MÎIt>îîlli«! - ■"-A X/£ M Su/ 3 BU L LETIÎN ■ .■>• DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE DE CHERBOURG 3° ANNEE Année 1871 ■» .* CHERBOURG IMPRIMERIE n'AUGUSTE MOUCIIEL, PLACE !>U CHATEAU BULLETIN DE LA SOCIETE D'HORTICULTURE DE CHERBOURG 3e ANNÉE Année 1871 CHERBOURG IMPRIMERIE D'AUGUSTE MOUCHEL, PLACE DU CHATEAU Ko t/. 3~? Les idées développées dans les Rapports et Mémoires insérés au Bulletin sont personnelles aux auteurs. COMPOSITIOiN DU BUREAU Pour l'Année 1872 : MEMBRES D'HONNEUR PRÉSIDENT D'HONNEUR M. Amiard, sous-préfet de l'arrondissement. PRÉSIDENT HONORAIRE M. Liais, Alfred, maire de la ville de Cherbourg. ADMINISTRATION MM. Liais, Emmanuel, directeur de l'Observatoire impérial du Brésil, ancien membre de l'Observatoire de France, président, rue du Bac, 122, Paris, ou rue ded'Abbaye, Cherbourg. Docteur Renault, vice-président, rue du Chantier, 108. Orry, avoué, id. rue Christine, 27. Docteur Guiffart, conseiller d'administration, rue Napoléon, 32. Baud, lieutenant de vaisseau retraité, conseiller d'administration, rue Saint-Sauveur (Octeville). Orange, agent comptable de la marine retraité, trésorier, rue Bonhomme, 38. Rossel, Alfred, secrétaire^ rue du Val-de-Saire, 103. Lelièvre, Paulin, secrétaire-adjoint. Devinck, id. Ternisien. Pierre, bibliothécaire, rue Christine, 24. Balmont, Amédée, bibliothécaire-adjoint. Vastel, garde-magasin. Marquand, Olympe, délégué spécial chargé d'adresser les invita- tions pour l'inhumation des sociétaires, Grande-Rue, n?. 11. COMMISSIONS PERMANENTES COMMISSION DES CULTURES d' UTILITÉ MM. Docteur Renault, président. Michel, propriétaire, rue Sainte-Honorine, impasse Martin, vice- président. Rossel aîné, aide-commissaire de la marine, rue d'Inkermann, rapporteur. Cavron père, horticulteur. Maillard, sous-agent comptable de la marine. Amiot, commis de marine retraité. Henry, Ernest, aide-commissaire ue la marine, rapporteur- adjoint. COMMISSION DES CULTURES D'AGRÉMENT MM. Orry, président. Levastois, propriétaire, rue Napoléon, 26, vice-président. Henry père, sous-commissaire de la marine, rue de la Polie, 62. rapporteur. Valette, propriétaire. Balmont, horticulteur. Frouin, capitaine d'infanterie de marine retraité, rapporteur- adjoint. BULLETIN DE 1871 TABLE MM. P. Leliévre H. de la Chapelle Rossel (Alfred) F. Dalidan Cavron Rossel Aîné H. de la Chapelle RÉDACTION Rossel (Alfred) Dr Ch. Renault H. L. C. L. Devinck RÉDACTION Id. Id. PAGES Composition du bureau pour Tannée 1872. 3 Aux lecteurs du Bulletin 5 * Chronique horticole 14 Bibliographie 18 Les Tulipes naines hâtives 20 Maladie des grappes de raisin dans les serres 26 Soins à donner à la ciboule 32 Le Jardin de M. Le Vastois à Brix 35 Revue des Publications 39 Culture du Rosier, taille en cordons 43 Cours de botanique élémentaire 46 Les Jardins et les Jardiniers de Cher- bourg 52 Rapport de la commission chargée de rechercher un terrain propre à la créa- tion d'un jardin-école 57 Programme de la 20e exposition horti- cole 61 Destruction des insectes nuisibles à l'hor- ticulture 65 Nécrologie • . 66 Membres admis pendant l'année 1871 72 lWBMB&B&Bg2!3Bmj!: U AUX LECTEURS DU BULLETIN La guerre ! Tel était le motif du retard apporté dans la pu- blication du 4e Bulletin de 1870. La guerre était terminée et nous allions nous mettre à l'oeu- vre pour reprendre le cours de nos travaux, lorsque la mort, la maladie, sont venues jeter dans nos rangs le trouble, la tris- tesse et la désolation. Et parmi les membres dont nous déplorons amèrement la perte, nous comptons M. Dalidan, président de notre société, l'un des fondateurs de ce Bulletin, au succès duquel il avait tant contribué et par ses écrits toujours si pleins d'intérêt et d'un style si élégant, et par les soins incessants qu'il y consacrait. Voilà pourquoi notre première page est encadrée de noir en signe de deuil; car, ne voulant pas interrompre davantage la série de nos publications, nous avons résolu, malgré la doulou- reuse épreuve que nous subissons, de faire paraître un Bulletin portant les numéros 1, 2, 3, 4, année 1871. D'ailleurs, en pu- bliant ce Bulletin, nous obéissons aux dernières volontés de notre digne président. Mais, avant tout, qu'il nous soit permis de dire pour quels motifs la Société d'Horticulture conservera toujours précieuse- ment le souvenir de la présidence de M. Dalidan. Depuis longtemps déjà, rapporteur de la commission des cultures d'agrément, il s'était fait remarquer par un caractère affable et toujours courtois, et par un dévouement sans bornes, lorsque, par suite du décès du regretté M. Gervaise, il fut nom- mé, le 27 décembre 1868, président de la société, pour ainsi dire malgré lui, et à l'unanimité des membres présents. Aussitôt, il se mit à l'œuvre, et grâce à ses efforts et à son exemple entraînant, le nombre des sociétaires qui, lors de sa nomination, était de 250, se trouva porté, dans le courant de 1869, à 387. Ce résultat fut acquis, surtout, par suite de démar- ches personnelles et de lettres circulaires pleines de persua- sion, par suite de l'exposition de 1869, si brillante sous son intelligente direction, et au succès de laquelle il avait su inté- 1 &: l'éloge qu'il mérite. Sa modestie, qui rehaussait encore les » vertus que nous aimions en lui et qu'il garde, sans doute, » comme un précieux parfum de la vie meilleure où il vient » d'entrer, en souffrirait trop, et il me faudrait vous retenir » ici plus longtemps que je ne le désire. Pourquoi, d'ailleurs » vous parlerais-je de cette douce affabilité, de cette parfait»! » courtoisie qui étaient, chez M. Dalidan, comme un gracieux » ornement des plus solides qualités de l'esprit et du cœur, » et qui faisaient de lui l'homme le plus aimable, en même » temps qu'un citoyen utile, un ami sur et fidèle. Il a été » donné à ia plupart d'entre vous d'apprécier ces qualités » charmantes de notre président, et vous en gardez un souve- » nir ineffaçable qui me dispense de vous le rappeler. » Je veux donc seulement, au nom de tous ses collègues de » la Société d'Horticulture, rendre à M. Dalidan un public » hommage d'affection et de reconnaissance; je veux seule- » ment, au nom de tous ceux, qui, comme moi, l'ont vu à » l'œuvre, témoigner ici du zèle infatigable, du dévouement » sans bornes qu'il apporta jusqu'au dernier souffle de son » existence, dans l'accomplissement des devoirs de la prési- » dence qu'il n'avait acceptée et qu'il ne conservait que par » amour du bien public. L'amour du bien public ! » Tel était, messieurs (et je tiens à le dire bien haut !) tel » était le noble mobile de la conduite de M. Dalidan; la pensée » incessante qui le dirigeait, le soutenait et ranimait ses for- » ces que depuis longtemps, hélas ! nous étions désolés de voir » défaillir. — Son esprit élevé avait compris, en effet, la haute » utilité des société horticoles, qu'il ne regardait pas, lui 1 » comme de frivoles associations; car il savait que tout ce qui » tend à augmenter, à améliorer les productions du sol, tend » par cela même, à augmenter aussi le bien-être des popula- » lions et la richesse du pays. Aussi, avec quelle ardeur pous- » sait-il notre société dans cette voie d'étude,, d'expérimenta- » tions et de vulgarisation qui est sa mission véritable. C'est, ( 12) » grâce à sa puissante impulsion que notre société a pu re— . » prendre la publication de ce Bulletin horticole, au succès » duquel il a tant contribué par les écrits de sa plume élégante » et facile, et que les plus éminents d'entre vous enrichissent, » chaque mois, de leurs doctes leçons, de leurs observations » précieuses et de tant d'utiles enseignements. » Un des rêves de l'âme généreuse de M. Dalidan, c'était » de doter la ville de Cherbourg d'un jardin public, qui, dans » sa pensée, n'aurait pas été seulement un but de prome- » nades utiles et charmantes, précieux surtout pour ceux— là » dont le modeste jardin n'occupe que le seuil de leur fenêtre, » mais aussi un champ d'expériences intéressantes et fécon- .» des, d'acclimatations qui auraient enrichi nos cultures, un » modèle et un enseignement. Vous dire ce qu'il a dépensé » de temps, de soins et d'énergie à la poursuite de ce but dont » il a préparé le succès futur, ce serait vous raconter ses pré- » occupations de tous les instants, et je n'y suffirais pas. Du » moins, cher et regretté Dalidan, vos derniers jours auront » été. consolés par l'espérance d'une prochaine réalisation, » dans la limite de ce qui nous est présentement possible, de » ce projet que vous carressiez avec tant d'amour ! » Quant à nous, chers collègues de la Société d'Horticulture, » aucun de nous n'oubliera que la meilleure manière d'hono— » rer la mémoire de celui qui fut notre président, la plus digne » de lui, c'est de marcher résolument dans la voie qu'il nous » a tracée et de poursuivre avec une ardeur pareille à la sienne, » l'accomplissement de son œuvre de prédilection. Nous n'y » faillirons pas ! Sur sa tombe encore ouverte, nous jurons » tous d'y consacrer nos soins et nos forces. » Lettre de M. l'inspecteur principal des douanes, publiée dans les journaux du 7 décembre 1871. Cherbourg, le 5 décembre 1871. « Monsieur le directeur, » M. Dalidan, cet homme de bien que regrette Cherbourg » tout entier, et auquel ses concitoyens, en si grand nombre, ( 13 ) » ont voulu donner une marque touchante de sympathie et de » regrets, en l'accompagnant à sa dernière demeure, était » pour nous, douaniers, un ami, un collaborateur hautement » estimé. Sa perte est un grand deuil pour nous, et nous avons » voulu en donner une preuve éclatante à sa famille, en ren- » dant ostensiblement au défunt nos plus grands honneurs. » Nous espérons qu'en consacrant à notre regretté cama- » rade les quelques lignes où vous reproduisez les paroles si » pleines de cœur et si justement méritées, que l'honorable » M. Orry a prononcées sur sa tombe, vous aviez bien voulu » vous souvenir, monsieur le directeur, que ce cher Dalidan,, » ce distingué et dévoué président de la Société d'Horticulture, » était aussi commis principal de douanes, et qu'autour dé » ses restes inanimés se pressaient, graves et recueillis, non— » seulement tous les employés de la douane de Cherbourg, » chefs et sous— ordres, mais encore leurs collègues des envi— » rons, accourus avec empressement pour assister à la pieuse o et touchante cérémonie. » Gomme nous tenons à ce qu'on sache le cas que nous fai- » sions de M. Dalidan, je vous serais extrêmement reconnais- » sant, monsieur le directeur, de vouloir bien insérer ma lé- » gitime réclamation dans votre plus prochain numéro. » Recevez, etc. » L'inspecteur principal des douanes, » De Batsalle. » ( 14 ) CHRONIQUE HORTICOLE Travaux de la Société. — Un jardin disparu, un mauvais voisin comment on créait un jsrdin il y a trois siècles, éloge rétrospectif. — Tout vient à point à qui sait attendre : nous attendons, mais nous n'oublions pa3. — Un nouveau genre d'écurie, ses inconvé- nients pour la végétation, remède et résultats. — Vœux et projets d'embellissements, adresse à qui de droit. — Deux jolies serres. — Abris pour palmiers. — Recette pour sentiers de jardin. Dans le premier semestre de cette année, notre société a repris ses travaux, interrompus pendant la guerre. M. Michel a recommencé, devant son fidèle auditoire, ses leçons si pré- cieuses d'arboriculture . Plusieurs jardins, plusieurs cultures ont été visités. Nos séances ont repris leur aspect accoutumé. Une nouvelle commission a été créée, tant pour faire connaître, jour par jour, dans un travail spécial, les variations atmosphé- riques du climat de Cherbourg, que pour tenter la vulgarisation des connaissances météorologiques. Les circonstances ne nous ont pas permis de donner cette année quatre Bulletins, ce que nous espérons faire l'année prochaine. Pendant cette même période, un jardin fort intéressant, non moins par la beauté de ses cultures que par sa situation émi- nemment pittoresque, a été sacrifié sans merci aux exigences de la défense nationale. Bien que la société n'ait jamais fait de ce jardin, que je sache, l'objet d'une visite spéciale, il mé- rite, je pense, que quelques lignes de souvenir lui soient ici consacrées. Je veux parler de la charmante propriété qui s'ap- pelait l'Ermitage-de-Haut : elle se trouvait trop rapprochée du fort du Roule, ou plutôt c'est ce voisin peu tolérant qui était venu s'établir trop près d'elle. J'avais visité, il y a quelques années, sous la conduite obli- ite du ^propriétaire, ses divers jardins que séparaient do doubles haies de grands arbres, et qui étaient bien remplis d'arbres à fruit, de légumes et de fleurs, dont la belle végéta- ( 15 ) lidn était surprenante dans ce petit nid de faucon, arrosé, du reste, par une source qui ne tarit jamais. Que reste-t-il aujourd'hui de ce lieu charmant ? Un sol nu que recouvrent déjà la bruyère et l'ajonc épineux : pas un arbre n'est resté pour indiquer la place où fut jadis l'Ermitage-de- Haut, avec ses jardins que les bons religieux avaient créés en apportant sur leur dos la terre végétale qu'ils prenaient au pied de la montagne. Ces patients travailleurs ne méritent-ils pas que la Société d'Horticulture décerne une mention hono- rable à leur mémoire ? — De l'Ermitage-de-Haut à l'Ermitage-de-Bas, la transi- tion est toute naturelle. Celui-ci, au contraire, Teste ce qu'il était, et ne parait pas devoir devenir de sitôt ce que nous vou- drions bien qu'il devint, et ce n'est pas une destruction que nous avons en vue, loin delà ! Mais un brouillard épais s'étend sur notre projet de jardin public du Roule, et quand verrons- nous les rayons d'un soleil bienfaisant dissiper ses vapeurs ? Hâtons-nous d'ajouter que cette brume cache, mais n'anéantit pas notre projet, qui reste tout entier dans son principe. — Pendant la guerre, lorsque des détachements de cavale- rie séjournaient à Cherbourg, on avait, dans la précipitation qu'exigaient les circonstances, attaché les chevaux de troupe aux arbres de nos promenades. Ces arbres n'ont pas tardé à être privés de leur écorce, à un mètre de hauteur, par les bel- liqueux animaux, qui tenaient à ronger autre chose que leur frein. Aussitôt après le départ de la cavalerie, et par les soins attentifs de M. le conservateur des promenades, les arbres ont été recouverts d'un enduit d'argile et de foin tordu avec un engluement et une application d'onguent de Saint-Fiacrç pour remplacer l'écorce disparue. La société a suivi avec un vif intérêt cette médication : des hommes compétents ont préconisé le procédé, et la belle végé- tation qu'offraient, cet été, les arbres ainsi traités, semble consacrer, par le succès, l'emploi des moyens employés. Les pertes, si toutefois il en existe, se réduiront à fort peu de chose. ( 16 ) — Le Phare delà Manche, toujours prêt à signaler tout ce qui se rencontre d'intéressant au point de vue horticole, fait connaître, dans son numéro du 20 août, que plusieurs arbres de la rue de Paris et de l'avenue Reibell, c'est-à-dire des deux côtés du canal de Retenue, ont perdu leur feuillage; je ne sais s'ils le retrouveront. La perte de ces arbres ne parait pas se rattacher aux motifs dont il est parlé plus haut. Dans tous les cas, qu'il me soit permis d'émettre le vœu que, pour varier l'ornementation de nos promenades,, ceux de ces arbres qui devront être remplacés le soient par des chênes verts ou par d'autres arbres nouveaux, plus intéressants encore. — Pouvons nous citer, comme modèles de belle végétation, les divers petits squares que la ville possède, près de la gare, du pont du Roule, de l'église N.-D. -du- Vœu ? Des soins plus importants, il faut le dire, ont forcé la ville de négliger un peu ces petits bosquets, qui laissent à désirer. Dans d'autres cités, à Lille, notamment, des squares de ce genre ont été établis, et sont entretenus, avec l'aide d'une faible subvention, par la Société d'Horticulture. Ne pourrait-il pas en être de même à Cherbourg ? Notre société, qui depuis trente ans, s'en tient, à son grand regret, à ses séances mensuelles, aux travaux de ses commissions, àses visites de cultures, ne pourrait-elle être mise en mesure de montrer au public son utilité plus effi- cacement que par ses trop rares expositions ? En attendant qu'un champ plus vaste soit concédé à son activité, elle pour- rait non seulement prendre soin des squares existants, mais encore en créer de nouveaux sur divers points qui semblent réclamer ces embellissements ? L'église N.-D. -du- Vœu, par exemple, qui possède dans l'angle formé par l'abside et l'aile sud un petit massif de verdure, pourrait être décorée de même du côté du nord, ce que semble exiger la symétrie. La large rue qui aboutit au portail de la même église, gagnerait beau- coup, ainsi que le coup d'œil général de l'édifice, si elle était plantée d'une double rangée de marronniers blancs et roses. Il existe d'ailleurs, dans la ville, d'autres points susceptibles d'être embellis d'un bouquet de verdure. Ce serait à vous, ( 17 ) mesdames, ce serait à vous, messieurs, de nous signaler les principaux embellissements à faire, et de nous prêter votre concours. Il faut que la Société d'Horticulture s'étende de plus en plus,, afin que les améliorations obtenues soient bien l'œuvre de tous. Non seulement la verdure est agréable à l'œil, mais encore la présence des végétaux nous est favorable au point de vue hygiénique. Puisqu'il ne nous est pas possible de rétablir l'Er- mitage-de-Haui, au moins que quelques arbres, que des mas- sifs d'arbustes bien choisis viennent remplir les vides inutiles qui existent encore dans la ville de Cherbourg. Un arbre assez rare, X acacia dealbata, que l'on voyait près du mur de l'arsenal de la guerre, et qui avait été cité par M. André, n'a pu résister aux rigueurs du dernier hiver. — Permettez-moi de citer un bijou de serre que j'ai été admis à visiter au mois de novembre. Cette serre est la pro- priété et l'objet des soins de madame Suau, l'une de nos dames patronnesses. Fougères, arbustes, palmiers, bégonias, tout y est de la plus grande fraîcheur, et je suis autorisé à propo- ser qu'une délégation de notre société en fasse une visite ap- profondie. Cela ne sera pas long, mais ce sera extrêmement intéressant. Cette serre communique avec un petit salon, au premier étage. Le même jour, j'ai visité un autre petite serre que madame- Roux a fait établir au mois de juin dernier. Cette serre qui communique avec la salle à manger, promet d'être aussi une petite merveille ; elle est déjà fort intéressante, ainsi que le tout petit jardin qui y est attenant. Dans ces deux serres on cultive Yadiantum moritzianum provenant de chez M. Levastois, dont les plantations font l'objet d'un article spécial que l'on trouvera plus loin. — Dans l'Illustration horticole, de février-mars 1871, on trouve la description d'un abri pour palmiers : c'est une simple toile disposée en dôme sur deux cerceaux en croix, montée sur quatre bâtons. On a adopté ce système au jardin botanique de Nantes. — Quand l'adoptera-t-on dans celui de Cherbourg? ( 18 ) On y trouve aussi la recette suivante pour sentiers de jardin, 3 parlies de gravier passé à la claie, 1 partie de chaux criblée, coaltar ou goudron en quantité suffisante pour en faire un épais mortier. Epaisseur, 4 ou 5 centimètres pour sentier de piéton, le double pour allée de voitures. On unit la surface avec le dos de la bêche, et on pose sur le sol drainé et bien nivelé. Cherbourg, le 24 novembre 1871. H. de la Chapelle. BIBLIOGRAPHIE Nous nous faisons un devoir de signaler aux lecteurs du Bulletin l'excellent ouvrage de M. Ch. Baltet, de Troyes, Cul- ture du Poirier, édité par la maison Victor Masson et fils, place de l'École-de-Médecine, Paris, 1867, et dont deux exem- plaires sont parvenus à la bibliothèque de la société. Cet ouvrage, d'une centaine de pages à peine, contient as- surément plus d'enseignements utiles que certains gros volu- mes publiés sur la matière. Il se divise en deux parties : l'une résume tout ce qui a éié dit jusqu'à présent sur la culture « du premier de nos arbres à fruits comestibles, » pour nous servir de l'expression même de l'auteur, et traite successivement: des terrains propres à la végétation du poirier; des latitudes, des situations qu'il préfère; des moyens connus de le repro- duire, de le multiplier par le semis ou la greffe; des formes avantageuses sous lesquelles on le dirige: palmetie, fuseau, candélabre, éventail, pyramide, cordon, etc., quel- ques vignettes intercalées dans le texte facilitent encore l'intelligence des explications si correctes et si lucides de l'auteur; enfin, la plantation, la taille, la récolte, la restauration du poirier font l'objet d'autant de chapitres importants. ( 19 ) La 2e partie du travail de M. Gh. Baltet présente une heu- reuse classification par mois, dans l'ordre de leur maturité, des cent meilleures poires cultivées de nos jours. C'est vraiment là, surtout, que se révèle le talent de l'écrivain; que le savoir, la haute expérience du praticien se reconnaissent avec évi- dence. La description des fruits y est si habilement faite, en quel- ques lignes, et si frappante, que,. sans autre guide que ce petit ouvrage, il nous est arrivé de désigner plusieurs variétés de poires inconnues dans plus d'un jaz^din de la localité. La nuance, l'aspect du fruit, son eau, sa chair, son 'parfum, tout y est dépeint avec une rigoureuse exactitude. L'exposition qui convient à chaque variété, le mode de taille à court ou à long bois, selon la vigueur des sujets; rien, en un mot, n'est omis dans cet utile ouvrage, et c'est à ce titre que nous le re- commandons sérieusement à tous les amateurs d'arboriculture fruitière. Nous ne terminerons pas ce rapide exposé sans nous réjouir encore de l'heureuse issue donnée par notre municipalité à la question de concession d'un terrain communal à la Société d'Horticulture, en vue d'y créer un jardin d'expérimentation. Que de choses à expérimenter,- en effet, dans notre fertile région ! Pour ne citer qu'un exemple entre mille, M. Ch. Bal- tet, et nous avons garde de le contredire sur ce point, indique l'espèce Beurré Bachelier, comme vigoureuse. A Troyes et ailleurs, c'est bien possible, mais à Cherbourg, nous ne l'avons rencontré jusqu'ici que sur des bois grêles. Ne doit-on pas attribuer cette différence constatée aux influences climatéri- ques dans lesquelles nous vivons, plutôt qu'à un modevicieux de plantation ou à un défaut de culture? Nous le croyons. Question réservée cependant sur laquelle nous aurons à pro- noncer dans un avenir prochain. Alfred Rossel. (20) LES TULIPES NAINES HATIVES Messieurs, L'article sur les tulipes naines hâtives, que nous publions aujourd'hui, date déjà de plusieurs mois ; des circonstances inutiles à rappeler, en ont retardé la publication. Dans une précédente réunion, vous vous le rappelez, M. Balmont a offert à la société de soumettre à son examen une collection de tulipes naines hâtives, en pleine floraison, dans son jardin de la rue de la Duchée, n° 48. Cet appel a été en- tendu, et votre commission des cultures d'agrément s'est trou- vée elle-même réunie au grand complet, le 9 avril, pour juger la collection indiquée. Elle a fait cette démarche avec d'autant plus d'empressement, qu'en tout, en horticulture comme dans d'autres branches de travail, les collections sont relativement rares : cela tient à ce qu'elles exigent non seulement du savoir et de l'initiative de la part des' praticiens, mais encore certains frais qui peuvent rebuter quelquefois. C'est précisément un double motif, pour ne pas laisser échapper l'occasion d'examiner celles qui se pré- sentent à nous, et chez MM. Balmont, les collections sont nombreuses. La commission a vu avec un vrai plaisir leurs tulipes naines hâtives: le détail que je vais vous en faire justifiera, je crois, la louange de cette collection. A cet égard, cependant, une courte explication est néces- saire. La commission sait, et c'est assurément votre opinion aussi, qu'en fait de tulipes, une grande réserve dans les éloges est de rigueur, à moins qu'il ne s'agisse de collections hors ligne. Or, dans ces collections hors ligne il n'est admis, en 1er or- dre, que des tulipes simples, tardives, et, en second ordre, des tulipes doubles tardives, et de grande taille : les tulipes naines hâtives sont laissées hors classe par les grands amateurs. ( 21 ) Cela ne veut pas dire que le tulipe naine n'ait jamais été ju- gée digne de culture dans différentes contrées, et dans des jardins en renom. Si vous interrogez, à cet égard, des person- nes en mesure d'être bien renseignées, elles vous diront que, dans la Touraine, dans l'Anjou, dé riches collections de tulipes naines émaillaient des jardins de praticiens renommés, à une époque déjà fort éloignée de nous, il y a plus de 25 ans. On a donc pu, et on peut encore, sans déroger à la dignité horticole, être collectionneur de tulipes naines. Cette conviction se fortifie à la vue d'une tablette de ces jo- lies fleurs. C'est ainsi que tous les membres de la commission ont été unanimes à reconnaître que l'exiguité même de la taille des tulipes de M. Balmont offre cet avantage particu- lier, que les fleurs se trouvant plus raproehées du sol, émail- lent mieux de leurs mille couleurs, le terrain qui les nourrit, que ne le font d'ordinaire les tulipes de haute stature. Leur précocité assure d'ailleurs à nos jardins un ornement des plus intéressants, à une époque où la nature est encore avare de fleurs; elle a le mérite de précéder, d'un mois, la flo- raison des autres tulipes; elle permet aussi de les relever de bonne heure, dès la fin de mai, pour les remplacer par des plantes de la saison qui s'ouvre. On reconnaît que l'arrachage peut s'effectuer quand la hampe est devenne flexible au point de s'enrouler facilement autour du doigt. La commission a trouvé, dans toutes les tulipes mises sous ses yeux, un bon choix, et les caractères de beauté recherchés par les connaisseurs, c'est-à-dire une tige ferme et droite, une fleur dressée se tenant bien, et ayant toute ses divisions égales en hauteur, un peu épaisses, et surtout arrondies au sommet; enfin des coloris vifs et tranchants sur celui du fond. La collection se compose de 44 tulipes simples et de 23 tulipes doubles. La «nomenclature de ces fleurs et l'indication du coloris de chacune d'elle peut avoir de l'intérêt pour les amateurs.Je crois 2 (22 ) donc ne pouvoir mieux terminer cette courte notice qu'en don- nant les détails qui suivent : Tulipes simples. 1. Archiduc d'Autriche : Rouge largement bordé de jaune, fleur très-grande, beaucoup d'éclat. C'est une des plus belles. 2. Armes de Leyde : Fond blanc, panaché et strié de rose, cerise; — originale. 3. Belle Alliance : Ecarlate foncé, unicolore. 4. Chapeau de Cardinal : Cramoisi foncé, bordé feu, très- brillante. 5. Claermont d'argent : Fond blanc, très-largement bordé cerise. 6. Duchesse de Parme : Rouge foncé, liseré orange. 7. Globe de Rigaud : Fond blanc, fortement panaché lilas et violet foncé. 8. Canari-Vogel : Jaune pur très-vif. 9. Le Zouave : Violet carmin, largement bordé de blanc très- pur, variété charmante que rehausse encore la panachure jaune du feuillage. 10. Notre-Dame : Rose tendre, nuancé perle sur fond blanc. Coloris délicat. 11. Potier blanc ou Potte Bakker : Blanc pur, grande fleur. 12. Potier jaune : Grande fleur jaune vif, parfois strié très- largement de rouge. 13. Rose la Précieuse : Fond blanc pur, largement bordé de rosé vif, coloris très— frais, variété exquise. 14. Thomas morus : Rouge orangé, liseré rouge plus foncé coloris très— original. 15. Wouvermann : Violet foncé carminé, unicolore, nuance rare. 1G. Belle Lisette : Fond blanc panaché cerise. 17. Dorothée : Fond blanc, rose vif, fleur petite, assez» gra- cieuse. 18. Fiancée de Harlem : Fond blanc fortement panaché cerise; fleur un peu petite. ( 23 ) 19. Grand Duc de Russie : Rose lilacé, panaché de blanc, assez jolie, mais de peu d'effet. 20. Grand maître de Malte : Fond blanc fortement panaché cerise. (Ressemble au n° 18.) 21. Proserpine : Violet carminé sur fond blanc (pouvant au besoin suppléer au n° 15). 22. Rosa mundi : Fond blanc très-pur, légèrement strié rose tendre, très-jolie, mais inférieure au n° 13. 23. Etendard d'Argent : Fond blanc panaché cerise; fleur un peu petite. 24. Souvenir : Ecarlate bordé et un pen panaché, rouge vif hauteur régulière. (Conviendrait pour bordure.) 25. Vangoyen : Fond blanc bordé rose vif, assez jolie. 26. Albaregalis : Blanc à reflet jaune. 27. Claermont : Rose carminet, satiné, nuancé blanc; grande et belle fleur. 28. Gonden Stuandaard : Jaune d'or panaché de bsau rouge carmin. 29. Groot mester Van Malta : Blanc panaché rouge, magnifi- que fleur. 2e échantillon du n° 20 ci-dessus. 30. Kardinaalshoed : Rouge cramoisi, à petit liseré orange, grande fleur. 31. Lakvanrhyn : Violet à reflet bleu, bordé blanc d'argent. 32. Le Matelas rose : Rose satiné extrêmement vif. — Grande et magnifique fleur. 33. ) 2es échantillons des nos 11 et 12 (le n° 34, strié, fond 34. ) jaune d'or, panaché et strié rouge foncé. 35. Sidonie : Rouge laque bordé blanc; floraison tardive et de longue durée. 36. Wapenvan Leyden: Blanc très-pur, à macules rose car- min. (2e échantillon du n° 2 ci-dessus.) 37. Wit met Geboord: Blanc bordé de rouge. 38. Zilveren Standaard : Fond blanc panaché de carmin très- vif. 39. Duc de Berlin : Rouge bordé citron. 40. Duc major : Fond rouge jaune, petite fleur. ( 24 ) 41. Kaiman : genre 5. 43. (Ecarlate.) Duc de Tholl. 43. Duc de Tholl blanc. 44. Dua de Tholl jaune. Tulipes doubles. (Le signe * indique les espèces hâtives et seules bonnes pour culture forcée.) 1. Couleur de paille. 2*. Duc d'York : Rouge groseille bordé nankin très— double. 3*. Imperator rubrorum : Ecarlate vif éblouissant. 4*. La Candeur : Blanc d'argent, strié vert clair, très-double 5. Lord Wellington : Bleue tardive. 6. Mariage de ma Fille : Cerise flammé sur fond blanc, bien double et d'un port majestueux. 7. Nec plus ultra. 8*. Rex Rubrorum : Ecarlate vif très— double. 9. Rhinocéros : Rouge pourpre amarantée. 10 Rose de Provence : Rose pur ou rose jaune. 11*. Rosine : Semi double, beau rose étendu lilacé. 12*. Tournesol d'or : Jaune canari à reflet jaune orange. 13. Alexandre : Brun et jaune tout panaché. 14. Bonaparte : Brun violet. 15*. Couronne de Roses : Rose vif satiné; fleur bien double, magnificp_ie. 16*. Duc de Tholl double : Rouge bordé jaune. 17. Eblouissante : Rouge entièrement vif. 18. Gloria Solis : Ecarlate foncé, largement bordé orange. 19. Komingder blauioen : Bleu violacé. 20. Overœinnaar : Très- double, fond blanc strié et marbré de violet très— clair. 21. Rose jaune : Beau jaune vif reflété vert, odorante. 22*. Tournesol : Rouge bordé citron. 23. Le Blason. ( 25 ) En examinant les tulipes qui font l'objet de cette double momenclature, la commission a aperçu, en bon état de végé- tation, des collections de renoncules-semis, de pelargorium et de glaïeuls : Elle espère que, dans un avenir prochain, il lui sera volontiers fourni l'occasion de les visiter également. F. Dalidan. & H GO A étamines, à filets glabres. Plus de 1.500 variétés nommées. CARACTÈRES DE BEAUTÉ 1° Une tige ferme et droite; 2° Une fleur dressée se tenant bien et ayant ses divisions égales en hauteur, un peu épais- ses, et surtout arron- dies au sommet; 3° Coloris vifs et tran- chant sur celui du fond. / A étamines à filets barbus à la base. m - a, S grandes hâtives ou naines tardives DOUBLES grandes ou naines » Champs-Elysées, avec la faculté d'y faire des plantations » et des constructions, d'y tracer un jardin, et cela sous la » seule réserve d'y admettre gratuitement le public le diman- » che et de respecter le style général de la promenade qui est » planté à la française. Cet acte honore les administrateurs de » l'un des plus riches et des plus industrieux arrondissements » du département de l'Aisne, et nous serons heureux d'avoir » fréquemment l'occasion de porter de semblables décisions » à la connaissance de nos lecteurs. » Nous avons tenu à reproduire, en entier, cet article, pour faire voir que, si, en général, les municipalités semblent se montrer peu disposées à encourager les essais des sociétés d'horticulture, nous devons être très-reconnaissants à notre conseil municipal de la décision qu'il vient de prendre, à l'una- nimité,, sur la demandé de concession d'une parcelle des ter- rains communaux situés rue Montebello, faite par la société d'horticulture de Cherbourg, en vue d'y créer un jardin d'ex- périmentation. Comme on pourra le voir dans ce Bulletin, l'ad- ministration et le conseil municipal ont compris toute l'utilité que pouvait avoir la création d'un jardin-école d'arboriculture ( 42 ) dans notre contrée où les bonnes espèces d'arbres à fruits et les bonnes méthodes de taille sont encore si peu connues et si peu vulgarisées. Bulletin de la Société régionale d'Horticulture dont Chauny est le centre, n° 6, année 1871, p. 41. Cette société a décidé d'admettre gratuitement aux leçons et cours pratiqués d'arboriculture faits dans son jardin, les élèves de l'école communale. Le désir de pouvoir faire comme Chauny, c'est-à-dire de faire participer les enfants des écoles commu- nales aux leçons d'arboriculture, est un des principaux motifs qui nous ont déterminé à poursuivre activement la création d'un jardin d'expérimentation. Bulletin de la Société d'Horticulture de l'Allier , n° 5, 1871, p. 188 et 190. Nous lisons dans ce Bulletin deux passages que nous repro- duirons sans commentaires : « 1° Beauvais, Lyon, Cherbourg ont organisé des conférences » pour répandre le goût et les saines notions d'horticulture et » d'arboriculture. A Cherbourg, le cours d'arboriculture pra- » tique de M. Michel existe depuis plus de 15 ans, et pour » augmenter l'intérêt qui s'attache à ses leçons, on a organi- » se, en février 1870, des conférences dont l'orateur était » M. Cavron. » 2° Dans le Bulletin de la société d'horticulture de Cher- » bourg (juillet 1870), se trouve un rapport sur les vases à » marcotter Levéel-Paignon, « vases légers et susceptibles d'un » bon et durable emploi. » Bulletin de la Société d'Horticulture de Montmorency , 2e volume, 16e livraison, p. 235. Nous voyons que dans la séance de cette association, en date du 3 septembre 1871, il a été donné lecture d'une lettre écrite par M. Dalidan, pour demander, au nom de la société d'horticulture de Cherbourg, quelles graines, quelles semences ( 43 ) pourraientètre envoyées àMontmorency,dontl'étatdes cultures, dévastées par l'invasion, avait été particulièrement signalé. La demande d'envoi, faite par Montmorency, était arrivée après la première répartition des dons et semences entre les sociétés qui avaient déjà fait connaître leurs besoins. Et notre regretté président, qui annonçait, dans notre dernier Bulletin, que l'œuvre des dons en faveur des pays ravagés, allait être reprise, se promettait de comprendre la société de Montmo- rency dans un 2e envoi. Au moment où il se disposait à reprendre cette tâche de dévouement, il s'est vu frappé par la maladie qui l'a enlevé à notre affection. Avec quelle satisfaction, peu de jours avant sa mort, appre- nait-il à l'un d'entre nous, qu'il avait enfin donné des ordres pour qu'une caisse de graines fut adressée à Montmorency, car, pendant sa maladie, la promesse qu'il avait faite à cette société était une de ses principales préoccupations. La Rédaction. CULTURE DU IIOSIER TAILLE EN CORDONS La culture des roses apris, depuis un certain nombre d'an- nées, en Europe, une extension considérable. Mais c'est en France surtout que cette fleur de prédilection est l'objet des plus grands soins. On la rencontre partout dans nos squares et nos parcs; elle fait l'ornement des jardins les plus modestes: enfin dirons-nous avec M. Durand, horticulteur à Bourg-la- Reine (l),la culture des roses, en France, est une culture na- tionale. (1) Voir son remarquable catalogue descriptif des arbres fruitiers, arbres, arbustes d'ornement. — Paris. Victor Masson et fils, p. 173. ( 44 ) La taille du rosier, bien définie par M. Eugène Forney (1), professeur d'arboriculture à Fécole de médecine de P.j'is, laisse certainement moins à désirer qu'autrefois. Nous ne voyons plus de ces buissons disgracieux où les bourgeons s'é- tiolaient faute d'air, où les fleurs s'épanouissaient sans vigueur et sans éclat. On est généralement convenu aujourd'hui d'évi- ter les confusions de rameaux inutiles, d'aérer en un mot les tètes de rosiers et de les établir sous une forme élégante et régulière. Sous ce rapport donc, un progrès sensible s'est réa- lisé. Nous n'entrerons point ici dans le détail minutieux des prati- ques usitées, pour arriver à ce résultat important d'une pro- duction constante de bellesroses. Nous voulons seulement dire quelques mots d'une disposition particulière de rosiers et d'un procédé de taille que nous croyons avoir introduit à Cherbourg et dont il a été parlé, il y a quelques années, dans la R.evue horticole. Voici en' quoi consiste cette innovation : Placer par lignes régulières, sur le bord des plates-bandes et même dans les contours du potager, — des rosiers-tiges espacés entre eux de 0,60 à 0,90 environ, et reliés ensemble, à hauteur d'écusson, par un fil de fer bien tendu, destiné à l'éta- blissement du cordon. Nous ne parlons ici pour arriver vite au fait que d'une plan- tation de rosiers; cependant, nous conseillons fortement d'éta- blir le cordon par une plantation d'églantiers -de choix qui seront écussonnés et traités, dans la suite, comme I : véritables rosiers. TAILLE DU GORDON. lre année. — Se contenter d'enlever le bois mort, de retran- cher les pousses superflues, de raccourcir modérément les autres; soins généraux de culture en été, paillis, arrose- ments, etc. 2e année. — Si la reprise s'est faite dansdebonnes conditions, (1) Voir son ouvrage la Taille du Rosier. En vente chez l'auteur, place Royale, 9, Paris. (45 ) tailler court, fin de février (à deux ou trois yeux) tous les ro- siers du cordon, pour obtenir des rameaux vigoureux qui seront arqués et maintenus horizontalement sur. le fil de fer, à mesure que leur accroissement ligneux le permettra. Suppri- mer à l'état herbacé tous ceux qui sortiraient au-dessous du cordon, et pourraient faire contusion. L'arcure des branches du rosier forçant tous les yeux de la partie supérieure à se développer, l'on arrive ainsi à obtenir au printemps une production de roses d'autant plus éblouissante que ces fleurs se présentent toutes sur la même ligne et à une hauteur uniforme. 3e année et suivantes. — Ne tailler court qu'un rosier sur deux et quelquefois trois, selon les espèces, la vigueur des su- jets etle degré d'avancement du cordon. La taille bisannuelle nous a toujours paru favorable : elle convient spécialement aux hybrides, noisettes bourbon. Les thés et les variétés .non re- montantes ne seront taillés court que lorsque le dépérisse- ment des longs bois, fatigués par une floraison excessive, aura rendu cette opération nécessaire. En temps ordinaire, et pour ces derniers surtout, on se contentera de tailler à deux ou trois yeux les bourgeons qui se sont développés sur toute l'étendue du cordon. On peut établir en gradin deux ou trois séries de cordons parallèles : une première ligne de rosiers francs de pied sera plantée à 30 cent, environ du bord de la plate-bande; une 2" ligne de basses tiges sera disposée en arrière, à une hauteur de 35 à 50 c. environ, puis une 3° ligne, de 80 à 90 c. termine- ra le gradin. L'espace entre chaque ligne variera selon la lar- geur de l'espace réservé pour cette plantation et les qualités du sol. Dans tous les cas, il ne devra pas être moindre de 40. Les rosiers francs de pied seront taillés d'après le procédé indiqué ci-dessus, leurs pousses, dans le sens du cordon, se- ront maintenus sur le sol à l'aide de petits crochets en bois. (A suivre ) Alfred Rossel. (46 ) COURS M BOTANIQUE ÉLÉMENTAIRE A L'USAGE DES HORTICULTEURS § XI. — INFLORESCENCE. Les fleurs ne sont pas disposées toutes de la même manière sur les plantes où elles se développent. Ainsi, les fleurs du lis blanc sont réparties autrement que les fleurs du lilas. Le bou- quet formé par les fleurs du poirier ne ressemblent en rien à l'arrangement des fleurs du groseillier et ces dernières diffè- rent entièrement par leur disposition de celles du mouron des oiseaux. On donne le nom d'inflorescence à l'arrangement spécial des fleurs de chaque végétal sur les tiges qui les sup- portent. Les inflorescences sont excessivement variées; quelques- unes sont très simples; d'autres, -au contraire, sont très com- pliquées et semblent échapper à première vue à toutes des- cription. Les botanistes, cependant, ont fait la lumière dans ce chaos et par une méthode de classification bien entendue, sont arrivés à les ramener toutes à un petit nombre de types par- faitement définis. Les inflorescences ont été divisées, d'abord, en deux groupes généraux : 1° celui qui comprend les fleurs solitaires; celui qui renferme les fleurs en groupes simples ou composés. I. Fleurs solitaires. — On donne ce nom aux fleurs qui sont séparées entre elles par des feuilles. Elles forment des inflorescences qui peuvent être définies ou indéfinies. Elles sont dites définies quand le nombre des fleurs qui doit les composer est tellement déterminé qu'on peut presque en fixer le nombre à l'avance. Elles sont indéfinies quand le nombre des fleurs de même génération est tellement limité qu'on ne peut en fixer le nom- bre à l'avance; car ce nombre essentiellement variable dépend avant tout de la vigueur de la plante. 1° inflorescence définie. Elle peut-être : a, dans la dichotomie, ou b, oppositi foliée. A, dans la dichotomie. Avant d'allerplus loin, il est bon que nous donnions la définition de la dichotomie. Lorsque la tige d'une plante se termine par une fleur placée entre deux feuilles 47 ) et que de chaque côté le celte fleur, dans l'aisselle des deux feuilles, poussent deux raraeux de nouvelle formation, on donne à cette disposition des rameaux le nom de vraie dichotomie. Pour revenir à V inflorescence qui est dite dans la dichoto- mie, considérons une plante, comme la Stellaire moyenne. Sa tige présente ce que nous venons de définir sous le nom de vraie dichotomie. La tige principale porte donc à son extrémité terminale une fleur, placée entre deuxfeuilles; puis àl'aisselle de ces feuilles, naissent deux rameaux de seconde génération. N'en considérons qu'un. Ce dernier se termine, à son tour, par une fleur placée entre deux feuilles* Puis, de chaque côté de cette fleur, dans l'aisselle des deux feuilles, naissent deux nouveaux rameaux de 3e génération qui à leur tour, se com - portent eomme le précédent. La fleur est donc solitaire puisqu'elle est entourée de deux feuilles, Y inflorescence définie, puisque le nombre des fleurs est parfaitement déterminé et dans dichotomie, puisqu'elle est placée entre deux rameaux de même génération. b Oppositifoliée. Ce mode d'inflorescence se rencontre dans des plantes à feuilles alternes. Dans les plantes qui présentent cette variété d'inflorescence, la tige se termine par une fleur et, dans l'aisselle de la feuille, située immédiatement au— dessous de cette fleur, pousse un ra- meau de 2e génération, qui s'allonge, se charge de feuilles, et se termine par une fleur; puis dans l'aisselle de la feuille, située au-dessous de cette fleur, naît un rameau de 3e générrtion qui se comporte comme le précédent et donne naissance, à son tour, à un rameau de 4e génération, etc. La succession de ces divers rameaux se fait de telle sorte que les fleurs se trouvent rejetées sur le côté et sont opposées à la dernière feuille du rameau' qui les porte, d'où le nom d'inflorescence oppositi- foliée. 2° Inflorescence indéfinie, se divise en : a terminale et b axiliaire. a, terminale. — On donne le nom d'inflorescence indéfinie terminale à celle dont les fleurs sont placées à l'extrémité d'un rameau garni de feuilles. (48) b, axillaire. — Lorsque les fleurs sont portées sur un pé- doncule privé de feuilles, placé lui-même à l'aisselle d'une feuille, on dit que l'inflorescence est indéfinie axillaire. IL Fleurs en groupes simples ou composés. — Lorsque les fleurs ne sont pas séparées entre elles par des feuilles, elles forment un groupe simple ou composé. La présence de brac- tées entre les fleurs, ou de toute autre organe produit par une feuille modifiée, n'empêche pas de considérer le groupe comme formé . Les fleurs en groupes peuvent donner lieu à 3 modes d'in- florescence : 1° Inflorescence dé finie; 2° Inflorescence indéfi- nie; 3° Inflorescence mixte. 1° Inflorescence définie. — L' inflorescence définie se divise en: a, cyme bipare; b, crjme unipare; c, cyme contractée. a, cyme bipare, — Reportons-nous, par la pensée, à ce que nous avons dit des fleurs solitaires dont l'inflorescence définie est dite dans la dichotomie, et supposons, ce qui a lieu, du reste, que la tige se termine par une fleur et qu'au-dessous de cette fleur se trouve, au lieu de deux feuilles, deux bractées, et que, de l'aisselle de ces deux bractées, naissent deux rameaux de 2e génération qui se terminent, à leur tour, chacun par une fleur au-dessous de laquelle se trouvent deux nouvelles brac- tées de l'aisselle, desquelles partent deux rameaux de 3e géné- ration qui se comportent comme le précédent. Nous aurons là des fleurs en groupe, puisque, suivant la définition, elles ne sont point séparées les unes des autres par des feuilles, et chacun de ces groupes représente une série de vraies dichotomies. On est convenu d'appeler ce mode parti- culier d' inflorescence, cyme bipare. b, cyme unipare. — De même que nous nous sommes re- portés à la description des fleurs solitaires placées dans la dichotomie, pour comprendre l'inflorescence précédante, de même, pour comprendre l'inflorescence qu'on appelle cyme unipare, il faut nous reporter à la description qui a trait aux fleurs solitaires oppositifoliées. La seule différence qui existe entre ces deux modes est la suivante : Dans les fleurs solitaires oppositifoliées, les fleurs sont sé- parées par des feuilles; dans la cyme unipare, elles sont sépa- rées par des bractées. ( 49 ) c., cyme contractée. — On pourrait faire rentrer les inflores- cences à cyme contractée dans les deux groupes précédents. La subdivision que nous indiquons ici s'applique spéciale- meut aux fleurs dont le pédoncule est très-court. 2° Inflorescence indéfinie. — Cette inflorescence se divise elle-même en deux groupes principaux : a. Inflorescence indéfinie n'ayant pas deux flegrés de vé- gétation, c'est-à-dire dans laquelle le pédoncule principal n'est accompagné que de pédoncules de 2e génération; ces derniers ne se ramifiant jamais. b. — L 'inflorescence indéfinie ayant plus de deux degrés de végétation diffère de la précédente, en ce que les pédoncu- les de 2e génération se ramifient pour donner des pédoncules de 3° génération, etc. a. — U inflorescence indéfinie à deux degrés de végétation comprend : 1° la grappe; 2° le corymbe; 3° Y épi; 4" Y ombelle; 5° le capitule. 1° La grappe. — La grappe est formée par un axe allongé portant, à égale distance, sur toute sa longueur, une série d'axes de seconde génération, très-courts, en nombre indéter- miné et terminés chacun par une fleur; exemple : Grappe de l'épine— vinette. % 2° Corymbe. — Le corymbe comprend un axe principal portant des axes secondaires terminés par une fleur, d'autant plus longs qu'ils sont plus éloignés de L'extrémité de l'axe et disposés de telle façon que les fleurs arrivent à peu près à la même hauteur; exemple : Cerisier de Sainte-Lucie. 3° Epi. — L'épi ne diffère de la grappe qu'en ce que les axes secondaires sont très-courts, que les fleurs sont sessiles, portées directement par l'axe principal; exemple : Verveine. 4° Ombelle. — Dans l'ombelle, les fleurs portées sur des axes secondaires sont toutes à la même hauteur et semblent toutes partir du même point. Gela tient à ce que les axes secon- daires naissent à l'extrémité de l'axe principal et sont tous à peu près de la même longueur; exemple : Daucus, hispidus (carotte poilue). 5" Capitule. — Au lieu d'être allongé, comme dans les cas précédents, si Taxe principal est raccourci et élargi en plateau sur lequel reposent directement les fleurs, on a ce qu'on ap- pelle un capitule; exemple: Scabieuse des champs. ( 50) Les fleura qui appartiennent à la famille des composés pré- sentent ce dernier mode d'inflorescence. Sur l'axe très-élargi, qui constitue ce qu'on nomme le ré- ceptacle, se trouve aggloméré un très-grand nombre de petites eurs quL dans quelques-unes des plantes de cette famille, ne sont pas toutes semblables entre elles. Il arrive, comme dans la pâquerette vivace, par exemple,, que les fleurs du centre n'ont pas la même coloration ni les mêmes dimensions que celles de la circonférence. On peut arriver, par la culture, à modifier cet état de choses, et lorsqu'on est arrivé par des moyens artificiels à faire gran- dir les fleurs du centre, à les ramener à la même coloration que les fleurs de la circonférence : on dit qu'on a fait doubler la fleur composée. De telle sorte qu'on dira, par exemple, qu'un dalhia est double quand tous les fleurons qui le com- posent, ont les mêmes dimensions et tous la même coloration. On dira, par opposition, qu'un dalhia est simple quand ses fleurons du centre n'auront ni la même coloration, ni les mê- mes dimensions que les fleurons de la périphérie. b. Inflorescence indéfinie ayant plus de deux degrés de végétation. — Il nous est facile, après avoir étudié le para- graphe précédent, de comprendre cette nouvelle division des inflorescences. Supposez, par exemple, que les axes secon- daires d'une grappe simple, au lieu de se terminer par une fleur, se ramifient et donnent deux axes tertiaires, terminés par une fleur, on aura une inflorescence ayant plus de deux degrés de végétation; en un mot, ce qu'on est convenu d'appe- ler une grappe composée. De même, pour l'épi, au lieu d'avoir sur l'axe principal des fleurs sessiles, ayons, sur ce même axe, des axes secondaires portant eux des fleurs sessiles, nous aurons une nouvelle inflorescence présentant plus de 2 degrés de végétation, en un mot, un épi composé. On ferait valoir les mêmes raisons pour donner la définition du corymbe composé et de ïombelle composée. « 3° Inflorescence mixte. — Nous ne dirons qu'un mot des inflorences mixtes. Quelques plantes, exemple, le marronier d'Inde, présentent, sur un point, une inflorescence définie, et jouta coté le mode qui caractérise les inflorescences indéfinies On a donné à ces inflorescences le nom d'inflorescences mixtes. ( 51 ) Le tableau synoptique ci-joint donne le résumé et la classi- fication des inflorescences. j M) / I 03 "~2 03 S W sont pend « S* 1 a> 1 S S 1 2 & 1 -H ÔO 1 végétation Cyme s en grappe, etc. Ex. mouron des oiseaux. Ex. nômophila atomaria. Ex. fabiana africana. Ex. pervenche herbacée. Ex. gypsophile paniculé. Ex. jusquiame. Ex. sauge des prés. grappe — Ex. groseillier. corymbe — Ex. giroflée. cône — Ex. conifères. épi — Ex. plantain. chaton — Ex. saule. ombelle — Ex. cerisier vulgaire. capitule — Ex. scabieuse. épi composé — Ex. froment. grappe composée-yueca gloriosa corymbe composé. capitule composé. ombelle composée— Ex. fenouil. Doct Ch. Renault. ( 52 ; LES JAKDINS ET LES JARDINIERS DE CHERBOURG Sous ce titre, notre cher et regretté président, M. Dalidan, se proposait d'écrire une suite à l'article de M. André, que le Bulletin a reproduit. La fatigue, la maladie et la mort ont ar- rêté M. Dalidan dans son projet. Mais, désirant qu'on y don- nât suite, il avait remis à un de nos vice-présidents diverses notes devant lui aider à faire ce travail, et le comité de rédac- tion jaloux de conserver pour le Bulletin, jusqu'à la dernière des lignes écrites de la main de celui que nous aimions tant, a confié à l'un de ses membres le soin de faire une série d'arti- cles dans lesquels les travaux de M. Dalidan seraient repro- duits, et son œuvre continuée. Nous suivrons donc le sommaire tracé par M. Dalidan : Rap- pel de l'article publié sous ce titre par. M. André, jardins déjà vus par la société, de 1867 à 1870, jardins visités en 1870. M. Dalidan ajoutait : « Les articles rédigés par tous les socié- taires seront une sorte de mosaïque sur laquelle chacun appor- tera sa pierre. » Dans les notes que m'a confiées la rédaction, je n'en trouve pas d'antérieure à 1870. — Jardin de M. Le Brun, rue Bondor. — Au printemps de cette dernière année, un certain nombre de sociétaires se sont rendus, à plusieurs reprises, dans le jardin de M. Le Brun, banquier, rue Bondor. M. Dalidan n'y manquait pas, non plus que nos professeurs d'arboriculture, MM. Michel et Cavron. Ce beau jardin a été admiré et apprécié par tous les socié- taires, que M. Le Brun accueillait avec une extrême préve- nance. Je transcris ci-après une lettre de M. Dalidan, adressée ou destinée à être adressée à M. Le Brun. ( 53 ) Cherbourg, le 1870. « Monsieur et cher collègue, » Vous avez bien voulu mettre à la disposition de la société » d'horticulture, pour ses études d'arboriculture. et defloricul— y> ture, votre jardin et tout ce qu'il contient. Elle a usé, à deux » reprises différentes, de cette latitude, et je me fais un vrai » plaisir de vous adresser une note des observations faites par » la commission. » Cette note pourra peut être vous être de quelque utilité. » afin que votre jardinier sache bien ce qu'on a fait, et suive » la direction indiquée. » Nous nous proposons, au surplus, de revoir encore votre » jardin, si vous le vouiez bien permettre. » Recevez, etc. » Voici la note écrite par M. Gavron, note dont personne ne contestera la valeur au point de vue pratique. Résumé des observations de la Visite faite au Jardin de M. Le Brun, par le Comité d'Arboriculture. Le jardin de M. Le Brun, mis à la disposition de la société d'horticulture poury faire des études détaillées d'arbres et ren- seigner le propriétaire sur le meilleur parti à tirer de ces arbres, a été le sujet de deux rendez— vous d'étude. A la première réunion, un mur à peu près garni de poiriers en cordons verticaux a fixé d'abord l'attention : qu'y aurait-il à faire ? s'est— on demandé. Aucun membre présent n'ayant proposé des moyens d'amener les arbres de cette forme à une condition de succès fructifère, ces arbres ont été laissés de côté : cependant, deux pieds, à peu près dégarnis de crochets, étant terminés par des rameaux d'une vigueur passable, il a été décidé qu'on en formerait deux palmettes à demi-tige destinées à garnir l'espace nu du haut de la muraille, la fai- blesse des cordons voisins ne permettant pas d'espérer pou- voir garnir autrement cet espace. A l'extrémité de ce mur, derrière un massif de rhododen- 4 ( 54 ) drons, est un poirier de Beurré d'Aremberg, sous la forme éventail et d'un développement complet, qui, paraît-il, adonné beaucoup de fruits dans un temps, mais n'en produit plus; les racines plongeant dans un sous-sol chargé d'une autre culture, rendent la tentative de le ramènera la fructification, un peu chanceuse. Néanmoins, il a été décidé qu'on en tenterait l'es- sai, en raison de la vigueur dont il jouit encore, et en commen- çant par des opérations ayant pour but de rétablir l'équilibre de végétation entre les branches charpèntières. Dans ce but, on a supprimé, au centre de l'arbre, quelques grosses bran- ches qui par suite de leur position verticale, étaient devenues gourmandes. Dans le même but, quelques branches affaiblies à cause de leur position trop horizontale, aux derniers rangs, de chacune des actes, ont été également supprimées; on a pu ainsi espacer davantage les branches qui se trouvaient trop serrées; ces mêmes branches ont subi aussi un raccourcisse- ment d'un tiers de leur longueur. Lors de la deuxième visite,, il a été décidé que tout ce qu'il restait de ramifications, ou autrement de branches à fruit, le long des membres, serait ménagé; les plus vigoureux seule- ment ont subi la torsion; quelques jeunes rameaux ont même été palissés et inclinés, afin d'exciter l'arbre à la produc- tion déboutons à fleurs et dans la pensée que plus tard on rapprocherait ces ramifications, à l'état de crochets d'une longueur convenable pour ne pas se nuire. Pour le reste le comité se propose de suivre rigoureusement les travaux d'été, en commençant Vébourgeonnement ou sup- pression des bourgeons inutiles dès le commencement de la végétation du printemps, en suite le pincement, le palissa- ge, etc. Les arbres en plein vent ont aussi fixé l'attention, et on se proposait de leur faire subir quelques opérations, en vue de les ramener aune forme normale. Mais M. Le Brun les ayant fait tailler à son goût, sur des branches affruitées, afin de les maintenir dans les dimensions actuelles, la commission n'a voulu entreprendre sur ces arbres aucune opération qui eût Ité à l'encontre des idées du propriétaire. ( 55) — Jardin de M. Alfred Mahieu, rue de Bailly. — Ce beau jardin a été visité un dimanche matin, à l'issue du cours pra- tique d'arboriculture que l'on venait de faire chez M. Le Brun. Il renferme des arbres magnifiques, des magnolias énormes dont le feuillage privait presque de jour la maison d'habitation; et M. Mahieu avait déjà fait poser les fondations de cette belle maison que l'on voit aujourd'hui. Lorsque nous avons visité ce jardin, la serre était seule construite, et le jardin était des- siné. C'est là, je pense, que l'habile Letullier s'est surpassé. On remarque des mouvements de terrains, de petits monticules^ de petites vallées, des gazons, des labyrinthes, des allées sinueuses, un ensemble enfin qu'il faut voir, et dont on peut au besoin se faire une idée quand on connaît le savoir faire de notre artiste. (1) M. Mahieu aime les arbres de choix; on peut en juger par la liste suivante, remise. à M. Dalidan par M. Letullier : Conifères. — Abies pinsapo, Séquoia gigantea, Araucaria imbricata, Abies spectabilis, Cedrus deodora, Thuya gigantea, Th. variegata aurea, Juniperus oxycedrus, Cupressus fasti— giata, Pinus excelsa, Cedrus atlantica, Abies cilicica, Pinus insignis, Cryptomeria japonica. Autres plantes remarquables. — Arundinaria falcata et aurea, Phormium tenax, Chamœrops excelsa, Agave varie- gata, Evonymus fimbriata, Cyathea australis (fougère arbo- rescente), 3 Magnolias de 8 à 10 mètres de haut, 1 Corbeille de Cameilias, 2Corbeilles de Rhododendrons et 1 d'Azalées, 1 Gi- neriumargenteum, plusieurs Lauriers duPortugal et Lauriers- Tins, Alaternes, Fusains et Aucubas servant à cacher les murs. » (1) Rencontrant un jour M. Letullier, je lui parlais du plaisir que j'avais à entretenir mes lecteurs de son talent. J'ajoutais que sans doute il était obligé de se conformer aux désirs des propriétaires et aux exigences des terrains, mais que de ses travaux ceux que j'avais le plus admirés, c'étaient ceux exécutés chez M. Alf. Mahieu. M. Letullier était de cet avis, et ajouta qu'alors il travaillait chez M. G. Leblanc. Je parlerai plus tard de ce jardin, je l'espère. ( 56 ) Les notes laissées par M. Dalidan mentionnent des visites faites le 26 juin 1870 dans trois jardins, par lui-même, accom- pagné de MM. Michel, Faftn, Lemagnent, Quoniam, Amiot et Letellier, chez M. Jacques Jean, jardinier. 1° Impasse Dorival: La serre a été visitée, et la commission a été frappée de l'état de perfection des vignes, pour lequel M. Michel a adressé à M. Jean « de vifs, très-vifs compliments. » Ces vignes, disposées en cordons horizontaux, appartiennent aux variétés : Franc-Quintal, Auillade précoce. , Grosse Perle blanche. 2° Dans un jardin situé impasse Gouey-Dumesnil (rue de la Duchée): « Terrain paraissant avantageux, précoce même, et bien » graissé. Arbres de belle végétation, plantés parle jardinier, » d'autres provenant de cultures plus anciennes. » 3° Jardin rue de la Bucaille, contenant 15 perches: « Pépinière d'une quantité d'arbres en pyramide, espaliers à » vent ou à demeure. Pommes de terre, pois et autres légu- » mes. Rosiers de place en place, quelques fleurs, une couche » avec 3 cloches. » Le reste des papiers qui m'ont été remis se compose de no- tes que j'avais faites plus ou moins précipitamment, après des visites de jardin, et données à M . Dalidan; je les utiliserai dans un article ultérieur. H. L. C, Membre du Comité de Rédaction. (57 ) RAPPORT Définitif de la Commission chargée de rechercher un Terrain propre à la création d'un Jardin Ecole d'Arboriculture. Messieurs La commission spéciale que vous avez nommée dans la séance du 2 juillet 1871 et que vous avez chargée de la recher- che d'un terrain propre à la création d'un jardin école d'arbo- riculture et d'expérimentation horticole, a terminé ses travaux. Cette commission, composée de MM. le docteur Renault, président, Michel, Cavron, Rideau, Le Marquand, Amiot et Devinck, commis de marine, rapporteur, auxquels se sont tou- jours joints les membres du bureau, est heureuse d'avoir à vous annoncer que ses recherches ont abouti au résultat tant désiré. Déjà, clans la séance du mois d'août, j'ai eu à vous rendre compte de notre mission, en ce qui touchait la location d'un jardin spécialement désigné à la société. Il s'agissait alors d'un terrain qu'une personne consentait à acheter en son nom et pour son compte, et qu'elle louerait ensuite à la société qui ne pouvait s'en rendre elle— même ac- quéreur. Les principales conditions du bail avaient été arrêtées relies furent soumises à votre examen et à vos délibérations, mes- sieurs, et clans la même séance, vous fûtes unanimes pour donner au président, assisté des membres du bureau^ les pou- voirs nécessaires pour s'entendre avec le propriétaire, afin d'en obtenir les conditions les plus avantageuses aux intérêts de la société et pour signer le bail. Nous croyions alors notre tâche terminée et la société dotée de son jardin. Mais quand notre regretté président vint pour traiter avec la personne qui devait acheter le terrain, la situation avait changé. Celte personne déclara que le propriétaire actuel d»u (58) jardin en demandait un prix qu'elle ne voulait pas donner. L'affaire ne put avoir d'autre suite. Tout était donc à recommencer ; la commission se réunit et on décida qu'elle continuerait ses recherches. Il parvint à la connaissance de quelques-uns des membres, par l'intervention de M. Orange, que la ville de Cherbourg possédait entre la rue Loysel et la rue Montebello des terrains qu'elle avait réservés pour la construction d'une école. La cession par le département de la guerre des bâtiments de la poudrière et la conversion projetée de cet établissement en école, rendaient inutiles à la ville les terrains dont il s'agit. Des membres de la commission, MM. Renault et Rossel, prirent des renseignements près de l'autorité municipale et ac- quirent la certitude que M. le maire, non seulement ne s'op- poserait pas à ce que la société fût mise en possession de ce terrain si le conseil municipal n'y mettait pas d'empêche- ments, mais encore ferait tout ce qui dépendrait de lui pour que ce but fût atteint. La commission décida qu'elle adresserait au conseil muni- cipal une pétition tendant à obtenir la location, pour un long bail et moyennant une rétribution minime des terrains dont il s'agit, qui appartiennent à la ville et qui accèdent par la rue Montebello. Un exemplaire de cette pétition fut remis à cha- cun des conseillers municipaux afin de leur permettre d'exa- miner mûrement l'objet de notre demande avant la séance du conseil. Je ne crois pouvoir mieux faire, messieurs, que de repro- duire ici les termes de cette pétition (1). La demande fut examinée par le conseil municipal, dans sa séance du 13 novembre, et le conseil, àl'unanimité, chargea M . le maire, préalablement à toute décision, d'aviser, d'accord avec M. le président de la société d'horticulture, aux moyens de résilier, à l'amiable, le bail actuellement en cours pour le (1) Voir le texte de la pétition à la tin de ce Bulletin. ( 59 j terrain en question, et de vouloir bien étudier les diverses questions que cette affaire pourrait soulever. Il se présentait un premier obstacle. Quelques membres du conseil municipal ne voulant pas voir dans la création d'un jardin-école d'arboriculture , un intérêt communal, le bail passé par la ville ne pouvait être résilié que du consentement des locataires, attendu que par une clause dudit bail l'autorité municipale s'était réservé la faculté de le faire cesser, mais seulement pour cause d'intérêt communal. Cet intérêt n'étant pas reconnu exister, on ne pouvait que demander aux loca- taires de consentir à renoncera la jouissance du jardin. Je n'entrerai pas dans le détail des démarebes qu'il a fallu faire pour amener le locataire principal et ses sous-locataires à accepter la résiliation du bail; je pense, messieurs, que vous reconnaîtrez que le chiffre des indemnités qu'il a fallu se rési- gner à promettre n'a rien d'exagéré, quand je vous aurai dit que ces indemnités ne s'élèvent qu'à 245 fr. Moyennant cette concession, le terrain sera abandonné dès le 1er janvier prochain, par ceux qui en ont actuellement la jouissance. Aux termes des règlements en vigueur, toute propriété doit, dans les villes, être entourée de murs, et le terrain dont nous nous occupons a besoin, pour être complètement clos, d'être fermé dans la façade de la rue Montebello sur une longueur de 8 mètres, du côté de la rue Loysel, sur deux fractions, l'une de 18 mètres et l'autre de 14 mèt.,( anfin vers la rue de la Duchée, sur 28 mètres. La dépense occasionnée par la construction de ces murs, calculée d'après une hauteur de 5 mètres, fonda- tions comprises, s'élèvera à la somme de 1,700 francs^ suivant l'estimation qui en a été faite par M. l'architecte Geufroy. La société n'étant pas en mesure de payer ces frais de clô- ture, on demanda au conseil municipal d'accorder un crédit pour ce travail dont la valeur ne serait pas une perte pour la commune, attendu que les riverains en paieront la moitié, soit dès maintenant, soit un peu plus tard. La ville rentrerait donc dans une partie de ses débours, et d'ailleurs le montant de la (60) location qui lui serait payée par la société d'horticulture, repré- senterait l'intérêt du capital restant engagé. Dans cet état, la question a été examinée par le conseil mu- nicipal le 8 décembre courant, et voici en quels termes M. le maire a fait connaître à M. le président de la société d'hor- ticulture la décision du conseil : « Cherbourg, le 9 décembre 1871. » M. le président, je m'empresse de vous informer que le » conseil municipal, dans sa séance d'hier soir, a statué sur » la demande de la société d'horticulture tendant à obtenir la » location d'un terrain communal rue Montebello, pour l'éta- » blissement d'un jardin d'arboriculture pratique. » Le conseil municipal, conformément à ma proposition, a » décidé que le terrain demandé par la société d'horticulture » lui sera concédé à titre de bail : que la ville fera clore ce » terrain à ses frais, que la société d'horticulture prendra » seulement à sa charge le paiement de l'indemnité de rési- » liation de bail, fixée à environ 245 fr., et qu'elle paiera à la » ville, à titre de loyer, une somme annuelle de 25 fr. à partir » du 1er janvier prochain. Le bail qui sera passé entre l'ad- » ministration municipale et la société d'horticulture serti » conclu pour une durée de neuf ans, avec faculté^ pour la » ville, de résilier à l'expiration de la 3e ou de la 6e année, en » prévenant la société un an à l'avance. » Je suis heureux, M. le président, de vous faire part de » ces décisions et de seconder les efforts que fait la société » pour le développement et l'amélioration de l'horticulture. » Veuillez agréer, etc. » Le maire de Cherbourg, » Signé : Alfred Liais. » Le droit que se réserve la ville de résilier le bail est motivé par le retard causé à la cession de la poudrière par la des- truction du dossier de l'affaire, brûlé dans un des ministères à Paris. Mais ce n'est qu'un retard, car il est certain que la remise à la ville de cet établissement est approuvée en principe ( 61 ) et qu'en conséqu ;nce l'autorité municipale n'aura jamais à nous demander l'application de la clause résolutoire inscrite dans le bail. En résumé, messieurs, la commission est unanimement d'avis qu'il y a lieu d'accepter le terrain communal dans les conditions auxquelles il nous esl donné, et si vous partagez cette opinion, nous entrerons en jouissance de ce jardin dès le 1er janvier prochain. Je ne terminerai pas ce l'apport sans demander, au nom de la commission, qu'il soit adressé des remerciements au conseil municipal et au maire qui, dans cette circonstance, a fait preuve, à l'égard de la société d'horticulture, d'une bienveil- lance et d'un zèle dont nous ne saurions trop le remercier. La commission demande aussi que vous vouliez bien voter des félicitations à M. l'architecte Geufroy qui, comme toujours, n'a cessé de se mettre à la disposition de la société pour don- ner tons les r mseignements dont elle pouvait avoir besoin. Cherbourg, 13 décembre 1871. Le rapporteur, L. Devinck.. PROGRAMME DE LA 30e EXPOSITION HORTICOLE À CHERBOURG Du 18 au 21 Mtii 1872 Si la société d'horticulture de l'arrondissement de Cher- bourg, comprenant la nécessité de reprendre proinptement le cours- de ses expositions, que les circonstances lui avaient fait interrompre, a choisi exceptionnellement , pour l'exhibition prochaine, l'époque du 18 au 21 mal 1872, c'est qu'elle désire ( 62 ) que cette fête horticole, après laquelle se succéderont clos ex- positions de saison, soit réellement éblouissante au point de vue des produits de tout genre. Au printemps, plus que jamais, les fleurs sont abondantes; elles peuvent charmer les regards du public et exciter son enthousiasme. La société d'horticulture, comme elle s'y était engagée lors de l'ajournement de l'exposition projetée pour le mois de sep- tembre 1870, renouvelle aujourd'hui, aux exposants, un cha- leureux et pressant appel. Elle compte sur le concours non-seulement de ses membres, mais encore sur celui des horticulteurs, marchands ou ama- teurs, étrangers ou non à l'arrondissement, des maraîchers et des fabricants de produits se rapportante l'horticulture. En attirant les yeux du public sur les résultats de leurs tra- vaux, les exposants contribueront ainsi à donner de l'éclat à cette exposition qui doit créera l'horticulture de précieuses et de nouvelles sympathies. Kappelons, en quelques mots, les récompenses promises par le programme arrêté dans une des dernières séances de la société. Ces récompenses se divisent en deux catégories : lrc Catégorie : Prix à décerner -par les darnes patronnesses. {"prix à la plante fleurie, soit de serre, soit de pleine terre, provenant exclusivement des cultures de l'exposant, étrangers ou non à l'arrondissement, et qui faisant partie d'une collection reconnue elle-même méritante, aura été proclamée, la plus belle de l'exposition. 2e prix ex-œquo: 1° Au plus beaubouquet monté; 2° à la plus belle corbeille de fleurs pour surtout de table, à condition que ces objets soient l'oeuvre d'un horticulteur de la localité. Les deux bouquets et les deux corbeilles qui obtiendront les premières mentions honorables, seront achetés par la société. La 2e Catégorie : Prix à décerner par le jury, comprend cinq séries de concours : l"' série. -1° Une médaille d'or à l'horticulteur marchand, ( 63 ) étranger ou non à l'arrondissement, qui exposera le plus beau lot de 10 plantes exotiques; 2° une médaille dont la valeur sera déterminée par le jury à la plus belle collection déplantes à feuilles panachées, présentée par un horticulteur, marchand étranger ou non; 3° une somme de 300 fr. à répartir outre les seuls exposants de l'arrondissement de Cherbourg, qui auront exhibé les plus belles et les meilleures plantes. 2e série. — Primes et médailles. — 1° Aux plus beaux lots de légumes de la saison, provenant de l'arrondissement; 2° aux plus beaux lots de fruits de la même origine; 3" à l'intro- duction d'espèces ou variétés nouvelles de produits maraîchers dans l'arrondissement. 3e série. — Primes ou médailles diverses. — 1° Aux outils, instruments de jardinage et constructions en métaux, perfec- tionnés el fabriqués par les exposants de l'arrondissement; 2" a la meilleure coll sction de poterie applicable à l'horticul- ture; 3° aux meubles rustiques el à tous les objets d'ornement et d'application journalière en horti mlture. 4esÉRiE. — Prims, médailles et livres d'horticulture aux instituteurs de l'arrondissement qui auront donné à leurs élè- ves des leçons théoriques et pratiques d'horticulture. ,V série. — Une médaille d'or au meilleur traité d'horticul- ture ou aux meilleures publications horticoles pour notre ar- rondissement. Enfin, seront décernées des primes ou médailles aux ou- vriers jardiniers jugésles plus méritants dans l'arrondissement de Cherbourg, par leur bonne conduite, leur intelligence du jardinage et leurs services. S'il était présenté en dehors des prévisions que nous venons d'indiquer des collections ou des objetsd'un mérite supérieur, le jury, auquel est donné tout pouvoir à cet égard, décernerait les récompenses méritées. Cette dernière attribution conférée au jury, garantit à tous les exposants ayant de véritables titres à une distinction, l'accueil auquel ils peuvent justement pré- tendre. Ajoutons encore que, répondant à dos demandes nombreuses ( 64 ) qui lui oniété adressées, la sociétéa décidé qu'elle réserverait aux objets d'arts ou d'industries ne se rapportant pas exclusi- vement à l'horticulture, mais jugés méritants, une place dans le local même ou à côté du local affecté à l'exposition florale. L'exposition générale durera trois jours, du 18 au 21 mai 1872 : elle aura lieu dans un local à désigner ultérieurement. Les apports de plantes d'ornement devront être faits le vendredi 17 mail872, avant 6 heures du soir; ceux de légumes, fruits, fleurs coupées et bouquets façonnés, le 18, avant 10 heures. La journée du samedi sera réservée aux opérations des divers jurys. Les produits présentés aux concours devront provenir en- tièrement des cultures de l'exposant, qui en attestera l'origine par une déclaration écrite et signée. Huit jours au moins avant l'ouverture de l'exposition, cha- que exposant sera tenu de faire connaître par écrit, au prési- dent de la société, le nombre approximatif des articles qu'il a l'intention de présenter, en même temps que la surface néces- saire à son exhibition. Les objets présentés devront être accompagnés d'une éti- quette indiquant le nom de chacun et d'une liste générale des produits apportés par chaque exposant. Ceux qui seront des- tinés à être vendus devront, en outre, porter- l'indication de leur prix, mais aucun objet ne pourra être enlevé ou remplacé sans l'autorisation du président. Les plantes et objets qui ne paraîtraient pas convenables pour l'ornement de l'exposition pourront être refusés. Les récompenses seront proclamées le mardi 21 mai, à 2 heures précises. La Rédaction. (65 ) ÎESTRUCTION DES INSECTES NUISIBLES A L'HORTICULTURE Il est question, dans un des articles du présent Bulletin (page 32), d'une maladie particulière des ciboules et de l'insecte qui cause cette maladie. Voici quelques détails sur ce parasite et sur les moyens conseillés pour prévenir ses ravages. Le petit ver blanc signalé par notre excellent collègue, M. Rossel, est la larve de l'insecte appelé Anthomyie des oignons apparte- nant à l'ordre des Diptères. Ce petit insecte à l'état parfait est moitié plus petit que la mouche commune. Il est grisâtre avec des raies noirâtres sur le dos et des ailes transparentes à ner- vures jaunâtres. Sa larve est blanche et ressemble à un petit asticot. Cette dernière fait dans certaines contrées un tort considérable aux poireaux, ciboules, échalottes, ail, etc. En mai, la femelle dépose ses œufs sur les feuilles des oi- gnons. Ceux-ci ne tardent pas à éclore. Les vers descendent immédiatement vers la base des feuilles et pénètrent dans les bulbes. Les plantes ainsi attaquées par l'antbomye jaunissent et se dessèchent. Si l'on vient alors à examiner les organes de ces dernières, on les trouve en pourriture, et en écartant leurs enveloppes, on aperçoit une colonie entière de petits vers. Outre le moyen indiqué parnotre collègue pour empêcher les ravages de l'anthomye, on a encore conseillé les irrigations avec une légère dissolution du sulfate de fer, avec une décoc- tion de feuilles d'if. On recommande aussi le poussier de Charbon, les cendres et surtout de brûler soigneusement tous les oignons malades pour empêcher les mouches de se développer. La Rédaction. ( 66 ) WÉC««ML©GIE M. OURY. M. Oury (Auguste), horticulteur marchand, né à Sainte- Mère-Eglise, le 19 mars 1820, est mort à Cherbourg le 19 mars 1871. Fatale coïncidence ! Membre de la société d'horticulture depuis un grand nom- bre d'années, M. Oury en suivait habituellement les séances mensuelles; l'un des plus assidus aux cours d'arboriculture professés dans les jardins de la ville, ses conseils eurent tou- jours, dans ces circonstances, une incontestable autorité. Pra- ticien consciencieux et modeste, travailleur infatigable, M. Oury possédait bien toutes les connaissances qui font l'horticul- teur expérimenté. Grâce à son initiative personnelle, il s'était créé, au Champ-de— Mars, rue de Sennecey, un établissement d'étendue restreinte, il est vrai, mais qui n'en avait pas moins une importance réelle, eu égard aux ressources sérieuses qu'il produisait en chaque saison. M. Oury était même parvenu à une grande aisance, lorsque la mort est venue l'atteindre après une maladie cruelle, qui pardonne rarement sous notre climat inclément. Le cortège nombreux d'amis qui se pressait à l'inhumation de M. Oury prouvait assez les sympathies que son bon naturel lui avait aoquis dans notre ville. Sa perte a été particulière- ment sensible à notre société, qui le considérait, ajuste titre, comme un de ses membres les plus utiles et les plus dévoués au progrès horticole. M. DUPREY. Le 19 août 1871, la société d'horticulture, dans la personne de son président honoraire, perdait un de ses membres les plus érudils, un de ceux qui avaient le plus contribué à sa créa- tion et à sa prospérité. Elève de l'école normale supérienre, M. Duprey eût pu atteindre aux places les plus élevées dans l'enseignement, mais il demanda, comme une faveur, de quit- ter un lycée (collège royal à cette époque) pour venir professeur de rhétorique à Cherbourg, où habitait sa famille. Ses connais- ( 67 ) sances nombreuses et approfondies l'avaient déjà fait remar- quer, et il avait été nommé membre de plusieurs commissions scientifiques, par exemple de celle qui fut chargée d'étudier le boisement du département des Landes. 'Comme professeur au collège de I Iherbourg, il sut vite con- quérir l'attention de ses élèves qui lui donnèrent toujours les marques d'un réel et profond respect. Ils ne perdaient pas un mot de ses cours savants, si pleins d'intérêt. Ses leçons de géographie de la France étaient surtout vivement appréciées, car M. Duprey avait traversé la France dans tous les sens et il connaissait, pour les avoir visités, les lieux dont il parlait dans ses cours. Ses élèves, devenus hommes, ont toujours eu pour lui un grande considération. Nommé conseiller municipal aux dernières élections et pour ainsi dire malgré lui, il res- sentait déjà les souffrances de la maladie qui a brisé sa belle existence, et venait de prendre sa retraite après plus de 35 ans de services rendus à l'instruction publique. La foule qui se pressait à son inhumation, témoignait assez de l'estime qu'il s'était conquise dans le collège, dans la société d'horticulture et de la ville entière. Nous pourrions voir, clans un article de M. Dalidan, 1er Bulletin de 1869, p. 41, ce que fut M. Duprey pour la société d'horticulture; mais laissons à ce point de vue la parole à un de nos collègues qui, pendant plus de 25 ans, s'est trouvé en relations suivies avec notre éminent président honoraire et qui a pu apprécier, à sa juste valeur, ce savant émérite. Voici comment M. Gavron s'exprime à son sujet : « M. Duprey faisait de l'horticulture son plus agréable passe- temps^ et il eut bien voulu y consacrer plus de moments en- core, si ses occupations le lui avaient permis. Il donnait lui- même à ses plantes des soins à l'aide desquels il leur faisait prendre ces belles formes où la grâce, l'élégance et la vi- gueur marquaient leur présence, pour produire ensuite des échantillons de premier mérite Pour arriver à ce résultat, jamais il n'employait de taille rigoureuse, quelques pincements faits à temps sur le. bourgeons trop vigoureux qu'il supposait capables de déranger l'ordre des formes naturelles, étaient presque la seule taille qu'd opérait sur les beaux échantillons d'arbrisseaux qui ornent son jardin. La taille bien raisonnée ( 68 ) des arbres fruitiers lui paraissait la seule utile pour raviver la vigueur des arbres souvent épuisés par d'abondantes pro- ductions. » Savant botaniste et géographe, il saisissait promptement quels pouvaient être les besoins d'une nouvelle plante. Tou- jours la première étude qu'il en faisait était de s'assurer de son véritable nom, de sa patrie, si elle était d'un pays de plaine, de marais ou de montagne, et enfin de son altitude; si elle vivait à l'ombre ou au soleil, et quelle était la température de son habitat naturel. Ces connaissances acquises, il méditait les soins et la place qui pouvaient convenir. C'est alors, lorsqu'il venait à raisonner ces questions avec des jardiniers praticiens qu'on pouvait juger de toute l'étendue de son savoir scientifi- que. Il regrettait énormémeut, dans l'intérêt de la science, la faute que font parfois les botanistes en dédiant des plantes à des personnalités; il eût voulu qu'en étudiant l'étymologie d'un nom de plante, on y retrouvât quelqu'indice de sa nature par- ticulière. Physiologiste, il savait rapprocher les espèces, les hybridait et obtenait de ses semis des variations méritantes. Malheureusement ses occupations lui ont souvent empêché de suivre d'heureux commencements et de pousser le perfection- nement de ses nouveaux gains aussi loin qu'il l'eût désiré. C'est alors, par dévouement pour le progrès, qu'il lui arrivait si fréquemment d'offrir aux membres de la société d* horticul- ture, et particulièrement aux jardiniers, des graines précieuses qu'il ne pouvait semer, ou des jeunes plants qu'il ne pouvait repiquer faute de place. Les plantes vivaces et rustiques, les plantes alpines, les plantes grimpantes auxquelles M. Duprey savait donner un heureux emploi sans occuper beaucoup de place sur le sol Les plantes bulbeuses avaient pour lui le plus grand attrait. Les cyclamens, les lis et les alstroëmères ont atteint dans ses mains tout le luxe de beauté qu'un amateur puisse désirer. Il avait aussi un amour tout particulier pour l'introduction de nouvelles plantes et pour l'acclimatation de celles qui présentaient des chances de vivre sous notre climat; aussi son jardin était toujours comme une école encombrée par des plantes soumises à ce genre d'étude, et le plus souvent, pour créer dçs plantes aux nouveaux venus, les places qui lui avaient valu les meilleurs succès passaient dans les jardins de ( 69 • ) ses amis. Le nombre de plantes qu'a ainsi étudié feu M. Du- prey est très-considérable; malheureusement le résultat de toutes n'a pas été publié. En dehors des précieuses notices in- sérées dans les Bulletins de 1846 et 48 de notre société, ses observations seraient sans résultat pour nous, si ceux à qui il faisait bon accueil et, qui comme lui, suivaient cette étude et à qui il communiquait ses succès, n'avaient à leur tour répandu le fruit de ses conquêtes. Le mot d'acclimatation ou naturali- sation, si mal compris en horticulture, l'était dans son véritable sens par M. Duprey; aussi, disait-il : pour faire vivre avec succès une plante étrangère, on doit, autant que possible, la planter dans des conditions de la vie ordinaire, retrouvant à peu près son milieu habituel, sa prospérité sera une acclima- tation, c'est-à-dire qu'elle vivra dans notre pays, sans, pour cela, se naturalisera notre climat; mais, dans ses générations par semis, il y a chance d'obtenir des variétés tant soit peu plus rustiques, et, par conséquent, mieux appropriées à notre cli- mat. C'était dans ce sens qu'il supposait la naturalisation par- fois possible. Prétendre façonner complètement la constitution d'espèces à des climats différents de celui de leur patrie, lui paraissait chose douteuse. Aussi, il ne considérait l'acclimata- tion possible que le plus souvent par la création d'un climat factice, et de là la nécessité d'employer quelques abris protec- teurs contre le vent et la gelée, au moins pour un certain nom- bre de plantes que l'expérience nous a appris n'être que demi rustiques dans nos jardins. » Aussitôt que M. Duprey parut dans notre société qui venait de se fonder, en 1844, son savoir y fut bien vite apprécié. Com- me il était en rapport avec des savants de différents pays qu'il proposait comme membres correspondants, il fut nommé se- crétaire de correspondance (le 2 février 1845), lorsque le pré- sident, que son grand âge forçait au repos, se retira. Il fut élu président le 5 octobre 1845, et ces fonctions il les a dignement remplies pendant de nombreuses années, lorsque, par suite de ses trop grandes occupations, il força la société à accepter sa démission. Elle lui conféra le titre de président honoraire le 8 février 1863, et, malgré ses occupations, il n'en continua pas moins à suivre les travaux de la société avec un intérêt et un dévouement tout particulier. Ceux qui ont suivi les réunions de 5 70 ) cette époque se rappellent encore la grande modestie avec la- quelle il donnait ses conseils et surtout l'attention avec laquelle on les écoutait, car on savait que, quand il se permettait d'en donner, ils étaient toujours la garantie d'expériences bien faites. Dans les fonctions de la présidence, il savait user de l'auto- rité qui lui appartenait, sans jamais imposer son opinion dans aucnne décision; on pourrait dire que parfois même, s'il eut voulu user de son influence personnelle, il eût hâté le progrès que l'ignorance et la routine paralysent trop souvent, mais il voulait respecter le droit de chacun. Bon juge el prompt appré- ciateur du savoir des autres, il connaissait ceux qui pouvaient rendre le plus de services à la société et stimulait continuelle- ment leur bonne volonté. Les jardiniers de profession rece- vaient aussi une grande part de ses encouragements. Répan- dre l'instruction horticole dans les campagnes fut un de ses vœux les plus ardents. Pour tenter ce résultat, il conseilla à la société la publication d'un almanach horticole approprié aux besoins de l'arrondissement de Cherbourg, dont il fut le prin- cipal rédacteur; et si l'on n'a pas atteint le résultat désira- ble, c'est-à-dire sa continuation, c'est parce qu'il manqua du concours nécessaire en pareille circonstance, dans les campa- gnes surtout. » Chaque mois, il passait lui-môme la revue de toutes les pu- blications horticoles et en faisait une analyse à chaque réunion; ce qui, d'après les uns, donnait aux séances une tournure de conférence qui éloignait par trop les discussions; selon d'autres, les snjets d'études manquant trop souvent, les communications faites par le président entretenaient dans les réunion^ l'intérêt et la vie. » La perte de cet homme de bien nous a causé à tous de très sensibles regrets, d'autant plus sensibles que nous n'avons pu les exprimer en le conduisant à sa dernière demeure, le res- pect de sa volonté nous ayant condamné au silence. Mais qu'aujourd'hui il nous soit permis de rappeler ici, comme marque de souvenir, notre reconnaissance et l'expression des sentiments d'estime que nous avons toujours eu pour lui. » ( 71 ) M. BEAUSSIEU. Pendant 14 ans, du 26 décembre 1858 au 30 octobre 1866, M. Baussieu fut secrétaire de la société d'horticulture de Cherbourg. Pendant tout ce temps, il ne cessa de faire preuve dans ces fonctions difficiles d'un grand dévouement. Il venait d'être nommé secrétaire honoraire, lorsqu'il fut envoyé juge de paix à Quettehou. Tout récemment, il avait été nommé juge de paix à Octeville et nous espérions le voir prendre de nou- veau part à nos travaux, lorsque la mort est venue le frapper le 9 décembre dernier. Ce n'est pas seulement comme secrétaire que M Beaussieu s'était acquis des titres à la reconnaissance de la société, c'était aussi comme amateur éclairé d'horticulture; il a été permis à tous les membres de la société de parcourir sa charmante propriété de Lucet dont l'entrée était toujours ouverte aux vi- siteurs et de se rendre compte des résultais obtenus. A ce titre d'horticulteur distingué et d'acclimatateur de végétaux exoti- ques, il s'était vu décerner en juin 1805, par la société d'hor- ticulture, une médaille de vermeille. Cette distinction fut accordée à la suite d'une visite faite par la commission des cultures d'agrément dans les jardins de M. Beaussieu etd'après les conclusions d'un remarquable rapport de M. Dalidan, rap- port que nous regrettons de ne pouvoir reproduire maintenant, faute d'espace. La Rédaction. ( 72 ) MEMBRES TITULAIRES Admis peiT.cia.rit, l'Année 1871 MM. Altemer, commis de marine. Arnaud, lieutenant de vaisseau. Bonvalet, propriétaire. Bringeon, propriétaire. Brisset, sous-agent administratif de la marine , Buhot, Eugène, courtier mari- time. Chaigneau, lieutenaut de vaisseau. Couenne, commis de marine. Cousin, capitaine au long-cours. Fontaine, Honoré, horticulteur. Fouace, artiste peintre. Giot, Gustave, négociant. Gosselin, agent comptable de la marine. Groult, Léon, photographe. Grumeau, photographe. Gukrin, Jules, charpentier. GuÉroult, commis de marine. Hennequin, négociant à Equeur- dre ville. Henry, Ernest, aide-commissaire. Henry, iibraire. MM. Hochet, Alexandre, vice-prési- dent de la Société la Clterbour- geoise. Jourdan, agent comptable de la marine. Launky, négociant. Liais , Emmanuel , membre de l'Observatoire. Le Boullenger, propriétaire à Octe ville. Le Goupil fils, marchand de nou- veautés, rue de la Vase. Le Goupil fils, marchand de nou- veautés, rue du Val-de-Saire. Lemaresquier, propriétaire. Leneveu, maître peintre. Le Roy fils, marchand quincail- lier. Masson, lieutenant de vaisseau. Maze, lieutenant de port. Racine, Victor-Edmond, commis de la marine. Ringard, négociant. Schmitt, inspecteur-adjoint de la marine. Sève, commis de la marine. Cherbourg. — Imp. d'Aug. Mouche!. A Monsieur le Maire, A Messieurs les Membres du Conseil municipal. .Messieurs , Chaque année, depuis plus de vingt ans, la Société d'horticulture a poursuivi sans relâche la création d'un jardin public dont on a si besoin à Cherbourg. Elle a constamment échoue, car elle ne peut avec ses seules ressources réaliser un tel projet. Maintenant, en présence des malheurs qui ont sévi sur le pays, elle comprend que moins que jamais elle peut penser à cet embellissement de la ville. Elle l'ajourne donc provisoirement, mais dansl'esprit des membres de l'association, l'établissement d'un jardin public à Cher- bourg comprend deux choses : 1° La création d'un jardin d'agrément qu'elle aban- donne jusqu'à nouvel ordre ; 2° La création d'une école pratique d'arboriculture et d'expérimentation horticole, chose peu coûteuse comme premier établissement, d'un entretien facile et d'un intérêt communal. C'est cette deuxième partie du projet que la Société 9 d'horticulture voudrait pouvoir réaliser, car voici, du reste, quels seraient les avantages qu'on en pourrait retirer : 1° Du jardin d'arboriculture pratique nous permettra d'étudier, d'enseigner et de propager le mode de plan- tation des arbres fruitiers, la direction la meilleure à leur donner, les tailles qui leur conviennent suivant les espèces et suivant, les saisons; 2° Ce qu'un simple particulier ne peut faire, la société le fera ; elle pourra étudier l'acclimatation des arbres fruitiers recommandés et à un moment donné dire aux amateurs: plantez chez vous telle espèce de poirier, tel pommier, etc., il réussira bien dans telles et telles conditions; 3° Pris comme point de départ, à l'aide de ce jardin, la Société avec son bulletin et les excursions fréquentes qu'elle fait chaque année pourra propager les bonnes espèces d'arbres fruitiers dans les jardins de nos cam- pagnes, si deshérités sous ce rapport; 4° A de certaines époques, elle invitera les instituteurs delà localité et des localités voisines à assister auxséances pratiques et à amener avec eux ceux de leurs élèves qui ont du goût pour l'horticulture ; 5° Ce jardin servira à former des élèves jardiniers, par exemple quelques orphelins de l'hospice, qui à la fin de leurs études recevront de la société après examen, un diplôme qui sera pour eux la meilleure des recomman- dations ; 6* Dans aucun cas, du reste, la Société ne cherchera à tirer un lucre des produits de ce jardin. Son but n'est pas de faire concurrence aux horticulteurs marchands; elle cherchera toujours, au contraire, à les favoriser, à étendre le goût de l'horticulture et de l'arboriculture de façon à ce que chacun y trouve son profit. — 3 — Ouautàcequi concerne les voies et moyens à employer pour réaliser ce projet, quelques membres de la Société avaient purement et simplement proposé de faire louer, par la Société elle-même, un jardin où elle aurait institué son école d'arboriculture. Ce projet a été repoussé, voici pourquoi : La Société veut que ses expositions aient la même splendeur que par le passé, et le prix de la location de ce jardin avec les irais d'entretien auraient notablement diminué le budget de ses prochaines exposilions. Ses finances actuelles ne lui permettent pas de louer un jardin, elles peuvent seulement lui permettre de l'entre- tenir. Elle a pensé, Messieurs les Conseillers municipaux, que tout en lui conservant sa subvention, vous voudriez bien lui venir en aide dans une œuvre aussi éminemment utile sans que la ville, toutefois, ait d'argent à débour- ser. La ville possède des terrains vagues ou en mauvaise culture qui accèdent par la rue MontebclSo. Ces terrains qui avaient été réservés pour créer une école restent libres par suite du déplacement de cette Ecole. La Société d'horticulture demande au Conseil muni- cipal de vouloir bien lui louer pour une somme minime et avec un long bail, ces terrains qui, en somme, ne rap- portent rien à la municipalité. Dans ces terrains, la Société d'horticulture s'engage à créer non pas un jardin public, mais une école d'arboriculture pratique qui nous, n'en douions pas, grâce au zèle, à l'activité, au dévoue- ment dont elle a fait preuve dans mainte et mainte circonstance, deviendra florissante. Du reste il suffit, de jeter un coup d'œilsur le passé, pour se convaincre que les efforts de notre association n'ont pas été stériles. En 18H, un groupe d'amis du progrès comprenant que Cherbourg par sa situation, par sou climat, par la 4 nature de son sol présentait toutes les conditions pour réaliser les plus grands progrès horticoles fonda la Société d'horticulture de notre arrondissement. Ces esprits judicieux, pour développer l'horticulture dans l'arrondissement et perfectionner ses pratiques, inscrivirent en tète de leurs statuts trois principales choses dont ils cherchèrent par tous les moyens à déter- miner la réalisation. C'étaient : 1° Des expositions aussi fréquentes que possible des produits de l'horticulture; 2° La publi- cation périodique de documents horticoles ; 3° La poursuite persévérante de la création d'un jardin publie consacré principalement aux acclimatations et à l'ensei- gnement théorique et pratique de l'horticulture. L'idée était bonne et bientôt le succès vint couronner leurs efforts. En effet, si l'on veut se rendre compte des progrès qui sont réalisés, il faut se reporter par la pensée à vingt-sept années en arrière, songer qu'alors il n'existait pas de marché aux fleurs à Cherbourg, que la plaine de Tourlaville qui constitue à présent le prin- cipal commerce de la localité ne présentait presque point de cultures maraîchères, que les plantes exotiques étaient loin d'être communes, qu'en un mot, l'horti- culture utile ou ornementale était à Cherbourg encore dans l'enfance. Aujourd'hui, au contraire, il existe un marché aux fleurs des mieux approvisionnés où il n'est pas rare de rencontrer des plantes acclimatées qu'on chercherait en vain dans bien d'autres départements. La ville renferme un grand nombre de jardins, où prospèrent d'admirables camélias, les rhododendrons; les plus rares, beaucoup de serres où, même dans les plus modestes mûrissent les plus beaux raisins et où se rencontrent des fougères exotiques, des palmiers, des bégonias variés, etc. Enfin les établissements de nos horticulteurs peuvent rivaliser avec ceux, des villes où la population est plus que le double de la. nôtre, voilà pour l'agrément. Si nous passons aux cultures d'utilité, il suffit de par- courir les alentours de notre ville pour se rendre compte de leur immense développement. Du reste, il n'y a pas de meilleure éloquence que celle des chillïes et nous vous demandons la permission de vous en citer quelques uns: La plaine de Tourlaville, par exemple, fournit deux récoltes principales chaque année, celle des choux-fleurs puis celle des pommes de terre. La récolte des choux-fleurs produit, en moyenne, près de 3,000,000 de plantes, celle des pommes de terre 45,000 hectolitres. Outre cela, on doit compter près de 2,000,000 de choux prompts ou grappes. Du reste, voici des chiffres incontestables fournis par la Douane et qui montrent bien quelle est l'importance des produits exportés de notre sol chaque année; ainsi, dans la simple période du 8 au 31 mars 1870, il s'est exporté 203,580 k. de choux-fleurs et du 1C1 au 18 juin de la même année, il s'est exporté 581,080 k. de pommes de terre. Ces chif- fres montrent bien l'immense développement qu'à pris depuis quelques années la culture maraîchère. En nous plaçant à un autre point de vue, au point de vue de la production des fruits de table, on est frappé immédiatement de la disette de ces produits sur nos marchés, deux qui possèdent un jardin ont de; espaliers, récoltent de beaux et bons fruits; mais, à part quelques rares personnes, leur récolte est consommée par eux et l'exportation qui s'emparerait immédiatement de ces produits, s'ils paraissaient en quelque abondance, nu peut en celte circonstance apporter aucun bien-être à — 6 — nos horticulteurs. Pour les fruits, Cherbourg est tribu- taire des arrondissements voisins ; on en voit même sur nos marchés qui viennent de l'extrémité du départe- ment. 11 est donc certain que les belles Heurs, les belles plantes d'ornement, les arbres verts exotiques se sontrépandus à profusion dans noire arrondissement, que les cultures maraîchères y ont pris un énorme développement, mais la culture des fruits de table est restée dans l'enfance et cependant elle y est possible, elle y est facile, et, pour s'en convaincre, il suffit de parcourir les jardins de quel- ques uns de nos amateurs. IUais,-messieurs, dira-t-on, la Société d'horticulture ne peut montrer la prétention d'avoir à elle seule réalisé ou déterminé ces progrès? Sans doute, mais elle peut se vanter néanmoins de les avoir suivis pas à pas, de Ses avoir encouragés, d'avoir préconisé les meilleures méthodes horticoles, d'avoir fondé quelques institutions utiles et d'avoir toujours tenu eu haleine !e zèle et l'ému- lation de nos horticulteurs marchands et celui des ama- teurs; de plus, d'avoir vanté ajuste litre, fait, connaître à l'étranger et dans les départements voisins les produits de nos maraîchers. Du reste, voici les preuves de ce que nous avançons: Ce sont des membres de la Société et aveel'appui decetle dernière qui ont créé le marché aux Heurs. C'est Ri. Dorange, l'un des vice-présidents delà So- ciété, qui, le premier exporta des produits maraîchers en Angleterre, et son exemple fut bientôt suivi par les cultivateurs de Tourlavilîe et des environs. Depuis vingt-sept ans, la Société a fait régulièrement des expositions publiques qui ont. été de véritables fêtes horticoles dont toute la population a été témoin. Pour n'en citer qu'une, la dernière, qui a eu lieu en mai 18GD, le jury qui renfermait dans son sein les délégués des Sociétés de Rouen, de Caen, de Montmorency, de Valomiesct d'Avranches a décerné pour 1100 francs de récompenses aux horticulteurs et maraîchers méritants. Outre cela, la Société d'horticulture a acheté pour 1800 francs de plantes ornementales, de légumes et d'objets utiles à l'horticulture parmi ceux qui figuraient à l'expo- sition: ce qui fait, en tout, 2900 francs, qui furent donnés en 18G9 par notre Société comme encouragement à l'horticulture. De plus, la Société possède un bulletin trimestriel dont le but est le suivant : Populariser les meilleures méthodes horticoles et maraîchères qui conviennent à notre arrondissement, résumer tous les travaux importants d'horticulture, publiés dans tous les journaux horticoles alin de les mettre à la portée de tous, de vulgariser les sciences qui se rattachent à l'horticulture, et qui par leur concours favorisent le développement, des meilleures pratiques. Ce bulletin est envoyé gratuitement à tous les mem- bres de la Société, aux instituteurs communaux de l'ar- rondissement et aux sociétés correspondantes. Enlin MM. s'il faut rappeler tous les services que la Société a rendus et cherche à rendre, nous ne pouvons passer sous silence les dons qu'elle a faits à la caisse des blessés militaires, la souscription spontanée faite par ses membres pour le même objet, les dons récoltés par elle en argent, graines et plantes envoyées à ses frais aux horticulteurs et maraîchers qui avaient été éprouvés par les malheurs de la guerre. L'importance de ces dons et de ces envois est représentée par la somme de 2.644 francs. Si la Société d'horticulture vous rappelle tous ces faits, ce n'est pas uniquement pour s'en faire gloire, c'est pour vous bien démontrer que cette Société compo- — 8 — sée de plus de 350 membres est des plus vivaecs, qu'elle est animée de l'amour du progrès, du désir de faire le bien. En résumé, Messieurs les Conseillers municipaux, la Société d'horticulture vous demande de lui louer pour un long bail et moyennant une rétribution minime, les terrains vagues qui appartiennent à la ville et qui accè- dent par la rue Monlebello . Cherbourg, le 12 novembre 1871. Pour copie conforme : Le Secrétaire général, ROSSEL. Le Président, DAL1DAN. Cherbourg, imp. Bedelfontaine et Syffert. Les réunions de la Société d'Horticulture de Cherbourg ont lieu le premier Dimanche de chaque mois, à l'Hôtel-de- Ville, à une heure et demie de l'après-midi. Les FLEURS, FRUITS, LÉGUiMES, PRIMEURS, sur lesquels MM. les Amateurs, Jardiniers, Maraîchers (Sociétaires ou non), désirent appeler l'attention de la Société , seront déposés sur le Bureau, examinés séance tenante, et une Com- mission sera chargée d'en faire un rapport. Prix de l'abonnement annuel, rendu franco à domicile : 4 fr. Prix du numéro du Bulletin, chez tous les Libraires : 1 fr. On rendra compte dans le Bulletin de tout Ouvrage dont il sera adressa deux exemplaires à la Société d'Horticulture. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE DE CHERBOURG »>** ««;■ N" 1 & 2 — Année 1872 CHERBOURG IMPRIMERIE AUGUSTE MOUCHEL, PLACE DU CHATEAU BULLETIN DE l.A SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE DE CHERBOURG ~»-~3»-»«Sg«" N- 1 & 2 — Année 1872 LïtfHARY CHERBOURG IMPRIMERIE AUGUSTE MOUCHEL, PLACE DU CHATEAU Les idées développées dans les rapports et mémoires insérés ^>u Bulletin sont personnelles aux auteurs. BULLETIN 1 ET 2 DE 1872 TABLE MM. H. de la Chapelle Ch. Syffert Alf. Rossel Rossel aîné Emm. Liais ") A.André F.Herincq ) Alf. Rossel A. Frouin A. Frouin Cavron Lecostey PAGE S Chronique horticole 5 20e Exposition 12 Rapport du Jury 18 Rapport sur l'Enseignement horticole, etc. 40 Exposition, Jardin d'Arboriculture et d'Ex- périmentation 49 La Coulure du Raisin, ses causes, ses effets, par M. Ch. Baltet 55 Notes sur divers ouvrages 58 Culture des Arbres fruitiers au point de vue de la grande production, parM.Ch. Ualtet 63 Excursion à Flamanville 64 Résultats de Conférences horticoles dans le jardin de l'école communale de Flaman- ville 67 Liste des Membres admis pendant le 1er semestre 1872 70 Livret de la 20e exposition. CHRONIQUE HORTICOLE CD Pourquoi seulement deux Bulletins en 1872. — Des fruits en attendant les arbres. — ■ Bonheur d'habiter en commun, mais né- cessité par là même d'une habitation. — Exposition artistique et industrielle. — Excursion à Flamanville. château, falaises, dolmen, port de Diélette. — Exposition de Valognes. — Expositions à Paris et à Lyon. — Le maréchal Vaillant. — Le Deutzia gracilis. — Hortensias bleus et roses. — Erables japonais. — Un plat de fraises. La société d'horticulture n'a publié, pour l'année 1871, qu'un seul Bulletin. En 1869 et 1870, elle en avait publié quatre; cette année elle en publiera deux. La rédaction s'est réservé l'ap- préciation du nombre de Bulletins qu'elle publiera en 1873 et les années suivantes. Pourquoi seulement deux Bulletins cette année ? Parce que la société, ayant obtenu de la ville un ter- rain pour y établir son jardin d'arboriculture pratique et d'ac- climatalion, pour y faire à l'avenir ses expositions, comme elle a fait avec succès celle du mois de mai 1872, a dû chercher à réduire ses autres dépenses. — C'est une lourde charge, en effet, pour une société que de dessiner et de planter un jardin dans ce qui était naguère un terrain vague. Notre jardin ne possède pas encore d'arbres fruitiers, mais il a déjà porté ses fruits, et ces fruits sont ceux que la société désirait le plus • la propagation des goûts horticoles et l'accroissement du nom- bre des sociétaires. Aussi, depuis son ouverture, les demandes d'admission sont arrivées en grand nombre. En effet, parmi nos nouveaux collègues, les uns ont désiré pour eux— mêmes et leurs familles un lieu de promenade et de repos; d'autres possédant tout cela chez eux, ont voulu, par leur cotisation, augmenter les ressources de notre société dont l'utilité, au point de vue philanthropique et moralisateur, est chaque jour de plus en plus notoire. — Je ne dirai que peu de choses de l'exposition de 1872, car les journaux de Cherbourg en ont fait un compte-rendu, que le Bulletin insère de préférence à tout autre; mais chacun de (6 ) nous conservera longtemps le souvenir de cette fête de famille, depuis M. le docteur Renault, notre vice-président, M. Equil- bec et M. Gavron, qui ont, pendant un mois, consacré la ma- jeure partie de leur temps à la préparer et à l'installer, jusqu'à ceux d'entre nous qui, ne pouvant y consacrer que quelques rares instants, ont vu leurs faibles services acceptés avec em- pressement. Enfin, tous nos collègues qui se pressaient dans le jardin, ainsi que ceux qui sont venus à nous, et ceux qui fini- ront par y venir, chacun semblait se dire : Qu'il est bon et agréable pour des frères de se trouver réunis en commnn ! — La citation que je viens de faire est inexacte, allez— vous me dire ! Sans doute, et le texte dit : d'habiter en commun. Je ne propose pas de caserner la société, sans doute; mais il est des moments où il est bon pour une société d'habiter en com- mun, et c'est justement Y habitation qui nous fait défaut. Cette lscune a inspiré à M. Alfred Rossel une de ses plus délicieuses chansons; aussi, répéterai— je après lui, comme l'a fait déjà fait le Phare de la Manche : la société réclame « la maison du jardinier » et la salle de réunion qui en occupera l'étage. — Une nouvelle société, créée à Cherbourg à la fin de l'année dernière, la société artistique et industrielle, fera cette année sa première exposition, du 25 août au 3 septembre, dans la salle d'Espadage du chanvre, dépendant de l'ancienne corderie de la marine, au Chantier. Ce local a été gracieusement mis à la disposition de la nouvelle société par l'autorité supérieure maritime. Bien que ceci soit étranger à l'horticulture, mes collègues veulent bien que j'annonce dans ce Bulletin l'exposi- tion qu'organise cette société à laquelle appartiennent beaucoup d'entre nous. L'industrie, d'ailleurs, n'est pas exclusive, et si quelques jardiniers, membres de la société d'horticulture, voulaient profiter de cette exposition pour montrer au public des produits qu'ils ne pouvaient exhiber au mois de mai, ils savent qu'ils seraient bien accueillis. — La remise delà médaille attribuée à M. Le Costey, insti- tuteur communal à Flamanville, et d'ouvrages horticoles à trois ( 7) de ses élèves (voir le rapport du jury), a été l'occasion pour un grand nombre de nos collègues de faire., le 30 juin, une excur- sion dans cette intéressante commune. La commune de Flamanville, située à 26 kilomètres au sud- ouest de Cherbourg, occupe un plateau élevé d'environ 75 mè- tres au-dessus de la mer; elle est traversée du sud au nord par une belle route aboutissant à Diélette; son littoral forme un cap demi-circulaire, entièrement bordé de falaises presqu'ex- clusivement granitiques. Sur quelques points seulement, des roches trappéennes offrent des grottes curieuses et des points de vue variés. L'église et l'école sont au centre de la commune; près de là se trouve le château, bel édifice du XVIIe siècle, au centre, d'un parc à peu près carré, renfermant trois vastes étangs et des fossés pleins d'eau; dans l'aile gauche est une belle galerie, formant orangerie, laquelle est séparée du pota- ger par le parterre, qui est un hémicycle à gradins. Les jardins potagers sont vastes et coupés de très-larges allées. En ce moment, on agrandit la serre dans laquelle je n'ai remarqué qu'un choix de beaux cactus. Le château, qu'ont visité nos excursionnistes, appartient à M. Hervé de Sesmaisons. A l'ouest, et séparée du parc par un chemin, se trouve la propriété de M. François de Sesmaisons. On y voit deux jardins séparés par un mur d'argile garni d'un toit à double égout, les arbres fruitiers de l'intérieur ayant des branches traversant le mur et formant espalier à l'exté- rieur. Le jardin extérieur, séparé du chemin par une grille, vient d'être garni de fleurs par M. Balmont. A l'extrémité d'une plantation voisine de cette propriété, on voit le sémaphore dans l'enceinte duquel est un dolmen druidi- que, que l'on a eu soin de conserver. Sur ce point élevé, les gardiens du sémaphore ont su se créer plusieurs petits jardins, clos de murs en gazon de la falaise et dignes, parleur production, de tout l'intérêt de la commission des cultures d'utilité. Ils ont même réservé de la place pour quelques fleurs. Sous le dolmen est un petit lieu de repos d'où l'on aperçoit les caps de la Hague, du Rozel, de Carteret et les îles anglaises. ( 8 ) Les falaises de Flamanville ont été transformées en carrières à granit; mais parmi celles qui ont été respectées, se trouve celle nommée Biédal, dans laquelle une descente aisée a été ménagée. Les plantes les plus caractéristiques de ces falaises sont YAlphenium marinum, que nous avons vu à l'exposition dans lesapports de MM. Dagoury, le Daucus maritimus, Crithmum maritimium, plante comestible connue sous le nom de perce- pierre, et qu'il ne faut pas confondre avec le criste marine {salicornia herbacea); à l'extrémité sud des falaises, on trouve Ylnula crithmoïdes, dont le feuillage ressemble à celui de la percepierre, mais dont le goût est plus acre; plus au sud en- core, en joignant Sciotot, est une curieuse plombaginée, le statice occidentalis (St-Spathulata. Babingt. fl. Sarn.), plante susceptible d'être cultivée pour l'ornement. (1) Au sud de la commune est le port de Diélette, situé dans une anse pittoresque, dans lequel, amer basse, on exploite un ricbe minerai de fer (oxyde magnétique Fe 304 ). — La société d'horticulture de Valognes avait, comme nous, fixé au mois de mai son exposition de 1872; cette exposition a suivi de près la nôtre; elle a eu lieu du 25 au 28 mai, dans l'hôtel- de-ville. Au pied de l'escalier, M. Lecappon avait ex- posé ses conifères. Dans la salle de la justice de paix, et entre celle-ci et la grande salle de l'hôtel-de-ville, on avait disposé les produits maraîchers; la grande salle était réservée aux fleurs. Les prix, consistant en médailles de diverses valeurs, ont été décernés : Pour les légumes, à MM. Noël, jardinier de l'hospice de Valognes; Dubost, jardinier du château des Galeries, à Bric- quebec, et Marion, jardinier à Valognes; Pour les plantes et fleurs, à M. Lecappon, 7médailles (pelar- goniuns, rhododendrons, arbres et arbustes à feuilles persis- (1) Quelques pieds à'asplpnium marinum et de statue occidentalis ont été recueillis pour le jardin de la société. ( 9 ) tantes, fuchtsias, plantes variées, conifères, ensemble de l'ex position); A M. Lechevalier père, horticulteur à Valognes., 3 médailles (plantes grasses, semi-doubles, plantes variées); A M. Saillard père, horticulteur à Valognes, prix ex-sequo pour des plantes variées; A Mme Saillard pour un bouquet monté; Enfin, une médaille d'argent a été décernée pour un modèle de petit château fort en rocailles, à M. Dennebouy, employé au chemin de fer à Valognes. Le rapport du jury, rédigé par le secrétaire de la société, fait l'éloge dos pêchers et des vignes confiés aux soins de M. Le- chevalier, et des fruitiers de toute espèce tenus par M. Louis Marion, ainsi que des plantes à fleurs soignées par MM. Sail- lard, Duclos et Lecappon. Les prix, pour la tenue des jardins, tous décernés, le 1er à M. Louis Marion, le 2e à M. Lecheva- lier père. Le banquet a eu lieu le dimanche 26, chez M. Doyard de la Motte. Au dessert, le nouveau président, M. Sebire, conseiller général, a fait l'éloge de son prédécesseur, M. le général Mes- lin, décédé après une longue vieillesse. Il a annoncé que l'ex- position de 1873 aurait lieu au mois de septembre et a remercié M. le sous-préfet de la bienveillance qu'il, a constamment té- moignée à la société. M. Valembourg, sous-préfet, a répondu à ce toast et a dit de plus qu'il conserverait toujours le meilleur souvenir de Va- lognes, ville dans laquelle il ne cesse de recevoir des témoi- gnages de sympathie. Enfin, M. Daireaux, maire de Valognes, porte un toast à M. le président, à M. le sous-préfet et à M. Simon, inspecteur des douanes, qui lui aussi honorait de sa présence le banquet horticole. Puis on s'est séparé en se donnant rendez-vous à l'année prochaine. - Dans sa chronique horticole (Revue horticole du 16 juin 1872), M. Carrière fait l'éloge de l'exposition d'horticulture qui vient d'avoir lieu au palais de l'industrie, à Paris, et ne 10 comptait pas moins de 60 exposants, dont quelques-uns avaient présenté plusieurs lots. Il rappelle aussi qu'à l'exposition uni- verselle de Lyon,, l'horticulture tient une place honorable. — Le maréchal Vaillant, qui vient de s'éteindre à l'âge de 81 ans, était depuis longtemps président de la société centrale d'horticulture de France, à ce titre, la Revue horticole fait son éloge funèbre, et toutes les sociétés d'horticulture lui doi- vent aussi un témoignage de regrets. — En réponse aux plaintes de plusieurs horticulteurs sur la dégénérescence de la floraison du deutzia gracilis, M. Car- rière publie une lettre de M. Aumônier, lequel fait connaître qu'ayant remarqué cette maladie dans ses deutzia, il l'a fait cessé par une bonne fumure, et a rendu à ces jolis arbustes leur végétation et leur floraison normales. — M. Carrière publie aussi une lettre de M. Léon Aurange, horticulteur à Privas (Ardèche), relative à la coloration bleue ou rose de la fleur de Yhortensia Les résultats obtenus par M. Aurange seraient inverses de ceux obtenus dans d'autres localités. M. Aurange a obtenu des hortensias à fleur bleue en les plantant dans une terre de bruyère riche en humus, un peu tourbeuse; il obtient au contraire des fleurs roses en plan- tant ses hortensias dans une terre de bruyère sablonneuse et aussi maigre que possible. M. Aurange pense du reste qu'il faut tenir compte de l'influence du climat, et recommande, dans le midi de la France, la culture de Yhydrangea otaksa, espèce à boules gigantesques, aussi rustique que l'hortensia ordinaire, qu'elle est probablement appelée à faire disparaître. Ne pour- rait-on pas en tenter l'essai à Cherbourg ? — M. Carrière recommande enfin aux amateurs d'arbustes rares et nouveaux les érables japonais de MM. Thibaut et Ke~ teleer, jardiniers à Sceaux^ notamment les Acer palmatuus, A' palm. atroprapureum, A. palrn. septemlobum, A. palrn sanguineum, A. palm. roseomarginatum, A. palm. dissec— tum, A palm. pinnatifidum, A. palm. reticulatum. On les obtient de couchages qui mettent deux ans à s'enraciner, ou de greffes sur le type Acer palmaium. ( il ) — J'ai lu quelque part l'histoire d'un serf russe qui avait gagné des millions dans le commerce des cuirs, mais ne pou- vait obtenir de son maître, à prix d'or, le titre d'homme libre. Après avoir traité à Odessa une affaire de commerce, il alla trouver à Moscou son seigneur et lui offrit jusqu'à 300,000 roubles (le rouble vaut environ 4 francs) pour le mot qui devait le rendre libre. Cela se passait au mois de février. Le seigneur refuse les 300^000 roubles; mais, croyant demander l'impos- sible, promet au serf sa liberté immédiate en échange d'un plat de fraises dont il avait besoin pour orner le dessert d'un dîner qu'il donnait le jour même. Le serf court à sa voiture, en tire un plat de fraises qu'il rapportait d'Odessa pour en faire une surprise à sa femme Le seigneur, pris au mot, tint no- blement sa parole et invita le nouvel homme libre à prendre sa part du festin et du plat de fraises. Le ci-devant moujikk peut chanter maintenant : J'aime tes atours O fraise, mes amours. Cherbourg, le 9 juillet 1872. H. le la Chapelle. ( 12 ) 20e EXPOSITION DE L'HORTICULTURE A CHERBOURG Ainsi que nous L'avons annoncé, le samedi 18 mai dernier, à 10 heures, s'ouvrait dans notre ville l'exposition des pro- duits de l'horticulture de notre arrondissement. Cette journée était tout entière réservée aux opérations des jury. Malgré la pluie torrentielle qui tombait depuis plusieurs jours, chacun était à son poste. Les dames patronnesses se faisaient particu- lièrement remarquer par leur intrépidité à braver l'inclémence du temps; on les voyait aller et venir examinant tantôt les plantes, tantôt les bouquets, prenant des notes et formant leur jugement pour l'arrêt qu'elles devraient prononcer. D'un autre côté, le bureau de la société, les membres des nombreuses commissions formant les jurys auxquels étaient venus se joindre les délégués des sociétés étrangères, procé- daient activement à leur longue et laborieuse tâche. Le rap- port des jurys que nous donnons plus bas, fera connaître les décisions prises et les récompenses décernées. Ce n'était en réalité que dimanche que commençait, pour ainsi dire, cette brillante fête horticole. Le temps si inclément s'était décidé tout à coup à combler les vœux ardents de nos horticulteurs. Dans la soirée de samedi, la pluie avait cessé de tomber et les nuages floconneux qui zébraient l'azur du ciel faisaient présager pour le lendemain le retour du soleil. Dès l'aurore, les jardiniers s'étaient donc mis à l'œuvre, réparant les dégâts causés par les pluies, peignant les gazons, ratissant les allées, dont toute trace d'humidité disparaissait sous une épaise couche de sable, remettant tout en ordre pour l'heure fixée de l'entrée du public. A neuf heures, les portes s'ouvraient enfin pour la foule impatiente et curieuse qui se pressait depuis longtemps aux abords du jardin. Nous n'essairons pas d'énumérer ici le nombre des visiteurs qui pendant ces deux jours ont parcouru ( 13 ) la rue Montebello. Nous dirons seulement que notre population tout entière et celle des localités voisines sont venues tour à tour offrir à nos horticulteurs le tribut de leur hommage et de leur reconnaissance, pour le splendide spectacle qui leur était offert. La première impression que ressentaient les spectateurs en entrant dans le jardin et qui leur arrachait de vives acclama- tions, c'était la rapide transformation de cet enclos, encore inculte il y avait à peine quelques jours, et maintenant trans- formé en un charmant jardin, planté d'arbustes et de fleurs qui semblaient y être écloses tant elles présentaient de fraîcheur. Une belle pelouse d'un vert tendre encore toute humide des pluies de la veille. Sur les côtés les élégantes tentes réservées aux jurys et aux exposants maraîchers. Puis au foud, ornées de guirlandes et de drapeaux, les tentes renfermant les riches collections d'arbustes et de fleurs exposées par nos laborieux horticulteurs. Tout cet ensemble offrait un spectacle vraiment féerique et charmant qui exerçait sur tous les visiteurs la plus heureuse impression. Nous ne pouvons pas décrire ici les richesses florales de notre exposition, il nous faudrait citer toutes les plantes; nous laissons cette tâche au rapporteur du jury, qui mieux que nous ne pourrions le faire, a su payer à chacun des exposants le tribut de louanges que lui méritaient le nombre et la variété des sujets exposés. Avant de clore cet exposé des impressions que nous avons recueillies sur les mérites de l'exposition, nous devons faire part ici du sentiment général qui régnait parmi les visiteurs, c'était la pensée de la création d'un jardin public. Chacun se demandait pourquoi la ville de Cherbourg, plus favorisée qu'aucun autre du département, sous le rapport de son climat, et sous celui des ressources financières,, ne possédait pas un jardin public. En concédant à la société d'horticulture une minime parcelle de terrain pour ses expériences d'acclimata- tion, on ne pouvait espérer en faire pour l'avenir le lieu unique de ses expositions. L'immense développement que prend ( 14 ) parmi nous l'élevage des arbustes et des fleurs rend nécessaire pour les expositions annuelles le choix d'un plus vaste terrain. En regardant au tour de soi chacun songeait aux nombreux sites pittoresques qu'offrent les hauteurs dominant Cherbourg on se demandait pourquoi la ville ne ferait pas l'acquisition de quelques-unes de ces propriétés si bien situées, pour les trans- former en un jardin public, où les pauvres comme les riches pourraient venir se reposer au milieu des parterres de ver- dures et de fleurs. Ce vœu, nous le disons hautement, était unanime parmi les visiteurs; il sera, nous n'en doutons pas, accueilli favorablement par notre municipalité, et nous avons ^e ferme espoir de le voir se réaliser dans un prochain avenir. Pendant ces deux jours de fêtes, les musiques de l'infanterie de marine et du 47° de ligne ont joué dans le jardin. Cette délicate attention des autorités maritimes et militaires en faveur de la fête horticole, a été vivement appréciée du public. Elle témoigne hautement de la faveur dont jouit la société d'horticulture. Elle sera, pour nos exposants, un puissant encouragement au progrès et leur donnera l'assurance que leurs efforts sont vivement appréciés. Nous croyons devoir nous faire ici les interprètes de nos concitoyens en adressant en leur nom des remercîments aux autorités civiles, maritimes et de la guerre, ainsi qu'aux personnes qui ont pris part à l'installation et à l'ornementation de l'exposition. LA DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES ET LE TIRAGE DE LA LOTERIE Mardi, à deux heures, une société élégante et choisie se pressait dans l'enceinte du théâtre, pour assistera la distribu- tion des récompenses et au tirage de la loterie. M- le vice-amiral préfet maritime, M. le général comman- dant le département et leurs aides-de-camp, M. Alfred Liais, maire, et ses adjoints, et les nombreux délégués des sociétés ( 15 ) étrangères, assistaientà cette solennité, témoignant aux expo- sants, par leur présence, combien ils appréciaient les mérites exceptionnels de l'exposition et les efforts faits par la société pour la rendre digne de notre cité. M. le président de la société a ouvert la séance, en pronon- çant le discours suivant : « Mesdames et Messieurs, » L'exposition de cette année mérite un tribut d'éloges à » nos horticulteurs et témoigne du zèle et des efforts de notre » société. Mais elle témoigne, en outre, et surtout du goût » prononcé de la population ds Cherbourg pour l'horticulture, » car, sauf cette condition essentielle pour assurer la vente, » il n'aurait pas été possible aux cultivateurs de réunir les » belles collections que vous avez admirées. » Ce goût si remarquable de la population de notre \ille » pour les fleurs, est un point sur lequel nous ne saurions trop » appeler l'attention, et incontestablement l'exposition actuelle » atteste, par son brillant et son éclat, que Cherbourg est une » des villes les plus avancées sous le rapport horticole. Mais » cette circonstance, dont Le succès, de nos expositions est le » résultat, crée à notre société une nouvelle tâche. » Sans doute, la société d'horticulture, en excitant à l'amé- » lioration des collections, en créant par ses expositions » annuelles une véritable fête, satisfait déjà à un besoin réel de » la ville de Cherbourg. Mais cela n'est pas encore suffisant » pour répondre aux vœux des membres de la société, au » désir, je ne crains pas de l'affirmer, de la population tout » entière. Il faut arriver à la création d'un jardin servant à la » fois de promenade et de lieu d'expérimentation pour les mé- » thodes horticoles et les essais d'acclimatatian de plantes. » Telle est la voie dans laquelle entre aujourd'hui notre y,- société, et déjà l'exposition de cette année a été faite dans un » jardin destiné aux intéressants essais dont je viens de parler. » A la création de ce jardin, Messieurs, se rattachera toujours » dans votre mémoire un nom cher à notre souvenir à tous. ( 16 ) » C'est celui de notre dernier président, de mon digne prédé- » cesseur, M. Dalidan, qui a, par son dévouement, tant et si » puissamment contribué aux derniers succès et au dévélop- » pement de notre société. Principal initiateur du jardin d'accli- » matation, M. Dalidan, à l'aide de ses efforts pour assurée la » réalisation de cette idée, a préparé le succès complet vers le » but que tous, aujourd'hui, nous désirons atteindre. Par là » nous lui devrons encore à l'avenir les développements nou- » veaux de la science horticole dans notre pays, sous Fin- » fluence de ce puissant moyen de divulgation. C'est ainsi que » le nom de notre regretté collègue restera toujours inscrit » dans les annales de notre société, et il y demeurera gravé >» par le progrès comme son souvenir le sera dans nos cœurs. » Sans nul doute, i! serait à désirer que le jardin de la so- »> ciété fût assez vaste pour pouvoir servir de promenade pu- » blique. Dans sa dimension actuelle, toutefois, il rendra déjà » à notre société et à la l'horticulture cherbourgeoise d'impor- » tants services. Remercions donc l'administration et le con- » seil municipal de nous avoir concédé l'emplacement dont » nous jouissons aujourd'hui; et ces remercîments, adressons- » les ieur, non-seulement au nom de la société, mais encore » pour l'avenir d'une industrie destinée à devenir de plus en » plus profitable à notre ville. » Cherbourg est, en effet, clans des conditions excellentes « pour que l'industrie horticole y puisse prendre un dévelop- » pement très-important. Son climat tout spécial, dû à une si- » tuation presque insulaire, a permis aux cultures maraîchères » de devenir un objet d'exportation. lien sera de même pour » la culture des fleurs, et déjà un petit mouvement se produit » dans ce sens. L'élevage et l'introduction d'arbres forestiers » acclimatantes en France pourraient s'y faire sur une grande » échelle et constituer certainement une branche importante » de commerce. » Je n'entrerai pas ici dans des détails au sujet du mérite des » remarquables collections présentées à notre exposition. Tous, » Messieurs., vous avez apprécié ces beaux végétaux, ces belles ( 17 , » fleurs. M. le rapporteur du jury de l'exposition va lire le » rapport sur les récompenses que la société a été heureuse de » concéder, et je me borne à remercier tous nos horticulteurs » marchands, pour l'éclat donné à notre exposition à l'aide de » leurs magnifiques produits. J'ai à remercier en outre tout » particulièrement et au nom de la société ceux de MM. les » amateurs qui ont bien voulu prêter des plantes et des fleurs » pour l'ornementation de notre, jardin. » La société exprime aussi sa profonde reconnaissance à » M. l'amiral préfet maritime et à l'administration de lamarine, » à MM. les directeurs des constructions navales et des » mouvements du port, pour le prêt des tentes recouvrant nos » collections et sans lesquelles nous n'aurions pu, ces jours » derniers, inaugurer notre jardin par l'exposition actuelle. » Nous remercions sincèrement M. le général commandant de ■) la subdivision militaire^et MM. les colonels du 47e régiment » de ligne et de l'infanterie de marine qui ont gracieusement » ajouté à notre fête horticole le concours des excellentes mu- » siques des régiments de la garnison. » Enfin, nous devons des félicitations aux membres de la » société, organisateurs de l'exposition, pour le bon goût de la » disposition du jardin. M. le rapporteur du jury, à qui je » vais céder à l'instant la parole, est spécialement chargé de » leur adresser les remercîments de la société. J'y joins per— » sonnellement les miens, dirigés en outre aux vice-présidents » MM. le docteur Renault et Orry, qui ont bien voulu me » remplacer dans tous les soins de la présidence, le premier » pour toute l'organisation de l'exposition, le second pour celle » de la fête de ce soir, et je termine en adressant à MM. les » délégués des sociétés d'horticulture des autres villes l'ex- » pression de notre gratititude pour leur éLdairé concours. » Après le discours, M. le secrétaire a donné lecture de son rapport et proclamé les récompenses décernées par le jury. Puis il a été procédé au tirage de la loterie, opération qui n'a été terminée qu'à 6 heures du soir. Pendant toute la durée de cette solennité, la musique du ( 18 ) 47e de ligne n'a cessé de se faire entendre, rendant ainsi plus agréable, aux assistants, l'aride opération du tirage de la loterie. RAPPORT DU JURY. Mesdames, Messieurs, I/article 14 des statuts qui régissent la société d'horticul- ture de l'arrondissement de Cherbourg est formel. Il impose au secrétaire la mission toujours délicate, et, pour moi parti- culièrement difficile, d'être aux expositions publiques le rap- porteur des décisions souveraines du jury. Jusqu'alors, malgré cette clause précise, contre laquelle je me suis vainement élevé dans la dernière de nos réunions mensuelles, j'avais été assez heureux pour obtenir que ces fonctions importantes fussent confiées à ceux de mes collègues que des études spéciales, un talent reconnu, désignaient na- turellement pour les remplir. Mais la mort a jeté le deuil parmi nous: la création si rapide de ce jardin d'expériences inauguré par une exposition au moins digne des précédentes, a fait entrer la société dans une voie de prospérité nouvelle et réclamé le concours de tous les dévouements; le mien, dans cette circonstance, a paru devoir être utilisé; je me suis in- cliné forcément devant la décision de mes collègues; mais, je tiens à le déclarer ici, cette décision je la déplore, car malgré mes efforts pour donner à chacun de nos exposants dont le mérite a été proclamé pendant ces derniers jours le juste tribut d'éloges qu'il peut être en droit d'attendre, je demeu- rerai certainement au-dessous d'une tâche que je n'ai acceptée, je le répète, qu'à titre d'épreuve et pour ne pas déserter au moment du combat. Bientôt, je l'espère, ma bonne volonté ne pouvant plus être mise en doute, je céderai la place à un plus digne pour reprendre au sein de la société le seul rôle qui me convienne, celui, non d'élever la voix dans les occasions de la nature de celle qui nous réunit, mais bien d'écouter, de recueillir et de profiter de mon mieux des conseils et de l'expé- rience des autres. ( 19 ) Selon le^ dispositions consignées au programme des con- cours ouverts à l'occasion de la 20e exposition horticole, à onze heures précises, le samedi 18 mai, le jury, composé du bureau, des commissions permanentes de la société, sous la présidence de M. Emmanuel Liais, des délégués des sociétés correspondantes d'Avranches, Lisieux, Montmorency, Rouen, et Valognes, auxquels se sont successivement adjoints MM. Lafosse, propriétaire à St-Come-du-Mont, Hamond, consul de S. M. Britannique, désignés spécialement à cet effet, est entré en fonctions par un examen d'ensemble et longtemps prolongé de L'exposition tout entière. Je dois tout d'abord rappeler ici l'impression favorable de tous les membres pour le coup d'œil général de cette exposi- tion. Le bon état des cultures, la vigueur des plantes, leur bonne tenue et la disposition bien comprise des groupes destinés à faire ressortir des effets par les contrastes, ont frappé l'attention du jury, dont les décisions vont être repro- duites ci-après dans l'ordre d'inscription des concours. Prix des S*;» nie* patronnesses Le même jour, à trois heures de l'après-midi, le jury des dames patronnesses s'étant constitué malgré une pluie dilu- vienne qui prenait à ce moment une intensité nouvelle, pro- céda sans hésitation à ses opérations, que rendaient réellement pénibles un sol partout détrempé, même sous les tentes insuf- fisamment protectrices réservées à l'exposition florale. Faire ressortir, en cette circonstance, le dévouement gra- cieux des dames patronnesses, est au-dessus de mes forces. Je me borne à le mentionner ici, mais j'ajoute, car c'est un de- voir, que la société d'horticulture n'oubliera jamais cette nou- velle preuve de l'intérêt que portent les dames patronnesses au succès de l'association, et qu'il y a lieu d'espérer, grâce à leur puissante intervention promise, arriver à la réalisation du but inscrit en tête des statuts : au développement de l'horticulture ( 20 ) ■ dans l'arrondissement et à la création, reculée sans doute, mais nécessairement inévitable, d'un jardin public digne de la ville de Cherbourg. Le jury des dames patronnesses avait à décerner un pre- mier prix à la plus belle plante iieurie, soit de serre, soit de pleine terre, mais provenant des cultures de l'exposant et fai- sant partie d'une collection reconnue méritante. Deux collections hors ligne de plantes en fleurs ont tout d'abord attiré l'attention du jury des dames patronnesses, mais l'hésitation était permise. D'un côté, la brillante exposition d'azalées et rhododendrons de MM. Dagoury frètes, plus loin les admirables rosiers en pot de M. Léon Cavron, ont provoqué tour à tour les expressions d'admiration les plus flatteuses et les plus enthousiastes du jury des dames, qui s'est prononcé, à la majorité, de la manière suivante : Considérant que l'azalée Duc de Nassau sur laquelle se por- taient immédiatement les regards dans l'un des massifs de MM. Dagoury frères, avait mérité, en 1869, une distinction spéciale; statuant, d'ailleurs, conformément à l'article 20 des statuts, le jury, après délibération, vote à cette plante magni- fique un rappel de médaille de vermeil avec mention très- honorable, et décerne au rosier n° 37 (John Hopper), de M. Léon Cavron, le premier prix : médaille de vermeil; les dames patronnesses étant heureuses d'encourager ainsi le goût d'un jeune spécialiste pour la culture des roses si univer- sellement admirées. Un autre prix devait être attribué au plus beau bouquet monté, fait et présenté par un horticulteur de la localité. Le bouquet désigné sous le n° 6, fait et présenté par M. Léon Cavron, obtient la préférence ; il est trouvé réellement char- mant; on lui vote à l'unanimité la récompense prévue : Une médaille d'argent grand module. Un petit bouquet blanc, numéroté 5, fort élégant, fait égale- lement par M. Léon Cavron, obtient également une mention honorable. (21 ) Le 2e prix ex-eequo était offert à la plus belle corbeille de fleurs, pour surtout de table, ayant une origine locale. La corbeille n° 5, remarquable travail de Mlle A. Leteil- lier, reçoit, à l'unanimité, une médaille d'argent grand module. Cette corbeille, d'un très-bon goût, est artistement faite; elle offre surtout une légèreté d'exécution fort admirée. Une corbeille beaucoup plus petite, mais également remar- quable, numérotée 2, faite et présentée par M. Meslin, suspend un instant la décision du jury. — On lui décerne une men- tion très honorable. La corbeille n° 7 de M. Léon Cavron, lauréat du précédent concours, est l'objet d'une citatiou élogieuse. Un groupe présenté à part et composé d'une petite cor- beille et de bouquets gracieux, exposé par M. F. Lerevert, jardinier chez M. Levastois, à Brix, obtient, à titre d'inno- vation, et pour le bon goût qui a présidé à cette création, une mention exceptionnellement honorable. On a regretté que le transport, dans de mauvaises condi- tions atmosphériques, ait légèrement endommagé les fleurs de ce joli groupe, qui a été l'objet d'une flatteuse mani- festation. Des remercîments sont adressés à M. Frouin, pour le curieux spécimen de végétation spontanée qu'il a bien voulu soumettre à l'attention des dames patronnesses, ainsi que pour son joli bouquet champêtre. / PRIX A DÉCERNER PAR LE JURY. CwMtwre tV A g régnent . Toutes les désignations et inscriptions quelconques placées sur les collections exposées, ayant été préalablement enlevées, à la demande unanime des membres présents, le jury a pro- cédé, comme suit, à la l'attribution des récompenses prévues pour les différents concours . 1<> 1er Prix. Médaille d'or à Fhorticulteur marchand étranger 2 ( 22 ) ou non à l'arrondissement, qui exposera le plus beau lot de 10 plantes exotiques. Le lot n° 5, exposé par M. Jacques Levéel, jardinier à Cherbourg, composé de plantes d'une culture de choix et d'un mérite transcendant, parmi lesquelles nous pouvons citer un Balantium antarcticum, un Thamnopteris australasica, Lomaria chilensis, Euribya-Standishi, Strelitzia-réginaè, Lomato- phyllum borbonicum, Yucca demestiana, obtient la haute distinction prévue : le 1er prix, médaille d'or, est attribué en conséquence à M. Jacques Levéel, mais le jury exprime tous ses regrets de ne pouvoir récompenser également les apports n° 2, de M. Dagoury, et 4, de M. Gavron. On remarque en particulier, dans l'exposition de M. Dagoury, un très-fort pied de Rhododendron Jenkinsii , les rhododendron hybrides Stella, Empereur François-Joseph II, Everestianum, le Cocos campestris, le Corypha Australis, le Rhapis flabelliformis, etc., des azalées en grand nombre, quelques-unes d'une force rare. Dans l'exposition de M. Cavron, dont toutes les plantes sont proclamées admirables de bonne culture, nous appelons Fattention sur le Chameerops excelsa, le Littea Juncea, Agave densifiora, Dracsena cannefolia, Littea glauca et Dracœna Australis; citons encore les rosiers Thérèse Levet, Abel grand, Enfant Damangny, Jeanne Hachette, M. Boncenne Statuant sur le 2e prix offert à la plus belle collection de plantes panachées, le jury, après une délibération qui fait tour à tour valoir les titres des plantes classées sous le n° 3 (lot de M. Letellier, horticulteur, rue Hélain) et n° 1 (lot de M. Bal- mont, horticulteur, rue de la Duchée), donne la priorité à la collection de M. Letellier, pour ses plantes parfaitement con- duites, en forts exemplaires, et lui décerne une médaille d'argent. Le joli choix de plantes cultivées avec soin, présenté par M. Balmont, est jugé d'une valeur sérieuse et digne d'un en- couragement tout spécial : une médaille de bronze, grand module, lui est attribuée en conséquence Le jury s'occupe ensuite de la répartition d'un crédit de ( 23 ) 300 fr. destiné à récompenser les horticulteurs reconnus avoir le plus contribué à l'ornementation de l'exposition, en n'y pro- duisant qie de belles et bonnes plantes. Deux collections réputées l'une et l'autre d'un mérite supé- rieur, celles de rhododendrons et d'azalées de MM. Dagoury frères, et les rosiers forcés de M. Léon Cavron, obtiennent chacune une prime de 90 fr. M. Jacques Levéel, déjà cité pour son bel envoi de plantes ornementales, reçoit une prime de 50 fr. M. Letellier,, dont le massif élégamment disposé et bien éclairé en face de la porte principale de la tente du milieu, massif dans lequel un cactus cereus monstruosus, appelle l'attention de tous les visiteurs, obtient une prime de 40 fr. Citons encore dans ce lot, le Bilbergia zebrina, leDazzylirion longifolium, le Greigia sphacellata. Enfin, une prime de 30 fr. est attribuée au lot de M. Bal- mont. L'attention est particulièrement attirée dans ce dernier, sur de gracieux Yucca quadricolor et Yucca aloeifolia variegata, Littea robusta et Hechtia giesbreghtii. Au moment de cette répartition, sur la remarque faite par son président, le jury, considérant que les cultures spéciales d'azalées et rhododendrons et de rosiers forcés sortent réel- lement de l'ordinaire, qu'il y a lieu de les récompenser d'une manière exceptionnelle, décide : une médaille de vermeil sera remise à MM. Dagoury frères, et Cavron, pour leurs cultures réputées d'un mérite supérieur. A côté des collections extrêmement remarquables, dont il vient d'être parlé, le jury porte son examen sur d'intéressants apports de calceolaires, de pensées et de renoncules semis. Les calceolaires cultivées par M. Malherbe, dans des con- ditions d'aération défavorables et pouvant amener l'étiolement, sont trouvées méritantes : une mention très honorable est donnée à cet amateur laborieux et patient, qui a été assez heureux pour obtenir, par ses fécondations artificielles, un choix varié de belles plantes. Une médaille de bronze^ grand module, est décernée à ( 24 ) M. Jacques Voisin, jardinier, rue de la Polie, pour son joli lot de pensées aux coloris nets, aux larges macules et d'une forme irréprochable. Les semis renoncules de M. J. Lemoigne, jardinier à l'hos- pice civil, frappent particulièrement l'attention du jury. Les fleurons superbes exposés, et qui rappellent, par leur force et la variété des nuances, le Dalhia, cette plante précieuse de nos jardins à l'automne, révèlent une culture très soignée. Une médaille d'argent, petit module, sera décernée à M. J. Lemoi- gne, avec félicitations spéciales. Divers apports par M. Elier, propriétaire, rue du Val-de- Saire, par MM. Ghevrel, et surtout par M. X... de plantes très-remarquables, notamment plusieurs espèces de Rhodo- dendrons de l'Hymayala, le Hectia Brevifolia, l'Aralia Thi- baudii, très-beau, et d'une collection de belles fougères, la plupart acclimatées dans le jardin de cet amateur dintingué, ont puissamment contribué à l'ornementation de l'exposition; ces plantes sont examinées avec un intérêt marqué par le jury. M. Legouez, d'Ëqueurdreville, obtient une mention hono- rable pour des touffes arborescentes du thym commun élevé en boule sur pied unique et présentant un véritable luxe de végétation. Cultures et' Utilité. Le jury a manifesté sonetonnement de ce qu'un plus grand nombre de concurrents n'aient pas participé aux concours ou- verts pour cette partie du programme; l'importance des cultu- res maraîchères des plaines sablonneuses de la presqu'île, et notamment de Tourlaville, étant connue dans nos grands cen- tres et jusqu'à l'étranger. M. Desmarres, ancien lauréat de la société, dont on a salué le retour avec plaisir, a présenté un fort beau choix de légumes variés de la saison, consistant en asperges, carottes, laitue, navets, choux, etc. Son apport lui a mérité une médaille d'ar- gent, moyen module (25) Un 2e prix, médaille de bronze, est décerné à M. Mé- nage, jardinier à Tourlaville, qui, pour ne s'être pas préparé à la lutte à laquelle il a pu néanmoins prendre part avec un succès sérieux, a présenté aussi une belle collection de légumes. Les choux prompts de M. J. Lemoigne, jardinière l'hospice civil, ont valu à cet excellent travailleur, nouveau venu parmi nous, une mention honorable. Enfin les admirables asperges de M. Lequertier, d'Equeurdreville, sont l'objet d'une citation très élogieuse. Aucune collection de fruits n'ayant été présentée, la récom- pense prévue au programme n'a pu être décernée. Le jury exprime ses regrets de cette abstention, l'époque étant favorable, notamment à la production des fraises de pri- meurs, etc., qui auraient pu rentrer dans ce concours. Il cons- tate également avec regret qu'aucune introduction de plante comestible n'a été signalée. L'attention des horticulteurs doit être appelée sur ce point, que la société d'horliculture de Cherbourg serait heureuse de s'imposer les plus lourds sacrifices pour récompenser la dé- couverte dans nos cultures de produits maraîchers nouveaux, cette découverte devant évidemment rendre les plus grands services à nos populations. L'étiquetage des plantes exposées n'ayant pas été pratiqué selon les conditions désirables, la récompense prévue au pro- gramme n'a pu être décernée. Arts et êntSnsSrêt'f: fo&rticotes. Le jury, appréciant la bonne confection de la coutellerie exposée parM. Pitron,, et de ses outils nouveaux destinés aux opérations de la greffe, décerne à cet apport une médaille d'ar- gent 3e module. Trois jardinières en chêne, produites par un habile sculp- teur de la localité, véritable enfant de ses œitvres, ont été très remarquées parle jury : la correction du dessin, la perfection (26) du travail révèlent un véritable artiste. Le nom de M. Thelot sera acclamé avec félicilation. Une mention très-honorable lui est décernée. Un appareil simple, destiné à pratiquer l'arrosage dans les parties les plus inaccessibles des serres, présenté avec divers outils de jardinage par M. Jacques Levéel,déjà nommé, obtient une médaille de vermeil. Les membres du jury sont unanimes pour déclarer que cet arrosoir à hampe, d'une conception in- génieuse, est appelé, malgré sa simplicité apparente, à rendre les plus grands services aux horticulteurs. Nous devons mentionner en outre les élégantes poteries fines présentées par M. Gardin, les meubles en fer dus à M. ArchaimbaUjles sièges en menuiserie de M. Viel, enfin les élégantes cages et voilières, les jolis paniers envoyées par Mme Bailleul, place du Château. Des remerciements sont adres- sés aux exposants. Le désir nettement exprimé d'un de nos amateurs de tra- vaux manuels, dont les coquettes suspensions en bois sculpté et le socle rustique placé au milieu dujardin ont attiré tous les regards, nous oblige à garder pour nous un nom sympathique parmi ses collègues de la société d'horticulture et que nous aurions été fiers de pouvoir acclamer publiquement ici. Enseignement Fiorticote. SUe nombre des instituteurs qui, cette année, ont répondu à l'appel de la société, n'a pas été plus considérable, on n'en doit pas moins s'applaudir des résultats sérieux obtenus, notamment dans l'institution de Flamanville , dirigée par M. Le Costey. Une commission, spécialement désignée pour examiner la composition des élèves, s'est transportée inopinément à l'école désignée pour interroger ces élèves et se rendre compte de la partie de l'enseignement suivi. Cette commission a communi- qué son rapport au jury, qui l'adopte dans ses conclusions, l'annexe au présent et prononce à l'unanimité les décisions suivantes : (. 27 ) Une médaille d'argent 1er module et une prime de 25 fr. sera décernée à M. l'instituteur Le Gostey, qui a été reconnu rem- plir toutes les conditions inscrites au programme. Des ouvrages horticoles seront adressés aux élèves François Rouland, de la lre division, et Léon Roulland, de la 2e division, qui, dans l'ensemble des compositions, ont obtenu le meilleur classement. Un autre ouvrage sera ajouté à titre d'encourage- ment, en faveur de l'élève Ferey, signalé par la commission comme s'étant fait remarquer, dans l'examen oral auquel il a été soumis, par l'intelligente clarté et la sûreté de ses ré- ponses. Le jury exprime le regret de ce qu'un ouvrage horticole, sérieusement utile, traitant à fois de la culture fruitière et de la culture maraîchère, n'ait pas été compris jusqu'alors dans les bibliothèques scolaires de l'arrondissement. L'attention du ministre de l'instruction publique lui paraît devoir être appelée sur ce point important. Mmttfttic(itiI. LEVÉEL, rue clo la rmelice, 113. Étiquettes, chamois. 21 Agave micracantha. 22 Agave americana pieta. Rhyncbospermum Jasminoides Lomaria Chilensis. Richardia /Ethiopica variegata. Grizelinia macropbylla. Liiium auratum. Eurybia Standisbi. Abutilon venosum. Agave densillora. Ficus glumacea. 23 Agave salmiana. 24 25 Hibiscus metaliica. 26 27 Littea graeilis. 28 29 Dracœna Australis. 30 31 Aspidistra latior variegata. 32 33 Chamaedorea elegans. 34 35 Sempervivum variegata. 36 37 Latania Borbonica. 38 39 Strdilzia régime. 40 Canna annei supérba. — 8 41 42 43 44 45 46 47 4S 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 Neottopteris austral ica. Rétinospora Boursieri. Anthurium Augustini. Aralia indica. Vigne vierge panachée. Araucaria iinbrieata Géranium. Ardisia crenata al ha. Dracaena cannefolia. Aster argophyllus. Chameerops Fortunei. Arundo donax variegata. Ncrium Oleandcr album. Aralia reticulata. Azalea indica. Aspidistra elatior. lresine Lindemi. Rhapis Flabelliformis. Dracœnarubra. Bégonia. Musa Paradisiaca. Hibiscus van llouttei. Agave aplanata. Hechtia Joinvijleï. Balantium. Rochea versicolor. Blechnum Brasiliense. Aralia Scheiïerii. Agave geminiflora. Deutzia crenata flore plein». Lomatopbyilum Borbonieum. Bégonia. Euphorbia splendens. Aloës. Agave Araericana variegata. Hibiscus rosa sinensis. Rhopala Corcovadensis. Agave Mexicaria. Areca sapida. Mimosa. Marantba sanguinea. Corypba Ausiralis. Agave univittaïa. 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 II5 I16 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 1 38 139 140 Bilbergia. Leptospermum persicsefolium. Dracaena indivisa rubra. Agave Amerieana variegata. Ardisia crenata. Grevillea robusta. Azalea indica. Aralia papyrilera. Azalea indice. Azalea amena. Agave VerschaffeltiL Azalea indica. Yucca Desmetiana. Biota aurea. Azalea indica. Géranium. Aloc Amerieana variegata. Géranium (Gloire de Nancy. Azalea indica. Canna annei superba. Aloës margaritcllora. Azalea indica. Agave Xylinacantha. Staticc lïalfordii. Aloës. Azalea indica. Aloc picta. Nidularium fulgens. Aloës. Platyccrium alcicorne. Grizelinia littoralis. Dracaena Weitchii. Acacia linifolia. r.urculigo recurvata. Farfugium grande. Acacia glauca. Géranium. Sauromatum guttatum. Géranium. Sempervivum variegatum. Musscbia Wollastoni. Agave Amerieana. ■ Caladium violaceum. Agave Mexieana. Himantopbyllum. 9 — 141 142 Géranium (Mlle Nelson). 143 Coprosma Baueriana. 144 145 Aspidium felix mas cristata. 146 Aphelandra. 147 148 Mimosa. 1 49 Aloe picla variegata. 150 Platycerium aleieornc. ÎWC. DAGOURY, impasse Couppey, Etiquettes jaunes. I 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 Rhododendron yago. Ficus laurifolia. Azalea (Mme Thibault]. Azalea (Duc de Nassau). Azalea (la Victoire). Lomaria ciliata. Azalea lateritia alba. Rhododendron (due de Nassau). Géranium simple. Gloire de Corbi- gny- Azalea, Souvenir de l'exposition uni- verselle. Azalea Roi des Beautés. Azalea Incomparable. 14 15 16 17 18 Azalea M. Thibault 19 20 Azalea Printemps. 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 Azalea François Devos. Géranium Eugénie Mézard. Azalea Fleur de Mai. Ardisia erenata. Agave medio Piclis. Chamaerops humilis. D r aeten a Gu il foy I e i . Géranium l'Aurore. — Karl Koock. — double, Mme Boutard. Yucca al bo spiea. Azalea, Reine des Pays-Bas. Géranium double, Victor Lemoine. 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 55 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 Adiantium atïine. Géranium double, Mme Boutard. Pelargo n i u m d ouble. Bambusa argentea. Azalea concilia. — Mexicana. Géranium, Mlle Nillson. Géranium fantaisie. Diosma. Géranium double, Gloire de Nancy. Rhododendron magniticum. Azalea, Léon Machnaut. Azalea surprise. Géranium fantaisie. Azalea, comtesse de Flandre. Géranium, Mme Mézard. Géranium double, Victor Lemoine. Dracœna Guilfoylei. Azalea amena. Azalea, Léopold 1er. Azalea, Alexandre If. Azalea, Louise Miellez. Eriea cylindrica. Géranium Léonidas. Géranium Magenta. — 10 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 Azalea Etendard do Flandre. Mistrcss Fitzgerald. Azalea lateritia variegata. Rhododendron Rinzi. Lycopode. Géranium double, Gloire de Nancy Azalea Concinna. Fougère. Géranium, avocat Gambetta. Rhododendron Evcline. Géranium, Louis Veuillot. Aralia heteremorpha. Azalea, Roi de Hollande, Adiantum eapillus veneris. Géranium, Mme Mczard. Azalea, Mme Vander Cruysscn. Rhododendron Défiance. Azalea Alexis Dallière. Adiantum Chillense. Aralia Osyana. Géranium, Gloire de Nancy. Asplenium marinum. Azalea Liliflora. Ficus macrocarpa. Asplenium Félix Mas Crislata. Azalea (souV de l'Exposition de 1855). Géranium avocat Gambetta. Rhododendron conspicuum. Azalea, Etendard de Flandre. Rhododendron Blandianum. 127 158 129 130 131 132 1 33 134 135 136 137 138 139 110 141 142 143 1 44 1 45 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 Géranium avocat (Jambetta. Azalea le superbe. Azalea Jean Verschafelt. Asplenium dimorphum. Ficus Cooperi. Phœnix dactyl itéra. Géranium double, Gloire de Nancy. Azalea Ponctulata. Géranium Mlle Nillson. Rhododendron macul. élégans. Géranium double, Victor Lemoignc. Géranium Mme Mczard. Adiantum Capillus veneris. Laurocœrasus latifolia. 1 2 3 4 M O 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 Èltf/uellcs blanches. Dracama spectabilis. Géranium fantaisie. — double, Mme Lemoine. — — Gloire de Nancy — M»e Nillson. — Léo nid as. — Kart Koock. — Karl Koock. — Jean Sisley. — Mmc Lemoine. — M — a — M'ne Boutant. 18 19 20 — Mme Boutant. 21 — — 22 23 — Karl Koock. 24 — Mme Boutant. 25 — V01* Lemoine. 26 — Mme Mezard. 27 — Surpasse Beauté rcsne. de Su- 28 — Mme Boutard. 29 Ficus Ch auvierii. 30 Géranium Karl Koock. 31 — Surpasse Beauté resne. de Su 32 — Chevandier de Va [diôme. 33 — Mn,e Mezard. 34 — — 35 — Léonidas. 36 37 38 — splendens. 39 40 — Jam Sisley. 41 — double, Mm,! Boutard. 42 — Surpasse Beauté resne. de Su 43 44 — Vor Lemoine. 45 — Mlle Nillson. 46 — Yor Lemoine. 47 48 — Mme Lemoine. 49 50 51 — Karl Koock. Etiquettes vertes. 1 Rhododendron Annica Bricogne. 2 Latania Borboniea. 3 Azalea Ardens. 4 Dracœna indivisa. 5 Rhododendron Stella. 6 Seaforthia elegans. 7 Rhododendron, Comte de Corner, 8 Dracsena indivisa. 9 Azalea. Due de Brabant. 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 2o 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 oo 56 57 58 59 Corypha Australis. Rhododendron Jenkinsii. Dracaena indivisa. Azalea, M'ne Vander Cruysscn. Corypha Australis. Chamscrops cxcclsa. Rhododendron Eyelyn. Dracœna Caniuelolia. Rhododendron Reine Victoria. Platycerium alcicorne. Alzalea Grande Duchesse de Bade. Rhododendron magnificum. Rhapis flabcllitormis. Rhododendron Empr Fois Joseph II. Aralia Sieboldii. Rhododendron Reine Victoria. Aralia Sieboldii loi. alb. maryinatis. Aralia Reine des Pays-Bas. Dracœna indivisa. Azalea M. Thibault. Jubœa spectabilis. Ficus glumacea. Phœnix dactilifera. Cocos campestris. Azalea Mme Verschall'elt. Cycas révolu ta. Rhododendron delicatissimum. Corypha Australis. Rhododendron Empr Joseph II. Ficus Glumacea. Rbododendron blandianum. Aspidistra elatior varieg. Ficus glumacea. Chamserops cxcelsa. Kalmia. Aralia papyrifera. Rhododendron Reine Victoria. Agnostus sinuatus. Rhododendron Evereslianum. Aralia Schcfferii. - \% — 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 Castanospermum Australis. Coprosma Baueriana loi, var. Agnostus sinuatus. Rhododendron Nero. Aralia Standischi. Aralia Beauté suprême. Ficus clastiea. Rhododendron Lord Clyde. Ficus glumacea. Rhododendrum Rosa mundi. Phormium Cookianum. Rhododendron Zampa. Hcchtia Joinvillei. Corypha Australis. Rhododendron Amazon. Anthurium Augustianum. Rhododendron Blanche superbe. Phormium tenax. Chamacrops excelsa Draca3na Australis. Azalea exquisita. Aralia trilbliata. Rhododendron magnum bonum. Agave Americana varieg. Littca Juncea. Rhapis flabelliformis. Rhododendron Due de Nassau. Dracaana Cannel'olia. Azalea Mme Louise Miellez. Draeama Canna^folia. Azalea Coneinna. Asplenium l'alcatum. Rhododendron Reine Victoria. Aralia Sieboldii. Azalea. Azalea Comtesse de Flandre. Rhododendron Général Cabria. Azalea Boi Leopold, Rhododendron Betzi Trottewood. Asplenium l'alcatum. Rhododendron Towardii. Agave Americana. Azalea Coneinna. Chamserops) excelsa. Rhododendron Rosa mundi. Yucca aloeifolia. Rhododendron llendersonii. Chamserops excelsa. Azalea Fleur de Mai. Rhododendron llendersonii. Rhododendron John Watcrer. Azalea Alexis Dallière. Rhododendron Evelyn. — Betzi Trottewood MO III 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 1 36 137 138 139 U 0 I il 142 143 144 145 46 147 148 149 150 151 Géranium double Mme Boutard. 152 — Mme Lemoine. 153 Rhododendron Comte de Corner 154 — Achille Fould. 155 Géranium Mme Mézard. 156 — — 157 — Gloire de Nancy. 158 Rhododendron délicatissimum. 159 Ficus glumacea. — Prince Eugène. — magnum bonum. — Etendard de Flandre. — Blatteum. Azalea lateritia alba. — Liliiilora. — Alexandre II. — Reine des Pays-Bas. — Boi de Hollande. — Triomphe de Gand . — Boi Léo po ld. — Comte de Gomer. — Brillant — Brillant. — Boi de Hollande. — lateritia alba. — Mistriss Fitz Gerald . Asplenium Félix mas Cristatum. Azalea Boi Léopold. 146 Azalea Duc de Nassau. — 13 — •160 161 1 62 163 104 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 Géranium Mme Lemoinc. — Mme Bon lard. — : Jean Sislcy. — Mme Boutard. — Mme Lemoine. — Mme Bouta ni. — Louis Veuillot. — Mme Mezard. Rhododendron blandianum . Géranium brillant. — avocat Gambetta. Géranium Jean Sislev. — Wilhelm Pfitzer. — Magenta. — Mme Lemoine. — fantaisie. Azalea. princesse Stéphanie Clotilde — lateritia variegata. 180 181 182 183 184 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 Azalea concinna. — Bernhard Andréas. — Alexis Dallière. — grandis. — Comtesse de Flandre. — Duc de Nassau. Ficus. Azalea Bernhard andreas. — le Progrès. — Lilillora. Géranium Splendens. — Vor Lemoine. Azalea Grande Duchesse de Bade. — Lilillora. Azalea grandis. Azalea Neige. — ponctulata. M. MALHERBE. Collection de Calcéolaires obtenues de semis Lôgiiiiios exposés par" Louis DE8MARES. Jardinier à Cherbourg. Asperges de Hollande. Artichauts gros vert. Carrotte dite Sans Cœur. Carrotte courte de Hollande, hâtive Carrotte grelot. Céleri grand de Prusse. Echalotte. Cerfeuil tubéreux. Chicorée fine de Louviers. Choux dits d'Ingrevillc. Choux grappes. Ciboule grosse annuelle. Cives perpétuelles. Civette. Laitue d'hiver Fortunée. Laitue petite brune. Laitue Impériale d'hiver. Laitue dite Royale. Laitue grosse grise Paresseuse. Laitue verte maraichère. Laitue romaine. Scarolle. Oignon de Niort. Navet plat hâtif. Navet demi-long jaune. Navet sec. Navet des Sablons. Oseille de Bellcville. . Oseille vierge. Persil frisé. 14 — Persil commun. Poireau gros court. Pois Michaud de Rueil . Pois mange tout. Pois à la reine. Pois trois mois à fleurs lvanches. Pomme de terre Marjollin. Pomme de terre Shaw. Pomme de terre Kidnev rouçe. Pomme de terre Bosstin. — Bleue ancienne. — Fluchs. — Rouge longucde Hollande — Jaune — — Grisette. Radis ro-e. Radis à bout blanc. Estragon. 4 Agave americana variegata. 2 Cereus cylindricus. 3 — flagelliformis. 4 — speciossimus. 5 Melocactus [rose). M. HELLIER. — F»lantes prêtées. El iq u ettes azurées . G Opontia microdasis. 7 — de barbarie. 8 Aloë verrucosa. 9 Sedum Sieboldii. '10 Psycotria. :U. CIIEYREL. — Plantes prêtées. Etiquettes jaunes. 2G Aspidium falcalum. 27 Plalycerium alcicorne. 28 Aspfenium. 29 Blechnum Brasiliensis, 30 Doodia species. 31 Acorus gramineus. 32 Pteris serrulata. 33 Davallia Canariensis. 34 Tectaria coriacea. 35 Pteris cretica albo lincata. 36 Asplenium Cbristata Félix Mas. 37 Poiisticum Woliastonii. 38 Aspidium Sieboldii. 39 Plante à suspension. - 15 M. X. . FoaigtT*»*'». . — Plantes prêtées. Etiquettes azurée*. 67 Rhododendron Dahlousiae. 38 Lastrea denticulata. 39 Pleris straminea. 40 Polystichuni Triangulum. 41 Gymnogramma Japonica. 43 Adiantum flabeilulatum. 44 Asplenium Lucidum. — Proliferum. 49 Davallia Novae Zelandicae. 52 Tectaria Coriacea. 55 Rhododendron Veitchii. 64 — Princesse Royale. 65 — Nuttali. Ï8 Princesse Alice. glaucùm 70 — 71 — oeil rôle ucu m. 72 AraliaThibaudi. 73 Dracaena indivisa. 74 — Lineata. 76 Aster argophyllus. 79 Aralia crassifolia. 80 — integrifolia . 8! Géranium zonale panaché blanc. 82 — panaché jaune. 66 Hcchtia brevifolia. La Commission chargée de rédiger le présent Livret, doit des remerciments à II. CAYRON (Edmond) pour son précieux concours. Cet horticulteur a montré qu'à des connaissances approfondies, il savait joindre une grande complaisance. Cherbourg. Tmp. Bedelfontaine et Syffert. BULLETIN DE LA r r ■OCIETE D'HORTICULTURE DE CHERBOURG Ar Qvrvn Nos 3 & 4 — 1872 CHERBOURG IMPRIMERIE D'AUGUSTE MOUCHEL, PLACE DU CHATEAU BILLET! DE LA r r SOCIETE D'HORTICULTURE DE CHERBOURG N09 3 & 4 — 1872 QA CHERBOURG IMPRIMERIE D'AUGUSTE MOUCHEL, PLACE DU CHATEAU Les idées développées dans les rapports et mémoires insérés au Bulletin sont personnelles aux auteurs. TABLE DES MATIÈRES MM. H. de la Chapelle A. Frouin Cavron Charles Baltet Alfred Rossel Equilbecq, i Vautier, H. de la Chapelle I Cavron H. de la Chapelle Dr Çh. Renault A. Frouin Pages. Chronique horticole ] Note sur le bouturage, la transplantation des plantes et la guérison de la pomme de terre s Excursions horticoles dans les environs de Cherbourg (Carentan et Saint-Côme) ... 10 Affranchissement du poirier 16 La Vallée-Suisse (Troyes) et les jardins de Cherbourg 20 Les Serres en fer construites à Cherbourg, par M. Victor Leroy 26 Distribution et avenir du jardin d'acclima- tation .' 29 Dons et envois pour le jardin de la Société d'horticulture 34 Note sur rErythrœa Diffusa 37 Cours de Botanique élémentaire à l'usage des horticulteurs 39 Destruction de quelques insectes nuisibles. 45 Un Abutilon à fibres textiles à Cherbourg. 49 Nécrologie 5U Liste des Membres de la Société 52 Errata , . . . . 58 COMPOSITION DU BUREAU POUR L'ANNÉE 1873: MEMBRES D'HONNEUR PRÉSIDENT D'HONNEUR M. de Bray, sous-préfet de l'arrondissement. PRÉSIDENT HONORAIRE M. Liais, Alfred, maire de la ville de Cherbourg. ADMINISTRATION MM. Liais, Emmanuel, directeur de l'Observatoire impérial du Brésil, ancien membre de l'Observatoire de France, président, rue du Bac, 122, Paris, ou rue de l'Abbaye, Cherbourg. Docteur Renault, vice- président, rue du Chantier, 108. Orry, avoué, id. rue Christine, 27. Docteur Guiffart, conseiller d'administration , rue Napoléon, 32. Baud, lieutenant de vaisseau retraité, conseiller d'administ? ation, rue Saint-Sauveur (Octeville). Orange, agent comptable de la marine retraité, trésorier, rue Bonhomme, 38. Rossel, Alfred, secrétaire, rue du Val-de-Saire, 103. Lelièvre, Paulin, secrétaire-adjoint. Delanoë, id. Ternisien, Pierre, bibliothécaire, rue Christine, 24. Balmont, Amédée, bibliothécaire -adjoint. Vastel, garde-magasin. Marquand, Olympe, délégué spécial chargé d'adresser les invita- tions pour l'inhumation des sociétaires, rue de la Vase, 31. Levastois, propriétaire, rue Napoléon, 26, administrateur du jardin. Cavron père, directeur des travaux du jardin. Michel, ptrofesseur d'arboriculture. COMMISSIONS PERMANENTES COMMISSION DES CULTURES D'UTILITÉ MM. Docteur Renault, président. Michel, propriétaire, rue Sainte-Honorine, impasse Martin, vice- président. Rossel aîné, sous-commissaire de la marine, rue d'Inkermann. rapporteur. Maillard, sous-agent comptable de la marine. Letellier, horticulteur. Equilbecq, maître de la marine retraité. COMMISSION DES CULTURES D'AGRÉMENT MM. '>rry, président. Levastois, propriétaire, rue Napoléon, 26, vice-président. Frouin, capitaine d'infanterie de marine retraité, rapporteur. Henry père, sous-commissaire de la marine, rue de la Polie, 62. Valette, propriétaire. Balmont, horticulteur. CHRONIQUE HORTICOLE Une rectification. — La médaille de M. Herpin de Frémont. — Le Callichroma moschata. — L'Eucalyptus Globulus. — Le Houblon sauvage. — La Maison du Jardinier, et la plantation du jardin. — Remerciement à une Société voisine. — Question du cours cantonal d'Horticulture. Je ne voudrais pas commencer cette chronique sans rectifier une erreur topographique ou typographique qui s'est glissée dans la précédante. Ce n'est point l'ignorance des loca- lités qui m'a fait placer le port de Diélette au sud de Flaman- ville, car je venais de passer six semaines dans cette commune lorsque j'ai remis ma chronique au comité de rédaction : mais comme nous sommes tous sujets à l'erreur, le mot sud a été imprimé au lieu de : nord. De même, au lieu d'alphenium ma- rinum, il faut lire, asplenium. — Nos lecteurs se souviennent peut-être de l'expédition qui a été faite il y a trois ans, à Brix, par quelques sociétaires, pour visiter les plantations de M. Herpin de Frémont. Le pays est favorable à la sylviculture : nous avons déjà parlé des arbres que cultive M. Le Vastois, à Brix : nous parlerons plus tard des plantations de MM. de Mondésir et Jules Manger, dans la commune de Sauxemesnil, section de Ruffosses. Toutes ces plantations sont assez rapprochées les unes des autres, et M. Herpin, qui depuis si longtemps donne tous ses soins à l'élève et à la propagation des arbres rares et remar- quables, doit être satisfait de voir son exemple suivi par des propriétaires voisins, qui presque tous entretiennent avec lui des relations et suivent les conseils de son expérience. Cependant, le zèle de ce vaillant promoteur de la sylviculture d'acclimatation avait paru mériter un témoignage tout spécial d'admiration. Sur l'initiative de la société d'horticulture de ( 2 ) Cherbourg et de quelques amateurs distingués de l'acclimata- tion, plusieurs sociétés du département et un certain nombre d'amis se sont réunis pour offrir à M. Herpin de Frémont, une médaille d'or, commémorative de ses travaux. Cette mé- daille lui a été remise le 26 août 1872, dans un banquet qui a eu lieu à l'hôtel des Bains de Mer. La présidence de ce banquet avait été offerte nu président de la société d'horticulture de Cherbourg, mais, en l'absence de M. Em. Liais, M. le docteur Renault, premier vice-prési- dent, a pensé qu'il était préférable que cette fête, toute de famille, fût présidée par M. Hamond, consul d'Angleterre, qui lui-même est certainement un des acclimatateurs les plus dis- tingués du département. J'emprunte au Phare de La Manche, du 1er septembre, le texte des allocutions prononcées dans cette circonstance. Voici celle de M. Hamond : Messieurs, Des phrases banales conviendraient peu dans une pareille circonstance. Nous sommes réunis ici en petit comité d'amis pour présenter à M. Herpin de Frémont un témoignage de nos sympathies et de notre recon- naissance. Les travaux horticoles dont il a pris l'initiative dans ce départe- ment ne seront jamais oubliés. Nous devons à notre honorable ami, M. Joseph Lafosse, l'origine de cette souscription, qui fut chaudement appuyée par l'un des plus dignes présidents de la société d'horticulture de Cherbourg, que la mort nous a malheu- reusement ravi. Presque dans ses derniers moments, M. Dalidan m'avait exprimé son vif espoir de pouvoir présider dans cette occasion; il s'occupait même alors d'organiser la réunion qui nous rassemble aujourd'hui. Sa voix éloquente eût mieux traduit que la mienne, tous les sentiments qui nous animent, et que je n'ose exprimer, monsieur, en votre présence. Après avoir consacré vos plus belles années au service de votre pays et utilisé vos voyages dans des contrées lointaines, par des recherches scien- tifiques, vous êtes rentré dans les terres de vos ancêtres, et grâce à cette énergie qui vous caractérise, vous les avez embellies de plantations qui ren- ferment les essences les plus rares, et celles qui sont susceptibles de devenir les plus précieuses pour le pays. Vous pouvez être fier, monsieur, de trouver sur la liste des souscrip- teurs, non-seulement vos camarades et amis, mais aussi les noms des hommes les plus élevés et les plus célèbres du pays, au nombre desquelg se trouvent des savants dont la réputation est européenne. En tête de la liste se distingue le nom de M. le préfet du département. L'horticulture est re - ( 3 présentée par les sociétés de Cherbourg, St-Lo et Valognes, l'agriculture par celle de Cherbourg. Les chefs de nos principanx établissements ont égalemeut apporté leurs offrandes. Cette liste eût été certainement bien plus considérable si elle eût été rendue publique, mais la publicité était impossible, parce que nous savions combien elle est opposée à vos goûts et à vos habitudes. Permettez-moi, monsieur, de vous offrir cette médaille, en formant des vœux pour que vous puissiez la garder longtemps avant qu'elle ne devienne pour votre famille un précieux souvenir. Messieurs, je porte un toast à M. Herpin de Frémont. M. Joseph Lafosse, propriétaire à Saint-Côme-du-Mont, possesseur et créateur d'une plantation hors ligne (au sujet de laquelle M. Cavron a fait un article très-intéressant que vous pouvez lire dans le présent Bulletin), s'est ensuite exprimé en ces termes : Messieurs, Je porte un toast aux sociétés du département qui ont souscrit à la mé- daille do M. Herpin de Frémont; j'ai beaucoup de plaisir d'y associer le nom de M. le docteur Renault, vice-président de la société d'horticulture de Cherbourg, dont le concours nous a été si utile. Je suis bien sensible à la généreuse sympathie que messieurs les sous- cripteurs m'ont témoignée dans cette circonstance. Le résultat a été tellement favorable, qu'il y a tout espoir d'offrir plus tard aux horticulteurs un prix qui sera désigné sous le nom de prix Herpin de Frémont. M. Renault, j'ai l'honneur de boire à votre santé. Voici, messieurs, la liste des personnes qui ont bien voulu jusqu'ici sous- crire a la médaille de M. Herpin de Frémont. Permettez-moi, monsieur, do vous offrir la correspondance relative à votre médaille. J'aurai le plaisir de vous remettre prochainement une liste des sous- cripteurs, qui portera la date de notre réunion d'aujourd'hui. Quelques souscripteurs — ■ notre société est de ce nombre — possèdent un exemplaire en bronze de cette médaille. La société m'a confié cet exemplaire pour que j'en fasse la des- cription aux lecteurs du Bulletin. Son diamètre est de 51 millimètres : elle a été frappée à la Monnaie, et le coin, gravé par M. Alphée Dubois, n'est pas dans le commerce. Sur la face, on voit trois petits génies ailés, celui du centre taille un arbre, celui de gauche bêche la terre, ( 4 ) celui de droite arrose des plantes. Au revers, on lit, en exergue : SAINT-LO, CHERBOURG, VALOGNES. et, au centre d'une couronne de roses : A M. HERPIN DE FRÉMONT LES AMIS DE L'HORTICULTURE RECONNAISSANTS 1872 — A la séance de novembre, M. Alfred Rossel a entretenu la société d'un bel insecte vert doré, répandant une forte odeur d'essence de rose : il l'avait trouvé sur un de ses pêchers, et demandait si cet insecte était nuisible pour les jardins. Il s'agissait d'un coléoptère longicorne, le callichroma moschata, dont un spécimen présenté à la séance, a été reconnu par M. Rossel. Cet insecte se trouve rarement dans les jardins, mais il est assez commun sur les vieux saules qui bordent le Trottebec, sa larve vit au dépens du vieux bois, et il n'est pas étonnant qu'un individu se soit égaré chez notre collègue qui habite la rue du Val-de-Saire. Je ne pense pas que ce cas soit assez fréquent pour que l'on doive ranger le callichroma moschata au nombre des insectes nuisibles à l'horticulture. — A la même séance, la conversation s'étant engagée relati- vement à Y Eucalyptus globulus, arbre originaire d'Australie, M. le docteur Renault a fait connaître que cet arbre aromati- que, dont l'usage médical est encore l'objet de recherches, peut aussi bien que le JMelaleuca Sinodendron, fournir de l'es- sence de Cajeput. De plus, l'Eucalyptus globulus paraît écar- ter, dans certaines contrées, !es fièvres paludéennes, là où il est planté abondamment. — L'élégance du feuillage du houblon sauvage, et sa rapide croissance, engagent quelquefois les amateurs à cultiver cet arbuste, et à le faire grimper le long de leurs maisons. D'après un journal, cet arbuste serait sujet à une singulière maladie, cette maladie serait due à la pullulation d'un insecte parasite ( 5 ) qui s'attache à l'homme et aux animaux, et dont il devient im- possible de débarrasser les maisons. Si le fait est constant, il y aurait là matière à de sérieuses réflexions. — Vous avez peut— être entendu, vous avez sans doute lu, et vous allez probablement consulter le dernier Bulletin de no- tre société, pour y relire, pages 34 et 35, la charmante poésie intitulée la « Maison du Jardinier » et qui se termine par cette strophe : Va, chansonnier populaire De la fête des jardins Apprendre à monsieur le maire Nos projets en tes refrains; Dis lui qu'Eve, pauvre femme Dut souffrir sous le figuier, Et qu'aujourd'hui l'on réclame La maison du jardinier. Le chansonnier populaire, M. Orry, notre vice-président, n'est pas resté en défaut. Il a pris sa plume, et a rédigé au nom de la société, la pétition suivante : A MONSIEUR LE MAIRE A MESSIEURS LES CONSEILLERS MUNICIPAUX Voyez, au sein do notre ville, Ce nouveau jardin qui surgit ! Le sol en est riche et fertile; Les fleurs y croissent à l'envi. Mais quand la bise meurtrière Viendra flétrir rose et rosier, 11 y faudrait une chaumière, La chaumière du jardinier. 0 chères fleurs ! filles frileuses De la lumière et du soleil, Qui défendra, fleurs merveilleuses ! Votre coloris sans pareil ? Pour vous faire une pauvre serre Nous n'avons rien.... pas un denier ! Ayons, du moins, une chaumière, La chaumière du jardinier. Mais vous que la voix populaire Fit arbitres de nos destins, Vous, conseiller?, adjoints et maire Notre sort est entre vos mains; Soyez notre appui tutélaire, Prêtez l'oreille au chansonnier : Donnez, donnez pour la chaumière, La chaumière du jardinier. ( 6 ) il n'y faut point grosses dépenses; Nous ne voulons qu'un .simple abri. De vos budgets, de vos finances Une seule bribe suffit. Qu'un peu de bois, un peu de pierre Abrite un pauvre mobilier ! Donnez, donnez pour la chaumière, La chaumière du jardinier. Hier une foule empressée En parcourant nos verts massifs, Applaudissait notre pensée; Pour nous ses vœux sont des plus vifs. Oh ! quand la cité toute entière Par ma voix vient vous supplier, Donnez, donnez pour la chaumière, La chaumière du jardinier. La voix de M. Orry, le chansonnier populaire, a été enten- due : Dans sa séance du 29 novembre, le conseil municipal a approuvé, par décision unanime, le plan de la maisonnette qui manque à notre jardin, et sans doute, au moment où ce Bulle- tin vous sera remis, les murs seront sortis de terre. — Cette maison ne s'élèvera pas, du reste, dans un terrain inculte,, comme on peut le voir en consultant le catalogue des plantes que le muséum de Paris nous envoie pour notre jar- din; et la liste des végétaux offerts par divers sociétaires. D'un autre côté, la société a reçu de M. Aubry Lecomte, direc- teur du musée colonial, des graines qui ont été confiées à l'in- génieux appareil à germination de M. Vallette, appareil dont la description mériterait un article spécial. A la séance du 1er dé- cembre, M. le président a présenté 'plusieurs plantes prove- nant de ces graines : ces plantes attendent aujourd'hui, dans la serre de M. Levéel, le moment de leur plantation dans notre jardin. — La société d'horticulture de Valognes, dans sa séance du 8 décembre, a bien voulu m'inscrire au nombre de ses membres. Je me propose de rendre prochainement visite âmes nouveaux collègues, de parcourir quelques-uns de leurs jar- dins,et d'entretenir les lecteurs de ce Bulletin de l'étatde l'hor- ticulture à Valognes, ville dont le climat diffère peu du nôtre, mais dont le terrain est entièrement calcaire. On sait qu'à Va- 'lognes l'espace ne manque pas, que les jardins y sont vastes ( > ) et nombreux, et que depuis lengtemps l'horticulture y est eu grand honneur. — A la suite de la visite et du cours fait dans l'école de M. Le Costey, notre société désirait vivement organiser l'en- seignement horticole d'une manière régulière dans les divers cantons de l'arrondissement de Cherbourg. Pour cette fin, elle avait demandé au conseil général une subvention spéciale. Nous savons que cette subvention, dont l'allocation est ajour- née, serait accordée si toutes les sociétés d'horticulture du département s'entendaient pour adresser au conseil général une demande collective et motivée. Nous appelons sur ce point l'attention de tous nos collègues du département de la Man- che. Cherbourg, le 17 décembre 1872. H. de la Chapelle. ( 8 ) NOTE Sur le Bouturage, la Transplantation des Fiantes et la Guérison de la Pomme de Terre. On trouve dans le journal de l'agriculture les détails sui- vants, sur les avantages que l'on peut retirer des boutures faites avec le Gollodion. Voici comment on procède : Les boutures une fois prépa rées, les laisser à l'air jusqu'à ce que l'humidité, qu'elles contiennent, soit en partie évaporée ; puis, tremper les extré- mités dans le liquide, afin que la plaie se couvre d'une légère couche de vernis, ce qui empêche toute espèce d'évaporation; l'air ne peut ainsi pénétrer dans la plante. Avoir soin de laisser sécher une minute environ et les retremper de nouveau ; au bout de quelques minutes, cette seconde couche* est sèche, on peut alors planter les boutures. Le développement des racines a lieu plus vite que par la mé- thode ordinaire et est plus certain. On a observé que ce procédé, bien simple^ est surtout excel- lent pour les boutures ligneuses et pour toutes celles dont la reprise est difficile. On a opéré, fin septembre, sur des verveines, des géraniums, des fuchsias, de la tétragone, etc., et surtout sur des rosiers, dont quelques-uns sont reconnus difficiles à reprendre de bouture. Aujourd'hui, toutes les boutures de rosiers ainsi préparées et placées sous des cloches, sont d'une végétation bien plus vigoureuse que celles qui n'ont pas reçu de collodion ; quelques unes de ces dernières n'ont même pas poussé. ORIENTATION DES ARBRES LORS DE LEUR TRANSPLANTATION. Il est un principe essentiel, qui ne saurait être ignoré des arboriculteurs, et sur lequel je crois devoir appeler l'attention des membres de notre société, c'est l'orientation des arbres et arbustes lors de leur transplantation. Il importe, lorsque l'on déplante un arbre ou arbuste, quel ( 9 qu'il soit, mais surtout, pour les arbres à fruits, de bien obser- ver la position qu'ils occupent sur le terrain où ils ont végété, pour les replanter suivant leur position première. En effet, si l'arbre transplanté n'est pas orienté dans les mêmes conditions, si on lui donne une orientation nouvelle, il en souffrira, sa fructification sera retardée quelquefois plu- sieurs années, et même il peut en mourir. Je parle par expérience, ayant été chargé, au camp Jacob (Guadeloupe), de planter la place du front de bandière, de manguiers et autres arbres verts ; tous ceux qui y ont été transplantés suivant leur position première, ont parfaitement réussi, tandis que ceux qui l'année précédente l'avaient été, sans qu'on eût tenu compte de cette condition, moururent presque tous et les survivants végétèrent tristement pendant plusieurs années. Nous appelons donc , sur ce fait, la sérieuse attention de ceux d'entre-nous qui s'occupent d'arboriculture. Ces observations résultent d'expériences faites aux Antilles; mais en France, dans la pratique, on a habituellement la cou- tume de tourner le côté faible au midi, sans se préoccuper de l'influence que peut avoir l'orientation première sur la reprise. GUERISON DES POMMES DE TERRE. Un cultivateur de Fontenay, aux environs de Paris, vient de découvrir un procédé que nous croyons devoir, dit la Patrie., porter à la connaissance des agronomes. Il consiste dans l'em- ploi de la tannée, résidu de l'écorce du tan, que les tanneurs ôtent de leurs fosses lorsqu'il a perdu son énergie. Notre cultivateur recueille cette matière qu'on rejette ordi- nairement, et en dépose une certaine quantité dans le trou qui reçoit les pommes de terre à Fépoque des semences. Depuis trois ans qu'il fait cette expérience, elle lui a com- plètement réussi, et les tubercules qu'il a récoltés sont très sains et dans un état parfait de conservation Les années précédentes, dans les mêmes terrains, les pom- ( 10 ) mes de terre qu'il avait semées par les procédés ordinaires, étaient atteintes de la maladie. Ce nouvel essai peut donc-être tenté, et sans trop de frais, car la tannée est presque sans valeur. S'il réussit, et rien ne prouve le contraire, ce cultivateur de Fontenay aura rendu un immense servi à l'agriculture. A. Frouin. EXCURSIONS HORTICOLES DANS LES ENVIRONS DE CHERBOURG CARENTAN ET SAINT— COME— DU— MONT. Ma première excursion a eu pour but Garentan et ses envi- rons. Dès mon arrivée dans cette villeje me présentai chez un amateur plein de bienveillance, M. Le Bidois, qui possède une très-belle propriété, avec jardins parfaitement tenus et bien disposés. Grâce aux renseignements qu'il voulut bien me don- ner, je pus utiliser avec profit le peu de Lemps que j'avais à passer à Carentan ; après ma visite chez M. Le Bidois, je fus reçu, rue des Près, chez un amateur, M. Enos, qui m'accueil- lit avec cette complaisante bonté qui caractérise les vrais ama- teurs d'horticulture. Là, je ne trouvai pas un vaste jardin comme je m'y attendais, d'après les récits que j'avais entendus faire de sa belle habitation, car il l'a transformée en cours spa- cieuses et en grands magasins pour son commerce : mais je fus néanmoins très satisfait de ma visite, parce que M. Enos a su tirer un heureux parti des morceaux de terre qui lui restaient en dehors des magasins. Des plantations d'arbres verts d'espè- ces remarquables et d'arbustes à fleurs sont placées de manière à faire un bel ornement, des pelouses dans les endroits les plus grands sur lesquelles sont jetées des plantes à beau feuillage et des massifs de plantes de terre de bruyère. Au fond de la cour, ( 11 ) sur un gazon, se trouve un bassin avec jet d'eau très curieux; plus en arrière , contre le mur qui est masqué par un monti- cule de terre, sont échelonnés, en gradins, des arbustes bien conduits, mêlés de plantes à rieurs qui en font un beau tableau. Sur le sommet de ce monticule est un élégant pavillon d'où l'on voit la campagne et une partie des marais du Cotentin. Le toit de ce pavillon, orné d'une marquise, renferme le ré- servoir d'eau qui alimente le jet d'eau,etce réservoir est entre- tenu par des tuyaux venant des gouttières des magasins. Dans les moments de sécheresse, une pompe fait remonter l'eau du bassin dans le réservoir. Parmi les plantes que je notai avec le plus d'intérêt, citons d'abord une collection d'une vingtaine d'espèces ou variétés de bruyères de pleine terre , comprenant l'erica vulgaris Dumosa, fort jolie ; l'erica vulgaris, fl. magnifique ; la mul- tiflora rubra et la searly également ; et plusieurs étaient pas- sées fleurs et je regrettais de ne pouvoir les apprécier. Parmi les arbres verts, je remarquai de beaux retinospora, le plu- mosa, le pysifera , l'obtusa aurea et le pymea, le thuyopsis Borealis en bel exemplaire, le thuya variegata et le libo- cedrus chilensis, en très forts et beaux échantillons. A près cette visite, je me' rendis chez M. Le Pelletier, près du port; mais, malheureusement pour moi, je n'eus pas le bonheur de le rencontrer. Néanmoins, je pus visiter son jar- din, que je trouvai garni de belles plantes. Ce jardin est divisé en deux parties : le potager, avec plates-bandes garnies d'ar- bres fruitiers vigoureux et parfaitement conduits, remarque que j'avais déjà faite chez M. Le Bidois. En continuant mes courses dans les autres jardins, je fus facilement amené à re- connaître que les jardiniers de la localité possèdent tous de bonnes connaissances sur l'arboriculture. L'autre partie du jardin de M. Lepelletier, consacrée aux cultures d'agrément, renferme de beaux arbrisseaux; mais, comme chez beaucoup d'amateurs, le désir de trop posséder a fait que l'encombre- ment n'a pas tardé à se produire. Néanmoins, son jardin est gai et chaque plante ou arbre y conserve sa forme naturelle. ( 12 ) Une serre, qui renferme des végétaux très remarquables, fait honneur au praticien qui sait les conduire ainsi : de beaux palmiers, des bonapartea, des bégonias . vigoureux, variés de nuances et de couleurs dont le feuillage remplace les fleurs. Cette serre ne contient pas de gradins, mais des rochers arti- ficiels et des troncs de bois mort dans lesquels vivent des plantes curieuses. Un bassin garni de plantes aquatiques, no- tamment un papyrus pourvu de tiges énormes et hautes de cinq à six mètres, des achimènes, des gloxinios, des gesne- rios , aux fleurs superbes, et beaucoup d'autres végétaux divers, font de cette serre un lieu de délices, dans lequel un banc de repos a été ménagé et donne à penser que le proprié- taire va soovent y passer d'heureux moments. Des tuyaux d'un thermosiphon que l'on aperçoit sur le devant de la serre, sont, pendant l'hiver sans doute, une des garanties du beau succès que M. Lepelletier oblient dans sa serre. Dans Carentan, j'ai encore visité les jardins de M. Belin ; là encore, je trouvai un amateur plein d'aménité pour ses ser- viteurs. M. Belin est un amateur de spécialité. En pleine terre, je remarquai des collections de très belles reines— marguerites et divers autres plantes annuelles ; des collections de géra- niums et de fuchsias soignés et disposés avec un ordre qui démontre tout l'intérêt que cet amateur porte à ses collections Les serres étaient en partie occupées par des spécialités de serre chaude tels qu'achimènes et gloxitinios,, qui font leur végétation en été et se reposent en hiver, pour faire place à d'autres spécialités de serre froide. J'avais encore d'autres propriétés à parcourir, mais le temps ne me le permit pas. Dans les environs de Carentan, je visitai, à Saint-Côme-du— Mont, près le pont d'Ouves, la propriété de M. Lafosse ; il me serait impossible de citer toutes les richesses végétales que j'y remarquai, car, en raison de leur grand nombre, il m'aurait fallu plusieurs jours pour les noter. Il y avait une dizaine d'années que je n'avais revu les cultures de M. Lafosse; les arbres avaient grandi et l'ensemble était tout différent d'as- pect. En avant de l'habitation, est une cour ornée d'une pe- ( 13 ) louse et de plantations ; les jardins sont derrière et à côté de l'habitation et s'étendent jusqu'au bord des marais, où des peupliers gigantesques donnent un abri précieux contre les vents de l'est et du nord ; d'autres grands arbres sont dissé- minés ou groupés dans le jardin et complètent l'abri indis- pensable à la culture d'un grand nombre de plantes exotiques qui s'y trouvent réunies. Dans le bord du marais sont des îles entourées de larges douves ou étangs que l'on traverse en bateau. Ces îles complètement plantées d'arbres et d'arbustes, forment des bosquets avec des allées qut y serpentent comme dans une forêt vierge nouvellement envahie. Une habitation devenue rustique par le lierre qui l'entoure et des vignes vier- ges qui pendent de tous côtés, rendent ce lieu solitaire propre au recueillement et au repos ; car le calme le plus parfait y régnait malgré le grand vent qu'il faisait ailleurs, ce qui ren- dait ma visite très agréable. Ces îles sont vastes et forment déjà, par leur étendue, de beaux jardins; sur le bord, des bran- ches d'arbres flexibles ou pendantes, retombent sur l'eau et. produisent de loin un effet de paysage magnifique, mais c'est surtout en passant en bateau, entre les îles et en les contour- nant que l'on voit ces curieux arbres tels que le schubertia ou taxodium pendilla (de Chine), l'acacia bujotti à feuillage très léger, des saules pleureurs, etc. Après les îles, je visitai le jardin proprement dit, au travers duquel un bras de rivière se prolonge dans une vallée artificielle. Je passai sous des ponts rustiques, reposant sur des pointes de rochers, qui font corres- pondre les allées d'un coteau sur l'autre. Sur le bord de l'eau et sur les coteaux, des allées sinueuses permettent de visiter de près toutes les magnifiques plantes rares qui s'y trouvent, les unes placées entre des pierres sur des gazons, dans des grottes ou clans l'eau. — Arrivé à l'extrémité de la vallée, ce n'est plus un coteau, mais un rocher taillé ou plutôt construit à pic que l'on contourne un peu; puis on passe sous une petite montagne par des galeries, en zigzag, où la lumière disparait presque, pour ressortir dans une autre partie du jardin. Mais avant de quitter cette vallée et ces galeries, je dois citer quel- ( 14- ) ques-unes des plantes qui m'ont le plus frappé. Sur le coteau, au midi, de beaux exemplaires de chamerops excelsa donnent, à cet endroit, une physionomie étrange. Sur l'autre côté, au nord ou au levant, au pic des rochers, dans les grottes et entre des blocs, est une collection de fougères des plus remar- quables qu'il y ait ; j'ai été surtout frappé de la beauté d'un trichomanes speciosum, peut-être le seul exemplaire qu'il soit possible de voir d'ici loin de nous, placé sur un bloc, dans une galerie. En y entrant, cette touffe de fougère apparaît avec une verdure de la plus belle fraîcheur; en avançant dans la galerie, on voit sa couleur changer et les feuilles devenir transparentes en face de la lumière, ce qui est un bien curieux phénomène; l'astrea atrata, du Japon, le davallia Novœ-Zelan- diaej, le polystichum lineare, l'athirium felix fœmena et plu- sieurs autres dont les noms m'échappent, s'y trouvent en fort échantillons dont quelques-uns peuveut rivaliser pour l'or- nement avec des palmiers. Dans l'eau de la rivière, requi- se tum eburneum ou telmateca, s'y développe en pyramide de la hauteur d'un homme. M. Lafosse me dit que cette prèsle est indigène et qu'elle se trouve dans les environs ; ce n'en est pas moins une plante curieuse et très ornementale lors- qu'elle est livrée à la culture. En sortant des galeries, on se trouve au pied d'un autre coteau, où 'l'on voit de beaux ar- bustes groupés ou disséminés sur les gazons; puis en contour- nant des massifs d'arbrisseaux , on passe sur le pont le plus élevé pour arriver à des sentiers qui conduisent à travers des rochers, sur un sommet ou une sorte de petit monument, dont faute de connaissance, je ne saurais décrire l'ordre d'archi- tecture. De ce point,, on aperçoit une grande partie de la vallée et les riches plantes qui s'y trouvent, puis en descendant, sur l'autre versant, on arrive dans l'autre partie du jardin où l'on trouve un autre ordre de culture : ce sont des grandes allées en croix, formant des carrés divisés en plates-bandes dans lesquels sont rangées par ordre, des collections de plantes bul- beuses et de plantes vivaces , tout cela bien étiqueté , formant une école dans laquelle M. Lafosse fait des études en savant naturaliste. ( 15 ) Dans ma visite, je continue de rencontrer des plantes et surtout des arbres très remarquables ; je citerai surtout un arbre commun, le tilleul argenté, qui, isolé dans une pelouse, produit, par sa verdure et son grand développement, un effet magnifique, des araucarias et beaucoup d'arbres verts rares, en beaux exemplaires, les juniperus rigida et celui de Syrie, à gros fruit, frappent l'attention par leur port et leur régularité; un jeune exemplaire du torreya myristica, de deux mètres, bien établi, donne l'espoir que cet arbre sera magnifique, des taxodium sempervirens, et surtout le gigantea (wellingtonia) est l'un des plus grands de notre contrée. L'abies morinda est un des plus beaux arbres que je puisse signaler ; deux surtout, d'un grand développement , permettent d'apprécier leur beauté. Le thuya aurea est aussi d'un énorme développe- ment pour l'espèce: c'est une masse compacte. mais gracieuse de deux mètres de haut et plus de deux de large. Le cryp- tomeria nana est également très curieux, c'est un buisson très serré, d'un mètre de haut et de moitié plus large. Ceci, mes- sieurs, n'est qu'un sommaire aperçu des quantités de belles plantes que renferment les jardins de M. Lafosse, car, dans une demi-journée, il ne m'était pas possible de tout examiner, surtout avec M. Lafosse, dont la bonté se plaît à renseigner et à discourir sur la culture et le mérite des plantes, ce qui al- longe le temps des visites. Enfin, je me résume en disant que j'ai trouvé dans les jardins une école d'horticulture ornemen- tale à tous les points de vue, depuis la culture soignée jusqu'à la nature prise sur le fait. Gavron. Cet article avait été écrit .par M. Cavron avant la dernière guerre, pendant laquelle les marais de Carentan ayant été inondés par l'eau ;de mer, un grand nombre des beaux arbres de M. Lafosse ont souifert, quelques-uns même sont morts. Note de la rédaction. ( 16) AFFRANCHISSEMENT Dll POIRIER LETTRE ADRESSEE A M. LE PRESIDENT DE LA SOCIETE ET LUE DANS LA SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1872. Monsieur le président, MM. Dubreuil et Baltet, dans leurs précieux ouvrages, dé- posés à la bibliothèque de la société (1), recommandent Y af- franchissement du poirier comme l'un des moyens les plus efficaces pour rendre à une variété chétive ou épuisée, une existence , une vigueur nouvelles. Quelques incisions sur le bourrelet de la greffe, un apport de bonne terre franche au- tour du collet, tel est le procédé. Le chevelu ne tarde pas à apparaître dans les incisions faites, et, peu à peu, dégagé du lien qui rattachait sa nature ardente à une nature moins active, le poirier vit bientôt de ses propres racines et se développe rapidement aux dépens du cognassier qui languit d'abord et finit par s'éteindre de consomption. Une question : Les fruits de l'arbre affranchi par la mé- thode qui vient d'être rappelée, ne perdent— ils rien de leur grosseur, de leur qualité; la production a-t-elle lieu avec la même régularité et la même abondance, ce qui ne se passe plus lorsque l'arbre s'est affranchi naturellement? Par suite d'une surélévation faite à la longue du sol de mon jardin, quelques poiriers sont passés au franc, sans que j'y prenne garde. Ma négligence a été punie, comme vous allez vous en convaincre. Je vous adresse le grossier croquis d'un pied de ces arbres, en même temps que le triste spécimen de ses produits actuels. — La poire que je vous communique est une Louise-Bonne. Il est utile de vous en prévenir, car on reconnaîtrait bien difficilement, dans cet avorton informe, l'un des fruits les plus délicieux, assurément, parmi ceux dont la maturité arrive à (1) Culture des arbres et arbrisseaux à fruits de table, p. 396, et Culture du poirier, p. 9. ( 17 ) l'époque où nous sommes. Et dire, qu'au bout de quelques années de plantation, mon poirier, greffé sur cognassier, peu vigoureux alors, donnait régulièrement des récoltes superbes ! Assurément il y a là matière à réflexion. Aujourd'hui, sans doute, il a pris une extension notable et ne mesure pas moins de 4 mètres de hauteur, ce qui est un résultat dans les ter- rains brûlants des Miellés ; mais aussi, il s'est affranchi, et s'est affranchi, hélas... du soin de produire ! Je serais heureux que vous voulussiez bien attirer l'attention de nos collègues sur ce fait, peu étudié jusqu'ici, je pense, en les priant instamment de répondre à ma question, sinon dans la séance de dimanche, du moins dans une réunion ultérieure. Quelques jardiniers de la localité, arrachent, je le sais, et jettent impitoyablement au feu, un poirier passé au franc, sans coupe ni incisions, le considérant comme désormais sans valeur. Ce procédé, un peu barbare, doit-il être blâmé ? Je laisse aux experts le soin de se prononcer à cet égard. Il me sem- blerait, toutefois, préférable de regreffer les arbres en y appli- quant quelque variété féconde et peu vigoureuse, comme le beurré clairgeau, beurré bachelier et tant d'autres. C'est une expérience intéressante à faire et je m'en occuperai ; mais en attendant, voici le parti auquel je me suis arrêté, dès l'an der- nier, lorsque je m'aperçus que l'interruption de production de mon arbre ne pouvait provenir que de son affranchissement. J'enlevai, avec deux traits de scie opposés et formant un angle très-ouvert, une forte entaille dans la racine du sauva- geon, dont je ne laissai que le 1/4 environ. L'arbre n'a nul- lement souffert ; mais les fruits n'ont pas gagné, je l'avoue. Ils sont bel et bien ce qu'ils étaient précédemment, ni plus gros ni meilleurs. Cette année, je vais prolonger la coupe jusqu'à l'écorce. L'hiver prochain, j'enlèverai Je tout. Si le poi- rier résiste, et je le crois, je vous le dirai. S'il meurt, la na- ture a ses secrets! je vous le dirai de même, afin que nous en tirions des conclusions. Alfred Rossel. 2 ( 18 ) Après la lecture, en séance, de la lettre qu'on vient de lire, la question posée fut longuement discutée, et MM. Michel, Cavron et Letellier déclarèrent qu'ils pensaient qu'un arbre passé au franc naturellement ou par un moyen quelconque, ne devait pas être conservé, qu'on ne saurait jamais en faire un bon arbre et qu'il devait être arraché. D'un autre côté, M. Ros- sel ayant, quelque temps après, soumis cette question à M. Ch. Baltet, horticulteur, président de la société horticole et vigneronne de Troyes, reçut, par le retour même du cour- rier, la réponse suivante : Troyes, 9 janvier 1872. Monsieur et cher collègue, Vous me demandez mon opinion sur l'affranchissement du poirier greffé sur cognassier. C'est une question assez controversée, parce que les résul— n'en sont pas toujours semblables et que ses partisans ou ses adversaires lui attribuent les conséquences bonnes ou mau- vaises, qui pourraient bien provenir d'autres causes. Dans nos écoles fruitières, nous n'avons jamais eu à nous plaindre de l'affranchissement, qui me semble préférable sur les vieux arbres, sur le déclin ou plutôt ayant jeté leur pre- mier feu, et commençant à ralentir leur fructification normale. Nous avons des poiriers greffes sur cognassier, hauts de 6 mètres,dont le collet rechargé de terre, s'est radifié naturel- lement, et en ont acquis une vigueur extraordinaire, tout en produisant abondamment des fruits magnifiques, qui ont fait l'étonnement des connaisseurs à l'exposition universelle de Paris, en 1867, et de Londres, en 1871. Nous avons envoyé , l'an dernier, plusieurs troncs de ces arbres — dont l'abattage était nécessaire — au comité d'arbo- riculture de la société centrale de Paris ; et cette exhibition a suffi pour faire taire les critiques basées sur des informa- tions insuffisantes. Ces arbres ne sont plus taillés, ou le sont très peu; d'ancien- nes pyramides, ils sont devenus des haute-tige de grand pro- ( 19 ) duit, c'est, pour ainsi dire, l'intermédiaire du poirier sur franc et du poirier sur cognassier. Il y a vingt ans, un fuseau de belle angevine nous avait donné 14 poires énormes, comme jamais nous n'en avions vu ; on arracha l'arbre, placé trop près de l'allée, il avait, au collet une seule et unique grosse racine qui courait sous la bordure de buis. Donc, l'affranchissement du poirier s'obtiendrait avec un rechargement de terre plus facilement qu'au moyen de mon- ticules isolés, trop susceptibles de se dessécher. Un paillis de gravier, de tannée, maintiendrait la fraîcheur et faciliterait la radification, excitée, d'ailleurs, par quelques légères incisions longitudinales (je n'ai pas essayé le cran transversal) et par l'absence de labours profonds. Tous les sols, tous les climats, tous les sujets s'y soumet- tront-ils, ainsi que toutes les variétés? Mon avis est que l'ex- périence est le meilleur guide en horticulture Si donc, quel- qu'un n'a pas à se louer de l'affranchissement du poirier, alors qu'il l'évite. Or, il est plus facile de retrancher des ra- cines que d'en faire développer. Mais, je le répète, il faut être certain que le mal provient de l'affranchissement . A Montreuil, il paraît que l'on coupe les racines des pom- miers nains sur paradis ou sur doucin, qui se développent au- dessus de la greffe : cela se se comprend ; on tient à posséder des sujets rabougris. Une dernière considération en faveur de cette question. Les poiriers égrins ou sauvageons sont vigoureux et d'autant plus fertiles qu'ils sont transplantés, c'est-à-dire qu'ils émettent des racines au collet et se dirigeant plutôt horizontalement. Charles Baltet, Horticulteur à Troyes. I 20 , ALLEE -SUISSE (TROYES) Et les Jardins de Cherbourg Le dernier numéro de ce Bulletin reproduit, page 47 et suivantes, un très-important article dans lequel M. Emma- nuel Liais, président de la société, directeur de l'observatoire impérial du Brésil, constate, à l'occasion d'une exposition flo- rale faite à Cherbourg, en mai 1872, les résultats exception- nels de la culture des plantes exotiques sur nos côtes privilé- giées où la température des hivers, si rigoureuse dans certai- nes villes de l'intérieur, se trouve toujours considérablement adoucie par l'action constatée du gulf-stream. La compétence, en pareille matière, de l'illustre auteur du Climat, de la Géologie, la Faune et Géographie botanique du Brésil , dont la presse française apprécie en ce moment la portée scientifique et qui doit avoir, au Brésil surtout, un si légitime succès, n'échappera à personne. Toutefois, pour fixer de plus en plus les idées et donner à nos lecteurs un terme de comparaison, nous placerons sous leurs yeux les passages sui- vant,extraits d'une attrayante brochure : La Vallée-Suisse, qui, nous est adressée par M. Ch. Baltet, de Troyes: « La Vallée— Suisse est, de tous les jardins de la ville de Troyes, le mieux réussi, le plus coquet, le plus fréquenté, celui qui résume dans une charmante miniature les règles prin- cipales de l'architecture des jardins. » En effet, dans un ancien fossé de la ville, jadis fortifiée, entre la porte de la Madeleine et la porte Chevreuse, au lieu d'un cloaque indigne d'une cité qui se respecte j de frais om- brages appellent le promeneur, les allées serpentent discrète- ment, côtoyant de vertes pelouses, des arbrisseaux et des fleurs ; une cascade anime le paysage et donne naissance à un ruis- seau qui s'égare sous un pont léger et coquet. » Après un préambule nécessaire pour expliquer le but de ( 21 ) cette publication horticole, dont le titre ne laisse nullement pressentir l'objet, deux longs chapitres sont consacrés à l'ex- amen des arbres d'ornement à haute tige, et des arbrisseaux et arbustes qui attirent le plus les regards , dans « le jardin favori de la population troyenne. » Ce serait, sans doute, par trop nous écarter de notre sujet, que de suivre l'auteur clans cette minutieuse étude sur le ter- rain, où la physionomie de tant de plantes, leurs propriétés, les soins qu'elles réclament , l'orientation qu'elles préfèrent, se trouvent définis avec cette remarquable précision, et cette élé- gante originalité d'expression qui ôte toute monotomie aux citations forcément nombreuses clans le texte, et facilitent la mémoire des faits. Nous abrégerons donc, mais à regret, une partie importante de cette instructive revue, pour nous arrê- ter davantage sur le chapitre suivant, qui appelle plus spéciale- ment notre attention : ARBRISSEAUX A FEUILLES PERSISTANTES. « Des arbustes à feuillage persistant, tel est le désir que cha- cun exprime en meublant un jardin ; on a critiqué cet amour de la verdure perpétuelle, et les « amants de clame nature » ont réclamé en faveur de l'éclosion dos bourgeons au mois de mai et de la chute des feuilles à l'automne. Evitons ces amours extrêmes, en mariant le feuillage persistant de certains végé- taux avec la végétation périodique de certains autres. Mais, hélas, l'hiver de 1871-1872 a été une rude leçon pour les ama- teurs forcenés du feuillage quand même. Que sont devenus les alaternes, les bourgènes en plein air ou en espalier? Où re- trouver cette grande famille des aucubas, d'autant plus nom- breuse que la découverte de l'individu mâle avait accru clans une proportion inquiétante — pour les collectionneurs-- les variétés à feuilles larges ou étroites, vertes ou panachées, aux bouquets de fruits rouge corail, aussi précieuses pour les bos- quets que pour les appartements. Et les arbousiers^ les bi- bassiers, les chalefs, les oliviers, les chênes verts^ que les méridionaux nous lancent à la face, quand on leur vante la flore septentrionale; où en est leur degré d'acclimatation ? ( 22 i » N'est-ce pas navrant de voir les magnoliers, les rhodo- dendrons, les kalmias si beaux, si vivaces dans la région de l'ouest, perdre leurs feuilles et donner des craintes pour leur avenir. Faudra— t— il renoncer aux troënes et aux fusains du Japon, qui s'accomodaient de nos sols ingrats et multipliaient leur allure et le bigarrure. La ménagère ne regrette-t-elle pas la perte de ses romarins de ses lauriers d'Apollon, pendant que son mari pleure ses photinias , ses filarias, ses cotonèas- ters,ses buplèvres, ses yuccas, ses viornes, ses épine-oinet— tes, sesfragons, toujours verts, dont il ornait ses massifs, ses talus, ses gazons , même ses vases en fonte ? Voyez les sou- ches qui essaient de protester contre la débâcle hivernale par une végétation quasi-souterraine, des lauriers— tin, des lau- riers de Portugal , des lauriers-cerise, de Colchide ou du Caucase; ne ressentez pas l'espoir de retouver, un jour, leur riche verdure animer les jardins , alors que les frimas et la neige les auront couvert d'un linceul. » Le houx des bois lui-même ne cherche-t-il pas à puiser dans sa rusticité primitive, une sève nouvelle qui nous promet encore un feuillage brillant illustré de fruits écarlates ; doit-on l'abandonner au profit du buisson-ardent, qui se prête à la forme buissonneuse ou à l'espalier au nord. Espérons que nos jardins conserveront, à leur toilette d'hiver, la parure éme- raude et corail du houx et du buisson-ardent. La leçon a été terrible — comme bien d'autres leçons dans cette année mau- dite — et il nous a fallu ces vingt degrés de froid pour nous engager à rester sur la réserve, en plantant, à discrétion, des buis et des mahonias en plein air ou sous bois ; seuls ils ont bravé victorieusement la gelée. L'un et l'autre de ces deux genres ont produit des types divergeants par la couleur ou la forme des feuilles; ne nous en plaignons pas. Ce sera une res- source de plus pour varier les effets de feuillage, sans multi- plier les espèces et sans essayer à résoudre des problèmes de naturalisation végétale. » Les essais d'acclimatation ou plutôt de naturalisation végé- tale, ne doivent pas être abandonnés, selon nous; au contraire. ( 23 ) Mais ils doivent toujours être dirigés, en tenant compte des températures extrêmes, des lieux de provenance, comparées avec celles des points d'introduction. Ce qui est possible jci, ne l'est plus à Valognes et Bricquebec, qui ne se trouvent qu'à quelques lieues sud de nous. Constatons bien, d'ailleurs, que la plupart des végétaux cités par M. Baltet, sont très rustiques à Cherbourg, où ils ont supporté, sans altération notable, les secousses de l'hiver 1870-1871, et continuons de donner tous nos soins à notre modeste jardin de la rue Montebello. Car là enfin, si l'avenir, entrevu par son dévoué directeur actuel,- se réalise (voir l'article qui suit), le touriste amateur pourra venir admirer , à côté de collections choisies d'arbres et arbrisseaux à fruits de table, les richesses horticoles, au- jourd'hui disséminées dans notre région et qui doivent plus tard orner le Jardin public, cet objectif désiré, vers lequel nous a fait faire un pas immense, le vœu clairement manifesté par 10,0 J0 de nos concitoyens, lors cle l'exposition dernière. Encore une réflexion. La brochure de M. Baltel n'a pas une portée purement locale. Ecrite pour la ville de Troyes, cette brochure se re- commande, comme un guide sûr, à tous les propriétaires de parcs et de résidences de luxe, à tous les amateurs des jar- dins et surtout, aux administrations municipales jalouses de contribuer à l'embellissement et à la prospérité des centres de population dont les intérêts leur sont confiés, par la création ou le vigilant entretien des squares si favorables au point de vue de l'hygiène. Prenons-en note, donc, pour y avoir recours au besoin. Alfred Rossel. Dans le Bulletin de la société d'horticulture du centre de la Normandie, à Lisioux (n° 4, de 1872), M. Amand Dubois, chef de culture de M. Oudin, publie un compte-rendu, fort remar- quable , de l'exposition de Cherbourg (1872) , où il avait assisté comme délégué -et à l'occasion de laquelle il avait prêté au jury le concours de ses connaissances horticoles et de son expérience. 24 Le rapport de M. Dubois, que nous regrettons de ne pou- voir reproduire, en entier, commence en ces termes : « Messieurs, « Vous m'avez fait l'honneur de me désigner pour remplacer » notre directeur^ malheureusement empêché, pour vous re- » présenter, comme délégué , à l'expoeition qui vient d'avoir » lieu à Cherbourg". Je vais vous rendre compte de la mission » que vous avez bien voulu me confier, sollicitant votre indul— » gence pour la façon dont un jardinier, plus habitué à ma- » nier la bêche et la serpette que la plume, vous dépeindra ses » impressions. » L'exposition à laquelle j'ai assisté en votre nom, comme » membre du jury, présentait un caractère différent en quel- » ques points, de celles que nous sommes habitués à voir dans » cette contrée; la température de Cherbourg placée sous l'in- » fluence des courants chauds, qui, partant du golfe du Mé— » xique, traversent l'Atlantique et viennent se briser contre les » rochers de ce pays, permet à un grand nombre de végétaux, » qu'ici comme à Paris, on cultive à l'abri des serres, de vivre » en plein air et d'y acquérir de fortes dimensions. » Ce rapport se termine de la manière suivante : « Pendant la durée de l'exposition, je visitai, en détail, tous » les jardin s de Cherbourg et des environs qui me furent signa- » lés comme renfermant des cultures ou des végétaux remar— » quables. Mon excursion, dans les jardins des exposants, me » prouva que les produits présentés par eux à l'exposition, » provenaient de leurs cultures et me confirma le bien jugé » des opérations du jury. » Ce fut dans les jardins des amateurs, notamment chez » MM. Ternisien, Baud, Balmont et Hamond, que j'eus l'o'c- » casion d'apprécier l'heureuse influence du climat de Cher— » bourg, sur l'accroissement et la conservation des végétaux » des pays méridionaux. » Chez M. Ternisien, parmi les nombreux végétaux exoti- » ques entassés dans son jardin, nous avons remarqué un ( 25 ) » aralia Sieboldi, de 3 à 4 mètres de hauteur, formant une » large cime qui se couvre de fruits chaque année. Dans son » jardin, comme dans ceux des autres amateurs que j'ai visités, » les palmiers d'Afrique, de l'Australie, de la Chine et du Ja- » pon élèvent leurs stipes et étalent leurs frondes de façon à » faire croire que , dans un avenir prochain, notre littoral de » l'Ouest pourra se revêtir des végétations de ces contrées. » Les bruyères du cap de Bonne-Espérance, les escalonia flo- » ribunda et machranta, les divers ceanothes mexicains, for- » ment des arbrisseaux de plusieurs mètres d'élévation, se » couvrant d'une multitude de fleurs. Les erythrines brési- » Hennés, les pittospores de la Chine et du Japon s'y dévelop- » pent et se couvrent de fleurs. Enfin quelques variétés de » bégonia croissent à l'ombre des oliviers et la clôture de ce » jardin est souvent formée de myrthes, absolument comme » ceux des contrées les plus favorisées de la France méridio- » nale . » Mais, c'est surtout dans le parc créé par M. Hamond, sur .» l'un des coteaux, dont est flanquée la ville de Cherbourg, que » se trouvent réunies les collections des végétaux les plus rares: » les splendides variétés d'azalées de l'Inde, groupées par mil- » liers, étalaient, au moment de notre visite, leur incompara- » bie luxe floral, et atteignaient des dimensions capables d'é— » clipser celles qui furent tant admirées à l'exposition univer- » selle de Paris. Les aloës, les agaves, les littea juncea, fila- » mentosa et robusta , sont là parfaitement acclimatées. Les » bosquets sont exclusivement composés d'arbres les plus » rares de la flore exotique. Les conifères les plus remarqua- » blés y acquièrent des proportions inconnues ailleurs, et les » rhododendrons hymalayens, dont le nombre est au moins » de vingt-cinq à trente espèces, y atteignent des proportions » arborescentes et fleurissent comme dans leur pays natal. » Enfin, les palmiers de la Chine étaient là en pleine florai- » son, au moment de ma visite, et je suis si heureux d'avoir » vu ces richesses végétales, que je n'ai pu résister au désir » le vous lés décrire. » Amand Dubois. ( 26 ) LES SERRES EN FER Construites û Cherbourg par M. Victor LEROY RAPPORT de la Commission nommée par la Société artistique et industrielle, communiqué à la Société d'Horticulture, dans sa séance du 1er décembre 1872. Depuis quelques années, l'emploi du fer tend à se substituer à l'emploi du bois ou des pierres, clans diverses constructions. On trouve généralement dans les ouvrages en fer plus d'élé- gance, plus de solidité, quelquefois plus d'économie, dans d'au- tres cas plus de sécurité contre les incendies. Dans ces der- dernières années, on a construit, au Vésinet, près Paris, une église en fer : c'est aussi la la matière employée à peu près exclusivement dans la construction de notre poissonnerie, qui, enfin, est à peu près terminée. M. Victor Le Roy, entrepreneur et marchand quincaillier, rue du Bassin, membre de la société artistique et industrielle, vient de construire à Cherbourg plusieurs serres dans lesquel- les on s'est servi de fer au lieu de bois : la plus importante de ces constructions est la nouvelle serre froide (1) que M. Bal- mont, horticulteur marchand, vient de faire élever contre le mur ouest de son jardin, rue de la Duchée, 48. La commission nommée par la société artistique et indus- trielle, pour examiner ce travail, a été tout d'abord frappée de l'élégance, de la légèreté et de la solidité de la construction. L'aspect général de la serre, qui a été construite sur les plans de M. Fortin, architecte, rappelle un peu, en petit, celui de la gare de Cherbourg, car la toiture vitrée repose sur des courbes en fer qui partent du mur du fond, élevé de cinq mètres, pour venir reposer sur la façade dont la hauteur est de deux mètres, en y comprenant environ soixante— quinze (1) Aucun appareil de chauffage n'existe dans cette serre, mais quand il plaira à M. Balmont d'y en installer un, il suffira de percer dans la maçonnerie le passage du tuyau d'un fourneau extérieur. ( 27 ) centimètres de maçonnerie. Le vitrage de la toiture est sou- tenu par des courbes en fer à T, appuyées et rivées sur quatre pannes transversales, lesquelles reposent elles— mêmes sur des fermes hautes de quatre— vingts millimètres, épaisses de quatorze. Dans la façade de la serre est ménagée une porte à deux bettants, et dans le pignon sud une porte à un seul battant. Ces portes sont en fer raîné, avec panneaux doubles en tôle et croisillions intérieurs, en fer carré. Au— dessus de la toiture régnent, tout le long de la serre, trois traverses en fer, tenues à dix centimètres du vitrage, servant à supporter les échelles qu'il y aurait lieu d'apposer s'il fallait nettoyer ou réparer les vitres. A l'intérieur existe, dans toute la longueur de la . serre, une tringle de fer rond, destinée à soutenir la vigne, à une certaine distance du vitrage. Dans la façade, sur quatre châssis mobiles, à charnières, et dans le toit, sont également ménagés quatre panneaux à taba- tière, pour aérer la serre quand il y a lieu. La serre est vaste ; sa longueur est de dix— huit mètres, sa largeur de sept; elle ne renferme point de gradins, mais des massifs bien disposés, avec un rocher très artistement fait, dans l'angle nord-ouest. Il y règne une clarté remarquable, car les fermes en fer étant nécessairement plus minces que celles que l'on fait ordinairement en bois, apportent moins d'obstacles à la lumière du jour. 'L'emploi du fer a permis de donner à la toiture une forme cintrée; cette toiture est par là même d'une grande solidité, et; en raison de sa courbure, comme elle fait voûte, elle n'a point besoin d'être soutenue par des colonnes. M. Balmont a dit à la commission qu'il aurait désiré que le fer fût galvanisé, mais on y a suppléé par une bonne couche de minium, qui a été ensuite recouverte de peinture blanche: Le travail a été exécuté avec célérité ; la pose des fers a duré dix jours, et la serre a demandé six semaines pour tous l"s travaux de sa construction. Les fers venus des forges ( 28 ) de C.hàtillon à l'état de fers en barres de diverses espèces, ont été transformés etouvrés dans les ateliers de M. Victor Leroy. On a employé dans cette construction 900 kilogrammes de fers à T, et 1500 kilogrammes de fers de divers échantillons. Nous ne pouvons donner comme exemple le prix de revient, car depuis que ces travaux ont été exécutés, il y a eu hausse sur les fers et sur les verres à vitre. On peut compter maintenant environ 13 francs le mètre carré, vitrage non compris. Bien que dans ce rapport on ait eu en vue les constructions en fer, nous ne pouvons passer sous silence le travail irrépro- chable du vitrage, exécuté en partie par M. Leneveu, en par- tie par M. Lelaidier. Sous les pluies torrentielles qui nous affligent depuis plusieurs semaines, pas une goutte d'eau n'a pénétré clans l'intérieur. Une serre aussi vaste que celle de M. Balmont, convient plus spécialement à un horticulteur, propriétaire de son terrain, mais nous pensons aussi que la solidité et la longue durée de cet édifice horticole dédommageront M. Balmont des dépenses qu'il a faites, en lui épargnant des frais de réparation et de remplacement. Ce n'est pas à dire pour cela que la construction d'une serre en fer soit absolument interdite à un locataire, surtout s'il s'a- git d'une petite serre d'amateur, car il serait facile d'en démon- ter les pièces, et de la reconstruire ailleurs. Telle est la petite serre que M. Leroy vient de construire pour M. Avoine, sous- commissaire de marine, qui consacre ses loisirs aux plaisir.-^ du jardinage. Nous pensons même que c'est surtout dans une petite serre , construite dans un espace restreint , qu'il est avantageux de donner la préférence à l'emploi du fer, qui, sous un moindre volume que le bois, présente aussi une plus grande solidité. lin exemple plus frappant encore, c'estune serre que M. Le- roy a faite pour M. Baccia, dans un jardin de location. Cette serre peut être démontée sans déplacement des vitres, et dé- ménagée sans qu'il en soit brisé une seule, pour peu qu'on agisse avec précaution. ( 29 ) M. Leroy a construit ou va construire sur divers points de la ville, des serres en fer de dimensions variées par exem- ple, celle de M. Saillard, rue de la Bucadle, celle-ci est en fer galvanisé : la société d'horticulture s'en occupera dans sa revue des serres et jardins; quant à nous, nous terminons ici notre rapport industriel. Cherbourg, le 30 novembre 1873. Equilbecq, A. Vautier, H. de la Chapelle, président de la société artistique et industrielle. A la suite de la lecture de cet article, un entretien s'est élevé dans la société, et il parait résulter des observations qui ont été présentées, que la serre en fer a besoin d'un praticien expérimenté pour la culture de certaines plantes, parce que le métal étant très bon conducteur de la chaleur, les variations atmosphériques sont plus sensibles dans une serre en fer. Les serres en bois, au contraire, n'ont ni l'élégance, ni la clarté des serres en fer, mais elles conviennent mieux aux personnes peu soigneuses ou inexpérimentées, parce que le bois étant mauvais conducteur de la chaleur, les changements de température y sont moins brusques. (La rédaction) . DISTRIBUTION ET AVOIR Depuis bientôt trente ans, la société d'horticulture de Cher- bourg aspire à la jouissance du jardin qu'elle est en voie de créer. Dans le cours de ce temps, l'idée, de ce que serait ce jardin, n'a été que superficiellement élaborée. C'est au moment même de l'exécution de l'œuvre, que le travail d'étude est devenu sérieux. Aussi, à ce moment, avons-nous vu surgir,sur ( 30 l'ordre de distribution du jardin, plusieurs idées qui, toutes, il faut le dire à la gloire de leurs auteurs, avaient, en principe, un but particulier; mais elles n'étaient que l'imitation ou la reproduction de jardins qui se voient partout. Il nous fallait quelque chose de neuf où la science progressive put trouver les moyens de se lancer, quelque chose digne d'une société d'horticulture envieuse de faire progresser toutes les bran- ches de la science horticole. En nous livrant à la recherche des différentes sortes de jardins, nous en trouvons trois : 1° le jardin de production, 2° le jardin botanique, qui a pour but l'étude spéciale et classique des plantes, 3° le jardin d'agrément qui a pour objet la simple réunion des plus beaux végétaux. Examen fait de ces ordres de jardins, aucun ne pouvait sa- tisfaire complètement nos vues, qui, à mesure que nous avan- cions dans nos recherches, allaient toujours en s'agrandissant vers l'immense étendue et la variabilité du règne végétal. Enfin, nous avons posé un jalon et nous avons admis un ordre de distribution qui, s'il laisse à désirer, est facilement acces- sible à toutes les intelligences en facilitant la connaissance des plantes et de leurs besoins. De plus, le titre de jardin d'ac- climatation nous obligeait d'admettre un ordre de classement des plantes qui, tout en étant scientifique, fût artistique, parce que ces plantes devront être embellies par la culture. Par cette méthode de classement, nous rangeons les plan- tes en cinq régions : la îrc région se trouve à droite, en entrant dans le jardin ; elle comprend : les plantes méditerranéen- nes, européennes et des côtes africaines voisines ; elle con- tourne la pelouse pour revenir à l'allée de gauche sur laquelle seront les plantes de la 2e région, qui comprend le Caucase, le Népaul, l'Himalaya, la Chine et le Japon, et les contrées alpestres des îles de la Sonde. A la suite, par l'allée transver- sale du fond de l'école, se trouve la 3e région : plantes de la Nouvelle-Hollande, de la Nouvelle-Zélande et du cap de Bonne-Espérance. En descendant l'allée de droite, on trou- vera la 4e région formée des plantes des îles Malouïnes, de la Terre-de-Feu, de la Patagonie, du Chili, du Pérou, du Para- ( 31 ) guay, du Brésil, etc. La 5° région occupera le centre du jar- din qui comprendra le haut Mexique, la Californie, les Etats- Unis et les îles de l'Atlantique. Dans cet arrangement, toutes les plantes seront placées., autant que possible, dans les conditions de leur nature spé- ciale, ce qui nécessitera une disposition du jardin toute par- ticulière, et lui donnera un aspect se rapprochant beaucoup plus de la nature que nos jardins ordinaires. Les plantes mi- ses sur buttes ou en creux, sur rocaille, en terre de bruyère ou de sable, celles qui sont aériennes sur souches, celles qui sont aquatiques dans l'eau, feront faire sur les massifs des ondula- tions de terre qui, en agrandissant l'espace, en produisant des réduits, permettront de loger une foule de petits végétaux, et aussi, sous les plus grands, beaucoup de plantes d'ombre trouveront à se loger dans leurs conditions d'habitat naturel ; elles auront ainsi des abris contre le vent ou contre un trop grand soleil qui parfois est défavorable à certaines plantes dépaysées,' de même,' que pour d'autres, l'action chaude du soleil devient nécessaire. Par cette méthode de distribution ou de classement des des plantes par région, l'étude que nous devons considérer comme la base fondamentale de l'horticulture, peut être fa- cilement suivie,, nous voulons dire l'étude de la botanique. Car les espèces, les genres et les familles s'y trouveront représen- tées en assez grand nombre, et assez rapprochés (générale- ment plus rapprochés même que dans la nature), pour être facilement trouvés et comparés, je n'ose pas dire avec les mêmes avantages que dansune école de botanique bien classée destinée aux naturalistes. Mais pour le botaniste, amateur de belles plantes, ces plantes s'y touveront dans des condi- tions de beauté et de végétation attrayantes, qu'il est presque impossible d'obtenir dans les écoles ordinaires de botani- que. Au point de vue de la culture, les plantes d'une même ré- gion, pour ainsi dire d'un même climat, se trouvent réunies. L'époque d'activité vitale des plantes de chaque région étant . 32 presque la même, la comparaison de rusticité, entre elles, dans les mêmes conditions, peut souvent nous aider dans la recherche des causes d'insuccès, car, outre les conditions que nous devons admettre pour les plantes alpestres, compa- rativement à celles de plaine, il y a-les influences de lumière et de chaleur qui peuvent être bien différentes dans chaque partie du jardin, et qui jouent un grand rôle dans le succès de l'acclimatation. Aussi, quand les plantes originaires de pays qui ont l'été quand nous avons l'hiver, plantes qui conservent, quoique apportées chez nous, l'époque de floraison de la belle saison de leur patrie,, il convenait de les réunir afin que les soins leur fussent mieux donnés. Si, maintenant, nous passons à l'étude de la physionomie des végétaux, à l'impression produite, non seulement par la physionomie des plantes d'une même région, mais encore par la comparaison des régions entre elles, là, en face d'une quantité de plantes si diverses en formes, en couleurs, et sur- tout en caractères particuliers de mode de végétation, plantes, que des savants aussi artistes que naturalistes, ont classées par végétation, en tapis, en buisson, à cimes et ornementales, nous nous trouvons en présence des moyens de pouvoir créer des paysages où chacun, selon ses goûts et son intelligence, pourra puiser d'heureuses idées. Il est incontestable que, d'après les résultats épars acquis dans notre pays, nous obtiendrons des succès dans l'acclima- tation d'un nombre de plantes capable de former une école de végétaux exotiques qui, en servant de modèle pour peupler les jardins de notre contrée, y créeront un ornement nouveau et spécialement curieux. Mais, pour en arriver là, il faut nous attendre à rencontrer plus d'essais infructueux que d'heureux, de même que lorsqu'il s'agit d'un travail laborieux et de lon- gue haleine. En raison du grand travail que cela nous don- nera, je crois que nous ferons bien de ne pas nous aventurer dans l'étude d'une grande quantité de plantes à la fois. L'étude bien commencée, l'ordre et la classification des notes bien éta- blies, nous pourrons l'agrandir, chaque année, d'un certain (33 ) * nombre de plantes nouvelles. Aussi, en considération de la petite étendue du jardin, les insuccès nous feront de la place; de même, après constatation, les plantes d'un mérite inférieur feront place à l'extension que prendront les exemplaires les plus méritants qui devront faire, un jour, le fond de l'école et l'ornement du jardin. Alors, le jardin uniquement planté de végétaux qui sont des végétaux de serre dans le centre du pays, pourra avoir pour un bon nombre de personnes l'attrait que nous espérons lui donner. Les marins y retrouveront des souvenirs de leurs vo- yages lointains ; les paisibles bourgeois de Cherbourg une agréable promenade qui variera un peu leur tranquille exis- tence. Les personnes retirées des affaires, auxquelles le repos devient nécessaire, pour avoir au moins, dans leur existence, un moment de calme qui complète leur jouissance de la vie, et les étrangers, toujours curieux dans un pays qui leur est in- connu , trouveront là une promenade qui fera conserver, à ces derniers, un agréable souvenir de Cherbourg. Pourquoi ne dirais-je pas, aussi, que les horticulteurs de profession trou- veront, dans ce jardin, la connaissance d'un choix de plantes à cultiver ? Enfin, tout le monde pourra trouver dans la promenade de notre jardin, des sujets de gaité, d'étude ou de médita- tion. Car sous les impressions qur, en pareil cas, se produisent en nous, presque sans que nous nous en apercevions, là, en présence de circonstances qui élèvent la pensée, nous sommes conduits à l'admiration des merveilles de la création, ce qui nous fait dire : pourquoi suis-je, que fais-je sur la terre, si ce n'est pour étudier? Si l'impression produite, en nous, par la présence d'une grande pyramide, formée par un arbre, nous représente la raideur et la force de la vie, un arbre cou- ronné, l'héroïsme, un pleureur, la mélancolie, l'arbre à cime voûtée nous porte à la reflexion comme le tapis de verdure à la sociabilité. De son côté, le penseur peut encore trouver, dans le jardin, des impressions dans la voix des plantes, s'il y 3 (34) en a qui mugissent, comme les conifères. D'autres murmu- rent, par leur légère flexibilité une sorte de musique dont le claquement des feuilles raides, Tune contre l'autre, complète l'harmonie par la variété des sons. Cavron. D03S ET ENVOIS POUR LE JARDIN DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE Ce qui naguères était un terrain vague, est maintenant trans- formé on un jardin planté, déjà, de nombreux arbres fruitiers d'espèces variées, d'arbustes d'ornement et de végétaux exo- tiques. Des achats ont été faits chez les horticulteurs de la ville et dans plusieurs établissements horticoles étrangers à l'arrondissement ; de plus, des dons nombreux ont été adres- sés pour notre jardin d'études. Nous devons citer, en première ligne, l'important envoi, de plus de 80 espèces de végétaux exotiques, fait par le Muséum, et, chose précieuse pour la Société, M. le directeur du jardin des plantes a bien voulu lui promettre que ces envois seraient renouvelés. Aussi, l'administration du Muséum a-t-elle droit à la reconnaissance de la société d'horticulture de Cher- bourg. Nous croyons, d'ailleurs, devoir reproduire en entier la liste des végétaux envoyés par cet établissement : Garrya macrophylla, guichenotia ledifolia, choliophyllum globosum, pisonia hirtella, cyrilla racemiflora,, erica baccans, coronilla pentaphylla, cissus antarctica, acacia longifolia, ber- chemia volubilis, acacia retinoïdes, ceonatus africanus, fuchsia seryngiflora, cassia tomentosa, metrosideros florida^ inargy— rocarpus setosus, budleia salicifolia, salvia semiatrata, salvia ( 35 ) grahami, phlomis angustifolia, melaleuca th.ymifolia, eugenia ugni, veronica angustifolia, athanasa crithmifôlia, callistemon rigiclum, escalonia macrantha, elichrysum Lamarki, colle- tia cruciata, melaleuca paludosa, baccharis xalapensis, lotus serieeus, acmona floribunda, ilex myrtifolia, rubus rosofolius, sparmannia palmata, agapanthus umbellatus, coronilla valan- tina, habrothamnus elegans, artemisia chinensis, évonimns angustifolius, eryngium ebracteum, plumbago capensis, sola- num pubigerum, diplacus puniceus, budleia globosa, photinia serrata, dianella latifolia, melaleuca hypericifolia, psidium pyriferum, baccharis sesseliflora, viburnum nudum, bégonia evansiana, itea virginica, spielmannia africana, selago corym- bosa, myrtacée (Nouvelle-Calédonie), salvia indica, salvia candidissima, acacia himalayensis, goldfusia Dicksoni, campa- nule prumelifolia,pinus nalepensis, senecio petasites, senecio populifolia, eleagnus acuminata, duvana dependens, eucalyp- sus viminalis, merymbergia rivular-is, acer oblongum, coccu- lus caroliniana, salvia conferlifolia, tecoma capensis, cbironia fischeri, linum tryginum, antigonum leptopus, agathea amel- loides, globularia longifolia, samolus littoralis, silène fructicosa trachycarpus fortunei, angyris fœtida, salvia coccinea, ferdi- nanda augusta, polymia edulis, yucca alœfolia, fabricia lœvi- gata, cassia leevigata, cïtriobatus multiflorus , chamœrops humilis, campanula alata. M. Aubry Le Comte, directeur du musée colonial au minis- tère de la marine , a promis de faire des envois fréquents et il a commencé par adresser à la société un beau lot de vingt- cinq espèces de graines de plantes de la Guyane, de Tahiti, de la Nouvelle-Calédonie. La germination de ces graines a été hâtée au moyen d'un appareil ingénieux; une grande par- tie ont levé et ont produit des plantes fort remarquables, déjà, déposées dans une serre chaude chez un horticulteur distingué de notre ville, M. Levéel, qui a bien voulu leur donner les soins nécessaires jusqu'à ce que la saison permette de tenter la transplantation à l'air libre. En outre, il a été répondu, avec empressement, à un appel ( 36) fait aux membres de la société; les uns ont remis des dons en nature, les autres des dons en argent qui se sont élevés à 386 f. 50. Cette somme a été consacrée à des achats de plantes. Nous sommes forcés, aujourd'hui, à notre grand regret, d'ajourner la publication de la liste des sommes données par les socié- taires. En attendant qu'il nous soit possible de publier cette liste, nous croyons devoir faire connaître, en suivant l'ordre dans lequel ils ont été remis, quelques-uns des dons de plan- tes et d'arbres faits par les membres de la société (corres- pondants ou titulaires), en y ajoutant que plusieurs d'entre-eux ont offert en même temps des plantes ou des objets de jardin et une somme d'argent : MM. Devinck, propriétaire, a donné un magnifique retinos- pora boursieri; M. Vautrain,, un laurier d'Apollon, un figuier à fruits blancs, un figuier à fruits violets, un fiabiana ; M. Al- fred Liais, vingt sapins de Normandie, vingt epicea ; M.Frouin, un yucca alœifolia ; M. Baud, épicéa odorata, un ligustrum lucidum, un myrte d'Andalousie, tritoma, escalonia macran- tha, diosma macrantha, laurier thym, cornilla glauca, yucca, veronica salicifolia, pitosporum, glaiëuls de gand ; M. La- fosse, de Saint-Côme, framboisier du Canada, periplox de la Grèce, arundinaria nigra, arundinaria aurea, arundinaria mitis, tritoma aurea, altroemere du Chili, arundo conspicua; M. Levéel, astelia Banksia ; M. Valette, mitraria japonica, aralia japonica, aralia spinosa, aralia papyrifera, aster d'Aus- tralie, olivier de deux mètres ayant fleuri en 1872, baccharis d'Australie, sida d'Australie de trois mètres, bambusa nigra, bambusa arundinaria, forte touffe de schizostytis, plusieurs pieds d'acante, petit arbuste exotique à fleurs jaunes ; M. Re- nault, daphne dauphin, eucalyptus globulus, phormium tenax ; M. Cavron père, pinus strobus excelsa, pinus strbbus sylves- tris, criptomeria elegans, cedrus atlantica, abies cilica, euge- nia speciosa, solanum amomum , acacia longissiina, acacia Neumani, tritoma Rooperi, evonimus radicans, canna indica, metrosideros floribunda, erica australis, erica baccans major, coronilla glauca, casuarina tenuissima, rhododendron alpi— ( 37 ) num, pétunia variegata ; M. Levastois, dix abies picea ex- celsa,dalhias variéy, pinus nobilis ; M. Levieux, chênes verts, yucca plicata, nouvelles plantes textiles de Chine ; M. H. de la Chapelle, asplenium marinum, statice occidentalis ; M. le général Suau, un banc de jardin ; M. Herpin de F rémont, collection de bambous acclimatés ; M. Letellier, un beau lot de plantes ; M. Hairon, yucca plicata ; M. Vibert, beurré d'a- remberg ; M. Fafln, gynerium ; M. Fontaine, phormium te- nax ; M. Bardon, étiquettes en verre ; M. X. poirier, etc. Nous le voyons, les dons faits jusqu'ici, ont été fort nom- breux ; et, grâce à ces envois et à ceux qui seront encore adressés, le jardin ne tardera pas à être complètement peu- plé. D'après ce qui précède, on peut être assuré que le jardin d'arboriculture et d'acclimatation offrira, désormais, un cer- tain attrait aux amateurs d'horticulture et aux membres de la société, et, lorsque la maison du jardinier-concierge sera construite, ce jardin pourra être visité tous les jours par les sociétaires et leurs familles. En attendant, il est ouvert le dimanche, de 2 heures à 6 heures du soir; le mardi, toute la journée; le jeudi, de 9 heures du matin à 6 heures du soir, et le samedi, toute la journée, sauf pendant les heures des repas. (La rédaction) NOTE SUR LERYTIIREA DIFFUSA La société d'horticulture de Cherbourg, en poursuivant si longtemps le but qu'elle vient d'atteindre, par la création de son jardin d'arboriculture pratique et d'acclimatation, ne s'est pas proposée seulement d'expérimenter quels sont les végétaux des zones méditerranéenne et même tropicale qui peuvent être ( 38 ) cultivés sous le climat de Cherbourg. Elle doit, ce me semble, tenter également la culture et le perfectionnement des espè- ces curieuses que la nature fait croître, comme plantes carac- téristiques de notre arrondissement. Il y a plus de 20 ans, M. Auguste Lejolis a, clans un mémoire accompagné d'une planche, signalé à l'attention des botanistes une plante remarquable de la famille des gentianées, Y Erythrœa diffusa (Woods), plante essentiellement caracté- ristique de la flore de la Hague. Cette plante est voisine de la petite centaurée (Erythrœa centaurium), mais ses fleurs sont plus grandes, d'un plus beau rose, son feuillage est tout différent, et ses tiges sont grêles et traînantes. Cultivée dans les jardins, elle parait devenir plus robuste et plus droite, comme je l'ai remarqué autrefois dans un jardin de la Hague où elle avait et" plantée parles soins de M. Duprey, qui a été un de vos présidents. Mais elle en a disparu depuis. Cette plante possède un joli feuillage, d'un vert-gai, elle est vivace, et ses fleurs sont charmantes. Le petit échantillon que je dépose sur le bureau, pour être cultivé dans notre jardin* d'acclimatation, est destiné à vous faire "connaître cette plante, afin que ceux d'entre vous qui parcourraient la Hague, puissent en recueillir d'autres pieds, soit pour eux-mêmes, soit pour le jardin de la société. Vous pourrez la trouver dans les landes et les bruyères, au bord des chemins, dans les communes de Beaumont, Branville, Gréville, Digulleville, Omonville-la— Petite, Auderville, Jobourg, Her- queville, St-Germain-des-Vaux. Il est inutile de la chercher dans le reste de l'arrondissement. J'ai visité avec soin, sans pouvoir la rencontrer, tous les coins de l'île d'Aurigny, si sem- blable à la Hague. Je ne l'ai point rencontrée dans les autres îles de la Manche, ni dans le canton des Pieux. Elle est très abondante sur le chemin de l'église de Jobourg aux falaises, mais je n'ai pas eu l'occasion d'aller cette année de ce côté. H. de la Chapelle. ( 3!) ) COURS DE BOTANIQUE ÉLÉMENTAIRE 4 l'usage des Horticulteurs. § XII. — FRUIT. Nous avons étudié un à un les divers organes qui cons- tituent la fleur par leur réunion. Nous avons, de même, dé- crit le mode suivant lequel sont groupés ces organes et quels sont les rapports qu'ils ont entre-eux. Mais bientôt, tout change dans la fleur à peine épanouie, sous l'influence d'un acte, que nous expliquerons plus tard, quand nous traiterons de la physiologie botanique, sous le nom de fé- condation, l'ovaire grossit rapidement et mûrit il se noue, comme on dit en horticulture. Les pétales tombent, les éta- mines, le pistil, se dessèchent et disparaissent, le calice, au contraire, persiste assez souvent. Toute la vie se concentre donc sur l'ovaire qui, dès lors, prend le nom de fruit. Il résulte de cette définition , que toute fleur, renfermant plusieurs ovaires, donnera nais- sance à plusieurs fruits ; si tous ces ovaires se nouent et mûrissent. 11 arrive parfois que quelques-uns d'entre-eux avortent et ne se développent pas , de même que l'on voit dans les labiées, par exemple, l'ovaire unique à quatre loges, se diviser en mûrissant de manière à former quatre petits fruits. Enfin, il est des plantes dont l'ovaire ne se noue jamais et qui ne se reproduisent que par bulbilles. L'ovaire, vous l'avez vu antérieurement, peut être supère ou infère. Quand il est supère, c'est-à-dire lorsqu'il fait saillie dans l'intérieur de la fleur et que les étamines, les pétales et le calice sinsérent autour de sa base , le fruit qui en proviendra pourra être enveloppé à sa base par les débris du calice et de la corolle, si ces derniers se dessè- chent sans tomber. Ainsi dans l'alkekenge, le calice per- siste, continue de se développer et forme, autour de l'ovaire, une sorte de vessie gonflée et colorée. ( 40 ) Dans la cerise à collier, dont vous pouvez voir une bonne figure dans la revue horticole (n° 1 — 1873, page 14), U corolle reste jusqu'à la complète maturité du fruit et forme, autour de celui-ci, une sorte de cupule ou d'anneau qu'on a comparé à un collier. Quand l'ovaire est inféré, c'est-à-dire quand il est au- dessous de la fleur, que les sépales du calice, les pétales de la corolle et les étamines sinsèrent à sa partie supérieure comme dans la fleur du pommier, par exemple, à la matu- rité du fruit, si le calice et l'androcée se sont desséchés sans tomber, comme cela arrive pour la pomme, on voit à sa partie supérieure une sorte de petite colerette parchemi- née entourant des restes d'étamines ; c'est à cet ensemble qu'on a donné le nom à! œil de la pomme. Dans les fruits dérivant d'un ovaire supère ou le calice ne persiste pas à la maturité, il reste, néanmoins à son point d'insertion, une cicatrice très apparente sur le fruit. On donne le nom général de induvies aux débris de ca- lice, de corolle ou d'androcée qui persistent à la matura- tion du fruit. Mais seulement, quand ces organes flétris ne sont pas adhérents au fruit. La cupule du gland de chêne, l'enveloppe verte des noi- settes, celle de la châtaigne, etc., etc., qui, comme nous le savons, dérivent des bractées, continuent à vivre l'ovaire une fois noué et s'accroissent avec le fruit. Ces enveloppes sont des induvies. Péricarpe. — Le fruit est formé de deux parties bien^dis- tinctes 1° le péricarpe, 2° la graine. Le péricarpe se compose lui-même de trois couches su- perposées qui sont même très développées dans quelques fruits. Prenons pour exemple une prune. Le péricarpe comprend dans ce fruit toute la partie charnue et l'enveloppe immédiate de la graine, c'est-à- dire le noyau. Les trois parties du péricarpe portent les noms suivants : 1° Epicarpe 2° Mésocarpe 3° Endocarpe, (41 ) A. Epicarpe. — Dans la prune l'épicarpe est constitué par cette peau mince qui recouvre la chair succulente du fruit. Cette pellicule correspond à l'enveloppe épidermique de l'ovaire. B. Mésocarpe. — La couche charnue qui est revêtue par l'épicarpe, couche que l'on mange dans la prune forme le mésocarpe, elle correspond à la partie vasculaire de l'o- vaire. C. Endocarpe. — Cette portion dans le fruit que nous avons choisi pour exemple est très dure. C'est le noyau dans lequel se trouve la graine. Les parois du noyau ne sont pas autre chose que la cou- che la plus interne de l'ovaire qui s'est endurcie et épais- sie. — Les trois couches du péricarpe varient beaucoup dans leur développement suivant les fruits que l'on considère, toutefois, il est facile de les retrouver dans les fruits dont le centre ne contient qu'une cavité. Dans ceux qui, comme la pomme, présentent plusieurs loges renfermant chacune deux graines, il y a une légère modification ; ainsi nous retrouvons facilement l'épicarpe dans la peau de la pomme, le mésocarpe dans la partie charnue, mais l'endocarpe est ici parcheminé et forme les cinq loges où sont les pépins. Dans les oranges et les citrons l'endocarpe offre une par- ticularité très remarquable : il se divise en de vastes loges où sont contenus des graines au milieu de grandes cellules gorgées de sucs en un mot , il forme ces tranches de l'o- range que l'on sépare les unes des autres quand on veut les manger. — Nous ne passerons pas en revue toutes les modifica- tions que peuvent subir les trois couches du péricarpe après ce que nous venons d'expliquer, il nous suffira de savoir quelles subissent dans uii grand nombre de fruits des mo- difications tenant à leurs dimensions respectives, mais qu'à ( 42 ) l'aide d'une étude attentive on peut toujours facilement les retrouver et les délimiter. CLASSIFICATION DES FRUITS. La forme et la sturcture du péricarpe des fruits étant excessivement variée par suite de l'inégale développement des parties qui le compose; on a du établir une classification des fruits ayant pour but de réunir dans les mêmes groupes les espèces dont le péricarpe possède une texture à peu près semblable. La classification des fruits est basée sur la consistance du péricarpe. 1° Les fruits, dont le péricarpe est charnu en totalité ou en partie, sont réunis dans une classe qui porte le nom de fruits charnus. 2° Ceux dont le péricarpe est sec forme la classe des fruits secs. Les fruits secs se subdivisent eux-mêmes : en A fruits déhiscents, c'est-à-dire qui s'ouvrent à leur maturité pour laisser échapper la graine ; B fruits indéhiscents, c'est-à- dire qui restent complètement clos après la maturité. Les fruits sont dits composés quand ils sont tellement rapprochés les uns des autres qu'ils semblent ne former qu'un seul fruit. Les fruits sont dits multiples quand plusieurs fruits nais- sent d'une seule fleur. 1° FRUITS CHARNUS. Les fruits charnus comprennent deux groupes bien dé- terminés. Ce sont: les drupes et les baies. Les drupes sont des fruits charnus renfermant un no- yau ou plusieurs noyaux. Quand il n'y a qu'un noyau il peut, être à une ou à plusieurs loges. La cerise est une drupe à un noyau, la nèfle une drupe à cinq noyaux. Les baies sont des fruits renfermant des graines au ( 43 ) milieu de leur masse charnue. Le raisin et la groseille sont des baies. L'orange est une baie à plusieurs loges qui porte le nom spécial d' hespéridie . Le melon est une baie à une seule loge qui est désignée sous le nom de péponide. La pomme est une baie à cinq loges formées par des pa- rois cartilagineuses, etc., etc. 2° FRUITS SECS. Fruits indéhiscents. — Les fruits secs indéhiscents sont au nombre de trois. La samare, Y akène, et le Caryopse ; ces fruits sont sou- vent à une seule loge et ne renferment qu'une graine ; La samare est composée d'une ou deux loges, entou- rées d'un péricarpe aminci et formant autour d'elle une sorte d'aile membraneuse. Exemple : fruit de l'érable. L'akène est constituée par un péricarpe circonscrivant une loge dans laquelle se trouve une graine qui lui est atta- chée par un point. Exemple : sarrazin. Le cariopse est un akène dont la graine remplit com- plètement la cavité. Celle-ci est entièrement soudée avec le péricarpe. Exemple : blé. Fruits déhiscents. — Les fruits déhiscents s'ouvrent d'un grand nombre de manières différentes, et il serait trop long d'examiner en détails les modes divers que l'on rencontre, disons quelques mots des groupes principaux. On distingue parmi les fruits secs déhiscents : 1° le fol- licule; 2° la, gousse; 3° la.pt/xirfe; 4° la silique;h° la capsule. Le follicule est formé d'une seule loge et ne s'ouvre que suivant une seule ligne longitudinale. Exemple, pivoine. ( 44 ) La gousse n'a aussi qu'une loge à plusieurs graines, mais s'ouvre suivant deux lignes longitudinales. Exemple, pois. L&pyxidesowve, non plus par une fente longitudinale, mais bien par une fente transversale. Ainsi prenons pour exem- ple le fruit du mouron rouge: il se présente sous la forme d'une petite sphère qui, à la maturité, se coupe suivant une ligne circulaire transversale, de telle sorte que la partie supérieure de la sphère se soulève comme le couvercle d'une petite boite. La silique est une cavité à deux loges divisées par une cloison longitudinale sur laquelle sont attachées les graines. A la maturité le péricarpe se détache sous forme de deux valves laissant la cloison à nu. Exemple, giroflée. On désigne sous le nom de capsule tous les fruits déhis- cents qui souvrent à la maturité suivant un mode qui dif- fère de tous les précédents. exemple : fruit du pavot. FRUITS COMPOSÉS. Le cône du sapin, le fruit du mûrier, etc,, sont des fruits composés, c'est-à-dire que ce qui forme ce qu'on appelle un cône de sapin, une mure, etc., sont des fruits, en nombre considérable, réunis les uns près des autres sur un axe com- mun et provenant tous d'une fleur distincte. FRUITS MULTIPLES. Enfin, si la même fleur donne plusieurs fruits, on a cette forme spéciale qui constitue les fruits multiples. Ainsi la framboise est un fruit multiple formé par la jux- taposition d'une série de petites drupes provenant d'une seule et unique fleur. Dr Ch. Renault. (A suivre.) ( 45 ) DESTRUCTION DE QUELQUES INSECTES NUISIBLES Dans les Bulletins des diverses sociétés correspondantes, année 1872, nous avons trouvé plusieurs procédés pour la des- truction des fourmis et des limaces qui, cette année surtout, dévastent nos semis d'une façon désastreuse. Beaucoup de nos collègues n'ont pas toujours le temps néces- saire pour feuilleter les Bulletins précités, et seraient cependant curieux d'expérimenter les procédés susdits; c'est ce qui nous a engagé à en prendre note pour les communiquer à la société. DESTRUCTION DES FOURMIS. Remplissez aux deux tiers de petites fioles avec de l'eau sur laquelle vous mettez de l'huile d'olive jusqu'à un centimètre et demi du goulot; enfoncez ensuite ces fioles toutes droites en terre, près de la fourmilière , ou sur le chemin habituel des fourmis, de telle façon, qu'elles ressortent seulement d'un à deux centimètres. L'huile est mortelle pour tous les insectes, les fourmis en sont néanmoins très friandes, aussi vont- elles toutes y goûter et périr ensuite dans leur trou. DESTRUCTION DES LIMACES. Préparez de l'eau de goudron de gaz, que vous étendez jusqu'à ce qu'elle ait la couleur de café clair. Le soir, répan- dez ce liquide, au moyen d'un arrosoir ordinaire ; la moitié des limaces périront de ce coup et les autres en souffriront beaucoup. Recommencez l'opération au bout d'une semaine et vous arriverez ainsi à vous en débarrasser complète- ment. Ce liquide a été reconnu excellent pour faire périr ces mollusques, en même temps qu'il agit comme bon engrais. LOMBRICS OU VERS DE TERRE. Certains terrains sont remplis de lombrics ou vers de terre; (46) on peut les détruire par des arrosements avec de l'eau mé- diocrement salée. L'action de cette eau est très prompte, car, quelques minutes après s'en être servi, ou voit la surface du sol se couvrir de vers qui viennent y mourir. DESTRUCTION DES PUCERONS BLANCS OU KERMÈS BLANCS. La Revue horticole, mois de juin 1872, donne la recette suivante comme excellente pour la destruction d'une espèce de puceron blanc ou kermès blanc qui se montre assez fré- quemment sur les jasmins , chèvrefeuilles , héliotropes et même sur les rosiers. Mêler par parties égales, essence de thérébentine et huile de pied de bœuf; agiter au moment de s'en servir pour opé- rer un mélange aussi intime que possible, et badigeonner les branches et le tronc avec une brosse ou un pinceau. La même revue rappelle encore l'utilité de la suie pulvérisée pour la conservation des semis. On s'en sert de différentes manières, soit en saupoudrant abondamment les semis suivant le volume ou le plus ou moins de dureté de leurs tissus, soit en la répandant directement sur les graines avant de les recouvrir, soit en la répandant sur le sol une fois les semis recouverts, soit enfin en la répandant seulement au moment de la germination. On peut encore en faire une infusion dont on bassine les semis une ou plusieurs fois. DESTRUCTION DU PUCERON LANIGÈRE, M. Emile Tarade, membre correspondant de la société d'horticulture de l'Allier, préconise l'huile de pétrole pour la destruction du puceron lanigère; voici comment il l'emploie: Laver entièrement le pommier avec l'huile de pétrole à l'aide d'une brosse à peindre d'environ un pouce de diamètre. Recommencer l'opération huit jours après la première; cela suffit pour s'en débarrasser complètement. Faire cette opération avant qu'il y ait trace de bourgeons, vers la fin de février, suivant les contrées, pour ne pas s'expo- ser à leur nuire. (47) CERISES ET MOINEAUX. Qui de nous, ne se plaint journellement des déprédations d'une bande innombrable de fripons, qui dès que nos cerises, groseilles, etc., commencent à mûrir, se réunissent pour éta- blir un pillage en règle. Chacun emploie tous les moyens pos- sibles pour les éloigner et se préserver de leurs dévastations; mais ces adroits coquins défient tous les pièges, les étudient, et lorsqu'ils ont reconnu, ce qui ne tarde pas, leur innocuité, ils se précipitent avec fureur sur l'objet de leur convoitise, et se vengent, par une destruction complète, de l'innocente su- percherie que l'on a employée pour les effrayer. Jusqu'à ce jour, on s'est servi de divers moyens, tous moins efficaces les uns que les autres, tels que morceaux de toile de couleur attachés aux branches, clapet tapageur, bons- hommes en paille, etc., rien n'y fait, et après quelques minutes d'observation, les gaillards s'approchent des prétendus épou- vantails, et même, chose incroyable, on en a vu venir faire leur nid jusque dans le giron des bonshommes susdits. Si donc aucun moyen n'a réussi jusqu'à présent, un dernier, dont je vais vous parler, obtiendra peut-être un plus heureux succès; il a du reste été expérimenté dans un de nos départe- ments voisins et semble avoir parfaitement réussi. Prenez un oiseau de proie, chat— huant, buse ou tiercelet, qu'il soit empaillé les ailes étendues. Quand les premiers fruits rougiront, hissez l'oiseau au sommet d'une perche et placez celle-ci à cinquante centimètres de l'arbre à préserver, de façon que l'oiseau semble planer constamment au-dessus de sa tête. Dès que ce nouvel épouvantail sera posé, vous verrez vos voleurs se replier en bon ordre sur les arbres voisins, jusqu'à la rentrée de l'ennemi au grenier, ce qui aura lieu aussitôt votre récolte terminée. Avec un peu de soin, l'oiseau préservateur peut servir indéfiniment. LES COCCINELLES OU BÊTES A BON DIEU. Après vous avoir entretenu de quelques insectes nuisibles, (48 ) en vous indiquant les moyens de vous en préserver, ne serait-il pas opportun de vous parler aussi de quelques-uns qui nous sont utiles, nous rendent des services réels que nous n'appré- cions souvent pas, soit parce que ces services passent ina- perçusj soit parce que nous confondons ces insectes avec ceux dont nous avons à nous plaindre. Parmi ces derniers, je citerai les coccinelles, vulgairement appelées bêtes à bon Dieu. Je ne vous ferai pas l'historique de ces charmants insectes, tout le monde les connaît et chacun sait que ce sont les pre- miers qui reparaissent au printemps; ils s'accouplent alors et pondent sur les plantes ou arbustes où ils ont vécu. La revue horticole qui les recommande comme insectes des plus utiles, prétend que leurs larves se nourrissent uni- quement de pucerons; une seule larve, dit cette revue, en dévore plus de cinquante par jour. l'huile de pétrole insecticide. Ce moyen consiste à arroser les feuilles des arbres infestés de pucerons, avec un mélange d'huile de pétrole et d'eau, (trente grammes de pétrole brut pour un litre d'eau.) Le même mélange répandu dans les trous des courtilières, dans les carrés que dévorent les limaces, les détruit promp- tement. Les fourmilières les mieux établies, ne résistent pas long- temps à quelques arrosages d'eau de pétrole, exécutés le soir, à la nuit tombante, lorsque ces hôtes incommodes, fatigués d'une journée bien remplie, sont rentrés au logis. A. Frouin. (A continuer*). ( 49 ) in mmm a fibres textiles Acclimaté a Cherbourg Un de nos collègues, M. Valette, reçut d'Australie, en 1869, des graines d'un arbrisseau appartenant au genre abutilon, famille des malvacées; il sema ces graines et planta en pleine terre, dans son jardin, les jeunes arbustes qui résultèrent de leur germination. L'un d'eux a surtout prospéré et supporté, sans abri, les rigueurs de trois hivers. Aujourd'hui, c'est un arbrisseau d'environ trois mètres de hauteur, d'environ six centimètres de circonférence rez-terre. Tout fait espérer qu'il fleurira cette année et que, dès lors, il sera facile de déterminer son espèce. L'acclimatation de cet arbuste qui a parfaitement, quoique jeune, supporté l'hiver de 1870-1871, est un point intéressant vivement la science horticole, sans aucun doute; mais ce qui rend surtout l'introduction de cette plante utile, à un point de vue extra-horticole, ce sont les propriétés textiles de son liber. M. Valette ayant remarqué que le liber de son abutilon possédait des propriétés analogues à celle de la guimauve à feuilles de chanvre, appartenant à la même famille, eut l'idée de faire rouir l'écorce d'un certain nombre de rameaux de son arbuste. Il obtint ainsi des fibres tenaces comme celles du chanvre. Dès lors il les fit peigner, blanchir et filer, et dans notre dernière réunion, il déposa sur le bureau : 1° Des fibres peignés non blanchies; 2° Des étoupes provenant du peignage; 3° Des fibres peignés et blanchies; 4° Du fil frabriqué avec ces fibres. En présence des beaux résultats obtenus par M. Valette, l'assemblée décida qu'il y avait lieu de lui adresser des remer- ciments publics pour son introduction si remarquable et pour les produits utiles qu'il avait su en retirer. ( 50 ) M. Valette pense que cet arbuste peut facilement se multi- plier par le bouturage et, qu'arrivé à son développement,, on peut en couper les rameaux, comme on fait de l'osier, afin d'en enlever l'écorce et de la soumettre au rouissage pour en séparer la filasse. C'est à l'industrie maintenant qu'il appartient de chercher si la matière textile, ainsi obtenue, peut être utilisée fructueu- sement. (La rédaction). NECROLOGIE MM. ROULLAND ET TOURAINE. En novembre 1872, la société d'horticulture a vu mourir deux sociétaires de ceux qui s'intéressaient le plus vivement à sa prospérité. M. Roulland, ancien courtier maritime, a succombé aux suites d'une longue maladie. Membre de la société d'horticul- ture, pour ainsi dire, depuis la fondation, il avait été pendant longtemps conseiller d'administration et ce n'est que lorsqu'il y a été contraint par la maladie, qu'il a cessé d'exercer ces fonctions. Amateur d'horticulture, il cultivait les fleurs avec un grand soin. On le voyait toujours assister régulièrement aux séan- ces et aux réunions, et c'est surtout lors des expositions qu'il prêtait un concours dévoué pour les détails d'organisation de ces fêtes horticoles. M. Touraine, commis du commissariat de la marine, a été enlevé, tout jeune encore, à l'affection de sa famille et de ses amis, parmi lesquels il comptait un grand nombre de membres de la société. Il aimait passionnément le jardinage et nous savons avec ( 51 ) quel plaisir il faisait part des résultats obtenus par lui. Aussi, ne tarda-t-il pas à entrer clans notre association. Nous nous rappelons de l'assiduité avec laquelle il fréquentait ordi- nairement les cours d'arboriculture pratique professés par M. Michel. D'un caractère toujours aimable, d'un dévouement sans bornes, il saisissait avec empressement l'occasion de se ren- dre utile. Aussi n'était— ce jamais en vain qu'il était fait appel à son concours. Nous nous souvenons tous des services qu'il a rendus à la société, des travaux qu'il s'est imposés, tant pour l'exposition de 1869 que dans maintes circonstances. La société d'horticulture a donc perdu, en M. Touraine, l'un de ses membres les plus dévoués. Les morts de MM. Roulland et Touraine sont survenues à peu d'intervalle, et les nombreux cortèges d'amis et de sociétaires qui assistaient à leurs inhumations témoignaient assez de la sympathie et de la considération dont tous deux ils jouissaient dans la ville et dans la société d'horticulture. M. BERNHARD. Un nouveau deuil vient de frapper la société. En janvier 1873, elle a eu à déplorer la mort de M. Bernhard, proprié- taire. Malgré son âge avancé, il suivait avec une grande assi- duité les séances de notre association et il s'intéressait vive- ment à ses travaux. Depuis de longues années M. Bernhard habitait Cherbourg. Il était justement considéré dans cette ville et s'était conquis l'estime générale. (La rédaction.) ( 52 ) LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE Au 1er Janvier 1873: DAMES PATRONNESSES Mmes Barlatier de Mas. Baud. Bonfils. Cadran. Dalidan. Deshameaux. Doueet. Dubois. Dubost. Duhoramet. Eyriaud-Desvergnes. Gérando (de). Germonière (de la). Godard. Grenier. Groignard. Guiffart. Ingremard (d'). Jonnart. Jouan. Le Blanc (Gustave). ^Jmes Lemoigne-Dulongpré. Lemonnier (Alphonse). Le Poittevin (Théophile). Levastois. Liais (Alfred). Liais (Edouard). Liais (Emmanuel). Liais (Flavie) (M"«). Loysel (rue du Faubourg). Loysel (rue des Corderies). Malassez (Mlle). Nanteuil (de). Nicollet. Orry. Pasquier. Paul. Penhoat. Pinczon du Sel. Poulain. Wenault (Charles). Séhier (Léonor). MEMBRES TITULAIRES MM. Adam, aide-commissaire de la marine. Albérigo, entrepreneur. Allemandet, négociant. Almy (Alfred), jardinier. Alterner, commis de marine. Amiot (Jules), commissaire-adjoint de la marine, retraité. Amiot (Gustave), commis de mari- ne, retraité. Amiot iPaul), écrivain de marine. Annelot (Prosper), propriétaire. Anselme dit Deschâteaux, écrivain de comptalité de la marine. Arnaud, lieutenant de vaisseau. Aubert, négociant. Aubert, secrétaire de la mairie de Tourlaville. MM. Aubert, jardinier du château Martinvast. Avoine, sous-commissaire de marine. Avoine, marchand mercier. Avoine (Gustave), propriétaire. Baccia, entrepreneur. Balmont (Amédée), horticulteur Barlatier de Ai as, propriétaire. Barrière (Gaston), professeur musique. Bataille, banquier. Baud. lieutenant de vaisseau, re traité. Bayard, négociant. Beaugrand, magasinier de la ma ri ne. Beranger (de), propriétaire. de la de ( 53 ) MM. Bergeron, conservateur des hypo- thèques. Bertaux fils, hôtel de France. Bignon du Rozel, propriétaire au Rozel. Bienvenu, constructeur. Bihel, propriétaire. Blaizot, maître au port. Boitard, maître principal. Bolivar, négociant. Bonfils (Gustave), négociant. Bonjour, capitaine de frégate. Boscher père, marbrier. Boscher fils, marbrier. Bougourd, magasinier de la ma- rine. Boullement d'Ingremard, avocat, adjoint au maire. Brière de Mondétour, président du tribunal civil. Bringeon, propriétaire. Buhot (Eugène), négociant. Buhot fils, courtier maritime. Buhot (Victor), négociant. Buhot fils, entrepreneur. Burnouf, propriétaire. Canu (Alexis), propriétaire à Tour- laville. Capron, commis négociant. Cauvin, propriétaire. Oavron père, horticulteur. Canu, commis de marine. Canu (Antoine), propriétaire à Tourlaville. Cavron (Edmond), horticulteur. Cayeux, architecte. Chaigneau , lieutenant de vais- seau. Chapelle (Henri de la), commis principal des douanes. Chanceaulme, commissaire de ma- rine. Chauvet, aide-commissaire de la marine. Chardine, agent comptable de la marine. Chardon père, écrivain de marine. Chardon fils, écrivain de marine. Charpille, horloger. Chazot (Gustave), vérificateur des douanes. Chevrel, avoué. • iszeville, propriétaire. MM. Choblet, capitaine d'artillerie. Contant, propriétaire au Mesnil. Couenne, commis de marine. Cousin, commis principal des douanes. Cousin, capitaine au long-cours. Couville (Henri de), propriétaire. Cournerie. ingénieur civil. Cournerie (Georges), chimiste. Crisenoy (de), propriétaire. Crouin père, médecin à Tour- laville. Crcuin (Octave), pharmacien aux Pieux. Danois (Le), maître entretenu de la marine. Dagouiy, horticulteur. Dalidan, clerc de notaire. Daniel, brasseur. Daru (comte), député de la Manche. Delacour, piopriétaire à Octeville. Delatosse, négociant. Delahaye, employé des contribu- tions indirectes. Delalée (Jean), propriétaire à Oc- teville. Dalonë, commis de marine, à Oc- teville. Delaplanque, propriétaire à Oc- teville. Delaunay, propriétaire. Denis, professeur au collège. Deshameaux, propriétaire, adjoint au maire. Desmares, horticulteur. Desprès, mlre voilier de la marine. Desquesnes, sous-agent adminis- tratif de la marine. Dminck, propriétaire. Dézert, commissaire-adjoint de la marine retraité. Diguet, filateur au Vast. Dorange, propriétaire. Druet, notaire. Dupont fils aîné, graveur- Elier, propriétaire. Equilbeeq (Jean), maître au port militaire, retraité. Estébé, entrepreneur. Fafin, maître principal de la ma- rine, retraité. Faivre, sous-commissaire de la marine. ( 54 ) MM. Fenard, sous-commissaire de la marine. Férey (Victor), dessinateur. Feuardent, imprimeur. Filliastre, propriétaire. Fontaine (Honoré), horticulteur. Forlin, négociant. Fouace, artiste peintre. Frigoult, professeur au collège. Frouin, capitaine d'infanterie de marine, retraité Gain, dessinateur au port mi- litaire. Gamas, instituteur. Garot, marchand de journaux. Gasté (de), ingénieur de la ma- rine, retraité. Germonièie (de la) père, député de la Manche. Germonière (de la)fils, propriétaire. Geufroy, architecte. Gibon, docteur en médecine. Giot, agent comptable principal de la marine. Giot (Gustave), négociant. Godey, maître voilier. Godreuil, lieutenant de vaisseau. Gosse, notaire. Goueslain, restaurateur. Gosselin, agent comptable de la marine. Gosselin, pilote. Gros, commis banquier. Gioult, restaurateur. Groult (Léon), photographe. Groult- Duférier, propriétaire. Grumeau, photographe Guérin-Duvivier, capitaine de fré- gate. Gueroult, commis de marine. Guerrand, receveur des domaines. Guiffart, docteur en médecine. Hainneville (Léon), négociant. Hairon, commissaire-adjoint de la marine, retraité. Hamon, lieutenant de vaisseau. Hamel, curé du Roule. Hameroux, ajusteur mécanicien. Hamon, consul d'Angleterre Hartel aîné, négociant. Hennequin, négociant. Henry, sous-commissaire de la marine, retraité. MM. Henry, libraire. Henry (Ernest), aide-commissaire de la marine. Herclat, receveur de la caisse d'épargne. Hervé, capitaine au leng-eours. Hervieux. marchand bonnetier. Hervieu (François), jardinier. Hochet, receveur des douanes. Hochet (Alexandre), sous-agent comptable de la marine. Houet, commis princ. des douanes. Hottot, pharmacien. Jean (Jacques), jardinier. Jolivet de Riencourt, propriétaire. Jonnart, capitaine de frégate. Jouninet, pharmacien. Jourdan, agent comptable de la marine. Joyau, sous- commissaire de la marine. Kirkham, négociant. Lacouture, correspondant du che- min de fer de l'Ouest. Lafortune, propriétaire. Laloë (Francis), commis négociant. Langevin, vérificateur des douanes. Langevin, commis de marine. Langlois. courtier maritime. Lan nés, propriétaire. Langle (de la Place de), agent ad- ministratif de la marine. Lannes fils, voyageur de commerce Launay, entrepreneur. Launey, négociant en farines. Laurent, propriétaire, rue du Val- de-Saire. Laurent,prs>priétaire, rue de l'Aima. Le Bacheley, secrétaire de la mairie. Le Barbé, professeur au collège. Le Blanc (Gustave), négociant. Le Blanc, propriétaire. Le Blond (Auguste), maraîcher à Tourlaville. Le Blond (Louis-Philippe), ma- raîcher à Tourlaville. Le Boullenger, propr. à Octeville Le Brettevillois, commis de la ma- rine à Honfleur. Le Briseur, agent d'assurances. Le Brun (Auguste), banquier. Le Buhotel, propriétaire. Lecouvey, capitaine de navires. ( 55 ) MM. Le Dnc (docteur) aux Pieux. Le Duc, capitaine au long-cours. Le Flambe, greffier de la justice de paix. Le François, docteur en médecine. Legard-Lafosse, docteur. Le Goupil fils, marchand de nou- veautés, rue de la Vase. Le Goupil fils, id. rue du Val-de- Saire. Le Jolis (Auguste), négociant. Le Juez, boulanger. Lelièvre (Paulin), commis de marine. Lelong père, propriétaire. Leloutre, conducteur des ponts-et- chaussées. Le Magnen, maître au port, re- traité. Le Magnen, propriétaire au Bec- qnet. Le Maresquier, propriétaire. Le Marois (Alphonse), propriétaire. Le Marquand (Achille), négociant. Lemeland, négociant. Lemière, propriétaire. Lemoigne-Dulongpré, proprié taire. Lemoigne, jardinier à l'hospice civil. Lemonnier, courtier maritime. Leneveu, maître peintre. Lepaslier. entrepreneur. Lepelley, 2e maître mécanicien. Lepelley (Arthur), écrivain de la marine. Lepesqueur. banquier. Lepesqueur (Prosper-Bon), dessi-' nateur au port. Lepetit, bijoutier. Le Poittevin, libraire. Le Poittevin, négociant. Le Poittevin (Marcel), propriétaire. Lepont fils, négociant. Le Roy (Gibert), propriétaire. Le Roy (Victor), marchand quin- caillier. Le Roy fils, marchand quincaillier, rue de la Fontaine. Le Roy, commissaire de marine retraité à Tollevast. Le Sage (Léon), marchand de nou- veautés. Lesénéchal (Léonor), mécanicien. MM. Lesénéchal (Frédéric), mécanicien. Letelliei, horticulteur. Letouzé, pharmacien. Levallois, agent-voyer chef. Levastois, entrepreneur. Levéel, horticulteur. Levéel, capitaine de navires. Levesque, marchand de chaussu- res. Levieux, agent d'affaires. Liais (Alfredi , propriétaire, maire de Cherbourg. Liais (Léon), propriétaire. Liais (Eugène), négociant. Liais (Emmanuel), directeur do l'Observatoire du Brésil. Liais (Edouard), négociant. Liot, négociant. Liout, entrepreneur. Loir (Arsène), maître menuisier. Lozouet, propriétaire. Lowcay (Laurence), étudiant. Lucas, négociant au Vast. Lyon (docteur), au Vast. Mahieu (Alfred), propriétaire. Mahieu (Edouard), négociant. Maillard père, propriétaire à Octe- ville. Maillard fils, sous-agent compta- ble de la marine, à Tourlaville. Maiherbe, magasinier à la marine. Manoury, maître principal au port militaire. Marthe, sous-agent comptable de la marine. Marguerie (Bienaimé), restaura- teur à Martinvast. Marie (Lionel), sous-préfet à Ar- gentan. Marquand (Olympe), commis de la marine. Manger (Jules), négociant. Manger (Léon), négociant. Mpuger, ancien notaire à Tourla- ville. Maze, capitaine de port. Meigret, marchand de bois. Mélingue, maître au port. Menut fils aîné, entrepreneur. Mersent, commis marchand de nouveautés. Meslet, économe de l'hospice civil. Meslin, jardinier. ( 56 ) MM. Michel- d'Anno ville, propriétaire. Michel propriétaire. Michel docteur en médecine. Moll, directeur de3 constructions navales. Monfoux, officier de cavalerie, re- traité. Morin, sous-agent administratif de la marine. Morizot, brasseur. Muiichel (Auguste), imprimeur. Moulin, propriétaire à Tourlaville. Naguet de St-Vulfran, lieuîenant de vaisseau, retraité. Nanteuil (de) receveur particulier des finances. Nicolleau, marchand. Noyon, greffier du tribunal civil. Noyon (Jacques), employé à la marine. Opron, syndic des gens de mer. Orange, sous-agent comptable de la marine, retraité. Orry, avoué. Payerne, docteur en médecine. Pectel, commis de marine. Pedraglio, opticien. Penaud (E.) lieutenant de vais- seau. Periaux (Nicétas),. propriétaire à Querqueville. Petit, rédacteur en chef de la Vigie. Piat, médecin dentiste. Piard, commis marchand de nou- veautés Pichard fils, négociant. Piédagnel, agent d'affaires. Piel (Jules), propriétaire àEqueur- d reville. Pierre, capitaine de vaisseau. Pigeon, marchand faïencier. Pierron de Mondésir (Albert), pro- priétaire à Sauxemesnil. Pitron, coutelier. Pluquet père, propriétaire. Pommier, propriétaire. Pontus (Bon), négociant. Pontus (Jules), négociant. Pontaumont (de) propriétaire. Pontgibaud (de) propriétaire à St-Marcouf. Postel (Emile), négociant. MM. Potaire, cotittôleur de9 douanes. Potier, pharmacien, rue de la Fontaine. Pottier (Henri), pharmacien, rue des Portes. Potier, marchand épicier. Poullaiu (Louis), commis de ma- rine Pouppeville père, propriétaire. Pouppeville (Gustave), propriétaire à Equeurdreville. Quernel, capitaine d'artillerie. Queslia de la Prévallerie, juge de paix. Quilbé, marchand de nouveautés. Quoniam, propriétaire. Raoult, sous-commissaire de la marine. Racine (Félix-Auguste), commis de marine. Racine (Victor-Edmond), commis de marine. Renault, maître au port. Renault, docteur en médecine. Revel, commis de marine, retraité. Revert, employé à la marine. Rey, capitaine au long-cours. Rideau père, propriétaire. Rideau fils, photographe. Ringard, négociant Robe, propriétaire. Robin, commis de comptabilité de la marine. Rollot, limonadier. Rondeau, sous-commissaire de la marine. Rondin père, photographe. Ros?el (Amédôe), sous -commis- saire de la marine. Rossel (Alfred), commis de marine. Rouxel, maître principal au port militaire. Roux, ancien colonel. Salley, négociant. Salmon, capitaine de vaisseau. Salmon, lieutenant de vaisseau. Samson, conducteur des travaux hydrauliques. Sauson (Emile), entrepreneur. Sauvage, marchand épicier. Schmitt, inspecteur adjoint de la marine. Séhier (François), marchand de fer. ( 57 ) MM. Simon (François), maraîcher à Tourlaville. Souhait, marchand bonnetier. Syffert, imprimeur. Tellier, plâtrier. Ternisien (Pierre), commis de marine. Thélot, sculpteur. Tiphagne (Ernest), jardinier. Tocqueville (comte de), proprié- taire à Nacqueville, députe, de la Manche. Tocqueville (vicomte René de), propriétaire à Tourlaville. Travers-Dubourgeat, propriétaire. Trovel, magasinier de la marine. Valet, lieutenant de vaisseau. Valette, propriétaire. MM. Vallon, capitaine de vaisseau. Vastel, commis de comptabilité de la marine. Vaslot (Constant), propriétaire. Vautier, propriétaire, rue Grande- Vallée, 16. Vautier (E.) propriétaire, rue de la Comédie, 42. Vautrain, garde d'artillerie à Equeurdreville. Vibert, principal du collège. Viel, maître menuisier. Vicel, négociant. Vigier, propriétaire. Villemot, lieutenant de vaisseau. Voisin, jardinier. Yvetot, gardien du génie (enceinte militaire. MEMBRES CORRESPONDANTS MM. André, horticulteur à la Croix-de-Bléré, rédacteur en chef do Y Illustration horticole. Aubry Le Comte, commissaire de marine, directeur du musée colonial à Paris. Baltet (Charles), horticulteur, président de la société horticole et vigneronne de Troyes. Besnou, p'iarmacien de la marine, retraité. Buchetet, professeur d'arboriculture. Calais, avocat à l'Aigle. Desisles, propriétaire à Saint-Sauveur-le- Vicomte. Devinck, commis au ministère de la marine, à Paris. Dubreuil. professeur d'arboriculture. Dussaud, entrepreneur à Marseille. Donnaud (E.), éditeur de Y Horticulteur français, rue Cassette, 9, Paris. Dubois, Amand, chef de culture de M. Oudin, à Lisioux. Forney, professeur d'arboriculture à Paris. Grigy, imprimeur à Vimoutiers. Herincq, rédacteur en chef de Y Horticulteur français. Herpin de Frémont, propriétaire à Brix. lngoult, notaire à Carentan. Jacquemot, négociant à Londres. Lafosse, propriétaire à Saint-Côme-du-Mont. Leroy, curé de Valognes. Levesque, docteur-médecin à Saint-James (Manche). (58) MM. Lucas, jardinier au château de Rlanche-Lande,à la Haye-du-Puits. Le Revert, François, jardinier chez M. Levastois, à Brix. Malherbe, horticulteur à Bayeux. Marie, receveur des contributions indirectes à Sainte-Claude (Jura). Masson, lieutenant de vaisseau à Brest. Outré, lieutenant-colonel d'infanterie de marine à4a Guadeloupe. Taleyrac, jardinier à Aumagne (Charente-Inférieure). Scott, capitaine anglais, a Aurigny. ( 59) ERRATA Cherbourg, le 1er octobre 1872. A Monsieur le 1er vice-président de la Société d'Horticulture. Monsieur le vice-président, Je viens de lire dans le dernier Bulletin publié par la société d'horticulture, une chanson (A la Gloire des Horticulteurs) que j'ai chantée au banquet de cette société, en mai dernier, et j'y ai remarqué quelques erreurs d'impression qui en altè- rent le rythme et le sens, les seules qualités de cette chanson. J'ai donc l'honneur de vous les signaler, ci-après, en vous priant de vouloir bien en faire l'objet d'errata dans le prochain Bulletin de la société : Au refrain, 1er vers, au lieu de : Dans desjardins, etc., lisez : Amis des jardins. 26 couplet, 5e vers, au lieu de : sous ses pas, lisez : sur ses pas. 4e couplet, 5e vers, au lieu de : Nous admirons, etc. lisez : Nous en admirons. 5e couplet. — Un vers omis. — Après le 5e vers (Au talent des ordonnateurs) ajoutez : Du tournoi des fleurs. Je suis, etc« A. Desquesne. Cherbourg. — Typ. Aug. Mouchel, place du Château, 10. BULLETIN DE LA t t SOCIETE D HORTICULTURE DE CHERBOURG 5<> ANNEE ANNÉE 1873 CHERBOURG IMPRIMERIE DE A. MOUCHEL, PLACE DU CHATEAU 1874 BULLETIN ; DE I A i i * lïï t HORTIGULT DE CHERBOURG ,V A N N E E ANNEE 1873 LIBKARY XEW YORK BO CÀ1 QAkOÈN CHERBOURG IMPRIMERIE DE A. MOUCHEL, PLACE DU CHATEAU 1874 Les idoles développées dans les rapports et mémoires insérés au Bulletin sont personnelles aux auteurs. MEMBRES D'HONNEUR DE LA SOCIÉTÉ Président d'honneur : M. Larnac, sous-préfet de l'arrondissement. Présidents < M. Liais (Alfred), maire de Cherbourg, honoraires, i M. Liais (Emmanuel), directeur de l'Observatoire im- périal du Brésil. • BUREAU POUR L'ANNÉE 1874 Président : M. le docteur Renault, rue du Chantier, 108. ( Orry, avoué, rue Christine, 27. Vice-Présidents, MM. ) Henry, sous-commissaire de la marine, rue ( de la Polie. 62. / le docteur Guiffart, rue Napoléon, 32. seau retraité, rue / ie uocteur uuiffart, rue m [ Baud, lieutenant de vaisse s- ; Saint-Sauveur, Octeville. Conseillers d'adminis tration, MM. j Catjvin, propriétaire, rue Bonhomme ' Jourdan, agent-comptable de la marine, rue Notre-Dame-du-Vœu.' Trésorier : M. Orange, agent-comptable de la marine retraité, rue Bonhomme, 38. Secrétaire : M. Lelièvre, commis de marine, rue de la Polie, 18. Secrétaires-adjoints : MM. Delanoë et Vibet. s Bibliothécaire : M. Termsien (Pierre), rue Christine, '.M. Bibliothécaire-adjoint : M. Bat. mont Vmédée). Directeur du jardin : M. Levastois, propriétaire, rue Napoléon, 26. Conservateur : M. Vastel. Professeurs d'arboriculture : MM. Michel et Levesqie. Vice-président du comité de rédaction du Bulletin : M. Frouin. Secrétaire de la rédaction : M. de la. Chapelle (Henri). COMMISSIONS PP^RMAN ENTES CULTURES D UTILITE MM. Henry, président. Michel, vice-président. Levesque, rapporteur. Eqmlbecq Letellier. Maillard. CULTURES D AGREMENT MM. Orry, président. Frouin, vice-président. H. de la Chapelle, rappor- teur. Balmont. Vallette. Herviei x. BULLETIN DE 1873 TABLE DES MATIÈRES MM. Pagts. .... Composition du bureau pour l'année 1873. 3 Marcanville Chronique horticole 5 Levesqub. Compte-rendu des séances du cours d'arbo- riculture professé par M. Michel 9 Frouin et Rapport de la commission des cultures d'a- il, de la Chapelle grément sur les revues et publications reçues 14 Du même. Note sur une nouvelle variété de Pelargo- nium 25 Lkvesque 'M. du Breuil à Cherbourg 26 Frouin Animaux utiles à l'horticulture (le crapaud). .'11 Dr Ch. Renault Cours de botanique élémentaire à l'usage des hoi ticulteurs 37 L.EVESQUE Raidisseur économique 41 Ch Syffert Banquet de la société d'horticulture 42 .... Annuaire de culture potagère 51 .... . Membres admis pendant l'année 1873. ..... 67 ^Rï CHRONIQUE HORTICOLE Le Jardin de la Société et la Maison du Jardinier. — Inauguration. — Fête Horticole. — Conférences de M. du Breuil. — Exposition de Vaiognes. — Poteries Modèle. — Collection de Joubarbes. — Le Bulletin de la Société d'Horticulture de Vaiognes. — Des Jardiniers au Siècle. — Adieu à un bon Serviteur. Chronique Générale. — Exposition à Lyon. — Pompes Horticoles. — Rocailles portatives. — L'Abies Heligiosa — Exposition à Caen en 1874. La société est enfin entrée dans son jardin. (1) Elle s'est installée dans la maison du jardinier, elle y tient maintenant ses séances. Il s'est trouvé que l'honneur de présider la pre- mière réunion dans notre nouvelle salle, est échu à notre joyeux poète et vice-président, M. Orry, l'auteur de la pétition en vers que vous avez lue dans notre dernier Bulletin. Le budget de notre société, amaigri par les frais de pre- mière installation de ce jardin, ne nous avait point permis de faire une exposition en règle, mais l'inauguration du jardin a été faite par une exhibition de plantes et d'arbustes, avec fêtes de jour et de nuit, du 27 juillet au 4 août, pendant lesquelles se sont fait entendre les musiques du 47e de ligne et du 1er régi- ment d'infanterie de marine, pour lesquelles on a disposé une estrade circulaire. Ce jardin, on se le rappelle, avait servi d'emplacement à notre exposition de 1872; le tertre élevé alors dans la gauche du jardin, pour recevoir la tente du jury, est devenu un des plus jolis rochers qui soient sortis des mains de Letullier, et qu'arrosent à volonté des jets d'eau et des cascades. Sur le haut de ce rocher, la société chorale des enfants de Cherbourg, dirigée par M. Gain, faisait retentir ses chants, alternative- (1) Lejardin'de la Société, rue Montebello,46, est ouvert aux sociétaires et à leurs familles, tous les jours, du matin au soir. (6) menl avec la musique militaire. Un nouveau remerciement en passant à M. Gain, qui a mis aussi plus d'une fois son talent do dessinateur au service de notre société, aussi que de plusieurs autres œuvres utiles. La petite tente de droite qui avait été réservée, en 1872, à l'exposition maraîchère, a fait place à un bouquet de troncs d'arbres, disposés par M. Cavron, et couverts par ses soins de plantes grimpantes, épiphytes, à suspension. Il fait pendant, aujourd'hui,, avec le rocher, planté lui-même avec goût. Les fêtes horticoles ont été suivies de la loterie traditionnelle et du banquet réglementaire, dans lequel nos poètes ont fait entendre de nouvelles compositions, toutes plus charmantes les unes que les autres. — L'un des premiers invités au banquet était M. du Breuil, qui a ouvert à la même époque ses cours d'arboriculture et de taille des arbres fruitiers : Ces leçons ont été suivies par un grand nombre d'auditeurs attentifs Ce serait trop hardi d'en- treprendre dans une simple chronique l'analyse de ces cours, et la réputation de l'éminent professeur est assez établie pour qu'il me suffise de le remercier d'être venu parmi nous — Un mois plus tard, en septembre, la société de Valognes a fait son exposition horticole. Cette exposition avait lieu, comme l'an dernier, dans la grande salle de l'hôtel-de-ville et la salle de la justice de paix : dans la cour deux pavillons ren- fermaient les fruits, les légumes, les instruments de jardinage et la poterie. On se souvient d'avoir vu à l'exposition artistique et industrielle de Cherbourg, en 1872,, les poteries élégantes et perfectionnées qui ont valu une médaille à M. Richardot, de Saint-Sauveur-le-Vicomte : M. Richardot a présenté à Valo- gnes un lot de poteries horticoles, vases à suspension et autres qui lui ont valu une récompense de premier ordre. M. Cavron, délégué de notre société à l'exposition de Valo- gnes, a prêté son concours au jury dont la délibération a été longue à cause du mérite presqu'égal des concurrents; les principaux lauréats étaient MM.Lechevalier, Rouxel,Saillard et surtout M. Paul Le Cappon, l'enfant gâté de la société (le ( 7 ) mot est de L'un des membres du bureau). M. Cavron nous a, dans une note consciencieuse, rendu compte de ses impres- sions. Un autre collaborateur de ce Bulletin, le rapporteur de la commission permanente des cultures d'agrément, était aussi délégué à l'exposition, mais il tenait surtout à faire acte de présence dans la société de Valognes, qui a bien voulu le nom- mer membre correspondant. Voulant remplir en conscience son mandat de délégué, il a,, contrairement à ses goûts, exa- miné avec soin l'exposition maraîchère, qui était réellement très méritante. Il a eu plus de plaisir à voir les magnifiques choix de glaïeuls et de dahlias, et surtout la charmante collec- tion de joubarbes et autres plantes grasses exposées par M. Pinchon, propriétaire à Colomby. — Nous apprenons avec le plus grand plaisir que la société d'horticulture de Valognes songe très sérieusement à publier un Bulletin. Courage, chers voisins, et suivez cette bonne pensée. N'oubliez pas qu'une société sans Bulletin est un corps sans âme, et que votre société est au contraire très prospère : un Bulletin seul lui manquait : Les matériaux ne vous feront pas défaut, Valognes est remplie de beaux jardins. Nous som- mes loin d'avoir dit tout ce qu'on peut dire sur les plantations de M. Herpin de F rémont, de M. Le Vastois, de M. de Mon- désir, qui sont dans votre arrondissement; votre circonscrip- tion renferme un grand nombre de châteaux dont les jardins sont tenus par des jardiniers méritants à différents titres, soit pour leur habileté, soit pour leurs longs services. — En effet, la société de Valognes a décerné un premier prix de services horticoles à M. Clément, jardinier de M. du Mesnildot, à Anneville-en-Saire,, depuis 48 ans : il a succédé dans cette place, à son père qui l'avait occupée 52 ans. Total, cent ans de services consécutifs dans le même jardin par le père et le fils. Ce ne sont pas des jardiniers à l'année, mais au siècle. — Moins heureuse, notre société n'a pu garder que quel- ques mois son premier serviteur, M. Mélingue, concierge du (8) jardin. Mélingue n'avait pas, comme son cousin germain, la renommée d'un grand artiste, c'était simplement un excellent homme, à la fois vigilant et prévenant : une courte maladie l'a enlevé à ses nombreux amis : la société tient à consacrer à sa mémoire ces quelques lignes de regrets. — Dans la revue horticole du 15 novembre, n° 22, un article est consacré à l'exposition des arts industriels du cercle horti- cole Lyonnais, au mois de septembre dernier. On signale comme très méritantes les pompes de divers modèles, et notamment la pompe jardinière de M. Rivet, constructeur à Lyon. On a remarqué à cette exposition des rocailles en mâchefer recouvert d'une substance qui leur donne l'aspect du tuf, des suspensions de la même matière : un autre système de rocail- les, construites en broussailles recouvertes de ciment. Ces constructions peuvent être utilisées pour rocailles d'apparte- ment, et ne sauraient faire double emploi avec nos quartzites du Roule, si précieux pour les rochers de serre et de jardins. — Dans le n° 21 de la même publication^ M. Carrière rend compte de sa correspondance avec M. Herpin de Frémont, au sujet de Yabiès religiosa qui vient de fructifier cette année chez notre honorable voisin. M. Carrière émet l'espoir que bientôt il sera possible de s'approvisionner en France des grai- nes de cette belle espèce, et de la répandre, surtout aux envi- rons de Brix - et de Cherbourg. M. Cavron nous a fait connaître, à la séance de décembre, que Yabiès religiosa dont il s'agit n'est pas le pied mère, mais le produit de la greffe par approche d'une de ses branches sur un sapin de Normandie. — La Société centrale d'horticulture de Caen et du Calvados nous a adressé le programme de sa 40° exposition qui aura lieu à Caen du 20 au 23 août 1874. Les horticulteurs cher- bourgeois qui désireraient y prendre part pourront consulter, à la bibliothèque, ce programme dont les conditions ne diffè- rent pas sensiblement de celles de nos expositions. L'envoi de ce programme nous autorise,, je pense, à faire connaître le ( 9 ) nom et l'adresse du secrétaire : M. Colmiche, à Ranville, près Caen. Cherbourg, le 10 janvier 1874. Marcanville. COMPTE-RENDU DES SÉANCES DU COURS D'ARBORICULTURE Professé par M. MICHEL Séance du 25 mai 1873. La séance est ouverte à 8 heures 1/2, sous la présidence de M. Michel, professeur de la société, dans lejardin deM. Jean^, jardinier, situé rue de la Duch^e. M. Jean, malgré son état maladif, assiste à la séance. Après avoir remercié la société d'être venue le visiter, il donne quelques détails sur les espèces de fruits qu'il cultive, et sur la manière dont il dirige ses arbres, qu'il dispose toujours de telle façon que le soleil puisse pénétrer dans toutes leurs parties. M. Michel fait ensuite remarquer que la végétation luxuriante des pyramides de M. Jean^ est principalement le résultat d'une plantation faite dans de bonnes conditions : terrain bien préparé et bien entretenu, collet de la racine au niveau du sol; conditions sans lesquelles on n'obtient jamais qu'une végétation plus ou moins faible. Le second jardin de M. Jean, que la société a ensuite visité, offre les mêmes conditions de végétation : les pommiers, sur- tout, qui doivent être greffés sur doucin, font l'admiration des visiteurs, par la vigueur de leurs jeunes rameaux et la beauté des fleurs,. dont ils sont couverts. ( 10 ) Que n'obtiendrait pas Je cultivateur de nos campagnes, si ses pommiers à cidre, greffés sur franc, étaient, comme ceux— là, plantés par une main de maître ? Aussi, faisons-nous les vœux les plus sincères,, pour que notre société propage de plus en plus son enseignement, et le fasse sortir, si c'est possible, du cercle étroit où il est circonscrit, soit par des rapports plus fréquents et plus directs avec les instituteurs des campagnes, soit par l'organisation de cours cantonnaux, qui auraient pour résultat, non-seulement d'initier nos populations agricoles aux principes nécessaires à l'élevage, à la plantation et à l'entre- tien des arbres de leurs vergers, mais encore de faire naître chez un très grand nombre le goût de l'horticulture en général, basée sur les principes de la végétation. Après la visite des jardins de M. Jean, M. Cauvin a fait à la société l'aimable invitation de lui faire, en passant, une petite visite. Son jardin, de plantation toute récente, est parfaitement distribué^ et planté dans de très-bonnes conditions de produit et d'agrément. Les arbres à fruits., jeunes encore pour la plupart, et dirigés par le propriétaire, végètent très bien, et font espérer pour l'avenir un beau produit. Les nom- breux rosiers qui garnissent les plates-bandes et les massifs, et parmi lesquels on reconnaît nos plus belles espèces, indi- quent que M. Cauvin est particulièrement amateur de la rose qui sera toujours, du reste, la reine des fleurs. Nous avons remarqué, dans les murs du jardin, une heureuse inno- vation : des trous sont ménagés de place en place pour que les petits oiseaux puissent y établir leurs nids. Plusieurs pétros (rossignol des murailles), y élèvent déjà leur progéniture. Imitons M. Cauvin, attirons par tous les moyens possi- bles, les petits oiseaux dans nos jardins. Quand nous y aurons toute une population de pétros, de mésanges et de fauvettes, nous n'y verrons plus d'insectes. Chaque nid de nos petits oiseaux à bec droit, détruit plus de six cents chenilles par jour; quel est celui de nous qui aurait la patience d'en faire autant ? Défions-nous en revanche des oiseaux à gros bec, tels que le bouvreuil, le bruant, le linot, et principalement le ( h ; moineau. Ce dernier, surtout, est le fléau de nos jardins; à dévore, non-seulement nos fruits et nos graines, mais encore les boutons de nos arbres. Je connais entr'autres deux beaux poiriers de Chàtellerault qui, l'hiver dernier, étaient couverts de beaux boutons à fruit, qui ont tous passé par le bec des oiseaux, sans qu'il en ait fleuri un seul. Mettons donc à chasser ceux-ci autant de persévérance que nous en mettrons à appri- voiser les autres, et nous aurons bientôt accru d'une manière considérable le produit de nos jardins. Séance du 8 juin 1873 Dans le jardin et sous la présidence de M, Michel, professeur de la société. M. Michel ouvre la séance par quelques observations sur les différentes espèces de raisin bonnes à introduire dans nos serres. Il p^sse à la taille en vert du poirier, qui doit être un des principaux sujets de la leçon. M. Michel opère sur une jeune pyramide qui végète parfaitement. Tous les rameaux qui se sont développés sur les branches charpentiè- res de l'arbre, sauf celui qui doit former le prolongement de la branche,, sont cassés sur une longueur de 8 à 10 centimètres. Cette opération doit avoir pour résultat d'arrêter la végétation de ces rameaux, et de les transformer, dans un temps plus ou moins long, en productions fruitières. Elle doit en outre favo- riser l'accroissement du rameau de prolongation et des rameaux destinés à compléter la charpente de l'arbre. M. Michel répète a même opération sur d'autres arbres, entre autres sur un poirier qui a été regreffé l'année précédente, et dont les greffes ont déjà subi une taille d'hiver. Plus tard, la société pourra comparer les résultats de cette méthode avec ceux obtenus par le pincement herbacé, combiné avec les cassements en vert, pratiqué par M. Levesque, et enseigné par lui dans deux séances précédentes. La société se transporte ensuite dans le jardin de M .Levesque, à quelques pas de celui de M. Michel, où doivent avoir lieu quelques études sur le pêcher. ( 12 ) L'arbre sur lequel M. Levesque opère, est un ancien éven- tail carré, transformé en candélabre à branches obliques. A la taille d'hiver, toutes les branches sous-mères inférieures ont été supprimées; les deux branches mères couchées horizonta- lement, à 50 centimètres du sol; et les branches supérieures palissées sur un angle de 45 degrés. Ces branches, qui formaient précédemment un angle droit avec les deux branches princi- pales de l'arbre, se trouvent maintenant espacées de trente cen- timètres environ. Le produit de cette année a été entièrement sacrifié pour appliquer aux rameaux à fruit de cet arbre, la taille Gressent qui diffère essentiellement de l'ancienne mé- thode. A la taille d'hiver, toutes les coursonnes ont été taillées sur un œil à bois. De nouveaux rameaux se sont développés sur cet œil, et ont atteint, pour la plupart, une longueur de 15 à 20 centimètres. Quelle doit être maintenant la fonction de ces rameaux ? Porter des fruits l'année prochaine, et fournir de nouveaux bourgeons de remplacement pour l'année suivante; puisque, dans le pêcher, tout rameau qui a fructifié ne porte plus jamais d'autres fruits. C'est ce principe qui sert de base à la conduite des rameaux à fruit de cet arbre Pour obtenir ce double résultat, M. Levesque pince ceux des rameaux qui sont assez développés sur la huitième ou la neu- vième feuille, suivant leur vigueur. Plus tard, les autres bour- geons seront pinces de même au fur et à mesure de leur développement. Le but de ce pincement est de suspendre momentanément leur végétation, de les empêcher de devenir trop vigoureux, et de concentrer l'action de la sève sur les yeux de la base, pour y faire naître des rudiments de fleurs qui ne se développent habituellement que sur l'extrémité des rameaux, lorsqu'ils restent abandonnés à eux— mêmes. Un nouveau bourgeon se développera bientôt sur ce pince- ment, il sera taillé en dessus ou en dessous de l'œil pincé^ suivant que les yeux de la base seront plus ou moins dévelop- pés. Cette taille sera le sujet d'une nouvelle étude dans une de nos prochaines réunions. 1° Cette méthode offre plusieurs avantages sur l'ancienne : ( 13 ) Elle dispense des palissages d'hiver et d'été, toujours très longs, et souvent difficiles; 2° Elle permet de doubler le nombre des branches formant la charpente des arbres^ et double par conséquent le produit; 3° Elle donne des fruits plus beaux, parce qu'ils sont portés par des branches plus courtes et généralement plus uni- formes; 4° Enfin,, elle est la plus simple et le plus à la portée de tout le monde. Aussi, j'ose espérer que les résultats que nous obtiendrons par cette taille, engageront la plus grande partie des membres de notre société, soit à appliquer cette taille à leurs arbres, soit à planter de nouveaux sujets qui, par la manière dont ils seront cultivés, seront susceptibles de recevoir une taille quelconque, ce qui n'a pas lieu sur la plupart des pêchers de notre ville, qui végètent en général très mal, et qu'on est arrivé à ne plus tailler du tout. Beaucoup de propriétaires ont même renoncé à cette culture. Ne désespérons pas cependant; apprenons bien planter nos arbres, choisissons les espèces les moins délicates, et nous arriverons avec quelques soins que je me propose d'indiquer en temps et lieu, à empêcher que nos pêchers soient détruits par la cloque, le puceron, le blanc des racines et des feuilles. Depuis trois ans que je soigne mes arbres/ils ont toujours été exempts de ces maladies: celui que je viens de tranformer m'a donné, il y a deux ans, près de trois cents belles pêches^ et je suis convaincu qu'avec quelques soins et quelques connaissances, on pourrait obtenir les mêmes résultats dans la plupart des jardins de Cherbourg. A la suite de ses études sur le pêcher, M. Levesque a fait remarquer à la société deux cerisiers de Jamaïque disposés en palmettes dont les rameaux à fruit ont été maintenus courts par le pincement et qui n'ont pas,, comme la plupart des arbres ,de cette espèce, l'inconvénient d'être chargés d'une multitude de longues branches dénudées qui font de l'arbre un fouillis sans nom, et pour le palissage duquel il faut une patience tout exceptionnelle. ( 14 ) Soignons donc les rameaux à fruit de nos Jamaïques, sou- mettons-les au pincement sitôt qu'ils auront acquis une lon- gueur de 15 à 20 centimètres, répétons l'opération, si c'est nécessaire, pendant le cours de la végétation, et nous conserve- rons ainsi à ces arbres leur forme régulière comme dans les espèces ordinaires. Nous passerons à leur entretien quatre fois moins de temps,, et nous remplacerons par des arbres grocieux ces cerisiers qui semblent n'avoir d'autre destination que de protéger contre les ardeurs du soleil tous les limas de la contrée. Cherbourg, le 15 juin 1873. Levesque. de LA COMMISSION DES CULTURES D'AGRÉMENT Sur les Revues et Publications horticoles (Janvier, Février et Mars 1873.) — T~-£s &*~<$^îï-^ Messieurs, Dans sa séance du 28 janvier dernier, la commission per- manente des cultures d'agrément m'a fait l'honneur de me nommer son rapporteur pour l'année 1873. La tâche qui m'est imposée est d'autant plus difficile, que je succède à notre honorable collègue, M. Henry père, qui pen- dant plusieurs années s'est acquitté de ces fonctions avec un zèle et nn mérite hors ligne; mon bon vouloir serait certes insuffisant, si votre indulgence ne venait en aide aux qualités qui me manquent : j'ai l'espoir qu'elle ne me fera pas défaut; ( 15 ) je m'efforcerai d'apporter tous mes soins à reproduire et com- menter fidèlement, en ce qui concerne les cultures d'agrément, les différentes publications soumises à l'examen de la com- mission. Je ne changerai rien à la division en trois sections qui a été si inteliigemmentsuivie jusqu'ici par mon prédécesseur, atten- du qu'elle offre l'inappréciable avantage de séparer les arbres, arbustes et plantes de pleine terre, de ceux de serre et d'o- rangerie, et en outre, elle permet de traiter dans les faits divers, des différents perfectionnements, ainsi que des décou- vertes nouvelles intéressant la culture d'agrément. Les publications communiquées à la commission pour l'année 1872, ont donné d'excellents articles que nous regrettons de n'avoir pu analyser en leur temps; l'abondance des matières ne nous permet plus de nous en occuper aujourd'hui, sous peine de nous arriérer de nouveau; nous nous contenterons seulement de mentionner, sans nous astreindre à la division que nous suivrons pour l'avenir, quelques observations des plus intéressantes recueillies par les membres de la com- mission. Revue horticole, page 325 (septembre 1872). — Cette revue indique un très-beau choix de pélargoniums à grandes fleurs, à fleurs doubles et à fleurs ondulées; des variétés, dites de fantaisie, des plus remarquables; des variétés nouvelles de pélargonium jonale. Page 334. Le SalviaSplendensAlba Compacta. — Cette plante est appelée à jouer un rôle important au point de vue orne- mental. L'aspect général ressemble à celui du salvia splendens, cette belle plante si floribonde, dont les fleurs d'un beau rouge resplendissant (splendens), la rendent précieuse pour l'orne- mentation des plates -bandes à l'approche de l'hiver. Elle en diffère, toutefois du tout au tout, par ses fleurs dont toutes les parties sont d'un très beau blanc, ainsi que les grandes brac- tées qui les accompagnent. Ces bractées, molles, très douces au toucher, portent surtout sur les nervures et les bords, de nombreux poils très finement lanugineux ( 16 ) Page 390. Une planche coloriée y est jointe représentant une branche et une tige du phalœnopsis 'uddemanniana. — Cette charmante plante, très floribonde, est d'une culture et d'une multiplication facile, ce qui est rare chez les orchidées, du moins en ce qui concerne la multiplication. Le phalœnopsis luddemanniana, se cultive en serre chaude humide, dans des paniers que l'on suspend; si ceux-ci sont assez rapprochés du sol pour que les racines des plantes, qui toutes sont aérien- nes, puissent toucher le sol, ou du bois en décomposition, ces racines se renflent, prennent de fortes proportions et commu— quent à la plante un grand surcroît &e vigueur. Sa multiplica- tion se fait à l'aide. de bourgeons que la plante développe facilement. Page 392. Daphné Mazéli. — Espèce originaire du Japon, d'une vigueur et d'une rusticité telles, qu'elle pousse dans tous les terrains, à toutes les expositions; elle résiste aux plus grands froids. On peut en faire des bordures, tant la plante est rustique et vigoureuse; elle se multiplie avec la plus grande facilité, soit de bouture, soit de greffe, ce qui permet de la répandre dans tous les jardins. Son parfum qui ne res- semble à aucun autre, est des plus agréables et plaît à tout le monde. Page 331 . La même revue désigne comme pouvant être cul- tivées avec succès, à Cherbourg, et quelques jardins les possè- dent déjà, cinq lianes remarquables; ce sont : 1° eccremocarpus scauber (originaire du Chili); 2° berberidopsis corallina (Chili); 3° mandevillea swaveolens (Buenos-Ayres); 4° clematis jackmanni; 5° passiflora cœrulea. Page 410. Le pentstemon diffusus. — Plante des plus jolies et surtout des plus floribondes. Multiplication très facile par la division des pieds qui se pratique, soit au printemps, soit à l'automne. Très rustique, à cultiver surtout pour la confection des bouquets en gerbes, toute terre lui convient, à moins qu'elle ne soit trop alumineuse. Page 444. Embothrium Coccineum. — Cette plante, une des plus remarquables qui depuis bien des années aient été culti- ( 17 ) vées à Cherbourg et qui s'y est montrée très rustique, existe depuis plus de huit ans dans le magnifique jardin de M. Hamond, consul d'Angleterre. S'il était possible de se procurer des échan- tillons de cette belle protéacée pour le jardin de la société, on pourrait plus tard la propager et enrichir le pays d'une espèce vraiment ornementale. • Page 445. L'Acacia Lophanta est une belle plante de serre que l'on peut cultiver en pleine terre pendant Tété. M. Balmont l'indique comme ayant résisté cet hiver. Cette plante, très ornementale, est d'autant plus recommandable qu'elle est peu délicate, qu'il est facile de s'en procurer des graines, et que cel- les-ci lèvent parfaitement. Se plante en massifs ou isolément, suivant le but qu'on veut atteindre. Page 467. Aristolochia Tricaudata. — Plante grimpante des plus curieuses à cultiver en serre chaude. Les caractères qu'elle présente, quant aux rameaux et au feuillage, sont re- marquables. Les fleurs d'un rouge vineux ou brun noirâtre, surtout à l'intérieur, sont terminées par trois appendices con- tournés formant des sortes de queues, d'où le nom spécifique tricaudata (à trois queues) qu'on a donné à cette espèce. Les appendices caudeux, longuement linéaires, atteignent jusqu'à quinze centimètres de longueur. Page 470. Melia floribunda. — Cette plante, donnée comme très florifère pourrait, M. Balmont le pense dumoins^ réussir l'hiver en pleine terre à Cherbourg. Elle est relativement très rustique; il importe de la planter le long d'un mur, dans un lieu abrité et fortement isolé. Janvier 1873; page 8. Evonymus radicans. — Cette espèce a été souvent recommandée pour la confection des bordures, à laquelle est du reste éminemment propre; elle possède la propriété de pouvoir, comme le lierre, s'attacher contre les murs et les masquer. Nous dirons aussi que l'évonymus radi- cans vient bien à l'ombre et que l'on peut l'employer à couvrir un sol où peu de plantes pourraient végéter. Page 8. Lilium Tigrinum Flore Pleno. — La planche jointe au texte, offre une branche portant deux fleurs complètement ( 18 ) épanouies, une à moitié ouverte et un bouton. Voir cette ma- gnifique variété et la désirer ne font qu'un. Ce lilium est origi- naire du Japon : il a été introduit depuis peu au jardin d'accli- matation où il a fleuri; son port, ses fleurs, en un mot son faciès, rappellent celui du type : Lilium tigrinum qui, comme on le sait, est une des jolies espèces du genre. Page 11. Culture duTriteleia Uniflora sur soucoupes. — Cette jolie liliacée du Texas est très connue, mais peut-être n'a-t-on pas songé. à en faire un objet d'ornement pour les salons; je crois donc utile de renvoyer les lecteurs du Bulletin à l'excel- lent article de M. A. Lecaron, qui donne le procédé employé par lui pour obtenir ce résultat. Page 51. Hydrangea Paniculata Grandiflora. — Cette plante, d'un grand mérite (la figure coloriée jointe au texte en donne un échantillon), réussit dans presque tous les terrains, à tou- tes les expositions, et dans quelque condition qu'elle se trouve, fleurit abondamment. Elle est d'une complète rusticité, se mul- tiplie facilement de boutures ou par éclats. Un de nos meil- leurs horticulteurs Cherbourgeois l'a vue en fleur et la re- commande tout particulièrement. Page 53. Culture du Muguet. — Si l'espace ne nous manquait, nous serions heureux de nous étendre longuement sur cette intéressante culture; nous sommes, à regret, obligés de ren- voyer nos lecteurs à l'excellent article de M. Jamain fils, que nos horticulteurs marchands consulteront, nous n'en doutons pas, avec le plus grand intérêt. Horticulteur français, page 331. Clematis Jackmanni. — La culture de la clématite jackmanni, mérite une recomman- dation sérieuse, pour son abondante et longuefloraison, et aussi pour le riche et velouté coloris de ses pétales. Une des pre- mières à fleurir, elle reste une des dernières en fleurs, et pen- dant toute la floraison, ce n'est, dit M. Lescuyer, qu'une élé- gante et vaste tapisserie dans laquelle le vert foncé du feuillage disparaît sous le brillant et riche violet des vastes et gracieuses fleurs longuement pédonculées. Je dois ajouter que tel est aussi l'avis de M. Balmont, qui l'a vue en pleine ' floraison. ( 19 ) Illustration horticole, page 225. 1er octobre 1872. — Dans une visite au jardin botanique de Bordeaux, M. André a remarqué la belle aroïdée amorphophalus rivieri, dont la feuille unique atteignait un mètre soixante centimètres de hauteur avec un développement de limbe d'un diamètre presqu'égal. Cette aroïdée remarquable résiste très bien en plein air à Cherbourg. Page 289. La planche coloriée n° 106, représente un bouton et une fleur épanouie de l'Iris Iberica; cette espèce, donnée comme très rustique, est très jolie. Elle existe, je crois, chez M. Balmont. Le Journal de la Société centrale d'horticulture de France, contient, page 615, une note des plus intéressantes sur les bam- bous rustiques; cette note est trop longue pour l'analyser en entier, je me contenterai donc d'indiquer les variétés sui- vantes, comme existant déjà dans quelques jardins de Cher- bourg; elles sont parfaitement rustiques et des plus orne- mentales. 1° Arumdinaria falcata. Une des plus belles plantes orne- mentales que nous possédions pour le bord des eaux et sur les pelouses; 2° Bambusa mitis ou édulis; très vigoureux et très beau; 3° Bambusa aurea; semble être une forme réduite du B. mitis, par ses feuilles plus étroites et ses tiges plus grêles, mais il se dislinguesde celui-ci par son port moins ramassé; 4° Bambusa viridi glucescens, un des plus vigoureux; 5° Bambusa nigra, très jolie variété; 6° Bambusa violascens, très bonne nouveauté; 7° Bambusa duquilioi idem; 8° Bambusa simoni ou maximowiczii, variété très vigou- reuse; 9° Bambusa fortunei. fol. varieg. (B. de Fortuné à feuilles panachées.) Le même journal contient^ page 644, une note très intéres- sante sur la greffe des rosiers. Moyen d'obtenir des rosiers basse tige ne drageonnant pas, en greffant sur des églantiers (20 ) de semis, au-dessous des cotylédons. Cette note sera, je pense, consultée avec fruit par ceux de nos collègues qui s'occupent plus particulièrement de la culture du rosier. Page 53. La Revue Horticole indique les écheverias d'orne- ment comme de très belles plantes ornementales; feuillage remarquable, particulièrement le metallica pulverulenta ; s'accomodant très-bien, pendant l'hiver, de la serre tempérée; doivent être placés près du jour et tenus assez sèchement pen- dant le temps du repos. Un mélange de deux parties de terre de bruyère ou terreau de feuilles et une de terre franche., est celui qui leur convient le mieux. Bien drainer le fond des pots, afin que l'eau des arrosements n'y séjourne pas. Illustration horticole, page 192. La planche coloriée offre un magnifique échantillon de FAzalea, baron de Schikler. Cette variété à fleur double est une des plus belles que nous connais- sions : elle a été obtenue de semis à Gand, clans l'établissement de M. J. Linden. Caractères. — Port- régulier, feuillage moyen, ovale obtus, mucroné, hispide, énormes bouquets de très larges fleurs dou- bles, à pétales obtus, échancrés, contournés, d'une très belle couleur carmin uniforme avec quelques points bruns au centre. Page 241 de la môme revue. Camélia, Mrac Cachet. — L'é- chantillon qu'offre la planche 103, s'il est la représentation exacte de ce camélia, est des plus remarquables; les caractères indiqués sont ceux-ci : Beau port, feuillage moyen, ovale, acuminé, aigu, denté en scie, épais, plan et robuste, d'une belle tenue. Fleurs très grandes, d'une forme bien ouverte^ à pétales bien régulièrement imbriqués., étalés, orbiculaires, à peines échancrés au sommet. Couleur de fond blanc chaste- ment carné, d'une transparence et d'une fraicheur parfaites, quelques pétales tâchés sur le côté ou finement striés de rose laque plus ou moins* foncé. La Maison de Campagne,, page 211, indique un nouveau mode de culture des cinéraires; le procédé suivant parait être pratiqué avec le plus grand succès. ( 21 Faire le semis en pleine terre et très clair, de sorte que des feuilles primordiales puissent s'étaler et se développer selon leur habitude. Ce semis clair permet, en outre, au collet de la racine, de prendre dès le début une force qui a une heureuse influence sur la croissance ultérieure de la plante. Lorsque le plant est assez fort, et aussi tard que possible, on rempote les cinéraires une seule fois (au lieu de deux ou trois rempotages, généralement pratiqués et recommandés), dans des pots de 16 à 18 centimètres, en terre de dépotage additionnée de un gramme superphosphate de chaux, un demi- gramme nitrate de potasse et un demi- gramme sulfate de chaux (plâtre). Jusqu'en février, n'arroser que médiocrement de manière à ne mouiller que les deux tiers supérieurs du pot; les racines restent ainsi superficielles, épuisent les premières couches de terre et trouvent ensuite, lorsque les besoins de la plante augmentent, une terre nouvelle et substantielle au fond du vase. Ajouter de l'urine dans les arrosements, dans la proportion d'un demi- litre pour 12 litres d'eau et cela pendant les premiers jours de février seulement. Je dois mentionner l'avis d'un des membres de la commis- sion, qui croit préférable d'arroser complètement, tout en approuvant le mode de culture indiqué. Je ne puis clore ce rapport sans mentionner le tropœolum chrysanthum, capucine aux fleurs d'or. Le spécimen repré- senté dans la Revue Horticole, page 224, est charmant. C'est une délicieuse plante grimpante qu'il serait très heureux d'ac- climater à Cherbourg. Jusqu'ici, on l'avait tenue en serre chaude, elle s'y étiolait un peu; on croit qu'en plein air, dans nos régions, elle pourrait accepter le traitement de la capucine des Canaries, avec laquelle elle s'associerait gracieusement pour garnir les treillages. Revue Horticole, page 414. Vase pour la culture des oignons à fleurs dans les appartements. Cette culture, qui est à la portée de tout le monde et des plus 2 ( 22 ) attrayantes, a été tout récemment l'objet d'un article très inté- ressant de M. Bossin. Tous les vases peuvent être utilisés^ mais il en est un qui nous semble réunir toutes les qualités désirables, c'est celui représenté page 415, figures 44 et 45. Ce vase à pied, repose sur une soucoupe légère, faite comme lui en bonne terre cuite; le pied est creux, pour faciliter l'écoulement de l'eau par la partie inférieure. La partie. globu- leuse est percée de trous, disposés régulièrement en quinconce, et d'un diamètre suffisant pour permettre de placer à chacun d'eux (sans qu'il puisse tomber pourtant), un oignon de crocus; l'orifice supérieur présente une largeur calculée de telle façon que, sans nuire à l'élégance générale du vase, on puisse introduire la main dans l'intérieur et y disposer convenable- ment les oignons., que l'on garnit, soit de mousse, ou ce qui vaut mieux, avec de la terre que l'on foule suffisamment pour que les oignons ne vacillent et ne se déplacent point, et qu'ils soient bien appliqués contre les ouvertures, qu'ils doi- vent fermer assez hermétiquement, pour que la terre ne tombe pas au dehors, par l'effet des arrosements. A l'orifice supérieur, on place en l'enterrant entièrement ou à peu près, soit une Jacinte, une Scille du Pérou, un Narcisse à bouquet, soit un Ornithogale d'Arabie, un Veltheimia (Aletris) capensis, ou toute autre plante bulbeuse réussissant en appartement, et on l'entoure, si on le juge à propos, soit d'une nouvelle série de crocus^ formant cercle ou couronne, soit de petites tulipes hâtives (duc deThol, Tournesol ou autres petites variétés du même genre), soit encore de Scilles de Sibérie ou d'Iris de Perse, etc. Une fois la plantation terminée et la terre bien affermie, on plonge entièrement le vase dans l'eau, où il est laissé quelques minutes, de façon que la masse entière soit bien humectée; après quoi ce vase est mis à égoutter, puis placé pendant un mois à six semaines dans un lieu obscur, à l'abri de la gelée, mais non chauffé (cave,, cellier, placard); les oignon's ayant commencé à développer de bonnes racines, on peut les porter dans un appartement chauffé et éclairé (serre, etc.'), où ils ( 23 ; continueront leur développement d'autant plus régulièrement et plus vite, que le système radiculaire des oignons y aura été bien préparé pendant leur séjour dans un lieu tempéré et obscur. Nous terminerons ce rapport déjà trop long, par une recette pour la destruction des fourmis. M. Colin Lebert, de Blois, a découvert, par un heureux i hasard, un moyen de détruire les fourmis qui, dit-il, lui a parfaitement réussi. Il se sert pour ligaturer ses écussons, d'écorceou pelure d'osier, qu'il fait préalablement tremper dans Feau; c'est avec cette eau, qui a contracté une couleur noirâtre et qui reste imprégnée d'une odeur très désagréable, qu'il arrose ses arbres lorsqu'ils sont infestés de fourmis; l'effet, dit-il, est foudroyant. Il en a fait également l'essai sur un nid de fourmis, le résultat a été le même. Enfin, il put également se convaincre, après plusieurs opérations, que ce genre d'arro- sage ne nuisait aucunement aux arbres ni au feuillage. Le rapporteur , A. Frouin. Suite du Rapport de la Commission. M. Balmont, membre de la commission, appelle, par une note écrite, notre attention sur plusieurs plantes dont il a vu la description dans les publications. Flore des serres et jardins, 4, 5 et 6. — Amorphophalus rivieri, très belle plante ornementale, de la famille des aroidées, pouvant vivre à l'air libre à Cherbourg. — Iris iberica, belle variété d'Iris: M. Balmont dit qu'il la cultive et qu'elle est très rustique. — Oxalis cernua flore pleno, très jolie plante vivace, qui vient en plein soleil. — Rose Louis Vanhoutte, hybride remontant, d'un très beau rouge foncé. Les azalées, comtesse Eugénie de Kerchove. — Charles Leirens, les lilium Hurnboldi et Washingtonianum. Les plectospoma rnyriostygma et ruban rose. ( 24 ) — L'Illustration Horticole, page 336, signale une belle espèce de palmier, deserre chaude; — page 360, le dracœnaDennisoni, belle espèce de serre chaude; — page 5, de nouvelles variétés de roses, obtenues à Lyon, et dont le catalogue peut être consulté par des amateurs; — page \1, le philodendron daguense, curieuse aroidée, à floraison remarquable. — Un très bel yucca, le treculeana qui résiste très bien à l'air libre, comme l'assure M. Balmont qui le possède. — Revue Horticole^ n° 5, page 91. Salvia farinacea, belle plante vivace, fleurissant aussi en été et en automne. Page 93 géranium anemonœfolium, belle plante vivace, à planter iso- lément et remarquable par son feuillage. Un article intéressant sur le laurier-cerise. L'auteur de cet article, que M. Carrière ne nomme pas, pense que cet arbre doit former le type du genre laurocerasus, séparé des pru- niers. Il fait connaître les propriétés de ses feuilles, qui, con- tenant une certaine quantité d'acide cyanhydrique, appelé aussi prussique. Ne doit être employé qu'avec prudence dans les usages culinaires. On sait, en effet, qu'il donne au lait un goût agréable d'amandes. Ces feuilles peuvent être appliquées sur les plaies, qu'elles nettoient et guérissent, surtout les brûlures. L'auteur dit que dans une verrerie, où ces accidents sont fréquents, on en avait planté plusieurs pieds à portée des ouvriers qui se trouvaient bien de l'application immédiate de ces feuilles^ dont ils enle- vaient l'épiderme. — Macérées dans l'alcool, elles servent au même usage. Coupées en lanières, elles préservent les col- lections de l'attaque des insectes. Page 166. Le Tritelia uniflora peut être cultivé avec les ja- cinthes et les lachenalia. — Page 151. Le buddléia intermedia, plante très rustique et avantageuse pour l'ornementation: elle diffère notablement du B. curviflora, et M. Carrière en fait une espèce distincte. J'ai lu dans le dictionnaire de chimie de M. Wurtz, que M. Pelouze recommande aux jardiniers l'emploi de la naphta- line, qui sans tuer les insectes, les éloigne. C'est un hydro- ( 25 ) carbure cristallisé en paillettes blanches et nacrées, d'uno odeur forte et empyreumatique, et d'un prix peu élevé. On l'extrait par distillation de goudron de houille. Il serait désirable que l'on pût savoir comment et à quelle dose on doit l'employer. Le rapporteur de la commission, H. de la Chapelle NOTE SUR UNE NOUVELLE VARIÉTÉ DE PELARGONIUM ( Lue à la séance du 7 juin 1873 et adoptée par la Société. ) La commission permanente des cultures d'agrément a été invitée à se réunir le 24 mai dernier, dans la serre de M. Letellier, horticulteur marchand, pour examiner sa collec- tion de pélargoniums. Un certain nombre de sociétaires, éga- lement prévenus, s'y sont trouvés. La délégation de notre société a examiné et admiré plusieurs pélargoniums obtenus par M. Letellier, remarquables par leur forme et leur coloris, mais son attention s'est portée sur- tout sur une variété que M. Letellier avait présentée à la société à la séance de mai 1872, et à laquelle la société avait dès lors assigné le nom de « Augustine Letellier. » Plus de cinquante pieds de cette remarquable variété, tous uniformes et en pleine floraison, ont justifié par leur belle pres- tance, la richesse de leur coloris, l'élégance de leurs formes, l'admiration de la commission. Les caractères constants de cette variété lui assignent une individualité propre, et on peut la mettre au premier rang parmi les plus belles variétés de pélargoniums. Ce qui la distingue, c'est d'abord la fermeté de son feuillage, ! 2(;. légèrement velouté, et de ses pétioles qui presque tous, por- tent une double ombelle. Chaque ombelle porte de six à neuf fleurs. Chacune de celles-ci, sans être double ni déformée, se compose de sept à neuf pétales formant une corolle symé- trique : les pétales sont d'un rouge vif el comme saumoné avec un liseré rose, fin et bien tranché. Une macule grenat existe à la base de chaque pétale, elle en occupe le quart, mais dans les deux pétales supérieurs elle est plus grande. Le pélargonium « Augustine Letellier » est un gain obtenu par l'horticulteur dont il rappelle le nom : il est digne de tout l'intérêt de la société, de l'envie des amateurs : sa place est marquée dans toutes les collections. Le rapporteur de La commission, H. de la Chapelle. M. DU MIL A CHERBOURG Nous sommes heureux d'avoir à enregistrerons les annales de notre société, le passage dans notre ville, de M. du Breuil, professeur au conservatoire clés arts-et-métiers et à l'école d'arboriculture de la ville de Paris, chargé par le ministre de l'agriculture de l'enseignement de l'arboriculture dans les départements. Arrivé dans nos murs le 3 août, M. du Breuil a commencé son cours le 4, à 9 heures du matin, dans le grand salon de l'hôtel-de-ville, au milieu d'un nombreux auditoire, composé de nos principaux amateurs, de presque tous les membres de notre société et de quelques-uns de nos jardiniers. Je dis quelques-uns, car nous avons eu le regret de constater l'absence presque constante d'un grand nombre d'entre eux; et cependant, à en juger par la manière dont les arbres sont dirigés dans la plupart des jardins de notre contrée, ils auraient 17 ) dû saisir avec empressement l'occasion qui leur était offerte de se perfectionner, en suivant assidûment les leçons de notre premier maître en arboriculture. Nous avons eu d'un autre côté la satisfaction de remarquer, à presque toutes lesl eçons, un certain nombre des dames patronnesses de notre société. Voici quelle a été la série des questions traitées par M. du Breuil. 4 août. — Considérations générales sur la culture des ver- gers et celle des jardins fruitiers. — Création d'un jardin frui- tier. — Choix d'un emplacement. — Clôtures. — Distribution du terrain. 5 août. — Suite de la création des jardins fruitiers. — Pre- mière préparation du sol. — Choix des espèces et variétés d'arbres. — Plantations. 6 août. — Principes généraux de la taille. — Culture spé- ciale du poirier. — Choix des variétés. — Multiplication. 7 août. — Suite de la culture du poirier. — Taille de la charpente des arbres en espalier. 8 août. * — Suite du poirier — Taille de la charpente des arbres en plein air. 9 août. — Suite du poirier. — Taille des rameaux à fruit. 10 août. — Culture spéciale du pommier. — Choix des variétés. — Multiplication. — Taille. — Maladies' et insectes nuisibles aux arbres à fruits à pépins. 11 août. — Culture spéciale du pêcher. — Choix des varié- tés. — Multiplication. — Taille de la charpente. 12 août. — Suite du pêcher. — Taille des rameaux à fruit. 13 août. — Culture spéciale du prunier, cerisier et abrico- tier. — Choix des variétés. — Multiplication. — Taille. — Maladies et insectes nuisibles des arbres à fruits à noyau. 14 août. — Culture spéciale de la vigne, destinée aux raisins de table. — Choix des variétés. — Multiplication. — Planta- tion. 16 août. — Suite de la vigne. — Taille delà charpente et des sarments fructifères. — Maladies et insectes nuisibles. 17 août. — Soins d'entretien du jardin fruitier. - Culture du ( 28 ) sol. — Engrais. — Abris contre les intempéries. — Récolte et conservation des fruits. 18 août. — Cultures des arbres fruitiers dans les vergers et surtout des arbres à fruits à cidre. — Préparation du sol. — Choix des arbres. — Plantation. — Soins d'entretien. — Mala- dies. Deux leçons pratiques seulement ont pu être données, M. du Breuil ne pouvant trouver dans les jardins de notre ville de sujets sur lesquels il put démontrer convenablement les théories qu'il professe. Nous regrettons que les limites de notre Bulletin ne nous permettent pas de donner à nos lecteurs un petit résumé de ce cours si intéressant. Disons seulement quelques mots sur les points qui nous paraissent les plus pratiques; la plantation des arbres, leur disposition dans le jardin fruitier, le traitement des rameaux à fruit, et les soins à donner à la vigne, destinée aux raisins de table. La plantation des arbres est de la plus grande importance; bien faite, elle assure le succès. Les principales précautions à prendre, sont les suivantes : Choisir des arbres bien sains, d'une bonne venue, ne planter autant que possible, que de jeunes sujets; bien préparer le sol, amender la terre qui doit recouvrir les racines, ouvrir des fosses d'une grande dimension et surtout ne pas planter trop creux. Ménager avec le plus grand soin les racines^excepté celles qui auraient été mutilées lors de la déplantation, et ne tailler que la seconde année. Pour la disposition des arbres dans le jardin fruitier, M. du Breuil est peu partisan des grandes formes, parmi les- quelles il donne la préférence à la palmette Verrier. Il conseille principalement les cordons obliques ou verticaux en espalier ou en contre-espalier, composés d'une tige unique, garnie sur toute sa longueur de productions fruitières. Il est, du reste, l'au- teur de ce système. Espérons que nous verrons quelques ama- teurs, sinon des spéculateurs, remplacer les rangées tradition- nelles de pyramides ou quenouilles par des formes plates,, palissées sur des treillages en fil de fer, et remplacer les jar- 21) dins fouillis par des jardins fruitiers, desquels doit être exclue la culture des légumes, complètement antipathique à la culture des arbres. Quant au traitement des rameaux à fruit, cette question est de la plus haute importance en arboriculture : c'est la pierre d'achoppement du plus grand nombre des praticiens. Presque tous arrivent à donner à leurs arbres des dispositions à peu près régulières, mais il en est peu qui sachent les garnir de branches à fruit réunissant toutes les conditions requises pour donner de beaux et bons fruits. M. du Breuil soumet ses bourgeons à fruit au pincement herbacé, avec des modifications propres aux différentes espèces : Pour les arbres à fruits à pépins, poiriers et pom- miers, leurs rameaux à fruit sont pinces sur une longueur de huit à dix centimètres, suivant les espèces. S'il se développe un second rameau sur le premier pincement, on le pince comme le premier; si un troisième apparaît à la suite du second pincement, on a recours au cassement partiel. Cette série d'o- pérations affaiblit le bourgeon à la base duquel se forment bien- tôt des dards qui, dans l'espace d'un ou deux étés se transfor- ment en boutons à fruit. La torsion est encore un moyen de mettre à fruit les bourgeons qu'on a oublié de pincer. Quant aux productions fruitières qui se trouvent sur la plupart des vieux arbres, et qui se composent d'une série de bifurcations qui ren- dent la circulation de la sève très difficile, elles doivent être raccourcies graduellement, en supprimant chaque année quel- ques-unes de celles qui sont les plus éloignées de la branche sur laquelle elles sont implantées. Quant aux rameaux à fruit du cerisier, du prunier et de l'a- bricotier, ils sont aussi pinces à mesure qu'ils se développent, et maintenus assez courts pour qu'il naisse de leur base des bourgeons de remplacement pour l'année suivante. Pour le pêcher, la taille des rameaux à fruit est plus com- pliquée. M. du Breuil démontre successivement les deux sys- tèmes adoptés par nos meilleurs praticiens; la méthode du pin- cement long, dans laquelle on laisse acquérir aux branches ( 30 ) fruiti-Tes une longueur de vingt-cinq à trente centimètres, en ayant soin de pincer un peu plus sévèrement le bourgeon de la base qui doit donner naissance aux deux bourgeons de remplacement pour l'année suivante. Dans cette taille, les branches de la charpente de l'arbre sont espacées à soixante centimètres les unes des autres, et les coursonnes ou branches à fruit disposées des deux côtés de la tige, en arrête de poisson. Dans la méthode du pincement court, pratiquée depuis quel- ques années par M. Grin, de Chartres, les branches de char- pentes sont espacées à trente centimètres les unes des autres et garnies de rameaux à fruit sur tout leur contour, excepté sur la face qui se trouve du côté du mur. Les bourgeons à fruit sont d'abord pinces sur deux feuilles bien constituées; deux bourgeons se développent sur ce premier pincement, on laisse acquérir à celui de la base une longueur de huit à dix centimètres, le second est maintenu court par le pincement réitéré des bourgeons qui se développent pendant le cours de la végétation, de manière à les forcer à se transformer en bou- quets de mai. M. du Breuil fait ressortir les avantages et les inconvénients des deux méthodes,, et indique les précautions à prendre pour maintenir avec chaque système la bonne végéta- tion des arbres. Quant aux soins à donner à la vigne destinée aux raisins de table, notre cadre ne nous permet pas de nous étendre sur les deux systèmes de taille à court bois et à long bois développés par M. du Breuil. Rappelons seulement les conditions essen- tielles sans lesquelles nous ne pouvons espérer une complète maturité du raisin dans notre contrée. Nos vignes, qu'elles soient en cordon oblique, vertical ou horizontal, doivent tou- jours être disposées de telle façon que nous puissions,, lors du palissage d'été, coller contre le mur les rameaux qui portent le fruit. Nous avons surtout un écueil à éviter, c'est de laisser trop de grappes sur nos treilles. Nous ne devons laisser qu'une grappe par branche coursonne, celle qui est le plus près de la base est ordinairement la meilleure. Le cisellement des grappes et l'incision annulaire du rameau au-dessous de la ( 31 ) grappe, faite à l'aide du coupe-sève, seul deux moyens que nous ne devons pas négliger lorsque nous voulons avoir de belles productions. En nous quittant, M. du Breuil nous a fait espérer qu'il pourrait peut-être revenir à Cherbourg dans deux ans, si notre société en faisait de nouveau la demande à M. le ministre de l'agriculture. Nous n'oublierons certes pas cette promesse, et nous vivrons avec l'espérance de revoir et d'entendre de nou- veau le savant professeur dont le séjour parmi nous a été de trop courte durée. En attendant, mettons-nous à l'œuvre, fai- sons de l'arboriculture une science et non plus une routine; et agissons de telle sorte que lors de sa prochaine visite, M. du Breuil puisse juger par lui-même de l'efficacité de ses leçons. J. LÉVESQUE. ANIMAUX UTILES A L'HORTICULTURE LE CRAPAUD. Nous vous avons entretenus, dans une note précédente, de quelques insectes nuisibles, en indiquant divers moyens pour s'en préserver ou les détruire; nous avons également recom- mandé un charmant insecte, la Coccinelle, vulgairement ap- pelé bête du bon Dieu, reconnu d'une utilité incontestable, par un grand nombre d'horticulteurs Je vais, aujourd'hui, appeler votre attention sur un animal des plus laids, qui subit généra- lement les effets de la répugnance que sa vue inspire, et qui pourtant peut être classé, non-seulement parmi les plus inof- fensifs, mais encore doit être considéré comme l'un de ceux qui rendent le plus de services à l'horticulture; cet animal, c'est le crapaud. ( 32 ) Divers animaux sont d'une utilité relative; la taupe, par exemple, dévore il est vrai, une quantité considérable d'in- sectes nuisibles, mais en revanche, elle ravage les plantations, le hérisson, faute d'insectes, attaque les fruits; la couleuvre mord et effraie par sa ressemblance avec la vipère; l'animal dont je veux vous entretenir ne mord pas, n'ayant point de dents, il n'attaque pas les racines, ne bouleverse pas les ter- res et ne lance aucun venin, quoiqu'on l'en ait accusé bien longtemps. Le crapaud est laid, c'est son seul défaut;-mais aussi que de qualités compensatrices! D'abord il est bon père, rien que cetti qualité lui mériterait notre indulgence; il extrait lui-même avec ses pattes les œufs du corps de sa femelle, ces œufs, réunis en chapelets par une matière glaireuse, s'enroulent autour de ses cuisses; il s'en va alors, bien empêtré comme on le pense, se retirer dans un trou profond,, d'où il ne sort que lorsqu'il reconnaît que les œufs sont mûrs; il quitte alors son trou et va, par une belle nuit, les déposer dans une mare, où ils doivent achever leur développement. On voit rarement le crapaud en plein jour, il craint la cha- leur, ses pérégrinations s'accomplissent la nuit, et alors il re- cherche avec acharnement les limaces et les larves; il les happe avec prestesse et en détruit ainsi une grande quantité; il fait également une guerre sérieuse aux cloportes; insectes plus destructeurs qu'on ne le croit généralement et dont je me réserve de vous entretenir dans une prochaine causerie. Quelques agriculteurs défiants, l'ont bien à tort accusé de s'introduire dans les ruches, mais qu'y ferait-il ? il n'aime pas le miel, et la piqûre de l'abeille lui est mortelle. Après avoir présenté à votre appréciation les qualités mo- rales de cet intéressant animal, je crois utile de compléter cette note par un abrégé de ses qualités physiques. Le crapaud appartient à la classe des reptiles, ordre des Ba- traciens. Quatre pattes dont les postérieures sont rarement plus longues que le corps et dont les doigts n'ont pas de pelote vis- queuse à leur extrémité. Corps large, ce qui le distingue de la • grenouille qui est longue et fluette, point de queue; la peau n'adhère point aux muscles sous-jacents, et il a la faculté de la gonfler d'une manière considérable, pour mettre les organes à l'abri des violences extérieures; aussi les gamins, après l'a- voir fait gonfler avec du tabac, lui plantent des épingles dans le dos pour le désenfler, et s'amusent des efforts que fait le pauvre martyr pour se regonfler, ce qui, par suite du perce- ment de la peau, lui est devenu impossible. Lorsqu'il a peur, et il a toujours peur, car tout lui est ennemi, hommes, enfants, chiens, jusqu'aux poules qui sont braves devant sa timidité, lors donc qu'il a peur, il s'aplatit espérant se dissimuler, relève les bras pour protéger sa tête, les jambes pour effacer les reins, et il attend, en regardant avec des yeux d'or, le coup qui va le tuer. Le crapaud commun a les parotides larges et saillantes, le corps cendré, quelquefois un peu jaunâtre en dessus, blanchâ- tre en dessous; les verrues sont d'un rouge obscur, les pieds postérieurs demi-palmés; on le rencontre dans toutes les con- trées de l'Europe, près des lieux habités; il atteint deux ou trois pouces de long, s'accouple à terre dès les premiers jours de printemps. Ainsi que je l'ai déjà dit, le crapaud n'a pas de dents, ce qui le distingue de la grenouille; comme cette dernière il porte sous le dos des verrues, mais plus grosses. Ces verrues ren- ferment un liquide gommeux qui, inoculé sous la peau de très petits animaux, peut les tuer comme le venin de la Salamandre, mais il ne projette pas son venin, d'ailleurs sans danger pour l'homme, et son regard n'a jamais fait tomber personne en syncope, ainsi que le prétendent de vieux auteurs. Le crapaud ne saute pas comme la grenouille, il sautille. Enfin, il n'est pas aquatique, il habite les lieux humides, sombres, sous les pier- res, dans des trous, et ne va à l'eau qu'au printemps pour chercher sa famelle et la délivrer de ses œufs Cette dernière pond en moyenne une soixantaine d'œufs semblables à des graines de chêne vis, réunis entre eux par des filets forts et courts. ( 34 ) * Le mâle coassed'une manière très forte; quelquefois, pen- dant l'été, il fait entendre de l'entrée de son trou, un coasse- ment faible qu'il interrompt dès qu'on l'approche et qui est fort différent du précédent. On ne connaît pas le motif qui l'incite à le faire. Le crapaud à pustules rousses (bufo vulgaris), est d'un brun pâle avec les tubercules roux; il est souvent confondu avec le précédent par les naturalistes; cependant lorsqu'on les com- pare^ on voit qu'ils diffèrent non-seulement par les couleurs, mais encore par la forme. Il se cache dans les trous le jour et fait entendre le soir, pendant l'été, un coassement très sonore. Son aspect est plus hideux que le précédent. Le crapaud accoucheur (bufo obstetricansj, est d'un cendré verdâtre, marqué de petites taches brunes en dessus, blanchâ- tres en dessous, parotides point ou peu saillantes, pattes pos- térieures à peine palmées à leur base; moins gros que les pré- cédents, sa longueur ne dépasse guère un pouce et demi, n'ha- bite que sur la terre et se trouve par toute la France. Ces trois espèces sont communes en France, ont les mêmes qualités et méritent la même protection; elles sont trop utiles pour qu'on les détruise sans nécessité, et vu leurs courtes jambes, ne peuvent servir ni à la friture, ni à la poulette, con- sidération qui excuse les hécatombes de grenouilles. Dernièrement, j'ai involontairement tué un crapaud, dont j'ignorais la présence dans mon jardin : afin de profiter de cet accident, je l'ai ouvert et j'ai constaté dans son estomac, la présence d'une certaine quantité de détritus d'insectes et autres non encore digérés. Cette constatation m'a affermi dans l'in- tention que j'avais déjà de vous faire part des observations que j'avais recueillies sur l'utilité de cet intéressant animal qui, ainsi que j'ai essayé de le démontrer, peut rendre de signalés services dans nos jardins et dans nos potagers. Enfin, les Anglais qui sont des gens pratiques,, en horticul- ture surtout, ont tous quelques crapauds dans leurs jardins, et, si par hasard, une gracieuse Lady rencontre, en cueillant une fleur, un de ces pauvres déshérités, elle éprouvera peut-être (. 35 ) un certain sentiment de répulsion, bien naturel sans doute, mais reconnaissante des services qu'il rend, elle se gardera bien de le désigner à la vindicte de son jardinier. Je ne dois pas oublier de dire ici, que les habitants des îles anglaises font acheter chez nous une grande quantité do cra- pauds, au prix de 10 à 20 centimes la pièce, pour les mettre dans leurs potagers. J'allais terminer cette apologie, déjà longue, du malheureux crapaud, lorsque M. Levesque, membre de notre société, qui s'occupe sérieusement d'horticulture, m'a transmis une note qui vient à L'appui de nos observations, et que suivant son désir, je m'empresse de vous communiquer in extenso: « Dans son numéro de la Revue Horticole du 16 février » dernier, page 70, M E. A. Carrière, dans une appréciation » très judicieuse d'ailleurs, sur les services que certains ani- » maux rendent à nos cultures, méconnaît l'utilité dans nos » jardins du crapaud (Bufo Vulgaris). Les services qu'il m'a » rendus, depuis plusieurs années, m'autorisent à me faire le » défenseur de ce dernier, et à réclamer pour lui l'indulgence » des horticulteurs, qui ne manquent jamais de le détruire » partout où ils le rencontrent. Ils ne se doutent pas que ce » reptile, le plus hideux peut-être des êtres organisés, protège » nos jeunes plantes contre la voracité d'un insecte malheu- » reusement trop répandu dans nos jardins, le pou de bois en » cloporte (Oniscus). Ce crustacé attaque les semis à mesure » qu'ils sortent de terre, mange leurs cotylédons et fait dispa- » raitre, en quelques jours, toutes les plantes destinées à en- » tretenir, pendant une grande partie de l'année, notre parterre » et notre potager. » Il y a quelques années, je fis dans une plate-bande de ma » serre, différents semis, qui tous levèrent parfaitement, mais » le nombre de mes jeunes plantes diminua rapidement, et au » bout de quelques jours, il n'en restait pas une. Les reines- » marguerites et les laitues furent les premières attaquées; à » peine leurs cotylédons étaient-ils sortis de terre, qu'elles » disparaissaient sans laisser aucune trace de leur existence. 36 ) » Un peu plus tard, je semai des haricots nains, destinés à être » repiqués en pleine lerre_, il n'y en eut que quelques-uns qui » échappèrent à la voracité des cloportes, qui se logeaient » entre les cotylédons, à mesure qu'ils se fondaient, par l'effet » de la germination, et mangeaient la jeune plante, avant même 9 qu'elle n'eût vu le jour. Je ne savais, tout d'abord, à quoi » attribuer la non-réussite de mes semences, mais je remar— » quai bientôt un petit trou, au-dessus de chaque touffe de » haricots; j'en déterrai plusieurs^ dont les racines étaient par- » faitement développées, mais dont la tige était coupée à sa » naissance. Quelques-uns logeaient encore un ou plusieurs » cloportes. » Dans le courant de la même année, je lus dans un de nos » grands naturalistes, Buffon, que le crapaud fait sa principale » nourriture de cloportes et de petits vers; je m'en procurai » un, auquel je confiai la garde de mes graines; un pot à fleurs » renversé, dans lequel il entre par une brèche, pratiquée sur » le côté, lui sert encore aujourd'hui dedemeure. Au printemps » suivant, j'essayai de nouveau plusieurs semis dans ma serre^ » tous ont parfaitement réussi. Je défierais presque de trouver » un cloporte, non-seulement dans ma serre, mais encore dans » tout le jardin. » Je suis persuadé que vous apprécierez les judicieuses obser- vations de notre collègue, M. Levesque, et je terminerai cette note en vous recommandant le crapaud, comme un animal des plus utiles pour nos jardins. A. Frouin. Il serait désirable que la lecture de l'article qui précède suggérât à quelqu'un de nos fabricants de poterie horticole l'idée de présenter aux prochaines expositions des vases destinés spécialement à servir de logement aux crapauds, dont l'utilité dans nos jardins ne saurait être contestée. H. L. C. ( 37 ) COURS DE BOTANIQUE ÉLÉMENTAIRE A L'USAGE DES HORTICULTEURS § III. — Graine. Le fruit se compose, avons-nous dit, de deux parties essen- tielles^ le péricarpe et la graine. Le péricarpe dérive de l'ovaire, la graine résulte du développement de Yovule ren- fermé dans ce dernier. La graine est la partie fondamentale du fruit: tout l'appareil dont la nature l'entoure est destiné seulement à la protéger ou à favoriser sa dissémination à la surface de la terre. La graine placée dans un milieu favorable germe et repro- duit un végétal entièrement semblable à celui dont elle pro- vient. Cette propriété des graines fait comprendre de prime abord qu'elles sont indispensables à la conservation et à la propa- gation des espèces végétales. Etudiée dans sa constitution, la graine comprend, quand elle est aussi complète que possible, trois parties princi- pales : il en est qui, outre ces parties constitutives, essentielles, présentent extérieurement des formations particulières qui modifient leur aspect extérieur. La graine ou semence a,, disons-nous, trois parties princi- pales. Ce sont : 1° les téguments, 2° Y embryon, 3° l'albumen. 1° Téguments. — On désigne quelquefois les téguments par le nom de spermoderme. Ces téguments ou enveloppes propres de la graine sont au nombre de deux : A, le plus extérieur, est souvent dur et corné ; il prend habi- tuellement le nom de testa. B, l'intérieur, est mince et membraneux, on l'appelle tegmen. 3 ( 38 ) Il faut dire toutefois que ces deux enveloppes superposées ne sont pas bien visibles dans toutes les graines. Pour bien étudier le tégument de la graine prenons, comme on le fait souvent, une graine de haricot. A l'extérieur, sur l'un de ses bords, cette graine présente une dépression au centre de laquelle nous apercevons une sorte de cicatrice ovalaire. Cette cicatrice porte le nom d'ombilic. c'est le point par où cette graine adhérait au péricarpe^ c'est- à-dire à la cosse du pois, par un petit cordon appelé funicule. Cette cicatrice ou ombilic dépend d'une sorte de peau qui est l'enveloppe extérieure de la graine, autrement dit le tégument de cette dernière. Enlevons cette enveloppe, nous trouvons un corps de forme ovoïde composé de plusieurs parties que nous allons étudier sous le nom d'embryon. 2° Embryon. — On peut facilement étudier l'embryon et les diverses parties qui le constituent sur la graine de haricot dont nous venons de parler ou sur celle de l'amandier, sur l'a- mande. — Enlevons une des moitiés de l'une de ces deux graines dépouillées de leurs téguments^ nous distinguons vers l'une de ses extrémités une sorte de petite plante en miniature. On y voit une petite tige qui porte le nom de tigelle, se termi- nant d'un côté par une petite pointe qui est la radicule et de l'autre côté par une sorte de petit bourgeon qui est appelé gemmule. De plus, nous voyons s'implanter sur la tigelle, entre la gemmule et la radicule, deux corps qui sont désignés sous le nom de cotylédons. Ce sont ces deux corps charnus qui constituent la plus grande masse comestible de l'amande et du haricot. Ces deux corps ou cotylédons sont destinés à fournir les deux premières feuilles du végétal. Toutes les graines des plantes ne possèdent pas ainsi deux cotylédons ou rudiments de feuilles primitives. Certaines n'en possèdent qu'un, et, dans ce cas, il s'insère autour de la tigelle et forme une sorte de gaine qui entoure la gemmule : on peut citer pour exemple les embryons des palmiers, des lis, etc. Il en est même chez lesquels l'embryon offre la plus grande ( 39 » simplicité el ne porte aucune trace de cotylédons. — Exemple, mousse, champignon. Les botanistes ayant depuis longtemps remarqué que, sui- vant le nombre de cotylédons correspondaient, dans les plantes, une multitude de particularités d'organisation très importantes, on prit ce point de départ pour établir des différences fonda- mentales dans la classification de celles-ci. A. L. de Jussieu est le premier qui ait réparti le règne végétal en trois embranchements, en se basant sur ces faits d'organisation; savoir : 1° végétaux dicotylédones, ceux dont l'embryon porte deux cotylédons ou feuilles rudimentaires. Ex. amandier. 2° Végétaux monocotylédonés, ceux dont l'embryon porte une feuille rudimentaire. Ex. palmier. 3° Végétaux acotylédonés dont' les graines ne présentent aucune trace de feuilles. Ex. champignon. Nousavous vu que les deux cotylédons du fruit de l'aman- dier comme ceux du haricot sont parfaitement égaux et s'ap- pliquent l'un contre l'autre d'une manière très régulière; il n'en est pas toujours ainsi et il est des végétaux dicotylédones dont l'un des cotylédons avorte. Il est néanmoins facile de les dis- tinguer des graines des végétaux monocotylédonés, car le coty- lédon qui persiste dans le végétal dicotylédoné s'insère sur la partie latérale de la tigelle, tandis que le cotylédon unique du végétal monocotylédoné s'insère tout autour de celle-ci. Disons aussi que le cotylédon unique des monocotylédonés varie dans sa forme. Chez quelques plantes il forme une gaine complète, clans d'autres cas, il s'étale et dessine une sorte de corolle ouverte. L'embryon proprement dit affecte des formes diverses; il peut être droit, arqué, ou même en zig—zag. L'embryon n'est pas toujours unique. Ainsi, dans la graine de l'oranger on en compte jusqu'à huit. 3° Albumen. — Dans le fruit de l'amandier qne nous avions choisi comme exemple,, les cotylédons ont un volume et une épaisseur notables; ils forment un véritable réservoir destiné ( 40 ) à pourvoir aux besoins de la plante naissante. Mais il est des plantes où cela diffère et où la nourriture destinée à l'embryon qui va se développer est mise en réserve dans un autre point que dans les cotylédons. Cet amas de nourriture entoure quel- quefois même les cotylédons ; c'est lui qui, dans les céréales, constitue la farine que l'on en extrait; on lui donne le nom ^albumen. D'où il résulte que quand les cotylédons sont épais et char- nus, l'albumen manque, et qu'au contraire, quand l'albumen est abondant, les cotylédons sont minces et foliacés. Ex. Ricin. Nous avons dit qu'outre son tégument la graine possédait quelquefois des formations extérieures qui en modifient sou- vent l'aspect. Ainsi, on peut citer comme exemple, Yarille, les caroncules, les strophioles, les poils et les aigrettes. Uarille est une couche charnue souvent colorée qui émane du funicule après la fécondation et qui, en se développant graduellement, recouvre presqu'entièrement le tégument de la graine. Citons le sac charnu ouvert à son sommet qui enve- loppe la graine des passiflores, l'enveloppe charnue et déchi- quetée qui enveloppe la muscade; clans ce dernier cas l'arille prend le nom de macis. Les caroncules et les strophioles sont des éminences char- nues que l'on voit sur les graines des euphorbes et des gené- vriers. Poils et aigrettes. — Sur le testa des graines du coton, des saules, des peupliers, il se produit une masse de poils qui constituent des sortes de pinceaux et d'aigrettes. Ce sont ces poils qui, séparés des graines du coton consti- tuent la matière textile qui porte ce nom dans le commerce. Avec ce paragraphe se terminent les considérations élémen- taires que nous voulions présenter sur Yorganographie végé- tale, c'est-à-dire sur la description des organes des plantes. Nous avons étudié sommairement les organes qui sont des- tinés par la nature à entretenir la vie de chaque individu; la racine, la tige, les rameaux et les feuilles, puis ceux qui ont ( 41 ) pour but de propager l'espèce, c'est-à-dire les fleurs destinées à donner des fruits, qui eux-mêmes recèlent les graines. Nous sommes arrivés maintenant à la seconde partie de ces leçons, à l'étude des parties constituantes de ces organes, autrement dit à l'anatomie végétale. Nous étudierons succes- sivement les cellules qui constituent avec les fibres, les tissus des végétaux, les canaux de forme variable où circulent les fluides, le pollen_, etc., etc., puis nous en viendrons enfin dans un court espace de temps, à l'examen des fonctions vitales, appelé physiologie végétale. Dr Ch. Renault. K.MDISSEIR ECONOMIQUE En horticulture comme en toute autre chose, nous devons toujours adopter avec empressement les systèmes qui^ tout en remplissant parfaitement le but que nous nous proposons, don- nent lieu aux moindres frais : Aussi croyons-nous pouvoir conseiller aux lecteurs du Bulletin de notre société de rem- placer le raidisseur Collignon, généralement employé dans les treillages en fil de fer et qui coûte de 40 à 60 fr. le cent, sui- vant la force, par la méthode suivante, qui a l'avantage d'être très simple et de n'occasionner pour ainsi dire aucun débours. Fixez d'abord votre fil de fer par une de ses extrémités, dressez-le et faites-le arriver jusqu'à quarante ou soixante centimètres de son second point d'attache. Faites une boucle solide à cette extrémité, passez dans cette boucle un bout de fil de fer que vous doublez et que vous fixez par ses deux extrémités à votre second point d'attache, après avoir obtenu, soit à la main, soit à l'aide d'un bout de corde que vous enle- vez ensuite, la plus grande tension possible. Vous passez ( 42 ) ensuite dans cette partie de votre treillage, qui est double, soit un des côtés du manche de la pince qui vous sert à couper votre fil de fer, soit un morceau de fer plat, vous tournez en empêchant le bout de votre raidisseur de tourner lui-même et, au bout de quelques tours, votre fil de fer se trouve parfai- tement tendu. Je ne saurais donner une idée plus juste de ce raidisseur qu'en le comparant à la corde généralement usitée pour raidir les scies, avec cette différence toutefois que, le fil de fer une fois tordu reste en place sans qu'il soit nécessaire de l'assujettir. Il est bon d'employer pour ce raidisseur du fil de fer n° 15 à 18 au moins, voulut-on même tendre des fils de numéros inférieurs. J. Levesque. BANQUET DE L\ SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE Conformément à nos usages, nous tenons à conserver dans ce Bulletin le souvenir de notre banquet annuel de 1873. Nous ne pouvons en donner un meilleur compte-rendu qu'en reproduisant l'article ci-après, écrit par M. Ch. Syffert, dans le journal la Vigie de Cherbourg , du 7 août 1873. Le secrétaire de la rédaction, H.L.C. Mardi soir, un banquet, donné en l'honneur de M. du Breuil, dans les salons de l'hôtel-de-ville, réunissait une centaine de membres de notre société d'horticulture. A cette fête assistaient MM. le contre-amiral Ducrest de Villeneuve, major général de la marine, le général du Moulin, ( 43 ) le colonel du 47e de ligne, M du Breuil, M. le sous-préfet, M. le maire et ses adjoints, les représentants de ia presse locale, MM. les chefs de musique du 47e et du 1er d'infanterie de marine. L'entrain le plus cordial, la gaieté la plus franche n'ont cessé de régner pendant la durée de cette fête de famille, qu'embel- lissaient encore les accords charmants de la musique du 1er régiment d'infanterie de marine. Le repas, du reste, était du meilleur goût; les vins des meilleurs crus et de bon choix. Il était fourni par l'hôtel de l'Aigle et faisait honneur à la cuisine de Mme Mautalent. Au dessert,, de nombreux toasts ont été portés et de joyeuses chansons, improvisées pour la circonstance par MM. Orry, Cousin et Rossel, ont terminé la soirée. On trouvera plus loin ces charmantes strophes que l'assem- blée a vivement applaudies et bissées et qui ont valu à leurs auteurs de vives félicitations. Le premier toast a été porté par M. le docteur Renault, pré- sident du banquet en l'absence de M. Emmanuel Liais. M. le docteur Renault a porté son toast à M. le maire, à messieurs les conseillers municipaux. « Grâce à eux, a-t-il dit, la société d'horticulture possède enfin un jardin d'études; une salle de réunions, un local pour 'sa bibliothèque. » A l'aide de ces éléments et grâce à la bienveillance de M . le ministre de l'agriculture et du commerce, la société pourra concourir puissamment au développement de l'arboriculture fruitière dans notre arrondissement, jusqu'à ce jour si déshé- rité sous ce point de vue. » M. le maire a porté un toast à la société d'horticulture, à M. Renault, à M. du Breuil, professeur. Au nom de l'admmis- tration municipale et du conseil, il a félicité la société des efforts persévérants quelle fait pour développer la science hor- ticole dans notre ville, aussi bien que des succès qu'elle obtient chaque année. Ces succès ne pourront que s'accroître avec le concours qu'à bien voulu nous apporter l'éminent professeur que nous sommes heureux de compter parmi nos convives. ( 44 ) M. Estébé a bu à la santé de M. le général commandant la subdivision militaire, de M. le contre-amiral major de la ma- rine. La présence simultanée de ces messieurs lui a paru un heureux gage de l'union qui règne entre notre population, la marine et la guerre. Dans toutes les circonstances, la société a trouvé, auprès de l'une et l'autre administration, le conseil le plus empressé et le plus utile. En portant ce toast, M. Estébé devait donc être l'interprète des sentiments de tous. M. le contre-amiral Ducrest de Villeneuve, major général, a répondu au nom de la marine : « Messieurs^ en l'absence du préfet maritime qui regret!; ra beaucoup de ne pas être au milieu de vous, je tiens à vous dire que toutes les sympathies de la marine sont acquises à l'œuvre que vous dirigez avec tant de zèle et d'intelligence; je crois encore pouvoir ajouter que nos sympathies sont pour la popu- lation cherbourgeoise au milieu de laquelle nous vivons. Aussi, messieurs, sommes-nous heureux de cette circonstance qui se présente pour vous exprimer tous ces sentiments. » Messieurs, j'ai l'honneur de vous proposer un toast à la prospérité toujours croissante de la .société d'horticulture de Cherbourg. » M. le général du Moulin a répondu par quelques paroles empreintes de la plus spirituelle cordialité : en sa qualité de gourmand,, a-t-il dit, il souhaite à la société les plus brillants succès dans la culture des fruits et des légumes. La santé de M. le sous-préfet a été portée par M. Orr'y, qui a fait remarquer incidemment que M. le sous-préfet avait reculé de quelques jours un voyage pressé pour assister à cette fête. M. le sous-préfet a remercié la société d'horticulture des paroles de sympathique bienvenue que venait de prononcer M. le vice-président Orry. « Je suis heureux, a-t-il dit, d'a- voir, de mon côté, messieurs, en prenant place parmi vous, à rendre hommage aux efforts et aux succès déjà réalisés. Vous ( 45 ) n'en êtes pas en effet à faire vos preuves. Vos expositions montrent chaque année ce que peuvent dans une association, même pourvue do très modestes ressources financières, la bonne administration, le goût intelligent, 1 3 concours zélé de tous. « Mais vous ne vous bornez pes à suivre les routes battues et vous projetez par l'acclimatation de plantes exotiques, que favorise le climat de Cherbourg, de doter notre flore de nou- velles grâces et de nouvelles richesses. Ainsi, l'avenir comme le présent fournit à notre société des gages de vitalité et de succès. « Félicitons-nous des résultats déjà obtenus sur ce terrain pratique et charmant de l'horticulture, où nous sommes heu- reux de nous trouver ce soir réunis. « Souhaitons de pouvoir donner le plus possible de nos heures à ces intérêts attrayants et ressembler à ce sage dont' Lafontaine nous dit : « Son bonheur consistait aux beautés d'un jardin, Le scythe l'y trouva qui, la serpe à la main. » « Mais j'arrête cette citation. L'affreux scythe qui coupe et taille à toute heure ne paraîtra jamais parmi vous. « C'est au contraire un éminent professeur qui nous arrive les mains pleines de science et dont nous fêtons la venue. Je vous propose, messieurs, d'associer le nom de M. du Breuil aux vœux que nous formons pour la prospérité de la société d'horticulture de Cherbourg. » M. Frouin a porté un toast à la presse locale. Pris à L'improviste nous n'avons pu que remercier l'hono- rable membre de ce bon souvenir et assurer la société du concours dévoué et constant de la presse locale. La presse locale a pour principale raison d'être la défense des intérêts locaux, la propagation des idées nées clans le pays et le développement de l'initiative locale. Assez de questions la divisent; mais s'il est un terrain sur lequel l'accord lui soit facile, ce doit être celui que la société cultive avec tant de zèle et d'intelligence (46 ) En nous portant garant du concours? de la presse locale à l'œuvre de la société, nous croyons donc avoir exprimé des sentiments qui ne seront pas désavoués. Au moment où M. le colonel du 47° de ligne se disposait à quitter la salle, M. Orry a porté, au nom de l'assemblée, un toast de remerciement au brave officier dont le concours bien- veillant n'a jamais fait défaut à la société. M. le colonel,, dans une chaleureuse improvisation, a remer- cié M. Orry et l'assemblée, en son nom et au nom de son régiment, des marques de bienveillance qui lui étaient don- nées. « Je suis heureux et fier, a-t-il dit, de l'accord qui n'a cess de régner entre le 47e de ligne et les horticulteurs de! Cher- bourg. Courage et persévérance, messieurs. Nous avons tous besoin d'union et de concorde pour travailler a la régénéra- .ion de notre patrie. « Au moment où le dernier soldat prussien quitte le sol de mon pays natal, car j'ai failli, moi aussi, être prussien, je suis heureux de constater les succès remportés à l'exposition de Vienne par notre industrie, à laquelle le plus grand nombre de médailles a été décerné. « Courage et persévérance; travail et probité; et notre patrie se régénérera. » Des remerciements ont été adressés aux organisateurs de la fête, MM. Cavron, Quoniam et Equilbecq. A neuf heures un punch a été servi et vers onze heures on se séparait, content des autres et de soi. Toast à 31. ttw Bttitut Air de V 'Ivresse du Pape. Puisque du Breuil, à cette table, Parmi nous s'assied aujourd'hui, Au savant, au convive aimable Portons un toast digne de lui. Ma muse, hélas! trop téméraire, Veut consacrer un nouveau chant A notre glorieux confrère; 4/ Car ce confrère est un Normand ! Cloire à du Breuil ! Gloire aux Normands ! . Gloire aux Normands ! (bisj. De la science arboricole Lorsqu'il nous donne les leçons, A aon élégante parole A l'envi nous applaudissons Et tous, glorieux de sa gloire Dont l'éclat sur nous se répand, Nous inscrivons dans notre histoire Encore un illustre Normand ! Gloire à du Breuil ! Gloire aux Normands ! Gloire aux Normands ! (bisj. C'est par lui que la pomme abonde Dans nos vergers, dans nos jardins, Par lui, la vigne plus féconde Nous prodigue de meilleurs vins. De ces vins remplissons nos verres Pour rendre un hommage éclatant Au plus grand de tous nos confrères : Au savant professeur Normand ! Gloire à du Breuil j Gloire aux Normands ! Gloire aux Normands ! (bisj,, Dans tous les temps, la Normandie S'illustra par ses preux guerriers; Les arts, les lettres, l'industrie Lui gardaient leurs plus beaux lauriers, D'une radieuse auréole, Aujourd'hui, du Breuil l'entourant, Lui donne la palme horti oie Qui décore son front normand. Gloire à du Breuil ! Gloire aux Normands ! Gloire aux Normands! (bisj. Ed. Oriiy. MSerci .'... Volontiers, chanter, je pense, C'est un devoir, en effet, Lorsque la reconnaissance M'inspire un nouveau couplet, Ma muse, souvent légère, Connaît ses devoirs aussi; ( 48 ) Nous avons notre chaumière, Monsieur le maire, merci. Refrain. M. le maire, merci. Depuis le seuil jusqu'au faite, On l'admire; il est certain Qu'elle donne un air de fête A notre petit jardin. Notre caisse est peu prospère; A quoi bon ce noir souci ? Avec le propriétaire On est au mieux, Die u merci ' M. le maire, merci. Il sait à quelles dépenses, Nous sommes conduits, hélas ! La foule a des exigences Et l'argent ne rentre pas : La crise est, chez nous, en germe, Mais le conseil averti, Nous fait grâce au moins d'un terme . M. le maire, merci. Si quelque esprit difficile, Là-dessus vient ergoter, Et des charges de la ville, Prétend nous inquiéter, Vingt voix, j'en ai l'assurance, Nous prêteront leur appui; Nous aurons notre quittance. M. le maire, merci. Alfred Rossel. JFtoi'c au *Far«tin tt' Acclimatation «Me CIiCÊ'boMrg. I. Il m'éclioit un terrible lot, Oui ma muse en frissonne encore : De l'Eden de Montebello On m'a mandé de chanter Flore : Si le sujet est gracieux, Je n'en suis que plus soucieux, ( 49) Moi qui jadis, tout éveillé, Prenais un lis pour un œillet!,.. Keine des bouquets, Dicte mes couplets, Ou bien, sans façon, Reçois ma chanson !... Sous ta livrée et tes couleurs Je bois aux fruits, je bois aux fleurs ! Sous sa livrée et ses couleurs Buvons aux fruits, buvons aux fleurs ' II. Sous la grotte au charmant dessin Qu'encadrent des plantes divines, Dans le cristal d'un frais bassin Vont se baigner gentes ondines. . . Du front du roc mystérieux Pleuvent saphirs aux mille feux, Ruissellent perles et rubis.... Le Shah de Perse y serait pris ' ... Reine des bouquets Dicte mes couplets, Ou bien, sans façon, Reçois ma chanson !... Sous ta livrée et tes faveurs Je bois aux fruits, je bois aux fleurs ! Sous sa livrée et ses faveurs Buvons aux fruits, buvons aux fleurs I III Temple fleuri dont les autels Sont formés de riants parterres; Les lignes, les points des missels Sont en relief sur tes fougères... Les hauts cactus sont les flambeaux., Les chantres ?... Ce sont les oiseaux, La clochette? c'est le jet d'eau, Et Mélingue?... C'est, le bedeau !. Reine des bouquets, Dicte mes couplets, Ou bien, sans façon, Reçois ma chanson !. Sous sa livrée et ses faveurs Buvons aux fruits, buvons aux fleurs ! Sous sa livrée et ses faveurs, Buvons aux fruits ! buvons aux fleurs ! IV. Pendant qu'un amoureux Zéphyr, Des roses fait pencher la tige, ( 50 ) L'abeille butine à plaisir... Près d'elle un papillon voltige !.. Dans ces suaves régions, Que d'autres coquets papillons Voudraient bien voltiger... seulets Près d'autres soyeux corselets !!.. Reine des bouquets, Dicte mes couplets, Ou bien, sans façon, Reçois ma chanson !. Sous ta livrée et tes faveurs Je bois aux fruits, je bois aux fleurs ! Sous sa livrée et ses couleurs Buvons aux fruits ! buvons aux fleurs ! V. De tant de ravissantes fleurs Jeunes, pimpantes, radieuses, Messieurs, vos dames et vos sœurs Ne sont pas les moins gracieuses Les fleurs n'ont vu qu'Eve, jadis Perle brillante au Paradis !... Mais chaque jour notre jardin Est un éblouissant, écrin!... Reine des bouquets, Dicte mes couplets, Ou bien, sans façon, Reçois ma chanson !... Nos Patronnesses sont tes sœurs Et voilà tes plus belles fleurs, Nos Patronnesses sont tes sœurs... Je bois à tes plus belles fleurs ! VI. Les bouquets m'ont toujours flatté, Même ceux d'un feu d'artifice !... Au corsage de la beauté, Ils font encor plus mon caprice ! ... J'adore aussi, quand ils sont fins, Le délicat bouquet des vins.. Mais nul bouquet, messieurs, ne vaut La palme due à vos travaux '. . Reine des bouquets, J'ai dit mes couplets, As-tu, sans façon Reçu ma chanson ?... ( 51 ) Sous ta livrée et tes couleurs, Je bois aux fruits, je bois aux fleurs, Sous sa livrée et ses faveurs. Buvons aux fruits, buvons aux fleurs ! 5 août 1873. Ed. Cousin. ANNUAIRE M CULTURE POTAGÈRE (1! Il s'est produit, depuis quelques années, un grand nombre de traités de jardinage, la plupart très recommandables, et l'on peut citer avant tous les autres Y Almanarh du bon Jardinier, qui, grâce à la persévérance éclairée de ses rédacteurs, est de- venu, sans contredit, le manuel le plus parfait en ce genre. Il n'est pas une branche de la science horticole dont il ne donne un traité complet, réunissant de la manière la plus heureuse les enseignements de la théorie la plus savante et la plus moderne à ceux de l'expérience la plus "pratique, au point de rendre à peu près superflus, pour le plus grand nombre des lecteurs, les traités spéciaux sur telle ou telle culture. Il est cependant un besoin auquel le Bon Jardinier lui-même ne pouvait répondre : rédigé au point de vue d'une publicité qui s'étend bisn en dehors de la France elle-même, il ne peut tenir compte des circonstances physiques particulières à chaque loca- lité ; il établit ses préceptes pour tous; mais, forcé de les appli- quer à un climat déterminé, il a adopté naturellement le climat de Paris, ne pouvant les approprier tout à la fois à celui de Lille ou de Bordeaux, Montpellier ou de Cherbourg. Ses enseignements, tout excellents qu'ils soient, présentent donc une lacune dont on s'est plaint souvent avec assez peu de justice : c'est aux nombreuses associations horticoles qui se sont produites sur tous les points de la France qu'il appartient de la combler. C'est là un des besoins auxquels elles ont à répondre : déjà un certain nombre de sociétés sont entrées dans celte voie en publiant des annuaires de culture appropriés aux besoins du pays pour lequel elles écrivaient : la société d'horticulture de Cherbourg, en regrettant vivement de n'avoir pas donné elle- même cet exemple', a du moins voulu le suivre selon ses forces. (1) Extrait de l'Almanach de la Société d'Horticultnre de l'arrondissement de Cherbourg. ( 52 ) No pouvant aborder du même coup toutes les branches de la pratique horticole, nous nous sommes décidés à ne nous occuper cette fois que de la culture potagère. C'est généralement au mois d'août, et même plus tôt, que commence la série des travaux destinés à préparer et à assurer la récolte des produits du jardin potager. Si, pour nous confor- mer à l'usage, nous commençons cet Annuaire par le mois de janvier, c'est que nous supposons que les travaux des cinq pre- miers mois ont été exécutés en temps utile. D'autre part, la température de toutes Ses années n'étant pas absolument uniforme, on devra avancer ou retarder les diverses opérations de la culture, selon que la saison sera plus ou moins hâtive ou tardive. On devra également tenir compte de l'exposition plus ou moins chaude, ainsi que de la nature du sol. JANVIER. Travaux et culture de pleine terre. - Profiter. si l'on ne l'a fait pendant les deux mois précédents, du moment où le terrain est encore peu garni, pour niveler celui qui n'au- rait pas été convenablement dressé, en y ménageant une légère inclinaison ; rectifier la pente des chemins et allées pour favo- riser l'écoulement des eaux, en ayant soin de les charger sur le milieu, pour donner à la chaussée une surface légèrement bombée. Continuer à fumer et labourer les terres inoccupées, afin que les gelées, s'il en survient, les pénètrent et les rendent plus friables. Mais il faut pour cela profiter d'un iemps sec et bien assuré; car autrement, les pluies si fréquentes et si continues de nos hivers ordinaires pénétreraient profondément les terres nouvellement remuées et les réduiraient à l'état de boue : si la saison était décidément pluvieuse, il vaudrait mieux ne faire les labours qu'au moment d'utiliser la terre. Creuser, si on ne l'a fait d'avance, les plates-bandes destinées à recevoir les plantations d'asperges, et retourner avec la bêche la lerre du fond, pour la mieux exposer aux influences fertili- santes de l'air. Démolir les couches épuisées ; briser et travailler à la bêche ou à la fourche les fumiers et terreaux qui en proviennent, pour en accélérer la décomposition : on en aura bientôt besoin pour garnir les coucbes, ou pour amender la surface des plaies-ban- des destinées aux semis. Tenir en un lieu sec, sous un hangar, s'il est possible, les terreaux assez consommés pour être pro- chainement employés, et les travailler de temps à autre avec la bêche, pour mieux les diviser et les sécher. Terminer les plantations arriérées de fraisiers. — Continuer, dans les terres légères et bien préparées, la plantation du chou- 53 ) pomme précoce, dit d'fngreville. - Planter également oscille, grosses cives. Mettre en place les plantes destinées à porter graine, telles que poireaux, oignons, céleri, navets, carottes, betteraves, pa- nais, etc., en prenant soin d'isoler les espèces et variétés ana- logues, pour les empêcher de dégénérer. Semis en pleine terre.. — Commencera semer, dans les terrains sablonneux on ameublis par des terreaux, et suffi- samment égouttés, en choisissant une exposition chaude et abri- tée contre le vent : petits pois Michaux; — nain natif à écosser, — idem de Hollande, — pois nains raange-lout, fèves naines de marais. On a généralement, dans notre pays, la mauvaise habitude de rapprocher le> unes des autres les planches de pois à rames, et de même celles des haricots, en les séparant seulement au moyen de sentiers si étroits, que par un temps humide on ne peut y passer pour faire la récolte sans avoir ses vêtements complètement trempés; ce n'est là toutefois que le moindre inconvénient de cet usage peu sensé : les planches ainsi rappro- chées se portent mutuellement ombrage, et la production est par là considérablement diminuée, au grand détriment du culti- vateur Il faut donc s'attacher à faire circuler, aussi abondam- ment que possible, l'air et la lumière autour des plantations de pois ou de haricets, et pour cela, si on les sème par planches, il faut que chaque planche de pois soit toujours séparée de la planche voisine par une culture de plantes à basse tige, de ma- nière que chacune puisse profiter également, des deux côtés, des influences fécondantes de l'air. On est encore dans i'usage de semer, dans chaque planche de pois ou de haricots, un trop grand nombre de rangs ou lignes, espacés seulement de 20 à 25 centimètres : c'est à tort; on perd ainsi sans avantage beaucoup d'espace et de semence, puisque les rangs inférieurs, étouffés par les autres, ne produisent que fott peu, et seulement au haut des tiges ; de sorte qu'uue planche d'un mèlre de large, plantée, ainsi qu'on fait souvent, de cinq lignes de pois ou de. haricots, espacées entre elles de 0,25 cm., ne rendra pas plus qu'une planche large de 0,50 cm. et garnie seulement de deux lignes, distantes de 0,40 à 0,45 cm. Cette dernière, où l'on aura toute facilité pour biner convenablement la terre et rechausser les lignes, sera de tons côtés pénétrée par l'air et la lumière, donnera des produits aussi abondants, plus beaux, plus faciles à récolter, occupera moitié moins d'espace en largeur, et nuira moins par sa masse aux plantations voi- sines. Les poison haricots cultivés ainsi sur deux lignes, en planches de 0,50 cm. environ, ayant atteint 9 ou 10 cm de haut, on devra les rechausser avec soin en amoncelant, des deux côtés de 4 ( 54) chaque ligne, de la terre prise dans l'intervalle qui sépare les deux lignes; puis on leur donnera deux rangs de rames, légè- rement inclinés l'un vers l'autre. Cette disposition, en permettant à la lumière de parvenir plus librement jusqu'à la base môme des tiges, est on ne peut plus favorable à la fertilité des plantes et à la maturation précoce de leurs produits, dont elle rend en même temps la récolte plus facile. Semer aussi, durant le mois, à bonne exposition, et en ter- rain ameubli, carotte courte hâtive et oignon blanc. Hasarder déjà quelques radis Protéger au besoin ces semis à l'aide d'un léger pai lits (couche très peu épaisse de paille brisée et à demi-consommée). Travaux et culture sur couche et sous» ehassis. — Ce n'est guère que dans ce mois, ou au plus tôt dans la dernière semaine de décembre, que, sous notre climat, le froid commence à être rigoureux : la végétation auîomnale, qui se prolonge d'ordinaire jusqu'à ce moment, se ralentit alors, et cesse enfin d'agir: il devient nécessaire de l'exciter par des moyens artificiels : ces moyens sont les couches, ies réchauds à l'aide desquels on entretient leur chaleur, et les abris dont on les couvre. Il faut couvrir soigneusement les châssis, pendant la nuit, à l'aide de paillassons qui doivent disparaître le jour, à moins qu'il ne gèle Pour peu que le temps soit doux, on devra même, vers le milieu de la journée, soulever un peu les panneaux, pour donner de l'air aux plantes et les empêcher de s'étioler; c'est d'ailleurs le moyen de débarrasser l'intérieur du châssis de l'humidité qai s'y concentre par suite de la chaleur de la couche. Les cultures chaudes recouvertes d'un châssis sont moins coûteuses à établir qu'on ne croit généralement, et ne sont pas assez appréciées dans notre pays : on peut pourtant, par ce moyen, prolonger ou accélérer la production d'une foule de légu- mes que la culture à l'air libre ne fournit pas dans cette saison, ou ne fournit qu'en petite quantité, et qui deviennent pour la cuisine une ressource inappréciable, ou pour le marché une denrée d'un débit assuré et fort avantageux. On peut en ce mois semer sur couche et sous châssis : épi- nards, cerfeuil, chicorée et laitue toujours blanches, pour couper; on peut y srmer aussi des pois nains destinés à être forcés sur place : dans ce cas le semis se fait par rayons, pour faciliter plus tard le couchage des tiges, à mesure qu'on aura besoin d'en diminuer la hauteur. On obtient aussi des produits avantageux, en cultivant sur couche l'oseille, les asperges et la chicorée sauvage. — Pour l'oseille, on prend de vieilles touffes, ou mieux du plant prove- nani d'un semis fait au printemps précédent, que l'on reporte près-a-près sur une couche chargée de douze ou quinze centime- s s ( 55 ) ire ; fie terreau, et que l'on recouvre de panneaux : la plantation entre aussitôt en végétation, et donne tout l'hiver une récolte abondante. — On cultive les asperges de la même manière, en ayant soin de consacrer à cette culture forcée les griffes des plantations qu'on a l'intention de détruire : on en obtient ainsi une dernière récolte d'une grande précocité, et par conséquent d'un grand prix et d'un débit facile et avantageux à cette époque de l'année. - Quant à la chicorée sauvage, on choisit la variété dite améliorée., et l'on a soin de maintenir les paillassons sur les panneaux le jour aussi bien que la nuit, pour soustraire les plantes à l'action de la lumière; l'étiolement en rend les feuilles plus tendres et plus blanches, en même temps qu'il en diminue l'amertume. — On peut aussi, pour ces trois dernières espèces, et surtout pour l'oseille et la chicorée, ainsi que pour les épi- nards, le cerfeuil et le persil, se dispenser d'établir une couche, et se borner à protéger les plantes à l'aide de châssis recouverts de panneaux vitrés, et protégés au besoin par des paillassons: on obtiendra ainsi, avec moins de frais et d'embarras, une récolte abondante et très fraîche, mais moins précoce. Semer .sans les mêmes conditions des laitues destinées à être bientôt repiquées sur couche; -des pois pour transplanter plus tard en pleine terre; cette transplantation devant être opérée le plus tôt possible, c'est-à-dire dès que le jeune plant aura acquis un développement de quelques centimètres; on peut semer très- épais. Ce n'est guère l'usage, dans notre arrondissement, de semer les pois à l'avance pour les transplanter : ils supportent pour- tant parfaitement cette opération, et sont alors bien plus précoces que les pois semés en place; il est bien constaté que les pois semés vers le commencement de janvier sous châssis ou sous cloche, et reportés en pleine terre par petites mottes en février, donnent leur produit avant ceux qui ont été semés en place dès le mois de novembre, et dont un nombre quelquefois très grand a plus ou moins souffert ou mêmeentièrement péri durant l'hiver. Les habiles maraîchers de Paris ont si bien reconnu l'avantage de ce procédé, qu'ils l'appliquent même aux pois de seconde primeur. On peut aussi commencer en ce mois un premier semis de melons, en choisissant de préférence les variétés hâtives; mais il faut \eiller soigneusement à donner des réchauds aux couches à l'aide de fumierneuf, et surtout à combattre l'humidité intérieure, des châssis, qui amènerait à coup sûr la mort du jeune plant. On peut obvier à ce danger, premièrement par la bonne confection des panneaux, ensuite par l'emploi de terreau bien sec et préala- blement abrité sous un hangar, sauf à arroser au besoin les graines d'abord, puis les plantes, et enfin en soulevant les pan- neaux pour donner de l'air, chaque fois que le soleil projette ses rayons sur la eouche, et que le temps est doux. ( 56 ) Conservatoire à légumes —Cet établissement, auquel peu de personnes ont eu occasion de songer en ce pays, parce que le besoin s'y en fait peu sentir, se réduirait à une sorte de hangar adossé à un mur faisant face au nord, et, pour le mieux, couvert en paille; il serait bon qu'on pût à volonté y laire circu- ler l'air et la lumière; l'appartemeut, d'ailleurs, doit être sec, mais sans être ciiaud : on y dispose en tas les légumes racines, carottes, navets, betteraves, etc . noyés dans une couche de terre sèche ou de sable bien dessalé, après avoir pris le soin de leur supprimer entièrement le collet, en exceptant les plantes destinées à servir de porte-graines; quant aux pommes de terre, on les y dépose également en tas, mais sans les enterrer, et de manière plutôt à pouvoir les remuer et les changer souvent de place, pour en retarder la germination. On y conserve en parfait état jusqu'à Pâques les gros choux cabus et les choux lie Milan, en les t nterrant la tête en bas dans de la terre très-sèche On y transporte aussi, garnies d'une petite motte, les chico- rées d'hiver, et, si l'on n'a pas d'emplacement spécial à leur consacrer, on les plante sur les tas de terre sèche où l'on a déposé les légumes-racines. Le conservatoire, qu'on appelle aussi serre à légumes, doit être tenu sec et parfaitement propre : aucun légume en décom- position, aucune feuille gâtée n'y doit séjourner. Il faut en renou- veler l'air chaque fois que le temps est sec et qu'il ne gèle pas. En cas de gelée, on en tient toutes les ouvertures soigneusement fermées, comme celles de la cave à champignons, dont les cou- ches établies à l'automne continuent à produire tout l'hiver, si l'on a soin d'y maintenir une. douce température, au moyen d'une fermeture assez exacte pour en éloigner le hàle, l'humidité et surtout la gelée. FÉVRIER. Travaux et cnlture de pleine terre. — La culture de pleine terre réclame déjà une grande activité : on doit s'em- presser de nettoyer toutes les terres des herbes et ordures qui les ont envahies; mais, en général, il est bon de ne labourer qu'au moment de faire les semis ou les plantations, si on ne l'a fait d'avance à l'automne; l'eau s'écoule mieux à travers les ter- res qui ont reposé quelque temps que dans celles qui viennent d'être remuées. Continuer à mettre en place, à demeure les plantes, bulbes et oignons destinés à servir de porte-graines. "Planter échalottes, ail. oignon, grosses civettes et civettes, oseille, choux précoces dits d'Ingreville, ainsi que les variétés un peu plus tardives qu'on a obtenues de cette espèce. Ce mois est le moment le plus avantageux pour la plantation ( 57 ) desespèces ou variétés hâtives de pommes de terre, telies que : P. de terre bleue à chair jaune, marjolin, schaw d'Amérique, connue ici sous les noms de Souave et de Brionne, jaune longue et rouge longue de Hollande, comice d'Amiens, grisette hâtive, P. de terre des Elles, etc. Les avantages delà plantation précoce des pommes de terre sont aujourd'hui universellement reconnus; elle exerce la plus heureuse influence, non seulement sur la santé, mais aussi sur l'abondance et la beauté des produits. La négligence dans un point si important serait impardonnable. Commencer vers la (in du mois, et dans les terres légères, à débutter les artichauts et à les labourer, en dégarnissant chaque touffe du plus grand nombre de ses drageons, pour n'en conser- ver que deux ou trois des plus vigoureux; réserver les plus beaux des drageons supprimés pour faire des plantations nous velles, en choisissant pour toutes ces opérations un temps aussi doux qne possible. Faire à la même époque, par un beau temps cl à bonne expo- sition, la transplantation en pleine terre des pois semés sur couche le mois précédent. Donner aux asDerges un premier labour, et préparer de la terre pour en semer; c'est aussi le moment où l'on commence à les chauffer sur place, à l'aide de fumiers neufs qu'on enterre et qu'on foule avec soin dans les sentiers qui entourent la plaie- bande consacrée à cette culture forcée (Voir pour plus de dé- tails les renseignements donnés par le non Jardinier, à l'article Asperge, et le traité spécial de M. i.oisel. Bibliothèque de la société.) Semis en pleine terre. — Renouveler les semis des mois précédents qui pourraient avoir manqué, ou bien en vue d'obtenir une succession prolongée des mêmes produits. Les plates-bandes abritées par un mur ou par une haie, et favorablement exposées, doivent toutes être utilisées dans ce mois : on y sèmera des laitues hâtives, des épinards, du cerfeuil, du persil, des raves et radis blancs et roses, et des fèves le long des murs, si l'on n'en a déjà semé en janvier et même en dé- cembre, car les fèves plantées de bonne heure sont beaucoup plus productives, et moins sujettes à être assaillies par les pu- cerons Continuer les semis de pois de toute espèce, à l'exception des haricots. Semer dans les terres légères : oignons divers, ciboules, por- reaux, salsifis et scorsonères (salsifis noir), caroites courte et demi-longue, chicorée sauvage, etc., enfin de l'oseille, pour avoir du jeune "plant à cultiver sous châssis l'hiver suivant. Travaux et culture sur conclie et sous châssis. — Le mois de février réclame de la part du cultivateur autant d'activité et de soin que le mois précédent, pour l'approvision- ( 58 ) nement des fumiers, l'aménagement et la manipulation des ter- reaux; autant de surveillance dans l'entretien des couches et ré- chauds; autant de vigilance dans le gouvernement des plantes cultivées sous châssis, pour les préserver également et du froid et de l'humidité. On doit aussi appliquer les mêmes soins au conservatoire à légumes, qui peut encore être abondamment garni de produits, sinon chez le cultivateur marchand, à qui le commerce les enlève plus rapidement, au moins chez le pro- priétaire, qui ne les emploie que pour la consommation de sa maison. Commencer la culture forcée des fraisiers sous châssis. Faire un semis de melons de deuxième saison. Semer des laitues pour les repiquer plus au large sur de nou- velles couches, aussitôt qu'elles seront assez fortes; ou bien les habituer peu à peu à l'action de l'air, pour les transplanter en pleine terre, à bonne exposition. Semer aussi sur couche et sous châssis le chou de Milan court hâtif et le chou fleur d'été, pour les repiquer également sous châssis le mois suivant; il est essentiel d'habituer de bonne heure le jeune plant à supporter le plein air, et pour cela il faut soulever les châssis aussitôt que la graine est levée : on évite ainsi l'étiolement. MARS. Travaux et culture de pleine terre. — Nos hivers sont généralement caractérisés par des pluies abondantes et presque continues, plutôt que par des froids rigoureux; c'est par celte raison que pour les mois précédents nous avons re- commandé de labourer seulement la terre au moment de la planter ou de l'ensemencer, si on n'avait pas pu le taire deux ou trois mois à l'avance. A partir de ce moment, les pluies devien- nent moins continues : il est temps désormais de labourer et de fumer tous les terrains encore incultes, qui auront, pour se res suyer et s'ameublir, toute la période de baies qui survient ordi- nairement vers cette époque. On continuera à découvrir et labourer les artichauts, en supprimant une partie des drageons; labourer également les plants d'asperges; donner un premier binage à toutes lesplanies cultivées en lignes. Biner et rechausser les choux plantés en automne, qui ne tar- deront pas à pommer; si quelques-uns ont trop allongé leur tige, on enlève avec la bêche une pellée de terre; on incline le chou dans la jauge qui en résulte, et on le recharge au moyen de la même terre de manière à le fixer solidement contre l'action du vent, qui l'eût empêché de former sa tête. Planter les griffes d'asperges, si le terrain a été préparé d'a- vance; sinon, préparer la terre, pour planter au commencement d'avril ( 59 ) / Nettoyer les plantations de fraisiers, et remplacer par de bons pieds en motte ceux que l'humidité aurait fait périr. Ne pas tarder plus longtemps à meure en terre les oignons, racines ou tubercules réservés comme porte-graines, qui n'au- raient pas été piaules le mois précédent; oignons de toute espèce, carottes, navets, betteraves, raves et radis d'hiver, topinam- bours, céleri, etc. — Quant aux oignons, les plus beaux sont plantés en vue d'en obtenir des graines; les moyens pourront prochainement servir en guise de cives; enfin les plus petits, plan lés à part, et avec un intervalle convenable, produiront gé- néralement des oignons très-gros, et beaucoup plus précoces que ceux qui proviennent de semis. Planier l'ail, l'échalotte, les ciboules vivaces, ainsi que les petites civettes, qui ne tarderont pas à pousser. Si dans ce pays on avait l'usage de la ciboule annuelle, dont la production est plus abondante, ce serait le moment de la semer. Repiquer l'oi- gnon semé au mois d'août précédent. .— Arracher le porreau, et le replanter pour l'empêcher de monter à graine. Planter quelques choux, pour succéder à ceux qui avaient été faits dans l'arrière-saison. Transplanter au besoin l'oseille, et la transporter dans une terre nouvelle, ameublie et fertilisée, ou du moins recharger la plantation, sans la changer de place, d'une légère couche de tumier à demi-consommé. Continuer sans retard la plantation des pommes de terre. On peut déjà faire une première plantation de fraisiers des quatre saisons, si le jeune plac' .semé l'automne précédent est assez développé pour cela. On n'apprécie pas suffisamment, dans noire pays, cette espèce si précieuse par l'abondance et la qua- lité savoureuse de ses produits, qu'elle donne pendant une grande partie de l'année, pour peu qu'on la cultive dans une terre fertile, et qu'on ait soin de renouveler fréquemment le plant au moyen du sçmis. Semis en pleine terre. — • Continuer à semer les légu- mes recommandés pour le mois précédent, particulièrement les diverses espèces de pois, de manière à en obtenir une produc- tion continue; c'est sur ceux qui auront été faits en mars qu'on récoltera la meilleure graine C'est aussi le moment le plus avan- tageux pour semer l'oignon, les fèves, les salsifis et scorsonères, les carottes et les panais; on peut aussi semer à bonne exposi- tion et en terre légère : laitues, raves, radis, épinards, céleri, cerfeuil et persil Commencer vers le quinze du mois, et dans les mêmes con- ditions, à semer quelques variétés de choux-fleurs d'été, qui pourront être mis en place aux mois de mai et de juin, et quel- ques choux de Milan et de Bruxelles, pour en obtenir des pro- duits de primeur, enfin le Crambé maritime ou choux marin. (Voir le Bon Jardinier.) ( 60) En un mol, si le temps est beau el la terre bien meuble, on peut, dès ce mois, se hasarder «à semer toute espèce de légumes proprement dits, saut les haricots Les semis faits à cette époque sont fréquemment contrariés p3r les hâles qui viennent dessécher et durcir la surface de la terre, surtout lorsqu'elle a été récemment humectée et battue par les pluies. On est dans l'habitude, pour obvier à cet incon- vénient, de. répandre sur la terre une légère couche de sable de mer. qui l'empêche de former une croûte. Si l'on avait à sa dis- position du fumier à peu près réduit en terreau; il serait plus profitable de l'employer : il empêcherait, aussi bien que le saisie, la terre de se durcir; en même temps il exercerait une action plus durable, plus fertilisante, et n'aurait pas. comme le sable, l'inconvénient d'être en peu de temps entraîné dans la terre par les pluies ou les arrosements; le sable, employé à la surface de la terre, la maintient propre, et éloigne les mu! :s des plantes sujettes à leurs attaques; mais il ne communique par lui-même à la terre aucune fertilité, et finit plus tard par l'appauvrir. Semis sop couche et sous châssis. Cette époque est la plus avantageuse pour ies semis de melons : si les melons semés en mars ne sont pas les plus hâtifs; ce sont du moins ceux dont la réussite est la plus certaine. Profiter également de la chaleur des couches et de la protec- tion des châssis, pour semer les choux de Milan, de Bruxelles et chou fleur demi- dur, qui donneront leurs produits dans le milieu de l'été, —céleri, tomates, basilic, et tous ies légumes dont une semence un peu anticipée hâtera le développement et par suite la maturation. AVRIL. Tritvanx et culture «Se pleiue terre. — Les fortes gelées ne sont plus à craindre; l'atmosphère, s'est attiédie; la terre fertilisée possède en abondance tous les principes fécon- dants qui vont communiquer à la végétation une merveilleuse activité; mais cette activité s'étend aux herbes nuisibles aussi bien qu'aux plantes utiles : c'est donc le moment de veiller sans retard et sans relâche au sarclage des semis exécutés antérieu- rement. Eclaircir en même temps, largement et sans crain.e, les semis qui lèvent trop épais, pour obtenir du plant vigoureux el trapu. Presque toujours on a le tort d'en conserver une quantité •beaucoup trop grande. Biner et rechausser les plantes semées en lignes, (elles que fèves, pois, etc., qui commencent à grandir, et leur donner au besoin des rames pour les souienir. ( 61 ) Terminer les plantations arriérées de pommes de terre. — Achever les plantations d'asperges préparées en mars, et donner aux autres le dernier labour. — Continuer de labourer et œille- ter les artichauts. — Transplanter l'estragon depuis longtemps en place, et le multiplier en divisant les souches. Traiter de même les diverses variétés de rhubarbe, plante trop peu cultivée dans ce pays, parfaitement rustique, ornemen- tale par le large développement de sa tige florale et de ses feuilles, dont le pétiole, soumis à une préparation des plus sim- ples, sert à confectionner des marmelades très saines et très- délicates, qui suppléent à merveille les marmelades de pommes sûres, que l'on ne peut se procurer durant l'été. Semis en pleine terre. — La température, maintenant plus propice, permet d'exécuter à peu près tous les semis en pleine terre : il faut excepter toutefois les haricots et les melons, pour lesquels il est prudent peut-être d'attendre les chaleurs du mois prochain. Remarquons néanmoins que souvent chez nous le mois d'avril est plus sec et plus favorable aux semis que le mois do mai, qui généralement nous amène des vents violents et des pluies, accompagnés d'un reiroidissement sensible de la température. C'est à chacun d'apprécier les circonstances: pour les melons surtout, peut-être pourrait-on anticiper un peu, et gagner quelque temps, en les semant sur ados ou sur butte, dans une masse de terreau convenable, saut à les couvrir pro- visoirement d'une cloche. Semer également les petits légumes, dits d'assaisonnement, pourpier, cressonnette, cresson vivace. etc ; — les tomates, en leur choisissant une exposition et un terrain favorables; mais quant à cette dernière plante qui, sous notre climat, mûrit trop tardivement el imparfaitement ses fruits, il vaut toujours mieux en hâter la vrgétation, en la semant dès le mois de mars sur couche et sour^chàssis, pour la repiquer plus tard en place, à l'abri d'un mur exposé au soleil. Répéter certains semis du mois précédent, en vue d'obtenir une production continue et successive. Ne pas mettre de retard à renouveler les semis déjà faits, du moment où ils paraîtraient ne devoir pas réussir : on attend presque toujours trop tard à prendre cette résolution, et surtout à l'exécuter. Semer le porreau dès le commencement du mois, pour l'avoir bon à repiquer le plus tôt possible. Semer sur plate-bande bien terreautée le céleri, pour succé- der à celui qui aura été élevé sur couche et sous châssis; — semer dans les mêmes conditions des choux-fleurs, choux de Milan et de Bruxelles, chou-marin ou Crambé maritime; — essayer même quelques chicorées, et on terre légère quelques navets hâtifs, surtout si l'on possède de la graine un peu vieille, qui produit du plant inoins sujet à monter. ( «2 ) Si la saison montrait de la précocité, semer les potirons et citrouilles, et pour cela creuser de petites fosses dans chacune desquelles on dépose à peu près une demi-brouettée de fumier, chargée de 0,46 cm. de terreau. On sème deux graines sur cha- que fosse. C'est aussi le moment de faire le premier semis de cornichons. Travaux et culture «sir couche et sous châssis. — La conduite et l'entretien des couches deviennent de moins en moins pénibles, à mesure que la saison avance; elles ne ré- clament plus maintenant que la surveillance générale dont toutes les cultures ont besoin, et surtout le soin de donner de l'air aux jeunes plantes qu'on y cultive. On y sème encore avec avantage les melons, les haricots nains destinés à être repiqués en pleine terre, selon la méthode que nous avons indiquée au mois de janvier pour les pois michaux, le basilic et la chicorée, dont le succès est ainsi plus assuré que si elle était semée en pleine terre Passé ce mois, les couches vont cesser d'être nécessaires, mais elles seront toujours avantageuses, pour un grand nombre de légumes d'une végétation trop lente sous notre climat. Les châssis devront être, dès le commencement du mois pro chain, consacrés exclusivement à la culture des fruits, tels que melons, fraisiers, etc.; il faut donc accoutumer peu à peu dès maintenant au contact de l'air libre les plantes qu'ils abritent encore en ce moment. MAL Travaux et culture de pleiue terre — 11 devient nécessaire d'apporter la plus grande activité clans le sarclage et le binage des semis et plantations de toute espèce. On ne peut trop se pénétrer de l'importance de ces opérations simples et peu coûteuses; il suffit, pour la reconnaître, de comparer les résul- tats des cultures où elles ont été négligées et de celles où elles ont été exécutées en temps convenable. Si les arrosements deviennent nécessaires, ce travail doit se faire dans la matinée, pour que la surface du sol et les plantes elles-mêmes aient le temps de se ressuyer avant le coucher du soleil, car les nuits sont encore froides; d'ailleurs, les arrose- ments du soir auraient, en outre, l'inconvénient d'appeler sur les plantes la voracité des limaces attirées par l'humidité et favorisées par l'obscurité. On ne saurait trop recommander pour les arrosements, à cette époque où la végétation est si active, l'emploi d'eaux amendées par un contactprolongé avec l'air, ou par un mélange de fumier ou de purin Les eaux trop crues peu- vent être très-nuisibles surtout aux jeunes plantes encore très- tendres. ( 63 ) Avoir toujours grand soin d'éclaircir les semis qui ont levé trop épais: on gagne toujours par là en qualité, bien plus qu'on ne perd en quantité. Garnir de rames et tuteurs les plantes qui ne peuvent se sou- tenir d'elles-mêmes, avant qu'elles aient été brisées par le vent, ou qu'elles ne soient enchevêtrées les unes dans les autres. Faire en sorte d'être constamment muni de jeune plant de salades et autres légumes, de manière à pouvoir toujours en repiquer au besoin,' pour remplacer les premiers à mesure que leur production s'épuisera. Si l'on a fait sur couche, les mois précédents, des semis de choux-fleurs, choux de Milan et de Bruxelles, céleri, tomates, etc.. il est temps de les planter en pleine terre, ou mieux encore, de les y préparer en leur faisant passer quelques semaines en pépinière, à exposition convenable et en terre bien disposée : le plant en deviendra plus riche en chevelu, plus trapu, plus vigou- reux. Semis en pleine terre — Recommencer sans délai ceux du mois précédent qui pourraient avoir manqué, ou les renouveler pour en obtenir une production continue. Semer dans le même but des raves et radis à intervalles rap- prochés. C'est dans notre pays le moment le plus favorable pour semer les haricots, surtout ceux dont on désire recueillir les graines. Quant à ceux qui sont destinés à être mangés en vert, on devra continuer à en faire tous les quinze jours, pour qu'ils se succè- dent sans interruption. Prendre soin de faire alterner les plan- ches de haricots à rames avec des planches consacrées à la culture de plantes à basse tige, et de ne cultiver sur chaque planche que deux lignes de haricots, espace d'environ 0,50 centim. Consulter du reste à ce sujet les observations que nous avons développées plus haut, au sujet de la culture des pois. Il est bon de semer les haricots en ligne, par groupes de deux ou trois graines, en espaçant les groupes de 9 à 12 centimètres. L'effort de ces deux ou trois graines, agissant sur un même point, fait céder facilement la surface du sol, souvent croûtée à cette époque, surtout d.ins les terres fortes; tandis que les hari- cots isolés lèvent plus difficilement, et perdent parfois un de leurs cotylédons qui se trouve rompu, ou même tous les deux, et alors la plante reste chétive et misérable. Semer encore quelques pois à écosser, et les variétés dites mange-tout, pour en avoir dans l'arrière-saison. Semer des. potirons, citrouilles, cornichons, ainsi que les der- niers melons. Semer les chicorées, romaines, pourpier, céleri, tomates, sar- riette, basilic, commencer les semis de betteraves,, radis noirs et navets, et terminer ceux de choux-fleurs. ( 64 ) Culture sur couche et sous châssis. — Surveiller attentivement les fraisiers cultivés en vue d'obtenir des produits de < rimeur; retrancher les filets et effeuiller s'il est nécessaire, mais avec ménagement, pour découvrir le fruit; entretenir sous le châssis une propreté rigoureuse et renouveler l'air au besoin. Donner aux melons tous les soins que réclame la culture spé- ciale iie ce fruit. Consulter la Culture du Melon, par Loisel (Bi- bliolh. de la Société, et ['Almanach du Bon Jardinier. JUIN. Travaux et culture de p!«2ne terre. — Continuer les travaux ordinaires; ratisser les allées et chemins qu'envahis- sent les herbes; sarcler et biner les plates-bandes et carrés, pour détruire les plantes nuisibles d'entretenir la fraîcheur du sol. Pendant les grandes chaleurs, préférer les arrosements du soir, qui profitent aux plantes pendant toute la nuit; ceux du ma- tin ne mouillent que la surface de la terre, qui est bientôt dessé- chée par l'action du soleil. Arrêter, par le pincement du sommet de la tige, le dévelop- pement du plant de fèves, pour en assurer et hâter la fructifica- tion : choisir pour pratiquer cette opération le moment où les premières fleurs sont toutes épanouies, et commencent à se flétrir. Planter à demeure ies espèces élevées jusque là en pépinière, telles que : choux, poireaux, céleri, chicorées, ainsi que le der- nier plant de tomates. Rechercher les coulants des fraisiers, si on veut que le plant ne s'épuise pas et donne de beaux fruits, ou bien les utiliser pour la multiplication. Le mois de juin est particulièrement convenable pour la mul- tiplication des fraisiers, puisqu'en s'y prenant dès à présent, on peut s'assurer une demi-récolte dès la première année de la plantation. Pour arriver à ce résultat, voici comment cultive M. Touchard, membre du Cercle pratique d'horticulture de l'ar- rondissement du Ha\re : Lorsque, les filets des fraisiers sont bien développés, c'est-à- dire vers le commencement de juin, il les marcotte, en fixant le premier œil dans un pot de dix ccntimèivs, rempli à l'avance de terreau Quelques jours après, on pince l'extrémité du filet; vers la mi-juillet, les petits pots sont ordinairement taoissés de racines : c'est le moment de les mettre en place, et alors tous les soins.se réduisent à deux ou trois arrosements. M. ïouebard renouvelle par ce moyen son plant de fraisiers tous les deux ans, et obtient ainsi des fruits d'une grosseur et d'une qualité supérieures à celles des fraises provenait de plan- tations conservées pendant trois ou quatre années. (65 ) Commencer la récolle de certaines graines, cerfeuil, mâches on boursettes, épinards, e:c, en ayant soin de les recueillir bien nourries et bien saines. Le succès d'une culture de légumes dépend beaucoup du choix intelligent des porte-graines, du soin qu'on met à isoler les espèces d'un même genre et les variétés d'une même espèce, [tourtes empêcher de dégénérer, enfin de la récolte et de la conservation des graines C'est là en partie le secret de la supériorité incontestable de quelques cultivateurs de nos terrains maraîchers. Semis cm pleine tes#re. — Continuer le --émis de sala- des et légumes de petite fourniture, pour en avoir une produc- tion continue. Semer, dans le même but, des épinards, pois, fèves, haricots. Semer les radis gris et noirs, ainsi que les espèces nouvelle- ment obtenues de la Chine, destinés à pourvoir la table durant l'hiver. On sème les navets avec plus d'avantage que durant le mois précédent. Nous ne pouvons trop recommander ici l'introduc- tion dans les jardins potagers du Rutabaga ou navet jaune de Laponie; cette précieuse espèce dont la racine atteint assez sou- vent dans les bonnes terres la grosseur de la tête, et pèse plu- sieurs kilogrammes, n'est pas moins remarquable par sa saveur et sa délicatesse que par l'abondance de ses produits. Cultivée presque exclusivement dans notre arrondissement pour la nour- riture du bétail, on la cherche inutilement sur nos marchés, où cependant elle serait vite appréciée à sa juste valeur. Nous pour- rions citer quelques tables délicates sur lesquelles le Rutabaga a remplacé toutes les autres espèces de navets; mais il pourrait rendre de plus utiles services en entrant dans la consommation comme un légume d'usage général. Il possède, d'ailleurs, l'avan- tage de prospérer dans nos terrains, où les navets de table les plus renommés ne réussissent que médiocrement. On le sème en juin et juillet : pour la culture potagère, le mieux serait de le repiquer au mois d'août, quant il a atteint la grosseur d'une plume d'oie, en plaçant lesjeunes plants à 50 centim. l'un de l'autre en tous sens, ou même davantage, si le terrain est très- fertile. On récolte les racines vers le mois de novembre, quand les feuilles commencent à jaunir, pour les conserver en cave, comme les carottes, les betteraves et les autres navets, ou bien on peut aussi les laisser en place jusqu'au printemps. Dans la dernière quinzaine du mois, semer les choux connus dans le pays sous le nom de choux grappes ou grappins, pour être plantés à demeure au mois d'août. Semer le pissenlit (Leontodon taraxacum.) dont on aura recueilli la graine de préférence sur les variétés qui présentent les feuilles les plus larges et le cœur le mieux fourni. On ne con- naît pas dans notre pays le mérite de cette plante, améliorée par la culture, appréciée depuis longtemps dans nos départements ( 66 ) de l'Est, et qui procure sans aucuns frais une salade abondante et délicate, remplaçant avantageusement dès le mois de février et jusqu'au mois de mai les salades d'hiver, au moment où celles-ci deviennent rares, et où tes salades nouvelles n'arrivent pas encore Cultures sous châssis. — Continuer aux melons les soins qu'exige leur culture spéciale. (A suivre.) ! 67 ) MEMBRES ADMIS « PENDANT L'ANNÉE 1873 : DAME PATRONNESSE. Madame Léguillon. MEMBRES TITULAIRES. MM. Andrade, ingénieur de la marine. Bauman, chef fontainier. Bonnay (de), propriét. à Sideville. Boyer, architecte. Daumer, propriétaire. Devillère, contre-maître au port. Dorey, maître pompier. Dumont, lieutenant de vaisseau. Flamary père, propriétaire. Fournerie (Ernest), écrivain de comptabilité de la marine. Forey, lieutenant de vaisseau. Gouhier, cultivateur à Tourlaville. Huherderie (de la), propriétaire. Joublin, mécanicien principal de la marine retraité. Laîné, propriétaire. MM. Lebrédonchel, propriétaire. Lecerf (Edouard), constructeur. Lecoq, maître entretenu au port militaire. Ledentu, sous-commissaire de la marine. Legranché fils, négociant. Liais (Auguste), propriétaire Liais (Ernest), avocat. Nicolleau, propriétaire. Pierre, commis négociant. Potestas, capitaine de frégate re- traité. Robert, lieutenant de vaisseau. Sérouge, propriétaire. Tirel, percepteur de Tourlaville. Vibet, propriétaire. MEMBRES CORRESPONDANTS. M. Godefroy, sous-directeur du jar- din botanique de Saigon. M. Rivière, jardinier en chef dn Luxembourg. CHERBOURG. — IMPRIMERIE A. MOUCHEL. Les réunions de la Société d'Horticulture de Cherbourg ont lieu le premier dimanche de chaque mois, au jardin, rue Montebello, 46, à une heure et demie de l'après-midi. Les Fleurs, Fruits, Légumes, Primeurs, sur lesquels MM. les amateurs, jardiniers, maraîchers (Sociétaires ou non) désirent appeler l'attention de la Société, seront déposés sur le bureau, examinés séance tenante, et une commission sera chargée d'en faire un rapport. Prix de l'abonnement annuel, rendu franco à domicile : 4fr. Prix du numéro du Bulletin, chez tous les libraires : 1 » On rendra compte dans le Bulletin de tout ouvrage dont il sera adressé deux exemplaires à la Société d'Horticulture. 1 DE LA r r SOCIETE D'HORTICULTURE DE CHERBOURG ■^iOAAiVitS'^. 6e ANNEE ANNEE 1874 CHERBOURG IMPRIMERIE AUGUSTE MOUCIIEL, PLACE DU CHATEAU 1875 h"1 JJLJ DK LA r r SOCIETE D'HORTICULTURE DE CHERBOURG 6e ANNEE ANNEE 1874 CHERBOURG IMPRIMERIE AUGUSTE MOUCIIEL, PLACE DU CHATEAU 1875 Les idées développées dans les rapports et mémoires insérés au Bulletin sont personnelles aux auteurs. MEMBRES D'HONNEUR DE LA SOCIETE. Président d'honneur : M. Dr. Puyferrat, sous-préfet de l'arrondissement. Présidents r M. Liais (Alfred), maire de Cherbourg, honoraires. ( M. Liais (Emmanuel), directeur de l'Observatoire impérial du Brésil. BUREAU POUR L'ANNEE 1875. Président : M. le docteur Renault, rue du Chantier, 108. r Orry, avoué, rue Christine, 27. Vice-Présidents, MM. j Henry, sous-commissaire de la marine en retraite, \ rue de la Polie, 62. Baud, lieutenant de vaisseau retraité, rue Saint- Sauveur, Octeville. Conseillers d'adminis- ) Le docteur Guiffart, rue Napoléon, 32. tration, MM. } Cauvin, propriétaire, rue Bonhomme. Jourdan, agent-comptable de la marine, rue Notre-Dame-du-Vœu. Trésorier : M. Orange, agent-comptable de la marine retraité, rue Bonhomme, 38. Secrétaire : M. Lelièvre, commis de marine, rue de la Polie, 18. Secrétaires-adjoints: MM. Henry (Ernest) et Levesque. • Bibliothécaire : M. Balmo.nt (Amédée). Bibliothécaire-adjoint : M Ternisien, rue Christine, 24. Directeur du jardin : M. Levastois, propriétaire, rue Napoléon, 26. Conservateur : M. Vaste;.. Professeurs d'arboriculture : MM. Michel et Lf.vesque. Vice-président du comité de rédaction du Bulletin : M. Frouin. Secrétaire de la rédaction : M. de i.a Chapelle (Henri'i rue Grande- Vallée, 14. COMMISSIONS PERMANENTES' CULTURES D'UTILITÉ CULTURES D'AGRÉMENT MM. Henry, président. Michel, vice-président. Levesque , rapporteur. Equilbecq. Letellier. Maillard. MM. Orry, président. Frouin, vice-président. il. de la Chapelle, rapporteur. Balmont. Hervieux. Simon. BULLETIN DE 1874. TABLE DES MATIERES. MM. ' Pages. Composition du bureau pour Tannée 1875. . 3 Marcan ville. Chronique horticole 9 Levesque. Compte-rendu de l'exposition horticole de Lisieux 14 ■ H. de la Chapelle. Rapport de la commission des cultures d'a- grément sur les revues et publications reçues 19 Du même. Catalogue des plantes pouvant vivre à l'air libre à Cherbourg et dans les environs. , 22 Frouin. La pomme de terre l'Early rose 36 Du même. Animaux utiles à l'horticulture 39 H. de la Chapelle. Les jardins et les jardiniers de Cherbourg. 47 Levesqle. Rapport de la commission des cultures d'uti- lité sur les revues et publications reçues. 52 Du même. Préservation des boutons des arbres à fruit (Extrait de la Revue, horticole du 1" novembre 1874) 57 Frouin. Rapport de lacommission chargée de la véri- fication des comptes du trésorier delà so- ciété pour l'année 1874 60 Annuaire de culture potagère 64 Nécrologie 73 CHRONIQUE HORTICOLE Le Jardin de la Société au Théâtre. —Plaidoyer en faveur du Jardin. — Les Squares à Cherbourg. — M. Le Tuilier. — Les Fêtes de Cherbourg au mois d'août 1874 et la Fête de nuit au Jardin. — Exposition de 1875. — Elections générales de la Société. Notre dernier Bulletin, sortant des presses, n'était pas encore distribué, que le jardin de notre société était proclamé, il paraissait sur la scène, au théâtre. Dans une revue locale où tout Cherbourg s'est empressé d'accourir pour reconnaître des types qui lui sont familiers, on voyait un prince étranger devant lequel défilaient nos diverses promenades,personnifiées. Une actrice aimée du public, vêtue en garçon jardinier, s'adresse au visiteur illustre et lui dit : « Et à moi, ne me ren- drez-vous pas visite ?» — Qui êtes vous ? » dit le prince ? « Je suis le jardin de la société d'horticulture! » Quel joli petit jardinier, aussi, que Mme Fanny Scott ! — C'est qu'il est si gentil aussi, notre petit jardin, ce petit coin de terre, que certains esprits chagrins trouvent insuffi- sant, et indigne d'une ville comme Cherbourg — ville dont les ressources sont restreintes^ et à laquelle nous devons tant de reconnaissance pour ce qu'elle a fait en notre faveur ! — Il fallait, disaient-ils, attendre ! Et vous auriez eu quelque chose de mieux — Attendre ! et combien de temps, et quoi faire en attendant ? Tel qu'il est, notre jardin est en rapport avec les ressources de la ville, et avec celles de la société. Notre société a devant elle, j'espère, un long avenir, mais les sociétaires passent, et n'est-il pas juste que ceux qui ont consacré leurs ( io ) soins à cette fondation, puissent en jouir un peu de leur vivant, et dire comme l'octogénaire de Lafontaine, qui n'avait pas, lui, le temps d'attendre : « Gela même est un fruit que je goûte aujourd'hui. » Je prends acte toutefois des reproches d'exiguité que l'on fait à notre jardin, car ils affirment une fois de plus son utilité. Ce petit jardin est lui-même la meilleure pierre d'atten- te pour un plus grand, — qui viendra dans des temps plus prospères : tandis que l'inaction expectante lasserait les plus zélés : une société qui ne fait rien arrive à se dissoudre. Notre jardin d'ailleurs, n'est point un jardin public, mais le Jardin de la Société, son siège social, son lieu de réunion et d'études. Il renferme les sujets sur lesquels nos professeurs d'arboriculture travaillent devant une groupe d'auditeurs tou- jours croissant, il sert de lieu de promenade aux sociétaires qui n'ont pas de jardin privé à leur disposition : déjà nombre d'habitants de Cherbourg se sont fait inscrire dans nos rangs : nous sommes si heureux de voir s'accroître la famille hor- ticole, et notre trésorier est si peu exigeant ! La question du jardin public reste intacte. Cherbourg, doté par un de ses enfants d'une si belle galerie de tableaux, n'a point trouvé, comme Coutances, un citoyen riche qui puisse offrir à sa ville natale un jardin public. Quelques petits squares semés çà et là dans la ville attestent le goût des habitants de Cherbourg pour la plantation, et aussi le regret de ne pou- voir faire mieux. Un joli jardin vient d'être construit à l'entrée principale du port militaire, et contribue à l'embellissement de la rue de l'Abbaye. Le petit square circulaire de la rue de l'Aima, dont les clôtures étaient souvent brisées, vient d'être supprimé par suite de plaintes fondées, mais un autre a été créé au nord de l'Église N.-D.-du-Vœu, un autre auprès ( 11 ) de St-Clément. Plus tard, sans doute, le canal de retenue, déjà abandonné par la marine., pourrait être cédé à la ville à des con- ditions modérées, et devenir un jardin public, une promenade sans égale. Peut-être même aurons-nous mieux encore, qui sait ? — Revenons à notre jardinet, et revenons-y souvent, il y fait si bon ! Au milieu du gazon, en face de l'entrée, on a éta- bli un nouveau bassin avec jet d'esu. Ce bassin communique avec le rocher au moyen d'un ruisseau factice qu'animent des cypins et autres poissons. (La pêche y est interdite en toute saison). L'ensemble de ces travaux fait honneur à notre jardi- nier dessinateur, M. Le Tuilier. — On trouvera peut-être que, dans nos chroniques, comme dans la revue des jardins de Cherbourg, on se répète souvent, mais il doit en être ainsi : M. Le Tuilier crée chaque jour de nouveaux chefs-d'œuvre qu'on ne peut, ni passer sous silence, ni attribuer à d'autres. Son talent est bien connu parmi nous, et si, dans les sociétés correspondantes, auxquelles sera remis le présent Bulletin, il est des sociétaires qui nous fassent l'hon- neur de visiter la famille horticole de Cherbourg, ils admireront d'abord les roches abruptes de nos environs si pittoresques, et ensuite ils rendront justice au talent de l'artiste qui sait en reproduire, dans nos jardins et nos serres, les plus gracieux échantillons. — Au mois d'août dernier, Cherbourg a joui d'une série de fêtes. La société artistique et industrielle avait choisi, pour offrir sa 2e exposition, le temps des Courses et des Régates. La Ville a donné, dans le bassin de commerce des jeux et des joutes nautiques. Le Casino des bains de mer avait ajouté à son pro- gramme des attraits nouveaux pour ses abonnés et les étran- gers. Les diverses sociétés musicales, récemment établies à ( 12 ) Cherbourg, la musique du patronage de St-Joseph, la Lyre et l'Union ont alterné leurs concerts, à l'exposition, avec les musi- ques du 25e de ligne et du 1er régiment d'infanterie de marine. Cette série de fêtes a été ouverte et fermée par deux retraites aux flambeaux exécutées par le.25e de ligne. Etait-ce le moment de fermer à double tour la porte de notre jardin ? Loin de là ! Aussi notre président, à la prière des organisateurs de l'expo- sition artistique et industrielle, a convoqué d'urgence son bu- reau, et à l'aide de quelques sociétaires dévoués, on a improvisé une charmante fête de nuit dans notre jardin, qui était trop petit pour contenir la foule. Organisateurs : MM. Quoniam, Equilbec, Frouin, Nicollau et Levesque; M. Le Tuilier avait disposé les illuminations et les artifices. Le concert était donné par la société chorale les Enfants de Cherbourg, la fanfare l' Union cherbourgeoise et la musique de l'infanterie de marine. Enfin plusieurs jardiniers avaient répondu à l'appel, et leurs apports avaient transformé le jardin. Une somme de 250 fr. a été distribuée en primes aux lots les plus méritants. — Tout cela n'est point une exposition horticole proprement dite. L'exposition réclamée pour 1875 aura lieu au mois d'août, du 7 au 10. Nous engageons dès maintenant les horticulteurs, non seulement les horticultueurs émèrites, mais aussi ceux qui se commencent, à préparer leurs produits, et les visiteurs du dehors à boucler leurs valises. — Le 27 décembre dernier, selon l'usage qui veut que la séance de janvier ait lieu par anticipation le dernier dimanche de décembre, la société a procédé dans des élections générales au renouvellement de son bureau et des commissions perma- nentes. Notre paisible société aime peu le changement, et tient compte des bons services des titulaires sortants. Aussi, dans la ( 13 ) composition du bureau actuel, il n'a point été apporté de grands changements. Seulement, deux sociétaires dont le zèle et le bon vouloir sont bien connus de nous tous,, sont entrés dans le conseil d'administration en consentant à prendre part aux travaux du secrétariat. MM. Lévêque, notre professeur d'ar- boriculture, et Henry fils, sont devenus secrétaires-adjoints. Quant à votre très-dévoué serviteur, on continue de lui per- mettre de vous offrir ses chroniques horticoles. C'est à vous, chers lecteurs et lectrices, de le mettre en mesure, par vos travaux horticoles, par la bonne disposition de vos serres, par les bons résultats de vos cultures, d'écrire des articles inté- ressants, et c'est à vous, et non à lui, simple Reporter, qu'en reviendra tout l'honneur. Cherbourg, le 10 janvier 1875. H. L. G. Marcanville. ( 14 ) COMPTE-RENDU DE L'EXPOSITION HORTICOLE DE LISIEUX Messieurs, Dans voire séance du 6 septembre, vous m'avez fait l'hon- neur de me choisir pour votre délégué à Fexposition horticole de Lisieux, les 18, 19 et 20 du même mois. Avant d'entrer dans les détails de cette charmante exhibition de tous les pro- duits que possèdent à cette saison de l'année, l'horticulture ornementale et maraîchère, permettez-moi de remercier, en mon nom personnel et au vôtre, M. Loutreuil, président de la société d'horticulture et de botanique du centre de la Normandie, de l'accueil sympathique qu'il a fait à votre délégué, et de l'invitation qu'il m'avait fait l'honneur de m'a- dresser pour faire partie du jury de l'exposition, et assister au banquet cordial et fraternel qui accompagne toujours ces sortes de fêtes, qui resserre les liens des différentes sociétés d'une même contrée, et où les membres d'une même société sont heureux de se donner un cordial rendez-vous. Ce serait abuser trop longtemps de vos instants, messieurs, que de vous relater en entier tous les détails de cette expo- sition, admirablement disposée dans le magnifique jardin de l'Etoile, où l'utile se mêlait si bien à l'agréable, où Flore et Pomone étaient représentées de la manière la plus brillante, et qui rappelait si bien la devise de toute société horticole : Miscuit utile dulci. La culture ornementale avait exposé des collections nom- ( 15 ) breuses de nos belles plantes de serre à feuillage ornemen- tal. Caladium, gesneria, colœus et bégonias se disputaient l'honneur de se surpasser par la beauté de leur' port et les riches couleurs de leurs feuilles. Plusieurs bordures et cor- beilles de ces beaux végétaux étaient vraiment remarquables par leur végétation luxuriante et la multiplicité de leurs teintes. Plusieurs collections de pelargonium zonale et inquinans, étaient remarquables par le nombre des variétés et la beauté des plantes exposées. L'une d'elle a obtenu la récompense d'une médaille de vermeil et d'une médaille d'or offerte parles dames protectrices de la société d'horticulture. Les fleurs d'automne, dahlias, reines marguerites, zinnia elegans et autres, dévoilaient aussi par leurs belles fleurs pleines aux coloris les plus variés, les soins intelligents de ceux qui les avaient exposées. Parmi les différents produits de l'horticulture maraîchère, deux lots de pommes de terre composés chacun de plus de soixante variétés, offraient un véritable intérêt : Je n'y ai pas remarqué cependant certaines espèces très répandues dans nos cultures de Tourlaville. Uearly rose y figurait avec honneur: ses beaux tubercules à la teinte saumonnée attiraient les re- gards même du visiteur le plus ignorant en horticulture. L'exposition des fruits de table était la partie de l'exposition qui avait pour moi le plus d'intérêt : les jardiniers et amateurs avaient largement répondu à l'appel tout particulier qui leur avait été fait par l'honorable et zélé président de la société d'horticulture de Lisieux. Parmi les dix ou douze collections de fruits exposées, deux surtout étaient vraiment remarqua- bles, l'une par le grand nombre des variétés, elle comprenait quatre-vingt-dix-sept espèces de poires et soixante-six espèces de raisin; l'autre, un peu moins riche en nombre, ( 16 ) offrait des types de poires et de pommes qui, pour la plupart avaient atteint le maximum de grosseur propre à leur espèce. Je ne saurais oublier, dans ce petit compte-rendu, que j'abrégerai le plus possible, les ouvrages d'art se rapportant à l'horticulture; les aquariums, les corbeilles et jardinières artistiques et rustiques. J'ai surtout admiré un charmant pa- villon entièrement construit en mousse de différentes couleurs. Sur la façade, étaient dessinés, en mousse blanche sur fond vert, les instruments de jardinage, l'intérieur était orné des écussons de la ville de Bernay et de la ville de Lisieux, et garni de plantes ornementales du meilleur choix. Que dirai-je des corbeilles et bouquets montés ? Je dois avouer que j'ai constaté peut-être avec un certain regret, bien légitime de ma part, que nos habiles bouquetières de Cherbourg ont été dé- passées par les magnifiques corbeilles et bouquets montés de M1Ie Julia Lebertre, de Bernay. Qu'elle reçoive mes sincères félicitations pour sa belle corbeille au pied de laquelle on lisait, en lettres de mousse : Exposition de Lisieux 1874. J'ai aussi remarqué un abri d'espalier et contre-espalier d'une pose et d'un factionnement des plus faciles. Quant aux récompenses, je n'ai pas besoin de vous dire que leur importance était en raison du mérite de l'exposition. Elles étaient divisées entre quatre séries d'exposants, plus une série spéciale pour l'exposition des fruits de table : lre série : Amateurs et jardiniers d'amateurs; 2e — Horticulteurs, jardiniers, marchands, construc- teurs, fabricants d'objets et appareils se rap- portant à l'horticulture; 3e — Sociétés,, corporations, établissements publics; 4e — Instituteurs. Ce serait abuser de votre attention, messieurs, que de vous ( 17 ) énumérer les noms des lauréats de cette belle journée; ces noms que l'horticulture locale est heureuse d'enregistrer dans ses annales vous sont étrangers, et ne vous offriraient qu'un faible inLérêt. Permettez-moi, messieurs, de vous dire encore quelques choses des fêtes splendides qui coïncidaient avec l'exposition horticole et qui, brillamment inaugurées par une retraite aux flambeaux et par l'illumination du jardin de l'Etoile si mer- veilleusement disposée par les soins de l'infatigable président de la société d'horticulture, se sont continuées pendant toute la journée de dimanche, au milieu d'une affluence considérable d'étrangers. Je n'essaierai pas de vous décrire ces rues élé- gamment décorées, toutes sans exception aucune, plantées de deux haies d'arbres, pavoisées de drapeaux, de guirlandes, de verdures et de fleurs, et splendidement illuminées. C'est par milliers, que se balançaient aux branches des arbres, aux arcs de triomphe, aux guirlandes de lierre, aux couronnes de verdure et de fleurs artificielles, les verres de couleurs et les lanternes vénitiennes et japonaises aux formes les plus bi- zarres. Un magnifique feu d'artifice a terminé la série des fêtes. Maintenant, la vieille cité Lexovienne, transformée pour un jour en un véritable palais féerique, est rentrée dans le calme, ou plutôt est retournée à son commerce et à son industrie, en promettant à ses nombreux hôtes d'un jour, enchantés et ravis, de nouvelles fêtes dans trois ans, plus belles, encore, si c'est possible, que celles dont ils ont remporté un aussi déli- cieux souvenir. Malgré l'intérêt que pouvait avoir pour moi la solennité de la distribution des récompenses fixée à 1 heure, j'ai dû me soustraire à cette fête, pour aller visiter les belles pépinières ( 18 ) de M. Oudin, situées commune de Saint-Désir,, à 4 kilomètres environ de Lisieux, J'ai été accueilli avec toute la courtoisie possible par M. Oudin, qui a mis la plus grand empressement et la plus grande complaisance à faire visiter à votre délégué ses magnifiques cultures, véritable fabrique d'arbres et d'ar- bustes de toute sorte. Nous avons d'abord visité la région des conifères : J'ai retrouvé là, à côté de nos espèces européennes, les plus beaux arbres introduits chez nous depuis le commencement du siècle, principalement du Japon et du Canada, et dont j'avais vu quelques beaux spécimens, lors de la promenade horticole que nous fîmes l'été dernier, chez MM. Levastois et Herpin de Frémont, à Brix, et chez M. Mauger, à Ruffosses. Les différents genres sont représentés chez M. Oudin par un nom- bre considérable d'échantillons de différents âges et de diffé- , rentes forces, tous parfaitement classés et plantés à la place qui leur convient le mieux; les uns vivent en plein champ, les autres sont abrités par des brise-vent artificiels, la plupart en haies de thuya, qui protègent leurs jeunes bourgeons contre les atteintes du vent et du froid. Sur les murs qui divisent les différentes parties de l'établis- sement, j'ai eu le plaisir de retrouver, en très grande quan- tité, le candélabre à quatre branches, charmante forme d'espalier qui garnit très vite et qui donne les plus beaux pro- duits. Notre vieille crassane et notre très excellent doyenné d'hiver garnissent des surfaces de mur assez considérables, à côté, bien entendu, de nos belles et bonnes espèces de poires nouvelles. Dans une autre partie de l'établissement, M. Oudin m'a fait visiter ses cultures de fruits à cidre; il a eu même la gracieu- seté de m'offrir des écussons, que j'ai acceptés avec recon- ( 19 ) naissance, de quelques espèces qu'il avait obtenues de semis, et dont il avait déjà apprécié le mérite par des produits abon- dants et de bonne qualité. Comme je paraissais surpris de retrouver là, parmi tant d'espèces que je voyais pour la pre- mière fois, notre vieux Griset, M. Oudin me dit avoir rapporté lui-même les greffes de l'arrondissement de Valognes, où cette espèce est très répandue. Notre promenade s'est terminée par la visite des arbres forestiers, tant indigènes qu'exotiques, que M. Oudin élève aussi en très grande quantité. Je suis revenu à Lisieux, en- chanté de mon excursion de quelques heures, remportant de Fhorticulteur distingué que je venais de visiter, la promesse qu'il viendrait voir notre exposition en 1875. Levesque, délégué. COMMISSION DES CULTURES D'AGRÉMENT RAPPORT sur les Publications reçues par la Société. Séance du 12 avril 1874. Par toute la France, l'horticulture se remet de la violente secousse qu'elle a reçue dans ces dernières années : les di- verses sociétés se mettent à l'œuvre avec un redoublement d'énergie, les Bulletins qu'elles publient en sont la meilleure preuve. La société d'horticulture de Cherbourg reçoit un nombre croissant de publications de sociétés correspondantes, et parmi ces articles si intéressants qu'il faut aller consulter à notre bibliothèque, je ne puis que faire un choix très restreint (20 ) tout en m'efforçant de me conformer aux désirs de la com- mission permanente qui a bien voulu me choisir comme rapporteur. Au nombre des publications les plus intéressantes sur les sujets qui nous occupent, il faut citer le journal de la société centrale d'horticulture de France. — Février 1873. Dans le procès-verbal de la séance du 12 février, il a été présenté à cette société des fruits frais de Litchi (Euphaia- Lit-chi, desf. — Euphaia punicea lamk) famille des sapin- dacées. Ces fruits ont été envoyés de Gochinchine à Paris par un militaire. Ne pourrions-nous pas, grâce à nos relations maritimes avec cette colonie, nous procurer quelques-uns de ces fruits, pour les semer en serre, ou même en pleine terre ? On cultive cet arbre dans la Louisiane et son fruit est délicieux quand il est frais. A la page 83 du même journal, un mémoire sur les dahlias nouveaux obtenus en 1873. J'appelle l'attention des amateurs de dahlias sur cet article. M. Thuret, botaniste, membre d'un grand nombre de socié- tés savantes, et entr'autres de la société des sciences naturelles de Cherbourg, s'est fixé à Antibes et s'y est créé un jardin d'acclimatation le plus beau du littoral français méditerranéen. Le journal précité consacre un article à la description de ce jardin. A la page 107 on lit le rapport d'une commission chargée d'expérimenter un nouveau système de gouttières en zinc, système Debard, en vue d'éviter la chute de l'eau dans les serres. Les conclusions du rapport sont favorables à cette invention. Plantes nouvelles décrites dans les publications étrangères: Meninia turgicla (acanthacées, Cochinchine) Crassula pro- ( 21 ) fusa (crassulacées Cap) Boronia megastigma, Australie (rutacées) Omphalodes Luciliœ, Asie-Mineure (borraginées) — Godroinia Gigas, Amérique centrale (aroïdées) Sonerila Bensoni, Indes Orientales (mélastonicées) — • JDendrobium liniflorum, Ind. Or. (orchidées) Silène Hookeri, Californie (caryophyllées) Cinchona Calisaya, var. Josephiana, Bolivie et Pérou (rubiacées) Hlbbertia Baudouinii, Nouvelle-Calé- donie (dilléniacées) — Kœmpferia rotunda, Ind Or. (zingi- béracées), etc.... (Revue Horticole, n° 7, 1er avril 1874). M. Carrière n'est pas favorable au nouveau combustible composé d'argile, de poussier de charbon et de sel de soude : il pense que ce combustible ne brûle et ne chauffe bien que si on l'additionne de houille ou de bois : il le compare à la soupe aux cailloux, très nourrissante quand on l'additionne d'un bon morceau de bœuf (1). Un article est consacré aux primevères doubles de la Chine, à pétales fimbriés, un autre article au Lagerstrœmia Indica, représenté par une belle planche coloriée. C'est un arbuste de pleine terre à belles fleurs roses. (A suivre). H. L. C. (1) Après les expériences dont j'ai été témoin, je serais moins sévère à l'égard de cette invention, susceptible du reste d'être perfectionnée. ( 22 ) CATALOGUE DES PLANTES i POUVANT VIVRE A L AIR LIBRE A Cherbourg ou dans les Environs. La société d'horticulture de Cherbourg a chargé la commis- sion permanente des cultures d'agrément de résumer dans un rapport les tentatives faites avec succès ou sans succès, à Cherbourg, sur les arbres et autres plantes appartenant à d'autres contrées. Au nom de la commission, je dois avant tout remercier les savants acclimatateurs qui, par l'envoi de notes conscien- cieuses et détaillées sur le résultat de leurs travaux, ont facilité, je devrais même dire rendue possible la tâche du rapporteur. L'une de ces notes a été remise par M. Hamond, consul d'Angleterre. Tout le monde a vu de près ou de loin cet admi- rable rocher de la petite Fauconnière, qui domine la gare et la vallée du Roule : et chacun peut se faire une idée de ce que cette position unique a pu devenir entre les mains d'un ama- teur aussi distingué, d'un véritable artiste en horticulture, secondé par un jardinier méritant, consciencieux et sachant répondre par la bonne exécution de son travail, au goût du maître. Un nom vient se placer tout naturellement près de celui de M. Hamond. C'est M. Hamond en effet, qui, en 1872, avait été choisi par les amis de l'acclimatation pour présider cette réunion de famille dans laquelle fut remise à M. Herpin de Frémont une médaille d'or commémorative de ses travaux. Il est inutile d'insister sur le mérite de M. Herpin de Frémont, ( 23 ) qui, lui aussi, a répondu à l'appel de la société par l'envoi d'une note détaillée. Les plantations de M. Herpin sont situées à 11 kilomètres d« Cherbourg, dans un terrain siliceux tout semblable à la petite Fauconnière et aux rochers qui entou- rent la ville de Cherbourg. Ce qui a contribué au succès de ces plantations, c'est le talent avec lequel M. Herpin a créé, au moyen de ceintures d'arbres plus robustes,, des abris aux espèces plus délicates. M Cavron qui ne cesse de faire des études raisonnées sur les soins à donner aux arbres exotiques, nous a, lui aussi, remis une note faite avec le soin qu'il apporte dans tous ses travaux. Plusieurs autres sociétaires et amateurs se sont aussi oc- cupés d'arboriculture et d'acclimatation; leurs plantations ont été visitées, et ces visites ont été rapportées dans nos Bulletins. Ces études sont d'autant plus intéressantes que, comme tout le monde le sait, le climat de Cherbourg est beaucoup plus tempéré que ne le comporte sa latitude : que la neige y est pour ainsi dire une exception, que le thermomètre y descend rarement plus bas que 3 degrés au-dessus de zéro, et que les gelées y sont courtes et passagères. On a attribué cette dou- ceur de température à l'influence d'un courant d'eau chaude, le gulf-stream qui, passant du golfe du Mexique, conserve encore sur nos côtes une température relativement élevée. Dans tous nos Bulletins nous retrouvons des notes sur le cli- mat de Cherbourg : la plus importante date de 1848 : elle est l'œuvre d'un savant, alors secrétaire-adjoint de la société, plus tard notre président. M. Liais fait remarquer que les vents de la mer chargent l'atmosphère de vapeurs, que celles- ci se condensent au contact des terres plus froides que l'Océan; ( 24 ) il en résulte le dégagement d'une grande quantité de chaleur qui répare en partie les pertes du sol, et des nuages qui dimi- nuent le rayonnement (1). M. Duprey, président de la société à cette époque, a publié aussi plusieurs mémoires sur les végétaux exotiques que l'on pouvait acclimater à Cherbourg; l'acclimatation a été la préoc- cupation de toute sa vie, et maintenant il repose sous un pal- mier qu'il avait désigné à cet effet. Un grand nombre de sociétaires ont aussi donné des notes précieuses que l'on peut retrouver dans nos Bulletins, et qui n'étonneront pas ceux qui savent qu'à Cherbourg les myrtes fleurissent à l'air libre, et que des oliviers même ont porté des fruits. Nous offrons donc à nos lecteurs la liste, telle que l'a ré- digée M. Herpin, des arbres qu'il a acclimatés dans son do- maine de Frémont, commune de Brix. Les observations non signées, sont de lui; on y a ajouté, en regard de leurs con- génères, l'indication de quelques végétanx cultivés par M. Cavron. LISTE des Arbres et Arbustes exotiques plantés à Fromond de 1833 à 1869. CONIFERES. Abies (Esuga). — Brunoniana, 3 mètres 50 de hauteur, planté en 1862 (2), a donné plusieurs fois des cônes; Cana- densis, 9, 1855; Donglasii, 8.50, 1859; Mertensis, 3, 1869; Hookerii, 0.35, 1872; Sieboldii, 0.35, 1872. (1) (Bulletin de 1848, page 7). (2) Le premier chiffre indique la hauteur; le second, l'année de la plantation. ( 25 ) Picea. — Alcockiana, 0.60, 1869; Engelmanii, 0.30, 1872; Maximowiczii, 0.30, 1872; Menziezii, 10, 1855, fructifie quel- quefois; Morinda, 10, 1855; Nigra, 1.60, 1867, a donné des cônes en 1871; Orientalis, 6, 1855; Polita, 1.30, 1867; Japo- nica, 3.20, 1869, espèce remarquable par la rapidité de sa croissance; Sitchensis, 0.40, 1872, cette espèce ressemble beaucoup à la précédente; Picta, 3, 1868; Alba, 10, 1833, fructifie beaucoup. Abies. — Balsamea, 15, 1833, donne des cônes en très grand nombre; Grandis, 2.50, 1855; Grandis de Vancouver, 5, 1867; Cephalonica, 0.80, 1871; Numidica, 1.10, 1871; Pindrow, 2.30, 1869; Pinsapo, 12, 1852; Firma, 2.10, 1866, a souffert de la gelée du 25 mars 1872, sa végétation trop avancée; Spectabilis, 14, 1849, donne depuis longtemps des cônes et quelques graines fertiles; Nobilis, 1.20, 1865; Nord- maniana, 3, 1866; Bracteata, 0.40, 1872; Cilicica, 2, 1862; Religiosa, 12, 1855, a eu le haut de sa tige gelée, hiver de 1870 à 1871. Pinus (à 2 feudles). — Alepensis, vient mal ici, s'élève très lentement; 3, 1839; Densiflora, 1, 1869; Massoniana, 3, 1865, a fructifié en 1871 et donné des graines fertiles- Pyrenseica, 0.66, 1872; Nigra, 13, 1845; se charge souvent de beaucoup de cônes. Pinus (à 3 feuilles). — Australis, 10, 1835; Benthamiana, 2, 1867; Insignis, 20, 1849, fructifie beaucoup; Coulteri, 3, 1870; Jeffrayana, 1.50, 1869; Ponderosa, 3.90, 1862; Tœda, 8, 1843, donne quelquefois des cônes. Pinus (à 5 feuilles).— Cembro, 8, 1860; Excelsa, 7.50, 1860, a donné un cône eu 1870 et donne souvent des fleurs mâles; Lambertiana, 0.50, 1869; Monticola, 1.90, 1869, a produit un cône en 1872; Pencé, 1.30, 1869, a fleuri sans rien produire en 3 (26) 1872. Montezumœ, 5, 1860; Ouinchestriana, 3, 1862, poussait vigoureusement,gelédansl'hiverdel870àl871; Patula (3 feuil- les), 11,1845, poussant très vite, n'a souffert que du froid de 1870 à 1871 qui l'a tué; Fihfolia, 3, 1862, tué aussi de 1870 à 1871. Larix americana, 13, 1833, donne des cônes tous les ans; Kaempferii, 0.60, 1872. Gedrus libani, 13, 1837; Occidentalis, 5.50, 1858; Deodora, 7.50, 1867, un autre individu abattu en 1867 avait donné des fleurs mâles; Glauca, 3,50, 1868; Robusta, 1, 1856; Variegata, 3, 1869. Araucaria imbricala, 10, 1849, circonférence du tronc, mesuré le 5 juillet 1874, lm10; Brasiliensis, 3, 1852, végétait assez bien, a été gelé dans l'hiver de 1870 à 1871. Sciadopitis verticillata, 1.10, 1867. Sequoya sempervirens, 20.10, 1849, a eu à plusieurs repri- ses le bout de sa flèche desséché l'hiver; Gigantea, 1, 1864. Arthrotaxis. — Selaginoïdes, 0.70^ 1869. CUNNINGHAMIA SINENSIS, 9, 1852. Cupressus fastigiata, 10, 1833 fructifie souvent; Lamber- tiana, 8, 1860, a donné quelques cônes; Torulosa, 4.50, 1862; Elegans, 7, 1862, fructifie beaucoup; Lusitanica, 12, 1849, fructifie abondamment; Funebris, 4.90, 1862, donne aussi des fruits; Kachemiriensis, 3 60, 1864; Knightiana, 6, 1862, a eu mais rarement, sa flèche desséchée, fructification abondante; Glauca, 4, 1865, donne aussi des strobiles. Chaivlecyparis. — Sphœroidea, 1, 1872; Nutkaensis, 2.50, 1862; Lawsoniana, 6.50, 1862; Obtusa, 4,70, 1867; Pisifera, 4.50, 1867; Squarrosa, 0.80, 1869; Dubia, 0.50, 1869; Junipe- roïdes, 0.50, 1869. Cryptomeria. — Japonica, 17, 1852, donne des graines en abondance; Lobbii, 6.50, 1867, donne des graines en abon- (27 ) dance; Elegans, 5.30, 1862; Nana, 0.60, 1862; Araucarioïdes, 0.70, 1872. Thuya. — Orientalis, 8.50, 1833, fructifie; Occidentalis, 2, 1348; Falcata, 1.30, 1868, fleurit aussi; Gtgantea, 5, 1866. Thuiopsis dolabrata, 0.85, 1867, a fleuri en serre, mais pas encore en pleine terre; Variegata, 0.95, 1869. Fitzroya patagonica, 4.50, s'est chargé de strobiles en 1871, craint le vent (Cavr.) Libocedrus chilensis, 2.80, 1862; Decurrens, 4.50, 1862. Juniperus. — Virginiana, 10, 1833, a quelquefois produit des fruits, Excelsa, 2.90 1862, cette espèce en a donné aussi; Drupacea, 2.90, 1867, a fleuri mais sans fructifier; Rigida, 2.10, 1869; Macrocarpa, 4, 1839; Dealbata, 0.50, 1872; Chi- nensis, 0.50, 1872; Squammata, 1.20, 1862; Recurva, 2, 1862, a fructifié en 1871. Taxus. — Baccata,6,1843, fructifie souvent; Hibernica, 1.20, 1871. Torreya. — Nucifera, 1,20, 1869; Myristica, 0.20, 1873. Cephalotaxus. — Pedunculata, 2, 1866, a fleuri sans fruc- tifier; Fortunei, 2 10, 1869., fleurit chaque année et a fructifié en 1872. Gingko. — Biloba, 4.50, 1845, un pied gigantesque existe au manoir, à Equeurdreville (H. L. G.) Phyllocladus. — Trichomanoïdes, 4.50, 1852, M. Gavron cite l'espèce Asplenifolia, Nouvelle-Zélande. Podocarpus. — Chilina, 1, 1862. Taxodium. — Distichum, 18, 1833, fleurit et produit de pe- tits cônes. Glyptrostrobus. — PenduhiSj 4.50, 1833. ( 28 ) NON-CONIFÈRES Cratœgus (Epines). — Pyracantha, 2.50, 1833, toutes ces épines fleurissent; Crus galli, 3, 1833; Macrocarpa, 6; Pyri- folia, morte; Coccinea, 4, 1852; Alba plena, 6, 1833; Rosea, 6, 1833; Azarolus, 3, 1833; Corallina, 5, 1833; Latifolia ou Gran- diflora, 8, 1833. Sorbus. — Domestica, 11, a fleuri cette annéo; Hybrida, 17, fleurit beaucoup et fructifie; Americana, 10, fleurit beaucoup et fructifie. Cratœgus (Alisiers). — Terminalis, 11, 1833, fructifie; Latifolia, 12, 1833, fructifie; Longifolia, 7, 1833, fructifie; Nepalensis, 8.50, 1833, fructifie; Glabra, 6, 1833, a fleuri quelquefois; Racemosa, 7, 1833. Transwesia. — • Glaucescens, 4.30, 1862, fleurit et fructifie, rustique. Althœa. — Flore albo, 4, 1847; Flore rubro, 1.20, 1847. Auralia. — Sieboldii, 1, 1869. Arbutus. — Unedo, 4.30, 1847, fleurit beaucoup, fructifie peu. Hippophaé. — Rhamnoides, 6, 1833, fleurit quelquefois. Aristolochia. — Sipbo, 1847, perd souvent le bois de l'année, en repousse d'autre. Aucuba. — Japonica, 1870, fructifie à Cherbourg depuis l'introduction des individus mâles dont le feuillage est diffé- rent (Cav.) Alnus. — Cordifolia, 3.30, 1869; Azalée; Pontica (diverses couleurs), 3, 1847; Indica (plusieurs espèces), fleurissant bien en plein air sans souffrir du froid. A. crassifolia, integri- folia, Var. du A. Schefferi, a passé 1870-71 (Cav.) Rhododendron. — Ponticum, 5, 1833; Maximum, 4; Ar— boreum (plusieurs variétés), 5, Rh. Gibsoni, fulgens, Edgewar- ( 29 ) thii, Falconeri, argenteum, aucklandiœ, ciliat-uxn, etc. (Cav.); Nepaulensis, diverses espèces, un seul a fleuri. Benthamia. — Fragifera, 4.80, 1862, produit beaucoup de fleurs et de fruits. Berberis. — Vulgaris, 5, 1833; Fructu violaceo, 6, 1833; Darwinii, 3, 1860, ces trois plantes produisent beaucoup de fleurs et de fruits. Betula. — Populifolia, 4.50, 1862, tous ces bouleaux n'ont jamais souffert du froid; Papyracea, 12, 1833; Nigra, 5, 1869; Lutea, 3, 1862; Leuta, 5, 1862. Eriobotiirya. — Japonica, 1847, a résisté dehors quelques années, puis est mort. Broussonetia. — Papyrifera, 5, 1847, fleurit souvent, mais ses fruits mûrissent mal. Buxus. — Balearica, 5, 1847. Galycantus. — Floridus, 1.30, 1847, la tige a été plusieurs fois détruite, la souche repousse. Camellia. — Japonica,, 3.50, 1833, une fois seulement a donné de petites fleurs rouges; Althrcflora, 3.30, 1852, fleurit bien chaque année. M. Hamond a fait un bosquet de camellias qui ont tous réussi. H. L. G. Cerasus. — Padus, 5, 1833; Virginiana, 8, 1833; Lusita- nica, 9; 1833; Lauro-Cerasus, 7.50, 1833; Flore-Pleno, 9, 1833, ces cinq plantes fleurissent souvent. Cercis. — Siliquastrum, 8, 1833, fleurit tous les ans. Chamœrops — Excelsa, 4, 1866, fleurit presque toujours, femelle, fructifie mal; Humilis, 0.15, 1848, pousse peu, résiste au froid, mal enraciné, tué de 1870 à 1871. Ch. palmetto (Géor- gie), excelsa (Chine), humilis (Algérie), tomentosa, marginea, erecta. Clematis. — Integrifolia, introduites à diverses époques (30) ont atteint des hauteurs diverses et fleurissent bien; Cœrulea; Calicina; Grandiflora. Clianthus. — Puniceus, 1.20, 1845, a résisté deux hivers, est mort ensuite. Cocos autralis, petit, 1869, résiste en pleine terre dehors, mais pousse très peu. Cornus. — Sanguina, 1.50, 1833; Mas, 5, 1833, fleurit mais ne fructifie pas. Coronilla emerus, 2, 1833, très florissante. Corylus purpurea, 2, 1833. Cotoneaster. — Vulgaris, 1, 1851, fleurit et fructifie beau- coup. Cydonia. — Japonica, 1.30, 1833, fleurit et fructifie. Cytisus laburnum, 6; Alpinus, 7; Adamii, 6, tous ces cy- tises donnent des fleurs. Daphné. — Mesereum, est mort quoique rustique; Ponti- cnm, 0,60., 1847, fleurit. Deutzia crenata, 3, 1852, fleurit beaucoup. Diospyros. — Lotus, 9, 1833, plusieurs fois a donné beau- coup de fleurs et de fruits; Virginiana, 6, 1833, n'a pas encore fleuri. Ecremocarpus. — Scaber, 1860, a résisté quelques années, mort ensuite. Eleagnus reflexa, 2, 1862. Erica arborea, 1.50 1847, fleurit beaucoup. Escalonia. — Macrantha, 1.50; Montevidensis, 1.30. Eucalyptus. — Globulus, 8, 1867, poussant vigoureuse- ment, tué par l'hiver de 1870-1871. Eugenia. — Ugni, 0.30, 1870; Lumœ, 1.50, 1870, Eug. apiculata, speciosœ (Cav.) Evonymus. — Europeus, 6, 1833; Latifolius, 4, 1883; Japo- nicus, 2, 1862, Ev. Fimbriata (Cav.) ( 31 ) Fabiana. — Imbricata, 3., floraison abondante tous les ans. Fagus purpurea, 10, 1833, donne souvent des graines fer- tiles reproduisant la variété. Forsythia viridissima, 2, 1867, fleurit beaucoup. Faxinus ormus, 9, 1833, fleurit tous les ans; Aurea, 10,1833. Fuchsia, 1.30, deux espèces cultivées en plein air sont souvent gelées. Gleditchia triacanthos, 1867. Glycine sinensis, 1842, fleurit bien, Hedera hybernica., 1866, vient bien; dentata,1866, vientbien. Hippophaé rhamnoïdes, 5, 1833, fleurit souvent. Hydrangea arborescens, 5.50, 1834, donne chaque année beaucoup de fleurs bleues ou roses. Hypericum hircinura, 2, 1833, fleurit beaucoup, affectionne le bord des ruisseaux. Juglans nigra, 12, 1837, a fructifié une fois; Macrocarpa, 8, 1837, venu sous ce nom chez M. Soulange-Bodin. Kalmia latifolia, 2, 18-15, fleurit abondamment, donne des graines; Angustifolia, 1, 1352. Lagerstr^mia indica, 2, 1837, vit en plein air, souvent fatigué par le froid. Laurus nobilis, 6, 1833, l'hiver ne le fatigue pas. Laycesteria formosa, 1.50, 1850, fleurit et fructifie. Ligustrum japonicum, 2.50, 1862, a souvent donné des fleurs. L. Lucidum, coriaceum. (Cav.) Liquidambar styraciflua, 3.50, 1833. Liriodendron tulipifera, 13, 1833, fleurit beaucoup chaque année; Flava, 13, 1840, n'a pas encore fleuri. Lonicera sempervirens, 1, 1833; Standishi, 1833, fleuris- sent bien Magnolia grandiflora, 7, 1833; Glauca, 8, 1633, fleurissent ( 32 ) tous les ans; Auriculata, 1833, mort par accident après avoir fleuri; Macrophylla, 4, 1847, a fleuri, aujourd'hui mal venant? yulan, 1.50, 1847; Purpurea, 2.50, 1843; Lenneiana, 2,20, 1809; Cimbrella, 8, 1833; Gracilis, 3, 1833; Thomsoniana, 7, 1833; Soulangiana, 7, 1833, ces sept dernières plantes fleu- rissent bien> Mahonia fascicularis, 1.50, 1862, fleurit tous les ans. M. Bealii, trifurcata, japonica, très rustiques. Menziezia poliifolia, 1833, fleurit beaucoup. Myrtus communis, 1.30, 1833, a rarement souffert du froid. Olea europea, 2, 1837,, vit toujours, mais végète mal. — Vigoureux chez M. Valette. H. L. G. P/EOnia mouton, 1.20, 1837, sont en grand nombre et fleu- rissent bien; papaveracea, 0.60,, 1837, fleurit chaque année. Paulownia imperialis, 8, 1847,, fleurit presque tous les ans, donne des graines. Pavia lutea, 2 50, 1863; Macrostachia, 1.20, 1849, fleuris- sent bien. Philadelphus. — Coronarius, 2, 1833, se charge de fleurs chaque année. Phillyrea latifolia, 3.50, 1837, a fleuri quelquefois. Planera crenata, 6, 1845. Populus caudicans, 12, 1847. Quercus macrocarpa, 5, 1847, ses jeunes pousses sont sou- vent gelées; Tinctoria, 4, 1863; Coccinea, 3, 1863; Rubra, 4, 1667; ^Egylops, 5.50, 1867; Coccifera, 0.90, 1862, en fleurs; Ilex, 1.30, 1862; Suber, 5.50, 1847; Fordii, 3.50, 1862, en fleurs. Ribes aureum, 2, 1833, fleurit bien; Sanguineum, 1833, est mort depuis quelques années. Ruscus hypophyllum, 1837, a toujours résisté au froid quoi- que rapporté d'Afrique. ( 33 ) Salix laurifolia, 11, 1837; Sambucus laciniata, 5, 1833; Sophora japonica^ 12, 1833, n'a pas encore fleuri. Spicœa aruncus, 1848, fleurit tous les ans. Staphylea primata^ 7,1833, fleurit et fructifie chaque année. Sterculia platanifolia, 1837, a vécu peu d'années, est mort ensuite. Symphoricarpos. — Racemosus, 3.59, 1833, fructifie beau- coup. Viburnum tinus, 3, 1837; Rugosus, 1.60, 1848; opulus, 6, 1833, toutes ces viornes fleurissent. Weigelia rosea, 1.60, 1847, beaucoup de fleurs. Yucca gloriosa; glauca, rustiques Bambusa. — Aurea; Nigra, ces bambous introduits à di- verses époques réussissent bien; Edulis; Viridiglaucescens; Gracilis, est peu rustique; Simonii; Metake; Arundinaria fal- cata; Arundo donax. Dans les listes de MM. Hamond et Cavron, nous retrouvons un certain nombre des végétaux précités : M Herpin ne s'est attaché qu'aux arbres et arbustes qui font, plus que les plan- tes herhacées, l'objet de ses études. On trouve citées dans ces listes : Acacia dealbata, mucronata, mollis, d'Australie (certains acacia dealbata ont péri, d'autres ont résisté. Agave Salmiana, Americana, Mexicana, filifera, mediopicta (demandent un abri en hiver). Tous les alstromeria du Chili. L'Amaryllis sarniensis, acclimatée à Guernesey, fleurit à Cherbourg : il en est de même de l'Amaryllis formosissima, de Ste-Hélène. ( 34 ) Anopterus glandulosa, de Van Diemen. Andromeda floribunda, de Géorgie, A. pulverulenta, de la Caroline. Bambusa aurea, edulis, nigra, metake, Simonii, gracilis, viridi glaucescens. Beaucoup d'amateurs cultivent avec succès les bambous. On remarque des touffes énormes chez M. Herpin, qui a fait une part large au jardin de la société. Beaucarnea tuberculata (demande un abri). Bignonia jasminoïdes (d'Australie). Budleya globosa (Chili), Lindleyana (Chine). Castanea cryophylla, Calcicarpa purpura, Cassia stipulacea, Canna indica, Nepalensis, Ceanothus divaricatus. Ceratoma siliqua — Citrus trifoliata (Japon). Cistus ladaniferus, laurifolius — Clegera Japonica. Colletia ferox — Convolvulus mauritanicus — Correa ma- gnifica (Australie), Coronilla glauca, emerus. — Cyclamen africanum, akinsii. Deeringia amsterniana. — Desfontainesia spinosa (Japon), Desmodium pendulifolium. — Diosma fragrans (Australie), Dipsacus aurantiacus (Californie^. — Dracœna cordyline in- divisa, Banksii. — Embothrium lœvigatum. Fremontia Californica. — Farfugium grande, tegulare, kœmpferi. Fougères. — Aspidium falcatum., tectaria coriacea, et autres du Japon. — L'Adiantum capillus, de la France méri- dionale, peut résister à l'air libre : sa belle variété Ad. Moritz- tanum, de Venezuela, parait même plus rustique encore. — Lomaria Chilensis, etc. Gaultheria procumbens, de l'Amérique du Nord. Cette éricacée, dans le feuillage verni renferme une essence bien connue des chimistes, et dont les fleurs rosées font place à de ( 35 ) petites baies écarlates, est employée par les anglais comme bordure de massifs de terre de bruyère; elle aime l'ombre. Je ne la connais guère cultivée à Cherbourg que par M. Hamond et par moi-même. Garrya elliptica — Genista prostrata. — Gazania splendens, Hedychium gardnerianium (Inde-Or). Indigofera dosua, décora. — Ilex tarajo, Japonica. Les Ixia, et aussi les Sparaxis, sont cultivés et fleurissent en pleine terre. Laperousia cruenta. — Ledum palustre. — Lilium lanceo- letum, auratum, speciosum. — Lithospermum fruticosum. — Lippia citriodora. — Lycium barbarum. Mandevillea suaveolens, charmant arbrisseau grimpant. — Mitraria coccinea. Nerium oleander. Le laurier rose fleurit à une exposition chaude, et avec un peu d'abri, résiste l'hiver. Ozothamnus nucoïdes. — Osmanthus ilicifolius. Planera crenata — Passiflore cœrulea — Pittosporum To- bira (Chine) — Philadelphus coronatus — Phlomis frutes- cens — Pernetsia mucronata candida (Chili). Rubus australis. — Rhodea japonica, foliis variegatis. Rhaphiolepis ovata (Japon) — Rhynchospermum jasmi- noïdes (Chine). Sophora Japonica procumbens — Stanwœsia glaucescens (Nepaul) — Solanum capricastrunr, pseudocapricum (Ma- dère) Jasminoïdes. Tetranthera Japonica — Thia Bohea viridis (Chine), Tri- toma Raperi et rivana (Cap) — Teucrium fruticans. Veronica salicifolia alba, tenuifolia, Lyndleiana (Nlln Zèl.) |et diverses variétés de semence. Yucca jjgWiosa, aloifolia v. rubra, filamentosa, fil. var. caniculata, albospica, quadricolor, glauca. ( 36 ) En terminant ce travail, je prie ceux des horticulteurs qui auraient trouvé quelque erreur, ou qui auraient obtenu de nouveaux résultats, de bien vouloir en donner avis au comité de rédaction, afin que les additions ou rectifications puissent être insérés dans le prochain Bulletin. H. de la Chapelle. LA POMME DE TERRE L'EARLY ROSE Dans une de nos dernières séances mensuelles, un de nos collègues, M. Levesque, vous a parlé d'une nouvelle pomme de terre, l'Early rose. J'avais déjà fait venir de Paris un échan- tillon de ce tubercule, et je me réservais de vous faire connaî- tre le résultat obtenu, dès que j'aurais fait la première récolte de cette nouvelle espèce qui a l'avantage de donner deux pro- duits dans Tannée. Je n'ai pas aussi bien réussi que je l'espérais, mais cela provient de ce que le temps m'a manqué pour préparer la terre dans des conditions convenables. Je ne doute pas que l'année prochaine, en suivant les principes que je vais vous indiquer, les résultats ne soient très-satisfaisants. De même que toutes les plantes améliorées, la pomme de terre Early rose exige une culture intelligente pour donner tous les produits dont elle est susceptible. Douée d'une crois- sance extraordinaire, elle n'a pas le temps de décomposer les ( 37 ) fumiers frais, ce qui revient à dire que l'agriculteur qui se servirait de ces engrais au moment de la plantation de l'Early rose, commettrait ainsi une grande faute, en compromettant l'avenir de ses produits. La préparation du terrain destiné à la culture de cette nou- velle espèce, consiste à répandre sur le sohen septembre, une forte couche de fumier à demi décomposé, que l'on recouvre ensuite à l'aide d'un bon labour. On laisse la terre ainsi pen- dant tout le cours de la mauvaise saison, et vers la mi-février, ou au commencement du mois de mars, alors que la terre est bien ressuyée, on donne un hersage croisé pour briser les mottes et ameublir encore plus le sol, puis on exécute la plan- tation de la manière suivante : On procède d'abord à la division des tubercules comme pour les autres espèces, en ayant soin de laisser à chaque tronçon deux ou trois bons yeux. On ouvre ensuite à la charrue un premier sillon, dans lequel la personne chargée de la planta- tion, dépose la semence, en observant toutefois de ne pas pla- cer le tubercule au fond du sillon, mais de l'enfoncer avec la main, vers le milieu de l'épaisseur de la bande. Il est urgent de déposer en ce moment une poignée de cen- dre sèche ou lessivée sur chaque tubercule, ou gros comme une noix d'un mélange d'une partie de guano et trois parties de plâtre en poudre. On recouvre le toute l'aide d'un second trait de charrue, et l'on continue l'opération en laissant entre chaque rang 0m 80 centimètres de distance. Lorsque les pommes de terre commencent à percer le sol et à montrer leur tiges, on donne un vigoureux hersage, puis deux ou trois jours après, on met dessus et autour de la jeune tige, gros comme une noix du mélange dont j'ai parlé plus haut, soit plâtre et guano. On herse encore une fois, puis on ( 38 ) travaille entre les lignes, soit avec la houe à cheval ou à la main, et l'on a soin pendant le cours de la végétation, do tenir toujours la terre parfaitement meuble. En suivant ces indications, la première récolte des pommes de terre Early rose aura lieu vers la fin du mois de mai ou le commencement de juin. On la fera, du reste, dès que l'on verra les feuilles se flétrir et jaunir. Pour obtenir une bonne seconde récolte, il faut, aussitôt les pommes de terre récoltées, les étendre dehors, à l'ombre, sous un arbre, et les y laisser verdir un mois environ. On donne, en attendant, un nouveau labour à la terre, qu'on ameublit, tou- jours le plus possible, et si l'on a à sa disposition des engrais parfaitement assimilables, on en répand de nouveau sur le sol que l'on recouvre tout de suite à la charrue. On divise alors les tubercules comme pour la première plan- tation, on plante comme je l'ai dit plus haut, on herse dès l'apparition des tiges, et l'on applique, en un mot, à cette seconde plantation, les mômes soins d'entretien qu'à la pre- mière. Cette nouvelle plantation s'exécute du 1er au 15 juillet au plus tard, et la 2e récolte a lieu dans les premiers jours d'octobre, aussi bonne et aussi fertile que la précédente. On ne doit planter l'Early rose et en général toutes les pom- mes de terre hâtives, qu'après avoir provoqué la sortie des germes. On obtient ce résultat, en exposant les tubercules à l'air et à la lumière, à une température douce, jusqu'à ce que les yeux ou bourgeons se soient franchement caractérisés au dehors : on plante alors en ayant le plus grand soin de ne pas briser les germes. Sans cette précaution, il arrive souvent que les tubercules restent en terre sans pousser ou ne donnent que des produits insignifiants. J'ai fait cuire l'Early rose soit sous les cendres, soit à l'étouf- (39) fée, soit encore en friture, ce tubercule a été reconnu excellent, et même supérieur en qualités aux différentes espèces de pom- mes de terre du pays. Quant à la récolte^ je le répète, si elle a été tardive et peu abondante, cela provient de ce que mon terrain n'avait pu être préparé en temps opportun. J'avais terminé cette notice, lorsque j'ai été informé que M. Fontaine, notre collègue, avait également planté cette année l'Early rose; le résultat a, m'a-t-il dit lui-même, dépassé ses espérances, car pour un kilogramme de semence il a obtenu quarante kilogrammes de produit. M. Fon laine ignorait mal- heureusement qu'il pouvait faire une seconde plantation : c'est une expérience qu'il eût certainement tentée, mais qu'il ne manquera.paa d'essayer l'année prochaine, et je suis convaincu qu'il aura beaucoup d'imitateurs. A. Frouin. ANIMAUX UTILES A L'HORTICULTURE (Suite.) Vous avez accueilli avec bienveillance le résultat de mes observations sur la coccinelle et sur le crapaud; j'espère que l'expérience vous prouvera sans conteste l'utilité de ces indi- vidus dans nos jardins potagers et dans nos parterres. Je vous ai promis, dans ma dernière note, de vous parler du hérisson : je vais donc aujourd'hui vous entretenir de cet intéressant animal, contre lequel s'élèvent certains préjugés ( 40 ) qu'il importe de détruire, préjugés qui, dans nos campagnes surtout, sont passés à l'état de légendes. Le hérisson, Erinaceus Europœus, classe des mammifères, est carnassier et inseclivore. C'est un grand destructeur de limaçons, limaces, loches, scarabées et autres insectes. Si l'on examine sa conformation extérieure, on reconnaît dans le hérisson un museau pointu et terminé par un carti- lage noir et arrondi, un petit appendice charnu et dentelé comme une crête de coq sur le côté externe des ouvertures des narines; les oreilies sont courtes, arrondies, larges et dénuées de poils; il aies yeux noirs, petits, à fleur de tète; les jambes tellement courtes que l'on n'aperçoit que les pieds di- visés en cinq doigts, les ongles sont allongés et peu solides; la queue est très courte, le dessus de la tète et du corps sont couverts de piquants durs et pointus, d'un beau brun; enfin le hérisson a dix mamelons, quatre sur le ventre et six sur la poitrine. La taille du hérisson est de 5 à 6 pouces, de longueur de tète en queue, de 9 à 10 pouces. Je ne vous parlerai pas de la conformation extérieure, je craindrais de fatiguer votre attention; nous n'avons d'ailleurs à rechercher que les moyens de le reconnaître, et surtout de constater son utilité dans nos jardins. Divers auteurs distinguent assez généralement deux races de hérissons qui différeraient entre elles, principalement par la forme du museau; l'une aurait le groin d'un cochon, l'autre le nez d'un chien. Buffon et Daubenton ne conviennent pas de celte séparation de l'espèce en deux races, et contraire- ment à l'opinion précitée, semblent croire plutôt à une anoma- lie de la nature chez quelques individus. De tous les quadrupèdes de nos climats, le hérisson est le ( 41 ) seul qui soit protégé par des piquants sur le corps; ce ne sont pas des armes dont l'animal puisse se servir pour attaquer ses ennemis, à peine en fait-il usage pour se défendre et le cou- rage n'y est pour rien; sa défense est purement passive, inerte même, elle n'est que l'effet de la peur et se réduit à se resserrer en boule, à rester immobile et à présenter à son ennemi un globe hérissé de pointes dures et acérées; dans cet état, en effet, le hérisson brave les attaques des autres ani- maux. La plupart des chiens se contentent de l'aboyer et ne se soucient guères de le saisir. Ceux que l'on anime à ce genre d'attaque, se mettent le nez et la gueule en sang, et il n'en faut pas davantage pour qu'un chien perde l'odorat et ne soit plus propre à la chasse. On raconte le fait suivant, d'un chien qui faisait une guerre acharnée aux hérissons; dès qu'il apercevait un de ces ani- maux, il aboyait de toutes ses forces et, si l'on ne venait promptement à ses cris, il creusait un trou près du hérisson, le faisait rouler dedans avec ses pattes, le recouvrait de terre et accourait chercher son maître qu'il conduisait à l'endroit où il avait enterré son ennemi. La peur, dit-on encore, oblige le hérisson à lâcher son urine, comme moyen de rebuter les assaillants, par la mau- vaise odeur d'ambre qu'elle répand, ainsi que ses excré- ments. Enfin, quand le hérisson n'a rien qui l'inquiète, ses pi- quants, si hérissés lorsqu'il se met en défense, sont couchés en arrière, les uns sur les autres, comme le poil des autres animaux. Le naturel du hérisson est indolent, timide et doux, je ne le crois pas susceptible d'éducation; il a une telle horreur de la captivité que la tendresse maternelle cède souvent à l'amour 4 ( 42 ) de la liberté. 11 vit généralement dans les bois, se gîte sous des racines, des troncs d'arbres ou des tas de feuilles mortes; les crapauds, les limaçons, limaces, gros scarabées et autres insectes font sa principale nourriture, il mange aussi des ra- cines et des fruits tombés, mais il ne monte pas dans les arbres ainsi que l'ont annoncé quelques amateurs; il ne com- met donc aucun dégât dans les jardins, mais il les purge des souris, rats et mulots. On ne le voit pas boire quoiqu'il mange beaucoup; il peut cependant supporter une longue diète_, dort le jour, cherche sa pâture la nuit, enfin passe l'hiver engourdi sous quelque vieux tronc d'arbre pour ne se montrer qu'au printemps. On prétend que les hérissons sont bons nageurs, je l'ignore; ce qu'il y a de certain, c'est qu'il suffit de les plonger dans l'eau pour les faire étendre lorsqu'ils sont en boule. En France, la chair du hérisson n'est pas estimée, cepen- dant on la mange en Espagne où cette chair passe pour viande de carême. J'ai dit plus haut que le hérisson mangeait les fruits tombés, je ne voudrais pas l'affirmer; en tout cas il ne grimpe pas dans les arbres pour en faire la cueillette ainsi que je l'ai souvent entendu dire; enfin, un de nos collègues, qui en possède un, m'a affirmé ne l'avoir jamais vu toucher à aucun fruit et du reste, lors même que cet utile animal profiterait de quelques fruits oubliés sur la terre, on ne saurait lui en faire un crime, et les services qu'il rend en purgeant les jardins, des animaux et insectes dont nous avons parlé plus haut, lui mériteraient quand même toute notre reconnaissance. Il est un préjugé de nos campagnes qu'il importe de com- battre sérieusement; nos paysans prétendent que le hérisson fait avorter les vaches; aussi les détruisent-ils lorsqu'ils les ( 43 ) rencontrent. Ce préjugé est aussi absurde en ce qui concerne le hérisson, que pour la couleuvre à laquelle ils font le même reproche, c'est du moins l'avis de tous les savants qui ont étu- dié les mœurs de ce quadrupède. Je terminerai cet historique, en conseillant l'introduction du hérisson dans nos jardins. En moins de quinze jours un hé- risson adulte nous débarrassera de nos limaçons, limaces, loches, d'une foule d'insectes nuisibles, ainsi que des souris et mulots qui les dévastent. Pour le conserver, donnez-lui un peu de soupe de chien, quelques fagots pour logement; pendant l'hiver il n'en de- mande pas davantage, et au printemps prochain il vous témoignera sa reconnaissance par la destruction complète de tous les individus nuisibles qui ravagent vos parterres et vos potagers. A. Frouin. DESTRUCTION DES INSECTES NUISIBLES. (Suite.) Nous continuerons à rendre compte des différents procédés et des différentes recettes recueillis par nous dans les publi- cations courantes, concernant la destruction, ou du moins l'éloignement, des insectes ou animaux nuisibles à l'horti- culture. La douceur exceptionnelle de l'hiver 1873-1874, a facilité d'une façon déplorable, la multiplication de nos ennemis, il ( 44 ) est donc important de profiter de tous les a\is des horticulteurs compétents, pour leur faire une chasse assidue. La Maison de Campagne préconise la recette suivante pour la destruction des mousses et des lichens qui, le plus souvent, servent d'abri à des myriades d'insectes microscopiques qui minent sourdement nos arbres fruitiers. Lait de chaux un peu liquide. . 25 litres \ Soufre en poudre 500 grammes > mélanger. Brou de noix 2 litres 50centil. ) Etendre, avec un gros pinceau^ une couche de ce mélange sur le tronc et les parties attaqués, faire cette opération l'hiver, la renouveler au printemps, au moment de la première montée de la sève. Hestrincti&m eles €!$uemilleg. La société d'horticulture de Soissons donne un moyen aussi radical qu'infaillible de débarrasser les arbres des chenilles qui les dévorent. On fait fondre du soufre; qusnd il est en fusion, on y plonge des morceaux de vieux linge et on les laisse ensuite sécher. De ces vieux linges imbibés de soufre, on fait des tampons gros comme les deux poings; on prend ensuite une longue perche à laquelle on fixe le tampon, et on y met le feu. On promène ce tampon le plus près possible des branches infes- tées de chenilles sans pourtant les toucher. Le tampon brûle lentement et quand la fumée épaisse et acre qui s'en dégage,, aura pénétré dans toutes les branches, on pourra être certain qu'il n'y reste plus une seule chenille, toutes seront tombées à terre, mais comme elles seront à demi-mortes ou simplement engourdies, il faudra avoir soin d'étendre préalablement sous l'arbre de grandes toiles ou de vieux draps pour les recueillir, puis on les donnera aux volailles de la basse-cour qui en fe- ront leur régal. ( 45 ) La société horticole de Genève conseille, pour protéger les choux-fleurs et autres contre les chenilles, de semer à la volée sur les légumes attaqués, le résidu en poudre provenant du battage du chanvre. Je crois que semer autour de la plate-bande une ligne de chanvre, produirait un effet aussi salutaire. Enfin, on peut encore protéger les planches de légumes en répandant sur le sol quelques feuilles d'Acorus. Le lendemain toutes les chenilles seront mortes. JEms»ïoi tïe Mes. 'Wssmmée contre Se Puceron noir. Plusieurs revues indiquent depuis longtemps la tannée fraî- chement extraite des fosses, comme un excellent moyen de destruction du puceron noir. Nous avons des tanneries à Cherbourg, donc la tannée ne manque pas, et si elle est aussi efficace qu'on le prétend, elle nous rendra un signalé service, attendu que chaque année nos concombres, cornichons et surtout nos fèves sont complètement envahis par le puceron noir. Recouvrir le sol de cette tannée en remplacement de paillis de fumier; il n'en coûte rien d'essayer ce procédé qui, dit M. Lambertye, lui a parfaitement réussi. SSestruction «Ses Fourmi». On voit quelquefois des arbres fruitiers, les poiriers précoces surtout, couverts de fourmis; le moyen suivant réussit assez bien à les empêcher d'y monter, il est en outre peu coûteux et nous l'avons tous sous la main. Prenez, huile à brûler ordinaire, exposez au soleil trois ou quatre jours, ce qui la rendra gluante et nauséabonde; tracez autour de l'arbre à préserver, à 50 centimètres de terre, un cercle de cinq centimètres de large avec un pinceau; répétez (46 ) cette opération trois ou quatre fois et soyez certain que votre arbre sera garanti pour longtemps de l'invasion des fourmis et autres insectes destructeurs. M. Colin Lebert, de Blois, a découvert, par un heureux hasard, un moyen de détruire les fourmis qui, dit-il, lui a par- faitement réussi. Il se sert, pour ligaturer ses écussons, d'é- corce ou pelure d'osier qu'il fait préalablement tremper dans l'eau. C'est de cette eau qui a contracté une couleur noirâtre et qui reste imprégnée d'une odeur très désagréable dont il se sert pour arroser ses arbres lorsqu'ils sont infestés de fourmis; l'effet, dit-il, est foudroyant. 11 en a fait également l'essai sur un nid de fourmis, et le résultat a été le môme. Enfin, point important, il put aussi se convaincre, après plusieurs opéra- tions, que ce genre d'arrosage ne nuisait aucunement aux arbres ni au feuillage. Moyen tle détruire tes Herbes parasites. Faire bouillir dans une chaudière en fer, 12 livres de chaux et 3 livres de soude en poudre dans 60 litres d'eau, laissez bouillir quelque temps ce mélange en l'agitant. Laissez reposer et arrosez avec ce liquide, étendu de deux fois son poids d'eau, vos allées et vos cours, elles seront pur- gées pour longtemps de ces végétations si rebelles. CHasse «tia? E,i*naces. Les limaces font et feront, je le crains bien, longtemps en- core le désespoir des amateurs de jardinage. Sur une petite échelle, le moyen le plus simple et peut-être le plus certain, c'est de leur faire, chaque matin, entre deux et quatre heures, une chasse assidue; une lanterne et une aiguille à tricoter suf- fisent pour cette opération. Malheureusement, tous les pos- sesseurs de jardins ne peuvent pas, par suite de leurs occu- ( 47 ) pations journalières, se lever assez tôt pour se livrer avec fruit à cette chasse intéressante; il faut donc chercher des moyens plus pratiques, et la Maison de Campagne en propose un propre, sinon à les tuer, du moins susceptible de les gêner beaucoup; c'est de semer au pied des plantes à préserver, de la paille hachée très menue, à laquelle on peut mêler de la sciure de bois, du plâtre, de la cendre, enfin toutes matières absorbantes. A. Frouin. (A suivre.) LES JARDINS ET LES JARDINIERS DE CHERBOURG (Suite.) Le 27 avril 1874, après la leçon d'arboriculture de M. Levesque, le groupe des fidèles de nos séances s'est trans- porté dans le jardin de MM. Balmont frères. 11 s'agit ici d'un grand établissement d'horticulture, mais l'objet de la visite était principalement l'examen des transformations que l'on a fait subir à la partie de ce jardin, qui, faisant face à l'habita- tion de MM. Balmont, peut être vue de la rue de la Duchée. M. Letullier a prêté son concours aux travaux de semis et de plantation de cette partie du jardin, qui présente un aspect des plus gracieux. Un Séquoia gigantea et un Thuya Lobbii gigan- tea hauts de plusieurs mètres, sans avoir été dérangés, occu- pent les extrémités du principal massif : çà et là, entourés de ( 48 ) rocailles, s'élèvent des dracœnas, des palmiers, des litteas et autres plantes analogues : une épaisse ceinture de grands rhododendrons borne le tout à l'est et au sud : sur le point le plus élevé on fait une corbeille de camellias, et au revers de cette petite éminence, à l'ombre, on va planter une fougeraie qui, à en juger par les matériaux que j'ai vus dans la réserve, sera des plus remarquables. Un velours de gazon uni donne le dernier lustre à cette gracieuse création. Je n'entrerai point dans le détail des diverses cultures de MM. Balmont. Toutefois, la floraison éclatante et variée d'une belle collection de tulipes hâtives, d'auricules et de prime- vères, a retenu assez longtemps le groupe de visiteurs. J'arrive à la grande serre, sur laquelle a été écrit dans le dernier Bulletin de 1872 un article exclusivement industriel, il ne traitait en effet que de la construction : la serre alors était vide, et sortait des mains de l'entrepreneur M. V. Leroy. MM. Balmont ne chauffent point cette serre, qu'ils ont destinée à servir de jardin d'hiver. La plantation se compose d'un massif central entouré d'une allée ovale : dans l'angle nord-ouest est un beau rocher construit par M. Letullier, et bien garni de plantes rares et pittoresques Le massif central se compose de palmiers, draccenas et autres plantes à feuillage; on voit beaucoup de fougères dans la plate-bande qui longe les murs : un certain nombre de ces végétaux sont plantés à demeure dans la terre, d'autres, mis en pots, sont destinés à la vente. Du côté ouest sont rangés des camellias : on m'a fait voir aussi plusieurs vignes qui commencent à s'allonger, mais leur examen rentre dans les attributions de mon collègue, M. Levesque. Pour ce qui est des plantes d'ornement les plus remarqua- bles de cette collection, M. Balmont, mon collègue dans la ( 49 ) commission permanente des cultures d'agrément, a bien voulu m'en donner la liste, que consulteront avec intérêt les per- sonnes qui désirent orner leurs serres froides ou leurs appar- tements (1). Groupe des palmiers a feuilles en éventail. — Cha- mœrops excelsa ou Sineusis, à tige dressée pouvant atteindre 8 à 10 mètres. Vivant en plain air à Cherbourg — Chamœrops- tomentosa, ou arborescens. Indes orientales, magnifique es- pèce dont le tronc s'élève rapidement, feuilles larges^ tomen— teuses portées par des pétioles d'un mètre de long. — Brahea dulcis, ou corypha frigida, des hauts plateaux du Mexique, palmier très élégant, supportant des froids rigoureux. — Rhapis flabelliformis, du Japon, haut de 2 mètres, formant des touffes d'une grande beauté, feuilles en petit éventail. — Corypha, ou LivisLonia australis, Nouvelle-Hollande^ feuilles en éventail, pétiole épineux. — Latania Borbonica, ou Livis- tonia Sinensis, l'un des palmiers les plus cultivés, magnifique espace. — Chamœrops ou Sabal Palmetlo de la Louisiane — Sabal adansoni, ou Corypha minor, de la Caroline, joli palmier sans lige. Groupe des palmiers a feuilles en palme. — Phœnix dactylifera (le dattier) l'arbre nourricier du Sahara. — Ph. reclinata, ou paludosa, dattier de l'Afrique Centrale, très rus- tique, feuilles de 2 à 3 mètres^ gracieusement réfléchies au sommet. — Ph. Leonensis, très-belle espèce. — Areca Sapida (Keutia) A. Benksii^ de la Nouvelle-Zélande, tronc gros et court, belles frondes ceilées_, longues de 2 mètres,, très avanta- geux pour les serres froides. — Molinea Chilensis (Jubea (1) C'est dans le but de faire une description exacte, que cette liste a été demandée, et non pour faire une réclame exclusive : un grand nombre de ces plantes se trouvent aussi dans les autres établissements horticoles, dont la description fera l'objet d'articles ultérieurs. ( 50) spectabilis) à frondes pennées, folioles étroites, fruits com- mestibles. — Seafortia elegans (Keutia, tychosperma) Nou- velle-Holl., belle espèce, à feuilles ailées, de 4 à 5 mètres. — Chamœdovea elegans, Amérique Centrale, très élégant. — Ch. Ernesti-Augusti, Nouvelle-Grenade, très-belle plante de 1.50 à 3 mètres de haut, larges feuilles, profondément bifides à leur extrémité, et rapprochées en couronne au sommet de la tige. Fougères en arbre, de serre froide. — Alsophylla, ou Cyathea Australis. On remarque de chaque côté du rocher deux beaux exemplaires de cette magnifique fougère d'Aus- tralie, dont les frondes tripennées, sont de l'aspect le plus im- posant. Cette plante est l'ornement obligé de toutes les serres froides. — Balantium Antarcticum de la Nouvelle-Zélande et surtout de Tasmanie. Tronc très haut et droit, enveloppé d'un épais matelas de racines adventives eutrelacées, frondes très finement divisées et très élégantes. — Cyathea dealbata, Nouvelle-Zélande. Cette espèce surpasse peut-être les autres en beauté, sa haute taille et son élégance pourraient la faire nommer la reine des fougères Zélandaises. Rien de plus gra- cieux que ses frondes qui, lorsque le moindre souffle les agi- tent, montrent leur revers d'un blanc couleur d'argent mat, qui distingue cette espèce de toutes les autres. M. Balmont ne m'a point donné la liste de ses Adiantes et autres fougères herbacées. Cette liste serait trop longue, mais on peut les passer -en revue en visitant la serre. On y remarque aussi 4 Phormiums panachés, de la plus grande beauté. Le Colensei variegatum, vrai chef-d'œuvre de panachure: la base des feuilles est rubanée d'un beau rose qui, en se pro- longeant, devient presque blanc. Le bord des jeunes feuilles ( 51 ) est d'un jaune d'or, devenant blanc de crêrae, ensuite les feuilles atteignent jusqu'à lm 50 de longueur sur 0,07 à 0,08 de largeur. Ph. tenax folis aureo striatis (vrai), admirablement panaché, et le plus beau. Ph. tenax Veitchi. Feuilles plus étroites que les autres es- pèces, mais admirablement rubannées de jaune pur. Cette plante, qui forme de belles touffes en peu de temps, est très propre à la décoration des appartements. P. T. PurpurascenSj foliis nigro marginatis. Feuilles d'un vert noirâtre, bordées de noir-jais. Cette plante, d'un port droit est d'un grand avenir pour décoration. On a remarqué un très-beau Beschorneria Parmentieri,, grande et belle plante, à l'aspect de Yucca, qui est très orne- mentale. Enfin les Dracœna, ces plantes d'un aspect si franchement exotique, que chacun veut avoir dans ses appartements et qui ont tant de vogue : D. Australis, Cannœfolia, indivisa, etc., contribuent à l'ornement de la serre. Les serres en fer se sont multipliées à Cherbourg, tant dans les établissements horticoles que chez les propriétaires-ama- teurs. Parmi les plus gracieuses, il faut citer la serre de Mme Du— hommet, une de nos dames patronesses La rue du Val-de-Saire étant plus élevée que les jardins des maisons qui la bornent, la serre qui nous occupe, et qui forme arrière-salon, est de plain-pied avec le rez-de-chaussée sur la rue, mais elle forme premier étage sur la cour qui précède le jardin, elle est portée par six colonnes de fonte^ un escalier de service permet de descendre dans la cour. La disposi- tion de cette serre rappelle, en petit, celle de MM. Balmont. (52 ) L'allée circulaire est pavée de ciment, les bordures des mas- sifs, construites en briques, disparaissent sous les lycopodes et les Tradescantias, la plantation, faite par les soins de la propriétaire, se compose de fougères arborescentes et autres, Cycas, Palmiers, Bégonias, Dracœnas, Yuccas : dans un angle est un joli bassin à rocailles, bien garni de plantes appropriées à son ornementation. Une toile tendue au-dessus de ses plan- tes de la serre les garantit de la vive lumière du soleil, que les vignes seules, courant entre la toile et le vitrage, reçoivent abondamment. (A suivre.) H. de la Chapelle. COMMISSION DES CULTURES D'UTILITÉ REVUE DES PUBLICATIONS Séance du lee février '1875. Un article de M. Du Breuil, publié dans la Revue horticole, 1« janvier 1874, fait connaître le résultat d'opérations faites par lui en 1«72-1873 à l'école municipale de Saint-Mandé, d'où il conclut que la suppression partielle des fleurs du poirier n'a aucune influence sur l'abondance du produit : En 1872, dit M. Du Breuil, j'ai opéré sur vingt poiriers de doyenné d'hiver en espalier, disposés en cordons obliques. Dix de ces arbres ont été soumis à la suppression partielle des fleurs, et dix autres placés alternativement entre les premiers, ont été laissés intacts. Au moment de la récolte, on a comparé les produits de ces deux séries d'arbres, et je n'ai trouvé aucune différence appréciable. (53) En 1873, j'ai répété cette suppression sur d'autres doyennés d'hiver, mais seulement au nombre de douze. Us étaient cul- tivés sous la forme de contre-espaliers à double face en cor- dons verticaux. Comme l'année dernière, six d'entre eux ont subi la suppression partielle des fleurs, et les six autres y ont été soustraits. La récolte nous a donné les résultats suivants : Les six poiriers non soumis à la suppression ont produit 68 fruits, les six arbres opérés en ont donné 65. Je n'ai pas non plus constaté de différence dans la grosseur des poires dans l'un et l'autre cas. Nous lisons dans le numéro 20, 16 octobre 1873, de la Maison de Campagne, un article très détaillé et très intéres- sant sur les plantations en général. Après avoir passéen revue les questions de la convenance du sol, du choix du sujet, de l'ouverture du trou, du remplacement d'un arbre, de l'assai- nissement du sol, et des précautions à prendre contre les vers- blancs et les agents atmosphériques, l'auteur traite de l'habil- lement de l'arbre ou de la toilette qu'on doit lui faire avant de le mettre en place : « Quant aux racines, on ne doit retrancher » ou raccourcir que celles qui auraient été cassées ou écor- » chées ou exposées trop longtemps à l'air, puis panser les '> plaies en y appliquant un onguent ou mastic à greffer; mais » on doit bien éviter de supprimer les fibrilles qui se trouvent » çà et là sur les grosses racines et qui forment ce qu'on » appelle le chevelu; car ce sont elles qui portent les spon- » gioles à l'aide desquelles l'arbre puise sa nourriture dans » le sol. » Ceci est très bien, mais nous trouvons, dans le numéro 24 (10 décembre 1872), du même journal, un autre article signé S. Courtois (société d'arboriculture d'Eure-et-Loire), conçu en ces termes : « Quand, avant de planter un arbre à fruit tel » que les pépiniéristes nous le donnent, si on examine ses » racines, on en trouve de grosses, de moyennes et de petites. ( 54 ) » Les grosses et les moyennes doivent être raccourcies, on » est d'accord; j'ajoute qu'elles doivent l'être énergiquement, » en ne laissant rien des parties qui ont été éclatées ou meur- » tries. Mais que faire des petites qui, implantées sur les » grosses et les moyennes ont mérité par leur ténuité d'être » appelées chevelu ? Des auteurs et des praticiens en font le » plus grand cas et veulent qu'on les respecte scrupuleusement. » J'ai été longtemps de cet avis, je suis tout autre aujourd'hui. » Ce chevelu destiné à périr, doit être complètement enlevé. » Desséché il est un embarras, vivant il nuit au jeu des grosses » et des moyennes racines, seules capables d'émettre des » racines nouvelles assez fortes pour assurer la reprise et une » bonne végétation. Il est de plus un obstacle à l'adhérence de » la terre aux racines, point essentiel. » Que faire maintenant en présence de deux méthodes com- plètement opposées, et émanant Tune et l'autre de praticiens que nous avons tout lieu de croire aussi expérimentés l'un que l'autre ? Nous en rapporter en cela comme en tout autre chose, à une saine logique et surtout à l'expérience. Il est difficile en effet d'admettre que le chevelu puisse nuire à la reprise et à la bonne végétation d'un arbre qu'on transplante, lorsqu'il est le principe de la végétation chez l'arbre qui reste à demeure. D'un autre côté, l'expérience nous prouve journellement que plus un arbre est ménagé lors de la déplantation plus il re- prend facilement. Je n'ai jamais,, pour mon propre compte, obtenu une bonne reprise et une bonne végétation d'un arbre que lorsqu'il avait été replanté avec toutes ses racines intactes. Séance du 1QV mars 1874. Le numéro du 1er octobre 1873, de la Maison de Campagne, contient un article de M. Ch. Chevalier, conseillant de rem- placer le cordon oblique ou vertical simple adopté dans beau- ( 55 ) coup de jardins, soit pour les espaliers, soit pour les contre- espaliers, par une autre disposition qui permet de couvrir un mur presqu'aussi promplement qu'avec les cordons, sans avoir les nombreux inconvénients que leur reprochent la plupart des praticiens. Cette forme est la palmette à branches verticales pratiquée par M. Hardy, directeur du Potager de Versailles. Je ne puis que m'associer aux conseils donnés par M. Chevalier, ayant moi-même adopté cette forme à l'ex- clusion presque de toute autre. Cette disposition permet de donner à chaque arbre un développement en rapport avec sa manière de végéter,, elle est surtout très avantageuse pour la culture du pêcher dans les petits jardins. On peut y ajouter la forme en U pour les espèces faibles et la forme en candélabre à 4 ou 6 branches pour les arbres de vigueur moyenne. Pour la palmette à branches verticales, il faut éviter de lui laisser un nombre de branches impair, celle du centre absorbant toujours une trop grande quantité de sève, au détriment de celles des côtés. Je trouve dans le même numéro de la même feuille, une note signée Burvenich (bulletin d'arboriculture de Gand), apportant une modification importante dans l'établissement des contre-espaliers : Cette modification consiste à donner aux deux lignes parallèles, des cordons obliques ou verticaux 70c/m d'écartement à la base,, et à les rapprocher du haut de manière à ne leur laisser que 20c/m seulement d'ouverture. Ce rappro- chement du sommet des lignes est peut-être un peu exagéré; avec une ouverture de 30 ou 35c/m, l'air et la lumière pénétre- raient plus facilement dans l'intérieur des lignes, et ce rappro- chement est du reste suffisant pour donner à l'ensemble de la plantation assez de solidité. Quant à l'écartement de 70c/m à la base, il est certainement très favorable à la bonne végétation ( 56 ) des arbres qui puisent de cette façon leur nourriture dans un espace de terrain beaucoup plus considérable que lorsque les lignes sont plantées à 40c/m l'une de l'autre. Séance du S mai 1874. Dans une séance précédente, nous avons donné connais- sance d'une note de M. du Breuil, publié par la Revue Horticole, dans laquelle le savant professeur rend compte d'expériences comparatives faites par lui sur la suppression d'une partie des fleurs du poirier en vue d'en assurer la fruc- tification. Il résulte de ses expériences que cette suppression est de nul effet sur l'abondance et sur la beauté du produit. D'un autre côté, nous trouvons dans le numéro du 15 février de la même publication une lettre de M. Baltet, horticulteur à Troyes, membre correspondant de notre société, dans la- quelle il fait connaître le résultat d'expériences qu'il a faites, lui aussi, sur le même sujet. Voici le résumé de cette note : « Sur un contre-espalier de Beurré clairjeau, dit M. Baltet, » la suppression du petit groupe de deux ou trois fleurs pla- » cées au milieu du bouquet floral fut appliquée; l'opération » contraire fut faite à trois autres sujets, c'est-à-dire la sup- v pression des fleurs qui formaient la circonférence du bou- » quet floral, le milieu étant conservé intact. » Les fruits des premiers arbres ont été plus nombreux et » plus gros, ceux des seconds étaient rares et plus petits. La » fructification des autres arbres non opérés était ordinaire, » ou pour mieux dire moins bonne que sur les premiers, » mais meilleure que sur les seconds. » Il est nécessaire d'opérer cette ablation avant l'épanouis- » sèment des boutons occupant le centre du bouquet floraL de » ceux là même qui doivent être coupés. (57 ) » En même temps que nous l'étudiions sur le poirier, nous » l'essayons sur un pommier de Reinette dorée, dressé en » cordon horizontal à deux bras. Le bras opéré porta dix » pommes, l'autre n'en eut pas une seule^ quoique la floraison » des deux branches eut été semblable. » Que faire maintenant en présence de résultats obtenus par deux de nos plus célèbres arboriculteurs ? Faire aussi des essais nous-mêmes, et ne pas hésiter surtout à opérer la sup- pression d'une partie des fleurs qui forment le centre des boutons floraux du pommier. D'abord, il est parfaitement cer- tain que les fleurs du centre de chaque bouton sont celles qui donnent les moins beaux fruits, il y a par conséquent avan- tage à ne conserver que ceux de la circonférence; d'un autre côté cette opération isole les fleurs, et les chenilles ne peuvent plus les rassembler aussi facilement pour s'en faire un abri lorsque la température s'abaisse. Pour mon propre compte, j'ai toujours obtenu les meilleurs résultats de cette opération, principalement au point de vue de la beauté du fruit. Levesque, Rapporteur de la commission des cultures d'utilité. Nous empruntons à la Revue horticole du 1 " novembre 1874 l'article suivant, signé de M. Levesque, notre professeur d'Arboriculture : Monsieur Carrière, Si vous pensez que les quelques lignes que j'ai l'honneur de vous adresser puissent intéresser quelques-uns de vos lec- 5 (58 ) teurs, je vous autorise à les insérer dans les colonnes de votre Revue, toujours remplie d'excellents renseignements sur tout ce qui a trait à la science horticole. Parmi les personnes qui s'occupent d'arboriculture frui- tière, il en est peu, principalement à la campagne, qui n'aient à se plaindre, plus ou moins, des déprédations qu'exercent sur les boutons à fruit certains passereaux, principalement le moineau et le bouvreuil (1). Jusqu'ici on ne connaît guère de moyen efficace d'empêcher ces pillards (2) d'anéantir, avant la floraison, la récolte d'une année entière. Leur destruction n'est pas toujours possible; les fils et la filasse dont on couvre quelquefois les arbres ne réussissent qu'imparfaitement à les préserver, et sont d'un autre côté très-difficiles à enlever après la floraison. Dernièrement, un Bulletin horticole indiquait, comme moyen de détourner les oiseaux des arbres fruitiers de placer dans le voisinage des soucoupes remplies d'eau. « Les oiseaux, disait l'auteur de cette découverte, brisent les boutons des arbres fruitiers pour se désaltérer. » Je demande pardon à l'auteur de ce remède si j'en conteste l'efficacité : j'ai planté, il y a une quinzaine d'années environ, sur la propriété de mon (1) Nous connaissons dans le département de la Mayenne, près de Laval, un propriétaire qui, chaque année, pendant presque deux mois, à l'époque qui précède la floraison des arbres fruitiers, est obligé de faire garder ceux-ci, parce que les moineaux, des chardonnerets, les pinsons même, mais surtout les bouvreuils, ne lui laisseraient pas un seul bouton. {Rédaction). (2) Mais que vont dire contre notre excellent collaborateur ceux qui ont pris à tâche la défense du moineau, du bouvreuil, etc., lorsqu'ils verront qu'il pousse la témérité jusqu'à méconnaître leurs services, et, oubliant même les convenances, les traiter de « pillards ? » Toutefois, pour calmer leur indignation, nous les engageons à lire le mémoire de M. Edmond Perris, dont nous avons commencé à reproduire la publi- cation dans la Revue horticole, 1874, p. 267, travail des plus impor- tants sur ce sujet, et que nous reproduirons tout entier. (Rédaction). ( 59 ) père, à quelques lieues de Cherbourg, une assez grande quan- tité de poiriers. Dans certaines années, ces arbres fleurissent et fructifient de la manière la plus satisfaisante; dans d'autres, les bouvreuils détruisent tous les boutons, au point qne pas un ne montre sa fleur. C'est ce qui est arrivé cette année. Quand j'allai, au mois de février dernier, pour faire la taille de ces arbres, je les trouvai dans un état à faire pitié. Quelques bouvreuils passaient là leurs journées entières, et dévoraient chaque jour une quantité innombrable de boutons à fruits, et cependant un petit cours d'eau borde le jardin dans toute sa longueur, de sorte qu'il y a là de quoi désaltérer tous les oi- seaux du pays. De retour à Cherbourg vers le 20 février, je trouvai un poi- rier de Chatellerault isolé dans un petit jardin d'agrément, dont une partie des boutons à fruit avait déjà disparu sous le bec des moineaux, que le voisinage des gardes de chevaux rassemble dans le jardin en assez grande quantité. Ces pier- rots ont cependant à lenr disposition, à quelques mètres seu- lement du poirier en question, l'eau d'un bassin artificiel où ils viennent constamment boire et se baigner, d'où l'on peut conclure que ce n'est pas « pour se désaltérer » que lesoiseaux mangent les boutons à fleurs. Ne sachant que faire pour empêcher la destruction complète des boutons, il me vint à l'idée de les empoisonner à l'aide d'une substance qui ne fût pas de nature à les détériorer. Je choisis le minium (ou deu— toxide rouge de plomb). J'en délayai un peu avec de l'eau, de manière à en faire une peinture épaisse; puis, â l'aide d'un pinceau, je barbouillai ce qui restait de boutons intacts. La réussite fut complète; les moineaux se promenaient dans le poirier, regardant ces jolis boutons rouges auxquels ils n'o- (60). saient plus toucher. Peu à peu les boutons grossirent; la florai- son se fit dans les meilleures conditions, et j'ai ainsi sauvé, avec cinq centimes de minium et quinze minutes de travail environ, nue centaine de beaux fruits. L'essai a été pour moi d'autant plus concluant, qu'un poirier de plein vent, de la même espèce, dont les branches touchent presque au poirier opéré, n'a pas épanoui une fleur, quoiqu'il fût primitivement couvert d'une quantité innombrable de boutons à fruit. Je me propose de renouveler l'essai au printemps prochain dans d'autres conditions, et j'engage les amateurs d'arbori- culture à en faire autant; il n'en manque pas qui ont du temps à eux, et qui ne demanderont pas mieux que de faire un essai qui ne leur coûtera rien. Je serait heureux de connaître le résultat de leurs expériences. Agréez, etc. Levesque. Nous ne saurions trop remercier M. Levesque de l'intéres- sante communication que nous venons de rapporter, et ne saurions trop non plus attirer sur elle l'attention de nos lec- teurs. E.-A. Carrière. RAPPORT de la Co?nmission chargée de la vérification des comptes de M. le Trésorier de la Société d'Hortieulture, pour l'année 1874. Messieurs, La commission nommée par vous dans la séance du 8 novembre dernier, conformément à l'art. 13 des statuts de la société, est composée de MM. Fortin, Le Vastois et Frouin, f 61 ) s'est réunie le samedi 29 du même mois chez M. Orange, trésorier, pour procéder à la vérification dont elle était chargée. La commission a constaté que les recettes se décomposent de la manière suivante, savoir : Restant en caisse au 1er novembre 1873 165 f. 96 Subvention de la ville 400 » Produit des entrées à l'occasion de la fête horticole donnée dans le jardin de la société les 19, 20 et 21 août dernier 308 10 Intérêt de la caisse d'épargne (année 1873) 12 09 399 cotisations à cinq francs l'une 1.995 » Total des recettes 2.881 f. 15 Nous ferons remarquer que la subvention de l'Etat de 200 francs, et celle du département de 400 francs, n'ont pas été comprises dans l'avoir au 1er novembre 1874, attendu qu'elles n'ont été encaissées que le 4 décembre suivant et ne figureront en compte que dans l'exercice 1874-1875, ci 600 f. » Nous verrons plus loin que des dépenses qui n'ont pu éga- lement figurer dans l'arrêté de compte du 1er novembre 1874, absorbent et au-delà, cette somme de 600 francs. Dans le chiffre 399 des cotisations, il n'y en a réellement que 381 pour l'année présente, attendu qu'on a compris dans ce nombre 399, dix-huit cotisations de l'année précédente, qui n'étaient pas rentrées à l'époque du 1er novembre 1873. Nous sommes loin du nombre 442, indiqué par nos con- trôles, aussi pensons-nous qu'il serait utile de supprimer défi- nitivement du nombre des sociétaires, les 61 non valeurs qui ne peuvent qu'occasionner un embarras dans l'établissement des comptes. Parmi les 61 sociétaires, qui, cette année, n'ont point payé leur cotisation, quelques-uns sont partis de Cherbourg, d'au- (62) très sont décédés, d'autres encore sont démissionnaires, un certain nombre enfin ne se sont fait présenter que pour les fêtes ou les banquets et n'ont jamais payé de cotisation; ce dernier fait est regrettable, et nous pensons qu'il appartient à la société de décider qu'à l'avenir, tout membre proposé pendant les fêtes, ou à l'occasion des banquets, acquittera la cotisation en entrant dans la société. Les dépenses du 1er novembre 1873 au 1er novembre 1874, se décomposent ainsi qu'il suit, savoir : Frais généraux. — Solde du concierge, frais d'excursion d'un membre de la société envoyé à l'exposition horticole de Lisieux, transports de plantes; frais de recouvrements et commis- sions pour Tannée 1873, secrétariat, etc 316 f. 85 Impressions. — Impression d'un bulletin, bro- chage, impression de diplômes; oonfection de cartonniers 242 » Jardin. — Les dépenses du jardin comprenant les fumiers, achats de bois pour la création d'un pont rustique, construction d'un bassin, peintures, engrais divers, menues fournitures, journées de travail 390 41 Achat de livres. — Abonnements à diverses publications 134 40 Fête horticole. — Journées de travail, confec- tion d'un tourniquet, achat de bière pour les musiciens et les chanteurs, achat de lampions, lanternesvénitiennes, bougies, feuxdebengale, fil de fer, poteaux pour le placement des feux. 307 55 Primes. — A MM. les jardiniers, 205 fr. plus 36 fr. pour loteries mensuelles 241 » Dépenses de l'année précédente. — Pour recou- vrements, ciment, peinture, journées à MM. Le Tuilier et Meslin pour le service du ban- quet, bière pour les musiciens et les chœurs, menues dépenses 237 80 Total des dépenses 1 . 870 f. 01 ( 63) De même que pour les recettes, nous ferons remarquer : 1° que les notes de diverses dépenses, n'ont été présentées M. le trésorier, qu'après le 1er novembre dernier, c'est-à-dire après la comptabilité arrêtée : Ces notes sont : achats de graines, 10 fr. 90; imprimés et affiches, 93 fr. 50; note de M . Baumann, fontainier, 198 fr. 10, ci 302 f. 50 2° Qu'en outre, il reste à payer pour le 1er jan- vier 1875, aux jardiniers, pour la loterie men- suelle (arriéré), environ 150 fr.; loyer de la maison et du jardin, 225 fr.; concession d'eau, 52 fr., ci 425 » Total de ces dépenses. . . . 729 f. 50 En résumé, Les recettes au 1er novembre 1874, sont de. . . . 2.881 f. 15 Les dépenses à la même date de 1 .870 01 1er novembre 1874, reste en caisse, - dont 1,000 fr. à la caisse d'épargne et llfr. 14 entre les mains du trésorier 1 .011 f. 1-t Mais, ainsi que nous l'avons fait remarquer aux recettes et aux dépenses, si nous ajoutons à notre en-caisse du 1er novembre, 600 fr. qui sont rentrés le 4 décembre, nous avons un total de 1 .611 f. 14 Et si nous déduisons la somme payée depuis le 1" novembre (302 fr. 50) et celle à payer au 31 décembre 1874, qui est de 427 fr 729 50 Il restera au 1er janvier 1875, sauf quelques dé- penses imprévues , 881 f. 64 Nous avons cru devoir, en terminant ce rapport, vous édifier sur vos ressources réelles, pour Fexposition de 1875. ( 64 ) Nous aurions ardemment désiré nous associer aux désirs exprimés par la commission de 1875, concernant l'acquisition de livres pour notre bibliothèque, ainsi que le brochage si né- cessaire de nos intéressantes publications, mais en présence d'un aussi faible avoir, nous croyons prudent de réserver nos vœux pour un prochain avenir. Enfin, la commission a constaté que les recettes et les dé- penses sont parfaitement justifiées, elle se plaît à reconnaître que son travail a été singulièrement simplifié par l'ordre intel- ligent, déployé par M. le trésorier dans le classement des piè- ces à l'appui. En conséquence, la commission vous propose de : 1° de décerner de chaleureux remerciements à M. Orange qui, depuis si longtemps, remplit avec une activité toujours crois- sante, les fonctions de trésorier, sou vent pénibles et parfois très ennuyeuses; 2" d'approuver par un vote les comptes de votre trésorier et de décider qu'un extrait du procès-verbal de cette séance lui sera délivré pour lui valoir de pleine et entière décharge. Fait à Cherbourg^ le 6 décembre 1874. Le rapporteur, A. Frouin. AMURE DE CULTURE POTAGÈRE (Suite.) JUILLET. Travaux et cultnrc de plciuc tea're. — Les travaux es plus essentiels consistent dans les sarclages^ binages et arrosements; les binages surtout entretiendront à la surface ( 65 ) du solune fraîcheur salutaire. Quant auxsarclages, nécessaires à toute époque, on ne saurait en ce moment y apporter trop d'empressement et d'exactitude : de l'instant où les plantes inutiles ou nuisibles commencent à nourrir leurs graines, il est bien tard pour les détruire : ces graines alors, même après le sarclage, achèvent leur maturation dans les dépôts où on relègue les ordures, et reviennent, dans les fumiers, envahir toutes les parties de la plantation, qu'elles étiolent d'abord, et à qui elles disputent en outre les principes nutritifs du sol. Les arrosements pourront, durant ce mois et la première moitié du mois suivant, selon l'état de la saison, être adminis- trés le soir et le matin. Commencer, si on ne l'a fait le mois précédent, la plantation à demeure des choux de Milan et de Bruxelles; continuer celle du céleri et de la chicorée. Semis en pleine terre. — Continuer à semer des raves et petits radis, ainsi que des radis noirs et autres espè- ces d'hiver. C'est aussi l'époque la plus favorable pour faire les semis de navets. Vers le milieu du mois, semer par anticipation quelque peu de choux précoces dits d'Ingreville, qui étant mis en place au mois de septembre, pourront être livrés à la consommation avant ceux qu'on sèmera en août. Continuer à semer les plantes dont les produits seront ré- coltés avant l'hiver, telles que pois, haricots, chicorée et laitue. Récolte des graines. — La récolte des graines com- mence à prendre de l'importance : celles de choux et de na- vets sont mûres; il en est de même de celles d'épinards,, d'oseille, etc. Il faut surveiller attentivement celles des salsifis, et les récolter tous les matins, de crainte qu'elles ne soient emportées par le vent. ( 66 ) AOUT. Travaux et cnlture de pleine terre. — Il faut con- tinuer la plantation du céleri et de la chicorée : le céleri planté en août est moins exposé à monter, reste plus trapu, et se con- serve mieux durant l'hiver. Dès la première quinzaine du mois, commencer la planta- tion des choux-fleurs d'hiver, choux de Milan et de Bruxelles, ainsi que du chou grappe, qui formera sa pomme avant l'hiver. Commencer les plantations de fraisiers, et particulièrement des fraisiers perpétuels, dont on veut obtenir des fruits au printemps suivant. Biner la terre autour de ceux qui ont deux ou trois ans de plantation; quant à ceux qui sont en place de- puis plus longtemps, recharger de bon terreau bien substantiel le sol épuisé, à moins qu'on ne préfère renouveler le plant, ce qui assurerait de plus beaux produits. Semis en pleine terre. — Continuer les semis de navets pour l'arrière-saison. — Semer toujours, selon le besoin, persil, cerfeuil, raves, radis, et généralement tout ce qui pourra être récolté avant les gelées^ qui n'arrivent ordi- nairement qu'à la fin de décembre. C'est en ce mois généralement que commencent les travaux destinés à assurer la récolte de l'année prochaine : dans ce but, il faut semer sans retard, et dès la première quinzaine, les choux précoces dits d'Ingreville, et autres variétés destinées à donner leurs produits dès le printemps prochain; semer également les choux d'Yorck, choux cabus, pain de sucre et autres. Commencer aussi la semence de l'oignon blanc, et même de l'oignon ordinaire, des épinards, du cerfeuil, de la mâche ou boursette, en préférant l'espèce à feuilles rondes, et des varié- (67) tés de laitue d'hiver, en vue de les repiquer à bonne exposition avant la saison rigoureuse. Récolte des graines — Continuer avec soin la récolte des graines, surtout si le temps est humide : dans ce cas, il est indispensable de recueillir les graines à mesure qu'elles atteignent le degré de maturité nécessaire à leur conserva- tion; retarder plus longtemps, sous notre climat humide et pluvieux, ce serait exposer la production de l'année suivante, les graines étant presque toujours tachées et gâtées avant d'a- voir atteint leur parfaite maturité. SEPTEMBRE. Ti'.tvasax et culture die pleine 4era»e. — Commencer à mettre en place les laitues d'hiver semées dans la première quinzaine du mois d'août, en leur choisissant une exposition aussi abritée que possible. Profiter d'un temps sec pour lier les chicorées, à mesure qu'elles se trouvent assez avancées pour cela. Rechausser les plantations de céleri, en choisissant un mo- ment où la terre soit bien ressuyée, c'est-à-dire plutôt sèche qu'humide. Si la pluie, par sa persistance, ne permet pas de faire convenablement ce travail, alors, au lieu de rechausser de terre les pieds de céleri, on les garnit de liens de foin ou de paille grossièrement tordue, et assez serrés pour empêcher la lumière de les atteindre. De cette manière on évite la rouille, qui, dans un sol humide, attaque toujours le céleri rechaussé de terre. Pour être sûr d'avoir du céleri bien sain durant l'hiver, on doit l'avoir planté sur une plate-bande élevée, régnant le long d'un mur exposé au levant ou au midi, et le garnir de paille comme il a été dit ci-dessus : si les gelées donnaient (68 ) quelque inquiétude, on incline le plant vers le mur, et on le couvre de litière. Continuer les plantations de fraisiers. Sentis en pleine terre. — Recommencer dès les pre- miers jours du mois les semis du mois précédent qui n'au- raient pas réussi, ou pour lesquels on serait en retard; se presser surtout pour les choux, pour lesquels la saison est déjà bien avancée. Semer aussi de l'oignon, pour être repiqué au mois de mars suivant, ou pour laisser sur place, en ayant soin de l'éclaircir. Commencer à semer un peu de carottes, en choisissant de préférence la carotte courte : elles donneront au printemps un produit satisfaisant, si l'on a eu soin de les faire dans une terre légère et sableuse. Continuer la récolte des graines, à mesure qu'elles attei- gnent une maturité suffisante; y apporter d'autant plus de soin et de vigilance que la saison amène plus de pluies. OCTOBRE. Travaux et culture de pleine terre. — Commencer à planter des choux-pomme pour le printemps, et surtout le choux précoce d'Ingreville. Continuer les plantations de laitues d'hiver, en choisissant un terrain exnaussé, et d'un égouttement facile. Continuer à planter des fraisiers et à regarnir de terre et de terreau ceux qui ont déjà produit. Commencer à défoncer et à préparer les terrains destinés^ pour le printemps prochain, à des plantations d'asperges. Cou- sulter à ce sujet l'excellente notice contenue dans Y Almanach du Bon Jardinier et le traité spécial et complet sur la culture de l'Asperge, par M jLoisel (Biblioth, de là société.) — Re- (69) charger de terreau les planches d'asperges établies antérieure- ment, de manière à relever les terres affaissées au niveau des terrains voisins, dont elles recevraient sans cela toute l'hu- midité. Commencer à labourer et à graisser les terres qui devront être plantées dans les premiers mois de l'année suivante, en ayant soin d'en rectifier au besoin le nivellement, pour faci- liter l'écoulement des eaux. Continuer ce travail à mesure que le terrain se dégarnit de ses produits, et autant que le temps le permet; car, sous notre climat, plus humide que froid, les terres, battues par des pluies continuelles, ont besoin de deux ou trois mois pour se ressuyer. Si l'on ne pouvait les pré- parer ainsi, longtemps à l'avance, il vaudrait mieux ne les labourer et ne les graisser qu'au moment même d'y faire les plantations. Seuils en pleine terre. — On peut semer encore pen- dant ce mois les carottes pour le printemps, mâches ou bour- sette, raves et radis, qui produiront dès février ou mars. Dans les jardins de Cherbourg, ainsi que dans les plaines sableuses et les vallées abritées de notre littoral, ces semis tardifs réus- sissent généralement très bien en plein air. Dans l'intérieur de l'arrondissemeut, il pourrait être utile de leur donner l'abri d'un mur ou d'une haie, et une exposition bien favorisée. Couches à champignons. — Ce mois est le plus favo- rable pour la culture des champignons sur couche et à l'air libre, culture praticable en toute saison, mais surtout au prin- temps et à l'automne. Pour cette culture, on se sert de préférence de fumier de cheval, qu'on a eu soin de mettre en tas, à l'abri de la pluie. Lorsqu'il a subi une fermentation suffisante pour en rendre la paille cassante sous les dents de la fourche, on le dispose en petites tombes ou meules, longues à volonté, hauts de 0,50 à ( 70 ) 0,60 centimètres, larges d'un mètre à la base, et se rétrécis- sant à mesure qu'elles s'élèvent, de manière à se terminer en dos d'âne. Le fumier a dû être soigneusement foulé et battu à l'aide de la fourche et du dos de la bêche, à la surface supé- rieure, ainsi que sur chaque côté. La meule une fois établie, si la chaleur intérieure ne dépasse pas 30 ou 32° centigrades, on s'occupe de la garnir de blanc de champignon, c'est-à-dire de plaques de fumier provenant de couches épuisées, et contenant une masse de filaments blan- châtres et feutrés qui produiront les champignons. On se pro- cure celte matière dans le commerce, ou bien on la tire de vieilles couches à melons, ou découches établies dans destran- chées et recouvertes en terre, en vue seulement d'en obtenir cette production. Pour introduire le blanc dans la meule, on pratique avec la main, à 0,10 c. de sa base, une série horizontale de petites ouvertures larges de trois doigts et profondes d'autant, régu- lièrement espacées d'environ 0,33 c. Au-dessus de cette pre- mière ligne, à un intervalle d'environ 0/14 à 0,16 c.,on en établit une seconde, en donnant aux ouvertures de celle-ci, par rap- port à celles de la première, une disposition en quinconce ou échiquier : on dépose alors dans chacune de ces ouvertures un morceau proportionné de blanc, et l'on a soin de le recouvrir exactement, en rabattant et appliquant bien le fumier de la couche, qu'on avait relevé pour l'introduire. On étend alors sur la meule une couverture de grande litière, pour la défendre contre la lumière et le hâle : au bout d'une huitaine de jours, le blanc se propageant de proche en proche, doit avoir envahi la couche jusqu'au sommet; alors on tasse soigneusement toute la surface avec les mains, puis on la recouvre légèrement d'environ 0,01 c. de terreau, qu'on ap- plique délicatement avec le dos de la pelle. — Ceci fait, on (71 ) remet la couverture de litière, et l'on donne un léger arrose- mentsila saison l'exige : cette couverture, inutile dans la cul- ture en cave, ne doit jamais être enlevée dans la culture à l'air libre; on la soulève seulement pour faire la récolte, et on la remet aussitôt, après avoir regarni de terreau la place d'où l'on vient de détacher des champignons. Le succès de cette culture dépend principalement de l'état de décomposition et de l'humidité plus ou moins grande du fumier employé à faire la couche, et, pour en juger, l'habitude est nécessaire : il faut que le fumier présente une couleur bru- nâtre, et que, pressé dans la main, il n'y laisse qu'une moiteur onctueuse : trop sec, il ne produirait pas la fermentation né- cessaire au développement du blanc; trop humide, il en amène- rait la pourriture. Dans le premier cas, on peut en l'humectant le ramener au point convenable; dans le second, il n'y a guère de remède que de recommencer avec d'autres matériaux. La culture du champignon comestible se fait en cave ou à l'air libre : la culture en cave, moins généralement praticable, convient surtout pour l'hiver et pour l'été, parce qu'alors elle sert à garantir les champignons de deux inconvénients qui leur sont également mortels, le froid vif et la sécheresse. La culture à l'air libre peut se faire avec avantage au printemps et à l'au- tomne, en choisissant pour les couches un emplacement garanti, aussi bien que possible, de la pluie et de la sécheresse. Une meule convenablement établie peut produire à l'air libre durant deux ou trois mois; dans une cave, sa production se prolonge jusqu'à quatre ou cinq mois. Consulter pour plus de détails l'excellente notice consignée dans la dernière édition de VAlmanach du Bon Jardinier. NOVEMBRE. Travaux et culture de pleine terre. — Continuer ( 72 ) les travaux indiqués pour le mois d'octobre, relativement à la préparation des terres, en vue des plantations qui devront être faites ultérieurement : labourer et fumer, si le temps le permet toutes les terres dépouillées de leurs produits. Biner et recharger de bon terreau les plantations d'asperges. Continuer la plantation du chou précoce d'Ingreville, pour être récolté au printemps. Butter les artichauts, en amoncelant la terre autour du pied. Continuer, si l'on est en retard, à s'occuper de la plantation des fraisiers, et à les regarnir du terreau. Mettre tous les produits de l'année qui finit en état de passer sainement l'hiver, ou du moins de se conserver aussi long- temps que possible, les uns dans le conservatoire à légumes, c'est-à-dire dans une cave bien sèche, ou sous un hangar inaccessible à la gelée et à l'humidité, et les autres en pleine terre : ainsi, on transplante les choux pommés qui auraient une tendance à se crever; cette transplantation amène dans leur végétation un ralentissement salutaire. Dans les terres fortes et humides, on creuse autour de ces plantations d'hiver des tranchées profondes, destinées à les assécher. Commencer la culture en cave de la chicorée sauvage, pou en obtenir la salade connue sous le nom de Barbe de Capucin. Semis en pleine terre. — Semer les pois Michaux à bonne disposition, aussi abritée que possible. DÉCEMBHE. Travaux, culture et seuils de pleine terre. — Continuer à creuser les plates-bandes destinées à recevoir des plantations d'asperges, en remuant à la bêche la terre du fond des tranchées, pour la mieux exposer aux influences de l'air. Continuer également les travaux indiqués pour le mois pré- cédent, et répéter les semis de pois, si le temps le permet. ( 73 ) Culture sur couche et sous châssis. — C'est le moment de commencer l'installation des couches. Parle moyen des couches chaudes, on peut se procurer tout l'hiver des légumes plus tendres, ainsi que des radis et autres primeurs. Si les petites fournitures, telles que cerfeuil, persil, oseille^ etc., venaient à manquer, il faudrait en enlever quelques pieds pour les replanter sur couche, et bientôt on en obtiendrait une production abondante. (Voir les notes du mois de janvier : Culture sur couche et sous châssis.) On peut commencer à forcer des asperges sur couche, en se servant pour cela de vieux plant destiné à être détruit. On force de même le chou marin ou crambé maritime, plante trop peu cultivée dans ce pays. Quant aux asperges que l'on veut forcer sur place et sans les relever, il sera assez tôt de commencer vers la fin de janvier; on peut toutefois commencer dès à présent, selon les conve- nances ou les besoins de chacun; mais, dans ce dernier cas^ le renouvellement des réchauds devrait être plus fréquent, et la culture serait, par conséquent, plus coûteuse. On consultera avec avantage, pour toutes ces cultures for- cées, les excellents articles contenus dans YAlmanach du Bon Jardinier, ainsi que le traité spécial de Loisel sur l'Asperge. (Biblioth. de la société. Madame Emmanuel Liais. — La société d'horticulture de Cherbourg avait l'honneur de compter au nombre de ses dames patronnesses cette femme éminente qui a été enlevée, ( 74) à la fin du mois de mai dernier, à l'affection de son mari, notre ancien président. Le Monde illustré a consacré à sa mémoire les lignes suivantes : « Mme Liais était descendante d'une des principales familles de la Hollande, et possédait à un haut degré l'énergie et le courage qui ont poussé jadis ses compatriotes à de si nom- breuses découvertes géographiques. Epouse d'un savant qui s'est illustré par des ouvrages et des travaux scientifiques de premier ordre, dans toutes les branches des sciences, elle a voulu accompagner et seconder son mari dans les grands et périlleux voyages d'exploration qu'il a entrepris dans le centre de l'Amérique du Sud, et dont les résultats ont fait connaître le cours de plusieurs grands fleuves et la constitution du sol du Brésil. » L'ensemble de ces voyages effectués, tantôt dans les ré- gions sans route et inhabitées, tantôt dans des conditions plus difficiles encore, au milieu des peuplades sauvages, ne com- prend pas moins de 1200 lieues parcourues a cheval, et de plu- sieurs milliers de kilomètres de navigation en canot sur des fleuves et des rivières inexplorés. » Mme Liais était pour son mari un aide et un secrétaire intelligent. Dans le monde, elle se faisait remarquer par sa distinction et la conversation spirituelle qu'elle savait soutenir en quatre langues. » De si grands voyages ne s'exécutent pas sans une pro- fonde altération de la santé. Malgré une constitution robuste en apparence, Mmo Liais fut atteinte, en 1862, dans un premier voyage à San Francisco, de fièvres rémittentes, à la suite des- quelles des rhumatismes amenèrent la maladie de cœur qui vient de l'emporter à l'âge de 41 ans. » Les principaux journaux de Paris ont consacré à sa mé- moire des notes dans le même sens : ( ~5 ) (Journal des Débats, du 31 mai; France, Constitutionnel, Patrie, du 1er juin; Liberté, Moniteur universel, du 2; Presse, du 3; Soleil, Siècle, Journal de Paris, Bien public, Rappel, Union, Petit Journal, Monde, République fran- çaise et autres, aux mêmes dates). — Mme Liais est morte martyre de la science et du dévouement conjugal, car elle avait sauvé les jours de son mari, atteint des violentes fièvres qui régnent dans ces pays insalubres. La société regrette aussi la perte de plusieurs de ses mem- bres titulaires. Elle a perdu, depuis l'impression du dernier Bulletin, M. Geufroy, architecte de la ville, qui toujours s'est intéressé à nos travaux, et a mis plus d'une fois, de la ma- nière la plus obligeante, son talent au service de la société. M. Kirkham (Hippolyte), négociant, homme excellent et ami du progrès, toujours disposé à encourager les oeuvres utiles; M. Le Blanc, propriétaire, que nous connaissions tous depuis si longtemps, et dont plus d'une fois nous avons admiré, place Napoléon, les appartements constamment garnis de fleurs et d'arbustes bien choisis et parfaitement soignés. M. Liais (Eugène), président de la chambre de commerce, homme d'un grand mérite, dont l'éloge funèbre figure dans le volume des mémoires de notre société académique (volume en ce mo- ment sous presse). Les beaux jardins et les plantations de Ravalet, à Sideville, témoignent du goût de M. Liais pour l'horticulture. M. Potaire, contrôleur des douanes, dont la vie privée, toute de sacrifices et d'abnégation, est d'autant plus digne d'admiration qu'elle était plus cachée. M. QuESLiN,juge de paix, enlevé, dons un âge avancé, à ses nombreux amis et regretté de tous. Le secrétaire de la rédaction, H. L. C. (76) MEMBRES ADMIS Pendant l'Année 1874: DAME PATRONNESSE. Madame Vallon. MEMBRES TITULAIRES. MM. Audoire, propriétaire à Equeurdre- ville. Aurous, ingénieur de la marine. Bénard, propriétaire. Binel, commissaire-adjoint de la marine. Bonneter, chef de bataillon au 25e de ligne. Bonvalet, commis de négociant. Cadroy fils, écrivain de marine. Guuvin, agent comptable de la marine. Castille jeune, boulanger. Cottel, commis négociant. Daniel, maître tailleur de l'infanterie de marine. Delalée, Emile, propriétaire. Desdouits, ingénieur de la marine. Devoir, horloger. Drouet, commissaire-priseur. Dubois fils, négociant, rue Corne- de-Cerf. Fauvel, Auguste, jardinier. Fernagu, Ferdinand, négociant. Gay-Lussac, lieutenant de vaisseau. Gitfard, Paul, notaire. Jean fils, clerc d'avoué. Jehl, François-Joseph, contre-maître aux travaux hydrauliques. Labbé, Jules, commis négociant. Lamotte, tanneur. Lavenu, propriétaire. Leconte, Jules, négociant. Lefebvre, commis du commissariat de la marine. MM. Lothon, marchand épicier. Lelaidier, horloger. Lemarié, négociant. Le Magnen fils, élève horticulteur. Le Moigne, propriétaire. Leneveu, marchand drapier. Le Jerriez, Auguste, jardinier. Le Parmentier, propriétaire. Lequesne, professeur. Maillard, marchand de charbons de terre. Noyon, Aug., écrivain de comptabilité de la marine. Orange, sous-commissaire de la marine. Patin, inspecteur d'assurances. Pillet, professeur à l'école du port militaire. Piloux, lieutenant de vaisseau. Postaire, maître plâtrier. Quoniam, commis des services admi- nistratifs de la marine. Raguenet, marchand de curiosités. Robine, avoué. Schmitt, commissaire-adjoint de la marine. Senaud, fabricant de parapluies. Tricot, vérificateur des douanes. Vautier, horticulteur. Vincent, huissier. Wildenstein. marchand tailleur. Gherbourg. — Imprimerie Auguste Mouchel. Les réunions de la Société d'Horticulture de Cherbourg ont lieu le premier dimanche de chaque mois, au jardin, rue Montehello, 46, à une heure et demie.de l'après-midi. Les Fleurs, Fruits, Légumes^ Primeurs, sur lesquels MM. les amateurs,, jardiniers, maraîchers (Sociétaires ou non) désirent appeler l'attention de la Société, seront déposés sur le bureau, examinés séance tenante, et une commission sera chargée d'en faire un rapport. Prix du numéro du Bulletin, chez tous les libraires. , . 1 fr. On rendra compte dans le Bulletin de tout ouvrage dont il snra adressé deux exemplaires à la Société d'Horticulture. BULLETI DK LA r r SOCIETE D'HORTICULTURE DE CHERBOURG 7e ANNEE ^MMSiE 1895 LIBRARY 80 CHERBOURG IMPRIMERIE AUGUSTE MOUCHEL, PLACE DU CHATEAU 1376 Les idées développées dans les rapports el mémoires insérés au Bulletin sont personnelles aux auteurs. — III — J MEMBRES D'HONNEUR DE LA SOCIÉTÉ. Président d'honneur : M. de Puyferrat, sous-préfet de l' arrondissement. Présidents ( M. Luis (Alfred), maire de Cherbourg, honoraires. i M. Liais (Emmanuel), directeur de l'Observatoire impérial du Brésil. BUREAU POUR L'ANNÉE 1870. Président: M. le docteur Renault, rue de la Poudrière, 4. / Henry, sous-commissaire de la marine en retraite, Vice- Présidents, MM. j rue de la Polie, 62. ' Orry, avoué, rue Christine, 27. Baud, lieutenant de vaisseau retraité, rue Saint- Sauveur, Octeville. Conseillers d'adminis- } Jourdan, agent administratif de la marine, rue tration, MM. \ des Ormes, 1. Cauvin, propriétaire, rue Bonhomme, 18. Le docteur Guiffart, rue Napoléon, 32. Trésorier: M. Orange, agent-comptable île la marine retraité, rue Bonhomme, 38. Secrétaire. M. Lelièvre (Paulin), commis du commissariat delà marine, rue de la Polie, 18. Secrétaires- f Levesoue, commerçant, rue des Portes, 6. adjoints, MM. ♦ Le Conte (Jules), commis de négociant, rue du Château, 19. Bibliothécaire : M. Ternisien (Pierre), rue Christine, 24. Bibliothécaire-adjoint: M. Balmont (Amédée), horticulteur, rue de la Duchée. Directeur du jardin: M. Levas rois, propriétaire, rue Napoléon, 26. Conservateur du matériel : M. Vastel, rue Bondor. Professeur d'arboriculture : M. Levesoue, rue des Portes, G. id. id. honoraire, M. Michel. Vice-président du comité de rédaction du Bulletin : M. Frouin, rue Adam. Secrétaire de la rédaction : M. de la Chapelle (Henry), commis principal des douanes, membre de la société académique, rue Grande-Vallée, 14. COMMISSIONS PERMANENTES. CULTURES D UTILITE : MM. Henry, président. Letellier, horticulteur. Levesque, rapporteur. Equilbecq, maître de la marine retraité. Menut (Henry), entrepreneur. Nicollau, maître tailleur de l'in- fanterie de marine retraité. CULTURES D AGREMENT: MM. Orry, président. H. de la Chapelle, rapporteur. Simon, capitaine d'artillerie reiraité. Frouin, capitaine d'infanterie de marine retraité. Hervieux, march. bonnetier. Balmont, horticulteur. IV BULLETIN DE 1875. T TABLE DES MATIERES. MM. » Marcanville. Ch. Syffert. J. Levesqub.. idem. H. de la Chapelle Jourdan. J. Denis. Equilbecq, Menut Jourdan. Angran. H. L. C. Pages. Composition du bureau et des commissions permanentes pour Tannée 1876 m Chronique horticole 1 21° exposition de la société d'horticulture de l'arrondissement de Cherbourg 5 Rapport de la commission des cultures d'u- tilité, sur la plantation d'asperges de M. Baccia „ 33 Rapport remis à MM. les membres du jury, 1° sur les perfectionnements apportés dans la construction des serres en fer; 2° sur une culture de melons 38 Rapport de la commission chargée de rendre compte du travail de dessin et ornemen- tation des jardins 43 Compte-rendu de l'exposition horticole de Caen, en 1 875 52 Les contre-espaliers de M. Levesque 56 Le melon vert à rames. Rapport delà com- mission chargée d'examiner la publication de M. Bossiu 59 Extrait d'une lettre de M. Joseph Lafosse sur les propriétés fébrifuges de l'Euca- lyptus globulus et du laurier commun. ... 61 Rapport sur la 21e exposition horticole de Cherbourg ( extrait du Bulletin de la so- ciété centrale d'horticulture de la Seine- Inférieure. ) 6'2 Correspondance. Envoi de graines de Cochin- chine. — Exposition horticole à Rouen en mai-juin 1876 73 Membres admis en 1875 76 Nécrologie. M. Hamond. — Sociétaires dé- cédés en 1875 77 CHRONIQUE HORTICOLE Considérations « philosophiques et aultres. » — Floraison de l'Arun- dinaria falcata et du Cordyline indivisa à l'air libre. — M. Carrière à Cherbourg. — La question du Jardin public. — J'éprouve toujours le plus vif plaisir à écrire mes chro- niques horticoles : Ce plaisir, je voudrais bien qu'il fut partagé par mes lecteurs, et, si j'avais le bonheur d'en avoir, par mes lectrices. Il faut cependant me restreindre aujourd'hui, car, au point de vue horticole, l'année a été bien remplie, et nous avons des rapports nombreux à insérer. Notre 21e exposition a été réussie : elle a dépassé nos espé- rances; on en trouvera plus loin le compte-rendu. Cette année aussi, notre société a pu envoyer des délégués aux expositions des villes voisines; les rapports de ces délégués ne peuvent manquer d'intéresser les amis de l'horticulture. — Au mois d'avril dernier, la société des Sciences naturelles de Cherbourg et notre société d'horticulture étaient informées, avec dépôt de pièces à l'appui, que V ' Arundinaria falcata, plante d'ornement assez répandue dans nos jardins, venait de fleurir chez M. Levieux, chez MM. Balmont, chez M. Vallette, chez Mme Beaussieu, et ailleurs encore, dans Cherbourg ou dans les communes voisines. Une correspondance- a été en- gagée à ce sujet avec M. Carrière, qui a demandé des rensei- gnements, des dessins et des échantillons, et qui a reproduit dans la Revue horticole des extraits de nos lettres. M. Car- rière dit, dans cette Revue, qu'il ne pense pas que, jusqu'à ce moment, l'Arundinaria falcata ait fleuri en Europe. M. Val- lette en a recueilli des graines pour les expérimenter dans son appareil à germination : nous attendons impatiemment le résultat de cette expérience. ~> ( 2) — Vers la même époque, notre trésorier, M. Orange, nous invitait à venir chez lui, pour voir la floraison d'un dracœna cordyline indivisa, qui, planté à l'air libre ^ et tout petit, en 1868, est devenu un arbre haut d'environ 4 mètres, avec un tronc de 53 centimètres de circonférence. Ce magnifique végé- tal supportait gaillardement une énorme grappe, mille fois subdivisée, et composée d'un nombre incalculable de petites fleurs, de couleur blanche et d'une odeur des plus suaves. Avec le « pesant fardeau » de cette grappe, le dracœna de M. Orange supportait aisément celui d'un « roitelet » et de sa petite famille^ car ces oiseaux charmants étaient venus éta- blir au milieu des fleurs, un nid qui a été scrupuleusement respecté. La maison Rideau a photographié le tout avec un succès complet, et la société, ainsi que les amis de M. Orange, sont heureux d'en avoir des épreuves. — M. Carrière nous a rendu visite, au moment où nous y pensions le moins, et il est un grand nombre de sociétai- res qui regrettent bien vivement de n'en avoir pas été prévenus de cette visite. Dans les journées du 1er et du 2 juillet, le savant directeur de la Revue horticole a examiné en détail plusieurs de nos jardins, notamment ceux de MM. Hamond, Ternisien, Balmont, et il. a pu voir à son aise la floraison del'Arundi- naria falcata, qui avait tant excité son intérêt En quittant Cherbourg, il s'est arrêté à Carentan, pour aller voir, à Saint- Côme-du-Mont, la propriété de M. Joseph Lafosse^ la mer- veille horticole de notre presqu'île. — La question du jardin public est entrée dans une nou- velle phase. Les amis de Fhorticulture, du bien général, ceux enfin qui désirent voir Cherbourg s'embellir, peuvent dès maintenant s'arrêter à des espérances sérieuses. Nous disions^ dans le dernier Bulletin, que la société d'hor- (3 ) ticulture était satisfaite; elle a son petit jardin, elle l'a planté, le soigne et le choie. Mais ce modeste jardin de 17 ares, confié aux soins d'une société, peut-il tenir lieu d'un jardin public pour une ville de près de 40,000 habitants ? Il y a quelques années, plusieurs d'entre nous avaient levé les yeux sur ce terrain magnifique qui domine la gare, terrain limité à Test par la propriété de M. Hamond, à l'ouest par la rue des Tanneries et le chemin de l'Amont-Quentin. Nous appelons ce terrain,, du nom de son propriétaire, le terrain Vrac. Alors que l'état des finances de la ville pouvait faire regarder comme une folie le projet d'acquisition de ce terrain, nous avions étudié le projet plus modeste de la création d'un jardin public dans un terrain vague au pied de la montagne, entre l'Ermitage et la promenade du Roule. Aujourd'hui, que la ville, après avoir beaucoup fait, peut et veut faire davan- tage, qu'elle songe à des travaux dignes de son importance, qu'elle a nommé une commission municipale pour étudier la question, nous ne saurions émettre trop hautement le vœu qu'un jardin public soit créé dans le terrain Vrac. Est-ce donc une chose de pur luxe qu'un jardin public ? Sans être docteur en médecine, comme notre président, ne savons-nous pas que les enfants ont besoin d'air pour devenir des hommes bien portants, et plus tard de solides défenseurs de la patrie ? Est-ce dans les étroits logements que Fexi- guité des ressources laisse à notre nombreuse population ouvrière, que les enfants de Cherbourgpourront se développer V Parcourez la ville, ou si vous voulez ne pas vous déranger, feuilletez l'Annuaire Feuardent, puis, aidés par vos souvenirs, cherchez combien d'habitants de Cherbourg ont un jardin à eux. Les pauvres, les ouvriers, et beaucoup de fonctionnaires même aisés, en manquent : où voulez-vous que leurs enfants (4 ) aillent respirer l'air pur ? Les uns choisiront la rue, qui présente des dangers physiques et moraux, les autres seront exposés à des fréquentations fâcheuses. Ah ! messieurs de la Ville, hâtez-vous d'ouvrir aux petits ménages un jardin public où les parents puissent conduire leurs enfants en toute sécurité, et cela dans un lieu à la portée de tous. Le terrain Vrac offre des avantages immenses. Il est au bout du quai de Paris, au-dessus de la gare, c'est-à-dire sur le chemin de tous les promeneurs. ïl est en pente douce, ce qui évite aux vieillards la fatigue, aux enfants le danger des chutes. Quant au terrain lui-même, il se compose de plusieurs herbages de bonne qualité; il ne restera plus, quand on l'aura acheté (ce qui est la grosse affaire) qu'à le dessiner et à le planter. Pour le coup-d'œil, il dépasse toute description. Il domine la ville et la rade, il se trouve dans l'alignement du bassin de commerce, du port et du chenal. Sans être sur un point élevé, on voit, à droite, Tourlaville et les Flamands; de- vant soi, le port, la rade et toute la ville; à gauche, l'église N.-D.-du-Vœu, le seul des monuments de Cherbourg qui de loin ait quelque apparence, au-delà, le port militaire. Enfin, chose importante, ce terrain possède dans sa partie basse un petit cours d'eau, qui donnera au dessinateur du jardin toutes les ressources hydrographiques pour bassin, cascade, etc. Le terrain voisin de l'Ermitage n'offre aucun de ces avan- tages. Il manque d'abord de terre végétale, ensuite, de vue, enfin, d'étendue suffisante. Nous l'avons défendu en 1869, et nous ne l'abandonnerons pas complètement aujourd'hui : il semble en effet, par sa position, destiné à être acquis parla ville pour devenir soit un square, soit une place entourée d'ar- bres où l'on placerait l'assemblée de la Trinité que le quar- tier du Roule revendique, avec raison, comme son bien. ( 5 ) Si la ville se décide à devenir propriétaire du terrain Vrac, on pourra y faire un jardin public tel, que n'en auront de pareil, ni Caen, ni Coutances, ni Avranches, ni aucune autre ville de Normandie. Nous le prouverons ultérieurement si on le désire : assez causé pour aujourd'hui. Cherbourg, le 3 décembre 1875. Marcanville. 21e EXPOSITION DE LA Société d'Horticulture de l'Arrondissement de QierboK?g f) Nous avons voulu laisser au public le soin d'apprécier avant nous cette exposition. De l'aveu unanime c'est une des plus belles que nous ayons eues à Cherbourg. Ce n'est pas que le nombre des exposants horticulteurs fût considérable, puisque de tous nos jardiniers quatre seulement (*) Nous donnons à nos lecteurs, sous la signature de M. Ch. Syffert, le compte-rendu de notre 21e exposition, inséré dans la Vigie du 12 août. Le Phare de la Manche a donné, le même jour, un compte- rendu également très détaillé, avec des appréciations dans le même sens que la Vigie. Nous avons été embarrassés pour choisir. Depuis longtemps déjà, notre société trouve dans la presse locale un appui constant et désintéressé, publicité toujours gracieusement offerte, bons conseils, encouragements de toute nature. Que MM. A. Mouchel et Syffert veuillent bien recevoir ici un nouveau témoignage de la recon- naissance de la société, dont ils sont, d'ailleurs, membres dévoués. RÉD. ( 6 ) ont pris part à la lutte, mais l'abondance et la richesse de leurs collections ont amplement comblé les vides que l'absence de leurs collègues pouvait faire craindre. Que MM. Balmont, Dagoury, Letellier et Lévéel reçoivent ici nos félicitations. On trouvera plus loin, au rapport du jury, les récompenses qui leur ont été décernées et l'appréciation faite par la commis- sion du mérite de leurs collections. Parmi les horticulteurs étrangers qui ont pris part à cette exposition, on remarquait une riche collection de fleurs cou- pées, exposés par M. Vallerand, horticulteur à Bois-Colombes (Seine), et la belle collection de dalhias de M. Lampérière, horticulteur à Saint-Côme-du-Mont (Manche.) La riche et belle collection de plantes de M. Malherbe, de Cherbourg, exposant amateur, nous a aussi vivement intéressé. Parlerons-nous de nos bouquetières ? Notre embarras se- rait grand s'il nous fallait leur décerner la palme. Leurs cor- beilles et leurs bouquets étaient tous des merveilles d'élégance et de bon goût; un entre autre, celui de Mme Frouin,, com- posé de fleurs des champs, nous a paru un chef-d'œuvre. C'est la première fois que nous voyons les fleurs champêtres figurer à nos expositions; le bouquet de Mme Frouin nous a révélé tout un monde de beautés florales jusqu'ici inconnues et négligées, et le parti avantageux qu'on peut en tirer pour la décoration de nos salons. Nons avons déjà dit ce que nous pensions du coup d'œil d'ensemble de cette exposition et nous avons payé à M. Letul- lier notre tribut d'admiration pour la parfaite harmonie qui règne dans toutes les parties de cette exposition. Nous sommes heureux d'apprendre que le jury à l'unanimité lui a décerné la médaille d'or attribuée aux meilleurs dessins des jardins. ( 7 ) Dans la partie consacrée à l'exposition maraîchère et frui- tière, nous avons remarqué les belles collections de pommes de terre de M. Desmares, maraîcher à Tourlaville, compre- nant une trentaine de variétés; l'exposition non moins intéres- sante de M. Lemoigne, jardinier de l'Hôtel-Dieu de Cherbourg. Citons encore les collections maraîchères de MM. Levesque, exposant amateur, Drieu, jardinier, et Leroy, cultivateur à Nacqueville. Parmi les lots de fruits peu nombreux à cause de la saison, nous avons remarqué les corbeilles de MM. Desmares, Bal- mont et Jacques Jean, de Mme Rondel et de M. Levesque, exposant amateur. Complément indispensable d'une bonne horticulture, les outils et les instruments de jardinage, meubles rustiques et poterie décorative ne pouvaient manquer de figurer à cette exposition. Au premier plan, nous avons remarqué un trophée d'outils de jardinage exposés par M. Archimbaud, marchand quincail- lier à Cherbourg, ainsi que d'autres objets accessoires, bancs, fauteuils, etc. La collection de meubles rustiques de Mme Bailleul, mar- chande vannière à Cherbourg. Enfin, la belle et riche collection des produits céramiques de la briqueterie de Tourlaville, exploitée par M. H. Menut fils; c'est d'abord des ornements pour chalets, kiosques, etc., con- sistant en figures de fillettes et femmes coiffées de fleurs, < masques de lions dégorgeant dans une vasque pour fontaine, applicables contre les murs; des chaperons de mur; des bor- dures découpées pour plates-bandes et, création nouvelle, des étiquettes de jardin, en terre cuite, des tuyaux de drai- nage, etc. Comme spécimen unique de ce que peuvent pro— ( 8) duire les terres rouges de Tourlaville, nous citerons une vasque avec pied, exécutée et dessinée dans les ateliers de l'exposant. Tous ces produits de l'industrie naissante de la briqueterie de Tourlaville ont vivement intéressé le public. Nous souhaitons que les efforts faits par M. Menut pour élever à la hauteur de l'art notre industrie céramique, soient couronnés de succès. Il y a assez longtemps que notre contrée est tributaire des usines étrangères, pour ces sortes d"objets. Un cadran solaire perfectionné, exposé par M. Gri volât, horloger à Paris. Des verres concaves, présentés par M. Brière, de Paris. Un thermosiphon de la maison Paul Le Bœuf, de Paris, et des appareils d'arrosage de M. Bau- mann, entre autre un pulvérisateur, nous ont vivement intéressé. Cette fête des fleurs, de trop courte durée, laissera, nous nous n'en doutons pas, les plus agréables souvenirs parmi notre population et parmi les nombreux étrangers qui l'ont visitée. BANQUET. Lundi soir, à six heures, dans les salons du Casino, la société s'est réunie dans un banquet présidé par M. le docteur Benault, président de la société, ayant à sa droite M. l'amiral préfet maritime, et à sa gauche M. de Puyferrat, sous-préfet de Cherbourg. Parmi les convives, nous avons remarqué : MM. les colonels du 1er régiment d'infanterie de marine et du 25e de ligne, M. le maire et ses adjoints, M. Fiquet, capitaine de frégate, pre- mier aide-de-camp du préfet maritime, messieurs les délégués (9) des sociétés étrangères et les représentants de la presse locale. La plus aimable cordialité, la plus franche gaieté n'ont cessé de régner à cette fête pendant la durée de laquelle l'excellente musique du 25e de ligne a fait entendre ses plus harmonieuses symphonies. On a bu et mangé de fort bon appétit. Il ne pouvait en être autrement: Vins de premier choix, cuisine excellente, service parfait. Au dessert, de nombreux toasts, que nous reproduisons, ont été portés dans l'ordre suivant. M. le docteur Renault, président, a le premier pris la parole; il s'est exprimé en ces termes : « Je porte un toast aux amis de l'horticulture, à nos bien- » veillants protecteurs, à M. l'amiral, préfet maritime; à M. le » maire de la ville de Cherbourg, pour leur généreux appui » et leur précieux concours. » Dans toutes nos expositions, lors de toutes nos fêtes horti- » coles, nous avons sans cesse demandé l'aide de l'adminis- » tration de la marine et toujours nous en avons reçu le meil- » leur accueil. M. le maire a contribué puissamment à nous » faciliter la tâche que nous imposait notre exposition. » L'administration municipale, est-il besoin de le répéter, » messieurs, nous a témoigné comme par le passé,, la plus » paternelle sollicitude et n'a cessé de nous donner des encou- » ragements. » Ces précieuses sympathies nous sont chères., elles nous » montrent qu'on sait apprécier nos efforts, qu'on reconnaît » que la société d'horticulture a déjà lait quelque bien et » qu'elle cherche par tous les moyens à mettre en lumière une » partie de nos richesses locales. » Mais., à qui le doit-on, messieurs ? si ce n'est à vous, » collaborateurs dévoués, membres fervents de la société » d'horticulture qui avez réuni vos efforts depuis de longues ( 10) » semaines pour préparer et mener à bien notre vingt-et- » unième exposition. » Je ne puis vous en remercier tous individuellement, mais » je tiens à proclamer ici les noms et à porter un toast à » MM. Henry et Orry, nos deux vice-présidents. » L'un, M, Henry, a dirigé les commissions d'examen et » les travaux d'ensemble de l'exposition, de concert avec » MM. Equilbey, Nicolau, Menut, Gauvin, Levattois. » L'autre, M. Orry, avec MM. Estébé et Frouin,, a prévu » tous les détails du banquet de ce soir et a réalisé des » prodiges, vous venez de vous en apercevoir. » M. le vice-amiral, préfet maritime., prenant ensuite la parole, a répondu à peu près en ces termes au toast de M. le pré- sident : « Permettez-moi, messieurs, de répondre quelques mots » aux paroles si gracieuses pour moi que vient de prononcer » votre président. » Je n'ai pas un bien grand mérite à avoir donné un ordre » pour que les moyens de la marine, dont je dispose, soient » mis à votre disposition. Un ordre dans ce cas ne coûte rien » et il est bien vite donné. Maintenant, surtout, messieurs que » je vous connais, s'il se présentait quelque occasion réelle- » ment sérieuse de vous être utile, vous pouvez, je vous » assure, compter entièrement sur moi. » Vous pouvez compter sur moi, messieurs, parce que votre » société me paraît des plus utiles, et en effet, s'il est admis, » ainsi que je l'ai souvent entendu dire, que la musique adoucit » les mœurs, qu'elle est un élément de civilisation, je crois que » la culture des fleurs n'a pas moins de vertu, et je n'en veux » pour preuve que ce fait qui vous frappe ici à chaque pas : » c'est qu'il n'est pas, en celte ville, de si pauvre demeure » qu'il n'ait son pot de fleurs soigné avec amour. C'est qu'il n'y » a pas une fête, pas une réunion populaire, fût-elle de vingt » mille personnes, qui soit troublée par le moindre désordre. ( 11 ) » Votre société, messieurs,, est donc, selon moi, un grand » élément de civilisation, voilà pourquoi je porte la santé des » membres de la société d'horticulture. » Une triple salve d'applaudissements a salué cette simple et spirituelle allocution. M. le maire, à son tour, porte un toast aux jardiniers et maraîchers de Cherbourg. Après lui, M. Estébé a porté le toast suivant : « Monsieur le sous-préfet, messieurs, » La fête qui nous réunit aujourd'hui, est une de celles dont » le caractère éminemment pacifique nous repose des préoc- » cupations sérieuses que nous ne rencontrons que trop sou- » vent dans notre existence. » Une exposition comme celle à laquelle nous venons d'as- » sister, remplit un double but, d'abord, de répandre au sein » de notre population le goût des fleurs, dont la présence orne » et égaie la maison du pauvre., et dont la culture occupe » agréablement les loisirs de l'homme aisé; ensuite elle excite » une noble émulation parmi nos laborieux et habiles hor- » ticulteurs. » Aux charmes de l'exposition, se joint le plaisir d'une » réunion vraiment paternelle à laquelle nous sommes heureux » de convier les principales autorités de notre ville : leur » présence parmi nous est un témoignage des bienveillantes » dispositions dont elles nous honorent. » Vous avez bien voulu, M. le sous-préfet, nous faire l'hon- » neur de répondre à notre invitation, nous sommes d'autant » plus flattés de votre présence à ce banquet, qu'elle procure » à beaucoup d'entre nous l'avantage de vous connaître, et à » ceux que d'heureuses circonstances ont déjà mis en rapport » avec vous, l'occasion de vous exprimer leur reconnaissance » pour l'affabilité de votre accueil et votre empressement à ( 12 ) » faire droit à leurs demandes, toutes les fois qu'elles vous ont » paru équitables. » Aussi, messieurs, pour donner une plus complète sanction » à ces sentiments de cordiale sympathie, je vous prie de » répondre à la proposition que j'ai l'honneur de vous faire, » de vous joindre à moi, pour porter la santé de M. le sous- » préfet de Cherbourg. » Aux paroles de M. Estébé, M. le sous-préfet a répondu à peu près en ces termes : « Messieurs, » Je suis profondément touché des paroles bienveillantes » qu'un de vos honorables membres, M. Estébé, a bien voulu » m'adresser en votre nom; veuillez en agréer toute ma recon- » naissance et permettez-moi de vous exprimer tous les re- » grets de M. le préfet de la Manche de ne pas se trouver au » milieu de vous et de n'avoir pu répondre à l'aimable invita- » tion de votre président. » C'eût été pour lui une véritable satisfaction de visiter votre » exposition si complète sous tous les rapports et il vous eût » témdigné bien mieux que je ne saurais le faire, combien les » institutions de ce genre sont profitables à tous. C'est en » admirant les belles œuvres de son voisin que le producteur, » tant pour l'horticulture que pour les arts, les sciences et » l'industrie, conçoit le désir de l'imiter et souvent de le sur- » passer : c'est là surtout qu'on peut voir tout ce que peuvent » donner l'intelligence et le travail et c'est une lutte, ainsi que » vient de le dire l'honorable M. Estébé, qu'on ne saurait trop » encourager. C'est une lutte moralisatrice, productrice et » pacifique s'il en fut que je vous demanderai la permission » de qualifier : La lutte du Bien Faire. » Je tiens donc à remercier d'abord celui qui cette année a » organisé le concours, votre excellent président, M. le doc— » teur Renault. Mieux que personne il est à même d'apprécier ( 13 ) » les plantes; il les étudie chaque jour et après avoir consacré » la majeure partie de son temps à en conseiller l'application » pour les nombreuses misères qu'il est appelé à soulager, » il veut bien occuper ses loisirs à diriger votre société, veil- » 1er à la publication périodique des documents horticoles, » indiquer à chacun la propriété des arbustes ou fleurs qu'il » cultive et le moyen de les faire prospérer. » Quant à vous, messieurs les exposants, je ne saurais trop » vous féliciter d'avoir su transformer en aussi peu de temps, » notre grande halle en un si vaste parterre, pour mieux dire, » en un véritable jardin ou, à côté des fleurs les plus variées, » des arbustes les plus rares, se trouvent le produit de nos » vergers, les arbres les plus utiles et les instruments les plus » perfectionnés tant pour la culture des plantes que pour la » récolte des fruits. » En quelques minutes, il nous est donné d'y voir l'ensem- » ble charmant du travail de tous et une journée suffirait à » peine pour admirer les merveilles produites par chacun, » les belles fleurs, les beaux fruits, les beaux légumes et les » merveilleux instruments qui sont le résultat d'un labeur » obstiné et d'une application constante. » J'ai l'honneur, messieurs, de porter un toast à M. le doc- » teur Renault, président, à MM. les membres et à MM. les » exposants de la société d'horticulture de Cherbourg. » Dans un impromptu en vers, M. Orry, vice-président, a, par l'organe de M. Hainneville, porté le toast suivant aux dé- légués des sociétés étrangères : LA SAINTE-ALLIANCE DES JARDINIERS. 9 août 1875. Am du Dieu des bonnes Gens. Quand parmi nous vous venez, chers confrères, A ce banquet vous asseoir bienveillants, Au bruit joyeux des chansons et des verres Nous vous portons un toast reconnaissants, Et pour fêter votre heureuse présence, A Béranger j'emprunte ce refrain : Amis, formons une sainte-alliance, Et donnons-nous la main ! v ( 14 ) L'horticulture est la source féconde, Dont le flot pur, guidé par nos labeurs, Coule sans fin et verse à ce vieux monde De nouveaux fruits et de nouvelles fleurs. A ais pour doubler sa fertile puissance, Pour lui créer un avenir certain, Amis, formons une sainte-alliance, Et donnons-nous la main ! Dans nos plaisirs, nos fêtes populaires. Songeons à ceux que frappent des revers, Là-bas, là-bas, n'avons-nous pas des frères Que leurs malheurs nous ont rendu pius chers? Pour secourir la cruelle souffrance Des inondés sans asile et sans pain, Amis, formons une sainte-alliance, Et donnons-leur la main ! Chers délégués, cette joyeuse fête Hélas ! bientôt, bien trop tôt va finir, De l'amitié qui déjà vous regrette, Gardez au moins, gardez le souvenir ' En nous quittant, laissez-nous l'espérance Que ce beau jour aura son lendemain Ainsi, formons une douce alliance, Et donnous-nous la main ! Prenant la parole au nom des délégués,, M. Magny, délégué de la société d'horticulture de Coutances et président du jury, a remercié en termes chaleureux la société et son président du gracieux accueil qui leur a été fait et des prévenances dont ils ont été l'objet pendant leur séjour à Cherbourg. M. Magny a bu à l'uion des sociétés agricoles de la Nor- mandie. M. Frouin porte ensuite un toast qui nous touche de près, comme on le verra, pour lequel nous lui devons nos plus sin- cères remerciements : « Je porte, a-t-il dit, un toast à la presse locale qui nous a donné depuis que notre société existe et surtout pour la pré- sente exposition, de si généreux et si courtois témoignages de sympathique dévouement. » Aux gérants et aux rédacteurs de la presse cherbour- geoise ! » ( 15 D'autres toasts ont été encore portés : par M. Equilbey à MM. les colonels des régiments età M. le chef de bataillon du 19e chasseurs; Par M. Lafosse, de St-Côme-du-Mont, à M. Herpin de Fremont; Par M. Hartel, président de la société artistique et indus- trielle, à la société d'horticulture et à l'union des deux sociétés; Enfin par M. de la Chapelle, aux poètes. Après ce dernier toast, M. le président a donné le signal des chants et donné la parole à M. X***, qui a chanté une chanson impromptue qui a été vivement applaudie. M. Cousin, dans une revue humoristique, nous a ensuite chanté les merveilles de notre exposition. LA FÊTE DES FLEURS. Revue de V Exposition. I. Sous le toît de Cérès la blonde, Flore superbe en ses atours, Reine des fleurs, joyaux du monde Nous a ravis pendant trois jours... Non, non jamais reine en ce monde N'eut son éclat et ses atours... Certes, aux fleurs, je rends hommage, Mais dans mon chant sur leurs attraits Daignez, messieurs, si je sombrais, Sauver le refrain du naufrage : J'aime la grâce et les couleurs (bis). Le doux parfum, la voix des fleurs ! II. Plus de froment, d'orge, d'épeautre : Un vrai jardin du Roi-Soleil! As-tu parfois, savant Lenôtre, Fait d'un clin d'œil rien de pareil? As-tu jamais brillant Lenôtre, Fait en un jour, rien de pareil ? Cintres, piliers que l'art décore, Armes d'azur, nobles drapeaux, Forêts, massifs sous les arceaux, Ruisseaux, bassins, que sais-je encore ? J'aime la gloire et les splendeurs (bis). Des parcs, des jardins et des fleurs. ( 16 ) III. J'ai beau manquer d'expérience, Je n'aurai pas l'ingrat défaut D'oublier le goût, la science Du président Charles Renault ! Honneur au goût, à la science Du président Charles Renault ! Puisque la Faculté française Pour guérir nos maux, nos douleurs A si souvent recours aux fleurs, Raison déplus pour qu'il nous plaise !... Ruvons, messieurs, buvons en chœur Au président horticulteur ! IV. L'humble mauve annonce à notre âme « Tendres soucis, soin maternel; » L'héliotrope, heureux dictame, Exhale « amour, charme éternel, » L'héliotrope, heureux dictame. Exhale « amour, charme éternel... » Le myosotis, fleur fervente, Supplie, « oh ! ne m'oubliez pas .'... » 11 nous eût dit, le frais lilas, « Du cœur h; première tourmente... » J'aime la grâce et les couleurs, (bis). J'aime le doux parfum des fleurs ! V. Le Tuilier sait, nouveau Moïse, Faire jaillir l'eau d'un rocher. Mais l'un fait la terre promise, L'autre ne dut qu'en approcher, Il fait une terre promise, D'un coin terrible à défricher, Un Suisse en miniature : Lac, pont, chalets, sentiers, gazons, Il sait doubler les horizons Et dans cent pas met la nature... J'aime la gloire et les splendeurs (bis. Des parcs, des jardins et des fleurs ! VI. De nos champs mignonnes fleurettes, Frouin vous groupe en frais surtout; C'est qu'il vous aime, ô pâquerettes'?... Non, si. peut-être, un peu, beaucoup. Vous aime-t-il, ô mes fleurettes?... Passablement, un peu, beaucoup ! L'œuvre n'est d'or, ni de turquoise, Mais c'est charmant, coquet, nouveau, Et le jury fait un cadeau, A la merveille villageoise ! J'aime la grâce et les couleurs, [bis). Le doux parfum, la voix des fleurs ' ( 17 , VII. Pour louer un art adorable, Je suis trop peu de l'Institut, Mais quoi ? sortir de cette table Sans avoir parlé de Menut? Non ! trésors de brique et de sable, Nul ne pourra dire : « II se tut ! »... Allégorie et statuette, Socles, fleurons, coupes, plateaux; Fins ornements, mignons tuyaux, Flore vous convoite et vous guette ! Gloire au talent, gloire aux lutteurs, {bis) Gloire au jardin et gloire aux fleurs ! VIII J'ai vingt fois, friande revue, Lorgné des lots... on comprendra : Petits pois, ognons et laitue, Et Cantaloups, et cœtera!... Un trouble m'a saisi la vue, Puis le palais, puis l'estomac ! Primeurs, corbeilles, doux fruits d'Eve, Encadrés d'un joli gazon, J'allais... mais proche est la prison'... L'honneur est sauf ! je me relève ! J'aime la grâce et les couleurs 1 (bis). Les parfums des fruits et des fleurs. IX. Plantes, fleurs si fraîches, si belles, Aux corsets de riche satin, Nacre, or, velours, fines dentelles, Brillent sur vous dès le matin, L'Aurore met sur vous, mes belles, Les plus beaux feux de son écrin... Je ne tairai point votre gloire, Levéel, Letellier, Balmont; Que Dagoury marche de front, Puisqu'il prend part à la victoire !... J'aime la gloire et les splendeurs, (bis). Des parcs, des jardins et des fleurs ! I. Ce banquet, c'est du jardinage, Mais nos outils changent ce soir : Chacun de nous apte à l'ouvrage Prend un flacon pour arrosoir; Que d'Archimbault l'habile ouvrage Fasse au flacon place ce soir... Nos couteaux devienneut serpettes, La table?... Un parterre enchanteur, L'adroit Meslin, un sécateur Et nos râteaux sont des fourchettes... J'aime les fruits, j'aime les fleurs, (bis). J'aime un banquet d'horticulteurs ! ( 18 ) HOMMAGE A LA PRESSE DE CHERBOURG. Sur ces bords tout pleins d'harmonie, De feux, de nautiques échos, Entre le Phare et la Vigie 'Sons avons dîné près des flots; Hommage à vous, Phare et Vigie, Mon cœur vous dit ces simples mots : — Ecoutons Flore, elle est si bonne, Pour nous, deux feuilles sont deux sœrs, Jamais d'aspic, du style en fleurs... Ah ! suivons Flore et non Bellone ! A vous nos vœux d'horticulteurs, (bis.) A nos gérants et rédacteurs ! La soirée s'est prolongée fort avant dans la nuit, et invités et convives se sont séparés, emportant le meilleur souvenir de cette fête qui a été, sans conteste, l'une des mieux réussies auxquelles elle nous ait été donné d'assister. DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES. La distribution des récompenses aux lauréats des concours de l'exposition a eu lieu mardi, à 2 heures précises, dans le grand salon de l'hôtel-de— ville, sous la présidence de M. de Puyferrat, sous-préfet, assisté des membres du comité, et de MM. Liais, maire, et Deshameaux, adjoint. M. le président de la société d'horticulture a ouvert la séance en prononçant le discours suivant : « Mesdames, Messieurs, » Je voudrais posséder les dons de l'éloquence, être expert dans l'art de bien dire, pour louer comme ils le méritent nos horticulteurs cherbourgeois. » Cette vingt-et-unième exposition qui vient de finir a été sinon la plus belle, au moins une des plus belles entre toutes les fêtes données par la société. » Cela ne tient-il point du prodige en effet. En quelques jours, dans un nombre d'heures facile à compter, des socié- ( 19 ) taires dévoués, secondés par un homme habile, et pour mieux dire par un artiste, ont créé cet ensemble qui a fait l'admira- tion des connaisseurs les plus scrupuleux. » Une halle froide et nue, des murs poudreux, un sol dur comme le macadam d'une route, ont été transformés comme par un coup de baguette en un jardin verdoyant : le sol s'est renflé, le gazon a poussé, l'eau a jailli de toutes parts, nos horticulteurs ont afflué avec leurs plantes, nos maraîchers avec leurs légumes, l'exposition était prête à ouvrir, elle ou- vrait, lorsqu'à peine dans le public se doutait-on que le tra- vail était commencé. » Mardi dernier rien n'était fait; cependant, samedi à onze heures, heure fixe, chose étrange pour une exposition, le jury pouvait se réunir pour entrer en fonctions. » Ce n'est pas, messieurs, pour nous donner des louanges que nous rappelons cette improvisation merveilleuse, c'est pour remercier ici messieurs les membres de la commission d'organisation et pour citer le nom de M. Letullier, l'habile dessinateur du jardin. » Quoique grand, ce travail n'était rien encore : il fallait pour compléter la fête des yeux, que nos horticulteurs répon- dissent à notre appel et voulussent bien grouper dans ces massifs de merveilleuses plantes empruntées à la flore de toutes les parties du monde. » Nous sommes heureux de leur témoigner ici notre satis- faction et d'affirmer en même temps que MM. les délégués, hommes compétents, envoyés par quelques-unes de nos socié- tés correspondantes, ont apprécié et loué sans réserve l'en- semble des lots exposés. » Là, ce sont de magnifiques plantes de serre, exemplaires gigantesques des pays tropicaux : ici, des fleurs aux coloris les plus variés et les plus accentués; à côté,- un groupe d'ar- (20) brisseaux qui ont déjà fait leurs preuves dans notre zone au point de vue de l'acclimatation. » Un peu plus loin, une exposition moins brillante pour les yeux, mais plus utile, a démontré qu'à Cherbourg on pouvait trouver toutes les variétés d'une collection complète de lé- gumes. » Il ne m'est pas permis non plus de passer sous silence ni ces instruments si utiles aux horticulteurs, ni ces belles pote- ries destinées à orner les parcs et les jardins. » Mais il ne faut pas empiéter davantage sur les fonctions de M. le rapporteur du jury qui, dans un instant va vous don- ner les détails et les appréciations recueillies par lui lors de l'attribution des récompenses. » En présence des magnifiques résultats obtenus, peut-on dire que tous les progrès possibles sous notre climat et dans notre sol aient été réalisés ? Non, messieurs, l'horticullure a fait de grands progrès, mais il lui en reste de plus grands en- core à accomplir. » On l'a dit souvent : Cherbourg jouit d'une température insulaire, aussi en ménageant un abri contre les vents animés d'une grande vitesse, nous croyons qu'on peut enfanter des prodiges. » L'acclimatation est une œuvre lente, laborieuse, coûteuse qui exige des connaissances approfondies, un infatigable dé- vouement pour la science, et souvent, malgré tous les soins donnés, on n'éprouve que mécomptes et déceptions. C'est pourtant grâce aux hommes dévoués qui se consacrent à cette partie de l'horticulture que nous devons l'introduction à Cher- bourg et dans ses environs, de la majeure partie des plantes qui font l'admiration des étrangers. » Aussi, je n'en doute pas, messieurs, vous n'hésiterez pas à louer comme ils le méritent ces généreux initiateurs, et parmi eux, le premier de tous, M. Herpin de Fremont. ( 21 ) » L'acclimatation fait les [conquêtes, l'horticulture pratique en déduit les résultats. Il n'y a pas trente ans les jardins de la ville de Cherbourg avaient une flore très limitée. Aujourd'hui, les camellias, par exemple, considérés alors comme une véri- table rareté, sont devenus presque des plantes vulgaires. Sur nos marchés, le voyageur est étonné de rencontrer une si grande abondance de plantes distinguées et de la meilleure culture. » Je crois, messieurs, que la société d'horticulture n'est pas étrangère au progrès que nous venons de signaler et que tout le monde constate. Ses réunions mensuelles, ses publica- tions et surtout ses grandes expositions développent le goût des belles plantes et des jardins bien aménagés. Nos visites dans les parcs de la ville et des environs stimulent le goût des ama- teurs et font naître l'envie d'en créer de nouveaux. » Pourquoi faut-il que la partie la plus utile du jardinage soit encore si négligée parmi nous ? Pourquoi l'arboriculture ne suit-elle que lentement les progrès de la flore ornementale et de l'art maraîcher. » Cependant, sous notre climat, avec les propriétés de notre sol, nous croyons, en nous appuyant sur l'autorité justement reconnue de M. Dubreuil, que l'on peut obtenir les meilleures cultures concernant surtout les fruits à pépin. Quand nous disons les meilleures cultures, nous entendons les plus profi- tables sous tous les rapports. Il y a déjà un mouvement progressiste qui se fait dans ce sens, mais il est lent. Nous vou- drions voir se créer des pépinières, se planter des vergers, et nous sommes convaincus qu'avec les débouchés que nous pos- sédons, on ne tarderait pas à en tirer un profit sérieux » Messieurs, je ne veux pas abuser de votre patience; vous avez hâte de connaître les décisions du jury, vos moments sont comptés. ( 22 ) » J'abrège ces considérations pour terminer par un vœu. » Cherbourg est une ville créée depuis un petit nombre d'années : elle commence à s'embellir, mais beaucoup de choses restent encore à accomplir. Du mouvement horticole dont nous venons d'esquisser à longs traits la marche progres- sive, sont sortis quelques petits squares. Dans différents quar- tiers de la ville, autour des églises, près de la gare du chemin de fer, et en première ligne le jardin de la société d'horticul- ture, dans le quartier Montebello, mais en somme, quoique tous aient un bel avenir, il manque à Cherbourg un jardin pu- blic et un parc paysager. » Moins heureuse que d'autres villes favorisées par de généreux donateurs, la ville de Cherbourg, malgré toutes ses charges, pourra, néanmoins,. nous l'espérons, réaliser ce désir tout le monde. » Pour nous, comme nous le disions, s'il nous était permis d'exprimer une idée, il nous semble que ce jardin serait splendide et merveilleusement situé, s'il existait sur le pen- chant d'une colline d'où on embrasse la ville, le port de com- merce, la rade, la digue, l'arsenal, les hauteurs de Querque- ville, enfin, d'une autre côté, la plaine si bien cultivée de Tourlaville. » Vue splendide, unique dans les cinq départements de la Normandie, coup-d'œil enchanteur, présentant à la fois les ■ mouvements si multiples de la mer, les évolutions des vais- seaux qui la sillonnent, l'activité d'un port de commerce, d'une gare, d'un arsenal, enfin les merveilles de l'agriculture. » Dans l'excellent terrain de ce coteau, au bas, seraient créés des parterres et au fur à mesure qu'on s'élèverait vers le sommet des allées sinueuses, des massifs d'arbre d'es- sences variées, mais choisies pour être robustes, briseraient ( 23 ) le vent en abritant le promeneur. Ça et là, on distribuerait savamment des arbres exotiques déjà acclimatés. » Enfin, pour terminer son œuvre, la ville planterait una pépinière pour repeupler ses promenades. » Quant au dessin général, au plan d'ensemble, on pour- rait réaliser les plus savantes, les plus gracieuses combinai- sons. » Vues de près, elles réjouiraient par leurs détails le prome- neur, et leur ensemble présenterait de l'intérieur de la ville un coup-d'œil ravissant. » Je vous le disais, messieurs, ceci n'est qu'un vœu, une utopie peut-être. Mais cependant, si cela était votre avis à tous, il nous serait donné, dans un avenir pins ou moins éloi- gné, de voir ce parc, ce jardin splendide, réalisé pour la ville de Cherbourg. » Un mot encore, messieurs, j'ai déjà eu l'honneur et le plaisir de remercier hier au nom de la société d'horticulture, M. le préfet maritime, M. le sous-préfet, M. le maire de Cher- bourg et nos collaborateurs si dévoués, MM. les membres de la société. » Permettez-moi, messieurs, qui avez bien voulu honorer de votre présence la cérémonie d'aujourd'hui, de vous offrir au nom de tous les remerciements les plus sincères. » En quittant pour quelques heures vos graves occupations, vous êtes venu renouveler les marques de la sympathie dont vous nous avez donné maintes et maintes fois tant de preuves. Cet intérêt sera pour nous un gage du bien que nous avons pu faire dans le passé et le plus précieux de tous les encourage- ments pour l'avenir. » Après ce discours chaleureusement applaudi par l'auditoire, M. de la Chapelle, secrétaire de la rédaction, a donné lecture du Rapport suivant sur les opérations des jurys. (24) RAPPORT DU JURY. Mesdames, Messieurs, La société d'horticulture de l'arrondissement de Cherbourg vient de faire sa 21e exposition, comme elle avait fait les 18 premières, dans la halle au Mé, local laissant peut-être un peu à désirer sous le rapport de la lumière, mais offrant un abri .assuré. Les plantes exposées étaient classées dans un jardin paysager improvisé par M. Letullier; la salle a été décorée par les soins de plusieurs sociétaires dévoués qui avaient bien voulu accepter cette mission difficile. Plusieurs horticulteurs émérites ont répondu à l'appel de la société, et apporté au jury le précieux concours de leurs con- naissanc: sa MM. Vieillard, directeur du jardin britanique de Caen, délégué de la société centrale d'horticulture de cette même ville; Angran, délégué de la société de Rouen; Avenel, délégué du Havre; Magny, délégué de Coutances; Malherbe, délégué de Bayeux; Pinchon, délégué de Valognes, et Joseph Lafosse, propriétaire à St-Côme-du-Mont. Ces messieurs se sont groupés en commission spéciale sous la direction de M. Magny. M. Hartel représentait parmi nous la société ar- tistique et industrielle de Cherbourg dont il est président; le jury comprenait aussi le bureau de la société et les membres titulaires et adjoints des commissions permanentes; il est entré en séance le samedi 7 août à 11 heures du matin. Les noms des exposants avaient été préalablement enlevés et remplacés par des numéros d'ordre A trois heures, les dames patronesses dont le concours est si précieux à la société, ont bien voulu se réunir dans la salle de l'exposition, sous la présidence de Mme Alfred Liais, assis- tée de M. le président de société, et venir examiner les objets soumise leur appréciation. Je vais m'efforcer, dans ce rapport, de rendre avec fidélité les impressions du jury. Hàtons-nous de le dire, l'opinion du ( 25 ) jury et surtout de MM. les délégués des autres sociétés, est que l'exposition de 1875, à Cherbourg, doit occuper un rang très distingue parmi les expositions départeineutales, tant par le coup-d'œil d'ensemble que par la richess î cl la beauté des lots exposés. PRIX DÉCERNÉ PAR LES DAMES PATRONESSES. La plus belle plante fleurie, de serre ou de pleine terre, pro- venant exclusivement des cultures de l'exposant, faisant partie d'un lot reconnu lui-même méritant : vodà le sujet dont le choix avait été déféré aux dames, juges supérieurs en matière de bon goût. La médaille de vermeil est décernée par les dames patro— nesses à un magnifique Bégonia Hageana faisant partie du lot remarquable exposé par M. Jacques Levéel, horticulteur à Cherbourg. Une très belle Crassule, couverte de fleurs d'un rouge écla- tant, exposée par M. Baptiste Lefèvre, d'Equeurdreville, a tenu un instant en suspens le jugement des dames, mais cette plante étant isolée, ne satisfaisait pas aux conditions du programme (1). Le second prix ex-œquo était attribué : 1° au plus beau bouquet monté, fait à Cherbourg; 2° à la plus belle corbeille de fleurs pour surtout de table, ayant la même origine locale. Trois bouquets ont été présentés : Un bouquet confectionné avec des fleurs exclusivemeut blanches, un autre de couleurs variées, un troisième, très pittoresque, et composé de plantes et de fleurs champêtres. C'est à ce bouquet, présenté par Mme Frouin, que les dames patronesses attribuent le prix, une médaille d'argent, moyen module. (1) Cette plante a été acquise par M.Satai'le, qui, comme on le sait' recherche les plantes d'élite. (26) Une mention honorable au bouquet blanc, ouvrage de Mlle Victoire Letellier, une mention honorable au bouquet de couleurs variées, présenté par Mlle Gélina Letellier. Deux corbeilles pour surtout de table sont également sou- mises au jugement des dames. Une médaille d'argent est décernée à M. Le Tuilier, une mention très honorable à Mlle Victoire Letellier, pour les sur- touts présentés. PRIX DÉCERNÉS PAR LE JURY. lre Série. Cultures d'agrément. Une médaille d'or est attribuée par le programme au plus beau lot, comprenant au moins dix plantes exotiques méri- tantes. Le jury, après avoir examiné les groupes exposés par MM Balmont frères, Dagoury frères, Levéel et Letellier, horticulteurs à Cherbourg^ décerne la médaille d'or à MM. Bal- mont frères, chez lesquels on remarque le Dracœna indîvisa, des Phormiums panachés, un draceena également panaché, un Phmnix, des palmiers et des fougères arborescentes. L'exposition de M. Levéel est également très appréciée. Le jury pense que cet horticulteur courageux a droit au diplôme de rappel de la médaille d'or qu'il avait obtenue à la précé- dente exposition. Plantes à feuillage ornemental. Une médaille d'argent, grand module, est décernée à M. Jacques Levéel, et une médaille d'argent, petit module, à M. Letellier. Ce genre de plantes est recherchée Cherbourg, et leshorticulteurs s'efforcent de satisfaire aux désirs du public. Pelargonium zonale ei inquinans. — Deux belles collec- tions sont présentées : une médaille d'argent, 2e module, est (27) attribuée à MM. Balmont frères, une médaille de bronze à MM. Dagoury, Des prix étaient proposés aux exposauts de roses et de plantes annuelles,, mais il ne s'est pas présenté de concurrents. Le jury, faisant remarquer que le groupe n° 2 de plantes exposées est très méritant dans son ensemble, décide à l'una- nimité qu'une médaille de vermeil sera décernée à MM. Da- goury, tant pour la beauté et la bonne disposition de leurs plantes, que pour leur remarquable étiquetage, ouvrage de Mlle Joséphine Dagoury. MÉDAILLE HERPIN DE FREMONT. Deux concurrents se présentent pour obtenir ce prix qui doit être attribué à la meilleure collection de végétaux exoti- ques pouvsnt vivre à l'air libre à Cherbourg. Ces concurrents sont MM. Letellier et Balmont. Le jury hésite quelque temps pour décerner ce prix unique, ayant en présence deux con- currents d'un mérite à peu près égal, et deux collections qui, se composant de végétaux très différents, peuvent difficile- ment être comparées. Après avoir proclamé le nom de M. Letellier, le jury apprend de M. Joseph Lafosse qu'une seconde médaille, semblable à la première, pourra être mise à la disposition de la société. Le jury adresse à M. Lafosse les plus vifs remerciements, et décerne le prix Herpin de F re- mont, médallie d'argent, grand module, ex-œquo, à M. Letel- lier et à MM. Balmont. Une très belle collection de fleurs coupées de Gloxinias est présentée par M. Vallerand,, horticulteur à Bois-de-Co- lômbes (Seine). Le jury, après avoir admiré cette riche collec- tion, est unanime pour décerner à l'exposant une médaille de vermeih en regrettant de ne pouvoir disposer d'une récom- pense plus élevée. (28) Deux collections de fleurs de dalhias sont également pré- sentées. Une médaille d'argent, petit rnedule, est décernée, pour la première, à M . Balmont; une mention honorable, pour la seconde, à M. Lempérière, horticulteur à St-Côme-du-Mont. La société d'horticulture ayant mis à la disposition du jury une somme de 300 fr. pour • être distribuée en primes aux exposants de l'arrondissement qui ont présenté de belles et bonnes plantes, le jury a réparti cette somme de la manière suivante, après avoir examiné l'ensemble de chaque expo- sant : Au lot n° 1, MM. Balmont, 100 fr. Au lot n° 3, M. Levéel, 80 fr. Au lot n° 2, M. Dagoury, 60 fr. Au lot n" 4, M. Letellier, 60 fr. Le jury a vivement admiré la belle collection de plantes ex- posées par M. Malherbe, amateur de Cherbourg, qui n'a pas désiré concourir. Dans cette collection, on remarque surtout un Lilium lanci/olium, un Lilium auratum, espèce très rare dans le commerce, une calceolaire et des œillets disposés de diverses manières, en candélabres en coupes, ete. Des remerciements sont adressés à l'exposant. 2e Série. Cultures d'utilité. — Culture maraîchère. — L'important lot de légumes présenté par M. Desmares, ma- raîcher à Tourlaville, a tout d'abord fixé les regards du jury. On remarquait surtout dans ce lot une collection de trente variétés de pommes de terre. L'ensemble des objets ex- posés et la belle apparence de chacun a valu à M. Desmares une médailte d'or, petit module. Le lot n° 3, moins important, mais méritant, a valu une mé- daille d'argent à M. Lemoigne, jardinier de l'Hôtel-Dieu. ( 29 ) Une médaille de bronze, petit module, est décernée, suivant les conclusions du rapport spécial, à M. Drieu, pour sa bonne cuiture de melons. — Une mention honorable à M. Leroy, de Nacqueville, pour ses pommes de terre. Fruits. La saison étant peu avancée, l'exposition de fruits n'a pas l'importance qu'elle aurait eue deux mois plus tard. Quelques fruits ont été cependant exposés. Une médaille d'argent, petit module, est décernée à M. Desmares; une médaille de bronze, moyen module, à M. Balmont; une médaille de bronze, petit module, à M. Jean (Jacques); une mention honorable à Mmc Rondel. Notre zélé professeur d'arboriculture n'a pas voulu con- courir; il a cependant exposé quelques produits de son jardin, peu nombreux, mais de premier choix : énormes pommes de terre early-rose et pommes de terre ruban rouge, variété très rustique et paraissant pour la première fois clans nos cultures; poires conservées, cerises griotte du Nord et planchouri. En voyant ces produits, on reconnaît qu'il est bon de suivre les leçons de M. Levesque. — Introduction dans les cultures de l'arrondissement d'es- pèces ou variétés nouvelles de produits maraîchers'de bonne qualité. — Une commission spéciale a visité un vaste terrain situé rue Vauban, près de la mer, et dans lequel M. Baccia vient d'éta- blir une grande culture d'asperges d'Argenteuil. Cette intro- duction mérite d'être encouragée, et le jury, adoptant les conclusions du rapport, décerne à M. Baccia une médaille d'argent, premier module. Le jury admire aussi plusieurs épis de blé hybride importé dans l'arrondissement, et cultivé par MM. Leroy frères, de Nacqueville. ( 30 ) 3° Série. Arts et Industries. Outils, instruments de jardinage, constructions en métaux. M. Archimbaud, marchand quincaillier à Cherbourg, a décoré tout un côté de la petite salle avec un trophée d'outils de jardinage et d'autres articles. Bien que ces objets ne soient point de la fabrication de L'exposant, la société veut témoigner, en décernant à M. Archimbaud une médaille d'argent, petit module, combien elle tient à voir des objets de cette nature à ses expositions. Une commission s'est transportée dans divers jardins pour visiter des serres en fer. Le jury, après avoir pris connais- sance du rapport de M. Levesque, attribue une médaille d'argent, moyen module,, eœ-œquo; 1° à M. Philippe Paignon; 2° à M. Le Sénéchal, pour leurs serres en fer, et pour travaux de même nature; une mention très-honorable à M. Saillard. Ces trois messieurs sont serruriers-mécaniciens à Cherbourg. Le jury a examiné avec intérêt le thermosiphon delà maison Paul Le Bœuf, de Paris, mais faute de pouvoir juger son fonc- tionnementj regrette de ne pouvoir lui attribuer de ré- compense (1). Poteries applicables à V horticulture. La briqueterie des Rouges-Terres a été, dans ces derniers temps, complètement transformée : ses produits ont paru pour la première fois à l'exposition artistique et industrielle de Cherbourg, en 1874, où ils ont valu à M. Henri Menut une médaille d'or. Aujourd'hui M. Menut restreint son exposition aux produits applicables à l'horticulture : on remarque sur- (1) Cet appareil, monté avec beaucoup d'intelligence par M. Paignon, avait été commandé par MM. Baltnoût frères; il fonctionne aujourd'hui dans leur serre hollandaise. (31.) lout lès abris pour espaliers, les bordures en tuiles découpées, et les étiquettes pour plantes. Le jury pense que cette exposi- tion ne mérite pas moins qu'une médaille d'argent, grand module, comme premier prix. La société, en outre, ne saurait trop remercier M. Menut qui a gracieusement fait apporter dans le local d'exposition, tout le gazon qui était nécessaire pour la formation du jardin paysager. Meubles rustiques. Mme veuve Bailleul, de même que M. Archimbaud, expose des produits de son commerce et non de son industrie : à titre de remerciment, le jury lui décerne aussi une médaille d'ar- gent petit module. On se plaît à voir ses chaises et tables de jardin, ses charmantes suspensions et sa tente portative, si élégante. M. Grivolat, horloger à Paris, avait envoyé un cadran solaire perfectionné; le jury lui décerne une mention très honorable. Une autre mention très-honorable est décernée à M. Bau— mann, pour ses jets d'eau et appareils d'arrosage, parmi les- quels on remarque surtout le pulvérisateur, qui projette l'eau en gouttelettes d'une extrême ténuité. L'attention du jury est appelée sur des verres concaves de M. Brière, de Paris. Ces verres qui paraissent devoir s'oppo- ser à toute infiltration, ont sans doute un avenir sérieux; le jury regrette de ne pouvoir les apprécier comme il l'aurait fait, si ces verres avaient fait partie du vitrage d'une serre ou d'un châssis. Dessin de jardin. Une commission a visité divers jardins dont le dessin et l'ornementation sont l'ouvrage de M. Letullier. Un rapport (32 ) spécial a été rédigé; il a été approuvé par la commission, et le jury, après avoir pris connaissance de ses conclusions et rendu justice au talent de l'artiste qui a dessiné le jardin paysager de l'exposition, décerne, par un vote unanime, à M. Letullier, la médadle d'or annoncée par le programme, et demandée par la commission. 4e Série. Enseignement horticole. Aucun concurrent ne s'est présenté. Le jury atrouvé étrange que pas un instituteur de l'arrondissement n'ait communiqué à la société le programme de son enseignement horticole, ce qui semblerait faire croire que cet enseignement a été com- plètement négligé par ces messieurs. Il y a lieu de craindre qu'ils n'aient pas compris combien est grande l'importance de l'enseignement horticole, surtout dans nos campagnes, où la routine est si difficile à déraciner. 5e Série. Publications horticoles . Aucun travail rentrant dans les conditions du programme n'a été présenté cette année. Services horticoles. L'arrondissement de Cherbourg ne manque pas de bons serviteurs de l'horticulture, mais aucune note n'a été adressée à la société pour appeler son attention sur leurs mérites. Cependant, à diverses reprises, les meilleurs renseignements sont parvenus jusqu'à nous, sur le zèle et le travail conscien- cieux de M. Lemoigne, jardinier de l'Hôtel-Dieu depuis plu- sieurs années. Le jury accorde à M. Lemoigne une médaille d'argent, petit module. Pour en finir avec les objets exposés, il faut citer l'engrais chimique présenté par M. le docteur Jeannet. Cet envoi est récompensé par une mention très honorable. Une boîte de cet ( 33 ï engrais, envoyée il y a quelques jours, a été expérimentée sur un groupe de plantes do M. Letellier. La société réserve une appréciation plus complète pour le moment où elle aura pu se rendre compte des résultats de l'expérience. Après la lecture du rapport, M. le sous-préfet, président d'honneur, a proclamé les noms des lauréats et procédé à la distribution des diplômes. A cette occasion, il a fait connaître que M. Paignon, auquel le jury avait décerné une médaille d'argent, en acceptait le diplôme, mais demandait que la valeur de la médaille fût ver- sée au bureau de bienfaisance. La distribution des récompenses a été suivie du tirage de la loterie, opération pendant laquelle la musique du 1er régiment d'infanterie de marine s'est fait entendre. RAPPORT de la Commission des Cultures d'utilité, sur Sa Plantation «1 Asperges de Ë. Baccia. Messieurs, Dans votre séance du 6 juin, vous avez chargé votre com- mission des cultures d'utilité de visiter le champ d'asperges de M. Baccia, situé à l'entrée de nos Miellés, rue Vauban. Vous nous avez adjoint M. Frouin qui avait apporté à notre réunion mensuelle et déposé sur le bureau trois beaux spéci- mens des produits de cette culture. Nous nous sommes réunis le mardi 8, à 7 heures du soir. 3 ( 34 ) Votre commission était représentée par M. Henry, son pré- sident, MM. Lelellier, Frouin et Levesque, rapporteur. Le champ d'asperges de M. Baccia comprend trois planta- tions d'asperges de différents âges; la plus ancienne vient d'entrer dans sa troisième année; c'est sur cette partie de l'aspergerie que notre attention s'est d'abord arrêtée, en rai- son de l'intérêt tout particulier qu'elle semblait offrir. Il y a déjà en effet, dans cette première plantation un résultat acquis. Les plantes, malgré la longue sécheresse que nous traver- sons, et qui a transformé le sol en une véritable poussière, ont une végétation splendide, le nombre des tiges varie sin- gulièrement d'une plante à l'autre; les unes en ont de deux à cinq, les autres de douze à quinze. Quelques tarions tardifs percent encore les petits monticules formés au pied de chaque plante. Nous en avons mesuré plusieurs, leur grosseur varie entre 7 et 11 c/m de circonférence Un semblable résultat ne laisse plus de doute à M. Baccia sur le succès de son essai et lui assure pour l'avenir un produit annuel considérable. Une première récolte du reste a déjà été faite cette année sur cette partie de l'aspergerie, récolte qui a été opérée avec beau- coup de soin, en tenant compte de la force des plantes : aux unes on a pris cinq asperges, à d'autres quatre, à d'autres seu- lement deux ou trois, et enfin les plantes faibles ou de force moyenne ont été laissées intactes. Des entailles taites sur de petites fiches en bois fixées au pied de chaque plante indiquent le nombre d'asperges enlevées à chaque souche. Notre visite s'est continuée par l'inspection des plantations de deux ans et d'un an, qui sont aussi dans l'état le plus satis- faisant; non seulement au point de vue de l'entretien du sol que des sarclages et des binages soigneusement exécutés maintiennent dans un état constant d'ameublement et de pro- ( 35 ) prêté la plus parfaite, mais encore au point de vue de la végé- tation qui ne laisse rien à désirer. Je n'entrerai pas, messieurs, dans tous les détails du nouveau genre de culture que notre honorable collègue vient d'intro- duire chez nous, et qui pourrait devenir pour nos Miellés une nouvelle source de richesse; disons seulement que cette manière de cultiver l'asperge diffère essentiellement de la méthode généralement admise pour cette culture : ici la plan- tation n'est pas faite au-dessus d'amas considérable de fumier dont une grande partie est sans aucun profit pour l'asperge. Le sol a subi un défoncement général à 40c/m environ de pro- fondeur, et reçut une bonne fumure d'engrais bien consommé. Puis, après avoir été convenablement ameubli, on l'a déposé par ados et par tranchées dans lesquelles la plantation a été faite. Le milieu de chaque tranchée est distant de lm de la tranchée voisine, ce qui fait que les lignes d'asperges se trou- vent à lm les unes des autres. Les asperges sont plantées à lm de distance l'une de l'autre sur les lignes. Chaque touffe occupe donc lm superficiel de terrain. Les ados, qui ont 70c/m de lar- geur à la base sur 30c/m de hauteur, sont destinés à recouvrir chaque année les griffes d'asperges et à former au printemps, au pied de chaque touffe, un petit monticule qui a pour but d'obtenir des asperges blanches sur une plus grande longueur. Sur une partie des ados, M. Baccia a piqué de l'oignon de Niort, sur d'autres un semis de. carottes à collet vert a déjà acquis un certain degré de développement; d'autres enfin attendent patiemment que quelques journées de pluie les ren- dent propres à recevoir une plantation ou un semis quel- conque. L'importance de la portion de terrain actuellement plantée en asperges est d'environ 80 ares ou 4 vergées, le nombre des souches est de 8,000. Un nouveau champ, contigu à celui qui ( 36 ) nous occupe et de la même contenance, est destiné à recevoir, l'année prochaine, semblable culture, ce qui portera l'ensem- ble de la plantation à 1 hectare 60 ares ou 8 vergées. Les limites de ce rapport ne me permettent pas, messieurs, de m'étendre plus longuement sur la culture en grand de l'as- perge, j'engage les personnes qui voudraient tenler cette spéculation, à consulter la brochure de M. V.-F. Lebœuf sur ce sujet, ou celle de M. Louis Lhérault, d'Argenteuil, dont l'auteur a fait hommage à notre société il y a quelques mois; ou encore à faire ce qu'a fait M. Baccia, à aller à Argenteuil où il s'est rendu un compte exact de visu des soins qu'il faut apporter à la création d'une aspergerie bien comprise. En parcourant les différentes lignes d'asperges, nous avons remarqué que quelques jeunes plantes de remplacement étaient chargées d'une certaine quantité de larves d'insectes qui dévo- raient une partie des feuilles aciculaires des asperges, ce qui doit nuire considérablement à leur développement. Ces larves sont noires, moins grosses du côté de la tête que du côté de la queue, leur longueur varie entre 4 et 8c/m- J'en ai apporté quel- ques-unes, et j'ai reconnu que c'étaient des larves de criocère de l'asperge (crioceris asparagi), ordre des coléoptères, famille des criocérides. Nous n'avons pas remarqué d'insecte parfait. Nous ne saurions trop engager M. Baccia à ne rien négliger pour débarrasser son champ de la présence de cet insecte qui pourrait devenir un véritable fléau pour sa plan- tation. Les cultivateurs d'Argenteuil emploient pour s'en préserver différents moyens : tantôt ils pourchassent avec des verges l'insecte parfait au moment de la ponte pour Fempê- cher de déposer ses œufs, tantôt ils brossent les tiges qui en sont le plus envahies, ou bien ils les secouent dans des vases ou entonnoirs remplis d'eau, puis ils versent le tout à terre et les écrasent. Ces larves tenant très peu aux tiges, il nous ( 37 ) semble qu'on pourrait en détruire une très grande quantité en les secouant dans une vieille ombrelle renversée. Le criocère fait deux pontes, l'une au printemps, l'autre en juin ou juillet. Celles de ces larves qui se transforment en nymphes à la fin de l'été, passent l'hiver en terre pour sortir au printemps suivant. Quelques personnes, soit faute de renseignements suffisants,, soit pour tout autre motif que nous n'avons pas à examiner, ont prétendu que cette belle asperge qui est l'asperge d'Ar- genteuil, est moins bonne que l'asperge de Hollande, généra- lement cultivée chez nous. Il était de notre devoir de rétablir la vérité sur ce point : M. Baccia a eu l'obligeance de me remettre une botte de ses asperges, je me suis procuré une autre botte des asperges les plus renommées de notre marché, je les ai mises en même temps dans l'eau bouillante, et au bout de dix minutes, les unes et les autres ont été parfaitement cuites. Quant au goût, les premières ont été trouvées, par plusieurs personnes qui en ont goûté, au moins aussi bonnes que les secondes, sinon meilleures, et la partie comestible est beaucoup plus considérable. M. Frouin a fait la même expé- rience et il est arrivé à un résultat à peu près semblable. Il a seulement constaté que les asperges de M. Baccia ont été cuites deux minutes avant les autres. Je termine, messieurs, en vous demandant, au nom de votre commission : 1° D'adresser à M. Baccia les félicitations qu'il mérite pour la direction intelligente qu'il a donnée à la création de son aspergerie; 2° qu'il vous plaise de décider qu'à l'occasion de notre exposition, qui doit avoir lieu dans une saison où l'as- perge ne peut être exposée, le présent rapport serve de base aux opérations du jury, pour décerner, s'il y a lieu, à C 38) M. Baccia, la récompense qu'il mérite pour l'introduction d'un nouvelle culture de cette importance dans notre contrée. Les membres de la commission : A. Frouin, — Henry, — Letellier. Levesque, rapporteur. RAPPORT remis à MM. les Membres du Jury DE LA 21e Exposition horticole de l'arrondissement de Cherbourg. perfectionnements apportes* dans la construction des serres en fer. Messieurs, Pour répondre à un eertain nombre de demandes adressées à M. le président de notre société, la commission des cultures d'utilité^ désignée à cet effet, a visité, dans le courant du mois dernier, plusieurs jardins, dans le but de se rendre compte du progrès réalisé dans la construction des serres en fer dans notre arrondissement : La commission a eu à examiner le travail de trois concur- rents., qui sont : MM. Paignon, rue de la Duchée; Saillard, rue Thomas-Henry, et Lesénéchal frères, rue Bonhomme. 1° Serres construites par M. Paignon. Nous avons visité successivement plusieurs serres sorties des ateliers de ce fabricant; chez Mme veuve Sauvegrain, rue Montebello; chez M. le docteur Lafosse, quai Napoléon, et chez Mme Legoupil-Golle, à Sideville. (39) Ces trois serres, qui diffèrent essentiellement dans leurs proportions, sont toutes trois construites en appentis. La commission a remarqué dans leur construction, indépen- damment du travail bien soigné et bien exécuté dans son en- semble, certains perfectionnements parmi lesquels je me bornerai à citer les principaux : Les différentes parties qni forment l'ensemble de la cons- truction, sont reliées ensemble à l'aide de vis à métaux et non de rivets à demeure, ce qui permet de les démonter, si un jour on veut les changer de place ou y faire une modification ou une réparation jugée nécessaire. Les pannes sont enchâssées dans leur partie supérieure, entre une double sablière solidement scellée dans le mur et le tout est relié ensemble à l'aide déboulons à écran, qui servent en même temps à tenir en place la feuille de zinc destinée à former feuillure sur la première ligne des vitrages. Dans les dernières serres construites par M. Paignon, la traverse qui relie ensemble les pannes principales, au lieu d'être en plusieurs bouts, en forme de double T, fixée aux pannes principales, à l'aide de boulons, est d'une seule pièce sans solution de continuité, ce qui donne à l'ensemble plus d'élégance, autant de solidité et moins de poids. Les portes sont montées sur pivot et non sur charnières, la barre de fer transversale dans laquelle elles sont fixées par le haut, est à coulisse, ce qui permet de démonter la porte avec la plus grande facilité, si, pour un motif ou pour un autre, on trouve la nécessité de le faire. Elles ferment à double feuil- lure. Le panneau du bas de la porte est fait avec une seule feuille de tôle qui peut recevoir sur chaque face les couches de pein- ture nécessaires à sa conservation. Le montant du bas de la porte est renforcé d'une tringle de ( 40 ) fer plat qui peut toujours être maintenue au ras du seuil, tout en évitant le frottement. Enfin, certains enjolivements, peu coûteux, enlèvent à l'en- semble de la construction la monotonie que présente toujours un travail uni. La plu» importante des serres faites par M. Paignon et visitée par nous, est celle de Mme Legoupil-Golle, à Sideville. Sa longueur est de 9m 10, sa largeur de 6m, elle présente une élévation de 6m 60, au fond, et de 3m 10, sur la façade. Le panneau, du fond de la serre, est d'une seule pièce et sans renfort; il offre cependant un ensemble parfait de solidité. Ce qui ajoute au mérite du constructeur de cette serre, c'est qu'il a utilisé, pour ce travail, le fer d'une ancienne serre dont les dimensions n'étaient nullement en rapport avec celle dont il s'agit. Serres de M. Saiilard. Notre commission a eu à visiter deux serres construites par M. Saiilard. La première dans son jardin, rue Saint-Sauveur, adossée au mur qui ferme la partie nord, d'une élévation de 3m 20 environ. Les ferrures principales de cette serre dont la longueur est d'environ 5m, sont terminées par des scellements à équerre qui descendent à 65c/m le long du mur intérieur de la serre, et qui sont scellés dans le mur à l'aide de pattes d'environ i0c/m de longueur. Ce système de scellement évite la sablière transver- sale qui est une augmentation de poids et permet de faire monter le haut de la serre jusqu'au sommet du mur, et évite ainsi toute espèce d'ombrage. L'aspect de cette serre est gracieux et solide. La serre de M. Noyon, rue Cachin, construite par le même fabricant, est aussi d'une bonne exécution_, elle est très claire, ( 41 ) bien solide, mais n'offre rien de particulier au point de vue du perfectionnement. Serres construites par MM. Lesénéchal frères. La seule serre construite par ces messieurs, que nous ayons eu à visiter, est celle de Mme Renaut, d'Equeurdreville. Là., nous nous sommes trouvés en face d'un travail d'une importance toute différente de celui que nous avions rencon- tré dans nos visites précédentes. La serre de Mm0 Renaut est une belle serre hollandaise, isolée au milieu du jardin. Elle est d'une construction élégante et hardie, sa longueur est de 10" 30, sa largeur de 6m 70, elle a 5m de hauteur, sous toit. Ces chiffres, messieurs, ont une certaine éloquence, ils suffiront pour vous faire comprendre que la serre dont il s'agit n'est pas un petit travail. Une serre de cette importance, construite comme celle-ci, avec une élégance qui ne laisse rien à désirer et qui offre dans son ensemble une solidité qui a fait ses preu- ves contre les plus forts coups de vent, ne s'édifie pas sans des connaissances théoriques et pratiques assez étendues, de la part de son constructeur. Aucune barre transversale n'encombre les différentes parties de la serre, deux petites colonnes en fonte supportent seules la toiture. Deux portes en forme de petit portail, dont les côtés sont vitrés en verre de différentes couleurs, décorent très agréable- ment les deux faces latérales de ce petit monument Messieurs, L'appréciation de travaux tels que ceux dont je viens d'essayer de vous donner une description très imparfaite sans doute, en raison de mon incompétence, était pour nous une mission très délicate et très difficile. Délicate, parce que nous voudrions qu'il soit accordé à chacun des concurrents une (42) récompense en raison de son mérite; difficile, parce que nous avons eu à établir une comparaison entre des travaux essen- tiellement différents dans leur importance et dans l'ensemble de lenr exécution. Voici cependant le jugement que la commission a cru devoir porter sur l'ensemble des travaux soumis à son appréciation : Les serres de M. Saillard sont très bien construites; son travail est bien soigné, mais les travaux qu'il nous a fait exa- miner n'ont pas l'importance des travaux exécutés par ses concurrents, bien que nous le reconnaissions très apte à les exécuter, le cas échéant. M. Paignon a apporté dans la fabrication de ses serres cer- tains perfectionnements, dont la commission s'est plû à appré- cier le mérite. Enfin, MM. Lesénéchal ont exécuté un travail d'une très grande importance, parfaitement réuni dans son ensemble. En conséquence,, la commission vous propose, messieurs, de décerner : 1° A MM. Paignon et Lesénéchal frères, ex-œquo, une mé- daille d'argent moyen module :au premier, pour perfectionne- ments apportés dans la construction des serres en fer; au second, pour la bonne exécution d'une vaste serre Hollan- daise; 2° A M. Saillard un témoignage officiel de satisfaction pour la bonne construction de ses serres en fer. Visite des melons de M. Cournerie. Sur une demande de M. Cournerie, fabricant de produits chimiques, notre commission s'est également rendue dans le jardin de son établissement, situé rue de la Saline, afin de vi- siter la culture de melons de son jardinier, jeune homme de dix-huit ans. ( -43 ) Cette culture se compose de deux plantations distinctes, l'une précoce, sous châssis, l'autre plus tardive, sur couche simple et sous cloche. Le châssis a une longueur de 6m, sur une largeur de lm 80 environ. La couche a été faite en terreau, sur fumier de che- val. Les melons ont été plantés à raison de deux par panneau de châssis. Le résultat de cette culture a répondu aux soins intelligents qui lui ont été donnés. Le nombre des melons récoltés dans ce châssis a été de 33, dont les premiers ont été coupés dans les premiers jours de juillet. Ils sont de grosseur moyenne, quelques-uns cependant ont atteint le poids de 5 kilog. La seconde plantation sous cloches, plus tardive, offre aussi un degré très satisfaisant de végétation, et promet également pour une saison plus avancée un bon résidement. Les espèces cultivées sont : le melon cantaloup noir des carmes, le cantaloup prescot fond blanc, et le prescot noir. La commission vous propose, messieurs, d'accorder, comme encouragement au jeune Drieu, jardinier de M. Cournerie, nue médaille de bronze. Le rapporteur, Levesque. RAPPORT DE LA COMMISSION CHARGÉE de rendre compte du travail de Dessin et Ornementation des Jardins. Dans le programme de la 21e exposition, la société d'horti- culture de l'arrondissement de Cherbourg annonce qu'une ( 44 ) médaille d'or sera décernée au meilleur dessinateur de jardins, travaillant dans l'arrondissement. Pour ce concours, de même que pour la meilleure tenue des jardins, elle invitait les con- currents à se faire inscrire, afin que les commissions perma- nentes allassent faire la visite des jardins, pour se rendre compte du mérite des travaux, et ensuite remettre leur rapport au jury de l'exposition. Le dimanche 18 juillet dernier, se sont réunis, sous la présidence de M. Henry, vice-président délégué, les membres titulaires et adjoints des commissions permanentes réunies, avec les deux rapporteurs. Il s'agissait de visiter plusieurs jardins dessinés et décorés par M. Le Tuilier, plusieurs serres en fer exécutées par M. Paignon, et diverses cultures maraî- chères. Divisant le travail des rapporteurs, la commission a confié à M. Levesque le soin de décrire, dans son rapport, les serres en fer,admises au concours comme travaux industriels direc- tement applicables à l'horticulture, et de rendre compte des cultures maraîchères visitées. Je m'efforcerai de mon côté, pour répondre au désir de la commission, de rendre, le plus fidèlement possible, ses impres- sions au sujet du dessin, de l'ornementation et de l'ensemble des jardins qui ont été soumis à son examen. Jardin de MM. Balmont frères, rue de la Duchèe. — Vous savez tous, Messieurs, qu'il s'agit ici d'un établissement horticole placé au premier rang parmi ceux de Cherbourg. Il a fait l'objet d'une description qu'on peut lire dans notre Bulle- tin de 1874, pages 47 et suivantes. La commission a reconnu l'exactitude de cette description. Ce jardin diffère des autres établissements horticoles en ce qu'une large part y a été réser- vée à l'ornementation, ce qui ne peut manquer de frapper l'œil des visiteurs et des passants, et de leur inspirer le désir d'imi- ( 45 ) ter cette disposition, soit en grand, soit en petit, suivant l'éten- due du terrain dont ils pourront disposer. M. Le Tuilier est le dessinateur de la pelouse et du bosquet que l'on aperçoit à gauche en entrant, que l'on voit même de la rue puisque l'en- trée du jardin n'est fermée que par une grille légère; il est aussi le créateur du rocher que l'on admire dans la grande serre Jardin de M. Léonor Séhier, rue de Bailly. — Ce vaste et beau jardin, de forme à peu près carrée, est agrandi d'une parcelle rectangulaire formant aile dans le sud. Cet agrandis- sement a nécessité le dessin à nouveau de la majeure partie du jardin, travail qu'on a exécuté avec succès, tout en conservant les grands arbres préxistants. Au centre d'une vaste pelouse, on admire un étang en forme de rivière, avec un rocher for- mant île,, et orné d'un jet d'eau, puis un pont, et enfin, à l'ex- trémité sud de l'étang, un rocher à cascade. Ce rocher, que l'on gravit au moyen d'un escalier en pierres brutes, est cons- truit en schiste chloriteux avec veines et rognons de quartz, pierre que l'on trouve sur plusieurs points du territoire de Cherbourg et d'Octeville. L'ensemble des travaux et une grande partie des détails sont l'ouvrage de M. Le Tuilier : il faut dire aussi que le propriétaire, homme de goût, a pris part à ces travaux, qu'il en a dirigé l'exécution pendant une indisposition de M. LeTullierqui,ensuite, a pu terminer le travail. Le rocher est surmonté d'un kiosque, dont les fenêtres, en verres de cou- leurs variées, offrent à l'observateur, placé à l'intérieur, des points de vue avec des effets étranges et fantastiques sur les diverses parties du jardin, sur plusieurs points de la ville et sur les coteaux environnants. Jardin de M. Alfred Mahieu, rue de Bailly. — Ce jardin est limitrophe du précédent. Il est planté de beaux arbres : on y remarque notamment deux magnifiques magnolias. Par ( 48 ) suite de la construction d'une nouvelle maison d'habitation,, il a été nécessaire de refaire entièrement le tracé du jardin. Il n'y a point de rocher, le propriétaire n'ayant point désiré en avoir. Mais, dans la disposition des allées, dans les mouve- ments donnés au terrain, et surtout dans la création du petit monticule en labyrinthe, surmonté d'un kiosque en claire-voie, M. Le Tuilier a déployé un talent remarquable, et le jardin de M. Alfred Mahieu est un des plus beaux jardins de Cherbourg. Jardin de M. Raguenet, rue du Vieux-Pont. — Ce jardin est d'une grandeur moyenne, il nlesl point attenant à l'habita- tion du propriétaire : il est élevé de quelques marches au-des- sus du niveau de la rue. Au fond de ce jardin on voit un rocher très remarquable, dans lequel les chutes d'eau sont disposées avec un goût exquis. Ce rocher rappelle, mais en plus grand, celui du jardin de la société. Il est construit en grès des coteaux qui dominent la vallée de Quincampoix. Je sortirais de mon sujet si j'entreprenais rémunération des plantes et arbustes bien choisis dont il est couvert,, et que la commission a longue- ment admirés. Jardin de M. Théodore Fenard, rue du Maupas. — 11 s'agit ici d'un jardin très vaste, au milieu duquel une maison d'habitation s'élèvera prochainement. Ce jardin renferme des parterres, une prairie traversée par un ruisseau naturel dont le talent de notre dessinateur a tiré nn bon parti. A l'endroit duquel semble sortir le ruisseau, est une jolie grotte en roches de la montagne, avec un petit bassin. Les allées du jardin sont heureusement dessinées. Dans une autre partie du jardin est un monticule., pour la construction duquel on a utilisé les blocs extraits du terrain même. On voit qu'il vient d'être récemment construit, et Ton peut déjà se faire une idée de ce qu'il sera, lorsque les plantes dont il est orné auront pris un peu de déve- loppement. (47 ) Jardin de Mme Gilles, rue Napoléon. — Je viens de parler d'un vaste jardin entre ville et campagne, voici maintenant un jardin attenant à une maison d'habitation construite au cœur de, la ville. Il ne comprend guère que 225 mètres carrés de su- perficie, et a été refait, en partie, au commencement de ce printemps. Près de la maison est une pelouse entourée d'une allée aux courbes gracieuses; au fond du jardin est un rocher qui m'a paru être un des plus beaux ouvrages de M. Le Tuilier Il est construit, partie en roches de la carrière de M. Menut, grès rougeâtre, partie en quartzite blanc de la Glacerie. On a utilisé avec un grand talent les conduites d'eau : un petit bas- sin qui se trouve à la hauteur des épaules de l'observateur, et que l'on a peuplé de petits poissons, déverse son trop plein dans un bassin plus grand, creusé dans le sol et s'étendant dans plusieurs directions, sous des grottes ténébreuses et des cavernes séparées par un pilier en rochos brutes qui divise la voûte rustique en deux parties inégales. On croirait voir une de ces grottes mystérieuses que la nature a creusées sous quelques-unes de nos falaises. Un monticule assez élevé domine ce rocher, le tout est garni de végétaux bien choisis, et abrité de grands arbres dont les sommets forment une pente régulière, obliquement à l'axe du jardin. Avec la plus extrême obligeance, M. Noyon, gendre de Mme Gilles, 8 expliqué au rapporteur tous les détails de cette heureuse construction, en ajoutant que tous les arbres du jar- din s'y trouvaient déjà, et que de leur disposition naturelle notre artiste avait tiré le meilleur parti pour l'ensemble de la décoration. Squares publics. — Je vous ai cité quelques exemples de jardins privés, grands ou petits, selon leur situation dans la (48 ) ville ou dans les faubourgs, tous créés et décorés au goût de leurs propriétaires. La ville n'a point encore de jardin public. Quelques espaces restant vacants, soit par l'alignement d'une promenade, soit par la disposition d'une église ou d'un autre édifice public, ont été transformés en squares, quelques-uns renferment des sièges pour les promeneurs fatigués, ou pour les personnes qu'un motif quelconque attire aux environs de la gare. Nous avons entendu maintes fois nos journaux, interprètes de l'opinion publique, se plaindre du mauvais entretien de nos petits squares, de N.-D.-du-Vœu, du Cauchin, du quai de l'Entrepôt, et autres. Il y a peu de temps, les journaux nous ont fait connaître que la ville venait de confier le soin de ces squares à M. LeTullier : nous nous en sommes tous réjouis. Et aussitôt, ces petits coins de terre, qui pour la plupart ont moins d'un are d'éten- due, ont été dessinés à nouveau, et complètement transformés. Vous penserez sans doute, messieurs, qu'on ne saurait trop admirer le talent de l'artiste qui a tiré un aussi bon parti des terrains si restreints qui lui ont été confiés, et qui peuvent maintenant servir de modèle aux personnes qui voudraient utdiser un petit espace resté disponible auprès de leurs habita- tions. La commission s'est réunie de nouveau le 25 juillet pour visiter deux jardins très remarquables situés l'un et l'autre à environ six kilomètres de Cherbourg. Voici, d'après les notes recueillies par M. Balmont, le résultat des observations de la commission. Propriété de Mmc de Belle fonds, à Sideville. — Cette pro- priété, très heureusement située dans la vallée pittoresque de la Divette, a été, dans ces dernières années, entièrement transformée, au point de vue du dessin des jardins. A droite, en entrant, on remarque une très jolie pièce d'eau, ( 49 ) garnie de Typha, à l'extrémité de cette pièce d'eau est un charmant pont rustique. Sur le bord de l'étang, vers le milieu, M. Le Tuilier a disposé une grotte qui sert de passage. Il a fallu, pour dessiner le jardin paysager, déplacer de grandes masses de terre : car autrefois, du côté opposé à la pièce d'eau, existait un remblai en terre, remblai très considérable qui res- semblait à une fortification et séparait la propriété d'une usine voisine. On a tiré de ce remblai, en le modifiant et en le plan- tant avec goût, le meilleur parti; tel qu'il est aujourd'hui il est devenu un charmant but de promenade, du haut duquel on peut apercevoir toute la propriété et ses environs si pittores- ques. En face, on voit de jolie.: pelouses, garnies de corbeilles de rosiers et d'arbustes variés, un très bon choix de conifères parmi lesquels on remarque un araucaria imbricata, le cupressus lambeniana, le Pisapo, etc.; trois belles cor- beilles de rhododendrons, enfin un hêtre pourpre tranche, par la nuance de son feuillage, avec les autres arbres du jardin. A l'une des extrémités de la propriété, un kiosque couvert en chaume offre le repos aux promeneurs. Enfin, le potager, chose si indispensable a la campagne, est disposé, derrière la maison, de la façon la plus avantageuse. Cette propriété renferme environ deux hectares. M. de Bonnay, après avoir servi son pays de la manière la plus ho- norable, s'y est retiré chez Mrae de Gigault de Bellefonds, sa belle-mère, et donne tous ses soins à la maintenir en bon état, et à l'embellir de plus en plus. Jardin de Mme Le Goupil-Golle, au Boulley, Martinvasi. — Cette propriété un peu plus rapprochée de Cherbourg que la précédente, mais dans la même vallée, est de création récente. On y remarque une fort belle serre, dont la description a trouvé place dans le rapport de M. Levêque. Cette serre est 4 ( 50 ) fort élevée, et abrite des végétaux très remarquables par leurs dimensions, chamœrops excelsa, musa sinensis, also- phylla australis, latania bovbonica, ces végétaux prospèrent sans aucun chauffage dans la serre qui nous occupe, ainsi que Y araucaria excelsa, le rhapis Jîabellif orrais, et une col- lection de bégonias, dont quelques-uns ont des feuilles de 1 mètre 17 centimètres de circonférence. On remarque dans la serre un beau rocher, ouvrage de M. Le Tuilier, comme le dessin général du jardin et des massifs. Une pelouse disposée près de la maison (une très jolie mai- son avec tourelles, etc.) est orné de corbeilles de gnaphalium, bégonias de pleine terre et de cannas. Une jolie collection de conifères se fait aussi remarquer : Abies normanniana, pinus insignis, cedrus deodora et autres, placés en groupes. Au bas de la propriété coule la rivière Divette. M. Le Tui- lier y a ménagé un îlot pittoresque, un pont rustique doit y être construit prochainement. La commission ne saurait trop reconnaître le bon accueil et l'empressement qu'elle a trouvé chez les propriétaires des jardins qu'elle a visités. A côté de cette bienveillance des pro- priétaires, elle a pu reconnaître également chez eux la satis- faction de voir les travaux exécuiés à leur gré, et le désir que la société rende une pleine justice à ce talent qu'ils ont mis en réquisition. Dans les travaux de M. Le Tuilier, rien n'est affecté, étrange, tourmenté, tout semble s'être fait naturellement et comme sans peine, et cependant, dans les grands jardins que la com- mission a visités, il a fallu des déplacements considérables de terre et de matériaux pour obtenir ies inclinaisons^ les cour- bes et les vallonnements demandés. Pourtant, tout est à sa place, personne n'a pu dire : voici une pièce qui serait mieux ( 51 ) placée à tel endroit. C'est parce que M. Le Tuilier n'a point cherché dans les descriptions de pays lointains, ni dans une imagination exaltée des modèles de paysages et de rochers à pic : il a seulement suivi son bon goût naturel, et a observé avec soin les points les plus agréables de nos environs, de nos terrains de formation primitive, où tout est charmant. La con- naissance de l'horticulture lui a appris quelles sont les plantes qui peuvent le mieux prospérer dans les fentes des rochers et dans les eaux, et du tout, il a fait des spécimens qui ne diffè- rent de nos campagnes et de nos collines rocailleuses, que par la beauté des plantes qui les couvrent. Le goût des jardins paysagers et des rochers d'ornement est répandu à Cherbourg, et déjà plusieurs jardiniers ou ama- teurs veulent marcher sur les traces de M. Le Tuilier. Mais,ni par le nombre des travaux exécutés, ni par leur perfection, ils ne peuvent aujourd'hui faire à M. Le Tuilier une concurrence sérieuse. Ils méritent toutefois un encouragement dès mainte- nant, en attendant mieux pour plus tard (1). Messieurs, ici se termine la tâche de votre rapporteur, tâche agréable, puisqu'elle consiste à examiner et à louer des tra- vaux conformes à ses goûts, et à demander pour un homme dont il aime tant à faire l'éloge, une récompense de premier ordre. La commission, après avoir examiné les travaux de M. Le Tuilier, reconnaît dans ces travaux un mérite hors ligne, con- tre lequel aucun concurrent n'a osé se mesurer, et en consé- quence, après en avoir délibéré, décide à l'unanimité : (lj II n'est pas jusqu'au rapporteur lui-même qui ne se soit mêlé de la construction de rochers. Il s'en est fait un, qui, par la variété des matériaux employés, est une annexe de son cabiuet de minéralogie, des fougères en font l'ornementation horticole (Bulletin de 1870, n° 1, page 12). M. Le Tuilier a reconnu au travail quelque valeur, mais ne s'est pas effrayé de la concurrence. (52 ) Qu'il y a lieu de prier le jury de l'exposition de bien vouloir décernera M. Le Tuilier la médaille d'or attribuée par le programme de l'exposition de 1876 au meilleur dessinateur de jardins. Cherbourg, le 5 août 1875. Le rapporteur de la commission des cultures d'agrément, H. de la Chapelle. COMPTE-RENDU de l'Exposition horticole de Caen. Monsieur le Président,. Messieurs, Le 29 mai dernier, à l'occasion de l'ouverlure du concours régional, la société centrale d'horticulture de Caen et du Calva- dos inaugurait sa 41e exposition des produits de l'horticulture. Répondant à l'invitation qui lui avait été adressée par son honorable collègue de Caen, M. le docteur Renault, notre zélé président, m'a fait l'honneur de me désigner pour représenter notre société à cette solennité horticole, et je viens aujourd'hui vous rendre compte de ma mission, Avant d'entrer dans les détails de cette intéressante exhibi- tion, permettez-moi, messieurs, d'exprimer tous nos remercie- ments tant en votre nom qu'au mien, au vénérable M. Ba- veux, président de la société d'horticulture de Caen, pour l'accueil sympathique qu'il a fait à votre délégué, en l'in- vitant à faire partie du jury et à assister au banquet qui termine ordinairement ces fêtes, qui sont une occasion de resserrer les liens de bonne confraternité qui unissent déjà ( 53 ) depuis longtemps les différentes sociétés d'une même région par l'échange de leurs publications. L'exposition horticole de Gaen a eu lieu place de la Préfec- ture sur un emplacement parfaitement disposé à cet effet par les soins de l'administration municipale. Le jury, composé des délégués des sociétés correspon- dantes invitées, était composé ainsi qu'il suit : MM. Louis Neumann et le docteur Boisduval, délégués de lu société centrale d'horticulture de France; De Glandville, Victor Ghâtel et Bayeux, société d'agriculture de France; Vallois fils, société centrale d'horticulture de la Seine- Inférieure, à Rouen; Teterel, cercle pratique d'horticulture et de botanique du Havre; De France, société d'horticulture de l'Orne, à Alençon; Roussel, cercle horticole d'Avranches; Elie iils, société d'horticulture de Saint-Lo; Lequien, idem. d'Eure-et-Loir, à Chartres; Rousseau, société d'agriculture de l'Eure (Son de Bernay), Lepelley, idem. à Evreux; Loutreuil, société d'horticulture du centre de la Normandie, à Lisieux; Bailleul, société d'agriculture d'Honfieur; De Bonnechose, société d'agriculture de Bayeux; Malherbe, délégué de la corporation des jardiniers de l'ar- rondissement de Bayeux; Porquet, société d'horticulture de Vire; Jourdan, idem. de Cherbourg, Desbordeaux, société d'agriculture de Falaise. Jurés nommés par les exposants : MM. Bayeux, Pelpel père, Augis, Vieillard, Croisy dit Richard, Colmiche, Leaouriehel, de Formigny, Fontaine, Julien et Lecamus ( 54 ; Avant de commencer ses opérations^ le jury ainsi formé, a nommé pour président M. Neumann, délégué de Paris, et pour secrétaire M. Colmiche. Les limites de ce compte-rendu ne me permettent pas de reproduire ici la liste générale des récompenses accordées par les différents jurys de l'exposition, je me bornerai à men- tionner seulement les noms des principaux lauréats du concours. Trois prix d'honneur, consistant en médaille d'or, ont été décernés aux exposants ci-après : 1er prix des dames patronesses — à M. René Cornu, horticulteur, marchand et maraîcher à Gaen, pour ses belles collections de fleurs. 2e prix du conseil général — à M . Ernest Collette, maraî- cher-primeuriste à Biéville-sur-Orne, près Caen, pour la collection la plus méritante, soit de légumes,, soit de fruits. 3° prix du conseil municipal — à M. Ernest Levée, maraîcher à Venoix, près Caen. Concours ouverts par la société : Plantes de serre. — La médaille d'or offerte par S. E. le ministre de l'agriculture et du commerce a été obtenue par M. René Cornu, déjà nommé. Plantes de nouvelle introduction. — Une médaille d'ar- gent grand module a été également décernée à ce même hor- ticulteur pour son yucca panaché de pleine terre. Conifères et arbustes de pleine terre. — Deux collections très remarquables par le nombre, la variété et la vigueur des plantes ont été présentées par M. Bricon, pépiniériste à Caen, et par MM. Levavasseur père et fils, pépiniéristes à Ussy., près Falaise. Concours imprévus. — Parmi les apports qui ont fait (55) l'objet de concours imprévus, je signalerai particulièrement la charmante collection de primevères de la Chine à fleurs doubles (primula sinensis), présentée par M. Faas,, horti- culteur marchand au Havre, et celle également remarquable de Bégonias bulbeux de pleine terre et de verveines exposée par M. René Cornu, lauréat déjà cité. Instruments et objets d'art. — La nombreuse collection d'outils perfectionnés et inventés par M. Delaunay-Lasne, fabricant de coutellerie horticole à Bernay, mérite. d'être citée ainsi que le Thermosiphon à marche régulière continue, inventé par M. Charles de Vendeuvre, ingénieur civil àAsnières. Un prospectus déposé à la bibliothèque de notre société, présente le dessin et la description de ce nouvel appareil qui a été ap- précié et récompensé par le jury. La société d'horticulture de Caen a également décerné plu- sieurs médailles à divers horticulteurs et jardiniers à gages pour la bonne tenue des jardins, l'intelligence des cultures, ainsi que pour les bons et loyaux services Des récompenses ont été en outre accordées à divers mem- bres de la société pour les apports de fruits et de fleurs faits aux séances mensuelles. Après la clôture des opérations du jury, un splendide ban- quet auquel assistait M. le préfet du Calvados et plusieurs au- tres notabilités, a réuni les délégués des sociétés invités et les membres de la société d'horticulture de Caen. Le lendemain dimanche, l'honorable et savant directeur du jardin des plantes, M. Vieillard, s'est mis gracieusement à la disposition des délégués pour leur faire visiter les riches e admirables collections de plantes et végétaux exotiques ren- fermées dans les vastes serres du jardin d'acclimatation. Enfin, messieurs, j'ai pris congé de l'honorable M. Bayeux, avec la promesse qu'il désignerait un délégué pour repré- ( 56 ) senter la société d'horticulture de Gaen à notre prochaine exposition. M. le docteur Boisduval et M. Victor Châtel, deux célébrités de la science horticole, ont bien voulu nous laisser espérer qu'ils nous feraient également l'honneur de venir visiter notre exposition. 4 juillet 1875. Jourdan, délégué. LES COKTRE-ESPÂLIERS DE M. LEVESQUE Noie lue à la séance du Ier a 1 1875. Dans notre dernière séance mensuelle, un de nos collègues, M. Levesque, nous a invités à visiter son jardin de la rue Ste-Honorine, pour voir un contrespalier qu'il venait d'y construire et sur lequel il désirait appeler votre attention. Nous avons fait cette visite le dimanche suivant; et tout d'à • bord il nous a semblé que la désignation du contrespalier est trop modeste pour l'objet dont il s'agit; ce que nous avons vu est un véritable espalier et même un double espalier. — En voici les dispositions principales : Sur une plate-bande de 30m de longueur, de lm 80 de lar- geur, de part et d'autre de l'axe de cette plate-bande, sont disposés deux treillis de bois et fil de fer très-solides, et ce- pendant peu volumineux et perméables à la lumière. Ces deux treillis sont distants l'une de l'autre de 0m 60 par le bas, et de 0m 40 seulement par le haut, afin de donner moins de prise au vent. Chaque extrémité de l'espalier est formée par deux petits ( 57 ) mats en bois résineux, de O 05 de diamètre, 3m 50 de hauteur totale, et enfouis dans le sol jusqu'à 0m 50. A cette profondeur, leurs pieds sont reliés aussi par une forte traverse (0m 60;) les extrémités supérieures sont réunies par une traverse plus lé- gère et plus courte (0ra 40). Pour assurer la conservation des mâts, on a enduit sa partie inférieure (0m70) de plusieurs cou- ches d'huile de lin mêlée avec du poussier de charbon de bois; le reste de la longueur a reçu une bonne peinture verte. De l'une à l'autre extrémité de l'espalier et sur chaque face sont tendus à 0m 50 l'un de l'autre des fils de fer galvanisé (n° 16). Pour que chacun de ces fils affecte la forme d'une ligne droite et sensiblement horizontale, on a planté dans l'axe de la plate-bande, de 6m en 6m de petits mâts pareils à ceux dont il a déjà été question, mais simples cette fois; on a fixé en travers de chacun d'eux de 0m 50 en 0m 50 de fils de fer plus forts, dont la longueur de 0m 55 à 0m 40 diminue depuis le bas jusqu'au haut. Gomme l'épartement des deux mâts assemblés par des traverses, ces fils de fer se terminent par des boucles dans lesquelles passent les fils de l'espalier. La fixité de tout cet appareil a été obtenue d'une manière satisfaisante à l'aide de deux moyens : 1° L'un des mâts dou- bles qui commencent et terminent la construction se trouvait dans le voisinage d'un mur, il a été attaché au mur et conso- lidé en outre par un arc boutant qui s'oppose à la flexion du mât; 2° L'autre, moyen est emprunté à la tension même des fils horizontaux de l'espalier; ils ont été tous réunis en un faisceau et attachés solidement à une lourde pierre enfouie dans le sol à lm de profondeur, auprès du deuxième double mât; en sorte que ces fils soutiennent tout le système à peu près comme les haubans d'un navire en soutiennent la mâ- ture . Enfin, le treillis de chaque espalier est complété par de légè- ( 58) res tringles en bois que l'on attache aux fils de fer horizontaux à l'aide de fer galvanisé plus petit (n" 2). M. Levesque s'est arrêté, pour la conduite des arbres dont il garnit cet espalier, à une idée qui ne doit pas être passée sous silence. Les arbres sont plantés sur deux lignes dis- tantes de 0m 60 comme la construction précédemment expli- quée l'indique; ils sont à O 90 l'un de l'autre sur chaque ligne, les arbres de vigueur moyenne alternant avec les plus vigoureux; et les arbres d'une ligne en face des vides de l'au- tre ligne : toutes les branches sont verticales au nombre de 2 ou 4 par arbre, suivant la vigueur de l'arbre, en sorte que l'ensemble de la plantation présentera sur chaque face de l'es- palier un total de 100 branches verticales de 3 mètres de hau- teur. On peut dès aujourd'hui se faire une idée du succès, car plusieurs arbres anciennement plantés ont déjà reçu la forme convenable et portent des fruits beaux et nombreux. Nous pensons que la construction exécutée par M. Leves- que est d'un fort bon exemple pour tous ceux qui s'occupent de la culture des arbres fruitiers; certains arbres pourraient ainsi être mieux soignés pendant les saisons dangereuses; et il est à désirer que les horticulteurs intelligents et amis du pro- grès contribuent à vulgariser les espaliers sans murailles; cette idée nous semble être l'une des plus pratiques et des plus fécondes que notre seciété puisse propager. Cherbourg, le 31 juillet 1875 J. Denis. ( 59 ) RAPPORT DE LA COMMISSION Chargée d'examiner la Publication de SI. Bossiu, iiililulCe: LE MELON VERT A RAMES. Dans la séance de la société d'horticulture du 4 avril 1875, une commission composée de MM. Jourdan, Equilbecq, Henry a été nommée par le président à l'effet d'examiner un ouvrage récemment publié par M. Bossin, de Paris, inti- tulé : le Melon vert à rames, et dont l'auteur a fait hommage à la société. La commission, après avoir pris connaissance de cette bro- chure, résume comme suit son appréciation : Le Melon vert, dont parle M. Bossin,, est d'introduction assez récente; quelques personnes seulement l'ont essayé, et son origine est restée inconnue. Cette variété possède, pa- raît-il, à un haut degré,, la faculté de grimper, en accrochant à tout ce qui l'entoure les nombreuses vrilles dont sont munies ses tiges longues et grêles; les feuilles sont en cœur, petites, arrondies, entières et en forme d'entonnoir. Le fruit, de moyenne grosseur, est à sillon peu profond, à côtes peu prononcées, de forme oblongue. L'écorce est mince, la chair verte, juteuse, fondante, sucrée et parfumée; tel est le résumé de la description que nous fait M. Bossin. En ce qui est de la culture, elle n'offre rien de particulier; en ce qui concerne les semis, transplantations, etc., chacun agira suivant les circonstances particulières dans lesquelles il se trouve. Prenant donc le melon une fois prêt à être planté à demeure, on ouvre, dans un endroit bien exposé, des trous de 20c/m de profondeur, de 60c/m de largeur et distants de lm envi- ( 60 ) ron, absolument comme pour les melons ordinaires faits à l'air libre. On y apporte une bonne brouettée de fumier, qu'on recouvre avec la terre provenant du trou, et on plante suivant l'usage en protégeant le jeune melon à l'aide d'une cloche. Mais voici en quoi le Melon vert diffère essentiellement de ses congénères : Il faut se garder de l'étêter ainsi que cela se pratique pour les autres variétés, et, quand la cloche est devenue trop petite pour contenir le plant qui s'est développé, on fiche en terre, à 20c/m en arrière, et au nord du plant, des rames de 2 à 3m de hauteur, munies de leurs brindilles. On attache d'abord la jeune tige qui, plus tard, grimpe sans autre soin en se fixant à l'aide des nombreuses vrilles dont elle est pourvue. Toute taille est inutile et même nuisible, et M. Bossin recommandée plusieurs reprises de ne rien supprimer. Les Melons verts peuvent encore être cultivés sans rames, sur couches plates comme les melons ordinaires; dans ce cas, on les pince. et taille sui- vant les principes admis pour cette culture. Chaque plante cultivée sur rames produit de huit à douze melons par pied; ces fruits, venus ainsi en pleine lumière, librement baignés par l'atmosphère qui les entoure, sont d'une qualité bien supérieure aux melons de couche ordinaire. Cette culture est, on le voit, fort simple, et a donné de bons résultats dans l'intérieur de la France; mais peut-on espérer le même succès sous le climat de Cherbourg dont l'été donne bien rarement la chaleur suffisante pour amener à maturité les melons semés en plein air ? C'est une question que la pratique seule est appelée à résoudre, et nous ne pouvons qu'engager les amateurs à en faire l'expérience. Le livre de M. Bossin est l'œuvre d'un praticien consommé, il contient les plus utiles renseignements sur un mode de cul- ture entièrement nouveau, et nous ne saurions trop recom- ( 61 ) mander la lecture de cet ouvrage dont les précieuses indica- tions peuvent rendre de grands services à cette branche de l'horticulture. Cherbourg, le 29 avril 1875. Les membres de la commission : J. EQUILBECQ, — MENUT_, — JOURDAN. PROPRIÉTÉS FÉBRIFUGES de 1 Eucalyptus gloklus et du Laurier commun. Nous croyons devoir porter à la connaissance de nos lec- teurs, l'extrait ci-après d'une lettre écrite à M. le président de la société par M. Joseph Lafosse : Réd. Cher monsieur, j'ai à vous remercier mille fois bien que tardivement des feuilles d! 'Eucalyptus que vous avez eu l'amabilité de m'envoyer l'an dernier, j'ai fait avec elle des expériences qui ne m'ont donné que de médiocres résultats comme fébrifuge. L' Eucalyptus ne saurait être comparé avec le laurier commun (Laurus nobilis.) Ce dernier, donné en poudre, un gramme chaque fois, mis à tremper dans un demi-verre d'eau fraîche pendant 12 à 15 heures et pris deux heures avant l'accès, poudre et eau tout ensemble bien entendu, m'a donné des résultats étonnats. Pendant l'année dernière, j'ai fait plus de cent essais enre- gistréSj et j'ai pu constater que l'effet d'un gramme de feuilles légèrement torréfiés et réduits en poudre impalpable, était pour le moins équivalent à celui de 50 centigrammes de sulfate de quinine. 62 ) Ce sont-là des faits positifs, j'ai expérimenté sans parti pris, dansun but scientifique et humanitaire, et j'étais bien placé au milieu d'une épidémie de fièvre paludéenne. Ces résultats, si on refuse de les reconnaître aujourd'hui, seront confirmés plus tard, j'en ai la certitude. — La verita rimane, comme dit le proverbe italien. Si vous croyez cette note intéressante, vous pouvez la com- muniquer à la société d'horticulture, ainsi qu'aux médecins, qui, je n'en doute pas, s'empresseront d'en vérifier l'exactitude et de faire profiter les pauvres d'un médicament aussi éner- gique qu'il est bon marché. Certains cas de fièvre invétérée ne sont pas plus coupés avec le laurier qu'avec la quinine,, bien que cela arrive quel- quefois, les rechutes sont toujours à redouter avec un médi- cament comme avec l'autre, mais l'effet est égal. RAPPORT sur la 21e Exposition de la Société d'Horticulture de Cherbourg. ( Extrait du Bulletin de la Société centrale d'Horticulture de la Seine- Inférieure. — 3e cahier de 1 87o. ) Messieurs, Le 7 août dernier avait lieu la 21e Exposition de la société d'horticulture de Cherbourg, où j'ai eu l'honneur et le bon- heur de représenter notre société, comme délégué. Elle était installée dans la halle au blé, qui n'avait été mise à la disposi- tion des organisateurs que le mardi seulement, et le vendredi, à onze heures du matin, le jury a pu fonctionner et voir que l'ensemble de cette Exposition était charmant, tant par l'arran- ( 63 ) gement des plantes que par le dessin. Figurez-vous un vaste parallélogramme dont le milieu formait un bel ovale vallonné s'abaissant vers le centre, où serpentait un ruisseau alimenté par un jet d'eau de sept à huit mètres de hauteur, jaillissant du milieu d'une pièce d'eau, dans laquelle s'ébattaient de jolis petits poissons dorés, apportés exprès des environs de Rouen. Sur les bords, on remarquait plusieurs massifs de Géraniums zonales, des Coleus d'une remarquable végétation, ainsi que de belles plantes isolées, la plupart arborescentes, telles que Palmiers, Dracamas, Cycas, Rhododendrons de l'Himalaya et autres, deux belles collections de Dahlias en fleurs coupées, de jolis bouquets montés et bannettes pour surtout de table. On remarquait particulièrement une admirable collection de Gloxinias en fleurs coupées, exposés par M. Vallerand, hor- ticulteur à Bois-de-Colombes (Seine). Puis on trouvait un petit pont rustique sur lequel on s'arrêtait pour admirer un ro- cher, formant grotte, d'où l'eau s'échappait par différentes fis- sures. Une certaine quantité de fougères exotiques et indigè- nes ornaient ce charmant petit site agreste. Toutes les parties qui n'étaient ni massifs, ni ruisseau, ni allées étaient gazon- nées en placage des mieux réussis. Aussi, le jury, composé de MM. Vieillard, directeur du jardin botanique de Caen, Magny, délégué de Goutances, président du jury, Avenel, délégué du Havre, Malherbe, de Bayeux, Pinchon, de Valognes, Joseph Lafosse, de Saint-Côme-du-Mont, Angran, de Rouen, et des membres formant le bureau de la société ont, à l'unanimité, décerné une médaille d'or à M. Le Tuilier, l'intelligent dessi- nateur, qui a dessiné et orné divers autres jardins dont une commission a apprécié le mérite. Le pourtour de cette vaste enceinte élait somptueusement garni par quatre horticulteurs exposants de Cherbourg. Chacun d'eux occupait un angle venant se joindre vers le milieu. Une ( 64 ) médaille d'or élait à décerner au plus beau lot de plantes exo- tiques se composant d'au moins dix sujets; tous quatre con- couraient pour obtenir le prix. Il est juste de dire aussi, que tous avaient de superbes lots d'ensemble. Ce sont les frères Baimont qui remportèrent ce prix, si va- leureusement disputé, par leurs magnifiques plantes, parmi lesquelles on distinguait des sujets hors ligne tels que : quatre superbes variétés de Phormium panaché, une robuste variété à feuilles pourpres (le purpureum) de nouvelle introduction, Dracœna indioisa, D. Draco, D. Rumphii, Asplenium diver- sifolium, Phœnixdactylifera, Chamœrops excelsa,Bonapar- tea, Cycas revoluta et bien d'autres. M. Levéel, qui avait aussi de magnifiques plantes, obtint un diplôme, rappel de médaille d'or, et M. Dagoury, une grande médaille de vermeil, prix non prévu, pour son beau lot d'ensemble et l'étiquetage bien fait. Une somme de 300 fr. fut distribuée aux horticulteurs de l'arrondissement ayant le plus contribué à l'ornementation de l'Exposition : à MM. Baimont frères, 100 fr.; Levéel, 80 fr.; Dagoury et Letellier, chacun 60 fr. Plusieurs médailles d'argent furent décernées aux Géra- nium, Coleus et Dahlias, et une grande médaille de vermeil à M. Vallerand, le jury regrettant de ne pouvoir disposer d'une plus haute récompense pour la splendide collection de Gloxi- nias. Aux dames patronesses était réservé le jugement des bou- quets montés, corbeilles pour surtout de table, ainsi que l'attri- bution d'une médaille de vermeil à la plus belle plante fleurie, faisant partie d'un lot déjà reconnu méritant. C'est dans les Bégonias bulbeux que ces dames choisiront leur lauréat. Un beau spécimem de la variété Haageana qu'accompagnaient plusieurs autres variétés faisant partie du lot remarquable de ( G5 ) M. Levéel, fut jugé digne de la récompense. Un concours fixa particulièrement l'attention de votre délégué; un prix fondé par M. Herpin de F remont, consistant en une médaille d'ar- gent pour le plus beau lot d'ensemble de plantes et arbustes exotiques pouvant vivre à l'air libre, à Cherbourg, fut décerné, ex-œquo, à MM. Letellier et Balmont frères, le donateur ayant mis deux médailles à la disposition du jury, en raison du mérite exceptionnel des deux collections. Je dois à l'aima- ble obligeance du secrétaire de la société d'horticulture de Cherbourg, M. Lelièvre, la liste complète de ces deux col- lections, dont je transcris ici un extrait, pensant qu'il pourra être utile comme point de comparaison pour notre climat. Araliacrassifo!ia(Araliacées>), — Nouvelle-Zélande; — heteromorpha, id.; — integrifolia, id.; — sieboldi, id.; — Japon; — standishi, id.; — Nouvelle-Zélande; Aritcema ringens (Aroïdées), — Japon; Arum ou Riehardia albomaculata, — Afrique; Arundinaria falcata, — Népaul; — versicolor; Astelia Banksi (Astelaciées), — Nouvelle-Zélande; — leivittata, id.; — id.; Aucuba japonica, quatre variétés, — Japon; AzotamnuB thvrsoitles; Bambusa aurea, — Chine; — simonei, — id.; — verticillata, — id.; Bonapartea gracilis (Amaryliidées:) — histrix glaucescens, id.; — — var. gracilis, id.; Camellia japonica, — Japon: Ceanothus divaricatus. — Californie; Ceratonia siliqua, — Europe méridionale; Chamcerops excelsa (palmiers), — Chine; — humilia id.; — Afrique; — palmetto, id.; — Floride et Caroline du Nord; Choisya ternata, d'introduction récente; ( 66 ) Cissus discolor, — Java; Cistus floribundus; — ladaniferus, — France méridionale; — lucidus: Corolinna glauca, — Espagne; Cryptomeria elegf as; Cunninghamia sinensis, — Chine; Cupressus elegans variegata; Daphne Delphini, — Italie; Desmodium penduliflorum, — Japon; Dracœna indivisa, (Liliacées), Nouvelle-Zélande; Dyckia reniotiflora; Edwarsia microphylla, — Nouvelle-Zélande; Elœagnus crispa, — Japon; — pungens variegata, — Id.; Escallonia coccinea; — floribunda, — Nouvelle-Grenade; — intermedia; — macrantha, — Ile Chiloë; Eucalyptus globulus, — Australie; Eugenia apiculata; — Ugni, — Chili; Eupatorium; Evonymus, six variétés, — Europe; Fabiana imbricata, — Chili, Genista floribunda; Greigia sphacelata (Broméliacées); Griselinia littoralis (Araliacées), — Nouvelle-Zélande; — microphylla id., — id.; Hedychium Gardnerianum (Zingibéracées). — Indes-Orientales; Hydrangea japoniea variegata, — Japon; Jasminum frutieans, — Europe australe ; Jasminum Poiteau; Libocedrus Doniana variegata, — Chili ; — viridis, — id.; Ligustrum japonicum argenteo-marginatum, — Japon; — iucidum, — Chine; — nepaleuse, — Népaul; Limonia trifoliata; Lippia citriodora, — Pérou: Macadamia ternifolia, — Australie; d'introduction récente; Melianthus major (Zygophyllées, — Afrique; Metraria coccinea, — Asie-Mineure; Metrosideros lophanta. — Nouvelle-Zélande: Mimosa dealbata, — Nouvelle-Hollande; Mimosa species, — Nouvelle-Zélande; Muhlembackia coiuplexa, — id.; Myrtus d'Andalousie, — Europe méridionale; ( 67 ) Myrtus romaDa; Osmanthus ilicifolius, — Japon; — — vuriegatus, — Japon; Phormium Colenaoi foliia argenteo -marginatis {Liliacées), — Nou- velle-Zélande; Phormium Saundersi nigro-marginatum (Liliacées), — Nouvelle- Zélande; Phornr.um tenax (Lilacées), Nouvelle-Zélande, — — atropurpureum (Lilacées), — Nouvelle-Zélande; — — foliis variegatie, id., id,; Pittosporura tenuifolium; — undulatum v. viridis, — Nouvelle-Galles du Sud: — — v. variegata — id. id.; Pourretia (Puya) argentea, (Broméliacées, — Mexique; — — Joinvillii, id., id.; Raphiolepia ovatoe (Rosacées), — Japon; Rhyncospermum jasminoides (Apocynées), — Chine, Sauromatum guttatum (Aroidées), — Indes orientales; Seringa grandiflora; Sollya heterophclla, — Nouvelle-Zélande; Spirœa callosa alba, — Népaul; Teucrium frutieans; Thuiopsis^dolabrata fol. variegatis, — Japon; Veronica aalieifolia alba, — Nouvelle-Zélande; — variegata; Yucca aloifolia fol. variegatis (Liliacées), — Amérique septentrion.; — — viridis, id., — id.; — canaliculata angustifolia filifera, id.; — quadricolor, id.; — sulfurea, id.; — Treculeana, id.. — Amérique septentrionale; — Desmetiana (belle variété à feuilles bronzées). La culture maraîchère, la culture fruitière à l'industrie hor- ticole étaient installées dans une annexe. Deux maraîchers avaient répondu à l'appel de la société. Le lot présenté par M. Desmares, de Touriaville, était complet; il contenait, entre autres, trente belles variétés de pommes de terre; une médaille d'or lui fut décernée. Par ce qui précède, on pourrait croire que la culture maraîchère est très restreinte à Cherbourg; on y fait deux récoltes par an : la première se fait en choux, dont 175 hectares en choux-fleurs, et le reste en diverses variétés précoces; la seconde, en pommes de terre de variétés précoces ( 68 ) aussi. Ces cultures sont faites en vue de l'exportation. Nos voisins d'outre-Manche n'enlèvent pas moins de 40 à 50 mille hectolitres de pommes de terre et près de 3 millions de choux- fleurs et autres, dont on évalue le produit à 1 million de francs. Il y a une vingtaine d'années, ces plaines, aujourd'hui si riches, étaient presque sans produit. La société d'horticulture de Cherbourg est heureuse, avec raison, d'avoir grandement contribué à un étal de choses aussi prospère. Cette année, elle vient de décerner une grande médaille d'argent à M. Baccia, qui vient d'établir une grande culture d'asperges, dites d'Ar- genteuil, dans Cherbourg même. Quant aux fruits exposés et à l'industrie se rapportant à l'horticulture, la société locale peut seule en apprécier le mé- rite. J'en excepte pourtant l'exposition céramique de M. Menut fils, qui a obtenu une grande médaille d'argent pour ses pro- duits artistiques : pots à fleurs, suspensions, étiquettes de jardin, pièces découpées pour bordures, kiosques et chalets. On y remarquait des médaillons représentant des femmes, des fillettes couronnées de fleurs, des vasques avec pied^ etc., etc., le tout fabriqué avec la terre qui, jusque-là, ne servait qu'à faire de la brique, mais que l'intelligence de M. Menut fils sait appliquer à des objets plus artistiques. En terminant, le jury a vu, avec un vif regret, qu'aucun instituteur de l'arrondissement n'avait communiqué à la so- ciété, qui le leur demandait, le programme de son enseigne- ment horticole. Espérons pourtant qu'ils comprendront l'im- portance de cet enseignement si essentiellement moralisateur. Maintenant, Messieurs, permettez-moi de vous dire quel- ques mots des visites faites dans différents jardins d'amateurs et d'horticulteurs. Elles nous ont montré que les uns et les autres s'occupent, principalement, des plantes pouvant vivre à Fair libre. Cherbourg jouissant d'une température exception- (69) nellement douce, on voit, en plein air,, toutes les plantes qui, chez nous, demandent la serre froide et l'orangerie. Il n'y a pas de jardin où l'on ne voie un superbe exemplaire du Dracœna indivisa; il atteint parfois jusqu'à 4 mètres de hau- teur. Chez M. Orange, trésorier de la société, nous en avons vu un beau spécimen, dont il nous a offert gracieusement la photographie; il a fleuri, et au milieu de l'inflorescence on nous a fait remarquer le nid d'un roitelet qui a élevé sa petite fa- mille. La société elle-même a un coquet jardin dessiné par M. Le Tuilier; il sert de lieu de promenade et d'études aux membres de la société. Mais que vous dirai-je de la propriété de M. Hamond, consul d'Angleterre ? Elle fait l'admiration de tous ceux qui la visitent. Gomment vous donner un aperçu des richesses horticoles qu'elle renferme, et du site unique et si pittoresque qui les entoure. Ce qui frappe d'abord, c'est la masse imposante de rochers qui la compose en grande partie; dans les fissures sont implantés des Agaves et des Yucca; la Bruyère et les Polypodes forment des tapis naturels. En tournant la base des rochers, on entre dans la vallée où ser- pente une route ardue, plus ou moins rapide, qui condui après différents détours jusqu'au point culminant du jardin. A la base est un véritable petit bois de Fuchsias : le coccinea, le longiflora et le globosa forment des buissons hauts de 2 à 3 mètres. Il est difficile de se faire une idée de la somptueuse floraison de ces charmants arbustes qui ne gèlent pas et se ressèment partout. Puis vient un beau massif de Camellias que l'on croirait indigènes tant ils ont Fair d'être chez eux, au mi- lieu d'une véritable forêt de notre fougère à l'aigle (Pteris aquilina) qu'ils dominent. Un bel Aralia Sieboldii fol. car. forme une touffe élevée de plus de 2 mètres; on remarque en- suite le Virburnum macrocephalum, le Ceanolhus divaricatus ( 70) des Myrtes, des Bambous divers, et autres plantes. Gravis- sant un escalier rustique, on trouve un petit bois planté de nombreuses variétés de Conifères des plus remarquables. Çà et là sont des touffes de Véroniques, de Lauriers et d' 'Horten- sias à fleurs bleues, qui partout disséminées dans les différents sites font un contraste saisissant. Nous arrivons à la localité des Rhododendrons de Y Himalaya, abritée par une imposante roche; ils semblent très bien s'en trouver. Sans parler de leur belle végétation, on est frappé de la différence tranchée qu'ils offrent dans leur feuillage et dans leur port. Parmi eux, s'élève un beau Palmier, le Jubea spectabilis ou Cocotier du Chili; planté en 1868 il prospère, mais il a besoin d'être abrité l'hiver. A quelques pas est le vallon des Azalées de l'Inde qui grim- pant ou s'étalant au pied des rochers forment une masse de verdure. Au printemps cela doit être le plus éblouissant séjour. Nous voyons encore un Palmier, fort rare, des montagnes de l'Himalaya,, le Chamœrops martiana, puis la variété drageon- nante du Chamœrops humilis. En sortant on passe devant une superbe collection de Houx, de variétés très diverses Puis on suit un sentier très rapide où l'on a d'un côté des masses im- portantes de rochers et de l'autre d'épais massifs de Rhodo- dendrons hybrides, Fuchsias, Hydrangeas. Sur les bords d'un petit réservoir ombragé se trouve une touffe de Gunnera scabra. En gravissant une dernière rampe taillée dans le quartzite (1), on arrive au sommet; c'est en cet endroit qu'est le mât consulaire; de là on jouit de la vue d'un panorama grandiose, comprenant la ville, la gare, les bassins, l'arsenal, la rade, la digue et les forts, parmi lesquels celui du Roule, dont nous ne sommes séparés que par l'étroite et pittoresque (1) Notre correspondant avait écrit : Granit. Avec son autorisation, nous rectifions cette erreur, qui est très répandue d'ailleurs. H. L. C. vallée de Quincampoix par où arrive le chemin de fer de Paris à Cherbourg. Pour descendre il faut prendre ses précautions en s'enga- geant par une pente très accidentée, vers le Nord, et presque sauvage, où il ne croît que des Rhododendrons et des Coto- neastères. A mi-chemin sous les rochers et à l'abri d'épais massifs, on voit deux sortes de cabanes rustiques : ce sont des Grottes à fougères où avec un léger abri on cultive une rare collection de belles Fougères arborescentes et autres de serre. Descendons quelques pas encore et un escalier nous conduit au parterre formé d'une vaste pièce de gazon bordée de rosiers Sur la pelouse s'étendent de nombreux massifs de fleurs va- riées. Comme plantes isolées, on remarque une superbe touffe de Phormium tenax panaché ayant près de 3 mètres de dia- mètre; un autre de la belle variété atropurpureum; deux grands Dracœna indivisa; un bel exemplaire de Dasylirion gracile, sorte d'Agave du Mexique d'un aspect original et élégant; le Gregia sphacellata, Broméliacée du Chili. Sous les fenêtres de l'habitation, une splendide collection d'Azalées indiennes, dont les touffes ont jusqu'à 2 mètres de large, semble ne for- mer qu'un immense buisson. Puis, en se tournant, on voit, protégée des vents de mer par un épais rideau d'arbres verts qui longe toute la pelouse de ce côté, une admirable bordure de Lilium lancifolium auratum en fleurs. Sur le devant est toute une collection de Mahonias du Japon, de l'Himalaya et du Mexique. Puis, passant sous une voûte de Lauriers, on se trouve sur une autre pelouse bordée par une avenue de Pal- miers Chamœrops excelsa. Plusieurs Conifères attirent vive- ment l'attention: d'abord, un très fort pied de Sciadopythis verticillata appelé par les Chinois Pin parasol, et importé directement du Japon, un Abies nobilis de 3 mètres de haut, • un Araucaria imbricata de 5 mètres de haut, puis un Yucca ( 72 ) aloifolia quadricolor et dans les massifs des Escalloniajlo— ribunda, E. rubra, E. macrantha, Eugenia Ugni et autres. Nous prenons pour sortir une longue allée de Fuchsias, de Lauriers et de Houx conduisant à une petite porte de sortie. Près d'elle on remarque une jolie collection de Fougères rusti- ques de plein air, indigènes et exotiques, plantées entre de vieilles souches et des racines d'arbres (à la manière anglaise), je ne citerai que celles qui sont caractéristiques du climat de Cherbourg, telles que les Cyrtonium falcatum et C. Fortunei. Lastrea atrata, L. Sieboldi de la Chine et du Japon, Davallia Novœ Zelandiœ et Pteris rotundifolia de la Nouvelle-Zélan- de, Aspidium proliferum et sa variété venustum de la Tas- manie, Lomaria Chilensis du Chili, etc. Enfin, Messieurs, en quittant ce paradis terrestre et l'heu- reux propriétaire qui en a su faire un aussi riche qu'artistique jardin d'acclimatation, on estpénélré d'admiration. Qu'il reçoive aussi nos plus vives et sincères félicitations, et nos non moins vifs remercîments (1). Nous n'oublierons jamais l'agréable impression éprouvée pendant ces quelques heures bien des fois trop courtes, que nous y avons passées. Nous regrettons, tou- tefois,, que notre incompétence ne nous permette pas d'appré- cier comme elles le méritent tant de choses si belles et si rares. Que MM. Cauvin, Lelièvre et Levesque reçoivent aussi, devant vous, nos plus sincères remercîments pour l'aimable complaisance qu'ils ont mise à nous faire visiter, toute la jour- née du dimanche, les jardins qu'ils savaient devoir nous inté- resser, entre autres les nombreuses et belles cultures orne- mentales de MM. Cavron et Balmont frères, horticulteurs, et celles de M. Bataille. (1) M. Hamond est décédé pendant l'impression de notre Bulletin. Nous consacrons, plus loin, quelques lignes à sa mémoire. H L. C. ( 73 ) N'oublions pas non plus M. Jourdan qui, le lundi, n'a pas mis moins de complaisance à nousguider dans le port militaire. En revenant par la ville, nous avons remarqué que presque toutes les fenêtres étaient garnies de plantes à feuillages ou en fleurs, et que les Bégonias bulbeux y sont déjà populaires. Puis enfin,, à six heures du soir, un banquet de 120 couverts, présidé par M. le docteur Renault, le très sympathique prési- dent, réunissait, dans le Casino des bains de mer, les membres de la Société, les délégués, les autorités maritimes, civiles et militaires. Plusieurs toasts, chaleureusement exprimés, ont été applaudis de même. Plusieurs chansons poétiquement composées pour la circonstance et pleines d'actualité ont ter- miné celte belle fête, dont je garderai le plus agréable souvenir. Je ne puis trop remercier M. le président Renault du gra- cieux accueil qu'il a fait à notre société en la personne de votre délégué. Mes remercîments aussi aux membres de la société qui se sont mis avec tant d'empressement à ma disposition. Angran. ENVOI DE GRAMS DE COCHINCHINE EXPOSITION DE ROUEN EN I87G La société d'horticulture avait décidé que des extraits des procès-verbaux des séances mensuelles seraient publiés dans le Bulletin; mais l'abondance des matières nous contraint ( 74 ) d'ajourner l'exécution de la décision de la société. Nous cro- yons, cependant, devoir dès maintenant signaler et un envoi de graines et une exposition qui doit avoir lieu en 1876. I. M. Trêve, colonel d'infanterie de marine, qui, pendant son séjour à Cherbourg avait témoigné tant de bienveillantes sym- pathies à la société d'horticulture, et qui, lors de son départ, avait été nommé membre correspondant, a fait parvenir un magnifique choix de graines de Cochinchine. Ces graines étaient dues à M. Pierre, directeur des jardins de botanique, d'acclimalation et d'expériences de la Cochinchine; ce savant distingué se consacre depuis de longues années à la tâche bien pénible, sous un climat meurtrier, de rechercher, classer et cataloguer les richesses végétales existant dans le pays, aussi la société d'horticulture est-elle heureuse d'avoir un tel correspondant qui, par son intermédiaire, acclimatera en France des plantes inconnues jusqu'ici. Ces graines envoyées vont être réparties entre le jardin de la société, à des horticul- teurs de Cherbourg et à quelques associations correspon- dantes qui seront priées de faire connaître les résultats obtenus, résultats dont il sera rendu compte dans ce Bulletin. Que MM. Trêve et Pierre reçoivent ici tous les remercîments de notre société, car, d'après ce qui nous a été annoncé, ce que nous avons reçu ne serait qu'un premier envoi. II. Un autre membre correspondant, M. Angran, délégué de la société de Rouen en 1875 à l'exposition de Cherbourg, nous avait avisé, dès la fin de décembre, de l'organisation d'une exhibition horticole à Rouen en 1876, à l'occasion du concours régional. Nous ne pouvons trop engager tous nos horticulteurs ( 75 ) (marchands ou amateurs), ainsi que les fabricants d'objets d'art et d'industrie se rapportant à l'horticulture, à prendre à cette exposition la plus grande part qu'il leur sera possible, et cela d'autant plus que le transport des produits horticoles sera, jusqu'à la concurrencé de 250 kilogrammes, à la charge de la société. Il serait du plus grand intérêt pour nos horticulteurs de présenter dans une grande exposition des spécimens de ma- gnifiques plantes qu'ils obtiennent; aussi espérons-nous que quelques-uns au moins voudront bien se résoudre à faire des envois. L'exposition de Rouen aii^a lieu du 27 mai au 6 juin dans le jardin de l'hôlel-de-ville. — Les Français et les étrangers sont invités à y prendre part. Les concurrents seront divisés en deux classes : celle des amateurs et celle des jardiniers marchands. Les demandes de places doivent être adressées au président, au siège de la société, rue Sl-Lo, n° 40, au moins 10 jours à l'avance; elles indiqueront le nombre de mètres carrés néces- saires et la nature des objets à exposer qui doivent être rendus, au plus tard, le vendredi 26 mai avant 8 heures du soir, au lieu de l'exposition. Les fleurs coupées pourront être excep- tionnellement apportées 4 heures avant l'heure fixée par les opérations du jury, qui se réunira le 27 à 11 heures du matin. Il sera décerné deux grands prix d'honneur : 1° un médaille d'or de 500 fr.; 2° un objet d'art, et en outre un grand nombre de médailles d'or, en vermeil, en argent et en bronze. La Rédaction. ( 76 ) LISTE DES MEMBRES ADMIS Pendant l'Année 1875: DAMES PATRONNESSES Madame d'Arnaud. Madame DUPIN DE GR ANDPRli. MEMBRES TITULAIRES : MM. Annelot, Georges, avocat. Archimbaud, marchand quincailler. Arcisse, capitaine d'infanterie de marirçe retraité. Bernard, pâtissier. Bideau, inspecteur-adjoint de la marine. Brière, avoué. Buhot, Auguste, propriétaire. Buhot, marchand épicier. Cussy, maître au port militaire. Dupin de Grandpré, percepteur de Martinvast. Buhot, Jules, commis de négociant. Delavie, jardinier au château de Martinvast. Fenard, Théodore, négociant. Giot, conducteur des ponts-et-chaus- sées. Hamel, commis de comptabilité. Hasley, propriétaire. Hédiard, vérificateur des poids et mesures. Jean, Gustave, propriétaire, rue Secondât. Laurent, négociant, quai de Caligny. MM. Lebarbanchon, jardinier. Lebedel, receveur principal des con- tributions indirectes. L'abbé Lechaffetois Lelièvre, fils, écrivain de comptabilité de la marine, rue des Portes. Lemagnen père, horticulteur. Léneur, négociant. Levesque, constructeur à Saint-Vaast. Marais, juge de paix d'Octeville. Marie, Frédéric, employé à la gare. Ménard, professeur au collège Menut, directeur de l'usine à gaz Mercereau, lieutenant de vaisseau. Mesnage, aubergiste. Michelin, commissaire-adjoint de la marine. Nicollet, Charles, propriétaire à Hain- neville Piogor, libraire. Reynaud, inspecteur de la marine. Rondeau, Paul, commis principal des douanes. Saillard, maître serrurier-mécanicien. Vimont, major de l'armée territo- riale. MEMBRES CORRESPONDANTS : MM. Angran, propriétaire à Réville-lès- Rouen. Krelaye, horticulteur à Harlem (Hol- lande.) Pierre, directeur du jardin botanique de Saigon (Cochinchine.) MM. Saffray . Onézime, propriétaire à Pont- Audemer. Comte de Saint-Germain, prop. à Tre- non, près Beslé (Loire-Inférieure.) Trêve, colonel de l'infanterie de marine à Saigon. (77 ) NOTICE NÉCROLOGIUE M. HAMOND. L'horticulture cherbourgeoise vient de faire une perte immense dans la personne de M. Horace Hamond, récem- ment décédé à Bournemouth (Angleterre.) Ancien aide-de- camp du roi de Hanovre, chevalier de l'ordre des Guelphes, M. Hamond était depuis de longues années consul de S. M. Britannique à Cherbourg, Il y avait acquis un véritable droit de cité, et personne ici ne voyait en lui un étranger. On sait avec quel art et avec quelle patience il avait fait du rocher de la Petite-Fauconnière la merveille horticole de Cherbourg, merveille dont plus d'une fois notre Bulletin a entretenu ses lecteurs, et qui ne manquait jamais d'exciter tout l'intérêt des membres des sociétés correspondantes, délégués à nos expo- sitions. Le nom' de M. Hamond restera toujours attaché à l'horti- ticulture cherbourgeoise, et nous exprimons ici le vœu que ce nom soit donné à la première variété remarquable de plante ou d'arbuste que produiront nos cultures. Depuis un an, nous avons eu le regret de perdre également un certain nombre de sociétaires, qui sont décèdes : M . Aubert, négociant, Grande-Rue; M. Aubert, jardinier au château de Martinvast; M. Lepetit, bijoutier, rue du Château; M. Le Brun, banquier, rue Bondor. On se souvient de l'empresse- ment avec lequel M. Le Brun avait mis, dans plusieurs cir- constances, son beau jardin à la disposition do nos profes- seurs d'arboricultures et de leurs auditeurs. H. L. C Cherbourg. — Imp. A. Mouchel Les réunions de la Société d'Horticulture de Cherbourg ont lieu le premier dimanche de chaque mois, au jardin, rue Montebello, 46, à une heure et demie de l'après-midi. Les Fleurs, Fruits, Légumes, Primeurs, sur lesquels MM. les amateurs, jardiniers, maraîchers (Sociétaires ou non) désirent appeler l'attention de la Société, seront déposés sur le bureau, examinés séance tenante, et une commission sera chargée d'en faire un rapport. Prix du numéro du Bulletin, chez tous les libraires. . . 1 fr. On rendra compte dans le Bulletin de tout ouvrage dont il sera adressé deux exemplaires à la Société d'Horticulture. New York Botanical Garden Librar 3 5185 00259 6896 .^■«j. «41. .)«,»...•. i 1 * i iw^sHîiîîiiilliifii vi'"liiï4llï*w'S fil Kl il *îf P HT * i î^ f J j ' * J : J i} ' 1 ' Jlf lfirlilvJJliilU llllllll WÈ