O. , route que les efforts infruclueux de mes pre- decesseurs me faisaient regarder comme plus avanla- geuse que la route direcle du N. au S. Ayant done quitle les lies Auckland le i 2 decembre, nous avancames vers le S. , et touchames k I'ile Camp- bell, ou nous nous arrelames quelques jours pour faire des observations magndiliques. Ensuile , apres avoir pass6 entre plusieursmonlagnes de glace versle65ede- gre de latitude, nous atteignimes la limite des glaces compactes , et nous penetrumes dans le cercle anlarc- tique le i" Janvier 1841- Celle barriere de glace ne presentait aucun dos ca- ract^res forniidables auxquels on aurail du s'allendrc d'apres les rapports des Americaiiis el dos Fran(;;)'s , ( iGo ) mais les ciiconstances elaient assez mauvaises pour mc dissuador tl'y pen^lrer alors, et un coup de vent de N. inlerrompit nos operations pendant trois ou quatre jours, Le 5 Janvier, nous attaquanrios dc nouveau les glaces a loo milles onviron plus a I'E. par 66" 4''' de lat. S. ot 174° 16' long. E. .elquoique le vent soufflat directc- ment vers ellos et que la mer fut grosse , nous parvln- incs a y penelrer sans que les bulinicnts eusscnt eprouv^ d'avaries. Apres un chemin de quelques milles, nous Irouvames beaucoup plus de facility et moins de dangers a nous avancer vers le S. Un brouillaid e|)ais , des vents faibles, une houle profonde et une neige presque conlinuelle rendirent les progres plus difliclles et plus ennuyeux pendant les trois ou quatre jours suivanls. Mais I'horizon d^gage qui se montrait dans le S.-E. , et que Ton aporccvait loutes les fois que le ciel elait plus clair, nous enga- geait a poursuivre dans celte direction, et le 9 au matin, apres avoir parcouruplus de 200 milles a tra- vers les glaces compactes, nous atleignlmes enfin une nior [larfaitement degagee , et nous fimes route au 8. O. vers le pole magn^lique. Le 1 1 Janvier au matin , 6lant par 70° /ii' de lal. S. et 172" 36' de long. E. , on decouvrit la terre a la dis- tance (determinee plus lard) d'environ 100 milles di- roctemcnt sur la route que nous faisions, et par con- sequent enlre le pole el nous. Quoi(jue cetle circonstance nous pariit alors Ires desagrdable, puisqu'elle remlait impossible un des |)lus imporlanis objels de Texp^dilion , cependant elle rendail a TAnglcterre I'honneurde la decouverle de la If I ri' la plus sud , (pii lui avail etc noblement enlev6, el ( "G. ) avail ete conserve pendant les vingt derniferes aiinees par la Russie. Quoique nous conlinuassions noire route vers cetle terre pendant plusieurs heures, nous pai'aissions a peine en approcher. On voyait s'elever des pics de g a 1 2,000 pieds di! hautenti^rement couverls d'une neige 6ternelle. Des glaciers qui descendaient de ces som- mets se projetaient a plusieurs milles dans la mer, et presenlaient des falaises a face perpendiculaire. En approchant de la terre , nous apercumes quelques ro- chers qui se distinguaient au milieu de la glace ; et en nous dirigeant vers une petite baie pour y debarquer, nous trouvames la cote tellement encorabree jusqu'a plusieurs milles de distance , de montagnes et de pla- teaux de glace, et la houle qui se brisait dessus etait si forte que nous fumes obliges d'abandonner notre dessein , et de nous diriger vers une autre pointe plus au S. , qui paraissait plus propice , et au large de la- quelle nous apercevions plusieurs petites lies. Le 12 au matin, je mis pied a terre , accompagne du com- mandant Crozier et de plusieurs olficiers des balimenls, el nous primes possession de ce pays au nom de S. M. la reine Victoria. L'tle sur laquelle nous abordames est entierement compos^e de roches volcaniques; nous en avons pris de nombreux echantillons; elle est situee par 71" 56' S. et 171" 7' E. Ay ant lemarque que la cote E. de la grande terre se dirigeait vers le S. , tandis que du cote du N. clle allait au N.-O. , je fus porl(3 a croire qu'en penetrant vcrsle S. , autant que possible , on pourrait passer der- ri^re le pole niagnelique que nos observations combi- noes nous indiquaient etre vers 76° S. ; en courant en- ( .62 ) suite a TO. , il eiit 616 alors possible de le conlourner enti^rement. Nous poursuivimes done notre route le long de celte magnifique lerre , el le 25 Janvier, nous alleigniines la lal. de 74° 16', qui eslla plus ni6ridio- nale a laquelle on soil encore parvenu , el c'esl noire compalriole le capitaine J. Weddeil. Quoique arretes souvent par de violenls coups de vent du S. , par des brouillards epais el uno lempele de neige continuelle, nous conlinuamcs Texamcn de la cole vers le S. , et le 27 , nous d6barquames en- core une fois sur une ile siluee par 76° 8' S. el iGS" 1 2' E. Elle 6lait enti6remenl, compos6e comme la pre- miere , de roches volcaniques. Porlanl encore vers le S. , nous apergumes le lende- main malin une monlagne 6lev6e de 12,400 pieds au-dessus du niveau de la mer , qui jelail une masse considerable de flamme el de fum6e. Ce niagnifique volcan reQul le nom de monl Erebus; il esl situe par 77° 62' S. et 1G7" o' E. On vit aussi a I'E. du monl Erebus un aulre cral6rc eleinl d'une elevation un peu moindi'e , qui rccut le nom de monl Terror. La lerre continuail a courir vers le S. , el nous la suivions; mais dans Tapres-midi, nos progr6s dans celle direction I'urenl arretes par une barri^re de glace qui s'elendail k parlir d'un cap direclemenl vers I'E.-S.-E. Cetle barriere extraordinaire presenlail une facade perpendiculaire de 1 hu pieos de iiauteur pour le moins , d6passant de beaucoup le sommel des mats, elcachanl enlicrement a noire vue loul ce qui se Irou- vail derriere, a I'exceplioii do quelques sommets d'une ( i63 j , cliaine de montagnes qui s'elendaitversle S.-S.-E. jus- que par 79° S. En poursuivant I'examen de cetle immense barri^re du c6l6 de I'E. ^ nous alleignimes la latitude de 78° 4 S. , la plus haute a laquelle nous soyons parvenus ; c'elail le 2 fevrier. Nous suivimes la falaise glacsail XVI. SliPTEMBRE. 3. 1 i ( '70 ) Je reviens h mon ilin^raire. Je quillai lo 2S decem- Ijre i85iS le Mexi'.]ue, m'emharquanl, au port de Maza- llaii siir les bords dp la mer Pacifiqiie , pour les lies Sandwich , ou je visilai lo volcan dc Kirau-Ea , le plus grand du monde , el ou je (us le Iroisieme a alleindrc io sommel du Mouna- Koa , que M. Goodrich el ensuite i\l. Douglas avaienl visile avant moi. Je differe de ce dernier considerahlcmewl en ce qui concerne I'elen- due du cralere au sommel de la monlagne , M. Dou- glas lui donnanl une circonfercnce de 6 1/4 millos anglais, landis que je crois deja avoir exagere en I'es- limanl a plus de a railles. C'esl surtout relalivemenl a la hauleur de celte monlagne que jedois Ic plusdeplo- ror le manque d'inslrumcnls, puisiiueCooket les aulres navigaleurs la calculaienl a iy,ooo ou 18,000 pieds , landis que M. Douglas no lui en accorde que i5,200. avoir- cu jadis un revetement lebrite dans ces mers par la vilosse extraordinaire avcc Jaquelle ils venaienl des Indes el y retburnaienl, lels que le Rob- Boy, I Ariel , le Wuterwitch, le Red-Rover, etc. Leur but ^lait la conlrebande de I'opium, qu'ils se conten- lerenl pendant les premieres annees de porter aux des de Hong-Kong ol de Liolin, dont les deux ports sont altcrnalivemenl employes selon la mousson; ce- lul do Linlin ne presentant de silrete que pendant la mousson de N.-E. , qui dure de la mi-oclobre a la mi- avril, landis que celui de Hong-Kong a ce m6me avan- ( '75 ) lagc pendant la mousson clu S.-O. , qui comnienco vers la mi-avril , et continue jusqu'a la mi-octobro. Tant que les Anglais se born^rent h ces deux places , ils ne furent nullement contraries par les employes chinois , puisqu'ils ^taient obliges de partarger leur gain avec eux, et que c'^tait par ces employes nienies que Fopium etait introduit dans I'interieur du pays. Quelques Anglais, plus enlreprenants et plus avides que les aulres, se mirent enfin en tete de ne plus par- tager leur profit avec les mandarins, qui s'etaienl habitues a compter la-dessus. Ces contrebandiers eurenl done la liardiesse de pas- ser le Bogue (les forteresses a I'embouchure du Tigrel pendant la nuit dans des chaloupes , I'orcant le passage malgreles mandarins, qui devaient se contenter d'un cadeau de quelques cenlaines de piastres, somme insi- gnifiante dans ce commerce , au risque d'avoir la cervelle bruise par les contrebandiers qui etaient bien armes, tandis que les Chinois etuient pris a I'impro- viste. lis parvenaient ainsi a Wampoa, qui est le port de Canton jusqu'ou les plus grands vaisseaux de la Com- pagnie des Indes peuvent remonter le Tigre. Arrives la, ils trouvaient a se defaire directement de leur marchandise sans I'entremise des mandavins, cl d'une nianiere si avantageuse , que Tun de ces messieurs , qui le premier avait forme I'entreprise , avait gagne en moins de dix-huit mois unc fortune de i5o,ooo piastres espagnoles. Ce ne fut qu'alors, quand les mandarins virent echapper de leurs mains ce commerce lucratif, dont les inlerieurs avaient a partager le gain avec leurs chefs, qu'ils lirenl remarquor a Tempereur rimmora- ( '74 ; lite do ce coininerce , el c'est de celto «^|)oque (jiie datenl les mesinlelligences enlre les deux nations. Nc possddanl pas a Paris tous les documents oHi- ciels et autres papiers relatifs a celte affaire que j'avais rapporles de la Chine , je ne puis suivre la marche de ces demeles d'une maniere chronologique. Je me rappolle cependantque le premier acte (qui out lieu avant mon arrivee ) fut la condamnalion a mort d'un malheureux Chinois qui avail vendu de I'opium a Canton, ou il fut execute vis-a-vis des fac- torcries , autant pour imposer aux etrangcrs que pour les insnlter. Quelques mois s't^taienl ecoules ce- pendanl sans que le gouvernement chinois eOt pris dcs mesures ostensibles , lorsque I'empereur, au commen- cement de 1859, envoya un commissaire extraordi- naire a Canton , Lin , auquel il avail confi6 les sce<>ux cle I'empire , ev^nement qui ne s'^lait r^pete que trois ou quatre fois dcpuis I'avenement de la djnastie Tar- tare, C'est de ce moment que commenca le traitement si indigne et si barbare des etrangers ^lablis Ji Canton, oil tous durent souffrir pour quelques coupables. Les factoreries furent cernees, les livres des marchands saisis et examines par les Chinois, qui reconnurent ainsi que les Anglais devaient poss6der 20,285 caisses d'opium , que Lin commanda de lui livrer dans le plus court ddlai. II tcnait los Anglais et autres etran- gcrs prisonniers dans Icurs factoreries, los privant d'une partic de leur nourriture et de lours domesli- ques chinois, ainsi que de toute communication avec -Macao , et il leur signifia los conditions sous losquelios il lour prometlait ou leur dtilivrance ou i'aggravalion des voies de contraintc. II lint sa promesse en ce qui concernait les domesliques chinois, qu'il rendit apres .( >75 ) que le quart cle I'opium fut d^livre ; mais le passage enlre Canton et Macao ne tut r^labli que lorsque les trois quai'ts eurent 6te remis, etle commerce ne fut autorls6 qu'aprfes que la lolalile de I'opium fut entre les mains des Chinois ; encore y eut-il beaucoup de restrictions et de Iracasseries. II n'est pas a douler que si le surintendant Elliot n'eut pas execute toutes ces conditions, Lin aurait ef- fectu6 ses menaces, et priv6 les Anglais d'eau , en- suite de nourriture , et se serait porle a la fin des neuf jours aux dernieres extr^mites. A la nouvelle du premier danger auquel les sujels anglais etaient exposes et de leur emprisonnement , le surintendant Elliot, qui se trouvait alors en surety a Macao ( ou a Wampoa ) s'etait rendu a Canton , en forcant avec une chaloupe le passage gard(i au-dessus de cette derni^re place, ne faisant pas dllficulte de risquer sa vie en se porlant au milieu de scs compa- Iriotes prisonniers, dont il ranima le courage par eel acte de d^vouement. Que ceux qui ont allaque le commissaire Elliot pour manque d'dsnergie dans ses discussions avec les Chinois, ce pcuple fourbe et sans foi , n'oublient pas ce noble trait; et si ensuite, pour sauver la vie cle tous, il con- senlit aux conditions de Lin, et recommanda a tous les sujels anglais de livrer jusqu'a la derniere boule d'opium, leur en garanlissant le remboursement par le gouvernemcnt de sa souveraine, il ne fit que ce que la necessity la plus dure lui commandail, persuade que sans celte derniere concession aux marchands, il n'arriverail jamais a rassembler I'opium exige pour la delivrance des prisonniers. La suite de ces evenements est suHisamnionl ("ormuo ( ^:<^ ) piir lospapiers publics, oii Ion Irouve assoz de preuves de la lachete et du inanquo de foi des Chinois, el en meme temps de I'inconsequence des Anglais, qui me- lent a des allaques entreprises avec energie, des con- cessions lout-a-fait imprudentes et inutiles vis-a- vis do cette nation riis^e. Les Anglais avaient commence I'attaque par le seul point oil le gouvernement t^goiste de lour enneiui etait vulnerable, en s'emparanl de lile de Chusan et en iaisant des demonstrations contre Pekin. L'empercur, malgre son sang taiiare , Irembla comme un veritable Chinois! Mais les Anglais, au lieu de poursuivre leurs avanlages , coule que coule , se sont laiss6 persuader par les Chinois de se rendre a Canton pour y traiter. Ainsi les voila rejeles a I'extremile de I'erapire; et le gouvernement chinois, delivre du glaive qui le raena- cail au coeur, revient 5 sa politique accoutumee, s'in- qulelant peu du sort de Canton. Mais je sens que je ne me suis deja que Irop ecarte des limites que je m'etais proposoes. J'espere du moins que lalulte dont je viens de vous entrelenir , toule d6- saslreuse qii'elle est dans ce moment pour le com- merce, portera des i'ruits pour la geographie en nous jirocurant des donnees plus exactes sur ce vaste et in- leressant empire. F'atigue d'un s^jour dont je ne pouvais assez profiler, je quiltai Macao le 5 juin iSSg. Je visitai en passant I'e- tablissement hollandais de Boelecomba aCelebes, ile du plus haul inleret pour I'liisloire nalurelle , et apres avoir eu un des derniers le bonlieur de visiter Saintc- Helene avanl que ce roc solitaire i'ut prive de I'aimant qui y attirait les ycux de I'univers, je debarquai enfm a Douvres , le i5 novembre 1809, aprcs une traversee ( '77 ) do 1 65 jours ( a compter de Macao ) , ayant accompli le tour du globe en deux ans trois mois a peu pres. Placant ce petit memolre sous votre egide, je vous reitere ma priere de raccueillir avec indulgence, et d'agreer, monsieur, les sentiments de ma haute consi deration. Isidore Lowenstern. Note sitr les noiivelles frontieves de la Hoiigrie et de la Transyh'anie . Paris, i" octobre i84i. Messieurs, N'ayant vu encore depuis mon arrivee dans cette ca- pitale aucune carte de I'empire d'Autriche, dela Hon- grie et dependances oii soient indiquees les nouvelles Irontieres de la Transylvanie , j'ai tout lieu de croire que la decision prise a cet egard par la difete de Pres- bourg en 1 835 n'est point connue en France ; je me fais done un devoir de la meltre sous les yeux de la Society de geographic. II futarrete par la diete hongroise, enl'annee i855, que 5 comitats et i district de la grande principaute de Transylvanie seraient r^unis au royaume de Ilon- grie , savoir : le comitat de Szolnok central, celui de Krassna et le district de Kovar dans la partie nord- ouest de la principaute ; puis plus au sud , le comitat de Szarand. Les travaux de cette concession ne furenl { <78 ) Ci^pendanl lorniines qii'en iSo-j , el tiopuis celte epoque la Ilongrie, au lieu dc 4l> comitals, en comple 49 avec 6 disUicls privilegies au lieu de 5. Quoique cos deux ])ays aient un seul et meme souverain , ils oot chacun leur gouvernemeiit parliculier, leurs privileges et leurs lois, et sont aussi represent^s chacun a Vienne par une chancellerie sp^ciale. Dans I'Europe occidenlale on les considere corame des provinces aulrichiennes , parce qu'on n'y voit point leurs ambassadcurs ou represen- lanls;maisallezdire a un Hongrois surtoutqu'ilestsujot autrichien , que son pays est une province ou une de- pendance de I'Aulriche , vous le meltrez en fureur. U n'exisle pas de nation plus jalouse de ses droits , plus imbue do I 'amour de la patrie. Ces sentiments se sont vivement manifestes aux deux dernieres dietes. La des deputes (et il en est d'un talent remarquable) ont d'a- bord fait observer qu'ils ne voyaient pas pourquoi leur roi ou ses delegues leur parlaient latin; qu'ils avaient leur langue; que ceux qui ne la savaient pas n'avaient qu'a I'apprendre ; enfin, I'assemblee a fini par decre- ter que la langue hongroise serait dorenavant laseule usitee dans les acles publics el pour tous les rapports avec le gouvernement. Quoique la majorite des habitants de la Ilongrie se compose dePolonais, Slovenes, Rusniaques, Croates , Serviens, Valaques , AUemands, etc., la langue des Magyars a obtenu la prefereuce , parce qu'elle est celle des peuples du centre , des vrais Hongrois; enfm qu'olle est originale , riche , expressive , sonore. Le inagyarismus, comme ils le nomment, est done de- venu la base de toutes les etudes : c'est un coup mor- tel porle au latin , qui ne peut que se perdre a la iongue , ou se releguer dans les cartons des hommos ( '79 ) tic loi, car t'elude de la langue hongroise est longue et diHicile. Tout employe du gouvernement , tout jariste, avo- cat, avou6 , notaire, medecin meme , doit en outre connailro les idiomes slaves, le valaque, I'allemand ; il se livre aussi a I'etude des langues anglaise et iVan- gaise. Celte derniere a bien souffert un echec momeTi- tane par I'anglomanie de la haute sociele ; mais son triomplie est probable el serait prompt si les Ilongrois avaient la liberie de voyager. One Academic des sciences a ete organisee a Peslli dans le but special de regulariser, de perfectionner la langue hongroise, qui ne possede encore que fort peu d'ouvrages originaux. Mais les chefs-d'oeuvre de I'An- gleterre, de la France, de I'Allemagne , et nombre d'autres sont deja traduits, et ces traductions se pour- suivent avcc un zele, une ardeur admirable. La nation ne veut point reconnaitre Talfinile finnoise que lui donnent tous les ouvrages ethnographiques. Elle a en- voye dans les Indes des savants pour v rechercher son origine ; les resultals de ce voyage ne sont point encore connus. De fait, la nation magyare a un type tout original. Elle est belle, grande, noble , here, et sur- lout hospitaliere ; elle cherche le progres, ne se rebute pas des obstacles qui le relardent , et dont sa constitu- tion est la principalc cause. Malgre son religieux respect pour cette antique charte qu'elle tient de ses premiers rois , des modifications importanles y sont faites a chaque dicte, et elle touche presque a une reforme complete. Les vices de celle constitution, la position geographique de ce beau pays , ravage pendant lant il'annees par les puissants musulmans des xvi% xvu' i't xvin" Slides, son isolcment, les barriens dont il osl ( '8o ) enloure de loules parts , lout n'a-t-il pas conlribue a arreler ses progics, sa prosperilt!!!' Puissc cctle prospe- rity , si elle est jamais atteinte , nc point oprouver de nouvelles entraves par la luttc que les habitants de la llongrie seront peut-etrc un jour appeles a soulenir sur une autre frontiere ! Le royaume de Hongrie, par son 6tendue , sa popu- lation, et surtout par la richesse de son sol, pout presque aller en parallele avec le royaume de Prusse : la population de lous les pays qui envoient des deputes a la diete de Presbourg ddpassc 12,000,000. Les pro- duitsdes mines sont deplusde 2,000 marcs d'or.go.ooo marcs d'argcnt, 4o.ooo quintaux de cuivre , i5,ooo quintaux de plomb , et pres de i5o,ooo quintaux de for. Le produit de sel depasse 800,000 quintaux. La moyenne des dix derni^res ann^es donne en ce- reales un resultat de 120 millions de boisseaux de grains par an , plus de 00 millions de feuillettes de \in , dont les trois quarts sont exportes. Les betes a cornes y sont de la plus belle espece ; on on compte prfes de 6 millions; pres de 900,000 che- vaux, dont beaucoup d'une belle race, plus de 20 mil- lions de moutons, et au-dela do 5 millions de cochons, ot malgre la consommation d'une si grande quantity de bestiaux , I'abondance du foin y est telle , qu'on en exporte encore plus de 20,000 quintaux par an. ]\'oublions pas le tabac , qui rivalise avec celui de la Turquie pour la qualite , et dont on recolte 5 a 600,000 quintaux. La grande principaute de Transylvanie, dontle terri- toirc n'esl que le quart ou le cinquiemc de celui de la llongrie, ne le cede point a cc pays pour la richesse du sol. La nature I'a auconlrairecombl^dc tous ses dons. ( i8i ) Ses mines donnent par an '2,5oo marcs d'or, 5,oo« marcs d'argent, 2,000 quintaux de cuivre, 17,000 quintaiix de fer. Le sel y est Ires abondant; on n'en exploite que la quantile necessaire pour la consomma- tion , parce que les pays limitrophes en sont abondam- menl pourvus. On compte 700,000 betes a cornes , 000,000 chevaux, 600,000 moulons, 5oo,ooo cochons, et jS a 76,000 chevres. En cereales, on obtient i5 mil- lions de boisseaux de grains , 600,000 quintaux de ta- bac, et Ton recolte un million de leuillettes de vin, etc. La population actuelle de la Transylvanie, malgre la rognure de ses frontiei-es, peut aller a 2,100,000 ames. Je dois signaler encore a la Society de geographic une reforme que la chancellerie de la guerre de Vienne a I'aite dans deux provinces des confms militaires : Ja province dite regiment alleniaiid da Baiiat a ele di- visee en deux parlies, donl I'occidenlale , qui est la plus grande, a conserve le nom ci-dessus, et dont la partie orienlale a pris celui de hataillon illyrien da Banat, La province dite regiment valaque illyrien a aussi change son nom en celui de j-egintent valaque du Banat. J'esp^re coramuniquer encore a la Society de geo- graphic d'aulres documents inleressants recueillis dans mes voyages, aussitot que je me serai mis au courant dc ce qui a ete ecrit pendant ma longue absence sur I'Allemagne, rAutriche, la Hongrie , etc., et que je saurai quelles lacunes restent a remplir. J'ai I'honneur d'etre, etc. C. Desjardins, nieinbte de la Societe de geographie et d'autres Societes savantes. ( >82 ) T KMi-^KV geographiqtie et statisti(]iic (jie r empire de Mavoc, pnr}\. le comle Grakberg de IIemso. ( Suite de I'article insere nu Bulletin de mars l84o, page 149. ) Fez , Oil mieux , comme en arabe el d'apres les in- digenes, las, nom qui , peul-elre , anciennement si- gnifiait or, mais qui aujourd'luii veut dire |)ioche ou beche, est v6rilableinent la capitale de loulle Moghreb, batie en 807 par Edriss , au fond d'une vallee formee ' par plusicurs montagncs , dont les flancs sont couvcrls de beaux jardlns , de bosquets d'orangeis el de gre- nadiers. La petite riviere appelee f^ad-elGienhari, ou riviere desperles, et quelquel'ois f^ad-el- Mafmsin, ou rivifere des deux bosses ou des deux monticules , la- quelle se ddcbarge dans le fleuve Sdbou, arrose la val- lee, en faisant mouvoir un nombre infini de moulins , el rapporte une grande abondance d'eau h Fez, qu'elle divise en deux parties diles la vieille el la moderne Fez. Les deux parties reunies contiennent environ 88,000 babitanls , dont 66,000 Maures et Arabes , 10,000 Amazirgbis , Bcrberes et Sliellucks, 9,000 juifs et 4.000 noirs. Les juifs babilentla cit6 moderne, batie au xiii' siecle , entour^e de riants jardins et dominant I'ancienne Fez. Les rues sont g^neralement 6troites et sombres, les maisons Ires hautes et en plusieurs en- droils soulenues par des voutes, des arcbos qui fran- cbissent la voie, et forment, en se fermant , un grand nombre de quartiers separes, surlout pendant la nuit. Les boutiques sonl Ires nombreuses , mais peu ele- gantes. Les marcb^s sonl frequenles principalemenl j)ar les gens de In canipagne et par les monl^gnards. ( '85 ) Fez poss^de sept ecoles publiques Ires IV^qucntees , el plus tie cent mosqu6es , dont la principale se nomine El-Charubin; elle a plus de trois cents piliers en niar- bre; mais elle est d'une construction lourde et mes- quine. Mcchinez ou Miknas, anciennenient Si/da, autre resi- dence imperiale du royaume de Fez, surnommt^e Ez- Zeitiiim, hcauscde rimmensequantit^d'oliviersquiren- vironnent, surtoul vers Test et le sud. Cetteville est tres grande , belle, forte et ancienne ; elle renferme envi- ron 55,000 babitants. Elle est situee sur une colllne au milieu d'une plaine tres fertile , arrosee par une multitude de ruisseaux, et Iraversee par une petite riviere appelee El-Cet, qui se perd a peu de distance de la ville , dont les murailles sont peu elevees , mais epaisses et garnies de fortes batteries pour tenir en respect les Berberes des montagnes voisines. Les babitants maures de Mecbinez ont la reputation d'etre les plus civils et les plus bospilaliers de tout I'empire ; mais ils sont exlreraement jaloux de leurs femmes , qui aussi passent pour etre d'une rare beaute. Independamment de 69,000 Maures et Arabes , la po- pulation compte environ 9,000 negres , presque tous soldats casernes, 5, 000 juifs , et 1,700 Berberes el Scliellucks. Le palais" du sultan a pres de 2 milles do circonference , y compris des jardins qui sont Irtss beaux et trfes ricbes. Sa/e , vi le appelt^e par les Remains Sa/a , et par les Arabes Sa/a, ou quelquefois Sala-Bu-R'gh'aba , a cause des bosquets d'arbusles qui I'enlourenl. Cettc ville est grande, bien peuplcie, commercante, Ir^s bien fortifice , sur la rive droile et septentrionale, et pres le confluent du ruisseau Viarou el du fleuve Bu- ( . 84 ) rcgreb , vis-a vis R;il)at , avec unport ossezsjiacieux , on copendant les gros navires ne peuvent arriver a cause des bancs de sable qui encorubrent el obstruent l.'en- ivie du fleuve , lequel n'a d'ailleurs que 4 metres d'eau dans le moment du (lux et 2 mitres au reflux. Sale est mediocrement batie , et peupl(^e d'environ 20,000 ha- bitants, tous Maures el Arabes, ennemis acharn^s des Chretiens, el ne permeltant a aucun de ccux-ci de se fixer dans leurs murs. liabatt, en arabe El-Rebatt , appelee aussi Nouvelle- Sale, est unc ville moderne, grande, forte, bien ba- tie et tris peupUe , en face de Sale , sur le penchant d'une colline, en partie sur la rive meridionale du fleuve Buregreb, et en partie sur I'ocean Atlantique ; elle est entouree d'une bonne muraille flanquie de tours ,* elle compte au nioins 28,000 habitants, y compris environ 7,000 juifs, qui font un commerce considera- ble, non seulcment avec Fez et autres pays voisins.mais encore avec I'Europe , parliculiirement avec Genes el Marseille. Manziira, sur le fleuve El-Mansor ou Guir, a 2 milles de rOcean; et Fedala , a 1 mille de la mer, sonl deux autres pctiles villes assezjolies de la province de Tcmsna, ainsi que Darheida ou Anafe^ petit port peu sur. Dans le royaumc de Maroc , on distingue Tefza , mot qui veul dire sable. , ville siluee a peu de distance du fleuve Derna , fameuse par ses fabriques de bur- nous ou manteaux de laine noire et blanche: Te8G ) il V a hoaiicoup de jarclins el d'esjiaces deserts cncom- hves de ruines;les mosqu6essonl nombreuses el riches. Le palais imperial ou s^rail, situe hors de la ville, coint egalemcnl de hanles et fortes murailles, est vrai- ment magnifique. Mogador ou Mogodore , appol6e par Ics indigtjnes Sitira , est una ville moderne lond^e en i 760, r6guli6re- menl batic , ayant des rues droites el commodes, bicn qu'elroiles; elle est assise sur la plage d'un desert bas eluni, (^loign6 de 4^12 millesdes lieux culliv6s. L'eau potable vienl dune petite riviere qui en est a 1 niille el demi. Mogador est la demeure des agents consulai- res des puissances clireliennes. Le port est forme au sud par une petite lie. I^a ciladelle contient la douane el le tresor, el la se lienl le gouverneur. Enfin, Tarudant esl une trfes ancienne ville , capilale de la province de Sus, enlourde de haules murailles, et peuplee de 22,000 habitants, qui surpassent lous les Maures dans I'art de leindre les etoftes el de preparer les cuirs. II y a encore audela de I'Allas la ville de TaPdct, ca- pilale du royaume du meme nom, villo formc^e deplu sieurs villages ou ciladoUes le long des deux rives du fleuve Ziz , appele aiissi Talifet. La population inle- rieure esl d'environ 10,000 habitants. Les habitants de Talifet , qui se composent en ma- ' jeure parlie d'Amazirghis fiddles ou Bcrberes , fabri- quenl specialemenl des cuirs dilsmarocains, des etoffes de soie , des tapis el des couverlures de laine; ils en- Iretiennent un commerce suivi avec Ics pcuples du Soudan, surloul avec la ville de Tombouclou , assise pres du Niger, au-delh du Sahara ou grand D(^sert, dont ils louchent la limite occidenlale ; ils truhquent sur \ ■ V '«7 ) les dattes , I'indigo, ranlimoine , le plomb el aulros productions dii pays. Selon le voyageur (laille , la ville de llessdiil , qui en importance senible venir opr^s celle de Tafilet , est aii- jourd'hiii la residence du bassa ou vice-roi dii Talilel ; elle est rapprochee de I'Atlas au nord de celle de Tafi- let et du bourg de Garland , vers le flanc oriental des monts Sanhagia. Plus pres du desert, etdans le voisinagc d'une |)etite riviere, se trouvel'ancienne ville de Segebnesn ou Sugil- Masa , la Sigin-Mesa de Jackson, dans une grande plaine. Celte ville, autrefois capitale d'nn royaume a part, tombe aujourd'hui en mines; elle est neanmoins encore assezpeupl^e ; elle cnlretient avec Tombouctou un commerce (!itendu , qui consiste principalemenl en chameaux, chevaux et dattes. Au sud-ouest de Tafdet et dans la province de Darah , se voit Mi/nc/fia , assez grande ville, delicleusement assise au milieu d'un bois de palmiers, enlre deux pe- tites chaines de montagnes qui se dirigent de l"ouest a Test; elle est peupl^e de Berberes, de Maures agricul- teurs et de quelques juifs. Pius au sud encore est Beni Sabih , capitale de la province de Darah, vers le pied sud-est de I'Atlas: c'est une ville petite, mais assez peupl<^e , et qui fait un comm9i'CC de peaux de chevres ; elle est sur la rive oc- cidentale du petit fleuve Darah ou Draha. Elle a au sud les deux villages A'Akka et de Tatta , places sur les confms du grand D«!!sert, et lieux de rendez-vous des caravanes qui de Mogador, de Fez et de Maroc , se rendent a Tombouctou, Enfin , dans la province de Tesset ou Sus-el-Acsa , est Talent, ville forte, residence d'un prince, fils 1 5. ( '88 ) sch6ril , el qui en 1810 s'osl ciee iin Elal indepen- daiil, pcupl6 d'environ aSo.ooo Schellucks et Arabes induslrieux, agriciilieurs, guerriers et commercants. Au sud de Talent sonl les deux gros et populeux vil- lages de StuA/ca et Ann , oil les nau Tragus Chretiens sonl d'ordinaire conduits en esclavago. StriAkn renferme cn- \iron 1,600 habilanls, gouvernes par un scheik inde- pendant. Ann comple 2,000 ames, et repose sur les bords d'un pelit fleuvc appele par les naturels Vad- INun, niais dont le v^rllable noni est Akassa, et qui csl sans doute le Daradus des anciens. Nun est^ environ 5o niilles de lamer dans un territoire peu fertile, rap- proch6 du desert, et qui produit de la gomme , de la cire , el fail un commerce de plumes d'aulruche. l.es habilanls sont en grande parlie Arabes, el font un negoce important avec Tombouclou et I'Afrique cenlrale. En un mot, Nuu est le veritable entrepot du commerce enlre Mogador el les marchands de la Nigritie ou du Soudan. A.-i^l. Lli TUNNEL DE I.A T AMISE , A I.ONDRES. Le merveilloux passage sous iaTamise, con^uelexe- cut6 a Londres par un Francais, M. Brunei, est enfm a peu pr^s termini. Le i4aoul 184 1 , col habile ing^niour, accompagne de deux ou Irois minislres strangers et de leurs dames, a pass6 enli(!remenl sous le fleuvc , bien que le passage du cole de Middlesex ne soil pas encore assez 6leve pour laisser passer sans se baisser une per- sonne d'une laille de 5 pieds. M. Brunei, arrive sur la rive gauche, y a et6 re^u avec enlhousiasme par les speclaleurs, qui I'onl felicile sur I'achfevement de ce magnifiqui' projel. ( i89 ) MoKURS £T COUTUMiiS DES EsKiMAUX, (Vupres li's rccits des (lernicrs vovaseurn . II est aux exlremites de la lerre, parmi les glaces tie ce pole nord vers lequel sans cesse la boussole di- lige son aiguille, comme pour nous avertir de cher- cher de ce cole les vrais exemples de la sagesse et du bonheur ; il est un peuple inoffensif et doux, petit de taille, velu de peaux de veaux marins, tache d'huile ou de graisse , qui n'a jamais connu le feuillage des arbres , ni respire le parfum des fleurs, ni foule le vert gazon ou la mousse legere , mais seulement les glaces quil'environnent ; ni bu I'eau claire des fontai- nes, mais seulement I'eau de peige ; enfin, qui dans sa butte de cristal neigeux , 6clairede sa lampeenl'um^e , se croit mieux partage que les plus grands monar- ques : ce peuple exceplionnel , embryon de I'liuma- nite , est le peuple des Eskimaux. II habite les rivages arctiques du continent ameri- cain, par-dela les cotes septenlrionales du Labrador, cntre les Goe et 74'= degres de latitude bnreale ; en un mot, dans les terras ou lies les plus voisines du pole arctique. Heureux de sa condition , il ignore totalement ou ne connalt que de nom les usages rafBn^s et les commo- dit^s diverses de la society civilisee. Ses equipages sont de minces traineaux qui , tir^s par des cbiens, dans leur course agile, rasent ou n'efileurent qu'a peine la surface de la neige glacee. Ses livres sont la nature ou le' ciel bleu et les neiges qui le cernent de loules ( igo ) parts; ses mets lus plus exquis sont du poisson cru ou secho a la flamme de la lampe ; son unique breuvage est, jo le repele, cclui que lui donnc la ncige Fondue ; ses lois sont la justice traditionnclle ecrite dans la con- science , qui csl la seule tvpograpliic de ces apres deserts. S'il est priv6 de tous nos avantages europ^ens, 11 n'a ])as les habitudes grossi^res el barbares des tri- l)us indiennes errantes dans les immenses solitudes qui les separent du monde police. Ses verlus comrae ses defauts lui appartiennent exclusivement ; il n'a rien emprunte , tout lui est propre ; en un mot, tout en lui el aulour de lui est indigene. A peine sorli des mains de la nature, et n'a) ant point encore passe danscelles de la civilisation, ce peu- ple dans les limbes, el qui habile des lieux si difficiles a noire acc^s, a 6le depuis quelque temps et a plusieurs reprises visite par d'intr^pides navigateurs, lesquels n'ont pas craint de s'aventurer au milieu des monla- gnes flollantos de glace qui encombrent el obstruent los merspolaires ; les capilaines Parry, John Ross elBack onlsuccessivementexplorecesregionsdc^sherilees, oulc solfii n'envoie que de faibies et obliques rayons, lors- qu'il parvienl a I'horizon , qui est le zenith de I'astre pourle peuple eskimau; ces regions, dis-je, ou toule vdgelation estmorte , ou rien de vivanl , rien de pillo- resque ne recree la vue , si ce n'est reternci et blanc reflet de la neige el quehjuos aurores bor^ales. Ces voyageurs , durant la captivile plus ou moins longue de leurs vaisseaux ( celie de Ross ful de pr^s de quatre annees ) , en des parages si dangereux , ont pu Fr6- quent(U' les Eskimaux , ct rocucillir sur leurs mocurs el coutumes une loule de notions curieuses donl je vais essayer de donner la substance. ( '9' ) Les Eskimaux sont Ires ad'ectueux pour lours en- lanls ; ils ne les frappent jamais, et ne leur parlent ja- mais durement. Les enfants , cle leur cote , sonl tros dociles, trfes doux , et monlrent aux auleurs de lours jours le plus vif attacliemont. L'elat de c^libat est inconnu de ce peuple , qui pa- lait suivre a la leltre le precepte divin : « Croissez et multipliez, » Un Eskimau no se figure pas comment un homme pourrait se passer d'une compagne ol se dispenser de payer ostensiblemenl son tribut a la pro- pagation de son espece. II y a plus : la polygamio d(! rOrientet la polyandrie du Thibet, c'est-a dire la plu- rality des tommes au benefice des hommes et la plu- ralite des hommes aux ordres du beau sexe, paraisscnt universeljes chez les Eskimaux. Un Eskimau a done plusieurs epouses , et une femme eskimau peut avoir et a souvent plusieurs maris, sans que la paix domes- tique en soit jamais Iroublee. Aucun des membres de la peuplade ne devant lui etre inutile, et les deux sexes n'etant jamais egaux en nombre , les Eskimaux ont senti la n^cessit^ de ce double usage, dans I'inte- ret de leur conservation commune. Cependant il est de r6gle que ceux qui rendent le plus de services a la communaule soient le mieux partages : aussi les plus habiles chasseurs et les pecheurs les plus adroits ob- tiennent-ils constamment de prdit'^rence aux autres hommes I'avantage de pretendre et de plaire aux fem- mes qui sont en excedant. Ces etres privilegies sont d'ailleurs jug^s plus capables de conlenter leur trou- peau f^minin et d'elever leur progeniture ; do ineme la femme qui, a son tour, est reconnue comme meri- lanl le meilleur lot male , soit par I'c^inergie de son cai'acterc, soil parses graces ot sa boaulo, oblient un second man du vivant du premier, et tous les deux s'arrangent h raerveille de Ja compagne qui leur ac- corde allernalivemenl la faveur d'un enlretienen I6te- a-tole; il y a beaucoup de jeunes Eskimaux qui pos- sedenl ainsi une (Spouse en commun, et qui passcnt ensemble aupr^s d'elle leurs plus hcureux moments. A quinze ans, et quelquefois a Ireize, une fille est nubile. On la marie sans pretre , puisqu'il n'en existe pas chez les Eskimaux; on ne pratique aucune autre c^ri^monie que celle de la conduire jusqu'a I'entr^e de la hutle de neige donnee a I'amant fortune que les pa- rents lui ont choisi pour 6poux ; elle s'y rend seule , aprfes avoir pris conge de sa famille , et le myst^re de riivmen s'accomplil. Les repudiations et les echanges de compagnes el meme de maris sont des choses parfaitemenl licites ; on se quille, on se reprend , pour se quitter encore, sans querelle ni rancune : on n'a en vue que la satisfac- tion de ses penchants ou deses fanlaisies, sansatlaclier lamoindre id^efacheuse a cetteinfidelitemuluelle dont les paysde civilisation seraient si fort scandalises. L'6- poux troque son epouse contre celle d'un voisin , au risque bien souvent peut - etre de troquer, comme le dit un proverbe trivial , son cheval borgne contre un aveugle ; et le voisin s'accommodc parfaitemenl de I'ecbange , ou le repeto el le continue ailleurs. La jalousie, source d'orages et de malheurs dans nos soci6lesmodeles,eslun senlimenlinconnu de I'homme ou de la fcmme eskimaux: ni haine , ni vengeance ne couvent dans leurs ccEurs : aucune envie , aucune ini- miti(^ n'y germe ; en un mot , aucune passion mauvaise ne fermenle parmieux ; plus un mari, plus une Spouse onleu de ces relations que nous appellerions galanles, ( '93 J et qu'Us i-egardent comme une distraction Innocente , plus ils semblent consideres dans la famille : ils n'onl agi de la sorte que dans I'interet general , celui de la propagation de I'esp^ce dans leurs tribiis, qu'ainsi nous regarderions a tort comme oubli^es entierement de la nature et de la providence. Les niorts ne sont I'objet d'aucune pri6re ni d'au- cune ci^rt^monie I'unebre ; les parents du d^funt lui accordent seulement quelques larmes de regret, puis ils I'emportent loin de la hutte, et I'exposenten plein vent sur la neige , ou quelque ours blanc ne tarde pas a I'enlever et h en faire sa nourriture. Si la tribu a un sorcier ou anjekok, il essaie un de ses charmessur le corps du d^funt, qui, gardant le silence aux ques- tions du savant, est alors , sans plus de fa^on , aban donn6 aux betes f^roces. Les Eskimaux ignorent la guerre; ils vivent entre eux dans une fraternity constante , dans une commu- naut6 parfaite , en vrais Saint-Simoniens, ne soutenanl de luttes que contre le veau marin et les animaux que poursuivent leurs chasses. Le meurtre, parmi ce peu- ple inoffensif , est un crime qui lui reste encore a con- naitre , et que sans doute il ne connaitra point, tant qu'il persistera dans son etat de simplicite et de can- deur et ne respirera point le souffle de nos vices. Comme I'Arabe du desert, I'Eskimau change fre- quemment de lieu, suivant que le besoin le presse ; i\ emporte avec lui ses ustensiles en os , ses peaux d'ani- maux, ses harpons et ses fleches , se rebatit une hutte de neige, et s'y etablit tranquillemenl jusqu'a une autre migration. 11 renouvelle ses provisions pour la peche et la chasse. La hutte batie de neige glacee ol arlislemenf ^ '04 ) travaillec s'6lt}ve en un moment el .cummc par enchan- lement. Ces sortes cle migrations s'eflectucnl avec or- dre , et ont toujours pkisicurs stations, I'une pour chasser le renard, I'aulre pour le boeut' musque , une autre pour le renne el Tours blanc , une autre encore pour prendre le veau marin. Le caraclc^re de la nation est la douceur, la vivacite, la droiture et la bonne bumeur. Si I'Eskimau est en- clin au vol, c'est pour ainsi dire par espi«^glerie ; il rit lout le premier de son action lorsqu'elle est decou- verte. Au surplus, cette action n'est point regardee comme blamable par la Iribu, si le proprietaire ne s'est pas apercu ou ne s'est pas plaint de la disparilion de son bien. II y a plus, I'babilele de rescanjotcur est souvent unsujet d'eloge, comme autrefois les jcunes Mandrins de Lacedemone. L'Eskimau danse et cbante ; mais sa danse n'est gufere que celle de I'ours, et son cbant nc consiste qua bien ouvrir la boucbe en fermant les yeux , et a crier de toute la force de ses poumons. II est surabondant, ie pcnse, de dire que I'Eski- mau est tresmalpropre ; il man{}e comme un glouton, long, il en absorbe une parlie et s'en- dort en conservant le resle a la boucbe. 11 emploie riuiile de poisson comme aliment et comme lumi^re; la chair pass6e a la flamme de la lampe constamment allum^e dans la butte, ne subil pas d'aulre cuisson pour le repas. II sommeille sur un lit de glace, ayanl pour couverture une peau de renne avec le poil en debors. II repose ainsi enveloppe de fum^e etdegraisse pendant les dix mois de i'annee que dure I'biver , et ( .95 ) les deux inois d'6t6 sont employes aux migrations el. au renouvellement des provisions. L'Eskimau se fait un Iraineau en r6unissant un certain nombre de saumons cntiers, allaches en cy- lindre avec des courroies , et assures par des barres croisees qui sont des jambes de renne ou de boeuf musque. On polit la surface pour qu'elle glisse plus facilement sur la neige. Quand ce traineau est hors de service , on mange le j)oisson qui a glisse ; on con- vertit Ics peaux en sacs, et on reserve les os pour les chiens, qui, seuls coursiers de I'Eskimau, I'entrainent comme le vent sur les glaces, et le ramenent a la hutle avec une admirable intelligence. Chaque hutte a une fenetre de glace qu'on obtient en etendant sur la neige une peau de veau marin au borddelaquelleontete vers6sdeux poucesde neige fon- due a la lampe , et qui est immedilement gelce et con- vertie en une masse transparenle. Voila les verreries et les fabriques de glaces ou miroirs de I'Eskimau , qui , du reste , ne s'inqui6te guere de savoir si les gla- ces de Saint-Gobain , en France , sont plus belles que les siennes. ' Je terminerai par un trait qui n'esl pas a I'avantage de I'Eskimau : il neglige les vieillards ; il en est memc qu'il laisse mourir de fuim. Ce peuple, d'ailleurs si doux , est done prive d'un sentim(?nt qui est a la lois chez nous une vertu et un calcul, et qui avait fait dire a un sage d'Athenes : « Respectez la vieillessc , aliu que si vous I'atteignez, on vous respecte ci voire lour. ■> Quant a la population des tribus qui portent le litre (I'Eskimaux, il serait difficile de I'evaluer cxactement. Le capitainc sir Jobn Ross, dans I'appendice a son '\ oyagc pubbe en i835, S(> borne a donncr pour la ( 'OM paitie du Greenland proprement dit, un chillre de 5,679 habitants, dont 2,664 dusexe masculin et 5,oi5 du sexe feminin. Si le lecteur desire de plus amples details sur ce peuple polaire , il les trouvera dans le tome XL* de ma Bibliotheque universelle des -voyages , en 46 volumes. C'est dans ce tome que j'ai offert , en 1 SSj, un r^sum^ complet des expeditions ex6cuf6es dans ces regions bor^aies par les capilaines Ross, Parry et Francklin. Aprt;s eux est encore venu le capitaine Back, dont les di^couvertes n'ont pas ete moins dignes de I'interetdu monde savant. ALBEBT-MoNTtMONT. ( '97 ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe* EXTRAIT DES PROCES-VERBAUX DES SEANCES. PRESIDENCE DE M. DAIISSY. Seance du 3 septemhre iS^i. Le proces-verhal de la derniere seance est lu et adopte. M. Vander Maelen ecrit a la Soci^le pour lui ofTrir un exemplaire d'un Essai sur la statistique de la Bel- gique ; il ajoute que cette nouvelle edition renferrae les renseignements les plus inteiessants et les plus cu- rieux sur la statistique territoriale et individuelle de ce pays. M. de Laroquette veut bien se charger de rendre compte de cet ouvrage. M. de Laroquette fait hommage a la Soci6l6 de la carte manuscrite relative au Journal d'un voyage d'O- czakow a Constantinople en 1787. M. le secretaire clonne lecture d'une lettre de M. le capitaine James Ross, traduite par M. Daussy. Cette lellre, qui contient la relation succincte de la derniere expedition anglaise au pole antarclique, est renvoyee au cornit6 du Bulletin. M. le baron de la Pylale lit un fragment de ses elu- ( ^9^ ) des siir lelal ancien du bassin de la ville de Paris et de ses environs. Sous le rapport geographique , ce tra- vail peul meriler qiielque inleret par la position ou il croit pouvoir elablir Metosediuin , que d'Anville a plac<^ t» Melun, d'autros a Corbeil ct a Meudon. Ce petit en- droit aurait elepres de Charenton, pcut-6lre au village des Carri^res , ou a Conflans, selon M. de la Pylaie. ' Seance dii 17 septembre i84i. Le procfes-verbal de la derniere stance est lu et adopts. • La Soci^le royale asiatique do Londres remercie la Commission cenlrale de lenvoi de son Bulletin , el lui adresse le tome XII de son Journal. M. d'Avezac lit une Note de M. dc Paravev sur le commenlaire qui accompagne la relation de Plan Carpin, ins6ree dans le Recueil de voyages de la So- ciete. Celte Note a laquellc M. d'Avezac a joint ses observations est renvojee au comite du Bulletin. MEMBRIiS ADMIS DANS LA SOCnCTt. Seance du 3 septembre 1 84 1 . M. CouTDAUD, caj)itaine au corps royal d'^tat-major. M. CONTEAUX, id. id. Seance du 1 7 sepjtenibre. M. UESJARDl^S. OUVRAGES OFFl'RTS A LA SOCIETK. Seances des 4 ct 20 aoiit 1 84i • J^ar M. Tanner : A geograpbical, historical and sta- tistical view of the central or middle I niled Slates, I J9<) ) 1 vol. in- 1 8. — Par In Soviete des viissioits ei>ange/i- (jiies de Paris : Lludes sur la langue sechuana , par E. Casalis , missionnaire a Thaba-Bossiou ( AlVique m^ridionale), i vol. in-8 — Par M. d'FAchthal : De r^lat actuel et de I'avcnir de Fislamisme dans rAfrique centrale, in-8. — Par la Societe philosophique de P/u'fa- delplde : Transactions, vol. VII, parts ii and hi, in-4°. — Proceedings, vol. I, n" i4 ; vol. 11, n" i5-i6. — Territory of Oregon. Supplemental report, i vol. in-8. — Coast Survey. Report of professor Hassler, in-8. — Par M. de Demidoff : Voyage dans la Russie meri- dionale (Album, 7^ liv.) — Par M. Sldllinglaw : New Index geological Map of the British isles and adjacent coast of France, by John Phillips, 1 feuille. — Par MM. Leblanc et Rauiiii : Coupes g^ologiques et lopo- graphiques des environs de Paris, montrant le sol sur Icquel sont assises les fortifications, 1 feuille. — Par MM. BraiHiis et Martins : Comparaisons barometriques faites dans le nord de I'Europe , in-4. — Par les aitleiirs et editeurs : Annales mai'ilimes, juillet. — Bulletin de la Societe de geologic, tom. xii , feuilles 18-ai. — Journal des Missions evangeliques, juillet et aout. — Recueil de la Societe polytechnique , juin. — Nouvelles annales des voyages, juillet. — Journal asialique , juin. — Heviie scientifique, juillet. — Bulletin de la Societe pour rinstruction elemenlaire , mai, juin et juillet. — L'Investigateur, journal de I'Institut historique, juillet. — Memorial encyclop^dique , juillet. — Annales de la Societe d'agriculture de la Charente , mars et avril. — L'Echo du ]\londe savant, n" 649 a Goy. Seances des 5 nv Git £'«» nes, coiista tent rindubitable priorite des decouvertes portugaises , et prouvent qu'a- vant ces decouvertes la cote occidentale de I'Afrique qui s't'tend au-dela^ dudit cap etait absoluinent ineonnuc aux cosniographes. Si la priorile des voyages et des decouvertes en JJrique, que quelques auteurs cspagnols, italiens et (l) Je ni'otais propose de donner dans le Rullelin quelques exiraits du voyage fait au Spilzberg par M. Keilhan, savant norvcgien, jiro- fesseur deniineralogie ct de geologic a I'Universite deClirisliania, ainsi que des observations sur le mode vicieux adoptc dans nos colleges royaux pour I'etude de la geograplue, science qui n'est, pour ainsi dire, pas cultivee en France; mais I'elendue de I'interessante com- munication de M. le vicomte de Sanlarem ne ma pas permis de les iiiserer ilans ce numero. De l.A ROQUETTE. XVI. OCTOBHE. 1. l4 ^ 2t)2 ) normands onl fuiisscnicnl allribuoc a Icurs concl- loycns , cut joui d'une vogue quplconquo aux 6po- ques delerminees par ccilains aulours luodornes, Ics cosniographcs do ces dirfercnles nalions n'cusscnt poinl manque dc consignor dans leurs carles !es re- sullals dos progres geographiques qui en dcvaienl clre la consequence; mais , bicn loin de cela, loules les carles hisloriques cl loules les carles marines ant6- rieures aux ddcouverles dos Porlugais sur la cole (.VJ- Jiique iinissenl au parall^le des Canaries, el la cole qui se prolonge au-dela du cap Bojador n'est ni tra- cee ni nommee , prcuve plus qu'cvidonle de I'igno- rance ou se Irouvaienl les premieres nalions dc VVa\- ropc au sujet du trace ct du gisemcnl de cclle cole el des ]>ays silues sur le liUoral. Pour demonlrcr la ve- rity de ce fail , nous allons passer a I'examen des docu- raenls conlcmporains qui rollcstenl d'une mani6re irrefragable. 1 32 1 . Nous citorons en premier lieu la mapi)emonde d'un des Venilicns les plus inslruils en celle mali&re, Ic c^lebrc MarinSaimto. Dansce monumentgeograplii- (jue, offerl par I'auleur, en 1021, au papc Jean XXII, conjoinlemtnl avcc son livre inlilulo : Liber secn- lornni fideliiiin crucis . accompagni dc Irois aulres carles (1) > on nc Irouve pas memc un nom sur la cote occidenlale d'Afi iquo, el la configuration de colte cole est enlieromcnl dcssinee d'apr^s les crreurs de la geographic sy sl(^maliquedes ancicns el des Arabes. Pres- (jue dans le meme paralli^le (\(i\a. Regio VII montiiim , un pcu plus vers Icsud.on lit cos mols : llegioinhabita- hilis propter calorem ; prcuve evidenle qu'en loai , on (1) Ces iiioiiiiiiieuls {;('i)j;i ;i|)lii di.si uloiis ( c sujci. ( '-^o; ) Guillaiiin'J de Vnpoh: De stnin Siirrcu cnai loi (Maiiiis- ciiUlela Dibliolh('riue (Ui l\i»i, n" 5,5 lo lalin), ni clans Ic planisphere de lu bihliDthequo de Vieiinc! (i). An surplns, Charles V poss^dail nn exemplaire du livre de Mandci>Ule dont il est fait mention dans I'inventalre de Mallet, article i3i de la chambre du has. Si done les pretenducs expeditions des l)u'pj)oLs an Gi-. '" f'i'f anssi menUon , ct dil , avec lai-oii , que fc monument ('(ait line pieiivc dc I'iuiperfeelion des coriiiaissances {je'o- f;i'apliirpies en l''ranee pendant le xiv' siecle. Hon Vicenie Tofiiio, dans son Pcnnlcrii, etc. . Madrid, i-.S7,ci(f; { yoS ) ilur, au-delu duqiiol il n'y a |ias iin scul nom ; in;n([ue cerlainc qu'alors celle cole, airisi que les pays avoisi- nanls, etuiont absolument inconnus. Dans une aulrc carte clu nidme alias, la cole d'Afrique s'arrete tigale- monl au cap Bojador. \I\\']. Si de cet examon nous passons a celui des monuments geographiques du xv" siocle, nous voyons en premier lieu, dans le precieux manuscrit dc /-'owi- poviiis MelanAe i4'7. <]^'i se conserve dans la biblio- Iheqiie Ag Reims, une niappemondo, dont nous don- nons le fac-siniile dans noire alias (i), que r<^lat des coiinaissances geographiques coucernanl la cole occi- denlale de I'AlVique et les pays situes au-del;'i ilu cap Dojador n'avait fait auoun progr6s ; car on n'y voil point de nom sur celte cole , el les lerres plac6es au-delii du lro[)iquo y sonl designees de la mani^re suivanto : Term incogiiila (2). Ce precieux monument manuscrit ful donn^ a la bihliollieque de liei/ns, par le cardinal Guillaunie de Saint- M(i/v, qui avail cle anlcrieuremcnt doyen de la calln^drale de cclle villo. L'n don de ce genre prouve c'jjalenu'iit celte in.Tj)[)ciii(>n(le, et s'cx[)rline cii cos terines, pnjje \xiii: •> l)ast,iii(lo para juiieUa del estado de la yt()];iaHa eii » Fraiicia el sifjuiiiili! Ii (-ho del sijjlo XIV (//I'sfotic i po liay uii:i carta en toiiiia de {;i<)bo cmi tal iiiixaciiliid (jiic Jeru » saleiii estaha siluada en la iiiilad de la liena, y Alixaiidiia l.iii •> proxiiiia a eila coiiio Na/,arel. " Nous doiiiioiis le JdC-siinile ile ci:Hti cuiieuse inappemoiide daiia la |ilanelie II d(,' luUre atlas. Nous avoiis fait lirer cafac-sintile ile I'ori- ;;iiial conserve' a la bdjiiollieque de Sainte-Genevievc. (1) Nous doiiiious 'u: facsimile dune tic ces cartes au 11" 3 de la plaiu'he premiere de noire atlas. (■>.j J>a cople de ictte tnappeiiiunilc se liouve a l.i l!il>liothe(|U(.> du lull , depai Ifiucnt des cai tes. ( 2 09 ) que lo p'MSonniigu qui le fit s'adonnait avoc ardour aux eludes geograpliiqucs ; car au lieu d'un livre do Iheo- logie il filchoix d'un ouvrage purement geographique , tel qu'un exeniplaire de Pomponius Mela, ou il eul soin de faire dessiner Ic monde tel qu'on le connaissail on France et en Europe en i4'7. an commencement du xve siecle , dix-sept ans avant le passage du c\p Bojador par le c6lt>bre Gil Ean/ies, En ellet, ce fut le donalcur lui-mOme qui I'ecrivit de sa propre main au coiicile (.!(! Conslance (voir Jes additions in Jine). \li'2'2. Dans le poeme geographique (le Ollave dclla Sfera) de Goto Dati, Florentin ct contemporain de Btion del Monti, on voit egalement que nun seule- ment on n'avait aucune connaissance de la cole d'Afri- que au-dela du cap Dojador (0; mais, qui plus est, on y remarque dans unc carle cnluminde, Ires bizarre, el qui so trouve en marge dumanuscrit, que celle cole lie depasse pas les Canaries. Le dernier nom qu'on y lit est celui de Blessa dans i'empire de Maroc. On Iraile ilans le lexle du Nil, de I'Egypte, de la Bar- barie , puis on commence au levant du delroit de Gibraltar. On y Tail mention d'Azanior, SalTi, Gasalta el Messa , puis des Canaries, el alterc de picnlo aj'are ; ot la linil la description de la cote occidenlale de rAl'rique. I \'2.l\. On trouve la meme chose dans la carte dalee de yl\-i.l\ qui se conserve dans la bibliolheque de ]V('iniai , el que nous publions dans noire atlas, planche IV. La cote d'AiVique y (inil au cap Bojador, et au-dela de ce cap on ne trouve aucun nom (i). (i) Lc Mss. dc ce Traili! dc la Sjilicrc nuns ,i ('to riiiniriiiiiniui' p.ii M. Libii , (lu lAcadtiinio tics siiencos. (■>•) (k' mouuincMl (;('-oj>|r,iplii(|uc cot aussi iiicilit. Vdjcz sui cetit ( ••^1'^ ) i4-^f»- La meme cliose se rclrouve clans la carlo d'AlVique du cosni02;raplie \cm\.\ci\ Jacob de (jini/dis , oil on lil: ifacobus de Ginildis de l^'enetiis nic fecit anno » Domini MCCCC XXFI. » La cole d'Afriquc y finit aussi au cap Dojador (i). Ces monumenls hislorico-geographiqucs tin xiV cl clu xv<^ siccle, lous anterieurs aux dcioouverles des l\)iliigaisau-dela du cap Dojador, el, pour ainsl dire, I'-s seuls ddcouvcrls par los savanls, vu la rarole do scmblables documenls de ces deux sii;cles qui sent parvenus jusqu'a nous; lous ces documenls, disons nous , n'ollranl ni le Irace de la cole , ni aucune d^no- niinalion passe lalimile ou s'arretaicnl en gen(iral lous les navigalcurs du mo\en-age, prouvenl , parlour har- monie el leur accord sur ce poinl fondamental, (]uo la cole occidenlale d'Afriquo qui s't^lond au-dda du c;ip lanl de fois nienlionne , elail inconnue aux peuplos de I'Europe avanl le passage dudilcap el lesddcouverles clTecluees par les Porlugais depuis i433 , el ils d6mon- Irenl d'une maniere on ne peul plus concluanle leur inconleslable prioril^. L'unifonnile complete qui regno enlre ces carles. I'ailos en diflerentes annees et par differenls cosmogra- ])lies des premieres nalions marilimos du moyen age , leur concordance sur le point capital, de notre demonstra- tion, lour harmonic avec les fails et avec les Irailes de cosmographieconlemporains , no laisscnl aucun doule sur I'ignorancc oii elaionl les cosmographes el les marins de I'Europe au sujel de la cole d'Afrique par- €.11 to lliuuboUt , Exameit cnlufue de I'Uistoiic de In r/eogmphie du tiouvcnu contineiil . inini' II , |>. i8o, note 2. (ij Voye/ Caiii, siillu senprvld dell' Amcvka, cl Zin/n, dci f''ia(j()i dc Cadamosto , fiigo i.vii. (•ill) (leh'i Ic cap liojudor ovanl cjuc les Poiiuf^ois en eussent Tail la tlecouvei to. Celle harmonic qu'on observe siir /c point capiat/ clc iHitie (lcnu)iKstiiitioii enlro les carles historico-gt^ogra- j)lu((ue.s anlerieui'es aux decoiiverles des Porlugais , les auleurs conlemporains el les trailes de cosmogra- pUie , deviendra d'une evidence encore plus frappante en presence du lexte de quehjues uns de ces auteurs que nous allons Iranscrire. Noiiscorainencerons paries auleurs arabes, qui dans oelle discussion rontaiilorile,elpar leursavoir el parcu (ju'ils avaienl, au sujet de I'Afrique , des connais- sances plus elendues el plus positives que les Euro- pecns. En parlant de celle parlie du globe, Ediisi, le plus illustre d'entre eux , s'exprinie de celle maniere : , « Ce climat commence h I'ouesl de la nier occiden- » lale , qu'on appelle aussi la incr des Tcnebies. C'esl )) celle an-dela de hujuelle personne nc sait ce rpii » ex isle ( i ). » El au second climal, I'e section, ce geographe ajoule : « Nous disons done que la ])r6senle section du » deuxieme climal commence a rexlremile de I'occi- »dent, c'est-a-dire a la mer Ten^breuse : On ignore »ce qui exisle au-dela d(; celle incr (y). » Ebn-I\ lialdoun nous fail connailre I'elal des connais- sances sur ce point d'une maniere encore plus exj)li- eite el [)lus positive. Le temoignage de eel auleur est de la plus grande Importance, non seulcmenl a cause (i) Viiyc/, Jaitl'r)l, li• I". (•?) lliid , p. Id |. ( 21. ) do son vasle savoir, mais piincipalenK'ul par la raison (lu'il ^crivait vers la lin (Jii xive si6clo , el (ju'll siirv(i- cul de quelqiies anneos a I'expedilion de Bethencoiiit aux Canaries, au cuininencemenl du xVp siocle. Ses as- sertions confirment encore plus I'inconleslablo prio- rity des decoiivertes des Portugais sur la cole occiden- lale de rAfricjue, el font connailre la raison pour laquelle les cosmograplies de I'Europe dlaienl dans unc roniplele ignorance de la nature des cotes el du litto- ral de I'Afrique occidcnlale audeia du cap Bojador. Get auteur, lorsqu'il Iraite des ilos Khalidal, s'ox- prime dans les ternies suivanls : « Les navires des Francs aborderenl, dil-on , dans » ces iles au commencement de ce siecle ^dans le xiv^) ; .) ils assaillirenl les luibitanls , les pillerenl. s'empare- » rentde quelques uns d'enlre eux ; ils allerenl ensuile n les vondre dans le Magrcb-Aksa (c'esl a-direa I'exlre- ..mile de i'enipire de Mavoc). Ces esclaves passerent Dau service du sultan, apprirent en pcu de temps I'a- »rabc, et fuenl la description de Icur ilc. ■> Suit la description ; ensuile il ajoute : « Ces iles furenldecou- I. verles par basard , parce que les navires ne naviguent » dans celle mer que pouss6s par Taction et la vio- slence des venls; mais les deux pays qui sc Irouvenl » places aux deux bords de la Meditcrran^e sont par- »failenienl connus, el se Irouvenl dcssines sur des » plans ct sur des feuillcs de papier avoc la forme qu'ils » ont reellemenl ; les rumbs des vents s'y Irouvenl aussi » marques : ces plans ou papiers ce nommenl Aikan- n has. lis ( les marins) se reglent sur ces carles pour ef- nl'ectuer leurs voyages; mais II n'exislc rien de scm- .)blable pour la mer Allanlique ; voila pourquoi les » navires n'oscnl s'avenlurer dans celle mer , puree ( 2 10 ) »qiie, en pordanl do viie la cole, ils ne sauraient » comment so dinger pour le retoiir (i). a Ce passage est concluant pour Ic sujet quo nous nous proposons de prouver. L'auleur conslale la verile d'un fail , savoir : que la navigalion de la M(^dilerrant';e 6lait alors parfaitement conniie; que pour cotte mer il y avail des porlulans et des carles nauliques Ires exaclcs ; mais que pour I'Allanlique il n'en 6tait pas de memo , et qu'on ne pouvait y naviguer faule des mcmes res- sources. Ce passage so Irouve d'ailleurs en harmonie avec ce que dil Azwara , auleur qui v6cut dans le meme sie- cle (\\\ Ebn-Kliahloiin , lequel, venanl a parlor des rai- sons que I'infant Dom Henri avail donn^es a Gil Eannes pour I'engager a faire lous scs efforts pour doubler le cap Bojador , sans tenir comple des objec- tions et des craintes de certains marins , rapporle que le prince s'^tail exprira^ en ces termes : « Ce que lu vioTis de me dire n'esl que ['opinion de »quatie marins qui ne connaissenl que la route do i)Flandres et de quelques aulres porls qu'ils ont I'ha- ))bilude (\(i frequenter, hors desquels ils ne savent » plus se scrvir de I'iiiguille ni des carles pour se gou- » verner (2). « En parlant do I'ocean Atlanlique (3), Ebn Khahlowi , (1) Ehn-Khalcloun ^ Prolegomenes historiqnes composes en 1377. On pent coiisulter sur cet ouvrage rexcellent ailirle ile M. ile Sanj ilans la Uiojinpltie luiiverselle , tome XXI, p. i54, et eelui non moins inlerpssant qn'a piiblie dernierement notre savant ami M. liey- naud dans VEiicyclopedie des Gens dii Monde. (2) Voyez y/rumrn , Cliron. marines. El il est bon de savoir que ce que Ton con- iinaissait avec certitude de la cote de la grande mer » (roc^an Atlanlique) se bornait h 200 lieues, el le res- I) lanl de celle cote que Ton voyait sur la mappemonde »ne presenlail aucune exactitude el olait dessin(^ au i)hasard; mais les indications qu'on trace u prdsent Bsur les cartes sont le r^sullat de ce que Ton a bien i>vu et examine, comme je vous I'ai d^ja dit (0. » Et dans un autre cndroit , parlant des cartes nau- liques des cosmographes anterieures aux d(^couvortes des Portugais au-dela du cap Bojador, il s'exprime de la mani^re suivanle : « Et, ccrlos , leurs connaissances ))n'6laient pas peu obscures, puisqu'ils n'ont pas pu » en tracer le r^sullat sur les cartes d'apres lesquellcs )>on se rtigle sur loutes les racrs oil Ton peul navi- »guer (2). » Aux preuves que nous venous de produire, nous en ajoulerons encore d'autres, qui ctabliront le fail qui nous occupe de la maniere la plus evidonle, (1) Voycz y-/^iu-«)n , Gliroii. ila roiKjiilsIa de Ciiiik', rn|i. LXXVIff. (.() /hurara , iliil., rn\<. VIH, |):i;;o .')?. (2.6) rsous avons vu , par la concordance el I'liarmonie qui regncnt cnlrc lous Ics auleurs contemporains cl I'elat de la carlograpliic, qu'avant les decouverles des Porlugais , celle parlie do I'Afrique clail absolumont ignorie des peuples dc rEuropc, el, qui plus est, des Arabes eux-mSmes (i). Celle verile deviendra encore plus dvidenle par les passages que nous allons Irans- crire. Azuraia ne dit point que I'lnfant connaissait la po- sition du Senegal par les carles, ce qui cut 616 rdelle- menl impossible ; niais il declare expliciteraent qu'il Tavait apprise de quelques uns des Azenegues qui dtaicnt ses esclaves : « Les Azcnegiies , dil-il, nommenl DOC fleuve Cnnagn ^ et I'lnfant avail dit que des » que les navigateurs verraient une grande quantite » do palmiers, ils n'auraient plus a faire qu'environ » vingt lieues, et qu'il tenail ces details des Azenegues »qui etaienl t> son service (2). » Mais si I'lnfant ne sa- vait que par le moyen des Azenegues que la riviere du Senegal 6lait a vingt lieucs du bois des palmiers (3)', parce qu'aucune carle anlerieure aux d6couvertes por- lugaisos ne porlail la situation de celte riviere, il sa- vail pertinemment par /m cartes que non loin du groupe das Formigas on devait apcrcevoir une ile (4). (i) Le savant gi-ograplie aii{;!ais Desborouyh Cooley , en parlant lies connaissances geof;raplii(|U('S lies Arabes an moyen-age ( Ilisf. gdner. des Voy. , loin. 1 , p. iG8 tie la tradtict. tranr. ) , (lit que pour ce t|ui est des cotes occidenlales de lAfrifpic, leuis connaissances sc bornaicnt au caji Bojador. (2) Azuiara ^ (Jhroii. t. {;ci)cal. da rasa R. Poituji;. , loivic I. XVI. ocToiiiu;. a. i5 ( -2 18 ) siijt'l (les pays donl il enli'i'|)rit la ducouverle. Les aii- tcurs cni'0|)<^ei)s ne pouvaiont noii pins lui rien ap- prendro siir ce siijet. II se seivil des tables de Ptolemee, el appril des Azencgnes quo la lerre au-deia du cap Bo/af/nrse iirolongcail jusque sous la ligneequinoxialc, (juoique, ajoiili- laiileur preciti, il n'eul aucune don- n6e cerlaine sur la navigation de la cole (i). il pouisiiit en dissnt : « Ces lerres qui 6laienl , il y B avail tanl de siecles, cachees el inconnues pour nous. » Hit plus !):is il ropele la m6me chose : o Dieu a voulu »que cello paitio du nionde reslal duraul tanl de ceu- xtaiuos d'annd-es inconnue el ignoree(2). » Toutes les carles , lous les auleurs anlerieurs aux decouvcrles des Porlugais conslatenl de la maniere la plus ^vidente I'ignorance ou Ton elail gen^ralomenl en Europe relativenicnt a celte parlie de I'Afrique oc- cidentale qui s'elend au-dela du cap IJoJador. En ler- minant celte demonstration, nous produirons encore quelques documents de la meme epoque ; nous cile- rons, enlre autres, le liimeux ouvrage cosmographique du celebre Petrus Aliacus, intitule Imago Mnndl. Ouoique le cardinal Pitire iV Ailly ail ete un des sa- vants francais les plus habiles de son temps, il n'en est pasmoins vrai qu'il no connaissait de I'Alrique que ce que les anciens en avaient connu. Le cardinal naquit en i35o a Compiegne selon quelques liiograplies , el pros d'Abbeville suivantd'au- tres, el mourut en i^vo ou i425. Ce lul done de son vivant qu'eurenl lieu, suivanl yUltud el ecnx qui I'ont copie , les prelendues decouverles des iNormauds . (i) Bai'VDS, loi'. i-it;it. (■2) lljiil. ( 219 ) on Giiinee ot l;i I'ondalion do lours clahlissomcnls com- merciaux. 'iOpendant, commo lo cardinal mourul Iroize ans avanl le passage du ca|i Bojndor par les Porliigais, a peine connaissait- il rAfrique comine la connais- saient les g(iographes do I'Europe au moyen-age, bien f[a'il ful surnomnie raigic des doctenrs de France. Pour preuve de ce que nous venons d'avancer, nous engagpons le Icclcur a jiaicourir le iivre de ce savant {Inini>;o Mundi)'. il y verra pros de la region situee au sud du mont Atlns la note suivanle : « /^ei,^ inhahda- ythdis. » On voil par le cliapilre du ineme ouvi-age qu'il n'elail guere plus avance dans la connaissance des pays silues au-dela du cap Bojadov que les auleurs de la mappemonde du temps de Charles le Sage (1364 '^ i38()), el de celle de Reims de i 4' 7 ; pI celle ignorance devient beaucoup plus sensible quand on lit dans les cbapilres XXXII et XXXIII : De Africa in gcnerali , et dans le Epilogus mappceinundi : « Get ouvrage Tut ecril » en i4io. » Le mome defaut de connaissances au su- jet de I'Afrique se relrouve dans les Cominenlaires sur le Traile de la SjjJiera innndi , ou il dit que la lerre placee pr^s de la ligne dquinoxiale est inhabitable (i). Nous avons Irouv^ dans la Biblioth^que Royale de Paris une cosmographie inlitulee : Image du inonde , iniprim6e en caracleres golhiques par Jean Treperel['i), Celle cosmographie ful aussi composee dans le cou- rant du xiv" siecle el avanl les ddcouvertes des Porlu- gais en Afrique. On y Irouve au cliapilre VI que I'Afri- (i) Cf Itaitc till iinpiiiiK- a Paris en iSnR. (a) Cel imprimciir piiljliait le Cap, les navigultui s les plus inslruils 6Utienl persuades que les mcis des Caiuirics elaient pcu connues el dangcreuses , comme nous le revelo Pieiro Qitiiiiio, noble Venilien qui, |)arlanl de Gibral- lar pour aller Irafiqucr au nord, rapporle que "s'elant <^loigne du cap Sainl-V incent , il avail ele pousse au large par un venl si violent el si conlraire qu'il erra de cole el d aulrc quaranle-cinq jours duranl dans les allerrages des Canaries; lii<)<:ilii incogniti e spaventosi a liilii i DuiriiKiri i/nissiiiiai/u'iite (Icllc parte iiostre. Ainsi il reslc demonlrd; de la maniere la plus evi- dcnte que lous les cosmographes de I'Europe, tons les auleurs qui sc succ^derenl anlerieuremenl auxdecou- vertes porlugaises, el les maiins de celle pai tie du globe, ne possedaienl aucune connaissance de la cole qui s'elend au-delh du cap Bojador, el n'avaient pas navigu6 dans ces parages avanl les Porlugais. Ce fall sera encoi'cj)Iuscomplelemenldemonlre dans le paragrapliesuivanlparl'examen des carles poslerieu- res aux d^couvertes des Porlugais. Nous y inonlreroiis (]ucce n'eslqu'apr^s celle epoque que Ton commenca a y ajouter le trace de la cole occidenlale tie I'Afrique an-dela lii^ri'i i coles de celte partie du globe situ6es au-dela lUi cap Ikijadoi-, eniployant, et cela avec une adaiiralile exactitude, toute la nomenclature hydro-geograpbique portugaise. i/|3G. Et d'abord observons que dans la inappe- xaoVid^Q A' Andrea Bianco de i/,56 (i) , qui n'est poste- rieure que de deux ans seulement au passage du cap Bojador par Gil Eanties, la cole occidentale de I'Afrique finit encore, comme les monuments que nous avons pas- s(is en revue dans le paragraplie precedent, au paral- l^le des Canaries. En reflecbissant bien sur celte par- ticularile, el en la meltant en presence de colle qu'on observe dans la carle de Valsequa, donl nous Iraile- rons hlenlol, on verra que le cosmographc veniti'pn (i) Voye/. dans noire atlas ccs nioniiineiits {jcdjirapliicjucs tires de louviajjc de Foniuilconi ., inlituh' Siujijio si(//« nuulica niilicn da I e- neziani. ( 2 2 2 "1 Ji'avail pas I'licdio |)u , ilans iiii si cuiiil cspaco ilc loinps, se procurer ties copies dcs carles nauliques ties Porliigais. Sur ce point les Genois elablis a Lisbonne el ayanl ])lus tie relalions avec le Portugal n'elaienl pas plus avanc6s, comme on peul Tinlerer fie la notice donnee par M. Pezzana de la carle genoise de Bedrazio tjui se conserve a Parme, el sur laquelle la cole s'arrete au cap Bojador (i). i43f)- Mais dans la carte de Gcihriel Falsc(jii(i de Mayorque (a) nous voyons la cole au-deia du cap Boja- dor se prolonger en raison ties relations plus suivies (]ui exislaienl enlre la Calalogne, les iles Baleares el le Portugal, et de la proximile des deux pavs, el aussi parce (|u"il s'tHail ccnule deja cincj ans depuis que le cap Bojador avail cle depasse par Gil Eannes, et que .dans le cours de ccs cinq aruiees les Porlugais avaieiit decouvtrt 170 licues de cole au-dcla dudil cap, el s'6- icrcs ier fl) Voyez Pezzdiia^ de I ;iiici('nii(:I('- du l.« in;i|)|)L'iiioiiilL' do.s li Piizigani , p. /\'i. \^nii jiKtltc note iii-i;>. (|U(' l'e/,z;ina vicnl de j)ul)l sur celle carte iiiaiiiic, doiil nous ii'avoiis [)u nous prociirur en- core uiie c()|)ie , e-t extraite du toino II lie luuvrajje du nieiue auteui', iiiiilule Slinia ih Piiiiiia, t'. 3(55 el iCtG. L'auteur, ayaiit examine de nouveau la earle marine m i|ueslii)ii , p<>nse <|u'riii doll lire i^.^T) au lieu tie i j3(), el ijue le nnm dn e()>niO|;r.i|ilie est Bccha- liiis^ el nun pas Bcilmzius. Nous di:voiis la i DMinnniiealion d(> celle nnte a untie savan! ami, M. le h aion W.dikcnai r , i|ni s'esl empiesse de nous en donnei la ( oMiiiinniealinn , niiniedi.ilenitnl apres 1 a\ oir recue d'ltalie. Mos marine eornineneerent a tracer suileurs cartes nau- lirpies la <"oie au-""'e on le voit dans flznrara. (2) Voye/. eelle caile dans noire all.r-'. NoUt v donnons la parlie de I'Alriipie occiii ofllie iiiicie>ils,el<:. rjin. 2, p. G72. (2) CcUe partic iil.ii lie proiivc (jii on iit,' iomiiji.^smU la cole cl Ic* pays siUics au-ilela tin cap llujailcji (praiilanl ijue Ics I'oiUijjaU los. signaliiiciil il'apics leuis dufjouvcilcs ct Icuis i x()l(>ralioiis. ( 22i) ) »ont ecrit que ccUe inor no poiil j)as sc tonrner ni elro ).Hiivigii(^e, ni avoir dcs habitanls sur scs borcls comnic Miotrezone lemperee et habllee; maisilesl mainlenant «)(le toiite evidence qu'on peut soulenir uno opinion fcontraire, principalemcnty^rt/rc que les Portiignis que »le rui de Portugal envoja a bord de ses caravel les pour ■»veri/ier ce fait, ont ra|)porle, apr^s s'en etre assures » par eux-memes, qu'iis avaient explore ce conlincnl I) dans I'espace de plus de deux mille milles, des le »su(!-ouest du detruil^/c Gibraltar... (i) , et que partoul »les bas-ibnds de la cole ne soni pas dangereux, que (i) INoiis cioyons devoir transrrire ici le passage suivant, que nous lioLivoiis tlans le I'toleinee de Bcnianlus , Sjluaniis Ebolcnsis, [lublie eii i5 1 I . Aiinotatio in qiiartam Africte tahulam. Ajjies avoir r.ipporle que cette coiitree elail reslt'e inronnue aux aiiriens, il ajoute : II Mis ila(|ue ralioiiilju-i inipulsi, lalus illud occidentale, non terra » incognita , sed magno illo liesperio sinu termiiiavimus ; ipsumque » vere ni:ignHiii fecimus. Atque ita Ptoloma;i verba, nostris tempori- « bus navi(jntiuHibii<; atque Incorum illonun notitia nobis supaiioribus " aiinis a Lnsitanis titulittL' optimiv respondent. Ausi se Lusiiaiii cum ') loca ilia ignota essent f'ortiin.L' rredere, incognita explor.ire maria 11 pliirinia invencre quilnis illi et neternun sihi gioriam et nobis ae 11 |)ost(-ris diebus jucuiulam novarnque reruin cognitionem pepe- II rere. n Le/'o^5'e (Jean-Francesco), savant Florenlin, secretaire de Leon X, el ccrivain dn xv" siecic, dans un paiicpyrique qii'il adressa au roi Kinnianuil de F'oitiigal, dit ch qui suit : " Genles anicni quas doiiiiiisli, (piis nnqnaiii aiidivit? ipiis novil? >i Omnes revolvanlui- annales, oinnes perlc;;antiir iii?!oiia'; geogra- 11 pliia lota perqniratur exactins, nulla de bis nalionibus fit mentio^ 11 )(((//(( ceita babclnr notitia quas liia virtnic pcrhistrasli ct ingeiiti 11 aninio dniniiisti. n (Mss. de i,i bii)liutlicque de M. Libri. ) J'l. Miinriidi ., <:\\\\ii{ dc /•'marc ' xv" siccic), ilans son ouvrage. ( 2.6 ) »les sondes sonl bonnes, que la navigation est facile , »lt's orages 6lant mdme peu dangereux. Us (les naviga- » Icurs porlugais) dressereiit de nom'elles cartes de ces ifcgions, et doimercnt des noms nouveaux aux rivieres, » baies , caps el iiorts (i). Je possede (ajoule I'auleur) y un grand nombrede brouillonsou cssaisde ces carles. » t'ra-Mauro pense loulelois qu'auciine de ces carles ne serl a r^soudre la grande question de savoir si on pou- vail faire la circumnavigalion de I'Afrique. Le savanl D' f'lncent cvo\i , d'aprds ce passage , que I''pistolarum Medicinarum , rc'futaiit Aristote, livre VIII , rdition ili; Lyon (le i532, ieurs pointes, d'apres ce que notre prince a fait ajotiter h la carte marine. Le cbroiiicpicur conteniporain ajoute (pic cc ijue Ion savait de certain sur la c6te de la qrunde mer sc bornail a deux cents lieues, et ce (jiii se niontrail sur la mappenionde quanl a cctte cote (I'est- a-dirc au-dela du Bojador) n'etnit pas vrai, car on le ilessinait au lia- i(ird : ic niais ce (|iii est CDiisii;!!!' it ili >^inc inaiiilciiant sur les cartes » a cle clabli par Ic (('•iuoi;;iia{;e dcs yelix. •> ( Foe rousa I'ista par » ollio. ) ( 227 ) le but sun second Viiyaj;c, cap M, p. ()3. ( 228 ^ clans notrc alias (pi. 8), on Iroiivo doj'i uii oorliiin progrcs. On voit que le cosmographe avail pu acquorir dans rintervallo des quatre annoos qui s'ecoulereiil onlro la carle de i4^'7 t^t celle donl nous Irailons, dos nolions plus positives , cl quelques copies des carles marines porlugaises , plus exactes , conlcnant les ex- ploialions el decouverles recentes; car, dans celle der niL're carte , non seulemenl il a prolonge la cote aii- dela de Cabo Roxo , lieu ou s'anelail le trace el la nomenclature de celle de 1/467, nnis encore il I'a continue un peu au-cleli'i du Cctbn do Motile., On y voil aussi que la nomenclaUire hydro-geographique a elo entieremenl copiee des carles iiiarines porlugaises avec beaucoup plus d'exaclitudo que dans les dciix cartes precedenlos. Le dernier nom qu\)n y lit est celui de Rio das Palmeirn , quoique un peu altere. Le savanl Zitrla , en parlnnl de ce portidan ile i47 ' . comparant les dales des voyages de Cadamosto, de ceux (lu pilote portugais Pedro de Ciiitrn , el du retour du premier a Venise, en 1460, dit que Ires probablemenl celui-ci avail communique a Be/iincasa la cavle marine qu'il avail faile , laquelle ^lait le r6sullal pr(icieux des carles anlerieures des piloles porlugais (1). Apres la dernifere carle de Benincasn , de 147'' nous signalerons un autre monument d'un grand inlerel ; c'esl le portulan de Cristoforo Seligo , de i4^9> con- serve a Venise, dans lequel on voit quelques carles d'Afriquc : la premiere, qui comprond ce continent erqi: ) Tlioine ct Vriiicipc , loiiclcrcnl lo clialoaii do la J////c/ / Diogo Cam exploia lo Zaire el le royaume de Congo , el arriva dans son second voyage, jusqu'a vingl-deux degres de lalilude auslrale , el le famous Barthcleini Dius passa encore au-dohi du cap qu'll appela das Tor- nienlas , ct paivinl jiistpi'au lleuvc qu'il nomma fio Infante , (\^']iv sur la cole orienlale do rAlriquc. Enfiii , en 1487. -^Ifonzn de Pah'a el Coi'illida recueiilaiont d'aulrcs renseignomonls au sujol de celle cote orienlale a partir de la mer Rouge. Les notes hisloriquos dont ce cosmographo oniicliit son globe donnent encore plus d'^vidence a celle de- monstration de la priority des d^couverles portugai- ses en Afrique au-dola du cap Bojador; c'esl pour cette raison que nous avous jug6 opporlun de les Iran- scrire ici , extraitos de De Miin: Ces notes sont de la plus grande aulhenticile, non soulemenl parce qu'elles se Irouvent consignees dans un monument contompo- rain, mais encore parce qu'elles nous sont rapporlees par un teinoin oculuire. Dans la parlie inferieure du globe , sous la ligne (iquinoxiale, on Irouve la note suivanto : « II faut savoir que celle figure du globe represcnle »toule la grandeur de la lerre lant en longitude qu'en » lalilude , mesur^e geometriquemenl d'aprcs ce que » Ptolemee dil dans son livre intitule Cosmographia Pto- nlonia-i : savoir, une parlie, el ensuite le reslo, d'apres 0 le chevalier i1/«/c-P«///, qui, de Veiiise, a voyage dans »rOrient, I'an laSo, ainsi que d'apr(^s ce ([uc le res- npectable docteur el chevalier Jean de Mande\>ille a dil » en )322, dans un livre sur les pays inconnus a Pto- »leniee, dans I'Orienl, avec toutes les iles qui appar - » liennent a ces contrees, d'oii nous viennenl les 6pice- [ 25l ) nricselles piorres precieuses. Mais I'illuslre Z)o/// /w;//, a roide Portugal, a fait I'isileren \liS5, parses vaisseaux, » tout le ri'ste de la pariie du globe vers le iiiidi (jue Plo- »lomee n'a pas coniiue, decouverte a laqnclle tiioi , qui It ai fait ce globe, me suis troui^e (i). » Au cap de Bonne-Esperance , il esl tlil : « Ici furent planlees les colonncs du roi de Portugal, ))le 1 8 Janvier de I'an il^Vtb de Notre-Seigncur. » L'an 1484. I'illusUe Dom Juan, roi de Portugal, til nequiper deux vaisseaux qu'on appelle caravelles, mu- nnis d'liommes avec des vivres et des armes , pour »lrois ans. II ful ordonne a I'^quipage de navigucr en » passant ])ar les Colonues planlees par Hercule en Afri- I) que, loujours vers le Midi, et vers les lieux ou se l6ve » le soleil, aussi loin qu'il leur serait possible, n II rapporte ensuite quelques parliculariles curieuses arriv^es dans celte expedition, el ajoule : « Llant ainsi Dt^quipes, nous sorllmes du port de la ville de Lis- » bonne, el limes voile vers I'ile de Madbre, ou croll le n Sucre de Portugal, el apr^s avoir double les lies For- It tune es et les ilcs sauvages des Canaries, nous Irou- 0 vanies des rois maures a qui nous fimes des presents, i>et qui nous en oflVirenl de leur c6l6. Nous arrivames rdans le pays appele royaume de Gamble, ou croit la »malaguelte; il est eloigne de huit cents lieues d'Alle- umagne du Portugal; apres quoi nous passames dans i)le pays du roi de Furfur, qui en est a douze cents » lieues ou milles , et ou crolt le poivre qu'on appelle (l)Qiie Ton n''fl('Lliisse miirenieiU sui- I'aulbenticite des (locuineiiis (Hn prcjuvciil riiiconteslable priorite tics dicouveites portugaises : Azurara ^Cadamosto, les tiulles liistoriques coiitcniporaiiies, lesrartes, toul est en parfaite liarmonie, toiil demuiitic IV'xaoliriide des fails, el levele la jiusliee des dioils des Poitujjais. D/joii'ie de Portugal. Plus loin encore, aii-delu, cbl un jpays oil nous Iroiivaines que croil I'^corce de can- »nelU). Nous <5tanl ainsi cloigncs du Portugal de deux nniille tiois cents lieucs, nous nvinnies chez nous, (t » le dix-neuviemc mois nous nous Irouvames de relour » chez notre roi. » De I'aulre cote de la poinle d'Afrique (c'esl-a-diic sur la cote orienlale au-dela du cap de Bonne Espc- rance) , on voit un navire ct un pa\ illon porlugais peints. ct pies du na\irc on Irouvc la note suivanle : « Jusqu'a » ce lieu-ci sont venus les vaisseaux porlugais qui y ont 0 6lev6 leur colonne, et au bout de Ireize mois ils »dtaient de relour dans leur pays. » Nous ferons observer au lecleur que dans la carle que nous produisons, co savant cosmogra|)Lie nous a laisse un navire peint justemenl dans I'endroit ou se Irouve le Rio do Infante, ct oil p.ii'vinl Uartholome Dins, el cela pour nous designer ce voyage et le lieu oil s'ar- rela eel inlrepide navigatcur (i). Cinq ans apres I'apparilion du globe de Mditin de Be/tain, Fasco da Ganui cffeclua (i497) le passage du cap de Bonne-Esperance, docouvrit la baie que les nia- rins de celte memorable expedition nommerenl de Santa Helena (2), explora beaucoup mieux V Jngra de S. Biaz, oil Bartheleini Dias etait d^ja alio dans son (1) Lc trace Ae la cote ot la nomenclature liydro-gpo^jraphiquo s'etant consi(]eral)lcni et i 18. Jean de la Cosa st^ouina fjiielqiie leinps a I^isbonne. . (7) Vovez netre ouvraj^e iiililiile iVod'ciVjs dos M le continent d'Afrique dans loulc sonetendue d'apixs bIcs navigations des Porlugais (2). d La nomenclature hydro-g^ographique est toule lirue des cartes porlugaises. On voit done un perfedionnement progressif el con- stant dans les travaux carlographiques des etrangers a mesure que les Porlugais avangaienl dans leurs explo- rations et decouverles. Ce fait devient beaucoup plus Evident quand on examine une autre carle posterieun.' de cinq ans a la pr(§c6dente que nous publions (plan- che i3 de nolro atlas). Cette carle est celle (jui se trouve dans la belle edition de Ptolemee donnee a Strasbourg en i5i3, sous le regne de rcnipereur Maxlniilien. On y remarque que loule la nomencla- ture bydro-geograpbique est enlierement portugaise, et que tous les noms sont les memes que nos exploraleurs imposerenl aux divers lieux qu'ils d^couvrirenl et re- connurent. Les elements geograpbiques qui servirent a la confection de ces carles ont el6 tous extrails des cartes nautiques des Porlugais. G'esl ce qui est exprcssement d(^clare dans les deux prefaces par ces mots : « Duk^ purticnhires tduiikc a chnrtis l^ortugalciisiuDi .suinptw. » iSig. Dans I'ouvrage d'Enciso : Snninia de Geo- (1) M. tie Humboldt piiblia cetie partie dans le torn. V de soii Examen crhuiua fur I'flistoiie Je la Gi'oijraphic da iiotiri-aii roiili- nent. (i) Walckenaer, Reclie><:!ici mr I'iiitcrieur ilc I Afrnjite , j). iSlict 187. iG. ( 256 ) fiafla , public ii S(^ville on iSig , loiilo la nomencla- Uii e de la cole occidenlalc d'Afriquc osl I'-aU'inonl pcn-- lugaise. iSao. Dans I'edilion do Plolemee de A'o/r i)id)lioo a Strasbourg en i52o , on ne voil que dcs noms por- lugais, comnio dans los proc6denlos, et le Casanians,t s'v trouve aussi ;ivec los niomos noms porlugais qui; nous donnons dans noiro alias. U est a romarquer que la puhlicalion des t^dilioiis de la g(^ographie do Plolonioe occupail les hommes l<'s plus savants do I'^poque , ct onfin tons les homnios eclair(^s qui se consacraionl aux Eludes geographiques. iS'i-. Dans une carte ospagnole in^^dile et manu- scrite de celte dale qui se Irouve dans la bibliot/ie4) (i). loyQ. On remarque la nieme chose dans la magni- fique carte dessint^e par le celobrocosmographe Dico lUbero , dal6e tie 1629, dont I'origiual se conserve dans U bibliotheque de Weimar. ]\ous donnons celte carle, qui n'avail pas encore (^16 publico a la planchc* i5 de VI) Vojei sur le iiiouuiiiciil •jt'oginpliiqiie Liuilciians Zadi, iiion. COS. de Murr, Memorabilia Biblioth. Noriinb., tome 11 , p. t)-, pas- sim, lliiiiiliuliil, FA.TIIieil ciillMMO do I'lli^l.dc l.i ;;i'(i;;i ;i|.!i du iniiivciu conliiiciil , Ionic II, p. 180, WDlr 2. ( 257 ) nolii! alliis (ij. iSy;/'6'//^^'(7 n'avull tlonno que la parlie (i<; rAinerique. if')36. Dans un portulan de la bibliothyque Z>rt//'t'- rini , de liome , datee de celte annee , on voit toute la nomenclalure iiydro-gdographique porlugaise siir la cole occidenlale d'Afrique (2). Dans un autre porlulan de la menie ])ibllollieque . qui tut dedie h Henri VIII , roi d'Anglelerrc (i5o(j a 1047), loule la nomencla- lure hjdro-geographique esl porlugaise (5). I 540. Mous vo) ons egalenient dans une mappemondc (jui porle le litre de IS'ova et Integra nu'wersi orbis Des- criptio , publiee dans I'edilion de Pomponiits Mela avec les Commentaires de futdianus , imprimee a Paris on I 540, que loule la nomenclature sur les divers points de la cote d'Afrique est |)orlugaise. Sur ladite cole on lit : Cabo Bojudor , Rio do Onro , Bahia de S.- Cypriano, Cabo d' Area , C. f'erde , H. Grande ^ Serra Leoa , C. do Monte, etc. II est done (Evident que, tanl pour la confection de (l Dicjjo Rihero Fut nninin,- co-irnoj5r.Tj)he de I'erapereur Charla V )ini- orilo una lire daiee de Vail. idol id dii lo jiiin de i,')2 3, e maestro de hire des rartes , astrolabes et auties instruments. Voyez NavurreU- , Coll. de los viag. , tome I, p. cxxiv et suiv. Ce cosmo;',iaplie fut uii des rommissaiies du con[;res tenu a Badajoz et Elvas eu iSaj pour la deiiiarcalion des iles Moluqucs. Sur ces deux carles , voyez aussi Humboldt , jEAameij crit., tome IF, p. 184 et 186, note 2, et t. Ill, edit, in- 1 8 , n" 184. (2) Nous devons la Noliee de ce portulan a S. Ex. M. le vicomte ila Carreiia, ipii a liicn voniu rexauiinei' jSous en dounerons la no- menclalure dans les addilians a cet ouvrage. (3) M. le viconile de Carreira, a qui nous devons celte INotuw! ^ peiise que ce porlulan , rielienieiit enlumine, fut dessiiu' [lai' un cer- tain Gcoiijiw^ ('o)iiicus. Nc)us en donnons cj; iKnicnl la noinenclalurc 'Ian-, l(!s addilions. ( '^'^ ) Ov do carle que jiour cdle du la pri^cetleiile, on a mis essenlicllemenl a conliibulion Jes el^nienls fournis par les carles porlugaises. I 540. Dans une heile carle portugaise on parchomin qui parail apparlenir a cclle Jalo, on lit conl Innle iionis porliigais tout le long de la cole occ'ulenlale de I Afrique , a parlir du Caljo Bojaf/or ][isqu'au Cabo (In l>arca au sud de la ligne equinoxiale. Sur le parallele (le Casnniansa on veil peinl un grand elendard aiix ..rmes du Porlugai. Sur la cole dn Miiui on voil de nieme le chateau flanque de six tours (1). i54fi- Sur deux carles d'Afriqiic du precicux atlas inedil Tail par le cosmogrophe j)orliigais Joao Freire m 1540 {2), on voil loule la cole d'Afrique remplie d'une infinili de noms porlugais; el coninie un signe indicalil de leur empire surlOcean, ce cosmograplie \ a peinl plusieurs vaisseaux naviguanl dans diffdrenles directions, principalement pres de la cole d'AIViquc , j)orlant lacroix du Christ pcinle sur leurs voiles (3). (i) CellH carte se trouve dans la BibliolluMjue royale ile I'aris, au (l('-|i()t ; ilii ('.liil-.l peinte sur les viii!( s. I),iu> 1 1 ( 111 ifiiiiMii il A/iiiMi .1, nous li-iniis . parliciilii'reiniDl (l.ni> le ( -^h) ) S;ir la colo occidunlale de I'AlViquo on voit aussi I'elendard portugais peinl pros d'Arguim , s'olcndaiil sur lout ce terriloire, et un autre sur le Senegal et sur le cap Vert. Dans la seconde carte d'Afrique de cet alias, on remarquc encore I'elendard portugais sur le cap Vert et le balon inclin(^ sur le Senegal. Au roj aume de Ganibie.on Irouve un drapeau rouge a deux poinlcs, I'une couleur d'or, ol I'aiilre bleue, ayant au centre un croissant. Au foni on voit une cliaine de monlagnes, el a lexlrt^niil^ de celle clialne, c'esl-a-dire sur Sierra Leone, un lion rampant. Non loin do Bio do Lago et da aldca das Alinadlas se Irouve encore un (i-tendard portugais. 1 540 a i5)Z|. Dans une autre carle d'Afrique d'un niagnifique atlas portugais en paiclieniin , que Ton dit avoir apparlenu au celebre Pierre Pilhou, et qui de la bibliothequc du chateau de Rosny passa dernierement (iinpitre XXXVII, p. i85, i|ue les iinvires envoyt's par I'lnfant a la ('(Couverle des cotes et ((>i res d'Afrifiue pcjilaient ces pavilions; car ce tluonirpieur conteniporain p De Murr, dans son llr^loiie di[)loniali(|ue de Beliinii , a pulilic 111 fine un fdC-sitiiile dune p,raviu<; sui' buis , d'apies l.i planclie qui etaii 'l.uis !c c aliiiut de I'raiai , (I d.ilce i|i: i52.>, 'l.iii- l.iqu' lli> in remar- ;'i lu l}il)liollit;([iic Ro\alg do Paris, lous les noms sonl poiliigais, ol coux-la iiiemesqui furonl donncs par les preiniiTs exploralciirs. La confrontation dc la nomen- clature hydro-gcoj;raphiqtie de tuutes ces cajtos avcc cellos de la Chronique d^Azurarn (i448), de Cadainoslo (i463), ainsi qu'avoc celle de Martin de lichain (1492) et de Barros, prouve I'exaclitude de ce que nous avons avanc6 plus haul (1), savoir, rinconlestable priority des d^cotiverles portugaises. i548. Dans la carte d'Afrique qu'on voil dans le IHolomee iniprime a Venise (traduction de Cernoti avee lies cotninentaires de iW*?^'//*/), toute la nomenclature >\st porlngaise. i55o. Dans unc autre grande carte en parchemin taile a Seville, cette annde de i55o, parDiejio Gutierres, c|ii(; les caiavelles porlUj;,Tises ayaiil la croix de I'nnlre ilii CitiisI jxiiile sill- les voiles. (j('t us.iye se coiiserva lony-leriips dans le ili'parteiiieiit de la iiia- iliie piirtuffaise des hides, coniiiie on le voil dans Coiiio ( Memotias iiiilitaiic<, tome I, p. 25i ), savoir : les escadres ponugaises appar- ((•n:ml atix Indes portaieiit au milieu de leiirs pavilions les armes dii I oi , el en dessous la croix du Christ. Enfin , dans le livre intitule llhtoire de la navigation aux hides orientates par les Holtandais, pid)lie a Amsterdam en l6of), on Ion tronve nne relation tie i 5f)6 , on voit dans quelques yravures les earavelles portug.iises ayant la cioix du Christ peiii te sur les voiles. Nous pourrions en citer beauconp d'anlrc^ cxemples ; inais nous Ju{>eons cpie les precedents sufHscnt pnnr pi ouver (pK^ Irs cosniojjra- phes ilans leurs cartes historico-geo{>raplii(|ues v(jnlaient designer par les navircs dont nous venons dc faire mention I'universalile dc I'empire portugais sur ces mers. (ij Cet atlas se trouve au di'put des cartes ct plans dc la Bibliotlie- ijiic du Roi, a Paris, n° 12.33. Dans le> additions nous dotnions la nonienrlalnre de la pnrtie de I .Vtiiipii; orcidentale dc la carle dc eel alias. Nous y rcnvoyons le Iccicur. ( 'i4' ) cosmogi'iiplio espagnol, lous les noms que Ton lil sur la coif occidenlale de TAfriqiie, depuis le cap Bojador jusqu'au cap dasPalmas, oii la carle finit , sonl lires (les carles porlugaises anleriemes (i). Dans la grande carle inedile faile en celle annee par le cosmogiaphe porlugais Jiulie Hoiiieni, loule la nomenclature est porlugaise ; on y veil aussi les armes royales porlugaises peinles sur la Guln^e (2). i5G2. Dans la carte de Paulo Forlani Veronese, de celtedale, on fait mention du pays deBudomel, etc. (3). i563. Dans la carle de I'Afrique de I'allas du cosmo- graplie porlugais Lazaru Liiiz, dont I'original se con- serve inedil dans la Bihliolhequo de TAcad^niie ro\ale des sciences de Lisbonne, faile celle annee 1 5G5, on voit derriere la cole qui s'elend depuis Casamansd jusqua Rio das Poiitas, une grande cliaine de monlagnes sur laquelle se Irouve un lion rampant, tenant dans ses griffes les (jni/ies porlugaises, el au-dessus du lion , est ecril en grand caraclere : ^//ca; la Serra Leoa s'y Irouve comprise. iNotre confrere, M. da Cosl(c de ISIncedo , qui a eu la bonle de nous cnvoyer celle note sur la caile d'A- (1 (/('Ui- carle sc irouve an y. '< (,i) (lellc carle ;;iav('e sc lron\c au di'/nU dc:icait(S ct jilaiis (It In IIiI'IkiIIi. (in /ill/, ;i Puns. ( -^^-^ ) fiKjue (Ic ci'l ;ill;is, pcnsi! que Ics ;uiiu s |)(irliig;iisrs lie se rapporlt nl point iiniqucmenl a la portion do la cote qui est conligue a la nionlapne; il est d'avis, au conlraire, que celte inonlagne indiqiie une pailie dos nionlagnes de Tinlerieur, et que le mot AfiUa qui se Irouve ecril audessus du lion designe IVinpirc )>oilugais sur lout le pays (i). i564. Dans la carle de Gastakli , pubiiee a Venise sous celte dale, lous les nonis Merits sur la cote de TAfrique occidentale sonl porlugais, el en g(^neral les niemes qu'on rencontre dans les c;irtes pr^cedenles. On y lit , apr6s C. Branco, Ilka dos Coiros ; a Arguim on volt peinl un petit lort; a Cusainnnsa , on a])crroit aussi uij (ortou unc laclorerie, passe le Rin das I'a/nias, Cdho Fonnoso , elc. (n). Dans une autre carte italienne sans dale , mais cer- l-iiiicment du xvi" si^cle , on voil parfailemenl designe le Ciisaiiiansd, el au milieu un pelil clialeau (5). De la nieme nianieie, une autre carle venilit-nne du m6me sifecle , enrichie , du rcsle , de plusieius notes, olTre beaucoup de noms porlugais, et on y trouve indiqu^es les anneesoii les Porlugais lirenl quelques unesde leurs decouverles. Au Senegal el au cnbo Perde^ on lit par exemple ce qui suit: Dans Ic premier : I Scop, da Denis, Feritando , ^l^l^(i.l> Dans le second : (i) Cuttc pai'liculaiilc nous fall croire que Lazaro Luiz eut con- n;iissaiice dcs cartes de I-"reire de i 54(J 5 dessiuees dix-sept aiis aupa- rnvant. (2) Ctllc carle se trouve ii la Bibliolh. du lioi , a I'.ni^,
  • nir ceUe circonsmnre avor i pile tloril noiisiivons F.iit iiienlion rn traitdnl (le la raiie de Joao Frcire, faite vingt fiualrc aiis avant celle-ci, sur laqiieilc ij[i voit tie iiieine des JKiliincnls porlu- jTais. ( '-'45 ) oncore on y rencontre quclqucs nouvclles denomina- lions portiignlses qui ne se Irouvaienl |>as dans Ics carles en question. Enlre le Se/n's^^n/ el la Gaii/l/ic I'oii voit peintes les armes de Portugal. On voit aussi uu semblable ecnsson , d'une dimension beaucoup pins grande , au fond de la Gwnee , avec celte inscription : /Ethiopia interior. Enlre Bio Formoso el Siio Ben to , on remarque un grand pavilion avec la croix de I'ordre du Cbrist , et un auire semblable pres du Rio SHo Fran- cisco. Tandisquele cosraographe porlugaiss'occupait d'cn- ricbirsa paliie enlui leguant un monument geograplii que d'une telle importance, les editions du Theatrnni orbis iCOitelins se multipliaienl en Europe (i ), et dans les carles d'AI'rique de loules ces editions la nomen- clature portugiiise etait conservoe , el cependant sur aucune il n'etail question du Petit Dieppe. i588. Si It' savant que nous venons de ciler adopla ])i)ur toute la cole occidentale de FAfrique la nomen- clature bydro-geograpbique portugaise,commelaseulc qui s'accordal avec les fails aulbenliques de la decou- \trle reelle et effective de celle nouvelle region; s'il admit el cita Barros comme une autorltt!;, un autre sa- vant geograplie , doue aussi des connaissances les plus prolondes, ne s'ecarta pas non plus du chemin de la verile. Enellel, Livio Sa/into, qui avail lu et ctudie K-s ouvrages des bisloriens el des voyageurs, qui avail com- pulse les journaux des voyages, pour elre en elat de dessiner les carles avec plus d'exaclitude qu'elbs ne i) Viiyi /, I. s ('(luitiiis lie ir)-3, iT)-"), iS-y , il en liancais , i JJga , '59'".. ( s/.G ) I'avaient el6 jusqu'alors; ce savant clonl, Piirc/tnsa d\[ qu'il est I'aulour qui a Ic mieux (liicril rAfriqiio, (l;iiis les carles de celle parlic du inondo qu'il desslna lui- lueiiie el qui se liouvenl dans son ouvrage iinpriiTK' en i58o, conserva egalcinenl loulc la nomenclaluie hydro-gdographique porlugaise, el il joignil meme a qnelques unes do leurs denominations I'liisioiiquo do lour origine. Nous cilerons seulcmenl quolques exeni- ples qui sonl aulanlde nouvelles preuves en faveur dos Porliigais el de nouveaux argunienls contro los pri'-ten- lions de \ illaul el de ses partisans. Celaulour dit quo lo Ijojddor avail (^le aiiisi nommii par les Porlugais qui en lirenl les premiers la docouvcrle (i), el que le com- mandemenl de la forleresse d'^rgiiim avail &le donno a Soeiro Mendes en i44i- Parlant ensuite de la cole do Malaguette el de Guinee (2), il rapjjorle quo les car;- vanes des n^gres venaienl y I'aire lo cominorce avoc l( s Porlugais, el il ajoulo (jtio la colo do Malaguotte a\iiil ete ainsi nommee par les Porlugais (el non par les Normands), comme Fillant I'imagina soixanlo-dix- nouf ans apres Sanulo. Parlanl do la Mina, il dit qu'elle avail 6le decouverle par Jean de Sdtilarein , en 1471, et que le chateau qui s'y Irouve avail ete con- struil par los ordres du roi de Portugal, doiil los fac- teurs seuls avaient le droit d'y commercer. 1 ' 99. La niagnirique carle hoUandaise on parclic- min, onlumini^e, faite par Jean Z)i>c//^/', en 1699 (3), n'ollVe sur loule relendue do la cole d'Alriijue, au- (i Voyiz fol. 77. (2j Voycz fol. 87. (3) Cette cai'tu se trouvc an d'etude et une profonde connaissance des lieux de cette partie de I'Afrique, puis6e a la source des rela- tions portugaises , couime 'es plus exacles et les plus veridiques. Dans I'ile de S. Thome ^ on trouve incli(ju6s non seulemenl les propri6les, mais meme les noms do quelques proprielaires de moulins a sucre. 1G18. Dans la carle d'Afrique du cosmographe por- tugais Dorniiigos Sa/ic/ies , faile a Lisbonne en 1G18, lous les noms sont portugais (1). 1619. Dans la carte de Gidnee qui se trouve dans le Grand Routier de iJnschot , de r6dilion de celle dale, loute la nomenclature est egalemenl portugaise. ifi'iS. Dans la carle de Hondius^ puljli6e en cetlo an- nee 1623, on relrouve la nomenclature des ancienries cartes, a I'exclusion de toute autre. i63-2. Dans une carle manuscrile de celle dale (2), (1) Cede iS ) tons Ks noiiis , qui soul dii rcsle Ires noinhrciix , soul poi'luj^ais. i652. Lcs nieraes elemonls sc rolrouvinl dans la carle d'une autre edilion de Mercator, jiubliec Crlle annexe a Amsterdam. iG4i>. Dans la carte de Bert/us, de cetle date, on voil encore lcs memes noms porlugais qui se trouvaii'nl sur les carles anl6rieures copi6es dos porlugaises. Sur Casainensa , on trouve le mot Gitiao , mot em- ploye par les Porlugais comme un emblfeme d'empiro et de possession , surtout dans le xv^ siecle. On sail d'ailhnus (jue sur los cartes du moyen-age , et meme sur cellos des x\r el xvn'' si^clos , lcs cosmograpbes designaient les possessions de cbaque nalinn par le drapeau ou pavilion de celle nation; il est done pro- bable que Bertins copia ce mot porlugais de quolque ancienne carte dans laquolle le pa\illon porlugais elail deploNci sur Casamansa |jour indiquer que co Icrri- toire appartenail au Portugal (i). Nous dirons encore quelques mols au .sujel de Berlins. Ce cosmograplie de Louis X!II apparlenail h r^cole bolland aise , ^lanl ne dans le couranl du xvi' siecle; il avail en outre ele I'ami inlime du ce- lebre Juste Lipse , qui 6lail un des savants de celte cjio- que les plusinstruils dans les affaires du Portugal; nous en avons des preuves dans ses lettrcs adressees h quel - ques uns des savants porlugais ; il est done plus que probable (jue par le mot GuiOo il voulail donner a (l) Nou-i pilous lu lertciir di' vouloir liicii rapj)roi:!i( r ct'ttc pnr- timlaiilc ilc ccllt's (|ut' nous avons rapporii^es au sujel de la priDiiie (le lj (Jeeouvei le (le Ciisamaiisa , ^ X. ( 24<) ) • enteiuire que ce lerritoire appailenail aiix Porlugais, qui en avaienl pris la possession. i64i. Dans la niappenionde de Hondius, d'unc edi- tion d' Orte/iiis , publiee a Amsterdam sous celte date , tous les noms sont portugais, et bien que cet ouvrage flit dedie doctissinits viris DD. \)^.s\i\ Sanclnnro, Antonio Willon et Martina, Malheicos prof'essnres a TAcademie de Paris, on n'y voit point sur la cote d'AIVique le noni de Petit Dieppe. 16G1. Nous remarquons la meme chose dans une autre carte anonyme de cetle date qui porle le tilre suivanl : « Afvicce nova descriptio. » 1667. Dans la carte porlugaise manuscrite deTeixeira Alboriws ; dessiiiee celte annee-la et extremement cu- rieuse, toute la nomenclature est portugaise (1). 1G70. La carte de Guilhitime B/aetv, de cette date, et celles de ff^isscher et de Pieter Goos (2), otrrent egale- ment la nomenclature hydro-g^ographique portugaise. Ce n'a 6t<^ que vers la fin du xvii'' siecle que ces noms commencerent a disparaitre de quelques unes des cartes hollandaises. 1689. Dans une carte do cette date, faile par Coro- nelli , portanl le titre : Afrique , seloii les relations les plus nouvelles , par P. Coronelli, cosmographe de la r6- publique de Venise, non seulenient tous les noms qui se trouventsur la cole occidentale de 1' Afrique sont por- tugais, et ceux des anciennes cartes portug;iises; mais encore , ce qui est bien digne de remarque , quoique a celte epoque les cartes de Sanson , ou pour la premiere fois on avu le noni de Petit Dieppe, eussenl dejaparu, (ij Cette c;irte est en part lieniin , et se trcnive au tlr/iot (/rni'idt ilct rtivles de la marine, on nons I'avon^ exatniiif'e. (■;.) Ibid. XVI. OCTOKUK. 4- 17 ( 95o ) lo cosinograj)ho \enilien no I'arlmil pas, l)ioii (ju'il oOl (Jedie sa carle au due ile Brissac , cl quoiqu'il eul ^16 appel6 en France par le cardinal (V Estrees, I)e I'examen cluonologirjue et anaKtiqiic fie cellc infinile de moniiinenls gecgraphiqucs que nous venons do presenter, ol de cetlc deduction fondle sur des do- cumenls dune aulorll6 inconleslable, documenls qui se U'ouvenl en parfaile harmonic avcc les relations des voyageurs contemporains, el avec les hisloires et cliro- niques conlemporaines , il resulle la preuve la plus evidenle do la priorile des decouvertes porlugaises sur la cole de i'Afrique, el I'espril le plus rebelle a la ve- rity sera forc6 de lo reconnailre. En ellot, si les Por- lugais n'eussenl point ele les premiers qui explorferenl et di^couvrirent la cole occidenlale de I'Afrique , les cosmographcs de ces memcs nations qui , quelques siecles apr^s lours decouvertes, lour en dispulorent la priorile , auraienl-ils adopts en general dans leurs carles la nomenclature porlugaise? Certainemenl non. Si ces nations eussent devanc6 les Porlugais dans les decouvertes , auraient-e'les manqu^ de prolongor lo //Y/rt; de la cole (I'Afrique sur leurs carles ant6rieuros aux explorations cl aux decouvertes failes par eux ? Auraient-elles neglige de faire connailre a loule I'Eu- rope ces regions en leur imposanl des noms lir6s do leur langue respective? Mais il n'en est point ainsi ; bion au conlraire, et par Fadoplion gon^rale de la nomenclature porlugaise, leurs propres carles t6moi- gnent centre leurs pr^tenlions ultiirieures , el attos- lenl la justice inconleslable des droits des Porlugais. Les documenls g^ograpbiques que nous venons cl'examiner prouvent en outre que les denominations impos^es par les premiers exploraleurs porlugais seni- renl d'dlemenls a la confection de loutcs les carl(>s des I 25l ) differentesnalionsduranl iin longespacedo plusdedeux siecles. Ces denominations, conscrvees sur les cartes des principales nations inariliines de I'Europe, sent iin litre aulhenlique de la priority incontestable des decouvertes des Porlugais au-dela du cap Bojador. Nous ne terminerons pas ce paragraphe sans faire observer a nos lectenrs une cbose bien digne do re- marque c'est que, dans aucune de ces cartes, on ne Irouve le nom de Petit l)iej>j)e, nora que Villaut et ceux qui, sans reflecbir, adoptferent sos opinions, disent avoir 616 donne dans le xiv'' siecle par les Normands a un pointvoisin du Rio dos Cestos (i). La virile est que ce nom ne s'est introduit dans les cartes qu'apres I'annce jGoi, comme nous le ferons voir dans le pa- ragraj)lie suivant, ou nous prouverons egalement que la nomenclature des carles francaises anterieures a celle de Sanson, de iGoo, est toute portugnise, semblable a celle que nous avons Irouvee, presque sans excep- tion , dans les carles do tons les cosmograplies de I'Europe anterieures a hiditc annee de ifi.So. S XTI. I,es Fiancais et en parlitullci les Normands n eniployi rem (t'autic nomentlature liyJio-[;eogiaijlii(|ue que ) marines porlugaiscs avail ele conservde dans toules les carles failes , di's I'^poque de nos decouverles , par les cosmographes des diversos nations de I'Europe, ct nous avons signale ce fail aullionliquequi con- slalc la piioril^ dcs Portugais; nous aliens a present, par une deduction clironologique sp^ciale, faire con- nailre au lecteur une circonstance non moins curieuse qu'interessanle : c'esl que , m6me dans Ics carles d'Afrique des cosmographes frangais, on ne rencontre d'aulre nomenclature hydro-geographique que celle qui fut imposde a la cole d'Afrique par les Portugais, el cela d'une maniere invariable , prcsque jusqu'a la fin de la premiere moilie du xvir siecle ; circonstance qui demontre d'une maniere encore plus concluanlo qu'avant Villaut, c'est-ci-dire avant I'annee 1667, I'in- conlestable priorile des decouverles des Portugais dans celte parlie du globe ne Icur elait point dispul^e par les Normands; nousferons \oir cnlin que le nom de Petit Dieppe ne parul pour la premiere fois que dans une carle de Jehan Guerard, faile a Dieppe en i63i, post6- rieure consdquemment de cinq ans a la fondation de retablissement ou faclorcrie de la conipagnie des mar- chands de Dieppe el de Rouen, dc I'annee 162G. i533. La plus ancienne carle fran(;aise inedite d'A- frique que nous avons pu decouvrir dale du temps de Francois 1"% el se trouve dans un tralte de cosmo- graphie portanl ce titic : << Les premieres ceiwres tie » Jacques de FaiiLv, pilote pour le roi en la marine. » Ce precieux el magnifique manuscril contient cinq carles sup^rieurement enluminees; la cole de I'Afrique s'y (111 pas un mot ilu Pelil Dieppe^ iioiii qui a cclli' ('ikxiuc n'avait vxi iluime a auuun point tli- la cole. ( 253 ) lioiivc tlessinee, ct tous ses divers points diisignes par des noms porlugais. Dans toules ces cartes, la nomen- clature hydro-g^ograpbique de la cole d'Afriqiie est celie des cartes marines des Portugais, quoique un peu alter6e, I'auteur ayant voulu traduire enfrangais quel- ques unes des denominations portugaises , ainsi que le lecteur pourra s'en convaincre par le fac-simile que nous en donnons a la planclie XVI de noire atlas , et en la comparant avec les precedentos (i)- Pour monlrer la difference des rneridiens selon les longitudes, le eosmographe francais n'emploie que les termes dont se servaient lesexplorateurs poitugais. Cet inl^ressant Iraite de cosmograpliie est accompagne d'unemappemonde; dans laparlie de I'Afrique tousles noms sont de meme en porlugais. Ceux de Petit Dieppe et de Petit Paris ne se Irouvent dans aucune de ses cinq cartes J ce qui est une prcuve convaincanle que CCS denominations et les etablissements qu'elles de- signent elaienl inconnus a I'epoque oil eel habile eos- mographe du roi composa ses carles, et qu'il n'existait aucune tradition touchant leur fondation. i54o. Nous voyons de meme que dans la mappe- monde de Pomponiiis Mela ^ avec les commenlaires de Fndianits , de iS^o, bien qu'imprimee a Paris , loute la nomenclature de la cote occidontale de I'Afrique est porlugaise , comme nous I'avons fail voir dans le pa- ragraphe precedent. On n'y trouve point non plus le nom de Petit Dieppe. i'i)Cet oiivrafje se trouve dans la liil>liothei|ue royalty de Paris , Drpiirteinent des inanuscrils , suppli'ni. francais , n" 1945- l);in> les addilions , nous proiivci (iii> il'inic inaiiirre cmore [ilus rvidr'iilc (|U(' liiiitc (■( til' 11(11111 IK liUiirc ol |iiji lujjaise. ( 204 ) Nous relrouvons la nieme chose dans la rclalion ties voyages d'un capilaine de Dieppe du temps de Fran- cois I"; loule la nomenclature hydro gt^ographique de la cote de I'AIVique contenue dans ladite relation est entidremenl porlugaise, ce qui est une nouvelle preuve de la vefil6 et de TexacUtude de noire diimonstration. Cetle relation se Irouvedans la collection deIiainiisio{i), au paragraphe/>'^/ viaggiochesifa nella casta dellaGuinea; elleest du temps deFrancois 1'% el par consequent ante- rieure a 1547. Dans ce document, non seulemcnt loule la nomenclature est porlugaise; mais, ce qui esl hien |)lus imporlanl, I'auteur du voyage, hien qu'il fiit de Dieppe, designe lous les ports de la cole d'Afrique pnr des noms porlugais, el ne fail aucune menlion; ni de Petit Dieppe ni de Sestrn Paris. II garde le m6me si- lence sur la prt^lcndue priorile des decouverles des Normands sur ladite cole, landis que, par rapport a I'Amerique el a d'aulres pavs, il cite les nations qui en onl fait la decouverle. i.es noms qui se trouventdans cette' relation soul les suivants: — Cnhn Verde a Gam- bra ; \e voyageur signale les distances; de celui-ci a cabo Rojcn ; de celui-ci a Rio Grande; de celuici a Serra Leoa; de celle-ci au R'o dos Cestos (2) et au cabo das Palmas ; de celui-ci au cabo das Tres Porilas , Rio do Gado ; de celuici au cabo i\iriiioso ; de C(>Kii-ci au Rio Real ; de cehii-ci a Fernando Po ; de celui-ci au cabo de Lopo Goncalves ; de celui-ci au AJanicongo , situ6 h 0" de latitude auslrale, etc. ^1; Voyez Ramus, tome Hide s;i loll , !.'>.')() (2) C'<'tail pic's i de France , comme il nous I'apprend dans la dedicace achessde a llemi Vlll d'Angleterre , atlas qui porle la dale de 154^, el se compose dc ilix-huil grandos feuillcs de parclieuiin cnluminees, on ne voit sur la cote occidentalc de I'A- (l) Voyiv. re que iinii- avi)il> ill! ail S, V. ( '^57 ) iViqiic d'aiilrc nomenclaliire liydio-geographiquc que celle ties Portugais; Ic Pelil Dieppe et le Seslro Paris nc s'y Irouvenl point (i). 1 547. Dans un autre atlas clessln6 a Dieppe en 1 547 par Nicolas f^a/a?dde\a inemeville, compose deqiiinze cartes hydro-geographiques, et qu'on dit avoir appar- lenu au prince de Talleyrand, toule la nomenclature hydrog-eographique de la cole occidentale d'Afrique dans la carle de cette partie du globe est egalemcnt porliigaise. M. Barbie du Bocage pere (2) a prouve que tout eel atlas, comme celui dont nous avons parle pr^cedem- ment, avaient etc fails d'apr^s les carles portugaises, ol qu'ils n'en claient que des copies, et il ajoule que ces deux atlas, ainsi que la carle Irancaise qui a appartenu a lord Oxford, laquelle existo au musee Britanni- que (3), prouvent que la Nouvelle-Hollande avail aussi ele decouvcrle par les Portugais , opinion egalement adoptee par Dnhjniplc , Piiickerton , de la Roc/iette , Coqnebert el d'autres. i555. L'atlas inedit de Guillanme le Testa, pilole IVancais, dedie a I'amiral Coligny en i555, oflVe ega- lement sur toule la cote occidentale d'Afrique la no- (1) Ce pn'iieiix alias se trouve au imisue nritannique, 20, E., IX. Nous ilevoiis en partie ces renseigneiiients a noire conhiTc M. Tf'as- liin(]toii , lie la Societe royale fjeogiaphiqne ile Loiulres , it a la .;»('- rosilc de M. Holmes^ du niufrc niitiuiiii(jiie , Itquel dit en propies teniics : II The work of Jo/oj liotz has llie'iiamcs iit Porlmitivic. Tliere is no mention of Pilit Dieppe or Seslro Paris. (2) Voyez \a notice donnec par ce jjeoyraphe dans le Monileui universel Ac 1807, p. -(h. \J>) Nous avons aussi sur celte carte de pncieux rcnseij;neinenls doniics par M. Holmes., du musee Brilaiiiiirpie., el eiilrc sulres la cei- (iliide (|iic les noni> de Pcdl Dieppe et de Srsho Paris ne s'y lroii\ cut point. ( '^58 ) nienclalurc porliigaiso , hien que qnclfiuos noins y soienl allert's (i). Dans la feuille dix-huit, sur la carli; d'AIViqiie siipcriiMiiomonl enluminee, lo cosmogiaphe a peinl I'eterulaid loval porlugais avcc la sphore ariiiil- laire du roi Dom Emmanuel ; il en a fail aulant pour \o. lerritoire du cap f/as Pidinns; II a point encore le chateau de Saint-George da Mina, llanque d(i se|)t haslions , et surmonld par un etendard portugais d'unc grande dimension. Tous les noms ecrils sur celte in- loressanle carte sont portugais; ceux de Petit l)iep|>c et de Sosfro Paris ne s'y Irouvcnl point. I 556. Dans rAlrique de Jean Temporal , ou plulol dans la traduction de Leon I'Africain, publiee a I.\on en cette annee , on romarque une carte de ce conti- nent dans laquelle tous les noms qu'on lit sur la coto occidentale sont portugais. Ceux de Petit Dieppe et de Sestro Paris ne s'y Irouvent point. iSyS La carte d'Afrique gravee qui accompagne la cosmographie de Belle- Forest, Paris, )575, necontient que desnoms portugais. On y voil aussi sur Casamansa la peinlure d'un petit chateau. Les noms de Petit Dieppe et de Sestro Paris ne s'y Irouvcnt point. 'Ihcvet, cosmographe du roi, publia cette memo annee son ouvrage sur la cosmo?;raphie , et il n'y lait nullement mention des prelendues decouvertes des Noi'mands. 1601. Dans la carte ineditc en parcliemin , dat^e du 7 juillet 1601, et faite a Dieppe par Gaillaame Levas- sriir, tous les noms sont portugais, et il n'y a d'altc^.res (pio ceux que le cosmographe normand voulul rendre Ci) Ci; iiioiiuiiu III {;<''<){;i .'iplii(|uc sc limive an tIt-pol dc la ijuefic, 011 iious I'avnriji c-xninin<.'. ( 259 ) en franciiis. On n'y voit point ceux de Petit Dieppe el Ae Seytro Paris; au conlraire , le pavilion portugais flolle sur Sainl-Goorge da Mina. Le nom de Rio dos Cestos se Irouve ecril avoc de I'encre rouge , el comme nous I'avons deja fail observer, le cosmographe nor- mand ne marque point le Petit Dieppe , parce qn'au- cun lieu voisin du TMo dos Cestos n'avail encore recu celle denomination (i). 161?). Dans une autre carte d'Afrique en parcherain , falle par Pierre de Vaidx , pilole geograplie pour le roi , Fan 1610, lous les noms , du reste , extrememenl nombreux qu'on renconlre le long de la cole occiden- lale d'Afrique sont porlugais, a I'exception d'un petit nonibre que I'auteur a Francises. On n'y voit point non plus ni le Petit Dieppe ni le Petit Paris. Le fort da Mina y est aussi dessine et peint. 1625. Dans une autre carle manuscrite en parche- min , faile en iGya par Du pant da Dieppe, tousles noms son I egalement portugais. On y signale le Rio dos Cestos , mais on n'y fail mention ni du Petit Dieppe ni du Petit Paris (2). 1 G3 1 . Enfin , dans une autre carl' d'Afrique en par- chemln , faile a Dieppe par /niioiis ci Ue cane dans noire atlas, pi. XIX. (3y llufisque,de Bio Fresco , par corruption , les Portiijjais ayaiit aiiisi iiomme ces lieux. La llarpe, Histoire (jthierale dcs voyages, t. II , p. 'h>. ( 26o ) iiigaiso, ou en parlie traduite de colic langue en Iran- gais (i). Si done , comme nous venons d'e le monlrer, dans toutes les carles d'Afrique de toules Ics nations de I Europe , sans excepler memo celles failcs par les cos- mographes fran^ais dans le couranl tiu xvr si6cle , les elemenls de la nomenclalure geograpliique que Ton a employes sonl ccux des carles porlugaises du xv« sie- clc, el si nieine dans cellos des cosmographcs de Dieppe , comme celle de Rolz de i542 , de \ allard de i5Z|7,dc Guillaume Le Vasseur de 1601 el de Dtijiont faile en 1625 , on ne Iroiive point I'indicalion de Pttit Dieppe, el si ce nom ne parail pour la premiere fois que dans !a carle de Guerard de iG5i , il est evident que celle denomination ne fut donnc^e au point contigu au Bio dos Cestos qu'apr^s r^lablisseinent de la com- pagnie des raarins de Dieppe et de Rouen, iondee en I'JaG, c'est-a-dire un an aprfes la carle de Dii])onl , d'aulant plus que celle compagnie cU'-ploya nne grande adivite , et oblint de grands bi^nefices depuis celle annec jusqu'en 1GG4, administrant ses facloreries d'A- Irique par des direcleurs de son choix et pourvoyant aux raoyens de defense sans I'intervention du gouver- neinent(2). De toutes ces preuves el de I'cxaraen que nous avons fail des cartes g6ographi(jues, il r^sulle evidemment , selon nous, qu'entre les annees lOijG et iG3i, les Dieppois donnerent pour la premiere fois a ces deux points de la cole d'Afrique les noins indiquos dans la (1) Cotlc carte si; troiive au lU^pot nthieial des carles tie In miirine. I\(iii> la (loiiiioiis (Inns notro alias, planclies XXI et XXll. ^2) Voyi/, l\()lircs stalisli> rolonlr^ fitiiiroisrs , toinr III , p. 1.^4. ( 26l ) carle de Giicrard , nonis qui lureDt rcproduils ensuilo dans les carles de Sanson de 1669, el dans plusieurs auires cartes frangaises posl6rieures. Ces d(5nomina- tions ne remontent nuUement au xiv*" sifecle , comma le pr^tendaient Villaut et ceux qui le suivirent ; el parmi les cosmograplies de Dieppe el d'autres (;ue nous avons cites, il n'y avail aucune tradition formelle rela- tive au fail qui nous occupe. Si a I'omission , bien digne de remarquc , de ces noms sur les cartes jusqu'a celle de Gu^rard de i63i, et aux preuves que nous avons deduites, nous joignons ce que dit Barros (Dt^cad. 1. liv. Ill, chap. XII) au sujct de Mohainet-Ben-Man-Zitgal , petit-fils de Miussa , roi de Sango , mailre d'une des plus puissanlesvillesde la province de Mandinga , qui se trouve au parall(!!le du cap das Palmas, c'est-a-dire h 4,?.6'" N. , la verite de noire assertion deviendra encore plus dvidenle. L'liis- torien porlugais rapporte que ce roi, en repondant a I'ambassade que Jean II lui avail envoy^e , elait ctourdi pen s'en faut d'line telle noiweaute (d'apr^s ce que nous avons vunous-memes dans les ietlres relatives a cclte ambassade, el que nous avons en noire pouvoir), et ledil roi declara qu'aucun de ses predi^cesseurs n'a- vait jamais recu ni message ni inessager d'ancun roi chrc'tien. Or done, le Petit Dieppe se Irouvant vers ces latitu- des, se peut-il qu'il n'eul pas exisle dans ce pays la plus legale tradition concernant les rapports d'autres prin- ces Chretiens anlerieurement au temps de Jean II de Portugal ? Lesrois puissanls dont Mohamet avail connaissancc dtaient les rois d'Alimaem , dc Baldac , du Cairo el do Tucurol. ( 2G-i ) Par cc seul fail, il osl prouve do la manierc la plus evidenle que les prtHendues Uadilions relalives a I'aii- leriorile des communications normandcs avec les peu- plesde ces parages, que N'illaul, cent qualre-vingl cinq ans aprt^s revencment, viiil affirmer avoir cxiste , ne doivcnlmerilcr aucun credit, Le silence des clironiques normandes sur ces decouverlits suppos^es{i),de nieme que celui des voyageurs norniands et fran^ais ante- rieursa \ illaut, dontnous avonsparI(iparagraplie V (2), donnenl encore a noire assertion le caractere de la v6rile, comme on ce verra dans le paragraphe suivanl. INous dirons neanmoins que long-temps meme apres que Sanson fils inscrivil sur ses cartes en i66() le nom de Petit Dieppe, ce nom ne fut pas adopts par tous les cosmographes frangais, comme nousallons le prouver par les exemples qui sui\enl. Nous avons trouve au Depot general des cartes de la marine une carte francaise en parchemin , datec de 1669, Faite par le Boca^e de Boiscie , liydrograplie et professcur royal de navigation au Havre, sur laquellc loule la nomenclature est portugaise , el on n'y Irouve pas le nom de Petit Dieppe, Cette carte fut dediee a (i(dbert. La mfime chose se Irouve dans une autre carle fran- caise Mss. du xviic siecle el du meme Depot. Sur une autre carte francaise Mss. de la (in du meme siecle, la nomenclaiure est pour la plu|)art |)or- tugaise , ou liree de cartes hollandaises et ilaliennes dress6es d'aprfes les [)ortugaises (y). Rouille , dans la carte de 1755, que nous avons Irouv^e dans le meme D^pol, conserva quelques deno- (1 Voyez§XlII. (2 Depot (jrni'ral dt In )iiiniui\ I'oilcf. , ii" 117, pirrp i/j. ( 2G3 ) minalions porliigaises , el n'inscrivil point lo Polit Dioppo. Snr cello carte sc trouvont indiqiK^s les forls porlugais et (^lablisseinents de la meme nation clans le Casanuinsa. Cependant la celebrity de Sanson le pcrc , qui avail ele precepteur de Louis XIII , prolege de Richelieu, et qui avail 6te le fondateur d'une ecole de geogra- phcs, (lent ses enfants et son ncveu Z^/ztv?/ furent les premiers elfeves , conlinua a exercer unc grande in- fluence sur la carlographie frangaise. En cfl'el, si dans les cartes de Sn/ison le pere de i65o, on voit disparailro la nomenclature hjdro-geograplii- que portugaise; si ce g^ographe supprime danssa carte 47 noms porlugais qui so Irouvaient inscrils sur les carles anterieures depuis le cap Dojador jusqu'au cap Vert; sur la carte d'Afrique, publiee par son fds en 1669, d'apres les relations plus recentes , outre la dispa- rition des noms porlugais , on remarque sur la cote occidenlale d'Afrique, vers le 5" degre et demi , lal. IN. , le nom de Petit Dieppe. , ; ,, On voit done quels furent les elements que ce g^'ogra- plie omploya a eel 6gard pour la confection de celtc carle. Ce furent en gramle parlie ceux de la carle de son pere de i65o, et pour la denomination du Pe- tit Dieppe , il la lira, soil de la relation de Villaut, pu- bliee dans la meme annee , soil de quelque copie de l-.i carte de Guerard. Les cartes fran^aises publiees enlre 1G74 ct 1G77, sur lesquelles on ne voit aucune denomination portu- gaise depuis le cap Bojador jusqu'a Serra-Leone , ne sont sur ce point que des copies de celles de 1669. Les d^fauts de la carle d'Afrique de Sanson le pere ont ele deja signal^s par un savanl geographe de nos jours, qui s'exprimc en ces termcs : ^ ( -^64 ) « Sanson, quipublia sa carle d'AIViqtie vers le milieu »dii xvir si6fl(', la chargea d'linc eriidilion confuse, el »monlra nioins de connaissances reclles, dc discerne- /)ment el de ciilique que Sanuto (i). » Api'^s les carles des deux Sanson , aprrs celle di" Duval el celles que publia en grand nonibre Nicolas sa Notice geograpbicjuc sur I'llinciraire d'Antonin. ( 270 ) MliMURfiS ADMIS DANS LA SOCIETi, Seance du i"" octobre 1841. M. OuK, proprit^tairc a Bruxelles. Seance du 1 0 octobre 1 84 1 • M. Isidore LowiiNsriuiv. M. Constant Sicfe. M. Eugene Sic£. OUVRAGES OlFERTS A LA SOClklk. Seance du 1 "' octobre. Par S. E, 3J. le comte Cancrine : h.nviu<\\v(i magneli- que et met^orologique du corps des ingenieurs des mines de Russia; rodige par M. Ivu()frer, annee iSoy, I vol. in-4. — Par M. Liidde : Die Goscliichle der Erd- kunde, broch. in-8. — Par M. le Dr Gescnius : Leber die Ilimjarislicbe spracbe und Scbritt , broch. in-8. Seance du 1 5 octobre. Par M. fiiippel : Vxeisem Abyssinien, 1^' vol. el i'" li- vraison des planches. — Par M. Lindner: Skytbien un die Sky then des llerodol, und seine Ausleger nebst Bescbrebung des lleuligen Zustandes jener Lander, 1 vol. in.8. — Par M. I'aul Chaix : Ergebnisse der Tri- gonomelriscben \ ermessungen in der Scbweiz. Nacli Belebl der hohen Tagsalzung aus den Prolokollen der eidgcnossischon Triangulirung bearbeilet und heraus- gegcben von J. Esclnnann , 1 vol. in 4- — Carte lopo- gra|)hi(jue du canton do Geni3ve , le\ee pur ordre du ( 271 ) gouvernement dans les ann^es 1837 et i838, publiee a r^chelle de 1 pour 26,000 , 4 leuilles. — Atlas 6l6- nientaire geographique et historique , par Paul Chaix, pour accompagner les Elements de geographie mo- derne du uieme auteur, 1 vol. in-4''. — Par M. Botta : Relation d'un voyage dans I'Y^men enlrepris en 1837 pour le Museum d'histoire naturelle de Paris, 1 vol. in-8. — Par les aiiteurs et editears : Nouvelles annales des voyages, septembre. — Annales mai'ilimes, sep- lembre. — L'Invesligateur , journal de I'lnslilut his- torique , septembre. — Bulletin de la Soci^te pour rinstruction ^l^mentaire , aoiit. — L'ficho du monde savant. BULLETIN DE LA. SOCIETE DE GEOGRAPHIE NOVEMBRE iS^l. PREMIERE SECTION. MlilMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET KAPPORTS. Des Expeditions dii colonel Chesney, dans le but d^etit- dier la navigation de rEnphrate. — Parallele entre cette navigation el celle du Nil et de la mer Rouge. — Tableau compare de plusieurs Doies de communication entre V Angleterre et Vlnde. Au mois de juin j838, apr^s un long voyage en Sy- rie , nous nous rendimes d'llalep a Bir ( Biredgik ) , dans le seul but d'avoir une idee de I'Euphrate, et du point de depart de la navigation a vapeur que les An- glais voulaient ditablir sur ce fleuve. Ce fut ainsi que nous visitames , a environ 2 lieues plus has sur la rive droite, pres du hameau de Kafra, un petit ouvrage de cainpagne , auquel les Anglais ont donnd le noin de Port William, Nous y trouvames abandonn^s les restes de r^tablissement qui avait vu s'aecomplir la grande et utile pens6e du gouvernement anglais. Use compo- sait de trois maisonnettes conslruiles pour servir de XVI. NOVEMBRE. I. If) ( 2/4 ) , depot auxmaleriaux el agr^s de I'exp^dition ; il y avail encore un fourneau , quelques cheminees h vapeur , et deux ou Irois grandcs prolongts. Tout le materiel des bateaux a vapeur avail 616 amen6 a c*; depot avec des efforts el une perseverance reniarquables, soil par eau, soil h dos de chaineaux ou sur Ics prolonges . puis monie el lance a I'eau. L'examon des sites et des difliculles que I'expedition a cues a siirnionler pour oblenir cc r^sultal el les nou- velles tentatives failes , depuis peu , pour rouvrir I'an- cionne voie de communication do i'Eupbrale, nous ont engage a presenter un resume de cos gigantes- ques tra\aux el de leur application a la navigation. Nous puiserons nos renseignemenls dans les sources les plus aull)entiques, c'csl-hdire dans les rapports du capilaine (depuis colonel) Cljcsney , et dans la correspondance sur le meme sujet, imprimee par or- dre de la Chambre des Communes en juillet 1857. Nous ne prelendons loulefois donner ici qu'un extrail de ce qu'il y a de plus inlercssant dans ces papiers , capablcs do fatiguer, par leur longueur, la pkiparl des lecteurs qui ne connaissent nullement I'Orienl , el nous nous verrons d'ailleurs ainsi moins expose a ce qu'on nous applique le proverbe italien : tradidtore , tradilore. On a lu recemment avec avidite des publications incompletes sur I'arrivee des bateaux ;i vapeur heinrod el jSitocris a B^les ; nous esperons qu'on accueillera avec plus d'inlerCt un resume general, qui aura du moins le merite de conlenir un ensemble exact des re- cliercbes el des Iravaux executes dans le but de prepa- rer renlieprisc de la navigation de I'Eupbrale. Peul-elre sail-on que le colonel Chesncy (it , en jan- ( -^75 ) vier i83i , un premier voyage d'exploralion , partant a cet cflet rle Damas pour gagner Bagdad. La cara- vane h laquelle il s'etait associe ne put, par suite d'a- larines fondees ou non, passer par Pal my re comme elle se I'etait propose, et I'oice lui fut de se diriger vers I'Euphrate, quelle alleiguit enlre Ana et Deir. De la, le colonel Cliesney suivil, a dromadaire , la rive droile jusqu'a Ana. Ayant ete pris en amitie par le cheikh de cette viile, il put se fairc construire un radoau de i4 pieds de long, supporle par des outres, afin de descendre le fleuve jusqu'a Hilla (Babylone) sous la protection d'un aga et de deux bateliers bien au lait de cette navigation. U put ainsl prendre note des divers gisemenls.el de la force du courant. Ce ne fut point toulefois sans essuyer quelqucs coups de fusil , non loin d"Ana , pendant un Irajct d'une lieue et demic. Les six liommes du radeau se trouve- rent heureusement proteges par un parapet forme des bagages et des provisions, qui etaient restes dans les sacs depuis le desert. Une autre circonstance favorable au radeau fut qu'il ne rencontra de 1)as-fonds qu'a la nuit alors que le feu des Arabes venait de cesser. Deux jours apres, le colonel Cbesney n'evita d'etre pillti par uno soixantaine d'Arabes qn'en entrant dans un bateau dont I'equipage faisait du i)ois , et le prevint a temps qu'il aurait 6t6 la viclime d'une attaque. II ne rejoignit son radeau qu'au jour, quand les Arabes se furent eloignes. Durant le rest(; du voyage, le radoau ful souvont soustrait a la vue des Arabes par les arbres qui om- • brageaient les bords, et si, par basard , il (^taitvu et hele, r^quipage r^pondait tantol qu'il accompagnait •9- ( 2/6 ) iin latar de Damas, tanlot que le voyageur 6lait un maniclouk d'hgyple, assertion que son costume arabe pouvait justifior. L'hostilit^ de plusieurs des Iribus ne tenait qu'a leur ignorance, par suite de laquelle ils assirnilaient tous les Francs aux Russes, r^pul^s ennemls de la Porte. II y avail siirele au milieu des Irlbus en relation avec les pachas; en presence des autres, il ^tait important de profiler de la rapidite du courant , tout en rassem- blant les renseignemenls n^cessaires. Ce sont ces ren- seignements que nous allons passer en revue. Description generale de C Euphrate. Le grand fleuve de I'Ecrilure sainle, a sa partie su- p^rieure cnlre Erzinghian el Bir, a le nom de Mourad- Chai , et coule enlre de haules collines avec mille sinuosiles , et une vitesse de 2 a 4 milles et demi, sui- vanl la saison et la nature du fond. Celte partie superieure peut se comparer a celle du Rhin au-dessous de Scbairhouse, 6tant bord^e de col- lines et ses rives couvertes de hautes broussailles ou de bois de construction de grandeur moyenne. On y rencontre une suite d'ileslonguos et 6lroites ou boisdes et cullivees , ct sur quelques unes , des villes assez con- siderables. Les rives sont encore habitees, non soulement par les Bedouins errants , mais aussi par les Bedouins fixes et r^sidant a Samsat, Roumkala, Ilaaroun, Bir. Giaber, Deir (Thapsaque), Rava, Ana, Iladisa, EI Ous, Jibba, Hit, Galater-Ramady, Mousseyb, Hilla,Deouania, Lem- loun , Chouge-Choug, Rorna ct Bassora. Au-dessus de Hit, I'aspoct du fleuve, par lui-meme ( 'ni ) tr^spilloresque, est anirn^ par les nonibreux aqueducs d'iiTigalion qui, grace aux sinuosites de ses eaux , se d^couvrent dans une grande vari^tti de positions. Ces beaux modelesde solidity et d'art hydraullque dalent, suivant les Arabes , des temps de Vignora/it, epith^te par laquelle ils designent les anciens Persans, adora- leurs du feu. Aujourd'hui un petit nombre de ces monuments est adaple, au moyen d'un roue fixdie sur I'ancien mt!!ca- nisme , a la conduite des eaux ou a la mouture. Pla- ces perpendiculairement au courant, ils portent sou- vent I'eau jusqu'a 1,100 metres dans I'interieur des terres, h I'aide de un ou deux rangs d'arceaux super- poses, selon le trajet a parcourir. L'eau est 6levee a leur sommet par une ou plusieurs grandes roues paral- leles enlre elles et au courant, qui remplit successive- ment les pots de terre dont est garni Icur bord exte- rieur. II faut remarquer que ces roues sont mobiles, afm de pouvoir les clever ou les abaisser, suivant la hauteur des eaux. ( Nous avons vu ce syst^me hydraulique Ires usile a Antioche , et surlout a Hama sur I'Oronte , et il n'est pas surprenant de le retrouver dans la vision myst6- rieuse d'l^z^chiel, ch. I", v. iG, puisque ce prophete vivait sur les bords de I'Euphrate. ) Lorsque Alexandre descendit I'Euphrate , il prit mal a propos pour des moyens de defense imagines par les Persans, les ecluses ou digues en pierres que Ton trouve fr(!!quemment au-dessus des aqueducs ou enlre deux moulins. Elles s'otendent d'une rive a I'autre, laissant seulement au centre une ouverture pour le passage des bateaux. Leur objel est de lenir l'eau sulTi- samment elevee, dans les temps de s^cheresse, pourlui ( 278 ) donner plus d'aclion sur les roues ; inais il en f esulte aussi une sorte de calaracte qui, originairement de 4 a 8 pieds, se tronve aujourd'liui reduile a un banc de pieiTftS qui , au moment de la grande s^cheresse , trouble I'l galil*^ du courant. C'esl a lo inilles en aval de Hit qu'on a pass6 la derniere de ces barriferes arllficielles , eta quelques milles plus bas que disparail la double rangee de coUines, Le pays devient comparativemenl plat , moins bois6, le (leuve moins sinucux; son lit, au lieu de roc et de caillou , est forme de saijle ou de vase. Les eaux coulent plus lenlement, sonl plus prolondes, et rap- pellent celles du Danube enlre Widin et Silistrie, mais avec plus de mouvement sur les bords, car les villages de tentes ou de cabanes en joncs se touclifnlpresque par- tout, etsontentoures de nombreux troupeauxeld'bum- mes armes. L'eau d'irrigalion n'eslplus elev6edaus les aqueducs par des roues, mais par des esclaves tirant sur des poulies, ou par des bceul's qui roulenl ou de- roulent une longue cordc en monlant et descendant sur des plans inclines. Ce sysleme, comme le precedent, parait avoir et6 de tout temps usite en Mesopotamie. II procure au pays la raeme fertility que les irrigations des bords du Nil procurenl a I'Egypte , et, comme dans ce der- nier pays, ou cesse I'irrigalion , commence le desert, De Hit a llilla , on ne voit que la tente noire du Be- douin. Le sol n'cst plus que parliellement cullive; des groupesdc dattiers (^gaient seulsla vue. En approcbant de llilla, reparaissent les trancbees d'irrigalion et les canaux, et avec cux une grande ferlilile. A environ 5o milles au-dessous de llilla, on retrouve les villages dc roseaux; ils sontgroup(is aulour de tor- ( 279 ) lifications en lerre que flanquenl des tours crenelees. Le d^veloppementinterieur de ces especesde forts, est sufllsant pour mettre les recolles h I'abri des incur- sions des Arabes nomades. Plus has, vers Lemloun, le sol 6tant plat, les irri- gations deviennent plus faciles , et s'effectuent a I'aide d'un simple levier en bois , tel qu'on le voit en Espa- gne et en fegypte. Les daltiers deviennent remarqua - blement beaux, et leur rapport est beaucoup plus productif que ne Test celui des memes arbres sur le Nil. - A un inille el demi en amont de Deouania , est la premiere derivation consid(^rable de ce fleuve jiisque la si majestueux,eta 3o milles plus loin, il se divisede nouveau en deux branches t'ormant un delta sembla- ble a celui de Damielte. La plaine, connue sous le nom de marais de Lem- loun, est couverte de riz et autres grains au moment oil I'inondation se retire, ce qui a lieu en juin. II n'est pas rare, h I'epoque de I'inondation, de voir des villages entiers de ces marais entraines par les flots, et leurs habitants suivant a pied ou dans des canots pour ar- reter les objets flottants , ce qui ne les empeche pas de s'exposer I'annee suivante aux memes desas- tres. Dans ces marais, le courant principal est reduit a une largeur de 4^ a 76 metres avec une profondeur de 2 a 3 metres, et lessinuosit^s sont extremementmulli- pliees. Ce n'est qu'a 62 milles au-dessous de Lemloun qu'il reprend sa largeur ordinaire , et que cessent les marais. Apres sa jonclion avec le canal do la Hie, auquel le Tigre fournit beaucoup d'eau au commencement do ( 28o ) I'hiver, I'Euphrate se Irouve naturellement trds grossi^ el prend une largeur de 276 metres; aussi ses d^bor- dements sont-ils Irfes pr^judiciables h celle fertile con- tr6e. A Rorna (Apamee) , la principale branche du Tigre S€ r^iinita I'Euphrate, qui, de la jusqu'a lamer, prend le nom de Chol-el-Arab. C'est presque un bras de mer, dont la profondeur varie entre 4 et 7 metres, et la largeur entre 45o et 800 metres. Ses deux rives sont bien habitues et bien culti- v^es. En r6sum6 , sauf au delta de Lemloun , I'Euphrate , de Bir h Korna , a une largeur moyenne de 4oo metres sur une profondeur de 2", 60. Aux basses eaux , on ne rencontre ni bas-fonds ni gues une fois qu'on a depass6 Feloudja, et au-dela de ce point, la navigation n'eprouve aucun obstacle se- rieux. Les crues subites sont beaucoup plus rares sur I'Eu- phrate que sur le Tigre. Elles ont g^neralementlicu d'une mani^re r^guli^re, dans une limite precised' une quinzaine de jours. Le maximum de la crue a lieu du -^ 1 au 28 mai; sa hauteur atteint 4^5 metres. Les moissons cllesr^coltesd'Ana se rfeglent invariablement sur ces donn^es. Au moment de la crue, le courant acquiert une vitesse de plus de 5 milles h I'heure ; aussi les bateaux n'essaient-ils plus de remonter jus- qu'a ce qu'elle soil r^duite i 4 nailles. La masse d'eau depend de celle des tributaires de I'Euphrate qui descendent du Taurus. Bateaux de PEuphrate. Les bateaux en usage dans la partie sup6rieure du flcuNe sunt plats, d'une forme ovale, pointus a chaque ( 28l ) exlr^mile , tirant de i metre a i"',20 d'eau quand ils sont charges , et om,43 quand ils sont vides. Leur longueur moyenne est de lo metres, et leur largeur de 4 metres. Dans plusieurs des passages difficiles, I'equi- page les lire a la cordelle, apr^s los avoir decharges du tiers, dela moilie, ou des deux tiers des marchandiscs. Pour les transports un peu longs , on se sert en descendant de radeaux supportes par des outres en- flees, que I'equipage rapporte apres la venle de la cargaison et du bois qui formait le radeau. Ces trans- ports se font surtoul pour des roues de moulin, qui sont d'un prompt debit. Le petit nombre d'articles de luxe, tels que riz, ta- bac,ca£e, sucre , poudre , plomb , pierres a fusil, sont portes a Hit, Ana, Deir, soit par des bateaux plus pelits, tir^s par des hommes en remontant, soit par les caravanes qui se rendent a Damas et a Halep. Ce n'est qu'a Hit que commence un commerce plus aclif , car on n'exploite ni le bitume de Giaber ni le nitre d'Ana. A quelquesmillesau-dessus de Hit sont deux sources considerables de bitume , du sel , beaucoup de nitre, de belles pierres, et a quelques milles au-dessous est la source de naphle de Nefata. On conslruit a Hit des bateaux avec des branches de . o^joS de diametre,enlrelac6esde roseaux et depaille et recouverles de bitume. Hs sufTisentpour porter a Hilla, Bassora, et meme a Bagdad , de la poix, du sel ou de la chaux ; arrives ci destination, ils sont defails,et le tout est vendu. A Hilla, les baliments du commerce sont mieux conslruits ; leur port est de 5o a 60 tonneaux ; ( 282 ) leur lirani d'eau de u a 5 in6tres ; ils portent a Hit du riz, des daltes, de I'liuile , des toilcs et des iu- diennes, Depuis que le pacha actuel, par ses exactions , a forc6 le commerce a refiner sur Bagdad, la reduction du nombre des batimenls sur I'Euplirate a ele pro- portionnelle ii'accroissemcnt de celui duTigre. INean- nioins les relations commerciales sont encore assez anim^es, grace a la fertilite extreme du pays compris entre la Hie et Bassora, et a la paix dont il jouit. Le colonel Chesney, dans ses estimations de ce pre- mier voyage , trouva 1,143 milles entre Bir et Bassora: on vena plus loin que ce resultat n'est pas conforme h celui que donna son second voyage. failles. Bir, sur la rive gauciie , passage bien connu d'Ha- lep a Orfa et Diarbekir , contient 1 ,800 a 2,000 inai- sons. Sa distance d'Halep est de 1 7 a 22 heurcs pour un humme a chcval , et de 3 jours 1/2 pour les caravanes. La population est douce et tranquille , et la ville bien approvisionnee de riz, viande, etc. A 35 heures de Bir est I'ancien cliateau de Giaber , bati par Alexandre. Les indigenes en font meme le lieu de sa naissance ; on y compte i ,000 tcnles ou mai- sons. Sa distance d'Halep est do 2 jours a cheval et de 4 pour les caravanes. Ces derni^res sont sou- vcnt frappees d'un droit de peage par le cheikli des Arabes Beni - Said. Dans le voisinage de Giaber se trouve une source abondanle de bilume. De Giaber a Racca on compte 8 heures. 11 ne resle que 3o maisons de cette ancienne villc. ( 285 ) Tahouz doit etre peu 6loign6 de remplacement de I'ancienne B^les. Cette ville renlerme 200 maisons ; elle est a 3 jours d'Halep pour un liomme a cheval , et a 5 pour les caravanes. Ce lieu parut deja en i83i preferable a Bir, comme station des bateaux a vapeur, a cause des mauvaises dispositions des ArabesOuelda. La station trouvait un bon port dans File de Labtar. Deir (Thapsaque) coinprend environ i,5oo mai- sons. Sa distance d'Halep est de 4 jours 1/2 pour un cavalier et de 8 pour une caravane. A 3 heures de Deir sont les lies Rababat, couvertes debois, et contenant cbacune 100 h i5o maisons. Jiia occupe une belle position sur la rive droite en face de huit ilesd'un aspect riche et pittoresque. Cette ville de ),8oo maisons se compose d'une rue longue , dlroite et sinueuse, qui est resserree enlre le bord de I'eau et une cbaine de coUines. Ses constructions, g6- n^ralement en terre , sont ombrag^es par des dattiers. On y comple 16 moulins d'irrigation ou a farine. Presque en face est I'ancienne Anatho , capilale supposee des Anakiies , et comme objets plus interes- sants , les resles de quatre anciens chateaux. Les bazars d'Ana sont pauvres , mais cependant pourvus de ressources ordinaires. L'ile d'Harlisa renferme 4oo maisons en briques. Les jardins de l'ile sont environnes d'un ancien ram- part en pierres encore en bon etat; il se relie a un vieu:x chateau el aux restes d'un pont en pierres qui , autrefois , faisait communiquer les deux rives. Quoiqu'il n'y ait pas de bazar rt!;gulier a lladisa , on y trouve des ressources en viande, volaille, etc. La vuo de l'ile et de ses nombreux aqueducs est Ires pit- tox'esque. ( 284 ) Llle d'l-l-Ous , au milieu du fleuve, esl occup^e par 5oo maisons. Son pourlour a conserve un mur solide t-n pierres , qui indique I'existence d'une ancicnne ville. Celle ile olTrirait une bonne station de nuit pour les bateaux a vapeur. L'ile de JiOha comple 5oo maisons, quelques mou- lins el aqueducs , avcc de nombreux jaidins de dat- tiers. /y// (I'ancitnine Is) est renomme, dans la plus baule antiquild', par ses fonlaines inepuisables de bilunie, qui ont ole visitees par Alexandre et Trajan. Cetle ville renferme i ,5oo maisons, baties en terre, hautes d'un el deux Plages, avec des terrasses recouvertes de bitume. Les rues sont 6troitcs et boueuses , souvent escar- p6es , car elles s'dilevent en ampbilb^atre sur le pen- chant des collines ; leur aspect general offre une teinte de poussiere noire qui resulte de la fumee du bitume conslamnient bouillant. La coUine et la ville sont enceintes d'une haute mu- raille en terre (lanquee de lours. Les habitants pr6- parent beaucoup de laine, et construisont surtout des bateaux. On emploie ceux-ci au transpoitde la pierre a chaux, du sel, du bitume et de la naphte a Bagdad, Bassora et autres places. Ga/ater-Raniaflj, sur une colline contigue au fleuve, renferme 3oo maisons en terre et en briques. Feloudjn est un chaleau-forl pr^s des restos de I'an- cienne Ambar ou Perisabour; ce fut Ih, suivant Gibbon, que mourut I'eniporeur Julicn. Le chateau coinmande un ponl flottant, dont le milieu s'ouvre pour le pas- sage des bateaux, (^est a Feloudja que commence I'al- luvion qui s'elend jusqu'a Bagdad. Mousseyb, a 74 milles de Feloudja, contient 5oo mai- ( 285 ) sons en terre, de miserable apparence; cependant on pourrait former un d^pol pour les bateaux dans le nouveau caravanserail , ou reside le gouverneur. La largeur du fleuve, au pont, est de i46 mfelres. Hilla (Baby lone) est si ^tendu que sa population de 10,000 ames est bors de proportion avec I'espace qu'il occupe. La ville est protegee par un rempart en briques, flanque de tours, en mediocre 6tat. On y traverse le fleuve sur un ponl flottant de Sa bateaux, nombre qu'on augmentc ou diminue, suivant la bau- teur des eaux. On se sert encore a Hilla de I'ancien bateau rond , forme de roseaux ou d'osier, et recou- vert en bilume , absolument tel qu'il est d^crit dans Il^rodote. Si Ton veut se faire une idee de I'ancienne Baby- lone, on doit consuller les savantes dissertations de MM. Rennell et Ricb, qui sont les conlinuateurs de MM. Niebubr, Beaucbamp et Olivier. D'6tonnanles precautions avaient et6 prises pour preserver Babylone des inondalions de I'Euphrate . apr^s la fonte des neiges de I'Armenie. On avail creuse a une grande distance de la ville deux canau:S qui conduisaient les eauxauTigre, et Ton avait construil sur les rives de I'Eupbrate de bautes murailles en briques. Pour executer ces travaux, on avait du d^tourner le fleuve dans un immense lac arlificiel, et cependant cette merveille de I'empire cbald^en n'etait plus qu'un desert sous Augusle, si Ton en croit Diodore de Sicile. D'aprfes le major Rennell, I'Eupbrate divisait Baby- lone en deux parlies ^gales. Un des palais, avec la tour de Bolus, ^lait sur la rive orientale, et I'autre, avec la t(ur de Nemrod, sur la rive occidenlale. M. Ricb pense ( !i8G ) qu'il n\v a pas de mines de Bahylone sur la parlie occidenUile. L'ensemble de ces dt^bris consisle en bultes formees de la decomposition des batisses, a la siiile des inon- dations. La masse la plus remarquable est appel^e par les Arabes Birs Noraroud , et par les juifs Prison de Nabuchodonosor. EWe a 05 moires de haul. Dans la ville elail la tour pyramidale ou sepidcre de Beliis, probablement idenliqiie avec la lour, que les descendants de Noe, avec Belus a leur I6le , con- slruisirent dans laplaine deChinaar; elle avait i6o me- tres. On y trouve encore une foule de briques cuiles, qui portent des inscriptions en caracteres cun^iformes, comme on les voit a Persdpolis. II est singulier que la croyanco aux satyres se re- trouve chez les Arabes de Ililla; ils les definissent: un animal rcsscmblanl a un bomme de la lete a la cein- lure, avec les cuisses el les jombes d'un moulon ou d'une clievre. lis prelendenl qu'on les cbasse avec des cbiens, et qu'on en mango la partie inferieure, s'abs- lenant de la parlie superieure, a cause de sa ressera- blance avec I'liomme, On rctrouve en cela les predic- tions de Jeremie, L, v. 58, el Isale, cb. Xill, v. o.i. Deouania, ville de i,5oo maisons, est erilour^ d'une muraille fortifiee. On pourrait en faire une station de nuit pour les bateaux a vapour. A loo niilles au-dessous de llilla est Lemloun , dont la population est, en general, mal disposc^e vis-a-vis des elrangers. On propose pour point de depart des bateaux a va- pcur la ville de Bouchir, ou plutot Moucheher, situ^e dans le golfe Persiquc, sur une cote basse el dangereuse, carles canotsdcsbalimenls ne pcuvent eux-m6mes en approcber qu'a grand'peine. La nouvelle factorerie an- ( 287 ) glaise est a I'exlr^mile sud de la ville ; celle-ci est dans une position agreablo > Malheureusement, I'eau y est nauseabonde et purgative; le pays environnant, au-delh d'un rayon de 4 milles au sud et h I'esl, est brule et affreux. La population est, dit-on, de 10,000 ames. Ce lieu est un grand centre du commerce persan. Difjicultes du lit de VEaphrate. On compte en tout quarante gut^s , bas-fonds ou roclies, qui embarrassent plus ou moins la navigation du fleuve. Le premier est a '2 heures environ au-dessous de Giaber, et le dernier a Kalat el Garra. Les eaux, sur ces divers points, ont une prcifondeur moyenne de 1 metre. L'obslacle resulte soil de roches apparenles ou cach^es, soit de cnilloux, qui produisent souvent des chutes de o"',3o a o™,ti5. A la plupart, les chameaux traversent avec leur charge, tandis que les bateaux sont forces de s'alleger. Les quatre passages les plus difficiles sont, la tour el Raim , non loin d'Ana: Jonia , les rorhes de Ba- halat, et surtout I'ile Karabla. A cette derniere, I'eau se forme en cataractes, et les bateaux du pays sonl dans la necessite de se faire baler par les equipages. Historiqiie des bateaux it vapeur l'Euphbatk et lh Tigbe. Au voyage du colonel Chesney sur un radeau, suc- ceda , quatre ans apres , celui des bateaux a vapeur VRuphrate et le Tigre. Les equipages et les machines furent portes de Liverpool a Malle. L'effeclif, au de- part, etait de 8.5 hommes, y compris les ouvriers de Liverpool, qui furent renvoyes quand les travaux de Port- William furent terminus. ( 288 ) De Malle, I'exp^dition partit, le ai mars i835, sur le brick Coloiitbine , se tlirigeant d'abord sur Cbypre, sans y aborder, puis sur Beyroul , ou on mouilla le 5i mars. A I'arrivee du brick, le Georse-Cannimr fit voile pour aller reconnaitre le mouillage a I'embou- cluire de FOronle. Depuis trois mois, le lieutenant Lynch etait occupy 5 reunir sur ce point des chameaux et des bateaux, pour transporter le materiel de I'expedition jusqu'h I'Euphrale, seconde dans ce travail par M. Vincent Germain, Frangais 6lab!i a Ilalep. Lc 4 avril, le debarquomenl s'cfrectua , et le d6pot qu'on forma regut le nom de depot Amclie. On s'occupa aussilot de la construction de 27 pro- longes, que Ton joignit aux 6 qu'on avait apportdes d'Angleterre. On esp^rait par ce moyen voilurer une parlie des fardeaux jusqu'a Bir, dans I'espace de six semaines. On achela 160 mulcts et 84' chameaux pour le transport des fardeaux moins considerables, tandis que des chevaux et des bceufs furent attel^s aux pro- longes. On fut oblige de reparer et elargir los routes depuis la mer jusqu'a Anlioche et a son lac, afin que les pro- longes pussent communiquer , par I'intermediaire de bateaux, d'une part avcc la mor, et de I'aulrc avoc I'Euphrate. Ces trois ligncs elaienl simultanement en action. Pendant que celle des mulels et chameaux communiquait directement du d6p6t Amelie \i Port- William , les lieutenanls Lynch el Cockburn recevaient a Port-William tous les objets arrivanls ; lc lieutenant Cleaveland surveillait la ligne d'eau depuis le depot Amelie jusqu'a Guz^l-Beurdj, a 3 milles d'Anlioche; ( 289 ) los lieulenanls Filzjanies el Charlewood conduisaient les objets embarques siir le Rarasou, aulour de la rive occidentale du lac (iin|>ro|)remeiil appele d'Anliocho) jiisqu'a ce qu'on atleignil le pays plat au pont deMou- rad Paclia , a i4 Heiies de Guz^l Beurdj. La. ils pas- saient dans la direction du capilaiiie Eslcourt et do M. Eden jusqu'a Porl-AVilliam. De Mourad-Pacba, il y avail encore i i i milles a paicourir, a Iravers une con- Iree accidenl^e en parlie, et elev(^e de 5oo metres au- dtssus de la mer, ol en partie form6e d'lin plateau fai- blemenl ondide, et a Ifoo metres .lu-dessus de la nier. Malheureiisement , on ne put terminer ces trans- jiorls avant la saison des pluies, et la cbaudiere dii l^/^?-e se Iroiiva submergee pres El-llammam. II falliil plusieurs semaines el les efforts de cenl boeiifs pour la tirer de I'eau. Ce ne lul que pouce par pouce qu'on la traina a Iravers les collinos ; la clocbe a jdongeur ful aussi roulee sons I'eau pendant i/3 de mille. D'apr^s les ordres ou les instigations du mousselim de Bir, on se Ironva plusieurs fois abandonn^ des pay- sans allacbes a la conduile des boeufs, en sorle qu'on finit par alleler les cbevaux, en les secondanl de pou- lies , de palans, etc. ('es fatigues exiraordinaires coil- lerent la vie a buit bommes. Les deux bateaux I'nrenl lances le i>,f) septembre i835 d'une cale baule de 7 metres, et ils commencfe- renl leur descenle le 16 mars i836. UEitphrate mar- cbail en tele; il remonta jusqu'a Bir, el salua la cila- delle de 91 coups de canon. Les babilants accoururent en foule sur le bord, se pressant pour voir du /<^/- h flot qui surmontail la force du couranl. Dans leur admi- ration , ils s'^crierent que dix bommes comme ceux d(; ces bateaux suffiraicnl pour prendre la ville. XVI. NOVKMnRIi. 2. 'iO ( --^9" ) Quoiqtie riuiphmte eOl une machine de la force tie 5o chevaiix, et le Tigre de 20 seulemenl, chaque equi- page fill compost d'environ 55 hoinmeS; y compris le grand et petit 6lat-major. La distance de Port-\A illiain a Bassora ful parcou- rue en trois mois ; elle liil Irouvt^e de i,iy6 milles, comme an detail suivant : Milles. Hpiirrs De port Williiini a Bel6s loi ii7 1/2 B6lfcs a Dc ir a 1 1 401/2 Dcir a Ana 2i4 55 1/2 Alia i nil i5; iCi nil a llill.i 190 1/2 20 5/4 Milla a I'.as^iOra 5^8 1/2 45 5/4 1196 182 On brula iG tonnes de charbon de Icrre et io4 tonnes de bois. Pendant la descente,iin canol prec^dait de 20 a ub niiilcs [)()ur les sondes et rel^venienls ; I'opeialion se repelait sur le pont de chaque bateau a vajieur ; eu outre dcs officiers cheminaient par torre , pour deter- miner une serie d'angles, le long dcs prlncipales hau- teurs. L'^vencnirrU le plus saillant et le plus funcste de I'expedilion liil I'ouragan du 21 niai, jour du depart de Salayheyal, pres d'Ezra (probablcmeni une colonic isra^lite^ Le vent sourilait O.-N.-O., les nuages etaicnl lelle- ment charg»^s de sable , que Ton ne pouvait plus rien ilistinguer. /-c I igrc, qui, a cause dc son nioindre ti- lanl d'eau, niarchait en tele depuis Giabcr, s'efforca de gagiur le bord; niais,dans I'obscurile , il heurla si violemmenl conire Icrre qu'il recula de 7 metres. ( '-^0' ) abanrlonnanl deux liommes qui avaient saule a terre pour r;iinarier. Le veiil touihillonnanl fit pivoter I'avanl a rarriore, et le batiinenl s'ouviil par les chocs qu'il essuya le lung du hord ; son avant plongeait deja dans I'eau, au momentou il passa a\ec rapidile Ic long de I'aulre baliinent, qui put , lieureusement, evllerson choc. La machine ionclionnait neanmoins, une ancre menie fut jelee, niais on ne put en jeter une seconde. Le corps du baliuienl resla alors lolalement en prise au vent, les machines sans eflel, el les lames s'^levant de i"',5o penehereol par les IVnelres. On fit de vains efTorts pour vider leau. Cependanl un rayon de lu- miere ayant permis de distingiier le bord a une dis- tance de 8 metres, les lieutenants Lynck et Cockburn espi^rerent que I'arrlere y loucherail avant de couler has, et lis engagerenl I'eijuipage a lenir feiine; mais luie deml-heure apres le batiment sombra. Le colonel Chesney, par un bonheur inesper^ , se dirigea & la nage droit vers le bord; il y relrouva plusieurs dcs officiers el malelols ; mais la perte de ce jour ne s'e- leva pas a moins de -ii hommcs. Le navire rKiiphiate ful sauve par la courageuse ha- bilel6 des lieulenants Cleaveland el Chailewood , qui I'assur^rent a la rive au moyen de di;ux ancres et deux grelins , soulenus par toule la puissance de la machine. L' EupJirate continua done seul le voyage , approvi- sionne tie bois par les Arabes, en echangc de rnar- chandises ou d'argenl, el lormant des depots de char- bon sur divers points. 11 atteignit ainsi successiveinenl Korna au conlluenl dc I'Euphrale el du Tigre ( a la date du 1 fS juin) el Bassora. De Bassora il gagna Bouchir en qualre jours. 20. ( ^y-' ) Lfls roches tie Kar;i|jla, si redonlt^os dcs indigenes, avaiont ^[^ pass(^os avec 4 m6lres d'eau. Ilisloiupie (le In iitii'iontion sur le 1 iirre. Le colonel Chesney lemonla aiors de Boucliir a Bagdad on io4 lieuros. Ce Irajel est de 543 miiles. La largeurdii Tlgre fill Irouvee de i5o a 274 metres; sa profondour onlre 1/2 ol 5 brasses (o^.gi a 5'", 484) et sa vilesse de 1 nociid 1/2 :'i 2 nceuds 1/2. Celle navigation est plus difficile que cello do I'Eu- pliialo, le fleuvc 6lant plus sinuoux et plus rapide. II est aussi. suitoul on autonnio, j)lus expose aux ciucs sidiites, el les bancs do sablo \ snnl |)lus imillipli6s. II sciait par suite ulilo <\v crousor un canul du Tigie a I'Eupliralo, on pailani do Bagdad poui aboulir a Macdani; co Irajet n'est que de 19 milles. Bagdad , par sa situation incomparable, etail, avaul Ics del niors troubles, le centre d'un commerce consi- derable avec Mosoul, Diarbokir, Orfa, Alop otEr/.orouni. I e nombre dos animaux de caravane employes a cos transjjorls solos ail, il y a 5o ans, a 60,000; il est au- jourd'bui reduil a 5 ou G.ooo. Los importations sonl encore considerables. Au nidis do d(5ccmbre , le major Eslcourl n mpla^a lo colonel Cliesney dans sou comuiandement , ol, en con)pagnio do MM. Ainsworlli el Charlewood, so rondil a Dorak dans un pelil bateau du pays. La , il laissa M. (Iharlewood remonler le Karoun aussi haul que possible, ot il icmonla do son cole le Karasou jusqu'a la digue de Iloouaz, ou lo bateau VEuphmte (I'lait ar- rive avant lui. l)e Ildoua/ il pril lui bahMu (\k\ j)a\s jxnir so n ndie a Clioustcr, doiil ihoulail fixer asliorioniiquenient la ( -^o"' ) position, ainsi qiu! celle cle Siiso ; inais , apr^s deux jours do halage , il lui fallut lelrograder, s'elanl re- lusi' a se souniellre a un dioil de peage qu'on voulul lui iuiposcr. Le baleau a vapeur n'avail pas eu de peine a re- monler jusqu'a Hoouaz, quoique dans le Irajel il ren- conlrat paii'ois peud'eau. A Iloouaz, on trouve des ro- ches d'un mille d'etendue; au-deli on ne se liale que diflicilement a cause du |)eu de fond. On pent se pro- curer boaucoup de bois. La population est pauvre et pen nonibreuse. Le major Estcourt renionta aussi le Tigre, 5o mllles audessus de Bagdad. 11 trouva I'eau peu profonde, le chenai irregulier et Ires diilirenl do ce qu'il est enlre Bagdad et Bassora, ou la riviere est generalenient tr^s profonde et large. Fra/'s de f expedition. Le parlement a\ait vote en i8.t5 la somme de .^joo.ooo fr. pour la navigation d'essai; il en ajouta 400,000 en i85G;et, en d(^finitive , toute I'exp^dition coula 1,072,92.'!. Llle i'ut dissoule en Janvier 1H57 par le major Eslcourt , (|ui ramena i'equipage de Bagdad a Damas, Be\rout et en(in a Malte , d'ou il i'ut trans- ports en Angleterre apres Irois ans d'absence. Resioiirces eu ehauffage pour la chaudieve. Les bords de I'Euphrate tournissent soil en bois, broussailles ou ebarbon de l)ois , lout le combustible necessaire pour Former des d(5ip6ts ; il f.iul y joindre la ressource iuiportanie, portative ct nullement couteuse du bitume et de la napbte; le bon marcbe de ces ob- jets, surtoul des derniers, permettrail de les appliquer mfime a la navigation de la iner. ( '''04 ) Pour obtoiiir iiii incillfur usage du Ijilimie. I'cxpe- rience a monlr^ qii'll fallail le uifihr a une Ires faible |)ropoilion de bois, de charhoii do bois, de napbli* ou d'huilp. Qiiaiil ail bois. on la ineic Irt's avanlageuscmcnt, meine vfii, an cluirbon de bois on de lorre. La napble a j)arii preferable a loul. I\oiiniliiic. La nourrilure n'offrc pas do difficull^s, car les villes sonl assez convonaI)lenienl ospacoes pour la fournir ;ui tiers dos prix d'Anglelerre. II y a d'ailloiirs abon- dancc de poissoiis qu'on pecbe avec des seines. Les esp6ces resseniblenl au barbeaii, a Iti carpe. Celle-ci se rencontre souvent de la dimension d'lin petit mar- souin, el on en a pris dune telle grandeur, rpTon s'ost Ml oldig6 de les coiiper en deux et d'eii cbarger deux cbameaux pour les transporter a Alep, oil on les sale pour le temps du caieme. ylrabes. Les Arabes peuvent etre divises en Irois classes : i" ceux qui rclisident dans les villos ou villages pernia- nonts ; s" les tribus nomades du dt^sert; 1>" le rei)ut des dirnieres, composanl peut-elre cinq ou six Iribus, es- pijce d(> bandits, coniine les Sinjar a trois beuros on amonl il iladisa, et presque en face les Juliba. Malgre ses faibles besoins, le Bedouin est avare , gourmand; il ^eul elre pave largemenl, el d'avance , pour le moindre travail. On peul dire de liii que son amiti6 tient a un HI , et son animosite a iin cable de for. Toulefois, coninie I'avarice et la peiir son! les ( '^95 ) trails saillanls de son caracl^re, il esl facile h tenir par les presents ct par la force. Les grandes tribus nomades levent des conlrlbulions sur lout bateau charge ou non , a moins qu'il ne soil tres favorise par le vent, auqiiel cas il passe en es- suyanl quelques coups de fusil. Nos bateaux n'auraient rien a craindre d'elles ; mais s'ils elaient forces de Je- ter I'ancre de nuit loin d'une ville, ils devraient Ic faire au milieu du courant. II regne unc grande confusion dans les norus dos tribus, car elles en ont souvenl Irois el meme qiialre. Ellcs les tirent i''de la place ou elles resident; a" de la Iribu dont elles sonl Iribulaires ; 3" de celui de leur cbeikh. La tribu des Aiiazes coinpte 1,000,000 d'ames. Elle est ^tablie le long du fleuve, dans le deserl, el jiisqu'a la IVonliere de Perse. On croit qu'elle pourrail armer de 3o a 40,000 lionimcs; c'est a elle que s'adressenl souvenl les caravanes j)oiir la location dos cbameaux et pour une protection armce. Elle est en rivalile avec It's Chainar. Les Montefige occupenl la rive droile de I'Eupbrale depuis la mer jusqu'a Semava. lis comptent 19, 000 ca valiers el .5o,ooo lanlassins. Les Ague/i (suivant le coKmel Chesney, Aggiel) des- cendants d;^s anciens conqu^rants de I'Espagne, sonl les |)lus grands pasteurs du desert, lis portent encore r^tendard d'Espagne, sous lequel une partie d'enlre eux accourul a la defense de Ba{jdad, le reste se fixa siH" la cote tie Tunis, et quelques uns a Bassora, Halep, Mil, Ana; mais leur principale rt^sidence est Nedjid , prfes La Mecque. lis evakienl leur force a 2,000,000. ce qu'on prul r^duire au quart, lis sonl jilus favo- rablt'iiK III disposes i, rc-t^ard des clr;ingers ol se louml aiix pacli.ts. La tribu koualcin csl, de Umles, la |)liis liostilo. VA\e couvre la plus p:rande partie des marais de Lemloun , VTS Semava ; tilt" apparlienl a la secle d'Ali. Tout Iranspoil par can a cosse depuis des ann^es enlre Giaber el Racca , a cause dos exaolions des Ouelihi. Sultan Malimoud lut le dernier h se servir du n»'uve a I'occasion do canons et de innnilions qu'il envcnail a Bagdad. Stations et (incuts. Ueja en iSoa, aprds son premier vo\at,n', le colonel Cliesney ^crisait que Bir ne lui sendjiait pas one bonne slalioii pour les bateaux a vapeur, paice que la sille est sur la rive gaucbe , d'oii resulle pour les arrivagcs d'Alep rinconvenienl d'une Iraversc^e conli- nuelle du lleuve. De [)lus , il n'v a pas de place con- venable pour un bateau; il song(>ail done deja alors au lieu c|ui fut cli(»isi plus tard, le po[i ANilliam. Aprfes plus mur examen, Belh a I'le piefdrecomme plus rapproch6 d'Halep [l\'r> a 60 milb s tie di>lance) el plus pr^s aussi de la Medilerranee. I.(! voyage par terre se Irouve, par lii, abi6g^ de cirK| licurcs. et celui de I'Eupbrate de cent niilles. Knina paralt , conune station exlrenie de la ligne , aussi boil ([u(< possible, el fonncrait avcc B(iles le se- cond grand depot pour les reparations. A cbaque ex- Ireniile de la ligne serait [)lace un agent consulaire , avec 200 li\res sterling d'appoinlemenls el aulorisa- tion de t'aire le commerce. Lin Uoisieme agent serait h Ana.. Cbacun d'eux em- ploierail les indigenes h rtWniir les approvisionm inenls de combustibles sur les dill'^rents points de la section du lleuve qu'ils auraienl a survcillei\ (■297 ) Korna a semble preferable a Bassoia pour pliisieurs raisoDS : r cctle derniere ville n'a pas de rive facile- menl aborclahle pour les bateaux; y" Korna est plus sain que Bassora ; 3° Korna, conimandanl b? confluent dus deux fleuves, deviendrait une position iinporlanle , si (pielque puissance du INord songeait a descendre vers le golie Persique pour atlaquerbs Indes, Plusieurs oflicicrs de I'expedilion onl pro|)Os6 Gia- hcr comme derniere station superieure, parce qu'elle sauve 55 nnlles de navii;alion dillicilo, el n'cst que de 8 niilles plus eb ign^e d'Halep que Bel^s. Histoii(iue de la carte. Dans son premier voyap-e en radeaii, le colonel Ches- ney n'avait pu obtenir qu'une carle Ires imparfaite de I'Eupbrale ; il fut nienie oblig^ de rocourir a dos ren- seignemenls fournis par des indigenes qu'il gartia plu- sieurs niois avec lui, ou de s'appuyc r sur d'Anville et Rennell. D'ailleurs, deux attarpies des Arabes, I'une pres Beni-Anan , I'aulre pr^s Macdam , Tobligerent a naviguer quatre et meine six hcures apies la cliute du jour, el a ne |kis faire usage de luniiere pour les rele- vcnienls. D'aulrcs parlies dv. la carle avaient ete faites en inani(!!re de leve mililaire. La profondeur de I'eau fut prise avec une percbe de 5 metres qui etait fixee verlicalement au radeau. Les rocbes ou gues font tons donnc"'s a la saison des plus basses eaux. Ouoique porteur d'un sextant de pocbe , le colonel ne pouvait, a cause des soupcons des Arabes, s'en ser- vir avec Iranquillile et liberlt!;. Aussi les latitudes seules donneraient un bon nonibre de points propres a encadrer les details , et a rectifier les erreurs apres laut de circuits. ( ^U8 ) Ln Francais, au servicede la Porle, M. \ incenlGer- n)ain, a clonne au colonel cominunicalion d'line carle (111 pachalik d'llalop, (juil a lui-meme dress^e apres vingt ans de travail. Lecoidncl cioil pouvoirengaranlir rexaclilude. (Four nous, qui I'avoiis aussi vue,nous en doulons. ) Le colont'l I'a employt^e en y ajoulant seulemonl le cours de la piulio sup(^rleure de lEu- plirale, et une esquisse des ports de Lallaki ct de S^- leucif. Reconnaissance des cutes de Syrie. La cote de la Mc^diterranee , pres d'llalep , offre deux ports capaMt'S de recevoir los bateaux a vapeur saus obligcr h aucuno depense prealable. Ces deux ports sont : Latlaki el Scanderoun, Deux aulrcs exigeraienl des frais , savoir : L'ancien port de Seleucie , el un autre plus petit pres rembouchure de I'Oronle. Ces qualre mouillages forment uu arc irregulior, donl Halej) rsl le centre, Laltaki I'extremile m^ridio- nale, et Scanderoun rexlremil^ septenlrionale. Le perl de Lallaki est en parlie nalurcl , en partie arliliciel. Sa lornie est celle d'uii ovale irregulier, donl I'enlr^e est tourn^e vers I'ouest. Le bassina encore uno profondeur metres, quoi- que la nier, dans les coups devenldu S.-O., y apporle beaucoup do sable el de decombres , qui, pen a peu , en rendronl lo inouillage tres didicile. Aujourd'hui ce port est regards |)ar les marins comme parrailement sur, el si on ncUoyait et reparail une portion du reinpart , il pourrait conlenir une qua- ranlaine de batinients. On y am^ne les niarcliandisos pour lialcp, donl la distance est de 32 a l^o heures , siiivant que Ton s'y rend i\ cheval on en caravane. Scatuleroim est enloure de hantes montognes sur los Irois quarts de la circonfcrence du port, et le roste est abriie par la dentelure de cede portion memo de la bale; il en resulte un ancrage spacieux et parfailemont sur, a la distance d'un quart et d'un denii niillc du rivage pour toute flolle considerable, rnilitairo ou nmr- chande. Les maichandises peuvent de la gagner Haltp en 2 5 ou 3o heures, a travers les monts Be} Ian. II est a rogretter que la fievre, depuis mai jusqu'a octobre , soil de nature a inqui^ter les capitaines pour leurs equipages. Celte insalubrity provienl de ce que la mer, en se retirant peu a peu , a laisse un banc de cailloux sulFisant pour feriner piesque entierement I'eniboucliure d'une petite riviere qui, par suite, s'est d6velopp6e en marais; ce inarais occupe one surface de 2 niilles sur 4 ; cependant comme il est plus eleve que la iner, il serait tres facile, moyennant des saignees, de donner un ecoulement aux e:.ux , et de fertiliser tout ce sol. L'ancienne Seleucie a conserve un bassiii entour^ d'un epais rertipart de pierres de taille. On y arrivait |)ar un canal de 53o metres de long , bien convert par un mole artificiel encore intact. Aujourd'luii le passage de la mer au bassin est pres- (jue entit'rement ferine par les sables. Le pacba de Bagdad, en apprenant d'un Europeen que Saladin avail toujours eu one tlolte de l^Oi^ bailments a Bir, avait resolu , il y a quel(|ues annees , de faire nettoyer ce port, et de communiquer par lui avec I'Eupbrate. Les devis de ses ingenieurs porlerent la depense a ( ooo ) 5«)0,ooo IV. On avail deja fait pour y.5o,ooo fr. de Ira- vaiix Iors(|iie I'occupalion (^j^ypliiMine les (il suspfiKlre. L'cmboiichure fie V Oro/ite qui est a environ 5 lieures au sud-ouesl dc S(^leiicie, est obslruee par une barre de sable, (pii r6duit la profondeur des caux a i^.So a r^poque des basses eaux. En dedans de la barre, on Ironve o moires. II faudrait la creuser pour que les ba- limenls liranl a^.oo pussent la francbir pendant la sai- son fievreuse de Scanderoun. Cetle embouchure est le point de la Medilerr^nj^e le plus rapproch^ d'llalep , puisqu'on nc compte que 22 a 24 lieures de marclie. II serait , a|)r(''S renlcvomenl de la barre, utile el facile de relior I'Oronte a I'Euphrale par un canal. La dis- tance entre cos lleuves est de 67 milles , el le canal couterait 6 millions do francs. Coitsideralions cniiiiiteiciales et poJitiipies siir r Eitphratc. Le temps semble arrive ou il est important pour la Grande-Brelagne dc cherclier de nouveaux deboucht^s pour son commerce. LEuplirale offre, a eel 6{^ard, une couunuriicalion facile avec la Sjrie et avec ses ports dans I'ouest, el dans I'esl avec Orfa , Diarbekir, comme avec les mines de cuivre , qui sonl h peine distanles de 5o luuires de Malatia, ou avec les mines d'argent d'Argana-Mad^n. De Malatia s'ouvre un debouchc considerable sur I'Asie-Minoure, le long du Tokniasou (1). Cetle riviere longe presque les deux villes de Sivas el de Kaisarieb. Les allluenls de i'Euplirate sonl le Tigre , el ses tri- bulaires, les deux Zab. Le Tigre peut etre renionte (1) Le colonel Chesney, cotnine ses di.'v.miiers, assimile cette ri- vicip au Karasou; tnais les deux meinoircs dc M. Callier, piihlir's dans «e Htillciiii, nnt coiiipletcnieul rclevc cette eireur. ( 3o. )- loutel'ann^e jusqu'a Bagdad, el pendant la plusgiaiide partie de I'annee jusqu'ri Mossoid et Diarhckir. Les deux Zab (l()nn( nt, pendant plusieurs mois , iin moyen de communicalion avec Beles el Soiilenianieli. C'esi aussi la roule la plus ci>urle vers les parlies nie- ridionales de la i'eise. En parlant de TMoliammera , on [)eul aussi aniver a Chousler, villa couiinercante de la Perse, el au Kur- distan. Le commerce acluel entre ces contr^es est fail pns- que exclusivement par les caravanes, parce que ces rivieres sonl trop lapides pour I'usage liabiluel des pe- lils bailments a voiles , en supposanl meme qu'ils pus- sent librement passer a Iravers les tribus arabes. II serait trop long de faire le dt^lail de lous les objets de contiuierce du pacbalik de Bagdad. Sa capilale les recoit du golfe Persique, de la Perse , de la Turquie , de I'Arabie el de I'Europe (par llalep ). Elle cxporte sur (lonslantinople, la Syrle, I'Analo - lie , la Perse , TArabio el I'lnde. Si I'Angleterre iiegligeail ses relations avec la Perse, tout Targcnl du paclialik de Bagdad finirail par entr(M' dans les coftVes de Tifflis , oii les Piusses londent des manufactures importantes , dans le but d'allirer a eux le commerce de ce royaume. L'Angleterre pout encore elablir une lutle plus avan- tageuse avec la llussie en employanl des bateaux a va- peur a reinorquer les radeaux jusqu'a Altok el Pei- cliaour, d'ou les marchandises |)euvenl elre porlees par les fameux cliameaux de Bokara a Caboul el a Candahar. On ferait de ces deux villes de gi'ands de- pots pour Samarcaiide , Rerman , Kliiva, Boulk, Me- ched. ( 509 ) La iigne de TEuplirale aura, dans lous les cas, stir cello de la mer Rouge, I'avantage d'ouvrir aux nia- nufacluros anglaises et indlennes un debouche Ires ^tendu en Arabic, en Peise, en Sj lie, en Asie-Mineure , tandis que I'Egvpte ne pourrait jamais eiro (ju'un clie- nal dc conimmiicalion, Le goul prononce des riverains dc I'EupUralc pour nos produits de Manchester el pour nos laines , esl une forte garanlie pour noire commerce (!ans ces conlrees. Details sur I' Egypte et la nier Roii^^e. Avant de passer au derni(>r el plus important article, c'est-a-dire le paralldle enire la Iigne de TEuplirale el celle dc la mer Rouge, il convienl d'entrer dans quel • ques details sur I'hgypte et sur la mer Rouge. La navigation a vapeur sur celte derniere mer esl indubitablement moins compliquee que celle a voiles, par plusieurs motifs. D'abord , la cote occidentale esl peu 6levee, ses eaux peu profondcs el semises cie bancs de corail. Puis, a partir du i5 mai, les vents quoique mod(^res, souiHanl conslammenl du Nord , les bdli- ments, en venanl a Suez, sont forces de louvoycr sur des espaces resserr^s ; si ce sont des baliments arabes. comme iis marcbent sans boussole , ils sont dans la necessite de jeler I'ancre chaque nuit. Les bateaux a vapeur au contraire peuvent remon- ler conlre les vents dominants avec une vitesse de 6 a 7 nceuds a I'beure ; et, au retour, faire usage des voiles, et merne demonter les roues. Ils n'eprouveraient de diflicidtc que pour I'approvisionnemcnt de charbou, dont on ferait des depols h Moka , Aden , ou aulres lieux du detroil de Bab-el-Mandel. Ces approvisionnemcnts pourraienl y etre transpor- ( 3o3 ) tes cle plusieuis inanieres : par le lac Menzaleli ; de la, a travel's I'isthme, a dos de chaineaux , jtisqu'a Suez, oil bien par le l\il a Kene, et, de la a Kosscir, a dos do chameaux. Le port de Kosseir est, quoique oiivcrt, pnrraltemenl sur. Les balimcnis y niouillenl par ^5 metres de pro- fondeur. De celte viile, un courrier a droniadaire ar- rive, en dlx jours, a Alexandrie. Cle moyeiidc transport n'est , il est vrai , applicable qu'aux depeches. Quant aux passagers, ils se rendraienl a Ken6 eldescendr.iient le Nil jusqu'a Alexandrie. On pourrait peut-elre abreger le voyage de la M6di- terranee a Ren(^ , »^n partant de Roselle au lieu d'A- lexandrie ; un trtis [X'lil bateau a vapeur, ne liianl que o'",45 d'eau, remonlerail a Rene en 70 lieures, et des" cendrail en 5o, y couipris meine liuit beures pour aller de Roselte a Alexandiio. line autre vole serail celle de Sutz h Saan. La dis- tance serail francliie en 24 ou 28 beures, en elablissant un relai dans le desert; le resle du cheniin se ferait sur le Inc avec un petit bateau a vapeur, ou une barque legfere, en 8 ou 10 beures On gagnerait de celte sorlo I'ancrage du Tac.itarass. Quelle que soit la route adopter, elle r^alisera la grande id^e si long-tcinps discutee par I'Europe , de relier la Mediterranee h la mer Rouge. On pent regarder comme inal iondee la crainte qu'inspire I'elevation de la iner Rouge sur la Mediter- ranee ; car, puisque la Mediterranee communique dejci avec la mer RoiiL-ie, aprfes avoir fait le lour ile TAlrique par I'ocean Allanlique, une nouvelle ouverture n'ac- croilrail pas plus la bauleur de ses eaux que ne le font les masses d'eau incessammenl a| porlees de I'Allan ( 3o4 ) liqiie it (It! la iiior Noire. L'ovapdialion elablit I'equi- libro. Or, celle-ci elant plus consid^iablo dans la mer Rouge, il serail seulement peul-olre h craindr(> que le volume d'eau ne ful plus sulFisanl pour le liausporl de batimonls bien cbargc^s. Quanl h la parlie ex6culive dun canal a liavcrs I'istbme, elie ne renconlicrait aucunc difiiculle se- rieuse , ni une monlagnc, ni meme un tertre. Piirallcle des deux coiinnunicdtiuns principnlos, enlrc rindc et V Angletevre par hi mer Rmigc et I I'-gyp'c flans lilt des cas ; et prn le golfe Persiqi.e , I'Euphrnte et le desert (huts F autre. Dans le tableau suivanl, les calculs sonl appliques ci I'Euphrale, dans I'hypotliese des basses enuc; el on se rendanl de Bombay a la Mcdilerraneo, on a pour soi le couranl du Nil si Ton passe par I'Egyple ; el conlre soi, celui de TEupbrale si Ton traverse I'Asie. Dans les deux cas, les bateaux a vapeur sonl sup- poses parcourir 200 millos en 24 heures, mais sans tenir compte de la mousson en pleini; mer. Quand on cingle vers ll-ilgypte, on est expos^ aux cflets de ces vents durant un Irajet double de celui qu'on a a par- courir en naviguant vers le g(*ire Persique. Cette der- ni^re direction permet de longer la cote de Mekkran , et de faire route, meme dans la plus niauvaise sai- son, avanlage que n'olFre pas au meme degr6 la mer Rouge. Mais si la route d'hgvpte est |)lus exposee Ji la mous- son k cause d'un plus long parcours de mer, r.elte mer mfeme lui est, d'un autre cole, favorable, en ce que les bateaux h vapour peuvent v marcher jour et uuit, ce 5 Ken6 a Kosseir 06 06 j Kosseir a Aden 1000 5 Aden a Bombay 1 600 8 Retards a Kosseir, Aden , etc 3 5io(> 2 1 Parile de temps par I'Egypte et lEupliratc. XVI. NOVIiMBnE. 3. 2 1 \. oo') ) I'ur le golfc Persique. Milln. Jour*. De ScaadcrouD a Bir 206 4 Bir a Bassora 1 1 43 6 a 8 Pcrles pour cliauffage i^a Bassora a Bombay 1687 8 I'erle de temps pour cliauffage 2 2906 21 i 23 Distance plus conrte de 170 milles par le golfe Tersique. RESUME DU PARALLELE. Ell faveur de la mer Rouge ct du Ml. ISeuf jours de nioins en lou- cliaut Alexaiidrie nu'en loucliaiil Scanderonn . peudaiil les basses eaiix de I'Euplirate. fegalcnienl deux ou trois juiirs de moins pour le memo Irajet, quaiul riiupiirale est liaut. I'aril6 de lemps de ll^gjple a Bombav, fpiand le j\il est l)as. Enliere siiciiril^ , eii voyageaiU par TEgypte. laiidis que sur l"?]u- plirale , le bfllimciit doit eire, jour el nuit, sur la defensive. Moius do navigation sur le Nil, el sans gucs ou roclies , comme sur rKiipliralc, oil de plus, cha- tjue tribu exige uii peage. Moins de depenses pour ma rius, armenieiil , niunilions, par le Ml , oil hiiit on dix liomines sulTiiaicut. laiidis (]iie vingl liom- ines sont dcmandcs pour les ba- timenls de i P^nplirale. En faveur du golfe Persinue et de I'Eupliratc. 170 milles de moins par le goHe I'ersique que par rEgyptc. Moiliti moins de temps, expose .i la pleine mer et a la mousson, c'esl-a-dire cinq jours de moins. F'arite de tenq)s par I'Euplirale a Bombay, quaud rEu|)lirale est l)as. De I'Eupluate a Bombay, on gagne deux jours par le goll'e I'ersique , ipiaiid le fleuve est gonflt''. On (^pargne trois jours dc cliauffage, en se rendani de Bom- bay \i Maseat de prefi^rence h Allen , ce qui a lieu pendant la pleine mer. On peut se procurer sur I'Eu- plirate du bois, du cliarbon dc bois, dubitume, du napble, pen- dant que ri'',gypte n'a ni bois, ni cliarbon de leire, el seulement un pen de cliarbon de bois. Les effels de la mousson se- raienl moins a redouter (surloul en longeant la cote de Mtkkran) qu'en allanl en Egypte. La depense il (lone (|iii' Ics qnanliU'-s di; ItMnps sc Iron- V(Mil ii pen |)ivs l)alan((''('.s, ('-laiil allciiiallvcincnl en I'a- X'lir ill' cliaciMic drs rnninUMUcaliims .siiivaiil la saistm. I'uiii coinplcli r if pai allrli' , il m- resit! pins «|n'a |i!a(ci I'll i.'j^aid la ^laiiili' sini'lr (If |;i i oiilc (ri'';j;;y pU; avcc la (■liiil(' d(« son condxi.sld)!*.' el ax'c piti.s Ac cliancc ill' niDiisson. Par Ic j^ollc l'('iNi(pif . Il- condjM.sliMc scrail, non .■M'ldrniriil inlininiriit inoiiis ((n^li'iix , niais d p rait t'ljcori! ns a\(nis pi ('ci'drnuncnl fail ((nniailiM' la dislan("o dc IJii- a Has.sora, el nifiinc cidlc (!(( Uassoia a limn- bay ; (^clli! dcrnitTo sc snhdivisc ainsi rpi'il snil : Milk. Joint I)o Hnssdi'.i .1 III iiicr (Jq 111 iniT it ItiMirliir i jo Itiiiirliii' /i It iHHaiJoi'c 3,„j U.i"s;mIiiic i'i M^i-c.iI 355 M.iMMl l> liiiiiili.iy 85y 1S87 10 C.osdix |i>uis en coinpi ciniinl Avu\ dc rclard cansii par Ic I I'Miiiiv cllcnicnl dii ('iiinl)(islil)l(<. I II I ililiaii pici'cdcid a indi(pi('- ipic la dlslanrc t^i- net ale cnli c />.i///A(/» cl.V((/////<7(»«// (Hail dc •.>.«)/)() niillcs, (''ViiliK's a '.M, joins \'u; (punil an rclonr Ak' ScaiKlcroiin a /ionihii) , (Ml pcid rcllcclni'i en v 1 jnnrs i/vi, on -iTt joins 1 /•' . On pen! dr t'cs diviM's lolaux ooncline la distance de i{oinlia\ ."I I' alinonlli , el reeiin'oipiennnl. ( 3oo ) 1° Disliniic ilf lioinhdf n I hIdiihiIIi . MilkN. Jnifi* 1»(; lldiiili.'iy ii .Si-.iiiilrroiiii (a[i|)rinim.' ) . o.i)7iCt jt i/a uii vxj i/vi Sciiukirouii )i MalUr K<»(i t[ 4 Malic a l''aliii()iilli , |i ii linli/. aSoo l5 l5 a" hishuur lie Idlinoulli a liotnhay. |)e FaliiiDiilli a Mallo u3oo I'j if) Malic i .S( aiidi'ioiiii Koo /) /( JJcjikIi'ioiiii a It.irnliay '• i// /(U i/i (lomrno Ic Itiinps ••iiiployf; ;i <';l('; r;ilriil<'! duns I'liy- |Killi«'!.s88 (i i 888"»,8). 1\1. Borden s'est servi pour cette mesure d'un appareil de Sopieds de long qu'il avait divis6 lui-menie, et qui a Hi compare avec un 6talon construit par Trough - ton , d'aprfes celui de sir George Shuckburg. La base a 6te mesuree deux fois du N. au S. et du S. au N, ; et la difference n'a et6 trouv6e que de 0,287 depouce (6 millimetres.) On n'a pas cru devoir mesurer une base de verification , parce que les principales stations de- vaient se relier a la Iriangulation ex^cut^epar M. Ilass- ler sur les coles des Etats-Unis. La hauteur des stations au-dessus du niveau de la mer a et6 determin^e par la comparaison avec une station principale, celle de la montagne de Fay a Wesl- boro, a environ 3o niilles a I'ouest de Boston. La hau- teur de cette montagne avait 6te elle-meme determi- nee par des nivellements Irigonometriques fails entre cette montagne et cinq points de la cote. Les resullats de ces nivellements ne different pas d'un pied , quoi- que les points compares embrassentun espace de 70 a 80 milles de cotes. Le point adopte cominc hauteur moyenne de la mer est le milieu entre la haule et la basse mer o!)St'rvee le m6me jour. On a [)iis soin de rep^ter les observations dans des jours oil la mer n'avait point 6te agitee par de forts vents. Nous remarquerons en passant que cette determi- nation du niveau moven de lamer atiquel doivenl 6lro [ di6 ) rapporlees Ics hauteurs Hes points trigonomelriques , demande, pourelre faite avec exactitude, denombreu- ses ol)Scrvations el une appreciation scrupuleuse de toutos los circonstarces qui pouvont fairs varier ce ni- veau ; le milieu enlre la pleinc et la basse mcr doit cerlainemenl varier beaucoup d'un jour h Taulrc. Apres ces operations, M. Borden, en comparant les latitudes de (iiff^rents points observ^cs par M. Paine avec les distances de ces memes points dans le sens du meridien , en deduil la valeur du degr6 terrestre a des latitudes peu t^loijin^es les unes des autres; il Irouve ainsi i 2 valeurs de ce degr6 qui varientde 3G4 '^3G pieds a 364 447 (de 1 1 1 oi7>n,4;'> 1 1 1 o8i'",6).CesdilT6rcnces doivent elre allribuees sans douto en grande jiarlie aux imperfections in(^vitables des obs(M vations aslronomi- ques , car on sait qu'une seconde en latitude corres- pond a environ 3i metres. Quoi qu'ilen soil, M. Bor- den, reduisant toulos ces valeurs a une latitude uni- que au moyen de la table donn^e clans rencyclop^die de Reeds, qui suppose un aplatissement de ,'. et i\y pieds ('/".S) d'augmentalion pour un dtgre de lati- tude entre 4o" et /iS" , obtient par une moyenne, pour la valcui- du degr(i de latitude a 42", 064 554 pieds (ill 047'", 1 ); il deduil ensuite de celte valour, au moyen de la convergence des m^ridicns , la grandeur du degredu grand cercle perpendiculaire au meridien a la latitude de Boston de 365 5i 1'' 53(i 1 1 4o5",o) (1). (1) Si, CDiiiiiic sciiiLloriul riiiiTalioiis '"irodoiipu's duiil nous avons etc cliarge snr les loles '.L' I'l.iiKc line l.ili'e dis il(;;ii-> du UH-iiilieu (I dn cercle perpendiiii- \ 327 ) Cello valour, dil-il , peal so verifier au inoyen des tlif- f(^rences do longitudes enlre Boston ct plusleurs aii- tres points, oblenues par M Paine par le transport du temps. Neufcomparaisonssemblahleslui donnenlpour la valeur de ce degrd des quantities qui varient depuis 364 i93'"^'''jusqu'a365 984"'^''^(ni ooA^oain 5/,9",9) ou seulement depuis 365 oaS jusqu'a 365 98/,'""'' (1 1 1 257'", 6 c^ 1 1 1 549'",9) en excluant Irois points ou il croit que les observations de hauteurs out pu etre afTectees par I'effet de raltraction des monlagnes. Meme avec cette reduction, I'accord ne parait pas Ires satisfaisant. Nous verrons au reste plus loin que les longitudes presentent des anomalies qui expliquent ces differences: aussi M. Borden s'en tient-il au r^sul- lat deduit de I'inclinaison des ni^ridiens, liont la moyenne des six valeurs , regardees coninie prefera- bles, ne diff^re d'ailleurs que de i4 pieds (4", 2). Avec ces valeurs du degr^dumeridien etdu grand cer- cle perpendiculaire, M. Borden, dil le rapport quenous analysons, calcule le rayon de I'cqualeur, lo demi-axe polaire relliplicile du spheroide terrestre , el les lon- gueurs des degresdu m^ridien, dont les milieuxseraienl 41° 91' 3o", 42° 21' 3o", et43°2i' 3o" (49/21' 00" est la latitude de la maison des l^^lals a Boston). Nous avons do la peine h concevoir comment, puisqu'il conclut le degre du cercle perpendiculaire de colui du mt^ridien, il a pu, sans faireun cercle vicieux, calculer la figure du sphdroidj terrestre, qui n'aurait pu etre laiie pour toiites les latitudes , et dans I'liypothese d'un aplatisse- iiK.'nl = -J- ; cette table nous doniiei ait pour le rapport entre ces deux degrcs a la lalitude de Boston i,()()3-!7G, tandis que les nonibrcs donnes ici sont dans le rapport de i a i oo3i55, ce qui supposeiai.t 'Ml aplatissernenl inoindre que ,~. ( 028 ) obloiiue sans cela que des seules observations de lali- lude sur une etendue d'un degr6 et demi seulemenl. (^.idi ([(I'il en soil , voici les resuUals auxquels il ar- rive. I)egr6 du meridian h la latitude de la maison des lUals a Boston 564 SSfi"""^ = 1 1 i o55"',7. Dcgre du eercle perpendiculaire a la meme latitude 365 5 1 !''''■''*= Ill 4o5",7. Rayon de I'equateur 20 yi4 728"""* 6 .174 694". Demi-axe polaire 20804 128 =^ Aplatissement -^ environ. ( En combinant le degre du meridien mesur6 au P6rou avec celui du Massacliusetls , on trouverail un aplatissement = ,\-,.) Avec ces donnees,M. Borden tltiduit la latitude de Boston ( maison des Klats ) de celle de 9 aulres points (ionl la latitude a 6le observ6e par M. Paine ; les va- leurs qu'il obtient ainsi ne varient que de 42° 21' 28" 78 h 42° 21' 5i"o4- La moyenne , que Ton pent reganler comme bonne, est 42° 21' 3o" o. M. Paine avaittrouve ])ar le njeme point 42" 'ii' 22" 70. II eslassezsingulier que la ililVerence la plus grande se trouve justement sur ce point qui est le })lus im|iorlant, et sur le(|uel M. Pdine avail r6uni 44'^ observations de bauteur du soleil et d'etoiles , taut au nord (|u'au sud du z(^nitli. Les deux tableaux suivants donnent la coinparaison des latitudes et longitudes de 28 points, deduilcs de la triunguhition de M. Borden , in |)arlant de la posi- tion de Boblon.lat. 42" 21' 3o" 00 ; long. 4" 44'" 16M) O. de Greenwicb, avec cellcs queM. Paine a oblenues [)ar des observations de bauleurs d'aslros et le transport du temps au moyen de cbronometres. ( 329 ) LATITUDES NOM dir lieu. Bo-lon. , . . Amherst. . Biiii.slablL'. . Oanibinlge . Deiiluini. . , (iiTeiiHild. , (iloiia sler. , llolnic'ohoc POINT di' station. Lowell . . I'oiiilc Moiior Niiiiliickel. . New Beilforl Newbuiyporl Norlhamp;oD Piltslield. . . Plyiiiriiiih. . Piovideiice . Sileiii .... S.iniwich. Sni'iiigrield . 'rami Ion. . . Tin u. . . . W"illi.ii)i,slow Wori'e ler. . Sqiiaiii. . . . Ou|i Anne. . Poinle Ebt. . re Baker . . Camljiiilfje.. Dorchester. . Sonthwick. . loy M.iison des Elals. Ch^ip. dii colli'gc. New Com- 1. . . . Ire I'glise coiigr.. id- le id. Ire #glise des Iii- d^peodaiils.. . . Moulin ;"i vent ;'i I'O. dn village. Eglise SU-Aiiiie I.e Phare Eglise, (our, iid.. — des nianns — dans la rue Harris. . . . Ire i^gl. congr^g.. id V.onrl House .... Universil^ Salle lie la inarine des Indes Egi. (le la coiigr. ilrs Nouv. Unil. Coui I HdUM . . . . Kgi. di sTniiiiair. Ph.if. du Cdp Cod. Ei;lls. (le a congr. |iii-s le Co k'ge. Salle des Aiiliq. . l.e Phar. Phare du N. sur i'ile Thalcher. . Phare. I'iiare Ol)sei\aloire Har- vaid Ohserv. de Bond. M.isoii di' M. Hol- conib a. -5 LATITUDES 2-5 ?S DllT. - B par M. Paine. 2 3 'i^ 442 42''21'22'70 30"00 - 7 "30 109 22 12 60 15 61 - 3 01 ■267 41 42 7 31) 6 07 + 1 23 201 42 22 21 30 29 11 + 7 81 108 14 52 30 57 30 - 5 00 169 35 16 30 14 80 + 1 50 tl3 36 44 20 48 17 - 3 97 174 41 27 15 30 14 87 + 0 43 800 42 38 47 60 46 78 + 0 82 15(i 41 33 30 80 35 00 - 4 20 260 16 56 3O 56 62 - 0 62 322 38 6 0 6 46 - 0 16 202 42 48 32 10 32 15 - 0 05 327 19 8 Oit 9 44 - 1 44 210 26 55 00 55 61 - 0 61 169 41 57 28 50 26 56 + 1 94 308 49 3J 90 35 48 - 3 58 154 42 31 18 90 18 42 + 0 48 139 4( 45 31 no 31 09 - 0 09 168 42 6 1 20 3 61 - 2 41 181 41 5i 8 30 11 28 - 2 98 228 42 2 22 20 21 04 + 1 16 110 42 42 50 60 49 14 - 1 46 351 16 12 60 17 Oi + 4 44 3,S 3'J 46 08 43 52 + 2 56 39 38 18 00 21 78 - 3 78 36 34 48 00 49 61 - 1 61 64 32 11 40 12 00 - 0 60 au N. de Boston 52"26 S. de Boston . . 2 13 41 S.deSpringlield 5 13 91 42"22' 22 "26 42 19 16 59 42 (JO 49 70 Nota. Dans la coloniie des latitudes par M. Borden on n'a donne que les secondes, les degres et minutes I'l.iiit les nienies que pour la colonne dis latitudes p.Tr M. Paine ( 33o ) LOXGITLDES du llrii. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 i:< 114 15 1H 17 |18 19 !20 !21 22 23 24 25 26 2' 2H 29 m 31 Boston AmhiTSl Barnstable.. . . , (: aiec Irs <-(irf>noni. He liak. r.. . Caiidjridge.. Dorihi siiT. . Soulhwick. . 9 18 6 7 6 16 10 14 2 1(1 18 16 24 13 to II 14 13 16 12 7 10 15 NO>IIiBK clironumclr. ciii|iloye». LONGITUDE.S. par fit. Paint-. 25 59 2(1 23 14 60 36 34 10 28 54 46 74 39 33 40 42 38 51 36 24 28 45 14 14 rel^veiiienl dc la point de Gloucesti r. . . . 2 14 at'OdeBo-ston 3 6' 42 id. id. II 24 jd.de Spiiiig- tield 12 59 86 71° 4' 72 31 70 18 71 7 71 10 72 3(i 70 40 70 36 71 18 70 0 70 6 70 .55 70 52 72 38 73 16 70 10 71 24 70 53 70 30 72 35 71 6 70 4 73 13 71 48 70 41 70 34 9 "00 35 85 :^6 110 38 10 49 20 31 95 19 05 37 80 57 30 5 40 12 15 49 35 47 to 21 01) 5 10 27 60 48 00 56 70 27 on 47 25 4 50 8 7(1 19 50 10 20 8 00 4i 00 70 40 12 75 70 47 37 00 71 7 « . 71 3 . • 72 48 » . ' 9' 28 33 28 59 27 17 37 62 59 56 13 41 41 14 15.36 19 34 53 14 4! 555 3 55 0 7 12 48 0"00 7 36 2 19 9 15 10 08 4 75 1 88 0 22 4 74 10 85 28 41 15 42 57 76 44 80 28 9S 8 33 13 59 2 67 12 81 2 31 9 47 13 37 19 24 2 84 4 31 4 05 1 90 8 59 Le rapport dont nous venons fie tionner I'analyse se termine par le paiagiaphe suivant : "Lamelhoclede delcrminer la topographic d'unEtat, donl le Momoire do M. Borden nous donne le premier aper^u , se rccommande par son economie el sa proinp- lilude , aussi bien que par rexaclilude suflisante des resullats qu'elle procure. Le leve du Massachusells , qui comprend un terriloire de 8,-.i3o milles carr^s, et un developpemenl de 3oo milles de coles, ael6 ex6cul6^ ( 53i ) par MM. Borden el i'niiie en moins de dix ans, el n'a coul6 que 6 1, 5542 dollars. » Sans nous arreter ici siir la raison d'^conomie, qui ne doit jamais eire regardee que comme sccondaire , nous aimons a croire que Je Memoire tnlior de M. Bor- den nous donneia des preuves de Texaclllutle avec la- quelle celte operation a 6te execulee; car nousne sau- rions regardcr comme une verification suffisanle la comparaison ci-dessusdes r^sultats geod(^siqu('S el as- tronomiques ; il y a plus, comme les r^sultals d'une triangulalion bien faile nous paraissenl toujours pre- senter un haul degr6 de certitude, quoiqu'il resle quelque doute surla figure du spli6roide sur lequel elle est projet^e, nous sommes porte a C(-nclure de cette comparaison que, quelque soin que Ton prenne pour des observations de latitude au moyen d'un sexlant, on ne peut pas compter sur une precision de plus de 2 h 3" ( la moyenne des differences de latitude entre M. Paine el M. Borden est de 2" 35 ) , el que pour les longitudes delerminees par le transport du lemps a terre , il faul employer un grand nombre do chrono- melres el des voyages souvent r^petes pour pouvoir compter sur les r(isullalsobtenus, a moins d'une demi- seconde de lemps, la moyenne des differences de lon- gitude entre M. Paine et M. Borden est de 7" 24 ou o* 42. P. Daussy. [ 532 ) Posit iv/is liTilam ("lie;, . . Caljiiiere pointc).. Toiulcmanar 6 56/G' rfr que r't dr»>up oiil tif dtrduilfP L'..bfc*.rvaloir»' . ■ P.iTilloii du fori 43' 5i c'e>l en paruni d'uim de Cf s dcm ionuiludi-ii que cell^ dl^ lu. I..qu. lie. I Note i)i I'tDilBrn. ( >uiTjiil M. Raj.n. Ile> dtf poinU ( 535 ) Moelalivoe (maison) Moeiaiivop (fcucil). . TriDConialee Haiibanlotte. Foul (poinle).. . . Veil oo» (bnie) . . . Fri^r'sliODtl KoiiRMie A.ir. . . . I, IS Pclites-Basseg I.ill'e (poiiite). . . Rocber t'Eliipliaiil Les tiraados-Bisse: Amedowe (pointc' Ballicaloa l.aliindf N. dlV i' 9 U50 8 35 38 8 33 31 C.ilamatra (bait). . Mahawelle (bale;. . Taiigalle. ...... NilltMlle (baie;. . Gaiiiloic l»Ofnlia-head Matiiiii Belligani i,lair; . l)od.iiiilowf (bail ) Gallf Ca'cuiM Paiitura Ml LiiuvlaJa iiialsoii 6 25 40 6 28 40 6 2.} 48 6 12 0 6 17 10 7 40 47 7 43 32 6 6 58 6 35 0 6 44 0 6 49 56 Long li llf P.ui; 78-3r56' 78 3i -0 78 57 52 78 56 12 8 32 22 79 1 54 S 0 0 79 17 36 7 28 0 79 22 ,S6 6 31 10 79 26 1 1 79 30 55 79 26 56 79 1121 79 11 55 79 7 56 79 24 42 79 21 25 78 50 18 6 4 7 78 38 36 5 59 30 78 27 53 6 1 16 78 30 22 5 57 37 78 25 55 5 55 42 78 28 4 5 55 15 78 18 24 5 56 26 78 15 41 5 57 30 78 8 54 6 6 47 77 49 58 6 1 2o 77 55 34 77 40 36 77 36 36 77 34 33 Par nn reU''vi. D'.ipies !e icl^xenunt d !a ili>lanee iiie.surt'e de . Toul le nionde comprend conil)ien il iMi|)()rte a im voyagetir de connailre la posilion el I'olendue d'nne monlagne, d'un lac , d'une I'orel, avanl ile songer a les franchir. M. d'Avezac annonce que des leltres recenles do M. d'Ahbadie, apporlees a Paris, oNpliquc nl Us molils qui ont emjjeche depuis long-lonips sa eorrespon- daiice d'arriver a sa dislinalion. II ajoulo (jue co vo\a- geur depuis son depart d'Aden el son sejour a Odeida. a fait une etude parliculi6re de la nation des Morme, sur laquelle il donne des renscignements Ires inl^res- sanls, M. le President lit un Menioiro adress6 par M. Ic comle de Caraman , elcontenanl nn rc^sum^ des exjie- dilions du colonel Cliesnov, dans le Ixil d't^liidier la navigation de rEupbrale, un paiallelo oidre cclle na- vigation et celle du Nil etde la nner Rouge , ainsi qu'un tableau comparalil'de phisieurs voiesde communication enlre lAngleterre el I'lnde. Ce momoiro, donl la lec- ture est enlendue avee beaucoup d'inldrel, est 1 envoys au comile du Bulletin. [La suilo lies si'anccs el les oitvrat/cs offeils an N" procliaiii ) i/e la Socie'te de (^e'oari-a/>/ife . fA'^ooemJ^j-a fif/fO irf ■*S) wjDw.jrrj, \ ( IIESNEY dc soil Memoire irnfr ■* ■*: L ^eiei^, rsie^. «& J'ipusz/, 'O 3a BULLETIN DE L\ SOGIETE DE GEOGIUPHIE, DfeCEMBRE 1841. ASSEMBLEE GENERALE IIU 3 niiCEMBRE i84t. DISCOURS PRONONCE PAR M VII.LEMAIM, I'.tii- (Ic France, Miiiistie de I'Instruction publique , President de la Societe. Messieurs, Ce fill, il y a vinj^t ans, une noble pensee que la \'coniiailre le premier, dans Ics mcrs anlarctiques. la lerre nouvelle el glacee d'Adelie. Mais, quelle que soil la hardiesse des recherchcs ac- luelles, I age hSroique de la navigation de decouverle scmble passe pour nous; il n'y a pas d^sormais de nou- veau monde a trouvcr. Seulemenl, ce que I'lionime pes- ( 53() ) sede , il ne le connalt pas; les conlinenls mesurds par leurs contours ont encore beaucoup de ri^glons inle- rieiires a penetrer el ;i decrire ; nne grande part dii nionde iiousdenieurccach^e par la I)arbariede ceiixqui riiid)ilent : aiissi , messieurs, en deiiors de ces grandes expeditions (pje les gouvernemeiits peuvent seuls en- treprendre, avez-vous eu soin d'encourager les voyages indi\iduels et Tinvestigation des pays lointains. II sul- fira lie dire qui/, dans une seule ann^e, vingt-deux voyageurs I'rancais ou (Strangers, partis pour tons les points du monde, avaient re(,"u de celle Sociele leurs instructions et leurs patentes de decouvertes, Celte ardeur, messieurs , sans se manifeslei aujour- d'hui par des etTets aussi nombreux, n'est pas eteinte, nous I'esperons. C'esi le caractere de I'esprit IVancais de porter dans la science un admirable desinteresse- ment, de I'aimer, de la chercher pour ello-meme, en negligeant trop les avanlages materiels et positifs dont elle pourrait devenir le gage et I'instrument. Ainsi, les decouvertes de la France ont souvent fraye la voie aux calculs profitables des autres peoples; et ses arts onl aide leur puissance. La route de I'Abvssi- nie par I'Kgypte el le Sennaar etait ouverle et parcou- rue, d^s le si^cle de Louis XIV, par deux voyageurs francais ; et, de nos jours, ce sont encore deux Fraucais qui viennent de reporter surce point I'attentionde I ' Eu- rope , et de marquer un nouveau but a I'activlte com- merciale. C'est ainsi, sous un autre rapport, quo, dans nos ^coles , les langues vivantesde I'Orienl sontensoi- gnees avec un talent et un succ6s qui depassent I'usage que nous avons su lirer d'un tel secours. Qnoi qu'il en soit de celte disposition, noble defatit de la France, aujourd'hui, plus que jamais, messieuis, ( 54o ) la science que voiis ciillivcz doil excili r le zcle clts hommes qui clierchent I'ulilile puhliqiio dans lis spe- culations de r^lude. L'elat du mondo I'exige; parlout los aiiliquos barriores qui t'crmaionl I'Oiient tonibenl d'elles-raemcs , on sonl ai racliees. II n'y a plus Lesoin du basard d'un grand bonnno epars dans la durdse des si^cles, il n'y a plus bcsoin do la fortune el du genio d'un Alexandre pour conduire une armoe de I'elia jusqu'a Bab\lone : I'espiil europeen , comnie un con- querant mulliple , infaligable , iinmortel, alleindra de procbe en procbe I'Asie lout enliere. L'artleur du gain et la sup^riorile des armes forceronl tons les obstacles; et de \ieux Klals orienlaux s'ecrouleront encore poui relablir la balance des coraples el elever le dividonde d'unecompagnie de commerce. Le Celeste ou du moins i'inipenelrable Empire, ce mondc de la Cbine, con temporain de tous les ages, est entame a son lour, el verra peul elre bientol les faciles exploits d'lm nouvcau colonel Clive. Quel que soil I'avenir, celle expansion continue d'une force qui, meme en delruisanl, ci\iiist', inl6- resse I'Occident lout enlier. <-e n'est pas a un soul pcuplc , c'cst a la race europcenne qu'il apparliont de porter dans tout I'univers la loi de Dieu et de I'bunaa- nile. Ce grand but, donl noire siecle s'approcbc , ne doit pas elre seulement la contemplation des intelli- gences speculatives : I'activit^ pratique et courageuse, I'espril d'entreprise elde commerce doivent se le pro- poser, et prendre en grande cslime , en etude speciale ioutes les connaissances qui peuvenl y conduire , navi- gation , geograpbie , linguistique. C'esl la le li iple objet fpii vous occupe , messieurs, el que los lra\anx de cello Societe poursuivenl inccssamment. ( 34' ) Combien iicst-il pas salisraisant et honorable pom- la France de songer que ces menies Eludes qui for- ment ici I'entreticn d'une reunion paisible , sonl ailleurs cultivees |iar I'olficier IVancais au milieu dos perils de la guerre el du climat d'Afiique ! Pounions- nous ne pas ciler en ce moment un admirable travail de g^ograpliie antique melee A la lopograplii(> mili- taire, le Trace de VAlaerie aa'siid de Giiel/ini , etc. . que le general Duvivier vient de rapporter lout recem- ment de ses longues el glorieuses campagnes? Le rapport delaill^ que vous enlendrez lout-a-riieurc vous fera connailre d'aulres pr^cieux Iravaux, qui , en servant la science geograpliique , lionorenl I'liabilele de noire etat-major el des ingenieurs de nos Depots de la guerre et de la marine. La France est lidele a son principe de porter beaucoup de soin et de magnificence dans ce qui se fait au nom de I'lilal. On pent regretter seulement que, pour les choses que lEtal ne peul pas faire par kii-meme , et qui tloivent eire confiees aux pfTorts particuliers , le courage el le zele ne renconlrent pas assez d'appui , ne soient pas assez secourus par la g6nerosil(^ nationale. On 6prouve quelque peine a dire (]ue , dans ce grand pays, unc allocation legislative de I 2,000 fr, seulement est adeclee aux voyages scienlifi- (jues. Cest sur un si faible credit que, celle ann^e meme , il fallait aider les intrepides efforts du savant l)ore londant des ticoles cbrtHiennes aux porles d'ls- palian , el faciliter les belles recherches poursuivies en Egypte par\L Lhole, qui, voyageur isole,a su faire des iliicouverles si neuvesdans les lieux memes ou avaicnt d6ja glorieusement passe les soldals et les savants de la France. Esperons que la meme ardour sera plus cfTicacemenl secondee al'avenir, ctque cello Sociel(^, ( 342 ) ou une augiislu l)ienveillance a cl6ja fonde plusieurs prix , sera bienlot consulteo sur I'einploi de nouveaux encoiiragcmenls qui seraienl accordes par I'Llat pour le progi'6s de la science. Ou pourrail-on trouver plus de d^vouement h celle cause, el plus de lumieres pour la servir? L'exemple de ce zele si pur, sans retour d'amour-propre, sans acceplion de parli, est vivant parnii vous , messieurs, dans les regrets que vous donnez A un de vos derniers presidents , au due de Laroclieloucauld-Doudeau- ville, a cet homme d'ancienne race, qui porlait un ccEur si devout a la palrie et a la science, a cet homme de bien si 6claire qui, eloigne des affaires publiques par I'exag^ration d'un point d'honneur personnel, y tenait tout enlier parses vertus de philanthrope et de citoyen. C'est sous les auspices de son nom que je place ici mon voeu sincere pour le succ^s de vos efforts, et I'accroissenient de votre utile et g^n^reuse influence. ( 54-^ ; APERgU DES RESULTATs oilNiRiUX OBTENLS PAR LA SOOltli'. D« e^OGRAPHIfi DEPUIS SON ORIGINE JUSQu'a CE JOUR ; PAR M. DWVEZAC, 5€crimii'6 dc la Sucict*. Messieurs, Aiix termes des slatuls conslitulifs de noire associa- lion , nous devons aujourd'hui proceder au renouvel- leinent de la Commission centrale a (]ui sont delegues les pouvoirs administratlfs de la Societe, et dont le mandal qainqiu?nnal est pres d'expirer. Quatre i'ois deja , dans celte meme enceinte , que le premier magistrat de la cili a toujours mise a notre dis[)osition avoc le plus gracieux empressement, nous avons exerc(i le droit que nous aliens pratiquer encore aujouid'liui. Notre association a done accompli quatre lustres et comple vingl armt^es d'existonce! C'cst beaucoup, h I'epoque de transition el d'inqui6- tude oil nous vivons , que d'avoir dure vingt annees sans que le lien qui nous assemble soit rompu ou d6- noue, sans que nous ayons brise la cbaine des tradi- tions qui raltachent le moment present au premier jour de notre reunion, sans que nous ayons repudie aucun des hommes auxquels la coiiliance de la So- ci6t6 s'est pill A confier la direction de ses Iravaux. Ce n'est pas que la mort ou d'autres vicissitudes funestes n'aient Tail des vides elTravanls sur la lisle ( 344 ) des trente-six noms inscrils sur le pieinicr tableau (le noire Commission cenlrale ; el pour ne ciler que les huil membres choisis pour ulrc en quelque sorle aux yeux du public les parrains de la Sociele naissante, la mort en a frappe cinq au milieu de nous: Barbie du Bocage , donl le nom resle inseparable de celui de I'auteur d'^nacharsis ; Fourier, qui ne pou- vait 6tre remplaci que par Arago ; Langles, dont le /ele a plus servi au d^veloppement des eludes orien- lales que n'eut fait peut-etre une science plus pro- fonde; Malte-Brun, dont le nom jouit de la popula- rity reservee au talent de I'aire aimer la science en la revetant de formes altrayantes; et Rossel , dont rineffable modestie a cache les services sous la renom- mee des disciples qu'il a formes. Un seul a el6 entraine loin de nous par d'autres des- tinees de gloire; et la Sociele de geographic, tout en le regrettant pour elle-meme, n'oserait se plaindre qu'il ait couru prendre sa place au premier rang des critiques de noire siccle (i). Les deux autres, qui nous sont chers a lu lois par la c6lebrit6 de leur nom el par la conslante assiduity de leur concours a nos travaux, reslenl encore parmi nous, deposilaires de I'inspiration premiere sous la- quelle fut concue la Soci6l6 de geograj^liic. Leur pre- sence arretc dans ma bouche I'eloge qui allait s'en 6chapper fa). Parmi ceux qui presid6rent a I'organisation de nos travaux au-dedans et de nos relations au-dehors , la mort a onvi6 des long-lemps a nous et au monde la (i) M. Letioiinc. (2) M. If l).ir(,M Wiilckcn.ui I I M. Iciiii.inl. ( 345 ) grande illusliallon do Cuvier ; I'autrc , son einule dc science et de gloire , une paliio jalouse nous I'a reven- diqiie , oubliant que le nom de Humboldt demeure ac- quis a toule TEurope , au monde enlier, mais surloul a la France, qui I'a adople, et dont In langue est deve- nue la sienne. Quoi qu'il en soil , messieurs, de ces perles et de lanl d'aulres qu'a successivement eprouvecs la Com- mission cenlrale investie de notre confiance , il en est loujours reste un pr6cieux noyau, auloui' duquel se sont graduellement agglon)eies les nouveaux elements destines a la completer : cette accession graduelle est j)eut-elre la cause et la garantie de noire duree. Au moment ou pour la qualrifeme fois elle vient re- signer ses pouvoirs , elle a souhaite , et ce souhait m'a aussitot indique un devoir a remplir, que jc vinsse rappeler en pen de mots h i'assemblee solennelle de la Hoci^l^ qui a bien \oulu me choisir pour son organe , les resullats generaux de la direction imprimee et con - tinuee, dans la mesure de nos ressources, aux ti-a- vaux pour I'accomplissement desquels elle avail ele designee. C'est seulement apres une longue suite d'elForls qu'on pent appr^cier les r^sultats qu'ils ont produils ; car le champ de la science est lent h feconder , et clia- que sillon isol^ y demeure inapercu : il faut avoir nmltiplie les sillons avant de compter sur une re- colte. La Society avait 6crit en tele de son programme le but principal de son institution : Cnnlribiier nii.v jiro- grc's dc la geographic , et les voies principales a suivre pour y parvenir : Proi'oqiier (le.s i>()jai;cs dc dccnin'citci ; ( 546 ) Ouvrir des concours ; Piopager par nos relations au-dekors le gout des etu- des geographiqnes ; En fin , publier les niemoircs et les cartes propres a pn- ricliir le domaine de la science a laquellc nous nous sommes devours. Afin de mcllre ce plan a oxeculion, la Commission cenlrale avail a sa disposition deux ordres de moycns : d'une pari, rinfluoncc morale donl elle a fail un puis- sant usage, fertile en heureux rt^sultals; d'aulre pari, les ressources p^cuniaires, toujours bicn fuibles pour un si grand but, mais dont I'emploi bien dirige a neanmoins aussi donne des fruits qui ne sonl pas sans importance. (1) Jugeanl noire Sociele trop pauvre pour faire executer a ses frais des vojages loinlains , toujours fort dispendieux, la Commission cenlrale a olTerl du n)oius aux voyagours la perspective d'une recompense qui couronnerait le succes achete par leurs fatigues. Le prix offerl n'esl point un dedomniagemenl pour une part quelconque des depenses du voyage; il est seule- ment la conslalalion du sudrage que la Socit^le ac- corde aux resullats obtonus : c'esl une noble monnaie dont se puie avoc orgueil le d^vouemenl des athletes, quelquefois des martyrs de la science. A ces concours sonl dus le voyage de Pacho dans la Cyrdnaique, et celui de Caille k Ten-Bokloue , determines expresse- menl par nos programmes. Et d'assez nombroux voya- ges, cntrepris sous d'aulres auspices, onl trouve aussi dans la grande m^daille d'or que leur donnait la So- ciele de geographie , cette glorieuse recompense qui a cted^cernt^e , sans acceplion i\c nalionalile, au Daiiois Graali , ;iux Anglais Franklin. Laing, Uoss., Dack , ( 347 ) aussi bien qu'aux Fran^ais d'Orbigny, Rene (.ailie , Camille Callier, Dubois de Monlperreux , el d'Urville. Une fois, pourquoi le tairais-jc ? une fois un beau voyage a ele reconnu digne du prix; niais, pour le rece- voir, une main s'esl avancie, autre que celle qui y avail un droil legilinie cl qui osl reside inconnue. La bonne foi de la Sociele I'ul surprise sur une question de peisonne; mais en couronnanl le voyage , la Com- mission cenlrale n'avait poinl failli aux verilables inl6- rfels de la geographie. Independammenl de la grande mt^jdaille d'or ainsi decern^e annuellemenl, des medailles d'argent el de bronze ont aussi ete accordeesa d'aulres voyages d'une moindre importance geographique, tels que ceux de Burnes, de Conoliy , de Combes et Tanilsier , et en dernier lieu aux travaux geod(§siques du colonel Co- dazzi. (11) La Commission centrale n'a point regards ces distributions de prix comma la seule application a faire de la voie des concours ; elle a convie aussi les horanies de cabinet a ces honorables lulles, et elle a couronne de nombreux Memoires qu'il serait trop long d'enu- m^rer ici ; qu'il me suffise de signaler ceux de M. Bru- gui^re et de MM. OEhlsen et Bredsdorf, sur I'orogra- pliie de TEurope. L'ensemble des concours ouverts par la Commission centrale comprend une valeur de plus de cinquanlo mille francs; mais tous les voyages indiques n'ont pas ete accomplis , toiites les questions proposees n'oni pas m r^solues ; et il n'a et6 lait cniploi en definilive que d'une somme de vingt-sept mille francs, dont vingl mille onl etc pris sur nos rcssources ordinaircs, el ( 548 ) sopt mille seuletnenl fournis par dos souscriplions ou subventions exlraordlnaires. (HI) La propagation, aii-dehors, dc la noble ardeur (lont la Society etait elle-meme animee pour Tavance- niorit de Ja g^ograpliie, ilcvait 6tre la constiqucnce de nos exemples et de rinfluence morale que la Com- mission cenlrale exercerait sur le iiiondo savant, lei , nous avons de grands et imporlants r^sultats a procla- mer, puisque cinq associations se sont fornixes a I'e- tranger sur le modele de la notre : d'abord cellc de Londres , si merveilleusement placee au centre d'uii muuvement maritime el commercial immense ; celle de Bombay, qui est a la precedente commo une suc- cursale , ainsi que I'lnde elle-meme est une succur- sale do la Grande-Brelagne ; la Societc^ de Francfort et celle de Berlin , placees au ccfiur de cette docle Allemagne que nous sommes habilut^s a considt'-rer comme la terre classique de I'erudition ; cnfin la So- ciete de Rio-Janeiro, a laquelle le Aouveau-Monde ne pourra plus cacher sans doute le secret seculaire de sa veritable histoire. (IV) Enfin , j'iirrive aux publications que les sta- tuts de la Sociele recommandaient a la Commission cenlrale. Ici encore, comme en toules clioses, il a I'allu compter avec ses ressources. \ ous le savez, mes- sieurs, la Sociele n'a d'autres revenus que le montant des cotisalions individuelles , el il est des frais gene- raux qui en absorbent une parlie. Malgr(i la reserve que la Commission cenlrale a 616 forcec, j)ar ce motif, d'apporter a ses publications , elle a pu ncaninoins livrer successivement une collection dc Irenle-six vo- lumes in-8", formes de l;^ reunion des cabiers men- ( 549 ) sucls ilii Biillolin, oil so Irouvonl onrouislres ses (ra- vaux , et la plupart cics documents de pen d'elenduo qui se sent prodiiils devant elle. Aux niomoires et aux ouvrages plus consideral)les est rc^servee une autre serie de volumes, in-4° : le premier renferme, vous le savez , le texte francais original du fameux Marc Polo; le second, des miscellanees oii Ics antiquites am^ricai- iies occupent une notable place; le troisieme est con- sacre tout enlier a I'orographie de I'Europe; le qua- Irieme est principalemenl rempli par les curieux voyages en Orient de Jourdain de Severac, de Guil- laumc de Rubruk, et de Jean du Plan de Carpin ; le cinquieme et le sixieme offrent une version enliere de la geograpbie arabe du celebre sclieryf Kdrysy. La Commission centrale cut desire ardemment en- treprendre sans retard la publication d'aulres ouvrages reconnus dignes d'enlrer dans cette collection; mais elle a dii se plier aux exigences de notre budget : los depenses qu'a entrainees I'ensemble de ces publict- tions ont alteint le cbiflre de cent mille francs. Cost beaucoup, messieurs, pour les ressources exigues dont elle a pu disposer, cor ces frais ont etc supportes inte- gralement par la masse de nos colisalions annuelles. Pour i'aire davantage , il nous faudrait, de la part d'une administration genereuse et 6clairee, un concours puis- sant et durable. Voila , messieurs, les resultats gencraux que nous devons a la Commission centrale investle jusqu'a ce jour do notre confiance. II y faut ajouler encoic une Jjibliotheque et une collection de carles, qui meritent quelque attention, et dout le catalogue se prepare pour une impression prochaino ; en fin , le noyau d'une ( 3o() ) collection irohjeis r.ippoiies des pavs iciiiilains par les voyageurs, et aiiquel vienl de s'ajouler aujour- d'hui memc un iragtnenl du richer siir ioquel fiil massacre l'ii)lrepide el malheurcux capitaine Cook. Mossieiirs , ce coup d'teil sur notro passe a quelquc inler^l an inomeiil oii nous allons reconslitucr notre Commission centialc, el vous me pardonnerez , j'ts- perc , d'avoir relarde de quelques inhtanls, par cello communicalion , le comple qui va vous elre rendu , par une bouche que \ous airaez a entendre, des pro- gr6s de la geographie pendant I'annde qui vient de s'ti- couler. ( 35. ) RAPPOHT SDR I.FS TRAVAUX DE LA SOCIETE DE GI^.OGRAPHIE DE PARIS ET SUR LES PROGRES DE LA SCIENCE PENDANT l'aNN^E I 841 , FAIl M. S. BERTHELOT, S»cirlau« general de U roiuiiiUsum cenlralr Messieurs, Dtins rtiistoire des connaissanccs humaines, il e.sl deux 6poques a envisager : celle des decouvertes et cello des perfectionneinenls. La geographie est arrivee au- jourd'luii a celte seconde phase. Les continenls, les lies ou les archipels qui les avoisinent, les mers qui lesenvironnentsonl connusdans leur ensemble comme dans leuis rapports; I'Ocean n'a plus de my sieves; nos navigateurs le parcouient dans tous les sens, et les glaces du pole arretenl seules les plus intri^pides dans leurs deini6res investigations. Cependant, malgrd; ces r^sullats, dont notre siecle peut reclanier sa part de gloire, il en est d'aulres non moins injporlants. Les carles, ces documents graphiques ou la science consi- gne son oeuvre progressive , nous monlrent encore du vague sur bien des points. Ici, des traces approxima- til's, line configuration en cbauche; la,desiles, desmon- 352 ) lagnos, tics rivieres cluiil!;i posilion est douleuse. Pour preciser ces indications, pour coniplelor los connais- sances acquises , il laiil dcs notions |)liis etonducs , des obsfrvalions plus rigouieuses, des d6lerminations plus posilivos. A cet egard , los Iravaux de nos grands t'tablissoincnls jjeograpliiquos ont di'ja devance nos voeux. Los i)(ip6ls do !a niaiino d do la guerre rivali- sent d'ardour ; nos ofllciers d'elal-major , nos inge- nieurs hydrographes sonl a roouvre , el ie gouverne- inent, (pii dlrige et encourage lour zelo, repaiid avec liheralilo les Iravaux qu'oiil jx'rredionn^s de savantos eludes. D'aulreparl, une foidc; do voyageurs devoues vonl cherclier-, au milieu des perils des ox|)loralions loinlaines, la solution des probleines (jui reslent a re - soudrc. Los uns s'avancent dans I'inleriour des terres ])our visiter des regions inconnuos , 1l>s autres pref^- ront .^ la gloire des decouverles la precision des pro- nii^ros donndos. Ainsi , a inesure (pie la science elend SOS conqueles, le raonde so doiouio a nos youx , I'es- prild'investigation penelre danslous les details, I'exac- titude maUiematique vicnt remplacor les a-peu-pr6sde roslime, les premiers traces sc reclifient , les doules disparaissent, etchaquo jour des documents nouveaux et mieux dlaljon^s ajoulenl do mt;illeures pages a nos atlas. Mais la science n'osl pas lout culiore sur les cartes : les I'aits geographiqucs trouvcnl ailleurs des applica- tions,et les enseignemenlsqu'onen lireinloressentl'liis- toire , la |)(>lilique , le commero el los arls. Ces fails , eUidios sous lous los r;ipj)()rls . exposes dans tin hut d'utilil^ generalc , loinionl los anualcs de la science. La Society de geographio de Paris , 'pii so constilua , il y aura bienlol vingl el un ans , pour procodor a lour ( r.55 ) Gxamen , el lenir compli^ a la tois des decoiiverles les plus importantes , des explorations les plus m^rltoires et des renseignemrnts les plus utiles, poursuit sa inis- sion sous I'honorable patronage des liommes disliii- gues qu'ellea places successivemeiit a la iele de sa pha- lanjie. Puisse la louable soUicilude de ccs iliustres Mec^nes se soutenir avec le uieme zele, el contribuer ;'i I'oeuvre que voire devouement et le concours des geo- grapbes de tous les pays veulcnt perfectionner ! Appel(^ pour la troisieme lois a I'honneurde rendre compte dans cetle asseniblee gen^rale des ti avaiix de la Sdcit^ite etdes progres de la science, je suivrai dans ci'l expose I'ordre di? malieres de mes precedents raj)- porls. Eli HOPE. c AR'i ocr.APinr. Depot general de la Diarine. Le Depot de la marine a encore public cette annee neuf cartes des cotes sep- lentrionales de France. La description bydrograpbi- que de notre litloral sera bientot complete , car le zele qui anime les oiliciers cbarges de cot immense travail ne se ralentit pas. Pour ajouter aux cartes du Pilate Fiaiicais les instructions neeessaires aux naviga- leurs, M. I'ingenieur Givry a mission d'aller recueillir lous les renseignements qui doivent servir a ilbi.slrgliger prcs des plages basses el dangereuses tie la Camargue , sans s'exposer aux 6v(5nemenls les ])lus funestes. La connaissance exacte de cescouranls, flue aux observations de M. Monnier, sera la sauve- garde ties navigaleurs. La publication de la carle des allerages du delta du Rhone pr^viendra les naufrages frequents auxquels ont et6 Irop long-temps exposes les batimenls de commerce qui friquenlent ces pa- rages. ( 555 ) M.Daussy.ingenieur-hydrographeencherctpx-esidenl de noire Commission cenlralc , a donn6 qiiatre nou- velles cartes desmers de llnde. Treizc carles g6n(^ralos de son nouvel atlas sont aclievees el lemoignent liaute- inent des services qu'il ne cesse de rendre aux naviga- teurs parses iniportantes publications. Une autre serie de cartes el plans de details a 616 dressee sur une plus grande eclielle par eel habile ing^nieur , el cctte an- nee en a vu paraitre deux nouvelles feuilles. On doil a M. Keller une carte comprenanl le bassin situe enlre la Sardaigne, rilalle el la Siclle , sur lequel noire hydrographie ne pouvail lournir jusqu'a ce joui que des cartes generales a une Irop petite echelle. Les coles meridionales de la Sardaigne, el particu liei-emenl la rade do Saint-Pierre , ont ele explorees par M. Ju)i(>n, capltaine de corvette, commandant le brick la Coinete, et M. Darondeau, ingenieur-livdrogra- phe , qui ne laisse pas de poursuivre avec activity la publication des Iravaux executes h bord de la Bonite. Get oflicier avail procede I'annde passee , conjoinle- mentavec M. Bonard, a la reconnaissance du banc des Eskerkis , donl les sommets , a peine a fleur d'eau . menacent les navires qui passent dans le canal silu6 entre la Sicile et la cote d'AIVique. Une note el un plan inseres dernierement dans les Annnlcs maritimes nous ont fail connaitre les resullats de cette exploration. Lu Coiucte s. aussi reconnu le banc qui a succede a 1 ile Julia, celle monlagne volcanique sortie en i85i du sein des flols entre la Sicile el la Panlellerie, el (pii a disparu depuis, en ne laissanl d'aulrc trace qu'un ecueil dangereux. Le recueil que nous venons de citer contienl une note sur les observations de M. Jiuicn, .4. ( :v-)f. ) tl nil petit plan diessd par M. Durornleau sur la posi- tion el la forme du banc. Le D<^p6t a encore pul)lie celle annce un plan de la bale de Ja Magdeieine au Spilzberg, leve on ici'xj par M. de la Roche Poncid. I ii aiiiro plan de la bale dc Ueikiavig en Islande , quo cot olficier avaitleve dans la iiieine campagne , aiirail doj.'i paru , si une reconnais- sance nouvelle dcs lies de Saint-Pierre et Miijuelon , donl il a et6 cbarg6 , n'cn avail relarde la gravure. Mous devons encore signaler ilciix autres carles des environs de Vera-Cruz , dressees par M. Berard,capi- laine de vaisseaii , bien connu par ses beaux Iravaux sur los coles de I'Alg^rie, ainsi qn'iiii plan du Port- Louis a la Guadeloupe, \v\i par M. Keruuarlz, lioute- riaiil de vaisseau. Ajoutons aussi que M. Lo Saulnier de \ auUello a ache\e celte aunee I'exploralion de la l\lanche, reconnaissance imporlanle par le grand noni- bre de renseignemenls qu'elh; iournil sur U; bras de iner le plus I'requenle de notre littoral. Tels sonl, messieurs, les lra\aux executes au Depot geueial de la marine dans le couranl de Tannic i84i, par le concours des ofliciers el le pelil nombre d'inge- nieurs- hydrograpbes employes aux reconnaissances. L 03uvre depcrfcctionnemenl, pouisuivie avec un zele si luuuble dans I'inlerel de la science et des navigaleurs, merilail de vous Sire expos^e dans lous ses details. Kaisons des voeux pour que le gouvernement continue ^ seconder de tout son pouvoir 1 liabile chef qui dirige un 6lablissement aussi utile , el qui ne cesse de propa- ger I'emulalion dans loules les parlies du service. Depot general de la guerre. La nouvelle carle de France voil le cadre de son execution s'ugrandir cba- que aiin^e par de nouvelles donnt^es geodesiqucs el ( 557 ) lopograpliKjues que MM. los olliiMers d'etal-major ilu Dt^pot do la guerre sonl charges de recueillir. La Irian - gulalion du premier ordre s'est ^tenduc, en 184 1 , dans les deux quadrilatiires qui sont compris au S. -0. du rovaume, enlre leparallele inoyen etla chatne des Py- renees. Cetlc parlie importante des operations fonda- inentales de la carle alleindra bientol le terme de son execution. La Iriangulation secondaire a regu encore un pen plus d'extension. La lopographie a augmenle ses precieuses donnees aulant qu'on devait I'esperer du nomhre des olTiciers qu'on y a employes dans la campagne qui vient de finir. Le nonibro et I'impor- lance des resullals oblenus dans le cours de la pre- sente ann^e tetnoignent sufTisaniment do la conslante soliicitude de M. le lieutenanl-g^neral Pclet dans la direction de cette belle enlreprise. La sixieine livraison de la nouvelle carle do France , composee de huit fouillos gravees, viont de paraitre. Le D6p6t de la guerre vient d'achever aussi la gra- vure des nouvelles cartes des provinces d'Alger et de Constantino, d'apres les reconnaissances et les opera- tions geodesiques des ofTiciers d'etat-niajor , ainsi que de celle de Tunis, d'apres los relevds de M. Falbe et les reconnaissances de M. Pricot de Salnlo-Marie. Les nombreux renseignomenls qui arrivent journellement sur I'Alg^rie ne tarderuul pas a comblor les lacunes (jui restent encore. M. Conteaux , capilaine au corps royal d'etat- major, charge determiner la triangidation do la Grece, vous ;i adresse une note sur les operations geodesiqucs ex6cu- tees dans ce pays. Cette triangulalion est le conijde- ment de cello obtenue de i855a i855|)ar lo conimau- danl Po\li{'r , dan^^ la Crooe conlinontale ol d.^us 1 lie . 558 ) d'Euboe. Les opferotions ont6l6 continu^es de 1837 a 1840 par M. Conteaux , et se sont dlondues jusqu'aux lies loniennes , qui onl &le rallach^es au rescau trigo- nomtilriquc continental. In tableau des altitudes de^- termint^es pendant cette belle Iriangulalion acconipa- gne la note explicative. Trni'aux paiticuliers des officiers iri'tnt-viajor. Par leurs divers services , les officiers du corps royal d'etat- niajor augmenlcnt journellement les connaissances g(!iographiques. Quelques uns voyagent en Orient, et i'ournissent a la science de bons rcnseignements. Ceux qui sont attaches au Depot Invent la nouvelle carte de France; mais ils nc bornenl pas Icurs occupations a celle op(!!ralion trigonom^trique. Les uns meltent a profit leurs connaissances geologiques , et decrivent les formations diverses desdepartemenls qu'ils parcou- rent; d'autres s'occupent avrc succes de rechorches arcbeologi(jucs , el I'onl I'aire dos progr^s a la geogra- phic ancienne. lis indiquent sur leurs Iravaux les voies gauloises, les chaussees romaines , les lieux de campe- nient el de station , ainsi que les vesligi-s des monu- ments de lous les ages, C'est ainsi que la position du Noviodunum des Biluriges a ele reclifi^o , et que la station de Roranum situ^e a 16 lieues gauloises de Poitiers, I'ancienne Limonum , a ete d^lermin^o par la ddcouverle d'uiie colonne milliaire. l.c Spectateiir Diilitaire et le Bulletin dc la Societe des antiquniies de roiiest conlioniient sur ces points de gc^ograpbie ancienne deux Memoires d'un haul int(!iret pour l'^- tude historique des localiles dans les parlies de la (iaule qu'on d^signait sous le nom de premi6re ct se- conde Aquitaine. Les ilinthaircs de M. le capilaine d'etat-major dc ( 359 ) Boauforl, clans la Turquie tl'Asie el la Perse (en iS/Jo). el dont la r^daclion 6tait confi(^e au colonel Lapie, sent achevds : lis pr^senlent un d^veloppement de plus de 1 ,200 lieuos , et seront de la plus grande ulililti pour dresser de nouvelles cartes. Ces itineraires, 6tant dta- hlissiir des positions astronomiques, servironlde point tie depart ou de repeie pour les voyageurs qui explo- reront le pays. Ce travail, ainsi que celui de M. Truil- hier, sont encore ce que nous possi^dons de mieux sur ces contrdes. M. le colonel Lapie s'occupe en outre d'une nou- velle edition de sa grande carte de la Turquie d'Eu- rope , et continue ses savantes etudes sur la Turquie d'Asie et la Perse. La (jualri^me edition ile s(ui grand alias vient d'etre terminee. Pour completer la revue que je vioiis de faire des Iravauxdes officiers d'etat-nuijor attaches au Depot de la guerre, et des cartes donlils enrichissent la geogra- phic, je dirai un mot d'une publication nouvelle qui doit parailre avant la fin de Fannie. Son auteur est le colonel Denaix, dont le nom rappelle les excellents ouvrages dus a ses profondes connaissances el a ses constanles (Etudes. Le nouveau travail qu'il se propose (favoir I'honneur de vous oflrir incessamment est uwo (It^ographie prototype de la France, dans laquelle il applique h I'etude de notre lerritoire tous les precep les d'analyse nalurelle que sa methode lend a rendre lamiliere. L'auleur resume succincleinent dans son ex- position les lois de la correlation des h)rmes, el passe ensuite au classement des fleuves el des rivieres, puis a celui des monlagnes et des lignes de faite. Avec ces ele- ments, il determine la grandeur absolue el la configura- lion exacle des deparlemenls, de maniere que chaque ( 5Go ) f;iit enoncf rappolle iustanlaneiiKMit a I'esprlt les rap- ports ile la parlie avec le lout. M. le colonel Denaix doit ajoulcr a ces travaux la publication de la Iroisieme ct avanl-derniere livraison de son atlas physique, politi- que et histoiique de la France. Cartes etrangeres. Apies les carles oflicielles qui se pnblient en France, nous devons meiitionner les tra- \aux de meme genre qu'on execute a I'etrans^er. Tels sunt par exeniple les grandes triangulalions qui se poursuivent en Anglelerre , et les reconnaissances des cotes de cette ile dans la mer du ISord , travail qui avail ete confix au capitaine Mande , auquel a succede le ca- ]>itaine Washington. La carte oflicielle de I'Angleterre ( Ordnance Map ) ayanl ete jugee insuffisante pour les besoins du pays, on a propose de la recommencer en la portanta I'^chelledeG pouces par mille au lieu de I par mille , cc (lui lui donnera les inemes proportions quecelle del'Iilande. On continue en Italie les grandes operations geodesiques el trigonomelriciues, elle corjis d'etat major sarde vient de luire parailrc la premiere I'euille (l(! la grando carte topograpliique des Klals du royaumede Sardaigne en terre ferme , donl I'execution corame ceuvre de science eld'artne laisse ricn ad^sirer. Le journal de Bergliau.s a fait connaitre les opera- lions relati\es a la carle de Sardaigne de j\i. de la Mar- mora, donl j'eus I'bonneur de vousentretenir dans nies precedents rapporU. On poursuil en Portugal le leve gdodesique de ce royaume, et plusieurs positions ont et6 delerminees astronomiquemenl. En Allemagne, les travaux cart()graphi(]iies ne pren- nenl pas moins d'extension. Les annales de Berghaus 'n''iHi)()nl rapporte un grand nomhre de mesmes d'allitudes delerminees en Jiasiere parle conileSchwoi- I I ( 56i ) mil. On peul ciler la carle cadasirale de ce royaume comnie une des plus paifaites qui aient ele enli'oprises. M. le doc:teur Marlins nous apprenil que cliacun des huil cercles qui formenl les subdivisions embrasse laoo ieuilles. Chaquc feuille est accompagn«^e d'une biochurequi donne la table des lieux. L'annonce de di- mensions aussi colossales sulfil pour donner une idee de eel imnjense Iravail. Trois bases onl ele mesurees a dilTdirenles ^poques dans le grand-duche de Bade : la premiere a Scbwet- /ingon , iaseconde pros Salcni sur le lac deConslance, ia Iroisieine pr^s d'Ellenlieim, mais aucune d'cUes n'a ele suffisammenl exacle pour les ieves qui se pour- suivent. La nouvelle base de triangulalion a 6le com- niencee en 1819 el terminee en 1827. L'echelle de la carle est de ,y'— ; les alliludosonl 6le tl^lerminees au inoyen d'angles vei licaux pris avec un cercle repeti- leiir de buil j)ouces , el les nivellemenls , executes avec une grande [)r(^cision , onl pour point de depart le sol de la calhediale de Strasbourg, elev6 de IfAb.S/i pieds (de Bade) au dessus du niveau de la mer. Menlionnons egalement la carte Irigonom^lriqne du royaume de Hanovre , par Ic capilaine Papen , en 65 ft'uilles a Teclielle d'un pouce jiour Iroismilles geogra- phlques; puis Texcellcnle carle rouliere de I'^lecloral de Hesse , a I'ecbelie de r>Ui , par M. Reuss. Le gouvernemeiil de Nassau projelte aussi une nou- velle carle du duche, donl les fonds ont ele voles, el wwQ enlreprise semblable vienl d'etre mise en execu- tion dans le duche do Saxe-Cobourg-Gollia. D'aulrc pari., ta belle carle de Saxe du colonel Oborroit est :.(lio\ ('■(•, el la determination do la difference tie niveau outre Boiliu ct la mor d'Allemagne, donl MiM. Bacr ( 5Gi2 ) el BeiU-and 6taicnt occup«^s depuis plusieurs ann^efi, est arrivee a son lerme. La diflerence enire leurs r6sul- lals n'eYCt?de pas ^ de pouce de Franco, Lne nouvellc reconnaissance hydrographique , duns le but de fixer avec exactitude la position des phares , a ^t6 ex^culee tout recemment, et M. Oelsfeld, de Berlin, a com- menc6 la publication d'une revue p^riodique intilult^e Der Kartenjreund ( I'ami des cartes), deslini^e a I'exa- men des Iravaux carlograpbiques. Les travaux relatifs a la carle generale de la Suisse , qui avaienl d'abord nuirche lenlement, viennenl de prendre une nouvelle impulsion, M. Paul Cliaix , au- quel la soci6t6 doit plusieurs communications in tt^res- santes , a bien voulu me lournir sur celle derniere carle et sur celle de Geneve , dont il vous a fail bommage , les renseignements que je transcris ici : Les premiers Iravaux de la carte g6n6ralc de la Suisse furenl dirigds par M. Ic quarlier-majlre-g6n6ral Fins- ler ; niais les fonds allou^s pour cct (il)jol sulfirenl a peine a la construction et a renlrelieii des signaux sur les points destines a former le reseau de la pre- miere Iriangulalion, M, le colonel Dufour, successeur de Al. Finsler, ayant obtenu une allocation graduelle- menl plus forte , et porleemaintcnanl a 24,000 francs, s'esl lrouv6 en 6tat de donner aux Iravaux une grande aclivile, si Ton a egard tlu moins a la faiblesse des moyens el au petit nombre d'ingenicurs employes. La publication d'une description geomilrique de l;i Suisse (en un fort vol. in-4°) (1) a fait connaitre les (i) Ccl ouvrage a ete offert par M. P. (Cliaix a la Soiiete tie peofi.a- phic, qui a chargp un de ses membr. s <\'v\\ iALES GiOGRAPHIQlES. Oiicrnges genera uj; , memoires , analyses, rnppoiis et renseignenients divers. 11 est aussi d'aulres travaux qui se rallacbenl a la geographic, et que je dois rappeler dans cetle revue g^nerale des recherches entreprises dans rinleret de la science pendant le cours de cette annee. Theoric du systeine des ve/ifs. Sous le lilrf- de Theoric ( ^71 ) (la srsteme des vents pennanenfs , ]c beau tra\ail de M. Larligue, capitaine de corvette , se recommande a voire attention. L'institut I'a accueilli avec un vif inte- ret comma le fruit des observations d'un oCficier d'ex- perience et de savoir. Lc systeme qu'il a developpe repose sur un principe de pbysique generalenient ad- mis, el sur les fails confirmes par tous les navigateurs. L'analogiequi exisle entre les vents regnants , dans les deux hemispheres, a suggere a I'auteurl'heureuse idee de placer , en regard de son expose , les observations faites dans chaque region comma aulant d'exemples a I'appui de sa theorie. La classification des vents ol les phenomenes qu'ils prcsentent dans les milieux ou ils agissent , formenl le premier chapitre 'de ce travail. Le second conlient la discussion des divers phenoraencs. L'Academie des sciences, sans se pro- noncer encore sur une theorie qui demande un exa- men approfondi, n*a pas moins approuve louvrage danslequelM. Larligue a reuni tt discule tout ce que les marins les plus habiles ont publie de leurs obser- valions et de leurs journaux, et a engage cet ofBcier a poursuivre ses recherclies <- 1 ii les elendre aux mers po- laires. Projections geographiques. M. d'Avezac. dans une notice inseree au Bulletin, a rendu compte de que!- ques procedes expeditifs et d'un nouvel instrument pour le trace du canevas des projections geogra])!ii- ques les plus usuelles, proposes par M. Larcade, pro- fesseur de malhematiques a Paris. Nous ne pouvuns qu'applaudir, avec noire collegue, a I'idee qua eue M. Larcade de comprendre dans son enseignement \ et de rend re ainsi familiers a un grand nombre d'e- Ifeves, de? procedes faciles pour le trace des canevas dc 3d. piojeclions geo2;rnj>lii(|ues. 11 tst i'l tlosirer que son oxemplt? soil suivi tlansles colleges par Ks professcurs qui allachenl a la geographic I'inler^l qu'elle est si digne d'inspirer. Recherches siir le cosmographe Ethiciis. Dans un tra- vail sur Etliiciis, donlM. d'Avezac nous a communique des IVagmenls etendus , noire collogue a cherch^ a 6lablir : i° qu'il existait dans la seconde moilie du iv siecle de nolio ere un cosmographe de ce nom, quiparailavoir eld un Islrien d'illustre oiigino ; 2- qu'on le suppose I'auteur d'une cosmograpliie ecrite en grec . Iraduito en lalin par Jerome et rcslee inedite; 5" qu'on doit reconnailre en lui le veritable conipilateur d'un corps d'ouvrage comprenant deux parlies, generale- ment connues sous les tiUes de Cosmo^raphie d'Ethi- cits ai A'ltiiieraire d'Antonin , dont la premiere a el6 reproduite par exlrail ou par abrege dans I'Ormesta (i'Urose el dans les pelils Iraites connus sous les litres (V Ejccepta de Julius Hoiiorius et de Cosr/Wi^'rap/iie de Jules Cesar, el dont la seconde, par une eircur mani- lesle , mais que la routine a consacree , a ete mise au xvc siecle seulement sous le nom de I'empereur Anlo- nin-le-Pieux. M. d'Avezac a demontrt^ ^ cette occasion que I'auleur de V Itineraire n'est pas le meme que celui de In table peutingerienne , la(|uclle aurait ele redigee dans I'ann^e meme qui a suivi la mort de Constanlin le-Grand, quaranle ans environ avanl Elhicus. Decouuerte des mines de Graniiiintuni. Parnii les fails qui ne doivent pas moins interesser les arcli^ologues que les geographes , j'ai 11 vous informer de la d^cou- verle de vasles ruines romaiiies a Oirrenionl, par M. Froment, aumonier de I'hopilal mililaire de Bel- fort. On s'occupe a d^blayer ces ruines antiques que ( 575) recouvrent aujonrd'ljui les vieiix arl)rcs qui onl pris ra- cine sur leur emplacement. Selon loutes Jes probabi- lil^s elles appaitiennenl h I'ancienne Graininatiim, que les ilineraires placenl entre Epamnndnadnrum el ^r- gentoratuni ( Mandeure et Strasbourg) . Les fouilles j ont mis a jour des fragments de fresques el dc deco- rations, des vases antiques et un grand nombre de monnales du i" siecle de notre fere. Ancien bassln de la vUle de Paris. M. de la Pylaie vous a 111 un fragment de ses etudes sur I'etat ancien du bassin de la ville de Paris et de ses environs. Sous le rapport gi^ographique, ce travail a de I'interet. Noire collegue croit pouvoir fixer la position de Metiosedum, que d'Anville a placee a Melun, d'autres a Corboil et a Meudon, maisqui, peut-elre, trouverait mieux sa place pres de Charenton, au village des Garricres ou a Condans. • Atterissemcnts sur quelques points de nos cckes occi- dentales. Si de I'archeologie je passe aux fails d'un interet plus acluel, je citerai encore les observations de M. de la Pylaie sur les ensablemenls exlraordinaires qui se manifestent sur certaines parties des rivages que baigne I'Ocean, dans la Vendee et I'ancien Poilou. Ces atterissemenls sont tels, qu'unvaisseau anglais de 64 ca- nons, d(choue vers le milieu du siecle dernier sur le banc des Betraites des ceiwres, est aujourd'hui au milieu d'unvaste cbamp cullive; que le havre de Prigny est a sec ; que le port de Rabaud , ou entraient il n'y a pas long-temps des navires de i3o tonneaux, est h 3,ooo metres de la mer; que le port ile Saint-Gilles se comble ; que le havre de la Gacliere se trouve barr6, et loul cela en moins d'un siecle. Cependant il est ( "\-4 ) bien clemonlr^ , par la Constance du niveau dans le port de Brest, que I'Ocean ue baisse pas. Moiwetnent du cabotage. Ces observations sur quel- ques points de notre litloral m'amt-nent a vous j)arler du tableau general du mouvement du cabotage pen dant Tannine i8og, publie seulemont depiiis quelquos mois, et qui faitpartie de celte grando collection dont (in est redevablc au ministere du coniinerce. Voies de communication. Hors des fronti^rcs de cetto belle France surlaquelle devait avant tout s'arreter no- Ire attention , je signalerai les progi-os de la naviga- tion du Danube, qui se reguralise cliaque jour davan- tage, et qui est arrivee a ce |)oint qu'on i/( jours on j)eut aller maintenant h Constantinople par bateaux a vapeur, en traversant la Baviere, TAutriclie, la ilon- grie , la Turquie , la raer Noire, voyage de plus do 4oo lieues. M. Jomard a mis a profit quelques mois d'absence pour parcourir en observaleur eclair^ plusieurs con- trees ou les voios de communication sc multiplient avec une rapiditd olonnanle. II vous a signals les cbangc- menls artiliciels qui s'operent dans le cours du Rbin c t que necessite la navigation d'unc cinquantaine de l)a- teaux a vapeur qui sillonnent les eaux du (leuve. De nombreux chemins de fer rendent maintenant les com municationsaussi promptes que faclles enlre le Rbin et les villes d'Heidrdberg, -de Bibcricb , de Wisbaden , de Francfort, d'Elbcrfeld et d'Aix-la-Cbapelle. En HoUande , on s'occupe activemont du dess^chc- nient de la mer de Harlem , et le grand canal qui doit la remplacer est tr6s avance. D6ja un cbemin de fer relie Harlem a Amsterdam; trois autres cbemins du meme genre viennent d'etre ouverts en Belgique , el bientot. on ira do Cologne ;i Londios ;'i I'aide do la .scul8 a i85o par M. Ad. Erman. Le retard qu'a\ail eprouve la pubiicalioii du ( 58ri > Iroisieme volume nous avail prives de notions impor- lanles sur les coordonn^es geograpliiques de dilT^ronls lieiix de I'Europe, de I'Asie el de rAmerique. M. le docteur Marlins, un des naluralisles qui ont fail par- tie de I'expedilion scienlifique du Nord , en donnanl a la Society une analyse sur I'ensemble de ce beau tra- vail, lui a ofiferl la magnifiquo carte du Kamlscluilka qui I'accompagne. Le compl(^ment , encore inedit, de I'ouvrage de M. Erman se composera de I'hisloiredu voyage 5 travers la presqu'ile orientale de I'Asie, el du relour de I'auteur a Berlin en louchant aux lies Silka , a la Californie, a Otaliili et a Rio-Janeiro. La par- tie scienlifique inedile conlicndra les observations geologiques elm^leorologiques failes pendant le voyage par terreet par mcr. M, Marlins, dans son inleressanle analyse, asufaireun bon choixparnii les observations du voyageur allemand. 11 nous a d^peint, d'aprt-s I'au- leur, les moeurs cb s babilants de la Siberie , el la civi- lisation avancee de la popolalion de Beresov , due a I'influence des exiles poliliqucs; !■ car, depuis deux » cents ans, dil il, la ileur de Taristocralie russe , les nhommes aux idees libt^rales , viennenl finir leurs » jours dans ce desert. Leurs corps reposent sous la Dneige, dans le sol loujours glac6 de Beresov, et leurs » descendants, qui peuplenl ce pays, ont recueilli nl'heritage intellectuel des diplomales et des g^neraux » les plus distingues. » ASIE. Jrchipel de rinde. Aujourd'bui que le coinmerce lend a devenir une veritable puissance, I'attpntion se porte naturellement, lorsqu'on parcourt les mers, sur les ressources offertes aloules les nations, et surtout a XVl. Df'CIMBRF. 4- 26 ; 58;) ) la France. Tels soul Its motifs qui oiil engage iM. Pi- card, enscigne dc vaisseau de noire marine, a publier ses observalions, duranl un voyage a bord du brick de guerre le Lander, sur les cotes de Sumatra, dans le detroit de Malacca , a Java , et dans plusieurs conip- loirs de la iMalaisie. Ses reieves stalistiques sur le com- merce d'importation et d'exporlalion , sur les difleren- les denrees qui I'alimentent, sur le chilTre dts navires qu'ii emploie, sonl extrails de documents officiels pu- blics ^Poulo-Penang et JiSingapoure. On voit malbeu- reuscment, d'apr^s les donnees de eel oflicier , dans quel elat d'inferiorile est le commerce de la France comparativement a celui des Anglais et des Ame^tricains dans les m6mes contrees. Ceux qui tiennent a Tagran- dissement de noire puissance navale doivenl desirer de voir nos relations commerciales, avec rarchipel des Indes, prendre plusd'exlension, car la navigation dans ces mcrs lointaines promet a la flolte des malelots experimenles. M. Le Serrec , enseigne de vaisseau A bord de la ga- bare l(t Lionne , a fait inserer dans les Annales mariti' mes et coloniales les observalions et les remarcjucs qu'il a faites en allant de Bourbon h Manilic, par le detroit dc la Sonde , de Macassar, de Bassillan et de Mindoro, pendant les mois de Janvier, fevrier el mars i84o, et on retournanl de Manille h. Bourbon jusqiiau detroit d'Allass, par Icquel il est sorti de I'Arcbipcl aux mois de mai et dc juin, Ces observa- lions pr6sentenl de I'inlerel sous le rap|)orl des rela- ches et des routes, car celles dont il est fait mention dans la Notice de M. Le Serrec no sonl pas fre- quentfl-es habituellemenl par nos navires de guerre. Cot oflicier a donne des renscignomcnts dont les navi- I ( -^87 ) galeurs apprecieronl toute riniportance, sur les points de reconnaissances des coles dangereiises du Grand Archipel Indien , et notamnient sur I'ile Pamaroong , silu^Q pr^s deBorn^o, sur lemouillage de Saniboangan. et sur les ressources commerciales de la colonie dc Manille. On a recu a Londres des nouvelles de M. Brooke jusqu'au 9 juin de cette annee. M. Treacher, qui^ Ta- vait accompagn6 a Celebes, revenait en Angleterre avec un envoi precieux, compost de quatre-vingls dessins d'oiseaux, vingt vues de Celebes executees par un ar- tiste danois embarque sur le yack le Roja/iste, une carte de la baie de Bony , d'apres les reconnaissances i'aitcs sur les lieux, le journal des observations avec les tables therniometriques et des marees, et un apercu des deux explorations de M. Brooke , redige par ce zeie voyageur. Par nialheur, M. Treacher a lait naulVage , et tout a el(^ perdu, ainsi quune riche collection de peaux d'oiseaux el de quadrupedes de Celebes. M. Brooke, qui 6tait a Singapoore le 20 fevrier 1 S/Ji, venait de terminer une excursion de six mois sur la cote N.-O. de Borneo, dans le voisinage de Serawah, et il s'appretait h retourner dans celle contree, avec les habitants de laquelie il avail elabli des relations tres intimes. M. Brooke a envoy^ a la Sociele de Londres des renseignements circonstancies sur les caracl^res physiques de I'ile de Celebes. D'apres ses reniarques , les craintes qu'ont inspirees jusqu'ici aux navigateurs les dangers du canal qui separe cette ile de celle du nord, ne sont pas fondees : ce passage se fait sans obs- tacle , et les marins indigfenes lo preferent au detroit de Salayer. M. Jules Mold , dans son rapport annuel a la Socit^le 26. ( -j88 ) asialiquo, a fail une savante analyse tlu grand ouvrnge de M. Guillaume de Humboldt sur la langue Rawi , donl le dernier volume a ele pul)li6 celle annee. Le travail grammatical est releve dans loutes les parlies de I'ouvrage par des M^moires sur les anliquit^s de Java, sur les migralions des Malais, sur I'influence indicnne dans toute la Malaisie, el sur plusieurs questions im- porlanles de linguislique. Ces Memoires oni necessity un grand nonibre de recherches, el Ton peut dire en genc^ral de cet ouvrage, qu'il accr^dite encore davan- lage la solidile de jugeraenl el la vasle erudition deson auleiir. Chine. La presence des Anglais sur les cotes de la Chine, par suite des hostilitis qu'ils ont commencees conlre eel empire, a fourni maliere h de nombreux renseignements inseres dans le Journal de la Soci6l6 geographique de Londres. Les plus importants sent ceux qui ont ele acquis sur rembouchure du Yang-ts6- kiang. Ce grand fleuve, en sortanl des nionlagnes du Tibet, traverse la Cliine dans toute sa largeur; sur ses bords s'el6vent dc riclics ciles> el enlre aulres celle de INan-king , lancienne capitale. Le gouvernomcnt chinois a rassemble des troupes nombreuses pour d6- fendre la conlree, voisine tie I'embouchure du fleuve : ces forces se trouvent concentr^es a la jonction du Yang el du Grand-Clanal, par lequel les produils des provinces du Midi el du Cenlre sont transport's vers le nord de I'empire. « Cette circonstance , dit I'auleurdu comple-rcndu des travaux dela social' geographique de homires, fait rleTc/ion-sa/i une station tres impurtatiteencc (ju'elle pentpermettre tres fncUement de verserdunsh. crrur de r empire les productions dc nos fal^rifines et d'y jcler des ( 53 9 } J'otves hostlles (i). » 11 parait que les conqu^runls lur- lares pour pr^venir loute invasion cle ce cole onl fait, baner rentr^e du fleuve, cle sorle quo les navircs chinois qui font le commerce exterieiir sont ojjliges de debarquer leurs cargaisons a Cliang-hai , dans la riviere Ou-soung, dont I'enibouclnu'e est vis-a-vis de Tsong-raing, et de lesxembarquer ensuite sur le Grand - Canal |^our gagner le Yang-tse-kiang en laisant iin circuit. On saitmainlenanl, d'apres les reconnaissances du capitaine Belhune et les renseignements qu'il a donnessur I'hydrograpbie deslieux, que File de Tsong- niingdivise I'estuaire forme par I'embouchure du fleuve en deux brandies. Celle du nord est impralicable ; mais les deux croiseurs anglais /e Comvay e\. rjigei'ine ont pu p^nelrer dans celle du midi on riviere de Ou- soung, aprfes avoir traverse un banc sur loqiiel il y 3 22 pieds d eau (6''i,G8) ; au-dela de ce passage , le capitaine Belbune a trouv6 dans le canal une profondeur de 4^1 6 brasses (7 a i i m.) , et une largeur de 1 a 5 niil- les(de i,6oo a 4.800 m.). La reconnaissance a cle pous- seeiusqn'aCo rnilles de I'entree de la riviere Ou-soung, a I'endroit ouellefait un coude, el pr^sente une largeur de 7 milles (11,000 m.); loutefois on a acfjuis la certi- tude que le fleuve , a sa jonction avec le Grand-Canal, a 5 milles de large, et que les grandes jonques remon- tent jusqu'a Nan-king. La Chine est devenue aujourd'hui le theatre d'eve- nemenls poliliques dont on ne saurait encore prevoir les resullals. On ne pouvait done choisir un moment plus propice pour meltre le public h meme de juger des ressources d'une contree sur laquelle est fixee I'at- lention de I'Europe. C'eslce qu'a fait M Paulhier dans (l) I.Ktrral: ( Sgo ) line bi ocliiire fori corieuse oil il a leuni , d'apres les (lociimenlsorficielspuMiesparlegouvernomenlchinois, lout CO qu'on connail sur la slalisliqiie de eel em- pire. Cochinchine. Les Annales de la Propagation dela Foi , auxquelles Thisloire el la g6ograjifvie doivent dejh dMn- leressantes donn^es, nonsonl onVrUcUe annec {N'de mars) la relalion d'uiie excursion dans I'inlerieur de la Cochinchine, conlr^e encore fori pcu connue dcs Europeans. Celle excursion fail !e sujet d'une lellre que i\Igr Cin^nol , eveque de Metellopolis el coadjuleur de Cochinchine, a adresst^e aux consoils de I'cEuvre, sous la dale de Ding-dinh , ignovemhre iSSq. D'apres sa relalion , quelques chr^liens, partis pour explorer le pays , s'avanc^-rent vers I'ouest du Phu-yen , province cochinchiiioise par Ic lo' paralldle ; ils siiivirent la route frequent^e par bs marchandsannamites, el Ira- verserenl le lerriloire des Chains , peuplade d'uiie sc- verite de moeurs remartjuable , el chex laquelle les lemnies sont environnees de respect. La langue des Cliams a fort peu de rapports avecle cncliinchinois, el dill^ie beaucoup des dialectcs de Kaniboge el du Laos. En sorlanl de la province des Cliams, les voyageurs enlrerenl sur le lerriloire des De , dont la population plus noinbreuse porte le nieme costume et parle la meme langue. Ce pays est soumis h un prince qui prend le litre de Roi du Feu. Les indications fournies par les envoyes du coadjuteur portent a 20 lieues la distance qui separe le fleuve du Laos , le Mey-Knn , du lerriloire des D6. Diverscs peuplados de Charai, dont ils ont fait la peinlure la plus inld-ressanle , vivenl eparses dans celle conlree. Iiidoslaiiie. Nous de\ons a M. Th. l'a>ie (its details ( 5yi ) curleux sur quelquesroyaumesderindoslan, fruits dcs observations de ce vojageur pendant son exploration de Bombay aPondichery. M. Paviesait nourrir sa nar- ration de considerations historiqiies pleines d'interfil,- soil qu'ilnous parle de ces nababs jadis puissanls, que I'Angletorre a lini par dompter les unsapresles aiilres, soil qu'il decrive les villes de (]ananor, de Tellicbcry , ct les autres ports de relache situes sur la cote de Ma- labar, ou bien qu'il jelte en passant un souvenir suria puissance 6clipsee du souverain de Travancor, de ce prince qui, en 1740, etendit ses IVontieros jusqu'au pays de Cochin, et donl les revenus surpasserent ceux du pacha d'figypte. Pauvre rajah dt^cbu ! son descen- dant est reduit mainlenant a la rente annuelle que lui paie la Compagnie, el a niaudire neul-etre en silence un joug qu'il ne peutbriser ! Deux articles, inseresdans le NoiH'eau Journal asiatique, sont dus aussi a M. Pavie. Le premier contient dos observations sur les langues gouzerati et maharatti (N" de mars) , le second est une notice curieuse sur la pagode de Tirivika- ren (N" de juillel). lies Maldives. M. Daussy, noire president de la Com- mission centrale , a fait inserer dans le Bulletin de la Societe une description des iles Maldives extraile des instruclions nauliques du capitaine Moresby. Celledes- criplion se ref^re a une reconnaissance bydrographi- que commencee en 1804 et torminee en icS56. Elle renferme des renseignements nouveaux. Ires circon- stancieset fort utiles aiixnavigateurs sur les gisements, les passes, les sondages , la nature du sol, les produc- tions, les ressources et la population d'un archipel compose d'environ 4oo iles reunies en 19 groupes ou atnlLs y sans v coniprondre les tints. ( "^D-^ ) Ceyldii el h /ichrriijr. Lo Jour n;il de la Soci^t^ geo- grapliique ^27 metres, mesur^e dans la plaiiie, au centre de la vallec, par le lieutenant Mackison et le docteurFalconer. Celte carle a ^Ae presentee a la Compagnie des Indes el pa- raitra sous ses auspices. La description du Kanaouar, excellent travail du ca- pitaine Alexandre Gerrard , a ^lepubliee parlessoins de M. Llojd. Elle olTre un expose des recbercbesdu ca- pitaine Gerrard conibinees avec celles de ses freres. Etudes sur les Hiiidous. L'Inde a ete aussi de la part (le M. Benfey, de Berlin, I'objet d'un travail remarqua- ble. Get habile ^crivain a reuni et commenle lout cc qu'on possede de bons documents sur la geograpliie , I'bistoire et la litt^ralure de celte contree cel^bre. Ses recherches sur I'ancienne navigation des Uindous et sur I'imporlance de I'^tude du boudliisme presentent un grand inlcret. M. Rdbcrt Carr Woods, membre de la societe, et qui a voyage dans toul le Carnatic et le Decan , se pro- pose de nous communiquer des details curieux sur les ("oulchers qui babit-nt les Glials occidentaux, et paiini lesquels il a vecu pciKhml quulic mois. ( 3<.,/; ) Afghamstan. Parmi Ics noinhieiix docuim'nls pu- blics parordre cUi pailoincnl anglais, nous menlionne- rons un Menioire d'un grand inltiret stir rAfghanislan. Ce docuinonl conllenl I'enunK^ralion et la descriplion des differenis lerriUiiics donl la possession a tHe ac- quise, ou qui onl etc cedes an maharadjah de Lahore , par Cliali Clioiidja-cl-Moulk ; iin expose des j)rincipales routes qui Iravcrscnt ces pays, accoinpagne de notices et de descriptions des villes et des defiles les plus re- niarquables, tels que Gliaznein , Il6rat, Kelat et Klian- dahar. Le defile deBolan, que Ton considere commele plus difficile a fVancliir a cause de ses escarpements lormidables, y est minulieusemenl d^crit. L'appendice donne des details sur le passage de llndus, sur le com- merce, les productions et le climat du Raboul. Ces documents ont ele rc^tliges d'aprfcs d'anciennes dos- ciiptions et sur les renseignements manuscrils tir^s des archives de la Compagnie des Indes, dont M. Mont- goiuery Martin s'esl aussi servi pour la redaction de ses Buchanan /*«/^e/\y, destines a eclairer I'histoire generale de J'Asie orientale. lis torment 3 volumes in-8°, el con- ticnnent le cadastre olficiel des districts de Behar, Cha- habad , Bhagalpour, Pouraniya, Rang]iour et Assam. Le major Jervis s'occupc en oulre d'une description philosophique de I'Asie, et particulifcrement des pos- sessions anglaises de I'lnde. Le lieutenant Irwin a fait connailre aussi le climat el les productions de rAfgha- nislan. Perse. Parmi une seric d'cxcellenis articles relatil's a la Perse, publies dans le Journal de la SocicHe asialique, par M. Jules Mohl, il en est un (|ui merile une attention particuiiere par les renseignements hisloriques qu'il ( 395 ) fournit surles rois s;iss.'uii;los, les ediCicos el los Iravaux entrepris par ces princes. Caitograp/iie imUenue, Pour cc qui concerne les Ira- vaux carlographiques executes clans la peninrsule en- deca du Gange et la mer Houge, par les exploraleurs anglais, nous aurons a citer les I'euilles 62, 94 el loS de I'atlas de I'lnde qui ont ele publiiies celle annee. La diredion de Londres a re^u en ouire les nialeriaux n^cessaires pour achever les feuilles 7,5 el 77 , et pour en completer quelques autres ( n"' 5G, 74 et 107 ). Le colonel Everest, pourvu d'inslrumeiits Ires sujje- rieurs a ceux qu'einploya le colonel Lamblon, a re- commence les operations que ce dernier ex^cula pour mesurer lin arc du meridien dans I'lnde mi^ridionale. Quant a la triangulation de ilnde septentrionale , elle avance rapidement, et le resultat de ce grand travail pourra bienlot etre apprecie. Des instructions pour la navigation de la mer Rouge ont ele publiees en Angleterre, et les plans de tous les ports de celle mer sonl enire les mains des dessina- teurs ou des graveurs. La carte de la bale de Kouria- Mouria a ele mise en venle , et celle du port de Mer- gliile sera incessammont. Le capilaine Lloyd a termini sa reconnaissance du rivage maritime des Sunder- bands. En fin , d'autreparl, Ton s'occupe du leve de la cote d'Orissa, depuis la pente Palmeiras jusqu'a rilougli, et un navire a ele charge de reconnailre les dangers qui avoisinent I'ile de Tchedouha. 'Jnivdiur gcographiqiies de M, ZiminernKuin .siirfJsie. On a aussi publie celle ann^e h Berlin la carle du theatre de la guerre enlre la Russie et I'Elat de Khiva, par 1\L Charles Zimmermann, el son analyse geogra- phiqiie de la cailc do I'A.sic inlerieuie. Le [)remier ( ^90 ) document ollVe lensomble rlos routes explor^es depuls le XVIII* sit'clo , les traces tie I'ancien 6lat des bassins de I'Aral et de I.i Caspieniie, el los profils de doux ni- vellemcnts geodesi(jiios et baroniolri(|iies entre la mer Noire et I'Aral. A et? travail est joint un M^moire sur I'ancien cours de I'Oxus. La carte de I'Asie cenlrale ( en 4 feuilles) se fonde surl'ensemblo dcs observations asti-onomiques, des iti- ni^raireset des mesuresbypsomelriques. Unecinquieme leuillo , annex^e a ce travail, pr^sente, d'apr^s la m6- Ihode de notre savant M. I'-ilie de Beaumont, la di- rection des surgissomonts lin^aires entre la cbalne volcanique des monts Celestes et la cbalne de I'Hima- laya. L'analyse geogropbique conlient la discussion de 3oo points determines, la comparaison dcs positioris aslronomiques des Arabes avec les determinations mo- dernes , un tableau blbliograpbiquo de nos connais- sances sur I'Asie et Ic resume des altitudes. Les sa- vantes considerations de M. Zimmermann , deduites des mesures barom»^triques , de I'inclinaison du sol, de la direction des cours d'eau, et des observations de geof^raphie botanique , confirment I'existonce d'un plateau central oonlinu dans lAbie int^rieure , qu'ac- cidentent seulement des intumescences partielles entre deux cbainns de monlagnes. Ainsi , au centre du con- tinent asiatiquc le sol n'a (|ue 3oo metres d'6l6valion. Le plateau de Gobi entre P^kin et le lac Baikal, dont on avait lant exagir a la connaissnnce de F histoire des pays et des peuples du Cau- case. Ce premier travail n'est que ie commencement d'une serie de Memoires liisloriques que I'auleur se propose de rediger, on consultant de prefi^rence les historiens orienlaux. Travaux historiques et gcographiques sur la Georgieet V Armenie. M. Brosset , qui poursuit la publication de la geographie de la Georgie de AVaklioucht , s'occupe en meme temps d'une revision du texte armenien de I'hisloire des Orbt^lians, dont ildonnera une traduction franq-aise , d'aprts le manuscrit complet de I'ouvrage d'l^tienne de Siounie. Ce travail sera accompogne des extraits des Annalesgc^orgiennes, que M. de Saint Mar- tin n'avait pas cues a sa disposition lorsqu'il publia lui- meme une premiere version de I'liistoire des Orbe- lians. l\l. Brosset reproduira dans son texte lout le travail critique de leu de Saint-Martin comme premier volume d'une collection deslin^e a renfermer, en ou- tre, lis liistoires univorsolles de Vardan-le-Crand el du ( -^9« ) |ialiiarcbe Micljcl le Svricn , el la cluoniqiic de Ma- thieii d'Edosse, d'apres I'annonce qu'il en a faile ^ I'Academie inipcrialc des sciences de Saint -Peters- bourg. La Uaduclion d^ Malliieu d'Kdesse el celle de Vardan sontdeja preles. Nous devons menlionner egaleraent parmi les Ira- vaux de IM. Brosset un Memoire presenle a la nienie Academic , siir le village anni^nien d'Acorhi el le coii- \enl de Saint-Jac(]iies , sillies I'lin el Taiilie au pied de I'Araral, el ensevelis r^ccmnient, avcc unegrande par- lie de leurs habilanls, sous les debris de cede monlagnc bislorique, donl une porlion a cioule par suite du tremblement de terre qui eut lieu en juin 1840. Rappelons aussi que M. LetcUier, ex-vice-consul a Tiflis , auquel on tievail deja un vocabulaire polyglolle des idioraes caucasiens, a public derni^rement un ow- vrage intitule: Sep( annees de Poyages en Georgie, e/i Perse et en Riis.sie. Le Joiiinal (rune resilience en C/rcassie , par Janirs- Stanislas Bell, a etd traduit de I'anglais par noire col- logue M. L. Vivien. Get ouvrage, ecrit sous un point de vue politique, renferme cependanl des notions pre- cieuses pour ce qui lient aux moeurs et coulumes des Circassiens. L'auleur a profile de son sejour dans cetle conlree pour etudier le caraclOre des populations. Les renseignements qu'il a donn(^s sur les IValernil^s cir- cassiennes sont pleins d'inlerel. Les principes sur les- (]uels se fondent ces societ^s nalionales, connues de lenips immemorial sous le nom de llenclis, intluent puissamment sur I'organisalion civile du pays, Les excellentes notes que M. Vivien a joiutes a sa traduc- tion completent tout ce qui manque aux descriptions le d'aucuTic autre maniere sur une 6tendue de plus de loo inilles (160,000 m.). A I'endroit 011 le Balhnian-Sou se reunit an Tigre, un changemeul sou- dain sefait rcmarquer dans I'aspect du pays. Le fleuve devient plus prolond ; aux rives ondul^es et ddpour- vnes de grande vegetation succedent des rochers a pic on do riches ploines en penle, Le capitaine Lynch re- garde la jonclion du Khahour el du Tigre comine le lieu oil Ics firecs eflVclueront leur passage a Ira- vrrs les monls Carduchi ; mais il a clurche en vain au • dessus de Mossoul le gu^ par loquei Alexandre passa avant la halaille d'Arbelles. Erbil s'elfeve dans une plaine coupee de ravins et de canaux d'irrigation. Lo capitaine Lyncli et les olTiciers qui racconipa- gnaienl onl explore avec soin lo district qui s'elend de Baghdad au Khahour; ils onl dolormine avoc soin la direction des principaux canaux de la Bahylonie, et parliculierement ceux par lesquels le Tigre coinnumi- quait a TEuphrate. Des lev^s trigonomdtriques ont ete executes dans le pays environnanl. Cetle explora- tion a fourni une serie de points fixes avec preci- sion, qui serviront de base aux reconnaissances ulte- rieures des regions silu^es a Test du Tigre , et qui en outre seront trfes importanls comme points de depart des ilineiaires futurs. Tiirquic asiadque. Le journal de la Soci6t6 geogra- phique de Londres a donne des details circonstancies sur les explorations de MM. Ainsvvorlh et Rasarn jus- qu'a leur airivec a Mossoul le 01 Janvier i84o. Au coninicncemenl de juin, cos voyageurs quiltrrenl I 4"'^ ) Mossoul j)Ouv liavcrser les uiontagiics du Koiirclislaa ; lis visitt\rent ensuite Aiiiadijah et Djoulainerik , et re- monterent vers les soui'ces tlu grand Zab. Penetrant de nouveau dans les monlagnes, ils gravirent le i)ic de RavvandoLiz, qui s'^ieve a io,6G8 pieds (5/ii5 m.) au-dessusde lamer, etrevinrent apresk Mossoul. L'iti- neraire de leur voyage que nous allons reproduire suffira pour faire juger de I'importance de cetle belle exploration. Partis de Scutari, ils Iraverserent I'Asie- Mineure en se dirigeant au sud-est vers la fronliere de la Perse, pourparcourir un espace de plus de lO dogres de longitude et dc 6 de latitude. Ils suivirent dans leur inarche le cours des rivieres, contournerenl les lacs, Iraversferent les vallees, et s'enfoncerentdans los defiles et les gorges des montagnes en s'inlernant au milieu de regions encore peu connues. La d<^terminalion d'un grand nombre de positions el plus de i5o alti- tudes, des donnees approximatives sur la popidation de pres de go villes ou villages ont ^te les resultatsde cetle exploration. Leurs observations sur I'hydrugraphie de la Paphlagonie, des environs de Raisariyeli et sur les affluents de la bande orientale du grand Zab , four- nissent des renseignements tout-a-fait neufs. MM. Ains- worth et Rasam ont visite les districts de Berni et d'Adeyaman et le delile d'Erkeneh : ils ont constats plusieurs faits geologiques dignes de remarque; telles sont, parexemple, la modification eprouvee par le cal- caire au contact des roches ignees, et la difference ilans legisement des couches sedimentairesen Bithynie eten Paphlagonie. Aux environs de Ztifaran-li , oil se Irou- vent, parmi un grand nombre defouilles, des couches fornixes entierement de nummulites , ils ont reconnu, a 5,000 piods au-dcssus de lamer, des bancs d'huitres ( 4oii ) coiiliuus. D'lipres leurs renseigncmenls , los mines de Bakhir -Koiir6h-si , don I on tirait iin grand profit sous Alohiiinnicd II , cello de rOurah-Tagh , celles de galene do Donek-Madcn donnenl chaqiie niois 55, one livres (^angl.)de plonih et lo livres tl'argeiil. lis onl dt^lermine en oulre la dimension du grand lac do Touz-Tcholi , silue a 2,5oo [)ieds (760 m.) aii-dessus de la mer. Leur exploration s'est etendue sur los coUlnes du voisinage il'Angorah el dans la region anfractueuse des Garsau- riles, liabit(^e par des troglodytes. Leurs observations lixent la hauteur de I'aride plateau de Khara-Hliissar a 5,/|2o pieds (^i,o4o metres) au-dessusdu niveau de la mer. La relation de ce voyage sera une source de notions importantes sur la geographic ancienne et sur r^lat acluel de celte partie de I'Asie. Turquie asiatique. La premiere partie du tome XI de la Society geographique de Londres contienl en outre des notes intercssanl(S de M. Ainsworth sur son ex- cursion a Kalah-Scherka , le U'r des Persans, et aux ruines de El-Ilhadhr , Ic Hulra des Cald^ens (Hatra des Uouiains) , ainsi qu'une relation de sa visite aux Chal- deens qui habitent au centre du Ivourdislan et de son ascension au j)ic do Rowandouz pendant I'et^ de i84o. M. Soutligale a visite le lac de Van el la ville de Bitlis. D'apres la relation de ce voyageur, Bitlis est place au debouche de trois valines profondes qu'arro- senl trois pelits torrents qui versent leurs eaux r^unies dans le Tigre. En quiltanl celte ville, M. Soulghate s'a- van^a sur la route de Mouch, et apres quelques heures (le naarche , il arriva sur les bords du lac de Van que tlomine le pic neigeux de Seiban. S) lie. M. le coiule deC'.arauian nous adonnedcs aper- ( 4o7 ) ^usgeneraux sur la Syrn', celle coiilree tie rOricnl qui sepresente au voyagcur avec tant de litres a I'inleret et al'^lude. En parcouranlle Liban, nolro collegue a pu se persuader de celle vdrit(i, que les praliques reli- gieuses scmblenl redoublcr de zele la oil un plus grand nombre de croyances se trouvent en presence. Les sectes niullipliees, eparses sur le sol de la Syrie , se composent de Mahometans, de Latins (Grecs-unis ou Maronitesl, d'Armeniens, de Juils, de Samaritains, de Druses, d'Ansari^s et de Meloualis, car la tole- rance musulmane s'^tend sur tous les cultes. Une au- tre observation curieuse de M. de Caraman est relative a celte esp^ce d'^galit^ qui r{;gne en Orient dans tous les rangs de la society au milieu des gouverneraents les plus despotiqucs. DuMelas de Capadoce. Noire collogue M. le comman- dant Callier, s'appuyant sur les observations qu'il avail deja failes et sur les renseignemenls fournis par les explorations de MM. Ainsworlh et Civrac, a r^solu la question relative au cours du Melas de Capadoce , sur laquelle les geographes etaient en dissidence. Sa sa- vanle dissertation lend a prouver : i° I'erreur de I'exis- tence d'un cours d'eau ayant son origine prtis de Cesar^e et coulanl dans I'Euphrate ; 2° la necessity d'admetlre (jue le lexte de Slrabon est inexact, et qu'en remplagant le mot Euphiate par celui d'lJn/js , on Fait disparaltre un contro-sens et une crreur g^o- grapbique; 5" enfin I'idenlile du Melas des anciens avec le Karasou des modernes. Nous avons la satisfaction de vous annoncer la pu- blication de la Carte de la Sjrie meridionale et de la Palestine dress^e en i83.S a I'echelle de ti^~^^„, d'apri^s ios ordres du directeurdu Dcp6tgen6ral de la guerre, ( 4o8 ) par M. le commandant Callier. Celle belle carle, qui comprend Ions les itineraires ile noire collogue dans Ics deux regions enoncees, ripond a loul ce qu'on elail en droit d'altendre desessavantes reconnaissances de 1802 et r853. La configuration du sol dans les parlies visitees est exprim^e avec urn- intelligence re- marquabie. 11 est a desirer que les espaces laisses en blanc, et sur lesquels M. Callier n'a pu 6lendre ses ob- servations, soient remplis avec le'meme soin , pour le complement de nos connaissances sur la topographic d'une contr^e aussi importante. Arabic. M. Prax est un jeunc voyageur qui a ^16 pouss^ en Orient par le desir d'eludier la civilisation musulraane et de visiter le terrain ou elle s'est deve- loppee. II nous a communique son voyage de Suez a Medine , et nous a fait partager toutes ses Amotions dans un recit empreint de ces couleurs locales qui mettent en presence des objels decrits. M. Prax a trace en habile observateur I'aspect dc ces viiles en rui- nes , oil les Turcs, devastateurs d'une contr6e qu'ils ont conqtiise , ont agi comme ces heritiers qui gas- pillent les Iresors amasses par leurs p^res. A mesure que M. Prax s'avance vers Medine, a travers le desert, les souvenirs historiques se melent a sa narration. A Berd-el-IIonein , il recueille les traditions de la pre- miere victoire remporiee par Mahomet. Cette ville, si- iuee A deux journees de marche du port d'lambo sur la mer Rouge , ful jadis la premiere eiape de I'islamisine. En I 836 , elle voyait pour la premiere lois les troupes regulieres deMehemet-Ali qui allaient combattre pour enlever aux Wahhabiles , ces proteslanls de I'islam , la possession du tombeau du prophete. A Medine, le voyageur n'est pas moins richc de details : Medine est ( 4o9 ) la ville des beaux jardlns ; leurs IVais ombrages inspire- renl a Mahomet I'idee d'lin |Kuadis qiiG ses succes- seurs realiserent en jiarlie sur la lerre. A la Mecke , M. Prax, qui avail fait route'avec un regiment dc I'ar- mee egyplienne deslinee a tenir garnison dans la capi- lale de I'islamisme , vil ces soldats fanatiques , /ideles a la fois au-x traditions religieuses et h la discipline de I'innovation militaire. Enveloppes du hiram , la tele decouverte , les pieds nus, le lusil sur I'epaule et le sac au dos, ils defderent par pelolons devanl la c6l6- bre mosquee au milieu de laquelle s'eleve le temple ball par le fds d'AgUar. Bibliolheque asiatique et africaine de M. Ternaux. II fallail une grande Erudition geographique pour juger de rimporlance de la recente publication de M. H. Ter- naux-Compans, et celle qualite s'est renconlree chez un de nos plus respectables confreres. M. Eyries , qui a donne dans les Nouvelles annates des voyages une analyse de la BihUothe(ine asiatique et africaine ou Ca- talogue des outrages velatifs a l" Asie et a I' Afvique qui ont para depuis la decouverte de I'imprimerie jusquen 1700. Ce livre si utile, et qui manquait a I'histoire de la science, se compose de 2,8o5 articles. M. Ternaux avail deja public en 1887 une Bibliotheque americaine contenanl 1,1 53 citations d'ouvrages. Le second tra- vail de noire collegue est une nouvelle preuve de son zele el de son devouemenl pour les progrf;s de la bi- bliographie geographique , el le service qu'il vienl de rendre sera gen^ralemenl apprecie. AFRFQUE. Expedition du Niger. En publianl dans le Bulletin de la Soci6l6 un apercu des parlies explorees du iNiger el [ 4io ) do celles qui reslonla explorer, M. d'Avezac a faitsen- lir I'iinportance geographiqucde lanouvelle expedition que les Anglais execulcnl en ce momont. I)e deux points opposc^s , des voyageurs intrepides , de savanls explorateurs marchent vers les regions in- connues de I'Afrique centrale. Les uns s'avancent par lo Nil , les aulres remonlent le Niger. L'Afrique, atta- quee par rOrient et par I'Occident , va peut-elre celte fois nous dire lousses secrets. Le plan de I'exploralion du Niger a 6le congu h Londres par la Societe de civili- sation africaine : puissent ses resullalsne pas d^mentir un si noble patronage! Toiiles les precautions onl 616 prises pour assurer la r^ussite de I'expcdition; le com- fort des equipages surlout n'a pas 6te negli^6 a Lord des Irois pyroscaphes leJFilbeiforce, le Soudan et PJl- bert. De grands venlilaleurs, mus par les machines a vapeur et communiquant par de nombreux conduits avec toutes les parties dubaliment, enlreliennent con- stamment un agr^able courant d'air, meme dans la saison la plus cliaudc. Ainsi, par une ing^nieuse com- binaison , la puissance de la vapeur a ete employee a ralVaichir. Les pyroscaphes sunt grands el bien ar- mes : au nioyen d'une faussequillc mobile, qu'unm6- canisme dcplace el fait monter sur le tillac , iis peuvent uaviguer sur les bas-fonds ou il n'y a pas plus de qualre pieds d'eau. M. d'Avezac discule dans son apergu les parlies du cours du Niger explorees par Mongo-Park , le major Gordon , Rene Caille, Dochard, Clapperlon etlesfreres Lander, el endeduil plusieurs determinations impor- tantes. Puis, lianl enlre eux les divers renseignemenls qu'il passe en revue , ii fixe d'une mani^re positive , ou indique approximalivemenl les positions des vilies ( 4«i ) riveraines dii Niger , selon les points cle repere sur les- quels il s'appuie d'apres les ilin^raires. II r^sulle de ^'expos6 de notre coUegue que le cours du Mger, dans sa partie sup^rieure, est loiit-a-fait conjectural , et qu'il n'est connu seulemenl avec exactitude que dans sa partie inf^i'ieure , par les relevements de Villiam Allen. Esp^rons que la nouvelle expedition, apr^s avoir (Vanclii les rapides de Bousa , pourra voguer sans obstacles vers la Nigritie centrale el revenir en Europe, pour nous apprendre tout ce que nous igno- rons encore sur la geograpliie de celte region. Les derniferes nouvelles regues d'Anglelerre annon- cent que le batiment a vapeur FEthiopien , aprfes avoir cherche vainement a remonter le Niger par les bran- ches de Benin et d'Ouari , est enfin parvenu jusqu'a Layaba {Lever de Lander), silue sur la rive occiden- tale a 5o milles au-dessus de Babbah ; au-delh, les ro- chers opposaient de grands obstacles \ la navigation du fleuve. Le narrateur ajoute que les dispositions du roi et dupeuple de Babbah paraissaient tres amicale,'^. Exploration du ]\il Blanc. La seconde expedition en- voy6e parle pacha d'Egypte h la recherche des sources du Nil Blanc n'a guere ete plus fructueuse que la pre- miere. Les renseignemenls que nous avons pu obtenir jusqu'ici donnent pour dernier ternae de Te-xploration 4° 45 ' t'e latitude nord el li peu pr^s 29" delongitude. Ainsi, en supposant que ces indications fussent exac- les, on serait parvenu , le a6 Janvier i84i , a 80 lieues environ de I't^quateur. Mais les bancs de sable , les l)ierres qui encombraient le lit du fleuve, son peu de profondeur, decidferenl les dsmissaires de Mehemel- Ali a redescendre a Kharthoum , tandis qu'une clialno de monlagncs se pr^senlait devant eux el ouvrait ses ( 4l2 ) gorges myslerieuses a I'impalionte cmiosil^de Irois de iios cotnpalrioles (jui faisaienl pai tie vie I'expedilion. Granile ejploratiun de T yljrique centnile, Le prohlorae g^ographique qu'on a tent6 de resoudre en reinonlant le ISil est r^serv^ peut-etre a une enlreprise organis6e siir une plus grande echelle par une conipagnie puis- sanle et sous les auspices d'un gouvernement qui ne recule devanl aucun sacrifice lorsque les projets de la science s'accordent avec les provisions de sa politique. Le capitaine Harris, de la marine anglaise , est le chef de celte expedition; plusieurs oificiers et naturalistes I'accompagnent ; une escorle curopeennc marche avec les bagages , qui Torment la charge de ooo cha- meaux et de 3o mulcts. Les prdparatifs se sonl laits a Aden , d'ou la caravane s'est rendue a Tagjourah. Elle s'est remise en route le '^4 "I'^i dernier pour I'in- lerieur. Apres avoir visite a I'ouest la source du Bahr- el-Abyadh, elle se dirigera au sud . pour atteindre , si elle peut , le cap de Bonne-Esperance. Voyage en Ahyssinie et dans Vinterieur de V Afiique , parM. Rochet d' Hericowt. Vous avezcntendu, dans une de vos seances parliculieres, les recits inleressants de M. Ilochet d'Hericourt, ce jeune el courageux voya- geur que nos voeux accompagnent a travers I'Alrique centrale, dont il va tenter aussi de franchir I'immense tilendue; mais seul, sansmoyens de defense, seul comme Rene Caill6,r6sign6 d'avancea toutes les chances d'une enlreprise hasardeuse, soit que, touriste ignore, il s'in- corpore a quelque^caravane de passage, ou que, confiant en son etoile, il s'engage en aventurier au milieu de regions inconnues. Du reste, IVL Rochet d'Hericourt a deja fait sespreuvos. Dans une premiere tentative, parti duCaire le aafevrier ib.")9, il s embarqua a Suez cldes- (4i3) cendit la mer Rouge pouraborclor an royaume d'Aclel, qu'il traversadu nord-estau sud-ouesl; puis, s'internant dans I'Abyssinie m^ridionale par le royaume de Choa, il fut arrete dans celte conlr6e par le prince qui en est souverain. M. Rochet, en indiquant ses dilFerentes sta- tions durant sa navigation sur lamer Rouge, nous a fait apprecier I'imporlance du port d'EI Torra , qui fut I'enlrepdtdu commerce de Flndesousla puissance por- lugaise, mais dont I'ancienne prosperile pourrait re- naitre peut-etre sous une autre domination qui tend a s'^tablir sur ces rives. Djedda , Odeida et Moka , la clef de la mer Rouge, sont trois autres ports dont la position n'est pas moins avantageuse. Notre voyageur evalue leur mouvemient commercial a 56 millions de francs. Ce fut en quittanlMoka, cetteechelle de navigation entrel'Inde et la parlie sup^rieure du golfe Persique , que M. Ro- chet se dirigea sur la cote d'Adel pour se rendre dans le Choa. Pendant les sept raois qu'il passa dans ce pays, il le parcourut dans tous les sens. II nous a deci it son systeme de montagnes , les cours d'eau qui I'arrosent, telsque I'Aouache, ce fleuve dont il a visil6 les sources, et les deux branches du Robie, dont I'une se jelte dans le Nil et I'autre se perd dans I'Aouache. « La richesse » naturelle du royaume de Choa, nous a-t-il dit, est ex- B clusivement placee dans I'agriculture : le ciel a gdn^- » ralement favorise ce beau pays , et le climal qu'il 1) lui a donne conlribue pour beaucoup a sa lecon- » dite. » Exploration du docteur Bekc [Abyssinie). M. le doc- teur Beke, par une letlre du 5 mais dernier, datee d'Ankobar, capitaledu royaume de Choa, nous a trans- mis aussi plusieurs details sur ses oxctu'sions dans I'in- terieui'de I'Abyssinie. Son voyage deTagjourah a Farri, { 4i4 ) sur los lionlieres de I'llat, a dure quaranle-sept jours. M. Beke s'occupe de la carte du pays qu'il a parcouru. Deux fails interessanls de gt^ographie physique ont 6t6 constates par ce voyat^eur : i" rabaissement du lac sa]6 d'Assai, au-dessous du niveau de I'Oc^an; 2" la grande altitude du plateau d'Angolalla, qu'il lvalue a 2,56*2 metres. Ainsi, dans une contr^e situ6e a 10 degrds de r^quateur, le climat s'assimilerait a celui de rEurope seplenlrioiiale. JSoin>elles de M. (V Jbhadie {^Abyssinie). Avant de quit- ter I'Abyssinic, rappelons les services queM. d'Abbadie a d(^ja rendus a la science, et ceux qu'on doit encore esperer de son zele, de sa Constance et de sa coura- geuse resignation. Apr^s Taccident facbeux qui vint I'arreter au milieu de ses travaux, il a pu de nouvcau se livrer a I'elude. Les lettres qu'il a adress^es a M. Jo- mard nous ont fourni quelques notions curieuses sur le systeme de mesurc employe dans le Toegray , sur I'i- tin^raire de Barbara a Harar et sur les noms de nom- Lre de la langue du Harar. Depuis son dOspart d'Aden , M. d'Abbadie a reside quelque temps a Ilodeida, ou il a fait une etude parliculiere de la nation des MoruK^ , sur laquelle il nous promet des details tout-a-fait ncufs. La langue homtoegna , que Bruce avait appelee agaus , a fix6 aussi Taltention de notre collegue. Omnage de M. liuj)j)cll sur rAbyssinie. Dans le nom- bre des notions acquises sur la contrive que M. d'Ab- badie a cboisie pour le champ de ses observations, je ne dois pas oublior cellcs que nous devons a ui) voya- geur d6ja ct^lebre. Le second volume du \ojage de M. liiipjieil on Abyssinie a suivi de pros la |)ublicalion tin premier. ( 4i5 ) Les matii^res qu'il conlicnt peuvent elre classees de la mani^re suivante : 1° L'excursion du voyageur dans les Alpes abyssi- niennes; 2° Sa residence a Gondar , et ses reflexions sur I'e- tat politique du pays; 5° L'exploration de I'Abyssinie meridionaJe et la description dela grandecataracle du INil-Bleu a Alouta; 4° Son relour a Massaouah par Aksoum. Ce dernier chapitre et le deuxi^me offrent un ta- bleau complet du peuple abyssinien et des commo- tions politiques qui ont bouieverse ces contr^es depuis un demi-siecle. Les autres cliapitres sont presquc entierement consacres a I'bistoire nalureile.et ne me- ritentpas moins d'atlention. Quelques morceaux deta- ches forment un appon ) Ijablement aussi sur la constitution dcs individus. A cet ^gard il a ^le d^monlr^ que i/i5oo de ce gaz , re- pandudans Fair, sufTisait pour asphyxier lesoiseaux, et incommoder assez forlemont les lionunes les plus lo- busles. Af'rujac metidionale. M. Ternaux a rendu coinpto , dans le caliier do novembre des Noiwelles AhikiIcs des Voyages , d'lin ouvrage publie sous le litre (V fuiules sur la langue heclmana , par M. Eugene Casalis , mission- naire francais h Thaba-Bossiou , dans le pays des Bas- soutos. M. Casalis apparlicnt a cette soci(!;te des mis- sions protestantes de Paris, dont plusieurs membres. devours a foeuvre , se sont etablis cliez les CalFres et les Hottentots. Lesecoles qu'ils ont fondees au milieu deces peuplades sauvages, les resultatsqu'ils out obtenus, les traductions qu'ils ont fait imprinier en langues indi- genes de quelques uns des livres saints, sont lis iVuils de leur z^le et de leur Constance. Quoique I'ouvi age de M. Casalis soit principalement consacre a la lin- guistique, il renlerme aussi des notions fort curieuses sur le pays des Bechuanas, qui s'etond au nord-est de la colonic du Cap, entie la Caffrerie et les Holtenlols. Le missionnaire a decril les moeurs, lescoutumes el les institutions des habitants de cette contree encore si peu connue. Ses eludes sur la langue sont exposei s avec melbode , et sous ce rapport son ou\rage, duut il a fait remeltre un exemplaire h la Sociele , sera utile aux philologues. AMERIQUE. Cnrlognip/iie ni)iericaltic. [Etnfs- L/ii's.) Le rap[)Oit presenle a la fin del'ann^e derniere, par le Secrebiire de la guerre, an congr^s am^ricain, nous a appris ( 4'-^-^ ) (ju'tn a\;ilt termini Ips operations necessaircs pour h« coiistruction rune carlo ombrassanl loul lo Icrriloire sltiie onlre leMlssissi|)i cl k' Missomi , depiiis leur con- fliioiil jusqu'aux fronliercs septenliionalesdo I'Lnion , c'esl-a-(lire enlre les 09° ol 49" dc laliliule nord el los 87" /fo' ol 97" 4o' de longilnde occidciilalo (de Paris). Ctilo carle repose snr 245 positions delerniincosas- Irdiiomiquonionl , sur des reconnaissances r^cenlos el sur les meilleures informalions que I'expedilion a pii se procurer sur les pctiles portions des terriloiros iu- dij^enes qii'il lui a t^t6 permis d'explorer. Des series Ires nonihreuses d'obsorvafions haromo- Iriqiies onl ele failes, el la cooperalion bienveillanle des savanls qui resident en differonls lieux des Ktals- Lnis , a permis a M. Nicolas de comparer ses propres rt!!Sidlals avec ceux qu'ils ont oblenus , el de determi- ner ainsi les niveaux relalifs de toute cette region, et son t^levation au-dcssus de I'Ocean. Cello carte sera accompagneo d'un rapport qui don- nera uno idee exacte de la conlree. Les officiers charges des operations se proposont, dil-on, de pousser lours reconnaissances jusqu'aux sourcis du Mississipi , puis au-dela des montagnes Uoclieuses, en les accompa- gnant d'obsoi-valions aslronomiques otbaroinelriquos. f.ri^e tiigonninetri(jtie de I'Ktnt tie Massachiisells. M. Daussy a donn6 dans noire dernier Bulletin \\\m\ analyse dulev6 Irigonomelrique de I'etat de Massachu- setts, execute par M. Simeon Borden. T.a base de la Irian- gulation a 6te mesur<^e sur les bords de la rivi6re de Conntcticut, au-dossus de Norlhamplon ; sa longueur «^lait de 1 1888™, 8. La bnuleur des stations au-dossus du niveau de la mor a ele d6tormin6e par la com|»a- raison axcc uik^ slarHUi |irin(ipal(> . cello di; la mon- ( 423 ) tagne deFay a Weslboro , h environ 3o milles a I'ouesl de Boston. M. Daussy a fciil apprecier par une savanti; critique le degre de conliance que Ion devait accorder a celle grande operation , que MM. Borden et Plaine onl lerminee en i 84 i apr^s dix annees de tiavanx , el qui n'a pas coule moins de 61 ,5'22 dollars an goiivcr- nemenl ties Llals-Unis. Cote I\ord-Ouest. Le gouvernemenl de I'linion a pu- h\\& un Memoire historico-polilique de M. Greenliow , sur la cole Nord-Ouest de I'Anierique. On y trouve une description d^laillee des dilT^rontes Iribus el des nations qui ont habile ou visits ces regions depuis I'e- poque de leur decouverle. L'auteur represente toute celle colecomnje elanl bordee par une cliaine conti- nue de montagnes, et I'inl^rieur du continent, a une grande distance , comiiie Iravcrsd; par des cliaines peu elevees enlre lesquelles s'^lendent des vallees el des plaines. Les monlagnes Rocheuses (Rocky-Mounlain), la principale de ces cliaines, separentla region arro?6e par les aftluents du Mississipi de celle donl les taux coulenlvers I'ocean Pacifique ; eiles gisent dans loule r^lendue deleurcourse, qui a urn- diieclion N.-N.-O.- S.-S.-E. plus pres des coles occitlenlales que des cotes orientates; les monts Chippevvjan soul une parlie de la meme cbaine. Trois autres cliaines , donl la princi- pale, connue sous le nom de M(>iUagnes neigeuses , se r^unissent a la principale vers le 4'-^*^ parallcle de lati- tude ; pres de leur jonclion est une depression tres re- marquable appelee Defile meridtnnnl (Soulhean Pass). M. Greenliow assigne a I'Orogon , lerriloire arros6 par la Columbia , un caractfeie semblable , et le divise en trois r(^gions se|)arees par Irois cliaines demon lagnos; les montagnes Blene.s ,r\y\\ torment la cbaine centrale, ( 4-2^ ] sonl liavers^es par deux branches de la Columbia ; elles sontde nature volcanique. La Iroisu^'me region, ou r«^gion haute, a Toucst des monlagnes Bleues, est se- clie el sterile; la parlie m^ridionalo , ddsert decollines rochouses escarpecs et d'^troites vallees sablonneuses , rcnferme plusieurs lacs, la plupart salins, ct donne naissance aux grands alTluonls de la Columbia. L'au- teur, apr^s avoir decrit le cours de cctte riviere, re- marque qu'entre les deux points qui circonscrivont I'espace par lequel elle se jette dans I'Ocean , il s'«^lfeve uno barre sur laquelle la rencontre des vagues el des eaux du fleuve produit une ligne de brisants d'un as- pect formidable. Observations su?- la temperature (hi sol. M. Bremston a fait une serie d'experiences et d'observalions sur le sol gele aux chutes de Saint-Martin de la riviere d 'Al- bany , a environ 3oo pieds au-dessus de la mer. l)'a- pr^s ses romarques, une portion du sol, h une petite prorondeur,scrait continuellement goleo,bien que dans les expositions favorables le degel soit complet en <516. La ligne de In gelec perpeluelle commence sur la cote entre Equan River rt le cap llenriette, else dirige au nord-oucst vers les montagncsRocheuses. Exploration stir la lii^^iie fro/itiere. L'entreprise du ca- pitaine Mudge e.t de M. Featliorslonhaugh pour la de- termination des limites, jusqu'ici assez incerlaines, des Etats-L'nis ct des possessions de la Grande-Bretagne, a jet6 de nouvclles lumieros sur la geographie physi-^ que des regions de la ligne fronliere. M. Gallatin a (^crit egalement , sur le meme sujet , un Memoire accompa- gne de huit cartes. Monts Apalaches. Les monlagnesqui s'elendent paral- k-lement a la cote orientale des Etats-L'nis peuventeire ( 42^ ) considerees en geneial coinme fonnant un large pla- teau dirige du S.-O. au N.-E. enire les terres basses qui boitleiil ''ocean Allaniique el le bassin du Missis- sipi. Ce plateau est soulenu do chaque cote par de grands contre-forts que Iraversent d'aulres rameaux se- condair(sparalIelcsalachaineprinci|)ale. Tel est le sys- tfcme orographiqno , cnnnu sous In nom de, montsApa- laches , dont M. ^Voodbrige nous a fait la description dans un Memoire insert au Bulletin et qu'il a accom- pagn^ d'une joiie carte. Les observations de ce geo- graphe nous font connallre ces montagnes dans tons leurs details el sous lous les rapports. Leurs dilTercntes ramifications occupenl une elendue de i 75,000 milles Carres; par leur structure el la nature du sol, elles of- frent une grande variete de climats el de productions vegetales, sans s'elever assez haul pour devenir steriles el glacees; par leur situation elles sepaient les terri- loires de Test el de I'onesl sans empecher les commu- nications soil par canaux , soil par cbemins de fer. Yucatan. Une notice geograpliique sur le Yucatan nous a 616 communiqu6e par M. Francis Lavall^e, vice-consul de France h la Trinity deCuba, el que nous complons au nombre de nos correspondants les plus aclifs. Celle notice contient plusieurs bons renseigne- menls slalisliques sur les ports de Campeche el de Si- sal, les villes de Merida , de Ralkini , d'Isamal et de Valladolid, avec I'indication des mines d'Ucbmal , ces monuments de rarchilecture azteque, bien superieurs a ceux de Palenqne pour le grandiose des proportions el le fini des sculptures. Mexique. M. de Rarwinski a 6te charge par le gou- vernement russo d'aller explorer le Mexique pour y recueiilir des objets d'histoire naturelle. MM T.inden ( 42(.- ) et Fiinck onl parcouru anssi c».' pays (i.ins le iiieinc hut , (J'apres les ordres tin gouvt iiiemciit beige. Ces voja- geurs, aprt'S elre relomnes A\ Europe avec de nom- breux mal^riaux, sonlreparlis pour unsecond \o\age. M. Galcolli , allaclie a I'inslllulion de M. Vander- Maelen de Bruxcllcs , cliiuinbre de riiislilut national g^ograpbique de Mexico , [)arlil en i85o pour explorer celte vasle region. II est relourne a Bruxelles I'annee derniere, et a rapporle heaucoup de renseignemonls sur la g^ogropbie pbysifpie, la topograpbie, la slatis- lique etTelbnograpbie des pays qu'il a parcourus. 11 a corrige encore [)lusieurs erreurs de positions iinpor- tanles, dont quelqucs unes sont relatives aux villages qui avoisinentle pic deTaneilaro. Ce voyageur se dis- pose a publier divers Memoires sur ses observations , ainsi qu'une carte geologitjue. Le Bulletin de I'Acade- mie royale de Bruxelles (seance du 7 avril 1841 ) con- lient un apercu slalisticiue sur la population du Mexi- qiie , par M. GaleoUi. L'auleur y expose des tableaux d'evaluations comparatives de denombremenls, d'apres les releves de i8o3 et 1809, et pr^sente quelques con- siderations sur I'dlat moral du pays. Aineri(jiie centrale. M. John L. Slepbens, dont j'an- noncais rannee passes les explorations , a publie son voyage dans I'Ameriijue centrale. Sa relation conlient des details curieux sur les niinesde Copan, siluees sur les bords de la riviere de ce nom, un des affluents de laM.itagua, qui se jelte dans la baie de Honduras. Ces ruines s'elendenl le long des rives sur un espace de plus de deux milles. Le temple principal olTre unc fa- cade de 6-24 pieds.construite enenormes pierres laillees. Des plates fornies.de vasles terrasses, dimmenses gra- dins, des pvramides scul['l(ies, des statues colossales , 1 ( 4'^7 ) dts coloimes d'un sl\lu hizunc inipriment line j)!iy- sionomie parliculiere a ces giganiosques debris. L.i pliiparl dt's planches que .VI. Stephens a donn(^es dans son ouvrage relracenl les nionumenls on les Irag- menls de mines ([ue le colonel Galindo avail deja fait connailre a la Sociele, el donl elle possede les dessins ori^inanx. Nous avons ele h nienie de jnger de leur exaclitude par la comparaison que nous en avons faile. llesl a rcgrcller que celle cdleclion, avec les di- vers memoiies qui en loiil partie, soil reside inedilo. La puhlici;6 de I'ouvrage de M. Stephens, en fixant ralleniion sur les restcs d'une ancienne civilisation dans rAmeii(pie cenlrale , n'a fait (praccroilre I'ini- porlance des documents niannscrils du colonel Ga- lindo. Cetle serie piecieuse tie manuscrits el de des- sins , que la Sociele a voulu reserver pour la Collection des Memoires , ne perdrait pas de son inleret en pa- raissanl par fragments dans son Bulletin, la forme de la redaction adopl^e p;ir Ic colonel Calindo semble- rait an contraire se preler a ce mode de publication. RecoimaLssniice de la riviere de I\icara"iia. Une recon- naissance de la riviere el du lac Nicaragua a eleexecu- tee par M. Lawrence, inspectcur adjoint a bord du vaisseau deS. M. B. le Tuimerre, tandis que lo capilaine Edouard Barnell, qui commandait ce navire , elait occupe a lever les cotes du Yucatan. Les divers ports de debiirquemenl , la hauteur des rives, les mouillages, la profondeur des eaux , la direction des couranls, exa- mines et notes avec une minulieuse attention pendant CL'lle reconnaissance, laissenl voir assez lout I'inleret que les Anglais allachent aux communications qu'on peul elablir par le tleuve , el aux relations commer- ciales que ces communications pourronl facililer avec ( 4-^8 ) les populations riveraines et les pays de I'interieur. Trai>(iit.t geograpldques et liistoriques sur le Fenezuela. M. le colonel Codazzi , donl voiis avez appr^cie les Ira- vaux,vousa fait lioinmage de son bel ouvrage sur lo Ve- nezuela. J'eus I'honneur de vous presenter le r^sumti de la partie geographique de ce grand travail pendant le cours de sa publication. Dans un second apergu , j appelai voire attention sur la partie historique, redi- g6e par M. Baralt, et qui comprend les annates de la conqu^le el les progres de la colonisation, depuis I'e- tablissement des Espagnols dans cescontr^es jusqu'au momtnloule pays so st^para de la mere-patrio. L'au. teur menlionne d'abord les vovages des navigateurs qui s'eluncerent successivenient sur les traces de(ihris- lophe Colomb dans la carri^re des decouverles; il nous iait connaitre les entreprises qui fournirent les premieres notions geographiques sur I'interieur de la contr6e , les combats que les aventuriers eurent a sou- lenir contre les indigenes ; il indique les premiers ^ta- blissements lond^s par les conqueranls, et le sysleme d'adminislralion de la metropole consid(^r6 sous tous les rapports statisliqucs. Les deux autres volumes dela parliehistorique, auxquels W. Ramond Diaz a fourni sa part de collaboration, sont entiereraent consacr^s a la politique, eta la relation des dvenements qui onl eu lieu pendant la guerre de I'lndependance , bistoire memo- rable dans laquellclegrandcaract^rede Bolivar brillede lout I'eclal de sa gloire, et que n'illuslrenl pas moins les vertus guerri^res ell'ardent palriolisme de I'li^roi- que Paez et des autres d^fenseurs de la liberty ameri- caine. L'enlbousiasme qu'a produit au Venezuela cetle CEUvre nalionale l^moigne bautement des progres inlel- lecUiels depuis I'emancipatinn. ctdcla bonne direction I ( 429 ^ qu'onl su imprimer a rinstructioii publique les hom- mes 6minents charges de cette noble laclie. Voyage surVOynpock. Lne nolicc cie M. Tlieodore fie Bagot a ete inseree dans le Bulletin de laSociel(^. Ce voyageiir a parcouru I'interieur de la Giiyane fran- caise , en cliasseur-naUiralisle, avec unejeune Indienne de la nation des Palicoiirs qui lui servait de guide. 11 a reraonle I'Oyapock jusqua sa source. La narration de M. de Bagot nous a fourni plusieurs renseignements geographiques sur les rivieres qui se d^chargent dans If fleuve, et sur les peuplades sauvages qui vivent sur ses herds. Essni sur Pancien Cuudinamarca. Notre collegue , M. H. Ternaux-Compans , auquel la g^ographie doit deja des Iravaux imporlanls, a publie dans les ISou- velles Annates ties Voyages, dont il dirige la redaction, un essai sur I'ancien Cundinamarca. ISous ne poss6- dions encore que fort peu de documents sur I'liistoire primitive de cclte partie du Nouveau-Monde. M. le baron de Humboldt , auquel rien n'c^lait 6chappe dece qui pouvait int^resser la science , elait presque le seul vojageur qui nous eut parte du calendrier des Muys- cas, et de Bochica , principale divinity de ce peuple am^ricain. Les tresors litt^raires que M. Ternaux a reunis dans sa magniftque bibliolbeque , I'ont mis a meme de nous donner sur les Muyscas une foule de renseignements 6pars dans plusieurs manuscrits. (I'est a I'aide des volumes inedils de V Histoire de In Terre- Fcrnie , du P. Simon , et du livre de Piedrahita , eveque de Panama, imprime a Anvers en 1G88 , qu'il fait paraitre divers articles Ir^s inleressanls sur la tlieo- gonie , lesmoeurs , les coutumes et I'organisalion so- ciale lies Muvscas. ( 43o ) Notices (/iverses siir /'Jiiieriqnc. On cloil an colonel Lloyd line description (runo race indienne de Panama, el au docleur Scoulei iin Memoiro siir dillercnles au- Ircs tiil)iis de la cole dn iioid de rAmdriiiuc meridio- nale, accompagne des vocahulaires de seize langues, beaucoup plus elendus que ceux lassembles jiis(iu'a pi'esent. Sur la demande de M. Ellauri , charge d'alfairos de la lepuhlique df I'L'rugua} , une carle de eel Elal, conslruile par M. Roger, consul de France a Monle- Video, doit 6lre publiee aux frais du gouvirnenicnl frangais. La premiere parlie du tome XI de la Sociele gcogra- pliique de Londrescontienl : i"une esquisse du capi- laiiie Bird Allen, de la marine royale d'Aiiglelerre, sur la cole orienlalederAmeriquecenlrale,redigced'apres les notes du capilainc Ricbard Owen el des officiers du vaisseau de S. M. B. le Tonnerre ei du scbooner /e iMtck ; •2" une nolice sur le lac de [Nicaragua ol la province de Cbonlala, dans le Gualemala , par le cbovalier Ernm. Friedricbslbal ; 3° enfm un voyage de la ville de Mexico a Mazallan , avcc la description de quebjues ruines re- marquables, par M. Isidore Loewenstern. AUSTRALIE. Moreton-Baj. Le lev(i trigonom(!!lrique de Morelon- Bay, execute sous les ordresdeM. Robert Dixon, avance rapidemenl. Le cancvas de triangles s'^tend actuello- menlsur une surface de i ,200 milles carr^s. Lne por- tion considerable du pays, entre eel elablissemenl et Ricbmond-River , consisle en vasles plaines, dans les- quelles M. Tingdnieur Nornianby a mesure une base ( 43 1 ) de 5 milles (4)827 mcMres) qui a servi de point, do (Imparl a ses operations liigonoinelriques. Son coop(5- rateur M. Stapleton a ele surpris par les indigenes, qui I'onl tue landis qu'il elail occup6 a rediger des notes devanl sa lenle. Exploration de C Atistralie cciiirale. M. Eyre, qui par- lit d'Adelaide le i8 juln dans I'espoir d'alteindre le Iropique du capricorne, par i5o ou iSOo de longitude (de Greenwich), s'esttrouvearreledanssamarchc par un obstacle sur lequel il neconiplait pas, un lac en lorme de croissant, que Ton penseelrelelacTorrens, el don t la iongueurdepasse4ooinilles(r)4o,ooo metres) : salargeur L'stpeu considerable; mais ses bords, formes d'une boue niolle et de sable mouvant, sont inabordables. L'entre- prenant voyageur s'est alors dirig^ vers Streaky-Bay, dans I'esp^rance de Irouver, a Toiicst de ce point, les moyens de reprendre sa premiere direction. Documents snr les denderes recotmaissaaces. La cham- bre des Communes a fait publier une d^peclie de sir George Gipps, gouverneur de lAustralie meridio- nale, avec un appendice conlenant, i" un rapport de I'ingenieur en chef sur la riviere Clarence; 2" un autre sur la reconnaissance de la baie Moreton ; 5" une no- tice sur la chaine de monlagnes qui liivise la Nouvelle- Galles meridionale et sur le pays nouvellement decou- vert par le comte Strelecky , et auquel il a impost le iiom de Terre de Gipps; et4" enfin unexpose des ope- rations ex^cutees par 31. Tyers dans le but de deter- miner la position, jusqu'ici quelque peu incertaine, du i4i' meridien (deGreenwich), limite actuelle entre la Nouvelle-GallesduSud et I'Australie meridionale. Cette publication est accompagnee dune carte qui montre ([lie les loves offici'ds ont ei("' ponssrs juscpi'aii PoriPhi- ( 45'. ) lip; elle I'esl aussi de quelques aulres plans, et d'un tableau (Jcs operations lrigonoxn6!riqucsex(5ciilees(ians cetle region. Terre de Gipps. Le conite Slrelecky lait iin tableau tr^s anira^ de la Terre de Gipps , qu'il a decouviTle. Elle a line elendue de 5,6oo milles carr^s , un deve- loppement de cotes de plus de 260 uiilles ( 400,000 metres), buit rivit;res , un lac navigable et des la- gunes qui occupent plus de 100 uiilles (100,000 infe- tres) de sa longui'ur lotale. II suflira, pour faire com- muniquertouteslcs parties de cetle region, deconstruire quelques ponls , d'abatlre des broussailles etde desse- cher des marais. II est ditllciiedetrouverun sol pi us fertile etplus ricbe en paturages; les chaines de coUines sont faciles a gravir. Ensommc, celte terre pr^sente les faci- lites les plus engageanles aux colons, et principalement a ceux qui veulenl elever du belail. Les indigenes sont d'un caraclere doux et inofl'ensif. M. Tyers pense que plusieurs coUines isolees qui s'elevent dans une plainc sterile d'une etendue considerable, separant le Porl- Pbilip du Mont-Sbadvvell , sont de nature volcanique. Ce sont les premieres traces d'anciens volcans qui aient ^te signalees dans I'Auslralie ni(^ridionale. C.elle publication renferme beaucoup d'aulres renseigne- menls cui-ieux. Decouverte tVune nouvelh riviere. Le Sidney Herald , journal auslralien, annonce la decouverte de I'enjbou- chure d'une nouvelle riviere qui se jette dans I'Ocean, enlre Clarence River et Moreton-Bay. II y a, dit-on, 5o pieds d'eau sur la barre , et M. Scott, qui I'a ex- plor^e au-delade 5o mlUes. rapporteque ses rives sont fort belles et (|u'elles abondiut en cadres. ( 435 NOUVELLE-ZELANDE. Le si6ge du gouvernement de la KouvoUe-Zelande esl la ville d'Auckland , siluee a reinliouclinrr" do la Tamise. La compagnie de la iNouvelle-Z^lande a ajoute a ses possessions lesiles Chatham, groupc sllue par44"5'dc lalilude S. , a environ 3oo milles (5oo,ooo metres) E, de Port-Nicholson. L'etendue de celte acquisition est de 5oo,ooo acres carres. Eile consisle en Irois iles , Chathamss' , Island , Piltslsland , et un ilot de plus pe- tite dimension, qui est au sud-ouest. II y a un port siir, de I'eau en sutfisante quantite ; le cliinat y est bon, et le sol fertile. MISSIONS SCIKNTIFIQUES V.T VOYAGES I)E CIRCI.MWIVIGVTIO.N. Expedition pohdre. La decouverle de la Terie Allelic par .^L le contre-amiral Dumont d'Urville, auquel vous avez si justement decerne le grand prix annuel dans votre derniere Assemhlee g^n^rale , promettait de nouvelles chances de succes aux navigaleurs qui lenle- raient de I'irniter en p6n6trant dans les mers anlarcti- ques pour attaquer le pole par le sud-esl. C/est ce que vient de faire le capitaine James Ross, commandant I'expedition anglaise envoyee dans ces parages. Parii d'Hobart-Town le 12 novembre i84o, il si; dirigea sur lesiles Auckland, puis s'avanca vers le sud, el coupale cercle antarctique le i"-"^ Janvier de cette annee, en pe nelrant a travers les glaces flottantes. Le 1 i , au matin, on d^couvrit la terre h une assez grande distance. Le 1 9, on put debarquer sur lilot le plus voisin de la nou- XVI. i)i:cEMi!P,r.. 7. ^(j ( 4^4 ) vello Icrre Vicloria, el I'acte de possession fiil pris en honno forme par les olficiers de S. M. B. L'expediliou poursiiivil sa roulc lo long de Ja cole. Le 27, on i^lail en viio d'un volcan on aclivild, que le capilaine Ross nomma le mont Erebus, el donl la cime alleint, dil-on, 1 2,000 pieds d'altilude (mesure anglaise). A I'esl de ce volcan apparaissait un aulre cral^re eleint, un pen moins eleve, el qui recul lo nom de mont Terror, (>e futle terme de I'exploralion ; car, a parlir de ce point, une falaise de glace de i5o pieds de liauleur vinl in- lerceplor la vue de la cote. Toutetois, en poursuivant la reconnaissance de cetle immense harriere, I'expedi- tion alleignit Ic 78'' degre de latitude sud. C'^tail le 2 lev rierjmais tons progros ulterieurs devinrent impos- sibles a cause do lencombremenl des glaces, et les na- vigaleurs reprirenl la route d'llobart-ToAvn , oii ils etaient de retour le G avril. La lerre Victoria , decouverle par I'expedilion an- glaise, rcsle, dans la direction du sud-est, h aSo lieucs environ de la terre Jdelie, lUaquelle la rallaclient peut- etre des lies et d'autres parties de cotes cadu'es par les banquisps qui se forment dans I'cspace inlcrme- diaire. De cos mers glac^es, donl naguere nos marins al- froBlerent aussi les lempelcs, avan(;ons-nous vers la region polyn^sienne, ou flolte plus souvent noire pa- vilion. Voyage du brick le Pjlade. La tourn^e que vient de faire dans I'oc^an Pacifique le l)rick le Pyladr , com- mands par M. Bernard, capitaine de corvette, a fouini au.x j4niiales nuiritinies un article qui sera pour les gSograpbes une source d'excellenls renseigncmenls sur I'arcbipel Uangereux, les Marquises, les SancUvicb ( 455 ) el les lies Gambier. C'est dans ces dernieres que nos missionnaires accomplissent leur oeuvre de devoue- ment. Le capitaine Bernard, en leur dislrlbiianl les pavilions auxcouleurs nalionales qu'ilsont arboressur leurs humbles chaumlferes, a pu se convaincre de cetle verile si bien exprimee par un de nos ministres : « que sur le sol etranger le niissionnaire frangais ne se v^- veille aux inl^r&ls de la lerre que lorsqu'il s'agit des inler&ts de la palrie. » Aussi, le devouement du com- mandant du Pylnde pour ces apolres de I'luimanit^ a-t-il el6 proporlionn(^ a ce que la patrie et le monde enlier leur doivent d'appui et de reconnaissance. On ne saurail assez louer sa noble ccnduite pendant celle campagne : « La relacbe du Pj/ade aux iles Sandwich » (disail le redacteur du Polynesian) laisse une ini- » pression favorable du haut caract^re des officiers de » la marine frangaise.eiparmi les Hawaiiens, el parmi » les elrangers residents; leur visile produira beaucoup » de bien. » Telles sonl, messieurs, les propres expres- sions de la gazette d'llonok)ulou, dont I'opinion parait s'etre beaucoup reformee depuis le passage du capi- taine Bernard. J^oyagede M. Loewenstem. Notre collogue, M. Isidore Lcewenstern, de Vienne , vous a lu un aperq;u de son voyage autour du monde par le Mexique , les iles Sandwich , la Ciiine et C(^lebes. M. Loevs'enstern passa en Anglelerre vers le mois d'aoul de 1807, pourse ren- dre aux tlats-Unis, puis de la a la Havane et au Mexi- que. Les observations de ce voyageur sur les monu- ments mexicains m^ritent de fixer Tallenlion des arclieologues. M. Loewenstern propose de diviser ces grandes constructions en deux categories : celles qu'il altribue aux Toltecs, le peuple le plus anciun parmi 29^, ceiix qui dominferoiil dans I'Analuiac , etcelles qui ap- paitiennent aux AsUcs, ccUe nation que les Espagnols Irouverenl encore tians le pays a I'epociue de I'invasion. iM. Loevvenslern a visile Ics pyiamides de ChoKda el de Xochicalco ; il a vu le gif;anlesque volcan do Pn'ms rr/r^rt^flj; a Reniedios , il a decouverl un lunuilus |)\- ramidal a plusieurs elages, avec les ruines d'un cha- teau au sommel. Pr^s de Tapatitlan , il a examine un autre monument semblable. En quiltant le Mexique, notre collogue se dirigca sur les lies Sandwich, pour passer de la sur les coles de la Chine ,ou les differends survenus enlre TAnglctcrre el le Celeste Empire I'em- peclierenl de sejournei". Enfin , apres avoir visile les elablissemenls hollandais de Celebes, il reprit la route de I'Europe par lecap de Bonne-Esperance, Le voyage de M. Loewenslern , dont je ne trace ici que I'ilin^raire. nous proniet de curieusesobservations sur les antiqui- ties mexicaines el lethnographiecomparee, ^liulesini- portanles donl il s'esl plus parliculieremenl occupe. Resultnts ethiiaire- >inent I'influence. En outre, ces r^cits tleviennenl la 1 confirmation ou lu conlrole de la relation du com- »niandant. » Nous connaissons des chefs d'expedition qui n'oseraient pas soutcnir cette epreuve , et una pa- reille concession honore le caract^re de M. d'Urville. Position (In pole magnetique. Le voyage do V Astrolabe et (le la Zelee m'amene a vous parler d'un Mt^moire qui a et^ insere dans voire dernier Bulletin, sur la po- sition des poles magn^tiques de la terre , par M. L. 1. Duperrey. L'auteur explique dans sa Notice les deux procedes dont il fait usage pour fixer cette position. Le premier consiste a faire croiser dans une projec lion polaire ceux des m«!!ridiens magn^liques dont la ligure parait la mieux d^termin^e et la plus rcguliero. La coordination des inclinaisons observees en diffe- rents points d'un meme meridien magnetique avec les latitudes mngnc^liques respectivos, forme la base du se- cond. M. Duperrey donne la pr6f»^rence Ji cette dernierc methode , bien {|u'ellene puisse encore etre employee que dans un petit nombre de cas, faute d'observa- tions. II rappelle a ce sujet les observations r^centes du capilaine Ross a la terre Victoria, celles du capi- taine Wilkes dans la bale du Desnppointenient , et celles de MM. Dunioulin et Coupvent, de I'c^xpedition de M. d'[]rville, qui lui |)araissent fournir les donn^t^s les plus importanles, pour r6soudre la question rela- tive a la veritable |)()sili<)n du pole magnetique austral; attcndu qu'en partant d'Hobart-Town , I'expedilion irancoise a siiivi I'un des meridiens magneliques les plus favorablemenl places, et que de nombreuscs ol>- servations ont 6t6 faites le long de cette route , jusque \is-ii-vis la terre Jdelie , ou les boussoles de declinai- ( 44' ; sou , (I'inclinaison el d'intensite magneliques t'urent mises en experience sur un l)anc de f,dace de la pointe, Geologic. Les considerations sur lesquelles s'appuie M. Dujicrrey , d'apres les donnecs des diflerenls ob- servateurs, luifonlassigner par75''2(/ S. et iSo" lo'E. la posilion acluelle du pole niagnelique austral. MiCROLOGlE , En lerminant cette revue annuelle, il nie reste , messieurs , une lache penible a remplir , celle de vous rappeler des pertes que nous deplorons. La mort est venue frapper, au milieu de ses utiles tra- vaux, un des membres de noire Commission centrale, AmbroiseTardieu , dont I'habile burin, seconde par des etudes consciencieuses , enrichit nos atlas d'un grand nombre de cartes. Tardieu apparlenait a une famiile dans laquelle la chalcographie est hereditaire. II est peut-etre dans nos existences des inclinations marquees par le destin. L'aieul de noire collegue borna son Industrie au laminage des cuivres sur les- quels ses successeurs devaient exercer leur burin. Son pere se consacra a la gravure des cartes; Alexandre Tardieu, son oncle , a du a ses succfes , comme gra- veur d'bistoire , la place honorable qu'il occupe a I'A- cademie des beaux-arts; son frere, M. Pierre Tardieu, exerce la profession de graveur g<5ographe, et le litre de membre de cette Sociele, que vous lui avcz conlere, accri^dite les services qu'il a rendus a la science; Tar- dieu I'ain^ fut un artiste de m^rite , dont le nom figure avec ceux de Bouclet el d'lloudan sur noire superbe carte des chasses. Outre celles qu'Ambroise Tardieu a gravees , il en a dresse lui-meme quise recommandcnt par de bonnes recherches. Plusieurs sorlent de la ligne de CGs publications marchandes ou le trail et la letlrc ( 442 ) lit' sunl le plus souvcnl que la reproduclion de vieilles cneurs. Parmi les principaux ouvragcs qui furonl confi^s a sa direction , je citerai la gravure des plan- ches de I'atlas des voyages de la CoquHle el de V Aslro- labe , celle de plusieurs belles cartes publiees |)ar le Depot de la marine, et divers alias (ilemontaires. C.es travaux suflisent pour placer Ambroise Tardieu au rang des arlisles qui ont conlribue depuis vingt- cinq ans au progr^s de la gravure geographique. Nous devons compter aussi au nombre des perles que la g^ographie a eprouvees dansle cours de cette annee, celle du jeune Galla OuareEbn-Kilbo, donl M. Jomard, son digne protccteur, avail fait connaitre I'arrivee h Pa- ris en iSSg, apr^s le voyage que cet inleressant Elbio- pion venait d'ex^culer, bien que forcement , depuis Sobilche , du pays de Limmou , chez les Gallas du S. E. , jusqu'k El-Karlhoum au confluent des deux Nils. Ouare, que nous avons tous connu, et dont les beureus«s dispositions et I'aimable caractere donnaient lant d'esp^rances , aurait He destine par le gouver- ment egyptien a la carriere des voyages et a I'explo- ration des parties supc^rieures du cours du Nil. 11 fai- sait des progres rapides dans les sciences et dans les langues de I'Europe. Sa mort prematurt^e prive la geographic des services qu'il n'aurait pas manque de lui rendre. Une aulre perte plus g^neralement senlie est celle de M. le due de Doudeauville , president honoraire de la Society de geographic , et qui suivit ses liavaux uvec tant de zele. Mais ce n'est pas moi, messieurs, que vous avcz choisi pour elre I'lnlerprfele de vos regrets. M. Roux de Ro- ( 445 ) chelle s'est charge, a voire demande, de rappeler de- vantcette Assemblt^e lousles litres del'hoiBinede bion, du protecteur des sciences et des arts utiles , du fonda- teurde tant d'^tablissemenls de bienfaisance, de celui qui voulul conlribuer aux progres de rinlelligence en repandant Tinstruction dans loutes les classes de la so- ciete. Je me hale done de conclure, messieurs, pour ne pas usurper sur des instants que noire coUegue va remplir d'une maniere si digne. S. Berthelot. APPENDIGE. N" I. ACCROISSEMENT DE L\ COLLECTION G^OGRAPHIQUE DE LA BIBLIOTHliQUK ROY ALE EN 1 84 > . La collection g^ographique de la Bibliotheque royale s'est enrichie pendant le cours de cette annee de u, 742 pieces nouvelles, atlas, carles, feuillesouvolumes; loutes les branches du cabinet ont regu de I'accroisse- ment, ci I'exception des cartes en reliefs si ce n'est cel- les qui sont entrees par le depot legal; on commence , en effel, a produire en France quelques bonnes cartes de cette esp^ce , enlre un plus grand nombre de pieces d'unemediocre execution, C'esttoujours del'Allemagne que sortent les meilleurs morceaux en ce genre; mais I'Angleterre s'apprele a lui disputer la palme. On ne parle pas de la Suisse, qui execute d'excellenles topographies en relief, mais qui ne les reproduit pas ( 444 ) inecaniqiiemenlpoiirlesfaireentrei dunslecoiiimercf; or,or\ne connailra I'ulilUe de cessorlesd'ouvragesque lorsqu'ils seronld'un usage pour ainsi dire populaire, el ;i lii condition d'6lre soumis a des mtilhodes exacles et delre a la haubnir des sciences d'observalion. II n'a elo acquis non plus cetle annde aucun ancien instru- ment geographique ou astronomique , a joindre aux monuments que nous avons sign.iles Tannic derni^re. On vient de publier en Anglelerre uno nouvellc carle de la lujie d'uno execnlion superienre , non seulcment a la belle carte de Dominique Cassini , niais a la carte r^cente en 4 feuilles, donnee a Berlin par MM. Beeret Maedler. La nouvelle carte, en deux gran- des feuilles , est I'ouvrage de M. \V. Riissel ; elle a ele acquise par la Bibliolheque avec d'autres cartes celestes. II y est entre des carles de geographie math6matique, Idles que celles qui se rapporlent a \^ geodesie , a \ hypsometric et a Thypsograpbie. Nous ne citerons que les operations g6od(';siques pour la niesure d'un arc du paralltjle moyen en Pi^mont et en Savoie par relat-major general de Milan , en uo feuilles ; I'orogra- phie de Landskronn(Silesio ) , en 9 feuilles, par le major Diebilscb; la trigonomelrie de la Suisse, par Escb- mann , i84o; une carte orograpbique d'ensemble de I'Allemagtie; une carle orograpbique et bydrograpbi- que de I'Europe, en 5 feuilles, parW. SorriotdeLbost, et une carte des bauleurs de la Suisse, de J.Walker, 1840, conslruite d'aprfes les meilleures observations. Les cartes des felats ot conlroes revues cette an- nee sont en grand nombre , ainsi que les plans de villes. Nous citerons en l§te les magnifiques cartes des departements de la France, obtenues des cui\res mCunc.', de la grande carle du D^pot <-lc la guerre par I 44^) ) le procede du transport. Douzc deparlomenls sontclejii (l6pos6s dans les galeries; cctte suite so complelera en meme temps que les feuilles de la carte , et sera iin jour une exposition aussi magnifique pour le coup d'oeil , qu'utile pour I'etude de noire pays , sous 1<> rapport administratif. La nomenclature complete des cartes de pays el conlr^es serait trop longue ; cilons seulement, entre mille , le grand Atlas de Hongric (Magyar Atlas), en Ga feuilles, de Gorog; la Saxe , de Bakenberg , en i o feuilles ; le Tyrol et le Voralberg, en 26 feuilles, de retai-major atitricliien ; les belles cartes routieros pour lout I'cmpire d'Autriche et les Alpes autrichiennes, publiecs par le d^pot imperial de Milan, en 55 feuilles, celles de Maximilien dcTraux ; Montenegro et la Dalmalie, en y feuilles; la carte topograpLique du royaumo Lombard-V^nitien , en '.^7 feuilles , par le meme depot, ainsi que le depar- tement de I'Adige , le lerritoire de Milan , en 6 feuilles . par le meme corps; les jirovinces lUyriennes, en 9 feuilles, et I'Etal de Lucques , en 6 feuilles; la Gali- cie, par Liesganig , en 55 feuilles; le grand-ducbe d'Autricbe,^ en 5i , par I'etat major autrichien ; la llongrie , de Miiller , en 1 2 feuilles ; le duclie de Salz- bourg, en i5 feuilles, par I'elat-niajor autiicbien et une carte generale; la suite de la grande clioro- grapliie il'ltalie , dcpuis la 51" livraison jusqua la 61' ; le grand-duche de Ilesse-Darmstadt , en 21 feuil- les, par I'etal-major bessois; le ro\aume d'lllyrie, en 57 feuilles , par retat-niajnr general autricbien ; le Simplon , de Bordiga; les carles cborograpliiques de la ToScane , de la Savoie , de la Sardaigne , el le trr- riloire de Turin , par Maggi ; I'atlas de la Hellado , en 24 ft'iiilles, par Kiepert , 1 84 1 ; I'lrlande, de Petty, ( 44C» ) iG83 , ouvrage ancien, mais important , qui manqnait au cabinet; I'Asie int^rieuie , i" partio , en 5 t'euilles , carte qui renferme les docouverles recenles, el con- struito par Ritter et Oelzel pour I'ouvrage de Zimmer- mann ; I'atlas geographique de I'empirc de Russic, Pologne ct Finland*?, par Piadischefr,- une belle carte de Livonie , en G feuilles , faite par Riicker a I'^tat- niajor general aulrichien; le duch(i de Parme et de Plaisance ; la province de Rerqame, par Man/.ini, a 1/90,000, tres belles topographies; les nouvelles map- peniondes de Purdy , de AVyld; rAustralie , en 6 feuilles, par MM. J. Arrowsmith, Kross et autres; le Texas et la carte nouvelle de la Chine, par le meme J. Arrowsmith, et deja, la carte des recentes decouver- tes ciH capitaine Hoss , dans les regions antarcliques (on sait quel empressemcnt meltent nos voisins a publier les travaux deleurscompatriotes); I'lie-de-France, par Lislet-Geoffroy ; deux nouvelles grandes carles de I'A- nieriquedii Sud et de I'Ameriquedu Nord, donnees par M. AVyid.en i5 feuilles. d'apreslescarlesmanuscrilos originales de J. J. de Rocha, J. Dacosta , Ferreira , du P. Fr. Manuel Sobrevield, etcompilees parfcud'Arcv de Larochette ; le plan de Porto, par Wyld, ainsi que I'ilede Madure , 1841 ; la Nouvelle Z6lande, 4 feuilles. La fille ducelebre major Rennell , quesescompalriotes ont salue du nom de d'Anville anglais , ladv Rodd, a gralifii la collection de I'Atlas duRongale , en 20 feuil- les , ouvrage de son p6re. C'(!st le lieu de rendie ici un hommage public h celle respectable dame qui a publie les ceuvres geograj)hiques posthumes de son pere , et une nouvelle edition *\gV Hcrotfotiis {\ii\\^uv\ii\\. Nous sommes forces de ne mcntionnrr qu'en pas- sant les comles d'Anglelerre , d'Kcosso el d'lrlando , el ( 447 ) quanlite de honnes cartes de rAutriclie , cJe la Silesie , du Hartz. duDanemark, etc., par Soriof, Bayer, Berghaus, Zincken , etc. De beaux plans de Milan, de Mantoue, par G. Rai- neri; des plans de Dantzick, Varsovie, Brunswick, un de Berlin en 12 feuilles, par MM. Schenk, Gers- dorfF, etc., et deux des environs de Vienne, en 62 feuilles, par I'elat- major general autrichien, ajou- tent a la richesse de ces acquisitions chorographiques el topographiques. L'hydrographie maritime a ete singuli^rement en- richie par I'envoi de cent vingt-liuit cartes, publiees recemmentpar I'Amiraule britannique: pour la Chine et la Cochinchine seulement, on compte vingl-huit carles. Cette belle suite comprend presque toutes les conlr^esdu globe, TAnglelerreayantsa marine, comme on le sail bien , pi'^sente par toute la lerre. L'hydro- graphie de la mer Adriatique el I'atlas du cabolage de cette mer, en 3i feuilles, par le depot general de Mi- lan , meritent d'etre menlionnes. Les cartes physiques comTpvexinenI, enlre aulrcs bran- ches, les carles g^ognosliques et min^ralogiques, l'hy- drographie conlinentale (c'est-ci-dire les cartes des lacs, des rivieres, des fleuves et de tous les cours d'eaux), les cartes relatives au magnetismo terrestre , etc., etc. ; chacune des branches en a fourni plusieurs a la biblio- Ihfeque : lelles que la carte historique et lopographique des Eruptions de I'Etna, par Gemellaro; la carte mi- neralogique de I'Europe centrale et occidentale, par W. Hughes; les cartes geologiques ou geognosliques de I'Allemagne , d'Oden-Wald, de I'eveche de Bale, du Wurtemberg et du lac d'Orla, une nouvelle carte mi- n^ralogique du Taurus, une grande carle sysl<^maji- ( 448 ) (juo , en 5 feuilles, inonlrant la sliucluro du globe, par les docleurs Noggoralh et Burkarl de Bonn; la Tui • quie d'Europe, pari\I. Bone, etc.; en second lieu. In carte li\drographiqiio de la Pologne, )e panorama du Danube, en 9 feudles, IKIije inlerieur, on 5 feuil- les, par All). Plait; les rivieres de la Bavi^re, en 20 feuilles, par Adr. Ricdl; le cours du P6 , de Pavie a son embouchure, en 0 feuilles, par relat-major aulrichien: en troisi^me lieu, I'allas physique deBerg- haus (la suite de I'ouvrage) ; le tableau de la nature organisee d'apr^s Wilbrand , en 12 feuilles, com- position d'un genre origintd , et I'atlas du magn^tisine terrestre , par C. F. Gauss et W. Weber; les carles , ditos magneliques, sonl recueillies et rassemblees soi- gneusemenl, (juand elles viennent d'auteurs estimes , tels que M^I. Gauss et le major Sabine. Pour la geographie statistuinc, adniinistrafii'e, com- merciale el industrielle, on compte la belle carle ad- ministrative du I'oyaume d'llalie et de ses elablisse- menls poliliques , mllilaires , civils et religieux , en 8 feuilles, par le d^pol de la guerre d'ltalie ; les dixi- sions eccl^siastique, parlemenlaire et judiciaire d'An- gleterre et du pays de Galles; une carle slatistiqiic de la Colombie, la carle des mines de Freiberg, et la carte deV Union dananiere de TAllemagne, en 4 feuilles, par le docteur Lung-Mayr ingenieur bavarois, carlo inleressanle par son opportunite. Les chemins de iVr et la navigation a la vapeur soul aujourd'hui I'objet d'un grand nombre de cartes; il importe de les rassembler, maintenant que la Fiance para'it cnfin decidec a sillonner son terriloire par des lignes en fer. La collection a reuni de nouvelles publi- cations en ce genre : ce sonl les chemins de fer enlre [ 449 ) Linzet Budweis, rejoignant le Danube a la Moldau, la ligne de Linz a Gmunden, le chemin enlre Munich et Augsbourg, le chemin , dit de I'Empereur Ferdinand , section de Briinn a Vienne, etla ligne entre Brunswick et Wolfenbiillel ; une grande carte des chemins de fer d'Anglclerre et du pays de Galles , en 4 feuilles , par John Arrowsmilh, i84'; une carle de tous les chemins de fer, executes on projet^s dans I'Eui-ope conlinenlale, en 9 feuilles, i84i , le chemin de Nuremberg a Bamberg, le chemin de Berlin a Leipsick. Les cartes historiqiies cornprennent entre a u Ires la geographic sacree, la geographie ancienne, le theatie de la guerre, les carles de voyage, les monuments do la gt^ograpliie, e'est- a -dire les cartes manuscrites ou imprim^es.mais Ires anciennes, quieclairent I'liisloire de la science, enfin les cartes oricntales. On s'estpro - cure 9 feuilles des Operations inilitnires des Jnglais , savoir : a Gibraltar, a Toulon, aux Pyrenees, en figypte, a Copenhague, avei; une carle de la campngne des al- lies contre la France en 179S. Toules ces carles auglai- ses ont un inleret historique. On jiossede deja la carte des operations recenles contre Canton (1841). Cclte par- tie de la collection est deja riche, ainsi que nous I'avons dit I'annee dcrni^re, en objels pr^cieux pour rehirle ; elle possedait alors presque toutes les editions de la Geographie de Plolemee; mais il en manquaitune tres rare, celle de 1482, iniprimee a Llm, la seconde qui ait paru avec les cartes (sans parler du poemo de Ber- linghieri) ; elle a eie acquise ainsi que plusieurs an- ciennes editions de Denys le Geographe elde P. Mela, avec les cartes du lemps, et aussi I'edilion que Man- ner! a donnee de la table de Peutinger; le globe ter- r€slre, dit d'Apiani, de iSyl!, a eie copie en fac simile XVI. D^'CF-MBUK. 8. ">3 ( /|5o ) avec lo plus grand soin a Ulunicli pour la Bibliothi-qup royale; rexdculion tleroriginal est de la main de Geor- ges RucshamtT ; on peul ciler aussi la copie d'une carle ilalienne, represcnlanl la region comprise enlre le Bos- phore el le Danube, el donl la dale doil elie de i452 a 1455, d'apr^s les pavilions de diircrenle nalure qui floUenl sur les villes el les chaleaux-forls. Les cartes gravies sur bois, du vo\age de Breydenbach h la Terre- Sainle, de 14^50, peuvent elre consider^es aussi comme ruriouscs pour I'liisloire de la carlographie. II en est de meme d'une ancienne carte des mers de Grece , dessinee sur parcliemin, el de Irois aulres carles ila- liennes lalines , dessinees aussi sur velin en or et couleur, failes a Marseille par un cerlain Salvalor Oliva, et repr^senlant la Medilerranee, la nier Noire , rarcliipol el parlie de la Turquie; enfin, builgrandes el belles carles porlugaisrs, egalement Iracees surpeau de velin, en couleur el or, posl^rieures de peu de temps a la decouverle du detroit de Magellan, La geograpliie sacrdie comple plusieurs acquisitions, lelles que le plan de Jerusalem, en 2 feuilles, des- sine pour le temps de J.-C. , d'apres les historiens sacr^s et profanes. Lit hrancbe des yjtlas et cartes dcs voyo£;cs a beau- coup gagn6 par Tintroduction des carles les plus nou- velles, procur^espar les vovageurs r^cents, de Craw- ford , Fraser, Spencer, Back, Gonolly ,\Vard, Malcolm, aSiam, a Ava , en Perse , en Gircassie , en Tartarie, en Ameriqnt! , au Mexique , dans I'lnde , au Caucase; el comme les anciens voyages renfermcnt des carles in- leressanles, on y a joint ceux du P. Lobo , de Bernier, Desmarcbais , Tbunberg , llornemann, Browne, Gooke, Glarkf, Ibdmcs, L'' Macartney, elc. Leoabinelesl redeva- 4 j I ble a M. Stanislas Jullen d'uiie carte chinolse gigan- I'lsque, ropr^sentant I'hydrographle de la province d<' Canton ; elle n'a pas moins de L"\ 80 de long. On reconnait aujoiird'hui gdneralemenl rulilile des cartes iiiarales ( wand- karle ) pour renseignement de la geographic, et I'lisage commence a sen repandre dans nos ecoles. L'Allemagne , qoi nous a de\ances. ameliore et elend lous les jours ce mode d'instruclion, et personne nignore quel en est le fruit. Aussi Ton \ continue a perfectionner les cartes mueltes, semi- mucltes, diversemont coloriees , etc., et a cxercer, a leur aide , la sagacite des jeunes gens dans les villes , raenie des enfants de la campagne. Plusieurs de ct s cartes ont 6le reunies, et elles peuvent etre utilement consultees. La collection de la Bibliutliuque s'est encore en - ricliie cetle annee des cartes (lutogi-aphes de pjusieui s g^ographes renomraes , Guiliaume et INicolas De- lisle , Philippe Ikiache , gendre du prt^nicr. d'Aiiville et le major Kennell. La carte de ce dernior, olFerte a la Bibliotheque royale par sa fille , est une partie du cours de I'Euphrate et du Tigre pour la geographie comparee , et celle de d'Anvillo est une carle de i"ile de Cayenne; elle est dateede 1729. Deux cents carles manuscrites, dont un grand nombre sont desori^inaux desDelisleet de Buache, ont et6 fournics par le cabinet deM. deMonleil;on y remarque la France |iar Melchior Tavernier; deux grandes feuillessurvelindalees deiGSj; la carte du Hurepoix de Ph. Buache , chef-d'teuvre de calligraphic et de dessin, qui dispulerait la palmeaux cartes aulographes de d'Anville ; un dessin de la carte de Cilierbourg de la main de Louis XVI ; des copies des carles d(! Savoie et du Piemont allrilniees aux 00. ( 452 ) princes sos fr^res. Crtle s^rio ahonde en carles mili- lairos; elles rcprcsentenl lescampagnos el Us marches des armies frant^aises en Alleinagne, de i6go a 1695, I'ordre des batailles de Louis XIV. et le coiirs du Rhin. On compte36 cartes pour la seule Guyane etie delail des localiles, sans comprendre d'aulres pieces curieuses relatives a I'Amerique m^ridionale ; en fin , plusieurs etudes de Ph. Buache sur le hassin de la Seine , et la derivation de I'Ourque , projelee des 1 750. Une nouvelle acquisition , provenanl du riche ca- binet de M. de Prony, a introduil dans la collection de belles cartes manuscriles qui proviennent de la biblio- thfeque du comle do Toulouse, grand-amiral de France, et de celle dn due de Penthicvre : plusieurs sonl con- sacr^es a des exploits de I'armee navale de France; le cours du P6 et son embouchure en 10 Ires grandes feuilles a r^chelle de i : 20000; le fleuve Saint -Lau- rent, beaucoup d'originaux de la cote d'Afrique, des carles d'Am^rique et des carles mililaires. Parmi les cartes gravees on distingue la Polesine de Rovigo et les lagunes de Venise, en lo feuilles, par D. Mar- chelli, etc. II parait depuis quelque tempsdes carlesd'un genre nouveau, quant au mode d'exi^culion ; ellesne peuvent etre appreciees des g^ographes que si ces nouveaux genres de reproduction exprimentle terrain avec plus de perfection, ou bien rendent la science plus acces- sible , ou enfin pr^sentcnt plus de neltele. C'est acetle derniere esp^ce qu'appartiennent les carles diles typographiques, parce que les nomffde lieux , et m^me les trails g^ographiques, sontproduils a I'aide de types mobiles. La carte de I'empire d'Aulriche, en4 feuilles, ( 455 ) par M. de RalFelsperger, est de ce noinbre. Une m^ine carle peut ainsi servir pour loiites sortes de langnes , si Ton subslilue au nom alleinand , parexemple, lenom frangais, lenom ilalien, le nom russe. II est a d^sirer que I'auleur mulliplieet ameliore de plus en plus ses cartes, dont le modele a ete en queiffue sorte don 116 dans la carle de France de M. F. Didot , et dont I'idee remontc d'aiileuis a un siecle en arriere. Les cartes xylographiques se combinent tr^s bien avec Tempioi des caracl^res de typographic; celles de M. John Jackson pour I'liisloire sacree sont reconi- mandables sous ce rapport. Mais une des innovations les plus remarqunbles est I'application du procede Collas a la gravure des carles, pour les pays de mon- tagnes. Le cabinet de la Bibliotheque royale vient de s'enrichir de I'Atlas des campagnes des Anglais en Espagne et en Portugal. Leserliteurs de ce splendide ouvrage y ont introduit 4 cartes qui representcnt une parlie des Pyrenees. II est inutile d'insister sur le pro- c6dd, qui est bien connu; mais nous devons dire que le resultat a de quoi 6tonner ; relict en est tel qu'il rend le relief palpable , et pour ainsi dire materiel; il est a regretter que Tinvenleur frangais se soit laisse enlever le merile de cette ingt^nieuse application. Le Cabinet de geographic continue de rassembler la collection des journaux consacrt^s specialeraent a la science, tels que celui de la Societe de geographie de Londres, le Bulletin de la Society de Paris, les Annales dcBerghaus, les (-ahiers de la Societe de Berlin, etc. 11 en est de meme des dictionnaires geographiques speciaux, tels que le Diclionnaire slatislique et lopo- graphique du cercle du Haul-Bhin , le Diclionnaire geotopographique , stalislique et li}dro-oro-hydrogra- ( ^54 ■) pln'jue d(>la Transylvanie , en 4 \oliimes . par Lonkde Treiionfcld ; Ic noiiveaii Dictionnalro hvdrographique (les Llals dt; rAllmnagne, et lo Diclionnaiio Ijalneo- graphiqtio (ou des sources mirK^rales) do rAlleinagne , (le la Sulssi,' , de la Hongrie, de la Croalie, elc. ; ces deux oiivrages par L. do Scdiilz; le Diclionnaire g^o - graphiqne do Scandinavio , [)av Daniel Djurhorg : ajoulons le Dictionnnire nicfliofliqite dcln reptihlique fi(tn- ctiise, on cxx deparloments (cxxi), piil>li6 par Pin- dhomme, y comprisles Ilesdein Givce rt r/e iya/te,a\ec I'Atlas de loo feuilles, pieces liisloriqiios curieiisesdeve- nuos rare<^ ; le Diclionnaire de la Slyrio , par G. ficelli . 1S40; le Diclionnaire lopographiqueot stalislique de la nionarcliie prassionne , parW. lleideinann, en 2 vo- lumes; un grand Diclionnaire lopographique de la Brelagne el de I'lrlande, par Corlon, en 3 vol, in-4°. Tels sont, hien en abr6g^, et independammenl de loules !os carles francaises enlr^es par le depot l^gal , les principaux objels acquis cello annde pour la col- lodion geogrnpliique de la Bihliollieqiie royale, atix- (jucls il faul encore joindre la serio dcs oeiivres des grands g^ographes francais ot d'lrangors, par exemple Guillaume Dolislc , d'Anville, Phil. Buache, etc., oeu- vres que le consorvaleiir, malgr(^ la rarole de cerlaines pieces, s'allache a completer dans la vue do rendre un jour plus facile I'liisloire de la science. Par le fait seul de son existence, la collection de la Bibliotlieque ro\ale tend Ji devenir le centre ol le point de concours des carles rares ou [)recieuses que les mulalions inelloul nocessairemenl dans le domaine public. Ain.si, un basard singulier ya fait onlrer I'annee deroi^re les originaux de la carte des Pyrenees , de Ruusso! , aprfcs de curieuscs vicissitudes. Cos carlos ( 4o5 ) avaienl 6t6 transport^es en Anglelorre, on ne sail par quel evdjnenvenl, sous George I! ou George III. \A , elles ont re^u les armes d'Anglelerre , applicju^es avec Line recherche loule particuli^re. Report^es enFrance, a line 6poque egalement inconnue, elles se sent lrouv(^es clans un chateau de la Brelagne, au moment de la vente ties hiens des Emigres el des condainnes; vendues, ou peul-etie suustraites a celle epoque dont elles porlent I'empreinle . el conservees depuis par le possesseur, elles sont enfin nrrlv6es a la Bihiiotheque fortuilement. Quelque chos*; d'analogue viont d'avoir lieu celte anndie. On ignorait oii eluit pass6 le cabinet des carles manuscriles du due (;ES-VERBAUX DES SEANtlES. PRfesiUENCE DE M. UAUSSV, Seance du 19 noi'einbre 1,84 !• Lc proces-verhal de la tlernifere seance est In et adopts. M. le ministre de I'lnslruction publique adresse a la bibliolheque de la Societe un exemplaire de I'his- toire d'Armenie de Jean VI, traduite par feu M. Saint- Martin , et pnbli6e pour le compte de ce ininist^re par M. Felix Lajard, membra de I'Acad^raie des insciip- lions et belleslellres. M. le President rend compte a la Commission con- tcale de I'audience qu'il a eue de M. le ministre de rinstruction publique. M. Villemain a temoigne tout I'int^ret qu'il porte aux travaux de la Societe, et il a promis de pr(5sider I'assemblee g^nerale du 3 d6- cembre. L'Academie royale des sciences de Berlin et la So- ciety royale des antiquaires du Nord adressent la suite de leurs M^moires , el elles remcixienl la Commission ( ^T^ ) ccnliale, pour I'einoi ilu Ionic \ t do son lunieil de voyages , et des volumes Xlll el Xl\ de son Bullclin. M. lo colonel d'Abrahamson , correspondont etran- ger d(; la Sociele, ecrit d'Odens^e pour liii onVir au noni de S. A. R. le prince royal de, Daneinark , president (le la Sociele lilleraire de Fionie, un exemplaire de I'ou- vrage que celle Sociele vienl de pnhlier sur I'liisloire it les anliquiles de ce pays. M. Eyries, qoi a parcouru cet ouvrage . fail remarquer qu'il conlient un recueil de pieces oflicielles, dont rinlorel doil elre surlout apprecie en Danemark. M. Berlhelot communique I'exlrait d'une lellre de M. le directeur du Jardin botanique de la Havana sur r^lat prospere de I'agriculture . de I'induslrie et des sciences dans I'ile de Cuba. On comple d^ja cinq lignes de chemins de fer en activile, deux grands ca- iiaux ouaqueducs, des bateaux a vapeur sur loules les coles, des moulins a vapeur, des raffineries de Sucre el des fonderiesde fer. A!, le vicomlc de Sanlaiinn oilie de la pail de M. Magnin, niembre de riuslilul , et conservaleur de la Bibliotheque royale , un meimoire sur I'emplace- ment des theatres grecs et romains. (le travail, redige dans un ordre geographique, lui paraJt presenter un vif inl6r6t pour I'hisloire de la geographie ancienne. M. d'Avezac fail les communications suivantes, D'a- pres des nouvelles recenles apporl^es des cotes de Gui- nee, I'expddilion du Niger 6taitentr6e, le i4 aoikt, dans le grand fleuve par I'cmbouchure de Nun. Sur Irois cents personnes embarquees , on n'a perdu que six iiommes, tlonl trois par accidents; les etats-majors et les ecpiipages des Irois batimenls jouissaient d'ailleurs deiameilleurc sant^.Parmi les dernieres communica- ( 47-^ 1 lions laitcs a la Soci6te g^ographiquc de LoiKlres , se Irouve une letlre tlu celebre peinlre sir David Wilkie, receniment decedd , dalce de Jerusalem , !e8 mars, et dans laquelle il rendait compte des donndes baro- inetriques qu'il avail comparaliveraenl recueillies sur Jes bords de la Medilerrantlie, a Jaffa , el sur li'S bords de la nier Morle , ainsi qu'en divers points iiilerme- diaires. Ces donnees laissenl peut-elre desirer quel- ques elemenls coinplementaires, lels que robservation du Ihermometre libre , siniullan^ment avec celle du Ihermoni^tre adberenl au barom^lre. Quoi qu'il en soit , en supposanl la difference qu'eut pu offrir celle double observation , egalc a zero , la formule d'Olt- nianns pi'ocure le cbiffre de 364 '/^ metres pour me- sure de la depression de la mer Morle ; resultal un peu moindre que celui qui avail el6 communique a la Sociele par M. de Berlou (4i9"3/4)- M. Noel Desvergers annonce dans une letlre adres- see a M. de Laroquette qu'il s'occupe de recliercbes pour la Sociele dans les bibliotbeques du royaume de Naples. M. le capilaine Lafond lilun fragment de ses voyages dans I'Amerique espagnole. Ce fragment est relatif a la Nouvelle-Espagne , surlout aux villes de San-Blas, Tepee et Acapulco. M. Daussy lit la traduction d'un rapport fait a la So- ciele philosophique americaine sur le lev^ trigonometri- que de I'Llat de Massacbusells , ainsi que le resum6 d'une table de positions geograpbiques dans I'ile de (Icylan, communiquee h la Sociele de geographic de l.ondres. Ces deux documents sont renvoyes au Comiie du Bulletin. ( 474 ) .■^ssiinb/ce gcfirra/c du 5 dcci'inbn' i84i. La Societii de geograpliie a tenu sa deuxi^me assem- blee generale annuello pour 1841 , le vendredi 3 de- conibre , dans une des salles do l'Hotel-de-Vi!le, sous la pn'isidence de M. Villemain , pair de France , mi- nislro de I'lnstruclion publique. Lne grande affluence daudileurs se pressail ii celle reunion , ou I'on re- niarquail la pluparl des nolabililes de la science. IM. Villemiiin , dans un discours qui a 616 accueilli par d'unanimes applaudissemenls , a presents un re- sume rapide el brillantdes conquSles de I'inteliigence sous Timpulsion du g6nie des voyages, et il a fait res- sorlir la part qu'y a prise la Societe de g6ographie , par rinfluence de ses conseils, de ses suffrages, des nobles encouragements qu'elle a d6cernes aux voya- geurs et aux g6ograplies de toules les nations. II a fail enlrevoir que ratlenlion du gouverncmenletail eveillee sur I'ulile application de celte influence, et que la So- ciety serait desormais consultde sur I'emploi des cre- dits accordes par I'Elat pour rencouragement el les progres de la science. Apres ce discours, qui a produil sur toute I'assem- blee une impression vive el profonde , M. le President a declare la seance ouverte, el AI. d'Avezac, secretaire de la Soci6t6 , a donn6 lecture du procfes-verbal de la precddcnte reunion g6nerale ; il a ensuile fait connai- Ire les nombreux lionimages en livres , carles el aulres objets qui etaient adress6s Ji la Society pour sa biblio- Ibeque et ses collections. M. le President a proclaine les nonis des membres admis dans la Societe depuis la derni^re seance gene- ( 475 ) rule, el ceux des nouveaux candidats presenles pour en faire partie. M. d'Avezac , comme secretaire de la Sociele , liil a rappele que d'apres ses slatuls elle devait proceder au renouvellement quinquennal do sa Comniission cen- trale , et il a passe en revue , 5 cette occasion, les ser- vices rendus depuis vingl ans par celle Commission , dont les renouvellemenls successifs n'avaient change ni le noyau primilif ni les traditions; il a montrci qu'elle avail dignement repondu a la confiance de la Societe par I'ulile direction donnee a ses travauxet a ses moyens d'influence. D'importants voyages, determines par ses programmes ou encourages par ses suffrages , de sa- vants Memoires provoqu6s par ses concours , plusieurs Societ^sfondees a son exemple dans les pays etrangers, des publications faites a ses frais, et composant d'une part une s6rie de 56 volumes in-8 , et d'autre part un Recueil de 6 volumes in-4 de voyages et de documents du plus haut interet; enfin, une bibliolhiique , une collection de cartes, et le noyau d'un musee ethnolo- gique : tels sont les r^sultats obtenus par les soins et les efforts de la Commission centrale , dont le secre- taire de la Societe s'est fait , en cette circonstance , un devoir de rappeler les services. M. Berthelot, secretaire-general de la Commission centrale , a presente une Notice tr^s delaillee sur les voyages , les publications et les recherches de tout genre quiont contribue, dans le cours de I'annee iS^i , aux progres de la geographie. M. Roux de Rochelle a retrace dans une Notice ne- crologique la vie si dignement remplie de M. le due de Doudeauville , ancien president de la Societe. M. Cbapellier, tresorier de la Societe, a presente le ( 4:6 ) comple-rendu ties rocelles et des depenses pendiuil I'exorcice i84o-i84i . Conformement a ses slatuls, la Soci^te a precede an renouvellenienl de sa Commission cenliale. Tons its membres sortanls onl 6le reeliis /i la presque una- iiimit(^ , el qualre places resides vacanles par deces ou dt-mission onl <^lo remplies par I'eleclion de MM. d'L r- \ille , Texier , AV. F. Edwards el Cochelel. La s(iance a eld levee a dix heures et demie, COMPOSITION DE LA COMMISSION CENTRALli. Elections du 5 deceinbre. i 84 i . MM. ALBEIlT-MoNTjkMOT. Ansart. D'AVEZAC. Bajot. JjAHBli DU BoCAGli. Berthelot. C. Callier. COCHELET. Le colonel Coraboeuf. Le baron Costaz. Daussy. Le colonel Denaix. DtBUC. Le coiilrc amiral Dumont o'Lrville. Le D' W. F. Edwards Eyries, isambert. Li^ cllOV. A\lAl)iE JArBERT, MM. JoMARD. Le baron Ladoucbttk. Gabriel Lafond. De LARENAUDlkRE. De Laroquette. De Mo.\trol. C. More A u. Noel Desvergers. Alcide ii'Orbigny. puii.lon-boblaye. Le baron Roger. Rouxde Rochelle. Le vicomle de Santarem. Teri\aux-Compans. Ch. Texier. Louis Vivien. Le baroD Walckenaei\. Warden, ( 477 ) Seance (lit i 7 deeenihre 1 84 i . La Commission cenlrale reunie sous la presidence de M. Eyries, doyen d'age, et president honoraire de la Societe , precede a I'eleclion des mLinbrts de son bureau pour I'annee 1842. Elle nomme au scrutin : President. — M. ie conlre-amiral d'Urville; V.-Presid. — MM. Jomard et de Laroquetle; Secretaire. — M. Berthelot. Apr^s les operations du scrutin, el avant de quitter Ic fauteuil , M. Eyries adresse k lassemblee une allocu- tion qui est accueillie par d'unanimes appkuulisse- ments. M. le contre-amiral d'Lrville remercie la Commis- sion cenlrale de la nouvelie marque d'eslime qu'ello vient de lui donner en I'appelant aux fonctions de la presidence, el il promtt de faire lous ses efforts pour repondre a celte honorable confiance. M. le President adresse, au nom de I'assemblee, des remerciemenls a MM, les membres de I'ancien bu- reau. M. Berthelot, riielu dans les fonctions de secretaire- general, lit le proces.verbal de la deniiere seance; la redaction en est adoptee. II communique ensuile le proems-verbal de la seance generale du 3 decembre. MM. Cochelet, Edwards ctTexicr, nouvellement ad- mis dans la Commission cenlrale, adressenl leurs re- merciemenls a la Societe , et promellent de concourir a ses utiles travaux. M. le President felicile I'assem- blee de celte precieuse acquisition , et il reclame la coopeiation active de ses nouveaux collogues. M. \illemain, ministre de I'lnslruction publique , ■ ( 47S ) President dc la Society, annonci; ;i la (iominisslon cenlrale qu'il vienl de nieltre h sa disposition , par arrete de ce jour, un certain nombre d'ouvrages, parmi lesquels il a compris parliciiliferement la description de I'Asie Mineure, par M. Ch. Texier, el la collection des Documents inedifs, publics sous les auspices du minis- lere de I'lnstruclion publique. M. \ illemain se felicile d'avoir pu , dans celte circonstance , donner a la So- ci^t^une marque du vif interet qu'ellelui iiis|)ire. La Commission vote des remeiciements aM. le minislie. M. le baron d'Hombres ( Firmas ) , membre de la Societe, ecrit de Naples a M. le president, et le prie de communiquer a la Commission centrale unc Notice sur le Vesuve , qu'il seiait flatte de voir inser^e dans le Bulletin. M. le baron d'Hombres propose pour cor- respondant M. Ferdinand de Luca , ancien professeur de matliematiques, membie de I'Acaddniii' de Naples, et auleur de plusieurs ouvryges de matliematiques , de statistiquc el de geograpliie. M. de Luca desire corres- pondre avec la Societe, el ecbanger ses ouvragcs avec le Bulletin. M. Erman, professeur de I'Universile de Berlin , fait hommage a la Societe de plusieurs ouvrages dont il est auteur; il desire que ses travaux lui meritent le litre lie correspondanl elranger de la Soci6t6. La Commission cenlrale d<^cide que les nonis de MM. de Luca el Erman seronl inscrits sur la lisle des candidals pour les premieres places vacanles de cor- respondanl stranger. M. Roiix de Roclielle propose de nommer six meni- bres adjoinis pour- prendre part aux travaux de la Com- mission centrale. Cetle proposition , conforme aux rc- glements, est prise en consideration, et la nomination est ren\o\ec a la prochaine seance. ( 479) M. Barbie du Bocage oflVe a la Societe, de la pail de M. Ober Mullcr, la promieie leuille de son atlas elli- no-geographique, el il communique surceUe publica- tion una Notice qui est renvoy^e au comite du Bul- letin. M. le secretaire donne lecture de la liste des autres ouvrages deposes sur le bureau, el la Commission cen- trale vole des refnerciements aux donateurs. M. le President offre a la Societe , pour son musee , un eclianlillon de roche qu'il a apporte de la terre Adelie. L'assemblee accueille celte offre avec beaucoup d'interet. M. Jomard rappelle que la Societe a ouvert une sou- scriplion parmi ses membres pour servir i» elever un monument a la memoire de Rene Caillie, voyageur a Temboclou, el il communique, de la part de la veuve, des details sur I'inauguralion de ce monument, qui vient d'avoir lieu a Pont-Labb^. M. Jomard est prie de remellre une Note a ce sujel au comite du Bul- letin. L'assemblee, conformement a ses slatuts , procede a la formation de ses diverses sections el de son co- mity du Bulletin' pour I'ann^e 1842; elle nomme : Alembres de la section de Comptabilile : MM. Roux de Rocbelle , Daussy, Isambert, baron Roger, Eyries et Coraboeuf. Membres du comite du Bulletin : MM. Albert -Monlemonl, Barbie du Bocage, Ber- Ihelot , Boblaye, Callier , Daussy , d'Avezac , Jomard, Noel Desvergers , de Larenaudiere , de Larocpiette et Ruux de Rocbelle. A cause de I'beure avancee , la Commission centrale renvoie a la procliaine seance la composition de ses sections de Correspondanco et de Publication. ( ^8o ) MKMBRKS ADMIS DANS LA SOCIKXi. Seance ^eriornle du 3 drccmhre i 84 i • M. Augusle Barukl, consul tie Franci; a Naldivia. M. Saiat-Hvi'omtk, chef d'escadion au corps royal d'elat-iriajor. Seance du 1 7 decembre 1 84 1 . M. Karl Bodmrr , autour de I'atlas du voyage dans rAnicrique du Nord, execute conjoinlenient avec M. Ic prince de AVied. M. J. M. Cagigai. , colonel du genie, direcleur d<' rAcademie militaire de Caracas, et membre de la di- rection g^neralo des Eludes de la r^publique de Vene- zuela. M. le chev. J. Fr. Lencisa, momhrc corresjiondanl de I'Acad^mie royale des sciences de Turin , etc. , etc. OUVRAGES OFFERTS A LA SOClfe'ri. Seances des '3 ct i y ituvcnibrc 1841. Par S. A. R. le prince royal de Uaneimuk : Aklsykki r, for slorste Delen hidlil ulrxkte, til Oplysning iscer at Daninarks iudre forhold i celdre Tid. Sanilcde og ud- givne af Fyens stills lilcraire Selskab. Odensee , 1841, 1 vol. in-4- Par la Societe royale de Londres : Pliilosopbical Transactions for the year 1 84 1 . Part I , in-4. ParPAcademie royale des sciences de Berlin : Abhand- lunger derkonig. Akad. der Wissonscbaften, iSSy. ivol. in 4- — Bericbl ubor die zur Bekanntmacbung gi'gfn- ten verbandlungender kiiii. , Pieus. Akad. Juillel i84o a juin 1 8^1 , in-8. Par la Societe royale des antiquaircs du Aord : Me- ( 4«' ) moires pour iSSS-iSSg, i vol. in-8. — Annaler for Nordlsk Oldkyndiglied udglvne af dot Kongelige Nor- diske Oldskriftselskab . 1809, 1 vol. in 8. — Nordisk Tidskrift. Tredie Binds , 1'" et 2<>partio, in-8. — Leil- faden zur Nordischen Alterlluimskunde , etc. , 1 vol. in-8. — Det Kongelige Nordiske Oldskrift-Selskab. Aarsberetning , iSSg, 1840, i84i , broch. in-8. — Die Konigliche Gesellschaft fiir Nordische Alterlbums- kunde. i84i , brch. in-8. Par M. le cointe Graberg de Hemso : Degli ullimi progress! della geografia. Milano, 184 i , broch. in-8. Par M. Ferliin : Relation historique des fouilles oper^es dans la Nubie par le D"" G. Ferlini ; suivie d'un catalogue des objets qu'ii a trouv6s dans I'une des qua- rante-sept pyramides aux environs de I'ancienne ville deMero^, et d'une description des grands deserts de Coruscah et de Sennaar, broch. in 4- Par M. Rei'iganum : Ueber Ptato's Ansicht von der Gestall der Erde, in-4. — Par les auteuis et editeurs : Annates maritimes et coloniales, octobre. — Rovue scientifique , octobre. — Recueil de la Sociele poly- technique, septembre. — Journal de la litteratnre de France , juin. Seance du 3 di'cembre 1 84 ' . Par M. le ministre de C instruction puhlique : Voyage dans TAmerique m^ridionale par M. A. d'Orbigny. Sa*", 53* et 54^ liv. — Histoire d'Armenie par le pa- triarche Jean VI, dit Jean Catholicos, traduile de rarmenien en frangais par J. Saint-Martin , ouvrage posthume publie sous les auspices du ministi;re de I'ln- struction publique, 1 vol. in-8. Par M. le ministre de la marine : Voyage autour du XVI. ufecKMBRi:. 10. 5'2 ( 482 ) inonde paries morsde I'lnde el de la Chine, execute sur la corvelle la Favorite , pendant les ann^es i83o, 3i et 3'2 , lomc V, histoire naturelle. - Voyage en Islande el ail Greenland , execiilti pendant les annees i835 et 1 856 sur la corvelle la Recherche , coininandt^e par M. Trelioiiarl , publit^ par ordre dii roi , sous la direc- lioii de M. Paul Gainiard. j"" liv. ]\lin6ralogie el goolo- gie , par M. E. Roljert, 8' liv. Physique, par M. Lollin, Album hislorique, par M. Mayer. ^6'^, 27'', 28''el ag'^liv. — \ oyage aulour du monde . execute pendant les an- nees i836 el 183^ sur la corvelle la Bonite, commandee par M.Vaillant, capilaine do vaisseau , public par ordre duroi , sous les ausj)ices du d^parteinonl de laniarine. Physique, par MM. Darondeau el Chevalier. Observa- tions meteorologiques 1" et 2*^ vol. Album hislorique sous la direction de M. Lauvergne. 1 " a G' liv. Botanique par M. Ch. Gaudichaud , 1" eta' liv. de Tallas. Zoolo- gio par MM. Eydouxet Souleyel. i" a 8" liv. de I'allas. — Voyage aulour du monde sur la fn^gate la Venus ^ pendant les annees i83G- iSSg, public par ordre du roi , sous les auspices du minislre de la marine , par M. Abel du Pelil Thouars , capilaine de vaisseau. Re- lation i\K\ voyage, tome I et II. Atlas pitloresque, i"a 12'^ el derni^re livraison. — Campagne de circumna- vigation de la fr^gale VArtemisc, pendant les annees 1 83;, 1 858 , 1 839 et 1 840, sous le coramandement de M. Laplace, capilaine de vaisseau, publie par ordre du roi, sous lesauspicos du minislre de la marine, tome I. — CarL^shydrographiqutspubliees au Depot g«^n6ral de la marine on i84i. IN "929. Plan de labaiedelaMagdcleine au Spilzbergjcvcen aoOti859. — 930. Carle particu- li6re descolesdcFiance, parlie comprise enlrele Havre ct Elrelal. —95 1 Carle parliculiere des coles de France, parlie comprise enlre le cap d'Anlilcr et Conleviiie. ( 483 ) — qSa. Plan de Fecamp et de ses environs. — gSS et 934. Cartes parliculieres des coles de France , parlie comprise entre Saint - Pierre- en - Port et la poinlo d'Ailly, etentre la poinle d'Ailly etTre|)ort. — qSo. Plan de Dieppe et de ses environs. — 93G. Plan de Treport et de ses environs. — gSy. Carle particuliere des cotes de France, parlie comprise enlre Tr^porl el l;i pointe de Saint-Quentin. — 938. Carte particuliere, etc., embouchures de la Somme et de TAuthie. — gStj. Carte du bassin compris enlre la Sardaigne, I'lla- lie et la Sicile. — g/Jo. Carte des alterages de Vera- Cruz , lev6e en juin el juillet i85g. — 94'. Carte des mouillages de Vera-Cruz et d'Anton Lizardo, lev^e en avril el mai 1839. — 942. Carle des lies Maldives. — 943. Carte des iles Cbagos. — Ex|)osition du sysleme des venls par M. Lartigue. 1 vol. in-8. — Instruction pour remonter la cote du Brt^sil , depuis San-Luiz de Maraiihao jusiju'au Para, pour descendre la riviere de ce nom et pour en deboiiquer, par M. Ch. Ph. de Ker- ballet, d'apres les notes recueillies dans une camj)a- gne auBr^sil, a bord de V Adonis, en iSSy, 38, 39 et 4o. Broch. in-8. — Inslruclions nauliques sur les ports a poivre de la cole 0. de Sumatra au nord d'A- nalaboo, par James D. Gillis, i834; traduites de I'an- glais par M. Picard. Broch, in-8. — i\'ouvelle mc- Ihode pour calculer la marche des chronom^tres , par M. Daussy. Broch. in-8. Par le Depot general de la guerre : Nouvelle carte lopographique de la France, feuilles 43, Granville. 81, Sens. 11 ), Monlbeliard. 126, Besancon. iu7,0r- nans. i38, Lons-le-Saunier. i3(j,B()urg, et 168, Lyon. — Positions g^ographiques el hauleurs absolues des principaux points des feuilles ci-dessus. Broch, in-4. — Carte lopographique des pays compris enlre la^ ( 484 ) Fi\ince,iesPii} s Bas el le Rliin, dressee d'apres les ope- rations gt'odesiques , el les Jev^s ox^cules par Ics offi- tiers dii corps dos ingenieurs-geograplies de 1801 h 1814. gravee au Depot general de la guerre a I'^chelle d'un metre pour 100,000 metres; lerminee sous la di- rcclion de M. le lieutenant-general Pelet. i5 feuilles el 2 supplements. — Cartede laregence de Tunis, dres- see au Depot general de la guerre, sous la direction de M. le litulcnant-general Pelet , d'apres li s observations et les reconnaissances de M. Falbe, capilaine de vais- seau danois; de M. Pricol de Sainle-Marie, capilaine d'elal - major , et d'apres les renseignemenls recueillis par eux a I'^chelle de T.VoT. 2 feuilles. Par AJ. C. Collier : Carte de la Syria meridionals et de la Palestine, dressee en i835 d'apres les ordres du directeur du Depot general de la guerre, lieutenant-ge- neral Pelet, par Camilla Calller, chef d'escadron au corps royal d'eial-major , d'apres ses observations et ses reconnaissances, failes en i832 et 35 a Tecbelle de i«oVo 1 feuille. Par r Academic inipcrinle des sciences de Saint-Peters- boiirs: M^moires de I'Academie. Sciences mathemali- (|U('s, pb\si(]u('s et nalurellos; premiere parlie, I. II, 5' el G' liv. ; Sciences politiques, bisloire, pbilologie , t. IV, 0' liv. ; I. V, I", 2% I' el 4", liv. ; M^moireslusa I'Acadt'mie par divers savants, I. IV, 5' et 4' liv. — Recueil des actes de la stance publique de I'Acade- mie, lenue en 1840. Broch. in-4- I'ar Id Societe royale <^'eog-ra/j/ii(jiic de l.ondres : Jour- nal of liie ro\al geographical Society , vol. XI, par- lie ^^ in 8. Par :\J. D.'iissf : Memoire descripliT de la loiilt' d^' Tehran aMicl.ed, tl dcMichcda \ ezd , rcconuue en ( 485 ) 1807 par M. Truilhier, capitaine au corps du genie , suivi d'un Memoire sur les ol)sorvalions failes en 1807 par le c apilaine Tiiiilhier , dans son voyage en Perse, par M. Daussy, et acccimpagne de 5 carles ilineraires, I vol. in-8. Par M. Arthus Bertrand : La Syrio sous le gouverne- ment de Meliemet-Ali jusqu'en nS4o . P^r ^1- ^ • P^r- rier ; ouvrage precede d'une introduction , par M. Ch. II. (Pastille , 1 vol. in-8. Par M. Cortambert : Reponses aux questions de geo- graphic , contenues dans le programme adopte pour I'examen du baccalaureat es-!eltres , j vol. in-18. Par M. le colonel Long : Description of col. H. S. Long's Bridges, together with a series of directions to Bridge builders, 1 vol. in-8. —Report from the secretary of war, transmitting, in compliance with a resolution of the Senate, a report of the improvement of Red River. Broch. in-8. Par M. E. Bobert : Rapport fait a I'Academie des sciences sur les observations geologiques , recueillies en i838 et i83(j, pendant I'expedition nautique el scienlifique du Nord , par M. Eugene Robert. In-zj. Par M. le conite Graberg de Hemso : Relazioni com- merciali dell' Egilto , dell' isola di Candia , e della Siria coi porii deir Italia e principalmente con quello di Livorno. Broch. in-8. — Observations authentiques sur la peste du Levant et sur la verlu specifique de I'huile d'olive contre celle eilVayante maladie. Br. in-8. ( La suite des oavroqes offcrts an nnitiero procluiin ). TABLE ]JES MATIERES CONTBNVBS DANS LE XVr VOLUME DE LA 2' SERIE. N"^91 a 96. ( Juillcl a Decciiilire 1841. ) PREMltRE SECTION. MfeMOIRES, KXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. P.iges. Fragment d'uii Voyage ilaiis I'lmle. — Cananor. — Cocliin. — Travancor, par M. TJi. Pavie 5 DescripiiuM des monis Apalaches, par M. W. C. Woodbbiuce. 23 ) 'u Melas lie CappO'loce, par M. C Callier Sg Note sur las operati), |ini M. A.-M 182 Le Tunnel de la Tamise, a L'.ndres 188 Moeurs et coutumes des Eskimaux, d'apres les recits des der- niers voyageurs. par M. Albert-Montemoist 189 Extrait d'un ouvrage iiiedit de M. le vicnnite dc Santarem , in- titule : De la Priotile de la Decouverte iles cutes occidentales de I'Afrlfjue situees aii-delh du cap Oojador, par les Portugais. in 1 Des Expeditions du colonel Ch?sney^ dans le but d'etudier la navigation de i'Euphrale. — I'arallelc entre cette navigation et celle du Nil et de la mer Rouge. — Tableau compare de plusieurs voies derommunicafion entro I Angleterre et I'lnde, par M. le comte Ad. de Garaman jrS Notice sur la position des poles maf;nctlques de la terre, par M. L. I. iliipERREY. . . 3i4 Sur le levo trigonometrique de I'Etat de Massachusetts, par M. P. Daussy 324 Positions ge'ographiques dans I'lle de Ceylan, par M. P. DiussT. 332 DEUXifeME SECTION. ACTES DE LA SOCliT^. Assemhl^e generate du 3 d^cetnhre 1841. Discours prononcc par M. Villf.main, ministre de I'lnstruction piiblique, president de la Societe 337 Apercu des resultats (jeneraux obtenus par la Societe de geo- graphie depuis son origine jusqu'a ce jour , par M. d'Avezac , secretaire de la Societe 343 Rapport sur les travaux de la Societ<' de geographie et sur les progres de la science |>endant I'annec 1841 , l>ar M. S. Ber- THEioT, secretaire-generai de la Commission centrale. . . 35 I ( 488 ) Noticp sur -1/. tie Lurochfjoucuuld due de Douileauvillc^ ancieii ■ pri'siilent de la Socielc de jjeographie, par M. Horx de Ko- CQELLE, membre de la Commission centrale ;^5q Compte-rendu des recettes et dcpensos de la Societe pendant I'exercice i84'>-i84' 47" I'roces-verbaux des stiances dt la Coiumis.sioii centrale, de juillet a decembre . . . 65, l33, 197, 265, 335, et 4"' Proces-vei-bal de la seance generale du 3 decembre i84i- • 474 Membres admis dans la Societe. . 70, i36, 198, 270, et 4^0 Ouvrajjes offerts a la Societe 70 , 198 , 270, et 480 PLASCHES JOINTES kV 1 6' VOLUMR. Esquisse des princij)ales cliaines des mont« Apalacbes, par M. W. C. \VoO(lbrid{;e 25 Carte des decouvertes du capitaine James Ross vers le pole an- tarctique 63 Carte reduite du capitaine Chesney, pour rinteiiigence de son Memoire sur I'Euphrate 273 FIN nE \.k TAB IE E)U I 6' VOUMR.